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Full text of "Bibliothèque de l'École des chartes"

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BIBLIOTHEQUE 

DE    L'ÉCOLE 

DES    CHABTES 

LVIII. 


I 


IMPRIMERIE    DAUPELEY-GOUVERNEUR,   A   NOGENT-LE-ROTROU. 


BIBLIOTHÈQUE 

DE  L'ÉCOLE 


DES  CHARTES 


REVUE  D'ÉRUDITION 


CONSACRÉE   SPÉCIALEMENT  A  L  ETUDE   DU   MOYEN   AGE. 


LVIII. 

ANNÉE    1897. 


Vfn 


PARIS 

LIBRAIRIE   D'ALPHONSE   PICARD    ET   FILS 

RUE     BONAPARTE,    82 

^897 


D 

t.5 


LA   MORT  ET  LES  FUiNÉRAlLLES 


DE 


PHILIPPE  LE  BEL 


D APRES 


UN  COMPTE  RENDU  A  LA  COUR  DE  MAJORQUE 


Les  archives  d'Aragon,  si  riches  en  documents  relatifs  à  l'his- 
toire de  France,  conservent  dans  la  collection  des  Cartas  reaies 
une  lettre  missive'  qui  intéresse  celle-ci  d'une  manière  spéciale, 
c'est  le  récit  circonstancié  de  la  mort  et  des  funérailles  de 
Phihppe  le  Bel,  fait  à  Guillaume  de  Canet^  lieutenant  du  roi 
de  Majorque,  jiar  un  personnage  du  nom  de  Guillaume  Bal- 
drich.  A  quel  titre  l'auteur  de  cette  pièce  se  trouvait-il  dans 
notre  pays?  Nous  ne  le  savons  pas  au  juste;  l'on  peut,  toutefois, 
supposer  qu'il  avait  été  chargé  par  son  souverain  d'une  mis- 
sion^  auprès  de  Philippe  IV;  on  n'ignore  pas,  en  effet,  com- 
bien furent  nombreux  au  xiv®  siècle  les  rapports  du  royaume  de 
Majorque  avec  la  France. 

En  tout  cas,  sa  présence  à  Paris,  à  l'époque  de  la  mort 
du  monarque  français,  lui  permit  de  recueillir  des  détails  fort 

1.  Nous  avons  eu  connaissance  de  ce  texte,  il  y  a  plusieurs  années  déjà, 
lorsqu'il  a  été  découvert  et  copié  par  l'illustre  et  bien  regretté  D.  Manuel  de 
Bofarull.  La  mort  ayant  empêché  ce  savant  de  le  livrer  à  l'impression,  D.  Fran- 
cisco de  Bofarull  a  eu  l'amabilité  de  nous  remettre  la  copie  de  son  père.  Nous 
nous  sommes  également  servi  d'une  photographie  que  nous  avons  fait  prendre 
de  ce  curieux  document. 

2.  Ce  seigneur,  Pun  des  vassaux  les  plus  importants  du  royaume  de  Majorque, 
portait  un  nom  très  connu  dans  l'histoire  de  ce  pays. 

3.  D.  Francisco  de  Bofarull  a  bien  voulu,  sur  noire  demande,  dépouiller  les 
registres  de  Barcelone  dans  lesquels  il  est  particulièrement  question  des 
ambassades  de  cette  époque.  11  n'y  a  malheureusement  rien  trouvé  sur  Guil- 
laume Baldrich. 


6  LA   MORT   ET   LES    FUNERAILLES 

complets  sur  la  maladie,  le  décès  et  la  sépulture  de  ce  prince.  Il 
les  puisa  évidemment  à  bonne  source,  car  sa  relation  concorde 
en  général  avec  le  texte  des  meilleurs  annalistes  ;  du  reste,  le 
seul  fait  de  l'avoir  écrite  sous  l'impression  même  des  événements 
suffit  à  garantir,  d'une  manière  sérieuse,  la  sûreté  de  ses  infor- 
mations. 

Nous  avons  donc  pensé  que  la  publication  de  cet  acte  pourrait 
offrir  quelque  intérêt,  d'autant  qu'elle  nous  donne  le  moyen  de 
mettre,  pour  ainsi  dire,  en  parallèle  le  récit  tiré  d'un  document 
à  date  certaine  et  celui  fourni  par  les  chroniques  de  l'époque  :  la 
comparaison  est  toujours  utile  à  établir.  La  courte  notice  qui  va 
suivre  citera  les  faits  relatés  dans  l'ordre  où  le  narrateur  les  a 
exposés  lui-même. 

Guillaume  Baldrich  décrit,  tout  d'abord,  la  cérémonie  funèbre 
qui  avait  eu  lieu  quelques  jours  à  peine  avant  le  départ  de  sa 
lettre.  Le  corps  du  roi,  dit -il,  fut  transporté  à  Paris  par  la 
Seine,  le  l^''  décembre,  ainsi  que  cela  s'était  passé  autrefois 
pour  Philippe  le  Hardi,  au  retour  de  l'expédition  de  Catalogne. 
Déposé  à  terre  près  de  Saint-Bernard  S  il  fut  conduit  solennelle- 
ment à  Notre-Dame.  La  messe  y  fut  célébrée,  le  lendemain,  par 
l'archevêque^  de  Sens,  frère  d'Enguerrand  de  Marigny,  pour  le 
repos  de  l'âme  du  roi  défunt.  Le  service  terminé,  le  cortège  se 
dirigea  vers  Saint-Denis^;  Louis,  fils  aîné  de  Philippe,  en  faisait 
partie,  ainsi  que  ses  frères,  ses  oncles  et  Robert  d'Artois,  sans 
compter  un  nombre  considérable  de  prélats  et  de  religieux  et  une 
foule  immense. 


1.  Sur  la  rive  gauche  de  la  Seine.  Les  Chronographia  regum  Francorum 
(Éd.  Moranviilé,  dans  la  coll.  de  la  Société  de  l'Histoire  de  France,  t.  I,  p.  219) 
racontent  que  la  dépouille  mortelle  de  Philippe  fut  apportée  au  collège  de 
Saint-Bernard  et  mise  sur  un  lit  de  parade  arec  la  couronne  sur  la  tête  et  le 
sceptre  à  la  main.  Les  Anciennes  Chroniques  de  Flandre  {Histor.  de  Fr.,  t.  XXII, 
p.  401)  parlent  de  l'église  de  Saint-Bernard  et  aussi  du  lit  de  parade.  Notre 
récit  dit  simplement  «  prope  Sanctum  Bernardum,  »  mais,  à  la  dififérence  de 
ces  deux  chroniques,  il  fixe  d'une  manière  précise  les  jours  de  l'arrivée  du 
corps  à  Paris  et  de  la  cérémonie  à  Notre-Dame. 

2.  Il  s'appelait  Philippe.  Cf.  Gallia  christiana,  t.  XII,  c.  70. 

3.  Les  Chronographia  et  les  Anciennes  Chroniques  de  Flandre  placent  le 
départ  du  cortège  pour  Saint-Denis  au  lendemain  du  service  fait  à  Notre-Dame. 
D'après  Guillaume  Baldrich,  il  eut  lieu  à  la  même  date  que  celui-ci  et  le  2  dé- 
cembre, jour  indiqué  également  par  le  continuateur  de  Guillaume  de  Nangis 
{Histor.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  612)  et  celui  de  Girard  de  Frachet  {Id.,  t.  XXI,  p.  42). 


DE    PHILIPPE    LE    BEL.  7 

Le  roi  avait  été  embaumé  et  revêta^  de  drap  d'or;  il  portait, 
en  outre,  un  manteau  fourré  d'hermine  et  avait  la  tête  ceinte 
d'une  couronne  d'or  extrêmement  belle.  Il  tenait  le  sceptre  de  la 
main  droite  et  la  main  de  justice  de  la  gauche.  Son  visage  et 
ses  mains,  entièrement  à  découvert,  présentaient,  du  reste,  les 
signes  d'une  altération  très  visible. 

Le  3  décembre,  on  procéda  à  l'inhumation  proprement  dite  et 
l'on  plaça  le  monarque  à  Saint -Denis,  à  côté  de  saint  Louis, 
son  aïeuP.  Très  peu  de  monde  y  assista,  en  dehors  des  nobles  de 
la  maison  royale.  Les  entrailles  et  le  cœur  du  roi^  furent  enfin 
déposés  (4  décembre)  au  monastère  des  sœurs  de  Poissy^  ainsi 
que  celui-ci  en  avait  décidé  pendant  sa  vie.  Guillaume  Baldrich 
donne  même  à  ce  sujet  un  détail  inédit  :  au  dire  des  témoins  ocu- 
laires, le  cœur  de  Philippe  IV  était  de  si  petite  dimension, 
paraît-il,  qu'on  pouvait  le  comparer  à  celui  d'un  enfant  nou- 
veau-né ou  bien  à  celui  d'un  oiseau. 

Vient  après  le  récit  des  derniers  moments  du  roi  de  France, 
qui  mourut  d'une  manière  extrêmement  pieuse,  après  s'être 
repenti  et  confessé  et  avoir  exprimé  des  sentiments  très  chrétiens. 
La  maladie  s'étant  aggravée^  beaucoup  (26  novembre),  le  mori- 
bond manda  auprès  de  lui  (le  27)  son  fils,  le  roi  de  Navarre,  et 
l'entretint  en  tête-à-tête  pendant  longtemps.  Puis,  en  présence 
d'un  grand  nombre  de  personnes,  il  prononça  des  paroles  fort 
édifiantes  et  reconnut  ses  offenses  envers  Dieu.  Il  fit  aussi  son 
testament  et  enjoignit  à  son  héritier  de  l'observer,  de  même  que 
ses  instructions  verbales,  sous  peine  du  jugement  de  Dieu,  auquel 
il  l'appelait  en  cas  de  désobéissance.  Il^pria  ensuite  son  fils  de  se 
comporter  avec  respect  vis-à-vis  de  l'Eglise  romaine,  d'aimer  le 

1.  Cf.  détails  identiques,  quoique  moins  complets,  dans  les  Chronographia 
(Éd.  citée,  1. 1,  p.  219)  et  les  Anciennes  Chroniques  de  Flandre  {Histor.  rie  Fr., 
t.  XXII,  p.  401). 

2.  Il  fut  enseveli  près  du  roi  son  père,  d'après  les  Chronographia  {Id.,  ibid.), 
Guillaume  Scot  {Histor.  de  Fr.,  t.  XXI,  p.  208)  et  les  Anciennes  Chroniques 
de  Flandre  {Id.,  t.  XXII,  p.  401). 

3.  Le  continuateur  de  Guillaume  de  Nangis  {Id.,  t.  XX,  p.  612)  et  celui  de 
Girard  de  Frachet  (/(/,,  t.  XXI,  p.  42)  placent  ce  fait  au  3  décembre. 

4.  Ce  couvent,  de  l'ordre  des  Dominicaines,  avait  été  fondé  par  Philippe  IV. 

5.  Yves,  moine  de  Saint-Denis  (le  véritable  auteur  de  la  chronique,  dont  Scot 
fut  simplement  le  copiste.  Voy.  les  Not.  et  Extr.  des  7nss.,  t.  XXI,  2"  partie, 
p.  249  et  suiv.),  qui  assista  Philippe  à  sa  dernière  heure,  fournit  à  ce  sujet  des 
renseignements  fort  semblables.  Il  signale  également,  au  26  novembre,  l'aggra- 
vation de  la  maladie  du  monarque  {Histor.  de  Fr.,  t.  XXI,  p.  206). 


8  LA    MORT    ET    LES    FUNERAILLES 

peuple  et  de  gouverner  le  royaume  comme  saint  Louis,  de  prendre 
l'avis  de  ses  frères  Charles^  et  Louis',  de  ne  point  imiter  enfin  son 
exemple  en  fait  d'avarice.  Le  roi  perdit  l'usage  de  la  parole  le  28 
au  matin  et  rendit  l'âme  le  29,  vers  la  troisième  heure ^,  suivant 
les  uns,  à  midi,  selon  les  autres. 

Guillaume  Baldrich  ajoute  qu'au  moment  où  Philippe  se  trouva 
presque  à  toute  extrémité,  Enguerrand  de  Marigny^  le  supplia 
d'intercéder  pour  lui  auprès  de  l'héritier  du  trône.  Mais  le  mo- 
narque se  contenta  de  recommander  à  celui-ci  de  ne  point  léser 
ce  personnage  dans  ses  biens,  si  l'on  arrivait  à  prouver  la  fidélité 
de  ses  services;  sinon,  il  le  laissait  libre  de  prendre  à  l'égard 
d'Enguerrand  telle  ou  telle  décision. 

Du  reste,  le  roi  fut  à  peine  expiré,  paraît-il,  que  le  ministre 
reçut  l'ordre  de  ne  point  quitter  la  cour  jusqu'à  reddition  complète 
de  ses  comptes  et  de  ne  plus  se  mêler  du  trésor  royal  en  aucune 
façon.  La  chose  était  assurée  par  beaucoup  de  personnes;  Bal- 
drich déclarait,  toutefois,  ne  pouvoir  la  certifier  d'une  manière 
tout  à  fait  positive. 

La  relation  touche  ensuite  à  l'un  des  points  les  plus  délicats  de 
notre  question,  à  l'origine  mystérieuse  de  la  mort  de  Philippe 
le  Bel.  Les  historiens^  de  l'époque,  en  effet,  sont  fort  divisés  à  ce 
sujet  :  les  uns^  parlent  d'un  accident  de  cheval  en  forêt,  les 
autres"^  d'une  maladie  dont  les  médecins  étaient  impuissants  à 

1.  Comte  de  Valois. 

2.  Comte  d'Évreux. 

3.  Le  moine  Yves  dit  que  le  souverain  demanda  pardon  aux  assistants  vers 
cette  heure-là  et  mourut  vers  la  sixième  {Histor.  de  Fr.,  t.  XXI,  p.  208). 

4.  L'entretien  du  roi  avec  son  ministre  n'est  pas  mentionné  par  les  difl'érentes 
chroniques  citées  par  nous. 

5.  M.  Lacabane  estime  que  l'on  fit  courir  le  bruit  d'un  accident  de  chasse 
survenu  à  Philippe  le  Bel  dans  le  but  d'atténuer,  surtout  à  l'étranger,  la  mau- 
vaise impression  résultant  d'une  fin  causée  par  lés  remords  et  le  chagrin.  D'après 
sa  remarque,  en  efl'et,  les  chroniques  françaises  les  plus  sûres  ne  tiennent  pas 
compte  de  cette  rumeur;  celle-ci  trouva  créance,  au  contraire,  auprès  des  his- 
toriens italiens  :  les  luîtes  de  Philippe  le  Bel  avec  la  papauté  peuvent  faire 
supposer  qu'on  ait  cherché  à  répandre  au  loin  une  version  de  la  mort  du  roi 
plus  favorable  à  sa  mémoire  {Disserlations  sur  l'hisi.  de  France  au  XIV"  siècle, 
Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  années  18il-1842,  t.  III,  p.  5-7). 

6.  Cf.  la  chronique  attribuée  à  Jean  Desnouelles  {Histor.  de  Fr.,  t.  XXI,  p.  196), 
la  chronique  rimée  attribuée  à  Gefl'roi  de  Paris  {M.,  t.  XXII,  p.  151),  les 
Anciennes  Chroniques  de  Flandre  (Id.,  ibid.,  p.  401),  les  Ghronographia  regum 
Francorum  (Éd.  citée,  t.  I,  p.  218). 

7.  Cf.  le  continuateur  de  Guillaume  de  Nangis  (Histor.  de  Fr.,  t.  XX,  p.  611), 


DE    PniLFPPE    LE    BEL. 


découvrir  la  cause.  Cette  dernière  Tersion  doit  être  la  vraie, 
d'après  le  témoignage  des  meilleures  chroniques  et  l'opinion  de 
Guillaume  Baldricli  lui-même.  Il  prit  à  cet  égard  des  renseigne- 
ments précis,  ainsi  que  nous  l'apprend  cette  partie  de  sa  lettre. 

Philippe  le  Bel,  raconte-t-il,  tomba  malade'  le  4  novembre, 
tandis  qu'il  chassait  en  forêt  près  de  Pont-Sainte- Maxence^  Il 
fut  envahi  par  le  mal  d'une  manière  si  soudaine  qu'il  en  perdit 
l'usage  de  la  parole  pendant  un  temps  assez  long.  L'on  disait 
bien,  ajoute-t-il,  que  le  souverain  avait  fait  une  chute  de  cheval, 
sans  expliquer  au  juste  de  quelle  façon,  mais  tel  n'était  pas  l'avis 
de  plusieurs  familiers  du  prince  qu'il  avait  interrogés  dès  le  jour 
suivant  et  sur  les  lieux  mêmes.  Ceux-ci  déclarèrent  que  le  roi 
n'était  pas  tombé,  mais  avait  éprouvé  un  saisissement  subit,  avec 
impossibilité  de  prononcer  une  parole. 

Après  cet  événement,  Philippe  se  fît  conduire  par  eau  à  Poissy^ 
et  y  resta  une  dizaine  de  jours.  De  cette  localité,  il  se  rendit  à  che- 
val jusqu'à  Essonne'',  d'où  il  fut  porté  en  litière  à  Fontainebleau. 
C'est  là  qu'il  mourut  le  29  novembre,  dans  la  ville  même  qui  lui 
avait  donné  le  jour. 

Suit  une  allusion  de  Guillaume  Baldrich  à  l'envoi  fait  par 
lui  récemment  au  roi  de  Majorque  et  à  Pons  de  Caramany  du 
traité  d'un  certain  maître  Martin^.  Ce  personnage  y  avait  prédit 


celui  (le  Girard  de  Frachet  {Jlistor.  de  Fr.,  t.  XXI,  p.  42).  le  moine  Yves, 
qui  donne  beaucoup  de  détails  sur  les  symptômes  de  la  maladie  {Id.,  ibid., 
p.  206).  —  Jean  de  Saint-Victor  ne  marque  pas  l'origine  de  celle-ci  {Id.,  ibid., 
p.  659). 

1.  Le  moine  Yves  indique  également  cette  date  {loc.  cit.);  \c?,  Ckronographia 
parlent  inexactement  des  environs  de  la  fétc  de  Sainl-Michel  (Éd.  citée,  t.  I, 
p.  218). 

2.  Oise,  arr.  de  Senlis,  chef-lieu  de  canton.  Cette  ville,  située  sur  l'Oise, 
n'est  pas  signalée  par  les  cliYoniqueurs.  Elle  se  trouve  tout  à  côté  de  la  forêt 
de  Halatle,  qui  doit  être  celle  à  laquelle  notre  relation  fait  allusion.  Geffroi  de 
Paris  parle  d'une  forêt  renommée,  qu'il  ne  cite  pas,  près  de  Senlis  (Ilistor.  de 
Fr.,  t.  XXII,  p.  151).  —  D'après  Jean  Desnouelles  {Id.,  t.  XXI,  p.  196),  la 
forêt  aurait  été  celle  de  Bière  (Fontainebleau).  Les  Anciennes  Chroniques  de 
Flandre  {Id.,  t.  XXII,  p.  401)  disent  que  l'accident  survint  à  Corbcil.  11  en  est  de 
même  des  Chronographia  (Éd.  citée,  t.  I,  p.  218).  La  version  de  Geffroi  de 
Paris,  quant  au  lieu,  concorde  absolument  avec  celle  de  notre  auteur  et  est  évi- 
demment la  vraie. 

3.  Gcflroi  de  Paris  donne  le  même  détail  [Hislor.  de  Fr.,  t.  .\XI1,  |).  151). 

4.  Petite  ville  tout  près  de  Corbeil. 

5.  Nous  devons  à  l'amabilité  de  M.  Omont  l'indication  d'un  recueil  sur  les  astro- 
logues composé  par  Simon  de  Phares  (Bibl.  nat.,  f.  fr.,  \v  1357).  Il  y  est  ques- 


10  LA   MORT    ET   LES    FUNÉRAILLES 

les  épreuves  à  subir  par  un  grand  roi,  et,  effectivement,  la  mort 
de  Philippe  le  Bel  coïncida  avec  une  éclipse  de  soleil  annoncée 
par  lui. 

Notre  lettre  se  termine  par  quelques  avis  et  nouvelles  de  cir- 
constance. Ainsi,  Guillaume  Baldrich  émet  l'opinion  que  son 
souverain  pourrait  attendre  le  sacre  du  nouveau  roi  pour  lui 
envoyer  des  ambassadeurs.  Cette  cérémonie  devait  se  faire  à 
Reims,  selon  l'usage,  mais  pas  avant  l'Epiphanie;  peut-être 
même  serait-elle  remise  à  une  époque  plus  éloignée  ^ 

On  manifestait  l'espoir  que  le  monarque  chasserait  du  con- 
seil royal  les  hommes  pervers  qui  avaient  pu  en  faire  partie,  afin 
de  se  conformer  aux  instructions  écrites  laissées  par  Philippe  le 
Bel.  Louis  le  Hutin,  du  reste,  n'avait  encore  choisi  ni  conseil- 
lers ni  chancelier.  Il  ne  tarderait  pas,  cependant,  de  le  faire, 
d'après  le  bruit  public,  et  devait  réunir  le  parlement  la  semaine 
suivante.  On  assurait  que  le  souverain  avait  pris  à  son  service 
les  camerlingues,  sergents  d'armes  et  secrétaire  de  son  père, 
mais  on  doutait  qu'il  nommât  camerlingue  Enguerrand  de  Mari- 
gny,  par  rapport  à  ce  qui  a  été  dit  plus  haut. 

Le  comte  de  Flandre  s'était  avancé,  ces  temps  derniers,  jusqu'à 
Pontoise,  mais,  à  la  nouvelle  de  la  mort  de  Philippe  le  Bel,  il 
avait  rebroussé  chemin.  L'on  parlait,  toutefois,  de  son  prochain 
retour.  Quant  au  comte  de  Namur,  frère  de  ce  seigneur,  il  avait 
eu  à  Vincennes  une  entrevue  avec  le  roi,  le  jour  même  de  l'ex- 
pédition du  rapport  de  Guillaume  Baldrich  (7  décembre  1314), 

Ch.  Baudon  de  Mony. 

Nobiii^  viro  domino  suo,  domino  Guillelmo  de  Caneto,  mihti, 
locumlenenti  illustrissimi  domini  régis  Majoricarum,  Guillelmus 

tion,  à  l'année  1339  (fol,  134  v),  de  Martin  du  Hémel,  de  Rouen,  protonotaire  du 
Saint-Siège,  qui  était  fort  estimé,  paraît-il,  pour  ses  connaissances  en  astrologie. 
Faut-il  identifier  ce  personnage  avec  celui  mentionné  par  notre  texte?  Il  nous 
est  impossible  de  le  dire;  nous  avons  tenu,  cependant,  à  ne  pas  négliger  ce 
rapprochement, 

1,  Le  sacre  n'eut  lieu  que  le  24  août  1315.  Cf,  le?,  Chronographia,  éd.  citée, 
t.  I,  p.  220,  note  1. 

2,  On  lit  au  dos  de  l'acte  l'adresse  que  voici  :  Nobili  ac  potenti  viro  domino 
Guillelmo  de  Caneto,  milili,  locumlenenti  illustrissimi  domini  régis  Majori- 
carum; puis,  quelques  lignes  au-dessous  :  Ddr.  Pro  Guillelmo  Baudrici.  — 
D'après  le  conseil  de  juges  compétents,  nous  reproduisons  telle  quelle  l'abré- 


DE    PHILIPPE    LE    litL.  4-1 

Baudrici  se  ipsum  cum  parato  afTectii  in  omnibus  serviendi.  Noveril 
vestra  nobilitas  quod  corpus  domini  Phiiippi,  condam  régis  Francie, 
qui  viam  esl  universe  carnis  ingressus,  prima  die  decembris  porta- 
tum  fuil  Parisius  pcr  flumen  Secane,  sicud  fuil  cliam  porlatum  per 
diclum  ilumen  corpus  palris  sui,  quandofuil  porLalum  de  GaLalonia. 
Fuit  aulem  diclum  corpus  abstractum  de  dicto  flumine  etposituni  in 
terra  prope  Sanctum  Bernardum.  Et  abinde  fuit  portatum  per  vil- 
lani  multum  soUepniter  ad  eclesiam  Beale  Marie. 

In  crastinum  vero  celebravit  missam  pro  anima  dicti  régis  archie- 
piscopus  Senonensis,  frater  domini  Gelrami  de  Marreyco.  Qua  missa 
selebrala  diclum  corpus  fuit  portalum  apud  Sanctum  Dionisium. 
Associabant  autem  diclum  corpus  dominus  Ludovicus  rex  hodie 
regnans  in  Francia  el  fratres  sui  et  avunculi  et  dominus  Robertus  de 
Alrabato,  omnes  cum  veslibus  nigris  et  cum  capuciis  indulis  ad 
modum  terre  nostre.  Sequebantur  autem  ipsum  corpus  populusinfi- 
nitus  mullique  prelati  et  religiosi  precedebant.  Corpus  vero  dicti  régis 
inbasmatum  erat  involulumque  panno  aurco,  cum  clamide  foirala 
de  erminiis.  In  capile  aulem  ipsius  tenebat  coronam  auream  pulche- 
rimam.  In  manu  vero  dexlra  tenebat  baculum  aureum  qui  dicitur 
seplrum  ;  in  sinislra  vero  tenebat  quandam  virgam  nigram,  in  cujus 
capile  erat  quedam  parvula  manus  alba.  Faciès  vero  ac  manus  ejus- 
dem  erant  penitus  discoperle  ac  mirabiliter  alterate. 

Sequenti  vero  die  dictum  corpus  fuit  sepullum  in  eclesia  Sancli 
Dionisii,  ad  lalus  sancti  Ludovici,  avi  condam  dicti  régis.  Et  in 
sepullura  ipsius  corporis  valde  pauci  inlerfuerunt  nobiles  el  barones, 
illis  de  domo  régis  exceptis.  Postque  in  crastinum  vicera  et  cor  dicti 
régis,  abstracta  de  dicto  corpore  incontinenli  post  morlem,  sepulta 
fuerunt  in  eclesia  monialium  de  Pissiacho,  prout  idem  rex  disposue- 

viation  précédente,  car  il  n'est  point  facile  d'en  donner  une  interprétation 
absolument  certaine  :  D.  Francisco  de  Bofarnil  lui-même  n'a  pu  nous  rensei- 
gner d'une  manière  satisfaisante  à  cet  égard.  Mentionnons,  néanmoins,  une 
solution  très  plausible  qui  nous  a  été  suggérée  i)ar  le  R.  P.  Denille;  selon  ce 
savant,  ddr  devrait  se  traduire  par  dandum  responsum.  Dans  ce  cas,  on  peut 
faire  une  double  hypothèse  :  ou  cette  mention  a  été  mise  à  Paris,  par  ordre  de 
Guillaume  Baidrich,  pour  réclamer  des  instructions  nouvelles  de  sa  cour,  ou 
bien  elle  représente  une  marque  de  la  chancellerie  de  Majorque,  apposée  après 
l'arrivée  du  document  et  destinée  à  rappeler  la  réponse  à  y  faire.  De  quel  côté 
se  trouve  la  vérité?  Nous  ne  le  savons  pas.  Il  ressort,  toutefois,  de  certains 
passages  de  cette  pièce  que  Guillaume  Baidrich  était  parfaitement  à  môme  de 
s'attendre  à  quelque  communication  de  Guillaume  de  Canet,  à  la  suite  de  son 
compte-rendu. 


^2  LA    MORT    ET    LES   FCNKRAILLES 

rat  in  sua  vita.  Cor  autem  dicti  régis,  ut  dicitur,  adeo  erat  parvum 
sicud  est  cor  alicujus  pueri  qui  hodie  prodiit  ex  utero  matris  sue; 
ymo  inlellexi  quod  illi  qui  viderunt  comparant  illud  cordi  ali- 
cujus avis. 

Porro  nolo  ignorare  nobilitatem  vestram  quod  dominus  rex  pre- 
dictus  vere  contritus  et  conffessus,  ut  fidelis  christianus,  viam  est 
universe  carnis  ingressus  fecitque  felicem,  ut  comuniter  dicitur,  et 
pulchcrrimam  mortem.  Ad  quorum  declaracionem  scire  vos  volo 
quod  die  martis,  xxvi  die  novemi^ris,  gravavit  diclum  dominum 
regem  infîrmitas  vehementer  et,  die  raercurii  sequenti,  cum  jam 
instaret  tempus  mortis,  dictus  rex  fecit  venire  ad  se  filium  suum, 
regem  tune  Navarre,  et,  solus  cum  solo,  per  magnum  spalium  tem- 
poris,  loqutus  est  cum  eodem.  Postmodum  vero  in  presentia  multo- 
rum,  ut  dicitur,  dixit  multa  bona  verba  ad  edifîcacionem  anime  sue 
et  ad  instruxionem  heredis  sui  predicti. 

Et,  inter  cetera,  dixit  et  recognovit  defectus  et  vicia  sua  et  quod 
in  multis  erraverat  et  offenderat  Deum,  malo  concilio  ductus,  et 
quod  ipsemet  erat  causa  mali  concilii  sui.  Gondidit  etiam  testamen- 
tum  in  quo,  ut  dicitur,  mirabilia  continenlur.  Et  rogavit  heredem 
suum  eidemque  precepit  ut  contenta  in  dicto  testamento  et  omnia 
alia  que  verbo  sibi  injuxerat  [sic]  celeriter  adinpleret,  quod  si  faceret 
bencdicebat  eum  benediccione  paterna  ;  alioquin  vocavit  dictum  here- 
dem ad  divinum  judicium,  rogans  Deum  quod,  in  illum  casum,  dic- 
tus hères  suus  ipsum  celeriter  sequeretur.  Insuper  rogavit  dictum 
heredem  suum  ut  haberet  eclesiam  romanam  in  reverenciam  et  dili- 
geret  subditos  suos  teneretque  regnum  Francie  in  bono  statu,  prout 
ipsum  tenuit  beatus  Ludovicus,  avus  ejusdem  ;  et  quod  regeret  se 
ac  regnum  predictum  concilio  avunculorum  suorum,  scilicet  domini 
Carol  et  domini  Ludovici.  Incusavit  autem  se  ipsum  idem  rex  quod 
summa  avaricia  regnavit  in  ipso,  rogavitque  filium  suum  ut  a  se 
omnem  avariciam  abdicaret.  Hec  et  alia  plura  bona  dixit  idem  rex  et 
disposuit  ante  mortem.  Postque  die  jovis  sequenti  mane  amisit  loqui 
usque  ad  diem  veneris;  qua  die  circa  terciam,  secundum  quosdam, 
secundum  alios  circa  meridiem,  féliciter  expiravit.  Et  incontinenti 
fuit  fractum  sigillum  magnum  regium  atque  parvum. 

Item  de  domino  Gelramo  dicitur  quod,  tempore  quo  dictus  rex 
laborabat  quasi  in  extremis,  idem  dominus  Gelramus  rogavit  dictum 
regem  ut  recomendaret  ipsum  domino  fîlio  suo  régi  Navarre.  Et 
dominus  rex  prcdictus  recomendavit  eum  sibi,  ila  quod,  si  inveniret 
ipsum  fideliter  se  habuisse  in  servicio  suo,  quod  non  moverct  nec 


DE    PniLIPPE    LE    BEL.  43 

auflerret  sibi  aliquid  de  bonis  suis;  alioquin  faccrel  quod  sibi  vide- 
retur.  Et  post  obiLum  dicli  régis  dicitur  quod  fuit  inhibilum  dicte 
domino  Gelramo  quod  non  recederet  a  curia,  quousque  reddidisset 
computum  de  adminislratis  et  quod,  extunc,  non  intromiteret  se  de 
thesauro  régis  nec  aliquis  pro  eodem.  Et  hoc  multi  asserunt,  nescio 
tamen  si  continet  veritatem. 

Ilem  sciatis,  domine,  quod  infirmitas  dicti  régis  sumpsit  exor- 
dium  un  die  novembriS;  dum  rex  venabatur  in  nemore  prope  Pon- 
tem  Sancte  Maxencie.  Et  venit  sibi  subito  in  dicto  nemore,  ita  quod 
per  magnum  spacium  lemporis  non  potuit  loqui.  Et,  extunc,  non 
fuit  bene  sanus  nec  ilaris  rex  predictus.  Et  dicitur  per  aliquos  quod 
cecidit  de  equo,  nescitur  per  quem  modum;  verum  est  tamen  quod 
ego  fui  ibi  in  crastinum  et  a  quibusdam  de  familia  régis  pecii  super 
hujus  accidenli.  Et  dixerunt  mihi  quod  non  ceciderat  de  equo  set 
alias  subito  copertum  fuit  cor  ejus,  ita  quod  per  aliquod  spacium 
non  potuit  loqui. 

De  dicto  aulem  loco  recessit  per  aquam  apud  Pissiacum  et  ibi  fuit 
per  X  dies  vel  circa.  Postea  abinde  recessit  equilando,  ut  dicitur, 
usque  ad  Aissonam  et  ibi  fuit  positus  in  leytera  usque  ad  Foutem- 
bliaudii.  Et  ibi  die  jovis  mane,  xxviri  die  novembris,  amisit  loque- 
lam  usque  ad  diem  veneris,  qua  decessit  in  dicto  loco,  ubi  etiam 
natus  fuit. 

Videtur  autem  verificata  in  aliqua  sui  parte  philosophia  magistri 
Martini,  quam  nuper  misi  domino  nostro  régi  ac  domino  Poncio  de 
Garamanno.  Que  quidem  philosofia,  inter  cetera,  continet  :  Magnus 
rex  passietur.  Et  sine  dubio  magnus  rex  passus  est  mortem.  Et 
mirandum  de  morte  ejusdem  quia  medici,  ut  dicitur,  nullam  in  ipso 
cognoscebant  infirmitatem.  Est  autem  sciendum  quod  ante  per 
iiii""'  dies,  tune  quando  sol  deberet  pati  eclipsim  in  xif  parte  sùi, 
juxta  dictam  philosophiam,  accidit  illud  quod  proxime  scriptum  est 
dicto  domino  régi. 

Item  non  videtur  michi  expediens,  salvo  semper  meliore  concilio, 
quod  ex  parle  domini  nostri  régis  delegentur  aliqui  ambaxatores  ad 
partes  istas,  quousque  dominus  Ludovicus  rex  novus  fuerit  corona- 
tus.  Et  dicitur  quod  coronabitur  salis  cito  in  eclesia  Remensi,  ubi 
consueverunt  coronari  predecessores  ejusdem.  Etpresumiturelhabe- 
tur  spes  et  fiducia  quod  dictus  rex  novus  reclificabitconcilium  suum 
et  purgabit  domum  Francie  malis  hominibus,  si  qui  eranl,  propter 
instruxionem  seu  doclrinam  paternam,  que  pênes  dictum  novum 
regem,  ut  dicitur,  remansit  in  scriptis. 


^Â  LA    MORT   ET   LES    FDNÉRiILLES    DK    PHILIPPE   LE    BEL. 

Post  predicta  inlellexi  quod  dictus  dominas  rex  non  coronabitur 
citra  festum  Epiphanie  Domini;  et  forte  posset  esse  quod  ulterius 
ejus  coronacio  difTerretur  ex  causa.  Quare  super  adventu  ambaxato- 
rum  domini  nostri  régis  provideant  illi  ad  quos  pertinet,  prout 
eorum  discrecioni  videbitur  expedire.  Scire  tamen  volo  nobilitatem 
vestram  quod  dominus  rex  Francie  nondum  providit  sibi  de  concilio 
nec  de  canceliario,  quod  sciatur;  creditur,  tamen,  quod  providebitur 
cito  et  quod  in  sequenti  septimana  tenebitur  parlamentum.  Dicitur 
etiam  pro  certo  quod  dictus  dominus  rex  recepit  camarlanos  et  hos- 
tiarios  armorum  et  notarium  secretorum,  eosdem  quos  pater  suus 
habebat  dum  vivebat.  De  domino  Gelramo  dubitalur  an  sit  receptus 
in  camarJanum,  propter  illa  que  superius  scripsi  vobis. 

Cornes  Flandrie,  ut  dicitur  et  pro  certo,  veniebat  et  fuit  prope 
Pontisarara  et  ibi  certificatus  de  obitu  domini  régis  Francie  retroces- 
sit.  Set  dicitur  quod  reveniet  in  propinquo.  Et  frater  suus  comes  de 
Namur  fuit  liodie  cum  domino  rege  Francie  apud  Vicenas. 

Datum  Parisius,  vu  die  decembris  anno  M  CGC  XIIII. 

{Orig.  sur  papier,  Archives  d'Aragon,  coll.  des  Carias  reaies  de  Jacques  II, 
n°  5031.) 


UN 


NOUVEAU  CALENDRIER  ROMAIN 

TIRÉ  DES  FASTES  D'OVIDE. 


La  Bibliothèque  nationale  a  récemment  acquis  un  petit  manus- 
crit in-8°  (208  X  ISO""'"),  sur  papier,  de  provenance  italienne  et 
dont  la  date  peut  être  rapportée  à  la  seconde  moitié  du  xv°  siècle. 
Ce  volume,  inscrit  sous  le  n°  632  des  nouvelles  acquisitions  du 
fonds  latin,  contient  différents  opuscules  d'auteurs  latins  anciens, 
dont  voici  le  détail  : 

49 

Fol.  -i.  Ancienne  cote  :  «  Gt,  »  et  nolice  incomplète  du  volume. 
—  Fol.  2.  Vers  sur  le  Zodiaque.  «  Zodiacus. 

a  Hic  qui  sacris  pervius  astris. . .  » 

Fol.  3-4,  vacant. 

Fol.  5-8  v°.  Valerii  Probi  de  notis  Romanorum  inlerpretanjdis 
libellus.  —  Publié  par  M.  Th.  Mommsen  dans  les  Grammatici 
latini  de  Keil,  t.  IV,  p.  27^-275. 

Fol.  8  vo-^9  v°.  a  Sequitur  ordo  antiquitatum  secundum  alfabetum. 
A.,  Aulus;  Aug.,  Augustus...  »  —  Cf.  ibid.,  p.  347  et  suiv.,  De 
Probi  qui  dicitur  notarum  laterculo  alphabetico. 

Fol.  'l9v°-20.  «  Ponderum  no,tce  Prisciani  gramatici.  Semis,  As, 
Dispondius,  Sextertius,  Denarius...  » 

Fol.  20.  Fragment  sur  le  digamma  renversé  : 

«  Voluit  Gla[udius]  Caesar  pro  u  consonante  digam[mja  inversum 
hac  sciUcet  figura  A.  scribendum  esse,  ut  propriam  haberemus  litte- 
ramubi  u  consonantera  facimus.  Idque  Rome  nostro  œvo  quibusdam 


A6  m   NOUVEAU   CALENDRIER    ROMAIN 

in  locis  scripLum  inspicitur,  ut  Serius,  iJVLGVS,  ilXlT,  pro  vixit, 
et  presertim  in  taii  epigram[ra]ate  '  : 

D  .  M  .  S  .  SEGVNDVS  5IXIT  .  ME 
NS  .  IX  .  DIES  .  XXVI  .  PETRONIA 
NOE  .  SOROR  .  EIVS  JIXIT  .  AN  . 
MENS  .  111 .  DIES  .  XII .  HIG  SEPVL 
TI  SVNT .  SO 

«  Non  hanc  solam,  sed  très  litteras  GIa[udius]  ipse,  teste  Gornelio 
Tacito,  prioribus  nostris  adjecit,  quse  usui,  imperitante  eo,  fuere,  pos- 
tea  obliterate^.  » 

Fol.  20  V".  c(  0  litteram  inversam  mulierem  significare  testis  est 
Quintilianus^,  quod  etiam  plunbus  epigram[m]atibus  inspicitur.  » 

Fol.  20  v°.  «  Nota  quod  littere  duplicate  consimiles  ut  plurimum 
significant  pluralem  numeruin  :  IMPP.,  Imperatores...  » 

Fol.  2-1 .  «  Quoniam  mentio  cepit  de  numeris,  ideo  breviter  osten^ 
damus  qua  figura  quisque  numerus  representetur.  Omnis  numerus, 
ut  ait  Boetius...  » 

Fol.  22-25,  vacant. 

Fol.  26-33  v°.  Galendrier  romain,  tiré  des  Fastes  d'Ovide,  conte- 
nant les  mois  de  janvier  à  juin,  et  à  la  fin  duquel  on  lit  la  mention  : 
a  Explicit  Semestre.  »  —  Ge  calendrier  est  publié  plus  loin. 

Fol.  34-3o,  vacant. 

Fol.  36-40  v°.  «  L.  Annei  Senecae  Gordubensis  liber  de  moribus.  » 

Fol.  4^-60.  «  L.  Apuleii  Madaurensis,  philosophi  Platonici,  cosmo- 
graphia,  sive  de  mundo  ad  Faustinum  liber.  » 

Fol.  60-78  v°.  «  L.  Apuleii  Platonici  de  philosophia.  »  G'est  le 
second  livre  du  de  dogmate  Platonis. 

Fol.  78  v°.  Souscription  du  copiste  du  ms.  :  «  XI .  KAL  .  NOVEMBR . 
0  GAROL  .  BR  .  MARG  .  P  .  D  .  $0  » 

Fol.  79-84,  vacant. 

Le  calendrier  romain  qui  se  trouve  aux  fol.  26-33  v"  du  manus- 
crit est  un  de  ces  nombreux  calendriers  tirés  des  Fastes  d'Ovide 
et  dont  plusieurs  ont  été  publiés  par  Merkel  dans  la  préface  de  son 

t.  Cf.  Thomie  Heinesii  Srjntagma  inscriptionum  antiquarum  (Lipsiae,  1682, 
in-fol.),  p.  788  (15,  xv). 

2.  Taciti  Annal.,  XI,  14. 

3.  Quinliliaai  InstU.  orat.,  I,  7,  28. 


flllE    DKS    «   FASTtS  »    b  OVIDE.  J7 

édition  des  Fastes  K  II  diffère  cependant  de  tous  ces  calendriers  en 
de  nombreux  points-,  comme  de  celui  qu'a  récemment  publié 
M.  Gaston  Boissier  dans  la  Revue  de  philologie '\  d'après  un 
autre  manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale  (  nouv.  acq. 
lat.  1523),  et  d'un  autre  encore,  conservé  à  Dijon  (ms.  288),  qui  a 
été  imprimé  dans  le  Cabinet  historique*.  C'est  un  nouveau  texte 
offert  à  l'étude  du  futur  éditeur  d'une  collection  des  anciens  calen- 
driers romains,  meilleur  en  nombre  d'endroits  que  plusieurs  de 
ceux  qu'a  publiés  Merkel  ;  on  le  trouvera  ci-dessous  imprimé  tel 
que  le  donne  le  manuscrit,  sauf  quelques  corrections  et  additions 
indispensables  au  sens,  qui  ont  été  indiquées  en  notes  ou  sup- 
pléées entre  crochets. 

H.  Omont. 


A.  Kal.  JÂNUARII.  Feslum  Junonis,  fesla  dies  feriataacausis.  Piunt 

sacrificia  in  templis,  processio^  in  Gapilolium  ad  Jovis  tem- 
plum.  Consules  intronizantur.  Festum  Esculapii  et  Jovis  in 
Insula. 

B.  un  non.  Dies  ater  et  interficus. 

G.  III  non.  Capricornus  oritur  cosmice  ;  occidit  Cancer  cosmice,  vide- 
licet  prima  pars  ubi  sunt  brachia. 

D.  Pridie  non. 

E.  Non.  Lira  oritur  cosmice,  que  est  in  Capricornoj  Lira  autem 

Kironis,  qui  in  Sagitario,  orilur  heliace. 

F.  viii  idus.  Dies  ater  el  interfîcus. 

G.  VII  idus. 
A.  VI  idus. 

1.  P.  Ovidii  .\asonis  Faslorum  libri  sex,  editore  et  interprète  R.  Merkelio 
(Berolini,  1841,  in-8°),  p.  liii-lviii.  Cf.  la  notice  consacrée  aux  anciens  calen- 
driers romains  par  M.  Th.  Momnisen  dans  le  tome  I  du  Corpus  inscriptionum 
latinaruin,  éd.  allera,  pars  prior,  p.  205  et  suiv. 

2.  On  peut  le  rapprocher  pour  certaines  parties  des  mss.  r  et  b  de  Merkel, 
tous  deux  conservés  à  la  Bibliothèque  royale  de  Berlin  et  datés  des  xiv°  et 
XV'  siècles. 

3.  Nouvelle  série,  t.  VIII  (1884),  p.  55-74. 

4.  Nouvelle  série,  t.  I  (1882),  p.  371-373,  et  tirage  à  part  :  Notes  sur  quelques 
manuscriis  d'Autun,  Besançon  et  Dijon...,  par  H.  Omont  (Paris,  1883,  in-S"), 
p.  45-47. 

5.  Ms.  professio. 

1897  2 


-18  ON    ?iOUVEAC    CALENDRIER    ROMAIN 

B.  V  idus.  Agonalia,  fesLa  Jani.  Delphin  oriLur  cosmice. 
G.   iiii  idus.  Media  hiems. 

D.  III  idus.  Poiilificale  festum,  Garmentis  feslum  eL  factum  templum 

Ju[turnse]  '. 

E.  Pridie  idus. 

F.  Idibus.  Festum  Jovis  et  sacrificium  pro  reddita  Provincia. 

G.  XIX  kal.  Februarii.  Ater  et  interficus  dies. 

A.  XVIII  kal.  Iterala  sacrificia  et  festum  Garmentis.  Sacrif[icium] 

P[orrime]. 

B.  XVII  kal.  [Festum]  Goncordie  et  factum  templum  eidem. 
G.  XVI  kal.  Sol  in  aquario. 

D.  XV  kal. 

E.  XIV  kal. 

F.  XIII  kal. 

G.  XII  kal. 

A.  XI  kal. 

B.  X  kal.  Lira  erit  sub  occasu  cum  occident  Sol  et  tam  Lira  Kironis 

quam  Lira  Mercurii  ideoque. 
G.  IX  kal.  Stella  quse  est  in  pectore  Leonis  de  mane  in  aurora  occ[idit] 
cos[mice]  in  occidente.  Festum  Sementinse. 

D.  VIII  kal. 

E.  VII  kal. 

F.  VI  kal.  Festum  Gastoris  et  PoUucis  et  factum  eis  templum. 

G.  vkal. 

A.  IV  kal. 

B.  III  kal.  Festum  Pacis. 
G.  Pridie  kal. 

D.  Kal.  FEBRUARIL  Festum  Junonis.  Templum  factum  Sospitœ. 

Processio  ad  locum  Avernum  Proserpinœ  dicatum  prope  fauces 
•  Hostie.  Sacrificium  in  Gapitolio  et  Veste.  Tempus  pluviosum  et 
nivosum. 

E.  un  non.  Ater  et  interficus.  Occidit  Léo  cosmice;  occidit  Lira  Mer- 

curii heliacse.  Delphin  noctu  sub  occasu  in  inferiori  hemispe- 
rio  est. 

F.  III  non. 

G.  II,  pridie  non. 

l.  Ms.  festum  templum  3a. 


TIRK    DES    «   FASTES  »    O'OVIDE.  i  9 

A.  Non.  AugusLus  adeplus  est  nomen  PaUis  palriœ.  Aquarius  médius 

apparel.  Jam  flant  Zephiri. 

B.  VIII  idus.  A  1er  et  interficus  dies. 
G.  VII  idus. 

D.  VI  idus. 

E.  V  idus.  Initium  Veris. 

F.  rrii  idus. 

G.  III  idus.  Bœtes  et  Ursa  major  oritur  cronicœ,  que  ad  pedes  non 

tota. 

A.  Il,  pridie  idus. 

B.  Idibus.  Festum  Jovis.  Feslum  et  sacrificium  <I>auni  in  Insula. 

Interfecti  sunl  300  Fabii  a  Vcientibus. 
G.   XVI  kal.  Mardi.  Ater  et  interficus.  Gorvus,  Grater  et  Anguis' 
sydera  oriuntur  croni[ceJ. 

D.  XV  kal.  Festum  Fauni  bicornis,  vel  Panis,  dei  pccorum.  Non  est 

bonum  navigare  propter  venlorum  instabilitatem.  Sol  in  pisci- 
bus.  Aquarius  incipit  oriri  heliace.  Expiatio  matrum  Romana- 
rum  cum  verberibus. 

E.  XIV  kal. 

F.  XIII  kal.  Deificatio  Romuli.  Festum  Stultorum.  Feslum  dee  For- 

nacis  et  Fornicalia  festa  diebus  inccrtis  et  indeterminatis. 
Festum  Tacite  seu  mute.  His  diebus  bonum  est  nubere,  nec 
fît  aliquod  sacrificium.  Fiunt  exequie  mortuorum,  quœ  Juste 
dicuntur. 

G.  XII  kal.  Garistia  carorum  virorum  festa. 

A.  XI  kal.  Festum  Termini. 

B.  xkal. 
G.   IX  kal. 

D.  VIII  kal. 

E.  vu  kal.  Fuga  Tarquini[i]  régis.  Ver  incipit  secundum  aliquos. 

F.  VI  kal. 

G.  vkal. 

A.  IV  kal. 

B.  m  kal.  Equiria  Martis  in  Gampo  Martio. 
G.   II,  pridie  kal. 

D.  Kal.  MARGII.  Festum  Junonis.  Renovantur  corone  lauree  Fiami- 

l.  Ms.  a  novis. 


20  U.V   NOUVEAU    CALENDRIER    ROMAIN 

nibus,  Yestalibus  el  Lemplo  Vestœ;  ponuiilur  nove  corone  lau- 
re[e]  hosliis  Iraperatoris.  Reiiovantur  aliraenla  igni  Vestae. 
Inceptum  fesLuni  Année.  Salii  ferunl  ancillia  Martis.  Feslum 
MarLis.  Templum  faclum  Junoni  a  maLronis.  Non  est  bonum 
nubere. 

E.  VI  non.  Ater  et  inlerficus  dies. 

F.  V  non.  Alter  Piscium  conditur  sub  orizonte  occidentis  in  prima 

hora  noctis,  vel  oritur  heliace,  quare  alter  Piscis  incipit  occidere 
heliace  et  cronice,  et  oritur  ortus  cosmice. 

G.  riir  non. 

A.  III  non.  Occidunt  Arthopbilax,  id  est  Ursa minor  el  Bœtes  cosmice, 

el  ullima  hora  noctis  sub  orizonte  occidentis  erunt  ;  Yindemia- 
tor  autem  super  orizontem  occidentis  et  tendens  ad  occasum,  et 
videri  poleril. 

B.  II,  pridie  non.  Julius  Gœsar  factus  pontifex,  templi  Vestse  sacerdos. 
G.  Non.  [Feslum]  Vejovis,  id  est  Jovis  viventis.  Nocle  sequenli  in 

exlremo  Pegasus  apparet,  inaltoque  est  in  regione  Gapricorni. 

D.  VIII  idus.  Ater  et  interficus  dies.  Gorona  Hadrianae  oritur  cronicœ. 

E.  VII  idus. 

F.  VI  idus. 

G.  V  idus. 

A.  IV  idus. 

B.  III  idus.  Altéra  equiria  in  Gampo  Gœlio  gramineo  juxta  Tyberim. 
G,  II,  pridie  idus. 

D.  Idibus.  Festura  Jovis.  Festum  Annae  Perennse.  Occisus  est  Julius 

Cœsar,  et  cœlo  deificatus^.  Occidit  Scorpius  cosmice,  seu  verius 
apparet  supra  orizontem  occidentis  de  mane  ullima  hora  noctis. 

E.  XVII  kal.  Aprilis.  Ater  el  interficus.  Forte  poterit  dici  Scorpionem 

videri  supra  orizontem  occidentis  ante  ortum  Solis. 

F.  XVI  kal.  Festum  Bacchi.  Oritur  Mil  vus  cronice.  Processio  ad  tem- 

plum Gastoris  et  Polucis  xvi  et  xviikal. 

G.  XV  kal.  Sol  in  Ariete. 

A.  xiiii  kal.  Quinquatria  festa  Minervœ,  et  hac  die  nata  est.  Nefas 

est  fieri  bella  festiva,  aliis  vero  quatuor  diebus  sequentibus 
bella  et  hastilutationes  fiunt  in  honorem  Palladis  in  harena. 

B.  XIII  kal. 

G.  xri  kal.  Equino[c]lium  Veris. . 

1.  Ms.  deificato. 


TIRÉ    DES  «   FASTES  »    d'oVIDE.  2i 

D.  xrkal. 

E.  \  kal. 
P.  IX  kal. 

G.  VIII  kal.  Festum  Jani.  Feslum  Concordiœ,  Salutis,  Pacis. 

A.  VII  kal. 

B.  VI  kal. 
G.  vkal. 

D.  un  kal. 

E.  III  kal. 

F.  II,  pridie  kal.  Festum  Lune. 

G.  Kal.  APRILIS.  Festum  Junonis.  Festum  Virilis  Forlunse.  Occidit 

Scorpius  cosmice. 

A.  un  non.  Aprilis.  Ater  et  interficus.  Oriuntur  Pléiades  heliace. 

B.  III  non. 

G.  II,  pridie  non.  Feslum  Cibelis,  matris  deorum;  constitulum  el 
templum,  auctore  Aletello.  Ritu  et  causa  ri  tus  dies  feriata  a 
causis. 

D.  Non.  Factum  est  templum  Fortunœ  in  colle  Quirinali. 

E.  VIII  idus.  Ater  et  interficus  dies. 

F.  VII  idus.  Spectacula  scu  ludi  inhonorem  Gaesaris;  hacdie  Jubam 

regem  vicit.  [Lira]  occidit  cosmice.  Orionerit  suborizonteocci- 
dentis  de  sero  antequam  sol  occidat,  nec  propric  occasus  est 
cronice  vel  cosmice. 

G.  VI  idus.  Festum  Gaesaris,  in  quo  currunt  equi. 

A.  V  idus. 

B.  IV  idus. 
G.   III  idus. 

D.  II  idus. 

E.  Idibus.  Festum  Jovis  victoris;  dedicalio  ejus  templi.  Festum  et 

dedicatio  templi  Libertatis. 

F.  XVIII  kal.  3Iaii.  Ater  et  interficus  et  grandinosus. 

G.  XVII  kal.  Festum  Telluris.  Bos  fœta  seu  preg[n]ans  sacrif[icatur] 

Telluri.  xxx  vaccœ  gravidse  occiduntur  pro  sacrificio;  viluli 
tamen  extra[c]ti  urebantur  par  sacerdotissam  Palis,  ut  ex  cinere 
vitulorum  fiant  purgamina  hominum,  et  xiii  kal. 

A.  XVI  kal.  Augustus  sup[p]res[s]it  titulum  Iraperii.  Hiades  occidun- 

tur heliace. 

B.  XV  kal.  Gursus  equorum  in  circo.  Ustio  vulpium  Gereri. 


22  UN  NOUVEAU  CALENDRIER  ROMAIN 

C.  xtv  kal.  Sol  in  Tauro. 

D.  XIII  kal.  Feslum  Palis,  dese  pastorum.  Fiant  purgamina  hominum 

et  pecorum.  Roma  fuit  fundala. 

E.  XII  kal. 

F.  XI  kal.  Festum  Veneris,  celebratio  meretricum.  Festum  Jovis. 

Vinalia  festa. 

G.  xkal. 

A.  IX  kal. 

B.  VIII  kal. 

C.  VII  kal. 

D.  VI  kal.  Medietas  veris.  Aries  occidit,  Ganis  oritur.  Festum  Rubl- 

ginis,  ejus  sacra  et  processio. 

E.  V  kal. 

F.  IV  kal. 

G.  III  kal.  Incipiunt  Floralia,  dese  Flore.  Festum  Vestœ;  liac  die 

recepta  in  lemplo  Phebi  in  Palatino  monte. 

A.  II,  pridie  kal. 

B.  Kal.  MAIL  Festum  Junonis.  Amalthea  capra  oritur  cosmice.  Fit 

ara  Laribus.  Festum  Flores;  dedicatio  ejus  templi. 

C.  VI  non.  Ater  et  interficus.  Fiant  Zephiri  in  matutinis  de  mane. 

Pléiades,  seu  Hiades,  oriuntur  cosmice,  seu  heliace,  et  melius 
quare  dicit  micant  septem  flammis.  Festum  Flore  continuatur 
cum  cerimoniis. 

D.  V  non.  Kiron  oritur  cronice  de  sero  in  oriente. 

E.  un  non. 

F.  m  non.  Lira  Chironis  oritur  cronice  de  sero  in  oriente,  et  S°  die 

post  Chironem  stel[l]iricata. 

G.  II,  pridie  non.  Scorpius  oritur  cronice  in  prima  parte  noclis, 

quare  in  oriente  médius  ap[p]aret  occidente  sole. 

A.  Non. 

B.  VIII  idus.  Ater  et  interficus. 
G.  VII  idus. 

D.  VI  idus.  His  tribus  diebus  fiunt  Lemuria  nocturna,  id  est  exequie 

mortuorum;  nulla  fmnt  in  templis  sacrificia,  non  flunt  spon- 
salia.  Orion  occidit  beliace. 

E.  V  idus.  Martis  Bisultoris. 

F.  irii  idus. 

G.  in  idus. 


TlUK   DES  a   FASTES  «    d'oVIDE.  23 

A.  II;  pridie  idiis.  Pléiades  planœ  appare[n]t  de  mane  in  oriente  ante 

solem  quare  or[iunlur]  sl[ellaej  heliace.  iEstas  incipit. 

B.  Idibus  Maii.  Feslum  Jovis.  Apparet  prima  pars  Tauri  de  mane 

in  oriente  ante  solem  ortn  heliaeo,  quando  sol  sit  circa  finem. 
Cup[r]ea  simulacra  miltuntur  in  Tiberim.  Feslum  Mercurii, 
faclum  eidcm  templum  juxla  Campum  Martium. 
G.   XVII  kal.  Junii.  Ater  et  inlerficus. 

D.  XVI  kal. 

E.  XV  kal.  Sol  in  Geminis.  Fiunt  iterum  Agonalia  Jani.  iJonum  est 

navigare.  Ganis  oritur  sequenti  nocte. 

F.  xiiii  kal.  Festum  Vulcani.  Lustra  Vulcani  fiunt. 

G.  XIII  kal. 

A.  XII  kal. 

B.  XI  kal. 

G.  X  kal.  Mo[ra]  sacrorum  fit,  et  docetur  fuga  régis  Porsenœ  dum 
Romam  obsedit. 

D.  IX  kal.  Festum  Fortunse  publicœ  Romanorum,  templum  eidem 

dedicatum.  Aquila  oritur  cronice,  videlicet  Gaper  de  sero  in 
occidente. 

E.  VIII  kal.  Bœtes  occidit. 

F.  VII  kal.  Hyas  oritur. 

G.  VI  kal. 

A.  V  kal. 

B.  iiii  kal. 
G.   m  kal. 

D.  II,  pridie  kal. 

E.  Kal.  JUXII.  Festum  .lunonis  [Garnae].  Mos  erat  comedi  fabas  et 

farra  propter  sanitatem  tocius  anni.  Faclum  templum  Junoni 
iMonetse  in  summaareeGapilolii,aucloreCamillo.  Festum  Mar- 
tis  in  templo  prope  porlam  Capenam.  Factum  templum  Tcm- 
peslati  et  fit  ejus  festum.  Oritur  cronice  tota  xVquilla,  que  est  in 
Sagilario. 

F.  un  non.  Junii.  Ater  et  interficus.  Pléiades  apparent  plene  de  mane 

in  oriente;  cum  si[n]t  in  cornu  Tauri  est  tempus  pluviosum. 

G.  III  non. 

A.  II,  pridie  non.  Festum  Bellona3  et  faclum  templum  in  Campo  Mar- 
tio,  auctore  Appio  Geco.  Romani  vicerunt  Tuscos.  Festum  Iler- 
culis  et  factum  est  templum,  auctore  Sylla. 


24  UN  NOUVEAU  CALENDRIER  ROMAIN 

B.   Non.  Festum  Trinomii  dei,  videlicet  Sa[n]cli  Fidei  Semicapri.  Non 

est  bonum  nubere  a  kalendis  ad  idus,  post  bonum  est. 
G.   viii  idus  Junii.  Aler,  inlerficus. 

D.  VII  idus.  Non  apparet  Ursa  minor.  Ludi  in  honorem  Tybridis. 

Festa  dies  Pastorum. 

E.  VI  idus.  Festum  Mentis  et  factum  ei  teraplum.  Festum  Vestae  et 

constilutum  ei  templum,  auctore  Numa.  Brutus  Hispanias  sube- 
git.  Crassus  apud  Parthos  victus  est  et  occisus. 

F.  V  idus.  Apparet  Delphin  de  sero,  postquam  erit  nox  in  oriente. 

G.  iiii  idus.  Matronalia  in  templo  Junonis',  seu  MatulcB;  factum  ei 

templum,  auctore  Servio  Tull[i]o.  Victus  et  cesus  est  Rutilius 
consul  a  Marsis  populis.  Didius  consul  cœsus  est  ab  hostibus. 
Festum  Fortunse  in  templo  ubi  erat  statua  Servii  Tuili[i].  Tem- 
plum Goncor^ise  fit  ope  Livise  Augusti.  Festum  Goncordise  in 
palatio  Livise,  ubi  dicebatur  porticus  Liviae,  vel  Livia. 

A.  III  idus. 

B.  II,  pridie  idus. 

G.  Idibus.  Festum  Jovis,  et  factum  templum  Jovi  invicto.  Quinqua- 
tria  minora  Minervae. 

D.  xviir  kal.  Julii.  Ater  et  interficus. 

E.  XVII  kal.  Potest  apparere  Venus  in  fronte  Tauri,  id  est  Lucifer;  non 

est  proprie  ortus,  quare  planeta  est,  etiamsi^  non  cadit  talis 
ortus  in  planetam.  Piunt  purgamina  in  [œde]  Vestae  Tyberi. 

F.  XVI  kal.  Bonum  est  navigare  propter  placidos  zephiros. 

G.  XV  kal.  Sol  in  cancro.  Factum  templum  Palladi  in  Aventino. 

A.  xiiii  kal.  Orion  apparet  de  mane  ortu  heliaco,  quare  solem  prece- 

dit,  est  enim  in  regione  Tauri. 

B.  xiir  kal.  Delphin  apparet  in  oriente  ortu  quasi  cronice,  sed  non 

proprie,  nam  surgit  in  oriente  post  aliquod  tempus  noctis  de 

die.  Romani  vicerunt  Volscos  et  Equos  populos  ;  victus  est 

Jugurta. 
G.  XII  kal.  Factum  templum  Summano  propter  victoriam  habitam 

e  Pirro  rege. 
D.  XI  kal.  Esculapius  sydus  apparet  in  oriente,  média  nocte.  Malum 

est  com[m]ittere  bellum;  victus  est  Flaminius  consul. 

1.  Ms.  Ynonis. 
1.  Ms.  etiaticus. 


TFaÉ  ni-s  «  FASTES  »  d'ovide.  25 

E.  X  kal.  Bonum  est  bellum  com[m]ittere;  viclus  est  Syphax,  Ilas- 

drubal  interfectus  bello. 

F.  IX  kal. 

G.  VIII  kal.  Festum  Fortunse  fortis  in  ripa  Tyberis.  Orion  non  apparel. 

A.  VIT  kal. 

B.  VI  kal.  Solsticium  estivale.  Oritur  zona  orientis. 

G.  V  kal.  Festum  Lariuni.  Teraplum  factum  Jovi  Slalori,  auctore 
Romulo. 

D.  un  kal.  Factum  templum  trabese  vestls  Romuli. 

E.  III  kal. 

F.  II  kal.  Festum  Pyeridum  Musarum  in  templo  juxta  templum  Ilcr- 

culis. 

es  EXPLICIT  SEMESTRE.  C$ 
0 


LES  COLLECTIONS  CANONIQUES 


ATTRIBUEES    A 


YVES  DE  CHARTRES 

(Suite*.) 


-*—^^s=-^ 


CHAPITRE  IL 
Le  «  Décret  »  attribué  à  Yves  de  Chartres. 

La  célèbre  collection,  en  dix-sept  parties,  connue  sous  le  nom 
de  Décret  d'Yves  de  Chartres,  n'a  été  conservée  que  dans  un 
petit  nombre  de  manuscrits.  On  en  peut  citer  six,  à  savoir^  : 

Bibl.  nat..  Latin,  3874;  autrefois  Colbert,  935;  xif  siècle. 
Ce  manuscrit  s'arrête  à  la  fin  de  la  partie  XVI.  C'est  le  manus- 
crit cité  habituellement  sous  le  nom  de  Colbertinus. 

Bibl.  nat..  Latin,  J4315;  manuscrit  provenant  de  Saint- Vic- 
tor ;  xii"  siècle.  Ce  manuscrit  contient  l'œuvre  au  complet;  il  est 
cité  sous  le  nom  de  Victorinus. 

Vatican,  1357  ;  manuscrit  du  xii*'  siècle,  qui  contient  l'œuvre 
au  complet^. 

Vatican,  Palat.,  Latin,  587;  xn®  siècle;  contient  seulement 
les  six  premières  parties  du  Décret. 

British  Muséum  :  King's  Library,  11,  D,  VII;  xn''  siècle.  — 
Recueil  en  dix-sept  parties. 

1.  Voir  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  LVII,  p.  645-698. 

2.  Je  ne  cite  pas  dans  cette  liste  les  manuscrits  qui  contiennent  des  extraits 
du  Décret,  mais  seulement  ceux  que  je  crois  contenir  l'œuvre  primitive  en  tout 
ou  en  partie.  Je  n'ai  point  vu  les  manuscrits  de  Londres  et  de  Vienne. 

3.  Ballerini,  De  untiquis  collectionibus  et  collectoribus  canonum,  pars  IV, 
c.  XVII,  §  7, 


LES  COLI.rCTrOXS  CANONIQUES  ATTRIBCéES  A  YVES  DE  CRARTUES.        27 

Theiner  signale  aussi  un  manuscrit  du  Décret  conservé  à 
Vienne  ' . 

D'après  M.  Conrat-,  la  bibliothèque  Corsini  à  Rome  contien- 
drait un  manuscrit,  jusqu'ici  inconnu,  du  Décret  d'Yves,  dont 
il  ne  donne  pas  la  cote.  J'ai  lieu  de  croire  qu'il  s'agit  ici  du  manus- 
crit 1808  de  la  bibliothèque  Corsini,  qui,  selon  les  renseigne- 
ments que  m'a  communiqués  mon  excellent  ami  M.  Paul  Fabre, 
ne  contient  pas,  à  dire  vrai,  le  Décret  d'Yves,  mais  un  extrait 
assez  copieux  des  parties  I  à  XVI  de  ce  recueil. 

La  rareté  des  manuscrits  du  Décret  prouve  péremptoirement 
que  cette  collection  a  été  très  peu  répandue  au  moyen  âge.  — 
Si  elle  a  reçu  de  bonne  heure  les  honneurs  de  l'impression,  c'est 
qu'aj^ant  été  attribuée  à  Yves  de  Chartres,  elle  a  joui  du  prestige 
qui  s'attachait  aux  œuvres  de  ce  prélat.  Dès  1561,  elle  fut  impri- 
mée à  Louvain,  par  les  soins  de  Jean  du  Moulin.  Le  P.  Fron- 
teau,  genovéfain,  en  publia  à  Paris,  en  1647,  une  édition  nou- 
velle, préparée  par  le  chanoine  de  Chartres  Souchet,  qui  avait 
utilisé  le  manuscrit  de  Saint- Victor.  Ces  deux  éditions  étaient 
fort  imparfaites  ;  au  commencement  du  xviif  siècle,  un  bénédic- 
tin de  Saint-Germain-des-Prés,  dom  Gellé,  entreprit  de  donner 
à  son  tour  une  édition  des  œuvres  d'Yves  de  Chartres,  et,  en 
particulier,  de  ses  collections  canoniques.  Son  travail  est  mal- 
heureusement demeuré  inédit  ;  il  subsiste  dans  les  manuscrits 
latins  12317  et  12318  delà  Bibliothèque  nationale,  provenant  de 
Saint-Germain-des-Prés.  De  ces  deux  manuscrits,  qui  m'ont  été 
gracieusement  prêtés,  le  premier  (n"  12317)  contient,  outre  la 

1.  Disqttisitiones  criticae,  p.  176.  Il  existe  à  la  Biblioteca  nazionale  de  I:lo- 
rence  un  manuscrit  (Convenli  Soppressi,  Vallombrosa,  G,  I,  83G)  qui,  d'après 
l'inventaire,  est  intitulé  :  Ivo)iis  Decrelum.  Grâce  aux  noies  que  m'a  obligeam- 
ment envoyées  M.  l'abbé  Paquier,  chapelain  de  Saint-Louis-des-Français,  à 
Rome,  j'ai  pu  constater  que  ce  titre  est  erroné  ;  le  manuscrit  contient  simple- 
ment la  Panormia  d'Yves. 

2.  Geschkhle  der  Quellen  und  LUerntur  des  rômischen  Rechts  im  friiheren 
MUtelalter,  I,  p.  378,  note  l.  —  D'après  le  catalogue,  il  n'y  a  pas  d'autre  manus- 
crit dVves  de  Chartres  à  la  bibliothèque  Corsini.  C'est  sans  doute  ce  ms.  que 
Bethmann  {Archiv  de  Pertz,  XII,  p.  395)  a  cité  à  tort  comme  contenant  la  Panor- 
mia. Il  doit  en  réalité  figurer,  non  dans  la  liste  des  manuscrits  du  Décret,  mais 
dans  la  liste  des  manuscrits  de  collections  extraites  du  Décret.  Au  début  du 
manuscrit  Corsini,  on  lit  :  «  Inci|)it  prologus  domini  Ivonis  Carnolensis  epis- 
copi  ante  collectiones  ecclesiaslicarum  regularum  de  convenientia  et  dispensa- 
lione  canonura.  »  Je  remarque  que,  d'après  Theiner,  c'est  exactement  Vincipit 
des  manuscrits  de  Londres  et  de  Vienne. 


28  LKS   COLLECTIONS   CANOiVIQUES 

préface  préparée  par  dom  Gellé  pour  son  édition,  une  foule  de 
notes  et  des  lettres  des  correspondants  qu'il  avait  interrogés  sur 
les  manuscrits  d'Yves  de  Chartres;  le  second  (n°  12318)  n'est 
autre  chose  qu'un  exemplaire  de  l'édition  du  Décret  par  du 
Moulin,  en  marge  duquel  dom  Gellé  a  transcrit  les  innombrables 
notes  qu'il  avait  préparées  avec  un  soin  extrême  sur  chacun  des 
fragments  de  la  collection.  Je  ne  connais  que  M.  l'abbé  Menu 
pour  avoir  consulté  les  papiers  de  dom  Gellé.  L'édition  du  Décret, 
dans  la  Patrologia  latina  (t.  CLXI),  n'est  qu'une  reproduction 
de  celle  de  Fronteau*. 

En  examinant  de  près  la  composition  du  Décret,  on  arrive 
bien  vite  à  se  rendre  compte  des  analogies  frappantes  qu'il  pré- 
sente avec  trois  recueils  connus,  celui  de  Burchard,  la  Tripar- 
tita  et  la  Britannica.  Le  premier  point  à  mettre  en  lumière, 
c'est  la  relation  qui  unit  le  Décret  à  ces  trois  collections^.  On 
verra  qu'ainsi  s'explique  l'origine  des  trois  cinquièmes  au  moins 
des  textes  qui  constituent  le  Décret  d'Yves^.  Laissant  de  côté 
ces  trois  cinquièmes,  dès  que  la  provenance  en  aura  été  déter- 
minée, j'étudierai  les  deux  autres  cinquièmes,  dont  on  ne  peut 
dire,  avec  certitude,  qu'ils  proviennent  de  collections  rédigées 

1.  Sur  le  Décret,  on  peut  consulter  les  ouvrages  suivants  :  Ballerini,  De  anli- 
quis  collectionibus  et  collectoribns  canonum,  pars  IV,  c.  xvi,  —  Theiner,  Dis- 
quisitiones  in  prxcipuas  canonum  et  decretalium  collectiones  ;  voir  dans  ce 
recueil  la  dissertation  de  Vecreto  quod  Ivoni  trlbuilur,  p.  139-196.  —  Savigny, 
Geschichte  des  Rômischen  Bechts  im  Mittelalter  [l' édition),  t.  II,  p.  106  et  suiv. 
—  "Wasserschleben,  Beitracge  znr  Geschichte  der  vorgratianiscfien  Rechtsquel- 
len,  p.  47  et  s.  —  Conrat,  Geschichte  der  Quellen  und  Literaiiir  des  Rômi- 
schen Rechts  im  friiheren  Mittelalter,  l,  p.  378-383.  —  Joignez-y  les  ouvrages 
de  M.  l'abbé  Menu,  de  MM.  Ewald,  Mommsen  et  Friedberg  indiqués  en  tète 
de  la  précédente  étude,  et  aussi  Histoire  littéraire  de  la  France  (2°  édition), 
t.  X,  p.  102.  —  Ad.  Tardif,  Histoire  des  sources  du  droit  canonique,  p.  170 
et  171.  —  Viollet,  Histoire  du  droit  civil  français  (droit  privé  et  sources),  p.  62 
et  63.  —  Je  n'entreprends  pas  de  menlionner  ici  les  ouvrages  qui  traitent,  non 
des  recueils  canoniques  d'Yves  de  Chartres,  mais  de  sa  vie  et  des  événements 
auxquels  il  a  été  mêlé. 

2.  Cette  tâche  a  été  ébauchée  par  Theiner  en  ce  qui  concerne  le  Décret  de 
Burchard  et  la  Tripartita  [Disqnisitiones,  p.  173  et  s.);  malheureusement,  Thei- 
ner considère,  bien  à  tort,  le  Décret  comme  issu  de  la  Panormia.  Entre  le 
Décret  d'Yves  et  la  Britannica,  des  analogies  ont  été  indiquées  par  Ewald 
(Neues  Archiv,  t.  V,  dissertation  déjà  citée).  La  question  mérite  d'être  reprise 
dans  son  ensemble  ;  c'est  ce  qu'on  s'est  proposé  de  faire  ici. 

3.  g  1,  2,  3. 


ATTRIBDÉES    A    ïVtS    OK    CIIARTRKS.  29 

au  xr  siècle*.  J'essaierai  alors  de  montrer  quel  plan  l'auteur 
(lu  Décret  a  suivi  et  quels  procédés  de  travail  il  a  employés-'. 
Enfin,  je  me  préoccuperai  de  déterminer  la  date  de  la  composi- 
tion du  Décret,  ainsi  que  le  pays  où  il  a  pris  naissance -^  Confor- 
mément à  la  résolution  annoncée  en  tête  de  ces  études,  je  réserve 
pour  un  autre  chapitre  la  discussion  des  questions  relatives  à  la 
personne  de  l'auteur  du  Décret. 


Le  Décret  de  Burchard  a  passé  presque  tout  entier  dans  le 
Décret  attribué  à  Yves,  dont  il  constitue  un  élément  très  impor- 
tant, au  moins  par  la  quantité  des  textes  qu'il  a  fournis.  En  effet, 
comme  on  va  le  démontrer,  sur  3,760  fragments  qui  composent 
le  Décret  d'Yves,  1,600,  au  bas  mot,  ont  été  extraits  du  recueil 
de  Burchard.  Ces  fragments  sont  reconnaissables  à  ce  qu'en 
général  ils  sont  entrés  dans  l'œuvre  d'Yves,  non  isolément,  mais 
par  séries  plus  ou  moins  considérables.  On  pourra  s'en  con- 
vaincre si  l'on  jette  les  yeux  sur  les  observations  qui  suivent  : 

Partie  I. 
Yves,  I,  ^97  =  Burchard,  IV,  2. 

Et  ainsi  de  suite  jusqu'à  : 
Yves,  I,  2n  =  Burchard,  IV,  22. 

Puis  : 

Yves,  I,  2^8  =  Burchard,  IV,  24. 

Et  ainsi  de  suite  jusqu'à  : 
Yves,  I,  293  =  Burchard,  IV,  ^ or 

En  réalité,  on  retrouve  dans  cette  partie  1  tout  le  livre  IV  de  Bur- 
chard, moins  les  ebapitres  i  à  23.  Les  éléments  tirés  de  Burchard 
forment  à  peu  près  le  tiers  de  cette  partie  du  Décret  d'Yves. 

Partie  II. 
Yves,  II,  H  =  Burchard,  V,  ^. 

Et  ainsi  de  suite  jusqu'à  : 
Yves,  II,  62  =  Burchard,  V,  53. 

Tout  le  livre  V  de  Burchard  a  ainsi  passé  dans  la  partie  II  d'Yves. 

1.  H- -2.  g  5.   -  3.  §6. 


30  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

D'ailleurs,  on  retrouve  dans  celle  partie  d'autres  fragments  emprun- 
tés à  Burchard\  si  bien  que,  sur  les  ^43  chapitres  qui  la  composent, 
78  au  moins  ont  été  certainement  fournis  par  le  recueil  de  l'évêque 
de  Worms. 

Partie  III. 

Les  chapitres  3  à  96  sont  empruntés  au  livre  III  de  Burchard,  le 
chapitre  3  d'Yves  étant  identique  au  chapitre  premier  de  Burchard 
et  le  chapitre  96  aux  chapitres  -120  à  ^25.  Une  nouvelle  série  tirée 
de  Burchard  commence  au  chapitre  -107  d'Yves  et  s'arrête  au  cha- 
pitre ■H4  (Burchard,  III,  -^90-^97).  Enfin,  une  troisième  série  de 
textes  empruntés  au  livre  III  de  Burchard  s'ouvre  avec  le  chapitre  200 
d'Yves  (Burchard,  III,  -134)  et  se  continue  jusqu'au  chapitre  284  et 
dernier,  qui  est  identique  au  chapitre  24 ^  et  dernier  du  troisième 
livre  de  Burchard.  Ces  trois  séries  comprennent  à  elles  seules  -1 84  cha- 
pitres tirés  de  Burchard,  sur  28 î  qui  constituent  la  III^  partie  d'Yves  : 


1.  Décret,  II,  117  =                        Burchard,  II,    50. 

—  118  =  —  52. 

—  119  =  —  54. 

—  120  =  —  70. 

—  121  =  —  71. 

—  122  =  —  92. 

—  123  =  —  93. 

—  124  =         Barchard,  III,  70. 

—  125  =  -  72. 

—  126  =  —  73. 

—  127  =          ■  —  74. 

—  128  =  —  75. 

—  129  =  —  76. 

—  130  =  —  78  et  79. 

—  131  =  .  -  9G. 

—  132  =       .  -  97. 

—  133  =  —  98. 

—  134  =  —  99. 

—  135  =  —  100. 

—  136  =  -  101. 

—  137  =  —  102. 

—  138  =  -  103. 

—  139  =  —  104. 

—  140  =  —  105. 

—  141  =  -  106. 

—  142  =  —  107. 

—  143  =  —  108. 


ATTRIBUÉES  A  YVES  DE  CHARTRES.  31 

encore  faut-il  y  ajouter  quelques  chapitres  isolés.  Ainsi,  ce  sont  les 
deux  tiers  de  cette  partie  qui  sont  tirés  du  Décret  de  Burchard. 

Partie  IV. 

Une  première  série  tirée  de  Burchard  comprend  les  chapitres  i  4- 
22  d'Yves  (Burchard,  II,  78  et  suiv.).  Une  seconde  série  est  formée 
des  chapitres  d'Yves  34-00  :  elle  répond  au  livre  XIII  de  Burchard. 
Une  troisième  série  comprend  les  chapitres  6i-G5  d'Yves  (Burchard, 
III,  217  et  suiv.).  En  outre,  les  chapitres  66-70  d'Yves  reproduisent 
les  chapitres  de  Burchard,  III,  -124-128.  —  En  somme,  sur  257  cha- 
pitres dont  se  compose  la  IV"  partie  du  Décret  d'Yves,  4-1  au  moins 
viennent  du  recueil  de  Burchard. 

Partie  V. 

On  y  rencontre  une  première  série,  celle  des  chapitres  57  à  77, 
qui  est  rigoureusement  identique  à  la  série  des  chapitres  3  à  23  du 
livre  I  de  Burchard;  une  seconde  série,  -135  à  'I5^,  identique  à  la 
série  24  à  40  du  même  livre  I.  Puis  : 

Yves,  V,  n2  =  Burchard,  I,   62. 

—  ^73  =  —  64. 

—  -174  =  —  65. 

—  -175  =  —  67. 

—  -176  =  —  68. 
_  n7-180  =  —  70-73. 

—  -181-^96  =  —  75-90: 

—  '197-2<3  =  —  9^-iU. 

—  2^4-23^  =  —  -1^4-^3^.  . 

—  232-234  =  —  -133-135. 

—  250-256  =  —  136-141. 

—  257-264  =  —  144-151. 

—  265  =  —  153. 

—  266-280  =  —  156-170. 

—  289-292  =  —  171-174. 

—  293-307  =  —  177-191. 

—  308-313  =  —  193-198. 

—  314-333  =  —  200-219. 

—  335  =  —  221. 

—  336-339  =  —  223-226. 

—  340-344  =  —  228-232. 


32  LES   COLLECTIONS    CANONIQUES 

En  résumé,  sur  378  chapitres  qui  constituent  le  livre  V  d'Yves, 
-186  ont  été  fournis  par  le  livre  I  de  Burchard,  c'est-à-dire  environ 
la  moitié. 

Partie  VI. 

Yves,  2^  à  4^  =  Burchard,  II,  2  à  22. 

Les  chapitres  -123  à  Si  0  forment  une  série  analogue  à  la  série  de 
Burchard  depuis  le  chapitre  24  jusqu'au  chapitre  239  et  dernier. 
Voici  l'indication  des  quelques  chapitres  de  Burchard  qui  sont  omis 
dans  le  Décret  d'Yves  :  chap.  30,  3J,  32,  33,  34,  70,  7-1,  73,  76,  77, 
78,  80  à  93,  1-14,  -121,  d78.  Il  faut  ajouter  que,  dans  la  série  des 
chapitres  reproduits,  on  trouve  quelques  modifications,  d'ailleurs 
légères,  à  l'ordre  suivi  par  Burchard. 

Ainsi,  203  des  239  chapitres  de  Burchard  ont  passé  dans  le  livre 
correspondant  du  Décret  d'Yves  ;  ils  en  constituent  environ  la  moi- 
tié, cette  partie  du  Décret  d^Yves  comprenant  433  chapitres. 

Partie  VII. 

Les  chapitres  26-'H9  dTves  répondent  au  livre  VIII  de  Burchard. 
C'est  dire  que,  des  \  38  chapitres  qui  composent  cette  partie  de  l'œuvre 
d'Yves,  94  au  moins  ont  été  puisés  dans  le  recueil  de  Burchard. 

Partie  VIII. 

La  partie  VIII  du  Décret  d'Yves,  de  conjugiis^  a  fait  de  larges 
emprunts  au  livre  correspondant  (IX)  du  Décret  de  Burchard. 

En  effet,  les  chapitres  139-^86  du  Décret  d'Yves  sont  identiques 
aux  chapitres  -1-48  de  Burchard  :  les  sommaires  sont  souvent  les 
mêmes  de  part  et  d'autre.  De  plus,  le  Décret  d'Yves,  chap.  -128, 
reproduit  la  première  partie  du  chapitre  49  de  Burchard;  le  cha- 
pitre \  1 6  reproduit  les  chapitres  30  et  52'  de  Burchard,  tout  en  omet- 
tant la  dernière  partie  du  chapitre  32. 

Le  chap.  M  6  d'Yves  est  le  chap.  5^  de  Burchard. 

Enfln,  les  chap.  -1 88-2-1 8  d'Yves  reproduisent  les  chapitres  53-82 
de  Burchard,  sauf  deux  différences.  En  premier  lieu,  le  chap.  -194 
d'Yves,  extrait  d'IIincmar,  ne  provient  pas  de  Burchard.  En  outre, 
le  chap.  78  de  Burchard  figure  dans  le  recueil  d'Yves  à  une  place 
différente  de  celle  qu'il  occupe  dans  le  Décret  de  Burchard;  il  forme 
le  chap.  204  d'Yves. 


ATTRIBUÉES  A  YVES  DE  CnARTRES.  33 

En  somme,  les  82  chapitres  qui  constiluent  le  livre  IX  de  Bur- 
chanl  ont  été  transportés  dans  la  partie  VIII  d'Yves,  qui  en  compte  334. 


Partie  IX. 

On  y  constate  deux  séries  provenant  de  Burchard,  à  savoir  : 

Les  chapitres  39-66,  reproduisant  le  livre  VII  de  Burchard,  de 
incesta  copulatione,  etc.,  sauf  que  les  chap.  -1  à  3  de  Burchard  n'ont 
pas  été  insérés  et  que  le  chap.  53  d'Yves  est  un  fragment  du  concile 
tenu  en  ^093,  sous  Urbain  II,  à  Troia  en  Fouille-,  c'est,  par  consé- 
quent, un  texte  bien  postérieur  à  Burchard. 

Les  chapitres  67-104,  qui  sont  tirés  des  55  premiers  fragments 
du  livre  XVII  de  Burchard. 

Sur  ^29  chapitres  dont  se  compose  la  partie  IX,  il  en  est  donc  66 
qui  proviennent  sûrement  de  Burchard. 

Partie  X. 

Les  chapitres  -1 30-^6  représentent  presque  complètement  le 
livre  VI  de  Burchard,  de  homicidiis.  Sur  les  188  fragments  de  cette 
partie  X,  il  n'y  a  guère  que  46  fragments  qui  viennent  de  Burchard. 

Partie  XI. 

Les  chapitres  30-75  représentent  à  peu  près  exactement  les  50  pre- 
miers chapitres  du  livre  X  de  Burchard,  de  incantatoribus  ;  soit 
46  chapitres  sur  -106  qui  forment  cette  partie  XL 

Partie  XII. 

Celte  partie  comprend  88  chapitres,  dont  27  (les  chap.  58-84) 
reproduisent  le  livre  XII  de  Burchard,  deperjurio,  avec  deux  légères 
différences.  Yves  omet  les  chapitres  20,  23  et  24  de  Burchard,  et 
ajoute  (chap.  76)  l'extrait  célèbre  de  la  lettre  de  Fulbert  de  Chartres 
à  Guillaume  d'Aquitaine  sur  la  portée  du  serment  de  fidélité.  Les 
quatre  derniers  chapitres  (85-88)  viennent  du  livre  X  de  Burchard, 
64,  65,  68  et  69.  En  tout,  sur  les  88  chapitres,  31  sont  empruntés 
à  Burchard. 

^897  3 


34  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

Partie  XIII . 

En  parcourant  les  4i9  chapitres  de  cette  partie,  on  rencontre,  en 

quatre  séries,  39  chapitres  empruntés  à  Burcliard,  à  savoir  : 

36-40                     =  Burchard,  XI,  26-30. 

4i_5i                        =  —         XI,  55-65. 

52-67                       =  —         X,    51-69^. 
EnOn  : 

09-85                     =  -        XIV. 

Partie  XIV. 

La  série  des  chapitres  74-^26  provient  tout  entière  du  livre  XI  de 
Burchard,  de  excommunicatione,  soit  53  fragments  sur  les  -126  dont 
est  formée  cette  partie. 

Partie  XV. 

Des  205  fragments  qui  constituent  cette  partie,  on  en  trouve  478 
qui  proviennent  de  Burchard.  Ils  sont  répartis  en  quatre  séries,  à 
savoir  : 

26-44  =  Burchard,  XVIII,  i-iS. 

45-467  =  Burchard,   XIX,   depuis  le 

chap.  26  jusqu'à  la  fin  du  livre. 

Les  chapitres  \  68-  (  86  proviennent  du  concile  de  Seligenstadt  (•!  022) , 
qui  forme  généralement  l'appendice  du  Décret  de  Burchard. 

4  89-205  =  Burchard,  XIX,  9-25. 

Partie  XVI. 

Les  chapitres  2-45  de  cette  partie  reproduisent  exactement  les 
43  chapitres  dont  se  compose  le  livre- XV  de  Burchard,  de  laicis. 
Le  Décret  de  Burchard  n'a  donné  à  cette  partie  du  recueil  d'Yves 
que  ces  43  chapitres  sur  362  dont  il  est  composé. 

Partie  XVII. 
La  série  des  chapitres  -12-420  est  empruntée  au  livre  XX  de  Bur- 

1.  Sont  omis  les  c.  64,  68  et  69  de  Burchard,  qui,  d'ailleurs,  ont  été  insérés 
dans  la  partie  précédente. 


ATTRIBUÉES    A    YVES    DE    CHARTRES .  83 

chard,  de  contemplât ione^  qui  esl  ainsi  représenté  par  109  fragmenls 
dans  une  portion  du  Décret  d'Yves,  qui  en  comprend  137. 

En  résumé,  le  Décret  d'Yves  comprend  3,760  fragments  ;  sur 
ce  nombre,  les  séries  qu'il  a  empruntées  à  Burchard  on  comptent 
au  moins  1,579  (en  chiffres  ronds  1,600),  c'est-à-dire  plus  des 
deux  cinquièmes'.  Comme  le  recueil  de  Burchard  comprend  seu- 
lement 1,784  fragments,  on  peut  dire  sans  exagération  qu'il  a 
passé  presque  entier  dans  le  Décret  d'Yves,  dont  il  forme  le  pre- 
mier noyau. 

II. 

Après  avoir  établi  les  relations  de  parenté  qui  existent  entre  le 
Décret  d'Yves  et  celui  de  Burchard,  il  convient  de  signaler  celles 
qui  unissent  le  Décret  d'Y^ves  à  la  collection  A,  c'est-à-dire  au 
recueil  qui  forme  les  parties  I  et  II  de  la  Tripartita.  Il  ne  sau- 
rait être  ici  question  de  la  collection  B  ou  troisième  partie  de  la 
Tripartita,  qui,  ainsi  qu'il  a  été  démontré,  loin  d'être  la  source 
du  Décret,  en  est  un  extrait. 

Il  est  incontestable  qu'il  existe  une  affinité  étroite  entre  les 
éléments  de  la  collection  A  et  ceux  du  Décret  attribué  à  Y'ves. 
Voici  des  constatations  qui  suffiront,  je  crois,  à  en  administrer 
la  preuve  : 

Partie  I. 

Les  analogies  sont  plus  rares  dans  ce  livre  que  dans  d'autres  por- 
tions du  recueil.  On  en  peut  cependant  mentionner  quelques-unes  : 
Yves,  I,  43  =  Collection  A,  part.  I,  S.  Léon,  43. 
_  46  ='  —  —  -"'S. 
_  47  =  —  —  44. 
_  48  =  —  _  50. 
62    =                —              S.  Grégoire,   7^. 

1.  En  présence  de  ce  résultai,  on  s'explique  difficilement  que  Doujat  {Prxno- 
tionum  canonicarum  libri  quinque.  lib.  III,  cap.  xxvii,  n'  8)  ait  pu  affirmer 
que  l'analogie  existant  entre  les  recueils  de  Burchard  et  d'Yves  tenait  surtout 
à  ce  que  tous  deux  avaient  puisé  dans  les  Libri  de  sijnodalibus  causis  de 
Reginon.  Une  simple  constatation  eut  montré  l'insuffisance  de  celte  explication  : 
l'œuvre  de  Reginon,  avec  ses  trois  appendices  (voir  i'édilion  ^Vasserschleben), 
ne  comprend  guère  plus  de  1,200  fragments,  et  il  s'en  faut  de  beaucoup  que 
tous  se  retrouvent  dans  le  Décret  d'Yves. 


36 


LES 

COLLECTIONS 

CANO>fIQUES 

iU* 

i-_ 

— 

ÉUenne  V, 

5, 

\T1 

= 

— 

Grégoire  III. 

^35 

= 

— 

Nicolas  P"", 

20. 

^36 

— 

— 

— 

21. 

4  37 

= 

— 

— 

22. 

Partie  II. 


Yves,  II,  64 

—  653 

—  67 

—  68 

—  69 

—  70 

—  7^ 

—  72 


73  =  — 

74  =r  — 

75  =  — 

76  =  — 

77  =  — 

78  =  — 

79  =  — 

80  =  — 

82  =  — 

83  =  — 

86  =  — 

87  =  — 

88  =  — 

89  =  — 

90  =  — 
9r  =  —      Etienne  V,   5. 

92    =  —  part.  II,  Concile  Quinisexte,  -10. 

95*  =  —  part.  I,  S.  Boniface,     2. 

96*  =  —  Zacliarie,         \. 


1.  L'astérisque  indigue  que  les  fragments  se  trouvent  à  la  fois  dans  la  collec- 
tion A  et  dans  la  Britannica.  On  sait  qu'une  collection  analogue  à  la  Britan- 
nica a  servi  de  source  à  la  collection  A. 

2.  Yves,  II,  66,  reproduit  un  des  fragments  qui  sont  intercalés  entre  le 


S.  Clément, 

42. 

— 

a  (début) 

Anaclet, 

2  et  3. 

Alexandre, 

3,  4  et  5, 

— 

6. 

Sixte  I", 

\. 

Télesphore, 

3  et  4. 

Soter, 

\. 

Fabien, 

3. 

Etienne, 

2. 

Innocent, 

5  (début) 

Félix  IV, 

-f. 

Pelage, 

\. 

S.  Grégoire, 

M. 

— 

\9. 

— 

22. 

Nicolas  1", 

60. 

— 

64. 

S.  Clément, 

4  5. 

S.  Léon  P% 

54. 

Gélase, 

4  7. 

— 

40. 

— 

50. 

ATTHIBDEES    A    YVES    DE   CDARTRES.  37 


Partie  III. 

Yves,  111,  97* 

^: 

Collection  A,  part 

.1, 

Gélase, 

25. 

— 

\^\ 

= 

— 

S.  Grégoire, 

82. 

— 

^02* 

= 

— 

Léon  IV, 

14. 

— 

H  5* 

= 

— 

Gélase, 

34. 

— 

117 

= 

—  part. 

II, 

Ilerda^ 

7. 

— 

\\% 

= 

— 

Orange, 

66. 

— 

M  9* 

= 

—  part. 

I, 

Gélase, 

31. 

— 

i  20* 

-=z 

— 

Gélase, 

52. 

— 

137* 

•=. 

—  part. 

II 

Tolède  III, 

8. 

— 

138 

■=. 

— 

— 

9. 

— 

139 

= 

—  part. 

I, 

Urbain  P', 

1  et  2. 

— 

^40 

:=: 

— 

Lucius, 

4. 

— 

\h\ 

= 

— 

Gélase, 

3. 

— 

142 

= 

— 

— 

4. 

— 

-143 

= 

— 

— 

5. 

— 

U4 

= 

— 

— 

11. 

— 

-140 

= 

— 

— 

12. 

— 

U7 

=: 

— 

— 

20. 

— 

-152 

= 

— 

Nicolas  1", 
(fragment 

13 

plus  long) 

— 

153 

= 

—  part. 

II 

Carthage  V, 

8. 

— 

154 

= 

— 

Orange, 

6. 

— 

155 

z= 

— 

Vaison, 

4. 

— 

^56 

= 

— 

Agde, 

24. 

— 

157 

= 

— 

— 

25. 

— 

^58 

= 

— 

— 

26. 

— 

159 

= 

— 

— 

27. 

— 

460 

=z 

— 

— 

43. 

— 

161 

= 

— 

— 

47. 

— 

162 

= 

— 

— 

51. 

chap.  12  et  le  chap.  13  de  saint  Clément  par  le  manuscrit  de  la  Triparti  ta, 
Bibliothèque  nationale,  lalin  3858. 

1.  Le  numéro  qui  termine  celte  mention  indique  le  rang  du  canon  dans 
la  série  de  la  collection  A  consacrée  au  concile  dont  il  s'agit.  Ce  n'est  point 
toujours  le  rang  du  canon  dans  les  canons  des  conciles,  car  la  collection  A  n'a 
point  reproduit,  il  s'en  faut  de  beaucoup,  tous  les  canons  des  conciles  de  VHis- 
pana.  Voir  la  précédente  étude,  p.  667  et  suiv. 


38  LES   COLLECTIONS   CANOxNIQUES 


Yves,  I,      ^    = 


463 

= 



— 

34. 

464 

= 



— 

55. 

4  63 

= 



— 

56. 

4  66 

= 



— 

57. 

4  72 

= 



G.  de  Martin  de  Braga,  44. 

473 

= 

— 

— 

47. 

4  82 

—  part.  I, 
Partie  IV. 

Symmaque, 

40. 

23 

= 

Collection  A,  part.  I, 

Télesphore, 

4. 

26 

i::: 

— 

Galixte, 

4. 

27 

= 

— 

Melchiade, 

3. 

28 

= 

— 

Innocent, 

3. 

29 

= 

— 

S.  Grégoire, 

69. 

30 

= 

—  part.  II 

,  Gangres, 

2. 

32 

= 

— 

Sent.  Gallicanorum,  7. 

447 

= 

— 

3«  fragment 

à  la  suite  du 

concile  de  Chalcédoine. 

424 

= 

— 

3«  fragment. 

422 

= 

— 

6^  fragment. 

423 

= 

— 

7®  fragment. 

4  34 

= 

— 

7«  concile  général,  4 . 

486* 

= 

—  part.  I, 

Léon  IV,  4 . 

4  87 

Partie  V. 

Nicolas  P'",  4 

• 

4 

=  1 

Collection  A,  part.  I, 

Anaclet, 

43et  46*. 

2 

= 

— 

— 

20  à  22. 

3 

=: 

— 

Sixte  l'% 

2-5. 

4 

— 

-^ 

Victor, 

2  et  3. 

3 

= 

—  part,  n, 

Sent.  Grœeor 

um,  6. 

6 

= 

—  part.  I, 

S.  Léon, 

4. 

92 

=1 

— 

Gélase, 

2  (fin). 

40 

= 

— 

Symmaque, 

4. 

1.  Le  manuscrit  de  la  Tripartita  qui  a  servi  à  l'auteur  du  Décret  d'Yves 
lontenail  des  fragments  coupés  comme  ils  le  sont  dans  les  mss.  de  la  Biblio- 
tliéque  nationale,  latin  3858  et  4282. 

2.  Le  c.  7  est  un  fragment  de  saint  Augustin.  Le  c.  8  se  retrouve  dans  Deus- 
dedit,  I,  129,  et  dans  Britannica,  Varia,  II,  35. 


ATTRIBUEES 

A    YVES    DE    CHAUTRES. 

— 

U 

= 

—              Grégoire  IV. 

Yves, 

V,  ^2 

z= 

—               Pelage, 

3. 

— 

^3 

= 

—               ÉUenne  V, 

5. 

— 

14 

=: 

—               Léon  IV, 

48. 

— 

^3 

= 

—  part.  II,  Sent.  Grœcorum,  5. 

— 

U> 

= 

—  part.  I,  Grégoire  IV, 

4. 

— 

17 

= 

—               Nicolas  I", 

4. 

— 

18 

= 

—                    — 

2. 

— 

^9 

=: 

—                    — 

3. 

— 

2^ 

= 

—               Léon  IV, 

22. 

— 

22  < 

= 

—                    — 

23. 

— 

23 

z= 

—  part.  II,  S^nt.  Gallicanorum,  17, 

— 

27 

z= 

—               Sardlque, 

7. 

— 

47 

=: 

—  part.  I,   S.  Clément, 

4. 

— 

49 

= 

—               Melchiade, 

7. 

— 

34 

z= 

—               Anicel, 

3,  4,  3  et 

— 

33 

= 

—               Nicolas  I", 

64. 

— 

36 

= 

—                    — 

74. 

— 

98 

= 

—               Anaclel, 

4  9. 

— 

99 

= 

—                Hygin, 

4. 

— 

^oo 

== 

—              Calixte, 

3. 

— 

401 

= 

—                  — 

5. 

— 

402 

=: 

—               Zosime, 

4. 

— 

i03 

zzr 

—               S.  Léon  I", 

23. 

39 


—  404  est  un  fragment  du  chapitre  3  du  Synodale  Decretum 
du  pape  Hilaire  (Hinschius,  p.  630),  donné  par  erreur  dans  quelques 
manuscrits  de  la  collection  A  comme  le  premier  fragment  du  pape 
Simplice.  Il  n'en  est  pas  d'ailleurs  ainsi  dans  tous  les  manuscrits  de 
la  collection  A,  notamment  dans  le  Codex  Josaphatensis  (Bibl.  nat. , 
Lat.  43637,  fol.  48  v°). 

Yves,  V,  4  03    =  Collection  A,  part.  I,  S.  Léon  I",    34  et  33. 

—  406    =  —  —  37. 

—  407    =  —  —  37. 

—  4  08    =  —  S.  Grégoire,   4  3. 

—  4  09    =  —  _  24. 

—  440    =  —  —  36. 

—  444     =  —  —  40. 

—  44  2    =  —  —  43  et  46. 

1.  Attribué  par  erreur  à  Nicolas  I". 


^0  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

-113    =  —  Innocent  I",   ^8. 

^^5    =  —  Léon  IV,  2. 


\\e 


3. 


JH7    =  —  pari.  II,  Nicée,  4. 

]\S    =  —  Ghalcédoine,     2. 

J20    =  —  7' concile  général,  6. 


4  21 


7. 


^  22    =  —  8^  concile  général,  J 

{•2A    =  —  CarlhagelV,    2. 


4  25 


27. 


^26=  —  Tolède  XI,        4. 

J28    =  —  Braga  II,          3. 

429  =  —  part.  I,  S.Grégoire,   99. 

430  =  —  —  ^00. 
434  =  -  -  ^03. 
235    =  —  Galixle,            3. 


236 


4. 


—  237   fragment  de  —  Anaclet,  4  et  2. 

—  238    =                  —                    —  ^^1  ^2,  43. 
_       239    =                   -  ,  -  22,  23,  24. 

—  240    =                 —  Évariste,  3,  4  et  5. 
244    =                 —  Alexandre,        4. 

—  242    =  —  —  2. 

_      243    =  —  Pie,  3  et  4. 

_      244    =  —  Victor,  2  et  3. 

_      245    =  —  Zéphyrin,         4. 

_      246    =  —  —  2. 

—  247    =  —  Sixte,  4. 

—  248  est  un  extrait,  abrégé  au  début,  de  la  Collection  A, 

part.  I,  Félix  P%  4,  5,  6  et  7. 

—  249  =  —  Eusèbe,  2. 
_  345  =  —  Sirice,  5, 
_  346  _  _  S.  Léon  I",  24. 
_  347  =  —  —  22. 
_  348  =  —  -  93. 
_      349    =                 —  S.  Grégoire,     4. 

Ce  chapitre,  qui  appartient  à  un  document  apocryphe  de  Gré- 
goire IV,  est  attribué  faussement  à  saint  Grégoire  dans  la  Collec- 
tion A  comme  dans  le  Décret  d'Yves. 


ATTRIBDÉES   A    YVES   DE    CHARTRES.  4^ 

Yves,  V,  350  =  Collection  A,  part.  T,  S.  Grégoire,    44. 

—  35^  =                  —                       —           49. 

—  352  =                  —                Nicolas  P%     ^0. 

—  353  =                   —                         —             56. 

—  354  =                 —               Jean  VIII,        J. 

—  362  =                  —  part.  11,  Antioche,          2. 

—  363  =                 —               Carthage  VII,  5. 

—  364  =                  —                Vaison,             3. 

—  365<  =  —                Agde,                4. 

—  366  =                  —                   —                24. 

—  367  =                 —               Carthage  IV,    8. 
_      368  =                 —  part.  I,   S.  Grégoire,  107. 

—  372  =                 —  part.  II,  V  concile  général,  5. 

—  373  =                   —                             —                 8. 

—  374  =                   —                             _                 9. 

—  375  =                   —                             —               10. 

—  376  =                   —                             —               \\. 

—  377  =                   —                             —               i3. 

L'analogie  a  été  ainsi  constatée  pour  85  chapitres  du  livre  V  du 
Décret  d'Yves. 

Partie  VI. 

Yves,  VI,  43  est  un  extrait  de  la  Collection  A,  part.  I,  Gélase,      22. 

—  44  est  un  extrait  de  la  —                     Anaclet,    \o. 

—  45  =                   —                      Alexandre,  6. 

—  46  =:                    —                              —         7. 

—  47  =                   —                      Zéphlrin,  ult. 

—  48  =                   —                      Galixle,  9  et  •10. 

—  49  '      =                    —                             —            \\. 

—  50  =                   —                     Sirice,  4. 

—  51  =                    —                         —     6. 

—  52  =                    —                          —      7. 

—  53  =                    —                          —      8. 

—  54  =                    —                          —      9. 

—  55  =                   —                      Innocent,  6. 

—  56  =                    —                            —         7. 

—  57  =                    —                            —       10. 

1.  Ce  c.  365  porte  dans  le  Décret  d'Yves  la  fausse  allribulion  ex  eoclem  con- 
cilio  (Vasensi). 


42  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

—  58  =  —                            —       U. 

—  S9  =  —                              —       i2. 

—  60  =  —                             —       \3. 

—  G\  =  —                             —       U. 

—  62  =  —                              —       16. 

—  63  =  —                             —       i7. 

—  64  =  —  S.  Léon  I",  5. 

—  65  =  —                                —          6. 

—  66  =  —                               —          7. 

—  67  =  —                               —          9. 

—  68  =  —                               —        -10. 

—  69  =  —  —  26. 
_  70  =  —                               —        40. 

—  7i  =  —                              —        36. 

—  73  =  —  Silvère,  \ . 

—  74  =  —  Gélase,    9. 

—  75  =  —                             —     ^0. 

—  76  =  —                             —     ^2. 

—  77  =  —  S.Grégoire,  34. 
_  78  =  —  —  53. 
_  79  =  —                                —         55. 

—  80  =  —  —  56. 
^  Si  =  —  —  60. 
_  82  =  —                                 —63. 

—  83  =  —                                 —          65. 

—  84  =  —             ■                    —          68. 

—  85  =  —                                 —         77. 

—  86  =  —                                 —          87. 

—  87  =  —  S.  Clément,  \6. 

—  88  =                '  —                              —         Kl. 

—  89  =  —                                 —          '18. 

—  90  =  —                                 _          2^ 

—  91  =  —  Sirice,  ^0. 
_  92  =  —                           —    'H. 

—  93  =  —  Anastase,  uniq. 

—  94  =  —  Innocent,  1K . 

—  95  =  —  -  25. 
_  96  ==  —  —  26. 
_  97  =  —  S.  Léon,   45. 


ATTRIBUÉES  A   YVES   DE   CHARTRES.  43 

—  98  =  —  —AS. 

—  99  =  —  Gélase,      13. 

—  400  =  —  —        -16. 

Ici  sont  intercalés  (c.  101,  102  et  i03)  trois  canons  de  con- 
ciles. Le  premier,  c.  12  du  concile  de  Néocésarée,  se  retrouve 
parmi  les  canons  de  ce  concile  qui  figurent  dans  la  Tripartita. 
Les  deux  autres  sont  les  canons  5  et  7  du  deuxième  concile  de 
Se  ville,  que  ne  possède  pas  la  collection  A. 

Yves,  VI,  404  =  Collection  A,  part.  I,  Gélase,  28. 

_  403  =  —                       —  29. 

_  406  =  —                       —  30. 

_  407  =  —                       —  34. 

_  408  =  —                       —  44. 

_  409  =  —                       —  49. 

_  ^^0  =  —                        —  50. 

—  444  =  —  Pelage,  44. 
_  442  =  —  —  24. 
_  443  =  —                      —  22. 

—  4  44  =  —  Jean  VIII,  6. 

_  44  3  =  _  —  7  et  8. 

—  4  46  =  —  Grégoire  II,  4. 
~  447  =  —                           —  2. 

—  448  =  —  Etienne  V;  8. 
_  4  49  =  —  Nicolas  I",  45. 

—  4  20  =  —  —  48. 

—  424  =  —  _  54.  . 

—  422  =;  —  —  55. 

—  4  23  et  424  sont  des  canons  du  concile  Quinisexte,  qui 
se  retrouvent  dans  la  deuxième  partie  de  la  Collection  A,  où  ils 
forment  les  n°'  3  et  9  d'une  série  tirée  de  ce  concile. 

—  34  4  =  le  4  6^  canon  du  deuxième  concile  de  Nicée  (sep- 
tième concile  général),  qui  figure  sous  le  n°  42  dans  la  deuxième 
partie  de  la  Collection  A,  de  septima  srjnodo. 

—  342  =  —  part.  I,  Anaclel,  4. 
_  34  3  =  —  Télesphore,  2. 
_  314  =  —                         —  5. 

—  343  =  —  _  6. 
_  34  6  =  —                 Éleuthère,  4. 


4/i  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

—  3n  =  -  -  2. 

_  318    =  —  —  3- 

—  3^9  fragment  de—  —  i- 

—  320    =  —  Fabien,  5. 

—  32^     =  —  —  6. 

—  322    =  —  —  7. 

—  323    =  —  —  ''O- 

_  324    =  —  —  \i  et  i-I. 

325    =  —  Cornélius,         2. 

—  326    =  —  Lucius,  -1. 

—  327    =  —  Etienne  P',       4. 

—  328    =  —  _  g. 

—  329  et  330  sont  des  extraits  d'un  fragment  un  peu  plus 
considérable  de  la  fausse  Décrétale  de  Félix  I",  contenu  dans  la 

Collection  A,  part.  I,    Félix,  \  et  2. 

_  33i    =  —  Félix  P%  7. 

—  332    =  —  Eutychien,      uniq. 

_  333    =  —  —  uniq. 

—  334  est  un  extrait  des  actes  du  concile  apocryphe  de 
saint  Silvestre  (Hinschius,  Decretales  Pseudo-Isidorianœ,  p.  449) 
insérés,  en  partie  du  moins  (jusqu'au  chap.  6  inclus),  dans  la  pre- 
mière partie  de  la  Collection  A,  entre  les  fragments  tirés  du  pape 
Melchiade  et  ceux  tirés  du  pape  Jules. 

—  335    =  Collection  A,  part.  I,  Félix  II,  1. 

_  336    =  —  —  6. 

—  337    =  —  Damase,  4. 

—  338    =  —  Boniface,  3. 

_  339    =  —  S.  Léon,  2. 

—  340    =  —  Symmaque,      i. 

_  34^    =  —  _  2. 

—  342    =  —,  S.  Grégoire,    6\. 

_  343    =  —  —  79. 

—  344    =  —  —  80. 
_  345   =              —                S.  Clément,      6. 

—  346  fragment  de—  Calixle,  i2. 

—  3/(7   =  —  Damase,  3. 

_  348    =  —  —  4. 

—  349    =  —  Innocent,        22. 

—  350  fragment  de —  —  27. 

—  354  ne  paraît  pas  se  retrouver  dans  la  Collection  A. 


ATTRIBUEES   A    YVES    DE 

CnARTRES. 

352 

— 

—  pari.  Il, 

El  vire, 

7. 

353 

m 

—  part.  I, 

Gélase, 

26. 

354 

— 

— 

— 

27. 

355 

= 

— 

Nicolas  I", 

\. 

356 

= 

— 

— 

28. 

357 

:=: 

—  pari.  11, 

Sardique, 

9. 

358 

=. 

— 

Ghalcédoine, 

8. 

359 

^= 

— 

— 

9. 

45 


C'est  le  précédent  canon  dans  une  autre  version.  Les  deux  versions 
se  suivent  dans  la  Collection  A  et  aussi  dans  le  Décret  d'Yves. 
_      3G0    =  Collection  A,  part.  II,  Ghalcédoine,   ^0. 


— 

364 

= 



— 

20. 

' — 

302 

= 



Carthage  III, 

5. 

— 

363 

= 



— 

6. 



304 

= 



Carthage  VII 

,    4. 



365 

z^ 



le  11*^  canon 

de  la  série  des 

canons  de  Milève.  L 

3  début  manque  : 

le  canon  est  coupé  exactement 

de  la  même  façon  dans  la  Tripartita 

et  dans  le  Décret  d'Yves. 

— 

366 

= 

— 

Agde, 

1. 

__ 

367 

z^: 

— 

— 

30  et  31. 

-^ 

368 

= 

— 

Orléans  1, 

14. 

— 

369 

= 

— 

Tarragone, 

2. 



370 

= 

— 

Ilerda, 

7. 



371 

:r= 

— 

Tolède  IV, 

49. 



372 

= 

— 

Tolède  VII, 

1. 



373 

=: 

— 

Tolède  IX, 

5. 

— 

374 

= 

— 

Martin  de  Braga,  21 . 

— 

375 

= 

— 

— 

40.     . 

— 

376 

= 

— 

— 

39. 

— 

377 

=- 

— 

— 

41. 



378 

r::: 

— 

— 

66. 

— 

379 

=^ 

— 

part. 

I,   S.  Grégoire, 

94. 

— 

380 

= 

— 

— 

95. 

— 

381 

= 

— 

— 

^05. 

Il  est 

permis 

de  citer  encore 



414 

= 

Collection  A 

.,  part.  II,  Sent.  Grxcorum,  7. 



425 

:^ 

— 

Tolède,  IX, 

4. 

— 

429 

— 

— 

part. 

I,     Nicolas  1", 

59. 

— 

430 

= 

— 

Etienne  V, 

ult. 

46  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

En  résumé,  des  433  fragments  qui  composent  le  livre  VI  du 
Décret  d'Yves,  si  205  se  trouvent,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  dans 
le  Décret  de  Burchard  auquel  ils  ont  été  empruntés,  4  57,  qui  ne 
proviennent  pas  de  Burchard,  sont  communs  au  Décret  d'Yves  et 
à  la  Collection  A. 

On  pourrait  pousser  plus  loin  la  démonstration'.  Sans  arriver 
partout  à  des  chiffres  aussi  considérables  que  ceux  des  livres  V  et  VI, 
on  rencontrerait  dans  les  autres  livres  (sauf  peut-être  les  livres  XVI 
et  XVII)  des  séries  communes  au  Décret  d'Yves  et  à  la  Collection  A. 
Si  l'on  veut  bien  remarquer  que  dans  les  six  premiers  livres  du 
Décret  on  a  relevé  323  chapitres  communs  au  Décret  et  à  la  Collec- 
tion A  (et  certainement  plusieurs  ont  été  omis),  on  admettra  qu'il 
n'y  a  pas  d'exagération  à  estimer  à  300  environ  les  chapitres  de  la 
Collection  A  qui  se  rencontrent  dans  les  dix-sept  livres  du  Décret. 

Ces  coïncidences  donnent  lieu  de  penser  que  ces  deux  collec- 
tions appartiennent  à  la  même  famille.  Mais,  s'il  en  est  ainsi,  on 
est  amené  à  se  demander  quel  rapport  de  parenté  les  unit. 

Pour  trouver  un  élément  à  la  solution  de  cette  question,  on 
pourrait  être  tenté  de  se  demander,  tout  d'abord,  laquelle  des 


Décret, 

VII, 

Collection  A. 

— 

11 

= 

part.  I, 

S.  Grégoire, 

18. 

— 

12  et  13 

= 

— 

— 

37. 

— 

14 

= 

— 

— 

38. 

— 

15 

= 

— 

— . 

9. 

— 

16 

= 

— 

Sirice, 

3. 

— 

17 

= 

— 

Innocent, 

8. 

— 

18 

= 

— 

— 

9. 

— 

19 

= 

— 

S.  Léon  I", 

17. 

— 

20 
21 

= 

— 

— 

18. 
19. 

— 

23 

= 

— 

Pelage, 

6. 

— 

24 

=: 

— 

— 

7. 

— 

25 

= 

— 

7'  concile  général, 

14. 

Décret,  ' 

VIII, 

2  et  3 

= 

— 

Évariste, 

2. 

— 

83 

= 

part.  11, 

Sentent.  Grxcor., 

22. 

— 

124 

= 

part.  I, 

Nicolas  I""-, 

24. 

— 

125 

extrait  de   — 

— 

54. 

— 

224* 

= 

— 

Boniface. 

1. 

— 

225 

= 

— 

Nicolas  l"', 

25. 

— 

226 

= 

.  — 

— 

35,  36, 

37. 

— 

227 

= 

— 

— 

40,  41. 

- 

244 

extrait  de    — 

S.  Léon  I", 

28,  29, 

30  et  31 

ATTRIBUÉES    A    YVES    DE    CHARTRES.  47 

deux  collections  est  antérieure  à  l'autre.  En  réalité,  cette 
recherche  ne  nous  conduirait  pas  à  un  résultat  décisif.  En  effet,  la 
collection  A,  d'après  les  observations  présentées  plus  haut,  a  été 
rédigée  vers  l'année  1095  ;  on  verra  plus  loin  que  le  Décret  a  été 
composé  vers  la  même  époque,  comme  l'indiquent  les  fragments  à 
date  certaine  du  pontificat  d'Urbain  II  qui  y  ont  été  insérés. 
Fort  heureusement,  des  arguments  graves  peuvent  être  invoqués 
pour  démontrer  que  l'auteur  de  la  collection  A  ne  s'est  point  servi 
du  Décret.  Voici  ces  arguments  : 

1"  Remarquez  d'abord  qu'il  n'existe  dans  la  collection  A  aucun 
fragment  qui  figure  aussi  dans  les  séries  du  Décret  d'Yves  pro- 
venant de  Burchard,  quelque  nombreuses  que  soient  ces  séries. 
Si,  contrairement  à  mon  opinion,  on  admet  que  l'auteur  de  la 
collection  A  s'est  servi  du  Décret  d'Yves  comme  d'une  source, 
il  faut  admettre  aussi  qu'il  a  discerné  dans  le  Décret  les  séries 
tirées  de  Burchard  et  qu'il  s'est  systématiquement  refusé  à  leur 
faire  aucun  emprunt.  Or,  c'est  là  une  hypothèse  qu'il  suffit 
d'énoncer  pour  en  montrer  l'invraisemblance.  On  se  représente 
mal  un  compilateur  du  xi^  siècle  se  livrant  à  un  travail  critique 
sur  les  éléments  qui  composent  le  Décret  d'Yves  afin  d'en  éli- 
miner une  partie.  En  réalité,  l'absence  dans  la  collection  A  des 
fragments  du  Décret  provenant  de  Burchard  prouve  nettement 
que  l'auteur  de  cette  collection  n'a  pas  usé  du  Décret  d'Yves 
comme  d'une  source. 

2°  Remarquez  en  outre  que  la  collection  A  est  assez  pauvre 
en  fragments  d'Alexandre  II  et  d'Urbain  II  ;  en  effet,  elle  en  con- 
tient sept  du  premier  (tous  provenant  du  concile  de  1063)  et  cinq 
du  second.  En  outre,  elle  ne  contient  qu'un  seul  fragment  de  Gré- 
goire VII.  Au  contraire,  le  Décret  d'Yves  est  plus  riche  :  on  y 
compte  au  moins  vingt  fragments  d'Alexandre  II,  différents  de 
ceux  qui  figurent  dans  la  collection  A,  et  une  quinzaine  de  frag- 
ments d' Urbain  II  ;  on  y  trouve  aussi  quelques  fragments  de  Gré- 
goire VII.  Est-il  possible  d'admettre  que  l'auteur  de  la  collec- 
tion A,  s'il  a  travaillé  sur  le  Décret  d'Yves,  ait  négligé  d'en 
extraire  des  documents  d'autant  plus  intéressants  qu'ils  étaient 
contemporains?  Une  telle  hypothèse  semble  tout  aussi  invraisem- 
blable que  la  précédente. 

3°  Enfin,  si  l'on  regarde  attentivement  les  textes  communs  à 
la  collection  A  et  au  Décret  d'Yves,  notamment  ceux  dont  la 
liste  a  été  établie  dans  les  pages  qui  précèdent,  on  constate  que 


48  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

plus  d'une  fois  les  textes  de  la  Collection  A  se  présentent  sous  une 
forme  plus  longue  que  les  textes  correspondants  du  Décret  ;  le 
fait  inverse  ne  se  rencontre  pas.  Or,  cela  rend  plus  invraisem- 
blable encore  l'hypothèse  d'après  laquelle  l'auteur  de  la  collec- 
tion A  aurait  tiré  des  extraits  du  Décret  d'Yves  :  car  s'il  avait 
ainsi  procédé,  il  ne  se  serait  sans  doute  pas  donné  le  luxe  de  com- 
pléter ses  citations  en  recourant  aux  originaux. 

Pour  ces  motifs,  j'estime  que  ce  n'est  pas  le  Décret  qui  a  servi 
de  source  à  la  Collection  A.  Ceci  admis,  deux  hypothèses  se  pré- 
sentent. Ou  le  Décret  et  la  Collection  A  sont  des  œuvres  collaté- 
rales ayant  puisé  à  une  source  commune  demeurée  inconnue,  ou 
la  Collection  A  est  l'une  des  sources  du  Décret.  —  La  première 
hypothèse  n'est  pas  vraisemblable.  Comme  on  le  verra,  la  collec- 
tion A  et  le  Décret  sont  des  productions  contemporaines,  appa- 
raissant dans  le  même  milieu  :  comment  supposer  un  intermé- 
diaire de  l'une  à  l'autre,  et  d'ailleurs  à  quoi  bon  cette  hypothèse 
à  laquelle  les  textes  ne  nous  conduisent  pas  ?  Nous  sommes  ainsi 
amenés  à  conclure  que  la  seconde  hj^pothèse  seule  peut  être 
acceptée  :  la  Collection  A  est  une  source  du  Décret^. 

m. 

A  côté  des  sources  déjà  indiquées,  il  est  possible  d'en  discerner 
une  autre  à  laquelle  a  puisé  l'auteur  du  Décret. 

Ce  recueil  contient  d'assez  nombreux  fragments  qui  se 
retrouvent  dans  la  collection  canonique  dite  Britannica.  Des 
travaux  récents,  dont  je  me  borne  à  signaler  les  conclusions,  ont 
rais  ce  point  en  évidence. 

1°  Le  Décret  d'Yves  a  accueilli  un  bon  nombre  de  textes  des 
Pandectes,  formant  environ  cinquante  chapitres.  Or,  il  résulte  des 
travaux  de  M.  Conrat  que  ces  textes  ont  pénétré  dans  le  Décret 
par  l'intermédiaire  ou  de  la  Collectio  Britannica,  qui  les  con- 

1.  Telle  élait  déjà  l'opinion  indiquée  par  M.  Maassen,  au  cours  de  son  article, 
déjà  cité  dans  la  précédente  étude,  qui  fut  publié  dans  le  tome  V  de  la  Kritische 
Vierteliahrschrift  de  Pôszl  (Munich,  1863).  Ainsi  s'explique  le  fait  que  des 
fragments  de  la  collection  A  sont  entrés  dans  le  Décret  en  conservant  l'ordre 
général  qu'ils  avaient  dans  la  collection  A  (voir,  par  exemple,  la  série  des  frag- 
ments du  Décret,  \l,  44-86,  indiquée  ci-dessus,  p.  41,  et  remarquez  qu'une 
autre  série  ordonnée  de  la  même  façon  recommence  au  c.  88  pour  linir  au  c.  124). 
On  pourrait  signaler  encore  dans  ce  livre  la  série  312-331. 


ATTRIBUEES    A    YVES    DE    CHARTRES. 


49 


tient  tous,  ou  d'un  recueil  analogue  à  cette  collection.  Il  n'y  a 
pas  à  revenir  sur  cette  démonstration,  il  suffit  d'y  renvoyer  le 
lecteur'.  Qu'il  me  soit  permis  seulement  de  faire  remarquer  qu'en 
insérant  ces  fragments,  l'auteur  du  Décret  attribué  à  Yves  a, 
pour  la  première  fois,  fait  pénétrer  une  certaine  quantité  de  textes 
des  Pandectes  dans  les  collections  françaises.  La  véritable  appa- 
rition des  Pandectes  en  France  date  du  Décret  d'Yves. 

2*  Paul  Ewald,  qui  le  premier  a  fait  connaître  la  Collectio 
Britannica  et  a  étudié  les  séries  de  Décrétales  qui  y  sont  com- 
prises, a  été  frappé  des  rapports  dont  il  a  reconnu  l'existence 
entre  cette  collection  et  le  Décret  d'Yves.  A  diverses  reprises, 
il  insiste  sur  les  analogies  qu'il  constate  :  pour  chacun  des  papes, 
dont  la  Britannica  contient  des  extraits,  il  signale  les  fragments 
communs  à  cette  collection  et  au  Décret.  Pas  n'est  besoin  de 
refaire  ici  ce  travail  :  il  sera  facile  de  recourir  aux  divers  pas- 
sages du  mémoire  d'Ewald  où  ces  faits  sont  mis  en  lumière.  Je  me 
bornerai  à  ajouter  deux  observations  : 

A.  Comme  on  l'a  montré  ailleurs,  la  Tripartita,  dans  ses  pre- 
mières parties,  c'est-à-dire  la  collection  A,  a  fait  de  larges  emprunts 
à  une  collection  analogue  à  la  Britannica.  Aussi  pourrait-on 
croire  que  l'auteur  du  Décret  attribué  à  Yves  n'a  connu  les  textes 
de  la  Britannica  que  par  l'intermédiaire  delà  Collection  A.  Une 
telle  opinion  serait  erronée.  Il  est  certain,  en  effet,  et  la  disserta- 
tion d'Ewald  suffirait  à  en  fournir  la  preuve,  que  des  éléments 
sont  communs  à  la  Britannica  et  au  Décret,  qui  ne  figurent 
pas  dans  la  collection  A.  En  voici  d'ailleurs  quelques  exemples  : 


Décret,  IV, 

^02 

= 

Britannica 

Jean  VIII, 

4  b. 

— 

^33 

= 

— 

— 

50  c. 

— 

481 

zr: 

— 

LéonlV, 

43. 

— 

482 

= 

— 

— 

44. 

— 

230 

r=z 

— 

Jean  VIII, 

49. 

Décret.,  VI, 

409 

= 

— 

Alexandre  II, 

54. 

Décret,  VII, 

4  29 

= 

— 

S.  Boniface, 

4  2  a  et  b 

— 

430 

= 

— 

Jean  VIII, 

33. 

— 

4  34 

z= 

— 

Etienne  V, 

20. 

Décret,  VIII, 

23 

= 

— 

Urbain  II, 

29. 

1.  Conrat,  Der  Pandekten-  und  Institutionenauszug  der  Brittischen  Dekre- 
ialensammlung,  Quelle  des  Ivo  (Berlin,  1887,  in-S"). 

4  897  4 


50 


LES  COLLECTIONS   < 

CANONIQUES 

— 

27 

— 

— 

Pelage, 

32. 

— 

55 

zr: 

— 

— 

51. 



59 

= 

— 

Etienne  V, 

9. 

— 

^^8 

nr 

— 

Jean  VIII, 

51. 

— 

^^9 

=z 

— 

— 

52. 

_- 

220 

— 

— 

Alexandre  II, 

14. 



222 

— 

— 

Jean  VIII, 

18. 

Décret,  X, 

\-2 

— 

— 

Gélase, 

33. 

— 

13 

= 

— 

— 

48  a. 

— 

U 

= 

— 

Alexandre  II, 

31. 

— 

15 

z=z 

— 

— 

49. 



46 

z= 

— 

— 

59. 



M 



— 

Jean  VIII, 

55. 



2\ 

— 

— 

Alexandre  II, 

55. 



26 



— 

Jean  VIII, 

42. 

—. 

30 

=: 

— 

Alexandre  II, 

7. 

— 

31 

rr: 

— 

— 

84. 

— 

52 

— 

— 

Jean  VIII, 

53^. 

— 

68 

= 

— 

— 

5. 

— 

69 

=r 

— 

— 

11. 

— 

70 

:=: 

— 

— 

36,  2. 



71 

— 

— 

— 

46. 

__ 

73 

= 

— 

Léon  IV, 

35. 



83 

— 

— 

— 

1  b. 



84 

= 

— 

— 

7. 

— 

85 

rr: 

— 

— 

8  b. 

— 

86 

:^ 

— 

— 

16. 

— 

87 

= 

— 

— 

43. 

-^ 

95 

= 

— 

Pelage, 

66,  2  et  3 

— 

177 

=r 

— 

Alexandre  II, 

1. 



178 

z=i 

'     — 

— 

11. 



186 

= 

— 

•  Etienne  V, 

26. 

Décret,  XI, 

7 

= 

— 

S.  Boniface, 

8. 

— 

90 

= 

— 

Jean  VIII, 

50. 

Décret,  XIII, 

112 

= 

— 

Gélase, 

18. 

— 

113 

= 

— 

— 

65. 

1.  Je  ne  cite  pas  le  c.  51  du  livre  X,  parce  que,  s'il  est  dans  la  Britannica 
sous  le  n»  48  de  la  série  de  Jean  VIII,  il  forme  le  c.  6  de  la  série  du  môme 
pape  dans  la  Triparlila. 


Alexandre  II, 

56. 

— 

60. 

— 

83. 

Jean  VIII, 

42. 

Urbain  II, 

46. 

ATTRIBUEES   A    YVES    DE   CHARTRES.  5< 

—  iU     =  — 

—  4  15     =  — 
Décret,  XIV,     57    =  — 

—  66     =  — 

—  68     =  — 
Etc.,  elc. 

B.  Ce  n'est  pas  seulement  dans  les  séries  de  Décrétales  placées 
dans  la  Britannica  sous  le  nom  de  tel  ou  tel  pape  que  l'on 
trouve  des  fragments  appartenant  aussi  au  Décret.  Dans  ce 
recueil  figurent  des  textes  qui  font  partie  des  deux  séries  des 
Varia  de  la  Britannica,  c'est-à-dire  de  la  première  série  et  de 
celle  qui,  venant  à  la  fin  du  recueil,  fut  surtout  composée  au 
moyen  d'emprunts  faits  à  la  collection  de  Deusdedit*.  De  ces 
coïncidences,  je  citerai  un  certain  nombre  d'exemples  : 

Décret,  I,  4  62  =  Britannica,  Varia,  I,  G,  7. 

Décret,  I,  4  62  (suite  à  partir  de  Ostenditur]  =  Britannica,  Varia, 
I,  G.  4  (2«  fragment). 

Décret,  1, 4  62  (fin  à  partir  de  Sacramentum]  =  Britannica,  Varia, 
I,  G.  4  (4"  fragment). 

Décret,  1, 4  63  est  un  extrait  des  deux  derniers  fragments  de  Varia^ 
I,  G.  4. 

Décret,  I,  464  :  Les  fragments  Catholica  et  Nos  hœreticorum  se 
retrouvent  sous  le  n"  4  de  Varia,  I,  G. 

Décret,  I,  463  :  Plusieurs  des  fragments  qui  composent  ce  cha- 
pitre se  retrouvent  dans  Varia,  I,  G.  4. 

Décret,  I,  4  67  :  Plusieurs  des  fragments  qui  composent  ce  cha- 
pitre se  retrouvent  dans  Varia,  I,  G.  3. 

=    Britannica,  Varia,  I,  G.     6  (4'""  fragment). 

=  —  —  87. 

=  —  —  88. 

=  —  —  90. 

=  —  —  83. 

=  —  —  84. 

=  —  —  86. 

=  —  —  3  (3"  fragment). 


1.  Ces  fragments,  étrangers  en  général  à  la  collection  A,  ne  peuvent,  pas  plus 
que  les  précédents,  être  arrivés  au  Décret  par  son  intermédiaire. 


Décret,  I, 

468 

— 

470 

— 

4  77 

— 

494 

— 

308 

— 

309 

— 

340 

Décret,  II, 

93 

52 


LES  COLLECTIO\S  CANONIQUES 


94      =: 


Décret,  IV, 

,  426 

— 

427 

— 

Ui 

— 

208 

— 

209 

— 

229 

Décret,  V 

23 

— 

32 

— 

34 

4  (4",  2%  3«  frag- 

ment, puis  I, 

C,  44,  2« frag- 

ment) . 

47. 

54. 

54. 

3  (4 «■•  fragment). 

5  (9«  fragment). 

49. 

II. 

,64. 

I, 

B.  9. 

II. 

44. 

Le  chap.  V,  35  du  Décret  se  retrouve,  avec  l'attribution  erronée  à 
Léon  IV  (qui  figure  dans  le  Décret),  dans  les  Varia  de  la  Britannica, 
II,  30,  où  il  est  venu  de  la  collection  de  Deusdedit,  I,  424  ^  Ce  frag- 
ment est  aussi  contenu  dans  la  Tripartita,  où  il  figure  dans  la  pre- 
mière partie,  donc  dans  la  Collection  A,  mais  avec  son  attribution 
véritable;  en  effet,  il  est  rangé  au  n°38  des  fragments  de  Nicolas  I". 
Yves  a,  nous  le  savons,  puisé  dans  la  Britannica  et  aussi  dans  la 
Tripartita;  ici,  l'attribution  erronée  de  la  Britannica  qu'il  a  con- 
servée à  ce  fragment  montre  bien  quMl  l'a  tiré  non  de  la  Tripartita, 
mais  de  la  série  insérée  dans  les  Varia  de  la  Britannica. 


Décret,  V, 

464 

— 

356 

— 

359 

— 

360 

— 

364 

Décret,  VI, 

444 

-     VII, 

28 

-     VII, 

432 

—     VIII, 

309 

-    X, 

4  8 

-     X, 

33 

-    X, 

65 

-     XI, 

83 

—     XII, 

27 

=     Britannica,  Varia,  II, 


I,   B. 
II, 


I,  0. 
1,   B. 


60. 
85. 
58. 
59. 
60. 
22. 
64. 

4. 

6. 
44. 
32. 
30. 
58. 
59. 


1.  Dcusdedil  donne  ce  fragmenl,  sans  allributioo,  à  la  suite  d'un  autre  frag- 


ATTRIBUEES   A    YVES    DE    CHARTRES.  53 

Qu'ils  proviennent  des  séries  placées  sous  les  noms  de  divers 
papes  ou  des  Varia,  nombreux  sont,  dans  le  Décret,  les  frag- 
ments qui,  inconnus  d'ailleurs  aux  collections  antérieures, 
avaient  fait  leur  apparition  peu  d'années  auparavant  dans  la  Bri- 
tannica ou  une  collection  analogue*.  Ce  fait  étant  constaté,  on 
pourrait  être  tenté  d'en  déduire  que  la  Britannica  elle-même  a 
été  l'une  des  sources  auxquelles  a  puisé  directement  l'auteur  du 
Décret.  Malheureusement  pour  cette  hypothèse,  l'érudit  qui  a  le 
mieux  connu  la  Britannica,  Paul  Ewald,  a  déclaré  à  plusieurs 
reprises  (et  je  n'ai  aucune  raison  de  contester  son  appréciation) 
qu'à  raison  de  certaines  divergences  dans  les  textes  il  n'était  pas 
possible  d'admettre  l'existence  d'un  rapport  de  filiation  directe 
entre  la  Britannica  telle  que  nous  la  connaissons  et  le  Décret 
d'Yves^.  Pour  expliquer  les  analogies,  nous  sommes  donc  amenés 
à  croire  que  l'auteur  du  Décret  a  dû  consulter  une  collection 
fort  semblable  à  la  Britannica,  mais  qui,  cependant,  en  devait 
différer  quelque  peu  :  sans  doute  un  autre  exemplaire,  probable- 
ment augmenté,  de  cette  même  collection-^. 

Cette  hypothèse  résout  un  certain  nombre  de  difficultés. 
D'abord,  elle  permet  de  rendre  compte  de  bon  nombre  de  ces 
divergences,  légères  d'ailleurs,  dans  les  textes  ou  dans  les  sus- 
criptions  des  Décrétales,  qui  avaient  frappé  l'attention  d'Ewald, 


ment  anonyme  (123)  et  d'un  fragment  (I,  122)  de  Léon  IV.  L'auteur  des  Varia 
de  la  Britannica  a  cru  qu'en  réalité  les  chapitres  123  et  124  de  Deusdedlt 
étaient  compris  sous  l'attribution  à  Léon  IV  qui  précède  le  c.  122.  De  là  l'er- 
reur qu'il  a  commise  et  qui  a  été  reproduite  par  le  Décret  d'Yves.  Cf.  C.  25, 
Q.  2,  c.  18  et  la  note  de  M.  Friedberg. 

1.  Les  fragments  les  plus  récents  de  la  Britannica  sont  47  chapitres  d'UV- 
bain  II.  D'après  les  obsrervations  de  M.  Ewald,  ces  fragments  appartiennent  aux 
années  1088  et  1089,  c'est-à-dire  aux  premières  années  du  pontilicat  (cf.  Neues 
Archiv,  t.  V,  p.  368).  On  peut  donc  dater  la  Britannica  de  1090  ou  1091. 

2.  Voir  ce  qui  est  dit  par  Ewald  à  propos  de  la  correspondance  de  saint  Boni- 
face  (op.  cit.,  p.  294),  des  lettres  de  Jean  VIII  (p.  323),  de  celles  d'Alexandre  II 
(p.  350)  et  passim. 

3.  VraisembiablemenI,  ce  n'était  point  l'exemplaire  qui  a  servi  de  source  à  la 
collection  A  de  la  Triparlita  (voir  la  précédente  étude,  p.  661),  car  cet  exem- 
plaire, comme  on  l'a  vu,  ne  devait  pas  contenir  les  séries  d'Alexandre  II  et 
d'Urbain  II.  Au  contraire,  il  parait  assez  probable  que  l'exemplaire  dont  s'est 
servi  notre  auteur  contenait  aussi  une  série  de  fragments  de  Nicolas  I"",  car, 
à  divers  endroits  du  Décret,  par  exemple  au  livre  X,  on  trouve  des  chapitres 
tirés  des  lettres  de  Nicolas  1"  intercalés  au  milieu  de  fragments  qui  pro- 
viennent sûrement  de  la  Britannica. 


54  LES   COLLECTIOIVS   CAWNIQDES 

En  outre,  elle  peut  servir  à  expliquer  un  fait  assez  anormal.  Il  y 
a  dans  le  Décret  d'Yves  vingt-quatre  chapitres  tirés  des  Insti- 
tutes  de  Justinien.  Comme  l'a  démontré  M.  ConratS  dix-neuf  de 
ces  chapitres,  qui  se  retrouvent  dans  la  Britannica,  ont,  d'après 
toutes  les  vraisemblances,  passé  de  ce  recueil  dans  le  Décret. 
En  revanche,  cinq  n'y  figurent  pas.  Ne  faut-il  pas  penser  qu'ils 
avaient  été  insérés  dans  la  collection  analogue  à  la  Britan- 
nica, mais  plus  com.plète,  qu'avait  sous  les  yeux  l'auteur  du 
Décret? 

Je  crois  donc  à  l'existence  de  ce  recueil  inconnu  qui  doit  être 
considéré  comme  une  source  importante  du  Décret  d'Yves  ;  si 
l'on  tient  compte  des  textes  des  Pandectes^  des  Institutes  et  des 
lettres  empruntées  soit  aux  séries  des  papes  soit  aux  Varia,  on 
sera  plutôt  en  dessous  de  la  vérité  en  estimant  à  260  environ  le 
nombre  des  fragments  que  l'auteur  du  Décret  y  a  puisés. 

IV. 

Il  est  une  autre  collection  méthodique  de  canons  qui  a  passé 
tout  entière  dans  le  Décret;  mais  c'est  une  collection  de  peu 
d'étendue.  Les  chapitres  187  et  188  du  livre  XV"^,  eœ  peniten- 

1.  Der  Pandekien-  und  Institutionenauszug  (Berlin,  1887,  in-4''),  p.  19-21. 

2.  Il  est  certain  que  des  recueils  de  lettres  pontificales  analogues  à  la  Bri- 
tannica ont  circulé  à  la  fin  du  xi'  siècle  et  au  commencement  du  xii=;  cela 
est  démontré  par  des  faits  incontestables.  Ainsi,  le  manuscrit  Vatic.  5436,  copie 
faite  vers  la  fin  du  xvi=  siècle,  est  la  reproduction  d'un  manuscrit  inconnu  qui 
devait  dater  de  la  première  moitié  du  xii^  siècle;  il  contenait,  outre  des  extraits 
des  décrétâtes  pseudo-isidoriennes,  de  nombreux  fragments  tirés  des  lettres  de 
saint  Grégoire  ou  de  ses  successeurs  jusqu'au  temps  de  Pascal  II  (mort  en  1 118). 
Je  ferai  la  même  observation  à  propos  d'un  autre  manuscrit  du  Vatican,  por- 
tant le  n°  4886,  qui  est  une  copie,  faite  vers  1601),  d'un  manuscrit  du  xii"  siècle 
demeuré  inconnu  (ex  libro  Veronensi,  Nie.  Ormanetti  :  il  s'agit  ici  de  Nicolas 
Ormanetti,  l'un  des  plus  illustres  prélats  de  la  seconde  moitié  du  xvi°  siècle, 
mort  en  1577);  on  y  trouve  des  séries  de  décrétales  rangées  par  pontificats 
jusqu'au  temps  de  Pascal  II  et  d'Innocent  II  (mort  en  1143).  L'existence  de  ces 
copies  suffît  à  démontrer  l'existence  des  recueils  originaux  du  xii°  siècle.  De 
même,  la  première  partie  de  la  Tripartiia,  qui  s'arrête  à  Urbain  II,  fournit  un 
autre  exemple  de  ces  collections  de  lettres  pontificales  en  vogue  au  xi"  et  au 
xii'  siècle. 

3.  Ces  chapitres  sont  insérés  entre  une  série  de  canons  du  concile  de  Seli- 
genstadt,  qui  suivent  souvent  le  Décret  de  Burchard,  et  une  autre  série  tirée 
du  livre  XIX  de  Burchard. 


ATTRIBUEES   A   YVES  DE   CHARTRES.  55 

tiali  laicoriim,  reproduisent  avec  des  variantes  le  petit  péni- 
tentiel  attribué  à  Fulbert  de  Chartres*. 

Je  n'ai  pu  constater  dans  le  Décret  l'influence  appréciable 
d'aucune  des  autres  collections  méthodiques  que  nous  connais- 
sons :  je  parle  bien  entendu  d'une  influence  se  traduisant  par  des 
emprunts  d'une  certaine  importance.  Sans  doute,  dans  la  par- 
tie XV  sur  la  pénitence,  on  trouve  quelques  fragments  qui  figurent 
aussi  dans  la  collection  antérieure,  dite  Dacheriana,  à  savoir  : 

3  =  Dacheriana,  I,  ^^. 

7  =  —  ^(;. 

40  =  —         a. 

\A  =z  —  \Z. 

U  z=  —  26. 

47  =  —  40. 

On  peut  en  outre  reconnaître  quelques  traits  communs  entre 
le  Décret  et  les  Lïbri  de  synodalibus  causis  de  Reginon. 
Ainsi  : 

Décret,  VII,  433  =  Reginon,  I,  449  (437). 

—  434  =  —         450  (438). 

—  435  =  —         454  (439). 
Décret,  VII,  40-44  =  —   II,  407  (4  06). 

En  est-ce  assez  pour  classer  la  Dacheriana  ou  le  recueil  de 
Reginon  parmi  les  sources  immédiates  du  Décret?  Je  n'oserais 
l'affirmer.  Pour  des  raisons  du  même  ordre,  j'hésite  à  y  ranger 
la  collection  d'Anselme  de  Lucques^.  Quant  à  la  collection  en 
74  titres,  il  ne  s'en  trouve  point  de  traces  certaines  dans  le 
Décret;  quelques  textes  qu'on  j  rencontre  figurent  aussi  dans 
la  collection  A,  d'où  l'auteur  a  pu  les  extraire  sans  recourir 
à  la  collection  en  74  titres^'. 

1.  Cf.  Wasserschleben,  Die  Bussordnungen  der  abendlfindischen  Kirche, 
p.  90  el  623. 

2.  Décret,  III,  194  =  Ans.  de  Lucques,  XII,  56  (le  texte  d'Anselme  est  plus 
long).  De  même,  les  chap.  I,  305,  306  et  307  reproduisent  assez  bien  Ans.  de 
Lucques,  X,  28,  29  et  26. 

3.  Décret,  IV,    5  =  Coll.  en  74  titres,  308  =  Coll.  A,  I,  Eusèbe,  4. 

—  V,  10  =  —  11  =         —        Symmaque,  24. 

—  V,  61  =  —  113  =         —        Célestin,         2. 

et  Burchard,  I,  7. 


d6  les  collections  canoniques 

Sans  insister  sur  ces  analogies,  résumons  les  résultats  cer- 
tains. Nous  avons  constaté  que  1 ,600  chapitres  du  Décret  d'Yves 
au  moins  proviennent  du  Décret  de  Burchard;  les  emprunts 
faits  par  le  Décret  d'Yves  à  la  collection  A  de  la  Tripartita 
peuvent  être  évalués  à  500;  enfin,  260  fragments  environ  ont 
été  pris  à  une  collection  analogue  à  la  Britannica.  Cela  fait 
2,360  fragments  dont  l'origine  est  établie.  Or,  le  Décret  compte 
3,760  fragments.  Il  y  en  a  donc  1 ,400  environ  qui  ne  proviennent 
pas  de  l'une  de  ces  trois  sources.  De  ces  1,400  chapitres,  on  peut 
estimer  approximativement  à  320  le  chiffre  de  ceux  qui  ont 
été  tirés  des  recueils  de  droit  séculier  :  Code ,  Novelles  de 
Julien,  Bréviaire  d'Alaric  et  Capitulaires  (je  ne  mentionne  pas 
ici  les  textes  du  Digeste,  qui  sûrement  appartiennent  à  la  série 
fournie  par  la  collection  analogue  à  la  Britanyiica,  ni  les  extraits 
des  Institutes,  qui  en  tirent  probablement  leur  origine;  j'en  ai 
tenu  compte  en  supputant  les  apports  faits  par  cette  collection  ; 
pour  la  même  raison,  je  ne  compte  pas  les  fragments  des  capi- 
tulaires tirés  du  Décret  de  Burchard).  Défalquons  encore  ces 
320  fragments.  Le  surplus  consiste  en  1,080  chapitres  environ, 
qui  sont  pour  la  plupart  ou  des  extraits  des  Fausses  Décrétales 
dans  leur  forme  complète  ou  surtout  des  fragments  tirés  des 
Pères  et  autres  écrivains  ecclésiastiques. 

Quant  à  ces  fragments,  une  question  sollicite  immédiatement 
notre  curiosité*.  Nous  n'avons  pu  constater  qu'ils  proviennent 
d'une  collection  méthodique  connue;  cette  opinion  ne  pré- 
sente quelque  vraisemblance  que  pour  un  très  petit  nombre  de 
chapitres.  Au  moins  serait- il  intéressant  de  savoir  s'ils  ont 
été  tirés  d'originaux  ou  de  recueils  de  seconde  ou  de  troisième 
main.  Et,  pour  préciser  la  question,  tel  fragment  tiré  de  saint 
Augustin  (il  y  en  a  beaucoup)  sort-il  directement  des  œuvres 
originales  du  saint  Docteur  Ou  a-t-il  été  recueilli  dans  l'une  de 

1.  Les  sources  originales  dont  proviennent  les  fragments  contenus  dans  le 
Décret  d'Yves  ont  été  énumérées  par  Boetius  Epo,  dans  son  livre  II  de  jure 
sacro  (p.  272  et  278  du  tome  II  de  ses  œuvres).  Le  traité  de  jure  sacro  a  trouvé 
])lace  dans  le  tome  II  (le  tome  I  et  le  commencement  du  tome  II  sont  occupés 
par  Ileroicarum  et  ecclesiasdcarum  quastionum  libri  VI).  Toutefois,  celle 
énumcralion  ne  doit  être  consultée  qu'avec  précaution,  car  l'auteur  s'est  borné  à 
citer  tous  les  ouvrages  qui  ont  fourni  des  extraits  au  Décret,  sans  i)Iacer  dans  une 
catégorie  spéciale  les  ouvrages  que  le  compilateur  n'a  connus  qu'indirectement, 
par  exemple  ceux  dont  les  fragments  ne  sont  entrés  dans  le  Décret  d'Yves  que 
par  l'intermédiaire  de  Burchard, 


ATTRIBUÉES   A   YVRS   DE   CHARTRES.  57 

ces  innombrables  collections  d'extraits  qui ,  après  avoir  joui 
d'une  certaine  vogue  au  moyen  âge,  sont  de  nos  jours  ou  per- 
dues ou  ensevelies  dans  l'ombre  des  bibliotlièques?  Le  plus 
souvent,  il  serait  téméraire  de  donner  une  réponse  à  ce  pro- 
blème. Sans  d'ailleurs  le  perdre  de  vue,  je  me  bornerai  à  pré- 
senter sur  cette  région  inconnue  du  Décret  d'Yves  quelques 
observations  qui  ne  me  paraissent  pas  dépourvues  d'importance  : 
1"  On  a  vu  plus  haut  que  l'auteur  du  Décret  s'est  préoccupé 
de  rechercher,  —  sans  doute  dans  la  collection  A  et  dans  une  col- 
lection analogue  à  la  Britannica,  —  des  décrétales  des  papes 
qui  n'étaient  point  comprises  dans  les  anciens  recueils.  La  même 
préoccupation  se  manifeste  dans  cette  portion  du  Décret  dont 
l'origine  est  ignorée;  aussi  y  retrouve-t-on  des  lettres,  tant  des 
papes  anciens  que  des  papes  du  xi°  siècle,  qui,  étrangères  aux 
collections  en  vogue,  ne  sont  entrées  que  par  le  Décret  d'Yves 
dans  le  courant  de  la  littérature  canonique.  C'est  ainsi,  par 
exemple,  que  l'on  rencontre  dans  le  Décret  un  certain  nombre 
de  fragments  de  lettres  de  Nicolas  P',  qui  ne  proviennent  ni  de 
Burchard  ni  d'autres  recueils  connus';  on  en  peut  dire  autant 
de  divers  fragments  de  décrétales  de  Léon  IX '  et  de  Gré- 
goire VIP.  De  même,  le  Décret  contient  des  fragments  de  lettres 
d'Urbain  II,  qui  ne  se  trouvent  ni  dans  la  collection  A  ni  dans  la 
Britannica"^.  Ces  constatations,  qu'on  pourrait  multiplier, 
démontrent  surabondamment  la  pensée  du  compilateur.  Sans 

1.  Cf.  1,  87  (Jaffé-Wattenbach,  2841);  VIII,  221  (J.-W.,  28'i3);  V,  353  (J.-W., 
2847);  I,  137  et  136  (J.-W.,  2849);  X,  185  (J.-W.,  2849);  IX,  12  (J.-W.,  2853); 
IX,  14;  X,  20,  et  X,  29  (J.-W.,  2865,  2864,  2866);  X,  19  (J.-W.,  2868).  —  Il  est 
à  remarquer  que,  parmi  ces  fragments,  les  chapitres  I,  137  et  136,  et  X,  185, 
sont  des  citations  empruntées  à  une  lettre  de  Nicolas  I"'  à  i'évéque  Salomon  de 
Constance,  qui  se  rencontre  isolée  dans  quelques  manuscrits  du  ix"  au  xi"  s., 
à  savoir  :  Munich,  6241  et  6245;  Vienne,  2198  (jur.  can.,  99);  Bamberg,  P.  I, 
9,  n"  64.  Cf.  le  mémoire  de  Sdralek.  HandschrifUich-Kritischc  Untersuchun- 
gen  iiber  eine  Gruppe  von  Briefen  Papst  Nicolaus  1,  dans  l'Archiv  fiir  Kathol. 
Kirchenrecht,  XLVII  (1882),  p.  184  et  s. 

2.  Cf.  VIII,  8  (J.-W.,  4307);  IV,  105  (J.-W.,  4308);  I,  71  (fragment  du  concile 
tenu  à  Reims  par  Léon  IX  en  1049)  ;  IX,  8,  Léon  IX  au  roi  de  France  Henri  I"^ 
(J.-W.,  4307);  V,  44,  au  patriarche  de  Constantinople  (J.-W.,  4302);  Junge,  IV, 
147  et  223. 

3.  Voir  les  fragments  de  Grégoire  VII  :  IV,  213;  V,  36,  81  et  378;  XIV,  45. 
Les  citations  de  Grégoire  VII  sont  relativement  peu  nombreuses. 

4.  Cf.  V,  72  (J.-W.,  après  5444);  VI,  408,  410,  411  et  412  (J.-W.,  5722, 
5409,  5763,  5723);  IX,  53  (J.-W.,  après  5481)  ;  X,  54  (J.-W.,  5530). 


58  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

doute,  les  fragments  qu'il  a  recueillis  sont  en  petit  nombre  en 
comparaison  de  ceux  qu'il  a  ignorés  ou  négligés;  mais,  quel  que 
soit  le  résultat  obtenu,  il  n'est  que  juste  de  lui  tenir  compte  du 
souci  d'être  complet  qu'il  marque  si  nettement. 

2°  Une  observation  analogue  peut  être  présentée  à  propos  des 
canons  de  conciles.  Non  seulement,  dans  la  portion  d'origine 
indéterminée,  figurent  des  textes  qui,  faisant  partie  de  la  collec- 
tion du  faux  Isidore,  étaient  fort  répandus  au  xi"^  siècle^;  en 
outre,  les  conciles  généraux  postérieurs  au  quatrième^  et  le  con- 
cile Quinisexte  y  sont  représentés  par  d'assez  nombreux  frag- 
ments. Sans  doute  bon  nombre  d'entre  eux  sont  communs  au 
Décret,  d'une  part,  et,  d'autre  part,  à  la  collection  A  ou  aux 
Varia  de  la  Britannica  ;  mais  il  en  est  qui  sont  propres  au 
Décret^.  D'ailleurs,  ces  conciles  préoccupent  très  visiblement 
l'auteur  du  Décret,  comme  les  canonistes  italiens  de  son  temps, 
Deusdedit  ou  Anselme  de  Lucques;  c'est  pourquoi  il  multiplie  les 
documents  qui  s'y  réfèrent  et  en  éclairent  l'histoire^. 

A  côté  des  conciles  généraux,  le  Décret  comprend  quelques 
fragments  de  conciles  romains  ou  italiens.  Il  y  faut  signaler 
quatre  canons  du  concile  tenu  par  le  pape  Eugène  II  en  726^  et 

1.  Voici,  au  hasard,  quelques  fragments  isidoriens  qui  se  trouvent  dans  le 
Décret  d'Yves  et  ne  figurent  pas  dans  la  collection  A  :  IV,  31  (Elvire,  23;;  V, 
85  (Braga,  III,  7);  IV,  107 et  110  (extraits  de  la  préface  du  faux  Isidore);  X,  37 
(extrait  des  Capitula  Angilramni),  etc.  On  pourrait  multiplier  ces  exemples. 
—  On  rencontre  aussi,  dans  \e  Décret  des  canons  d'après  la  version  de  Denys, 
par  exemple,  deux  canons  d'Ancyre,  IX,  24,  et  X,  181. 

2.  Il  convient,  d'ailleurs,  de  signaler  des  fragments  des  Actmies  da  troisième 
et  du  quatrième  concile  général  (Éphèse  et  Chalcédoine),  documents  qui  ne  se 
trouvent  pas  dans  la  forme  usuelle  de  la  collection  du  faux  Isidore.  Cf.  D.  d'Yves, 
IV,  92  et  93,  148  ;  V,  43. 

3.  Pour  le  cinquième  concile  général  :  IV,  99  ;  XIV,  62  et  63.  Pour  le  sixième  : 
IV,  221  et  222.  Pour  le  septième  :  IV,  159  et  198;  V,  40  et  41,  etc. 

4.  Voir  la  partie  IV,  passim.  On  peut  citer  comme  exemples  :  le  frag- 
ment de  la  lettre  de  Léon  II  sur  le  sixième  concile,  qui  forme  le  c.  120 
du  livre  IV  (Jafifé-Wattenbach,  2118),  et  les  deux  fragments  du  Liber  Pontifi- 
calis  (éd.  Duchesne,  I,  p.  391  et  359),  dont  la  réunion  forme  le  c.  124  du 
même  livre.  —  De  même,  l'auteur  a  inséré  des  documents  relatifs  aux  conciles 
particuliers.  Voir,  par  exemple,  les  lettres  pontificales  de  Benoît  III  et  Nico- 
las I"  sur  le  concile  de  Soissons  de  853  (IV,  156  et  157). 

5.  Je  ne  cite  que  les  canons  de  ce  concile  qui  ne  sont  pas  venus  dans  le 
Décret  par  l'intermédiaire  de  Burchard,  je  ne  mentionne  pas  les  autres,  tels 
que  I,  243,  qui  n'est  autre  que  Burchard,  IV,  49.  —  On  peut  signaler  comme 
propres  au  Décret  d'Yves  :  IV,  214  ;  VIII,  127,  et  XIII,  7,  qu'on  retrouvera  dans 


ATTRIBCEES  A  YVES  DE  CBÀRTRES.  39 

aussi  deux  fragments  (XII,  31  et  38)  du  concile  tenu  au  Latran 
par  le  pape  Etienne  III  en  l'an  769  contre  l'antipape  Cons- 
tantin. Le  second  de  ces  chapitres  mérite  un  intérêt  spécial, 
car  il  ne  semble  pas  avoir  été  connu  de  Cenni,  qui,  d'après 
un  manuscrit  de  Vérone  et  les  collections  canoniques,  a  ras- 
semblé les  fragments  épars  et  incomplets  de  ce  concile  ;  il  importe 
donc  d'ajouter  ce  chapitre  du  Décret  d'Yves  à  la  liste  de  ces 
fragments*.  Il  ne  convient  point  non  plus  de  passer  sous  silence 
plusieurs  canons  du  concile  tenu  par  Nicolas  II  en  1059  (V,  29 
et  80),  et  deux  canons  des  conciles  tenus  par  Urbain  II  à  Béné- 
venten  1091  (V,  72)  et  à  Troia  en  1093  (IX,  5);  remarquez 
d'ailleurs  que  le  manuscrit  du  Décret  qui  a  appartenu  à  Colbert 
comprend  en  outre,  à  la  fin  de  la  cinquième  partie,  un  autre 
canon  '  du  concile  de  Bénévent. 

Outre  ces  conciles  romains,  le  Décret  d'Yves  a  rais  à  contri- 
bution, d'ailleurs  dans  une  assez  faible  mesure,  les  conciles  de 
l'épiscopat  franc  :  je  dis  dans  une  assez  faible  mesure,  car  il  ne 
faut  pas  tenir  compte  ici  de  la  masse  de  canons  francs  qui  ont 
pénétré  dans  le  Décret  grâce  au  recueil  de  Burchard.  A  tout 
le  moins  je  puis  citer,  comme  étrangers  à  Burchard,  quoique 
présents  dans  le  Décret  d'Yves,  les  fragments  suivants  : 

XIII,  99  et  100  =  c.  U  et  33  du  concile  d'Orléans  de  538. 
V,  -123  =  c.  8  du  concile  de  Paris  (556-573)3;  yinscriptio  du 
Décret  le  rattache  à  tort  au  concile  de  Paris  sous  Louis  le  Pieux. 
XII,  36  =  c.  18  du  concile  de  Màcon  de  383. 

le  concile  d'Eugène  II  {Monumenta  Germanix,  Leges,  l.  II,  in-fol.,  appendice, 
p.  15  et  s.),  sous  les  n"  34,  36  et  12.  Le  c.  7  du  livre  XIII  n'est  qu'un  résumé 
du  c.  12  d'Eugène  II.  Ajoutez-y  un  canon,  anonyme  dans  le  Décret  (IX,  21),  qui 
est  le  c.  38  de  la  même  série  du  concile  d'Eugène  II. 

1.  Sur  ce  concile,  cf.  Cenni,  Concilium  Lateranense  Stephani  III  (Rome, 
1735)  ;  Duchcsne,  Liber  Ponlificalis,  t.  I,  notes  explicatives  sur  le  pontiticat 
d'ÉliennelII,  et  l'article  intitulé  :  les  Premiers  temps  de  V  État  pontifical,  dans 
la  Revue  d'histoire  et  de  littérature  religieuses,  t.  I,  p.  253  et  s.  Cf.  Jaffé-Wat- 
tenbach,  après  le  n''  2376;  les  sources  y  sont  indiquées.  Il  est  certain  que  les 
collections  d'Anselme  de  Lucques  et  de  Dcusdedit  donnent  de  ce  concile  des 
extraits  diflërents  de  ceux  que  l'on  rencontre  dans  le  Décret.  De  même,  les 
fragments  du  Décret  ne  se  retrouvent  pas  dans  l'abrégé  du  concile  publié  par 
"Wasserscbleben,  Beitraege,  p.  162. 

2.  Le  c.  1  de  Bénévent. 

3.  Pour  la  date  de  ces  conciles,  je  me  conforme  aux  indications  de  l'édition 
donnée  par  M.  Maassen  dans  les  Monumenta  Germanix,,  Concilia  aevi  mero- 
vingici. 


60  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

XIII,  ^^8*  =  c.  <3  du  même  concile. 
I,  ^132  =  c.  25  du  concile  d'Auxerre  (573-603). 
III,  ^33-^34  =  c.  U  et  15  du  concile  de  Gtialon  de  8<3. 
III,  -175  =  c.  63  du  concile  de  Meaux  et  Paris  de  845-846. 
III,  •^8^  est  un  fragment  de  la  lettre  synodale  du  concile  tenu  à 
Douzy  en  8602. 

Il  faut  pour  le  moment  se  résigner  à  ignorer  l'origine  de  ces 
fragments  et  des  quelques  autres  de  ce  genre  qui  se  rencontrent 
dans  le  Décret. 

3°  En  troisième  lieu,  la  portion  du  Décret  dont  les  sources 
immédiates  sont  inconnues  comprend  de  nombreuses  et  impor- 
tantes séries  d'extraits  des  Pères  de  l'Eglise  ou  des  écrivains 
ecclésiastiques.  Ce  ne  sont  pas  seulement  des  fragments  tirés  des 
œuvres  de  saint  Léon  et  de  saint  Grégoire  qui,  papes  en  même 
temps  que  docteurs,  prirent  une  part  importante  au  gouverne- 
ment de  l'Eglise  universelle;  ce  sont  des  chapitres  extraits  des 
autres  Pères,  notamment  de  saint  Augustin,  qui  est  très  fréquem- 
ment cité,  de  saint  Jérôme,  de  saint  Ambroise,  de  saint  Chrysos- 
tome,  d'Isidore  de  Séville,  de  Bède  le  Vénérable^  ;  on  y  trouve  en 
outre  mentionné  avec  une  certaine  prédilection  le  nom  de  Raban^, 
le  docteur  si  connu  dans  l'Empire  franc,  et  aussi  ceux  d'Aimon 
d'Halberstadt^  et  d'Hincmar*^.  Enfin,  le  Décret,  il  est  bon  de  le 
remarquer,  contient  des  fragments  d'écrivains  relativement 
récents,  comme  Lanfranc  et  Fulbert  de  Chartres"'. 

Grâce  à  cette  profusion  de  citations,  qui  appartiennent  souvent 
à  des  ouvrages  purement  doctrinaux,  le  Décret  perd  le  carac- 
tère d'une  oeuvre  exclusivement  canonique  ;  pour  s'en  convaincre, 
il  suffit,  par  exemple,  de  parcourir  les  portions  de  l'œuvre  rela- 
tives à  la  foi,  au  baptême  et  à  l'Eucharistie.  Par  là,  cette  com- 
pilation se  distingue  nettement  des  recueils  contemporains,  tels 

1.  Ce  n'est  pas  le  texte  de  ce  canon  qui  est  dans  V HerovalUana.  Cf.  Petit, 
Theodori  Pœnitentiate,  t.  I,  p.  243. 

2.  Labbe-Cossart,  VIII,  713. 

3.  Il  faut  noter  un  fragment  emprunté  à  la  traduction  du  Pasteur  d'Hermas  : 
VII,  243. 

4.  Par  exemple,  dans  le  livre  I,  les  c.  68,  78,  81  et  passim,  95,  300,  etc. 

5.  Exemples  :  I,  54,  174,  300,  etc.;  VIII,  267;  IX,  114  el  passim. 

6.  Exemples  :  IV,  177;  VI,  420;  VUI,  260  et  261. 

7.  II,  9,  et  XII,  76.  Joignez  la  profession  de  foi  de  Bérenger,  dont  les  doc- 
trines soulevèrent  tant  de  querelles  au  xi*  siècle  :  II,  10. 


ATTRIBUEES   A    YVES    DE    CHARTRES.  (i  J 

que  ceux  d'Anselme  de  Lacques  ou  de  Deusdedit*  ;  elle  se  rap- 
proche au  contraire  d'autres  œuyres  non  moins  importantes,  où 
la  législation  canonique  se  mêle  aux  textes  doctrinaux.  Pas  plus 
que  Hugues  de  Saint-Victor,  Abêlardou  même  Pierre  Lombard, 
l'auteur  du  Décret  ne  connaît  de  délimitation  rigoureuse  entre 
la  théologie  et  le  droit  canon. 

On  peut  se  poser,  à  propos  de  ces  extraits  patristiques,  la  même 
question  qui  s'impose  à  l'attention  à  propos  d'autres  fragments  :  les 
chapitres  du  Décret  ont-ils  été  directement  extraits  des  œuvres 
originales  ou  n'en  viennent-ils  que  par  des  collections  intermé- 
diaires? Là-dessus,  l'étude  des  inscriptiones  fournit  quelque 
lumière^.  Quand  des  chapitres  portent  des  inscriptiones  vagues, 
telles  que  celles-ci  :  Ex  dictis  Augustini  ou  Ambrosii,  Augus- 
tinus  dicit,  ou  plus  simplement  encore  Gregorius ,  Augusti- 
nus,  il  y  a  lieu  de  penser  qu'ils  sont  empruntés  à  ces  Collecta- 
nea,  recueils  de  sentences  d'un  ou  de  plusieurs  Pères,  dont 
l'usage  a  été  si  répandu  au  moyen  âge^.  Dans  le  Décret,  on 
trouve  de  telles  inscriptions,  non  seulement  dans  les  chapitres 
provenant  du  recueil  de  Burchard  (où  elles  sont  très  fréquentes), 
mais  encore  dans  des  chapitres  de  la  portion  d'origine  inconnues 
qui  seuls  nous  intéressent  en  ce  moment.  Ceux-ci  sont  sûrement 
tirés  d'un  recueil  d'extraits. 

La  question  reste  douteuse  en  ce  qui  touche  les  autres  frag- 
ments patristiques,  qui  sont  précédés  d'une  indication  de  sources 
assez  complète,  par  exemple  :  Arabrosius  super  /*•"  epistolam 
ad  Corinthios  (I,  70);  Augustinus  de  symbolo  liber  I 


1.  Les  extraits  de  cette  catégorie  sont  plus  nombreux  dans  le  Décret  d'Yves 
que  dans  celui  de  Burciiard,  où  déjà  il  s'en  trouve  un  certain  nombre. 

2.  Il  est  certains  fragments  qui  sont,  non  des  citations  textuelles,  mais  des 
morceaux,  de  dimensions  variées,  fabriqués  par  la  réunion  de  divers  passages 
d^un  même  auteur.  On  en  trouve  même  dans  la  partie  d'origine  inconnue. 
D'après  les  notes  de  dom  Gellé,  les  chapitres  I,  176,  177,  et  IX,  106,  par 
exemple,  sont  faits  de  divers  extraits  de  saint  Augustin.  —  Une  question  reste 
ouverte  :  on  peut  se  demander  si  le  texte  fabriqué  est  l'œuvre  du  compila- 
teur du  Décret  ou  d'un  compilateur  antérieur.  Pour  un  des  fragments  que  je 
viens  de  citer,  la  réponse  est  facile  à  donner  :  le  ch.  I,  177,  reproduit  un  cha- 
pitre des  Varia  de  la  Britannica,  I,  c.  88,  donné  sous  ce  titre  :  Aug.  libro  IIII'', 
de  baptismo. 

3.  Voir,  à  propos  des  recueils  d'extraits  de  saint  Augustin,  Mirbt,  die  Slel- 
lung  Augustins  inder  Publizistilc  des  Gregorianischen  Kirchenstreits,  p.  70-71. 

4.  Voir  notamment  livre  XVII,  3,  \1\  et  s. 


62  LES   COLLECTIOIVS   CANONIQUES 

(I,  94);  Beati  Augustini  ad  Bonifacium  epistola  (III,  122), 
etc.  En  ce  cas,  il  n'y  a  rien  à  conclure  de  ViiiscripHo.  Le  frag- 
ment peut  être  tiré  de  l'œuvre  originale;  mais  il  peut  venir  aussi 
d'une  collection  intermédiaire,  où  il  figurait  avec  Vinscriptio 
correcte  et  complète;  ainsi,  plusieurs  chapitres  des  Pères  qui  se 
rencontrent  dans  les  Varia  de  la  Britannica  se  retrouvent 
avec  des  inscriptiones  complètes  dans  le  Décret  d'Yves*.  En 
somme,  l'inscription  incomplète  et  rudiraentaire  donne  lieu  de 
croire  que  le  texte  qui  la  suit  provient  d'un  recueil  d'extraits; 
mais  l'inscription  complète  ne  prouve  pas  que  le  texte  qui  la  suit 
soit  tiré  de  la  source  originale. 

De  quelque  manière  que  l'auteur  du  Décret  ait  connu  les  Pères 
de  l'Eglise,  il  les  a  certainement  mis  à  contribution  dans  une  pro- 
portion beaucoup  plus  large  que  ses  prédécesseurs. 

4°  Les  citations  historiques  jouent  un  rôle  assez  important 
dans  le  Décret  d'Yves,  notamment  dans  le  livre  IV.  Au  premier 
rang,  il  faut  signaler  le  Liber  pontifîcalis,  souvent  cité^;  les 
citations  de  cet  ouvrage  dans  le  Décret  sont  distinctes  des  nom- 
breuses citations  qui  s'en  rencontrent  dans  la  collection  de  Deus- 
dedit.  Puison  peut  mentionner  Cassiodore^  Bède^,  Paul  Diacre^ 
et  Anastase  le  Bibliothécaire  **.  Ces  textes  se  réfèrent  plus  par- 


1.  Exemples:  D.,I,  162,  où  l'on  trouve  des  inscriptiones  complètes,  contient 
des  fragments  qui  figurent  aussi  dans  Brilannica,  Varia,  I,  C.  1.  Le  c.  164  du 
même  livre,  depuis  CathoUca,  reproduit  des  fragments  de  Varia,  I,  C.  3.  Le 
c.  165  reproduit  des  fragments  de  Varia,  I,  C.  4.  Des  observations  analogues 
peuvent  être  faites  pour  les  chapitres  du  Décret,  l,  167,  168,  170,  171,  177,  187, 
191,  tous  munis  d'inscriptions  complètes  et  provenant  tous  de  saint  Augustin. 

2.  Exemples  :  I,  57,  69;  IV,  79,  94,  124,  145.  Le  c.  63  du  livre  II  est  fait  de 
trois  fragments  du  Liber  Ponti/icatis  mentionnant  des  décrets  sur  la  messe  ; 
ces  fragments  semblent  réunis  à  la  manière  des  extraits,  mentionnant  des 
décrets,  qui  ont  été  recueillis  dans  le  manuscrit  de  Modène  (Duchesne,  Liber 
Pontificalis,  t.  I,  p.  cxcvi  et  s.;  notre  extrait  ne  vient  pas  de  ce  manuscrit). 
L'inscriptio  du  chapitre  porte,  non  pas  ex  libro  Pontificali,  mais  ex  Pontifi- 
cum  Decretis,  ce  qui  me  donne  à  penser  qu'il  a  été  tiré  d'un  recueil  d'extraits. 

3.  IV,  143;  X,  47. 

4.  Exemples  :  IV,  146,  175;  IX,  211. 

5.  IV,  171.  Cf.  sur  ce  passage  Conrat,  GescMchte  der  Quellen  und  Literatur 
des  Romischen  Rechts,  I,  p.  99. 

6.  IV,  78,  129,  172  ;  XI,  92.  Le  fragment  IV,  172,  concerne  les  Novelles  de 
Justinien.  Sur  l'altération  du  texte  qu'il  présente,  cf.  Conrat,  Geschichte,  l, 
p.  106.  Le  texte  d'Yves  dit  :  remavit  imperator  leges,  au  lieu  de  renovavit. 
—  On  peut  encore  citer  parmi  les  textes  historiques  des  fragments  de  biogra- 


ATTRIBUEES  A   YVES   DE   CHARTRES.  (53 

ticulièrement  à  la  matière  des  sources  du  droit.  Leur  insertion 
trahit  chez  l'auteur  du  Décret  une  préoccupation  de  l'histoire 
des  sources  fort  remarquable  pour  son  temps. 

C'est  à  cette  même  préoccupation  d'expliquer  les  canons  par 
les  faits  qu'il  faut  sans  doute  rattacher  la  présence  dans  le 
Décret  de  fragments  du  Liber  diurnus,  c'est-à-dire  du  formu- 
laire des  actes  du  Siège  apostolique*. 

5"  L'un  des  caractères  les  plus  saillants  du  Décret  d'Yves  est 
la  masse  considérable  de  fragments  tirés  des  monuments  du  droit 
séculier,  romain  ou  carolingien,  qui  y  sont  contenus. 

On  y  compte  environ  250  fragments  de  droit  romaine  Bien 
plus  que  le  Bréviaire  d'Alaric,  les  recueils  de  Justinien  ont  été 
mis  à  contribution  ;  tous  sont  représentés  dans  le  Décret.  Si  l'on 
en  excepte  un  certain  nombre  de  chapitres  tirés  des  Novelles  de 
Julien,  les  fragments  de  droit  romain  insérés  au  Décret  n'ap- 
partiennent pas  aux  constitutions  impériales  qui  règlent  les 
matières  de  droit  ecclésiastique  ;  ni  les  premiers  titres  du  Gode  de 
Justinien  ni  le  livre  XVI  du  Gode  Théodosien  n'ont  été  utilisés. 

En  ce  qui  touche  les  Pandectes,  on  a  fait  remarquer  plus  haut 
que  l'auteur  du  Décret  n'y  a  pas  puisé  directement;  en  effet,  il 
n'en  connaît  et  n'en  cite  que  les  textes  qui  se  retrouvent  dans  la 

phies,  comme  les  extraits  des  Vies  de  saint  Ambroise  (X,  48)  et  de  saint  Gré- 
goire (XIII,  110). 

1.  Cf.  IV,  132.  Ce  fragment  se  trouve  aussi  dans  la  Britannica  et  dans 
d'autres  collections  ;  cf.  la  précédente  étude,  p.  687,  note.  Le  Décret  d'Yves 
possède  en  outre,  au  c.  197  du  livre  IV,  un  extrait  du  même  document  contenu 
au  Liber  Diurnus,  Vindiculum  Pontificis  (éd.  Rozière,  p.  180-181;  éd.  Sickel, 
p.  92). 

2.  Pour  les  textes  de  droit  romain  qui  se  trouvent  dans  le  Décret  (je  n'en  puis 
traiter  ici  que  brièvement),  consulter  Conrat,  Geschichte  der  Quellen  und  der 
Literatur  des  Kornischen  Redits,  t.  I,  p.  378  et  s.;  cf.  Savigny,  Geschichte,  II 
(2«  édition),  p.  309,  et  la  liste  des  textes  romains  dressée  par  Savigny,  Ibid., 
p.  49^,  et  reproduite  dans  les  Disquisitiones  de  Theiner,  p.  254  et  suiv.  Sur 
les  textes  du  Digeste  et  des  Institutes,  voir  la  brochure  de  Conrat  signalée 
plus  haut,  p.  49.  Je  dois  ajouter  que  Savigny  a  négligé  de  mentionner  dans  sa 
liste  la  série  du  livre  III,  183-19-2,  qui  est  tirée  des  Novelles  de  Julien,  et  le 
c.  193,  qui  provient  des  Institutes.  —  Il  est  bon  d'ajouter,  d'après  M.  Conrat, 
que  les  leçons  des  textes  du  Digeste  cités  par  Yves  tantôt  reproduisent  l'an- 
cienne litera  Bononiensis,  tantôt  s'en  écartent.  Cf.  Conrat,  der  Pandekten  und 
Institudonenauszug,  p.  13.  —  Dans  les  citations  du  Code,  il  arrive  que  le  titre 
est  désigné  par  le  rnot  caput,  la  constitution  par  les  mots  tractatus  ou  titulus 
(Conrat,  Geschichte,  I,  p.  379). 


64  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

Britannica  et  qui  sûrement  figuraient  dans  la  collection  analogue 
de  la  Britannica  qui  lui  a  servi  de  source.  Cela  fait  environ 
cinquante  textes  qui  se  rattachent  à  la  troisième  des  pièces  indi- 
quées ci-dessus.  Quant  aux  vingt-quatre  fragments  des  Insti- 
tutes,  je  m'en  tiens  à  l'hypothèse  émise  plus  haut,  d'après 
laquelle  ils  auraient  été  tirés  de  la  même  collection. 

Les  extraits  du  Code  de  Justinien,  peu  nombreux,  sont  tous 
empruntés  aux  neuf  premiers  livres.  Sans  doute,  il  en  est  plu- 
sieurs qui  ne  figurent  pas  dans  VEpitome  Codicis,  connu  par 
des  manuscrits  dont  le  plus  ancien  est  celui  de  Pistoie  ;  mais  je 
n'oserais  en  conclure  qu'ils  ont  été  pris  directement  dans  le  Code. 
Au  contraire,  une  telle  conclusion  se  présente  naturellement  à 
l'esprit  au  sujet  des  extraits  nombreux  des  Novelles,  ils  ont  dû 
être  pris  directement  dans  la  traduction  de  Julien  ^ 

Les  textes  du  Bréviaire  d'Alaric  sont  relativement  assez 
rares 2;  c'est  que,  même  en  France,  à  la  fin  du  xf  siècle,  la 
législation  théodosienne  perd  l'autorité  que  gagnent  alors  les 
recueils  de  Justinien.  Il  convenait  d'ailleurs  que  le  rôle  du  Bré- 
viaire fût  effacé  dans  la  composition  de  la  première  collection 
française  où  apparaissent  en  masse  les  fragments  du  Digeste.  — 
On  a  cru,  mais  sans  aucune  preuve  certaine,  que  le  c.  201  de  la 
partie  XVI  du  Décret  n'était  autre  chose  qu'un  extrait  de  la 
Consultatio  reteris  jurisconsulti,  œuvre  d'un  jurisconsulte 
romain  de  l'époque  intermédiaire  entre  le  Code  Théodosien  et  les 
compilations  de  Justinien^. 

La  législation  authentique  ou  apocryphe  des  empereurs  caro- 

1.  Voir,  sur  ce  point,  Conral,  Geschichte,  I,  p.  381,  qui  fait  remarquer  que 
le  Décret,  tant  pour  le  choix  que  pour  l'arrangement  des  textes  du  Code  et  des 
Novelles,  se  distingue  des  collections  antérieures,  notamment  de  la  lex  Romana 
canonice  compta  et  de  la  collection  Anselmo  dedicata. 

2.  Cf.  Conrat,  Geschichte,  I,  p.  380. 

3.  Le  fragment  201  est  fait  de  trois  phrases  distinctes.  Les  deux  premières, 
extraites  des  constitutions  impériales  (6  et  8,  Code  de  Justinien,  II,  3),  se 
retrouvent  au  chap.  i,  §  7  et  8  de  la  Consultatio.  Mais  la  Consultatio  ne 
contient  pas  la  troisième  phrase:  Privata  conventio  juri  piiblico  nihil  derogat, 
dont  l'origine  remonte  au  jurisconsulte  Ulpien  (45,  §  1,  Digeste,  de  regulis 
juris,  L,  17).  —  Au  surplus,  ces  trois  phrases  sont  des  règles  de  droit,  qui,  à 
cause  de  leur  généralité,  devaient  être  très  répandues.  Rien,  à  mon  sens,  ne 
prouve  que  les  deux  premières  viennent  de  la  Consultatio,  œuvre  d'ailleurs 
inconnue  au  moyen  âge.  Je  serais  plutôt  disposé  à  me  ranger  sur  ce  point  à 
l'avis  de  M.  Conrat  [Geschichte,  I,  p.  90),  d'après  lequel  ces  textes  pourraient 
avoir  été  tirés  d'additions  au  Bréviaire  d'Alaric. 


ATTRIBUÉES    A    YVES    DE    CHARTRES.  65 

lingiens,  contenue  dans  les  recueils  d'Ansegise  et  de  Benoît  le 
Diacre,  est  largement  représentée  dans  le  Décret.  Sans  doute, 
nombre  de  fragments  y  sont  entrés  par  le  canal  du  Décret  de 
Burchard;  mais  il  eu  est  un  grand  nombre  qui,  étrangers  à 
Burchard  comme  à  la  collection  A  et  à  la  collection  analogue  à 
la  Britannica,  ont  pénétré  par  une  autre  voie  dans  le  Décret 
d'Yves.  La  partie  XVI  en  compte  à  elle  seule  environ  ICO;  il  est 
vrai  que  c'est  en  ce  livre,  qui  traite  de  officiis  laicorum,  que  les 
capitulaires  sont  le  plus  souvent  cités*;  à  l'époque  où  est  rédigé 
le  Décret  d'Yves,  le  clergé  se  déshabitue  de  chercher  dans  les 
capitulaires  les  lois  qui  régissent  les  personnes  et  les  matières 
ecclésiastiques. 

La  plupart  des  textes  de  droit  séculier  se  présentent  dans  le 
Décret  d'Yves  par  séries,  souvent  nombreuses.  Cela  est  vrai 
pour  les  capitulaires,  notamment  pour  ceux  qui  sont  rassemblés 
dans  la  partie  XVL  Cela  est  vrai  aussi  des  textes  d'origine 
romaine  ;  pour  s'en  convaincre,  il  suffira  de  jeter  les  yeux  sur  les 
listes  publiées  par  Savigny.  D'ailleurs,  quoiqu'on  en  retrouve 
dans  beaucoup  de  parties  du  Décret,  ces  textes  sont  particu- 
lièrement nombreux  dans  la  partie  XVI,  de  officiis  laicorum. 

En  résumé,  la  portion  d'origine  inconnue  contient  un  contin- 
gent assez  important  de  décrétales  et  de  canons,  un  très  grand 
nombre  de  fragments  patristiques,  quelques  extraits  historiques 
et  bon  nombre  de  chapitres  tirés  des  monuments  du  droit  séculier. 

V. 

Nous  avons  analysé,  autant  qu'il  était  en  notre  pouvoir,  les 
éléments  dont  s'est  formé  le  Décret  d'Yves,  en  les  ramenant  à 
quatre  groupes  :  portion  empruntée  à  Burchard,  portion  emprun- 
tée à  la  collection  A,  portion  empruntée  à  une  collection  ana- 
logue à  la  Britannica,  portion  d'origine  inconnue.  Par  l'œuvre 
de  Burchard,  que  le  Décret  s'est  incorporée  presque  entière,  par 
quelques  canons  de  conciles  mérovingiens  ou  carolingiens,  par 
les  capitulaires  et  aussi  par  les  rares  fragments  du  Bréviaire  qui 
s'y  trouvent,  le  Décret  d'Yves  conserve  les  traditions  de  l'Eglise 

1.  Ailleurs,  les  fragments  de  capitulaires  sont  très  clairsemés.  Cf.  I,  175;  III, 
100;  IV,  157  et  174;  VI,  401  à  404;  VIII,  51  à  54,  80,  241,  256;  IX,  124  ;  X, 
41  à  46  ;  XI,  24.  —  La  série  la  plus  imporlanle  est  au  livre  XVI,  c.  208-362. 
-1897  •^' 


66  LES  COLLECTIONS  CANONIQUES 

franque.  Mais,  ce  qui  lui  donne  un  caractère  original,  c'est 
d'abord  la  présence  de  textes  historiques  et  celle  d'un  nombre 
très  élevé  de  citations  patristiques,  c'est  encore  et  surtout  les 
nombreuses  traces  qu'il  porte  de  l'influence  italienne.  Directe- 
ment ou  par  l'intermédiaire  de  la  collection  A,  ce  recueil  a  tiré 
nombre  d'éléments  d'une  collection  analogue  à  la  Britannica, 
composée  vraisemblablement  à  Rome^  ;  par  là  ont  été  introduites 
dans  la  circulation  française  une  foule  de  décrétales  authentiques 
qui  étaient  demeurées  inconnues  jusqu'au  xi®  siècle  et  qui  jouèrent 
ensuite  un  grand  rôle,  comme  on  peut  s'en  convaincre  en  jetant 
les  jeux  sur  les  lettres  d'Yves  et  sur  le  recueil  de  Gratien.  Par 
la  même  voie  sont  entrés  dans  le  Décret  les  fragments  du  Digeste, 
les  premiers  qui  aient  paru  dans  une  collection  canonique  fran- 
çaise; par  là  aussi  ont  été  connus  en  France  ces  canons  des 
conciles  romains  ou  italiens  d'Eugène  II,  d'Etienne  III  et  d'autres, 
que  je  signalais  plus  haut,  en  même  temps  que  les  nombreux 
fragments  empruntés  aux  conciles  généraux  postérieurs  au  Iv^ 
C'est  en  Italie,  à  l'époque  de  Grégoire  VII,  que  l'on  exhumait 
les  décrétales  des  anciens  papes,  les  canons  des  anciens  conciles 
généraux  ou  romains;  c'est  là  qu'on  avait  gardé  quelque  souve- 
nir du  Digeste.  Le  Décret  d'Yves  porte  cette  triple  empreinte; 
c'est  ainsi  qu'il  se  rattache  très  certainement  au  mouvement  ita- 
lien de  la  seconde  moitié  du  xi®  siècle.  Visiblement,  par  le  choix 
des  matériaux  qui  y  sont  entrés,  le  Décret  d'Yves  se  révèle 
comme  un  ouvrage  où  l'auteur  a  voulu  fondre  les  éléments 
anciens  et  les  éléments  nouveaux,  les  éléments  nationaux  et  les 
éléments  ultramontains.  Il  faut  maintenant  nous  demander  com- 
ment le  compilateur  a  utilisé  ces  matériaux. 

Pour  saisir  le  plan  de  l'auteur,  il  semble  naturel  au  premier 
abord  de  consulter  la  préface  dont  le  Décret  est  précédé.  Mais 
cette  préface,  qui,  comme  on  le  verra,  est  certainement  une  œuvre 
d'Yves  de  Chartres,  a  été  placée  en  tête,  non  seulement  du  Décret, 
mais  aussi  de  la  Panormia  et  d'autres  collections  de  la  même 
famille  ;  il  n'est  pas  sur  ni  même  probable  qu'elle  ait  été  faite  pour 
servir  d'introduction  au  Décret.  Aussi,  sans  contester  la  grande 
importance  de  la  préface,  sur  laquelle  je  me  réserve  de  reve- 
nir, je  la  laisse  de  côté  pour  le  moment  ;  c'est  au  Décret  lui- 

1.  Sur  lorigine  de  la  Britannica,  voir  Conrat,  der  Pandekten,  etc.,  p.  17, 
et  Geschichle,  I,  p.  372. 


ATTRIBUEES    A    YVES    DK   CHAETRES.  67 

même  que  je  demanderai  de  nous  révéler  le  plan  et  la  méthode  de 
sou  auteur. 

Les  divers  éléments  du  Décret  sont  distribués  méthodique- 
ment, suivant  leur  objet,  eu  dix-sept  livres  ou  parties.  Voici 
l'esquisse  sommaire  de  cette  division  : 

Partie  I.  De  fide  et  sacramento  fidei,  baptismo...  et  confirmatione. 
II.  De  sacramento  corporis  et  sanguinis  Domini. 

III.  De  ecclesia  et  de  rébus  ecclesiasticis,  etc. 

IV.  De  observandis  festivitatlbus  et  jejuniis  legitimis,  de 

scripturis  canonicis  et  celebratione  concilii. 
V.  De  primatu  Roraanœ  ecclesiœ  et  de  jureprimatum  et  me- 

tropohtanorum  atque  episcoporum,  etc. 
VI.  De  clericorum  conversatione,  etc. 
VII.  De  monachorum  et  monacharum  singularitate,  etc. 
VIII.  De  legitimis  conjugiis,  de  virginibus,  etc. 
IX.  De  incesta  copulatione,  etc. 
X.  De  homicidiis,  etc. 
XI.  De  incantatoribus,  de  auguribus,  etc. 
XII.  De  mendacio  et  perjurio,  etc. 

XIII.  De  raploribus,  de  furibus,  etc. 

XIV.  De  excommunicatione  justa  vel  injusta. 
XV.  De  pœnitentia  sanorum  et  infirmorum. 

XVI.  De  offlciis  laicorum  et  causis  eorumdem. 
XVII.  Continet  specuialivas  sanclorum  palrum  sententias  de 
fide,  spe  et  charitate. 

Si  l'on  recherche  dans  quelle  mesure  ces  divisions  corres- 
pondent à  celles  de  Burchard,  voici  à  quel  résultat  on  arrive  :    • 

Yves,  partie  I,  répond  à  Burchard,  livre  IV. 

—  II  —  VetlII. 

—  III  -  III. 

—  IV  —  I,  IV  et  XIII. 

—  V  -  I. 

—  VI  -  II. 

—  VII  —  VIII. 

—  VIII  —  IX. 

—  IX  —  VII  et  XVII. 

—  X  -  VI. 

—  XI  -  X. 


us 


LES   COLLECTIONS 

CANONIQUES 

XII 



XII. 

XIII 

— 

X,  XI  el  XIV. 

XIV 

— 

XI. 

XV 

— 

XVIII  el  XIX. 

XVI 

— 

XV. 

XVII 

— 

XX  ^ 

En  réalité,  la  différence  capitale  qui  distingue  le  plan  d'Yves 
du  plan  de  Burchard,  c'est  que  le  Décret  d'Yves  traite  de  la  foi 
et  des  sacrements  avant  de  donner  les  règles  qui  concernent  le 
personnel  ecclésiastique,  tandis  que  le  Décret  de  Burchard  suit 
l'ordre  inverse.  Mais,  sous  réserve  de  cette  modification  et  de 
quelques  autres  moins  importantes,  la  division  adoptée  par  Yves 
est  en  plus  d'un  point  inspirée  par  celle  de  Burchard. 

Si  le  compilateur  a  observé  une  certaine  méthode  dans  l'éta- 
blissement du  plan  général,  il  s'en  est  abstenu  lorsqu'il  s'est  agi 
de  disposer  les  chapitres  qui  devaient  composer  chacune  de  ces 
dix-sept  parties.  Sauf  en  quelques  cas  exceptionnels,  les  séries 
tirées  de  collections  ou  de  sources  différentes  n'y  sont  nullement 
fondues,  mais  seulement  juxtaposées.  A  ce  point  de  vue,  le 
Décret  d'Yves  rappelle  le  Digeste,  où  chaque  titre  est  formé  de 
la  juxtaposition  de  deux  ou  trois  séries  de  textes,  la  série  Edic- 
tale,  la  série  Sabinienne  et  la  série  Papinienne  :  de  même  dans 
le  Décret,  il  arrive  souvent  que  les  séries,  parfois  très  longues, 
tirées  de  Burchard,  succèdent  à  des  séries  tirées  de  la  collection  A 
et  réciproquement'^.  Même  dans  le  livre  XVI,  dont  pourtant  cer- 
taines parties  sont  mieux  ordonnées^,  on  retrouve  des  traces  de 
cette  manière  de  procéder  ^ 

Un  mode  de  composition  aussi  grossier  ne  pouvait  manquer 

1.  Seul,  le  livre  XVI  de  Burchard,  d'ailleurs  très  court  (il  comprend  37  cha- 
pitres, de  accusatoribus  et  testibus),  parait  avoir  été  négligé  par  l'auteur  du 
Décret  d'Yves.  On  trouve  des  règles  de  procédure  criminelle  dans  les  livres  V-VI 
du  Décret  d'Yves;  mais  elles  ne  viennent  pas  du  livre  XVI  de  Burchard. 

2.  Pour  s'en  rendre  compte,  il  sullît  de  se  reporter  aux  indications  données 
plus  haut,  p.  29  et  ss. 

3.  Au  cours  du  livre  XVI,  l'auteur  rapproche  en  un  même  groupe  les  textes 
relatifs  à  la  liberté  et  à  la  servitude,  qu'ils  proviennent  des  canons,  des  décré- 
tales,  du  droit  romain  et  des  capitulaires.  Voiries  chapitres  45-114  de  ce  livre. 

4.  Les  chapitres  115-162,  qui  traitent  de  matières  très  variées,  sont  tous 
empruntés  à  VEpitome  Juliani  et  disposés  d'après  l'ordre  de  ce  recueil.  Il  en 
est  de  môme  de  la  série  suivante  (163-183),  tirée  du  Digeste,  et  d'une  autre 
série  (184-190)  tirée  des  Institutes. 


ATTRIBCEKS   A    YVES    DE   CHARTRES.  69 

d'entraîner  des  conséquences  fâcheuses.  Il  en  est  une  qui  a  déjà 
été  signalée,  sans  qu'on  en  ait  indiqué  la  cause.  Plusieurs  frag- 
ments reparaissent  à  deux  reprises  dans  le  Décret. 

Lorsque  ces  répétitions  se  produisent  dans  la  même  partie  du 
Décret,  cela  tient,  le  plus  souvent,  à  ce  que  le  fragment  répété 
appartenait  à  ia  fois  à  deux  séries  fournies  par  des  collections 
différentes,  ainsi  par  Burchard  et  la  collection  A*.  Le  compila- 
teur qui  a  inséré  les  séries  sans  les  comparer  l'une  à  l'autre  ne 
s'est  point  soucié  d'éviter  une  répétition  que  peut-être  il  n'a  pas 
aperçue.  Toutefois,  en  d'autres  cas,  la  répétition  des  textes  peut 
se  justifier  :  on  comprend  qu'un  fragment  se  rattachant  à  deux 
matières  tout  à  fait  distinctes,  par  exemple  à  l'excommunication 
et  aux  devoirs  des  clercs,  ait  trouvé  place  dans  deux  parties  du 
Décret.  Plusieurs  des  répétitions  signalées  par  Theiner  doivent 
pour  ce  motif  échapper  au  blâme  que  cet  auteur  leur  décerne 
en  bloc. 

Si  l'auteur  du  Décret  s'est  fort  peu  préoccupé  d'introduire  un 
ordre  méthodique  dans  les  diverses  parties  de  son  œuvre,  il  n'a 
pas  songé  davantage  à  améliorer  les  textes  dont  il  la  composait. 
Un  fait  est  certain  :  le  Décret  reproduit  purement  et  simplement 
toutes  les  erreurs  des  collections  auxquelles  il  a  fait  des  emprunts. 
Ces  erreurs  sont  de  deux  catégories  :  les  unes  portent  sur  les 
attributions  des  textes,  les  autres  sur  les  textes  eux-mêmes.  Pour 
l'une  et  l'autre  catégorie,  il  est  facile  de  démontrer  la  vérité  de 
la  proposition  qui  vient  d'être  formulée. 

I,  2^9  =  Burchard,  IV,  25.  Départ  et  d'autre  on  trouve  la  fausse 
inscripfio  :  «  Ex  decretis  Leonis  papœ  apud  S.  Medardum.  »  Or, 
aucun  pape  Léon  n'est  mêlé  à  l'origine  de  ce  chapitre,  qui  est  tiré 
d'un  capitulante  de  Charles  le  Chauve,  fait  à  Saint-Médard  de  Soissons. 

I,  224  =  Burchard,  IV,  30.  Le  texte,  attribué  de  part  et  d'autre 
au  concile  d'Agde,  provient  en  réalité  du  concile  d'Elvire,  c.  39. 

1.  D.,  I,  257  (tiré  de  Burchard,  IV,  63)  =  D.,  XIV,  23;  D.,  III,  154  (coll.  A, 
II,  C.  d'Orange,  6)  =  D.,  III,  247  (Burchard,  III,  187);  D.,  VI,  23  (Burchard, 
II,  3)  =  D.,  VI,  47  (coll.  A.,  I,  Zéphyrin,  c.  ult.)  ;  D.,  VI,  52  (coll.  A,  I,  Sirice, 
7)  =  D.,  VI,  187  (Burchard,  II,  110);  D.,  VI,  194  (Burchard,  II,  118)  =  D.,  VI, 
94  (coll.  A,  I,  Innoc,  21)  ;  D.,  VIII,  14  (fragment  de  saint  Augustin)  =  D., 
VIII,  132;  D.,  XIV,  102  (Burchard,  XI,  38)  =  D.,  XIV,  23.  —  Dans  tous  ces 
cas,  le  fragment  a  été  reproduit  deux  fois  dans  la  même  partie  du  Décret 
d'Yves.  On  en  pourrait  trouver  d'autres  exemples  dans  la  liste  dressée  par 
Theiner  dans  ses  Disquisiiiones,  p.  175,  note  18. 


TO  LES   COLLECTIONS  CANONIQUES 

1,  243  =  Burchard,  IV,  49.  De  part  et  d'autre  un  texte,  qui  est  le 
ch.  i7  du  capitulaire  de  Tliéodulfe,  cvêque  d'Orléans,  est  présenté  à 
faux  comme  un  décret  du  pape  Eugène  II. 

I,  250  =  Burchard,  IV,  56.  Ce  texte,  donné  comme  un  canon  d'un 
concile  de  Ljon  par  l'une  et  l'autre  collection,  est  en  réalité  le 
47°  canon  des  Apôtres. 

VII,  39  =  Burchard,  VIII,  18.  Ce  texte,  où  l'on  peut  reconnaître 
l'inlluence  d'une  décrétale  du  pape  Gélase  (collection  de  Denys,  c.  12), 
est  donné  à  tort,  dans  Burchard  et  dans  Yves,  comme  appartenant 
au  pape  Pie  !"<. 

VI,  342  =  Collection  A,  part.  I,  saint  Grégoire,  61.  Le  texte  est 
extrait  d'une  lettre  de  saint  Grégoire  [Registres,  II,  20)  adressée  au 
sous-diacre  Antoine.  La  collection  A  la  fait  par  erreur  précéder  de 
cette  ijiscriptio  :  «  Gregorius  Natali  episcopo  Salonitano.  »  L'erreur 
a  été  reproduite  par  le  Décret  d'Yves  et  ensuite  par  Gratien  (G.  7, 
Q.  l,c.  40). 

V,  56  =  Collection  A,  part.  I,  Nicolas  I",  c.  74.  L'attribution  à 
Nicolas  I"  est  fausse;  le  texte,  comme  on  l'a  fait  remarquer  dans  la 
précédente  étude ^,  appartient  certainement  à  Jean  VIII.  Il  n'en  est 
pas  moins  vrai  qu'il  a  passé  avec  sa  fausse  attribution  dans  le  Décret 
d'Yves. 

Des  erreurs  du  même  genre,  provenant  de  la  collection  A,  ont 
été  signalées  dans  l'appendice  de  la  précédente  étude^.  Je  me 
borne  à  en  signaler  encore  une  dans  un  texte  qui  fait  partie  des 
Varia  de  la  Britannica. 

I,  191  =  Britannica,  Varia,  I,  c.  90.  Des  deux  côtés,  le  texte  est 
donné  comme  venant  de  saint  iVugustin  :  «  Augustinus,  ex  libre  ad 
Fortunatum.  -n  —  «  Falsa  citatio  (dit  à  ce  propos  dom  Gellé),  nec 
enim  taie  reperitur  in  epistola  -115,  al.  230,  ad  Fortunatum,  nec  in 
dispulationibus  contra  Fortunatum  Manicheum;  nec  correctores 
Romani  aliud  indicant.  » 

Il  s'agit  ici  des  Correctores  de  Gratien  ;  le  texte,  en  effet,  est 
entré  dans  le  recueil  de  Gratien  avec  son  attribution  erronée  à 
saint  Augustin  (D.  4,  de  cons.,  c.  36),  si  bien  que  le  nouvel  édi- 

1.  Cf.  sur  ce  texte  les  notes  de  M.  Wasserschleben  (Reginon,  I,  175)  et  de 
M.  Fiiedberg  sur  C.  20,  Q.  1,  c.  15. 

2.  P.  664. 

3.  P.  692  et  s.,  notes. 


ATTRIBUEES   A    YVES   DE    CDARTRES.  74 

teiir  de  Gratien,  M.  Friedberg,  en  est  réduit  à  répéter,  après  dom 
Gellê  et  Berardi  :  «  Non  est  Augustin!.  »  L'erreur,  on  le  voit, 
remonte  au  moins  aux  Varia  de  la  Britannica,  d'oii,  comme 
cela  est  arrivé  très  souvent,  elle  s'est  perpétuée  de  collection  en 
collection. 

Il  serait  facile  de  multiplier  ces  observations  et  de  rectifier 
ainsi  bien  des  attributions.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  poursuivre 
cette  œuvre.  Je  passe  aux  erreurs  de  la  seconde  catégorie,  qui 
portent  sur  le  texte  même  des  fragments  insérés  au  Décret.  En 
voici  quelques  exemples  : 

V,  i  50  =  Burchard,  I,  39.  Burchard  remplace  «  ecclesia  vacans  » 
par  «  ecclesia  non  habens  episcopum.  »  Le  Décret  d'Yves  le  suit. 

V,  ^78  ==  Burchard,  I,  7^.  Dans  ce  fragment,  qui  est  le  22»  canon 
d'Antioche,  Burchard  a  remplacé  par  ces  mots  :  «  Nec  ordinatlonem 
ibi  facere  prœsumat  »  un  membre  de  phrase  beaucoup  plus  long.  Le 
Décret  d'Yves  est  conforme  à  Burchard. 

V,  220  =  Burchard,  I,  -120.  Le  43*  canon  du  concile  de  Chalon, 
en  8^3,  traitait  des  prétendus  évèques  écossais  :  «  Sunt  in  quibus- 
dam  locis  Scolli,  qui  se  dicunt  episcopos  esse...  »  Au  temps  de  Bur- 
chard, on  ne  connaissait  plus  ces  évêques  écossais;  pour  donner  un 
sens  au  texte,  Burchard  fit  celte  addition  -.  «  Scotti  et  alii  erronei.  » 
Le  Décret  d'Yves  reproduit  le  texte  ainsi  interpolé. 

Dans  un  très  important  mémoire  qu'il  a  récemment  publié  sur 
le  Décret  de  Burchard',  M.  Hauck  a  signalé  un  bon  nombre 
d'altérations  qu'il  a  constatées  dans  les  textes  de  l'évêque  de 
Worms.  On  pourrait,  comme  je  l'ai  fait  pour  les  trois  chapitres 
qui  viennent  d'être  mentionnés,  suivre  dans  le  Décret  d'Yves  le 
sort  de  chacun  des  fragments  qu'a  étudiés  M.  Hauck  :  on  verrait 
qu'invariablement  le  Déct^et  d'Yves  reproduit  le  Décret  àeBur- 
chard  avec  ses  altérations. 

Il  faut  donc  admettre  que  l'auteur  du  Décret  d'Yves  a  pris, 
dans  les  collections  qui  lui  servaient  de  sources,  les  fragments 
tels  qu'ils  se  présentaient  à  lui  sans  se  préoccuper  de  rectifier  ni 
les  erreurs  de  texte  ni  les  fausses  attributions.  C'est  ainsi  qu'il  a 

1.  Hauck,  Ueber  den  liber  decretorum  Burchard's  von  Worms,  dans 
Berichie  iiber  die  Verhandlungen  der  Koniglich-Sùchsischen  Gesellschaft  der 
Wissenschaften  zu  Leipzig,  Philol.  Histor.  Classe,  1894, 1,  p.  64  et  s.  Les  trois 
exemples  qui  viennent  d'être  cités  ont  été  empruntés  à  cette  étude. 


72  LES   COLLECTIO\S   CANONIQUES 

pris  à  son  compte  une  foule  de  fautes,  et  notamment  les  innom- 
brables erreurs  de  Burchard  de  Worms. 

S'est-il  borné  à  reproduire  les  altérations  provenant  du  fait 
d'autres  ou  en  a-t-il  ajouté  de  son  cru?  En  étudiant  les  textes 
des  Pandectes  que  l'auteur  du  Décret  a  tirés  d'une  collection 
analogue  à  la  Britannica  pour  les  transporter  dans  son  œuvre, 
M.  Conrat  a  constaté  des  différences  entre  certains  fragments  tels 
qu'ils  figurent  au  Décret  d'Yves  (au  moins  dans  le  texte  imprimé) 
et  ces  mêmes  fragments  tels  que  les  présente  la  Britannica^ . 
Quelques-unes  de  ces  différences  sont  probablement  le  fait  de  l'au- 
teur du  Décret  :  j'ai  hâte  d'ajouter  qu'elles  ne  semblent  pas  très 
importantes  et  ne  mettent  pas  gravement  en  jeu  sa  responsabilité. 
En  revanche,  un  argument  sérieux  m'amène  à  penser  que  l'auteur 
du  Décret  n'a  pas  ajouté  beaucoup  de  fautes  à  celles  qui  exis- 
taient dans  les  textes  dont  il  s'est  servie  Si  l'on  parcourt  les 
annotations  manuscrites  où  dom  Gellé  rectifie  avec  un  soin  minu- 
tieux les  erreurs  du  Décret  d'Yves,  on  s'aperçoit  tout  de  suite 
que  la  plupart  des  rectifications  portent  sur  les  textes  empruntés 
à  Burchard.  En  réalité,  quand  l'auteur  du  Décret  se  trompe, 
c'est  généralement  parce  qu'il  reproduit  les  fautes  de  ses  guides, 
surtout  celles  du  principal  d'entre  eux,  de  celui  dont  l'action 
fâcheuse  a  porté  la  confusion  dans  la  transmission  des  textes 
canoniques  au  moyen  âge.  Son  grand  tort  est  de  s'être  fait  trop 
souvent  un  copiste  servile^ 

1.  Conrat,  (^/er  Pandekten  und  InstituUonenauszug..,,  p.  13,  note  6.  —  Des 
observations  du  même  genre  ont  été  faites  par  le  même  auteur  à  propos  des 
textes  du  Bréviaire  d'Alaric  (Conrat,  Geschichte,  I,  p.  180)  et  à  propos  du  texte 
d'Anastase  le  Bibliothécaire  sur  les  Novelles  (IV,  172;  Geschichte,  p.  106).  Mais 
l'auteur  du  Décret  en  est-il  personnellement  responsable?  Je  signale  plus  loin 
(p.  72,  note  1)  une  erreur  d'attribution  qui  a  été  commise  par  l'auteur  du  Décret. 

2.  Je  ne  m'attache  pas  ici  aux  erreurs  matérielles  dans  les  chiffres  des  cita- 
tions, si  fréquentes,  par  la  force  même  des  choses,  dans  les  recueils  juridiques 
et  canoniques. 

3.  Je  ne  prétends  pas  qu'on  ne  trouve  |)oint  d'erreurs  dans  les  textes  qui  ne  pro- 
viennent pas  de  Burchard.  En  voici  des  exemples  :  l'auteur  du  Décret  ne  semble 
pas  avoir  su  qu'Atton  de  Verceil  est  l'auteur  du  traité  de  pressuris  ecclesiasti- 
cis.  Deux  fois  il  cite  cet  ouvrage  (IV,  164  et  XII,  40),  qu'il  attribue,  la  première 
fois  à  Raban,  la  seconde  fois  à  Smaragde.  (Voir  ces  fragments  de  l'ouvrage 
d'Atton  dans  le  t.  CXXXIV  de  la  Patrologia  Latina,  c.  75  et  54.)  —  Le  c.  105 
du  livre  IV  n'est  pas  de  Léon  IX,  mais  de  son  contemporain,  le  cardinal  Ilumbert, 
répondant  à  l'abbé  Nicetas.  —  A  Vinscriptio  du  c.  79  de  la  i)artie  V,  il  faut  évi- 
demment lire  :  Conslanliniana  et  non  ConstantinopolUana;  il  s'agit  du  Latraa  et 


ATTRIBUÉES   A   YVES   DE   CHARTRES.  73 

La  plupart  des  textes  du  Décret  sont  précédés  d'un  som- 
maire*. Le  plus  souvent,  l'auteur  s'est  borné  à  reproduire  les 
sommaires  des  collections  où  il  puisait,  notamment  ceux  de  Bur- 
chard  et  de  la  collection  A.  Cependant,  dérogeant  à  ses  habi- 
tudes, il  modifie  parfois  ces  sommaires.  Bien  plus,  pour  certains 
textes  qu'il  prenait,  soit  dans  les  originaux,  soit  dans  des  collec- 
tions dépourvues  de  sommaires,  il  a  cru  utile  d'en  composer  de 
toutes  pièces;  c'est  ce  qu'il  a  fait  pour  les  textes  de  droit  romain. 
Là-dessus,  il  n'est  pas  inutile  de  reproduire  l'appréciation  de 
M.  Conrat-;  pour  cet  érudit,  l'auteur  du  Décret,  à  la  différence 
de  ses  prédécesseurs,  a  su  placer  en  tête  des  fragments  de  droit 
romain  des  résumés  explicites  qui  décèlent  «  une  intelligence 
exacte  des  textes.  »  Grâce  à  cette  initiative  heureuse,  il  a  prouvé 
qu'il  pouvait  être  plus  qu'un  simple  compilateur. 


VL 

Il  n'est  pas  impossible  de  déterminer  approximativement  la 
date  à  laquelle  fut  terminé  le  Décret.  Les  fragments  les  plus 
récents  qui  y  aient  été  insérés^  sont  des  extraits  des  lettres  d'Ur- 

non  de  Constantinople.  —  Voici  une  erreur  qui  s'explique  facilement  :  le  c.  150  du 
livre  1  porte  comme  inscriptio  :  Idem  Boaifacio.  Ce  mot  «  idem  »  semble  se 
rapporter  à  Grégoire  III,  auquel  appartient  le  c.  149.  On  en  pourrait  conclure 
qu'il  y  a  erreur,  le  texte  étant  en  réalité  du  pape  Zacharie  (epist.  9).  Mais,  entre 
le  c.  149  et  le  c.  150,  le  manuscrit  de  Saint-Viclor  (ot  peul-étrc  d'autres 
manuscrits)  ajoutait  un  fragment  de  Zacharie  :  «  Zacharias  Papa  Bonifacio. 
Retulerunt  nuncii...  baptizentur.  »  Alors  le  mot  idem  du  c.  150,  placé  à  la  suite 
de  ce  fragment,  s'applique  tout  naturellement  au  pape  Zacharie.  —  Une  erreur 
caractérisée  est  celle  de  \' inscriptio  du  c.  '21,  de  la  partie  XIV.  Le  texte  ne 
vient  pas  d'un  concile  de  Paris,  mais  d'Hincmar,  dans  ses  55  chapitres  contre 
Hincmar  de  Laon  (c.  30  et  28).  Cf.  C.  Zi,  Q.  3,  c.  6  et  la  note  de  M.  Friedberg. 
—  Encore  une  fois,  je  ne  prétends  donner  ici  que  quelques  exemples. 

t.  Pas  tous  ;  il  en  est  quelques-uns  qui  ne  sont  précédés  d'aucune  autre  indi- 
cation que  celle  de  la  source.  Exemples  :  I,  53  à  196  et  passiyn.  Mais  ce  n'est 
qu'une  exception. 

ï.  Geschichte,  p.  382. 

3.  Il  faut  écarter  sans  la  moindre  hésitation  l'assertion  développée  par  M.  l'abbé 
Menu  (op.  cit.,  p.  77-80),  d'après  laquelle  le  Décret  attribué  à  Yves  contiendrait 
des  canons  des  conciles  tenus  A  Beauvais  en  1114  et  à  Nantes  en  1 127,  et  devrait 
donc  être  daté  d'une  année  postérieure  à  1127.  Les  textes  qu'invoque  M.  l'abbé 
Menu  sont  tous  de  l'époque  carolingienne  ou  d'une  époque  antérieure  aux  Caro- 
lingiens ;  tous  ont  trouvé  place  dans  le  Décret  de  Burcbard,  où  l'auteur  du 


74  LES  COLLECTIONS  CANONIQUES 

bain  II,  qui  occupa  le  saint-siège  de  1088  à  1099  :  ces  fragments 
sont  au  nombre  de  quinze,  dont  dix  ont  une  date  certaine,  à  savoir  : 

YI,     407  (J.-W.,  5378)  année        1088 

VIII,       23  (J.-W.,  5382)  —  ^088 

Décret  d'Yves  est  allé  les  prendre.  Aucun  n'appartient  aux  conciles  du  xii=  siècle. 
Voici  l'indication  de  la  série  des  quatre  canons  ex  conciiio  Belvacensi,  prœ- 
sente  Ludovico  : 
III,  227  =  Burchard,  III,  166  =  Reginon,  I,  374  (362)  =  C.  12,  Q.  2,  c.  44. 

—  228  =  —  167  =  —         375  (363)  =  C.  10,  Q.  2,  c.  4. 

—  229  =  —  168  =  —         376  (364)  =  C.  10,  Q.  2,  c.  4. 

—  330  =  —  169  =  —         378  (365)  =  C.  10,  Q.  2,  c.  5. 
Burchard  fait  précéder  ces  quatre  textes  de  l'inscription  :  «  Ex  c.  apud  Bel- 

vacum,  cui  Ludovicus  imperator  intererat.  »  On  ne  connaît  pas  de  canons  de  ce 
genre  du  concile  de  Beauvais  de  845,  d'ailleurs  postérieur  à  Louis  le  Pieux.  Je 
conjecture  que  cette  attribution  donnée  par  Burchard  (et  conservée  par  le  Décret 
d'Yves)  est  une  altération  de  Yinscriptio  de  Reginon  :  «  Ex  capitulari  ad  Bel- 
vacum.  »  Cette  inscriptio  serait  elle-même  le  résultat  d'une  erreur  matérielle. 
Comme  tous  ces  textes  appartiennent  au  capitulaire  d'Épernay  de  846,  il  faut 
peut-être  y  voir  une  mauvaise  lecture  des  mots  :  «  Ex  capitulari  ad  Spar- 
nacum.  »  En  tous  cas,  nous  sommes  loin  du  concile  de  Beauvais  de  1114. 

J'en  viens  aux  neuf  canons  qui  sont  donnés  comme  provenant  du  concile  tenu 
à  Nantes,  en  1127,  par  l'archevêque  de  Tours  Hildebert  de  Lavardin,  et  cela 
parce  qu'ils  sont  présentés  comme  extraits  ex  conciiio  Nannetensi. 

Tout  d^abord,  il  faut  en  défalquer  un  qui  ne  porte  cette  inscriptio  que  par 
l'effet  d'une  erreur  matérielle  de  l'auteur  du  Décret.  C'est  :  VI,  195  =  Bur- 
chard, II,  119  =  Reginon,  I,  224  (221).  Seul,  le  Décret  d'Yves  l'attribue  au 
concile  de  Nantes,  bien  à  tort,  puisque  c'est  le  44°  canon  des  apôtres.  Reginon 
et  Burchard  l'ont  donné  comme  tel.  L'erreur  de  l'auteur  de  notre  Décret  vient 
de  ce  que  ce  canon,  tiré  de  l'œuvre  de  Burchard,  a  été  considéré  par  lui  comme 
compris  sous  Vinscriptio  «  ex  conciiio  Nannetensi,  »  qui  se  trouve  un  peu  plus 
haut  dans  Burchard,  en  tête  de  II,  116. 

Restent  huit  canons  que  M.  Menu  fait  remonter  au  concile  de  1127,  à  savoir  : 

III,  204  =  Burchard,  Ilf,  138  =  Reginon,  I,  353  (341). 

—  222  =  -  159  =  -  127  (125  b)  ==  C.  13,  Q.  2,  c.  15. 
VI,    21  =  Burchard,    II,      1  =          —          443  (441)  =  D.  24,  c.  5. 

—  152=  —  56=-  —        -210(207). 

—  181=  —  104=  —  211  (208)  =D.  91,  c.  2.  Ce  frag- 
ment forme  le  c.  9  des  Capitula  d'Hincmar  de  Reims.  Cf.  Patrologia  Latina, 
CXXV,  c.  775. 

VI,  192  =  Burchard,  II,    116  =  Reginon,  I,  105  (104). 
X,     141  =  —    VI,     12  =  Reginon,  II,  13. 

—  145  =  —  16  =  —  22. 

En  réalité,  ces  canons  circulaient  plusieurs  siècles  avant  la  composition  du 
Décret  d'Yves;  ils  étaient  attribués  â  un  concile  de  Nantes  dont  on  est  assez 
embarrassé  pour  fixer  la  date.  On  tend  ;\  l'attribuer  au  vii°  siècle  :  Héfele  le 
place  en  658.  Cf.  Héfele,  Histoire  des  conciles  (trad.  Delarc),  III,  p.  645;  voir 


ATTRIBDKES    A    YVES   DE    CHARTRES.  75 

XIV,  68  (J.-W.,  5363)  —  ^088 

VI,  406  (J.-W.,  5393)  —  ^089 

VI,  410  (J.-W.,  5409)  —  1089 

VIII,   24  (J.-W.,  5399)  —  ^089 

IX,  33  (J.-W.,  5388)  —  J089 

XIV,  45  (J.-W.,  5393)  —  ^089 

V,      72  (concile  de  Bénévenl)   —  \09i 

IX,       53  (concile  de  Troia)  —  -1093 

Les  cinq  autres  n'ont  pas  de  date  certaine,  ce  sont  : 

IV,  2^9  (J.-W.,  54 H)  années  '1088-1096 

VI,  408  (J.-W.,  5722)             —  -1088-1099 

VI,  4^^  (J.-W.,  5763)            —  ^092-^099 

VI,  412  (J.-W.,  5723)             —  1088-1099 

X,  54  (J.-W.,  5536)             —  -1088-1095 

Aucun  fragment  à  date  certaine  n'appartient  aux  années  pos- 
térieures à  1093.  Et  cependant  les  conciles  importants  de  ces 
années  eussent  pu  fournir  de  nombreux  textes  à  l'auteur  de  la 
compilation.  On  est,  ce  me  semble,  autorisé  à  déduire  de  cette 
observation  : 

1°  Que  les  fragments  à  date  incertaine  doivent,  selon  toutes  les 
vraisemblances,  être  attribués  aux  premières  années  du  pontifi- 
cat d'Urbain  II  *; 

2"  Que  le  Béer  et  a  été  achevé  sans  doute  après  1093,  mais  à 
une  époque  où  les  canons  d'assemblées  célèbres,  telles  que  le  con- 
cile de  Clermont,  n'avaient  pas  encore  été  mis  en  circulation, 
par  conséquent  vers  1095. 

Cette  conclusion  peut,  sans  difficulté,  se  concilier  avec  les  indi- 

aussi  la  note  de  Wasserschleben  dans  son  édition  de  Reginon,  Libri  duo  de 
Synodalibus  causis,  sous  le  c.  105  du  livre  I,  et  celle  de  M.  Friedberg,  sous 
D.  24,  c.  5. 

L'opinion  émise  par  M.  l'abbé  Menu  se  trouve  donc  dépourvue  de  fondement. 

Je  dois  ajouter  que  ces  mômes  canons  d'un  concile  de  Nantes,  ou  au  moins 
quelques-uns  d'entre  eux,  ont  été  considérés  par  Theiner  comme  rédigés  au 
concile  de  1127  et  lui  ont  fourni  un  argument  à  l'appui  dune  thèse  qui  attri- 
bue à  Hildebert  de  Lavardin  une  collection  canonique  en  dix  parties,  dont  il 
sera  traité  dans  la  suite  de  ces  études.  Je  n'ai  pas  à  juger  ici  cette  attribution  ; 
mais,  évidemment,  l'argument  est  mauvais.  Cf.  Theiner,  DisquisiUones,  p.  169. 

1.  Remarquez  que  deux  de  ces  fragments  sont  certainement  antérieurs  l'un  à 
la  fin  de  1095,  l'autre  à  la  fin  de  1096.  Le  doute  n'existerait  que  pour  les  trois 
autres. 


76  LES   COLLECTIOXS   CANONIQUES 

cations  données  plus  haut  sur  les  sources  du  Décy^et.  Le  Décret 
de  Burchard  ne  fait  pas  difficulté  ;  il  est  évidemment  antérieur, 
datant  du  commencement  du  xi"  siècle.  De  même,  la  collection 
analogue  à  la  Britannica  est  aussi  antérieure;  car,  si  nous  en 
jugeons  au  moins  par  la  Britannica,  les  textes  les  plus  récents, 
qui  datent  d'Urbain  II,  appartiennent  aux  années  1088  et  1089  ^ 

Reste  la  Collection  A,  que  nous  avons  datée  approximative- 
ment de  1095.  Mais  il  suffit,  pour  que  nos  conclusions  soient 
admissibles,  que,  tout  en  étant  presque  contemporaine  de  l'œuvre 
d'Yves,  cette  collection  ait  été  composée  un  peu  avant  le  Décret. 
Or,  c'est  là  une  hvpotlièse  parfaitement  vraisemblable. 

Pas  n'est  besoin  de  démontrer  que  le  Décret  a  été  composé  en 
France.  Sans  doute,  il  comprend  un  certain  nombre  de  textes 
importés  d'Italie,  notamment  ceux  qui  sont  tirés  de  la  collection 
analogue  à  la  Britannica,  dont  il  a  été  souvent  question;  sans 
doute,  par  cette  source  et  quelques  autres,  il  présente  des  traits 
qui  lai  sont  communs  avec  les  collections  italiennes  d'Anselme  de 
Lucques  et  surtout  de  Deusdedit.  —  Mais  la  grande  majorité  des 
éléments  qui  forment  le  Décret  n'appartient  pas  exclusivement  à 
l'Italie;  beaucoup,  comme  les  capitulaires,  les  fragments  de 
Raban,  d'Aimon,  d'Hincmar,  de  Fulbert  de  Chartres,  les  canons 
des  conciles  francs,  constituent  l'héritage  traditionnel  de  l'Eglise 
de  France.  Enfin,  la  Collection  A,  utilisée  par  le  Décret  aussitôt 
après  qu'elle  fut  formée,  est  certainement  d'origine  française. 
Pour  ces  divers  motifs,  il  v  a  lieu  d'adhérer  plus  fortement  que 
jamais  à  l'opinion,  qui  n'a  d'ailleurs  point  été  contestée,  d'après 
laquelle  le  Décret  est  une  collection  d'origine  française. 

En  somme,  je  crois  qu'on  se  représentera  exactement  le  Décret 
en  se  le  figurant  comme  un  vaste  recueil  de  matériaux  divisé  en 
dix-sept  compartiments.  Ce  n'est  pas  arbitrairement  que  les 
matériaux  sont  afiectés  à  tel  ou  à  tel  compartiment  ;  mais  là 
semble  s'être  borné,  ou  à  peu  près,  l'eSort  tenté  pour  y  intro- 
duire un  certain  ordre.  Il  arrive  parfois  que  des  textes  rappro- 
chés les  uns  des  autres  se  contredisent  ^  ou  au  moins  ne  s'accordent 
pas  :  pour  sortir  de  peine,  le  lecteur  en  est  réduit  aux  principes 

1.  Cf.  Ewald,  op.  cit.,  p.  366  et  ss. 

2.  Voir  les  textes  relatifs  à  la  valeur  des  canons  des  apôtres,  dont  il  faudrait 
admettre  cinquante  d'après  le  c.  105  de  la  part.  IV,  quatre-vingt-cinq  d'après 
le  c.  106  et  soixante  d'après  le  c.  107.  Ces  textes  discordants  sont  présentés 
sans  indication  qui  puisse  servir  à  les  concilier. 


ATTRIBOEES   A    YVES    DE   CHARTRES.  77 

généraux  d'interprétation  qu'il  trouve  dans  la  préface,  prudem- 
ment placée  en  tète  des  manuscrits  du  Décret  comme  un  véri- 
table traité  de  consonantia  canonum.  Réunir  le  plus  grand 
nombre  de  matériaux  possible  ;  joindre  les  éléments  de  la  Bri- 
tanyiica,  par  exemple,  aux  éléments  traditionnels  fournis  par 
Burchard,  et  ainsi  donner  droit  de  cité  aux  textes  nouvellement 
découverts;  multiplier,  au  profit  des  canonistes,  les  fragments 
tirés  des  Pères  et  des  écrivains  ecclésiastiques,  voilà  les  buts 
principaux  qu'à  la  fin  du  xi°  siècle  poursuivait  le  canoniste  fran- 
çais, d'ailleurs  érudit  et  bien  informé,  qui  rédigeait  le  Décret. 
Il  serait  puéril  de  l'accabler  de  reproches  sous  prétexte  qu'il  a 
manqué  de  méthode;  on  pourrait  répondre  qu'il  n'a  voulu  faire 
qu'un  recueil  préparatoire,  une  sorte  de  magasin  de  textes^  réser- 
vant l'ordre  méthodique  pour  d'autres  œuvres.  C'est,  en  effet, 
comme  recueil  de  documents  que  le  Décret  a  rendu  service  aux 
canonistes  du  xii^  siècle  :  la  suite  de  ces  études  montrera  qu'ils 
l'ont  largement  exploité. 

Paul    FOURNIER, 

(A  suivre.) 


DOCUMENTS 

CONCERNANT 

DIVERS   PAYS  DE   L'ORTENT  LATIN 

1382-1413. 


Je  dois  la  copie  des  sept  documents  imprimés  ci-après  à  un  jeune 
et  regretté  confrère  dont  le  souvenir  enviable  et  affectueux  reste 
sûrement  partout  où  on  l'a  connu,  M.  Michel  Perret  ^  En  excep- 
tant le  cinquième,  ils  formeront,  je  l'espère,  un  utile,  quoique 
bien  léger,  supplément  aux  publications  de  MM.  Schafarik^  et 
Sathas^. 

Des  explications  un  peu  longues  seraient  nécessaires  pour  pla- 
cer chacun  de  ces  documents  dans  le  milieu  historique  auquel  il 
se  rapporte.  Malgré  l'absence  de  ces  préHminaires,  je  crois  que 

1.  Au  moment  où  je  préparais  pour  l'impression  les  documents  que  M.  Perret 
avait  bien  voulu  faire  transcrire  pour  moi  à  Venise,  je  reçois  l'œuvre,  à 
laquelle  notre  cher  défunt  avait  consacré  avec  une  persévérance  touchante  et 
courageuse,  malgré  les  progrès  de  sa  maladie,  les  dernières  années  et  les 
dernières  forces  de  sa  vie.  L'affection  éclairée  d'une  mère  et  le  dévouement 
d'un  éminent  ami  ont  assuré,  par  l'impression,  la  conservation  d'un  manus- 
crit dont  l'oubli  ou  la  dispersion  eût  été  un  vrai  dommage  historique.  Sa 
|)ublication  augmente  nos  regrets,  en  faisant  mieux  apprécier  tout  ce  que  nous 
avons  perdu.  L'ouvrage  a  paru  en  deux  volumes,  avec  une  notice  intéressante 
et  émue,  sous  ce  titre  :  Histoire  des  relations  de  la  France  avec  Venise  du 
XI H"  siècle  à  l'avènement  de  Charles  VIII,  par  P.- M.  Perret,  précédée 
d'une  notice  sur  l'auteur  par  M.  Paul  Meyer,  de  V Institut.  Paris,  Welter, 
1896,  2  vol.  in-8°. 

2.  Acta  archiva  Veneti  spectantia  ad  hisloriam  Serborum  et  aliorum  Sla- 
vorum  meridionalium.  Belgrade,  1860,  in-S".  (Extrait  du  Glasnilc  drouchtva 
srbske  slovesnosti.) 

3.  Documenta  inédits  relatifs  à  l'histoire  de  la  Grèce  au  moyen  âge.  Pari3, 
188U-1883,  in-4°. 


DOCUMENTS   CONCERNANT   DIVERS   PAYS    DE   l'oRIENT   LATIN.  79 

le  sommaire  assez  développé  que  j'ai  mis  en  tête  de  chaque  numéro 
en  indiquera  suffisamment  l'objet. 

Les  quatre  premiers  concernent  les  relations  et  les  difficultés 
qu'avaient  ensemble  dans  la  Morée,  appelée  alors  Achaïe,  la  répu- 
blique de  Venise,  déjà  maîtresse  des  villes  de  Coron  et  de  Modon, 
Néri  Acciaiuoli,  seigneur  de  Corinthe,  et  la  grande  compagnie 
franque,  commandée  par  Pierre  de  San  Superano,  dit  Bordo  ou 
Bordeaux,  vicaire  général  et,  quelque  temps  même,  prince 
d' Achaïe ^  Cette  compagnie  célèbre,  qui  dominait  alors  par  sa 
force  et  son  organisation  en  Attique  et  dans  le  Péloponèse,  était 
une  association  d'aventuriers  d'origine  franque,  principalement 
catalans,  navarrais  et  gascons.  Il  y  avait  aussi  beaucoup  de  Sici- 
liens. Elle  était  parfaitement  constituée.  Indépendamment  d'un 
capitaine  général,  qui  était  censé  obéir  tantôt  à  l'empereur  titulaire 
deConstantinople,  tantôt  au  roi  deNaplesou  au  roi  de  Sicile,  elle 
avait  des  capitaines  en  second,  un  trésorier,  une  chancellerie  et 
probablement  un  ou  plusieurs  chapelains.  Elle  s'intitulait  :  Uni- 
versitas  fœlicis  Francorum  eœercitus  in  partibus  Romanie 
existentium^  ou  Societas  felicis  exercitus  Francorum  iyi 
ducatu  Athenarum  morantium.  On  l'appelait  communément  : 
Societas  Francorura ,  ou  Magna  Societas,  ou  simplement 
Compagna^.  Quand  elle  avait  besoin  d'argent  ou  de  vivres,  ce 
qui  était  fréquent,  elle  n'hésitait  pas  à  se  joindre  aux  Grecs  et 
aux  Turcs  pour  piller  le  pays,  ou  bien  elle  travaillait  seule^. 

Le  cinquième  document  est  un  traité  conclu,  dans  l'intérêt  de 
la  famille  Gornaro,  propriétaire  du  village  de  Piskopi,  en  Chypre, 
entre  la  répubhque  de  Venise  et  le  roi  Jacques  II  de  Lusignan, 
dont  la  république  convoitait  de  plus  en  plus  la  succession.  Pis- 
kopi ou  Episkopi  est  un  beau  village,  situé  au  milieu  de  terres 
fertiles  traversées  par  un  gros  ruisseau,  sur  le  chemin  d'Ama- 
thonte  à  Paphos.  C'est  l'antique  Curium.  M.  de  Cesnola  y  a  fait 
pratiquer  des  fouilles,  qui  ont  amené  la  découverte  d'un  trésor 
royal  et  d'autres  antiquités  d'un  grand  prix,  passées  malheureu- 

1.  Voy.  Buchon,  Éclaircissements  sur  la  principauté  française  de  Morée, 
p.  259,  29G,  298,  dans  les  Recherches  et  matériaux,  t"  parlie,  1841  ;  Grégoro- 
vius,  Geschichie  der  Sladt  Athen,  t.  II,  p.  207,  231,  235,  261.  Stuttgart,  1889, 
in-8°. 

2.  Commerce  et  expéditions  de  la  France  et  de  Venise  au  moyen  âge.  Coll. 
des  documents  inédits,  Mélanges,  t.  III  (Paris,  1880,  in-4°),  27,  36,  42-49. 

3.  Commerce,  etc.,  Mélanges,  t.  III,  p.  43,  54. 


80  DOCUMEÎVTS 

sèment  en  Amérique*.  Une  branche  de  la  famille  Cornaro,  autre 
que  celle  de  la  reine  Catherine,  posséda  si  longtemps  Piskopi,  au 
moj^en  âge,  que  les  Français  appelaient  ce  village  :  la  Piscopie 
des  Corniers,  et  leur  famille  :  les  Corniers  de  la  Piscopie. 

Le  sixième  concerne  la  ville  d'Athènes,  appelée  vulgairement, 
y  est-il  dit,  Sythines;  il  offre  quelque  intérêt.  Depuis  la  conquête 
de  Constantinople,  en  1204,  Athènes  était  devenue  le  centre  et  la 
capitale  d'un  duché  qui  survécut  à  la  réalité  de  l'empire  franco- 
vénitien  et  qui  résista  aux  Turcs  jusqu'en  1456.  Un  des  Accia- 
iuoli  de  l'illustre  famille  de  Florence,  Néri  F"",  attaché  d'abord  à 
la  cour  de  Marie  de  Bourbon  (Litta),  princesse  de  Tarente  et 
impératrice  titulaire  de  Constantinople,  se  trouvait  gouverneur  du 
duché  d'Athènes,  sous  la  dépendance  plus  ou  moins  réelle  des  rois 
de  Naples  ;  en  1382,  profitant  de  la  mort  de  la  reine  Jeanne  et 
des  troubles  qui  augmentèrent  à  la  suite  de  cet  événement  tant  en 
Grèce  qu'en  Italie,  il  dénia  toute  obéissance  à  ses  supérieurs  et  se 
proclama  duc  d'Athènes.  Les  Vénitiens  contestèrent  son  pouvoir, 
mais  le  roi  Ladislas  le  lui  maintint  formellement  en  1392.  Il  mou- 
rut, ne  laissant  à  Antoine,  son  fils  naturel,  que  la  ville  de  Thèbes 
avec  la  Béotie;  Athènes  revint  cependant  au  pouvoir  des  rois  de 
Naples;  mais  les  Vénitiens  parvinrent  à  s'en  emparer  en  1396. 
L'anarchie  était  telle  alors  dans  la  Grèce  qu'on  ne  sait  si  les  Véni- 
tiens en  restèrent  longtemps  les  maîtres  ;  on  peut  en  douter, 
puisque  l'empereur  Soliman  I"  promettait  de  la  leur  rendre,  s'il 
parvenait  à  la  conquérir,  dans  le  traité  conclu  avec  eux  et  avec 
les  Etats  de  l'Orient  latin  contre  Tamerlan,  entre  les  années  1403 
et  1405^.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'ils  étaient  rentrés  à 
Athènes  en  1405,  peut-être  même  en  1404,  et  il  semble  qu'ils  ne 
tenaient  pas  beaucoup  à  conserver  alors  une  ville  dont  la  défense, 
au  milieu  des  terres,  ne  leur  était  pas  toujours  facile.  A  la  suite 
d'instances  et  de  négociations  suivies  par  le  pape  Innocent  VII, 
le  cardinal  Acciaiuoli  et  le  roi  Ladislas,  ils  se  déterminèrent  en 
effet  à  la  rendre  peu  après  au  fils  de  Néri,  ce  que  désiraient  les 
barons  et  les  gens  de  la  compagnie  franque.  L'acte  du  31  mars 
1405,  imprimé  plus  loin,  constate  cet  accord  et  le  rétablissement 
d'Antoine  dans  le  duché,  à  la  condition  qu'il  reconnaîtrait  la  suze- 

1.  Cyprus,  by  gênerai  Louis  Palina  di  Cesiiola.  Londres,  Murray,  1877, 
p.  304-338. 

2.  Commerce  et  expéditions,  dans  les  Mélanges  de  la  Coll.  des  doc.  inédits, 
t.  III,  p.  181,  art.  17. 


CO\CERXA\T    DIVERS    PAYS    DE    l'oRIENT    LATIX.  81 

raineté  de  la  république  de  Venise  et  l'aiderait  dans  sa  guerre 
contre  les  Turcs.  Antoine,  d'ailleurs,  gouverna  le  pays  avec 
sagesse  et  intelligence.  C'est  lui  qui  fit  poser  au  port  du  Pirée,  en 
un  lieu  convenable,  les  beaux  lions  de  marbre,  sur  l'un  desquels 
se  trouvent  des  inscriptions  runiques  tracées  vraisemblablement 
par  les  Varanges  au  service  des  empereurs  bvzantins.  En  1G84, 
Morosini,  justement  surnommé  le  Péloponésiaque,  transporta  ces 
lions  à  Venise  comme  un  trophée,  et  on  les  plaça  peu  après  à 
l'entrée  de  l'arsenal,  où  ils  sont  encore  aujourd'hui. 

Le  septième  document  établit  la  rentrée  en  grâce  auprès  de  la 
république  de  Venise  de  Balsa  Strazimir,  prince  de  la  Zenta,  sei- 
gneurie formée  d'une  partie  du  Monténégro  et  d'une  partie  de 
l'Herzégovine,  ou  duché  de  Saint-Suba,  avec  Scutari  pour  capi- 
tale. Du  Gange  n'était  pas  éloigné  de  croire  que  ces  Balsa,  deve- 
nus à  la  longue  des  princes  slaves,  descendaient  de  quelques-uns 
des  membres  de  la  grande  famille  des  Baux,  de  Provence,  qui 
avaient  suivi  Charles  d'Anjou  à  Naples,  et  que  le  roi,  après  ses 
succès,  avait  dotés  de  plusieurs  fiefs  sur  les  côtes  de  l'Illyrie, 
comme  il  en  avait  gratifié  d'autres,  en  Italie  même,  des  duchés 
d'Adria  et  d' Avellino  • . 

L.  DE  Mas  Latrie. 

L 

1382,  le  samedi  i 8  janvier.  A  Androusn,  en  Morée. 

Traité  de  paix  et  de  bon  voisinage,  avec  oubli  réciproque  de  tous 
anciens  torts  et  dommages,  conclu,  sous  les  auspices  de  l'évêque  de 
(joron,  entre  :  1°  Paul  Marcello  et  Michel  Sténo,  châtelains  vénitiens 
des  villes  de  (^oron  et  de  Modon,  agissant  au  nom  de  la  république  ; 
et  2°  Maiotto  Coccarello,  baile  impérial  de  la  principauté  d'Achaïe 
et  de  la  ville  de  Lèpante,  de  concert  avec  Pierre  Bordo  de  San  Supe- 
rano,  capitaine  de  ladite  principauté,  agissant  tous  deux  tant  en  leur 
nom  personnel  qu'au  nom  de  Bérard  de  Varvasa,  capitaine  impérial 
dans  la  principauté  d'Achaïe,  et  au  nom  de  la  compagnie  franque  ^. 
(Archives  de  Venise,  Commemoriali,  VIII,  fol.  117'.) 

1.  Voy.  Trésor  de  Chronologie,  col.  1783;  voy.  col.  1711,  1713. 

2.  Voy.  Predelli,  Libri  Commemoriali  délia  republica  di  Venezia,  t.  III 
{Documenti  storici  publicad  dalla  r.  depulazione  venefa  di  storia  patria, 
vol.  IX),  p.  157,  n-  126.  Venise,  1883,  in-4'. 

3.  La  mention  suivante  précède  le  texte  du  traité  dans  le  registre  des  Com- 

1897  6 


S2  DOCUMENTS 

In  nomine  Dei  eterni,  Amen.  Auno  Nativitalis  ejusdem  M.GCG. 
LXXXII",  indicione  quinta,  die  sabati  xviri°  mensis'  januarii.  Quo- 
niam  honeslum  et  ralionabile  fore  censelur,  ut  etiam  que  tractantur 
et  contrahuntur  inter  amicos,  benivolos  vicinos,  scripture  vinculo 
confirmentur,  ne,  post  deeurrentia  tempora,  quod  contractum  est,  ex 
oblivionis  deffectu,  aliter  transmutetur  vel  varietur;  et  per  conse- 
quens,  ut  dubia  et  obscuritates  que  exinde  pervenire  possent,  salu- 
briterevitentur;  hinc  est  quod,  cum  alias  per  reverendum  in  Ghristo 
patrem,  dominum  fratrem  Petrum^,  Dei  et  apostolice  sedis  gratia, 
dignissimum  episcopum  Coronensem,  et  etiam  nuper  pro  parte 
egregii  et  generosi  militis,  domini  Maiotti  de  Goccarello^,  honorabilis 
balii  imperialis  principatus  Achaye  et  civitatis  Neopanti\  nec  non 
egregii  et  nobilis  viri  Pétri  dieti  Burdode  Sancto  Superano^,  honora- 
bilis capitanei  dieti  principatus,  proposite,  producte  et  oblate  fuerunt 
egregiis  et  potentibus  viris,  dominis  Paulo  Marcello,  et  Michaeli  Sténo, 
de  raandato  ducalis  celsitudinis  Veneciarura,  honorabilibus^  castel- 
lanis '  Coroni  et  Mothoni,  nonnulle  promissiones  amicabilis  concordie, 
amicitie  et  vicinitatis  benivole,  pro  bona  concordia,  amicitia,  bona 
vicinitate^  inter  partes,  prestante  domino,  perpetuo  conservandis,  et 
pro  scandalis  et  erroribus  quibuscumque  in  posterum  evitandis,  super 
quibus  oblacionibus  et  promissionibus,  divina  gratia  permittente,  per 
interpositionem ,  operam  et  tractatura  predicti  Reverendi  patris 
domini  episcopi  Goronensis,  conventum  et  conclusum  fuit,  ac  extitit 
inter  partes,  prout  sequitur  inferius  seriose. 

-1  .^  Primo  namque  predictus  egregius  et  generosus  miles,  dominus 
Maiottus,  balius,  necnon  prenominatus  egregius  nobilis  Petrus  dictus 
Burdus,  capitaneus,  tam  nomine  suorum  ofQciorura  predictorum, 
quam  etiam  eorum  nomine  proprio  et  speciali,  et  tamquam  private 
persone,  pro  se,  ac  pro  parte,  vice  et  nomine,  tam  nomine  egregii  et 

mémoriaux  :  Copia  pactorum  initorum  inter  castellanos  Coronis  et  Mothonis, 
et  bailium  imperialem  principatus  Achaye  et  alios  barones  et  nohiles  dieti 
principatus  ;  que  copia  habita  est  ab  ambaxatoribus  dicli  principatus,  qui 
venerunt  Venecias,  MCCC  LXXXVI,  de  novembre. 

1.  Au  ms.  :  mense. 

2.  Pierre  Cornaro,  franciscain. 

3.  Au  ms.  :  Coctarello,  ici  et  plus  loin. 

4.  Lépante. 

5.  Bordo  de  San  Superano. 

6.  Au  ms.  :  honorabilis. 

7.  Au  ms.  :  castellani. 

8.  Au  ras.  :  vicinitatis. 

9.  Les  numéros  ne  sont  pas  au  manuscrit. 


CONCERNANT    DIVERS    PAYS    DK    L  ORIENT    LATIN.  83 

nobilis  viri  Berardi  de  Varvasa,  honorabilis  capilanei  imperialis  in 
dicte  pi'incipalu,  quam  cliam  omnium  aliorum  el  singulorum  de  sua  ' 
companea^,  auclorilale^  qua  fuiiguntur  in  principalu  predicto,  el 
omui  via,  modo  el  forma,  quiljus  melius,  ulilius  el  efficalius  possunl, 
oblulerunl  et  promisserunl,  ac  ofTerunt  el  promitlunl,  verani,  puram 
el  bonam  alque  perpeluam  concordiam,  amiciliam  et  vicinilalem 
habere  cum  diclis  caslellanis  prenominatis,  presenlibus  et  futuris, 
non  obslanlibus,  ymo  penilus  omissis,  remolis,  decisis  alque  rese- 
calis  el  de  medio  sublalis  quibusiibel  differcnlia  el  inquielalione, 
que  fuissent  aclenus  et  fièrent,  seu  esse  possenl,  modo  aliquo  vel 
ingenio,  tam  jurisdiclionis  terminorum  confinium,  quam  tcrrilorio- 
rum  alque  vilicorum,  qui  dicenlur  occupali  fuisse  seu  fore;  non 
inlelligendo  in  hec  de  villicis  fugilivis  usque  lempus,  quo  diclus 
bajulus,  cum  diclis  capilaneis  et  eorum  companeis,  eorum  companea 
inlravil  Drusiara',  setomnia  predicla  remaneant  pacifiée  elquicta  in 
eo  statu,  prout  sunl  reperla  in  introilu  dicte  companee  in  Drusiam, 
et  de  hiis  omnibus  nulla  menlio,  querela,  pelilio,  requisilio,  vel 
moleslia  fieri  deijeal  vel  fieri  valeat  per  ipsos,  nec  per  aliquem  de 
eorum  companea  uUo  lempore;  promiltuntque  el  offerunl  in  perpe- 
tuum  esse  bonos  et  veros  amicos  dominalionis  ducalis  et  bonos  vici- 
nos  prediclorum  dominorum  castellanorum  Coroni  et^  Mothoni, 
presentium  el  futurorum,  et  Yenelos  el  omnes  subdilos  et  fidèles 
ipsius  dominalionis  ducalis  et  locorum  prediclorum  et  eorum  bona 
et  haijere,  in  quacumque  parte  principatus  el  caslellanie  Galamalis", 
bene  cl  fidcliter  el  carilative  baberc  el  Iractare,  ac  haberi  et  traclari 
facere  lanquam  bonos  vicinos  el  amicos,  secure  et  absque  lesione 
suarum  personarum  et  rerum,  secundum  bonas  et  anliquas  patrie 
consueludines  et  locorum  prediclorum  Goroni  el  Motboni. 

2.  Et  e  converso,  pro  parle  et  vice  cl  nominc  prediclorum  castella- 
norum dominorum,  sapiens  et  circumspeclus  vir  ser  Stephanus 
Zicra,  canceliarius  honorabilis  Goroni  el  Molboni,  tamquam  amba- 
xialor,  sindicus  el  eorum  procuralor  legillimus,  habens  ad  hec  plé- 
num et  sufficiens  mandatum,  prout  de  sindicalu  ipsius  constat  per 

1.  Au  ms.  :  sui. 

2.  La  compagnie  catalane  des  Francs,  dont  il  a  été  parlé  précédemment. 

3.  Au  ms.  :  auiem. 

4.  Androusa  ou  Andruzza,  au  fond  du  golfe  de  Coron,  à  dix  kilom.  environ 
de  la  mer. 

5.  Au  ms.  :  etiam. 

6.  Galamala. 


84  DOCUMENTS 

litteras  patentes,  buUatas,  muni  tas  buUis  seu  sigillis  autenticis  regi- 
minum  predictorum  castellanorum  dominorum,  a  me  nolario  infra- 
scripto  visas  et  leelas,  quaruiii  teiior  per  oiiinia  talis  est  : 

Noveriat  universi  et  singuli  présentes  patentes  litteras  inspecturi, 
quod  nos,  Paulus  Marcello,  Michael  Sténo,  de  mandate  ducalis  excel- 
lentie'  \eaeciarum,  castellani  Mothoni  et  Goroni,  tenore^  presentium 
constituimus  et  ordinamus,  auctoritate  nostrorum  regiminum,  et  omni 
modo,  jure,  forma  et  causa  quibus  melius  et  efficacius  possimus,  sapien- 
tem  et  circumspectum  virum  ser  Stephanum  Ziera,  cancellarium,  pro 
dicta  ducali  excellentia,  locorum  Goroni  et  Mothoni,  presentem  et  hoc 
mandatum  sponte  suscipientem,  in  nostrum  ambaxatorem,  sindicum  et 
procuratorem  et  actorem,  et  quicquid  dici  melius  vel  esse  potest;  et 
specialiter  ad  comparendum  coram  egregio  et  generoso  milite,  domino 
Mayoto  de  Coccarello^,  honorabile  bajulo  principatus  Achaye  et  civi- 
tatis  Neopanti,  nec  non  egregiis  et  nobilibus''  viris  Petro  dicto  Burdo 
de  Sancto  Superano  et  Berardo  de  Varvassa,  imperialibus^  capitaneis 
predicti  principatus,  etaliisde  suo  consilio  et  companea,  ad  compoueu- 
dum,  concludendum,  hrmandum  et  percomplendum  ac  roborandum 
concordias,  conventiones,  pacta  et  promissiones  alias  agitatas,  tracta- 
tas  per  reverendum  patrem  dominum  fratrem  Petrum,  Dei  gratia 
dignissimum  episcopum  Goronensem ,  inter  prenominatos  dominos 
bajulum,  capitaneum,  contestabilem  et  nos  castellanos  prefatos,  super 
vera,  perpétua  concordia,  amicitia  et  benivolentia  vicinitatis  hinc  inde 
servandis  et  manutenendis;  et  ad  promittendum  nos,  auctoritate  pre- 
dicta,  ad  observationem  ipsarum  conventionum  et  concordiarum  et  pacto- 
rum  predictorum,  sub  debito  et  vinculo  sacramenti  prestandi,  vice  et 
nomine  nostro  et  uniuscujusque  nostrum  nostrique  regiminis  in  cau- 
sas nostras  et  cujuslibet  nostrum,  cum  illis  promissionibus,  solenni- 
tatibus,  clausulis  et  cautelis,  que  quomodolibet  in  hec  fuerint  oportune; 
nec  non  ad  scuscipiendum  (sic)^  vice  et  nomine  nostro,  sacramentum 
similiter  prestandum  per  prenominatos  bajulum,  capitaneum,  pro  parte 
sua,  vice  et  nomine  ipsorum  ac  aliorum  omnium  de  sua  societate,  super 
para  et  perpétua  observatione  ipsarum  conventionum,  concordiarum  et 
paciorum  predictorum,  cum  provisionibus,  obligationibus  et  soiennita- 
tibus  opportunis^;  dantes^  et  concedentes^  prenominato  cancellario 

1.  Au  ms.  :  excellentes. 

2.  Au  ms.  :  tenoretn. 

3.  Au  ms.  :  Coctarello. 

4.  Au  ms.  :  nobilis. 

5.  Au  ms.  :  imperialis. 

6.  Au  ms.  :  oportunie. 

7.  Au  ms.  :  danlur. 

8.  Au  ms.  :  concedentur. 


i 


CONCERNANT   DIVERS    PATS   DE    l'oRIENT   LATIN.  85 

ambaxiatori,  sindico,  procuratori  nostro,  ploniim  liborum  et  gcnoralo 
mandatum  ad  plenam  liberam  et  generalem  administracionem  [pro] 
omnibus  et  singulis  superius  expressis  et  annotatis  ;  ac  promittentes  ' 
firma,  rata  et  grata  habere  quecumque  per  ipsum  acta,  tractata, 
gesta,  firmata  et  protnissa  fuerint  in  premissis  et  quolibet  premisso- 
runi^,  et  non  contra  facere  vel  venire  aliqua  ratione  vel  causa  sub 
prestatione  et  debito  sacramenti.  Et  in  predictorum  fidem  et  evidentiam 
pleniorem,  bas  nostras  patentes  littcras  mandavimus  ûeri,  auctoritate 
predicta  nostrorum  regiminum,  et  nostris  sigillis  solitis  predictorum 
nostrorum  regiminum  communitas.  Data  Coroni,  anno  incarnacionis 
Dominice  M.CCC.LXXXI,  januarii  die  xvi,  v»  indictione. 

auctoritate  igitur  regiminum  predictorum  dominorum  castellano- 
rum  obtulil  et  promisit,  ac  ofTert  et  promittit,  de  habendo  bonam 
puram  et  perpetuam  concordiam,  amiciliam  et  bonam  volunlatem 
cum  prediclis  domino  baiulo,  capitaneo  et  caporalibus,  ac  aliis  de 
dicta  compagnia,  et  de  habendo  et  tractando  eos  sicut  bonos  vicinos 
et  amicos  in  omnibus  suprascriplis  juxta  bonas  et  antiquas  consue- 
ludines  pairie  et  locorum  prenominalorum  Coroni  et  Mothoni,  et 
juxta  observantiam  commissionis  ^  corumdem  dominorum  caslella- 
norum  circa  custodiam  et  observantiam  predictorum  locorum  eis 
commissorum.  Insuper  promiserunt  et  promittunt  prenominatus 
baiulus,  et  capilaneus,  vice  et  nomine  eorum,  quibus  superius  norai- 
natorum  dictum  est,  de  omnibus  dannis^  que  ammodo  in  antea 
forent  pcraliquem  de  sua  compagnia  predicta  vel  aliquem  subditum 
seu  aliquos  subdilos  ipsorum,  alicui  Venelo  subdito  vel  fideli  duca- 
lis  dominacionis  Yeneciarum ,  quod  restitui  et  satisfieri  plenarie 
facienl,  ila  quod  si  in  futurum  prout  sepe  occurrere  solet,  aliquis 
unius  partis  danniticaretur  per  aliquem  alterius^  partis  quod  pars 
lésa  seu  dannificata  non  procédât  seu  procedere  debeat  ad  ullam 
novitatem  alicujus  hostilis  motus  contra *■'  altcram,  aut  represaliarum, 
aut  faciendo  capi  pro  debito,  aut  alia  de  causa,  unum  pro  alio,  nisi 
prius  fiât  querela  parti  alleri  deemendisel  satisfactionibus  faciendis; 
que  quidem  pars  cum  fuerit  requisita  teneatur  indilale  restitutionem 
et  emendam  plenarie  facere  prout  fuerit  conveniens  atque  justum. 


1.  Au  ms.  :  promittentur. 

2.  Au  ms.  ;  pretnissione. 

3.  Au  ms.  :  commissionem. 

4.  Au  ms.  :  dartms,  pour  damnis. 

5.  Au  ms.  :  aliernie. 

6.  Au  ms.  :  quam. 


86  DOCUMENTS 

et  si  cause  exigenUir,  quod  justitia  fieri  debeat  per  illam  parlera  ad 
quam  juslicia  facienda  speclabit. 

Item,  promiserimt  et  promictiml  antedicU  domini  bajulus  et  capi- 
taneiis  quod  de  omnibus  dannis  illatis  et  factis  per  illos  de  dicta  com- 
pagnia  usque  in  diem  liodiernam,  facient  plene  satisfieri,  prout 
declarabunt  et  terminabunt  reverendus  pater  dominus  episcopus 
Goroneiisis  predictus,  quem  dicti  domini  castellani  ad  hec  ex  nunc 
elligunt,  et  una  alia  persona,  quam  prelibati  domini  castellani  etiam 
duxerint  eligendam. 

Quas  quidem  concordias,  conventiones  et  promissiones  et  omnia 
et  singula  suprascripta  partes  predicte,  videlicet  prenominatus  domi- 
nus Mayottus,  bajulus,  nec  non  predictus  Petrus  dictus  Burdus,  capi- 
taneus ,  pro  sua  parte  ac  vice  et  nomine  tam  dicti  Beraldi ,  quam 
aliorum  omnium  de  sua  compagnia,  ut  superius  est  expressum,  et 
predictus  ser  Stephanus  Ziera,  ambaxiator,  sindicus  et  procurator 
predictus,  vice  et  nomine  et  auctoritate  regiminum  antedictorum 
dominorura  castellanorum  Goroni  et  Mothoni,  promiser unt  ad  invi- 
cem,  scilicet  una  pars  alteri  et  altéra  alteri,  attendere  pure  et  fîdeliter 
ac  officialiter  et  inviolabiliter  observare  et  adimplere  et  non  contra 
facere  vel  venire,  aliqua  ratione  vel  causa,  per  uUum  ingenium  sive 
modum.  Et  pro  observatione  et  super  observatione  inviolabili  ipsarum 
conventionum  concordiarum  et  promissionum,  predicti  domini  Mayo- 
tus,  bajulus,  et  Petrus  Burdus,  capitaneus,  pro  se  ac  vice,  suis  pro- 
pres et  specialibus  nominibus,  ac  dicti  Beraldi,  nec  non  omnium  alio- 
rum et  singuloriim  de  sua  compagnia  predicta,  in  manibus  reverendi 
patris  domini  Goronensis  predicti,  tactis  sacris  scripluris  corporaliter, 
juraverunt  ad  sancta  Dei  evangelia.  Et  similiter  dictus  ser  Stephanus 
Ziera,  sindicus  et  procurator  predictus,  vigore  et  libertate  sindicatus 
supradicti,  taclis  corporaliter  scripluris  sacris,  in  animam  prediclo- 
rum  dominorum  castellanorum,  in  manibus  predicti  domini  episcopi 
Goronensis,  super  observatione  predicta,  prestitit  corporaliter  sacra- 
mentuni^  seu  juramenlum. 

Actum  Drusii,  presentibus  prenominato  reverendo  in  Ghristo  pâtre 
domino  fratre  Petro-,  dignissimo  episcopo  Goronense,  nobilibus  viris 
Johanne  de  Ham,  Sub  sion^,  Laurentio  de  Salafrancha,  et  Joanne  de 
Spoleta'*,  in  dicta  compagnia  sociis,  qui,  super  observatione  predi- 

1.  Au  ms.  :  sacrum. 

2.  Au  ms.  :  Petto. 

3.  Sic. 

4.  D'Espleta  serait  mieux,  je  crois;  voy.  ci-dessous,  p.  99,  n.  2. 


CONCERNANT    DIVERS   PATS   DE   l'oRIENT   LATIN.  87 

ctarum  conventionum  et  concordiarum,  presliteruiit  corporaliler 
sacramentum  ;  presenlibusque  eliam  providis  viris  Benediclo  de 
Coniraversiis,  de  Gorono,  et  Laurentio  Ziera,  nato  domini  Stephani 
Ziera,  prenominati  cancellarii  Coroni  et  Molhoni,  et  aliis. 

El,  pro  majoris  roboris  firraitate,  rogaverunl  parles  predicte,  per 
nos  notarios  infrascriptos  et  queralibet  nostrum  confici  debere  duo 
publica  consi[mi]lia  instrumenta  \  bullis  et  sigillis  autenticis  lam 
reverendi  patris  domini  episcopi  Goronensis  predicti,  quam  eliam 
ipsarum  partium  inpendentibus  ^  communita. 

U. 

1387,  26  Juillet.  A  Modon. 

Nouveau  traité  de  paix  et  de  bon  voisinage,  portant  oubli  de  toutes 
anciennes  plaintes  et  réclamations,  conclu  à  la  suite  des  négociations 
de  Guillaume  de  Foresta  de  traités  antérieurs,  avec  Pierre  de  San 
Superano,  vicaire  et  capitaine  général  de  la  principauté  d'Achaïe,  agis- 
sant en  son  nom  et  au  nom  des  barons  et  prélats  de  ladite  principauté, 
par  Nicolas  Zeno  et  Philippe  Pisani,  gouverneurs  vénitiens  des  châ- 
teaux de  Modon  et  de  Coron,  mandataires  spéciaux  de  la  république 
de  Venise  à  cet  effet  ^. 

(Archives  de  Venise,  Commemoriali,  IX,  fol.  115  v°.) 

In  Ghrisli  nomine,  Amen.  Anno  Nativitatis  ejusdem  M.GGG. 
LXXXVIP,  indictione  x"",  die  xxvi"  mensis  julii,  in  palatio  magno 
Mothoni. 

Gum  alias  egregii  et  polentes  domini  Nicolaus  Zeno  et  Philippus 
Pisani,  de  mandate  ducalis  serenitatis  honorabiles^  castellani  Coroni 

1.  Au  ms.  :  consilia  infrascripta. 

2.  Au  nis.  :  impendentunn. 

3.  Cf.  Predelli,  Libri  Commemoriali,  t.  III,  p.  231,  n"  1.  Le  5  juillet  précé- 
dent, l'archevêque  de  Patras,  les  évéques  d'Olène  el  de  Modon,  Érard  d'Aunoy, 
seigneur  d'.\rcadia,  .\ndronic  Azan  Zacharia,  seigneur  de  Calandra,  grand  con- 
nétable d'Achaïe,  les  commandeurs  de  Morée  appartenant  aux  ordres  de  Saint- 
Jean  de  Jérusalem  et  de  Notre-Dame  des  Allemands,  unis  à  la  communauté 
des  chevaliers  liges  de  la  principauté  d'Achaïe,  avaient  donné  mandat  à  Pierre 
de  San  Superano,  vicaire  général  de  la  principauté,  de  conclure  le  traité  de  paix 
et  de  bon  voisinage  avec  les  commissaires  de  la  république  de  Venise,  Nicolas 
Zeno  et  Philippe  Pisani. 

4.  Au  ms.  :  honorabilis. 


88  DOCUMENTS 

et  Mothoni  ac  sindici,  adores  serenissimi  domini  Anlhonii  Venerio, 
Dei  gralia,  inclili  ducis  Veneliarum,  proul  de  ipsorum  sindicaLu  con- 
stat pcr  instrumcnlum  publicum,  buUa  plumbea  ducali  bidatum  ac 
munitum^  et  scriptum  et  signatum  manu  Leonardi  de  Azolis,  de 
Veneliis,  impérial!  aucLoritate  et  ducatus  Veneciarum  notarii,  cujus 
inslrumenti  ^  ténor  per  omnia  talis  est  : 

In  Ghristi  nornine,  Amen.  Anne  Nativitatis  ejusdem  millésime  tre- 
centesimo  octuagesimo  septimo,  indictione  décima,  die  lune  xiiii'»  men- 
sis  januarii.  lUustris  et  excelsus  dominus,  dominus  Anthonius  Véne- 
rie, Dei  gratia,  dux  Venetiarura  et  cetera,  una  cum  suis  censiliis  ad 
infrascripta  et  alia  exercenda  specialiter  deputatis,  ad  senum  campane 
et  voce  preconia,  more  solito,  vecatis  et  congregatis,  et  ipsa  consilia, 
una  cum  ipso  domino  duce  unanimiter  et  concorditer,  nemine  discre- 
pante,  pro  se  et  successoribus  suis,  ac  nomine  et  vice  communis  Vene- 
tiarum,  omnibus  modis,  juribus,  ferrais  et  causis  quibus  melius  potue- 
runt,  fecerunt,  constituerunt  et  ordinaverunt  suos  et  dicti  comunis 
Venetiarum  sindicos,  actores  et  factores,  defensores,  negotiorum  geste- 
res,  procuratores  legittimos  et  nuntios  spéciales,  et  quicquid  amplius 
dici  et  esse  possunt  nobiles  et  sapientes  vires  Nicolaum  Zeno  et  Phi- 
lippum  Pisani,  honorabiles  cives  Venetiarum  et  castelianos  sues  Goroni 
et  Mothoni,  absentes  tamquam  présentes,  et  utrumque  eerum  in  soli- 
dum,  ita  quod  occupantis^  conditio''  potier  non  existât,  set  quod  unus 
inceperit  alter  valeat  mediare,  presequi  et  finire,  in  omnibus  suis  et 
dicti  comunis  Venetiarum  causis,  litibus  et  controversiis,  et  querellis 
civilibus  et  criminalibus,  presentibus  et  futuris;  et  specialiter  ad 
tractandum,  iniendum,  faciendum  et  firmandum  pacla  et  conventiones 
cum  magnifiée  et  egregie  viro  domino  Petro  de  Sancto  Severano^, 
vicarie  generali  principatus  Achaye,  et  prelatis,  baronibus  et  ligiis 
dicti  principatus,  seu  cum  sindicis,  et  procuratoribus  eerum,  super  cer- 
tis  capitulis  ipsi  domino  duci  et  comunitati  Venetiarum  exhibitis  per 
ambaxateres  predictorum  vicarii,  prelatorum,  baronum^  et  ligiorum 
principatus  Achaye  predicti  sub  illis  ferrais,  modis,  conditionibus,  pro- 
missionibus,  obligationibus,  [qùej  predictis  eerum  sindicis  videbuntur, 
adobligandum  bona  comunis  Venetiarum,  pro  observatione  eorura  que 
duxerint  promittenda,  carias  et  instrumenta  que  pro  predictis  et  sin- 
gulis  et  dependentibus  et  connexis  necessaria  et  eportuna  fuerint, 

1.  Au  ms.  :  scriptum. 

2.  Au  ms.  :  infrascripta. 

3.  Au  ms.  :  occupantes. 

4.  Au  ms.  :  condito. 

5.  Sic. 

6.  Au  ms.  :  baronos. 


COXCERNAM    DIVEBS    PAYS   DE   l'oRIENT   LATIX.  89 

rogaudum,  i'aciendum  et  recipiendum,  cum  stipulationibut;,  promissio- 
nibus  et  obligationibus,  penarum  additionibus,  juris^  prestationibus, 
reuuntiationibup,  cautellis  et  clausulis  oportunis;  et  generaliter  ad 
omnia  alia  et  singula  gerendum  et  fatiendum,  que  in  predictis  et  sin- 
gulis  et  in  dependentibus  et  connexis  et  prorsus  extraneis  necessaria 
fuerint  et  oportuna,  et  que  ipsimet  constituentes  facere  possent,  si  pré- 
sentes forent,  dantes  et  concedentes  dictis  eorum  sindicis  et  procura- 
toribus  et  utrique  eorum  in  solidum  in  predictis  et  singulis  et  in 
dependentibus  et  conexis  prorsus  et  extraneis  plénum ,  liberum  et 
générale  mandatum,  ac  etiam  spéciale  ubi  exigit,  cum  plena,  libéra  et 
generali  admiuistratione  et  potestato.  Et  promittentes  firma,  rata  et 
grata  babere  perpetuo  et  observare  quecumque  dicti  eorum  sindici  et 
procuratores  in  singulis  et  in  dependentibus  et  connexis  duxerint 
facienda  ;  et  non  contra  facere  vel  venire,  sub  obligatione  omnium  bono- 
rum  comunis  Venetiarum,  mobilium  et  immobilium,  presentium  et 
futurorum.  Actum  Venetiis,  in  ducali  palatio,  presenlibus  nobile  et 
sapiente  viro,  domino  Rapbayno  de  Caresinis-,  honorabile  canccUario 
Venetiarum,  ac  providis  et  circumspectis  viris  ser  Jobanne  Vido,  ser 
Petro  de  Quadraginta  et  ser  Guillelmo  de  Vincentiis,  ducatus  Vene- 
tiarum notariis,  testibus  ad  suprascripta  vocatis  specialiter  et  rogatis 
et  aliis.  In  premissorum  autem  fidem  et  evidentiam  pleniorem,  prefatus 
inclitus  dominus  dux,  presens  instrumentum  sindicatus  fleri  mandavit 
et  bulla  sua  plumbea  pendente  muniri.  Ego,  Leonardus  de  Azolis,  et 
cetera. 

pluries  convenerint  ad  colloquium  cum  egreglo  et  polenti  domino 
Pelro  de  Sancto  Superano,  honorabile  vicarlo  et  capitaneo  generali 
principatus  Achaye,  tam  super  execulione  contentorum  in  capilulis 
ambaxialorum  alias  missorum  elexpositis  ducali  serenitati  per  nobi- 
les  viros  Guillelmum  de  ForesLa  et  Jacobum  de  Gipro,  ambaxiatores 
et  nuntios  ejusdem  domini  vicarii  et  capitanei,  pro  parte  ipsius  et 
omnium  prelatorum,  baronum,  nobilium  el  ligiorum  dlcli  principa- 
tus; ad  que  quidem  capitula  alias  per  predictos  dominos  caslella- 
nos  et  sindicos  prescripto  domino  vicarlo,  virtute  sindicatus  eorum, 
fucrunl  exhibite  responsiones  inferius  annotate,  videlicet. 

-1.^  El  primo,  ad  primum  capitulum  dicte  ambaxiatc  responsum 
fuit  per  sepedictos  dominos  castellanos,  quod  confirmando  pacta  alias 
inila  et  firmata  cum  domino  bajulo,  lune  vivente,  et  ipso  domino 


1.  Au  ms.  :  jura. 

1.  L'auteur  de  la  Chronique  faisant  suite  à  celle  de  Dandolo.  Muratori,  Script. 
HaL,  t.  XII. 
3.  Les  numéros  ne  sont  pas  à  l'original. 


90  DOCUMENTS 

vicario  et  capitaneo  ceterisque  omnibus  de  socielate  sua,  ipsi  domini 
castellani  sunt  dispositif  et  sic  ofTerunt  et  promittunt  de  volendo 
vivere  pacifiée  et  fraterne  cum  predictis  dominis  vicario  et  capitaneo, 
prelatis  et  baronibus  et  nobilibus  omnibus  dicti  principalus,  sicut 
debent  facere  boni  amici  et  vicini,  juxta  dispositionem  et  intentionem 
ducalis  dominii  quod  dictis  dominis  casteJlanis  super  hoc  et  super 
aliis  tractandis  et  percoraplendis  cum  eis  misit  sindicatum  ad  plénum. 

2.  Super  secundo  vero  capitulo,  mentionem  agente  quod  per  domi- 
nos cas  lellanos  Goroni  et  Mothoni  fuerunteis  facte  multe  displicentie 
et  injurie  post  cellebrationem  pactorum  et  cetera-,  responsum  fuit 
quod,  sicut  etiam  ducalis  dominatio  informata  fuit,  multe  novitates  de 
tempore  in  tempus,  et  extorsiones  contra  formam  ipsorum  pactorum 
fidelibus  et  subditis  nostris  illate  fuerunt,  a  quibus  ipsa  dominatio 
sperat  et  certa  est,  et  sic  etiam  sunt  certi  ipsi  domini  castellani,  quod 
in  posterum  se  abstinebunt. 

3.  Et  quia  alias  fuit  facta  querella  de  uno  malefactore  quem  justi- 
fîcari  fecit  nobilis  vir  dominus  Michael  Sténo,  ut  castellanus,  pro 
énorme  delicto  commisso  in  districtu  nostro,  dicta  ducalis  dominatio 
per  inquisitionem  diligenter  factam  habuit,  quod  id  quod  fecit  dictus 
dominus  Michael  Sténo,  castellanus,  in  hoc  fuit  recomandatum  per 
omnes,  pro  benefitio,  pro  bono  exemplo  aliorum  temporibus  pro- 
futuris.  Nichilominus  eadem  dominatio  mandat,  et  sic  offerunt  et 
promittunt  dicti  domini  castellani,  quod,  contra  formam  pactorum 
predictorum,  non  fient  eis  alique  injurie  vel  displicentie  uUo  modo; 
ymo  tractabunt  eos  tamquam  fratres  et  bonos  vicinos  et  amicos,  sicut 
semper  fuit  et  est  intentionis  ipsius  ducalis  dominii. 

3.  Super  tertio  vero  capitulo  mentionem  agente  de  facto  loci  et 
castri  lundi  ^,  responsum  fuit  de  supersedendo  pro  nunc  quia  alias 
tractari  poterit  hoc,  et  super  oblationibus  que  fiunt  in  dicto  capitulo, 
in  afflrmatione  illorum  capitulorum. 

4.  Super  quarto  vero  capitulo,  quod  Veneti  mercatores  et  alii  sub- 
diti  omnes  ducalis  dominii  possint  uti  et  conversari  ad  omnia  loca 
principatus salvi  et  securi  et  cetera,  tamquam  ipsi  proprii  et  cetera; 
responsum  fuit  per  ipsos  dominos  castellanos  et  sindicos,  quod  ut 
claret  et  videant  manifeste  puram  et  sinceram  dispositionem  ipsius 
ducalis  dominii  et  predictorum  dominorura  castellanorum ,  eadem 


1.  Au  ms.  :  depositi. 

2.  Juncli,  que  l'on  trouve  écrit  aussi  Junci  et  Junchi,  répond  au  Navarin 
moderne,  sur  la  côte  occidentale  de  la  Morée,  au  nord  de  Modon. 


CONCERNANT    DIVERS    PAYS    DE    l/ORIE\T    LATIN.  9-1 

doiniiialio  contenta  est,  sicut  in  dicte  capitulo  continelur,  dummodo 
dicti  mercatores  et  subdili  dicti  diicalis  dominii  non  graventur  ad 
solvendum  datia  vel  gaijellas,  nisi  quod  secundum  consuelum  est 
Suivi  per  pacta  et  conventiones  antiquas. 

5.  Super  quinte  vero  capitulo,  de  facto  monetarum  falsarum  et 
cetera,  responsum  fuit  quod  ipsi  domini  castellani,  nominc  supra- 
dicto,  acceptant  oi^lationeni  factain  in  hoc;  et  niullum  placet  eis 
dispositio  eoruni  que  videtur  esse  bona  et  cum  maxinio  honore  et 
bono,  pro  statu  tolius  patrie.  Et  sic  rogant  eos  tamquam  bonos  ami- 
cos  et  vicinos  observare,  et  invioiabililer  facere  observari. 

G.  Super  vero  sexto  capitulo,  de  debito  ser  Johannis  de  Superantio, 
pro  quo  contenti  sunt  et  ofTerunt  se  soluturos  cum  integritate, 
responsum  fuit,  pro  parte  ut  supra,  quod  esto  quod  istud  sit  justum 
et  ralionabile,  tamen  placeat  ducali  dominio  sincera  dispositio  eorum, 
ipso  dominio  credentc  quod  dicta  efîectualiter  observabunt.  Et  pro- 
pterea  licet  non  sit  expediens,  tamen  rogantur  et  requiruntur  ut 
intuilu  amoris  ducalis  dominii  placeat  eis  sic  facere  et  exequi  cum 
effectu  prout  de  eis  confidunt  et  spcrant,  ut  habcatur  causa  faciendi 
in  casu  simili  erga  suos. 

7.  Super  septimo  autem  capitulo,  de  certis  nostris  Venetis  haben- 
tibus  pheudum  in  principatu,  quos  offerunt  babere  recommissos*  et 
non  permittere  eis  fieri  aliquam  injustitiam  et  cetera;  responsum 
fuit  pro  parte  ut  supra,  rogant  eos,  quod  Veneti  predicti  habeant 
feuda  sua,  et  sint  eis  bénigne  et  favorabiliter  recommissi,  ita  quod 
conserventur  in  juribus  suis,  sicut  justum  est,  et  de  eis  plene  spera- 
tur,  quia  sic  faciendo  continue  augmentabitur  amor  et  benivolentia 
hinc  inde. 

8.  Super  octavo  autem  capitulo,  mentionem  agente  de  securitate 
requisita  alias  pro  mercatoribus  nostris  per  dominum  castellarium 
et  cetera,  responsum  fuit,  nomine  supradicto,  quod  ducalis  domi- 
natio  et  predicti  domini  castellani  certi  sunt  quod  intentio  et  dispo- 
sitio dicti  domini  vicarii  et  aliorum  suorum  de  principatu^  est  quod 
Veneti  et  fidèles  ducalis  dominii  sint  salvi  et  securi,  sicut  debent  esse 
per  pacta  suprascripta,  et  quod  hoc  amplius  ostendent  per  effectum 
operis  temporibus  profuturis;  et  de  hoc  ipsi  domini  castellani  rogant 
et  requirunt  eos  in  quantum  plus  possunt,  ut  efifectualiter  observetur, 

1.  Au  ms.  :  recommissio . 

2.  Au  ms.  :  principatus. 


92  DOCUMENTS 

quia,  versa  vice,  sui  similiter  in  locis  noslris  secundum  formam 
pactorum  predictorum. 

9.  Super  nono  aulem  et  ultimo  capitulo,  faciente  mentionem  de 
damnis  illalis  per  suam  socielatem  in  adventu  eorum  in  principatu 
et  etiam  de  damnis  faclis  post  celebrationem  pactorum,  sunt  contenli 
integraliter  solvere  et  cetera-,  responsum  fuitquodducalis  dominatio 
habet,  quod  usque  nunc  ulla  satisfalio  facta  sit  de  damnis  predictis, 
unde  predicti  domini  castellani,  nomine  quo  supra,  contenti  sunt  et 
placet  eis  quod  pacta  serventur,  et  quod  fiât  sicut  in  dicto  capitulo 
continetur,  quia  juslum  est  et  rationabile  quod  hoc  fiât,  dummodo 
absque  dilatione  temporis  hoc  efi'ectualiter  observetur,  quia  etiam 
super  observatione,  confirmatione  et  declaratione  pactorum,  conven- 
tionum  et  concordiarum  alias  initarum,  factarum  et  firmatarum  per 
egregios  et  nobiles  dominos  Paulum  Marcello  et  Michaelem  Sténo, 
tune,  de  mandato  ducalis  excellentie,  castellanos  Goroni  et  Molhoni, 
cum  egregiis  militibus  domino  Mayoto  de  Gokarellis\  tune  bajulo,  et 
domino  Petro  predicto  de  Sancto  Superano,  et  Perarldo  de  Varnassa 
tune  capitaneo  dicti  principatus,  nomine  eorum  et  omnium  de  socie- 
tate  sua,  ut  constat  publicis  instrumenlis  inde  confectis  et  cetera. 

Ac  super  executione  et  adimplemento  contentorum  et  infrascripto- 
rum  in  instrumentis  ipsorum  pactorum  flnaliter,  Deo  annuente,  par- 
tes predicte,  scilicel  prenominati  domini  castellani,  virtute  sindicatus 
eorum  superius  nominali,  et  prefatus  dominus  vicarius,  etiam  vir- 
tute sindicatus  quem  habet  a  dominis  prelatis,  baronibus,  nobilibus 
et  ligiis  dicti  principatus,  quam  pluribus  buliis  seu  sigillis  pendenti- 
bus  comuniti-,  cujus  quidem^  sindicatus  ténor  per  omnia  talis  est, 
videlicet. 

In  nomine  domini  nostri  Yhesu  Christi,  amen.  Anne  a  Nativitate 
ejusdem  M.CGG.LXXXVIIo,  indictione  décima,  die  quinte  mensis 
julii. 

Notum  sit  cunctis  tam  preseatibus  quam  futuris  quod  nos  Paulus, 
Dei  et  apostolice  sedis  gratta  archiepiscopus  Patracensis,  Matheus, 
eadem  gratia  Tonensis,  Petrus,  eadem  gratia  Coronensis,  et  Franciscus, 
eadem  gratia  Motlionensis,  episcopi;  Erardus  de  Aynoys,  dictus  Mal- 
vus  Sancti  Salvatoris,  Archadie  Aquile  dominus;  Andronictius  Assani 
Zacliarie,  miles,  baronie  Galandrie  dominus,  et  magnus  comestabilis 

1.  Au  ms.  :  Hokarellis. 

2.  Au  ms.  :  comunitate. 

3.  Au  ms.  :  cujuscumque. 


CONCERNANT    DIVERS    PAÏS    UE    l'oRIENT    LATIN.  93 

priacipatus  Achaie^;  frater  Addam  Bulaart,  sacre  domus  llospitalis 
Sancli  «lohannis  Jerosolotnitaai,  prior  prioratus  Francie,  et  Amoree 
preceptor;  frater  Rulli  Strob,  sacre  domus  Sancte  Marie  Teothonico- 
rum  in  dicto  prioratu  preceptor;  Nicolaus  Gurulli,  Johannes  Veristia, 
Gofl'redus  Maleti,  Ricetus  Ricii  miles,  nec  non  Rugerus  de  Navellis, 
cancellarius;  inclitus  de  Jona;  Jacobus  domini  Roberti  Scazani,  dictas 
Rosa  Rosamicha,  Arnaldus  de  Galilia,  Johannes  Supini,  Nicolaus 
Galam,  Dinus  Balsamus  de  Navellis,  Johannes  Gutia^  de  Speleto, 
Anthonius  de  Mino,  Petrus  Gongorii,  Robertus  de  Nichli,  Nicolaus  de 
Tarento,  Georgius  Viristia,  Anthonius  Mazarella,  Sanson  de  Belloloco, 
dictus  li  Frai  ;  Lanzaretus  de  Monfort,  Johannes  Metia,  ligii  priucipa- 
tus  Achaye,  unanimiter  ea  vice,  et  nomine  noslro  et  successorum  no- 
stroruni  quam  patrie  dicti  principatus,  omnibus  modis,  juribus,  formis 
et  causis,  quibus  melius  potuimus,  fecimus  et  ordinavimus  in  nostrum 
et  dicti  principatus  sindicum,  actorem,  factorem,  defensorem  et  nun- 
tium  specialem  et  quicquid  amplius  dici  et  censeri  potest,  magnificum 
et  potentem  virum  Petrum  [de]  Sancto  Superano,  honorabilem  genera- 
lem  vicarium  dicti  principatus,  ad  tractandum,  iniendum,  faciendum 
et  firmaudum  pacta  et  conventiones  cura  egregiis  et  nobilibus  viris 
dominis  Nicolao  Geno  et  Phiiippo  Pisani,  honorabilibus^  castellanis 
Coroni  et  Mothoni,  sindicis  et  commissariis  Venetiarum,  super  certis 
capitulis  assignatis  dudum  viris  nobilibus  Guilielmo  de  la  Foresta  et 
Jacobo  de  Antiochia  de  Gipro,  ambaxiatoribus  nostris  missis  per  nos  '• 
ipsis"^  dominis  et  comunitatibus,  sub  illis  modis,  formis,  conditionibus, 
promissionibus  et  obligationibus  que  dicto  domino  vicario,  nostro  sin- 
dico  et  procuratori,  videbuntur,  ad  obligandum  bona  nostra  et  dicti 
principatus,  pro  observatione  eorum  que  duxerint  promittenda;  cartas 
et  instrumenta  que  pro  predictis  et  singulis  et  dependentibus  et  con- 
nexis  necessaria  et  oportuna  fuerint,  rogandum,  faciendum,  recipien- 
dum  cum  stipulationibus,  promissionibus,  obligationibus,  penarum 
additionibus,  juramenti  prestationibus,  renuntiationibus,  cautellis_  et 
clausulis  oportunis,  et  generaliter  omnia  alia  et  singula  gerendum  et 
faciendum,  que  in  predictis  et  singulis  et  in  dependentibus  et  connexis, 
et  prorsus  extraneis,  necessaria  fuerint  et  etiam  oportuna,  que  nos 
ipsimet  facere  possemus,  si  présentes  essemus  in  illis.  Dantes  et  con- 
cedentes  dicto  nostro  sindico  et  procuratori  in  predictis  et  singulis  et 
in  dependentibus  et  connexis,  et  prorsus  extraneis,  plénum  liberum  et 
générale  mandatum,  ac  etiam  spéciale  ubi  exigitur,  cum  plena,  libéra 

1.  Au  ras.  :  Archadie. 

2.  Quelquefois  Curia, 

3.  Au  ms.  :  honorabUis. 

4.  Au  ms.  :  vos. 

5.  Au  ms.  :  ipsi. 


94  DOCUMENTS 

et  generali  adrainistratione  et  potestate;  promittentes  Qrma,  rata  et 
grata  habere,  tenere  et  perpetuo  observare  quecumque  dictus  noster 
siudicus  et  procurator  in  predictis  et  singulis  et  dopendentibus  et 
connexis  duxerit  facienda,  et  non  contra  facere  vel  venire,  sub  ypoteca 
et  obligatione  omnium  et  singulorum  bonorum  dicti  principatus  et 
nostrorum,  mobilium  et  stabilium,  presentium  et  futurorum.  Unde,  ad 
firmam  niemoriara  omnium  quorum  et  cujuslibet  interest  et  interesse 
poterit  quomodolibet  in  futurum,  fieri  rogavimus  presens  publicum 
instrumentum  et  sigillarum  nostrorum  pendentium  [munimine],  jussi- 
mus  communiri.  Quod  factum  est  per  manus  mei  Johannis  Rostagini, 
de  Neapoli,  publiai  imperiali  auctori[tate]  notarii.  Suprascripta  omnia 
de  mandato  dictorum  dominorum  propria  manu  scripsi  et  publicavi, 
et  in  presenti  instrumente  signum  meum  apposui. 

de  novo,  pro  bono  concordie,  amicitie  et  boni  vicinati  servandi  et 
pro  omni  scandale  el  erroris  materia  tollenda  de  medio,  ad  bas  com- 
positiones,  promissiones  et  conventiones  amicabiliter  ad  invicem 
devenerunt,  remanentibus  tamen  flrmis  et  validis  primis  pactis  et 
conventionibus  antedictis. 

'f .  Primo  naraque  prefatus  dominas  Petrus,  vicarius  et  capitaneus 
generalis,  virtute  sindicalus  predicU,  tam  nomine  suc,  etauctoritate^ 
sui  officii,  quam  etiam  omnium  dominorum  prelalorum,  baronum  et 
ligiorum  dicti  principatus  et  aliorum  omnium  de  sua  compagnia,  et 
omni  modo,  jure  et  forma  quibus  melius  potuit  atque  potest,  pro- 
misit  et  promittit-,  pro  recompensatione  dannorum  illatorum  et 
factorum  subditis  et  fidelibus  ducalis  sublimitatis  horum  locorum 
Coroni  et  iMothoni,  in  accessu  suo  et  socletatis  sue  ad  bas  partes 
principatus,  licet  ipsa  danna  ad  multo  majorera  [summam]  ascen- 
derent,  dare  et  solvere  seu  darl  et  solvi  facere  in  yperpera  quatuor 
milia  bone  monete  predictis  dominis  castellanis,  seu  nunliis  et  pro- 
curatoribus  ipsorum  ad  hoc  constitutis;  quam  quidem  solutionem 
teneatur  et  debeat  idem  dominus  vicarius  integraliter  et  effectuali- 
ter  fecisse  usque  per  totum  mensis  marlii  proxime  futuri,  omni 
occasione  et  exceptione  remotis;  set,  facta  solutione  predicta,  yper- 
pera  quatuor  milia,  nulla  petitio  seu  inquietatio  fieri  debeat  de  dannis 
predictis,  set  totaliler  sint  remissa. 

2.  Secundo,  promisit  et  promittit  idem  dominus  vicarius,  nomi- 
nibus  supradictis,  quod  de  dannis  et  pro  dannis,  derobationibus  et 
violentiis  et  extortionibus  factis  et  illatis  civibus  et  fidelibus  ducalis 

1.  Au  ras.  :  auctoris. 

2,  Au  ras.  :  promiUis  quod. 


CONCERXANT    DIVERS    PATS    DE    L  ORIENT    LATH.  95 

sublimitalis  horum  locorum  per  quemcumque  seu  (luoscumque  de 
compatrnia  sua  seu  de  principalu  post  conlractum  el  celebralionem 
alioruinpaclorumdequibus  legiUime  probalur  coram  judicibuselectis 
seu  depulatibus  (sic)  seu  deputandis  per  partes  facere  seu  fieri  facere 
inlegram  et  plenam  satisfactionem,  emendam  ac  solutionem,  et  puni- 
lionem,  justitiam  et  correctioiiem,  sicuti  negotii  qualitas  exigerit  de 
his  et  super  his,  super  quibus  juslitia  seu  punitio  erit  fienda,  et  suos 
taliter  regulare,  quod  de  cetero  hujusmodi  talia  non  occurrant.  Et 
pro  executione  examinis  et  decisionis  predictorum  dannorum  et  vio- 
lentiarum  et  extorsionura,  ex  nunc  statutus  sit  terminus  inter  partes 
usque  et  per  totum  raensis  augusli  proxime  futurum.  Et  post  deci- 
sionem  et  cognitionem  causarum  et  prolationem  sententiarum,  exe- 
cutio  solutionis  et  satisfa[c]tionis  fieri  debeat  statim  de  rébus  que 
reperirentur.  De  rébus  autem  que  non  reperirentur,  debeat  fieri  exe- 
cutio  solutionis  satisfa[c]tionis  usque  ad  unum  mensem  inde  secutu- 
rum.  Et  si  forte  pars  que  commiscrit  et  intulerit  dannum  seu  vio- 
lentiam  aut  derobalionem,  non  reperirelur  in  principatu,  quod^  de 
suis  bonis  tune  diclus  vicarius  predictus  et  curia  principatus  ex 
nunc  teneantur  et  debeant  et  sint  obligati  facere  dicLani  satisfa[c]tio- 
nem,  emendam  et  solutionem,  usque  ad  terminum  duorum  mensium 
post  sententie  prolationem.  Et  e  converso  predicti  domini  castellani 
et  sindici  promiserunt  el  promittunt  facere  et  servare  in  omnibus  et 
per  omnia  sua  parte. 

3.  Tertio,  promisit  et  promittit  prefatus  dominus  vicarius,  nomi- 
nibus  supradictis,  de  faciendo  statim  poni  et  reduci  in  realem  et  cor- 
poralem  possessionem  omnes  Venelos  subditos  et  fidèles  ducalis  emi- 
nentie,  quoquo  modo  a  tempore  adventus  dicli  domini  vicarii  et 
societatis  sue  in  bac  patria  principatus  citra,  de  territoriis,  vineis, 
campis,  viridariis,  doraibus,  molendinis  et  aliis  rébus,  literis- et 
extractis  de  pheudo,  habitis  et  oblenlis  ad  appaclum,  per  redificatio- 
nem  seu  recognitionem  vel  aliter  quoquo  modo,  non  intelligendo  in 
hoc  paysanos  seu  alios  de  principatu  qui  venissent  habilalum  in  his 
locis  nostris  postquam  diclus  dominus  vicarius  cum  societale  sua 
intravit  in  principatu,  et  non  intelligendo  etiam  de  pheudis  integris, 
verum  post  reductionem  in  possessione  predicta,  hujusmodi  taies 
reducti  quando  fuerint  vocati,  teneantur  ire  et  comparere  ad  docen- 
dum  et  ostcndendum  de  juribus  el  titulis  suis  ad  illam  curiam,  ad 
quam  cognoscendum  speclabit,  promittentibus  partibus  superinde 

1.  Au  lus.  :  aut. 


96  DOCDMENTS 

facere  plénum  jus.  Et  e  converso  predicli  domini  castellani  et  sindici 
sic  observare  etadimplere  promiserunt  et  promittunt  ex  parte  eorum. 

4.  Quarto,  prefatus  dominus  vicarius  promisit  et  promittit,  nomi- 
nibus  quibus  supra,  de  faciendo  ac  fieri  faciendo  omnibus  Venelis  et 
subditis  et  fidelibus  ducalis  dominii  debentibus  recipere  et  habere 
ab  omnibus  suis,  tam  de  principatu,  quam  de  societate  sua,  pro  debi- 
tis  specialibus  contraetis  antea  et  posl  pacta  primitus  habita  plénum 
et  sumarium  jus,  sicut  fit  suis  per  dominos  castellanos  et  fieri  pro- 
mittitur.  Et  e  converso  predicti  domini  castellani  et  sindici  promise- 
runt et  promittunt  facere  et  adimplere  per  totum. 

5.  Quinto,  super  facto  lundi  et  aliorum  locorum  principatus  non 
dandorum  seu  tradendorum  alicui  inimico  ducalis  dominii,  juxta 
expositionem  ambaxiate  facte  ducali  dominio  per  ambaxiatores  prefati 
domini  vicarii  et  cetera,  idem  dominus  vicarius,  nominibus  supra- 
dictis,  promisit  et  promittit  dictis  dominis  castellanis,  velut  sindicis 
ducalis  dominii  et  comunitatis  Venetiarum,  de  non  dando  seu 
transferrendo  dictum  locum  lundi  seu  aliquem  alium  locum  prin- 
cipatus alicui  inimico  ejusdem  ducalis  dominii,  seu  alicui  persone 
suspecte  ipsi  dominationi  ducali;  nec  etiam  in  manibus  alicujus  per- 
sone que  videatur  arnica  ejusdem  dominationis,  per  quam  postmodum 
dictus  locus,  seu  alia  loca  predicta,  possent  pervenire  in  poteslate  et 
libertate  persone  inimice  et  suspecte  ipsi  dominationi,  exceptando  in 
hoc  dominum*  naturalem  ad  quem  cum  justo  titulo  deveniret  domi- 
nium  hujus  principatus.  Et  si  per  modum  venditionis  seu  Iransla- 
tionis  pecuniarie,  aut  alio  quocumque  modo,  dictus  locus  lundi 
nominati  seu  alia  loca  principatus  deberent  in  alios  transferri,  promi- 
sit et  promittit  dictus  dominus  vicarius,  nominibus  anledictis,  de 
notificando  hoc  ducali  dominio,  seu  dominis  castellanis  presentibus, 
aut  successoribus  suis,  et  facere  cum  effectu,  ut  eadem  dominatio  sit 
primitiva  ad  volendum  et  possendum  habere  dictum  locum  seu  loca; 
promittentibus  ob  hoc  ei[s]dem  dominis  castellanis  et  sindicis  diclo 
domino  vicario  de  servando  pacem  et  concordiam  cum  ipso  et  aliis 
de  sua  societate  et  de  Iota  patria  omni  tempore;  et  quod  non  dabitur 
favor  alicui  persone  que  vellet  expellere  dictum  dominum  vicarium 
cum  societate  sua  de  principatu  ;  salvo  si  non  est  dominus  naturalis 
privatus  qui  cum  voiuntate  dicti  domini  vicarii  et  societatis  sue  intra- 
ret  ad  obtinendum  dominium  dicti  principatus. 

6.  Insuper  promisit  dictus  dominus  vicarius  procurare  et  facere  cum 

i.  Au  ms.  :  dominium. 


CONCERXANT    DIVERS    PAYS    DE    l'oRIE.NT    LATIN.  97 

elTeclu  quod  dominus  Arardus,  dominus  Arcliidiaconus  et  dominus 
Andronicus  Assam  Zacliarie  ponant  sigilla  sua  in  sindicalu  fado 
eidom  domino  vicario  scu  ratificahunl  el  approbaliunt  et  observarc 
promiLlcnt  pcr  inslrumcnluin  auLcorum  liLeras  el  scripturas  auclcn- 
ticas  promissiones,  conventiones  et  compositiones  omnes  superius 
annotatas.  Quas  quidem  conventiones,  compositiones  el  promissiones 
et  omnia  et  singula  suprascripta  partes  predicte,  videlicet  prenomi- 
nali  domini  castellani  et  sindici,  virtute  et  potestate  eorum  sindicatus 
superius  annotati,  pro  se  ac  vice  et  nomine  prelibati  domini  ducis  et 
comunilalis  Veneliarum,  et  prenominatus  dominus  vicarius  et  capi- 
taneus  generalis  prenominali  principatus,  pro  se  ac  vice  el  nomine 
omnium  prelatorum,  baronum,  nobilium  et  ligiorum  ejusdem  prin- 
cipatus ac  omnium  et  singulorum  de  societate  sua,  virtule  et  potestate 
prenominali  sindicatus  sui,  promiscruntad  irivicem,  scilicct  una  pars 
alteri  et  altéra  alteri,  allendere,  jurare  et  fideliter  et  inviolabiliter 
observare  et  adimplere,  et  non  contra  facere  vel  venire  aiiqua  ratione 
vcl  causa  per  uUum  ingenium  sive  modum  ;  hoc  tamen  expresso  et 
declaralo  inler  partes  predictas  quod  alia  prima  pacta  aliarum  con- 
cordiarum  et  conventionum  alias  initarum  et  firmalarum,  ut  superius 
scriplum  est,  firma  et  valida  persislanl,  in  sui  roboris  firmitate,  qui- 
bus  ambe  parles  predicte  nullatenus  derogare  inlendebanl,  et  si  in 
aliquo  conlrafieret  ipsis  primis  pactis  et  etiam  bis  novis  conventio- 
nibus  el  promissionibus,  debeal  fieri  emenda  et  satisfatio  per  partes, 
secundum  formam  ipsorum  primorum  pactorum  eteliam  hujusmodi 
novorum  nec  intelligatur^  propterea  pacem  seu  concordiam  fractam 
fore.  Obligaverunt  etiam  se  parles  superius  nominale  omnia  el  sin- 
gula supradicla,  ut  dictum  est,  plene,  firmiler  et  integraliler  obser- 
vare sub  pena  mille  ducatorum  auri  boni  et  justi  ponderis,  solvenda 
per  parlem  inobservantem  parti  observanti  et  observare  volenti.  Que 
quidem  pena  loliens  commilti  et  exigi  valeal  cum  elTeclu  quotiens 
fuerit  conlrafaclum.  El  pena  solula  vel  non,  nichilominus  tam  prima 
pacta,  quam  cliam  bec  nove  conventiones  suprascriptc  et  omnia  alia 
et  singula  superius  annolala  firma  et  firme  ac  inviolabiles  perma- 
neant  el  existant. 

Etiam,  pro  observatione  el  super  observalionem  inviolabilem 
omnium  el  singulorum  pactorum,  conventionum,  promissionum, 
obligationum  superius  annotatorum,  prenominali  domini  castellani 
et  sindici,  pro  se  et  nominibus  supradictis,  nec  non  prenominatus 

1.  Au  ms.  :  intelligantur . 

^897  7 


98  DOCDMENTS 

dominus  vicarius  el  capitaneus  generalis,  pro  se  et  nominibus  ante- 
diclis,  lactis  sacris  scripluris  corporaliler,  juraverunt  Lam  in  animas 
ipsoram  quam  eliam  omnium  consliLuenLium  predictoruni  ac  alio- 
rum  omnium  quorum  inLcresl  vel  intéresse  poterit  quornodoliliet  in 
futurum,  se  perpétue  servaturos  et  adimpleturos  omnia  et  singula 
suprascripla. 

De  quibus  omnibus  et  singulis  superius  annotatis  et  scriptis  partes 
predicte  rogaverunt  fieri  unum  et  plura  instrumenta  ejusdem  teno- 
ris,  eorum  bullis  pendentibus  communita,  tara  per  circumspectum 
etsapientem  virum  ser  Stephanum  Giera,  honorabilem  caneellarium 
Coroni  et  Mothoni,  et  venerabilem  virum  dorainum  Andream  Mala- 
carne,  archidiaconum  Coronensem  et  notariura,  quam  etiam  per 
providum  et  discretum  virum  ser  notarium  Jobagneilura  Rostagnani 
de  Neapoli,  et  me  Michaletum  Marcello,  notarium  et  scribam  curie 
Motboni.  Qui  quidem  dominus  cancellarius  et  nolarius  superius 
nominati  rogati  fuerunt  de  ipsius  instrumentis  conficiendis  et  in 
forma  pubblica  prout  oportunum  fuerit  redigendis,  in  presentia 
testium  infrascriptorum. 

Actura  Motboni  in  palatio  majori  comunis,  presentibus  reverendo 
in  Gbristo  pâtre  domino  fratre  Petro,  Dei  et  apostolice  sedis  gratia 
dignissimo  episcopo  Coronensi,  nec  non  nobilibus  et  sapientibus 
domino  Nicolao  Gbutroli,  milite,  domino  Marco  Cuppo  de  Venetiis, 
Rogeriode  Novella,  cancellario  principatusAchaye,  et  venerabile  viro 
domino  Marco  de  Abbatibus,  canonico  Mothonense,  domino  Simone 
Deiphino,  testibus  ad  hoc  vocatis  specialiter  et  rogatis,  et  aliis  quam 
pluribus. 

Ego,  Michaletus  Marcello,  ser  Constantii  Marcello,  de  Motbono, 
publicus  impérial!  auctoritate  notarius,  nec  non  judex  ordinarius, 
omnibus  et  singulis  suprascriptis,  una  cum  nominatis  testibus  ac 
notariis,  presens  fui  et,  rogatus,  scripsi  et  publicavi,  meum  signura 
solitum  apponendo.  Insuper,  interlineatum  legitur  et  firmandum,  et 
alibi  ubi  legitur  omnium,  et  alibi  ubi- legitur  pro  dannis^  interlinea- 
tum et  emendatum  est  per  me  dictum  notarium,  non  vitio  set  cau- 
saliter. 

III. 

i390,  22  mai.  Dans  la  campagne.,  à  deux  milles  du  château 
d'Avosticia. 

Traité  conclu  entre  Philippe  Pisani,  châtelain  de  Modon  et  Coron, 


CO.VCERNAXT   DIVERS    PAYS    DE    l'oRIEM    LATIN.  99 

Michel  Contarini  et  Gabriel  Emo,  provéditeurs  vénitiens  en  Roma- 
nie,  mandataires  de  la  république  de  Venise,  d'une  part;  Néri  Accia- 
iuoli,  seigneur  de  Corinthe,  d'autre  part;  et  Azan  Zaccaria,  grand 
connétable d'Achaïe,  de  troisième  part;  en  présence  de  Pierre  de  San 
Superano,  vicaire  général  de  la  principauté  d'Achaïe,  et  autres  sei- 
gneurs; dans  lequel  Néri  Acciaiuoli,  encore  prisonnier  de  Pierre  de 
San  Superano  et  d'Azan  Zaccaria,  s'engage  à  faire  remettre  au  pou- 
voir des  A'énitiens,  à  Nègrepont,  sa  fille  Françoise,  comme  gage  et 
caution  de  Tobligation  qu'il  prend  de  faire  rendre  aux  Vénitiens,  de 
gré  ou  de  force,  la  ville  et  le  château  d'Argos,  actuellement  occupés 
par  le  despote  de  Morée  Théodore  Paléologue  ;  il  promet,  en  outre, 
de  rendre  la  ville  de  Mégare  aux  Vénitiens  dès  sa  mise  en  liberté,  et 
avant  même  sa  libération  si  sa  femme  y  consent  ;  ses  engagements 
une  fois  accomplis,  Néri  Acciaiuoli  devra  rentrer  en  possession  de  la 
ville  et  de  la  seigneurie  de  Corinthe,  avec  ses  dépendances  sur  les 
territoires  d'Argos  et  de  Nauplie,  telles  qu'il  les  a  possédées  du  temps 
où  Pierre  Cornaro  était  seigneur  d'Argos  et  de  Nauplie  ' . 

(Archives  de  Venise,  Commemoriali,  VIII,  fol.  180.) 

In  nomine  Domini,  Amen.  [Anno]  millesimo  trecentesimo  nonage- 
simo,  die  vigesimo  secundo  mensis  maii,  indictione  xiii^,  pênes 
castrum  Avosticie,  longe  ab  ipso  per  miliaria  duo  vel  circha. 

Questi  son  li  pati  fati  et  contrati  intro  li  egregii  et  nobili  signori, 
messer  Phylipo  Pisani,  castellan  de  Modon  et  de  Coron,  e  Michiel 
Gontarini  et  Gabriel  Emo,  cavaler,  provedidori  in  le  parte  de  Roma- 
nia,  de  comandamento  del  serenissimo  miser  lo  doxe  et  de  la  segno- 
ria  de  Venexia,  da  una  parte;  el  magnifico  et  egregio  miser  Nery 
Azayoli,  signor  de  Coranto  et  cetera,  da  l'altra  parte;  el  magnifico 
miser  Asanio  Zacharia,  gran  Contestabelle  de  la  Amorea,  da  la  lerza 
parte;  ay  quai  pati  et  convention  fo  presenti  el  magnifico  et  egregio 
miser  Piero  de  San  Sovirano,  gênerai  vicario  del  principado  de 
Achaya,  Emoyno  de  Polay,  et  ser  Zian  Gotie  de  Speleta^,  et  Beltra- 
neto  de  Salachaia,  et  Rodies  de  Haariro. 

1,  Voy.  Predelli,  t.  III,  p.  20G,  n"  343.  Le  texte  du  traité  est  précédé  dans 
le  registre  de  la  mention  suivante  :  Copia  pacii>rum  jinnalorum  inter  viros 
nobiles  ser  Phylippum  Pisani,  caslellanum  Coronensein  el  Mothonensem, 
ser  Michaelem  Contareno  et  ser  Gabrietem  Aijmo  militem,  provisores  in  par- 
tibus  Homanie,  el  magnificum  dominum  lyeriitm  de  Azaiolis,  ac  dominum 
Asaniuni  Zacharia,  comeslubilem  Amorce. 

2.  Précédemment  (p.  93)  Johannes  Cutia  de  Speleto.  Les  Espeleta  sont  une 
famille  noble  de  Calaloune. 


î  00  DOCDMENTS 

-1 .  *  Primo.  Prometto,  io  Nery  dei  Azaioli  2,  avanti  ch'io  exia  de  forza, 
podesLà  e  man  de  miser  lo  vicario  de  Acliaia  el  de  miser  Anzanio 
Zacharia  over  de  la  soa  compagnia,  che  io  darô  0  farô  dar  el  assignar 
in  man  et  podeslade  e  forza  de  miser  lo  doxe  e  de  la  signoria  de 
Veniexia  0  dey  signori  provededori,  per  so  nome  recevando,  mia  fiola 
Francesca,  per  hostazio  et  segurtade  de  le  infrascripte  promission 
fate  ala  dita  signoria  per  io  Nery,  la  quai  mia  fiola  debia  star  in 
Negroponte,  in  forza  de  la  dicta  signoria,  fin  che  la  dila  signoria 
avéra  habudo  el  castello  e  la  citade  de  Argos,  con  le  raxon  et  perti- 
nent! e  suo^. 

2.  Item,  che  la  dicta  mia  fiola,  per  uno  anno,  computado  dal  dl 
présente  in  avanti,  debia  star  per  ostazio  e  segurtade  di  pati  i  quai 
io  Nery  ô  promesso  a  miser  lo  vicario,  a  miser  Asanio,  c'ali  alteri  de 
la  soa  compagnia,  in  man  et  forza  et  podestade  de  la  signoria  de 
Veniexia. 

3.  Item,  in  caso  che  la  signoria  de  Veniexia  avesse  el  castello  e  la 
citade  de  Argos  avanti  el  complimento  del  anno  predicto,  et  io  Nery 
non  atendesse  le  cose  promesse  a  miser  lo  vicario,  a  miser  Ansanio, 
c'ay  altri  de  la  soa  compagnia,  la  signoria  de  Veniexia  sia  legnudaet 
debia  dar  e  assignar  a  miser  lo  vicario,  0  a  miser  Ansanio,  over  a  y 
altri  de  la  compagnia,  mia  fiola  predicta.  Veramente  se  passado  l'anno, 
la  dicta  mia  fiola  se  Irovasse  esser  in  man  de  la  signoria,  habudo  la 
dicta  signoria  Argos,  la  signoria  debia  renderme  la  dicta  mia  fiola, 
fazando  mi  Nery  a  miser  lo  vicario  quietatiom  de  le  promission  facte 
per  luy  a  mi  per  questo  fato  de  mia  fiola;  et  se,  avanti  l'anno,  io 
avesse  ayteso  e  observado  si  a  la  signoria,  como  a  miser  lo  vicario, 
e  a  miser  Ansanio  c'ay  altri  de  la  compagnia  soa  quello  io  ô  promesso, 
debia  la  signoria  predicta  restituirme  mia  fiola. 

3.  Item  prometo,  io  Nery  dei  Azaioli,  che  avanti  che  io  exia  de 
podestade  et  de  baylia  de  miser  lo  vicario,  de  miser  Ansanio  e  dei 
altri  de  soa  compagnia,  farô  dar  c'asignar  in  le  man  e  baylia  de  la 
signoria  de  Veniexia  0  dei  signor  provididor  per  so  nome  el  castello 
e  la  terra  de  la  Megra-*  con  le  raxon  e  pertinenze  suo.  E  questo  farô 
far  a  mia  possa.  Veramente,  se  avanti  che  sia  libero,  non  porô  far 
questo,  perche  mia  moier  non  voya  dar  lo  dicto  logo,  prometo  che, 

1.  Les  chiffres  ne  sont  pas  à  l'original. 

2.  Au  ms.  :  de  laznioli. 

3.  Argos  était  alors  occupée  par  le  Despote  de  Morée,  ou  Despote  de  Mistra, 
Théodore  P'  Paléologue,  fils  cadet  de  l'empereur  Jean  V. 

4.  Mégare. 


CONCERNANT   DIVERS    PAYS   DE   l'oRIENT   LATIN.  JOI 

subito  como  serô  insido  de  man  de  miser  lo  vicario  el  de  miser  Aiisa- 
nio  et  dei  allri  de  la  compagnia,  io  darô  c'asignerô  in  forza  de  la 
signoria  o  dei  signor  provididor  predicti  el  dito  castello  e  la  terra  de 
la  Megra,  con  le  so  perlinenze  et  raxon.  Et  diebasse  guardar  a  le  mie 
spexe,  romagnando  a  mi,  oltra  quele,  tute  altre  intrale  e  rendede.  El 
quai  castello  e  terra  de  la  Megra,  con  le  suo  raxon  e  pertinenze, 
debia  tegnir  et  possider  la  signoria  de  Veniexia  fin  tanto  che  la  haverà 
habudo  Argos,  el  che  a  la  varda  dei  dicto  logo  per  la  signoria  se  debia 
deputar  ser  Anzolo  Permarin,  e  se  luy,  per  algun  caso,  esser  non 
podesse,  altry  che  plasesse  a  la  signoria  ;  e  oltra  quello,  possa  la  signo- 
ria deputar  per  la  guardia  de  quello  logo  quey  balestrieri  e  homeni 
d'arme  li  plaxerà,  a  tute  mie  spexe. 

\.  Item  che,  habudo  la  signoria,  el  castello  e  la  citade  de  Argos,  el 
dicto  castello  et  la  terra  de  la  Megra  debia  esser  a  la  condition  de  mia 
fiola,  como  se  conten  de  sopra,  per  segurtade  de  miser  lo  vicario  e  de 
miser  Ansanio  et  de  la  soa  compagnia. 

5.  Item,  prometo  che,  avant!  che  io  exia  de  forza  de  miser  lo  vica- 
rio et  de  miser  Ansanio  e  dei  altri  de  la  soa  compagnia,  che  darô  o 
farô  dar  in  le  man  e  baylia  de  la  signoria  de  Veniexia  o  dei  signor 
provididor,  tute  quelle  mie  mercadantie  le  quai  al  présente  se  Irova 
in  Goranto,  le  quai  la  signoria  debia  far  vender  e  i  deneri  tegnir 
apresso  dessi  per  segurtade,  fin  che  la  signoria  haverà  habudo  Argos; 
el  quai  habudo,  la  signoria  debia  restituirme  1  dincri  i  quai  de  la  dita 
mercadantia  sera  slado  Irati. 

6.  Item,  prometo,  quando  serô  ensido  de  la  podeslade  e  baylia  de 
miser  lo  vicario  e  de  miser  Ansanio  e  i  altri  de  la  so  compagnia,  pro- 
curar  con  miser  lo  despoti  de  la  Amorea,  de  piano  et  equo,  chel  resti- 
tua liberamente  el  castello  e  la  citade  de  Argos,  con  le  raxon  e  per- 
tinencie  suo  ala  signoria  de  Veniexia.  Et  se  questo  non  porô  otegnir, 
e  la  signoria  vorà  aquistar  el  dicto  logo  de  Argos  con  le  suo  raxon  e 
pertinenze  per  forza,  io  prometo  ad  ogni  réquisition  de  la  signoria 
de  Veniexia  muover  e  far  guerra  con  tute  mie  force  et  possanza  con- 
tra miser  lo  despoti  di  la  Morea,  fin  tanto  che  la  dicta  signoria  haverà 
recuperado  Argos,  con  tute  so  raxon  e  pcrtincncie. 

7.  Item,  che,  habudo  el  dicto  logo  de  Argos  per  la  signoria,  como 
è  dito,  io  debia  possider  i  mie  béni  e  haver  h  rendede  de  quelli  i 
quai  digo  esser  de  la  castellania  de  Goranto,  sovra  el  territorio  de 
Argos  e  de  Napoh,  per  quel  modo  e  quelle  condition  con  le  quai  io 
haveva  e  possideva  al  tempo  che  miser  Piero  Corner  iera  signor  de 
Argos  et  de  Napoli. 


J  02  DOCUMENTS 

8.  Item,  che  la  mia  fiola  c  la  Megra  non  possa  esser  reLegnuda  ne 
inpazada  par  debito,  ne  per  allra  caxon,  se  non  per  lo  caslello  e  la 
cilade  de  Argos. 

9.  Item,  prometo,  io  Nery,  far  che  miser  Sarasin  de  Sarasini  farà 
scriver  a  la  cancellaria  de  Negroponte  uno  de  so  fioli  per  ostazo  e 
segurtade,  per  anni  do,  compulando  dal  dl  présente  inanzi,  che  io 
atenderôa  Beltraneto  quello  che  io  li  ô  promesso.  E  se  miser  Saraxin 
questo  non  vora  far,  son  contento  che  mia  fiola  sia  ostazo  e  segurtade 
in  man  de  la  signoria  de  Veniexia,  con  quelle  condicion  et  pati  che  la 
die  star  per  quelle  cosse  che  io  ho  promesso  a  miser  lo  vicario  e  a 
miser  Ansanio  e  ai  altri  de  la  compagnia. 

Nuy,  castellan  e  provededori,  prometemo  che,  assignada  la  fiola 
de  miser  Nery  e  el  castello  e  la  terra  de  la  Megra,  con  so  raxon  et 
pertinentie,  in  baylia  et  forza  de  la  signoria  de  Veniexia,  o  nostra  per 
so  nome,  la  signoria  farà  chalar  et  abassar  el  ponte  de  Negroponte  ^  -, 
et  che  tuti  mercadanti,  con  suo  mercadantie  o  chose,  pora  trafegar 
et  andar  seguramente  como  podeva  avantiqueste  novitade  peritempi 
passadi,  segondo  usanza. 

10.  Ansanio  Zacharia,  prometo  non  lassar  may  in  soa  liber tade 
miser  Nery  dei  Azaioli  fin  che  soa  fiola,  madona  Francescha,  non  sera 
in  Negroponte,  in  forza  de  la  signoria  de  Veniexia.  E  como  la  sarà 
là,  voyo  esser  in  mia  libertade  de  far  de  miser  Neri  quello  io  posso 
far  al  présente.  Et  questa  promission  fazo  de  voluntade  e  consenti- 
mento  de  miser  Neri. 

Ego,  Bernardus  de  Andalo,  notarius  et  cetera. 

Io,  Neri  Azayoli,  signor  de  Goranto  et  cetera,  confermo  et  prometo 
tuto  quello  che  di  sopra  è  scripto;  et  pro  magiore  confirmatione  ô 
bollato  la  présente  scriptura  de  mia  boUa,  et  fato  sacramento  sora  de  cio. 

Io,  Asam  Zacharia,  gran  conestabile  de  la  Morea,  prometo  e  con- 
fermo zo  che  de  sopra  è  scripto,  che  pertegna  a  mi  per  consentimento 
de  miser  Neri  e  volentado  e  bollato  de  mio  vizo^. 

IV. 

4396,  4  juillet.  Au  palais  ducal,  à  Venise. 
En  présence  d'Antoine  Venier,  doge  de  Venise,  et  des  notaires 

1.  Le  pont-levis,  qui  complète  le  pont  construit  sur  l'Euripe,  pour  faire  com- 
muniquer l'Eubée  avec  le  continent. 

2.  Sous  mes  yeux. 


CONCERNANT    DIVERS    PAYS   DE    l'oRIENT   LATIN.  -103 

publics  convoqués  spécialemenl  au  palais  ducal,  André  Gonlarini  et 
Jacques  Zane,  sages  des  Ordres,  représentant  les  intérêts  de  la  répu- 
blique de  Venise,  d'une  part;  et  Marc  degli  Abbati,  chanoine  de 
Modon,  et  Etienne  Gohilli,  chevalier  lige  de  la  principauté  d'Achaïe, 
mandataires  de  Pierre  de  San  Superano,  prince  d'Achaïe,  d'autre 
part;  ratifient,  premièrement,  le  traité  intervenu,  le  samedi  -18  jan- 
vier ■J3S2,  entre  les  châtelains  de  Coron  et  Modon,  agissant  au  nom 
de  la  république  de  Venise,  et  Maiotto  Goccarello,  baile  impérial 
d'Achaïe  et  de  Lépanle,  agissant  en  commun  avec  Pierre  Bordo  de 
San  Superano,  alors  capitaine  impérial  de  la  principauté  d'Achaïe,  et, 
secondement,  les  additions  apportées  à  ce  traité  par  l'accord  du 
26  juillet  1387  ^. 

(Archives  de  Venise,  Commemoriali,  IX,  fol.  15  v.) 

In  Ghristi  nomine,  Amen.  Anno  Nativitatis  ejusdem  millesimo 
trecentesimo  nonagesimo  sexto,  indictione  quarta,  in  die  decimo 
mensis  julii. 

Gum  alias  ^  in  millesimo  trecentesimo  octuagesimo  secundo,  indi- 
ctione quinla,  die  sabati,  decimo  octavo  mensis  januarii,  inter  egre- 
gios  et  nobiles  viros,  dominos  Paulum  Marcello  et  Michaelem  Sté- 
no, pro  ducali  mandato  comunis  Veneciarum,  Goroni  et  Mothoni 
honorabiles  castellanos,  nomine  et  pro  parte  serenissimi  et  excel- 
lentissimi  domini  ducis  et  comunis  Venetiarum,  seu  sapientem  et 
circumspeclum  virum,  ser  Stephanum  Giera,  honorabilem  cancella- 
rium  locorum  predictorum,  sindicum  et  ambassiatorem  dominorum 
castellanorum  prescriptorum  ex  una  parte;  et  egregium  ac  genero- 
sum  militem  dominum  Maiottum  de  Ghocharellis,  honorabilem  baju- 
lum  imperialem  principatus  Achaye  et  civitatis  Ncopanti,  necnon 
egregium  et  nobilem  virum  Pelrum  diclum  Burdum  de  Sancto  Supe- 
rano, honorabilem  imperialem  capitaneum'  dicli  principatus,  tam 
nomine  suorum  officiorum  predictorum,  quam  etiam  eorum  nomine 
proprio  et  speciali  et  tanquam  private  persone  pro  se  et  pro  parte, 
vice  et  nomine  domini  Peraldi  de  Varnassa,  honorabilis  capitanei 

1.  Voy.  Predelli,  Libri  Commemoriali,  t.  III,  p.  2i0,  n°  31.  —  Le  lexle  est 
précédé,  dans  le  registre,  du  titre  suivant  :  Inslrumenlam  ratificalionis  fade 
per  sindicos  et  procuralores  mugnifici  domini  Peiri  de  Sanclo  Huperano,  Ssuper 
concordio  facto  de  denariis  {damnis)  existenlibus  inter  ipsum,  et  dominum 
Mariotum  de  Cocharellis,  et  cetera. 

2.  Au  ms.  :  alia. 

3.  Au  ms.  :  capitaneus. 


^04  DOCDMENTS 

imperialis,  ac  omnium  aliorum  et  singulorum  de  sua  compagnia  ex 
altéra,  conlracLa  fuerinl  et  firmata  cerla  pacta  et  nonnulle  conven- 
tiones  pro  quiète  et  pace  servandis'  inter  partes  predictas,  ut  patet 
pubblico  inslrumento  superinde  confecto,  de  quo  rogati  fuerunt  pro- 
vidi  viri  Andréas  Malecarne  de  Yeneciis,  archidiaconus  Goronensis 
ecclesie,  et  Johannes  Rostagni  de  Neapoli,  imperiali  auctoritate  nota- 
rii  publici,  que-  pacla  et  conventiones  successive  postea  M.  CGC. 
LXXXVII.,  indictione  décima,  die  xxvi  mensis  julii,  cum  aliquibus 
additionibus  et  capitulis,  per  egregios  et  nobiles  viros  dominos  Nico- 
laum  Geno  et  Philippum  Pisani,  honorabiles  tune  castellanos  Goroni 
et  Mothoni,  virtute  sindicatus  et  mandati  habiti  ex^  serenissimo  et 
excellentissimo  domino,  domino  Anthonio  Venerio,  Dei  gralia,  inclito 
Veneciarum  duce,  et  comuni  Veneciarum,  nomine  et  pro  parte 
ipsorum  ;  et  magnificum  ac  potentem  virum,  dominum  Petrum  de 
Sancto  Superano  predictum,  tune  generalem  vicarium  dicti  principa- 
tus,  ac  sindicum  et  procuratorem  omnium  dominorum  prelatorum, 
baronum  et  ligiorum  ipsius  principatus  Acliaye,  quorumcumque 
etiam  aliorum  de  sua  compagnia,  vice  et  nomine  eorum  omnium 
confirmata  et  applicata  fuerunt,  ut  patet  publico  instrumento  scripto 
per  providum  virum  Michaletum  Marcello  ser  Gonstantii  Marcello, 
de  Mothono,  imperiali  auctoritate  notarium  publicum  ;  ex  nunc 
comparuerint  et  compareant  ad  presentiam  dicti  serenissimi  et  excel- 
lentissirai  domini  duels  et  sui  consilii  venerabiles  nobiles  viri  domi- 
nus  Marcus  de  Abbatibus,  decanus  et  canonicus  Mothonensis''  et 
Stephanus  Gohilli,  ligius  principatus,  sindici,  procuratores,  actores, 
factores,  oratores  et  nuntii  spéciales  magnifici  et  potentis  domini 
Pétri  de  Sancto  Superano,  Achaye  principis,  ut  patet  publico  docu- 
mento  scripto  manu  providi  viri  Johannis  Rostagni  de  Neapoli, 
publica  imperiali  auctoritate  notarii,  in  M.GGG.LXXXV,  indictione 
incerta,  die  primo  mensis  marcii;  et  inter  alia  requisiverint  ipsum 
dominum  ducem  et  suum  dominium  de  approbatione  et  ratiffica- 
tione  pactorum  predictorum,  cum  para-ti  sint,  nomine  et  pro  parte 
domini  sui  domini  principis  predicti,  facere  illud  idem;  quod  ipse 
illustris  dominus  dux  et  suum  consilium,  ob  contemplatione[m]  ipsius 
domini  principis  et  conservalionem  quietis  et  pacis,  benivolentie  et 


1.  Au  ms.  :  provandi. 

2.  Au  ms.  :  qiiem. 

3.  Au  ms.  :  et. 

h.  Au  ms.  :  Mothonensi. 


CONCERNANT    DIVKRS    PAYS    DE    l'oRIENT    LATIN.  ^05 

amoris  inler  parles  oblulerunl  facere  fore'  dispositos  et  paralos-, 
idcirco  nobiles  et  sapicnlcs  viri  domini  Andréas  Contareno,  domini 
Joliannis  Sancli  Felicis,  el  Jacobus  Zane,  quondam  domini  Laurenlii, 
nunc  in  officio  Sapienlum  ordinum^  dicli  comiinis  Veneciarum  sin- 
dici,  adores,  factores,  procuratores  et  nuntii  spéciales  dieti  domini 
ducis  et  comunis  Veneciarum,  habentes  ad  infrascripla  el,  alia  exer- 
cenda  plénum  et  sufficiens  mandaLum,  uL  constat  publiée  instru- 
menlo'sindicalus  et  procuratoris,  scriplo  manu  providi  viri  Pétri  de 
la  Costa,  imperiali  auctorilale  notarii  et  ducatus  Veneciarum  scribe, 
in  suprascriptis  millesimo  indicione  et  mense,  die  vero  nono,  a  me 
nolario  infrascripto  viso  et  lecto,  ab  una  parte;  et  predicti  venera- 
biles  et  nobiles  viri  dominus''  Marcus  de  Abbatibus,  decanus  etcano- 
nicus  Mothonensis,  etSlepbanusGohilli,  ligius  principalus,  habentes 
similllcr  ad  infrascripla  exercenda  spéciale  el  sufficiens  mandatum, 
ul  palet  in  instruraenlo  predicto,  a  me  nolario  infrascripto  similiter 
viso  et  lecto,  a  parte  altéra;  sponte  et  ex  certa  animi  scienlia  et 
omnibus  modis,  formis,  juribus,  causis  quibus  melius  poluerunt  et 
possunt  ipsa  instrumenta  paclorum  et  conventionum  alias  inila, 
facla  et  firmata  inter  partes  de  quibus  semper  fil  mentio,  et  omnia 
et  singula  in  suprascriptis  instrumenlis  contenta,  in  presenlia  mei 
notarii  infrascripti  velut  persone  pubblice  stipulantes,  recipientes  '* 
nomine  et  vice  omnium  et  singulorum  quorum  interest  vel  interesse 
possit,  ac  testium  infrascriptorum,  laudavcrunt,  admiserunt,  appro- 
baverunt,  confirmaverunt  et  emologaverunt,  atque  ratificant,  lau- 
danl,  admittunt,  approbant  et  confirmant,  promiltentes,  tam  nomine 
suo  quam  illorum  omnium  quorum  sunt  procuratores  et  sindici, 
ipsa  pacta  et  omnia  et  singula  capitula  in  instrumenlis  contenta  fir- 
miter  allendere  el  observare  et  attendi  et  observari  facere,  sine  aliqua 
exceplione  vel  dolo,  el  non  contra  facere  vel  venire  aliqua  ratione 
vel  causa,  modo  vel  ingenio,  de  jure  vel  de  facto,  sub  pcna  in  ipsis 
instrumenlis  contenta,  solemniler  stipulala;  renunciantes  super 
omnibus  et  singulis  suprascriptis  exceplioni  doli,  mali^  et  in  factura 
action! ,  conditioni,  sine  causa  vel  ex  injusta  causa,  fori  privilegio, 
et  omnibus  juribus  civilibus,  canonicis  et  municipalibus  quibus  pos- 
sent  contra  predicta,  vel  eorum  aliquod,  quomodolibet  se  tueri. 

1.  Au  ms.  :  fores. 

2.  Sur  les  attributions  des  Sages  des  Ordres,  dans  le  gouvernerncnl  de  Venise, 
voy.  Hist.  de  Chypre,  t.  III,  p.  829-830. 

3.  Au  ms.  :  dominis. 

4.  Au  ms.  :  recipientxir. 


-1 06  DOCUMENTS 

Aclum  Veneciarum,  in  ducali'  palatio  et  cancellaria  comimis  Vene- 
clarum,  presenlibus  sapienlibus  et  circumspeclis  viris  ser  Nicolao  de 
Girardo,  ser  Laurentio  de  Sancta  Yllaria,  ser  Laurentio  de  Bonaldis 
et  ser  Bernardo  ser  Dominici,  nolariis  ducatus  Veneciarum,  Leslibus 
ad  premissa  vocalis  specialiter  rogatis-.  Guillielmus  de  Vincenliis. 

V. 

4397y  18  octobre.  A  Nicosie. 

Ratification  de  la  convention  arrêtée  le  i\  octobre  i396,  entre  le 
roi  de  Chypre  et  l'ambassadeur  de  la  république  de  Venise,  sur  les 
réclamations  de  la  famille  Gornaro,  au  sujet  du  village  de  Piskopi  et 
des  gabelles  payées  par  les  Vénitiens  en  Chypre;  ratification  faite  au 
nom  du  roi  de  Chypre  par  ses  mandataires,  Jean  de  Brie,  prince  de 
Galilée,  tricoplier  de  Chypre,  Jean  de  Tibériade,  maréchal  d'Armé- 
nie, et  Jacques  Soloan,  camérier  de  Chypre^. 

(Archives  de  Venise,  Commemoriali,  IX,  fol.  32  v°.) 

In  nomine  Domini,  Amen.  Anno  a  Nativitate  ejusdem  millesimo 
trecentesimo  nonagesimo  seplimo,  indictione  quinta,  die  jovis, 
decimo  oclavo  mensis  octobris,  Nicossie,  insuie  Cipri,  in  ecclesia 
monasterii  sancti  Francisci  fratrum  ordinis  Minorum '',  presentibus 
spectabilibus  et  egregiis  dominis  Petro  de  Flori,  vicecoraite  civitatis 
Nicossie,  Jacobo  de  Montgesard^,  Simone  de  Pelestrinis,  railitibus, 
Victorio  Bragadino,  quondam  domini  Maphey,  Bernardo  Mauroceno, 
filio  domini  Marci,  civibus  Venetiarum,  atque  Odone,  nolario  domini 
régis,  et  pluribus  aliis  testibus,  ad  premissa  vocatis  et  rogatis;  ibi- 
que  magnifie!  viri  domini  Johannes  de  Bries,  princeps  Galilée  •>,  et 

1.  Au  ras.  :  ducalis. 
1.  Au  ras.  :  rogilîs. 

3.  Voy.  Predelli,  t.  III,  p.  248,  n°  71.  L'analyse  de  cette  ratification  et  des 
extraits  de  la  convention  de  1396  avaient  été  donnés  dans  V Histoire  de  Chypre, 
t.  II,  p.  434,  436.  Le  texte  de  la  ratification  est  précédé,  dans  le  registre  des 
Commémoriaiix,  de  la  mention  suivante  :  Compositionum  faclariim  et  /irinata- 
rum  per  nobilem  et  sapientem  virum  ser  ISicolaum  Borbo,  dicluvi  Blancho, 
ambassiatorem  et  bajulum  destinatum  ad  partes  Cipri,  cum  sereiiissimo  et 
excellentissimo  domino,  domino  Jacobo,  dei  gralia  Jérusalem,  Cipri  et  Armé- 
nie rege,  copia  per  ordinem  sequitur  in  hac  forma. 

4.  Au  ras.  :  minoris. 

5.  Au  ras.  :  Montegeserd. 

6.  Au  ms.  :  Galiee. 


CONCERNANT    DIVERS    PAYS    DE    l'oRIENT    LATIN.  407 

Lurcopolerus  regni^  Cipri,  Johannes  de  Tabaria-,  marescalcus  rcgni 
Arménie,  milites,  et  Jacobus  Soloanus,  ordinatus  super  officio  camere, 
tanquam  auditores  et  legiltimi  procuralores  illustrissimi  principis  et 
domini,  domini  Jacobi,  Dei  gratia,  Jérusalem,  Gipri  et  Arménie  régis, 
ut  constat  publico  instrumente  scripto  et  signato  manu  Odonis  Bene- 
dicli,  notarii  publici  imperiali  auctoritale,  die  sexto  mensis  octobris, 
raillesimo  trecenlesimo  nonagesimo  septimo,  indictione  quinta,  pro 
se  et  suis  heredibus  et  successoribus,  prelibato  nomine,  ex  una  parte, 
ad  omnia  infrascripta  ratifficanda,  approbanda,  corroboranda  et  con- 
firmanda,  coiitrabenda  et  facienda;  et  egregius  et  prudens  vir  domi- 
nus  Nicolaus  Barbe  cl  Biancho,  honorabilis  civis  Venetiarum,  tan- 
quam ambasiator  et  sindicus,  procurator  legittimus  serenissimi 
domini,  domini  Anthonii  Venerio,  Dei  gratia  ducis  incliti,  quadra- 
ginta  nobilium  virorum  et  consilio  minori  et  zonte  inclile  domina- 
cionis  et  incliti  comunis  Venetiarum,  ut  constat  publico  instrumenlo 
acto  Venecias  in  ducali  palatio,  anno  nalivitalis  Domini  millésime 
trecentesimo  nonagesimo  septimo,  indictione  quinta,  die  quinte  men- 
sis julii,  scripto  et  signato  manu  Francisci  Bavacano,  fîlii  ser  Sime- 
nis,  publici  imperiali  aucteritate  notarii  et  ducatus  Venetiarum 
scribe,  bullaquc  plumbea  in  cerdulla  canapis  more  solito  inclite  domi- 
nacionis  ducalis  Venetiarum  buUato,  pro  se  sindicario  et  procurato- 
rio  nemine  dictis  nominibus  et  suorum  successorum  quibus  supra, 
ad  omnia  et  singula  infrascripta  ratificanda,  approbanda,  corrobo- 
randa et  confirmanda,  contrahenda  et  facienda;  et  nobilis  vlr  domi- 
nus  leronimus  Centarene,  quendam  domini  Nicolai,  honorabilis  civis 
Venetiarum,  et  tanquam  legittimus  actor,  facter  et  procurator  nobi- 
lium virorum  dominorum  Zanini  quondam  domini  Federici  Cornarie, 
et  ejus  heredes,  et  Petre  Gornario,  precuratore  sancli  Marci,  Marci 
Mauroceno,  quondam  domini  Bernardi,  et  domine  Blanche  Cornarie, 
relicte  quondam  dicti  domini  Federici  Cornarie,  cemissariorum 
quondam  dicti  domini  Federici  Cornarie,  ut  constat  publiée  instru- 
mente scripte  sub  signe  et  nemine  Marci  de  RafTanelis,  quen- 
dam ser  Maphei,  publici  imperiali  auctorilate  notarii,  die  vigesime 
quarto  mensis  julii  iM.CCC.LXXXXVII,  indictione  quinta,  in  Vene- 
ciis,  ad  omnia  et  singula  infrascripta  ratificanda,  approbanda,  corro- 
boranda et  confirmanda,  contrahenda  et  facienda,  pro  se  procuratorie 
nomine  dictis  nominibus  et  suorum  heredum  et  successorum  pro 


1.  Au  ms.  :  régi. 

2.  Au  ms.  :  Tabarir. 


^0.S  DOCUMENTS 

parte  sua  concernenti  el  langenti  eum,  dictis  nominibus  quibus  supra 
ex  parle  altéra  ;  vicissim  ad  veram  boiiam  prosecutionem  omnium 
infrascriptorum,  approbacionem  et  ratifiîcationem  paclorum  el  con- 
ventionum  initorum  inter  prelibalum  serenissimum  dominum,  domi- 
num  regem,  ex  una  parle,  et  nobilem  virum  dominum  Franciscum 
Quirino,  tune  ambasiatorem  prefate  inclite  dominacionis,  et  incliti 
comunis  Vencliarum  ex  parte  altéra;  et  nunc  in  preposterum  dile- 
ctionis  alïcctum  cordialiter  connexendo  pervenerunt  ut  inferius  per 
ordinem  plenius  continetur,  videlicet  : 

In  Ghristi  nomine,  Amen.  Cum  hoc  sit  quod  nobilis  et  egregius  vir, 
donainus  Franciscus  Quirino,  ut  ambasiator  et  nuncius  serenissime 
ducalis  dominacionis  et  incliti  comunis  Veneciarum  ad  serenissimum 
et  excellentissimum  principem  et  dominum,  dominum  Jacobum,  Doi 
gratia,  Jérusalem,  Gipri  et  Arménie  regem,  venerit  in  Giprum,  sicuti 
de  sua  ambasiata  patet  quadam  patenti  litera  credencie  prefate  ducalis 
dominacionis  Venetiarum,  requisiveritque  et  petierit  ipse  dominus 
ambasiator  a  prefato  domino  rege,  ex  parte  prefate  ducalis  dominacio- 
nis et  incliti  comunis  Venetiarum,  certas  peticiones  et  requisiciones 
infrascriptas;  et  prefatus  dominus  dominus  rex,  visis  auditis  et  intel- 
lectis  petitionibus  et  requisicionibus  prefati  domini  ambasiatoris,  con- 
sideratisque  antiqua,  vera  et  bona  fraternitate  et  amicicia  que  inter 
suos  antecessores,  etiam  inter  eum  et  serenissimam  dominacionem  et 
inclitum  comune  Venetiarum  viguerunt  atque  vigent  de  presenti,  et 
cupiens  ipse  dominus  dominus  rex  toto  cordis  affectu  in  eisdem  per- 
manere,  predictis  requisitionibus  in  quantum  potuit  gratiose  consensit. 
Quarum  quidem  requisitionum  ténor  per  omnia  talis  est. 

1.  Primo  de  facto  ecclesie  Nimosiensis  pro  casali  Episcopie''  pro  quo 
dictus  ambasiator  requisivit  stare  in  fine  ad  rationem  bixanciorum 
noningentorum  quinquaginta  in  anno,  et  petiit  illud  quod  est  acce- 
ptum  ultra  finem  temporibus  retroactis^,  dominus  rex  concessit  esse  in 
fine  in  suo  tem.porali,  et  ulterius  dominatio  sua  fuit  contenta  quod  pro 
temporali  quo  dictum  casale  solvebat  decimam  ecclesie,  secundum  red- 
ditus,  quod  reddatur^  illud  plus  quod -dictum  casale  Episcopie  solvit 
pluri  quod  ascendit  finis;  sit  eidem  satisfactum  pro  pluri  soluto,  quod 
quidem  fuit  visum  per  offitiales  ecclesie  predicte  et  ser  Zachariam  Tri- 


1.  Le  beau  domaine  d'Episcopi  ou  Piskopi,  l'ancien  Curium,  à  l'ouest  de 
Kolossi,  était  depuis  si  longtemps  possédé  par  une  branche  des  Comaro  que 
les  Français  l'appelaient  au  moyen  âge  :  la  Piscopie  des  Corniers. 

2.  Au  ms.  :  retroactus. 

3.  Au  ms.  :  redeatur. 


CONCERNANT    DIVERS    PAYS    DE    l'oRIENT    LATIN.  ^  09 

visano',  procuratorem  Johanais  Cornario;  et  reperitur  quod  sibi  ilehet 
satisfieri  bizanlios  duomillia  sexingentos  sexaginta  novem ,  karatos 
quinque,  pro  illo  pluri  (juod  solvit;  que  quidern  quantitas  pecunie 
débet  dari  per  prefatum  dominum  regem  assignatis^  casalis  Episcopie 
de  eo  quod  ipsi  debent  habere  a  Johanne  Cornario  per  totum  mensem 
februarii  nonagesimi  quinti  anni.  Et  de  hoc  prefatus  dominus  amba- 
siator  fuit  contentus. 

2.  Secundo.  De  septem  milibus  septingentis  quadraginta  quinque 
bixantiis,  karatis  octo,  qui  reperiuntur  per  prefatum  dominum  regem 
dare  tcneri  Johanni  Cornario ,  pro  rationibus  casalis  Episcopie  et  sui 
assignamenti  casalis  de  Morfo,  secundum  computum  factum  inter 
dominum  regem  et  dictum  Johannem  Cornario,  pro  rationibus  casalis 
Episcopie  et  dicti  assignamenti  casalis  de  Morfo,  quod  quidem  compu- 
tum fuit  factum  in  presentia  prefati  domini  ambasiatoris,  prefatus 
dominus  rex  concessit  solvi  facere  et  conteutare  assignatis  casalis  Epi- 
.scopie  de  eo  quod  ipsi  debent  habere  a  predicto  Johanne  Cornario,  de 
antiquo,  per  totum  mensem  februarii  anni  nonagesimi  quinti.  Et  de 
hoc  prefatus  dominus  ambasiator  fuit  contentus. 

3.  Tercio.  De  ducentis  sexaginta  uno  milibus  modiis  salis,  qui  deffe- 
cerunt  de  summa  modiorum  trecentorum  milium  salis,  quos  Johannes 
Cornario  recipere  debebat^  secundum  conventionos  factas  per  dominum 
Johannem  de  Canali,  pro  quo  quidem  sale  prefatus  dominus  amba- 
sciator  peciit  a  prefato  domino  rege  pecuniam  secundum  precium 
datum  et  computatum  predicto  Johanni  Cornario,  videlicet  ad  ratio- 
nem  bixantiorum  centum  pro  miliari,  prefatus  dominus  rex  consenssit 
et  contentus  fuit  solvere  pecuniam- valoris  predictorum  ducentorum 
sexaginta  unius  milium  modiorum  salis,  uti  computatum  fuit  predicto 
Johanni  Cornario,  ut  predictum  est,  qui  sal  ascendit  ad  summam 
bixantiorum  viginti  sex  milium  et  centum;  quam  quidem  quantitatem 
pecunie  computando  cum  bixantiis  duobus  milibus  sexingentis  sexa- 
ginta novem  karatis  quinque,  pro  satisfatione  rationis  décime  ecclesie 
Nimosiensis,  prout  superius  continetur,  et  cum  bixantiis  septem  mili- 
bus .«eptingentis  quadraginta  quinque  karatis  octo,  rationis  assigna- 
menti casalis  de  Morfo  et  rationis  Episcopie  secundum  quod  continetur 
superius  in  capitulo,  que  est  summa  predictarum  trium  rationum 
bixantiorum  triginta  sex  milium  sexingentorum  quatuordecim,  kara- 
torum  tresdecim.  Undc  prefatus  dominus  rex  fuit  contentus,  quod  de 
(luanlitate  predicta  debeat  dare  assignatis  casalis  Episcopie  bixantios 
viginti  sex  millia  ducentos  sexaginta  octo,  karatos  duodecim  cum  dimi- 
dio,  videlicet  de  hoc  quod  ipsi  debent  habere  per  totum  februarium 

1.  Au  ras.  :  Trilusdino. 

2.  Au  ms.  :  conssignatis, 

3.  Au  ms.  :  debeat. 


I  \  0  DOCUMENTS 

transactum  anni  nonagesimi  quinti,  secundum  declaralionem  factam 
partini  inter  assignâtes  et  ser  Jacobum  Trivisano,  procuratorem  dicti 
Johannis  Gornario,  et  partim  per  quatornum  ser  Benedicti  Copocola. 
Et  quantum  est  de  bixantiis  decem  milibus  ducentis  quadraginta  sex 
karatis  cum  dimidio  qui  restant  dicto  Johanni  ad  recipiendum,  ut  sibi 
persolutum  extitit  de  dicta  quantitate  bixancios,  ad  quam  tenetur  sibi 
dominus  rex  prefatus ,  dominus  rex  promisit  et  contentus  fuit  eos 
bixancios  decem  milia  ducentos  quadraginta  sex  karatos  cum  dimidio 
facere  soivi  dicto  Johanni  Gornario,  vel  procuratoribus  suis,  per  totum 
mensem  februarii  futuri  anni  nonagesimi  sexti.  Et  de  hoc  prefatus 
ambasiator  fuit  contentus. 

4.  Quarto.  De  eo  quod  prefatus  dominus  ambasiator  requisivitet  petiit 
a  domino  rege  quaternum  quondam  ser  Fantini  et  ser  Marci  Gornario, 
qui  sue  dominationi  apportatus  fuit  de  Veneciis,  pro  liabendo  declara- 
tionem  duarum  milium  quingentarum  jarrarum  olei,  que  fuerunt  quon- 
dam Philippi  del  Ben,  prefatus  dominus  rex  fuit  declaratus  et  conten- 
tus predictum  quaternum  pro  dicto  oleo,  et  fuit  repertum  quod  dictum 
oleum  fuit  solutum;  et  restituit  dictum  quaternum  pro  dicto  domino 
ambasiatori. 

5.  Quinto.  De  assignamento  Johannis  Gornario  casalis  de  Morfo,  de 
eo  quod  ascendit  sibi  a  prima  die  mensis  martii  nonagesimi  sexti  pre- 
sentis  anni,  ab  iude  dominus  rex  fuit  contentus  facere  et  habere  rece- 
ptum  et  defalcare  quolibet  termino  de  eo  quod  dominatio  sua  liabere 
débet  a  casali  Episcopie  pro  aliquibus  assignamentis,  hodierna  die  rece- 
ptis,  in  manibus  sue  dominacionis;  que  quidem  defalcatio  débet  iîeri 
per  modum  supradictum  in  tantum  quantum  dicta  assignamenta  sta- 
bunt  in  manibus  ipsius  domini  régis  ratione  regali  et  reficere  uni  alteri 
secundum  quod  plus  reperiretur  de  una  parte  ad  aliam.  Et  de  hoc  pre- 
fatus dominus  ambasiator  fuit  contentus. 

6.  Sexto.  De  eo  quod  prefatus  dominus  peciit  a  prefato  domino  rege 
ut  casale  Episcopie  non  solvat  decimam  regalem,  nec  aliquam  aliam 
imposicionem,  ex  eo  quod  dictum  casale  libère  tenetur  a  dicto  Johanne 
Gornario,  secundum  tenorem  sui  privilegii,  prefatus  dominus  rex  con- 
cessit  non  solvere  decimam  regalem,  nec  aliquam  imposicionem  casali 
Episcopie,  predicto  Johanni  Gornario,  servis  et  sclavis  suis,  qui  sunt  et 
erunt  pro  dicto  casali  Episcopie.  Et  quantum  est  de  sumraa  continua 
quinquaginta  francomatorum  \  qui  seminabunt  in  territorio  dicti  casa- 
lis  Episcopie,  qui  volent  ire  ad  habitandum  in  dicto  casali  Episcopie, 
cum  eorum  familiis,  videlicet  uxoribus,  filiis  et  filiabus  minoris  etatis 
videlicet  quo  maritabuntur,  sint  liberi  et  absolut!  a  décima  regali,  intel- 
ligendo  quod  francomati  qui  de  présente  reperiantur  habitantes  in  dicto 
casali  Episcopie,  debeant  intelligi  esse  de  summa  dictorum  francoma- 

1.  Les  aflranchis  qui  travaillaient  les  terres  de  Plskopi. 


CONCERNAIT    DIVERS    PAYS    ln:    l'oUIENT    LATIN.  Hi 

torum  quinquaginta,  incipiendo  a  primo  mensis  martii  anni  nonage- 
simi  quinti.  Quibus  omnibus  ser  Jacobus  Trivisano,  procuralor  Joban- 
nis  Cornario,  respondit  quod  in  taulum  in  quantum  est  de  quinrjuaginta 
fraucomatis  pro  nunc  assensit,  reservando  semper  omnia  jura  Episco- 
pie,  et  in  nullo  derogando  omnibus  juribus  suis,  et  alia  in  dicte  capi- 
tule affirmando;  reservatis  omnibus  juribus  et  rationibus  domini  régis, 
et  non  derogando'  omnibus  juribus  et  rationibus  prelati  domini  régis. 
Et  de  bec  prefatus  dominus  ambasiator  fuit  contentus. 

7.  Septime  et  ultime.  De  gabellis  quas  Veneli  solvunt,  pro  quibus 
coraune  Venctiarum  habebat  quolibet  anno  bixancios  quatuormiiia;  et 
prefatus  dominus  ambasiator  dixit  domino  régi,  quod  dominus  dux  et 
comune  Venetiarum  non  erant  contenti  recipere  ulterius  predictos 
bixancios  quator  millia,  ymo  volebant  eorum  franchisias;  unde  prefa- 
tus dominus  rex  et  prefatus  dominus  ambasiator  fuerunt  concordes 
quod  pro  ratiene  dictarum  solutionum,  quas  Veneti  solvunt,  serenis- 
sima  deminacie  Venetiarum  debeat  habere  quolibet  anno  alios  bixan- 
cios decem  milia,  inchoande  a  prima  die  mensis  octobris  anni  présen- 
ts nonagesimi  sexti;  que  summa  débet  esse  quam  dictum  comune 
Venetiarum  débet  babere  quolibet  anno  ratiene  dictarum  gabellarum 
bixancios  quatuordecim  milia,  solvendos  quolibet  mense  bixancios  mile 
centum  sexaginta  sex,  karatés  sexdecim,  videlicet  de  gabellis  porte, 
sicuti  consuetum  erat  selvere  quolibet  mense  trecentos  bixancios  tri- 
ginta  sex,  karatés  ecto;  et  a  regali,  quolibet  mense,  bixantios  octin- 
gentos  triginta  très,  karatés  octo,  que  quidem  summa  supradicta, 
bixancios  mile  et  centum  sexaginta  sex  karatos  sexdecim;  permancnde 
semper  prefate  inclito  comuni^  Venetiarum  in  sua  libertate,  secundum 
cenventiones  factas  pro  predictis  gabellis,  inter  prefatum  dominum 
regem  et  dominum  Johannera  de  Canali,  ambasiaterem  prefate  domi- 
nationis  Venetiarum.  Et  ulterius  dominus  rex  voluit  et  concessit  quod 
si,  ab  inde,  aliqualis  nova  gabella,  que  non  est  hodierna  die,  impene- 
retur  in  Gipro,  quod  intelligatur  quod  hoc  quod  Veneti  solverent  pro 
suprascripta  nova  gabella,  quod  ejus  dominatio  debeat  satisfacere  ser'e- 
nissimo  domine  duci  et  inclito  comuni  Venetiarum  illam  sumam 
bixantiorum  quam  dicti  Veneti  solverent  et  solvissent  pro  dicta  gabella 
nova,  et  quod  sit  ultra  sumam  bixanciorum  quatuordecim  milia  supradi- 
ctorum.  Et  de  hoc  prefatus  dominus  ambasiator  fuit  contentus. 

Que  quidem  omnia  supradicta  fuerunt  facta  et  cencordata  inter  pre- 
dictos dominum  regem  et  dominum  Franciscum  Quirino,  ambasiate- 
rem serenissime  ducalis  deminacionis  Venetiarum.  Et  prefatus  dominus 
rex  voluit  et  contentus  fuit  quod,  quando  prefatus  serenissiraus  dominus 
dux  et  comune  Venetiarum,  pro  predictis  rationibus  eos  tangentibus, 

1.  Au  ras.  :  derogalis. 

2.  Au  ras.  :  prefalum  inclitum  comune. 


^  ^  2  DOCOMENTS 

et  dictus  Johannes  Cornario  pro  rationibus  eum  tangentibus,  miserint 
hue  in  Ciprum  plénum  procuratorem,  posse  et  commissiouem  ad  facien- 
dum  predicta  in  publicam  formam  redigi  cui  et  quibus  placuerit,  se 
esse  paratum  ea  affirmare  et  roborare  solennibus  instrumentis,  secun- 
dum  quod  superius  continetur. 

In  cujus  rei  testimonium  et  evidenciam  pleniorem  sigillum  regale 
presentibus  est  appensum. 

Actum  Nicossie,  die  mercurii,  undecimo  mensis  octobris,  millesimo 
trecentesimo  nonagesimo  sexto,  indictione  quarta. 

Queomniaet  singula  suprascripla,  in  singuliset  pro  singulis  capi- 
tulis  hujus  presenlis  conlra[c]lus,  sepedicle  partes,  videlicet  prelibali 
domini  auditores  et  procuralores,  nomine  quo  supra,  et  prefalus 
dominus  Nicolaus  Barbo  el  Biancho,  sindicario  et  procuratorio  dictis 
nominibas  quibus  supra,  et  predictus  dominus  Jeronimus  Gontareno, 
procuratorio  dictis  nominibus  quibus  supra,  approbaverunt,  raliffî- 
caverunt,  corroboraverunt  et  confirmaverunt  sibi  ad  invicem  hinc 
iode,  solennibus  stipulationibus  intervenientibus,  peraquilianam  sti- 
pulalionem  et  acceptilalionem  immédiate  inlerpositam  et  secutam  el 
per  pactum  expressura,  omnia  et  singula  suprascripta  et  infrascripta 
pacta,  convenciones  et  composiciones  in  singulis  et  pro  singulis  pactis 
et  partibus  concernentibus  et  tangentibus  quemlibel  eorum  contra- 
hencium,  ut  in  ipsis  pactis  et  conventionibus  plenius  continetur. 
Âfîectantes  prefate  partes  ne  in  futurum  aliqua  questio  oriri^  possit, 
nec  aliqualem  objectionem  fieri  posse  in  dicendo  suprascriptam 
ratifficationem  non  valere,  iterato  denuo,  videlicet  prelibati  domini 
auditores  et  procuratores,  nomine  quo  supra,  et  prefalus  dominus 
Nicolaus  BarbO;  procurator  prelibatus,  nominibus  quibus  supra,  et 
prefalus  dominus  Jeronimus  Gontareno,  procurator,  dictis  nominibus 
quibus  supra,  fecerunl,  convenerunt,  promiserunt,  contraxerunl  et 
composuerunt  omnia  et  singula  suprascripla  pacta,  convenliones  et 
compositiones,  hinc  inde  sibi  ad  invicem,  per  aquilianam  stipulatio- 
nem  et  inmediale  acceptilalionem  subsecutam,  etiam  per  pactum 
expressum  in  omnibus  singulis  et  pro  singulis  capitulis  hujus  pre- 
senlis contractus  concernentibus  quemlibel  eorum  per  se,  ut  in  eis 
plenius  continetur,  promillentes  prelibati  domini  auditores  et  procu- 
ratores, prelibato  nomine  quo  supra,  et  prefalus  dominus  Nicolaus 
Barbo,  procurator,  prefalis  nominibus  quibus  supra,  et  diclus  domi- 
nus Jeronimus  Gontareno,  procurator,  dictis  nominibus  quibus  supra, 

1.  Au  ms.  :  orri. 


CONCERNANT    DIVEKS    PAYS    DE    L  ORIENT    LATIN.  ^^3 

sibi  ad  invieem  et  vicisim,  hinc  inde  iotervenienti  solenni  stipula- 
cione  premissa,  ac  etiam  michi  notario  publiée  infrascriplo,  ut  publiée 
persone  sLipulantiel  recipicnli,  nomine  et  vice  omnium  aliorum  quo- 
rum interest  vel  interesse  posset  vel  polerit  in  futurum,  omuia  et 
singula  suprascripta  et  infrascripta  altendere  et  observare  ac  obser- 
vari  facere,  et  in  nullo  contra  facere  vel  venire,  nec  inferre  nec  infer- 
renti  consenti re,  per  se  vel  alios,  nec  in  aliquo  deficere  vel  cessare 
ullo  modo,  forma,  causa,  colore  vel  ingenio,  aliqua  ingratitudine  vel 
offenssa,  de  jure  vel  de  facto,  in  pena  et  sub  pena  bixanciorum 
xiiri  millia  solvendorum,  per  solennem  slipulacionem  sibi  invieem 
vicisim  in  singulis  et  pro  singuliscapitulis,  conventionibus  etpactis, 
partibus  atque  locis  hujus  presentis  contractus  et  carta  in  solidum 
missa,  per  partem  contrafacientem  in  aliquo  aut  per  omnia  non 
observantem  parti  servant!  velservare  volenti,  lociensquociens  fuerit 
in  aliquo  quomodolibet  contra  factum  vel  ventum  aut  per  omnia  non 
observatum,   et   insuper    refectionis   et   emendacionis   dannorum 
omnium,  expensarum  et  interesse  litis  et  extra.  Qua  pena  soluta  vel 
non  soluta,  semel  et  pluries,  et  expensis,  dannis  et  intéresse  refectis 
vel  non,  nichilominus  presens  contractus  et  carta  cum  omnibus  et 
singulis  in  ea  contentis  in  sua  perpétua,  ut  superiusdicitur,  fîrmitalc 
remaneat.  Renunciantes  exceptioni  doli  mali ,  non  approbatorum, 
ratifficatorum,  conventorum,  promissorum,  conlractorum  atque  com- 
positorum  supradictorum  pactorum  et  conventionum,  rei  non  sic  vel 
aliter  geste,  conditioni  indebiti  sine  causa  vel  ex  injusta  causa,  et 
non  vera  causa,  deceptioni,  fraudi,  vi  motus,  in  factum  actioni,  simu- 
lationi  contractus,  statutis,  provisionibus,  reformationibus  et  quibus- 
curaque  ordinibus,  juvaminibus  et  consuetudinibus;  et  maxime  juri 
dicenti  generalem  renunciancionera  [sic)  non  valere,  nisi  precesserit 
specialis,  el  omnibus  et  singulis  aliis  exceptionibus,  privilegiis,  legum 
auxilio  et  benefîciis  hic  expressatis  vel  non;  pro  quibus  predictis 
omnibus  vel  in  aliquibus  predictorum  omnium  possit  aliquid  quomo- 
dolibet excipi,  obici  vel  opponi,  et  pro  observatione  omnium  et  singu- 
lorum  premissorum  promittentes  prefate  partis  [sic],  dictis  nominibus 
quibus  supra,  sibi  ad  invieem  vicisim  factures,  observaturos  et  adim- 
pleturos  omnia  et  singula  suprascripta  et  infrascripta  ubilibetque 
locorum  et  fori  et  in  quolibet  particulari  et  totum  distancia  vel  in 
aliquo  alio  non  obstante;  renunciantes  privilégie  feri  foriis,  diebus 
feriatis  et  non  feriatis,  placitis  locatis  et  non  locatis,  statutis,  refor- 
mationibus, provisionibus  et  aliis  quibuscumque  ordinamentis  et 
consuetudinibus  cujuscumque  civitatis,  terre  et  loci  ;  legi  dicenti 
-1897  8 


H  4  DOCUMENTS 

generalera  renunciationera  non  valere  ;  et  omnibus  et  singulis  aliis 
exceplionibus ,  privilegiis,  legam  auxilio,  benefitiis  et  aliis  qui- 
buscumque  juvaminibus,  per  quas,  que  et  quod  preniissis  vel  in  ali- 
quibus  premissorura  posset  aliquid  quomodolibel  excipi,  obici  vel 
opponi. 

Pro  quibus  omnibus  et  singulis  suprascriptis,  sic  firmiter  atten- 
dendis  et  plenius  observandis,  prelibate  partes,  dictis  nominibus  qui- 
bus supra,  sibi  ad  invicem  vicisim,  una  pars  alted  et  altéra  alteri, 
pignori  obligaverunt  omnia  sua  bona  mobilia  et  immobilia,  preseutia 
et  futura.  Insuper  volentes  et  affectantes  partes  predicte  sibi  ad  invi- 
cem concorditer  et  unanimiter,  hoc  presens  instrumentum  esse  effi- 
caciter  corroboratura,  videlicet  prefati  domini  audilores  et  procura- 
tores  in  anima,  nomine  quo  supra,  juraverunt  corporaliter  ad  sancta 
Dei  evangelia  raanibus  tactis  scripturis,  quod  omnia  et  singula  supra- 
scripta,  ut  in  hoc  presenti  contractu  et  carta  plenius  continetur,  atten- 
dent et  observabunt,  et  attendere  et  observari  facient;  et  prefatus 
dominas  Nicolaus  Barbo,  sindicario  et  procuratorio  nomine,  in  ani- 
mas, dictis  nominibus  quibus  supra,  juravit'  ad  sancta  dei  evangelia 
corporaliter  manu  tactis  scripturis,  quod  omnia  et  singula  supra- 
scripta  in  hoc  presenti  instrumento  et  carta  ut  plenius  continetur, 
attendet  et  observabit,  et  attendere  et  observari  faciet  ;  et  dictus  domi- 
nus  Jeronimus  Gontareno,  procuratorio  nomine,  in  animas,  dictis 
nominibus  quibus  supra,  etiam  juravit  corporaliter  ad  sancta  Dei 
evangelia  manu  tactis  scripturis,  quod  omnia  et  singula  in  hoc  pre- 
senti instrumento  et  carta  contenta  attendet  et  observabit,  et  atten- 
dere et  observari  faciet. 

De  quibus  premissis,  prefate  partes  requisierunl  scilicet  Odonem 
Benedicti  predictum,  et  me  x\polonium  de  Scharis,  de  Verona,  nota- 
rium  publicum  infrascriptum,  conficere  tôt  instrumenta  quot  quelibet 
parcium  a  nobis  requiret  consonancia,  in  cuius  rei  testimonium  et 
evidenciam  pleniorem  sigillum  bajulatus  officii  baiuli  Venetorum  in 
regno  Gipri  huic  presenti  instrumento  esse  appensum. 

Ego,  Apolonius,  filius  domini  Johannis,  notarii,  de  Scharis,  de 
Verona,  publicus  imperiali  auctoritate  notarius,  ac  egregii  viri  domini 
Nicolai  Barbo  el  Biancho,  honorabilis  ambasiatoris  et  bajuli  pro  sere- 
nissima  dominacione  Venetiarum  in  regno  Gipri,  canceiarius  bis 
omnibus  suprascriptis  interfui,  et  rogatus,  et  cetera. 

1.  Au  ms.  -.jurant. 


CONCERNANT   DITERS    PAYS   Dl-    l/oRIENT   LATIN.  <H5 

VI. 

1405,  31  mars.  A  Venise. 

Traité  de  paix  et  de  bon  voisinage  conclu,  —  par  suite  de  la  média- 
tion du  pape  Innocent  VII,  du  cardinal  Angelo  Acciaiuoli  et  de  Ladis- 
las,  roi  de  Naples  et  de  Hongrie,  —  entre  la  république  de  Venise  et 
Antoine  Acciaiuoli,  fils  de  Néri  I"  Acciaiuoli,  par  lequel  la  possession 
de  la  ville  d'Atbènes,  actuellement  appelée  S^-tliines,  est  rendue  à 
Antoine  Acciaiuoli,  à  certaines  conditions,  dont  la  première  est  de 
reconnaître  qu'il  tient  cette  ville  de  la  république  de  Venise,  et  d'of- 
frir annuellement,  en  signe  de  cette  reconnaissance,  un  samit  ou 
poêle  de  soie,  de  la  valeur  de  cent  ducats  d'or,  à  l'église  de  Saint- 
Marc,  à  la  fête  de  NoëP. 

(Archives  de  Venise,  Commemoriali,  X,  foi.  3  \°.) 

In  Christi  nomine,  Amen.  Anno  Nativitatis  ejusdem  millesimo 
quadringenlesimo  quinto,  indicione  terciadecima,  die  ultima  men- 
sis  marcii. 

Gum  guerra  fuerit  et  discordia  foret,  occaxione  civitatis  Athenarum, 
et  aliiscertiscausis,  interillustrem  etexcelsum  dominum  Micbaelem 
Sténo,  Dei  gratia  inclitum  ducem  et  comune  Veneciarum,  seu  aliquas 
terras  et  loca  sua,  ex  parte  una,  et  magnificum  virum  Antonium  de 
Azaiolis,  filium  olim  magnifici  et  potenlis  militis  domini  Ncrii  de 
Azaiolis,  terras  et  loca  sua  seu  que  possidet,  ex  altéra  parte;  et 
sanctissimus  in  Ghristo  pater  ac  beatissimus  dominus,  dominus  Inno- 
centius  septimus,  sacrosancte  Romane  ac  universalis  ecclesic  sum- 
mus  pontifex,  cum  sua  solita  clemenlia;  et  reverendissimus  in  Ghristo 
pater  et  dominus,  dominus  Angélus  de  Azaiolis,  tiluli  sancti  Lau- 
rentii  in  Damaso  presbiter  sancte  Romane  ecclesie  cardinalis^  cum 
sua  innata  caritate;  ac  serenissimus  dominus,  dominus  Ladislaus, 
Dei  gratia,  llungarie,  lerusalem  et  Scicilie  rex^,  cum  sua  consueta 
dilectione,   instanter  rogaverint  prelibatum   dominum,   dominum 

1.  Voy.  Predelli,  Libri  Commemoriali,  t.  III,  p.  309,  n"  2. 

2.  On  appelait  aussi  Acciaiuoli  le  cardiual  de  Florence,  parce  qu'il  avait  été 
évoque  de  Florence. 

3.  Ladislas  ou  Lancelot,  compétiteur   de  Louis  d'Anjou  au  trône  de  Naples, 
avait  été  couronné  roi  de  Hongrie  en  1403  par  le  cardinal  Acciaiuoli. 


^^6  DOCUMENTS 

ducem  et  comune  Veneciarum,  ul  placeat  recipere  diclum  magnificum 
Anlonium  de  Azaiolis  ad  graliara  cl  araorem  suum,  ipseque  magni- 
ficus  Antonius  de  Azaiolis  pluries  fecerit  fieri  supplicatioiies  super 
inde  dicto  domino  duci  et  comuni  Veneciarum,  ut  dignaretur,  Dei 
gratia,  suscipere  Ipsum  in  verum  amicum  et  servi torem  suum,  para- 
tura  et  dispositum  nunc  et  semper  obedire  omnibus  mandatis  et 
beneplacitis  ipsius  domini  ducis  et  comunis  Veneciarum; 

Idcirco,  nobiles  et  sapientes  viri  domini  Marcus  Justiniano,  et 
Silvester  Mauroceno,  honorabiles  cives  Veneciarum,  sindici  et  procu- 
ratores  prelibati  illustris  et  excelsi  domini  domini  Micliaelis  Sténo, 
Dei  gratia  incliti  ducis  Veneciarum,  et  cetera  \  ac  comunis  Venetia- 
rum,  ut  patet  instrumento  sindicatus  et  procurationis  publicato  per 
providumvirum  Antonium  Plumacio,  imperiali  auctoritate  notarium 
et  ducatus  Veneciarum  scribam,  in  suprascriptis  millesimo,  indicione, 
die  et  mense,  a  me  notario  infrascripto  viso  etlecto,  pro  ipso  domino 
duce,  et  successoribus  suis,  et  pro  comuni  Veneciarum,  ex  una  parte  ; 

Et  nobilis  vir  Francus,  filius  olim  domini  Donati  de  Azaiolis^  pro- 
curator  prefati  magnifici  viri  Antonii,  filii  olim  magnifici  et  potentis 
militis  domini  Nerii  de  Azaiolis,  ut  de  suo  mandato  plene  constat  per 
publicum  instrumentum  scriptum  et  publicatum  per  providum  virum 
Nicolaum  Marori,  notarium  publicum  et  cancellarium  Athenarum, 
millesimo  quadringentesimoquarto,  indictione  duodecima,  die  vige- 
simo  secundo  mensis  junii,  et  sigillatum  sigillé  dicti  magnifici 
Antonii  de  Azaiolis ,  a  me  notario  infrascripto  visum  et  lectum  ; 
pro  ipso  Antonio,  heredibus  et  successoribus  suis,  fecerunt  et 
faciunt,  contraxerunt  et  contrahunt,  firmaverunt  et  firmant,  inler 
dictas  partes  bonam  veram  et  puram  ac  perpetuam  pacem,  Deo  pro- 
pitio,  perpetuis  temporibus  duraturam^  cum  capitulis,  modis,  teno- 
ribus  et  conventionilius  infrascriptis. 

\.^  Primo,  quod,  ob  devotionem  et  reverentiam  prelibati  sanctis- 
simi  summi  pontificis  et  intuytu  precum^  reverendissimi  domini 
cardinalis  Florentie  et  prelibati  serenissimi  domini  régis  Ladislai, 
illustris  et  excelsus  dominus  dominus  dux  et  comune  Veneciarum 
fuerunt  et  sunt  contenti  dare  audientiam  supplicationibus  dicti  magni- 

1.  Cet  et  cetera  remplaçait  les  mots  :  et  dominus  quarte  partis  et  dimidie 
totius  imperii  Romanie  ou  romani  que  les  doges  de  Venise  ajoutèrent  et  main- 
tinrent longtemps  dans  l'intitulé  de  leurs  actes,  après  la  conquête  de  Constaa- 
tinople  et  le  partage  de  l'empire  avec  les  Français. 

2.  Les  numéros  ne  sont  pas  à  l'original. 

3.  Au  ms.  :  precium. 


COXCERXANT    DIVERS    PAYS    DE   L  ORIENT    LATI\.  ^^7 

fici  viri  Anlonii  de  Azaiolis  et  bénigne  reciperc  ipsum  ad  graliam 
suam,  et  remitterc  ei  injurias  et  oflensas,  et  cassare,  removere  et 
anniillare  taleam  et  alias  impositam  et  datam;  et  sperantes  suas 
oblationes  corespondere  bonis  et  amicabilibus  verbis  suis,  quia  asse- 
ruit  diligere  honorem  et  exaltationem  status  ipsius  incliti  domini 
domini  ducis  et  comunis  Veneciarum,  atque  promittit  esse  bonum 
filium  et  amicum  suum,  et  attenderc,  observare  et  adimplere  infra- 
scripta,  acceptaverunt  et  acceptant  ipsum  magnificum  virum  Anto- 
nium  de  Azaiolis  in  filium  et  amicum  suum,  volentes  et,  de  gratia, 
consenlientes  dicto  magnifico  Antonio,  quod  ipse  dominetur,  habeat 
et  teneat  etpossideat  terram,  castrum  et  locum  Athenarum,  moderne 
tempore  vocatum  Sythines.  cum  juribus,jurisditionibus  et  pertinen- 
tiis  suis,  quas  cl  que  habct,  lenet  et  possidet  ad  presens,  salvis  sem- 
per  et  reservatis  contentis  in  quolibet  capilulorum  infrascrlptorum, 
videlicet,  quod  dictus  magnificus  vir  Antonius  de  Azaiolis  cognoscat 
et  recognoscal  dictam  terram  castrum  et  iocum  Athenarum,  vocatum 
nunc  Sythines,  cum  juribus  jurisdilionibus  et  pertincnLiis  predictis, 
a  prelibalo  illuslri  et  inclilo  domino  domino  duce  et  comuni  Vene- 
ciarum ;  et  in  signum  hujus  recognitionis  leneatur  et  debeat  dictus 
magnificus  Anthonius  et  heredeset  successores  sui  mittcre  Venecias, 
et  facere  dari  et  assignari  ecclesie  nostre  sancti  Marci,  in  die  Nativi- 
tatis  Domini  nostri  Jesu  Christi,  omni  singulo  anno,  unum  palium, 
videlicet  tantum  finum  catassamitum,  vel  pannum  de  syrico  finum, 
qui  sit  valoris  ducatorum  centum,  incipiendo  hoc  feslo  Nativitatis 
proxirae. 

2.  Item,  quod  dictus  magnificus  Antonius  teneatur  et  debeat  esse 
amicus  amicorum  et  inimicus  inimicorum  dicti  incliti  domini  ducis 
et  comunis  Veneciarum,  et  amicari  et  inimicari  quibuscumque,  juxta 
mandatum  dicli  incliti  domini  ducis  et  comunis  Veneciarum,  tociens 
quociens  eidem  domino  duel  et  comuni  Veneciarum  videbitur  et 
placebit. 

3.  Item,  quod  predictus  magnificus  Antonius  leneatur  et  debeat 
non  dare  nec  dari  permittere  alicui  offendenti  vel  offendere  volenti 
diclum  inclitum  dominum'  dominum  ducem  et  comune  Venecia- 
rum, terras,  loca,  vel  territoria,  cives,  subditos  vel  fidèles  suos,  vel 
aliquem,  aliquam,  vel  aliquod  eorum,  auxilium,  consilium,  vel  favo- 
rem,  nec  viclualia,  Iransilum,  receplum  neque  passum  per  terram  nec 
per  aquam,  ullo  modo  vel  forma,  sed  toto  suo  posse  vetare  ;  et  si 

1.  Au  nis.  :  dominium. 


\ { 8  DOCUMENTS 

dicti  taies  offendentes  vel  offendere  volenLes  essent  Turchi  vel  eorum 
subditi  et  in  tanta  potenlia  quod  ipse  Anlonius  non  esset  potens  ad 
vetandum  passum,  facial  id  quod  sibi  sit  possibile  bona  fide;  el  ullra 
hoc  teneaturetdebeat  subito,  cura  habuerit  aliquod  senti mentum  vel 
avisamentum  de  adventu  vel  apparatu  dictorum  Turchorum,  vel  sub- 
ditorum  suorum,  notificare  et  avisare  redores  cujuslibel'  terre  et 
loci  nostri,  ad  dannum  quorum  dicti  taies  Turci  vel  eorum  subditi 
ire  vellent  vel  possenl,  et  tantum  presto  quantum  facere  poterit,  ut 
possint  sibi  providere  quod  non  recipiant  dannum,  nec  lesionem; 
et  ultra  hoc,  teneatur  et  debeat  dictus  magnificus  Antonius  dare 
in  terris,  locis  et  territoriis  suis,  vel  que  possidet  vel  possidebit  in 
futurum,  receptura,  transitum  et  passum  liberum  omnibus  gentibus 
dicti  incliti  domini^  ducis  et  comunis  Veneciarum,  et  victualia  pro 
sua  pecunia. 

4.  Item,  quod,  juxta  oblationem  factam  per  dictum  procuratorem 
dicti  magnifici  Antonii  de  Azaiolis,  omni  vice  qua  offenderetur  vel 
dannificaretur  aliqua  lerra,  locus,  castrum,  vel  territorium  dicti 
domini  ducis  et  comunis  Veneciarum,  de  circumstantibus  terris  et 
locis  suis,  vel  que  possidet  vel  possidebit  in  futurum,  dictus  magni- 
ficus Antonius  teneatur  venire  personaliter,  vel  mittere  de  gentibus 
et  subditis  suis,  secundum  quod  sibi  fuerit  possibile,  in  adjuctorium 
et  deffensionem  terre,  castri,  loci  vel  territorii  dicti  domini  ducis  et 
comunis  Veneciarum.  qui  offenderetur  vel  dannificaretur. 

5.  Item,  quod  dictus  magnificus  Antonius,  in  omnibus  terris,  locis 
et  castris  ac  territoriis  suis,  vel  que  possidet  vel  possidebit  in  futu- 
rum, teneatur  et  debeat  receplare,  tractare  et  expedire,  ac  receplari, 
Iractari  et  expediri  facere  mercatores,  cives,  subditos  et  fidèles  dicti 
domini  ducis  et  comunis  Veneciarum,  et  quemlibel  eorum,  et  eorum 
raercantias,  res  et  bona  amicabiliter,  favorabiliter  et  bénigne;  quia 
prelibatus  dominus  dux  et  comune  Veneciarum  in  terris  et  locis  suis 
sunt  contenti  et  volunl  et  sic  mandabunt  receptari,  tractari  et  expe- 
diri omnes  subditos  et  fidèles  dicti  magnifici  Antonii  et  eorum  raer- 
cantias et  bona  amicabihter,  favorabiliter  et  bénigne. 

6.  Item,  quod  dictus  Antonius  de  Azaiolis  teneatur  et  debeat  dare 
et  dari  facere,  ad  omnem  requisitionem  rectorum  insuie  Nigroponlis 
ac  aliarum  terrarum  et  locorum  dicli  domini  ducis  et  comunis  Vene- 
ciarum circumslantium  terris  et  locis  que  ipse  Antonius  possidet  el 

1.  Au  ms.  :  cuilibet. 

2.  Au  ms.  :  dominis. 


COCERVANT    DIVERS    PAYS    DE    l'ORIENT    LATr\.  U9 

possiderel  in  fulurum,  et  etiam  ad  requisitionem  civium  cL  fidclium 
ac  subditorum  ipsius  domiiii  ducis  et  comunis  Veneciarum,  et  cujusli- 
bel  eorum,  quemlibet  villanum  qui  aufugeret  de  cctero  de  insula 
Nigropontis,  vel  aiiis  terris,  locis  et  lerritoriis  dicti  domini  ducis  et 
comunis  Veneciarum,  et  reduceret  se  ad  aliquam  terram,  locum  vel 
terri lorium  que  possidentur  vel  possiderenlur  in  futurum  a  prediclo 
magnifico  Antonio'  de  Azaiolis;  et  similiter  est  contentus  et  vult 
dictus  illustris  dominus  dux  et  comune  Veneciarum  oijservari  et  fieri 
devillanis  dicti  Antonii  de  Azaiolis  per  rectores  terrarum  et  locorum 
dicti  domini  ducis  et  comunis  Veneciarum  circumstantium  terris  et 
locis  ipsius  Antonii  de  Azaiolis;  excludendo  tamen  a  contentis  in  hoc 
capitulo  villanos  utriusque  partis  qui  aufugerent  pro  excessu  com- 
misso  per  quem  meritarent  mortem  vel  mutilationem  membri^. 

7.  Item,  quod  dictus  magnificus  Antonius  debeat  restituere  et  facere 
restitui  cuilii^et  civi,  subdito  et  fideli  dicti  domini  ducis  et  comunis 
Veneciarum  possessiones  et  bona,  quas  et  que  habebant  in  terris  et 
locis  ac  territoriis,  quas  ipse  Antonius  possidet;  ita  quod  possint 
ipsis  uti  et  gaudere,  et  de  ipsis  facere  et  disponere  tamquam  de  suis 
rébus  propriis,  et  redditus  et  proventus  ipsarum  quolibet  anno  pos- 
sint extraliere  et  conducere  ad  loca  ipsius  domini  ducis,  et  ad  alia 
loca  ad  que  voluerint,  ad  omne  eorum  beneplacitum. 

8.  Item,  quod  dictus  Antonius  teneatur  et  debeat  restituere  et 
restitui  facere  cuilibet  nostro  civi,  subdito  et  fideli,  omnes  suas  pos- 
sessiones, redditus  et  proventus,  retentos  propter  istas  novitates  et 
guerras  in  locis  et  terris  que  possidet  dictus  magnificus  Antonius,  vel 
justum  valorem  eorum,  possendo  de  ipsis  facere  et  disponere,  prout 
in  proximo  precedenli  capitulo  dictum  est. 

9.  Item,  quod  dictus  magnificus  Antonius  teneatur  et  debeat  resti- 
tuere et  restitui  facere  dicto  domino  duci  et  comuni  Veneciarum  omnes 
munitiones  que  erant  in  Castro,  terra  et  loco  Sythines,  quando 
accepta  fuit  per  dictum  Antonium,  vel  justum  valorem  earum,  pos- 
sendo de  ipsis  facere  et  disponere  prout  in  proximo  précèdent!  capi- 
tulo dictum  est^.  Et  similiter  heredibus  quondam  viri  nobilis  ser 
Nicolai  Victuri,  qui  erat  rector  dicti  loci  Sythines  pro  ducali  dominio 

1.  Au  ins.  :  futurum  predictiim  magnificum  Antonium. 

2.  On  n'exigeait  pas  l'extradition  pour  le  cas  où  le  vilain  réfugié  était  pas- 
sible soit  de  la  mort  soit  de  la  mutilation  d'un  membre,  peine  horrible  que  la 
justice  criminelle  admettait  alors. 

3.  Les  mots  :  Item,  quod  dictus  magnificus  Antonius...  vel  valorem  earum, 
sont  répétés  ici  dans  le  ms. 


I 20  DOCUMENTS 

Veneciarum  dicto  tempore,  omnes  res  et  bona  dicti  quondam  ser 
Nicolai  Victuri  que  eranl  in  dicta  (.erra,  Castro  et  loco  Sitliines,  tem- 
pore predicLo,  vel  justum  valorem  earum  secundum  quod  ipse  Anlo- 
nius  promisit. 

■10.  Item,  quod  dictus  Antonius  teneatur  et  debeat  licentiare  et 
bannire  de  omnibus  terris,  locis  et  terriloriis  que  possidet  vel  possi- 
deret  in  futurum,  archiepiscopum  Macharonum,  perfidum  inimicum 
christianiiatis,  qui  stetit  in  carceribus  Veneciarum,  et  nullo  umquam 
tempore  ullo  modo  vel  forma  permittere  ipsum  habitare  in  terris  et 
locis  suis,  que  ad  presens  possidet,  vel  possidebil  in  futurum.  Et  si 
dictus  archiepiscopus  Macharonus  permitteret  se  reperire  in  terris  et 
locis  predictis,  teneatur  dictus  Antonius  dare  ipsum  in  potentia  et 
forcia  dicti  domini  ducis  et  comunis  Veneciarum.  Insuper,  quod  pacta 
et  consuetudines  antique  que  fuerunt  inter  ducatum  Athenarum  et 
insulam  Nigropontis,  aliaque  loca  et  terras  dicti  domini  ducis  et 
comunis  Veneciarum,  debeant  per  utramque  partem  inviolabiliter 
observari^,  salvis  et  integris  semper  manenlibus  capitulis  supra- 
scriptis  et  infrascriptis;  hoc  tamen  declarato,  quod  si  aliquid  decon- 
tentis  in  aliquo  capitulorum  hujus  contraclus  derogaret  alicui  majori 
beneficio  vel  preheminentie,  quod  vel  quam  haberet  dictus  dominus 
dux  et  comune  Veneciarum,  sive  terre  et  loca  sua,  vel  subditi  sui, 
per  pacta  et  consuetudines  antiquas,  intelligatur  quod  illud  majus 
beneficium  et  prebeminentia  reserventur  et  reservata  sint  etiam 
dicto  domino  duci  et  comuni  Veneciarum,  terris,  locis  et  subditis 
suis,  nonobstante  aliquo  de  contentis  in  capitulo  hujus  contraclus. 

^'^ .  Item,  quod  magnificus  marchio  de  La  Bondoniza  ^,  qui  est  civis 
et  amicus  dicti  illustris  ducalis  dominii  Veneciarum,  includatur  et 
inclusus  esse  intelligatur  in  bac  pace. 

Quam  quidem  pacem  et  omnia  et  singula  suprascripta  et  infra- 
scripta  promiserunt  et  solenni  stipulatione  convenerunt  partes  pre- 
dicte,  et  quelibet  earum,  dictis  modis  et  nominibus,  sibi  ad  invicem, 
videlicet  una  pars  alteri  et  altéra  alteri,.  firma  et  rata  habere  et  tenere, 
atlendere  et  observare  et  adimplere,  et  contra  non  facere  vel  venire, 
per  se  vel  alios,  aliqua  ratione  vel  causa,  de  jure  vel  de  fado,  directe 
vel  indirecte,  tacite  vel  expresse,  sub  pena  ducatorum  decem  millium 
auri,  cum  reffectione  omnium  et  singulorum  dannorum,  expensarum 


1.  Au  ms.  :  observare. 

2.  Le  marquis  de  Bodonitza,  dont  les  terres  touchaient  au  canal  de  Nègre- 
pont.  En  droit,  il  relevait  féodaleraent  du  duc  d'Athènes. 


CO.\CEBNA\T    DIVERS    PAYS    DE    l'oRIENT    LATIN.  ^  24 

et  interesse  litis  et  extra;  in  quam  penam  incidat  quelibet  dictarum 
partium  que  contrafaceret,  et  predicta  integraliter  non  servaret;  et 
ab  illa  exigi  possit  et  debeat  et  applicari  parti  observanli,  vel  contra 
quam  esset  contrafactum  tociens  quoeiens  fuerit  contrafactum;  et 
pena  exa[c]ta  vel  non,  predicta  omnia  et  singula  nichilominus  firraa 
perdurent  et  inviolabiliter  observentur. 

Pro  quibus  omnibus  et  singulis  firmiter  observandis  et  adimplen- 
dis,  dicte  partes  et  quelibet  earum,  dictis  modis  et  nominibus,  sibi  ad 
invicem  et  vicisim,  videlicet  dicti  sindici  et  procuratores  ipsius  inclili 
domini  domini  ducis  et  comunis  Veneciarura  obligaverunt  diclo 
procuratori  dicti  magnifici  viri  Ântonii  dcAzaiolis  prelibalum  domi- 
num  ducem  et  comune  Veneciarura,  et  omnia  bona  mobilia  et  immo- 
bilia,  presentia  et  futura,  dicti  comunis  Veneciarura,  et,  vice  versa, 
dictus  procurator  dicti  raagnifici  Antonii  de  Azaiolis  obligavit  dictis 
sindicis  et  procuratoribus  dicti  doraini  ducis  et  comunis  Veneciarura, 
norainibus  quibus  supra  recipientibus,  dictura  raagnificum  Antonium 
de  Azaiolis,  heredes  et  successores  suos,  ac  sua  bona  omnia  raobilia 
et  immobilia,  presentia  et  fulura.  Renunliantes  predicte  partes  et  que- 
libet et  quilibet  earura,  in  predictis  omnibus  et  singulis  nominibus 
quibus  supra,  exceptioni  non  sic  vel  aliter  cellebrati  contractus  et 
geste  rei,  non  sic  vel  aliter  factorum  pactorum,  capitulorum  et  con- 
ventionum,  exceptionum  doli  raali,  condicioni  sine  causa,  vel  ex 
injusta  causa,  in  factura  actioni  et  exceptioni  quod  metus  causa,  pri- 
vilegio  fori,  et  orani  et  cuilibet  alii  juri,  Icgura  et  constitutionuni  anxi- 
lio,  eisdem  dictis  raodis  et  norainibus,  et  vel  dictis  principalibus,  vel 
alicui  ipsorum  quoraodolibet  corapetenti  vel  corapetituro,  et  legi 
dicenti  generalera  renuntiationera  non  valere.  Et  insuper  dicte 
partes,  dictis  modis  et  nominiims,  ad  raajorera  omnium  predictorum 
firmitatem,  sponte  et  ex  certa  anirai  scientia,  juraverunt  ad  sancla 
Dei  evangelia,  tactis  scripturis,  in  aniraas  suorura  constituentium, 
suprascripta  orania  et  singula,  et  quodlibet  ipsorum,  attendere,  obser- 
vareetadiraplere,  perpetuo,  bona  flde,  et  ad  sanum,  purura  et  bonura 
sensum  et  intellectura,  orani  cavilatione,  absurditate,  mala  interpe- 
tratione  (sic),  dolo,  fraude  et  exceptione  cessantibus  et  reraotis.  Volue- 
runtetiara  et  mandaveruntac  rogaverunt  partes  predicte,  et  quelibet 
earum,  de  predictis  omnibus  et  singulis  per  me,  Bernardum,  nota- 
riura  infrascriptum,  confici  unura  et  plura  publica  instruraenta, 
ejusdera  substantie  et  tenons,  prout  fuerit  oportunura. 

Ego,  Bernardus  de  Andalo,  quondam  ser  Marci  de  Venetiis,  publi- 
cusiraperiali  auctorilate  notarius,  predictis  oranibus  et  singulis,  dura 


^  22  DOCUMENTS 

sic  agerenlur,  presens  fui  -,  et  inde  rogatus  instrumenlum  confeci  ; 
sed,  aliis  occupatus,  ea  ex  libris  et  rogitis  meis  sumraenda  et  in  for- 
mam  publicam  redigenda  commisi  provido  viro  Antonio  Plumatio, 
notario  infrascripto;  ideoquc  me  subscripsi,  meoque  solito  signe 
sigiiavi. 

Ego,  Antonius  Plumatio,  fîlius  domini  Johannis,  de  Veneciis,  publi- 
ons imperiali  auctoritate  notarius,  predicta  omnia  ex  libris  et  rogitis 
prudenlis  viri  ser  Bernardi  de  Andalo,  notarii  suprascripti,  ex  comis- 
sione  michi  ab  eo  facta,  fideliter  scripsi,  et  in  hanc  publicam  forraam 
reddegi,  ideoque  me  subscripsi. 

Vil. 

1413,  30  janvier.  Antivari. 

Lettre  patente  de  Balsa  III  Strazimir,  seigneur  de  la  Zenta,  en 
Albanie,  dans  laquelle  Balsa  déclare  que,  la  république  de  Venise 
ayant  bien  voulu,  sur  la  médiation  de  Sandali,  grand  vaivode  de 
Bosnie  ^  lui  rendre  ses  bonnes  grâces,  en  le  remettant  en  possession 
des  villes  de  Dulcigno  et  de  Budua,  en  oubliant  les  torts  qu'il  avait 
eus  à  son  égard,  il  confirme  solennellement  l'engagement,  pris  en  son 
nom  par  levaïvode,  de  respecter  les  sujets,  les  terres  et  les  droits  de 
la  république,  tant  à  Dulcigno  qu'à  Budua  et  ailleurs,  et  de  ne  porter 
aucune  atteinte  à  leurs  biens  ou  à  leurs  privilèges,  sous  peine  de  se 
voir  contraint  à  restituer  lesdites  villes  de  Dulcigno  et  de  Budua,  et 
privé  du  subside  annuel  de  mille  ducats  d'or  que  la  république  lui  a 
promis  par  acte  du  26  novembre  \4V2^. 

(Archives  de  Venise,  Documents  originaux  remis  par  l'Autriche  à  l'Italie 

en  1868.  N"  51.) 


1.  Le  26  novembre  1412,  le  doge  de  Venise,' Michel  Sténo,  avait  écrit  au  grand 
vaïvode,  qu'après  avoir  reçu  son  envoyé  Grubaz  et  s'être  entretenu  avec  lui, 
il  consentait  à  faire  la  paix  avec  Balsa  Slrazimir  aux  conditions  qu'il  énumère 
dans  sa  lettre.  Ces  conditions  sont  celles  que  Balsa  lui-même  énonce  et  accepte 
dans  sa  patente  du  30  janvier  1413,  dont  nous  avons  vu  l'original  à  Venise  et 
que  nous  donnons  ici.  La  lettre  du  doge  a  été  publiée  par  M.  Schafarik  {Acta 
archiva  veneti,  t.  I,  p.  478)  et  analysée  par  M.  Predelli  [Commemoriali,  t.  III, 
p.  361,  n"  164),  sous  la  date  du  25  novembre.  En  réalité,  la  lettre  est  du  26. 

2.  Voy.,  sur  les  différends  des  Balsa  avec  la  république  de  Venise,  Trésor  rie 
chronoL,  col.  1785-1786. 


CONCERXÀiM   DIVERS    PAYS   DE    l'oRIENT   LATIN.  ^  23 

In  Christi  nomine,  amen.  Nui,  Balsa  Stracimir,  che  fo  de  miser 
Zorzi  Stracimir,  Signor  de  Xenta,  et  cetera.  Sapiando  e  cognoscando 
che  la  serenissima  cl  cxcelsa  ducal  signoria  de  Veniexia,  mossa  a 
pregiereead  instantiadel  magnificho  c  possente  signore  messer  San- 
dali,  grande  vaivoda  de  Bossena,  el  qualesovra  le  infrascripte  manda 
a  la  dicta  signoria  el  spectabele  et  egregio  homo  meser  Grubaz 
Dobranichi,  honorevele  so  ambassadore,  si  xe  degnada  tore  e  acetare 
nui  in  la  soa  benigna  e  misericordioxa  uxada  gracia,  perdonando  a 
nui  Balsa  tule  le  inzurie,  ofTexe,  dapni,  molestie,  c  contrarii\  per 
nui  e  per  li  nostri  homeni  dadi  e  facti  a  la  prefata  serenissima  ducal 
signoria  de  Veniexia,  e  a  le  terre,  luogi  e  subdili  de  quella^  et  ad 
instancia  e  requisitionc  del  dicto  magniffico  signor  Sandali  e  per  soa 
contemplatione,  se  è  degnada  fare,  concludere  e  fermare  pura,  vera, 
chiara  e  bona  paxe,  per  la  Dio  gracia,  perpetualmenle  duratura,  cum 
lo  dicto  magniffîco  signor  Sandali,  stipulando  e  recevando  in  nostro 
nome,  de  nui  Balsa  e  de  y  nostri  heriedi,  lassando  liberamente  in 
desposilione  del  dicto  signor  Sandali  chcl  possa,  per  fermczza  de  la 
dicta  paxe,  per  nome  de  la  dicta  signoria  e  de  y  suo  sucessori,  dare 
e  consignare  liberamente  a  nui  Balsa,  per  nui  e  per  li  nostri  heriedi, 
le-  citade  de  Dolcigno  e  de  Budoa,  cum  lute  e  zascunc  lor  raxone, 
pertinencie,  destrecti  e  confini  ;  e  oltra  prometere,  per  nome  de  la 
dicta  signoria,  de  dare  e  pagare  ogni  anno  a  nui  e  a  y  nostri  heriedi 
legiptimi  ducati  mille  d'oro  ogni  anno,  de  le  intrtide  di  luogi  i  quali 
tene  la  dicta  signoria  de  Veniexia  in  queste  parte  de  qua,  cum  quel 
modo,  condicione  e  forma  che  se  pagava  quelli  al  magniffico  signor 
messer  Zorzi,  nostro^  padre'',  romagnando  liberamente  et  im  per- 
petuo  a  la  dicta  signoria  de  Veniexia  tuti  li  al  tri  luogi  i  quali  fono 
concedudi  e  dadi  a  quella  per  lo  dicto  miser  Zorzi,  nostro  padre,  senza 
alcuna  contradicione  over  molestia,  cum  tute  le  lor  raxone,  pertinencie 
e  confini.  Si  [è]  eciandio  stado  promesso  per  parle  del  dicto  magnif- 
fîco signor  Sandali  ala  prefata  ducal  signoria  chel  dicto  magniffico 
signor  Sandalli  farà  e  curarà  si  cum  effetto  che  nui.  Balsa,  per  nostre 
leltere  patente  e  averte,  bolade  de  la  nostra  bolla,  e  fatte  solepne- 
mente,  ratificaremo,  fermeremo,aprovaremoelinviolal)elmenteobser- 
varemo,  e  non  contravigneremo  a  quella,  per  alguna  caxone,  over 

1.  Au  ms.  :  contarli. 

2.  Au  ms.  :  la. 

3.  Au  ms.  :  vostro,  ici  et  plus  loin. 

4.  Georges  Balsa  Strazimir,  qui  avait  épousé  Hélène,  fille  de  Lazare  I"  Ger- 
billanovich,  roi  de  Serbie  ou  de  la  Rascie. 


-124  DOCUMENTS 

inzegno,  e  chel  farà  che  nui,  Balsa,  ne  removeremo  cum  lu(e  le  noslre 
zenle  da  la  infeslacione  e  dampnlficatione  de  queli  luogi  e  subditi 
de  la  dicta  signoria  ;  e  che  per  lo  avegnire  nui  non  molestaremo,  ni 
darapnificaremo  ne  faremo  o  lasseremo  molestare  o  dampnificare, 
alguni  [luoggi]  o  subditi  de  la  dicta  signoria  per  nostri  subditi  over 
fedeli  per  alguno  modo,  inzegno,  caxon  over  colore;  e  che  quelli 
citadini  e  subditi  de  queli  dicti  luogi  de  Dolcigno  e  Budua,  e  lor 
destrectuaJi,  traclaremo  umana  e  benignamente,  non  li  ricordando 
algune  cose  per  loro  facte  contra  de  nui  per  lo  passado,  e  che  contra 
de  quelli  non  faremo  alguna  molestia  per  le  dicte  caxone;  redugando 
cussi  y  subditi  e  fedeli  de  la  dicta  signoria  come  y  nostri  totalmente 
in  lo  so  primo  stado  e  termeni;  eche  se  per  algun  tempo,  nui  contra- 
fassemo  in  alguna  de  le  ditte  cose,  per  algun  modo,  che  nui  siamo 
tegnudi  de  restituire  e  rendere  a  la  dicta  signoria  de  Veniexia  y  dicti 
luogi  de  Dolcigno  e  Budoa,  cum  tute  le  lor  pertinentie,  senza  alguna 
lexione  ;  e  non  vogliando  rendere  quelle,  che  lo  ditto  magniffico  signor 
Sandali  sia  tegnudo  dare  ala  dicta  signoria  ajutorio  e  favore  oppor- 
luno  a  constrenzere  per  forza  nui  Balsa  e  y  nostri  heriedi  a  resti- 
tuire a  la  dicta  signoria  y  dicti  luogi  como  e  ditto  de  sovra;  e  che  la 
ditta  signoria,  alora,  sia  absoluta  e  liberada  de  dare  e  pagare  a  nui 
queli  dicti  mille  ducati  ogni  anno,  como  de  le  predicte  cose  apare  pie- 
namente  per  litere  ducale  date  e  fatte  a  di  xxvi  del  mexe  de  novembre 
de  M.GGGG.XII,  e  bolade  de  la  boUa  pendente,  segondo  uxanza. 
Vogliando  in  sovra  de  zo  adimplire  et  observarecum  bon  effecto  tuto 
quello  che  per  parte  del  dicto  magniffico  signor  Sandali  per  nui  e  per 
nostro  nome  è  stado  promesso  a  la  dicta  ducal  signoria  de  Veniexia, 
come  è  nostro  debito,  semo  contento  e  umelemente  cum  ogni  débita 
reverencia  vogliemo  e  benignamente  recevemo  e  aceptemo,  nui  Balsa 
preditto,  la  dicta  gracia  a  nui  fatta  per  la  dicta  nostra  serenissima 
ducal  signoria  de  Veniexia. 

Et  per  lo  tenore  de  le  présent!  retifîchemo,  aprovemo  e  acetemo 
la  dicta  paxe  e  concordia,  e  tuto  quello  che  se  contene  in  essa,  segondo 
e  como  è  stado  facto  e  promesso  per  la  dicta  ducal  signoria;  da  una 
parte,  el  ditto  magniffico  signor  Sandali  per  nostro  nome,  da  l'altra 
parte,  in  tuto  e  per  tuto  como  in  quella  se  contene,  si  como  nui  pro- 
prio  fossemo  stadi  presenti  a  la  ditta  paxe  e  promissions  E  prome- 
temo,  per  nui  e  per  gli  nostri  heriedi  e  sucessori,  la  dicta  paxe,  con- 
cordia, bona  volontade  e  promissione  facte  como  è  ditto  de  sovra 
perpetualmenle  ferma  e  rata  avère,  tegnire,  actendere,  observare  et 
adimplire,  e  contra  quella  non  fare  over  vegnire,  per  nui  over  per 


COXCERVAM    DÎTERS    PAYS    DE    L  ORIEM    LATIN.  -125 

aliri,  per  direclo,  over  per  indirecto,  per  alguua  caxon,  colore,  modo 
over  inze^no. 

El  perpiu  cbiarezza  e  fermezzade  le  predicle  cose,  nui,  Balsa  pre- 
dicto,  promeLemo  per  la  noslra  dreta  fede  e  si  zuremo  in  Tanema 
nostra  e  in  l'aneraa  de  meser  Zorzi,  nostro  padre,  e  in  Dio,  padre 
omnipoleute,  e  in  la  nostra  Dona,  Madonna  Sancta  Maria  Verzene 
glorioxa,  e  la  croxe  veraxia  de  Dio,  e  in  gli  dodeie  apostoli,  e  in  gli 
quatro  evangelisti  e  in  gli  allri  setanta  cernidi,  e  in  trexento  dixe 
oto  sancli  padri  de  Xicea,  e  in  tuli  gli  sancLi,  i  quali  fo  inprincipio, 
per  questo  a  luti  quelli  zuremo,  e  oltra  al  serenissiojo  principo  miser 
lo  doxe  de  Veniexia,  e  a  luta  la  soa  signoria  e  comunità  de  Veniexia, 
che  nui  vogliemo  esser  cordiale  e  justo  amigo  e  fedele  de  quella,  e 
observare  Iule  le  predicte  cose.  EL  per  questa  caxone,  avemo  fatto 
fare  la  présente  carta  e  scritto,  bolado  cum  la  nostra  bolla  uxada.  Data 
in  Anlivari.  a  di  trenta  zenaro,  -M.CCCC.XIIP,  indictione  sexta  '. 

I.  Au  dos  du  parchernia  est  écrit  :  i  1413,  Antibari.  Dolctiinara,  Butue...  Balsa 
f  Stracimur,  cui  tradidit  Dolctinium  et  Butara  dominium  Venetum,  cum  sala- 
c  rio.  Concessit  eidem  dominio  Veneto  ornnia  alla  loca  tradita  per  ejus  patrem 
€  ipsi  dominio  Venetorum.  » 


LES  TRAVAUX  DE  DUPUY 


SUR   LE 


TRESOR  DES   CHARTES 

ET    LES    ORIGINES    DU    SUPPLÉMENT. 


La  seconde  partie  du  Trésor  des  chartes  ou,  pour  lui  donner 
le  nom  qu'elle  porte  dans  les  inventaires  des  Archives  nationales, 
le  Supplément  du  Trésor  des  chartes,  non  moins  précieux  que  la 
première,  dont  elle  passe  généralement  pour  être  l'annexe,  est 
loin  d'être  aussi  connue.  On  sait  qu'elle  a  été  inventoriée  au  com- 
mencement du  siècle  par  dom  Joubert,  dont  le  travail,  longtemps 
désigné  à  la  Section  historique  sous  le  nom  d'Inventaire  rose, 
constitue  l'unique  moyen  d'investigation  dans  les  centaines  de 
cartons  qui  s'y  trouvent  assez  inégalement  analysés;  on  sait  que 
le  classement  en  est  calqué  sur  celui  du  Trésor  et  que,  comme  lui, 
le  Supplément  est  partagé  en  deux  grandes  divisions  :  les  Douze 
gouve^^nements  et  les  Mélanges.  Quant  à  rechercher  qui  lui  a 
imposé  ce  classement,  à  connaître  l'histoire  et  l'époque  de  sa  for- 
mation, personne  ne  paraît  s'en  être  préoccupé,  et  l'ignorance  où 
l'on  est  resté  à  cet  égard  a  grandement  restreint  le  profit  que  l'on 
eût  pu  tirer  de  ce  bel  ensemble  de  documents .  Il  importe  de  la 
faire  cesser. 

Et  d'abord,  quelque  mal  défini  que  soit  jusqu'ici  le  Supplément, 
quelque  obscures  qu'en  soient  les  origines,  il  n'est  pas  difficile 
de  reconnaître  qu'il  contient  aujourd'hui  une  foule  de  pièces  qui 
ne  devraient  assurément  pas  en  faire  partie.  Sans  parler  de 
documents  du  Trésor  des  chartes  mentionnés  dans  l'inventaire  de 
Dupuy,  considérés  comme  perdus  depuis  lors  et  que  l'on  retrouve 
dans  le  Supplément,  sans  parler  d'autres  documents  ayant  la 
même  provenance,  mais  qui  ont  dû  être  distraits  du  fonds  primi- 


LES  TRAVAUX  DE  DDPDT  SDR  LE  TRESOR  DES  CHARTES.      127 

tif  avant  la  confection  de  l'inventaire  de  Dupuy,  un  très  grand 
nombre  de  pièces  ont  été  insérées,  postérieurement  au  travail  de 
dom  Joubert,  par  les  archivistes  ses  successeurs,  qui  s'étaient 
trop  facilement  habitués  à  regarder  le  Supplément  comme  un 
déversoir  destiné  aux  pièces  qu'on  ne  savait  où  classer.  Beaucoup 
de  celles-ci  se  rattachent  cependant  à  des  fonds  faciles  à  détermi- 
ner et  ne  présentent  aucun  rapport  avec  les  archives  de  la  Cou- 
ronne. 

Malheureusement,  il  n'est  pas  toujours  aussi  aisé  de  faire  le 
départ  entre  les  pièces  appartenant  depuis  l'origine  au  Supplé- 
ment et  celles  qui  y  ont  été  mal  à  propos  mélangées.  L'inven- 
taire de  dom  Joubert  étant,  —  nous  l'avons  déjà  dit,  —  fort  iné- 
galement rédigé,  on  peut  sans  doute,  lorsque  les  cartons  y  sont 
analysés  pièce  à  pièce,  reconnaître  à  l'écriture  les  additions  faites 
postérieurement  par  Michelet,  Dessales  ou  Douët  d'Arcq  ;  toutefois, 
dans  le  cas  trop  fréquent  où  l'inventaire  ne  fournit  qu'une  men- 
tion générale  pour  un,  ou  même  pour  plusieurs  cartons,  comment 
distinguer  les  pièces  intercalées  dans  les  dossiers  qui  y  sont  ren- 
fermés si  l'on  ignore  comment  ces  dossiers  se  sont  formés?  iMais, 
avant  d'étudier  la  formation  d'un  fonds,  il  est  nécessaire  d'en 
déterminer  les  limites  en  arrêtant  celles  des  fonds  qui  l'avoisinent. 
On  doit  donc,  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  commencer  par  savoir 
en  quoi  consiste  le  Trésor  des  chartes,  et  l'on  ne  peut  y  arriver 
que  par  un  examen  attentif  de  l'inventaire  de  Dupuy,  point  de 
départ  et  fondement  de  tous  les  travaux  touchant  ces  archives  de 
nos  rois. 

I. 

Chargés  en  1615  de  dresser  l'inventaire  du  Trésor,  Pierre 
Dupuy  et  Théodore  Godefroy  se  mirent  à  l'œuvre  dès  le 
l*^' juin  de  la  même  années  Leur  premier  soin  fut  de  mettre  un 
peu  d'ordre  dans  la  masse  confuse  qu'ils  avaient  trouvée  en  péné- 
trant dans  l'annexe  de  la  Sainte-Chapelle,  où  le  chartrier  royal 
était  déposé  depuis  le  temps  de  saint  Louis.  Pour  les  registres,  le 
travail  était  facile.  Quant  aux  chartes,  aux  titres  de  toute  sorte, 
on  les  conservait,  suivant  l'usage,  dans  des  sacs,  et  les  sacs 
concernant  une  même  matière  étaient  rangés  dans  des  coffres 

1.  Note  autographe  de  P.  Dupuy  (Bibl.  nat.,  coll.  Dupuy,  vol.  162,  fol.  c). 


^28  LES   TRAVAUX    DE    DUPUÏ 

OU  dans  des  boîtes  plus  petites  appelées  layettes.  Les  deux 
savants,  sans  doute  pressés  de  trouver  un  signe  extérieur  qui 
permît  d'établir  un  classement  à  première  vue,  distinguèrent  les 
sacs  déposés  à  même  sur  les  rayons,  de  ceux  qui  avaient  été 
réunis  dans  des  boîtes.  Cette  distinction  répond  à  peu  près  à  celle 
que  l'on  pourrait  établir  aujourd'hui  entre  les  liasses  rangées  sur 
les  rayons  de  nos  dépôts  et  celles  qui  sont  encloses  dans  des  car- 
tons. De  là,  trois  séries  : 

1"  Les  Coffres  et  layettes. 

2°  Les  Sacs. 

3"  Les  Registres. 

Sans  doute,  les  sacs  qui  n'étaient  pas  encore  renfermés  dans 
des  coffres  concernaient  ordinairement  des  affaires  plus  récentes 
ou  d'ordre  différent  de  celles  pour  lesquelles  on  avait  déjà  pris 
cette  mesure  conservatoire;  mais,  dans  bien  des  cas  aussi,  des 
sacs  tirés  des  coffres  pour  un  motif  quelconque  n'avaient  pas  été 
replacés.  De  semblables  négligences  eurent  pour  résultat  de  faire 
classer  dans  la  seconde  série  des  documents  qui  auraient  dû  être 
réunis  dans  la  première  à  d'autres  documents  du  milieu  desquels 
on  les  avait  extraits.  Tel  qu'il  est,  ce  classement  dure  encore  à 
présent  :  les  divisions  Layettes  et  Registres  ont  conservé  leurs 
anciennes  appellations.  Quant  aux  Sacs,  dont  le  nom  est  depuis 
longtemps  oublié,  je  démontrerai  plus  loin  qu'ils  forment  mainte- 
nant le  Supplément  du  Trésor  des  chartes. 

Restait  à  mettre  en  ordre  les  matières  classées  dans  chacune 
de  ces  séries.  Dupuy  et  Godefroy  s'occupèrent  d'abord  de  celles 
que  comprenait  la  première  :  Coffres  et  layettes.  «  L'ordre,  » 
est-il  dit  dans  le  Traité  des  droits  du  Roy\  «  y  fut  mis  tel  qu'il 
«  est  aujourd'hui,  où  l'on  voit  les  layettes  mises  en  bon  ordre 
«  par  les  Douze  gouvernements ,  puis  les  Affaires  étran- 
«  gères,  les  Personnes  et  les  Mélanges.  »  Le  cadre  de  classe- 
ment qu'ils  arrêtèrent  se  trouve  dans  un  Etat  sommaire  dont 
j'aurai  plus  loin  l'occasion  de  parler.  Etat  rédigé  certainement  à 
cette  époque  par  Dupuy,  mais  dont  je  ne  connais  que  des  trans- 
criptions postérieures^.  Les  matières  y  sont  groupées  selon  les 
quatre  catégories  énumérées  ci-dessus  ;  mais  les  divisions  entre 
elles  ne  sont  point  marquées,  et  l'on  voit  par  les  intitulés  que 


1.  Édition  de  1655,  p.  1013. 

2.  Bibl.  nat.,  coll.  Dupuy,  vol.  25,  et  fr.  14009. 


SUR  LE  TRESOR  DES  CHARTES.  ^ 29 

l'ordre  des  trois  dernières  est  renversé  :  les  Mélanges  y  précèdent 
les  Personnes,  tandis  que  les  Affaires  étrangères  ne  viennent 
qu'en  dernier  lieu.  Lors  de  la  rédaction  de  l'inventaire,  ces  trois 
catégories  furent  plus  ou  moins  confondues  sous  la  rubrique 
générale  Mélanges,  sous  laquelle  elles  sont  toutes  comprises 
aujourd'hui. 

On  a  souvent  cité  la  rédaction  originale  de  l'inventaire;  Teu- 
let,  dans  le  tome  I  de  ses  Layettes  du  Trésor  des  chartes,  en 
a  reproduit  le  sommaire*,  mais  on  n'en  a  pas,  que  je  sache,  publié 
de  description  détaillée.  Quelque  fastidieuse  que  soit  une  sem- 
blable description,  on  me  pardonnera  de  la  donner  ici,  car  elle 
pourra  servir  de  terme  de  comparaison  pour  l'examen  des  nom- 
breuses copies  de  l'inventaire  éparses  dans  les  bibliothèques 
publiques  ou  privées.  Presque  toutes  dérivées  de  cet  exemplaire, 
ces  copies  portent  souvent,  outre  leur  pagination  particulière, 
une  pagination  marginale  qui  n'est  autre  que  celle  de  la  rédac- 
tion originale.  Conservé  à  la  Bibliothèque  nationale  sous  les 
numéros  162  à  169  et  171  de  la  collection  Dupuy,  écrit  de  la 
main  de  ce  grand  érudit  et  de  celle  de  Théodore  Godefroy,  l'in- 
ventaire primitif  se  compose  de  sept  volumes  petit  in-folio,  d'un 
volume  de  tables  de  ces  sept  tomes,  et  d'un  huitième  volume  rédigé 
plusieurs  années  après  les  précédents. 

Volume  I  (Dupuy,  ^62).  —  ParU  et  Orléans^  7  feuillets,  A  à  F, 
-|-  308  pages. 

Fol.  A.  «  Vol.  I.  IIP.  Dupuy.  » 

Fol.  G.  Extrait  de  l'arrêt  du  Conseil  ordonnant  la  confection  de 
l'inventaire,  suivi  de  cette  mention  autographe  de  Dupuy  :  «  En  con- 
«  séquence  de  l'arrest  cy-dessus  nous,  Théodore  Godefroy  et  Pierre 
a  Dupuy,  avons  commencé  à  travailler  à  l'inventaire  du  Trésor,  ce 
a  premier  juin  mil  six  cens  quinze. 

a  p.  DUPCÏ.  » 

Fol.  E.  Table  des  titres  de  l'inventaire  des  layettes  Paris,  avec 
renvoi  aux  pages. 

Pages  \  à  U7.  Analyses  des  layettes  Paris. 

L'inventaire  de  la  layette  Êtampes  II,  au  lieu  d'être  transcrit  à  la 
suite  de  celui  à'Étampes  l  (p.  63  à  64),  est  copié  après  celui  de 
Valois  III  [^.  J24). 

1.  P.  lix  à  Ixiij. 

^1897  9 


-130  LES   TRAVAUX    DE   DCPDT 

Pages  ^48  et  ^49  vacantes. 

Page  -J-il,  table  des  titres  des  lavettes  Orléans. 

Pages  4  52  à  368,  analyse  des  layettes  Orléans. 

Volume  II  (Dupuy,  -163).  —  Champagne^  tout  entier  de  la  main 
de  Godefroy,  338  pages. 

Titre  :  «  Vol.  II  ||  Champagne  \\  ci3  id  cxxii  H  P.  Dupuy.  » 

Page  \ .  Tai)le  des  titres  des  layettes  Champagne^  de  la  main  de 
Dupuy. 

Pages  2  à  338.  L'inventaire  de  Champagne  X/F,  titre  substitué  à 
Champagne  dans  un  sac,  est  transcrit,  non  à  la  suite  de  Chain- 
pagne  XII [  (p.  288),  mais  à  la  fin  du  volume  (p.  325). 

Volume  III  (Dupuy,  -164).  —  Normandie^  Picardie  et  Bretagne^ 
304  pages. 

Titre  :  «  Vol.  III  ||  craiDcxxi  ||  P.  Dupuy.  »  Après  le  litre,  une 
table  des  intitulés  des  layettes  Normandie^  de  la  main  de  Godefroy. 

Pages  \  à  -12-1.  Analyse  des  layettes  Normandie^  de  la  main  de 
Godefroy,  pages  -127  à  245.  Analyse  des  layettes  Picardie,  de  la  main 
de  Godefroy,  sauf  les  pages  235  à  238  ajoutées,  après  coup,  par 
Dupuy  à  la  layette  Boulogne  IL 

Pages  245  à  304.  Analyse  des  layettes  Bretagne,  de  la  main  de 
Dupuy. 

Volume  IV  (Dupuy,  ^65),  —  Bourgogne,  Lyonnais,  Dauphiné, 
Provence,  289  pages. 

Titre  :  «  Vol.  IIII  \\  cd  lo  cxxii  ||  P.  Dupuy.  » 

Après  le  titre,  table  des  intitulés  des  layettes  Bourgogne. 

Pages  \  à  ^9-1.  Analyse  des  layettes  Bourgogne,  de  la  main  de 
Godefroy,  sauf  les  pages  -183  à  •^9^  {Mdcon  à  Sens)^  qui  sont  de  la 
main  de  Dupuy.  L'ordre  n'est  pas  toujours  observé  :  Chalon-sur~ 
Saône  se  trouve  entre  Bourgogne  V  et  Bourgogne  VI  (p.  73), 
Nevers,  entre  Bourgogne  VI  et  Bourgogne  VII  (p.  ^  14). 

Volume  V  (Dupuy,  ^66).  —  Guyenne  et  Languedoc,  368  pages. 
Titre  :  «  Les  gouvernemens  deGuienne  et  de  Languedoc.  ||  Vol.  V 
«  Il  CI3 13  CXXII  II  P.  Dupuy.  » 
Pages  -1  à  -1 8.  Analyse  des  layettes  Guyenne,  de  la  main  de  Dupuy. 
Pages  2^  à  368.  Analyse  des  layettes  Languedoc,  de  la  main  de 


SnR  LE  TRÉSOR  DES  CHARTES.  \S^ 

Dupuy,  sauf  celle  des  sacs  Toulouse  I  à  XXI,  qui  esl  de  la  main  de 
Godefroy. 

Volume  VI  (Dupuy,  ^67).  —  Mélanges^  5  feuillets,  A  à  E, 
-{-  sn  pages,  en  entier  de  la  main  de  Dupuy. 

Fol.  A.  Titre  :  «  Vol.  VI  ||  ci3  id  cxviii  ||  P.  Dupuy.  » 

Fol.  G.  à  E.  Table  alphabétique  des  intitulés  des  layettes. 

Pages  \  h^M.  Analyse  des  layettes  Élections  (aujourd'hui  J344) 
à  Seigneurs  d'Albret  (aujourd'hui  J  478). 

Volume  VII  (Dupuy,  IGS).  —  Mélanges^  448  pages,  en  entier  de 
la  main  de  Dupuy. 

Titre  :  «  Vol.  VII  ||  cia  i3  cxxni  ||  P.  Dupuy.  »  Après  le  titre,  table 
alphabétique  des  intitulés  des  layettes. 

Pages  \  à  448.  Analyse  des  layettes  Différend  de  Philippe  le  Bel 
avec  Boniface  VIII  (aujourd'hui  J  478)  à  Serments  de  fidélité  de 
plusieurs  villes  (aujourd'hui  J627). 

Tables  (Dupuy,  ^69).  —  ^33  feuillets,  en  entier  de  la  main  de 
Dupuy. 

Sur  le  feuillet  de  garde  «  cio  id  cxxiii  |1  P.  Dupuy.  » 

Fol.  'I.  «  Table  de  sept  volumes  des  inventaires  du  Trésor  des 
ce  chartes  du  Roy.  » 

Fol.  ^^6.  Table  spéciale  des  «  Noms  des  archevesques  et  évesques 
«  de  France.  » 

Fol.  127.  Table  spéciale  des  «  Forests.  » 

Fol.  128.  Table  spéciale  des  «  Monnoies.  » 

Fol.  132  v°.  Observations  sur  les  systèmes  chronologiques. 

Fol.  133.  «  Limites  »  du  royaume  d'après  les  données  de  l'In- 
ventaire. 

Volume  VIII  (Dupuy,  \1\).  —  Mélanges,  203. 

Fol.  \.  Titre  :  «  Vol.  VIII  ||  ci3  i3  cxxx  ||  P.  Dupuy.  » 

Fol.  2.  Table  alphabétique  des  intitulés  des  layettes. 

Fol.  5  à  102.  Analyse  des  layettes  Angleterre  (aujourd'hui  J  628) 
à  Suisses  II  (aujourd'hui  J  724),  de  la  main  de  Dupuy. 

Fol.  -168  à  184.  Analyse  du  coffre  «  Pierre  de  [la]  Brosse  »  (aujour- 
d'hui J  726  à  730),  de  la  main  de  Godefroy. 

Fol.  186  à  193.  Analyse  de  la  layette  Eaux  et  Forêts  (aujour- 
d'hui J  731  à  J  733),  de  la  main  de  Dupuy. 


\S2  LES  TRAVAUX  DE  DOPCT 

Fol.  VJ4.  Antibes  (aujourd'hui  J  735),  Inventaire  original  des 
litres  remis  à  Jérôme  Lliuillier,  procureur  général  à  la  Chambre  des 
Comptes,  inventaire  portant  encore  le  récépissé  donné  par  Dupuy,  le 
■i*""  décembre  J629,  au  nom  du  procureur  général  qui  devait  déposer 
lesdits  titres  au  Trésor. 

Fol.  200.  «  Guichet  IX.  Sac  des  titres  meslez  »  (aujourd'hui  J  734), 
de  la  main  de  Dupuy. 

On  voit,  même  d'après  cette  sommaire  analyse,  que  l'inven- 
taire paraît  avoir  été  rédigé  avec  une  remarquable  négligence  de 
l'ordre  établi  par  les  auteurs  eux-mêmes.  Sans  doute,  sur  le 
feuillet  qui  précède  l'inventaire  de  chaque  gouvernement,  Dupuy 
copiait  en  manière  de  table,  et  de  sa  main,  la  partie  du  cadre  de 
classement  relative  à  ce  gouvernement;  mais  les  renvois  aux 
pages  inscrits  à  cette  table  permettent  de  constater  des  interver- 
sions ou  des  écarts  qui  ne  peuvent  être  attribués  qu'au  peu  de 
soin  des  rédacteurs  ;  on  a  pu  en  remarquer  plusieurs  en  lisant  la 
description  des  cinq  premiers  volumes.  Dans  les  Mélanges,  les 
interversions  se  multiplient  au  point  de  ne  plus  laisser  subsister 
rien  du  cadre  établi  d'avance,  et  le  désordre  résultant  des  négli- 
gences de  l'inventaire  original  s'est  maintenu  jusqu'à  nos  jours. 

Du  reste,  les  auteurs  de  l'inventaire  semblent  n'avoir  pas  eu 
eux-mêmes  une  notion  bien  nette  des  limites  entre  lesquelles  se 
trouvait  comprise  la  catégorie  des  Mélanges.  Après  avoir  livré 
sept  volumes  de  l'inventaire  des  Layettes,  soit  les  cinq  volumes 
des  Gouvemetnents  parus  de  1620  à  1622,  et  deux  volumes  de 
Mélanges,  l'un  en  1618,  l'autre  en  1623,  ils  donnèrent,  en  cette 
dernière  année,  un  volume  de  tables  des  sept  volumes  achevés 
qu'ils  semblaient  désigner  de  la  sorte  comme  formant  un  tout 
complet*  et  ne  produisirent  le  huitième  volume,  contenant  le  reste 
des  Mélanges,  qu'en  1630. 

D'une  note  inscrite  en  tête  de  certaines  copies  de  l'inventaire 
et  publiée  récemment  dans  la  Bibliothèque  de  l'École  des 
chartes^  d'après  un  exemplaire  appartenant  à  M.  Teilhard  de 


1.  Certaines  copies  de  l'inventaire,  telles  que  l'exemplaire  de  service  de  la  sec- 
lion  historique  (ancien  JJ  583),  ne  comprennent  que  sept  volumes  et  ne  con- 
tiennent pas  l'inventaire  des  matières  analysées  dans  le  huitième  tome  de 
l'exemplaire  original. 

2.  Année  1896,  p.  541. 


SUR    LE    TRESOR    DES   CHARTES.  ^33 

Chardin,  on  peut  tirer  d'utiles  renseignements  sur  les  premières 
copies  exécutées  par  Dupuy  ou  sous  sa  direction.  L'éditeur  de 
cette  note  n'avait  su  à  qui  l'attribuer;  les  mentions  que  l'on  peut 
relever  sur  les  titres  d'un  autre  exemplaire  où  elle  figure  égale- 
ment' permettent  de  conclure  d'une  façon  certaine  qu'elle  est 
d'un  M.  de  Verthamon,  sans  doute  François  de  Verthamon,  sei- 
gneur de  Bréan,  maître  des  requêtes.  D'après  lui,  ces  premières 
furent  au  nombre  de  trois  : 

1"  L'exemplaire  original  écrit  de  la  main  de  Dupuy  et  de  celle 
de  Godefroy.  C'est  celui  qui  forme  les  vol.  162  à  169  et  171  de  la 
collection  Dupuy  et  qui  a  été  décrit  ci-dessus. 

2"  Une  copie  écrite  de  la  main  de  Dupuy,  et  de  celle  de  Gode- 
froy, reliée  en  veau,  aux  armes  et  au  chiffre  de  Louis  XIII, 
laquelle  fut  cédée  par  les  rédacteurs  au  cardinal  de  Richelieu. 
Elle  est  arrivée  avec  les  manuscrits  de  la  Sorbonne  à  la  Biblio- 
thèque nationale,  où  elle  porte  dans  le  fonds  français  les  n"^  23166- 
23181  et  non  pas,  comme  on  l'a  dit^,  les  n°«  21096-21103. 

3"  Une  autre  copie  d'une  autre  main,  «  fort  bien  escrite  et  cor- 
«  recte,  reliée  en  veau,  »  prêtée  par  Dupuy  en  1648  à  M.  de 
Verthamon. 

Mais  il  paraît  que,  de  son  côté,  Godefroy  possédait  un  exem- 
plaire dont  la  disposition  était  très  différente.  On  voit  en  effet  à 
la  fin  du  ms.  fr.  21103  une  «  table  de  l'inventaire  des  titres  du 
«  Trésor  des  chartes  de  M.  Godefroy,  dont  les  volumes  sont  en 
«  un  autre  ordre  que  ceux  de  Monsieur  Dupuy.  »  Cette  table  est 
malheureusement  rédigée  d'une  façon  assez  incohérente;  on  en 
peut  cependant  reconstituer  une  assez  grande  partie  pour  recon- 
naître que  l'inventaire  de  Godefroy  était  partagé  en  quinze 
volumes  et  que  l'ordre  des  matières  était  assez  semblable  à  celui 
d'un  exemplaire  en  onze  volumes  conservé  aux  Archives  natio- 
nales sous  les  cotes  JJ  290  à  300,  pour  qu'on  puisse  considérer 
celui-ci  comme  l'un  de  ses  dérivés.  Cet  exemplaire,  qui  paraît 
être  du  xvii®  siècle,  est  ainsi  composé  : 

Volume  I  (.JJ290).  —  Paris  et  Orléans.  En  tête  se  trouve  Irans- 
crit  l'État  sommaire  dont  il  a  été  question  plus  haut. 

1.  Cet  exemplaire  est  conservé  à  la  section  historique  des  Archives  nationales 
(ancien  JJ  585). 

2.  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  1896,  p.  541. 


-(34  LES   TRAVAUX   DE   DUPDY 

Volume  II  (3J29i).  — Normandie,  Picardie,  Bretagne,  Cham- 
pagne. 

Volume  m  (JJ292). — Bourgogne,  Lyonnais,  Dauphiné,  Pro- 
vence, Guyenne. 

Volume  IV  (JJ  293).  —  Languedoc. 

Volume  V  (JJ294).  —  Mélanges.  Ce  volume  n'est  pas  folioté, 
mais  il  porte  en  marge  une  pagination  (I  à  288)  qui  n'est  pas  celle 
de  l'exemplaire  original  de  Dupuy. 

Élections  à  Traités  avec  les  Empereurs  d^ Allemagne  (aujour- 
d'hui J344  à  386). 

Empereurs  d'Allemagne  IV  (aujourd'hui  J6^0  à  6-12). 

Transactions  entre  les  particuliers  à  Templiers  I  (.1  387  à  443). 

Manquent  les  analyses  de  Templiers  H  et  Fil.,  et  iVAutriche  et 
Danemark  (J  414  à  418).  On  aura  sans  doute  omis  de  transcrire  les 
feuillets  289  à  34  2  de  l'original,  car  le  volume  suivant  commence 
au  fol.  343. 

Volume  VI  (JJ  295).  —  Mélanges.  La  pagination  marginale  du 
volume  précédent  se  continue  dans  ce  volume,  fol.  313  à  537. 
Bulles  d'or  à  Suisses  /  (J  4-19  à  472). 
Suisses  II  (J  724  à  725) . 
Quittances  à  Seigneurs  d'Albret  (J  473  à  477). 
Lorraine  à  3Ietz  (J  579  à  580). 
Tout  et  Verdun  (J  583  à  584). 
Bar  (J584  à  582). 
Jean.,  comte  de  Sarrebriick  (J  578) . 
Brochard  de  Fenétrange  (J  5-14). 
Châtel-sur-3Ioselle  [i  ^86). 

Volume  VII  (JJ  296) .  —  Italie,  Espagne,  Savoie,  Pays-Bas.  Il  n'y 
a  plus  de  pagination  marginale. 
Italie.  XeowZ(J  576). 

—  Royaume  d'Italie  (J  495). 

—  Gênes  {iÂ97). 

—  Savoie  (J  501  et  502). 

—  Saluées  [S  609). 

—  Venise  [J  A9A) . 

—  Florence  (J503  et  504). 

1 .  «  Cette  layette  étoit  obmise,  »  est-il  dit  dans  le  manuscrit. 


SDK  LE  TRESOR  DES  CHARTES.  435 

Italie.  Ferrare,  Mantoue,  Montf errai ^  Naples,  Caramarjna  (J  508). 

—     Sicile  {ioW  à  5^3). 
Espagne.  Casiille  (J  599  à  606). 

—  Arragon  (J  587  à  595). 

—  Navarre  [J6i3k6i9). 

—  Portugal  {io97). 

—  Roussi/ Ion  et  Cerdagne  (J  596). 

—  Majorque  (J  598) . 

Pays-Bas.  Hainaut  à  Namur  (J  5-19  à  53^). 

—  Tournai  (J  607). 

—  Luxembourg  {]  %(i^]. 

—  Flandre  (J  532  à  575). 

Volume  VIII  (JJ  297).  —  Angleterre,  Ecosse,  Ducs  de  Bourgogne 
et  Maison  d'Autriche. 
Angleterre  I  à  XIX  (J  628  à  652). 

—  Lettres  sans  dates  (J  655). 

—  Bulles  (J653). 

—  Rôles  sans  dates  (J  654). 

—  Registre  (J  656). 
Ecosse  (J676  à  680). 
Espagne  (J  657  à  675). 

Volume  IX  (JJ  298).  —  Diverses  matières. 

Hotnmages  (J620  à  626). 

Serments  de  villes  (J627). 

Différend  avec  Boniface  VI H  (J  478  à  493). 

Schisme  fJ  515  à  518). 

Lorraine  II  [S  68i). 

Dissolutions  de  mariage  (J  682). 

Bulles  (J683  à  716). 

Pierre  de  la  Brosse  (J  726  à  730). 

Eaux  et  forêts  (J  731  à  733). 

Antibes  (J735). 

Titres  mêlés  (J  734). 

Volume  X  (JJ  299).  —  Inventaire  des  titres  «  de  Tancien  domaine 
«  de  Navarre  estant  dans  la  Chambre  des  comptes  de  la  ville  do  la 
a  Ferre  »  fait  en  ^640  par  J.-B.  Picard,  intendant  en  la  généralité 
de  Soissons. 


^36  LES   TRAVAUX   DE   DDPUT 

Ces  titres  ne  sont  point,  comme  on  pourrait  le  croire,  relatifs  à  la 
Navarre,  mais  bien  aux  domaines  que  Henri  IV  tenait  de  son  arrière- 
grand'mère,  Marie  de  Luxembourg,  comtesse  de  Saint-Pol,  Gonver- 
san,  Marie,  Soissons,  vicomtesse  de  Meaux,  dame  d'Enghien, 
Dunkerque,  Gravelines,  Ham,  la  Roche,  Bohain  et  Beaurevoir,  et 
châtelaine  de  Lille. 

Volume  XI  (JJ300).  —  «  Inventaire  des  titres  de  Lorraine,  du 
«  Barrois  et  deséveschez  de  Metz,  Toul  et  Verdun,  qui  sont  dans  six 
«  coffres  rapportés  de  la  Motte  à  Nancy  l'an  mil  six  cent  trente-quatre, 
«  depuis  transportez  dudit  Nancy  à  Paris  l'an  mil  six  cent  trente-cinq, 
«  et  mis  au  Trésor  des  chartes  du  Roy  à  la  Sainte-Chapelle.  » 

Cet  inventaire  des  six  coffres  est,  ainsi  que  le  dit  Dupuy  dans  le 
Traité  des  droits  du  Roy^  l'œuvre  de  Godefroy  et  sa  présence  dans 
l'exemplaire  JJ  290  à  300  vient  confirmer  la  présomption  que  celui-ci 
dérive  de  l'exemplaire  particulier  de  ce  grand  érudit,  exemplaire  vite 
oublié,  car  tous  les  inventaires  des  Layettes  du  Trésor  qu'il  nous  a 
été  donné  de  voir  chez  les  particuliers  ou  dans  les  dépôts  publics 
proviennent  plus  ou  moins  directement  de  celui  de  Dupuy. 

Bien  que  les  rédacteurs  de  l'inventaire  des  Layettes  aient  encore 
continué  leurs  travaux  durant  de  longues  années,  ils  ne  semblent 
pas  s'être  occupés  d'analyser  en  détail  les  autres  parties  du  Tré- 
sor des  chartes.  Cependant,  sans  parler  des  Registres,  un  grand 
nombre  de  pièces  restaient  à  décrire.  Quelles  étaient  ces  pièces? 
Où  se  trouvent-elles  aujourd'hui?  C'est  ce  qui  fera  la  matière  du 
chapitre  suivant. 


II. 


Certains  passages  du  Traite  des  droits  du  Roy  de  Dupuy  ne 
laissent  aucun  doute  sur  l'existence  au  Trésor  des  chartes  de 
documents  autres  que  ceux  que  l'auteur  a  décrits  dans  son  inven- 
taire. Peignant  l'extrême  désordre  dans  lequel  il  a  trouvé  les 
archives  royales,  «  les  titres,  dit-il,  étant  confus  et  épars  par 
«  la  place,  une  partie  des  layettes  estoit  brisée,  aucuns  des  coffres 
«  et  layettes  pourries  et  les  titres  aussi,  la  pluye  ayant  pénétré 
«  partout,  faute  de  n'avoir  été  pris  garde  aux  couvertures.  Donc, 
«  la  première  chose  qui  fut  faite  fut  de  séparer  les  titres  gastez 


son  LE  TRESOR  DES  CHARTES.  ^137 

«  et  demy-pourris  et  ordonner  ceux  qui  estoient  restez...'.  » 
Dans  cette  opération  du  triage,  il  a  pu  se  faire  qu'outre  les  titres 
«  gastez  et  demy-pourris,  »  des  pièces  n'aient  pas  trouvé  leur 
place  dans  le  nouveau  classement;  que  sont  devenues  ces  pièces? 
N'en  rencontrerait-on  pas  un  certain  nombre  dans  le  Supplément? 

D'ailleurs,  les  documents  du  Trésor  des  chartes  étaient  loin 
d'être  au  complet;  ceux  que  l'on  avait  dû  consulter  ou  produire 
dans  des  contestations  où  se  trouvaient  engagés  les  intérêts  du 
roi  étaient  bien  rarement  revenus  prendre  leur  place  à  la  Sainte- 
Chapelle.  Après  l'achèvement  de  l'inventaire  de  Dupuy,  Mathieu 
Mole,  qui  avait  eu  l'initiative  de  cet  utile  travail,  fit  rapporter 
«  dans  le  Trésor  une  grande  quantité  de  papiers  assez  importans 
«  qui  furent  trouvez  chez  Monsieur  le  procureur  général  de  la 
«  Guesle^,  et  fallut  emplover  beaucoup  de  temps  pour  les  ordon- 
«  ner  et  mettre  dans  des  sacs  où  furent  mises  les  étiquettes,  et 
«  c'est  ce  qui  a  rempli  une  partie  de  la  grande  armoire  de  qua- 
«  rante-deux  guichets,  et,  quoy  que  l'inventaire  exacte  ne  soit 
«  faite  desdits  sacs,  les  étiquettes  peuvent  servir  de  sommaire 
«  inventaire... 3.  »  Avant  de  démontrer,  comme  j'espère  le  faire 
tout  à  l'heure,  que  le  contenu  de  cette  armoire  a  été  le  noyau  du 
Supplément,  je  me  bornerai  à  faire  remarquer  que  Dupuy  le 
mentionne  avant  ce  qu'il  rapporte  des  titres  de  Mercurol,  c'est- 
à-dire  à  la  place  même  que  le  Supplément  occupe  encore  aujour- 
d'hui dans  le  classement  des  Archives  nationales. 

D'autres  titres  du  Trésor  des  chartes  rentrèrent  bientôt  dans 
le  chartrier  royal,  mais  sans  être  l'objet  d'aucune  addition  au 
grand  inventaire  de  Dupuy  ;  ce  furent  ceux  que  Dupuy  lui-même 
alla  chercher  en  1621,  par  l'ordre  du  roi,  à  Troyes,  «  sur  l'avis 
«  que  l'on  eut  du  decez  de  M.  François  Pithou  et  qu'il  avoit 
«  quelques  papiers  publics  dont  le  Roy  pourroit  avoir  besoin.  Il 
«  en  apporta  quelques-uns  qu'il  mit  entre  les  mains  de  Monsieur 
«  Mole,  procureur  général,  qui  luy  en  bailla  une  déchargea  » 

1.  Dupuy,  Traité  des  droits  du  Roy,  éd.  de  1655,  p.  1013. 

2.  C'était  ce  magistrat  qui  avait  achevé  de  mettre  le  désordre  dans  le  Trésor 
des  chartes  en  obtenant  la  réunion  de  la  charge  de  garde  de  ce  dépôt  à  celle  de 
procureur  général. 

3.  Dupuy,  Traité  des  droits  du  Roy,  p.  1013-1014. 

4.  Jbid.,  p.  1014.  —  François  Pithou  paraît  en  outre  avoir  rendu  do  son 
vivant  certains  papiers  coacernant  les  «  limites  de  Picardie,  »  qui  formaient 


•(38  LES   TRAVAUX   DE    DOPUT 

Enfin,  il  y  a  déjà  longtemps  que  l'on  a  constaté,  dans  le  Supplé- 
ment, la  présence  de  pièces  provenant  du  chartrier  des  ducs  de 
Lorraine  et  qui  sont  aujourd'hui  en  déficit  à  Nancy*;  c'est  encore 
Dupuy  qui  nous  en  explique  l'origine  :  «  Le  roi,  dit-il,  ayant 
«  conquis  la  Lorraine,  le  sieur  Godefroy  fut  envoyé  à  Nancy  pour 
«  visiter  les  titres  et  chartes  du  païs,  avec  ordre  d'apporter  à 
«  Paris  ce  qu'il  jugeroit  à  propos  pour  le  service  de  Sa  Majesté. 
«  A  quoy  il  travailla  fort  utilement  et  judicieusement,  ayant, 
«  après  une  longue  reveue  et  exacte,  fait  apporter  à  Paris  six 
«  grands  coffres  de  titres  originaux  et  quelques  registres  concer- 
«  nant  les  duchez  de  Lorraine  et  de  Bar,  Mets,  Toul  et  Verdun 
«  et  de  toutes  les  seigneuries  dont  les  ducs  de  Lorraine  estoient 
«  en  possession.  »  Godefroy  fit  des  inventaires  pour  le  cardinal 
de  Richelieu,  le  chancelier  et  le  procureur  général,  «  mais,  » 
ajoute  Dupuy,  «  il  n'y  en  a  point  dans  le  Trésor  où  les  six 
«  coffres  furent  portez  et  y  sont  encore  à  présent^.  »  Enfin, 
on  a  vu  plus  haut  qu'une  copie  de  cet  inventaire  complétait  celui 
des  Layettes  dans  l'exemplaire  particulier  de  Godefroy.  Quant  aux 
six  coffres  déposés  à  Paris  depuis  1635,  ils  ne  furent  jamais  ren- 
dus, pas  même  lorsque,  après  le  traité  de  Ryswyk,  on  restitua 
au  duc  de  Lorraine  celles  de  ses  archives  qui  avaient  été  portées 
à  Metz  en  1670». 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que,  même  à  l'époque  de  Dupuy, 
le  Trésor  des  chartes  renfermait  une  masse  considérable  de  docu- 
ments autres  que  ceux  dont  ce  savant  nous  a  laissé  l'inventaire. 
Cette  masse  de  documents  a  formé  depuis  le  fonds  appelé  aujour- 
d'hui Supplément  du  Trésor  des  chartes,  fonds  dont  les  pièces  rap- 
portées de  chez  le  procureur  général  La  Guesle  et  déposées  dans 
l'armoire  à  quarante-deux  guichets  ont  été  le  noyau.  Tel  est  le  fait 
qu'un  texte  positif  vient  pleinement  confirmer.  J'ai  eu  la  bonne 


l'article  5  du  v°  guichet  dans  un  inventaire  de  l'armoire  à  xlii  guichets  dont 
il  sera  question  plus  loin. 

1.  Notre  confrère  M.  Paul  Marichal,  dans  ia  notice  approfondie  qu'il  a  récem- 
ment consacrée  à  la  Collection  de  Lorraine  à  la  Bibliothèque  nationale  (Nancy, 
1896,  in-S",  p.  28,  n.  2),  a  signalé  la  présence  de  ces  pièces  dans  les  car- 
tons J  913,  932,  981  à  986,  988,  989  a  et  989  b. 

2.  Dupuy,  Traité  des  droits  du  Boy,  p.  1015. 

3.  Voy.  la  brochure  déjà  citée  de  M.  Marichal,  p.  30  et  27. 


SUR  LE  TRESOR  DES  CHARTES.  ^ 30 

fortune  de  rencontrer  aux  Archives  nationales'  une  grande  feuille 
divisée  en  quarante-deux  paragraphes  dont  les  titres  rappellent 
beaucoup,  à  première  vue,  ceux  du  Trésor  et  du  Supplément. 
D'ailleurs,  les  mots  Quarante-deux  guichets  inscrits  au  dos 
suffisaient  à  éloigner  toute  incertitude;  c'était  l'inventaire  ou, 
pour  employer  des  expressions  plus  rapprochées  de  celles  de  Dupuy , 
le  relevé  des  étiquettes  des  sacs  occupant  la  précieuse  armoire. 
Deux  guichets  (xl  et  xli)  étaient  restés  vides  ;  six  autres  (i,  u,  m, 
VIII,  XX  et  xxviii)  contenaient  des  registres  royaux  ;  un  neuvième 
(xxxiv)  renfermait  des  documents  du  Trésor  des  chartes  propre- 
ment dit  concernant  le  Grand  Schisme^;  enfin,  dans  un  dixième 
(xrv)  se  trouvaient  des  terriers  de  Calais  et  du  Pays  reconquis^; 
mais,  quelque  sommaires  que  soient  les  intitulés  du  reste,  il  n'est 
pas  difficile  d'y  reconnaître  les  matières  du  Supplément.  Cette 
identité  est  encore  démontrée  par  un  fait  matériel  :  on  retrouve 
dans  plusieurs  cartons  les  étiquettes  mêmes  dont  il  est  fait  men- 
tion dans  le  Traité  des  droits  du  Roy.  Ce  sont  des  fragments 
de  parchemin  portant  des  intitulés  répétés  sur  la  grande  feuille 
des  xLii  guichets,  et  souvent  aussi  le  numéro  du  guichet  inscrit 
de  la  main  de  Dupuy. 

L'armoire  principale  était  probablement  insuffisante  à  conte- 
nir tous  les  articles  non  inventoriés  par  Dupuy  ;  car  le  relevé  de 
son  contenu  est  suivi,  dans  la  feuille  que  je  viens  de  décrire,  de 
celui  des  pièces  remplissant  «  quatre  grands  sacs  en  l'armoire 
«  derrière  la  porte.  »  Ces  pièces  font  également  partie  du  Supplé- 
ment où  j'ai  pu  les  retrouver  dans  les  cartons  J  762-765, 
780,  etc. 

Telle  qu'elle  est,  cette  longue  feuille  constitue  le  premier  inven- 
taire de  la  seconde  des  trois  divisions  du  Trésor  établies -par 
Dupuy  et  Godefroy.  En  effet,  bien  qu'il  semble  avoir  renoncé  à 
donner  des  trois  séries  un  inventaire  détaillé  semblable  à  celui 
qu'il  avait  déjà  donné  des  Layettes,  Dupuy  voulut  tout  au  moins 
faire  connaître  au  public  l'ordre  qu'il  avait  introduit  dans  les 
archives  royales.  C'est  dans  ce  dessein  qu'il  rédigea  un  État  som- 
maire aujourd'hui  conservé  dans  le  vol.  25  de  la  collection  Dupuy, 


1.  J1165,  n'  57. 

2.  Ces  documents  occupent  aujourd'hui  les  cartons  J515  à  518. 

3.  Aujourd'hui  KK  1095  à  1097. 


J40  LES   TRAVAUX   DE    DUPUY 

OÙ  il  porte  ce  titre  écrit  de  la  main  de  l'auteur  :  «  Inventaire  des 
«  laiettes,  coffres,  registres,  mémoires  et  sacs  ainsi  qu'ils  ont  esté 
«  ordonnez  et  rangez  par  les  s""^  Dupuy  et  Godefroy  du  temps  de 
«  Monsieur  le  procureur  général  Mole  et  comme  encore  ils  sont 
«  en  la  présente  année  1650.  »  Cet  État  sommaire  est  encore 
transcrit  au  début  ou  à  la  fin  de  quelques  copies  de  l'inventaire 
des  layettes.  Il  est,  conformément  au  classement  que  j'ai  indiqué 
au  début,  divisé  en  trois  séries,  Coffres  et  layettes,  Sacs  et 
Registres,  dont  la  seconde,  subdivisée  en  guichets,  n'est  pas 
autre  chose  que  la  répétition  de  la  feuille  J 1165,  n°57;  on  y  voit 
même  figurer  les  «  quatre  grands  sacs  en  l'armoire  derrière  la 
«  porte.  »  L'identité  du  Supplément  actuel  avec  les  Sacs  est  donc 
absolument  démontrée.  Il  serait  à  souhaiter  que  l'ancienne  déno- 
mination vînt  reprendre  entre  celles  des  Laj^ettes  et  des  Registres 
la  place  de  l'appellation  «  Supplément  »  dont  je  n'ai  pas  trouvé 
d'exemple  avant  1836  et  qui  a  fait  généralement  prendre  pour 
une  annexe  cette  partie  intégrante  du  Trésor  des  chartes. 

Dans  le  vol.  25  de  Dupuy,  l'État  sommaire  est  précédé  d'une 
notice  sur  le  Trésor  reproduite  dans  le  Traité  des  droits  du 
Roy^  et  suivi  d'une  table  alphabétique  de  manière  à  former  un 
ouvrage  sans  doute  destiné  à  être  publié.  J'ignore  si  cet  ouvrage 
fut  jamais  imprimé;  mais  il  fut  recopié  de  la  main  de  Dupuy  en 
un  petit  volume  «  pour  mettre  au  Trésor  des  chartes,  »  ainsi  que 
l'indique  une  apostille  ajoutée  au  titre.  Ce  petit  volume  porte 
aujourd'hui  le  n"*  14009  du  fonds  français  à  la  Bibliothèque 
nationale. 

Le  classement  de  Dupuy  se  ressent  de  la  hâte  avec  laquelle  il  a 
été  établi  ;  j'ai  déjà  signalé  certaines  irrégularités  dans  l'ordre  des 
layettes;  dans  la  série  des  Sacs,  un  même  guichet  contenait  sou- 
vent les  matières  les  plus  diverses.  En  réalité,  cette  série  aurait 
dû  n'avoir  qu'un  caractère  provisoire,  et  les  matières  qui  la  com- 
posaient auraient  dû  être  peu  à  peu.  rapprochées  des  matières 
semblables  contenues  dans  les  Layettes.  Elle  allait  au  contraire 
toujours  en  s' accroissant,  non  seulement  par  l'entrée  de  nouveaux 
fonds,  mais  même  par  la  rentrée  de  pièces  du  Trésor  inventoriées 
par  Dupuy,  qui,  une  fois  sorties  de  leur  place  pour  servir  de 
preuves  dans  des  débats  judiciaires  ou  autres,  étaient  trop  souvent 

1.  Édition  de  1655,  p.  1005. 


SIR   LE    TRÉSOIl    DES    CHARTES.  ^4^ 

jetées,  à  leur  retour,  sur  la  première  table  venue  en  attendant 
une  réintégration  rarement  opérée.  On  ne  tarda  pas  à  sentir  les 
inconvénients  d'un  pareil  état  de  choses. 

Durant  le  xvni*  siècle,  à  une  époque  qu'il  est  difficile  de  déter- 
miner, mais  qui  se  place  entre  1717  et  1776,  l'auteur  anonyme 
d'un  Mémoire  sur  l'état  du  Thresor  des  Chartres  et  sur  le 
travail  qu'il  serait  nécessaire  d'y  faire  ^  dit  qu'il  y  avait 
alors  «  une  immense  quantité  de  pièces  pour  la  pluspart  origi- 
«  nales  et  revêtues  de  leurs  sceaux;  elles  sont  renfermées  dans 
«  des  armoires,  dans  des  tiroirs  et  dans  des  malles  dont  on  n'a 
«  jamais  fait  d'état  ;  elles  sont  par  conséquent  inutiles  au  Roy  et 
«  au  public,  puisqu'elles  sont  ignorées 2.  »  Pour  remédier  à  cet 
état  de  choses,  le  môme  auteur  proposait  de  les  classer  confor- 
mément à  l'inventaire  de  Dupuy.  «  Il  faudra,  écrivait-il,  diviser 
«  toutes  ces  pièces  suivant  les  provinces  auxquelles  elles  doivent 
«  appartenir,  conformément  au  plan  de  MM.  Godefroy  et  Dupuy, 
«  afin  de  pouvoir,  par  la  suite,  faire  cadrer  ce  nouveau  plan  avec 
«le  premier^.  »  L'auteur  du  Mémoire,  ignorant  sans  doute 
l'existence  de  l'État  sommaire,  allait  jusqu'à  s'imaginer  que  le 
défaut  de  temps  avait  seul  empêciié  Dupuy  de  les  inventorier ■•. 

Les  idées  qu'il  exprimait  pourraient  bien  avoir  été  le  point  de 
départ  d'une  tentative  de  refonte  du  Trésor  des  chartes  restée 
jusqu'à  présent  tout  à  fait  inconnue.  Deux  exemplaires  de  l'in- 
ventaire de  Dupuy,  identiques  l'un  à  l'autre,  tous  deux  d'une 
écriture  qui  les  fait  remonter  à  la  première  moitié  du  xvm"  siècle, 
tous  deux  conservés  dans  les  bureaux  de  la  section  historique 
(anciens  JJ  584  et  JJ  534-543),  se  distinguent  des  autres  en  ce 
qu'on  a  essayé  d'y  fondre  les  matières  des  Sacs  avec  celles  des 
Layettes.  Le  fait  que  des  emprunts  à  cette  rédaction,  intercalés 
dans  des  copies  de  la  rédaction  ordinaire,  sont  dits  provenir  de 
«  l'exemplaire  de  M.  le  procureur  général,  »  me  donne  à  croire 
que  cette  refonte  aura  sans  doute  été  accomplie  sous  la  direction 
du  procureur  général  Joly  de  Fleury,  qui  fit  entreprendre  sur  le 


1.  Ce  mémoire  est  conservé  à  plusieurs  exemplaires  parmi  les  papiers  du 
secrétariat  des  Archives  nationales. 

2.  Mémoire  cité  fol.  I. 

3.  Ibid.,  fol.  5. 

4.  Ibid.,  fol.  2  V». 


|/(2  LES  TRAVAUX    DE    DUPIY 

Trésor  des  chartes  des  travaux  considérables  dont  la  trace  se 
retrouve  dans  ses  collections,  aujourd'hui  déposées  à  la  Biblio- 
thèque nationale. 

Bien  que  cette  fusion  n'ait  pas  été  effectuée  ailleurs  que  sur  le 
papier,  les  Sacs,  tout  en  continuant  à  former  une  série  distincte 
de  celle  des  Layettes,  restèrent  conservés  dans  le  même  local  et 
subirent  les  mêmes  vicissitudes.  Dans  l'une  comme  dans  l'autre, 
le  désordre  allait  toujours  en  augmentant,  et  il  n'y  eut  pas  jus- 
qu'aux travaux  de  dépouillement  et  d'inventaire  entrepris  sur 
l'initiative  de  Daguesseau,  qui  ne  contribuassent  à  multiplier  les 
causes  de  désorganisation.  Le  titre  que  portent  encore  aujourd'hui 
les  cartons  J  1035  à  1040  témoigne  d'une  négligence  qui  n'a  pas 
été  réparée  depuis  bientôt  deux  siècles  :  «  Titres  retirés  des  sacs 
«  du  Trésor  par  M.  Rousseau,  auditeur  des  Comptes,  l'un  des 
«  commissaires  pour  la  table  des  Registres  du  Trésor  des  chartes, 
«  et  qui  n'ont  pas  été  replacés  depuis  sa  mort  en  1720.  »  Retirés 
postérieurement  à  la  rédaction  de  l'inventaire  de  Dupuy,  où  j'ai 
retrouvé  la  mention  de  beaucoup  d'entre  eux,  notamment  dans 
les  layettes  aujourd'hui  cotées  J  404,  457,  etc.,  ces  documents 
faisaient,  lors  d'un  récolemeut  opéré  en  l'an  IX,  partie  d'une 
série  de  «  titres  mêlés  et  déplacés  à  rétablir,  »  qui  ne  comptait 
pas  moins  de  trente-un  cartons. 

De  plus,  le  Trésor  entier  dut  être  déplacé.  Depuis  saint  Louis, 
il  occupait,  dans  un  bâtiment  dépendant  de  la  Sainte-Chapelle, 
deux  pièces  superposées  :  «  L'une,  dit  Piganiol  de  la  Force,  est 
«  couverte  d'une  voûte  gothique  et  a  servi  autrefois  de  chapelle, 
«  ce  qui  paroissoit  par  un  marchepied  d'autel  que  Sauvai  dit 
«  avoir  vu,  sans  parler  des  autres  marques.  Les  croisées  en  sont 
«  grillées  par  de  gros  barreaux  de  fer  et  les  murs  couverts  d'ar- 
«  moires  et  de  layettes  où  se  mettent  les  chartes  et  les  registres... 
«  La  chambre  qui  est  au-dessus  est  couverte  d'un  comble  de 
«  charpente  et  bordée  d'un  côté  de  tiroirs  où  peut-être  il  n'y  a 
«  pas  moins  de  titres  que  dans  la  première*.  »  Dans  la  pièce  supé- 
rieure se  trouvaient  les  Registres  ;  dans  la  seconde,  les  Laj  ettes 
et  les  Sacs  renfermant  les  chartes.  En  outre,  un  pêle-mêle  de 
documents  non  classés  encombrait  l'une  et  l'autre.  Aussi  l'auteur 
du  Mémoire  anonyme  déclarait-il  tout  travail  de  classement  et 

1.  Piganiol  de  la  Force,  Description  de  Paris,  éd.  de  1765,  II,  p.  30. 


SUR   LE   TRESOR    OES   CHARTES.  ^43 

d'inventaire  impossible  avant  que  le  Trésor  fût  transporté  clans 
un  logement  plus  vaste  qu'il  proposait  de  chercher  dans  le  «  nou- 
«  veau  plan  des  bâtiments  du  Louvre*.  » 

Dupuy  avait  déjà  constaté  les  ravages  que,  «  faute  de  n'avoir 
«  esté  pris  garde  aux  couvertures,  »  l'eau  avait  faits  parmi  les 
chartes  ;  l'incendie  de  1776  montra  de  quels  dangers  le  feu  les 
menaçait.  Aussi,  lors  de  la  reconstruction  d'une  partie  des  bâti- 
ments du  Palais  qui  suivit  cet  incendie,  édifîa-t-on  pour  les  rece- 
voir, «  dans  les  nouveaux  bâtiments,  à  gauche  des  salles  des 
«  Requêtes  du  Palais,  au  premier  étage,  deux  salles  l'une  au-des- 
«  sus  de  l'autre,  dont  les  planchers  inférieur  et  supérieur  étaient 
«  voûtés  en  pierre^  »  —  «  Entre  les  deux  était,  sur  un  escalier, 
«  une  croisée  qui  éclairait  le  haut  des  armoires  de  la  salle  basse 
«  et  sur  lesquelles  était  rangée  la  plus  grande  partie  des  registres 
«  du  Trésor^.  »  La  disposition  analogue  du  nouveau  local  per- 
mit, lors  du  transport  qui  eut  lieu  en  1783,  de  conserver  la 
même  distribution  que  dans  l'ancien  dépôt.  Malgré  cette  précau- 
tion, le  désordre  avait  peut-être  augmenté  durant  les  dernières 
années  de  l'Ancien  Régime.  Dans  la  chambre  inférieure,  «  le 
«  bureau  et  les  tablettes  ménagées  dans  les  embrasures  des  croi- 
«  sées  étaient  couverts  des  inventaires,  de  cartons  et  de  coffres 
«  dont  la  plupart  contenaient  ou  des  objets  auxquels  on  n'avait 
«  assigné  aucun  ordre  particulier  ou  des  pièces  qui,  ayant  été 
«  tirées  soit  des  Registres,  soit  des  Layettes,  n'y  avaient  pas  été 
«  replacées.  On  voyait  même  quelques-unes  de  ces  pièces  dépo- 
«  sées  dans  une  espèce  de  serre-papier,  sans  être  enfermées  dans 
«  des  cartons.  Les  armoires  de  la  chambre  supérieure  contenaient 
«  une  grande  quantité  de  sacs  renfermant  des  pièces  dont  l'exa- 
«  men,  le  triage  ni  l'inventaire  n'avaient  jamais  été  faits^..  » 

La  Révolution  mit  le  comble  à  ce  désordre.  «  Lors  de  l'éta- 


1.  Mémoire  cité  fol.  4  v. 

2.  Rapport  de  Camus,  en  date  de  nivôse  an  VI,  publié  à  la  suite  du  Rapport 
adressé  à  S.  E.  le  minisire  d'État  par  M.  Félix  Ravaisson  (Paris,  Panckoucke, 
1862,  p.  268).  Un  plan  de  ces  deux  salles  se  trouve  à  la  fin  d'un  exemplaire  du 
Rapport  fait  en  frimaire  an  VI  par  le  Bureau  du  triage  des  titres  sur  le 
Trésor  des  chartes,  conservé  aux  Archives  nationales  (J  1165,  n"  58). 

3.  Rapport  fait  en  frimaire  an  VI  par  les  membres  du  Bureau  du  triage, 
fol.  2  v°.  Ce  passage  a  été  publié  par  Bordier,  les  Archives  de  la  France,  p.  145. 

4.  Rapport  de  Camus,  p.  269. 


-144  LES   TRAVADX    DE    DUPUI 

«  blissemeut  du  tribunal  criminel  créé  par  la  loi  du  17  août  1792* 
«  et  qui  devoit  tenir  ses  séances  dans  un  auditoire  voisin  du 
«  Trésor,  on  eut  un  besoin  prompt  de  la  pièce  qui  en  formoit  la 
«  partie  supérieure.  On  auroit  pu  descendre  les  papiers  qui 
«  étoient  dans  la  salle  haute,  mais  on  les  jeta  dans  la  salle  infé- 
«f  rieure  par  la  fenêtre  de  l'escalier  de  communication.  Il  en 
«  résulta  que  tous  les  registres  qui  étoient  en  face  de  cette  fenêtre 
«  furent  entraînés  dans  la  salle  inférieure.  Cette  salle  présentoit 
«  elle-même  un  désordre  ancien.  Son  plancher  étoit  tellement 
«  encombré  de  sacs,  de  coffres,  de  boëtes,  de  registres  et  de 
«  papiers  qu'il  étoit  impossible  d'y  mettre  le  pied'-.  » 

Tel  était  l'état  déplorable  dans  lequel  se  trouvait  le  Trésor  des 
chartes  lorsque  les  membres  du  Bureau  des  Monuments,  après  en 
avoir  recules  clefs,  au  mois  d'août  1792,  des  mains  de  Desienne, 
ci-devant  substitut  de  Joly  de  Fleury^,  allèrent  le  reconnaître  en 
novembre  de  la  même  année.  Les  membres  du  bureau  du  Triage 
des  Titres,  successeurs  de  ceux  du  Bureau  des  Monuments,  détour- 
nés par  «  des  opérations  plus  instantes  en  elles-mêmes  ou  pour  le 
«  service  public,  »  n'avaient  pas  encore  eu  le  temps  d'ordonner 
ce  chaos  ni  même  d'examiner  les  matières  qui  y  étaient  enfouies^ 
lorsqu'au  mois  de  prairial  an  V,  ils  apprirent  que  le  malheureux 
fonds  allait  être  dépossédé  de  l'unique  pièce  où  on  l'avait  jeté 
en  1792.  Le  Tribunal  criminel  la  réclamait  pour  y  établir  un 
greffe.  En  échange,  on  avait  assigné  au  Trésor  des  chartes, 
comme  demeure  provisoire,  les  salles  composant  la  sacristie  de  la 
ci-devant  Sainte-Chapelle  =;  mais  ce  n'était  plus  là  l'ancienne 
sacristie  où  ces  documents  avaient  reposé  pendant  cinq  siècles  ; 

t.  El  non  pas,  comme  le  dit  Teulet  {Lay elles  du  Trésor  des  Charles,  t.  I, 
inIroducUon,  p.  sxij,  col.  1),  du  «  Tribunal  révolutionnaire,  »  qui  ne  fut  créé  que 
l'année  suivante. 

2.  Rapport  des  membres  du  Bureau  du  triage  des  titres,  en  frimaire  an  VI, 
cité  par  Bordier,  p.  145. 

3.  Môme  rapport,  fol.  2,  note  marginale. 

4.  C'est,  du  moins,  ce  qui  résulte  des  observations  de  l'un  d'entre  eux  con- 
servées parmi  les  papiers  du  secrétariat.  L'auteur  n'est  désigné  que  par  la 
phrase  finale  :  «  Telles  sont  les  idées  et  les  observations  du  citoyen  B.  »  Mais 
des  analogies  d'écriture  m'ont  j)ermis  de  reconnaître  que  cette  initiale  dési- 
gnait J.-B.  Berger,  ancien  aumônier  des  Mousquetaires,  plus  tard  secrétaire 
commis  à  la  section  historique. 

5.  Rapport  de  frimaire  an  VI,  fol.  3  v°. 


SCR  LE  TRESOR  DES  CHARTES.  -145 

disparue  sous  Louis  XYI,  lors  de  la  reconstruction  des  bâtiments 
de  la  Cour  du  Mai,  elle  avait  été  remplacée  par  trois  salles  de 
plaiii-pied,  qui  ont  fait  partie  plus  tard  des  locaux  affectés  à  la 
section  judiciaire  des  Archives  nationales  et  que  l'on  peut  facile- 
ment reconnaître  sur  un  plan  de  cette  section  dressé  sous  le  gou- 
vernement de  Juillet'.  Encore  cet  abri  faillit -il  manquer  au 
Trésor  des  chartes;  la  direction  des  domaines  du  département  de 
la  Seine  avait  en  effet  reçu  l'injonction  de  faire  évacuer  les  locaux 
de  la  Sainte-Chapelle  pour  les  mettre  en  location.  Contre-ordre 
fut  donné,  car,  dès  le  21  prairial  an  V,  l'architecte  du  Palais, 
Giraud,  adressait  à  Camus  un  projet  non  seulement  d'installation 
du  Trésor  à  la  sacristie,  mais  d'aménagement  général  de  la 
Sainte-Chapelle  qu'il  proposait  de  convertir  en  «  dépôt  pour  les 
«  archives  de  la  nation,  »  en  ouvrant  une  porte  sur  la  galerie 
Mercière  2, 

La  nouvelle  installation  ne  pouvait  pas  d'ailleurs  s'exécuter 
aussi  vite  qu'on  le  demandait.  La  réclamation  du  Tribunal  avait 
beau  être  pressante,  <'  il  étoit  impossible  de  déplacer  le  Trésor 
«  des  chartes  sans  y  ajouter  un  désordre  qui  en  auroit  occasionné 
«  la  perte  absolue  ;  »  il  était  donc  indis})ensable  de  remettre  les 
documents  dans  un  ordre  quelconque  avant  de  procéder  à  leur 
enlèvement,  et  le  Bureau  dut  se  créer  <^  une  méthode  pour  tra- 
«  vailler  à  cette  opération.  » 

«  Une  partie  de  cette  méthode  étoit  préparatoire,  Tautre  étoit 
«  d'exécution.  » 

«  Le  Bureau  a  rempli  la  première  en  consultant,  à  la  Biblio- 
«  thèque  nationale,  les  anciens  inventaires  du  Trésor,  particu- 
«  lièrement  celui  de  Dupuy,  en  étudiant  les  auteurs  qui  ont  écrit 
«  sur  ce  dépôt  ou  travaillé  d'après  les  titres  qu'il  renferme,  et  en 
«  prenant  connoissance  des  indications  qui  y  sont  relatives  dans 
«  les  meilleurs  catalogues.  » 

«  Le  Bureau  a  rempli  la  seconde  partie  de  la  méthode  en  appli- 
«  quant  à  ses  travaux  les  connoissances  qu'il  a  acquises  par  la 
«  première.  Il  en  est  résulté  qu'ils  doivent  se  diviser  en  deux 
«  classes  : 

«  La  première  classe,  contenant  ce  qui  a  été  inventorié  par 

1.  Arch.  nat.,  série  N,  Z"  classe,  n°  725  *. 

2.  Papiers  du  secrétariat. 

\  897  -1 0 


^46  LES   TRAVAUX    DE   DPPCY 

«  Dupuy,  divisée  en  cinq  parties  :  la  première  pour  les  Registres, 
«  la  deuxième  pour  les  douze  anciens  Gouvernements  de  la 
«  France,  la  troisième  pour  les  Miscellanea,  la  quatrième  pour 
«  les  Titres  à  replacer  et  la  cinquième  pour  les  Inventaires. 

«  La  deuxième  classe,  pour  différents  objets  non  inventoriés  et 
«  pour  quelques  monuments  trouvés  au  Trésor •.  » 

Cette  méthode  permit  d'établir  un  ordre  provisoire  suffisant 
pour  que  le  transfert  pût  s'opérer  sans  inconvénients.  Pour  les 
registres,  la  chose  était  assez  facile.  Villiers  du  Terrage  et  Jouesne, 
membres  du  Bureau,  et  l'ancien  archiviste  de  Notre-Dame,  Pavil- 
let,  employé  au  même  bureau,  furent  chargés  d'en  faire  le  relevé  et 
de  les  disposer  immédiatement  dans  les  armoires  du  nouveau  dépôt  ^  ; 
mais,  pour  les  documents  isolés,  alors  uniformément  contenus  dans 
des  sacs,  les  layettes  se  trouvant  toutes  détruites,  le  travail  était 
bien  autrement  compliqué  :  «  La  pluspart  des  sacs  ne  présentoit 
«plus  d'étiquetés;  quelques-unes  étoient  illisibles,  d'autres 
«  étoient  en  blanc.  Quel  parti  [les  membres  du  Bureau]  avoient-ils 
«  donc  à  prendre?  Confronter  dans  les  salles  mêmes  du  Trésor 
«  chacun  des  titres  avec  l'inventaire  fait  par  Godefroy  et  Dupuy 
«  au  milieu  du  siècle  dernier,  faire  des  états  de  tout  ce  qui  n'y 
«  étoit  pas  compris,  c'eût  été  une  opération  très  longue,  incom- 
«  patible  avec  les  besoins  instants  du  Tribunal.  Ils  sont  conve- 
«  nus,  avec  le  citoyen  Camus,  que  l'on  s'occuperoit  des  choses 
«  dans  l'état  où  elles  étoient,  en  mettant  le  plus  d'ordre  possible 
«  dans  le  déplacement.  » 

«  Alors,  les  commissaires  ont  rapproché  les  sacs  dans  l'ordre 
«  de  cet  inventaire  ;  ils  y  ont  établi  des  signes  distinctifs  ;  ils  ont 
«  égallement  mis  dans  un  ordre  provisoire  tous  les  titres  qui 
«  n'étoient  pas  inventoriés  ;  ils  ont  classé  tous  les  objets  et  les 
«  ont  distribués  dans  les  armoires  du  nouveau  local  du  Trésor  en 
«  les  étiquetant  des  mêmes  titres  qui  étoient  sur  celles  de  l'an- 
«  cien  dépôt ^.  » 

La  distribution  des  objets  dans  le  nouveau  local  peut  être  faci- 
lement restituée  sur  le  plan  dont  il  a  été  question  plus  haut,  au 
moyen  des  renseignements  fournis  par  un  récolement  postérieur. 

î.  Rapport  de  frimaire  an  VI,  fol.  3  v-4  r". 

2.  Mt^ine  rapport,  fol.  4  r'. 

3.  Même  rapport,  fol.  49  v°. 


SUR  LE  TRÉSOR  DES  CHARTES.  l-î? 

Les  Registres  étaient  déposés  dans  «  la  pièce  du  fond*,  »  les  douze 
Goure l'nements  dans  la  «  petite  sacristie  éclairée  par  le  haut^  » 
les  Mélanges  ou  Miscellanea  dans  la  «  pièce  vis-à-vis  laquelle 
«  donne  un  petit  escalier^  »  et  les  Objets  non  inventoriés  dans 
la  ^<  pièce  qui  conduit  à  la  Sainte-Chapelle,  n°^  3  et  4^  » 

Le  résultat  du  travail  des  commissaires  l'ut  consigné  dans  un 
rapport  qu'ils  déposèrent  en  frimaire  an  VF'.  La  partie  histo- 
rique de  ce  rapport  est  pleine  de  renseignements  utiles  en  ce  qui 
concerne  les  opérations  du  Bureau ,  mais,  dans  le  tableau  qui 
l'accompagne,  le  signalement  des  articles  est  presque  toujours 
trop  sommaire  pour  rendre  des  services.  Les  layettes  Cham- 
pagne, par  exemple,  qui  n'occupent  pas  aujourd'hui  moins  de 
trente  cartons  du  Trésor  et  du  Supplément,  y  sont  représentées 
par  cette  brève  mention  :  «  Champagne,  armoire  cotée  18  dans 
«  l'ancien  dépôt.  Tome  II  de  l'inventaire  de  Dupuy  [armoire  du 
«  nouveau  dépôt]  6,  —  vingt-sept  sacs.  » 

Cependant  le  rapport,  jugé  digne  d'approbation  par  Camus,  fut 
adressé  au  Corps  législatif,  qui  nomma  une  commission  chargée 
de  l'examiner.  Mais  cette  commission  ne  s'acquitta  jamais  de  son 
devoir.  C'est  du  moins  ce  qui  résulte  d'un  nouveau  compte-rendu 
des  travaux  du  Bureau  rédigé  en  ventôse  an  VII  par  un  de  ses 
membres  que,  d'après  son  écriture,  je  crois  être  Villiers  du  Ter- 
rage,  compte-rendu  dans  lequel  les  membres  déclarent  modeste- 
ment que,  «  sans  doute,  un  grand  mal  a  été  réparé.  Mais, 
«  disent-ils,  tout  est  à  revoir  dans  ce  dépôt  pour  récoler  les  titres 
«  avec  les  inventaires  qui  en  sont  faits  et  pour  le  rendre  utile  à 
«  la  République  et  aux  savants ''.  » 

Le  récolement  ne  fut  achevé  qu'au  bout  de  deux  autres  années, 
pendant  lesquelles  les  membres  du  Bureau  ne  durent  pas  rester 
inactifs.  Le  14  germinal  an  VII,  le  ministre  des  Finances,  qui. 


1.  Récolement  de  l'an  IX,  p.  1. 

2.  Ibid.,  p.  1. 

3.  Ibid.,  p.  23. 

4.  Ibid.,  p.  49. 

5.  Les  Archives  nationales  possèdent  plusieurs  exemplaires  de  ce  rai>port 
parmi  les  papiers  du  secrétariat  ;  mais  l'exemplaire  le  plus  complet  est  celui 
qui  se  trouve  à  la  Section  historique  (J  1165,  n°  58)  et  qui  contient  les  deux 
plans  dont  il  a  été  question  plus  haut. 

G.  Rapport  de  ventôse  an  VII  (Arch.  nat.,  papiers  du  secrétariat). 


-148  LES   TRAVAUX    DE    DDPDY 

paraît-il,  ne  se  trouvait  pas  suffisamment  édifié  par  les  premiers 
rapports,  en  demanda  un  troisième.  Celui  qui  fut  remis  en  ven- 
démiaire an  VIII  et  qui  ne  diffère  pas  sensiblement  des  précédents 
fut  sans  doute  la  réponse  à  cette  demande*.  L'activité  des  com- 
missaires risqua  même  de  prendre  une  forme  dangereuse  pour  le 
Trésor  des  cliartes.  La  grande  erreur  de  ce  temps,  celle  qui  a 
vicié  nombre  des  plus  utiles  réformes  dues  à  la  Révolution,  vient 
de  ce  que  les  réformateurs  étaient  presque  toujours  des  théoriciens 
faisant  table  rase  du  passé  pour  se  conformer  à  je  ne  sais  quel 
idéal  beaucoup  plus  souvent  qu'aux  nécessités  pratiques.  Nous 
en  avons  un  triste  exemple  dans  le  classement  de  nos  archives, 
où  les  fonds  ecclésiastiques,  pour  ne  citer  que  ceux-là,  ont  été 
divisés  au  grand  détriment  de  l'histoire  et  de  la  conservation 
même  des  documents,  les  pièces  d'une  même  série  se  trouvant 
dispersées  en  diverses  catégories  d'ordre  soi-disant  rationnel.  Or, 
le  Trésor  des  chartes  était  menacé  du  même  sort,  car  l'ancien 
classement  de  Dupuy,  adopté  d'abord  par  le  Bureau,  ne  l'avait 
été  qu'à  titre  provisoire  :  «  On  le  répète,  disaient  les  auteurs 
«  du  rapport  de  l'an  YI,  cet  ordre  ne  fait  qu'en  attendre  un 
«  définitif.  » 

Par  bonheur,  un  certain  nombre  des  membres  du  Bureau 
n'étaient  pas  étrangers  aux  travaux  qu'ils  avaient  entrepris. 
Si,  par  une  concession,  peut-être  nécessaire,  à  l'esprit  du  temps, 
ils  consentirent  à  disloquer  presque  tous  les  fonds  qu'ils 
eurent  à  examiner,  si  même  ils  pensèrent  un  moment  à  procéder 
à  un  remaniement  général  du  Trésor  des  chartes,  ils  comprirent 
de  bonne  heure  que  celui-là,  tout  au  moins,  ne  devait  être  ni 
trié  ni  divisé  :  «  Le  triage  ne  doit  point  avoir  lieu  ;  dans  ce  dépôt, 
«  tout  est  précieux,  rien  n'est  à  supprimer.  »  Ainsi  s'exprimait 
dans  des  Observations  manuscrites  un  des  commissaires.  Berger, 
ancien  aumônier  des  Mousquetaires.  11  y  avait  encore  chez  ce 
défroqué  assez  de  l'abbé  du  xviif  siècle  pour  qu'il  eût  la  singu- 
lière idée  de  mêler  à  la  prose  de  ses  rapports  administratifs  des 
vers  de  sa  façon,  et  quels  vers  I  N'imaginait-il  pas  de  faire  parler 
le  Trésor  des  chartes  ! 

Peu  connu  des  savants,  ignoré  du  vulgaire, 

t.  Rapport  de  veadéraiaire  aa  VIII,  p.  75-76  (Arch.  nat.,  papiers  du  secré- 
tariat). 


SrR  LE  TRÉSOR  DES  CHARTES.  ]/,[) 

De  riches  documents  je  suis  dépositaire; 

Mais,  pour  bien  me  connoître,  il  faut  de  longs  travaux, 

M'analiser  de  suite  et  jamais  par  lambeaux, 

Épuiser  un  sujet  sans  changer  de  matière  ; 

L'ordre  donne  du  prix  et  répand  la  lumière. 

Qu'on  mette  à  ce  travail  des  gens  laborieux 

Qui  soient  intelligens  et  toujours  curieux, 

Que,  sans  se  rebuter,  ils  s^arment  de  courage. 

Alors  la  vérité  paroitra  sans  nuage; 

Alors  on  connoitra  tant  de  faits  ignorés 

Que  l'intérêt  avoit  à  l'oubli  consacrés, 

Et  de  la  liberté  goûtant  le  doux  empire. 

On  aura  l'agrément  de  parler  et  d'écrire'. 

Pour  être  exprimées  en  termes  souvent  étranges,  les  idées  de 
Berger,  en  matière  d'archives,  ne  manquaient  pas  de  justesse. 
Sans  doute,  il  déclare  qu'il  est  presque  impossible  de  faire  des 
recherches  dans  le  Trésor  :  «  C'est,  dit-il,  une  bibliothèque  où 
«  tous  les  volumes  sont  placés  sans  rapprochement,  sans  distinc- 
«  tion  de  formats  et  de  matières  ;  c'est  un  gros  diamant  brute  (5zc) 
«  qui  demande  un  lapidaire  habile,  qui,  par  des  facettes  artiste- 
«  ment  taillées,  saura  en  faire  connoître  le  prix  et  la  beautés  » 
Pour  «  en  faire  connoître  le  prix  et  la  beauté,  »  Berger  propose, 
non  un  remaniement,  mais  la  rédaction  d'un  inventaire  sur  fiches 
que  l'on  pourra,  suivant  les  besoins,  disposer  dans  tel  ordre  que 
l'on  voudra. 

Les  saines  idées  triomphèrent  ;  les  projets  de  nouveau  classe- 
ment furent  bientôt  abandonnés.  Les  pièces  déjà  retirées  des  sacs 
avaient  été  placées  telles  quelles  dans  des  cartons'^  ;  les  commis- 
saires se  bornèrent  sagement  à  les  récoler  carton  par  carton  avec 
l'inventaire  de  Dupuy.  Le  résultat  de  cette  opération,  à  laquelle 
on  procédait  en  fructidor  an  VIII  et  qui  ne  fut  terminée  qu'en 
vendémiaire  an  IX,  fut  consigné  dans  un  rapport  qui,  sous  une 
forme  sommaire,  est  un  modèle  de  précision  où  se  manifeste  la 
clarté  d'esprit  de  Camus  et  l'expérience  de  PaviUet,  l'archiviste 

1.  Mémoire  et  observations  sur  le  Trésor  des  chartes  et  sur  les  Archives 
nationales,  fol.  1  r.  Voy.  plus  haut,  p.  144,  n.  4. 

2.  Jbifl.,  fol.  4. 

3.  Ibid.,  fol.  3  V. 


^50  LES   TRAVAUX    DE   DUPDY 

consommé  qui  n'y  est  nommé  nulle  part,  mais  dont  je  crois  recon- 
naître l'écriture  dans  l'exemplaire  que  j'ai  employé  de  préfé- 
rence ^  Pour  le  sujet  qui  nous  occupe,  il  a  une  importance  capi- 
tale, car  il  nous  fixe  sur  l'état  et  sur  l'emplacement  du  fonds  que 
l'on  a,  je  ne  sais  pourquoi,  nommé  depuis  «  Supplément  du 
«  Trésor  des  chartes.  » 

Lorsque,  après  la  reconstitution  de  l'an  YI,  les  commissaires 
du  Triage  entreprirent  de  comparer  le  Trésor,  tel  qu'ils  Tavaient 
sous  les  3-eux,  avec  l'inventaire  de  Dupuy-,  ils  se  trouvèrent  en 
présence  d'un  grand  nombre  d'articles  qui  ne  figuraient  pas  sur 
cet  inventaire.  Sauf  soixante-un  articles  qu'ils  ont  intitulés 
«  Objets  non  inventoriés  »  et  trente-un  autres  semblant  provenir 
du  Trésor,  et  qu'ils  ont  compris  sous  la  rubrique  «  Titres  mêlés 
«  et  déplacés  à  rétablir,  »  la  plupart  furent  alors  classés,  dans  les 
deux  grandes  divisions  du  Trésor,  Gouvernements  et  Mélanges, 
et  y  reçurent  même  un  numéro  d'ordre  faisant  suite  à  ceux  que 
portaient  déjà  les  articles  mentionnés  dans  l'inventaire  de  Dupuy , 
C'est  ce  qu'on  voit  dans  le  récolement  fait  en  fructidor  an  VIII 
et  vendémiaire  an  IX^  ;  à  la  suite,  par  exemple,  des  vingt  layettes 
de  l'Ile-de-France,  cataloguées  par  Dupuy  et  cotées  aujourd'hui 
J  148  à  J  169  dans  le  Trésor  des  chartes,  on  y  a  mentionné  deux 
layettes,  21  et  22,  «  non  comprises  dans  l'inventaire  de  Dupuy,  » 
mais  dont  le  contenu  figure  aujourd'hui  au  Supplément  du  Trésor, 
cartons  J  736  et  739  à  741 .  Sur  deux  cents  articles  environ  por- 
tés sur  ce  récolement  comme  «  non  compris  à  l'inventaire  de 
«  Dupuy,  »  il  n'y  en  a  pas  plus  de  trois  ou  quatre  que,  malgré 
l'insuflSsance  des  descriptions,  je  n'aie  pas  pu  trouver  dans  le  Sup- 

1.  Il  est  probable  que  le  Comité  eut  recours  aux  souvenirs  de  l'ancien  secré- 
taire de  Joly  de  Fleury,  Desienne,  qui  avait  eu  jadis  les  clefs  du  Trésor  des 
chartes,  et  dont  le  nom  revient  plusieurs  fois  dans  le  rapport  de  Camus  publié 
à  la  suite  du  Rapport  adressé  à  S.  E.  le  ministre  d'État  par  M.  Félix  Ravais- 
son,  en  1862,  p.  266  et  268. 

2.  Nous  avons  encore  l'exemplaire  qui  a  servi  à  faire  ce  récolement  ;  c'est 
une  copie  de  l'exemplaire  de  M.  de  Verthamon  exécutée  au  xvm''  siècle,  com- 
posée de  dix  volumes  reliés  en  veau  brun  à  dos  orné,  conservée  dans  les  bureaux 
de  la  Section  historique  et  portant  l'ancienne  cote  JJ  585.  Sur  le  feuillet  de 
garde  de  chaque  volume  se  voit  une  étiquette  portant  ces  mots  :  «  Exemplaire 
«  qui  a  servi  à  une  première  reconnaissance  des  titres  en  fructidor  an  VIII  et 
c  vendémiaire  an  I.\.  » 

3.  L'exemplaire  le  plus  complet  de  ce  récolement  est  conservé  aux  Archives 
nationales  parmi  les  papiers  du  secrétariat. 


SrR    LE    TRÉSOR    DES    CHARTES.  ^5^ 

plément.  Lors  du  récolement  de  l'an  IX,  dont  le  cadre  n'était 
pas  autre  chose  que  celui  de  la  reconstitution  de  l'ancien  Trésor 
tentée  en  l'an  VI,  ils  étaient  donc  considérés  comme  faisant  partie 
du  Trésor  des  chartes,  dont  ils  n'auraient  jamais  du  être  séparés. 
Beaucoup  même  sont  des  titres  anciens  du  Trésor  qui,  s'en  trou- 
vant distraits  au  moment  où  Dupuv  faisait  son  inventaire,  n'ont 
pu  y  être  compris,  mais  qui  cependant  n'ont  pas  tardé  à  venir 
rejoindre  les  autres  dans  le  local  où  ils  étaient  conservés.  Cer- 
tains, comme  ceux  que  renferment  aujourd'hui  les  cartons  J  937^ 
et  938-939,  figurent,  les  uns  jusque  dans  le  vieil  inventaire 
d'Adam  Bouchier  sous  la  cote  AA*  et  dans  celui  de  Girard  de 
Montagu  sous  la  cote  Serin.  œij''Hij"',  et  les  autres  dans  ce 
dernier  inventaire  sous  la  cote  Serin.  xiHj^'Hi]^. 

De  tout  cela,  il  résulte  que,  dès  la  reconstitution  de  l'an  VI 
constatée  par  le  récolement  de  l'an  IX,  la  série  des  Sacs  avait  été 
absorbée  par  celle  des  Layettes,  et  cependant  les  membres  du 
Bureau  du  triage  n'avaient  pas  eu  connaissance  de  la  tentative 
de  fusion  que  j'ai  cru  pouvoir  attribuer  à  Joly  de  Fleury  ;  car,  en 
donnant  la  liste  des  inventaires  du  Trésor  qu'Os  ont  retrouvés, 
ils  ne  citent  qu'une  seule  copie  de  l'inventaire  de  Dupuy,  l'an- 
cien JJ585,  qui  n'appartient  pas  à  la  rédaction  amphfiée^. 
D'ailleurs,  il  y  a  plus  de  matières  intercalées  dans  le  récolement 
de  l'an  IX  que  dans  la  rédaction  amplifiée,  où  ces  matières  sont 
en  outre  disposées  dans  un  ordre  quelque  peu  différent.  Dans  l'un 
comme  dans  l'autre,  la  partie  du  Trésor  non  inventoriée  par 
Dupuy  était  beaucoup  trop  sommairement  indiquée,  et,  pour  la 
rendre  utilisable,  il  importait  d'en  donner  une  description  détail- 
lée. C'est  ce  qui  fut  entrepris  dans  les  premières  années  du 
XIX*  siècle.  Malheureusement,  Camus  venait  de  mourir,  et  le 
plan  si  rationnel  qui  avait  été  suivi  lors  du  récolement  effectué  sous 
ses  ordres  fut  abandonné.  Au  lieu  de  compléter  l'inventaire  de 
Dupuy  en  analysant,  à  la  suite  de  chaque  chapitre,  les  pièces  non 
inventoriées,  au  lieu  de  les  intercaler  à  leur  place  logique  dans 
le  fonds  principal,  dom  .Joubert,  qui  travaillait  en  1805  et  1806, 

1.  Voy.  cet  inventaire  dans  Tculet,  Layettes  du  Trésor  des  chartes,  t.  I, 
p.  XXX,  col.  2. 

2.  Ibid.,  p.  xxxix,  col.  2. 

3.  Ibid.,  p.  xlj. 

4.  Voy.  plus  haut,  p.  150,  n.  2. 


^52  LES   TRAVAUX   DE   DUPDY 

préféra  grouper  toutes  ces  pièces  et  en  former  une  annexe  au 
Trésor,  dont  il  a  laissé  un  inventaire  en  deux  volumes  manus- 
crits, l'Inventaire  rose.  Mais,  comme  il  se  contenta  de  les  rele- 
ver dans  l'ordre  où  elles  étaient  inscrites  au  récolement  de 
l'an  IX ,  les  pièces  ainsi  détachées  se  trouvèrent  toutes  disposées 
conformément  aux  grandes  catégories  du  Trésor  :  les  Douze 
gouvernements  et  les  Mélanges.  C'était  rétablir,  en  lui  don- 
nant un  classement  intérieur  différent,  la  série  des  Sacs.  Cepen- 
dant, dom  Joubert  ne  lui  rendit  pas  cet  ancien  nom,  qu'il  paraît 
avoir  toujours  ignoré.  Quant  à  l'appellation  Supplément  du 
Trésor  des  chartes,  je  crois  avoir  déjà  dit  qu'elle  ne  se  rencon- 
trait pas  dans  les  papiers  du  secrétariat  des  Archives  avant 
l'année  1836. 

L'inventaire  de  dom  Joubert  est  loin  de  mériter  l'épithète  élo- 
gieuse  que  lui  décernait  jadis  Henri  Bordier^;  Dessales  le  jugeait 
beaucoup  plus  justement  dans  une  Note  pour  M.  Miclielet 
déposée  parmi  les  papiers  du  secrétariat  des  Archives  nationales  : 
«  Il  existe,  disait-il,  une  sorte  d'inventaire  en  deux  volumes  pour 
«  le  Supplément.  Cet  inventaire  est  connu  dans  la  Section  histo- 
«  rique  sous  le  nom  di! Inventaire  rose...  Cet  inventaire,  très 
«  imparfait  et  très  incomplet,  est  tout  entier  à  refaire  ^  »  Mais 
surtout  le  classement  qu'il  avait  adopté  consacrait  à  tout  jamais 
une  séparation  qui,  si  elle  avait  existé  de  fait,  tirait  son  origine 
d'un  désordre  matériel  qu'on  s'était  depuis  longtemps  préoccupé 
de  faire  disparaître.  Il  avait  de  plus  l'inconvénient  de  faire  croire 
que  les  documents  ainsi  groupés  ne  faisaient  pas  partie  du  Trésor 
des  chartes,  et  c'est  cette  idée  fausse  qui  amena  certains  archi- 
vistes à  considérer  le  Supplément  comme  un  fonds  ouvert,  propre 
à  recevoir  les  résidus  difficiles  à  rattacher  à  d'autres  séries. 


On  ne  trouvera  sans  doute  pas  inutile  que  je  résume  ici  les 
résultats  que  je  crains  de  n'avoir  pas  su  faire  ressortir  avec  assez 
de  clarté  au  cours  de  cette  étude. 

Dupuy  et  Godefroy,  chargés  en  1615  de  faire  l'inventaire  du 

1.  Archives  de  la  France,  p.  182. 

2.  NoU'e  regretté  confrère  Siméon  Luce  y  a  introduit  des  additions  et  des  cor- 
rections considérables. 


SUR    LE   TRÉSOR   DES  CHARTES.  453 

Trésor  des  chartes,  commencèrent  par  diviser  ce  fonds  en  trois 
séries,  d'après  le  mode  de  conservation  des  documents  : 

1°  Les  Coffres  et  layettes. 

2°  Les  Sacs. 

3°  Les  Registres. 

De  la  première  série  ils  rédigèrent,  de  1618  à  1630,  un  inven- 
taire détaillé  dont  deux  rédactions  furent  exécutées  de  leur 
temps  :  a)  l'une,  la  plus  répandue,  dont  le  type  est  l'exemplaire 
original  (Bibl.  nat.,  coll.  Dupuy,  col.  162-169  et  171),  composé 
de  cahiers  écrits,  tantôt  de  la  main  de  Godefroy,  tantôt  de  celle 
deDupuy,  mais  qui  demeura  en  la  possession  de  Dupuy  ;  b)  l'autre, 
dans  laquelle  les  matières,  tout  en  étant  les  mêmes  que  celles  de 
l'exemplaire  original,  sont  cependant  disposées  dans  un  ordre 
différent;  nous  n'en  connaissons  qu'une  copie  (Arch,  nat., 
JJ  290-300)  dérivant  d'un  exemplaire  appartenant  à  Godefroy. 

Ils  ne  firent  pas  d'inventaire  analytique  des  Sacs  et  des 
Registres,  pour  lesquels  cependant  Dupuy  laissa  un  premier 
instrument  d'investigation.  Je  veux  parler  de  cet  Etat  sommaire 
des  trois  séries  que  j'ai  signalé  plus  haut.  L'inventaire  détaillé  des 
Registres  qui  sert  aujourd'hui  aux  recherches  ne  fut  exécuté 
qu'au  xvrif  siècle. 

La  série  des  Sacs,  issue  en  grande  partie  du  désordre  du  Trésor 
des  chartes,  eut  pour  noyau  principal  les  pièces  du  Trésor  qui  se 
trouvaient  encore  chez  le  procureur  général  La  Guesle  au  moment 
où  Dupuy  et  Godefroy  faisaient  leur  inventaire,  ainsi  que  cer- 
taines pièces  négligées  par  eux  de  parti  pris ,  telles  que  les 
Comptes  et  les  Enquêtes.  Elle  s'augmenta  plus  tard  des  ver- 
sements faits  au  Trésor  des  chartes,  soit  à  la  suite  des  accroisse- 
ments du  royaume,  soit  dans  toute  autre  circonstance.  De  bonne 
heure,  on  comprit  que  les  pièces  qui  la  composaient  devraient 
être  rapprochées  des  pièces  de  même  nature  conservées  dans  la 
partie  inventoriée  par  Dupuy  et  Godefroy.  C'est  ainsi  que  fut 
exécutée,  sans  doute  sous  les  ordres  de  Joly  de  Fleury,  une 
rédaction  amplifiée  de  l'inventaire,  comprenant,  outre  les 
Layettes,  la  plus  grande  partie  des  Sacs. 

Le  désordre  du  Trésor  s'accrut  pendant  le  xvnf  siècle;  des 
pièces  extraites  des  Layettes,  au  lieu  d'être  réintégrées  à  la  place 
que  leur  avait  attribuée  l'inventaire  de  Dupuy,  furent  confondues 
avec  celles  que  contenaient  les  Sacs,  au  milieu  desquelles  on  les 


^5^     LES  TRAVAUX  DE  DUPUY  SUR  LE  TRESOR  DES  CHARTES. 

trouve  encore  aujourd'hui.  Il  fut  porté  à  son  comble  lors  de  l'oc- 
cupation par  le  Tribunal,  du  17  août  1792,  d'une  partie  du  local 
où  le  Trésor  était  déposé.  Les  membres  du  Bureau  du  triage  des 
titres  entreprirent  de  le  faire  cesser.  Ignorant  l'existence  de  la 
série  des  Sacs,  ils  intercalèrent  les  articles  qui  la  composaient  à 
leur  place  logique,  à  la  suite  des  Layettes  contenant  des  matières 
analogues  ;  c'est  ce  qu'on  peut  constater  dans  le  récolement  de 
l'an  IX  entrepris  sous  la  direction  de  Camus.  Malheureusement 
dom  Joubert,  chargé,  au  début  de  ce  siècle,  de  décrire  les  pièces 
non  inventoriées  par  Dupuy  et  Godefroy,  au  lieu  de  les  maintenir 
à  la  place  où  les  avaient  laissées  les  auteurs  du  récolement  de 
l'an  IX  et  de  faire  des  additions  à  l'inventaire  des  Layettes,  forma 
de  ces  pièces  une  série  continue  qu'il  plaça  à  la  suite  des  Layettes 
et  en  rédigea  un  inventaire  à  part,  connu  depuis  sous  le  nom 
à' Inventaire  rose.  C'est  cette  série  qui  porte  aujourd'hui  le  nom 
peu  exact  de  Supplément  du  Trésor  des  chartes,  et  qui  devrait 
plutôt  reprendre  le  nom  de  l'ancienne  série  des  Sacs  dont  elle 
est,  dans  un  ordre  plus  rationnel,  la  reconstitution. 

H. -François  Delaborde. 


DOCUMENTS  FRANÇAIS 

REMIS  AU  GOUVERNEMENT  ANGLAIS 

A  LA  SUITE  DU  TRAITÉ  DE  BRÉTIGNY. 


Dans  le  dernier  volume  de  la  Bibliothèque  de  l'Ecole  des 
chartes,  nous  avons  donné  l'Etat  sommaire  de  11,700  liasses 
et  registres  de  la  Chambre  des  comptes  qui  avaient  été  détruits  en 
l'an  V*.  Cette  perte,  pour  la  presque  totalité  de  ces  pièces,  doit  être 
considérée  comme  irréparable  et  définitive.  Peut-être  quelques 
épaves  ont  pu  être  soustraites  à  la  destruction  ;  mais  elles  ne  sau- 
raient toujours  être  bien  importantes. 

Avant  ces  anéantissements,  qui  se  pratiquèrent  à  la  fin  du 
siècle  dernier  et  au  commencement  du  nôtre,  et  réduisirent  à 
quelques  milliers  de  numéros  le  fonds  si  considérable  de  la 
Chambre  des  comptes,  nous  pouvons  signaler  encore  une  cause 
très  probable  d'appauvrissement  de  ce  dépôt  ;  nous  voulons  par- 
ler du  transport  de  documents  en  pays  étrangers  à  la  suite  de 
guerres  malheureuses.  Au  xviii'  siècle,  on  admettait  comme 
incontestable  que  les  archives  de  Philippe-Auguste,  prises  à  Fré- 
teval  par  Richard  Cœur-de-Lion,  étaient  en  Angleterre  et  que 
les  Anglais,  pendant  la  guerre  de  Cent  ans,  avaient  dû  enlever 
bon  nombre  de  pièces  d'archives  en  France  et  les  transporter  de 
l'autre  côté  du  détroit.  La  mission  de  Bréquigny  chargé  spécia- 
lement de  découvrir  et  de  faire  connaître  ces  trésors  ;  celle  de 
Jules  Delpit,  envoyé  en  1842  dans  ce  pays  pour  y  relever  tout 
ce  qui,  complétant  la  collection  des  documents  rapportés 

1.  Les  opérations  du  Bureau  du  triage.  Notice  et  état  sommaire  de 
11,700  liasses  et  registres  de  la  Chambre  des  comptes  détruits  en  l'an  V 
{Bibliothèque  de  VÉcole  des  chartes,  18%,  t.  LVII,  p.  418). 


156  DOCUMENTS   FRANÇAIS 

par  Bréquigny,  pourrait  intéresser  notre  histoire  et  notre 
littérature  nationales;  les  investigations  pratiquées  dans  ces 
dernières  années  par  de  nombreux  savants,  tels  que  M.  Ch.-V. 
Langlois,  suffisent,  je  crois,  pour  démontrer  que  l'on  ne  doit  pas 
rechercher  les  chartes  de  Philippe- Auguste  dans  les  dépôts 
anglais. 

En  face  des  maigres  résultats  obtenus  jusqu'alors,  on  en  était 
venu,  après  Delpit,  à  admettre  que  nos  ennemis,  au  moyen 
âge,  n'avaient  rien  pris  dans  nos  archives.  Voici,  en  effet, 
comment  cet  érudit,  qui  le  premier  émit  cette  idée,  s'exprime 
à  ce  sujet  :  «  Je  n'ai  donc  à  examiner  que  l'enlèvement  des 
archives  des  provinces,  abandonnées  sans  doute  volontairement 
et  sans  esprit  de  retour,  par  les  Anglais,  qui  songèrent  tran- 
quillement, en  faisant  leurs  préparatifs,  à  emballer  les  plus 
précieuses  archives  qu'ils  purent  se  procurer.  Où,  comment, 
pourquoi  les  Anglais  fugitifs  entreprirent-ils  une  spoliation  que 
quiconque  qui  connaît  les  mœurs  du  moyen  âge  avouera  qu'ils 
n'auraient  pu  accomplir  aux  temps  les  plus  heureux  de  leurs  vic- 
toires en  France?  Tout  le  monde  le  dit,  mais  personne  ne  cite  le 
passage  d'une  chronique  ou  d'un  écrivain  quelconque,  sur  l'au- 
torité desquels  une  pareille  assertion  ait  pu  s'établir  K  »  Plus 
loin,  après  avoir  démontré  que  les  archives  des  provinces,  autre- 
fois soumises  à  la  domination  des  Anglais,  sont  au  moins  aussi 
riches  que  celles  des  autres  provinces  françaises,  et  que,  malgré 
les  recherches  faites  à  Londres  par  Bréquigny  et  d'autres  érudits, 
on  ne  trouve  pas  «  une  seule  liasse  dont  le  contenu  puisse  faire 
supposer  qu'elle  ait  été  violemment  enlevée  à  la  France-,  »  il  dit 
que  tous  ces  feiits  s'accordent  «  pour  démentir  une  tradition  qui 
se  trouve  dénuée,  non  seulement  de  tout  témoignage  historique, 
mais  de  toute  probabilité 3.  »  Cette  assertion  de  M.  Delpit  fit  foi, 
et  nous  voyous  M.  Langlois,  dans  les  Archives  de  V Histoire 
de  France,  rejeter  également  l'opinion  contraire.  «  On  croyait 
autrefois,  dit-il,  que  les  Anglais  avaient  emporté  de  France,  au 
moyen  âge,  un  grand  nombre  de  chartes  et  de  documents  fran- 
çais. Ce  préjugé,  tout  à  fait  erroné,  fut  la  raison  qui  décida  les 
ministres  de  Louis  XV  à  envoyer  en  Angleterre,  sans  regarder 

1.  Jules  Delpit,  Collection  générale  des  documents  français  qui  se  trouvent 
en  Angleterre  (Paris,  J.-B.  Dumoulin,  1847,  in^',  p.  xxiv). 

2.  Ibid.,  p.  XXV. 

3.  Ibid.,  p.  XXV. 


BEMIS    AO    GODVERIVEMENT    ANGLAIS.  ^57 

à  la  dépense,  un  savant  chargé  de  reconnaître  ce  qui  restait  à 
Londres  des  archives  volées*.  » 

Cependant,  malgré  toutes  ces  affirmations,  les  documents  que 
nous  publions  sont  bien  le  «  témoignage  historique,  »  la  preuve 
qu'on  livra  un  bon  nombre  de  pièces  à  des  commissaires  anglais. 
Mais,  nous  dira-t-on,  ces  documents  ne  prouvent  pas  que  ces 
comptes  aient  été  transportés  en  Angleterre.  Nous  reconnaissons 
effectivement  que  nous  n'avons  pas  là  un  témoignage  positif  sur 
lequel  on  puisse  s'appuyer  pour  affirmer  qu'ils  ont  passé  la  mer. 
On  peut  très  bien  admettre  que,  déposés  dans  les  bureaux  des 
agents  chargés  d'administrer  en  France  les  provinces  cédées  à 
l'Angleterre,  ils  y  soient  restés  après  la  fin  de  la  guerre  de  Cent 
ans;  mais,  d'un  autre  côté,  le  fait  même  de  la  remise  de  ces 
pièces  entre  les  mains  des  envoyés  d'Edouard  III  permet  de 
supposer  au  moins  qu'ils  purent  être  transportés  à  Londres.  Nous 
ne  voudrions  pas,  n'ayant  pas  en  ce  moment  de  preuves  plus  cer- 
taines, nous  prononcer  affirmativement  en  faveur  de  cette  der- 
nière hypothèse  ;  nous  nous  contenterons  seulement  de  montrer 
à  l'aide  de  ces  lettres  que  l'affirmation  contraire  de  M.  Delpit  est 
peut-être  trop  catégorique  et  qu'il  n'y  aurait  rien  de  surprenant 
si,  à  la  suite  de  nouvelles  investigations  dans  les  dépôts  anglais, 
on  mettait  enfin  la  main  sur  quelques-unes  de  ces  pièces. 

Jusqu'alors,  à  notre  connaissance,  on  n'a  encore  découvert 
aucun  de  ces  documents  ;  nous  avons  parcouru  aux  dates  indi- 
quées les  différents  volumes  de  Bréquigny  à  la  Bibliothèque 
nationale,  dans  lesquels  nous  pouvions  avoir  quelque  chance  de 
rencontrer  au  moins  une  indication  relative  à  ces  comptes,  nous 
n'avons  rien  trouvé.  M.  Ch.-V.  Langlois  nous  affirma  aussi  de 
son  côté  n'en  avoir  vu  aucun  dans  les  recherches  qu'il  fit  dans 
les  archives  anglaises.  Mais,  ajouta-t-il,  il  ne  serait  pas  étonnant 
qu'ils  fussent  compris  dans  la  quantité  encore  considérable  de 
documents  non  classés  et  inexplorés  qui  existent  dans  ces  dépôts. 
Nous  pensons  qu'il  ne  faut  peut-être  pas  perdre  tout  espoir  de 
les  retrouver.  Ces  lettres  que  nous  donnons  et  que  nous  avons 
prises  dans  les  Extraits  faits  par  Menant,  à  la  fin  du  xvif  siècle, 
dans  la  Chambre  des  comptes^,  pourront  servir  d'indicateur  aux 


1.  Langlois  et  Stein,  Archives  de  l'histoire  de  France  (Paris,  Picard,  1891, 
iû-S»,  p.  744). 

2.  Ces  pièces  se  trouvaient  dans  l'ancien  mémorial  D  de  la  Chambre  des 


458  DOCUMENTS   FRANÇAIS 

érudits  qui  iront  encore  explorer  le  Record  office  ou  le  British 
Muséum.  Il  serait  certainement  très  intéressant  de  remettre  en 
lumière  cette  série  de  comptes.  Tous  ceux  qui  étudient  les  ques- 
tions financières  au  moyen  âge  savent  combien  en  France  on 
est  pauvre  en  documents  de  ce  genre.  Les  incendies,  la  négli- 
gence, les  destructions  volontaires  en  ont  fait  disparaître  la 
presque  totalité;  il  ne  nous  en  reste  que  des  bribes  et  des  débris. 
Ce  serait  donc  une  véritable  bonne  fortune  de  pouvoir  étudier 
toute  une  suite  de  comptes  bien  complets,  car,  certainement, 
l'histoire  administrative  de  notre  pays  y  trouverait  beaucoup 
de  renseignements  utiles  et  précisa 

Jules  VlARD. 

I. 

4362  (n.  st.),  4  8  janvier. 

Mandement  de  Jean  le  Bon  enjoignant  au  sénéchal  et  au  receveur 
de  Saintonge  de  livrer  aux  gens  du  roi  d' Angleterre  tous  les 
livres,  papiers,  registres,  comptes.,  chartes  et  lettres  qui  seraient 
en  sa  possession  et  concernant  les  terres^  domaines  et  revenus  de 
Saintonge,  excepté  les  comptes  qui  ne  sont  pas  encore  réglés. 

Jehan,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France,  aux  seneschal  et  rece- 
veur de  Xaintonge  ou  à  leurs  lieutenants,  salut.  Pour  l'accomplisse- 

comples  au  fol.  38.  Les  mémoriaux  reconstitués  qui  existent  aux  Archives 
nationales,  ainsi  que  les  différents  registres  de  la  série  P,  dans  lesquels  se 
trouvent  des  copies  des  anciens  mémoriaux,  ne  donnent  que  la  lettre  du  18  jan- 
vier 1362  {voy.  P  2294,  p.  275,  P  2530,  fol.  11  r",  P  2545,  fol.  9  v,  P  2570, 
fol.  179  r). 

1.  Cet  article  était  déjà  imprimé  lorsque  nous  avons  appris  que  notre  con- 
frère M.  Ch.  Petil-Dutaillis  préparait  pour  le  Moyen  âge  une  étude  sur  le  traité 
de  Brétigny.  Dans  une  correspondance  échangée  entre  nous,  il  a  bien  voulu  nous 
signaler  plusieurs  pièces  qu'il  avait  trouvées  au  Record  office  et  qui  se  rap- 
portent à  notre  travail.  L'une  d'elles,  le  compte  de  Pierre  Bernard,  receveur 
en  Saintonge  de  l'année  34-35  du  règne  d'Edouard  III,  soit  1360-1361  {Queen's 
remembrancer' s  miscellanea,  Realm  of  France,  461/1),  pourrait  provenir  de  cet 
ensemble  de  documents  livrés  par  les  sénéchaux  et  receveurs  de  Saintonge, 
Poitou,  Limousin,  etc.,  aux  gens  du  roi  d'Angleterre  à  la  suite  de  la  lettre  de 
Jean  le  Bon  du  18  janvier  1362  (n.  st.).  La  Saintonge  et  l'Angoumois  ne 
furent  en  etfet  livrés  à  Chandos  qu'en  octobre  1361  [Le  moyen  âge,  1897,  p.  17). 
Une  autre  ;  compte  de  la  sénéchaussée  de  Saintonge  des  années  35-36  du  règne 


REMIS    AU   GOUVERNEMENT   ANGLAIS.  ^59 

ment  du  traictié  de  la  paix  entre  nous  et  nostre  très  cher  et  très 
amé  frère  le  roy  d'Angleterre ,  en  tant  comme  il  nous  touche, 
nous,  par  la  deliberacion  de  nostre  conseil,  vous  mandons  et  enjoi- 
gnons estroitement  et  à  chascun  de  vous,  comme  à  luy  apparlen- 
dra,  que  tantost  et  sans  delay  et  sans  autre  mandement  attendre 
et  contredire,  vous  baillez  et  délivrez  ou  faites  bailler  et  délivrer  aux 
gens  de  nostredit  frère  ayans  à  ce  pooir,  toutesfois  que  requis  en 
serez  ou  l'un  de  vous,  tous  les  livres,  cahiers,  papiers,  registres, 
comptes,  cartres  et  lettres  que  vous  avez  par  devers  vous  ou  allieurs 
ou  porrez  avoir  et  savoir,  touchant  les  terres,  seignories,  demaines, 
souverainetés  et  revenues  de  Xaintonge,  comment  que  ce  soit,  en 
prenant  lettres  de  recognoissance  de  ce  que  vous  leur  baillerez;  car 
ainsy  le  voulons-nous  et  Pavons  ordené  de  certain  propos  et  pour 
cause.  Donné  à  Paris,  le  18  jour  de  janvier,  l'an  de  grâce  '^36^. 

Toutevoie  nostre  entente  n'est  pas  que  vous  leur  bailliez  les 
comptes  dont  vous  avez  à  compter.  Donné  comme  dessus. 

Item,  en  pareille  forme  aux  seneschal  et  receveur  de  Poictou  et  de 
Limosin. 

Item,  en  celle  forme  aux  seneschal  et  receveur  de  Gaourssin  et  de 
Pierregort. 

Item,  semblable,  aux  seneschal  et  receveur  de  Agenois. 

Item,  semblable,  aux  seneschal  et  receveur  d'Angoulesme. 

Item,  aux  receveur  et  seneschal  de  Bigorre. 

Item,  aux  seneschal  et  receveur  de  Rouergue. 

IL 

^362  (n.  st.),  49  janvier. 

Quittance  donnée  par  les  envoyés  du  roi  d' Angleterre  à  la  Chambre 
des  comptes^  des  livres  et  comptes  énumérés  dans  cette  pièce. 

Universis  présentes  litteras  inspecturis  Thomas  Donclant'  licencia- 

d'Édouard  III  (1361-13G2)  (Ibid.,  468/3),  ne  saurait  sans  doute  avoir  la  même 
origine.  Nous  nous  empressons  de  remercier  M.  Petit-Dulaillis  de  ces  com- 
munications, qui  ajoutent  un  nouvel  intérêt  à  cette  étude. 

1.  M.  Petit-Dutaillis  nous  a  signalé  le  compte  des  sommes  reçues  par  «  Tho- 
mas Donclant  »  pour  son  voyage  à  Paris  :  «  Particule  compoti  Thome  Dunclei 
clerici,  de  recepta,  in  quodam  viagio  versus  Parisius  a  xvii*  die  novembris, 
anno  X.XXV  (35'  année  du  règne  d'Edouard  III,  soit  17  novembre  1361),  usquc 


^60  DOCUMENTS    FRANÇAIS 

tus  in  legibus  excellentissimi  principis  et  domini,  domini  Eduardi 
Dei  gratia  Anglie  régis,  nuncius  ad  partes  Francie  destinatus,  et 
Nicolaus  de  Lude,  ejusdem  régis  clericus  et  comitatus  sui  de  Pon- 
tieu  in  regno  Francie  receptor,  ad  pctendum,  recupcrandum  et  reci- 
piendum  compota  et  scripla,  ac  alia,  de  quibus  inferius  fit  menlio 
speeialis,  ab  ipso  domino  specialiter  deputati,  saiutem  in  Domino. 
Novcrint  universi,  quod  nos  nomine  dicli  domini  et  pro  ipso,  habui- 
mus  et  recepimus  ab  cxcellentissimo  principe  et  domino,  domino 
Johanne  Dei  gratia  Francorum  rege,  per  manus  virorum  venerabi- 
lium  et  discreLorum  gentium  compotorum  dicti  Francorum  Régis, 
compota  et  scripta  ac  alia  que  sequuntur  :  Videlicet,  gallice. 

Les  comptes  de  Poictou  et  de  Limozin  de  l'an  fini  à  la  Saint- Jehan 
M  GG  LXXXXI,  de  l'an  ^  344  et  de  Fan  -1356. 

Item,  les  comptes  de  Xaintonge  dudit  an  '129i  et  de  l'an  4336  et 
de  l'an  4333. 

Item,  les  comptes  de  Gaours  des  trois  ans  dessusdits  tantost. 

Item,  les  comptes  de  Rouergue  desdits  ans  V29]  et  4336  et  de  Fan 
4338. 

Item,  les  comptes  de  Agenois,  de  l'an  4  300  et  de  Fan  4  337  et  de 
l'an  4334. 

Item,  de  Bigorre,  de  l'an  4294  et  de  l'an  4336  et  de  Fan  4333. 

Item,  de  Perigort,  de  Fan  4298  et  de  Fan  4336  et  de  Fan  4333. 

Item,  les  domaines  de  Belleville,  en  un  livre  de  cahiers. 

Item,  les  comptes  de  iVngolesme  du  22  jour  d'octobre  l'an  4  349, 
quMl  vint  en  la  main  du  roy  pour  cause  d'eschange  fait  au  Roy  de 
Navarre  jusqu'à  la  Saint-Jehan  Fan  30. 

Item,  de  la  comté  de  Ponthieu,  de  l'an  4294  et  de  Fan  4339. 

Item,  les  demaines  de  Poictou  et  de  Limosin,  de  Xaintonge,  d'Age- 
nois,  de  Gaours  et  de  Rouergue  renouveliez  Fan  434  3. 

Item,  le  livre  des  fiez  de  Belleville. 

De  quibus  premissis  omnibus  et  singulis  nos  Thomas  et  Nicolaus 
predicti,  nomine  quo  supra,  nos  tenemus  et  habemus  pro  conlentis. 
Prolestamus  tamen,  quod  per  receptionem  premissorum,  de  quibus 
supra  fit  mentio,  non  siraus  exclusi  ab  aUis  que  dominia  liberata  et 
liberanda  per  formam  pacis  régi  Anglie  concernunt  ;  sed  quod  illa 
petere  et  recuperare  possimus,  loco  et  tempore  opportunis.  In  cujus 
rei  testimonium  présentes  litteras,  per  notarium  publicum  infra- 


ad  XVI*  diem  martii  proximo  sequentem  »  {Record  office,  Queen's  remembran- 
cer's  miscellanea,  Nuncii  Régis,  628/51). 


REMIS  AD  GOUVERNEMENT  ANGLAIS.  '164 

scriptum  fieri  fecimus  el  sigillis  nostris,  una  cum  signo  et  supcr- 
scriplioiie  ipslus  nolarii  roborari.  AcLa  fueruiit  hec  Parisiiis  in  diclo- 
riim  caméra  compoLorum  anno  Domini  -^36^  secundum  slylum 
ecclesie  gallicane,  indiclione  ^15,  mensis  januarii  die  11),  ponlilicalus 
sanclissinii  in  GlirisLo  Patris  et  domini  domini  Innocenlii,  divina 
Providencia  Pape  VI",  anno  decimo,  presentibus  discrelis  viris 
domino  Jobanne  de  Croyaco  curato  parochiali  ecclesie  de  Voyonna, 
Suessionensis  diocesis  presbytero,  Johanne  Bonnel  clerico  aule  Insu- 
lensis,  Gregorio  Gare'  Ambianensis  diocesis  clerico  et  Conssano  de 
Cromont  clerico  dicti  régis  Anglie,  lestibus  ad  premissa  vocatis 
specialiter  et  rogatis. 

Et  ego  Petrus  Gonnesse  de  Achillosiis  Senonensis  diocesis,  cleri- 
cus  publicus,  aposlolica  et  impérial!  auctoritate  nolarius,  qui,  dum 
prefali  magistri  Thomas  et  Nicolaus  se  premissa  compola  et  scripla 
ac  alla  de  quibus  supra  fit  mentio  cognoscerent  quo  supra  nomine 
récépissé,  el  omnibus  aliis  supradiclis  dum  fièrent,  presens  una  cum 
suprascriptis  testibus  intcrfui,  prescnlesque  litteras,  de  eorum  man- 
dalo  et  consensu  ac  volunlate  expressis,  feci  et  manu  propria  scripsi, 
ideo,  ea  omnia  fideliter  pubbcando,  hic  me  subscripsi  et  signum 
meum,  una  cum  eorum  sigillis  inferius  appensis  rogatus  apposui 
consuetum,  in  testimonium  premissorum. 

(Bibl.  de  Rouen,  coll.  Leber.  Extraits  de  Menant,  t.  Il,  fol.  9  V  à  1 1  r°  et 
18  à  19.) 

1.  Autre  leçon,  Guare. 


^  897  ^  i 


BIBLIOGRAPHIE. 


Frantz  Fcxck-Bre.\tano.  Les  origines  de  la  guerre  de  Cent  ans  : 
Philippe  le  Bel  en  Flandre.  Paris,  Champion,  \  897.  In-8'',  xxxix- 
707  pages. 

Pour  établir  son  livre,  cette  histoire  des  relations  de  Philippe  le  Bel 
avec  la  Flandre,  dont  le  titre  aurait  gagné  peut-être  à  être  plus  expli- 
cite, notre  confrère  s'est  livré  à  une  enquête  qu'il  convient  de  louer 
sans  réserve.  Avec  autant  de  patience  que  de  sagacité,  il  a  compulsé 
les  archives  du  royaume  de  France  et  celles  du  comté  de  Flandre,  à 
Paris,  à  Lille  et  à  Gand  ;  il  a  enlevé  aux  archives  des  communes  de  la 
Flandre  et  du  nord  de  la  France  leurs  meilleurs  documents  pour  la  fin 
du  xiii«  siècle  et  le  commencement  du  xiv^,  et  l'ample  bibliographie 
par  laquelle  s'ouvre  son  livre  atteste  qu'il  connaît  aussi  bien  les  sources 
imprimées  que  les  sources  manuscrites  du  sujet  qu'il  a  traité.  Le  résul- 
tat du  persévérant  efifort  de  notre  confrère  a  été  ce  qu'il  devait  être,  et 
M.  Funck-Brentano  s'est  trouvé  à  la  tête  d'une  accumulation  de  docu- 
ments formidable.  Je  suis  heureux  d'avoir  à  constater  qu'il  ne  s'en  est 
pas  trouvé  gêné  et  qu'il  a  su  tirer  de  ses  innombrables  notes  un  parti 
remarquable. 

L'ouvrage  se  divise  en  cinq  livres.  Dans  le  premier,  l'auteur  nous 
fait  le  tableau  de  l'état  de  la  Flandre  au  moment  où  les  rapports  entre 
Philippe  le  Bel  et  le  comte  Gui  de  Dampierre  vont  commencer.  Tableau 
très  animé,  très  intéressant,  un  peu  long  peut-être,  si  l'on  songe  qu'il 
n'est  que  le  décor  du  drame  qui  va  se  jouer,  mais  que,  dans  ses  grandes 
lignes,  je  crois  parfaitement  juste  de  ton.  Notre  confrère  y  montre  fort 
bien  comment  les  grandes  villes  du  comté  de  Flandre  dominaient  tout 
le  pays  au  xni«  siècle,  et  comment,  dans  ces  grandes  villes,  une  infime 
minorité  patricienne  s'éternisait  au  pouvoir  échevinal  pour  tyranniser 
le  peuple.  Il  était  résulté  de  cette  situation  des  soulèvements  populaires 
extrêmement  graves  que  le  comte  Gui  de  Dampierre  avait  réprimés 
avec  une  rigueur  impitoyable. 

Le  deuxième  livre  de  Philippe  le  Bel  en  Flandre  s'appelle  «  l'Alliance 
anglaise.  »  C'est  sous  ce  titre  que  notre  confrère  va  raconter  tous  les 
faits  historiques,  depuis  l'avènement  de  Philippe  le  Bel,  en  1285,  jus- 
qu'à la  soumission  de  la  Flandre,  en  mai  1300.  D'après  M.  F.-B.,  ce  ne 


BIBLIOGRAPHIE.  ^63 

sont  pas  les  procédés,  il  faut  le  dire,  envahissants  de  Philippe  le  Bel 
qui  ont  armé  le  comte  Gui  de  Flandre  contre  son  suzerain.  Ce  comte, 
s'il  était  très  vaniteux,  paraît  avoir  été  assez  peu  intelligent.  Incapable 
de  comprendre  la  gravité  de  la  situation  sociale  de  la  Flandre,  où  dos 
milliers  d'ouvriers,  étouffant  dans  les  formes  trop  étroites  du  régime 
féodal,  vivaient  avec  le  besoin  intense  d'une  organisation  sociale  nou- 
velle (p.  41),  Gui  de  Dampierre  se  laissa  circonvenir  par  les  flatteries 
du  roi  d'Angleterre.  M.  F.-B.  attribue  la  révolte  ouverte  du  comte  de 
Flandre  contre  le  roi  de  France  à  l'influence  détestable  d'Edouard  I" 
sur  Gui  de  Dampierre.  Mais  la  lutte  était  inévitable,  parce  que  «  la 
Flandre  était  comprise  à  son  tour  dans  le  mouvement  d'assimilation 
qui  fut  la  mission  de  la  royauté  formant  l'unité  de  la  nation  fran- 
çaise »  (p.  128). 

Abandonné  par  le  roi  d'Angleterre,  après  avoir  été  poussé  par  lui  contre 
Philippe  le  Bel,  Gui  de  Dampierre  vaincu  se  remet  entre  les  mains  du 
roi,  qui  administre  directement  le  comté  de  Flandre.  Philippe  le  Bel 
se  heurte,  dans  ce  gouvernement,  aux  mêmes  obstacles  que  Gui  de 
Dampierre,  et  la  lutte  de  la  plèbe  contre  le  patriciat,  maladroitement 
soutenu  par  Jacques  de  Ghâtillon,  gouverneur  insuffisant  de  la  Flandre 
pour  le  roi,  amène  le  massacre  des  Français  à  Bruges  en  mai  1302, 
suivi  de  leur  défaite  à  Courtrai,  le  11  juillet  de  la  même  année,  et  de 
leur  revanche  à  Mons-en-Pcuèle,  le  18  août  1304.  Tels  sont  les  événe- 
ments qui  sont  racontés  dans  le  troisième  livre,  sous  ce  titre  :  «  Les 
Métiers  de  Bruges.  »  —  Le  quatrième  livre  s'appelle  :  «  Le  Traité 
d'Athis,  j  M.  F.-B.  y  examine  ce  fameux  «  traité  d'iniquité  de  l'an 
cinq,  ))  comme  on  l'a  parfois  nommé,  conséquence  de  la  victoire  défi- 
nitive du  roi  sur  les  Flamands,  et  les  innombrables  difficultés  auxquelles 
son  application  a  donné  lieu.  —  L'une  d'elles  se  terminera  par  le  célèbre 
transport  de  Flandre,  autrement  dit  par  la  renonciation  du  roi  à  une 
partie  de  l'indemnité  de  guerre  qui  lui  était  due  en  vertu  du  traité 
d'Athis  contre  l'abandon  à  Philippe  le  Bel  par  le  comte  de  Flandre, 
qui  était  alors  Robert  de  Béthune,  des  chàtellenies  de  Béthune,  Lille 
et  Douai.  «  Le  transport  de  Flandre,  »  opéré  par  le  traité  de  Pontoise, 
du  11  juillet  1312,  fait  l'objet  du  livre  cinquième  de  Philippe  le  Bel  en 
Flandre. 

Bien  que  la  «  conclusion  »  soit  la  partie  que  je  goûte  le  moins  dans 
le  beau  livre  de  notre  confrère,  je  partage  cependant  presque  toutes  les 
opinions  qu'une  étude  approfondie  et  sincère  du  rôle  joué  par  Phi- 
lippe IV  en  Flandre  l'a  déterminé  à  omettre.  J'estime  comme  lui  que 
Philippe  le  Bel,  dans  ses  rapports  avec  la  Flandre,  a  été  loyal,  qu'il  ne 
s'est  montré  ni  rapace  ni  cruel  et  qu'il  s'est  borné  à  châtier  d'abord  un 
vassal  en  révolte  contre  son  suzerain,  puis  un  acte  de  trahison  odieux, 
ces  autres  Vêpres  siciliennes  qui  portent  dans  l'histoire  le  nom  sinistre 
de  Matines  bourgeoises.  Avec  notre  confrère,  je  déplore  que  Philippe 


-154  BIBLIOGRAPniK. 

le  Bel,  en  dépit  do  sa  très  haute  intelligence,  n'ait  pu  comprendre  la 
terrible  crise  sociale  dans  laquelle  la  Flandre  se  débattait  au  commen- 
cement du  xiv  siècle,  ou  n'ait  pas  su,  du  moins,  y  apporter  le  remède 
convenable.  Et,  comme  lui,  je  crois  que  ce  fut  un  malheur  pour  la 
Flandre,  qui  ne  se  serait  sans  doute  pas  effondrée  si  elle  était  restée 
française. 

Mais  où  je  ne  suis  plus  entièrement  d'accord  avec  M.  F.-B.,  c'est 
quand  je  le  vois  soutenir  que  la  guerre  de  Flandre  fut  uniquement  une 
guerre  sociale,  la  lutte  de  la  plèbe  contre  le  patriciat  ou,  si  l'on  préfère, 
des  métiers  contre  les  échevinages.  Cette  affirmation  revient  dans  l'ou- 
vrage presque  à  chaque  page;  c'est  l'idée  maîtresse  de  la  thèse.  Je  suis 
loin  de  nier  l'influence  que  le  fâcheux  état  social  du  comté  de  Flandre, 
à  la  fin  du  xni^  siècle  et  au  commencement  du  xiv^,  a  pu  avoir  sur 
l'interminable  lutte  des  Flamands  contre  le  roi  de  France.  Mais,  con- 
trairement à  l'opinion  de  notre  confrère,  je  crois  que  celte  lutte  n'a  pas 
laissé  d'être  une  guerre  de  race.  A  la  page  28  de  son  livre,  notre  con- 
frère écrit  :  «  Il  n'y  avait  aucun  antagonisme  national  entre  Flamands 
et  Français,  bien  au  contraire.  »  Cet  antagonisme,  M.  F.-B.  ne  le  nie, 
je  le  crains,  que  parce  qu'il  ne  l'a  pas  vu  dans  les  innombrables  docu- 
ments qu'il  a  compulsés.  Il  me  paraît  qu'il  le  nie  à  la  manière  de  ces 
médecins  qui  contestent  l'existence  de  l'âme  humaine  parce  qu'ils  ne 
la  voient  pas  à  la  table  de  dissection.  Pour  moi,  notre  confrère  a  beau 
établir  que  les  intérêts  rapprochaient  infiniment  plus  les  Flamands  des 
Français  que  les  autres  peuples  ;  il  a  beau  insinuer  que  les  Flamands 
avaient  toutes  sortes  de  bonnes  raisons  d'être  pour  la  France  plutôt 
que  contre  elle,  je  ne  puis  renoncer  à  croire  que  la  vieille  haine  ins- 
tinctive du  germain  contre  le  latin  n'a  pas  joué  sa  partie  dans  la  guerre 
acharnée  des  Flamands  contre  Philippe  le  Bel.  A  toute  époque,  aux 
Pays-Bas,  on  le  constate  cet  antagonisme  invétéré  des  deux  nationa- 
lités, insaisissable  parfois,  mais  toujours  vivace.  Croit-on  qu'en  cette 

fin  du  xrx"^  siècle J'allais  oublier  que  notre  Bibliothèque  est  une 

«  Revue  d'érudition  consacrée  spécialement  à  l'étude  du  moyen  âge.  » 
Au  demeurant,  l'antagonisme  national  entre  P>ançais  et  Flamands 
au  xni°  siècle,  nié  par  M.  F.-B.,  et  les  causes  sociales  affirmées  par  lui 
des  guerres  de  Flandre  sous  Philippe  le  Bel. ne  sont  pas  pour  s'exclure. 
Gomme  notre  confrère  l'a  fort  bien  remarqué,  les  Flamands  des  classes 
élevées  de  la  société  étudiaient  à  l'Université  de  Paris;  ils  entraient 
fréquemment  par  alliance  dans  les  familles  françaises;  ils  parlaient 
notre  langue  et  vivaient  suivant  les  usages  de  France;  aussi,  chez  les 
patriciens  de  Flandre,  les  sympathies  étaient-elles  presque  unanime- 
ment françaises.  Il  en  était  autrement  chez  le  peuple,  qui  ne  parlait 
que  son  dialecte  bas-allemand,  pour  qui  la  civilisation  française  était 
lettre  morte  et  dont  les  rapports  avec  la  France  étaient  rares.  Or,  le 
peuple  flamand  détestait  les  nobles  et  les  bourgeois  de  son  pays.  Quand 


BIBLIOGRiPQlË.  ^65 

il  crut  voir  régner  l'accord  entre  eux  et  les  Français,  ses  haines  de 
classe  et  ses  haines  de  race  se  confondirent  sous  la  direction  d'un  déma- 
gogue allemand,  Guillaume  de  Juliers.  Voilà,  je  crois,  la  vérité. 

On  reproche  volontiers  aux  anciens  élèves  de  l'École  des  chartes  la 
sécheresse  de  leurs  travaux.  On  veut  que  ces  mosaïstes  soient  en  même 
temps  des  peintres.  En  évitant  le  reproche,  notre  confrère  a  satisfait  à 
cette  exigence.  Dans  Philippe  le  Bel  en  Flandre,  il  n'est  pas  une  alléga- 
tion qui  ne  soit  fondée  sur  un  document  contemporain  des  événements, 
et  cependant  le  récit  ne  cesse  d'être  animé,  le  tableau  coloré,  l'intérêt 
soutenu.  Le  livre  de  M.  Funck-Brentano  rectifie  bien  des  opinions 
fausses,  conséquences  de  l'ignorance  ou  de  la  passion  politique  ;  il 
apporte  à  l'histoire  une  foule  de  données  nouvelles  et  il  est,  en  outre, 
d'une  lecture  facile  et  même  attachante.  C'est  une  œuvre  qui  fait  hon- 
neur à  son  auteur  et  à  notre  École  des  chartes, 

Armand  d'Herbomez. 

Histoire  du  droit  et  des  institutions  de  la  France,  par  E.  Glasson, 
membre  de  l'Inslitul,  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris, 
professeur  honoraire  à  l'École  libre  des  sciences  politiques.  T.  VII: 
la  Féodalité  (fin);  le  Droit  civil.  Paris,  F.  Pichon,  ^896.  In-8", 
xxiv-699  pages. 

M.  Glasson  a  bien  mérité  de  ceux  qui  s'intéressent  à  notre  ancien 
droit  en  terminant,  grâce  à  une  persévérance  et  à  un  labeur  dignes  de 
louange,  ce  qui  concerne  la  féodalité.  Quatre  volumes  sur  sept  ont  été 
remplis  par  ce  sujet  si  vaste  et  si  discuté  !  Un  tout  entier  a  été  réservé 
à  l'étude  du  droit  civil  :  le  détail  des  matières  qu'il  renferme  en  prou- 
vera l'importance. 

Le  premier  chapitre  :  De  la  condition  des  personnes  (clercs,  nobles, 
vilains,  roturiers,  bourgeois,  esclaves  et  serfs,  lépreux,  Juifs  et  Lombards, 
bâtards  et  légitimés,  les  mineurs,  les  femmes),  doit  être  consulté, par 
les  historiens  comme  par  les  érudits.  L'ordre  suivi  peut  prêter  à  contes- 
tation :  les  femmes  et  les  mineurs  seraient  mieux  placés  avant  les 
lépreux,  les  Juifs  et  les  Lombards.  Sur  les  clercs,  il  y  avait  beaucoup  à 
dire,  et  M.  G.  n'y  a  pas  manqué.  Les  privilèges  si  enviés  de  la  clergie, 
les  preuves  de  la  tonsure,  la  déchéance  encourue  par  les  clercs  mar- 
chands, etc.,  sont  bien  expliqués  d'après  les  coutumiers  et  les  coutumes, 
mais  la  citation  de  quelques  arrêts  des  cours  de  justice,  du  Parlement 
surtout,  aurait  mieux  établi  la  jurisprudence,  et  il  eût  été  facile  d'en 
trouver.  Il  y  a  un  rapprochement  curieux  qui  s'impose  :  en  défendant 
d'ordonner  des  prêtres  sans  son  autorisation,  Napoléon  !«■■  imitait  les 
rois  des  deux  premières  races  et  prétextait  le  même  motif,  le  service 
militaire.  La  condition  des  esclaves  et  des  serfs  est  très  étudiée;  M.  G, 
constate,  —  ce  qui  est  malheureusement  certain,  —  la  persistance  du 


466  BIBLIOGRAPHIE. 

commerce  des  esclaves  dans  le  midi  de  la  France,  malgré  les  efforts  de 
l'Église;  il  eût  même  pu  insister  davantage  sur  ce  honteux  trafic  dans 
ces  régions  dont  on  a  exagéré  la  douceur  des  mœurs  au  xii^  et  au 
xine  siècle. 

Parlant  des  étrangers,  le  savant  auteur  met  en  relief  le  fait  qu'ils  ont 
été  protégés  par  le  roi  et  les  villes  commerçantes  bien  plus  que  par  les 
seigneurs.  Mais,  quand  il  s'agissait  des  Juifs,  rois  et  seigneurs  rivali- 
saient d'ardeur  pour  les  exploiter.  Cette  exploitation  ne  contribuait  pas 
peu  à  les  rendre  exigeants  lorsqu'on  avait  besoin  de  leurs  services,  et 
au  xnie  siècle  il  fallut  tolérer  qu'ils  prêtassent  à  43  1/3  pour  100  par  an! 
Seuls,  les  papes  les  protégèrent  contre  les  violences  et  les  excès  des 
laïques;  saint  Louis  se  montra  rigoureux  à  leur  égard,  mais  sans  aucun 
esprit  de  lucre.  Les  Lombards  ne  valaient  pas  mieux  que  les  Juifs,  ils 
étaient  cependant  considérés;  en  1333,  on  les  voit  encore  prêter  à 
21  2/3  pour  100  par  an. 

La  condition  des  femmes,  sans  cesse  améliorée  par  l'Église,  amène 
M.  G.  à  donner  des  exemples  de  la  rudesse  inouïe  de  la  puissance 
maritale. 

Le  chapitre  suivant  traite  de  la  famille,  du  mariage,  que  l'Église  a 
tant  de  peine  à  faire  respecter;  naturellement,  l'auteur  est  obligé  de 
parler  du  Jus  primée  noctis,  et  il  se  range  à  l'opinion  universellement 
admise  :  des  abus  ont  pu  se  produire,  mais  le  droit  indécent  qu'on  a 
voulu  y  voir  n'a  jamais  existé.  L'autorité  paternelle,  le  bail  et  la  garde, 
la  tutelle,  la  curatelle,  la  situation  des  aliénés,  des  prodigues  et  des 
absents  sont  ensuite  examinés. 

On  arrive  alors  à  la  distinction  des  biens  et  des  propriétés.  Les  com- 
munaux, les  droits  d'usage,  la  possession  et  les  actions  possessoires, 
les  servitudes,  les  rentes,  les  modes  d'acquérir,  —  questions  sujettes 
à  maintes  controverses,  —  sont  étudiés  avec  érudition  et  aussi  avec 
clarté. 

M.  G.  est  d'avis  que,  «  déjà  à  l'époque  franque,  il  existait  une  sen- 
sible différence  entre  les  tneubles  et  les  immeubles,  qu'on  acquérait  les 
premiers  par  le  seul  fait  de  la  possession,  même  si  l'on  tenait  la  chose 
d'une  personne  qui  n'avait  pas  qualité  à  l'effet  de  la  transmettre,  que 
pour  les  immeubles,  au  contraire,  le  droit  n'était  acquis  que  par  une 
possession  d'an  et  jour...,  qu'on  peut  admettre  l'existence  de  la  saisine 
d'an  et  jour  avec  un  certain  caractère  de  généralité  déjà  à  l'époque 
franque,  qui  l'a  ensuite  transmise  à  l'époque  féodale,  pendant  laquelle 
elle  s'est  développée  sur  des  bases  plus  larges  »  (p.  277,  278). 

Dans  rénumération  des  textes  relatifs  aux  actions  possessoires,  il 
semble  téméraire  d'insinuer  qu'une  ordonnance  à  laquelle  Beaumanoir 
fait  allusion  a  dû  être  imaginée  par  lui  parce  qu'on  ne  l'a  pas  encore 
retrouvée;  il  faut  aussi  protester  contre  l'expression  «  texte  sans  impor- 
tance »  appliquée  à  un  arrêt  du  Parlement;  en  ces  matières,  comme 


BrOLIOGRAPHIE.  i^7 

en  beaucoup  d'autres,  les  arrêts  do  la  Grand'Chambre  avaient  force 
de  loi. 

Dans  les  modes  d'acquérir  sont  intercalées  de  bonnes  choses  sur  le 
droit  de  chasse  qui  n'était  pas  alors  aussi  restreint  qu'à  la  fin  de  l'an- 
cien régime. 

Les  biens,  dans  leurs  rapports  avec  la  famille,  appellent  l'étude  de  la 
communauté  entre  époux  et  des  autres  régimes  des  pays  de  coutumes. 
Pour  M.  G.,  «  la  communauté  entre  époux  a  été  inspirée  par  des  con- 
sidérations bien  différentes  :  elle  s'est  formée  lentement,  sous  l'influence 
de  l'Église  et  surtout  par  le  développement  de  germes  qui  existaient 
dans  les  lois  barbares  ou  dans  certains  usages  de  l'époque  franque  » 
(p.  363).  «  D'ailleurs,  ce  régime  a  été  très  lent  à  se  former,  et  on  peut 
dire  qu'il  n'a  été  définitivement  constitué  qu'à  l'époque  de  la  rédaction 
des  coutumes  »  (p.  364). 

Le  régime  dotal  et  les  autres  régimes  des  pays  de  droit  écrit,  le 
douaire,  à  propos  duquel  M.  G.  expose  nettement  son  opinion,  —  «  le 
douaire  coutumier  est  antérieur  de  plusieurs  siècles  à  l'ordonnance  de 
Philippe-Auguste;  il  a  sa  source  dans  les  lois  barbares  et  dans  l'action 
de  l'Église  »  (p.  396) ^,  —  les  autres  gains  de  survie,  le  douaire  des 
enfants,  «  qui  constitue  une  véritable  légitime  coutumière,  mais  qui  ne 
pouvait  pas  se  cumuler  avec  la  réserve  ordinaire,  puisqu'il  impliquait 
renonciation  à  la  succession  du  père  »  (p.  420);  les  généralités  sur  les 
successions  aux  meubles  et  acquêts,  aux  fiefs;  le  droit  d'aînesse,  qui  a 
passé  de  France  en  Angleterre  avec  les  Normands,  puis  de  là  est  revenu 
faire  sentir  son  influence  dans  certaines  parties  de  la  France  ;  l'exclu- 
sion des  ascendants,  le  privilège  de  masculinité;  la  succession  aux 
alleux,  aux  propres  et  aux  tenures  roturières;  des  particularités  comme 
le  droit  de  juveignerie,  «  une  des  institutions  de  l'humanité  primitive  »; 
les  devoirs  entre  héritiers;  les  diverses  donations;  le  testament-;  la 
réserve  et  la  légitime  ;  l'exhérédation  et  le  retrait  lignager,  voilà  les 
questions  qui  sont  traitées  dans  ce  long  chapitre. 

Sur  le  retrait  lignager,  M.  G.  écrit  :  «  A  notre  avis,  le  germe  du 
retrait  lignager  se  trouve  dans  les  vieilles  coutumes  germaniques  qui 
consacrent  le  principe  de  la  copropriété  de  famille  et  assurent  la  con- 
servation des  biens  des  ancêtres  s  (p.  563).  «  Il  s'est  organisé  sous  l'in- 
fluence du  droit  féodal,  mais  il  n'a  pas  sa  source  dans  ce  droit  et  il 
remonte  à  un  principe  très  général  et  fort  répandu  dans  les  sociétés 
primitives,  le  principe  de  la  copropriété  de  famille,  qui  a  pour  consé- 

1.  L'avocat  Eudes  de  Sens,  dont  il  est  parlé,  est  de  la  première  moitié  et  non 
de  la  fin  du  xiv  siècle. 

2.  La  préface  de  M.  Tuetey  aux  Testaments  enregistrés  au  Parlement  de 
Paris  sous  Charles  VI  et  des  arrêts  du  Parlement  auraient  pu  être  utilisés 
par  M.  G. 


^68  BIBLIOGRAPHIE. 

quence  d'interdire  à  l'individu  de  vendre  les  biens  de  famille  sans  le 
consentement  de  ses  plus  proches  parents  »  (p.  567). 

Dans  le  dernier  chapitre  sont  expliquées  les  obligations,  leurs  moda- 
lités, la  condition  des  contrats,  les  principaux  d'entre  eux^,  les  intérêts 
dans  le  prêt  de  consommation,  le  dépôt,  la  vente  et  l'échange,  le  louage, 
le  mandat,  le  contrat  de  société...,  la  garantie  des  contrats,  les  sources 
des  obligations  autres  que  le  contrat  et  la  cause  d'extinction  des  obli- 
gations. 

Le  droit  civil  à  l'époque  féodale  est  donc  entièrement  étudié,  et  d'une 
manière  sérieuse,  par  M.  G.  Ce  nouveau  volume  mérite  les  mêmes 
éloges  que  les  précédents,  et  l'auteur  est  désormais  assuré  d'avoir  élevé 
à  l'histoire  du  droit  et  des  institutions  de  la  France  un  monument  qui, 
par  son  ampleur  et  par  la  mise  en  œuvre  des  matériaux,  ne  sera  pas  de 
sitôt  égalé. 

Félix  AUBERT. 

Engelbert  MiJHLBACHER.  Deutsche  Geschichte  tinter  den  Karolinyern. 
Stuttgart,  Cotta.  1896.  Gr.  in-8°,  674  pages.  [Bibliothek  Deutscher 
Geschichte,  hsg.  von  H.  v.  Zwiedineck-Stidenhorst.) 

La  mise  en  œuvre  des  matériaux  de  l'histoire  de  l'Allemagne  est 
aujourd'hui  tellement  avancée  qu'il  est  devenu  possible  et  même  néces- 
saire de  présenter  au  public  le  résultat  des  innombrables  recherches 
qui,  chez  nos  voisins,  ont  établi  sur  des  bases  solides  presque  toutes 
les  périodes  de  l'histoire  nationale.  C'est  de  la  vulgarisation,  mais  dans 
un  sens  beaucoup  plus  relevé  que  ce  mot  n'en  comportait  chez  nous, 
du  moins  jusqu'à  ces  dernières  années.  Les  volumes  de  la  collection 
Zwiedineck-Siidenhorst,  bien  que  dépourvus  de  notes  et  de  références, 
méritent,  jusqu'à  un  certain  point,  le  nom  d'ouvrages  scientifiques,  car 
chacun  d'entre  eux  est  confié  à  un  spécialiste  ayant  fait  des  travaux 
personnels  sur  la  période  qu'il  se  charge  d'exposer. 

L'histoire  des  Carolingiens,  qui  finit  en  Allemagne  en  911,  est  l'œuvre 
de  M.  Miihlbacher,  et  le  nom  seul  de  ce  savant  est  une  garantie  que  le 
sujet  est  traité  avec  soin.  Son  livre  n'aura  pas  de  peine  à  remplacer 
l'ouvrage  vieilli  et  médiocre  de  Warnkœnig  et  Gérard 2. 

Mais  si  le  récit  des  événements  présente  les  garanties  désirables 

1.  M.  G.  enseigne  que  l'exception  de  «  pacune  non  nombre,  »  «  non  nume- 
ralae  pecuniae,  »  est  inconnue;  cependant  on  la  trouve  mentionnée  dans  quan- 
tité de  chartes. 

2.  Il  est  très  inférieur,  à  notre  avis,  à  celui  de  0.  des  Michels,  dont  le  t.  II 
(et  dernier),  sous  le  litre  de  Uistoire  générale  du  moijen  âge,  est  consacré  à  la 
]>ériode  carolingienne  (Paris,  1831,  in-8°,  67'J  pages).  Des  Michels  a  fait  son  tra- 
vail d'après  les  sources  (et  non  de  seconde  main,  comme  Warnkœnig  et  Gérard), 
et,  malgré  certaines  naïvetés,  a  très  convenablement  rempli  sa  tâche. 


BIBLIOGRAPHIE.  469 

d'exactitude,  il  est  malheureusement  terne  et  sans  vie.  Peu  d'idées 
générales,  et  quand  l'auteur  cherche  à  s'élever  au-dessus  de  la  simple 
narration  et  à  donner  quelque  vue  d'ensemble,  il  le  fait  sur  ce  ton 
d'apologie  ennuyeuse  habituel  à  ses  compatriotes.  Les  préoccupations 
chauvines  ne  désarment  jamais.  L'auteur  essaye  de  son  mieux  de  les 
réprimer,  et  à  chaque  page  elles  montrent  le  bout  de  l'oreille.  Le  pauvre 
Charles  le  Chauve  est  cruellement  puni  d'avoir  eu  en  partage  la  partie 
occidentale  de  l'empire  franc.  Sur  la  foi  des  Annales  de  Fulde,  on  traite 
à  chaque  instant  cet  infortuné  Bavarois  d'incapable,  de  cruel,  de  lâche. 
Mérite-t-il  ces  épithètes?  Je  n'en  sais  rien,  mais  j'ai  souvent  regretté, 
dans  l'intérêt  de  sa  mémoire,  qu'il  n'eût  pas  hérité  de  la  partie  orien- 
tale. J'imagine  qu'on  eût  porté  sur  lui  un  jugement  moins  sévère. 

Ferdinand  Lot. 

N.  JoRGA.  Philippe  de  Mézières  (1327-ii05j  et  la  croisade  au 
J/r*  siècle  (1 1 0^  fascicule  de  la  BibliothècjKe  de  l'École  des  hautes 
études.  Section  des  sciences  historiques  et  philologiques).  Paris, 
Bouillon,  -1896.  In-8°,  xxxiv-555  pages. 

Philippe  de  Mézières  a  trouvé  en  M.  Jorga  un  historien  exact,  con- 
vaincu et  parfois  éloquent.  Sous  sa  plume  se  déroule  agréablement  la 
vie  de  cet  homme  de  cœur,  dont  l'unique  pensée,  malgré  tous  les  obs- 
tacles, fut  la  délivrance  du  saint  sépulcre.  Après  avoir  fait  connaître, 
dans  un  exposé  critique  contenu  dans  les  deux  premiers  chapitres,  la 
famille  et  les  premières  années  de  son  héros,  M.  Jorga  commence  le 
récit  des  affaires  d'Orient,  au  point  de  vue  spécial  des  croisades,  à  par- 
tir de  la  dernière  des  grandes  expéditions,  celle  où  mourut  saint  Louis. 
On  éprouve  bien  quelque  regret  à  perdre  de  vue  pour  un  temps  la 
vivante  image  que  l'auteur  a  su  tracer  de  Philippe  de  Mézières.  Mais 
on  est  prévenu  par  le  titre  même  du  livre  qu'il  y  est  aussi  traité  de  la 
croisade  au  xtv  siècle  ;  et  puis  ces  affaires  d'Orient  furent  le  grand 
intérêt  de  toute  la  vie  de  ce  compatriote  de  Pierre  L'Ermite.  Leur 
étude  était  un  cadre  nécessaire.  D'ailleurs,  on  ne  saurait  être  plus 
complètement  informé  que  M.  J.  :  l'abondance  et  la  sûreté  des  détails 
sont  louables  de  tous  points  dans  son  œuvre. 

Dès  l'âge  de  vingt  ans,  après  la  croisade  du  dauphin  Humbert  II, 
qui  lui  fournit  l'occasion  de  visiter  Jérusalem  et  lui  vaut  les  éperons 
d'or,  Philippe  de  Mézières  connaît  sa  vocation;  ou,  plus  justement, 
une  idée  a  pris  définitivement  possession  de  son  âme  et  toute  sa  vie 
sera  vouée  à  la  réalisation  de  cette  idée.  C'est  la  création  d'une  milice 
chrétienne,  nommée  par  lui  Chevalerie  de  la  Passion,  qui  fera  reprendre 
à  l'Islam,  dans  une  éclatante  déroute,  le  chemin  qui  l'a  conduit  à  plan- 
ter son  étendard  jusque  sur  le  saint-sépulcre.  Quoi  qu'en  dise  M.  J.. 
les  caractères  ne  sont  pas  beaucoup  plus  rares  «  dans  ce  xiv*  siècle  si 
léger  et  si  barbare  encore  »  (p.  352)  qu'à  toute  autre  époque  de  l'his- 


no  niBLIOGRAPniE. 

toire.  Mézières  pourtant  y  brille  sans  conteste  par  l'énergie  obstinée  et 
la  tenace  persévérance  ;  et  l'on  n'oserait  soutenir  que  ses  projets  fussent 
plus  cbimériques  que  nombre  d'autres  nourris  par  ses  contemporains. 

L'avènement  de  Pierre  I"  au  trône  de  Chypre  place  définitivement 
Philippe  de  Mézières  dans  l'élément  qui  lui  convient.  Lié  avec  le  jeune 
prince  sous  le  règne  de  Hugues  IV,  il  devient  son  ami  autant  que  son 
chancelier.  Cette  situation  le  met  à  portée  de  connaître  l'Orient  mieux 
qu'aucun  Français  de  l'époque,  et  les  rapports  affectueux  qui  l'unissent 
bientôt  à  I^ierre  Thomas,  «  fervent  défenseur  de  la  croisade',  »  lui 
communiquent,  s'il  est  possible,  une  nouvelle  ardeur.  Entre  ces  deux 
objets  de  son  admiration  passionnée,  il  croit  marcher  au  succès.  Son 
espoir  est  au  comble  lorsque  Pierre  I^'',  venu  en  France,  parait  sur  le 
point  d'entraîner  le  roi  Jean  dans  une  grande  croisade.  Mais  Jean  II 
meurt;  et  c'est  un  premier  coup  sensible.  Pendant  ce  temps,  Philippe 
et  son  ami  Pierre  Thomas  avaient  tenté  vainement  de  gagner  le  con- 
cours de  l'Italie  :  le  roi  de  Chypre  dut  partir  seul  et  prit  Alexandrie. 
Ce  fut  la  dernière  grande  joie  de  son  chancelier.  L'abandon  de  la  place 
égyptienne,  malgré  l'avis  contraire  du  roi,  l'échec  de  la  croisade 
d'Ame  VI  n'avaient  pu  gravement  ébranler  les  espérances  de  Mézières, 
lorsque  la  nouvelle  du  meurtre  de  son  maître  le  surprit  au  milieu  de 
négociations  pour  le  passage. 

De  cet  événement  date  une  nouvelle  vie.  Aux  yeux  de  Philippe  de 
Mézières,  c'est  le  dernier  représentant  de  la  croisade  générale  qu'on  a 
couché  dans  la  tombe.  Il  se  retire  à  la  cour  de  Charles  V2,  puis  au 
couvent  des  Gélestins  de  Paris.  En  principe,  il  n'a  confiance  désormais 
que  dans  l'ordre  chevaleresque  qu'il  veut  créer  et  à  la  fondation  duquel 
il  a  rallié  la  fleur  de  la  noblesse  d'Occident;  en  fait,  toute  conjonc- 
ture qui  laisse  place  à  un  projet  de  passage  est  pour  lui  la  bienve- 
nue, et  il  s'emploie  à  la  provoquer.  S'il  n'est  plus  qu'en  de  rares  cir- 
constances le  missionnaire  de  la  délivrance  du  saint -sépulcre,  du 
moins  sa  plume  ardente  et  féconde  se  consacre-t-elle  à  la  défense  de 
cette  grande  cause.  Tout  ce  qui  détourne  de  l'Orient  l'attention  de 
l'Europe  est  l'objet  de  ses  attaques  et  de  ses  incessantes  préoccupations, 
et  en  première  ligne  les  deux  grands  fléaux  de  ce  siècle  finissant  :  le 
grand  schisme  et  la  guerre  avec  l'Angleterre.  En  ce  qui  concerne  le 
■  schisme,  son  esprit  droit  ne  saurait  le  ranger  à  l'attitude  des  neutres. 
A  défaut  d'un  concile  général,  presque  impossible  à  réunir  alors,  — 
mais  auquel  d'avance  il  adhère,  comme  son  maître  Charles  V,  — 
Mézières-^  cherche  une  direction  dans  l'avis  des  cardinaux,  seuls  com- 

1.  M.  J.  donne  un  résumé  très  documenté  de  la  vie  de  ce  personnage 
(pp.  131-1-43). 

2.  Philippe  de  Mézières  fut  précepteur  du  futur  Charles  VI  ;  M.  J.  le  prouve 
suffisamment. 

3.  C'est  à  Philippe  de  Mézières  qu'est  due  l'introduction  en  Occident  de  la 
fête  de  la  Présentation  de  la  Sainte-Vierge,  alors  célébrée  dans  le  seul  Orient. 


BIBLIOGRAPHIE.  Hi 

pétents  en  l'espèce  comme  seuls  ils  sont  responsables  ;  or,  ils  ont 
déclaré  nulle  l'élection  d'Urbain  VI.  Dans  son  ardeur  à  poursuivre  la 
paix  avec  l'Angleterre,  outre  la  bonne  volonté  des  deux  rois,  il  a  pour 
auxiliaires  le  roi  d'Arménie,  puis  Robert  L'Ermite.  Bientôt  les  trêves 
de  vingt-huil  ans,  suivies  du  mariage  de  Richard  II  avec  Isabelle  de 
France,  lui  rendent  des  espérances  que  ne  parvient  pas  à  ruiner  l'échec 
désastreux  de  la  croisade  de  Nicopolis  :  il  n'en  attendait  rien  de  bon. 
Cette  catastrophe  lui  inspire,  au  début  de  1397,  l'ÉpUre  lamentable,  sa 
dernière  œuvre  littéraire,  après  laquelle  on  n'entend  guère  plus  parler  de 
lui.  Il  ne  mourra  pourtant  qu'en  1405,  à  l'âge  de  soixante-dix-huit  ans. 

Nous  n'avons  pas  la  prétention  d'avoir  fait  connaître,  môme  à  grands 
traits,  tout  ce  que  contient  le  livre  de  M.  J.  Qu'il  suffise  d'ajouter  que 
son  ouvrage  a  droit  à  une  place  de  choix  parmi  les  publications  rela- 
tives au  xiv^  siècle  ;  et  ces  publications,  l'auteur  les  connaît  toutes, 
comme  en  témoigne  la  richesse  de  ses  références  bibliographiques.  Il 
les  a  utilisées  avec  un  esprit  critique  courtois,  ignorant  de  ces  pointes 
acerbes  qui  déparent  tant  d'œuvres  d'érudition  contemporaine.  On 
retrouve'dans  le  livre  de  M.  J.  une  qualité  déjà  remarquée  dans  son 
Thomas  III,  marquis  de  Saluées  :  c'est  une  exposition  colorée  et  saisis- 
sante des  documents  littéraires  <  et  dans  un  style  que  beaucoup  d'écri- 
vains français  peuvent  envier.  Philippe  de  Mézières  a  laissé  des  œuvres 
nombreuses  qui  se  font  remarquer  «  par  la  largeur  des  idées  et  la  dou- 
ceur naïve  du  style  »  (p.  513).  M.  J.  a  pensé  avec  raison  que  rien  ne 
saurait  donner  plus  de  vie  à  son  œuvre  qu'un  choix  judicieux  des  pas- 
sages qui  révèlent  la  personnalité  intime  de  Mézières.  Il  avait,  s'il  l'eût 
jugé  bon,  tous  les  éléments  pour  dessiner  de  son  héros  un  portrait  défi- 
nitif, qui  eût  fixé  dans  l'histoire  cette  physionomie  très  personnelle, 
qu'il  venge  en  passant,  —  par  le  dédain,  comme  elles  le  méritent,  — 
des  odieuses  calomnies  de  Jean  Petit  (p.  426-427,  507-508). 

Un  erratum  soigneusement  établi  nous  dispense  de  réparer  plusieurs 
négligences  de  détail,  notées  à  la  lecture.  Lorsque  nous  aurons  remar- 
qué le  lapsus  qui  fait  de  Jean  de  Vienne  un  maréchal  de  France  au 
lieu  de  l'amiral  qu'il  fut  (p.  333),  et  refusé  de  trouver  aucune  impossi- 
bilité à  ce  que  Mézières  ait  été  maître  d'hôtel  du  duc  d'Anjou  (p.  424), 
il  ne  nous  restera  qu'à  redire  que  le  livre  de  M.  Jorga  est  un  excellent 
livre,  non  moins  intéressant  à  lire  que  profitable  à  consulter 2. 

E.  Jarry. 

1.  Tout  en  déclarant  que  ce  n'est  pas  de  ractivité  littéraire  de  Philippe  de 
Mézières  que  s'occupe  surtout  son  travail  (p.  430),  M.  J.  traite  à  fond  certains 
points  de  cette  importante  question.  (Voj .  pp.  342-345,  347-352  ;  429-433,  la 
discussion  sur  la  paternité  du  Songe  du  Verger,  que  M.  J.  établit  avec  force  en 
faveur  de  Philippe;  pp.  440-441,  sur  le  récit  de  la  mort  de  Charles  V,  par  Phi- 
lippe également;  tout  le  chapitre  XIII;  etc..) 

2.  Une  bonne  table  alphabétique  rend  cette  consultation  facile. 


-172  BIBLIOGRAPHIE. 


Poésies  de  Jean  Babu,  curé  de  Soudan,  sur  la  ruine  des  temples 
prolestants  de  Champdenier,  d' Exoudun,  de  la  Mothe-Saint- 
Jléraije  {l()03-1082),  publiées  avec  notices,  commentaires  et  pièces 
justificatives,  par  M.  Alfred  Ricuahd,  archiviste  de  la  Vienne. 
Poitiers,  P.  Blanchier,  ^8y6.  In-^2,  ^50  pages. 

Jean  Babu,  né  à  Saint-Maixent  en  1631,  successivement  curé  de 
Champdenier,  puis  de  Soudan,  mort  le  16  ou  le  17  novembre  1700, 
n'était  guère  connu  jusqu'ici  que  par  un  ouvrage  en  vers,  imprimé 
dans  l'année  qui  suivit  son  décès  et  portant  pour  titre  :  Églogues  poite- 
vines sur  différentes  matières  de  controverses  pour  l'utilité  du  vulgaire  du 
Poitou.  C'est  à  ce  petit  volume  qu'il  doit  d'avoir  pris  rang  parmi  les 
écrivains  poitevins  dans  la  Bibliothèque  historique  de  Dreux  du  Radier. 

M.  Richard  démontre  en  termes  concluants  que  le  bagage  littéraire 
de  Babu  comprenait  en  outre  une  traduction,  en  vers  patois,  des  Buco- 
liques de  Virgile,  dont  la  perte  regrettable  semble  malheureusement 
définitive,  et  quatre  poésies  écrites  dans  le  même  dialecte,  relatant  la 
destruction  des  temples  protestants  de  Champdenier,  d'Exoudun,  de  la 
Mothe-Saint-Héraye  et  de  Saint-Maixent.  De  cette  dernière,  on  ne  con- 
naît encore  que  le  sujet  et  l'intitulé;  quant  au  texte,  l'érudit  archiviste 
de  la  Vienne  n'a  pas  perdu  tout  espoir  de  le  retrouver.  Les  poèmes  sur 
la  ruine  des  prêches  de  Champdenier  et  d'Exoudun  avaient  été  impri- 
més en  1667,  mais  sans  nom  d'auteur.  Grâce  à  la  sagacité  de  M.  R., 
leur  attribution  au  Curé  de  Soudan  ne  peut  plus  être  l'objet  d'aucun 
doute.  Pour  ce  qui  est  du  Dialoge  su  la  destruction  do  Tomple  de  la 
Mothe  S.  Eraie,  l'unique  copie  qui  nous  l'a  conservé  demeura  jusqu'à 
ces  derniers  temps  ignorée  dans  un  recueil  manuscrit  de  la  Biblio- 
thèque de  Poitiers,  oii  M.  R.  l'a  découverte  et  identifiée. 

Sans  parler  de  leur  valeur  historique  et  littéraire,  les  trois  pièces 
publiées  par  notre  savant  confrère  sont  des  documents  très  importants 
pour  la  connaissance  du  dialecte  populaire  parlé  au  xvii^  siècle  dans  la 
région  de  Saint-Maixent.  L'extrême  rareté  des  textes  de  cette  nature  rend 
ceux-ci  particulièrement  précieux.  Ils  sont  établis  avec  toute  l'exacti- 
tude et  commentés  avec  toute  la  science  que  l'on  pouvait  attendre  d'un 
éditeur  scrupuleux,  pour  qui  le  patois  poitevin  n'a  point  de  secrets. 
M.  R.  a  joint  à  ces  poésies  une  notice  bio-bibliographique  sur  Jean 
Babu  et  sa  famille,  pour  laquelle  il  s'est  servi  de  documents  presque 
tous  inédits,  un  sommaire  de  l'histoire  du  Protestantisme  en  Poitou  de 
1661  à  1789,  exposé  impartial  et  plein  d'aperçus  nouveaux,  un  histo- 
rique complet  de  la  démolition  du  lemplc  de  Saint-Maixent  (17  avril 
1685),  rédigé  en  vue  de  la  découverte  possible  du  (juatrième  poème  de 
Babu,  etc. 

Une  dernière  dissertation  traite  d'un  autre  épisode  de  l'histoire  du 


BIBLIOr.RAPHIE.  -173 

calvinisme  dans  le  Poitou  central.  La  mort  de  Louis  XIV  fut  le  signal, 
dans  cette  partie  de  la  France,  d'un  réveil  des  prédicants,  qui  crurent 
le  moment  venu  de  protester  publiquement  contre  la  révocation  de 
l'Édit  de  Nantes  et  instituèrent  des  prêches  en  plein  air  sur  l'emplace- 
ment des  temples  détruits.  Ces  manifestations  n'eurent  d'autre  résultat, 
comme  l'expOse  M.  R.,  que  l'application  de  nouvelles  mesures  de 
rigueur  et  une  reprise  de  la  persécution.  Parmi  les  pièces  justificatives 
qui  viennent  compléter  cet  ensemble,  nous  citerons  seulement  un  très 
curieux  procès-verbal,  dressé  par  notaires,  d'une  dragonnade  de  l'année 
1681.  Ces  notables  additions,  il  esta  peine  besoin  de  le  faire  remarquer, 
rehaussent  considérablement  l'intérêt  de  la  publication  de  notre  con- 
frère ;  elles  en  font  une  œuvre  à  la  fois  historique  et  philologique,  qui 
se  recommande  par  de  solides  qualités  d'érudition. 

Paul  GuÉRiN. 

Études  grammaticales  sur  les  langues  celtiques,  par  H.  d'Abbois  de 
JcBAiNviLLE,  membre  de  l'InstiluL  T.  11  :  Glossaire  moyen-breton, 
par  E.  Erxaclt.  Paris,  Bouillon,  -1895-1896.  2  vol.  in-8o,  xxviii- 
833  pages. 

M.  d'Arbois  de  Jubainville  a  commencé,  en  1881,  un  recueil  intitulé 
Études  grammaticales  sur  les  langues  celtiques,  dont  le  tome  I  est  con- 
sacré :  1°  à  la  phonétique,  2°  à  la  dérivation  dans  le  breton  continental. 
Ce  travail,  d'une  importance  capitale  pour  la  philologie  celtique,  était 
malheureusement  dépourvu  d'index,  et  par  suite  les  recherches  n'y 
étaient  pas  toujours  faciles.  Le  second  tome  des  Études,  qui  vient  de 
paraître,  renferme,  aux  pages  749  et  suiv.,  un  index  des  mots  contenus 
dans  le  tome  I  :  mots  gaulois,  irlandais  (p.  770),  gallois  (p.  777),  cor- 
niques  (p.  782),  bretons  (p.  783),  latins  (p.  823),  grecs  (p.  830)  et  français 
(p.  831). 

Quoique  d'une  utilité  grande  assurément,  l'index  n'occupe,  par  ses 
dimensions,  qu'une  place  restreinte  dans  ce  volume.  La  majeure  partie 
en  est  remplie  par  un  Glossaire  moyen-breton  contenant  les  mots  bretons 
usités  du  xi^  au  xvn«  siècle  qui  nous  ont  été  conservés. 

M.  Ernault  avait  déjà  publié  un  Dictionnaire  étymologique  du  moyen- 
breton  à  la  suite  du  Mystère  de  sainte  Barbe,  édité  par  lui  en  1888  dans 
la  collection  des  Bibliophiles  bretons.  Cet  ouvrage  ne  perd  rien  de  sa 
valeur  depuis  la  présente  publication.  L'auteur  s'est  en  effet  proposé 
uniquement  de  compléter  son  premier  travail  et  non  pas  de  le  refaire. 
Il  avait  donné  un  supplément  de  son  Dictionnaire  dans  les  Mémoires  de  la 
Société  de  linguistique  de  Paris  (t.  VI,  "VII,  VIII)  ;  mais  ce  supplément, 
qui  n'occupait  guère  que  deux  cents  pages,  était  insuffisant.  Le  cadre 
en  a  été  depuis  agrandi,  amélioré,  et  cette  ébauche  est  devenue  le  Glos- 
saire que  nous  annonçons. 


^  74  BIBLIOGRAPHIE. 

Les  premiers  textes  suivis  en  moyeu-breton  {Vie  de  sainte  Nonn, 
Catholicon  de  Lagadeuc)  datent  seulement  de  la  fin  du  xv«  siècle,  la 
langue  des  siècles  antérieurs  ne  nous  étant  connue  que  par  des  chartes. 
Par  suite,  M.  Ernault  s'était  borné  à  recueillir,  dans  le  Dictionnaire 
étymologique,  les  mots  bretons  du  xv^  et  du  xvi"  siècle  qu'il  relevait 
dans  les  textes  suivis.  Dans  le  Glossaire,  au  contraire,  il  s'est  attaché  à 
recueillir  les  mots,  isolés  ou  non,  que  fournissent  les  documents  du 
xii<=  au  xvi«  siècle  inclusivement,  depuis  ceux  contenus  dans  le  cartu- 
laire  de  Quimperlé  et  les  trois  cartulaires  de  Quimper  jusqu'à  ceux 
qu'il  a  relevés  dans  les  registres  paroissiaux  de  Pédernec  et  de  Quem- 
per-Guézennec.  La  liste  se  trouve  de  la  sorte  fort  allongée,  notamment 
par  les  noms  de  famille,  qui  forment  un  appoint  important.  C'est  là  une 
innovation  dont  on  ne  saurait  trop  féliciter  l'auteur;  cependant,  il  faut 
reconnaître  que  le  Dictionnaire  étymologique  a  plus  d'homogénéité  parce 
qu'il  représente  mieux  l'état  du  breton  armoricain  à  une  époque  déter- 
minée de  son  histoire,  au  lieu  que  le  Glossaire  renferme  des  mots 
qui  ne  sont  pas,  si  l'on  peut  dire,  contemporains,  et  dont  les  uns 
étaient  tombés  en  désuétude  lorsque  les  autres  ont  été  créés.  Ce 
défaut  est  inhérent  à  tout  dictionnaire  général  d'une  langue  ancienne  : 
le  plan  en  est  toujours  trop  vaste.  M.  Ernault  a  lui-même  reconnu  ce 
qu'il  y  a  d'artificiel  dans  les  travaux  de  ce  genre.  Il  constate,  dans  sa 
préface,  combien  il  est  arbitraire  de  faire  une  différence  entre  le  breton 
parlé  en  1600  et  le  breton  parlé  en  1601,  alors  qu'on  n'en  fait  aucune 
entre  celui  parlé  en  1600  et  celui  parlé  en  1101.  L'expression  «  moyen- 
breton  »  désigne  la  langue  armoricaine  pendant  une  période  très  longue 
et  assez  mal  délimitée  au  cours  de  laquelle  cette  langue  a  varié  cons- 
tamment de  siècle  en  siècle. 

Cette  remarque  une  fois  faite,  hâtons-nous  de  dire  que  M.  Ernault  a 
échappé  autant  qu'il  se  peut  aux  inconvénients  du  plan  qu'il  s'est  tracé 
en  s'appuyant  toujours  sur  des  textes  bien  datés.  Peut-être  abuse-t-il 
un  peu  des  abréviations  par  sigles,  qui  nécessitent  un  apprentissage 
pour  être  toutes  connues.  Il  est,  en  outre,  regrettable  que  l'auteur  n'ait 
pas  jugé  à  propos  de  nous  donner,  en  tête  de  son  Glossaire,  une  liste 
complète  de  ses  sources,  dont  beaucoup  sont  seulement  citées  en  note. 
L'étendue  de  ses  recherches,  qui  ont  été  considérables,  eût  pu  être 
ainsi  mieux  appréciée. 

Nous  ne  pouvons  ici  donner  une  idée  des  innombrables  problèmes  de 
philologie  qui  sont  posés  et  parfois  résolus  dans  le  Glossaire.  A  cet  égard, 
l'ouvrage  de  M.  Ernault  est  une  véritable  mine  de  renseignements  nou- 
veaux à  laquelle  les  romanistes  eux-mêmes  puiseront  avec  profit.  Ainsi, 
entre  bien  d'autres  exemples,  il  peut  être  intéressant  de  constater  que 
le  mot  breton  qui  désigne  un  bullaire,  bililher,  renferme  un  son  mouillé 
qui  ne  se  trouve  pas  dans  le  mot  bull  (une  bulle),  mais  qui  existe  dans 
quelques  formes  italiennes,  où  on  l'explique  par  un  mélange  de  bulla 


BIBLIOGRAPHIE.  475 

avec  bullio  (Kôrting,  Lateinisch-romanisches  Wôrlerbuch,  n"  lilU).  — 
Le  mot  fr.  hanafat  (mesure  de  miel),  que  Diez  (Elymologisches  Wôrter- 
buch,  610)  et,  à  sa  suite,  Kôrting  [op.  cil.,  n»  3871)  faisaient  venir  du 
vieux-saxon  hanigfat,  paraît  bien  plutôt  dériver  du  moyen-breton  hanaf 
(coupe,  hanap).  —  De  même,  M.  Ernault  nous  apprend  que  le  breton 
cacadd  (lépreux),  d'où  Kôrting  fait  venir  le  français  cagot,  n'existe  pas. 
Kôrting  avait  sans  doute  en  vue  le  mot  cacodd,  pi.  cacodedd  (ladre),  que 
le  P.  Grégoire  de  Rostrenen  donne  comme  suranné  dans  son  Diction- 
naire françois-celtique,  ouvrage  dont  l'autorité  est  au  reste  très  faible, 
en  sorte  que  l'existence  de  cacodd  n'est  même  pas  certaine. 

Un  des  grands  mérites  de  M.  Ernault  est  précisément  d'avoir  exclu 
de  son  Glossaire  les  mots  donnés  par  le  P.  Grégoire  comme  étant  du 
breton  «  d'autrefois.  »  Une  bonne  partie  de  ces  mots,  que  M.  Ernault 
appelle  des  «  alias  »,  parce  que  dans  le  dictionnaire  du  P.  Grégoire  ils 
sont  précédés  de  la  mention  alias,  n'est  pas  extraite  des  textes  en  moyen- 
breton.  Ils  ont  été,  soit  imaginés  purement  et  simplement,  soit  admis 
à  la  légère  par  suite  de  confusions  dont  quelques-unes  sont  signalées 
et  expliquées  avec  beaucoup  de  finesse  dans  la  préface  du  Glossaire. 

Si  la  liste  des  mots  du  breton-moyen  qui  nous  sont  connus  se  trouve 
de  la  sorte  quelque  peu  abrégée,  M.  Ernault  y  supplée  d'une  manière 
fort  ingénieuse  par  les  conjectures  les  plus  autorisées.  Il  infère  de  l'exis- 
tence de  certains  mots  en  breton  moderne  celle  de  mots  analogues  en 
breton-moyen  et,  à  l'aide  des  lois  de  la  phonétique  celtique,  il  tente 
parfois  d'en  rétablir  la  forme.  Ces  mots  sont  assez  nombreux  dans  le 
Glossaire,  où  ils  sont  distingués  par  des  caractères  typographiques  spé- 
ciaux. Ils  ne  contribuent  pas  peu  à  en  augmenter  la  valeur  originale. 
Voici  par  exemple  le  mot  breton  moderne  neien  (an  iy),  qui  signifie  faite 
(d'une  maison).  La  racine  de  ce  mot,  dont  le  vocalisme  parait  avoir  été 
modifié  par  l'influence  de  son  synonyme  lein,  se  retrouve  dans  le  cor- 
nique  Jien-bren  (plafond),  dans  le  gallois  nen  (voûte).  On  ne  peut  douter 
que  le  mot  breton  moderne,  qui  est  à  coup  sûr  indépendant  du  comique 
et  du  gallois,  dérive  d'un  thème  primitif  dont  dérivent  aussi,  de  leur 
côté,  les  mots  comique  et  gallois  correspondants.  —  Le  mot  gwek 
(vesce  sauvage),  usité  aujourd'hui  en  trécorois  et  dont  on  n'a  pas 
d'exemple  avant  la  tin  du  xvin«  siècle,  est  évidemment  apparenté  avec 
le  gallois  gwig,  qui  vient  du  latin  vicium.  Ce  mot  gwek  devait  exister 
sous  la  forme  *guec  en  moyen-breton  et  sous  la  forme  *uic  en  vieux- 
breton.  On  peut  taxer  tout  cela  d'hypothèses  invérifiables,  mais  les 
résultats  n'en  sont  pas  moins  pour  la  plupart  très  sûrs  et  très  inté- 
ressants. 

Le  Glossaire  de  M.  Ernault  présente  donc,  en  même  temps  qu'une 
liste  des  plus  complètes  de  tous  les  mots  qui  n'avaient  pas  été  réunis  dans 
le  Dictionnaire  étymologique,  des  restitutions  conjecturales  faites  avec 
toute  la  circonspection  critique  nécessaire.  C'est  assez  dire  la  haute 


-176  BIBLIOGRAPHIE. 

valeur  de  l'ouvrage,  que  recommande  encore  le  patronage  d'un  maître 
éminent,  M.  d'Arbois  de  Jubainville. 

Ph.  Lauer. 


Alessandro  Bellucci.  Inventario  dei  manoscriiti  délia  hihlioteca  di 
Perugia.  Forli,  Luigi  Bordandini,  ^1895.  Grand  in-8%  244  pages. 
(Extrait  du  tomeV  des  Inventari  dei  manoscriiti  délie  biblioieche 
d'Iialia,  publiés  sous  la  direction  de  M.  G.  Mazzatinti,  p.  56-297.) 

Ce  catalogue  est  assurément  l'un  des  plus  importants  qui  aient  été 
publiés  jusqu'ici  dans  la  collection  dirigée  par  M.  Mazzatinti.  Il  ne 
comprend  pas  moins  de  1,565  articles,  dont  beaucoup  méritaient  d'être 
signalés  à  l'attention  des  érudits. 

Les  manuscrits  de  la  bibliothèque  communale  de  Pérouse,  biblio- 
thèque dont  le  véritable  fondateur  est  un  érudit  pérugin  de  la  fin  du 
xvie  siècle,  Prospero  Pogiani,  sont  répartis  en  trois  fonds  distincts  : 
i°  ancien  fonds,  formé  de  la  réunion  de  la  collection  Pogiani  (à  laquelle 
sont  venues  se  joindre  quelques  autres  collections  particulières  moins 
considérables),  et  des  manuscrits  des  Jésuites  de  Pérouse  et  des  cou- 
vents supprimés  en  1810;  —  2°  fonds  des  corporations  supprimées 
en  1866;  —  3°  nouveau  fonds  et  fonds  divers.  M.  Bellucci,  tout  en  res- 
pectant l'ordre  établi  par  ses  prédécesseurs  (et  un  peu  par  le  hasard), 
a  donné  à  ces  diverses  séries  une  numérotation  unique.  Les  ouvrages 
ne  sont  classés  ni  par  matières  ni  par  langues  ;  ainsi ,  on  rencontre 
sous  le  numéro  646  un  manuscrit  copte,  et  sous  le  numéro  949  un 
manuscrit  arabe;  de  même,  les  manuscrits  grecs,  relativement  nom- 
breux et  importants,  et  qui  ont  fait  l'objet  d'un  catalogue  spécial,  dû  à 
M.  T.-W.  Allen  [Centralblalt  filr  Bibliotliekswesen,  t.  X,  p.  470-476),  se 
trouvent  disséminés  parmi  des  manuscrits  latins  ou  italiens. 

La  bibliothèque  ne  renferme  pas  un  grand  nombre  de  manuscrits 
remarquables  par  leur  ancienneté.  Bien  peu  sont  antérieurs  au  xn'  siècle. 
Quatre  volumes  sont  indiqués  comme  datant  du  xi«  :  un  psautier  (627), 
un  Sédulius  (728),  un  exemplaire  des  Dialogues  de  saint  Grégoire  (828) 
et  un  Traité  de  médecine  (H38)  ;  un  seul  serait,  d'après  M.  Bellucci, 
du  x«  siècle  :  c'est  une  Bible,  d'ailleurs  très  précieuse,  ornée  de  cinq 
grandes  peintures  (807). 

L'antiquité  classique  est  bien  représentée  dans  cette  collection.  Les 
exemplaires  des  auteurs  latins  y  sont  assez  nombreux;  la  plupart  sont 
du  xv«  siècle,  quelques-uns  du  xiii",  un  du  xii^  (Salluste,  371). 

Parmi  les  manuscrits  pouvant  intéresser  la  littérature  latine  ou  l'his- 
toire du  moyen  âge,  voici  ceux  que  j'ai  notés  : 

58.  «  Summa  dictaminis,  »  dé  Thomas  de  Gapoue  (xni^-xiY^  siècle). 

98,  110,  117.  Sermons  et  oeuvres  diverses  de  Bertrand  de  la  Tour, 


BIBLIOGRAPHIE.  M7 

évêque  de  Tusculum  (xiv«  siècle)  ;  les  copies  n'en  sont  pas  communes, 
même  en  France. 

192.  Chronique  martinienne  (xv»  siècle). 

288.  «  Tadei  de  Parisio,  boni  medici  [Thaddée  de  Florence,  Taddeo 
Alderotto?],  phisica  vel  recepta  »  (xv»  siècle). 

292.  Recueil  de  prophéties  (xiv^  et  xv«  siècles). 

302.  «  Epistolo  di  Gregorio  IX,  »  etc.  (xni«  siècle)  ;  je  compte  don- 
ner prochainement  une  notice  de  ce  manuscrit. 

388.  «  Arsscribendiepistolas,  »  de  «  Gaufridus  Anglicus»  (xiii^  siècle); 
ce  formulaire  a  été  récemment  étudié  par  M.  Ch.-V.  Langlois,  qui  res- 
titue à  ce  Geoffroi  son  vrai  nom  de  Geoffroi  de  «  Cumeselz;  »  voyez 
Notices  et  extraits  des  manuscrits,  t.  XXXV,  2«  partie  (1896),  p.  427  et 
suivantes. 

725.  «  Architrenius,  »  de  Jean  de  Hauteville  (xn«-xnie  siècle)  ;  on  sait 
que  les  exemplaires  manuscrits  de  ce  curieux  poème  sont  assez  rares; 
je  doute  que  celui-ci  ait  été  jamais  utilisé. 

736.  Recettes  médicales  et  traités  de  médecine  (xii'î-xnifi  siècle). 

744.  «  Cyrugia,  »  de  Thierry,  évêque  de  Gervia  [Teoderico  Borgo- 
gnoni]  (xiv«  siècle). 

1073.  «  Epilome  délia  storia  sacra,  »  de  «  Petrus,  servus  Ghristi, 
presbyter  Trecensis  »  [Pierre  Comestor]  (xn^  siècle). 

1324.  «  Ars  dictaminis,  »  de  «  Johannes  de  Gar^  »  [Jean  de  Gar- 
lande]  (xiv*  siècle). 

Assez  riche  en  textes  italiens  anciens  (d'importants  recueils  de  poé- 
sie seraient  particulièrement  à  citer),  la  bibliothè(iuc  de  Pérouse  l'est 
encore  plus  en  documents  concernant  l'histoire  locale  ou  régionale;  en 
tête  doivent  figurer  les  mémoires  de  Railaele  Sozi  (322),  une  chronique 
originale  de  Saint-Dominique  de  Pérouse,  de  1200  à  1598  (1141),  et  une 
série  de  registres  versés  des  archives  municipales  dans  la  bibliothèque 
«  perunamigliore  conservazione.  »  Personne  ne  s'étonnera,  en  revanche, 
de  la  pauvreté  de  cette  même  collection  en  documents  relatifs  à  notrfe 
histoire  moderne;  je  ne  retrouve  guère  à  signaler,  outre  quelques 
«  Miscellanea  diplomatica  »  (100,  987)  et  un  recueil  des  lettres  de 
Mazarin,  en  quatre  volumes  (882-885),  qu'une  relation,  en  trois  volumes, 
par  «  Eurillo  Battifondo,  »  de  Bologne,  du  voyage  qu'il  fit  en  France 
en  1664-1665,  et  intitulé  :  «  Viaggio  di  Francia,  costumi  e  qualità  di 
que'  paesi  »  (1126-1128). 

M.  Bellucci,  dans  son  Introduction,  a  dressé  la  liste  des  absents; 
plusieurs  manuscrits  ont,  en  effet,  dans  le  courant  de  ce  siècle,  dis- 
paru de  la  bibliothèque  de  Pérouse;  de  ce  nombre  sont  quelques 
volumes  particulièrement  intéressants  pour  l'histoire  locale;  mais  la 
perte  de  beaucoup  la  plus  considérable  qui  soit  à  déplorer,  est  celle  d'un 
magnifique  Gicéron,  orné  de  seize  grandes  peintures,  de  la  seconde 
moitié  du  xv«  siècle.  M.  Bellucci  a  été  bien  inspiré  en  reproduisant  la 
4897  i-2 


-178  BIBLIOGRAPHIE. 

notice  qu'en  avait  rédigée  un  de  ses  prédécesseurs  ;  elle  permettra 
peut-être  de  retrouver  un  jour  ce  manuscrit,  trop  précieux  pour  qu'on 
doive  désespérer  de  le  voir  jamais  réapparaître.  D'après  A.  Rossi, 
auteur  de  cette  notice,  il  faut  voir,  dans  la  forme  des  caractères,  dans 
le  goût  de  l'ornementation,  dans  le  choix  des  personnages  proposés  par 
le  miniaturiste  comme  modèles  de  justice  (Gharlemagne  et  un  roi  qui 
serait  saint  Louis),  surtout  dans  les  inscriptions  tracées  au-dessous  de 
certaines  figures,  telles  que  «  Prudence,  Force,  Tempérance,  les  Vertus,  » 
autant  de  preuves  que  le  travail  est  dû  à  une  main  française;  et,  sans 
doute,  «  ne  se  tromperait -on  guère,  »  ajoute  l'auteur  de  la  notice, 
«  en  y  reconnaissant  celle  du  célèbre  Nicolas  [?]  Fouquet.  » 

Bien  que  les  circonstances  n'aient  pas  permis  de  le  compléter  par  un 
index ^,  ce  catalogue  ne  manquera  pas  néanmoins  de  rendre  de  réels 
services,  et  le  public  savant  en  pourra  être  reconnaissant  à  M.  Bellucci, 
qui,  pendant  la  courte  durée  de  ses  fonctions  à  la  bibliothèque  de 
Pérouse,  a  fait  preuve  d'autant  de  zèle  pour  la  conservation  du  riche 
dépôt  dont  il  avait  la  garde,  que  d'obligeance  à  l'égard  des  visiteurs  de 
passage,  venus  pour  y  faire  des  recherches. 

L.    AUVRAY. 


Il  Codice  atlantico  di  Leonardo  da  Vinci  nella  Biblioteca  Ambro- 
siana  di  3Iilano,  riprodotto  e  puhblicato  dalla  regia  Accademia 
dei  Liticei  sotto  gli  auspici  e  col  sussidio  del  lie  e  del  Governo. 
Milano,  Ulrico  Hoepli,  -i  894-1 896.  -10  fasc.  très  grand  in-fol.  (En 
cours  de  publication.) 

Cette  magnifique  publication  est  consacrée  à  reproduire  intégrale- 
ment les  dessins  et  le  texte  original  d'un  des  plus  beaux  manuscrits 
de  Léonard  de  Vinci.  Le  Codice  atlantico  de  la  bibliothèque  Ambroi- 
sienne'^  de  Milan  doit  son  nom  à  la  grande  dimension  de  son  format 

1.  Depuis,  en  1896,  a  paru  l'index  du  tome  V  des  Inventari  dei  manoscritti, 
etc.,  dont  l'inventaire  des  manuscrits  de  Pérouse  forme  la  presque  totalité. 

2.  Rappelons  que  Léonard  de  Vinci,  par  son  testament  d'Amboise,  en  date  du 
23  avril  1518,  avait  laissé  à  son  disciple  et  ami  Francesco  Melzi,  qui  l'avait 
accompagné  dans  son  exil  volontaire,  tous  les  manuscrits,  dessins,  peintures, 
etc.,  qu'il  avait  apportés  avec  lui  en  France.  A  la  mort  de  Léonard,  survenue, 
comme  on  sait,  au  château  de  Clou,  le  2  mai  1519,  Melzi  ramena  ces  précieuses 
reliques  en  Italie;  et  sa  vie  durant,  il  conserva  soigneusement  la  collection  des 
manuscrits  qu'il  tenait  de  son  maître  et  qui  étaient  si  importants  au  point  de 
vue  arlislique  et  scientifique.  Mais  quand  Melzi  mourut  (en  1570),  ces  trésors 
passèrent,  par  le  fait  de  ses  héritiers,  par  une  série  de  vicissitudes  qu'explique 
en  détail  l'auteur  de  la  préface  de  la  présente  publication;  et  c'est  ainsi  que  le 
Codice  atlantico,  qui  faisait  partie  des  treize  volumes  de  manuscrits  et  dessins 
de  Léonard  de  Vinci,  (inil  par  entrer  à  la  bibliothèque  Ambroisieane. 


BIBLIOGIIAPHIE.  479 

(0"'61  de  haut  sur  0'"45  de  large)  ;  il  se  compose  de  402  feuillets  et  con- 
tient plus  de  1,700  dessins.  Grâce  à  l'importance  de  ce  manuscrit,  on 
peut  une  fois  de  plusse  rendre  compte  de  la  multiplicité  des  études  du 
maître  incomparable  auquel  on  les  doit,  et  de  l'étonnante  variété  des 
manifestations  de  ce  génie,  si  puissamment  organisé.  Art  de  l'ingé- 
nieur, surtout  au  point  de  vue  militaire,  géométrie^,  mécanique,  phy- 
sique, hydraulique,  arts  industriels,  architecture,  peinture,  etc.,  c'est 
à  ces  différents  arts,  à  ces  sciences  variées  et  à  leurs  applications 
nombreuses  que  nous  ramènent  sans  cesse  les  dessins  et  les  croquis  si 
remarquables,  les  observations  si  ingénieuses  de  Léonard  de  Vinci. 
Ajoutons  que,  si  ce  manuscrit  présente  un  tel  intérêt,  c'est  encore 
plus  sous  le  rapport  des  sciences  et  des  arts  mécaniques  que  pour  ce 
qu'on  est  convenu  d'appeler  les  beaux-arts. 

On  a  donc  eu  la  plus  heureuse  idée  d'entreprendre  la  publication 
intégrale  d'un  aussi  précieux  manuscrit.  Ce  n'est  pas  qu'il  fût  resté 
inconnu;  loin  de  là.  Déjcà,  en  1626,  le  cardinal  Frédéric  Borroraée  en 
avait  ordonné  la  transcription,  onze  ans  avant  que  la  bibliothèque 
Ambroisienne  qu'il  avait  fondée  lui-même  ne  fût  entrée  en  possession 
de  ce  manuscrit,  grâce  à  la  libéralité  du  comte  Galeazzo  Arconati. 
Divers  savants  l'avaient  déjà  fait  connaître  partiellement,  et  parmi  eux 
Ant.  David,  Bald.  Oltrocchi,  plus  tard  Venturi,  celui-ci  au  point  de 
vue  de  la  physique  et  des  mathématiques,  alors  que  le  Codice  allan- 
tico  avait  été  transporté  en  France  (1796),  avec  d'autres  dépouilles  de 
guerre  enlevées  à  la  Lombardie.  Rendu  à  l'Italie  en  1815,  le  Codice  fut 
étudié  dans  ce  siècle-ci  par  Libri,  Omodei,  Angelucci,  et  récemment 
par  P.  Mùller-Walde2,  etc.;  mais  toutes  les  études  variées  dont  ce 
manuscrit  avait  été  ou  était  encore  l'objet,  surtout  au  point  de  vue 
scientifique,  étaient  restées  incomplètes;  aucune  des  recherches  entre- 
prises alors  n'avait  embrassé  toute  l'étendue  de  ce  manuscrit,  aucune 
ne  l'avait  suffisamment  approfondi. 

C'est  seulement  en  1872,  lors  de  l'inauguration  d'un  monument-  à 
Léonard  de  Vinci,  élevé  à  Milan  même,  qu'on  forma  le  dessein  de 
publier  un  Saggio  del  Codice  atlanlico;  ce  premier  projet  en  suggéra 
bientôt  un  autre,  celui  de  publier  intégralement  le  Codice,  et  ce  fut 
l'Académie  des  Lincei  qui  prit  sous  ses  auspices  une  aussi  louable 
entreprise.  Déjà  M.  Ravaisson-MoUien,  en  publiant  dès  1881  les 
manuscrits  de  Léonard  de  Vinci  conservés  à  l'Institut  de  France,  avait 


1.  Léonard  de  Vinci  avait  exéculé  des  dessins  géométriques  qui  étaient  des- 
tinés à  servir  au  traité  célèbre  de  Luca  Pacioio  intitulé  :  De  divina  pro- 
port ione. 

2.  Dans  son  bel  ouvrage,  encore  inachevé,  qui  a  pour  titre  :  Leonardo  da 
Vinci,  Lebenssiiizze  nnd  Forschnngen  iiber  sein  Verh/iKniss  ziir  Florentiner 
Kumt  und  zu  Rafaël,  3"  Lief.,  1890  (Munchen,  Georg  Hirth,  1890,  in-4''). 


^80  BIBLIOGRAPHIE. 

reconnu  pour  ces  manuscrits  t  qu'une  publication  intégrale  et  textuelle 
peut  seule  donner  un  résultat  définitif,  de  telle  sorte  qu'il  ne  soit  plus 
nécessaire  de  recourir  aux  documents  originaux  pour  en  faire  une 
étude  nouvelle.  »  Cette  transcription  intégrale,  cette  précision  tex- 
tuelle ne  se  trouvent  pas  dans  l'ouvrage  de  Richter,  paru  en  1883  sous 
le  titre  de  The  literary  works  of  Leonardo  da  Vinci,  ouvrage  très  remar- 
quable d'ailleurs,  mais  conçu  d'une  manière  spéciale,  à  cause  du  clas- 
sement méthodique  qu'on  a  suivi  expressément  dans  ce  recueil. 
Non  seulement  l'Académie  des  Lincei  se  décida  à  reproduire  tous  les 
folios  du  Godice  atlantico  avec  les  dessins  et  l'écriture  originale  qui  les 
accompagne  dans  leur  ordre  de  succession,  mais  elle  résolut  de  publier 
in-extcnso  avec  des  notes  le  texte  même,  précédé  de  sa  reproduction 
diplomatique,  sans  d'ailleurs  le  traduire  dans  aucune  autre  langue; 
de  plus,  les  auteurs  de  cette  publication  se  réservent  de  la  faire  suivre 
d'un  lexique  de  la  langue  de  Léonard  de  Vinci,  afin  de  faciliter  l'expli- 
cation de  bien  des  termes  spéciaux,  d'une  nature  technique,  dont  le 
sens  peut  être  difficile  à  saisir.  L'Académie  des  Lincei  a  pu  s'assurer  de 
la  collaboration  de  savants  très  estimés,  tels  que  Giovanni  Piumati, 
qui  s'est  occupé  particulièrement  de  la  question  du  vol  des  oiseaux,  et 
Luca  Beltrami,  qui  est  très  familiarisé  avec  la  langue  technique  de 
Léonard  de  Vinci.  C'est  au  savant  Brioschi  qu'est  due  la  préface  qui 
a  paru  en  tête  du  premier  fascicule.  Enfin,  ce  recueil  sera  complété 
par  des  tables  systématiques  qui  aideront  à  y  faire  les  recherches  néces- 
saires. 

L'ouvrage  comprendra  environ  35  fascicules  contenant  chacun 
40  planches  en  phototypie  avec  la  double  transcription  que  nous 
venons  d'indiquer  et  avec  des  notes.  Un  prospectus  détaillé  de  la  mai- 
son Hoepli  explique  les  conditions  de  cette  publication  dont  l'intérêt 
est  considérable. 

Victor  MoRTET. 


-<H^ 


LIVRES    NOUVEAUX. 

SOMMAIRE  DES  MATIÈRES. 

GÉNÉRALITÉS,  237,  248. 

Sciences  auxiliaires.  —  Paléographie,  9,  85.  —  Chronologie,  214.  — 
Bibliothèques,  166,  208.  —  Manuscrits,  3,  46,  64,  69,  96,  135, 136,  139, 
165,  254,  262.  —  Imprimerie,  204.  —  Bibliographie,  93,  242. 

Sources,  264.  —Vies  de  saints,  176,  249.  —Chroniques,  94,  124,  196. 


BIBLIOGRAPHIE.  184 

Journaux,  30.  —  Correspondances,  0,  87.  —  Archives,  8,  104,  121,  184, 
211.  —  Cartulaires,  bullaires,  35,  H7,  223,  256,  257.  —  Chartes,  24.  — 
Obituaire,  188. 

Biographie,  généalogie,  116.  —  Albert  Achille,  6;  fra  Angelico,  255; 
Jeanne  d'Arc,  71;  Attila,  110;  saint  Bernard,  21;  Catone,  16;  Cha- 
bannes,  45;  Charlemagne,  145;  Charles  I"  d'Anjou,  240;  Christophe 
Colomb,  232;  bienheureuse  Christine  de  Stommeln,  196;  saint  Chris- 
tophe, 209;  saint  Cyrille,  102  ;  Dante,  17,  253,  279;  Éric  de  Danemark, 
4;  Este,  95;  Fugger,  111;  Gassion,  74;  Grégoire  VII,  267;  Guillaume 
de  Norwich,  249;  Gutenberg,  26;  Henri  II,  empereur,  15;  Innocent  IV, 
117;  Kappler,  269;  Krafft,  65;  La  Farelle,  79  ;  Ligerz,  169;  Jacques 
de  Longuyon,  222;  saint  Louis,  67,  240;  saint  Malo,  197;  Mancini, 
155;  Simon  de  Marville,  222;  Michel  Scot,  33;  saint  Nicolas  de  Tolen- 
tino,  252;  Petit,  206;  Pienzenauer,  274  ;  Pietro  Guglielmo  di  Luserna, 
109;  saint  Pierre  Célestin,  212;  Marco  Polo,  57;  René  d'Anjou,  97; 
saint  Rémi,  14,  39;  Saisy  de  Kérampuil,  218;  Savonarole,  82,  202; 
Sordel,  16. 

Droit,  89,  138,  140,  186,  187,  201,  221,  227,  238,  251,  275. 

Institutions,  12,  189,  191,  192,  193,  198,  236,  272. 

Mœurs,  civilisation,  27,  181,  190,  225,  243,  261. 

Enseignement,  81,  123,  152. 

Sciences,  179,  265,  278,  282. 

Géographie,  171,  250. 

Religions.  —  Judaïsme,  124, 239,  268.  — -  Écriture  sainte,  1.  —  Catho- 
licisme, 112,  148,  150,  240,  244,  263,  267,  273;  papauté,  36;  conciles, 
19,  53;  ordres  religieux,  38,  129,  285;  théologie,  87;  liturgie,  115; 
indulgences,  217.  —  Hérésies,  205. 

Archéologie,  50,  60,  156,  159,  164,  170,  177.  —  Architecture,  18,  29, 
41,  42,  59,  78,  83,  88,  154,  178,  183,  203,  213,  259,  270,  276.  —  Pein- 
ture, dessin,  22,  43,  108,  114,  231,  281.  —  Éraaillerie,  172.  —  Gravure, 
101.  —  Poteries,  47.  —  Costume,  153.  —  Armes,  25.  —  Héraldique, 
97.  _  Sigillographie,  68, 234.  —  Numismatique,  119, 120, 133,  168,  233. 

Langues  et  littératures,  75.  —  Langues  romanes,  128,  180,  182, 
284  ;  français,  66,  69,  73,  76,  77,  99,  131,  199,  215,  216,  230,  265;  ita- 
lien, 7,  37,  63,  105,  109,  162,  200,  279.  —  Langues  germaniques  :  alle- 
mand, 125,  141,  165,  226,  271  ;  anglo-saxon,  23,  195,  277;  anglais,  10; 
flamand,  72.  —  Langues  slaves,  34,  247. 

SOMMAIRE  GÉOGRAPHIQUE. 

Allemagne,  28,  118,  173,  229.  —  Bavière,  91,  239;  Hanovre,  210, 
257;  pays  rhénans,  27,  241  ;  Poméranie,  62;  Prusse,  12,  98,  103,  283; 
Saxe,  84,  86,  127,  225;  Schleswig-Holstein,  90,  207,  223. 


482  BIBLIOGRAPHIE. 

Autriche-Hongrie,  32,  49,  100,  103,  122,  126,  144,  243,  251. 

Danemark,  219. 

Espagne,  38,  130,  149,  160,  193,  245,  261. 

France,  2,  107.  —  Auvergne,  13;  Barrois,  164;  Champagne,  H; 
Fotx,  192;  Picardie,  137.  —  Alpes-Maritimes,  188;  Aude,  61;  Cher, 
191;  Dordogne,  44;  Drôme,  48,  175;  Haute-Garonne,  147;  Hérault,  70, 
236;  Isère,' 194;  Manche,  220,  246;  Nord,  113;  Seine-et-Oise,  104; 
Seine-Inférieure,  31,  211  ;  Vosges,  258;  Yonne,  24.  — Monaco,  2il  bis. 

Grande-Bretagne,  18,  41,  42,  80. 

Italie  :  du  Nord,  5,  40,  51,  55,  92,  142,  158,  253;  du  Centre,  20,  52, 
56,  93,  151,  167,  238,  268;  du  Sud,  124,  157,  163. 

Pays-Bas,  35,  259. 

Pologne,  152. 

Russie,  174,  185,  228,  235. 

Suisse,  78,  146,  256,  280. 

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l 


CHRONIQUE  ET  MELANGES. 


Les  thèses  des  élèves  de  l'École  des  chartes  ont  été  soutenues  le  25, 
le  26  et  le  27  janvier  1897.  Voici  les  sujets  traités  par  les  candidats  : 

Étude  sur  la  Pragmatique  Sanction  sous  le  règne  de  Louis  XI,  par 
Henri  Chassériaud. 

Pierre  le  Chantre,  par  Henri  Delatour. 

Fédéric  Morel,  imprimeur  à  Paris,  de  1557  à  1583,  par  Joseph 
Dumoulin. 

Biographie  du  cardinal  de  Gramont,  diplomate  français  (1500-1534), 
par  Henri  d'Etchegoyen. 

Pierre  de  Razès.  «  Les  Ghronicques  de  Lymoges  »  (1560-1630)  con- 
tinuées par  un  anonyme  jusqu'en  1644,  par  Henri  Lachenaud. 

Le  règne  de  Louis  IV  d'Outre-Mer  (936-954),  par  Philippe  Lauer. 

La  Marche  de  Provence  jusqu'aux  partages  et  l'évèché  d'Avignon 
jusqu'à  la  commune,  par  Georges  de  Manteyer. 

Le  rôle  de  l'administration  royale  dans  ses  rapports  avec  la  grande 
industrie  en  France  au  xvii«  et  au  xvm"  siècle,  et  plus  particulière- 
ment de  1669  à  1789,  par  Germain  Martin. 

Essai  sur  la  vie  et  le  rôle  politique  de  l'archevêque  Guillaume  aux 
Blanches-Mains.  Recherches  sur  l'administration  de  ses  diocèses,  par 
Jules  Mathorez. 

La  Grande  Chancellerie  royale  et  l'expédition  des  lettres  royales, 
de  l'avènement  de  Philippe  de  Valois  à  la  fin  du  xiv«  siècle,  par  Octave 
Morel. 

Histoire  de  la  commune  de  Noyon  durant  la  première  moitié  du 
xiv«  siècle,  par  René  Pagel. 

Essai  sur  la  réforme  de  l'Ordre  de  Fontevrault  (1459-1641),  par  Ber- 
nard Paldstre. 

Un  parlementaire  sous  François  !«■•  :  Guillaume  Poyet  (1473-1548), 
par  Charles  Porée. 

Suhlet  de  Noyers,  précurseur  de  Louvois  et  de  Colbert,  par  Charles 

SCHMIDT. 


206  CHRONIQUE   ET  Me'lA^JGES. 

—  Les  thèses  de  douze  candidats  ont  été  admises.  Elles  ont  été  ran- 
gées comme  il  suit  par  ordre  de  mérite,  les  thèses  de  MM.  Lauer  et 
Pinet  de  Manteyer  ayant  été  classées  ex-œquo  : 

1.  MoREL  (0.).  La  Grande  Chancellerie  royale  et  l'expédition  des 
lettres  royaux,  de  l'avènement  de  Philippe  de  Valois  à  la  fin  du 
xiv^  siècle. 

2.  Lauer  (P.).  Le  règne  de  Louis  IV  d'Outre-Mer  (936-954). 

2  bis.  Pinet  de  Manteyer  (G.).  La  Marche  de  Provence  jusqu'aux 
partages  et  l'évêché  d'Avignon  jusqu'à  la  commune. 

3.  Porée  (G.).  Un  parlementaire  sous  François  I",  Guillaume  Poyet 
(1473-1548). 

4.  Ghassériaud  (H.).  Étude  sur  la  Pragmatique  Sanction  sous  le 
règne  de  Louis  XI. 

5.  ScHMiDT  (G.).  Sublet  de  Noyers,  précurseur  de  Louvois  et  de 
Colbert. 

6.  Dumoulin  (J.).Fédéric  Morel,  imprimeur  à  Paris  de  1557  à  1583, 

7.  Martin  (G.).  Le  rôle  de  l'administration  royale  dans  ses  rapports 
avec  la  grande  industrie  en  France  au  xvii«  et  au  xviii^  siècle,  et  plus 
particulièrement  de  1669  à  1789. 

8.  Mathorez  (J.).  Essai  sur  la  vie  et  le  rôle  politique  de  l'archevêque 
Guillaume  aux  Blanches-Mains.  Recherches  sur  l'administration  de 
ses  diocèses. 

9.  Palustre  (B.).  Essai  sur  la  réforme  de  l'Ordre  de  Fontevrault 
(1459-1641). 

10.  Pagel  (R.).  Histoire  de  la  commune  de  Noyon  durant  la  pre- 
mière moitié  du  xv«  siècle. 

11.  Etghegoyen  (H.  d').  Biographie  du  cardinal  de  Gramont,  diplo- 
mate français  (1500-1534). 

Le  mérite  des  thèses  de  MM.  Morel,  Lauer  et  Pinet  de  Manteyer  a 
été  signalé  à  M.  le  ministre. 

—  Ont  été  nommés  archivistes  paléographes,  par  arrêté  ministériel 
du  3  février  1897  : 
MM. 

1.  Lauer  (Jean-Philippe),  né  à  Thorigny  (Seine-et-Marne),  le  2  dé- 
cembre 1874. 

2.  Morel  (Octave-François-Henri),  né  à  Lyon  (Rhône),  le  7  janvier 
1871. 

3.  PoRÉE  (Gharles-Victor-Adolphe-Jacques),  né  à  Paris,  le  27  mars 
1872. 

4.  Ghassériaud  (Jacques-Henri),  né  à  Royan  (Charente-Inférieure), 
le  23  décembre  1873. 


CQROXIQUE    ET    MELANGES.  207 

5.  ScHMiDT  (Charles),  né  à  Saint-Dié  (Vosges),  le  21  octobre  1872. 

6.  Dumoulin  (Joseph-Marie-Désiré),  né  à  Paris,  le  2  septembre  1875. 

7.  Martin  (Germain-Louis),  né  au  Puy  (Haute-Loire j,  le  7  novembre 
1872. 

8.  Mathorez  (Jules-Marie-Michel-Henry),  né  à  Saint-Nazaire  (Loire- 
Inférieure),  le  8  avril  1873. 

9.  Palustre  (Bernard-Joseph),  né  à  Fontevrault  (Maine-et-Loire),  le 
8  juillet  1870. 

10.  Pagel  (Jean- Joseph-René),  né  à  Batna  (Gonstantine),  le  9  jan- 
vier 1875. 

—  Ont  été  nommés  archivistes  paléographes  hors  rang,  comme 
appartenant  à  des  promotions  antérieures  : 

MM. 

D'Etchegoven  (Armand-Victor-Sauveur-Marie-Henri),  né  à  Nointot 
(Seine-Inférieure),  le  12  mai  1873. 

Pinet  de  Manteyer  (Marie-Barthélemy-Georges),  né  à  Gap  (Hautes- 
Alpes),  le  16  mai  1867. 


OBSÈQUES  DE  M.  LEGOY  DE  LA  MARCHE. 

Le  fascicule  où  nous  annoncions  la  mort  de  l'un  de  nos  doyens, 
M.  de  Mas  Latrie,  venait  de  paraître,  lorsqu'un  nouveau  deuil  a  frappé 
notre  Société.  Le  22  février  1897,  quelques  heures  après  avoir  quitté 
les  Archives  nationales,  où  il  exerçait  les  fonctions  de  sous-chef  de  la 
Section  historique,  un  autre  de  nos  confrères,  âgé  de  cinquante-sept 
ans  à  peine,  M.  Lecoy  de  la  Marche,  succombait  tout  à  coup  au  mal 
implacable  qui  l'avait  déjà  terrassé  il  y  a  plus  d'un  an.  Après  cette 
première  atteinte,  nous  l'avions  vu  mettre  à  reprendre  son  service  Ce 
courage  et  cette  persévérance  dont  il  a  fait  preuve  aussi  bien  dans  ses 
travaux  que  dans  toutes  les  circonstances  de  sa  vie.  On  va  Ure  les 
discours  où  le  garde  général  des  Archives  nationales  et  les  prési- 
dents de  la  Société  de  l'École  des  chartes  et  de  la  Société  des  Anti- 
quaires de  France  ont  apprécié  les  mérites  de*rérudit  et  du  fonction- 
naire. Nous  regrettons  profondément  de  ne  pouvoir  y  joindre  les 
paroles,  d'autant  plus  émues  et  d'autant  plus  émouvantes  qu'elles 
n'étaient  pas  préparées,  dans  lesquelles  l'ami  de  tous  les  jours,  le 
témoin  constant  de  sa  vie,  celui  qui,  la  veille  même  de  la  mort  de 
notre  confrère,  lui  prêtait  encore  le  soutien  de  son  bras  pour  rega- 
gner sa  demeure,  M.  Léon  Gautier,  a  rendu  aux  quaUtés  de  l'homme 
la  justice  qui  leur  était  due. 


208 


CHRONIQUE   ET   MELANGES. 


DISCOURS    DE    M.    SERVOIS,    GARDE    GENERAL    DES    ARCHIVES. 


«  Messieurs, 

«  Il  y  a  peu  de  jours  encore,  M.  Lecoy  de  la  Marche  était  au  milieu 
de  nous,  luttant  contre  le  mal  qui,  depuis  plus  d'une  année,  l'étrei- 
gnait  si  durement,  et  réunissant  ce  qui  lui  restait  de  forces  pour 
ajouter  quelques  pages  à  l'inventaire  qu'il  venait  d'entreprendre. 
Samedi  dernier,  il  nous  quittait  vaincu,  mais  ne  voulant  pas  cepen- 
dant désespérer  de  lui-même  et  parlant  encore  de  l'avenir  à  l'ami,  le 
plus  bienveillant  des  chefs  et  le  plus  dévoué  des  confrères,  qui,  dans 
sa  sollicitude,  l'accompagnait  jusqu'au  seuil  de  sa  maison. 

«  Il  s'éteignit  doucement  deux  jours  après.  La  mort  lui  a  été  clé- 
mente ;  mais  il  était  de  ceux  qui  savent  l'envisager  sans  crainte  :  déjà, 
il  y  a  seize  mois,  il  l'avait  sentie  s'approcher  de  lui  et  n'avait  pas  faibli, 
puisant  dans  la  foi  qui  inspira  une  partie  de  ses  écrits  autant  de  rési- 
gnation qu'en  permettaient  ses  préoccupations  de  père  de  famille, 
menacé  qu'il  était  d'être  séparé  des  siens  avant  d'avoir  pu  assurer  et 
même  préparer  la  destinée  de  chacun  d'eux. 

«  Peu  d'érudits  auront  publié  un  plus  grand  nombre  d'ouvrages.  Il 
est  réservé  à  d'autres  de  vous  parler  de  ceux  qui  ont  presque  popula- 
risé son  nom,  des  récompenses  académiques  qu'ils  lui  ont  values,  des 
mérites  divers  qui  avaient  recommandé,  comme  éditeur,  notre  savant 
et  laborieux  confrère  au  choix  de  la  Société  de  l'histoire  de  France, 
de  la  Société  des  anciens  textes,  de  la  Société  de  l'École  des  chartes. 
Sans  même  rappeler  les  œuvres  qu'il  a  tirées  de  l'étude  de  nos  docu- 
ments, je  me  bornerai  à  citer  les  travaux  dont  le  soin  lui  fut  conûé 
par  l'administration  des  Archives. 

«  Albert  Lecoy  de  la  Marche,  que  nous  perdons  à  l'âge  de  cinquante- 
sept  ans,  appartenait  depuis  plus  de  trente-cinq  années  au  service 
des  archives,  soit  départementales,  soit  nationales.  En  1861,  quatre 
mois  après  la  soutenance,  à  l'Ecole  des  chartes,  d'une  thèse  qui  eut 
quelque  retentissement  et  qui  suscita  d'assez  vives  polémiques,  il  reçut 
Ja  mission  d'organiser  et  de  compléter,  en.  provoquant  les  réintégra- 
tions nécessaires,  les  archives  du  département  de  la  Haute-Savoie, 
récemment  annexé  à  la  France.  Trois  ans  plus  tard,  M.  de  Laborde 
l'appelait  à  Paris.  A  la  section  administrative,  l'une  de  ses  occupations 
fut  la  rédaction  de  l'inventaire  des  titres  de  la  maison  d'Anjou,  que 
nous  nous  apprêtions,  peu  de  jours  avant  sa  mort,  à  mettre  à  la  dis- 
position du  public. 

«  En  1871,  il  reçut  de  la  direction  générale  des  Archives  une  haute 
marque  de  confiance  :  il  fut  le  continuateur,  désigné  par  elle,  de  la 
publication  de  l'inventaire  des  Titres  de  la  maison  ducale  de  Bourbon, 


GHRONIQCE  ET  MELANGES.  209 

qu'avait  iaterrompue  la  mort  de  Huillard-Bréholles.  Le  tome  II,  qui 
parut  en  1874  et  qui  est  presque  entièrement  l'reuvre  de  Lecuy,  tient 
une  place  honorable  dans  la  collection  d'inventaires  im'^rimés  sous 
l'administration  de  MM.  de  Laborde  et  Maury. 

f  Plus  intéressante  encore  eût  été  la  publication  du  premier  volume 
de  l'inventaire  du  Supplément  du  Trésor  des  chartes,  s'il  lui  eût  été 
donné  de  l'achever. 

«  Entré  en  1882  dans  la  section  historique,  —  dont  il  est  devenu 
le  sous-chef  en  1892,  après  avoir  été,  pendant  de  longues  années,  le 
doyen  des  archivistes,  —  Lecoy  de  la  Marche  avait  analysé  le  fonds 
de  l'abbaye  de  Savigny  et  dressé  le  répertoire  numérique  d'une  série 
importante,  quand,  sur  la  proposition  de  son  chef,  il  fut  chargé  de 
dépouiller  le  Supplément  du  Trésor.  Il  en  poursuivit  l'étude  et  l'ana- 
lyse pendant  deux  ans;  mais,  à  son  vif  regret,  la  maladie  l'avait 
contraint,  il  y  a  quelques  mois,  de  consacrer  désormais  ses  ellbrts  à 
une  tàciie  moins  ardue. 

€  Telles  sont,  rapidement  énumérées,  les  principales  des  œuvres  que 
Lecoy  de  la  Marche  accomplit  ou  commença  pour  les  Archives  natio- 
nales. Mais,  plus  encore  peut-être  que  les  très  utiles  inventaires  qu'il 
nous  a  laissés,  le  souvenir  de  trente-deux  années  de  communs  labeurs 
dans  l'hôtel  Soubise  y  préservera  sa  mémoire  de  l'oubli  ou  de  l'in- 
dilférence. 

«  Une  existence  qu'a  remplie  un  travail  incessant  et  qu'ennoblis- 
sait, en  quelque  sorte,  la  fermeté  stoïque  et  silencieuse  avec  laquelle 
il  acceptait,  sans  une  plainte,  les  plus  cruelles  épreuves,  méritait  de 
notre  part  un  suprême  hommage,  et  je  le  rends  tristement  au  nom 
de  mes  collègues.  » 

DISCOURS    DE   M,    DABELON, 
PRÉSmENT   DE    LA    SOCIÉTÉ   DE   l'ÉCOLE   DES    CHARTES. 

«  Messieurs, 

€  Depuis  quelques  mois,  la  mort  frappe  à  coups  redoublés  dans  les 
rangs  de  la  Société  de  l'École  des  chartes,  et  rarement  le  pieux  et  tou- 
chant devoir  d'accompagner  un  confrère  à  sa  dernière  demeure  nous 
a  été  imposé  avec  une  fréquence  aussi  douloureuse.  Il  y  a  peu  de 
semaines,  c'était  l'un  de  nos  doyens,  Louis  de  Mas  Latrie,  à  qui 
j'adressais  l'adieu  suprême;  peu  auparavant,  c'était  Louis  Gourajod, 
l'ami  et  le  contemporain  d'Albert  Lecoy  de  la  Marche,  l'un  et  l'autre 
emportés  à  peu  près  au  môme  âge,  dans  la  maturité  du  talent,  au 
milieu  d'une  carrière  scientifique  des  plus  fécondes  et  qui  se  trouve 
prématurément  fermée. 

«  Comme  celle  de  Louis  Gourajod,  la  carrière  administrative  et 
1897  U 


2'I0  CHRONIQUE   ET   Me'lANGES. 

honoriûque  d'Albert  Lecoy  de  la  Marche  se  résume  en  peu  de  mots  : 
elle  a  la  modestie  qui,  la  plupart  du  temps,  accompagne  le  mérite  scien- 
lilique;  après  avoir  obtenu  le  diplôme  d'archiviste -paléographe  le 
28  janvier  1861,  notre  regretté  confrère  fut  nommé  archiviste  du  dépar- 
tement de  la  Haute-Savoie,  d'où  il  passa,  trois  ans  plus  tard,  aux 
Archives  de  l'Empire  :  c'est  dans  ce  vaste  dépôt  que  la  mort  est  venue 
l'atteindre  comme  sous-chef  de  la  section  historique. 

«  Après  sa  thèse,  qui  eut  quelque  retentissement,  sur  l'autorité  de 
VHistoire  des  Francs  de  Grégoire  de  Tours,  Lecoy  de  la  Marche  débuta 
dans  l'érudition,  en  1863  {Bibliothèque  de  l'École  des  chartes),  par  une 
étude  sur  le  testament  d'Amédée  III,  comte  de  Genevois  (en  1371), 
dans  laquelle  se  manifeste  nettement  déjà  l'une  des  tendances  de  l'es- 
prit distingué  de  l'auteur  :  la  recherche  et  l'interprétation  des  docu- 
ments relatifs  à  l'histoire  des  arts  en  France.  Et  en  effet,  Lecoy  de  la 
Marche  laisse,  dans  cet  ordi-e  d'idées,  plusieurs  publications  solides  et 
durables.  C'est  d'abord  le  recueil  important  qui  a  pour  titre  :  Extraits 
des  comptes  et  mémoriaux  du  roi  René  pour  servir  à  l'histoire  des  arts  au 
XV^  siècle  (1872,  in-8°),  utile  complément  des  travaux,  du  marquis  de 
Laborde  dans  le  même  champ  de  recherches.  Je  citerai  ensuite  le 
volume  intitulé  :  l'Académie  de  France  à  Rome  (1874,  in-S"),  étude  qui 
a  pour  base  la  correspondance  des  directeurs  de  ce  séminaire  des  arts, 
fondé  par  Golbert  et  qui,  depuis  deux  siècles,  a  donné  à  la  France  tant 
de  grands  artistes;  le  petit  volume  sur  les  Sceaux  (1889,  in-8°),  inté- 
ressant résumé  des  travaux  modernes  relatifs  à  la  sigillographie  du 
moyen  âge.  Enfin,  les  Manuscrits  et  la  miniature  (1884,  in-8°)  ;  VArt 
d'enluminer  (1890,  in-S»);  la  Peinture  religieuse  (1892,  in-4°);  le 
Xlll"  siècle  artistique  (1889,  in-4°)  sont  des  essais  qui,  dans  la  pensée 
de  l'auteur,  devaient  concourir  à  la  composition  d'un  ouvrage  considé- 
rable sur  les  mêmes  matières. 

«  A  côté  de  l'histoire  des  arts,  la  critique  historique  proprement 
dite  attira  aussi  l'ardente  activité  de  Lecoy  de  la  Marche.  Il  édita  et 
annota  avec  intelligence  et  avec  un  soin  scrupuleux  les  Coutumes  et  péages 
de  Sens,  texte  français  du  commencement  du  xni^  siècle  (1866,  in-8»); 
le  Mystère  de  saint  Bernard  de  Menthon  (1888,  in-8o)  dans  la  collection 
.publiée  parles  soins  de  \di  Société  des  anciens  textes  français;  les  ÛEuvres 
complètes  de  Suger  et  les  Anecdotes  historiques  d'Etienne  de  Bourbon,  dans 
la  collection  de  la  Société  de  l'histoire  de  France.  En  même  temps, 
comme  une  voix  autorisée  le  rappelait  tout  à  l'heure,  ses  fonctions 
administratives  l'amenaient  à  terminer  la  grande  publication  de  Huil- 
lard-BréhoUes  sur  les  Titres  de  la  maison  ducale  de  Bourbon.  On  lui 
doit  aussi  un  texte,  rapproché  du  français  moderne,  de  la  Vie  de  J.-C. 
composée  au  AT<=  siècle  d'après  Ludolphe  le  Chartreux  (1870,  in-4o). 

«  Dès  1868,  Lecoy  de  la  Marche  s'était  révélé,  comme  historien 
curieux  et  original,  par  la  publication  de  son  beau  livre  sur  la  Chaire 


CHRONIQUE    ET    MELANGES.  2ii 

française  au  moyen  âge,  qui  fut  couronné  par  l'Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres  et  qui  restera  comme  son  œuvre  la  plus  étudiée, 
la  mieux  condensée,  la  plus  complète.  Il  acheva  de  mettre  le  sceau  à 
sa  notoriété  par  ses  deux  volumes  sur  le  Roi  René,  sa  vie,  son  adminis- 
tration, ses  travaux  artistiques  et  littéraires  (i815);  notre  confrère  obtint 
le  grand  prix  Gobert  à  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
pour  cet  ouvrage  considérable  où  il  a  su,  avec  talent,  mettre  en  relief 
la  vie  intime  et  le  rôle  public  d'un  prince  qui  fut  le  Mécène  de  son 
temps  et  dont  le  souvenir  est  resté  populaire  et  environné  d'une  sorte 
d'auréole  légendaire. 

«  Dans  son  Saint  Martin  (1881,  in-8°),  Lecoy  de  la  Marche  entre- 
prend, comme  dom  Pitra  l'avait  fait,  non  sans  succès,  pour  saint  Léger, 
de  donner  à  l'hagiographie  une  place  plus  grande  que  celle  qu'elle 
occupe  aujourd'hui  dans  les  préoccupations  des  historiens.  L'idée  est 
éminemment  louable  et  doit  être  féconde,  mais  l'exécution  était  parti- 
culièrement ardue,  car  l'histoire  de  saint  Martin  n'est  pas  seulement 
celle  d'un  des  patrons  de  l'ancienne  France;  il  faut  y  voir  avant  tout, 
comme  le  dit  l'auteur,  l'histoire  a.  de  la  substitution  du  christianisme  à 
«  l'idolâtrie,  dans  la  contrée  qui  est  devenue  la  France,  et  spéciale- 
«  ment  dans  les  campagnes  gauloises.  »  Vaste  et  difficile  sujet  que 
notre  confrère  n'a  pu  épuiser  dans  un  volume  écrit  avec  une  chaleur 
communicative  qui  ne  nuit  point  à  son  érudition,  et  qu'on  lit  avec 
autant  d'agrément  que  de  profit. 

<  Les  deux  volumes  consacrés  aux  Relations  politiques  de  la  France 
avec  le  royaume  de  Majorque  (1892)  contiennent,  comme  commentaire 
à  de  nombreux  documents  inédits  rassemblés  à  grand'peine  en  France 
et  en  Espagne,  un  récit  vivant  et  coloré  des  vicissitudes,  peu  connues 
jusque-là,  de  l'histoire  des  îles  Baléares  au  moyen  âge.  Dans  ce  der- 
nier des  plus  importants  travaux  scientifiques  de  notre  confrère,  on 
retrouve  les  qualités  qui  font  l'originalité  et  l'attrait  de  son  érudition  : 
comme  il  en  exprime  l'ambition  en  quelqu'une  de  ses  préfaces,  il  a  su 
ici,  aussi  bien  que  dans  ses  autres  ouvrages,  tirer  des  documents  un 
récit  suivi,  et  «  faire,  dit-il,  une  gerbe  agréable  et  solide,  plutôt  qu'une 
«  masse  informe  et  sans  cohésion,  un  livre  à  lire  plutôt  qu'une  com- 
«  pilation  à  consulter.  » 

«  Érudit  de  profession,  Lecoy  de  la  Marche  voulut  viser  le  grand 
public;  il  eut  le  talent  de  l'atteindre  et  de  mettre  à  sa  portée  des 
découvertes  scientifiques,  qui  seraient  vaines  et  inutiles  si  elles 
devaient  rester  l'apanage  des  savants  qui  les  ont  faites.  Il  écrit  pour 
ainsi  dire  d'abondance,  d'une  plume  alerte  et  avec  une  facilité  rare; 
on  a  prétendu  même  que  cette  facilité,  qui  est  un  don  naturel  des  plus 
enviables,  a  pu  parfois  nuire  à  la  sévérité  de  sa  critique.  Toujours 
est-il  qu'elle  ne  le  dispensa  point  du  travail,  je  dirai  d'un  travail  opi- 
niâtre, incessant.  La  vie  de  Lecoy  de  la  Marche  a  été  une  vie  de  lutte 


2'I2  CHRONIQUE   ET   MÉLANGES. 

par  le  travail.  D'un  tempérament  plutôt  impétueux,  mais  qui  savait 
se  maîtriser,  il  avait  les  dehors  d'un  homme  calme  et  énergique,  aus- 
tère et  réservé,  peu  expansif;  il  n'était  pas  de  ceux  qui,  au  milieu  des 
joies  et  des  difficultés  de  la  vie,  passent  tour  à  tour  de  l'exaltation  au 
découragement.  Il  cheminait  gravement,  en  philosophe  soutenu  par 
des  convictions  religieuses  aussi  inéhranlables  et  intransigeantes  qu'il 
était  infatigablement  laborieux.  Polémiste  à  ses  heures,  il  mit  avec 
bonne  foi  et  sans  arrière-pensée  son  érudition  et  son  réel  talent  litté- 
raire au  service  de  ses  convictions,  et  plusieurs  de  ses  écrits,  —  il  s'en 
faisait  gloire,  —  ont  un  caractère  nettement  apologétique.  Si  ses  opi- 
nions n'eurent  pas  le  don  de  plaire  à  tous,  du  moins,  ne  saurait-on 
lui  refuser  le  rare  mérite  de  ne  les  avoir  jamais  cachées,  au  risque 
même  de  se  trouver,  à  certains  moments,  en  conflit  avec  ce  qu'on 
appelle  les  idées  du  jour. 

«  Il  y  a  dix-huit  mois,  cet  homme  de  caractère  et  vraiment  coura- 
geux, épuisé  par  le  labeur  quotidien  que  lui  imposaient  les  nécessités 
de  l'existence,  est  tombé  comme  un  soldat  sur  le  champ  de  bataille, 
frappé  soudain  par  un  mal  implacable.  Nous  le  vîmes  essayer  de  se  rele- 
ver; il  se  ressaisit  comme  un  vaillant  qu'il  était,  et  stoïquement,  sans 
proférer  une  plainte,  il  voulut  se  remettre  à  ses  travaux,  reprendre 
sa  plume,  retourner  à  son  bureau  des  Archives  nationales.  Mais  il 
n'était  plus,  hélas,  que  l'ombre  de  lui-même,  ses  forces  physiques 
trahissaient  son  énergie  morale,  et  en  le  contemplant  avec  tristesse, 
nous  nous  disions  qu'il  ne  jouissait  que  d'un  répit  momentané.  La 
.mort,  même  lorsqu'elle  est  attendue,  surprend  toujours;  nous  espé- 
rions, malgré  tout  et  contre  toutes  les  apparences,  un  relèvement 
relatif,  lorsque  nous  avons  appris  que  notre  confrère  avait  subitement 
cessé  de  vivre.  Il  descend  dans  la  tombe,  trop  tôt,  hélas,  pour  les  siens  ; 
trop  tôt  aussi  pour  les  travaux  que  nous  promettaient  son  activité  et  son 
expérience.  Du  moins,  je  puis  dire  que,  s'il  n'a  pas  donné  toute  sa 
mesure,  les  œuvres  nombreuses  qu'il  nous  laisse  honorent  grandement 
sa  mémoire,  qui  sera  toujours  chère  à  ses  confrères  et  à  ses  amis.  » 

DISCOURS   DE  M.   l'aBBÉ   H.    THÉDENAT, 
PRÉSIDENT   DE   LA    SOCIÉTÉ    DES   ANTIQUAIRES   DE   FRANCE. 

«  Messieurs, 

«  Albert  Lecoy  de  la  Marche  entra  tardivement  dans  la  Société  des 
Antiquaires  de  France.  En  effet,  à  la  séance  du  6  mai  1885  seulement, 
il  fut  élu  membre  résidant  à  la  place  de  M.  Michelant,  promu  à  l'ho- 
norariat. 

«  C'est  vous  dire  que  notre  nouveau  confrère,  au  moment  où  il  fut 
admis  dans  notre  Compagnie,  avait  déjà  derrière  lui  un  long  passé 
d'une  vie  laborieuse. 


CBROXIQUE  ET  MELANGES.  243 

t  Sorti  le  second  de  l'École  des  chartes,  en  1860,  il  avait  choisi 
comme  sujet  de  thèse  :  De  l'autorité  historique  de  Grégoire  de  Tours.  Il 
cherchait  à  démontrer,  non  sans  une  part  d'exagération,  —  il  avait 
alors  vingt  ans,  —  que,  à  défaut  de  sources  historiques  écrites,  l'historien 
des  Gaules  puisa  dans  les  épopées  et  dans  les  légendes.  Cette  théorie, 
toute  nouvelle  alors,  soulevade  vives  protestations.  Il  est,  de  nos  jours, 
des  savants  qui  la  reprennent.  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  première  œuvre 
montra  que  le  jeune  archiviste,  à  ses  débuts,  était  doué  d'un  esprit 
indépendant,  apte  à  concevoir  des  idées  personnelles,  capable  de  cher- 
cher sa  voie  en  dehors  des  chemins  battus. 

t  Après  un  séjour  de  quelques  années  à  Annecy,  où  il  fut  envoyé 
comme  premier  archiviste  de  la  Haute- Savoie,  récemment  annexée  à 
la  France,  il  revint,  en  1863,  à  Paris,  aux  Archives  nationales.  Pen- 
dant les  années  qui  suivirent  il  publia,  dans  la  collection  de  la  Société 
de  l'histoire  de  France,  une  édition  des  œuvres  complètes  de  Suger. 

«  En  1868,  parut  un  de  ses  meilleurs  travaux,  une  étude  sur  la  Chaire 
française  au  moyen  âge,  spécialement  au  XIII^  siècle.  De  longues  et 
patientes  recherches,  une  étude  approfondie  des  documents,  des  déduc- 
tions sagement  tirées  ont  permis  à  l'auteur  de  traiter  largement  son 
sujet.  Les  prédicateurs  du  moyen  âge  ne  craignaient  pas  de  dérider, 
par  des  anecdotes  piquantes,  la  gravité  de  la  chaire  chrétienne  ;  la 
peinture  des  mœurs  contemporaines  et  les  personnalités  ne  les 
effrayaient  guère.  Aussi  l'étude  consciencieuse  de  notre  confrère  a 
pour  objet,  non  seulement  les  prédicateurs,  mais  toute  la  société  : 
gens  d'église  et  moines,  nobles  et  vilains,  bourgeois  et  soldats,  femmes 
de  toute  condition,  écoliers  et  professeurs,  savants  et  artistes,  tous 
sont  pris  sur  le  vif;  c'est  un  tableau  animé  et  plein  d'intérêt  de  la  vie 
à  cette  époque. 

«  L'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  qui  avait  mis  le  sujet 
au  concours,  en  jugea  ainsi;  car  elle  donna  le  prix  à  M.  Lecoy  de  la 
Marche.  Le  public  fut  du  même  avis  que  l'Académie,  et,  chose  rare 
pour  une  œuvre  d'érudition,  ce  livre  eut  l'honneur  d'une  seconde 
édition. 

<  Après  les  désastres  de  la  guerre  de  1870  et  de  la  Commune,  la 
Société  de  l'École  des  chartes  décida  qu'elle  publierait,  pour  que  leur 
perte,  en  cas  de  nouveaux  malheurs,  ne  fût  pas  irrémédiable,  les 
documents  d'archives  les  plus  importants  pour  notre  histoire.  Le  pre- 
mier volume  de  cette  série,  contenant  les  Extraits  des  comptes  et  mémo- 
riaux du  roi  René  pour  servir  à  l'histoire  des  arts  au  XV'^  siècle,  fut  édité 
par  M.  Lecoy  de  la  Marche.  Édifices  d'Angers,  bâtiments  et  domaines 
de  l'Anjou,  édifices  de  Provence,  travaux  divers,  objets  d'art,  meubles 
et  ustensiles,  sous  ces  rubriques,  l'éditeur  classe  et  annote  une  longue 
série  de  documents,  jetant  ainsi  la  plus  vive  lumière  sur  la  vie  inté- 
rieure à  la  fin  du  moyen  âge,  sur  l'histoire  des  arts  et  du  mobilier, 


2^4  CHRONiQUR  f:t  mélanges. 

sur  l'influence  qu'exerça  dans  tous  ses  États  le  roi  René,  ami  et  pro- 
tecteur des  arts.  Plus  tard,  se  transportant  dans  tous  les  pays  où  vécut 
ce  prince  éclairé,  en  Provence,  à  Naples,  à  Gênes,  à  Milan,  M.  Lecoy 
de  la  Marche  recueillit  dans  les  archives  locales  de  nouveaux  docu- 
ments. De  ces  longues  recherches,  de  la  mise  en  œuvre  de  ces  maté- 
riaux patiemment  réunis,  sortit  le  livre  intitulé  :  le  Roi  René.  C'est  une 
étude  complète  et  documentée  de  la  vie  politique  de  ce  prince  fidèle  et 
peu  récompensé  par  le  roi  de  France,  de  son  administration,  de  ses 
travaux  artistiques  et  littéraires.  L'Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres  décerna  à  l'auteur  la  récompense  la  plus  haute  et  la  plus  enviée, 
le  prix  Gobert. 

«  Les  Anecdotes  tirées  d'Etienne  de  Bourbon,  le  Saint  Martin,  dont  la 
partie  archéologique  et  géographique  offre  un  réel  intérêt  et  dont  l'il- 
lustration est  au-dessus  de  tout  éloge,  et  enfin  l'histoire  des  relations 
diplomatiques  de  la  France  avec  l'île  de  Majorque  terminent  la  série 
des  travaux  de  longue  haleine  publiés  par  notre  confrère.  Je  ne  puis 
que  faire  allusion  à  ses  œuvres  moins  considérables  :  volumes  de  la 
Bibliothèque  de  l'enseignement  des  beaux-arts ,  articles  épars  dans  les 
revues  les  plus  diverses  :  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes.  Revue  des 
Questions  historiques.  Gazette  des  beaux-arts,  Bulletin  monumental,  Cor- 
respondant, Nouvelle  Revue,  chroniques  d'histoire  et  d'archéologie  dans 
plusieurs  journaux...,  la  simple  énumération  de  ces  travaux  formerait 
une  liste  bibliographique  considérable. 

«  Et  là  ne  fut  pas  toute  son  œuvre.  Professeur  pendant  plusieurs 
années  à  l'Institut  catholique  et  conférencier  très  suivi,  il  avait  groupé 
autour  de  lui  un  nombreux  auditoire. 

«  Au  Bulletin  de  notre  Société,  notre  regretté  confrère  a  donné  diverses 
communications  et  aux  volumes  de  nos  Mémoires  un  traité  italien  du 
xiv«  siècle  de  VArl  d'enluminer  et  une  curieuse  étude  sur  le  Bagage  d'un 
étudiant  en  13kl .  Le  6  novembre  de  cette  année  1347,  on  trouva,  sur 
le  bord  de  la  route  et  en  vue  de  Ghâteau-Landon,  le  cadavre  d'un 
jeune  boursier  de  Sorbonne,  qui,  ses  vacances  terminées,  retournait  à 
cheval  de  Nevers,  sa  patrie,  à  Paris.  Sur  l'ordre  du  bailli  de  Courtenai 
et  par  le  ministère  du  tabellion  dé  Ghàteau-Landon,  en  présence  d'un 
bourgeois  de  la  localité,  de  trois  sergents-  de  la  reine  et  de  quatre 
témoins  requis,  il  fut  dressé  un  inventaire  complet  des  effets  trouvés 
dans  les  bagages  et  sur  la  personne  du  jeune  étudiant.  Cette  pièce, 
jusque-là  inconnue,  nous  montre,  dans  les  plus  minutieux  détails, 
comment  voyageaient  les  étudiants  aisés  du  xiv«  siècle,  quelles  étaient 
leurs  habitudes,  quels  livres  et  quels  objets  ils  emportaient  avec  eux. 
C'est  une  page  inédite  des  plus  curieuses,  abondant  en  renseignements 
nouveaux  et  dont  M.  Lecoy  de  la  Marche  a  tiré  le  meilleur  parti. 

a  Depuis  plus  d'un  an,  notre  confrère  ne  paraissait  pas  à  nos  séances. 
Une  attaque  soudaine,  tout  en  respectant  la  lucidité  de  son  intelli- 


CHRONIQUE    ET    MELAVr.ES.  2<5 

gence,  avait  gravement  atteint  son  corps.  Ce  premier  et  siWère  aver- 
tissement de  la  mort,  qui  semblait  devoir  l'inviter  au  repos,  ne  triom- 
pha pas  de  son  activité.  Dès  que  ses  forces  mal  affermies  le  lui 
permirent,  il  revint,  bien  péniblement,  à  son  bureau  des  Archives; 
à  ce  coup  douloureux  il  opposait,  comme  aux  autres  épreuves  qui 
avaient  traversé  sa  vie,  la  résignation  d'un  fervent  chrétien  et  la 
patience  d'un  sage.  Jamais  ses  amis,  même  les  plus  intimes,  ne 
reçurent  la  confidence  de  ses  plaintes.  Là  fut  le  coté  vraiment  grand 
de  son  caractère  et  qui  mit,  dans  sa  vie  morale,  une  remarquable 
unité.  Ceux  qui  l'ont  connu  pendant  les  années  pleines  d'espérances 
de  la  jeunesse,  dans  l'âge  mûr  et  jusqu'à  la  mort,  l'ont  toujours  vu  le 
même  :  immuable  dans  ses  croyances,  courageux  et  doux  à  la  fois 
devant  les  difficultés,  infatigable  à  travailler. 

(  Il  fut  frappé  la  nuit,  pendant  son  sommeil.  Sans  doute,  il  ne  vit 
pas  la  mort  venir.  Elle  ne  l'aurait  pas  effrayé  ;  il  l'attendait.  Pendant 
cette  cruelle  et  dernière  année,  il  l'avait  plus  d'une  fois  appelée, 
comme  la  grande  libératrice,  comme  l'amie  suprême  qui  devait  cou- 
ronner ses  hautes  espérances.  A  celui  qui,  jusqu'à  la  fin,  fut  pour  lui 
le  plus  fidèle  et  le  plus  cliaud  des  amis,  il  disait  souvent  :  «  J'aurais 
«  dû  mourir  après  ma  première  attaque;  j'étais  si  bien  préparé!  J'ai 
«  manqué  le  coche.  » 

«  Non,  cher  confrère,  vous  n'avez  pas  manqué  le  coche  ;  une  année 
de  souffrance  et  de  résignation  compte  pour  l'éternité  !  » 


RÉORGANISATION  DU  SERVICE  DES  ARCHIVES. 

RAPPORT    nu    MINISTRE    ET    DÉCRET. 

«  Paris,  le  22  février  1897. 
«  Monsieur  le  Président, 
«  L'ancien  régime  avait  vainement  tenté,  dans  un  intérêt  adminis- 
tratif, de  centraliser  les  archives  de  l'État.  A  Paris  et  à  Versailles  elles 
se  trouvaient  encore,  en  1789,  réparties  dans  des  dépôts  multiples;  il 
avait  fallu  en  déverser  le  trop-plein  dans  des  maisons  religieuses  dont 
on  avait  loué,  sous  Louis  XV,  des  salles  conventuelles  désertées  par 
les  moines.  Quant  à  essayer  une  centralisation  pour  répondre  à  un 
intérêt  scientifique,  cela  semblait  plus  difficile  encore.  Les  documents 
pouvant  servir  à  l'histoire  étaient  dispersés  en  des  milliers  d'établisse- 
ments seigneuriaux,  ecclésiastiques,  corporatifs  sur  lesquels  le  gou- 
vernement n'avait  aucune  autorité.  Une  tentative  en  ce  sens  avait 
pourtant  été  faite  sous  l'impulsion  d'un  ministre  qui,  avec  le  goût  de 
l'érudition,  avait  eu  la  bonne  fortune  de  rencontrer  un  collaborateur 
aussi  zélé  que  compétent  ;  mais,  bien  que  secondé  par  la  bonne  volonté 


2^6  CHROIVIQOE   KT   MÉLANGES. 

de  savants  dévoués,  cet  effort  demeura  restreint;  on  dut  se  borner  à 
lever  des  copies  et  des  analyses  des  pièces  les  plus  curieuses  contenues 
dans  ces  innombrables  chartriers. 

«  L'Assemblée  nationale  réalisa  ce  que  n'avait  pu  faire  aboutir  la 
monarchie.  Elle  décréta,  dès  le  début  de  la  Révolution,  la  concentra- 
tion dans  un  dépôt  unique,  auquel  elle  donna  le  nom  d'Archives  natio- 
nales, de  tous  les  titres  de  l'ancien  régime,  tant  historiques  qu'admi- 
nistratifs, existant  à  Paris.  Plus  tard,  la  Convention,  par  application 
de  ce  principe,  déclara  que  les  titres  de  même  nature  placés  par  la  loi 
aux  chefs-lieux  des  départements  et  des  districts  seraient  reliés  à  ces 
Archives  nationales  comme  à  un  centre  commun,  afin  que,  tout  en 
demeurant  dans  leurs  pays  d'origine,  les  documents  épars  sur  le  terri- 
toire fussent  tous  traités  d'après  des  méthodes  similaires  et  soumis  à 
une  même  surveillance. 

«  On  s'était  d'abord  occupé  des  collections  léguées  par  les  siècles 
antérieurs;  il  convenait  de  prévoir  aussi  l'avenir.  En  1801,  le  Consulat, 
pour  obvier  au  danger  de  la  dispersion  dont  avait  souffert  l'ancien 
régime,  voulut  réunir  aux  Archives  nationales  les  titres  du  gouverne- 
ment nouveau  et  annonça  des  mesures  destinées  à  régulariser  le  ver- 
sement dans  ce  dépôt  central  de  tous  les  documents  des  ministères  et 
des  corps  constitués.  Une  organisation  complète  et  définitive  semblait 
donc  près  d'être  donnée  à  ce  grand  service  pubhc. 

«  Malheureusement,  le  régime  impérial,  entraîné  par  l'ambition 
aussi  gigantesque  que  chimérique  de  grouper  à  Paris  les  archives  des 
pays  réunis  à  la  France,  perdit  de  vue  ces  projets  plus  modestes,  mais 
pratiques.  Le  garde  général,  absorbé  par  le  classement  éphémère  des 
titres  du  saint-siège,  de  l'empire  germanique,  de  la  Hollande,  etc.,  qu'à 
peine  déballés  il  fallait  réexpédier  dans  les  capitales  étrangères,  délaissa 
la  mission  de  surveillance  et  d'organisation  des  archives  départemen- 
tales que  les  lois  avaient  attachée  à  ses  fonctions;  et  le  gouvernement 
ne  donna  pas  suite  aux  projets  d'organiser  aux  Archives  nationales  le 
dépôt  de  toutes  les  archives  des  ministères  et  des  corps  constitués. 

«  L'administration  ministérielle  à  laquelle  depuis  est  incombé  le 
soin  de  donner  l'impulsion  à  ce^  service,  peut  difficilement  trouver 
dans  ses  bureaux  la  compétence  à  la  fois  administrative  et  scientifique 
nécessaire  pour  contrôler  des  travaux  qui  ont  ce  double  caractère. 
Dans  la  dépendance  du  ministère  de  l'intérieur,  la  part  de  l'érudition 
était  insuffisante;  dans  celle  du  ministère  de  l'instruction  publique, 
l'administration  court  le  risque  d'être  négligée  pour  la  science.  Le  ser- 
vice pourrait  au  contraire  être  assuré  avec  toute  la  compétence  dési- 
rable s'il  était  replacé  sous  le  régime  établi  par  l'Assemblée  nationale. 

«  Il  est  temps,  d'autre  part,  de  faire,  dans  le  dépôt  des  Archives 
natiouales,  une  place  en  rapport  avec  leur  importance  aux  versements 
des  établissements  centraux  de  l'État  qui  s'y  accumulent  depuis  un 


CnRONIQUE   ET   MÉLi\GES.  217 

siècle.  Jusqu'ici  on  a  songé  surtout  aux  titres  de  l'ancienne  France, 
et  presque  rien  n'a  été  entrepris  pour  les  actes  de  la  France  nouvelle. 

«  En  se  prolongeant,  cette  situation  pourrait  porter  les  plus  graves 
préjudices  à  l'État  et  entraver  la  marche  de  l'administration.  La  logique 
voudrait  que  les  Archives  nationales  fussent  divisées  en  deux  grandes 
sections  :  l'une  contenant  tout  l'ancien  régime,  l'autre  le  nouveau  ;  et 
certainement  c'est  cette  organisation  qui  prévaudra  un  jour. 

«  Mais  on  a  commencé,  dans  les  sections  antérieures  à  1790,  des 
travaux  nombreux,  délicats,  variés  et  qui,  pour  être  bien  exécutés, 
exigent  la  présence  d'un  personnel  encore  trop  considérable  pour  être 
confié  à  un  seul  chef. 

«  Je  crois  donc  nécessaire  de  se  borner  temporairement  à  réduire 
d'une  les  divisions  consacrées  aux  titres  anciens.  Il  y  aurait  ainsi 
deux  sections  pour  ces  titres;  et  une  nouvelle  serait  consacrée  aux 
papiers  modernes,  afin  de  marquer  nettement  la  constitution  future 
du  dépôt  vers  laquelle  il  faut  s'orienter. 

«  Le  décret  ci-joint  réalise  ces  améliorations.  Afin  de  faciliter  au 
directeur  sa  double  mission  d'administrateur  et  de  conservateur,  je 
propose  d'autoriser,  en  principe,  la  délégation  d'une  partie  de  la  signa- 
ture à  un  chef  de  section  choisi  par  le  ministre.  Ce  chef  de  section 
remplacerait  le  directeur  en  cas  d'absence  ou  de  maladie.  Ces  diverses 
mesures,  dont  j'attends  le  meilleur  effet,  n'entraînent,  d'ailleurs, 
aucune  augmentation  de  dépenses,  et  j'espère  que  vous  voudrez  bien 
leur  donner  votre  haute  approbation. 

a  Veuillez  agréer,  monsieur  le  Président,  l'hommage  de  mon  pro- 
fond respect. 

«  Le  minislre  de  l'instruction  'publique  et  des  beaux-arts, 

«  A.  Rambaud.  » 

«  Le  Président  de  la  République  française, 

«  Sur  le  rapport  du  ministre  de  l'instruction  publique  et  des  beaux- 
arts, 
«  Vu  le  décret  du  7  messidor  an  II; 
<  Vu  l'arrêté  des  consuls  du  8  prairial  an  VIII; 
«  Vu  le  décret  du  14  mai  1887, 

a  Décrète  : 

«  Art,  1".  —  La  composition  des  trois  sections  des  Archives  natio- 
nales est  fixée  ainsi  qu'il  suit  : 

0  La  première  comprend  les  archives  législatives  et  administratives 
modernes; 

«  La  deuxième,  les  archives  des  juridictions  et  des  administrations 
de  l'ancien  régime  ; 

«  La  troisième,  le  trésor  des  chartes,  les  collections  de  la  section 


2<8  CHROXIQUE  ET  MELANGES. 

historique  actuelle,  les  titres  domaniaux  et  les  fonds  ecclésiastiques 
antérieurs  à  1790. 

«  Art.  2.  —  La  première  section  est  ouverte  aux  versements  faits 
par  les  assemblées  législatives,  les  ministères  et  les  corps  constitués 
postérieurs  à  1790. 

«  Art.  3.  —  Le  service  des  archives  départementales,  communales 
et  hospitalières,  actuellement  rattaché  à  la  direction  du  secrétariat  et 
de  la  comptabilité  du  ministère  de  l'instruction  publique  et  des  beaux- 
arts,  est  réuni  au  secrétariat  des  Archives  nationales. 

«  Art.  4.  —  Le  garde  général  des  Archives  nationales  aura  désor- 
mais le  titre  de  directeur  des  Archives.  Il  préparera  et  soumettra  à  la 
signature  du  ministre  la  correspondance  relative  au  service  des  archives 
dans  les  départements. 

«  Art.  5.  —  Le  cadre  du  personnel  des  Archives  nationales  com- 
prend :  trois  chefs  de  section,  trois  sous-chefs,  un  secrétaire,  un  secré- 
taire-adjoint, vingt  archivistes  et  trois  commis.  Un  chef  de  section  est 
choisi  par  le  ministre,  sur  la  proposition  du  directeur,  pour  remplacer 
celui-ci  en  cas  d'absence  ou  d'empêchement.  Le  directeur  peut  être 
autorisé  à  déléguer  à  un  chef  de  section  une  partie  de  la  signature. 

«  Art.  6.  —  La  commission  supérieure  des  archives  se  réunira  à  la 
fin  du  l*',  du  2«  et  du  4^  trimestre  de  chaque  année.  Elle  pourra  être 
convoquée  extraordinairement. 

«  Dans  l'intervalle  de  ses  sessions,  une  délégation  de  trois  de  ses 
membres  se  réunira  périodiquement  pour  examiner  avec  le  directeur 
les  questions  techniques  relatives  au  service. 

«  Art.  7.  —  Un  décret  rendu  dans  la  forme  des  règlements  d'admi- 
nistration publique  déterminera  les  conditions  dans  lesquelles  les  ver- 
sements seront  faits  aux  Archives  nationales. 

«  Art.  8.  —  Le  ministre  de  l'instruction  pubUque  et  des  beaux-arts 
est  chargé  de  l'exécution  du  présent  décret. 

«  Fait  à  Paris,  le  23  février  1897. 

«  Félix  Faure. 

«  Par  le  Président  de  la  République  : 

«  Le  ministre  de  l instruction  publique  et  des  beaux-arts, 

«  A.  Rambaud.  » 

—  L'article  30  de  la  loi  de  fina.nces  pour  l'exercice  1897  est  ainsi 
conçu  : 

«  Les  services  rendus  dans  les  emplois  d'archivistes  départementaux 
par  les  archivistes  paléographes  qui  sont  nommés  à  des  emplois  rému- 
nérés par  l'État,  soit  aux  Archives  nationales,  soit  dans  l'inspection 
des  archives,  sont  réunis  aux  services  rendus  dans  ces  derniers  emplois 
pour  le  droit  à  pension  et  pour  la  liquidation,  pourvu  que  la  durée  des 
services  rétribués  par  l'État  soit  au  moins  de  vingt  ans.  » 


ceRONFQDE  ET  MELANGES.  219 

—  Aux  termes  de  l'article  5  d'un  décret  du  30  mars  1807,  le  t  diplôme 
de  l'École  des  chartes  »  est  un  de  ceux  que  doivent  produire  les  can- 
didats au  concours  ouvert  chaque  année  pour  les  places  d'auditeurs  de 
deuxième  classe  au  Conseil  d'Etat. 

—  Par  arrêté  en  date  du  1"  janvier,  notre  confrère  M.  E.  Langlois, 
professeur  de  langue  et  de  littérature  wallonnes  et  picardes  à  l'Uni- 
versité de  Lille,  est  chargé  en  outre  d'un  cours  complémentaire  de 
paléographie  pour  l'année  1897. 

—  Par  arrêté  en  date  du  16  janvier,  notre  confrère  M.  Robert  Ville- 
pelet  est  nommé  rédacteur  au  deuxième  bureau  de  la  direction  du 
secrétariat  et  de  la  comptabilité  au  ministère  de  l'instruction  publique. 

—  Par  arrêté  en  date  du  l^""  février,  notre  confrère  M.  André  Wal- 
ckenaer  est  nommé  sous-bibliothécaire  à  la  bibliothèque  Mazarine. 

—  Par  arrêté  en  date  du  16  février,  notre  confrère  M.  Bernard- 
Joseph  Palustre  est  nommé  attaché  à  la  bibliothèque  Mazarine. 

—  Par  arrêté  du  maire  de  Lille,  en  date  du  5  mars  1897,  notre 
confrère  M.  Emile  Desplanque,  archiviste  des  Pyrénées-Orientales, 
est  nommé  archiviste-bibliothécaire  de  la  ville  de  Lille. 

—  Par  arrêté  en  date  du  9  février,  ont  été  nommés  membres  du  Comité 
des  travaux  historiques  et  scientitiques  nos  confrères  MM.  Charles-V. 
Langlois,  pour  la  section  d'histoire  et  de  philologie,  et  Maurice  Prou, 
pour  la  section  d'archéologie. 

—  Par  arrêté  en  date  du  10  février,  sont  nommés  membres  hono- 
raires du  même  comité  nos  confrères  MM.  Gustave  Desjardins  et 
Ludovic  Lalanne. 

—  Par  arrêté  en  date  du  16  mars  1897,  nos  confrères  MM.  Charles- 
V.  Langlois,  chargé  de  cours  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université 
de  Paris,  et  Bernard  Prost,  inspecteur  général  des  archives,  biblie- 
thèques  et  musées  archéologiques,  sont  nommés  membres  de  la  com- 
mission supérieure  des  archives,  en  remplacement  de  MM.  de  Rozière 
et  de  la  Blanchère,  décédés  ;  et  notre  confrère  M.  Paul  Guérin,  secré- 
taire des  Archives  nationales,  est  nommé  secrétaire-adjoint  de  la  même 
commission. 

—  Nos  confrères  M.  Fagniez  et  M.  Giry  ont  été  nommés  membres 
de  la  Commission  des  archives  diplomatiques. 

—  Notre  confrère  M.  Servois  a  été  nommé  vice-président  de  la 
Commission  des  travaux  historiques  de  la  ville  de  Paris,  en  remplace- 
ment de  M.  de  Rozière. 

—  Notre  confrère  M.  Viollet  a  été  nommé  membre  de  la  Commis- 


220  CHRONIQUE  ET  MELANGES, 

sion  des  travaux  historiques  de  la  ville  de  Paris,  en  remplacement  de 
M.  de  Rozière. 

—  Par  arrêté  préfectoral  du  3  février  1897,  notre  confrère  M.  Tuetey 
a  été  nommé  membre  du  Comité  des  inscriptions  parisiennes  en  rem- 
placement de  M.  de  Montaiglon. 

—  Notre  confrère  M.  Ducom,  attaché  aux  archives  de  la  Chambre 
des  députés,  a  été  désigné  pour  continuer  la  publication  des  Archives 
parlementaires,  entreprise  par  MM.  Laurent  et  Mavidal. 

—  Le  13  janvier  dernier,  notre  confrère  M.  Frantz  Funck-Brentano 
a  soutenu  à  la  Faculté  des  lettres  de  Paris  ses  thèses  sur  les  sujets 
suivants  :  De  exercituum  commeatibus  tertio  decimo  et  quarto  decimo 
seculis  post  Christum  natum  et  Les  origines  de  la  guerre  de  Cent  ans. 
Philippe  le  Bel  en  Flandre.  M.  Funck-Brentano  a  été  déclaré  digne  d'ob- 
tenir le  grade  de  docteur  ès-lettres  avec  la  mention  honorable. 

—  Notre  confrère  M.  Hanotaux  a  été  élu  membre  de  l'Académie 
française  le  l^^"  avril  1897. 

—  Notre  confrère  M.  Louis  Passy  a  été  élu  membre  de  l'Académie 
des  sciences  morales  et  politiques  le  3  avril  1897. 

—  Du  rapport  que  M.  Henri  Weil  a  lu  à  l'Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres  le  29  janvier  1897,  nous  tirons  les  passages  relatifs 
aux  travaux  de  nos  confrères  MM.  Coulon,  Daumet  et  Mirot  : 

«  Les  trois  Mémoires  dont  il  nous  reste  à  parler  se  tiennent  et  se 
suivent  en  quelque  sorte.  Ils  roulent  exclusivement,  ou  peu  s'en  faut, 
sur  l'histoii'e  des  papes  au  xiv^  siècle. 

«  Le  catalogue  des  «  lettres  curiales  »  de  Jean  XXII  relatives  à  la 
France,  dressé  par  M.  Coulon,  fait  suite  à  celui  des  «  lettres  secrètes  » 
du  même  pape,  qu'il  avait  envoyé  l'année  dernière.  L'auteur  indique 
en  outre  un  plan  à  suivre  pour  un  catalogue  de  la  troisième  série, 
infiniment  plus  riche,  des  lettres  contenues  dans  les  registres  pontifi- 
caux de  1316  à  1334.  On  aurait  ainsi  un  dépouillement  complet  de 
tout  ce  qui,  dans  cette  immense  collection  de  pièces,  intéresse  notre 
pays. 

«  Le  catalogue  des  lettres  curiales ,  — .  comme  celui  des  lettres 
secrètes,  —  nous  a  paru  fait  avec  beaucoup  de  soin  et  d'exactitude. 
Il  est  accompagné  d'analyses  très  bien  conçues,  et  le  texte  des  docu- 
ments publiés  in  integro  a  été  revu,  pour  les  noms  propres  surtout, 
quand  c'était  possible,  sur  les  registres  d'Avignon,  source  de  ceux  du 
Vatican.  Il  reste  à  compléter  l'identification  des  noms  de  lieux  relevés 
dans  les  tables,  avant  de  publier  toutes  les  litteras  secrets  et  curiales. 
Fondues  en  un  seul  recueil  chronalogiquement  disposé,  elles  offriraient 
assurément  un  grand  intérêt  pour  l'histoire  générale  et  locale  de  la 
France  dans  le  premier  tiers  du  xiv^  siècle. 


CHRONIQCE    ET    MÉLANGES.  221 

«  L'introduction  du  catalogue  des  lettres  secrètes  do  Jean  XXII 
portait  sur  les  registres  qui  les  contiennent  et  l'organisation  de  la 
chancellerie.  Celle  du  présent  catalogue  s'occupe  d'établir  le  duuble 
sens  du  mot  ctiria  Romana,  qui  signifie  à  la  fois  l'ensemble  de  secré- 
taires attaché?  à  la  personne  du  pape  et  formant  le  gouvernement 
spirituel  et  temporel  de  l'Église,  et  un  tribunal  particulier  dont  l'au- 
teur étudie  le  fonctionnement.  Notons  à  ce  propos  que  le  latin  curia 
n'est  qu'une  traduction  par  à  peu  près  du  mot  vulgaire  court  et  corte, 
et  qu'il  faudrait  toujours  le  traduire  par  cour,  non,  comme  on  le  fait 
depuis  quehiue  temps  avec  affectation  en  suivant  le  mauvais  exemple 
de  rAUemagne,  par  curie.  C'est  au  dernier  sens  de  curia  que  se  rat- 
tache la  désignation  de  litterae  curialcs,  dont  l'auteur  explique  fort 
bien  l'origine  et  le  sens  précis. 

«  Remarquons  en  unissant  que  l'auteur,  quand  il  enverra  son  rap- 
port à  l'impression,  devra  avoir  soin  de  souligner  les  mots  et  les  pas- 
sages latins  qui  abondent  dans  son  texte  et  que  rien  n'en  distingue, 
ce  qui  produit  une  confusion  fort  incommode. 

«  M.  Georges  Daumel  s'est  attaché  à  réunir  et  à  coordonner  tous 
les  renseignements  que  les  registres  de  Benoît  XII  contiennent  sur 
les  rapports  de  ce  pontife  avec  le  roi  de  France,  depuis  l'année  1335 
jusqu'à  l'année  1341,  Les  titres  des  chapitres  indiquent  clairement 
les  questions  qui  ont  été  traitées  :  Avènement  de  Benoit  XII.  — 
Benoît  XII,  Phihppe  VI  et  Louis  de  Bavière.  —  Philippe  VI  et  le 
retour  de  la  papauté  à  Rome.  —  Benoît  XII  et  Philippe  VI  arbitres 
entre  l'Aragon  et  Gênes.  —  Question  de  la  "Vision  béatiûque.  — 
Benoît  XII,  Philippe  YI  et  l'empire  grec.  —  Benoît  XII  et  la  guerre 
anglaise.  —  La  croisade.  —  Benoit  XU  et  la  liberté  du  saint-siège.  — 
Protection  des  églises. 

«  Dans  ces  chapitres,  nous  avons  un  tableau  à  peu  près  complet  de 
la  politique  étrangère  de  Philippe  de  Valois  pendant  six  années  du 
règne  de  ce  prince.  Nous  y  trouvons,  en  effet,  beaucoup  de  renseigne- 
ments, non  seulement  sur  les  questions  religieuses  qui  furent  alors 
agitées,  mais  eucore  sur  l'intervention  du  roi  dans  les  affaires  de 
l'Empire  et  dans  celles  des  autres  États  chrétiens,  que  le  pape  voulait 
amener  à  vivre  en  paix,  pour  rendre  possible  la  croisade  dont  Philippe 
de  Valois  devait  être  le  chef.  Le  but  que  le  pape  avait  en  vue  ne  fut 
pas  atteint  :  la  guerre  qui  éclata  entre  la  France  et  l'Angleterre  vint 
à  la  traverse  de  ces  projets. 

«  Benoît  XII  n'épargna  rien  pour  prévenir  et  arrêter  cette  guerre 
fratricide.  L'exposé  des  démarches  qu'il  fit  avec  la  plus  louable  insis- 
tance auprès  des  deux  rois  remplit  la  moitié  du  Mémoire  de  M.  Dau- 
met.  C'est  un  morceau  dont  la  lecture  otfre  un  très  grand  intérêt  et 
qui  éclaire  d'un  jour  nouveau  les  débuts  de  la  guerre  de  Cent  ans. 
«  M.  Daumet  a  joint  à  son  Mémoire  une  série  de  pièces  justiûca- 


222  CHRONIQUE  ET  MELANGES. 

tives  qu'il  a  disposées  dans  un  ordre  excellent.  Les  751  lettres  qu'il  y 
a  transcrites  ou  analysées,  d'après  les  registres  du  Vatican,  ont  servi 
de  base  à  la  composition  du  Mémoire  ;  mais  l'auteur  est  loin  d'en  avoir 
épuisé  la  substance  ;  il  y  a  laissé  beaucoup  de  détails  dont  il  n'avait 
pas  à  faire  usage  et  qui  sont  fort  précieux  pour  l'histoire  de  différentes 
églises  de  la  France. 

0  L'envoi  de  M.  Mirot  est  très  considérable.  Il  comprend  trois  tra- 
vaux distincts  : 

«  1°  Le  dépouillement  d'une  importante  série  de  lettres  pontificales 
(règne  de  Grégoire  XI,  1371-1378).  M.  Mirot  a  analysé  ou  copié  les 
lettres  secrètes  ou  curiales  de  ce  pontife  intéressant  la  France.  L'ana- 
lyse est  faite  avec  grand  soin,  et  le  travail  n'a  besoin  que  d'une  der- 
nière revision  pour  être  envoyé  à  l'impression.  Gomme  les  registres 
correspondant  aux  années  1376  et  1377  sont  en  déficit  au  Vatican,  ils 
ont  été  en  partie  restitués  à  l'aide  d'un  manuscrit  de  la  Bibliothèque 
nationale. 

«  2°  Un  Mémoire  très  étudié  sur  le  Retour  de  la  papauté  avignonaise 
à  Rome.  M.  Mirot  expose  l'état  politique  de  l'Italie,  ainsi  que  des 
autres  pays  de  l'Europe,  et  il  montre  que  Grégoire  XI  avait,  dès  le 
premier  jour,  formé  la  résolution  de  ramener  la  papauté  à  Rome, 
mais  en  fut  longtemps  empêché  par  des  difficultés  politiques  très 
diverses.  Par  un  examen  très  attentif  du  rôle  de  sainte  Catherine  de 
Sienne,  il  établit  que  la  sainte  fortifia  le  pontife  dans  sa  résolution 
plutôt  qu'elle  ne  fit  naître  cette  résolution.  Le  Mémoire  se  termine 
par  des  aperçus  très  fins  et  d'une  originalité  de  bon  aloi  sur  les  con- 
séquences politiques  et  religieuses  du  grand  schisme,  du  séjour  de  la 
papauté  à  Avignon,  puis  de  son  retour  à  Rome.  Nous  souhaitons  que 
ce  Mémoire,  dès  qu'il  aura  pu  être  retouché  par  l'auteur,  soit  livré  à 
l'impression. 

«  3°  Le  texte  de  la  Chronique  de  Mauriac.  Ce  document,  si  intéres- 
sant pour  l'histoire  ecclésiastique  du  xii'^  siècle,  a  été  entièrement 
transcrit  par  M.  Mirot  sur  le  manuscrit  622  du  fonds  de  la  reine  Chris- 
tine au  Vatican.  Le  manuscrit  ne  semble  pas  avoir  été  étudié  depuis 
l'édition  donnée  par  Duchesne  au  tome  IV  des  Scriptores. 

«  N'êtes-vous  pas  frappés.  Messieurs,  de  l'unité  de  vues  qui  a  pré- 
sidé au  choix  des  sujets  traités  dans  ces 'quatre  Mémoires ^?  Cette 
impression  ne  ferait  qu'augmenter  si  vous  vouliez  rapprocher  du  rap- 
port actuel  les  rapports  des  années  précédentes.  Il  y  a  un  lien  entre 
tant  d'études  consciencieuses,  tant  de  travaux  remarquables.  Ils 
tendent  presque  tous  à  éclairer  l'histoire  de  l'Italie  dans  ses  rapports 

1.  Le  rapporteur,  avant  de  parler  des  travaux  de  MM.  Coulon,  Dauniet  et 
Mirot,  avait  analysé  une  élude  sur  le  commerce  dans  le  royaume  de  Naples  de 
1260  à  13'ifl,  sous  le  règne  des  trois  premiers  rois  angevins. 


CBRONIQUE    ET    MELANGES.  223 

avec  la  France  pondant  la  période  du  moyen  âge.  La  pensée  qui  a  fait 
converger  vers  le  même  but  tant  d'efforts  individuels,  il  convient  d'en 
faire  honneur  à  M.  l'abbé  Duchesne,  l'éminent  directeur  de  l'École  de 
Rome,  et  à  M.  Geffroy,  son  regretté  prédécesseur.  » 


RECEPTION   DE   M.   GASTON   PARIS 

A  l'académie  française. 

M.  Gaston  Paris,  le  premier  de  nos  confrères  qui  ait  eu  l'honneur 
d'entrer  à  l'Académie  française,  a  pris  séance  le  28  janvier  1897  et  a 
prononcé  le  discours  suivant  sur  la  vie  de  M.  Pasteur,  son  illustre 
prédécesseur  : 

«  Messieurs, 

a  L'Académie  française  n'a  pas  seulement  pour  mission  de  consa- 
crer la  tradition  héréditaire  et  l'évolution  toujours  nouvelle  du  génie 
français  dans  la  langue  et  la  littérature.  Elle  reconnaît  et  accueille 
comme  siens  les  hommes  en  qui  ce  génie,  sous  les  formes  les  plus 
diverses,  s'incarne  avec  une  telle  puissance  qu'ils  deviennent  vraiment 
«  représentatifs.  »  Tel  était  le  cas  assurément  pour  Louis  Pasteur.  Son 
nom  est  un  de  ceux  qui,  jusque  dans  une  postérité  lointaine,  symbo- 
liseront le  mieux  quelques-unes  des  qualités  les  plus  fécondes  et  des 
plus  hautes  vertus  de  notre  peuple.  Vous  avez  le  noble  privilège  de 
donner  à  toutes  nos  gloires  comme  le  sceau  suprême  de  l'adoption 
nationale,  et  ces  gloires  à  leur  tour  viennent  rehausser,  en  s'y  ajou- 
tant, l'éclat  trois  fois  séculaire  de  votre  illustre  Compagnie. 

«  Pasteur  avait  sa  place  marquée  chez  vous.  Mais  de  telles  élections, 
pour  garder  tout  leur  sens,  veulent  être  rares  :  ce  sont,  comme  on 
aurait  dit  autrefois,  des  élections  «  de  magnificence.  »  Fidèles  à  la  pen- 
sée de  votre  grand  fondateur,  c'est  entre  les  écrivains,  les  orateurs, 
les  poètes,  que  vous  vous  recrutez  d'ordinaire.  Vous  avez  même  sou- 
vent eu  le  soin  d'appeler  parmi  vous  des  grammairiens  ou  des  philo- 
logues, c'est-à-dire  des  hommes  voués  à  l'étude  de  cette  langue  fran- 
çaise, qui  doit  trouver  ici  son  foyer  le  plus  actif,  le  plus  pur  et  le  plus 
brillant.  La  tradition,  plus  d'une  fois  interrompue,  l'avait  été  de  nou- 
veau lors  de  l'élection  de  Pasteur,  qui  remplaça  notre  grand  lexico- 
graphe Littré.  Vous  avez  voulu  la  reprendre,  et  vous  avez  ainsi  donné 
à  ma  vie  de  travail  un  couronnement  dont  je  vous  remercie  avec  émo- 
tion et  pour  moi-même  et  pour  les  études  auxquelles  je  me  suis  con- 
sacré. En  ce  temps  où  le  point  de  vue  historique  s'impose  à  tant  de 
sujets  qui,  autrefois,  ne  semblaient  point  le  comporter,  vous  avez  trouvé 


225  CBBONIQUE   ET   MÉLANGES. 

bon  qu'il  fût  représenté  dans  vos  délibérations  sur  la  langue,  ce  pro- 
duit historique  s'il  en  est.  C'est  ainsi  que  je  me  trouve  appelé,  par  une 
succession  où  apparaît  bien  la  libre  variété  des  mobiles  qui  dirigent 
vos  choix,  à  vous  parler,  moi  simple  ouvrier  dans  l'atelier  des  sciences 
historiques,  du  plus  grand  maître  es  sciences  naturelles  qu'ait  vu  notre 
temps.  La  tâche  est  glorieuse,  mais  elle  est  lourde  :  si  elle  n'est  pas 
remplie  comme  elle  mériterait  de  l'être,  vous  n'aurez,  Messieurs,  à 
vous  en  prendre  qu'à  vous-mêmes. 

c  J'ai  à  peine  connu  M.  Pasteur,  juste  assez  pour  être  frappé  des 
caractères  qui,  à  première  vue,  se  dégageaient  de  toute  sa  personne  : 
une  volonté  obstinée,  un  sérieux  profond,  une  force  sûre  d'elle-même, 
une  foi  capable  de  soulever  des  montagnes.  Il  m'a  été  donné,  par 
hasard,  au  moment  où  il  venait  de  terminer  ses  expériences  sur  la 
rage,  de  l'entendre  en  exposer  les  résultats  et  annoncer  l'ère  nou- 
velle qui  s'ouvrait  pour  la  science  et  pour  l'humanité  grâce  à  la  con- 
naissance de  la  vraie  nature  des  maladies  infectieuses  et  des  moyens 
de  les  combattre.  Ses  yeux  étaient  illuminés  d'une  joie  grave  et  comme 
prophétique,  et  le  léger  tremblement  de  sa  voix  disait  la  part  que  pre- 
nait son  cœur  aux  vastes  espérances  de  sa  pensée.  Je  l'ai  revu  plus 
tard,  courbé  par  le  mal  terrible  qui  allait  le  terrasser.  Dans  la 
déchéance  physique  où  il  était  tristement  réduit,  la  grandeur  de  l'âme 
survivait  :  cette  pauvre  enveloppe  affaissée  avait  quelque  chose  d'au- 
guste, comme  un  temple  à  demi  écroulé,  encore  plein  de  la  présence 
du  dieu... 

«  Louis  Pasteur  était  de  cette  forte  race  comtoise,  laborieuse,  volon- 
taire, tenace,  au  cœur  chaud  et  sensible  sous  une  forme  un  peu  âpre, 
portée  au  rêve  et  parfois  à  la  chimère  autant  qu'à  l'action,  race  de 
logique  subtile,  d'imagination  ardente,  de  méditation  volontiers  taci- 
turne. Ses  origines  furent  humbles,  et  il  en  garda  le  souvenir  et  la 
juste  fierté.  Dans  le  beau  discours  où,  recevant  ici  M.  Joseph  Bertrand, 
l'éminent  successeur  de  Jean-Baptiste  Dumas,  il  fit  l'éloge  de  son 
ancien  maître,  c'est  avec  un  retour  sur  lui-même  qu'il  s'écriait  :  «  Un 
«  commis  de  pharmacie  d'Alais  s'élevant,  par  son  travail,  à  la  prési- 
«  dence  des  savants  du  monde  entier,  quel  grand  exemple  !»  Et  il 
ajoutait  :  «  La  vraie  démocratie  est  celle  qui  permet  à  chaque  indi- 
«  vidu  de  donner  son  maximum  d'efforts.  »  Voilà  un  mot  qui  peint 
l'homme  et  une  conception  originale  de  la  démocratie  !  D'autres 
disent  :  «  La  vraie  démocratie  est  celle  qui  assure  à  chaque  individu 
e  un  maximum  de  bien-être  et  de  loisir.  »  Ce  n'est  point  Pasteur  qui 
aurait  fait  de  la  réduction  des  heures  de  travail  le  programme  démo- 
cratique par  excellence  ;  à  vouloir  lui  imposer  une  semblable  règle,  on 
aurait  été  mal  venu.  Démocrate,  au  sens  où  il  l'était,  il  l'était  hérédi- 
tairement. Son  père,  soldat  de  Napoléon,  décoré  sur  le  champ  de 


CHRONIQUE    ET   MELANGES.  225 

bataille,  travailleur  infatigable  et  probe,  unissait,  dans  un  même  culte, 
on  pourrait  dire  dans  un  même  fanatisme,  l'empereur  et  la  patrie.  Sa 
mère,  enthousiaste  et  idéaliste,  chrétienne  fervente  et  libérale  con- 
vaincue, entrevoyait  une  société  fondée  sur  la  justice,  où  les  rangs 
seraient  répartis  selon  les  mérites.  On  retrouve  distinctement  chacune 
de  ces  influences  dans  le  développement  du  fils  unique,  objet,  de  la 
part  de  ses  parents,  de  tous  les  sacrifices  comme  de  toutes  les  espé- 
rances :  il  s'éleva  bien  plus  haut  que  ceux-ci  n'avaient  pu  le  rêver, 
mais  dans  le  sens  où  ils  l'avaient  dirigé.  Il  eut  toujours  une  conscience 
attendrie  de  ce  qu'il  leur  devait.  Qui  ne  connaît  les  belles  paroles  par 
lesquelles  il  exprima  son  admiration  et  sa  reconnaissance,  le  jour  où 
il  assista,  plein  d'une  émotion  qui  le  débordait,  à  la  pose  d'une  plaque 
commémorative  sur  sa  petite  maison  natale?  Je  voudrais  les  voir 
inscrites  sur  les  murs  de  toutes  nos  écoles  :  en  même  temps  qu'elles 
feraient  aux  parents  du  grand  homme  leur  juste  part  dans  sa  renom- 
mée, elles  serviraient  d'encouragement  et  d'exemple.  «  Regarder  en 
«  haut,  apprendre  au  delà,  s'élever  toujours,  »  ce  viatique  que  le 
modeste  tanneur  d'Arbois  donnait  à  son  fils  pour  la  route  de  la  vie,  il 
pourrait  le  donner  à  tous  les  enfants  de  cette  France  (}u'il  chérissait 
et  qui  lui  doit  une  de  ses  gloires  les  plus  pures. 

t  Pasteur  resta  fidèle  à  ces  hautes  leçons  de  famille.  L'amour  de  la 
patrie,  qu'il  y  avait  puisé,  ne  cessa  jamais  d'être  aussi  chaud  dans  son 
âme  qu'au  temps  où  il  écoutait  son  père  lui  raconter  nos  triomphes, 
nos  revers  et  nos  espérances,  et  où  il  se  promettait  de  travailler  un 
jour  à  la  grandeur  de  son  pays.  On  sait  si  l'homme  réalisa  le  rêve  de 
l'enfant.  Dans  une  de  ces  allocutions,  trop  rares,  où  sa  bouche,  habi- 
tuellement plissée  par  la  réflexion  silencieuse  et  concentrée,  a  quel- 
quefois épanché,  avec  une  simple  éloquence,  les  grandes  conceptions 
de  sa  pensée  et  aussi  les  sentiments  de  son  cœur,  après  avoir  décrit 
les  dilïicultés,  les  hésitations  et  les  angoisses  du  labeur  scientifique, 
il  ajoutait  :  «  Mais  quand,  après  tant  d'efforts,  on  est  enfin  arrivé  à -la 
«  certitude,  on  éprouve  une  des  plus  grandes  joies  que  puisse  ressentir 
«  l'àme  humaine,  et  la  pensée  que  l'on  contribue  à  l'honneur  de  son 
«  pays  rend  cette  joie  plus  profonde  encore.  » 

«  Il  semble  qu'on  entende  un  autre  héros,  celui  de  la  Chanson  de 
Roland,  pousser  ce  cri  sublime  qui  retentit  à  travers  les  âges  pour 
nous  apprendre  combien  est  ancien  et  enraciné  dans  nos  cœurs 
l'amour  de  notre  grande  et  douce  patrie  : 

Ne  plaise  Dieu,  ni  ses  saints,  ni  ses  anges. 
Que  jà  pour  moi  perde  sa  valeur  France  ! 

«  Un  tel  patriotisme  est  fécond  en  œuvres  et  en  pensées  :  il  ne  con- 
tient pas  plus  de  haine  que   la  démocratie,  telle  que  la  comprenait 
■1897  ib 


226  CHRONIQUE  ET  MELANGES. 

Pasteur,  ne  contient  d'envie.  Si  nous  en  étions  pénétrés,  si  nous  son- 
gions toujours,  dans  nos  actes  publics  et  même  dans  nos  etforts  pri- 
vés, à  l'opinion  qu'ils  donneront  de  nous  à  nos  voisins,  si  nous  les 
soumettions  tous  à  l'épreuve  de  cette  question  :  «  Contribueront-ils  ou 
a  nuiront-ils  au  bon  renom  de  la  France?  »  on  ne  verrait  pas,  Mes- 
sieurs, —  pareilles  à  ces  voiles  impurs  et  brillants  qui  flottent  parfois 
au-dessus  des  breuvages  les  plus  salubres,  et  dont  Pasteur  a  décelé 
l'origine  et  la  composition,  —  tant  de  productions  frivoles  ou  mal- 
saines s'étaler  à  la  surface  de  notre  littérature  et  de  notre  art  et  mas- 
quer les  saines  profondeurs  de  notre  vie  nationale.  On  verrait  au  con- 
traire le  travail,  stimulé  par  cette  généreuse  émulation,  grandir  chaque 
jour  en  intensité,  en  sérieux,  en  fécondité,  et  notre  chère  patrie  prendre 
vite  en  tète  des  nations  civilisées  le  rang  que  ses  admirables  forces 
intellectuelles  et  morales  lui  ont  toujours  assuré  quand  elles  ont  été 
bien  conduites.  Imprimons  fortement  dans  notre  àme  les  nobles  paroles 
du  maître;  travaillons  comme  lui  avec  l'espoir  de  goûter  peut-être 
aussi,  dans  la  mesure  de  notre  mérite,  cette  «  joie  profonde  »  qui  rem- 
plit le  cœur  du  citoyen  quand  il  peut  se  dire  qu'il  a  a  contribué  à  l'hon- 
«  neur  de  son  pays.  » 

«  Pieusement  dévoué  à  sa  famille,  passionné  pour  sa  patrie,  Pasteur 
garda  toujours  aussi  un  respect  filial  pour  la  religion  que  lui  avait 
enseignée  sa  mère.  Ce  grand  novateur  dans  le  domaine  de  la  science 
était  un  homme  de  tradition  dans  le  domaine  du  sentiment.  Gela  s'ac- 
corde bien.  Messieurs,  avec  d'autres  traits  de  son  caractère  que  vous 
avez  pu  apprécier.  Vous  avez  admiré  l'austérité  de  sa  vie  entièrement 
vouée  au  labeur,  la  simplicité  de  ses  manières,  son  incomparable  ten- 
dresse pour  les  siens;  vous  avez  plus  d'une  fois  surpris  les  marques 
touchantes  de  cette  sensibilité  d'enfant  qui  s'alliait  chez  lui  à  la  viri- 
lité la  plus  robuste.  Ce  rude  combattant  était  resté  voisin  de  la  nature 
comme  les  héros  antiques  :  comme  eux,  il  fondait  sans  honte  et  devant 
tous  en  larmes,  soit  qu'il  eût  sous  les  yeux  le  spectacle  des  souffrances 
humaines,  soit  qu'il  se  sentit  envahi  par  les  souvenirs  de  ses  premières 
années  ou  songeât  aux  amitiés  tranchées  par  la  mort,  soit  qu'il  reçût, 
en  ce  jour  incomparable  de  son  soixante-dixième  anniversaire,  les 
hommages  qu'apportaient  à  son  génie  les  délégués  enthousiastes  du 
monde  entier. 

f  C'est  à  cause  du  caractère  de  l'homme,  autant  peut-être  qu'à 
cause  des  découvertes  et  des  bienfaits  du  savant,  que  Pasteur  a  été 
aussi  aimé  qu'admiré,  aussi  populaire  que  célèbre.  Il  a  vu,  presque  seul 
parmi  les  grands  hommes  de  son  siècle,  sa  gloire  planer  au-dessus  de 
toutes  nos  dissensions,  et  son  cercueil,  dans  une  des  rares  solennités 
olïïcielles  uù  le  cueur  du  peuple  ait  pris  part,  est  entré  à  Notre-Dame 
escorté  par  les  bénédictions  des  humbles  comme  par  les  hommages 


CHRONIQUE    ET   MÉLANGES.  227 

des  grands  de  la  terre,  par  les  larmes  des  simples  comme  par  les 
regrets  des  savants,  par  les  prières  de  ceux  qui  croient  comme  par  les 
nirditations  de  ceux  qui  cherchent. 

«  La  vie  de  M.  Pasteur  a  été  retracée  par  des  mains  délicates  et 
pieuses,  et  toute  la  France  connaît  cette  simple  histoire,  qui  se  résume 
en  quelques  mots  :  volonté,  courage,  travail,  génie,  bonté.  Je  n'en 
rappellerai  qu'un  seul  trait,  parce  qu'il  offre  l'exemple  d'une  grande 
victoire  de  l'esprit  sur  le  corps  et  que  c'est  sous  ce  dôme  qu'il  convient 
d'appendre  les  trophées  de  ces  victoires-là.  En  1868,  après  une  cam- 
pagne de  recherches  et  de  polémiques  où  il  avait  prodigué  ses  forces, 
il  fut  atteint  d'hémiplégie.  Il  se  crut  perdu,  et,  après  avoir  dicté  à  sa 
femme,  confidente  de  toutes  ses  pensées,  aide  et  soutien  de  tous  ses 
efforts,  une  dernière  note  pour  l'Académie  des  sciences,  il  attendit  la 
mort  avec  résignation,  mais  non  sans  tristesse  :  «  Je  regrette  de  mou- 
«  rir,  disait-il,  j'aurais  voulu  rendre  plus  de  services  à  mon  pays.  » 

«  Si  la  mort  s'éloigna  de  lui,  il  ne  se  remit  jamais  complètement  de 
cette  atteinte,  qui  se  renouvela.  Il  garda  toute  sa  vie  une  démarche 
pénible  et  claudicante  :  comme  Israël,  il  était  sorti  froissé  de  son  for- 
midable corps  à  corps  avec  le  mystère.  Il  ne  tint  en  respect  qu'à  force 
de  volonté  le  mal  qui  le  menaçait  toujours  et  qui  finit  par  le  ressaisir. 
Et  cependant  son  génie  sembla  devenir,  après  cette  épreuve,  plus  actif 
et  plus  lucide  encore  :  il  accompht  la  part  la  plus  considérable  et  la 
plus  féconde  de  son  œuvre  dans  des  conditions  qui  auraient  interdit  le 
travail  à  d'autres...  C'est  de  ce  génie  et  de  cette  œuvre  que  je  voudrais 
tâcher  de  donner  une  idée. 

a  II  faut  renoncer  à  traduire  en  littérature,  si  l'on  peut  ainsi  dire,  l'ori- 
ginalité d'un  génie  comme  celui  de  Pasteur.  Elle  est  surtout  dans  les 
idées;  mais  ces  idées  ne  sont  pas  des  idées  philosophiques  ou  litté- 
raires. «  La  science  expérimentale,  »  a-t-il  dit  lui-même,  «  ne  fait 
«  jamais  intervenir  dans  ses  conceptions  la  considération  de  l'essence 
«  des  choses,  de  l'origine  du  monde  et  de  ses  destinées.  Elle  n'en  a 
«  nul  besoin.  Elle  sait  qu'elle  n'aurait  rien  à  apprendre  d'aucune  spé- 
a  culation  métaphysique.  »  Les  idées  de  Pasteur  étaient  donc  des  idées 
purement  scientifiques,  qui  se  sont  exprimées  dans  le  travail  même 
qu'elles  ont  produit.  Il  en  est  des  idées  scientifiques  comme  des  idées 
artistiques  :  l'interprétation  qu'on  en  donne  avec  des  mots  ne  peut 
tout  au  plus  que  susciter  le  désir  de  les  connaître  directement.  On 
demandait  à  un  musicien  célèbre  ce  qu'il  avait  pensé  eu  écrivant  ses 
romances  sans  paroles  :  «  J'ai  pensé,  répondit-il,  mes  romances  sans 
c  paroles.  »  Ainsi  Pasteur  a  pensé  ses  grandes  découvertes  et  n'a  pas 
pensé  autre  chose.  On  peut  seulement  essayer  de  marquer  ce  qu'il  y 
a  de  personnel  dans  son  génie,  ce  qui,  par  conséquent,  appartient  à 
l'homme  presque  autant  qu'au  savant. 


228  CHRONIQUE   ET   MÉLANGES. 

f  Ce  génie  était  fait  d'audace  et  de  prudence,  d'imagination  et  de 
réflexion,  d'intuition  et  de  critique.  L'audace  de  Pasteur  était  extrême 
déjà  dans  le  choix  des  sujets  qu'il  abordait.  «  Il  m'inquiète,  »  disait  un 
de  ses  camarades  de  jeunesse,  qui  avait  de  bonne  heure  deviné  les  dons 
extraordinaires  de  ce  travailleur  silencieux  et  acharné,  «  il  ne  connaît 
«  pas  les  limites  de  la  science;  il  n'aime  que  les  questions  insolubles.  » 
Il  s'attaquait  en  effet  d'emblée  et  dès  ses  débuts  à  des  problèmes  que 
les  plus  grands  savants  avaient  indiqués  en  renonçant  à  les  résoudre. 
Son  audace  n'était  pas  moindre  à  concevoir  les  solutions  possibles  de 
ces  problèmes.  Et  quand  il  se  croyait  sur  d'avoir  trouvé  la  vraie,  il 
n'hésitail  pas  à  le  proclamer  avec  une  assurance  qui  ressemblait  par- 
fois à  un  défi.  Il  aimait  d'ailleurs  la  lutte,  un  peu  par  tempérament, 
puis  parce  qu'elle  excitait  et  fécondait  son  esprit  en  lui  faisant  trouver 
des  applications  nouvelles  et  des  perfectionnements  de  sa  méthode  et 
enfin  parce  que  le  bruit  qu'elle  faisait  appelait  l'attention  sur  cette 
méthode  et  contribuait  à  la  propager.  C'est  ainsi  que  souvent  il 
effrayait,  par  ses  afQrmations  hardies  et  ses  appels  à  la  contradiction, 
ses  admirateurs  et  ses  amis.  Mais  son  audace  était  fondée  sur  sa  pru- 
dence :  il  était  sur  des  armes  qu'il  avait  longuement  aiguisées,  et  quand 
il  s'engageait  dans  le  combat,  il  savait  que  le  triomphe  ne  pouvait  pas 
lui  échapper. 

0  Dans  tous  les  ordres  de  la  pensée  ou  de  l'activité  humaine,  c'est 
la  puissance  de  l'imagination  qui  fait  les  grands  hommes,  et  Pasteur 
aussi  fut  avant  tout  un  homme  d'imagination.  Le  savant  a  besoin 
d'imagination  tout  autant  que  l'artiste,  mais  celle  qu'il  doit  avoir  est 
d'un  autre  ordre.  Elle  lui  montre  des  combinaisons  de  rapports  et  non 
de  formes,  d'idées  et  non  de  sentiments.  Elle  lui  procure  d'ailleurs  les 
mêmes  jouissances;  elle  lui  cause  les  mêmes  troubles  et  souvent  les 
mêmes  angoisses  par  la  difDculté  qu'il  éprouve,  lui  aussi,  à  réaliser 
les  visions  qui  passent  devant  son  esprit. 

«  L'imagination  de  Pasteur  était  dans  un  perpétuel  bouillonnement  ; 
elle  le  tourmentait  comme  une  passion.  Il  lui  arrivait,  au  milieu  du 
repas  de  famille,  de  se  lever  brusquement  et  de  partir,  sans  que  les 
siens,  habitués  à  ses  allures,  lui  adressassent  de  questions.  Souvent, 
quand  il  habitait  à  l'École  normale,  les  dormeurs  étaient  réveillés  au 
milieu  de  la  nuit  par  son  pas  à  la  fois  pesant  et  précipité  qui  descen- 
dait l'escalier  :  une  idée  impérieuse  lui  était  soudainement  apparue,  et 
il  ne  pouvait  résister  au  désir  d'aller  immédiatement  contrôler,  dans 
son  laboratoire,  la  suggestion  tyrannique  qui  ne  lui  laissait  pas  de 
repos  ;  tel  un  joueur  à  l'esprit  duquel  se  présente  une  combinaison 
imprévue  n'a  pas  de  cesse  qu'il  ne  l'ait  mise  à  l'épreuve.  Les  grandes 
découvertes  de  Pasteur  sont  les  fleurs  et  les  fruits  d'innombrables 
hypothèses,  conçues  avec  enthousiasme,  contrôlées  ensuite  avec  une 


CHRONIQUE    ET    MELANGES.  229 

infatigable  patience,  abandonnées  pour  d'autres  quand  elles  ne  se  mon- 
traient pas  conciliables  avec  les  faits. 

«  Cette  imagination  toujours  en  travail  aurait  pu,  en  effet,  être  un 
danger  pour  lui  et  l'entraîner  dans  des  spéculations  hasardées,  s'il 
n'avait  toujours  soumis  ses  idées  à  la  critique  rigoureuse  qu'il  savait 
si  bien  appliquer  aux  idées  des  autres.  Dans  les  sciences  qu'il  a  culti- 
vées, la  critique  c'est  l'expérimentation.  Pasteur  fut  le  génie  même  de 
l'expérimentation.  On  a  loué,  avec  raison,  la  méthode  qu'il  y  a  appli- 
quée, méthode  tellement  parfaite  qu'elle  élimine  presque  toutes  les 
chances  d'erreur.  Mais  la  meilleure  méthode  n'est  qu'un  flambeau  qui 
éclaire  la  route  :  elle  ne  mène  au  but  que  celui  qui  se  fait  son  chemin. 
Pour  être  un  grand  expérimentateur  il  ne  sutBt  pas  de  partir  d'hypo- 
thèses qui  soient  d'accord  avec  la  nature  des  choses;  il  faut  une  éten- 
due de  vue,  une  intensité  d'attention,  une  persévérance  à  l'abri  des 
découragements,  une  obstination  que  rien  ne  rebute  et  une  souplesse 
prête  à  toutes  les  volte-face,  une  suite  et  en  même  temps  une  mobilité 
dans  les  idées  qui  ne  sont  données  qu'à  peu  d'hommes.  Il  faut  tendre 
à  la  vérité  des  pièges  toujours  nouveaux,  la  capter  dans  des  filets  aussi 
subtils  et  aussi  tenaces  que  les  mailles  invisibles  oij  le  forgeron  divin 
surprit  Aphrodite;  il  faut  l'épier  sans  se  lasser,  la  deviner  sous  ses 
déguisements,  la  reconnaître  au  passage  dans  ses  apparitions  souvent 
fugaces,  savoir  interpréter  les  signes  équivoques  de  sa  présence,  être 
toujours  en  garde  contre  les  conclusions  hâtives  et  les  apparences  si 
facilement  décevantes.  Il  faut  de  l'imagination,  plus  peut-être  que  pour 
concevoir  les  hypothèses;  il  faut  même  des  inspirations  subites.  La 
vie  scientifique  de  Pasteur  abonde  en  inspirations  do  ce  genre,  dont 
le  récit  fait  parfois  sourire  comme  le  conte  fameux  de  l'œuf  de  Colomb. 
Pourquoi,  se  demandait-il  au  cours  de  ses  expériences  sur  le  charbon, 
les  poules  résistent-elles  toujours  aux  inoculations  charbonneuses  les 
plus  virulentes,  à  celles  qui  tuent  rapidement  des  animaux  vingt  fois 
plus  gros?  L'idée  lui  vint  tout  à  coup  que  la  température  élevée  du 
corps  des  oiseaux  pouvait  être  un  obstacle  à  la  multiplication  des  para- 
sites infectieux.  Aussitôt,  devant  ses  préparateurs,  qui  le  regardaient 
faire  avec  surprise,  il  prend  une  poule,  l'inocule  comme  il  avait  vaine- 
ment fait  à  tant  d'autres  et  lui  fait  maintenir  les  pattes  dans  l'eau 
froide,  de  façon  à  abaisser  sa  température  de  quatre  ou  cinq  degrés. 
Quelques  heures  après,  la  poule  mourait  infestée  de  bactéridies,  et  la 
théorie  parasitaire  comptait  une  éclatante  victoire  de  plus.  La  solu- 
tion, une  fois  trouvée,  paraît  d'une  simplicité  enfantine  ;  mais  il  n'y  a 
que  le  génie  qui  ait  de  ces  simplicités. 

«  L'humanité  demande  à  la  science  la  satisfaction  de  deux  besoins, 
sentis  surtout  l'un  par  l'élite,  l'autre  par  la  masse;  elle  classe  les 
savants  d'après  ce  qu'ils  ont  fait  pour  répondre  à  l'un  ou  à  l'autre. 


230  CHRONIQUE   ET   MELANGES. 

Elle  veut  connaître  de  plus  en  plus  et  comprendre  de  mieux  en  mieux 
l'univers  dont  elle  fait  partie;  elle  veut  jouir,  sur  la  planète  qu'elle 
habite,  du  plus  de  vie,  de  bien-être  et  de  sécurité  possible.  Des  deux 
voies  où  marche  la  science,  quelle  est  la  plus  haute,  celle  où  il  est  le 
plus  glorieux  pour  l'homme  de  s'avancer  et  de  conquérir?  Laissez-moi 
exprimer  un  sentiment  que  n'aurait  pas  désavoué,  je  le  sais,  le  grand 
homme  dont  je  tente  ici  d'interpréter  l'àme  et  le  génie.  Dans  les  préoc- 
cupations de  celui  qui  s'est  voué  à  la  recherche  du  vrai,  l'utilité,  au 
sens  ordinaire  du  mot,  ne  tient  qu'une  place  accessoire.  L'oeuvre  de 
science,  comme  l'œuvre  d'art,  a  son  but  en  elle-même;  son  utilité 
supérieure  est  dans  sa  perfection,  qui,  en  enchantant  l'esprit,  crée 
l'enthousiasme  et  provoque  l'émulation.  Ce  qui  fait  la  grandeur 
suprême,  la  plus  haute  noblesse  de  l'homme,  c'est  le  culte  désinté- 
ressé des  choses  divines.  Comme  la  mystique  de  Joinville,  qui  voulait 
brûler  le  paradis  et  noyer  l'enfer  pour  que  l'espoir  de  la  récompense 
et  la  crainte  du  châtiment  ne  vinssent  plus  mêler  leur  alliage  au  pur 
amour  do  Dieu,  l'artiste  et  le  savant  dignes  de  ce  nom  ne  recherchent 
dans  leur  effort  d'autre  profit,  pour  eux  et  pour  les  autres,  que  cet 
effort  même,  et  c'est  en  s'y  livrant  qu'ils  élèvent  en  eux  notre  pauvre 
et  sublime  espèce  le  plus  haut  au-dessus  d'elle-même.  Il  est  heureux 
assurément  que  des  applications  pratiques  naissent  des  théories, 
démontrent  à  tous  la  grandeur  et  la  portée  des  recherches  scienti- 
fiques et  permettent  ainsi  d'affermir  et  d'accroître  dans  le  monde  le 
royaume  sacré  du  pur  esprit.  Il  est  juste  que  Pasteur  ait  récolté  la 
reconnaissance  des  hommes,  dont  il  fut  le  bienfaiteur  ;  mais  si  on  lui 
avait  demandé  les  meilleurs  titres  qu'il  pouvait  se  croire  à  figurer 
parmi  «  les  rares  immortels  nés  de  la  race  humaine,  »  il  aurait  mis 
sans  nul  doute  au  premier  rang  ses  découvertes  et  ses  vues  sur  les 
lois  générales  de  l'univers. 

«  Par  un  rare  privilège,  en  effet,  il  fut  grand  dans  les  deux  direc- 
tions. Ses  découvertes  théoriques  ont  renouvelé  des  parties  essentielles 
de  la  science;  ses  découvertes  pratiques  ont  accru  les  richesses,  dimi- 
nué les  souffrances,  prolongé  la  vie  de  milliers  d'êtres  humains,  de 
millions  si  on  ajoute  leurs  bienfaits  à  venir  à  ceux  qu'elles  ont  déjà 
produits.  Et  ce  qui  rend  les  unes  et  les  autres  encore  plus  dignes  d'ad- 
miration, c'est  qu'elles  ne  cessent  pas,  qu'elles  ne  cesseront  jamais 
d'être  fécondes  et  d'en  enfanter  de  nouvelles,  contenues  en  germe 
dans  les  principes  qu'il  a  posés,  si  bien  qu'un  de  vos  plus  éminents 
confrères  a  pu  dire,  dans  une  de  ces  formules  éclatantes  où  il  enchâsse 
de  hautes  pensées  :  «  Pasteur  a  opéré  comme  le  Créateur,  suscitant 
«  par  un  premier  acte  les  lois  d'où  devait  sortir  le  développement  pro- 
«  gressif  de  l'univers.  »  Il  a  eu  le  bonheur  de  voir  ses  idées  porter  leurs 
fruits,  ses  principes  développer  leurs  conséquences  avec  une  surpre- 


CHRONIQUE    ET   MÉLANGES.  23^ 

nanle  rapidité,  en  sorte  que,  de  soa  vivant  même,  il  a  joui  d'une 
gloire  que  nul  autre  savant  n'a  connue,  que  son  nom  a  été  acclamé 
et  béni  sous  tous  les  climats  et  dans  toutes  les  langues  et  que  le  deuil 
de  ses  funérailles  a  été  mené  par  le  genre  humain. 

«  Vous  n'attendez  pas  de  moi,  Messieurs,  que  je  vous  expose  l'œuvre 
de  Pasteur  dans  le  détail.  Celui  de  ses  collaborateurs  qui  a  le  plus 
longuement  secondé  cette  œuvre  et  qui  en  dirige  aujourd'hui  la  conti- 
nuation l'a  racontée  dans  un  livre  magistral.  On  y  suit,  avec  un  inté- 
rêt toujours  croissant,  depuis  la  première  rencontre  d'OEdipe  avec  le 
sphinx,  les  ruses  patientes  et  les  coups  de  main  hardis  par  lesquels  il 
a  su  lui  arracher  le  mot  de  tant  d'énigmes.  On  y  admire  la  logique 
profonde  qui,  de  la  cristallographie  à  la  médecine,  rattache  entre  elles 
toutes  les  phases  de  cette  œuvre  immense,  si  variée  dans  ses  applica- 
tions, si  essentiellement  une  dans  sa  direction  et  dans  sa  méthode.  Je 
me  bornerai  à  en  signaler  les  points  principaux  et  à  en  indiquer  la 
portée  générale. 

«  Les  premiers  travaux  de  Pasteur  auraient  suffi  à  la  gloire  d'un 
savant.  Il  y  découvrit  la  dissymétrie  moléculaire,  c'est-à-dire  un  des 
secrets  les  plus  cachés,  les  moins  soupçonnés  et  les  plus  importants 
de  la  nature  :  cette  découverte  a  été  le  point  de  départ  d'une  branche 
nouvelle  de  la  chimie  organique,  la  stéréochimie,  qui  se  développe 
sous  nos  yeux  et  a  déjà  produit  de  surprenants  résultats.  Mais  ce  qui 
a  vraiment  rempli  la  vie  de  votre  illustre  confrère,  ce  qui  a  rendu  son 
nom  célèbre  entre  tous,  c'est  la  conquête,  pour  ainsi  dire,  d'un  nou- 
veau règne  de  la  nature,  celui  des  êtres  invisibles  et  partout  présents, 
animaux  et  surtout  végétaux,  qui  tissent  et  défont  sans  relâche  la 
grande  trame  de  la  vie  planétaire,  des  microbes,  comme  on  les  appelle 
depuis  une  vingtaine  d'années.  Le  mot  n'est  pas  trop  bien  fait,  —  il 
n'est  pas  de  Pasteur,  —  mais  il  a  passé  dans  toutes  les  langues,  et  il 
faudra  l'admettre  dans  le  Dictionnaire. 

«  Ils  étaient  connus  avant  Pasteur;  mais  on  avait  à  peine  entrevu  le 
rôle  immense  qu'ils  jouent  dans  la  nature.  Le  monde  de  ces  êtres 
microscopiques,  doués  d'une  vie  purement  élémentaire,  n'était  guère 
considéré,  il  y  a  quarante  ans,  que  comme  un  objet  de  curiosité  ;  il 
nous  apparaît  aujourd'hui  comme  le  substratum  et  la  condition  du 
monde  animé  tout  entier,  comme  l'océan  sans  fond  d'où  sort  et  où 
rentre  toute  vie.  C'est  aux  microbes  qu'on  doit  les  fermentations  et 
les  putréfactions  qui  transforment  la  matière  organique;  ce  sont  eux 
qui  fécondent  la  terre  et  permettent  aux  végétaux  d'en  recouvrir  la 
surface;  ce  sont  eux  qui,  en  pénétrant  dans  les  tissus,  produisent  les 
maladies  infectieuses;  ils  peuplent  l'air,  ils  remplissent  les  eaux,  ils 
saturent  le  sol,  ils  habitent  les  animaux  et  les  plantes;  ils  nous  enve- 
loppent, nous  servent  et  nous  menacent  de  toutes  parts.  Que  dis-je? 


232  CHRONIQUE   ET   MÉLANGES. 

ils  sont  peut-être  nous-mêmes.  La  vie  des  êtres  supérieurs  apparaît  à 
la  science  moderne  comme  la  résultante  de  myriades  de  ces  vies  élé- 
mentaires. Leurs  «  colonies  »  de  plus  en  plus  populeuses  et  différen- 
ciées composent,  du  vague  phytozoaire  à  la  rose,  au  cèdre,  à  l'aigle,  à 
la  baleine,  à  l'homme,  l'immense  et  chatoyant  réseau  dans  les  mailles 
iluquel  ils  circulent  sans  trêve,  toujours  détruits  et  toujours  renou- 
velés, depuis  que  s'est  produite,  et  sans  doute  par  eux,  sur  notre  globe 
la  mystérieuse  éclosion  de  la  vie.  Voilà  ce  que  la  microbiologie  a  révélé 
à  l'humanité  stupéfaite. 

«  Pasteur  démontra  d'abord  que  jamais  ces  organismes,  si  primitifs  en 
apparence,  ne  se  produisent  sans  germes  préexistants;  il  détruisit 
pour  toujours,  au  moins  dans  les  conditions  où  on  l'avait  téméraire- 
ment soutenue,  la  croyance  à  la  génération  spontanée.  Il  prouva 
ensuite  qu'ils  sont  les  seuls  agents  de  la  décomposition  de  la  matière 
organisée  :  il  mit  cette  vérité  capitale  en  lumière  dans  des  expériences 
de  plus  en  plus  décisives,  et  finit,  non  sans  peine,  par  avoir  raison  de 
toutes  les  résistances,  parmi  lesquelles,  et  en  France  et  à  l'étranger, 
il  s'en  rencontra  de  redoutables  et  d'acharnées.  Passant  aux  applica- 
tions pratiques  de  ces  découvertes,  il  fit  voir  que  certains  microbes 
travaillent  pour  nous,  en  nous  procurant  diverses  substances  alimen- 
taires, que  d'autres  nous  nuisent  en  altérant  ces  mêmes  substances, 
et  il  montra  qu'on  peut  exciter  les  uns,  écarter  les  autres,  sauvant 
ainsi  nos  industries  agricoles  de  pertes  immenses  et  jusqu'alors  inévi- 
tables. La  science  pénètre  aujourd'hui  jusqu'aux  profondeurs  de  ce 
monde  invisible,  dont  il  lui  a  ouvert  les  portes  et  où  s'élaborent  en 
silence,  dans  un  inimaginable  grouillement  de  vie  obscure  et  dévo- 
rante, les  destinées  du  monde  visible  de  la  surface;  Circé  bienfaisante, 
elle  déchaîne  ou  réfrène  à  son  gré  ces  forces  infimes  et  toutes-puis- 
santes, qui  obéissent  sans  le  savoir  à  ses  impérieuses  incantations. 
Puis  il  s'attaqua  aux  maladies,  dont  l'étroite  parenté  avec  les  fermen- 
tations avait  été  souvent  pressentie,  à  celles  des  animaux  d'abord.  Il 
découvrit  dans  un  parasite  microscopique  la  cause  de  l'épidémie  qui 
ruinait  l'élevage  des  vers  à  soie  et  donna  le  moyen  de  la  faire  cesser 
en  ne  confiant  le  soin  de  la  reproduction  qu'à  des  œufs  absolument 
indemnes  :  il  jeta  ainsi  des  lumières  toutes'nouvelles  sur  cette  grande 
question  de  l'hérédité,  qui  est  aujourd'hui  à  bon  droit  l'un  des  pro- 
blèmes capitaux  dont  se  préoccupent  la  philosophie,  la  médecine  et  la 
sociologie.  Puis  il  prouva  que  plusieurs  maladies  contagieuses  des  ani- 
maux domestiques  sont  dues  à  l'invasion  de  ces  ennemis  impercep- 
tibles dont  il  faut  des  milliers  pour  occuper  la  place  d'une  pointe  d'ai- 
guille et  qui  pullulent  en  quelques  heures  par  millions  et  par  milliards. 
C'est  alors  que,  guidé  par  la  découverte  tout  empirique  qui  a  rendu 
immortel  le  nom  de  Jenner,  il  eut  l'idée  de  combattre  cette  invasion 


CHRONIQUE   ET   MÉLANGES.  233 

en  inoculant  préventivement  aux  animaux,  mais  atténué,  le  virus 
même  qui  les  tuerait  et  qui  les  sauve  :  il  lit,  mais  avec  plus  de  succès, 
ce  qu'avaient  tenté  jadis  les  empereurs  romains,  quand  ils  introdui- 
saient dans  l'empire,  pour  combattre  les  Barbares  menaçants, 
des  colonies  de  ces  mêmes  Barbares,  devenus  d'ennemis  auxi- 
liaires. Quand  il  eut  mené  à  bonne  tin  sa  fameuse  expérience  de 
Pouilly-le-Fort,  l'enthousiasme  qui  accueillit  ce  triomphe  fut  d'autant 
plus  grand  que  le  doute  avait  été  plus  persistant.  Partout,  en  France 
et  ailleurs,  on  institua  des  «  laboratoires  Pasteur  »  pour  préparer  et 
distribuer  le  vaccin,  et  la  mortalité  charbonneuse  des  bestiaux  tomba 
de  trente  ou  quarante  à  moins  d'un  pour  cent.  En  vérité,  tous  les  pays 
du  globe  auraient  pu,  à  aussi  juste  titre  que  la  France,  offrir  à  Pas- 
teur une  récompense  nationale,  et  toutes  ces  récompenses  réunies 
n'auraient  représenté  qu'une  faible  partie  du  don  inépuisable  qu'il 
leur  a  fait. 

«  Déjà  ses  théories  sur  la  putréfaction ,  appliquées  aux  plaies, 
avaient,  entre  les  mains  de  Lister,  transformé  la  chirurgie  et  lui 
avaient  permis  les  progrès  étonnants  qu'elle  a  réalisés  sous  nos  yeux. 
L'obstétrique  ne  lui  doit  pas  moins.  Si  nos  Maternités  ne  sont  plus  des 
foyers  d'infection  meurtrière,  si  des  milliers  de  mères,  naguère  con- 
damnées, sont  chaque  année  conservées  à  leurs  enfants,  ce  sont  les 
découvertes  de  Pasteur  qui  ont  opéré  ce  miracle.  Que  sont,  à  côté  de 
ces  victoires  sur  l'hydre  infecte  et  sans  cesse  renaissante,  les  travaux 
de  l'antique  dompteur,  la  défaite  du  monstre  aux  sept  tètes,  le  dessè- 
chement du  lac  Stymphale  et  la  purification  des  étables  d'Augias? 

«  Mais  le  vainqueur  des  monstres  invisibles  ne  s'arrêta  pas  là. 
Désireux  depuis  longtemps  de  combattre  face  à  face  les  maladies 
humaines,  il  s'en  prit  à  l'une  des  plus  terribles,  à  la  rage,  contre 
laquelle  on  ne  connaît  aucun  remède  et  dont  le  nom  seul  remplit  les 
hommes  d'épouvante.  Après  cinq  ans  de  recherches  obstinées,  d'au- 
tant plus  longues  et  incertaines  que  le  microbe  de  la  rage,  s'il  existe, 
ne  s'est  pas  laissé  découvrir,  il  réussit  à  obtenir  un  virus  atténué  qui 
immunisait  les  animaux  contre  le  virus  le  plus  violent.  Mais,  pour  les 
hommes,  la  vaccination  préventive  ne  convenait  pas  :  le  mal  est  trop 
rare  et  le  traitement  trop  pénible.  Alors  naquit  dans  l'esprit  de  Pas- 
teur une  idée  qu'il  était  seul  assez  hardi  pour  concevoir,  assez  obstiné 
pour  réaliser.  Même  inoculé  après  la  morsure,  le  virus  atténué  ne 
pourrait-il  aller  plus  vite  que  le  virus  funeste  et  le  devancer  dans  les 
centres  nerveux  où  il  exerce  ses  ravages?  Des  expériences  faites  sur 
les  chiens  confirmèrent  pleinement  cette  vue  audacieuse.  Mais  quelles 
émotions  secouèrent  le  cœur  si  impressionnable  du  grand  initiateur 
quand  il  se  résolut  à  appliquer  à  des  êtres  humains  le  traitement  qui 
lui  avait  réussi  pour  les  bêtes!  Avec  quel  tremblement  il  osa  inoculer 


234  CHRONIQDE  ET  MÉLANGES. 

à  de  pauvres  enfants  le  mal  effroyable  dont  on  pouvait  douter,  malgré 
leurs  horribles  naorsures,  qu'ils  fussent  atteints  déjà  !  11  a  dit  lui-même, 
avec  sa  réserve  accoutumée,  on  nous  a  raconté  avec  une  émotion 
communicative,  ses  hésitations,  ses  doutes,  ses  alternatives  de  crainte 
affreuse  et  de  joie  infinie,  ses  nuits  d'insomnie,  ses  jours  d'observation 
anxieuse,  sa  confiance  enfin  assurée,  partagée  et  chaque  jour  affermie 
par  de  nouveaux  succès... 

«  Tant  de  fatigues  et  d'angoisses  achevèrent  de  briser  ses  forces. 
Après  cette  lutte  acharnée,  et  contre  l'insaisissable  ennemi,  et  contre 
des  adversaires  passionnés,  et  contre  son  propre  cœur,  il  se  sentit 
incapable  de  poursuivre  sa  glorieuse  suite  de  conquêtes.  Quand  il 
entra  dans  cet  Institut  Pasteur  que  la  reconnaissance  et  l'admiration 
publique  ont  élevé  pour  être  le  foyer  constant  des  études  qu'il  a  créées, 
il  était,  comme  il  le  dit  lui-même,  «  vaincu  du  temps.  »  Du  moins,  il 
put  voir  encore  les  premiers  des  nouveaux  progrès  accomplis  par  cette 
science  de  la  microbiologie  qui  marche  à  pas  de  géant  dans  sa  route 
ouverte  d'hier.  Deux  de  ces  progrès  ont  surtout  frappé  les  esprits. 
A  la  suite  des  découvertes  du  plus  grand  des  émules  français  de  Pas- 
teur, de  notre  illustre  confrère  M.  Berthelot,  on  a  songé,  on  a  peut- 
être  dt^jà  réussi,  —  tentative  vraiment  extraordinaire  et  qui  semble 
tenir  de  la  magie,  —  à  rendre  le  sol  plus  fertile  en  cultivant  savam- 
ment les  bactéries  qui  fixent  sur  la  terre  arable  l'azote  contenu  dans 
l'atmosphère,  en  sorte  que  ces  microbes,  que  nous  avions  déjà  dressés 
à  combattre  pour  nous  contre  eux-mêmes,  viennent  maintenant, 
hordes  disciplinées,  déposer  à  nos  pieds  les  trésors  accumulés  par 
leur  immense  et  inconscient  travail.  D'autre  part,  on  a  constaté  que 
les  produits  toxiques  des  microbes,  que  le  sang  même  des  animaux 
immunisés,  sont  capables  de  produire  l'effet  salutaire  du  virus  atténué. 
Combinée  avec  l'idée  géniale  qui  avait  présidé  au  traitement  de  la 
rage,  cette  constatation  a  fait  trouver  le  remède  presque  souverain 
contre  la  diphtérie  et  d'autres  fléaux,  contre  la  peste  elle-même,  ce 
mal  qui  répand  encore  la  terreur  et  qui  bientôt  peut-être  ne  sera  plus 
qu'un  souvenir.  Pasteur  applaudit  chaleureusement  à  la  découverte 
du  vaccin  de  la  diphtérie  ;  elle  fut  la  dernière  joie  de  sa  grande  âme. 
.Il  pouvait  quitter  son  œuvre  :  il  savait  qu'elle  était  en  bonnes  mains. 

«  Cette  œuvre  colossale,  qui  a  transformé  sous  nos  yeux  l'industrie 
de  la  soie,  de  la  bière  et  du  vin,  l'élève  des  bestiaux,  la  chirurgie, 
l'obstétrique  et  plusieurs  parties  de  la  médecine,  et  dont  les  consé- 
quences sont  en  train  de  modifier  profondément  l'agriculture,  Pasteur 
l'a  accomplie  sans  être  ni  vétérinaire  ni  médecin,  sans  être  capable 
de  donner  un  coup  de  bistouri,  sans  avoir  la  moindre  connaissance 
technique,  sans  être  en  état,  a-t-on  dit,  de  distinguer  un  champ  de 
colza  d'un  champ  de  navets.  C'est  uniquement  par  la  fécondité  de  son 


CHRONIQUE   ET   MÉLANGES.  235 

imagination,  parla  puissance  de  son  raisonnement,  par  son  invention 
expérimentale  qu'il  a  si  prodigieusement  agi  sur  des  formes  de  l'acti- 
vité humaine  auxquelles  il  ne  prenait  nulle  part.  Force  admirable  et 
presque  divine  de  la  pensée,  qui  montre  combien  est  peu  fondé  le 
dédain  que  les  hommes  d'action  affectent  parfois  pour  les  hommes  de 
science  !  Du  fond  de  son  laboratoire,  Pasteur  a  eu  sur  la  vie  de  l'hu- 
manité une  action  plus  puissante  que  celle  du  plus  heureux  des  con- 
quérants, du  plus  habile  des  hommes  d'État.  Les  problèmes  purement 
théoriques,  futiles  aux  yeux  des  gens  soi-disant  pratiques,  qui  s'agi- 
taient dans  son  cerveau  pendant  qu'il  surveillait  ses  tubes  ou  appli- 
quait l'œil  à  son  microscope,  portaient  en  eux  la  solution  de  questions 
d'un  intérêt  autrement  grand  et  autrement  durable  que  tous  ces  pro- 
blèmes éphémères  où  s'absorbe  l'attention  de  ceux  qui  croient  mener 
le  monde.  C'est  l'idée  qui  mène  le  monde,  c'est  l'esprit  qui  meut  la 
masse  inerte,  et  le  roseau  pensant,  pour  peu  que  la  force  brute  le 
laisse  vivre,  saura  tôt  ou  tard  la  vaincre,  la  dominer  et  la  conduire. 

«  On  comprend,  Messieurs,  que  la  science,  qui,  chaque  jour,  élève, 
agrandit  et  précise  notre  conception  du  monde  et  qui  transforme  en 
même  temps  de  plus  en  plus  puissamment  les  conditions  de  notre 
existence  en  soumettant  à  nos  lois  la  matière  qui  nous  écrasait,  ins- 
pire un  enthousiasme  presque  religieux  à  ceux  qui,  frappés  pour  elle 
de  cet  immense  amour  chanté  déjà  par  Virgile,  se  sont  faits  les  ouvriers 
dociles  de  son  œuvre  toujours  nouvelle. 

«  Personne  n'eut  ce  culte  plus  enraciné  dans  l'âme  que  M.  Pasteur. 
Personne  ne  revendiqua  plus  hautement  pour  la  science  l'honneur  et 
la  place  auxquels  elle  a  droit  et  ne  s'indigna  plus  vivement  contre  la 
méconnaissance  stupide  qui  lui  refuse  les  moyens  d'action  dont  elle  a 
besoin.  Dans  un  petit  écrit  intitulé  le  Budget  de  la  science,  publié  en  1868, 
il  adjurait  ses  concitoyens  de  prendre  plus  d'intérêt  à  «  ces  demeures 
«  sacrées  que  l'on  désigne  sous  le  nom  expressif  de  laboratoires. 
c  Demandez,  disait-il,  ([u'on  les  multiplie  et  qu'on  les  orne  :  ce  sont 
«  les  temples  de  l'avenir;  c'est  là  que  l'humanité  grandit,  se  fortifie  et 
«  devient  meilleure.  »  Il  a  eu  la  joie  et  le  suprême  honneur  de  voir 
s'élever  sous  son  invocation,  grâce  à  la  munificence  de  la  nation  tout 
entière,  le  plus  magnifique  de  ces  «  temples  de  l'avenir.  »  Il  y  repose 
aujourd'hui  dans  sa  gloire,  et  autour  de  son  tombeau  s'est  constitué, 
comme  un  ordre  des  temps  nouveaux,  une  milice  vraiment  spirituelle, 
qui  combat  sous  sa  bannière  pour  étendre  ses  conquêtes  et  qui  res- 
tera fidèle  à  la  devise  qu'il  lui  a  donnée  en  travaillant  sans  relâche 
«  pour  la  science,  la  patrie  et  l'humanité.  » 

«  La  science,  Messieurs,  a  plus  d'un  objet  et  plus  d'une  méthode, 
et  ce  n'est  pas  seulement  dans  les  laboratoires  qu'elle  poursuit  sa  tâche 
infinie.  Vous  vous  rappelez  les  discours  que  prononcèrent,  il  y  a 


236  CHRONIQUE    ET   MÉLANGES. 

vingt  ans,  dans  l'une  des  plu?  mémorables  séances  qu'ait  vues  cette 
glorieuse  coupole,  Louis  Pasteur,  de  cette  place  même,  et  Ernest 
Renan,  qui  le  recevait.  Ces  deux  grands  hommes,  que  rien  ne  rappro- 
chait, si  ce  n'est  leur  ardent  amour  de  la  vérité,  y  échangèrent  des 
paroles  inoubliables.  Ce  fut  comme  un  dialogue,  d'un  sommet  à  l'autre, 
entre  deux  voyageurs  qui,  parvenus  à  la  même  hauteur  par  des  che- 
mins différents,  se  décriraient  avec  un  ravissement  égal  les  horizons 
que  chacun  d'eux  contemple  de  son  point  de  vue.  Pasteur  proclama  la 
grandeur  de  la  méthode  expérimentale,  seul  instrument  infaillible  de 
la  découverte;  Renan  revendiqua  pour  la  critique  historique  et  philo- 
sophique la  part  qui  lui  revient  dans  la  conquête  et  la  défense  du  vrai  : 
à  l'esprit  de  géométrie,  qui  venait  de  s'affirmer  avec  éclat,  il  opposa 
l'esprit  de  finesse,  qui  s'insinue  où  l'autre  n'a  pu  jusqu'ici  pénétrer. 
Sous  des  formes  diverses,  mais  non  opposées,  tous  deux  portèrent  le 
même  témoignage,  que  leur  vie  entière,  consacrée  à  la  science  et 
illustrée  par  elle,  proclamait  plus  haut  encore  que  leurs  paroles. 

«  Cette  science,  pourtant,  dont  Pasteur  fut  le  prêtre  et  le  prophète, 
cette  science  à  qui  l'on  doit  tant  de  merveilles,  on  l'accuse  de  n'avoir 
pas  tenu  des  promesses  dont  les  unes  ont  été  faites  par  des  représen- 
tants qu'elle  désavoue,  dont  les  autres  ne  pourront  se  réaliser  qu'avec 
le  temps.  On  lui  reproche  surtout  de  ne  pas  être  en  état  de  fournir  à 
l'humanité  la  direction  morale  dont  elle  a  besoin.  La  science  pourrait 
répondre  qu'elle  n'étend  pas  si  loin  son  empire  et  que  d'autres  forces, 
qu'elle  ne  nie  pas,  sont  appelées  à  faire  dans  l'ordre  du  sentiment  et 
de  l'action  ce  qu'elle  fait  dans  l'ordre  de  la  connaissance.  Mais  elle 
peut,  et  à  bon  droit,  comme  l'affirmait  Pasteur,  prétendre  à  sa  large 
part  dans  cette  direction  morale  elle-même.  S'il  n'est  malheureuse- 
ment pas  certain  qu'en  montrant  dans  l'instinct  social  la  vraie  base 
de  la  morale  elle  assure  à  cet  instinct  la  prédominance  sur  les  instincts 
égoïstes,  il  est  certain  qu'en  rapprochant  les  hommes,  en  sapant  les 
barrières  qui  les  séparent  encore,  elle  rend  plus  facile  et  montre  plus 
prochaine  la  civilisation  du  monde  entier;  en  augmentant  le  bien-être 
et  la  sécurité,  en  atténuant  l'àpreté  de  la  lutte  pour  l'existence,  elle 
ne  contribue  pas  seulement  au  bonheur  des  hommes  :  par  cela  même 
qu'elle  tend  à  rendre  plus  légère  la  servitude  des  besoins  matériels, 
elle  tend  à  donner  plus  de  douceur  aux  cœurs,  plus  d'essor  aux  âmes, 
plus  de  dignité  aux  consciences.  En  déracinant,  partout  où  elle  s'im- 
plante, les  préjugés,  causes  de  tant  de  haines,  et  les  superstitions, 
sources  de  tant  de  crimes,  elle  défriche  le  champ  où  pourra  germer  et 
fleurir  la  semence  que  trop  d'épines  étouffent,  que  trop  de  rocailles 
stérilisent...  Toutefois,  disons-le  bien  haut,  ce  n'est  pas  là  qu'est  son 
grand  bienfait  moral  :  il  est  dans  la  disposition  d'esprit  qu'elle  prescrit 
à  ses  adeptes;  il  est  dans  son  objet  même,  la  recherche  de  la  vérité. 


CHRONIQUE  ET  MELANGES.  237 

Tout  ce  qui  se  dit  et  se  fait  contre  elle  se  dit  et  se  fait,  qu'on  le  sache 
ou  non,  contre  la  recherche  de  la  vérité. 

«  La  vérité?  disent  les  adversaires  de  la  science;  mais  la  science 
ne  la  donne  pas;  elle  déclare  elle-même  qu'elle  exclut  de  ses  concep- 
tions «  la  considération  de  l'essence  des  choses,  de  l'origine  du  monde 
«  et  de  ses  destinées,  »  c'est-à-dire  les  seuls  objets  qui  importent  réelle- 
ment à  la  pensée  et  à  la  conscience  :  la  formidable  question  :  Quid  est 
Veritas  ?  est  toujours  sans  réponse.  Si  par  «  vérité  »  on  entend  la  vérité 
absolue,  la  réponse  ne  viendra  jamais.  Nous  savons  bien  que  la  vérité 
absolue  n'est  pas  faite  pour  l'homme,  puisqu'elle  embrasse  l'infini  et 
que  l'homme  est  fini  ;  mais  nous  savons  aussi  que  ce  qu'il  y  a  de  plus 
noble  en  lui,  c'est  d'aspirer  sans  cesse  à  cette  vérité  relative  dont  le 
domaine  peut  s'agrandir  indéfiniment  et  débordera  peut-être  un  jour 
la  zone  où  nos  espérances  les  plus  hardies  en  marquent  aujourd'hui 
les  Umites.  L'esprit  qui  s'est  assigné  pour  tâche  de  collaborer  à  cette 
grande  œuvre,  qui,  sur  un  point  quelconque,  travaille  à  diminuer 
l'immense  inconnu  qui  nous  entoure  pour  accroître  le  cercle  restreint 
du  connu,  qui  s'est  soumis  à  la  règle  sévère  et  chaste  qu'impose  cet 
auguste  labeur,  cet  esprit  est  devenu  par  là  même  plus  haut,  plus  pur, 
plus  désintéressé;  il  a  rompu,  souvent  au  prix  de  luttes  cruelles,  avec 
l'erreur  capitale  qui  est  la  racine  de  tant  d'autres  erreurs  et  que  Pas- 
teur aimait  à  signaler  en  empruntant  les  termes  de  Bossuet  :  «  Le 
«  plus  grand  dérèglement  de  l'esprit  est  de  croire  les  choses  parce 
€  qu'on  veut  qu'elles  soient.  »  Ce  dérèglement,  commun  presque  à 
tous  les  hommes  et  si  naturel  en  eux  qu'il  faut  une  peine  infinie  et 
des  eftorts  longuement  poursuivis  pour  y  échapper,  ce  dérèglement 
dont  les  conséquences,  faites-y  bien  attention,  sont  aussi  périlleuses  à 
la  moralité  qu'au  jugement,  la  critique  scientifique  seule  est  en  état 
de  le  corriger.  Cette  même  critique,  en  nous  apprenant  combien  il 
nous  est  ditficile  d'atteindre  la  moindre  parcelle  de  vérité,  nous  enseigne 
une  salutaire  méfiance  de  nous-mêmes,  nous  fait  sentir  le  besoin  de 
la  collaboration  des  autres  et  nous  inspire  pour  ceux  qui,  dans  les 
lieux  les  plus  divers,  travaillent  à  l'œuvre  commune  de  l'estime  et  de 
la  sympathie  ;  car  si  rien  ne  divise  les  hommes  comme  la  croyance 
où  ils  sont  respectivement  de  posséder  la  vérité,  rien  ne  les  rapproche 
comme  de  la  chercher  en  commun. 

«  Mais  la  science,  dans  les  milieux  où  elle  est  honorée  et  comprise, 
ne  restreint  pas  aux  savants  eux-mêmes  le  bienfait  moral  qu'elle  con- 
fère :  elle  répand  dans  des  cercles  de  plus  en  plus  étendus  l'amour  de 
la  vérité  et  l'habitude  de  la  chercher  sans  parti  pris,  de  ne  la  recon- 
naître qu'à  des  preuves  de  bon  aloi  et  de  se  soumettre  docilement  à 
elle.  Or,  je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  de  vertu  plus  haute  et  plus  féconde 
à  inculquer  à  un  peuple.  Et,  permettez-moi  de  le  dire  avec  la  franchise 


238  CHRONIQUE   ET   MELA.NGES. 

que  me  commandent  les  principes  mêmes  que  je  viens  d'exposer,  je 
ne  crois  pas  qu'il  y  ait  de  peuple  auquel  il  soit  plus  utile  de  l'incul- 
quer que  le  nôtre.  Est-ce  tout  à  fait  à  tort  qu'on  nous  accuse  de  laisser 
trop  facilement  prendre  une  injuste  prédominance  à  la  forme  sur  le 
fond,  au  sentiment  sur  la  raison;  d'avoir  des  partis  pris  auxquels  nous 
nous  attachons  en  nous  refusant  à  en  examiner  les  bases  ;  de  dédai- 
gner l'exactitude,  que  nous  traitons  volontiers  de  pédantisme  ;  d'être 
complaisants  aux  illusions  qui  flattent  nos  désirs,  indulgents  aux 
exagérations  ou  même  aux  mensonges  qui  amusent  notre  malignité 
ou  caressent  nos  passions;  d'être,  enfin,  toujours  portés  à  «  croire  les 
«  choses  parce  que  nous  voulons  qu'elles  soient  ?»  Je  ne  le  pense  pas,  et 
je  crois  que  ces  tendances,  qui  sont  dangereuses  et  pourraient  devenir 
funestes,  tiennent  en  partie  à  ce  que  l'esprit  scientifique  n'est  pas 
assez  répandu  parmi  nous.  Là  est  à  mon  avis  la  source  de  quelques- 
uns  de  nos  plus  grands  maux.  Tout  le  monde  les  voit  ces  maux  qui 
nous  divisent  et  nous  diminuent,  et  les  plus  généreux  esprits  de  notre 
temps  s'efforcent  à  l'envi  d'y  porter  remède.  On  dit  à  la  jeunesse  : 
«  Il  faut  aimer,  il  faut  vouloir,  il  faut  croire,  il  faut  agir,  »  sans  lui 
dire  et  sans  pouvoir  lui  dire  quel  doit  être  l'objet  de  son  amour,  le 
mobile  de  sa  volonté,  le  symbole  de  sa  croyance,  le  but  de  son  action. 
«  Il  faut  avant  tout,  lui  dirais-je  si  j'avais  l'espoir  d'être  entendu, 
«  aimer  la  vérité,  vouloir  la  connaître,  croire  en  elle,  travailler,  si  on 
«  le  peut,  à  la  découvrir.  Il  faut  savoir  la  regarder  en  face  et  se  jurer 
f  de  ne  jamais  la  fausser,  l'atténuer  ou  l'exagérer,  même  en  vue  d'un 
«  intérêt  qui  semblerait  plus  haut  qu'elle,  car  il  ne  saurait  y  en  avoir 
«  de  plus  haut,  et  du  moment  où  on  la  trahit,  fût-ce  dans  le  secret  de 
«  son  cœur,  on  subit  une  diminution  intime  qui,  si  légère  qu'elle  soit, 
c  se  fait  bientôt  sentir  dans  toute  l'activité  morale.  Il  n'est  donné  qu'à 
«  un  petit  nombre  d'hommes  d'étendre  son  empire  ;  il  est  donné  à  tous 
«  de  se  soumettre  à  ses  lois.  Soyez  sûrs  que  la  disciphne  qu'elle  impo- 
«  sera  à  vos  esprits  se  fera  sentir  à  vos  consciences  et  à  vos  cœurs. 
«  L'homme  qui  a,  jusque  dans  les  plus  petites  choses,  l'horreur  de  la 
«  tromperie  et  même  de  la  dissimulation  est  par  là  même  éloigné  de 
«  la  plupart  des  vices  et  préparé  à  toutes  les  vertus.  » 

«  Tel  est.  Messieurs,  l'enseignement  que  donne  la  science  à  ceux 
qui  la  servent  d'un  cœur  pur  et  à  ceux  qui  la  comprennent  comme 
elle  doit  être  comprise.  Il  se  dégage  avec  une  incomparable  puissance 
de  la  vie  et  de  l'œuvre  de  votre  glorieux  confrère,  et  si  son  grand 
exemple  contribue,  comme  on  ne  peut  en  douter,  à  propager  parmi 
nous  le  culte  de  la  science  et  de  la  vérité,  il  aura  servi  par  là,  autant 
que  par  ses  immortelles  découvertes,  cette  patrie  qu'il  a  tant  aimée.  » 


CHRONIQUE    ET   MELANGES.  289 

PROJET  DE  TRANSFÉRER  AU  ROI  D'ANGLETERRE 
LE  TITRE  DE  ROI  TRÈS  CHRÉTIEN. 

M.  Alessandro  Ferrajoli  vient  de  publier  daus  VAt'chivio  délia  R. 
Società  Romana  di  sloria  patria  (1896,  vol.  XIX,  p.  425),  d'après  une 
minute  conservée  aux  archives  du  Vatican  (Archivio  di  Castel  S.  An- 
gelo,  arm.  XIV,  caps,  ii,  n.  40),  un  bref  du  pape  Jules  II  ayant  pour 
objet  de  transférer  au  roi  d'Angleterre  le  titre  de  roi  très  chrétien. 

Cette  pièce  porte  au  dos  une  note  ainsi  conçue  :  «  Copia  brevis 
Julii  U  ad  regem  Angliie,  dans  ei  titulum  christianissimi,  reperta 
inler  scripluras  Julii  II.  »  Au-dessous  de  cette  note,  on  lit  en  carac- 
tères du  dernier  siècle  :  «  Anglite  régis  indulti  non  expediti  copia  ut 
se  regem  christianissimum  appellet.  » 

ANNALES  DE  SAINT-LOUIS  DES  FRANÇAIS. 

M.  le  supérieur  de  la  communauté  de  Saint-Louis  des  Français  à 
Rome  vient  de  fonder,  sous  ce  titre,  un  recueil  qui  paraîtra  par  fas- 
cicules trimestriels <  et  dans  lequel  seront  insérés  des  travaux  histo- 
riques des  chapelains  et  pensionnaires  de  cette  maison.  Nous  avons 
sous  les  yeux  le  premier  fascicule,  daté  du  mois  d'octobre  1896,  et 
nous  nous  faisons  un  devoir  de  le  signaler  à  l'attention  de  nos  lec- 
teurs. Ils  y  trouveront  un  mémoire  instructif  de  M.  l'abbé  Meffre  sur 
l'histoire  et  les  attributions  de  la  daterie  d'Avignon  et  le  sommaire  d'un 
grand  nombre  de  bulles  de  Jean  XXII  concernant  les  diocèses  de 
Rodez  et  de  Vabres.  Ce  sommaire,  œuvre  de  M.  l'abbé  Galmet,  n'oc- 
cupe pas  moins  de  81  pages;  il  a  été  extrait  de  la  grande  compilation, 
en  80  gros  volumes  in-folio,  que  Pierre  de  Monroy,  custode  des 
archives  pontificales  d'Avignon  au  xvhi«  siècle,  a  consacrée  à  l'ana- 
lyse, pièce  par  pièce,  des  registres  des  papes  d'Avignon,  à  partir  de 
Jean  XXII.  M.  l'abbé  Calmet  a  publié  la  notice  de  tous  les  actes  rela- 
tifs à  des  établissements  ou  à  des  personnes  des  diocèses  de  Rodez  et  de 
Vabres.  Il  y  a  là  environ  500  pièces,  dont  beaucoup  sont  importantes 
pour  l'histoire  locale  et  pour  la  biographie  de  divers  personnages.  Un 
tel  dépouillement  est  méritoire  et  rendra  des  services,  en  dehors  même 
de  la  petite  province  à  laquelle  s'intéresse  M.  l'abbé  Calmet.  Nous 
regrettons  seulement  que  l'éditeur  n'ait  pas  toujours  indiqué  suliisam- 
ment  à  quelle  année  du  pontificat  de  Jean  XXII  correspond  chacun 
des  volumes  dont  il  donne  des  extraits. 

1.  Chez  Oudin,  éditeur,  rue  Mézières,  10.  —  Le  fascicule,  2  fr.;  le  volume,  8  fr. 


240  CHaoxiQUE  et  mélanges. 


EPITAPHE  DE  CHARLES  VII. 

L'épitaphe  de  Charles  VII,  qui  a  été  insérée  dans  la  chronique  de 
notre  avant-dernière  livraison  (1896,  t.  LVIl,  p.  640),  est  l'œuvre  de 
Louis  de  Rochechouart,  évêque  de  Saintes.  Elle  a  été  pubUée  par  notre 
confrère  M.  C.  Gouderc,  d'après  les  mss.  fr.  24976  et  2861  de  la  Biblio- 
thèque nationale,  dans  la  notice  biographique  qu'il  a  consacrée  à  ce 
personnage  (Journal  de  voyage  à  Jérusalem  de  Louis  de  Rochechouart, 
évêque  de  Saintes,  Ikôl,  publié  avec  une  notice  sur  sa  vie.  Paris, 
E.  Leroux,  1893,  in-B",  58  p.). 


LA  NUMÉROTATION  GRECQUE 


DES 


ANNALES  DE  FLODOARD 


Nicolas  Vignier  est  le  premier  des  érudits  modernes  qui  ait 
utilisé,  pour  une  œuvre  historique,  les  Annales  de  Flodoard. 
Dans  la  préface  de  son  Rerwn  Burgundionum  chronicon,  paru 
à  Baie  en  1575',  il  s'exprime  ainsi  (au  fol.  2  v°)  :  «  ...  quorun- 
«  dam  vero  memoria  veterum  historiarum  amissione,  vel  defectu 
«  penitus  obliterata  :  ut  erant  ea  quae  de  rébus  in  Gallia  gestis  ab 
«  anno  918  ad  966  hic  adjunximus  ex  Annalibus  quibusdam 
«  Remensibus,  quorum  autor  fuisse  quidam  Flodoardus  ecclesiae 
«  Remensis  Canonicus  illorura  temporum  œqualis  videtur,  idque 
«  D.  Begatii,  in  senatu  Divionensi  quondam  Pra^sidis,  viri  eru- 
«  ditissimi  et  totius  antiquitatis  consultissimi  dum  vivebat,  au- 
«  ctoritate  et  consilio  :  qui  sua  diligentia  illos  a  situ  et  a  tineis 
«  primus  vindicavit  et  in  lucem  revocavit...  »  Plus  loin,  dans  le 
cours  de  son  récit,  après  avoir  parlé  de  la  fuite  d'Alain  Barbe- 
Torte  en  Angleterre,  Vignier  ajoute  (p.  81)  :  «  ...  id  quod  Jioc 
«  anno  (en  marge  918,919)  ex  Annalibus  Britannicis  et  Remen- 
«  sibus  contigisse  videri  potest,  licet  Remenses  (qui  pênes  me 
«  sunt)  tantum  maritimam  Britanniam  a  Normannis  devasta- 
«  tara  depopulatamque  fuisse,  et  ex  ea  Britones  expulses  hoc 
«  anno  scribant.  A  quo  etiam  narrandi  initium  faciunt...  » 
Vignier  a  donc  eu  entre  les  mains  un  manuscrit  des  Annales  que 
lui  avait  communiqué  Jean  Bégat,  président  au  parlement  de 
Bourgognes  Si  l'on  s'en  rapportait  aux  dates  fournies,  on 
pourrait  croire  que  dans  ce  manuscrit  les  Annales  contenaient 

1.  Rerum  Burgundionum  chronicon...  ex  bibliolheca  historica  Nicolai  Vignie- 
rii  Barrensis  ad  Sequanam.  Basilese,  per  Thomam  Guarinum,  MDLXXV,  in-4°. 

2.  Né  à  Dijon  en  15-23;  mort  dans  cette  même  ville  le  19  juin  1572. 

4897  46 


242  LA   NDMÉBOTATION   GRECQUE 

une  mention  relative  à  l'année  918.  Mais  la  défaite  des  Bretons 
qui  est,  selon  Vignier,  le  point  initial  des  Annales,  se  rapporte 
à  Tannée  919  dans  tous  les  manuscrits  que  nous  connaissons.  Le 
doute  n'est  donc  pas  possible.  D'ailleurs,  il  est  probable  que  nous 
possédons  encore  aujourd'hui  le  manuscrit  découvert  par  Bégat. 
On  sait,  en  effet,  que  le  manuscrit  «  de  Dijon,  »  dont  Pithou  s'est 
servi,  se  peut  identifier  avec  le  ras.  H  151  de  la  bibliothèque  de 
la  Faculté  de  médecine  de  Montpellier*.  Il  est  probable  que  le 
«  Divionensis  codex  »  de  Pithou  n'était  autre  que  le  manuscrit 
du  président  Bégat,  qui  habita  Dijon  toute  sa  vie.  Or  dans  le 
ras.  de  Montpellier  les  Annales  débutent  en  919. 

Depuis  Nie.  Vignier  les  éditions  des  Annales  se  sont  succédé. 
Elles  présentent  toutes,  sauf  la  dernière,  une  particularité  qui 
semble  infirmer  ce  que  Vignier  nous  apprend  du  début  des 
Annales.  Elles  renferment  un  paragraphe  relatif  à  l'année  877, 
qu'on  trouve  dans  certains  manuscrits  2.  Pithou  ^  et  Duchesne^ 
ont  séparé  ce  paragraphe  du  suivant  (année  919)  par  une  série 
de  points.  D.  Bouquet  met  à  cet  endroit  une  note  ainsi  conçue  : 
«  Hic  est  ingens  lacuna,  quse  a  nulle  codice  ras.  expletur...^.  » 
Il  n'était  pas  le  preraier  à  soupçonner  que  les  Annales  ne  nous 
étaient  point  parvenues  dans  leur  intégrité.  Mabillon,  se  fondant 
sur  un  passage  de  la  chronique  de  Saint-Maurice  d'Angers  : 
«  DCGCG  XVII.  Initium  chronicse  Frodoardi^  »  avait  admis 
que  deux  années  des  Annales  nous  manquaient  :  «  Duobus  annis 
«  rautilura  est  chronicon  in  editis'.  » 

Gérard  Voss  avait  raême  été  plus  loin.  Il  avait  prétendu  qu'il 
existait  une  énorme  lacune  entre  l'année  877  et  l'année  919^ 
Son  opinion  a  été  adoptée  par  Gasirair  Oudin^,  D.  Rivet  dans 
Y  Histoire  littéraire  ^'^j  et  enfin  par  D.  Bouquet. 

1.  C.  Couderc,  Essai  de  classement  des  manuscrUs  des  Annales  de  Flo- 
doard  {Mélanges  Julien  Havet,  p.  720). 

2.  Dans  tous  les  mss.  que  nous  connaissons,  sauf  dans  celui  de  Montpellier. 

3.  Ann.  et  hist.  Francor.  Script,  coaet.  XH  (Francfort,  1594),  p.  109. 

4.  Hist.  Francor.  Scr.,  II,  590. 

5.  Histor.  de  Fr.,  VIII,  176  n.  (b). 

6.  Cfiron.  des  églises  d'Anjou  (Soc.  de  l'Hist.  de  Fr.),  p.  8.  Il  se  pourrait 
que  DCCCCXVII  fût  une  erreur  pour  DCCCLXXVII. 

7.  Acla  SS.  ord.  S.  Bened.,  V,  331. 

8.  De  hisloricis  lalinis  (Leyde,  1627),  p.  325. 

9.  Commentarius  de  Scriptoribus  Ecclesiaslicis  (Leipzig,  1722),  t.  II,  p.  446. 

10.  Hist.  lui.,  VI  (1742),  pp.  326,  327,  suivie  par  Guizot,  CoU.  de  Mém.  relat. 


DES   AN.VALES    DE    FIODOARD.  243 

Oudin  signale  de  plus  un  manuscrit  de  la  bibliothèque  Cotto- 
nienne,  qui  renfermait,  sous  le  nom  de  Flodoard,  une  chronique 
s'étendant  depuis  Auguste  jusqu'en  966.  11  est  curieux  de  le 
citer,  car  D.  Rivet,  dans  V Histoire  littéraire,  l'a  suivi  de 
point  en  point  :  «  Exorsus  tamen  altius  videtur  hoc  chroni- 
«  con,  nempe  ab  anno  DGCC  LXXVII  quo  Carolus  Calvus 
«  decessit...  Post  ista  de  Karoli  Calvi  obitu,  pluscula  desideran- 
«  tur,  usque  ad  annum  DCCCC XIX...  Sed  remediura  huic  raalo 
«  non  mediocri  afferri  potest,  nara  illud  chronicon  Frodoardi 
«  integrum  atque  rarissimum  opus  extat  inter  mss.  codices  Cot- 
«  tonianaB  bibliothecse  sub  effigie  Othonis  codice  3  num.  3  ubi 
«  ita  exprimitur  : 

«  Num.  3  Chronica  Frodoardi  monachi  sancti  AWani  ab 
«  Octai'iano  Imperatore  ad  annum  Christi DCCCC  LXVI. .  .* 
«  Codex  sane  rarissimus  ex  quo  chronicon  Frodoardi  integrum 
«  sperareab  Anglis  aliquando  possumus.  » 

Malheureusement  le  ras.  auquel  il  est  fait  allusion  brûla  dans 
l'incendie  de  la  bibhothèque  Cottonienne  avant  que  personne  eût 
pu  en  donner  une  description  détaillée. 

La  question  en  était  là,  lorsque  Pertz,  en  1839,  publia  son 
édition  des  Annales-.  La  principale  innovation  qu'il  fit  consista 
dans  la  suppression  du  paragraphe  initial  se  rapportant  à  l'an- 
née 877.  Pertz,  le  considérant  comme  étranger  au  texte  primitif, 
dit  en  parlant  du  ms.  de  la  Bibl.  nat.  lat.  5354  :  «  Annalibus 
«  notitiam  de  obitu  Karoli  Calvi  praemittit,  ex  libro  quodam 
«  abbatise  S.  Far»  Meldensis  descriptam^,..  »  Pour  lui  donc, 
cette  mention  de  la  mort  de  Charles  le  Chauve,  qui  est  l'objet  du 
paragraphe,  est  tirée  de  «  quelque  livre  de  l'abbaye  de  Sainte- 
Fare  de  Meaux.  » 

L'idée  de  Pertz  était  juste,  seulement  elle  aurait  gagné  à  être 
formulée  en  termes  plus  précis.  Tout  d'abord,  il  n'y  a  point  à 
Meaux  d'abbaye  de  Sainte-Fare,  mais  une  abbaye  de  Saint- 
Faron.  L'éditeur  n'a  pas  voulu  parler  de  cette  dernière.  Il  voulait 


à  l'hist.  de  Fr.,  t.  V,  p.  vu,  et  Bandeville,  Chron.  de  Flod.,  pnbl.  par  VAcad. 
imp.  de  Reims  (1855),  préface. 

1.  Th.  Smith,  Catal.  libror.  mss.  Cottonian.  Bibl.  (1696),  p.  69,  col.  2. 

2.  Mon.  Germ.  kist.,  Script.,  III,  pp.  368  et  suiv. 

3.  Ibid.,  p.  367. 


244  LA    NOMÉROTATION   GRECQUE 

désigner  l'abbaye  de  Faremoutiers  S  située  à  plusieurs  kilomètres 
au  sud-est  de  Meaux. 

Faremoutiers  était,  on  le  sait,  une  abbaye  de  femmes,  et,  au 
ix«  siècle,  Bertrade,  parente  de  Charles  le  Chauve,  en  fut  abbesse^ 
Le  25  octobre  842,  Charles  le  Chauve  accordait  un  diplôme  à  ce 
monastère^.  Il  n'est  donc  nullement  surprenant  de  trouver  son 
obit  dans  le  nécrologe  de  Faremoutiers  : 

«  Octobre,  6.  —  Carolus  Calvus  venerabihs  Galliae  imperator 
«  qui  ecclesiam  istam  pignoribus  sanctorum,  et  adhuc  retinemus, 
«  decoravit^.  » 

Mais  le  nécrologe  ne  date  que  du  xiii^  siècle.  Cette  mention 
brève  et  incorrecte,  dans  laquelle  l'empereur  Charles  porte  son 
surnom  de  «  Calvus,  »  ne  semble  guère  ancienne  dans  sa  forme. 
Elle  peut  bien  avoir  remplacé  une  mention  primitive  plus  déve- 
loppée qui  se  trouvait  dans  un  nécrologe  plus  ancien. 

Cette  mention  primitive,  nous  serions  assez  portés  à  la  recon- 
naître dans  le  paragraphe  initial  des  Annales  : 

Anne  DGGG  LXXVII,  et  Indictione  X,  ii  nonas  octobris,  praecel- 
Icntissimus  imperator  Karolus  sanctae  recordationis,  insignisque 
memoriae,  temporalem  finiens  cursum,  feHciler,  ut  credimus,  ad 
gaudia  migravit  seterna.  Hic  siquidem  fuit  serenissimi  Augusti  Hlu- 
dovici  filius,  ac  nepos  gloriosissimi  Gsesaris  ejusdem  nominis  Karoli  ; 
cujus  celsitudlnis  atque  dulcedinis  nobilissima  propinqua  ejus  Ber- 
trada  abbatissa  cum  omni  congregatione  sibi  coramissa  suppHcatio- 
nibus  devotissimis  assidue  memor,  hanc  memoriam  litteris  compen- 
dio  comprehensam  fecit  describi^  quse  in  ejus  anniversario  annuatim 
recitaretur,  ejusque  memoria  semper  haberetur^. 

l.  Seine-et-Marne,  arr.  de  Coulommiers,  cant.  de  Rozoy-en-Brie. 
.      ï.  Gall.  christ.,  VIII,  col.  1702. 

3.  D.  Toussaint-Duplessis,  Hist.  de  l'église  de  Meaux,  II,  pièces  justif.  p.  5. 

4.  Aug.  Molinier,  Les  obiluaires  français,  n"  147.  D.  Toussaint-Duplessis, 
Hist.  de  l'église  de  Meaux,  II,  467  :  «  Extrait  du  nécrologe  de  l'abbaye  de 
Faremoutiers.  »  Ce  nécrologe  paraît  avoir  été  commencé  au  xiii'  siècle  au  plus 
lard.  D'Arbois  de  Jubainville  [Hist.  des  comtes  de  Champagne,  II,  399,  note) 
mentionne  l'existence  du  manuscrit  original  de  ce  nécrologe  dans  la  bibliothèque 
du  séminaire  de  Meaux. 

5.  Bistor.  de  Fr.,  VIII,  176.  Cet  obit  présente  avec  le  diplôme  de  Charles  le 
Chauve  du  25  octobre  842  certaines  analogies  d'expressions. 


DES   AN>fALES   DE    FLODOARD.  245 

La  simple  lecture  de  ce  paragraphe  suffit  pour  conyaincre  que 
c'est  un  obit.  En  conséquence,  «  le  livre  de  Faremoutiers,  »  d'où 
il  a  été  tiré,  ne  peut  être  qu'un  obituaire.  Le  paragraphe  relatif 
à  l'année  877  est,  croyons-nous,  une  épave  de  l'ancien  obituaire 
de  Faremoutiers,  épave  qui  nous  a  été  conservée  par  un  pur 
hasard. 

Les  vues  émises  par  Pertz  se  trouvent  ainsi  justifiées. 

Mais  la  suppression  du  paragraphe  initial  n'allait  pas  sans 
entraîner  des  conséquences.  Pertz,  ayant  reconnu  que  c'était  une 
addition  postérieure,  en  a  conclu  qu'il  n'y  avait  point  de  lacune 
en  tète  des  Annales,  comme  on  l'avait  prétendu.  L'erreur  pro- 
venait uniquement,  pensait-il,  de  ce  que  l'on  considérait  la  men- 
tion relative  à  l'année  877  comme  faisant  partie  intégrante  de 
l'ouvrage  de  Flodoard.  La  fausseté  de  cette  opinion  une  fois 
démontrée,  il  en  a  tiré  la  conclusion  qu'il  croyait  nécessaire. 

Cependant  il  est  remarquable  que,  depuis  Pertz,  les  anciens 
doutes  relatifs  à  la  lacune  du  début  des  Annales  n'aient  point 
disparu;  c'est  que,  vraisemblablement,  des  raisons  autres  que 
l'existence  du  paragraphe  initial  (a.  877),  la  mention  de  la  chro- 
nique de  Saint-Maurice  d'Angers  (a.  917)  et  le  curieux  titre  du 
manuscrit  de  la  bibliothèque  Cottonienne  militaient  en  faveur  de 
l'ancienne  théorie. 

Voici  comment  s'exprime  Wattenbach,  le  dernier  en  date  des 
auteurs  qui  ont  abordé  cette  question  :  «  On  ignore  si  le  com- 
mencement des  Annales  est  perdu  ou  s'il  y  avait  un  autre  ouvrage 
placé  en  tète  qui  menait  le  récit  des  événements  jusqu'en  919.  Il 
ne  serait  pas  impossible  que  le  commencement  eût  été  perdu  de 
bonne  heure,  et,  si  l'on  n'admet  pas  un  récit  s'étendant  jusqu'à 
cet  endroit,  ce  point  de  départ  est  vraiment  incompréhensible*.  » 

Ainsi  donc,  Wattenbach  maintient  l'opinion  qu'il  avait  expri- 
mée dans  sa  première  édition,  malgré  la  critique  qu'on  en  avait 
faite^.  Il  déclare  ne  pas  comprendre  pourquoi  Flodoard  a  com- 
mencé ses  Annales  en  919. 

Pertz  dit  que  Flodoard  eut  l'idée  d'écrire  des  Annales  à 
vingt-cinq  ans  3.  Les  partisans  de  sa  théorie  allèguent  que  les 

1.  Deutschlands  Geschichtsquellen  {6'  éd.,  1893),  I,  410.  Guadet,  éd.  de 
Richer  (Soc.  de  l'hist.  de  Fr.),  I,  p.  xxix,  avait  exprimé  des  idées  analogues. 

2.  G.  Monod,  dans  la  Rev.  crit.,  1873,  p.  298. 

3.  «  Circa   quintum  et  vicesimum   œtatis   annura   rébus  publicis  animum 


246  LA    NUMÉROTATION   GRECQUE 

Annales  consisfent  en  une  suite  de  notes  prises  au  fur  et  à  mesure 
des  événements,  assez  mal  reliées  entre  elles,  souvent  obscures 
à  cause  de  leur  extrême  concision  ^  et  que  l'auteur  a  commencé 
à  les  prendre  depuis  le  moment  où  il  s'est  intéressé  à  l'histoire. 

Nous  répondrons  que  Flodoard  eût  pu  se  souvenir  d'événements 
antérieurs  à  919,  c'est-à-dire  antérieurs  à  sa  vingt-cinquième 
année,  et  il  est  étrange  qu'il  n'ait  point  eu  l'idée  de  les  noter.  11 
est  encore  plus  singulier  qu'un  tel  historien  n'ait  pas  cher- 
ché, à  l'aide  des  matériaux  dont  il  disposait  (l'Histoire  de  l'église 
de  Reims  montre  qu'il  n'en  manquait  pas),  à  rétablir  au  moins 
sommairement  la  suite  des  événements  à  partir  de  quelque  date 
importante,  à  se  rattacher  à  quelque  œuvre  historique  antérieure, 
comme  tant  de  chroniqueurs  l'ont  fait. 

Aucun  fait  politique  important  ne  marque  l'année  919.  Flo- 
doard y  note  seulement  une  défaite  infligée  aux  Bretons  par  les  Nor- 
mands et  une  invasion  hongroise  qui  désole  l'Italie,  la  Lorraine  et 
une  partie  (non  désignée)  de  la  France.  Sont-ce  là,  véritablement, 
des  événements  de  nature  à  faire  naître  dans  l'esprit  d'un  habi- 
tant de  Reims  l'idée  d'écrire  l'histoire?  Il  est  vrai  de  dire  que 
Flodoard  commence  par  enregistrer  un  phénomène  météorolo- 
gique observé  à  Reims,  ce  qu'il  fait  assez  rarement  au  cours  des 
Annales  :  «  Cecidit  Remis  grando  mirabilis,  ovum  galhnas  supe- 
«  rans  magnitudine,  quae  vero  distendebatur  in  latitudine,  occu- 
«  pabat  médium  palmae.  Sed  et  grandior  per  alla  quaedam  loca 
«  visa  est  cecidisse.  »  Le  même  phénomène  est  rapporté  à  la 
même  année  par  les  annalistes  de  Saint-Germain-des-Prés^  et  de 
Saint-Denis^.  On  comprend  qu'un  annaliste  consigne  un  fait  de 

«  advertere  cœpit  (se.  Flodoardus),  —  note  5  :  ita  fuisse  conjicio,  quum  si 
«  non  scribendis  annalibus  at  certe  enotandis  rébus  geslis  circa  annum  919 
«  manum  admovisse  videatur  —  ut  ex  annalium  initlo,  quos  inde  ab  anno  919 
«  usque  ad  annum  9G6  produxit,  conjicere  licet.  »  Mon.  Genn.  hist.,  Script., 
III,  363. 

1.  Giesebrecht,  Geschichte  der  deutschen  Kaiserzeit  (5*  éd.),  I,  779. 

2.  Mon.  Germ.  hist.,  Script.,  IV,  3 :  «  919.  Teinpore  vespertlno  facta  est  tenapes- 
«  las  valida,  quaî  non  solum  fruges  ad  nicbiUim  redeit  et  arbores  radicilus  evulcit, 
«  sed  et  animalia  et  homines  in  iocis  quibusdam  interfecit,  cujus  lapides  tante 
«  ferebantur  magnitudinis  esse  ut  allquanti  ova  anserum  sua  magnitudine  supe- 
«  rarent.  » 

3.  Chron.  S.  Dion,  ad  cyclos  paschales  (éd.  E.  Berger,  Bibl.  de  VÉc.  des  ch., 
XL,  274)  :  «  919.  xi  kal.  aug.  tempore  vesperliuo  etc.  (ut  sujjraj...  »  Cf.  Chron. 
S.  Dion,  recentius  (ibid.,  p.  286). 


DES   AN-ViLES    DE    FLODOARD.  2'17 

ce  genre  quand  il  a  déjà  l'habitude  d'inscrire  les  faits  mémorables 
survenus  chaque  année  et  qu'il  veut  marquer  une  année  dans 
laquelle  aucun  événement  politique  saillant  n'est  survenu,  mais 
qu'une  œuvre  annalistique  'aussi  considérable  et  aussi  sérieuse 
que  celle  de  Flodoard  commence  sur  un  phénomène  météorolo- 
gique, n'y  a-t-il  pas  là  de  quoi  surprendre? 

Aucune  œuvre  historique  ne  s'arrête  à  cette  date  de  919.  Les 
Annales  d'Hincmar*  finissent  en  882,  celles  de  Fulda  en  901, 
celles  de  Saint- Vaast  en  900,  la  chronique  de  Réginon  a  pour 
terme  l'année  906.  La  raison  qui  a  pu  guider  Flodoard  dans  le 
choix  du  point  de  départ  des  Annales  nous  échappe. 

Wattenbach  considère  deux  hypothèses  comme  également 
possibles  : 

1°  Il  y  aurait  eu,  en  tête  des  Annales,  un  ouvrage  qui  menait 
le  récit  des  événements  jusqu'en  919. 

2"  Le  commencement  des  Annales  aurait  été  perdu  de  bonne 
heure. 

La  première  hypothèse  a  été  émise  par  Wittich.  Il  y  a  été 
conduit  par  l'étude  des  premiers  chapitres  de  Richer  :  «  ...  le 
morceau  qui  précède,  dit-il,  ne  s'écarte  pas  complètement  de  la 
vérité  ;  des  événements  certains  lui  servent  de  base.  Malgré  les 
altérations  et  les  additions,  on  ne  peut  manquer  d'y  reconnaître 
les  traces  d'un  ouvrage  bien  renseigné  sur  les  événements  de 
Lorraine.  Et  il  semble  presque  que  Flodoard,  commençant  à  ce 
point,  peut-être  seulement  par  hasard,  en  ait  formé  la  suite 2.  » 

La  seconde  hypothèse  n'est  qu'une  variante  de  celles  de  Gérard 
Voss  et  de  Mabillon.  Elle  est  directement  opposée  à  celle  que 
Pertz  formule  en  ces  termes  :  «  Annalibus  notitiam  de  obitu  Karuli 
«  Calvi  prasmiUit  (se.  cod.  lat.  5354)...,  quai  tamen  causa  fuit 
«  quod  viri  plures  abinde  Flodoardum  scribendi  initium  fecisse  et 

1.  Flodoard  a  connu  ces  annales  dont  il  s'est  servi  au  iiv.  II,  ch.  19  et  au 
liv.  III,  ch.  17  de  l'Histoire  de  l'église  de  Reims  (Mon.  Germ.  hist.,  Scr., 
XIII,  407). 

2.  K.  Wittich,  Richer  ilber  die  Herzoge  Giselbert  und  Ueinrich  von  Sachsen 
[Forschungen  zur  deutschen  Gesch.,  III,  125)  :  «  ...  der  vorliegendc  Abschnill 
«  enlbehrt  nicht  vôllig  der  Wahrheit,  bestimmtc  Thatsaclien  liegen  ihni  zu 
a  Grunde  trotz  den  Enlslellungen,  dein  Ilinzuerfundenen,  làsst  die  Grundiage 
«  einer  mit  den  lothringischen  Verhaltnissen  wenigstens  vertrauten  Quelle 
«  sich  nicht  ISugnen.  Und  fasl  sieht  es  so  aus,  als  bildete  der  eben  beginnende 
a  Flodoard,  vieilleicht  rein  zufallig,  davon  die  Fortsetzung.  » 


248  LA   NUMEROTATION   GRECQUE 

«  annos  operis  ejus  878-918  desiderari  statuerunt.  Quod  quam 
«  veritati  contrarium  sit,  tum  ex  ipsis  codicibus  tum  ex  Richero 
«  patet,  qui  Flodoardura  ab  anno  919  exscripsit.  » 

Prenons  successivement  les  deux  arguments  de  Pertz,  en  inter- 
vertissant l'ordre  dans  lequel  il  nous  les  présente  : 

A.  Comparaison  avec  Richer. 

B.  Étude  des  manuscrits. 

Nous  examinerons  ensuite  s'il  n'y  a  pas  lieu  de  substituer  à 
la  théorie  de  Pertz  l'une  des  deux  hypothèses  prévues  par  Wat- 
tenbacli. 

A.  Nous  venons  de  voir  comment  Wittich,  à  la  suite  d'une 
étude  approfondie  de  la  partie  des  Histoires  de  Richer  se  rap- 
portant à  une  époque  antérieure  à  919,  a  été  amené  à  croire  à 
l'existence  d'un  ouvrage  qui  aurait  servi  de  guide  à  Richer  avant 
919,  comme  les  Annales  lui  en  ont  servi  depuis  cette  date.  Il  est 
donc  impossible  de  conclure,  avec  Pertz,  du  fait  que  Richer  se 
sert  des  Annales  telles  que  nous  les  connaissons ,  c'est-à-dire 
depuis  919,  que  ce  chroniqueur  n'a  pu  faire  des  emprunts  à  une 
œuvre  analogue  pour  le  récit  des  événements  antérieurs  à  919  ^ 

Sans  doute,  Richer  a  utilisé  des  légendes  dans  cette  partie  de 
son  œuvre  ;  mais  il  en  utilise  encore  plus  loin  (la  mort  de  Guil- 
laume Longue-Epée,  l'épisode  de  Setric  et  Turmod,  hv.  II, 
ch.  32-35,  etc.).  Et  ce  n'est  pas  la  tradition  orale  qui  aurait 
pu  lui  apprendre,  par  exemple,  la  date  du  couronnement  de 
Charles  le  Simple  (qui  permet  de  corriger  une  erreur  des  Annales 
védastines)  et  celle  de  la  mort  d'Eudes.  Il  y  a,  en  effet,  un 
fond  de  vérité  dans  le  récit  de  Richer  antérieurement  à  919. 
MM.  Wittich  et  Favre  l'ont  nettement  montré,  et  il  est  inutile 
d'insister  sur  ce  point  ^.  Qu'on  retienne  seulement  que  Richer  est 

1.  Guadet,  éd.  de  Richer,  p.  xxix,  dit  très  bien  :  «  Eh  !  qui  dit  à  M.  Pertz 
(fue  Richer  ne  se  sert  pas  avant  919  d'un  texte  de  Flodoard  aujourd'hui  perdu? 
Pour  l'affirmative,  il  faudrait  avoir  les  deux  textes  et  les  comparer  ensemble; 
or,  c'est  ce  que  n'a  pu  faire  M.  Pertz.  La  question  attend  donc  encore  une  solu- 
tion.,. »  Ajoutons  qu'il  ne  suffit  pas  de  dire  que  Richer  s'est  servi  de  l'Histoire 
de  l'église  de  Reims  pour  résoudre  la  difficulté,  car  Richer  est  mieux  renseigné 
qu'il  ne  pouvait  l'être  par  cette  histoire  seule. 

2.  Favre,  Eudes,  Appendice  IV,  pp.  231,  232.  Guadet,  éd.  de  Richer  (Soc. 
de  rilist.  de  Fr.),  t.  1,  p.  xxvij.  Kalckstein  (Gesch.  des  franzosischen  Konig- 
thums  unler  den  ersten  Capelingern,  p.  474)  estime  que  Richer  a  dû  se  servir, 
pour  la  partie  de  son  ouvrage  antérieure  à  919,  de  «  notices  chronologiques, 


DES  ANNALES  DE  FLODOABD.  240 

le  seul  auteur  qui  nous  fournisse  la  date  exacte  du  couronnement 
de  Charles  le  Simple  (le  28  janvier  893)  ^ 

B.  Passons  à  l'étude  des  manuscrits',  où,  suivant  l'opinion  de 
Pertz,  il  n'existe  aucune  mention  authentique  antérieure  à  919. 

Quand  on  examine  soigneusement  le  manuscrit  de  Montpellier^, 
on  observe,  à  la  fin  de  chaque  paragraphe  consacré  à  une  année, 
des  lettres  majuscules  grecques  plus  ou  moins  déformées.  Ces 
lettres  représentent  très  certainement  des  nombres.  Les  chiffres 
vont  en  croissant  d'une  unité  par  année.  Le  premier  que  l'on 
rencontre  est  placé  en  marge  du  folio  42,  à  droite  du  texte,  en 
face  du  paragraphe  de  l'année  925 ^  Il  consiste  en  AT,  c'est- 
à-dire  33.  Ces  chiffres  se  suivent  sans  interruption  jusqu'à  l'avant- 
dernière  année  des  Annales,  965,  qui  porte  le  numéro  or,  c'est- 
à-dire  73  ^ 

La  même  numérotation,  beaucoup  plus  incomplète,  mais 
exactement  correspondante,  se  retrouve  dans  les  deux  manuscrits 
de  la  Bibliothèque  nationale.  Dans  le  ms.  lat.  5354,  le  premier 
chiffre  correspond  à  l'année  926.  C'est  \Â,  c'est-à-dire  34.  Les 
lacunes  sont  nombreuses;  ainsi,  il  n'y  a  de  chiffres  qu'aux  années 
927,  928,  931,  933,  934,  939,  940,  941,  942,  943,  947,  948, 
949,  951,  952.  Les  lettres  grecques  ont  été  souvent  défigurées, 
mais  il  est  facile  de  les  rétablir.  Le  A  est  transformé  tantôt  en_a^ 
tantôt  en  A  ;  le  0  en  E  ou  en  H.  A  l'année  952,  le  scribe  a  écrit  ZH 
au  lieu  de  N. 

Dans  le  ms.  lat.  9768,  le  premier  chiffre  est  au  fol.  40  v"*,  cor- 

écrites  à  Reims,  concernant  l'avènement  et  la  mort  des  rois  et  des  archevêques 
de  Reims.  » 

1.  Favre,  Eudes,  p.  155. 

2.  Voir,  pour  le  classement  des  manuscrits,  l'article  de  M.  Couderc  dans  les 
Mélanges  Julien  Havet,  pp.  721-731.  L'auteur  ne  fait  aucune  allusion  aux  par- 
ticularités que  nous  relevons  ici. 

3.  Ce  manuscrit  du  xi'  siècle,  qui  est  originaire  de  Verdun  (Couderc,  loc. 
cit.,  p.  726),  est  peut-être  celui  qui  a  servi  à  Hugues  de  Flavigny.  On  sait,  en 
effet,  que  Hugues,  avant  d'être  abbé  de  Flavigny  (1096),  fut  moine  à  Saint- 
Vanne  de  Verdun. 

4.  On  peut  se  demander  si  le  chiffre  se  rapporte  au  paragraphe  qui  le  pré- 
cède ou  au  paragraphe  qui  le  suit.  L'examen  paléographique  du  ms.  conduit 
plutôt  à  la  première  hypothèse. 

5.  Pertz,  dans  sa  préface,  a  signalé  brièvement  la  numérotation  du  manus- 
crit de  Montpellier,  mais  sans  essayer  de  l'expliquer.  La  numérotation  des  autres 
manuscrits  lui  était  inconnue  :  M.  Couderc  ne  l'a  signalée  dans  aucun. 


250  LA    NUMÉROTATIOÎV   GRECQUE 

respoDdant  à  l'année  947  ;  c'est  NF,  c'est-à-dire  56.  On  rencontre 
encore  des  chiffres  en  949  (NZ),  950  {m),  952  (£).  A  l'année 953, 
où  cesse  la  numérotation,  il  manque  un  A  après  le  S  pour  faire  61. 

Dans  le  ms.  633'  reg.  du  Vatican,  la  numérotation  grecque 
se  retrouve  aussi  à  partir  de  925  (Ar),  comme  dans  le  manuscrit 
de  Montpellier,  et  continue  jusqu'en  965  (or)  ^. 

Les  erreurs  et  les  déformations  des  lettres,  ainsi  que  les  lacunes 
de  cette  numérotation,  montrent  que  les  scribes  n'en  compre- 
naient pas  le  sens.  Il  y  a  même,  dans  le  manuscrit  de  Montpellier, 
deux  gloses  au  fol.  56,  à  côté  du  chiffre  MZ  (47),  qui  est  à  la  fin 
de  l'année  939.  Pertz  avait  essayé  de  les  déchiffrer  et  avait  lu 
«  autanda  »  «  mal.  »  Il  faut  lire,  à  droite  du  chiffre,  «  mater,  »  et, 
au-dessus,  «  aut  alia.  »  C'est  bien  là  un  essai  d'interprétation 
fait  par  quelqu'un  qui  ignorait  la  numération  grecque.  Le  giossa- 
teur  a  pris  MZ  pour  MT  et  a  lu  «  mater,  »  puis  il  s'est  ravisé  et  a 
mis  «  aut  alia  »  (ou  autre  chose).  L'écriture  de  ces  gloses  ne  paraît 
guère  postérieure  à  celle  du  manuscrit. 

Si  l'on  remarque  qu'il  existe  une  concordance  parfaite  entre 
les  numérotations  fournies  par  les  quatre  manuscrits,  qui  cepen- 
dant sont  de  familles  différentes,  on  est  conduit  à  admettre  que 
cette  suite  de  chiffres  grecs  se  trouvait  dans  l'original. 

Quel  pouvait  être  le  but  de  cette  numérotation  ? 

Il  est  difficile  d'en  reconnaître  un  autre  que  celui  de  marquer 
la  suite  des  paragraphes  correspondant  aux  années-. 


1.  Sur  ce  manuscrit,  voy.  Couderc,  loc.  cit.,  p.  725.  Le  manuscrit  est 
composé  de  quatre  cahiers,  les  deux  premiers  de  douze  feuillets,  les  deux 
derniers  de  huit;  le  dernier  feuillet  a  été  coupé,  de  sorte  que  le  manuscrit 
n'a  plus  que  trente-neuf  feuillets  de  parchemin.  Il  contient,  sous  le  titre  : 
«  Incipiunt  Gesta  Francorum  »  les  Annales  de  Flodoard  (années  877  +  919-966), 
avec  leur  continuation  (966-978).  Il  a  appartenu  à  Guillaume,  abbé  de  Saint- 
Bénigne  de  Dijon  (990-1001),  puis  de  la  Trinité  de  Fécamp  (1001-1028), 
qui  se  retira  à  Saint-Taurin  d'Évreux,  où  il  mourut  en  1031,  Guillaume 
avait  sans  doute  pu  faire  transcrire  les  Annales  grâce  à  Bruno  de  Roucy, 
chanoine  de  Reims,  puis  évéque  de  Langres  (981-1015),  son  protecteur,  qui 
apporta  peut-être  les  Annales  à  Langres.  Après  la  mort  de  Guillaume  de  Saint- 
Bénigne,  le  manuscrit  a  passé  successivement  à  Saint -Taurin  d'Évreux 
(xi'  et  xii°  siècles),  puis  à  la  Trinité  de  Fécamp  (xii-xv«  siècle),  où  il  appar- 
tint à  «  Johannes  Lucratis(?).  »  Nous  devons  les  renseignements  que  nous  pos- 
sédons sur  ce  manuscrit  à  l'obligeance  de  M.  G.  de  Manleyer,  qui  a  bien  voulu 
se  charger  de  l'examiner  pour  nous  au  Vatican. 

2.  De  cette  circonstance  singulière  que  la   numérotation  correspond  aux 


DES  ANNALES    DE    FLODOARD.  25^ 

Comme  le  chiffre  Ar  (33)  correspond  à  l'année  925,  en  remon- 
tant d'année  en  année,  919  aurait  pour  n"  KZ  (27).  Ce  ne  peut 
être  là,  nous  semble-t-il,  un  commencement  de  série  ;  la  numé- 
rotation devait  partir  d'A  (1).  Or,  Â  correspondrait  à  l'année 
893,  qui  est  la  date  initiale  du  règne  de  Charles  le  Simple,  à 
partir  duquel  Richer  commence  son  récit'.  Donc  il  a  dû  exister 
26  paragraphes  correspondant  aux  années  893-918. 

Nous  sommes  alors  dans  l'alternative  posée  par  Wattenbach. 
Ou  cet  ensemble  de  paragraphes  numérotés  par  année  de  893  à 
900,  dont  l'existence  nous  est  ainsi  révélée,  doit  être  attribué  à 
Flodoard  d'un  bout  à  l'autre,  ou  la  partie  postérieure  à  919  seule 
émane  de  lui,  et  la  partie  antérieure  aurait  été  juxtaposée  et  serait 
l'œuvre  disparue  d'un  auteur  inconnu. 

Cette  dernière  hypothèse  (de  Wittich)  nous  paraît  la  plus  com- 
pliquée des  deux,  car  elle  nous  force  à  admettre  l'existence  d'une 
œuvre  annalistique  s'étendant  de  893  à  919  dont  aucune  trace 
ne  nous  serait  parvenue.  11  nous  paraît  plus  vraisemblable  de 
supposer  que  le  début  des  Annales  ait  été  l'année  893  et  que  la 
partie  concernant  les  années  893-919  se  soit  perdue  de  bonne 
heure.  De  même  que  les  plus  anciens  manuscrits  (lat.  9768,  633^ 
reg.  du  Vatican)  présentent  une  addition  (relative  à  l'année  877), 
ils  peuvent  aussi  offrir  une  lacune  de  quelques  années.  Les  men- 
tions relatives  aux  années  893-919  auraient  été  négligées,  soit  à 
cause  de  leur  brièveté,  soit  pour  tout  autre  motif,  à  moins  que 
l'original  ou  les  premières  copies  n'en  eussent  été  accidentelle- 
ment privés. 

On  peut  ajouter,  comme  argument  en  faveur  de  cette  hypothèse, 
que  Richer,  qui  commence  son  récit  avec  Charles  le  Simple,  dit 

années  de  la  vie  de  Flodoard,  on  pourrait  peut-être  songer  à  conclure  que  ces 
chiffres  désignent  l'âge  de  l'auteur.  Mais  il  serait  bien  étrange  que,  dans  un 
ouvrage  qui  n'a  pas  le  caractère  de  mémoires  personnels,  Flodoard  ait  eu  l'idée 
de  mettre  son  Age  à  côté  de  chaque  année  de  l'incarnation.  Il  a  d'ailleurs  eu 
soin  de  nous  dire  son  âge  à  l'année  963,  quand  il  abdiqua  sa  charge  de  prêtre 
à  soixanlc-dix  ans.  —  C'est  cette  môme  idée  de  numéroter  les  paragraphes 
d'années  qui  a  fait  mettre  au  scribe  du  ms.  du  Vatican  les  chiffres  romains 
I,  II,  III,  en  tête  des  années  877,  919,  920. 

1.  Richer  (Ilist.,  1.  I,  c.  3)  dit  lui-môme  :  «  ...  Karolum,  a  quo  hisloriae  sume- 
«  mus  initium.  »  En  réalité,  il  rapporte  au  début  certains  événements  plus  ou 
moins  légendaires  du  règne  d'Eudes.  C'est  à  tort  que  Wattenbach  avance  que 
Richer  prend  la  suite  de  l'œuvre  d'Hincmar  et  commence  son  ouvrage  en  882 
{Deutschlands  Geschichtsquellen,  I,  413). 


252  LA    NUMÉROTATtON    GRECQUE   DES   ANNALES   DE   FLODOARD. 

formellement  avoir  employé  le  «  libellus  »  de  Flodoard  et  n'indique 
aucune  autre  source  écrite'.  Or,  nous  savons  que  les  Annales  de 
Flodoard  ont  été  désignées  sous  ce  nom  de  «  libellus  ~.  »  De  plus, 
Riclier  contenant,  comme  on  l'a  vu,  des  mentions  précises,  en 
dehors  des  légendes,  pour  les  années  antérieures  à  919,  l'argu- 
ment que  Pertz  croyait  tirer  de  la  comparaison  de  Flodoard  avec 
Richer  se  retourne  contre  lui. 

En  résumé  :  1"  Tous  les  manuscrits  des  Annales  de  Flodoard, 
indépendants  les  uns  des  autres,  qui  nous  sont  parvenus,  ren- 
ferment une  même  numérotation  grecque  fragmentaire  qui  a  été 
négligée  jusqu'ici  par  tous  les  éditeurs.  Il  est  à  souhaiter  qu'on 
en  tienne  compte  dans  une  prochaine  édition. 

2"  Chaque  chiffre  grec  correspond  à  un  paragraphe  d'année. 
Il  s'agit  donc  nécessairement  d'une  numérotation  de  paragraphes, 
numérotation  unique  en  son  genre,  dont  aucune  autre  œuvre 
annalistique  n'offre  d'exemple.  Elle  se  trouve  dans  tous  les  manus- 
crits ;  donc  elle  doit  provenir  de  l'original. 

3"  Le  point  de  départ  de  la  numérotation  étant  l'année  893,  il 
est  à  supposer  que  les  Annales  de  Flodoard  renfermaient  à  l'ori- 
gine des  mentions  relatives  aux  années  893-918.  Quant  à  la 
nature  même  de  ces  mentions  et  à  leur  importance,  on  ne  peut, 
en  ce  qui  les  concerne,  faire  que  des  conjectures. 

Ph.  Lauer. 

1.  Richer,  éd.  Waitz  [Script,  rer.  Germ.  in  us.  scholar.),  p.  1  :  «  ex  quodam 
Flodoardi...  libello  me  aliqua  surnpsisse  non  abnuo.  » 

2.  8  Frodoardus  ....  praecedentis  libelli  aliorumque  librorum  dictator  egre- 
gius.  »  Addition  à  l'année  966  des  Annales  dans  les  mss.  désignés  par  M.  Cou- 
derc  comme  composant  la  seconde  famille.  (D.  Bouquet,  VIII,  p.  214  o.) 


UN 

TRAITÉ  DE  PHYSIQUE 

ET  D'ALCHIMIE 

DU  XVe  SIÈCLE 
EN  ÉCRITURE  GRYPTOGR AFRIQUE. 


La  Bibliothèque  nationale  a  récemment  acquis  d'un  libraire  de 
Venise  un  tout  petit  volume  de  140  feuillets  de  parchemin,  mesu- 
rant 85  millimètres  de  haut  sur  62  de  large,  et  qui  semble  avoir 
été  copié  au  xv"  siècle  en  Italie.  C'est  un  traité  alchimique,  ins- 
crit aujourd'hui  sous  le  n°G35du  fonds  latin  des  nouvelles  acqui- 
sitions et  intitulé  :  «  Incipit  Secretum  de  thesauro  experimento- 
rum  ymaginationis  hominum,  quod  ;     ;  :  taliter  opina  tus 

est  et  sub  compendio  conscripsit.  »  Le  nom  de  l'auteur  ou  du  com- 
pilateur a  malheureusement  été  gratté,  et  la  préface  qui  suit  immé- 
diatement ce  titre  n'est  qu'un  résumé  général,  qui  ne  donne  aucun 
détail  ni  sur  l'auteur  ni  sur  ses  sources  ;  elle  débute  ainsi  :  «  Pro- 
hemium.  Justum  est  primum  Deo  gracias  agere  pro  omnibus 
bonis  operibus  nostris...  »  Le  texte  du  traité,  qui  commence  au 
feuillet  5  du  manuscrit,  est  précédé  d'une  table  de  nombreux  cha- 
pitres, répartis  en  trois  parties,  et  il  est  accompagné  dans  tout  le 
cours  du  volume  d'un  certain  nombre  de  figures,  assez  élégam- 
ment dessinées,  et  qui  servent  à  illustrer  le  texte  des  diverses 
expériences  physiques  et  alchimiques  qui  y  sont  décrites. 

Eu  dehors  de  l'intérêt  que  ce  petit  manuscrit  peut  offrir  pour 
l'histoire  des  sciences  au  mojen  âge,  il  présente  une  particularité 
paléographique  sur  laquelle  il  y  a  lieu  de  s'arrêter  quelques  ins- 
tants. C'est  l'emploi  dans  tout  le  cours  du  volume,  en  dehors  de 


254  TN   TRAITÉ   DE    PHYSIQUE    ET   d'aLCHIMIE 

la  table  des  chapitres,  du  titre  même  de  l'ouvrage,  qu'on  a  lu  plus 
haut,  et  de  la  clausule  finale  :  «  Et  sic  sit  finis  hujus  operis  cum 
benedictione  Dei.  Amen,  »  d'un  système  d'écriture  secrète  ou 
cryptographique,  qui  ne  paraît  pas  avoir  encore  été  signalé. 

Ce  système  d'écriture  cryptographique,  inventé  de  toutes 
pièces,  repose,  à  quelques  exceptions  près,  sur  une  série  de  com- 
binaisons du  cercle  et  de  la  ligne  droite  pour  noter  les  voyelles  et 
les  consonnes.  C'est  ainsi  que,  la  voyelle  i  étant  figurée  par  un 
cercle  o,  les  autres  vojelles  sont  respectivement  figurées  par  ce 
même  cercle,  accompagné  d'un  trait  horizontal  placé  à  gauche 
(-0  =  a)  ou  à  droite  (o-  =  ic),  ou  d'un  trait  vertical  dirigé  en 
haut  (  i  =  e)  ou  en  bas  (  <j>  =  o).  Voici  au  reste,  avec  la  trans- 
cription en  caractères  ordinaires,  l'alphabet  cryptographique 
employé  par  le  copiste  ^  : 

abcdefghiklm    nopqrstuxyz 

L'emploi  de  cet  alphabet  est  accompagné  d'une  autre  particu- 
larité, destinée  à  dérouter  encore  le  lecteur  ;  en  effet,  tandis  que 
le  copiste  suit  dans  sa  transcription  les  règles  ordinaires  des  abré- 
viations usitées  dans  les  manuscrits,  la  barre  d'abréviation,  tenant 
lieu  des  lettres  m  ou  n  finales,  ou  destinée  à  marquer  qu'un  mot 
est  abrégé,  est  tracée  par  lui,  non  pas  au-dessus,  mais  au-des- 
sous des  mots. 

Voici  la  transcription  des  quatre  pages  de  ce  petit  manuscrit, 
reproduites  sur  la  planche  ci-jointe  et  qui  suffiront  pour  donner 
une  idée  de  ce  système  d'écriture  secrète  : 

I.  (Fol.  59  r.) 

rétro  dextrum  et  sinistrum.  ÎI  Sed  de  his  corporalibus  locis  dicemus 
quando  loquemur  de  preparationibus  ipsorum. 

l.  Un  mathématicien  italien  du  xviu"  siècle,  le  comte  Giovanni-Carolo  Lisca, 
avait  déchifiré  déjà  ce  petit  manuscrit;  il  a  tracé  les  deux  notes  suivantes,  en 
caractères  cryptographiques,  au  bas  des  feuillets  128  et  140  : 

«  A  Carolo  Lisca  comité  non  parum  in  mathematicis  erudito  hec  artifixiosa 
«  memoria  non  fuit  laudata.  1721.  » 

«  Joannes  Carolus  Lisca,  f.  p.  c.  Flamiaii,  omnia  accurate  perlegit,  colside- 
«  ravit  {sic)  et  laudavit,  et  gratias  egit  Deo  0[ptirao]  M[aximo]  Omnipotenti.  » 


l 


-tri  \io~éU^j  iKro/fc(M4iu} 


C-*»^*^  ^^-t»  fii^o-i>  tio^^ 


_^^^ 


i-^Jti4>>  4?'"^'  <'^9'>^ 
4Tpfn^J  Jaurès  ^^tr^  *H 


04«<vah>tiM^ 


u 


L>>-Y. 


SECRETUM      EXPERIMENTORUM. 
'Bz/'/.   ;w/.,   /;u.    ;zt;,/i,.  ^^^y    /^/_    (^^. 


DD   XV*  SIÈCLE.  255 

!I  Régula  potissima. 

ÎI  Deinde  sicud  discreta  quawtilas  loci  débet  disUnle  numéro  el 
ordine  coynosci,  sic  cjus  continea  quccunquc.  !1  El  habeamus  cjus 
mcnsiiras  noUs  salLiii  modi  comuni  secuudura  maynitudincm  et  par- 
vitalem  ^^'^  si 

II.  (Fol.  60.) 

quia  si  nesiremus  quantitatem  maie  possemus  colocare  yraagines  et 
mulli  errorcs  sequerenlur  aut  penitralio  corporuw  udi  mazor  essel 
ymago  loco  aul  permistio  sive  corpuxio  ymaginum.  ÎI  Licet  enira 
naturaliler  et  nec  impossibiliter  ymaginls  colocari.  (Fig.) 

ÎI  De  quantitate. 
ÎI  Aduc  loca  neque  nimis  ampla  neque  nimis  angusta  in  divixione. 

m.  (Fol.  86  vo.) 

Similiter  m  virlutibus  sicud  de  sawclis  fatias  et  erit  hoc  modo  : 

ÎI  Tenens  librum  pro  juslicia. 

ÎI  Tenens  columpnam  pro  forlitudine. 

îi  Tenens  spéculum  pro  providencia. 

ÎI  Tenens  ancoram  pro  spe. 

ÎI  Similiter  in  artibus  ut  : 

ÎI  Habews  colores  pro  pictore. 

ÎI  Habews  balas  pro  raercatore. 

ÎI  Habews  calamare  pro  scriptore  vel  notario. 

IV.  (Fol.  87.) 
ÎI  Idem  et  m  scientiis  signum  haberi  potest,  et  sunt  signa  hec  : 

SlG-NA. 

ÎI  Tabula  a,  b,  c,  d,  etc.  est  signum  gramatice. 

ÎI  Epistola  retorice. 

ÎI  Pulcer  liber  poésie. 

ÎI  Duo  serpentes  obvii  loice. 

ÎI  Gompasus  géométrie. 

f  Tabula  numeri  arismetice. 

ÎI  Instrumenta  musice. 

ÎI  Spera  astrologie. 

ÎI  Spécula  perspelive. 

ÎI  Urinale  medicine. 

EVACUATOKICM.  [''^9-) 


256  UN   TRAITÉ   DE   PHYSIQUE    ET   d' ALCHIMIE 

Table  des  chapitres  du  manuscrit. 

Tabula  divisionis  omnium  partium  hujus  libri  in  distinctiones 
el  capitula. 

Très  sunt  parles  totius  libri  : 
Prima  pars  est  theorica  et  in  sermone  v[u]l[gar]i; 
2»  pars  est  pratica  et  in  speciali  narratione  ; 
3*  pars  est  operativa  in  actu  particulari. 

Partis  theorice  sunt  5.  distinctiones. 
Prima  est  de  infrascriptis,  scilicet  : 
De  tribus  rationibus  hujus  artis  [fol.  6]  ; 
De  inventibne  hujus  artifitii  [fol.  8  v°]  ; 
De  ulilitate  hujus  secreti  [fol.  U]; 
De  necessitate  illius  negotii  [fol.  42]. 

Secunde  distinctionis  bec  sunt  capitula  : 
De  divisione  memorie  ^ . 
De  memoria  inielletina^  [fol.  -13  v°]-, 

De  corruptione  et  generalione  formarum  per  x.  exempla  et  x.  ra- 
tiones  [fol.  U]; 
De  fixione  ymaginationis  [fol.  ^8]. 

Tertie  distinctionis  capitula  sunt  : 
De  generibus  meinorandi  [fol.  -(9]; 
De  J2.  instrumentis  arlifitialihus  [fol.  ^9  \°]  ; 

Quarte  distinctionis  ista  sunt  capitula  : 

De  artifitiosa  mentali  memoria  [fol.  36  v"]  ; 

De  sinonimibus  ymaginum  [fol.  38  v"]; 

De  sinonimibus  locorum  [fol.  39]; 

De  sinonimibus  aliis  [fol.  39  v°]  -, 

De  locis  artis  [fol.  40]; 

De  possibilitate  harum  ymaginum  per  8.  expérimenta  [fol.  42  v°]. 

Partis  pratice  due  sunt  partes  principales. 
Prime  partis  très  sunt  distinctiones. 
Prime  distinctionis  hec  sunt  capitula  : 
De  divisione  locorum  [fol.  52]. 
Secunda  distinctio  : 

1.  Les  mois  imprimés  en  italiques  sont  en  caractères  cryptographiques. 

2,  Lisez  :  intellectiva. 


DU    XV*   SIÈCLE.  257 

De  sublanlia  materie  artifitii  [fol.  56  v"]  ; 

De  quanlilale  hujus  materie  discreta  et  continua  [fol.  58  v°]. 

Tertia  distinclio  : 
De  proprietatibus  ejusdem  [fol.  62  vo]. 

Secunde  partis  sunt  6.  distinctiones. 

Prima  distinctio  est  : 
De  subslantia  ymaginis  [fol.  70]. 

Secunda  distinctio  : 
De  quantitate  formarum  continua  et  discreta  [fol.  73  v"]. 

Tertia  distinctio  : 
De  proprietatibus  ymaginis  cujuslibet  [fol.  77]-, 
De  situ  et  posilione  [fol.  78]  ; 
De  ordinibus  [foi.  78]; 
De  fortitudine  ymaginationis  [fol.  8^  v']-, 
De  4.  documentis  Aristotelis  [fol.  83  v"]. 

Quarta  distinctio  : 
De  ymaginibus  et  statuis  [fol.  84]  -, 
De  pluribus  signis  et  impositionibus  hujus  artifitii  [fol.  87]. 

Quinta  distinctio  : 
De  impositionibus  novis  [fol.  89]  -, 
De  exemplis  figurandi  [fol.  9^  v°]  \ 
De  quibusdam  documentis  [fol.  95]; 
De  actibus  hominum  [fol.  95  v°]  ; 
De  scribendis  litcris  [fol.  98]  \ 

De  inveniendis  novis  alphabetis  et  exemplis  eorum  [fol.  ^00]; 
De  oblivione  [fol.  ^0^]. 

Sexte  distinctionis  capitula  : 
De  preparatione  locorum  [fol.  •<04]; 
De  corpore  sine  loco  [fol.  -107]  ^ 
De  ellectionibus  locorum  [fol.  -109  v°]. 

Partis  operative  sunt  due  distinctiones. 

Prime  distinctionis  capitula  : 
De  alphabet[o]  et  ejus  utilitate  [fol.  ^-13]; 
De  divixiotie  clomus  [fol.  -IIS]; 
Uelocis  [fol.  U7]', 
De  notis  guinariorum  locorum  [fol.  420]. 

i897  n 


258  UN   TRAITÉ   DE   PHYSIQUE   ET   d' ALCHIMIE   DU   XV   SIÈCLE. 

Secunde  distinctionis  sunl  quatuor  partes. 

Prima  pars  est  : 
De  simplicibus  rébus  notis  et  ignotis  [fol.  ^22]; 
De  compositis  [fol.  -124  v"]. 

Secunda  pars  : 
De  ludis  pluribus  [fol.  -125]. 

Tertia  pars  : 
Dehabentibus  numerum  expressum  [fol.  423v°]-, 
De  illis  in  quibus  ocullo  numéro  indigemus  [fol.  i27]. 

Quarta  pars  : 
De  literalibus  et  vulgaribus  [fol.  -129]  ; 
De  graduationibus  communibus  [fol.  429  v°]; 
De  stipmatibus  [fol.  -130]; 
De  coloribus  artis  [fol.  i24]; 
De  ludis  [fol.  ^125]; 
De  ponderibus  [fol.  ^3^]; 
De  replicationibus  [fol.  i3i], 
De  libris  et  doctorihus  [fol.  \Z\  v"]; 
De  regionibus  mundi  [fol.  ^32]  ; 
De  confusionibus  [feuillet  enlevé]  -, 
De  -100.  numeris  [fol.  433]-, 
DQcifris  [fol.  ^36  vo]- 
De  XII.  mensibus  [fol.  ^37]-, 
De  7.  diebus  ebdomadis  [fol.  -138]  ; 
De  formandis  carateribus  [fol.  -138  v"]  ; 
De  fatiendis  novis  alphabetis  et  utilibus  [fol.  -138  v<*J. 

Explicit  tabula. 

H.  Omont. 


MARGUERITE  DE  NAVARRE 


ET   LE 


PLATONISME  DE  LA  RENAISSANCE. 


Dans  une  étude  d'histoire  littéraire  publiée  l'année  dernière*, 
et  consacrée  à  l'attachante  question  de  la  propagation  du  plato- 
nisme en  France  à  l'époque  de  la  Renaissance,  nous  arrivions  à 
cette  conclusion,  que  l'honneur  d'avoir  provoqué  et  dirigé  ce 
mouvement  de  rénovation  philosophique  devait  revenir,  pour  la 
plus  grande  part,  à  la  femme  supérieure  dont  l'influence  s'est  fait 
sentir,  sous  des  formes  si  diverses,  sur  la  civilisation  tout  entière 
de  l'époque,  à  la  reine  Marguerite  de  Navarre.  Les  recherches 
complémentaires  auxquelles  nous  nous  sommes  livré  depuis,  spé- 
cialement en  ce  qui  touche  les  dififérentes  phases  de  la  diffusion 
des  idées  platoniciennes  dans  notre  pays,  n'ont  fait  que  rendre 
sur  ce  point  notre  conviction  plus  profonde.  Il  reste  maintenant, 
sans  revenir  sur  les  faits  si  nombreux  et  si  probants  sur  les- 
quels s'est  appuyée  notre  première  démonstration,  et  qui  ont 
révélé  l'action  immédiate  exercée  dans  ce  domaine  par  la  §œur 
de  P>ançois  P%  à  considérer  en  soi,  si  l'on  peut  dire,  le  pla- 
tonisme de  la  reine  de  Navarre.  Après  avoir  cherché  à  définir 

1.  Revue  d'histoire  lUléraire  de  la  France,  numéro  de  janvier  1896,  p.  1  à  U. 
Je  n'ai  pas  craint,  dans  la  présente  étude,  de  traiter  de  diverses  questions  (fui, 
eu  égard  au  but  qui  y  est  poursuivi,  peuvent  paraître  accessoires;  mais,  sur  ce 
terrain  de  l'histoire  intellectuelle,  encore  si  peu  exploré,  il  est  indispensable  de 
ne  pas  s'en  tenir  à  un  seul  ordre  de  faits  ni  à  un  seul  courant  d'idées,  trop 
rigoureusement  délimité.  A  ne  considérer  que  le  problème  principal,  sans  tenter 
d'éclaircir  ceux  qui  y  confinent,  on  risquerait  fort  de  n'aboutir  qu'ù  des  conclu- 
sions incomplètes,  étroites  et  sans  doute  aussi  peu  solides.  Dans  ce  domaine, 
plus  que  dans  aucun  autre  peut-être,  tout  se  tient,  et  il  ne  suffit  pas  de  procé- 
der isolément  à  l'analyse  d'un  élément,  fùl-il  parmi  les  plus  importants,  pour 
aboutir  à  un  résultat  vraiment  utile. 


260  MARGDERITË   DE    NAVARRE 

son  rôle  dans  la  transformation  décisive  qiii  s'accomplit,  entre 
1540  et  1550,  dans  la  manière  de  penser  et  de  sentir  des  classes 
éclairées,  il  importe  de  reconstituer  l'évolution  intellectuelle  qui 
l'amena  à  agir  si  résolument  dans  ce  sens.  Quelles  influences  ont 
pu  produire  chez  elle  l'ensemble  de  sentiments  et  d'idées  qui 
peuvent  le  mieux  se  grouper  sous  cette  appellation  de  platonisme  ; 
quelles  circonstances  expliquent  le  développement  intérieur  qui 
la  conduisit  vers  le  divin  philosophe  ;  jusqu'à  quel  point  a-t-elle 
approfondi  et  pénétré  les  doctrines  de  l'Académie,  connues  évi- 
demment en  plus  d'un  cas  par  des  intermédiaires  qui  en  avaient 
altéré  la  pureté  primitive  ;  dans  quelle  mesure  leur  a-t-elle  apporté 
son  adhésion  ;  enfin,  et  surtout,  que  retrouvons-nous  de  propre- 
ment platonicien  dans  son  œuvre  littéraire,  miroir  fidèle  de  ses 
pensées  et  de  ses  convictions  intimes  ?  Voilà  autant  de  questions 
qu'il  est  devenu  nécessaire  de  résoudre,  d'autant  mieux  qu'elles 
se  lient  à  plusieurs  des  côtés  les  plus  délicats  et  les  plus  ignorés  de 
l'histoire  de  notre  Renaissance  française.  Ce  sera  l'objet  du  pré- 
sent travail. 

I. 

Vouloir  préciser  l'origine  exacte  des  conceptions  philoso- 
phiques de  l'auteur  de  V Heptaméron  peut  sembler  téméraire, 
et  cela  avec  d'autant  plus  de  raison  que  ces  conceptions  se  rat- 
tachent à  ce  qu'il  y  eut  dans  l'ensemble  de  sa  doctrine  de  plus 
subtil,  de  plus  mystérieux  et  peut-être  aussi  de  plus  féminin.  Il 
n'est  pas  douteux,  en  effet,  qu'il  doit  exister  plus  d'un  rapport 
entre  les  sympathies  platoniciennes  de  la  reine  de  Navarre  et  les 
préoccupations  d'ordre  mystique  qui  absorbèrent  plusieurs  années 
de  sa  jeunesse,  et  qui,  après  avoir  disparu  pendant  longtemps  pour 
laisser  la  place  à  des  convictions  plus  fermes  et  mieux  définies, 
se  manifestèrent  de  nouveau,  au  cours  de  ses  dernières  années, 
dans  quelques-unes  de  ses  productions  littéraires  les  plus  carac- 
téristiques. 

Remarquons  tout  d'abord  que  le  premier  contact  de  la  fille  de 
Louise  de  Savoie  avec  la  philosophie  antique  ne  datait  pas  seule- 
ment de  l'époque  de  sa  maturité  intellectuelle.  Dès  le  temps  de 
son  éducation,  si  nous  en  croyons  un  contemporain  bien  informé, 
Charles  de  Sainte-Marthe,  les  précepteurs  de  Marguerite,  parmi 
lesquels  figure  au  premier  rang  Robert  Hurault,  avaient  ensei- 


ET    LE    PLATONISME    DE    LA    RENAISSANCE.  26^ 

gné  à  leur  gracieuse  élève  les  éléments  de  la  philosophie  profane. 
IJOraison  funèbre  prononcée  par  le  docte  maître  des  requêtes 
de  la  reine  de  Navarre  fournit  à  ce  sujet  un  certain  nombre  de 
renseignements  précieux  :  «  Et,  pour  ce  que,  nous  dit-il,  par 
longue  et  certaine  expérience,  nous  avons  aprins  la  sentence  de 
Platon  estre  vraie,  que  lors  les  republiques  seront  heureuses  quand, 
ou  les  philosophes  y  régneront,  ou  que  les  roys  et  les  princes  y  phi- 
losopheront, les  précepteurs  [de  Marguerite]  luy  tenoient  tousjours 
quelque  salutaire  propos  de  philosophie  à  celle  fin  que,  quand 
elle  entendroit  qu'on  doit  fuir  une  belle  chose  et  suivre  l'aultre, 
elle  imprimast  en  son  esprit  qu'ainsi  le  failloit  faire,  puisque  tel 
estoit  l'advis  des  philosophes.  »  Et,  plus  loin,  l'aimable  panégy- 
riste, dont  l'exactitude  est  attestée  par  les  rapprochements  les 
plus  probants,  insiste  sur  ce  même  côté  de  l'éducation  intellec- 
tuelle de  la  future  reine  de  Navarre  :  «  Les  experts  et  saiges  ins- 
tructeurs de  Marguerite  luy  inculquèrent  et  raeirent  en  l'esprit 
des  plus  nécessaires  préceptes  et  institutions  de  philosophie. . .  Il  ne 
fault,  toutefois,  qu'on  pense,  quand  nous  faisons  mention  de  phi- 
losophie, que  nous  ne  parlons  que  de  celle  qui  s'aprend  es  escripts 
de  Platon  et  des  autres  philosophes,  car  nous  entendons  aussi  de 
la  philosophie  evangelique,  qui  est  la  parolle  de  Dieu,  des  saincts 
et  salutaires  préceptes  de  laquelle  Marguerite  fut,  par  ses  institu- 
teurs, si  bien  endoctrinée  et  instruicte*...  » 

Voilà  bien  la  caractéristique  par  excellence  de  l'auteur  des 
Prisons,  que  sa  robuste  foi  religieuse  ne  ferma  jamais  au  culte 
de  la  nature  pas  plus  qu'aux  inspirations  de  la  science  profane,  et 
qui  s'efforça  toujours,  au  contraire,  de  réaliser  une  harmonieuse 
fusion  de  ces  deux  éléments.  Il  paraît  que  son  penchant  si  peu 
dissimulé  pour  les  leçons  de  la  sagesse  antique  excita  contre  elle  des 
critiques  malveillantes,  voire  même  les  plaisanteries  plus  ou  moins 
discrètes  de  certains  miheux  rétrogrades.  On  disait  que  ce  n'étaient 
pas  là  les  délassements  d'une  femme  appliquée  à  ses  devoirs  et 
que  la  lecture  des  livres  des  philosophes,  des  «  auteurs  ethniques,  » 
comme  on  les  appelait  alors,  ne  convenait  guère  à  son  sexe.  Ce 
même  reproche,  nous  l'avons  entendu  souvent  depuis.  Observons 
seulement  que,  dès  1549,  Sainte  Marthe  y  faisait  la  même  réponse, 
qui  a  été  redite  plus  d'une  fois,  de  nos  jours,  dans  le  débat  sans 

1.  Oraison  funèbre  de  Marguerite  de  Navarre  prononcée  par  Sainte-Marthe, 
p.  41  et  43,  t.  I  de  l'éd.  de  VHeptamëron  de  M.  de  iMontaiglon. 


262  MARGDERITE   DE   NAVARRE 

cesse  renaissant  dont  la  haute  culture  féminine  est  demeurée  l'ob- 
jet :  «  ...  S'il  est  ainsi,  pourquoy  ne  sera  il  donc  permis  aux 
femmes  de  puiser  en  la  commune  fontaine,  qui  sont  les  livres,  ce 
qui  leur  est  commun  avec  tous  les  hommes  ?  Les  livres  des  gentils 
et  ethniques  ont  monstre  les  vertus  à  nos  prédécesseurs  ;  les  sainctes 
lettres  nous  les  mettent  aussi  devant  les  œils,  mais  c'est  plus  per- 
fectement  que  les  aultres.  Si  ceuls  qui  lisent  les  philosophes  et 
regardent  les  sainctes  Escriptures  pour  y  apprendre  une  intégrité 
de  mœurs  sont  de  nous  estimés  bons,  sages  et  prudents,  pour 
quelle  raison  deffendrons-nous  aux  femmes  de  lire  les  mesmes 
livres*?  »  Ce  qui  achève  de  donner  raison  à  notre  panégyriste, 
c'est  que  cette  femme,  si  amie  des  philosophes,  n'en  était  pas  moins 
d'une  rare  habileté  dans  les  plus  délicats  ouvrages  de  l'aiguille, 
dans  les  travaux  de  broderie  comme  dans  l'art  de  la  tapisserie. 

Quoiqu'il  en  soit,  Sainte-Marthe  revient  avec  une  complaisance 
visible  sur  les  études  philosophiques  suivies  par  la  jeune  princesse 
au  cours  de  son  éducation.  11  faut  donc  que  ces  études  aient  véri- 
tablement tenu  une  large  place  dans  les  leçons  qu'elle  reçut  de  ses 
premiers  maîtres.  Une  telle  culture,  alors  si  exceptionnelle,  expli- 
querait plus  d'un  aspect  resté  presque  énigmatique  de  l'infinie 
curiosité  de  la  reine  de  Navarre.  Sans  doute,  le  désir  insatiable 
qu'elle  eut  toute  sa  vie  d'étendre  ses  connaissances  dans  les  direc- 
tions les  plus  diverses  était  quelque  chose  d'inné  chez  elle.  Il  est 
cependant  vraisemblable,  à  s'en  tenir  au  témoignage  si  explicite 
qui  vient  d'être  cité,  qu'une  impulsion  éclairée  contribua  de  bonne 
heure  à  orienter,  d'une  façon  particulière,  la  réflexion  de  Margue- 
rite dans  le  sens  de  la  spéculation  philosophique. 

Pour  en  terminer  tout  de  suite  avec  les  autres  données  fournies 
par  le  même  panégyriste  à  propos  de  ces  études,  je  ferai  observer 
qu'il  ne  néghge  aucune  occasion  d'insister  sur  la  place  considé- 
rable qu'elles  occupèrent,  jusqu'à  la  fin,  dans  la  vie  intellectuelle 
dé  sa  souveraine.  A  tout  instant,  au  cours  des  122  pages  que 
comprend  son  œuvre,  il  fait  valoir  le  côté  excellemment  grave  et 
original  des  méditations  par  lesquelles  elle  marqua  son  activité 
dans  le  domaine  de  la  pensée  pure  ;  il  la  représente  comme  «  sou- 
verainement perfecte  en  poésie,  docte  en  philosophie,  consummée 
en  l'Escripture  saincte,  voire  jusques  à  en  rendre  les  plus  sça- 
vants  fort  émerveillés,  »  faisant  ainsi  de  sa  science  philosophique 

1.  Ihid.,  p.  77. 


ET    LE    PLATONISME    DE    LA    RENAISSANCE.  2G3 

l'une  des  trois  manifestations  caractéristiques  de  ses  hautes  facul- 
tés*. Le  poème  des  Prisons  nous  expliquera  comment  la  reine  a  pu 
rester  ainsi ,  jusqu'à  ses  derniers  jours ,  fidèle  à  la  lecture  «  des  livres 
des  philosoplies  et  autres  ethniques,  »  de  Platon,  en  première  ligne, 
sans  jamais  cesser  de  fréquenter  les  saints  livres  ni  de  les  aimer. 

Ce  point  de  départ  admis,  sur  l'autorité  formelle  d'un  contem- 
porain véridique,  il  reste  à  fixer,  avec  quelque  précision,  les  ori- 
gines moins  lointaines,  plus  immédiates,  du  goût  profond  qui 
porta  la  sœur  de  François  I"  vers  l'auteur  du  Pliédon,  et  de  la 
préférence  évidente  qu'elle  lui  témoigna  entre  tous  les  autres 
écrivains  de  l'antiquité.  A  vrai  dire,  une  sympathie  ardente  ne 
pouvait  manquer  de  s'établir  entre  cette  noble  femme,  si  violem- 
ment éprise  d'idéal,  et  le  penseur  qui  a  fait  entendre  sur  les  plus 
hauts  problèmes  qui  préoccupent  l'humanité  tant  d'enseignements 
sublimes.  Aux  yeux  de  quiconque  a  un  peu  pénétré  l'àme  de 
Marguerite,  une  telle  rencontre  n'avait  rien  que  de  naturel. 
Encore  fallait-il  cependant  qu'un  intermédiaire  l'eût  rapprochée 
du  maître  dont  les  doctrines  et  les  œuvres,  si  injustement  oubliées 
et  dédaignées  pendant  la  plus  grande  partie  du  moyen  âge, 
venaient  d'être  rendues  au  monde  éclairé,  au  prix  d'une  conti- 
nuité d'efibrts  vraiment  admirables,  par  les  Pléthon,  les  Bessa- 
rion,  les  Marsile  Ficin,  pour  ne  citer  que  les  plus  illustres  parmi 
les  promoteurs  de  ce  qu'on  a  pu  appeler,  avec  raison,  la  résur- 
rection du  platonisme.  La  plupart  des  âmes  supérieures  de 
l'époque,  surtout  en  Italie,  penseurs,  artistes,  écrivains,  poètes, 
et  même  théologiens,  accueillirent  avec  enthousiasme  cette  révé- 
lation dont  les  conséquences  se  firent  sentir  rapidement  dans 
toutes  les  branches  des  connaissances  humaines.  On  sait  quelle  a 
été  la  fortune  extraordinaire  du  mouvement  de  rénovation  philo- 
sophique dont  l'Académie  de  Laurent  de  Médicis  a  été  un  moment 
l'expression  la  plus  éclatante.  On  n'exagère  rien  en  disant 
que  le  platonisme  de  la  Renaissance,  si  mélangé  qu'il  lut  d'élé- 
ments étrangers  et  parfois  suspects,  a  exercé  sur  la  direction  de 
la  pensée  moderne  une  influence  profonde,  et  dont  la  portée  a 
peut-être  été  plus  considérable  qu'on  ne  l'a  cru  généralement. 
Partisan  ou  adversaire  de  cet  ensemble  d'idées,  nul  esprit  vrai- 
ment cultivé  n'y  demeura  indifierent. 

Comment  les  conceptions  du  fondateur  de  l'Acaclémie  se  répan- 

1.  Voy.  Sainte-Marthe,  p.  75,  77,  78,  etc. 


264  MARGDERITE    DE   NAVARRE 

dirent  en  France  dès  le  début  du  xvi«  siècle,  d'abord  lentement  et 
non  sans  quelques  difficultés,  puis  un  peu  plus  tard,  notamment 
entre  1540  et  1550,  avec  un  succès  chaquejour  plus  manifeste,  c'est 
ce  qui  a  été  exposé  ailleurs  avec  détail*.  L'action  personnelle  de 
Ficin  et  de  ses  écrits  y  contribua  certainement  pour  une  large  part. 
Mais  je  dois  ajouter  que  des  recherches  nouvelles  m'ont  amené  à 
mettre  à  côté  de  la  sienne  une  autre  influence  dont  je  n'avais  pas 
tenu  compte  dans  mon  précédent  travail.  Or,  c'est  précisément 
cette  dernière  qui  explique,  selon  toute  vraisemblance,  les  pre- 
mières sympathies  platoniciennes  de  Marguerite,  au  temps  de  son 
union  avec  le  duc  d'Alençon.  Je  veux  parler  de  l'influence  exer- 
cée par  les  ouvrages  du  célèbre  Nicolas  de  Guse  (1401-1464),  à 
la  fois  théologien,  philosophe,  naturaliste,  astronome  et  mathé- 
maticien, l'auteur  de  tant  de  hardis  et  curieux  traités  :  De  docta 
ignorantia.  De  Deo  absconcUto,  Devisione  Dei,  De  concor- 
clantia  catholica,  De  ludo  globi,  etc. 

IL 

Ce  grand  esprit,  que  l'on  a  souvent  considéré  comme  un  homme 
de  génie,  et  dont  un  historien  de  notre  époque ^  écrivait  naguère 
qu'il  apparaît  comme  un  géant  intellectuel  au  déclin  du  moyen 
âge,  a  sûrement  exercé  sur  Marguerite  et  sur  son  entourage,  — 
en  particulier  sur  le  petit  cénacle  de  Meaux,  qui  communiqua 
à  la  reine  le  goût  des  doctrines  évangéhques,  —  une  action 
qui,  pour  n'avoir  jamais  été  signalée,  n'en  est  pas  moins  à  la 
fois  très  certaine  et  très  importante.  On  sait  quel  a  été  le  rôle 
admirablement  fécond  et  bienfaisant  de  l'illustre  cardinal.  «  Nico- 
las de  Cuse,  disait  à  la  fin  du  siècle  son  compatriote  l'abbé  Jean 

1.  Voy.  l'article  cité  plus  haut,  Revue  d'histoire  littéraire,  t.  III,  1896,  p.  4 
et  suiv. 

2.  Janssen,  Hist.  du  peuple  allemand,  t.  I,  p.  2  à  6.  L'historien  allemand, 
écrivain  remarquable  malgré  la  fâcheuse  partialité  qui  le  distingue,  commence 
son  grand  ouvrage  par  un  élo;ic  enthousiaste  de  Nicolas  de  Cuse.  Mais,  naturel- 
lement, il  insiste  fort  peu  sur  les  côtés  audacieux  de  la  pensée  du  cardinal  et 
sur  son  attitude  si  courageuse,  malgré  quelques  faiblesses  peu  explicables,  dans 
toutes  les  questions  relalives  au  pape,  à  la  suprématie  des  conciles,  à  la  réforme 
de  l'Église,  etc.  —  Le  véritable  nom  de  ce  personnage  était  Nicolas  Creps,  qu'on 
trouve  aussi  sous  les  formes  Chrypfl's  et  Krebs.  On  l'appela  plus  tard  Cusanus 
ou  de  Cues,  du  nom  de  son  village  natal,  Cues,  situé  sur  les  bords  de  la 
Moselle,  près  de  Trêves. 


ET   LE    PLATONISME    DE    LA    RENAISSANCE.  2G5 

Trithème,  apparut  en  Allemagne,  au  milieu  de  la  perturbation  et 
des  ténèbres,  comme  un  ange  de  lumière  et  de  paix...  Il  répandit 
avec  abondance  des  semences  de  vie  nouvelle.  Une  i)artie  de  ces 
semences  n'a  pu  germer  à  cause  de  l'endurcissement  des  cœurs, 
une  autre  partie  a  porté  des  fleurs,  il  est  vrai,  mais  elles  ont 
promptement  péri  à  cause  de  la  négligence  et  de  la  lâcheté  des 
hommes.  Enfin,  une  bonne  partie  a  porté  des  fruits  abondants  que 
nous  récoltons  encore  aujourd'hui.  »  Si  quelqu'un  mérite  ajuste 
titre  le  nom,  dont  on  a  parfois  abusé,  de  précurseur,  c'est  bien  le 
penseur  éminent  qui,  devançant  hardiment  la  science  et  les  idées 
de  son  temps,  entrevit,  dès  le  milieu  du  xv^  siècle,  quelques-unes 
des  découvertes  les  plus  surprenantes  du  siècle  suivant;  qui,  cent 
ans  avant  Copernic,  devina  le  double  mouvement  de  la  terre 
sur  elle-même  et  autour  du  soleil,  démontra  la  nécessité  de  la 
réforme  du  calendrier  julien,  posa  pour  l'étude  des  sciences  natu- 
relles et  astronomiques  plusieurs  des  règles  essentielles  dont  s'ins- 
pirent encore  aujourd'hui  les  méthodes  modernes,  et  enfin,  exer- 
çant sa  prodigieuse  activité  dans  les  branches  les  plus  diverses, 
sut,  avant  Ficin  et  l'Académie  de  Florence,  comprendre  et  aimer 
le  divin  Platon. 

Et  il  ne  s'agit  pas  ici  d'une  admiration  vague  et  générale  à 
l'égard  du  philosophe  athénien  ;  l'homme  qui  eut  le  mérite  de  la 
concevoir  à  une  époque  où  il  était  encore  si  difficile,  sinon  dan- 
gereux, d'étudier  les  œuvres  de  l'auteur  du  Banquet,  à  plus 
forte  raison  de  se  proclamer  à  bon  escient  son  disciple,  n'était 
pas  seulement  une  intelligence  puissamment  originale,  un  dia- 
lecticien rompu  à  toutes  les  subtilités,  un  métaphysicien  d'une 
rare  ampleur,  il  avait  encore,  et  à  un  degré  où  n'atteignit  peut- 
être  aucun  de  ses  contemporains,  l'esprit  éminemment  critique'. 
Son  goût  pour  le  platonisme  était  donc  le  résultat  d'une  enquête 
sérieuse,  d'une  comparaison  éclairée;  il  n'en  a,  pour  ce  motif, 
que  plus  de  prix  pour  nous. 

Le  cardinal,  en  qui  il  y  avait,  dit  A.  Weber^,  l'étoffe  d'un 

1.  La  meilleure  preuve  qu'on  en  puisse  donner,  c'est  que  Nicolas  de  Cuse, 
avant  Laurent  Valla,  a  démontré  dans  le  De  Concordantia  la  fausseté  de  la  dona- 
tion supposée  de  Constantin  et  la  nullité  de  celles  de  Pépin  et  de  Charlemai^ne 
après  les  restitutions  faites  par  Léon  VII  à  Othon  I".  Ses  jugements  sur 
certaines  prétentions  de  la  papauté  et  sur  les  réformes  nécessaires  de  l'Église 
témoignent  également,  sans  parler  de  bien  d'autres  arguments,  en  faveur  de  la 
perspicacité  et  de  la  sincérité  de  sa  critique. 

2.  nisl.  de  la  philosophie  européenne,  5"  éd.,  p.  246. 


266  MARGUERITE    DE   NAVARRE 

Bruno  et  d'un  Descartes,  ose  critiquer  ouvertement  les  erreurs  de 
la  scolastique  et  recommander,  comme  préférable  de  tout  point  au 
système  régnant,  la  philosophie  de  Platon,  qui,  dans  sa  pensée, 
se  combine  avec  la  théorie  pythagoricienne  des  nombres.  Il  a  pré- 
paré la  voie,  autant  que  Bessarion  et  que  Pléthon,  au  groupe  des 
platonisants  de  l'époque  de  Laurent  le  Magnifique,  qui  firent  de 
la  propagande  des  théories  académiques  l'objet  exclusif  de  leurs 
efforts  et  le  but  de  leur  existence.  Profondément  chrétien,  il 
rêva,  comme  devait  le  faire  Ficin  un  peu  plus  tard,  de  fusionner 
en  un  harmonieux  ensemble  les  principes  de  sa  croyance 
religieuse  avec  ceux  de  la  doctrine  philosophique  qui  s'était  si 
fortement  emparée  de  son  intelligence.  Cette  préoccupation  con- 
tribua à  communiquer  à  son  langage  une  grâce  et  une  noblesse 
singulières,  où  se  retrouve  manifestement  l'empreinte  du  Phédon 
et  du  Banquet  K  Quelles  règles  élevées  n'a-t-il  pas  proposées 
en  maint  endroit  de  son  œuvre  à  tous  ceux  qui  cherchent  et  qui 
réfléchissent?  on  sent  que  celui  qui  les  a  conçues  avait  dû  goûter 
le  miel  de  la  sagesse  antique  :  «  Savoir  et  penser,  voir  des  yeux 
de  l'esprit  la  vérité,  disait-il,  voilà  le  vrai  bonheur.  Plus  on 
avance  en  âge,  plus  ce  bonheur  grandit,  et  plus  on  s'applique  à 
chercher  la  vérité,  plus  on  se  sent  enflammé  du  désir  de  la  pos- 
séder... De  même  que  le  cœur  ne  vit  en  réalité  qu'autant  qu'il 
aime,  de  même  c'est  la  vie  de  l'esprit  que  de  tendre  à  la  science 
et  à  la  vérité.  Au  milieu  des  agitations  politiques,  parmi  les  tra- 
vaux de  chaque  jour,  dans  toutes  les  contradictions  de  ce  monde, 
portons  hardiment  et  librement  nos  regards  vers  les  régions  lumi- 
neuses du  ciel.  Élevons-nous  jusqu'à  la  source  de  toute  vérité  et 
de  toute  beauté.  Il  est  bon  d'étudier  son  propre  esprit  et  les 
diverses  productions  de  l'intelligence  humaine  durant  le  cours  des 
siècles  2.  » 

Ce  prélat  philosophe  avait  de  plus  une  âme  absolument  évan- 
gélique,  d'une  fraîcheur  de  sentiments  et  d'une  tendresse  char- 
mantes. Au  milieu  des  luttes  et  des  misères  de  son  siècle,  il  ne  se 
lassa  point  de  prêcher  la  concorde  et  surtout  la  tolérance,  ne  crai- 
gnant pas,  pour  n'en  citer  qu'un  exemple,  de  manifester  ses 

1.  Platon  est  cité  à  chaque  instant  dans  les  œuvres  de  Nicolas.  On  sent  qu'il 
est  pour  lui  le  maître  qui  domine  tous  les  autres.  Voici  l'une  des  nombreuses 
déclarations  qu'il  formule  à  cet  égard  :  «  Solus  autem  Plalo,  aliquid  plus  aliis 
PhUosophis  videns,  dicebat  se  rairari  si  Deus  inveniri,  et  plus  mirari  si  inven- 
tus  posset  propalari.  j  (Z)e  venatione  sapientix,  éd.  de  Bâie,  p.  307.) 

2.  Cité  par  Janssen,  loc.  cit. 


ET    LE    PLATONISME   DE   LA   RENAISSANCK.  267 

sympathies  à  l'égard  des  Hussites  ni  de  désapprouver  liautement 
les  sévérités  du  concile  de  Constance,  voire  même  celles  du  pape 
envers  ces  malheureux  persécutés.  Il  ne  souhaitait  rien  tant  que 
de  ramener  toutes  les  discussions  religieuses  sur  un  terrain  paci- 
fique. Rappellerai-je,  à  ce  propos,  que  ce  fut  aussi  l'un  des  plus 
chers  rêves  de  la  reine  de  Navarre  et  qu'elle  y  échoua  comme  le 
cardinal  allemand?  La  critique  du  Coran,  composée  par  lui, 
semble  bien  indiquer  qu'à  son  avis  il  y  a  du  bon  dans  toutes  les 
religions  et  que,  par  contre,  aucune  d'elles  n'est  absolument  par- 
faite. Il  appelait  de  tous  ses  vœux  l'établissement  d'une  sorte  de 
paix  perpétuelle  dans  le  domaine  de  la  reUgion  comme  dans  celui 
de  la  philosophie,  mais  il  mourut  sans  avoir  vu  l'humanité  s'ache- 
miner vers  cette  ère  idéale  de  tolérance  universelle,  h  laquelle 
aspirèrent  non  moins  vainement,  au  siècle  suivant,  Marguerite 
et  tous  les  nobles  esprits  qui  s'inspiraient  de  sa  pensée. 

Au  fond,  on  l'a  dit  avec  raison,  Nicolas  de  Cuse  était  avant 
tout  un  mystique  tant  par  la  méthode  que  par  le  tempérament,  et 
c'est  là  une  constatation  qui  importe  au  plus  haut  point  dans  la 
question  qui  nous  occupe.  Comme  philosophe,  il  a  uni  avec  une 
rare  faculté  d'éclectisme  la  connaissance  des  maîtres  de  l'antiquité 
à  celle  des  néo-platoniciens  de  l'époque  alexandrine  et  des  mys- 
tiques du  moyen  âge.  C'est  même,  on  peut  le  dire,  l'un  des  aspects 
caractéristiques  de  son  système.  Il  avait  étudié  avec  soin  Hugues 
de  Saint-Victor,  Amaury ,  Jean  Scot,  et  se  plaisait  à  les  citer  ;  mais 
les  auteurs  du  groupe  de  philosophes  et  de  théologiens  qui  com- 
mence avec  Plotin,  dont  il  s'était  le  mieux  pénétré  et  qui  ont  agi 
le  plus  fortement  sur  la  formation  de  son  esprit,  sont  sans  con- 
tredit Proclus,  dont  il  avait  médité  spécialement  les  commentaires 
sur  Platon,  le  pseudo-Denys  l'Aréopagite,  qui  eut  une  si  grande 
influence  aux  xv®  et  xvi®  siècles,  et,  plus  près  de  lui,  son  compa- 
triote, maître  Eckart.  Son  système  de  spéculation  religieuse  est, 
pour  une  large  part,  fondé  sur  ces  trois  maîtres.  Cette  préférence 
lui  constitue  un  lien  de  plus,  et  non  des  moins  appréciables, 
avec  Ficin  et  ses  disciples  florentins,  qui  avaient  presque  tous 
étudié  avec  une  ardente  conviction  les  théories  de  l'Ecole  d'Alexan- 
drie. Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  le  chef  de  la  moderne  Aca- 
démie, pour  ne  citer  ni  Pic  de  la  Mirandole,  ni  Landiui,  ni  les 
autres,  avait  traduit  et  commenté  les  ouvrages  de  Plotin,  de 
Jamblique  et  de  Proclus,  aussi  bien  que  ceux  de  Platon  ;  Ficin 
s'enthousiasma  pareillement  pour  l'Hermès  Trismégiste,  pour  le 


268  MARGUERITE    DE   NAVARRE 

pseiido-Denys,  et  inclina  même,  à  certains  moments,  vers  les  rêves 
de  la  tbéurgie,  de  l'alchimie  et  de  l'astrologie.  Cette  tendance  le 
conduisit  à  un  mysticisme  assez  étrange  qui  le  porta  à  dénaturer 
plusieurs  des  doctrines  de  l'auteur  du  Timée.  Or,  une  étude 
attentive  des  idées  du  cénacle  de  Meaux,  auquel  présidait  Bri- 
çonnet,  surtout  des  œuvres  de  son  représentant  le  plus  illustre, 
Lefèvre  d'Étaples,  démontre  précisément,  et  d'une  façon  indu- 
bitable, que  la  même  évolution  intellectuelle  qui  s'était  produite 
précédemment  chez  les  platoniciens  de  Florence  s'accomplit  égale- 
ment dans  ce  docte  milieu.  Les  précurseurs  de  la  Réforme  et  de 
la  Renaissance  en  France,  puisqu'au  début  les  deux  mouve- 
ments s'y  confondirent,  appartenaient  à  un  groupe  que  les  théo- 
ries néo-platoniciennes  et  m3^stiques  avaient  sérieusement  péné- 
tré. On  peut  même,  élargissant  le  point  de  vue,  affirmer  que  ces 
doctrines,  malgré  les  exagérations  des  maîtres  de  l'Ecole  alexan- 
drine,  malgré  les  écarts  d'imagination  et  les  prodigieuses  subti- 
lités de  leurs  successeurs,  séduisirent,  à  des  degrés  divers,  mais 
presque  toujours  avec  une  force  singulière,  tous  les  esprits  distin- 
gués des  xv^  et  xvf  siècles  que  la  philosophie  académique  avait  par 
ailleurs  attirés  et  conquis.  C'est,  nous  le  verrons,  ce  qui  arriva 
justement  pour  la  sœur  de  François  P""  et  ce  qui  explique,  mieux 
que  toute  autre  hypothèse,  les  conceptions  quintessenciées  et  les 
rêveries  vagues  qui  se  mêlèrent  chez  elle  au  platonisme  le  plus 
sincère.  Il  n'est  pas  douteux  que  Nicolas  de  Cuse  ait  ouvert  la 
voie  dans  ce  sens,  en  donnant  l'exemple  de  cet  éclecticisme  peu 
scientifique,  de  ces  combinaisons  audacieuses  de  systèmes  souvent 
dissemblables,  qui  contribuèrent  à  faire  gauchir  nombre  d'excel- 
lents esprits  de  la  Renaissance  et  à  enlever  à  leurs  travaux  phi- 
losophiques une  valeur  durable.  Ici  encore,  mais  dans  un  sens 
plutôt  fâcheux,  l'évêque  de  Brixen  a  été  un  initiateur  :  il  a 
fourni  le  prototype  non  seulement  des  platonisants  des  xv®  et 
xvi"  siècles,  mais  encore  de  la  plupart- des  penseurs  du  même 
temps,  —  il  y  a  toutefois  d'éclatantes  exceptions,  —  qui  exer- 
cèrent leur  activité,  trop  conciliante,  dans  le  champ  de  la  méta- 
physique pure  et  de  la  haute  spéculation. 

Le  cardinal  professait  cette  idée,  à  coup  sûr  généreuse  mais 
utopique,  que  les  esprits  supérieurs,  les  seuls  qui  comptent  en 
définitive  au  point  de  vue  de  l'avancement  de  l'humanité,  doivent 
tendre  à  s'élever  assez  haut  dans  le  monde  des  idées  pour  ne  plus 
trouver  de  diversité  dans  les  croyances,  ou  tout  au  moins  pour 


ET    LE    PLATONISME    DE    LA    RENAISSANCE.  269 

considérer  comme  négligeables  les  difîérences  qui  les  séparent  aux 
yeux  du  vulgaire.  Il  paraît  bien  avoir  admis  que  les  sages  de  tous 
les  temps  et  de  tous  les  pays  reconnaissent,  au  fond,  le  même 
Dieu^  On  voit  quelle  largeur  et  quelle  liberté  de  conceptions  ont 
pu  se  rencontrer  chez  l'ami  de  Nicolas  V.  Mais  cette  compréhen- 
sion, à  certains  égards  trop  large,  des  différents  systèmes  reli- 
gieux et  philosopiiiques  ne  l'a  pas  empêché  de  formuler  dans  ses 
principaux  traités  didactiques  :  De  docta  ignorantia,  De  Pos- 
sest,  De  venatione  sapientiœ,  etc.,  un  ensemble  de  théories 
vraiment  originales  que  ses  disciples  de  la  première  moitié  du 
XVI''  siècle  ont  étudiées  avec  ardeur  et  auxquelles  ils  ont  fait  des 
emprunts  considérables.  Dieu,  Yabsoluta  infinitas,  est  à  la  fois 
le  maxiiiium  et  le  minimum,  il  ne  peut  être  ni  plus  grand  ni 
plus  petit  qu'il  n'est;  le  monde  est  le  maximum  contracté,  dans 
son  essence  il  n'est  pas  différent  de  Dieu  ;  l'universel  se  retrouve 
dans  le  particulier  qui  n'est  que  l'universel  particularisé.  La  vérité 
absolue  sur  Dieu  et  sur  le  monde  est  inaccessible  à  l'homme.  Ce 
dernier  n'a  donc  qu'à  confesser  son  ignorance  ;  c'est  en  elle  que 
consiste  sa  science  et  sa  sagesse  :  sancta  et  docta  ignorantia. 
Mais  si,  par  sa  seule  raison,  il  ne  peut  former  que  des  conjectures, 
la  connaissance  de  la  vérité  lui  devient  possible  dès  que  Dieu  vient 
l'illuminer  par  sa  grâce.  C'est  pourquoi  la  foi  est  la  condition  de 
la  connaissance;  elle  nous  transporte  même  au  delà,  en  nous 
ouvrant  les  horizons  de  la  contemplation  immédiate  de  l'essence 
divine.  Comme  l'a  fait  remarquer  Charles  Schmidt,  qui  nous 
fournit  ce  résumé,  par  là  même  exact  et  siir,  la  tendance  pan- 
théiste, quoique  mitigée  par  le  mélange  d'éléments  chrétiens, 
est  beaucoup  plus  incontestable  chez  Nicolas  de  Guse  que  chez 
maître  Eckart  ;  mais  l'Eglise  ne  s'en  inquiéta  points  On  sait  que 
Giordano  Bruno  n'a  fait  que  développer  dans  toutes  ses  consé- 
quences le  système  de  celui  qu'il  appelait  le  divin  Cusano  et  qu'il 
y  gagna  d'être  brûlé  ^. 

1.  De  venatione  sapientùe  liber,  cap.  ix  :  «  Quomodo  sacrae  literce  et  Philo* 
sophi  idem  varie  nominarunt-  » 

2.  Cil.  Schmidt,  Précis  de  l'hist.  de  l'Église  d'Occident,  Paris,  1885,  p.  369. 
Voy.  ea  outre  sur  notre  philosophe  l'Encyclopédie  des  sciences  religieuses  de 
Lichtenberger,  v-  N.  de  C;  Geiger,  Renaissance  und  Ilumanismus  in  Italien 
und  Deutschland,  p.  331;  on  trouvera  dans  Potthast,  Wegueiser  durch  die 
Geschichisuerke  des  europ.  Mitlelalters,  2°  éd.,  v  Nicolas  de  C,  une  liste  des 
travaux  parus  sur  l'auteur  du  De  concordantia  catholica,  qui  dispense  d'y 
renvoyer  ici  plus  en  détail. 

3.  Le  cardinal  allemand  a  été  aussi  le  maître  de  Rodolphe  Agricola  ;  il  a  exercé, 


270  MARGUERITE    DE   NAVARRE 

En  résumé,  le  cardinal  de  Cuse  peut  être  considéré  comme  la 
personnification  la  plus  exacte  et  la  plus  résolue,  sinon  la  plus 
éclatante,  des  aspirations  qui  commencèrent  à  se  manifester,  vers 
le  milieu  du  xv'^  siècle,  en  faveur  d'une  double  réforme  ecclésias- 
tique et  intellectuelle  ;  il  a  exprimé  en  même  temps,  d'une  manière 
aussi  complète  et  aussi  audacieuse  qu'il  était  possible,  les  ten- 
dances mystico-panthéistiques  qui  exercèrent  sur  le  mouvement 
des  idées  des  xv®  et  xxf  siècles,  principalement  entre  1450  et 
1550,  une  action  si  considérable.  Le  seul  examen  de  ses  doctrines 
suffirait  donc  à  révéler  l'influence  qu'il  a  dû  exercer  sur  les  pre- 
miers adeptes  de  la  Réforme  en  France  et  sur  Marguerite  de 
Navarre  en  particulier.  Entre  ses  conceptions  philosophiques  et 
religieuses  et  celles  du  groupe  dont  Lefèvre  d'Etaples  et  Guillaume 
Briçonnet  ont  été  les  inspirateurs  et  la  sœur  du  Père  des  Lettres 
la  protectrice,  un  rapprochement  s'impose.  Mais  cette  action,  que 
la  comparaison  des  idées  sufiSrait  à  démontrer,  un  texte  formel, 
non  signalé  jusqu'à  présent,  vient,  d'autre  part,  la  confirmer  et 
la  préciser.  Je  l'indique  dès  maintenant,  avant  d'entrer  dans  le 
détail  des  ressemblances  d'idées  et  même  de  forme  auxquelles  je 
viens  de  faire  allusion.  Il  s'agit  d'un  témoignage  fourni  par 
la  lettre,  à  la  fois  si  remarquable  et  si  instructive,  écrite  par 
Capiton  à  Marguerite,  le  22  mars  1528^.  J'en  citerai  un  pas- 
sage assez  étendu,  parce  que  ce  texte  contient,  à  un  autre  point 
de  vue,  des  éclaircissements  précieux  qu'il  serait  regrettable 
de  passer  sous  silence,  puisque  l'occasion  se  rencontre  d'insis- 
ter sur  ce  texte.  Capiton  dédie  à  la  princesse,  dans  cette  lettre, 
son  commentaire  du  prophète  Osée,  qui  parut  à  Strasbourg  au 
cours  de  cette  même  année  1528.  «  Votre  foi,  écrit  le  théologien 
strasbourgeois  à  la  reine,  est  pour  le  vaste  royaume  de  France 
un  exemple  d'autant  plus  frappant  qu'il  est  aujourd'hui  plus  rare 
et  que  les  siècles  passés  en  ont  à  peine  montré  un  pareil.  Elevée 
au  sein  des  délices  des  cours,  vous  avez  cependant  toujours  tourné 
vos  pensées  vers  les  choses  de  Dieu,  en  vous  laissant  conduire  par 
la  crainte  du  Seigneur,  qui  est  la  pépinière  des  enfants  du  royaume 
et  le  commencement  de  la  divine  sagesse  {Proverbes,  IX,  10). 
C'est  sous  cette  influence  que,  d'abord,  vous  avez  traversé  toute  la 

en  outre,  une  inlluence  certaine  sur  Lefèvre  d'Etaples,  comme  on  le  verra  plus 
loin,  et  sur  Reuchlin. 

1.  Herminjard,  Correspondance  des  réformateurs,  t.  II,  p.  119  et  suiv.  La 
lettre-dédicace  est  en  latin.  On  reproduit  ici  la  traduction  donnée  par  M.  Her- 
minjard. 


ET   LE    PLATONfSME    DK    LA    RENAISSANCE.  274 

variété  des  superstitions,  comme  je  l'ai  appris  de  témoins  ocu- 
laires. Ensuite  vous  vous  êtes  adonnée,  selon  les  idées  du  temps, 
à  ce  qu'on  appelle  «  la  contemplation  de  Dieu  ',  »  et  vous  en  avez 
heureusement  profité,  si,  toutefois,  cette  méthode  peut  porter 
d'heureux  fruits.  J'ai  lu  moi-même  deux  lettres  en  français  qui 
vous  étaient  adressées  -,  et  dans  lesquelles,  a  V imitation  de  Nico- 
las de  Cusa,  on  philosophait  sur  l'essence  et  la  puissance  de 
Dieu.  Enfin,  l'expérience  vous  a  appris  la  vanité  de  toutes  ces 
œuvres  et  de  toutes  ces  pratiques  auxquelles  vous  vous  étiez 
livrée,  le  plus  souvent  sans  y  mettre  votre  cœur.  Vous  avez  éga- 
lement éprouvé  combien  cette  philosophie  de  haute  volée  apporte 
avec  elle  de  fatigue  et  combien  elle  procure  peu  de  satisfaction. 
Je  vois  d'ici  les  crises  intérieures  par  lesquelles  vous  avez  dû  pas- 
ser, quand  vous  avez  senti  disparaître  successivement  votre  pleine 
confiance  en  vos  bonnes  œuvres  et  en  cette  lumineuse  philosophie 
sacrée  que  vous  vous  représentiez  comme  la  vérité  chrétienne 
elle-même  et  comme  le  gage  assuré  de  l'éternité  future.  Mais  vous 
avez  fini  par  voir  resplendir  au  milieu  de  toutes  ces  ténèbres  la 
vraie  lumière  et  Celui  qui  est  la  vie  du  monde  :  Jésus-Christ...  » 
Voilà  de  nobles  et  véridiques  pensées,  qui  attestent  chez  celui  qui 
les  a  conçues  une  singulière  clairvoyance  de  jugement.  C'est 
toute  l'histoire  de  la  vie  morale  et  religieuse  de  la  reine  de  Navarre 
qu'il  résume  en  quelques  lignes,  et  cela  avec  une  admirable  divi- 
nation ;  il  considère,  en  effet,  comme  terminée  une  évolution  qui 
ne  l'était  pas  encore,  mais  qui  a  bien  abouti  au  résultat  final  qu'il 
spécifie.  Il  n'y  a  pas  à  s'y  tromper,  ce  texte  éclaire  étonnamment 
le  poème  des  Prisons.  On  ne  saurait  dire  qu'il  apporte  une  preuve 
nouvelle  en  faveur  de  l'authenticité  de  cette  œuvre,  puisque  son 
attribution  à  Marguerite  ne  fait  l'objet  d'aucun  doute,  mais  il 
en  fait  assurément  mieux  comprendre,  mieux  apprécier  la  trame, 
qui  est  fournie  par  la  réalité  même  ^. 

Quant  à  ce  qui  concerne  l'allusion  faite  si  explicitement  par 
Capiton  à  la  philosophie  de  Nicolas  de  Cuse,  il  est  évident  qu'elle 

1.  C'est-à-dire  la  théologie  mystique  (note  do  II.)- 

2.  C'étaient  probablement  deux  lettres  de  l'évéque  de  Meaus,  Guillaume  Bri- 
çonnet  (note  de  H.)- 

3.  Je  ne  puis  insister  ici  sur  ce  rapprochement,  renvoyant  pour  de  plus  amples 
développements  à  mon  introduction  au  volume  des  Dernières  poésies  de  Mar- 
guerite de  Navarre,  Paris,  Armand  Colin,  18%,  in-S%  p.  xlv  à  lxxv,  et  sur- 
tout p.  XLVi,  Lxii,  etc. 


•>72  MAIIGDERITE   DE    NAVARRE 

n'est  pas  due  au  hasard.  Il  suffit  de  lire  quelques-unes  des  lettres 
échangées  entre  l'évêque  de  Meaux  et  sa  royale  correspondante 
pour  se  rendre  compte  des  similitudes  de  pensées  et  de  formules 
qui  suggéraient  naturellement  au  réformateur  alsacien  la  com- 
paraison dont  il  a  usé  dans  son  épître  dédicatoire^  Les  images 
empruntées  au  vocabulaire  des  mathématiques  trahissent  à  chaque 
instant  l'imitation  du  cardinal  allemand  qui,  on  le  sait,  avait 
remis  en  faveur  le  goût  des  symboles  pythagoriques. 

Les  sympathies  intellectuelles  qui  portèrent  Guillaume  Briçon- 
net,  le  premier  directeur  spirituel  de  Marguerite,  vers  l'auteur 
du  De  Deo  abscondito,  s'étaient  affirmées  bien  avant  la  corres- 
pondance qui  s'étabht,  vers  1524,  entre  lui  et  la  fille  de  Louise 
de  Savoie,  alors  duchesse  d'Alençon.  Elles  furent  même  dès  le 
début  si  profondes  et  si  actives  qu'elles  amenèrent  le  prélat  à  faire 
entreprendre  une  édition,  —  la  plus  complète  et  la  plus  soignée 
qui  eût  encore  paru,  —  de  son  maître  préféré  en  matière  de  phi- 
losophie. C'est  là  un  fait  des  plus  significatifs,  qui  éclaire  d'une 
vive  lumière  la  question  des  origines  de  ce  mysticisme  néo- 
platonicien qui  a  été  l'un  des  éléments  tout  à  fait  caractéristiques 
de  la  période  initiale  de  notre  Renaissance  française. 

Coïncidence  frappante,  Briçonnet  confia  la  tâche  de  préparer 
et  d'exécuter  cette  édition  au  plus  éminent  penseur  de  l'époque, 
qui  était,  en  même  temps  que  son  ami,  l'érudit  le  plus  autorisé 
pour  un  travail  de  ce  genre,  à  Lefèvre  d'Étaples.  Dès  1509,  le 
savant  picard  s'occupait  de  recueillir  les  matériaux  nécessaires 
à  cette  entreprise,  et  Beatus  Rhenanus  faisait  part  à  Reuchlin  du 
désir  de  l'humaniste  français  de  grouper  tous  les  ouvrages  du 
cardinal  qui  pouvaient  être  demeurés  inédits,  spécialement  le 
Directorium  speculantis^ .  Nul  doute  que  Lefèvre  ait  apporté 
à  son  recueil  un  soin  et  un  scrupule  extrêmes;  en  tout  cas,  rien 
ne  fut  négligé  pour  donner  au  volume  un  aspect  remarquable  au 

1.  Voy.  passim  le  recueil  manuscrit  de  celte  correspondance  à  la  Bibliothèque 
nationale  (fonds  fr.  11495).  Ce  n'est  pas  par  un  ou  plusieurs  passages  cités  en 
parliculier  que  l'on  peut  faire  comprendre  ces  ressemblances.  Elles  résultent 
d'une  lecture  plus  étendue  de  la  correspondance;  c'est  l'impression  générale  qui 
s'en  dégage  qui  les  fait  apparaître  plutôt  que  quelques  textes  isolés.  De  même, 
il  faudrait  donner  de  nombreuses  citations  des  œuvres  de  Cusanus,  ce  qu'il  est 
impossible  d'entreprendre  ici.  Les  rapprochements  signalés  plus  loin  suffiront 
à  marquer  les  rapports  inlellecluels  dont  nous  parlons  et  leur  évidence. 

2.  Herminjard,  t.  II,  p.  122,  note  14. 


ET    LE    PLATONISME    DE    LA    RENAISSANCE.  273 

point  de  vue  typographique.  L'impression,  qui  dura  huit  mois, 
fut  terminée  en  1514,  et  l'ouvrage  parut*.  Il  était  précédé  d'une 
lettre-dédicace  adressée  à  Guillaume  Briçonnet,  alors  encore 
évêque  de  Lodève,  dans  laquelle  l'éminent  éditeur,  après  avoir 
fait  l'éloge  de  N.  de  Cuse,  racontait  combien  le  prélat,  «  bono- 
rum  authorura  omnium,  cum  latinorum  tum  graicorum,  solertis- 
simus  indagator,  »  avait  ardemment  désiré  rachèveraent  de  cette 
œuvre,  qui  devait  fournir  tant  de  hautes  et  sublimes  conceptions 
à  tous  les  esprits  avides  d'une  culture  supérieure.  On  sent  que 
les  éloges  décernés  par  Lefèvre  à  Nicolas  de  Cuse  sont  inspirés 
par  une  conviction  profonde,  et  qu'il  l'avait  pratiqué  longuement 
et  avec  une  prédilection  toute  particulière  ;  on  devine  également, 
par  ces  déclarations  mêmes,  que  leur  commune  sympathie  pour 
le  philosophe  allemand  n'avait  pas  peu  contribué  à  rapprocher 
l'évêque  de  Lodève  et  le  plus  illustre  des  professeurs  de  l'Uni- 
versité de  Paris  au  commencement  du  xvi"  siècle.  L'auteur  du 
De  docta  ignorantia  a  été  pour  beaucoup  dans  les  rapports 
intellectuels  si  étroits  qui  s'établirent  entre  ces  deux  hommes, 
autour  desquels  allaient  se  grouper  pour  un  temps  tous  les  par- 
tisans du  progrès  philosophique  et  religieux. 

Observons,  à  ce  propos,  que  la  double  influence  des  mystiques 
et  des  néo-platoniciens  a  été,  en  ce  qui  touche  Lefèvre  d'Étaples, 
infiniment  plus  marquée  qu'on  ne  l'a  cru  généralement.  Le  docte 
restaurateur  de  la  philosophie  d' Aristote  ne  s'était  nullement  can- 
tonné dans  le  culte  et  l'étude  du  maître  du  Lycée  ;  il  avait  acquis, 
au  contraire,  une  connaissance  très  sérieuse  des  dialogues  platoni- 
ciens et  se  plaisait  à  les  citer,  rapprochant,  et  presque  toujours 
avec  une  irréprochable  impartialité,  les  enseignements  de  l'Aca- 
démie de  ceux  du  péripatétisme.  Toutefois,  il  se  plaçait  prudem- 
ment à  l'abri  des  polémiques  en  déclarant,  au  dire  de  S}  mphorien 
Champier,  qu'il  ne  voulait  pas  plus  être  rangé  parmi  les  platoni- 
ciens que  parmi  les  aristotéliciens'.  Mais  si  Lefèvre  n'est  pas  resté 
étranger  aux  doctrines  de  l'auteur  du  Banquet,  il  s'est  pénétré 
sûrement,  avec  une  application  encore  plus  continue  et  plus  appa- 
rente, des  œuvres  de  la  philosophie  alexandrine  et  du  mysticisme 
médiéval.  La  simple  énumération  des  éditions  qu'il  publia,  et 
dont  plusieurs  représentent  une  somme  de  travail  considérable, 

1.  Bibl.  nat.,  réserve  Z.  280,  f°. 

2.  Voy.  noire  article  sur  le  Platonisme  en  France,  p.  5. 

4897  ^8 


274  MARGDERITE   DE   NAVARRE 

montre  jusqu'à  quel  point  son  activité  s'est  déployée  dans  ce 
sens.  Non  seulement  il  s'initia  au  néo-platonisme  chrétien  du 
pseudo-Denys  l' Aréopagite  et  aux  étranges  conceptions  de  l'Her- 
mès Trismégiste,  dont  il  publia  le  texte  latin  fourni  par  la  traduc- 
tion de  Marsile  Ficin,  mais  il  s'adonna  aussi  avec  une  égale 
ardeur  à  l'étude  des  œuvres  de  Raj-mond  Lulle  et  de  Richard  de 
Saint- Victor,  comme  en  témoignent  les  diverses  éditions  qu'il  fit 
paraître  de  leurs  œuvres.  Son  goût  pour  le  pseudo-Denys,  qu'il 
y  a  lieu  de  rapprocher  de  celui  pour  Nicolas  de  Cuse,  lui  était 
pareillement  commun  avec  Guillaume  Briçonnet.  Tous  deux 
étaient  intimement  persuadés  de  l'identité  de  l' Aréopagite  avec 
saint  Denis,  apôtre  des  Gaules  et  martyr'.  Telle  était,  d'ailleurs, 
l'opinion  générale  des  savants  de  l'époque;  aussi,  lorsque  Luther 
eut  déclaré  que  les  œuvres  de  l' Aréopagite  ne  contenaient  que 
des  rêves  creux  et  du  platonisme,  son  opinion  fut-elle  condam- 
née par  la  Sorbonne^  comme  fausse,  téméraire,  arrogante  et 
injurieuse.  D'autre  part,  il  importe  de  le  rappeler,  le  pseudo- 
Denjs  est  une  des  autorités  chères  à  Nicolas  de  Cuse,  qui  en  a 
usé  largement  pour  l'élaboration  de  son  système  de  philosophie 
religieuse.  Ainsi,  de  quelque  côté  qu'on  se  tourne,  se  révèlent 
d'instructives  concordances;  les  origines  se  précisent  et  se  sim- 
plifient, et  Ton  est  tout  surpris  de  retrouver  à  chaque  pas  des 
indices  qui  éclairent  ces  problèmes  qui  paraissaient  insolubles. 
On  découvre  dans  des  mouvements  d'idées  qu'on  croyait  mul- 
tiples et  divers  de  surprenantes  analogies  qui  en  laissent  aperce- 
voir l'unité. 

Chose  singulière,  entre  le  chef  de  l'Académie  de  Florence,  le 
promoteur  du  platonisme  moderne,  Marsile  Ficin,  et  Lefèvre 
d'Etaples,  à  qui  la  Renaissance  française  a  dû  de  voir  revivre  la 
véritable  pensée  d'Aristote,  défigurée  par  tant  de  commentaires 
et  de  traducteurs  peu  sagaces,  il  existe,  grâce  au  néo-platonisme, 
un  véritable  courant  d'idées  communes.  Entre  ces  deux  maîtres, 
que  des  dissemblances  d'études,  de  milieu,  de  tournure  d'esprit, 
semblaient  devoir  éloigner  l'un  de  l'autre,  un  trait  d'union  s'est 
établi,  que  Plotin,  Proclus,  le  Trismégiste  et,  d'une  manière 
générale,  les  mystiques  alexandrins  ont  contribué  à  former.  La 
même  constatation  s'impose  en  ce  qui  touche  le  cardinal  de 

1.  Voy.  Graf,  Lefêvre  d'Etaples  (Strasbourg,  1842),  éd.  française,  p.  18. 

2.  Du  Boulay,  Hist.  univ.  de  Paris,  t.  VI,  p.  127. 


ET    LE    PLATONISME    I)E    LA    RENAISSANCE.  275 

Cuse.  Or,  en  France  du  moins,  —  nous  l'avons  remarqué  plus 
haut,  —  la  Réforme  religieuse  est  intimement  liée,  pendant  sa 
période  de  début,  à  ces  tendances  philosophico-mystiques.  Lefèvre 
d'Etaples,  Kriçonnet,  et  après  eux  Marguerite  de  Navarre,  ont 
été  la  plus  éclatante  expression  de  ce  moment  précis  de  l'évolu- 
tion intellectuelle  du  xvi''  siècle  dans  notre  pays.  On  s'explique 
donc  que  le  platonisme,  agissant  souvent,  il  est  vrai,  par  des 
exagérations  qui  en  modifiaient  singulièrement  l'esprit,  ne  sau- 
rait être  exclu  de  cette  histoire.  Il  en  constitue,  au  contraire, 
l'un  des  éléments  essentiels,  que  l'historien  de  la  pensée  française 
durant  cette  époque  a  le  devoir  de  dégager  avec  soin  et  de  mettre 
en  pleine  lumière. 

Mais,  pour  en  revenir  aux  questions  qui  concernent  plus  spé- 
cialement l'étude  du  développement  intérieur  de  l'auteur  des 
Marguerites,  il  est  clair  que  l'action  des  enseignements  de 
Nicolas  de  Cuse,  transmis  par  Briçonnet  et  par  Lefèvre  d'Etaples, 
ne  pouvait  se  manifester  chez  elle  de  la  même  manière  que  chez 
ses  deux  maîtres.  Certaines  conceptions  devaient  séduire  plus 
particulièrement  son  intelligence  de  femme,  pendant  que  d'autres, 
celles  d'ontologie  pure,  par  exemple,  devaient  la  laisser  assez 
indifférente.  Tout  ce  qui  avait  trait  à  la  nature,  à  l'essence,  à  la 
définition  de  la  Divinité,  intéressait,  on  le  devine,  la  reine  au 
premier  chef;  et  c'est  justement  dans  ce  domaine  qu'il  est  pos- 
sible de  relever  à  travers  son  œuvre  littéraire  plusieurs  preuves 
frappantes  d'une  double  influence  philosophique  exercée  par  les 
deux  chefs  du  platonisme  moderne,  Nicolas  de  Cuse,  d'une  part, 
et  Marsile  Ficin,  de  l'autre.  A  la  vérité,  l'influence  de  chacun  de 
ces  penseurs  se  mêle  si  étroitement  à  celle  de  l'autre,  lorsqu'il 
s'agit  de  certaines  questions  parmi  les  plus  graves  de  la  théodi- 
cée,  qu'il  devient  très  difficile  de  faire  la  part  de  l'une  et  de 
l'autre.  Nous  allons  donner  de  ce  fait  un  exemple  curieux  et 
non  soupçonné  jusqu'à  présent,  qui  permettra  du  même  coup 
d'éclaircir,  à  l'aide  de  matériaux  nouveaux,  l'histoire  de  la  trans- 
mission d'une  formule  célèbre,  dont  la  critique  littéraire  et  la 
critique  philosophique  se  sont  plus  d'une  ibis  occupées,  et  qui  a 
toujours  eu  le  privilège  d'intriguer  les  commentateurs. 

III. 

S'il  y  a  eu  un  sentiment  profond  et  permanent  dans  l'âme  de 


276  MARGOERITE    DE    .■VAVARRE 

la  reine  de  Navarre,  sentiment  qui  a  dominé  et  dans  une  large 
mesure  dirigé  son  existence,  c'est  l'aspiration  vers  le  divin.  Con- 
naître Dieu,  s'élever  jusqu'à  lui  :  tel  a  été  le  but  premier  de  ses 
pensées  et  de  ses  méditations.  Le  souci  même  des  problèmes  de 
l'amour,  qui  tint  une  place  si  importante  dans  les  réflexions  de 
Marguerite,  s'explique  par  cette  aspiration.  Résolument  platoni- 
cienne à  ce  point  de  vue,  elle  considérait  l'amour  humain  comme 
une  étape  nécessaire  vers  l'amour  divin.  A  ses  yeux,  l'amour  de  la 
créature  conduisait  à  celui  du  Créateur.  Elle  confondait,  unifiait 
en  quelque  sorte,  dans  ce  dernier  sentiment,  toutes  les  autres 
ardeurs  qui  consument  le  cœur  de  l'homme.  Ces  paroles  de  l'étran- 
gère de  Mantinée  dans  le  Banquet,  le  dialogue  qu'elle  avait  tant 
aimé  et  pratiqué,  résument  admirablement  la  doctrine  de  l'auteur 
de  y Heptaméron  et  en  font  comprendre  l'unité'  :  «  Quand  des 
beautés  inférieures  on  s'est  élevé  jusqu'à  cette  beauté  parfaite  et 
qu'on  commence  à  l'entrevoir,  on  touche  presque  au  but  ;  car  le 
droit  chemin  de  l'amour,  c'est  de  commencer  par  les  beautés 
d'ici-bas  et  de  s'élever  jusqu'à  la  beauté  suprême,  en  passant, 
pour  ainsi  dire,  par  tous  les  degrés  de  l'échelle.  ?> 

Ainsi,  concevoir  la  Divinité,  l'Être  par  excellence,  duquel 
procèdent  tous  les  autres,  et  tenter  de  le  définir  :  voilà,  en 
somme,  la  préoccupation  fondamentale  qui  se  fait  jour  à  travers 
les  œuvres  spirituelles  de  notre  reine,  et  qui  lui  a  inspiré  quelques- 
uns  de  ses  accents  les  plus  heureux  et  les  plus  personnels,  en  lui 
faisant  découvrir  des  veines  de  lyrisme  encore  inconnues  dans 
notre  littérature. 

La  plus  gi-ande  partie  du  troisième  chant  des  Prisons,  celle-là 
même  qui  contient  le  double  développement  de  la  formule  :  je 
suis  Celui  qui  suis,  et  de  l'antithèse  de  Tout  (Dieu)  et  de 
Rien  (la  créature  humaine)^,  deux  motifs  qui  tiennent  dans  les 
œuvres  spirituelles  de  la  reine  une  place  considérable,  est  impré- 
gnée d'un  mysticisme  de  ferme  allure  et  d'un  caractère  logique, 
—  si  l'on  peut  user  de  ces  expressions  en  parlant  d'une  matière 
par  essence  si  subtile,  —  qui  se  rapproche  par  bien  des  côtés 
de  celui  de  Nicolas  de  Cuse^,  Je  ne  parle  pas  seulement  des  analo- 

1.  On  signalera  plus  loin  un  commentaire  poétique  de  Marguerite  s'appliquant 
précisément  à  cette  théorie  platonicienne.  Il  y  aura  lieu  alors  d'insister  davan- 
tage sur  cette  question. 

2.  Dernières  poésies,  p.  212  à  255  et  285  à  297. 

3.  Le  mot  du  cardinal  :  «  Deum  esse  omuia  ut  non  possit  esse  aliud  quam 


ET   LE   PLATONISME    DE   LA    RENAISSANCE.  277 

gies  de  vocabulaire  ou  de  ces  nuances  qui  se  retrouvent  à  des 
degrés  divers  chez  nombre  de  mystiques,  mais  surtout  de  la  doc- 
trine générale  et  des  conceptions  d'ensemble  auxquelles  elle  abou- 
tit. A  ce  point  de  vue,  les  ressemblances  sont  très  appréciables. 
Grâce  à  Brioonnet  et  à  Lefèvre  d'Étaples,  nous  l'avons  dit,  Mar- 
guerite s'était  familiarisée  avec  le  tour  de  pensée  de  traités  aussi 
ardus  tels  que  le  De  Deo  ahscondito,  le  De  docta  ignorantia, 
le  De  Possest,  le  De  venatione  sajnentiœ.  L'idée  qui  domine 
dans  ces  œuvres  est  celle  du  Dieu  un,  absolu.  Il  n'est  pas  dou- 
teux que  Marguerite  incline,  à  la  suite  de  leur  auteur,  vers  un 
véritable  panthéisme;  de  même  que  le  cardinal,  elle  est  conduite 
à  penser  et  à  parler  comme  les  Alexandrins  et  tous  les  philo- 
sophes qui  se  rattachent  à  leur  école.  Dieu  étant  le  possible  et  le 
réel  existe  eu  toutes  choses,  comme  toutes  choses  existent  en  lui. 

Dieu  est  tout  estre,  bonté,  sçavoir, 
Vérité,  vie  et  puyssance  et  povoir',... 

Au  fondz  d'enfer,  en  tous  maulx,  en  tous  hiens, 
Ton  seul  Tout  voys  ;  mais  dy  moi  plus  avant, 
Quand  tu  t'en  vas  sus  les  aelles  du  vent, 
Que  trouves  tu  au  ciel  entre  les  sainctz  ? 
Tu  trouves  Tout,  duquel  ilz  sont  tous  plains, 
Tout,  qui,  de  tous,  est  la  béatitude. 
Tout,  seul  vivant  en  ceste  multitude, 
Tout,  qui  en  tous  s'ayme  par  son  amour, 
Tout,  qui  se  loue  en  tous  et  nuict  et  jour  2. 


est,  »  pourrait  servir  d'épigraphe  à  cette  partie  des  Prisons.  Un  passage  fort 
important  du  développement  signalé  plus  haut  est  celui  qui  renferme  le  récit 
du  ravissement  mystique  de  Marguerite  (Dernières  poésies,  p.  240-241).  C'est 
un  morceau  capital  pour  la  connaissance  de  l'évolution  religieuse  de  noire  reine. 
On  pourra  en  juger  par  ces  quelques  vers  qui  peignent  l'émotion  de  son  âme, 
à  laquelle  «  la  voix  de  Dieu  »  vient  de  se  faire  entendre  : 

Que  si  la  voix  en  moy  eust  fait  demeure 

Tant  seulement  une  minute  d'heure, 

Si  doulce  estoit  qu'elle  eust  esté  suyvie 

De  ma  pauvre  ame  estant  d'amour  ravie  ; 

Car  sans  regret  elle  eust  lessé  mon  corps 

Pour  estre  unye  à  ses  divins  accordz. 

1.  Dernières  poésies,  p.  237. 

2.  Jbid.,  p.  290. 


278  MARGDERITE   DE   NAVARRE 

Il  serait  aisé  de  multiplier  les  citations  empruntées  aux  Pri- 
sons, ce  résumé  de  la  vie  spirituelle  de  la  sœur  de  François  P^ 
Déjà,  dans  les  meilleures  parties  du  recueil  des  Marguerites, 
dans  YOraison  à  Jésus-Christ,  par  exemple,  qui  prélude  aux 
confidences  du  vaste  poème  qui  forme  le  couronnement  de  la  car- 
rière poétique  de  la  reine,  cette  dernière  avait  inséré  plus  d'un 
morceau  où  se  retrouve  le  tour  de  pensée  des  platonisants  du 
xv''  siècle  et  de  Cusanus  en  première  ligne.  S'adressant  à  Dieu 
au  début  de  cette  Oraison,  la  princesse  formule,  dans  une 
page  Ivrique  d'une  ampleur  remarquable,  cette  définition  de  la 
Divinité'  : 

Vostre  nom  est  sy  grand  et  admirable, 
Que  naturel  esprit  ou  raisonnable 
Ne  vous  sçauroit  nommer  parfaitement  : 
Tous  noms  avez,  estant  innominable. 
Dont  nostre  sens  est  sy  très  peu  capable 
Qu'il  ne  congnoit  que  c'est,  quoy  ne  comment. 
Il  me  suffit  de  croire  seulement 
Que  de  tout  bien  estes  commencement, 
Moyen  et  fin,  en  tous  temps  immuable, 
Puissant,  bon,  beau,  sapient,  véritable. 
Car  tous  les  noms  que  nostre  entendement 
Vous  peult  donner  en  chose  vraysemblable, 
Cela  n'est  rien,  veu  qu'indiciblement 
Estes  celuy  qui  Estes,  vrayement, 
Dont  à  nous  est  le  sçavoir  importable. 
Mais,  congnoissant  que  nostre  sauvement 
Vient  de  Jésus,  nom  sur  tous  admirable, 
Sauveur  Jésus,  vous  appelle  humblement. 

On  retrouve  nettement  dans  ce  passage  l'écho  d'une  idée  chère 
au  cardinal  allemand  et  qu'il  a  développée  avec  complaisance  au 
cours  du  De  Deo  abscondito  et  du  De  docta  ignorantia,  à 
savoir  que  Dieu  est  insaisissable  en  lui-même  et  que  les  noms  qui 
lui  sont  attribués,  comme  aussi  les  mots  et  les  formules  dont  on 
use  pour  le  définir,  ne  sont  que  des  palliatifs  destinés  à  donner  le 
change  sur  notre  ignorance  et  sur  la  pauvreté  de  nos  conceptions. 
D'après  le  même  philosophe.  Dieu  ne  se  révèle  à  l'intelligence  de 

1.  Les  Marguerites,  éd.  Frank,  I,  |).  135. 


ET    LE    PLATONISME    DE    LA    RENAISSANCE.  27!» 

l'homme,  et  encore  dans  une  mesure  tout  à  fait  relative,  que  par 
des  symboles  mathématiques.  C'est  cette  opinion  qui  l'a  conduit 
à  user  fréquemment,  et  parfois  avec  une  exagération  manifeste, 
de  comparaisons,  d'images,  de  formules  empruntées  à  l'arithmé- 
tique et  à  la  géométrie,  sciences  dans  lesquelles  il  avait  acquis  des 
connaissances  toutes  spéciales.  Or,  le  poème  des  P7isons  de  Mar- 
guerite de  Navarre,  qui  forme  l'appoint  le  plus  considérable  du 
recueil  de  ses  Bermières  poésies,  et  qui  donne  des  renseigne- 
ments si  précieux  sur  les  études  poursuivies  par  la  princesse, 
dont  la  curiosité  de  savoir  était  universelle,  nous  indique  qu'elle 
n'était  pas  restée  étrangère  à  cette  branche  des  connaissances 
humaines  *  : 

Puis  j'assemblay  ces  livres  fantastiques, 

Beaulx  et  plaisans,  où  les  mathématiques 

Lire  l'on  peult;  mais  qui  bien  s'y  adonne 

La  volunté  de  la  chair  habandonne, 

Car  le  sravoir  en  est  si  très  exquis 

Que  pour  l'avoir  tout  l'homme  y  est  requis. 

Pour  y  entrer  fault  passer  une  haye 

Bien  espineuse,  et  qu'à  peyne  l'on  ployé  ; 

Aussy,  après  cesle  fascheuse  peyne, 

Gelluy  qui  peult  courir  dedans  la  pleyne 

Du  beau  verger  de  ces  liberaulx  artz, 

Ne  changeroit  au  trésor  des  Césars, 

Ne  à  leur  pompe,  où  d'honneur  sont  tous  yvres, 

Le  grant  plaisir  qui  est  dedans  ces  livres, 

Gouvertz  d'argent,  mais  j'enlendz  du  plus  lin. 

Et  par  dessus  eslevay  au  naïf 

Rondz  et  carrez,  triangles  et  compas, 

Reigles,  lignes  et  sphère,  ce  que  pas 

Je  n'entreprendz  de  toutes  les  nombrer. 

Tant  y  en  a,  que  le  seul  remembrer 

Et  les  nommer  n'est  pas  en  ma  puyssance  ; 

Mais  il  faisoit  beau  veoir  leur  ordonnance. 

Et  du  sçavoir  qui  est  encloz  dedans, 

J'en  laisse  aux  folz  craindre  les  accidcns  ; 

Car  si,  sans  plus,  n'y  avoit  que  musique 

1.  Dernières  poésies,  p.  188  et  189. 


280  MARGUERITE    DE   NAVARRE 

Et  ses  accordz  aveques  relhorique, 
J'aymeroys  myeulx  le  bien  d'un  lel  sçavoir 
Que  posséder  du  monde  tout  l'avoir. 
Des  livres  fiz  ung  pillier,  et  sembloit 
Que  sa  grandeur  terre  et  ciel  assembloif. 

L'éloge  n'est  pas  banal;  iltémoigne,  de  la  part  du  poète,  d'une 
conviction  sincère.  Il  est  fort  probable  que,  si  les  leçons  orales 
de  Lefèvre  d'Étaples  et  d'Oronce  Fine  ont  pu  y  donner  occasion, 
les  ouvrages  de  l'auteur  du  De  ludo  globi  étaient  implicitement 
rangés  parmi  ces  livres  «  couverts  de  l'argent  le  plus  fin,  »  Et  ce 
qui  donne  tout  lieu  de  le  supposer,  c'est  que  l'un  des  passages  les 
plus  significatifs  de  ce  même  poème  nous  offre  une  définition  de 
Dieu  évidemment  inspirée  des  traités  De  docta  ignorantia  et 
De  ludo  globi  de  Nicolas  de  Cuse,  en  même  temps,  —  coïnci- 
dence très  remarquable,  —  que  du  De  immort alitate  animarum 
de  Marsile  Ficin.  Voici,  avant  tout  commentaire,  ce  morceau 
d'un  souffle  si  ferme  et,  l'on  peut  ajouter,  en  tenant  compte  de 
l'époque  où  il  fut  écrit,  si  nouveau*  : 

Car  [Dieu]  seul  est  raison,  poix  et  mesure, 
Qui  fait  trouver  la  science  très  seure. 
Las  !  tant  me  fut  ce  sçavoir  difficile, 
Quand  de  mon  œil  charnel  et  imbécile 
Je  regardoys  les  figures  portraicles, 
Que  les  sçavantz  aux  Uvres  ont  retraictes  ! 
Sans  grant  labeur  des  escriptz  anciens 
Ne  se  font  pas  mathématiciens  ; 
Mais  quand  Pesprit,  par  terre  les  ouvrant, 
Fut  entre  tous  ung  seul  mot  descouvrant, 
Tout  mon  travail  fut  tourné  en  repoz, 
Quant  ce  beau  mot  trouvay  en  tous  propoz  : 
a  Je  suys  qui  suys  fin  et  commencement, 
«  Le  seul  motif  d'un  chacun  clément, 
«  Auquel  tout  est  et  a  vie  et  se  meult, 
(t  Celluy  qui  est  fait  du  tout^  ce  qu'il  veult, 

1.  Dernières  poésies,  p.  212  et  213. 

2.  Les  deux  mss.  portent  du  tout.  Cette  élocjuente  déHiiilioii  est  écrite  avec 
une  telle  précision  que  nous  n'avons  pas  cru  devoir  nous  perinellre  d'y  changer 
un  mol,  alors  m/'me  qu'une  correction  n'eût  pas  été  téméraire. 


ET    LE    PLATONISïIE    DE   LA    RENAISSANCE.  2Si 

«  Du  sercle  rond  sans  la  circunference, 

«  Par  tous  cosiez  égal  sans  différence  ; 

«  Commancement  ne  fin  ne  s'y  retrouve, 

a  Et  n'ij  a  chose,  estant  ou  vieille  ou  neufve, 

tt  Qui^  de  ce  rond^  n'ayt  pris  création 

«  Et  nourriture  et  conservation. 

a  Du  monde  tiens  multitude  et  grandeur 

«  Dans  ma  divine  éternelle  rondeur  ; 

a  La  ligne,  suys  le  chemin  et  la  voye 

a  Par  gui  nul  ly  jamais  ne  se  for  voye; 

«  D'extérieur  cm  l'intérieur  entre 

«  Qui  va  par  moy,  et  au  milieu  du  centre 

«  Me  trouvera,  qui  suys  le  poinct  unique^ 

«  La  fin,  le  but  de  la  mathématique  ; 

«  Le  cercle  suys  dont  toute  chose  vient, 

a  Le  poinct  où  tout  retourne  et  se  mainctient.  (Fol.  308  v".) 

tt  Je  suys  cjui  suys  triangle  très  par faict, 

«  Le  tout  puyssant,  saige  et  bon  en  efTaict, 

«  Qui  fut,  qui  suys  et  seray  à  jamais, 

«  L'éternel  Dieu  où  n'y  a  si  ne  mais, 

tt  Père  puyssant  du  monde  créateur, 

«  Très  saige  Filz  du  monde  rédempteur, 

tt  Esprit  très  sainct  le  monde  illuminant, 

tt  Divinité  les  troys  en  ung  tenant; 

«  Brief,  aux  neuf  cieulx  ne  se  voit  nul  aspect 

«  Qui  n'ayt  à  moy  sa  fin  et  son  respect, 

«  En  ces  papiers  et  livres  n'a  figure 

«  Qui  ne  soit  veu  trop  mieulx  qu'en  l'escripture; 

tt  Je  suys  qui  suys,  mais  que  l'espcsse  toiilc 

tt  De  l'ignorent  et  trop  aveugle  voille 

tt  Soit  mys  à  riens  aveques  son  venin 

tt  Par  mon  clair  feu  et  mon  esprit  divin.  » 

0  combien  fuz  resjouy  doublement 

Quant  j'entend[i]z  ces  mots  si  clairement, 

Et  le  secret  d'un  sçavoir  si  subtil 

Afestoit  monstre  par  cest  esprit  gentil, 

Qui  me  tournoit  la  peyne  que  longtemps 

J'avois  portée  en  plaisant  passelemps  ! 

Observons  d'abord  combien  ce  genre  de  poésie  était  jusque-là 
resté  inconnu  dans  notre  littérature.   Personne,  en  effet,  en 


282  MARGUEIUÏE   DE   NAVARRE 

France,  n'avait  encore  songé  à  y  recourir.  La  poésie  religieuse 
et  philosophique,  celle  qui  ne  craint  pas  de  laisser  au  second 
plan  les  joies  et  les  plaintes  de  l'amour  pour  s'attacher  de  préfé- 
rence aux  grands  problèmes  et  aux  anxiétés  qu'ils  provoquent  dans 
l'àme  humaine,  est,  pour  une  grande  part,  redevable  à  Margue- 
rite de  son  existence*.  Marot  lui-même,  quelque  guidé  qu'il  fût  par 
l'idéal  de  la  Réforme,  était  par  tempérament  trop  peu  porté  vers 
cette  manière  de  concevoir  les  choses  pour  l'interpréter  avec 
succès,  et  la  Pléiade,  d'autre  côté,  a  plutôt  contribué  après  1550 
à  orienter  la  poésie  française  dans  un  sens  assez  différent.  Aucun 
poète  français  n'avait  encore  parlé  sur  ce  ton  des  questions 
divines.  Il  faut  se  tourner  vers  l'Itahe  et  remonter  jusqu'à 
Dante,  que  la  reine  avait  si  bien  pénétré  entre  tous  les  poètes, 
pour  rencontrer  des  accents  analogues  et  ce  que  j'oserai  appeler 
le  même  souci  des  choses  éternelles.  Si  l'on  veut  trouver  un  écri- 
vain moderne  qui  ait  repris,  depuis  l'auteur  des  Marguerites, 
cette  veine  poétique  trop  longtemps  méconnue,  il  faut,  laissant 
de  côté  Du  Bartas  et  son  poème  trop  descriptif,  descendre  jusqu'à 
Milton.  Le  Paradis  perdu  a  réalisé,  en  effet,  avec  une  inspira- 
tion plus  soutenue,  l'épopée  protestante  que  la  reine  de  Navarre 
avait  devinée  et  entrevue  et  à  laquelle  elle  avait  manifestement 
préludé  par  les  trois  chants  de  ses  mystérieuses  Prisons  et  par 
une  autre  composition  qui  peut  être  regardée  comme  son  chef- 
d'œuvre,  le  THomphe  de  l'agneau^. 

Mais,  si  le  développement  qui  vient  d'être  reproduit  apporte  un 
argument  d'une  portée  réelle  en  faveur  de  cette  assertion,  son 
intérêt  n'est  point  limité  à  cette  circonstance.  Ce  qui  le  rend  par 
ailleurs  précieux  au  plus  haut  point,  c'est  qu'il  renferme  les  élé- 
ments de  la  formule  célèbre  de  la  sphère  ou  du  cercle  infini, 
«  dont  le  centre  est  partout,  la  circonférence  nulle  part.  »  C'est 
pour  la  première  fois  qu'on  rencontre  au  xvi^  siècle  cette  défini- 
tion, immortalisée  depuis  par  Pascal,  puisque  Rabelais,  qui  l'a 
employée  en  deux  endroits  de  son  œuvre^,  ne  l'a  introduite  que 

1.  Je  renvoie  sur  ce  point  aux  articles  que  j'ai  publiés  dans  le  Bulletin  de 
la  Soc.  de  Vhist.  du  protestantisme  français,  numéros  de  janvier,  février,  mars 
et  juin  1897,  notamment  p.  72  et  suiv. 

2.  Voy.  dans  la  Revue  des  Deux-Mondes  du  l"  juin  1896  la  notice  bibliogra- 
phique et  dans  celle  du  15  juin  de  la  même  année  l'article  de  M.  Doumic  sur 
les  Dernières  poésies. 

3.  Au  Iroisième  livre,  début  du  chapitre  xiri,  et  au  cinquième,  —  dont  l'au- 
Ihenticilé  donne  lieu  à  tant  de  réserves,  —  chapitre  hnal  (xlviii),  celui  de  tout 


ET   LE    PLATONISME    DE   LA    RENAISSANCE.  283 

dans  l'édition  de  1552  de  son  troisième  livre  (chap.  xiii)  et  que 
les  éditions  précédentes  de  ce  même  livre  ne  la  renferment  pas. 
N'est-il  pas  surprenant  de  constater  que,  avant  l'époque  où 
Rabelais  allait  donner  à  cette  admirable  comparaison  droit  de 
cité  dans  la  littérature  française,  —  M"'=  de  Gournay  la  lui  a 
empruntée*  pour  la  transmettre  ensuite  à  Pascal,  —  la  reine  de 
Navarre  s'en  était  déjà  inspirée,  en  la  développant  avec  tant 
d'ampleur  qu'il  est  certainement  dans  le  poème  peu  de  passages 
plus  grandioses  et  où  éclate  davantage  la  plénitude  de  sa 
réflexion  philosophique  ? 

Une  telle  rencontre  vaut  la  peine  d'éclaircie.  Par  suite  de 
quelle  transmission  la  définition  de  la  Divinité,  dont  la  fortune 
devait  être  si  grande,  a-t-elle  pénétré  dans  notre  langue?  Si, 
comme  il  semble,  Marguerite  }'  a  recouru  la  première  en  son 
siècle,  à  quelle  source  l'a-t-elle  puisée?  Que  cette  comparaison 
ait  ainsi  séduit  une  telle  succession  d'esprits  supérieurs,  il  y  a  là 
de  quoi  légitimer  une  minutieuse  enquête  sur  son  origine.  Certes, 
de  savants  critiques  ont  déjà  posé  le  problème  à  propos  de  Rabe- 
lais et  de  Pascal,  mais  les  deux  textes  décisifs  qui  vont  être 
introduits  dans  le  débat  prouveront  qu'il  n'est  pas  inutile  d'y 
revenir. 

IV. 

Disons  tout  de  suite  que  c'est  faute  d'une  interprétation  exacte 
de  la  phrase  du  troisième  livre  de  Pantagruel  que  l'éloquente  for- 
mule a  pu  être  considérée  comme  étant  rapportée  par  Rabelais  au 
prétendu  Hermès  Trismégiste.  Le  recueil  attribué  à  ce  person- 
nage fabuleux,  et  dû,  en  réalité,  à  un  grec  néo-platonicien,  pro- 
bablement de  la  fin  du  if  siècle,  ne  renferme  pas  la  comparaison 
placée  au  chapitre  xiii  dans  la  bouche  de  Pantagruel^.  En 
revanche,  l'identification  du  monde  et  par  là  même  de  Dieu  avec 
une  sphère  se  retrouve  en  plusieurs  endroits  de  la  compilation 
du  pseudo-Hermès 3.  Or,  à  notre  avis,  le  texte  de  Rabelais  peut 

le  dernier  livre  qui  renferme  le  plus  manifestement  peut-être  l'empreinte  de 
Rabelais.  Voy.  Gebhart,  Rabelais,  p.  133. 

1.  Dans  son  édition  de  Montaigne  publiée  en  1635. 

2.  Ni  le  Pimander,  ni  l'Asclepius  ne  la  contiennent. 

3.  Voy.  l'édition  de  VHerinès  (texte  grec  accompagné  de  la  traduction  do 


234  MARGUERITE    DE   XAVARRE 

fort  bien  être  entendu  comme  ne  visant  que  cette  identification. 
«  Et  en  contemplation  de  ceste  infinie  et  intellectuelle  sphère,  le 
centre  de  laquelle  est  en  chascun  lieu  de  l'univers,  la  circonfé- 
rence poinct  (c'est  Dieu,  selon  la  doctrine  de  Hermès  Trismegistus), 
à  laquelle  rien  ne  advient,  rien  ne  passe,  rieu  ne  déchet,  etc.*.  » 
Il  serait  étonnant,  en  effet,  que  le  docte  écrivain,  d'ordinaire 
si  scrupuleux,  si  précis,  en  matière  de  citations,  se  fût  trompé 
dans  cette  circonstance  en  donnant  une  fausse  référence  à  pro- 
pos d'une  formule  aussi  caractéristique.  Dieu  est  une  sphère; 
voilà  l'idée  fournie  par  le  pseudo-Hermès ^  Quant  à  la  donnée  si 

Ficin)  publiée  par  Adrien  Turnèbe,  à  Paris,  en  1554,  in-S",  p.  14,  43,  44,  57, 
63,  83.  L'un  des  passages  les  plus  caractéristiques  est  celui-ci  :  «  Quantumque 
materiee  fuerat  subjectura  patri,  pater  ipse  corporeum  agens,  et  in  molem  con- 
gregans,  id  lotum  sphaericum  reddidit,  imprimens  qualitatem  materiae  existenti 
immorlali,  rationeque  materiae  sempiternum  habenti.  Plenis  autem  ideis  omni- 
bus, qualitates  pater  inferens  in  sphaeram,  velut  in  gyruni  omni  qualitate  cir- 
cuniscripsit.  »  Et  ailleurs  :  «  Deus  super  omnia  et  circa  omnia.  —  Mundus 
sphaera  est,  etc.  »  —  Tout  cela  a  pu  avoir  son  point  de  départ  dans  le  Timée; 
on  sait,  en  effet,  le  rôle  que  jouent  dans  ce  dialogue  les  comparaisons  emprun- 
tées à  la  géométrie. 

1.  Le  texte  du  livre  V  (ch.  xlviii)  diffère  de  celui-ci  par  quelques  nuances  : 
«  Allez,  amis,  en  protection  de  ceste  spbere  intellectuelle,  de  laquelle  en  tous 
lieux  est  le  centre  et  n'a  en  lieu  aucun  circonférence,  que  nous  appelons  Dieu.  » 
—  Remarquons  que  Rabelais,  de  même  que  M""  de  Gournay,  applique  à  Dieu 
la  comparaison,  tandis  que  Pascal  ne  l'applique  pas  directement  à  Dieu,  mais 
à  la  nature.  M"=  de  Gournay  dit  exactement  ceci  :  «  Trismegiste  appelle  la  Deité 
cercle  dont  le  centre  est  partout,  la  circonférence  nulle  part.  »  Elle  emploie 
donc  l'image  du  cercle,  comme  Marguerite  de  Navarre,  pendant  que  Rabelais 
et  Pascal  recourent  à  celle  de  la  spbère.  Entre  Rabelais  et  M"'=  de  Gournay, 
je  relève  la  comparaison,  sous  une  forme  incomplète,  il  est  vrai,  chez  Noël  du 
Fail,  dans  les  Contes  et  discours  d'Eutrapel  (éd.  Assézat,  t.  II,  p.  323),  ouvrage 
publié  pour  la  première  fois  en  1585.  Elle  figure  en  latin,  sans  qu'on  puisse 
deviner  au  juste  ce  qu'elle  vient  y  faire,  dans  un  passage  de  VEpistre  de 
Polygame  à  un  gentilhomme  contre  les  Athées,  où  il  est  question  de  la  pré- 
destination. Voici  ce  texte  :  «  Comme  si  quelqu'un  disoit  :  puisqu'il  est  pré- 
destiné que  je  dois  avoir  des  enfans,  je  n'ay  que  faire  de  me  marier.  Ce  qui 
est  néanlmoins  très  faux  et  contre  l'ordre  ostably  en  ceste  nature  qui  est  Dieu  : 
lequel  n'est  jamais  contraire  à  soy,  et  cujus  centrum  est  ubique,  circumfe- 
rentia  verd  nusquam.  »  L'absence  des  mots  sphxra  ou  circulas  rend  ici  la 
formule  assez  obscure  en  lui  faisant  perdre  quelque  chose  de  sa  grandeur.  On 
verra  plus  loin  que  les  termes  employés  par  cet  auteur  se  retrouvent  exacte- 
ment dans  Ficin.  Du  Fail  témoigne,  du  reste,  en  d'autres  endroits  de  son  œuvre, 
d'une  certaine  connaissance  des  choses  platoniciennes  et,  en  particulier,  des 
ouvrages  du  chef  de  l'Académie  Horentine  (voy.  par  ex.  éd.  Assézat,  t.  II,  p.  361). 

2.  Dans  un  commentaire  étrange  de  l'Hermès,  donné  en  6  vol.  in-fol.  par 


ET    LE    PLATONISME    Ol-    LA    REXAFSSANCE.  285 

originale  de  cette  sphère,  nul  doute  qu'elle  ait  été  empruntée  à 
uu  autre  auteur.  N'est-il  pas  permis  de  penser  que,  si  la  reine  de 
Navarre  et  Rabelais  l'ont  reproduite  à  peu  près  vers  le  même 
moment,  —  la  ressemblance  des  deux  images  ne  saurait  être 
contestée,  car  si  le  poète  a  pris  le  cercle  comme  élément  géomé- 
trique et  le  romancier  la  sphère,  l'absence  de  circonférence  est 
affirmée  des  deux  côtés  S  —  c'est  vraisemblablement  que  cette 
comparaison  mathématique  était  en  quelque  sorte  dans  l'air  et 
qu'elle  se  rencontrait  chez  des  auteurs  en  vogue  pendant  la  pre- 
mière moitié  du  xvi"  siècle  ? 

M.  Ernest  Havet,  qui,  dans  sa  belle  édition  des  Pensées  de 
Pascal',  s'est  occupé  de  découvrir  l'origine  de  notre  formule, 
en  signale  l'existence,  antérieurement  à  Rabelais,  dans  Gerson^, 
dans  saint  Bonaventure'*  et  dans  Vincent  de  Beauvais,  lequel 
reconnaît  l'avoir  empruntée  à  Hélinand  et  la  cite  comme  étant 
communément  attribuée  à  Erapédocle^  Il  n'y  a  rien  d'impossible 
à  ce  que  le  philosophe  sicilien,  qui  a  développé  l'idée  du  cçatp- 
en  concevant  la  coexistence  sans  mélange,  sans  lutte,  des  élé- 
ments et  des  forces  motrices  sous  la  forme  d'une  sphère,  c'est- 
à-dire  d'une  figure  parfaite,  et  auquel  Platon  a  fait  plus  d'un 
emprunt,  notamment  dans  le  Phèdre  et  dans  le  Banquet,  ait 
eu  recours  à  cette  image.  Je  ferai  observer  toutefois  que  l'assi- 
milation du  monde  ou  de  Dieu  à  une  sphère  se  retrouve  chez  plus 
d'un  penseur  des  premiers  temps  de  la  philosophie  grecque,  et 

Rosseli,  on  constate  (t.  I,  \^.  145,  et  t.  III,  [>.  141)  que  ce  fécond  glossateur  a 
ajouté  à  l'affirmation  du  Trisniégiste  relativement  à  la  forme  ronde  de  la  divinité 
un  éclaircissement  qui  n'est  autre  que  la  {orm\x\<i  àa  Pantagruel  al  Aw  premier 
article  des  Pensées.  Rosseli  a  probablement  puisé  cette  dernière  dans  le  De 
immortalUate  de  Ficin. 

1.  Rabelais  dit  :  «  la  circonférence  poinct,  »  et  Marguerite  :  a  cercle  rond 
sans  la  circonférence.  » 

2.  Éd.  in-8%  t.  I,  p.  17  à  19.  Notes  sur  l'article  1". 

3.  Gerson,  Œuvres,  éd.  de  Paris,  1606,  t.  I,  p.  366. 

4.  Ilinerarium  mentis  in  Deum,  Œuvres,  éd.  de  Mayence,  1609,  VII,  p.  325. 

5.  Spéculum  naturale  de  Vincent  de  Beauvais,  I,  ch.  iv  :  «  Ilelinandus, 
Empedocles  quoque,  sic  eum  fertur  diflinivisse  :  Deus  est  sphœra,  cujus  cen- 
trum  ubique,  circumferentia  nnsquarn.  »  Les  œuvres  d'IIélinand  sont  perdues. 
Mais  il  a  dû  circuler  au  moyen  âge,  d'après  M.  Ilavet,  un  petit  recueil  de  pen- 
sées des  philosophes  de  l'antiquité,  recueil  d'origine  très  ancienne  et  rédigé  en 
langue  latine,  dans  lequel  pouvaient  se  trouver  des  extraits  d'Empédocle 
aujourd'hui  perdus.  C'est  vraisemblablement  dans  ce  recueil  qu'ont  été  puisées 
beaucoup  de  traditions  dont  on  ne  retrouve  plus  maintenant  la  source. 


286  MARGDERITE   DE   XAVARRE 

spécialement  chez  les  maîtres  de  l'école  éléate,  dans  les  poèmes 
de  Parménide  (vers  102  etsuiv.)  et  de  Xénophane,  par  exemple. 
En  raison  de  l'état  incomplet  dans  lequel  nous  sont  parvenues  les 
œuvres  de  ces  anciens  philosophes,  l'histoire  des  origines  loin- 
taines de  la  pensée  consacrée  et  rendue  populaire  par  Pascal  est 
fort  difficile  à  établir.  Mais,  en  ce  qui  concerne  sa  transmis- 
sion dans  les  temps  modernes,  deux  textes  importants  vont  per- 
mettre de  la  reconstituer  d'une  manière  tout  à  fait  vraisemblable. 
Rien  ne  porte  à  supposer  que  Rabelais,  et,  à  plus  forte  raison, 
Marguerite  de  Navarre,  soient  allés  chercher  cette  comparaison 
dans  saint  Bonaventure,  dans  Vincent  de  Beauvais,  ou  même 
dans  Gerson,  qui  ne  se  trouvent  cités  en  aucun  endroit  de  leurs 
œuvres  et  qu'on  ne  Usait  plus  guère  dans  les  milieux  lettrés  du 
milieu  du  xvf  siècle.  Je  crois,  par  contre,  qu'ils  l'ont  puisée  chez 
deux  illustres  philosophes  plus  rapprochés  d'eux,  puisqu'ils  sont 
presque  leurs  contemporains,  qu'ils  avaient  étudiés  l'un  et  l'autre 
et  dont  les  seuls  noms  disent  assez  l'immense  influence  :  Nicolas 
de  Cuse  et  Marsile  Ficin.  Comment  n'avait-on  jamais  signalé 
chez  ces  deux  écrivains  l'existence  de  la  célèbre  formule,  c'est 
ce  qui  ne  laisse  pas  de  paraître  assez  surprenant  ? 

Elle  fait  partie,  chez  l'un  comme  chez  l'autre,  de  tout  un 
ensemble  de  développements  fort  curieux,  dont  elle  forme 
l'aboutissant  et  la  conclusion.  C'est  dire  qu'elle  n'y  figure 
point  par  hasard,  ni  à  titre  accessoire,  et  qu'elle  se  relie  à 
une  suite  de  considérations  vraiment  importantes.  Nicolas  de 
Cuse  et  Marsile  Ficin  offrent,  dans  toute  l'étendue  de  leurs 
œuvres  respectives,  peu  de  pages  plus  élevées  et  plus  intéres- 
santes. Le  cardinal  allemand  est  revenu  sur  ce  sujet  avec  une 
insistance  marquée  dans  deux  de  ses  œuvres,  le  De  docta  igno- 
ranlia  et  le  De  ludo  gloM,  et  même  à  plusieurs  reprises  dans 
l'une  d'elles.  Voici  ces  divers  passages  à  tous  égards  si  carac- 
téristiques. Le  premier  appartient  au  chapitre  xii  du  hvre  l"""  du 
De  docta  ignorantia  (édition  de  Bàle,  p.  9)  : 

Ita  igitur  agentes  el  sub  direcLione  maximœ  verilatis  incipientes, 
dicimus  quod  saneti  viri  et  elevalissimi  ingenii  qui  se  figuris  appli- 
carunl,  varie locuti  sunt.  Anselmus  devotissimus  verilatem  maximam 
reclitudini  infinitce  comparavit  :  quem  nos  sequentes,  ad  figuram 
recliludinis,  quam  lineam  rectam  imagor,  convolemus.  Ahi  peritis- 
slmi  trinitali  superbenedictae  Lriangulum  trium  œquaUum  et  rectorum 


ET    LE    PLATONISME    DE    LA    RENAISSANCE.  287 

angulorum  compararunt.  Et  quoniam  Lalis  triangulus  necessario  est 
infinitis  laleribus  (ut  ostendctur),  dici  poterit  triangulus  infinitus,  et 
hos  eliam  sequimur.  Alii  qui  uuitatem  infînitam  figurare  nisi  sunl, 
Deum  circulum  dixcrunt  infinilum,  Illi  vero  qui  actualissimam  Dei 
exislcntiam  coiisiderarunt,  Deum  quasi  sphœram  iiifinitam  affirma- 
runt.  Nos  autem  istos  omnes  simul  de  maximo  recte  concepisse,  et 
unam  omnium  sententiam.  ostendemus. 

Tous  les  éléments  de  comparaison  contenus  dans  la  page  des 
Prisons  citée  plus  haut  se  retrouvent  dans  ce  développement  : 
la  ligne,  le  triangle,  le  cercle.  Une  telle  analogie  ne  saurait  être 
considérée  comme  fortuite,  surtout  si  l'on  songe  à  toutes  les 
données  fournies  plus  haut  sur  les  rapports  intellectuels  qui  ont 
existé  entre  la  reine  de  Navarre  et  ses  guides  spirituels,  d'une 
part,  et  l'auteur  du  De  docta  ignorantia,  de  l'autre.  Mais  le 
même  ouvrage  nous  offre  un  peu  plus  loin  (livre  III,  chap.  xi; 
édition  de  Bâle,  p.  38)  un  passage  non  moins  instructif  à  ce  point 
de  vue  : 

Cenlrum  igitur  mundi  coincideret  cum  circumfcrentia.  Non  habet 
igitur  mundus  circumferentiam,  nam  si  centrum  habcret  et  circum- 
ferentiam,  et  sic  inlra  se  haberet  suum  initium  et  flnem,  et  esset  ad 
aliquid  aiiud  ipso  mundus  terminatus,  et  extra  mundum  esset  aliud 
et  locus  :  quœ  omnia  veritate  carent.  Cum  igitur  non  sit  possibile 
mundum  claudi  intra  centrum  corporale  et  circumferentiam,  non 
inlelligilur  mundus,  cujus  centrum  et  circumferentia  sint  Deus,  et 
cum  hic  non  sit  mundus  infinitus,  tamen  non  potest  concipi  finitus, 
cum  terminis  careat  intra  quos  claudatur...  Qui  igitur  est  centrum 
mundi  scilicet  Deus  benediclus.  Ihe  est  centrum  terrœ  et  omnium 
spheerarum,  atque  omnium  quœ  in  mundo  sunt,  qui  est  simul 
omnium  circumferentia  infinita. 

Nous  retrouvons  ici  le  commentaire  des  figures  d'ordre  mathé- 
matique employées  plus  haut,  et  en  somme  l'esprit  et  presque  la 
lettre  des  comparaisons  des  Prisons;  mais  si  nous  en  possédons 
tous  les  éléments,  nous  n'avons  pas  encore  la  métaphore  même 
de  Rabelais  et  de  Pascal,  sous  sa  forme  si  concise  et  si  saisissante. 
On  la  trouvera  au  moins  partiellement,  —  elle  se  complète  d'elle- 
même  par  les  deux  passages  précédents,  —  dans  une  dernière 
citation,  empruntée  au  livre  II  du  De  ludo  globi  (édition  de  Bâle, 
p.  229-230). 


288  MARGUERITE   DE    \AVARRE 

Nunc  ad  cenLriim  simplicissimum  me  convertens  video  [Deum] 
ipsiim  principium,  médium  et  finem  omnium  circulorum.  Nam  ejus 
simplicitas  est  indivisibilis  et  aeterna  omnia  in  sua  indivisibili  et 
striclissima  unilate  complicans.  Est  initium  œqualilatis,  nisi  enim 
omncs  lineœ  a  centro  ad  circumferentiam  sint  œquales,  ulique  non 
est  centrum  circuli.  Indivisibilitascentri  est  simplex  initium  œquali- 
tatis,  et  nisi  punctalis  simplicitas  cum  œqualitate  sit  connexa,  ubique 
non  potestesse  centrum  circuli,  de  cujus  essentiaest  eequidistantia  a 
circumferentia.  Sic  video  unitatem,  œqualitatem,  et  utriusque  nexum 
in  central!  puncto  cardinalis.  Acutè  intras,  et  postquam  advertis  dic- 
tum  sapientis  qui  aiebat  :  Demn  circulum,  cujus  centrum  est  ubique, 
tune  vides  quod  sicut  punctus  in  omni  quanto  ubique  reperitur,  ita 
Deus  in  omnibus.  Non  tamen  propterea  sunt  plura  puncta,  quia  mens 
punctum  ubique  in  quanto  reperit.  Sic  nec  plures  sunt  Dii,  licet  in 
singulis  videatur. 

On  voit  quelle  place  occupe  chez  l'éminent  penseur  du  xve  siècle 
l'image  qui  devait  être  appelée  à  une  fortune  si  singulière.  Sans 
doute,  il  ne  l'a  pas  créée,  mais  il  faut  reconnaître  que  personne 
n'était  plus  apte  que  lui,  grâce  à  ses  rares  connaissances  dans  le 
double  domaine  des  mathématiques  et  de  la  métaphysique,  à  la 
mettre  en  relief,  à  en  justifier  l'emploi,  en  un  mot,  à  la  placer 
dans  un  cadre  philosophique  digne  d'elle. 

Toutefois,  pour  retrouver  la  formule  complète,  ou  plutôt  pré- 
sentée dans  les  termes  mêmes  où  on  la  rencontre  chez  Pascal  et 
avant  lui  chez  Vincent  de  Beauvais  citant  Hélinand,  et  Empé- 
docle  sur  la  foi  d'Hélinand,  il  faut  se  tourner  vers  l'émule  de 
Cusanus  sur  le  terrain  de  la  propagande  platonicienne,  vers  Mar- 
sile  Ficin  et  son  célèbre  ouvrage  intitulé  :  Theologiœ  platonicœ 
de  Immortalitate  animarum  lïbri  Z  F/// (éditions  de  Paris, 
in-fol.  de  1641,  p.  393,  et  de  1559,  p.  326).  Voici  l'éloquente 
page  qu'il  nous  livre  : 

Centrum  mundi  verum  Deus  est,  ut  in  libro  de  Amore  disserui- 
mus,  quia  unus,  simplex,  stabilis  est  et  in  omnibus,  atquealia  queli- 
bet  omnino  plura  composita,  mobilia,  circa  ipsum  per  naturalem 
ipsius  appetilum  perpetuo  revolvuntur.  Ita  centrum  Deus  est  omnium, 
quia  sic  est  in  omnibus,  ut  cuique  rei  interior  sitquam  ipsamet  sibi. 
Est  enim  circumferentia  mundi,  quia  extra  cuncta  existons  ita  super- 
eminet  universa,  ut  cujusque  rei  summum  apieem  dignitate  excellât 


ET    LE    PLATONISME    DE    LA    RENAISSANCE.  289 

immensa.  Item  quanto  est  omnium  (si  dictu  fas  est)  minimus  quan- 
titale,  tanlo  virlute  est  maximus  omnium.  Ut  cenlrum  quidem  est 
est  omnibus,  ut  circumferentia  vero  est  extra  omnia.  In  omnibus, 
inquam,  non  inclusus,  quia  est  et  circumferentia,  extra  omnia  quoque 
non  exclusus,  quia  est  et  centrum.  Quid  ergo  Deus  est  ?  Ut  ita  dixe- 
rim,  Circulus  sjjiritalis,  cujus  centrum  est  ubigue,  circumferentia 
nusquam. 

Cette  réponse,  d'allure  solennelle,  digne  conclusion  du  mor- 
ceau, nous  offre  le  texte  exact  de  la  définition,  tel  qu'il  a  prévalu 
depuis  Rabelais,  lequel  l'a,  ainsi  que  Ficin,  appliquée  à  Dieu  et 
non  au  monde,  à  la  différence  de  Pascal,  qui  s'est  toutefois  servi 
d'une  forme  identique. 

Voilà,  sans  nul  doute,  les  deux  sources  auxquelles  ont  puisé 
Marguerite  et  l'auteur  du  Pantagruel.  Préciser  le  rôle  de  cha- 
cune d'elles  serait  une  tâche  subtile  et  par  trop  délicate.  J'ai 
exposé  plus  haut  les  sympathies  d'ordre  général  qui  portèrent  la 
reine  vers  le  cardinal.  Les  analogies  de  pensée  qui  viennent  d'être 
relevées  au  cours  de  cette  enquête  ne  font  que  confirmer  tous  les 
indices  déjà  signalés.  Quant  aux  affinités  qui  ont  pu  exister  entre 
le  royal  poète  et  Ficin ,  elles  sont  à  la  fois  si  nombreuses  et  si  mani- 
festes qu'il  est  à  peine  besoin  d'y  insister.  Elles  découlent,  en  pre- 
mier lieu,  de  tout  ce  qui  a  été  rapporté  dans  une  précédente  étude  ^ 
où  il  a  été  longuement  parlé  des  traductions  commandées  par 
la  reine  de  Navarre,  parmi  lesquelles  figure  celle  du  Com- 
mentaire du  Banquet  de  Ficin,  exécutée  par  Silvius,  peut-être 
l'œuvre  la  plus  originale  de  l'écrivain  florentin.  L'épître  dêdi- 
catoire  de  Silvius  suffirait,  du  reste,  à  elle  seule,  à  nous  édifier 
sur  ce  point.  Elles  résultent  encore,  pour  une  part  non  moins 
grande,  de  tant  d'indications  qui  vont  être  groupées  sur  les  élé- 
ments platoniciens  de  la  pensée  de  l'auteur  de  VHeptarnéroii. 
La  reine  de  Navarre  a  beaucoup  pratiqué  plusieurs  des  dialogues 
du  divin  philosophe,  mais  elle  n'a  pu,  on  le  devine,  les  aborder 
dans  le  texte  original.  C'est  donc  uniquement  à  travers  les  tra- 
ductions latines  ou  italiennes  de  Ficin  et  surtout  à  travers  ses 
œuvres  personnelles,  telles  que  le  Commentaire  du  Banquet, 
cet  hymne  à  l'Amour  et  à  la  Beauté  qui  traitait  précisément  des 
problèmes  dont  l'esprit  de  la  reine  de  Navarre  a  été  le  plus  préoc- 

1.  Le  Platonisme  en  France,  dans  la  Revue  d'histoire  littéraire  de  la  France, 

1896,  p.  31  à  37. 

^897  ^9 


290  MARGUERITE    DE   NAVARRE 

cupé,  et  le  résumé  de  théologie  platonicienne,  De  immortali- 
tate  animarum,  qu'elle  s'est  initiée  à  la  doctrine  de  l'Académie. 
Toutes  ses  aspirations  philosophiques  et  spirituelles  devaient  la 
porter  par  une  inclination  naturelle  vers  le  docte  et  subtil  Flo- 
rentin. 

En  ce  qui  touche  Rabelais,  on  comprendra  qu'une  enquête 
plus  étendue  s'impose,  qui  ne  saurait  prendre  place  ici.  Je  ferai 
seulement  observer  qu'il  connut  Nicolas  de  Cuse,  puisqu'il  l'a 
cité  à  diverses  reprises  dans  le  Pantagruel.  Quant  à  ses  rap- 
ports avec  l'œuvre  de  Ficin,  ils  ressortent  d'inductions  variées  et 
tout  à  fait  sérieuses  :  à  la  fois  de  ses  sympathies  à  l'égard  du  pla- 
tonisme que  je  compte  démontrer  prochainement  dans  un  travail 
à  part,  et  de  certaines  circonstances,  restées  jusqu'à  présent  obs- 
cures, de  sa  vie  d'érudit.  Il  est  un  premier  indice  que  l'on  peut 
signaler  dès  maintenant,  c'est  que,  parmi  les  trois  ou  quatre 
ouvrages  dont  l'existence  dans  la  bibliothèque  des  Cordeliers  de 
Fontenay-le-Comte,  au  moment  où  Rabelais  y  portait  le  froc,  a 
été  constatée,  figure  un  exemplaire  de  la  traduction  complète  des 
dialogues  de  Platon  donnée  par  Ficin  en  1483  et  imprimée  au 
monastère  de  Saint-Jacques  de  Ripoli,  à  Florence.  Certes,  si  l'un 
des  fils  de  Saint-François  a  dû  manier  avec  amour  le  précieux 
volume  possédé,  dès  les  premières  années  du  xvf  siècle,  par  le 
couvent  de  Fontenay,  ce  fut  sans  contredit  Rabelais,  quand,  en 
compagnie  de  Pierre  Lamy,  son  frère  en  hellénisme,  il  s'initiait 
aux  beautés  des  écrivains  grecs.  Il  faut  savoir,  en  effet,  que  l'au- 
teur du  Pantagruel  se  livra,  dès  cette  époque,  à  une  étude 
approfondie  de  Platon  et  qu'il  a  été  évidemment  amené  par  là  à 
consulter  les  traductions  et  les  commentaires  du  philosophe  floren- 
tin, auxquels  les  plus  savants  hellénistes  n'ont  cessé  de  recourir 
depuis  quatre  siècles.  Le  De  immortalitate  surtout,  qui  con- 
tient la  quintessence  des  méditations  platoniciennes  de  Ficin,  a 
été,  pendant  toute  la  Renaissance,  l'objet  de  lectures  attentives 
dans  le  monde  des  hellénistes  et  des  philosophes  auquel  apparte- 
nait Rabelais,  tandis  que  Vincent  de  Beauvais  et  même  Gerson, 
dont  on  évoquait  les  noms  plus  haut,  n'étaient  guère  lus  dans  ce 
même  groupe.  Si  l'adversaire  de  la  Sorbonne  pratiqua  peu  les 
mystiques  et  les  théologiens  du  moyen  âge,  sauf  peut-être  pour 
avoir  le  droit  d'en  médire,  il  se  sentit,  en  revanche,  porté  natu- 
rellement vers  les  écrivains  de  son  temps,  grâce  auxquels  la  gran- 
deur de  la  civilisation  hellénique,  son  culte  le  plus  cher,  avait  été 


ET    LE   PLATONISME    DE    LA    RE>fAISSANCE.  29^ 

de  nouveau  révélée  au  monde.  11  est  donc  plausible  d'admettre 
que  l'ami  de  Laurent  de  Médicis  a  été  pour  lui,  comme  pour  tant 
d'autres  de  ses  contemporains,  le  premier  initiateur  dans  la  con- 
naissance des  idées  platoniciennes  ;  et  c'est  mis  en  goût  sans  doute 
par  ce  premier  contact  indirect  avec  les  œuvres  de  l'auteur  du 
Phédon,  que  Rabelais  se  décida  à  acquérir  le  texte  original  du 
maître  de  l'Académie  dans  l'édition  princeps  de  Venise,  publiée 
en  septembre  1513,  que  nous  pouvons  affirmer  avoir  été  en  sa 
possession  personnelle  dès  le  temps  de  son  séjour  au  couvent  de 
Fontenay-le-Comte . 

Le  nom  d'Hermès  Trismégiste  a  été  prononcé  plus  d'une  fois 
au  cours  de  ce  travail.  Puisque  l'occasion  s'est  offerte  de  parler 
de  cet  énigmatique  recueil,  dont  l'origine  néo-platonicienne  ne 
saurait  être  mise  en  doute,  il  est  indispensable,  avant  d'étudier 
un  autre  aspect  du  platonisme  de  la  reine  de  Navarre,  de  faire 
remarquer  qu'elle  n'ignora  nullement  cet  auteur,  dont  l'étrangeté 
séduisit  quelques-uns  des  penseurs  les  plus  éminents  de  l'époque 
de  la  Renaissance  :  Ficin,  Lefèvre  d'Etaples,  Adrien  Turnèbe. 
Elle  faisait  même,  à  la  suite  de  ses  maîtres,  très  grand  cas  de  cet 
ouvrage,  auquel  elle  a  accordé  dans  les  Prisons  une  intéres- 
sante mention,  qui  précède  immédiatement  les  belles  apprécia- 
tions consacrées  à  Job,  à  Socrate  et  à  Platon.  11  est  clair  que, 
dans  l'esprit  de  la  princesse,  Hermès  était  la  plus  ancienne  auto- 
rité profane,  presque  la  plus  vénérable,  touchant  les  questions 
divines.  Mais,  par  cela  même  qu'elle  partageait  ce  préjugé  avec 
tant  de  bons  esprits  de  son  époque,  il  serait  injuste  de  le  lui  repro- 
cher. Observons  encore  qu'elle  a  cité  avec  éloge,  au  cours  du 
même  poème,  un  autre  philosophe  appartenant  également  au 
groupe  des  néo-platoniciens,  Maxime  de  Tyr,  qu'elle  appelle  le 
Grand  Tyrien.  Voici  le  curieux  témoignage  rendu  sur  le  Tris- 
mégiste^ : 

Mais,  toulesfoys,  rien  qu'ung  mot  je  ne  viz, 
Bien  qu'il  y  eust  de  differenlz  devis  5 
Ce  mot  :  «  Je  suys,  «  partout  j'y  rctrouvay, 
Tout  le  surplus  fut  de  moy  reprouvé. 
Ce  mot  icy  je  congneuz  en  Hermès 

1.  Dernières  poésies,  p.  208.  Les  mois  «  Je  suys  »  doiveol  être  complétés; 
c'est  l'abréviation  de  la  formule  :  «  Je  suis  Celui  qui  suis.  » 


21)2      MARGDEBITE  DE  iNAVARaE  ET  LE  PLATONISME  DE  LA  RENAISSANCE. 

Plus  clairement  qu'en  nul  si  ne  mais, 

L'on  ne  sçauroil  Père  et  Filz  demander 

Ne  Sainct  Esprit  plus  clair  qu'en  Pimander^  ; 

Or,  n'estoit  il  de  nation  juïfve, 

Mais  il  avoit  congnoissance  naïfve, 

Par  cet  esprit  qui  tout  homme  illumine 

Venant  au  monde  et  qui  çà  bas  chemine, 

De  Cil  qui  est,  duquel  l'élection 

L'avoit  tiré  à  la  perfection 

De  ce  sçavoir  qui  n'est  par  Thomme  acquis 

Et  qui  seul  est  à  l'homme  bien  requis. 

Abel  Lefranc. 

(A.  suivre.J 

1.  Pimander  est  le  titre  du  principal  dialogue  attribué  au  Trismégiste. 


LES  COLLECTIONS  CANONIQUES 


ATTRIBUEES    A 


YVES  DE  CHARTRES 

(Suite*.) 


CHAPITRE  III. 
La  «  Panormia^.  » 


Peu  d'œuvres  du  moyen  âge  ont  joui  d'une  vogue  égale  à  celle 
de  la  Panormia.  Il  suffit,  pour  en  être  convaincu,  d'avoir  par- 
couru un  certain  nombre  de  catalogues  de  manuscrits;  il  en  est 
peu  qui  ne  mentionnent  un  ou  plusieurs  exemplaires  de  ce  recueil. 
Aussi,  tandis  que  les  manuscrits  du  Décret  sont  très  rares,  ceux 
de  la  Panormia  sont  extrêmement  nombreux  ;  on  en  compte 

1.  Voir  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  LVII,  p.  645-608,  LVIII,  26-77. 

2.  Le  litre  correct  et  un  peu  prétentieux  de  cet  ouvrage  est  Pannormia, 
ou  Panormia,  expression  faite  d'un  mot  grec  et  d'un  mot  latin.  C'est  le 
titre  que  donnent  généralement  à  cet  ouvrage  les  manuscrits  du  xii*  et  du 
xiir  siècle.  Parfois,  ce  titre  est  déformé  :  on  trouve  Parnomia  dans  le  manus- 
crit de  la  Bibliothèque  nationale,  latin  2703,  et  Parmonna  dans  le  manuscrit 
du  même  dépôt,  latin  14995.  Quelquefois  le  scribe  veut  expliquer  ce  mot;  on 
lit,  par  exemple,  dans  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale,  latin  13G60  : 
«  Incipit  prologus  Pannormie  et  de  omnibus  regulis  Ivonis  Carnotensis.  »  Les 
mots  <r  Omnes  reguhe  »  sont  insérés  pour  traduire  Pannormia  ;  de  même  Corn- 
munes  régule  en  tète  du  manuscrit  latin  3871.  Ailleurs,  l'ouvrage  est  intitulé 
Décréta,  ou  Décréta  Ponli/iciun,  ou  Décréta  sanctorum  Pontificnm,  comme 
on  peut  le  voir  à  X'expUcit  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale,  latin  3348 
et  3870,  et  à  Vincipit  du  manuscrit  de  Saint-Omer  364.  Ceci  a  pu  amener  des 
confusions  entre  la  Panormia  et  le  Décret  proprement  dit.  J'ai  signalé  plus 
haut  (p.  27)  un  manuscrit  de  la  Biblioleca  nazinnale  de  Florence,  provenant 
de  Vallombreuse,  qui  contient  la  Panormia,  quoiqu'il  soit  intitulé  Decretmn, 


294  LES  COLLECTIONS  CANONIQUES 

plus  de  vingt  h  la  Bibliothèque  nationale  ;  il  y  en  a  sept  au  moins 
à  la  Bibliothèque  du  Vatican'.  On  comprendra  que  je  ne  saurais 
entreprendre  de  donner  ici  la  longue  liste  des  exemplaires  manus- 
crits de  la  Panorama. 

Cet  ouvrage,  imprimé  pour  la  première  fois  à  Baie,  en  1499, 
par  les  soins  de  Sébastien  Brant,  a  été  publié  derechef  à  Lou  va  in, 
en  1557,  par  Melchior  de  Vosmediau.  Le  second  éditeur  n'a 
connu,  outre  le  texte  imprimé  par  son  prédécesseur,  qu'un  seul 
manuscrit,  par  lui  découvert  à  Londres  ;  c'est  donc  à  l'aide  de 
ces  moyens,  tout  à  fait  insuffisants,  qu'il  a  entrepris  de  corriger 
et  de  restituer  le  texte  de  la  Panorniia.  Aussi  ne  faut-il  pas 
s'étonner  de  ce  que  son  édition  laisse  beaucoup  à  désirer.  Au 
commencement  du  xviu"  siècle,  dom  Gellé  forma  le  projet  d'en 
donner  une  nouvelle;  on  trouve  dans  ses  papiers  d'abondantes 
notes  rédigées  en  vue  de  la  réalisation  de  ce  dessein,  qui  malheu- 
reusement ne  fut  pas  mis  à  exécution.  Aussi  en  sommes-nous  tou- 
jours réduits  à  l'édition  de  Melchior  de  Vosmedian,  qui  a  été 
réimprimée  dans  le  tome  GLXI  de  la  Patrologia  latina  de  l'abbé 
Migne^ 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  réunir  toutes  les  observations  cri- 
tiques qui  pourraient  être  faites  sur  le  texte  donné  par  Mel- 
chior de  Vosmedian  3;  cette  tâche  est  réservée  au  savant  qui 

au  moins  au  catalogue.  En  revanche,  le  manuscrit  Colberlinus  du  Décret  porte 
en  tête  la  mention  :  Panonnia  Ivonis,  qui  précède  la  grande  préface. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  confusions  partielles,  le  nom  de  Panormia  est  le 
titre  véritable  de  notre  collection  en  huit  livres.  Généralement,  ce  titre  est  suivi 
de  ces  mots  :  «  De  multimoda  distinctione  scripturarum  sub  una  castorum  elo- 
quorum  facie  contentarum.  »  Certains  catalogues,  supprimant  à  la  Panormia  son 
titre  habituel,  la  présentent  comme  un  traité  De  multimoda  distinctione  scrip- 
turarum; à  cause  de  cela,  les  auteurs  de  V Histoire  littéraire  (2'  édition),  X, 
p.  145,  ont  cru  que,  peut-être,  Yves  de  Chartres  avait  écrit  un  ouvrage  de  ce 
nom,  distinct  deU  Panormia.  C'est  là  une  erreur;  ces  traités  De  multimoda... 
etc.,  ne  sont  autre  chose  que  la  Panormia. 

1.  Bibl.  nat.,  latin  2472,  2703,  3348,  3864,  3865,  3866,  3867,  3868,  3869,  3869  a, 
3870,  3871,  3872,  3873,  4284,  4285,  10742,  13660,  14145,  14994  et  14995,  18222; 
Bibl.  du  Vatican,  1358,  1359,  1360,  1362,  5002  ;  Reg.  latin  340  et  992.  Ces  manus- 
crils  sont,  à  de  rares  exceptions  près,  du  xii°  siècle  ou  du  commencement 
du  XIII». 

2.  Sur  la  Panormia,  consulter  les  ouvrages  cités  à  propos  du  Décret  et  prin- 
cipalement :  Wasserschleben,  op.  cit.,  p.  59  et  s.;  Menu,  op.  cit.,  p.  33  et  s.,  et 
passim;  joigaez-y  Baluze,  dans  sa  préface  au  De  eniendatione  Gratiani 
d'Antoine  Augustin,  c.  xxi  et  s. 

3.  L'éditeur  annonce  dans  sa  préface  ciu'il  a  complété  les  inscriptiones,  les 


ATTRrCCEES   A   YVES    DE    COARTRES.  295 

entreprendra  de  publier  une  édition  critique  de  ce  recueil.  11  me 
paraît  toutefois  indispensable  de  présenter  ici,  d'après  les  manus- 
crits, une  observation  qui  permettra  de  déterminer  exactement  le 
contenu  de  la  Panormia. 

Si  l'on  s'en  rapporte  à  l'édition  de  Melchior  de  Vosmedian,  le 
huitième  et  dernier  livre  de  la  Panormia  contiendrait  154  cha- 
pitres. En  réalité,  cet  éditeur,  sans  doute  parce  qu'il  a  suivi  de 
trop  près  le  manuscrit  que  le  hasard  lui  avait  mis  dans  les  mains, 
a  ajouté  à  la  Panormia  une  vingtaine  de  chapitres  qui  n'en  font 
point  partie.  Dans  la  plupart  des  manuscrits,  en  effet  (et  à  coup 
siir  il  en  fut  ainsi  dans  le  manuscrit  de  Londres),  on  trouve  à  la 
fin  de  la  Panorynia  des  séries  de  chapitres  ajoutées  après  coup 
qui  varient  naturellement  d'un  exemplaire  à  l'autre.  Ce  sont  là  des 
additions,  de  dates  diverses,  dues  au  caprice  individuel  des  scribes 
ou  des  possesseurs  de  manuscrits  ;  évidemment,  il  ne  faut  pas  les 
considérer  comme  des  parties  intégrantes  de  la  Panormia  : 
l'œuvre  elle-même  s'arrête  là  où  s'arrête  la  partie  commune  aux 
divers  manuscrits.  Or,  pour  déterminer  cette  limite,  j'ai  comparé 
une  trentaine  de  manuscrits  au  texte  imprimé  dans  la  Patrolo- 
gia  latina  ;  voici  les  résultats  de  cette  comparaison  : 

Dans  un  premier  groupe  de  manuscrits,  le  texte  commun  prend 
fin  avec  le  chapitre  134  du  livre  VIII,  c'est-à-dire  avec  le  der- 
nier chapitre  qui  traite  du  mensonge  ' . 

Dans  un  second  groupe  de  manuscrits  (ce  second  groupe  est 
beaucoup  plus  nombreux),  le  texte  commun  prend  fin  avec  le 
chapitre  136,  c'est-à-dire  qu'il  comprend  une  addition  de  deux 
chapitres  qui  concernent  l'élection  du  pontife  romain-.  Ces  deux 
chapitres  constituent  sûrement  une  addition  parasite  ;  car  leur 
présence  à  la  fin  du  VHP  livre,  loin  d'être  justifiée  parle  plan  du 
recueil,  est  au  contraire  en  contradiction  avec  l'ordre  adopté. 

Il  faut  conclure  de  ces  observations  que  la  Panormia,  dans 
soD  état  primitif,  s'arrêtait  à  la  fin  du  chapitre  134  du  livre  VllI 
et  que  de  bonne  heure  elle  a  reçu  une  addition,  attestée  par 

sommaires  et  fait  minutieusement  la  toilette  de  son  texte.  Il  s'en  faut  donc  de 
beaucoup  qu'il  nous  donne  la  Panormia  telle  qu'elle  sortit  des  mains  de  son 
auteur. 

1.  Bibl.  nat.,  latin  3348,  3865,  3867,  3872. 

2.  Bibl.  nat.,  latin  3864,  3869,  3869  .\,  387U,  3871,  3873,  4284,  4285,  10742, 
13660,  14994,  14995,  18222;  Sainl-Omer,  364  et  381  ;  Bibl.  impériale  de  Vienne, 
2192  et  2200. 


296  LES   COLLECTIONS   CArïONrQUES 

de  nombreux  manuscrits,  qui  comprend  les  chapitres  135 
et  136,  Le  surplus  n'est  qu'additions  arbitraires  et  variables 
de  manuscrit  à  manuscrit;  il  n'en  faut  pas  tenir  compte  pour 
apprécier  la  Panonnia.  C'est  parce  que  certains  critiques  ont 
négligé  cette  observation  qu'ils  ont  considéré  comme  faisant  par- 
tie de  la  Panormia  des  fragments  du  pontificat  d'Innocent  II 
(1130-1143)  et  qu'ils  ont  été  ainsi  amenés  à  attribuer  une  date 
beaucoup  trop  basse  au  recueil  tout  entier  ^ 

Les  explications  qui  suivent  n'ont  trait  qu'à  la  Panormia 
réduite  à  ses  justes  limites.  L'idée  fondamentale,  que  je  m'effor- 
cerai d'établir,  est  que  la  Panormia  ne  doit  point  être  tenue 
pour  une  collection  originale;  c'est  avant  tout  et  pour  la  plus 
grande  partie  un  extrait  du  Décret  attribué  à  Yves.  Après  avoir 
présenté  les  arguments  qui,  à  mon  sens,  démontrent  cette  propo- 
sition, j'essaierai  de  déterminer  la  date  de  la  Panormia  et  de 
rendre  raison  des  causes  qui  en  ont  amené  le  succès. 

I. 

Tout  d'abord,  sans  méconnaître  que  le  plan  de  la  Panormia 
est  plus  restreint  que  celui  du  Décret,  il  importe  de  constater 
les  analogies  frappantes  que  présentent  l'un  et  l'autre  plan.  On 
en  jugera  par  le  tableau  suivant  ^  : 

1.  Cette  observation  a  été  faite  il  y  a  longtemps  par  Antoine  Augustin,  Baluze, 
Mabillon,  Theiner  et  aussi  par  dom  Gellé  et  ses  correspondants;  cf.  Baluze, 
op.  cit.,  c.  23  ;  Hist.  litl.  (2°  éd.),  X,  p.  119,  où  est  citée  l'opinion  que  Mabillon 
s'était  formée  d'après  plusieurs  manuscrits;  Doujat,  ouvr.  cit.  ci-dessous, 
g  4;  Theiner,  Disquisitiones,  p.  162,  et  les  papiers  de  dom  Gellé,  Bibl.  nat,, 
latin  12.317  :  j'y  lis,  par  exemple,  cette  lettre  écrite  en  1707  par  dom  Hubert  Mail- 
lard à  propos  d'un  manuscrit  de  la  Panormia  conservé,  si  je  ne  me  trompe,  à 
Saitit-Marien  d'Auxerre  :  «  Je  n'y  ai  rien  trouvé  du  tout  qui  pût  prouver  que 
cet  ouvrage  est  postérieur  à  Yves;  il  n'y  a  rien  d'Innocent  II  ni  de  Sigebert.  Il 
n'est  pas  terminé,  comme  M.  Baluze,  sur  Antonius  Augustinus  (c,  xxiii),  dit  que 
le  manuscrit  de  Saint-Victor  l'est,  c'est-à-dire  par  Léon  second;  c'est  une 
grande  constitution  d'Alexandre  II  qui  est  à  la  fin  (sans  doute  la  constitution 
célèbre  de  ce  pape  sur  les  emptehements  de  mariage  et  la  computation  de  la 
parenté).  Pour  le  reste,  il  est  tout  conforme  à  ce  que  dit  M.  Baluze.  » 

2.  Voir  un  tableau  analogue  contenant  des  sommaires  plus  complets  dans 
Doujat,  Pr.xnotionum  canonicarum  libri  quinque  (Paris,  1687),  p.  486  et  s.  11 
n'est  pas  inutile  de  faire  remarquer  que,  dans  un  manuscrit  de  la  Bibliothèque 
nationale  (latin  2472,  xii"  siècle),  la  Panormia,  toujours  divisée  en  ses  huit 
parties  traditionnelles,  est  sous-divisée  en  seize  livres. 


ATTRIBUEES   A    YVES    DE    CHARTRES. 


297 


Décret. 
Répond  aux  malièrcs  Irailées 
dans  les  livres  I  et  II  du  Décret. 

Livres  III  el  IV. 


Livres  V,  VI  et  VII. 


Panormia. 

Livre  I.  ...  Foi,  baptême,  con- 
firmation, eucharistie  et  autres 
sacrements. 

Livre  II.  Églises,  biens  ecclé- 
siasticfues,  Écriture  et  conciles, 
coutumes,  jeûne,  aumône. 

Livre  III.  Élection  du  pape  et 
des  évêques,  mutations  des  évo- 
ques, ordination  et  réconciliation 
des  clercs,  discipline  du  clergé, 
moines,  religieuses  et  veuves. 

Livre  IV.  Primatie  du  saint- 
siège,  conciles,  organisation  de 
la  province  ecclésiastique,  pou- 
voir du  primat  et  des  métropoli- 
tains, causes  des  clercs,  accusa- 
tion, juges,  appels. 

Livre  V.  Purgatio  canonica 
des  clercs,  causes  et  affaires  des 
laïques,  excommunication. 

Livre  VI.  Mariage. 

Livre  VII.  Séparation  et  récon- 
ciliation des  époux.  Empêche- 
ments de  parenté  et  d'affinité. 

Livre  VIII.  Homicides,  magie, 
superstitions,  obscrvatio  dierum, 
serment  et  mensonge. 

L'ordre  des  deux  collections  est  le  même,  sauf  une  dérogation 
au  livre  V  de  la  Panormia.  Il  faut  remarquer  toutefois  qu'au- 
cun livre  ne  répond  dans  cette  liste  aux  livres  XIII  [De  rapto- 
ribus,  etc.)*,  XV  [De  pœnitentia)  et  XVII  {Speculativœ  sen- 
tentiœ)  du  Décret. 

Quelques  textes  sur  le  rapt  ont  d'ailleurs  été  insérés  au  livre  VI 
(ch.  58  et  suiv.)  de  la  Panormia.  Quant  aux  textes  péniten- 
tiels  ou  dogmatiques,  ils  semblent  avoir  été  écartés  systémati- 
quement ^ 

1.  Quelques  textes  sur  le  rapt  se  trouvent  au  livre  VI  (c.  58  et  s.)  de  la 
Panormia. 

2.  A  peine  retrouve-t-on  quelques  textes  dogmatiques  au  début  du  livre  I; 
d'autres  ont  été  insérés  au  cours  de  ce  même  livre  à  propos  de  l'Eucharistie. 


Livres  XVI  et  XIV. 


Livre  VIII. 
Livre  IX. 


Livres  X,  XI,  XII. 


298  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

La  ressemblance  entre  la  Panormia  et  le  Décret  apparaît 
plus  nette  à  qui  compare  les  sommaires  des  livres  qui  forment 
l'une  et  l'autre  collections.  En  voici  un  exemple  : 

Panormia.  Décret. 

Livre  L  De  fide  et  de  hœresi-  Livres  I  et  IL  De  fide  et  de 

bus  diversis,  de  sacramento  fidei  sacramenlo  fidei ,  id  est  bapti- 

et  baptismale  et  ministerio  ba-  smate;  et  ministerio  bapLizando- 

ptizandorum,  et  consecrandorum  rum  et  baptizalorum,  consignan- 

et  consignandorum  et  consigna-  dorum  et  consignatorum,  et  de 

torum  et  de  observalione  singu-  observatione  singulorum  ;  etquid 

lorum,  et  quid  conférât  bapti-  conférât  baptisma,  quid  confir- 

smus,  quidconfirmatio  ;  de  sacra-  matio.  —  De  sacramento  corpo- 

mento    corporis    et    sanguinis  ris  et  sanguinis   Domini  et  de 

Chrisli,   de  missa  et  sanctitate  perceptione  et  observalione;  de 

aliorum  sacramentorum.  missa  et  aliorum  sacramenlorum 

sanclilate. 

On  constaterait  d'autres  ressemblances  en  poursuivant  ce 
parallèle  des  rubriques.  Je  n'y  insiste  pas,  ajant  bâte  d'arri- 
ver à  l'étude  des  éléments  dont  sont  composés  les  livres  de  la 
Panormia. 

Cette  étude  a  été  faite  et  bien  faite  par  Wasserschleben  • .  Le 
savant  canoniste  a,  par  les  listes  qu'il  a  le  premier  dressées,  mis 
en  lumière  un  fait  qui  doit  être  accepté  comme  incontestable  : 
dans  une  très  large  mesure,  les  matériaux  de  la  Panormia  se 
retrouvent  dans  le  Décret.  Ainsi,  des  122  chapitres  qui  consti- 
tuent le  livre  I  de  la  Panormia,  114  figurent  dans  les  livres  I 
et  II  du  Décret.  Des  195  chapitres  du  livre  II  de  la  Panormia, 
il  n'y  en  a  guère  que  10  qui  ne  soient  pas  compris  dans  les 
livres  III  et  IV  du  Décret.  La  proportion  des  fragments  étran- 
gers au  Décret  est  un  peu  plus  forte  dans  les  livres  III  et  IV  de 
la  Panormia  :  60  environ  sur  215  pour,  le  livre  III;  30  sur  136 
pour  le  livre  IV.  Mais  elle  redevient  extrêmement  faible  dans  les 
quatre  derniers  livres  :  2  sur  136  pour  le  livre  V  ;  2  sur  128  pour 
le  livre  VI;  2  sur  90  pour  le  livre  VII  ;  4  sur  134  pour  le  livre 
VIII  (je  ne  tiens  pas  compte  de  l'appendice  qui  complète  ce  livre 
dans  rédition).  En  somme,  sur  1,156  fragments  dont  se  compose 
la  Panormia,  on  en  compte  118  qui  ne  se  retrouvent  pas  dans 
le  Décret,  soit  à  peu  près  1  sur  10. 

1.  Op.  cit.,  p.  61  et  3. 


ATTRIBUEES   À    YVES    UE   CUABTRES.  299 


II. 


Ainsi,  nous  avons  constaté  un  double  fait.  La  Panormia  a 
été  rédigée  d'après  un  plan  étroitement  apparenté  à  celui  du 
Décret;  presque  tous  les  éléments  qui  la  composent  figurent 
aussi  dans  le  Décret. 

De  ces  faits  incontestables,  une  double  explication  serait  pos- 
sible. La  Panormia  pourrait  être  un  abrégé  du  Décret^;  mais 
il  se  pourrait  aussi  que  le  Décret  fût  un  développement  de  la 
Panormia^.  C'est  la  première  explication  qui  seule  doit  être 
adoptée  pour  les  motifs  qui  suivent. 

A.  —  Il  faut  remarquer  tout  d'abord  que,  lorsqu'un  chapitre 
de  la  Panormia  ne  reproduit  pas  exactement  le  chapitre  du 
Décret  auquel  il  correspond,  ce  n'est  point  parce  qu'il  est  plus 
copieux;  le  texte  de  la  Pa^ioy^mia  est  en  ce  cas  toujours  plus 
bref  que  le  texte  du  Décret.  En  abrégeant  ainsi,  l'auteur  delà 
Panormia  a  obéi  à  sa  tendance  générale,  qui  était  de  résu- 
mer le  Décret.  Voici  une  liste  d'exemples  à  l'appui  de  cette 
assertion  : 

26  est  un  fragment  de  Décret,    I,     -19^. 

—  —      (60. 

—  —    ^60. 

—  —  -16^. 

—  —  -167. 

—  —        6^. 

—  —  -106. 

—  —  \'H.    • 

—  —    ^6^. 

—  —     -J69. 

—  —     ^33. 

—  —     237. 


1.  C'est  l'opinion  de  Wasserschlebcn,  op.  cit.,  p.  61  et  s.;  d'AJ.  Tardif,  op. 
cit.,  p.  171,  et  aussi  de  R.  von  Scherer,  llandbuch  des  Kirchenr édites,  I,  p.  241. 

2.  C'est  l'opinioa  de  Baluze,  préface  aux  dialogues  d'Antoine  Augustin  de 
emendadone  Gratiani,  c.  xxi  ;  des  auteurs  de  VUistoire  littéraire  (2°  édition;, 
X,  p.  120,  et,  sous  des  formes  variées,  de  Ballerini,  de  TUeincr  et  de  M.  l'abbé 
Menu.  Paul  Ewald,  comme  on  le  verra  plus  loin,  a  cru  aussi  à  l'antériorité  de 
la  Panormia  (voir  ci-dessous,  p.  302). 


Panormia,  I, 

26 

— 

28 

— 

30 

— 

32 

— 

33 

— 

37 

— 

49 

— 

53 

— 

62 

— 

63 

— 

64 



65 

300 


Panormia,  IV, 


Etc.,  etc. 
Panormia,  VI, 


Etc.,  etc. 


LES  COLLECTIONS  CANONIQUES 

90  —  —  464. 

^^0  —  II,  9. 

U3  —  I,  260. 

U6  —  —  263. 

4  est  un  fragment  de  Décret,    V,  2. 

6  —  —  8. 

7  —  —  8. 
U  —  —  ^9. 
48  —  —  455. 
28  —  —  404. 

36  —  —  243. 

37  —  —  240. 

38  —  —  234. 
40  —  —  250. 

46  —  —  249. 

47  —  —  249. 

48  —  —  248. 

49  —  —  255. 

50  —  —  249. 
53  —  —  243. 

9  est  un  fragment  de  Décret,  VIII,  6. 

46  —  —  44. 

24  —  —  75. 

32  —  —  6. 


B.  —  D'ailleurs,  l'antériorité  du  Décret  résulte  clairement  de 
quelques  observations  auxquelles  donnent  lieu  les  inscriptiones 
de  la  Panormia^. 

Le  fragment  de  la  Panormia,  I,  110  {Verus  autem  bapti- 
smus),  est  précédé  de  cette  attribution  :  Prospoms  m  libro 
sententiarwn.  Or,  ce  fragment  se  retrouve  au  cours  du  cha- 
pitre 9  du  IP  livre  du  Décret  (éd.  Migne,  ch.  154);  il  est 
emprunté  à  une  longue  citation  de  Lanfranc  sur  l'Eucharistie. 
L'erreur  d'attribution  (il  y  en  a  beaucoup  de  ce  genre  dans  la 
Panormia)  provient  de  ce  que  le  dernier  fragment  du  chapitre 


1.  Cf.  Wasserschleben,  op.  cit.,  p.  61  et  s.  Je  ne  puis  rapporter  toutes  les 
observations  de  cet  auteur.  Ses  arguments  me  paraissent  péremptoires. 


ATTRIBOEES  A  ÏVES    DE    CHARTRES.  304 

immédiatement  antérieur  dans  le  Décret  est  précédé  de  cette 
attribution  :  Item  in  libro  sententiarum  Prosperi.  Le  scribe 
qui  a  transcrit  ce  texte  n'a  point  vu  le  nom  de  Lanfranc,  qui  pré- 
cédait le  chapitre  9,  et  a  attribué  le  texte  à  l'auteur  du  dernier 
extrait  compris  dans  le  chapitre  8. 

Le  fragment I,  151,  delà. Panonnia  reproduit  le  fragment  II, 
32,  du  Décret.  Seulement,  le  scribe  a  par  maladresse  ajouté  au 
texte  emprunté  au  concile  d'Elvire  le  sommaire  et  seulement  le 
sommaire  du  chapitre  qui  le  suit  dans  le  Décret  (II,  33).  C'est 
pourquoi  ce  chapitre  de  la  Panonnia  se  termine  ainsi  :  «  Quod 
inter  catholicos  non  connumeretur  qui  in  istis  temporibus,  Pa- 
scha,  Pentecoste  et  Natali  Domini,  non  communicaverit.  »  L'er- 
reur a  passé  de  la  Panonnia  dans  Gratien,  D.  2,  de  consecr., 
ch.  21. 

Le  chapitre  68  du  livre  IV  de  la  Panonnia,  Sane  hi  qui 
crimina  (concernant  l'accusation),  est  précédé  d'une  indication 
de  source  conçue  en  ces  termes  : 

De  libro  nono  earumdem  legum. 

Or,  le  chapitre  précédent  est  emprunté,  non  aux  lois  romaines, 
mais  à  une  fausse  décrétale  attribuée  au  pape  Etienne  :  Stepha- 
nus  in  Décret.,  epistola  P.  H  semble  donc  que  la  mention  De 
libro  nono  earumdem  legum  soit  un  non-sens.  Elle  s'explique 
pourtant.  Le  chapitre  68  du  livre  IV  de  la  Panonnia  forme  la 
fin  du  chapitre  286  du  livre  V  du  Décret.  Dans  le  Décret,  ce 
chapitre  286,  emprunté  à  la  lex  Romana  Visigothorum,  est 
immédiatement  précédé  de  cinq  autres  fragments,  tous  compris 
sous  la  rubrique  du  chapitre  281  :  Excerpta  de  legihus  Theo- 
dosianis  quas  interpretatur  Paulus  ;  la  rubrique  du  cha- 
pitre 286  en  est  la  suite  toute  naturelle.  En  transportant  ce  cha- 
pitre 286  isolé  dans  sa  collection,  l'auteur  de  la  Panonnia  n'a 
pas  pris  garde  à  l'indication  de  la  source  qu'il  a  laissée  subsister, 
quoiqu'elle  à\xi  se  trouver  erronée. 

Le  chapitre  8  du  livre  III  de  la  Panonnia  porte  cette  m- 
scriptio:  Synodus  octaca,  c.  11,  ex  canone  A^jostoloz-um. 
De  pareilles  mentions  accouplées,  celle  du  huitième  concile  géné- 
ral et  celle  des  canons  des  apôtres,  décèlent  évidemment  la  main 
d'un  scribe  aussi  ignorant  que  négligent.  L'erreur  ne  s'explique 
qu'en  rapprochant  ce  passage  de  sa  source,  le  Décret.  Dans  le 
Décret,  ce  fragment  (V,  122)  est  bien  attribué,  comme  il  con- 


302  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

vient,  au  huitième  concile;  il  y  est  précédé  de  deux  canons  (V, 
120  et  121)  du  septième  concile  général,  qui  comme  lui  viennent 
de  la  collection  A  {2"  part.)  et  qui  n'ont  point  été  reproduits  dans 
la  Panonnia.  Avant  ces  deux  canons,  on  trouve  dans  le  Décret 
un  texte  provenant  des  canons  des  apôtres  (V,  129  ;  e^  canone 
Apostolorum).  Par  une  faute  énorme,  le  scribe  qui  rédigeait  la 
Panormia  a  fondu  Vinscriptio  du  chapitre  119  du  Décret  et 
celle  du  chapitre  123  et  est  ainsi  arrivé  à  la  mention  absolument 
erronée  qui  figure  encore  dans  l'édition  de  la  Panormia. 

Ces  observations  et  d'autres  analogues,  qu'il  me  paraît  superflu 
de  reproduire  ici,  démontrent  clairement  que  les  fautes  de  la 
Panormia  ne  peuvent  s'expliquer  si  les  textes  qui  la  composent 
n'ont  pas  été  empruntés  au  Décret.  En  réalité  la  Panormia 
procède  du  Décret.  Sans  doute,  les  emprunts  ont  été  faits  par 
un  scribe  très  négligent  qui  exécutait  fort  mal  les  instructions 
d'un  canoniste  expérimenté.  Mais,  quels  que  soient  les  défauts 
d'exécution,  la  conclusion  qui  s'impose  n'en  est  pas  moins  celle- 
ci  :  les  analogies  entre  le  Décret  et  la  Panorynia  résultent, 
non  de  ce  que  le  Décret  est  une  Panormia  fort  amplifiée,  mais 
de  ce  que  la  Panormia  est  un  Décret  fort  abrégé. 

Il  convient  ici  d'écarter  immédiatement  une  objection.  Paul 
Ewald  tire  argument*,  au  profit  de  la  thèse  contraire,  de  Vin- 
scriptio du  chapitre  6  de  la  portion  IX  du  Décret,  ainsi  rédigée 
dans  l'édition  du  Décret  :  «  Alexander  II,  clericis  Neapolitanis, 
cap.  55.  »  Or,  c'est  justement  le  chapitre  55  du  livre  VII  de  la 
Panormia.  Donc,  telle  est  la  pensée  d'Ewald,  le  Décret  cite  ici 
la  Panormia,  qui  par  conséquent  lui  est  antérieure.  —  Pour  que 
cet  argument  eût  quelque  valeur,  il  faudrait  que  Vinscriptio  citée 
se  retrouvât  exactement  dans  les  manuscrits  du  Décret.  Or,  j'ai 
consulté  à  ce  sujet  les  manuscrits  Colbertinus  et  Victorinus  du 
Décret;  fy  ai  bien  trouvé  (IX,  6)  Vinscriptio  «  Alexander  II, 
clericis  Neapolitanis,  »  mais  non  la.  mention  «  cap.  55.  »  Cette 
mention  doit  donc  être  considérée  comme  une  addition  postérieure 
faite,  d'après  la  Panormm  sans  doute,  par  l'éditeur  du  Décret; 
en  tout  cas,  elle  n'appartient  pas  au  texte  original.  Elle  ne  peut 
donc  fournir  d'argument  contre  la  conclusion  établie  plus  haut, 
à  savoir  que  la  Panormia  procède  du  Décret. 

1.  Op.  cit.,  dans  Neues  Archiv,  V  ;  voir  p.  349,  note  1. 


ATTRIBDÉES    A    YVES    UE    CIIARTHBS.  303 

III. 

Si  la  source  principale  de  la  Panormia  est  le  Décret  attribué 
à  Yves,  on  a  déjà  fait  remarquer  que  cette  collection  contient 
aussi  quelques  éléments  étrangers  au  Décret.  Ces  éléments  ont 
été  insérés  de  préférence  dans  les  livres  lll  et  IV;  on  a  vu  plus 
haut  que  dans  les  autres  portions  de  la  Panormia  ils  forment 
une  infime  minorité.  Je  voudrais  tenter  de  déterminer  les  sources 
auxquelles  ils  ont  été  pris  : 

1"  Wasserschleben  a  cru  reconnaître  dans  la  Panormia  l'in- 
fluence de  la  collection  d'Anselme  de  Lucques,  antérieure  de 
quelques  années  aux  recueils  attribués  à  Yves.  Je  n'aurai  pas  la 
témérité  de  nier  absolument  l'influence  d'Anselme  de  Lucques  sur 
la  Panormia^.  Mais  il  paraît  certain  que  la  plupart  des  frag- 
ments qu'on  a  pu  croire  tirés  d'Anselme  de  Lucques  viennent 
plutôt  de  la  collection  en  74  titres  {Sententiœ  diversoriim 
patrum)  ^  ;  la  confusion  était  d'ailleurs  d'autant  plus  facile  entre 
ces  deux  sources  que  la  plupart  des  chapitres  de  la  collection  en 
74  titres  ont  passé  dans  le  recueil  d'Anselme.  Le  tableau  suivant 
pourra  servir  de  démonstration  à  cette  proposition  : 

Panormia.      GoUection  en  74  titres.       Anselme  de  Lucques^. 
Livre  lll, 


2 

= 

Mis 

= 

VI,      4  (texte  plus  long). 

7 

= 

A\^ 

= 

VI,     2i. 

49 

= 

^5^ 

=z 

VIII,    4. 

50 

= 

^52 

= 

Vil,    \2. 

63 

== 

458 

=z 

VII,    20. 

2 

= 

2 

= 

I,        2  (texte  plus  loflg). 

Livre  IV, 

1.  On  peut,  si  l'on  admet  celte  influence,  rendre  compte  de  certaines  coïnci- 
dences, comme  celles-ci  : 

Pan.,  II,   8  =  Anselme  de  Lucques,  V,    66. 

—     IV,  111  =  —  III,  75. 

Dans  ce  dernier  fragment,  il  y  a  pourtant  une  dilTérencc.  L'Inscriplio  de  lu 
Panormia  donne  :  Constandnus  imperator,  et  celle  d'Anselme  donne  :  Augu- 
stinus  eplscopus.  En  réalité,  l'influence  directe  d'Anselme  de  Lucques  sur  la 
Panormia  me  semble  douteuse. 

2.  Voir  sur  celte  collection  :  le  Premier  manuel  canonique  de  la  réforme 
du  XI"  siècle,  dans  les  Mélanges  de  l'École  française  d'archéologie  et  d'histoire 
de  Rome,  t.  XIV. 

3.  La  collection  d'Anselme  de  Lucques  est  citée  d'après  le  mani^rrit  du 
Vatican,  n°  1364. 


5 

= 

8 

^o 

:=: 

n 

^2 

= 

9 

24 

= 

65 

30 

= 

61 

31 

= 

59 

33 

= 

63 

34 

:= 

70 

41 

= 

78 

52 

manque 

56 

manque 

63 

= 

58 

66 

= 

51 

89 

= 

68 

107 

— 

100 

304  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

I,  19. 

1,21. 

manque. 

VI,  107. 

VII,  160. 
III,  23. 
III,  73. 
m,  35. 
manque. 

fin  du  c.  54  du  liv.  III. 
fin  du  c.  36  du  liv.  III. 
III,  43  (texte  plus  long). 
m,  4. 
manque. 
III,  82  (sous   le  nom  du 

pape  Boni  face  et  non  sous 
celui  du  pape  Jules,  que 
ce  fragment  porte  dans 
la  Panormia  et  la  collec- 
tion en  74  titres). 

—         108         =  98         =         III,  81. 

_        109        =         99        =        manque. 

L'inspection  de  ce  tableau  révèle  à  diverses  reprises  une  coïn- 
cidence parfaite  entre  les  textes  de  la  Panormia  étrangers  au 
Décret  et  ceux  de  la  collection  en  74  titres,  tandis  qu'il  arrive 
que  les  mêmes  textes  dans  la  collection  d'Anselme  de  Lucques  se 
présentent  sous  une  forme  plus  longue  ou  précédés  d'une  in- 
scriptio  différente.  Ajoutez-y  que  les  chapitres  108  et  109 
du  livre  I  de  la  Panormia  reproduisent  dans  le  même  ordre 
les  chapitres  98  et  99  de  la  collection  en  74  titres  ;  cette  ana- 
logie ne  paraît  point  fortuite.  On  est  en  droit  d'en  conclure  que 
l'auteur  de  la  Panormia  a  pris  dans"  la  collection  en  74  titres 
nombre  de  textes  qu'on  a  pu  croire  à  tort  empruntés  au  recueil 
d'Anselme  de  Lucques. 

J'estime  d'ailleurs  qu'il  a  connu  cette  collection  en  74  titres, 
non  sous  sa  forme  la  plus  simple,  mais  sous  la  forme  remaniée 
et  augmentée  de  la  collection  dite  en  quatre  livres*.  On  ren- 

1.  J'ai  fait  connaître  sommairement  cette  collection  (ie  Premier  mcnuef  cano- 
nique...,  j).  64  et  65)  et  j'en  ai  indiqué  quatre  manuscrits,  à  savoir  :  Paris, 


ATTRIBUÉES    A    YVES    I»E    CHARTRES.  305 

contre,  en  effet,  dans  la  Panonnia,  au  moins  deux  groupes 
de  textes  qui  y  semblent  transportés  de  cette  collection  en  quatre 
livres  et  qui,  ainsi  groupés,  ne  se  retrouvent  pas  ailleurs  (ces 
textes  appartiennent  à  la  série  de  ceux  que  l'auteur  de  la  Panor- 
mia  n'a  point  tirés  du  Décret).  En  voici  l'indication  : 


Panormia. 

GoUection  en  4  livres. 

Livre  III,  ^2S 

= 

livre  II,  lilre  39,  De  his  qui  ab  hereticis 
ordinantur .,  c.  \. 

—        ^29 

= 

id.,  c.  2. 

—        ^30 

= 

id.,  c.  3. 

-      ^3^ 

= 

id.,  c.  4. 

Et  plus  loin  : 

Livre  III,  ^33 

= 

livre  III,  De  episcoporum  reparacmie,  c.  4 

—        ^37 

= 

id.,  c.  2. 

—        <47 

= 

id.,  c.  8. 

—        >I48 

= 

id.,  c.  i. 

—         U9 

— 

id.,  c.  9'. 

Ces  coïncidences  s'expliquent  facilement  si  l'on  admet  que 
l'auteur  de  la  Panormia  avait  entre  les  mains  un  exemplaire  de 
la  collection  en  quatre  livres,  hypothèse  que  la  date  de  cette  col- 
lection rend  très  vraisemblable. 

2"  On  peut  constater  aussi  l'identité  de  quelques  fragments  de 
la  Panormia,  d'ailleurs  étrangers  au  Décret,  et  de  fragments 
qui  ont  pris  place  dans  la  collection  canonique  dite  Britannica. 

Ces  fragments  sont  les  suivants  : 


*D' 


Bibl.  nat.,  latin  3187,  4281  a  et  9631  ;  Milan,  Ambrosiennc,  C.  51,  sup.  Il  con- 
vient ilajouler  un  autre  manuscrit  qui  est  maintenant  conservée  la  Bil)liolhè'|ue 
impériale  de  Saint-Pétersbourt;,  II,  fol.,  n*  13.  Il  y  a  de  grandes  chances  pour 
que  ce  manuscrit  soit  dorigine  française,  car  il  a  appartenu  à  la  collection 
Dubrowski,  qui  com|)ren<i  beaucoop  de  manuscrits  achetés  en  France  ;^  la  suite 
de  la  Révolution.  La  description  en  a  été  donnée  par  M,  Ilalhan-niunienstock 
dans  son  mémoire:  Die  canonislischen  Uandschriften  dcr  l.aiserlicfien  d/fcn- 
tlichen  Bibliothek  in  S'-Petersbtirg  [Deutsche  Zeitschrifl  fiir  Kirckenrechl, 
3»  série,  t.  V  (1895),  p.  226,  280  et  s.). 

1.  Les  textes  contenus  dans  la  Panormia,  III,  148  et  149,  se  retrouvent  aussi 
dans  le  texte  ordinaire  de  la  collection  en  74  titres  (199,  20(1  et  202);  mais, 
notamment  en  ce  qui  touche  la  Panormia,  III,  149,  l'identité  est  plus  parfaite 
avec  le  fragment  correspondant  de  la  collection  en  4  livres. 

^897  20 


306  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

Panormia.  Britannica. 

Livre  m,  3  =  Fam,  II, '129. 

—  53  =  Alexandre  II,  72'. 

—  54  =  Urbain  II,  37. 

—  8^  =  Id.,  30  d,  2. 

—  -10^  =  Id.,  47,  c.  ^2. 

—  '1 03  =  Alexandre  II,  33  a. 

—  404  =  Urbain  II,  47,  c.  3. 

—  422  =  Id.,  c.  26. 

—  4  38  =  Alexandre  II,  42. 

—  439  =  Id. 

—  444  =  Pelage,  44  et  67. 

En  revanche,  les  séries  de  la  Britannica  qui  contiennent  des 
fragments  de  la  correspondance  de  saint  Boniface,  des  lettres  des 
papes  Gélase  P"",  Léon  IV,  Jean  VIII  et  Etienne  V,  ne  com- 
prennent aucun  élément  qui  se  rencontre  dans  la  Panormia 
sans  avoir  pris  place  dans  le  Décret. 

Il  semble  donc  que  l'auteur  de  la  Panormia  ait  consulté, 
comme  l'auteur  du  Décret,  une  collection  analogue  à  la  Bri- 
tannica. 

3"  A  ces  sources  complémentaires  de  la  Panormia,  il  paraît 
juste  d'ajouter  la  collection  A,  c'est-à-dire  les  deux  premières 
parties  de  la  Tripartita.  Voici  quelques  fragments  communs  à 
la  Panormia  et  à  la  collection  A,  qui  d'ailleurs  ne  se  retrouvent 
pas  dans  le  Décret  : 

Panormia.  Collection  A. 

Livre  III,    93  =  II,  Carthage  II,  4  ^. 

—  402  =  — Quinisexte,  2. 

—  4  05  =  —  Garlhage  V,  3. 

—  440  =  •      — Ghalcédoine,  4, 
Livre  IV,  442  =  I,  Melchiade,  4. 

Ces  chapitres  ont  été  vraisemblablement  tirés  de  la  collection  A  ; 

1.  Cf.  Ewald,  op.  cit.,  p.  341. 

2.  JaflFé-Wattenbach,  n'  4477. 

3.  C'est  en  réalité  le  c.  2  du  deuxième  concile  de  Carthage  ;  mais  c'est  le  c.  1 
de  la  série  de  ce  concile  qui  se  trouve  dans  la  collection  A. 


ATTRIB(l5i;S    A    YVDS    DK    CIIARTIIES.  307 

cela  paraît  très  probable,  notamment  pour  les  chapitres  102  et 
112  du  livre  III,  le  premier  venant  du  concile  Quinisexte,  dont 
les  canons  ont  été  introduits  dans  la  circulation  par  la  collec- 
tion A,  le  second  étant  un  extrait  du  pseudo-Melchiade,  coupé 
comme  dans  la  collection  A.  Toutefois,  on  comprendra  que  j'évite 
sur  ce  point  toute  altirmation  trop  absolue. 

4"  Il  a  été  impossible  de  rattacher  à  une  collection  connue  les 
autres  textes  (il  en  reste  environ  une  soixantaine)  que  possède  la 
Panormia  sans  qu'ils  soient  compris  dans  le  Décret.  Ou  y 
trouve  d'abord  des  fragments  empruntés  aux  papes  du  xi"  siècle, 
Léon  IX',  Nicolas  IP,  Grégoire  VU',  Urbain  W\  d'assez  nom- 
breux textes  des  Pères"',  des  textes  connus  de  canons  et  de  décré- 
tais, un  fragment  des  Novelles*^  et  un  autre  des  capitulaires^ 
Tout  ce  qu'on  peut  dire,  c'est  qu'en  abrégeant  le  Décret,  l'auteur 
de  la  PanorDiia  a  aussi  essayé  de  la  compléter  à  l'aide  des 
sources  dont  il  disposait,  fort  analogues,  d'ailleurs,  à  celles  qu'a 
employées  l'auteur  du  Décret,  Je  remarque  qu'il  }'  a  ajouté  peu 
de  chose  en  ce  qui  concerne  la  législation  de  Grégoire  VII. 

5"  On  n'a  point  mentionné,  dans  cette  énumération  des  recueils 
auxquels  l'auteur  de  la  Panormia  a  fait  des  emprunts,  la  collec- 
tion Anselmo  dedicaia.  C'est  que,  malgré  l'opinion  contraire 
émise  par  Wasserschleben,  il  ne  paraît  pas  démontré  que  V An- 
selrao  dedicata  ait  fourni  des  matériaux  à  la  Panormia.  Outre 
que,  vers  la  fin  du  xi*  siècle,  ce  recueil,  déjà  vieux  de  deux  cents 
ans,  devait  être  assez  rare  en  France,  les  coïncidences  peu  nom- 
breuses signalées  entre  la  Panormia  et  YAnsebno  dedicata 
peuvent  s'expliquer  autrement  que  jiar  un  emprunt  de  celle-là  à 
celle-ci*.  Ainsi  : 


1.  Exemples  :  III,  90,  107. 

2.  Exemples  :  III,  1,  127,  1.35. 

3.  Exemples  :  III,  134;  V,  110.  Je  remarque  aussi  qu'une  lellrc  connue  de 
Grégoire  Vil  à  l'évoque  Hermaun  de  Mclz  est  citée  plus  C(q)ieusempnt  dans  la 
Panormia  (V,  108  et  109)  que  dans  le  Décret  (V,  378),  où  cet  extrait  est  rejeté 
à  la  fin  d'un  livre. 

4.  Exemples  :  III,  81,  101,  154;  V,  111;  voir  la  liste  insérée  ci-dessous, 
p.  309. 

5.  Voir,  par  exemple,  d'importants  extraits  de  saint  Augustin,  VI,  KK)  et  101. 
G.  III,  16G. 

7.  III,  163. 

8.  Wasserschleben  cile  un  fragment  qui  se  trouve  à  la  fois  dans  la  collection 
en  74  litres,  dans  celle  d'Anselme  de  Lucqucs  cl  dans  V  Anselmo  dedicaia  (( .  ôU  du 


308  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

A.  —  Les  fragments  de  la  Panormia,  IV,  108  et  109,  qui 
sont  donnés  par  Wasserschleben  comme  provenant  de  YAnselmo 
dedicata  (III,  155  et  77),  se  retrouvent  intégralement  sous  les 
n°*  98  et  99  de  la  collection  en  74  titres  ;  c'est  là,  très  vraisem- 
blablement, que  Fauteur  de  la  Panormia  les  a  pris  pour  les 
transporter  dans  son  recueil. 

B.  —  Le  fragment  de  la  Panormia,  IV,  112,  est  donné  comme 
équivalent  à  YAnselmo  dedicata,  III,  169.  Mais  il  figure  aussi 
dans  la  collection  A,  P®  partie,  où  il  forme  le  premier  chapitre 
des  décrétai  es  attribuées  au  pape  Melchiade.  Il  est  donc  assez 
naturel  de  penser  que,  si  l'auteur  de  la  Panormia  l'a  pris 
quelque  part,  c'est  dans  la  collection  A  plutôt  que  dans  Y An- 
selmo  dedicata.  Je  ne  considère  donc  pas  YAnselmo  dedicata 
comme  une  source  complémentaire  de  la  Panormia. 

En  résumé,  la  Panormia,  faite  pour  les  neuf  dixièmes  d'ex- 
traits *  du  Décret,  a  été  tirée,  pour  le  surplus  : 

De  sources  analogues  à  celles  du  Décret,  parmi  lesquelles 
nous  avons  pu  citer  avec  quelque  vraisemblance  la  collection  A  ; 

De  la  collection  en  74  titres  (ou  d'une  forme  particulière  de 
cette  collection),  peut-être  utilisée  aussi  par  l'auteur  du  Décret; 

De  la  collection  analogue  à  la  Britannica  en  certaines  parties 
(Alexandre  II,  Urbain  II)  qu'a  négligées  l'auteur  du  Décret  ou 
qu'il  n'a  pas  connues. 

IV. 

La  date  approximative  de  la  composition  de  la  Panormia  peut 
être  assez  facilement  fixée  : 

livre  III).  Évidemment,  l'auteur  de  la  Panormia  n'a  pas  puisé  dans  l'An- 
selmo  dedicata,  il  s'est  adressé  à  Anselme  de  Lucques  (VII,  14)  ou  mieux  à 
la  collection  en  74  titres,  c.  152.  Cela  est  d'autaiU  plus  certain  que  le  desinit 
du  texte  n'est  pas  le  môme  dans  YAnselmo  dedicata  (II,  38)  que  je  connais 
d'après  des  manuscrits  de  Metz  et  Bamberg.  —  De  même,  il  n'y  a  aucune  con- 
clusion à  tirer  du  renvoi  à  l'Anselmo  dedicata  (III,  lOi)  fait  par  Wasserschleben 
à  propos  du  c.  55  du  livre  IV  de  la  Panormia.  Le  texte  de  l'Aiiselmo  dedi- 
cata est  très  différent  de  celui  de  la  Panormia.  La  co'incidence  signalée  aussi 
à  propos  du  c.  87  du  livre  III  avec  Anselme  dedicata,  IV,  126,  peut  fort  bien 
être  purement  accidentelle. 

1.  Plusieurs  de  ces  textes  (la  plupart  probablement)  proviennent  de  sources 
qui  ont  fourni  des  textes  au  Décret,  comme  la  Britannica  ou  la  collection  ana- 
logue à  la  Britannica. 


ATTRIBDKES   A    YVES    nE   CBARTRES.  309 

La  Panormia  dépend  du  Décret;  elle  ne  peut  donc  lui  être 
antérieure;  c'est  donc  qu'elle  ne  saurait  avoir  été  composée  avant 

1095. 

Est-elle  de  beaucoup  postérieure  à  cette  date?  Pour  s'en  rendre 
compte,  il  faut  établir  la  liste  des  fragments  les  plus  récents  qui 
y  ont  été  insérés.  Ces  fragments  appartiennent  tous  au  pontificat 
d'Urbain  II  (1088-1099). 

Voici  d'abord  les  fragments  à  date  certaine  *  : 

III,      D  :  concile  de  Bénévent,  \m\  [Décret,  V,  72). 

—  51  :  concile  de  Melfi,  -1089  (Jaffé-Wattenbach,  3409;  Décret, 

VI,  410). 

—  54  :  année  1089  (Jaffé-Wattenbach,  5390). 

—  84  :  année  -1088  (Jaffé-Waltenbach,  5383). 

—  -101  :  concile  de  Melfi,  4  089. 

—  122  :  année  1088  (Jaffé-WaLlenbach,  5384). 

—  404  :  Id. 

V,  -107  :  année  -1089  (Jaffé-Wattenbach,  n°5393  ;  Décret,  XIV,  45). 

—  1 23  :  année  1 0S8  (Jaffé-WaUenbach,  n"  5303  ;  Décret,  XIV,  68) . 

VI,  -108  :  année  1088  (Jaffé-Waltenbach,  n«  5382  ;  Décret,  VIII,  23). 

—  4  09  :  année  4  089  (Jaffé-Wallenbach,  n"  5399  -,  Décret,  VIII,  24). 
VU,    86  :  année  4  089  (Jaffé-Wattenbach,  n"  5388;  Décret,  IX,  33). 

On  trouve  aussi  dans  la  Panormia  deux  fragments  du  même 
pontificat  dont  la  date  ne  peut  être  établie  d'une  manière  précise  «  : 

VIII,    4  4  :  antérieur  à  4096  (Jaffé-Wattenbach,  n"  5530;  Décret, 
X,54). 
V,    4 1 4  :  peut  être  daté  d'une  année  quelconque  du  pontificat  d'Ur- 
bain II,  4088-4099  (Jaffé-Wattenbach,  n°  5724).  . 

Ainsi,  sur  quatorze  fragments,  douze  ont  des  dates  certaines, 
et  ces  dates  appartiennent  toutes  aux  années  1088,  1089,  1090, 
sauf  celle  d'un  fragment  qui  est  de  l'année  1091.  Il  y  a  bien  des 
chances  pour  que  les  deux  fragments  de  date  incertaine  doivent 
être  attribués  à  la  même  période,  c'est-à-dire  aux  premières 
années  du  pontificat  d'Urbain  II. 

1.  Je  ne  tiens  pas  compte,  nalurellement,  dos  fragments  parasites  du  ponti- 
ficat d'Innocent  II  édités  par  Melchior  de  Vosmediau  comme  faisant  partie  de 
la  Panormia  (Vlll,  140  et  s.),  mais  qui  n'apparliennent  pas  à  ce  recueil;  voir 
plus  haut,  p.  295;  cf.  Menu,  op.  cit.,  p.  34,  et  Wasserschleben,  op.  cit.,  p.  76. 

2.  Ewald,  op.  cit.,  p.  368. 


3^0  LES  COLLECTIONS  CANONIQUES 

D'autre  part,  la  Panormia  ne  contient  aucun  canon  des 
importants  conciles  de  Clermont  (1095)  et  de  Nîmes  (i09G),  non 
plus  qu'aucun  document  qui  puisse  être  attribué  avec  certitude 
aux  dernières  années  du  pontificat  d'Urbain  IL  Et  cependant, 
comme  on  a  pu  s'en  convaincre  par  la  liste  qui  précède,  l'auteur 
recherchait  avec  curiosité  les  décisions  canoniques  de  ce  pape. 
Aussi  tout  porte  à  croire  que  la  Panormia  a  dû  être  rédigée, 
elle  aussi,  vers  1095,  c'est-à-dire  très  peu  de  temps  après  le 
Décret.  A  mon  avis,  la  Panormia,  abrégé  du  Décret,  en  a  été 
tirée  presque  aussitôt  que  le  Décret  a  été  achevé.  Evidemment, 
si  cette  opinion  est  vraie,  il  faut  considérer  la  Panormia  comme 
une  œuvre  originaire  de  la  même  patrie  que  le  Décret,  c'est-à- 
dire  de  la  région  française.  C'est  d'ailleurs  à  la  France  qu'on  l'a 
toujours  attribuée. 

V. 

Le  succès  de  la  Panormia  fut  très  grand.  Les  nombreux 
manuscrits  qui  en  sont  conservés  l'attestent  suffisamment.  Ajou- 
tez à  cela  qu'elle  fut  très  largement  utilisée  et  très  fréquemment 
citée,  ainsi  qu'on  le  montrera  plus  bas.  Essayons  d'indiquer  les 
raisons  qui  expliquent  le  succès  d'un  recueil  aussi  bref,  alors  que 
des  collections  plus  amples  sont  demeurées  inconnues. 

La  brièveté,  c'est  précisément  une  qualité  essentielle  pour  un 
recueil  tel  que  la  Panormia,  destiné  surtout  à  un  usage  pratique. 
L'auteur,  en  la  concevant  ainsi,  ne  s'était  pas  fait  illusion  sur  les 
besoins  de  ses  contemporains  ;  après  lui ,  on  voulut  un  recueil 
plus  court  encore,  et  nous  verrons  qu'on  résuma  la  Panormia. 
C'est  que  les  hommes  engagés  dans  les  affaires  se  soucient  peu 
d'une  collection  d'innombrables  fragments  hérissés  de  difficultés 
d'interprétations  dont  ils  savent  mal  se  dégager;  ce  qu'il  leur 
faut,  c'est  un  choix  des  textes  usuels  qu'ils  auront  à  invoquer  et 
à  appliquer.  Sous  l'empire  de  cette  tendance,  qui  peut  être  obser- 
vée en  tout  temps,  le  recueil  canonique  est  allé  du  composé  au 
simple,  du  Décret  à  la  Panormia,  de  la  Panormia  à  sa  Somme 
si  concise,  dont  il  sera  traité  plus  loin*. 

1.  Cette  considération  me  paraît  plus  exacte,  dans  le  cas  particulier,  que 
celles  que  développe  M.  l'abbé  Menu,  d'après  lesquelles  on  serait  porté  à  con- 
clure à  priori  que,  de  deux  ouvrages,  l'un  incomplet,  l'autre  plus  complet,  l'ou- 
vrage qui  est  le  plus  complet  est  postérieur  à  l'autre  [op.  cil.,  p.  43).  Pour 


ATTUIBOÉES    A    YVES    nE    CHARTRES.  S-H 

Au  mérite  de  la  brièveté,  qui  sans  doute  contribua  largement 
à  assurer  son  succès,  la  Panormia  en  joint  deux  autres,  qui  ne 
durent  pas  être  médiocrement  appréciés  des  contemporains. 
D'abord,  les  fragments  canoniques  n'y  sont  pas  seulement  répar- 
tis en  huit  grandes  divisions  désignées  sous  le  nom  de  livres; 
dans  chaque  livre,  ils  sont  disposés  méthodiquement,  suivant 
un  programme  placé  à  la  fin  de  la  préface  *,  si  bien  que  les 
recherches  y  sont  bien  plus  aisées  et  plus  rapides  que  dans  le 
Décret.  En  second  lieu,  l'intelligence  des  textes  est  facilitée  par 
les  sommaires  qui  accompagnent  la  plupart  des  chapitres.  Ces 
sommaires  résument,  souvent  en  termes  nets  et  précis,  la  règle 
de  droit  posée  au  texte  ;  au  moins,  ils  indiquent  l'objet  principal 
qui  y  est  traité.  Remarquez  d'ailleurs  que  ce  ne  sont  pas  les  som- 
maires du  Décret  qui  ont  été  répétés  dans  la  Panormia.  Au 
Décret,  l'auteur  de  la  Panormia  emprunte  bien  le  texte,  mais, 
quant  au  sommaire,  il  paraît  souvent  en  faire  son  œuvre  propre. 
Si  les  sommaires  de  la  Panormia  sont  en  beaucoup  de  cas  supé- 
rieurs à  ceux  du  Décret,  c'est  que  le  compilateur  du  Décret  s'est 
généralement  contenté  de  reproduire  les  sommaires  qu'il  trouvait 
dans  la  collection  qui  lui  servait  de  source.  Ici  encore  se  manifeste 
la  différence  qui  sépare  la  Panormia  du  Décret;  celle-là  est  un 
recueil  ordonné  avec  soin,  où  rien  n'a  été  négligé  de  ce  qui  en 
pouvait  faciliter  l'usage;  celui-ci  n'est  qu'une  collection  de  maté- 
riaux à  peine  classés  et  souvent  laissés  à  l'état  brut. 

Il  est  fâcheux  qu'une  foule  d'inexactitudes  ou  d'erreurs  se 
soient  glissées  dans  les  attributions  de  textes  de  la  Panormia. 
On  a  cité  plus  haut  des  exemples  d'erreurs  de  ce  genre  qui  sont 
dues  k  la  négligence  du  compilateur;  d'autres,  commises  dans  le 
Décî^et,  ont  été  reproduites  dans  la  Panormia,  qui  a  suivi  trop 
servilement  son  modèle.  C'est  pourquoi  un  vieux  canoniste,  cité 

celte  raison,  M.  l'abbé  Menu  pense,  bien  à  tort,  que  la  Panormia  est  antérieure 
au  Décret.  Il  se  trompe,  parce  qu'il  est  parti  d'un  principe  douteux.  Lorsqu'une 
œuvre  importante  est  publiée,  il  y  a  sans  doute  des  chances  pour  que,  dans 
l'avenir,  elle  reparaisse  sous  la  forme  d'une  édition  considérablement  augmentée; 
mais  il  y  a  aussi  des  chances  pour  qu'elle  engendre  des  abrégés.  Poser  une 
règle  générale  en  pareille  matière,  c'est  courir  au-devant  des  erreurs. 

1.  Voir,  par  exemple,  le  sommaire  détaillé  du  livre  VI  sur  le  mariage  et 
comparez-le  au  très  maigre  sommaire  placé  en  tête  des  33i  chapitres  qui  forment 
le  livre  correspondant  (portion  VIII)  du  Décret.  Et,  cependant,  le  livre  VI  de  la 
Panormia,  si  l'on  en  considère  les  proportions,  représente  à  peu  près  le  tiers 
de  la  partie  VIII  du  Décret. 


3^2  LES    COLLECTIONS   CANONIQUES 

par  Doujat,  faisait  observer,  non  sans  raison,  que  la  Panormia 
fourmille  de  fautes  :  menais  ac  erroribus  scatensepitome^.  II 
y  aurait,  à  mon  sens,  une  sorte  de  pharisaïsme  à  s'en  scandaliser 
à  l'excès  ;  de  telles  fautes,  en  effet,  avaient,  aux  yeux  des  hommes 
du  moyen  âge,  fort  peu  soucieux  de  la  critique  des  textes,  une  gra- 
vité bien  moindre  que  celle  qu'elles  prennent  dans  l'appréciation 
des  contemporains.  En  dépit  de  ces  taches,  la  Panormia  n'en  pré- 
sentait pas  moins,  sous  un  petit  volume  facilement  maniable,  les 
textes  les  plus  importants  et  les  plus  connus  ;  elle  était  ainsi  «  une 
encyclopédie  sommaire  du  droit  canonique-  »  à  la  fin  du  xi''  siècle; 
c'est  à  cela,  aussi  bien  qu'au  nom  respecté  d'Yves  de  Chartres, 
qu'elle  dut  la  faveur  avec  laquelle  elle  fut  accueillie  dans  tout 
l'Occident. 

CHAPITRE  IV. 
De  l'auteur  des  trois  collections. 

J'ai  décrit  aussi  exactement  qu'il  m'a  été  possible  la  collection 
Tripartita  (faite  de  la  réunion  des  deux  recueils  dits  collections  A 
et  B),  le  Décret,  attribué  à  Yves,  et  enfin  la  Panormia.  Si  l'on 
veut  bien  accepter  les  conclusions  que  j'ai  proposées,  la  collec- 
tion A,  le  Décret  et  la  Panormia  datent  à  peu  près  de  la 
même  époque,  c'est-à-dire  de  l'année  1095  environ 3.  La  collec- 
tion A,  composée  la  première,  fut  l'une  des  sources  du  Décret, 
dont  furent  extraites  la  Panormia,  d'une  part,  et,  d'autre  part, 
à  une  date  inconnue,  mais  peu  éloignée,  la  collection  B. 

La  plupart  des  érudits  qui  ont  écrit  sur  ce  sujet  ont  considéré 
la  Tripartita  comme  une  œuvre  anonyme;  toutefois,  M.  l'abbé 

1.  Cf.  Doujat,  op.  cit.,  p.  484. 

2.  Ad.  Tardif,  Histoire  des  sources  du  droit  canonique,  p.  171. 

3.  Les  observations  que  j'ai  présentées  dans  les  chapitres  précédents  me  dis- 
pensent de  réfuter  l'opinion  des  auteurs  qui  ont  cru  les  recueils  canoniques 
d'Yves  en  général  et  la  Panormia  en  particulier  antérieurs  à  l'épiscopat  d'Yves, 
c'est-à-dire  à  l'année  1090,  et  qui  y  ont  vu  des  ouvrages  rédigés  au  temps  où 
l'auteur  était  abbé  de  .Saint-Quentin,  au  diocèse  de  Beauvais  (voir  en  ce  sens  : 
la  vie  d'Yves,  par  le  P.  Fronteau,  insérée  dans  les  Acta  Sanctorum,  2  mai, 
t.  V,  p.  248,  et  réimprimée  dans  Patrologia  laiina,  CXLI,  c.  13;  Galliu  chris- 
tiana,  VIII,  c.  1126-1127;  Menu,  op.  cîf.,p.  29,  et  Foucault,  Essai  sur  Yves  de 
Chartres  (Chartres,  1883,  in-S'l,  p.  6).  Cette  opinion,  tout  à  fait  insoutenable, 
a  déjà  été  réfutée  par  Conrat,  op.  cit.,  p.  385,  note  2. 


ATTRIBUÉES  A  YVES  DE  CHARTRES.  3\3 

Menu'  et,  plus  récemment,  M.  l'abbé  Clerval^  ont  cru  pouvoir 
désigner  Yves  de  Chartres  comme  l'auteur  de  ce  recueil.  —  Le 
Décret  a  été  assez  généralement  attribué  à  Yves;  cependant, 
depuis  que  Theiner  a  consacré  une  dissertation  à  lui  enlever  la 
paternité  de  cette  œuvre ^  la  question  a  semblé  très  douteuse  h 
quelques-uns  des  juges  les  plus  compétents^  —  Enfin,  si  les  mo- 
dernes s'accordent  volontiers  à  traiter  la  Panormia  comme  une 
œuvre  d'Yves,  cette  opinion  avait  été  contestée  par  quelques 
écrivains  déjà  anciens,  comme  le  P.  Labbe,  le  P.  Fronteau  (qui 
donna  une  édition  du  Décret),  et  les  BoUandistes^. 

Sans  discuter  ces  opinions  variées,  j'essaierai  d'établir  celle 
que  je  me  suis  formée  sur  l'origine  de  ces  diverses  collections. 

I. 

Il  est  certain  qu'Yves  de  Chartres  s'est  attaché  à  recueillir  des 
textes  canoniques.  Ce  fait  est  attesté  par  les  écrits  d'auteurs  du 
xif  siècle  dont  plusieurs  furent  les  contemporains  d'Yves  :  Sigebert 
de  Gembloux,  son  continuateur  de  Prémontré,  le  chroniqueur  de 
Tours ^  Ajoutez  à  cela  les  témoignages  de  ces  scribes  nombreux  du 

1.  Op.  cit.,  p.  59  et  s. 

2.  Les  Écoles  de  Chartres  au  moyen  âge,  p.  149. 

3.  Disquisitiones  criticx,  p.  171  et  s.  En  ce  sens,  abbé  Menu,  p.  70  et  s. 

4.  Savigny,  Geschichte  {%'  édition),  II,  p.  315  et  316;  Conrat,  Geschichte,  I, 
p.  382;  Viollel,  Histoire  du  droit  civil  français  {1"  édition),  y.  62.  —  Les  Bal- 
lerini  n'étaient  pas  éloignés  de  douter  de  l'attribution  du  Décret  à  Yves  de 
Chartres;  cf.  De  antiquis  canon,  collect.,  pars  IV,  cap.  xvi,  g  7  in  fine.  — 
Dom  Beaugendre,  l'éditeur  des  oiuvres  d'IIildebert  de  Lavardin,  a  attribué  le 
Décret  à  Ilildebert.  Sur  cette  thèse  et  sa  réfutation,  voir  Uistoire  littétaire 
(l'  édition),  X,  p.  123  et  s.  Sur  toutes  ces  questions,  consulter  Doujat,  Pr.xno- 
tionum  canonicarum  libri  quinque,  lib.  III,  cap.  xxvii,  p.  480  et  s. 

5.  Cf.  Fronteau,  dans  la  biographie  placée  en  tête  de  son  édition  du  Décret 
et  réimprimée  dans  la  Palrologia  latina,  CLXI,  c.  13;  Acta  Sanctorum, 
volume  déjà  cité,  p.  249.  Fronteau  et  les  Bollandistes  attribuent  la  Panormia 
à  Hugues  de  Châlons.  Cette  dernière  assertion  ne  s'appuie  sur  aucune  preuve 
sérieuse.  Il  sera  traité  de  Hugues  de  Chàlons  dans  la  suite  de  cette  étude  à 
propos  des  collections  dérivées  de  la  Panormia. 

6.  Dans  son  Liber  de  scriptoribus  ecclesiasticis,  cap.  clxvu  {Patrologia 
latina,  CLX,  c.  586),  Sigebert  de  Gembloux  termine  sa  notice  sur  Yves  par  ces 
mots  :  «  Composuit  insigne  volumen  canonum.  »  Or,  Sigebert  est  un  contem- 
porain de  lévéque  de  Chartres,  qu'il  précéda  de  quelques  années  dans  la  tombe. 
—  La  Continuatio  Prxmonstratensis  de  la  chronique  de  Sigebert,  écrite  vers 
1150,  donne  un  témoignage  analogue  :  «  IHud  volumen  quod  décréta  Ivonis 


'SH  LES  COLLECTIONS  CANONIQUES 

xif  et  du  xui*  siècle  qui  transcrivirent  la  Panormia  ou  d'autres 
recueils  canoniques  en  les  imputant  à  l'évêque  de  Chartres;  évi- 
demment, ils  le  considéraient  comme  un  auteur  de  collections. 

D'ailleurs,  l'opinion  des  contemporains  est  fortifiée  par  deux 
témoignages  qui  viennent  d'Yves  lui-même.  Le  premier  est  con- 
tenu dans  une  lettre  adressée  à  l'abbé  Pons  de  Cluny,  à  qui  Yves 
annonce  l'envoi  de  collections  de  canons  que  son  correspondant 
lui  a  demandées  ^  A  la  rigueur  et  contre  toute  vraisemblance,  on 
pourrait  croire  qu'il  s'agit  dans  ce  passage  de  manuscrits  cano- 
niques qui,  s'ils  étaient  eu  la  possession  de  l'évêque  de  Chartres, 
ne  contenaient  pas  nécessairement  pour  cela  des  œuvres  rédigées 
par  lui.  —  Mais  l'autre  témoignage  suffit  à  écarter  tout  doute. 
Yves  a  écrit  une  préface  destinée  à  être  placée  en  tête  d'une  col- 
lection canonique.  Que  cette  préface  doive  lui  être  attribuée,  c'est 
ce  que  diverses  raisons  graves  mettent  au-dessus  de  toute  con- 
testation^.  Or,  l'auteur  de  la  préface  se  déclare  formellement  l'au- 

dicunt,  sua  industria  (Ivo)  utiliter  compilavit  »  [Monumenta  Germaniae,  Scri- 
ptores,  VI,  p.  447).  —  La  chronique  de  Tours  {Historiens  des  Gaules,  XII,  468) 
donne  une  mention  analogue  ;  il  en  est  de  même  de  l'anonyme  de  Melk  (Fabri- 
cius,  Biblioiheca  ecclesiastica,  p.  155).  Nous  savons  en  outre  que  Gui,  évêque 
du  Mans,  donna  à  sa  cathédrale,  vers  1130,  «  décréta  quœ  Ivo  Carnotensis 
episcopus  abbreviavit  ;  »  un  legs  semblable  fait  en  1150  par  l'évêque  Anculfede 
Soissons  »  {Histoire  littéraire,  -2"  édition,  X,  p.  116  et  135),  Ainsi,  la  tradition 
d'après  laquelle  Yves  a  composé  un  recueil  de  canons  apparaît  du  vivant  d'Yves; 
elle  est  très  ferme  dès  le  xii'  siècle  et  se  maintient  aux  siècles  suivants. 

1.  «  Collectiones  canonum  quas  à  me  postulastis  et  opuscula  mea  quae  his 
addi  voluistis,  in  monumentum  dilectionis...  transmisi  vobis  »  (ep.  CLXII). 
Remarquez  qu'il  ne  faudrait  pas  conclure  de  ce  qu'Yves  emploie  le  pluriel 
{collectiones)  qu'il  a  composé  plusieurs  collections.  Cet  argument  ne  serait  pas 
suffisant,  car  Yves  emploie  le  pluriel  pour  parler  de  la  collection,  unique  pour- 
tant, de  Burchard  de  Worms  (ep.  LXXX). 

2.  L'authenticité  de  cette  préface,  justement  célèbre  au  moyen  âge,  est  garan- 
tie par  la  tradition  des  manuscrits,  qui  remonte  jusqu'au  xii'=  siècle,  et  aussi 
par  deux  autres  raisons.  Un  caooniste  (dont  il  sera  question  plus  loin),  qui 
écrivait  quelques  années  après  la  mort  d'Yves  de  Chartres,  la  plaça  en  tête  du 
recueil  en  dix  parties  qu'il  avait  composé,  tout  en  la  présentant  comme  l'œuvre 
d'Yves  :  a  Tractatum  viri  venerabilis  domini  I[vonis]  Carnotensis  episcopi,  quem 
de  consonanlia  canonum  luculento  admodum  sermone  dictavit,  preposui.  » 
(Cf.  Rose,  die  Meerman-Handschriften  des  Sir  Thomas  Phillipps,  p.  207.)  En 
second  lieu,  les  idées  fondamentales  de  ce  prologue,  notamment  le  double  prin- 
cipe d'interprétation  des  canons  suivant  la  rigueur  et  suivant  la  miséricorde  (le 
grand  jurisconsulte,  qu'était  Yves,  apjdiquait  ici  à  sa  manière  la  vieille  dis- 
tinction entre  le  droit  strict  et  l'équité),  se  retrouvent  dans  l'intéressante  corres- 
pondance de  l'évêque  de  Chartres  (voir,  par  exemple,  les  lettres  XVI  et  XLV). 


ATTRIBUEES    À    YVES    DE    CHARTRES.  345 

teur  du  recueil  canonique  en  vue  duquel  il  l'a  écrite.  Nous  sommes 
donc  amenés  forcément  à  cette  conclusion.  Yves  de  Chartres  a 
recueilli  des  canons,  il  a  composé  au  moins  une,  peut-être  plu- 
sieurs collections  canoniques.  —  Ce  point  acquis,  il  reste  à  savoir 
si  quelques  raisons  nous  permettent  d'attribuer  à  Yves,  st)it  la 
Panormia,  soit  le  Décret,  soit  les  collections  de  la  Trijmrtila, 
soit  l'ensemble  de  ces  divers  recueils. 


II. 

Il  est  tout  naturel  de  demander  au  prologue  rédigé  par  Yves 
quelques  indications  sur  la  collection  à  laquelle  il  devait  servir 
d'introduction  ^  Il  y  est  dit  tout  d'abord  que  cette  collection  était 
faite  de  quatre  éléments  :  les  décrétales  des  papes,  les  canons  des 
conciles,  les  extraits  des  ouvrages  des  Pères  et  les  fragments  tirés 
des  lois  des  princes  chrétiens.  Ceci  ne  nous  donne  point  un  ren- 
seignement précis  ;  car  l'indication  pourrait  convenir  au  Décret, 
à  la  Panormia  et  à  beaucoup  de  collections  du  même  temps.  — 
Il  }•  a  plus  dans  la  préface  d'Yves  ;  nous  y  apprenons  que  le 
recueil  qu'elle  précédait  s'ouvrait  par  des  textes  relatifs  à  la  foi; 
tel  est  le  cas  du  Décret  et  aussi  de  la  Panormia.  —  Poussons 
plus  avant  :  la  préface  nous  informe  que  le  recueil  dont  il  s'agit 
est  disposé  d'après  un  plan  méthodique,  de  façon  à  ce  que  les 
recherches  y  soient  aussi  faciles  que  rapides.  Les  matières  y  sont 
si  exactement  classées  que  le  lecteur  désireux  de  connaître  les 
textes  relatifs  à  un  objet  déterminé  n'a  nul  besoin  de  parcourir  le 
volume  entier,  mais  seulement  les  chapitres  relatifs  à  cet  objet, 
qui  lui  sont  indiqués  par  des  rubriques  disposées  à  cet  effet  :  «'Ut 
non  sit  quœrenti  necesse  totum  volumen  evolvere,  sed  tantum 
titulum  generalem  suse  quaestioni  congruentem  notare  et  ei  subjecta 
capitula  sine  interpola tione  transcurrere.  »  Il  s'agit  donc  d'un 
ouvrage  méthodique  où  d'abondantes  indications  guident  le  lec- 
teur. Tel  n'est  pas,  il  s'en  faut,  le  caractère  du  Décret;  la 

Remarquez  aussi  l'analogie  des  expressions  employées  au  début  du  prologue  et 
de  celles  qui  se  trouvent  à  la  (in  de  la  lettre  CLXXXIX. 

l.  La  préface  d'Yves  (igure  dans  les  manuscrits  en  tête  de  la  Panormia  et 
aussi  en  tète  du  Décret.  On  la  trouve  parfois  en  tête  d'autres  collections,  comme, 
par  exemple,  la  collection  en  dix  parties,  faite  d'après  la  Panormia^  dont  il  sera 
question  plus  loin.  Parfois  aussi  on  la  rencontre  isolée. 


316  LES    COLLECTIONS   CANONIQUES 

méthode  y  est  tout  à  fait  primitive  et  les  indications  fort  abré- 
gées. Au  contraire,  par  l'ordre  qui  y  règne,  par  les  sommaires 
étendus  qui  précèdent  chaque  livre,  la  Panormia  répond 
bien  h  cette  description.  Par  ce  raisonnement,  je  suis  amené  à 
conclure  que  le  prologue,  œuvre  authentique  d'Yves,  a  été  des- 
tiné par  lui  à  être  placé  en  tête  de  la  Panormia,  que  par  consé- 
quent la  Panormia  est  l'œuvre  d'Yves. 

Remarquez  que  cette  conclusion  est  corroborée  parla  tradition 
des  manuscrits.  Sans  doute,  quelques-uns  des  manuscrits  de  la 
Panormia  sont  anonymes  ;  mais  la  plupart  d'entre  eux  sont 
précédés  d'un  titre,  et  ce  titre  mentionne  Yves  comme  l'auteur 
du  recueil.  Or,  beaucoup  de  ces  mentions  remontent  au  xif  siècle, 
comme  les  manuscrits  au  début  desquels  elles  sont  placées ^ 
C'était  donc  une  opinion  courante  au  xii"  siècle  que  la  Panormia 
avait  été  composée  par  Yves  de  Chartres 2.  Si,  comme  on  le  verra 
plus  loin,  Haimon  de  Bazoches,  au  milieu  de  ce  siècle,  et  après 
lui  Albéric  de  Trois-Fontaines  se  sont  mépris  sur  l'identité  de  la 
collection  intitulée  Panormia,  ils  n'en  ont  pas  moins  cru  que  le 
recueil  portant  ce  nom  devait  être  attribué  à  Yves.  En  somme, 
une  tradition,  fondée  sur  des  témoignages  graves  et  concordants 
qui  remontent  jusqu'aux  contemporains  du  célèbre  évêque  de 
Chartres,  fait  de  lui  l'auteur  de  la  Panormia. 


1.  Tel  est  le  cas  des  manuscrits  du  Vatican,  du  xii'  siècle,  1358,  1359,  1360, 
et  Reg.  lalin  992;  tel  est  aussi  le  cas  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale, lalin  2703,  2472,  3348,  3864,  3866,  3868,  3869,  3869  a,  3871,  3872,  10742, 
14994,  14995,  manuscrits  qui  datent  du  xii''  siècle  au  commencement  du  xiii'. 
Le  manuscrit  d'Orléans  222,  du  xii"  siècle,  provenant  de  Fleury-sur-Loire,  qui 
contient  la  Panormia,  porte  ce  titre,  au  fol.  5  :  Canones  Ivonis  Carnotensis  qui 
Panormia  dicuntur.  Les  mentions  que  j'invoque  se  trouvent  le  plus  souvent 
à  Vincipil,  parfois  à  Vexplicit  des  manuscrits.  Je  me  suis  attaché  à  n'en  point 
citer  qui  fussent  postérieures  à  la  date  du  corps  du  manuscrit.  A  l'appui  de  la 
même  o])inion,  les  Ballerini  citent  le  titre  d'un  manuscrit  de  Sainte-Justine 
de  Padoue  :  op.  cit.,  g  7. 

2.  Albéric  de  Trois-Fontaines,  sur  l'année  1151  {Monumenta  Gertnani.v,  Scri- 
ptores,  XXIIl,  841),  écrivant  dans  la  première  moitié  du  xiii"=  siècle,  dit  d'Hai- 
mon  de  Bazoches,  canoniste  du  milieu  du  xii"  siècle  :  «  Fecit  Enchiridion  in 
Decretis  secundum  Panormiam  Ivonis.  »  C'est  que  Haimon  lui-môme,  dans  la 
préface  de  cet  abrégé  (voir  le  texte  dans  Theiner,  op.  cit.,  p.  181),  dit  qu'il  a 
abrégé  un  recueil  en  10  livres  d'Yves  de  Chartres.  Ce  recueil,  qui  sera  décrit 
plus  loin,  est  une  transformation  de  Va  Panormia  faite  après  la  mort  d'Yves. 
L'assertion  d'Haimon  ne  s'explique  qu'autant  qu'il  considérait  Yves  comme 
l'auteur  de  la  Panormia,  dont  il  ne  connaissait  plus  la  forme  primitive. 


ATTRIBUEES   A    YVES    DE    CIIARTRLS.  317 

A  la  conclusion  qui  se  dégage  de  cette  tradition ,  une  seule 
objection  peut  être  opposée  :  elle  est  tirée  des  fautes  que  contient 
la  Piinormia,  notamment  des  erreurs  d'attribution,  fréquentes 
dans  les  inscHptiones  de  ce  recueil,  dont  quelques-unes,  à  titre 
d'exemples,  ont  été  signalées  plus  haut.  On  s'est  fondé  sur  ces 
erreurs  pour  déclarer  la  Paiiorniia  absolument  indigne  d'un 
canoniste  d'universelle  réputation  tel  que  l'ut  Yves  de  Chartres  ; 
il  a  paru  que  lui  attribuer  ce  recueil,  c'était  lui  faire  une  injure 
imméritée. 

L'objection  serait  grave  s'il  s'agissait  d'une  œuvre  rédigée  en 
un  temps  où  l'on  eût  poussé  très  loin  les  études  relatives  à  la  critique 
des  textes;  mais  c'est  là,  il  serait  superflu  de  le  démontrer,  une 
préoccupati(Hi  absolument  étrangère  au  xif  siècle.  Yves  n'a  point 
contrôlé  les  attributions  qu'il  trouvait  dans  son  magasin  de 
sources  ;  il  n'a  point  redressé  les  erreurs  commises  sans  doute  par 
le  secrétaire  qu'il  employait.  C'est  qu'il  estimait  les  textes  pour 
leur  valeur  intrinsèque,  et  pour  cette  valeur  intrinsèque  seule- 
ment; pas  plus  qu'aucun  des  hommes  de  son  temps,  il  n'avait  cure 
de  les  replacer  dans  leur  milieu  pour  les  interpréter  d'après  les 
principes  de  la  méthode  historique.  Sans  doute,  cela  n'ajoute  rien 
à  sa  gloire  ;  mais,  à  dire  vrai,  cela  n'y  ôte  rien.  Parce  qu'il  n'a 
point  devancé  les  bons  esprits  de  son  temps  et  qu'il  a  employé 
un  secrétaire  négligent,  Yves  n'en  demeure  pas  moins  un  grand 
esprit  et  le  premier  canoniste  de  l'Église  de  France  au  commen- 
cement du  xir  siècle.  Ses  contemporains  lui  rendirent  d'ailleurs 
justice  ;  je  n'en  veux  d'autre  preuve  que  le  très  grand  nombre  de 
manuscrits  de  la  Pmiormia  aujourd'hui  répandus  dans  toutes 
les  bibliothèques  de  l'Occident.  Visiblement,  ce  recueil,  par  sa 
brièveté  même  et  sa  méthode,  répondait  aux  besoins  de  la  géné- 
ration pour  laquelle  il  fut  écrit. 


m. 

La  Panormia  est  donc  sûrement  l'œuvre  d'Yves  ;  mais  le 
Décret  peut-il  lui  être  attribué? 

Un  point  me  paraît  incontestable  :  le  prologue  écrit  par  Yves 
pour  être  mis  en  tête  d'une  collection  méthodique  n'a  pu  être 
rédigé  en  vue  du  Décret,  recueil  où  la  méthode  fait  absolument 
défaut. 


318  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

Un  autre  point  est  non  moins  certain  :  la  tradition  des  manus- 
crits, d'ailleurs  fort  rares',  du  Décret  n'indique  pas  nettement 
l'évèque  de  Chartres  comme  l'auteur  de  ce  recueil. 

Il  semble  donc,  au  premier  abord,  que  l'attribution  du  Décret 
à  Yves  doive  être  considérée  comme  douteuse,  Theiner  va  plus 
loin  ;  il  la  tient  pour  absolument  erronée.  Son  grand  argument 
est  que  le  Décret,  par  le  défaut  de  méthode  qu'il  décèle,  est  abso- 
lument indigne  d'Yves  de  Chartres. 

Je  ne  crois  pas  l'argument  de  Theiner  décisif.  Sans  doute,  il 
serait  irréfutable  s'il  était  prouvé  que  l'auteur  du  Décret  avait 
pour  but  de  faire  une  collection  méthodique.  Evidemment,  en 
pareille  hypothèse,  l'œuvre  ne  pourrait,  sans  injustice  pour  Yves, 
lui  être  attribuée.  Mais  prenez  l'œuvre  pour  ce  qu'elle  est  en  réa- 
hté,  un  travail  préparatoire,  un  magasin  de  documents  plus  riche 
que  toutes  les  collections  antérieures  ;  ce  recueil  peut  alors  très 
bien  être  imputé  à  Yves  ou  aux  secrétaires  qui  travaillaient  sous 
ses  ordres.  Une  fois  le  Décret  compilé,  l'œuvre  méthodique  res- 
tait à  faire  ;  et  cette  œuvre  fut  la  Panorynia. 

Ce  qu'il  est  permis  de  conclure  de  l'observation  qui  vient  d'être 
présentée,  c'est  que,  contrairement  à  l'opinion  de  Theiner,  le 
Décret  peut  être  attribué  à  Yves.  En  réalité,  lui  appartient-il? 
C'est  là  une  autre  question.  Le  moment  est  venu  d'exposer  les 
raisons  très  sérieuses  qui  donnent  lieu  de  considérer  le  Décret 

1.  Le  manuscrit  du  Décret  conservé  au  Vatican  n'indique  aucun  nom  d'auteur. 
Le  Colbertinus  s'ouvre  par  ces  mots  :  «  Panonnia  Ivonis  Carnotensis  episcopi 
collecta  de  libris  autenticis  decretorum  canonum,  legum  romanarum  et  de  libris 
ortodoxorum  patrum;  »  suit  la  préface  d'Yves;  puis  vient  le  Décret.  Ce  titre 
contient  bien  une  attribution  à  Yves,  mais  sapplique-t-il  réellement  au  Décret 
qui  suit  ou  n'est-ce  point  le  titre  de  la  Panonnia  transcrit  machinalement,  avec 
la  préface  elle-même,  d'après  un  exemplaire  de  cet  ouvrage  ?  En  ce  cas,  les  mots 
Panormia  Ivonis  feraient  corps  avec  la  préface  plutôt  qu'avec  le  Décret;  on 
n'en  pourrait  rien  conclure  au  sujet  du  Décret.  Dans  le  doute,  j'hésile  à  tirer 
argument  de  ces  mots.  Le  manuscrit  Victorinus  est  dépourvu  de  mentions  con- 
temporaines de  la  date  où  il  a  été  écrit;  il  contient  seulement,  à  la  fin,  d'une 
main  du  xv^  siècle  :  «  Liber  canonum  suprascriplus,  décréta  Joviuiani,  quera 
composuit  Yvo  quondam  Carnotensis  episcopus,  »  Les  manuscrits  (que  je  cite- 
rai ultérieurement)  contenant  des  extraits  du  Décret  ne  renferment  pas  de  titres 
contemporains  attribuant  le  Décret  à  Yves.  Les  mots  Excepta  Yvonis,  dans  le 
manuscrit  de  Paris,  latin  14809,  sont  une  addition  bien  plus  récente  que  le 
manuscrit.  En  somme,  il  faut  reconnaître  que,  sur  la  question  de  l'auteur  du 
Décret,  les  manuscrits  ne  donnent  pas  de  renseignements  positifs.  Theiner,  qui 
avait  vu  le  manuscrit  de  Vienne  et  celui  de  Londres,  arrive  i\  la  même  conclu- 
sion {Disquisitiones,  p.  176). 


ATTRIBUEES   A    YVES    DE   CHARTRES.  3^9 

comme  rédigé  par  Yves  de  Chartres  ou  tout  au  moins  sous  son 
influence*. 

Un  fait  certain,  dont  résulte,  à  mon  avis,  une  indication  très 
significative ,  est  celui-ci  :  le  Décret ,  dès  son  apparition ,  a 
été  mis  à  contribution  par  Yves  de  Chartres.  A  peine  est-il 
rédigé  qu'Yves,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  en  tire  la  Panormia. 
Il  y  a  plus  :  dans  ses  lettres,  Yves  cite  le  Décret  à  une  époque  si 
ancienne  que  peut-être  n'avait-il  pas  encore  reçu  la  forme  défini- 
tive que  nous  lui  connaissons.  Cette  dernière  assertion  demande 
quelques  développements. 

L'évêque  de  Chartres  insère  dans  beaucoup  de  ses  lettres  des 
fragments  canoniques.  Sans  doute,  la  plupart  de  ces  fragments 
se  retrouvent,  non  seulement  dans  le  Décret,  mais  aussi  dans  la 
Panormiaow  dans  d'autres  collections  contemporaines  telles  que 
la  collection  A  ou  la  BHtannica;  il  n'est  donc  pas  légitime  de 
supposer  que  c'est  dans  le  Décret  qu'Yves  les  a  prises.  Mais  il  en 
est  plusieurs  qui  ne  se  retrouvent  que  dans  le  Décret.  Voyez 
d'abord  dans  la  lettre  VIII,  écrite  vers  1091 2,  le  chapitre  9  du 
livre  V  du  Décret,  fragment  d'une  lettre  du  pape  Gélase  à  Faus- 
tus,  qui  ne  figure  ni  dans  la  Panormia,  ni  dans  la  collection  A, 
ni  dans  la  collection  Britannica,  ni  dans  aucun  autre  recueil 
connu.  Remarquez  d'ailleurs  qu'Yves  cite,  quelques  lignes  plus 
loin,  après  le  chapitre  9,  le  chapitre  11  du  même  livre  V.  A  la 
vérité,  ce  chapitre  11  se  retrouve  dans  la  première  partie  de  la 
collection  A  (saint  Grégoire,  cli.  32)  ;  mais  le  fait  qu'il  accom- 
pagne le  chapitre  9  dans  une  lettre  d'Yves  permet  de  croire  que 


1.  Incontestablement  Ilildebert  de  Lavardin  a  composé  une  collection  de 
canons,  à  laquelle  il  fait  allusion  dans  sa  lettre  XXVII.  Mais,  contrairement  à 
l'opinion  de  son  éditeur,  dom  Ueaugendre,  qui  n'a  d'ailleurs  point  trouvé  d'écho, 
cette  collection  n'est  pas  le  Décret.  Parmi  les  raisons  qu'on  en  pourrait  don- 
ner, en  voici  une  qui  est  très  grave.  Dans  sa  lettre  XXVII,  qui  est  adressée  à 
un  évéque,  Hildebert  parle  de  sa  collection  comme  d'une  œuvre  en  cours  d'exé- 
cution, qu'il  n'a  pu  encore  achever.  Or,  d'après  des  recherches  dont  mon 
confrère  M.  Dieudonné  veut  bien  me  communiquer  le  résultat  certain,  révé([ue 
destinataire  de  cette  lettre  est  Bérard,  évêque  de  Menevia,  en  Angleterre,  qui 
ne  monta  sur  ce  siège  qu'en  1115;  la  lettre  daterait  au  plus  tôt  de  1115.  Elle 
ne  peut  donc  concerner  le  Décret,  qui  était  achevé  longtemps  avant  1115.  Voir 
plus  haut,  page  313,  note  4. 

2.  M.  Albert  Sieber  a  dressé  une  liste  chronologique  des  lettres  d'Yves 
{Bischoflvo  von  Chartres,  Braunsberg,  1885,  p.  5  et  s.  ;  dissertation  inaugurale 
de  Kœnigsberg). 


320  LES   COLLECTIONS   CANOXEQUES 

le  chapitre  11,  comme  le  chapitre  9,  a  été  puisé  dans  les  maté- 
riaux du  Décret. 

De  même,  d'autres  lettres,  postérieures  en  date,  citent  des 
textes  qui  ne  sont  entrés  dans  la  circulation  que  par  le  Décret  et 
qu'Yves  n'a  pu  trouver  que  dans  ce  recueil.  C'est,  par  exemple  : 

La  dernière  phrase,  Intactam...,  du  chapitre  45  du  livre  YIII 
(fragment  de  saint  Augustin),  citée  par  la  lettre  CXXV. 

Le  passage  Matrimonium...,  du  chapitre  223  du  même  livre 
(fragment  de  saint  Chrysostôme),  cité  par  la  lettre  CXLVIIL 

Le  chapitre  204,  Nos  C07isuetudine?n,  de  saint  Grégoire,  au 
livre  IV  du  Décret,  qui  est  cité  vers  la  fin  de  la  lettre  CLXXXIV. 

Le  chapitre  120,  Pudicitiae,  du  livre  VIII  (fragment  de  saint 
Ambroise),  cité  par  la  lettre  CLXXXVIII. 

Enfin,  le  chapitre  122  du  même  livre  VIII,  Dicit  Dominus..., 
fragment  de  saint  Augustin,  qui  se  retrouve  aussi  dans  la 
lettre  CLXXXVIII. 

Ces  divers  textes,  suivant  toutes  les  vraisemblances,  ne  sont 
entrés  dans  les  collections  canoniques  que  par  la  publication 
àw.  Décret  ;  ils  semblent,  en  effet,  appartenir  à  cette  masse  de 
fragments  patristiques  que  le  Décret  d'Yves  a  introduits  dans 
l'usage  des  canonistes.  Il  y  a  donc  lieu  de  supposer  qu'Yves  de 
Chartres,  l'auteur  incontesté  de  la  correspondance  qui  porte  son 
nom,  avait  à  sa  disposition,  quand  il  écrivait  les  lettres  sus-men- 
tionnêes,  soit  le  Décret,  soit  les  matériaux  destinés  à  le  cons- 
tituera 

Voici  une  observation  qui,  à  mon  avis,  change  cette  probabi- 
lité en  certitude.  Dans  la  lettre  XXVII  d'Yves,  qui  certainement 
fut  écrite  en  1094  ^  on  trouve,  sous  le  nom  de  saint  Léon,  la 
citation  suivante  :  «  Sic  decet  fidem  sanctorum  Patrum  servari 
in  Ecclesia  catholica  ut  quod  habuit  amittat  qui  improbabili 
temeritate  quod  non  accepit  assumpserit.  »  C'est  là  un  passage 
bien  connu  qui  appartient,  non  à  un  pape  du  nom  de  Léon,  mais 
à  la  lettre  apocrjphe  de  Silvère  à  Vigile^;  ni  dans  la  collection 

1.  Parmi  les  lettres  citées  plus  haut,  la  lettre  VIII  est  antérieure  à  la  rédac- 
tion du  Décret;  les  autres  lettres  sont  postérieures  de  plusieurs  années. 

2.  Cela  résulte  d'une  façon  certaine  des  dernières  lignes  de  cette  lettre,  où 
Yves  dit  qu'il  est  entré  à  Rome  au  mois  de  novembre  avec  le  pape  Urbain  II 
et  qu'il  l'a  quitté  en  janvier.  Ces  mentions  se  réfèrent  à  novembre  1093  et  à 
janvier  1094. 

3.  Hinschius,  Décrétâtes  pseudo-Isidorianx,  p.  628. 


ATTRIBUÉES   A    YVES    DE    CHARTRES.  324 

d'Anselme  de  Liicques*,  ni  dans  la  collection  A^  ni  dans  le 
Décret^,  ce  fragment  n'est  attribué  à  un  autre  auteur  qu'au  pape 
Silvère.  Comment  donc  expliquer  l'erreur  d'attribution  qui  est 
commise  par  Yves  dans  sa  correspondance?  Un  seul  fait  en  peut 
rendre  compte.  Dans  le  Décret,  et  dans  ce  recueil  seulement,  le 
texte  de  Silvère  suit  immédiatement  un  texte  apocrypiie  de  saint 
Léon  sur  les  chorévêques.  Dès  lors,  on  comprend  l'origine  de  la 
fausse  attribution  qui  s'est  glissée  dans  la  lettre  d'Yves.  L'évêque 
de  Chartres,  rencontrant  la  citation  de  Silvère  dans  le  Décret 
qui  porte  son  nom  (peut-être  encore  inachevé),  l'aura,  par  suite 
d'une  de  ces  erreurs  qui  n'étonnent  pas  ceux  qui  sont  familiers 
avec  l'histoire  des  collections  canoniques,  considérée  comme  une 
portion  du  fragment  qui  la  précédait  et  par  suite  l'aura  attribuée 
à  saint  Léon. 

De  ces  observations,  il  résulte  que  de  1092  à  1094,  époque 
où  se  faisait  le  Décret,  Yves  avait  à  sa  disposition  quelques- 
uns  des  éléments  qui  y  sont  entrés  et  qui  donnent  k  sa  com- 
position un  caractère  spécial;  il  le  cite  en  1094,  époque  où  le 
Décret,  s'il  est  achevé,  ce  qui  est  douteux,  ne  saurait  l'être 
depuis  longtemps.  Enfin,  dès  son  apparition,  il  en  tire  la  Panor- 
mia.  On  en  peut  conclure  qu'Yves  de  Chartres  a  connu  le  Décret, 
non  seulement  aussitôt  qu'il  a  été  publié,  mais  pendant  la  période 
de  préparation  ;  il  faut  donc  que  le  Décret  ait  été  rédigé  dans 
l'entourage  d'Yves. 

D'autres  observations  viennent  à  l'appui  de  cette  conclusion  : 
par  plus  d'une  citation,  le  Décret  se  rattache  aux  traditions  de 
l'église  de  Chartres.  Les  textes  relatifs  aux  controverses  sur 
l'Eucharistie  y  prennent  une  place  très  importante  ^  or,  on  sait 
combien  les  clercs  chartrains  avaient  été  émus,  au  xi''  siècle,  clés 
hérésies  enseignées  sur  ce  point  par  le  célèbre  archidiacre  d'An- 
gers ^  Parmi  les  chapitres  où  il  est  traité  de  l'Eucharistie  se  ren- 


1.  VI,  loi. 

2.  Ex  decrelo  silverii  papse,  fragment  placé  entre  les  décrets  de  Félix  IV  et 
ceux  de  Vigile  dans  la  première  partie  de  la  TripariUa  (collection  A).  Notre 
texte,  avec  l'attribution  à  Silvère,  se  retrouve  dans  C.  25,  Q.  2,  c.  22. 

3.  Décrel,  VI,  73. 

4.  Voir  la  seconde  partie  du  Décret. 

5.  M.  l'abbé  Clerval  a  fort  bien  mis  ce  point  en  lumière  :  les  Écoles  de 
Chartres,  p.  132  et  s. 

I 897  21 


322  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

contre  une  longue  citation  de  Lanfranc'  ;  or,  Lanfranc  avait  été 
le  maître  d'Yves  à  l'abbaye  du  Bec.  Enfin,  l'auteur  du  Décret 
a,  comme  on  l'a  dit  plus  haut,  introduit  dans  ce  recueil  le  court 
pénitentieP  attribué  à  l'évêque  Fulbert  qui,  au  commencement 
du  xi°  siècle,  avait  honoré  le  siège  de  Chartres  par  sa  science  et 
ses  vertus;  en  outre,  il  a  tiré  des  oeuvres  de  Fulbert  une  citation. 
De  forma  fldelitatis^,  sur  le  serment  de  fidélité,  qui  fut  ensuite 
répétée  bien  des  fois  par  les  canonistes  du  moyen  âge.  Ce  sont  là 
des  traits  particuliers  du  Décret,  car  ces  citations  appartiennent  à 
la  portion  par  laquelle  il  est  vraiment  original.  Il  ne  me  semble 
point  téméraire  d'en  conclure  que  le  Décret  porte  la  marque  de 
fabrique  de  Chartres.  Mais,  dire  que  le  Décret  a  été  rédigé  à 
Chartres  dans  les  dernières  années  du  xi^  siècle,  cela  revient  à 
dire  que  le  Décret,  ou  bien  est  l'œuvre  personnelle  d'Yves,  ou 
tout  au  moins,  ce  qui  est  plus  probable,  a  été  composé  par  ses 
ordres  et  sous  son  inspiration.  C'est  précisément  la  conclusion 
que  je  crois  devoir  proposer  au  lecteur^. 

IV. 

J'en  viens  maintenant  à  la  Tripartita.  La  question  de  savoir 
quel  est  l'auteur  doit  être  posée  successivement  pour  la  collec- 
tion A  et  la  collection  B  ;  puis  il  conviendra  de  se  demander  s'il 
est  possible  de  découvrir  qui  a  réuni-  ces  deux  collections  pour  en 
faire  la  Tripartita. 

1°  Quel  est  l'auteur  de  la  collection  A  ? 

Il  est  certain  que  cette  collection  était  familière  à  Yves  de 
Chartres.  D'une  part,  il  s'en  est  servi  pour  composer  le  Décret; 
d'autre  part,  il  la  cite  dans  plusieurs  de  ses  lettres  et  aussi  dans 
la  préface  dont  j'ai  déjà  parlé,  qu'il  a  composée  pour  être  mise 

1.  II,  9.  Ce  fragment  est  suivi  de  la  Professio  Berengarii  (II,  10). 

2.  XV,  187  et  188. 

3.  XII,  76.  Ce  texte  est  inséré  au  milieu  d'une  série  de  fragments  provenant 
de  Burchard. 

4.  Je  n'ai  pas  invoqué,  comme  argument,  les  termes  de  la  ConUnuaiio  Prse- 
monstratensis  et  de  la  Chronique  de  Tours  (voir  ci-dessus,  p.  313)  d'après  les- 
quels Yves  aurait  composé  un  volume,  Quod  décréta  Ivonis  dicunt.  En  effet,  les 
mots  décréta  Ivonis  sont  amphibologiques,  et,  comme  je  l'ai  montré  plus  haut, 
la  Panormia  a  été  plus  d'une  fois  appelée  Décréta  Ivonis  (cf.  p.  293,  note  1). 


ATTRIBOéES   A   YVES    DE   CQARTRES.  323 

en  tête  de  la  Panormia^.  On  peut  considérer  comme  certain 
qu'Yves  avait  entre  les  mains  la  collection  A  dès  1095,  c'est-h- 
dire  qu'iY  Va  connue  dès  qu'elle  fut  formée.  —  Cela  constitue 
une  raison  très  grave  de  penser  que  la  collection  fut  formée  à 
Chartres  par  les  soins  et  dans  l'entourage  d'Yves. 

En  outre,  les  traits  que  j'ai  signalés  plus  haut  comme  marquant 
la  personnalité  de  l'auteur  de  la  collection  A  conviennent  bien  à 
Yves;  c'était  un  ultramontaui  par  les  principes,  mais,  si  dévoué 
qu'il  fût  à  la  réforme  grégorienne,  il  était  modéré  dans  sa  con- 
duite et  garda  en  fait  une  certaine  indépendance  vis-à-vis  du 
saint-siège^  Bien  plus,  il  résista  à  plusieurs  reprises  aux  repré- 
sentants du  pape,  dont  il  redoutait  les  empiétements  ;  cette  dis- 
position se  manifesta  notamment  dans  la  conduite  d'Yves  vis-à- 
vis  des  légats  Roger  et  Hugues  de  Die,  si  bien  qu'il  ne  craignit 

1.  En  voici  des  exemples  :  les  deux  citations  de  Cyrille  d'Alexandrie  qui  se 
trouvent  dans  le  prologue  d'Yves  et  qui  viennent  de  la  version  anastasienne  de 
VAdio  /a  du  VII'  concile  générai  [Patrologia  ladna,  CXXIX,  c.  222)  se  retrouvent 
sous  les  n"'  3  et  4  de  la  première  série  des  Senlenlix  Patrum,  dans  la  deuxième 
partie  de  la  collection  A  (voir  mon  premier  article,  sur  la  Triparlita,  p.  G92,  et 
le  prologue  d'Yves,  Pa^ro/ojja  laiina,  CLXI,  c.  54).  Le  second  de  ces  frag- 
ments qui,  à  la  fin  du  xi"  siècle,  ne  figurait  pas  dans  d'autres  collections  con- 
nues de  nous,  est  particulièrement  cher  à  Yves,  qui  le  cite  encore  dans  ses 
lettres  CLXXI  et  CCXIV.  De  même,  la  citation  de  saint  Augustin  :  «  Neque  enim 
potest  esse  salubris...,  »  qui  figure  dans  le  prologue  [Ibid.,  c.  55),  apjiarait 
dans  la  seconde  série  des  Sentenlix  pairum  de  la  collection  A;  elle  y  figure 
sous  le  n"  25  et  a  passé  dansGralien,  c.  23,  Q.  4,  c.  32  (voir  l'article  déjà  cite, 
p.  697).  La  lettre  XXVlIId'Y'ves  cite  le  fragment  Sicut  is  qui  invitalus  renuit, 
tiré  d'une  lettre  de  saint  Grégoire,  qui  figure  aussi  dans  la  collection  A,  1  "  partie, 
S.  Grégoire,  c.  30  (cf.  C.  1,  Q.  G,  c.  30).  Le  fragment  d'une  lettre  du  pape  Gélase 
cité  dans  la  lettre  XLVII  :  Legatur  ex  quo...,  ([ue  Gratien  a  recueilli  plus. lard 
(C.  24,  Q.  2,  c.  2),  me  parait  avoir  fait  son  apparition  dans  la  collection  A,  1"  par- 
lie,  Gélase,  c.  2.  Il  en  est  de  même  du  fragment  d'Ana^lasc  II  {Secundiim  Eccle- 
sie  cathoUcc  consuetudinem...),  que  cite  la  lettre  LXXIII,  et  qui  se  trouve  dans 
la  collection  A,  1"  partie,  Anastase  II,  c.  1  et  2.  Je  me  suis  attaché  à  relever 
quelques  exemples  de  passages  qui,  tout  en  figurant  dans  la  collection  A,  ne  se 
trouvent  ni  dans  la  Britannica,  ni  dans  le  Décret,  ni  dans  la  Panormia;  quant 
aux  textes  très  nombreux  que  cite  Yves  dans  ses  lettres  et  qui  figurent  à  la  fois 
dans  la  collection  A  d'une  part,  et  d'autre  part  dans  une  autre  collection  telle 
que  le  Décret  ou  la  Panormia,  on  conifirend  que  je  ne  puisse  en  tirer  d'argu- 
ment décisif  en  ce  qui  touche  la  collection  A. 

2.  Voir,  sur  la  conduite  d'Yves  dans  la  querelle  des  investitures,  1  intéres- 
sant mémoire  de  M.  Esmein,  la  Question  des  investitures  dans  les  lettres 
d'Yves  de  Chartres,  dans  \a  Bibliothèque  de  l'École  des  hautes  éludes,  sciences 
religieuses,  I,  p.  139  et  s. 


324  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

pas  d'écrire  dans  sa  lettre  LIX  :  «  Legationis  officium  pars  est 
apostolicœ  sullicitudinis,  non  plénitude  potestatis*.  »  Or,  il  est 
remarquable  que  ce  sont  là  presque  les  termes,  que  je  mention- 
nais dans  une  étude  antérieure,  de  certains  sommaires  de  la  col- 
lection A  où  sont  posées  des  limites  à  la  puissance  des  légats 
du  saint-siège  :  Quod  vicarii  A2JOstolicœ  Sedis  non  habeant 
plenitudinem  potestatis. 

Enfin,  on  a  fait  remarquer  plus  haut  que  le  rédacteur  de  la 
collection  A  tenait  beaucoup  à  produire  les  canons  des  conciles 
généraux  postérieurs  à  Chalcédoine,  ceux  du  moins  qui  pouvaient 
être  invoqués  sans  scandale  en  Occident.  Or,  la  correspondance 
d'Yves  atteste  de  sa  part  la  même  préoccupation.  Voyez  sur  ce 
point  la  lettre  LXVIII,  à  Hugues,  archevêque  de  Lyon  :  «  Je 
n'ai  pas  à  faire  connaître  à  votre  prudence  les  dispositions  du 
septième  et  du  huitième  concile  général  sur  les  élections  d'évêques 
faites  par  les  princes.  »  Et,  dans  la  lettre  Cil,  à  l'archevêque 
Manassès  de  Reims,  Yves,  revenant  sur  cette  question,  s'exprime 
en  ces  termes  :  «  Il  n'est  point  permis  aux  rois  de  s'immiscer  dans 
les  élections  des  évêques,  ainsi  que  le  proclame  le  huitième  con- 
cile, que  l'Eglise  romaine  recommande  et  vénère.  » 

Pour  tous  ces  motifs,  on  peut  croire  sans  témérité  (évidemment 
il  est  impossible  d'aller  jusqu'à  une  afiBrmation  péremptoire)  que 
la  collection  A  fut  rédigée,  peut-être  par  Yves,  tout  au  moins 
sous  son  inspiration  et  dans  son  entourage. 

2°  La  collection  B,  on  l'a  vu  plus  haut,  est  un  simple  extrait 
du  Décret.  Cet  extrait  est  sans  doute  d'origine  française.  Mais 
nous  n'avons  pas  la  moindre  raison  d'en  attribuer  la  formation  au 
clergé  de  Chartres  plutôt  qu'à  celui  d'aucun  autre  diocèse. 

3»  Nous  n'avons  non  plus  aucune  donnée  qui  nous  permette  de 
savoir  par  qui  la  collection  A  fut  jointe  à  la  collection  B.  Il  ne 
nous  est  donc  pas  possible  de  deviner  le  nom  du  canoniste  de  qui 
la  Tripartita  reçut  sa  forme  définitive. 

1.  Je  sais  que  la  lettre  LIX,  où  se  trouve  cette  phrase,  a  été  adressée  à  Hugues 
(le  Die  à  propos  d'un  conflit  soulevé  à  la  lin  de  109G  (cf.  Foucault,  Essai  sur 
Yves  de  Chartres,  p.  224  et  s.)  ;  à  cette  époque,  la  collection  A  devait  déjà  être 
rédigée.  Mais  la  lettre  XVIII,  au  légat  Roger,  qui  peut  être  attribuée  aux 
années  1092  ou  1093,  prouve  que,  depuis  longtemps,  Yves  se  tenait  en  défiance 
contre  les  abus  d'autorité  qu'il  craignait  de  la  part  des  légats  agissant  sub  vêla- 
mine  apostolicx  auctoritads. 


ATTRinrÉES    A    YVES    DE    CIIARTRKS.  325 

C'est  seulement  sur  l'origine  de  la  collection  A  que  nous  avons 
cru  possible  d'exprimer  une  opinion. 


Conclusion. 

En  résumé,  la  Panormia  doit  être  considérée  sans  aucune 
hésitation  comme  l'œuvre  d'Yves  de  Chartres;  il  en  est  de  même, 
à  mou  avis,  du  Décret,  quoique  l'attribution  à  Yves  en  soit  phis 
sujette  à  discussion.  Enfin,  il  me  paraît  très  vraisemblable  que 
la  collection  A  (c'est-à-dire  les  deux  premières  parties  de  Va  Tri- 
partita)  appartient  aussi  à  Yves  ou  à  son  entourage  immétliat. 

Ainsi,  à  Cliartres,  vers  1094  ou  1095,  on  composa  d'abord, 
par  les  soins  de  l'évêque,  la  collection  A  ;  on  s'en  servit  ensuite 
pour  rédiger  le  JJéci'ct,  dont  on  ne  tarda  pas  à  tirer  la  Panoi- 
niia.  Si  les  choses  se  sont  passées  ainsi,  et  tout  porte  à  le  croire, 
chacun  de  ces  trois  recueils  représente  une  étape  distincte  de  la 
pensée  d'Yves.  Il  se  borne  d'abord  à  résumer  les  fausses  décré- 
tales  et  à  les  compléter;  et  c'est  la  collection  A.  Puis,  étendant 
son  ambition,  il  rassemble  un  vaste  magasin  de  textes,  le  mieux 
fourni  qu'il  le  peut  faire;  de  là  le  Décret.  Enfin,  il  tire  de  ce 
magasin  un  manuel  bref,  méthodique  et  commode;  c'est  la 
Panormia,  destinée  à  un  très  grand  succès. 

Ces  diverses  œuvres  virent  le  jour  dans  une  période  très 
courte^.  Je  serais  enclin  à  croire  (et  je  ne  puis  résister  à  la  ten- 
tation d'indiquer  cette  hjpotiièse)  qu'elles  furent  entreprises,  ou 
du  moins  ordonnées,  par  Yves  en  vue  des  conciles,  présidés  par 
Urbain  II,  qui  marquèrent  en  France  la  fin  de  l'année  1095  et 
l'année  109(3.  Ainsi  s'explique  l'absence,  dans  nos  collections,  de 
toute  décision  des  importantes  assemblées  tenues  à  Clermont 
et  à  Nîmes.  Yves,  déjà  célèbre  comme  canoniste  et  muni  de 
documents,  inconnus  de  ce  côté  des  Alpes,  qu'il  avait  peut-être 
rapportés  de  ses  voyages  à  la  cour  romaine  en  1090  et  en  109.'5 
(la  collection  analogue  à  la  Britannica  pourrait  bien  avoir  fait 
partie  de  ces  documents),  entreprit  de  composer  des  recueils  où  il 
se  proposa  de  fondre  les  éléments  nouveaux  avec  les  éléments 

l.  Cela  expliquerait  les  traces  fâcheuses  qui,  surtout  dans  la  Panormia, 
décèlent  une  composition  hâtive. 


326      LES  COLLECTIONS  CANO^flQUES  ATTRIBUe'eS  à  YVES  DE  CHARTRES. 

anciens.  Substituer  des  collections  plus  complètes,  mieux  pour- 
vues de  textes,  et  surtout  de  textes  favorables  à  la  réforme  ecclé- 
siastique, aux  collections  incomplètes  et  surannées  telles  que 
celle  de  Burchard,  tel  fut  le  but  général  que  poursuivit  Yves. 
Quant  à  l'occasion  prochaine  qui  le  poussa  à  réaliser  ce  dessein, 
ce  fut  probablement  le  désir  qu'il  éprouva  de  faire  mieux  connaître 
à  ses  collègues  la  législation  ecclésiastique,  qu'ils  étaient  appelés 
à  compléter  et  à  modifier. 

Paul  FOURNIER. 

(A  suivre.) 


BIBLIOGRAPHIE. 


Augusie  MoLiNiER.  Correspomhmce  administrative  d'Alfonse  de 
Poitiers.  T.  I  [Documents  inédits].  Paris,  Impr.  nationale.  In-4°, 
798  pages. 

M.  Auguste  Molinier  a  pris  à  tâche  de  publier  en  entier  la  corres- 
pondance administrative  d'AIplionse  de  France,  comte  de  Poitiers  et 
de  Toulouse;  le  titre  même  de  ce  recueil  nous  dit  les  services  qu'il  est 
appelé  à  rendre.  On  savait,  depuis  les  travaux  de  M.  Boutaric,  tout  ce 
que  le  frère  de  saint  Louis  a  fait  pour  établir  un  bon  gouvernement 
dans  les  pays  soumis  à  son  autorité;  nul  n'ignorait  qu'il  a  contribué, 
plus  que  tout  autre,  à  préparer  entre  le  nord  et  le  midi  de  notre  pays 
une  fusion  nécessaire,  et  que,  pour  arriver  à  connaître  les  procédés 
administratifs  de  la  royauté  française  au  xni«  siècle,  on  peut  emprunter 
à  la  correspondance  d'Alphonse  les  renseignements  les  plus  nombreux 
et  les  plus  précis.  Mais  ces  documents  eux-mêmes  étaient  pour  la  plu- 
part restés  inédits;  M.  Molinier  les  met  à  la  disposition  du  public; 
c'est  une  entreprise  pour  laquelle  le  désignaient  ses  travaux  bien  con- 
nus sur  l'histoire  du  Languedoc. 

Le  volume  que  nous  avons  sous  les  yeux  représente,  sous  forme  de 
publication  intégrale,  le  registre  conservé  aux  Archives  nationales  sous 
la  cote  JJ.  XXIVc,  ainsi  qu'une  bonne  partie  du  registre  JJ.  KKIY**. 
On  y  trouve  plus  de  deux  mille  documents,  émanés  du  comte  Alphonse 
ou  de  ses  correspondants,  pour  la  période  qui  s'étend  entre  le  printemps 
de  1267  et  celui  de  1269.  Les  pièces,  transcrites  dans  un  ordre  à  la  fuis 
géographique  et  chronologique,  se  rapportent  au  gouvernement  du  Poi- 
tou, de  la  Saintonge,  de  l'Auvergne,  du  Rouerguc,  du  Toulousain  et 
de  l'Albigeois,  de  l'Agénois  et  du  Quercy,  du  Gomtat-Venaissin.  Les 
documents  sont  précédés  de  rubriques  empruntées  au  manuscrit  et  que 
M.  Molinier  a  complétées  lorsqu'il  y  avait  lieu  de  le  faire. 

Un  des  caractères  particuliers  aux  registres  d'Alphonse  de  Poitiers 
est  que  dans  chacun  des  cahiers  qui  les  composent  les  actes  sont  insé- 
rés par  ordre  de  dates.  C'est  une  disposition  dont  les  historiens  ont  lieu 
de  se  féliciter.  Sans  doute  nous  n'avons  ici  rien  de  comparable  aux 
magnifiques  séries  que  présentent  les  rôles  conservés  aux  archives  de 
Londres,  où  toutes  les  lettres  closes,  toutes  les  lettres  patentes  des  rois 


f  *  **  #   #  i  «   •-•»   n  j|  f  t   ♦  '.   aVi  ^  Il  Cîtlw^^i  I  I 
i  «   t  *   •a   «  t   •   •    •.'*•<    I    t    '^^.^à  *  1  1  è  «^M  i 

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330 


BIBLIOGRAPHIE. 


I 


Hii'^ 


tères  ou  par  la  bourgeoisie  :  M.  F.-B.  publie  (p.  60,  note)  un  mande- 
ment royal  de  1327  énumérant  ces  prestations  en  chevaux,  valets  et 
chariots  pour  les  bailliages  de  Vitry,  Amiens,  Rouen,  Sens,  Troyes, 
Orléans,  etc.  A  Bruges,  c'étaient  les  corps  de  métier  qui  étaient  taxés 
chacun  à  un  certain  nombre  de  chevaux  de  charge  ou  de  trait.  Des 
marchands  suivaient  l'armée  :  pour  encourager  leur  commerce,  le 
maréchal  de  l'ost  leur  délivrait  des  certificats  ou  «  enseignes  »  exemp- 
tant de  tout  péage,  et  le  roi  les  prenait  sous  sa  sauvegarde  «  entre  soleil 
levant  et  soleil  couchant  »  (p.  44,  note).  Plus  d'une  fois,  en  1285  par 
exemple,  lors  de  la  guerre  d'Aragon,  la  perte  d'un  convoi  d'approvi- 
sionnements obligea  nos  armées  à  battre  en  retraite.  L'officier  chargé 
de  cet  important  service,  le  maître  des  garnisons,  était  quelque  clerc  de 
cuisine,  panetier  ou  trésorier  du  roi  détaché  aux  armées. 

Sur  la  liste  des  vivres  eux-mêmes,  je  n'insisterai  pas,  sinon  pour 
ajouter  quelques  détails  relatifs  aux  flottes.  C'était  une  règle,  pour  la 
marine  des  galères,  que  le  roi  fournît  le  pain  et  le  «  bottage,  »  un 
potage  aux  pois  ou  aux  fèves.  Dans  les  grandes  occasions,  au  moment 
du  branle-bas  par  exemple,  le  capitaine  faisait  distribuer  du  vin,  et  du 
bon,  aux  marins.  En  temps  ordinaire,  les  gens  de  l'équipage  complé- 
taient avec  leur  solde  leur  maigre  menu,  sauf  à  recourir  à  un  procédé 
économique,  souvent  employé,  de  se  procurer  un  supplément  de  vivres. 
Ils  descendaient  en  pays  ennemi,  et,  pendant  que  les  hommes  d'armes 
rangés  en  bataille  dans  les  champs  paraient  à  une  surprise  éventuelle, 
les  rameurs,  protégés  par  les  arbalétriers,  entraient  dans  les  villages  et 
chassaient  vers  les  galères  les  bestiaux.  Ils  tenaient  lieu  des  pillards  et 
des  bidaux  des  armées  de  terre.  Ces  renseignements,  empruntés  sur- 
tout au  Victorial  de  Gamez,  c'est-à-dire  à  une  époque  un  peu  posté- 
rieure au  sujet  traité,  ne  font  du  reste  que  confirmer  l'intéressante 
étude  de  M.  Funck-Brentano. 

Gh.    DE   LA    RONGIÈRE. 

Coutumiers  de  Normandie,  textes  critiques,  publiés  par  Ernest- 
Joseph  Tardif.  T.  II  :  le  Summa  de  leyibus  Normannie  in  curia 
laicali.  Rouen,  LestringanL,  et  Paris,  Picard  et  fils,  -1896.  In-8°, 
ccxLviir-395  pages.  (Publié  par  la  Société  de  rhisloire  de  Nor- 
mandie.) 

«  La  Normandie  est  la  province  dont  le  droit  coutumier  offre,  avec  une 
originalité  persistante,  le  plus  vaste  ensemble  et  les  plus  riches  déve- 
loppements. »  C'est  par  ces  mots  que  s'ouvre  l'introduction  placée  par 
M.  Joseph  Tardif  en  tête  de  l'édition  qu'il  donna  en  1881  du  Très  ancien 
Coutumier  de  Normandie.  Et  l'auteur  énumérait  les  onze  textes  capitaux 
où  sont  consignées  les  règles  du  droit  normand. 

Or,  dans  cette  énumération,  après  le  Très  ancien  Coutumier,  datant 


^ 


BIBLIOGRAPHIE.  320 

armorum,  est  au  nombre  des  délits  à  la  répression  desquels  il  s'est 
constamment  employé  (voir,  entre  autres,  le  n»  179).  Saint  Louis  se 
montre  souvent  à  côté  de  son  frère  dans  cette  œuvre  de  pacification;  il 
ne  se  fait  pas  faute  d'intervenir,  en  sa  qualité  de  suzerain,  lorsqu'il 
estime  que  les  gens  du  comte  ont  fait  tort  à  des  vassaux  directs  de  la 
couronne,  tels  que  le  comte  de  Foix  (n<>  227)  ou  le  duc  de  Guyenne, 
l'ennemi  de  la  veille,  le  roi  d'Angleterre  Henri  III  (nos  509  et  510). 

Dans  les  questions  qui  relèvent  de  la  conscience,  nul  n'était  alors 
comparable  à  saint  Louis;  est-ce  à  dire  que  son  frère  le  comte  de  Poi- 
tiers et  de  Toulouse  n'ait  pas  eu  de  ses  devoirs  une  idée  fort  élevée? 
Les  résultats  de  son  administration  paraissent  démontrer  qu'il  fut  un 
prince  très  juste.  Les  gens  du  Midi,  qui  regrettaient  leur  indépendance, 
et  parmi  lesquels  la  guerre  des  Albigeois  avait  laissé  d'odieux  souve- 
nirs, ne  pouvaient  guère  le  considérer  comme  un  des  leurs;  Alphonse 
ne  les  a  presque  jamais  visités,  et  c'est  de  Longpont,  de  Corbeil,  de 
Rampillon,  de  Fontainebleau  que  sont  datés  la  plupart  de  ses  mande- 
ments. Il  était  pourtant  bien  supérieur  à  son  prédécesseur  Raimond  YII, 
ce  triste  sire,  et,  s'il  ne  s'est  guère  préoccupé  d'être  populaire,  il  n'en 
a  pas  moins  accompli  son  œuvre.  Son  histoire  est  plus  instructive  que 
passionnante,  sa  personne  inspire  moins  de  sympathie  que  d'estime, 
mais  on  doit  rendre  hommage  à  la  modération  de  ce  prince  qui  recom- 
mandait à  ses  officiers  d'agir  toujours  avec  courtoisie  et  bienveillance 
(curialiter  et  bénigne,  n»  153).  De  tels  sentiments,  chez  les  grands,  sont 
assez  rares  pour  mériter  un  éloge. 

Élie  Berger. 


Fr.  Fu\ck-Bre\ta\o.  De  exercitumn  commeatibua  tertio  decimo  et 
quarto  decimo  sicculia  post  Christ um  natum  (Ihèse  de  docloral). 
Paris,  Champion,  ^897.  In-8»,  \\-\l\  pages. 

Le  service  des  vivres  dans  les  armées  des  xiii«  et  xiv"  siècles,  voilà, 
certes,  un  sujet  qui  n'est  pas  banal  pour  une  thèse  latine.  Malgré  les 
travaux  de  Boutaric  sur  les  Institutions  militaires  de  la  France,  la 
question  restait  encore  assez  inconnue  pour  qu'on  se  figurât  les  armées 
médiévales  comme  des  troupes  de  fourrageurs  vivant  au  jour  le  jour  en 
pays  ennemis,  sans  autre  souci  de  leurs  subsistances.  C'est  de  cette 
opinion  erronée  que  M.  Funck-Brentano  fait  justice  :  sa  thè.se,  fort 
documentée  et  accompagnée  de  plusieurs  pièces  justificatives,  montre 
de  quels  soins  étaient  l'objet  les  garnisons,  les  approvisionnements 
d'une  expédition. 

Les  seigneurs  emmenaient  en  campagne  leurs  cuisiniers,  fauconniers 
et  garçons  et  déployaient  un  luxe  de  table  que  déplore  Pierre  Du  Bois 
dans  le  mémoire  De  abreviatione  gnerrarum  adressé  à  Philippe  le  Bel. 
Les  troupes  avaient  leurs  voitures  de  munitions  fournies  par  les  monas- 


330  BIBLIOGRAPHIE. 

tères  ou  par  la  bourgeoisie  :  M.  F.-B.  publie  (p.  60,  note)  un  mande- 
ment royal  de  1327  énumérant  ces  prestations  en  chevaux,  valets  et 
chariots  pour  les  bailliages  de  Vitry,  Amiens,  Rouen,  Sens,  Troyes, 
Orléans,  etc.  A  Bruges,  c'étaient  les  corps  de  métier  qui  étaient  taxés 
chacun  à  un  certain  nombre  de  chevaux  de  charge  ou  de  trait.  Des 
marchands  suivaient  l'armée  :  pour  encourager  leur  commerce,  le 
maréchal  do  l'ost  leur  délivrait  des  certificats  ou  «  enseignes  »  exemp- 
tant de  tout  péage,  et  le  roi  les  prenait  sous  sa  sauvegarde  «  entre  soleil 
levant  et  soleil  couchant  »  (p.  44,  note).  Plus  d'une  fois,  en  1285  par 
exemple,  lors  de  la  guerre  d'Aragon,  la  perte  d'un  convoi  d'approvi- 
sionnements obligea  nos  armées  à  battre  en  retraite.  L'officier  chargé 
de  cet  important  service,  le  maître  des  garnisons,  était  quelque  clerc  de 
cuisine,  panetier  ou  trésorier  du  roi  détaché  aux  armées. 

Sur  la  liste  des  vivres  eux-mêmes,  je  n'insisterai  pas,  sinon  pour 
ajouter  quelques  détails  relatifs  aux  flottes.  C'était  une  règle,  pour  la 
marine  des  galères,  que  le  roi  fournit  le  pain  et  le  «  bottage,  »  un 
potage  aux  pois  ou  aux  fèves.  Dans  les  grandes  occasions,  au  moment 
du  branle-bas  par  exemple,  le  capitaine  faisait  distribuer  du  vin,  et  du 
bon,  aux  marins.  En  temps  ordinaire,  les  gens  de  l'équipage  complé- 
taient avec  leur  solde  leur  maigre  menu,  sauf  à  recourir  à  un  procédé 
économique,  souvent  employé,  de  se  procurer  un  supplément  de  vivres. 
Ils  descendaient  en  pays  ennemi,  et,  pendant  que  les  hommes  d'armes 
rangés  en  bataille  dans  les  champs  paraient  à  une  surprise  éventuelle, 
les  rameurs,  protégés  par  les  arbalétriers,  entraient  dans  les  villages  et 
chassaient  vers  les  galères  les  bestiaux.  Ils  tenaient  lieu  des  pillards  et 
des  bidaux  des  armées  de  terre.  Ces  renseignements,  empruntés  sur- 
tout au  Victoria!  de  Gamez,  c'est-à-dire  à  une  époque  un  peu  posté- 
rieure au  sujet  traité,  ne  font  du  reste  que  confirmer  l'intéressante 
étude  de  M.  Funck-Brentano, 

Ch.    DE   LA    RONCIÈRE. 

Coutumiers  de  Normandie,  textes  critiques,  publiés  par  Ernest- 
Joseph  Tardif.  T.  II  :  le  Summa  de  leyibus  Normannie  in  curia 
laicali.  Rouen,  Lestringant,  et  Paris,  Picard  et  fils,  I89G.  In-S", 
ccxLviii-395  pages.  (Publié  par  la  Société  de  l'histoire  de  Nor- 
mandie.) 

«  La  Normandie  est  la  province  dont  le  droit  coutumier  offre,  avec  une 
originalité  persistante,  le  plus  vaste  ensemble  et  les  plus  riches  déve- 
loppements. »  C'est  par  ces  mots  que  s'ouvre  l'introduction  placée  par 
M.  Joseph  Tardif  en  tète  de  l'édition  qu'il  donna  en  1881  du  Très  ancien 
Coutumier  de  Normandie.  Et  l'auteur  énumérait  les  onze  textes  capitaux 
où  sont  consignées  les  règles  du  droit  normand. 

Or,  dans  cette  énumération,  après  le  Ti'ès  ancien  Coutumier,  datant 


BIBLIOGRAPHIE.  334 

des  premières  années  du  xiii«  siècle,  se  présentait  le  Grand  Coutumier, 
œuvre  de  doctrine  autant  et  plus  que  de  pratique,  incontestablement 
supérieure  à  la  plupart  des  traités  contemporains.  Les  usages  d'une 
province,  (|ui,  moins  qu'aucune  autre,  a  subi  l'influence  du  droit 
romain  et  du  droit  canonique,  y  furent  reproduits  avec  une  telle  exac- 
titude que  ce  recueil,  quoique  composé  par  un  simple  particulier,  con- 
quit dans  tout  le  duché  l'autorité  d'un  véritable  Code.  «  Il  y  a  régné 
pendant  plus  de  trois  siècles  et  il  exerce  encore  aujourd'hui  son 
empire  dans  les  îles  de  la  Manche,  dernier  débris  de  la  nationalité 
normande.  » 

Le  Grand  Coutumier  a  été  imprimé  à  diverses  reprises.  On  en  con- 
naît plusieurs  éditions  du  xv«  et  du  xvi^  siècle  ;  une  a  été  donnée  au  xviii» 
par  Ludewig  dans  le  tome  VII  de  ses  Reliquise  manuscriptorum,  mais 
cet  érudit  s'est  borné  à  reproduire  le  texte  d'après  un  seul  manuscrit 
conservé  actuellement  à  Copenhague.  Ces  éditions  ne  répondaient  pas, 
il  s'en  faut,  aux  exigences  de  la  critique.  Celle  que  donna  en  1881  M.  de 
Gruchy,  ancien  juré-justicier  à  la  cour  royale  de  Jersey,  n'était  pas 
pour  les  satisfaire;  en  effet,  quoique  bien  conçue  et  heureusement  exé- 
cutée, cette  édition,  destinée  à  la  pratique  judiciaire  des  îles  normandes, 
ne  fut  et  ne  pouvait  être  qu'une  réimpression  améliorée  du  texte  con- 
sacré par  l'usage,  c'est-à-dire  du  texte  des  éditions  gothiques.  Il  appar- 
tenait à  l'éditeur  du  Très  ancien  Coutumier  de  donner  enhn  du  texte 
latin  du  Grand  Coutumier,  ou,  pour  l'appeler  par  son  vrai  nom,  de  la 
Summa  de  legibus  in  curia  laicali,  un  texte  établi  à  l'aide  de  toutes  les 
ressources  de  l'érudition. 

Le  texte  latin  (M.  Tardif  montre  par  de  bonnes  raisons  que  c'est  ce 
texte  et  non  le  texte  français  qu'il  faut  considérer  comme  primitif)  est 
conservé  dans  vingt-quatre  manuscrits,  dont  quatorze  appartiennent  à 
la  Bibliothèque  nationale  ;  les  autres  sont  dispersés  dans  divers  dépôts 
de  France  et  de  l'étranger.  M.  Tardif  a  vu  ces  manuscrits  et  en  donne 
la  description  minutieuse;  il  signale  en  outre  sept  manuscrits  qui  con- 
tiennent des  fragments  plus  ou  moins  étendus  de  la  Summa  de  legibus. 
Il  classe  ensuite  les  manuscrits  du  Coutumier  au  triple  point  de  vue  de 
leur  date,  de  leur  provenance,  des  familles  auxquelles  ils  appartiennent. 
Ce  dernier  classement,  fait  avec  tout  le  soin  que  comporterait  une 
recherche  au  microscope,  aboutit  à  cette  conclusion  :  les  manuscrits 
présentent  entre  eux  trop  de  variété  pour  qu'il  soit  possible  de  les  rame- 
ner à  un  petit  nombre  de  familles.  Les  neuf  groupes  que  forme  l'au- 
teur lui  semblent  correspondre  à  autant  de  types  irréductibles  dont 
aucun  ne  représente  exactement  l'œuvre  primitive.  C'est  affaire  à  une 
critique  sagace  de  dégager  le  texte  qui  se  rapproche  le  plus  possible  de 
ce  premier  état.  M.  Tardif  était  fort  apte  à  remplir  cette  tâche.  La 
comparaison  des  manuscrits  l'a  conduit  à  constater  que  la  Summa  de 
legibus  se  compose  d'une  partie  primitive,  complétée  après  coup  par 


332  BIBLIOGRAPHIE. 

l'insertion  de  passages  additionnels,  les  uns  intercalés  dans  le  corps  du 
texte,  les  autres  placés  simplement  à  la  suite.  Cette  rédaction  première 
devait  comprendre  la  série  qui  s'ouvre  au  début  du  Coutumier  et 
s'achève  au  chapitre  cxii,  intitulé  :  De  brevi  de  feodo  et  firma;  le  texte 
du  manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale,  latin  18557,  allégé  des 
gloses  qui  l'embarrassent,  nous  permet  de  nous  faire  une  idée  assez 
exacte  du  Coutumier  dans  sa  forme  originale.  Une  fois  ce  point  établi, 
M.  Tardif  étudie  les  remaniements  successifs  qui  ont  augmenté  et 
transformé  son  texte,  de  manière  à  lui  donner  «  une  physionomie  très 
différente  de  celle  qu'il  avait  quand  il  est  sorti  des  mains  de  son 
auteur;  »  il  dresse  un  tableau  de  ces  remaniements  tels  qu'il  les  com- 
prend. Après  avoir  résolu  ces  questions,  il  était  en  mesure  de  détermi- 
ner les  manuscrits  qui  devaient  être  la  base  de  son  édition;  je  me 
borne  à  mentionner  que,  pour  la  partie  du  Coutumier  qu'il  considère 
comme  primitive,  c'est  le  texte  du  manuscrit  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale, latin  18557,  qu'il  a  reproduit  aussi  fidèlement  que  possible. 

Ayant  établi  ainsi  les  principes  sur  lesquels  repose  son  édition, 
M.  Tardif  consacre  la  seconde  moitié  de  son  introduction  à  une  étude 
sur  la  Surnma  de  legibus.  C'est  d'abord  le  mode  de  division  employé  par 
l'auteur  qui  provoque  son  attention.  Il  est  remarquable  que  la  division 
de  la  première  partie  en  distinctions  et  en  chapitres  rappelle  celle  de  la 
première  partie  du  Décret  de  Gratien;  c'est  là  une  coïncidence  qui  sans 
doute  n'est  pas  fortuite.  Quant  au  plan  d'ensemble,  il  a  été  surtout 
conçu  à  un  point  de  vue  d'utilité  pratique;  aussi  c'est  la  procédure  qui 
y  tient  la  première  place,  a  encadrant  »  le  droit  privé,  dont  les  prin- 
cipes sont  moins  exposés  ex  professa  que  rappelés  en  passant.  Même  en 
ce  qui  concerne  la  procédure,  ce  plan  présente  une  lacune  ;  le  Coutu- 
mier présente  en  effet  l'exposé  des  règles  qui  gouvernent  chaque  action 
considérée  individuellement,  mais  il  omet  les  règles  générales  de  la 
procédure;  au  lecteur  de  se  faire  à  lui-même  cette  théorie  d'ensemble 
s'il  ne  la  connaît  pas.  Sur  ce  point,  comme  le  dit  M.  Tardif,  les  Ordines 
judiciarii  des  canonistes,  comme  Tancrède  et  ses  pareils,  sont  bien 
supérieurs.  En  réalité,  le  succès  de  la  Summa  de  legibus  ne  tient  pas 
au  plan  de  l'ouvrage,  mais  à  la  méthode  scolastique,  suivie  rigoureuse- 
ment par  l'auteur  dans  l'exposé  de  chacune  -des  matières  qu'il  traite. 
Cette  méthode  sévère,  qui  fait  défaut  dans  le  plan  général,  se  montre 
dans  la  composition  de  chaque  chapitre,  «  dans  les  définitions  et  dans 
les  procédés  de  raisonnement,  ainsi  que  dans  le  soin  avec  lequel  sont 
ménagées  les  transitions.  »  Le  style  en  est  plutôt  trop  soigné,  le  rythme 
est  assez  exactement  observé.  Ce  fut  évidemment  un  juriste  à  l'esprit 
vigoureux  et  cultivé  qui  composa  la  portion  primitive  de  la  Summa  de 
legibus. 

D'une  suite  d'observations  ingénieuses,  M.  Tardif  croit  pouvoir  con- 
clure que  ce  juriste  accomplit  son  œuvre  entre  1254  et  1258;  quant  aux 


BIBLIOGRiPHlË.  333 

remaniements,  ils  s'échelonneraient  du  xiii^  siècle  au  xv^.  Malheureu- 
sement col  auteur  n'a  point  livré  son  nom,  laissant  ainsi  sur  sa  per- 
sonne un  voile  épais  que  les  érudits  ont  plus  d'une  fois  entrepris  de 
lever.  Ils  ne  paraissent  pas  jusqu'à  présent  y  avoir  réussi,  et  M.  Tardif 
a  vite  fait  d'écarter  quelques  hypothèses  fort  peu  justifiées.  Un  point 
est  vraisemblable  :  l'auteur  avait  dû  fréquenter  les  Universités  et 
entendre  les  maitres  en  vogue,  soit  à  Paris,  soit  à  Orléans,  où  Vars 
diclandi  et  le  droit  canon  étaient  enseignés  avec  éclat;  il  avait  dû  s'y 
familiariser  avec  les  ouvrages  courants,  Summae  et  autres,  du  droit 
canonique  et  civil  ;  de  cette  préparation  intellectuelle  son  œuvre  porte 
des  traces  indéniables.  En  outre,  à  raison  de  la  prédilection  qu'il 
témoigne  pour  certains  noms  de  lieux,  à  raison  aussi  des  indications 
que  donne  sur  la  diffusion  du  Goutumier  la  provenance  des  manuscrits, 
il  parait  très  probable  que  l'auteur  était  originaire  de  Basse-Normandie. 

Un  fait  permet  de  déterminer  d'une  façon  plus  précise  la  personne, 
sinon  de  l'auteur,  au  moins  du  jurisconsulte  qui,  le  premier,  avant  1275, 
remania  le  Goutumier.  Tout  porte  à  croire  que  la  Summa  de  legibus  est 
le  recueil  que  les  habitants  des  iles  normandes,  dans  la  première  moi- 
tié du  xiv«  siècle,  désignaient  sous  le  nom  de  Summe  Maucael,  recueil 
qui  contenait  la  coutume  de  Normandie,  suivie  comme  loi  par  les  insu- 
laires. Or,  il  y  avait  dans  le  Gotentin,  dès  le  xni^  siècle,  une  famille 
Maucael  qui  occupait  une  situation  importante;  le  siège  de  cette  famille 
était  Valognes,  ville  souvent  citée  dans  le  Goutumier,  où  d'ailleurs  se 
tenaient  le  plus  souvent  les  assises  du  bailliage  du  Gotentin,  où  par 
conséquent  l'on  devait  trouver  des  jurisconsultes.  D'une  série  d'obser- 
vations de  détails,  M.  Tardif  est  amené  à  conclure  que  l'un  de  ces 
Maucael  fut  non  pas  l'auteur  du  texte  primitif,  mais  l'écrivain  juridique 
qui  a  donné  au  recueil  sa  forme  définitive  en  le  complétant,  avant  1275, 
par  l'insertion  des  chapitres  cxni  à  cxxiv. 

Le  texte  du  Goutumier  est  disposé  de  telle  façon  que  des  différences 
typographiques  indiquent  la  portion  primitive  et  les  remaniements.  Ge 
texte  a  été  établi  par  M.  Tardif  avec  un  soin  minutieux  et  une  admi- 
rable conscience.  Les  variantes  sont  fournies  avec  grande  abondance, 
quoique  l'auteur  semble  s'excuser  d'avoir  fait  un  choix  et  de  s'être 
borné  à  indiquer  celles  qui  pouvaient  offrir  un  intérêt  pour  l'intelli- 
gence du  texte,  des  termes  techniques,  des  noms  de  lieux  et  de  per- 
sonnes; ce  en  quoi,  à  mon  sens,  il  a  eu  parfaitement  raison. 

En  somme,  nous  devons  à  M.  Tardif  l'édition  définitive  de  deux 
textes  d'un  intérêt  capital  pour  l'histoire  du  droit  :  le  Très  ancien  Gou' 
tumier  de  Normandie  et  la  Summa  de  legibus;  désormais,  les  historiens 
du  droit  pourront  commodément  puiser  à  ces  sources  si  importantes. 
La  conséquence  s'en  est  fait  sentir  sans  retard  ;  il  a  été  possible  de 
proposer  le  droit  normand  comme  sujet  d'étude  spéciale  aux  candidats 
à  l'agrégation  des  sciences  historiques  dans  les  Facultés  de  droit.  J'es- 


334  BIBLIOGRAPHIE. 

père  que  là  ne  se  borneront  pas  les  heureux  effets  des  publications  de 
M.  Tardif.  Il  y  a  de  cela  plus  de  quinze  ans,  il  semblait  nous  promettre 
une  histoire  du  droit  normand  du  xi«  au  xiv^  siècle.  Puisse-t-il  se 
hâter  de  nous  donner  cette  œuvre  que,  par  ses  qualités  personnelles 
comme  par  ses  traditions  de  famille,  il  semble  tout  naturellement  des- 
tine à  accomplir  ! 

Paul    FOURNIEB. 


Histoire  de  mon  village^  études  historiques  sur  Baucourt  et  Harau- 
court  et  la  région  avoisinante,  par  Sécheret-Gellier.  Sedan,  impr. 
de  Jules  Laroche,  •ISOG.  In-8'',  viii-493  pages. 

Raucourt  et  Haraucourt  sont  deux  localités  importantes  du  départe- 
ment des  Ardennes  :  la  première,  chef-lieu  du  canton  de  l'arrondisse- 
ment de  Sedan,  l'autre,  simple  commune  de  ce  canton.  M.  Sécheret- 
Gellier,  directeur  de  l'école  de  Mouzon,  a  réuni  en  un  fort  volume  de 
près  de  cinq  cents  pages  les  notes  qu'il  avait  accumulées  sur  ces  deux 
villages  depuis  plus  de  vingt  ans  et  a  réussi  à  donner  ainsi  une  bonne 
monographie.  Les  historiens  qui  désormais  voudront  s'occuper  du  dépar- 
tement des  Ardennes  ne  devront  pas  la  négliger.  On  y  trouve  en  effet 
quantité  de  renseignements  intéressants  puisés  de  tous  côtés,  soit  sur 
les  lieux  dits,  soit  sur  les  familles,  soit  sur  les  personnes,  qui  serviront 
souvent  à  éclairer  bien  des  points  d'histoire  locale.  Seulement,  pour  ce 
qui  est  des  textes,  il  ne  faut  guère  en  chercher  dans  ce  travail,  car, 
sauf  la  charte  de  franchises  accordée  à  Raucourt  par  Gaucher,  comte 
de  Rethel,  en  avril  1255,  dont  le  texte  est  donné  avec  la  traduction  en 
regard,  et  quelques  pièces  modernes,  l'auteur  ne  donne  que  des  tra- 
ductions ou  des  résumés.  En  appendice,  il  analyse  un  grand  nombre 
d'actes  tirés  des  Archives  nationales,  de  la  Bibliothèque  nationale,  des 
archives  des  Ardennes,  des  minutes  de  notaires  concernant  les  villages 
de  l'ancienne  souveraineté  de  Raucourt  et  ceux  qui  forment  la  cir- 
conscription cantonale  actuelle. 

Les  destinées  de  Raucourt  et  de  Haraucourt  furent  intimement  liées 
dans  les  siècles  passés.  Aussi,  M.  Sécheret-Gellier  a-t-il  pu  unir  les 
deux  pays  dans  une  même  histoire.  Après  avoir  glissé  rapidement  sur 
les  origines  toujours  bien  problématiques  pour  des  localités  de  ce  genre, 
l'auteur  entre  dans  des  détails  plus  abondants  pour  la  période  du  moyen 
âge  après  que  ces  deux  villages  furent  venus  en  la  possession  des  comtes 
de  Rethel.  Ges  seigneurs  les  conservèrent  jusqu'au  29  janvier  1549, 
date  à  laquelle  Glaude  de  Foix,  comtesse  de  Rethel,  femme  de  Charles 
de  Luxembourg,  vendit  Raucourt  et  sa  seigneurie  à  Robert  IV  de  la 
Marck,  seigneur  de  Sedan.  Ils  restèrent  ainsi  incorporés  à  la  princi- 
pauté de  Sedan  jusqu'au  milieu  du  xvii«  siècle.  Le  dernier  seigneur 
souverain  fut  Frédéric-Maurice  de  la  Tour  d'Auvergne,  et  c'est  en  1642 


BIBLIOGRAPHIE.  335 

qu'il  cessa  d'être  en  possession  de  cette  principauté.  L'autour  donne  en 
passant  quelques  détails  sur  la  monnaie  de  Raucourt  et  Haraucourt 
avant  leur  réunion  à  la  couronne,  puis,  après  avoir  esquissé  leur  his- 
toire au  moment  de  l'introduction  du  protestantisme,  à  la  tin  de  l'an- 
cien régime,  sous  la  Révolution,  il  consacre  ses  derniers  chapitres  à  la 
population,  aux  impôts,  au  service  militaire,  à  l'agriculture,  au  com- 
merce, à  l'industrie,  à  l'assistance  publique,  au  territoire,  aux  hameaux 
situés  dans  les  limites  de  ces  communes  et  enfin  aux  terribles  épisodes 
de  la  guerre  de  1870  dont  elles  furent  témoins.  En  somme,  bien  que 
l'on  puisse  relever  plusieurs  fautes  telles  que  celle-ci  relative  à  l'ori- 
gine de  Sedan,  page  78  :  «  Sedan  avait  été,  lors  de  l'invasion  franque, 
une  forteresse  construite  sur  la  Meuse  par  Sedanus,  lils  d'un  chef 
sicarabre,  »  ou  encore,  page  185,  cette  autre,  que  les  diocèses  corres- 
pondent aux  anciens  pagi,  tandis  que  c'est  aux  civilales  qu'ils  corres- 
pondent et  les  archiprôtres  ou  doyennés  aux  pagi  ;  cet  ouvrage  ne  sau- 
rait être  dédaigné  pour  l'histoire  locale  à  cause  du  grand  nombre 
d'indications  utiles  qu'il  renferme. 

J.    VlARD. 

Esmi  historique  sur  l'église  et  la  ville  de  Die,  par  Jules  Chevalieii, 
professeur  au  grand-séminaire  de  Romans.  T.  I.  Monlélimar,  -1888. 
In-S",  xii-dOO  pages.  T.  II.  Valence,  ^896.  In-8%  61 G  pages. 

L'apparition  d'un  nouveau  livre  de  M.  l'abbé  Jules  Chevalier  est  tou- 
jours une  bonne  fortune  pour  les  Dauphinois.  Comme  son  cousin,  le 
chanoine  Ulysse  Chevalier,  dont  chacune  de  ses  œuvres  le  rapproche 
davantage,  il  s'est  imposé  cette  règle  de  conduite  de  ne  rien  écrire  qui 
ne  soit  justifié  par  un  texte.  Toutes  ses  assertions  sont  puisées  aux 
bonnes  sources.  Archives  publiques  et  privées,  bibliothèques  françaises 
et  étrangères,  il  connaît  tout,  pénètre  partout  et,  avec  une  sagacité  et 
une  persévérance  bien  remarquables  en  ce  temps  de  production  hâtive, 
il  réussit  presque  toujours  à  découvrir  le  document  inédit  qui  permet 
de  rectifier  une  erreur  ou  de  résoudre  un  problème  jusqu'alors  inexpli- 
qué. Mais,  où  il  se  sépare  de  son  parent,  c'est  dans  l'usage  qu'il  fait 
des  matériaux  ainsi  recueillis.  Tandis  que  M.  le  chanoine  Ulysse  Che- 
valier se  borne  à  les  présenter  au  public  érudit  en  des  éditions  soigneu- 
sement coUalionnées,  qui  défient  la  critique  la  plus  sévère,  l'auteur  de 
VHistoire  de  Die  ne  réunit  des  textes  que  pour  les  mettre  en  œuvre  ;  et 
l'œuvre  ainsi  construite  laisse  à  l'esprit  une  impression  de  reposante 
sécurité. 

Il  n'avait  jusqu'à  présent  donné  que  quelques  monographies,  dont 
j'ai  loué  ici  même  les  solides  assises,  en  exprimant  toutefois  le  regret 
que  ses  belles  qualités  ne  fussent  point  consacrées  à  des  travaux  de 
plus  longue  haleine.  M.  Chevalier  a  entendu  le  conseil,  et  depuis  lors, 


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336 


BIBLlOGRAPHrE. 


en  quelques  années  de  labeur,  il  a  mis  au  jour  deux  volumes  sur  l'his- 
toire du  Diois  en  même  temps  qu'il  publiait,  dans  le  bulletin  de  la 
Société  d'archéologie  de  la  Drôtne,  des  mémoires  très  documentés  sur  les 
comtés  de  Valentinois  et  de  Diois. 

En  attendant  que  cette  dernière  publication  soit  achevée,  —  et  l'on 
me  permettra  à  ce  sujet  d'exprimer  le  regret  que  le  Comité  de  rédaction 
de  cette  laborieuse  société  découpe  en  Iragments  incompréhensibles,  à 
force  d'être  menus,  de  substantielles  études  historiques  qui  ne  peuvent 
que  perdre  à  être  ainsi  traitées  comme  des  romans-l'euilletons,  —  en 
attendant,  dis-je,  l'heure  où  ces  disjecti  membra  poetie  reprendront  corps 
en  un  tirage  à  part,  je  dois  présenter  aux  lecteurs  de  la  IhOiiotkègue  de 
l'École  des  chartes,  VEssai  historique  sur  Die,  dont  deux  volumes  ont 
actuellement  paru. 

Le  tome  I  prend  la  petite  ville  de  Die  à  l'époque  où  elle  était  une 
bourgade  ignorée  du  pays  des  Voconces  et  la  suit  jusqu'à  l'année  1277, 
date  de  la  réunion  de  l'évêché  de  Die  à  celui  de  Valence  ;  le  tome  II 
s'arrête  au  seuil  du  xvi«  siècle  avec  les  premières  prédications  de  la 
Réforme, 

Il  faut  le  reconnaître,  pendant  cette  période  de  quinze  siècles,  le  Diois 
n'est  le  théâtre  d'aucun  événement  bien  important.  Inconnue  avant  la 
conquête  romaine,  Die  est  baptisée  par  Auguste  du  nom  de  Dca  Auyusta. 
Elle  passe  ensuite  aux  Burgondes,  puis  aux  Francs,  fait  partie  du 
royaume  de  Bourgogne  fondé  àMantaille  par  lioson,etdans  le  démem- 
brement de  ce  royaume,  après  la  mort  de  Rodolphe  III,  échoit  à  des 
comtes,  qui  sont  à  leur  tour  dépouillés  par  les  évêques,  tandis  (ju'ils 
guerroient  en  Palestine  aux  côtés  du  comte  de  Toulouse. 

L'usurpation  des  évêques  est  ratifiée  par  Frédéric-Barberousse,  qui, 
en  1178,  leur  confère  les  droits  régaliens.  Durant  le  siècle  suivant,  les 
bourgeois  de  Die  conquièrent  de  haute  lutte  leurs  franchises  munici- 
pales. La  plus  importante  de  ces  concessions  forcées  porte  la  date  du 
1«»'  juillet  1218.  Elle  reconnaît  aux  bourgeois  le  droit  de  s'administrer 
eux-mêmes  par  des  consuls  et  un  conseil,  de  réglementer  la  police 
de  la  ville,  de  veiller  à  sa  défense,  de  s'imposer  et  de  lever  des  tailles 
sur  tous  leurs  concitoyens  pour  faire  face  aux  dépenses  d'intérêt  com- 
munal. 

La  bulle  du  25  septembre  1275,  par  laquelle  Grégoire  X  réunit  les 
deux  évêchés  de  Valence  et  de  Die,  clôt,  avec  le  jn-emier  volume  de 
M.  Chevalier,  la  période  indépendante  de  l'histoire  du  Diois.  Désor- 
mais, ses  destinées  seront  étroitement  liées  à  celles  du  Valentinois. 

Et,  en  effet,  la  moitié  du  touK^  il  est  consacrée  aux  luttes  des  évêques 
de  Valence  contre  les  comtes  de  Valentinois.  Dans  et;  long  exposé,  où 
se  succèdejit  et  parfois  s'enchevêtrent  guerres,  procès,  négociations, 
arbitrages,  traités  de  paix  aussitôt  violés  que  conclus,  la  petite  ville  de 
Die  disparaît  de  plus  en  plus  et  le  Diois  liii-niême  cède  souvent  la  place 


iL 


BIBLIOGRAPniE.  337 

au  Valentinois.  En  feuilletant  ces  pages  extraordinaireraent  touffues, 
nous  rencontrons  une  intéressante  étude  sur  les  barons  de  Mévouillon, 
dont  la  généalogie  n'a  pas  encore  été  suffisamment  élucidée.  M.  l'abbé 
Chevalier  lui-même  semble  avoir  renoncé  à  dénouer  cet  inextricable 
nœud  gordien  (voyez  la  note  2  de  la  page  91,  qui  annonce  pour  la  fin 
du  volume  une  généalogie  des  Mévouillon,  et  la  mention  inscrite  on  tète 
des  additions  et  corrections,  page  602,  supprimant  purement  et  sim- 
plement cette  note). 

Par  son  testament,  daté  du  4  juillet  1419,  le  dernier  comte  de  Valen- 
tinois, Louis  II  de  Poitiers,  laissait  tous  ses  états  au  dauphin  Charles, 
à  condition  qu'ils  seraient  à  jamais  unis  au  Dauphiné.  M.  l'abbé  Cheva- 
lier raconte,  d'après  les  sources  conservées  aux  archives  de  l'Isère,  les 
dramatiques  péripéties  de  ce  grand  événement  historique  et  apprécie 
exactement  le  rôle  qu'y  joua  contre  la  France  l'évêque  de  Valence  Jean 
de  Poitiers. 

Signalons  encore  dans  ce  volume  la  cession  par  le  roi  Louis  XII  des 
comtés  de  Valentinois  et  Diois  à  César  Borgia  et  un  appendice  sur  les 
livres  liturgiques  de  l'église  de  Die  antérieurs  au  concile  de  Trente, 
appendice  où  l'on  trouverait  une  nouvelle  preuve  des  déprédations  dont 
ont  été  victimes,  au  commencement  de  ce  siècle,  la  plupart  de  nos 
bibliothèques  et  de  nos  dépôts  d'archives. 

Un  certain  nombre  de  pièces  justi6catives,  judicieusement  choisies 
et  correctement  éditées,  complètent  chacun  de  ces  volumes,  auxquels 
il  serait  difficile  d'ajouter  un  fait,  intéressant  de  près  ou  de  loin  le  Diois, 
que  n'ait  pas  connu  leur  consciencieux  auteur. 

Consciencieux,  il  l'est,  en  effet,  et  peut-être  avec  excès.  A  l'ampleur 
qu'a  prise  dans  ces  deux  volumes  l'histoire  de  Die,  on  peut  conjecturer 
qu'il  faudra  deux  nouveaux  volumes  à  M.  l'abbé  Chevalier  pour  achever 
son  œuvre.  Or,  il  est  permis  de  se  demander  s'il  n'y  a  pas  quelque  dis- 
proportion entre  l'importance  assurément  restreinte  de  son  sujet  et  les 
développements  qu'il  a  cru  devoir  lui  donner.  Quatre  volumes  de"  six 
cents  pages  chacun  pour  raconter  la  simple  histoire  de  ce  petit  coin  de 
terre,  cela  peut  paraître  excessif.  Certes,  je  comprends  et  j'excuse, 
l'ayant  éprouvée  moi-même,  cette  tendance  des  historiens  provinciaux 
à  s'exalter  pour  la  ville  dont  ils  écrivent  les  annales  et  à  exagérer 
quelque  peu  le  rôle,  souvent  obscur,  qu'elle  a  joué  dans  le  monde.  Celte 
exaltation  est  salutaire;  car  sans  elle  aucun  de  nous  ne  se  résignerait  à 
entreprendre  ces  reconstitutions  patientes,  laborieuses  et,  en  somme, 
utiles,  —  les  grands  historiens  le  jjrouvent  tous  les  jours  en  les  met- 
tant à  contribution,  —  mais  ingrates  et  sans  gloire.  Le  public,  qui  fait 
les  réputations,  et  les  académies,  qui  les  consacrent,  leur  préféreront 
toujours  la  moindre  dissertation  sur  un  sujet  d'intérêt  général.  Mais  tel 
n'est  pas  le  cas  de  M.  l'abbé  Chevalier.  Loin  de  grandir  le  passé  de  sa 
ville,  il  en  a,  sans  s'en  rendre  compte,  montré  le  néant,  en  le  noyant 
1897  22 


338  BIBLIOGRAPHIE. 

dans  une  série  de  faits  qui  n'ont  avec  lui  qu'un  rapport  éloigné  ou  qui 
même  n'en  ont  pas  du  tout.  A  propos  de  l'église  de  Die,  il  nous  donne 
des  chapitres  entiers  de  l'histoire  du  Valentinois  et  du  Dauphiné  et  il 
s'égare  en  de  fréquentes  digressions  sur  l'histoire  de  France,  de  l'Em- 
pire et  de  l'Eglise.  Dans  ce  cadre,  qui  va  toujours  s'élargissant,  le  petit 
comté  de  Die  s'efface,  et  il  faut  de  longues  recherches  pour  y  retrouver 
les  traits  qui  lui  sont  personnels. 

Joignez  que  c'est  moins  l'histoire  de  l'église  de  Die  qui  est  écrite 
dans  ces  deux  volumes  que  celle  de  ses  évêques.  L'auteur  les  prend 
successivement  à  leur  naissance  et  les  suit  jusqu'à  leur  mort,  analy- 
sant pieusement  tous  leurs  actes,  même  lorsque  ces  actes  n'ont  aucun 
lien  avec  le  Diois.  Un  exemple  :  quelques  évêques  de  Valence  et  de  Die 
ont  eu  temporairement  l'administration  du  diocèse  de  Vienne;  M.  Che- 
valier en  prend  acte  pour  consacrer  de  longues  pages  aux  démêlés  des 
archevêques  de  Vienne  avec  les  dauphins. 

C'est  à  l'emploi  constant  de  ce  procédé  que  VEssai  historique  sur  Die 
a  dû  de  prendre  des  proportions  aussi  extraordinaires.  Le  sujet,  dégagé 
de  tous  ces  hors-d'œuvre  et  réduit  à  ses  éléments  essentiels,  eût  pu, 
je  le  crois,  être  traité  en  un  volume,  surtout  si  M.  Chevalier  avait 
reporté  aux  pièces  justificatives  ou  résumé  dans  des  notes  les  nom- 
breux documents  qu'il  a  intercalés  in  extenso  dans  son  texte,  en  les  tra- 
duisant. 

Ces  défauts  de  composition  rendent  laborieuse  la  lecture  de  ces  deux 
volumes  ;  mais  ils  ne  sauraient  nous  faire  oublier  le  précieux  trésor 
d'érudition  qui  s'y  trouve  accumulé,  trésor  où  devront  venir  puiser  à 
l'avenir,  comme  aux  sources  originales,  dont  il  est  un  produit  direct, 
tous  les  historiens  du  Dauphiné. 

A.  Prudhomme. 


Archives  de  la  ville  de  Montpellier.  Inventaires  et  documents.  T.  I, 
^  "  fasc.  :  Notice  sur  les  anciens  inventaires  des  archives  munici- 
pales de  Montpellier,  par  Ferdinand  Gastets,...  Jos.  Berthelé... 
Montpellier,  impr.  Serre  et  Roumégous,  1895.  ln-4°,  cxLiir  pages, 
avec  -16  photolypies. 

La  ville  de  Montpellier  a  décidé,  en  décembre  1894,  la  publication 
d'une  série  d'inventaires  et  de  documents  des  archives  municipales.  Le 
premier  volume  de  celte  collection  a  déjà  paru  et  l'Litroduction,  dans 
laquelle  notre  confrère  M.  Berthelé,  archiviste  départemental,  et  M.  Cas- 
tets,  doyen  de  la  Faculté  des  lettres,  ont  retracé  l'histoire  des  anciens 
inventaires,  a  été  tirée  à  part  avec  raison.  C'est,  en  effet,  un  mémoire 
considérable,  fort  intéressant,  et  qu'il  nous  semble  convenable  de  signa- 
ler à  l'attention  de  nos  lecteurs. 

Montpellier  a  conservé  plusieurs  inventaires  anciens,  dont  quelques- 


BIBLIOGRAPHIE.  339 

uns  remontent  à  une  date  fort  reculée  .-  l'inventaire  des  archives  de  la 
commune  clôture  (magistrats  chargés  de  veiller  à  l'entretien  des  murs 
de  la  cité),  rédigé  en  1264,  avait  été  publié  par  M.  Achille  Montel  dans 
la  Revue  des  langues  romanes*;  MM.  Berthelé  et  Gastets  nous  en 
donnent  la  reproduction  photographique.  Le  premier  inventaire  des 
archives  du  consulat  proprement  dit,  qui  remonte  également  à  la  fin  du 
xni«  siècle  (l'écriture  du  manuscrit  dont  un  feuillet  est  reproduit  en 
fac-similé  en  fait  foi),  était  au  contraire  resté  inédit;  les  auteurs  de  la 
notice  l'ont  intégralement  reproduit.  Comme  tous  les  anciens  inven- 
taires, il  est  extrêmement  sommaire  et  rédigé  uniquement  dans  un  but 
d'utilité  pratique,  sans  souci  de  l'intérêt  historique.  C'est  d'ailleurs  un 
caractère  commun  aux  anciens  inventaires  que  MM.  Castets  et  Berthelé 
nous  font  connaître  successivement  :  second  inventaire  du  consulat  et 
second  inventaire  de  la  commune  clôture,  tous  deux  du  xiv^  siècle  et 
tous  deux  publiés  par  M.  Montel  2;  troisième  inventaire  du  consulat 
du  xv  siècle,  qui  offre  un  intérêt  tout  particulier,  puisqu'il  a  permis 
aux  auteurs  de  reconstituer  l'exacte  physionomie  du  trésor  des  archives 
à  la  fin  du  xv^  siècle.  La  planche  IX  de  la  Notice  nous  montre  la  dis- 
position à  cette  époque  et  pendant  les  trois  siècles  qui  suivirent  des 
cassettes  et  caisses  composant  deux  armoires  des  «  grandes  archives,  » 
tandis  que  la  planche  XII  nous  montre  la  disposition  actuelle  des  cas- 
settes gothiques  conservées  jusqu'à  nos  jours. 

L'inventaire  dressé  en  1662-1663  par  Louvet,  non  plus  avec  le  simple 
souci  de  l'utilité  pratique,  mais  avec  la  curiosité  de  l'érudit  désireux  de 
servir  les  études  historiques,  a  fourni  à  MM.  Berthelé  et  Castets  l'oc- 
casion de  nous  faire  connaître  la  physionomie  de  cet  érudit  un  peu 
oublié  et  dédaigné,  mais  dont  l'activité  scientifique  a  été  assez  consi- 
dérable; ils  sont  parvenus  à  éclaircir  plusieurs  points  restés  assez  obs- 
curs de  son  existence^;  de  ses  nombreux  travaux  le  plus  méritoire  est 
sans  doute  l'inventaire  des  archives  de  Montpellier,  qui  encore  aujour- 
d'hui reste  l'instrument  le  plus  commode  de  recherches  dans  les 
archives  municipales,  ce  qui  lui  a  valu  d'être  publié  comme  second 
fascicule  de  la  collection,  dont  le  premier  fait  l'objet  de  ce  compte- 
rendu. 

En  même  temps  que  Louvet  dressait  l'inventaire  du  grand  chartrier, 
un  feudistc  montpelliérain  était  chargé  de  rédiger  l'inventaire  du  fonds 
du  greffe  consulaire;  il  s'en  acquitta  non  point  sans  doute  avec  le  môme 

L  Tome  II  (1871),  dans  l'article  intitulé  :  le  Livre  des  privilèges  de  la  com- 
mune clôture, 

2.  Revue  des  langues  romanes,  t.  III,  1872. 

3.  Ils  annoncent  d'ailleurs  que  M.  Galle  rédige  une  notice  .sur  cet  écrivain, 
qui  sera  insérée  en  tôte  de  l'édition  de  V  Histoire  de  Ville  franche  qu'il  prépare 
en  collaboralion  avec  notre  confrère  M.  Guigue. 


340  BIBLIOGRAPHIE. 

souci  de  l'érudition  que  Louvet,  mais  avec  soin  et  avec  conscience,  et 
son  répertoire  est  encore  un  précieux  instrument  de  recherches,  bien 
que  le  bouleversement  apporté  au  classement  du  fonds  auquel  il  se  rap- 
porte lui  ait  fait  perdre  en  partie  de  son  utilité. 

L'œuvre  du  xvni^  siècle  aux  archives  de  Montpellier  n'a  qu'une 
importance  tout  à  fait  secondaire  :  l'on  s'est  contenté  dePfaire  soit  des 
récolements  soit  des  additions  aux  inventaires  anciens. 

Jusqu'ici  le  xix<=  siècle  a  fait  deux  choses  pour  les  anciennes 
archives  :  1°  il  les  a  reclassées  dans  un  ordre  nouveau  ;  2°  il  les  a  établies 
dans  un  local  tout  à  fait  digne  de  les  recevoir,  à  la  Tour-des-Pins, 
monument  historique  construit  du  xii*'  au  xiv^  siècle.  M.  Berthelé  est 
trop  archéologue  pour  n'avoir  pas  profité  de  l'occasion,  et  il  nous  a 
donné  quelques  pages  fort  précises  sur  ce  monument. 

Cinquante- quatre  pièces  justificatives,  échelonnées  de  1657  à  1880, 
forment  un  utile  appendice  à  ce  volume,  qui  ouvre  d'une  manière  bril- 
lante la  série  des  Inventaires  et  documeiits  des  archives  municipales  de 
Montpellier. 

E.-G.  Ledos. 


Chronicon  Henrici  Knighton,  vel  Cnitthon,  monachi  Leycestrensis^ 
edited  by  Joseph  Rawson  Lumby...,  published  by  the  authority  of 
the  Lords  commissioners  of  her  Majesty's  Ireasury,  under  the 
direction  of  the  master  of  the  Rolls,  '1889-^895.  2  vol.  in-8% 
xx-479  pages  et  ciii-354  pages. 

Il  est  impossible  de  ne  pas  protester,  chaque  fois  que  l'occasion  s'en 
trouve,  contre  l'extraordinaire  principe  qui  préside  aux  éditions  publiées 
sous  la  direction  du  master  of  the  Rolls.  Autant  il  était  raisonnable 
pour  cette  belle  collection  d'adopter  le  format  in-8°,  autant  il  était  diffi- 
cilement justifiable  d'obliger  les  éditeurs  à  la  règle  suivante  :  «  no 
other  note  or  comment  was  to  be  allowed ,  except  what  might  be 
necessary  to  establish  the  correctness  of  the  text.  »  Il  est  plus  aisé  de 
poser  des  principes  comme  ceux-là  que  de  les  expliquer.  J'oserai 
même- dire  qu'ils  sont  blessants  pour  les  éditeurs  qu'on  suppose,  d'une 
manière  générale,  incapables  d'illustrer  de  notes  de  valeur  le  texte 
qu'ils  publient.  En  tout  cas,  des  chroniques  telles  que  celle  de  Knigh- 
ton, religieux  de  l'abbaye  de  Leicester,  ne  peuvent  pas  se  passer  de 
notes  historiques  et  géographiques  identifiant,  dans  la  mesure  du  pos- 
sible, les  lieux  et  les  personnes.  Voilà  un  texte  historique  qui  cite  à  la 
fois,  sous  des  formes  trop  anglaises,  des  noms  flamands,  allemands, 
français;  admettra-t-on  avec  l'auteur  du  programme  de  la  collection 
que  la  besogne  de  l'éditeur  est  terminée  quand  il  a  imprimé  ces  noms 
sous  une  forme  barbare  ? 

Ces  réserves  faites,  qui  empêchent  cette  très  belle  série  de  publica- 


BIBLIOGRAPHIE.  34 ^ 

tions  d'être  placée  dans  restimo  du  public  sur  un  rang  égal  à  celui 
qu'occupent  dans  le  monde  savant  la  plupart  des  volumes  de  la  collec- 
tion des  Documents  inédits,  je  m'en  voudrais  de  ne  pas  rendre  hom- 
mage aux  soins  apportés  par  M.  Rawson  Lumby  à  son  édition.  L'in- 
troduction a  paru  en  tète  du  deuxième  volume,  et  il  y  a  résumé  le  récit 
do  l'auteur.  En  même  temps,  il  a  pris  soin  de  signaler  que  les  deux 
premiers  livres  de  Knighton  étaient  empruntés  à  la  PoUjchronicon 
d'Higden  et  à  Walter  d'Hemingburgh,  lequel  a  fourni  en  outre  les 
éléments  de  la  majeure  partie  du  livre  III'. 

Les  lecteurs  français  apprendront  avec  intérêt  de  M.  Rawson  Lumby 
que  c'est  en  somme  le  tome  II  de  son  édition  qui  contient  la  partie 
originale  de  la  chronique;  mais,  malgré  l'opinion  de  l'éditeur,  il  ne 
faudrait  pas  croire  que,  pour  les  faits  de  guerre  d'Edouard  III  en  France, 
le  récit  de  Knighton,  comparé  à  celui  des  chroniques  anglaises  con- 
temporaines, soit  de  faible  valeur. 

Si  le  livre  IV,  par  lequel  débute  le  tome  II,  est  bien  l'œuvre  de 
Knighton,  le  règne  de  Richard  II,  formant  en  quelque  sorte  un  cin- 
quième livre,  doit  être  sans  doute  imputé  à  un  écrivain  différent  (mais 
aussi  religieux  à  l'abbaye  de  Leicester).  M.  Rawson  Lumby  en  donne 
deux  raisons  :  l'une  tirée  du  contexte  du  prologue  n'est  pas  sans 
valeur;  l'autre,  à  mon  avis  moins  sérieuse,  il  la  déduit  de  l'examen  du 
style  et  de  la  narration.  Peut-être  eùt-il  pu  tirer  argument  aussi  de 
l'admiration  presqu'outrée  du  rédacteur  du  livre  V  pour  Jean,  duc  de 
Lancastre,  accablé  de  louangeuses  épithètes,  alors  que  le  livre  IV  est 
plus  froid  et,  l'avouerai-je,  par  là  même  plus  raisonnable. 

En  définitive,  M.  Rawson  Lumby  présume  que  Knighton,  devenu 
d'ailleurs  aveugle  à  la  fin  de  sa  vie,  a  poussé  son  travail  jusqu'à  la  mort 
d'Edouard  III  et  qu'un  des  religieux  du  même  monastère  a  continué  sa 
besogne  jusqu'en  1395. 

Je  ne  puis  mieux  faire  en  terminant  que  d'engager  les  lecteurs  de 
Knighton  à  consulter  sa  chronique  dans  la  nouvelle  édition  que  le 
gouvernement  anglais  met  à  la  disposition  du  public.  Elle  est  plus 
commode  à  consulter,  si  elle  n'a  pu  être  bien  meilleure  que  celle  de 
Twysden"^.  Mais  il  eût  été  si  aisé  d'en  rendre,  avec  quelques  notes 
d'identification,  l'usage  agréable,  qu'on  peut  vraiment  regretter  l'obser- 
vation, disons  mieux,  l'établissement  d'un  programme  aux  prescriptions 
aussi  fâcheuses. 

H.  MORANVILLÉ. 

L  Pour  la  période  comprise  entre  1315  et  1327,  il  semble  à  M.  Rawson  Lumby 
que  Knighton  ait  fait  des  emprunts  à  Adam  Murimutb  et  à  Trokelowe. 
2.  Une  table  des  noms  termine  le  volume  II. 


342  BIBLIOGRAPHIE. 


A.  Geffroy.  L'Islande  avant  le  christianisme,  d'après  le  Gragas  et 
les  Sagas.  Paris,  Leroux,  -1897.  In-I2,  -199  pages. 

Ce  livre  est  la  reproduction  amplifiée  de  travaux  autrefois  publiés, 
dans  les  Mémoires  de  l'Académie  des  inscriptions,  par  un  des  savants 
qui  ont  le  mieux  connu  les  pays  du  Nord.  Recueillies  par  une  main 
pieuse,  les  pages  que  M.  Geffroy  avait  consacrées  à  l'ancienne  Islande 
sont  mises  à  la  disposition  de  ceux  qui  aiment  les  attrayantes  légendes 
des  peuples  Scandinaves  ou  se  sentent  portés  à  cliercher  des  rapproche- 
ments entre  les  mœurs  de  la  vieille  France  et  les  usages  de  peuples 
éloignés  de  nous  par  le  temps,  le  climat  et  les  vicissitudes  de  l'histoire. 

Il  faudrait  avoir,  en  ces  matières,  une  compétence  qui  nous  manque 
pour  discuter  les  opinions  émises  par  M.  Geffroy,  pour  apprécier  l'usage 
qu'il  a  fait  des  textes;  mais  sans  faire  entrer  en  ligne  de  compte  des 
sentiments  de  reconnaissance  ou  de  respectueuse  amitié,  nous  avons  le 
droit  d'appeler  l'attention  sur  un  volume  doublement  intéressant  par  le 
choix  du  sujet  et  l'art  de  la  mise  en  œuvre.  Pour  nous  faire  connaître 
le  caractère  et  les  lois  des  anciens  Islandais,  l'auteur  ne  s'adresse  pas 
seulement  aux  sources  écrites,  juridiques  ou  narratives;  il  revient  sou- 
vent à  la  description  de  l'Islande;  il  peint  avec  beaucoup  de  couleur  la 
nature  de  cette  terre  étrange,  autrefois  si  vivante,  presque  morte 
aujourd'hui.  Aussi  le  suit-on  avec  infiniment  de  plaisir  lorsqu'il 
raconte  la  première  colonisation  de  la  grande  île  par  les  Scandinaves, 
décrit  les  assemblées  tumultueuses  du  peuple  islandais  ou  déroule  les 
sanglants  épisodes  d'une  légende  à  la  fois  touchante  et  sauvage,  la  Saga 
de  Niai. 

Les  événements  que  retrace  cette  épopée  historique  se  rapportent  au 
dernier  tiers  du  x'^  siècle  et  aux  premières  années  du  siècle  suivant, 
quoique  la  Saga  de  Niai  ait  été  composée  environ  cent  ans  plus  tard. 
C'est  l'époque  où  le  christianisme  s'est  introduit  en  Islande  ;  mais  les 
mœurs  dont  la  Saga  de  Niai  nous  offre  le  tableau  sont  bien  celles  des 
anciens  hommes  du  Nord,  mœurs  souvent  féroces,  où  pourtant  on 
retrouve  à  tout  instant,  à  côté  d'instincts  brutaux,  la  trace  de  senti- 
ments nobles  et  élevés.  Les  vieilles  lois  dés  Islandais  ressemblent  à 
leurs  récits  nationaux;  elles  les  commentent  et  les  confirment;  elles 
montrent,  dans  la  vie  publique,  ces  hommes  à  la  fois  violents  et  épris 
de  formalisme,  toujours  prêts  à  trancher  leurs  différends  par  les  armes 
et  capables  de  se  quereller  à  l'infini  sur  une  question  de  droit. 

M.  Geffroy  discute  l'attribution  de  la  Saga  de  Niai  à  Saemund  Frode, 
le  rédacteur  présumé  de  VAncienne  Edda,  qui  fut  disciple  de  l'Univer- 
sité de  Paris.  Il  décrit  les  manuscrits  du  Gragas,  le  code  qui  nous  a 
conservé,  réunies  et  commentées,  les  différentes  lois  que  l'Islande  s'est 
données  depuis  l'époque  de  la  colonisation  jusqu'à  la  fin  du  xni«  siècle. 


BIBLIOGRAPHIE.  343 

C'est  en  s'appuyant  sur  ces  deux  textes  et  sur  d'autres  encore  (ju'il 
décrit  les  mœurs  et  les  coutumes  juridiques  de  l'Islande.  Rien  n'est 
plus  curieux,  plus  vivant  que  l'exposé  de  cette  singulière  procédure, 
dont  le  duel  judiciaire  est  souvent  le  dernier  acte.  La  réglementation 
du  duel,  la  substitution  des  épreuves  judiciaires  à  cet  usage  barbare, 
l'emploi  de  la  composition  pécuniaire,  du  wehrgeld,  viennent,  à  la  fin 
du  volume,  nous  rappeler  que  la  civilisation  du  Nord  intéresse  à  plus 
d'un  titre  ceux  qui  se  consacrent  à  l'étude  du  moyen  âge  français. 

Elie  Berger. 


Léon  Dorez.  Le  sac  de  Rome  (1527).  Relation  inédite  de  Jean  Cave, 
Orléanais.  (Extrait  des  Mélanges  d'archéologie  et  d'histoire  publiés 
par  l'École  française  de  Rome,  t.  XVI.)  Rome,  Philip])e  Guggiani, 
^1896.  ln-8°,  90  pages. 

Ce  n'est  pas  simplement  une  relation  inédite  du  sac  de  Rome,  comme 
le  titre  semblerait  l'indiquer,  mais  tout  un  dossier  de  pièces  curieuses 
que  M.  Dorez  nous  offre  sur  le  triste  événement  qui  désola  la  ville  des 
papes.  En  effet,  à  la  relation  de  l'orléanais,  peu  connu  '  et  médiocre 
écrivain,  qu'il  a  tirée  du  ms.  lat.  13841  de  la  Bibliothèque  nationale, 
M.  Dorez  ajoute  :  1°  la  lettre  déjà  connue  et  citée,  mais  restée  inédite 
de  Guillaume  du  Bellay  à  l'amiral  Chabot  (8  juillet  1527);  20  une  lettre 
de  François  le--  à  Clément  VII  (août  1527);  3°  une  lettre  du  cardinal 
Ridolfi  au  chancelier  Du  Prat  (12  octobre  1527);  4°  un  poemetto  de 
Pietro  Corsi,  humaniste  distingué,  dont  l'édition,  publiée  en  1528  à 
Paris,  est  rarissime. 

Amené  naturellement  à  comparer  le  récit  de  Jean  Gave  avec  les 
autres  relations  françaises,  M.  Dorez  a  fait  une  découverte  qui  fait 
honneur  à  sa  perspicacité;  il  montre  péremptoirement  que  l'anonyme, 
dont  le  récit  a  été  publié  par  M.  Omont,  n'est  autre  que  César  Grolier, 
dont  on  avait  déjà  une  chronique  signée  du  sac  de  Rome.  Il  a  pu,  par 
la  même  occasion,  réunir  quelques  indications  sur  le  fils  du  célèljro 
bibliophile  et  sur  sa  famille. 

Nous  signalerons  encore  dans  la  préface  de  M.  Dorez,  les  quelques 
textes  qu'il  a  recueillis  sur  le  pillage  des  collections  romaines,  qui  l'ut 
l'un  des  résultats  de  ce  désastreux  événement. 

E.-G.  L. 


1.  M.  Dorez  le  rapproche  ingénieusement  d'uu  médecin  du  même  nom  lixé 
quelques  années  auparavant  à  Rome  et  d'André  Cave,  secrétaire  apostolique 
sous  le  pontificat  de  Paul  III. 


344  BIBLIOGRAPHIE. 

Carnet  de  voyage  cVun  antiquaire  poitevin^  par  Joseph  Berthelé. 
Paris,  Emile  Leclievalier  ;  Montpellier,  Joseph  Calas,  ^896.  In-8o, 
384  pages. 

La  plupart  des  quarante-cinq  morceaux  qui  composent  ce  volume 
sont  extraits  de  la  Revue  poitevine  et  saintongeaise,  dont  M.  Berthelé  a  été 
le  directeur  et  l'âme  pendant  les  années  qu'il  a  passées  aux  archives 
des  Deux-Sèvres.  Cette  origine  explique,  —  mais  n'excuse  pas  complè- 
tement, —  l'absence  d'ordre  et  de  classement  de  ces  divers  articles; 
c'est  ainsi  que  les  notes  sur  d'Anciens  artistes  et  artisans  poitevins  sont 
séparées  en  deux  et  même  en  trois  tronçons  ^.  Ce  désordre  a  peut-être 
l'avantage  de  mieux  faire  ressortir  la  variété  du  volume,  oii  les  matières 
les  plus  diverses  sont  en  effet  traitées  :  architecture  religieuse,  civile  ou 
militaire,  épigraphie,  lanternes  des  morts,  croix  de  cimetières,  fers  à 
hosties,  etc.,  sans  oublier  les  cloches;  car  chacun  sait  que  qui  dit  Ber- 
thelé dit  cloches;  notre  confrère  s'est  fait  une  spécialité  de  l'archéologie 
campanaire;  toute  une  partie  de  ses  Recherches  pour  servir  à  l'histoire 
des  arts  en  Poitou  (Melle,  Lacuve  ;  Paris,  Thorin,  in-8o),  auxquelles 
l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  a  décerné  en  1890  l'une  de 
ses  récompenses,  est  consacrée  à  cette  matière,  et  il  prépare  sur  la  ques- 
tion un  ouvrage  considérable.  Dans  le  volume  que  nous  annonçons  ici, 
il  n'y  a  pas  moins  de  neuf  articles  consacrés  aux  cloches 2.  Mais  ce  qui 
forme  la  pièce  de  résistance,  ce  sont  des  études  d'archéologie  monu- 
mentale, et  tout  d'abord  le  mémoire  présenté  au  congrès  des  Sociétés 
savantes  le  29  mai  1890  et  dans  lequel  M.  Berthelé  démontre  l'origine 
anglaise  du  donjon  de  Niort  et  fixe  sa  date  de  construction  aux  environs 
des  années  1155-1160.  C'est  à  un  autre  congrès  des  Sociétés  savantes 
qu'a  été  lu  le  4  avril  1893  le  mémoire  sur  la  date  de  l'église  de  Saint- 
Géneroux,  qu'il  attribue  à  la  seconde  moitié  du  x^  siècle.  Sur  l'octogone 
de  Montmorillon,  M.  Berthelé  nous  amène  à  cette  probabilité  que  ce 
monument  fut  intentionnellement  construit  sur  le  plan  du  Saint-Sépulcre 
de  Jérusalem  à  la  mode  des  Templiers. 

A  des  points  de  vue  différents,  je  signalerai  encore  les  documents 
fort  curieux  réunis  par  l'auteur  sur  la  fondation  d'une  école  rurale  en 

1.  En  trois,  si  on  y  fait  rentrer  l'article  sur  les  Anciennes  orgues  de  Notre- 
Dame  de  Mort,  comme  l'indique  le  premier  titre  de  l'article;  à  la  table,  cette 
mention  est  supprimée. 

1.  21.  Quelques  textes  campanaircs  saiiilongeais  et  aunisiens;  25.  Trois 
cloches  inédites  de  Lavouzelle;  26.  La  cloche  de  Charles  VII  à  Niort;  27.  Les 
cloches  du  doyenné  de  Mazières;  34-  Deux  jours  à  Carrépuits  ;  41.  Les  cloches 
de  Lusignan;  42.  Anciennes  cloches  châtelleraudaises;  43.  Un  document  cam- 
panaire périgourdin  du  xvi"  siècle,  conservé  en  Poitou;  44.  Quelques  anciens 
textes  cainpanaires  du  déparlement  de  la  Vienne. 


BIBLIOGRAPHIE.  345 

Poitou  aux  xvi"  et  xyii"  siècles;  les  notes  sur  d'anciens  artistes  et  arti- 
sans poitevins  ou  ayant  travaillé  en  Poitou  ;  enlia  la  notice  nécrologique 
sur  Léopold  Favre,  bien  connu  comme  éditeur  des  glossaires  do 
Du  Gange  et  de  Lacurne  de  Sainte-Palaye,  et  dont  on  ne  sera  pas 
facile  de  trouver  ici  une  bibliographie  ample  et  soignée*. 

En  voilà  suffisamment  pour  montrer  que  notre  confrère  a  bien  fait  de 
réunir  en  volume  ces  articles  perdus  pour  la  plupart  dans  une  revue  de 
province.  Nous  terminerons  par  un  regret  :  pourquoi  le  volume  n'est-il 
pas  muni  d'une  table  alphabétique  des  matières,  instrument  utile,  sinon 
nécessaire,  dans  un  recueil  de  ce  genre? 

E.-G.  L. 


Compte-rendu  du  troisième  congrès  scientifique  international  des 
catholiques  tenu  à  Bruxelles  du  S  au  8 septembre  189i.  Bruxelles, 
SociéLé  belge  de  librairie,  1893.  9  vol.  in-8'^de^57,  34(5,  332,  219, 
496,  203,  346,  3^5  et  84  p.  20  fr. 

Le  compte-rendu  du  troisième  congrès  scientifique  international  des 
cathoUques  est  divisé  en  neuf  sections  :  1»  Introduction;  2"»  Sciences 
religieuses;  3°  Sciences  philosophiques;  4°  Sciences  juridiques  et  éco- 
nomiques; 5°  Sciences  historiques;  G»  Philologie;  1"  Sciences  mathé- 
matiques et  naturelles;  8»  Anthropologie;  9°  Art  chrétien,  et  forme  en 
tout  neuf  volumes  ou  fascicules  qui,  malheureusement,  ne  se  vendent 
pas,  croyons-nous,  séparément.  Bon  nombre  de  mémoires  lus  au  congrès 
sont  de  nature  à  intéresser  nos  lecteurs;  mais  la  place  nous  manque 
pour  les  analyser.  Nous  indiquons  ci-après  ceux  qui  ont  plus  particu- 
lièrement attiré  notre  attention. 

Sciences  historiques  :  Abbé  Duchesne,  Les  anciens  recueils  de  légendes 
apostoliques.  —  Paul  Allard,  La  situation  légale  et  matérielle  du  paga- 
nisme au  milieu  du  IV^  siècle.  —  P.  Cb.  De  Smedt,  Les  origines  du  duel 
judiciaire.  —  P.  Albert  Poncelet,  La  plus  ancienne  vie  de  saint  Géraud 
d'Aurillac(i90^).  —  Paul  Fournier,  De  l'étude  des  collections  canoniques 
du  /!«  au  J//«  siècle.  —  E.  Jordan,  Le  Saint-Siège  et  les  banquiers  ita- 
liens. —  D--  Luka  Jelic,  L'évangélisation  de  l'Amérique  avant  Christophe 

Colomb. 

Philologie  :  L'abbé  F.  Nau,  Le  livre  de  V Ascension  de  l'esprit,  notice 
sur  un  traité  d'astronomie  écrit  en  1279  par  Grégoire  Aboulfarag  dit 
Bar  Hebreus. 

Sciences  religieuses  :  Mgr  Kirsch,  Les  colleclions  de  la  Chambre  apos- 
tolique vers  le  milieu  du  XI V  siècle.  —  Abbé  Auger,  Une  doctrine  spé- 
ciale des  mystiques  au  17 7«  siècle  en  Belgique.  Ruxjsbroeck  et  la  vie 
commune.  —  Abbé  Vacandard,  Saint  Bernard  et  la  reforme  cistercienne 

1.  Malheureusement,  M.  Bertheié  n'en  a  i>as  numéroté  les  articles. 


346  BIBLIOGRAPHIE. 

du  chant  grégorien.  —  Mgr  A.  de  Waal,  Le  chant  liturgique  dans  les 
inscriptions  romaines  du  /F«  au  IX^  siècle. 

Art  chrétien  :  Helbig,  Les  origines  de  la  peinture  de  paysage  dans  l'art 
moderne.  —  Abbé  Favé,  Les  sculptures  flamandes  en  Basse-Bretagne; 
à  propos  du  retable  de  Herdevot. 

Anthropologie  :  Cosquin,  Les  contes  populaires  et  leur  origine.  Dernier 
état  de  la  question.  —  Simonet,  L'influence  de  Vêlement  indigène  dans  la 
civilisation  des  Maures  de  Grenade. 

Nous  n'avons  pas  relevé  dans  l'énumération  précédente  d'importants 
mémoires  sur  les  questions  d'archéologie  préhistorique  dans  le  volume 
intitulé  Anthropologie  et  plusieurs  études  très  précieuses  pour  l'histoire 
ecclésiastique  des  premiers  siècles  dans  le  volume  intitulé  Sciences 
religieuses. 

P.  V. 


LIVRES    NOUVEAUX. 

SOMMAIRE  DES  MATIÈRES. 

Généralités,  314,  439. 

Sciences  auxiliaires.  —  Chronologie,  452,  531.  —  Épigraphie,  457. 
—  Paléographie,  400,  506.  —  Manuscrits,  349,  381,  390,  429,  442,  443, 
461,  484.  —  Imprimés,  329,  335,  336,  393,  491,  495. 

Sources.  —  Chroniques,  287,  529.  —  Correspondance,  370.  — 
Archives,  289,  291,  357,  377,  386,  387,  399,  494,  536,  537,  554.  —  Gar- 
tulaires,  325-328,  332,  362,  555.  —  Chartes,  348,  361.  —  Regestes, 
489,  552. 

BioGRApmE.  —  Lyonnais,  504;  Poitou,  300,  —  Adalbert,  411;  Jean 
d'Angouléme,  368,  468;  Jeanne  d'Arc,  295,  306;  Ariald,  496;  saint 
Augustin  de  Cantorbéry,  465  ;  Benoit  YIU,  550  ;  Blanche  de  Castille, 
363  ;  Robert  Bruce,  466  ;  Calixte  III,  356  ;  Charlemagne,  485  ;  Clément  V, 
441  ;  Clément  de  Metz,  525;  Collalto,  361;  Datini,  324;  Du  Guesclin, 
408;  Dunois,  356;  Ebles,  468  ;  Erlembald,  496;  Gerbert,  502;  Herrade 
de  Landsberg,  526;  Hugues  de  Clers,  468;  Innocent  V,  548;  Joinville, 
316,  490;  Lancastre,  410;  Laurent  de  Médicis,  391  ;  Nicolas  de  Tolen- 
tino,  540;  Petiot,  313;  Pétrarque,  463;  Pic  de  la  Mirandole,  365;  Pierre 
d'AndIau,  419;  saint  Solenne,  522;  saint  Vital,  379;  Vittorino  de 
Feltre,  557. 

Géooraphie,  367. 


BIBLIOGRAPHIE.  3^7 

Droit,  303,  371,  397,  409,  418,  430,  440,  474,  482,  514,  556. 
Institutions,  294,  298,  373,  374,  389,  390,  398,  440,  448,  454,  558. 
McEDRS,   HISTOIRE   ÉCONOMIQUE,    388,   392,  450,  469,  472,   503,  520, 

Enseignement,  471,  557. 

Sciences,  347,  366,  538. 

Religions.  —  Judaïsme,  293,437;  catholicisme,  420,  479  ;  lipsano- 
graphie,  310;  papauté,  345;  croisades,  415,  528;  inquisition,  474;  ordres 
religieux,  293,  481,  482,  539;  théologie,  351;  liturgie,  453,  543;  maho- 
métisme,  477. 

Archéologie,  315,  337,  344,  467,  475,  501,  507,  513,535.  —  Architec- 
ture, 394,  414,  445,  497,  524,  547.  —  Sculpture,  391,411,434,460,464. 
—  Peinture,  301,423,  451.  —  Poteries,  331.  —  Étoffes,  309.  —  Ameu- 
blement, 517.  —  Art  miUtaire,  296.  —  Musique,  341,  400,  427.  — 
Danse,  534.  —  Jeux,  435.  —  Héraldique,  505.  —  Sigillographie,  286, 
334,  421,  458.  —  Numismatique,  288,  305,  334,  354,  3.^5,  401,  426, 
436,  483,  533. 

Langues  et  littératures,  290,  307,  428,  486.  —  Langue  grecque,  292, 
551.  —  Latine,  302,  352.  —  Langues  romanes,  339;  français,  293,  364, 
492,  499,  518,  519;  italien,  297,  338,  444.  —  Langues  germaniques; 
allemand,  350,  402,  416,  493,  527;  anglais,  333,  343,  449.  —  Langues 
slaves,  462. 

SOMMAIRE  GÉOGRAPHIQUE. 

Allemagne,  305,  311,  320,  358,  375,  376,  401,  403,  412,421,422,424, 
432,  446,  470,  476,  512,  542,  545,  555. 

Autriche-Hongrie,  323,  372,  431,  535. 

Belgique,  298,  328,  340,  348,  430,  536,  544. 

Espagne,  382,  384. 

FR.ANCE,  498,  509.  —  Bretagne,  406,  407;  Bresse,  405;  Champagne, 
293;  Flandre,  472;  Gascogne,  363;  Limousin,  541  ;  Marsan,  539;  Niver- 
nais, 508  ;  Picardie,  501.  -  Ain,  378;  Aube,  291;  Calvados,  380;  Cha- 
rente, 387;  Côte-d'Or,  385;  Creuse,  294;  Deux-Sèvres,  399;  Drùme, 
312;  Eure-et-Loir,  326,  359,  360;  Gard,  369,  398,  478;  Gers,  308,  318; 
Jura,  319;  Loire-Inférieure,  455;  Manche,  289;  Marne,  515;  Mayenne, 
325,  40i;  Meurthe-et-Moselle,  500;  Nièvre,  438;  Nord,  386;  Pas-de- 
Calais,  332,  516,  521  ;  Pyrénées-Orientales,  357;  Rhône,  480,  546;  Seine, 
440;  Seine-et-Oise,  327,  413;  Seine-Inférieure,  459. 

Grande-Bretagne,  321,  330,  342,  383,  414,  445,  447,  524. 

Italie,  299,  304,  317,  322,  353,  456,  473,  487,  488,  494,  532,  549. 


348  BiBLioGRAPere. 

Pays  Scandinaves,  511. 
Russie,  395,  409. 
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Lucifer  (1150-1350).  V.  Les  Premiers  prosateurs  de  la  Champagne  et 
de  la  Brie,  suivis  d'anecdotes  extraites  des  œuvres  de  Robert  de  Sor- 
bon  et  du  recueil  d'Etienne  de  Bourbon.  VI.  Les  Juifs  et  les  Templiers 
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529.  ScHULz  (Paul).  Zur  Glaubwiirdigkeit  der  Chronik  des  Abtes 
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and  Co.,  1897.  In-8",  214  p.  7  sh.  6  d. 


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531.  Simon  (Max),  Cohen  (L.).  Ein  neuer  Maphtëach.  Schlûssel  zur 
leichten  Umrechnung  jùdischer  und  christlichen,  sowie  zur  Bestim- 
mung  des  Wochentages  eines  jeden  belieb.  Datum  fur  die  Jahre  4105- 
5760  A.  M.  =  345-2000  A.  C.  Berlin,  M.  Poppelauer,  1897.  Gr.  in-4o, 
viii-38  p.  3  m. 

532.  SiRACusA  (G.-B.).  La  Battaglia  di  Lipari  del  1339  e  la  leggenda 
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Gaetano  M.  Golumba-Giuiia  Salinas.) 

533.  Smolik  (Josef).  Denary  ûdelnych  knîzat  na  Morave  (xi  a  xir  stol.). 
[Deniers  des  princes  indépendants  de  Moravie.]  Prague,  Bursik  et 
Koliout,  1896.  In-8o,  71  p.,  planches.  (Rozpravy  ceské  akad.  cisare 
Frantiska  Josefa.  Rocnik  V,  trida  i,  c.  2.)  80  kr. 

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lettre-préface  par  Jules  Glaretie.  Paris,  Noble,  1897.  Gr.  in-8°,  iv-303  p., 
gravures. 

535.  Soupis  pamâtek  historickych  a  umeleckych  v  krâlovstvi  ceském 
od  praveku  do  pocâtku  xix  stoleti.  Vydâvâ  archaeologickâ  kommisse 
pri  ceské  akad.  cis.  Frantiska  Josefa.  [Monuments  historiques  et  archéo- 
logiques de  Bohême.]  I-H.  Prague,  Bursik  et  Kohout,  1897.  Gr.  in-8°, 
118  p.,  avec  7  pi.  et  162  illustr.;  94-n  p.,  avec  91  illustr.  2  fl.  25  et 
1  fl.  80. 

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Trond,  Moreau-Schouberechts,  1895.  In-8°,  160  p. 

537.  SuGHET  (chanoine).  Note  sur  les  archives  et  mémoires  manuscrits 
de  l'Académie  de  Besançon.  Besançon,  impr.  Jacquin,  1897.  In-S*»,  15  p. 

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Uebergang  vom  Orient  in  den  Occident.  2.  Aullage.  Aarau,  II.-R.  Sauer- 
lànderz,  1897.  In-8°,  31  p.  (Extrait  du  Jahresheft  fur  den  schweizerischen 
Gymnasiallehrerverein.)  1  fr. 

539.  Tauzin  (abbé  J.-J.-C.).  Les  Serors  menudetes  de  l'orden  de 
Sancta  Clara  et  les  Frères  mineurs  dans  le  pays  de  Marsan.  Auch, 
impr.  Foix,  1896.  In-8°,  34  p. 

540.  Tonna- B.\RTHET  (le  P.).  "Vie  de  saint  Nicolas  de  Tolentino. 
Bruxelles,  Desclée,  de  Brouwer  et  O^,  1896.  In-8°,  240  p.,  illustr. 
1  fr.  50. 

541.  TouRNiEDX  (Z.).  De  quelques  seigneuries  de  la  Marche,  du  Limou- 
sin et  des  enclaves  poitevines.  III  :  la  Vicomte  de  Monteil  et  ses  arrière- 


368  BIBLIOGRAPHIE. 

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200  p.,  carte. 

542.  Urkundenbuch  der  Stàdt  Lùbeck,  herausgegeben  von  dem 
Vereine  fur  lùbeckische  Geschichte.  X,  1-2.  Lùbeck,  E.  Schmersahl 
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le  diocèse  de  Rouen  et  en  Angleterre.  Paris,  5,  rue  Saint-Simon,  1897. 
In-8°,  19  p.  (Extrait  de  la  Revue  des  questions  historiques,  janvier  1897.) 

544.  Van  Havermaet  (Henri).  Souvenirs  d'un  vieux  Bruxellois.  L'ab- 
baye de  l'Olive,  fouilles,  découvertes,  histoire,  légendes.  Ruines  du  châ- 
teau de  Mariemont.  Bruxelles,  A.  Vromant,  1897.  In-S»,  13  p.  (Extrait 
de  y  Annuaire  de  la  Société  d'archéologie  de  Bruxelles,  tome  VIII.) 

545.  Van  Niessen  (Paul).  Geschichte  der  Stadt  Dramburg.  Dramburg, 
O.  Jancke,  1897,  In-S»,  451  p.,  1  carte,  1  plan.  6  m. 

546.  Varax  (Paul  de).  Histoire  d'Amplepuis.  Lyon,  impr.  Mougin- 
Rusand,  1896.  In-8°,  394  p. 

547.  Vesly  (Léon  de).  Marques  ou  signes  lapidaires  relevés  sur  l'ab- 
batiale de  Saint-Ouen  de  Rouen.  Rouen,  impr.  Leprétre,  1897.  In-8°, 
10  p.  (Extrait  du  Compte-rendu  de  la  deuxième  session  des  assises  de 
Caumont.) 

548.  Vie  du  bienheureux  Innocent  V  (frère  Pierre  de  Tarentaise), 
archevêque  de  Lyon,  primat  des  Gaules  et  premier  pape  de  l'ordre  des 
Frères  Prêcheurs,  par  un  religieux  du  même  ordre.  Rome,  impr.  Vati- 
cane,  1896.  ln-8<',  yiii-366  p. 

549.  ViNGENTi  (G.).  La  contea  di  Noladal  sec.  xiii  al  xvi.  Napoli,  Giro- 
lamo  Goppini,  1897.  In-16,  vni-95  p.  2  1. 

550.  Wappler  (Paul  Georg.).  Papst  Benedickt  VIII,  1012-1024.  Leip- 
zig, Schàfer  und  Schônfelder,  1897.  In-S»,  103  p.  1  m.  50. 

551.  Wartenberg  (Georg.).  Das  mittelgriechische  Heldenlied  von  Basi- 
leios  Digenis  Akritis.  Berlin,  R.  Gaertner,  1897.  In-4o,  20  p.  1  m. 

552.  Wauters  (Alphonse).  Table  chronologique  des  chartes  et 
diplômes  imprimés  concernant  l'histoire  de  la  Belgique.  Tome  IX 
(1325-1339).  Bruxelles,  Hayez,  1896.  In-4o,  vi-xlvi-933  p.  (Collection 
des  chroniques  belges  inédites.) 

553.  Weinhoi.d  (Karl).  Die  deutschen  Frauen  in  dem  Mittelalter. 
Wien,  C.  Gerold's  Sohn,  1897.  In-S»,  v-393  et  iii-353  p.  15  m. 

554.  Wenck  (Adolf).  Das  Ratsarchiv  zu  Borna  (bi?  1600).  Borna, 
R.  Noske,  1897.  In-4'',  43  p.  1  m.  20. 


BIBLIOGRAPHIE.  369 

555.  Westfâlisches  Urkundonbuch.  VI.  Die  Urkunden  des  Bisthums 
Minden  vom  Jahre  1201-1300.  Bearbeilet  voii  D""  H.  lloogeweg.  2.  Muns- 
ter, Regensberg,  1897.  In-^l",  p.  161-320.  5  m. 

556.  WoLF  (Victor),  baron  von  Glanvell.  Die  Ganonessanmlung  des 
Cod.  Vatican,  lat.  1318.  Wien,  G.  Gerold's  Sohn,  1897.  ln-8°,  55  p. 
(Extrait  des  Silzungsberichte  der  k.  Akademie  der  Wisserischaften.)  0  fl.  65. 

557.  WooDWARD  (W.  H.).  Vittorino  da  Feltre  and  other  humanist 
educators.  Gambridge,  University  Press,  1897.  In-8°,  268  p.  6  sh. 

558.  Wretschko  (Alfred  von).  Das  ôsterreichische  Marschallamt  im 
Miltelalter.  Wien,  Manz,  1897.  In-S»,  xxvi-263  p.  2  fl.  50. 


^897  24 


CHRONIQUE  ET  MÉLÂN&ES. 


La  Société  de  l'École  des  chartes  a  procédé  au  renouvellement  de 
son  bureau  et  de  ses  commissions  pour  l'année  1897-1898.  Ont  été 
nommés  : 

Président  :  M.  G.  Paris. 

Vice-président  :  M.  Lelong. 

Secrétaire  :  M.  Gourteault. 

Secrétaire-adjoint  :  M.  Gh.  de  la  Roncière. 

Archiviste-trésorier  :  M.  E,  Lefèvre-Pontalis. 

Membres  de  la  Commission  de  publication  :  MM.  Delisle,  de  Lasteyrie, 
Omont.  —  Membres  suppléants  :  MM.  Ledos  et  Valois. 

Membres  de  la  Commission  de  comptabilité  :  MM.  de  Barthélémy, 
Bruel,  Morel-Fatio. 

Membres  de  la  Commission  de  publication  des  Mémoires  et  documents  : 
MM.  Giry,  A.  Lot,  Aug=  Molinier,  Prou,  Valois. 

Les  examens  de  fin  d'année  de  l'École  des  chartes  ont  eu  lieu  du 
l^""  au  8  juillet  1897.  Ils  ont  porté  sur  les  textes  et  les  questions  qui 
suivent  : 

Première  année. 

Épreuve  orale. 

1°  Paléographie  latine  :  Lecture  d'une  charte  donnée  par  l'abbaye 
de  Bonneval  à  Alphonse  de  Poitiers. 

2°  Interrogations  sur  l'histoire  de  France. 

3°  Traduction  latine  :  Charte  n"  318  des  Rôles  gascons,  édit.  Bémont, 
page  84. 

4°  Paléographie  française  :  Lettre  de  Wichars  de  Borbone  de  l'an  1286. 

5°  Philologie  romane  :  On  a  mis  sous  les  yeux  des  élèves  un  texte 
en  dialecte  picard,  dont  ils  ont  dû  déterminer  l'origine  en  classant  les 
faits  d'ordre  linguistique  qu'il  contient. 

Épreuve  écrite. 

1°  Texte  latin  à  transcrire  d'après  le  fac-similé  n°  731  de  l'ancien 
fonds  de  l'École. 


i 


CHROMQUE    ET   MÉLANGES.  374 

•2«  Texte  roman  à  transcrire  d'après  le  lac-similo  n»  198  du  nouveau 
fonds  de  l'Ecole. 

3<>  Texte  latin  à  traduire  tiré  de  Vllistoire  de  Sisteron  de  Laplane. 

4°  Texte  provençal  à  traduire  tiré  du  Livre  des  privilèges  de  Manosque 
d'Isnard.  Les  élèves  ont  eu  en  outre  à  répondre  à  la  question  suivante  : 
Que  devient  d  latin  entre  deux  voyelles  dans  les  diverses  variétés  du 
roman  de  France  ? 

5°  Bibliographie  :  I.  Qu'entend-on  par  ouvrages  anonymes  et  pseu- 
donymes? Suivant  quelles  règles  et  à  l'aide  de  quels  répertoires  biblio- 
graphiques doit-on  rédiger  les  cartes  par  lesquelles  ces  ouvrages  sont 
représentés  dans  les  différents  catalogues  d'une  bibliothèque  ? 

II.  Rédiger  les  cartes  auxquelles  donnent  lieu,  dans  un  catalogue 
alphabétique  des  noms  d'auteur  et  dans  un  catalogue  méthodique  des 
matières,  les  deux  ouvrages  suivants  :  1°  M.  T.  Ciceronis  opéra...  éd. 
variorum.  Amslerdam,  112k.  2°  Voyage  de  la  sainte  Cijté  de  Uiérusalem, 
publ.  par  Gh.  Schefer,  1882. 

Deuxième  année. 
Épreuve  orale. 

1°  Paléographie  :  Lecture  de  quelques  lignes  d'un  manuscrit  de  la 
bibliothèque  d'Évreux  du  commencement  du  xui^  siècle. 

2°  Diplomatique  :  Du  titre  des  souverains  de  la  France  dans  les  actes 
de  la  chancellerie  royale  depuis  l'époque  mérovingienne  jusqu'à  la  lin 
de  l'ancien  régime. 

3°  Institutions  :  I.  Quelles  sont  les  juridictions  administratives  de 
l'ancien  régime  ayant  les  attributions  de  cours  souveraines  ? 

II.  Par  qui  le  contentieux  administratif  était-il  jugé  sous  le  régime 
de  la  constitution  de  1791  ? 

4°  Sources  de  l'histoire  de  France  :  Les  Miracles  de  saint  Benoit; 
auteurs  et  date  de  composition  des  différentes  parties  du  recueil.     ' 

5»  Classement  d'archives  :  I.  Dans  un  dépôt  en  désordre  où  toutes 
les  liasses  et  les  registres  sont  mêlés,  quelle  méthode  doit-on  suivre 
pour  constituer  les  fonds  et  préparer  les  éléments  du  classement  de 
ces  fonds  ? 

IL  Indiquer  quelle  est  la  composition  de  la  série  O  des  archives 
départementales  et  comment  elle  doit  être  classée. 

Épreuve  écrite. 

1"  Texte  à  transcrire  d'après  le  fac-similé  n»  258  du  nouveau  fonds 
de  l'École. 

2°  Texte  latin  à  traduire  tiré  des  Relations  politiques  des  comtes  de  Faix 
avec  la  Catalogne,  par  M.  Baudon  de  Mony. 


372  CHRONIQUE   ET   MELANGES. 

3°  Texte  à  analyser  tiré  de  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes, 
t.  LVn,  p.  405. 

4°  Diplomatique  :  I.  Quelles  ont  été  les  diverses  espèces  de  sceaux 
employés  pour  valider  les  actes  des  rois  de  France  au  xiv^  siècle? 

IL  Expliquer  quelle  est,  au  point  de  vue  diplomatique,  la  nature  du 
document  donné  comme  pièce  à  analyser;  dire  comment  l'original  a  dû 
être  scellé,  et  quelle  mention  devait  figurer  sur  le  repli  ;  donner  la  date 
précise  du  document  d'après  notre  manière  de  compter  en  expliquant 
brièvement  la  manière  de  la  déterminer. 

5»  Institutions  :  Quelles  sont  les  attributions  de  la  cour  du  roi  au 
xnie  siècle?  Quels  sont  les  grands  corps  qui  s'en  détachent  sous  saint 
Louis  ?  Quelles  sont  les  différentes  sections  qui  ont  été  créées  dans  le 
Conseil  du  roi  du  xv^  au  xviii^  siècle? 

Troisième  année. 
Épreuve  orale. 

1°  Paléographie  :  Lecture  d'une  charte  de  l'abbaye  de  Savigny  de 
l'an  1236. 

1°  Droit  :  L  En  quoi  consiste  l'innovation  du  concile  de  Trente  au 
sujet  du  mariage  ? 

II.  A  quelle  époque  et  comment  le  mariage  des  non  catholiques  a-t-il 
été  organisé  pour  la  première  fois  légalement  en  France? 

III.  Que  savez-vous  des  Fausses  décrétâtes  ? 

3"  Archéologie  :  Quels  sont  les  principaux  éléments  du  costume 
militaire  au  début  du  règne  de  Charles  V  ? 

Épreuve  écrite. 

1°  Texte  à  transcrire  d'après  le  fac-similé  n"  732  de  l'ancien  fonds 
de  l'École. 

20  Droit  :  L  Qa'entend-on  par  droit  de  maineté  ou  juveignerie,  et  par 
tenure  en  parage  ? 

IL  De  quoi  se  compose  le  Corpus  jiiri s  civi lis  ? 

3°  Archéologie  :  De  l'emplacement  et  de  la  forme  des  clochers  dans 
les  églises  du  xn^  et  du  xiii«  siècle. 

4°  Sources  de  l'histoire  de  France  :  Biographie  sommaire  et  œuvres 
historiques  de  Geoffroi  de  Beaulieu,  Jean  de  Venette,  Olivier  de  la 
Marche. 

A  la  suite  des  examens  et  par  arrêté  ministériel  du  mois  de  juillet 
1897,  ont  été  admis  à  passer  en  deuxième  année  (ordre  démérite)  : 

MM.     1.  Gauthier. 

2.  Gaudin. 


CHRONIQCE   ET   MÉLANGES.  373 

3.  Besnier. 

4.  Du  VAL. 

5.  DUQAST. 

6.  Du  Mesnil  de  Maricourt. 

7.  Flament. 

8.  De  Dampierre. 

9.  poin sotte. 

10,  BouLENGER  (Jacques). 
H.  Berland. 

12.  Esquer. 

13.  Guillemot. 

14.  De  Coussemaker. 

15.  Galmette. 

16.  Gandilhon. 

17.  Robert  (à  titre  étranger). 

Ont  été  admis  à  passer  en  troisième  année  (ordre  de  mérite)  : 

mm.    1.  poupardin. 

2.  Vilnet. 

3.  Ghalandon. 

4.  Thibault. 

5.  HlLDENFlNGER. 

6.  Rastoul. 

7.  Brou. 

8.  Sustrac. 

9.  Rouget. 

10.  Oursel, 

11.  De  Lasteyrie. 

12.  Le  Sourd. 

13.  Dreux. 

14.  Le sort. 

15.  L ANDRE. 

16.  escoffier. 

17.  Villemsens. 

Ont  été  admis  à  subir  l'épreuve  de  la  thèse  (ordre  alphabétique)  : 

MM.      1.    AUBRY. 

2.  Brandin. 

3.  Garon. 

4.  Dagier. 

5.  Deprez. 

6.  Deslandres. 

7.  Grand. 

8.  Pérouse. 

24* 
1897 


i 


374  CHRONIQUE   ET   MÉLANGES. 

9.  Petit. 
10.  Poux. 
H.  Privât. 

12.    VlDlER. 

—  Une  erreur  s'est  glissée  dans  notre  dernier  cahier,  p.  206.  Sur  la 
liste  de  classement  par  ordre  de  mérite  des  thèses  des  élèves  de  l'École 
des  chartes,  le  quatrième  rang,  immédiatement  après  MM.  Morel, 
Lauer  et  Pinet  de  Manteyer,  aurait  dû  être  attribué  à  M.  Schmidt,  dont 
la  thèse  avait  été  jugée  digne  d'être  signalée  à  M.  le  Ministre  de  l'ins- 
truction publique. 

—  Par  arrêté  en  date  du  6  mai,  notre  confrère  M.  Paul  Meyer  a  été 
nommé  directeur  de  l'Ecole  des  chartes  pour  une  nouvelle  période  de 
cinq  ans. 

—  Par  arrêté  en  date  du  9  avril,  notre  confrère  M.  Ch.  Mortel  a  été 
chargé  du  cours  de  bibliographie  et  service  des  bibliothèques  à  l'École 
des  chartes  pendant  le  second  semestre  de  1897. 

—  Par  arrêté  en  date  du  6  mai,  notre  confrère  M.  Léon  Gautier  a 
été  autorisé  à  se  faire  suppléer  pendant  le  second  semestre  de  1897  dans 
la  chaire  de  paléographie  de  l'École  des  chartes  par  notre  confrère 
M.  Élie  Berger. 

—  Le  4  juin  1897,  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  a  élu 
M.  Longnon  membre  du  Conseil  de  perfectionnement  de  l'École  des 
chartes  en  remplacement  de  M.  le  comte  de  Mas  Latrie. 

—  Notre  confrère  M.  Léopold  Delisle  a  été  élu  par  l'Institut,  le  7  juil- 
let 1897,  pour  trois  ans,  l'un  des  trois  conservateurs  du  musée  Condé 
fondé  par  le  duc  d'Aumale  au  château  de  Chantilly. 

—  Par  arrêté  en  date  du  4  mars,  notre  confrère  M.  Welvert,  sous- 
chef  de  bureau  au  ministère  de  l'instruction  publique,  est  nommé 
secrétaire-adjoint  aux  Archives  nationales;  nos  confrères  MM.  A.  Du- 
noyer  et  R.  Viilepelet,  rédacteurs  arU  ministère  de  l'instruction  publique, 
sont  nommés  archivistes  aux  Archives  nationales. 

—  Par  arrêté  en  date  du  3  avril,  notre  confrère  M.  F.  Delaborde  est 
nommé  sous-chef  de  la  section  historique  aux  Archives  nationales. 

—  Par  arrêté  en  date  du  môme  jour,  notre  confrère  M.  Georges  Dau- 
met  est  nommé  archiviste  aux  Archives  nationales. 

—  Par  arrêté  en  date  du  23  avril,  notre  confrère  M.  Palustre  est 
nommé  archiviste  des  Pyrénées-Orientales. 

—  Par  arrêté  en  date  du  30  avril,  notre  confrère  M.  Maisonobe  est 
nommé  archiviste  de  Tarn-et-Garonne. 


CHBONIQDE    ET    MELANGES.  375 

—  Par  arrêté  en  date  du  26  mai,  notre  confrère  M.  Bourde  de  la 
Rogerie  est  nommé  archiviste  du  Finistère. 

—  Par  arrêté  en  date  du  31  mai,  notre  confrère  M.  Forée  est  nommé 
archiviste  de  la  Lozère. 

—  Par  arrêté  en  date  du  27  avril,  notre  confrère  M.  Albert  Gérard 
a  été  nommé  sous-bibliothécaire  adjoint  au  service  de  la  Bibliothèque 
et  du  Musée  historique  de  la  ville  de  Paris. 

—  Par  arrêté  en  date  du  30  mars  est  nommé  membre  non  résidant 
du  Comité  des  travaux  historiques  notre  confrère  M.  Jules  Finot, 
archiviste  du  Nord. 

—  Par  arrêté  en  date  du  même  jour  sont  nommés  correspondants 
du  ministère  de  l'instruction  publique  nos  confrères  MM.  Edouard 
André,  archiviste  de  l'Ardèche;  J.  Berthelé,  archiviste  de  l'Hérault; 
Bloch,  archiviste  du  Loiret;  G.  Bourbon,  archiviste  de  l'Eure;  A.  Bour- 
geois, archiviste  de  Loir-et-Cher;  Max  Bruchet,  archiviste  de  la  Haute- 
Savoie;  Brutails,  archiviste  de  la  Gironde;  Chavanon,  archiviste  de  la 
Sarthe;  Claudon,  archiviste  de  l'Allier;  Goiiard,  archiviste  de  Seine-et- 
Oise;  Demaison,  archiviste  de  la  ville  de  Reims;  Dcsplanque,  archi- 
viste des  Pyrénées-Orientales  (nommé  depuis  bibliothécaire  de  la  ville 
de  Lille);  G.  Durand,  archiviste  de  la  Somme;  Duval,  archiviste  de 
l'Orne;  Duvernoy,  archiviste  de  Meurthe-et-Moselle;  de  Flamare, 
archiviste  de  la  Nièvre;  P.  de  Fleury,  archiviste  de  la  Charente;  de 
Fréminville,  archiviste  de  la  Loire;  J.  Gauthier,  archiviste  du  Doubs; 
Louis  de  GraHdmaison,  archiviste  d'Indre-et-Loire;  Eugène  Hubert, 
archiviste  de  l'Indre;  A.  Hugues,  archiviste  de  Seine-et-Marne; 
Labande,  conservateur  de  la  bibliothèque  de  la  ville  d'Avignon; 
Labrouche,  archiviste  des  Hautes-Pyrénées  ;  Laurent,  archiviste  des 
Ardennes;  Lemoiae,  archiviste  du  Finistère  (depuis  attaché  au  Cata- 
logue des  imprimés  de  la  Bibliothèfiue  nationale);  Lerapereur,  archi- 
viste de  l'Aveyron;  Leroux,  archiviste  de  la  Haute-Vienne;  Lex,  archi- 
viste de  Saône-et-Loire ;  René  Merlet,  archiviste  d'Eure-et-Loir; 
Fr.  Molard,  archiviste  de  l'Yonne;  Moris,  archiviste  des  Alpes-Mari- 
times; Musset,  bibliothécaire  de  la  Rochelle;  Parfouru,  archiviste 
d'IUe-et- Vilaine  ;  Pasquier,  archiviste  de  la  Haute-Garonne;  Pélicier, 
archiviste  de  la  Marne;  Ch.  Portai,  archiviste  du  Tarn;  Prudhomme, 
archiviste  de  l'Isère;  Alfred  Richard,  archiviste  de  la  Vienne;  G.  Ron- 
chon, archiviste  du  Puy-de-Dôme;  Souchon,  archiviste  de  l'Aisne; 
Tholin,  archiviste  de  Lot-et-Garonne;  Emile  Travers;  Trouillard, 
archiviste  de  l'Ariège;  Vernier,  archiviste  de  la  Savoie. 

—  Sur  la  liste  des  membres  d'une  Commission  supérieure  des  expo- 
sitions rétrospectives  des  beaux-arts  et  des  arts  décoratifs  près  l'Expo- 
sition universelle  de  1900,  nommée  par  arrêté  ministériel  en  date  du 


376  CHRONIQUE   liT   MELANGES. 

14  mai  1897,  figurent  les  noms  de  nos  confrères  MM.  L.  Delisle,  J.  Guif- 
frey,  E.  Molinier,  B.  Prost,  G.  Servois. 

M.  E.  Molinier  a  été  nommé  chef  du  service  des  expositions  rétros- 
pectives de  l'Exposition  de  1900. 

—  Dans  la  séance  de  clôture  du  Congrès  des  Sociétés  savantes,  le 
24  avril  1897,  M.  le  Ministre  a  annoncé  dans  les  termes  suivants  la 
décoration  de  la  Légion  d'honneur  accordée  à  notre  confrère  M.  Jules 
Finot  : 

«  M.  Jules  Finot  nous  serait  suffisamment  connu  rien  que  par  les 
savants  mémoires  qu'il  a  lus  dans  le  présent  Congrès.  Ancien  élève  de 
l'École  des  chartes,  successivement  archiviste  dans,  les  départements  du 
Jura  et  du  Nord,  lauréat,  en  1873,  du  concours  des  antiquités  natio- 
nales, correspondant  au  ministère  depuis  1875,  il  a,  tout  en  publiant 
de  nombreux  inventaires  d'archives,  trouvé  le  temps  de  faire  person- 
nellement œuvre  d'historien,  et  il  ne  s'est  pas  cantonné  uniquement 
dans  les  siècles  écoulés,  car  il  a  écrit  Une  mission  militaire  en  Prusse 
et  la  Défense  nationale  dans  le  Nord  de  1792  à  1802.  » 

—  Le  décret  nommant  M.  Finot  chevaUer  de  la  Légion  d'honneur  a 
été  signé  le  H  juillet  1897. 

—  Par  arrêté  en  date  du  16  janvier  ont  été  nommés  officiers  d'Aca- 
démie nos  confrères  MM.  Marius  Barroux,  sous-chef  de  bureau  à  la 
préfecture  de  la  Seine,  Camille  Bloch,  archiviste  départemental  du 
Loiret. 

—  Par  arrêtés  en  date  du  23  avril  1897  ont  été  nommés  : 

Officiers  de  l'Instruction  publique  : 

M.  Joseph  Berthelé,  président  de  la  Société  des  langues  romanes, 
correspondant  du  ministère  de  l'instruction  pubUque. 

M.  René  Leblanc  de  Lespinasse,  président  de  la  Société  nivernaise 
des  lettres,  sciences  et  arts. 

M.  Georges  Guigne,  archiviste  en  chef  du  département  du  Rhône, 
correspondant  du  Comité  des  Sociétés  des  beaux-arts  des  départements. 

Officiers  d'Académie  : 

M.  Lucien  Auvray,  membre  de  la  Société  historique  et  archéolo- 
gique de  l'Orléanais. 

M.  Léon  Dorez,  membre  de  la  Société  académique  d'agriculture, 
sciences,  arts  et  belles-lettres  du  département  de  l'Aube. 

M.  Louis  de  Grandmaison,  archiviste  du  département  d'Indre-et- 
Loire,  correspondant  du  Comité  des  Sociétés  des  beaux-arts  des  dépar- 
tements. 

M.  Gilbert  Jacqueton,  lauréat  de  l'Institut,  archiviste  paléographe, 
ancien  secrétaire  de  la  Société  historique  algérienne. 


CHRONIQUE    ET   MELANGES.  377 

M.  Paul  Marichal,  archiviste  paléographe,  membre  de  la  Société 
d'archéologie  lorraine. 

M.  Alfred  Spont,  archiviste  paléographe,  membre  de  la  Société  de 
l'École  des  chartes. 

—  L'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  a  décerné  le  premier 
prix  do  la  fondation  du  baron  Gobert  à  notre  confrère  M.  Funck-Bren- 
tano,  pour  son  ouvrage  intitulé  Philippe  le  Bel  en  Flandre. 

—  Elle  a  donné  le  second  prix  de  la  même  fondation  à  l'ouvrage  de 
notre  confrère  M.  Baudon  de  Mony  :  Relations  politiques  des  comtes  de 
Foix  avec  la  Catalogne. 

—  Au  concours  des  Antiquités  de  la  France,  les  récompenses  sui- 
vantes ont  été  accordées  aux  travaux  de  plusieurs  de  nos  confrères  : 

2°  médaille.  Histoire  des  relations  de  la  France  avec  Venise  du  XIll"  s. 
à  l'avènement  de  Charles  VIII,  par  feu  M.  P. -M.  Perret. 

3°  médaille.  La  Chronique  de  Nantes,  par  M.  René  Merlet. 

4<=  médaille.  Chronique  de  Richard  Lescot,  religieux  de  Sainl-Denis,  par 
M.  Lemoine. 

l^o  mention  honorable.  Le  Procès  de  Guichard,  évoque  de  Troycs,  par 
M.  A.  Rigault. 

4<'  mention  honorable.  Essai  sur  les  prcsidiaux,  par  M.  Laurain. 

—  La  Société  des  antiquaires  de  Picardie  met  au  concours  pour  1808 
les  sujets  suivants  : 

Prix  d'histoire.  —  Fondation  Le  Prince.  Une  médaille  d'or  de  la 
valeur  de  500  fr.  à  l'auteur  du  meilleur  Mémoire  manuscrit  sur  un  sujet 
d'histoire  relatif  à  la  Picardie,  antérieur  à  1789,  laissé  au  choix  des  con- 
currents. 

Prix  d'archéologie.  —  Fondation  Le  Dieu.  Une  médaille  d'or  de  la 
valeur  de  800  fr.  à  l'auteur  du  meilleur  A/émoi're  manuscrit  d'archéologie 
concernant  la  Picardie,  au  choix  des  concurrents. 

Biographie.  —  Prix  offert  par  Madame  Pinsard.  Une  médaille  d'or  de 
la  valeur  de  200  fr.  à  l'auteur  de  la  meilleure  biographie  des  femmes 
picardes  qui  se  sont  illustrées  dans  la  littérature,  les  arts,  ou  par  leur 
dévouement  à  la  patrie  ou  à  l'humanité  avant  1789. 

—  Il  vient  de  se  fonder  à  Rennes,  sous  la  présidence  de  M.  J.  Lolb, 
doyen  de  la  Faculté  des  lettres,  et  par  l'initiative  d'un  comité  dont  fai- 
sait partie  notre  confrère  M.  P.  Parfouru,  une  société  d'études  histo- 
riques et  géographiques  de  Bretagne. 

Les  travaux  présentés  par  les  membres  de  la  Société  pourront  être, 
avec  l'approbation  du  Comité  de  publication,  et  sauf  l'assentiment 
de  la  direction  des  A7inales  de  Bretagne,  insérés  dans  ce  périodique,  in 
extenso  ou  autrement. 

Il  est  publié  un  Bulletin  trimestriel  de  la  Société  d'études  historiques  et 


378  CHRONIQUE  ET  MELANGES. 

géographiques  de  Bretagne.   Ce   Bulletin  donne   le   compte-rendu  des 
séances,  conférences,  excursions  et  sessions. 

LE  CODE  THÉODOSIEN  DE  JACQUES  GODEFROY. 

L'édition  du  Code  théodosicn,  à  laquelle  le  nom  de  Jacques  Godefroy 
est  resté  glorieusement  attaché,  ne  fut  publiée  qu'après  la  mort  de 
l'auteur,  chez  un  libraire  de  Lyon,  en  1665.  Il  avait  été  question  de 
l'imprimer  plus  de  trente  ans  auparavant,  comme  l'atteste  une  lettre 
adressée  par  l'auteur,  de  Genève,  le  26  novembre  1631,  à  son  frère 
Théodore  Godefroy.  L'original  de  cette  lettre  vient  d'être  réintégré, 
par  les  soins  de  M.  Noël  Charavay,  dans  les  portefeuilles  de  Godefroy 
à  la  bibliothèque  de  l'Institut.  Nous  croyons  devoir  en  insérer  ici  le 
texte  : 

«  Monsieur  et  frère, 

«  Je  vous  envoyé  finalement  un'  espreuve  du  Code  théodosien,  qui 
est  prest,  pour  en  avoir  vostre  jugement  et  celuy  des  amis,  sçavoir  de 
messieurs  Dupuy  et  Rigaut,  et  non  autres,  parceque  je  ne  désire  pas 
qu'elle  tombe  entre  autres  mains,  et  mesme  je  vous  prie  de  ne  vous  eu 
dessaisir.  Le  jugement  que  j'attends  sera,  s'il  vous  plaist,  sur  la  forme 
de  mon  travail  et  sur  la  forme  de  l'impression.  Par  cest  eschantillon 
vous  pouvés  veoir  les  divers  travaux  qu'il  y  a  sur  un  titre  et  sur  une 
loy.  A  la  fin  il  y  aura  divers  indices,  notices,  glossaires,  chronologies, 
chronographies,  etc.,  qui  tiendront  beaucoup,  comme  aussi  de  grands 
prolégomènes.  Si  quelqu'un  de  vos  imprimeurs  vouloit  entendre  à 
l'impression,  je  seray  bien  aise  d'en  traitter  avec  luy  ;  l'impression  s'en 
feroit  par  deçà,  et  fort  bien.  Dittes  en  quelque  chose  au  sieur  Celerier. 
J'estime  que  le  travail  tiendra  cinq  à  six  cents  feuilles,  qui  sont  deux 
volumes.  Je  n'en  puis  faire  meilleur  marché  que  de  cinq  cents  escus  et 
trente  exemplaires.  Je  vous  prie  d'en  vouloir  parler  et  vous  y  employer. 
Sinon,  j'en  traiteray  avec  nos  gens  par  deçà.  Mais  je  desireray  plus  tost 
que  ce  fussent  vos  marchands  libraires  qui  en  fissent  faire  l'impression 
par  deçà,  à  celle  fin  qu'on  pourveut  à  de  bon  papier.  J'attends  vostre 
response  au  plus  tost. 

«  Je  vous  remercie  de  vos  advis  contenus  en  vos  dernières,  mais  ne 
m'ayant  rien  esté  escript  du  costé  que  vous  sçavés,  il  n'escheoit  plus 
d'en  parler.  Aussi  vous  prie  je  me  faire  part  du  cours  du  marché  et  des 
gazettes. 

«  Je  demeure,  Monsieur  et  frère,  vostre  très  affectionné  frère  et  meil- 
leur amy, 

«  J.  Godefroy. 

»  De  G.,  ce  16/26  novembre  1631. 

«  J'attends  les  Théophiles  de  M.  Rigaut,  auquel  je  baise  humble- 
ment les  mains.  » 


CHRO-NIQDE   ET   MÉLANGES.  379 

PIÈGE  SOUSTRAITE  AU  TRÉSOR  DES  CHARTES 

DES  DUCS  DE  BRETAGNE. 

Dans  un  précédent  volume  de  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes 
(1893,  t.  LIV,  p.  413),  nous  avons  signalé  une  série  do  documents  du 
Trésor  des  chartes  de  Bretagne  qui  avaient  été  mis  on  vente  à  Londres 
et  dont  plusieurs  furent  acquis  par  la  Bibliothèque  nationale.  Une 
pièce  de  même  provenance  se  trouvait  dans  les  collections  du  baron 
Jérôme  Pichon;  elle  a  figuré  sous  le  n°  11  dans  le  catalogue  d'une 
vente  faite  à  Paris  le  10  février  1897,  par  les  soins  de  M.  Noël  Chara- 
vay,  expert  en  autographes.  C'est  une  lettre  adressée,  le  24  septembre 
1394,  à  Jean  de  Montfort,  duc  de  Bretagne,  par  Jean  de  France,  duc 
de  Berri.  En  voici  le  texte  : 

<  Très  cher  et  très  amé  frère, 

«  J'ay  receu  les  lettres  que  envolées  m'avez  par  cost  chevaucheur,  et 
pour  ce  que  par  icelles  desirez  moult  savoir  nouvelles  du  bon  estât  et 
santé  de  monseigneur  le  roy,  vueilliés  savoir,  très  cher  frère,  que,  à  la 
faisances  de  cestes,  mon  dit  seigneur,  madame  la  royne,  monseigneur 
le  dauphin,  beau  neveu  d'Orliens,  et  je  estions  en  bonne  santé,  la  merci 
Nostre  Seigneur;  ce  que  pareillement  désire  savoir  de  vous,  de  belle 
nièce  et  de  mes  neveux  et  nièce  voz  enfans.  Si  vous  prie,  très  cher 
frère,  que  le  plus  souvant  que  bonnement  pourrez  m'en  vueilliez  escrire 
et  faire  savoir  pour  ma  très  grant  joie  et  consolacion. 

«  Et  quant  est,  très  cher  frère,  à  ce  que  escript  m'avez  commant 
vous  estez  venu  devers  beau  frère  de  Bourgongne,  lequel  mon  dit  sei- 
gneur a  envoie  par  delà,  et  qu'il  vous  a  dit  aucunes  choses  que  mon 
dit  seigneur  lui  avoit  enchargées  vous  dire,  et  que  vostre  personne, 
estât  et  besoingnes  vueille  avoir  pour  recommandées  envers  mou 'dit 
seigneur,  vueilliés  savoir,  très  cher  frère,  que,  pour  le  bien,  honneur 
et  proufit  de  vous,  je  seray  très  joieux,  de  tout  mon  cuer,  se  vous  faittes 
le  plaisir  et  volonté  de  mon  dit  seigneur,  ainsi  que  beau  frère  le  vous 
a  dit  et  conseillié;  car,  en  ce  faisant,  vous  serez  au  dessus  de  voz 
besoingnes  et  de  touz  voz  ennemis.  Et  se  vous  ne  le  faittes  ainsi,  très 
grant  domaige  et  inconvénient  est  bien  en  voie  de  vous  en  venir;  car 
voz  amis  seront  voz  contraires,  et  voz  ennemis  au  dessuf.s]<  de  leurs 
besoingnes.  Et  ne  vueilliés  point  croire  que  beau  frère  ne  moy  vous 
voulsissions  dire  ne  conseillier  chose  qui  ne  feust  au  bien  et  honneur 
de  vous.  Si  vueilliés  en  vostre  fait  telement  et  si  brief  aviser  et  faire 

1.  La  dernière  lettre  de  ce  mot  a  été  rognée. 


380  CHRONIQUE  ET  MÉLANGES. 

en  manière  qu'il  ne  conviengne  que  beau  frère,  que  si  longuement  a 
demouré  par  delà,  et  qui  chascun  jour  est  mandé  par  monseigneur 
pour  s'en  servir  devers  lui,  ne  se  parte  sanz  mettre  aucune  bonne 
ordenance  ou  conclusion  en  vostre  fait,  et,  par  voie  qui  soit,  beau  frère 
ne  peut  plus  demourer  par  delà;  car  mon  dit  seigneur  a  neccessaire- 
ment  à  besoingner  de  lui,  pour  aucunes  grosses  besoingnes  qui  moult 
lui  touchent.  Et,  se  ainsi  se  part  sanz  autre  chose  faire,  tel  domaige  et 
inconvénient  est  taillié  de  vous  en  venir  que  jamais  ne  sera  reparé.  Et 
vous  pouez  assez  appercevoir  le  désir  que  monseigneur  a  [à]^  ceste 
besoingne,  d'avoir  envoie  par  delà  tel  seigneur  comme  beau  frère.  Si 
vous  vueilliés  en  ce  telement  porter  et  faire  pour  vostre  bien,  honneur 
et  prouffit  que  nous  touz  voz  amis  en  soyons  joieux,  et  voz  ennemis 
dolens  et  courrociez. 

«  Très  cher  et  très  amé  frère,  le  saint  Esperit  vous  ait  en  sa  sainte 
garde. 

0  Escript  à  Paris  le  xxini^  jour  de  septembre. 

«  Vostre  frère,  le  duc  de  Berry  et  d'Auvergne,  conte  de  Poitou,  de 
Boloingne  et  d'Auvergne  : 

«  JEHAN. 

«  De  g  YVES. 
«  A  mon  très  cher  et  très  amé  frère  le  duc  de  Bretaingne.  » 

Au  dos  de  la  lettre  se  voit  la  cote  que  le  document  portait  au  Trésor 
des  chartes  de  Bretagne  :  a  Armoire  L,  cassette  d,  inventorié  XX.  » 

La  pièce  a  été  acquise  pour  la  Bibliothèque  nationale.  Elle  est  de 
l'année  1394.  Ce  fut  dans  les  derniers  mois  de  1394  que  le  duc  de 
Bourgogne  accomplit  la  mission  dont  le  roi  l'avait  chargé  et  qui  se  ter- 
mina par  une  sentence  arbitrale  en  date  du  24  janvier  1395  (n.  st.) 2. 


Par  décrets  du  mois  de  juillet  1897,  nos  confrères  MM.  J.  Guifïrey 
et  E.  Molinier  ont  été  nommés,  le  premier  officier  de  la  Légion  d'hon- 
neur, le  second  chevalier  du  même  ordre. 

l.J'ai  cru  pouvoir  suppléer  le  mot  à,  qui  n'a  point  été  écrit  par  le  secré- 
taire du  duc  de  Berry. 

2.  D.  Plancher,  fUst.  de  Bourgogne,  t.  III,  p.  140.  —  D.  Morice,  Preuves  de 
l'hist.  de  Bretagne,  t.  II,  col.  633. 


NOTICE  SUR  UN  PSAUTIER 

DU  XlIIe  SIÈCLE 
APPARTENANT  AU  COMTE  DE  CRAWFORD. 


Le  volume  que  je  vais  essayer  de  décrire  m'a  été  fort  gracieu- 
sement communiqué  par  le  comte  de  Crawford,  dont  le  nom  res- 
tera attaché  à  la  formation  d'une  des  plus  belles  bibliothèques 
du  xix«  siècle  :  Bibliotheca  Lindesiana  ' .  Le  possesseur  de 
cette  grande  bibliothèque  est  un  bibliographe  érudit,  dont  les 
publications,  déjà  nombreuses,  ont  mérité  les  éloges  des  juges  les 
plus  difficiles.  C'est  en  même  temps  un  de  ces  bibliophiles  qui  se 
font  un  devoir  et  un  plaisir  de  mettre  leurs  collections  à  la  dispo- 
sition des  savants. 

Parmi  les  volumes  que  lord  Crawford  a  bien  voulu  me  mon- 
trer, j'ai  remarqué  un  psautier  du  xiif  siècle,  jadis  possédé  par 
sir  Henry  Mainwaring  baronet.  Je  ne  saurais  en  indiquer  exac- 
tement l'origine  ;  mais  je  soupçonne  qu'il  a  dû  être  exécuté  par 
un  scribe  et  par  un  ou  plusieurs  enlumineurs  de  l'école  pari- 
sienne, sous  le  règne  de  saint  Louis,  pour  un  membre  de  la 
famille  royale,  ou  pour  un  des  grands  vassaux  ou  des  grands 

1.  La  Société  des  Antiquaires  de  Londres  a  pu  admirer,  il  y  a  une  dizaine 
d'années,  quelques  pièces  choisies  dans  les  trésors  littéraires  du  comte  de 
Crawford.  Le  petit  livret  qui  a  été  publié  à  cette  occasion  mentionne  deux 
morceaux  connus  depuis  longtemps,  qu'on  est  heureux  de  savoir  entre  les 
mains  d'un  amateur  digne  de  les  apprécier.  Le  premier  est  un  papyrus  juste- 
ment célèbre,  sur  lequel  est  écrit  un  acte  de  donation  faite  à  l'église  de  Ravenne 
par  «t  Johannes  Spalharius  »  (Mabilion,  De  re  diplovi.,  Supplem.,  p.  89).  Le 
second  est  un  texte  des  évangiles  de  l'époque  carolingienne,  qui  appartenait 
jadis  au  baron  de  Crassier  et  dont  a  parlé  Montfaucon  {Bibliotheca  Inbliothe- 
carutn  mss.,  t.  I,  p.  605).  —  Voir  Early  bindings,  broadsides,  proclamations 
and  ballads  exhibited  by  the  earl  of  Crawford  al  the  soirée  of  the  Society 
of  Aniiquaries,  23rd  june  1886.  Petit  in-'i"  de  8  p.  plus  le  titre. 

^897  25 


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382 


NOTICK    son    UN    PSAUTIER 


dignitaires  de  la  couronne.  Il  se  compose,  gardes  comprises,  de 
170  feuillets  de  parchemin,  hauts  de  262  millimètres  et  larges 
de  165. 

Le  livre  s'ouvre  par  un  calendrier,  incomplet  des  deux  feuillets 
qui  se  rapportaient  aux  mois  de  janvier,  de  février,  de  septembre 
et  d'octobre.  En  dépit  du  titre  Psallerium  anglo-normann. 
doré  au  dos  du  volume,  le  calendrier  n'a  rien  d'anglais  ni  rien 
de  normand.  On  y  trouve  bien  la  mention  de  saint  Oswald,  du  roi 
saint  Edmond  et  de  saint  Thomas  de  Cantorbéry;  mais  on  y 
chercherait  en  vain  les  noms  de  saint  Cuthbert,  de  saint  Dunstan 
et  de  beaucoup  d'autres  grands  saints  de  l'église  anglo-saxonne. 
Les  saints  des  liturgies  normandes  sont  aussi  pour  la  plupart 
absents.  Par  contre,  la  liturgie  parisienne  est  largement  repré- 
sentée. 

X  kl.  maii.  Inventio  corporum  Dionysii  sociorumque  ejus.  Opor- 
tune. 

iiii  id.  junii.  Landerici,  episcopi  el  confessoris.  Getulii  martyris. 
Gensurii. 

XI  kl.  julii.  Sancti  Leufredi  abbatis. 

VII  kl.  julii.  Translalio  sancti  Eligii,  episcopi  et  confessoris. 

m  id.  juUi.  Turiavi,  episcopi  et  confessoris,  et  aliorum. 

VII  kl.  augusti.  Transk\lio  sancli  MarceUi,  episcopi  el  confessoris. 
Duplum. 

Id.  novembris.  Briccii  episcopi,  et  sancli  Gendulfi,  episcopi  el  con- 
fessoris. 

VI  kl.  decembris.  Genovefe  virglnis,  el  sancli  Marcclli  episcopi. 

III  non.  decembris.  Parisius  susceptio  reliquiarum^ 

Ce  calendrier  a  été  exécuté  avec  un  grand  luxe.  On  a  tenu  à 
ce  que  chaque  ligne  en  fut  remplie  dans  toute  la  longueur.  Les 
articles  en  sont  écrits  en  quatre  couleurs,  qui  se  succèdent  régu- 
lièrement, or,  bleu,  vermillon  et  vert,  alternance  qui  forme  un 
ensemble  aussi  éclatant  qu'harmonieux. 

1.  Les  saints  dout  1  invention  des  reliques  était  célébrée  à  Paris  le  4  décembre 
sont  indiqués  dans  la  première  leçon  de  l'office  de  ce  jour  que  nous  oflVe  un 
bréviaire  de  Paris  ayant  appartenu  à  Charles  V  :  «  Adest  uobis,  dilcclissirai, 
soUempnis  dies  de  iaventioae  sanctarum  reliquiarum,  in  primis  gloriose  sem- 
perque  Virgiuis  Marie  et  sanctorum  Johannis  Baptiste  et  Andrée  apostoli,  Ste- 
phani  prothomartyris  et  beali  Dyonisii,  Gallorum  apostoli.  »  (Ms.  latin  lOÎS  de 
la  Bibl.  nat.,  fol.  ÎGS.) 


À. 


DU   XIII^   SIÈCLE.  383 

Les  mentions  relatives  à  saint  Thomas  de  Cantorbéry  ont  été 
grattées,  comme  aussi  la  qualification  de  pape,  qui  suivait  les 
noms  de  saint  Luce,  de  saint  Grégoire,  de  saint  Sixte,  de  saint 
Léon  et  des  autres  souverains  pontifes. 

Après  le  calendrier  vient  une  suite  de  miniatures  peintes  sur 
des  feuillets  dont  le  côté  opposé  à  la  peinture  est  resté  blanc.  Ces 
miniatures  remplissent  sur  chaque  page  un  cadre  haut  de  153  mil- 
limètres et  large  de  105,  cadre  dans  lequel  sont  inscrits  comme 
il  suit  dix  compartiments,  huit  ronds  et  deux  en  forme  de 
losange,  avec  un  petit  médaillon  au  milieu,  chacun  des  compar- 
timents en  losange  reliant  les  quatre  compartiments  ronds  aux- 
quels il  est  superposé  par  les  extrémités  : 

•i.  rond.  2.  rond. 

3.  losange. 
4.  rond.  3.  rond. 

Médaillon. 
6.  rond.  7.  rond. 

8.  losange. 
9.  rond.  40.  rond. 

Les  petits  médaillons  placés  au  centre  de  chaque  page  ren- 
ferment des  figures  ou  des  ornements  décoratifs.  Dans  les 
compartiments  ronds  ou  en  losange  sont  représentées  des  scènes 
de  l'histoire  évangéhque,  avec  des  légendes  explicatives  tracées, 
en  bleu  et  en  rouge,  sur  les  marges  du  haut,  du  bas  et  des  côtés. 

La  série  des  tableaux  est  loin  d'être  complète.  Le  premier  a 
disparu  ;  il  devait  contenir  dix  petits  cadres  consacrés  à  la  repré- 
sentation des  premières  scènes  de  l'histoire  évangéhque  :  l'An- 
nonciation ,  la  Visitation ,  etc.  Il  est  impossible  de  déterminer 
l'étendue  des  autres  lacunes  que  nous  avons  à  déplorer.  Il  ne 
subsiste  plus  que  cinq  tableaux,  dont  je  vais  indiquer  brièvement 
les  sujets,  en  reproduisant  les  légendes  qui  les  expliquent  : 

I  (fol.  9  v°).  La  Nativité.  L'Adoration  des  bergers.  La  Circon- 
cision. La  Présentation  au  Temple.  Le  Voyage  des  Mages. 

\.  Et  pannis  eum  involvit  et  reclinavit  eum  in  prcsepio.  (Luc, 

2.  Et  ecce  angélus  Domini  ad  pastores  dicens  :  «  Evangehzo  vobis 
gaudium  magnum.  »  [Ibid.^  9  et  -10.) 


384  NOTICE   sou   UN   PSAUTIER 

3.  Pastores  loquebaalur  ad  invicem  :  «  Transeamus  usque  Beth- 
léem. »  [Ibid.,  -15.) 

4.  Et  venerunt  fcstinantes  et  invenerunt  puerum  cum  Maria  matre 
ejus.  [Ibid.,  ^6.) 

5.  Tune  reversi  sunt  pastores,  et  dicunt  :  «  Gloria  in  excelsis 
quia.  »  (Ibid.,  20.) 

6.  Postquam  consummati  sunt  dies  octo,  ut  circumcideretur  puer, 
voeatum  est  nomen  est  [sic]  Jhesus.  [Ibid. ,  24 .) 

7.  Obtulerunt  Jhesum  in  Templo,  et  Symeon  accepit  eum  in  ulnas 
suas.  (Ibid.,  22  et  28.) 

8.  Cura  natus  esset  Jhesus  in  Bethléem  Jude,  très  magi  venerunt 
ab  Oriente  Jerosolimam,  dicentes  :  «  Ubi  est  ?  »  (Matth.,  II,  2.) 

9.  Turbatur  Herodes  et  vocans  principes  sacerdotum  sciscitabatur 
ab  eis  ubi  Ghristus  natus  esset.  At  illi  dixerunt  :  «  In  Bethléem 
Jude.  y>  [Ibid.,  4  et  5.) 

\0.  Tune  Herodes,  clam  vocatis  magis  :  «  Usque  ad  illum  loeum 
ite  et  interrogate.  »  [Ibid.,  7  et  8.) 

II  (fol.  8).  La  Pêche  miraculeuse.  La  Rencontre  de  Jésus  et 
de  Mathieu  au  tonlieu.  La  Guérison  des  malades  de  la  Galilée.  Le 
Sermon  sur  la  montagne.  Les  Noces  de  Gana. 

i.  Factura  est  autem  cum  turbe  irruerent  in  eum,  et  piscatores 
lavabant  retia.  (Luc,  V,  i  et  2.) 

2.  Ascendens  autem  in  unam  navem  que  erat  Simonis,  rogavit 
eum  a  terra  reducere  pusillum.  [Ibid.,  3.) 

3.  Ut  cessavit  autem  loqui,  dixit  ad  Simonera  :  «  Duc  rae  in  altura 
et  laxate  retia.  »  Et  nichil  prendiderunt.  [Ibid.,  4  et  5.) 

4.  Et  cura  hec  fecissent,  comprehenderunt  piscium  multiludinem. 
[Ibid.,  6.) 

5.  Quod  cum  videret  Symon  Petrus,  procidit  ad  genua  Jhesu 
dicens  :  «  Exi  a  me,  quia  homo  peccator  sum.  Domine.  »  {Ibid., 
8  et  9.) 

6.  Et  cum  transiret  illic,  vidit  Levi  sedentem  in  teloneo,  et  secu- 
tus  est  eum.  [Ibid.,  27.) 

7.  Et  circuibat  Jhesus  totam  Gahleam,  sanans  omnera  languorem 
et  infirmitatera.  (Matth.,  IV,  23.) 

8.  Videns  autera  turbas,  Jhesus  ascendit  in  montera,  et  accesse- 
runt  ad  eura  discipuli  ejus;  et  aperiens  os  suura,  docebat  eos  : 
<i  Beali,  »  etc.  [Ibid.,  V,  4-3.) 


DU    XIII*'   SIÈCLE.  385 

9.  Niiptie  facte  sunt  in  Ghana  Galilée,  et  dicit  mater  Jhesu  :  «  Vinum 
non  habent.  »  (Jo.,  II,  ^  el  3.) 

^0.  Erant  ibi  sex  lapidée  ydrie,  etdicil  Jhesus  minislris  :  «  Tmple- 
[te]  ydrias  aqua,  »  et  impleverunl,  etc.  [Ibid.,  6.) 

III  (fol.  10  v").  La  Résurrection  de  la  fille  d'un  prince.  La 
Réception  de  Jésus  par  Marthe.  La  Cueillette  d'épis  par  les  dis- 
ciples de  Jésus  et  la  guérison  d'un  infirme  le  jour  du  sabbat.  Le 
Martyre  de  saint  Jean-Baptiste.  L'Empressement  des  foules  à 
suivre  Jésus. 

-1.  Hic  eicit  Jhesus  turbam  tumultuantem  et  tibicines.  (Matth., 
IX,  23  et  24.) 

2.  Hic  ingreditur  Jhesus  ad  puellam,  cum  Petro,  Jacobo,  Johanne 
et  paire  et  maire  puelle,  et  resurrescit.  [Ibid.,  23.) 

3.  Intravil  Jhesus  in  quoddam  castellum,  et  mulier  quedam, 
Martha  nomine,  excepit  illum  in  domum  suam.  (Luc,  X,  38.) 

4.  Abiil  Jhesus  sabbato  per  sala;  discipuli  autem  ejus  vellebant 
spicas  el  edebanl.  (Luc,  VI,  \.] 

5.  Et  ecce  homo  habens  manum  aridam,  et  sanavit  eum.  (Luc, 
VI,  6eH0.) 

6.  Die  natalis  Herodis  régis,  saltavit  filia  Herodiadis,  et  promisit 
ei  capul  Johannis.  (Matth.,  XIV,  6  el  9.) 

7.  Misitque  rex,  el  decollavil  eum  in  carcere,  et  allatum  est  caput 
ejus,  etc.  [Ibid.^  \0  el  ■IL) 

8.  Et  puella  dedil  malri  sue.  [Ihid.^  \\.) 

9.  Que  audilo,  venerunl  discipuli  ejus  et  sepelierunt  eum. 
[Ibid.,  -12.) 

\(i.  [La  place  de  la  légende  est  laissée  en  blanc  Le  tableau  repré- 
sente les  foules  qui  suivaient  Jésus.]  [Ibid.,  43.) 

IV  (fol.  11).  La  Multiplication  des  pains.  La  Barque  de  saint 
Pierre.  La  Réponse  de  Jésus  à  la  Chananéenne.  La  Guérison  du 
sourd  et  muet.  L'Entretien  de  Jésus  avec  la  Samaritaine. 

\.  Hic  benedicit  quinque  panes  el  duos  pisces,  et^precipitutappo- 
nant  turbe.  (Matth.,  XIV,  19.) 

2.  Discipuli  apponunt,  et  manducaverunl,  et  salurali  sunt  v  milia, 
exceptis  mulieribus  el  parvulis.  {Ibid.,  20  cl  2\.] 

3.  El  lulerunt  reliquias,  xii  cophinos  fragmentorum  plenos. 
[Ibid.,  20.) 


386  NOTICE   SDR   UN    PSAUTIER 

4.  Jhesus  est  in  terra  solus,  et  navis  in  medio  maris,  et  discipuli 
laborant  in  remis.  [Ibid.,  23  et  24.) 

5.  Hic  venit  ad  eos  ambulans  supra  marc,  et  putantibus  illis  fan- 
tasma esse  dixit  :  «  Ego  sum.  »  {Ibid.,  25-27.) 

6.  Dicit  Petrus  Jhesu  :  «  Domine,  si  tu  es,  jubé  me  venire  ad  te 
super  aquas.  »  [Ibid.,  28.) 

7.  Et  cum  ascendisset  in  naviculam,  cessavit  ventus.  [Ibid.^  32.) 

8.  Dicit  Jhesus  mulieri  Chananee  :  «  Non  est  bonum  sumere  panem 
filiorum  et  mittere  canibus,  etc.  »  (Matth.,  XV,  26.) 

9.  Tune  adducunt  ei  surdum  et  mutum,  et  misit  digitos  suos  in 
aures  ejus.  (Marc,  Vil,  32  et  33.) 

^0,  Jhesus  fatigatus  sedet  super  fontem;  venit  Samaritana  hau- 
rire  aquam;  et  dicit  ille  :  «  Da  michi  bibere.  »  (Jo.,  IV,  6  et  7.) 

V  (fol.  12  v°).  Suite  de  l'histoire  de  la  Samaritaine.  La  Nour- 
riture de  Jésus.  La  Guérison  du  paralytique.  La  Transfiguration. 
La  Guérison  du  lunatique. 

^ .  Et  venerunt  discipuli  et  mirabantur  quia  cum  muliere  loqueba- 
tur.  (Jo.,  IV,  27.) 

2.  Hic  dicit  mulier  hominibus  de  civitate  :  «  Venite  et  videte  homi- 
nem,  etc.  »  [Ibid.,  28  et  29.) 

3.  Dicunt  ei  discipuli  :  «  Rabi,  manduca;  »  et  ait  illis  :  «  Ego 
cibum  liabeo  manducare  quera  vos  nescitis.  »  [Ibid.,  31  et  32.) 

4.  Erat  Jherosolimis  probatica  piscina  quinque  porticus  habens, 
et  angélus;  movebatur  aqua,  et  sanus  unus.  (Jo,,  V,  2  et  4.) 

5.  Et  dicit  Jhesus  cuidam  qui  jacebat  ibi  per  xxx  et  vin  annos  : 
a  Toile  grabatum  tuum.  »  [Ibid.,  5  et  8.) 

6.  Assumpsit  Jhesus  Petrum  et  Jacobum  et  Johannem,  et  duxit 
eos  in  montera  excelsum  et  transfiguratus  [est].  (Matth.,  XVII,  L) 

7.  Et  facta  sunt  vestimenta  ejus  splendida  sicut  nix,  et  apparue- 
runt  in  eo  Moises  et  Hehas.  {Ibid.,  2  et  3.) 

8.  Dicit  Petrus  :  «  Rabi,  bonum  est  nos  hic  esse;  si  vis,  faciamus 
hic  tria  tabernacula,  libi  unum.  Moisi  unum  et  Helieunum.  »  [Ibid.,  A.) 

9.  Et  vox  de  celo  dixit  :  «  Hic  est  filius  meus,  »  et  neminem  vide- 
runt  nisi  solum  Jhesum.  {Ibid.,  5  et  8.) 

-10.  Hic  rogat  quidam  genibus  flexis  pro  filio  suo.  [Ibid.,  -14.) 

Le  nombre  des  tableaux  qui  ont  disparu  doit  être  assez  consi- 

1.  Voir  Histoire  liUeraire  de  la  France,  t.  XXXI,  p.  228-234. 


DU   Xm"   SIÈCLE.  3S7 

dérable.  Ceux  qui  subsistent  suffisent  pour  faire  classer  le  livre 
parmi  les  chefs-d'œuvre  de  l'art  français  du  xiii°  siècle.  Par  cer- 
tains procédés  de  peinture,  il  se  rapproche  de  la  Bible  mora- 
lisée,  dont  le  second  volume  est  à  la  Bibliothèque  nationale 
(ras.  latin  11560)  et  les  deux  autres  à  la  bibliothèque  bodléienne 
d'Oxford  et  au  Musée  britannique. 

Outre  les  lacunes  que  présente  la  série  des  tableaux  de  l'his- 
toire évangélique,  il  faut  déplorer  l'absence  du  premier  feuillet 
du  psautier,  dont  le  texte,  dans  l'état  actuel,  commence  (fol.  14) 
par  les  mots  :  «  qui  non  abiit  in  consilio...  » 

Dans  l'initiale  de  chaque  psaume  se  voient  de  charmantes 
petites  miniatures  dont  le  sujet  est  indiqué  par  des  légendes  mar- 
ginales, tracées  en  rouge  et  en  bleu.  Voici  les  premières  : 

Fol.  14.  Quare  fremuerunt.  PilaLus  et  Herodes  fiunt  amici  incap- 
cione  Christ!. 

Fol.  io.  Domine,  quid  multiplicaii.  Absalon  pendet  duabus  lan- 
ceis  transfixus. 

Fol.  -15  v°.  Cum  invocarem  exaudivit  me.  Rex  hic  dormit  in  pace. 

Fol.  ^6.  Verba  mea  auribus.  Abraham  expellil  ancillam  cum  filia. 

Fol.  17.  Domine,  ne  infurore.  David  infîrmans  oral  ad  Dominum. 

Fol.  M  v°.  Domine  Deus  meus,  in  te  speravi.  Quidam  a  monte 
proicit  lapides  contra  David. 

Fol.  i9.  Domine  Dominus  noster,  quam  admirabile.  Quidam  eri- 
git  torcularia. 

Fol.  49  V".  Con/îtebor  tibi,  Domine,  in  loto  corde  mco.  Sacerdos 
indutus  confitetur  coram  altari. 

Fol.  22.  In  Domino  confîdo.  Quidam  respicil  corniculam  vel 
corvum. 

Fol.  22  v°.  Satvmn  me  fac^  Domine.  Angélus  canit  buccina  et  mor- 
tui  resurgunt. 

Fol.  23.  Usquequo,  Domine,  oblivisceris  me.  Quidam  induit  pau- 
perem  nudum. 

Fol.  23  v°.  Dixit  insipiens.  Quidam  Judeus  respiciens  terram  flct. 

Ces  miniatures  ne  sont  pas  la  seule  décoration  du  psautier. 
Les  bouts  de  lignes  non  couverts  par  l'écriture  ont  été  remplis 
par  des  ornements  d'or,  d'azur  et  de  vermillon,  et  surtout  par  des 
animaux  de  formes  généralement  très  allongées  :  singes,  quadru- 
pèdes, oiseaux  (coqs,  grues,  paons),  lézards,  sauterelles,  pois- 


388  NOTICE  SUR   UN   PSAUTIER 

sons.  Ces  bêtes  sont  toutes  dorées;  de  leurs  bouches,  gueules  ou 
becs  sortent  des  gerbes  de  filets  rouges  et  bleus,  très  variés  et 
très  élégants,  formant  des  bordures  marginales  très  légères  qui 
descendent  parfois  jusqu'au  bas  des  pages. 

Le  texte  du  psautier  est  écrit  en  encre  très  noire,  avec  ces  gros 
caractères  auxquels  on  peut  donner  pour  signe  caractéristique 
la  façon  dont  se  terminent  par  le  bas  les  lettres  f,  i,  m,  n  et  f  :  la 
partie  inférieure  des  traits  de  ces  lettres  s'arrête  brusquement, 
aussi  large  qu'au  milieu,  sans  subir  le  moindre  amincissement  ni 
la  moindre  inflexion.  Ce  genre  d'écriture  se  remarque  dans  plu- 
sieurs manuscrits  parisiens  du  xiii®  siècle,  notamment  dans  le 
splendide  évangéliaire  de  la  Sainte-Chapelle,  n°  8892  du  fonds 
latin. 

Le  psautier  proprement  dit  est  suivi  des  cantiques  (fol.  150)  et 
des  litanies  des  saints  (fol.  168),  auxquelles  le  fanatisme  a  infligé 
les  plus  tristes  mutilations  :  on  n'en  a  laissé  subsister  que  la  pre- 
mière page;  encore  en  a-t-on  grossièrement  efîa ce  les  mentions 
qui  choquaient  la  foi  des  protestants.  Ces  actes  de  vandalisme 
ont  été  accomplis  au  temps  de  Henri  VIIL 

Le  volume  était  déjà  en  Angleterre  à  la  fin  du  xv"  siècle, 
époque  à  laquelle  il  a  reçu  une  reliure  dont  les  ornements  estam- 
pés sur  les  plats  semblent  bien  être  un  travail  anglais. 

Le  comte  de  Crawford,  en  me  communiquant  son  psautier, 
avait  appelé  mon  attention  sur  une  signature  tracée  au  commen- 
cement (fol.  2  v°),  en  caractères  qui  paraissent  dénoter  une  main 
royale  :  ROYNE  JAHANNE  : 


La  forme  Jahanne  n'est  pas  ordinaire,  et,  dès  qu'elle  eut  passé 
sous  mes  yeux,  je  résolus  de  chercher  quelle  reine  du  xiv"  ou  du 
xv*^  siècle  avait  pu  adopter  cette  forme  pour  sa  signature.  Mon 
enquête  m'a  conduit  à  un  résultat  qui  ne  laisse  pas  l'ombre  d'un 
doute.  La  signature  ROYNE  JAHANNE  est  incontestablement 
celle  de  Jeanne  de  Navarre,  fille  du  roi  Charles  le  Mauvais,  qui 
épousa  d'abord  en  1386  Jean  de  Montfort,  duc  de  Bretagne,  mort 


DU    XIU"    SIÈCLE.  3,S9 

en  1399,  puis,  en  1402,  Henri  IV,  roi  d'Angleterre,  et  qui  mourut 
en  1437.  Pour  s'en  convaincre,  il  suffit  de  mettre  à  côté  de  la 
signature  du  livre  appartenant  à  lord  Crawford  les  signatures 
qui  sont  au  bas  de  trois  pièces  originales  émanées  de  Jeanne  de 
Navarre,  duchesse  de  Bretagne  et  reine  d'Angleterre.  —  La  pre- 
mière de  ces  pièces,  conservée  dans  le  fonds  de  la  Chambre  des 
comptes  de  Bourgogne,  aux  archives  de  la  Cùte-d'Or,  m'a  été 
communiquée  par  le  savant  conservateur  de  ce  dépôt  M.  Garnier. 
Les  deux  autres  font  partie  du  Trésor  des  chartes  de  Bretagne, 
aux  archives  de  la  Loire-Inférieure  ;  j'en  dois  la  connaissance  à 
M.  René  Blanchard,  l'auteur  du  très  remarquable  recueil  des 
Lettres  et  mandements  de  Jean  V,  duc  de  Bretagne.  En  voici 
l'indication,  avec  le  fac-similé  des  signatures  : 

I.  9  mars  1403  (n.  st.).  —  Charte  par  laquelle  «  Jehanne, 
fille  de  roy  de  Navarre,  par  la  grâce  de  Dieu  reyne  d'Angle- 
terre, duchesse  de  Bretaigne  et  dame  d'Irlande,  »  baille  à  son 
oncle  le  duc  de  Bourgogne  la  garde  et  le  gouvernement  de  la 
conté  de  Nantes*. 


S^ 


llttU^^ 


II.  l*""  juillet  1418.  —  Charte  de  la  reine  Jeanne,  datée  du 
manoir  de  Langley,  portant  remise  d'une  rente  d'éperons  dorés 
que  Michel  Abraham  devait  pour  une  maison  située  à  Nantes  2. 


^- 


a..^^-^ 


III.  16  mai  1437.  —  Charte  datée  de  l'abbaye  de  Strat- 
ford,  par  laquelle  la  reine  Jeanne  donne  à  Bérard  de  Montfer- 

1.  Original  aux  archives  de  la  Côte-d'Or,  B.  380.  Pièce  publiée  en  1744  par 
Dom  Morice,  dans  les  Preuves  de  l'Histoire  de  Bretagne,  t.  Il,  col.  740  (avec 
la  date  du  9  mars),  et  en  1748  par  D.  Plancher,  dans  l'Histoire  de  Bourgogne, 
t.  III,  col.  ccx  (avec  la  date  fautive  du  19  mars  1403). 

2,  Archives  de  la  Loire-Inférieure,  B.  130. 


390  NOTICE   SCR   UN    rSADTIER 

rand,    chevalier,   à   raison  de   ses  services,    une   somme  de 
1,000  écus*. 


Le  psautier  du  comte  de  Crawford  a  donc  été  à  l'usage  de 
Jeanne  de  Navarre,  femme  de  Henri  IV,  roi  d'Angleterre. 

Nous  connaissons  un  autre  volume  qui  suffirait  pour  assurer 
à  cette  reiue  Jeanne  une  place  honorable  sur  la  liste  des  princesses 
du  moyen  âge  qui  ont  eu  le  goût  des  beaux  livres.  Le  manuscrit 
français  n°  2  de  la  Bibliothèque  nationale  lui  a  appartenu,  comme 
l'a  déjà  très  judicieusement  fait  remarquer  M.  Samuel  Berger. 
Dans  un  travail  publié  en  1884^  ce  savant,  qui  a  si  curieuse- 
ment étudié  les  versions  latines  et  romanes  de  la  Bible,  s'exprime 
ainsi  à  propos  de  l'exemplaire  de  la  Bible  historiale,  n"  2  du  fonds 
français  : 

Au  fol.  465  v",  en  bas,  se  voit  une  signature  à  la  pointe  :  «  La 
R.  Jehannc.  Tout  dyx  bien-'.  »  Au  fol.  311,  en  marge,  une  note  grat- 
tée :  «  Jehanne,  royne  d'Engleterre,  ducesse  de  Bretaigne,  fille  de 
roy  de  Navarre.  »  A  la  même  page  :  «  Le  dixiesme  jour  de  septembre 
l'an  mil  quatre  cens  vingt  et  sept,  fut  cesL  livre  donné  à  très  hault  et 
très  puissant  prince  Humfrey,  duc  de  Gloucestre,  conte  de  Haynnau, 
Hollande,  etc.,  protecteur  et  deffenseur  d'Engleterre,  par  sire  Jehan 
Stanley,  chevaUer,  le  dit  prince  estant  en  Tabbaye  Nostre-Dame  à 
Chestre.  » 

La  seule  remarque  que  je  me  permette  d'ajouter  aux  observa- 
tions de  mon  savant  ami,  c'est  que  la  signature  tracée  à  la  pointe 

1.  Archives  de  la  Loirc-Inféiicure,  E.  152.  (Anciennement  H.  D.  42  du  Trésor 
des  Charles  de  Brelagne.) 

2.  La  Bible  française  au  moyen  âge,  p.  325. 

3.  Les  traits  de  celte  devise  sont  un  peu  confus  ;  la  lecture  de  la  fin  n'est 
peut-être  pas  assurée. 


DU    Xlir    SIECLE. 


394 


sèche  au  bas  du  fol.  465  v»  porte,  non  pas  La  R.  Jehanne,  mais 
bien  La  R.  Jahanne  : 


absolument  comme  nous  l'avons  vu  dans  le  Psautier  de  lord 
Crawford  et  sur  les  chartes  des  archives  de  la  Côte-d'Or  et  de  la 
Loire-Inférieure. 

Ainsi  la  reine  Jeanne  de  Navarre  a  possédé  la  Bible  historiale 
n°  2  de  nos  manuscrits  français  ;  mais  elle  ne  l'a  pas  conservée 
jusqu'à  sa  mort.  Le  format,  l'épaisseur  et  le  poids  de  cet  énorme 
volume  la  décidèrent  sans  doute  à  s'en  séparer.  Peut-être  le 
donna-t-elle  à  un  parent,  à  un  ami  ou  à  un  serviteur.  Nous 
savons  qu'elle  était  généreuse  S  et  les  inventaires  du  trésor  de  son 
fils  Jean  V,  duc  de  Bretagne,  mentionnent  nombre  de  joyaux 


t.  Sur  les  goùls  et  les  habitudes  de  la  reine  Jeanne  de  Navarre,  il  y  aurait 
peut-être  d'utiles  renseignements  à  tirer  d'un  compte  de  l'hôtel  de  cette  prin- 
cesse, à  partir  de  l'année  1420,  qui  a  fait  partie  des  collections  de  sir  Thomas 
Philli'pps  et  qui  a  figuré  sous  le  n"  863  dans  le  catalogue  de  la  vente  faite  à 
Londres,  au  mois  de  juin  1896,  par  les  soins  de  la  maison  Sotheby;  Uiblio- 
theca  Phillippica,  Catalogue  of  a  portion  of  the  famons  collection...  ofthe  laie 
sir  Thomas  Phillipps  bart.  (London,  1896;  in-8°  de  240  pages.) 


392  NOTICE   SUR   UN   PSAUTIER 

donnés  à  ce  prince  par  «  la  royne  d'Angleterre ^.  »  Ce  qui  est 
certain,  c'est  que,  du  vivant  de  Jeanne,  la  grande  Bible  histo- 
riale  était  passée  dans  les  mains  d'un  chevalier,  Jean  Stanley, 
qui,  se  trouvant  le  10  septembre  1427  dans  l'abbaye  de  Notre- 
Dame  de  Chester,  l'offrit  à  un  des  plus  illustres  bibliophiles  du 
xv*"  siècle,  Honfroi,  duc  de  Glocester'-. 

Je  puis  citer  un  troisième  volume  de  la  librairie  de  la  reine 
Jeanne  de  Navarre  :  un  bréviaire,  qui  avait  successivement 
appartenu  à  deux  de  ses  tantes  :  d'abord  à  Jeanne  de  Navarre, 
religieuse  à  Longchamp,  morte  en  1387,  puis  à  Blanche  de 
Navarre,  veuve  du  roi  PhiHppe  de  Valois.  L'article  218  du  tes- 
tament de  Blanche  de  Navarre,  en  date  du  18  mars  1395,  que 
j'ai  jadis  publié ^  d'après  un  exemplaire  des  archives  des  Basses- 
Pyrénées,  est  ainsi  conçu  : 

Item  à  nostre  très  chière  nièce  la  duchesse  de  Bretaigne,  nostre 


1.  «  Item  un  autre  tableau  d'or,  d'une  Trinité,  garni  de  onze  baloiz,  dix-sept 
saphirs,  soixante  et  dix  perles,  lequel  la  reine  d'Angleterre  envoia  à  mon  dit 
seigneur  par  messire  Armel  de  Chasteaugiron,  et  pèse  cinq  marcs  trois  onces 
sept  eslerlins.  »  D.  Morice,  Preuves  de  l'Histoire  de  Bretagne,  t.  II,  col.  1027 
et  1161.  —  «  Item,  une  eguierre  d'or,  que  la  reine  d'Angleterre  envoia  autre- 
fois à  monseigneur  le  duc  par  Tritan  de  la  Lande,  garnie  de  six  baloiz,  cinq 
saphirs  et  seize  grosses  perles,  et  fut  trouvée  peser  trois  marcs  trois  onces  dix- 
sept  estrelins  obole.  »  Ibid.,  col.  1029  et  1161.  —  «  Un  petit  tableau  d'or  pen- 
dant à  une  chaîne  d'or,  que  la  royne  d'Angleterre  avoit  envoyé  au  duc  par  sire 
Bernard  du  Sault,  son  confesseur.  »  Ibid.,  col.  1161  et  1162.  —  «  Un  diamant 
que  la  royne  d'Angleterre  avoit  envoyé  au  duc  par  Jehan  du  Bois,  que  le  duc 
receut  à  Paris  le  6  décembre  1416.  Un  diamant  que  la  royne  d'Angleterre  avoit 
envoyé  au  duc,  à  Rouen,  au  voyage  qu'il  y  fit  vers  le  roy  d'Angleterre.  Un  dia- 
mant en  un  annel  d'or  que  Jehan  Launet,  secrétaire  de  la  royne  d'Angleterre, 
avoit  apporté  au  duc  en  octobre  M.  CCCC.  XVII.  Un  diamant  en  un  annel  d'or, 
envoyé  au  duc  par  la  royne  d'Angleterre ,  par  Jehan  Morin ,  en  février 
M.  CCCC.  XVII.  »  Ibid.,  col.  1162. 

2.  Honfroi,  duc  de  Glocester,  issu  du  mariage  de  Henri  IV  avec  Marie  de  Bohon, 
était  ainsi  le  beau-fils  de  la  reine  Jeanne  de  Navarre,  Beaucoup  de  livres  de  la 
bibliothèque  qu'il  avait  formée  se  trouvent  dispersés  en  France  et  en  Angle- 
terre. Il  y  en  a  cinq  à  la  Bibliothèque  nationale  :  la  Bible  historiale,  ms.  fran- 
çais 2,  ci-dessus  mentionné;  le  Décaméron,  ms.  français  12421;  le  roman  de 
Renard,  ms.  français  12583;  le  recueil  d'anciens  panégyriques,  ms.  latin  7805; 
un  recueil  de  lettres  de  Cicéron,  ms.  latin  8537.  —  Le  duc  de  Glocester  devait 
à  l'amitié  de  son  beau-frère  le  duc  de  Bedford  un  magnifique  exemplaire  du 
Tite-Livc  français,  qui  venait  de  la  librairie  du  Louvre,  et  ([ui  est  aujourd'hui 
l'un  des  plus  précieux  joyaux  de  la  bibliothèque  de  Sainte-Geneviève. 

3.  Mémoires  de  la  Société  de  Vllistoire  de  Paris,  t.  XII,  p.  31. 


DD    XIII"   SIECLE.  303 

bréviaire,  qui  fu  nostre  seur  madame  Jehanne  de  Navarre,  de  Long- 
champ,  lequel  nous  avons  fait  esloffer. 

J'ignore  ce  qu'est  devenu  le  Bréviaire  que  Jeanne  de  Navarre 
a  possédé  en  vertu  du  legs  de  sa  tante  la  reine  Blanche  de 
Navarre.  Je  voudrais  pouvoir  espérer  qu'il  n'a  pas  été  détruit, 
qu'il  est  oublié  ou  méconnu  dans  quelque  bibliothèque  et  qu'un 
heureux  hasard  le  fera,  tôt  ou  tard,  reparaître  au  grand  jour, 
comme  le  Psautier  dont,  grâce  à  la  libéralité  du  comte  de  Craw- 
ford,  j'ai  pu  retracer  une  partie  des  destinées. 

L.  Delisle. 


UN  INVENTAIRE  DE  BORD 

EN  1294 

ET 

LES  ORIGINES  DE  LA  NAVIGATION  HAUTURIÈRE. 


En  novembre  1293,  le  vaisseau  Saint-Nicolas,  de  Messine, 
revenait  de  Tripoli  de  Barbarie,  avec  un  chargement  de  cuirs  et 
de  pelleteries,  lorsqu'il  rencontra  dans  les  eaux  d'Agosta  une 
galère  de  Nice.  La  galère,  armée  en  course  par  Renier  Grimaldi, 
futur  amiral  de  France,  et  par  divers  particuliers  génois,  était  en 
quête  d'aventures.  Il  y  avait  alors  abstinence  de  guerre,  et  les 
Siciliens  s'y  fiaient.  Mais  la  haine  que  la  guerre  des  Vêpres  sici- 
liennes avait  déchaînée  entre  ces  insulaires  et  les  marins  génois 
au  service  des  Franco-Angevins,  était  trop  vivace  pour  que  l'équi- 
page de  la  galère  laissât  échapper  l'aubaine  d'une  vengeance. 

Le  Saint-Nicolas  fut  amariné  sans  peine,  remorqué  jusqu'à 
Tarente,  et  vendu  avec  tout  son  chargement  dans  ce  pays,  qui 
dépendait  des  rois  angevins  de  Naples.  Les  marins  du  bord  furent 
emprisonnés  dans  un  des  châteaux  de  la  province.  Relâchés  bien- 
tôt, ils  déposèrent  une  plainte  entre  les  mains  de  l'infant  Frédé- 
ric, vice-roi  de  Sicile  pour  le  roi  Jacques  d'Aragon.  L'infant  la 
fit  parvenir,  par  l'intermédiaire  du  comte  Jean  de  Montfort,  cham- 
bellan du  royaume  de  Naples,  au  roi  Charles  le  Boiteux,  et,  le 
8  mai  1294,  le  capitaine  de  Tarente  recevait  l'ordre  de  rendre 
justice  aux  plaignants  ;  suivait  l'inventaire,  qu'ils  avaient  eu  soin 
de  dresser,  de  tous  les  objets  qui  se  trouvaient  à  bord  au  moment 
de  la  prise. 

C'étaient,  en  fait  de  marchandises,  des  cuirs  de  bœufs,  de  cha- 
meaux, des  peaux  de  renards,  de  chacals  peut-être,  d'hyènes  et 
de  chats  sauvages,  des  toiles  gommées,  dites  bougrans,  empilées 


UN   INVENTAIRE   DE   BORD    EN    ■1294.  395 

sur  des  pièces  de  coton  teint,  des  serges  et  des  béguines  rouges, 
dont  la  couleur  tranchait  sur  les  feutres  noirs  pour  chapeaux  ou 
sur  les  grosses  étoffes  arabes  appelées  burde,  rayées  noir  et 
jaune.  Çà  et  là,  quelque  objet  disparate,  une  balance  d'Alexan- 
drie, une  serrure  sarrazine  attestaient  la  provenance  de  la  car- 
gaison. 

La  garde-robe  de  l'équipage  était  assez  mal  montée  :  un  mate- 
las, une  couverture  et  un  tapis  par  homme,  des  tuniques  de  gros 
drap  et  des  jaques  de  bougran  n'avaient  guère  de  valeur.  Si  vous 
cherchez  un  signe  de  la  richesse  relative  de  chacun,  sachez  que  le 
patron  avait  quatre  paires  de  culottes  et  de  chemises,  et  ses  mate- 
lots seulement  deux.  En  tenue  de  ville,  il  avait  sans  doute  grand 
air,  le  patron,  avec  ses  fourrures  de  peaux  de  lapin,  sa  culotte  de 
soie,  le  sifflet  d'argent  sur  la  poitrine  et  le  ventre  sanglé  de  la 
courroie  de  cuir  oii  pendaient  une  bourse,  des  tablettes  pour 
écrire,  un  encrier  et  des  roseaux  comme  plume. 

Le  second  patron  n'était  pas  moins  coquet.  Un  capuchon  vert 
fourré  de  cendal  rouge  retombait  sur  une  cotte-hardie  lombarde 
que  fermaient  des  boutons  d'ambre  ou  d'ivoire  ;  il  portait  une 
bourse  de  soie  au  coté.  Particulièrement  chargé  des  marchandises, 
il  avait  un  timbre,  un  fer,  pour  les  marquer. 

Dans  ces  parages  infestés  de  pirates,  on  pense  bien  que  les 
douze  hommes  de  l'équipage  étaient  armés  jusqu'aux  dents.  Leur 
gorgerine  s'adaptait  à  un  chapeau  d'acier,  d'où  une  cervelière 
parfois  descendait  sur  la  nuque.  Sous  la  cuirasse  couvrant  la  poi- 
trine, une  jaque  d'armes  enveloppait  tout  le  buste.  Un  gant  de 
fer  garantissait  la  main  droite  qui  maniait  la  lance  ou  le  poi- 
gnard; un  écu  pendait  au  bras  gauche.  Le  patron,  reconnais- 
sable  à  sa  cuirasse  couverte  de  soie  rouge,  avait  en  outre  deux 
arbalètes,  et  le  second  un  arc  damasquiné.  C'était  toute  l'artil- 
lerie du  bord. 

L'inventaire,  à  ce  point  de  vue,  est  un  petit  tableau  de  genre, 
où  se  meuvent,  s'habillent  et  s'arment  les  redoutables  marins  qui 
nous  infligeaient,  huit  ans  auparavant,  les  terribles  défaites 
navales  de  Las  Hormigas  et  de  Rosas. 

Mais,  pour  curieux  qu'il  paraisse,  il  n'aurait  qu'un  intérêt 
secondaire,  s'il  ne  jetait  quelques  lueurs  sur  les  origines  de  la 
navigation  hauturière,  c'est-à-dire  de  la  navigation  rationnelle 
substituée  à  la  routine  empirique  du  cabotage.  Il  me  reste,  en 
effet,  à  parler  des  instruments  de  pilotage  qui  se  trouvaient  à 
bord  du  Saint-Nicolas. 


396  UN   INVENTAIRE    DE    BORD   EN    1294. 

I.  La  carte  marine. 

Dans  un  texte  des  plus  controversés  jusqu'ici,  Raymond  Lull 
disait  que  les  pilotes  usaient  de  quatre  instruments  nautiques  : 
«  Chartam,  compassura,  acum  et  stellam  maris,  »  carte  marine, 
compas,  aiguille  aimantée  et  rose  des  vents.  Raymond  Lull  écri- 
vait entre  1286  et  1295*.  Il  était  de  Majorque. 

Or,  la  première  carte  majorquaine  que  nous  connaissions,  celle 
de  Dulcert,  est  de  1339  seulement  ;  elle  présente,  dans  sa  nomen- 
clature, des  coïncidences  frappantes^  avec  une  carte  arabe  plus 
ancienne,  originaire  de  l'Afrique  occidentale  et  appelée  pour  cette 
raison  la  Maghrébine.  Et,  comme  Raymond  Lull  avait  institué 
dans  les  Etats  du  roi  de  Majorque  une  haute  école  monastique 
pour  les  études  arabes,  on  se  demandait  s'il  ne  prenait  pas  d'avance 
ses  desiderata  pour  des  réalités  et  si  ce  n'était  pas  lui  qui  avait 
introduit  en  Catalogne  la  cartographie  arabe. 

Lull  avait  beaucoup  voyagé  et  rien  ne  nous  dit  qu'il  entende 
parler  des  pilotes  de  sa  patrie.  Or,  de  son  temps,  il  existait  une 
région  où  les  instruments  nautiques  qu'il  indique  étaient  d'un 
usage  courant.  C'était  la  Sicile,  et  c'est  l'inventaire  du  Saint- 
Nicolas  de  Messine  qui  nous  le  révèle.  En  1293,  au  moment  de 
la  capture  du  navire,  il  n'y  a  pas  moins  de  trois  mappemondes  à 
bord,  dont  l'une  est  accompagnée  d'un  compas,  «  mappamundum 
unum  cum  cumpasso^.  »  Cette  dernière  était  entre  les  mains  du 
patron,  les  autres  appartenaient  au  second  et  à  un  simple  matelot. 

Un  siècle  et  demi  auparavant,  Edrisi  rédigeait  à  Palerme  sa 
célèbre  géographie  ou  Récréation  de  celui  qui  désire  parcou- 
rir les  pays,  qu'il  terminait  en  1153.  Voilà  le  point  de  départ 
de  la  cartographie  sicilienne  :  il  est  encore  arabe  ;  mais  comment, 
de  la  théorie,  passa-t-on  à  la  pratique  et  quand  les  marins 
usèrent-ils  des  connaissances  rassemblées  par  Edrisi  ?  Si  nous 
tenons  les  deux  extrémités  de  la  chaîne,  les  anneaux  intermé- 
diaires nous  échappent.  Il  est  certain  que  l'on  commença  par  com- 
poser des  cartes  réduites  et  spéciales  d'une  région  déterminée '^ 

1.  Cf.  l'article  de  d'Avezac,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de  géographie  de 
Paris,  1860,  I,  354. 

2.  D'  É.-T.  Haray,  Études  historiques  et  géographiques.  Paris,  1896,  in-8', 
p.  31. 

3.  Cf.  infra,  p.  408,  409. 

4.  C'est  ce  que  disait  déjà  Ruscelli  eo  1561  dans  ses  commentaires  sur  Pto- 


UN   INVENTAIRE    DE    ISOUl)    E\    ^29-^.  397 

Edrisi  donna  l'exemple  par  un  portulan  de  l'Afrique  septentrio- 
nale contenu  dans  sa  géographie'.  Du  xii"'  siècle,  on  connaît 
encore  une  carte  de  la  Sardaigne,  puis  un  portulan  de  la  Médi- 
terranée occidentale'.  Les  mappemondes  du  Saint-Nicolas,  sur 
lesquelles  on  pointait  au  compas  la  route  parcourue,  étaient  à 
une  grande  échelle,  puisque  la  traversée  se  bornait  au  parcours 
de  Messine  à  Tripoli.  Le  fait  qu'elles  étaient  à  une  grande  échelle 
entraîne  cette  conséquence  qu'elles  étaient  spéciales  à  certains 
parages.  De  leur  bas  prix,  en  effet,  sept  tarins  dix  gros  avec  com- 
pas, et  six  ou  sept  tarins  sans  cet  accessoire,  nous  pouvons  con- 
clure que  c'étaient  d'humbles  planisphères  et  non  pas  de  ces  atlas 
comme  ceux  de  Pierre  Vesconte  ou  Visconti,  de  Gênes,  en  usage 
vingt  ans  plus  tard. 

Dans  les  atlas  de  Vesconte,  dans  celui  de  1313  tout  au  moins, 
que  le  prince  Roland  Bonaparte  a  récemment  offert  à  la  Biblio- 
thèque nationale,  on  distingue  les  vestiges  des  cartes  restreintes 
utilisées  par  le  Génois  pour  telle  ébauche  de  l'Italie  méridionale, 
par  exemple.  La  partie  vraiment  originale  de  l'œuvre  de  Ves- 
conte consiste  dans  le  contour  des  côtes  de  l'Océan,  de  la  Manche 
et  de  la  mer  du  Nord  jusqu'à  Berwick  et  jusqu'en  Danemark.  Ces 
parages  étaient  le  théâtre  des  opérations  de  l'escadre  génoise, 
que  Philippe  le  Bel  entretenait  à  son  service  depuis  1294  *.  C'est 
à  cette  connaissance  du  Ponant  que  la  cartographie  génoise  dut 
son  succès  et  l'œuvre  de  Vesconte  son  débit  :  de  lui,  subsistent 
des  atlas  de  1311,  1313,  1318,  1321,  et  nous  savons  qu'il  fut 
appelé  à  Venise,  au  moment  où  la  cité  des  lagunes  organisait  les 
convois  de  Flandre. 

A  part  ces  notions,  qui  leur  appartiennent  en  propre,  les  Génois 
ne  furent,  en  cartographie  comme  dans  toutes  les  branches  de 
l'art  naval,  —  et  ceci,  je  le  prouverai  ailleurs,  —  que  des  ouvriers 
de  seconde  main,  des  colporteurs  de  la  civilisation  sicilienne,  déri- 
vée de  l'art  arabe.  Il  n'est  pas  besoin,  du  reste,  de  supposer  une 
relation  de  cause  à  effet  entre  la  vente  des  mappemondes  du  Saint- 

lémée.  (Cf.  D"^  Théobald  Fischer,  Sammlung  miltelalterUcher  Well-  und  See- 
karten  ilalianischen  Ursprungs  und  ans  ilaiianischen  Bibiiolke/teti  unci  Archi- 
ven.  Venedig,  1886,  in-8°,  p.  87.) 

1.  Fischer,  ouvr.  cit.,  p.  67. 

2.  Fischer,  ouvr.  cit.,  p.  59. 

3.  Ch.  de  La  Roncière,  le  Blocus  continental  de  l'Angleterre  sous  Philippe  le 
Bel,  dans  la  Revue  des  Questions  historiques,  1896,  p.  411. 

^897  20 


398  DN   INVENTAIRE    DE   BORD   EN    ^294. 

Nicolas  à  Gênes  ou  Savone  et  l'apparition  de  la  cartographie 
génoise.  Les  marins  de  la  République  ligurienne  furent,  durant 
le  xiif  siècle,  à  la  solde  des  rois  des  Deux-Siciles. 


II.  La  boussole. 

La  carte  marine  ne  va  pas  sans  l'aiguiUe  aimantée,  nécessaire 
pour  déterminer  la  position  respective  de  deux  points,  dont  on 
apprécie  à  l'estime  la  distance.  Mais  les  deux  notions  de  carte  et 
d'aiguille  aimantée  ne  sont  pas  corrélatives.  Au  xiv''  siècle,  les 
marins  anglais  n'achètent  aux  comptoirs  de  l'Ecluse,  en  Flandre, 
que  des  aiguilles  de  mer,  habituellement  désignées  du  nom  de 
l'aimant  qui  les  magnétise,  «  sailstone^  »  Les  Islandais  serrent 
précieusement  dans  le  trésor  de  leurs  églises  àes  pierres  de  soleil 
onpierres  de  route,  «  leidarstein^,  »  dont  le  passage  d'une  saga  dit 
assez  l'emploi  :  «  Le  temps  était  couvert  et  si  noir  qu'on  ne  pou- 
vait savoir  de  quel  côté  était  le  soleil.  —  Où  est  le  soleil?  demanda 
le  roi  Olaf  à  Sigurd.  —  Dans  cette  direction,  répondit  Sigurd  en 
étendant  la  main.  Et  le  roi,  ayant  fait  apporter  une  pierre  de 
soleil,  la  tint  horizontale  et  reconnut,  lorsque  la  pierre  eut  papil- 
loté, que  la  réponse  était  justes  »  Mais,  pas  plus  que  les  Anglais, 
les  Scandinaves  ne  connaissent  la  carte  marine. 

A  vrai  dire,  l'aiguille  de  mer  ne  fut  d'un  maniement  commode 
pour  faire  le  point  que  du  jour  où  elle  devint  un  instrument  de 
précision.  Comment  et  quand  eut  lieu  ce  progrès  ? 

De  même  que  les  autres  marins  du  Nord,  les  Français  avaient 
adopté  le  petit  instrument  vanté  par  Alexandre  Neckam,  dès  les 
années  1180-1187,  dans  le  cours  qu'il  professait  au  pied  de  la  mon- 


1.  Ou  encore  «  dial  ;  »  les  aiguilles  étaient  dites  «  sailing  needies.  »  (Inven- 
taire de  la  barge  royale  d'Angleterre  Mary  en  1338  et  achats  faits  à  l'Écluse 
pour  la  nef  royale  la  George  en  1315,  publiés  ou  analysés  par  Nicolas,  History 
ofthe  Royal  Navy,  t.  II,  p.  180,  444  et  476.) 

2.  En  1318,  1343,  1394,  diverses  églises  d'Islande  sont  en  possession  de  ces 
mystérieuses  pierres,  dont  l'une  est  dite  dans  une  gaine.  (Thoroddsen,  Geschichte 
der  isliindischen  Géographie,  traduit  du  suédois  en  allemand  par  August 
Gebhardt.  Leipzig,  1897,  I,  51,  note  2.) 

3.  Vie  de  S.  Olaf,  Forma tinasogur,  V,  341,  et  Biskupasogur,  1, 565,  674,  citées 
par  S.  Ruge,  Geschichte  de<;  Zeitalters  der  Entdeckungen.  Berlin,  1881,  in-8% 
p.  21,  et  par  Thoroddsen,  ouvr.  cit.,  I,  51,  note  2. 


UN   INVENTAIRE    DE    BORD    EN    ^294.      .  399 

tagne  Sainte-Geneviève*.  Et  ils  conservaient  sans  aucune  modi- 
fication la  raagnète  décrite  par  Guyot  de  Provins  : 

...  pierre  laide  et  brunette 
Ou  11  fers  volenliers  se  joint...; 
Puis  c'une  aguile  l'ont  touchié 
Et  en  un  festu  l'ont  fichié, 
En  l'eve  le  metent  sanz  plus 
Et  11  festuz  la  tient  desus^. 

En  1319,  il  n'est  toujours  question,  dans  les  inventaires  de 
galères  marseillaises,  que  de  «  lapis  ac  aculea  de  navegari  ^,  »  et, 
en  1379,  dans  l'inventaire  du  mobilier  de  Charles  V,  que  d'  «  ai- 
guylle  de  mer,  en  ung  estuy  de  cuivre  »  ou  «  en  ung  estuy  de  cuyr 
bouUi^  »  Ceci  soit  dit  pour  les  gens  qui  nous  gratifient  de  l'in- 
vention de  la  boussole,  pour  la  simple  raison  que  le  nord  y  est 
indiqué  par  une  fleur  de  lis. 

Pendant  ce  temps,  l'imagination  méridionale,  restée  en  éveil, 
est  en  quête  de  nouveau  :  «  Les  capitaines  qui  voyagent  dans  la 
mer  de  l'Inde  ont  une  sorte  de  poisson  de  fer  très  mince,  creux  et 

1.  Alexandri  Neckara  De  naturis  rerum  libro  duo,  éd.  Thomas  Wright.  Lon- 
don,  1863,  in-8°,  lib.  II,  cap.  xcviii,  p.  183.  —  G.  Cave,  Scriptorum  ecclesias- 
ticoram  historia  litteraria.  Oxford,  1742,  II,  p.  286.  —  Bulletino  di  biblio- 
(jra/ia  e  di  storia  délie  scienze  matemadche  e  /isiche,  de  noncomi)agni.  Roma, 
1808,  iti-4°,  I,  p.  103  ;  article  sur  Alexandre  Ncckarn,  par  le  P.  T.  Bcrtelli.  —  En 
1218,  Jacques  de  Vitry  décrit  également  l'aiguille  aimantée.  {Historia  hieroso- 
limilana,  cap.  lxxxix.) 

2.  Bibl.  nat.,  ms.  fr. 25405,  fol.  93  V,  Bible  Guiot  de  Provins;  le  texte  porte 
les  leçons  fautives  de  «  brunière  »  pour  «  brunette  »  et  a  touchié  «pour 
«  fichié.  »  —  Traité  de  la  navigation  et  des  voyages  de  descouvertes  et  con- 
queste  moderne  et  principalement  des  François,  avec  une  exacte  et  particu- 
lière description  de  toutes  les  isles  Canaries.  Paris,  Jean  de  Hcuquevilie,  1G29, 
in-12,  p.  7-11.  —  Rey,  Origine  française  de  la  boussole.  Paris,  1836.  —  Jal  a 
discuté  avec  soin  la  question  de  savoir  s'il  fallait  lire  «  manette,  marinette, 
manière  ou  marinière.  »  {Archéologie  navale,  1,  204.)  11  conclut  pour  «  magnète,  » 
aimant.  —  Cf.  une  autre  description  de  l'aiguille  aimantée  utilisée  par  Bru- 
netlo  Latini  et  publiée  par  M.  Delisle  dans  la  Bibliothèque  de  l'École  des 
Charles,  t.  LIV,  p.  409. 

3.  Publiés  par  moi  dans  les  Mélanges  d'archéologie  et  d'histoire  publiés  par 
l'École  de  Rome,  t.  XIII  :  Une  escadre  franco-papale  (1318-1320),  tirage  à 
part,  p.  23. 

4.  Un  étui  de  cuivre  est  orné  de  «  trois  ymages  en  estant.  »  (Jules  Labarte, 
Inventaire  du  mobilier  de  Charles  V  [Documents  inédits].  Paris,  1879,  in-4'; 
articles  1988,  2259,  2646.) 


400  UN   INVENTAIRE    DE    BORD   EN    ^294. 

disposé  de  telle  façon  que,  lorsqu'on  le  jette  dans  l'eau,  il  surnage 
et  désigne  par  sa  tête  et  sa  queue  les  deux  points  du  midi  et  du 
nord  ' .  »  Le  nom  de  calamité,  que  porte  en  Sicile  l'aiguille  aiman- 
tée, évoque  l'idée  non  plus  du  poisson,  mais  de  la  grenouille  ^  En 
réalité,  l'instrument,  comme  l'animaP,  tire  son  nom  du  lit  de 
roseaux  où  il  repose*.  Nous  avons  vu  que  l'aiguille  était  soutenue 
sur  l'eau  par  un  roseau  ou  un  fétu. 

L'attraction  mystérieuse  de  l'aiguille  vers  l'étoile  «  reluisante  » 
du  nord  surexcitait  l'imagination  des  Levantins.  Dieu  sait  quelles 
expériences  naïves  leur  suggéra  cette  affinité  incompréhensible, 
et  quel  écho  elles  trouvèrent,  tant  la  science  était  déroutée,  chez 
des  docteurs  comme  Albert  Le  Grand  ou  chez  des  écrivains  comme 
Philippe  de  Mézières.  Les  matelots  du  Levant  voulurent  faire 
partager  à  leur  aiguille  de  mer  l'attrait  qu'ils  éprouvaient  pour 
l'ail  ;  à  peine  eut-elle  touché  au  mets  que  la  petite  machine  devint, 
paraît-il,  insensible  à  l'aimant,  et  Philippe  de  Mézières  de  se 
récrier  sur  l'emploi  de  cet  ail  «  chault  et  puant,  esmouvant  à 
luxure,  »  dont  la  souillure  empêche  l'aiguille  de  regarder  l'étoile 
belle,  claire  et  nette  ^. 

A  tourner  et  retourner  l'aiguille,  on  finit  par  lui  donner  une 
position  stable,  sur  un  pivot  ^  dans  une  boîte.  La  boussole  était 
inventée.  L'honneur  en  revenait,  jusqu'ici,  à  un  Flavio  Gioja 
d' Amalfi,  qui  aurait  fait  œuvre  d'Archimède  en  1302.  Mais  voyons 
sur  quel  piédestal  repose  notre  héros.  C'est,  hélas  !  un  assemblage 
de  conjectures,  de  légendes  et  de  quiproquos. 

Et,  d'abord,  les  conjectures  sont  en  faveur  non  pas  d' Amalfi, 
mais  d'un  port  voisin,  Positano.  Positano,  dont  les  galères  ser- 
vaient en  temps  de  guerre  sous  la  bannière  d' Amalfi,  voulut  avoir 
son  propre  drapeau  en  ajoutant  aux  armes  de  la  métropole  un 

1.  Baïlak,  le  Trésor  des  marchands,  ouvrage  arabe  composé  en  i'ao  640  de 
l'Hégire,"  1242  de  J.-C.  (Cf.  Aboulféda,  trad.  Reinàud,  I,  cciii.) 

2.  P.  Fournier,  Hydrographie,  liv.  XI,  chap.  i. 

3.  «  Ea  rana  quam  Grajci  calamitem  vocant,  quoiiiara  inter  arundines  fruti- 
cesque  vivat.  »  (Pline,  Hist.  nalur.,  lib.  XXXII,  cap.  xlii.) 

4.  Klaprolh,  Lettre  à  M.  le  baron  A.  de  Humboldt  sur  l'invention  de  la 
boussole.  Paris,  1834,  ia-8°,  p.  IG. 

5.  Philippe  de  Mézières,  le  Songe  du  vieil  pèlerin,  chap.  xlv  :  l'exposition 
morale  et  spirituelle  de  la  nave.  (Ms.fr.  9200,  fol.  289  et  suiv.) 

6.  D'Avezac  jirélend  que  les  marins  de  la  Méditerranée,  dès  le  xii'  siècle 
peut-ôlre,  faisaient  reposer  l'aiguille  sur  un  pivot.  {Bulletin  de  la  Société  de 
géographie  de  Paris,  1860,  I,  346.) 


U\    INVENTAIRE    DE    BORD    EN    129-^.  401 

certain  signe,  «  signiira  novum  atqiie  insolitum.  »  Sur  les  récla- 
mations de  la  partie  lésée,  le  roi  Robert  interdit  aux  séparatistes 
toute  modification  à  la  bannière  du  duché  (4  octobre  1335)*. 
Comme  le  règne  de  Robert  suit  de  près  l'apparition  présumée  de 
la  boussole,  comme,  d'autre  part,  des  auteurs  du  xvii"  siècle 
affirment,  sans  qu'on  puisse  les  contrôler,  que  la  boussole  était 
représentée  sur  la  bannière  et  sur  le  sceau  d'Amalfi^  on  a  con- 
clu, de  ces  prémisses  qui  ne  le  comportaient  guère,  que  le  signe 
nouveau  et  insolite  était  la  boussole  3. 

Il  faut  descendre  jusqu'au  milieu  du  xv«  siècle  pour  trouver  la 
mention  explicite  de  l'invention,  non  pas  de  la  boussole,  mais  de 
l'aiguille  aimantée  à  Amalfi  : 

Prima  dédit  nautis  usum  magnelis  Amalphis  '*. 

Heureuse  ville  !  Sur  cette  simple  affirmation,  répétée  nombre 
de  fois  depuis,  on  ne  lui  discuta  plus  la  priorité  de  la  découverte. 
Mais  il  fallait  le  nom  de  l'ouvrier,  un  nom  sur  lequel  pussent 
s'épancher  «  les  éternelles  actions  de  grâces  de  ceux  qui  che- 
vauchent la  mer-'.  »  En  1489,  du  temps  de  Polydore  Virgile,  on 
n'était  pas  encore  fixé  là-dessus  ^ 

Vers  1540,  un  écrivain  de  Ferrare,  traitant  de  la  boussole, 
parle  incidemment  d'un  certain  Flavius,  «  a  Flavio  quodam  exco- 
gitatus  traditur^  »  Il  songeait  à  Flavio  Biondo,  l'auteur  qui 

1.  Archives  de  Naples,  reg.  Angioini  299,  fol.  7  et  15  ;  publié  par  le  P.  Timo- 
teo  Bertelli,  barnabite,  Studi  storici  intorno  alla  bussola  naulica,  parle  2», 
dans  les  Memorie  délia  Pontificia  Accademia  dei  Niiovi  Lincei.  Roma,  189i, 
in-4°,  vol.  IX,  parte  2a,  p.  141.  —  Dans  cet  article  et  dans  un  précédent  publié 
dans  la  même  collection,  vol.  IX,  p.  77,  le  P.  Bertelli  a  fait  une  savante- com- 
pilation de  tous  les  auteurs  qui,  à  sa  connaissance,  ont  parlé  de  la  boussole. 

2.  Enrico  Bacco  Alemanno,  Il  regno  di  NapoH  dhiso  in  dodici  Provincie. 
Napoli,  1622,  p.  53. 

3.  Bertelli,  p.  143-145. 

4.  Vers  d'Antonio  Beccadelli  le  Panormitain,  et  aussi  Blondi  Flavii  Foroli- 
viensis  Italia  lustrata  in  regiones.  Basilea,  1569,  p.  420  f,  Flavio  Biondo  vivait 
vers  le  milieu  du  xv"  siècle.  —  Bertelli,  p.  148. 

5.  Pandoifo  Collenuccio  da  Pesaro,  Compendio  deW  Ilisioria  del  regno  di 
mpoli.  Venetia,  1539,  lib.  I,  p.  16-17.  —  Bertelli,  p.  151. 

6.  Polydori  Vergilii  Urbinatis  De  inventoribus  rerum  libri  ires  noviter 
impressi.  Venetiis,  1507,  p.  lxxxi  a.  —  Bertelli,  p.  150. 

7.  Lilii  Gregorii  Gyraldi  Ferrariensis  Operum  qux  extant.  Basilicae,  1580, 
I,  p.  570. 


402  UN    INVENTAIRE   DE    BORD    EN    i294. 

attribua  la  boussole  à  Amalfî.  Mais  sa  phrase  donnait  lieu  à  une 
méprise,  qu'on  se  garda  bien  de  ne  point  commettre.  On  trans- 
forma en  inventeur  l'écrivain  du  xv°  siècle  ^ . 

L'équivoque  fît  son  chemin,  la  mauvaise  lecture  des  manus- 
crits ou  imprimés  fit  de  même.  Et,  à  la  fin  du  xvi^  siècle,  le 
«  Flavio  quodam  »  avait  pour  état  civil  Flavio  Gioja,  puis  Jean 
Goya  d'Amalfi,  inventeur  de  la  boussole  vers  l'an  de  l'Incarna- 
tion 1300^  ou  même,  on  précisa,  en  1302^. 

Donc,  résumons  :  la  légende  qu'on  a  mis  deux  siècles  à  bâtir 
et  qu'on  a  adoptée  ensuite  sans  discussion  ne  repose  sur  rien. 
Flavio  Gioja  est  un  mythe,  la  date  et  le  lieu  de  l'invention  sont 
controuvés.  Toute  l'enquête  est  à  recommencer  sur  nouveaux 
frais.  Le  premier  indice  à  recueillir,  c'est  une  mention  de  l'inven- 
taire du  Saint-Nicolas,  auquel  nous  revenons  après  un  long 
détour.  Il  y  avait  à  bord  deux  calamités  ou  aiguilles  de  mer. 

Or,  en  1294,  les  recherches  et  les  tâtonnements  des  marins 
semblent  en  voie  d'aboutir.  La  calamité  est  agrémentée  de  tout 
un  attirail,  inventorié,  hélas  !  trop  sommairement  sous  la  rubrique 
«  apparatus  »  :  «  calamita  cum  apparatibus  suis.  »  Que  faut-il 
comprendre  dans  ces  accessoires  de  la  calamité  :  le  roseau  qui  la 
soutient  sur  l'eau?  la  rose  des  vents,  «  stella  maris,  »  dont  parle 
Raymond  Lull?  ou  même,  car  le  pluriel  d'  «  apparatus  »  autorise 
toutes  les  suppositions,  la  boîte  où  était  renfermé  l'instrument? 
Je  ne  sais.  Mais  il  n'y  a  plus  qu'un  léger  rapprochement  à  faire 
pour  trouver  la  boussole.  Non  loin  de  la  calamité,  l'inventaire 
du  Saint-Nicolas  mentionne  une  «  bussula  de  ligno  »  de  la  con- 
tenance d'une  once  et  demie  de  vif-argent^. 

Ainsi,  l'habitat  du  mot  boussole  se  trouve  fixé  :  c'est  un  vocable 
d'origine  sicilienne,  dont  le  sens  primitif  est  «  petite  boîte  de 

1.  Bertelli,  p.  152. 

2.  Abraham  Ortelius,  Theatnun  orbis  terrarum.  Anvers,  1570,  in-fol.  — 
D'autres  erreurs  se  greffèrent  sur  les  prenoières,  si  bien  que  le  Flavio  Biondo 
de  Forli,  écrivain,  devint  Jean  Goya  de  Melfi  dans  les  auteurs  du  xv-ii»  siècle. 
(Cf.  les  exemples  cités  par  Bertelli,  p.  1G3,  168-180.) 

3.  La  «  bussola...  venisse  attribuita  a  Flavio  di  MelH  o  Flavio  Gioja  Napoli- 
tano  circa  l'anno  1302.  »  (Stan.  Becchi,  Istorie  delV  origine  e  progressi  délia 
nautica  anlica.  Firenze,  1785,  p.  G9.)  —  Arrivée  à  cette  précision,  la  légende 
est  reproduite,  avec  méfiance  ou  non,  par  les  écrivains  contemporains.  (Guj^liel- 
motti,  Sloria  délia  marina  Pontificia.  Firenze,  1871,  in-S»,  I,  p.  418-423.  — 
Bertelli,  p.  190-208.) 

■i.  Cf.  infra,  p.  408. 


UN   INVENTAIRE    DE    BORD   EN    ^29^.  403 

bois,  »  peut-être  de  buis.  Il  n'est  pas  indifférent  de  le  constater; 
Klaprotb  proposait  en  effet  comme  ét3mologie  le  mot  arabe  moims- 
sala,  «  dard.  »  Et  ici,  les  données  de  la  philologie  sont  d'autant 
moins  négligeables  qu'elles  suppléent,  en  l'état,  à  l'absence  des 
documents.  Leur  enchaînement  est  tel  qu'elles  constituent  presque 
des  certitudes.  Dans  la  rose  des  vents,  qui  fut  adaptée  à  la  petite 
machine,  le  terme  de  «  tramontane  »  pour  désigner  le  nord  rat- 
tachait l'inrention  de  la  boussole  à  l'Italie ^  ;  le  mot  «  boussole  »  la 
localise  aux  Deux-Siciles,  et  la  marque  de  la  fleur  de  lis  sur  la 
tramontane  n'a  pu  être  apposée  que  dans  la  partie  des  Deux- 
Siciles  qui  relevait  encore,  au  xiv"  siècle,  des  princes  français  de 
la  maison  d'Anjou,  c'est-à-dire  dans  le  royaume  de  Naples. 

Préciser  davantage  me  paraît  imprudent.  Nous  aurions  même 
des  raisons  de  pencher  pour  la  partie  orientale  du  rojaume  de 
Naples  plutôt  que  pour  la  partie  occidentale.  Dès  1268,  un  pèle- 
rin, Pierre  de  Maricourt,  vit,  durant  le  blocus  de  Lucera,  en 
Pouille,  par  Charles  d'Anjou,  deux  aiguilles  aimantées  :  l'une 
oscillait  sur  l'eau  ;  l'autre,  mobile  sur  une  pointe,  avait  un  limbe 
divisé  en  quatre  quartiers  de  90  degrés  et  une  alidade  pour  mesu- 
rer les  angles  azimutaux^.  Ce  n'est  point  la  boussole,  mais  peu 
s'en  faut. 

Un  siècle  plus  tard,  c'est  un  autre  pèlerin  français,  un  vieux 
routier  des  mers  du  Levant,  qui  marque  la  nouvelle  étape  et 
donne  la  description  ^  détaillée  de  la  boussole  :  «  En  la  nave  avoit 
une  petite  boiste  en  laquelle  avoit  une  aguille  de  fer  touchée  et 
frotée  à  la  pierre  d'aymant  ;  par  la  vertu  de  laquelle,  l'aguille 
avoit  tousjours  son  regart  à  l'estoille  tremontane,  par  laquelle 
estoille  les  bons  maronniers  congnoissent  leur  chemin  en  la  mer. . . 
et  par  l'aguille  qui  est  ague  à  la  pointe  et  grosse  au  derrière  et 
percée,  et  est  comme  en  l'aer  au  mylieu  de  la  boiste...  Encores 
fut  dit  que  dessus  la  boiste  et  aguille,  en  la  nave,  avoit  une  lan- 

1.  Klaproth,  Lettre  à  M.  le  baron  de  Humboldt  sur  l'invention  de  la  bous- 
sole, p.  16.  —  Le  P.  T.  Pépin,  dans  une  série  d'articles  sur  les  Origines  de  la 
boussole  marine  {Études  des  PP.  Jésuites,  5  et  20  août  1897),  insiste  sur  l'ori- 
gine sicilienne  des  mois  «  Lebeccio,  greco  »  de  la  rose  des  vents. 

2.  Le  P.  Tiraoteo  Bertelli,  Sopra  Pietro  Peregrino  di  Maricourt  e  la  sua 
epistola  de  magnete,  rneraoria  la  dans  Bulletino  di  bibliografia  e  di  storia 
délie  scienze  matematiche  e  fisiche.  Roma,  18G8,  in-4<>,  I,  p.  1-32.  —  Comptes- 
rendus  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  1868,  B  IV,  p.  77. 

3.  Philippe  de  Mézières  (1327-1405),  le  Songe  du  viel  pèlerin,  chap.  xlv  : 
l'exposition  morale  et  spirituelle  de  la  nave,  dans  le  ms.  fr.  9200,  fol.  290  v. 


404  UN    INVENTAIRE   DE    BORD   E.\    i294. 

terne  et  uiig  falot  dedans,  qui  de  nuyt  enluminoit  tous  ceulx  de 
la  nave,  >■> 

Au  début  du  xv^  siècle,  la  boussole  fait  une  timide  apparition 
dans  les  mers  du  Ponant.  Du  moins,  je  crois  la  découvrir  dans 
l'inventaire  du  baleinier  anglais  Gabriel  de  la  Tour,  sous  la 
forme  «  boxe,  »  où  elle  se  cache  près  de  deux  autres  instruments 
nautiques,  un  «  dyoll  »  et  un  «  compassé.  »  Un  autre  vaisseau 
royal,  le  Christophe,  en  1417,  a  «  m  compas*,  »  et  ce  sera  le 
mot  adopté  désormais,  au  détriment  du  terme  napolitain,  par  les 
marins  de  l'océan.  Le  compas,  nous  l'avons  vu,  servait  à  mesu- 
rer sur  la  carte  marine  les  distances^;  il  désigna,  par  analogie, 
la  boussole,  où  la  rose  des  vents  mesurait  l'angle  fait  par  la 
marche  du  navire  avec  le  pôle. 

Le  premier  «  compas  de  nuit  claire  »  que  je  connaisse,  «  avec 
les  noms  et  ryns  des  vens,  »  fut  dressé  le  31  mai  1483,  à  Saint- 
Gilles-sur-Vic ,  par  un  Portugais  acclimaté  ou  naturalisé  en 
France,  Pierre  Garcie-Ferrande.  Observons,  toutefois,  que  la 
rose  des  vents  n'a  que  24  rumbs  au  lieu  de  32''. 

Le  compas  était  alors  d'un  usage  courant  sur  nos  côtes.  La 
nave  de  guerre,  que  le  duc  de  Bourgogne  Philippe  le  Bon  envoyait 
au  secours  des  Hospitaliers,  à  Rhodes,  embarquait  au  port  de 
rÉcluse,  en  Flandre,  «  plusieurs  compaes,  aguilles  et  oirloges 
de  mer^  » 

V horloge  de  mer,  voici  un  nouvel  instrument  que  les  marins 
anglais  employaient  dès  le  xiv^  siècle^.  C'était  un  petit  sablier, 
—  il  y  en  avait  plusieurs  à  bord,  —  «  corapassant  heure  ou 
demie ^.  »  Il  donnait  l'heure  du  lieu  de  départ.  La  déclinaison  des 


1.  Nicolas,  History  ofthe  Royal  Navy,  II,  444,  476. 

2.  C'est  dans  celte  acception  que  le  mot  compas  est  pris  dans  la  Practica  délia 
mercatura,  composée  en  1442  par  Uzzano.  Le  «  Compasso  a  mostrare  a  navi- 
care  dall'  uno  stretto  ail'  altro,  »  intercalé  dans  l'-ouvrage  d'Uzzano,  est  un  livre 
de  loch  pour  la  Méditerranée. 

3.  Dugast-Malifeux,  Notice  sur  Pierre  Garcie-Ferrande  et  son  routier  de  la 
mer,  dans  les  Annales  de  la  Société  académique  de  Nantes,  t.  XXXVIII 
(1867),  p.  20. 

4.  Achats  faits  par  le  nocher  de  la  nave,  Pantalion.  L'Écluse,  3  juin  1441. 
(Bibl.  nat.,  Pièces  orig.,  vol.  2830,  doss.  Thoisy  62887,  p.  2.) 

5.  En  1345,  la  nef  royale  d'Angleterre  la  George  a  douze  horloges  de  verre 
achetées  à  l'Ecluse.  (Nicolas,  ouvr.  cit..  II,  180,  476.) 

6.  Dugast-Matifeux,  ouvr.  cil. 


U\    INVENTAIRi;    DE    RORD    E\    \29A .  405 

astres  sur  l'horizon,  mesurée  par  l'astrolabe^,  indiquait  l'Iieure 
réelle  du  point  où  se  trouvait  le  navire.  L'écart  entre  les  deux 
données  marquait  exactement  la  longitude  comptée  du  point  de 
départ. 

Mais,  si  nos  marins  du  Ponant  savent  demander  «  leur  chemyn 
au  soleil  et  aux  estoilles,  »  grâce  aux  «  instruments  d'astrologie^  » 
ils  restent  réfractaires  aux  cartes  marines,  qui  réclament,  pour 
être  consultées,  sinon  une  certaine  intelligence,  du  moins  ]a  con- 
naissance de  l'écriture.  Du  temps  de  Louis  XI,  le  fameux  vice- 
amiral  Colomb  apprend  bien  de  maître  Robert  de  Cazel  le  secret 
de  la  «  quarte  de  naviguer^.  »  Trente  ans  auparavant,  l'amiral  de 
France  Prégent  de  Coëtivy  étudie  laborieusement  sa  «  mappe- 
monde couverte  de  damas  roge  broché  d'or^  »  Mais  les  cartes 
marines  n'indiquaient  que  l'échancrure  des  côtes  et  non  leur 
relief.  Ce  qu'il  fallait  à  l'ignorance  du  matelot,  c'était  un  dessin 
figuré  du  rivage,  la  représentation  palpable  des  amers  qu'on  pou- 
vait facilement  reconnaître  du  large.  Pour  avoir  répondu  à  ce 
besoin,  le  Routier  de  la  mer  de  Garcie-Ferrande,  composé  en 
1483,  eut  une  vogue  extraordinaire  ;  il  fut  réédité  nombre  de  fois, 
lors  même  que  les  découvertes  de  Christophe  Colomb  eurent  doublé 
le  monde  et  rendu  chaque  jour  plus  insuffisant  le  manuel  du 
Franco-Portugais. 

Mais  la  difficulté  pour  nos  marins  de  consigner  sur  une  carte 
le  fruit  de  leur  navigation,  bien  qu'ils  sachent  parfaitement  se 
diriger  au  large,  les  mettra  dans  un  état  d'infériorité  manifeste 
vis-à-vis  des  navigateurs  espagnols  et  portugais  et  les  empêchera 
de  revendiquer  plus  d'une  découverte. 

Ch.  DE  La  Roncière. 


1.  Au  musée  de  Rouen,  on  conserve  un  astrolabe  fort  ancien,  qui  aurait 
servi,  paraît-il,  à  Jean  de  Bethencourt  pour  son  voyage  aux  Canaries. 

2.  Traité  du  pilote  Germain  Sorin,  xv  siècle.  (Bibl.  nat.,  ms.  fr.  2132,  fol.  27.) 

3.  Recueil  des  plus  célèbres  astrologues,  par  Simon  de  Phares.  (Ms.  fr.  1357, 
fol.  161.) 

4.  Fragment  d'inventaire  des  manuscrits  de  Prégent  de  Coëtivy,  24  septembre 
[1444J,  imprimé  par  Marchegay,  dans  l'inventaire  du  chartrier  de  Thouars, 
p.  IG. 


406  UN   INVENTAIRE    DE   BORD   EN   ^294. 

8  mai  i294. 

SdR  la  PLAINTE  DE  L^INFANT  d'ArAGON,  ChARLES  II  LE  BoiTEUX,  ROI  DE 
NaPLES,   ordonne  DE    RESTITUER  A  l'ÉQUIPAGE   DU    SilNT-NlCOLAS,    DE 

Messine,  le  vaisseau  et  les  objets  capturés  par  la  galère  niçoise 
DE  Renier  Grimaldi  et  autres  et  vendus  a  Tarente.  Il  donne,  en 
conséquence,  l'inventaire  dressé  par  les  plaignants. 

Pro  Jolianne  Ronto  et  aliis  de  Messana.  Scriptum  est  capitaneo 
Tarenti,  etc.  Per  litteras  dompni  Frederici  infantis,  filii  quondam 
domini  Pétri  olim  régis  Aragonum,  nobili  viro  Johanni  de  Monte- 
forti,  comiti(s)  Squillacii  et  Montiscaveosi,  regni  Sicilie  camerario, 
dilecto  consiliario,  familiari  et  fîdeii  nostro,  directas,  liabuimus  quod 
Joliannes  Ronti,  Recuperius  de  Messana  et  Nicolaus  Brazera,  cives 
Messane,  lam  pro  se  quam  pro  marenariis  infrascriptis,  domini  Jacobi 
de  Aragonia  subditis,  coram  eodem  dompno  Frederico  exposuerunt 
et  plene  probavermit,  quod  : 

Gum  ipsi  et  dicti  marenarii,  olim  infra  mensem  novembris  presen- 
tis  vu"  indictionis,  de  portu  Tripolitano  de  partibus  Barbarie,  cum 
quodam  vascello  cohoperto  ipsorum,  vocato  Sanctus  Nicolas,  et 
infrascriptis  eorum  mercibus  honeratis  per  eos  in  eodem  portu  in  vas- 
cello predicto,  sub  securitate  presentis  abstinentie  seu  sub  ferte  a 
gucrra  ad  partes  Sicilie  navigarent,  dum  pervenissent  ad  mare  Aguste, 
Guiilelmus  Roteliis  de  Finara  et  Guillelmus  Bos  de  Portu,  habitatores 
Nicie,  cum  quadam  galea  olim  armata  in  eadem  terra  tam  per  eos 
quam  Raynerium  de  Crimaldo  et  Barnaban,  habitatores  ejusdem  terre 
Nicie,  contra  formam  predicte  abstinentie  in  eodem  mari  ceperunt 
eosdem  cum  predictis  vascello  et  mercibus,  pecunia  et  aliis  rébus 
eorum  inventis  in  eo,  valentibus  ad  générale  pondus  suprascriptam 
[sic]  pecunie  quantitatem,  et  ipsos  captivos  cum  eisdem  vascello,  rébus 
et  mercibus  usque  ad  Tarentum  addusserunt,  ablatis  eis  dictis  vascello, 
pecunia,  mercibus  et  aliis  infrascriptis  rébus  eorum,  ipsos  in  castro 
ejusdem  terre  Tarenti  carceri  mancipando,  quod  vascellum  cum  dic- 
tis rébus  et  mercibus  in  eadem  terra  Tarenti  vendiderunt  hominibus 
terre  ipsius.  Predicte  vero  pecunia,  merces  et  res  alie,  que,  simul 
cum  predicto  vascello,  predictis  personis  prefate  galee  capte  et  eis 
ablate  scribuntur,  suht  bec  videlicet. 

Que  fuerunt  predictorum  Johannis  Ronti,  Recuperii  et  Nicolai 
Brazere  : 

Predictum  vascellum  cum  affisis,  corredis  et  guarnimentis  suis, 
valens  uncias  50. 


DN   INVENTAIRE    DE    BORD    EN    ^294.  407 

Ilem,  in  duplis  argenti  et  milliarensibus  videlicelargenli,  uncias  27 
et  tare  nos  ^5. 

Item,  coda  de  canbillis  '  cum  collis  eorum  520,  ad  ralionem  de 
unciis  ^2  per  centenariuni,  uncias  62  et  tar.  12. 

Item,  coria  bovina  233,  ad  ralionem  de  unciis  ^6  percentenarium, 
uncias  40,  tar.  U. 

Item,  misiriis  -1408,  ad  ralionem  de  unciis  4  per  centenarium, 
uncias  56,  tar.  9,  gr.  ^12. 

Item,  vulpium  pelles  400,  ad  ralionem  de  unciis  3  per  centena- 
rium, uncias  12. 

Item,  buccaramina^  et  burde^  pecie  centum,  ad  ralionem  de  lare- 
uis  6  pro  qualibet,  uncias  20. 

Item,  de  sarzis  pecie  36,  ad  ralionem  de  tarenis  7  et  grossis  <0  pro 
qualibet,  uncias  9. 

Item,  vulpium  garnacie  3,  de  anginis  guarnacie  2  et  de  gallis  sal- 
vagiis  guarnacia  ^ ,  uncias  2. 

Item,  que  fuerunt  predicli  tanlum  Recuperii  : 

De  bichinis'-  rubeis  aclatis  duzane  quatuor,  ad  ralionem  de  tare- 
nis 20  pro  duzana,  uncias  2  et  tar.  20. 

Item,  buccaranis  sublilis  pecie  4,  laies  tele  subtilis  pro  facicndis 
coppulis  canne  42,  sargie  rubee  tinte  in  alacha  due,  cultonis  filati 
tinli  rotuli  6,  sane  nigre  pro  faciendis  cappellis  rotuli  20,  bode 
magne  4,  uncias  9  et  tar.  20. 

Item,  que  fuerunt  predicli  tanlum  Johannis  Ronli  : 

Tunicam  unam  et  ceprense  unum  de  blada  nova  foderatum  ven- 
triskis  cuniculorum,  uncias  2. 

Cappa  de  blada  i ,  tar.  22,  gr.  i  0. 

Ceprensem  de  modanisio  novum  -1 ,  tar.  6. 

Tunicam  de  lombardisca  fiscata  ^,  tar.  8. 

Farsetum^  de  bocca  ramine  1,  lar.  6. 

Suppletum  novum  4,  tar.  4. 

Interularum  et  serabularum ''  4  paria,  tar.  ^2. 

Galigarum  de  blea  paria  2,  lar.  4. 

Infuie  5,  lar.  2. 

1.  Pour  «  camellis.  » 

2.  Bougrans. 

3.  Grosses  étoffes  rayées  noir  et  jaune. 

4.  Béguins. 

5.  Gilet  ou  habit  de  dessous. 

6.  Chemises  et  culottes. 


ftOS  UJr   INVENTAIRE    DE    BORD   EN   4294. 

Infula  de  zenata  ad  armandum  4,  tar.  4  et  gr.  -iO. 

Bracalem  de  seta  4 ,  tar.  2. 

Siculectum  de  argcnlo  4,  tar.  5. 

Corigiam  de  corio  cura  marsubio,  tabulettis,  calamario  et  canna- 
bellis',  tar.  4. 

Mappamundum  unum  cum  compasso,  tar.  7  et  gr.  -10. 

Mataracium  i  et  culsinum  i  plena  lane,  tar.  \0. 

Karracanum,  tar.  -10. 

Tappetum  -1 ,  tar.  6. 

Galamila  cum  apparatibus  suis  i ,  tar.  2. 

Corazie  coperte  ssamito  rubee  pare  -1,  et  gorzerinam  4,  unciam  4, 
tar.  4. 

Ensis  1,  tar.  -15. 

Gultellum  feritorium  4,  tar.  4. 

Cappellum  de  aczaro  4,  tar.  7  et  gr.  40. 

Gerbelleriam  \ ,  tar.  4. 

Lançea  ferrata  -( ,  tar.  3. 

Baliste  de  ligno  2  cum  earum  balneriis,  quarura  una  eratad  unum 
pedem  et  altéra  ad  duos  pedes,  tar.  8. 

Targie  4,  tar.  4  et  gr.  40. 

Buccaraminis  pecie  3,  ad  rationem  de  tarenis  6  per  peciàm,  tar.  \  8. 

De  burdis  pecie  2,  tar.  \6. 

Tele  tinte  de  maguco  pecie  2,  tar.  46. 

Gassia  de  tillan  -i,  tar.  -15. 

Item,  que  fuerunt  tantum  dicti  Nicolai  Brazere  : 

Tunica  de  blada,  etc. 

Tubalia  una  de  facie,  tar.  4. 

Tubalia  de  marni  i,  tar.  4 . 

Gottardita  lonbardisca  foderata  penna  anguina  (!),  tar.  42. 

Tobalia  de  tabula  i,  tar.  3. 

Tobalia  parva  \ ,  tar.  i . 

Baczile  de  ère  4,  tar.  a. 

Billancerium  de  Alexandria  cum  bellanciis  et  libris,  tar.  5. 

Bursetta  parva  de  seta  I,  tar.  1  et  gr.  40. 

Bussula  de  ligno  una,  in  qua  erat  argentum  ruccum  in  pondère 
uncia  una  et  média,  tar.  8. 

Buttonos  de  ambro  paria  2,  tar.  4. 

De  grucettis  de  argento  paria  2,  tar.  -J . 

De  hebere  manice  2,  tar.  4. 

1.  Petits  roseaux  pour  écrire,  par  déformation  du  radical  «  calanius.  » 


CN   INVENTAIRE    DE    BORD    E\    J294.  ^09 

Infuie  5,  tar.  2. 
Caligarum  pecia  2,  lar.  3. 
SublcUarum  paria  3,  tar.  ^,  gr.  -10. 
Capulium  de  viride  foderalum  zcnalo  rubco,  lar.  7,  gr.  10. 
ClavaUira  sarraceiiica  1,  gr.  15. 
Scalpellum  1,  gr.  iO. 

Ferrum  pro  mcrcando  vegelibus  -I,  gr.  iO. 
De  aczaro  virga  I  et  média,  gr.  5. 
De  asineriis  paria  2,  gr.  \0. 
Mappamundum  iinum,  tar.  6. 
Cullellus,  etc. 

Arcus  de  Dumasco  cum  sagittis  et  carchesio  unus,  lar.  Tel  gr.  40. 
Item,  que  fuerunt  Pliilippi  de  Gausio,  marinarii  dicti  vascelli  : 
Goracia  i  cum  gorzarina  i,  tar.  22,  gr.  iO. 
Gapelium  de  aczaro  1,  tar.  5. 
Gustorenum  1,  tar.  •10. 
Sculus  i,  tar.  4  et  gr.  -10. 
Lanzea  ferrata  i ,  lar.  i . 
Farseclum  ad  armandum  -1,  lar.  6. 
Tuiiica  de  arbasio',  tar.  2. 
Macarecti  \ ,  lar.  2. 

Garpeta  -1 ,  lar.  3. 

Inlerularum  et  serabularum  paria  2,  lar.  4. 

GuanLus  de  ferro  1,  tar.  1  et  gr.  -10. 

Sargie  rubee  Unie  in  alacha  2,  lar.  20. 

Buccaramins  pecie  2,  tar.  V2. 

Spungie  100,  tar.  \0. 

Garnarolum  1,  gr.  10. 

Boda  pilosa  -1 ,  tar.  \ . 

Galamila  1,  tar.  2. 

Les  huit  autres  matelots  et  le  serviteur  du  navire  ont  la  même 
trousse,  sauf  la  calamité  qu'ils  n'ont  pas.  En  retour,  l'un  d'eux 
possède  : 

Mappamundum  unum,  tar.  7. 

En  conséquence,  Charles  le  Boiteux  donne  l'ordre  de  faire  resti- 
tuer à  leurs  propriétaires  tous  ces  objets. 

Datura  per  B.  de  Gapua,  mililem,  etc. ,  die  viii°  madii,  vif  indictione. 
(Archives  de  Naples,  reg.  Angioini  G3,  fol.  93  v-94.) 

1.  «  Arbasio,  »  gros  drap  de  laine  noire. 


LES  COLLECTIONS  CANONIQUES 


ATTRIBUEES    A 


YVES  DE  CHARTRES 

(Suite  ^ .) 


CHAPITRE  V. 
L'influence  des  collections  canoniques  d' Yves. 

On  s'efforcera,  dans  ce  chapitre,  de  déterminer  l'influence  des 
collections  canoniques  qui  se  rattachent  à  Yves  de  Chartres,  Tri- 
partita,  Décret,  Panormia,  sur  les  recueils  analogues  qui  ont 
été  composés  ultérieurement. 

Pour  mener  à  bonne  fin  cette  étude,  il  a  paru  nécessaire  de 
se  conformer  à  l'ordre  suivant  : 

1"  Il  convient  d'énumérer  d'abord  les  collections  qui  ne  sont 
que  des  extraits  de  l'un  des  recueils  chartrains  ; 

2°  On  étudiera  ensuite  les  collections  purement  canoniques  qui 
ont  emprunté  une  portion  notable  de  leurs  éléments  aux  recueils 
chartrains,  mais  qui,  à  cause  des  matériaux  de  provenance  étran- 
gère qui  y  ont  été  incorporés,  ne  sauraient  être  considérées  comme 
de  simples  extraits  des  collections  de  Chartres  ; 

3**  Enfin,  on  recherchera  la  trace  de  l'influence  d'Yves  sur  des 
écrits  dont  le  caractère  n'est  pas  principalement  juridique,  notam- 
ment sur  quelques-uns  des  recueils  de  sentences  théologiques  si 
répandus  au  xif  siècle. 

1.  Voir  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  LVII,  p.  645-698,  LVIII,  26-77 
et  293-326. 


LES  COLLECTIOXS  CANONIQUES  ATTRIBDÉES  A  YVES  DE  CHARTRES.      41  < 

Section  première. 

Les  extraits. 

§  I.  Extraits  de  la  t  Tripartita^.   » 

\°  Je  dois  mentionner,  d'abord,  un  manuscrit  du  British  Mu- 
séum, Cotton.,  Cleopatra  GVIII,  sur  lequel  Theiner  fournit  les 
renseignements  suivants  : 

Le  manuscrit,  qui  date  du  milieu  du  xif  siècle,  contient  une 
collection  dont  la  Tripartita  est  la  source  à  peu  près  exclusive. 
Toutefois,  l'ordre  en  est  différent;  il  se  rapproche  plutôt  de 
celui  du  recueil  du  faux  Isidore.  La  série  des  décrétales  est  inter- 
rompue après  les  lettres  du  pape  Melchiade.  Viennent  alors  les 
extraits  des  conciles,  depuis  Nicée  jusqu'au  deuxième  concile  de 
Séville.  L'auteur  revient  ensuite  aux  décrétales,  dont  il  donne 
des  extraits  depuis  saint  Silvestre  jusqu'à  Grégoire  le  Grand.  Il 
y  ajoute  ensuite  des  textes  empruntés  à  la  troisième  partie  de  la 
Tripartita.  On  y  trouve  en  outre  quelques  fragments  étrangers 
à  cette  collection,  notamment  plusieurs  lettres  de  Fulbert  de 
Chartres,  dont  on  peut  déduire  que  la  collection  est  d'origine 
française'-. 

Ces  observations  de  Theiner  me  laissent  incertain  sur  la  rela- 
tion qui  existe  entre  la  Tripartita  et  la  collection  du  manuscrit 
de  Londres.  Il  serait  nécessaire  de  collationner  les  deux  collec- 
tions pour  arriver  à  une  conclusion  définitive.  Pour  le  moment, 
je  me  borne  à  enregistrer  les  renseignements  donnés  par  Theiner, 
en  lui  laissant  la  responsabilité  de  son  opinion. 

2"  Dans  le  manuscrit  56  du  monastère  bénédictin  de  Gottweig, 
dans  la  Basse-Autriche  (manuscrit  qui  date  du  xif  siècle),  M.  de 
Schulte  a  rencontré  une  collection  qui,  à  son  avis,  pourrait 
être  considérée  comme  procédant  de  la  Tripartita^.  J'avoue 
que  les  indications  qu'il  fournit  sur  ce  manuscrit  ne  m'ont  nulle- 

1.  Theiner,  Disquisitiones ,  p.  178-179. 

2.  J'ai  menlionné  comme  un  manuscrit  de  la  Tripartita  le  nis.  345  (numéro 
de  la  vente)  de  la  collection  Hamilton,  actuellement  à  Berlin.  La  Tripartita 
y  semble  bien  entière.  Jusqu'à  preuve  du  contraire,  je  ne  l'ai  point  considéré 
comme  un  extrait. 

3.  Mémoire  publié  dans  les  Sitzungsberichte  de  l'Académie  impériale  de 
Vienne,  classe  de  philosophie  et  d'histoire,  LVII  (1867),  p.  560  et  suiv. 


Â^2  LES   COLLECTIONS   CAXOXIQDES 

ment  convaincu  de  cette  filiation.  Telle  a  été  aussi  l'impression 
de  M.  Sdralek,  qui,  ayant  vu  le  manuscrit  de  Gottweig,  ne 
pense  pas  que  la  collection  qui  y  est  contenue  dérive  de  la 
T/'iparlita^. 

§  U.  Extraits  du  «  Décret.  » 

1°  Au  premier  rang  des  extraits  du  Décret,  il  faut  citer,  pour 
mémoire,  la  collection  B,  troisième  partie  de  la  Tripartita.  J'en 
ai  suffisamment  traité  à  propos  de  la  Tripartita  pour  n'avoir 
point  à  y  revenir. 

2"  Le  manuscrit  1808  de  la  bibliothèque  Corsini,  à  Rome  ^  qui 
date  du  xii^  siècle  et  semble,  pour  diverses  raisons,  originaire  de 
Pise  ou  des  environs  de  cette  ville,  contient  une  collection  cano- 
nique qui  est  extraite  à\i  Décret.  Cette  collection  comprend  seize 
parties,  rédigées  d'après  les  parties  I  à  XVI  du  Décret;  la 
XVIP  partie  du  Décret  n'a  point  été  utilisée.  Dans  chacune  de 
ces  parties,  beaucoup  de  chapitres  du  Décret  ont  été  omis;  c'est 
ainsi  que,  dans  la  partie  XVI  du  manuscrit  Corsini,  le  cha- 
pitre 243  correspond  au  chapitre  362  et  dernier  du  Décret. 

En  tête  du  manuscrit  figure  la  grande  préface  d'Yves,  précé- 
dée de  ces  mots  :  «  Incipit  prologus  domini  Yvonis  Carnotensis 
episcopi  ante  collectioues  ecclesiasticarum  regularum  de  conve- 
nientia  et  dispensatione  earumdem.  »  A  la  suite  du  chapitre  243 
et  dernier  de  la  seizième  partie,  on  trouve  quelques  chapitres 
étrangers  au  Décret  sous  les  rubriques  suivantes  : 

244.  Jeronimus  ad  Amandum  presbiterum. 

245.  Item  ad  Euslochium. 

246.  Augustinus  in  libre  de  cura  pro  mortuis  agenda. 

247.  Ex  sermone  ejus  ad  conjugatos. 

248.  Ex  epistola  ejus  ad  Egdigiam. 

249.  Actio  prima  quinte  Synodi. 
2.50.  Actio  quarta. 

La  collection  finit,  à  ce  chapitre  250  de  la  seizième  partie,  par 
ces  mots  :  «  Explicit  liber  coUectarum  sententiarum  féliciter.  » 


1.  Sdralek,  de  S.  Nicolai  Papx  I  epislolarum  codicibus  (Breslau,   1882), 
p.  17,  note  1. 

2.  Je  dois  ces  renseigaernents  à  une  commuaication  obligeante  de  M.  Paul 
Fabre. 


ATTRIBUÉES    A    YVES    DE    CHARTRES.  4^3 

La  même  collection  est  contenue  dans  un  manuscrit  du 
xu'"  siècle,  et  plutôt  de  la  seconde  moitié  de  ce  siècle,  qui  paraît 
avoir  été  écrit  dans  le  nord  de  l'Italie*.  Ce  manuscrit  est  actuel- 
lement conservé  au  British  Muséum,  Harleian  3090.  On  y 
retrouve  au  début  et  à  la  fin  de  la  collection  les  particularités 
qui  signalent  le  manuscrit  Corsini. 

D'après  Theiner,  la  même  collection  est  aussi  conservée  à 
Vienne  (Cod.  universitatis,  n"  789,  fol.)-;  en  outre,  il  en  existe 
un  exemplaire  à  Leipzig,  dans  la  bibliothèque  de  l'Université 
(n'^955,  4)-^ 

Ainsi,  cette  collection,  extraite  du  Décret,  se  trouve  dans 
quatre  manuscrits  connus  dont  deux  au  moins  semblent  d'ori- 
gine italienne.  Le  contenu  en  est  celui  des  livres  I  à  XVI  du 
Décret,  moins  les  chapitres  omis,  qui  sont  signalés  par  Theiner 
dans  ses  Disquisitiones^. 

3°  Il  existe  un  autre  extrait  du  Décret,  conservé  dans  le  ma- 
nuscrit 14809  du  fonds  latin  de  la  Bibliothèque  nationale  (fol.  312 
et  suiv.).  Ce  manuscrit,  qui  provient  de  Saint- Victor,  est  de 
la  fin  du  xin^  siècle  ;  l'extrait  qui  y  est  contenu  est  très  différent 
de  celui  qui  vient  d'être  signalé. 

Le  texte  est  précédé  d'une  table,  du  xiv'^  siècle,  avec  ce  titre  : 
«  Excepta  Yvonis  condam  Carnotensis  episcopi  de  decretis,  quo- 
rum sunt  17  partes.  »  Il  s'ouvre  par  le  sommaire  des  dix-sept  par- 
ties. Puis  vient  la  grande  préface  :  «  Exceptiones  ecclesiasticarum 
regularum...,  »  jusqu'à  ces  mots  {Patrologia  latina,  CLXI, 
c.  49)  :  «  Qui  potest  capere  capiat.  » 

Suivent,  sans  sommaires  ni  inscriptions,  les  chapitres  du 
livre  I,  du  c.  4  au  c.  44  inclus.  Ce  dernier  se  prolonge  par  un 
texte  de  quelques  lignes,  dont  voici  le  début  et  la  fin  :  «  Quara- 
vis  igitur  et  angustia  temporis  et  festinatio  portitoris...  illi  reve- 
lavit  Deus.  » 

Puis  :  «  In  libro  de  sacramentis.  Ante  benedictionera  alia  spe- 

1.  Je  dois  ces  renseignements  à  l'obligeance  de  M.  F.  G.  Kenyon,  du  Brilish 
Muséum. 

2.  Disquisitiones,  \>.  182. 

3.  Ce  manuscrit  a  été  décrit  par  Kind  dans  une  publication  qu'il  m'a  été 
impossible  de  me  procurer,  Stanmai-ium  des  Neuslen  in  der  Rechtswissenschaft 
(1832,  Lief.  15),  p.  270.  Je  la  connais  par  une  note  de  Jacobson  dans  les  Rich- 
ter's  Krilische  Jahrbdcher  fur  deuische  ReclUsivissenschaft,  I  (Leipzig,  1837), 
p.  779-816. 

4.  P.  182,  note  31. 

'1897  27 


A\Ji  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

cies  nominalur;  post  benedictionera  corpus  significatur...  epu- 
lantur  corda  sanctorum.  Item  in  eodem.  Vera,  ait,  caro  Christi 
que  crucifixa,  que  sepulta  est;  vere  illius  carnis  sacramentura 
verum  est.  »  —  Ce  sont  deux  fragments  de  saint  Ambroise*  qui 
se  retrouvent  dans  le  Décret,  II,  7. 

Puis  (fol.  322)  commence  la  seconde  partie  par  le  c.  1  de  cette 
partie.  Les  extraits  sont  assez  nombreux  et  se  terminent  par  les 
c.  137,  139  à  143. 

Viennent  ensuite  les  livres  suivants,  réduits  de  même. 

Le  manuscrit  est  incomplet.  Il  s'arrête  au  cours  du  livre  XVI 
(fol.  393  v'^).  Voici  les  derniers  fragments  :  c.  64,  66,  134,  136, 
137,  138  et  139. 

§  III.  Extrait  de  la  «  Panormia.  » 

Je  n'ai  à  signaler  qu'un  seul  extrait  de  la  Panormia  ;  c'est 
celui  qui  est  contenu  dans  le  manuscrit  106,  in-4°,  de  la  Biblio- 
thèque roj^ale  de  Berlin.  Il  nous  est  connu  seulement  par  la  des- 
cription qu'en  donne  TJieiner^.  C'est  une  Panormia  en  huit 
livres,  dont  beaucoup  de  fragments  sont  omis  ;  ainsi,  au  premier 
livre,  sur  162  chapitres,  117  manquent. 

Cet  extrait  ne  paraît  avoir  aucune  importance.  Theiner^  l'at- 
tribue à  un  évêque  du  commencement  du  xif  siècle,  Hugues  de 
Châlons  (Hugo  Catalaunensis),  qu'il  trouve  mentionné  dans  le 
Spéculum  Historiale  de  Vincent  de  Beauvais  comme  ayant 
composé  une  Summa  decretorum  Ivonis^.  Mais  nous  constate- 
rons ci-dessous  qu'un  autre  évêque  de  Châlons,  Haimon  de 
Bazoches,  a  composé  vers  le  milieu  du  xii''  siècle  un  manuel  très 
résumé,  d'après  la  collection  en  dix  livres,  seconde  édition  de  la 
Panormia,  et  que  ce  manuel  a  circulé  sous  le  nom  de  Summa 
decretorum  Ivonis^.  N'y  aurait-il  pas,  dans  le  texte,  d'ailleurs 
isolé,  de  Vincent  de  Beauvais,  une  confusion,  facile  à  expli- 
quer, entre  deux  évêques  de  Châlons,  Haimo  Catalaimensis 
et  Hugo  Catalaunensis?  Et  si  la  confusion  ne  doit  pas  être 

1.  Pour  le  premier  de  ces  fragments,  voir  Gralien,  D.  2  de  cons.,  c.  40,  et  la 
note  de  M.  Friedberg. 

2.  Disquisiliones,  p.  179. 

3.  Ibid. 

4.  Spéculum  historiale,  XXVI,  c.  84. 

5.  Voir  ci-dessous,  p.  442  et  suiv. 


ATTUrnUÉES    A    YVES    DE    CHARTRES.  ^  I  î> 

imputée  à  l'auteur  du  Spéculum,  quoiqu'il  soit  médiocrement 
informé  sur  le  compte  des  écrivains  canonistes*,  ne  faut-il  pas 
l'attribuer  à  ses  éditeurs?  Jusqu'à  ce  que  cette  question  soit  tran- 
chée, je  crois  prudent  de  n'inscrire  point  Hugues  de  Chàlons  dans 
la  liste  des  abréviateurs  de  la  Panormia.  Il  vaut  mieux  con- 
sidérer le  recueil  de  Berlin  comme  l'œuvre  d'un  auteur  inconnu. 

Section  deuxième. 
Les  collections  purement  canoniques. 

On  peut  affirmer,  sans  hésiter,  que  la  plupart  des  collections 
canoniques  de  la  première  moitié  du  xif  siècle  dépendent  plus  ou 
moins  des  recueils  d'Yves  de  Chartres.  Je  ne  saurais  avoir  la  pré- 
tention de  les  énumérer  toutes.  J'appellerai  seulement  l'attention 
du  lecteur  sur  celles  de  ces  collections,  connues  de  moi,  qui  ont 
subi  dans  une  mesure  assez  large  l'influence  des  collections  du 
groupe  chartrain^. 

Il  sera  traité  d'abord  de  deux  collections  qui  ont  largement 
puisé  au  Décret  :  la  Cœsaraugustana  et  le  recueil  que  j'appel- 
lerai collection  de  Sainte-Geneviève,  du  nom  du  dépôt  où  s'en 
trouve  conservé  le  manuscrit  unique. 

J'étudierai  ensuite  trois  collections  qui  procèdent  de  Xs.  Panor- 
mia :  celle  du  Vatican.  1361,  qui  y  a  fait  des  emprunts  impor- 

1.  On  peut  s'en  convaincre  en  parcourant  le  chapitre  indiqué  plus  haut  du 
Spéculum  historiale. 

2.  En  étudiant  la  collection  canonique  en  trois  livres  contenue  dans  le  ms.  3831 
latin  du  Vatican  et  dans  un  ins.  de  Pistoic,  j'ai  signalé  divers  emprunts  au  Décret 
d'Yves  :  je  me  borne  à  les  rappeler  ici.  Voir  Une  collection  canonique  italienne 
du  commencement  du  XII°  siècle  (Grenoble,  1894,  in-S"  ;  extrait  des  Annales 
de  l'enseignement  supérieur  de  Grenoble,  t.  VI),  p.  63.  —  Quant  à  la  collec- 
tion canonique  contenue  dans  le  ms.  du  Vatican  1346,  ainsi  que  dans  le  ms.  de 
Vienne  2186  (Jur.  canon.  80),  c'est  un  recueil  en  sept  livres,  du  temps  de  Pas- 
cal II,  connu  par  les  sommaires  que  Theiner  a  publiés  [Disquisiliones,  p.  345 
et  suiv.).  Mes  investigations  sur  cette  collection  (j'aurai  bientôt  l'occasion  d'en 
donner  le  résultat)  m'ont  prouvé  qu'elle  se  rattache  surtout  à  la  f.imille  des  col- 
lections italiennes;  à  mon  avis,  l'influence  des  collections  chartraines  ne  s'y  est 
exercée  que  médiocrement.  —  Dans  un  récent  mémoire,  M.  de  Glanvell  a  indi- 
qué certaines  analogies  entre  la  collection  inédite  en  cinq  livres  du  Vatican. 
1348  et  le  Décret  d'Yves:  Die  Canonessammlung  des  Cod.  Vatican.  Lat.  1348, 
dans  les  Sitzungsberichte  de  l'Académie  impériale  de  Vienne,  classe  de  philoso- 
phie et  d'histoire,  CXXXVI  (1897),  p.  49. 


I 


U6  LES   COLLECTIONS    CANONIQUES 

tants  ;  la  collection  en  dix  parties,  qui  est  réellement  une  seconde 
édition  augmentée  de  la  Panorinia,  et  la  Summa  decretorum 
Haimonis,  résumé  très  bref  de  cette  collection  en  dix  parties. 

J'en  viendrai  ensuite  à  deux  collections  conservées  dans  des 
manuscrits  de  Ghàlons-sur-Marne  (première  et  deuxième  collec- 
tion de  Ghàlons),  qui  procèdent  à  la  fois  de  la  Tripartita  et  de 
la  collection  en  dix  parties. 

On  s'étonnera  peut-être  de  ne  point  voir  figurer  dans  cette  liste 
le  Décret  de  Gratien.  G'est  à  dessein  que  je  me  suis  abstenu  de 
l'y  insérer.  Chacun  sait,  et  les  Prolégomènes  de  M.  Friedberg  à 
son  édition  du  Décret  en  font  foi,  que  les  trois  collections  du 
groupe  chartrain,  Tripartita,  Décret  d'Yves,  Panormia,  ont 
fourni  de  nombreux  éléments  au  célèbre  compilateur.  Pour  le 
moment,  je  crois  inutile  d'en  dire  davantage.  Les  questions  rela- 
tives aux  origines  de  Gratien  sont  assez  complexes  pour  mériter 
les  honneurs  d'une  étude  séparée. 

§   I.    La    «    G.ESARAUGUSTANA  ^    » 

Au  nombre  des  recueils  canoniques  sur  lesquels  le  Décret 
d'Yves  a  exercé  son  influence,  je  dois  placer  la  collection  dite 
Cœsaraugustana,  parce  que  c'est  un  manuscrit  de  Saragosse 
qui  l'a  d'abord  fait  connaître. 

Je  n'entreprendrai  pas  ici  de  décrire  en  détail  cette  collection  ; 
elle  mérite  qu'une  notice  lui  soit  exclusivement  consacrée.  Il  me 
suffira  de  dire,  sans  en  faire  la  démonstration  (qui  trouvera  sa 
place  ailleurs),  que  la  Cœsaraugustana  date  du  pontificat  de 
Pascal  II  (1099-1118)  ;  il  en  existe  d'ailleurs  une  forme  posté- 

1.  La  Cccsaraugustana  est  contenue  dans  deux  manuscrits  du  xii*  siècle 
conservés  à  la  Bibliothèque  nationale,  latin  3875  et  3876.  Le  manuscrit  3875  a 
appartenu  à  Baluze  ;  le  manuscrit  3876  a  appartenu  à  M.  de  Rignac,  conseiller 
à  la  cour  des  aides  de  Montpellier  (1682),  puis  a  passé  chez  Colbert.  —A  Rome, 
la  Civsaraugusiuna  est  contenue  dans  un  manuscrit  du  xii^  siècle,  le  Vatica- 
nus  5715;  on  en  trouve  en  outre  deux  copies  modernes  des  environs  de  1600. 
L'une  de  ces  copies  qui  comprend  l'ouvrage  complet  est  conservée  à  la  biblio- 
thèque Barberini  (XVI,  lOi,  ancien  2864)  ;  elle  est  faite  d'après  un  manuscrit 
espagnol,  Aulx  Dei,  Uieromjmi  Zuritx.  (La  chartreuse  dite  Atda  Dei  est  voi- 
sine de  Saragosse;  le  manuscrit  dont  fut  tirée  cette  copie  est  le  manuscrit  pri- 
mitivement connu  de  cette  collection.)  L'autre  copie  moderne  est  au  Vatican, 
sous  le  n"  4976.  —  Sur  la  Cxmraagxislana ,  voir  Saviguy,  Geschichte  des  romi- 
scken  Rechls,  H,  p.  299-300;  Conrat,  Geschichte  der  Quelloi  und  Lileratur  des 
romischen  Rechls,  1,  p.  390  et  suiv. 


ATTRir.UKE?   A    YVES   DE    CnARTRES.  A\7 

rieure,  représentée  par  deux  manuscrits  (le  Vatican.  5715  et  le 
ms.  latin  de  la  Bibl.  iiat.  3876),  qui  date  du  milieu  du  xii°  siècle'. 
La  collection  n'est  pas  d'origine  italienne;  je  la  croirais  assez 
volontiers  originaire  d'Aquitaine  ou  du  nord  de  l'Espagne. 

Sans  doute,  il  s'en  faut  de  beaucoup  que  le  Décret  d'Yves 
doive  être  considéré  comme  la  source  exclusive  de  la  Cœsarau- 
gustana.  Elle  comprend  beaucoup  de  matériaux  dont  l'origine 
est  autre.  C'est  ainsi  qu'elle  a  fait  des  emprunts  considérables 
à  la  collection  d'Anselme  de  Lucques,  qu'elle  paraît  avoir,  en 
un  point  au  moins,  subi  l'influence  de  Polycarpus^  et  qu'elle 
a  inséré  un  certain  nombre  de  textes  de  droit  romain  qui  tous 
n'étaient  pas  connus  par  les  compilations  antérieures,  aussi  bien 
que  des  textes  canoniques  qui  ne  se  rencontrent  pas  ailleurs.  Le 
seul  point  que  je  veuille  ici  mettre  en  lumière,  c'est  la  relation 
qui  existe  entre  la  Cœsaraugustana  et  le  Décret. 

Il  serait  impossible  de  signaler  tous  les  fragments  ou  même 
toutes  les  séries  de  fragments  que  la  Cœsaraugustana  a  tirées  du 
Décret.  Je  donnerai  seulement  un  certain  nombre  d'exemples 
qui  permettront  d'établir  la  filiation  des  deux  collections.  Ces 
exemples  seront  tirés  des  livres  I,  X  et  XI  de  la  Cœsarau- 
gustana. 

Voici  d'abord  une  série  empruntée  au  premier  livre  de  la  Cœsar- 
augustana, qui  traite  principalement  des  diverses  sources  du 
droit  et  de  leur  valeur  respective.  Il  convient  de  faire  remarquer 
à  l'avance  que  plusieurs  chapitres  du  Décret,  formés  de  diverses 
phrases  d'un  même  auteurrapportéesetjuxtaposées,  se  retrouvent 
identiques  dans  la  Cœsaraugustana  et  que  nombre  de  chapitres 
du  Décret  ne  sont  passés  dans  la  Cœsaraugustana  qu'après 
avoir  subi  l'amputation  de  quelques  phrases.  Le  rédacteur  (le  la 
Cœsaraugustana  prend  les  textes  tels  qu'il  les  trouve  dans  le 
Décret  ou  les  abrège,  mais  il  ne  les  présente  pas  sous  une  forme 
plus  longue. 

Cette  considération  suffirait  à  démontrer  que  les  textes  qui 
vont  être  énumérés  ont  été  tirés  du  Décret. 

1.  La  forme  de  la  Cœsaraugustana  contenue  dans  ces  deux  manuscrits  se 
distingue  par  d'importantes  interpolations.  Parmi  les  textes  interpolés  se  ren- 
contrent de  nombreux  fragments  de  droit  romain,  un  passage  emprunté  à  Gra- 
tien  et  aussi,  comme  je  l'indiquerai  plus  loin,  des  fragments  de  la  Panormia. 
Je  cite  la  Cxsarauguslana  d'après  sa  première  forme. 

2.  Huffer,  Beilrxge  zur  Geschichte  der  Quellen  des  Kirclienrechis,  p.  81. 


4^8  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

Cœsaraugustana,  I, 


7    = 

Décret^ 

IV,    71. 

8    = 

— 

74. 

9    = 

— 

206. 

^0    = 

— 

233. 

\v  = 

— 

236. 

\2   = 

— 

237. 

\r  = 

— 

200. 

\A  = 

— 

203. 

45   = 

— 

204,  ]\x?>(\Vidi  prohibemus. 

K)*=: 

— 

210. 

a  = 

— 

208,  209  et  195. 

20  = 

— 

178. 

2^2  = 

— 

211. 

22   = 

— 

207. 

233  = 

— 

223. 

25*  = 

— 

194. 

26    = 

— 

201  et  202. 

29    = 

— 

1 07,rin,  clepuis-Seica^rm^ft. 

30    = 

— 

108. 

3^'  = 

— 

109. 

34    = 

— 

112. 

35    = 

— 

75,  jusqu'à  suhsistunt. 

36    = 

— 

117,  jusqu'à  refutantur. 

37    = 

— 

1 20,d6puisOMo;2««m5ïCM^. 

38'^  = 

— 

121. 

1.  Les  fragments  marqués  d'un  astérisque  sont  composites,  c'est-à-dire  for- 
més de  plusieurs  passages. 

2.  Texte  cornposile,  reproduit  dans  la  Cxsaraugustana  tel  qu'il  figure  dans 
le  Décret  et  dans  la  collection  A  (partie  I,  Nicolas  I",  14).  —  L'attribution  de 
la  Cxsaraugustana,  Nicolaus  Phocio,  est  exacte,  le  texte  étant  emprunté  à  une 
lettre  de  Nicolas  I"  à  Photius  de  l'année  862  (Jaifé-Wattenbach,  n»  2691)  ;  au 
contraire,  le  Décret,  après  la  collection  A,  donne  l'attribution  erronée  :  «  Nico- 
laus Michaeli  imperalori.  »  Il  en  faut  conclure,  sans  doute,  que  le  rédacteur  de 
la  Cxsaraugustana  a  reclilié  lui-même  l'attribution,  ce  (jui  n'est  pas  impos- 
sible, car  il  paraît  avoir  consulté  en  plus  d'un  cas  les  textes  originaux. 

3.  Avec  l'attribution,  d'ailleurs  exacte,  «  Léo  VIIII  Michaeli  patriarche  Con- 
slantinopolitano  »  (cf.  JafTé-Wattenbach,  n"  4302).  L'attribution  du  Décret 
a  Léo  VI 111  Michaeli  imperalori  »  est  fausse.  On  peut  répéter  ici  l'observation 
faite  à  la  note  précédente. 

4.  Ce  fragment  comprend  le  début  du  c.  109  d'Yves  jusqu'à  testait  sunt  et  le 
fragment  final  depuis  diligenter. 

5.  Le  chapitre  de  la  Cxsaraugustana  néglige  la  première  phrase  du  c.  121 


ATTRIBUEES    A 

YVES    DE   CHARTRES.                                 419 

39'  = 

— 

^22,  début. 

40    = 

— 

423. 

41    = 

— 

^27,  jusqu'à  videtur. 

42    = 

— 

-134,   jusqu'à    Cartluigi- 
nensem. 

43*  = 

— 

138. 

44   = 

— 

137. 

452  = 

— 

125. 

46    = 

— 

79,  jusqu'à  consentiret . 

47*  = 

— 

80. 

483  _ 

— 

64. 

49    = 

— 

238. 

5^    = 

— 

186. 

52    = 

— 

V, 

123,  jusqu'à  serventur. 

53    = 

— 

IV, 

,  106. 

55   = 

— 

179. 

56    = 

— 

180. 

57   = 

— 

183. 

58   = 

— 

184. 

59   = 

— 

187. 

60'  = 

— 

188. 

61    = 

— 

176. 

—  63  et  64  =  —  186. 

Ici  s'arrête  le  premier  livre  de  la  Cœsaraugustana.  Sur 

d'Yves,  reproduit  d'après  la  collection  A,  et  commence  ainsi  :  «  Gcorgius 
patriarcha  dixit.  »  Ici  encore  le  rédacteur  a  remanié  le  texte.  11  a,  d'ailleurs, 
supprimé  l'un  des  trois  fragments  distincts  qui  composent  ce  chapitre  dans  le 
Décret  :  «  Septima  synodus...  connumerari  potest.  » 

1.  Ne  comprend  que  cette  phrase  :  «  Sanctam  sextam  synodum  recipio  cum 
canonibus  suis.  » 

2.  L'ordre  du  Décret  d'Yves  est  inverse  :  le  texte,  dans  la  Cxsaraiigustana, 
commence  par  le  concile  de  Nicée  et  finit  par  le  sixième  concile  général.  Mais, 
de  part  et  d'autre,  c'est  le  même  texte. 

3.  Fragment  pris  au  milieu  de  ce  c.  64  :  <  Décrétâtes...  suscipiendas.  » 

4.  Ce  fragment  porte  l'attribution  erronée  qu'il  a  au  c.  188  du  quatrième  livre 
du  Décret  :  «  Cypriaiius  Juliano.  »  En  réalité,  il  est  tiré  d'une  lettre  de  Nico- 
las I"à  l'empereur  Michel  (cf.  D.  10,  c.  8  et  la  note  de  M.  Friedberg).  —  Le 
rédacteur  de  la  Cicsaraugustana  n'a  pas  ici  corrigé  l'erreur  du  Décret;  mais 
il  a  eu  un  souvenir  i)our  la  lettre  de  Nicolas  I"  à  l'empereur  Michel.  Ce  sou- 
venir s'est  traduit  par  ces  mots,  ajoutés  à  la  fin  du  chapitre  précédent  (c.  5!))  : 
«  Haec  eadem  Nicholaus  papa  ad  imperalorera  Michaelern.  » 


420  LES  COLLECTIONS  CANONIQUES 

64  chapitres  dont  il  est  composé,  47  se  retrouvent  dans  le 
livre  IV  du  Décret  et  un  dans  le  livre  V  du  même  recueil. 

J'examine  maintenant,  pour  le  comparer  au  Décret  d'Yves,  le 
livre  X  de  la  C œsaraugustana,  où  sont  réunis  les  textes  qui 
traitent  du  mariage  et  des  unions  illicites. 

Cxsaraugustana^  X,  2   =    Décret,  VIII,  2. 

—  4    =  —  3. 

—  5   =  —  4. 

—  6  et  7  =      —  6. 

—  7   =  —  7  et  8. 

—  s    =  —  27. 

—  u  =  —  2i  et  22. 

—  ^2  =  —  24. 

—  i3  =  —  IX,       I. 

—  -14  =  — VIIÏ,  139,  jusqu'à /ïôem. 

—  il  =  —  468. 

—  18  =  —  40. 

—  2i  =  —  460. 

—  22  =  —  i. 

—  23  =  —  44. 

—  24  =  —  46. 

—  25  =  —  47. 

—  26  =  —  n. 

—  27  =  —  23. 

—  28  =  —  IX,  4  00. 

—  30  =  —VIII,     51. 

—  34  =  —  52  et  53. 

—  32  =  —  56  et  57,  jusqu'à  ewe 

videatur. 

—  33   =  —  57  (fm). 

—  34    =  —  .         58. 

—  35   =  —  456. 

—  39    =:  —  74. 

—  40    =  —  77. 

—  44'  =  —  44  et  45. 

1.  On  remarque  ici  en  plus,  avant  le  passage  correspondant  au  c.  14,  le  pas- 
sage suivant  :  «  Quantum  sit  sacramentum  conjugii.  Idem  (Augustinus),  in  libre 
de  nupliis  et  concupiscentia.  Non  taaluin  fœcunditas,  cujus  fructus  in  proie 
est...  »  (fragment  sur  l'indissolubilité  du  mariage,  signe  de  l'union  du  Christ 


ATTRIBUEES  A  YVES    DE   CHARTRES. 


\H 


42    = 

— 

94. 

43    = 

— 

97. 

44    = 

— 

90. 

45  et  46  = 

— 

!M. 

47    = 

— 

92. 

48   = 

— 

95  el  96. 

52    = 

— 

S3. 

53    = 

— 

84. 

54    = 

— 

86. 

55   = 

— 

87. 

56'  = 

— 

88. 

57    = 

— 

8!>. 

Suit  une  série  de  textes  étrangers  pour  la  plupart  au  Décret 
d'Yves  ;  ils  proviennent  presque  tous  des  collections  italiennes  et 
surtout  d'Anselme  de  Lucques.  Ensuite  : 

Cœsaraugustana,  X,  69   =    Décret,     IX,    \  I . 
—  70   =  —VIII,  ^36. 

Puis  reprend  une  série  dont  les  fragments  se  retrouvent  dans  le 
livre  X  d'Anselme  de  Lucques.  Après  cette  série,  l'auteur  revient 
au  Décret  d'Yves  : 


Cœsaraugustana,  X,  90 

= 

Décret, 

VIII, 

,    34. 

—                  9^ 

:= 

— 

35. 

—                  92 

= 

— 

70. 

—                  93 

— 

71,  àpartirde.^?<7Wîs 
libéra  de  maire... 

—                  94 

= 

— 

78. 

—                   95 

= 

— 

79. 

—                   96 

z= 

— 

^02. 

—                   97 

z=: 

— 

425. 

—                   98 

= 

— 

427. 

—                   99 

:=: 

— 

428. 

—                 ^00 

== 

— 

235. 

avec  l'Église);  puis  vient  le  texte  des  fragments  14  et  15  du  huitième  livre 
du  Décret. 

1.  Avant  le  texte  du  passage  correspondant  du  Décret  (VIII,  4),  la  Cœsarau- 
gustana insère  le  texte  de  la  question  posée  par  sainl  Augustin  de  Canterbury 
à  saint  Grégoire,  qui  se  trouve  dans  Gralien,  D.  5,  c.  1.  —  Le  texte  qui  suit 
est  composite. 


422  LES    COLLECTrO.\S   CANO.MQCES 

—  iOi    =  —  238. 

—  ^02   =  —  239. 

—  iOCy    =  —  270. 

—  ^07=  —  268. 

—  -108    =  —  275. 

—  -109    =  —  308. 

—  UO    =  —     IX,  ^^0,  §4. 

—  U2    =  —  Vil,  420. 

—  H3   =  —  a. 

—  UA    =  —  20. 

—  443   =  —  34. 

—  447   =  —  49. 

—  448    =  —  424. 

—  449    =  —  423. 

—  420   =  —  426. 

—  422   =  —  440. 

—  423   =  —  444. 

—  424*=  —  442. 

—  423   =  —  443. 

—  426   =  —     IX,      6. 

—  427   =  —  40. 

—  428   =  —  48. 

—  429   =  —  22,  §  dernier  et  26. 

—  430  =  —  33. 

—  434  =  —  34. 

—  432  =  —  33. 

—  433  =  —  80. 

—  433  =  —  3. 

—  436  =  —  4. 

—  4  37  =  —   I,  304. 

—  444  =  —  VII,  447. 

—  443  =  — VIH,  443. 

—  444  =  —  426. 

Ici  s'arrête  le  dixième  livre  de  la  Cœsaraugustana.  Sur 
144  cliapitres  qui  le  composent,  nous  en  avons  signalé  89  comme 
provenant  du  Décret  d'Yves. 

Il  n'est  pas  inutile  de  donner  encore  un  exemple;  je  l'em- 
prunte au  livre  XI  de  la  Cœsaraugustana,  où  il  est  traité  du 
baptême. 


I 


Cœsaraugustana,  XI 


ATTRIBUEES   A 

ÏVES    DE   COARTRES.                                  423 

?,  XI,    3 

::^ 

Décret, 

I,     49. 

4 

= 

— 

50. 

5 

:=: 

— 

54. 

6 

= 

— 

52,  jusqu'à  bapiizen- 
fur. 

7 

^ 

— 

53. 

8 

= 

— 

56. 

^0 

=r 

— 

58. 

il 

= 

— 

59. 

lî 

■=. 

— 

64. 

15 

= 

— 

62. 

-16 

= 

— 

78. 

n 

= 

— 

79. 

iS 

= 

— 

80. 

49 

= 

— 

85. 

20 

= 

— 

87. 

•2\ 

= 

— 

88. 

22 

^= 

— 

89. 

23 

= 

— 

94. 

24 

= 

— 

92. 

25 

z=z 

— 

93. 

26 

= 

— 

96  et  98. 

27 

:=z 

— 

4  00. 

28 

= 

— 

404. 

29 

= 

— 

4  03. 

30 

:^ 

— 

405. 

31 

■=. 

— 

406. 

32 

= 

— 

409  et  444. 

33 

= 

— 

4  4  4. 

34 

z= 

— 

415. 

35 

=: 

— 

416. 

36 

= 

— 

448  et  449. 

37 

r:^ 

— 

420  et  424. 

38 

= 

— 

422. 

39 

^ 

— 

4  23. 

40 

r= 

— 

4  24. 

44 

= 

— 

4  25. 

42 

=: 

— 

407. 

43 

= 

— 

426. 

44 

— 

— 

4  28. 

424 


LES   COLLECTtONS   CANONIQUES 

43 

= 



429. 

46 

z= 



430. 

47 

= 



434. 

48 

= 



444. 

49 

= 



444. 

50 

z= 



445. 

5^ 

= 

— 

4  86. 

52 

= 



484. 

53 

= 

— 

4  85. 

54 

zzz 



489. 

55 

= 



446. 

56 

= 



447. 

57 

= 



474. 

38* 

= 



4  78,  487  el  488. 

59* 

zzz 



4  93  et  494. 

6i 

= 



309  et  34  0. 

62' 

= 



456,  4  57,  4  58  et  459. 

632 

4  60  et  un  fragment  de 
II,  99  :  Baptismipu- 
ritas. .  .distinct a  est. 

64 

=: 



452. 

65 

= 



448. 

673  est  uji 

extrait  de  ] 

,237. 

68 

^ 

— 

460,  §3. 

69 

= 

— 

460,  §  2. 

70 

= 

— 

4  64. 

72 

= 

— 

453. 

73 

= 

— 

462,  §2,  et  463,  §4. 

74 

— 

— 

464,  465  et  466. 

75 

= 

— 

467. 

76 

=     - 

— 

469. 

77 

:z= 

— 

472. 

78 

=: 

— 

473. 

79 

= 

— 

470. 

la  dernière  pi 

irase  du  c. 

157  du  Décret  :  «  Quid  se 

impedit...  judex.  » 

2.  Manquent  les  fragments  2  et  3  :  «  Ili  qui  apud...  et  Quamvis  ununi...,  » 
tels  qu'ils  se  trouvent  dans  le  Décret. 

3.  Depuis  retulerunt  jusqu'à  ut  denuo  baptizentur.  L'extrait  est  le  même 
dans  la  collection  B,  titre  I,  g  22  et  25,  et  dans  Panorviia,  I,  65. 


ATTRFBCKliS    A   YVES    DE    CHAIITRES.  425 

—  80    =  —  iVo. 

—  81    =  —  64  et  65. 

—  82    =  —  n6. 

_  85  =         —        ni. 

—  87*  =  —  102. 

—  88  =  —  ni). 

—  89    =  —  180. 
_                   90    =             —            -183. 

—  91    =  _  <i9i. 

—  92  est  un  long  extrait  de  pseudo-Melchiade, 
dont  le  début  se  trouve  dans  le  Décret,  I,  235. 

Suivent  cinq  chapitres  (93-97)  étrangers  au  Décret.  Enfin 
vient  le  dernier  chapitre  de  ce  livre  de  la  Cœsaraugustana,  qui 
reproduit  le  Décret,  XI,  91,  §  1. 

En  somme,  sur  les  98  chapitres  que  compte  ce  livre  dans  la 
Cœsaraugustana,  82  se  retrouvent  dans  le  Décret.  La  très 
grande  majorité  des  emprunts  sont  faits  au  livre  I  du  Décret, 
dont  l'ordre  est  généralement  suivi. 

Il  ne  servirait  de  rien,  je  crois,  de  multiplier  ces  exemples.  On 
peut  considérer  comme  démontré  que  le  Décret-  d'Yves  est  la 
source  principale  de  la  Cœsaraugustana,  dont  l'auteur  s'est 
proposé  de  combiner  les  documents  fournis  par  le  recueil  char- 
train  avec  les  documents  qu'il  trouvait  dans  les  sources  italiennes, 
surtout  dans  la  collection  d'Anselme  de  Lucques,  et  aussi  ceux  que 
lui-même  avait  amassés  directement.  Il  n'est  que  juste  d'ajouter 
que,  en  général,  l'auteur  de  la  Cœsaraugustana  n'a  pas  copié 

1.  Suivi  dans  la  Cxsarauguslana  du  passage  correspondant  des  lielru- 
ctationes. 

2.  J'ai  constaté  que  l'auteur  de  la  Cxsarauguslana  n'avait  pris  pour  base  de 
son  travail  aucun  des  extraits  du  Décret  connus  de  nous  :  collection  B  de  la 
Tripartila,  abrégés  du  Décret  signalés  plus  haut,  Panormia.  II  me  parait  certain 
que  c'est  sur  le  Décret  lui-même  qu'il  a  travaillé.  —  Il  convient  d'ajouter  que, 
dans  la  partie  qui  correspond  au  quatrième  livre  des  manuscrits  divisés  en 
livres,  la  forme  la  moins  ancienne  de  la  Cœsaraugustana  comprend  une  inter- 
polation où  figurent  des  chapitres  de  la  Panormia;  cette  interpolation^ existe 
tant  dans  le  ms.  Vatic.  5715  que  dans  le  ms.  de  la  Bibl.  nat.  latin  3876.  Les 
chapitres  de  la  Panormia  qui  ont  été  insérés  sont  les  suivants  :  111,  72,  76,  77, 
78,  84,  85,  86,  101,  103,  107,  115,  118,  134,  138,  139,  140,  14i,  150,  153,  154, 
155  à  159,  161,  163,  167,  171,  185,  187,  196,  197,  201,  202,  204,  205,  209  à  214. 


426  LES   COLLECTIOIVS   CANO?irQUES 

les  sommaires  qu'il  trouvait  dans  le  Décret;  souvent  il  s'est  donné 
la  peine  de  refaire  des  sommaires. 

§  II.   La  collection  de  Sainte- Geneviève. 

Le  manuscrit  166  de  la  bibliothèque  Sainte-Geneviève  de  Paris  ^ 
contient  une  collection  canonique  qui  a  déjà  attiré  l'attention  des 
érudits^  Le  Décret  d'Yves  tient  une  place  importante  parmi  les 
sources  de  cette  collection.  Toutefois,  comme  ce  recueil  est  encore 
fort  peu  connu,  il  semble  nécessaire  d'en  donner  d'abord  une 
courte  description  avant  d'en  extraire,  pour  les  mettre  en  lumière, 
les  parties  qui  ont  été  tirées  du  Décret  d'Yves. 

La  collection  de  Sainte-Geneviève  est  divisée  en  quatre  parties, 
qui,  elles-mêmes,  sont  subdivisées  en  livres  : 

La  première  partie  est,  par  son  contenu,  à  la  fois  dogmatique 
et  liturgique.  Elle  comprend  quatre  livres.  Le  premier  livre 
manque  dans  le  manuscrit  ;  j'imagine  qu'il  devait  traiter  de  la  foi, 
comme  le  début  du  Décret  d'Yves,  qui,  en  cette  partie,  servit 
de  modèle  au  compilateur.  Viennent  ensuite  les  textes  relatifs  au 
baptême  et.  à  la  confirmation  (livre  II),  à  l'eucharistie  (livre  III) 
et  aux  églises  (livre  IV). 

La  seconde  partie  embrasse,  dans  ses  cinq  livres,  la  matière  des 
personnes  :  évêques  (livre  I)  ;  clercs  (livre  II)  ;  juges  (livre  III)  ; 
mariages  (livre  IV)  ;  personnes  consacrées  à  Dieu  (livre  V)  '^. 

La  troisième  partie,  fort  incomplète  dans  l'état  actuel  du  ma- 
nuscrit, traitait  des  principaux  péchés  :  de  l'homicide  (livre  I)  ; 
des  superstitions  variées  (livre  II);  du  parjure  (livre  III);  de 
l'ivresse  (livre  IV)  ;  de  la  fornication  (livre  V). 

La  quatrième  partie  comprenait  trois  livres.  Le  premier,  sur 

1.  Ce  numéro  est  celui  du  nouveau  catalogue  des  manuscrits,  public  par 
M.  Kohler  dans  la  collection  des  catalogues  imprimés  parles  soins  du  ministère 
de  l'Instruction  publique,  t.  I,  p.  106.  Notre  manuscrit  portait  à  l'abbaye  de 
Sainte-Geneviève  la  cole  C  I,  in-fol.  1.  Nous  n'avons  aucun  renseignement  sur 
son  origine.  Ce  manuscrit  m'a  été  obligeamment  communiqué  à  Grenoble. 

2.  Theiner,  Disquisitiones,  p.  186  et  187.  —  Notice  par  M.  Blumcnstock;  voir 
VAnzeiger  der  Ahademie  der  Wissenschaflen  in  Krakau  (1889-1890)  et  l'ana- 
lyse de  l'étude  publiée  dans  ce  recueil,  qui  a  été  donnée  par  l'Archiv  fiir 
katholisches  Kirchenrecht,  janvier-février  1891. 

3.  A  ce  propos  il  est  traité  du  jeûne. 


ATTRIIJCÉES   A    YVES    DE    CHARTRES.  -^27 

l'excommunication,  fait  défaut  dans  le  manuscrit.  On  }■  trouve  le 
second  (sur  la  confession)  et  le  troisième  (sur  la  pénitence) . 

D'observations  faites  sur  ce  manuscrit,  il  résulte  certainement 
que  la  première  partie  est  extraite  du  Décret  d'Yves,  tandis  que 
la  source  à  peu  près  exclusive  des  trois  autres  parties  paraît  être 
le  Décret  de  Burchard.  La  collection  de  Sainte-Geneviève  est, 
on  peut  le  dire,  faite  presque  complètement  de  la  juxtaposition 
de  ces  deux  éléments. 

Aussi  n'est-il  rien,  dans  cette  compilation,  qui  justifie  l'origine 
allemande  qu'on  a  voulu  lui  attribuer  ' .  La  présence  de  canons 
de  conciles  germaniques,  sur  lesquels  on  s'était  fondé  pour  pro- 
poser cette  opinion,  s'explique  par  ce  fait  qu'ils  sont  tirés  de  Bur- 
chard ou  d'Yves  ;  les  recueils  de  ces  deux  canonistes  étaient  con- 
nus en  France  autant  qu'en  Allemagne.  D'autre  part,  l'unique 
manuscrit  qui  soit  connu  de  cette  collection  est  français  :  c'en  est 
assez  pour  lui  attribuer  une  origine  française. 

Quant  à  la  date  à  laquelle  fut  composé  ce  recueil,  elle  ne  peut 
se  déduire  que  des  indications  suivantes  : 

Le  manuscrit  est  du  xif  siècle,  mais  antérieur  au  pontificat  du 
pape  Adrien  IV.  En  effet,  une  bulle  de  ce  pontife  (1154-1159)  a 
été  ajoutée  à  la  fin  du  quatrième  livre  de  la  deuxième  partie  {de 
conjugiis),  par  une  main  du  xn'^  siècle,  postérieurement  à  la 
transcription  de  la  collection 2.  Le  manuscrit  doit  être  vraisem- 
blablement daté  de  la  première  moitié  du  xu"  siècle  ;  ce  doit  être 
aussi  la  date  de  la  collection,  qui  est  nécessairement  postérieure 
au  Décret  d'Yves,  c'est-à-dire  aux  dernières  années  du  xi"  siècle. 

Je  n'ai  pas  à  montrer  ici  comment  les  trois  dernières  parties  de 
la  collection  de  Sainte-Geneviève  procèdent  du  Décret  de  Bur- 
chard ^  Je  me  borne  à  mettre  en  lumière  les  relations  qui  unissent 

1.  Voir  l'article  précité  de  M.  Blumenstock. 

2.  C'est  la  décrétaie  que  le  recueil  de  Jaffé-Wattenbach  attribue  au  pape 
Hadrien  II  (867-872,  n»  2948),  mais  qui,  à  cause  même  de  son  style  et  de  son 
contenu,  ne  peut  être  l'œuvre  de  ce  pape,  comme  l'indiquait  déjà  Theiner  [op. 
cit.,  p.  187).  D'ailleurs,  celle  décrétaie  est  adressée  à  un  évéquc  dont  le  nom 
commence  par  un  B  ;  or,  il  n'y  a  point,  sous  Hadrien  II,  d'cvéque  de  Chûlons 
dont  le  nom  commence  par  celte  lettre.  Pour  la  placer,  il  faut  descendre  jusqu'à 
Hadrien  IV  (1154-1159)  et  à  son  contemporain  l'évéque  de  Châlons  Boson  (1153- 
1162).  Le  texte  de  cette  lettre  a  été  publié  par  Baluze(M5ce«a7iea,  V,  p.  488), 
qui,  par  erreur,  l'attribue  à  Hadrien  II.  Le  sommaire  en  est,  dans  notre  collec- 
tion :  «  Quod  consensus  faciat  conjugium,  etiamsi  desint  sollempnia.  » 

3.  Qu'il  me  soit  seulement  permis  de  citer  un  exemple.  Les  54  premiers  cha- 


428  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

au  Décret  d'Yves  la  première  partie  de  la  collection.  La  démons- 
tration en  sera  fournie  par  la  simple  inspection  des  tableaux  qui 
suivent  : 

Colleclion  S'«-Geneviève,  1,  II,  42'  =  Décret,  I,    58. 


^13  = 

— 

47. 

\A    = 

— 

522. 

^5  = 

— 

59,  60,  63 

46  = 

— 

62,  64. 

M   = 

— 

65. 

48  = 

— 

66  et  67. 

49  = 

— 

69. 

20  = 

— 

70  et  74. 

21  = 

— 

73. 

22  = 

— 

74. 

23  = 

— 

773. 

24  = 

— 

75. 

25  = 

— 

85. 

26  = 

— 

76. 

27  = 

— 

448. 

28  = 

— 

424. 

29  = 

— 

424. 

30  = 

— 

4  23. 

Si    = 

— 

429. 

32  = 

— 

430. 

Etc.,  etc. 

Sur  les  96  chapitres  qui  nous  restent  de  ce  livre  dans  la  col- 
lection de  Sainte-Geneviève,  il  en  est  92  qui  se  retrouvent  dans  le 


pitres  du  livre  I  de  la  deuxième  partiede  la  colleclion  génovéfaine  reprodaisent 
les  5i  premiers  chapitres  du  livre  I  de  Burchard  ;  quelques  chapitres  sont  écour- 
tés;  à  deux  reprises,  deux  chapitres  (13  et  14,  31  et  32)  sont  réunis  en  un  seul  ; 
les  chapitres  16,  19,  36  de  Burchard  sont  omis.  Des  observations  analogues 
pourraient  être  faites  sur  les  autres  livres  des  trois  dernières  parties. 

1.  Les  chapitres  1-11  du  livre  II  manquent  dans  le  manuscrit. 

2.  En  partie. 

3.  Différence  d'attribution  :  le  Décret  d'Yves  donne  «  Augustinus,  ad  Seleu- 
cianam  (Solestianum)  epistola;  c.  8  :  Agunt  homines  ante  baptismum  paeniten- 
tiam...;  »  la  collection  de  Sainte-Geneviève  donne  «  Rabanus,  de  institutione 
riericorum,  cap.  xxv  :  Ante  baptismum  pœnitcntiam...  »  Voir,  sur  ce  texte. 
De  consecr.,  D.  4,  c.  97,  et  la  noie  de  M.  Fricdberg. 


ATTRIBUÉES   A    YVES    DE    CHARTRES.  429 

livre  I  du  Décret  d'Yves.  Beaucoup  ont  gardé  dans  notre  collec- 
tion le  sommaire  qui  les  précédait  dans  le  Décret. 

Les  mêmes  observations  ont  été  faites  sur  le  livre  IV  de  la 
première  partie  [de  Ecclesiis)  : 


^ 

=                  i 

Oécre/, 

m, 

3. 

2 

= 

— 

4  et  début  de  5. 

3 

= 

— 

2. 

4 

= 

— 

74  à  74. 

5 

= 

— 

75. 

6 

= 

— 

77. 

7 

= 

— 

83. 

9 

::= 

— 

9. 

\0 

= 

— 

^0. 

\\ 

=z 

— 

41. 

\2 

^ 

— 

34. 

\Z 

= 

— 

76. 

U 

= 

— 

45. 

45 

= 

— 

48. 

\Ù 

= 

— 

49. 

a 

:== 

— 

52. 

\% 

= 

— 

53. 

49 

=^ 

— 

55. 

20 

:= 

— 

56. 

2\ 

= 

— 

frag. 

écourté  de  59  (com- 

menée  à  concedimus] . 

22  et  23  [Ei 

si  non  aliis^ 

et  sicut  non  alii)  = 

— 

frag. 

de  60. 

24  [Prœcipimus]  = 

— 

fin  de  64. 

25 

= 

— 

66. 

26 

= 

— 

67. 

27 

=z 

— 

85. 

28 

■=. 

— 

86. 

29  [Nullus] 

= 

— 

fin  de  88. 

30 

= 

— 

90. 

34 

= 

— 

début  de  96. 

32 

= 

— 

98;  jusqu'à  Aa?c/?ic 

33 

=z 

— 

fin  de  98. 

34 

— 

— 

4  04. 

35 

:zz 

— 

223-225. 

4897 

28 

430  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

36  =  —  226. 

37  =  —  104. 

38  =  —  105. 

39  =  —  i06. 
AO  =  —  -108. 

Ces  analogies  se  poursuivent  jusqu'à  la  fin  du  livre.  En  voici 
la  preuve  : 

86  =  Décret,  III,        ^^. 

87  =  —  43  (moins  la  fin). 

89  =  —  220. 

90  =  —  274. 

91  =  —  42. 

92  =:  —  32. 

93  =  —  25. 

94  =  —  24. 

95  =  —  ^3. 

96  =  —  U. 

De  même,  le  livre  III  de  la  collection  Génovéfaine,  de  sacra- 
mento  altaris,  contient  beaucoup  d'éléments  qui  lui  sont  com- 
muns avec  le  livre  II  du  Décret  d'Yves. 

Visiblement,  en  composant  la  première  partie  de  son  œuvre, 
l'auteur  de  la  collection  de  Sainte-Geneviève  avait  sous  les  yeux 
le  Décret  d'Yves  ;  il  y  prenait  la  plupart  de  ses  matériaux,  trans- 
portait dans  son  recueil  les  chapitres  souvent  précédés  de  leur 
sommaire,  mais  ne  se  faisait  aucun  scrupule  d'en  modifier  l'ordre 
à  son  gré  ou  d'abréger  les  chapitres  qui  lui  semblaient  trop  longs  ^ 

'§  III.  Collection  du  ms.  Vatic.  1361. 

Cette  collection  est  contenue  dans  un  manuscrit  d'origine  ita- 
lienne .qui  date  de  la  première  moitié  du-xif  siècle ^  D'après  une 
liste  de  papes  qui  a  été  transcrite  au  début,  le  manuscrit  remon- 
terait au  pontificat  d'Innocent  II  (1130-1143).  D'une  manière 

1.  Ces  abréviations  suffisent  à  écarter  l'hypothèse  d'après  laquelle  notre  col- 
lection serait  la  source  et  non  le  rejelon  du  /)ecre/ d'Yves.  On  y  trouve  souvent 
les  chapitres  du  Décret  resserrés  ou  écourtés;  mais  jamais  on  ne  constate  que 
la  collection  de  Sainte-Geneviève  présente  un  texte  plus  complet  que  le  texte 
correspondant  du  Décret  d'Yves. 

2.  Le  manuscrit  est  relié  aux  armes  de  Paul  II. 


ATTRIBUEES  A  YVES  DE  CHiRTRES.  .^3^ 

plus  précise,  il  appartiendrait  aux  années  comprises  entre  le  cou- 
ronnement à  Rome  de  l'empereur  Lothaire  111(1133),  mentionné 
au  premier  feuillet,  et  la  mort  de  ce  prince  survenue  en  1137. 

La  collection  du  Vatic.  1361  a  été  considérée  comme  étant  la 
Panormia^,  sans  doute  parce  qu'on  trouve  au  début  le  grand 
prologue  d'Yves,  précédé  de  ces  mots  :  «  Incipit  prologus  Panor- 
raie  Ivonis  Carnotensis  episcopi  de  multimoda  distinctione  scri- 
pturarura.  »  Mais  une  anomalie  frappe  immédiatement  l'observa- 
teur. La  collection  est  partagée  non  en  huit  livres,  comme  la 
Panormia,  mais  en  treize  livres,  comme  la  collection  d'Anselme 
de  Lucques  ;  d'ailleurs,  par  l'ordre  d'après  lequel  ils  sont  dispo- 
sés aussi  bien  que  par  les  éléments  qui  les  composent,  ces  livres 
sont  conformes  à  ceux  d'Anselme  de  Lucques.  Cependant,  ce 
n'est  point  le  recueil  d'Anselme  pur  de  tout  alliage  qui  y  est  con- 
tenu; la  collection  du  Vatic.  1361  est,  en  réalité,  une  combinai- 
son de  sa  collection  et  de  la  Panormia. 

Ainsi,  le  premier  livre,  qui. comprend  91  chapitres,  a  tiré  plu- 
sieurs séries  de  la  Panormia,  par  exemple  : 

\  =  Panormia^  I,  \. 

2  =  —  2  et  3. 

3  =  —  4. 

4  =  _  5. 

5  =  —6. 

6  =  —  7. 
\A  =  —  IV,  2. 
^5  =  —  3. 
-16=  _  5. 

48  =  —                  6  et  7.           ' 

^9  =  —                    8. 

20  =  —                   9. 

24  à  26        =  —  iO  à  \o. 

27  =  —  M. 

28  =  —  23. 

29  =  —  24. 

30  =  —  28  et  27. 
Z\  =  —  29. 

32  =  —  30. 

1.  Elle  est  ainsi  citée  dans  l'inventaire  des  manuscrits  de  la  Vaticane. 


432 


LES   COLLECTIONS   CA?(ONIQDES 


33 
34 


32. 


On  trouve  ailleurs  d'autres  séries  analogues  :  ainsi,  au  livre  V, 
de  ordinationibus  ecclesiarum  : 


95 
96 
97 
98 
99 

'102 
403 
404 
405 
406 
407 
.408 
409 
440 
444 
442 
443 
444 


Panormia,  III,    487. 
—  488. 


490. 

494  à  493. 

494. 

4  95. 

496. 

497. 

4  98  à  200. 

204. 

202. 

203. 

205  el  206. 

207  et  208. 

209. 

240. 

244. 

242. 

243  et  244. 

245. 


Je  citerai  encore  la  composition  du  livre  X,  de  conjugiis.  Les 
52  premiers  chapitres  proviennent  de  la  collection  d'Anselme  de 
Lucques.  Puis  on  trouve  une  série  provenant  de  la  Panormia 
qui  termine  le  livre,  à  savoir  : 


53 
54 
55 

58-60 
64 
62 
63 


Panormia,  yil, 


86. 
76. 
84. 

78-80. 
84. 
447. 
70. 


En  somme,  nous  avons  affaire  à  une  collection  d'Anselme  de 
Lucques  dans  laquelle  on  a  cru  bien  faire  d'insérer  un  certain 


ATTRIBUEES   A    TVES   DE   CnARTRES.  /(33 

nombre  de  séries  tirées  de  la  Panormia.  C'est  par  ce  procédé 
qu'un  canoniste,  sans  doute  Italien,  car  le  manuscrit  est  d'origine 
italienne,  a  jugé  utile  de  mettre  au  goût  du  jour  la  vieille  collec- 
tion du  contemporain  de  Grégoire  VII  ;  en  ce  faisant  il  a  rendu 
un  éclatant  hommage  à  la  vogue  dont  jouissait  alors  la  Panor- 
mia. —  D'ailleurs,  il  a  ajouté  aux  éléments  que  lui  fournissaient 
ces  deux  recueils  quelques  fragments  plus  récents,  de  l'époque 
d'Urbain  II,  de  Pascal  II,  de  Calixte  II*,  voire  même  d'Inno- 
cent IP.  Les  fragments  empruntés  au  concile  tenu  par  ce  dernier 
pape  à  Reims  en  1131 ,  et  peut-être  au  concile  qu'il  tint  à  Pise  en 
1134,  donnent  une  date  au  delà  de  laquelle  il  ne  nous  est  pas 
permis  de  faire  remonter  l'œuvre  du  compilateur;  vraisemblable- 
ment, elle  a  été  rédigée  peu  après  1134,  et  c'est  à  cette  même 
époque  que  remonte  notre  manuscrit. 

§  IV.  Collection  en  dix  parties. 

Au  premier  rang  des  collections  qui  procèdent  de  la  Panor- 
mia, il  convient  de  placer  une  collection  canonique  en  dix  par- 
ties, jusqu'ici  inédite  et  d'ailleurs  fort  peu  connue^. 
Cette  collection  existe  dans  les  manuscrits  suivants  : 
Paris,  Bibl.  nat.,  latin  10743  (première  moitié  du  xii*'  siècle), 
provenant  de  la  cathédrale  d'Evreux^ 

1.  On  trouve  au  livre  IV,  sous  le  n°  33,  une  série  de  canons  du  concile  tenu 
à  Rome  en  1123  par  Calixte  II. 

2.  On  trouve  au  livre  IV,  sous  le  n"  42,  le  c.  1  des  canons  d'Innocent  H  au 
concile  de  Reims  :  «  Si  quis  prfcbendas;  «  sous  le  n"  47,  le  c.  15  du  môme 
concile  (qui  est  aussi  le  c.  16  du  concile  de  Lalran  en  1139)  :  «  Indubitatum.  » 
—  Je  dois  signaler,  sous  le  n"  44,  le  canon  suivant  :  «  Innocentius  IIus.  Statui- 
mus  quatinus  episcopi,  presbiteri,  diaconi,  subdiaconi,  regulares  vel  monacbi 
qui  sacrum  transgredienles  propositum,  uxores  sibi  copulare  presumpserinl... 
interdictione  mulctentur.  »  Par  le  début,  ce  canon  reproduit  une  décision  du 
concile  tenu  à  Pise  en  1134  par  Innocent  II  (cf.  le  Supplément  de  Mansi  à  la 
collection  des  conciles  de  Labbe-Coleli  [Lucques,  1748],  II,  p.  418). 

3.  Elle  n'a  été  signalée  que  par  quelques  pages  des  Disquisitiones  de  Theiner 
(p.  165-171)  et  la  notice  ci-dessous  mentionnée  de  M.  Rose.  —  Theiner  n'a 
connu  que  le  manuscrit  de  Vienne. 

4.  Format  in-4°,  495  feuillets,  première  moitié  du  xii"  siècle.  Porte  une 
ancienne  cote  (xiV  siècle)  :  «  Iste  liber  est  de  thesauro  Ecclesie  Ebroicensis,  » 
et  à  la  fin  :  «  Iste  liber  est  de  Ecclesia  Ebroicensi.  »  Le  titre  ancien  qui  lui  est 
donné  est  :  Excepiiones  ecclesiaslicarxm  regularum.  —  Dans  les  premiers 
feuillets  se  trouve  une  liste  des  papes  avec  la  durée  de  leurs  pontificats;  le  der- 


434  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

Berlin,  Codices  Phillippici  95  (ancien  1746,  n**  595  du  cata- 
logue de  la  bibliothèque  du  collège  de  Clermont),  xif  siècle  ;  décrit 
par  M.  Rose*. 

Vienne,  Bibl.  imp.,  ms.  n°  2178  (Jur.  canon.  91),  connu  de 
Theiner^;  xii"  siècle. 

Florence,  Biblioteca  nazionale,  Conventi  soppressi,  D.  2, 1476 
(SS.  Annunziata)^ 

En  outre,  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale,  latin  14145 
(xif  siècle),  provenant  de  Saint-Germain-des-Prés,  contient  le 
plan  de  la  collection,  moins  celui  de  la  dixième  partie  (qui  n'est 
pas  mentionné),  la  capitulatio  de  la  première  partie  et  les  sept 
premiers  chapitres  de  cette  partie.  Puis  le  manuscrit  est  inter- 
rompu au  fol.  14  ;  on  trouve  ensuite  des  ouvrages  très  différents. 

Je  n'ai  pas  la  prétention  d'étudier  ici  en  détail  cette  collection, 
assez  importante  pour  qu'une  notice  spéciale  lui  soit  bientôt  con- 
sacrée. Je  ne  la  décrirai  que  d'une  façon  sommaire,  juste  assez 
pour  établir  les  relations  de  filiation  qui  l'unissent  aux  œuvres 
d'Yves,  principalement  à  la  Panormia. 

La  collection  s'ouvre  par  une  préface  qui  lui  est  propre  ;  Thei- 
ner  l'a  publiée  d'après  le  manuscrit  de  Vienne^  et  M.  Rose  d'après 
le  manuscrit  du  collège  de  Clermont °.  L'auteur  y  indique  son 
plan,  qui  comporte  une  division  générale  en  dix  livres  ;  les  livres 
sont  subdivisés  en  titres,  dont  chacun  comprend  un  certain  nombre 
de  chapitres.  Les  chapitres  ne  sont  point  précédés  de  sommaires 
qui  leur  soient  spéciaux  ;  un  système  ingénieux  de  points  placés 

nier  nom  inscrit  de  la  même  main  qui  a  écrit  le  corps  de  la  liste  est  celui  du 
pape  Honorius  11(1124-1130).  Ce  manuscrit  m'a  été  gracieusement  communiqué 
à  Grenoble;  c'est  à  lui  que  se  rapportent  mes  citations. 

1.  Die  Handschriften-Verzeicknisse  (1er  kôniglichen  Bibliothek  zu  Berlin^ 
t.  XII  :  Verzeichniss  der  Laieinuchen  Handschriften,  t.  I  (n°  95),  p.  205-212. 

2.  Sur  l'origine  de  ce  manuscrit,  M.  A.  Goldmann,  que  j'ai  consulté,  a  eu 
l'obligeance  de  me  répondre  qu'il  lui  semblait  irjipossible  d'arriver  à  une  con- 
clusion certaine.  A  la  fin  du  manuscrit  se  trouvent  des  lettres  du  pape  Eugène  III 
et  une  du  pape  Lucius  II  relatives  à  diverses  affaires  concernant  la  Bohême  et 
la  Moravie  (Jaffé-Wattenbach,  n"'  8651,  87G4,  8925,  8930,  8931,  9296;  textes 
publiés  dans  Theiner,  DisquisUiones,  p.  208-211).  M.  Goldmann  attribue  ce 
manuscrit  à  une  époque  assez  avancée  du  xii°  siècle. 

3.  M.  le  conservateur  des  manuscrits  de  la  Biblioteca  nazionale  m'a  donné  des 
renseignements  qui  m'ont  permis  d'identifier  sans  hésitation  le  contenu  de  ce 
manuscrit. 

4.  Op.  cit.,  p.  16G  et  167. 

5.  Op.  cil,.,  p.  207  et  208. 


ATTRIBUÉES   A    ÏVES    DE    CDARTRES.  435 

en  nombres  différents  sur  les  diverses  parties  du  sommaire  géné- 
ral du  titre  montre  quelle  est  la  partie  de  ce  sommaire  qui  con- 
vient à  chacun  des  chapitres.  En  voici  un  exemple.  Le  premier 
titre  du  livre  VII  porte  cette  rubrique  :  «  De  nuptiis,  quando, 

à  quibus,  et  ne  occulte  vel  sine  dote  celebrentur.  »  La  rubrique, 
ainsi  disposée,  fournit  un  sommaire  équivalent  à  cinq  rubriques 
spéciales.  Les  points,  reproduits  en  marge  des  chapitres,  éta- 
blissent la  concordance  de  chacun  d'eux  avec  la  portion  corres- 
pondante du  sommaire  général  du  titre. 

L'auteur  ne  se  borne  pas  à  faire  connaître  dans  sa  préface  les 
principes  sur  lesquels  il  fonde  sa  division  ;  il  exphque  en  outre 
pourquoi  il  a  tenu  à  placer  en  tête  de  son  œuvre  le  grand  prologue 
d'Yves  de  Chartres,  qu'il  appelle  le  tractatus  de  consonantia 
canonum.  Vient  ensuite  ce  prologue,  destiné,  dit  l'auteur,  à  ser- 
vir de  flambeau  au  lecteur  ;  il  est  suivi  (d'après  l'ordre  du  manus- 
crit de  Paris)  de  l'exposé  sommaire  du  contenu  des  dix  livres, 
imprimé  à  la  suite  de  la  préface  par  Theiner  et  par  M.  Rose. 

Il  n'est  pas  inutile  de  comparer  la  division  en  dix  parties  de 
notre  collection  k  la  division  en  huit  livres  de  la  Panormia. 
Cette  comparaison  amène  à  constater  que,  d'après  les  matières 
qui  y  sont  traitées,  les  portions  I,  II  et  III  de  la  collection  en  dix 
parties  répondent  respectivement  aux  livres  I,  II  et  III  de  la 
Panormia  et  que,  d'autre  part,  les  portions  V,  VI,  VII,  VIII  et 
IX  de  la  même  collection  répondent  de  même  aux  livres  IV,  V, 
VI,  VII  et  VIII  de  la  Panormia;  il  est  à  remarquer,  d'ailleurs, 
que  les  sommaires  généraux  de  chacun  de  ces  livres  sont,  de  part 
et  d'autre,  conçus  en  des  termes  presque  analogues. 

Les  deux  livres  originaux  de  la  collection  en  dix  parties  sont  le 
livre  IV  et  le  livre  X,  dont  voici  les  sommaires  : 

Quarta  pars  continet  de  régula  beati  Augustini  et  ejus  observa- 
lione,  de  archiepiscopo  el  episcopis  ordinandis,  de  expulsis,  de  igno- 
tis,  de  discordihus,  quid  in  ecclesiis,  quid  par  parrochias  agant,  de 
ministris  eorum,  quomodo  principihus  concordent  et  malos  coibeant, 
de  rébus,  de  sobrietale,  de  paupertate,  de  libertate,  de  testihus  epi- 
scoporum,  de  defunctis  episcopis,  de  rcbus  episcopalibus  el  ecciesia- 
slicis,  de  presbiteris  et  ciericis  ubi  et  quomodo  vivant  vel  alios  doceant, 
de  possessionibus  eorumdem  defunctorum. 

Décima  pars  continet  de  penitencia  et  penilentibus  el  de  discre- 


436  LES   COLLECTIOiVS   CANONIQUES 

lione  iiitcr  eos  habenda;  quomodo  clcrici  pcniteant,  et  de  confessionc 
peccatorum,  et  de  satisfactioiie  ac  reconciliatione ;  de  raajoribus  cul- 
pis  et  minoribus  et  de  penitcntibus  et  de  emendatione  omnium  cri- 
minum  et  redemptione  jejuniorum. 

En  somme,  à  qui  en  considère  le  plan,  la  collection  en  dix  par- 
ties se  présente  comme  une  Panormia  complétée.  L'impression 
n'est  pas  différente  pour  qui  étudie  le  contenu  de  chacune  des  par- 
ties. Sans  doute,  dans  l'intérieur  de  chaque  partie,  les  chapitres 
sont  groupés  en  titres,  tandis  que  les  manuscrits  de  la  Panorynia 
offrent  seulement  une  division  en  livres  et  en  chapitres.  En  réa- 
lité, c'est  la  Panormia  qui  a  fourni  à  la  nouvelle  collection  non 
seulement  son  plan,  mais  la  plus  grande  partie  de  sa  substance. 

Pour  en  faire  la  preuve,  il  suffira  de  présenter  ici  quelques 
exemples  des  emprunts  faits  par  la  collection  en  dix  livres  à  la 
Panormia. 

Je  tire  d'abord  des  exemples  de  la  première  partie  de  notre  col- 
lection : 

Partie  I,  titre  r  :  De  fide  sancte  Trinitatis. 

Ce  titre  comprend  uniquement  Panormia,  I,  \. 

I,  II  :  De  incarnatione  et  nalivitate  Ghristi  =  Pan..,  I,  2  à  4. 

I,  III  :  De  quibusdam  heresibus  in  omousion  =  P«w,,  I,  5  et  6. 

I,  IV  :  Quid  ad  singulas  personas  proprie  pertineat  =  Pan.,  I,  7. 

I,  V  :  De  peccato  originali  et  redemptione  ejus  sine  qua  nullus 
salvatur  =  Pan.,  I,  8  et  9,  et  un  fragment  étranger. 

I,  VI  :  Quid  apud  veteres  fîdes,  sacrificium,  circumcisio  egerint  = 
Pan.,  I,  -10  et  -H,  et  un  fragment  étranger. 

I,  VII  :  Quod  fides  paternorum  prosit  infantibus  =  Pan..,  I,  -12, 
et  un  fragment  étranger. 

I,  VIII  :  Deœgrotis  in  baptismo  respondere  non  valentibus  =  Pan., 
I,  43,  14,  15,  16,  17,  18,  19,  20  et  21 . 

En  continuant  ces  constatations,  on  constaterait,  dans  cette 
première  partie,  la  présence  de  155  fragments  au  moins  du  livre  I 
de  la  Panormia  (qui  en  contient  162).  Ces  fragments  se  pré- 
sentent dans  l'ordre  où  ils  figurent  dans  la  Panormia.  Je  dois 
ajouter  que  la  première  partie  de  la  collection  comprend  en  outre 
75  fragments  étrangers  à  la  Panormia. 

J'emprunte  maintenant  des  exemples  à  la  troisième  partie  : 

Le  titre  :  «  Quomodo  et  ubi  eleclio  pape  fiat  et  ne  a  quoquam  impe- 


ATTRIBUEES  A  TVES  DE  CHARTRES.  A37 

dialiir,  et  de  ordinalione  «  contient  en  tout  sept  chapitres,  dont  trois 
sont  fournis  par  les  c.  1  et  2  du  livre  III  de  la  Panormia. 

Le  litre  ii  :  De  professione  pape,  et  ne  quid  co  vivcnte  et  incon- 
sullo  de  ponlificalu  ejus  tractetur,  comprend  uniquement  les  c.  3, 
4  et  5  du  livre  III  de  la  Panormia. 

Les  c.  6  et  7  du  même  livre  de  la  Panormia  se  retrouvent  dans  le 
titre  IV  :  De  examinatione  episcopi,  qui  contient  d'ailleurs  dix  cha- 
pitres. 

On  trouve  dans  le  titre  vu  les  c.    8  et  9  du  livre  III  Panormia. 

—  VIII  \i  — 

—  IX  ^0  — 

—  —  ^2  — 

—  —  ^5  — 

—  —  46  — 

—  —  n  — 

—  X  20  — 

—  XI  24  — 
Etc.,  etc. 

Si  nous  considérons  une  autre  série  de  cette  partie  III,  nous 
retrouvons  : 

Dans  le  titre      xviii, 


XIX 


XX 


XXI 


XXIII 
XXIV 

Etc.,  etc. 

Je  signale  encore,  en  particulier,  le  titre  XXVIII,  intitulé  «  de 


Panormia, 

m, 

51. 

— 

53. 

— 

54. 

— 

55. 

— 

5C. 

— 

57. 

— 

.58. 

— 

59. 

— 

(iO. 

— 

64. 

— 

62. 

— 

63. 

— 

64-68 

— 

69. 

— 

70. 

438  LES   COLLECTIONS   CANOx\IQUES 

matrimonio  Orientalibus  presbiteris,  diaconibus,  subdiaconibus 
concesso,  Occidentalibus  interdicto.  »  Ce  titre  est  fait  uniquement 
des  chapitres  84  à  100  de  la  Panonnia,  livre  IIP. 

En  somme,  dans  les  64  titres  de  la  troisième  partie  de  la  col- 
lection en  dix  parties,  on  retrouve,  avec  d'autres  éléments,  tout 
le  troisième  livre  de  la  Panormia. 

Voici  d'autres  exemples  tirés  des  parties  VII  et  VIII  de  notre 
collection,  relatives  au  mariage,  qui  correspondent  aux  livres  VI 
et  VII  de  la  Panormia. 

Le  titre  i  :  De  nuptiis,  du  livre  VII  comprend  les  eh.  ^-6  du 
livre  VI  de  la  Panormia  et  un  fragment  étranger. 
VII,   ir  =  Pan.,  VI,     8  et  9. 

VII,  iir=        —         ^2à  ^6. 

VIII,  XI  =       VII,       52  à  60  et  un  fragment  étranger. 

II  en  est  de  même  du  livre  IX  de  notre  collection  (homicide  et 
autres  crimes)  : 

IX,  Yi  =  Pan.,  VIII,  9,  iO  em. 
IX,  VII  =  —  ^2,  'la  et  U. 
IX,  VIII  =         —         ^5à25. 

IX,  XTi=         —         37  à  40. 

On  pourrait  multiplier  ces  exemples,  on  arriverait  toujours  à 
la  même  conclusion.  Notre  collection,  dans  ses  livres  I  à  III,  V 
à  IX,  est  une  réédition  notablement  augmentée  de  la  Panormia. 

En  quoi  consiste  cette  augmentation  ?  Ce  n'est  pas  le  lieu  de 
répondre  ici  à  cette  question,  que  je  réserve  à  un  mémoire  spé- 
cial. Il  y  sera  aussi  traité  de  la  composition  des  portions  IV  et  X 
de  la  collection,  qui  ne  correspondent  à  aucun  livre  de  la  Pa^ior- 
mia.  Je  me  borne  seulement  à  ajouter  que,  parmi  ces  sources 
complémentaires,  il  faut  citer  le  Décret  d'Yves. 

En  effet,  on  rencontre  dans  notre  collection  un  certain  nombre 
de  chapitres  qui  figurent  dans  le  Décret  d'Yves.  Souvent  aussi 
ces  chapitres  figurent  dans  le  Décret  de  Burchard,  qui,  d'ail- 
leurs, comme  on  le  sait,  fut  une  source  importante  du  Décret 

1.  De  même  le  titre  XXXI  :  «  Item  presbiteris,  diaconibus,  subdiaconibus 
conlinendum  ;  minoribus  si  voluerint  nubendum,  »  est  fait  des  chapitres  102, 
103,  105-111  du  livre  III  de  la  Panormia. 


ATTRIBUEES   A   ÏVES    [)E    CHARTRES.  439 

d'Yves,  de  telle  façon  qu'on  pourrait  se  demander  si  l'auteur  de 
la  collection  en  dix  livres  les  a  pris  dans  le  recueil  d'Yves  ou  dans 
celui  de  Barchard.  Mais  il  se  trouve  quelques  chapitres  qui,  étran- 
gers à  iJurchard,  ont  seulement  trouvé  place  dans  le  Décret 
d'Yves.  Leur  présence  nous  permet  d'attribuer  à  ce  dernier  recueil 
l'origine  des  fragments  communs  au  Décret  d'Yves  et  à  celui  de 
Burcliard.  Je  citerai  seulement*  : 

II,  H,    ^ 

—        5  = 

11,  IV,     3  = 


II,  V,  r 

—  3*  --= 

._  4*  = 

II,  VI,  ^  = 

—  3  = 
II,  VII,  2  = 

—  3  = 

III,  LXIV,  i  = 

m,  Lxv,  ^  = 

—  2  = 

—  3  = 

IV,  VI,  2  = 

—  3  = 
IV,  VII,  <  = 

—  3  = 

l.  Les  fragments  marqués  d'un  astérisque  ne  se  trouvent  que  dans  le  Décret 
d'Yves  et  non  dans  celui  de  Burchard.  —  Il  se  peut,  d'ailleurs,  que  l'auteur  de 


Décret,  III, 

9. 

— 

^65. 

— 

54. 

— 

^0. 

— 

2H. 

— 

55. 

— 

5C. 

XVI, 

279. 

— 

2G^ 

m, 

m. 

11, 

34. 

IV, 

^9. 

III, 

^62. 

— 

209. 

XVI, 

37. 

— 

30. 

VII, 

97. 

— 

85. 

— 

72. 

— 

M  3. 

— 

i\7. 

— 

^^8. 

— 

29. 

V, 

2^5. 

— 

^42. 

— 

U3. 

— 

U8. 

— 

^52. 

— 

<50. 

440  LES   COLLECTIO'VS   CAXOXIQUES 

De  ces  faits  et  d'autres  faits  analogues  je  conclus  que,  si  la 
Panormia  est  la  source  principale  de  la  collection  en  dix  par- 
ties, le  Décret  d'Yves  peut  en  être  considéré  comme  une  source 
accessoire.  Notre  collection  se  rattache  donc,  sans  contestation 
possible,  par  la  Panormia  surtout,  à  la  famille  des  recueils 
cliartrains'. 

Il  sera  alors  facile  de  montrer  ailleurs  que  le  recueil  en  dix 
parties  est  d'origine  française.  Divers  éléments  permettront  d'en 
déterminer  approximativement  la  date;  on  }'  trouve,  en  effet, 
quelques  fragments  des  décrets  du  pape  Calixte  II  (1119-1124). 
Il  s'y  rencontre  aussi  un  fragment  du  traité  de  saint  Bernard  de 
gradibus  humilitatis ;  or,  ce  traité,  le  premier  des  grands 
ouvrages  du  célèbre  abbé,  est  probablement  antérieur  à  l'an- 
née 1122^.  D'autre  part,  la  collection  en  dix  livres  comprend 
quelques  canons  promulgués  par  le  pape  Innocent  II  au  concile  de 
Reims  en  1131^;  mais  ces  canons,  placés  à  la  fin  de  diverses 

notre  collection  ait  eu  recours  à  l'œuvre  de  Burchard,  comme  cela  semble 
résulter  de  certains  indices. 

1.  Je  dois  faire  remarquer  ici  qu'il  existe  des  liens  étroits  entre  notre  collec- 
tion en  dix  parties  et  la  collection,  dite  de  Térouanne,  du  Codex  Gud.  212  de 
la  bibliothèque  de  Wolfenbiittel,  écrit  au  xii''  siècle.  Les  analogies  qui  existent 
entre  ces  deux  collections  seront  étudiées  ailleurs.  Il  me  sulfira  de  mentionner 
qu'on  trouve  dans  la  collection  en  dix  parties  et  dans  la  collection  de  Térouanne 
la  même  version  des  canons  du  concile  de  Clermont  de  1095,  les  mêmes  textes 
du  concile  de  Poitiers  de  1100,  des  citations  analogues  avec  l'indication  ex  cor- 
pore  canonum,  une  citation  de  Rémi  d'Auxerre,  de  sacrameniis  ecclesie{f),  et 
beaucoup  d'autres  fragments  qui  se  correspondent.  —  Enfin,  le  manuscrit  pari- 
sien de  la  collection  en  dix  livres  contient,  comme  le  manuscrit  de  Térouanne,  le 
sermon  synodal  Fratres,  presbyteri  et  sacerdoies  Domini  (sur  ce  sermon,  voir 
dom  Germain  Morin  dans  la  Revue  bénédictine,  année  1892,  p.  99  et  suiv.),  et 
la  paix  de  Dieu,  qui  porte  les  noms  de  Drogon,  évéque  de  Térouanne,  et  de  Bau- 
douin V,  comte  de  Flandre.  Évidemment,  il  existe  un  lien  de  parenté  entre 
notre  collection  et  la  collection  de  Térouanne.  Sur  celle-ci,  voir  Sdralek,  Wol- 
fenbiiitler  Fragmente,  Munster,  1894,  in-8°. 

2.  Vaca-ndard,  Vie  de  saint  Bernard,  1,  p.  156,  note.  —  Dans  la  notice  qu'il 
a  consacrée  à  saint  Bernard  au  tome  XIII  de  VHistoire  littéraire,  Daunou 
déclare  que  ce  traité  est,  en  tout  cas,  antérieur  à  1125.  La  réputation  de  saint 
Bernard  fut,  de  bonne  heure,  assez  grande  pour  que  son  ouvrage  ait  pu 
être  cité. 

3.  Ainsi,  à  la  fin  de  la  seconde  partie,  on  trouve  quatre  fragments  du  concile 
de  Reims  :  «  Innocentius  papa  IIus  in  c.  Remensi  ;  »  ce  sont  les  c.  9,  7,  14  et 
13  de  ce  concile.  —  Dans  les  additions  à  la  partie  III,  on  trouve  les  c.  1,  2,  4, 
5,  6,  8  et  le  texte  résumé  du  c.  15.  —  Dans  les  additions  à  la  quatrième  par- 
tie, on  trouve  le  c.  3. 


ATTRlUrEtS    A    ÏVtS    DK    CUAKTRES.  AU 

portions,  semblent  bien  être  des  additions  k  l'œuvre  primitive.  On 
ne  se  tromperait  guère,  je  crois,  en  plaçant  la  rédaction  de  cette 
œuvre  entre  1125  et  1130. 

Theiner  a  propo^jé  d'attribuer  la  paternité  du  recueil  en  dix 
livres  à  l'archevêque  de  Tours  Hildebert  de  Lavardin.  On  peut 
invoquer  à  l'appui  de  cette  hypothèse  des  raisons  assez  spé- 
cieuses*. Je  me  réserve  de  les  exposer  dans;  la  notice  spéciale  que 
j'espère  consacrer  à  la  collection  en  dix  livres.  Il  est  d'ailleurs 
certain  que  Hildebert  a  entrepris  de  composer  une  collection  et 
que,  au  moins  en  1115,  cette  collection  n'était  pas  encore  ache- 
vée^. Il  y  a  donc  probablement  travaillé  entre  1115  et  1 133,  date 
de  sa  mort  ;  or,  cette  période  convient  bien  à  la  rédaction  de  notre 
collection.  Mais  la  préface  particulière  à  ce  recueil  me  semble  se 
concilier  assez  mal  avec  l'opinion  proposée  par  Theiner.  L'auteur 
s'adresse  évidemment  à  un  haut  dignitaire  auquel  il  ne  parle 
qu'en  termes  humbles^;  on  ne  se  les  expliquerait  pas  dans  la 
bouche  de  Hildebert,  évêque  du  Mans  ou  archevêque  de  Tours. 
Ajoutez  qu'il  n'est  pas  permis  de  voir  dans  ses  préfaces  l'œuvre 
d'un  secrétaire  qui  s'adresserait  à  Hildebert,  car,  dans  sa 
lettre  XXVII,  Hildebert  nous  laisse  entendre  que  lui-même  com- 
posait sa  collection''. 

Si,  poui'  ces  raisons,  nous  devons  probablement  écarter  l'hypo- 
thèse deTheiner,  il  en  est  une  qui  pourraitètre  suggérée  etqu'il  faut, 
pour  cette  raison,  mentionner  ici  ;  mais  je  ne  crois  pas  qu'elle  mérite 
plus  de  succès.  D'après  un  renseignement  quej'ai  déjà  eu  l'occasion 
de  signaler  et  qui  provient  de  Vincent  de  lieauvais^,  un  certain 
Hugues  de  Châlons  aurait  abrégé  la  Panormia.  Ne  faudrait-il 
pas  imputer  notre  collection  à  ce  personnage  énigma tique?  Je  ne 
le  pense  pas.  Pour  repousser  cette  idée,  il  est  permis  d'invoquer 

1.  DisquisUiones,  p.  169.  Ces  raisons  ne  sont  pas  les  raisons  données  par 
Theiner.  On  sait,  notamiuent,  le  cas  qu'il  faut  faire  des  prétendus  textes  qu'il 
rencontre  ici  et  qu'il  attribue  au  concile  de  Nantes  tenu  en  1127;  ce  sont  les 
textes  qui  figurent  dans  les  collections  d'Yves.  Je  renvoie  à  ce  que  j'en  ai 
dit  ci-dessus  dans  mou  élude  sur  le  Décret,  p.  73.  La  présence  de  la  grande 
préface  d'Yves,  tant  de  fois  répétée  au  xii»  siècle,  n'a  aucune  signification. 

2.  Voir  plus  haut,  p.  319,  note  1. 

3.  La  préface  commence  par  ces  mots  :  «  Voluntati  vestre,  reverenlissime 
pater,  ut  valui,  parui.  »  Ce  n'est  pas  le  ton  d'un  homme  constitué  en  dignité. 

4.  Il  dit  (Epistolae,  II,  27)  que  c'est  lui  qui  en  a  réuni  les  premières  parties  : 
«  Atque  ad  id  peragendum  quod  restât,  episcopum  deponemus.  » 

5.  Spéculum  historiale,  XXVI,  84. 


442  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

les  mêmes  raisons  en  vertu  desquelles  j'ai  refusé  d'attribuer  à 
Hugues  un  extrait  de  la  Panormia  signalé  plus  haut^  On  peut 
ajouter  que,  d'ailleurs,  la  collection  en  dix  parties  ne  saurait  être 
considérée  comme  un  abrégé  de  la  Panormia.  Au  surplus,  on 
verra  plus  loin^'  que  cette  collection  était  regardée  à  Châlons, 
vers  le  milieu  du  xii''  siècle,  comme  l'œuvre  d'Yves  de  Chartres  ; 
tel  était,  du  moins,  l'avis  de  l'évêque  de  Châlons  Haimon  de 
Bazoches,  qui  réduisit  notre  recueil  à  un  court  résumé.  Or,  si  ce 
recueil  eût  été  en  réalité  le  travail  d'un  canoniste  de  Châlons,  on 
n'en  eût  point  perdu  la  mémoire  vingt  ans  après  dans  cette  même 
éghse.  Il  me  semble  donc  sage  de  nous  résigner  à  ignorer  encore, 
provisoirement  du  moins,  le  nom  du  canoniste  qui  a  composé, 
entre  1125  et  1130,  la  collection  en  dix  parties,  édition  revue  et 
considérablement  augmentée  de  la  Panormia. 

§  V.  Abrégé  de  la  collection  en  dix  parties  ou  «  Summa  decretorum 

Haimonis.  » 

Un  écrivain  du  milieu  du  xir  siècle  a  rédigé  de  la  collection  en 
dix  livres  un  abrégé  dont  nous  possédons  un  certain  nombre  de 
manuscrits. 

Les  manuscrits  connus  de  cet  abrégé  sont  les  suivants  : 

Bibl.  nat.,  latin  4377,  provenant  de  Colbert;  xii^  siècle. 

Bibl.  nat. ,  latin  4286,  provenant  de  Saint-Martin  de  Tournay  ; 
xif  siècle. 

Oxford,  Bodleienne,  Laud',  D.  82  ;  xiif  siècle. 

Bibl.  roy.  de  Munich,  2594  (Aldersbach  64)  ;  xif-xiif  siècle 3. 

Un  point  paraît  certain,  c'est  que  le  personnage  nommé  Hai- 
mon, auquel  cet  écrit  est  attribué  par  les  manuscrits,  est  Haimon 
de  Bazoches,  qui  fut  évêque  de  Châlons-sur-Marne  en  1152  et 
mourut  en  1153. 

Un  autre  point  est  incontestable  :  cet  abrégé  a  été  fait  sur  la 
collection  en  dix  livres,  qui  vient  d'être  étudiée,  et  non  sur  la 
Panormia. 

On  peut,  en  outre,  être  assuré  que  l'auteur  du  résumé  croyait 
abréger  la  Panormia  d'Yves,  ainsi  qu'il  le  dit  lui-même  dans  la 

1.  Voir  plus  haut,  p.  414. 

2.  Voir  ci-dessous,  p.  443. 

3.  Je  connais  ce  manuscrit  par  des  renseignements  dus  à  robligeance  de 
M.  Hermann  Grauert,  professeur  à  l'Université  de  Munich. 


ATTRIBUKES    A    YVES    PK    CHARTRES.  ^^3 

préface  placée  en  tête  de  son  recueil.  Pour  lui,  la  collection  en 
dix  livres  avait  absolument  remplacé  la  véritable  Panonnia. 

Dans  le  manuscrit  4377  de  la  Bibliothèque  nationale,  la  collec- 
tion s'ouvre  par  quelques  pages  où  se  trouve  résumée  la  doctrine 
sur  l'interprétation  des  canons,  qui  est  contenue  dans  le  grand 
prologue  d'Yves.  Ce  document  commence  ainsi  :  «  Haimo  Doi 
gratia  id  quod  est.  Sanctorum  ac  venerabilium  patrum  nominibus 
ordine  dispositis...  » 

A  plus  d'une  reprise,  dans  cet  exposé  de  principes,  les  expres- 
sions d'Yves  de  Cliartres  sont  reproduites  textuellement.  La  der- 
nière phrase  renvoie  directement  au  prologue  complet  ;  elle  est 
ainsi  conçue  ; 

Hœc  de  expositione  canonum  breviter  dictata  transcurrinius,  que 
si  lectori  non  sufliclunl,  opusculum  diiïusius  quod  de  eisdem  cano- 
num reguHs  venerabilis  Garnolensis  episcopus  inscripsit  inspiciat; 
ibi  que  brevius  bic  persLrinximus  lalius  dispuLata  reppcriel. 

Vient  ensuite  une  autre  préface,  œuvre  de  l'auteur  du  résumé, 
qui  commence  ainsi  :  «  Haimo  Dei  gratia  id  quod  est.  Prologus  in 
libro  qui  dicitur  Summa  decrelorum.  Preceptiones  canonum  seu 
prohibitiones...  »  C'est  la  préface  imprimée  par  Theiner  et  par 
M.  Rose. 

L'auteur,  après  avoir  dit  combien  il  est  difficile  de  se  recon- 
naître dans  la  masse  énorme  des  textes  canoniques,  rappelle  que 
plusieurs  docteurs  ont  essayé  d'en  faire  des  abrégés.  C'est  alors 
qu'il  cite  Yves  de  Chartres,  auquel  il  attribue  la  paternité  d'un 
recueil  en  dix  parties,  qui  n'est  autre  que  la  collection  précédem- 
ment étudiée  :  «  Ex  quibus  gloriose  memorie  venerabilis  Ivo  Car- 
notensium  episcopus  exquisita  diligentia  de  pretaxatis  canonum 
regulis  quedam  capitula  ordinavit  et  ad  numerum  X  librorum 
laudabili  redegit  compendio.  »  Mais  ce  recueil  est  encore  trop 
vaste,  aussi  a-t-il  paru  nécessaire  d'en  faire  un  sommaire  : 
«  Teraptavi  ego  summarium  illius  facere  et  volumen  ejus  in  libel- 
lulum  redigere  manualem.  »  Notre  collection  n'est  autre  chose 
que  ce  manuel. 

Elle  est,  comme  la  collection  mère,  partagée  en  dix  parties  ;  la 
distribution  des  matières  est  naturellement  identique  dans  la  col- 
lection en  dix  livres  et  dans  son  abrégé.  En  tète  de  chaque  partie 
sont  reproduits  les  sommaires  généraux  qui  figurent  dans  la  col- 
lection en  dix  livres.  L'ordre  des  textes  de  cette  collection  est, 


444      LES  COLLECTIOXS  CANONIQUES  ATTRIBUEES  A  YVES  DE  CHARTRES. 

dans  chaque  partie,  conservé  à  peu  près  exactement  ;  mais  les 
cajntula  ne  sont  pas  reproduits  intégralement.  L'auteur  s'est 
borné  à  en  donner  un  abrégé  et  encore  s'en  faut-il  de  beaucoup 
que  tous  les  chapitres  de  la  collection  en  dix  livres  soient  ainsi 
représentés  par  des  sommaires. 

Voici  un  extrait  pris  au  hasard  dans  le  travail  accompli  par 
Haimon  de  Bazoches*.  On  verra  que  les  textes  y  sont  analysés, 
mais  non  cités. 

Johannes  papa  VIII"^  Quod  privilégia  paucorum  non  faciunt  uni- 
versalem  logera^. 

Silvester  papa.  Quod  prima  sedes  à  nomine  judicanda  est,  nec 
ejus  judicium  ab  aliquo  retractandum  est  3. 

Zosimus.  Quod  contra  slatuta  patrum  concedere  aliquid  vel  mutare 
nec  hujus  sedis  potest  auctorilas^. 

Léo  papa.  Sicut  quedam  sunt  que  nulla  possunt  ratione  convelli, 
ità  multa  sunt  que  aut  pro  consideratione  servata  etatum  aut  pro 
necessitate  rerum  oporlet  temperare^. 

J'en  ai  dit  assez,  je  crois,  pour  caractériser  ce  manuel  fait  sur 
la  collection  en  dix  parties,  c'est-à-dire  sur  une  édition  refondue 
et  considérablement  augmentée  de  la  Panormia  d'Yves. 

Paul  FOURNIER. 

(A  suivre.) 


1.  Je  l'emprunte  à  la  cinquième  partie.  Ces  abrégés  forment  dans  la  Summa 
de  Haimon  une  série  continue;  on  en  peut  conclure  que  Haimon  a  négligé  de 
résumer  nombre  de  chapitres  de  la  collection  en  dix  parties. 

2.  Abrégé  de  la  collection  en  dix  parties,  V,  i,  9. 

3.  Abrégé  de  V,  ii,  1. 

4.  Abrégé  de  V,  ii,  7. 

5.  Abrégé  de  V,  iv,  1. 


NOTICE   SUR  UN  TEXTE 


CONCERNANT 


L'HISTOIRE  DE  LA  GAULE 

AU  V«  SIÈCLE  DE  NOTRE  ÈRE. 


Dans  la  compilation  indigeste  et  pourtant  fort  intéressante  qui 
constitue  le  commentaire  de  Lucain  publié  par  M.  Usener, 
d'après  le  ms.  de  Berne  370',  il  y  a  un  passage  qui,  suivant  nous, 
peut  être  daté  ;  c'est  une  glose  sur  le  livre  I,  vers  435  : 

Gens  habitai  canas  pendenli  rupe  Cebennas. 

La  glose  sur  Cebennas,  écrit  Gebennas,  est  :  Burgundionum 
clausurae  sunt  quas  inter  se  et  Gallos  habent-.  Elle  a  été 
écrite  à  une  date  où  les  Cévennes  séparaient  les  Burgundes  des 
Gain  ou,  en  d'autres  termes,  des  Gallo-Romains,  sujets  de  l'em- 
pereur qui  trônait  à  Ravenne,  c'est-à-dire  entre  les  années  4G1 
et  475.  Sous  l'empereur  Majorien,  457-4GI,  Lyon  n'était  pas 
encore  occupé  par  les  Burgundes,  qui,  par  conséquent,  n'attei- 
gnaient pas  les  Cévennes;  et,  à  partir  de  l'occupation  de  Cler- 
mont,  capitale  des  Arverni,  par  les  Visigoths  en  475,  les 
Cévennes  séparèrent  les  Burgundes  non  plus  des  Galli,  c'est-à- 
dire  des  Gaulois  soumis  à  l'autorité  de  l'empire  romain,  mais  des 
Visigoths.  Les  Burgundes,  à  cette  date,  étaient  maîtres  de  Lyon 
et  des  rives  droites  du  Rhône  et  de  la  Saône. 

1.  Scholia  in  Lucani  bellum  civile,  pars  prior,  commenta  Berncnsia.  Leipzig, 
Teubner,  1869,  in-S". 

2.  Usener,  p.  31-32. 

4897  29 


446  XOTICE   SUR   DN   TEXTE 

Précédeaiment  et  encore  au  temps  de  l'empereur  Majorien, 
457-461,  Lyon,  comme  Clermont-Ferrand,  n'avait  pas  cessé 
d'appartenir  à  l'empire  romain  d'Occident.  On  le  voit  par  les  vers 
de  Sidoine  Apollinaire,  lyonnais  d'origine  et  plus  tard  évêque 
de  ClermontS  quand,  s'adressant  à  Majorien,  vers  l'an  458,  il 
lui  dit  : 

...  Nostris  petimus  succurre  ruinis 

Lugdunumque  tuam,  dum  prseteris,  aspice  victor^. 

...  Fuimus  vestri  quia  causa  triumphi, 

Ipsa  ruina  placet^... 

Ut  reddas  patriara  simulque  vitam, 

Lugdunum  exonerans  suis  ruinis, 

Hoc  te  Sidonius  tuus  precatur''. 

Majorien,  mécontent  des  Lyonnais,  qui  probablement,  au 
début  de  son  règne,  avaient  refusé  de  le  reconnaître  %  avait  tri- 
plé leur  impôt  direct,  c'est-à-dire  le  nombre  de  leurs  capita, 
Sidoine  voulait  obtenir  décharge  de  cette  aggravation  : 

Geryonem  nos  esse  puta,  monstrumque  tributum; 
Hinc  capita,  ut  vivam,  tu  mihi  toile  tria^. 

Il  paraît  donc  évident  que  l'agrandissement  du  territoire  bur- 
gunde,  en  456"  ou  457^,  n'atteignit  pas  d'abord  Lyon  et  ne 


1.  Il  devint  prêtre  ea  468,  évêque  de  Clermont  vers  l'année  472. 

2.  Panégyrique  de  l'empereur  Majorien,  vers  575-576;  édition  donnée  par 
Krusch  dans  les  Monumenta  Gennanix  historica^  ia-i",  p.  201. 

3.  Panégyrique  de  l'empereur  Majorien,  vers  585-586,  éd.  Krusch,  p.  202. 

4.  Carmina,  XIII,  23-25;  éd.  Krusch,  p.  232. 

5.  Binding,  Daa  burgundisch-romanische  Kœnigreich,  p.  62. 

6.  Carmina,  XIII,  vers  19-20;  éd.  Krusch,  p.  232. 

7.  a  450.  Eo  anno  Burgundiones  parlem  Galliae  occupaverunt  et  terras  cum 
(  Gallis  senatoribus  diviserunl.  »  Marii  Chronicon,  chez  Mommsen,  Chronica 
minora,  t.  II,  p.  232. 

8.  «  457.  Theodoricus,  rex  Gothorum,  Suevos  prœlio  devicit,  interfecto  rege 
«  ipsorum  Reciario,  ad  inliinum  usque  perdomuit.  Post  cujus  cœdem  Gundio- 
«  eus,  rex  Burgundionuni,  cum  génie  et  omni  prsesidio,  annuente  sibi  Theudo- 
«  rico  ac  Gothis,  intra  Galliam  ad  habilandum  ingressus,  societate  et  amicitia 
«  Gothorum  funclus.  »  Prosperi  continuatio  Havniensis,  chez  Mommsen,  Chro- 
nica minora,  t.  I,  p.  305.  Cf.  Grégoire  de  Tours,  II,  9  :  «  Burgundiones... 
c  habilabant  trans  Rhodanum,  »  éd.  Ârndt,  p.  77,  1.  12-13. 


CO>CERNAXT   L  niSTOIRE    DE    LA    GACLE.  147 

dépassa  pas  alors  la  rive  gauche  du  Rhône  et  de  la  Saône,  Les 
Burgundes,  établis  en  Savoie  en  443',  ne  sont  parvenus  que  par 
des  développements  successifs  à  s'emparer  du  vaste  territoire  où 
nous  les  trouvons  établis  au  vi"  siècle  et  même  dès  la  fin  du  v". 

A  quelle  date  les  Burgundes  devinrent-ils  maîtres  de  Lyon  ? 
C'est  ce  que  l'on  ne  peut  déterminer  avec  rigueur.  C'est  en  461 
au  plus  tôt,  c'est-à-dire  à  la  mort  de  Majorien.  Mais  à  quelle  date 
peut-on  reculer  cette  conquête?  C'est  douteux.  Ce  qui  paraît  le 
plus  vraisemblable,  c'est  qu'en  473,  Lyon  est  devenu  la  capitale 
du  roi  Hilpéric  II,  un  des  quatre  fils  du  roi  Gundioc^  qui,  se 
partageant  le  royaume  burgunde,  en  firent  une  tétrarchie.  Dans 
deux  lettres,  écrites  en  474  et  insérées  sous  les  numéros  6  et  7 
au  livre  V  de  ses  Epîtres,  Sidoine  Apollinaire  parle  de  Hilpéric; 
il  le  fait  dans  la  première  en  termes  exprès,  il  informe  son  cor- 
respondant d'une  dénonciation  secrète  adressée  magisiro  mili- 
tum  Chilperico,  victoriosissirao  viro,  contre  un  certain  Thau- 
mastus,  frère  du  destinataire^.  Dans  l'autre  lettre,  adressée  h  ce 
même  Thaumastus,  et  où  Sidoine  expose  les  plaintes  de  la  Gaule 
opprimée  même  par  les  barbares  les  plus  doux,  inter  clemen- 
tiores  barbaros  Gallia  gemit^,  il  revient  sur  le  sujet,  traité 
dans  la  lettre  précédente,  c'est-à-dire  sur  les  dénonciations  faites 
à  Hilpéric,  qu'il  désigne  alors  par  deux  expressions  différentes  : 
1"  «  notre  tétrarque,  »  tetrarcham  nostriim'^,  allusion  à  la  divi- 

t.  «  XX.  Sapaudia  Burgundionurn  reliquiis  datur,  ciirn  indigenis  dividfMida.  » 
Chronica  gallica  anni  452,  Momrasen,  Chronica  minora,  I,  660;  D.  Bouquet, 
I,  639  c;  Migne,  Patrologia  latina,  LI,  865  c.  Les  mots  Burgundionurn  reli- 
quiis (lalur  s'expliquent  par  un  passage  de  la  même  chronifpie,  où  {luelrjucs 
lignes  plus  haut,  sous  la  date  de  436,  on  lit  :  Dellum  contra  Burgundionurn 
gentem  memorabile  exarsit,  quo  universa  pune  gens  cum  rege  per  Aediim 
(Meta.  Sur  la  chronique  dont  ces  passages  sont  extraits,  voir  Potlhast,  Biblio- 
theca  historica  medii  xvi,  2°  éd.,  1. 1,  p.  '271.  Cf.  Prosper,  A.D.  435,  Mommsen, 
Chronica  minora.  I,  475. 

2.  M.  Binding,  Bas  burgundisch-romanische  Kœaigreich,  p.  58,  a  émis 
rhypothèse  que  la  capitale  de  Gundioc  aurait  été  .\mbérieux,  qui  resta  théori- 
quement capitale  au  vi"  siècle,  puisque  deux  lois  burgundes  en  sont  datées.  La 
capitale  du  roi  Hilpéric  !"■,  frère  de  Gundioc,  était  Genève. 

3.  Éd.  Krusch,  p.  81,  1.  19,  20.  Thaumastus  et  son  frère  étaient  accusés  de 
reconnaître  empereur  d'Occident  Nepos,  qui  venait  de  détrôner  Glycerius,  pour 
lequel  les  Burgundes  tenaient  toujours. 

4.  Éd.  Krusch,  p.  82,  1.  5. 

5.  Ibid.,  p.  82,  I.  2. 


448  NOTICE    SUR   ON   TEXTE 

sion  de  l'état  burgunde  en  quatre  roj^aumes;  2°  «  puissance  qui 
«  présentement  régit  la  Lyonnaise  germanique,  »  quandiuprœ- 
sens  potestas  Lugdunensem  Germcmiam  régit  ^.  C'est  en 
qualité  de  Lyonnais  que  Sidoine  appelle  Hilpéric  notre  té trarque; 
c'est  comme  roi  barbare  résidant  à  Lyon  que  Hilpéric  est  dési- 
gné par  cette  formule  emphatique,  «  pouvoir  qui  présentement 
régit  la  Lyonnaise  germanique.  »  Hilpéric  et  sa  femme  Caretena, 
enterrée  plus  tard  à  Lyon,  sont  l'un  le  roi  qui,  présent  aux  dîners 
del'évèque  de  Lyon  Patiens,  ne  cesse  de  louer  ces  bons  repas,  et 
l'autre,  la  reine  qui  ne  cesse  de  louer  les  jeûnes  du  même  prélat, 
comme  on  lit  dans  une  lettre  de  Sidoine  Apollinaire  à  cet 
évêque% 

Il  faut  bien  admettre  que  les  évêques,  comme  les  prêtres,  cau- 
sant entre  eux,  aient  quelques  moments  de  gaîté,  et  que  le  sujet 
en  soit  quelquefois  fourni  par  les  meilleures  paroissiennes. 
Patiens  faisait  de  bons  repas  quand  les  lois  de  l'Eglise  le  per- 
mettaient ;  il  jeûnait  aux  dates  prescrites. 

Les  Burgundes  étaient  alors  alliés  de  l'empire  romain  contre 
les  Yisigoths  qui  voulaient  s'emparer  de  Cler mont- en- Auvergne, 
viUe  épiscopale  de  Sidoine  Apollinaire,  voisine  à  l'est  des  Bur- 
gundes, à  l'ouest  des  Visigoths. 

«  Notre  viUe,  »  écrivait  en  473  ou  environ  Sidoine  Apolli- 
naire, «  est  une  sorte  de  barrière  qui  marque  la  limite  entre  les 
«nations  voisines,  et  leurs  armes  nous  terrifient;  placés  au 
«  milieu  d'elles,  nous  sommes  une  proie  lamentable  qu'elles  s'en- 
«  vient;  suspects  aux  Burgundes,  voisins  des  Goths,  nous  inspi- 
«  rons  la  colère  aux  Goths  qui  nous  attaquent,  la  jalousie  aux 
«  Burgundes  qui  nous  défendent^.  » 

La  glose  sur  Gebennas  :  Burgundionu7n  clausurœ  sunt 
quas  iiiter  se  et  Gallos  habent,  peut  être  contemporaine  de 
cette  lettre.  A  partir  de  l'an  é75,  où  les  Visigoths  s'emparent  de 
Clermont,  les  Gévennes  séparent  les  Burgundes  des  Msigotbs,  non 
plus  des  Gain.  Dans  la  langue  de  l'empire  romain,  l'expression 
Gain  désigne  la  population  sujette  de  cet  empire  entre  les  Alpes, 


1.  Éd.  Krusch,  p.  83,  l.  16-17. 

2.  Episi,.  VIII,   12,  éd.  Krusch,  p.  101,  I.    20-21  :   Vt  constat  indesinenter 
regem  prxsentem  prandia  tua,  reginam  laudare  jejunia. 

3.  Epist.,  1.  III,  4,  éd.  Krusch,  p.  43,  1.  6-9. 


CONCERNANT   L'HISTOIRE    DE   LA   GAULE.  i-'iO 

la  Méditerranée,  les  P3'rénées,  l'océan  et  le  Rhin  ;  à  partir  de  la 
conquête  barbare  la  même  population  prend  le  nom  de  Uoniani. 
On  peut  comparer  au  passage  de  Marius  d'Avenche  précité, 
racontant  le  partage  du  sol  entre  les  Burgundes  et  les  Galli  sema- 
tores  \  en  456,  les  quelques  mots  par  lesquels  Grégoire  de 
Tours,  dans  son  récit  des  événements  de  l'année  500,  expose  que 
le  roi  Gondebaud  donna  aux  Burgundes  des  lois  plus  douces  pour 
les  empêcher  d'opprimer  les  Romains  :  ne  Romanos  obprœ- 
merent  '-. 

H.  d'Arbois  de  Jubainville. 


1.  De  celte  expression  rapproclier  celle  de  Gallus  civis  employée  dans  la 
chronique  d'idace  pour  qualifier  Avitus,  quand  elle  raconte  l'élévation  de  ce 
personnage  à  la  dignité  impériale  en  -155.  Mommsen,  Chronica  minora,  11,  27. 

2.  Historia  Francorum,  1.  H,  c.  33;  éd.  Arndt,  p.  96, 1.  13,  à  rapproclier  l'ex- 
pression Lex  romana  dans  le  c.  t  du  concile  d'Orléans  en  511,  et  l'emploi  du 
mol  romanus  dans  la  loi  salique  et  dans  celle  des  Burgundes. 


BIBLIOGRAPHIE. 


P.  Meïer.  Notice  du  nis.  Bibl.  nai.  fr.  6447  [Traduction  de  divers 
livres  de  la  Bible.  —  Légendes  de  saints).  Paris,  Impr.  nationale; 
C.  Klincksieck,  -1896.  In-4°,  80  pages.  (Extrait  des  Notices  et 
Extraits  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale  et  autres 
bibliothèques.  T.  XXXV,  2"  partie.) 

Le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale  fr.  6447  (anc.  suppl. 
fr.  3007''),  écrit  en  Flandre  à  la  fin  du  xiii<^  siècle,  contient  des  Annales, 
une  version  de  la  Bible,  des  Légendes  de  saints,  les  sermons  de  Mau- 
rice de  Sully,  d'autres  sermons  anonymes,  un  manuel  de  confession, 
des  Annales  de  terre  sainte,  le  tout  en  roman.  La  première  et  la  der- 
nière composition  étaient  connues;  l'une  a  été  examinée  par  M.  L. 
Delisle  dans  l'Histoire  littéraire  de  la  France,  t.  XXXII,  p.  210-2H,  et 
l'autre  publiée  par  M.  Rôhricht  dans  les  Archives  de  l'Orient  latin,  t.  II, 
2«  partie,  p.  427  et  suiv.  La  copie  des  sermons  de  Maurice  de  Sully  a 
été  étudiée  et  classée  par  M.  P.  Meyer  dans  un  mémoire  spécial  {Roma- 
nia,  t.  XXIII,  p.  177-191).  La  partie  vraiment  curieuse  du  volume  est 
une  traduction  partielle  de  la  Bible  comprenant  la  Genèse,  l'histoire  de 
Moïse,  les  Juges,  les  Rois  et  les  Machabées. 

On  connaît,  grâce  surtout  aux  publications  sur  la  matière  de  MM.  Sa- 
muel Berger  et  P.  Meyer,  différentes  traductions  intégrales  ou  partielles 
de  la  Bible'.  Celle  qu'examine  cette  fois  M.  Meyer  n'est  ni  une  des 
traductions  connues,  ni,  pour  parler  exactement,  une  traduction  nou- 
velle. C'est  un  récit  dont  l'auteur  tantôt  traduisait  la  Vulgate,  tantôt  se 
contentait  de  mettre  en  prose  des  poèmes  français  bibliques.  Les  trente 
et  un  premiers  chapitres  de  la  Genèse  représentent  un  poème  en  vers 

1.  J'ai  relevé  dans  les  catalogues  manuscrits  de  la  bibliothèque  du  roi  à 
Turin  la  mention  de  deux  mss.  qui,  je  crois,  n'ont  pas  encore  été  signalés  et 
que  malheureusement  je  n'ai  pas  eu  le  temps  d'examiner.  Dans  l'un  des  cata- 
logues, ils  sont  ainsi  cotés  :  Psaumes  de  pénitence,  xV  s.  —  Il  82;  Bible  de  Sens, 
XIV*  s.  —  H  200.  L'autre  catalogue  est  plus  explicite  :  Psaumes  du  saint  roi 
David,  écrits  en  l'an  M  CGC,  avec  variantes  et  annotations,  ms.  trouvé  à  Brou. 
—  La  Bible  de  Sens  est  dédiée  par  l'auteur,  «  Pierre,  sers  prestre  doyen  de 
Trel,  »  à  l'archevêque  Guillaume,  comme  on  le  voit  dans  la  miniature  du 
1"  feuillet. 


BIBLIOGRAPHIE.  451 

octosyllabiques,  aujourd'hui  perdu,  mais  dont  M.  Meyer  a  mis  l'exis- 
tence hors  de  doute,  dont  il  a  pu  même  signaler  les  caractères  princi- 
paux et  reconstituer  des  vers.  Le  poète,  qui  traduisait  très  librement, 
«  aimait  à  développer  les  scènes  dont  la  Bible  lui  offrait  le  canevas  et 
excellait  à  mettre  en  relief  tout  ce  que  ces  antiques  récils  pouvaient 
contenir  de  scabreux.  »  11  «  travaillait  sur  une  bible  accompagnée  de 
commentaires.  La  mise  en  prose  n'est  pas  partout  également  lidèlo;  en 
maint  endroit  le  poème  parait  avoir  été  abrégé  ou  du  moins  remanié 
assez  librement,  mais  çà  et  là  on  retrouve  sans  peine  plusieurs  vers 
consécutifs  de  l'original.  »  C'est  au  cours  du  31«  chapitre  de  la  Genèse, 
au  moment  où  va  commencer  l'histoire  de  Joseph,  que  la  rédaction  en 
prose  abandonne  le  poème  envers  octosyllabiques  pour  suivre  le  poème 
en  alexandrins  d'Hermann.  Immédiatement  après  la  Genèse,  le  prêtre 
de  Valenciennes  raconte  l'histoire  de  Moïse,  d'après  l'Exode  et  le  Deu- 
téronome,  puis  celle  de  Samuel;  le  prosateur  le  suit  Odèlement  jusqu'à 
la  fin  de  l'histoire  de  Moïse,  après  laquelle  il  donne  la  traduction  des 
Juges,  que  M.  Meyer  a  étudiée  ailleurs  {Romania,  t.  XVII,  p.  1.32-134) 
d'après  d'autres  manuscrits,  puis  la  version  des  Rois  aussi  étudiée  précé- 
demment par  M.  Meyer  {Romania,  t.  XVII,  p.  lîG-lîS).  Au  (juatrième 
livre  des  Rois  succèdent  les  Machabées,  dont  le  texte  en  certains  endroits 
reproduit  exactement  celui  de  la  Vulgate,  en  d'autres  est  la  mise  en 
prose  de  vers  alexandrins  qui  ne  sont  pas  d'Hermann  de  Valenciennes, 
en  d'autres  enfin  est  tiré  d'un  poème  en  vers  octosyllabiques.  Des 
poèmes  dérimés  par  le  compilateur,  M.  Meyer  n'a  pu  identifier  que 
celui  d'Hermann;  les  autres  n'existent  plus  ou  n'ont  pas  encore  été 
retrouvés.  L'un  d'eux,  en  vers  octosyllabiques,  était  tiré  des  Antiquités 
juives  de  l'historien  Josèphe. 

Le  texte  des  légendes  pieuses  et  des  sermons  offre  par  lui-même  beau- 
coup moins  d'intérêt  que  celui  de  la  traduction  de  la  Bible,  parce  que, 
sauf  de  rares  exceptions,  il  était  déjà  connu  par  d'autres  copies.  Mais 
c'est  souvent  la  sauce  qui  fait  la  valeur  d'un  mets.  Il  n'est  pas  un 
savant  qui  connaisse  comme  l'illustre  directeur  de  l'Ecole  des  chartes 
les  fonds  français  des  différentes  bibliothèques  de  l'Europe,  pas  un  qui 
possède  comme  lui  la  bibliographie  manuscrite,  si  l'on  peut  s'exprimer 
ainsi,  de  notre  ancienne  littérature.  Lorsqu'on  rencontre  une  copie  nou- 
velle d'un  poème  épique,  d'un  roman  d'aventures,  d'un  mystère,  d'une 
chanson  ou  de  quelqu'autre  composition  d'un  genre  bien  étudié,  il  est 
facile  de  l'identifier  et  d'en  réunir  la  bibliographie;  mais  lorsqu'il  s'agit 
d'œuvres  de  moindre  importance,  d'œuvres  dont  on  s'est  jusqu'ici  peu 
occupé,  de  traités  ascétiques,  de  légendes  pieuses,  de  sermons  anonymes, 
d'un  manuel  de  confession,  la  difficulté  souvent  est  grande  d'en  déter- 
miner l'identité,  de  savoir  si  elles  ont  été  imprimées,  dans  quels  autres 
manuscrits  on  pourrait  les  retrouver,  ou  si  elles  sont  encore  inconnues. 
Si  les  recherches  dans  cet  ordre  d'études  commencent  à  devenir  plus 


452  BIBLIOGRAPHIE. 

simples,  c'est  précisément  parce  qu'on  y  est  aidé  par  les  nombreuses 
notices  de  manuscrits  que  M.  Meyer  a  publiées  depuis  quelques  années 
dans  la  Romania,  dans  les  Notices  et  Extraits  des  manuscrits  de  la  Biblio- 
thèque nationale  et  autres  bibliothèques  et  dans  le  Dulleti7i  de  la  Société 
des  ancieris  textes,  notices  sur  lesquelles  j'appelle  l'attention  des  lecteurs 
qui  ne  les  connaîtraient  pas,  aussi  bien  que  sur  celles  que  je  signale 
aujourd'hui. 

Le  ms.  6447  contient  69  légendes,  sur  les  sources  et  la  bibliographie 
desquelles  M.  Meyer  donne,  comme  toujours,  des  indications  brèves, 
mais  suffisantes  à  tous  ceux  que  le  sujet  intéresse.  Deux  seulement  de 
ces  légendes  n'ont  pas  encore  été  retrouvées  dans  d'autres  mss.  :  une 
Vie  de  saint  Biaise  et  une  Vie  de  sainte  Marthe,  celle-ci  écrite  en  vers  et 
prose  entre  1244  et  1280,  à  la  demande  de  Marguerite,  comtesse  de 
Flandre  et  de  Hainaut^. 

Ernest  Lanqlois. 


Un  trouvère  picard  des  XFP  et  Xllt  siècles  :  Raoul  de  Houdenc, 
sa  vie  et  ses  œuvres  (H 70-^226),  par  L.  Vcilhorgne.  Beauvais, 
impr.  D.  Père,  A.  Cartier  gérant,  ^896.  In-S»,  45  pages. 

En  entreprenant  ce  travail,  dit  M.  Vuilhorgne,  «  nous  avons  cédé  à 
un  sentiment  de  patriotisme  local,  »  c'est-à-dire  au  désir  de  reven- 
diquer pour  Houdenc  en  Bray  l'honneur  d'avoir  donné  naissance  à  l'au- 
tour de  Mcraugis.  Il  a  en  effet  fort  bien  réfuté  les  arguments  qu'on  a 
jusqu'à  présent  mis  en  avant  pour  reconnaître  dans  Houdaing,  près  de 
Mons,  le  lieu  d'origine  du  trouvère,  mais  il  est  bien  forcé  d'avouer 
qu'il  n'a  rien  trouvé  en  faveur  de  son  Houdenc,  sans  compter  les 
nombreuses  localités  du  même  nom  de  Picardie  ou  d'ailleurs  qui  pour- 
raient peut-être  prétendre  à  la  même  illustration.  L'origine  picarde 
de  Raoul  de  Houdenc  reste  cependant  la  plus  vraisemblable.  En 
résumé,  si  ce  travail  n'apporte  pas  de  contribution  notable  aux  études 
des  romanistes,  il  permettra  aux  compatriotes  de  M.  Vuilhorgne  qui 
ont  déjà  eu  occasion  d'apprécier  ses  estimables  travaux  d'histoire 
locale  de  connaître  les  œuvres  d'un  des  meilleurs  trouvères  et  d'en  lire 
une  analyse  très  développée  et  faite  avec  intelligence. 

1.  La  dernière  des  vies  de  saints  est  celle  de  saint  Quentin  en  vers,  par 
Hue  de  Cambrai.  A  propos  de  l'auteur,  M.  Meyer  dit  :  «  Ce  n'est  pas  ici  le 
lieu  d'examiner  s'il  doit  être  identifié  avec  le  trouvère  bien  connu  Hue  le  roi, 
de  Cambrai.  Disons  toutefois  que  l'identification  nous  paraît  fort  probable.  » 
Celle  réserve  ne  peut  être  qu'un  lapsus:  l'auteur  en  effet,  au  37' vers,  imprimé 
en  gros  caractères  par  M.  Meyer,  donne  non  seulement  son  nom,  mais  aussi  son 
surnom  :  Hues  li  rois,  de  Cambrai.  L'identification  est  donc  certaine. 


BIBLIOGRArniE.  433 

Michel  Menot.  En  quelle  languie  a-t-il  prêché?  —  So7i  genre  d'élo- 
quence. —  Esmi  de  restitution^  en  français  du  conimencement  du 
A'VV  siècle,  des  sentions  «  sîir  l'Enfant  prodigue  -a  et  <i  sur  la 
Madeleine,  »  par  Armand  Gasté.  Caen,  Henri  Delesques,  1897. 
In-8°,  H  pages.  (Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie  nationale 
des  sciences,  arts  et  belles-lettres  de  Caen,  ^897.) 

Les  sermons  de  la  fin  du  xv<=  siècle  et  du  commencement  du  xvi" 
ont-ils  été  prononcés  dans  un  latin  très  plat  entrelardé  de  lambeaux  de 
phrases  françaises,  c'est-à-dire  dans  l'état  où  les  éditions  gothiijuos 
nous  les  ont  conservés?  Hauréau  s'est  prononcé  pour  l'altirmation,  et 
tout  récemment  M.  Piaget,  qui  a  traité  des  sermonnaires  dans  Vllisloire 
de  la  langue  et  de  la  litlérature  françaises,  publiée  sous  la  direction  de 
M.  Petit  de  JuUeville,  a  adopté  la  même  solution;  M.  Gaston  Paris, 
dans  un  important  compte-rendu  de  l'ouvrage \  trouve  que  «  la  ques- 
tion présente  encore  bien  des  obscurités  »  et  regrette  que  M.  Piaget 
n'ait  pas  donné  des  sermonnaires  «  des  citations  non  faites  avant  lui.  » 
M.  Gasté  est  au  contraire  persuadé,  avec  Lecoy  de  la  Marche,  M.  l'abbé 
Bourgain  et  plusieurs  autres,  que  les  sermons  du  xiv»  et  du  w"  siècle 
étaient  comme  aujourd'hui  prononcés  en  français  et  que  les  éditions  ne 
nous  en  donnent  qu'une  traduction;  il  a  trouvé  dans  Menot  quelques 
passages  qui  n'avaient  pas  été  relevés  et  fournissent  un  argument  con- 
sidérable en  faveur  de  sa  thèse.  Je  citerai  les  plus  frappants  :  dans  un 
sermon  de  carême,  le  prédicateur,  après  une  longue  citation  latine  de 
l'Apocalypse,  s'écrie  :  0  amici  mei,  hoc  est  jnuUum  latine  loqui,  utnr 
nimis  verbis  latinis.  M.  Gasté  rapproche  ce  texte  signiQcatif  d'un  pas- 
sage d'un  sermon  d'Olivier  Maillart  qu'il  traduit  ainsi;  le  prédica- 
teur vient  de  même  de  citer  quelques  textes  latins  :  Mesdames,  vous 
pourriez  objecter  entre  vous  :  nous  n'avons  pas  appris  le  latin,  aussi 
nous  ne  comprenons  pas  ce  que  vous  dites.  Patience!  je  vais  vous  l'expli- 
quer. Or,  dans  l'édition,  l'explication  qui  suit  est  encore  en  latin. 
Une  phrase  contenant  un  jeu  de  mots  de  mauvais  goût,  qui  n'a  de 
signiQcation  qu'en  français,  est  donnée  en  latin,  où  le  calembour  a  dis- 
paru. C'est  une  allusion  à  l'usage  liturgique  de  voiler  les  statues  pen- 
dant le  carême.  «  L'Église  cache  les  saints;  pour  Dieu,  mesdames, 
cachez  les  vôtres  ;  en  carême,  le  marché  à  viande  est  fermé.  Ovos,  domina;, 
qusB  vos  ornalis  ad  bragandum,  rogo  vos  ut  videatis  modum  Ecclesix  et 
quo  modo  nos  habemus  hodie  in  ecclesia;  et  videbilis  quod  abscondimus 
sanctos.  Amore  Dei,  abscondatis  sinus  veslros,  quia  macellum  est  clau- 
sum  in  XL^.  » 

Joseph  GouR.vYE  DU  Parc. 

1.  Romania,  1896,  p.  607. 


454  BIBLIOGRAPHIE. 

Die  polit ischen  Beziehungen  Kaiser  Ludwigs  des  Baiern  zu  Frank- 
reich  in  den  Jahren  1314-1337,  von  Georg  Sievers.  Berlin, 
E.  Ebering,  ^896.  In-8°,  vi-206  pages.  (Dans  la  collection  des 
Historische  Studien.) 

Nous  ne  voulons  pas  nous  étendre  beaucoup  en  signalant  le  volume 
que  M.  Sievers  vient  de  publier  sur  les  Relations  politiques  de  Louis  de 
Bavière  avec  la  France  de  131k  à  1337.  Ce  travail,  fait  uniquement  à 
l'aide  de  chroniques  ou  de  documents  déjà  connus,  n'apporte  pas  un 
nouvel  élément  d'informations  appréciable  sur  ces  questions  traitées 
précédemment  par  M.  Leroux  dans  son  volume  intitulé  :  Relations  poli- 
tiques de  la  France  et  de  l'Allemagne  au  moyen  âge  et  par  M.  Mùller 
dans  son  travail  sur  la  Lutte  de  Louis  de  Bavière  avec  la  cour  de  Rome. 
Ce  dernier  n'avait,  à  la  vérité,  traité  qu'incidemment  la  question  des 
relations  de  l'Allemagne  et  de  la  France.  De  plus,  son  œuvre  remonte 
à  dix-sept  ans  déjà,  et  depuis  de  nouveaux  documents  ont  été  décou- 
verts et  publiés,  tfne  importante  publication  surtout  fut  faite  en  Alle- 
magne; c'est  celle  de  M.  Riezler,  intitulée  :  Vatikanische  Akten  zur 
deutschen  Geschichte  in  der  Zeit  Kaiser  Ludwigs  des  Bayern.  Tous  ces 
motifs  engagèrent  M.  Sievers  à  reprendre  une  partie  de  l'œuvre  de 
M.  Millier,  en  y  ajoutant  ce  que  les  travaux  faits  depuis  une  quinzaine 
d'années  avaient  pu  nous  apprendre  sur  cette  question. 

Tout  cela  bien  présenté  eût  pu  nous  donner  encore  un  bon  travail. 
Malheureusement,  l'auteur  a  négligé  un  des  points  importants  dans 
cette  étude  des  relations  de  la  France  et  de  l'Allemagne,  je  veux 
parler  des  questions  des  frontières.  On  sait  quel  rôle  important  elles 
jouèrent  dans  la  politique  pendant  le  xiv^  siècle;  ce  fut  souvent  le 
pivot  des  rapports  entre  les  deux  pays.  Les  négliger  dans  une  œuvre 
comme  celle  de  M.  Sievers  et  ne  vouloir,  comme  il  le  dit,  qu'étudier 
les  relations  en  elles-mêmes,  c'était  laisser  de  côté  un  des  points  qui 
pouvaient  faire  comprendre  le  motif  de  beaucoup  d'ambassades.  On  ne 
voit  plus  alors,  dans  bien  des  circonstances,  que  des  allées  et  des  venues 
de  personnages  sans  se  rendre  compte  du  mobile  qui  les  anime. 

Enfin,  l'auteur  n'a  pas  toujours  apporté  dans  l'étude  et  l'emploi  des 
chroniques  l'esprit  critique  dont  on  ne  doit  jamais  se  départir  dans 
l'usage  de  ce  genre  de  documents.  Les  chroniques  sont  des  sources 
d'informations  essentiellement  personnelles,  et  l'on  ne  doit  jamais  les 
utiliser  pour  étudier  les  relations  politiques  de  deux  peuples  sans  peser 
avec  soin  chacun  de  leurs  termes.  L'appréciation  d'une  personne  qui 
ne  juge  souvent  les  événements  qu'à  distance  et  qui  de  plus  n'a  pu  les 
juger  que  superficiellement  doit  toujours  être  sévèrement  contrôlée.  Or, 
pour  cela,  les  documents  d'archives  sont  absolument  nécessaires.  M.  Sie- 
vers s'en  est  peu  servi  et  n'a  utilisé  que  ceux  déjà  publiés,  et  pas  tous 


BIBLIOGRAPHIE.  iî55 

encore.  Pour  une  étude  de  ce  genre,  il  lui  a  manqué  la  contre-partie 
du  travail  de  M.  Riezlcr.  Il  lui  eût  fallu  le  recueil  des  actes  de  Louis  X, 
ï'hilippe  V,  Charles  IV  et  Philippe  VI,  qui  pouvaient  faire  connaître 
les  relations  de  ces  rois  avec  l'Allemagne;  sans  cola,  son  étude  ne  pou- 
vait être  qu'incomplète.  Or,  il  ne  les  a  connus  que  par  les  clironiijues, 
par  des  citations,  des  notes  et  des  ouvrages  de  seconde  main.  Dans  ces 
conditions,  il  était  mal  placé  pour  bien  juger.  Aussi,  celui  qui  voudra 
refaire  ce  travail  devra-t-il  le  compléter  par  de  nombreuses  recherches 
et  étudier  au  moins  ce  qui  existe  tant  aux  Archives  nationales  qu'à  la 
Bibliothèque  nationale  sur  ce  sujet. 

A  ces  critiques  générales,  nous  en  ajouterons  une  autre  relative  à  la 
bibliographie,  qui  est  faite  d'une  manière  défectueuse  et  incomplote. 
Ainsi,  pour  n'en  citer  qu'un  exemple,  le  iîec«c?7  des  historiem  des  Gaules 
et  de  la  France  n'est  désigné  que  par  ce  mot  :  Recueil,  et  la  tomaison. 
Malgré  toutes  ces  critiques,  nous  reconnaiï^sons  cependant  les  qualités 
de  ce  travail.  Il  montre  que  son  auteur  sait  étudier  It's  te.xtes  et  présen- 
ter clairement  le  résultat  de  ses  recherches.  De  nouvelle.-^  investigations 
lui  permettront  sans  doute  de  donner  dans  la  suite  une  œuvre  plus 
importante  et  plus  approfondie. 

J.    VlARD. 


Histoire  de  l'église  collégiale  et  du  chapitre  de  Saint-Pierre  de  Lille, 
par  E.  Haitcoecr,  prélat  de  la  maison  de  Sa  Sainlclé,  chancelier 
des  Facullés  catholiques  de  Lille.  T.  l.  Paris,  A.  Picard,  'IS'JO. 
ln-8°,  460  pages. 

Après  avoir  publié  le  cartulaire,  le  nécrologc  et  les  plus  importants 
documents  des  archives  de  la  collégiale  de  Lille*,  Mgr  Ilautcœur  en 
aborde  l'histoire,  et  ce  premier  volume  s'étend  des  origines  jusqu'aux 
premières  années  du  xiv  siècle.  Comme  la  collégiale  elle-même,  cette 
histoire  est  intimement  mêlée  à  celle  de  Lille,  et  M.  Desplanque,  archi- 
viste du  Nord,  qui  en  avait  saisi  l'importance,  pouvait  écrire  en  18(i3  : 
«  Le  chapitre  de  Saint-Pierre  de  Lille  tient  une  grande  place  dans  l'hi.s- 
toire  de  la  Flandre  wallonne.  Son  origine  se  confond  avec  celle  de  la 
ville  dont  il  porte  le  nom  ;  ses  développements  ont  puissamment  contri- 
bué au  progrès  de  la  civilisation  dans  la  campagne  environnante;  cnlin 
sa  longue  et  glorieuse  existence  est  parallèle  à  celle  du  corps  munici- 
pal de  Lille,  avec  lequel  il  a  longtemps  partagé  le  gouvernement  inté- 
rieur de  la  cité. 

a  L'influence  du  chapitre  de  Saint-Pierre  dans  nos  contrées  n'est  pas 
moins  remarquable  au  point  de  vue  artistique  et  littéraire  qu'au  point 

1.  Bibl.  de  l'École  des  chartes,  année  1894,  p.  369,  cl  année  189G,  p.  112. 


456  BIBLIOGRAPHIE. 

de  vue  social.  L'enseignement  de  ses  écoles  rivalisait,  au  moyen  âge, 
avec  celui  des  plus  célèbres  universités. 

«  Sous  le  rapport  religieux,  l'insigne  collégiale,  avec  ses  quarante 
chanoines  et  les  nombreux  desservants  attachés  aux  églises  et  chapelles 
de  sa  dépendance,  satisfaisait  aux  nécessités  du  cuite,  aux  fonctions  du 
ministère  sacerdotal.  Elle  entretenait  la  foi  dans  les  masses  et  la  disci- 
pline au  sein  du  clergé.  »  Cette  appréciation  du  regretté  archiviste  est 
pleinement  justifiée  par  l'ouvrage  de  Mgr  Hautcœur,  et  l'on  ne  devra 
pas  s'étonner  d'y  rencontrer  des  détails  aussi  nouveaux  qu'intéressants 
sur  l'histoire  de  Lille,  sur  le  développement  de  la  ville,  son  organisation 
échevinale,  ses  corporations,  ses  institutions  diverses  et  en  même  temps 
sur  la  vie  des  chanoines  de  la  collégiale,  sur  leurs  droits,  leurs  juridic- 
tions, leurs  revenus,  leurs  fondations,  etc. 

Le  chapitre  xvi  est  des  plus  importants  pour  l'histoire  de  l'adminis- 
tration lilloise  :  «  Rapports  avec  la  ville;  origines  et  développement  de 
la  commune;  ses  organes;  situation  et  rôle  du  chapitre.  »  Les  chartes 
d'Aire  et  de  Valenciennes  montrent  sous  le  nom  de  «  paix  »  ou  «  ami- 
tié »  ces  pactes  d'union  formés  entre  les  bourgeois  et  établissant  entre 
eux  des  liens  réels  de  solidarité,  de  protection  mutuelle,  de  devoirs 
réciproques,  qui  servent  de  base  à  l'organisation  communale  et  dont  la 
pratique  avait  pénétré  les  mœurs  avant  que  les  chartes  leur  vinssent 
donner  une  autorité  officielle.  Il  en  est  de  même  à  Lille.  «  L'institution 
des  échevins,  écrit  Mgr  Hautcœur,  est  certainement  aussi  ancienne  que 
la  ville.  Ils  étaient  douze,  comme  les  pairs  du  château  :  c'étaient  les 
pairs  bourgeois,  appelés  à  juger  dans  les  affaires  communales,  de  même 
que  les  nobles  prononçaient  dans  les  causes  féodales.  Le  premier  des 
échevins  portait  le  titre  de  maïeur... 

0  A  côté  de  l'échevinage  se  développe  une  autre  influence  dont  la 
richesse  accroît  le  prestige.  Une  puissante  association  de  marchands  se 
constitue  de  très  bonne  heure  :  elle  se  lie  à  l'organisation  de  la  com- 
mune et  bientôt  se  confond  avec  elle.  Cette  union  était  consommée  vers 
l'an  1200... 

«  Il  y  avait  donc  au  xni^  siècle,  et  sans  doute  auparavant,  tout  au 
moins  vers  la  fin  du  xu«,  un  conseil  composé  des  échevins  et  des  jurés. 
A  la  tête  des  premiers  se  trouvait  le  maïeur,  à  la  tête  des  seconds  le 
rewart,  chef  de  toute  la  magistrature  communale,  qui  représentait  la 
ville  en  dehors  du  conseil  et  dans  toutes  les  grandes  circonstances,  bien 
que  dans  la  pratique  courante  des  affaires  le  maïeur  eût  un  rôle  plus 
actif.  Les  anciens  titres  l'appellent  rewart  de  l'amitié,  c'est-à-dire  gar- 
dien du  pacte,  du  lien  de  paix,  d'union,  de  solidarité,  de  protection 
mutuelle  établi  entre  les  habitants.  L'amitié  et  la  commune,  au  xiv^s., 
c'était  tout  un;  les  deux  expressions. étaient  synonymes  et  s'employaient 
couramment  l'une  pour  l'autre.  » 

Ce  n'est  pas  à  dire  que  la  paix  règne  toujours  entre  le  magistrat  et  le 


BIBLIOGRAPHIE.  457 

chapitre;  les  empiétements  de  juridiction  amènent  plus  d'un  conflit; 
ces  luttes  sont  assez  vives  au  xin«  siècle;  enfin,  en  1302,  on  en  vient  «  à 
bonne  paix  et  bon  amour.  » 

Le  chapitre  poursuit  en  toutes  circonstances  la  revendication  de  ses 
droits  avec  une  remarquable  ténacité;  rien  n'est  plus  curieux  que  l'épi- 
sode (chap.  xxi)  du  meurtre  d'Adam  Blauwet,  tué  en  violation  du  droit 
d'asile  en  1276;  jusqu'à  la  fin  du  xvi®  siècle  on  voit  figurer  à  la  grande 
procession  le  possesseur  de  la  terre  de  Cysoing  à  cheval,  habillé  d'écar- 
late,  le  «  chevalier  rouge,  »  en  expiation  du  droit  violé. 

Sur  les  origines  des  paroisses  de  Lille,  sur  les  associations  paroissiales 
en  faveur  des  pauvres,  sur  la  fondation  des  hôpitaux  et  des  diverses 
maisons  religieuses,  le  livre  de  Mgr  Hautcœur  donne  des  renseigne- 
ments précis  et  abondants.  Les  chanoines  de  la  collégiale  avaient  l'ad- 
ministration de  l'hôpital  Saint-Sauveur,  fondé  par  la  comtesse  Jeanne; 
une  autre  de  ses  fondations,  peut-être  la  plus  importante,  l'hôpital 
Notre-Dame,  a  conservé  jusqu'à  nos  jours  le  nom  d'hôpital  Comtesse, 
donné  par  la  reconnaissance  populaire  à  cette  œuvre  d'une  femme  en 
qui  «  la  religion  et  la  charité  étaient  personnifiées;  »  son  administra- 
tion fut  également  confiée  au  chapitre,  et  Mgr  Hautcœur  insiste  d'une 
façon  fort  intéressante  sur  le  règlement  de  celte  maison  et  sur  le  rôle 
charitable  des  comtesses  Jeanne  et  Marguerite. 

Il  est  à  propos  de  signaler  aussi  les  données  fournies  à  l'histoire 
future  de  l'agriculture  dans  le  nord  de  la  France  :  le  chapitre  xni  est 
consacré  à  l'étude  des  biens  ruraux,  à  leur  exploitation,  aux  méthodes 
de  culture;  on  y  voit  l'assolement  triennal  se  substituant  à  l'assolement 
biennal  qui  alternait  jadis  l'ensemencé  de  blé  et  la  jachère.  L'exploita- 
tion du  domaine  d'Arieux  est  des  plus  intéressantes;  tout  à  côté  sont 
des  terres  tenues  les  unes  à  cens,  les  autres  à  t  soyesté  »  (colonie  par- 
tiaire),  en  sorte  que  sur  ce  territoire  se  trouvent  réunis  les  divers  modes 
d'exploitation  employés  alors,  et  les  documents  heureusement  conser- 
vés nous  montrent  le  détail  de  leur  fonctionnement.  Des  textes  cités 
par  Mgr  Hautcœ.ur  établissent  d'ailleurs  que  l'agriculture  était  dans  un 
état  prospère  en  Flandre  au  temps  de  Beaudoin  V  et  au  xiv«  siècle. 

Bien  d'autres  données  intéressantes  seraient  à  signaler,  notamment 
pour  l'histoire  des  monuments.  Aux  appendices  :  les  sceaux  de  Saint- 
Pierre  de  Lille,  d'après  Demay;  série  chronologique  des  prévôts,  avec 
notices  biographiques,  des  doyens,  chantres,  trésoriers,  écolàtres;  note 
sur  la  topographie  de  Lille  au  xni^  siècle. 

Un  second  volume  viendra  compléter  cet  ouvrage  si  important  pour 
l'histoire  religieuse,  sociale,  artistique  de  la  Flandre  française  et  parti- 
culièrement de  la  ville  de  Lille. 

J.-M.  Richard. 


458  BIBLTOGRAPHTB. 

Eug.  Mdller.  Senlis  et  ses  environs.  Senlis,  Nouvian,  i896,  In-S", 

326  pages. 

Saint-Leu  d'Esserent,  célèbre  par  son  cloître  et  sa  magnifique  église 
qui  domine  la  vallée  de  l'Oise,  est  une  «  demi-solitude  calme  d'où  l'on 
regarde  aisément,  d'en  haut,  les  politiques  sacrées  et  profanes.  » 

«  Deus  nobis  haec  otia  fecit,  »  peut  dire  le  très  digne  érudit  et  aimable 
prêtre  qui  y  réside,  et,  en  dépit  de  la  réputation  qu'on  a  faite  aux  cha- 
noines, ces  loisirs  sont  bien  employés. 

Je  n'en  veux  pour  preuve  que  ce  livre,  Senlis  et  ses  environs,  écrit 
pour  le  grand  public  aussi  bien  que  pour  les  érudits  et  les  artistes, 
illustré  et  imprimé  avec  autant  de  goût  qu'il  est  écrit;  il  est  digne  de 
son  auteur,  fait  un  égal  honneur  au  talent  de  MM.  Diogène  Maillard  et 
Nouvian  et  satisfera  à  la  fois  les  amateurs  d'histoire  et  de  pittoresque. 
Il  a  le  mérite  d'être  très  concis  et  contient  une  quantité  considérable  de 
renseignements  sur  l'histoire  ancienne  et  moderne  de  Senlis  et  de  son 
arrondissement.  Nul  ne  pouvait,  du  reste,  nous  y  promener  d'une  façon 
plus  aimable  et  plus  instructive  que  M.  M.,  dont  on  connaît  les  bonnes 
et  nombreuses  publications  sur  l'histoire  et  les  monuments  de  cette  inté- 
ressante région.  Un  index  bibliographique  et  une  table  analytique  plus 
complète  ajouteraient  sinon  à  l'intérêt  et  à  l'utilité,  du  moins  à  la  commo- 
dité du  livre.  Les  érudits  y  trouveront  beaucoup  de  détails  intéressants, 
notamment  de  bons  plans  et  des  renseignements  instructifs  de  la  ville 
et  de  la  cathédrale  de  Senlis,  des  détails  et  des  remarques  d'un  grand 
intérêt  sur  cette  église  et  sur  celle  de  Saint-Leu  d'Esserent. 

Le  défaut  du  livre  est  que  l'abondance  des  matières  et  celle  des  ren- 
seignements qu'il  possède  ont  obligé  l'auteur  à  trop  condenser;  il  écrit 
parfois  en  style  télégraphique  et  sans  séparation  assez  apparente  entre 
des  idées  très  diverses,  et  quelques  passages  sont  obscurs  ou  ambigus, 
par  exemple  p.  140,  142,  143  et  210. 

On  pourrait  faire  quelques  critiques  au  point  de  vue  de  la  philologie. 
Il  faut,  du  reste,  reconnaître  que  l'auteur  ne  fait  que  citer  la  plupart 
des  étymologies  sans  en  prendre  la  responsabilité.  Au  point  de  vue 
archéologique,  ses  appréciations  sont  en  général  dignes  de  confiance; 
de  très  petits  détails  seulement  pourraient  être  discutés  :  ainsi  la  tombe 
archaïque,  p.  136,  pourrait  n'être  que  du  xiv*  siècle.  La  représentation 
de  l'âme  de  la  Vierge  drapée  (p.  40)  est  loin  d'être  une  exception. 

L'auteur  a  reconnu  le  caractère  bourguignon  de  la  corniche  de  l'église 
d'Ermenonville.  Il  eût  été  intéressant  d'ajouter  que  cette  église  est 
toute  voisine  de  l'abbaye  cistercienne  de  Ghaalis. 

Une  seule  fois,  p.  287,  parlant  de  «  fonts  pédicules  à  vasque  caré- 
noïdale,  »  M.  M.  emploie  cette  terminologie  que  certains  archéologues 
semblent  avoir  empruntée  aux  pharmaciens. 

La  légende  de  Saint-Rieul  (p.  193)  est  à  rapprocher  de  celle  de  Saint- 
Josse.  La  véritable  version  nous  est  donnée  (p.  277)  au  sujet  de  la  mort 


BIBLIOGRAPHIE.  459 

de  l'abbé  Prévost.  Elle  concorde  avec  une  lettre  écrite  le  jour  môme  et 
par  un  témoin  de  cette  mort  au  neveu  de  l'abbé  et  conservée  par  les 
descendants  de  celui-ci. 

Le  livre  de  M.  le  chanoine  M.  est  agréable  et  de  lecture  facile,  quoique 
plein  d'érudition,  littéraire,  avec  un  grain  de  saine  philosophie  et  sans 
l'ombre  de  pédantisme.  Les  habitants  de  l'Oise  qui  s'intéressent  à  leur 
pays  et  les  nombreux  Parisiens  amateurs  de  promenades  pittoresques 
et  de  vieux  souvenirs  tiendront  à  le  lire  et  à  le  posséder,  et  chacun 
tirera  de  cette  lecture  beaucoup  de  connaissances  nouvelles  et  le  désir 
d'en  acquérir  davantage. 

G.  Enlart. 


Vieilles  rues  et  vieilles  enseignes  de  JReims.  De  la  nécessité  d'e7i  sau- 
vegarder les  dernières  traces,  avec  la  liste  des  Rues  et  des  Enseignes 
modernes,  par  Henri  Jadart.  Reims,  Michaud,  1897.  In-S",  vii- 
^24  pages,  planches. 

Les  enseignes,  comme  le  dit  M.  Jadart,  sont  «  l'une  des  plus  vivantes 
créations  du  passé,  parce  qu'elles  tiennent  à  la  fois  de  l'imagination 
populaire  et  de  toutes  les  réalités  de  la  vie  positive.  »  Leur  étude,  ainsi 
que  celle  des  noms  de  rues  qui  y  est  intimement  liée,  mérite  tout  par- 
ticulièrement d'attirer  l'attention  des  érudits  qui  veulent  faire  revivre 
la  physionomie  pittoresque  d'une  ville.  Dès  le  xiv«  siècle  on  avait  com- 
pris l'intérêt  qui  s'attache  à  ce  sujet,  comme  le  prouve  la  composition 
de  traités  spéciaux,  tels  que  le  Dit  des  rues  de  Paris  et  surtout  le  Mariage 
des  quatre  fils  IJemon,  curieuse  facétie  dont  l'auteur,  supposant  la  célé- 
bration d'un  mariage  entre  l'enseigne  des  Quatre  fils  Aymon  et  celles 
des  Trois  filles  Damp  Symon  et  de  la  Pucelle  Saint-Georges,  en  prend 
prétexte  pour  faire  figurer  à  ces  noces  les  principales  enseignes  de 
Paris.  Au  siècle  suivant,  les  étudiants  de  l'Université  résolurent  de 
transporter  cette  fiction  dans  la  réalité;  au  cours  de  leurs  démêlés  avec 
les  bourgeois  de  Paris,  ils  dérobèrent  l'enseigne  de  la  Truie  qui  file  et 
celle  de  l'Ours  pour  les  marier  ensemble.  Villon  consacra  au  récit  de 
ces  étranges  épousailles  une  partie  du  poème  héroï-comique  du  Pet-au' 
Diable,  qui,  s'il  était  parvenu  jusqu'à  nous,  aurait  sans  doute  offert  de 
précieuses  indications  sur  les  vieilles  enseignes  parisiennes.  Celles  de 
Reims  n'ont  pas  été  au  moyen  âge  l'objet  de  semblables  descriptions, 
mais  quelques-unes  d'entre  elles  ont  eu  l'heureuse  fortune  de  résister 
aux  injures  du  temps,  et  on  en  trouve  dans  l'ouvrage  de  M.  Jadart  les 
intéressantes  reproductions.  Sans  parler  de  la  célèbre  maison  des  Musi- 
ciens, qui  a  donné  son  nom  à  la  rue  de  Tambour,  plusieurs  de  ces 
sculptures,  telles  que  le  Petit  Saint-Martin,  le  Combat  de  l'ours,  le  Coq 
et  la  Poule,  ont  une  allure  vraiment  artistique. 

A  la  description  des  anciennes  enseignes  aujourd'hui  subsistantes  et 


460  BIBLIOGRAPHIE. 

des  enseignes  modernes  les  plus  caractéristiques  est  jointe  une  longue 
énumération  de  celles  qui  existaient  autrefois.  Une  nomenclature  rai- 
sonnée  des  rues  de  la  ville  de  Reims,  rangées  en  diverses  catégories 
suivant  l'étymologie  de  leurs  noms,  complète  utilement  ce  petit  livre 
et  constitue  un  répertoire  détaillé  plein  de  renseignements  sur  de  nom- 
breux points  d'histoire  locale. 

Léon  Le  Grand. 


Cartulaire  de  l'abbaye  de  Sainte-Croix  de  Quimperlé,  publié  d'après 
l'original  par  Léon  Maître,  archiviste  de  la  Loire-Inférieure,  et 
Paul  DE  BerthoD;  archiviste-paléographe.  Paris,  Lechevalier,  d896. 
ln-4°,  xiii-33f  pages. 

Parmi  les  cartulaires  de  l'ancienne  province  de  Bretagne,  l'un  des 
plus  anciens  et  des  plus  intéressants  est  assurément  celui  de  l'abbaye 
bénédictine  de  Sainte-Croix  de  Quimperlé,  de  même  que  l'église  de 
cette  abbaye,  construite  sur  le  plan  de  celle  du  Saint-Sépulcre  de  Jéru- 
salem et  complètement  réparée  de  nos  jours,  est  le  monument  le  plus 
remarquable  de  cette  sous-préfecture.  Le  cartulaire,  connu  par  D.  Pla- 
cide Le  Duc,  historien  de  l'abbaye,  en  double  exemplaire,  puis  consulté 
par  M.  Miorcec  de  Kerdanet  en  1836,  provient  du  D-"  Le  Guillou,  qui 
l'avait  recueilli  d'un  moine  de  l'abbaye,  D.  Davau.  On  savait  qu'il  avait 
été  acheté  ensuite  par  M.  Siapleton,  chez  qui  on  ne  pouvait  le  retrou- 
ver. C'est  grâce  à  la  permission,  donnée  par  lord  Beaumont,  neveu  et 
héritier  de  M.  Stapleton,  d'explorer  sa  bibliothèque,  que  notre  confrère 
M.  Léon  Maître,  par  ses  longues  et  patientes  investigations,  finit  par 
découvrir  le  précieux  cartulaire.  Il  en  a  fait  deux  copies,  une  pour  la 
Bibliothèque  nationale,  Nouv.  Acq.  lat.  1427;  l'autre  pour  les  archives 
départementales  du  Finistère.  Ajoutons  que  la  famille  Le  Guillou  a 
tenu  à  faire  les  frais  de  l'impression  du  cartulaire.  Notre  confrère 
M.  Paul  de  Berthou  s'est  chargé  de  l'étudier  au  point  de  vue  des  sources 
de  l'histoire  de  Bretagne,  en  se  référant  à  l'Histoire  de  Vabbaye  de  Quim- 
perlé de  D.  Placide  Le  Duc,  publiée  en  1885,  et,  pour  les  noms  de  lieu, 
à  la  Chrestomathie  bretonne  de  Jules  Loth. 

L'éditeur,  énumérant  les  diverses  parties  du  cartulaire,  explique 
qu'il  a  cru  devoir  les  classer  dans  un  ordre  "plus  logique;  il  a  divisé  le 
cartulaire  en  trois  parties  :  1°  les  préliminaires;  2"  les  pièces  intéres- 
sant le  temporel  de  Sainte-Croix;  3°  les  pièces  relatives  au  procès  avec 
l'abbaye  de  Saint-Sauveur  de  Redon,  au  sujet  de  BcUe-Isle;  en  tout 
135  pièces,  savoir  :  4  donations  antérieures  à  1009,  faites  au  monastère 
de  Saint-Cado,  devenu  plus  tard  un  des  prieurés  de  Sainte-Croix; 

82  donations  concernant  Sainte-Croix  ; 
8  actes  de  vente; 

20  accords,  restitutions,  etc.; 


BIBLIOGRAPHIE.  464 

8  bulles  de  papes; 

10  lettres  de  personnages  considérables; 
3  autres  pièces. 
L'introduction,  terminée  par  la  liste  des  19  premiers  abbés  de  Quim- 
perlé,  est  suivie  du  cartuUure  lui-même,  qui  se  divise  en  deux  parties  : 
la  première  comprend  huit  articles,  dont  chacun  est  accompagné  de 
notes  et  d'observations  fort  intéressantes  et  de  remarques  critiques  sur 
les  sources  du  cariulaire  et  sur  l'emploi  qui  a  pu  être  déjà  fait  de  ces 
documents. 

I.  Vie  de  saint  Gurthiern,  aujourd'hui  nommé  saint  Goujarne.  L'édi- 
teur montre  que  son  existence  est  incontestable  et  penche  pour  assi- 
gner à  la  vie  du  saint  la  seconde  moitié  du  vi"  siècle. 

II.  Vie  de  sainte  Ninnoc.  Ces  actes  sont  faux;  c'est  une  légende  qui 
repose  sur  un  fond  de  vérité. 

m.  Liste  des  papes.  Elle  n'offre  un  peu  d'intérêt  qu'à  partir  de 
Galixte  lU  (1191-1198).  La  suite  du  document  n'est  que  du  xv^  siècle. 
Ce  n'est  qu'une  copie  imparfaite  de  ces  listes  dont  parle  l'abbé  Duchesne 
dans  son  Liber  pontiftcalis. 

IV.  Liste  des  archevêques  de  Tours,  jusqu'à  Gilbert  (1118-1125);  des 
évéques  de  Nantes,  jusqu'à  Robert  Guibé  (1507-1513);  des  évéques  de 
Vannes,  jusqu'à  Cadioc  1 1235-1254);  des  évéques  de  Gornouaille,  jus- 
qu'à Ranulfus  (1219-1245),  et  enfin  des  comtes  de  Gornouaille. 

V.  Chronologie  universelle,  qui  embrasse  les  faits  depuis  la  création 
de  l'homme  jusqu'en  1314.  Elle  est  importante  depuis  814  et  a  été 
publiée  par  Baluze  dans  ses  Miscellanea,  de  843  à  1279;  elle  a  servi 
aussi  à  Mabillon  pour  sa  vie  du  premier  abbé  de  Quimperlé,  saint  Gur- 
loës,  dit  vulgairement  saint  Urlou. 

VI.  Préface  de  Gurheden.  Ce  moine,  auteur  du  cartulaire,  était  un 
lettré  et  un  bon  latiniste  ;  il  a  composé,  en  abrégeant  les  chartes,  la 
meilleure  partie  du  cartulaire.  Il  mourut  le  25  avril,  vraisemblablement 
vers  1130. 

VII.  Fragments  de  chronique  et  résumé  des  possessions  de  l'abbaye. 

VIII.  Bulle  de  Boniface  IV,  qui  permet  aux  moines  d'administrer 
les  paroisses  (27  février  610). 

La  deuxième  partie  comprend  les  chartes  de  concession  de  temporel 
à  l'abbave  de  Sainte-Croix  et  les  pièces  relatives  au  procès  avec  l'ab- 
baye de'Saint-Sauveur  de  Redon,  au  sujet  de  Belle-Isle,  soit  135  chartes 
de'l029  à  1232  (p.  91  à  270). 

Les  chartes  sont  accompagnées  de  notes  et  d'observations  qui  donnent 
les  renseignements  historiques  et  topographiques  désirables  avec  les 
références  nécessaires  aux  manuscrits  et  aux  imprimés. 

Beaucoup  d'actes  ne  sont  que  des  résumés  :  très  peu  ont  conservé 
leurs  formules. 

Le  volume  se  termine  :  \°  par  une  table  chronologique  et  analytique 
4897  30 


462  BIBLIOGRAPHIE. 

des  chartes  et  bulles  composant  le  cartulaire  (p.  273-290);  2°  par  la 
table  des  noms  de  lieu,  pour  laquelle  il  fallait  une  compétence  toute 
particulière  à  cause  des  noms  géographiques  bretons  (p.  291-300)  ;  3»  par 
la  table  des  noms  d'homme  (p.  301-304),  et  les  Errata  et  Addenda. 

Notre  confrère  M.  Maitre  en  recherchant  et  retrouvant  un  des  deux 
manuscrits  connus  du  Cartulaire  de  Quimperlé,  celui  qui  était  de  for- 
mat in-S»  (l'autre  qui  était  in-4°  paraît  irrémédiablement  perdu), 
M.  Paul  de  Berlhou  en  publiant  et  annotant  le  cartulaire  ont  rendu 
aux  études  de  diplomatique  et  d'histoire  de  la  Bretagne  un  service 
signalé  dont  il  convient  de  les  louer  et  de  les  remercier. 

A.  Bruel. 

Les  Prieurés  belges  de  Vordre  de  Cluny,  par  Joseph  HiLKm,  docleur 
en  philosophie  et  lettres,  secrétaire  adjoint  de  la  Société  d'art  et 
d'histoire  du  diocèse  de  Liège  et  de  V Institut  archéologique  lié- 
geois, i'^  partie.  Les  Prieurés  clunisiens  de  l'ancien  diocèse  de 
Liège.  Liège,  impr.  Grandmont-Donders,  189G.  In-8°,  ^43  pages. 
(Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  d'art  et  d'histoire  du  diocèse  de 
Liège,  t.  X.) 

La  publication  du  Recueil  des  chartes  de  l'abbaye  de  Gluny  continue  à 
provoquer  des  travaux  sur  les  prieurés  des  diverses  provinces  de  l'ordre 
et  nous  ne  pouvons  que  nous  en  réjouir.  Après  MM.  U.  Robert, 
U.  Chevalier,  J.  Roman,  S""  Duckett,  le  P.  Ingold,  qui  ont  publié  les 
textes  relatifs  aux  monastères  de  la  Franche-Comté,  du  Lyonnais,  du 
Dauphiné,  de  l'Angleterre  et  des  diocèses  de  Bâle  et  de  Strasbourg,  un 
bénédictin,  D.  Ursmer  Berlière,  a  donné  les  procès-verbaux  de  visite 
des  prieurés  clunisiens  en  Belgique^.  Suivant  ces  exemples,  M.  le 
D'  J.  Halkin  a  entrepris  de  donner  des  notices  aussi  complètes  que 
possible  des  prieurés  belges  de  l'ordre  de  Gluny  en  commençant  par  les 
cinq  prieurés  de  l'ancien  diocèse  de  Liège,  savoir  Saint-Pierre  d'Ay- 
waille,  Saint-Séverin-en-Condroz,  Sainte-Marie  de  Bertrée,  Saint-Étienne 
de  Namèche  et  Saint-Victor  de  Huy.  Il  nous  promet,  pour  une  deuxième 
partie,  un  historique  du  prieuré  de  Saint-Sauve  de  Valenciennes,  au 
diocèse  de  Cambrai.  M.  Halkin  a  réuni  avec  zèle  tous  les  documents 
qu'il  a  pu  rencontrer  en  Belgique  et  en  France,  savoir  onze  visites 
du  xni^  s.  ài3'i4;  quatre  déhnitions  originales  et  quarante-cinq  d'après 
les  copies  tirées  du  recueil  de  la  bibliothèque  du  Corps  législatif,  que 
nous  avons  signalé  depuis  longtemps,  des  bibliothèques  de  l'Arsenal, 
de  Sainte-Geneviève  et  des  Archives  nationales.  Malheureusement  les 
prieurés  clunisiens  de  l'ancien  diocèse  de  Liège  n'ont  pas  laissé  d'ar- 

1.  Bulletin  de  la  Commission  royale  d'histoire  de  Belgique,  4*  série,  t.  XVII, 
p.  134-142. 


BIBLIOGRAPHIE.  403 

chives,  ou  du  moins  elles  ont  été  dispersées,  et  c'est  à  grand'peine  que 
M.  Halkin  a  pu  retrouver  quelques  registres  du  prieuré  d'Aywaille.  Du 
moins  le  riche  fonds  de  Cluny,  à  la  Bibliothèque  nationale,  lui  a 
fourni  les  actes  de  fondation  de  presque  tous  les  prieurés,  des  chartes 
de  nomination  de  prieurs,  etc.  A  l'aide  de  ces  documents  il  a  rédigé 
des  notices  fort  intéressantes  sur  les  cinq  prieurés  susdits.  Détruisant 
une  légende  introduite  par  Gilles  de  Liège,  cistercien  à  Orval,  suivant 
laquelle  tous  ces  prieurés  devraient  leur  origine  à  l'amitié  qui  unissait 
l'évoque  de  Liège  Notker  à  l'abbé  de  Cluny  Odilon  au  commencement 
du  xje  siècle,  il  a  montré  par  les  actes  de  fondation  la  véritable  origine 
de  chacun  d'eux. 

Saint-Pierre  d'Aywaille  fut  fondé  en  1088  par  la  comtesse  Reine, 
fille  d'un  comte  Conon  et  retirée  à  Marcigny.  Comme  ce  prieuré 
dépendait  directement  de  Marcigny,  rien  d'étonnant  qu'il  ne  soit  pas 
question  de  lui  dans  les  visites  et  définitions  des  chapitres  de  Cluny, 
les  visiteurs  n'ayant  pas  à  s'occuper  de  lui  dans  leurs  tournées.  Ce 
prieuré  fut  donné  en  1585  au  collège  des  Jésuites  de  Luxembourg,  qui 
l'occupèrent  de  1594  à  1773. 

Saint-Symphorien-au-Bois,  appelé  plus  tard  Saint-Séverin-en-Con- 
droz,  dut  sa  fondation  en  1091  à  Guillaume,  comte  de  Clermont-sous- 
Huy,  à  sa  femme  et  à  son  fils,  ainsi  qu'à  Ermengarde,  tante  paternelle 
dudit  comte.  Avant  1532,  le  prieuré  était  devenu  la  propriété  de  la 
mense  épiscopale  de  Liège  ^. 

Le  prieuré  de  Sainte-Marie  de  Bertrée  eut  pour  origine  une  église 
construite  sur  son  alleu  de  Bertrée  par  Walter  de  Trognée,  et  donnée 
à  Cluny  en  1124.  Le  prieuré  fut  supprimé  en  1560  et  incorporé  à  la 
mense  épiscopale  de  Namur. 

Le  prieuré  de  Namèche  fut  fondé  dans  la  première  moitié  du 
xi«  siècle  par  Francon  et  sa  femme  Hersende,  qui  bâtirent  une  église 
dédiée  à  saint  Etienne.  Mais  c'est  seulement  en  1149  que  les  Clunisiens 
y  remplacèrent  les  clercs  qui  l'occupaient  primitivement.  En  1560,  il 
eut  le  même  sort  que  le  précédent. 

Le  prieuré  de  Saint-Victor  de  Huy  est  le  seul  couvent  de  femmes 
que  Cluny  ait  possédé  en  Belgique.  Ermessinde,  fille  de  Conrad,  comte 
de  Luxembourg,  donna,  dans  les  premières  années  du  xn*'  siècle,  au 
monastère  de  Marcigny  son  bien  allodial,  l'église  Saint-Jean,  qui  ne 
tarda  pas  à  prendre  le  nom  de  Saint-Victor.  Les  religieuses  y  étaient 
établies  avant  1144.  Le  prieuré  fut  soumis  à  Marcigny  jusqu'en  1190, 
puis  il  passa  sous  la  dépendance  de  celui  de  Sainte-Marie-de»Bertrée. 


1.  M.  Halkin  a  déjà  publié  des  documents  concernant  le  prieuré  de  Saint- 
Séverin-en-Condroz.  (Extrait  du  t.  IV,  n"  2,  5°  série  des  Bulletins  de  la  Com- 
mission royale  d'histoire  de  Belgique.) 


4G4  BIBLIOGRAPHIE. 

En  1579,  il  se  mit  sous  la  dépendance  de  l'abbaye  de  Saint-Jacques  de 
Liège,  et,  en  1656,  le  pape  Alexandre  VII  l'éleva  au  rang  d'abbaye. 

Telle  fut  la  destinée  de  ces  cinq  prieurés  clunisiens.  L'auteur  a  fait 
connaître,  autant  que  les  textes  le  lui  ont  permis,  les  noms  des  prieurs, 
dont  il  aurait  été  bon  de  donner  la  liste  à  la  lin  do  chaque  notice;  puis 
il  décrit,  d'après  les  visites  et  les  définitions,  l'état  intérieur  de  chaque 
maison.  Il  remarque  avec  raison  que  ces  documents  ne  renfermant 
guère  que  des  critiques,  l'absence  de  blâme  ou  le  silence  des  défini- 
teurs  peuvent  être  interprétés  comme  une  preuve  de  la  vie  régulière 
des  moines.  Toutefois,  comme  dans  les  autres  provinces  de  l'ordre,  la 
décadence  se  fit  sentir  dans  les  prieurés  belges  dès  le  xiv^  siècle,  peut- 
être  un  peu  plus  tôt  qu'en  France,  à  cause  de  l'éloignement  de  Cluny 
et  de  la  difficulté  d'y  envoyer  des  sujets  bien  choisis.  Gomme  le  dit  avec 
raison  M.  Halkin,  «  éloignés  de  la  maison  mère,  livrés  à  eux-mêmes 
et  à  leurs  faibles  ressources,  gouvernés  par  des  moines  qui  souvent  ne 
faisaient  pas  partie  de  l'ordre,  les  prieurés  clunisiens  de  l'ancien  dio- 
cèse de  Liège  finirent  par  disparaître.  » 

Ces  notices  sont  suivies  de  101  documents,  dont  plus  de  80  inédits;  les 
textes  sont  en  général  corrects,  quoique  la  ponctuation  laisse  parfois  à 
désirer.  P.  81,  n.  1,  au  lieu  de  Marciginaci,  plusieurs  fois  répété,  il 
faut  lire  Marcigniaci ;  p.  85,  Chucepolli,  lisez  Cliacepolli,  etc.  Quoi  qu'il 
en  soit  de  ces  petites  imperfections,  il  faut  remercier  M.  Halkin  de  cet 
utile  travail,  dont  nous  espérons  qu'il  nous  donnera  bientôt  la  seconde 
partie. 

A,  Bruel, 


Monasticon  belge,  par  le  R.  P.  dom  Ursmer  Berlière.  Bruges,  Dés- 
olée el  de  Brouwer,  1890-1897.  111-4°,  yiii-o73  pages. 

La  mort  inopinée  du  regretté  Siméon  Luce  est  la  raison  pour  laquelle 
l'attention  des  lecteurs  de  la  Bibliothèque  de  l'École  des  charles  n'a  pas 
été,  dès  1890,  attirée  sur  le  Monasticon  belge.  Notre  éminent  confrère, 
en  effet,  avait  accepté  de  rendre  compte,  dans  ce  recueil,  du  premier 
fascicule  du  livre  de  dom  Berlière,  paru  il  y  a  sept  ans  déjà.  Ce  pre- 
mier fascicule  est  consacré  aux  monastères  dont  le  siège  se  trouve,  ou 
s'est  trouvé  jadis,  dans  ce  qui  constitue  aujourd'hui  la  province  de 
Namur.  Le  deuxième  fascicule,  qui  vient  de  voir  le  jour,  comprend 
d'abord  un  supplément  au  premier,  puis  une  série  de  notices  sur  les 
abbayes,  prieurés,  prévôtés  et  couvents,  dont  on  constate  l'existence,  à 
une  époque  quelconque,  dans  les  limites  de  la  province  actuelle  de 
Hainaut. 

Dom  Berlière  explique  dans  l'Introduction  du  Monasticon  belge  ce 
qu'il  a  voulu  faire  :  compléter  les  notices  du  Gallia  christiana  et  les 
mettre  à  jour;  faire  l'historique  de  toute  une  série  d'établissements 


BIBLIOGRAPniE.  405 

religieux  que  le  Gallia  a  omis.  Chacune  des  notices  s'ouvre  par  une 
bibliographie  qui  témoigne  de  la  patiente  érudition  du  savant  bénédic- 
tin. On  pourrait  souhaiter  un  peu  plus  d'ordre  dans  ces  bibliographies, 
où  l'auteur  passe  en  revue  toutes  les  sources,  manuscrites  et  imprimées, 
de  l'histoire  des  établissements  qu'il  a  étudiés.  Telles  qu'elles  sont, 
elles  n'en  seront  pas  moins  fréquemment  consultées,  et  sont  dignes  de 
l'être.  Après  ces  notes  sur  les  sources,  en  viennent  d'autres,  extrême- 
ment sommaires,  sur  les  monastères  et  leur  histoire.  Puis  on  trouve  la 
chronologie  des  abbés,  abbesses,  prieurs,  etc.  C'est  cette  partie  qui  est 
la  plus  développée  et  qui  atteste  le  mieux  l'immensité  du  travail  auquel 
dom  Berlière  s'est  livré.  Ce  travail,  qui  remplace  avantageusement 
bien  des  pages  du  Gallia,  rendra  certainement  de  bons  services.  Il  est 
terminé  par  une  table  onomastique  où  les  noms  ne  sont  pas  toujours 
correctement  classés.  Voy.,  par  exemple,  à  la  page  496,  Aulne  mis  après 
Aupaix;  page  497,  Barbençon  après  Barneville;  page  499,  Bertile  avant 
Berthod,  Bersillies  après  Besançon,  etc.,  etc. 

L'auteur  du  Moriasticon  belge  se  propose  de  répartir  son  étude  des 
établissements  religieux  qui  ont  existé  ou  qui  existent  encore  dans  les 
limites  du  royaume  actuel  de  Belgique,  en  autant  de  fascicules  que  ce 
royaume  compte  de  provinces.  Ce  plan  ne  présenterait  pas  d'inconvé- 
nient sérieux  si  les  limites  des  provinces  se  confondaient  partout  avec 
celles  des  diocèses.  Mais  il  n'en  est  point  ainsi,  puisque,  pour  les  neuf 
provinces  qui  constituent  le  royaume  de  Belgique,  il  n'y  a  que  cinq 
évêchés.  En  outre,  il  faut  songer  que,  nulle  part  plus  qu'aux  Pays-Bas, 
les  circonscriptions  ecclésiastiques  n'ont  été  profondément  remaniées, 
à  diverses  reprises,  surtout  en  1559.  Il  n'y  a  peut-être  pas  dans  le  dio- 
cèse de  Tournai,  avec  lequel  se  confond  aujourd'hui  la  province  de 
Ilainaut,  vingt  villages  qui  à  toute  époque  se  soient  trouvés  dans  les 
limites  de  ce  diocèse.  Avant  1559,  ce  qui  constitue  maintenant  le  Hai- 
naut  ressortissait,  en  effet,  à  trois  évêques  diflërents  :  ceux  de  Cambrai, 
de  Liège  et  de  Tournai.  Or,  l'intérêt  supérieur  des  personnes  qui  s'oc- 
cupent de  l'histoire  des  établissements  monastiques  est  de  savoir  à 
quels  diocèses  ces  établissements  ont  appartenu,  et  c'est  ce  que  le  livre 
de  dom  Berlière  ne  leur  dit  pas  nettement.  L'auteur  du  Monasticon  belge 
aurait,  je  crois,  grandement  amélioré  son  œuvre,  si,  à  l'exemple  des 
auteurs  du  Gallia,  il  y  avait  joint  des  cartes.  Le  savant  bénédictin  de 
Maredsous  est  plus  à  même  que  bien  d'autres  de  dresser  ces  cartes  des 
diocèses  belges  à  travers  les  âges,  qui  permettraient  de  voir  d'un  coup 
d'œil  la  situation  qu'ont  occupée,  dans  ces  diocèses  successifs,  les 
divers  établissements  religieux  étudiés  par  lui.  Je  suis  convaincu  que 
de  telles  cartes  sont  le  complément  nécessaire  d'un  travail  comme  le 
sien,  et  je  veux  espérer  que  dom  Berlière,  avec  le  prochain  fascicule  du 
Monasticon  belge,  nous  donnera  celles  que  je  sollicite  de  son  érudition. 

Armand  d'Herbomez. 


466  BIBLIOGRAPHIE. 


L.  Cloquet.  Les  Grandes  cathédrales  du  monde  catholique.  Lille, 
Société  de  Saint-x\iiguslin,  -1897.  In-4%  380  pages,  208  pi.  et  fîg. 

C'est  un  excellent  livre  de  vulgarisation  que  vient  de  faire  paraître 
M.  L.  Cloquet,  secrétaire  de  la  Revue  de  l'art  chrétien.  Architecte  et 
professeur  distingué  en  même  temps  qu'archéologue,  l'auteur  a  su  pui- 
ser ses  renseignements  aux  meilleures  sources,  les  illustrer,  les  com- 
menter tant  au  point  de  vue  de  l'histoire  qu'à  celui  de  l'art,  présenter 
enfin,  d'une  façon  brève  et  précise,  l'histoire  de  l'architecture  chrétienne 
et  la  description  de  la  plupart  de  ses  chefs-d'œuvre.  L'ouvrage  est  sin- 
gulièrement plus  complet  que  son  titre  ne  l'indique;  à  côté  des  cathé- 
drales, il  décrit  les  basiliques  de  Rome,  les  églises  monastiques  de 
Saint-Remi  de  Reims,  Saint-François  d'Assise;  on  y  trouve  une 
histoire  complète  de  l'architecture  religieuse  du  moyen  âge;  les  édifices 
sont  classés  par  époques  et  catégories  et  les  caractères  de  chacune 
d'elles  sont  clairement  expliqués.  On  pourrait  critiquer  quelques 
expressions  ou  quelques  appréciations  de  détail;  ainsi  le  rôle  des  Béné- 
dictins est,  comme  chez  VioUet-le-Duc,  prôné  trop  exclusivement,  tan- 
dis que  les  Cisterciens  sont  oubliés  (p.  11).  Il  faut  toutefois  signaler 
avec  éloge  à  la  même  page  la  réfutation  de  la  théorie  de  VioUet-le-Duc 
opposant  l'architecture  laïque  à  celle  des  religieux.  M.  Cloquet  est  ici 
d'accord  avec  M.  Anthyme  Saint -Paul  et  avec  les  documents  de 
l'histoire. 

Il  y  a  quelque  excès  dans  cette  appréciation  (p.  15)  :  «  C'est  au 
xv«  plutôt  qu'au  xni^  siècle  qu'il  faut  chercher  dans  les  provinces 
excentriques  des  églises  conformes  au  type  purement  français.  » 

Les  cathédrales  de  Rayonne,  Limoges,  Toul,  Lausanne  et  autres  ont 
été  exécutées,  en  effet,  au  moins  en  partie  dès  le  xm^  siècle. 

Les  basiliques  choisies  pour  exemple  sont,  à  Rome,  Saint-Clément  et 
Saint-Paul.  Théoriquement,  ces  exemples  sont  bons,  mais  au  point  de 
vue  historique  on  regrettera  leur  choix,  Saint-Clément  ayant  été  rebâti 
au  xi«  et  Saint-Paul  au  xix«  siècle.  La  seule  critique  importante  que 
soulève  le  livre  est  l'adoption  par  M.  Cloquet  de  la  date  du  ix«  siècle 
attribuée  .par  M.  de  Dartein  à  Saint- Ambroise  de  Milan.  Comment  con- 
cilier cette  opinion  avec  celle  qu'il  adopte  également  au  sujet  de  l'ori- 
gine française  de  la  croisée  d'ogives?  Comment  expliquer  que,  si  ce 
membre  d'architecture  était  employé  en  Lombardie  au  !x«  siècle,  on 
n'ait  imité  ce  procédé  commode  qu'au  xii^  siècle,  et  d'abord  dans  le 
nord  de  la  France,  d'où  des  Français  ont  dû  le  rapporter  en  Italie? 
Comment  expliquer  que  Saint-Ambroise  diff'ère  tant  des  autres  édi- 
fices datés  du  ix^  siècle  et  ressemble  tout  au  contraire  à  des  édifices 
de  beaucoup  postérieurs,  notamment  à  Sainte-Marie-du-Château  à 
Gorneto,  consacrée  en  1208? 


BIBLIOGRAPHIE.  -ÎC7 

Au  point  de  vue  do  la  méthode,  des  divisions  moins  nombreuses  et 
d'ordre  plus  général  auraient  peut-être  permis  un  classement  plus 
rigoureusement  exact  des  types.  Le  chapitre  Cathédrales  romanes  secon- 
daires comprend  celles  de  Lyon  et  d'Angers,  qui  seraient  peut-être  plus 
à  leur  place  entre  des  monuments  gothiques,  et  celles  de  Cahors, 
Angoulème  et  le  Puy,  qu'il  eût  été  peut-être  plus  intéressant  de  rap- 
procher de  Saint-Marc  de  Venise,  classé  dans  un  autre  chapitre. 

Une  distraction  a  amené  (p.  84)  une  confusion  entre  Notre-Dame  et 
la  cathédrale  Saint-Pierre  de  Poitiers.  M.  Gloquet  produit  beaucoup  et 
nul  ne  s'en  plaindra  ;  il  a  dû  nécessairement  se  faire  aider  pour  la  partie 
matérielle  de  son  livre;  de  là  un  certain  nombre  d'erreurs  purement 
matérielles  que  la  prochaine  édition  fera  disparaître  :  deux  figures  du 
baptistère  de  Nocera  et  de  la  cathédrale  de  Chartres  ont  été  mises  à  la 
place  de  figures  de  Sainte-Marie-Majeuro  de  Rome  et  de  la  cathédrale 
d'Amiens;  deux  roses  de  la  cathédrale  de  Laon  sont  intitulées  égale- 
ment «  rose  orientale  »  (p.  151),  le  nom  de  la  porte  Saint-Étienne  à 
Notre-Dame  de  Paris  fait  défaut;  divers  noms  propres  sont  défigurés 
ainsi  que  des  mots  étrangers  :  gothi  architecti  in  Spani  pour  Golhic 
architecture  in  Spain. 

On  peut  regretter  que  l'auteur  n'ait  pas  utilisé  pour  le  saint  sépulcre 
de  Jérusalem  les  travaux  postérieurs  à  l'étude  de  M.  de  Vogué  et  pour 
Notre-Dame  de  Paris  le  travail  de  M.  Mortet;  qu'en  Espagne  il  ne  nous 
ait  pas  montré  la  cathédrale  de  Léon,  ni  en  Italie  les  grandes  églises 
cisterciennes  à  côté  de  monuments  plus  connus.  Mais  il  est  difficile  de 
tout  mettre  dans  un  livre,  et  celui-ci  contient  vraiment  beaucoup.  Si 
j'ai  tenu  à  formuler  tant  de  menues  critiques,  c'est  que  ce  livre,  plein 
d'excellents  enseignements,  mérite  d'être  pris  plus  au  sérieux  que  la 
plupart  des  volumes  de  vulgarisation.  Il  est  à  souhaiter  qu'il  soit  beau- 
coup et  promplement  répandu,  car  il  donnera  aux  jeunes  gens  et  aux 
gens  du  monde  le  goût  de  l'architecture  du  moyen  âge  en  même  temps 
que  beaucoup  de  connaissances  précises  et  exactes. 

G.  Enlart.  • 


Exposition  nationale  suisse,  Genève,  1896.  Catalogue  du  groupe  25, 
Art  ancien.  Genève,  i896.  Iii-8°,  xix-4'14  pages'. 

L'Art  ancien  à  l'Exposition  nationale  suisse.  Album  illustré  com- 
posé de  72  planches  servant  de  supplément  au  Catalogue  du 
groupe  2o.  Genève,  ^896.  In-fol. 

IjO  Catalogue  de   l'Exposition   rétrospective  de  Genève   comprend 
4,056  numéros,  répartis  en  huit  sections,  dont  voici  les  titres  : 
1°  Époques  préhistorique,  romaine  et  burgonde. 

1.  Voir  le  volume  précédent  de  ce  recueil,  p.  514. 


/i68  BIBLIOGRAPHIE. 

2°  Peinture,  dessin,  émaux,  miniatures,  sculptures,  etc. 

3°  Manuscrits,  impressions,  reliures,  gravures. 

4*  Céramique  et  verrerie. 

5°  Bois,  ivoire,  pierre,  meubles. 

6°  Métal. 

7°  Tissus  et  cuirs. 

8°  Arcliitecture. 

Chaque  pièce  est  l'objet  d'une  description  concise  et  exacte,  à  part 
quelques  attributions  de  dates  qui  semblent  trop  anciennes.  Une  réu- 
nion d'érudits  justement  estimés  se  sont  partagé  selon  leur  spécialité 
la  rédaction  du  catalogue  et  des  notices  d'ensemble  qui  l'éclairent.  Ce 
sont  MM.  Camille  Favre,  Victor  Van  Berchem,  Jacques  Mayor, 
Em.  Dunant,  Th.  Dufour,  Paul  Stroehlin,  Ch.  Bastard,  Maurice  Girod, 
Ed.  Kunkler,  D""  W.-H.  Doer,  Louis  Bron,  Henri  Silvestre,  Alb.  Sara- 
sin,  Henry  Tronchln,  Léop.  Favre,  Aloys  de  Seigneux,  Soldano. 

Depuis  la  publication  de  ce  catalogue,  le  groupe  de  l'art  rétrospectif 
eut  l'heureuse  idée  de  le  compléter  par  un  album  reproduisant  les 
principaux  objets  de  cette  section  qui  avait  tout  particulièrement  inté- 
ressé les  visiteurs  de  l'Exposition.  MM.  Camille  Favre  et  Jacques  Mayor 
ont  su  faire  de  cet  album  une  œuvre  tout  à  fait  intéressante  par  le 
choix  et  le  classement  critique  de  ces  documents  qui  vont  de  l'époque 
romaine  jusqu'au  xvui«  siècle,  et  le  sommaire  rectifie  certaines  dates 
données  dans  le  catalogue.  L'exécution  artistisque  est  irréprochable. 
Les  planches,  bien  composées,  sont  des  phototypies  d'une  netteté  par- 
faite et  d'une  échelle  généralement  suffisante  sauf  pour  quelques  objets 
de  métal;  il  n'y  a  pas  de  place  perdue,  et  nombreux  sont  les  documents 
présentés.  La  plupart  des  vitraux  sont  reproduits  en  couleurs;  l'un 
d'eux  l'est  par  un  procédé  nouveau  dit  chromotypogravure ;  trois  tirages 
en  photogravure  sont  superposés  en  couleurs  différentes.  L'effet  est 
agréable  et  semble  très  exact. 

Cet  album  nous  renseigne  sur  les  catégories  suivantes  d'objets 
anciens  : 

1°  Antiquités  romaines.  Divers  menus  bronzes  et  ivoires.  Très  belle 
tête  de  Taureau  en  bronze  provenant  de  Sion.  Curieuses  amulettes  en 
forme  de  main  bénissante  (pi.  1  et  2). 

2°  Peintures  et  dessins.  Cinq  tableaux  des  xv«  et  xvi^  siècles;  deux 
du  xvii«;  cinq  du  xviii«.  Remarquables  pastels  de  Liotard,  spécia- 
lement un  délicieux  portrait  de  la  duchesse  de  Coventry  en  femme 
orientale. 

3°  Vitraux.  PL  11,  maquettes  de  vitraux.  Onze  autres  planches 
donnent  une  suite  très  intéressante  de  bons  spécimens  d'un  art  vérita- 
blement suisse,  allant  du  xv«  au  xviie  siècle.  Beaucoup  sont  datés,  la 
plupart  sont  reproduits  avec  leurs  couleurs.  Ces  reproductions  sont 
d'une  ûdélilé  parfaite.  Malgré  un  certain  manque  de  finesse  et  de  dis- 


BIBLIOGRAPHIE.  469 

tinction,  cet  art  du  vitrail  suisse  est  très  décoratif;  voy.  par  exemple  la 
pi.  27.  Il  est,  du  reste,  des  pièces  exemptes  de  ces  reproches,  comme  la 
délicieuse  Sainte-Catherine  de  la  pi.  23  bis. 

4»  Céramique.  PI.  20,  carreaux  de  poêle  à  reliefs  vernissés  des  xvi*  et 
xvii"  siècles;  deux  intéressantes  pièces  à  personnages.  PI.  19,  carreaux 
polychromes,  helle  et  curieuse  série.  PI.  18,  vaste  et  remarquable  poêle 
du  xvn«  siècle.  PI.  IS,  20,  21,  spécimens  de  faïences  de  Winterlhur, 
Carouge  et  Langnau  et  des  porcelaines  de  Zurich  et  Nyon.  Il  semble 
que  les  carrelages  du  moyen  âge  auraient  pu  être  représentés;  la 
Suisse  en  renferme  d'intéressants,  notamment  au  musée  de  Berne. 

5°  Sculpture.  PI.  6,  très  joli  buste  reliquaire  en  bois  do  Marie-Made- 
leine, xve  siècle,  provenant  de  l'abbaye  d'Engolberg.  PI.  31  et  35, 
curieuses  frises  ornementales  des  xv<=  et  xvi«  siècles  dans  le  style  par- 
ticulier au  Tyrol,  au  sud  de  la  Suisse  et  au  nord  de  l'Italie  et  dont 
l'exécution  méplate  se  prête  à  l'emploi  du  sapin.  Les  exemples  don- 
nés sont  d'un  dessin  charmant  et  d'un  grand  effet  décoratif.  La  pi.  31 
porte  par  erreur  la  mention  «  xine  siècle;  »  les  plus  anciens  morceaux 
(centaure  et  animal)  ne  semblent  pas  antérieurs  au  xiv<=  siècle.  Ils  pro- 
viennent toutefois  des  anciennes  stalles  de  la  cathédrale  de  Lausanne, 
aujourd'hui  à  Chillon,  qui  portent  le  style  du  xiii"  siècle  et  offrent  des 
analogies  remarquables  avec  les  dessins  de  stalles  de  Villard  de  Hon- 
necourt,  lequel  a  certainement  étudié  la  cathédrale  de  Lausanne,  s'il 
n'y  a  pas  travaillée 

Deux  statues  du  xv°  ou  xvi*  siècle,  reproduites  à  la  môme  planche, 
sont  bien  ordinaires;  une  autre  franchement  mauvaise.  On  peut  (juali- 
fier  de  même  plusieurs  bas-reliefs  du  xvi«  siècle,  sans  style,  des  pi.  31 
et  34;  trois  autres  sont  passables. 

G''  Meubles.  Le  xii»  siècle  est  représenté  par  un  bien  curieux  bahut 
roman  provenant  du  chapitre  de  Sion  et  qui,  avec  ses  arcatures,  ses 
dents  de  scie  et  ses  rosaces  gravées,  rappelle  beaucoup  la  célèbre 
armoire  d'Obazine.  C'est  un  meuble  d'une  extrême  rareté,  peut-être 
archaïque  comme  certains  meubles  Scandinaves,  mais  qui  ne  saurait 
être  postérieur  au  xme  siècle;  on  y  remarque  des  pilastres  cannelés  à 
la  mode  de  Bourgogne,  tels  qu'on  en  voit  à  la  cathédrale  de  Genève  et 
au  portail  de  Bonmont  près  de  cette  ville. 

Les  meubles  les  plus  anciens  après  celui-ci  sont  du  xv<=  siècle;  pi.  32, 
très  beau  bahut  de  la  fin  du  xv«  siècle  ou  du  début  du  xvi«  sur  le  devant 
duquel  se  déroule  toute  l'histoire  de  la  création  sculptée  avec  art  et 
dans  un  beau  style.  PI.  33,  bahut  de  Fribourg,  bon  spécimen  de 
meuble  riche  de  style  flamboyant  un  peu  monotone.  PI.  31,  bahut  du 
XVI8  siècle,  orné  d'une  histoire  de  David;  intéressant  spécimen  de  ce 

1.  Album,  édition  Lassus,  pi.  53.  Les  lutteurs  de  la  pi.  77  sont  semblables 
à  un  bas-relief  des  stalles  de  Fribourg. 


/,70  BIBLIOGRAPHIE. 

travail  en  méplat  particulier  à  la  région  helvétique.  PI.  35,  bahut  de  la 
Suisse  orientale  à  marqueteries,  xvi=  siècle,  bon  modèle  d'un  art  simple 
et  bien  pondéré;  il  contraste  avec  le  bahut  des  Grisons  de  la  fin  du 
XVI*  siècle.  PI.  36,  vrai  chef-d'œuvre  de  mauvais  goût,  curieuse  compi- 
lation de  motifs  étranges,  de  marqueterie  et  de  sculpture,  mal  compris 
et  appliqués  hors  de  tout  propos.  PI.  39  et  41,  trois  bahuts  du 
xviie  siècle;  ils  appartiennent  à  un  art  qui  n'a  rien  de  fin,  mais  qui  ne 
manque  au  contraire  ni  de  goût  ni  d'effet.  PI.  34,  jolie  crédence  de  la 
Renaissance  datée  de  1541.  PI.  38,  grande  crédence  à  marqueteries  du 
commencement  du  xvn«  siècle,  simple  et  de  jolies  lignes,  bon  modèle 
d'un  style  qui  appartient  franchement  au  pays,  mais  cette  pièce  a  subi 
des  remaniements  évidents.  PI.  40,  armoire  du  xvn^  siècle  provenant 
des  environs  de  Bàle,  analogue  aux  meubles  hollandais  avec  plus  de 
simplicité  et  de  pondération.  PI.  37  et  42,  meubles  à  deux  corps  du 
xvne  siècle,  analogues  à  ceux  du  midi  de  la  France.  PI.  43,  lit  de  1714, 
d'un  style  régional  bien  particulier,  souvenir  attardé  et  assez  agréable 
du  style  de  la  Renaissance;  commode  Louis XV  en  marqueterie,  assez 
belle  malgré  la  lourdeur  et  le  manque  de  galbe  qui  indiquent  son  origine 
locale. 

PI.  5,  joli  secrétaire  en  marqueterie,  xvn«  siècle.  PI.  34,  chaise  du 
xvi«  siècle  qui  parait  remaniée.  PI.  31,  fauteuil  assez  joli,  mais  bien 
peu  pratique,  dans  le  style  de  la  Renaissance  avancée;  imitation  peu 
adroite  de  modèles  français.  PI.  34,  chaises  des  Grisons,  plutôt  typiques 
qu'élégantes.  PI.  37,  fauteuil  provenant  de  Savoie,  avec  couronnement 
biscornu  et  dossier  orné  de  fausses  perspectives  d'architecture  pitto- 
resque; le  mauvais  goût  ne  saurait  aller  plus  loin. 

1°  Manuscrits  et  reliures.  La  série  des  manuscrits  est  courte  et  n'a 
rien  de  spécialement  remarquable.  PI.  17,  deux  reliures  en  argent 
repoussé  du  xv«  et  du  xvi«  siècle,  œuvres  médiocres.  PI.  15,  feuillets 
d'ivoire  du  x^  siècle,  représentant  deux  saints,  pièce  qui  mériterait 
une  étude;  autres  feuillets  d'ivoire  imités  d'un  modèle  byzantin  très 
ancien,  mais  exécutés  en  Suisse  et  seulement  à  l'époque  gothique, 
comme  le  prouvent  certains  détails,  arcatures,  quatrefeuilles,  à  côté 
d'une  bordure  de  tout  autre  style;  les  figures  sont  d'une  grande  barba- 
rie. Ce  très  curieux  objet  est  attribué  au  xm"  siècle;  j'inclinerais  à  y 
voir  plutôt  une  œuvre  du  xiv«. 

8»  Orfèvrerie.  PI.  48,  coffret  du  x«  siècle  provenant  de  la  collégiale 
de  Bero-Munster,  dont  le  trésor  a  fourni  les  plus  belles  pièces  de  l'ex- 
position et  dont  le  bon  exemple  aurait  bien  dû  être  suivi  par  d'autres 
églises.  Ce  coffret  à  reliques,  fait  pour  être  porté  en  bandoulière,  est 
un  curieux  spécimen  d'art  carolingien  avec  ses  dessins  géométriques 
cloisonnés  incrustés  de  verroterie.  Il  rappelle  beaucoup  un  coffret  de 
môme  style  conservé  à  Utrecht.  PI.  34,  cinq  belles  crosses  :  simple 
volute  terminée  en  tête  d'animal,  œuvre  de  la  fin  du  xri^  ou  du  début 


BIRLIOCRAPniË.  .'iH 

du  xiii«  siècle,  provenant  de  Bàle;  crosse  de  l'abbé  de  Rùti,  œuvre  de 
Limoges,  xiii»  siècle,  ornée  d'un  griffon  à  demi  oriental  qui  sort  des 
modèles  courants  et  répandus;  on  y  voit  des  silhouettes  de  reptiles 
traitées  avec  un  rare  bonheur;  crosse  d'Engelberg,  belle  pièce  de 
Limoges,  xni«  siècle,  d'un  modèle  au  contraire  bien  connu  (Annon- 
ciation); crosse  de  saint  Maurice,  très  riche  et  très  belle  pièce  du 
xv«  siècle  ;  crosse  de  Fischingen,  de  la  fin  du  xvi'=  siècle,  encore  dans 
le  style  de  la  précédente. 

PI.  45,  croix  de  la  collégiale  de  Bero-Munster,  admirable  morceau 
d'orfèvrerie  du  commencement  du  xiv<=  siècle.  Les  fonds  entre  les 
médaillons  d'émaux  translucides,  les  camées  et  les  cabochons  sont 
entièrement  couverts  de  délicieux  feuillages  rapportés;  le  Christ  en  haut 
relief  est  remarquable.  De  la  même  église,  pi.  16,  belle  couverture 
d'évangéliaire  en  argent  du  xiv  siècle,  à  admirer,  non  pour  sa  compo- 
sition très  bizarre,  mais  pour  l'exécution  de  ses  émaux  translucides  qui 
rappellent  ceux  de  l'Italie  et  de  la  belle  figure  du  Dieu  de  Majesté  qui 
se  détache  du  centre  en  haut  relief  et  rappelle  le  style  de  la  statuaire 
de  Strasbourg.  L'architecture  est  de  style  français,  mais  fort  mal  agen- 
cée. PI  46,  reliquaire  du  chef  de  saint  Jean-Baptiste,  fin  du  xv<=  siècle; 
objet  d'un  goùc  et  d'une  composition  médiocres,  mais  d'une  exécution 
sûre  et  savante;  la  tête  est  un  morceau  de  statuaire  remarquable. 
PI.  47,  monstrance  xvi«  siècle  assez  jolie,  mais  banale;  reliquaire  et 
navette  même  époque;  calices  du  xvii^  siècle  assez  médiocres;  calice 
plus  intéressant  de  Soleure,  commencement  du  xvii=  siècle,  orné  de 
flammes  d'un  style  encore  gothique,  rappelant  le  calice  donné  par 
Henri  III  à  la  cathédrale  de  Chartres  et  un  calice  conservé  à  Limoges. 

PI.  48,  49,  50,  53,  54,  série  variée  de  coupes  d'argent  à  couvercles, 
du  xvi«  et  du  xvn''  siècle,  plus  ou  moins  ornées  et  compliquées  et  de 
mérites  très  divers.  PI.  49  à  53,  coupes  plus  compliquées  encore,  des 
mêmes  époques,  aftectant  la  forme  de  divers  animaux  et  curieuses  par 
la  recherche  et  le  mauvais  goût  de  leur  composition,  spécialement  la 
pièce  de  1649,  pi.  52,  et  le  singe,  pi.  53.  La  nef  d'argent  du  xvi«  siècle, 
pi,  54,  se  recommande  au  moins  par  une  certaine  élégance  et  le  fini  de 
ses  nombreux  détails.  Quelques  plats  d'argent  repoussé,  pi.  45,  48,  57. 
PI.  55,  boîte  d'épices  style  Louis  XV;  à  la  môme  planche,  très  belle 
plaque  d'huissier  en  argent  émaillé  aux  armes  de  Bàle  en  1561. 

9»  Bijouterie.  PI.  56,  curieuse  série  de  bijoux  suisses  des  xvii«  et 
xviii^  siècles,  les  plus  anciens  dans  un  bon  style  de  la  Renaissance;  les 
autres  en  filigranes,  d'un  style  local  assez  curieux.  Remarquer  le  col- 
lier attribué  non  sans  vraisemblance  à  Marie  de  Bourgogne;  rapprocher 
de  cette  pièce  les  nombreuses  initiales  et  menus  ornements  d'orfèvrerie 
cousus  (pi.  66)  sur  une  robe  de  statue  de  la  Vierge;  il  y  a  là  des  pièces 
curieuses  du  xv*  et  peut-être  du  xiv«  siècle,  et  ces  ex-voto  rappellent 
ceux  qu'on  a  cloués  à  Conques  sur  la  statue  de  sainte  Foy. 


472  BIBLIOGRAPHIE. 

10°  Étains  et  cuivres,  pi.  34  et  38,  riche  ot  amusante  série  de  brocs 
d'étain  et  d'aiguières  de  cuivre  de  toutes  formes  datant  du  xiv<^  au 
XVIII*  siècle;  ceux  de  l'époque  gothique  sont  particulièrement  pitto- 
resques et  intéressants.  PI.  55,  curieux  mortier  de  bronze  de  l'abbé 
Hugues  (xiii^  siècle)  provenant  de  Saint-Maurice. 

11°  Ferronnerie  et  armes.  PI.  58,  grille  de  la  fin  du  xvi^  siècle  pro- 
venant de  Wettinghen.  Tiges  entrelacées,  d'un  type  germanique  bien 
connu,  formant  des  rinceaux  monotones  analogues  à  des  paraphes  de 
calligraphe  virtuose.  PI.  59,  curieux  canon  de  campagne  du  xv^  siècle, 
avec  son  affût  de  la  fin  de  la  même  période.  PI.  60,  armure  historique 
(vers  1500).  PI.  61,  fauchard  gravé  et  doré  au  chiffre  de  Charles  le 
Téméraire.  L'attribution  peut  être  exacte,  mais  le  travail  semble  ita- 
lien, exécuté  peut-être  à  Brescia  ou  à  Milan.  Épieu  de  chasse,  xvi*^  siècle, 
pièce  curieuse;  pertuisane,  curieuses  hallebardes.  PI.  64,  trophées  de 
hallebardes  et  de  dagues;  un  certain  nombre  de  ces  armes  remontent 
au  moins  au  début  du  xv«  siècle  et  sont  très  intéressantes  ;  la  reproduc- 
tion est  malheureusement  à  une  bien  petite  échelle.  PI.  63,  dagues 
suisses,  armes  très  typiques;  armes  et  équipements.  PI.  61,  écu  orné 
d'une  aigle  éployée  en  relief;  pièce  d'un  beau  style  et  d'une  grande 
rareté,  mais  dont  je  ne  saurais  accepter  l'attribution  au  xiii^  siècle  ;  c'est 
plutôt  une  œuvre  du  xv^.  Cette  série  donne  une  juste  idée  de  la  grande 
richesse  de  la  Suisse  en  armes  anciennes. 

12°  Tissus. 

A.  Étoffes  et  broderies.  A  noter  avant  tout,  pi.  14,  une  tenture  du 
Valais  en  toile  imprimée  du  xiv«  siècle.  On  y  voit  une  danse,  l'histoire 
d'Œdipe  et  divers  ornements;  le  style  et  les  sujets  indiquent  l'influence 
italienne  ;  la  composition  est  heureuse,  le  dessin  très  pur,  d'un  charme 
et  d'un  mouvement  exquis,  avec  une  simplicité  vraiment  décorative. 
C'est  de  plus  une  pièce  fort  rare.  PI.  65,  belle  et  curieuse  toile  brodée 
du  xive  siècle  (devant  d'autel)  ;  bannières  du  xvi«  siècle  sur  la  couver- 
ture du  catalogue  et  à  la  pi.  62.  PI.  33,  35,  43,  66,  devants  d'autels  et 
autres  pièces  brodées,  xvii«  et  xviii«  siècles;  à  la  pi.  66,  robe  dite  de 
Clémence  de  Hongrie.  PI.  68,  dalmatique  du  xvi«  siècle.  Pi.  69,  tapis 
armorié  brodé  en  laine,  de  1616. 

B.  Tapisseries.  PI.  65,  devant  d'autel  de  1490  figurant  la  Résurrec- 
tion du  Christ,  belle  et  curieuse  pièce.  PI.  67,  tapisserie  flamande  de 
l'Adoration  des  Mages,  xv^  ou  xvi^  siècle,  belle  pièce  médiocrement 
composée.  PI.  70,  tapisserie  des  Gobelins  représentant  le  renouvelle- 
ment de  l'alliance  entre  Louis  XIV  et  les  Suisses  en  1670.  Belle  pièce 
en  parfait  état  de  la  suite  de  l'Histoire  du  roi. 

H  est  fâcheux  que  l'Exposition  nationale  suisse  ait  été  privée  d'un 
certain  nombre  d'objets  anciens  dont  la  place  y  était  indiquée.  On 
regrettera  que  les  périodes  carolingienne  et  romane  dont  la  Suisse  pos- 


BIBLIOGRAPniE.  473 

sède  de  si  remarquables  séries  ne  soient  ici  représentées  la  première 
que  par  trois  pièces  et  la  seconde  par  une  seule. 

L'album  dont  on  vient  de  voir  l'analyse  n'en  est  pas  moins  une  œuvre 
de  premier  ordre  en  son  genre,  digne  d'être  comparée  au  Catalogue 
Spitzcr  et  capable  de  donner  une  idée  presque  complète  de  l'iiistoire  dos 
arts  en  Suisse.  On  peut  du  reste  utilement  compléter  cette  élude  parle 
bel  ouvrage  que  M.  Em.  Molinier  a  consacré  au  Trésor  de  Coire.  On 
sait  que  la  Suisse  est  ricbe  en  objets  d'art  ancien  et  que  son  bistoire 
artistique  se  rattache  à  la  fois  à  celle  de  la  France,  de  l'Italie  et  de 
l'Allemagne.  C'est  dire  l'intérêt  de  telles  publications.  Celle-ci,  en  par- 
ticulier, rendra  de  grands  services  aux  amateurs  et  érudits  et  lait  le 
plus  grand  honneur  à  ses  auteurs  et  à  leurs  éditeurs.  Il  est  à  souhaiter 
que  d'autres  de  leurs  compatriotes  suivent  l'exemple  qu'ils  ont  si  bien 
donné. 

G.  Enlart. 

Paul  RiSTELHUBER.  Htstoire  de  la  formation  de  la  bibliothèque  muni' 
cipale  créée  en  1872  à  Strasbourg.  Paris,  Champion,  ^89.5.  lii-.s°, 
36  pages.  Prix  :  2  fr. 

L'opuscule  de  M.  Ristelhuber  a  été  écrit  dans  le  but  de  rétablir  la 
vérité  sur  l'histoire  de  la  formation  de  la  bibliothèque  municipale  de 
Strasbourg.  Après  l'incendie  de  cette  collection  de  livres  inestimables 
brûlée  par  les  bombes  allemandes  dans  la  nuit  néfaste  du2i  août  1870, 
les  Allemands  se  mirent  en  tète,  quelques  mois  après  la  capitula- 
tion de  la  ville,  de  reconstituer  ce  qu'ils  avaient  détruit.  Ils  ne  pou- 
vaient le  faire  que  dans  une  faible  mesure,  malgré  les  fonds  dont  ils 
disposaient,  car  il  ne  fallait  pas  songer  à  remplacer  le  trésor  de  nos 
vieilles  chroniques  et  d'une  foule  d'autres  manuscrits.  Ceux-là  sont 
perdus  à  tout  jamais,  comme  ce  joyau  sans  prix,  Vllortus  deliciarum  de 
l'abbesse  Herrade  de  Landsberg. 

Un  Allemand,  le  D-"  Barack,  aujourd'hui  conservateur  de  la  biblio- 
thèque de  l'Université,  se  signala  par  son  zèle  et  une  propagande  active 
dans  la  presse  d'outre-Rhin  en  faveur  de  sa  reconstitution.  Mais,  au 
lieu  de  verser  les  fonds  et  les  dons  qu'il  recueillait  à  la  ville,  il  les 
garda  pour  en  faire  le  noyau  de  ce  qui  allait  devenir  VUniversilaets- 
und  Landesbibliolhek.  Toutefois,  ils  ne  purent  s'emparer  de  tous, 
quelques-uns  s'en  allèrent  à  leur  véritable  adresse,  la  commission  muni- 
cipale chargée  dans  la  mesure  du  possible  de  réparer  le  mal  causé  par 
le  bombardement. 

En  quelques  pages,  M.  Ristelhuber  a  reconstitué  l'histoire  des  tra- 
vaux de  cette  commission  en  publiant  les  procès-verbaux  de  ses  séances, 
sans  y  ajouter  le  moindre  commentaire;  dans  leur  sobriété  un  peu  sèche 
ils  en  disent  plus  que  de  longues  dissertations.  On  sent  percer  entre 


474  BIBLIOGRAPHIE. 

ces  lignes  l'amertume  froidement  correcte  de  gens  que  l'on  dépouille  et 
qui  ne  peuvent  obtenir  justice. 

Réunie  pour  la  première  fois  le  29  février  1872,  la  commission,  com- 
posée de  MM.  Gaguel,  adjoint  au  maire,  Kablé,  conseiller  municipal, 
des  professeurs  Schimper,  Gh.  Schmidt,  R.  Reuss,  de  MM.  P.  Ristel- 
huber,  homme  de  lettres,  Brucker,  archiviste  municipal,  et  J.  Flach, 
avocat,  avait  à  s'occuper  de  l'emploi  d'une  vingtaine  de  mille  francs 
votés  par  le  conseil  municipal  pour  l'acquisition  de  Hvres  et  à  examiner 
les  offres  de  vente.  Elle  siégea  jusqu'au  20  janvier  1873,  et,  grâce  à 
l'activité  infatigable  de  ses  membres,  particulièrement  de  MM.  Schmidt, 
Reuss,  Ristelhuber,  Brucker  et  Schimper,  elle  réussit  à  mener  à  bonne 
fin  une  besogne  aussi  ardue.  La  bibliothèque  fut  constituée  peu  à  peu 
grâce  à  des  dons  venus  de  France,  d'Alsace  et  de  Lorraine.  Disposant 
d'un  budget  très  modique,  9,000  fr.,  elle  ne  pouvait  lutter  avec  sa  rivale 
allemande,  disposant  de  près  de  75,000  fr.  Il  faut  savoir  gré  à  M.  R. 
de  nous  avoir  retracé  en  quelques  pages  cette  histoire  du  passé  que 

peu  de  gens  connaissent. 

Ch.  Nerlinger. 


LIVRES    NOUVEAUX. 

SOMMA[RE  DES  MATIÈRES. 

Généralités,  590,  695,  789. 

Sciences  auxiliaires.  —  Épigraphie,  704,  708,755,  810.  —  Paléogra- 
phie, 561,  816.  —  Chronologie,  860.  —  Bibliothèques,  575,  607,  775, 
848.  —  Manuscrits,  617,  626,  650,  6.53,  657,  658,  685,  743,  744,  757,  777, 
786,  787,  790,  850.  —  Imprimerie,  833.  —  Bibliographie,  750,  857. 

Sources,  810.  —  Légendes,  714,  858.  —  Chroniques,  565,  719,  856. 

—  Journaux,  826.  —  Correspondances,  659,  851.  —  Archives,  584, 
588,  594,  673,  863;  cartulaires,  604,  605,  652,  686,  705,  712,  783,  861; 
chartes,  734,  735,  746,  788,  793.  —  Comptes,  censiers,  etc.,  640,  655, 
720,  863,  867. 

BioQRAPmE,  GÉNÉALoaiE.  —  Bretagne,  717;  Grande-Bretagne,  631. 

—  Adélaïde,  869;  Agobard,  579;  Alençon,  771;  Alexandre  III,  734; 
saint  Augustin  de  Cantorbéry,  598;  Bertrand,  649;  Bessarion,  845; 
Bonnin,784;  Castruccio  Castracani,  695;  Charles  VI,  710;  Clément  V, 
582  ;  Clément  IX,  577  ;  sainte  Clotilde,  725  ;  Gresci,  561  ;  Dante,  794,  795, 
855;  Dati,  820;  saint  Dominique,  572  ;  Du  Guesclin,  842  ;  saint  Etienne 


BIBLIOGRAPHIE.  .^75 

de  Perm,  836;  saint  Euchaire,  770;  saint  Faron,  589,  735;  Foix-llaljat, 
637  ;  Foucault,  656  ;  Frédéric  le  Sage,  681  ;  Geoifroi  la  Grand'Dent,  046; 
Giotto,  778;  Girbert  de  Montreuil,  722;  Goes,  864;  Guinizelli,  591; 
Hadrien,  579;  Hénin-Liétard,  595;  Holbein,  716;  IIus,  840;  Jacques  I-^-- 
d'Ecosse,  713;  Jean  II,  798;  Jeanne  Planta?,'pnet,  645;  G'*"  Jeanne 
de  Portugal,  580;  Jehuda  Ilalevi,  661  ;  Lambertie,  733;  Machiavel,  776; 
Manfred,  695;  Mathilde,  695;  Médicis,  691,  824;  Nicolas  IV,  695; 
Orighe,  595;  Palatino,  561;  Pèlerin  le  Viateur,  828;  Peruzzi,  824; 
Pétrarque,  764;  Premysl,  659;  Renesse,  628;  Robert  le  Fort,  766; 
Robert  le  Sage,  571;  Ascanio  Sforza,  796;  Sordello,  676,  854;  Trajan, 
579;  Urbain  II,  862;  Vespasiano,  561,  Vladislas,  650. 
''  Droit,  562,  635,  660,  667,  701,  731,  742,  760,  768,  771,  775,  825. 

Institutions,  679,  751,  838,  859. 

Histoire  économique,  moeurs,  629,  690,  785. 

Sciences,  enseignement,  563,  570,  600,  706,  723,  809,  813,  851. 

Religions.  —  Judaïsme,  810.  —  Christianisme,  697,  700;  papauté, 
618,  635;  conciles,  639,  862;  croisades,  564  ;  ordres  religieux,  604,636, 
671,693,726;  institutions  ecclésiastiques,  801  ;  théologie,  728;  litur- 
gie, 626,  638,  694,  715,  743,  744,  802,  823;  hérésies,  698. 

Archéologie,  559, 568, 624, 675,681, 767, 792,847,857.—  Architecture, 
566,  576,  612,  627,  662,  678,  688,  689,  736,  754,  807,  817,  819,  822,  832. 
—  Sculpture,  780.  —  Peinture,  608,  778.  —  Mosaïque,  574.  —  Vitraux, 
745,  814.  —  Tapisseries,  648.  —  Vêtements,  829.  —  Mobilier,  654.  — 
Cloches,  583.  —  Musique,  620,  666.  —  Théâtre,  730.  —  Numismatique, 
647,  677,  779,  806,  853.  —  Sigillographie,  .592,  645,  671,  797.  —  Héral- 
dique, 827.  —  Art  militaire,  769. 

Langues  et  littératures.  —  Latin,  670.  —  Langues  romanes,  674, 
782;  français,  669,  759,  805,  821;  provençal,  642;  espagnol,  619,  644, 
663;  italien,  581,  591,  614,  621,  622,  6.33,  634,  651,  658,  724,  772,  815, 
830,  831,  843,  855,  871.  —  Langues  germaniques  :  allemand,  578,  747; 
anglo-saxon  et  anglais,  613,  682,  749.  —  Langues  slaves,  715,  763. 

SOMMAIRE  GÉOGRAPHIQUE. 

Allemagne,  565,  576,  578,  585,629,  655,  677,  678,  689,  711,  712,  720, 
723,  750,  758,  792,  859,  861. 

Autriche-Hongrie,  573,  703,  823,  832,  849. 

Espagne,  662,  679,  752,  793,  809. 

France,  643,  841.  —  Anjou,  750;  Bretagne,  726  ;  Champagne,  569; 
Gatine,  736;  Limousin,  592,  610;  Poitou,  858.  -  Ain,  597;  Aisne,  799; 
Alpes  (Basses-),  762  ;  Alpes  (Hautes-),  852  ;  Alpes-Maritimes,  603,  819; 


476  BIBLIOGRAPHIE. 

Ardennes,  707, 708;  Cantal,  609  ;  Charente,  773  ;  Cher,  791  ;  Corrèze,  586  ; 
Creuse,  818;  Drôme,  727;  Eure-et-Loir,  567,  709;  Gard,  641;  Indre- 
et-Loire,  593,  673  ;  Loire-Inférieure,  680;  Manche,  765,  800,  827,  835; 
Marne,  605,  706;  Marne  (Haute-),  632;  Mayenne,  564;  Morbihan,  729, 
738;  Nièvre,  732,  746;  Nord,  624,  625,  748;  Oise,  753,  806;  Pyrénées 
(Basses-),  587, 638,  803;  Rhône,  814;  Sarthe,  594,  611,  665,  865;  Savoie, 
866;  Seine,  696;  Seine-et-Marne,  699,  734,  735,  745,  808,  867;  Seine- 
et-Oise,  584,  623,  761;  Somme,  737;  Tarn-et-Garonne,  660;  Vienne 
(Haute-),  566;  Yonne,  704,  868. 

Grande-Bretagne,  568,  601,  612,  630,  683,  684,  812,  846. 

Italie,  596,  602,  606,  616,  640,  652,  664,  672,  721,  739,  741,  754-756, 
767,  768,  781,  783,  804,  813,  824,  826,  833,  839,  844,  847. 

Russie,  702,  705,  718,  810,  834,  837,  870. 

Pays-Bas,  588. 

Pays  Scandinaves,  692,  797. 

Suisse,  599,  841. 

Orient,  560,  615,  811. 

Afrique,  740. 

559.  Aeltere  Denkmâler  der  Baukunst  und  des  Kunstgewerbes  in 
Halle  a.  S.  Herausgegeben  von  dera  Kunstgewerbeverein  fiir  Halle,  2. 
Halle,  M.  Niemeyer,  1897.  In-4o,  3  p.,  15  pi.  4  m. 

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Zur  Geschichte  des  xii.  u.  xai.  Jahrhunderts,  von  Paul  Scheffer  Boi- 
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CHRONIQUE  ET  MÉLANGES. 


MORT  DE  LÉON  GAUTIER. 


La  douloureuse  émotion  causée  par  la  mort  de  Léon  Gautier  a  été 
ressentie  bien  au  delà  des  limites  de  notre  Société.  Personne  n'était 
plus  aimé,  et,  en  écrivant  ces  lignes,  nous  nous  croyons  sûrs  de  n'être 
démentis  ni  par  ses  confrères  de  l'Institut,  ni  par  les  archivistes  paléo- 
graphes dont  les  trois  quarts  ont  été  ses  élèves,  ni  surtout  par  ses  col- 
lègues des  Archives  nationales,  qui  tous  s'étaient  habitués  à  voir  en 
lui  un  confident  dont  ils  connaissaient  à  l'épreuve  l'amitié,  la  fidélité, 
la  discrétion.  Cette  discrétion  —  c'était  chez  lui  un  trait  caractéris- 
tique —  se  conciliait  avec  l'ardeur  d'une  nature  enthousiaste  à  laquelle  il 
dut  en  grande  partie  ses  succès  de  professeur  et  de  vulgarisateur.  Aux 
arides  débuts  de  la  paléographie,  il  savait  exciter  l'intérêt  des  auditeurs 
par  des  éclaircissements  sur  tous  les  sujets  mentionnés  dans  les  textes 
d'étude,  par  une  chaleur  d'expression  égale  à  celle  qu'il  mettait  dans 
ses  écrits  à  commenter  nos  Chansons  de  geste.  Tout  en  poursuivant  les 
recherches  de  la  plus  austère  érudition,  celles  qu'il  entreprit  sur  les 
poésies  liturgiques,  par  exemple,  il  estimait  que  les  savants  ne  devaient 
pas  travailler  pour  les  seuls  savants;  continuant  le  mouvement  dont 
Paulin  Paris  fut  jadis  l'initiateur,  il  s'était  donné  la  tâche  de  faire  con- 
naître aux  Français  le  patrimoine  de  traditions  poétiques,  chevale- 
resques et  nationales  que  contiennent  nos  épopées  du  moyen  âge.  Il  y 
avait  réussi  :  si  la  Chanson  de  Roland  est  aujourd'hui  entre  les  mains  de 
tous  les  écoliers,  c'est  à  Léon  Gautier  qu'on  le  doit. 

L'ardeur  chez  lui  était  d'autant  plus  communicative  qu'il  était  impos- 
sible de  n'y  pas  reconnaître  la  bonne  foi,  qui  se  manifestait  d'ailleurs 
dans  tous  les  actes  de  sa  vie.  Peu  de  gens  ont  eu  des  convictions  aussi 
profondes  ;  bien  peu  ont  su,  au  même  degré,  rendre  justice  à  leurs 
adversaires.  On  sait  quel  respect,  quelle  amitié  même  il  portait  à  des 
hommes  qui  ne  partageaient  aucune  de  ses  idées.  C'est  qu'il  était  atta- 
ché à  ses  convictions  pour  elles-mêmes,  non  pour  lui-même.  Jamais 
savant  n'eut  moins  de  vanité;  jamais  homme  ne  fut  plus  modeste.  Il 
avait  tenu  à  éloigner  de  ses  funérailles  tout  ce  qui  pouvait  ressembler 
à  un  hommage  rendu  à  sa  mémoire.  Mais  le  silence  qui,  par  respect 
pour  SCS  volontés,  a  été  pieusement  gardé  sur  sa  tombe,  aurait  été  une 


CHRONIQUE  ET  MÉLANGES.  50< 

injustice  s'il  eût  été  prolongé.  M.  Héron  de  Villefosse,  président  de 
l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  l'a  rompu  le  premier,  au 
nom  des  plus  éminents  confrères  de  Léon  Gautier,  en  prononçant  devant 
eux  le  discours  qu'on  va  lire. 

II. -F.  U. 
«  Messieurs, 

t  La  mort,  cette  année,  n'épargne  pas  notre  Académie;  elle  nous 
impose  de  tristes  et  douloureux  devoirs.  A  peine  avons-nous  rendu  les 
derniers  hommages  à  notre  confrère  Edmond  Le  Blant,  qu'un  autre  est 
frappé.  Léon  Gautier,  que  nous  venons  de  perdre  d'une  manière  si 
rapide,  était  encore  assez  jeune  pour  que  nous  eussions  le  droit  de 
compter  sur  son  activité;  il  nous  a  été  enlevé  en  quelques  heures,  sans 
que  ses  plus  chers  amis  aient  pu  lui  donner  un  témoignage  de  leur 
affection,  sans  qu'ils  aient  pu  lui  dire  un  dernier  adieu.  Lorsqu'il  a 
senti  le  moment  suprême  approcher,  il  a  demandé  avec  instance  qu'au- 
cun discours  ne  fût  prononcé  sur  sa  tombe;  votre  Président  s'est  con- 
formé à  cette  volonté  nettement  exprimée.  Mais  il  ne  nous  a  pas  été 
interdit  d'honorer  sa  mémoire  dans  le  lieu  même  de  nos  réunions.  Aussi 
je  voudrais  essayer,  malgré  mon  insuffisance,  de  vous  rappeler  les 
étapes  de  sa  carrière  scientifique  si  bien  remplie,  si  féconde;  je  vou- 
drais dire  ici  quelques  mots  de  sa  vie  consacrée  tout  entière  à  l'étude, 
au  bien,  à  la  défense  de  ses  plus  chères  convictions. 

«  Né  au  Havre  le  8  août  183'2,  Léon  Gautier  Ht  ses  études  à  Laval;  il 
les  termina  au  collège  Sainte-Barbe.  Entré  à  l'École  des  chartes,  il  en 
sortit  en  1855  avec  le  titre  d'élève  pensionnaire.  Il  fut  aussitôt  attaché, 
en  qualité  de  secrétaire,  à  Francis  Guessard,  auquel  le  ministère  de 
l'Instruction  publique  venait  de  confier  la  direction  du  Recueil  des 
anciens  -poètes  de  la  France;  il  accompagna  le  savant  philologue  en  Suisse 
et  en  Italie.  C'est  à  Venise,  à  la  bibliothèque  Saint-Marc,  qu'il  découvrit 
un  long  poème,  écrit  en  français  par  un  Italien  ;  il  en  fit  bientôt  appré- 
cier l'intérêt  et  le  mérite.  Il  l'analysa  avec  soin  dans  la  Bibliothèque  de 
l'École  des  chartes  sous  le  titre  de  l'Entrée  en  Espagne.  Il  préludait  ainsi 
à  ses  belles  études  sur  l'origine  et  l'histoire  de  notre  littérature  natio- 
nale auxquelles  il  devait  attacher  son  nom. 

«  Nommé  archiviste  de  la  Haute-Marne  à  la  fin  de  l'année  1856,  il 
occupa  ce  poste  pendant  deux  années.  Le  l*""  mars  1859,  il  entrait  aux 
Archives  nationales,  où  il  resta  pendant  trente-huit  ans,  consacrant  ses 
forces  et  son  activité  à  classer,  à  faire  connaître  et  apprécier  les 
richesses  de  ce  grand  établissement  scientifique.  En  1893,  il  y  rem- 
plaça notre  regretté  confrère  Siméon  Luce,  comme  chef  de  la  section 
historique. 

«  Ses  principaux  travaux  se  rapportent  à  la  poésie  liturgique,  à  l'his- 
toire littéraire,  à  la  paléographie. 

«  C'est  sur  les  bancs  de  l'École  des  chartes  qu'il  écrivit  ses  premiers 


Ii02  CHRONIQUE  ET  IttéLANGES. 

Essais  sur  la  poésie  liturgique  au  moyen  âge  :  tel  était  le  titre  de  sa 
thèse.  Il  avait  conçu  le  projet  de  faire  un  travail  d'ensemble  sur  les 
proses,  les  tropes,  les  offices  rijnés.  Il  voulait  écrire  l'histoire  de  cette 
poésie  et  en  rassembler  une  collection  vraiment  complète,  où  les  chants 
de  toutes  les  églises  de  la  catholicité,  réunis  les  uns  à  côté  des  autres, 
donneraient  à  l'ouvrage  un  caractère  réel  d'universalité.  Ce  projet  a  été 
réalisé  par  la  publication  des  OEuvres  poétiques  d'Adam  de  Saint-Victor 
et  par  celle  de  V Histoire  de  la  poésie  liturgique  au  moye?i  âge.  Dans  ce 
dernier  volume,  il  a  traité,  d'une  manière  aussi  curieuse  que  neuve,  la 
question  des  tropes  intercalés  au  texte  pontifical  de  la  liturgie  catho- 
lique, il  y  a  fait  connaître  dans  les  menus  détails  la  nature,  l'origine  et 
les  vicissitudes  de  ces  morceaux  d'office  auxquels  est  liée  si  intime- 
ment l'histoire  de  la  poésie  latine,  celle  de  la  musique  et  du  théâtre  au 
moyen  âge.  Ces  recherches,  tout  à  fait  originales,  sont  présentées  avec 
la  chaleur  d'exposition  dont  il  avait  le  secret;  il  a  suivi  pas  à  pas  les 
développements  des  tropes;  il  a  montré  comment  en  étaient  sorties  les 
proses,  puis  les  petits  poèmes  satiriques  que  les  élèves  des  moines 
chantaient  pendant  les  récréations.  C'est  par  l'étude  laborieuse  des 
manuscrits  qu'il  est  arrivé  à  mener  à  bien  cette  œuvre  d'érudition  aussi 
instructive  qu'intéressante.  Il  fallait  tout  son  talent,  toute  son  ardeur, 
toute  sa  critique  impartiale  pour  traiter  avec  succès  un  sujet  aussi  ardu 
et  pour  montrer  quelles  ressources  offrent  les  monuments  liturgiques  à 
ceux  qui  veulent  apprécier  l'esprit  et  pénétrer  dans  les  habitudes  de  la 
société  religieuse  du  moyen  âge. 

«  Ses  travaux  sur  l'histoire  littéraire  sont  les  plus  connus;  ils  lui  ont 
valu  à  diverses  reprises  les  plus  hautes  récompenses  académiques. 
Léon  Gautier  a  eu  une  bonne  fortune,  rare  pour  un  érudit,  celle  de 
voir  le  succès  de  ses  livres;  il  le  doit  surtout  à  la  chaleur  communica- 
tive  et  à  la  clarté  de  son  style.  Son  plus  vif  désir  était  d'exprimer  ses 
idées  d'une  manière  heureuse  et  agréable.  Il  ue  méprisait  pas  la  forme 
pour  ne  s'occuper  que  du  fait.  On  lui  a  quelquefois  reproché  son  ardeur 
et  son  enthousiasme,  mais,  sans  ces  puissants  mobiles,  il  n'aurait  pas 
entrepris  les  œuvres  qu'il  nous  laisse,  il  n'aurait  pas  rendu  d'aussi 
notables  services  à  la  science.  «  L'histoire  littéraire,  disait-il,  touche 
«  par  trop  de  côtés  à  la  littérature,  à  l'art  lui-même,  et  par  conséquent  à 
«  toute  notre  âme,  à  toutes  nos  idées,  à  tous  nos  sentiments.  Comment 
«  voulez-vous  que  je  Use  Aliscamps  sans  m'émouvoir  très  vivement,  com- 
«  ment  voulez-vous  que  j'en  parle  sans  cette  sorte  de  frissonnement  qui 
«  donne  au  style  un  éclat  et  une  chaleur  naturels?  »  Le  premier  volume 
des  Épopées  françaises  parut  à  un  moment  oii  on  n'avait  encore,  dans  le 
public  lettré,  que  des  notions  très  vagues  sur  notre  ancienne  littéra- 
ture. L'histoire  de  notre  poésie  épique  est  une  matière  singulièrement 
complexe,  et,  sans  un  plan  très  clair,  elle  serait  tout  à  fait  ténébreuse. 
C'est  un  des  grands  mérites  de  Léon  Gautier  d'avoir  apporté  l'ordre 


CHRONIQUE    LT    MELANGES.  503 

et  la  clarté  dans  ce  chaos.  Il  a  su  résumer  et  vulgariser  sous  une  l'orme 
nouvelle  tous  les  travaux  qui  avaient  eu  pour  objet  la  littérature  épique 
de  la  France;  il  a  complété  ces  travaux  par  le  résultat  de  ses  propres 
recherches.  En  publiant  cet  important  ouvrage,  Léon  Gautier  a  su 
séduire  et  entraîner  beaucoup  d'esprits  curieux  qui,  pour  entrer  dans 
l'étude  de  notre  littérature  nationale,  avaient  besoin  d'y  être  introduits 
par  un  initiateur  convaincu  et  passionné.  A  deux  reprises,  notre  Aca- 
démie lui  en  témoigna  toute  sa  satisfaction  :  elle  lui  accorda  le  second 
prix  Gobert  pour  le  tome  I^""  et  pour  la  première  partie  du  tome  II;  en 
1808,  elle  lui  décerna  le  grand  prix  Gobert  après  la  publication  du 
tome  III.  Elle  lui  tendait  déjà  les  mains. 

«  Mais  ce  qui  a  rendu  le  nom  de  Léon  Gautier  presque  populaire, 
c'est  le  texte  définitif  qu'il  a  donné  de  la  Chanson  de  Roland.  Sa  con- 
naissance approfondie  de  nos  chansons  de  geste  et  de  leur  destinée,  ses 
beaux  travaux  sur  nos  épopées  nationales  le  désignaient  pour  accom- 
plir cette  tâche.  Il  lui  appartenait  de  faire  entrer  pour  ainsi  dire  dans 
le  domaine  public  un  monument  qui  représente  avec  une  réelle  supé- 
riorité cette  littérature  épique  qui  s'est  produite  avec  tant  de  fécondité 
dans  la  France  du  moyen  âge,  et,  par  la  France,  dans  l'Europe  entière. 
Déjà  bien  des  éditions  en  langage  moderne  en  avaient  été  publiées. 
Mais  il  y  avait  encore  quelque  chose  à  ajouter  pour  en  compléter 
l'étude,  pour  en  faciliter  et  pour  en  répandre  la  connaissance.  Grâce  à 
lui,  le  chef-d'œuvre  épique  du  xi«  siècle,  connu  pendant  longtemps  des 
seuls  érudits  et  de  quelques  curieux,  est  aujourd'hui  étudié  dans  nos 
écoles;  les  gens  du  monde  peuvent  le  lire;  le  vieux  français  a  conquis 
sa  place  dans  les  programmes  classiques.  Plus  de  vingt-cinq  éditions 
attestent  le  succès  toujours  croissant  de  la  Chanson  de  Roland,  que 
Léon  Gautier,  dans  son  enthousiasme,  plaçait  à  côté  de  Viliade,  peut- 
être  avec  un  peu  d'exagération. 

«  L'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  récompensa  ce  grand 
labeur  et  ces  efforts- en  1873  par  le  second  prix  Gobert;  l'Académie 
française,  en  1875,  accorda  au  même  ouvrage  le  prix  triennal  fondé  par 
M.  Guizot. 

«  Comme  suite  et  complément  de  ses  précédents  travaux,  Léon  Gau- 
tier fit  paraître  en  1884  une  étude  des  mœurs  du  moyen  âge  d'après  les 
documents  poétiques  ;  il  l'intitula  la  Chevalerie.  L'institution  même  est 
peinte,  dans  ce  beau  livre,  en  faisant  vivre  à  nos  yeux  un  de  ses  repré- 
sentants; la  chevalerie  est  résumée  tout  entière  dans  l'histoire  d'un  che- 
valier. Depuis  la  naissance  jusqu'à  la  mort,  chaque  épisode  de  la  vie  du 
chevalier  donne  lieu  à  des  éclaircissements  nombreux  et  sûrs,  à  une 
foule  de  détails  précieux  empruntés  aux  textes  que  Gautier  connaissait 
si  bien.  Un  souffle  de  sincérité  anime  cette  peinture  de  la  vie  du  moyen 
âge;  la  délicatesse  et  l'élévation  des  pensées  y  dominent;  un  style  net 
et  coloré,  d'une  originalité  particulière,  y  rehausse  l'abondance  de  l'éru- 


;)04  CHRONIQUE    ET   Mi'lAXGES. 

dition.  Le  texte  est  éclairci  par  des  figures  techniques  bien  choisies,  et 
le  cadre  restreint  adopté  par  l'auteur,  la  seule  époque  de  Philippe- 
Auguste,  lui  permet  d'apporter  une  précision  particulière  dans  l'étude 
des  monuments  dont  il  est  difficile  de  donner  une  idée  plus  juste  et  plus 
complète.  L'Académie  française  lui  décerna  pour  cet  ouvrage  le  grand 
prix  Gobert.  —  Peu  de  savants  ont  reçu  de  l'Institut,  avant  de  lui 
appartenir,  d'aussi  éclatantes  marques  de  sympathie,  tant  de  témoi- 
gnages d'estime  ! 

«  Je  ne  puis  énumérer  ici  tous  les  titres  qu'il  s'était  acquis  à  la  bien- 
veillance de  notre  Académie,  par  ses  recherches  incessantes  et  par  ses 
beaux  travaux.  J'ai  rappelé  les  principaux.  Il  fut  élu  le  18  février  1887 
à  la  place  laissée  vacante  par  le  décès  de  Natalis  de  Wailly,  qui  l'avait 
désigné  lui-même  à  vos  suffrages,  et  dont  la  recommandation  émue  fut 
comme  le  testament  académique  de  l'un  des  hommes  qui  ont  le  plus 
honoré  notre  Compagnie. 

«  Il  me  resterait  à  dire  un  mot  de  ses  travaux  paléographiques.  Il  me 
semble  qu'ils  peuvent  être  confondus  avec  son  enseignement.  Pendant 
plus  de  vingt-cinq  ans,  il  a  été  titulaire  du  cours  de  paléographie  à 
l'Ècolo  des  chartes,  et  il  s'y  est  montré  tout  à  la  fois  érudit  et  éloquent. 
Il  avait  la  passion  du  professorat;  il  possédait  un  don  particulier  pour 
conquérir  l'affection  de  ses  élèves.  Par  son  entrain,  par  sa  verve,  par 
son  dévouement,  il  les  empêchait  de  se  décourager.  Que  de  jeunes 
gens,  rebutés  tout  d'abord  par  les  premières  difficultés  de  la  paléogra- 
phie, ont  été  ainsi  soutenus  par  sa  parole  d'apôtre,  et,  entraînés  par  la 
chaleur  et  par  la  conviction  de  leur  maître,  ont  continué  des  études  dans 
lesquelles  ils  sont  devenus  des  maîtres  à  leur  tour!  Il  leur  communi- 
quait son  enthousiasme  pour  la  littérature  du  moyen  âge;  il  savait  les 
initier  d'une  façon  vive  et  agréable  à  des  travaux  nouveaux  pour  eux  et 
absolument  ardus.  Je  ne  crains  pas  d'affirmer  que  Léon  Gautier  est  un 
des  hommes  qui  ont  le  plus  contribué  à  former  des  paléographes  et  des 
érudits. 

«  Il  a  pris  rarement  la  parole  au  milieu  de  nous.  A  voir  l'attitude 
tranquille  et  recueillie  qu'il  conservait  pendant  nos  séances,  qui  aurait 
pu  deviner  l'éloquence  passionnée  dont  il  était  doué  et  dont  il  savait  se 
servir  d'une  manière  si  profitable  dans  son -enseignement?  Son  cœur 
débordait  de  bonté,  de  tendresse  et  de  chaleur;  on  le  sentait  au  ton 
vibrant  de  sa  voix;  on  le  lisait  dans  ses  yeux;  on  le  devinait  dans  la 
façon  dont  il  parlait  de  ce  qui  lui  était  cher.  Pendant  toute  sa  vie,  il  a 
hautement  affirmé  ses  sentiments  religieux  ;  il  revendiquait  avec  orgueil 
les  titres  que  lui  avaient  valus  ses  écrits  pour  la  défense  de  la  foi  catho- 
lique. Mais  sa  religion  n'était  pas  intolérante;  ses  amitiés  et  ses  admi- 
rations en  sont  la  preuve. 

«  Il  meurt  en  pleine  possession  de  son  talent,  travaillant  toujours,  au 
moment  même  où  il  venait  d'achever  un  nouveau  livre,  complément 


CHRONIQUE    ET    MKLA\GES.  505 

de  ses  Épopées  françaises,  la  Bibliographie  des  Chansons  de  Geste.  «  Ce 
«  n'est  pas  sans  quelque  tristesse  et  mélancolie,  dit-il  dans  la  préface, 
«  que  nous  disons  adieu  à  des  études  qui  ont  charmé  et  rempli  tant 
f  d'années  de  notre  vie.  Peut-être  avons-nous  fait  mieux  connaître  et 
«  aimer  plus  vivement  notre  Épopée  nationale  et  par  elle  notre  France. 
«  C'est  notre  vceu  le  plus  cher  et  ce  serait  notre  plus  chère  récompense!  » 
Il  venait  d'écrire  ces  lignes  où,  comme  toujours,  déborde  son  cœur, 
mais  entre  lesquelles  on  lit  ses  tristes  pressentiments.  Quand  la  mort 
est  venue  le  prepdre,  elle  ne  l'a  pas  surpris.  Il  l'a  vue  venir  avec  le  calme 
profond  et  la  parfaite  résignation  d'un  chrétien. 

«  Le  jour  de  la  Saint-Louis,  fête  du  pieux  roi  qui,  comme  lui,  aima 
si  passionnément  l'Église  et  la  France,  il  s'est  éteint,  plein  de  sérénité, 
dans  les  bras  de  la  fidèle  compagne  qui  avait  partagé  avec  lui  les  bons 
et  les  mauvais  jours,  laissant  à  ses  enfants  l'exemple  d'une  vie  noble  et 
simple,  utile  à  la  science  et  au  pays.  » 


—  Notre  confrère  Gaston  Dubois-Guchan  est  mort  subitement  le 
15  août  dernier  à  Sées.  Né  à  Saint-Galais  (Sarthe)  le  23  janvier  1843, 
il  fit  ses  études  au  lycée  de  Strasbourg.  Brillant  élève  de  PÉcole  des 
chartes,  il  en  sortit  en  1868  avec  une  thèse  très  remarquée  sur  Guil- 
laume Des  Roches,  sénéchal  d'Anjou,  qu'on  trouvera  aux  tomes  XXX, 
XXXII  et  XXXIV  de  ce  recueil.  Quelque  temps  employé  au  départe- 
ment des  imprimés  de  la  Bibliothèque  nationale,  il  donna  sa  démis- 
sion pour  se  retirer  au  Mans,  puis  à  Sées,  où  l'attiraient  les  souve- 
nirs de  sa  famille  maternelle,  la  famille  de  Lonlay. 

Dubois-Guchan  avait  entrepris  une  histoire  complète  des  pèlerinages 
en  terre  sainte;  depuis  de  longues  années,  il  en  rassemblait  les  maté- 
riaux. Lui-même  s'était  déterminé,  lors  du  Congrès  eucharistique,  à 
accomplir  le  pèlerinage  des  lieux  saints,  désireux  de  voir  un  légat 
français  faire  dans  Jérusalem  une  entrée  triomphale,  comme  aux  beaux 
jours  de  l'occupation  franque.  11  revint  en  France  par  Chypre,  où  il  fit 
un  séjour  de  plusieurs  mois.  Rhodes  et  la  Grèce  le  tentaient,  il  se  cap- 
tivait pour  la  question  arménienne,  quand  la  mort  est  venue  frapper, 
mais  non  surprendre,  cet  homme  de  cœur  et  ce  chrétien. 

—  Par  décret  du  mois  de  février  dernier,  notre  confrère  M.  Marcel 
Fournier,  directeur  de  la  Revue  politique  et  parlementaire,  a  été  nommé 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

—  Par  arrêtés  en  date  du  13  juillet,  ont  été  nommés  officiers  de  l'ins- 
truction publique  nos  confrères  MM.  Gharles-V.  Langlois,  chargé  de 
cours  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Paris,  Charles  Bémont, 
directeur  adjoint  à  l'École  des   hautes   études;    officier  d'Académie, 


506  CHRONIQUE   ET   MELANGES. 

notre  confrère  M.   Louis  Finot,  chargé  de  conférences  à  l'École  des 
hautes  études. 

—  Par  arrêtés  en  date  du  30  juillet,  notre  confrère  M.  Petit-Dutaillis 
est  chargé  du  cours  d'histoire  du  moyen  âge  à  la  Faculté  des  lettres 
de  l'Université  de  Lille  pendant  l'année  1897-1898;  nos  confrères 
MM.  Lemonnier  et  Gharles-V.  Langlois  sont  chargés,  à  la  Faculté  des 
lettres  de  l'Université  de  Paris,  des  cours  complémentaires  d'histoire 
de  l'art  et  de  sciences  auxiliaires  de  l'histoire;  notre  confrère  M.  Gil- 
bert Ronchon  est  chargé  du  cours  complémentaire  d'histoire  de  l'Au- 
vergne à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Clermont;  notre 
confrère  M.  Berthelé  est  chargé  du  cours  complémentaire  de  paléogra- 
phie à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Montpellier;  notre  con- 
frère M.  Ernest  Langlois  est  chargé  du  cours  de  paléographie  à  la  Faculté 
des  lettres  de  l'Université  de  Lille;  notre  confrère  M.  Clédat  est  chargé 
du  cours  de  paléographie  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Lyon. 

—  Par  arrêté  en  date  du  l"  mars,  notre  confrère  M.  Héron  de  Vil- 

lefosse,  membre  de  l'Institut,  a  été  nommé  officier  de  l'instruction 
publique. 

—  Au  mois  de  juin  de  l'année  passée  1896,  notre  confrère  M.  E. 
Daniel  Grand  a  obtenu  le  grade  de  maître  es  arts  à  l'Université  Har- 
vard (États-Unis). 

—  Notre  confrère  M.  l'abbé  Maurice  Clément,  aumônier  du  lycée 
Janson  de  Sailly,  a  été  nommé,  par  décision  de  S.  É.  le  cardinal-arche- 
vêque de  Paris,  aumônier  auxiliaire  de  la  maison  d'éducation  de  la 
Légion  d'honneur  à  Saint-Denis. 


CONCOURS    DES   ANTIQUITÉS    DE   LA   FRANCE. 

RÉCOMPENSES   OBTENUES   PAR   DES   ARCHIVISTES   PALÉOGRAPHES. 

Extrait  du  rapport  présenté  à  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
le  9  juillet  1897  par  M.  Salomon  Reinach. 

n  La  seconde  médaille  est  décernée  à  M.  P. -M.  Perret,  auteur  d'une 
Histoire  des  relations  de  la  France  avec  Venise  du  Xllh  siècle  à  l'avène- 
ment de  Charles  VIII  (Paris,  1896,  2  vol.  in-8°).  M.  Perret,  mort  récem- 
ment, a  traité  un  sujet  complexe  et  difficile  à  l'aide  de  documents,  en 
grande  partie  inédits,  qu'il  a  recueillis  avec  soin  et  dont  il  a  su  très 
habilement  e.xtraire  la  substance.  Les  deux  premiers  chapitres,  qui 
résument  l'histoire  de  Venise  dans  ses  rapports  avec  la  France  au  xiii« 
et  au  xiv  siècle,  sont  un  peu  brefs.  Si  M.  Perret  avait  vécu,  il  les 


CHROMQUE    ET    MELANGES.  507 

aurait  certainement  développés;  dans  l'état  où  il  les  a  laissés,  on  ne 
peut  guère  les  considérer  que  comme  une  introduction  à  la  période  sui- 
vante. L'ouvrage  devient  vraiment  original  et  profond  à  partir  du  règne 
de  Charles  VII.  Là,  même  après  M.  de  Beaucourt,  M.  Perret  a  trouvé 
moyen  de  renouveler  le  sujet  par  l'apport  de  faits  inédits  qui  per- 
mettent une  appréciation  plus  sûre  tant  de  la  politique  française  que 
de  la  politique  vénitienne.  Il  a  utilisé,  d'une  manière  qui  semble  défi- 
nitive, les  riches  archives  de  Venise.  L'auteur  avait  commencé  par 
dépouiller  minutieusement,  au  point  de  vue  des  relations  de  la  Répu- 
blique avec  la  France,  tous  les  registres  du  Sénat  de  Venise  jusqu'à  la 
lin  du  xv^  siècle.  Ses  copies,  déposées  actuellement  à  l'École  des  chartes, 
ont  déjà  été  consultées  et  le  seront  encore  par  les  érudits  qui  étudient 
notre  histoire  diplomatique  à  la  fin  du  moyen  âge.  Les  pièces  justifica- 
tives, imprimées  à  la  fin  du  second  volume,  et  parmi  lesquelles  nous 
signalerons  des  extraits  d'un  Traité  inédit  du  gouvernement  de  Venise, 
ne  donnent  qu'une  idée  bien  incomplète  de  la  masse  des  documents 
réunis  par  M.  Perret.  Procédant  avec  une  louable  sobriété,  il  s'est 
borné  le  plus  souvent  à  citer  par  extraits,  au  bas  des  pages,  les  textes 
sur  lesquels  il  a  fondé  ses  conclusions.  Bien  entendu,  à  côté  des  manus- 
crits, il  a  mis  à  profit  tout  ce  qui  a  été  imprimé,  en  France,  en  Italie 
et  en  Allemagne,  sur  l'important  sujet  qu'il  avait  entrepris  de  traiter. 
L'exposition  est  toujours  claire,  la  rédaction  d'un  style  correct  et 
animé.  Les  lacunes  que  présente  l'ouvrage,  même  pour  le  xv°  siècle, 
ne  s'expliquent  que  trop  par  les  progrès  de  la  maladie  qui  arrêta 
M.  Perret  en  plein  travail.  Le  récit,  qui  devait,  semble-t-il,  se  pour- 
suivre jusqu'à  la  fin  du  règne  de  Charles  Vlil,  s'interrompt  à  l'an- 
née 1484;  encore  a-t-il  fallu,  pour  arriver  à  cette  date,  reproduire  un 
mémoire  de  l'auteur,  datant  de  1891,  sur  le  renouvellement  par 
Charles  VIII  des  traités  conclus  avec  Venise  en  1478.  Ces  circons- 
tances diminuent  la  valeur  du  livre,  mais  non  l'estime  qu'inspirent  le 
talent  et  l'activité  de  M.  Perret.  Toutes  les  parties  de  son  œuvre,  même 
les  moins  achevées,  portent  l'empreinte  d'une  maturité  d'esprit,  d'une 
rigueur  de  méthode  qui  en  assurent  le  succès  et  la  durée. 

«  iM.  R.  Merlet,  qui  obtient  la  troisième  médaille,  nous  a  soumis  un 
volume  intitulé  :  la  Chronique  de  Nantes,  publiée  avec  une  inlroduclion 
et  des  notes  (Paris,  1896).  Cette  Chronique,  toile  que  M.  Merlet  a  cru 
pouvoir  la  restituer,  est  une  compilation  rédigée  au  xi^  siècle  et  desti- 
née à  conserver  le  souvenir  des  événements  accomplis  en  Bretagne 
depuis  le  milieu  du  ix«  siècle  jusqu'au  milieu  du  xi«.  La  Chronique  ori- 
ginale était  conservée  dans  un  manuscrit  du  chapitre  de  Nantes,  qui 
semble  avoir  disparu  au  xvi«  siècle;  les  principaux  passages  en  avaient 
heureusement  été  copiés,  au  cours  du  siècle  précédent,  sur  les  cahiers 
de  deux  volumes,  dont  l'un,  jadis  employé  par  Dom  Lobineau,  n'est 
plus  connu  et  dont  l'autre  appartient  à  notre  confrère  M.  de  la  Borde- 


308  CHROXIQDE   ET   MÉLANGES. 

rie.  De  plu?,  la  substance  d'une  grande  partie  de  la  Chronique  de 
Nantes  a  passé  dans  le  Chronicon  Briocense,  compilation  qui  paraît 
dater  du  premier  quart  du  xy«  siècle.  D'un  autre  côté,  Pierre  Le  Baud, 
qui  écrivait  à  la  lin  du  même  siècle,  a  fait  beaucoup  d'emprunts  à  la 
Chronique  pour  composer  ses  deux  Histoires  de  Bretagne.  Enfin,  un 
fragment  assez  considérable  de  la  Chronique  a  été  publié  en  1717  par 
Dom  Martène  d'après  un  manuscrit  de  la  Chartreuse  de  Valdieu. 

a  M.  Merlet  a  montré,  par  de  très  ingénieux  rapprochements,  qu'on 
pouvait,  en  puisant  à  ces  quatre  sources,  reconstituer  à  peu  près  entiè- 
rement la  Chronique  de  Nantes.  Il  a  exposé  les  principes  qui  l'ont  guidé 
dans  l'établissement  du  texte,  en  mettant  toujours  le  lecteur  à  même  de 
distinguer  les  divers  éléments  de  la  restitution.  L'auteur  n'a  pas  été 
moins  heureux  dans  une  autre  partie  de  sa  tâche,  consistant  à  recher- 
cher les  origines  de  la  Chronique  et  à  en  déterminer  la  valeur.  Il  a  mis 
hors  de  doute  que  le  compilateur  travaillait  au  milieu  du  xi^  siècle;  il 
a  très  bien  expliqué  le  caractère  essentiellement  nantais  et  par  suite 
anti-breton  de  plusieurs  articles.  On  doit  particulièrement  louer  les 
pages  consacrées  à  l'examen  du  texte  que  Sirmond  avait  découvert 
dans  un  manuscrit  du  Mont-Saint-Michel  et  qu'il  a  publié  sous  le  titre 
de  Indiculus  de  episcoporum  Britonum  depositione.  Contrairement  à  l'opi- 
nion générale,  qui  voit  dans  VIndiculus  un  document  de  la  fin  du 
ix"^  siècle,  utilisé  par  l'auteur  de  la  Chronique,  M.  Merlet  a  soutenu  que 
le  fond  de  ce  texte  a  été  inspiré  par  la  Chronique  de  Nantes.  Bien  que 
ses  arguments  n'aient  pas  encore  été  acceptés  sans  réserve,  ils  méritent 
d'être  pris  sérieusement  en  considération;  on  devra  en  tenir  grand 
compte,  à  l'avenir,  pour  comprendre  et  juger  la  politique  religieuse  de 
Noménoé. 

«  Grâce  à  l'édition  que  M.  Merlet  nous  a  donnée  de  la  Chronique, 
document  dont  la  critique  n'avait  pas  encore  été  faite,  nous  possédons 
aujourd'hui  un  témoignage  de  haute  valeur  pour  l'histoire  de  la  Bre- 
tagne du  ix«  au  xi«  siècle.  C'est  là  un  résultat  considérable  et  que  le 
suffrage  de  l'Académie  devait  consacrer. 

«  En  demandant  la  permission  de  décerner  une  quatrième  médaille, 
votre  Commis.'ïion  s'est  préoccupée  de  mettre  en  relief  la  publication, 
due  à  M.  Jean  Leraoine,  de  la  Chronique  de  Richard  Lescot,  religieux  de 
Saint-Denis  (1328-1344),  suivie  de  la  continuation  de  celte  Chronique 
(1344-1364)  (Paris,  1896).  M.  Lemoine  a  fait  preuve  d'une  remarquable 
sagacité  en  étudiant  l'activité  historique  de  l'abbaye  de  Saint-Denis  au 
xiv^  siècle.  Jusqu'à  présent,  on  ne  connaissait,  pour  cette  époque,  que 
les  noms  de  deux  chroniqueurs,  Guillaume  de  Nangis,  mort  au  début, 
et  le  moine  Yves.  Le  texte  inédit  que  publie  M,  Lemoine  donne,  en 
1329,  le  nom  de  Richard  Lescot  (Ricardus  Scoli).  M.  Lemoine  rapporte 
ce  qu'on  sait  de  sa  vie  et  de  ses  écrits,  indique  la  part  qui  lui  revient 
dans  la  continuation  de  Guillaume  de  Nangis  et  montre  comment  il  a 


CBROXIQCE    ET    MELANGES.  309 

été  continué  lui-même.  Cette  découverte  a  son  importanco  et  la  valeur 
en  est  encore  accrue  par  l'exposé  méthodique  et  clair  dont  elle  a  été 
l'objet. 

«  La  première  mention  revient  à  M.  Abel  Rigault,  auteur  d'un  bien 
curieux  volume  :  le  Procès  de  Gnichard,  fvêque  de  Troyes  (Paris,  1896). 
Guichard  était  accusé  de  nombreux  molaits,  entre  autres  de  l'envoûte- 
ment de  la  reine  de  France,  femme  de  Philippe  le  Bel,  et  de  l'empoi- 
sonnement de  la  reine  douairière  de  Navarre.  M.  iiigault  a  donné  un 
résumé,  aussi  nourri  que  lucide,  des  pièces  de  ce  grand  procès  de 
sorcellerie,  qui  ne  dura  guère  moins  de  cinq  années  (1308-1313).  Ce 
résumé  abonde  en  précieux  renseignements  sur  la  vie  privée  et  les 
croyances  des  contemporains  de  Philippe  le  Bel.  En  dehors  des  longues 
pièces  de  procédure  qui  remplissent  tout  un  carton  du  Trésor  des 
chartes  et  que  personne,  jusqu'ici,  n'avait  eu  le  courage  de  lire  entiè- 
rement, l'auteur  a  recueilli  nombre  d'informations  sur  l'évêque  Gui- 
chard en  divers  fonds  d'archives  et  dans  les  collections  de  la  Biblio- 
thèque nationale.  On  trouve,  à  la  suite  de  son  livre,  le  texte  de 
vingt-deux  pièces  justificatives  et  la  substance  d'environ  trois  cents 
témoignages  produits  au  cours  du  procès.  Si  l'histoire  générale  n'a  que 
peu  à  glaner  parmi  les  faits  si  nombreux  que  M.  Rigault  a  mis  en 
lumière,  il  faut  convenir  que  cette  cause  célèbre  est  un  chapitre  singu- 
lièrement instructif  de  l'histoire  des  mœurs  au  début  du  xiv«  siècle. 
L'érudit  auquel  nous  devons  aujourd'hui  de  la  bien  connaître  s'est 
montré  tout  à  fait  à  la  hauteur  de  la  tâche  qu'il  avait  assumée. 

«  L'Essai  sur  les  Présidiaux  de  M.  E.  Laurain  (Paris,  1896),  qui 
obtient  la  quatrième  mention,  est,  à  vrai  dire,  mieux  qu'un  essai  : 
c'est  l'histoire  complète  d'une  institution  judiciaire  qui,  créée  en  1552, 
a  duré  jusqu'à  la  Révolution.  Toutes  les  questions  qui  concernent  l'ori- 
gine, la  compétence,  l'organisation  de  cette  juridiction  sont  étudiées  de 
première  main  et  résolues  de  façon  très  satisfaisante.  Assurément,  le 
sujet  était  connu  dans  ses  grandes  lignes,  par  des  travaux  que  M.  Lau- 
rain cite  et  utilise,  mais  les  recherches  de  l'auteur  l'ont  sufflsammeut 
renouvelé  pour  que  l'on  puisse  rendre  hommage  non  seulement  à  l'exac- 
titude, mais  à  l'originalité  et  à  la  vigueur  de  son  esprit. 

«  La  Commission,  regrettant  de  ne  pouvoir  pas  disposer  d'un  plus 
grand  nombre  de  récompenses,  a  cru  devoir  donner  une  marque  d'es- 
time à  l'édition  du  Cartulaire  de  l'abbaye  de  Sainte-Croix  de  Qiiimperlc, 
publié  par  MM.  Léon  Maitre  et  P.  de  Berthou  (Paris,  1896,  in-i"). 
Connu  depuis  longtemps,  consulté  par  nombre  d'érudits,  ce  document, 
qui  n'est  plus  en  France,  n'avait  pas  encore  été  édité  intégralement; 
ceux  qui  se  sont  imposé  cette  tâche  ont  rendu  un  service  important  aux 
études  sur  l'histoire  de  la  Bretagne.  Si  le  commentaire  n'est  pas  à 
l'abri  de  la  critique,  particulièrement  en  ce  qui  touche  à  l'identiUcation 
1897  33 


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508 


CHRONIQPE   ET   MÉLANGL 


rie.  De  plus,  la  substance  d'une  grande  paie  de  la  Chronique  de 
Nantes  a  passé  dans  le  Chronicon  finocenie.oorapilation  qui  parait 
dater  du  premier  quart  du  xv^  siècle.  D'un  aub  côté,  Pierre  Le  Baud 
qui  écrivait  à  la  fin  du  même  siècle,  a  fait  Inucoup  d'emprunts  à  la 
Chronique  pour  composer  ses  deux  Histoiresle  Bretagne.  Enfin,  un 
fragment  assez  considérable  de  la  Chronique  été  publié  en  1717  par 
Dom  Martène  d'après  un  manuscrit  de  la  Chareuse  de  Valdieu. 

«  M.  Merlet  a  montré,  par  de  très  ingénieuxrapprochements,  qu'on 
pouvait,  en  puisant  à  ces  quatre  sources,  recoaituer  à  peu  près  entiè- 
rement la  Chronique  de  Nantes.  Il  a  exposé  les  nncipes  qui  l'ont  guidé 
dans  l'établissement  du  texte,  en  mettant  toujors  le  lecteur  à  même  de 
distinguer  les  divers  éléments  de  la  restitulio.  L'auteur  n'a  pas  été 
moins  heureux  dans  une  autre  partie  de  sa  tâcî,  consistant  à  recher- 
cher les  origines  de  la  Chronique  et  à  en  déterdner  la  valeur.  Il  a  mis 
hors  de  doute  que  le  compilateur  travaillait  aunilieu  du  xi^  siècle;  il 
a  très  bien  expliqué  le  caractère  essentiellemet  nantais  et  par  suite 
anti-breton  de  plusieurs  articles.  On  doit  parculièrement  louer  les 
pages  consacrées  à  l'examen  du  texte  que  Sinond  avait  découvert 
dans  un  manuscrit  du  Mont-Saint-Michel  et  qu  a  publié  sous  le  titre 
de  Indiculus  de  episcoporum  Britonum  depo5ii/on<Contrairement  à  l'opi- 
nion générale,  qui  voit  dans  VIndiculus  un  tk^ument  de  la  fin  du 
ixe  siècle,  utilisé  par  l'auteur  de  la  Chronique,  ^  Merlet  a  soutenu  que 
le  fond  de  ce  texte  a  été  inspiré  par  la  Chroniqv  de  Nantes.  Bien  que 
ses  arguments  n'aient  pas  encore  été  acceptés  sas  réserve,  ils  méritent 
d'être  pris  sérieusement  en  considération;  onlevra  en  tenir  grand 
compte,  à  l'avenir,  pour  comprendre  et  juger  laoliiique  religieuse  de 
Noménoé. 

«  Grâce  à  l'édition  que  M.  Merlet  nous  a  donée  de  la  Chronique, 
document  dont  la  critique  n'avait  pas  encore  éttfaite,  nous  possédons 
aujourd'hui  un  témoignage  de  haute  valeur  poul'histoire  de  la  Bre- 
tagne du  ix«  au  xie  siècle.  C'est  là  un  résultat  msidérable  et  que  le 
suffrage  de  l'Académie  devait  consacrer. 

«  En  demandant  la  permission  de  décerner  un  quatrième  mi 
votre  Commission  s'est  préoccupée  de  mettre  errelief 
due  à  M.  Jean  Lemoine,  de  la  Chronique  de  Richcd  Lescc 
Saint-De?iis  (1328-1344),  suivie  de  la   continuatic  de 
(1344-1364)  (Paris,  1896).  M.  Lemoine  a  fait  preu3  d'i 
sagacité  en  étudiant  l'activité  historique  de  Vi 
xive  siècle.  Jusqu'à  présent,  on  ne  connaissait, 
les  noms  de  deux  chroniqueurs,  Guillaume  d| 
et  le  moine  Yves.  Le  texte  inédit  que 
1329,  le  nom  de  Richard  Lescot  [Ricardi 
ce  qu'on  sait  de  sa  vie  et  de  ses  écrit§ 
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CUROÎIIQUE    ET    MI?LANf.KS.  T.H 

«  Los  bibliothèques  des  villes,  du  moins  les  plus  considérables  d'entre 
elles,  sont  généralement  formées  de  fonds  d'origines  diverses.  Les 
dons  et  legs  des  particuliers  y  ont  apporté  quelques  richesses;  certaines 
municipalités  se  sont  imposé  des  sacrifices  pour  accroître  les  collections 
dont  elles  disposaient;  mais,  on  le  sait,  le  fonds  principal  est  presque 
toujours  un  fonds  d'État.  A  lui  seul,  le  ministère  de  l'instruction 
publique  et  des  beaux-arts  a  réparti,  en  ce  siècle,  environ  dix  millions 
de  volumes  dans  les  bibliothèques  provinciales;  divers  autres  départe- 
ments ministériels  en  ont  distribué  de  deux  à  trois  millions.  Mais,  si 
de  là  provient  la  plus  large  partie  des  collections  contenues  dans  les 
bibliothèques  des  villes,  ce  n'est  pas  leur  fonds  le  plus  important.  Les 
ouvrages  ainsi  répartis  sont  le  plus  souvent  de  ceux  que  l'on  retrouve, 
qui  peuvent  être  remplacés.  Les  dépôts  opérés  pendant  la  période  révo- 
lutionnaire ont  un  tout  autre  prix;  ils  comprennent  des  ouvrages  de  la 
plus  grande  rareté,  quelquefois  uniques,  et  les  collections  confiées  alors 
à  la  garde  des  villes  ne  s'élèvent  pas  à  moins  de  sept  millions  de 
volumes. 

t  On  connaît  l'histoire  de  ces  dépôts.  Lorsque  les  lois  et  décrets  de 
la  Révolution  sur  les  ordres  religieux  et  les  émigrés  eurent  mis  entre 
les  mains  de  l'État  d'incomparables  richesses  littéraires  et  scienti- 
fiques, on  ne  se  préoccupa  tout  d'abord  que  de  leur  conservation  :  ce 
fut  l'objet  de  nombreux  actes  législatifs. 

«  Mais  bientôt  on  voulut  utiliser  ces  richesses;  un  décret  du  8  plu- 
viôse an  II  les  réunit  par  districts  en  de  vastes  dépôts  formant  parfois 
déjà  des  bibliothèques  publiques;  puis  la  Convention,  par  les  décrets 
des  7  ventôse  an  III  et  3  brumaire  an  IV,  affecta  ces  bibliothèques  aux 
écoles  centrales. 

«  Ces  écoles  n'ayant  pas  longtemps  subsisté,  Ghaptal,  ministre  de 
l'intérieur  au  moment  de  leur  suppression,  écrivait  aux  consuls  :  «  Plu- 
«  sieurs  communes  réclament  la  jouissance  de  ces  bibliothèques... 

«  On  pourrait  leur  accorder  cette  jouissance,  à  la  charge  pour  elles 
«  de  nommer  et  payer  à  cet  effet  un  conservateur  et  de  répondre  de 
«  tous  les  volumes  mis  à  leur  disposition...  » 

a  Le  projet  de  Chaptal  fut  adopté;  un  arrêté  consulaire  du  8  pluviôse 
an  XI  «  mit  les  bibliothèques  à  la  disposition  et  sous  la  surveillance 
t  des  municipalités.  »  Diverses  circulaires  expliquèrentcet  arrêté,  sans 
jamais  en  atténuer  la  pensée  principale;  celle  du  22  septembre  1806, 
par  exemple,  qualifiait  les  villes  de  simples  «  conservatrices  des  col- 
«  lections.  » 

«  L'ordonnance  du  22  février  1839  est  inspirée  par  les  mêmes  vues. 
Elle  intervient  pour  introduire,  dans  les  divers  services  des  biblio- 
thèques publiques,  «  l'ordre,  l'ensemble  et  la  régularité.  »  C'est  ce 
qu'exposait  le  ministre  de  l'instruction  publique  dans  le  remarquable 
rapport  qui  précédait  cette  ordonnance. 


5^2  CHRONIQUE   ET   MÉLANGES. 

rt  Mais,  malgré  la  clarté  des  dispositions  édictées  alors,  les  abus  dont 
se  plaignait  le  ministre  ne  disparurent  pas  tous  ou  ne  disparurent  que 
pour  un  temps.  Combien  de  fois,  depuis,  la  négligence  des  biblio- 
thécaires a-t-elle  permis  des  lacérations  graves,  des  soustractions  de 
miniatures,  des  vols  de  la  plus  haute  importance;  ou  l'insouciance 
des  municipalités  les  a-t-elle  entraînées  à  des  ventes  considérables  de 
manuscrits  et  d'imprimés,  dont  le  produit  a  servi  à  des  usages  tout  à 
fait  étrangers  à  la  science? 

«  Ces  abus  ne  pouvaient  manquer  de  préoccuper  mon  Administra- 
tion. Ils  devaient  d'autant  plus  attirer  son  attention  que  la  loi  du 
30  mars  1887  est  venue  rappeler  à  l'État  ses  anciens  devoirs  de  sur- 
veillance, en  même  temps  que  lui  en  créer  de  nouveaux. 

«  Dans  ses  articles  3  et  suivants,  cette  loi  prescrit  au  ministre  de 
l'instruction  publique  et  des  beaux-arts  de  classer  les  objets  mobiUers 
«  appartenant  aux  communes,  aux  fabriques  et  autres  établissements 
«  publics,  dont  la  conservation  présente  au  point  de  vue  de  l'histoire 
«  ou  de  l'art  un  intérêt  national,  »  afin  de  les  rendre  imprescriptibles 
et  inaliénables.  Mais  si  l'État  croyait  indispensable  de  protéger  les 
objets  précieux  qui  n'étaient  pas  encore  garantis,  à  plus  forte  raison 
devait-il  veiller  à  la  stricte  observation  des  règles  déjà  existantes  pour 
assurer  la  conservation  de  ceux  qui  étaient  contenues  dans  les  biblio- 
thèques publiques. 

«  Ces  règles  établissaient  que,  par  le  fait  même  qu'ils  sont  déposés 
dans  des  bibliothèques  publiques,  les  manuscrits,  livres  et  autres  objets 
précieux  font  partie  du  domaine  public,  soit  national,  soit  communal, 
et  sont  comme  tels  imprescriptibles  et  inaliénables. 

«  Mon  Administration  s'est  sans  cesse  efforcée  de  rappeler  ces  prin- 
cipes, et,  je  suis  heureux  de  le  reconnaître,  elle  a  presque  toujours 
trouvé  dans  les  municipalités  le  meilleur  vouloir.  Les  principes  qu'elle 
s'appliquait  à  ne  pas  laisser  oublier  ont  d'ailleurs  reçu  la  consécration 
formelle  de  la  jurisprudence  (voir  notamment  les  arrêts  de  la  Cour  de 
Lyon  du  10  juillet  1894  et  de  la  Cour  de  cassation  du  17  juin  1896). 

«  L'expérience  ainsi  acquise  m'a  amené  à  penser  qu'il  était  indispen- 
sable d'expliquer,  de  préciser  le  titre  III  de  l'ordonnance  de  1839.  Une 
seule  partie  de  ce  titre  subsistant  encore,  il  m'a  paru  meilleur  de  le 
reprendre  tout  entier,  n'en  modifiant  d'ailleurs  que  la  forme. 

<i  J'ai  tenu  à  indiquer,  dès  le  début  de  l'article  l"*"",  que  les  villes 
conservaient  le  plem  usage,  en  même  temps  que  la  garde  des  fonds 
d'État,  sans  qu'il  y  eût  à  cet  usage  d'autre  limite  que  l'abus. 

«  Si  l'article  2  demande  un  rapport  annuel  pour  mieux  éclairer  mon 
Administration,  si  l'article  3  marque  d'une  manière  plus  précise  les 
importantes  attributions  du  comité  d'inspection  et  d'achats  de  livres, 
on  ne  peut  dire  qu'ils  innovent.  Il  n'y  a  pas  non  plus  une  innovation 
dans  ce  fait  que  les  inspecteurs  généraux  me  proposent  les  conseils 


CHRONIQUE    ET   MÉLANGES.  513 

qu'ils  croient   utile  de  donner  aux   municipalités  au   sujet  de  leurs 
bibliothèques. 

€  L'article  4,  qui  interdit  toute  aliénation  des  objets  contenus  dans 
les  bibliothèques  publiques,  est  pour  sa  partie  principale  la  copie  rigou- 
reuse de  l'article  40  de  l'ordonnance  de  1839. 

€  Mais  la  garde  des  bibliothèques  peut  parfois  paraître  aux  villes  une 
responsabilité  assez  lourde  :  des  incendies  sont  à  redouter,  des  vols, 
des  détériorations  diverses.  C'est  dans  le  dessein  de  rassurer  celles  qui 
s'en  étaient  inquiétées  qu'il  m'a  paru  utile  d'ajouter  un  paragraphe  à 
l'article  4  afin  de  les  inviter  à  porter  sans  retard  à  la  connaissance  du 
ministre  les  soustractions  et  détériorations  de  toute  nature  qui  se  pro- 
duiraient dans  ces  dépôts.  Comme  elles  ne  manqueront  pas  de  faire 
ressortir  les  précautions  qu'elles  avaient  prises  pour  éviter  ces  sous- 
tractions ou  détériorations,  elles  mettront  ainsi  leur  responsabilité  à 
couvert. 

«  La  même  pensée  a  inspiré  la  suite  de  cet  article  et  l'article  5.  J'y 
ai  marqué  que  les  échanges  des  objets  faisant  partie  du  fonds  d'État 
devaient  être  autorisés  par  arrêté  ministériel  et  que  ces  objets  pou- 
vaient être  prêtés  par  le  ministre.  Les  municipalités  qui  voient  souvent 
avec  inquiétude  les  demandes  de  prêt,  dont  l'usage  est  répandu  aujour- 
d'hui dans  l'Europe  entière,  trouveront,  dans  cette  disposition,  un 
moyen  d'échapper  à  une  responsabilité  qu'elles  redoutent. 

«  L'article  6  ne  peut  soulever  aucune  difficulté.  Il  établit  que,  pour 
les  bibliothèques  ayant  un  fonds  d'État,  les  conservateurs  ou  biblio- 
thécaires doivent  être  pris,  soit  parmi  les  élèves  diplômés  de  l'École 
des  chartes,  soit  parmi  les  personnes  qui  auront  obtenu  du  ministre  de 
l'instruction  publique  et  des  beaux-arts  un  certificat  d'aptitude  aux 
fonctions  de  bibliothécaire. 

«  Cet  article  décide  que  la  nomination  du  bibliothécaire  ou  conser- 
vateur de  la  bibliothèque  appartient  au  maire.  A  qui  revenait-elle  léga- 
lement jusqu'ici?  La  question  a  soulevé  quelques  controverses.  L'or- 
donnance de  1839  donnait  au  ministre  le  choix  du  bibliothécaire  ;  Ynais 
ce  procédé  de  nomination  a  été  bientôt  abandonné.  Le  décret  du 
25  mars  1852  semble  l'avoir  attribué  au  préfet,  et  certaines  personnes 
insistent  sur  le  droit  ainsi  reconnu  de  nouveau  au  Gouvernement  ou  à 
son  représentant.  Il  m'a  paru  que  le  maire  devait  ou  avoir  ou  garder  la 
nomination;  mais  personne  à  coup  sûr  ne  trouvera  excessive  la  légère 
précaution  dont  on  entoure  son  choix  lorsqu'il  s'agit  de  collections  d'un 
caractère  vraiment  scientifique.  Beaucoup  de  maires,  et  non  des 
moindres  villes,  ont  déjà  usé  de  cette  précaution.  C'est  ainsi  que  les 
municipalités  de  Besançon,  de  Bourges,  de  Vitry-le-François,  etc., 
pour  ne  citer  que  des  faits  récents,  et,  dans  ces  derniers  jours,  celle  do 
Lille,  se  sont  adressées  à  mes  prédécesseurs  ou  à  moi  afin  de  connaître 


5^4  CORONIQDE    ET   ME'lANGES. 

les  archivistes  paléographes  disponibles  et  de  choisir  parmi  eux  des 
bibliothécaires.  Elles  se  sont  louées  des  choix  ainsi  faits. 

«  Il  convenait  de  rappeler,  dans  le  même  article  6,  ce  qui  concerne 
les  dépenses  de  personnel  et  de  matériel.  Les  villes  en  supportent  léga- 
lement toutes  les  charges,  aussi  bien  pour  la  partie  des  bibliothèques 
qui  constitue  un  fonds  d'État  que  pour  celle  qui  constitue  une  pro- 
priété municipale.  Le  rapport  de  Chaptal  signalé  plus  haut  et  l'arrêté 
consulaire  du  8  pluviôse  an  XI  établissent  nettement  ce  principe,  qui 
repose  sur  l'usage  même  des  collections. 

«  L'article  7  a  pour  objet  de  faire  connaître  au  ministère  tous  les 
règlements  des  autorités  locales  relatifs  au  service  des  bibliothèques. 

«  Enfin  l'article  8  abroge  le  titre  III  de  l'ordonnance  royale  du  22  fé- 
vrier 1839. 

«  Les  mesures  que  j'ai  l'honneur  de  vous  soumettre,  Monsieur  le 
Président,  attireront,  j'en  suis  sur,  votre  attention.  Il  s'agit  d'assurer 
la  conservation  d'un  trésor  littéraire  et  scientifique  dont  le  public 
reconnaît  aujourd'hui  la  véritable  valeur,  dont  chaque  jour  il  use 
davantage  et  dont  il  est  désirable  qu'il  se  serve  plus  largement  encore 
dans  l'avenir.  Il  serait  superflu  d'insister  sur  un  pareil  intérêt. 

«  J'ai  la  confiance  que  vous  serez  frappé  de  son  importance  et  que 
vous  voudrez  bien  revêtir  de  votre  signature  le  décret  ci-après. 

«  Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Président,  l'hommage  de  mon  res- 
pectueux dévouement. 

«  A.  Rambaud.  » 

Décret. 

«  Le  Président  de  la  République  française, 

«  Sur  le  rapport  du  ministre  de  l'instruction  publique  et  des  beaux- 
arts, 

«  Vu  l'ensemble  des  lois  et  décrets  qui  établissent  les  droits  de  l'État 
sur  les  collections  déposées  dans  les  bibliothèques  publiques; 

€  Vu  l'arrêté  consulaire  du  8  pluviôse  an  XI,  le  décret  du  20  février 
1809,  enfin  l'ordonnance  du  22  février  1839,  dont  le  titre  III  régit  les 
«  bibliothèques  publiques  des  villes;  » 

«  Vu  -les  avis  émis  par  le  Comité  du  contentieux  et  la  Commission 
des  bibliothèques  nationales  et  municipales  institués  près  le  ministère 
de  l'instruction  publique  et  des  beaux-arts, 

«  Décrète  : 
«  Art.  !«"•.  —  Sont  et  demeurent  maintenues  les  dispositions  régle- 
mentaires qui,  en  plaçant  les  collections  de  l'État  sous  la  surveillance 
des  municipalités,  leur  en  ont  permis  l'usage  et  en  ont  mis  la  conser- 
\ation  à  leur  charge. 


CHRONIQUE   ET   MELANGES.  bib 

t  Lesdites  collectious  peuvent  être  retirées  par  le  ministre  pour 
cause  d'insuffisance  de  soins  ou  pour  abus  dans  l'usage  de  la  part  des 
villes. 

«  Art.  2.  —  Les  catalogues  des  bibliothèques  auxquelles  sont  affectés 
les  ouvrages  dont  dispose  le  ministère  doivent  être  adressés  au  minis- 
tère de  l'instruction  publique. 

«  Les  villes  envoient,  en  outre,  au  ministère  un  rapport  annuel  sur 
la  situation  et  le  fonctionnement  desdites  bibliothèques,  ainsi  qu'une 
liste  des  acquisitions  faites  pendant  l'année  écoulée. 

a  Art.  3.  —  Un  Comité  d'inspection  et  d'achats  de  livres  est  établi 
par  le  ministre  de  l'instruction  publique  et  dos  beaux-arts  dans  toutes 
les  villes  qui  possèdent  une  bibliothèque  publique  municipale. 

«  Ce  Comité  est  renouvelable  par  moitié  tous  les  cinq  ans.  Présidé 
par  le  maire,  il  se  réunit  obligatoirement  au  moins  une  fois  par  tri- 
mestre, exerce  son  contrôle  sur  l'état  de  la  bibliothèque,  fixe  l'emploi 
des  fonds  affectés  tant  à  la  conservation  et  à  l'entretien  des  collections 
qu'aux  acquisitions,  donne  son  avis  sur  les  propositions  d'échanges.  Le 
bibliothécaire,  sous  la  surveillance  du  Comité,  procède  à  la  confection 
des  catalogues,  exécute  tous  les  travaux  d'ordre  et  les  prescriptions 
réglementaires. 

«  Le  ministre  s'assure,  par  des  inspections,  de  la  situation  et  de  la 
tenue  des  bibliothèques. 

«  Art.  4.  —  Toute  aliénation  des  livres,  manuscrits,  chartes,  diplômes, 
médailles,  estampes  et  objets  quelconques  contenus  dans  les  biblio- 
thèques publiques  des  villes,  est  et  demeure  interdite. 

«  S'il  se  produit  des  incendies,  sinistres,  soustractions,  détournements 
dans  une  bibliothèque,  la  ville  doit,  sous  sa  responsabilité,  en  prévenir 
immédiatement  le  ministre. 

«  Pour  les  fonds  d'État,  c'est-à-dire  les  fonds  déposés  dans  les  biblio- 
thèques à  la  suite  des  lois  et  décrets  de  la  Révolution  ou  ajoutés  depuis 
par  des  concessions  ministérielles,  il  ne  peut  être  opéré  d'échanges  entre 
les  diverses  bibliothèques  qu'en  vertu  d'arrêtés  du  ministre. 

«  Une  simple  autorisation  de  ce  dernier  sufiit  pour  les  échanges  que 
les  villes  pourraient  faire  des  objets  leur  appartenant. 

«  Art.  5.  —  Les  communications  au  dehors  des  manuscrits  et  des 
imprimés  sont  consenties  par  le  maire  sous  la  responsabilité  des  villes. 
Le  ministre  peut  ordonner  ces  communications  en  ce  qui  concerne  les 
fonds  d'État. 

«  Art.  6.  —  Les  bibliothèques  sont  confiées  à  un  bibliothécaire  et, 
suivant  leur  importance,  à  plusieurs  sous-bibliothécaires,  employés  ou 
surnuméraires. 

«  Pour  les  bibliothèques  municipales  classées,  dont  l'importance  aura 
été  signalée  au  ministre  par  une  délibération  de  la  Commission  des 
bibliothèques  nationales  et  municipales,  les  maires  doivent  choisir  les 


5<6  CHRONIQUE    ET   MELANGES. 

conservateurs  ou  bibliothécaires  parmi  les  élèves  diplômés  de  l'École 
des  chartes  ou  les  candidats  dont  l'aptitude  à  ces  fonctions  aura  été 
constatée  après  examen. 

«  Le  classement  des  bibliothèques  municipales  est  établi  par  arrêté 
ministériel. 

a  Les  dépenses  de  personnel  et  de  matériel  demeurent  à  la  charge 
des  villes. 

«  Art.  7.  —  Tous  règlements  des  autorités  locales  sur  le  service  public, 
l'établissement  du  service  de  nuit  et  les  fonds  affectés  aux  dépenses  du 
personnel,  du  matériel  et  des  acquisitions,  sont  adressés  au  ministère 
de  l'instruction  publique  et  y  restent  déposés. 

«  Art.  8.  —  Le  titre  LU  de  l'ordonnance  royale  du  22  février  1839 
est  abrogé. 

«  Art.  9.  —  Le  ministre  de  l'instruction  publique  et  des  beaux-arts 
est  chargé  de  l'exécution  du  présent  décret. 

«  Fait  à  Paris,  le  1"  juillet  1897. 

«  Félix  Faure. 

«  Par  le  Président  de  la  République  : 

«  Le  ministre  de  l'instruction  publique  et  des  beaux-arts, 

«   A.    R.\MBAUD.    » 

En  transmettant  une  ampliation  de  ce  décret  aux  maires,  M.  le 
ministre  a  cru  devoir  faire  observer  que,  «  en  ce  qui  concerne  les  con- 
servateurs ou  bibliothécaires  visés  par  l'article  6,  aucun  trouble  ne  doit 
être  apporté  dans  la  situation  des  fonctionnaires  actuels.  Seulement,  au 
fur  et  à  mesure  de  leur  disparition,  je  devrai  toujours  être  prévenu,  afin 
d'examiner,  avec  le  maire  intéressé  et  la  Commission  des  bibhothèques 
nationales  et  municipales,  comment  doit  être  fait  le  choix  du  nouveau 
conservateur  ou  du  nouveau  bibliothécaire.  » 


ANCIENNES  ARCHIVES  DES  BUREAUX  DES  DOMAINES. 

A  la  date  du  23  juin  dernier,  M.  le  ministre  de  l'instruction  publique 
a  adressé  aux  préfets  la  circulaire  suivante,  que  nous  croyons  devoir 
reproduire  : 

«  Monsieur  le  Préfet, 
«  Mon  attention  a  été  appelée  sur  une  circulaire,  en  date  du  25  no- 
vembre 1896',  par  laquelle  M.  le  directeur  général  de  l'enregistrement 

1.  Il  nous  semble  iaulile  de  donner  ici  cette  instruction  de  la  direction  gêné- 


CHROMQCE   ET   MÉLANGES.  5^7 

et  des  domaines  a  prescrit  de  rechercher  dans  tous  les  bureaux  qui 
dépendent  de  son  administration  et  d'en  éliminer  les  registres  sommiers, 
tables  et  documents  divers  hors  de  service. 

«  M.  le  directeur  général  de  l'enregistrement  a  pensé  avec  raison 
qu'il  se  trouverait,  parmi  les  dossiers  et  les  registres  que  vise  sa  circu- 
laire, des  documents  dont  la  conservation  pourrait  être  profitable  aux 
études  historiques.  Aussi  a-t-il  eu  soin  de  distinguer,  dans  la  nomen- 
clature des  papiers  considérés  comme  inutiles  aux  services  de  son  admi- 
nistration, certaines  catégories  d'actes  de  l'ancien  régime  et  de  la  Révo- 
lution, et  a-t-il  décidé  qu'avant  de  les  mettre  avec  les  autres  aux 
enchères  on  offrirait  aux  préfets  de  les  recevoir  dans  les  archives  de 
leurs  départements. 

<r  Voici  la  liste  des  documents  qui  seraient  ainsi  mis  à  votre  dispo- 
sition : 

«  Registres  des  amendes  et  droits  réservés  (de  1G91  à  1791); 

«  Registres  des  quatre  deniers  pour  livre  (de  1771  à  1791); 

«  Registres  des  petits  scels  (de  170G  à  1791); 

«  Enregistrement  des  quittances  de  rachat  de  rentes  et  droits  féodaux  ; 

«  Enregistrement  des  effets  publics  au  porteur  et  des  assignats  à  face 
royale  démonétisés  (lois  des  27  août,  17  septembre  et  28  novembre 
1792); 

«  Tontine  nationale  (loi  du  28  messidor  an  III); 

«  Voitures  publiques  (de  l'an  VI  à  l'an  XIII)  ; 

«  Tabacs  (de  l'an  IV  à  l'an  XII)  ; 

«  Patentes  (de  l'an  IV  à  l'an  X)  ; 

«  Aides  (recouvrements  de  l'arriéré  de  l'an  IV  à  l'an  VII); 

«  Bacs  et  bateaux,  passages  sur  les  fleuves  et  rivières  navigables  (de 
1793  à  l'an  XIII); 

«  Barrières,  taxes  d'entretien  de  routes  (de  l'an  VIII  à  l'an  XIII); 

«  Canaux  et  salins  (de  l'an  IV  à  l'an  XII)  ; 

«  Cartes  à  jouer  (de  l'an  VI  à  l'an  XIII); 

«Marques  d'or  et  d'argent  ou  droit  de  garantie  (de  l'an  VI  à 
l'an  XIII)  ; 

«  Sommiers  des  actes  de  dépôts  et  consignation,  saisie-arrêt  et  oppo- 
sition ; 

«  Sommiers  et  papiers  concernant  la  liquidation  de  la  Dette  publique; 

«  Sommiers  ou  liasses  contenant  des  arrêtés  des  directoires  des  dépar- 
tements ou  des  préfets  existants  dans  quelques  directions; 

«  Registres  et  sommiers  antérieurs  à  1791  autres  que  les  registres  des 

raie  de  reoregistremeat.  On  la  trouvera  reproduite  dans  ses  parties  essentielles 
aux  |).  160-162  du  numéro  de  mai-juin  1897  du  Bibliographe  moderne,  fondé 
et  dirigé  par  notre  confrère  M.  H.  Stein. 


5<8  CHROMQDE   £T   MELANGES. 

actes  de  notaires  concernant  des  maisons  ou  communautés  supprimées, 
ou  relatifs  à  des  affaires  domaniales. 

«  Je  suis  d'avis  qu'il  y  a  lieu  d'accepter  immédiatement  et  sans  hési- 
tation le  versement  de  ces  dossiers  et  registres  aux  archives  départe- 
mentales, où  M.  l'archiviste  pourra  les  étudier  à  loisir.  Il  devra  en 
dresser  un  état  qui  me  sera  communiqué  avec  ses  propositions  pour 
leur  classement. 

«  Je  remarque  que,  parmi  les  documents  dont  l'administration  des 
domaines  propose  la  mise  en  adjudication,  il  y  a  un  grand  nombre  de 
registres  dont  les  reliures  pourraient  contenir  des  pièces  ou  fragments 
de  pièces  en  parchemin  intéressantes  pour  l'histoire.  Il  conviendrait  de 
demander  à  M.  le  directeur  de  l'enregistrement  et  des  domaines  de  per- 
mettre à  M.  l'archiviste  de  les  examiner  à  ce  point  de  vue  avant  qu'ils 
ne  soient  livrés  à  l'acquéreur.  » 


COURS  DE  PALÉOGRAPHIE  ET  DE  DIPLOMATIQUE 

A   LONDRES. 

Un  cours  de  paléographie  et  de  diplomatique  a  été  ouvert  au  com- 
mencement du  mois  d'octobre  1897  à  Londres,  à  l'École  de  sciences 
économiques  et  politiques  {The  London  school  of  économies  and  political 
science).  Le  professeur  est  M.  Hubert  Hall,  attaché  au  Public  Record 
Office.  L'enseignement  a  pour  objet  principal  les  manuscrits  et  les  docu- 
ments diplomatiques  anglais  du  xiie  au  xvn^  siècle.  Les  étudiants  sont 
exercés  à  la  transcription,  à  l'édition  et  à  l'emploi  des  textes.  On  leur 
donne  des  notions  sur  la  répartition  et  le  classement  des  documents, 
pour  les  mettre  à  même  de  s'orienter  dans  les  dépôts  qui  renferment 
ces  documents.  Les  étudiants  de  seconde  année  se  livreront  à  des  exer- 
cices pratiques  et  prépareront  la  publication  d'un  Album  paléogra- 
phique. Une  conférence  sera  faite  au  mois  de  novembre  par  sir  E.  Maunde 
Thompson,  le  directeur  du  Musée  britannique. 


CONFIRMATION  PAR  SAINT  LOUIS  D'UN  TRAITÉ  CONCLU 

ENTRE    LE    DUC    DE    BRETAGNE    ET   ANDRÉ    DE   VITRÉ.    (Juiu   1237.) 

Le  traité  qu'on  va  lire  a  été  fort  imparfaitement  publié  par  dom 
Lobineau  et  par  dom  Morice  dans  leurs  Histoires  de  Bretagne.  Nous 
imprimons  cet  acte  important  d'après  l'original  de  la  confirmation  de 


CHRONIQUi:    ET   MELANGES.  5^9 

saint  Louis,  que  la  Bibliothèque  nationale  vient  d'acquérir  et  qui  doit 
avoir  fait  partie  des  archives  de  la  baronnie  de  Vitré. 

a  Ludovicus,  Dei  gratia  Francorum  rex,  universis  présentes  litteras 
inspecturis,  salutem.  Noveritis  quod  nos  litteras  dilecti  et  fldelis  nostri 
P.,  comitis  Britann[ie],  vidimus  in  hoc  verba  : 

«  Universis  présentes  litteras  inspecturis,  P.,  dux  Britann[ie],  cornes 
Richemund[ie],  salutem  in  Domino.  Noveritis  quod,  cum  inter  nos  et 
dominum  Andream  de  Vitr[iaco]  super  pluribus  contentio  verteretur, 
tandem  ad  hanc  formam  pacis  devenimus,  videlicet  quod  terre  domini 
Vitriac[ensisj,  domini  de  Combor,  et  domini  Alani  de  Aceignfiaco] 
quas  habent  in  Britannia  in  feod[is]  et  dominicis  rémanent  eis  et  hère- 
dibus  suis  libère  et  immunes  in  perpetuum  de  nobis  et  horedibus  no- 
stris  de  omnibus  ballis,  rachatis  et  gardis.  Item  pro  maritagio  quod 
dominas  Vitriac[ensis]  habebat  in  forestis  Redon[ensibus]  cum  Kate- 
rin[aj,  uxore  sua,  nos  excambiavimus  dicto  Andrée  et  heredibus  suis 
de  dicta  Katerin[aj  in  perpetuum  habendum  et  tenendum  totum  jus 
quod  dominus  Fulco  Paganell[us]  et  uxor  sua  et  heredes  sui  habebant 
in  Albigneio  et  in  pertinentiis  Albign[eii],  pro  quo  nos  assignavimus 
dicto  Fulconi  et  heredibus  suis  centum  quinque  libratas  annui  redditus 
in  terra  quam  dominus  Guido  Malivicin[i]  habebat  in  Normannia  de 
domino  Radulpho  de  Feugeriis  per  pacem  quam  dictus  Guido  fecit  cum 
eodem  Rad[ulpho].  Item  de  terra  et  hereditate  domini  Vitriac[ensis] 
quam  nos  occupavimus  apud  Sanctum  Albinum  et  apud  Redon[cs]  per 
fortericias  nostras  nos  faciemus  excambium  dicto  Andrée  prout  milites 
qui  positi  fuerunt  ad  hoc  ex  parte  nostra  et  ex  parte  ejusdem  Andrée 
dixerunt  de  dampnis  Redon[ensibus].  De  residuo  vero  dampnorum  et 
supprisiarum  factarum  a  nobis  tam  apud  Red[ones]  quam  apud  San- 
ctum Albinum  de  quo  illi  milites  adhuc  nichil  dixerunt  nos  faciemus 
legittimum  excambium  eidem  Andrée  ad  legittimum  dictum  domini.. 
Dolensis  episcopi  et  Alani  de  Aceign[iaco]  militis.  Item  de  mer- 
cato  de  Sancto  Albino  quod  nos  statueramus  ad  diem  martis,  qua 
die  mercatum  de  Chevreio  erat  ab  antiquo,  nos  removebimus'illud 
mercatum  ad  alium  diem,  ita  quod  de  cetero  ad  diem  martis  apud 
Sanctum  Albinum  mercatum  non  erit.  Item  de  terris  domini  Vitr[ia- 
censisj  quas  nos  vertimus  ad  forestas  nostras  tempore  istius  Andrée 
ita  fuit  accordatum  quod  dicti  Dolensis  episcopus  et  Alanus  de 
Aceignfiaco]  inspicient  terras  illas  et  de  illis  terris  quas  ipsi  vide- 
rint  esse  nocivas  forestis  nostris  nos  faciemus  legittimum  excambium 
dicto  Andrée  ad  legittimum  dictum  predictorum,  et  alie  terre  que  non 
nocebunt  forestis  nostris  predicto  Andrée  et  heredibus  suis  remanebunt. 
Item  de  feodis  dicti  Andrée  que  nos  occupavimus  per  stanna  nostra  de 
Larovroia  nos  faciemus  legittimum  excambium  dicto  Andrée  ad  legit- 
timum dictum  predictorum.  Quoniam  autem  propter  minorem  etatem 


520  CHRONIQUE    ET   MELANGES. 

Jûhannis,  filii  nostri,  plena  securitas  non  poterat  ficri  de  hac  pace,  nos 
tradidimus  domino  nostro  régi  Franc[orum]  omnes  terras  quas  de  eo 
tenemus  in  Francia,  Normannia  et  in  terra  Gastri  Celsi  et  Monlis  Fal- 
con[is],  excepta  fortericia  Gastri  Celsi,  et  etiam  terram  hereditariam 
fratris  nostri  archiepiscopi  Remensis,  si  intérim  uobis  excideret,  tenen- 
das  in  manu  sua  a  tompore  legittime  et  probate  etatis  dicti  Johannis 
filii  nostri  si  pacem  istam  nollet  tune  jurare  et  per  suas  patentes  litte- 
ras  confirmare,  et  exitus  exinde  redderet  dominus  rex  prefatis  Andrée 
de  Vitr[iaco],  domino  de  Gombor,  et  Alano  de  Aceign[iaco],  pro  parte 
unicuique  débita,  percipiendos  donec  prefatus  Johannes  pacem  predi- 
ctam  iuraret  et  confirmaret.  Nos  autem  tenemur  dare  domino  nostro  régi 
plegios  de  duobus  milihus  marcarum  argenti.  Quod  si  Johannes  filius 
noster,  cum  ad  etatem  legittimam  perveniret,  pacem  supradictam  non 
juraret  et  suis  patentibus  litteris  confirmaret,  dominus  rex  gagiaret 
plegios  de  predictis  duobus  milibus  marcarum  argenti,  et  dictam  peccu- 
nie  summam  dominus  rex  persolvi  faceret  domino  Andrée  de  Vitr[iacoj. 
Item  nos  juravimus  quod  bona  fide  pacem  istam  tenebimus,  et  Johannes 
filius  noster  similiter  jurabit  infra  festum  assumptionis  béate  Marie 
coram  allocato  domini  régis  quod  pacem  istam  bona  fide  tenebit  et 
quod,  cum  ad  etatem  legittimam  pervenerit,  item  jurabit  pacem  istam 
se  fideliter  servaturum  et  cum  suis  patentibus  litteris  confirmabit. 
Quando  autem  Johannes  filius  noster  ad  etatem  legittimam  pervenerit 
et  pacem  supradictam  juraverit  et  cum  suis  patentibus  litteris  confir- 
maverit,  supradicte  terre  quas  dominus  rex  propter  hoc  tenet  obligatas 
ad  nos  vel  ad  Johannem  filiutn  nostrum  seu  ad  alios  heredes  nostros 
quiète  et  libère  revertentur,  et  similiter  plegii  de  dicta  plevigna  tune 
erunt  penitus  absoluti.  Item  si  dominus  Radulphus  de  Fulgeriis  pacem 
supradictam  tenere  voluerit  et  per  suas  patentes  litteras  confirmare, 
eandem  pacem  et  libertatem  de  rachatis,  ballis  et  gardis  eidem  conces- 
simus  habendam  in  terris  suis  de  Britannia,  tam  in  feod[is]  quam  in 
dominicis.  Ad  majorem  autem  hujus  rei  affirmacionem,  nostras  patentes 
litteras  cum  nostro  sigillo  sigillatas  dedimus  predicto  Andrée  de  Vitrfiaco] 
in  testimonium  veritatis.  Datum  apud  Grisp[eium],  anno  Domini 
M"  GG°  XXXo  septimo,  mense  junio. 

«  Nos  autem  convenciones  predictas,  sicut  superius  continentur,  pre- 
sentibus  testificamur  litteris  et  nostri  appoêitione  sigilli.  Actum  apud 
Grisp[eium],  anno  Domini  M«  GG*  XXX«  septimo,  mense  junio.  » 


UNE  ORDONNANGE  DE  PHILIPPE  VI  DE  VALOIS 

MAL    DATÉE. 

L'identification  des  noms  de  lieux  dans  les  chartes  et  les  documents 


CHRONIQUE    ET   MÉLANGES.  321 

du  moyen  âge  est  souvent  un  problème  délicat  et  difficile  à  résoudre. 
Aussi,  en  cette  matière,  on  ne  saurait  jamais  être  trop  prudent  et  trop 
s'entourer  de  tous  les  moyens  de  contrôle  et  d'information  dont  on  peut 
disposer. 

Pour  ne  pas  avoir  observé  ces  prescriptions  et  s'être  laissé  éblouir 
par  une  apparente  similitude  do  mots,  les  auteurs  du  recueil  des  Ordon- 
nances des  rois  de  France  ont  commis  une  grave  erreur  dans  l'identifi- 
cation d'un  nom  de  lieu  donné  par  une  charte  de  Philippe  VI  de  Valois. 
Cette  charte  (Ordonn.,  t.  III,  p,  605),  qui  accordait  à  l'abbaye  de  Saint- 
Gilles  en  Provence  et  à  toutes  ses  dépendances  la  faveur  de  ressortir 
immédiatement  au  sénéchal  de  Beaucaire,  est  ainsi  datée  :  «  Datuni  in 
Praderia  Suncti  Andrée  prope  Ayram.  »  Au  bas  de  la  page,  on  a  mis 
cette  note  :  «  C'est  apparemment  Pradère,  dans  le  bas  Armagnac,  dio- 
cèse d'Aire  (voy.  le  Dictionnaire  universel  de  la  France).  »  On  voit  de 
suite  que,  pour  donner  une  semblable  identification,  on  s'est  laissé  sur- 
prendre par  la  ressemblance  qui  parait  exister  à  première  vue  entre 
Praderia  et  Pradère.  En  effet,  ce  Pradère  que  l'on  indique,  et  qui  est 
très  vraisemblablement  la  localité  appelée  aujourd'hui  Pradère- les- 
Bourguets  (Haute-Garonne,  arr.  de  Toulouse,  cant.  de  Lèguevin),  n'était 
d'abord  pas,  d'après  Expilly,  du  diocèse  d'Aire,  mais  du  diocèse  de 
Toulouse.  De  plus,  au  point  de  vue  philologique,  le  mot  Praderia  n'eût 
pas  donné  Pradère  dans  le  Midi,  mais  Praderie,  nom  de  localité  que 
nous  trouvons  dans  le  Lot-et-Garonne  (comm.  de  iMontignac-de-Lauzun) 
et  dans  le  Puy-de-Dôme  (comm.  de  Brousse).  Enfin,  que  devient  Sancli 
Andrée?  S'il  est  dans  le  texte  latin,  il  eût  été  bon  de  chercher  à  se 
rendre  compte  du  motif  qui  l'y  avait  introduit.  Il  a  sa  signification,  et, 
comme  le  Pradère  indiqué  ne  se  nomme  pas  Pradère-Saint-André,  il 
fallait  voir  si  d'autres  localités  répondaient  mieux  à  cette  désignation. 
Enfin,  on  objectera  encore  que  la  ville  d'Aire  (Landes)  n'était  pas  appe- 
lée en  latin  Aira,  mais  Adura  ou  Atura.  On  pourra  me  répondre,  je  le 
sais,  qu'au  xiv«  siècle  les  noms  latins  sont  souvent  calqués  sur  les  mots 
français  et  ainsi  défigurés.  Cela  n'est  cependant  pas  une  règle  générale 
et  on  ne  doit  se  retrancher  derrière  l'incorrection  des  textes  que  lors- 
qu'elle est  manifeste,  évidente;  sans  cela,  il  serait  trop  facile  de  leur 
faire  dire  non  ce  qu'ils  disent  réellement,  mais  ce  que  chacun  peut 
y  voir. 

Si  ces  questions  d'étymologie,  qui  sans  doute  n'étaient  pas  très  fami- 
lières aux  éditeurs  de  ces  textes,  n'attirèrent  pas  leur  attention,  il  est 
pourtant  un  point  qui  eût  dû  l'attirer  infailliblement  s'ils  avaient  un 
peu  rétléchi  :  c'est  la  forme  Datum  in  Praderia;  car,  dans  tous  les  textes 
qu'ils  transcrivirent,  ils  ne  trouvèrent  pas  Datum  in  pour  Donné  à,  mais 
Datum  apud  ou  Datum,  suivi  du  nom  de  lieu  soit  au  génitif,  soit  pré- 
senté sous  une  forme  indéclinable,  comme  Datum  Parisius,  datum  apud 
Sanctum  Germanum  in  Laya,  datum  Nemausi,  datum  apud  Villam  novam, 


522  CHRONIQUE   ET   MÉLANGES. 

datum  Villenove.  Si  l'on  veut  au  contraire  désigner  un  lieu  dans  une 
ville,  on  dit  Datum  in,  ainsi  :  Datum  in  nobili  domo  sancti  Audoeni, 
Adum  in  ahbatia  Regalis  montis,  Actwnindomo  nostra  de  Villaribus.  Si 
donc  on  avait  Datum  in  praderia  Sancti  Andrée,  c'est  que  vraisembla- 
blement le  mot  praderia  désignait  un  lieu  d'une  ville  ou  d'un  village 
appelé  Saint-André;  et  que  pouvait  être  ce  lieu,  sinon  ce  qu'indique 
Du  Gange  aux  mots  praderia  et  prada,  la  prairie  ?  Il  faut  donc  ainsi 
traduire  cette  date  :  Donné  dans  la  prairie  de  Saint- André,  près  d'Aire. 
Mais,  maintenant,  nous  avons  deux  villes  en  France  qui  portent  le 
nom  d'Aire,  l'une  dans  les  Landes,  l'autre  dans  le  Pas-de-Calais.  Les 
éditeurs  du  recueil  des  Ordonnances  ont  indiqué  la  ville  d'Aire  dans 
les  Landes;  nous  avons  déjà  montré  qu'au  point  de  vue  étymologique 
ils  avaient  grande  chance  de  s'être  trompés.  Si  nous  consultons  en  outre 
les  chroniques  du  xiv^  siècle  et  l'itinéraire  de  Philippe  de  Valois,  nous 
voyons  qu'il  ne  peut  absolument  être  question  que  d'Aire  dans  le  Pas- 
de-Calais.  En  effet,  pendant  les  mois  de  juin,  juillet,  août  et  septembre, 
Philippe  VI  fut  presque  continuellement  dans  le  nord  de  la  France,  à 
Noyon,  à  Thun-l'Évêque  (Nord),  près  de  l'Écluse,  à  Arras,  près  de 
Douai,  à  la  Bassée,  au  Pont-de-Bouvines.  Tels  sont  les  principaux 
séjours  de  ces  quatre  mois.  Le  26  juillet  même,  nous  avons  des  lettres 
de  lui  datées  d'Arras  ;  le  29,  il  ne  pouvait  donc  en  être  bien  éloigné. 
De  plus,  pendant  son  règne,  nous  ne  le  voyons  aller  qu'une  fois  dans 
le  Midi,  au  commencement  de  1336;  ainsi,  il  fut  à  Toulouse  pendant 
une  partie  de  la  dernière  quinzaine  de  janvier  1336.  Il  ne  peut  donc 
être  question  au  mois  de  juillet  1340,  dans  la  date  d'une  lettre  de  ce 
roi,  d'une  ville  du  Midi  ;  par  conséquent,  c'est  bien  Aire  dans  le  Pas- 
de-Calais  qui  est  désigné  là.  Enfin,  pour  achever  de  nous  convaincre, 
nous  n'avons  qu'à  jeter  les  yeux  soit  sur  une  carte  de  Cassini,  soit  sur 
une  carte  de  l'état-major  ou  du  service  vicinal,  et  nous  verrons  qu'à 
deux  ou  trois  kilomètres  au  sud-ouest  d'Aire  il  y  a  un  ancien  prieuré, 
aujourd'hui  une  ferme,  désigné  sous  le  nom  de  Saint-André,  sur  les 
bords  de  la  petite  rivière  appelée  Laquette.  Cette  ferme  fait  aujour- 
d'hui partie  de  la  commune  de  Witternesse,  arr.  de  Béthune,  cant.  de 
Norrent-Fontes,  C'est  donc  dans  la  prairie  de  ce  Saint-André,  près 
d'Aire  (Pas-de-Calais),  qu'était  campée  l'armée  de  Philippe  de  Valois 
quand  il  donna  ces  lettres  en  faveur  de  l'abbaye  de  Saint-Gilles  et  non 
à  Pradère. 

J.  VlARD. 


PIÈCES  SOUSTRAITES  AU  TRÉSOR  DES  CHARTES 

DES   DUCS   DE   BRETAGNE. 

Nous  avons  déjà  plusieurs  fois,  dans  notre  volume  de  1893,  p.  413,  et 


.CHRONIQUE   ET   MÉLANGES.  523 

dans  notre  dernière  livraison,  p.  379,  appelé  l'attention  de  nos  lecteurs 
sur  des  lettres  historiques  d'une  grande  importance  qui  ont  été  sous- 
traites au  Trésor  des  chartes  des  ducs  de  Bretagne  et  dont  plusieurs, 
après  avoir  Gguré  dans  des  collections  d'amateurs,  sont  entrées  dans  des 
dépots  publics.  Telle  est  encore  une  lettre  d'Edouard  IV,  roi  d'Angle- 
terre, adressée  le  H  mars  1471  à  François  II,  duc  de  Bretagne; 
Edouard  IV  résidait  alors  à  Saint-Pol  en  Artois,  dans  les  états  de  son 
oncle  Jacques  de  Luxembourg,  connétable  de  France. 

Nous  allons  donner  le  texte  de  cette  lettre  d'après  le  fac-similé  qu'en 
vient  de  publier  M.  George- F.  Warner,  conservateur  adjoint  du 
Département  des  manuscrits  du  Musée  britannique,  dans  le  fascicule 
intitulé  :  Fac  siyniles  of  royal,  hislorical,  Uterary  and  others  autographs 
in  Ihe  Department  ofmanuscripts,  British  Muséum.  Third  séries.  London, 
1897.  In-folio. 

«  Très  hault  et  puissant  prince,  mon  très  chier  et  très  amé  cousin, 

€  Je  me  recommande  à  vous  tant  comme  je  puis  et  ne  doubte  pas  que 
n'ayés  esté  pieça  adverty  de  la  fortune  et  adversité  qui  m'est  advenue 
par  la  grant  traïson  qui  fut  compassée  à  l'encontre  de  moy,  vous  signi- 
fiant que,  loué  soit  Dieu,  j'ay  tel  et  si  bon  confort  de  divers  princes, 
mes  amis  et  aliés,  et  aussi  de  mes  loiaulx  subgiets  de  mon  royaume 
d'Angleterre,  que  j'espoire  de  brief  de  recouvrer  mon  .dit  royaume.  Et 
pour  ce,  très  chier  et  très  amé  cousin,  que  vous  estes  l'un  des  princes 
du  monde  à  qui  j'ay  tousjours  eu  plus  grant  fiance,  et  que  votre  bonne 
aide  et  assistence  me  pourroit  grandement  profiter  et  avancer  à  parve- 
nir à  mon  dit  purpos,  je  vous  prie,  tant  et  si  cordialement  que  plus  puis, 
d'avoir  mon  dit  fait  en  vostre  singulière  recommendacion  et  m'y  con- 
forter et  aidier  en  telle  manière  et  façon  comme  mon  très  chier  oncle 
messire  Jaques  de  Luxembourg  vous  en  fera  remonstrance  et  requeste 
de  ma  part,  et  de  lui  ajouster  foy  et  créance  en  ce  qu'il  vous  en  res- 
cripra  ou  fera  dire.  Et  se  chose  est  que  ou  temps  advenir  à  vostre  plai- 
sir faire  puisse,  ainsi  que  j'espoire,  à  la  grâce  de  Dieu,  d'en  avoir  bien 
la  puissance,  je  m'y  emploieray  de  tout  mon  cueur  et  pouer.  Ce  sçoit 
nostre  benoist  Créateur,  qui,  très  haut  et  puissant  prince,  mon  très 
chier  et  très  amé  cousin,  vous  ait  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

«  Escript  à  la  ville  de  Saint  Paoule,  le  18«  jour  de  janvier. 

0  Voster  cousyn, 

f  Edoward  R. 
«  A  mon  cousin  de  Bretaigne.  » 

L'original  de  cette  lettre  fait  partie  d'un  recueil  intitulé  «  Auto- 
graphs of  royal  persons,  1443-1791,  »  acheté  en  1856  par  le  Musée  bri- 
tannique, classé  sous  le  no  21404  du  fonds  additionnel  et  décrit  dans  le 
volume  du  Catalogue  consacré  aux  acquisitions  des  années  1854-1860 
(p.  372). 


524  cHROivrQDE  ET  me'langes. 

Le  même  recueil  contient  une  autre  pièce  venue  également  du  Tré- 
sor des  chartes  des  ducs  de  Bretagne  :  une  lettre  d'Jsabelle  de  Gastille, 
reine  d'Espagne,  adressée  de  Ségovie,  le  7  février  1474,  au  duc  de  Bre- 
tagne. Elle  est  signée  :  «  La  Princesa  y  Reyna.  » 


BRÉVIAIRE  D'AUTUN  IMPRIME  A  ROUEN  EN  1507. 

M.  Anatole  de  Charmasse  décrit  dans  les  termes  suivants  un  exem- 
plaire, jusqu'ici  unique,  d'un  Bréviaire  d'Autun,  imprimé  à  Rouen  en 
1507,  qu'un  généreux  anonyme  vient  d'offrir  à  la  Société  éduenne  : 

«  Cet  exemplaire  comprend  seulement  le  temps  d'été,  commençant 
in  vigilia  Penthecosles,  et  se  terminant  par  l'office  de  saint  Amateur, 
évêque  d'Autun,  au  26  novembre.  C'est  un  volume  grand  in-32, 
imprimé  en  caractères  gothiques,  avec  titres  courants  et  initiales  en 
rubrique.  Il  est  malheureusement  incomplet.  Les  lacunes  portent  sur 
les  65  premiers  feuillets,  qui  comprenaient  le  titre,  le  calendrier,  le 
psautier  et  le  commencement  du  commun  des  saints.  Au  folio  66,  on 
trouve  la  fin  du  commun  des  saints,  qui  va  jusqu'au  folio  81,  avec  une 
lacune  portant  sur  les  feuillets  73  à  80.  Au  propre  du  temps  commence 
un  nouveau  foliotage  allant  de  1  à  47,  sans  lacune.  Il  est  précédé  de  la 
rubrique  suivante  :  «  Incipit  temporale  estivi  temporis  secundum  usum 
«  insignis  Ecclesie  Eduensis.  »  A  la  suite,  le  propre  des  saints,  allant 
du  folio  48  au  folio  177,  avec  deux  lacunes,  comblées  à  la  main,  et  qui 
portent  sur  les  feuillets  144,  145,  151  et  152.  Au  folio  177  se  trouve 
l'indication  du  lieu  et  de  la  date  de  l'impression  :  «  Finit  pars  estivalis, 
«  tam  de  tempore  quam  de  sanctis,  Breviarii  insignis  Ecclesie  Eduen- 
«  sis,  nuper  accurate  castigata  Rothomagoque  impressa  solerti  cura 
«  magistri  Pétri  Violette  impressoris,  impensis  honestorum  virorum 
«  Johannis  Bienaysé  et  Johannis  Pierart,  sociorum.  Anno  Domini  mil- 
«  lesimo  quingentesimo  septimo,  decimo  kalendas  januarii.  »  Au  verso 
commence  la  table  du  volume,  dont  la  fin,  comprenant  le  folio  178, 
manque.  Au  folio  179,  les  régule  festorum;  au  folio  184,  l'office  de  la 
sainte  Vierge,  par  lequel  se  termine  le  volume,  au  folio  187,  au  bas 
duquel  se  trouve  la  mention  Finis.  » 


NOTICE 

SUR  UN  ABRÉGÉ  EN  FRANÇAIS 


DE    LA 


CHRONIQUE  UNIVERSELLE 

DE  ROBERT  DE  SAINT-MARIEN  D'AUXERRE, 

D'APRÈS  UN  MANUSCRIT  DU  MUSÉE  CONDÉ. 


Le  volume  XXXII  de  Y  Histoire  littéraire  de  la  France, 
qui  est  actuellement  sous  presse,  renfermera  (p.  503  et  suiv.) 
un  article  dans  lequel  j'ai  été  amené  à  examiner  l'une  des  plus 
remarquables  compositions  historiques  de  la  fin  du  xif  siècle,  la 
Chronique  de  Robert,  chanoine  de  Saint-Marien  d'Auxerre.  On 
y  trouvera  des  détails  assez  étendus  sur  l'origine  et  le  caractère 
de  cet  ouvrage,  sur  les  manuscrits  qui  nous  en  sont  parvenus  et 
sur  l'usage  qu'en  ont  fait  plusieurs  chroniqueurs  du  xin°  siècle  : 
l'auteur  de  l'Histoire  des  rois  de  France  en  trois  livres,  celui  de 
la  Grande  Chronique  de  Tours,  Vincent  de  Beauvais,  Guillaume 
de  Nangis,  le  rédacteur  des  Gestes  de  Louis  VIII,  Géraud  de 
Frachet  et  Bernard  Gui. 

Un  Abrégé  en  français  de  la  Chronique  de  Robert,  datant, 
selon  toute  apparence,  du  temps  de  saint  Louis,  est  signalé  dans 
l'article  de  Y Risloire  littéraire  de  la  France,  d'après  une 
copie,  malheureusement  très  défectueuse,  que  contient  le  manus- 
crit 590  de  la  bibliothèque  de  Berne*.  Je  puis  aujourd'hui  donner 
sur  cet  Abrégé  des  renseignements  plus  complets,  en  mettant  à 
profit  un  excellent  exemplaire  dont  le  duc  d'Aumale  avait  fait 

l.  Quelques  pages  de  ce  manuscrit  sont  reproduites  par  Sinner,   dans  le 
Calalogus  cod.  mss.  bibliolh.  Bernensis,  t.  II,  p.  44-48. 

4897  ^^ 


526  NOTICE  SUR  UN  ABREGE  EN  FRANÇAIS 

l'acquisition,  il  y  a  peu  d'années,  et  qui  porte  le  n°  1543  dans  la 
collection  des  manuscrits  du  Musée  Condé,  au  château  de  Chan- 

tilly. 

Le  volume  dont  il  s'agit  consiste  en  191  feuillets  ^  de  parche- 
min, hauts  de  250  millimètres  et  larges  de  164.  Il  est  écrit  sur 
deux  colonnes,  en  caractères  du  xiii°  siècle.  Le  bibliophile  qui 
l'a  possédé  avant  le  duc  d'Aumale  l'avait  acheté  à  Genève, 
en  1850. 

Il  contient  deux  ouvrages  distincts  :  d'abord,  du  fol.  1  au 
fol.  106,  la  Chronique  abrégée  que  nous  allons  étudier,  puis,  du 
fol.  109  au  fol.  190,  la  Chronique  en  français  des  rois  de  France 
qui  fut  rédigée  par  un  ménestrel  d'Alfonse,  comte  de  Poitiers. 

En  tête  de  la  première  de  ces  deux  chroniques  le  copiste  a 
ménagé,  sur  le  côté  gauche  de  la  première  colonne,  une  petite 
bande  dans  laquelle  un  peintre  a  représenté,  en  sept  comparti- 
ments superposés,  l'œuvre  de  la  Création,  telle  qu'on  la  voit 
figurée  dans  beaucoup  de  bibles  du  xiif  siècle. 

L'auteur  de  la  traduction  a  fait  entrer  dans  son  travail  des 
extraits  de  la  Chronique  de  Robert,  y  compris  la  continuation, 
et  des  extraits  d'une  série  de  notes  additionnelles  que  nous  a 
conservée  le  manuscrit  1715  de  la  bibliothèque  Mazarine,  et  qui 
pourraient  bien  avoir  été  rédigées  à  Nevers  ou  par  un  clerc 
d'origine  nivernaise. 

Pour  faire  mieux  apprécier  les  rapports  de  la  Chronique  abré- 
gée en  français  avec  la  Chronique  latine,  j'ai  choisi  un  certain 
nombre  d'articles  de  la  traduction,  à  côté  desquels  seront  impri- 
més les  passages  latins  correspondants  de  la  Chronique,  et  des 
notes  additionnelles. 

Pour  les  articles  tirés  de  la  première  partie  de  la  Chronique, 
je  citerai  l'édition  de  CamuzatS  la  seule  que  nous  possédions 
jusqu'à  présent;  pour  ceux  de  la  seconde  partie,  au  lieu  d'em- 
ployer r.excellente  édition  qu'en  a  donnée  M.  Holder-Egger^,  j'ai 

1.  Les  feuillets  sont  numérotés  au  crayon,  au  milieu  de  la  marge  inférieure, 
de  1  à  190,  plus  un  feuillet  coté  119  bis. 

2.  Chronologia,  seriem  tcmporum  et  historiam  rerum  in  orbe  gestarum 
conUnens,  ab  ejus  origine  usquc  ad  annum  a  ClirisU  oriu  1200,  aitclore  ano- 
nymo,  sed  cœnobii  Sancli  Mariant  apud  ÂlUssiodorum,  regulx  Prœmonstra- 
tensis  monacho  ;  adjecla  est  ad  calcem  Appendijc  ad  annum  1223  (Troyes, 
1608,  in-4'>). 

3.  Monumenta  Germaniœ  historica,  Scriptores,  t.  XXVI,  p.  226-287. 


DE    LA   CQRONIQUE   DNIVERSELLE.  527 

dû  suivre  le  texte  moins  développé  que  contient  le  manuscrit  de 
la  bibliothèque  Mazarine  cité  un  peu  plus  haut.  C'est  évidemment 
ce  texte  moins  développé  que  le  traducteur  avait  sous  les  yeux 
et  qu'il  a  abrégé.  Les  extraits  du  texte  original  de  la  Chronique 
qu'on  pourra  lire  au  bas  des  pages  permettront  d'apprécier  les 
différences  qui  existent  entre  le  texte  original  et  le  texte  moins 
développé  que  le  traducteur  avait  sous  les  yeux.  Quant  aux  notes 
additionnelles,  dont  plusieurs  seulement  se  retrouvent  en  subs- 
tance dans  les  continuations  de  la  Chronique  de  Robert  publiées 
par  M.  Holder-Egger,  j'ai  cru  bon  de  les  imprimer  en  entier 
telles  que  nous  les  offre  le  manuscrit  de  la  bibliothèque  Maza- 
rine. Si  elles  ne  sont  pas  la  source  d'où  dérivent  directement 
plusieurs  articles  de  la  Chronique  de  Tours,  du  Miroir  historial 
de  Vincent  de  Beauvais  et  des  Gestes  de  Louis  VIII,  elles  repré- 
sentent du  moins  un  texte  auquel  les  auteurs  de  ces  ouvrages  ont 
fait  quelques  emprunts. 

La  traduction  dont  nous  nous  occupons  doit  avoir  été  faite 
vers  le  milieu  du  xiif  siècle.  Dans  le  manuscrit  de  lîerne  elle  est 
complétée  par  des  listes  des  rois  de  France  et  des  empereurs,  qui 
s'arrêtent,  la  première  à  saint  Louis,  la  seconde  à  Frédéric  IL 
Le  soin  que  le  traducteur  a  pris  de  faire  entrer  dans  son  Abrégé 
les  articles  relatifs  aux  archevêques  de  Sens  et  aux  évêques 
d'Auxerre  semble  indiquer  qu'il  appartenait  à  l'un  ou  à  l'autre 
de  ces  diocèses,  ou  du  moins  qu'il  avait  un  motif  particulier  de 
s'y  intéresser.  La  traduction  n'est  pas  toujours  exacte  et  l'auteur 
a  çà  et  là  laissé  de  côté  des  mots  et  des  membres  de  phrases  dont 
l'absence  rend  la  traduction  difficile  et  même  impossible  à  com- 
prendre. 

L'Abrégé  en  français  de  la  Chronique  de  Robert  ne  contient 
aucun  renseignement  dont  les  historiens  aient  à  tenir  compte  : 
nous  possédons  en  effet,  sous  la  forme  la  plus  pure  et  la  plus 
authentique,  les  textes  latins  dont  l'Abrégé  n'est  qu'une  traduc- 
tion. Ce  qui  lui  donne  un  certain  intérêt,  c'est  qu'il  y  faut  voir 
l'un  des  premiers  essais  tentés  pour  initier  la  société  laïque  du 
moyen  âge  à  la  connaissance  de  l'histoire  universelle. 

A  la  suite  de  l'Abrégé  de  la  Chronique  de  Robert  les  manus- 
crits de  Chantilly  et  de  Berne  renferment  d'autres  textes  qu'il 
suffit  d'indiquer  en  deux  mots  : 

Les  feuillets  107-190  du  manuscrit  de  Chantilly  sont  occupés 
par  la  Chronique  des  rois  de  France  qu'un  ménestrel  dédia  à 


528  NOTICE   SUR   DN   ABREGE    EN    FRANÇAIS 

Alfonse,  comte  de  Poitiers.  Voici  le  début  et  la  fin  de  la  Généa- 
logie préliminaire  et  de  la  Chronique  proprement  dite  : 

Fol.  -107.  «  Che  est  la  genologie  [sic]  des  roys  de  France.  Phara- 
mons  11  roys  vesqui  xx  ans...  »  —  Fol.  -108  v°.  «...  Loeys  qui  ore 
est  sera  roys  tant  cora  Dix  plaira.  Ici  faut  la  genologie  des  roys  de 
France.  » 

Fol.  -109.  «  A  son  très  cliier  seignieur  le  très  bon  creslien,  la  très 
vaillant  personne,  conte  de  Poitiers  et  de  Tliolouse,  cil  qui  est  ses 
serjans,  ses  menestereus  et  ses  obeissans,  qui  a  ceste  oevre  trans- 
latée de  latin  en  franchois,  encore  soit  il  pou  dignes  de  lui  saluer, 
salus  en  Jhesu  Grist.  Sire,  che  sachiés  vous  et  trestuit  chil  qui  cest 
escrit  verront  et  orront,  que  cil  qui  le  latin  compila,  lequel  latin  j'ai 
en  franchois  translaté,  parla  en  tel  manière  et  dist  :  «  Pour  che  que 
«  je  veoie  et  ooie  molt  de  gens  douter  et  presque  toutes  gens  des 
«  gestes  des  roys  de  France...  »  —  Foi.  ^90.  «  ...  Li  quens  de 
Flandres,  qui  par  xii  anz  et  vi  moys  avoit  esté  en  la  prison  le  roy  à 
Paris,  fu  délivrez  entour  la  Tous  Sainz  par  raenchon  de  grant  avoir. 
Explicit.  » 

Au  commencement  de  la  Chronique  (fol.  109)  se  voit  une  petite 
miniature  qui  représente  le  ménestrel  à  genoux,  en  costume  mili- 
taire, offrant  sa  Chronique  à  Alfonse,  aux  côtés  duquel  se  tiennent 
deux  prélats  mitres  et  un  homme  d'armes  ;  sur  la  tête  du  prince 
descend  une  colombe  qui  sort  d'un  nuage. 

Le  manuscrit  590  de  Berne,  quand  il  était  complet,  devait 
contenir  l'Abrégé  en  français  de  la  Chronique  universelle  de 
Robert  de  Saint-Marien,  à  peu  près  tel  que  nous  l'offre  l'exem- 
plaire du  Musée  Condé.  Mais  il  est  aujourd'hui  et  depuis  long- 
temps dans  le  plus  piteux  état  :  les  cahiers  en  ont  été  reliés  en 
désordre,  et  on  y  constate  deux  lacunes  ^  Pour  y  rétablir  la  suite 
régulière  du  texte,  il  faut  en  prendre  les  feuillets  dans  l'ordre 
suivant  : 

Fol.  i-Lx;  —  ici  lacune  correspondant  au  contenu  des 
fol.  44  v°-54  v°  du  ms.  de  Chantilly  ;  —  fol.  ci-cx*  ;  — 
fol.  iiii''''xi-c;   —  ici   lacune  correspondant   au  contenu   des 

1.  J'avais  cru  d'abord  qu'il  y  avait  une  troisième  lacune  dans  le  ras.  de 
Berne  et  que  le  commencement  du  fol.  imxx  xi  n'y  faisait  pas  immédiatement 
suite  à  la  (in  du  fol.  xc.  L'examen  du  ras.  de  Chantilly  m'a  démontré  que  celle 
lacune  n'existe  pas. 


DE    LA    CIIRO-MQUE    HNIVERSELLE.  529 

fol.  70,  col.  2-71  y°,  col.  2,  du  ms.  de  Chantilly;  —  fol.  cxi- 

Dans  le  manuscrit  de  Berne ,  l'Abrégé  de  la  Chronique  de 
Robert  est  suivi  des  morceaux  suivants  : 

i"  (fol.  127).  Généalogie  des  rois  de  France,  s'arrêtant  à  saint 
Louis. 

2°  (fol.  127).  Description  des  îles  :  «  En  la  mer  d'Orient,  en 
la  contrée  d'Yode,  a  une  ille  qui  a  non  Thaprobane,  qui  est 
ceinte  d'un  fleuve...  >/  —  Traduction  d'un  des  morceaux  préli- 
minaires de  la  Chronique  de  Robert  de  Saint-Marien ,  qui  est 
dans  l'édition  de  Camuzat,  fol.  5  v°. 

3°  (fol.  136).  Note  sur  l'origine  des  Francs  :  «  Tout  sanz  ce 
que  nous  vous  avon  dit  doit  l'en  savoir  dont  li  Franc  vindrent, 
et  qui  il  sunt,  et  de  quel  nature  il  sunt.  Franceis  sunt  par  droite 
nature  cruel  et  sage,  c'est  à  dire  félon  et  sage...  » 

4°  (fol.  137  v°).  Liste  des  empereurs  depuis  Charlemagne  jus- 
qu'à Frédéric  IL  Derniers  mots  :  «  ...  Federis,  xxxviii  anz  ; 
Henris  vu  anz.  Li  rois  Phelippes  ne  fu  pas  empereres.  Othes  lu 
desposez  de  l'Empire.  Federis  fu  desloiaus.  » 

5°  (fol.  138).  Traduction  française  du  Provincial,  c'est-à-dire 
de  la  liste  des  évêchés  de  la  chrétienté.  Le  texte  latin  du  Provin- 
cial remplit  les  p.  93-96  du  manuscrit  original  de  la  Chronique 
de  Robert  de  Saint-Marien,  conservé  à  la  bibliothèque  de  la  ville 
d'Auxerre. 

6°  (fol.  144).  Texte  que  je  n'ai  pas  examiné  et  que  le  D''  Hagen 
indique  dans  les  termes  suivants  :  «  Traduction  du  premier  livre 
de  Salomon.  Lie.  :  Au  tens  que  Salemons  li  filz  le  roi  David  fu 
rois  de  Jérusalem,  Dex  li  monstra  grant  amor.  Fin.  (fol.  212)  : 
Ici  fenist  le  premier  livres  Salemons.  Or  prion  à  Deu  que  en  tel 
manière  le  laist  entendre  à  celz  qui  le  liront  et  oiront.  » 

Terminons  cette  notice  par  l'édition  d'un  choix  d'articles  de 
l'Abrégé  de  la  Chronique,  d'après  la  version  du  manuscrit  de 
Chantilly  ;  à  la  traduction  française  seront  joints,  comme  il  a  été 
dit  oi-dessus,  les  passages  correspondants  du  texte  latin. 

Boberti  Chronicon,  éd.  Camuzat.  Ms.  1548  du  Musée  Condé. 

Foi.  8.  —  In  primordio  tem-  Fol.  L  —  Au  commenchement 

poris  ante  omnem  diem,   Deus  cria  Diex  le  chiel  et  la  terre  et  i 

paler  ex  verbo  et   per  vcrbum  mist  lumière  en  manière  d'une 

suum  fecit  ex  nihilo  rerum  om-  nue  respiandissanz,  qui,  en  lieu 


530 


NOTICE    SUE    UN   ABREGE   EN    FRANÇAIS 


nium  maleriam...  Primo  itaque 
die  fecil  Dcus  lucem  in  modum 
nubis  lucidœ,  quœ  vice  solis  orlu 
suo  dieni  faceret,  occasu  vero 
noclem  induceret. 

Secundo  die  fecit  firmamen- 
tum,  id  est  Ccelum,  quod  aquas 
superiores  infcrioresque  divide- 
ret. 

Tertio  die  congregavit  Deus 
aquas,  quse  erant  subter  firma- 
mentum,  in  locum  unum,  et  ap- 
paruit  arida,  id  est  terra,  omnis- 
que  generis  vestita  est  lignis  et 
fructibus  fœcundata.  Gselo  igitur 
sursum  expanso,  aère  serenato, 
aquis  congregatis  in  unum,  terra 
revelata,  disposila  sunt  quatuor 
elementa. 


Fol.  67  v».  —  ...  Hic  (Haima- 
rus),  cum  mulla  strenue  pere- 
gisset,  a  quibusdam  œmulis  suis 
in  pago  Tullensi,  cum  quodam 
nepote  suo,  lanceis  confossus, 
ibique  dicitur  fuisse  sepultus. 

Huic  successit  Theodrannus, 
qui,  prœdicto  Haimaro  adhuc  su- 
perstite,  ex  ejusconsensu,  fuerat 
ordinatus  episcopus.  Post  hune 
Quintilianus  scdit,  prius  abbas 
Sancti  Germani,  sed  ob  virtu- 
lum  dignitalem  provectus  in 
prœsulem.  Hujus  pater  Quinti- 
lianus monasterium  Melercnse 
construxit  ac  rébus  propriis  dita- 
vit.  Porro  Quintiliano  Giliianus, 
et  Gilliano  Glemens  successit, 
qui,  caecitatem  corporeara  pas- 
sus,  juxta  basiiicam  apostolo- 


du  soleil,  quant  elle  Icuoit,  es- 
toit  matière  du  jour,  et  quant 
ele  esconsoit,  si  estoit  nuis. 


Au  secont  jour  fist  le  firma- 
ment ch'est  à  dire  le  chiel,  pour 
départir  les  eues  hautes  et  les 
basses  l'une  de  l'autre. 

Au  tierch  jour  assambla  Diex 
toutes  les  eues  en  i  lieu,  qui  de- 
vant che  estoient  desous  le  fir- 
mament, et  lors  aparut  la  terre 
vestue  et  aournée  de  toutes  ma- 
nières d'arbres  et  de  fruis,  et 
lors  fu  li  chielx  estendus  par 
dessus  l'air,  et  li  airs  clers  et 
seris,  et  les  eues  assamblées  en- 
samble,  la  terre  aparut  descou- 
verte, et  li  iiii  élément  ordené  et 
crié. 

Fol.  62.  —  Aymars,  li  eves- 
ques  d'Auçuerre,  fu  ocis  de  ses 
honmes  meismes,  entre  lui  et 
un  sien  neveu  à  Toul,  féru  cruel- 
ment  parmi  le  cors  de  lances. 

Theodrans  fu  fais  evesques 
d'Auçuerre,  par  le  conseil  Ay- 
mart,  anchois  grant  pièche  que 
il  fust  mors.  Et  après  lui  le  fu 
Glimens  qui  avugla.  Ichil  Gli- 
mens  fist  faire  un  habitacle  à 
son  oes  jouste  l'abeie  Saint  Père 
et  Saint  Jaque. 


DE   LA   CURONIQCE   UNIVERSELLE. 


53^ 


rum  Pétri  et  Jacobi  diversorium 
habuil. 

Fol.  67  Y".  —  Antissiodorensi 
ecclesise  post  Clementem  praefuit 
Adulfus,  ex  cantore  episcopus, 
vir  in  divinis  officiis  strenuus, 
et  episcopali  largitate  famosus. 
Hujus  lempore  res  ecclesiaslicse, 
ab  episcoporum  potestate  per 
Carolum  priiicipem  abstractœ,  in 
dominalum  secularium  cesse- 
runl.  Siquidem  centum  tantum- 
modo  mansis  episcopo  derelictis, 
quicquid  villarum  superfuit  in 
sex  principes  Baioarios  distribu- 
tum  est,  abbatiœ  vero  singulis 
abbatibus  dilargitae.  Quam  ec- 
clesiœ  humiliationem  idem  reli- 
giosus  ponlifex  pêne  exitialiter 
doluit,  adeo  ut,  paralisis  morbo 
correptus,  universis  sui  corporis 
officiis  privaretur.  Eodem  itaque 
divcrsorio  cum  prsedicto  Clé- 
mente, ad  bue  superslite,  clausus, 
stipe  ecclesiastica  usque  ad  diem 
sui  obitus  alebatur,  Maurino,  ex 
voluntate  ejusdem  pontificis, 
subministrante  publicas  fun- 
ctiones. 

Fol.  69  v°.  —  Senonensi  ec- 
clesise  post  Egilem  prœfuitAnse- 
gisus,  monachus,  vir  in  cunctis 
optime  agens,  cujus  tempore  Se- 
nonensis  ecclesia  magno  et  paci- 
fico  viguit  honore.  Siquidem 
Joannes  papa  totius  ci  Gallise  et 
Germaniae  primatumcontulit,  ut 
esset  primus  post  papam,  syno- 
dumque  prœsulum  evocaret,  et 
de  forlioribus  quibusque  ac  gra- 
vioribus  judicaret  ;  cui  resistere 
voluit    Hincmarus,    Rliemorum 


Fol.  63.  —  Aiox,  li  evesques 
d'Auçuerre,  fu  molt  coroucbiés 
adonc  pour  che  qu'il  vit  sainte 
eglyse  abaissier.  il  fu  malades 
de  palasine  {sic),  et  lors  il  entra 
en  la  maison  meismes  où  sains 
Giiraens  estoit.  Il  fu  soustenus 
des  biens  de  l'eglyse  jusqu'à  sa 
mort,  et  Maurins  par  son  conseil 
fu  procureres  des  communes  be- 
songnez  de  l'eglyse. 


Fol.  76.  —  Anseis,  i  mqines, 
fu  lors  assis  à  Sens,  à  qui  Jehans 
li  papes  bailla  la  légation  de  toute 
Franche  et  de  toute  Alemaingne, 
et  li  envoia  le  chief  saint  Gri- 
goire  et  le  bras  saint  Léon  l'apos- 
toile,  que  il  mist  en  l'eglyse 
Saint  Père  le  Vif.  Il  porta  d'un 
lieu  en  autre  ices  cors  :  le  cors 
saint  Léon,  et  le  cors  saint  Sanc- 
tin  le  martir,  et  le  cors  d'une 
sainte  virge,  suer  saint  Sanctin, 
et  saint  Augustin  le  martir.  On 


>32 


NOTICE    Sf'R   U.\   ABREGE    O    FRANÇAIS 


archiepiscopus,  sed  apostollca 
auclorilale  compressus  est.  Huic 
etiam  Aiisegiso  venerabili  prœ- 
suli  pr?efalus  papa  dédit  caput 
beati  primi  papse  Gregorii,  et 
brachium  sancti  Leonis  papse  et 
doctoris;  quas  ille  vencrandas 
reliquias  Senones  detulit,  et  in 
ecclesia  Sancti  Pétri  Vivi  cum 
débita  veneratione  reposait.  Idem 
quoque  translulit  corpora  san- 
ctorurn  pontificum  Leonis,  Ursi- 
ni,  Agricii  et  AmJDrosii  in  praedi- 
ctam  ecclesiara  de  basilica  Sancti 
Leonis,  ubi  primum  fuerant  tu- 
mulata,  quœ  prius  dedicata  fuit 
in  honore  sanctorum  Gervasii  et 
Protliasii-,  fuit  autem  habitatio 
monacliorum  magna,  sed,  paga- 
nis  urbem  obsidentibus,  est  de- 
strucla.  Transtulit  et  prœdictus 
pontifex  corpus  beati  raartyris 
Sanctiani  de  villa  quae  ex  ejus 
nomine  Sanceia  vocatur,  cum 
corporibus  Augustini  martyris 
et  Beatse  virginis,  prœdicti  San- 
ctiani sororis,  quos  omnes  in  ba- 
silicam  Sancti  Pétri  condigne  re- 
condidit.  Feruntur  autem  iidem 
martyres  Sanctianus  et  soror 
ejus  Beata  fuisse  consanguinei 
sanctee  Columbœ  martyris,  et  ob 
amorem  ejus  a  partibus  Hispa- 
niae  cumaliis  pluribus  advenis- 
se....  De  sancto  vero  Augustino 
ferturquod  fuerit  archiepiscopus 
Treveris,  orationisque  causa  ad 
sanctum  Martinum  devenerit  et, 
itineris  labore  confectus,  hospi- 
landi  gratia,  in  villam  Sanceiam 
divcrlcrit,  ibiquc  a^grotans  diem 
extremum  claus[er]it,  sepultus- 


dist  que  sains  Sanctins  et  sa 
suer  furent  cousins  Colonbe.  Icil 
et  autres  assés  les  sivirent  en 
Espaingne,  et  furent  tuit  en- 
samble  martirié  par  le  roy  Aure- 
lien.  Et  si  dist  on  que  sains  Au- 
gustins  fu  evesques  de  Trieves. 
Anseis  enpetra  de  Hugon,  l'abé 
de  Saint  Germain  d'Aucuerre, 
le  cors  saint  Roumain,  qui  fu 
portés  en  Peglyse  Saint  Rémi. 


DE    LA    CHRONIQUE    UNIVERSELLE. 


533 


que  esl  juxta  tumulum  marLyris 
Sancliaiii.  Impelravil  cliam  prœ- 
fatus  Ansegisus  ab  Hugone, 
Sancli  Germani  Antissiodorensis 
abbate,  corpus  sancli  Romani, 
lranslulil(|ue  illud  in  ecclesia 
Sancli  Remigii. 

Fol.  70.  —  In  Anlissiodo- 
rensi  ecclesia  Christiano  succcs- 
siL  Wala,  prœdicli  archiepiscopi 
Ansegisi  frater,  vir  scienlia  cla- 
rus  et  moribus  adornatus... 
Porro  huic  Walœ  successil  Um- 
baldus  episcopus. 

Fol.  70.  —  Senonensi  ecclesiœ 
post  Ansegisum  pra3fuil  Evrar- 
dus,  cui  successil  Wallerius, 
scienlia  cl  nobililale  clarissimus. 

Anlissiodorensem  ecclesiara 
posl  Umljaldum  rexit  Herifridus, 
vir  ornalus  cunclis  virtulibus, 
signis  etiam  admirandus.  Hujus 
tempore,  civitas,  improviso  flam- 
mis  exusla,  penilus  versa  est  in 
cineres  tantum  et  rudera;  quod 
videns  sacer  prœsul,  suo  induxit 
animo  quod  sibi  nunquam  in 
urbe  habitaculum  faceret,  nisi 
prius  beatse  Mariœ  virginis  ac 
sanclorum  Joannis  et  Stephani 
basilicas  intègre  reparassel  ; 
quas,  parvo  contentus  tugurio, 
raox  resedificare  cœpit  mirifice- 
que  restruxit,  scd  morlc  prse- 
ventus,  domum  episcopalem  rc- 
parare  non  poluil. 

Huic  successil  Gerranus,  vir 
vitœ  venerabilis,  cujus  tempore, 
cum  Normannorum  gens  impia 
omnem  circumquaque  regionem 
prœdis,  Cccdibus,  incendiis  de- 
vastaret,  idem  strenuus  preesul 


A  Auçuerre  fu  lors  fais  eves- 
ques  Wales,  li  frères  Anseis, 
bien  aornés  de  science  et  de 
bonnes  meurs.  Après  lui  fu 
Willebaus. 


Fol.  77.  —  Evrars  fu  assis  à 
Sens,  et  après  i  fu  Gonliers. 


Ainfrois  fu  assis  à  Auçuerre, 
preudons  et  vaillans.  La  cité 
avoit  esté  arse;  il  rapareilla  les 
eglyses  Nostre  Dame,  Saint  Je- 
han et  Saint  Estene. 


Après  lui  vint  Gerrans  :  chil 
issi  un  jour  hors  de  la  cité  contre 
les  Normans,  atout  che  que  il 
avoit  de  gent.  Il  vainqui  par 
l'aide  Nostre  Seignicur  tous  les 
Normans  et  les  encacha. 


d34 


NOTICE  SUR  UN  ABREGE  E\  FRANÇAIS 


suos  cvocal,  verbis  horLalur,  be- 
nedictione  corroborât ,  utque 
bellicis  accincti  armis  secum 
proficiscantur  exorat.  Mox  cum 
suis  urbe  egredilur,  et,  invenlis 
hostibus,  bello  eos  aggreditur, 
quibus  profligatis,  Victoria,  Do- 
mino adjuvante,  potitur. 

Fol.  7-1 .  —  Senonensem  eccle- 
siam  post  Walterium  rexit  Wal- 
terus,  ejusdem  Walterii  nepos, 
cujus  tempore  Pagani  Burgun- 
diam  vastaverunt ,  factumque 
est  bellum  inter  Christianos  et 
Paganos  in  monte  Ghalo,  per- 
eraptis  ex  Christianis  multis  mi- 
libus,  ubi  Garnerius,  vicecomes 
Senonensis,  interfectus  est.  Por- 
ro  Walterio  successit  Adaldus 
venerandse  mémorise. 

Ântissiodorensi  ecclesiae  post 
Gerranum  Betto  prœfuit,  vir 
sanctimonia  clarus  et  sapientige 
documentis  egregius.  Hic  a  puero 
raonachus  ac  post  cœnobii  San- 
ctœ  (^olumbœ  praepositus,  multa 
illic  studio  acquisivit;  multis  ope- 
rosis  œdiflciis  iocum  illum  ex- 
coluit... 

Huic  vero  successit  Gualdri- 
cus,  qui,  primo  a  parentibus 
suis  monasterio  Sancti  Germani 
deditus,  et  provectus  in  mona- 
chum,  taiîdem  crescentibus  me- 
ritis,  in  abbalem  ejusdem  loci 
meruit  promoveri.  Deinde,  imi- 
verso  clero  et  populo  acclamante, 
ob  vitœ  sublimitatem  sublima- 
tur  in  prœsulem. . .  Denique, 
quando  Romam  causa  orationis 
adiil,  a  Joanne  papa,  beati  Lau- 
rentii  martyris  ac  sanctae  Euge- 


Fol.  78  v°.  —  A  Sens  fu  assis 
Gautier,  li  niés  à  un  autre  Gau- 
tier, qui  devant  estoit  evesques. 
En  qui  tans  li  Sarr[asin]  ocis- 
trent  sus  le  mont  de  Chalon  molt 
de  Grestienz,  et  Gautier  avek  le 
conte  de  Sens.  Et  puis  après 
icelui  Gautier  refu  quens  Adans, 
qui  molt  fu  et  vaillans  et  preus. 


En  Auçuerre  estoit  lors  eves- 
ques Bègues,  plains  de  sens  et  de 
saintée.  Ichil  avoit  anchois  esté 
moines  et  prevos  de  Saint  Gou- 
lonbe  de  Sens. 


Après  lui  le  fu  Gaudris,  qui 
avant  avoit  esté  abbes  de  Saint 
Germain.  Ghil  aporta  les  reli- 
ques de  saint  Lorent  et  de  saint 
Eufemenie  de  Romme. 


DE   LA   COROMQCE    UNIVERSELLE. 


535 


niae  rdiquias  impelravit  secum- 
que  revexit,  de  quibiis  parlem 
monachis  Sancti  Germani  dédit, 
aliam  vero  sibi  relenlam  ad  Var- 
ziacum  déferons,  in  ecclesia  ejus- 
dem  virginis  Eugeniœ  ciim  ho- 
nore recondidit... 

Fol.  72.  —  Senonensi  ecclesise 
posL  Ilildemannum  praefuit  Ar- 
chembaldus.  Sub  hujus  tcmpore, 
sanclorum  Columbœ  virginis  et 
Lupi  confessoris  mausolœa,  per 
noticiam  cujusdani  veterani  mo- 
nachi,  sunt  détecta...  Porro  idem 
Archerabaldus ,  cum  esset  vir 
perversus  et  seculo  deditus,  cœ- 
nobium  Sancti  Pétri  ad  solum 
usque  contrivit,  ecclesiasque  et 
villas  et  ornamenta  distrahens 
suisque  dislribuens,  reliqua  in 
proprios  usas  relinuit.  Archie- 
piscopalem  quoque  domum  re- 
linquens',  habitavit  in  claustro 
monachorum,  canesque  suos  et 
accipitres  ibi  coUocare  non  ti- 
muit;  sed,  nutu  Dei,  quotquot 
illic  mittebantur  mane  mortui 
reperiebantur.  Remanserant  au- 
tem  ibi  xv  monachi,  ex  quibus 
XII  una  nocte  mortui  sunt,  très 
vero  de  ipsa  plaga  evaserunt, 
qui  tamen  ipso  anno  defuncti 
sunt.  Denique,  cum  tôt  malis 
finem  Dominus  facere  decrevis- 
set,  beatus  Savinianus  martyr 
praedicto  Archembaldo  semel  et 
secundo  apparuit ,  admonens 
illum  ut  resipisceret  et  malefacta 
corrigeret;  sed  ilio  in  sua  mali- 
tia  perdurante,  tertio  eum  san- 
ctus  corripuit  invisibiliterque 
percussit,  dicens  :  «  Non  am- 


Fol.  80  v°.  —  Arquenaux  fu 
fais  archevesques  de  Sens.  Icil 
abati  jusques  en  terre  l'abeie 
Saint  Père  le  Vif,  et  fîst  ens  el 
cloistre  gésir  ses  chiens  el  ses 
oiseleurs  ;  et  quanque  on  i  metoit 
au  soir  on  les  trouvoit  mors  au 
matin;  xii  moine  i  morurent  en 
une  nuit;  m  sans  plus  en  es- 
cliapa,  ichil  morurent  dedens 
l'an.  Sains  Saviniens  li  amonesta 
une  fois  et  autre  que  il  faisoit 
mal,  et  dont  le  feri  et  dist  : 
«  Nous  ne  lairons  plus  agastir 
nostre  lieu,  que  nous  avons 
acheté  de  nostre  sanc.  »  Ghe 
oïrent  li  chambrelenc.  A  lende- 
main, il  trouvèrent  mort  eslendu 
devant  son  Ut,  tout  nu.  Et  la 
maistre  eglyse  Saint  Estene  tré- 
bucha tout  en  un  mont. 


536 


NOTICE  SUR  UN  ABREGE  EN  FRANÇAIS 


pli  US  patiemur  desolari  locum 
cfTusione  nostri  sanguinis  conse- 
cralum.  «  Quam  Yocem  audien- 
les,  cubicularii  experrecli  sunt, 
el  surgenles  invenerunt  illutn 
miscrabililer  nudum ,  in  lerra 
prostratum.  Porro  ipso  adhuc 
pra^sulaiile ,  ecclesia  Sancli  Ste- 
phani  incensa  el  post  incendium 
funditus  est  eversa;  clauslrum 
quoque  canonicorum  cremalum 
est,  librariumque  et  ornamenta 
ecclesiœ;  insuper  et  preciosis- 
simse  perierunt  reliquiee. 

Fol.  72  v°.  —  Sane  Archem- 
baldo  mortuo,  eligitur  Anasta- 
sius,  vir  Deo  dignus.  Hic  mirée 
sanctilatis  et  abstinentise  fuit, 
vigiliarum  amator  continuus  et 
cleniosinarum  distributor  lar- 
gissimus,  clericorum  nutritor, 
monachorum  potissimum  vene- 
rator.  Hic  ab  iilo  die  quo  sacer- 
dotium  sumpsit  usque  ad  finem 
vitse  carnem  non  comedit,  nec 
indutus  est  lino,  sed  semper  usus 
est  cilicio. 


Lors  fu  après  lui  archevesques 
Anaslaises,  uns  lions  de  Diu  : 
dès  le  jour  qu'il  fu  prestres  jus- 
qu'à la  fin,  n'ot  il  onques  [que] 
la  haire  en  sus  de  sa  char,  ne  ne 
raenja  de  char. 


Manuscrit  4745  de  la  Mazarine. 


Fol.  ^o2  v".  —  Emmanuel, 
capto  Curfolio,  naves  insequens 
Siculorum,  nonnullas  capit-,  sed 
rex  fugaliberalur.  A  Rogero  rege 
et  papa  Eugénie  honoratur. 

Remundus,  prlnceps  Antiochie, 
kalendis  augusti,  contra  Turcos 
egressus,  multis  suorum  captis 
et  occisis,  perimitur  in  insidiis. 
Turci  caput  ejus  et  omnia  fere 
que  sui  juris  erant  in  dedicionem 


Fol.  92  v°.  —  Manuel,  li  em- 
pereres,  prist  Gorfuel.  H  pour- 
sivi  les  nez  de  Sezile,  et  aucune 
en  prist;  li  roys  fu  délivrés.  11 
fu  molt  honnorés  du  roy  Ro- 
gier  de  Sezile  et  de  pape  Eugénie. 

Raimons,  princes  d'Anthioce, 
qui  estoit  issus  contre  les  Turs 
es  kalendes  d'aoust,  fu  ocis  en 
un  aguet,  et  mains  des  siens  pris 
et  ocis  avek  lui.  Li  Turc  enpor- 
tèrent  sa  teste,  et  quanque  estoit 


DE    LA    CHRONIQUE    UVIVEUSELLE. 


537 


accipiunt     prêter     Anliochiam, 
quam  tamen  nimis  infestant. 

Fol.  ^56.  —  Renaldus  prin- 
ceps,  qui,  alia  vice  a  Turcis  ca- 
ptus  et  per  annos  xvi  tentus  et 
redemplus  niulta  peccunia,  tene- 
bat  tune  Ebron  et  regionein  que 
est  trans  Mare  Mortuum,  ubi  est 
Mons  Regalis  et  urbs  Patracensis, 
que  Aralh  {sic)  dicitur,  ducitur 
ante  Saladinum,  et  cum  décollât 
mucrone  proprio^ 

Saladinus  Accon,  que  et  Pto- 
lomais,  obsidet;  post  biduum  in 
dedilionem  recipit.  Manenlibus 
et  recedentibus  datur  conductus, 
quia  Saladinus  nullum  gravari 
permittit  volenlem  degere  sub 
tributo.  Nunquam  violât  jura- 
mentum.  Vix  negat  aliquid  quod 
rogatur.  Turci  alias  urbes  et  ca- 
stra recipiunt  per  vim  nullam. 


Fol.  ^60  v°.  —  Anno  Domini 
M"  GG°  XI"  nostri  obsident  Laval- 


de  son  droit  pristrent  presque 
tout,  fors  Anthioce,  que  il  mena- 
cboient  et  ataignoient. 

Fol.  97.  —  Li  princes  Renaus 
qui  autre  foiz  avoit  esté  en  la 
prison  des  Turs  xvi  anz,  et  rains 
de  grant  avoir,  tenoit  lors  Ebron 
et  la  contrée  qui  est  de  la  iMer 
Morte,  en  laquele  est  Mons  Royax 
et  la  cité  de  Pcrrouse,  qui  orc 
est  apelce  le  Gras.  Icbil  Renaus 
fu  pris  des  Turs,  et  fu  amenez 
devant  Salehadin,  et  il  li  copa  la 
teste  à  sa  propre  espée. 

Puis  ala  asseoir  Prolomée  [sic) , 
qui  ore  est  dite  Acre,  que  l'en  li 
rendi  dedens  les  ii  jours,  par  si 
que  qui  vaussist  s'en  alasl  ou 
demourast  sans  et  seurs,  il  et  ses 
clioses.  Salebadins  ne  lessoit  nu- 
lui  grever  qui  voussist  vivre  sous 
treu.  Nule  foiz  ne  faussoit  son 
serernent.  A  enuis  veoit  à  nului 
chose  qu'il  li  demandasl.  Li  Turc 
prenoient  les  autres  cités  et  chas- 
tiaux,  mes  nul  par  forche. 

Fol.  ^03.  —  En  l'an  de  grâce 
M  GG  et  XI  assistrent  li  nostre 


1.  Pour  rnonlrer  d'après  quel  système  le  texte  de  la  Chronique  de  Robert  a 
été  traité  par  le  compilateur  des  extraits  contenus  dans  le  ms.  de  la  bibliothèque 
Mazarine,  je  donne  ici  le  passage  de  la  Chronique  originale  relatif  i\  Renaud 
d'Anlioche  :  «  Tune  et  princeps  Rainaudus  ante  Salaadinum  adductus  est.  Is 
post  Raimundum  Antiochiae  princeps,  dehinc  a  Turcis  captus  et  per  annos  XVI 
in  captivitate  delentus,  raulta  postmoduin  pro  eo  laxata  pecuuia  relaxatus, 
tenebat  lune  Ebron  et  eam  que  est  trans  Mare  Mortuum  regionem,  ubi  est  Mons 
Regalis  et  civitas  Petracensis,  que  nunc  dicitur  Crac.  Erat  aulem  vir  consilii 
parsimonieque  et  honestatis  amator,  Turcorum  impugnator  acerrimus  et  nostro- 
rum  lldissimus  propugnator,  llorens  quidem  in  seculo,  sed  seculi  suique  contem- 
ptor.  Id  tamen  in  eo  culpabatur  a  pluribus,  quod,  cum  inter  Christianos  et  Tur- 
cos  statuerenlur  induciœ,  ipse  nunquam  eas  voluit  custodire.  Proinde  hune 
pre  céleris  oderat  Salaadinus,  a  quo  nimirum  fréquentes  gravesque  pcrtuleral 
iesiones.  Quanta  itaque  ab  eo  sustinuisset  replicans,  cum  eo  aliquanlum  dis- 
ceplal,  deinde  suo  eum  mucrone  décollai  »  (éd.  Ilolder-Egger,  p.  250). 


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NOTICE   SCR   C"V   ABR^r.É    K  F    «\':ir5 


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536 

plius  paliemur  desolari  locum 
efîusione  noslri  sanguinis  consc- 
cralum.  r>  Quam  \ocem  audien- 
tes,  cubicularii  expcrrecli  sunl, 
el  surgenles  inveneranl  illum 
miserabililer  nudura,  in  Icrra 
proslralura.  Porro  ipso  adhuc 
prœsulanlc,  ecclesia  Sancti  Sle- 
phani  incensa  cl  post  inccndium 
fundilus  est  eversa;  clauslrum 
quoque  canonicorum  cremalum 
est,  librariunique  el  ornamenLa 
ecclesia';  insuper  el  prcciosis- 
simse  perierunl  reliquiœ. 

Fol.  72  v°.  —  Sanc  Archcni- 
baldo  morluo,  eligilur  Anasla- 
sius,  vir  Deo  dignus.  Hic  mine 
sanclilalis  el  abslincnlire  fuil, 
vigiliarum  anialor  conlinuus  el 
eleniosinarum  distribulor  lar- 
gissimus,  ckM'icurum  nulrilor, 
monachorum  polissimum  venc- 
ralor.  Hic  ab  illo  die  quo  sacer- 
dolium  sumpsil  usque  ad  finem 
vilœ  carnem  non  comedil,  nec 
indutus  est  lino,  sed  scmper  usus 
est  cilicio. 

Manuscrit  17  i 5  de  laMazarine. 

Fol.  ^52  v°.  —  Emmanuel, 
caplo  Curfolio,  naves  insequens 
Siculorum,  nonnullas  capit;  sed 
rex  fuga  liberalur.  A  Rogero  rege 
el  papa  Eugenio  honoralur. 

Remundus,  princeps  Anliochie, 
kalendis  augusli,  contra  Turcos 
egressus,  multis  suorum  caplis 
el  occisis,  perimilur  in  insidiis. 
Turci  caput  ejus  el  omnia 
que  suijuriserantindedici( 


♦  i; 


f  <ii  r.i  ntir..*;  lui  archcvesques 
Ai  lions  de  Oiu  : 

d«'-  !ii  pnslres  jus- 

qii  '.  il  Miiqiies  [que] 

la  I  >  de  sa  char,  ne  ne 

nieiij. 


f    • 


—  .Manuel,  li  cm 
pci  i.orfuel.  H  pour- 

sivi  lenez  de  Sezile,  el  aucune 
en  prL;  li  ro^BMdivrcs.  11 
fu  me  ho 
gier  dôe 

Rai 
qui  e 
es 


DE    LA    CIIROXIQDE    UNIVERSELLE. 


539 


Domina  castri  Girauda,  que 
de  fralre  vel  filio  se  concepisse 
dicil*,  prohicilur  in  puleum,  et 
acervus  lapidum  super  eam  pro- 
tinus  tumulalur. 

Apud  Lemovicas,  quedam  ma- 
trona  nobilis  morilur,  et  sudario 
involula  servatur.  Dum  exequie 
parentur  (sic)  ^  resurgens  de 
morte,  dicit  beatam  Magdalenam 
teligisse  labia  sua  et  se  statim 
spirilum  resumpsisse.  In  festo 
ejusdcra  venit  Verzelliacum  cum 
sudario  et  multis  leslibus  sue 
morlis. 

Remundus  comes  Tholosanus 
herelicus  judicatur  2. 

Anno3  Domini  MoCG^XH»  Ni- 
vernis  conflagratur.  Gathedralis 
ecclesia  per  Guillchuum  episco- 
pum  opère  lapideo  innovatur. 

Fol,  ICI.  —  Philippus,  rex 
Francie,  anno  Domini  M°  GG° 
XIIIIo,  dominica  post  festum 
sancte  Magdalene,  inler  Torna- 
cum  et  ponlem  Bovinum,  expu- 
gnat  Othonem  imperalorem,  Fer- 
randum,  comitem  Flandrensem, 
Renaldum,  comitem  Bolonien- 
sem,  et  raultos  alios  nobiies  et 
famosos  qui  vénérant  contra  re- 
gem,  regnum  protinus  invasuri. 


Girauda,  dame  du  chastel,  qui 
esloit  grosse,  si  comme  l'en  di- 
soil,  de  son  frère  ou  de  son  fil, 
fu  gelée  en  un  puis,  qui  fu  lan- 
tost  comblés  de  pierres. 

A  Lymoges  morut  une  gentil 
famé,  et  fu  gardée  envelopée  en 
son  suaire.  En  dementres  que 
l'en  apareilloit  la  sépulture,  ele 
resucita  de  mort,  et  dist  que 
sainte  Marie  Magdalaine  avoit 
touchié  à  ses  lèvres,  et  tanlost 
avoit  repris  son  esperit.  Ele  s'en 
ala  hastivement  à  Vezelai  à  la 
feste  de  la  sainte ,  atout  son 
suaire,  et  0  lui  molt  de  tesmoins 
de  sa  mort. 

En  l'an  de  grâce  M  GG  et  XII 
Nevers  fu  ars.  L'église  cathé- 
dralx  fu  renovelée  d'uevrc  de 
pierre  par  Guillaume,  adonc 
evesque. 

Fol.  -«03  v°.  —  En  l'an  de 
grâce  M  GG  XIIII,  li  roys  Pbc- 
lippes,  après  la  feste  de  la  Mag- 
dalaine, entre  Tornay  et  le  pont 
de  Bouvines,  vint  l'empereur 
Otbon,  Ferrans,  qucns  de  Flan- 
dres, Renalx,  qucns  de  Bolon- 
gne,  et  mains  autres  nobles 
hommes  et  de  grant  renom.  Li 
quens  Ferrans  et  li  quens  de 
Bouilongne  furent  pris  et  amené 


1.  Dicebai  dans  la  Chronique  de  Robert. 

2.  Celte  note,  dont  le  traducteur  n'a  pas  tenu  compte,  correspoYid  à  l'article 
suivant  de  la  Chronique  de  Robert  :  «  Reimundus,  Tiiolosanus  comes,  cognito 
quod  faveret  et  foveret  herelicos,  cunctis  ad  diripiendum  exponitur  lanquam 
refuga  fidei,  et  publicus  hoslis  Ecclesie  judicalus  »  (éd.  Hoider-Egger,  p.  27G). 
C'est  par  cet  article  que  se  termine  la  Chronique  de  Robert. 

3.  La  note  relative  à  l'incendie  de  Nevers  et  à  la  reconstruction  de  la  cathé- 
drale n'est  pas  dans  la  continuation  de  la  Chronique  de  Robert. 


540 


NOTICE  SUR  UN  ABREGE  EN  FRANÇAIS 


Ex  ipsis  muUi  capiunlur,  et 
maxime  Ferrandus  Flandrensis, 
Rcnaldus  Boloniensis  comités, 
Parisius  capli  ducuntur.  Ceteri 
fugiunt,  et  Victoria  cedit  régi. 

Ipso  die,  villa  que  dicitur  Pons 
super  Ychaonam  celesti  incendio 
conflagratur  ^ . 

FiliusGalteri  camerarii  in  Mel- 
densem  episcopum  consecralur. 

Frater  Guerinus  liospitalarius 
in  episcopum  Silvanectensem 
consecratur  ipso  anno. 

Eodem^  anno,  AyardusdeRa- 
maruco  ducit  uxorem  Philippam, 
filiam  Herrici  condam  comitis 
Trecensium,  quam  a  terra  trans- 
mari na  adducit  in  Franciam  per 
multas  dietas  et  discrimina  infl- 
nita.  Multi  principes  et  milites, 
qui,  prestito  juramento  pro  missu 
[sic]  in  aggressu  negocii  se  pro 
posse  suo  opitulaturos,  eidem  in 
progressu  se  exibent  inimicos. 

Anno  Domini  Mo  GG»  XVI"  [sic) , 
Innocentius  papa  célébrât  conci- 
lium  in  ecclesia  Latteranensi,  in 
quo  fiunt  sumptus  non  modici, 
modicus  autem  fructus.  Ibi  mo- 
ritur  magister  Laterus  [sic],  Pi- 
sanus  archlepiscopus,  mense  no- 
vembri. 

Sequenti  mense  junio,  moritùr 
Innocencius  papa,  aput  urbem 
Perusium,  et  sepelitur  in  eccle- 
sia Sancti  Laurencii,  rétro  altare 
Sancti  Herculiani.  Eligitur  Ghen- 


à  Paris.  Molt  en  1  ot  de  pris. 
Li  roys  ot  la  victoire.  Li  empe- 
reres  s'enfui. 


Icelui  meisme,  fu  arse  du  feu 
du  chiel  Pons  seur  Yonne. 


En  l'an  de  grâce  M  CG  et  XV, 
célébra  li  apostoiles  Innocens 
un  concilie  en  l'eglyse  du  Latran, 
où  il  ot  fet  grans  despens,  et  i  ot 
pou  de  fruit.  A  che  concilie  fu 
[sic]  maistres  Lohiers,  arceves- 
que  de  Pise. 

En  Tensivant  mois  de  jugnet, 
morub  papes  Innocent,  à  Per- 
rouse.  Sanches,  prestres  cardi- 
nalx  de  Saint  Jehan  et  de  Saint 
Pol,   fu   fais   apostoiles,   et  en 


1.  Il  y  a  l'équivalent  de  cet  article  dans  les  deux  continuations  de  la  Chro- 
nique de  Robert  (éd.  Holder-Egger,  p.  277  et  280). 

2.  Cet  article  est  moins  développé  dans  la  première  continuation  de  la  Chro- 
niffue  de  Robert  (ibid.,  p.  277). 


DE    LA    CHKONIQUK    n\IVKKSELLE. 


54^ 


cius,  presbiler  cardinalis  Sanclo- 
rumJoliannisetPauli,  inpapam, 
et  in  ecclesia  Saiicli  PeLri  Peru- 
sini  coiîsccraLur  et  Honorius  ap- 
pellatur. 

Autisiodorense  forum ,  cum 
Sancti  Eusebii  et  Sancti  Amato- 
ris  ecclesiis,  feria  iiiia  post  Pen- 
thecoslen  conflagralur  ' . 

Hcrricus,  imperator  Gonstan- 
linopoiilanus,  Johannes,  rex 
Anglie,  Guido  de  Uampelra-. 

Ludovicus,  régis  Francic  filius, 
acceptis  obsidibus  a  baronibus 
Angiie,  transfretaverant^  reye 
vivente  et  fugienle.  Uuo  mortuo, 
obsides  libérât,  et  coiilidens  de 
Anglis,  quos  ab  imminente  morte 
liberaverat,  tempore  régis,  eos 
letaiiter  persequenlis,  et  quorum 
habebat  juratoriam  caucionem, 
cum  paucis  iterura  in  Angliam 
redit  et  Anglicos  multos  compe- 
rit  perverses.  Occidunt  Tho- 
mam,  eomitera  Perticensem,  mu- 
niunt  portus,  etconcludunt  intra 
Londonias  Ludovicum. 


Anno  Domini  AP  GG"  XVII»,  in 
quindena  Pasche,  Pctrus,  Auti- 
siodorensis  cornes,  et  Yoles,  uxor 
ejus,  coronanlur  ad  imperium 
Gonstantinopolilanum,  ab  Hono- 
rio  papa,  in  ecclesia  Sancti  Lau- 
rencii  extra  muros.  Recedunt  a 
Roma,  et  Jobannes  de  Golumpna, 


l'egljse  Saint  Pierre  de  Perrouse 
sacrés,  et  fu  apelez  Honorés. 


Li  marchies  d'Auçuerre  et 
l'eglyse  de  Sainte  Eusèbe  et  de 
Saint  Amador  furent  arses  le 
quart  jour  emprès  Pentecosle. 

llenris,  emperercs  de  Gosten- 
linoble,  li  roys  Jehans  d'Engle- 
lerre,  Guis  de  Dampierre  moru- 
rent  lors. 

Loeis,  filx  le  roy  Phelippe  de 
Franche,  prist  osLages  des  ba- 
rons d'Engleterre;  estoit  passés 
en  Engleterre  le  roy  vivant. 
Comme  li  roys  fu  mors,  il  déli- 
vra les  ostages,  et  se  fioit  des 
Englois,  que  il  avoit  délivrés 
aussi  comme  de  la  mort,  car  li 
roys  les  grevoit  tant  comme  il 
pooit;  et  avoit  d'euls  serement 
de  seurté.  S'en  retorna  o  pou  de 
gens  en  Engleterre,  et  i  trouva 
molt  d'Englois  qui  s'estoient  tor- 
né  contre  lui.  Il  ocistrent  le  conte 
Thomas  du  Perche,  et  guarnirent 
les  pors,  et  aussi  comme  encloent 
Loeis  dedens  Londres. 

En  l'an  de  grâce  M  GG  XVII, 
la  quinzaine  de  Pasques,  li  quens 
Pierre  d'Auçuerre  et  Yolent,  sa 
lame,  furent  couroné  a  l'enpire 
de  Gostentinoble ,  de  Honoré 
l'apostoile,  en  l'eglyse  Saint  Lu- 
rent dehors  les  murs  de  Romme. 
Il  s'en  partirent,  et  Jehans  de  la 


1.  Cet  article  est  dans  la  première  continualioQ  de  la  Chronique  de  Robert 
(éd.  Holder-Egger,  p.  277). 

2.  Il  faut  suppléer  le  mot  obieruni. 

3.  Lisez  transfrelaverat. 

4897  35 


542 


NOTICE  SUR  UN  ABREGE  EN  FRANÇAIS 


cardinalis,  apostolice  sedis  lega- 
tus,  cum  eis  ;  et  mari  Lransmealo, 
impératrice  cum  filiabus  diver- 
lentc  per  Romaniam  iter  suum, 
de  mandate  imperatoris,  ipse 
imperator,  cum  cardinali  et 
omni  comitatu  suo,  capitur  a 
Theodoro,  comité  Dyrachii,  inva- 
sore*. 

Mense  februario  sequenti,  fit 
ventus  veliemens,  die  qua  obit 
Bertholdus  dux,  Ecclesie  perse- 
quutor. 

Précédente  mense  novenbri, 
dominica  précédente  Adventum, 
corruunt  miraculose  turres  ec- 
clesie Sancti  Stephani  Autisiodo- 
rensis  sine  alicujus  lesione^. 

Anno  Doraini  M»  GG°  XVII°, 
mense  septembri,  Ludovicus,  vi- 
dens  dolos  baronura  Anglie,  por- 
tuum  impedimenta,  persequu- 
tionem  tocius  regni,  prêter  Ludo- 
vicum  [sic]  intencionem  Gale, 
apostolice  sedis  legati,  qui  totis 
nisibus  procurât  Ludovic!  et  suo- 
rum  infidelitatem ,  et  timens 
quod,  si  Londoniam  exeat,  re- 
vertenti  claudatur,  desiderat 
pugnare  cum  Anglis;  sed  ipsis 
pugnam  devitantibus,  facta  com- 
posicione,  redit  in  Franciam,  qui 
mirabilcm  habuisset  victoriam, 
si  fidelitatem  debitam  invenisset. 

Anno  Domini  AP  GG"  XVIII, 
sanctus  Guillelmus,  Bituricensis 
archiepiscopus,  canonizatur,   et 


Golongne,  gardonnax  et  legaz, 
avek  eulx.  Et  l'empereris  fesant 
son  chemin  par  Roumanie,  entre 
lui  et  ses  filles,  par  le  comman- 
dement son  seigneur,  li  empe- 
reres  et  li  cardinalx,  o  toute  lor 
compagnie,  furent  pris  par  Tho- 
dore  de  Duraz. 

Fol.  ^ 04.  —  El  moys  de  fé- 
vrier ensiuvant,  fu  trop  fors 
vens,  et  celui  jour  morut  li  roys 
Bertouls.  Grans  persécutions  de 
sainte  Eglyse  fu  adonc. 


Loeis,  qui  vit  le  malice  des 
Englois  et  l'empeechement  des 
pors,  le  trouble  du  raigne,  et 
Tentencion  de  Gale,  cardinal  et 
légat,  qui  à  tout  son  pooir  pour- 
cachoit  Tempeechement  Loeys  et 
des  siens,  il  douta  que,  se  il 
issoit  de  Londres,  que  l'entrée 
li  fust  enpeechie,  se  il  i  vossist 
retourner-  il  ne  se  combati  mie 
as  Englois,  ja  soit  clie  qu'il  es- 
chivoient  la  bataille,  et  faite  une 
componction  entre  elx,  il  s'en 
retorna  en  Franche.  Il  eust  eu 
mervelleuse  victoire  se  il  eust 
trouvé  droite  loiauté. 

En  ran  de  grâce  M  GG  et  XVIII 
sains  Guillaumes  de  Boorges  fu 
canonisiez. 


1.  Cet  article  est  moins  développé  dans  la  première  continuation  de  la  Chro- 
nique de  Robert  (éd.  Holder-Egger,  p.  277). 

2.  Comparez  l'article  analogue  qui  se  lit  dans  les  deux  continuations  de  la 
Chronique  de  Robert  (éd.  Holder-Egger,  p.  277  et  282). 


DE   LA   CHRONIQDE   UNIVERSELLE. 


543 


Geraudus,  successor  ejus,  obit. 
Gui  succedit  Symon,  canlor  Bilu- 
ricensis,  nepos  Herrici,  condam 
Biliiricensis  archiepiscopi. 

Symon,  cornes  Mon  lis  Forlis, 
in  obsidione  Tholosana  moritur. 
percussus  lapide  interioris  petra- 
ric,  in  craslino  Sancli  Johannis 
Baplisle,  miles  calholicus,  ma- 
gnanimus  et  honestus. 

Hugo,  dux  Burgundie,  fidelis 
in  regnum,  crucesignalus,  aput 
Noerium  caslrum  morilur,  el 
apul  Gisterciura  sepelitur. 

Mense  julio,  Petrus  Parisien- 
sis,  Galterus  Eduensis,  Jordanus 
Lexoviensis  episcopi,  el  Herveus, 
comesNivernensis,  Gallerus,  ca- 
merarius  régis  Francie,  et  Iterius 
de  Couciaco  et  Ansericus ,  frater 
ejus,  el  alii  barones  multi  et  po- 
pulus  copiosus  ilcr  arripiunt 
Iransraarinum. 

Rex  siquidem  Hungarie  et  dux 
Auslrie  anno  transfretaverant 
precedenli. 

Rege  Hungarie  repalrianle, 
dux  Auslrie  el  alii  urbem  obsède- 
ranl  Damielam. 

Aurelianis  gravi  incendio  pe- 
joratur  ^ . 

Gallerus,  abbas  Pontigniacen- 
sis,  fil  episcopus  Garnotensis. 

Ludovicus,  fîlius  régis  Franco- 
rum,  resumit  signum  crucis  con- 
tra Albigenses. 

Philippus,  rex  Francorum,  die 


Simons,  quens  de  Montfort, 
morul  au  siège  de  Toulouse,  el 
fu  férus  d'une  pierre  que  une 
perrière  gela,  lendemain  de  la 
Saint  Jehan.  Il  estoit  chevaliers 
catholiques  et  de  granl  cuer  et 
honesles. 

Hugues,  dux  de  Bourgoingne, 
feax  du  raigne,  morul  lors. 


Pierres  de  Paris,  Gautier  de 
Ostun,  Jordains,  evesques  de 
Lisies,  Hervix,  quens  de  Nevers, 
Gautier,  chanberier  de  Franche, 
lliers  de  Goci  et  Ansiax ,  ses 
frères,  et  maint  autre  baron,  et 
grant  plenlé  d'autre  pueple  s'en 
alèrent  lors  outremer. 

Li  roys  de  Hongrie,  li  dux 
d'Osterice  estoienl  passé  l'an  de- 
vant. 

Li  roys  de  Hongrie  s'en  re- 
paira,  et  li  dux  d'Ostrice  èl  li 
autre  baron  assistrenl  Damiele. 

Orliens  fu  adonc  empiriés  molt 
durement  de  feu. 


Loeis,  filx  le  roy  de  Franche, 
reprist  la  crois  contre  les  Aubi- 
jois. 

Le  jour  de  la  Ghandeleur,  fist 


1.  Comparez  une  note  de  la  première  continualion  de  la  Chronique  de  Robert 
(éd.  Holder-Egger,  p.  277). 


544 


iXOTICE  SDR    ON   ABREGE   EN   FRANÇAIS 


purificationis  Béate  Marie,  faciL 
geiieralem  conslilucionem  de  ju- 
deis  '  suis,  uL  nullus  accipiaL  in 
vadium  ornamenlum  ecclesie,  ut 
nullus  tradat  alicui  religioso  pec- 
cuniam  nisi  de  assensu  capilanei  ^ 
sui  et  cum  litteris  palenlibus  pre- 
lati  et  capituli  sui,  ut  nullus Ghri- 
stianus  compellatur  vendere  he- 
reditatem  suam  seu  redditus  suos 
propLer  débita  Judeorum,  immo 
due  partes  hereditatis  seu  reddi- 
tuum  et  plegii  assignentur^  Judeo, 
etdeinceps  non  currat  '*  debitum, 
et  ut  debitum  non  currat  ultra 
annum  a  mutuo  facto,  et  ut  libra 
non  lucretur^  ultra  duos  dena- 
rios  qualibet  septimana,  et  ut 
propler  hoc  non  capiatur  corpus 
debitoris,  aut  animalia,  carruce, 
nec  culcitre^,  seu  domus  alla 
utensilia. 

Fol.  i  62.  —  Damieta  cum  mul- 
lis  laboribus  sumptuosis  miracu- 
lose  capitur  a  nostris,  et  per  an- 
num vel  amplius  possidetur. 
Postmodum,  Pelagio,  cardinali 
et  legato,  Templariis  et  Hospita- 
lariis  totoque  exercitu  Ghristia- 
norum,  excepto  rege  Johanne, 


li  roys  Phelippes  un  establisse- 
ment  de  tous  ses  Juis  gênerai  : 
que  nus  ne  recheust  en  gage  aor- 
nemens  de  sainte  eglyse;  que 
nus  ne  baillast  à  nul  relegieus 
pecune  fors  par  l'assentement  de 
son  raestre  par  desus,  et  o  les 
lettres  pendans  de  son  prélat  et 
de  son  couvent;  que  nus  cres- 
tiens  ne  fust  contrains  à  vendre 
hiretage  ou  rentes  pour  dette  as 
Juis,  mes  les  ii  parties  de  l'hire- 
tage  ou  des  rentes  du  deteur  et 
du  piège  soient  assenées  as  Juis, 
et  d'iluelv.  en  avant  ne  queure  la 
dette  outre  un  an  puis  Teuprunt 
fait;  et  que  la  livre  ne  gaaint 
que  II  deniers  ctiascune  semaine  5 
et  que  li  cors  du  deteur  ne  fust 
pour  che  pris,  ne  ses  bestes,  ne 
sa  charrue,  ne  sa  coûte,  ne  autres 
ostielx  de  sa  maison. 

Fol.  -104  v°.  —  Damiete,  as 
grans  coulx  et  à  grans  travax, 
fu  prise  des  noz,  qui  la  tindrent 
un  an  et  plus.  Après  che,  li  car- 
dinax  Pelages  fu  pris  du  soudam, 
et  Templier  et  Hospitalier  et 
toute  l'ost  des  Grestiens,  fors  le 
roy  Jehan,  qui  s'en  estoit  partis, 


1.  Le  texte  de  cette  ordonnance  sur  les  Juifs  nous  est  parvenu  par  les 
registres  de  Pliilippe-Auguste(voy.  le  Catalogue  des  actes  de  Philippe-Auguste, 
p.  412,  n°- 1874).  —  Il  y  en  a  un  résumé  un  pea  différent  de  celui-ci  dans  la 
seconde  continuation  de  la  Chronique  de  Robert  (éd.  Holder-Egger,  p.  283).  — 
Baluze  (papiers  de  Baluze  à  la  Bibl.  nat.,  vol.  74,  fol.  159)  avait  tiré  d'un  ms. 
de  Saint-Marlial  de  Limoges  un  résumé  à  peu  près  identique  à  celui  qui  est 
ci-dessus  publié  et  dans  lequel  plusieurs  passages  sont  moins  corrects  que  dans 
le  ms.  de  la  Mazarine. 

2.  Capituli,  Baluze. 

3.  Assumentur  a  Judeo,  Baluze. 

4.  Querat,  Baluze. 

5.  lAbra  non  mutuetur  nisi  duos  nummos  in  qualibet  hebdomada,  Baluze. 
G.  Culture,  Baluze. 


DE   LA    CnROMQDE   UNIVERSELLE. 


545 


qui ,  ob  quandam  discordiam  inter 
ipsum  el  logatum  motam,  ab  cxer- 
cilu  recesserat,  a  soldano  per  in- 
forlunium  caplis  et  graviter  affli- 
ctis,  pro  redempcione  eorum  et 
omnium  captivorum  qui  erant 
sub  potestate  soldani,  reddita  est 
Paganis. 

Guido  de  Castellione,  primo- 
genitus  comitis  Sancti  Pauli,  du- 
cit  iii  uxorem  unicam  filiam  Her- 
vei,  comitis  Nivernensis. 

Anno  Domini  M»  GC  XXP, 
Guillelmus,  episcopus  Nivernen- 
sis, peri(us  in  jure  ecclesiastico 
et  civili,  providus  et  discretus, 
tempore  maxime  caristie,  quo 
obiit,  pascens  cotidie  circa  duo 
milia  pauperum,  qui  a  Philippe 
rege  Francorum  pcrpotuam,  cum 
inestimabili  sumptu,  optinuerat 
regalium  libertatem,  in  vigilia 
ascensionis  Domini,  terrena  pro 
celestibus  commutans,  migravit 
ad  Ghristum.  Gui  successit  Ger- 
vasius  de  Gastro,  moribus  orna- 
tus,  génère  nobilis,  qui,  conse- 
cratus  in  episcopum,  mensibus 
sex  diebus  tribus  tantum  rexit 
ecclesiam,cui  successit  Philippus. 

Anno  Domini  AP  GG°  XXIP, 
magister  P.  de  Corbolio,  archie- 
piscopus  Senonensis,  vir  inesti- 
mabiiis  littérature,  bonesenectu- 
tis,  die  synodi  sue,  obit  et  in 
ecclesia  Senonensi,  présente  sy- 
nodo,  tumulatur;  cui  successit 
magister  Galterus  Gornutus. 

Guillelmus,  Parisiensis  episco- 
pus, libcrtalis  ecclesiastice  mira- 
bilis   defensor,    aput    Sanctum 


pour  descort  mou  entre  lui  et 
Pelage;  et  furent  chil  qui  furent 
pris  molt  malmené,  et  pour  la 
raenchon  d'elx  et  de  tous  les  che- 
lis  qui  estoient  el  pooir  au  sou- 
dan,  fu  rendue  la  cité  as  Paiens. 


346 


NOTICE  SUR  UN  ABREGE  EN  FRANÇAIS 


Clootiim,  moritur,  et  in  abbacia 
Pontigniacensi  sepelitur. 

Magister  Herveus,  Trecensis 
episcopus,  in  ulroque  jure  peri- 
tus,  longeve  etalis,  obit.  Huic 
successil  magisler  Robertus, 
ipsius  ecclesie  decanus. 

Eodem  anno,  Herveus  de  Gie- 
mo,  cornes  Nivernensis,  vir  ma- 
gnanimus,  ecclesiaslica  jura  con- 
servans,  hereticorum  precipuus 
persequulor,  superator  bostium, 
jusUcie  fidelis  vassallus,  cujus 
magnanimitati  barones  Francie 
invidebant,  apud  Sanctum  A.nia- 
num  in  Bituria,  castrum  suum, 
moritur,  ibique  tumulatur  in 
quindena  apparicionis  Domini, 
sed  abbate  Pontigniacensi  se  {sic) 
septem  abbatibus  pluribusque 
monachis  et  raultis  aliis  venien- 
tibus,  ut  corpus  secum  portarent, 
fere  a  minutis  populis  lapidan- 
lur;  demum  aput  Pontigniacum 
transfertur  corpus  ejus. 

Johannes,  rex  Jherosolimita- 
nus,  ex  amissione  Damiete  et 
debilitate  suorum  ultra  modum 
dolens,  a  partibus  transmarinis 
transfretat  in  Franciam  cum  pau- 
ois,  auxilium  petiturus. 

Fredericus,  Romanorum  impe- 
rator,  signo  crucis  assumplo,  du- 
cit  in  uxorem  per  verba  de  pre- 
senti,  unicam  filiam  ipsius  régis, 
et  hoc  juramento  affirmât  coram 
papa  Honorio.  Anno  sequenti, 
nupcie  soilerapniter  celebranlur. 

Fol.  H  02  v".  —  Anno  Domini 
Mo  CG»  XXIII,  mensejunio,Pbi- 
lippus,  Francorum  rex,  vir  po- 
tentissimus,  qui  Othonem  impe- 


Pol.  ^104  v".  —  Jehans,  roys 
d'outremer,  dolens  de  la  perte 
de  Damiete  et  de  l'afloiement  des 
siens,  s'en  vint  en  Franebe  à 
pou  de  gent  pour  requerre  aide. 

Fedris,  empereour  des  Rou- 
mains, se  croisa,  et  prist  à  famé 
une  seule  fille  que  li  roys  Jehan 
avoit,  et  l'aferma  par  serement 
par  devant  pape  Honoré.  En  l'an 
après  furent  faites  entr'elx  sol- 
lempnex  noces. 

En  l'an  de  grâce  M.  CG.  et 
XXIII,  el  mois  de  jugnet,  morut 
li  roys  Phelippes  de  France, 
bonis  très  puissans,  qui  Othon 


DE    LA   CnROXIQDE  DNfVERSELLE. 


547 


rntorcm  et  qiiam  plurimos  in 
bello  campali  deviceral,  nobiles 
et  polenles,  Normanniam  acqui- 
sivil  et  sibi  Aquilaniam  apro- 
priavit  etmaximam  Piclaviepar- 
tem,  qui  scmper  prospères habuil 
ad  vola  successus,  ecclesiastice 
libertatis  precipuus  conservator, 
dormit  in  Ghristo,  et  in  Sancti 
Dyonisii  ecclesia  sepelitur.  Mira- 
bile  fecit  leslamentum  :  Johanni 
régi  Jherosolimilano  c  (sic)  libras 
parisiensium,totidemTcmplariis, 
lolidem  Hospitalariis  dedil,  et 
plura  bona  reialu  longua  fecit. 

Ludovicus,filiusejus,succedit, 
et  prima  dominica  augusti  eodem 
anno  sollempniler  aput  Remis 
coronatur,  et  Biancha,  uxor  ejus, 
in  reginam.  Tricesimum  septi- 
raum  etalis  sue  annum  fere  com- 
pleverat  Ludovicus  quando  fuit 
coronalus. 

Cornes  Campanieducituxorem 
filiam  Guichardi  de  Bello  Joco, 
cognatam  germanam  régis  Lu- 
dovici. 

Rex  reddit  comiti  Gampanie 
duo  castra,  Monsterolum  foris 
Yonam  et  Brayam  super  Sequa- 
nam,  quepater  suusdiu  tenuerat. 

Almarricus,  cornes  Montis  For- 
tis,  a  parti  bus  Albigensibus  redit 
ad  patriam  propter  defectum  vi- 
ctualium,  relinquens  Carcasso- 
nam,  urbem  munitissimam,  et 
alla  castra,  que  cum  labore  maxi- 
mo  et  sumplu  inestiniabili  et 
amissione  plurima  gencium  fue- 
rant  acquisita  et  per  quatuor  (sic) 
annos  possessa  a  nostris. 


l'emporpor  ot  pjusors  aulres  no- 
bles bonmes  avoit  sormonlés,  et 
avoit  ajousté  à  son  royalme  Aqui- 
taine et  grant  partie  de  Poitou  et 
toute  Normendie,  qui  lousjours 
ot  selonc  son  plaisir  bonnes 
aventures.  Souvrains  gardcrres 
estoit  de  la  droiture  de  sainte 
eglyse  cl  de  sa  francise.  Il  fu 
enseveliz  en  l'eglyse  Saint  Denis. 
11  fist  merveilleus  testament  :  il 
lessa  au  roy  Jehan  d'outremer 
c"  Ib.  de  parisis,  autretunt  as 
Templiers,  autrelant  as  Hospita- 
liers, et  plusours  autres  biens 
dignes  de  lonc  racont. 

Loeys,  ses  filx,  fu  couronnés 
à  Rains  le  premier  jour  d'aost 
par  un  diemanche,  et  Blance,  sa 
famé,  avek  couronnée  et  sacrée. 
Li  roys  Loeis  avoit  aconpli  le  tren- 
tisme  an  de  son  aage  quant  il  fu 
couronnez. 

Thiebaus,  quens  de  Gham- 
peigne,  prist  à  famé  la  fille  fiui- 
chart  de  Biaugieu,  cousine  ger- 
maine le  roy  Loeys,  qui  li  rendi 
II  castiax,  que  ses  pères  avoit 
longuement  tenus ,  Mousterucl 
en  for  d'ione  et  Brai  sur  Saine. 

Li  quens  Amaurris  de  Mont- 
fort  lessa  par  sousfraité  de  vian-' 
des  Garcasonne,  cité  bien  garnie, 
et  aulres  castiaux,  qui  à  grant 
traveil  et  à  merveillox  coust  et  à 
grant  perle  des  noz  avoienl  esté 
conquis  et  par  xxiiii  ans  tenus 
des  noz. 


548 


NOTICE  SUR  U\  ABREGK  EN  FRANÇAIS 


Eodem  anno,  Johannes,  rex 
Jherosolimitanus,  limina  beali 
Jacobi  adil  peregrinaturus.  Ducit 
in  uxorcm  filiam  régis  Galicie. 
Rex  aulem  Iransfretat  in  An- 
gliam,  ubi  plura  ei  donaria  con- 
feruntur. 

Anno  Domini  M"  CG"  XXIIIIo, 
rex  Ludovicus  movet  priraum 
exercitum  posl  coronationem 
suam  contra  Pictavenses.  In 
craslino  Sancti  Johannis  Ba- 
ptiste congregat  suos.  Inde  pro- 
cedens  cum  mille  ducenlis  mili- 
libus  et  pluribus  aliis  aplis  ad 
bellum, obsidet  Lezegniacum,  ca- 
strum  fortissimum.  Savaricus  de 
Malo  Leone,  qui  intus  erat,  vi- 
dens  fortitudinem  régis,  facit 
paclum  cum  rege,  ut  sibi  liceat 
recedere  cum  suis;  deinde  ca- 
strum  régi  redditur. 

Rex  inde  progredilur  ad  San- 
ctum  Jotiannem  Angeliacensera, 
et  abbas  et  burgenses  ipsius  loci 
ol)viant  régi,  et  pacifiée  ei  vil- 
lam  reddunt,  fidelitatem,  proul 
petitur,  exibentes. 

Rex  inde  tendens  ad  Ruppel- 
lam,  obsidet  eam.  Machine  eri- 
guntur,  que  per  novem  dies 
muros  destruunt  incessanter. 
Salvaricus.  de  Malo  Leone,  cum 
ce  militibus,  burgenses  ville  et 
quam  plurirai  servientes  virili- 
ter  se  defendunt.  Demum,  consi- 
dérant! 1)U5  illis  qui  intus  erant 
se  non  habituros  ab  aliqua  parte 
succursum,  etvidentibus  fortitu- 
dinem régis  cottidie  augmentari, 
reddunt  villam  régi,  quibusdam 


Fol.  'lOS.  —  En  chel  an,  ala 
li  roys  Jehans  d'outremer  en  pè- 
lerinage à  Saint  Jaque,  et  pristà 
famé  la  fille  le  roy  de  Galice  ;  ele 
fu  amenée  à  Paris.  Et  li  roys 
Jehan  passa  en  Engleterre,  où 
Pen  li  donna  plusours  dons. 

EnPandegraceMCGetXXIIII, 
li  roys  Loeys  semont  son  ost 
contre  les  Poitevins,  lendemain 
de  la  Saint  Jehan  Baptiste,  à 
Tors,  et  d'iluek  s'esmut  atout 
xw^  chevaliers  et  autres  pluseurs 
convenables  à  bataille,  et  assist 
Niort,  un  fort  chastel.  Savaris 
de  Maulion,  qui  estoit  dedens, 
vit  la  fierté  le  roy  et  fîst  couve- 
venant  0  le  roy  que  il  et  li  sien 
s'en  poissent  aler  sauvement,  et 
puis  fu  rendus  li  chastiaux  au 
roy,  et  il  i  raist  sa  garnison. 

D'iluek  s'en  repaira  li  roys  à 
Saint  Jehan  d'Angeli;  li  abbez  et 
et  li  borjois  de  la  vile  alèrent 
encontre  paisiublement,  illi  ren- 
dirent la  vile  et  pourmirent 
feauté  tout  ensi  com  li  roys  de- 
manda. 

D'iluek  s'en  ala  li  roys  à  La 
Rochele  et  l'assist.  Li  engin  fu- 
rent drechié,  et  par  ix  jors  sans 
chesser  destruirent  les  murs. 
Savaris -de  Maulion,  o  ii<:  de  che- 
valiers, et  li  bourjois  de  la  vile 
et  grant  plenté  de  serjans  qui 
estoient  dedens  se  dcffendoient 
viguereusement.  En  la  fin  il 
esgardcrent  que  il  n'auroient  se- 
cours de  nulc  part,  et  vuirent  que 
li  pooirs  le  roy  croissoit  chascun 
jour.  Il  rendirent  la  vile  au  roy 


DE   LA    CHRONIQUE   UNIVERSELLE. 


549 


pactionibus  inter  regem  et  bur- 
genses  formai is  [sic).  Salvaricus 
cum  suis  indc  pcr  marc  roccdil. 
Poslmodum,  omni  condicione 
cessarile,  burgenses  commuai  1er 
se  dederunt  régi,  salvis  ville  li- 
bertalibus,  fidelilatera  ligiam  fa- 
cientes. 

Fol.  J()3.  —  Anne  Domini 
M"  GG"  XXV",  circa  Pascha,  qui- 
dam confingens  se  esse  Baldui- 
num,  condam  comitem  Flandric 
et  imperatorcm  Gonstanlinopoli- 
tanum,  venit  in  Flandriam  in 
habilu  pcregrino.  MuUi  de  Flan- 
dria  favenl  ei,  nobiles  et  ignobi- 
les,  eo  quod  mulla  intersigna 
dicebat  quod  ipse  esset  Baldui- 
nus.  Resistentes  sibi  viriliterde- 
bellat.  Non  multo  post,  statuto 
colloquio  inter  ipsum  et  regem 
Francorum  aput  Peronam,  re- 
quisitus  a  rege  quis  ornavcrat 
eum  in  militem,  et  ubi  fecerat 
homagium  patri  suo  Philippe,  et 
ubi  fuerant  nupcie  celebrate  inter 
ipsum  et  comitissam,  noluit  re- 
spondere,  pctens  inducias  usque 
post  prandium.  Tune,  comporta 
ejus  fraude,  licenciavit  eum  rex 
a  toto  rcgno  suo.  Ipse  autem, 
qui  cum  muUis  ponposc  vencrat, 
confusus  cum  paucis  abscessit. 
Non  multo  post  ab  Erardo  de 
Ghassenai  in  quadam  taberna  ca- 
pitur  et  traditur  Flandrcnsi  co- 
mi lisse,  que,  diversis  eum  pénis 
affleiens,  ad  ultimum  patibulo 
suspendi  fecit. 

Anno  Domini  M°  CG"  XXVP 
{sic],  die  mercurii  anlc  Purifica- 
lionem,  Ludovicus  rex  et  quam 


par  aucunes  couvenanches ,  qui 
furent  fremées  entre  els  et  le  roy. 
Savaris  o  les  siens  s'en  ala  par 
mer.  Un  peu  après,  il  se  ren- 
dirent au  roy  sans  nule  condi- 
cion,  sauves  les  francises  de  la 
vile  et  firent  au  roy  lige  feaulé. 

En  l'an  de  grâce  M  CG  et  XXV, 
cntour  le  Pasquc,  vint  un  homme 
en  Franche  en  abit  de  pèlerin, 
et  faignoil  que  il  fust  li  quens 
Baudoins  de  Flandres ,  qui  fu 
empereres  de  Gostentinoble;  et 
maintes  gens  de  Flandres ,  et 
courtois  et  vilains,  s'acordoient 
à  lui,  car  il  disoit  moll  d'autres 
ensaingnes,  par  quoi  il  sambloit 
que  il  fust  le  conte  Baudoin. 
Cens  qui  contre  lui  esloient  es- 
conbaloit  forment.  Un  pou  après, 
pristrent  parlement  entre  lui  et 
le  roy  de  Franche  à  Perrone  : 
li  roys  li  demanda  quil  l'avoit 
fait  chevalier,  et  où  il  fist  hom- 
mage au  roy  Phelippe,  et  où  il 
avoit  espousée  sa  famé.  II  ne 
vaust  respondrc  à  che,  ains  de- 
manda tri ves jusqu'après  disner. 
Lors  fu  sa  tricherie  apercheue. 
Li  roys  le  congea  de  tout  son 
reigne,  et  il  qui  estoit  venuz  à 
grant  buchan  et  à  grant  gent 
s'en  parti  confus  et  à  pou  de 
gent;  et  ne  mie  m  oit  grant  tans 
après,  il  fu  pris  en  une  taverne 
de  Herax  de  Gassaigne,  et  fu 
bailliez  à  la  contesse,  et  en  la  fin 
le  fist  pendre. 

Fol.  -iOo  v".  —  En  cel  an 
meisme,  entour  la  Ghandeleur, 
li  roys  Loeys  et  molt  d'autres 


550 


NOTICE  SUR  ON  ABREGE  EN  FRANÇAIS 


pluriml  polentes  archiepiscopi, 
cpiscopi,  comités  et  barones  apul 
Parisias  per  manura  Romani, 
cardinalis  et  iegati,  contra  Albi- 
genses  accipiunt  signum  crucis. 

Consequenter,  inpaschali  tera- 
pore,  anno  sequenti,  rex  et  om- 
nes  crucesignati  Bituris  conve- 
niunt,  inde  procedunt  per  Niver- 
nis  et  Lugdunum  civitates,  ad 
Avignionem,  urbem  inexpugna- 
bilem,  ab  ecclesia  Romana  per 
septem  annos  exconimunicacioni 
sulijectam  propter  hereticam  pra- 
vitatem. 

Rege  se  credente  habiturum 
ingressum  pacificum  propter 
quasdam  previas  pactiones  quas 
habaerat  cum  civibus,  porte 
clauduntm-,  et  excluditur  rex 
cum  suis.  Rex  miratur,  et  spiri- 
tu  virtutis  assumpto,  villam  ob- 
sidet,  suo  exercitu  Iripartito. 

In  vigilia  Sancti  Barnabe  apo- 
stoli,  que  fuit  quarta  feria  Pen- 
thecostes,  erigunlur  machine, 
trabuchela,  petrarie,  mangonella  ; 
parum  prosunt,  nam  hi  qui  in- 
tus  sunt  viriliter  se  defendunt. 
Rex  inestimabiles  sumptus  facit. 
Durât  obsidio  usque  ad  assum- 
pcionem  béate  Marie. 

Fol.  -1-63  v''.  —  Maxima  raor- 
talitas  ibi  pullulât,  et  de  nostris 
circa  duo  milia  hominum  celo- 
rum  ymbribus  et  lapidum  vola- 
tu  et  infirmitate  propria  raoriun- 
tur.  Moritur  ibi  Guido,  comes 
Sancti  Pauli,  percussus  lapide 
petrarie  interioris,  vir  armis  strc- 
nuus,  cathoHcus    et   honestus. 


grans  hommes ,  arcevesques, 
evesques,  contes  et  barons,  se 
croisièrent  à  Paris  contre  les 
Aubijois,  par  la  main  le  cardi- 
nal Roumain. 

Et  tans  de  Pascor,  en  Tan  de 
grâce  M  CG  et  XXVI,  s'asamblè- 
rent  li  roys  el  li  autre  croisié  à 
Boorgez,  et  d'iluek  s'en  alèrent 
par  Nevers  et  par  Lions  à  Avi- 
gnon, cité  trop  fort,  qui  de 
l'eglyse  de  Rorame  avoit  esté 
escumenié  par  vri  anz  par  mau- 
vaistié  d'erisie. 

Li  roys  cuida  tout  em  pès  pas- 
ser à  Avignon,  pour  unes  cou- 
venanches  que  il  avoit  eues  à 
cheus  de  la  vile.  L'en  li  clost  les 
portes.  Li  roys  demoura  hors 
avek  les  siens,  et  s'en  merveilla 
molt  durement.  Il  reprist  bon 
cuer  et  assist  la  vile.  Il  parti  son 
ost  en  trois.  Tout  droit  la  veille 
de  la  Saint  Barnabe,  qui  fu  le 
mercredi  après  Pentecouste,  en- 
gien  furent  drechié,  trébuchez, 
perrières,  mangonniax;  mes  pe- 
tit i  pourfitèrent ,  car  chil  de 
dens  se  deffendoient  molt  vigue- 
reusement.  Li  roys  fist  merveil- 
leusement grans  mises.  Li  sièges 
dura  jusqu^à  la  mi  aoust. 

Il  iot  grant  mortalité  des  noz. 
Plus  de  II™  en  i  raorurent,  que 
navrés  de  quarriax  et  de  piles, 
que  de  eues  de  pierres,  que  de 
mors  de  leur  propres  maladies. 
Là  morut  li  quens  Guis  de  Saint 
Pol,  férus  d'une  pierre  getée 
d'une  perrière  dedens,  bons 
preus  as  armes  et  catoliques  et 


DE   LA  CORONIQDE   UNIVERSELLE. 


55^ 


Morilur  ibi  episcopus  Lcmovi- 
censis.  Gomes  Campanie  redit  ad 
propria  sine  iicenUa  régis  vel 
iegali. 

Tune  Avignioncnses,  régis 
constanciam  atlendenles ,  qui 
cuni  suis  proceribus  juramento 
firmaveral  se  non  recessurum 
donec  villa  capereLur  vel  redde- 
retur,  ducentis  datis  obsidibus 
de  melioribus  ville,  jurant  stare 
mandato  ecclesie.  Tune,  de  man- 
dato  Iegali  et  rege  imperante, 
fossata  implentur.  Trecente  do- 
mus  turrales  que  in  villa  erant 
et  omnes  mûri  circumquaque 
diruti  coequantur.  Villa  absolvi- 
tur,  et  legalus  multas  bonas  et 
laudabjles  constituliones  inducit. 
Magister  Nicholaus  de  Corbeia, 
monaclms  Giugniacensis,in  ipsius 
loci  episcopum  consecratur. 

Rex,  indeamoto  exercitu,  pro- 
greditur  per  Provinciam,  et  red- 
duntur  ei  pacifice  civilales,  ca- 
stra et  fortericie  omnes,  usque 
ad  quatuor  leucas  de  Tholosa. 
Rex  preficil  loti  illi  regioni  Hum- 
berlum  de  Bello  Joco  loco  sui. 

Rege  repatriante,  raoriuntur 
Remensis  arebiepiscopus  et  co- 
rnes Nivernensis  [sic],  quorum 
corpora  ad  loca  propria  deferun- 
tur. 

Ab  illa  pestifera  obsidione  pau- 
ci  vel  nulli  redeunt  plene  sani. 
Per  totum  exercitum  pullulât 
mortalitas  generalis,  plus  in  ju- 
venibus  quam  in  senibus. 

Die  jovis  ante  feslum  Omnium 


bonestes.  Là  morut  li  evesques 
de  Lymoges.  Li  quens  de  Cham- 
peigne  s'en  retorna  sans  le  con- 
gié  du  roy  ne  du  légat. 

Chil  d'Avignon,  qui  regardè- 
rent le  roy  et  sa  conlenancbe,  se 
rendirent  et  jurèrent  que  il  se- 
roicnt  au  commandement  de 
l'eglyse,  et  il  avoient  bien  oi  dire 
que  li  roys  avoit  juré  que  il  ne 
se  partiroit  du  siège  jusques  à 
tant  que  la  vile  fust  prise  ou 
rendue.  Lors  fist  li  roys,  par  le 
conseil  du  légat,  enplir  les  fos- 
sés, et  abatre  les  murs  d'entour 
la  cité  tout  rès  à  rès  de  terre,  et 
111"=  maisons  à  tours  qui  esloient 
en  la  vile.  Li  legaz  i  eslabli 
mainte  bonne  constitution.  Nico- 
las, moines  de  Clugni  et  nez  de 
Corbie,  fu  sacrés  à  evesques  de 
la  cité. 

Fol.  -106.  —  Li  roys  parti  son 
ost  d'ilueckes  et  tint  sa  voie  par 
Prouvencbe,  où  les  citez,  li  chas- 
tel  et  les  fortereces  li  furent  ren- 
dues sans  contraindre,  jusqu'à 
iiii  liues  de  Toulouse.  Li  roys 
fist  chevelainne  de  toute  chele 
contrée   Humbert   de  Biaugieu. 

Ensi  com  li  roys  s'en  repairoit, 
morurenl  li  arcevesquesde  I^ains, 
li  quens  de  Namur,  et  furent 
leur  cors  porté  en  leur  propres 
liens. 

De  chest  pestilent  siège  en  re- 
paira  ou  pou  ou  nul  de  sains.  Par 
toute  France  ot  grant  mortalité 
et  plus  des  jones  que  des  vilx. 

Le  juedi  devant  feste  de  Tous- 


552 


NOTICE   SDR    UN   iBREGE    EN   FRANÇAIS 


Sanclorum,  regem,  ad  propria 
rcdeuntcm,  infirmilas  morlalis 
invadit,  die  martis  sequcnti,  vi- 
delicet.  Dominica  in  octavis  Om- 
nium sanclorum,  aniio  Uomini 
M°  CG"  XXVII°,  migrât  ad  Chri- 
stum.  Vir  ulique  vere  catholicus 
mireque  sanctitalis  exlilit  diebus 
omnibus  vite  sue  ;  nunquam  car- 
nem  suam  maculavit  prêter 
quam  in  unica  uxore  sibi  legitti- 
mo  malrimonio  copulata. 

In  illo  loco  non  est  auditum 
ante  ipsum  aliquem  decessisse. 
Corpus  ejus  ad  ecclesiam  Sancti 
Dyonisii  deferlur,  ubi  juxta  pa- 
trem  suum  honoriflce  sepelitur. 
Ibi  dicitur  compléta  fuisse  pro- 
phetia  Mellini  :  «  In  monte  ven- 
tris  morietur  leo  pacificus.  » 

Ludovicus,  primogenitus  ejus, 
prima  dominica  Adventus  se- 
qucntis,  Remis  per  manum  epi- 
scopi  Suessionensis,  sede  Reraen- 
si  vacante,  coronatur  in  regem, 
qui  quartum  decimura  etatis  sue 
annum  completurus  erat  in  pro- 
ximo  festo  sancti  Marchi  euvan- 
geliste.  Plures  majorum  baro- 
num  Francie  ad  coronacionem 
vocali  venire  récusant,  pre  do- 
lore  patris  et  desolatione  regni. 
Non  vacant  ibi  gaudio,  sed  magis 
intendunt  lacrimis  et  merori. 

Fol.  164.  —  Ferrandus,  comes 
Flandrie,  qui  per  duodecim  an- 
nos  et  menses  sex,  Parisius  in 
capcione  régis  delentus  fuerat, 
multa  redemplus  peccunia,  libe- 
ratur  circa  epiphaniam  Domini. 


sains,  comme  li  roys  s'en  retor- 
noit  en  son  pais,  une  moll  fort 
maladie  le  prisl.  Le  mardi  en- 
près  fu  à  Montpanchier.  Le  die- 
menche  après,  furent  les  witines 
de  la  Tous  sains,  en  l'an  de  grâce 
M  ce  et  XXVI,  trespassa  à  Nostre 
Seignieur.  Il  fu  tous  les  jours  de 
sa  vie  bons  vraiement  catholi- 
ques et  de  grant  honesté.  Onques 
ne  connut  famé  carnelment  fors 
sa  loial  espouse. 

Iluek,  si  com  l'en  dit,  fu  acon- 
plie  la  prophecie  Mellin,  qui  dist  : 
«  El  ventre  du  mont  morra  li 
lions  pessables.  »  EtFen  dist  que 
en  ichel  lieu  n'avoit  onques  mais 
nului  esté  mors,  que  l'en  seust. 
Ses  cors  fu  portés  à  Saint  Denis, 
où  il  fu  honerablement  enfois  et 
ensevelis  près  de  son  père. 

Loeys,  ses  ainnez  filx,  fu  cou- 
ronnez à  Rains,  le  prumier  die- 
menche  des  Avanz,  par  la  main 
l'evesque  de  Soissons,  car  li  siè- 
ges de  Rains  vagoit.  Il  devoit 
aconplir  le  quatorzime  an  de  son 
aage  en  Fensuiant  feste  saint 
March  Feuvangeliste.  Pluseurs 
des  greigneurs  barons  de  Fran- 
che apelés  à  son  couronnement, 
il  refusèrent  à  aler,  pour  le  duel 
du  père  et  pour  le  desforcement 
du  raigne.  On  n'i  entendi  à  nule 
joie,  mes  à  lermes  et  à  plours. 

Fol.  iOG  v°.  —  Li  quens  Fer- 
rans  de  Flandres,  qui  par  xii  ans 
et  VI  mois  avoit  esté  en  la  prison 
le  roi  à  Paris,  fu  délivrés  entour 
la  Thiephaigne  par  raemchon 
de  grant  avoir. 


DE    LA    CHRONIQrE    UNIVERSELLE.  533 

Ipso  anno,  mense  niarcio  se-         Honorez   M   apostoiles  morut 
quenti,  quinto  kalendas  aprilis,      lors.  Huguelins,  evosqued'Oisle, 
Honorius  papa    morilur,  et  in      fu  fais  aposloilcs,  et  fu  nommés 
ecclesia    Beale    Marie    Majoris     Grigoires. 
sepelitur.   Hugoliniis.   episcopus 
OsUensis,  eligilur  ad  papatum, 
et  allernato  nomine   Gregorius 
appellatur. 

Expliciunt.  Explicil. 

Il  est  bon  de  faire  remarquer  que  d'assez  longs  passages  des 
dernières  pages  de  la  Chronique  française  sont  passés  mot  pour 
mot  dans  la  Geste  des  nobles  rois  de  France,  c'est-à-dire  dans  la 
Chronique  des  rois  de  France  rédigée  par  un  ménestrel  d'Alfonse. 
Tels  sont  les  paragraphes  relatifs  à  l'ordonnance  rendue  contre 
les  Juifs,  à  la  mort  de  Philippe-Auguste,  au  couronnement  de 
Louis  VIII,  aux  campagnes  de  ce  roi  en  1224  et  en  122G  dans 
l'ouest  et  le  midi  de  la  France,  à  la  mort  de  Louis  VIII,  au  cou- 
ronnement de  saint  Louis  et  à  la  mise  en  liberté  du  comte  de 
Flandre. 


LA  MARINE 

AU 


SIEGE   DE   CALAIS 


L'envoi  des  troupes  du  comte  de  Derby  en  Guyenne  rompit  la 
trêve  conclue  en  1343  entre  Anglais  et  Française  Avant  d'en- 
gager à  fond  les  hostilités,  les  deux  partis  cherchèrent  à  gagner 
l'appoint  des  Espagnols.  Le  plénipotentiaire  anglais,  Henri  au 
Cou  tors,  comte  de  Lancastre,  crut  y  arriver  en  mettant  à  profit 
la  vénalité  du  grand  amiral  Gilles  Boccanera-,  qui  promit  en 
effet  ses  services  et  ses  galères  3.  Mais  l'outrecuidance  de  ce 
Génois,  en  blessant  la  fierté  castillane,  servit  la  cause  de  la 
France  ;  le  l^""  juillet  1345,  Alphonse  XI  et  Philippe  VI  se  pro- 
mettaient un  mutuel  appui  contre  l'Angleterre  ou  contre  les 
Maures^. 

Malgré  son  origine  espagnole,  l'ancien  amiral  de  France, 
Louis  d'Espagne,  n'avait  point  contribué  au  succès  des  négocia- 
tions. Préoccupé  de  ces  îles  mystérieuses  de  l'Afrique  qu'on 
venait  de  découvrir  et  qu'on  appelait  les  îles  Fortunées,  il  aUait 
recevoir  du  pape,  avec  le  sceptre  et  le  diadème,  le  titre  vain  de 
Prince  de  la  Fortune'^. 

1.  Derby  atterrit  à  Bayonne  le  5  juin  1344.  Thomas  Dagworth  passait  en 
même  temps  en  Bretagne  avec  600  hommes.  [Rotuli  Parlament.,  II,  148,  — 
Robert  d'Avesbury,  Historia  Edwardi  III,  352.  —  Nicolas,  A  Hislory  of  the 
Royal  Nav'y,  II,  83.) 

2_.  Que  le  roi  de  Castille  avait  incomplètement  soldé.  [Cronica  del  rey 
D.  Alonso  el  Onceno,  éd.  D.  Francesco  Cerda  y  Rico.  Madrid,  1787,  in-4'',  I, 
594.  —  lUustraciones  de  la  casa  de  Niebla,  par  P.-B.  Maldonado,  apud  Mémo- 
rial hisiôrico  espanol,  IX,  383.) 

3.  Edouard  III  députa  près  de  lui  Nicolino  Fieschi.  Lettres  du  1"  septembre 
1344.  (Rymer,  II,  4»  part.,  167.) 

4.  Arch.  nat.,  JJ81,  p.  497. 

5.  Avignon,  28  novembre  1344.  (Raynaldi,  Annales  ecclesiastici,  VI,  361.  — 
Faucon,  Librairie  des  papes  d'Avignon,  I,  p.  ix.) 


LA    MARINE    AU    SIEGE    DE   CALAIS.  555 

Pierre  Flotte,  dit  Floton  de  Revel,  lui  succéda  comme  amiral 
de  la  mer  le  28  mars  1345*.  Rien  ne  désignait  le  nouvel  officier 
au  choix  du  roi,  sinon  une  petite  croisière  en  Flandre  où  il  ser- 
vait en  sous-ordre  ^  et  surtout  la  protection  du  chancelier  Guil- 
laume Flotte,  son  père  ;  sa  santé  délicate  aurait  même  dû  l'écarter 
d'un  poste  qui  demande  autant  de  vigueur  physique  que  d'éner- 
gie. Au  cours  d'une  mission  que  lui  avait  confiée  l'année  précé- 
dente le  duc  de  Normandie,  il  était  tombé  malade  à  Avignon  et 
s'était  traîné  avec  peine  à  Toulouse  et  Carcassonne^.  Il  pouvait 
être  bon  administrateur,  bon  ministre  de  la  marine ,  pour 
employer  une  expression  moderne,  et  nous  verrons  en  effet  qu'il 
contribua  à  l'extension  de  l'amirauté;  mais  ce  n'était  pas  un 
marin  audacieux  comme  nous  en  avions  huit  ans  auparavant  et 
comme  il  en  fallait.  L'épreuve  fut  bientôt  faite.  Le  17  mai,  Flo- 
ton avait  convoqué  à  Harfleur  les  baillis  du  littoral  à  certaines 
fins  «  lesquelles  nous  ne  voulons  pas  escripre,  disait-il,  et  pour 
causée  »  Ces  fins,  on  les  devine  quand  on  voit  trois  semaines 
plus  tard  partir  une  escadres  Mais  l'amiral  n'en  était  pas  le  chef  : 
on  avait  eu  recours  à  un  vieux  loup  de  mer,  Jean  Marant,  qui 
était  venu  prendre  à  Saint-Mandé  les  instructions  verbales 
du  roi  : 

Pierre  Des  Essars,  chiers  amis,  —  écrivait  à  la  date  du  6  juin  le 
chancelier,  —  le  Roy  m'a  enchargié  que  je  vous  mande  de  par  lui 
que  à  Maran  vous  délivrez  encor  cent  livres  parisis  ouilre  les  trois 
cenz  que  vous  li  baillastes  avant  hyer.  Si  les  délivrés  de  V argent 
que  vous  savez,  tost  et  hastivement.  Car  il  est  besoing  que  il  se  parte 
de  ci  pour  aler  sur  mer^. 

A  cette  époque,  une  foule  d'escadres  britanniques  infestaient 
la  mer  et  donnaient  de  chaudes  alertes  aux  deux  capitaines  des 
côtes  normandes'.  Edouard  III  passait  le  5  juillet  à  L'Ecluse, 


1.  P.  Anselme,  Histoire  généalogique,  VII,  752. 

2.  En  1330.  (Clairamhault,  vol.  48,  p.  3585.) 

3.  Quittance  du  9  août  1344.  (Pièces  orig.,  vol.  2467,  doss.  Revel,  p.  2.) 

4.  Convocation  du  bailli  de  Caen.  (Pièces  orig.,  vol.  2467,  doss.  Revel,  p.  3.) 

5.  Nicolas,  A  History  of  the  Royal  Navy,  II,  85. 

6.  Saint-Mandé,  6  juin.  (Franc.  20437,  fol.  58:  ])ubliée  dans  la  Bibliothèque 
de  l'École  des  chartes,  LIV  (1893),  ]>.  208.)  La  date  d'année  n'y  est  pas;  mais 
il  est  clair  qu'il  s'agit  de  cette  expédition  secrète  de  1345. 

7.  Le  maréchal  Bertrand,  de  Honlleur  jusqu'en  Bretagne.  Acte  du  26  août  1345. 


556  LA   MARINE   AD   SIEGE    DE   CALAIS. 

Northampton  débarquait  en  Bretagne,  Glocester  et  Arundel 
revenaient  de  Guyenne.  Ce  lurent  ces  derniers  que  Marant 
étrilla.  «  Tant  fist-il,  »  à  la  tête  de  trois  cents  corsaires,  qu'il 
enleva  une  nef  chargée  de  richesses  en  massacrant  soixante 
hommes  du  comte  d' Arundel.  Une  autre  escadre  anglaise,  chas- 
sée par  la  tempête  dans  les  parages  de  Guernesey,  laissa  six  nefs 
entre  les  mains  de  iVlarant,  qui  en  égorgea,  selon  son  habitude, 
les  équipages  ^ 

Nos  corsaires  défendaient  les  abords  de  Guernesey,  que  le 
vice-amiral  Hélie  occupait  avec  cinq  cents  hommes  ^  Mais  leur 
guerre  d'extermination,  loin  de  conjurer  la  foudre,  en  provoqua 
les  éclats.  L'armée  anglaise  du  maréchal  Reginald  Cobham,  une 
dizaine  de  mille  hommes  environ,  conduite  par  le  traître  Gode- 
froid  deHarcourt,  débarqua  dans  l'île.  Le  Ghàteau-Coruet  résista 
trois  jours  :  la  belle  défense  du  vice-amiral  Hélie,  qui  justifia  sa 
réputation  de  «  moult  bons  chevaliers  et  preudons,  »  n'empêcha 
pas  le  massacre  de  la  garnison  et  la  prise  de  la  forteresse^.  Le 
28  août,  Edouard  III  mandait  à  plusieurs  patrons  de  nefs  bayon- 
naises,  qui  avaient  secondé  l'attaque  du  Château-Cornet,  de 
remettre  la  place  au  gardien  des  îles^. 

Par  la  perte  de  ce  poste  avancé,  du  garde-corps  de  la  France, 
préludait  l'invasion.  La  convocation  à  Portsmouth  de  tous  les 
navires  britanniques,  pour  le  15  février  1346^,  ne  laissait  aucun 
doute  sur  les  intentions  d'Edouard  III. 

Philippe  VI  avait  engagé,  au  cours  de  l'année  1345,  toute  sa 


(Pièces  orig.,  vol.  521,  doss.  Briquebec,  p.  2.)  —  Le  capitaine  Jean  d'Harcourt 
en  pays  de  Caux  et  de  Rouen.  Acte  du  23  juillet  1345.  (Franc.  21406,  p.  583.) 

1.  Les  Chroniques  de  Flandres,  éd.  de  Smet,  III,  168,  qui  relatent  le  fait, 
prétendent  à  tort  qu'Edouard  III  était  à  bord  de  la  flotte.  —Le  16  janvier  1346, 
Philippe  VI  donne  cent  livres  tournois  de  rente  à  Pierre  Crespin,  de  Leure, 
«  pris  et  navré  en  moult  de  lieus,  en  son  corps...  en  la  derraiue  armée  de  la 
mer.  »  (Franc.  25698,  p.  138.) 

2.  Le  18  juillet  1343,  Philippe  VI  fait  donner  trente  livres  à  Adam  Charles, 
sergent  royal  au  château  de  Cornet,  qui  a  perdu  sa  nef  en  venant  chercher  des 
vivres  et  des  munitions  en  Cotentin.  (Delisle,  Actes  normands,  n"  164,  p.  286.) 

3.  Chroniques  de  Flandres,  éd.  de  Smet,  III,  168.  —  Du|)ont,  Histoire  du 
Cotentin,  II,  312. 

4.  Rymer,  111,  1"  part.,  256  :  Mandement  à  Bernard  de  Toulouse,  Pierre 
Fargcs  et  autres  patrons  de  la  Katèrine,  la  Dieu-garde,  lu  Nave-Dieu,  la 
Sainte-Marie,  le  Saint-Pierre. 

5.  Nicolas,  A  History  of  the  Royal  Navy,  II,  86. 


LA   MARINE   AU   SIEGE    DE   CALAIS.  55t 

petite  marine  de  guerre,  la  division  des  galères,  commandée  par 
Antoine  D'Oria  ',  et  quelques  barges;  il  tenait  en  réserve  la  coque 
le  Jour-de-Pàques  et  une  grande  nef  encore  en  construction  à 
Harfleur,  «  de  laquelle  on  disoit  que  onques  mais  si  belle  n'avoit 
esté  armée  ne  mise  en  mer-.  »  C'était  insuffisant  pour  couvrir 
nos  côtes.  Résolu  d'organiser  une  bonne  et  grande  armée  en 
la  mer,  le  roi  adressa  au  seigneur  de  Monaco,  Charles  Grimaldi, 
une  dépêche  confidentielle  que  celui-ci  promit  «  d'acomplir  k 
l'aide  de  Dieu  de  tout  son  pouvoir  ■•^.  »  Au  reçu  de  cette  réponse, 
l'amiral  Floton  de  Revel  partait  pour  Monaco  et  Nice^.  Grimaldi 
lui  confirma  par  acte  notarié  la  promesse  que  contenait,  à  mots 
couverts,  sa  lettre,  d'amener  au  service  de  la  France  32  galères, 
une  galiote  et  sept  mille  hommes  environ^. 

Le  23  mars  1346,  Philippe  de  Valois  annonçait  cette  bonne 
nouvelle  aux  baillis  de  la  côte  :  «  Ayons  envoie  querre  une  grant 
quantité  de  galées  armées  vers  les  parties  de  Jeunes,  et  de  Jen- 
nevois  pour  mettre  en  neifs;  les  quiex  doivent  bien  briément 
estre  es  parties  de  Normendie  et  de  Picardie,  et  les  attendons  de 
jour  en  jour.  »  «  Nostre  voulenté,  »  ajoutait-il,  «  soit  que  les 
neifs  des  diz  pais  de  Normendie  et  de  Picardie  soient  garnies  et 
armées  tant  des  diz  Jennevois  comme  d'autres  avecques  les  dictes 
galées,  pour  les  conforter  et  aidier,  et  la  dicte  armée  enforcier.  » 
C'était  dire  de  façon  assez  claire  qu'il  plaçait  en  première  ligne 
les  Levantins  et  que,  pour  lui,  les  nefs  nationales  étaient  aux 


1.  Paris,  22  janvier  1346,  quittance  valable  pour  le  mois  de  mai  précédent. 
(Franc,  21406,  p.  234.)  —  En  octobre  1345,  Jean  Malet,  sire  de  Graville,  guer- 
royait en  mer  pour  Philippe  VI.  (Arch.  nat.,  X«a  8848,  cap.  C,  fol.  204.)  En 
décembre  1345,  la  barge  royale  Saint- Lorena,  maître  Michiel  Le  Venier-  de 
Dieppe,  va  en  mer  sur  l'ordre  de  Robert  Bertrand,  maréchal  de  France.  (Nouv. 
acq.  franc.  9241,  fol.  74  v°.) 

2.  Grandes  chroniques  de  France,  éd.  P.  Paris,  V,  451. 

3.  Monaco,  27  décembre  1345.  La  lettre  de  Grimaldi  arriva  à  Paris  le  11  jan- 
vier 1346. 

4.  L'amiral,  qui  était  encore  à  Paris  le  2  janvier  (Pièces  orig.,  vol.  2467, 
doss.  Revel,  p.  4),  séjourna  à  Nice  du  21  janvier  au  2  mars,  où  M'  Philii>iie 
Luillier,  avocat  du  roi  en  la  sénéchaussée  de  Bcaucaire,  vint  le  rejoindre. 
(«  Compte  de  Jean  de  L'Os|>ital,  clerc  des  arbalestriers,  pour  l'armée  de  mer 
sous  N.  S.  Mgr  Floton  de  Revel,  admirai  de  France,  depuis  mai  1346  jusqu'au 
31  octobre,  »  abrégé  publié  par  Jal,  Archéol.  navale,  II,  338.) 

5.  Mémorial  B.  de  la  Chambre  des  comptes,  aux  Archives  nationales,  P  2291, 
fol.  163. 

4897  36 


55S  LA   MARINE  AD   SIEGE   DE   CALAIS. 

galères  ce  que  les  milices  communales  étaient  à  la  chevalerie,  un 
bourgeois  à  uu  homme  d'armes.  Le  roi  restait  sous  l'impression 
du  désastre  de  L'Écluse,  et  un  passage  de  sa  lettre-patente  laisse 
entendre  qu'il  songeait  à  nos  défaites  navales  au  moment  même 
où  il  écrivait  aux  baillis  :  si  les  armateurs  refusaient  d'appa- 
reiller, sous  prétexte  qu'il  leur  «  est  deu  aucune  chose  pour  cause 
de  la  restitution  du  navire,  »  c'est-à-dire  pour  la  perte  de  leurs 
vaisseaux,  «  faciez  leur  en  faire  assignation  sur  les  marchanz 
de  nos  forez*...  Et  nous  rescrivez  quantes  neifs  vous  trouverez 
en  chascun  port,  de  quel  grant,  les  noms  de  ceulz  à  qui  elles  sont 
et  Testât  où  elles  sont^  » 

Nous  ne  possédons  plus  cette  statistique  maritime,  qu'il  eût  été 
curieux  de  comparer  à  un  recensement  semblable  opéré  l'année 
suivante  en  Angleterre.  Elle  comprenait  sans  nul  doute  plusieurs 
centaines  de  bâtiments,  puisque  les  petits  ports  du  Cotentin  et  du 
Bessin  n'armèrent  pas  moins  de  cent  onze  vaisseaux.  Ce  qui 
prouve,  contrairement  aux  assertions  de  tous  les  historiens  3,  que 
les  sages  libéralités  de  Philippe  VI  avaient  porté  leurs  fruits  et 
qu'en  six  ans  notre  marine  s'était  complètement  relevée. 

«  Sanz  aucun  defîaut,  »  les  nefs  devaient  être  appareillées  à 
Pâques;  le  16  avrils  les  marins  furent  à  leur  poste;  mais  ils 
n'avaient  ni  chef,  ni  compagnies  de  débarquement,  l'arrière-ban 
de  Normandie  guerroyant  en  Guyenne.  Il  fallut  attendre  l'es- 
cadre monégasque.  Attendre  !  au  moment  où  nos  espions  signa- 
laient l'imminent  départ  de  la  flotte  anglaise  !  Et  cela  pendant 
quatre  mois  !  Les  pillards  du  Levant  allaient  arriver  trop  tard. 
L'invasion  de  la  France,  deux  désastres,  des  milliers  de  victimes, 
la  prolongation  indéfinie  de  la  guerre  :  voilà  quelles  furent  les 
conséquences  incalculables  de  leur  lenteur.  Lenteur  et  trahison 
ici  vont  de  pair. 

Les  équipages  des  32  galères  de  Grimaldi,  au  moment  d'en- 
trer en  campagne,  avaient  passé  une  revue  dans  le  jardin  des 


1.  Telle  est  la  nature  du  fragment  du  ms.  franc.  25998,  fol.  462,  publié  par 
M.  Delisle,  Actes  normands,  p.  334.  La  «  Despence  et  mise  de  la  receptc  ci-des- 
sus aux  personnes  qui  s'ensuivent  »  est  un  rôle  d'indemnités  aux  armateurs. 

2.  Franc.  20410,  p.  28,  original. 

3.  M.  Dufounnantelle  s'en  fait  l'écho  dans  sa  Marine  militaire  au  commen- 
cement de  la  guerre  de  Cent  ans,  apud  le  Spectateur  militaire  (1878),  592. 

4.  Jour  de  Pâques. 


1 


LA    MARINE    AD   SIEGE  DE   CALAIS.  559 

«  frères  carmenistres  Nostre-Dame  »  à  Nice,  le  8  mars*.  Pour- 
suivie par  le  gibelin  Simone  Vignoso  et  par  29  galères  génoises, 
la  division  se  réfugia  à  Marseille'.  Un  délégué  de  l'amiral,  Jean 
Le  Meingre,  dit  15oucicaut,  parvint  à  la  dégager  en  intervenant 
auprès  du  doge  de  Gènes\  Mais  Grimaldi  se  laisse  entraîner  à 
Majorque  par  l'ex-roi  des  Baléares,  Jacques  de  Montpellier.  Ses 
bravaches,  si  peu  fiers  en  face  de  l'escadre  ennemie,  ne  reculent 
pas  devant  l'attaque  d'un  navire  marchand,  qu'ils  volent  et  dont 
ils  vont  rançonner  le  patron  à  Montpellier  ^  Le  reste  de  la  cam- 
pagne fut  à  l'avenant.  Le  5  juillet,  Grimaldi  n'avait  pas  dépassé 
«  la  contrée  de  Galcas,  »  sans  doute  Gascaes  à  l'embouchure  du 
Tage,  où  l'un  de  ses  lins,  monté  de  72  hommes,  sombrait.  Le  19, 
il  touchait  à  la  Rochelle;  il  y  était  attendu  depuis  plus  d'un  mois 
par  l'amiral  de  France.  Au  lieu  de  marcher  à  grande  allure,  il 
s'attardait  à  conmiettre  des  ravages,  «  tant  de  larrecin  comme 
de  roberies,  »  dans  les  îles  de  Ré,  d'Ouessant  et  le  long  des  côtes 
bretonnes.  Il  n'entra  dans  la  Seine  qu'à  la  mi-août^. 

Les  Anglais  étaient  en  France.  Détachant  en  Flandre  les 
«  18  barges  et  autres  nés  »  de  Jean  Hastings*',  Edouard  III  avait 
pris  la  mer  avec  la  flotte  de  Portsmouth,  un  millier  de  voiles''  et 

1.  Compte  de  Jean  de  L'Ospital.  (Nouv.  acq.  franc.  9241,  fol.  67  v°.) 

2.  Canale,  Nuova  storia  di  Genova,  IV,  9. 

3.  «  M.  Jean  le  Meingre,  dit  Boussiquaut,  par  don  de  M.  l'amiral,  pour  aller 
de  Nice  à  Gennes  parler  au  duc  pour  afïarcs  du  roy  :  60  florins.  »  (Jal,  Archéol. 
navale,  II,  340.) 

4.  Pierre,  roi  d'Aragon,  dans  une  lettre  adressée  au  duc  de  Normandie,  Jean, 
relate  la  prise  du  navire  de  Bernard  Sa  Forcea  :  il  demande  l'annulation  de 
l'obligation  de  1,500  florins  que  Bernard  a  dû  souscrire,  la  restitution  des  mar- 
chandises valant  3,250  florins  d'or  et  une  enquête  sur  les  auteurs  de  la  pirAte- 
rie.  Poblet,  13  juillet  1346.  (Arch.  de  Barcelone,  rcg.  1410,  fol.  99;  publié  par 
Lecoy  de  La  Marche,  les  Relations  politiques  de  la  France  avec  le  royaume 
de  Majorque,  il,  p.  354,  doc.  LXXXVIII.) 

5.  Compte  de  Jean  de  L'Ospital.  (Nouv.  acq.  franc.  9241,  fol.  45  v,  46,  63  v°, 
67.)  —  Le  20  août,  Grimaldi  touchait  ses  gages  à  Rouen.  (Clairarabault,  reg.  55, 
p.  4203.) 

6.  16  juillet.  (J.-M.  Richard,  Compte  de  Pierre  de  Ilam,  dernier  bailli  de 
Calais  (1346-1347),  apud  Mémoires  de  la  commission  départementale  des 
monuments  historiques  du  Pas-de-Calais,  I,  245.  —  Villani,  Historié  florentine, 
apud  Muratori,  XIII,  col.  946.) 

7.  600  voiles  selon  Villani;  1,000  d'après  Avesbury,  le  mieux  informé  des 
chroniqueurs  (Historia  Eduardi  III,  357);  1,200  grosses  nefs,  suivant  les 
Grandes  chroniques  de  France  (éd.  P.  Paris,  V,  451);  1,600,  à  en  croire  Knigh- 
ton.  [Chronicon,  II,  33.) 


560  LA    MARUVE   AD   SIEGE   DE   CALAIS. 

trente-deux  mille  combattants ^ .  Jusqu'au  dernier  moment,  il 
laissa  ignorer  le  but  de  l'expédition,  ou,  du  moins,  il  défendit  de 
laisser  partir  aucun  vaisseau,  de  peur  que  les  ennemis  n'eussent 
connaissance  de  ses  secrets 2.  Le  11  juillet,  il  quittait  l'île  de 
Wight;  le  12,  il  abordait  à  Saint-Waast  la  Hogue  en  Norman- 
die 3.  Ainsi  s'évanouit  la  légende  si  connue  de  Froissart  :  les 
Anglais  voguaient  vers  la  Guyenne,  quand  un  coup  de  vent  les 
rejeta  et  les  retint  pendant  six  jours  sur  les  côtes  de  Cornwall. 
Le  traître  Godefroi  de  Harcourt  aurait  alors  conseillé  à  Edouard 
d'atterrir  dans  la  plantureuse  Normandie^. 

Le  traître  vit  se  dresser  devant  lui  son  ennemi  héréditaire, 
qu'il  avait  dépossédé  de  Guernesey  au  profit  des  Anglais  :  le 
maréchal  Bertrand  n'avait  que  trois  cents  hommes  en  tout  ;  lui 
trentième,  il  osa  néanmoins  disputer  le  rivage\  Au  havre  de  la 
Hogue  dormaient  huit  vaisseaux  de  guerre,  accastillés  de  l'avant 
et  de  l'arrière,  et  trois  autres  bâtiments  ;  ils  furent  incendiés  par 
les  Anglais.  Barfleur  se  rendit  sans  coup  férir,  ce  qui  n'empêcha 
pas  les  ennemis  de  livrer  aux  flammes  neuf  vaisseaux,  deux 
crayers,  tous  les  bateaux  et  plusieurs  quartiers  de  la  ville,  et 
d'emmener  prisonniers  dans  leurs  nefs  les  hommes  en  état  de  por- 
ter les  armes.  Les  pillards  trouvèrent  dans  la  ville  une  telle 
«  plenté  »  d'or,  d'argent  et  de  joyaux  <.<  que  garchons  n'avoient 
cure  de  drap  fourrés  de  vair,  ne  de  couvertures,  ne  de  telles 
coses^.  »  Le  château  de  Cherbourg  résista,  sans  pouvoir  proté- 
ger la  belle  abbaye  voisine  et  les  navires  du  port.  Ce  fut  une 
escadre  détachée  qui  opéra  tous  ces  ravages,  du  12  au  18  juillet, 
pendant  les  six  jours  que  dura  le  débarquement  des  troupes.  Tan- 
dis que  les  transports  retournaient  en  Angleterre,  les  200  vais- 
seaux du  comte  de  Huntingdon  restèrent  pour  appuyer  les  deux 
corps  d'armée  qui  longeaient  les  côtes  du  Cotentin.  Ils  vinrent 
s'embosser  dans  la  Fosse-de-Colleville,  près  de  Caen,  après  avoir 
détruit, ^ur  une  étendue  de  vingt-six  lieues  anglaises,  de  la  Roche- 

1.  4,000  hommes  d'armes,  10,000  archers  anglais,  12,000  fantassins  gallois, 
6,000  coutiliers  irlandais. 

2.  10  juillet.  (Rymer,  II,  4»  part.,  202.) 

3.  Nicolas,  A  Uislory  of  the  Royal  Navy  (II,  88,  note  a),  relève  les  contra- 
dictions de  Froissart. 

4.  Froissart,  éd.  Luce,  III,  131. 

5.  Chronique  finissant  en  1346.  (Franc.  20363,  fol.  clxxv  v°.) 
G.  Froissart,  éd.  Kervj'n  de  Lettenhove,  IV,  388. 


LA    MARINE   AD    SIEGE    DE   CALAIS.  5(H 

de-Maizy  à  Ouistreham,  61  vaisseaux  de  guerre  et  23  crayers, 
sans  compter  une  foule  de  barques. 

Caen  était  le  lien  de  ralliement  fixé  par  Edouard,  qui  arrivait 
avec  le  troisième  corps  par  Carentan  et  Saint-L6'. 

Par  une  lourde  faute  de  stratégie,  je  dirai  plus,  par  une  com- 
plète absence  de  logique,  le  connétable  de  France  choisit,  pour 
attaquer  l'armée  anglaise,  le  moment  où  elle  achevait  sa  concen- 
tration. Raoul  d'Eu  n'avait  que  seize  cents  hommes  d'armes, 
arrivés  bride  abattue  de  Guyenne,  et  la  milice  communale  de 
Caen.  Contre  un  ennemi  dix  fois  supérieur  en  nombre,  sa  lutte 
fut  honorable,  et  les  bourgeois  défendirent  avec  acharnement 
leurs  murailles.  Mais  les  uns  et  les  autres  payèrent  leur  témé- 
raire audace  de  leur  liberté  :  battus  et  faits  prisonniers,  ils  furent 
aussitôt  expédiés  en  Angleterre  sur  l'escadre  de  Huntingdon.  Des 
monceaux  de  richesses  pillées  à  Caen,  un  exemplaire  du  fameux 
projet  de  conquête  de  l'Angleterre  que  le  vainqueur  trouva  aux 
archives  municipales,  prirent  le  même  chemin  et  attisèrent  contre 
nous  les  convoitises  ou  la  haine  de  l'ennemie  Le  clergé  anglais, 
que  n'épargnait  pas  le  plan  de  conquête,  prêcha  la  guerre  sainte  ; 
pour  exciter  les  bourgeois  de  Londres,  l'archevêque  de  Cantor- 
béry  en  lut  publiquement  le  texte  au  sortir  de  la  messe,  devant 
la  croix  du  cimetière  Saint-Paul.  Il  servait  inconsciemment  les 
visées  ambitieuses  d'Edouard  III,  qui  espérait  marcher  sur  les 
traces  de  Guillaume  le  Conquérant. 

Dès  l'abord,  Philippe  VI  avait  pris  comme  base  d'opération 
une  ligne  de  défense  naturelle,  la  Seine.  Il  avait  chargé  le  con- 
nétable de  rassembler  à  Harfleur  les  gens  d'armes  et  les  vais- 
seaux disponibles^.  En  chevauchant  vers  Caen,  Raoul  d'Eu  for- 
çait donc  une  consigne  dont  sa  propre  défaite  montra  la  sagesse. 

Les  galères  génoises,  embossées  dès  leur  arrivée,  —  tardive, 
hélas ^  !  —  à  l'embouchure  du  fleuve,  formèrent  pont  entre  les 


1.  Lettre  de  Michel  de  Northbursh,  dans  Avesbury,  Bisioria  Edwardi  HI, 
357.  —  Nicolas,  A  History  of  the  Royal  Navy,  II,  91  :  lettre  d'Edouard  III, 
datée  de  Caen  30  juillet,  évaluant  la  perte  des  ports  français  de  Barlleur  à  la 
Fosse-de-CoUeville  à  plus  de  100  vaisseaux. 

2.  Avesbury,  Historia  Edwardi  III,  364.  —  Froissart,  édition  Lucc,  III, 
p.  XXXIX,  147. 

3.  Franc.  20363,  fol.  clxxv  :  chronique  française  s'arrétant  à  l'an  1346. 

4.  La  flotte  anglaise  s'était  formée  en  bataille  pour  les  recevoir.  (Nicolas,  ouvr. 
cité,  II,  92.) 


562  LA   MARINE   AD   SIEGE    DE   CALAIS. 

deux  rives,  entre  les  troupes  du  comte  Louis  d'Harcourt*  et  celles 
du  bailli  de  Caux'.  Edouard  III  jugea  imprudent  de  heurter  ces 
fortes  garnisons  de  la  Gueule  de  Seine  ;  il  fit  un  coude  par  Evreux, 
Vernon,  Poissy  et  profita  d'une  maladresse  de  son  royal  adver- 
saire pour  iVancliir  la  Seine.  Philippe  VI  manda  aussitôt  les 
équipages  des  32  galères  génoises  qui  furent  désarmées  à  Rouen^; 
il  rassembla  d'autres  troupes  et  se  jeta  à  la  poursuite  des  Anglais. 
Avec  soixante-quatorze  mille  hommes,  il  se  fit  écraser  le  26  août 
à  la  bataille  de  Crécy. 

Directement  menacée  par  l'armée  victorieuse,  Abbeville  orga- 
nisa une  compagnie  de  bourgeois,  vêtus  comme  uniforme  «  d'unes 
robes  et  d'un  paremens,  »  qui  garnit  les  quatre  portes  de  la  ville, 
en  particulier  la  porte  de  Rouvray  de  plain-pied  sur  la  cam- 
pagne. Une  émotion  facile  à  comprendre  chez  des  «  enseignes  » 
de  garde  aussi  novices  leur  fit  prendre  et  tuer  comme  Anglais 
«  deux  Prouvenceaux  ou  de  la  langue  assez  procheine^  »  Mais 
on  ne  peut  admettre  le  jugement  de  Froissart  sur  ces  gens  des 
communautés,  qui,  dit-il,  fondent  dans  une  mêlée  comme  la  neige 
au  soleil.  Les  bourgeois  de  Caen  s'étaient  héroïquement  battus; 
les  gens  d' Abbeville  jurèrent  de  se  faire  «  découper  pièce  à  pièce  » 
plutôt  que  d'ouvrir  au  roi  d'Angleterre^  ;  les  Boulonnais,  dirigés 
par  le  vice-amiral  Firmin  d'Aust^,  repoussèrent  un  premier 
assaut  des  troupes  d'Edouard  et  un  second  de  400  nefs  anglaises, 


1.  A  Honneur  avec  1,000  arbalétriers  et  les  gens  d'armes  de  Rouen.  17  août. 
(Franc.  21406,  p.  188.) 

2.  A  Hardeur,  le  bailli  de  Caux  Jean  de  Cbaponval,  lieutenant  de  l'amiral; 
à  Leure,  Jean  de  Turgoville.  26  juin.  (Clairarabault,  reg.  107,  p.  8329.) 

3.  Nouv.  acq.  franc.  9241,  fol.  46,  63  v°,  etc.  —  Le  12  août,  Jean  de  Cba- 
ponval commet  «  plusieurs  personnes  »  à  la  «  garde  et  seurté  de  la  ville  de 
Harelleu  et  du  navire.  »  (Clairambault,  reg.  29,  p.  2121.)  —  Parmi  les  patrons 
génois,  il  y  avait  neuf  Grimaldi  :  Carlo,  Pierino,  Visconti,  Richiere,  Christiano, 
Ricardo,  Nicoloso,  Ambrogio  et  Aymone;  quatre  Maloisel  :  Manfredo,  Antonio, 
Giuda  et  Carlotto  ;  Pietro  Harbavera,  Giovanni  Du  Piège,  Antonio  di  Negro, 
Oberto  Uso  di  Mare,  Agostino  Lercari,  Perieval  Lomellino,  etc. 

4.  Examinés  pourtant  par  un  valet  «  Jaques  le  Charon,  qui  scet  parler  plu- 
seurs  et  divers  langaiges,  quar  il  a  esté  en  plusieurs  pays,  et  espéciaument  le 
prouvcnsal  et  le  genevoys  et  plusieurs  autres.  » 

5.  Ils  «  amassent  raieulx  ;\  estre  découppéz  pièce  à  pièce  que  le  roy  d'Engle- 
lerro  fust  entré  en  leur  dicte  ville.  »  (Bibl.  nat.,  collection  de  Picardie,  vol.  298, 
fol.  1Ô9.) 

6.  Improvisé  vice-amiral  le  28  août  en  face  de  l'ennemi,  il  avait  avec  lui 
quatre  écuyers.  (Jal,  Archéol.  navale,  II,  338.) 


LA    MABINE   AU    SIEGE    DE   CALAIS.  563 

qui  avaient  débarqué  quinze  mille  hommes  dans  la  nuit  du 
4  septembre  *  ;  un  siège  mémorable  enfin  allait  rendre  à  jamais 
célèbres  les  bourgeois  de  Calais. 

Edouard  III,  rentré  en  communication  avec  sa  flotte,  suivait 
la  côte  par  Étnples,  Saint-Josse-sur-Mer  et  Wissant;  il  parut  le 
3  septembre  devant  Calais.  La  profondeur  des  fossés,  balayés 
sans  cesse  par  le  flux,  empêchait  l'assaut.  Il  fallut  se  résigner 
au  blocus,  à  un  blocus  long  et  rigoureux.  Edouard  en  prit  son 
parti;  il  éleva  entre  Calais  et  la  rivière  de  Nieulai  un  camp 
retranché  en  forme  de  ville,  aux  maisons  de  bois  et  aux  toits  de 
chaume,  Villeneuve-la-Hardie,  que  les  cités  d'outre-mer  furent 
chargées  de  ravitailler  2. 

Les  débuts  du  siège  furent  durs  pour  les  assiégeants.  Le  17  sep- 
tembre, Edouard  assistait,  impuissant  et  furieux,  à  la  capture 
des  25  vaisseaux  du  blocus,  que  les  32  galères  de  Grimaldi  et 
plusieurs  barges  françaises  enlevaient  à  l'abordage^. 

Les  galères  désarmèrent  trop  tôt,  le  31  octobre^  selon  le  vieil 
usage  latin  qui  fixait  leur  hivernage  de  novembre  à  mars.  En 
l'absence  de  cette  croisière  protectrice,  les  maîtres  de  nefs  se 
dérobèrent  au  transport  des  vivres  qu'on  expédiait  à  Calais. 

1.  Chroniques  de  Flandres,  II,  263,  Chronique  de  Gilles  le  Muisis.  —  De 
Bréquigny,  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  de  Calais,  dans  les  Mémoires  de 
l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  t.  L,  p.  597. 

2.  Mandemenl  du  6  septembre.  (Rymer,  II,  A°  part.,  205.) 

3.  Gillesle  Muisis  dit  à  tort  trente-deux  nefs.  {Chroniques  de  Flandres,  II, 
264.)  —  Grimaldi,  sur  l'ordre  de  Philippe  VI,  avait  réarmé  le  26  août,  le  jour 
même  de  la  défaite  de  Crécy,  et.  le  11  septembre,  il  était  avec  sa  division  à 
Dieppe.  (Xouv.  acq.  frane.  9241,  fol.  46.)  —  Nous  allons  suivre  mois  par  mois, 
grâce  à  divers  rôles  de  paiements,  les  ellorts  de  nos  marins  pour  dégager  la  place. 
Le  Compte  du  dernier  bailli  de  Calais,  Pierre  de  Ilam,  nous  renseignait  seule- 
ment sur  les  défenseurs  enfermés  dans  Calais.  Le  Journal  du  Trésor  donnait 
quelques  noms  et  quelques  dates.  Mais  un  registre  comptable,  récemment 
découvert  et  acquis  par  la  Bibliothèque  nationale,  est  autrement  précieux  :  il 
donne  en  détail  les  armements  faits  par  charpie  port  pour  secourir  Calais.  A 
défaut  du  «  Compte  de  Calais,  »  aujourd'hui  perdu,  il  permet  de  reconstituer 
ce  drame  de  onze  mois.  C'est  le  Compte  du  clerc  des  arbalétriers,  Jean  de 
L'Ospital,  chargé  de  payer  les  transports  de  vivres.  J'ai  déjà  cité  le  fragment 
publié  par  Jal  {Archéol.  navale,  II,  338).  Le  compte  original  est  dans  le  ms.  des 
Nouv.  acq.  franc.  9241. 

4.  Les  trente  gah>res  et  deux  lins,  achetés  aux  Génois  (fol.  70),  furent  con- 
servés à  Abbeville  du  11  novembre  1346  au  9  mai  1347  sous  la  garde  de  Tho- 
mas Peurel,  prêtre,  et  sous  le  gouvernement  de  Guillebert  Poolin.  (Fol.  62  v 
du  ms.  Nouv.  acq.  franc.  9241.) 


564  LA   UAfilIVE   AU    SIEGE   DE   CALAIS. 

L'amiral  en  fit  emprisonner  neuf  par  le  maire  d'AbbevilIe^  Mais 
telle  est  la  contagion  de  la  peur  que  les  marins  et  les  arbalétriers 
refusèrent  à  leur  tour  d'embarquer;  il  fallut,  à  plusieurs  reprises, 
les  envoyer  «  querre  en  leurs  maisons  »  par  les  sergents  d' Ab- 
bé ville-. 

Crécy  avait  brisé  les  énergies  et  développé  l'égoïste  instinct 
de  la  conservation.  Un  stimulant  vil,  mais  puissant,  secoua  la 
nonchalance  universelle.  Aux  ports  de  la  côte,  l'argent  arrivait 
par  paniers  ou  par  sacs  scellés,  en  telle  abondance  que  le  maître 
des  monnaies  de  Paris  n'employait  pas  moins  de  huit  hommes 
pour  le  compter^.  L'amiral  fit  publier  partout  qu'une  récompense 
serait  accordée  à  «  quiconque  rafraîchirait  de  vivres  la  ville  de 
Calais.  »  L'espoir  d'une  «  bonne  rente  à  vie  ou  à  perpétuité  ou 
d'autres  dons^  »  décida  Colin  Hardy,  de  Leure,  à  s'exposer  à  un 
«  grant  et  évident  péril  de  mort.  »  Sans  autre  équipage  que  cin- 
quante hommes,  il  introduisit  dans  Calais  cinq  nefs  chargées  de 
vivres,  puis  six  autres.  De  son  côté,  l'armateur  Guillaume  Dau- 
velle  tentait  la  traversée  avec  onze  petits  bâtiments  et  soixante- 
dix-sept  matelots  ;  une  partie  de  la  flottille  fut  jetée  à  la  côte,  le 
reste  passa.  Ces  braves  étaient  l'objet  des  plus  délicates  attentions. 
Dauvelle  ayant  oublié  de  payer  son  écot  à  certain  hôtelier  de 
Saint- Valéry,  ce  fut  le  Trésor  qui  solda  la  dépense  ^ 

Les  18  et  19  novembre,  Bernard  Le  Guièvre,  commandant 
d'un  navire  royal,  allait  de  port  en  port  presser  le  départ  de  plu- 
sieurs autres  navires,  la  Notre-Dame  de  Boulogne,  V Estur- 
geon de  Wissant,  la  nef  de  Geoâ"roy  Colart,  dit  Frédégaire. 

La  mer  était  restée  praticable  tout  l'automne.  Mais  l'ennemi 
étant  revenu  en  force  au  mois  de  décembre"^,  une  galère  et  deux 
bargots  agiles'  eurent  mission  de  le  surveiller  et  de  défendre  la 
rade  de  Calais. 

1.  Saint-Valery,  24  octobre.  (Bibl.  nal.,  collection  Moreau,  vol.  231,  fol.  34. 
Analysée  par  Cocheris,  Notices  et  extraits  des  documents  manuscrits  relatifs  à 
l'histoire  de  Picardie.  Paris,  1854,  in-8°,  I,  59.) 

2.  Nouv.  acq.  franc.  9241,  foi.  69. 

3.  Ibid.,  fol.  68  V».' 

4.  Pit'-ces  orig.,  vol.  2467,  doss.  Rovol,  pif'ces  5  et  6.  —  Colin  Hardy  com- 
mandait, à  la  bataille  de  L'Écluse,  la  Notre-Dame  de  Saint-Savinien.  (Pièces 
orig.,  vol.  1481,  doss.  Hardy,  pièce  8.) 

5.  Nouv.  ac(j.  franc.  9241,  fol.  67.  Le  paiement  est  du  19  novembre  1346. 

6.  Le  20  décembre.  (Rymer,  H,  4°  part.,  207.) 

7.  Cctait  une  galère  d'Abbeville,  le  bargol  ou  barjot  royal  Saint-Georges  de 


LA    MARIISE    AU    SIEGE    DE    CALAIS.  565 

Janvier  s'écoula.  La  mer  devenait  dure  et  trop  peu  maniable 
pour  tenter  le  passage  à  travers  l'escadre  du  comte  de  Kent. 
Edouard  III,  profitant  de  notre  inaction  forcée,  compléta  ses 
lignes  d'investissement.  Le  recensement  des  deux  flottes  du  nord 
et  du  sud,  exécuté  par  tous  les  ports  britanniques  dans  la  seconde 
quinzaine  de  février',  n'eut  d'autre  but  que  de  savoir  quelles 
forces  pourraient  être  mobilisées  contre  Calais.  Il  atteignit  le 
total  formidable  de  737  navires-;  Edouard  III  le  mit  en  coupe 
réglée  pour  relever  successivement  les  escadres  du  blocus.  Il 
préleva  d'abord  120  vaisseaux,  que  les  amiraux  Suffolk  et  Arun- 
del  eurent  ordre  de  tenir  prêts  pour  le  2  avril  ^. 

L'accès  de  Calais  devint  d'une  difficulté  inouïe.  Ce  fut,  à  plu- 
sieurs siècles  de  distance,  la  répétition  du  siège  d'Alésia  ;  la  téna- 
cité anglaise  autant  que  la  discipline  romaine  allait  briser  nos 
impétueux  élans.  Du  moins,  l'héroïque  défense  de  Jean  de  Vienne, 
éveillant  au  fond  des  cœurs  un  sentiment  nouveau,  le  patriotisme 
national,  transforma  les  plus  tièdes  en  héros.  Cette  action  se  fit 
sentir  bien  au  delà  des  murs  de  Calais  ;  mais  l'histoire  jusqu'ici 
oubliait  de  joindre  aux  défenseurs  de  la  place  ceux  qui  risquèrent 
dix  fois  leur  vie  pour  leur  apporter  du  pain  ;  du  pain,  c'est-à-dire 
du  blé,  des  fèves,  des  pois,  de  l'ail  et  des  oignons,  maigres  condi- 
ments du  hareng  salé  qui  soutint,  durant  le  carême,  la  garnison 
«  de  la  boineville'*.  »  A  partir  du  mois  de  février  1347,  on  note, 
dans  tous  les  ports  de  la  Manche  à  l'est  de  la  Seine,  une  anima- 
tion fébrile.  Des  «  vitaillers  »  de  petite  taille,  manœuvres  par 
huit  ou  dix  hommes,  embarquent  des  munitions;  des  vaisseaux 

Leure,  maître  Colin  Hardi,  45  hommes  d'équipage,  et  le  harfjot  Saint- Firmin 
d'Abbcville,  maître  Michel  de  Boulogne,  armés  les  10  et  14  décembre.  (.Nbuv. 
acq.  franc.  9241,  fol.  72  v,  75.) 

1.  Sur  un  ordre  d'Edouard  III,  en  date  du  15  février  1347.  (Rymer.  III, 
l"  part.,  5.) 

2.  Pour  quatre-vingt-trois  ports  :  la  flotte  du  Sud  com|)renait  468  vaisseaux, 
9,844  mariniers  de  manœuvre;  jiarmi  les  vaisseaux,  figurai»  une  division 
royale  de  25  bâtiments.  La  flotte  du  nord  de  la  Tamise  s'élevaif  à  214  vais- 
seaux, 5,513  mariniers;  les  navires  étrangers  arrêtés  dans  les  |iorts  étaient  au 
nombre  de  38  avec  805  mariniers.  (ChampoUion-Figeac,  Lettres  de  rois, 
reines,  etc.  (Documents  inédits),  II,  92.) 

3.  Nicolas,  A  History  of  the  Royal  Navy,  II,  95. 

4.  Chargement  de  plusieurs  grandes  nefs  A  Saint-Valery,  21  févrifr  1347. 
[Bulletin  de  la  Société  académique  de  Boulogne-sur- Mer,  t.  IV  (1885-1890), 
in-8°,  1».  368.) 


566  LA   MARINE   AD   SIEGE   DE   CALAIS. 

d'escorte  arment  en  guerre;  et  des  flottilles,  sorties  de  toutes  les 
rivières  qui  peuvent  abriter  un  convoi,  de  la  Bresle,  de  la  Somme, 
de  l'Authie,  de  la  Canche,  de  la  Liane,  tentent,  à  plusieurs 
reprises,  de  pénétrer  dans  la  place. 

Vers  la  fin  de  février,  le  bruit  se  répandit  que  le  roi  d'Angle- 
terre s'était  «  deslogiés  dou  siège.  »  Un  nouvel  assaut  contre 
Calais  montra  combien  le  bruit  était  faux  et  augmenta  l'anxiété 
des  populations.  «  Li  roys'noz  souverains  sires,  ce  nous  semble, 
met  très  petite  aide  et  résistement^  »  aux  efforts  de  l'ennemi. 
Pour  répondre  à  ces  reproches,  Philippe  VI  confia  ses  derniers 
vaisseaux  au  peloton  de  braves  échappé  au  désastre  de  L'Ecluse. 
Le  sergent  d'armes  Colin  Hélies,  maître  du  Saint-Esprit  et 
parent  de  l'ancien  vice-amiral;  Colin  Hardi,  maître  du  bargot 
Saisit- Georges;  Guillaume  de  La  Hogue,  maître  de  la  nef 
Sainte-Marie-de-Morticle,  dite  la  Testière,  partagèrent, 
durant  le  siège,  les  mêmes  destinées.  Trois  fois  ils  durent  chan- 
ger de  navire,  et  trois  fois  ils  retournèrent  ensemble  contre  l'en- 
nemi. Le  reste  de  la  division  royale  de  Leure  était  formé  des 
barges  Saint-Martin,  maître  Adenet  Berengier,  Saint-An- 
drieu,  maître  Jean  Houe,  Sainte-Croiœ,  maître  Robin  de  La 
Hogue,  et  de  la  nef  Sainte-Marie,  dite  la  Gouberde,  maître 
Pierre  de  Préaux.  Avec  les  deux  nefs  du  dieppois  Mahieu  Quief- 
deville,  en  armement  à  Leure,  c'était  un  effectif  de  neuf  vais- 
seaux et  de  neuf  cent  trente  hommes  d'équipage^,  sans  aucun 
commandant  en  chef;  et  cela  vaut  mieux  ainsi,  que  nous  puis- 
sions partager  entre  tous  la  gloire  d'une  belle  campagne. 

L'escadre  stoppa  devant  Dieppe  ;  on  apercevait  dans  le  port 
quatre  nefs  et  une  barge  que  seize  bateaux  essayaient  de  touer  en 
mer.  Le  lieutenant  d'amirauté  François  Caletot  y  avait  déposé 
une  telle  cargaison  de  vivres  que  les  remorqueurs  patinaient  sur 
place  sans  avancer.  Ce  voyant,  plusieurs  centaines  de  femmes^ 
entrèrent  dans  l'eau,  s'attelèrent  aux  câbles;  et  le  11  mars,  les 
bâtiments  mis  à  flot  ralliaient  l'escadre. 

1.  Lettre  des  échevins  de  Saint-Omer  à  leurs  collègues  d'Arras,  qui  s'étaient 
informés  anxieusement  de  la  prétendue  levée  du  siège  de  Calais.  27  février  1347. 
(Publié  par  M.  Guosnon  dans  le  Bulletin  historique  du  Comité  des  travaux 
his(ori(|ues,  année  1897,  p.  237-241.) 

2.  .Nouv.  acq.  franc.  9241,  fol.  72  v%  73.  La  Tesiière  avait  178  hommes  d'équi- 
page, la  Gouberde  112,  le  Saint-Georges  45,  les  autres  barges  100  hommes. 

3.  338  femmes.  (Nouv.  acq.  franc.  9241,  fol.  63.) 


LA   MiRI\E   AD    SIEGE    DE   CALAIS.  567 

A  mesure  que  les  obstacles  s'accumulent,  l'énergie  du  marin 
s'accroît.  Une  mer  démontée  fracasse  l'un  des  bâtiments,  une  nef 
de  Harfleur,  dans  la  Fosse-de-Cayeu,  et  jette  trente  cadavres  à 
la  côte.  Le  vide  qui  vient  de  se  produire  est  aussitôt  comblé  par 
six  nefs  d'armée  et  800  Picards  que  le  vice-amiral  Firmin  d' Aust 
a  rassemblés  à  l'embouchure  de  la  Somme.  Une  compagnie  de 
270  arbalétriers  est  venue  d'Abbeville  pour  aider  dans  sa  rude 
tâche  la  garnison  de  Calais*;  ces  volontaires  rachèteront  de 
leur  sang  le  court  moment  de  défaillance  de  leurs  compatriotes*. 

Un  des  vaisseaux  qui  les  portent,  le  Saint-Jacques  d'Abbe- 
ville 3,  a  pour  maître  et  seigneur  un  Régulus  français  indigne- 
ment méconnu,  Enguerrand  Ringuet,  dont  vous  lirez  plus  tard 
la  mort  sublime. 

Pour  des  âmes  de  cette  trempe,  l'héroïsme,  Dieu  merci!  a 
d'autres  mobiles  que  l'argent,  et,  parmi  eux,  la  gloire,  cette 
gloire  des  vikings  que  chantaient  les  scaldes  Scandinaves.  Les 
scaldes  avaient  vécu  ;  mais  quatre  ménestrels  de  la  division  Gri- 
maldi  en  tenaient  lieu^.  L'un,  Hugues  ou  Huon  de  Villeneuve, 
personnage  énigmatique,  auteur  ou  jongleur,  trouvère  ou  rhap- 
sode du  Renaut-de-Montauban^,  put  approprier  aux  circons- 
tances le  siège  de  Montauban  oii  Renaut  tint  si  longtemps  en 
échec  le  grand  empereur  Charlemagne.  Une  forte  gratification 
que  les  ménestrels  reçurent  le  11  mars  réchauffa  leur  enthou- 
siasme; et,  sur  toute  cette  flotte  de  braves,  un  souffle  d'épopée 
glissa. 

L'escadre  avançait.  Aux  avant-postes,  à  Boulogne,  elle  était 
attendue  par  Jean  Marant,  marin  du  roi,  maître  de  la  Sainte- 
Marie;  Mestriel  et  lui  avaient,  durant  tout  l'hiver,  ravitaillé 


1.  Nouv.  acq.  franc.  9241,  fol.  75,  76. 

2.  En  retour,  Philippe  VI  accorde  aux  Alihcvillois  l'exomption  de  iarricre- 
ban.  Juillet  1347.  (Cocheris,  Notices  et  extraits  des  documents  manuscrits  rela- 
tifs à  l'histoire  de  la  Picardie,  I,  59.) 

3.  Le  Saint-Jacques  avait  100  hommes  d'équipage.  (Nouv.  acq.  franc.  9241, 
fol.  75.) 

4.  Guillaume  Dinisse,  Hugues  de  Villeneuve,  Guillaume  de  Castelianne  et 
Guillot  Dalons.  (Franc.  25697,  pièce  139.) 

5.  Histoire  littéraire  de  la  France,  XVllI,  721.  —  Romaixia,  IV,  471.  Toute- 
fois, notre  ménestrel  ne  pourrait  (Hre  le  Huon  de  Villeneuve  du  Renaut,  si  le 
vers  intercalé  dans  le  Renaut,  «  Huon  de  Villenœuve  l'a  molt  eslroit  gardée,  » 
se  trouvait  dans  un  manuscrit  antérieur  au  xiv"  siècle.  Dans  notre  hypothèse, 
Huon  ne  serait  que  jongleur,  et  non  trouvère. 


568  LA   MARINE   AC    SIEGE    DE   CALAIS. 

Calais,  «  en  larrecin  et  par  eulz  hardiement  enventurer*.  »  Un 
de  leurs  matelots,  un  assassin,  s'était  réhabilité  jusqu'à  mériter 
du  roi  un  certificat  de  bons  et  loyaux  services^.  Marant  avait 
derrière  lui  Jean  Baalart  le  Jeune,  maître  de  la  barge  Saint- 
Jean,  Raoul  Le  Grenu,  du  Saint-Pierre,  Jean  Cachemarée 
au  surnom  significatif,  les  frères  Clay  et  Jouen  Pach,  maîtres  de 
V Esturgeon  et  du  Saint-Ja7nes  de  Wissant,  et  tous  les  hôtes 
de  la  taverne  du  Pot-d'Etain,  où  les  marins  de  la  région  tou- 
chaient leur  prêt  3.  k  la  date  du  26  mars,  il  en  manquait  cepen- 
dant un  certain  nombre  et  des  meilleurs,  mis  hors  de  combat 
dans  quelque  périlleuse  reconnaissance  et  probablement  dans  la 
dernière  sortie  de  la  division  boulonnaise,  le  14  mars;  Y  Estur- 
geon était  alors  commandé  par  Mosque,  le  Saint-Jaines  par 
Jean  Toumelin,  le  Saint-Pierre  par  un  vieux  marin,  Jean  Baa- 
lart père^ 

Deux  corsaires  calaisiens.  Fleur  Fleurin  du  Saint-Chris- 
tophe et  Pierre  Golant  du  Fluin'",  prirent  la  tête  de  colonne; 
toute  l'escadre  suivit,  malgré  les  renseignements  terrifiants 
qu'un  éclaireur  rapportait  le  6  avril  sur  «  la  convine  »  de  l'en- 
nemi*'. Une  flotte  quatre  fois  supérieure  à  la  nôtre,  120  vais- 
seaux et  neuf  mille  six  cents  hommes,  venait  d'entrer  en  croi- 
sière, sous  le  commandement  des  amiraux  Suffolk  et  Arundel'. 
A  l'entrée  du  chenal  de  Calais,  sur  le  «  sablon,  »  on  apercevait 
un  château  fort  en  bois,  dont  les  matériaux  avaient  été  tirés  de 
la  futaie  de  Boulogne.  Le  risban,  comme  on  appelle  ces  terre- 
pleins  garnis  de  canons  qui  battent  l'entrée  d'un  port,  le  risban 
d'Edouard  III  était  abondamment  pourvu  de  bombardes,  d'es- 

1.  Froissart,  éd.  Lucc,  IV,  30. 

2.  Rendus  «  en  la  mer  en  la  compagnie  de  Marant,  nostre  marinier.  »  Lettre 
de  rémission  accordée  à  Perrinet  Le  Scot,  décembre  1346.  (Arch.  nat.,  JJ  76, 
cap.  71.) 

3.  Tous  ces  bâtiments  avaient  de  60  à  80  hommes  d'équipage.  (Nouv.  acq. 
franc.  9241,  fol.  62,  69.) 

4.  Il  commandait  à  L'Écluse  le  Saint-Jacques  de  Boulogne.  Un  autre  Bou- 
lonnais, Simon  Croulle,  qui  se  trouvait  dans  le  convoi  sur  une  nef  de  guerre 
du  Crotoy,  commandait  à  la  bataille  de  L'Écluse  la  nef  Sainte- Marie.  (Nouv, 
acq.  franc.  9241,  fol.  25.) 

5.  Nouv.  acq.  franc.  9241,  fol.  62,  77. 

6.  Ibid.,  fol.  65. 

7.  Le  2  avril,  elle  devait  se  trouver  en  partance  à  Sandwich.  (Nicolas,  A  His- 
tory  of  the  Royal  Navij,  II,  95.) 


LÀ    MARINE    AD    SIEGE    DE    CALAIS.  569 

pringales  et  de  puissants  arcs  à  tour  servis  par  une  garnison  de 
deux  cent  quarante  hommes.  Ce  fut,  au  témoignage  de  Froissart, 
r  «  ordenance  »  qui  causa  le  plus  de  mal  aux  Calaisiens  «  et  qui 
plus  tos  les  fist  afamer  '.  » 

D'un  prodigieux  effort,  nos  30  vaisseaux  forcèrent  l'entrée  de 
la  rade  sous  le  feu  de  la  flotte,  du  risban  et  du  camp  ennemi.  Un 
dernier  obstacle  faillit  les  arrêter.  Edouard  III  avait  obstrué 
«  les  pas  de  la  mer,  »  c'est-k-dire  le  clienal,  en  y  coulant  une 
ou  plusieurs  neCs-.  L'un  tirant  l'autre,  les  navires  d'escorte  pas- 
sèrent. Leur  convoi  entra  indemne  à  Calais.  Ce  fut  le  dernier^. 

Surpris  de  cet  échec  qu'il  devait  à  sa  pénurie  de  croiseurs 
rapides,  Edouard  III  donnait  ordre,  le  13  avril,  à  trois  marins 
génois  d'aller  noliser  12  galères  dans  leur  patrie ••.  Eu  attendant, 
les  80  vaisseaux  du  comte  de  Warwick,  renforcés  au  mois  de 
mai  par  l'escadre  d'Henri  de  Lancastre,  resserraient  l'orbe  de 
leur  croisières 

Les  commandants  du  convoi  français  avaient  été  témoins  de 
l'horrible  famine  qui  sévissait  dans  la  place  et  de  la  mortalité 
effrayante  des  assiégés.  A  peine  de  retour,  ils  sautèrent  à  bord 
de  nouveaux  bâtiments  de  guerre,  —  les  leurs  étant  tout  déla- 
brés, —  afin  d'escorter  de  nouveaux  transports,  Hélies,  Hardi  et 
La  Hogue  montèrent  sur  trois  des  cinq  galères  armées  à  Abbe- 
ville;  Ringuet  ramenait  au  combat  le  Saint-Jacques,  Bernard 
Le  Guièvre  et  Jean  Coulomb  restaient  à  la  tête  de  trois  grosses 
nefs  espagnoles  encore  valides,  montées  par  les  marins  de  Saint- 
Valery  et  du  Crotoy  ;  au  total  neuf  bâtiments  d'armée  et  un  mil- 
lier d'bommes^  allaient  en  affronter  le  décuple.  Le  26  avril,  des 

1.  Froissart,  éd.  Luce,  IV,  46. 

2.  «  En  récompensation  dune  nef  à  Piers  Foulk  de  Wincholse  que  nous 
avons  fait  foundrer  par  certaine  cause  en  port  de  Caleys,  »  Edouard  III  donne 
audit  Foulk  la  Michielde  Fowey,  saisie  par  «  Philippol  de  Whitlon,  nagucrcs 
lieutenant  nostre  adniiraill...,  pour  robberie  faite  à  la  mer.  »  18  février  1347. 
(Record  OfUce,  Privy  seals,  21  Edward  III,  317,  n»  18113.) 

3.  Vers  le  début  d'avril.  (Knighton,  Chronicon,  II,  46.)  —  De  février  à  avril, 
52  vitaillers  furent  chargés  à  destination  de  Calais.  La  jdujiart,  en  charge- 
ment le  18  mars  à  Saint- Valéry,  hrent  partie  du  grand  convoi.  {Nouv.  acq. 
franc.  9241,  fol.  77  v°,  78.) 

4.  Les  envoyés  étaient  Antoine  Uso  di  mare,  Guillaume  et  Antoine  Fieschi. 
Ils  traitèrent  à  Gènes  le  5  juillet  (Ryraer,  III,  1"  part.,  10.) 

5.  Knighton,  Chronicon,  II,  47. 

6.  Nouv.  acq.  franc.  9241,  fol.  72  v%  74  v,  75.  Les  galères  étaient  équipées 
de  130  hommes,  les  nefs  espagnoles  de  120,  le  Saint-Jacques  de  100. 


570  LA   MARINE  AD   SIEGE    DE   CALAIS, 

pilotes  lamaneurs  embarquèrent  ;  on  battit  le  rappel  des  compa- 
gnons mariniers.  Les  «  vitaillers  »  se  faisaient  attendre,  le  capi- 
taine de  Carentan,  Philippe  le  Dépensier,  organisateur  du  nou- 
veau convoi,  étant  allé  chercher  des  vivres  assez  loin  de  la 
Somme,  du  côté  de  Caen.  Remué  jusqu'au  fond  de  l'àme  par  les 
souffrances  des  assiégés,  tel  marchand  d'Isigny  se  montra  «  bien 
obéissant  à  bailler  de  ses  biens  au  besoing  ;  »  d'autres  livrèrent  à 
crédit  leurs  marchandises^  En  mai,  le  convoi  partit.  Traverser 
les  lignes  anglaises  semblait  fou  ;  nos  marins  eurent  cette  folie 
sublime  ;  ils  échouèrent,  et  vingt  bâtiments  restèrent  aux  mains 
du  duc  de  Lancastre^. 

Mais  l'amiral  de  France,  que  faisait-il  donc?  On  ne  le  voyait 
pas  à  la  tête  de  nos  escadrilles.  Il  gardait  sans  doute  l'argent  du 
ravitaillement?  Et  le  peuple,  énervé  par  l'insuccès,  pris  d'une 
anxiété  poignante  pour  les  malheureux  affamés,  accusait  l'ami- 
ral d'un  crime  hideux,  la  prévarication,  le  voP. 

Non,  Floton  de  Revel  ni  les  siens  n'étaient  coupables.  Mais 
la  fatalité  qui  s'attache  aux  vaincus  leur  enlève  tout  prestige  et, 
au  moment  décisif,  tout  appui.  La  Castille,  engagée  par  le  traité 
d'alliance  à  nous  secourir,  nous  avait  dépêché  son  amiral,  Gilles 
Boccanera,  pour  fixer  les  conditions  où  elle  enverrait  sa  flotte. 

Boccanera  vint  à  Paris,  encaissa  une  pension  de  mille  livres  à 
titre  de  conseiller  royale  et  promit  de  50  à  200  vaisseaux  de  guerre 
et  de  cinq  à  vingt  mille  marins.  De  plus,  il  stipulait  l'entretien, 
aux  frais  du  trésor,  de  deux  galères  et  quatre  lins  de  Grimaldi 
pour  le  gouvernement  de  ses  voiliers  :  curieux  exemple  de  cette 
sorte  de  syndicat  international  que  formaient  les  armateurs  génois. 
La  convention  avait  été  signée  le  25  janvier  1347  s;  des  mois 
s'écoulèrent;  l'ancien  ami  des  Anglais  ne  parut  pas;  trois  nefs 
espagnoles  seules  figurèrent  dans  nos  lignes  ;  elles  étaient  com- 
mandées par  des  Français^.    - 

1.  Mai  1347.  (Pièces  orig.,  vol.  996,  doss.  22471,  pièces  2  et  3.  —  Les  Jour- 
naux (lu  Trésor  de  Philip[)e  de  Valois,  imprimés  par  M.  Viard  dans  la  Collec- 
tion des  Documents  inédits  {sous  presse],  n°  1975.) 

2.  Knighton,  Chronicon,  II,  48. 

3.  Guillaume  de  Nangis,  apud  Dom  D'Achery,  Spicilegium,  XI,  803. 

4.  U  janvier  1347.  (Arch.  nat.,  J  602,  p.  46.) 

5.  La  France  paierait  une  solde  mensuelle  de  600  florins  par  navire  :  quant 
au  licenciement  do  la  Hotte,  les  deux  amiraux  se  réservaient  d'en  fixer  de  con- 
cert la  date.  (Arch.  nat.,  J  602,  p.  47.) 

6.  Cf.  plus  haut. 


LA    MAEINE   AD    SIKGE    DE   CALAIS.  574 

Tous  ces  Génois  se  valaient.  On  confiait  à  l'un  d'entre  eux  la 
conduite  d'un  nouveau  convoi  à  destination  de  Calais.  Le  21  juin, 
Impérial  D'Oria  arborait  le  «  grand  baicen  des  armes  de  France 
fait  en  guise  d'estendart*  »  en  tète  des  six  galères  que  comman- 
daient ses  parents  Renaud,  Raymondin  et  Pascalin  D'Oria  -  et 
deux  de  ses  compatriotes.  Hélies,  Hardy,  La  Hogue  le  joignirent 
avec  quatre  autres  galères,  Mahieu  Quiefdeville  avec  ses  deux 
bâtiments*.  On  devait  profiter,  pour  pénétrer  dans  la  place,  du 
moment  où  les  troupes  de  Saint-Omer,  conduites  par  le  prieur 
d'Aquitaine,  le  duc  d'Athènes  et  le  comte  d'Armagnac,  occupe- 
raient l'ennemi'*. 

Le  25  juin,  les  dix  galères  sortaient  du  Crotoy  avec  trente- 
quatre  transports,  quand  une  forêt  de  mâts  surgit  à  l'horizon. 
Vers  neuf  heures,  le  vent  qui  souillait  de  l'ouest  avait  sauté  à 
l'est;  il  amenait  les  deux  amiraux  anglais  et  lords  Morley,  Tal- 
bot,  Bradestone,  qui  venaient  fouiller  nos  ports  à  la  tête  de 
quatre-vingts  vaisseaux^.  Nos  voiliers  d'arrière-garde  jettent 
aussitôt  leurs  munitions  à  la  mer  pour  regagner  plus  vite  le  Cro- 
toy ;  une  flûte  et  douze  transports  de  l'avant-garde  n'ont  plus 
cette  ressource;  «  fortement  pursuiz,  »  ils  essayent  de  s'échouer; 
leurs  équipages,  sautant  par-dessus  bord,  se  «  néiérent  si  pure- 
ment que  une  soûle  persone  ne  remien t  en  vie.  »  Les  galères 
s'étaient  dérobées  en  haute  mer,  sans  risquer  la  bataille.  Fait 
surprenant,  les  vainqueurs  n'osèrent  point  poursuivre  leur  avan- 
tage en  remontant  la  Somme;  la  haute  mer  portant  alors  jusqu'à 
Abbeville  et  même  jusqu'au  Pont-de-Remy,  l'attaque  leur  eût 
été  facile. 

Après  le  départ  des  Anglais,  les  Génois  ne  quittaient  plus  les 
eaux  du  Crotoy  où  ils  s'étaient  affalés.  Le  30  juin,  on  leur  envoya 
de  Saint-Valery  une  forte  somme  pour  leur  donner  du  cœur.  Ils 
reculèrent  sur  Cayeu.  On  les  pressa  d'aller  de  l'avant.  Ils  recu- 
lèrent à  Ault-sur-la-Mer.  Le  vice-amiral  Firmin  d'Aust  arriva  le 


t.  Franc.  2140G,  p.  303. 

2.  Années  le  9  juin  à  Abbeville.  (Franc.  21406,  p.  291,  235,  303.) 

3.  Nouv.  acq.  franc.  9241,  fol.  73,  76.  Les  galères  avaient  200  hommes  :  Jean 
Coulomb,  avec  un  bateau  armé  de  20  hommes,  et  Simon  Croulle,  avec  une  nef 
d'Espagne  armée  au  Crotoy,  fai.saient  partie  de  l'escadre. 

4.  Franc.  20363,  fol.  ciiiix^vii  v. 

5.  Lettre  d'un  Anglais  à  Edouard  III,  contenant  le  récit  du  cx)mbat.  (Robert 
de  Avesbury,  De  Gestis  Edwardi  IfT,  385.) 


572  LA   MARINE   AU   SIEGE    DE    CALAIS. 

5  juillet,  avec  une  dizaine  de  chevaliers  et  d'écuyers,  pour  arrêter 
les  déserteurs  et  «  faire  recuillir  les  genz  à  force.  »  Il  passa  en 
revue  les  équipages  des  six  galères  qu'Antoine  D'Oria  reçut  ordre 
de  conduire  en  Bretagne ^  Du  lit  de  douleur  où  le  clouaient  dix- 
sept  blessures  reçues  au  combat  de  la  Roche-Derrien  le  20  juin, 
notre  allié  Charles  de  Blois,  en  détresse,  prisonnier  des  Anglais 
et  laissé  nu  dans  un  cellier,  réclamait  des  secours.  Peu  après, 
l'escadre  génoise  était  signalée  au  Chef  de  Caux^,  faisant  route 
vers  l'ouest.  Un  mardi  d'août,  elle  apparut  devant  La  Roche- 
Derrien.  Le  sire  de  Craon,  qui  commandait  les  troupes  de  débar- 
quement, donna  un  premier  assaut,  puis  d'autres,  sans  disconti- 
nuer, jusqu'au  vendredi.  L'affaire  traînait.  Il  eut  l'idée  géniale 
de  suspendre  à  une  perche,  bien  en  vue,  une  bourse  de  cinquante 
écus  pour  le  premier  qui  entrerait  dans  la  ville  forte.  Quelques 
heures  après,  il  était  maître  de  La  Roche-Derrien;  un  Génois 
avait  mérité  la  bourse.  Mais  le  prisonnier  que  l'escadre  venait 
délivrer,  Charles  de  Blois,  ne  se  trouva  point. 

La  malheureuse  aff'aire  du  25  juin  avait  dérangé  un  plan  sage- 
ment conçu.  A  Boulogne,  Marant  attendait  avec  un  bateau  armé 
et  paré  pour  piloter  l'escadre  ;  à  Ambleteuse,  un  autre  Boulon- 
nais, Jean  Darlay,  avait  amené  une  compagnie  de  gens  d'armes 
que  la  flotte  devait  jeter  dans  la  place  ^. 

De  leur  côté,  les  assiégés  profitèrent  de  l'éloignement  de  la 
flotte  de  blocus  pour  envoyer  de  leurs  nouvelles.  Le  26  juin,  aux 
lueurs  blafardes  de  l'aube,  deux  bâtiments  se  glissaient  silen- 
cieusement hors  de  Calais,  quand  une  vigie  anglaise  donna 
l'alarme.  Aussitôt,  la  chasse  commence.  Des  deux  bâtiments, 
l'un  regagne  Calais  à  force  de  rames  et  sauve  la  poignée  d'arba- 
létriers et  de  marins,  vingt-sept  hommes^  qui  resteront  aux 
côtés  du  gouverneur  jusqu'à  la  dernière  heure  du  siège.  L'autre 
navire  est  atteint;  un  grand  patron  de  galères  génoises,  com- 
mandant les  Génois  enfermés  dans  la  ville,  s'y  trouvait  avec  dix- 
sept  de  ses  hommes.  On  lui  avait  confié  quarante  lettres.  Avec  un 

1.  Nouv.  acq.  franc.  9241,  fol.  66,  69. 

2.  Ibid.,  fol.  69.  —  Le  22  août,  DOria  touche  la  solde  et  les  vivres  de  ses  six 
galères,  qui  tiennent  encore  la  mer.  (Journal  du  Trésor  à  la  date  du  10  août  1349.) 

3.  Nouv.  acq.  franc.  9241,  fol.  69. 

4.  Commandés  par  Jean  Nicaise  et  payés  de  leurs  gages  pour  la  garde  de 
Calais  du  4  septembre  1346  au  4  août  1347.  (Journal  du  Trésor  à  la  date  du 
16  avril  1349;  cf.  éd.  Viard,  n»  2239.) 


LA    MARINE    AO    SIÈGE    DE    CALAIS.  573 

sang-froid  merveilleux,  bien  différent  de  la  piètre  attitude  de  ses 
compatriotes  et  qui  nous  fait  regretter  davantage  d'ignorer  son 
nom,  le  patron  attache  une  des  lettres  à  une  lourde  hache,  qu'il 
jette  à  la  mer  au  moment  même  d'être  pris.  La  dépêche  était,  en 
effet,  d'une  extrême  importance;  elle  était  du  gouverneur  Jean 
de  Vienne  et  révélait  la  situation  désespérée  de  la  place.  Retrou- 
vée le  lendemain  à  marée  basse,  c Me  fut  portée  au  roi  Edouard, 
qui  lut  ces  lignes  destinées  à  Philippe  VI  : 

«  Tout  est  mangé,  chiens,  chats  et  chevaux,  et  de  vivres  nous 
ne  pouvons  plus  rien  trouver  en  la  ville,  si  nous  ne  mangeons 
chairs  de  gens.  Autrefois,  m'avtj  écrit  de  tenir  tant  qu'il  y 
aurait  à  manger.  Le  moment  est  venu  où  nous  n'avons  plus  rien. 
Si  nous  n'avons,  en  bref,  secours,  nous  issirons  hors  de  la  ville 
pour  combattre,  pour  vivre  ou  pour  mourir,  car  nous  aimons 
mieux  mourir  aux  champs  honorablement  que  nous  manger  l'un 
l'autre.  Si  brièvement  remède  n'y  est  mis,  vous  n'aurez  jamais 
plus  de  lettres  de  moi,  et  sera  la  ville  perdue  et  nous  qui  sommes 
dedans.  Notre-Seigneur  vous  donne  bonne  vie  et  longue  et  vous 
mette  en  volonté  que,  si  nous  mourons  pour  vous,  que  vous  le 
rendiez  à  nos  hoirs  ' .  » 

Par  ce  testament  sublime  semblait  finir  la  lutte  palpitante 
d'une  ville  contre  une  nation;  l'Europe  en  suivait  passionné- 
ment les  péripéties,  l'historien  Villani  à  Florence  et  le  roi 
Haquin  en  Norwège,  au  moyen  d'un  messager  qu'il  avait  dépê- 
ché au  camp  du  roi  de  France  ^  La  ville,  pourtant,  résista  encore 
plus  d'un  mois  et  donna  le  temps  à  Philippe  VI  d'arriver.  Le 
27  juillet,  l'armée  française  apparut  sur  le  mont  de  Sangatte; 
les  Calaisiens,  délirant  d'allégresse,  virent  poindre  ses  lances  et 
flotter  ses  bannières,  comme  jadis  les  Parisiens  assiégés  avaient 
entrevu  les  troupes  de  Charles  le  Gros.  Puis,  le  mirage  s'éva- 
nouit. Le  camp  anglais,  entouré  de  marais,  était  inaccessible; 
des  trois  chaussées  praticables,  l'une,  le  pont  de  Nieulai,  était 
défendue  par  le  comte  de  Derby  et  une  «  foison  de  gens  d'armes 
et  d'archers  ;  »  la  route  de  Gravelines  était  occupée  par  les  Fla- 
mands, la  route  des  Dunes  battue  par  les  bombardes  et  les  esprin- 
gales  de  la  flotte  anglaise. 

1.  Robert  d'Avesbury,  Historia  Edwardi  IIJ,  386.  Nous  ne  reproduisons  pas 
l'orthographe  de  Jean  de  Vienne,  cela  va  sans  dire. 

2.  Ce  messager  était  à  Arras  le  19  juin  1347.  (Franc.  21410,  p.  34.) 

^897  37 


574  LA   MARINE   AU    SIEGE    DE    CALAIS. 

L'armée  de  Philippe  VI  s'était  embourbée  dans  les  marais  de 
Calais'.  La  milice  de  Tournai  emporta,  après  un  rude  assaut,  une 
haute  tour  élevée  entre  le  mont  de  Sangatte  et  la  mer  pour  gar- 
der les  Dunes  ^  L'apparition  d'une  grosse  flotte  française  aurait 
eu  en  ce  moment  un  résultat  décisif,  car  la  flotte  anglaise, 
menacée  d'être  prise  entre  deux  feux,  aurait  délogé  et  laissé  libre 
le  chemin  des  grèves...  Quelques  voiles  blanchirent  à  l'horizon. 
Elles  arrivaient  de  Dieppe  avec  une  cargaison  de  vivres.  Dans 
une  suprême  tentative,  l'infatigable  Philippe  le  Dépensier  essayait 
de  venir  au  secours  des  assiégés^.  Mais  il  n'avait  que  huit  barges; 
c'était  trop  peu  pour  inquiéter  l'ennemi  ;  elles  furent  enlevées  à 
l'abordage^. 

Après  un  vain  déploiement  de  forces,  Philippe  VI,  désespéré, 
congédia  ses  troupes  le  2  août.  L'amiral,  avec  un  petit  corps 
d'armée,  resta  en  armes  jusqu'à  ce  que  tout  espoir  fût  perdu ^. 
Le  6,  le  vice-amiral  Firmin  d'Aust  cessait  aussi  sa  longue  faction*^. 
La  malheureuse  cité  avait  capitulé  la  veille.  A  grand'peine,  six 
bourgeois  héroïques,  en  chemise,  la  corde  au  cou,  avaient  obtenu 
la  pitié  du  vainqueur.  Et  quelle  pitié  !  tous  les  habitants  dont 
on  redoutait  à  bon  droit  l'attachement  à  la  France  furent  chassés 
de  leurs  foyers. 

Ils  emportaient  avec  eux  la  haine  de  l'Anglais.  Quatre  d'entre 
eux,  Pierre  Aimar,  Jean  Masterel,  Guillaume  Goble,  Etienne 
Pillart,  maîtres  de  navires,  avaient  conservé  chacun  vingt-six 
compagnons.  Deux  galères  royales,  commandées  par  Jean  Houe 
et  par  le  boulonnais  Jean  Trufle,  les  rejoignirent'';  Marant  se 
mit  à  la  tête  de  l'escadrille  ;  et  tous,  comme  des  bêtes  aux  abois, 
foncèrent  sur  l'ennemi.  D'une  escadre  de  dix  nefs  qu'ils  rencon- 
trèrent vers  le  milieu  de  septembre,  ils  coulèrent  la  moitié  et 


1.  31  juillet  et  1"  août.  (Arch.  nat.,  JJ  68,  n"  246,  295,  et  JJ  77,  n-  386.) 

2.  Froissart,  éd.  Kervjii,  V,  188. 

3.  Ces  vaisseaux  étaient  en  armement  à  Dieppe  le  14  juillet.  (Clairambault, 
reg.  40,  p.  2997,  n"  107.) 

4.  Chroniques  de  Flandres,  II,  271. 

5.  Floton  de  Rcvcl  servit  dans  l'armée  royale  du  5  mai  au  14  août  avec  un 
banneret,  18  chevaliers  et  112  écuycrs.  (Journal  du  Trésor,  éd.  Viard,  n"  2356.) 

6.  Jal,  Archéol.  navale,  II,  338. . 

7.  Compte  de  Jean  de  L'Ospital.  (Nouv.  acq.  franc.  9241,  fol.  73,  76  v»,  77.) 
Armement  de  ces  navires  du  6  au  11  septembre. 


LA    MARr\E    AD    SIEGE    DE    CALAIS.  575 

ramenèrent  l'autre,  cinq  nefs  chargées  de  nobles  dames,  à  Abbe- 
ville*. 

Dent  pour  dent  !  A  cette  époque  fut  ruinée  la  ville  de  Budleigh 
dans  le  Devonshire-  par  une  escadre  française.  La  brusque  arri- 
vée des  vaisseaux  de  Boccanera  aurait  produit  un  coup  de 
théâtre,  qu'on  escomptait  peut-être...  Mais  rien  n'apparut.  Il 
fallut  se  résigner  à  perdre  la  clef  qui  nous  ouvrait  la  mer  du 
Nord.  Avec  une  implacable  logique,  les  Anglais  fermaient  la 
Manche  à  l'orient  comme  ils  l'avaient  fermée  à  l'occident  en  pre- 
nant Guernesev;  et  dans  le  Canal  britannique  où  le  pavillon 
de  Saint-Georges  flotterait  tout-puissant,  Calais,  attirant  à  son 
êtaple  le  commerce  de  la  Hanse,  des  Flandres  et  de  l'Angle- 
terre, affamerait  ou  ruinerait  la  Normandie. 

La  trêve  du  28  septembre  consacra  l'abandon  de  nos  espé- 
rances. Elle  nous  laissait  un  répit  de  dix  mois,  ainsi  qu'à  nos 
alliés,  aussi  meurtris  que  nous,  David  Bruce  battu  et  pris  à 
Nevill's  Cross,  Charles  de  Blois  battu  et  pris  à  La  Roche-Der- 
rien.  Humilié  et  déçu,  Philippe  VI  laissa  peser  la  responsabilité 
du  désastre  sur  l'amiral  Floton  de  Revel,  qui  se  démit  de  son 
office  le  19  octobre^.  Il  se  hâta  de  distribuer  des  récompenses  aux 
infortunés  Calaisiens,  des  indemnités  aux  marchands  qui  avaient 
ravitaillé  Calais,  «  en  tele  manière,  ajoutait  le  roi,  que  plus 
nen  doions  oïr parler*.  »  Que  d'amertume  dans  cette  phrase! 
Oublier... 

Il  laissait  à  son  fils  Jean,  duc  de  Normandie,  qui  avait  et  qui 
eut  toujours  l'âge  des  illusions,  le  souci  de  la  revanche.  Jean 
s'entoura  d'un  état-major  de  marins  :  Pierre  Barbavera,  doté  de 
maison  et  jardin  à  Harfleur  pour  avoir  «  longuement  et  loyau- 
ment  servi,  tant  par  mer  comme  par  terre  %  »  un  ancien  écuy'er 
de  l'amiral  S  un  maître  des  garnisons  de  l'armée  de  mer',  un 


1.  Chroniques  de  Flandres,  II,  275. 

2.  Nicolas,  A  Ilistonj  of  the  Royal  Navy,  II,  99. 

3.  P.  Anselme,  Histoire  généalogique,  VII,  752. 

4.  Mandement  royal  aux  trésoriers.  Paris,  19  décembre  1347.  (Pièces  orig., 
vol.  996,  doss.  22471,  pièce  2.) 

5.  Don  du  mois  de  mai  1349.  (Arch.  nat.,  JJ  68,  cap.  422.) 

6.  Guillaume  Du  Galle  nommé  officier  du  gcôlage  de  Caudebec,  12  octobre 
1347.  (Franc.  15699,  p.  71.) 

7.  Nommé  le  19  mars  1348.  (Nouv.  acq.  franc.  3637,  pièce  59.) 


576  LA   MARINE   AD    SIEGE   DE   CALAIS, 

Hospitalier*  en  faisaient  plus  ou  moins  partie.  Jean  méditait  une 
descente  en  Angleterre  ;  et,  sur  sa  demande,  les  états  de  Rouen, 
en  novembre  1347,  les  états  de  Pont-Audemer,  en  mars  1348, 
votèrent  la  levée  et  l'entretien  d'un  homme  d'armes  par  paroisse-'. 
Il  ne  manquait  qu'un  amiral  et  une  flotte.  Mais  Boccanera  ne 
devait-il  pas  fournir  l'un  et  l'autre,  admonesté  comme  il  l'était 
par  son  roi  de  nous  amener  un  grand  nombre  de  vaisseaux 3?  Nos 
espérances  s'en  allèrent  encore  en  fumée.  Une  ombre  de  services 
rendus  valut  à  Boccanera  une  maigre  indemnité,  qui  le  récom- 
pensait largement  ^  On  recourut  donc  à  une  nouvelle  trêve  le 
18  novembre  1348,  qui,  prolongée  ensuite,  n'expira  que  le 
l^-'août  1351. 

Dans  l'entr'acte,  la  peste  de  Florence  dépeupla  nos  ports.  — 
Un  moment,  les  relations  se  tendirent.  Le  maréchal  de  Néelle 
assiégeant  Tonnay-Charente  avec  des  sapeurs  aragonais  et  une 
flottille  espagnole^  Henri  de  Lancastre  prit  la  mer  «  pour  venir 
domagier  »  le  roi^.  Un  seigneur  de  France,  Geoffroy  de  Charny, 
crut  le  moment  venu  de  reprendre  Calais  ;  il  soudoya  le  capitaine 
des  douze  vaisseaux  de  garde,  Amerigo  ou  Aimery  de  Pavie"  ;  et 
il  aurait  réussi  dans  son  audacieuse  entreprise  si  Edouard  III  ne 
l'avait  lui-même  déjouée  et  anéantie  le  2  janvier  1350.  Cet  échec 
provoqua  le  rassemblement  d'une  escadre  à  Harfleur  sous  les 

1.  p.  Anselme,  Histoire  généalogique,  VII,  76. 

2.  Coville,  les  États  de  Normandie,  60. 

3.  Ordre  d'Alphonse  XI  à  Boccanera.  Canete,  29  mars  1348.  (Madrid,  Acade- 
mla  de  la  Hisloria,  coleccion  Salazar  M  114.  Cf.  Cesareo  Fernandez  Duro,  la 
Marina  de  Castilla  desde  su  origen.  Madrid,  1894,  gr.  in-8°,  p.  97.) 

4.  Journal  du  Trésor  à  la  date  du  14  juillet  1349,  éd.  Viard,  n°  4240. 

5.  Les  nefs  Sania-Maria  de  Bilbao  et  Santa-Maria-Magdalena,  entre  autres, 
furent  coulées  en  travers  de  la  Charente  pour  bloquer  Tonnay.  Septembre  1349. 
(Clairauibault,  reg.  47,  p.  3517;  reg.  40,  p.  3011  ;  reg.  54,  p.  4069.  —  Franc.  20683, 
fol.  337.)  —  Le  maître  d'écurie  du  roi,  Guillaume  de  Boncour,  avait  porté  en 
Ecosse  dés  armures  chargées  à  Harfleur  en  février  1349.  (Journal  du  Trésor,  à 
la  date  du  13  juin  1349.) 

6.  Lettres  de  Jean,  duc  de  Normandie.  Bonport,  4  octobre  1349.  (Delisle, 
Acles  normands,  n»  235,  p.  409.) 

7.  Lettres  d'Edouard  III  nommant  Aimery  de  Pavie  cai)itaine  et  «  condui- 
seur  de  ses  galées  et  arbalétriers.  »  24  avril  1348.  (Froissarl,  éd.  Luce,  IV, 
p.  xxvjii,  n.  2.)  —  Aimery  ou  Amerigo  montait  la  galère  cai)ilane  Thomas  de 
Calais,  avec  40  arbalétriers  et  200  marins  d'équipage.  (Record  Office,  Ward- 
robe  38/2,  Edward  III,  membr.  21-23.) 


LA    MiRi:VE    AU    SIEGE    DE    CALAFS.  577 

ordres  du  capitaine  d'armée  Galois  de  La  Heuse*.  Mai.s  si  petite 
était-elle  qu'il  fallut  chercher  des  renforts. 

Deux  négociateurs,  lestés  d'une  forte  somme  et  munis  d'ins- 
tructions secrètes-,  partirent  pour  la  Flandre;  la  flotte  espagnole 
de  Charles  de  La  Cerda,  frère  de  l'ancien  amiral  Louis  d'Epagne, 
y  déchargeait  ses  marchandises.  La  Cerda,  qui  avait  sur  la  cons- 
cience la  capture  de  douze  vaisseaux  anglais  à  Guérande,  dut 
trouver  que  l'argent  de  la  France  arrivait  à  point  pour  lui  per- 
mettre de  renforcer  ses  équipages  et  d'affronter  les  représailles 
probables  du  retour. 

Edouard  III  l'attendait,  en  effet,  dans  le  Canal.  Le  29  août, 
les  dix-huit  nefs  royales  montées  de  quatre  cents  chevaliers  et 
d'une  foule  d'archers  croisaient  en  vue  de  Winchelsea  ;  à  bord  de 
la  coque  Thomas,  retentissaient  les  gais  accords  d'une  danse  alle- 
mande modulés  par  les  ménestrels  du  roi,  quand  la  vigie  signala 
un,  deux,  quatre,  puis  quarante  vaisseaux,  qui  arrivaient  en  un 
train  par  brise  fraîche  de  nord-est.  C'était  la  flotte  de  La  Cerda. 
Les  ménestrels  se  taisent.  Edouard  l'ait  apporter  du  vin  et  boit, 
ainsi  que  tous  ses  chevaliers.  Se  portant  en  tête  de  colonne,  il 
reçoit  le  choc  d'une  nef  espagnole,  qui  «  s'en  vient  au  vent  degrant 
randon,  »  le  heurte  et  passe.  Le  château  d'avant  défoncé  par  le 
beaupré  ennemi,  une  voie  d'eau  dans  sa  carène,  la  coque  TJio- 
mas  accroche  néanmoins  une  seconde  nef  grande  et  grosse,  et 
l'amarine,  en  dépit  des  barreaux  de  fer,  des  pierres  et  des  flèches 
qui  pleuvent  de  la  hune  et  des  gaillards.  De  leur  côté,  le  prince 
de  Galles  et  Henri  de  Lancastre  cernent  une  nef  castillane  qui 
baisse  pavillon.  Un  quatrième  navire,  les  drisses  et  les  bragots 
coupés  par  l'anglais  Hanequin,  est  capturé.  Malgré  la  perte  de 
la  Sale  du  roi,  qui  contenait  la  garde-robe,  les  Anglais  rein- 


1.  Nommé  ou  du  moins  payé  le  15  mars  1350.  (Journal  du  Trésor,  à  la  date 
du  19  mars  1350,  éd.  Viard,  n"  4647.)  —  L'archevêque  d(;  Rouen  faisait  répa- 
rer, le  22  mars,  600  armures  pour  la  «  présente  armée  de  Harelleu.  »  (Franc. 
20887,  p.  95.)  —  Enlin,  à  Cherbourg,  on  réparait  trois  barges  ducales.  Février- 
avril  1350.  (Delislc,  Actes  normands,  n*  250,  p.  419.)  Et,  à  Saint-Savinien, 
appareillaient  les  nefs  de  Robert  de  Marchie  et  de  Martin  Juan,  marins  du 
roi.  (Franc.  20684,  fol.  346  v°,  350.) 

2.  Le  22  février  13.50.  Ordres  donnés  à  Pierre  Scatissc  et  Jean  Poilievillain, 
qui  reçoivent  20,000  florins;  la  somme  est  portée  au  Journal  du  Trésor  comme 
versée  au  roi  de  Castille.  (Journal  du  Trésor  à  la  date  du  0  mars  1350,  éd.  Viard, 
n»  4239.) 


578  LA   MARINE   AD    SIEGE    DE    CALAIS. 

portèrent  une  victoire  complète.  Quatorze  grosses  nefs  restaient 
entre  leurs  mains.  Le  reste  s'enfuit'. 

La  victoire  de  Winclielsea  assurait  la  suprématie  navale  de 
l'Angleterre,  que  nos  corsaires  tenaient  encore  en  échec.  Par  un 
contre-coup  funeste,  elle  ébranla  l'alliance  franco-espagnole; 
peu  soucieux  d'endosser  seul  le  poids  de  la  guerre,  inquiet  du 
reste  pour  son  trône,  Pierre,  le  nouveau  roi  de  Castille,  signa 
un  traité  de  paix  avec  Edouard  ^  Philippe  de  Valois  n'avait 
pas  vu  l'effondrement  suprême  de  sa  politique;  il  était  mort  le 
22  août  1350. 

Ch.  DE  La  Roncière. 


1.  Avesbury,  Historia  Edwardi  III.  —  Knighton,  Chronicon,  II,  53.  — 
Chroniques  de  Flandres,  II,  400  :  Chronique  de  Gilles  li  Muisis.  —  Froissart, 
éd.  Luce,  IV,  88.  —  Le  Moine  de  Saint-Alban  (Chronicon  Angliee,  28)  fixe  à  26 
le  nombre  des  vaisseaux  capturés  par  Edouard  à  la  bataille  de  Winchelsea, 
Froissart  à  14.  L'un  de  ces  chiffres  doit  représenter  le  nombre  des  vaisseaux 
pris,  l'autre  celui  des  navires  sauvés,  au  total  40.  —  Gilles  li  Muisis  parle  de 
50  navires  et  2,500  hommes.  (Chroniques  de  Flandres,  II,  400.)  —  C'est  pro- 
bablement à  l'armement  de  la  flotte  d'Edouard  III  que  se  rapporte  la  men- 
tion suivante  :  «  Ad  faciendum  86  pennuncellos  pro  navibus  régis  de  armibus 
(.sic)  Sancli  Georgii.  »  (Record  Office,  Exchequer  QR.  Wardrobe  38/2,  21-23 
Edward  III.) 

2.  l"  août  1351. 


SYLVESTRE  BUDES 

(13??-1380) 


ET 


LES  BRETONS   EN   ITALIE 


Chapitre  P^ 

Budes  et  les  Bretons,  jusqu'au  départ  pour  l'Italie 
{mai  1376). 

La  France  ne  fut  pas  seule,  au  xiv**  siècle,  le  théâtre  des 
exploits  des  gens  de  guerre,  soit  compagnies,  soit  troupes  irré- 
gulières, toujours  prêts,  sous  la  conduite  d'un  chef  hardi,  —  sol- 
dat de  fortune  ou  gentilhomme  déshérité,  —  à  se  jeter  dans  la 
mêlée,  pour  y  trouver  à  la  fois  honneur  et  profit.  Partout  où  l'on 
se  battait,  partout  où  il  y  avait  des  coups  à  donner  ou  à  rece- 
voir, un  pays  à  exploiter,  aussitôt  accouraient  ces  volontaires, 
braves  soldats  pour  la  plupart,  toujours  prêts  à  servir,  moyen- 
nant une  solde  suffisante  et  régulièrement  payée,  une  cause  qu'ils 
embrassaient  par  métier,  sauf  à  la  défendre  ensuite  en  convain- 
cus, à  moins  qu'ils  ne  trouvassent,  dans  le  parti  adverse,  une 
combinaison  conciliant  plus  avantageusement  leur  conscience  et 
leur  intérêt. 

La  France  les  connut,  l'Espagne  les  vit  arriver  lors  des  luttes 
de  don  Pedro  et  d'Henri  de  Trastamare,  de  Pierre  d'Aragon  et 
de  Jacques  de  Majorque  ;  l'Allemagne  les  trouva  dans  l'armée  du 
sire  de  Coucy  ;  mais  l'Italie,  pays  toujours  ouvert  aux  quêteurs 
de  fortune,  fut  leur  grand  débouché  ;  il  y  avait  toujours  un  maître 
à  servir,  une  cause  à  défendre,  que  l'on  fût  à  la  solde  de  Milan 
ou  de  Florence,  de  Grégoire  XI,  d'Urbain  VI  ou  de  Clément  VII. 

Allemands,  Anglais,  Normands,  Gascons  et  Bretons  y  accou- 


580  SYLVESTRE   BUDES 

rurent  à  l'envi.  Si  beaucoup  moururent  en  Italie,  d'aucuns  y 
firent  fortune. 

Quelques-uns  de  ces  aventuriers  ont  eu  leur  historien ^  Mais  il 
reste  tout  un  groupe  de  Français  à  tirer  de  l'oubli,  les  Bretons; 
il  est  un  nom  encore  bien  ignoré,  celui  d'un  personnage  qui,  par 
ses  illustres  alliances,  par  le  renom  qu'il  a  laissé  en  Italie,  par  la 
vicissitude  de  sa  fortune,  mérite  de  prendre  place  à  côté  de  ceux 
d'Hawskwood,  de  Bernardon  de  la  Sale,  de  Bertucat  d'Albret  ; 
c'est  celui  de  Sylvestre  Budes. 

Seigneurs  du  Plessis-Budes-  et  d'UzeP,  les  Budes  ne  nous 
sont  bien  connus  qu'à  partir  de  la  fin  du  xiii''  siècle^,  avec  Guil- 
laume, qui  épousa  Jeanne  du  Guesclin,  tante  du  futur  connétable. 
Guillaume  eut  sept  enfants^  :  Sylvestre,  Geoffroy*',  Bertrand, 
Jean,  seigneur  de  HireP,  Hector,  Catherine,  Unope^. 

1.  Paul  Durriou,  les  Gascons  en  Italie.  —  G.  Temple-Leader  et  G.  Marcotti, 
Giovanni  Acuto,  storia  di  un  condottiere. 

2.  Côtes-du-Nord,  arr.  de  Saint-Brieuc,  cant.  de  Montcontour,  comra.  de 
Saint-Carreuc. 

3.  Côtes-du-?s'ord,  arr.  de  Loudéac. 

4.  Dom  Morice,  Mémoires  pour  servir  de  preuves  à  l'histoire  de  Bretagne, 
t.  I,  p.  1052.  —  P.  Anselme,  Histoire  généalogique  de  la  maison  de  France, 
t.  V,  p.  524.  —  Le  Laboureur,  Histoire  généalogique  de  la  maison  de  Budes, 
à  la  suite  de  l'Histoire  du  maréchal  de  Guébriant.  —  On  trouve  cependant  des 
Budes  antérieurement  à  cette  époque.  Sans  parler  d'un  nommé  Hervé  Budes, 
cité  parmi  les  croisés  de  1248  (Potier  de  Courcy,  Nobiliaire  et  armoriai  de 
Bretagne,  t.  I,  p.  181),  mentionnons  Geoffroy,  en  1276  et  en  1300;  à  l'époque 
même  qui  nous  occupe,  nous  trouvons  Robert  accompagnant  Sylvestre  en  Ita- 
lie, et  Guillaume  ligurant  comme  écuyer  dans  une  revue  passée  à  Caen  le 
1"  novembre  1371,  et  dont  il  est  impossible  d'établir  la  filiation. 

5.  D'après  le  P.  Anselme,  Guillaume  aurait  eu  une  fille  nommée  Margelle; 
mais  cette  dernière  est  fille  de  Sylvestre  Budes. 

6.  GeolTroy,  frère  puîné  d*;  Sylvestre,  épousa  la  fille  de  Thibaud,  seigneur  de 
la  Feuillée  (Le  Laboureur,  ouvr.  ciL,  p.  14  et  suiv.);  il  figure  à  Auray  dans 
l'armée  de  Charles  de  Blois  (Dom  Morice,  ouvr.  cit.,  p.  387),  et  dans  diverses 
montres  jJassées  à  Caen,  le  1"  décembre  1370  et  le  1"  février  1371  (Hay  du  Chas- 
telet,  Ristoire  de  Bertrand  du  Guesclin,  p:  333  et  337),  à  Bécherel,  le  1"  août 
1371  {Id.,  p.  376);  le  7  août  1371,  il  donne  quittance  de  96  1.  t.  pour  cinq 
écuyers  faisant  partie  de  sa  compagnie,  montant  à  100  hommes  d'armes  {Id., 
p.  367);  le  17  février  1375,  il  est  qualifié  de  chambellan  du  duc  d'Anjou,  et 
reçoit  600  fr.  d'or  comme  indemnité  de  son  incarcération  à  Avignon  par  ordre 
du  pape  {Id.,  p.  385)  ;  le  16  avril  1375,  il  donne  quittance,  à  Villeneuve-lez- 
Avignon,  d'un  acompte  de  300  fr.  {Id.).  Il  laissa  deux  enfants,  Geoflroy  et  Louise, 
r|ui  épousa  Jean  du  Couran  (P.  Anselme,  t.  V,  p.  524). 

7.  Il  fut  l'ancêtre  du  maréciial  de  Guébriant. 

8.  Sylvestre  et  Geoflroy  scellaient  leurs  actes  d'un  sceau  portant  une  bande 


ET   LES    BRETO.NS    EN    ITALIE.  581 

On  ne  sait  rien  de  précis  sur  la  date  de  la  naissance  de  Syl- 
vestre Budes;  on  peut  seulement,  par  conjecture,  la  placer  entre 
les  années  1315  et  i325S  c'est-à-dire  en  faire  le  contemporain 
de  Bertrand  du  Guesclin.  On  ne  sait  non  plus  à  quelle  époque  il 
épousa  Renée  Goyon,  fille  d'Etienne  III  Goyon,  seigneur  de  Mati- 
gnon, et  de  Jeanne,  de  l'illustre  famille  normande  des  Paynel. 
De  cette  union  naquit  une  fille,  Margelie,  mariée  en  premières 
noces'à  Bertrand  de  Marcheix,  en  secondes  à  Raoul  de  la  Ghà- 
teignerie. 

Mal  renseignés  sur  les  origines  de  Sylvestre  Budes,  nous  ne 
connaissons  pas  mieux  l'histoire  de  ses  premières  années.  Nul 
doute  cependant  qu'on  ne  menât  au  Plessis-Budes  ou  h.  Uzel  cette 
vie  de  manoir  de  campagne,  si  bien  décrite  par  le  regretté  histo- 
rien de  du  Guesclin  -.  Sylvestre  dut  être  élevé  au  récit  des  guerres 
qui  ensanglantaient  le  pays.  Il  était  jeune  homme  quand  éclata 
la  guerre  de  Bretagne.  Autour  de  lui,  il  voyait  chacun  s'armer 
pour  Montfort  ou  pour  Blois. 

chargée  de  trois  bcsants  (Bibl.  nat.,  Pièces  orig.  548,  dossier  Budes).  Les  armes  : 
d'argent  au  pin  arraché  de  sinople,  sommé  d'un  épcrvier  d'or,  accosté  de  deux 
fleurs  de  lis  de  gueules  (P.  Anselme,  t.  V,  p.  523),  apparaissent  pour  la  pre- 
mière fois  en  1415  (Demay,  Inventaire  des  sceaux  de  la  collection  Clairam- 
bault,  n"  1681).  Suivant  Le  Laboureur  {ouïr,  cit.,  p.  9),  les  deux  fleurs  de  lis 
dateraient  de  Charles  V,  qui  aurait  ainsi  voulu  honorer  Sylvestre  Budes.  D'après 
Guy  Le  Borgne  {Armoriai  breton,  éd.  de  1667),  les  fleurs  de  lis  auraient  été 
portées  antérieurement  à  Sylvestre,  mais  auraient  été  d'or.  Clément  VII,  après 
la  mort  de  Sylvestre,  les  aurait  concédées  de  gueules,  afin  de  rappeler  le  sang 
si  vaillamment  répandu  par  le  célèbre  capitaine  au  service  de  l'Eglise.  Le  sceau 
de  Geoiïroy,  en  1276  et  en  1300,  porte  trois  fleurs  de  lis. 

1.  Vàge  de  Sylvestre  Budes  peut  être  approximativement  étai)li  par  les  ren- 
seignements que  l'on  possède  sur  ses  parents  et  ses  alliés.  Sa  femme  était  lille 
d'Etienne  Goyon,  que  l'on  trouve  en  1200  et  en  1300.  En  1350,  les  tils  d'Etienne 
avaient  un  renom  suffisant  pour  prendre  part  au  combat  des  Trente.  Une  sœur 
de  Renée  Goyon,  Marguerite,  avait,  en  1347,  épousé  Gilbert  de  Cainbout.  D'autre 
part,  Bertrand,  fils  d'Éliennc,  figure  comme  seigneur  de  Matignon  en  1340  et 
en  1390.  —  Margelie  Budes,  fille  de  Sylvestre,  fit,  en  1309,  |)arlage  des  biens 
de  son  fils,  issu  de  son  second  mariage,  entre  ses  deux  filles,  Ysabeau  de  Mar- 
cheix, épouse  de  Jean  d'Avaugour,  et  Havisette  de  la  Châteignerie,  épousf  d'Oli- 
vier de  Rohan.  A  supposer  que  Ysabeau  et  Havisette  se  fussent  mariées  fort 
jeunes,  et  que  la  première  union  de  Margelie  eût  été  de  courte  durée,  cela  repor- 
terait cependant  ce  premier  mariage  vers  1370-1375,  et  la  naissance  de  Margelie 
vers  1350.  Nous  savons,  d'ailleurs,  qu'en  1371  le  fils  de  Geofi'roy  Budes,  frère 
cadet  de  Sylvestre,  était  âgé  de  vingt-un  ans  et  que  Unope,  sœur  de  Sylvestre, 
avait  une  fille  mariée  en  1350. 

2.  Luce,  Histoire  de  Bertrand  du  Guesclin,  p.  7-8. 


582  SYLVESTRE    BDDES 

Les  premiers  exploits  de  celui  qui  devait  être  le  connétable  de 
France  remplirent  son  cœur  d'une  généreuse  émulation.  Du  Gues- 
clin  apparaissait  comme  l'un  des  plus  hardis  défenseurs  de  Charles 
de  Blois.  Les  Budes,  que  l'âge  et  les  liens  du  sang  rapprochaient 
de  Bertrand,  durent  être  des  premiers  à  se  ranger  autour  de  lui. 
Plus  tard,  en  1370  et  en  1371,  Geoffroy  Budes  figure  parmi  les 
troupes  du  connétable*  ;  lorsque  Sylvestre  apparaît  dans  la  car- 
rière des  armes,  nous  le  trouvons  attaché  à  la  personne  de 
du  Guesclin.  Les  débuts  de  ce  dernier  sont  encore  confus  et  indé- 
cis; pour  Budes,  nous  ignorons  tout;  plaisons-nous  à  croire  qu'il 
fut  formé  par  l'exemple  de  son  cousin. 

En  1364,  alors  que  du  Guesclin  appelait  les  Bretons  pour  aller 
à  Cocherel,  où  il  devait  si  brillamment  inaugurer  le  règne  de 
Charles  V,  nous  voyons  apparaître  Sylvestre  Budes  ;  à  l'appel 
de  son  cousin,  il  se  rend  à  Guingamp^,  Après  Cocherel,  nous  le 
retrouvons  encore  aux  côtés  de  du  Guesclin,  lors  de  la  désas- 
treuse bataille  d'Auray^.  Puis  il  le  suit  dans  l'expédition  d'Es- 
pagne et  porte  son  enseigne  à  Navarette^.  En  1367,  durant  la 
captivité  de  Bertrand,  il  combat  en  Bigorre  avec  Henri  de  Tras- 
tamare,  et  assiste  au  siège  de  Bagnères^.  En  1368,  il  paraît  à  la 
tête  d'une  troupe  de  Bretons,  à  la  solde  du  duc  d'Anjou*'.  Puis  il 
accompagne  à  nouveau  du  Guesclin  dans  sa  seconde  campagne 
d'Espagne,  et  prend  part  à  la  bataille  de  Monteil. 

Pendant  près  d'une  année,  nous  le  perdons  de  vue.  Mais  tout 
laisse  supposer  qu'il  servit  dans  le  midi  de  la  France,  fidèle  à 
du  Guesclin  et  au  parti  français. 

L'élévation  de  son  cousin  à  la  charge  de  connétable  lui  en  fai- 
sait un  devoir,  en  même  temps  qu'elle  lui  donnait  l'espoir  d'une 
prompte  fortune.  Aussi,  au  début  de  1371,  retrouvons-nous  Syl- 
vestre Budes  en  Gascogne,  luttant  contre  les  Anglais. 

1.  Hay  du  Châtelet,  Histoire  de  du  Guesclin,  p.  333,  337,  367. 

2.  D'Argèntré,  Hisloire  de  Bretagne,  p.  350. 

3.  Froissart,  éd.  Luce,  t.  VIII,  p.  158-162. 

4.  D'Argenlré,  ouvr.  cit.,  p.  388. 

5.  Froissart,  t.  VII,  p.  54-56. 

6.  Mandement  de  Louis  d'Anjou  à  Etienne  de  Montm(\jan,  son  trésorier,  lui 
enjoignant  de  payer  200  fr.  d'or  à  Sylvestre  Budes,  commandant  une  troupe  de 
Bretons.  —  Quittance  de  Sylvestre  Budes,  scellée  du  sceau  de  Bertrand  de 
Baux.  —  Toulouse,  16  décembre  1368  (Bild.  nat.,  Pièces  orig.  548,  dossier  Budes, 
n"'  1  et  2).  Il  existe  au  même  dossier  une  pièce  analogue  datée  du  26  janvier 
1368-1369. 


ET    LES    BRETONS    El    ITALIE.  5X3 

Il  était  alors  associé  h  un  autre  chef  breton ,  dont  le  nom 
demeurera  désormais  presque  constamment  attaché  au  sien,  Jean 
de  Malestroit.  Budes  et  iNIalestroit  commandaient,  pour  le  duc 
d'Anjou,  la  forteresse  de  Sainte-Bazile*,  lorsqu'on  janvier  1371 
les  Anglais  assiégèrent  Montpaon  -.  A  cette  nouvelle,  les  défen- 
seurs de  Sainte-Bazile  décidèrent  de  secourir  la  place.  Ne  pou- 
vant abandonner  leur  garnison,  ils  tirèrent  au  sort  qui  porterait 
du  renfort.  Budes  fut  désigné,  et  lui,  treizième,  parvint  à  se  jeter 
dans  Montpaon,  qui,  au  reste,  ne  tarda  pas  à  succomber. 

En  même  temps  qu'il  occupait  Sainte -Bazile,  Budes  s'était 
rendu  maître  de  certains  châteaux-forts  de  la  région,  de  Saint- 
Jean-de-Côle^  entre  autres.  La  possession  de  ce  dernier  lui  attira, 
à  la  fin  de  1371,  un  procès  en  Parlement.  Pierre  des  Monts,  sei- 
gneur de  Saint-Jean,  l'attaqua,  en  efiet,  lui  reprochant  de  s'être 
emparé  de  ce  château  et  de  plusieurs  autres  lui  appartenant.  Par 
action  reconventionnelle,  Budes  accusa  son  adversaire  de  l'avoir 
injurié  en  présence  du  duc  de  Bourbon.  Détenu  au  Chàtelet, 
Budes  demanda  son  élargissement.  La  cour,  le  19  décembre 


1.  Lot-et-Garonne,  arr.  et  cant.  de  Marmande.  —  La  garnison  de  Sainte-Bazile 
se  coni|iosait  en  grande  partie  de  Bretons,  k  la  suite  de  la  prise  de  Montpaon, 
Louis  d'Anjou  envoya  quelques  dons  pécuniaires  aux  défenseurs  de  la  place,  et 
parmi  les  noms  de  ces  hommes  d'armes  beaucouj)  sont  Bretons  :  «  Loys,  (ilz  de 
«  Roy  de  France,  frère  de  Monseigneur  le  Roy  et  son  lieutenant  es  parties  de 
«  Languedoc,  duc  d'Anjou  et  de  Touraine  et  conte  du  Maine,  à  nosfre  bien  amé 
«  Estienne  de  Montmeyen,  etc.,  nous  vous  mandons  et  estroiclement  enjoignons 
«  que,  tantost  ces  lettres  veues,  toutes  excusacions  cessans,  et  sans  autre  man- 
«  dément  de  nous  ou  d'autre  attendre  sur  ce,  vous  paiez  et  délivrez,  ou  faites 
«  paier  et  délivrer,  aus  personnes  qui  sont  ci-après  nommées  les  sommes  des- 
«  souz  déclarées,  lesquelles,  de  l'autorité  royal  dont  nous  usons  et  de  grâce  espe- 
«  cial  nous  leur  avons  données,  c'est  assavoir  à  Jaquet  Rostel,  com|iaign'on  de 
«  Ferlin,  iiii^x  franz,  —  à  Coquet  .\zain,  escuicr  de  mes-  Pierre  Seignourel, 
«  XL  franz,  —  à  Michel  Malan.  à  Alain  du  Marchés,  à  Perrot  Hachet  et  à  Guil- 
«  laume  Ainzain,  de  la  compaignie  de  mes"  Guillaume  de  Laval,  à  chascun  d'eux 
«  XL  franz,  —  à  George  de  la  Mole,  de  la  compaignie  de  Guillaume  de  Marueil. 
«  iiiiïx  franz,  —  à  Yvon  Conan,  iiii^x  franz,  touz  |)risonniers  à  Montpaon,  jiour 
«  aider  à  paier  leur  raencon.  —  Item,  à  Roche  Roux,  lequel  est  venu  par  devers 
«  nous  pour  nostre  bien  amé  Silvestre  Budes,  iiiixx  franz,  tant  par  ilon  (|ue  nous 
«  lui  avons  fait,  etc..  »  Nîmes,  26  mars  1370-1371  (Bibl.  nat.,  ms.  fr.  2058(i, 
fol.  33). 

2.  Aveyron,  arr.  de  Saint-.\ifrique,  cant.  de  Cornus.  D'après  Frois.sart,  rcclilié 
au  reste  par  M.  Luce  (Froissart,  t.  IX,  p.  xi-xii},  Budes  serait  parti  de  Saint- 
Macaire  et  non  de  Sainte-Bazile. 

3.  Dordogne,  arr.  de  Nontron,  cant.  de  Thiviers. 


584  SYLVESTRE   BDDES 

1371,  arrêta  qu'il  devrait,  avant  le  14  mars  1372,  dimanche  de 
la  Passion,  remettre  les  forteresses  contestées  entre  les  mains  du 
duc  d'Anjou,  cliargê  de  les  occuper  au  nom  du  roi,  qu'il  demeu- 
rerait prisonnier  dans  l'enceinte  de  la  vicomte  de  Paris  jusqu'à 
cette  remise  ou  jusqu'au  paiement  d'une  caution  de  20,000  1.  t., 
enfin,  qu'après  cette  restitution  ou  ce  dépôt,  il  devrait  séjourner 
à  Paris,  au  gré  de  la  cour.  Il  lui  était,  en  outre,  interdit,  sous 
peine  d'une  amende  de  10,000  1.  t.,  de  poursuivre  ou  de  tour- 
menter Pierre  des  Monts  au  sujet  de  cette  affaire  ^ 

Budes  se  libéra  rapidement  et  ne  tarda  pas  à  rejoindre  les 
Bretons  demeurés,  avec  Jean  de  Malestroit,  à  la  solde  du  duc 
d'Anjou^.  Nous  le  retrouvons,  en  effet,  dès  le  13  avril  1372, 
écujer  de  l'écurie  du  duc  d'Anjou,  qui,  pour  le  récompenser  de 
ses  services,  lui  donna  200  francs  destinés  à  l'achat  d'un  cheval. 
Une  nouvelle  gratification  lui  fut  accordée  le  29  août;  à  cette 
date,  il  commandait  avec  Auffroy  de  Gabrien  une  troupe  de 
46  hommes  d'armes  que  le  duc  d'Anjou  venait  de  passer  en  revue. 

Il  ne  paraît  pas  que  Sylvestre  Budes  ait  accompagné  Jean  de 
Malestroit  dans  l'expédition  que  fît  ce  dernier  en  Barrois,  au 
début  de  1373,  pour  le  compte  du  damoiseau  de  Pierrefort.  Au 
reste,  Malestroit,  après  avoir  saccagé  le  Bassigny  et  pillé  Gon- 
drecourt,  traita  avec  Bobert,  duc  de  Bar  (13  mars  1373),  et 
revint  en  Languedoc  rejoindre  ses  compagnons^. 

L'élévation  de  du  Guesclin  à  la  charge  de  connétable,  ses  cam- 
pagnes dans  le  midi  de  la  France  avaient  réuni  autour  de  lui,  et 
répandu  dans  les  régions  où  il  combattait,  un  certain  nombre  de 
ses  compatriotes.  Aussi,  bien  qu'à  la  suite  de  la  bataille  de  Chizé 
(21  mars  1373)^  nous  perdions  de  vue  Sjdvestre  Budes  pendant 
une  année,  il  est  probable  qu'il  demeura,  avec  ses  compagnons, 
à  la  solde  du  duc  d'Anjou  et  de  Charles  V,  et  occupé  à  la  guerre 
de  Guyenne  et  de  Languedoc.  En  juin  1374,  nous  trouvons,  en 

1.  Arch.  nat.,  Xia  8,  fol.  2G2. 

2.  Le  15  septembre  1371,  Jean  de  Malestroit  donnait  quittance  à  Jean  Le  Mer- 
cier de  525  fr.  d'or  «  du  coing  du  Roy  »,  pour  ses  gages  et  ceux  de  9  chevaliers 
et  de  51  écuyers  venus  à  sa  suite  au  mandement  du  sire  de  Clisson  pour  le  fait 
de  Montcontour  (Bibi.  nat.,  Pièces  orig.  1813,  dossier  Malestroit,  w  2). 

3.  Servais,  Annales  historiques  du  Barrois,  p.  265  et  suiv.  Jean  et  Hervé  de 
Malestroit,  engagés  par  le  duc  do  Har,  étaient  passés  à  la  solde  du  damoiseau 
de  Pierrefort.  Hervé  fut  fait  prisonnier  et  fut  libéré  le  20  mars  1373.  Jean  reçut 
son  congé  le  23  mars. 

4.  Froissart,  t.  IX,  p.  xi. 


ET   LES   BRETONS    EN    ITALIt;.  585 

effet,  réunis  à  Montpellier  quantité  de  Bretons  :  Budes,  Johel 
RoUant,  Hervé  de  Karalouet',  Jean  de  Malestroit-,  Alain  de 
Coetlogon^,  Pierre  de  la  Haye^  qui,  avec  Olivier  du  Guesclin-', 
frère  du  connétable,  contractent,  le  20  juin,  un  engagement  de 
quinze  jours  au  service  du  duc  d'Anjou. 

Peu  après,  au  début  du  mois  d'août,  un  graud  nombre  d'entre 
eux,  sinon  tous,  prirent  du  service  dans  l'armée  de  Jacques,  roi 
de  Majorque. 

Autorisé  par  Grégoire  XI,  encouragé  par  le  duc  d'Anjou, 
Jacques  de  Majorque  se  décida,  en  1374,  à  revendiquer  son 
royaume.  Durant  les  premiers  mois  de  cette  année,  il  engagea 
des  bandes  de  routiers  qu'il  réunit  à  Narbonne  en  août  1374. 
Cette  armée  se  mit  en  marche,  entra  en  Roussillon,  s'empara  de 
Prades,  du  Mont-Canigou,  de  Yillefranche.  Puis  elle  passa  en 
Cerdagne  et,  en  novembre,  occupa  Urgel.  Mais  Jacques  mourut 
subitement  à  Val-de-Soria,  entre  le  16  et  le  20  lévrier  1375; 
l'armée  se  débanda,  et  Jean  de  Malestroit  fut  chargé  par  la  mar- 
quise de  Montlérrat,  sœur  et  héritière  de  Jacques,  de  ramener  les 
troupes  en  France^. 

1.  «  Sachent  tuit  que  nous,  Salvestre  Budes,  Juhel  Rollant  et  Hervé  de  Kara- 
«  louet,  escuiers,  cappitaincs  de  iiiic  hommes  d'armes,  pour  servir  le  Roy  nostre 
«  sire  et  Monseigneur  le  duc  d'Anjou,  son  frère,  en  ces  présentes  guerres,  con- 
«  fessons  avoir  eu  et  receu  de  honnorable  homme  et  saige  Estienne  de  Mont- 
«  meyen,  trésorier  des  guerres  es  parties  de  Languedoc,  la  somme  de  troys  mille 
«  franz  d'or  j)our  le  paiement  des  gaiges  desdits  gens  d'armes  et  de  nous,  jiour 
«quinze  jours,  commençant  le  xx°  jour  de  juing  ;  de  lafiuelle  somme  de 
«  m"  franz  nous  nous  tenons  pour  biert  contenz  et  jiaiez,  etc.  En  tesmoing  de 
«  ce  nous  avons  scellé  ces  lettres  de  noz  projires  sceaulx.  Donné  k  Monlpellier, 
«  le  XX'  jour  de  juing,  l'an  mil  CGC  LXIII  »  (Uihl.  nal..  Pièces  orig.  .>iH,  dos- 
sier Budes,  n»  10).  Scellé  des  sceaux  de  Sylvestre  Budes,  d'Hervé  de  Kara- 
louet, de  Johel  Bollant. 

2.  Quittance  pour  i2U  hommes  servant  moyennant  UOO  fr.  d'or  (Bibl.  nat., 
Ibid.  1813,  dossier  Malestroit,  n°  3). 

3.  Quittance  pour  30  hommes  servant  dans  la  compagnie  du  connétable 
moyennant  225  fr.  dor  (Bibl.  nat.,  Ibid.  798,  dossier  Coetlogon,  n'  2). 

4.  Quittance  de  Pierre  de  la  Haye  pour  50  hommes  servant  en  la  comiiagnie 
du  connétable  (Bibl.  nat.,  Ibid.  1495,  dossier  de  la  Haye,  n'  3). 

5.  Quittance  d'Olivier  du  Guesclin,  en  date  du  19  juin  1374,  pour  300  hommes 
servant  moyennant  2,000  fr.  d'or,  savoir  :  Guillaume  Beauchesne  et  Raoul  Pie 
de  Vache,  pour  80  hommes,  GOO  fr.;  Jean  Barreau  et  Mauguy  de  Pons,  pour 
100  hommes,  750  fr.;  Meyne  Carrel,  pour  40  hommes,  300  fr.;  Magron,  iK)ur 
20  hommes,  150  fr.  (Bibl.  nat.,  Ibid.  2917,  dossier  du  Guesclin.  n*  38). 

6.  Lecoy  de  la  Marche,  les  Relations  politiques  de  la  France  et  du  royaume 
de  Majorque,  t.  II,  p.  196-202. 


586  SYLVESTRE    UDDES 

Cependant,  si  la  présence  de  Jean  de  Malestroit  est  attestée 
dans  cette  campagne,  il  n'est  pas  certain  que  Sylvestre  Budes  y 
ait  pris  part.  Froissart,  à  la  vérité,  l'affirme;  son  témoignage 
fùt-il  vrai,  Budes  ne  serait  pas  demeuré  longtemps  dans  l'armée 
de  Jacques  de  Majorque,  puisque,  en  décembre  1374,  nous  le 
retrouvons  avec  Olivier  du  Guesclin  et  Joliel  Rollant  sur  les  bords 
du  Rhône. 

A  la  faveur  des  guerres  qui,  depuis  le  commencement  du  siècle, 
ensanglantaient  la  France,  s'étaient  multipliées  les  compagnies 
de  soldats  de  fortune,  troupes  libres,  tantôt  servant  régulière- 
ment un  parti,  tantôt  attendant  le  moment  d'une  campagne  pour 
s'enrôler.  Les  diverses  contrées  de  la  France  avaient  été  suc- 
cessivement visitées  par  elles.  La  Bourgogne,  l'Ile-de-France 
avaient  été  dévastées.  La  vallée  du  Rhône  et  le  Gomtat-Venais- 
sin  furent  leur  centre. 

La  guerre  sévissant  toujours  dans  le  Languedoc,  les  compa- 
gnies pouvaient,  de  ce  quartier  général,  attendre  le  moment  favo- 
rable pour  accourir  en  telle  contrée  où  éclatait  la  lutte,  ou  pour 
se  jeter  sur  tel  pays  qui  leur  offrirait  l'espoir  d'un  riche  butin. 
En  outre,  l'établissement  du  Saint-Siège  en  Avignon  avait  fait 
de  la  vallée  du  Rhône  un  passage  très  fréquenté  de  tous  ceux  qui 
avaient  à  se  rendre  à  la  cour  pontificale,  envoyés  des  princes 
étrangers,  fidèles,  ecclésiastiques,  de  qui  l'on  pouvait  toujours 
espérer  une  rançon  suffisante. 

Déjà  Urbain  V  avait  eu  fort  à  faire  pour  écarter  ces  bandes 
qu'il  n'avait  pu  éloigner  qu'à  prix  d'argent.  En  1374,  les  rou- 
tiers étaient  revenus  autour  du  Gomtat,  s'étaient  répandus  dans 
le  Rouergue,  le  Limousin  et  la  Bourgogne;  Grégoire  XI  craignit 
de  voir  se  renouveler  les  scènes  de  brigandages  qui  avaient  trou- 
blé la  cour  d'Avignon  de  1364  à  1368 1. 

Aussi  réclama-t-il  l'appui  de  la  cour  de  France  et  supplia-t-il 
les  officiers  royaux  de  faire  respecter .  les  terres  du  Comtat- 
Venaissin.  «  Les  hommes  d'armes,  »  écrivait-il  à  du  Guesclin, 
«  menacent  le  Gomtat  et  Forcalquier.  Aux  sentences  que  nous 
avons  fait  publier  contre  eux,  ils  répondent  qu'ils  sont  au  ser- 
vice du  roi  de  France  ;  sous  ce  prétexte,  il  n'est  pas  de  rapines, 
d'oppressions,  de  vols  qu'ils  ne  commettent  journellement  ;  aussi, 

1.  Maurice  Prou,  les  Relations  politiques  du  pape  Urbain  V  avec  les  rois 
Jean  II  et  Charles  V,  p.  30,  51  et  suiv. 


ET    LES    DRETONS    EN    ITALIE.  587 

très  cher  fils,  te  supplions-nous,  par  l'amour  de  ton  salut  et  la 
révérence  du  Saint-Siège,  de  leur  envoyer  un  chef  en  qui  tu  aies 
toute  confiance  et  de  les  éloigner  du  Comtat,  afin  d'éviter  la  ruine 
du  pays  •.  »  La  lettre  de  Grégoire  XI  n'était  que  trop  explicite  ; 
les  routiers  qui  menaçaient  Avignon  n'étaient  autres  que  les 
troupes  alors  engagées  à  la  solde  du  duc  d'Anjou  ;  cantonnées  du 
côté  de  Beaucaire  et  de  Forcalquier,  elles  étaient  prêtes  à  appuyer, 
sinon  à  suivre,  Jacques  de  Majorque,  et  celui  qui  les  comman- 
dait était  (Olivier  du  Guesclin,  le  propre  frère  du  connétable. 

Les  objurgations  de  Grégoire  semblent  avoir  eu  peu  de  résul- 
tats. Ses  efforts  directs  ne  réussirent  pas  mieux.  En  vain  prit-il 
à  sa  solde  quelques  chefs  de  bande,  comme  Bernardon  de  la  Sale-, 
envoyé  plus  tard  en  Piémont. 

Bernardon  ne  partit  qu'à  la  fin  de  1375  et  n'emmena  pas  toutes 
les  compagnies.  Beaucoup,  composées  surtout  de  Bretons,  demeu- 
rèrent dans  le  pays,  le  pillant  et  le  dévastant  à  loisir.  Toute 
sécurité  avait  disparu;  l'accès  de  la  cour  pontificale  était,  pour 
ainsi  dire,  devenu  impossible.  Un  clerc  de  Strasbourg  était  arrêté 
par  les  routiers,  alors  qu'il  se  rendait  à  Avignon^;  ailleurs,  deux 
voyageurs,  Simon  du  Chesnon  et  Jean  le  Poitevin,  étaient,  pour 
sauver  leur  existence,  obligés  de  se  réfugier  dans  une  église^. 

1.  Archivio  Vaticano,  Rpg.  Vat.  270,  fol.  116  v°. 

2.  Sur  Bernardon  de  la  Sale,  voir  Durricu,  ouvr.  cit.,  p.  107-171.  L'auteur 
mentionne  la  i)n'sence  de  Bernardon  aux  environs  de  Charolles  en  1374,  mais 
ne  donne  aucun  renseignement  sur  son  engagement  au  service  de  Grégoire  XI. 
Dès  ce  moment,  cependant,  Bernardon  napi)artenait  plus  au  parti  anglais.  Le 
24  juin  1374,  Grégoire  XI  demandait  au  duc  d'Anjou  un  sauf-conduit  pour  Ber- 
nardon et  100  lances,  qui  devaient,  de  l'assentiment  du  duc,  «  de  consensu  tuo 
et  eciam  nonnullis  tuis  tractanlibus,  »  se  rendre  on  Italie  au  service  de  l'Église 
(Arch.  Vat.,  Reg.  Vat.  270,  fol.  118  v°).  En  septembre,  Bernardon  n'était  pas 
encore  arrivé  à  Avignon,  .\ussi,  le  17  septembre,  Grégoire  dcinandait-il  un  nou- 
veau sauf-conduit  au  duc  d'Anjou  en  le  |)riant  de  veiller  à  ce  ([ue  le  |iays  ne 
fût  pas  trop  dévasté  ;  en  même  temps  il  écrivait  au  duc  de  Berry  de  hâter, 
autant  qu'il  le  pourrait,  l'arrivée  de  l'aventurier  gascon  et  de  l'aider  dans  la 
récupération  d'une  somme  d'argent  ijui  lui  était  encore  due  sur  la  restitution 
de  Figeac  (Arch.  Vat.,  Ibid.,  fol.  14.5  V).  Le  11  novembre,  Bernardon  n'était 
pas  encore  arrivé;  puis,  s'étanl  rendu  dans  le  Comtat,  il  y  demeura,  jirobablc- 
ment  pour  le  défendre  contre  les  compagnies  établies  dans  la  région.  Le  22  juin 
1375,  il  recevait  100  fr.  d'or,  «  pro  defensione  coinitatus  Venayssini  »  (Arch. 
Vat.,  Introitus  et  Exitus,  Reg.  342).  Le  11  octobre,  on  lui  payait  encore  120  fr., 
«  pro  servicio  in  comitatu  Venayssino  »  (Arch.  Vat.,  Ibid.,  fol.  175  v). 

3.  ArcL  Vat.,  Reg.  Vat.  270,  fol.  119  v°. 

4.  ibid. 


588  SYLVESTRE    BCDES 

A  la  fin  de  1374,  nous  trouvons  parmi  ces  détrousseurs  trois 
hommes  qui  nous  sont  déjà  connus  :  Olivier  du  Guesclin,  Sylvestre 
Budes  et  Johel  Rollant. 

Un  chantre  de  Bayeux,  secrétaire  pontifical,  Guillaume  Baron, 
voyageant  avec  un  habitant  d'Avignon,  Paul  Mathieu,  fut,  aux 
portes  mêmes  de  Noves,  dépouillé  d'un  cheval  et  d'une  mule.  Le 
fait  était  d'autant  plus  grave  qu'en  ce  moment  la  cour  pontificale 
se  trouvait  à  Noves.  Grégoire  XI  connut  l'attentat  et  la  qualité 
des  voleurs  ;  il  leur  écrivit  aussitôt  de  restituer  ce  qu'ils  avaient 
détournée  Fut-il  écouté?  Il  est  probable  que  ses  prières  n'inti- 
midèrent pas  les  coupables,  accoutumés  depuis  longtemps  à  de 
semblables  requêtes.  Au  reste,  cette  démarche  du  pontife  avait, 
quelque  temps  auparavant,  été  précédée  de  mesures  plus  graves, 
qui  avaient,  si  l'on  en  juge  par  cet  incident,  laissé  fort  indiffé- 
rents les  chefs  bretons. 

A  la  fin  de  juin  1374,  Grégoire,  ne  sachant  comment  se  débar- 
rasser des  compagnies,  lança  l'excommunication  contre  quiconque 
envahirait  le  Gomtat^  Cette  menace  spirituelle  eût  eu  peu  d'ef- 
fet, si  elle  n'eût  été  suivie  d'exécution  matérielle.  Le  meilleur 
moyen  d'en  assurer  l'efiicacité  était  d'organiser  la  défense  du 
Comtat.  Dès  le  5  août,  Grégoire  nomma  capitaine  général  Jean 
Ferdinand  de  Hérédia,  châtelain  d'Emposte,  et  lui  donna  tous 
pouvoirs  de  visiter  et  fortifier  toutes  les  villes,  châteaux,  bourgs 
du  Comtat,  et  d'y  contraindre  les  habitants,  quels  qu'ils  fussent, 
en  employant  au  besoin  contre  eux  tous  moyens  de  correction  2. 

Ces  mesures  furent  insuffisantes  et  ne  purent  arrêter  les  dépré- 
dations des  Bretons^.  La  terreur  qu'ils  inspiraient  était  telle  que 
l'on  n'osait,  pour  s'approcher  d'Avignon,  franchir  les  régions 
qu'ils  occupaient,  et  que  l'on  préférait  faire  un  détour,  dût-on 
n'éviter  un  danger  que  pour  tomber  dans  un  autre  ^. 

Il  restait  une  seule  ressource,  renouveler  ce  qui  s'était  passé 
sous  Urbain  V  et  acheter  la  tranquillité^  en  payant  le  départ  des 
Bretons. 

Grégoire  XI  le  tenta  et,  dès  le  mois  de  décembre,  négocia  avec 
Olivier  du  Gueschn.  Deux  Bretons,  Jean  de  Saint-Paul  et  CoUn 

1.  Arch.  Vat.,  Reg.  Vat.  270,  fol.  124  v°. 

2.  Ibid.,  Inlroitus  et  Exitus,  Reg.  339,  fol.  94  y". 

3.  Ihid.,  Reg.  Vat.  266,  fol.  91  v». 

4.  Ibid.,  fol.  104. 

5.  Ibid.,  Reg.  Vat.  270,  fol.  161. 


ET    LES    BRETONS    ES    ITALIE.  589 

du  Breuil,  dirigèrent  à  Avignon  les  négociations  au  nom  de  leurs 
compagnons*.  La  cour  pontificale  n'était  pas  seule  intéressée  au 
départ  des  bandes  d'aventuriers.  Le  royaume  entier  était  mis  en 
coupe  réglée.  Aussi  Charles  V  et  le  duc  d'Anjou  se  joiguirent-ils 
au  pape. 

Cependant,  les  négociations  traînaient.  Les  compagnies  vou- 
laient se  faire  payer.  D'autre  part,  on  ne  savait  où  les  envoyer. 
On  négociait  encore  en  février  1375.  Le  Comtat  était  de  plus  en 
plus  enserré.  La  disette  menaçait  Avignon  et  Grégoire  voyait  le 
moment  où  les  provisions  de  blé  que  lui  envoyait  Charles  V  ne 
lui  parviendraient  pas,  les  Bretons  occupant  le  Valentinois,  For- 
calquier  et  une  partie  de  la  sénéchaussée  de  Beaucaire'.  Il  les 
excommuniait  à  nouveau  (22  février),  mais  sans  résultat  ■'. 

Bientôt  des  craintes  plus  vives  agitèrent  le  pontife,  à  la  nou- 
velle que  certaines  de  ces  bandes,  voulant  secourir  Jacques  de 
Majorque,  s'étaient  réunies  dans  le  Dauphiné,  menaçant  d'en- 
vahir le  Comtat ^ 

L'influence  de  Louis  d'Anjou  fit  avancer  les  négociations.  En 
lévrier  1375,  de  nombreux  messages  furent  échangés  entre  la 
cour  pontificale  el  Olivier  du  Guesclin''.  Dès  le  mois  de  mars, 
Jean  de  Saint-Paul  et  Colin  du  Breuil  étaient  gagnés.  Le  14  mars, 
en  effet,  ils  donnaient  quittance  à  P.  du  Sault,  sergent  d'armes 
du  roi,  maître  des  forts  de  la  sénéchaussée  de  Beaucaire  et  rece- 
veur de  la  traite  des  blés,  de  500  francs  d'or  à  eux  donnés  par 
Louis  d'Anjou,  à  condition  de  ne  pas  passer  le  Rhône  pour  venir 
au  royaume  sans  le  consentement  du  roi,  de  ne  pas  envahir  les 

1.  «  Die  penultima  mensis  decembris  (1374),  soluti  fuerunt  Bernardo.  de 
«  Chastres,  servienti  arniorum  doinini  Pape,  nuper  inisso  |iro  condutendo  domi- 
«  num  Johannern  de  Sanclo  Paulo  et  Colinum  de  Brolio,  «jui  ibaiil  ad  (raclan- 
«  dum  quod  dominus  Oliverius  de  Clequino  et  ejus  societales  recédèrent  de 
«  Provincia  »  (Arch.  Vat.,  Introitus  et  Exitus,  Reg.  340). 

2.  Ibid.,  Reg.  Vat.  271,  fol.  111. 

3.  Ibid.,  Reg.  Vat.  267,  fol.  63  v°. 

4.  Ibid.,  Reg.  Vat.  271,  fol.  109  v. 

5.  «  Die  IX  mensis  februarii  (1375),  soluti  fuerunt  Johanni  de  Sislarono, 
«  cursori  domini  Pape,  qui  iniltitur  ad  doininum  Oliveriuni  de  Cle(|uino  in 
«  Provincia,  cum  certis  litteris  «  (Ibid.,  Introitus  et  Exitus,  Reg.  342, 
fol.  IBOv).  — «  Die  XX  dicti  mensis,  soluti  fuerunt  Bartlioioineo  de  Vasinhaco, 
«  magistro  coquine  doraini  nostri  Pape,  qui  mittitur  cum  senescallo  Bellicadri 
«  ad  dominura  Oiiverium  de  Clequino  et  ad  societates  Britonum  per  dictura 
«  dominum  Papam  »  (Ibid.,  Reg.  343). 

^897  38 


590  SYLVESTRE   RUDES 

terres  d'Église  et  d'empêcher  Olivier  du  Guesclin  de  passer  le 
Rhône  et  de  nuire  au  Saint-Siège*.  Ce  qui  n'empêchait  cependant 
pas  Grégoire  XI  d'incarcérer  au  besoin  certains  chefs  bretons,  tel 
Geoffroy  Budes,  que  Louis  d'Anjou  gratifiait  de  600  francs,  en 
dédommagement  de  son  emprisonnement  2.  On  négociait  d'autant 
plus  activement  le  départ  des  Bretons  que  l'on  avait  une  expédi- 
tion à  leur  proposer. 

Enguerrand  de  Coucy,  son  service  terminé  en  Lombardie^, 
était,  au  début  de  1374,  revenu  en  France.  Sa  situation  ambiguë 
entre  Charles  V  et  Edouard  III  le  tint  quelque  temps  éloigné  des 
affaires,  jusqu'au  jour  où  la  signature  de  la  trêve  de  juin  1375 
lui  donna  plus  de  liberté. 

Il  songea  à  revendiquer  contre  les  ducs  d'Autriche  la  posses- 
sion de  terres  contestées  en  Suisse^.  Charles  V  l'appuya.  Il  y 
voyait  un  moyen  de  se  débarrasser  des  routiers.  Coucy  enrôla 
les  principaux  chefs,  et  les  Bretons  furent  des  premiers  à  qui  il 
s'adressa.  Grégoire  XI  s'entremit  dans  cette  affaire.  Les  Bretons 
se  rapprochaient  d'Avignon  ;  au  commencement  de  mai,  ils  se 
trouvaient  vers  Pont- Saint-Esprit  et  Carpentras^  Enfin,  au 
début  de  juin,  ils  se  décidèrent  à  accompagner  Coucy.  Mais  ce  ne 
fut  pas  sans  tirer  rançon  du  Saint-Siège.  Grégoire  dut  leur  payer 
5,000  francs  pour  qu'ils  consentissent  à  partir*^.  Le  danger  était 
momentanément  conjuré  et,  en  juillet,  Grégoire  XI  fit  révoquer 
les  sentences  d'excommunication  prononcées  contre  les  envahis- 
seurs du  Comtaf. 


1.  Hay  du  Châtelet,  ouvr.  cit.,  p.  386. 

2.  Ibid. 

3.  Annuaire-Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  de  France,  1895,  p.  205. 

4.  Lacaille,  Positions  de  thèses  présentées  à  l'École  nationale  des  chartes 
pour  l'obtention  du  diplôme  d'archiviste  paléographe,  1890. 

5.  «  Die  V  maii,  soluti  fuerunt  Bigoto  de  Costa,  seivieiiti  armorum  doinini 
«  Pape,  pro  expensis  factis  per  euni  oundo  ad  Sànctuin  Sj)irituin  et  ad  Carpen- 
«  toracum,  pro  avisando  terras  de  Britonnibus  »  (Arcb.  Vat.,  Introitus  et  Exi- 
tus,  Reg.  342). 

C.  «  Die  VI  raensis  junii,  soluti  fuerunt  de  mandate  domini  nostri  Pape 
«  magistro  Johanni  de  Regio,  habitatori  Avinionensi,  pro  recessu  societatura 
«  Britonnum,  quarlam  partem  tercie  partis  v"  francboruni,  ([ue  quarta  pars 
«  tercie  partis  dictorura  v"  franchoruin  ascendit,  que  fuit  cideni  magistro 
«  Johanni  solula..,,  niic  xvi  fr.  xx  sol.  valent  une  xlvi  fr.  carnere  xii  sol.  » 
(Ibid.). 

7.  Ibid.,  Reg.  Vat.  267,  fol.  77. 


ET  LES  BRETONS  EN  ITALIE.  501 

Le  Comtat  était  délivré,  mais  d'autres  régions  allaient  souffrir 
de  l'invasion  des  compagnies  bretonnes. 

Leur  arrivée  causa  une  grande  terreur  en  Bourgogne,  où  le 
souvenir  des  précédentes  campagnes  faisait  présager  ce  que  serait 
la  présente.  Dès  le  27  juin,  ils  étaient  à  Loyettes'.  De  toutes 
parts  on  préparait  la  défense.  Des  messagers  étaient  envoyés  à 
Genève  demander  des  secours.  A  Pérouges^  on  se  hâtait  de  res- 
taurer le  château  et  de  le  mettre  en  état  de  résister.  Des  coureurs 
allaient  de  Pont-de-Veyle^  à  Chasseyriat^  de  Dijonà  Jeaucourt, 
afin  d'avertir  le  gouvernement  du  duc  de  la  marche  des  envahis- 
seurs. La  campagne  des  environs  de  Montbard^  et  de  Semur*'  fut 
dévastée.  Vers  la  mi-août,  les  Bretons  étaient  à  Montaigu'; 
enfin,  ils  passèrent  en  Barrois'^. 

Le  duc  Robert,  qui  avait  déjà  eu  maille  à  partir  avec  eux, 
tenta  de  défendre  son  duché.  Ce  fut  en  vain.  Le  5  août,  Gon- 
drecourt^  était  pillé.  Metz,  Saint-Mihiel'%  le  Bassigny  furent 
saccagés.  Passant  en  Alsace,  les  bandes  se  répandirent  vers 
Haguenau,  Belfort,  Marlen,  Bàle,  Wallembourg,  Soleure,  Wan- 
gen,  Buren.  Mais  elles  furent  arrêtées  par  une  triple  défaite  à 
Buttisholz,  à  Soms  et  à  Fraubrùnnen. 

Peu  confiant  en  ses  soldats,  Enguerrand  de  Coucy  n'osa  s'aven- 
turer dans  une  guerre  aussi  problématique.  Dès  le  16  février  1376, 
il  signa  une  paix  qui  lui  donnait  les  villages  de  Biiren  et  de 
Nidau.  Il  revint  en  France,  poursuivant  ses  troupes,  qui  avaient 
repris  leur  vie  errante.  Saint-Mihiel,  Rethel  les  virent  à  nou- 
veau. En  mars,  il  s'en  trouvait  aux  environs  de  Reims.  Mais  le 
gros  des  troupes,  composé  de  Bretons,  retourna  sur  les  bords 
du  Rhône. 

Dès  le  début  de  mars,  ils  y  étaient  tous  réunis.  Le  8  mars,  en 

1.  Ain,  arr.  de  Belley,  cant.  de  Lagnieu. 

2.  Ain,  arr.  de  Trévoux,  cant.  de  Meximieux. 

3.  Ain,  arr.  de  Bourg. 

4.  Aube,  arr.  et  cant.  do  Bar-sur-.\ube. 

5.  Côte-dOr,  arr.  de  Semur. 

6.  Côte-d'Or,  ch.-l.  d'arr. 

7.  Jura,  arr.  de  Lons-le-Saulnier,  cant.  de  Conliège. 

8.  Sur  cette  expédition  des  Bretons,  voir  Froissart,  éd.  Luce,  t.  VIII, 
p.  cxxxi-ii,  et  les  renvois  aux  archives  de  la  Cùte-d'Or,  ainsi  que  Servais,  ouvr. 
cit.,  p.  298-313. 

9.  Meuse,  arr.  de  Commercy. 

10.  Meuse,  arr.  de  Coranicrcy. 


592  SYLVESTRE   BUDES 

effet,  Bertrand  de  Maumont,  maître  huissier  du  pape,  parcourait 
le  pays,  afin  de  pourvoir  à  sa  défense*.  La  situation  de  Gré- 
goire XI  était  à  ce  moment  fort  critique,  et  il  devait  plus  que 
jamais  craindre  pour  Avignon. 

C'était  le  moment  où  Florence  venait  de  déchaîner  la  guerre 
en  Italie.  La  Toscane,  la  plus  grande  partie  des  terres  de  l'Eglise, 
Bologne,  avaient  successivement  abandonné  le  Saint-Siège.  Rome 
seule  lui  restait,  et  avec  elle,  il  est  vrai,  cette  puissance  morale 
plus  forte  que  toute  ligue  et  que  toute  armée,  sainte  Catherine 
"de  Sienne. 

Mais  Grégoire  XI  était  résolu  à  répondre  à  la  violence  par  la 
force  et  à  s'attaquer  à  la  ligue  florentine.  Il  était  surtout  décidé 
à  revenir  à  Rome,  seul  moyen  qui  lui  restât  de  sauver  son  Etat 
temporel.  Depuis  plus  d'un  an,  à  la  vérité,  il  remettait  son  départ 
d'Avignon  ;  mais,  aujourd'hui,  il  paraissait  fermement  décidé  à 
retourner  en  Italie. 

Pour  les  préparatifs  du  départ,  pour  la  réception  des  princes 
et  des  ambassadeurs  qui  se  réunissaient  à  la  cour  pontificale,  soit 
pour  demander  des  faveurs,  soit  pour  engager  le  pontife  à  demeu- 
rer en  France,  il  était  nécessaire  que  les  abords  d'Avignon 
fussent  libres.  Aussi,  dès  la  fin  de  mars,  Grégoire  entreprit-il 
d'acheter  la  neutralité  des  Bretons,  s'il  ne  pouvait  obtenir  plus. 
Dès  ce  moment,  en  effet,  était  arrêtée  dans  son  esprit  l'intention 
de  se  servir  des  Bretons  contre  les  Florentins,  et  de  les  envoyer 
renforcer  les  soldats  d'Hawskwood  en  Italie. 

Durant  un  mois,  ce  furent  d'incessantes  coquetteries  pour  les 
décider  à  suivre  le  cardinal  Robert  de  Genève.  Dès  le  31  mars, 
on  distribuait  de  l'argent  à  certains  d'entre  eux-  ;  bientôt  après, 
Jean  Pansard  et  deux  autres  capitaines  profitaient  d'une  sem- 
blable libéralité  3. 

La  défense  du  Comtat  n'était  pourtant  pas  négligée.  Il  n'était 
pas  douteux,  en  effet,  que,  si  l'on  ne  parvenait  pas  à  s'entendre 

1.  Lacaille,  ouvr.  cit. 

2.  <(  Die  viii  mensis  martii  (1376),  facto  compulo  Bertrando  de  Malomonte, 
«  raa^istro  usserio  doiuini  Pape  de  et  pro  vadiis  et  aliis  per  euin  solutis  certis 
«  gentibus  annoruia  pro  custodia  coinitatus  Venayssini  »  (Arch.  Yat.,  latroitus 
et  Exitus,  Reg.  344,  fol.  165). 

3.  «  Die  ulliraa  martis,  soluli  fuerunt  Oliverio  Tliome,  armigero  britono, 
«  dlâtribuendi  per  eum  certis  capitaaeis  Britonuin,  me  xlii  11.  xxm  s.  »  (Ibid., 
fol.  167). 


ET    LES    BRETONS    E\    ITALIE.  593 

avec  les  Bretons,  il  faudrait  lutter  contre  eux.  Aussi,  de  toutes 
parts  engageait-on  des  défenseurs*.  Les  clioses  traînèrent  ainsi 
durant  les  premiers  mois  de  137(5,  au  milieu  de  l'inquiétude  géné- 
rale et  de  la  crainte  de  complications  menaçantes.  Enfin,  lorsque 
Grégoire  comprit  qu'il  ne  pourrait  se  débarrasser  d'un  aussi  dan- 
gereux voisinage,  lorsqu'il  vit  la  guerre  inévitable  en  Italie,  et 
le  salut  du  Saint-Siège  dépendre  de  la  vigueur  à  réprimer  la 
révolte,  il  ne  put  tarder  plus  longtemps.  Poussé  par  Robert  de 
Genève,  il  prit  une  décision  ;  pouvant  utiliser  les  Bretons,  s'en 
servir  en  même  temps  que  délivrer  la  Provence,  il  les  engagea  à 
sa  solde  en  mai  1376,  afin  de  pouvoir,  grâce  à  eux,  reconquérir 
l'Italie. 

Un  premier  engagement  fut  conclu  pour  deux  mois  entre  le 
pape  et  le  cardinal  de  Genève,  d'une  part,  Jean  de  Malestroit  et 
les  Bretons  de  l'autre.  La  solde  montait  à  31,000  florins. 

De  quand  partait  cet  engagement?  De  longues  discussions 
s'élevèrent  à  ce  sujet.  Les  Bretons  prétendaient  qu'il  commen- 
çait au  l^*"  mai  1376,  ce  qui  nous  fait  connaître  la  date  de  leur 
entente  avec  Grégoire  XL  La  chambre  apostolique  voulait  que 
le  terme  initial  fût  fixé  au  18  mai,  jour  où  les  Bretons  avaient 
passé  une  revue  à  Carpentras,  ou  au  20  mai,  date  de  leur  départ 
du  Comtat-Venaissin.  Finalement,  on  s'en  remit  à  la  décision  du 
pape  3. 

1.  «  Die  xn  mensis  aprilis,  soluti  fiierunf  doin.  Romundo  de  Turena,  rnilili, 
«  dividendi  per  euin  Johaiini  Pansardi  et  aliis  duobus  (•a|)itaneis.  cl  ll.canicre  » 
(Ibid.,  fol.  169  y). 

2.  «  Die  XII  mensis  aprilis,  soluti  fuerunt  doiii.  Arnaldo  Rifiaidi,  iniliti,  qui 
«  dicitur  visilare  Comitatum  Veneyssini,  pro  suis  stipendiis  unius  mensis  » 
(Ibid.,  Reg.  345,  fol.  80  v°).  —  «  Die  xxvii  mensis  aprilis,  soiuti  fuerunt  dom. 
«  Gauceneto  de  Apsaco,  railiti  Petragorensis  diocesis,  pro  stipendiis  unius  inen- 
«  sis  XX  lancearurn,  pro  defcnsione  Comitatus  Venayssini,  nie  xlii  (1.  xxiiii  s.  » 
(Ibid.,  fol.  16!)).  —  Le  rai^me  jour,  Jean  Giraudon,  sergent  d'armes  du  pape, 
distribuait  200  11.  à  di\  lances,  «  pro  cusiodia  Conutatus  »  (Ibid.). 

3.  «  Tabula  gentium  ariuoruni  stipendiariorum,  <'quilum  et  peditum.  odicia- 
«  lium  provisioriatorum  et  aliorum,  existentiuiii  in  s<'r>i<i()  domini  noslri  Pape 
«  et  reverendissimi  in  Christo  patris  et  domini,  domini  Roberti,  eardinaiis 
«  Gebennensis,  aposloiife  sedis  ]egati,et  quibus  solvi  débet  |)ertameram  apos- 
«  tolicain,  et  quorum  alicjuibus  fuerunt  soluciones  e(  mutua  fada  ista  |tpr  domi- 
«  num  Francischum,  ei)iscopum  .\(|uensem,  locumlenentcm  reverendissimi  in 
«  Cbristo  patris  et  domini,  domini  R.  e|)iscopi  Hononiensis,  jiro  domino  nostro 
«  Papa  Italie  tliesaurarii  generalis,  u.sque  ad  présentes  kalendas  novembris. 

«  Dominus  Johannes  Aguud,  etc.  (fol.  27).  Dominus 

«  Jobaunes,  dominus  de  Malestroit,  cai)itaneus  generalis  Britonum,  débet  babere 


594  SYLVESTRE    BUDES 

Le  premier  traité  engageait  les  Bretons  jusqu'au  18  ou  jus- 
qu'au 20  juillet.  Dès  le  mois  de  mai,  on  s'entendit  pour  prolon- 
ger leur  service.  Le  24  et  le  31  mai,  le  cardinal  de  Genève  reçut 
4,285  florins,  qu'il  devait  remettre  à  Sylvestre  Budes,  pour  deux 

«  jiro  se,  domino  Silvestro  Budes  et  aliis  capitaneis  prcdictorura  Britonum,  pro 
«  duobus  mensibus,  quibus  fuerunt  conducti  in  Avinione  f.  xxxi",  quos  rece- 
«  perunl  in  civitate  Avinionensi  prodicta. 

«  Item,  pro  tribus  mensibus,  inceptis  die  xviii  mensis  julii  proximo  prete- 
«  riti,  et  finitis  die  xviii  mensis  octobris  proxime  precedentis,  secundum  pacta 
«  nove  firme  seu  conducte  habita  cura  eis  per  dominum  legatum  predictum,  ad 
«  rationem  xviii  florenorun)  pro  quolibet  lancea,  mense  quolibet  presuperpo- 
«  nendo,  quani  dlcto  tempore  habuerunt,  mille  viiic  xLiii  lanceas,  ut  ipsi  se 
«  habuisse  dicunt  f.  lxxxviii"  vc  lxxvi. 

«  Item,  pro  provisione  dicti  capitanei  ad  rationem  flor.  m  \c  pro  (pjolibet 
«  mense,  pro  dicto  tempore,  flor.  iiii™  vc.  Verura  est  tamen,  quod  fuit  discor- 
«  dia  inter  cameram  et  dictos  Britones  super  tempore  quando  inceperunt  dicti 
«  duo  menses  primi,  pro  (juibus  receperunt  solucionem  in  Romana  Curia.  Nam 
«  ipsi  dicunt  quod  inceperunt  prima  die  mensis  raaii  proxime  preteriti,  et  finie- 
«  runt  die  ultima  mensis  junii.  Caméra  vero  dicit,  quod  inceperunt  die  qua  isti 
«  recesserunt  de  Comitatu  Venessino,  scilicet  die  xx  vel  xxi  dicti  mensis  maii  ; 
«  et  fecerunt  enim  mostram  in  Carpentorate,  die  xviii  dicti  mensis  maii,  et 
«  recesserunt  de  prefato  Comitatu  dicta  die  xxa,  et  hac  causa  inceperunt  sol- 
«  vere  dicti  duo  mensis  die  xxi  ejusdem  mensis  maii,  et  finierunt  die  xxi  men- 
«  sis  julii  proxime  preteriti,  et  die  sequenti  incepisset  firma  nova,  quam  cum 
«  eis  habuit  dominus  legatus  predictus.  Finaliter,  finaliter  (sic),  idem  Brittones 
«  ad  concordiam  talem  pervenerunt  cum  domino  legato  predicto,  videlicet  quod 
«  hec  controversia  reraaneat  in  deliberatione  domini  nostri,  et  quod  secundum 
«  quod  idem  dominus  noster  declaraverit,  observetur  ;  conveneruntque  de  novo 
«  prefati  Britones  cum  eodem  domino  legato  servire  cum  lanceis  m  cccc,  ad 
«  racionem  florenorum  xviii  pro  lancea,  usque  ad  sex  menses,  (jui  inceperunt 
«  diexvni  mensis  octubris  proxime  preteriti,  remanentibus  primis  pactis  habi- 
«  tis  cum  ipsis  in  Avinione,  in  quantum  essent  contraria  ipsis  novis. 

«  Receperunt  predicti  dominus  Jobannes  de  Malestroit  et  socii,  ultra  dictos 
«  xxxi"  florcnos  receptos  in  Romana  Curia  quantitates  pecuniarum  istas  : 

«  Et  primo,  in  dicta  Romana  Curia,  francbos  un"",  flor.  un"  cclxxxv,  gros.  x. 

«  Item,  in  Ast,  flor.  iii°. 

«  I(ein,prope  castrura  Sancti  Johannis  in  Persiceto,  territorii  Bononiensis, 
«  n.  xii". 

«  Item,  prope  pontera  Sancti  Proculi,  in  duabus  viribus,  per  manus  episcopi 
«  Aquensis,  locum  tenentis  predicti...,  fl.  xvii"  vue  lxxxxiiii. 

«  Hem,  ibidem,  franc,  viiu™  clxiiii,  franc,  viiii""  clxiiii. 

«  Item,  quas  habuerunt  in  piuribus  partitis,  usque  ad  kalendas  presentis 
«  mensis  novembris  f.  «[uinquenlos  lxxxxv  sol,  decem  octo  bon.,  coinputatis 
0  in  biis  f.  xxxvi,  datis  Johanino  Avardi  et  Johanni  Portofeni  et  f.  xviii  datis 
«  C.uillelino  Lingloni  »  (Ribl.  nat.,  ms.  lat.  4190,  fol.  26  v). 

«  Domino  Johanni  de  Malestrecb,  militi  de  Britania,  capitaneo,  pro  ipso  etcer- 
«  lis  aliis  caiiilaneis  societatum  hominum  armorum  Britonum,  qui  vadunt  ad  par- 


ET    LES    BRETONS    E.>    ITAME.  595 

mois  de  service,  commençant  en  juillet'.  Ce  second  engagement 
était  conclu  pour  trois  mois,  et  moyennant  98,576  florins.  Le 
nombre  des  lances  s'élevait  à  1,844. 

Ce  nouvel  engagement  expirait  le  14  octobre;  il  fut  renouvelé 
pour  six  mois,  à  raison  de  1,400  lances  payées  chacune  18  flo- 
rins par  mois.  En  outre,  Jean  de  Malestroit,  capitaine  général  dos 
Bretons,  reçut  pour  les  trois  mois  de  service  commençant  en  juil- 
let une  provision  de  1,500  florins  par  mois. 

Avec  eux  partaient  de  nombreux  Bretons.  Sans  doute,  beau- 
coup de  gens  d'armes,  enrôlés  sous  leurs  bannières,  étaient  origi- 
naires d'autres  provinces  :  Normands,  Gascons,  Bourguignons  et 
Français  devaient  se  presser  autour  de  ces  chefs,  qui  leur  pro- 
mettaient à  la  fois  gloire  et  butin.  Mais,  parmi  les  lieutenants  de 
Budes  et  de  Malestroit,  que  de  noms  bretons  !  Ce  sont  :  Soraye, 
Tremagon,  Treffili,  Calvaric,  Lo  Crist,  Le  Carias,  Jacques  Le 
Noir,  Taleverne,  Chiquet,  Kaerouare,  Trogorant,  La  Haye, 
Thomas,  Pansart,  DavizS  qui  vont  avec  eux  reconquérir,  pour 
Grégoire  XI,  l'Italie  révoltée. 

«  tes  Ytalic,  pro  jure  Romane  Ecclesie  contra  inlidcles  tirannos  et  robollis  conira 
«  ipsam  Ecclesiam,  sub  certis  pactis  juratis  et  vallatis  inler  dominos  de  Caméra 
«  et  capitaneos  predictos,  videlicet  hiis  stipendiis  eorum  et  ipsorum  liominum 
«  armorum  incipientihiis  a  die  marlis  xx  hujus  mensis,  ([ua  die  exiverunt 
«  Comitalum  Venoyssini.  de  quibus  i»actis  constat  per  scripluras  inaniiscriplas 
«  magistrorum  Firmini  Carpentarii,  Noviomensis  diocesis,  et  Grimaldi  de 
«  Romanis  de  Auximo,  notariorum  apostolicorum,  xxxi"  fl.de  caméra,  compu- 
«  tando  quolibet  tloreno  pro  xxviii  sol.  et  franco  pro  xxx  sol.,  in  xxvnrxxx  fr. 
«  X  s.  valent  xxxi"'  11. 

«  Item,  qui  realiter  traditi  fuerunt  die  xxiiii  bujus  mensis  maii,  reverendo 
«  in  Christo  patri,  domino  Roberto,  cardinali  Gebennensi,  legato  a  latere  ad 
«  partes  Ytalie,  Iradendi  per  eum  aut  ejus  nomine  domino  Silvestro  de  Uii<la, 
«  mil.,  capitaneo,  et  ([uibusdarn  aliis  sociis...  »  (Arch.  Val.,  Inlroilus  et  E\\- 
tus,  Reg.  344,  fol.  232  v"). 

1.  «  ...  Pro  eorum  stipendiis,  Incipiendi  die  x  julii  proxime  venluri,  uV  fr. 
«  —  Item,  eodem  cardinali,  dicta  die  ullima  maii,  [ler  i|)sum  Iradendum  |>re- 
«  fato  dornino  Silvestro,  m  fr.;  in  sumina  mV  fr.  valent  ni"'  ne  lxxxv  (1.  xx  s.  » 

2.  Sur  ce  qui  concerne  ces  Bretons,  voir  du  Bois  de  la  Villerabel,  Gestes  des 
Bretons  en  Italie  au  XlV  siècle  (dans  les  Mémoires  de  la  Société  d'cmutation 
des  Cdtes-du-.\ord,  t.  XXVII,  p.  73-105),  bien  que  les  alléj^alions  de  laut.-ur 
soient  discutables.  En  ce  qui  touche  les  sceaux  de  ces  divers  personnages,  <;on- 
sulter  Demav,  ouvr.  cit.,  n'  9048  (Tremagon),  et  Bibl.  nat..  Pièces  orig.  2876, 
dossier  Treffily,  n»  11  ;  1495,  dossier  La  Haye,  n"  5  et  6;  2861,  dossier  Tho- 
mas, n"  68. 


596  SYLVESTRE   BCDES 

Le  traité  signé,  l'armement  complété  ^  on  se  hâta  de  faire 
évacuer  le  Comtat  par  les  nouveaux  auxiliaires.  On  s'assura 
du  passage  en  Dauphiné  et  dans  les  terres  du  comte  de  Savoie. 
Enfin,  le  24  mai,  tous  étaient  partis.  Malestroit  et  Budes  à 
leur  tête,  ils  allaient  se  jeter  sur  l'Italie^  semant  partout  la  ter- 
reur, pillant,  brûlant,  tuant,  pendant  plus  de  trois  années,  et 
laissant  jusqu'à  nos  jours  une  réputation  d'incontestable  bra- 
voure, mais  aussi  de  barbare  cruauté. 

Chapitre  IL 

La  première  campagne  des  Bretons  en  Romagne  et  da^is 
la  Marche  d'Ancone,  jusqu'au  sac  de  Césène  {juin  1376- 
janvier  1377). 

En  1376,  la  situation  du  Saint-Siège  en  Italie  était  presque 
désespérée.  Les  hésitations  et  les  faiblesses  d'Urbain  V  et  de 
Grégoire  XI  avaient  compromis  l'œuvre  d'Innocent  VI  et  du 
cardinal  Albornoz. 

Du  jour  où  l'Etat  pontifical  avait  été  reconstitué,  il  s'était 
trouvé  en  butte  aux  suspicions  de  deux  pouvoirs  menaçants,  les 
Visconti  et  Florence. 

La  lutte  contre  les  Milanais,  entreprise  sous  Innocent  VI, 
avait  continué  sous  Urbain  V.  Mais  les  victoires  de  l'Eglise 
effrayèrent  Florence.  La  Toscane  et  l'Etat  pontifical  étaient  voi- 
sins. La  victoire  du  Saint-Siège  faisait  craindre  à  la  république 
d'être  bientôt  victime  de  son  ambition  présumable.  Aussi,  sous 
Grégoire  XI,  put-on  voir  Florence  se  détacher  peu  à  peu  de  son 
ancienne  alliée,  et  se  rapprocher  de  Milan. 

Non  seulement,  en  effet,  les  Visconti  étaient  vaincus,  mais  la 
papauté  était  arrivée  à  former  contre  eux  une  ligue  de  presque 
toute  l'Italie.  Naples  lui  était  toute  dévouée.  Sans  compter  les 
Etats  de  l'Eglise,  elle  pouvait  espérer  l'appui  du  marquis  d'Esté, 
jaloux  des  Visconti,  —  de  Padoue,  alors  en  lutte  avec  Venise, 
—  de  Gènes,  toujours  en  conflit  avec  sa  rivale  pour  la  possession 

1.  On  fournit  4,058  lances  et  glaives  aux  Bretons  (Arch.  Vat.,  Introitus  et 
Exitus,  F\eR.  34 't,  fol.  232).  —  «  Dfe  xvii  niaii,  soluli  fucrunt  Tixio  de  Gro- 
«  neuch,  servienli  arrnoruni,  qui  inittitur  ad  partes  Italie,  ad  conducendum 
«  Socielales  Britonum  »  (Ibid.,  fol.  230  v  et  231). 


ET    LES    BRETONS    EN    ITALIE.  597 

de  Chypre,  —  du  comte  de  Savoie,  —  des  marquis  de  Saluées  et 
de  Montferrat,  —  des  Carrare  et  des  délia  Scala.  Parmi  les 
princes  étrangers,  l'Empereur,  les  rois  de  France,  de  Castille,  de 
Hongrie,  les  ducs  d'Autriche,  ne  cachaient  pas  leurs  sympathies 
pour  le  Saint-Siège. 

Aussi,  en  1375,  les  Visconti  songèrent-ils  à  négocier  avec 
Grégoire  XL 

Florence  se  crut  alors  directement  menacée.  Victorieuse,  la 
Papauté,  pensait-elle,  devait  se  retourner  contre  la  Toscane  et 
surtout  contre  la  cité  qui  paraissait  la  plus  puissante  des  répu- 
bliques italiennes.  Sa  jalousie,  ses  nouvelles  tendances  gibelines 
avaient  étouffé  l'ancien  esprit  guelfe;  son  désir  de  susciter  la 
révolte  pour  se  tailler,  au  milieu  des  troubles,  l'Etat  qu'elle  con- 
voitait, lui  fit  allumer  la  guerre. 

Elle  accusa  l'administration  étrangère,  et,  disait-elle,  tyran- 
nique,  des  légats  pontificaux;  elle  inventa  l'histoire  de  la  traite 
des  blés,  de  l'invasion  de  la  Toscane  par  Hawskwood,  de  la  trahi- 
son de  Prato*.  Elle  excita  les  villes  de  Toscane  contre  l'Eglise, 
sut  répandre  en  elles  le  poison  de  la  défiance,  et  semer  la  révolte. 
Elle  souleva  Lucques,  Pise,  Sienne.  Avec  elles,  elle  entraîna  les 
Terres  de  l'Eglise  ;  ses  émissaires  allèrent  partout,  au  nom  de  la 
liberté,  combattre  la  tyrannie  française  des  administrateurs 
ecclésiastiques. 

A  sa  voix,  le  préfet  de  Vico,  Castello,  Pérouse,  Gubbio,  Sasso 
Ferrato,  Urbino,  Todi,  Terni,  Forli,  Ascoli,  et  enfin  Bologne, 
la  sentinelle  de  l'Eglise  contre  les'\'isconti,  se  soulevèrent.  Rome 
seule  résistait  au  mouvement.  Mais,  malgré  sa  haine  jalouse 
contre  Florence,  ne  succomberait-elle  pas  ?  Avec  elle,  s'en  irait 
le  pouvoir  pontifical.  La  Papauté  eût  été  re jetée  de  l'Italie  ou 
n'eût  pu  y  rentrer  que  faible,  sous  la  protection  hautaine  et  inté- 
ressée de  Florence. 

La  république  triomphait  ;  mais  sa  victoire  même  devait  causer 
sa  ruine. 

Les  Visconti  craignaient  Rome,  mais  redoutaient  plus  encore 
Florence,  leur  proche  voisine.  La  Toscane  devait,  avant  la  Lom- 


1.  Gherardi,  la  Guerra  dei  Fiorenlini  col  papa  Gregorio  XI  [Archivio  slo- 
rico  ilaliano,  3'  sorie.  t.  V-VIII).  —  Léon  Mirol,  la  Question  des  blés  dans  la 
rupture  entre  Florence  et  le  saint-siège,  en  137ô  {Mélanges  d'archéologie  et 
d'histoire,  publiés  par  l'École  française  de  Rome,  t.  XVI). 


598  SYLVESTRE   BDDES 

bardie,  être  la  victime  des  ambitions  du  Saint-Siège.  Ils  s'ef- 
frayèrent des  succès  de  la  république.  Ils  craignirent  pour  eux 
et  signèrent,  en  juin  1375,  une  trêve  avec  Grégoire  XI.  Dès  lors, 
ils  soutinrent  faiblement  Florence,  et  demeurèrent  dans  une  dou- 
teuse expectative,  cependant  que  la  lutte  devenait  inévitable 
entre  Grégoire  et  la  république. 

Aux  doléances  avaient  succédé  les  mesures  violentes  ;  l'excom- 
munication et  l'interdit  jetaient  Florence  hors  de  la  communion 
et  (le  la  vie  du  monde  chrétien.  La  république  y  répondait  eu  exi- 
lant et  en  massacrant  les  prêtres,  en  mettant  leurs  biens  à  l'en- 
can, en  appelant  l'ItaUe  à  la  révolte.  Tout  annonçait  la  guerre  : 
Hawskwood,  de  nouveau  à  la  solde  du  Saint-Siège,  s'unissait  au 
comte  de  Savoie  et  Otton  de  Brunswick,  tandis  que  Beruardon 
de  la  Sale  se  disposait  à  intervenir.  Florence,  de  son  côté,  met- 
tait ses  troupes  en  mouvement,  sous  les  ordres  du  comte  de  Lan- 
dau et  de  Rodolfe  de  Camerino. 

Mais,  si  Grégoire  XI  voulait  conserver  Rome,  s'il  voulait, 
au  moment  où  Venise  lui  refusait  des  vaisseaux,  où  Bologne 
entrait  résolument  dans  la  ligue,  répondre  à  l'appel  de  sainte 
Catherine  de  Sienne  et  à  celui  de  l'Italie  souffrante,  il  lui  fallait 
profiter  de  l'hésitation  des  Visconti,  surprendre  Florence  par  la 
rapidité  de  l'attaque,  frapper  directement  la  ligue  en  attaquant 
le  point  le  plus  important,  Bologne,  et  reconquérir  les  provinces 
rebelles  pour  porter  ensuite  la  guerre  chez  l'ennemi  lui-même  : 
ce  fut  l'œuvre  des  Bretons,  et  à  leur  tête  du  cardinal  Robert  de 
Genève. 

Descendant  de  Louis  VIII  et  fils  du  comte  de  Genève,  Robert 
avait  été  successivement  chanoine  de  Paris,  évêque  de  Thé- 
rouanne  et  de  Cambrai.  «  Jeune,  un  peu  boiteux,  un  peu 
louche,  doué  pourtant  d'une  stature  et  d'une  figure  avanta- 
geuses, Robert  de  Genève  avait  la  voix  sonore,  la  mine 
affable  ;  il  écrivait  et  parlait  bien  ;  il  savait  plusieurs  langues  i.  » 
Homme  de  guerre  autant  que  d'Église,  violent,  dur,  sangui- 
naire, le  cardinal  de  Genève,  dont  l'intelligence  facile  ne  semble 
pas  avoir  été  profonde,  savait  cependant  à  ses  heures  se  montrer 
diplomate.  Si  Clément  VII  fut  un  politique  gauche  et  indécis,  qui 
ne  sut  pas  se  débrouiller  au  milieu  des  difficultés  qui  l'entou- 
raient, ni  se  servir  de  la  fortune,  qui,  à  un  moment,  lui  sourit, 

1.  Noël  Valois,  la  France  et  te  grand  schisme  d'Occident,  t.  I,  p.  81. 


LT    LKS    BKETOS    KX    ITALIK.  599 

le  cardinal  eut  quelques  traits  heureux  :  légat,  il  sut  reconqué- 
rir Bologne,  et,  par  là,  assurer  le  succès  de  Grégoire  XI.  Mais 
son  caractère  fuyant  et  indécis  le  servit  peut-être  plus  que 
sa  volonté;  dissimulé,  retors,  il  eut  peu  de  courage.  Sans 
savoir  dominer  les  troupes  qui  lui  étaient  confiées,  il  eut,  par 
nature  autant  que  par  calcul,  assez  d'habileté  pour  les  maintenir 
dans  l'obéissance  ;  sachant  leur  parler  la  langue  qui  leur  conve- 
nait et  céder,  en  temps  opportun,  à  leurs  exigences,  il  était,  en 
somme,  de  tous  les  cardinaux,  le  plus  apte  à  les  diriger  en  Italie. 

Avant,  le  20  mai,  quitté  le  Comtat,  les  Bretons,  au  nombre 
de  1,850  lances',  traversèrent  le  Dauphiné  et  passèrent  les 
Alpes,  probablement  au  pas  de  Suze.  Dès  ce  moment,  les  diffi- 
cultés commencèrent  ;  les  passages  étaient  bien  gardés,  «  par 
maint  foison  de  genz  arméz^  »  Mais  ils  surent  s'en  tirer  à  leur 
honneur,  et  bientôt  se  trouvèrent  en  Piémont;  de  là,  ils  descen- 
dirent en  Lombardie. 

Leur  arrivée  terrifia  Florence  et  toute  la  ligue.  Le  renom  de 
soldats  vaillants  les  précédait.  Dès  les  premiers  jours  de  juin, 
l'annonce  de  leur  venue  s'était  partout  répandue^.  C'était,  de  la 
part  de  Grégoire  XI,  une  véritable  déclaration  de  guerre.  Flo- 
rence comprit  bien  le  danger  qui  la  menaçait.  Les  Huit  de  la 
guerre  se  mirent  aussitôt  en  mouvement.  Il  fallait  raviver  le  zèle 

1.  Les  chroniqueurs  varient  beaucoup  sur  le  nomi)ro  dp  soldais  dont  se  com- 
posait l'armée  de  Malestroit  et  de  Budes.  Le  Chronicon  corlusiorum  (Muralori, 
XII,  col.  984)  l'évalue  à  12,000  hommes;  le  Chronicon  sane.se  (Ihid.,  XV, 
col.  249)  le  fixe  à  10,000  hommes;  les  Annales  mediolanenses  (Ihid.,  XVI, 
col.  761)  donnent  également  12,000  hommes;  le  Chronicon  placentinum  (ll>i<l., 
XVI,  col.  526)  l'évalue  à  4,000  chevaux,  dont  1,400  lances.  Suivant  le  Chro- 
nicon Riminense  (Ihid.,  .W,  col.  916),  Robert  de  Genève  aurait  a<nen6 
20,000  hommes.  Le  Chronicon  Eslense  (Ihid.,  XV,  col.  499)  donne  12,(l00  cava- 
liers. A  en  croire  Sozzomeno  (Ihid.,  XVI,  col.  1696)  il  y  aurait  eu  10,000  hommes, 
soit  6,000  cavaliers  et  4,000  fantassins.  Matteo  de  ('.rillbnihus  (Ihid.,  XVIll, 
col.  187)  l'évalue  à  14,000  hommes.  Ces  divers  chillres  se  ra|>prochent  assez 
les  uns  des  autres,  .\dmettant  qu'une  lance  comprenne  six  hommes,  les 
1,400  lances  donneraient  8,400  hommes;  et  de  même  les  1,850  lances  engagées 
primitivement  s'élèveraient  à  11,100  hommes. 

2.  Guillaume  de  la  Penne  (bibl.  d'Angers,  ms.  514,  vers  138).  Nous  citons 
cet  auteur  dont  les  œuvres  ont  été  publiées  par  Doin  Martène  (Thésaurus  novus 
anecdotorum,  t.  III,  col.  1457  à  col.  1504),  d'ajirès  le  maimsrrit  original,  dont 
nous  préparons  une  édition. 

3.  «  Ceteruin  undique  lirmant  nova  de  advendi  Rritonum  ad  partes  Italie.  » 
Dépêche  de  Florence  à  Bernaho  Visconli,  3  juin  1376.  —  Gherardi,  ouvr.  cit., 
t.  VI,  236. 


800  SYLVESTRE   BDDES 

des  alliés,  obtenir  des  troupes,  couvrir  Florence  et  la  Toscane, 
en  prévision  d'une  attaque,  et  essayer  d'arrêter  les  envahisseurs 
dès  leurs  premiers  pas. 

C'est  Bernabo  Visconti  qu'ils  prient  de  les  avertir  de  toutes 
nouvelles  concernant  la  marche  des  Bretons,  «  ces  pestilentiels 
barbares  ' .  »  ^  Le  devoir  et  l'intérêt  le  lui  commandent  :  qu'il 
leur  refuse  le  passage.  »  Puis  ce  sont  tous  les  autres  alliés  qu'ils 
préviennent,  Pérouse,  Pise,  Lucques,  Sienne,  Arezzo,  Castello, 
Sarzana,  Chiusi,  Ravenne,  Imola,  Modigliana,  Matelica,  les  sei- 
gneurs de  San  Séverine,  de  Sasso  Ferra to,  de  Cingola,  de  Fog- 
giula.  «  Il  est  temps  de  se  réveiller  et  de  prouver  par  des  actes 
l'attachement  à  la  ligue.  Il  est  temps  que  l'on  connaisse  les  véri- 
tables sentiments  des  alliés.  Les  Bretons  s'avancent  menaçants, 
prêts  à  envahir  la  Toscane.  Aussi,  nous  requérons-vous,  au 
nom  des  pactes  de  la  ligue,  de  venir  au  secours  de  Florence 
menacée^.  » 

1.  «  Doraino  Bernaboni,  magnifiée  et  excelso  domino,  fratri  karissirao.  Jam 
«  incipit  nobis  fieri  certissimus  Britonum  pestifer  adventus  ad  partes  Italie, 
«  tôt  de  locis  nobis  Me  dignis  auctoribus  nuntiatur,  et  nisi  dissuaderet  nobis, 
«  (luod  alifpiid  de  hoc  nobis  vestra  fraternitas  non  rescripsit,  jam  prevenienti 
«  consilio  ad  reparandum  nostra  diligentia  vigilaret.  Sed,  quia  hoc  totum  nego- 
«  cium  vestruin  et  nostrura  est,  spectabilitatem  vestram  affectuosissime  depre- 
«  camur,  quanto  de  hoc,  si  quid  habetis  scribere,  non  tardetis,  consulando 
«  etiam  quo  modo  nobis  videbit  reparandum.  Et  ultra  hoc  sicut  plene  confidi- 
«  mus  et  speramus,  et  sicut  etiam  convenciones  lige  nostre  exigunt  et....  digne- 
«  mini  nedum  transitum  denegare,  sed  transeuntibus  obstitere  toto  passe.  » 
(Firenze,  Archivio  di  Stato,  Signori,  carteggio  missive,  XV,  fol.  64.)  —  «  Ut, 
«  Deo  duce,  sicut  speramus,  bec  iniqua  barbaries,  oportuno  loco,  congressu  pu- 
«  gnabili,  si  facile  visum  extiterit,  opprimatur  »  (Ibid.,  fol.  71  v). 

2.  «  Perusinis  et  aliis  colligatis. 

«  Fratres  karissimi.  Britonum  scelesta  congeries  animo  prompta  in  liberta- 
«  tis  exicium  per  Italiam  militare,  destinatione  Sumrai  Pontificis  appropinquat. 
«  Quo  circa  fraternilatem,  amicitiam  vestram  per  lige  fedus  requirimus,  ac 
«  etiam  per  saluteni  publicam  et  libertatis  sludium  vos  affectuosissime  depre- 
«  camur.  ijuatinus  gentes  qui  valeant  exercicio  balistandi  celeriter  preparetis, 
«  ut  quam  primum  nécessitas  ingruerit,  aut  vos  duxerimus  requirendos,  sine 
«  more  dispendio  transmittanlur,  ut  vestris  et  totius  lige  viribus  simul  junctis, 
«  possinius,  ut  speramus,  hostesopprimere  et  libertatem  totius  Italie  procurare. 
«  Dat.  Florentie  die  xv  junii,  xiiii  ind.,  M.  CCC.LXXVI.  » 

«  Bononiensibus... 

«  ...  Britonum,  etc....  Italie  procurare.  Quamvis  forsanopus  erit  versus  partes 
«  veslras  facere  tolura  resistentie  sicut  conicimus  apparatum  »  (Ibid.,  fol.  70). 

«  Pisanis. 

«  Lucanis. 


ET    LES    BRETONS    EX    ITALIE.  60< 

Les  Bolonais  fléchissaient,  comprenant  bien  que  leur  territoire 
était  des  plus  menacés,  et  qu'ils  seraient  les  premiers  à  supporter 
l'attaque  des  ennemis.  Ils  exposèrent  leurs  craintes  h  Florence. 
v<  Leurs  moissons,  disaient-ils,  seraient  ravagées;  déjà,  ils  enten- 
daient les  murmures  hostiles  de  la  population.  »  On  leur  ofirait 
la  paix,  mais  à  quelles  conditions  !  Aussi  suppliaient-ils  leur 
alliée,  celle  qui  avait  célébré  comme  un  jour  de  lete  leur  adhésion 
à  la  ligue,  de  venir  à  leur  secours.  «  Nous  nous  étonnons,  » 
répondaient  les  Florentins,  «  de  votre  crainte  de  ces  barbares. 
Ne  pensez-vous  pas  que  cette  race  imprévoyante  et  téméraire 
tombera  dans  les  lacs  qui  lui  sont  préparés,  et  succombera  sous 
les  coups  valeureux  des  Italiens?  Croyez,  ô  peuple  si  prudent, 
que  tout  est  prévu  pour  leur  ruine.  De  toutes  parts,  nos  forces  sont 
rassemblées  pour  défendre  notre  liberté  et  pour  accabler  ces  bar- 
bares. Quant  à  la  paix  que  l'on  vous  offre,  nous  savons  ce  qu'elle 
vaut.  On  veut  vous  faire  retomber  dans  votre  ancienne  servi- 

«  Fratres  karissimi,  tempus  est  de  sonno  surgere,  tempus  est  sincère  dile- 
«  cionis  affectuin  per  operam  deinonstrare.  Nunc  scieinus  quali  erga  nos  et 
«  libertatein  Italie  mente  sitis.  Ecce  veniunt  et  accélérant  Britones,  ut  habeinus, 
«  nostros  lines  hostiliter  invasuri.  Quo  circa,  fraternilateni  vestraiu  per  lige 
«  fedus  requirinius  et  per  ainicitiani  rnutuain  petimus  et  rogainus,  qualinus 
«  majorem  pipiitum  peditumque  et  balistarioruni  numeruni  quein  potestis  ad 
«  nostra  subsidia  sine  cunctatione  placeat  destinare,  quot  et  quando  debetis 
«  mittere,  per  latorem  presentium  rescribendo.  Datum  Florentie  die  ixiii  men- 
«  sis  junii  xiiii  ind.  » 

«  Senensibus.  —  Aretinis.  —  Castellanis.  —  Perusinis.  —  Fremanis.  —  Asco- 
«  litanis.  —  Coniuni  Sartiani.  —  Communi  Clusii.  —  Comuni  Castri  Plebis. 
«  —  Domino  Skurlinii.  —  Ravenne.  —  Ymole.  —  Bononiensi.  —  Communi 
«  Mutiliane. 

«  Fratres  karissimi,  ut  furori  Britonum  ([ui,  i[uasi  subjugabundum  to^am 
«  Italiam,  ceperunt  bellanter  debacchari  Lige  viribus  occurratur,  fraternitalem 
«  vestram  requirimus  et  rogamus  ([uatinus,  et  gentem  ([uam  ex  Liga  debelis  et 
«  etiam  ampliorem  nunierum  electorum  pedilum  et  balislariorum  quain  |iotes- 
«  tis,  pro  paucis  diebus  placeat  celeriter  destinare,  ila  quod  in  (luanlilale  sit 
«  numerus  et  in  tardatione  non  frustretur  effectus.  Dat.  ut  s.  » 

«  Mathelice.  —  Nobilibus  S.  Severini.  —  Domino  Ungaro  de  Sasso  Ferralo. 
0  _  Xobilibus  de  Cingulo.  —  Comiti  Antonio  et  adberenlibus.  —  Nobilibus 
«  Exii.  —  Montis-Dolio.  —  Carpigno.  —  Nobilibus  de  Faggiuola.  —  Salvalico. 
«  —  Comiti  de  Bagno.  —  Domino  Johanni.  —  Francisco  de  Calvoli.  —  Comiti 
«  de  Doadolo. 

«  Araici  karissimi,  ut  furori  Britonum,  etc.,  quatinus  cum  gente  quam  debe- 
«  tis  ex  liga  et  cum  raajori  equitum  ac  peditum  comitiva  et  maxime  balistario- 
«  rum  venire  celeriter  procurelis  ita  quod  in  quanlilate  sit  numerus  et  in 
«  retardatione  non  frustretur  elTectus.  Dat.  ut  s.  »  (Ibid.,  fol.  67). 


602  SYLVESTRE   BCDES 

tude.  Pensez  combien  il  vous  fut  jadis  pénible  d'obéir  !  Aujour- 
d'hui, ce  n'est  pas  seulement  la  servitude  qui  vous  menace,  mais 
bien  la  mort.  Qu'y  a-t-il,  en  effet,  de  plus  inique  qu'un  maître 
qui  soupçonne  ses  sujets  ?  la  crainte  s'unit  chez  lui  à  la  domination  ; 
ce  titre  même  de  roi  le  conduit  à  l'odieuse  tyrannie,  d'autant  plus 
redoutable  qu'elle  craint  plus,  d'autant  plus  cruelle  que  le  péril 
lui  semble  plus  proche.  —  Votre  cité,  ô  chers  amis,  doit  com- 
mander et  non  pas  obéir*.  » 

Mais  il  ne  suffisait  pas  à  Florence  d'appeler  ses  alliés  à  son 
secours,  de  leur  recommander  le  courage  et  la  vaillance;  il  lui 
fallait  encore  s'opposer  efficacement  à  la  marche  des  Bretons, 
qui,  le  Pas  de  Suse  franchi,  avaient  successivement  occupé  Nizza 
di  Moutferrato,  Asti  et  Alexandrie. 

Florence  réclamait  des  troupes.  Le  comte  de  Lando  était  prêt 
à  marcher.  Rodolfe  de  Camerino  était  attendu  2.  Mais  Milan 
était  l'objet  de  l'attention  en  même  temps  que  de  l'inquiétude  géné- 
rale. C'était  elle  qui  déciderait  du  sort  des  Bretons  et  de  la  ligue. 
Bernabo  et  Galéas  s'opposeraient-ils  au  passage  des  envahisseurs  ? 

Bernabo  n'avait  aucun  intérêt  à  se  brouiller  avec  l'Eglise. 
D'autre  part,  il  lui  importait  d'éviter  que  l'armée  bretonne  ne 
dévastât  le  Milanais.  Son  rôle  entre  le  Saint-Siège  et  Florence 
était  équivoque.  Son  intérêt  lui  commandait  de  se  faire  désirer 
par  les  deux  adversaires,  sans  se  compromettre  en  faveur  de 
l'un  d'eux. 

La  république  sembla,  dès  les  premiers  jours,  se  douter  de  l'at- 
titude expectante  de  celui  qu'elle  se  plaisait  à  considérer  comme 
son  allié.  Aussi,  le  pria-t-elle,  à  plusieurs  reprises,  d'arrêter 
l'ennemi.  On  ne  savait  encore  où  iraient  les  Bretons.  Se  dirige- 
raient-ils sur  Bologne,  ou,  suivant  la  côte,  descendraient-ils 
sur  Pise  et  Florence  3?  Dans  le  doute,  la  république  ne  pouvait 

1.  Ibid.,  fol.  36. 

2.  «  Domino  Rodulfo.  Magnifiée  domine,  frater  karissime,  appropinquat  pes- 
«  tiferum  Britonuin  liarbaricumquc  consortium,  ([uod  minaciter  in  nostram 
«  cladem  anhelit,  et  ob  id  vcstram  presentiam  i)enitus  indigamus  »  (Ibid., 
fol.  35).  Rodolfe  arriva  à  Florence  le  10  juillet.  Diario  d'anonymo  fiorentino 
{Documenti  per  la  storia  italiana,  t.  VI,  p.  310). 

3.  «  Pisanis  et  Lucanis.  Fratres  karissimi,  si  forte  contingat  Britonum  fera- 
it lem  scelestainque  congeriem,  vel  [ler  ripariam  Januensem,  vel  aliunde  suum 
«  moliri  transiluni  et  accessum,  pro  salutc  vestra  et  nostra  nobis  utilissimum, 
f  imo  neccssarium,  esse  videtur,  ipsis  opponere  vires  nostras  »  (Firenze,  Archi- 
vio  di  Slalo,  Signori,  carteggio  missive  XV,  fol.  71  v). 


ET    LES    BRETONS    EN    ITALIE.  fi03 

ni  demander  des  secours  trop  importants  à  Beruabo,  ni  lui 
envoyer  des  troupes*.  Il  restait  une  dernière  ressource,  acheter 
les  terres  de  l'Eglise. 

Depuis  un  mois  déjà,  Florence  et  Bernabo  négociaient  avec 
Hawskwood^  Le  célèbre  condottiere,  après  avoir  saccagé 
Faenza  et  conclu  avec  Bologne  une  trêve  de  onze  mois,  s'était 
retiré  à  Cotignola.  Ses  principes  ne  lui  interdisaient  pas  de  trahir 
l'Eglise  pour  la  ligue.  L'annonce  de  l'arrivée  des  Bretons  devait, 
au  reste,  exciter  en  lui  une  jalousie  dont  Florence  pourrait  pro- 
fiter. Les  Huit  lui  envoyèrent  Ruggiero  CaneetSpinello  Alberti. 
Mais  Hawskwood  se  faisait  prier.  L'Eglise  le  payait,  Florence 
le  recherchait,  et  Bernabo,  sans  nul  doute,  désirait  l'acheter, 
afin  de  se  rendre,  grâce  à  lui,  maître  de  la  situation.  Hawsk- 
wood tenait  peu,  d'autre  part,  à  s'attirer  l'inimitié  de  Robert  de 
Genève  et  des  Bretons.  Faenza  ne  lui  était  d'aucune  utilité.  Il 
voulait  la  vendre,  et  le  marquis  d'Esté,  allié  de  l'Eglise,  lui  fai- 
sait des  offres  avantageuses.  Chacun  le  désirait;  mais  Florence 
commit  la  faute  de  marchander.  Hawskwood  resta  au  service  de 
l'Eglise,  sans  cependant  rompre  avec  la  république. 

Les  Bretons  avançaient.  D'Asti  ils  allèrent  à  Pavie,  en  passant 
par  Alexandrie.  Galéas,  loin  de  les  arrêter,  les  traita  en  alliés. 
Il  leur  fournit  des  vivres,  car  de  l'Église  «  il  est  bonne  estache^  »  ; 
il  voulait  les  retenir,  se  les  attacher  et  se  faire  un  mérite,  auprès 
de  Florence  et  de  la  ligue,  d'avoir,  à  ses  frais,  sauvegardé  ou  la 
Toscane,  ou  la  Romagne.  Les  Bretons  refusèrent.  Florence, 
cependant,  avait  fait  de  grands  efibrts  pour  que  Bernabo  les  prît 
à  sa  solde  ^  et  certains  indices  permettraient  de  supposer  que 

1.  Ibid.,  fol.  72. 

2.  Temple-Leader  et  Marcotti,  ouvr.  cit.,  i>.  90-92  et  270-272,  documents  XXV 
à  XXVII. 

3.  Guillaume  de  la  Penne,  vers  180.  LinlénH,  plutôt  ([uo  les  raisons  de  sen- 
timent, semble  avoir  guidé  S.  Budes,  lors<|ui!  refusa  les  j)ro|)Osi  lions  de  Galéas 
Visconti.  —  «  Et  ecce  vobis  per  has  lilteras  inlluiaMius,  i|uod  diexxii  iiujus  men- 
«  sis,  societas  Britonum  erat  in  Pedemonlibus  ju\ta  Niriain  l'alec  et  civilatem 
«  Ast,  versus  has  partes  venlura»  (Siena,  Arcliivio  di  Stato,  lellere  del  Consis- 
torio  XII,  n"  55). 

4.  Les  Huit  écrivaient  le  20  juin  à  Bernabo,  à  la  nouvelle  de  l'entente  d'IIawsk- 
wood  avec  l'Église  :  «  Et  ideo  undecuuKiue  et  cum  duce  Auslrie  et  eliam  cum 
«  duce  Bavarie  videtur  nobis  necessarium  gentes  arinigfras  |)rocurare.  Quin 
«  etiam  cum  Britonibus,  qui  se  olTerunt  ad  stipendia  nostra  venluros,  et  cum 
«  aliis  qui  simililer  facere  vellent,  utillissimuiu  credimus  concordare  »  (Firenze, 


604  SYLVESTRE    BUDES 

certains  d'entre  eux  auraient,  sans  trop  de  difficulté,  changé  de 
parti.  Mais  les  négociations  échouèrent,  tant  auprès  des  Bretons 
qu'auprès  d'Hawskwood. 

L'armée  continua  sa  marche,  descendant  la  vallée  du  Pô. 
Après  être  passés  à  Parme  et  à  Reggio,  ils  campèrent,  le  l"""  juil- 
let, sur  les  bords  de  l'Enza.  Le  2,  ils  s'avancèrent  jusqu'à 
Modène'.  Suivant  certains  chroniqueurs,  ils  auraient  même 
poussé  jusqu'à  Ferrare  et  y  seraient  demeurés  quatre  jours,  pen- 
dant que  le  cardinal  et  le  marquis  d'Esté  discutaient  le  plan  de 
campagne^.  Quoi  qu'il  en  soit,  au  début  de  juillet,  ils  arrivèrent 
dans  le  territoire  de  Bologne. 

Ils  s'y  livrèrent  sans  frein  à  toutes  leurs  violences.  Dévaster 
un  pays,  vivre  de  la  population,  brûler,  rançonner,  tuer,  violer, 
étaient  des  lois  de  guerre  que,  loin  de  réprimer,  le  légat  ne  son- 
gea qu'à  encourager.  Robert  de  Genève  comprenait  combien  il 
importait  de  séparer  Bologne  de  la  ligue.  Déjà,  tout  un  parti 
s'agitait,  celui  que  la  révolution  de  mars  avait  renversé  du  pou- 
voir ;  déjà,  on  s'inquiétait  de  l'ingérence  de  Florence  dans  les 
affaires  de  la  ville;  déjà,  on  se  plaignait  que  la  liberté  n'existât 
plus.  On  se  prenait  à  regretter  la  domination  ecclésiastique. 

Robert  le  savait  et  résolut  d'en  profiter.  Un  des  plus  puissants 
moyens  de  parvenir  à  son  but  était  de  ruiner  ce  pays,  de  l'affa- 
mer, pour  le  mettre  à  la  merci  de  l'envahisseur.  La  guerre  devait 
aider  aux  négociations  ;  elle  devait  être  un  moyen  de  persuasion, 
et  d'autant  plus  convaincante  qu'elle  serait  plus  violente. 

On  prête  beaucoup  de  mots  au  cardinal,  qui  tous  reflètent  son 
caractère  sanguinaire^.  Les  a-t-il  prononcés?  Doutons-en,  car 

Archivio  di  Stato,  Signori,  carteggio  missive  XV,  fol.  68  v).  —  Le  22,  ils  lui 
mandaient  à  nouveau  de  s'opposer  à  la  marche  des  Bretons  :  «  Eciam  corrum- 
«  pendo  avaros  ipsorum  aniraos,  publiée  vel  oculla  pecunia,  aut  de  ipsis  illas 
«  quingentas  lanceas,  vel  eciam  majorera  quantitatera,  quam  liabere  poteritis, 
«  ad  vestra  et  ad  nostra  stipendia  conducere  »  (Ibid.,  fol.  70). 

1.  «  Heri,  terzia  julii,  debuistis  habere  duas  meas  lilteras  et  quamplurimis 
«  cedulis  interclusis,  de  hiis  que  tune  Florentie  veridice  sciebantur;  post  que 
«  nichil  aliud  occurrit  verum  et  relacione  dignum,  nisi  quod  maledicti  Britones 
«  sunt  inter  Reggium  et  Mulinam,  et  in  Mutina  sunt  cura  cardinali  eorura  con- 
«  ductore  iiuainpluriini  capitales  ex  eis...  Per  servitorem  vestrum  Johannera, 
«  magistri  Barlolonici  de  Senis,  medicine  et  liberalium  doctorera,  Florenza. 
('  lin"  julii  »  (Siena,  Archivio  di  Stato,  lettere  del  Consistorio  XII,  n°  60). 

2.  Chronicon  Regiense,  col.  86.  —  Sozzoraeno,  col.  1096. 

3.  Voir,  tout  en  se  déliant  de  la  partialité  de  l'auteur,  Perrens,  Histoire  de 
Florence,  t.  V,  p.  137-138. 


KT    LES    BRETONS    EN    ITALIE.  605 

ce  sont  des  mots  historiques,  et  tous  rapportés  par  des  écrivains 
italiens  peu  favorables  à  celui  qui,  alors  qu'ils  écrivaient,  était, 
ou  avait  été  un  anti-pape  français.  Croyons  cependant  qu'aucune 
sensibilité  ne  l'engagea  à  modérer  le  zèle  de  ses  soldats,  mais 
qu'ils  trouvèrent  auprès  de  lui  approbation  de  toutes  leurs  vio- 
lences, sans  que  cependant  cette  approbation  fût  allée  jusqu'à  la 
bénédiction  desépées  dégouttantes  de  sang,  ni  jusqu'à  l'absolution 
donnée  aux  meurtriers*.  Il  s'agissait  de  rebelles,  qui,  se  liguant 
avec  Florence,  mise  en  interdit,  étaient  entrés  en  lutte  ouverte 
avec  le  Saint-Siège.  Robert  de  Genève  avait,  par  nature,  et  par 
politique,  peu  de  raisons  de  les  ménager. 

Son  plan,  en  entrant  dans  le  Bolonais,  fut  d'occuper  le  Sud  de 
la  province.  Au  Nord,  Ferrare  et  Modène,  aux  mains  du  mar- 
quis d'Esté,  garantissaient  l'isolement  de  la  cité  rebelle.  Au  Sud, 
au  contraire,  Faenza  et  Césène  tenaient  seules  pour  l'Eglise,  et 
quelle  confiance  pouvait-on  avoir  en  Faenza ,  occupée  par  Hawsk- 
wood  !  Aussi,  importait-il  de  couper  la  route  aux  secours  pouvant 
venir  des  Marches.  Rodolfe  de  Camérino  pouvait  essayer  de 
dégager  Bologne,  les  troupes  florentines,  assiégeant  alors  Ascoli, 
pouvaient  tenter  un  mouvement  offensif  du  coté  de  la  Romagne. 
L'occupation  de  la  région  s' étendant  au  sud  de  Bologne  permet- 
tait de  pallier  à  cette  éventualité  et  de  surveiller  en  même  temps 
les  passages  des  Apennins,  et,  par  là,  les  routes  venant  de 
Toscane. 

Le  3  juillet,  le  cardinal  et  les  Bretons  étaient  à  Bazzano^.  Une 
première  bataille  fut  livrée  au  passage  du  Panaro,  et  ne  tourna 
pas,  semble-t-il,  à  l'avantage  des  Bretons^. 

1.  Chronica  di  Dologna  (Muralori,  XVIII,  col.  ôOô). 

2.  Chronicon  Estense,  col.  499. 

3.  a  Reverendissimi  domini  mei,  heri  dcbuistis  habero  diias  sccundas  lillcras 
«  meas,  per  dorainum  Consignorern,  vestigalem  de  Sambuto,  et  duas  alias,  i-er 
«  quemdam  Torridum  Tbeotonicum,  [quas]  doininacioni  vestre  scripseram. 
«  Nunc  autem  occurit  scribendum,  quoinodo  Hritoncs  sunt  prope  Honnniam 
«  ad  iiii'"  uiilia,  et  (luoiuodo  in  eoruin  accexu  super  quodarn  lluininis  iiltorc, 
«  dicto  Panaro,  fuit  quedam  rissa  iuter  partes  eorurn  et  genlein  Hononicnscm, 
«  et  fuerunt  capti  et  mortui  ex  Brilonibus  lxii  et  habuerunl  Hononienses  r*n- 
«  tum  equos.  Istud  relulit  beri  sero  (juidain  victuralis  satis  lide  dignus,  vici- 
«  nus  meus,  et  Priores  et  Otto  Balie  noluerunt  audire  eum;  nondum  tamen 
a  est  per  alias  litteras  continnatus;  est  veruin  .piod  ipse  venit  velocitcr  cuin 
«  suis  niulis  vcri,  veluti  cursor...  Servilor  vester  Jobannes  de  Seni.s,  inedicine 
«  et  liberaliura  doctor.  Florentie,  vi»  julii,  sero.  »  (Siena,  Archivio  di  Stalo, 
lettere  del  Consistorio  XII,  n'  01 .) 

4897  ^^ 


606  SYLVESTRE    BDDES 

Le  Panaro  franchi,  ils  se  répandirent  dans  tout  le  Bolonais. 
Le  8,  nous  les  trouvons  à  San  Giovanni  ',  le  11,  à  Crespelano*. 
Ils  attaquent  les  diverses  forteresses  garantissant  Bologne.  A 
Crespelano,  qu'ils  emportent  de  vive  force,  ils  saccagent  et 
brûlent  tout  le  pays.  Un  traité  leur  livre  Oliveto  et  Monteveglio^; 
ils  ne  respectent  pas  la  vie  des  habitants,  bien  qu'ayant  juré  de 
les  épargner. 

Bologne  était  de  plus  en  plus  menacée;  elle  demandait  des 
secours  à  Florence.  Le  4  juillet,  la  république  lui  envoyait  déjà 
quelques  troupes^;  mais  le  11,  Jacobo  Senza  Barba,  un  des 
envoyés  florentins,  était  attaqué  par  les  Bretons,  qui  lui  pre- 
naient onze  chevaux^.  Enfin,  le  16  juillet,  Rodolfe  de  Camerino 
partait  lui-même  pour  diriger  la  défense^. 

Mais  les  Bretons  continuaient  toujours  leur  mouvement  offen- 
sif, au  milieu  de  l'inquiétude  croissante  des  Bolonais.  On  ne 
savait  quels  étaient  leurs  desseins.  Voulaient-ils  attaquer  la  ville, 
ou  étaient-ils  décidés  à  s'attarder,  négociant  avec  le  cardinal,  et 
attendant  qu'Hawskwood  eût  pris  un  parti? 

De  toutes  parts  on  hésitait,  de  tous  côtés  on  négociait.  Flo- 
rence tentait  toujours  d'acheter  les  Bretons  et  Hawskwood.  Le 
cardinal  travaillait  à  unir  les  deux  bandes  de  mercenaires,  et  à 
détourner  Bologne  de  la  ligue. 

Florence  et  Bernabo  avaient,  lors  du  passage  des  Bretons  en 
Lombardie,  tenté  de  les  acheter.  Un  premier  échec  ne  découra- 


1.  «  Item  sensi  quod  licet  cursores  Britonum  venerunt  usque  Sanctum  Johan- 
«  nem...  Nihil  aliud  s(;ribendum  occurit,  nisi  quod  Britones,  ut  per  claros  cur- 
«  sores  coleriter  equitantes  relatum  est,  eranl  die  martis  in  nonis  apud  San- 
«  ctuin  Johannem.  »  Dépt^che  de  Giovanni  de  Senis,  10  juillet  (Ibid.,  n"  66). 

2.  Chronica  di  Bologna  de  l'anno  423  sino  al  1454,  bibl.  de  l'Université  de 
Bologne,  ras.  583.  —  Ibid.,  ms.  1439,  fol.  176.  —  Chronica  di  Bologna,  col.  504. 

3.  Matteo  de  Griffonibus,  col.  187.  —  Chronica  di  Bologna,  ras.  1439.  — 
Chronica  di  Bologna,  coll.  504-505. 

4.  Diario  d'anonymo  fiorentino,  p.  309, 

5.  Jacobo  Senza  Barba  avait  été  envoyé  dès  le  1"  juillet  (Firenze,  Archivio 
di  Stato,  Signori,  carteggio  missive  XV,  fol.  73  V)  :  «  Ileri  fuit  dictura,  quod 
«  Jacobus  de  Patriciis,  vocatus  Senza  Barba,  civis  noster  et  araicus  meus,  fue- 
«  rat  a  Britonibus  captus.  Clarificatus  fuit  heri  sero  non  sic  esse,  sed  xii  equos 
«  perdidisse  prope  castrum  Sancti  Pétri  prope  Bononiara,  in  quodam  insultu 
f  Britonum.  »  Dépêche  de  Giovanni  de  Senis,  12  juillet  (Siena,  Archivio  di 
Slato,  lettere  del  Consistorio  XII,  n"  68). 

6.  Diario  d'anonijmo  fiorentino,  p.  310. 


ET    LES    l!^lETO^S    E\    IULIK.  607 

gea  pas  la  république,  qui  put  même,  à  certain  moment,  espérer 
réussir. 

Les  Bretons  étaient  décimés  par  la  fièvre  ;  en  outre,  ils  étaient 
mécontents.  C'était  à  ce  moment  que  se  discutait  la  date  du 
terme  initial  de  leur  engagement'.  Florence,  durant  ces  tiraille- 
ments, qu'elle  n'ignorait  pas,  pensait  agir  et  profiter  aussi  de  la 
mésintelligence  naissante  entre  les  différents  chefs  bretons.  Elle 
tenta  de  les  détacher  de  l'Eglise,  mais  une  fois  encore  elle  échoua. 
Le  cardinal  avait  trop  grand  besoin  de  ses  auxiliaires  pour  ne  pas 
les  ménager,  et,  dès  le  28  juillet,  un  nouveau  traité  engageait 
les  Bretons  à  la  solde  de  Grégoire  XI.  Il  importait  de  les  bien 
avoir  en  main,  alors  que  l'on  n'était  rien  moins  que  certain  de  la 
fidélité  d'Hawskwood. 

Le  condottiere  avait,  lui  aussi,  résisté  aux  avances  floren- 
tines, bien  que  la  république  lui  eût  fait  rémission  de  tous  les 
griefs  qu'elle  pouvait  avoir  contre  lui.  Il  tenait  à  rester  neutre  ; 
Florence  cependant  ne  cessa  pas  de  l'entreprendre  ainsi  que  le 
marquis  d'Esté,  afin  que  ce  dernier  ne  fournît  pas  à  l'Eglise  les 
30,000  florins  nécessaires  pour  la  solde  d'Hawskwood ^ 

Retiré  à  Faenza,  en  attendant  de  la  vendre  au  marquis  d'Esté, 
le  condottiere  voyait  avec  humeur  l'arrivée  des  Bretons  dans  le 
territoire  de  Bologne.  La  terreur  qu'inspiraient  les  nouveaux 
venus,  la  présence  du  cardinal  à  leur  tête,  le  renom  de  Malestroit 
et  de  Budes,  lui  faisaient  redouter  de  n'avoir  plus  le  premier 
rang.  Le  cardinal  craignit  une  rupture,  d'autant  plus  que  le 
bruit  se  répandit  alors  que  l'on  avait  saisi,  sur  un  messager 
venant  d'Avignon,  une  dépêche  où  le  pape  recommandait  au 
cardinal  et  aux  Bretons  de  se  saisir,  s'ils  le  pouvaient,  do  la  per- 
sonne d'Hawskwood  ^  Ce  dernier  ne  voulait,  d'ailleurs,  aucune- 
ment s'unir  aux  Bretons. 

1.  Voir  p.  593  :  «  Campus  tamon  romansil  uhi  primo  erat;  itrm  qiiorl  nmlti 
«  moriuntur  et  quam  plurimi  colidio  iii!iriiiitas{5/c)  ;  ilfiii  qiioil  canlinalis.  i|iii 
«  cum  eis  est,  ita  estadcampum  situm  et  ijisi,  et  (|uo(l  (|uiil<|ui(l  volunt,  v<-l  fis 
«  cxpedit,  oportet  emere,  af^entc  marcbioiiis  et  cum  caristia  maxima  in  tantum, 
«  quod  i)anis  minus  quam  communis  venditur  |)rezi(»  aipiiliiii,  fl  non  \idc(ur 
«  marchio  alif[uo  modo  velle  cardinalem  inlus  Mutinam.  Insuper  ronijuerunt 
«  Britones  de  Ecclesia,  quare  dicunt  invenire  aliam  disfwsitionein  in  paclo, 
«  quam  fuit  eis  dictum.  »  Dépcklie  de  Giovanni  de  Senis,  du  KJ  juillet  (Siena, 
Archivio  di  Stato,  lettere  del  Consistorio  XII,  n"  66). 

2.  Firenze,  Archivio  di  Stato,  Signori,  carleggio  missive  XV,  fol.  78. 

3.  Temple-Leader  et  Marcolti,  ouvr.  cit.,  p.  02-93.   .   Item  dicilur  quod 


608  SYLVESTRE    BUDES 

Florence  se  reprit  à  espérer,  et  lui  fit  offrir  une  solde  annuelle 
de  1,200  florins,  payable  à  Venise,  et  qui  lui  serait  servie,  alors 
même  qu'il  ne  serait  pas  en  Italie'.  Hawskwood  ne  se  décida  pas  ; 
bien  mieux,  il  négocia  à  nouveau  avec  l'Eglise.  Vers  la  mi-juil- 
let, une  conférence  eut  lieu  dans  le  Ferrarais,  entre  le  cardinal, 
Hawskwood  et  les  Bretons^  Les  bruits  les  plus  divers  circu- 
laient. L'Anglais  refusait  de  marcher  avec  les  Bretons.  Mais 
pouvait-on  faire  fond  sur  sa  parole?  On  ne  pensait  pas  qu'il 
s'attaquât  en  ce  moment  à  Florence  ;  mais  pouvait-on  augurer 
de  l'avenir?  En  tout  cas,  il  était  satisfait  de  sa  solde  présente. 
La  conférence  n'aboutit  pas. 

Florence  s'obstina  et  envoya  Dofïo  dei  Bardi  négocier  encore 
avec  Hawskwood.  En  arrivant  à  Faenza,  l'ambassadeur  florentin 
apprit  que  le  condottiere  était  à  Medicina,  à  une  nouvelle  entre- 
vue avec  Robert  de  Genève  et  les  Bretons.  On  parlementa  durant 
plusieurs  jours;  puis  Hawskwood  reprit  le  chemin  de  Faenza, 
laissant  les  deux  partis  dans  la  même  ignorance  de  ses  desseins^. 

Les  Bretons,  cependant,  ravageaient  toujours  le  Bolonais, 
enserrant  la  ville  dans  un  cercle  de  plus  en  plus  étroit.  Les 
escarmouches  se  renouvelaient  presque  journellement. 

Une  première  rencontre  eut  lieu  sur  les  bords  du  Reno,  entre 
Casalecchio  et  Croce  di  Servia.  Au  dire  du  Diario  d'Anony7no, 


«  inventus  est  famulus  cpiidam,  cum  quodam  brève,  qui  veniebat  de  Avinione, 
«  et  quod  brève  continebat  quod,  si  cardinalis  et  capitaneus  Britonum  possent, 
«  student  cuin  cautela  liabere  et  detinere  personam  domini  Johannis  Aguti.  » 
(Siena,  Archivio  di  Stato,  lettere  del  Consistorio  XII,  ii"  66.) 

1.  Temple-Leader  et  Marcotti,  ouvr.  cit-,  p.  92-93. 

2.  «  Revereadissiini  domini  luei,  heri  sero  xiii°  julii  fuerunt  hic  nova,  quod 
((  Hrittones  cam|iuia  combuxerunt  et  erant  in  motu,  ut  cum  d.  Johanne  Aguto 
«  et  suis  i)rincipalibus  conzociis  parlamentare ,  et  tune  dicitur  quod  princi- 
«  pales  Britonum  una  cum  eorum  cardinale  et  d.  Johannes  et  sui  principales 
«  erant  "super  Fcrrariensi  terrilorio  ad  hoc  colloquium,  ut  délibèrent  de  moti- 
«  bus  et  progressibus  eorum.  Est  bene  verum  quod  d.  Johannes  nullo  modo 
a  \Tilt  esse  cum  eis,  licet  in  suis  verbis  modicam  possit  habere  fiduciara.  Etiam 
«  non  creditur  hic  quod  d.  Johannes  per  totum  istum  mensera  noceat  Florcn- 
«  linis,  sed  pro  futuro  non  est  facta  concordia.  Ymo  contentus  est  de  pecunia 
«  quam  tenebatur  habere  ab  ecclesia...  Per  servitorem  veslrum  Johannem  de 
«  Scnis,  Florcntic  vinia  julii.  »  (Siena,  Archivio  di  Stato,  lettere  del  Consisto- 
rio XII,  n°  69.) 

3.  Temple-Leader  et  Marcotti,  ouvrage  cité,  ibid.  —  Diario  d'anonymo 
fiorcnUiio,  p.  311.  —  Siena,  Archivio  di  Stato,  lettere  del  Consistorio  XII, 
a"  83. 


ET    LES    BRETONS    E>    ITALIE.  CO!» 

les  Bolonais,  sous  la  conduite  de  Piero  del  Bianco  ol  de  Luzzo 
Soparviere,  auraient  pris  ou  tué  plus  de  deux  cents  cavaliers  l)re- 
tons.  Ils  ne  se  montrèrent  pas,  au  reste,  plus  humains  à  leur 
égard  que  ne  l'étaient  les  lîretons  vis-h-vis  de  leurs  adversaires; 
ils  s'empressèrent  de  martyriser  les  prisonniers,  de  leur  arracher 
les  yeux  et  de  leur  trancher  le  poignet'.  Le  22  juillet,  nouvelle 
rencontre  à  Monte  San  Giorgio,  dans  la  vallée  de  la  Samogia. 
Piero  del  Bianco  avait  600  cavaliers  et  de  nombreux  fantassins, 
arbalestriers  et  volontaires.  Un  ciief  breton  ayant  été  désarçonné, 
ses  soldats  dépêchèrent  un  trompette  demander  du  secours  au 
camp.  A  la  vue  des  Bretons  qui  s'avançaient,  les  cavaliers  bolo- 
nais crièrent  aux  fantassins  de  se  replier  sur  la  ville.  Le  mouve- 
ment ne  put  être  exécuté.  Seuls,  les  cavaliers  s'échappèrent; 
les  fantassins  succombèrent  tous,  laissant  les  Bretons  s'emparer 
de  Monte  San  Giorgio  et  le  saccager  à  loisir^ 

Le  camp  fut  alors  levé  et  l'on  marcha  vers  Confortino  et  San 
Giorgio^.  Le  28,  au  matin,  les  troupes  cantonnées  à  Crespelano 
et  à  Oliveto  abandonnèrent  les  places  qu'elles  occupaient.  Dans 
neuf,  on  laissa  des  détachements  ;  les  deux  autres  furent  incen- 
diées. L'armée  s'avança  contre  Bologne  jusqu'à  un  mille  de  la 
ville.  Mais  on  s'aperçut  à  temps  de  l'attaque  :  on  sonna  les 
cloches  de  toutes  les  églises,  les  Bolonais  accourent  armés  sur  les 
remparts^  Les  Bretons  rétrogradèrent  jusqu'à  Santa  Maria  délia 
Strada,  à  cinq  milles  de  la  ville,  et  à  Castel  San  Pietro.  Ils  ne 
s'y  arrêtèrent  que  quelques  jours,  et  au  début  d'août  s'établirent 
à  Varignana^  à  Castel  de  Britti  et  à  Budrio.  Les  Bolonais,  pen- 
dant ce  temps,  reconquéraient  Oliveto*^.  Le  G  août,  Pianoro  fut 


1.  Diario  d'unonijmo  fiorentino,  y.  311. 

2.  Diario  d'anonymo  fiorentino,  p.  31 1.  —  Chronica  di  Bologna,  col.  505-506. 

3.  Diario  d'anonymo  fiorentino,  \>.  311. 

4.  Ibid.,  p.  312. 

5.  Siena,  Archivio  di  Slato,  letton^  dol  Consi.storio  XII,  n'  S3. 

6.  Diario  d'anonymo  fiorentino,  (».  313.  —  «  Masnilliti  sif-nori  inifi.  Por 
«  Andréa  nostro  corriere,  vi  singnifico  la  novcllc  clie  icri  fiirono  in  (|ui'sta  Irrra  : 
«  el  cbarapo  de  Brettoni  si  mosse  icri  rnattina  da  Ilulivelo  e  da  Cres|)ollano, 
«  e  anno  lassato  XI  délie  terre  che  tenevano  le  nove  bcne  fornile.  due  anno 
«  arse;  sono  cosi  ogii  qui  presse  a  una  balesirata,  colle  bandiere  leva(e,di 
«  questa  terra  pcr  coniandamento  del  capitano  délia  liga,  neuna  jtersona  ne  de 
«  pie  ne  da  cavallo  cie  e-scito.  nienle  arseno;  per  in  fino  a  oggi  lornarnnsi  a 
«  rieto,  e  anno  posto  campo  a  Santa  Maria  a  Strada,  qui  pre.sso  a  cinque,  ea 
«  sel  milghia;  non  so  corne  sono  per  stare  ivi.  credoini  poco.  pero  che,  singnori 


6^0  SYLVESTRE    BDDES 

occupé  par  les  envahisseurs,  qui  s'avancèrent  dans  la  montagne 
jusqu'à  Vedriano  '.  Ils  demeurèrent  alors  dans  leurs  positions 
jusqu'à  la  mi-août,  dans  une  sorte  d'armistice.  Le  cardinal  négo- 
ciait la  soumission  de  Bologne. 

Un  Bolonais,  Giovanni  di  Lignano,  avait,  dès  le  mois  de  juil- 
let, été  chargé  d'entreprendre  des  négociations  à  Avignon;  il 
rencontra  de  grandes  difficultés  de  la  part  de  Grégoire  XI,  qui 
refusa  absolument  de  le  considérer  autrement  que  comme  per- 
sonne privée  ^  Sa  mission  avait  pour  objet  d'obtenir  du  pape 
réloignement  du  cardinal  et  de  ses  troupes  ;  Bologne  serait  alors 
librement  rentrée  sous  la  domination  ecclésiastique. 

C'est  dans  l'attente  du  retour  de  Giovanni  di  Lignano  et  de 
son  compagnon  Andréa  di  Giovanni  que  le  cardinal  s'étabht  à 
Varignaua.  On  ne  se  battait  plus,  mais  les  adversaires  se  défiaient, 
et  renouvelaient,  autour  de  Bologne,  les  combats  singuhers  si 
fréquents  alors.  Le  plus  célèbre  est  celui  qui  fut  livré  le  il  août 
à  San  Giorgio,  en  présence  du  cardinal  et  des  chefs  de  l'armée. 
Deux  Italiens,  Betto  Biffi  et  Guido  da  Siena,  luttèrent  contre  deux 
Bretons  et  les  vainquirent^  Ils  rentrèrent  à  Bologne  à  grand 

«  miei,  secundo  alchuno  chavaliere  et  certi  altri  che  sono  con  salvo  condotto 
«  ivi  del  camiio  venuti,  la  composicionc  tralloro  el  inghilesi  elfata  in  questo 
«  modo  :  che  ora  al  présente,  il  cardinale  deba  dare  loro  cinquanta  niila  lloreni 
«  d'oro,  e  anao  la  ferma  colla  chiesa  pcr  quatro  inesi,  e  debono  servire  due 
«  mesi,  e  poi  in  capo  di  due  mesi,  debono  avère  quaranta  mila  floreni  d'oro  e 
«  cosi  serviti  gli  altri  due  mesi  debono  avère  altri  (piaranta  milia  fioreni  et 
«  debono  passare  subito  in  Toscana.  El  modo  del  loro  passare  e  questo  :  arcio 
«  que  questione  fra  Brettoni  elloro  non  possa  avenire,  che  ssono  sempre  par 
«  antico  stati  nemici,  chel  l'una  brigata  deba  passare  di  giornata  in  giornata 
«  innanci  a  l'altra  e  cosi  si  debono  sempre  campare...  anno  fatto  grandissima 
«  lidança  e  permessioni;  et  quando  si   debono  passare  in  Toschana  non  so, 

«  ma  tosto,  si  crede,  siche  per  Dio,  singnori  miei,  reparate,  affortificale 

« Chôme  vi  singniticaVi,  l'altro  di,  messer  Benedetto  Gambacorti 

«  è  stato  nel  campo  de  Brettoni  e  secundo  chio  so,  ilh  si  arreata  lettere  del 
«  Papa  al  cardinale  di  comandamando  chelii  non  deba  entrare  in  sulterrano  di 

«  Pisa Phylipjio  di  Bclforti,  da  Wollerra,  Bolongna  a  di  xxviiii  di 

«  luglio.  »  —  (Siena,  Arciiivio  di  Stato,  lettere  del  Consislorio  XII,  n°  77.) 

1.  Chronica  di  Bologna,  col.  506-507. 

2.  Osio,  Bocumenli  estraili  degli  archivi  milanesi,  t.  I,  p.  183. 

3.  Voir  les  récits  de  ce  duel  dans  le  Diario  d'anunymo  fiorentino,  p.  313, 
et  dans  Sozzomeno;  une  dépêche  d'un  envoyé  de  Sienne,  datée  de  Pistoie,  le 
15  aoùf,  raconte  l'événement,  en  donnant  le  nom  exact  des  deux  combattants 
italiens  :  «  A  di  xi  del  présente  mese,  combatte  Betto  liilli  et  Guido  da  Siena 
«  con  due  de  Brettoni  a  petto  a  petto,  présente  il  chardinale  e  altri  caporoli. 


ET    LtS    BRErO.\S    tX    ITALIE.  (H  ^ 

honneur,  et  non  sans  avoir  reçu  des  présents  otferts  par  le  car- 
dinal. 

Le  14  août,  Giovanni  di  Lignano  apporta  la  réponse  du  pape. 
Grégoire  ordonnait  au  cardinal  de  se  retirer*.  Le  légat  obéit, 
mais  ne  laissa  pas  que  d'entretenir  des  intelligences  dans  la  place. 

Le  15  aoirt,  le  camp  fut  levé  et  porté  vers  Faenza.  Les  IJretons 
n'en  continuèrent  pas  moins  à  pousser  des  pointes  jusque  sous  les 
murs  de  Bologne.  Dans  la  nuit  du  10  au  17  août,  ils  s'avan- 
cèrent jusqu'aux  portes  de  la  ville,  dans  le  quartier  San  Donato, 
et  y  mirent  le  feu.  Mais  les  Bolonais  les  forcèrent  à  se  replier '. 
Ils  reportèrent  tous  leurs  efforts  au  Sud,  descendirent  jusqu'à 
Césène  et  s'attaquèrent,  entre  Modigliana  et  Faenza,  à  quelques 
forteresses  appartenant  à  Astore  dei  Manfredi^.  Mais  ils  furent 
repoussés  et  auraient  essuyé  une  véritable  défaite  si  Hawskwood 
n'était  sorti  de  Faenza  et  ne  les  avait  secourus^. 

On  ne  savait  que  penser  de  leurs  projets.  Se  dirigeraient-ils 
sur  Florence  en  traversant  l'Apennin  par  Maradi  et  Fantino; 
suivraient-ils  la  ligne  de  montagne  pour  tourner  Pérouse  par 
Meldola  et  Chiusi,  descendraient-ils  au  sud  secourir  Ascoli^?  Ils 
demeurèrent  dans  leur  camp,  à  Bertinoro,  faisant  des  incursions 
de  tous  les  cotés,  attaquant  encore  Bologne,  enlevant  d'assaut  le 
Borgo  di  Strada  Maggiore,  San  Donato,  San  Vitale  et  brûlant 

«  di  che  miscro  el  dotti  Britfoni,  di  cho  fu  don,ito  a  chiascuno  un  chorsiorr  ri 
«  una  cintiira.  o  ritornaro  a  FJolongna  con  grande  honore.  »  —  (Si<*iia,  Anlii- 
vio  di  Stato,  lettere  del  Consistorio  XII,  n"  88.) 

1.  Chronica  di  Bologna,  col.  506. 

2.  Ibid. 

3.  Diario  d'anonymo  fiorenlino,  p.  314. 

4.  Temple-Leader  et  Marcotti,  ouvrage  cité,  p.  93. 

5.  «  E  Brettoni  sono  nella  valle  de  Lainone,  di  (jua  di  Faenza  v,  vi  migla  e 
«  per  aventura  si  stanno,  possono...  lare  tro  canuni  ;  il  primo  per  la  valle,  segundo 
«  è  venendo  in  Amaradi  e  scendere  nd  mugeilo.  E  (|uesto  non  si  crede,  perr|ue  è 
«  stretto  passe,  da  non  polerc  passare  si  non  aduno  aduno.  Il  secundo  cainino 
«  sarebbe  sequire  per  una  via  assai  aperta,  che  si  chiaina  la  via  délia  Collina, 
«  e  questa  è  |)iu  lunga,  e  vengo  a  Crespino  et  Rezuolo  et  scendono  lilten-  nel 
«  mugello.  E  questa  non  puo  le  loro  essere  im|iedita,  se  non  da  genla  grossa. 
«  Ma  non  si  credo  que  faccino  queste,  e  maximamcnle  per  che  (|uesto  com- 
«  mune,  se  cio  fosse,  arebbe  fatto  scendere  la  gente  sua  da  Bologna  m-i 
«  mugello,  e  pure  arebbe  dicio  qualche  senlore.  La  terza  •■  lasciare  (|ucsle  due 
«  a  mano  mancha  e  tirare  a  mano  dritta,  ^  la  via  dritta  d'andare  d'Ascoli  e 
«  questa  per  ciascheduno  si  crede...  Giovanni  da  Siena  in  Firenze,  xxui  d'agoslo.  » 
—  (Siena,  Archivio  di  Stato,  lettere  del  Consislorio  XII,  n°  'Jl.) 


6-12  SYLVESTRE    BUDES 

quatre  cents  maisons,  sans  cependant  s'emparer  de  la  ville^  On 
s'expliquait  mal  les  raisons  qui  les  faisaient  demeurer  en 
Romagne,  alors  qu'Hawskwood,  regagné  à  l'Eglise,  pouvait  uti- 
lement surveiller  Bologne,  alors  surtout  que  leur  présence  eût 
été  si  nécessaire  à  Ascoli.  On  comprit  ce  retard,  lorsque  le  11  sep- 
tembre fut  découvert  le  complot  qui  devait  livrer  Bologne  à 
l'Église. 

La  révolution  de  mars  1376  avait  renversé  du  pouvoir  les 
Maltraversi.  Ils  intriguaient  pour  le  ressaisir  et  faire  rentrer  la 
ville  dans  l'obédience  ecclésiastique.  Tous  les  mécontents  se  ran- 
geaient autour  d'eux.  Dès  le  mois  de  juillet,  ils  négociaient  à 
Avignon.  Quelques  tentatives  avaient  même  été  faites  par  le  car- 
dinal, dès  son  arrivée,  pour  obtenir  la  soumission  de  la  ville. 
Elles  échouèrent.  Il  les  renouvela  après  le  retour  de  Giovanni  di 
Lignano  et  ourdit  un  complot  de  concert  avec  le  marquis  d'Esté. 
Ce  dernier  devait,  avec  ses  troupes,  pénétrer  dans  la  viUe  par  la 
porte  San  Felice,  qui  lui  serait  ouverte  aux  cris  de  «  Viva  il 
popolo  et  muiojano  i  provigionati  !  »  D'autre  part,  le  neveu  de 
Giovanni  de  Andréa,  Girolamo,  devait  introduire  les  Bretons  par 
Strada  Maggiore.  Le  11  septembre,  le  complot  fut  découvert. 
Tous  les  coupables  que  l'on  put  arrêter  furent  exécutés.  Les 
autres  furent  exilés 2.  Robert  de  Genève  ne  pouvait  plus  espérer 
reconquérir  Bologne  ;  il  descendit  plus  au  sud,  vers  les  Marches. 

A  la  vérité,  le  cardinal  ne  s'éloigna  guère  de  Bologne.  De  toute 
la  Marche,  Ascoli  tenait  seule  pour  l'Église  et  Gomez  Albornoz, 
qui  y  commandait,  était  depuis  longtemps  assiégé.  Faenza  était 
au  pouvoir  d'Hawskwood.  Césène,  aux  mains  de  Galéas  Mala- 
testa,  offrait  bien  un  appui,  mais  habitants  et  seigneur  se 
méfiaient  des  troupes  du  cardinal.  Les  Bretons,  d'autre  part, 
récriminaient  sans  cesse  sur  leur  solde.  Aussi,  l'armée  s'arrêta- 
t-elle  entre  Forli  et  Faenza,  campant  à  Villafranca  et  à  Ber- 
tinoro.   . 

Robert  de  Genève  pensait  avoir  raison  du  mauvais  vouloir 

1.  Diario  d'anonymo  fiorentino,  p.  311.  —  Matteo  de  Griffonibus,  col.  188. 
—  Chronica  di  Bologna,  col.  508. 

2.  Sur  co  complot  et  les  personnes  qui  y  furent  compromises,  consulter 
Chronica  di  Bologna,  col.  506-507;  Sozzonieno,  col.  1099;  Diario  d'anonymo 
fiorenlino,  p.  314;  les  lettres  de  Florence  aux  Bolonais  (Firenze,  Archivio  di 
Slato,  Si^nori,  carteggio  missive  XV,  fol.  81  v%  XVII,  fol.  65);  et  Siena,  Archi- 
vio di  Stato,  lettere  del  Consislorio  XIII,  n"  8. 


ET    LES    BRETONS    E\    ITALIE.  613 

de  Césène  et  s'en  rendre  maître.  Il  escomptait  l'oObl  moral  du 
retour  de  Grégoire  XI  et  la  soumission  probable  des  cités  rebelles. 

En  attendant,  les  incursions  continuaient.  Au  début  d'octobre, 
1,000  cavaliers  bretons,  quittant  les  environs  de  Césène,  s'avan- 
cèrent vers  Rimini.  Le  10,  ils  tentèrent  un  mouvement  contre 
Urbino.  Incapables  de  passer  la  Foglia,  ils  se  replièrent,  non 
sans  emmener  quantité  de  prisonniers  et  un  butin  considérable. 
En  novembre,  semblable  tentative  fut  renouvelée,  et  1,500  Ijre- 
tons  arrivèrent  à  Fano'.  Le  cardinal  voulait  occuper  Césène.  Il 
crut  y  arriver  en  faisant  biverner  ses  troupes  dans  la  région'-'. 

Son  attente  fut  trompée.  Les  Bretons  ravageaient  le  pays  et 
à  toutes  les  récriminations,  à  toutes  les  plaintes  des  habitants,  le 
cardinal  ne  répondait  rien.  Finalement,  une  insurrection  éclata, 
lorsque  les  Bretons  se  furent,  à  la  fin  d'octobre,  emjiarés  de  la 
première  enceinte^.  Une  rixe  eut  lieu  au  début  de  novembre; 
300  Bretons  y  furent  massacrés.  Inquiet,  le  cardinal,  ne  pouvant 
garder  ses  soldats,  les  envoya  dans  la  Marche ^ 

Leur  présence  n'y  était  pas  inutile.  Florence  avait  envoyé  des 
troupes  contre  Albornoz.  Bientôt,  Rodolfe  de  Camerino  pro- 
testa. Était-ce  par  suite  de  ravages  commis  sur  ses  terres, 
était-ce  le  résultat  du  retour  de  Grégoire  XI,  était-ce  crainte  de 
l'ambition  florentine,  toujours  est-il  que  des  lettres  assez  vives 
furent  échangées  entre  le  généralissime  et  Florence.  Aux  plaintes 
de  Rodolfe,  la  république  répondit  que  lui-même  avait  donné 
l'exemple,  en  ne  ménageant  pas  les  terres  delà  liguer  La  mésin- 
telligence éclatait.  Au  dire  de  Giovanni  di  Camerino,  les  troupes 
florentines  auraient,  au  début  de  janvier,  brûlé  quinze  cités  du 
comté  de  Camerino,  emmené  les  bestiaux  et  fait  de  nombreux 
prisonniers,  qui  furent  rançonnés  sans  pitiés  Les  Bretons  ne 
tenaient  pas  meilleure  conduite  et  dévastaient  également  ce 
malheureux  pays. 

1.  Chronica  riminense,  col.  916. 

2.  Guillaume  de  la  Ponne,  vers  418  et  sq. 

3.  «  Hoc  manc  sunt  hic  nova  clara,  (iuomo<lo  Britoncs  ceperunt  violenter 
«  priinum  circulurn  civitalis  Cexcne,  et  cardinalis  pro  timoré  aufuf;it  in  t^ssa- 
«  rum  Ccxenc.  Vos  cogitetis  finale  novum  est  islud.  »  —  (Siena,  ArcLivio  di 
Stato,  lettere  del  Consistorio  XIII,  n°  53.) 

4.  Ibid.,  n"  60. 

5.  Firenze,  Archivio  di  Stato,  Sifinori,  carteggio  missive  XVII,  fol.  70  V. 

6.  «  Hoc  etiam  cupio  non  latere,  <[uod  gcntes  Lige  quindecim  villas  igné  cre- 


6U  SYLVESTRE    BDDES    ET    LES    BRETONS   EN    FTALIE. 

Dès  la  fia  de  novembre,  Budes,  avec  200  lances,  chevauchait 
dans  le  territoire  de  San  Severino,  s'emparant  des  habitants,  et 
emportant  tout  le  butin  qu'il  pouvait  ravir'.  On  craignait  de  le 
voir  apparaître  à  Fabriano  et  à  Todi.  En  même  temps,  Bernard 
de  la  Sale,  avec  600  lances,  descendait  vers  Ancône.  En  somme, 
à  la  fin  de  novembre,  500  cavaliers  et  800  fantassins  bretons  se 
trouvaient  entre  Matelica  et  San  Severino 2. 

Ils  ne  purent  cependant  pas  sauver  Ascoli.  Au  dire  du  DiaHo 
cr anonymo ,  ils  auraient  même  subi  un  échec  à  Camerino^  Fina- 
lement, Ascoli  ayant  succombé,  et  la  Marche  ayant  nourri  pen- 
dant quelques  mois  les  Bretons,  le  cardinal,  alors  en  mesure  de 
payer  leur  solde,  les  rappela  à  lui,  et,  à  la  fin  de  janvier  1377, 
l'armée  pontificale  se  trouva,  sauf  quelques  détachements  demeu- 
rés dans  la  Marche,  réunie  aux  environs  de  Césène. 

La  guerre  languissait.  Tout  l'intérêt  était  concentré  sur  Rome, 
où  Grégoire  XI  venait  de  rétablir  le  Saint-Siège.  Bientôt,  hélas  ! 
l'attention  de  l'Italie  allait  être  rappelée  sur  le  cardinal  et  sur  les 
Bretons  par  un  acte  de  sauvage  barbarie,  tache  inefîaçable,  qui 
souille  à  jamais  la  mémoire  du  futur  Clément  VIL 

Léon  MiROT. 
(A  suivre.) 

«  raarunt  in  cornilalu  Camerinensi,  ipsasque  expoliarunt  animalibus.  »  —  (Siena, 
Archivio  di  Stato,  lettere  del  Consistorio  XIV,  n°  1.) 

1.  «  Heri  recepi  litteras  de  Camerino,  quibus  fidem  exhibeo,  quod  ducente 
«  lancée  Brittone  gentis,  totidemcpe  pigliardi,  cum  eorum  procere  domino  Sil- 
«  vestro  Buda,  equitaverunt  per  territorium  Esii,  Montis  Dolii,  et  Sancti  Seve- 
«  rini,  ubi  dainpna  intulerunt  gravissima,  nam  ad  terram  Sancti  Quirici  multos 
«  duxere  captivos  et  animalia,  in  numéro  infinito  fertur,  et  quod  debent  venire 
«  Fabrianum,  et  demum  ire  Tuderlum.  Preterea,  vc  lancée  dicte  gentis,  de  qui- 
«  bus  est  caput  dominus  Bernardus  de  Sala,  recesserunt  de  Cexena  et  vadunt 
«  versus  Marchiam,  per  lit  tore  [sic)  maris,  ut  fertur,  cum  proposito  succurrendi 
«  civitadelle  Escule  obsesse.  »  (Siena,  Archivio  di  Stato,  lettere  del  Consis- 
torio Xlli,  n»  86.) 

2.  Ibid.,  n»  88. 

3.  Diario  d'anonymo  fiorendno,  p.  315. 


DE   LA   DATE   INITIALE 


DES 


ANNALES  DE  FLODOARD 


Il  est  vraiment  curieux  de  constater  combien  il  est  difficile,  en 
historiographie,  de  faire  abandonner  une  hypothèse,  lorsque  cette 
hypothèse  a  eu  la  bonne  fortune  d'être  acceptée  par  des  êrudits 
d'une  incontestable  autorité.  On  a  beau  montrer,  par  de  nouvelles 
observations  et  aussi  par  de  petites  découvertes,  que  le  point  de 
départ  et  les  raisons  de  cette  hypothèse  n'ont  pas  la  solidité  qu'on 
leur  avait  d'abord  prêtée,  qu'on  n'arrive  pas  pour  cela  à  la  chas- 
ser du  domaine  de  la  littérature  historique.  Elle  continue  à  agir 
sur  l'esprit  de  certains  travailleurs  et  les  amène,  sans  qu'ils  s'en 
rendent  bien  compte,  à  formuler  d'autres  hypothèses  qui,  sans 
elle,  n'auraient  certainement  pas  vu  le  jour. 

Le  mémoire  très  intéressant  et  très  habilement  conduit  que 
notre  confrère  M.  Ph.  Lauer  a  publié  dans  l'avant-dernier  fas- 
cicule delà  Bibliothèque  de  V École  des  chartes^  en  fournit  un 
exemple  frappant. 

M.  Lauer  détruit,  dans  un  nouvel  et  excellent  exposé  des  rai- 
sons données  jusqu'ici  contre  elle,  l'hypothèse  admise  par  quelques 
érudits,  d'après  laquelle  les  Annales  de  Flodoard  auraient  com- 
mencé à  877  au  lieu  de  919  et  présenteraient,  dans  leur  état 
actuel,  une  importante  lacune  s'étendant  de  877  à  91!^  —  Nous 
reviendrons  tout  à  l'heure  sur  ces  raisons  pour  leur  donner  un 
supplément  de  force.  —  Malheureusement,  cette  idée  de  lacune 
est  restée  dans  son  esprit  et  l'a  amené  à  tirer  une  singulière 
conclusion. 

Il  n'a  pu,  en  effet,  s'en  tenir  aux  résultats  qu'il  a  si  bien  lait 

1.  Pages  241-252. 


G'ie  DE    LA    DiTE    INITIALE 

connaître.  Après  avoir  montré  que  la  mention  relative  à  877 
n'était  pas  de  Flodoard  et  que  par  suite  l'hypothèse  d'une  lacune 
de  877  à  919,  qui  avait  été  logiquement  émise  à  cause  de  cette 
mention,  devait  être  abandonnée,  il  a  cru  pouvoir  risquer  une 
autre  hypothèse  et  supposer  une  autre  lacune  qui  ne  commence- 
rait pas  cette  fois  à  877  mais  à  893. 

Flodoard  est  un  si  bon  chroniqueur  qu'on  souhaiterait  volon- 
tiers de  pouvoir  augmenter  l'étendue  sinon  le  nombre  de  ses 
œuvres.  Cela  enrichirait  certainement  la  littérature  historique  du 
x°  siècle  qui  est  si  pauvre.  Mais  il  est  à  craindre  que  la  réalisation 
de  ce  souhait  ne  se  produise  pas  de  sitôt  ;  elle  nous  paraît,  en  tout 
cas,  aussi  peu  probable  que  possible  dans  le  sens  de  la  nouvelle 
hypothèse. 

M.  Lauer  a  assez  longuement  et  assez  clairement  dressé  la 
bibliographie  du  sujet  pour  que  nous  n'ayons  pas  à  y  revenir  ici. 
Il  est  d'ailleurs  inutile,  dans  l'espèce,  de  préparer  l'examen  de  la 
question  proprement  dite  par  l'examen  ou  l'exposé  des  opinions 
émises  sur  cette  question  par  les  divers  érudits  qui  s'en  sont 
occupés. 

On  n'a,  jusqu'à  présent,  signalé  que  sept  manuscrits  des  An- 
nales de  Flodoard'.  Les  divers  éditeurs  de  ces  Annales  n'en 
ont  connu  que  cinq,  dont  quatre  se  trouvent  certainement  parmi 
ceux  qui  ont  été  conservés;  le  cinquième  (l'un  des  trois  employés 
par  Pithou)  est  peut-être  perdu  2.  On  est  donc  très  suffisamment 
documenté  pour  contrôler  les  hypothèses  dont  le  texte  des  Annales 
a  été  l'objet. 

Ces  sept  manuscrits  ont  été  groupés  en  deux  familles.  Le  clas- 
sement que  nous  en  avons  fait,  en  1895,  n'a  pas  été  contesté, 
autant  du  moins  que  nous  puissions  savoir.  La  première  de  ces 
familles  n'est  représentée  que  par  un  manuscrit  ;  la  seconde  est 
formée  par  les  six  autres.  Dans  cet  unique  manuscrit  de  la  pre- 
mière famille,  le  texte  des  Annales  commence  à  919  et  rien,  dans 
son  état  matériel,  ne  permet  de  supposer  qu'il  soit  incomplet  du 
commencement.  Dans  tous  les  manuscrits  de  la  seconde,  l'an- 
née 919  est  précédée  de  la  mention  suivante  relative  à  Charles 
le  Chauve  : 

1.  Cf.  C.  Couderc,  Essai  de  classement  des  manuscrits  de  Flodoard,  dans  les 
Mélanges  Julien  Havet.  Paris,  1895,  in-8%  p.  719-731. 

2.  Pithou  ne  le  désigne  pas  d'une  manière  assez  précise  pour  qu'on  puisse 
l'identifier. 


DES   ANNALES    DE    FLODOARD.  6^7 

Aniio  D  CGC  LXXVII  et  indiclione  X,  ii  nouas  octobris  praecel- 
leiitissimus  imperalor  Karolus  sanctae  recordalionis,  insignisque 
memorie,  temporalem  finiens  cursum  féliciter,  ut  credimus,  ad  j^au- 
dia  migravit  jelerna.  Hic  siquidem  fuit  screnissiini  augusli  Hludovici 
fîlius  ac  nepos  gloriosissimi  cœsaris  ejusdem  nominis  Karoli  ;  cujus 
celsitudinis  atque  dulcedinis  noljilissima  propinqua  ejus  Bertrada, 
abbatissa,  cum  omni  congregatione  sibi  commissa,  supplicationibus 
devotissimis  assidue  meinor,  hanc  niemoriam  litteris  compendio 
comprehensam  fecit  describi,  quee  in  ejus  anniversario  annuatini 
recitaretur  ejusque  meraoria  seraper  baberetur. 

Cette  mention  a  été  considérée  par  les  plus  anciens  éditeurs  de 
Flodoard*  comme  appartenant  au  texte  des  Au7îale s,  et  ils  en  ont 
logiquement  conclu,  les  premiers  en  fait  et  le  dernier  d'une  façon 
explicite,  que  ce  texte  des  Annales  nous  était  arrivé  mutilé  et 
que  cette  mutilation  avait  porté  sur  toute  la  partie  comprise  entre 
877  et  9192. 

En  1839,  Pertz  rejeta  cette  attribution  et  du  même  coup  l'hy- 
pothèse de  la  lacune^.  L'année  919  fut,  par  conséquent,  considé- 
rée par  lui  comme  la  date  initiale  de  l'œuvre. 

1.  Pilhou  en  1574,  Duchesne  en  1636  et  Dom  Bouquet  en  1752. 

2.  Cf.  Lauer,  p.  242-243. 

3.  Monumenta  Germanix,  SS.,  t.  III,  p.  368-408.  —  Celle  édilion  a  été 
reproduite  par  Migne  dans  sa  Patrologie  latine,  vol.  CXXXV.  —  Pertz  n'a 
pas  été  le  premier  à  étnettre  cette  opinion.  On  la  trouve  exposée  dans  une 
lettre  d'un  érudit  de  Troyes,  Grosley,  dont  nous  devons  la  communication  à 
l'obligeance  de  notre  confrère  et  ami  M.  Vidier.  Celte  lettre  fut  adressée  par 
Grosley  à  Dom  Bouquet,  après  la  publication  du  tome  VIII  des  Ilisloriens  de 
France  :  «  Troyes,  21  novembre  1752.  —  Je  viens  de  lire,  mon  très  révérend 
Père,  votre  nouveau  volume,  avec  l'empressement  et  la  satisfaction  que  je  vqus 
ai  témoignés  pour  les  précédens.  Pour  m'éclaircir  sur  la  lacune  que  vous  trou- 
vez dans  la  Chronique  de  Frodoard,  entre  l'année  877  et  l'année  919,  j'ai  con- 
sulté le  ms.  sur  lequel  M.  Pithou  a  donné  son  édition  de  celle  cronique  et 
qui  est  ici  à  la  bibliothèque  de  notre  collège.  Le  ms.  très  complet  commence 
par  la  relation  des  Visions  de  Flotilde  (Flolildœ)  et  la  cronique  sans  litre  suit 
immédiatement  en  commençant  par  l'année  919.  Ainsi  je  penserois  que  M.  Pilhou 
et  le  P.  Labbe  ont  tiré  l'année  877  d'un  ms.  qui  avoit  a|)itartenu  au  monastère 
dont  la  Bertrade,  dont  il  y  ait  parlé,  étoit  abbesse,  qui,  ayant  un  ms.  de  Fro- 
doard dont  on  avoit  laissé  le  titre  en  blanc  pour  le  remplir  ensuite  en  lettres 
de  couleur,  a  fait  mettre  dans  celle  place  la  datte  de  la  mort  de  Charles  le 
Chauve,  fondateur  de  son  couvent  ut  ejus  memoria  semper  habe.retur.  Fro- 
doard, né  en  894,  aura  commencé  sa  cronique  en  919,  étant  âgé  de  vingt-cinq 
ans,  et  il  l'a  continuée  jusqu'à  sa  mort,  n'y  ayant  fait  entrer  que  ce  qui  s'est 
passé  sous  ses  yeux  depuis  qu'il  avoit  été  en  âge  de  rélléchir.  Le  ms.  de 


6J8  DE    LA    DATE   IIVITrALE 

Les  raisons  qu'il  en  donne  sont  au  nombre  de  trois  *■  : 

1°  La  mention  de  877  relative  à  la  mort  de  Charles  le  Chauve 
est  tirée  d'un  livre  de  l'abbaye  de  Faremoutiers. 

2°  Cette  mention  ne  devait  pas  faire  partie  de  l'œuvre  primi- 
tive puisque  tous  les  manuscrits  ne  la  contiennent  pas. 

3"  Richer  n'a  utilisé  les  Annales  de  Flodoard  qu'à  partir 
de  919. 

Ces  raisons  n'ont  pas  toutes  la  même  valeur;  l'une  d'elles,  la 
dernière,  est  même  mauvaise.  Comment  savoir,  en  effet,  que 
Richer  n'a  pas  utilisé  une  partie  perdue  de  l'œuvre  de  Flodoard, 
puisqu'on  n'a  aucun  renseignement  sur  cette  partie  supposée 
perdue?  Tout  ce  que  Pertz  aurait  dû  se  contenter  de  dire,  c'est 
que  Richer  ne  semblait  pas  avoir  utilisé,  pour  la  partie  de  sa 
Chronique  antérieure  à  919,  une  œuvre  historique  aussi  cons- 
ciencieuse et  aussi  bien  informée  que  l'aurait  été  assurément  celle 
de  Flodoard,  si  elle  avait  jamais  existé. 

Mais  les  deux  autres  raisons  suffisent  pour  convaincre.  Elles 
sont  d'ailleurs  corroborées  par  celles  qu'on  trouvera  plus  loin  et 
par  les  observations  que  nous  allons  ajouter  ou  reproduire. 

Disons  d'abord  que  M.  Lauer  a  très  justement  rapproché  cette 
mention  relative  à  Charles  le  Simple  de  l'extrait  du  nécrologe  de 
Faremoutiers  publié  par  D.  Toussaint-Duplessis  et  montré  qu'elle 
avait  dû  être  tirée  d'un  obituaire  de  cette  abbaye. 

En  second  lieu,  le  classement  des  manuscrits  des  Annales  tel 
que  nous  l'avons  établi  n'augmente-t-il  pas  la  valeur  de  la 
seconde  des  raisons  de  Pertz?  Des  deux  familles  qu'ils  forment, 
l'une  contient  la  fameuse  mention  et  l'autre  ne  la  contient  pas. 

M.  Pithou  porte  à  la  vérité  au  dos  :  Ex  libris  S.  Benigni  Divionensis,  mais 
ces  mots  sont  d'une  écriture  très  postérieure  à  celle  du  ms.,  en  sorte  que  l'on 
n'en  peut  pas  conclure  que  ce  ms.  ait  été  écrit  à  Dijon...  »  (Bibl.  nat.,  ms. 
fr.  25538,  fol.  33.)  Un  certain  nombre  de  lettres  écrites  par  P.-J.  Grosley,  pen- 
dant son  séjour  en  Italie  (1745-174G),  ont  élé  publiées  récemment  par  M.  Babeau 
dans  les  Mémoires  de  la  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  de  l'Aube, 
t.  LX,  p.  131-176. 

1.  Pertz,  p.  367.  Migne,  CXXXV,  col.  422  :  «  Codex  regius  Parisiensis  n°  5354... 
annalibus  noliliam  de  obilu  Caroli  Calvi  praemittit,  ex  libro  quodam  abbatix 
S.  Far.c  Meldensis  descriptam,  quae  tamen  causa  fuit,  quod  docti  viri  plures 
abinde  Flodoardum  scribendi  initium  fecisse  et  anno  operis  ejus  878-918  desi- 
derari  slatuerunt.  Quod  quam  veritati  contrarium  sit  tuni  ex  ipsis  codicibus 
turn  ex  Richero  patet,  qui  Flodoardum  ab  anno  919  exscripsit.  »  M.  Lauer  a 
montré  qu'il  s'agissait  de  l'abbaye  de  Faremoutiers  et  non  pas  de  celle  de  Saint- 
Faron  de  Meaux. 


DES   ANNALES    DE    FLODOAUD.  «41) 

N'y  a-t-il  pas  des  chances,  par  suite,  pour  qu'elle  ne  se  trouvât 
pas  dans  l'original? 

D'un  autre  côté,  aucun  manuscrit,  qu'il  aj)partienne  à  la  pre- 
mière famille  ou  à  la  seconde,  ne  permet,  par  son  état  matériel, 
de  supposer  une  lacune  avant  l'année  919. 

On  n'a  cité,  en  outre,  aucun  passage  d'un  chroniqueur  ancien 
ou  d'un  écrivain  quelconque  du  moyen  âge  qui  autorisât  une 
pareille  hypothèse.  Bien  mieux,  M.  Lauer  en  cite  un,  après  Mabil- 
lon  d'ailleurs,  qui  <'st  aussi  affirmatif  que  possible  dans  le  sens 
contraire.  La  Chronique  de  Saint-Maurice  d'Angers  contient, 
en  effet,  dans  la  partie  qui  a  été  rédigée  avant  1040,  le  passage 
suivant  :  «  DCCCCXVll.  Initium  chronicae  Frodoardi'.  »  Et  ce 
passage,  personne  ne  l'avait  encore  fait  remarquer,  a  été  repro- 
duit et  par  suite  corroboré  par  la  Chronique  de  L'Évière,  dite  de 
Vendôme-,  dont  la  première  partie  a  été  rédigée  entre  1057 
et  1060. 

Que  peut-on  souhaiter  de  plus  net  et  de  plus  catégorique?  Ce 
témoignage  cependant  n'embarrasse  pas  beaucoup  M.  Lauer;  il  a 
même  une  façon  par  trop  sommaire  d'en  faire  justice.  «  Il  se  pour- 
rait, »  se  contente-t-il  de  dire  en  note  3,  «  que  DCCCCXVll  fût 
une  erreur  pour  877,  »  et  c'est  tout.  Mais  cette  hypothèse  d'une 
erreur  aussi  forte  n'est  pas  admissible,  et  pour  des  raisons  péremp- 
toires. 

Est-il  naturel,  en  effet,  de  supposer  une  erreur  aussi  grave 
dans  une  série  de  notations  chronologiques  comme  celles  qui 
forment  la  première  partie  de  ces  deux  chroniques?  Ces  notations 
sont  très  brèves  et  la  date  de  l'année  les  précède  toutes  d'une  façon 
très  apparente.  Comment  concevoir,  par  conséquent,  que  ces 
chroniqueurs  aient  été  assez  distraits  ou  se  soient  assez  lourde- 
ment trompés  pour  mettre  entre  les  années  912  et  918  ce  qui 
aurait  été  relatif  à  877? 

Voici,  en  second  lieu,  une  observation  décisive.  Ces  chroniqueurs 
notent  tous  les  deux,  à  l'année  877,  la  mort  de  Charles  le  Chauve ^ 
Comme  on  sait,  par  leur  propre  témoignage,  qu'ils  ont  connu  les 
An7îales  de  Flodoard,  on  e^^l  forcé  de  conclure,  —  toujours  dans 


1.  Chronique  des  églises  d'Anjou,  éd.  Marchegay  et  Mabille.  Paris,  18G9,  p.  8. 

2.  Lac.  cit.,  p.  161. 

3.  P.  Vi2,  note  6. 

4.  Chronique  des  églises  d  Anjou,  p.  7  et  160. 


620  DE    LA    DATE    INITIALE 

l'hypothèse  de  la  lacune,  —  qu'ils  ont  pris  cette  mention  dans 
ces  Annales  ou  l'y  ont  tout  au  moins  contrôlée.  Et  alors  pour- 
quoi après  s'être  servis  de  Flodoard  en  877  n'auraient-ils  pas  dit 
immédiatement  :  c'est  à  cette  année  que  commencent  ses  Annales^ 
au  lieu  de  rejeter  cette  indication  à  l'année  917?  Il  faudrait,  par 
conséquent,  pour  justifier  l'hypothèse  de  M.  Lauer,  supposer  une 
double  erreur  ou,  pour  parler  avec  plus  de  précision,  un  oubli  et 
une  erreur,  ce  qui  est  vraiment  inadmissible. 

La  seule  chose  qu'il  y  eût  à  faire  remarquer,  c'est  que  cette 
date  de  917  n'était  pas  tout  à  fait  exacte;  il  aurait  fallu  919  et 
non  917.  Devait-on  en  conclure,  comme  Mabillon*,  que  deux 
années  manquaient  dans  les  Annales,  ou  pouvait-on  supposer 
une  erreur  de  copiste?  A  notre  avis,  cette  dernière  hypothèse 
était  évidemment  celle  qui  se  présentait  le  plus  naturellement  à 
l'esprit.  Un  copiste  avait  parfaitement  pu  écrire  «  DCCCCXVII  » 
pour  «  DCCCCXVIIII  ;  »  la  différence  de  graphie  est  si  petite. 
Et  cette  hypothèse  était  corroborée,  pour  ne  pas  dire  justifiée, 
par  la  constatation  d'une  erreur  manifeste  dans  le  paragraphe 
suivant.  Ces  Chroniques  mentionnent,  à  l'année  918,  l'abandon 
de  Charles  le  Simple  par  les  grands  qui  ne  s'est  certainement 
produit  qu'en  920.  Pourquoi  le  copiste  ou  même  le  chroniqueur 
qui  a  mis  918  au  lieu  de  920  n'aurait-il  pas  mis,  à  une  ligne  de 
distance,  917  au  lieu  de  919? 

Il  nous  paraît  résulter,  avec  évidence,  de  toutes  ces  observa- 
tions et  de  toutes  ces  constatations  que  les  érudits  qui  ont  consi- 
déré la  date  de  877  comme  la  date  initiale  des  Amiales  de  Flo- 
doard se  sont  complètement  trompés  et  que  l'hypothèse  d'une 
lacune  en  tête  de  l'œuvre  doit  être  abandonnée  sans  la  moindre 
hésitation. 

M.  Lauer  admet  la  première  partie  de  cette  conclusion,  mais 
non  la  seconde. 

Examinons  donc  son  raisonnement.  En  étudiant  quelques-uns 
des  manuscrits  qui  contiennent  les  Annales  de  Flodoard,  il  a 
remarqué,  après  Pertz,  que  certaines  années  étaient  accompa- 
gnées de  nombres  écrits,  chose  singulière,  en  lettres  majuscules 
grecques.  Le  premier  de  ces  nombres  (AF,  c'est-à-dire  33)  se 
trouve  à  la  suite  de  l'année  925  ;  ils  se  continuent  sans  interrup- 
tion, dans  le  manuscrit  de  Montpellier  tout  au  moins,  jusqu'à 

1.  Acla  sa.  0.  B.,  sxcul.  V,  331. 


DES   ANNALES    DE    FLODOARD.  62^ 

l'année  965.  Les  manuscrits  5354  et  9708  de  la  Bibliothèque 
nationale  et  le  manuscrit  633-  du  Vatican  présentent  la  même 
particularité,  avec  un  peu  moins  de  régularité  et  d'exaclitude. 
Plus  d'une  fois  les  scribes  n'ont  pas  compris  le  sens  de  ces  lettres 
et  les  ont  omises  ou  mal  interprétées.  Si  on  cherche  le  point  de 
départ  de  cette  numérotation,  qu'il  y  a  tout  lieu  de  croire  chro- 
nologique, on  arrive  à  l'année  893,  c'est-à-dire  à  l'avènement 
de  Charles  le  Simple. 

Que  faut-il,  par  suite,  conclure?  «<  Quel  pouvait  être  le  but  de 
cette  numérotation  ?  » 

Pertz  y  a  vu  un  de  ces  synchronismes  si  fréquents  dans  les 
annales  et  les  chroniques  du  moyen  âge.  C'est  simplement,  d'après 
lui,  le  compte  des  années  écoulées  depuis  l'avènement  de  Charles 
le  Simple'.  Il  n'en  fait  pas,  d'ailleurs,  autrement  cas  et  ne  s'y 
arrête  pas  plus  longuement. 

M.  Lauer  a  été,  au  contraire,  vivement  intéressé  par  ces 
nombres.  Il  les  a,  comme  nous  l'avons  dit,  recherchés  dans  quelques 
manuscrits,  et  il  semble  bien  résulter  des  intéressantes  constata- 
tions qu'il  a  faites  que  ces  lettres  se  trouvaient  dans  le  manuscrit 
original  et  devaient  par  suite  provenir  de  Flodoard  lui-même. 

De  plus,  leur  signification  ne  lui  paraît  pas  douteuse.  «  Il  est 
difficile,  dit-il,  de  leur  en  reconnaître  d'autre  que  celle  de  mar- 
quer la  suite  des  paragraphes  correspondant  aux  années  2.  » 
L'opinion  de  Pertz  lui  paraît  si  peu  acceptable  qu'il  ne  la 
mentionne  même  pas^.  Il  signale  bien,  en  note,  cette  circons- 
tance singulière  que  le  point  de  départ  de  cette  numérotation 
«  correspond  aux  années  de  la  vie  de  Flodoard,  »  mais  il  consi- 
dère cette  coïncidence  comme  fortuite  et  sans  conséquence.  «  Il 
serait  bien  étrange,  dit-il,  que  Flodoard  ait  eu  l'idée  de  mettre 
son  âge  à  coté  de  chaque  année  de  l'Incarnation^  »  Donc,  ces 

1.  (  Annus  quisque  littera  grœca,  numerum  quo  ab  anao  893,  initio  regni 
Caroli  Simplicis,  distet,  signilicaute,  insignilur.  »  Migne,  CXXXV,  col.  422.  — 
M.  Lauer  se  trompe  donc  lorsqu'il  dit  (p.  24'J,  n.  5)  que  Pertz  signale  briève- 
ment cette  numérotation  «  sans  essayer  de  l'expliquer.  > 

2.  Lauer,  p.  250. 

3.  Peut-être  M.  Lauer  passe-t-il  sous  silence  l'opinion  de  Pertz,  simplement 
parce  que  celte  opinion  lui  a  échappé.  C'est  ce  qui  semble  résulter  du  passage 
cité  ci-dessus. 

4.  Lauer,  p.  251,  note.  On  est  renseigné  sur  la  date  de  la  naissance  de  Flo- 
doard, par  son  propre  témoignage.  Il  se  dit,  en  effet,  en  963,  dans  la  70°  année 
de  son  âge.  Cf.  Annalei,  éd.  Migne,  col.  487. 

1897  40 


622  DE   LA    DATE   IXITIALE 

nombres  désignent,  d'après  M.  Lauer,  des  paragraphes,  et  cha- 
cun de  ces  paragraphes  correspond  k  une  année. 

On  peut  faire  à  ce  raisonnement  de  très  graves  objections. 
D'abord,  pourquoi  cette  numérotation  couimence-t-elle,  dans  tous 
les  manuscrits,  à  925,  au  plus  tôt,  et  jamais  à  919  ?  Cette  circons- 
tance n'est-elle  pas  de  nature  à  faire  naître  un  doute  ?  Gomment 
justifier  une  pareille  omission  ?  Et  on  sait  que  deux  manuscrits 
au  moins  sont  de  la  fin  du  x"  siècle  ou  du  commencement  du  xf 
et  ont  été  écrits,  par  suite,  par  des  scribes  presque  contemporains 
de  Ffodoard. 

Celui-ci  a  de  plus  soigneusement  noté  dans  ses  An^iales  les 
années  pendant  lesquelles  s'étaient  produits  les  événements  qu'il 
rapporte,  et  cette  indication  d'années  forme,  dans  son  œuvre, . 
une  division  si  naturelle  qu'on  ne  s'expliquerait  pas  qu'il  ait  cru 
devoir  la  renforcer  sans  la  modifier.  Pourquoi  ce  double  emploi? 

Enfin,  pd'r  suite  de  quelle  préoccupation  bizarre  aurait-il  indi- 
qué, par  des  signes  inintelligibles  pour  la  plupart  de  ses  contem- 
porains, une  division  dont  le  seul  but  était  de  les  éclairer  et  de 
les  guider  ?  Cette  particularité  nous  paraît  indiquer,  au  contraire, 
que  ces  nombres  se  rapportent  à  son  âge  qu'il  ne  notait  que  pour 
lui  seul.  On  comprend,  par  suite,  qu'il  ait  eu  la  coquetterie  de  le 
noter  en  grec. 

L'hypothèse  de  M.  Lauer  se  heurte  donc  à  des  difficultés  très 
grandes,  pour  ne  pas  dire  à  des  impossibilités.  Nous  doutons  très 
fort  qu'il  s'y  fut  arrêté  lui-même,  si  son  esprit  n'avait  été  dominé, 
comme  nous  le  disions  eu  commençant,  par  une  idée  de  lacune  et 
n'avait  été  mis  ainsi  dans  une  disposition  très  fâcheuse. 

Il  n'hésite  pas  à  tirer  de  son  hypothèse  la  conclusion  logique 
qu'elle  comporte.  Ces  nombres  indiquant  une  suite  de  para- 
graphes et  d'années,  la  date  initiale  des  Annales  doit  être  placée 
non  à  919,  mais  à  893.  La  lacune  est  moins  grande  que  dans  la 
vieille  hypothèse,  mais  il  y  a  néanmoins  une  lacune  qui  s'étend 
de  893  à  919. 

Or,  quel  est  le  critique,  dont  le  jugement  ne  serait  pas  influencé 
par  cette  idée  de  lacune,  qui  pourrait  accepter  une  hypothèse 
édifiée  sur  une  base  aussi  fragile  ?  On  trouve,  dans  une  partie 
du  texte  des  Annales  de  Flodoard,  des  nombres,  dont  rien,  soit 
dans  l'œuvre  elle-même  soit  ailleurs,  ne  précise  la  signification, 
et  ces  nombres  suffiraient  pour  permettre  de  dire,  contre  tous 
les  manuscrits  et  contre  tous  les  témoignages,  que  ce  texte  nous 


DES    iNMLES    DK    FLODOARD.  623 

est  arrivé  mutilé?  Ce  serait  de  la  fantaisie  et  non  de  la  critique. 

On  ne  peut  pas  s'arrêter  davantage  aux  observations  par  les- 
quelles M.  Lauer  essaie  de  justifier  son  hypothèse.  Prétendre,  en 
efifet,  selon  ses  propres  expressions',  que  «  les  plus  anciens 
manuscrits  peuvent  offrir  une  lacune  de  quelques  années  (893- 
919),  de  même  qu'ils  présentent  une  addition  relative  à  l'an- 
née 877,  »  n'est  pas  donner  un  argument.  A  quoi  bon,  en  outre, 
faire  remarquer ^  que  Richer,  qui  a  utilisé  Flodoard,  «  est  le  seul 
auteur  qui  fournisse  la  date  exacte  du  couronnement  de  Charles 
le  Simple  (28  janvier  893)?  »  C'est  fort  heureux,  mais  nous  ne 
voyons  pas  l'intérêt  que  présente  ce  fait  pour  la  date  initiale  des 
Annales.  De  ce  que  nous  ignorons  où  Richer  a  puisé  son  ren- 
seignement, il  ne  s'en  suit  pas  que  ce  soit  dans  un  Flodoard  perdu. 

Nous  ne  comprenons  pas  enfin  pourquoi  on  s'est  tant  étonné 
que  Flodoard  ait  commencé  ses  Annales  en  l'année  919,  qui  n'a 
été  marquée  par  «  aucun  fait  politique  important^.  »  En  quoi 
cela  était-il  nécessaire?  Flodoard  a  écrit  des  Annales  et  non  pas 
une  Histoire  de  règne  ou  d'époque;  il  a  noté,  au  jour  le  jour  ou 
à  peu  près,  les  événements  qui  arrivaient  à  sa  connaissance;  le 
goût  d'un  pareil  journal  ne  lui  est  venu  que  vers  la  vingt-cin- 
quième année,  et  il  a  commencé  par  enregistrer  une  chute  de 
grêle  à  Reims;  quoi  de  plus  naturel?  Quel  besoin  avait-il  d'at- 
tendre une  circonstance  solennelle  quelconque  ou  de  chercher  un 
point  de  départ? 

Il  faut  donc  conclure,  comme  Pertz  l'a  fait  très  justement,  en 
1839,  et  comme  d'autres  l'ont  fait  depuis ^  que  les  Annales  de 
Flodoard  commencent  à  919  et  que,  jusqu'à  plus  ample  informé, 
le  texte  que  nous  en  possédons  doit  être  considéré  comme  com- 
plet. La  numérotation  grecque  signalée  par  Pertz  et  par  M.  Lauer 
semble  être  un  simple  synchronisme  dont  le  point  de  départ  est 
ou  l'avènement  de  Charles  le  Simple  ou  plus  probablement  la 
date  de  la  naissance  de  Flodoard ,  mais  on  ne  saurait  en  tirer 
aucune  conclusion  au  sujet  d'une  lacune  du  texte. 

1.  Lauer,  p.  251. 

2.  Lauer,  p.  249. 

3.  Lauer,  p.  245-246. 

4.  M.  G.  Monod,  en  particulier.  Cf.  Revue  critique,  1873,  2°  part.,  p.  263,  et 
Revue  historique,  t.  XVI  (1881),  p.  397. 


LES  COLLECTIONS  CANONIQUES 


ATTRIBUEES    A 


YVES  DE  CHARTRES 

(Suite*.) 


g  VI.  La  première  collection  de  Chalons, 

Le  manuscrit  47  de  la  bibliothèque  de  Châlons-sur-Marne, 
datant  de  la  première  moitié  du  xii*"  siècle,  provient  du  monastère 
de  Saint-Pierre  de  Châlons-.  Conformément  au  titre  qu'il  porte, 
Liber  canonum,  il  contient  une  collection  canonique  écrite  de 
diverses  mains.  On  verra,  par  les  observations  relatées  ci-après, 
que  cette  collection  canonique  procède  principalement  de  la  TtH- 
partita;  elle  a  fait  en  outre  des  emprunts,  moins  considérables 
d'ailleurs,  à  la  collection  canonique  en  dix  parties  qui  a  été  signa- 
lée plus  haut  comme  une  seconde  édition  de  la  Panorynia.  Ainsi, 
ce  recueil,  que  j'appellerai,  pour  le  distinguer  d'un  recueil  ana- 
logue, première  collection  de  Chàlons,  se  rattache  étroitement  par 
ses  sources  au  groupe  chartrain. 

Pour  établir  les  rapports  qui  l'unissent  à  la  Tripartita,  j'en 
rapprocherai  d'abord  le  plan  de  celui  de  la  troisième  partie  de 
la  Tripartita  ou  collection  B  ;  je  comparerai  ensuite  le  contenu 
de  la  collection  de  Châlons  à  celui  de  la  Tripartita. 

Le  tableau  suivant  permettra  d'apprécier  les  relations  qui 

1.  Voir  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  LVII,  p.  645-698,  LVIII,  26-77 
et  293-326,  410-444. 

2.  Voir  le  catalogue  des  manuscrits  de  Châlons,  par  M.  A.  Molinier,  dans  le 
tome  III  du  Catalogue  général  des  manuscrits  des  bibliothèques  publiques  de 
France,  p.  17.  Ce  manuscrit,  ainsi  que  celui  dont  il  sera  question  plus  loin, 
m'a  été  obligeamment  communiqué  à  Grenoble. 


LES  COLLFXTIO.NS  CA.XONIQPES  ATTIlIBrÉES  A  TVES  Dr.  CHARTRES.      (125 

existent  entre  le  plan  de  la  première  collection  de  Chàlous  et  celui 
de  la  troisième  partie  de  la  Tnpartita. 


P*  Collection  de  Châlons. 

I.  De  baptismo^ 

II.  De  sacramentis   ecciesia- 
sticis. 

m.  De  rébus  ecclesiasticis  et 
fuj-'ientibus  ad  ecclesiam. 

IV.  De  observatione  dierum. 

V.  De  jejunio. 

VI.  De  consueludinibus  eccle- 
siasticis. 

VII.  De  consueludine. 

VIII.  De  primalu  Romanae  Ec- 
clesiœ. 

IX.  De  episcopis. 

X.  De  clericis. 

XI.  De  accusatione. 

XII.  De  appellalione. 

XIII.  Dejudiciis. 

XIV.  De  testibus. 

XV.  De  purgatione. 

XVI.  De  juramentis. 

XVII.  De  superstiLionibus  de- 
monum. 

XVII I.  De  penitencia. 


Tnpartita,  IIP  partie 
(Coileclion  B). 

I.  De  fide  et  sacramento  fidei, 
de  baplismo. 

II.  De  sacramentis  ecclesia- 
sticis. 

m.  De  rébus  ecclesiasticis  et 
de  earumdem  reverentia  et  ob- 
servatione. 

IV.  De  observatione  dierura. 

V.  De  jejunio. 

VI.  De  consuetudinibus  eccle- 
siasticis. 

VII.  De  consuetudine. 

VIII.  De  primatu  Romanae  Ec- 
clesiœ. 

IX.  De  episcopis. 

X.  De  clericis  et  eorum  causis. 

XI.  De  monachis. 

XII.  De  sançtimonialibus. 

XIII.  De  monachis  et  sançti- 
monialibus. 

XIV.  De  virginibus. 

XV.  De  conjugiis. 

XVI.  De  incesta  copulationc. 

XVII.  De  septem  gradibus  con- 
sanguinitatis. 

XVIII.  De  nocturna  illusione. 

XIX.  De  incesto  concubilu. 

XX.  De  bomicidiis... 

XXI.  De  incantatione  demo- 
numque  superstitione. 

XXII.  De  mendaciis  et  perju- 


nis. 

XXIII. 
tiosis. 

XXIV. 


De  injuriosis  et  flagi- 


De  usurariis. 


1.  Ce  titre  s'ouvre  ainsi  :  t  Incipit  de  fide  et  de  sacramento  fidei.  i 


(i26  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

XXV.  De  venatoribus. 

XXVI.  De  Lruncaloribus  mem- 
broruni. 

XXVII.  De  excommunicatis. 

XXVIII.  De  pœnilenlia. 

XXIX.  De  causis  laicorum. 

Il  suffit  de  jeter  les  yeux  sur  ce  tableau  pour  constater  que  le 
choix  des  matières  traitées  dans  les  deux  collections  et  l'ordre  qui 
y  est  suivi  coïncident  exactement  jusqu'au  titre  X,  inclusivement, 
de  l'une  et  de  l'autre*.  Ces  dix  premiers  titres,. où  la  collection  B 
est  suivie  pas  à  pas,  remplissent  les  fol.  1-54  du  manuscrit  47  de 
Châlons.  Au  fol.  55  on  remarque  un  changement  d'écriture.  Alors 
apparaît  une  écriture  nouvelle  qui  se  continuera  jusqu'à  la  fin  du 
volume.  Désormais,  dans  cette  seconde  partie  de  la  collection  de 
Châlons,  il  ne  sera  plus  traité  que  de  la  procédure  et  de  la  péna- 
lité ecclésiastiques.  —  Il  semble  résulter  de  ces  faits  que  la  col- 
lection de  Châlons  est  faite  de  la  juxtaposition  de  deux  recueils, 
l'un  rédigé  sur  le  patron  de  la  collection  B  (troisième  partie  de  la 
Tripartita),  mais  inachevé,  l'autre  composé  sur  un  plan  indé- 
pendant de  celui  de  la  Tripartita.  En  tout  cas,  telle  qu'elle  se 
présente  à  nous,  la  collection  de  Châlons  est  fort  incomplète  ;  on 
n'y  trouve  aucune  partie  consacrée  à  des  matières  importantes, 
telles  que  le  mariage  ou  la  vie  religieuse. 

Considérons  maintenant  les  éléments  qui  sont  entrés  dans  la 
composition  de  notre  collection.  Ici  encore  nous  pourrons  cons- 
tater des  analogies  évidentes  avec  la  Tripartita. 

Tout  d'abord,  comme  on  peut  s'y  attendre,  des  analogies  très 
significatives  se  rencontrent  dans  les  dix  premiers  titres.  On  y 
retrouve  de  nombreux  textes  qui  figurent  avec  les  mêmes  som- 
maires dans  les  diverses  portions  de  la  Tripartita,  non  seule- 
ment dans  la  collection  B,  qui  en  constitue  la  troisième  partie, 
mais  aussi  dans  les  deux  premières  parties  ou  collection  A. 

1.  L'analogie  est  parfaite  de  part  et  d'autre  entre  ces  dix  premiers  titres.  Au 
contraire,  si  l'on  compare  la  liste  des  dix  premiers  titres  de  Châlons  avec  la 
liste  correspondante  du  Décret  d'Yves  (qui,  d'ailleurs,  pour  de  bonnes  raisons, 
se  rapproche  de  la  collection  B),  on  constate  une  lacune  :  rien  ne  rappelle  la 
rubrique  de  scripluris  canonicis  qui  se  trouve  à  la  quatrième  partie  du  Décret. 
C'est  déjà  un  indice  que  notre  collection  est  apparentée  directement  avec  la  col- 
lection B,  troisième  partie  de  la  Tripartita,  et  non  avec  le  Décret.  L'étude  du 
contenu  des  litres  en  donne  la  preuve  irrécusable. 


ATTRIBUEES   A    YVES    DE    CDARTRES. 


027 


J'en  donnerai  pour  première  preuve  les  constatations  qui 
résultent  de  l'examen  du  titre  I  de  la  collection  de  Châlons,  de 
baptismo. 


CollecLion  de  Cliàlons. 
Titre  i  :  De  baptismo. 


3  (se  termine  ainsi  :  dono  San- 
cti  Spiritus  consequantur).  = 


ii  = 


Tripartita. 

Partie  I,  S.  Léon^  20  :  De  his 
de  quilms  dubium  est  ulrum  ba- 
plismum  receperint,  quid  necesse 
sit  ut  renascanlur.  Léo  papa  :  si 
nulla...  pietalis. 

Ibid.,  33.  Ut  hii  qui  ab  hereticis 
baplizati  sunt  sola  Spiritus  Sancti 
invocatione  firmentur  :  c.  vir. 
Nam  hii  qui  baptismum...  conse- 
qualur. 

Ibid.,  43.  De  baptismo.  Leouni- 
versis  episcopis  per  Siciliam  : 
Proprie  in  morte  crucifixi...  acci- 
pietis  donum  Sancti  Spiritus. 

Partiel,  Gélase,  iS.  Nedyaconi 
baptizent  sine  episcopo  vel  pres- 
bytero.  Dyacones  quoque...  ha- 
beant  exercendi. 

Ibid.,  33.  Fabiano  episcopo.  De 
baptizandis  et  de  his  que  in  die 
dedicationis  ofîeruntur.  Nec  enim 
numerus...  prescripta  servabis» 

Partiel,  S.Grégoire,  20.  Exepi- 
stola  ad  Alexandrum  (Leandrum). 
De  trina  mersione.  De  trina  mer- 
sione  baptismatis...  exprimilur. 

Ibid.,  H.  Quod  non  prohibea- 
tur  baptizari  enixa  mulier  eadem 
hora  qua  gignitur  (pour  i/emcerif), 


1.  Ici,  un  contemporain  a  ajouté  en  raarf^e  du  manuscrit  de  Chûions  :  a  Pela- 
gius  papa  Gaudentio  episcopo.  De  his  qui  se  solumraodo  in  nomine  Domini 
baptizatos  fuisse  confitentur.  Si  rêvera  hii...  videatur  eflectum.  »  {Tripartita, 
part.  I,  Pelage,  c.  3.) 


5^  = 


6  = 


7  = 


628  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

vel  hoc  quod  genuorit  eadera  hora 
quo  nalus  [sic]  est,  si  periculo 
mortis  urgelur.  Baptizare  autem 
vel  enixam...  qui  redimatur. 

8  =  Partie  I,  Grégoire  II,  3.  Boni  fa- 

lio  episcopo.  De  baptizatis  à  paga- 
nis.  Quos  à  paganis. . .  mandamus. 

9'  =  Part.  II,  de  Concilio  Arausico^ 

i2  (7e  des  canons  de  ce  concile 
transcrits  dans  la  Tripartita] .  De 
his  qui  subito  obmutescunt  quod 
et  baptismum  et  pœnitentiam  acci- 
pere  possint.  Subito  obmutescens 
...  nutu. 

-10  =  Part.  III,  titre  ir.  De  baptismo, 

2.  Augustinus  super  Johannem, 
parte  prima,  tractatu  V.  Quod 
baptismus  quamvis  ab  immundo 
detur,  non  tamen  ejus  immundi- 
cia  poUuatur.  Baptismus  talis  est 
...  (divers  extraits)...  rainistrante 
poUuatur. 

U  =  Ibid.,  4.  Augustinus,  de  eccle- 

siasticis  regulis.  De  his  qui  ab 
hereticis  baptizati  sunt  recipien- 
dis.  Si  qui  apud  illos...  admit- 
tentur. 

^2=  Ibid.,  5,  Solutio  Augustini  ad 

questiones  Orosii  de  baptismo  : 
Quamvis  unum...  nondum  ha- 
bent. 


1.  En  surcharge,  d'une  main  contemporaine  du  manuscrit  :  «  Urbanus  II 
Vitali  presljitero  Brivensi.  Quod  baptismus  sit  si  mulier  infantem  in  uomine 
Trinitalis  baplizaverit,  et  quod  iilii  vel  filie  compatrum,  excepta  persona  quâ 
compatres  elficiuntur,  possunt  jungi.  Super  quibus  consuluit  nos...  efifecti  sunt 
(TriparlUa,  part.  II,  1°  série  des  Sentenlie  orlhodoxorum  patrum,  c.  23).  — 
Ne  mulier  cum  marito  puerum  in  baptismale  suscipial  et  de  eo  qui  duabus 
comm.ilribus  nupserit  et  de  eo  qui  ecclesiam  emerit.  Quod  autem  uxor 
cum  marito...  prejudicio  »  {Ibid.,  c.  24).  [Suite  de  la  décision  précédente 
d'Urbain  H.l 


ATTRIBUEES    A    YVES    DE    CHARTRES.  H29 

En  poursuivant  ces  investigations,  on  arrive  aux  résultats 
suivants  : 
43=  Ibid.*,    6.  S.  Augustin.  Solet 

eliam  queri... 
44  =  Ibid.,  8.  S.  Augustin.  Si  quem 

forte... 
45=  Ibid-,  9.  S.  Augustin.  Non  il- 

lud  te  moveat... 
46=  Ibid.,  4  0.  S.  Augustin.  Bapti- 

smi  vicem... 

47  =  Ibid.,  7.  S.  Augustin.  Ostendi- 

tur  illos... 

48  =  Ibid.,  ^3.  G.  deMeaux,  7.  Om- 

nis  presbyter... 
49=  Ibid.,  \A.  S.  Augustin.  Cathe- 

cuminum  quamvis... 
20=  Ibid.,   ^5.   G.   de   Tarragone. 

Dictum  est  nobis... 
24  =  Ibid.,  'le.  Pénitentiel  de  Théo- 

dore. Qui  bis  ignoranter... 
22=  Ibid.,  n.  Nicolas  I".  De  his 

qui  filiastros... 
23  =  Ibid.,  20.  Nicolas  I".  Ità  dili- 

gere  débet... 
24=  Ibid.,  2^. 

sidéras... 
25=  Ibid.,  22. 

turànobis... 
26  =  Ibid.,  23.  Zacharie.  Retulerunt 

nunlii... 
27.  Utilis  solutio  de  baptismo 
et  parentum  sacrilegio  in  filios. 
Augustinus.  Nam  itaque  horao 
cum  in  seipso...  oblatus. 

Puis  (c.  28)  est  répété  le  cha- 
pitre de  Pelage  mis  en  marge  du 
chapitre  5^. 

1.  Je  me   borne  à  indiquer  sommairement,  d'après   le   manuscrit,  l'auteur 
auquel  est  attribué  le  texte  et  les  premiers  mots  de  ce  texte. 

2.  Voir  plus  haut,  p.  627,  note. 


Nicolas  I".  Nosse  de- 
Nicolas  I".  Sciscita- 


S30 


LES   COLLECTIONS   CANOIVIQCES 


Telle  est,  tout  entière,  la  composition  du  titre  I,  du  baptême, 
dans  le  manuscrit  de  Chàlons.  On  voit  que,  des  28  chapitres  qui 
le  composent,  26  sont  empruntés  aux  trois  parties  de  la  Tripar- 
tita,  dont  l'ordre  est  rigoureusement  suivi  dans  la  disposition  des 
extraits.  On  peut  constater  ailleurs  que  le  compilateur  qui  a  ajouté 
en  surcharge  quelques  fragments  nouveaux  tirés  de  la  Tripar- 
tita  s'est  attaché  à  leur  donner  le  rang  qui  leur  convenait  d'après 
l'ordre  de  la  Tri2)artita. 

L'étude  du  titre  II  de  la  collection  de  Châlons  conduit  aux 
mêmes  résultats.  Ce  titre  s'ouvre  par  ces  mots  :  Incipit  de  sacra- 
mentis  ecclesiasticis,  qui  se  retrouvent  en  tête  du  titre  III  de 
la  collection  B.  Puis  : 


Collection  de  Châlons,  titre  II. 

•1.  Anastase,  pape.  Ideo  ergo... 

2.  S.  Augustin.  Gotidie  Eucha- 

ristie... 

3.  S.  Cyprien.  Pro  dilectione... 

4.  Pie  \".  Si  per  negligentiam... 

5.  Alexandre  I".  Sufficit  sacer- 

doLi... 

6.  Jules  I".  lUud  quod  pro... 

7.  S.    Augustin.    Sicut   autem 

urgeri... 

8.  S.  Augustin.  Per  Ysaiam... 
S.  Augustin.  Utsit  verus...^ . 
S.  Augustin.  DictumestaDo- 

mino... 
S.  Augustin.  A  malis... 

42.  S.  Augustin.  Recedite... 

43.  S.  Augustin.  Interrogo... 

44.  S.  Augustin.  Sacerdotes  qui 

Eucharistie. . . 


Part. 


Tripartita. 
I,  Anastase, 


=  Part.  III,  de  Sacramentis^ 


9. 
40. 

44. 


2. 
5. 
6. 

7. 

8. 

40. 
43. 
44. 

43. 
47. 
48. 
24. 

24. 


Ici  s'achève  le  titre  de  Sacramentis  dans  la  collection  de 
Châlons.  Comme  le  précédent,  il  est  tout  entier  emprunté  à  la 
Tripartita. 


1.  Ce  chapitre  est  fait  d'extraits  du  c.  14  du  titre  de  Baptismo  de  la  Tri- 
pariila,  qui  reproduit  les  fragments  du  Décret  d'Yves,  II,  98  et  99. 


ATTRIBDEES    A    ÏVES    DE    CHARTRES.  (\3\ 

J'ajoute  des  observations  semblables  sur  les  débuts  du  titre  111, 
de  rébus  ecclesiasticis  et  fugientibus  ad  ecclesiam  : 

i.  S.  Clément.  Tanla  in  altario...  =  Part.  I,  S.  Clément,  ^3. 

2.  S.  Clément.  Si  qui  ex  fralri- 

bus...  =  —  6. 

3.  S.  Clément.  Si  forte  quispiam 

presbiler...  = 

4.  Anaclet.  Unaqueque  cnim...     = 

5.  Alexandre.  Aquam  sale...         = 

6.  Félix  II.  Non  ita  in  ecclesia- 

sticis ^..  = 

7.  S.  Léon.  Horum  causa. . .  = 

8.  S.  Léon.  Quamvis  plenitudo...  = 

9.  Gélase.  Posl  prophelicas...  = 
40.  Gélase.  lUud  etiam  annecti...  = 
44.  Gélase.  Quatuor  auLem...  = 
il.  Gélase.  Placuithuic  sancte^...  = 
-13.  Gélase.  Quia  res  in  litigio...  = 
44.  Gélase.  Dileclio  tua...  = 
4  5.  Gélase.  Decessorum  statuta...  = 
46.  Gélase.  Nichil  perire...            = 

On  pourrait  continuer  l'étude  de  ce  titre  ou  analyser  les  autres 
titres,  de  IV  à  X,  on  arriverait  aux  mêmes  conclusions.  Visible- 
ment, l'auteur  de  cette  première  partie  de  la  collection  de  Châ- 
lons  s'est  uniquement  servi  de  la  Tripartita  ;  prenant  pour  base 
les  séries  de  textes  qu'il  trouvait  dans  la  troisième  partie  de  la 
Tripartita  (collection  B),  il  a  rapporté  en  tête  de  ces  séries  lés 
passages  analogues  qu'il  rencontrait  dans  les  deux  premières 


1.  Ce  texte  figure  dans  les  collections  autres  que  la  Tripartita  sous  le  nom 
du  pape  Eutychien.  Il  se  retrouve,  d'ailleurs,  dans  les  décrétales  apocryphes 
d'Eutychien  et  dans  celles  de  Félix  II  (cf.  Hinschius,  Décrétâtes  pseudo-Isido- 
rianx,  p.  211  et  488).  Sur  ce  fragment,  voir  C.  2,  Q.  6,  c.  18  et  la  note  de 
M.  Friedberg. 

2.  Ce  canon  est  le  dix-huilièrae  du  concile  général  de  869,  tenu  à  Constant]- 
nople.  Il  figure  dans  les  Varia  de  la  Britannica  {Neues  Arckiv,  V,  p.  589, 
n"  87),  sans  indication  de  source,  au-dessous  d'un  fragment  de  Gélase.  De  là 
vient  la  fausse  attribution  à  Gélase,  qui  a  passé  dans  la  Tripartita,  dans 
notre  collection,  et  dans  Gratien  (C.  16,  Q.  3,  c.  8). 


— 

47. 

Anaclet, 

7. 

Alexandre, 

5. 

Félix  II, 

2. 

S.  Léon, 

42. 

— 

42. 

Gélase, 

4. 

— 

44. 

— 

49. 

— 

23. 

— 

24. 

— 

29. 

— 

36. 

— 

37. 

Tripartita. 

=  Part.  I,  Anaclet, 

^. 

=            — 

23. 

=            — 

U. 

—            

i2. 

632  LES    COLLECTIONS    CANOXIQUES 

parties  (collection  A).  Son  œuvre  n'est  en  réalité  qu'un  rema- 
niement méthodique  de  la  Tripartita^. 

J'en  viens  aux  titres  XI  à  XVIII,  qui  forment  comme  une 
seconde  partie  de  la  collection  de  Châlons. 

Cette  seconde  partie,  comme  on  Ta  déjà  fait  observer,  diffère  de 
la  première,  d'abord  en  ce  qu'elle  n'est  pas  écrite  de  la  même 
main,  puis  en  ce  que  la  plupart  de  ses  titres  (XI,  XII,  XIII,  XIV 
et  XV)  ne  répondent  à  aucun  titre  de  la  troisième  partie  de  la 
Tn2^artita. 

Toutefois,  quant  aux  éléments  qui  les  composent,  les  séries  de 
cette  portion  dépendent  largement  de  la  Tripartita.Yoici  quelques 
observations  qui  démontreront  l'exactitude  de  cette  proposition  : 

Première  collection  de  Châlons. 

Titre  XI,  de  accusatione. 
•J .  Anaclet.  Beatus  predecessor. 

2.  Anaclet.  Inoffensus  igitur... 

3.  Anaclet.  Accusatio  autem... 

4.  Anaclet.  Si  delractores... 

Le  texte  se  continue  ainsi  par  des  extraits  de  la  Tripartita 
et  se  termine  de  la  manière  suivante  : 

53.  (Bréviaire  d'Alaric).  Quicum- 

que  alium...  =  Part.  III,  de  causis  laie..,  \1\. 

54.  (Bréviaire).  Cum  mulli...  =  —  -179. 

55.  (Bréviaire).  Quicumque  inscri- 

ptione...  =  —  ^73. 

1.  L'extrait  a  été  fait  parfois  avec  étourderie.  Ainsi,  le  chapitre  7  du  titre  II 
{de  sacramentis  ecclesiasticis),  dans  la  collection  de  Châlons,  porte  comme  «i- 
scriptio  :  «  Auguslinus  in  libro  1111°,  »  sans  autre  indication  de  l'ouvrage.  Cette 
inscriptio  se  retrouvait  identique  dans  la  Tripartita,  où  le  même  fragment 
constitue  le  c.  10  du  titre  III  de  la  troisième  partie  [de  sacramentis  ecclesia- 
sticis). Ce  laconisme  de  Vinscriptio  s'explique  fort  naturellement  dans  la  Tripar' 
tita,  où  ce  fragment  suit  immédiatement  un  c.  9  qui  porte  :  de  unico  ba- 
plismo,  secundo  libro  ;  sans  que  le  scribe  ait  répété  au  chapitre  suivant  le  titre 
de  unico  baptismo,  on  comprend  sans  peine  que  le  fragment  appartient  au 
livre  IV  du  même  ouvrage.  Mais  le  compilateur  de  Châlons  a  omis  le  c.  9  de 
la  Tripartita.  C'est  pourquoi  Vinscriptio  du  c.  10,  qu'il  a  répétée  textuellement, 
apparaît  comme  une  énigme.  En  réalité,  par  cette  négligence,  la  trace  de  l'ori- 
gine du  texte  est  perdue.  C'est  un  fait  qui  s'est  produit  bien  souvent  par  suite 
du  passage  des  textes  d'une  collection  à  l'autre. 


ATTRFBCEKS    A    YVES    DE    CnARTRKS.  633 

56.  (Novelles  de  Julien).  Si  quis 

cum  monachis...  =  —  8"j. 

Titre  XII,  de  appellatione. 
J.  Anaclel.  Oranis  oppressas...    =  Part.     I,  Anaclel,  8. 

20.  Vigile.  Qui  scit...  =:  Vigile,  2. 

2\ .  (  Bréviaire  ) .   Propter  super- 

fluam...'.  —  Part.  III,  de  episcopis,  8. 

22.  (Bréviaire).  Ab  eo  à  quo...      =  —  9. 

23.  (Bréviaire).  Quicumque  non 

confidenlia...  =  —  ^0. 

24.  (Bréviaire).  Omnino providen- 

dum...  =  —  U. 

25.  (Novelles  ).   Judices  senten- 

tiam...  =:     de  causis  laicorum,  90. 

26.  (Capitulaires).  In  civilibus...    =  —  -153. 

27.  (Bréviaire).  Si  quando  dum...  =  —  -184. 

Un  autre  exemple  est  fourni  par  une  série  de  chapitres  du 
titre  XIII  de  la  première  collection  de  Chàlons,  de  judiciis,  qui 
se  retrouvent  dans  le  dernier  titre  de  la  troisième  partie  de  la 
Tripartita,  sous  la  rubrique  de  causis  laicorum.  Pour  mieux 
les  faire  connaître,  j'indique  aussi  la  place  qu'ils  occupent  dans 
le  Décret  d'Yves. 


De  judiciis. 

Tripariita 

de  causis 

laicorum. 

Décret,  XVI. 

54 

i^3 

479. 

55 

183  et  242 

258  et  349. 

56 

259 

339. 

57 

259  (suite) 

339  (suite) 

58 

26\ 

344. 

60 

iSi 

203. 

62 

275 

355. 

63 

244 

348. 

64 

233 

340. 

66 

93 

4  50. 

68 

228 

305. 

69 

230 

307. 

70 

232 

309. 

74 

467 

243. 

1.  Oa  trouve  ici  la  série  Urée  du  Bréviaire,  qui  ligure  aussi  dans  le  Décret 
d'Yves,  V,  281  et  suiv. 


(534  LES   COLLECTrOXS   CA\OXIQUES 

J'ajoute  encore  un  exemple  que  me  procure  l'étude  des  18  pre- 
miers chapitres  du  titre  XVII,  de  superstitionibus  demonum 
(ce  titre  comprend  en  tout  21  chapitres). 

De  Super stilionibus  demonum.  Tripartila.  Décret, 


i 

= 

Part 

I, 

S.  Grégoire, 

85. 

XI,  33. 

2 

= 

II, 

concile  du  pape 

S,  Martin 

46. 

3 

= 

— 

40. 

4 

= 

m,  de  incantatoribus^  4 

15. 

5 

= 

— 

5 

16. 

6 

■=. 

— 

7 

18. 

7 

= 

— 

8 

19. 

8 

= 

— 

9 

20. 

9 

= 

— 

13 

66. 

^0 

■=. 

— 

14 

67. 

^^ 

= 

— 

15 

68. 

i2 

z= 

— 

16 

70. 

iS 

rrr 

— 

17 

71. 

\h 

= 

— 

18 

84. 

15 

= 

— 

19 

98. 

16 

= 

— 

20 

22. 

M 

3= 

— 

11 

21. 

48.  De  synodo 

An- 

chiritana  c.  XXIV. 

De  his 

qui 

more  gentiliura  vivunt.  Qui  au- 

guriavelauspicia... 

constitutas. 

= 

— 

10. 

On  voit  que,  sur  les  21  chapitres  qui  constituent  ce  titre, 
18  sont  empruntés  à  la  Tripartita. 

On  trouverait  dans  la  seconde  partie  de  la  première  collection 
de  Cliâlons  beaucoup  d'autres  chapitres  tirés  de  la  Tripartita; 
le  compilateur  les  y  a  pris  habituellement  avec  leurs  sommaires, 
qu'il  s'est  borné  à  reproduire  ^  En  réalité,  il  use,  dans  la  seconde 
série  de  titres,  de  la  même  source  à  laquelle  il  avait  puisé  pour 
composer  la  première  série  ;  la  seule  différence  est  qu'il  se  sert  en 
même  temps  d'une  autre  collection,  dont  il  combine  les  fragments 
avec  ceux  qu'il  tire  de  la  Tripartita. 

1.  Il  est  à  remarquer  notamment  que  beaucoup  de  règles  du  droit  romain 
ont  été  empruntées  par  notre  collection  au  dernier  titre  de  la  troisième  partie 
de  la  Tripartita  (collection  B),  de  causis  laicorum. 


ATTRIBUÉES   A   YVES   DE   CHARTRES.  (»3r; 

Il  convient  maintenant  de  déterminer  cette  seconde  collection. 
—  Si  l'on  examine  avec  attention  les  textes  étrangers  à  la  Tri- 
jjartita  (ils  sont  assez  nombreux  dans  cette  seconde  série,  quoique 
notablement  inférieurs  en  nombre  aux  textes  pi'ovenant  de  la 
Tripavtita  ) ,  on  voit  qu'en  général  ils  figurent  aussi  dans  la 
Pmiormia  d'Yves.  J'emprunte  quelques  exemples  au  titre  de 
Jurameniis  de  la  première  collection  de  Chàlons. 

2  = 

6  = 

^9  = 

20  = 

2^  = 

22  = 

23  = 

28  = 

29  = 

32  = 

33  = 

36  = 

37  = 

J'ai  pu  constater  qu'à  part  deux  ou  trois  exceptions  ceux  des 
42  chapitres  de  ce  titre  qui  ne  font  point  partie  de  la  Tripartita 
se  retrouvent  dans  la  Panormia. 

Toutefois,  il  est  dans  le  manuscrit  de  Châlons  un  certain 
nombre  de  fragments  étrangers  à  la  Panormia  aussi  bien  qu'à 
la  Tripartita.  Or,  on  peut  constater  la  présence  d'un  certain 
nombre  de  ces  fragments  dans  la  collection  en  dix  parties,  que 
j'ai  présentée  plus  haut  comme  une  Panor7nia  revue  et  aug- 
mentée. En  voici  des  exemples  : 

Ghâions.  Collection  en  dix  parties. 

XII,  de  appellationibus,  29  =         V,  xxv,  de  appellalionibus  im- 

portunis,  c.  3.  Ex  legc  JuHa,  i\o- 
tatur  infamia,  qui  dura  appellat 
judicem,  convicium  dixcrit,  sed  et 
bis  [pour  is)  eliam  cujus  consilio 
factura  est... 

Ihid.,  c.  30,  avec  Vinscriplio 


mia,  VIII, 

^04. 

— 

123. 

— 

'lOT. 

— 

^^0. 

— 

Wo  et  \\^ 

— 

J33. 

— 

-H». 

— 

W^. 

— 

^26. 

— 

404. 

— 

90. 

~        V, 

\\. 

—    VIII, 

94. 

(,36  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

caractéristique  Ex  corpore  cano- 

nutn...  =         V,  VI,  Ne  electi  judices  provo' 

centur,  c.  \  (suit  immédiatement 
le  précédent).  Ex  corpore  cano- 
num.  Appellationes  que  alTerende 
more...  securitatem  fecit. 
VI,  II,  de  purgatione  Sixti, 
Titre  XIII,  de  judiciis.  Leonis  pape,  etc. 

37^  =        Stephanus  papa  Letberto  epi- 

scopo  Moguntino.  Ferri  candentis 
vel  aque  ferventis...  filiorum  ho- 
minum. 

43  =        VI,  XVII.  Ne  ex  suspicione  in- 

certa  judicentur.  G.  2  :  Ex  dictis 
Ysidori.  Nemo  stultus  aut  impro- 
bus...  hostibus  (remaniement  de 
Burchard,  XVI,  26,  r^  partie). 

44  =         Ibid.,  3.  De  verbosis  et  elatis 

judicibus.  Verbosi  judices  et  elati 
...  quam  agnoscant. 

45  =         VI,  XXI  :  De  bis  qui  possiden- 

tes  ante  judicium  spoliaverint  et 
de  fructibus  aliène  rei  restituen- 
dis.  G.  4  :  Gonstantinus  impera- 
tor  in  lege  Romana.  Pro  sanctis 
ac  venerabilibus  habeatur  quic- 
quid  episcoporum  fuerit  judicio 
terminatura...  décident. 

46  =:         V,  XXI,  3.  Sozomenus  in  eccle- 

siastica  historia.  Si  qui  civiles 
réfutant  judices,  ad  episcopos  per 
appellationem  refugiendum  est. 
Indicium  maxime  reverentie  pii 
principis  Gonstantini...  termines 
synodales. 

1.  Ce  texte  n'est  pas  dans  la  Panormia.  Il  se  trouve  dans  la  Triparlita, 
part.  I,  Etienne  V,  c.  4,  sous  une  forme  plus  longue.  Il  est  dans  notre  col- 
lection sous  une  forme  identique  à  celle  d'après  laquelle  le  cite  la  collection  en 
dix  parties. 


ATTRIIllEES    A    TVES    DE    CHARTRES.  637 

47  =         Addition  à  la  partie  V  :  Vene- 

rabilis  abbas  Bernardus  in  libro 
de  XII  gradibus  humilitatis.  Et 
legibus  humanis  stalutum  et  in 
causis  tam  ecclesiasticis  quam 
secularibus  servatum  scio  spécia- 
les amicos...  judiciura  fallit*. 
Titre  XIV,  de  testibus. 

8  =        V,  XIV,  2^ .  Gregorius  Gonstan- 

tio  Mediolanensi  episcopo.  Questus 
est  nobis  Philagrius...  reddatur. 

9  =         Ibid.,  ^8.  Paschalis  II"«  Guido- 

ni  Viennensi  archiepiscopo,  apo- 
stoliee  sedis  legato.  De  controver- 
sia  Bisonlinorura.  Gontroversiam 
que  inter  Bisontines  canonicos... 
auditum  testimonium. 
-19  =         Ibid.,  -19.   Item  ejusdem.    De 

eadem  re.  Super  prudentia  tua... 
decidatur. 

Je  rencontre  encore,  dans  le  titre  de  pœnitentia  de  la  pre- 
mière collection  de  Chàlons,  quelques  fragments  propres  à  la  col- 
lection en  dix  parties,  à  savoir  : 

i7  =         X,  XVI,  ^.  Augustinus.  Presby- 

teri  ammonere  debent.. .  observet. 

22  =         X,  XXIII,  -i.    (Augustinus)  in 

sermone  de  igné  purgatorio.  Quo- 
tics  aliquis  in  cibo...  demergant 
animam. 

23  =         X,  XXIV,  2.  Idem  in  libro  de 

deffinitionc  recte  fidei,  cap.  xxiir. 
Penitentia  aboleri...  Novatianus 
est. 

24  =         X,  111,2.  Gregorius  VU.  Falsas 

penitentias...  ad  penitenciam. 

En  somme,  depuis  le  titre  XI,  la  première  collection  de  Ghâ- 

1.  Cf.  s.  Bernard,  de  gradibus  humilitaiis,  c.  iv,  in  fine. 

^897  4i 


r,3S  LES    COLLECTtONS    CANONIQUES 

Ions  présente  des  traces  d'emprunts  importants  non  seulement  à 
la  Tripartita,  mais  à  la  collection  en  dix  parties  faite  d'après 
la  Panonnia.  Ce  sont  les  deux  principales  sources,  peut-être 
les  deux  seules,  dont  se  soit  servi  le  compilateur  de  Châlons. 

Il  est  donc  parfaitement  légitime  de  considérer  la  première  col- 
lection de  Ghàlons  comme  appartenant  à  la  descendance  des  col- 
lections chartraines,  puisque,  jusqu'au  titre  X,  elle  est  faite  de  la 
Tripartita  et  qu'ensuite  elle  tire  sa  substance  de  la  Tripartita 
et  de  la  seconde  édition  de  la  Panormia. 

La  première  collection  de  Châlons  ne  peut  être  antérieure  à 
1130,  date  approximative  de  la  collection  eu  dix  parties.  Il  n'est 
pas  déraisonnable  d'en  placer  la  composition  entre  1130  et  1140. 
—  Je  serais  assez  disposé  à  croire  qu'elle  a  pour  patrie  Châlons. 
C'est  à  l'abbaye  de  Saint-Pierre  de  cette  ville  que,  de  temps 
immémorial,  s'en  est  conservé  l'unique  manuscrit;  d'ailleurs, 
nous  savons  qu'à  cette  époque,  qui  est  celle  d'Haimon  de  Bazoches, 
on  s'occupait  à  Châlons  d'études  canoniques.  —  L'existence  de 
notre  collection  fournit  un  témoignage  nouveau  des  préoccupa- 
tions de  quelques  clercs  ou  moines  châlonnais  vers  le  milieu  du 
xir  siècle. 

§  VII.  La  deuxième  collection  de  Châlons. 

Le  manuscrit  75  de  la  bibliothèque  de  Châlons-sur-Marne  S 
qui  date  de  la  première  moitié  du  xii*  siècle  et  provient  du  monas- 
tère de  Saint-Pierre  de  Châlons,  comme  le  manuscrit  signalé  au 
paragraphe  précédent,  contient  une  collection  canonique  qui,  elle 
aussi,  est  jusqu'ici  demeurée  inconnue.  11  convient  de  la  men- 
tionner ici,  parce  qu'elle  se  rattache,  par  ses  origines,  au  groupe 
des  collections  chartraines. 

Le  manuscrit  n'est  pas  homogène  ;  l'écriture  y  varie  souvent, 
quoiqu'elle  appartienne  toujours  à  la  même  époque.  En  outre,  on 
peut  constater  à  plusieurs  reprises  des  interpolations  résultant  de 
ce  que  les  blancs  laissés  dans  le  premier  état  du  manuscrit  ont  été 
remplis  ou  de  ce  que  des  feuilles  nouvelles  ont  été  ajoutées.  Évi- 
demment, l'œuvre  primitive  a  été  remaniée  soit  par  son  auteur, 
soit  par  un  auteur  différent,  quoique  contemporain  ;  d'ailleurs,  en 

1.  On  trouve  une  brève  notice  sur  ce  manuscrit  dans  le  catalogue  des  manus- 
crits de  Gliillons,  par  M.  A.  Molinier  (tome  lil  du  Catalogue  général  des  manus- 
crits des  bibliothèques  publiques  de  France,  p.  33-34). 


ATTRIBUÉES    A    TVES    PE    CHARTRES.  fiS!» 

l'état  où  elle  uous  est  parvenue,  la  collection  était  destinée  à  être 
encore  retouchée  sur  divers  points,  connue  le  prouvent  quelques 
notes  placées  en  marge  des  chapitres,  auxquels  elles  assignent 
une  place  nouvelle.  Il  est  donc  permis  de  penser  que  ce  manuscrit, 
sur  lequel  travaillait  l'un  des  auteurs,  doit  être  considéré  comme 
un  original.  La  collection  qu'il  contient  a-t-elle  été  reproduite 
dans  d'autres  manuscrits?  Je  n'en  connais  aucun  où  elle  se 
retrouve  ;  mais  il  n'est  pas  impossihle  qu'il  en  existe.  En  tout  cas, 
cette  collection,  si  elle  a  circulé  au  moyen  âge,  n'a  été  propagée 
que  dans  un  milieu  très  restreint. 

La  deuxième  collection  de  Châlons  (c'est  la  meilleure  désigna- 
tion qu'on  puisse  lui  donner)  s'ouvre  par  la  grande  préface  d'Yves 
de  Chartres.  Suit  une  liste  des  papes,  avec  la  durée  de  leurs  pon- 
tificats; cette  liste  est  complète  jusqu'à  Calixte  II,  qui  mourut  en 
1124.  Les  deux  papes  suivants,  Honorius  II  (1124-1130)  et 
Innocent  II  (1130-1143),  ont  été  ajoutés  par  la  main  qui  avait 
écrit  la  liste,  sans  que  la  durée  de  leur  pontificat  soit  mentionnée. 
La  liste  des  papes  a  été  ultérieurement  conduite  par  une  autre 
main  jusqu'à  Urbain  III.  Le  manuscrit  doit  être  de  peu  posté- 
rieur à  l'année  1130;  il  a  subi  ensuite  des  remaniements  qui  ont 
été  opérés  à  une  époque  assez  rapprochée  de  cette  date. 

Une  préface  spéciale,  dont  les  premières  lignes  sont  évidem- 
ment inspirées  par  un  passage  de  la  grande  préface  d'Yves, 
expose  le  plan  de  l'ouvrage*,  qui  est  divisé  en  treize  parties.  Ce 
chifi"re  est  aussi  celui  des  livres  qui  composent  le  recueil  d'An- 
selme de  Lucques  ;  mais  on  verra,  parles  observations  faites  ulté- 
rieurement, qu'il  n'y  a  pas  d'autre  point  de  contact  entre  le 

1.  Fol.  13  v  :  «  Tredecim  partibus  hujus  collectionis  opusculuin  distinguilur, 
juxta  hoc  quod  densilas  qualernioniiin  seu  numéros  exigere  vidclur.  Hanc  sane 
dislinclionem  tain  numerosa  partiuin  pluralilate  quilibel  ideo  esse  faclam  sciât 
ut  facilius  inquirenti  occurreret  quid  sibi  ncccssc  sit  et  in  qua  parte  quid 
quœril  iiiveniat.  Undc  singularuni  capitibus  distinclionum  proprii  tituli  prepo- 
nuntur,  volentibus  scire  nunciantes  de  quibus  rébus  in  singulis  partibus  agatur, 
ut  non  oporleat  aliquem  causa  alicujus  sententie  lotuin  opus  percurrere,  sed 
tantum  dislinclionem  suo  negotio  congruam  notare  et  ejusdem  sententias  inda- 
gando  mente  memori  retinere  (à  rapprocher  du  début  de  la  préface  d'Yves, 
Patrologia  latina,  CLXI,  c.  47).  Nec  tamen  omnes  hic  interposite  sententie 
temporibus  istis  apte  videntur  esse  ad  aliquid  coiifirrnaiidum,  ,sed  quia  diversi 
diversa  sentiunt,  ostendendum  fuit  inquisitori  sagaci  quid  sequendum  quidve 
putaret  rciciendum.  Diverse  siquidern  regiones  rnulta  constituerunt  pro  locis, 
personls  et  temporibus,  que  tamen  cum  non  exigit  nécessitas  possunt  mulari, 
si  suadel  ulililas.  Nunc  crgo  quid  lu  partibus  conlincatur  breviler  aperialur...  b 


640  LES   COLLECTIONS   CAIVO.\IQD£S 

recueil  d'Anselme  et  notre  collection  que  cette  analogie.  —  Si 
l'on  entreprend  de  ramener  le  plan  de  la  deuxième  collection  de 
Châlons  à  son  expression  la  plus  simple,  en  relevant  seulement 
les  titres  des  parties  ou  des  séries  entre  lesquelles  certaines  par- 
ties sont  partagées,  voici  le  résultat  qu'on  obtient  : 

Pari.  I  :  De  primatu  Romane  Ecclesie. 

Pari.  II  :  De  episcopis. 

Part.  III  :  De  clericis. 

Part.  IV  :  De  monachis. 

—  De  sanctimonialibus. 

—  De  canonicis  regularibus. 
Part.  V  :  De  baptismo. 

—  De  sacramentis. 
Part.  VI  :  De  rébus  ecclesiasticis. 

—  De  fugientibus  ad  ecclesiam. 

—  De  observatione  dierum. 

—  De  jejunio. 

—  De  consuetudinibus  ecclesiasticis. 

—  De  consuetudine. 
Part.  VII  :  De  conjugils. 
Part.  VIII  :  De  bomicidiis. 

—  De  incesta  copulatione. 
Part.  IX  :  De  excommunicatione. 

—  De  septem  gradibus  consanguinitatis. 

—  De  nocturna  illusione. 

—  De  venatoribus. 

—  De  usurariis. 
Part.  X  :  De  accusallone. 

—  De  eonciliis  vel  synodis^ 

—  De  appel latione. 
Part.  XI  :  De  judiciis. 

—  De  lestibus. 

—  De  purgalione. 

—  Dejuramentis. 

—  De  superstitionibus  demonum. 
Part.  XII  :  De  penitenlia. 

Part.  XIII  :  De  causis  laicorum. 

1.  Une  note  contemporaine  du  manuscrit  indique  que  les  deux  chapitres  qui, 
à  eux  seuls,  constituent  ce  titre  doivent  être  reportés  à  la  première  partie. 


ATTRIBUEES   A    YVES    DE    CHARTRES.  641 

Ce  plan,  il  est  facile  de  s'en  convaincre,  est  supérieur  à  celui 
de  la  première  collection  de  Chàlons.  D'abord,  il  est  complet; 
toutes  les  matières  du  droit  canonique  y  sont  traitées,  tandis  que 
plusieurs  matières  importantes  ont  été  négligées  par  la  première 
collection.  Puis  il  est  disposé  d'après  un  ordre  régulier.  En  tête, 
le  compilateur  a  placé  les  textes  relatifs  aux  personnes  ecclésias- 
tiques, en  commençant,  suivant  l'usage  italien,  par  le  pontife 
Romain  (parties  I  à  IV)  ;  il  en  vient  ensuite  aux  sacrements,  aux 
choses  ecclésiastiques,  au  culte  (parties  V  et  VI).  Les  parties  sui- 
vantes sont  consacrées  au  mariage  (VII),  aux  crimes  et  à  la  pro- 
cédure (VIII-XI),  à  la  pénitence  (XII).  Enfin,  d'après  l'exemple 
du  Décret  d'Yves  et  de  la  TyHpariitu,  la  collection  se  termine 
par  un  livre  XIII,  de  causis  laicorum.  D'ailleurs,  il  suffit  de 
comparer  ce  plan  à  ceux  de  la  troisième  partie  de  la  Tripartita 
(collection  B)  et  de  la  première  collection  de  Cliàlons  pour  y 
reconnaître  l'influence  de  l'une  et  l'autre  collection. 

L'étude  du  contenu  des  divers  titres  ne  fera  que  confirmer 
cette  impression  que  donne  l'examen  du  plan.  Le  moment  est 
venu  de  montrer  que  la  deuxième  collection  de  Ghâlons  n'est 
autre  chose  qu'un  recTued  analogue  à  la  première  collection,  mais 
porté  à  un  état  beaucoup  plus  complet,  à  l'aide  surtout  des  deux 
sources  qui  avaient  déjà  fourni  les  éléments  de  la  première  collec- 
tion, à  savoir  la  Tripartita  et  la  collection  en  dix  parties  faite 
d'après  la  Panormia  d'Yves  de  Chartres. 

Il  n'est  possible  de  reproduire  ici  que  quelques-unes  des  très 
nombreuses  constatations  qui  justifient  cette  proposition.  J'em- 
prunte ces  constatations  aux  diverses  parties  de  la  collection. 
A  peine  ai-je  besoin  de  dire  que  l'influence  de  la  première  collec- 
tion de  Chàlons  ne  se  fait  sentir  que  sur  les  parties  consacrées 
aux  matières  traitées  par  cette  collection,  fort  incomplète  comme 
on  l'a  montré,  c'est-à-dire  sur  les  livres  I,  II,  III,  V,  VI,  X 
(séries  1  et  3),  XI  et  XII. 

Prenons  d'abord  pour  exemple  la  première  partie,  consacrée  à 
la  primatie  du  Saint-Siège. 

Le  titre  correspondant,  dans  la  première  collection  de  Ghâlons, 
comprend  cinq  chapitres.  Ces  chapitres,  qui  appartiennent  d'ail- 
leurs à  la  Tripartita  (d'où  ils  ont  passé  dans  la  première  collec- 
tion), sont  groupés  sous  les  n°'  4,  6,  7,  8  et  9  de  notre  série. 

Voici  maintenant  des  chapitres  que  l'auteur  de  notre  collection 
est  allé  chercher  directement  dans  la  Tripartita  : 


C42 

•1.  Clément. 

2.  — 

3.  — 

5.  Liber  Pontif. 
-10,  Nicolas  I". 
\  \ .  Donation  de 
Constantin. 
Nicolas  l^\ 
Syramaque. 


LES  COLLECTIONS  CANONIQUES 


Triparfita. 
=  Part.  I,    S.  Clément, 


2i 


Trado  ipsi... 
Hec  eo... 

Verumtamen  de.. 
Cum  Adrianus... 
Patet  profeeto... 

Ex  testamento... 
Porro  Gloria... 
Si  quis  presbyter...  =  Part.  I,    Symmaque, 

(fragment) , 
=  Part.  III,  de  primatu^ 


=     —        Grégoire  IV, 
=     —        Nicolas  I", 

=     —        Melchiade, 
=  Part.  III,  de  primatu^ 


\. 
2. 
3. 
2. 
5. 

7. 

2. 

W. 


22.  S.  Boniface.     Si  papa...  =Va.vi.\\\,  deprimatu,      3. 

23.  S.  Augustin.    Puto  quod...  =      —  —  4. 

27.  S.  Jérôme.      Quecumque  ligave- 

ritis...  =      —  —  5. 

28.  Syn.  du  pape 

Symmaque.  Aliorum  forte...  =  Part.-l, 

29.  Etienne  V.       Enimvero...  =      — 

30.  Jean  YIII.       Nemo  autem...  =     — 
3^.  Léon  IV.          Nos  si...  =     — 

32.  Pelage  II.        Relatum...  =      — 

33.  S.  Grégoire.     NamnuUi...  =      — 

En  somme,  des  33  fragments  qui  forment  le  titre  de  primatu, 
en  voilà  17  qui  ont  été  empruntés  textuellement,  avec  leurs  som- 
maires, à  la  collection  Tripartita.  Joignez-les  aux  5  qui  ont  été 
pris  dans  la  première  collection  de  Châlons,  cela  fait  22  fragments 
dont  l'origine  est  constatée.  D'où  sont  provenus  les  11  fragments 
qui  complètent  le  titre  ?  L'examen  de  la  collection  en  dix  parties 
faite  sur  la  Panormia  nous  fournit  la  réponse. 

Collection  en  X  parties. 


Symmaque, 

4. 

Etienne  V, 

6. 

Jean  VIII, 

4. 

Léon  IV, 

23. 

Pelage, 

2. 

S.  Grégoire, 

32. 

\  2.  Donation  de  Constantin, 

.  Sicut  nostro... 

=  Part. 

V,  tit.  I, 

5. 

-13.  S.  Silvestre. 

Nemo  judicabit.. 

.  = 

— 

i. 

U.  Nicolas  I". 

Nunc  autem...' 

= 

— 

2. 

^5.  Gélasel". 

Cuncta... 

= 

— 

4. 

^6.  Nicolas  I". 

Nemini  est... 

= 

— 

5. 

-18.  Jules. 

Habet... 

= 

— 

7. 

-19.  Liber  Diurnus. 

Profiteor... 

=  Part. 

m,  tit.  II, 

,  ^• 

20.            — 

Nichil... 

= 

— 

2. 

24.  Grégoire  VII. 

Ad  id  quod... 

=  Part. 

V,  tit.  i, 

7. 

25.  Zosime. 

Contra  statuta... 

=      — 

tit.  III, 

,  ^• 

20.  Hadrien  (?). 

Anathema... 

— 

— 

2. 

ATTRIBUKKS    A    TVES    DE    CUARTRKS.  (i43 

Ainsi,  la  première  partie,  de  primatu,  provient  tout  entière 
de  cette  triple  source  :  première  collection  de  Châlons,  Tripar- 
tita  et  collection  en  dix  parties.  Les  emprunts  sont  évidents  ;  les 
textes  sont  passés  dans  notre  collection  tels  qu'ils  se  trouvaient 
dans  les  collections  employées  comme  sources  et  précédés  de 
leurs  sommaires  quand  ils  en  avaient. 

Considérons  maintenant  une  autre  série,  de  testibus,  qui  est 
la  seconde  de  la  partie  XI  et  qui,  d'ailleurs,  est  analogue  par  son 
titre  à  une  série  de  la  première  collection  de  Châlons,  la  série  XIV. 

Elle  s'ouvre  par  un  chapitre  tiré  du  pseudo-Anaclet  qui  figure 
aussi  dans  la  collection  en  dix  parties  (V,  xi,  5)*. 

Vient  ensuite  une  série  de  chapitres  qui  figurent  dans  le  titre 
correspondant  de  la  première  collection  de  Châlons,  à  savoir  : 

2.  De  lege  Theodosiana,  libro  V°. 

Testes  priusquam...  =  P®  Collection,  XIV,  34. 

3.  Anaclet.         Testes  esse...  =  —  3. 

4.  Damase.         Testes  absque...  =  —  4. 

5.  Eusèbe.          Homicide...  =  —  5. 

6.  S.  Silvestre.    NuUus  laicus...  =  —  4. 

7.  S.  Silvestre.    In  qua  eliam...  =  —  2. 

8.  Eutychien.     NulH  unquam...  =  —  6. 

9.  Etienne  V.  Nec  Evangelium...  =  —  7. 
^0.  Gapltulaires.  Si  testes...  =  —  ^4. 
-14.  Pascal  II.       Oontroversiam...  =  —  i>. 

42.  Pascal  II.       Super  prudentia...         =  —  iO. 

43.  Capilulaires.  Servo  penitus...  =  —  4  4. 

La  coïncidence  se  retrouve  jusque  dans  les  derniers  frag- 
ments de  cette  série  : 

32.  De  VIP  libro  iegum  Theodosii. 

Convinci  nemo...  =  —  35. 

33.  Capilulaires.  Homines  liberi...  =  —  32. 

34.  Fratres,  sorores  uterini...  =  —  33. 
33.  Bréviaire.  Testes  priusquam...  =  —  34. 

1.  «  Qui  sint  admiUendi  ad  acciisationem.  In  derretis  Anacleti  pape,  c.  1. 
Anacletus  urbis  Romae  episcopus  episcopis  omnibus.  Accusandi  vel  testificandi... 
suscipicndus  »  (cf.  collection  en  74  litres,  c.  64  ;  Décret  d'Yves,  V,  237;  Panor- 
mia,  IV,  60). 


044  LES   COLLECTIO.NS   CANONIQDES 

Mêmes  constatations  en  ce  qui  touche  le  titre  de  purgatione 
(titre  III  de  la  onzième  partie),  qui  comprend  sept  chapitres  : 

Châlons,  P'^  Gollection. 

4.  Concile  de  ïribur.        Siqui3presbyter..,=  De^wrgra^îowe,  9. 

2.  Concile  d'Ilerda.          Siqulspresbyter...=           —  \\. 

3.  Sixte  III.                      Mandastis...           =           —  \. 

4.  De  purg.  Leonis  pape.  Auditum...            =            —  2. 

5.  S.  Grégoire.                 Habet...                =           —  5. 

6.  S.  Grégoire.                 Mennam...             =            —  6. 

7.  Etienne  V.                   De  crimine...         =            —  7. 

Ainsi,  dans  les  titres  que  j'ai  choisis  pour  exemples  et  qui 
répondent  à  des  titres  de  la  première  collection  de  Châlons,  les 
matériaux  employés  proviennent  de  cette  collection  de  la  Tripar- 
tita  et  de  la  collection  en  dix  parties. 

J'en  viens  maintenant  à  choisir  un  exemple  dans  les  séries  de 
notre  collection  qui  n'ont  point  d'analogues  dans  la  première  col- 
lection. On  verra  que  les  textes  en  très  grande  majorité  procèdent, 
non  plus  de  la  première  collection  (le  motif  en  est  évident) ,  mais 
de  la  Tripartita  et  de  la  collection  en  dix  parties.  L'exemple 
que  je  me  borne  à  citer  est  tiré  de  l'important  titre  de  conjugiis. 

On  rencontre  dans  ce  titre  une  série  sûrement  empruntée  au 
titre  de  conjugiis  de  la  troisième  partie  de  la  Tripartita.  La 
liste  suivante  donne,  avec  l'indication  du  rang  des  chapitres  de 
cette  série,  la  mention  de  la  place  qu'ils  occupent  dans  la  Tri- 
partita et  le  Décret  d'Yves  : 

Tripartita^  part.  III, 


n 

De  conjugiis. 
\ 

Décret,  VIII, 

48 

2 

2. 

\i 

3 

3. 

20 
•2\ 

4 
6 

4  et  5. 
6. 

22 

7 

7. 

23 

9 

9. 

24 

A\ 

40. 

25 

\Z 

42. 

26 

U 

43. 

ATTRIBUÉES    A    YVKS    DE 

CHARTRES. 

27 

15 

14. 

28 

16 

15. 

29 

17 

17. 

30 

20 

19-21. 

31 

21 

22. 

32 

22 

24. 

33 

25 

26,  §  2. 

34 

26 

26,  §  3. 

35 

27 

27. 

36 

29 

32. 

37 

38 

34. 

38 

37 

45. 

39 

38 

51. 

40 

39 

52. 

41 

40 

53. 

42 

41 

54. 

43 

42 

56. 

44 

44 

fragment  de  71 . 

45 

45 

71  (fin). 

46 

48 

79. 

47 

49 

87. 

48 

54 

111. 

49 

57 

133,  §2. 

50 

58 

133  (fin) 

51 

59 

134. 

52 

60 

136. 

53 

62 

136,  §3 

54 

66 

185. 

55 

67 

187. 

57  ^ 

75 

212. 

58 

77 

217. 

59 

78 

218. 

602 

79 

220. 

C45 


1  Je  n'ai  point  retrouvé  le  c.  56  dans  la  troisième  partie  de  la  Tnpaj-tUa  : 
«  Ex  concilio  Carthaginensi  IIIP,  cui  interfuit  Augustinus,  cap^xxv  S.  vero 
seculares  qui  conjugale...  excludantur.  «  Ce  texte  est  dans  e  ^^^^  ^  ^ves^ 
VIII,  231,  et  dans  la  Panormia,  VI,  98,  d'où  il  a  pu  passer  dans  la  collecl.oa 
en  dix  parties  et  de  là  dans  notre  collection. 

9  Le  texte,  dans  notre  collection  comme  dans  la  TnpartUa,  est  plus  court 
que  dans  le  Décret  d'Yves;  il  s'arrête  à  festinatione  mutavertt. 


6*6 


LES  COLLECTIONS 

CANONIQUES 

64 

84 

232. 

62 

85 

238. 

63 

87 

240. 

64 

88 

242,  §  2 

65 

403 

274. 

66 

404 

272. 

67' 

405 

273. 

68 

408 

294. 

Les  trois  chapitres  qui  suivent  sont  empruntés  à  une  autre  série 
de  la  Tripartita  (partie  III,  titre  XXIX,  de  causis  laicorwn)  : 


69                                    246 

Décret,  XVI,  292  et  293. 

70                                    255 

355. 

r  74  (Augustin.  Bonum 

igitur  nuptiarum)              283 

Il  résulte  des  observations  consignées  dans  ce  tableau  que  toute 
cette  série  (c.  17  à  71)  a  été  faite  au  moyen  d'extraits  méthodique- 
ment tirés  de  la  Tripartita'. 

A  partir  du  chapitre  72  la  deuxième  collection  de  Châlons  ne 
dépend  plus  de  la  Tripartita.  Les  fragments  dont  elle  est  com- 
posée (pour  la  plupart  ils  se  retrouvent  dans  le  livre  VI  de  la 
Panormia)  proviennent,  selon  toutes  les  vraisemblances,  de  la 
septième  partie  de  la  collection  en  dix  parties  faite  sur  la 
Panormia  : 

Gollection  en  dix  parties.   Panormia. 
72.  G.  Seligenstadt.  De  legitimis 

conjugiis...  VII,  i,      2. 

73  3  VI,  2. 

74  II,     4  VI,  8,  §  2. 

75  II,     2  9. 

1.  Le  texte,  dans  la  collection  de  Châlons  et  dans  la  Tripartita,  s'àTTéte  aux 
mots  non  utitur. 

2.  On  sait  que  la  collection  B,  troisième  partie  de  la  Tripartita,  est  purement 
et  simplement  un  extrait  du  Décret  d'Yves.  C'est  cet  extrait  qui  a  été  suivi. 
En  efTet,  on  ne  rencontre  pas  ici  les  fragments  qui  figurent  dans  le  Décret  et 
qui  ont  été  omis  par  la  collection  B.  Au  surplus,  il  arrive  parfois  (on  l'a  vu 
plus  haut)  que  le  texte  de  la  collection  B  est  moins  long  que  celui  du  Décret; 
en  ce  cas,  notre  collection  suit  la  collection  B.  Il  est  incontestable  que  notre 
collection  de  Châlons  n'utilise  les  textes  du  Décret  d^Yves  que  par  l'intermé- 
diaire de  la  collection  B. 


V, 

3. 

▼, 

4 

23. 

V, 

6 

26. 

V, 

7 

27. 

V, 

^0. 

V, 

^5 

33. 

V, 

^6 

35. 

VIII, 

43 

52. 

VIII, 

44 

53. 

VIII, 

45 

55. 

IX, 

4 

57. 

ATTRIBUEES    A    YVES    Dt   CnARTRES.  647 

76.  Sother.  Ul  sponsus  et  sponsa 

cura  precibus...  iv,    4. 

77    -  V,     4  24. 

78.  De  perfecto  conjugio.  Auguslinus. 

Non  est  perfectum...  v,     2. 

79.  Item.  Non  habent  nuptie  Ghristi 

et  ecclesie. . . 
80    ^^ 

84  ;ow....   .. . — .,^. , 

82  3oCl^  <^\^i.M\,[ 

83.  August.  super  Genesim.  Triperti- 
tum... 

86 
87 
89 
90 

J'ai  poussé  mes  investigations  jusqu'à  la  fin  de  cette  partie  de 
la  deuxième  collection  de  Chàlons,  qui  compte  en  tout  157  cha- 
pitres. Au  moins  jusqu'au  chapitre  153,  j'ai  pu  reconnaître  l'in- 
fluence de  la  collection  en  dix  parties.  Ainsi  est-il  permis  d'affir- 
mer que  cette  série  de  conjugiis  de  la  deuxième  collection  de 
Chàlons  dépend  principalement  de  la  Tripartita  et  de  la  collec- 
tion en  dix  parties. 

D'autres  expériences,  dont  le  détail  ne  saurait  trouver  place 
ici,  m'ont  conduit  au  même  résultat  pour  des  parties  différentes  de 
la  deuxième  collection  de  Chàlons  qui,  pas  plus  que  la  série  de 
conjugiis,  n'ont  de  séries  analogues  dans  la  première  collection. 

En  résumé,  voici  quelle  fut,  à  mon  avis,  l'œuvre  du  rédacteur 
de  la  deuxième  collection  de  Chàlons  : 

Il  a  complété  les  parties  déjà  traitées  dans  la  première  collec- 
tion et  pour  cela  s'est  servi  de  la  Tripartita  et  de  la  collection  en 
dix  parties,  seconde  édition  de  la  Panormia. 

Il  a  constitué  de  toutes  pièces  les  parties  qui  n'existaient  point 
dans  la  première  collection,  en  tirant  ses  matériaux  de  la  Tri- 
partita et  de  la  collection  en  dix  parties. 


64  s  LES   COLLECTIO\S   CANOXTQDES 

En  d'autres  termes,  la  deuxième  collection  de  Châlons  présente, 
sous  une  forme  beaucoup  plus  complète  et  plus  riche,  le  travail 
dont  la  première  collection  de  Châlons  n'est  qu'un  premier  état. 
Ces  deux  recueils  nous  offrent  donc,  à  des  degrés  différents  d'achè- 
vement, une  collection  dont  les  éléments  sont  empruntés  au  groupe 
chartrain. 

La  seconde  collection  de  Châlons  semble  à  peu  près  contempo- 
raine de  la  première  ;  elle  n'emploie  d'ailleurs  aucune  source,  au 
moins  à  ma  connaissance,  qui  n'ait  servi  à  celle-ci.  Il  est  tout  à 
fait  raisonnable  d'en  placer  l'origine  entre  1130  et  1140,  un  peu 
après  la  composition  de  la  collection  I.  Il  n'y  a  aucune  bonne  rai- 
son de  supposer  que  cette  collection  ait  été  composée  ailleurs  qu'à 
Châlons*. 

Qu'il  me  soit  permis  de  faire  remarquer,  en  terminant,  que  nous 
avons  constaté  la  naissance  à  Châlons,  dans  un  intervalle  qui  ne 
peut  guère  excéder  d'un  côté  1130,  de  l'autre  côté  1145,  de  trois 
collections  provenant  des  groupes  chartrains  :  les  deux  collec- 
tions qui  viennent  d'être  étudiées  et  la  Summa  Haimonis. 

Il  y  avait  donc  à  Châlons,  à  cette  époque,  un  centre  d'études 
canoniques.  On  y  recueillait  avec  zèle  les  textes  ;  on  en  faisait 
des  collections  nouvelles;  mais  ces  textes,  que  l'on  classait  avec 
tant  d'amour,  on  les  tirait  presque  tous  des  recueils  dont  le  noyau 
avait  été  fourni,  cinquante  ans  plus  tôt,  par  Yves  de  Chartres  ou 
les  canonistes  de  son  entourage. 

J'ai  signalé,  dans  cette  section,  l'influence  des  collections 
chartraines  sur  sept  recueils  canoniques  qui  datent  tous  de  la 
première  moitié  du  xif  siècle.  Il  faut,  pour  le  moment,  arrêter 
ici  cette  enquête,  mais  j'ai  la  conviction  que  des  recherches  bien 
conduites  dans  les  bibliothèques  feraient  connaître  d'autres  collec- 
tions issues  vers  la  même  époque  des  recueils  composés  par  les 
soins  du  célèbre  évêque  de  Chartres. 

1.  11  n'est  pas  impossible  que  les  deux  collections  de  Châlons  émanent  du 
môme  auteur,  qui,  après  avoir  rédigé  un  premier  recueil,  l'aurait  repris  pour 
le  compléter  et  l'achever.  Mais  ceci  ne  peut  être  évidemment  qu'une  pure 
hypothèse. 


ATTaiBi:KLS   A    ÏVES    DE    CIIAIITUES.  649 

Section  troisième. 

Les  écrits  d'un  caractère  général. 

J'ai  réuni  dans  cette  question  le  résultat  d'observations  faites 
sur  les  ouvrages  suivants  : 

lo  Les  Lettres  d'Hildebert  de  Lavardin. 

2°  Les  Sentences  d'Alger  tle  Liège. 

3°  Le  traité  De  Sacramentis  et  la  Summa  Sententiarum 
d'Hugues  de  Saint-Victor. 

4"  Le  Sic  et  Non  d'Abélard. 

5"  La  Collection  de  sentences  contenue  dans  un  manuscrit  de 
Sidon  (Vatic.  1345). 

Avant  d'en  venir  à  l'exposé  de  ces  résultats,  je  dois  dire  tout 
de  suite  pourquoi  cette  liste  ne  comprend  pas  les  Sentences  de 
maître  Pierre  Lombard.  On  trouve  dans  cet  ouvrage  beaucoup 
de  citations  canoniques  qui  figurent  aussi  dans  le  Décret  d'Yves  ; 
mais,  pour  en  déterminer  l'origine  avec  sûreté,  il  faut  résoudre 
au  préalable  une  question  capitale  :  le  Décret  de  Gratien  est-il 
une  des  sources  des  Sentences  de  Pierre  Lombard,  ou  bien 
sont-ce  les  Sentences  qui  ont  servi  de  source  au  Décret  de  Gra- 
tien? Or,  la  question  est  encore  débattue  entre  les  érudits.  M.  de 
Scbulte  s'est  efforcé  d'établir  que  le  Décret  de  Gratien  procède 
des  Sentences  :  en  revanche,  d'autres  auteurs  considèrent  cette 
opinion  comme  invraisemblable ^  C'est  à  leur  manière  de  voir- 

1.  Cf.  Schulle,  3  Beilrag  zur  Geschlclile  der  LUerulur  des  Dekrels  (Silzungs- 
berichte  de  l'Académie  impériale  de  Vienne,  classe  de  pbilosopliie  cl  d'histoire, 
LXVJ,  p.  53  et  54;  de  Scherer,  Handbuch  des  Kircheareclifes,  1,  j).  2i4,  note  7. 

2.  Celle  conclusioa  saccommode  mieux  à  l'opinion  qui,  de  nos  jours,  gagne 
des  partisans,  d'après  laquelle  le  Décret  de  Gratien  aurait  été  comjiosé  plutôt 
vers  1110  que  vers  1150.  Voir  le  résumé  des  avis  émis  sur  ce  point  dans  Lau- 
T'm,  Ititroduclio  in  Coryiis  juris  canonici  (Fribourg-en-Brisgau,  188'Jj,  p.  21  et 
suiv.,  et  dans  l'ouvrage  de  M.  Giell,  die  Senleazen  Uolunds  nachiiiuls  Papstes 
Alexander  III,  p.  xv.  M.  Giell  adopte  la  date  de  11  iO,  à  laquelle  M.  Friedberg 
semble  se  rdUier  {Zeitschrift  fiir  Kirchenreclil,  XVII,  4(l8).  Dans  le  même  sens, 
voir  la  vigoureuse  argumentation  du  R.  P.  Denille,  dans  son  article  sur  les  Sen- 
tences d'Abélard,  Archiv  fiir  Lileratur-  und  Kirchen-GesckicfUe  des  Mitlel- 
alters,  I  (1885),  p.  603  et  suiv.  Voir  aussi,  en  faveur  de  la  date  de  1140,  Sarti, 


650  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

que  je  crois  devoir  me  rallier;  à  mon  sens,  le  Décret  de  Gra- 
tien  a  fourni  k  Pierre  Lombard  la  grande  masse  de  ses  citations 
canoniques*.  Aussi  n'ai-je  pas  classé  les  Sentences  de  l'êvêque 
de  Paris  parmi  les  œuvres  qui  ont  emprunté  leur  fonds  de  cita- 
tions canoniques  aux  collections  du  groupe  chartrain. 

§  I.  —  Les  lettres  d'Hildebert  de  Lavardin. 

Dans  les  lettres  du  célèbre  archevêque  de  Tours,  Hildebert  de 
Lavardin  ^  qui  mourut  vers  1133,  on  trouve  un  certain  nombre 
de  citations  canoniques.  Les  lettres  qui  les  contiennent  sont  grou- 
pées dans  le  livre  II  de  la  correspondance  d'Hildebert. 

Un  fait  est  certain,  c'est  que  la  plupart  des  citations  cano- 
niques qui  se  retrouvent  dans  les  lettres  d'Hildebert  figurent  dans 
le  Décret  d'Yves.  Hildebert  a  pu  les  prendre  soit  directement 
dans  le  Décret,  soit  dans  la  collection  que  lui-même  avait  entre- 
pris de  rédiger  (nous  ne  savons  s'il  l'a  achevée)  ;  le  Décret  d'Yves 
fournit  vraisemblablement  la  meilleure  partie  des  éléments  de  ce 
recueil.  En  tout  cas,  beaucoup  de  citations  canoniques  des  lettres 
d'Hildebert  viennent,  immédiatement  ou  médiatement,  des  recueils 
chartrains.  Les  observations  qui  suivent  confirment  cette  asser- 
tion : 


Décret, 'y 

Panormia. 

Lettre     I. 

Non  defloratio... 

= 

VIII,    U 

VI,    jj&r/'/' 

Gum  puella... 

= 

2 

U. 

Quidam  desponsavit.. 

.  = 

IX,  4  00 

Lettre    II. 

Desponsata... 

= 

VIU,  }4l 

VI,  p^.i^ 

Gonjuges... 

= 

3 

45. 

Lettre    V. 

Nullus  invitis... 

=:: 

V,    61 

m,    7. 

Gum  de  summi... 

— 

347 

6. 

Lettre  XV. 

Verilatc... 

= 

IV,  234 

I,  \()\. 

Qui  contempla... 

= 

234 

4  66. 

"Consuetudo... 

= 

213 

166. 

Les  trois  dernières  citations  répondent  plus  exactement  aux 
fragments  du  Décret  qu'à  ceux  de  la  Panormia. 

de  Claris  Archigymnasii  Bononiensis  professoribus  {2'  édition,  Bologne,  1896), 
I,  p.  336. 

1.  Je  reviendrai  très  proctiainement  sur  cette  question. 

2.  Patroloijki  Lalina,  CLXXI. 


ATTRIBtJÉCS  A  T7ES    OE    CHARTRES.  65< 

Décret,       Panonnia. 

LeUi-c    XXVI.  Matrimonium  non  facil...  =  VIII,    M       VI,  ^07. 

Deneplis...  =  24             ^09. 

Lettre    XXIX.  Laicis...  =  XVI,    36 

Frustra  quidam...  =  IV,  235 

Veritate...  =  IV,  208 

Ego  sum...  =  2^3        II,  lf)6. 

Usus...  =  207              ICI. 

Lettre        XLI.  Si  quis  judicem...  =  V,  26j 

Nullussacerdotum...  =  VI,  325       IV,    31. 
Quicumque  non  confi- 

dentia...  =  V,  283       IV,  -129. 
Lettre  XLVIII.  Si  quis  episcoporum 

accepta...  =  V,  ^^s      III,  \\s. 

Je  ne  prétends  pas  retrouver  dans  le  Décret  tous  les  textes 
dont  s'est  servi  Hildebert.  J'ai  seulement  voulu  prouver  que  les 
collections  d'origine  chartraine  lui  avaient  fourni  une  quantité 
notable  de  citations. 

§  II.  —  Les  Sentences  d'Alger  de  Liège. 

Dans  un  mémoire  publié  en  1862*,  M.  Hiiffer  a  fait  connaître 
un  recueil  inédit,  contenu  dans  un  manuscrit  du  xii*^  siècle  con- 
servé au  fonds  latin  de  la  Bibliothèque  nationale  sous  le  n°  3881  : 
il  est  intitulé  Liber  se ntentiarum  Magistri  A.  —  Pour  des  rai- 
sons très  graves,  qui  ont  entraîné  l'adhésion  de  M.  Maassen^, 
M.  Hiiffer  a  attribué  la  paternité  de  ce  recueil  à  un  écrivain  bien 
connu  du  commencement  du  xii''  siècle,  Alger  de  Liège,  nwrt 
vers  1131  ;  nous  n'avons  aucun  motif  de  révoquer  en  doute  cette 
attribution.  Il  est  d'ailleurs  permis  de  constater  que  les  Sentences 
d'Alger  se  retrouvent  dans  d'autres  manuscrits  qui  n'ont  pas 
encore  été  signalés,  à  savoir  : 

Vatican,  4361,  xii®  siècle. 

1.  Hiiffer,  BeilrOge  zur  Geschichle  der  Quellen  des  Kirchenrechts  und  des 
Rcimischen  Redits  im  Millelaller.  Miinsler,  1862,  ia-8'.  —  F^e  mémoire  cité 
ci-dessus  occupe  les  pages  1-67. 

2.  Maassen,  dans  Krilische  Vierleljahrschrifl  de  Pôszl,  V  (Munich,  1863), 
p.  186  et  suiv.  L'article  de  M.  Maassen  est  intitulé  :  Zur  Geschichle  der  Quel- 
len des  Kirchenrechts  und  des  roinisclien  Rechls  im  Mitlclalter. 


632 


LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

Laurentienne ,   Bibl.   S.  Cruels,    Plut.   V,   Sin. 


Florence , 
Codex  7,  xif  siècle. 

Troyes,  1317,  xif  siècle*. 

On  pourra  se  rendre  compte  de  la  nature  de  ce  recueil  en  jetant 
les  yeux  sur  le  sommaire  des  matières  qui  y  sont  traitées.  Je  l'in- 
dique ci-dessous  ;  on  remarquera  que  l'ordre  varie  d'après  les 
divers  manuscrits^. 


ir 

is  et  Rome^. 

Troyes. 

Florence. 

I. 

Trinité. 

Trinité. 

Trinité. 

l 

Anges. 

Anges. 

Anges. 

3 

Création,  chute  de 

Création  et  chute 

Création  et  chute  de 

l'homme. 

de  l'homme ^ 

l'homme. 

V 

Mariage. 

Mariage. 

Baptême. 

S 

Baptême. 

Baptême. 

Confirmation. 

ir 

Confirmation. 

Confirmation. 

Mariage. 

7 

Eucharistie. 

Eucharistie. 

Eucharistie. 

i 

Ordres  et  discipline  Pénitence. 

Charité. 

du  clergé^. 

Ordres. 

Pénitence. 

Ordres  et  discipline 

du  clergé. 
Faux  témoins. 
Serment  et  parjure*' 

1.  Voir  sur  ce  manuscrit,  qui  contient  beaucoup  d'autres  textes  :  Il  mano- 
scritto  1317  délia  Diblioteca  di  Troyes,  p.  12  (extrait  des  Atti  délia  R.  Acca- 
demia  délie  icienze  di  Torino,  XXXII,  ann.  1897),  par  M.  F.  Patetta.  M.  Patelta 
a  étudié  ce  manuscrit  à  propos  de  la  Sumnia  Codicis  (attribuée  à  Irnerius  par 
M.  Filting)  qui  y  est  contenue.  —  Voyez  encore  Fitting,  Summa  Codicis  des 
Irnerius  (Berlin,  1894),  p.  iii-vui.  —  Jusqu'ici  le  recueil  de  Sentences  conte- 
nues dans  ce  manuscrit  a  passé  inaperçu.  La  date  du  manuscrit  de  Troyes  est 
très  discutée  entre  les  érudits.  Je  l'attribuerais,  en  ce  qui  concerne  les  Sen- 
tences, au  xii°  siècle. 

2.  L'incipit  de  la  collection  est,  d'après  les  manuscrits  du  Vatican  et  de 
Troyes  :  «  D£  Trinitale  tractatus  :  Ad  justiciam  credere  debemus  corde...  »  Dans 
le  manuscrit  de  Paris,  les  quatre  premiers  chapitres  de  la  première  partie  se 
trouvent  reportés  au  fol.  230  après  rexplicit. 

3.  Ayant  sur  certains  points  comparé  le  manuscrit  du  Vatican  et  celui  de 
Paris,  j'ai  constaté  certaines  différences  dans  le  contenu  des  diverses  portions. 

•i.  D'après  l'analyse  donnée  par  M.  Patelta,  le  ms.  de  Troyes  traite  ici  des 
diverses  espèces  de  péchés. 

5.  Le  manuscrit  romain  se  termine  ici  par  quelques  chapitres  de  horis  (sur 
les  heures  canoniales). 

6.  Le  manuscrit  de  Florence  se  termine  par  un  développement  sur  les  quinque 
septena  qu'on  trouve  dans  l'Écriture,  à  commencer  par  les  septem  vitia. 


ATTRIBUÉES   A    YVES    DE    CHARTRES.  653 

Quelles  que  soient  les  différences  qui  peuvent  exister  entre  les 
manuscrits,  la  partie  commune  qui  s'y  retrouve  atteste  nette- 
ment le  caractère  de  l'ouvrage.  Evidemment,  l'auteur  .s'est  laissé 
guider  par  une  conception  bien  plus  théologique  que  juridique. 
Son  œuvre  appartient  à  la  catégorie  de  ces  encyclopédies  théolo- 
giques si  répandues  au  xii''  siècle. 

Chemin  faisant,  l'auteur  rencontre  un  certain  nombre  de  sujets 
plus  particulièrement  juridiques.  J'ai  constaté  qu'à  propos  de  ces 
matières,  les  Sentences  d'Alger  dépendent  étroitement  de  la 
Panoi^mia,  dont  elles  reproduisent  de  très  nombreux  fragments*. 
En  voici  la  preuve,  pour  la  portion  qui  concerne  le  mariage  : 

Sentences  d'Alger-. 
Série  relative  au  mariage.  Panormia. 

2  =  VI,    a. 

3  =  -14,  moins  la  phrase  : 

non  de /lo ratio. 

4  =  iA,  phrase  manquant 

au  précédent. 

5  =  ^07. 

6  =  ^5. 

7  =  U  et  42. 
9                      =  43. 

iO  =  46. 

\i  =  24. 

42  =  22. 

43  =  24. 

33  =  30. 

34  =  29. 

62  =  23. 

63  =  27. 

64  =  45. 
67  =  62. 

1.  Il  arrive  plus  d'une  fois  que  ces  fragments  sont  abrégés  ou  imodiiiés;  c'est 
d'ailleurs  une  habitude  d'Alger.  (Cf.  Huiler,  op.  cit.,  p.  50.) 

2.  Ms.  du  Vatican,  fol.  48  :  Quid  sH  matrimonium.  Cf.  ins.  de  Paris,  fol.  198. 
—  Le  manuscrit  de  Florence,  fol.  44,  place  ici  un  court  préambule  :  «  Set  prius 
videndum  quid  sit  (matrimonium),  à  quo  sit  inslilulum,  que  fuit  causa  insti- 
tutionis,  que  sinl  principalia  bona  conjugii,  t|uid  faciat  conjugium  ;  inler  quos 
debeat  contrahi  et  quare  debeat  solvi.  »  —  Ce  n'est  pas  en  cet  endroit  seule- 
ment que  les  Sententix  d'Alger  sont  encadrées  dans  un  texte  dii  à  récrivaln 
liégeois. 

4897  42 


(554 


Ll-S    COLLECTIONS 

CANONIQUES 

68 

= 

66. 

70 

= 

33. 

H 

= 

34. 

72 

= 

34. 

74 

= 

32. 

75 

= 

35. 

76 

= 

36. 

77 

=:: 

44. 

78 

= 

59  (4 ""^  partie). 

79 

= 

59  (2e  partie). 

80 

= 

60. 

84 

= 

64. 

82 

= 

62  (4  ""^  et  2«  parties) 

83 

= 

62  (3«  partie). 

84 

^ 

63  (4"^  partie). 

85 

= 

63  (2e  partie). 

86 

= 

64. 

87 

::=: 

37. 

88 

= 

39. 

89 

= 

40. 

90 

= 

44. 

9\ 

= 

42. 

92 

= 

54. 

93 

= 

52. 

94 

=z 

57. 

95 

= 

440. 

96  abrégé  de 

58. 

97 

= 

53. 

98 

= 

55. 

99 

= 

56. 

400 

= 

86. 

} 01  abrégé  de 

.87. 

402 

= 

88. 

403 

= 

89. 

404 

zir 

90. 

405 

:= 

92. 

406 

= 

93. 

407 

=r 

67. 

408 

= 

68. 

409 

=:: 

69. 

ATTRIIirKF.S    A    YVKS    DK    (".IIAIITIIES.  655 

IIU  =  70  et  74. 

^{i  =  75. 

^V2  =  76. 

U3  =  77. 

\iA  =  78  (r«  partie). 

Mo  =  78  (2"  partie) . 

M 6  =  79  [V  partie). 

\\-  =  79  (2«  partie). 

US  =  79  (3*=  partie). 

^^9  =  80  (V*  et  2=  parties). 

^20  =  80  (3^  partie). 

422  =  82. 

423  =  83. 

424  =  84. 

425  =  85. 

426  =  95. 

427  =  97,  jusqu'à /môere. 
4  28  =  97  (lin). 

4  29  =  98. 

,|30  =  99  [commence  b.  quidam 

ingenui] . 

4  31  =  400,  jusqu'à  wo;i /«cc^. 

4  32  =  400  (suite  et  fin). 

436  =  402. 

437  =  403. 

438  =  404. 

439  =  408. 

440  =  409. 
444  =  443. 

442  =  444. 

443  =  445. 

444  =  446. 

445  =  447. 

446  =  ^^8. 

447  =  449. 

448  =  424. 
449-452               =  423-126. 
4  53  abrégé  de  4  27. 

454  abrégé  de  428. 

455  =  ^29. 


656  LES   COLLECTIONS   CANONrQDES 

Je  pourrais  prolonger  ce  tableau  ;  on  constaterait  ainsi  que  les 
chapitres  150  à  204  répètent,  sauf  un  certain  nombre  d'omis- 
sions, les  chapitres  du  livre  VII  de  la  Panormia,  qui,  comme 
le  livre  VI  du  même  ouvrage,  expose  la  législation  matrimoniale 
et  les  matières  qui  s'y  rattachent.  En  somme,  des  204  chapitres 
consacrés  par  Alger  à  la  législation  du  mariage,  140  au  moins 
reproduisent  ou  résument  les  chapitres  des  livres  VI  et  VII  de 
la  Panormia. 

Des  observations  identiques  pourraient  être  faites  sur  d'autres 
parties  des  Sentences  d'Alger,  notamment  sur  les  portions  où  il 
traite  du  baptême  et  de  la  confirmation  ;  on  y  retrouverait  presque 
en  entier  le  livre  P""  de  la  Panormia  d'Yves. 

Il  faut  donc  conclure  sans  hésiter  que  la  Panormia  d'Yves 
est  une  des  sources  canoniques  importantes,  peut-être  la  plus 
importante,  des  Sentences  d'Alger.  Il  est  d'ailleurs  certain  qu'on 
trouve  dans  ce  recueil  nombre  des  fragments  qui  lui  sont  propres 
et  que  Gratien  y  a  pris  pour  les  introduire  dans  son  Décret. 

Les  Sentences  d'Alger  ne  paraissent  pas  contenir  de  document 
postérieur  à  Urbain  II,  c'est-à-dire  à  1099.  D'autre  part,  les 
deux  autres  ouvrages  d'Alger,  les  Libri  de  sacramentis  et  le 
Liber  de  misericordia  et  justitia,  sont,  on  le  sait,  antérieurs 
à  1121,  époque  vers  laquelle  Alger  se  fit  moine^  Or,  les  Libri 
de  sacramentis  sont  en  relations  étroites  avec  les  Sententiœ 
qui  leur  ont  vraisemblablement  fourni  des  matériaux  2;  aussi 
faut-il  penser  qu'Alger  avait  recueilli  les  textes  avant  d'en  com- 
poser des  traités.  Il  en  résulte  que  les  Sentences  d'Alger  ont  été 
composées  dans  la  première  vingtaine  et  sans  doute  dans  les  pre- 
mières années  du  xii^  siècle. 

§  m.  —  Les  ouvrages  d'Hugues  de  Saint- Victor. 

Sous  ce  titre,  je  place  d'abord  le  célèbre  traité  f?e  Sacramen- 
tis christianœ  fidei,  rédigé  par  Hugues  de  Saint-Victor.  En 
second  lieu,  il  y  faut  ranger  la  Summa  Sententiarum  ;  si  l'at- 
tribution de  cet  ouvrage  à  Hugues  a  été  contestée,  il  paraît  résul- 
ter des  travaux  les  plus  récents  que  la  Summa  appartient  réel- 

1.  Hûffer,  op.  cil.,  p.  22. 

2.  C'est  probablement  par  cet  ialermédiaire  que  les  libri  de  Sacramentis 
citent  la  Pamrmia.  Sur  ces  citations,  voir  HiiflFer,  BeitrCige  zur  Geschichte..., 
p.  52  à  53. 


ATTRIBUÉES   A    YVES    DE   CnABTRES.  ()")7 

lemeut  à  Hugues.  Toutefois,  le  dernier  des  traités  qui  la  com- 
posent, de  conjugio,  semble  bien  être  l'œuvre  non  pas  d'Hugues, 
mais  de  son  contemporain  et  ami  Gautier  de  Mortagne. 

Or,  Hugues  de  Saint-Victor  et  Gautier  de  Mortngue  ont  eu 
tous  deux  l'occasion  de  citer  des  textes  d'un  caractère  juridique, 
n  m'a  semblé  utile  de  déterminer,  autant  que  possible,  la  .source 
de  ceux  de  ces  textes  qu'ils  ont  employés.  J'ai  consigné  ci-des- 
sous le  résultat  d'un  certain  nombre  d'observations  faites  en  vue 
d'arriver  à  la  solution  de  cette  question. 

Je  considère  d'abord  le  traité  de  Sacrainentis  fidei  chri- 
stianœ. 

Dans  ce  traité,  les  citations  empruntées  aux  auteurs  ecclésias- 
tiques sont,  en  général,  fondues  dans  le  texte  de  telle  façon  qu'il 
n'est  pas  toujours  facile  de  les  en  dégager.  Toutefois,  à  propos  du 
mariage,  l'auteur  a  inséré  in  extenso  une  série  de  textes  d'Yves 
qui,  pour  la  plupart,  se  retrouvent  dans  le  Décret  et  dans  la 
Panormia.  En  voici  l'énumération  : 

De  sacramentis, 
1.  n,  part.  XI,  c.  XIV.  Décret,  IX,      Panormia,  VII, 

Primo  gradu,  etc....  = 

S.  Grégoire.  Quœdam  lex...  = 

Pape  Zacharie.  Asserentibus...  = 

Pape  Zacharie.  Ut  consobrinam...  = 

Grégoire  11.  Si  quis  fratris...  = 

Bède.  Interroganti...  = 

S.  Grégoire.  Cura  noverca. ..  = 

S.  Grégoire.  Fraternitatis...  = 

G.  Mâcon.  Sane  consanguinitas...  = 

C.  Châlon.  Gonlradicimus...  = 

Nicolas  I".  Sciscitatur...  = 

Nicolas  1".  SI  quis...  = 

G.  Ghàlon.  Diclum...  = 

C.  Mayence.  De  eo...  = 

G.  Tribur.  Qui  spiritualem...  = 

Il  n'y  a  dans  cette  série  que  deux^ textes  qui  ne  se  retrouvent  pas 
dans  les  recueils  d'Yves  ;  l'un  est  un  extrait  des  Institutes  de  Jus- 
tinien  (III,  6)  sur  la  computation  de  la  parenté,  l'autre  la  bulle 


Décret,  IX, 

Panormia, 

64 

89. 

55  et  56 

56. 

20 

58. 

2^ 

59. 

i9 

57. 

27 

60  et  ai 

28 

62. 

38 

68. 

44 

69. 

54 

70. 

35 

63. 

36 

64. 

8^ 

65. 

82 

66. 

96 

67. 

658  LES   COLLECTIONS   CANONIQDES 

d'Alexandre  II  aux  évêques  et  aux  juges  d'Italie  sur  le  même 
sujet  (Jaffê-Wattenbach,  n"  4560). 

De  même,  on  retrouve,  dans  les  précédents  chapitres  concer- 
nant le  mariage,  des  citations  plus  ou  moins  complètes  de  textes 
recueillis  par  Yves  de  Chartres.  En  voici  quelques  exemples  : 

De  sacramentis, 

1.  II,  part.  XI,  Décret,  VIII,  Panormia,  VI, 

G.  IV.  Défmition  du  mariage...  =  \  \. 

G.  V.  Aliter  non  fleri...  =  4  3^. 

Non  defloratio...  =  2         -..        U. 

Gonjugium  non  facit  coitus...  =  •IT  et  2321  ^07. 

A  prima  desponsationis  fide...  =  3  et  4  4  46. 

Desponsata  vero...  =  2        .  H. 

Cum  initiatur...  =  2  44. 

G.  VII.  Tria  sunt...  =  45  30. 

G.  viii.  Usque  adeo...  =  235" 

G.  XI.  Usque  adeo...  =  235 

tïti^^^^/fi^      Quià  interveniente. . .  =  235  6. 
Etc.,  etc. 

Il  me  paraît  résulter  de  ces  constatations  que  la  plupart  des 
citations  canoniques  du  traité  de  Sacramentis  fîdei  christianœ 
proviennent  directement  ou  indirectement  des  œuvres  d'Yves, 
sans  doute  du  Décret  ou  d'une  collection  qui  procède  du  Décret. 

J'en  viens  maintenant  à  la  Swmna  Sente7itiarumJ .  Envisa- 
geons d'abord  les  textes  insérés  dans  les  parties  de  la  Somme, 
qui  sont  incontestablement  l'œuvre  d'Hugues  -  : 

1.  Voir,  à  propos  de  la  Summa  Setitentiarum  :  Hauréau,  les  Œuvres  de 
Hugues  de  Saint- Victor,  p.  65-75;  Denitle,  Die  Sentenzen  Hugo's  vo)i 
,Si  Victor,  dans  l'Archiv  fiir  Literatur-  und  KH-chengeschichte  des  Mittel- 
alters,  III,  p.  638  et  suiv.;  Gietl,  Die  Sentenzen  Rolands  nachmals  Papstes 
Alexander  III  (Fribourg-en-Brisgaii,  1891,  in-8»),  p.  xxxiv  et  suiv.  —  Qu'il 
me  soit  permis  de  rappeler  qu'il  y  a  quelques  années  j'ai  publié  dans  la  pré- 
sente revue  un  témoignage  du  xii"  siècle  confirmant  l'authenticité  de  la  Sv,nima 
Sententiarum  :  voir  Un  adversaire  inconnu  de  saint  Bernard,  dans  la  Biblio- 
thèque de  l'École  des  chartes,  XLVII,  p.  410-412. 

2.  Il  est  bon  d'avertir  le  lecteur  que  souvent  les  citations  relevées  dans  la 
Summa  ne  sont  que  des  fragments  du  texte,  parfois  même  de  simples  allusions. 


ATTRIBUÉES   A    ÏVES    DE    CMAllTllES.  *>J'J 

Décret,  Xll,     Panormia,  VUl. 


IV,  0   {De   quinto  prœcepto 

secnndce  tabulx]. 
Nemosaiic...  = 

Mendacium  est...  = 

Cum  causa...  = 

Denique  jurant...  = 

Artc  verburum...  = 

V,  8  [Qui  possunt  baptizare). 
Goustat  baptisraa...  = 
Romanus  pontifex...  = 
xMulier  baptizare  non  pré- 
sumai... = 

Sive  hœrelicus...  - 

Quamvis  unum...-.  = 

Si  in  hœresi...  - 

Baplismus  talis...  - 

Polestatem  baptisrai...       : 

Non  exhorreat...  = 

Si  superbus  fuerit...  : 

Per  lapideum...  - 

V,  9  [lltrum  sit  baplismus...), 

Retulerunt... 

Si  tolum  ludicre... 
V,  -10  [De  maleria  baptismi). 

Quœrit  aliquis... 

Je  ne  prétends  point  avoir  relevé  toutes  les  citations;  mais  les 
tableaux  qui  précèdent  me  donnent  à  penser  que  Hugues  de 
Saint-Victor,  en  rédigeant  la  Somme  des  Sentences,  a  du  pui- 
ser dans  le  Décret  ou  dans  une  collection  qui  en  procède.  Les 
emprunts  qu'il  y  a  faits  ne  sont  pas  nombreux  ;  c'est  que  les 
matières  juridiques  ne  tiennent  qu'une  médiocre  place  dans  les 
parties  de  la  Somme  des  Sentences  qui  furent  composées  par 
Hugues  lui-même. 

Elles  sont  au  contraire  d'une  importance  bien  plus  conside- 

1.  Texte  attribué  h  tort  au  pape  Solher  dans  la  Panormia,  non  dans  le  Décret 
ni  dans  la  tiomme  des  Sentences.  ,    .     „  .        „„  ,„ 

2.  Celte  citation  est  plus  longue  que  n'est  le  texte  de  la  Panormta;  elle  se 
prolonge  en  effet  jusqu'aux  mots  sacramenU  (orma.  Cette  for.ne  plus  onguc 
ne  peut  guère  venir  que  du  Décret;  c'est  là,  sans  doulo,  que  1  a  prise  Hugues 
de  Saint- Victor. 


51 

133. 

4  S 

125. 

.'.2 

428. 

13 

94  <. 

3r. 

112. 

Décret,  I, 

Panormia,  I. 

(»7 

23. 

2!>4 

27. 

G5 

25. 

ns 

85. 

160 

28. 

^05,  §4 

^^6 

31. 

157. 

157  (suite). 

158. 

158. 

Décret,  I, 

Panormia,  1 

237 

65. 

162. 

Décret,  I, 

Panormia^  I 

54 

102. 

660  LES   COLLECTIONS   CAN07IIQDES 

rable  dans  le  dernier  traité,  de  conjugio,  qui  passe  pour  être 
l'œuvre  de  Gautier  de  Mortagne.  On  en  a  relevé  un  certain 
nombre  dans  les  lignes  qui  suivent  : 

l 
Vil,    6.  Sufficiat...  = 

Matrimonium...  = 
Non  defloratio...  = 
Intelligitur...  = 

Quœ  palris...  = 

■     Deneptis...  = 

Aliter...  = 

Cum  societas...  = 

VII,  7.  Gonjuges.. .  Celte  phrase  paraît  contenir  une  allusion  à  deux 
textes  :  Décret^  VIII,  3  et  U;  Panormia^  -15  et  ^6,  et 
Décret,  VIII,  44^  Paiiormia^  VI,  8. 


?^,  VIII, 

Panormia,  VI. 

n 

^07. 

n 

^07. 

2 

j^)^ 

20 

ii. 

2^ 

42. 

24 

409. 

4 

24^^^ 

74 

23. 

VII, 

8.  Illud  dehis...             = 

404. 

Cura  cœpisset...         = 

404. 

Non  contra... ^          = 

404. 

Vit, 

9.  Si  viri...                    = 

244 

87  et  88. 

Sialiquœmulieres...  = 

244 

87  et  88. 

VII, 

40.  Viduas...                    = 

VII, 

63 

m,  204. 

Viduse...                    = 

63 

204. 

Quee  spiritualiter...    = 

47. 

Hœ  vero...                 = 

48. 

VII, 

44.  Nulli...                      = 

IX, 

48 

VII,    79. 

Truncum  appellat...  .— 

46 

76. 

Exemplo  beati  Gre- 

gorii...                   = 

53 

56. 

Grcgorius  Venerio...  = 

38 

68. 

VII, 

42.  Si  fiiiola...                 = 

82 

66. 

Est  in  ter...                = 

34 

VI,  423. 

Erdera  viro...             = 

35 

VII,     63. 

VII, 

43.  Relatum  est...            = 

VIII, 

202 

9. 

VII, 

44.  Siquispererrorum...= 

56 

VI,  440. 

Si  quis  ingenuus...    = 

464 

44. 

Sifemina...               = 

465 

42. 

1.  Suit  le  fragment  bonum  nuptiarum...,  qui  ne  semble  pas  (igurer  dans  le 
Décret,  ni  dans  la  Panormia  tels  que  nous  les  connaissons,  mais  qui  se  trouve 
à  la  lin  de  Triparliia,  Pari.  III,  litre  29,  c.  363. 


ÀTTRlurEES 

A    TTES    DE 

CHARTRES. 

Si  servum... 

— 

I."i7 

39. 

Dictum... 

=:: 

^67 

40. 

VII, 

iO 

Nequc  furiosus... 

= 

U\H 

92. 

vu, 

^8. 

Cum  boiiiconjuges.. 

.::= 

^29 

78. 

ScripsiL... 

=: 

128 

77. 

Agalhosa... 

= 

<80 

84. 

VII, 

^9. 

Nihil  iniquum... 

■=z 

250 

VII, 

31. 

Non  eril... 

= 

242 

37. 

Ego  dixi... 

= 

243 

38. 

VII, 

20. 

Si  uxorem... 

■=z 

238 

VI, 

^04. 

Si  mariLus... 

= 

7!) 

H  3. 

Si  qua  mulier... 

= 

179 

118. 

De  his... 

= 

^S2 

^^(•. 

Nosse... 

= 

I, 

I3(î 

^24. 

Ad  limina... 

z= 

306 

Dictum  esl... 

:=: 

IX, 

SI 

Pervenit  ad  nos. . . 

zzz 

I, 

305 

<27. 

vn, 

2^. 

De  tertiis... 

= 

VIII, 

2()8 

VI, 

59. 

Ego  nunc... 

= 

270 

62. 

Presbyterum... 

=: 

48 

67. 

G(ii 


Il  me  paraît  résulter  de  ce  tableau  que  l'auteur  du  dernier 
traité  de  la  Suraraa  Sententiarivni  a  puisé  dans  le  Décret, 
dans  la  Panormia  ou  dans  un  recueil  qui  leur  était  apparenté  de 
très  près.  Je  dois  reconnaître  d'ailleurs  qu'il  a  emprunté  des  cita- 
tions sur  des  matières  canoniques  à  des  collections  autres  que  les 
recueils  chartrains. 

§  IV.  —  Le  «  Sic  et  Non  i  d'Abélahd. 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  se  demander  si  les  recueils  char- 
trains  ont  fourni  des  textes  au  Sic  et  Non  d'Abélard',  qui  traite 
de  certaines  matières  appartenant  au  droit  canonique.  Le  tableau 
suivant  donne  à  penser  qu' Abélard  s'est  servi  des  recueils  d'Yves  : 


Décret^        Panormia^ 

GVII. 

Baptizalus... 

=^ 

I,  2M             I,  ^08. 

GX. 

Sive  hœreticus... 

^= 

^73                   85. 

CXI. 

Si  ad  bapUsmum... 

= 

-162,0.3. 

t.  Palrologia  Laiina,  t.  CLXXVIII. 


cr.2 


LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 


Si  in  heresi... 
Perfidus... 
Ille  non  est... 
Omnis  qui  jam... 

GXII.        Propter  vitandum. 

De  trina...^ 
GXVIII.     lUud  quod  pro... 

Omnis  presbyler.. 
GXXII.      Aliter... 

Scriatim... 

Statu!  mus... 

Virginibus... 

Virginem... 

Si  nupserit... 

Nubendi... 

Nos  novimus... 
CXXIII.     Desponsata... 

Quibus... 

Omne... 

Gonjuges... 
GXXIV.     Nemo... 

In  liberse... 

Si  quis. .. 

Ghristiano... 

Audi  te... 

Goram... 

NuUi... 
GXXV.      Sicut  non  omnis., 

Si  quis  gentiiis... 

Adulterium... 
.  Si  quis  habuerit,. 

Deinde  ponilur^., 
GXXVIII.  Nonerit... 


Il, 


^05,  ci. 
^65,0.3. 
454. 
76 

429 
430 

83. 
49. 


VII, 


=      VIII, 

abrégé  de 


54. 

49. 

424 

72 

46. 
2 

44. 

45. 
3 

60 

62 

64 

66 
4532 
4  54 
453. 
277. 
495 
402 
4  97 
29ir^' 
242 


35. 

59. 
60. 


III,  84. 
497. 
442. 


III,  492. 
VI,      4. 

44. 


45. 

46. 
48. 
49. 
30. 
43. 
43. 


97. 

VII,  22. 

VI,  98. 

VII,  37. 


1.  Ce  fragment  est  plus  complet  que  dans  le  Décret  et  la  Panormia. 

2.  La  comparaison  de  ce  fragment  avec  les  fragments  correspondants  du  Décret 
et  de  la  Panormia  prouve  que  la  source  est  ici  le  Décret  et  non  la  Panormia. 

3.  On  trouve  en  outre  dans  ce  chapitre  le  fragment  Bonum  nuptiarum  :  Tri- 
parlifa,  III,  19,  283,  et  une  citation  empruntée  à  une  lettre  d'Yves  de  Chartres 
à  Ilildebert  de  Lavardin  (Lettre  230). 


ATTRIBDKES   A    IVES    DE    CnARTRES.  fjC3 

Dixil  mihi  paslor...  =  2i3  3S. 

CXXIX.     De  lerliis...  =  208  VI,  r,:i. 

NeccoiUrà...  =  2(is,§2  59. 

jOblreclalores...  =  270  (52. 

lEgonuiic...  =  270  (i2.                  V 

Non  (lamiio...  270  I(î2. 

jUbi  fucriL  numeriis...  =  -163. 

Ces  trois  derniers  textes  sont  plus  longs  dans  le  recueil  d'Abé- 
lard  que  dans  le  Décret  d'Yves. 

L'observation  qui  vient  d'être  faite  pour  les  trois  derniers  textes 
du  ch.  CXXIX  mentionnés  plus  haut  s'applique  aux  quatre  pre- 
miers textes  indiqués  comme  provenant  du  ch.  cxxxvi.  Le  texte 
dans  le  Sic  et  Non  est  plus  complet  que  dans  le  Décret  d'Yves. 


GXXVL 


Décret. 

Panortnia 

Prœcepit... 

= 

VIII 

,  2^0, §  1 

VII,     3. 

Pulo  christianum.. 

.     z=z 

2î2,§.i. 

un  quibus... 

= 

262. 

Non  mœchaberis... 

=: 

263. 

Indignantur... 

= 

242 

36. 

Sacramenlum... 

= 

294 

VI,  66. 

Maritum... 

r= 

295. 

Si  ergo  clericus... 

:=. 

296. 

GXXVII. 


Je  dois  faire  remarquer  qu'il  est  dans  les  chapitres  dont  j'ai 
tiré  ces  extraits  de  nombreux  textes  qui  ne  paraissent  point  se 
retrouver  dans  les  collections  d'Yves. 

Il  faut  ajouter  qu'un  passage  important  de  l'introduction  du 
Sic  et  Non  est  évidemment  inspiré  par  les  idées  développées  dans 
la  grande  préface  d'Yves  de  Chartres*. 

La  conclusion  qui  se  déduit  du  tableau  présenté  ci-dessus  me 
paraît  être  la  suivante  : 

L'auteur  du  Sic  et  Non  a  connu  les  collections  chartraines, 
notamment  le  Décret;  il  leur  a  vraisemblablemi;nt  emprunté 
un  certain  nombre  de  textes;  mais  pour  quelques-uns  de  ces 
textes  qu'il  trouvait  dans  le   Décret,  il  les  a  complétés  en 


1.  Cf.  Patrologia  Lalina,  •CLXXVIII,  c.  1344,  et  CLXI,  c.  47  cl  suiv.  — 
Remaniuez  en  oulre  que,  dans  le  c.  131  du  sic  et  yon,  Abélard  insère  une  cila- 
tion  de  la  lettre  16  dTves  adressée  à  Gautier,  évéi|uc  de  Mcaux. 


664  LES    COLLECTIONS   CANOiNIQUES 

s'adressant  aux  sources  originales.  Il  a  d'ailleurs  tiré,  soit  de 
ces  sources,  soit  d'autres  recueils,  nombre  de  citations  qui  ne 
proviennent  pas  du  Décret. 

§  V.  —  Les  Sentences  du  manuscrit  de  Sidon. 

Un  manuscrit  du  xii°  siècle  conservé  au  Vatican  (Vatic.  1345), 
après  avoir  appartenu  à  l'église  de  Sidon  ^  qui  le  possédait  dès  le 
xiri"  siècle,  contient  un  recueil  de  Sentences  sur  l'ensemble  des 
matières  théologiques,  dans  le  genre  des  nombreuses  collections 
de  Sentences  composées  au  xii^  siècle  ^  Ce  n'est  pas  d'ailleurs  un 
simple  recueil;  en  plus  d'un  endroit,  l'auteur  oppose  les  textes 
contraires  et  cherche  à  les  interpréter  ou  à  les  concilier^.  On 
verra  par  les  explications  qui  suivent  que  les  fragments  cano- 
niques y  tiennent  une  place  importante  et  que  pour  la  plupart  ils 
proviennent  de  la  Panormia  d'Yves  de  Chartres. 

Il  semble  utile  d'abord  de  transcrire  le  début  et  les  éléments 
essentiels  de  la  préface  : 

Fol.  4  :  Incipit  prologus  in  exceptionibus  quas  ipse  super  orthodo- 
xorum  patrum  tractatibus,  romanorum  etiam  pontifîcum  regulis  ac 

1.  Manuscrit  de  format  in-4°.  L'origine  est  attestée  par  les  deux  mentions 
suivantes,  du  xiii*-xiv=  siècle,  placées  au  commencement  et  à  la  fin  :  «  Ecclesie 
Sydon.;  »  et  «  est  Ecclesie  Sydon.  »  En  tête  on  trouve  les  canons  du  con- 
cile de  Naplouse,  tenu  en  1120.  Notre  manuscrit  est  donc  de  la  même  prove- 
nance que  le  manuscrit  du  Vatican  3831.  Voir,  sur  ces  manuscrits  de  Sidon, 
Ehrle,  Historia  Bibl.  Romanorum  Pontificum,  I,  p.  359;  sur  le  Vatic.  3831, 
voir  Une  Collection  canonique  italienne  du  commencement  du  XJP  siècle, 
publiée  dans  les  Annales  de  V enseignement  supérieur  de  Grenoble,  t.  VI  (1894). 

2.  A  la  fin,  on  trouve  la  cote  :  Liber  consiliorum,  qui  se  trouve  avant  le  der- 
nier explicit. 

3.  On  lit  dans  le  prologue  de  la  XV°  partie  :  «  Nam  multis  impeditum  occu- 

pationibus  jam  tedet  me 

"diversas  auctoritates  que  quibusdam  indisciplinatis  et  eas  minime 

intelligentibus  discordari  videntur  in  suo  loco  concordandas  diligenter  exci- 
pere.  »  Voici  un  exemple  de  la  manière  dont  l'auteur  oppose  les  textes.  Je 
l'emprunte  au  livre  XV  : 

C.  296  :  Quod  clerici  in  sacris  ordinibus  constituti,  si  in  peccatis  carnis  fue- 
rint  invenli,  irrecuperabiliter  deponentur.  Viennent  ici  les  fragments  suivants  : 
Panormia,  III,  133,  136,  141,  142  et  143. 

Puis,  c.  301  :  Quod  est  contra.  Suit  Panormia,  III,  148  et  147  depuis  post 
dignam. 

Enfin,  c.  303  :  Solucio  utriusque  sententie  predicte.  Panormia,  III,  149. 


ATTRIBUÉES    A    YVES    DE    CHARTRES.  665 

catholicorum  episcoporum  conciliis  necnoii  super  CiUholicorum  reyum 
insLilucionibus  fecit,  que  omnia  proprias  per  parles  coriveuienler 
distinguons,  in  unum  voluraen  nonnullo  labore  redegit  in  nomine 
Domini. 

Inler  cèlera  alicujus  scienlie  vel  virlulis  precipua  summum  esse 
arbitrer...  Hoc  igilur  diligenler  considerans,  o  socii,  licct  niultis 
sim  impeditus  occupation i bus,  tam  lectionibus  quam  aliis  undi- 
que  progredientibus,  pro  (|uibus  videalur  me  huic  operi  vacare  non 
posse,  tamen  et  rogalui  vcslro  libenler  satisfraccre  volons  ad  id  per- 
ficiendum  animum  applicui,  presertim  cum  magiSter  Ubaldus  excerp- 
tiones  suas  inciperel,  ac  explelis  duobus  qualernionibus  nescio  si 
possel,  nobis  lanlura  amplius  dare  minime  vellet,  et  bac  occa- 
sione  commotus  magis  ad  hoc  intendere  volui.  Verumtamen  ne  super 
hoc  aliquod  nomen  quoquomodo  assumere  possel,  ea  que  feceral, 
tum  diminuendo,  lum  etiam  augendo  universa  Iransposui.  A  summo 
itaque  cunctorum  exislencium  principio  incipiens  etusquc  ad  ea(|ue 
de  Antichristo  et  mundi  consumplione  dicuntur  boc  opus  traclando 
protendens,  in  xviii  partes  ipsum  dividere  proposui... 

Vient  ensuite  une  table  complète  des  dix-huit  parties  et  des 
chapitres  qui  les  composent.  Je  me  borne  à  indiquer  sommaire- 
ment le  sujet  de  chacune  des  parties  et  le  nombre  des  chapitres 
qui  les  composent  : 

Partie  I.  Trinité  et  hérésies  contre  la  Trinité.  (88  chapitres.) 

Partie  11.  Incarnation,  Passion,  Résurrection,  Ascension,  Descente 
du  Saint-Espril.  (Ii3  chapitres.) 

Partie  111.  Pourquoi  l'Écriture  attribue  à  Dieu  les  merai)res  du 
corps  humain  et  les  mouvements  de  l'àme  humaine.  (OG  chapitres.) 

Partie  IV.  Création  des  quatre  éléments  et  de  toutes  les  choses 
qui  en  sont  sorties.  (35  chapitres.) 

Partie  V.  Anges  et  démons;  leur  origine  et  leur  rôle.  (127  cha- 
pitres.) 

Partie  VI.  Création  et  chute  de  Thomme;  le  libre  arbitre  avant  et 
après  la  chute;  la  volonté  et  la  toute-puissance  de  Dieu.  (120  cha- 
pitres.) 

Partie  Vil.  Du  péché  originel,  de  l'àme  humaine,  du  péché  actuel. 
(90  chapitres.) 

Partie  VIII.  «  De  sacramento  circumcisionis.  »  (0  chapitres.) 

Partie  IX.  Baptême,  pénitence,  aumône,  jeûne,  observation  du 
dimanche.  (-188  chapitres.) 


666  LES    COLLECTIONS    CANONIQUES 

Partie  X.  Eucharistie.  (97  chapitres.) 

Partie  XI.  Foi  et  espérance.  (26  chapitres.) 

Partie  XII.  Charité.  (123  chapitres.) 

Partie  XIII.  De  l'amour  de  Dieu  pour  les  hommes.  (21  chapitres.) 

Partie  XIV.  Des  dix  commandements.  Devoirs  envers  Dieu,  envers 
les  parents,  homicide,  vol,  sacrilège,  brigandage,  usure,  mensonge, 
parjure,  «  quod  non  est  concupiscenda  uxor  vel  res  alicujus.  » 
(163  chapitres.) 

Partie  XV'.  «  Quid  sit  ecclesia  et  quare  dicatur  catholica,  de 
ecclesiarum  fabricaCione,  de  primatu  Romane  ecclesie,  de  basilica- 
rum  conditoribus,  de  consecratione  ecclesiarum  et  dotibus  earum- 
dem,  de  erectione  et  motione  altaris,  de  sepulturis  que  fîunt  intrà 
ecclesiam  vel  extra  ecclesiam,  de  transmutatione  sanctorum,  de  ora- 
toriis,  de  missarum  soUempniis,  de  sacerdotibus  maie  ecclesiam 
ingredientibus  vel  aliénas  subripere  volentibus,  de  rébus  ecclesia- 
sticis  et  earum  jure;  de  possessionibus ;  de  incendiariis  eccle- 
siarum; de  fugientibus  ad  ecclesias;  quomodo  sint  rautande 
vel  dande  res  ecclesiarum;  de  ordine  librorum  veteris  et  nove 
legis;  qui  libri  sint  suscipiendi  et  quorum  auctoritas;  que  concilia 
sint  rennuenda  et  que  scripta  apocrifa;  de  conciliis;  de  legibus 
imperatorum;  de  more  et  consuetudine;  de  electione  romanorum 
pontiflcum,  archiepiscoporum,  episcoporum  et  eorumdem  conse- 
cratione; de  sacerdotibus  et  quid  debeant  scire;  de  predicatione; 
de  ordinibus;  de  Symoniaca  heresi;  de  ordinatione  facta  ab  hereticis 
et  excommunicatis  ;  de  clericis  peccantibus  ;  de  monachis  ;  de  san- 
ctimonialibus;  quod  subditi  non  accusent  vel  redarguant  prelatos  et 
e  contra,  et  quomodo;  de  accusatoribus;  de  testibus,  de  judicibus, 
de  appellations  Apostolice  sedis  ;  de  excommunicatione.  »  (552  cha- 
pitres.) 

Partie  XVI.  Du  mariage,  de  la  séparation,  de  la  parenté.  (130  cha- 
pitres.) 

Partie  XVII.  Des  malfaiteurs,  sorciers,  enchanteurs,  etc.  (83  cha- 
pitres.) 

Partie  XVIII.  De  TAntechrist,  de  la  fin  du  monde,  du  jugement 
et  des  fins  dernières.  (23  chapitres.) 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  d'étudier  la  partie  purement  théolo- 

1.  Je  transcris  en  entier  le  sommaire  de  ce  livre,  parce  qu'il  est  de  beaucoup 
le  plus  riche  en  fragments  canoniques. 


ATTRIKCKKS    A    ÏVl.S    DE    f.HAIlTRES.  (î(i7 

gique  de  ce  manuscrit  :  il  suffira  d'appeler  l'attention  sur  les 
portions  où  sont  traitées  des  matières  qui  se  retrouvent  plus  par- 
ticulièrement dans  les  collections  juridiciiies  du  xii''  siècle,  à  savoir 
les  portions  IX,  XIV,  XV,  XVI  et  XVll.  (les  portions  cons- 
tituent d'ailleurs  la  plus  grande  partie  de  l'ouvrage,  puisqu'elles 
contiennent  ensemble  plus  de  1,100  chapitres  (exactement  1,153) 
contre  771  que  renferment  les  autres.  11  importe  seulement  de  faire 
remarquer  que  les  parties  purement  thêologiques  sont  principa- 
lement faites  de  fragments  tirés  de  la  Summa  Sentenliaruru 
d'Hugues  de  Saint-Victor'. 

Quant  à  la  partie  juridique,  un  point  surtout  est  digne  d'être 
mis  en  lumière.  La  source  presque  exclusive  de  l'auteur  de  la 
collection  de  Sidon  est  la  Panormia. 

Voici  quelques  constatations  qui  en  fournissent  la  preuve  : 

Partie  IX. 

6  =  Panormia,  I,  44. 

7  =  —  45. 

8  =  —  48. 

9  =  —  49. 
^0  =  —  41. 
U  =  —  42. 
i2  =  —  43. 
13  =  —  50. 

15  =  —  35. 

16  =  —  36. 
a                   =                                       —  37. 

18  :  Islis  auctorilalihusopponilurex  Ambrosio  super  ilUnn  locum  : 
Sine  penilencia...  (Texte  qui  n'appartient  pas  à  saiul  Anil)roise  t'I  se 
trouve  dans  Gratien,  0.  4,  de  consecr.^  c.  99  ^.j 

19  :  Solucio.  Si  nécessitas  inyrulL  vel  sic  non  requiril;  quasi  sil 
impotens  gratia  sine  penitenlia  delere  peccatuin. 

20-23  =  Panormia,  I,    12-15. 

26-29  =  —  60-63. 

4^-43  =  —  106-109. 

1.  J'en  fournirai  la  preuve  en  donnant  ultérieuremenl  une  description  plus 
complète  de  ce  recueil. 

2.  La  conciliation  des  mêmes  textes  est  aussi  tentée  d'une  autre  manière  par 
Gratien,  D.  1,  de  pcvnit.,  c.  87. 


668  LES   COLLECTIONS   CANONIQUES 

45-47  =  —  -14  0-1^2. 

50  =  —  28. 

5i-52  =  —  23-24. 

J'arrête  ici  ces  observations,  qui  pourraient  être  étendues  à 
toute  la  partie  IX  de  la  collection  de  Sidon. 

Partie  X. 

La  première  portion  de  cette  partie  est  faite  d'éléments  très 
différents  de  ceux  qui  composent  la  partie  correspondante  de  la 
Panormia,  consacrée  à  l'Eucharistie.  Plus  loin  reprend  l'ana- 
logie : 

55-63  =  Panormia,  \,  \T:i-\Z\. 

66-75  —  —  ^34-U3. 

76-83  =  —  ^47-^49. 

87-'IOO  =  —  ^  50-4  63. 

Partie  XV. 

Cette  partie  est  la  plus  considérable  delà  collection,  puisqu'elle 
comprend  552  chapitres . 

Les  emprunts  à  la  Panormia  y  sont  très  importants.  Je  ne 
puis  qu'en  indiquer  quelques-uns  : 

\  =  Panormia^  II,         \. 

2  =  _  2. 

3-6  =  —  3-6. 

7  =  _  84. 

8-46  =  —  40-48. 

47-20  =  —  20-23. 

24  =  —  49. 
22-24  =  _  25-27. 

25  =         -  —  29. 

26  =  —  28, 
27-50  =  —  30-53. 

55  =  —  54. 

56  =  —  57. 

57  =:  _  58. 

58  =  _  60. 

59  =  .  —  7. 
60-64  =  _  8-9. 

63  =  —     VIII,       445. 


ATTRIBUEES 

C4 

= 

65 

= 

67 

:rz 

84-99 

=r 

^oo-^o^ 

= 

^03-^^o 

— 

^^^ 

= 

^^2-^^4 

= 

A    YVES    DE   CHARTRES.  CCy 

—  II,         01. 

—  62. 

—  59. 

—  63-78. 

—  Sl>-S3. 

—  85 -;h. 

—  123. 

—  M  8-120. 

La  quinzième  partie  se  continue  ainsi  par  des  emprunts  consi- 
dérables faits  aux  livres  II,  111,  IV  et  V  de  la  Panormia^. 

Partie  XVI. 

La  seizième  partie  delà  collection  de  Sidon,  intitulée  :  De  ma- 
trimoniis  et  eorum  separationibus,  est  faite  à  peu  près  exclu- 
sivement des  livres  VI  et  VII  de  la  Panormia. 

En  voici  le  début  : 

Prologue  :  «  Ne,  queso,  dilectionem  vestram  movcat,  o  socii...  » 

\  =  Panormia,  VI,  \. 

2  =  —  2. 

3  =  _  3. 

4  =  _  5. 

5  =  —  6. 

6  =  —  7. 

7  =  _  8. 

1.  On  trouve  dans  cette  partie,  comme  dans  les  autres,  des  fraRments  iMran- 
gers  à  la  Panormia.  —  J'y  remarque  notamment  (c.  317  et  suiv.)  l'extrait  sui- 
vant :  «  Incipiunt  coilectiones  que  collecte  sunl  a  religiosissimis  monachis 
adversus  episco|)orum  et  clericoruin  heresira '.  .  .  . 

Cunclis  amanlissimis  clericis  ac  canonicis  omnes  unanimitcr  mona- 

chi.  Multum,  fratres  charissimi,  si  dif;nati  estis  audire,  oramus  quomodo  rcl 
ob  quani  causam  conaraini  nos  a  consorcio  universalis  ecclesie  separarc,  cum 
conslel  a  monachis,  non  a  canonicis,  universalem  ccclesiam  fundatain  et  guber- 

nalam, (3onifacius  I1I"«  a  beato  Gregorio 

in  Decretis  suis  :  Sunt  nonnulli...  sublimari.  »  (Cf.  Décret  d'Yves,  VII,  lï.)  — 
Puis  divers  textes,  notamment  Décret  d'Yves,  .\V,  l'i2,  et  d'autres  textes 
étrangers  aui  collections  d'Yves.  D'ailleurs,  après  avoir  donné  les  textes  favo- 
rables aux  moines,  notre  compilateur  donne  les  textes  contraires  :  (c.  326)  €  Con- 
trariuin  omnibus  prediclis;  Kx  Niceno  concilio  i  (c.  10,  Q.  1,  c.  1);  avec  Vin- 
scriplio  erronée  qui  ne  se  retrouve  que  dans  Gratien  (voir  la  note  de  M.  Friedberg). 
Suivent  d'autres  textes  analogues  au  sujet. 

^897  43 


670  LES  COLLECTIONS  CANON  rQDES 

8  =  —  io, 

9  =  —  U,^2eH3. 
^2                   =                                 —  i^etU. 

<3  =  —        ^6. 

n  =  —         23. 

48  =  —         n. 

49  =  —  20. 

20  =  —  24. 

24  =  —  22,    jusqu'à 

conjunxit. 

22  =  —  24. 

23  =  —  25. 

24  =  —  26. 

Ici  les  extraits  de  la  Panormia  s'arrêtent  pour  faire  place  à 
un  fragment  tiré  de  la  Summa  Sententiarum  d'Hugues  de 
Saint- Victor.  (Tract.  VII,  de  tnatrimonio,  c.  3,  depuis  :  Augu- 
stinus  [in  libro]  de  bono  nuptiarum  :  Hoc  quod  conjugati  victi. . . 
jusqu'à  la  fin  de  ce  chapitre.) 

Reprennent  ensuite  les  fragments  de  la  Panormia. 

34  =  Panormia,  VI,        27. 

33  =  —  29. 

35-42  =  —  30-37. 

43-46  =  —  39-42. 

47-48  =  —  43. 

49-57  =  —  44-53. 

58  =  —  55. 

59  =  —  54. 

60  =  —  56. 
62-63  =  —  57-58. 
65-66  =  —  59-60. 
67-69  =  .   —  62-64. 

70       =  —      65-66. 

74       =  —        67. 

75-82       =  —      68-95. 

n  n'est  pas  utile  de  poursuivre  plus  loin  cette  expérience.  La 
partie  XVI  de  la  collection  de  Sidon  est  faite  de  la  Panormia, 
complétée  par  d'autres  éléments,  dont  le  plus  important  est  extrait 
de  la  Summa  Sententiarum  d'Hugues  de  Saint-Victor. 


ATTRIBDKBS   A    YVES   DE   r.HARTRBS.  074 


Partie  XVII. 


La  partie  XVII,  consacrée  h  divers  délits  tels  que  supersti- 
tion, sorcellerie  et  autres  analogues,  reproduit  une  portion  notable 
du  livre  VIII  de  la  Panormia.  C'est  ainsi  que  j'y  retrouve,  à 
propos  des  sortilèges,  la  série  des  chap.  01  a  81  de  ce  livre  VIII. 

En  résumé,  les  parties  IX,  X,  XIV,  XV,  XVI  et  XVII  de  la 
collection  de  Sidon  reproduisent  la  plus  graude  partie  des  textes 
contenus  dans  la  Panormia.  Il  faut  ajouter  que  l'auteur  de  cette 
collection  semble,  au  moins  en  général,  s'être  conformé  à  l'ordre 
du  recueil  d'Yves. 

L'auteur,  qui  mettait  ainsi  à  profit  les  Sentences  d'Hugues 
de  Saint-Victor  et  la  Panor//i/a  d'Yves,  pour  en  tirer,  en  juxta- 
posant les  textes  et  en  les  conciliant,  une  sorte  de  traité  général 
de  la  théologie  chrétienne,  était  très  vraisemblablement  voué  à 
l'enseignement.  A  plusieurs  reprises,  dans  les  prologues,  qui 
forment  son  œuvre  personnelle,  il  fait  allusion  aux  occupations 
absorbantes  que  lui  donnent  seslectioiies,  c'est-à-dire  ses  leçons. 
On  en  trouve  la  preuve  au  début  du  prologue  général  du  recueil', 
on  le  retrouve  à  la  première  ligne  du  prologue  de  la  quatrième 
partiel  II  s'adresse,  dans  ces  prologues,  à  ses  socii,  c'est-à-(lii*e 
à  ses  élèves  ;  il  leur  donne  des  conseils  sur  un  ton  qui  convient 
bien  à  un  maître^.  Il  y  dit  reprendre  l'œuvre  que  maître  Ubald, 
sans  doute  l'un  de  ses  collègues,  a  lais.séc  inachevée;  il  s'attache 
d'ailleurs  à  remanier  la  partie  composée  par  Ubald,  afin  de  lui 
donner  son  cachet  personnel.  Trait  caractéristique  :  ce  maître  a 
grand'peur  de  la  critique  ;  dans  les  prologues  placés  en  tête  des 
diverses  parties,  il  se  met  d'avance  en  garde  contre  les  objections 
de  ses  détracteurs. 

A  quelle  époque  vivait-il?  Dans  le  corps  de  son  œuvre,  il  cite 
à  plusieurs  reprises  Pascal  II  ^  On  a  vu  plus  haut  qu'il  cite  abon- 

1.  «  Licel  niullià  iinpcditus  occuiialionibus,  (arn  lecticinilms  <|tiain  alii>^  ..  » 
(Voir  plus  haut,  p.  GÛ5.) 

2.  «   Etsi    diversis    sim  iinpedilus   occupalionibus,    lain    ler,li()iiibu>   quain 

aliis...  > 

3.  «  Cura  vos  in  ulriusque  philosophie,  divine  scilicet  et  humanc,  <|uarn  plu- 
rimuni  nunc  vacarc  o|)orleat  studio...  » 

4.  XV,  171.  «  Pascalis  II.  Ut  nullus  episcopus  de  manu  laici  investiturani 


672  LES   COLLECTIOXS    CANONIQUES 

damment  l'œuvre  d'Hugues  de  Saint- Victor.  Il  écrit  donc  à  une 
époque  où  les  décisions  de  Pascal  II  et  la  Somme  des  Sentences 
ont  pénétré  dans  la  circulation.  En  revanche,  les  canons  du 
concile  tenu  à  Rome  par  Innocent  II  en  1139  figurent  à  l'avant- 
deruier  feuillet,  non  dans  le  corps  de  l'ouvrage,  mais  dans  une 
addition.  Il  est  donc  raisonnable  de  supposer  que  la  collection  de 
Sidon  a  dû  être  rédigée  antérieurement  à  ce  concile,  sans  doute 
vers  1130  ou  1135.  C'est,  jusqu'à  plus  ample  information,  la 
solution  à  laquelle  je  m'arrêterai. 

Je  ne  me  hasarderai  pas  à  déterminer  la  nationalité  de  l'au- 
teur. Sans  doute,  ses  sources  principales',  la  Panormia  et  la 
Somme  des  Sentences,  sont  d'origine  française  ;  mais  elles 
étaient  suffisamment  répandues  en  Occident  pour  qu'un  auteur 
étranger  à  la  France  ait  pu  les  utilisera  Je  souhaite  que  des 
hommes  versés  dans  la  connaissance  des  œuvres  théologiques  et 
philosophiques  du  xn«  siècle  réussissent  à  identifier  l'auteur  du 
recueil  contenu  dans  le  manuscrit  de  Sidon 3.  Pour  ma  part,  je 
n'ai  pu  me  défendre  de  saluer  au  passage  ce  vieux  livre,  qui  a 
porté  outre-mer  la  substance  de  deux  des  productions  les  plus 
importantes  des  écrivains  ecclésiastiques  français  du  xif  siècle, 
et  qui,  au  xiu*^  siècle,  était  étudié  assidûment  par  des  lecteurs 
français  *. 

accipiat  :  Constitutiones  sanctorum  canonum...  »  (Concile  de  Troyes,  1107;  c.  16, 
Q.  7,  c.  17.)  «  Ne  clericus  horainium  faciat  laico.  Pascalis  llus  Aaselnio  Can- 
tuariensi  episcopo.  In  sinodo  nuper  apud  Lateranense...  »  (1102;  Jaffé-Watlen- 
bach,  n«  5909.)  —  Les  textes  d'Urbain  II  sont  nombreux. 

1.  Je  dis  sources  principales,  car  il  y  a,  dans  la  collection  du  manuscrit  de 
Sidon,  bien  des  fragments  qui  ne  proviennent  ni  d'Hugues  de  Saint- Victor  ni 
d'Yves  de  Chartres.  L'auteur,  qui  d'ailleurs  semble  savoir  se  faire  valoir,  ne 
manque  pas  de  nous  dire  dans  ses  introductions  qu'il  a  compulsé  nombre  d'ou- 
vrages pour  y  chercher  des  textes. 

2.  Roland  Bandinelli,  le  futur  Alexandre  III,  a  utilisé,  dans  ses  Sentences, 
les  œuvres  d'Hugues  de  Saint- Victor.  Cf.  A.-M.  (Gietl,  Die  Sentenzen  Rolands 
(Fribourg-en-Brisgau,  1891,  in-S"),  p.  xxxiii-xlix.  —  Quant  à  la  Panormia,  on 
sait  qu'elle  s'est  répandue  rapidement  dans  tout  l'Occident. 

3.  Pour  déterminer  la  personnalité  de  l'auteur,  je  n'ose  rien  conclure  de  l'in- 
dication placée  a  la  fin  de  la  XVIII"  et  dernière  partie  :  Bernadus  scripsit. 
Elle  concerne  probablement  le  scribe. 

4.  Je  signalerai  quelques-unes  des  notes  marginales,  écrites  au  xiii'  siècle, 
par  un  lecteur  français  : 

En  marge  de  XV,  340  [Panormia,  III,  187),  qui  contient  le  mot  mundibur- 
dis,  on  trouve  en  marge  le  mot  mainburnir. 


ATTRIBUEES    A    TVKS    DF   CHARTRES.  CiT.I 


Conclusion. 


Arrivé  à  la  fin  de  cette  étude,  je  crois  utile  de  résumer  les  résul- 
tats acquis. 

Ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut,  Yves  est  incontestablement  l'au- 
teur de  la  Panorama;  on  peut  considérer  comme  certiiin  fiii'il 
est  l'auteur  du  i)e(?re^;  la  collection  A  (c'est-à-dire  les  deux  pn*- 
mières  parties  de  la  Tripartita)  a  été  composée  par  lui  ou  dans 
son  entourage.  La  collection  A  fut  rédigée  la  première  ;  on  s'en 
servit  pour  composer  le  Décret,  dont  fut  tirée  ensuite  la  Panor- 
mia.  Ces  diverses  œuvres  furent  sans  doute  exécutées  vers  1094 
ou  1095. 

Pour  déterminer  l'influence  qu'ellesontexercée,  j'ai  cru  devoir 
examiner  un  certain  nombre  de  collections,  soit  purement  cano- 
niques, soit  d'un  intérêt  plus  général,  appartenant  à  la  première 
moitié  du  xii*  siècle. 

En  première  ligne,  j'ai  constaté  l'existence  de  quatre  colh'c- 
tions  qui  ne  sont  simplement  que  des  extraits  :  un  de  la  Tri- 
partita, deux  du  Décret  et  un  de  la  Panormia. 

Puis,  par  l'étude  des  collections  canoniques,  je  crois  avoir 
démontré  les  faits  suivants  : 

Le  Décret  a  fourni  de  très  nombreux  matériaux  à  la  Cœsar- 
augustana  ;  il  est  la  source  exclusive  de  la  première  partie  de 
la  collection  de  Sainte-Geneviève. 

A  la  Panormia  ont  été  empruntés  en  grand  nombre  des  maté- 

En  marge  de  XV,  35î  {Panormia,  III,  204),  en  face  des  mots  :  pollidlnlio 
quam  cuni  Deo  pepigit,  on  lit  :  CovenI  toi  rainl.  N'y  faut-il  pas  voir  un  jeu 
de  mots  à  côté  de  la  mention  d'une  rosie  juridique  ? 

En  marge  de  XV,  359  {Panormia,  III,  20'J),  en  lare  du  mot  canonicc,  on  lit  : 
Sicut  apud  Nivellam. 

En  marge  de  XV,  363  {Panormia,  III,  214),  on  lit  :  sicut  papelarde. 

En  marge  de  XV,  372  {Panormia,  IV,  20),  on  lit  :  Sicut  fecit  Rememis  Utlu- 
ricensi.  Il  s'agit  de  l'ordre  des  préséances. 

En  marge  de  XV,  477  {Panormia,  IV,  117),  en  face  du  mol  tergicersntio,  on 
lit  le  mot  eschanpe. 

En  marge  de  XV,  527  {Panormia,  V,  97),  on  lit  :  conira  capelluniim  Gr.icum. 

En  marge  de  XV,  255  :  Ex  concilia  Clarimontis  ah  Vrhnno  papa  II'  cele- 
brato.  cap.  XX  :  Ut  nullus  presbiter  capellanus  alicujus  laici  esse  auileat  nisi 
coiicessioiie  episcopi,  on  lit  :  Quod  non  fuciunl  passim. 


671  LES   COLLECTIONS   Ci\OXIQUES 

riaux  qui,  combinés  avec  la  collection  d'Anselme  de  Lucques, 
ont  formé  la  collection  du  Vatican  1361. 

La  Panormia,  revue  et  considérablement  augmentée,  est 
devenue  la  Collection  en  dix  parties,  qui,  elle-même,  a  engendré 
le  résumé  intitulé  Sumriia  Decretorum,  œuvre  d'Haimon  de 
Bazoclies,  évêque  de  Châlons. 

De  la  fusion  d'éléments  empruntés  à  la  Tripartita  et  à  la 
Collection  en  dix  parties  est  sortie  la  collection  du  manuscrit  47 
de  Châlons  ou  Première  collection  de  Châlons.  De  cette  Première 
collection,  complétée  à  l'aide  des  mêmes  recueils,  est  issue  la 
collection  du  manuscrit  75  de  Châlons  ou  Deuxième  collection 
de  Châlons. 

Passant  ensuite  à  l'étude  d'œuvres  qui  ne  sont  pas  spéciale- 
ment canoniques,  j'ai  montré  l'influence  des  recueils  du  groupe 
cliartrain  sur  les  lettres  d'Hildebert  de  Lavardin,  sur  le  recueil 
de  Sentences  attribué  à  Alger  de  Liège,  sur  les  ouvrages  d'Hugues 
de  Saint-Victor,  sur  le  Sic  et  Non  d'Abélard,  sur  la  collection 
des  Sentences  d'un  manuscrit  de  Sidon  conservé  au  Vatican 
(Vatic.  1345).  En  ce  qui  touche  l'influence,  d'ailleurs  considé- 
rable, des  mêmes  recueils  sur  le  Décret  de  Gratien,  je  m'en 
suis  tenu  aux  résultats  énoncés  par  M.  Friedberg  dans  les  Pro- 
légomènes de  son  édition  du  Décret  de  Gratien. 

Je  confesse  hautement  que  je  n'ai  nullement  la  prétention 
d'avoir  signalé  toutes  les  traces  de  l'influence  d'Yves  qui  se 
retrouvent  dans  les  écrits  ou  les  recueils  du  xii^  siècle*.  Les 
résultats  qui  viennent  d'être  indiqués  suffisent  à  montrer  que 
cette  influence  a  été  extrêmement  considérable.  Il  n'est  pas  témé- 
raire d'aflîrmer  que,  dans  la  première  moitié  du  xif  siècle,  les 
recueils  canoniques  d'Yves  de  Chartres  furent  répandus  et  utilisés 
en  France,  en  Italie  et  dans  tout  l'Occident. 

Non  seulement  Yves  de  Chartres  a  fourni  de  nombreux  maté- 
riaux aux  "auteurs  de  collections,  il  est  juste  d'ajouter  qu'il  a  con- 

1.  Il  faudrait,  pour  accomplir  cette  tâche,  relever  les  moindres  traces  d'em- 
prunts faits  aux  collections  d'Yves.  Il  faudrait  consulter  les  recueils,  très  nom- 
breux, (le  Sententvv,  où  ont  été  insérés  des  extraits  d'Yves.  Il  faudrait  signaler 
les  nombreux  manuscrits  où  se  rencontrent  ses  lettres  et  aussi  sa  grande  pré- 
face de  consonantia  canonum,  si  souvent  transcrite.  Il  faudrait  enfin  énumé- 
rer  les  citations  qui  furent  faites  des  lettres  d'Yves,  fort  appréciées  des  hommes 
du  moyen  âge. 


iTTRIBCEBS  A  TVKS  DE  CHARTRES.  «75 

tribué  largement  à  modifier  leurs  tendances.  En  effet,  sf)n  but  ne 
consistait  pas  uniquement  à  réunir  des  textes  :  dans  sa  cêlt''l)ro 
préface,  il  indique  les  moyens  de  les  concilier  pour  les  ramener, 
autant  que  possible,  à  une  doctrine  unique.  Avant  qu'Abélard 
l'ait  tenté  pour  la  théologie',  Yves  oriente  les  canonistes  vers  la 
synthèse.  Cette  pensée  est  imparfaitement  réalisée  dans  I(^s  par- 
ties juridiques  de  la  collection  du  manuscrit  de  Sidon;  elle  trouve 
son  expression  complète  dans  le  Décret  de  Gratien,  intitulé  Con- 
cordia  discordantium  canoniun. 

On  voit  combien  grande  fut  l'autorité  d'Yves  de  Chartres;  le 
prestige  dont  il  jouit  auprès  des  canonistes  égale  le  prestige 
qu'exerçait  son  contemporain  Hugues  de  Saint-Victor  sur  les 
esprits  des  théologiens.  Pour  l'un  et  l'autre,  cet  éclat  devait  bien- 
tôt s'obscurcir.  On  sait  que  Pierre  Lombard,  le  maître  des  Sen- 
tences, supplanta  tous  ses  prédécesseurs  et  devint  pour  longtemps 
le  guide  des  théologiens  et  des  philosophes.  De  même  le  Décret 
de  Gratien,  dès  la  seconde  moitié  du  xii''  siècle,  fit  pâlir  la  répu- 
tation des  collections  chartraines.  Pierre  Lombard  mit  à  con- 
tribution le  Décret  de  Gratien;  Roland  Bandinelli,  le  futur 
pape  Alexandre  III,  qui,  vers  le  milieu  du  xii"  siècle,  écrivit  un 
recueil  de  sentences,  se  servit  du  Décret  de  Gratien  et  non  des 
recueils  d'Yves^  :  après  lui,  les  canonistes^  suivirent  son  exemple. 
Pendant  que  l'autorité  d'Yves  de  Chartres  décline  ^  celle  de  Gra- 
tien est  établie  pour  longtemps. 

1.  Le  Sic  et  .\on  d'Abélard  est,  d'après  le  R.  P.  Denifle.  le  premier  renieil 
tliéologique  dont  l'auteur  propose  à  ses  lecteurs  les  c<intradictions  de  Itixtes, 
afin  de  les  amener  à  les  résoudre.  Avant  Abélard,  les  sentences  d'Anselme  de 
Laon  et  de  Guillaume  de  Cbampeaux  n'ont  nullement  ce  caractère.  Cf.  Dénide, 
Archiv  fiir  Literatur-  ïind  Kirchen-Geschicfite,  I,  p.  618. 

2.  Cela  n'est  pas  étonnant.  Roland  avait  lui-rni^me  composé  une  Somme  sur 
le  Décret  de  Gratien,  qui  a  été  publiée  par  M.  Thaner,  die  Summa  magistri 
Rolandi.  Innsbruck,  1874.  Ses  Sentences  ont  été  publiées  par  le  R  P.  Giell, 
Die  Sentenzen  liolands  (Fribourn-en-Brisgau,  1801).  —  Le  premier  ouvrage 
est  plutôt  juridique,  le  second  plutôt  philosophique. 

3.  J'ai  sous  les  yeux  la  Somme  d'Alexandre  de  Halès,  qui  représente  l'ensei- 
gnement parisien  dans  la  première  moitié  du  xm"  siècle.  On  y  cite  le  Décret 
de  Gratien  et  les  Décrétales,  mais  non  Yves  de  Chartres.  Il  en  sera  de  même  de 
tous  les  théologiens  et  les  canonistes  de  ce  temps. 

4.  Les  citations  d'Y'ves  dms  les  écrits  juridiques  de  la  période  immédiate- 
ment postérieure  à  Gratien  deviennent  fort  rares.  On  en  trouve  cependant 
quelques-unes.  C'est  ainsi  que,  dans  l'Introduction  à  sa  Somme,  Etienne  de 


676       LES  COLLECTIONS  CANONIQUES  ATTRIBCE'eS  A  YVES  DE  CHARTRES. 

A  Yves  de  Chartres  revient  tout  au  moins  l'incontestable 
mérite,  non  seulement  d'avoir  frayé  la  voie  à  Gratien  et  aux 
canonistes  qui  lui  succédèrent,  mais  d'avoir  à  lui  seul  fourni 
presque  exclusivement  les  textes  canoniques  aux  écrivains  de  la 
première  moitié  du  xif  siècle.  C'est  pourquoi  la  rédaction  de  ses 
collections  marque  une  étape  importante  dans  l'histoire  du  déve- 
loppement du  droit  canonique. 

Paul    FOURNIER. 


Tournay  cite  un  passage  de  la  grande  préface  d'Yves  :  die  Summa  des  Stepha- 
71MS  Tornacensis  (édit.  Schulte,  Giessen,  1891),  p.  4.  On  rencontre  deux  citations 
de  la  Panormia  dans  la  Summa  Bambergensis ;  cf.  Maassen,  Beitràge  zur 
juristischen  Literargeachichte  des  MittelaUers,  dans  les  Sitzungsberichfe  de 
l'Académie  imjiériale  de  Vienne,  classe  de  philosophie  et  d'histoire,  t.  XXIV 
(1857),  p.  62. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Éléments  de  paléographie,  par  le  chanoine  Redsens.  ^  "  fascicule. 
Louvain,  l'auteur,  ^897.  ln-8°,  ^84  pages. 

Sous  le  titre  d'Élcmenls  de  paléoçjraphie,  M.  le  chanoine  Reusens 
vient  de  publier  un  nouveau  manuel  de  paléographie  latine.  Il  ne  s'agit 
que  de  la  paléographie  des  manuscrits;  l'on  n'y  cherchera  ni  la  paléo- 
graphie des  inscriptions,  ni  celle  des  monnaies,  ni  celle  des  sceaux. 
Cependant,  pour  les  premiers  siècles  de  l'ère  chrétienne,  le  savant  pro- 
fesseur a  donné  quelques  exemples  d'inscriptions  et,  s'il  a  dépassé  par 
là  le  cadre  qu'il  s'était  fixé,  l'on  ne  saurait  que  l'en  louer;  car,  à  cause 
de  la  rareté  des  documents  sur  papyrus  antérieurement  au  vi"  siècle, 
il  est  indispensable,  pour  suivre  l'histoire  de  l'alphabot  latin  et  parti- 
culièrement de  la  transformation  des  lettres  capitales  en  onciales,  cur- 
sives  et  minuscules,  d'étudier  les  graffites  de  Pompéi,  les  tablettes  de 
cire  de  Pompéi  et  de  Transylvanie.  L'on  est  immédiatement  frappé  de 
ce  fait  que  la  plupart  des  formes  qu'on  retrouvera  plus  tard  dans  les 
plus  anciens  manuscrits  en  onciale  ou  en  minuscule  font  déjà  leur 
apparition  sur  les  monuments  du  i^""  au  iv«  siècle.  M.  le  chanoine 
Reusens  y  a  insisté  avec  raison.  Il  a  d'abord  étudié  l'écriture  capitale, 
car  les  autres  formes  de  lettres  sont  dérivées  presque  nécessairement 
des  formes  capitales,  sous  diverses  influences,  mais  principalement 
sous  l'influence  du  désir  de  simplifier  et  du  besoin  d'écrire  rapidement 
et  de  former  les  lettres  d'un  seul  trait  de  calame  ou  de  stylet.  La  nature 
de  la  matière  qui  a  reçu  l'écriture  a  aussi  exercé  une  influence  sur  le 
tracé  des  lettres,  mais  moindre  qu'on  ne  serait  tenté  de  le  croire.  C'est 
ainsi  que  l'onciale,  qui  n'est  qu'un  arrondissement  de  la  capitale, 
aurait  d'abord  paru  sur  le  papyrus  ou  le  parchemin  :  «  La  naissance 
de  l'écriture  onciale,  »  dit  le  chanoine  Reusens  (p.  11),  «  s'explique 
aisément.  La  forme  des  lettres  de  l'écriture  capitale,  tant  rustique  qu'élé- 
gante, apparut  d'abord  sur  les  plaques  de  pierre  et  de  métal,  où  les 
lignes,  se  coupant  à  angle  droit,  obtus  ou  aigu,  s'obtenaient  sans  peine 
au  moyen  du  ciseau,  tandis  que  le  copiste  ou  écrivain,  qui  t.rarait  ces 
mêmes  lettres  avec  le  roseau  sur  papyrus  ou  sur  parchemin,  travail- 
lait plus  facilement  et  aussi  plus  vite,  en  arrondissant  les  contours, 
c'est-à-dire  en  substituant  des  courbes  aux  parties  anguleuses.  »  L'ori- 
gine de  l'onciale  n'est  peut-être  pas  aussi  certaine.  D'abord,  comme  le 


£78  BIBLIOGRAPHIE. 

remarque  le  chanoine  Reusens  (p.  H,  note  2),  «  certaines  inscriptions 
murales  de  Pompéi,  de  même  que  les  tablettes  de  cire  du  n«  siècle 
découvertes  en  Transylvanie,  offrent  déjà  des  formes  de  lettres  qui  se 
développèrent  plus  tard  dans  l'écriture  onciale.  »  En  second  lieu,  l'on 
a  retrouvé  en  Afrique  des  inscriptions  où  l'onciale  est  absolument 
constituée,  par  exemple  l'inscription  de  Makter,  dite  du  moissonneur, 
et  deux  autres  qui  ne  sont  pas  datées,  il  est  vrai,  mais  qui  paraissent 
bien  antérieures  aux  plus  anciens  manuscrits  connus  en  onciale  *.  Il  a 
pu  exister  de  très  anciens  manuscrits  perdus  qui  auraient  servi  de 
modèles  aux  lapicides.  Seulement  les   monnaies  nous  fournissent  la 
preuve  que  la  capitale  a  pu  se  transformer  en  onciale,  c'est-à-dire  que 
les  angles  ont  pu  s'arrondir  sur  d'autres  matières  plus  résistantes  que 
le  papyrus  ou   le  parchemin.   Sur  les  monnaies  de  Théodebert,  par 
exemple,  l'E  affecte  diverses  formes;  tantôt  il  est  franchement  capital, 
tantôt  il  présente  une  haste  aux  extrémités  de  laquelle  s'appuient  les 
barres,  non  pas  horizontalement,   mais  à  angle  obtus,  inclinées,  la 
barre  supérieure  se  relevant,  l'inférieure  s'abaissant,  tantôt  enfin  les 
barres  et  la  haste  tracées  d'un  seul  trait  de  burin  donnant  un  £.  Il  y 
a  des  cas  oîi  il  est  difficile  de  décider  si  l'on  est  en  présence  de  la 
seconde  forme  ou  de  la  troisième;  cette  seconde  forme  est  donc  inter- 
médiaire entre  la  première  et  la  troisième,  entre  la  capitale  et  l'onciale. 
Après  l'onciale  et  la  demi-onciale,  M.  le  chanoine  Reusens  étudie  la 
minuscule.   Les  Romains,  dit-il,  la  connaissaient;  il  n'en  cite  pas 
d'exemples.  A  vrai  dire,  ce  n'était  pas  le  Ueu  de  parler  de  la  minus- 
cule, car  la  minuscule,  telle  qu'on  l'entend  ici,  celle  dont  on  donne  des 
exemples,  c'est  la  minuscule  dite  Caroline,  issue,  comme  l'a  démontré 
M.  Delisle,  de  l'onciale  et  de  la  demi-onciale.  Le  chapitre  consacré  à 
l'écriture  cursive  est  au  contraire  fort  intéressant.  R  y  a  là  des  exemples 
bien  choisis  de  graffites  offrant  des  formes  de  lettres  qu'on  comparera 
utilement  à  celles  des  écritures  dites  nationales.  Un  long  paragraphe 
relatif  aux  notes  tironiennes  termine  le  premier  chapitre.  Le  chapitre  II 
est  consacré  aux  écritures  dites  nationales.  L'auteur  a  adopté  la  classi- 
fication des  savants  qui  font  autorité  en  paléographie  :  MM.  Delisle, 
Thompson  et  Wattenbach.  On  s'étonnera  de  trouver  dans  le  paragraphe 
de  l'écriture  lombardique  une  bulle  de  1791  en.scrittura  bollatica;  mais 
l'auteur  du  présent  manuel  a  éprouvé  le  même  embarras  que  l'un  de 
ses  devanciers;  ne  sachant  où  faire  figurer  cette  écriture  extraordinaire 
et  qui  ne  se  rattache  nettement  à  aucun  groupe,  il  l'a  mentionnée  à 
côté  des  écritures  précédemment  employées  par  la  chancellerie  ponti- 
ficale. Encore  l'exemple  qu'il  a  choisi  n'est-il  pas  très  caractéristique. 
A  propos  de  la  forme  de  l'a,  voisine  de  celle  de  l'w,  produite  par  le 

l.  L'édit  de  Dioclélien  de  l'an  301,  gravé  sur  une  stèle  conservée  au  Musée 
national  d'Athènes,  est  en  écriture  onciale. 


BIBLIOf.RAI'niE.  ri79 

relèvement  exagéré  du  second  jambage  de  Va  ouvert,  et  qui  parait  dans 
les  bulles  du  ix«  au  xi"  siècle,  je  sifînalerai  un  a  do  cette  forme  sur  une 
monnaie  du  vn"  siècle,  frappée  à  Chalon-sur-Saùne.  Le  fait  est  intéres- 
sant, puisqu'il  est  une  preuve  ajoutée  à  d'autres  que  les  diverses  minus- 
cules n'étaient  pas  oriiiinairement  cantonnées  dans  des  pays  détermi- 
nés. Ces  minuscules  disparurent  toutes  devant  la  minuscule  Caroline 
dont  l'usage  devint  peu  à  peu  général  en  Europe.  Le  chanoine  Reusens 
lui  a  accordé  une  large  place  dans  son  livre.  Mais  «  au  moment  même 
où  l'adoption  de  la  minuscule  Caroline  venait  de  supprimer  la  plupart 
des  difficultés  que  présentait  jusqu'alors  le  déchiiVrement  de  l'écriture 
minuscule,  surgirent  des  difficultés  d'un  nouveau  genre.  D'abord,  les 
abréviations  devinrent  plus  communes  et  ne  cessèrent  de  se  multiplier 
pendant  les  siècles  suivants.  Ensuite,  des  signes  spéciaux  et  des  modes 
particuliers  d'écrire  furent  employés  pour  différents  ordres  d'idées.  » 
C'est  pourquoi,  avant  d'aborder  l'étude  des  transformations  subies  par 
l'écriture  après  le  x«  siècle,  l'auteur  des  Éléments,  qui  avant  tout  s'est 
préoccupé  de  faire  un  livre  d'enseignement,  a  cru  devoir  consacrer  aux 
abréviations  un  long  chapitre,  rempli  d'observations  judicieuses  dont 
quel([ues-unes  nouvelles.  Ainsi,  je  ne  crois  pas  qu'on  ait  signalé  jus- 
qu'ici les  figures  multiples,  étoile,  treillis,  rameau,  employées  dans 
une  charte  du  xi«  siècle,  reproduite  dans  rOor/iO?u/r«/;of/c  ran  GeUlcrland 
de  Sloet,  à  la  place  du  signe  abréviatif  le  plus  simple,  la  barre  hori- 
zontale. Pour  les  signes  spéciaux  d'abréviation,  le  chanoine  Reusens 
en  a  parfois  indiqué  l'origine,  par  exemple  pour  la  note  d'esse.  Il  eût 
pu  rappeler  que  le  signe  g  =:  us  est  emprunté  aux  notes  tironiennes, 
comme  on  peut  le  voir  par  le  fac-similé  même  du  lexique  qu'il  a  donné 
à  la  planche  VI  dans  les  mots  pederus  et  siipnentariua.  C'est  pout-étre 
dans  le  chapitre  des  abréviations  que  l'observation  sur  IIIC  XPC  aurait 
dû  trouver  place  (car  c'est  une  abréviation  par  contraction)  plutôt  qu'à 
la  suite  de  l'étude  des  lettres.  Le  chanoine  Reusens  a  adopté  l'opinion 
courante  qui  considère  l'H  comme  un  r;  grec.  S'il  est  certain  que  XPC 
est  formé  de  lettres  grecques,  il  n'en  est  pas  de  même  de  IIIC.  Il  est 
douteux  que  17i  de  l'abréviation  de  ihs  dans  la  minuscule  ne  soit  que 
la  transcription  d'un  H  {êta)  grec  mal  compris.  C'est  là  ce  qu'a  fait 
remarquer  le  premier  M.  Henri  Omont  {Bull,  de  la  Soc.  des  Antiquaires 
de  France,  1892,  p.  124).  Et,  en  effet,  dans  les  manuscrits  latins 
en  capitale  ou  en  onciale,  l'on  ne  trouve  pas  IHC,  mais  bien  IIIS; 
l'abréviation  Jésus  se  termine  par  une  S  latine  et  non  par  un  sigma 
grec.  Ainsi,  dans  le  fac-similé  n»  1  de  la  planche  III  des  Eléments, 
reproduisant  un  évangéliaire  du  vi«  siècle,  nous  trouvons  XPro  ipour 
Christum)  avec  un  p  grec,  mais  IIIS  pour  Jhesus.  Il  semble  donc  que 
l'opinion  de  M.  H.  Omont  doive  être  adoptée. 

Le  chapitre  iv  des  Éléments  porte  un  titre  singulier  :   «    Diverses 
causes   autres  que   les  abréviations   rendant  difficile  la   lecture  des 


680  BIBLIOGRAPHIE. 

anciennes  écritures.  »  Et,  sous  prétexte  de  mettre  en  garde  les  débu- 
tants contre  les  confusions  qui  peuvent  résulter  de  la  ressemblance  de 
diverses  lettres  entre  elles,  l'auteur  fait  une  étude  particulière  de  chaque 
lettre,  étude  incomplète  à  cause  du  point  de  vue  un  peu  étroit  auquel 
l'on  s'est  placé,  et  qui  aurait  dû  être  rejetée  à  la  fin  du  volume,  afin  de 
montrer  l'enchainement  des  formes  déjà  connues  du  lecteur;  car  l'on 
est  amené  ou  bien  à  parler  de  formes  de  lettres  qui  n'ont  pas  encore 
paru  dans  les  fac-similés,  ou  bien  à  négliger  ces  formes,  ce  qui  est 
d'ailleurs  le  cas,  car  nous  ne  voyons  pas  qu'il  soit  question  de  l'écri- 
ture gothique  qui,  plus  que  toute  autre,  offre  des  difficultés  résultant 
des  ressemblances  entre  des  lettres  différentes.  Tout  ce  chapitre  est 
donc  confus.  On  y  a  fait  rentrer  des  paragraphes  sur  les  lettres  liées  et 
les  monogrammes,  sur  l'ornementation  des  lettres,  sur  les  différents 
modes  d'écrire  les  nombres.  A  la  page  151,  nous  lisons  :  «  La  moitié 
fut  exprimée  chez  les  Romains  et  dans  les  manuscrits  des  neuf  premiers 
siècles  de  l'ère  chrétienne  par  la  lettre  S  (sigle  de  semis,  demi).  »  Il  y 
a  là  une  petite  inexactitude.  L'usage  de  la  lettre  S  pour  indiquer  la 
moitié  s'est  conservé  après  le  ix^  siècle,  car  elle  est  encore  employée 
avec  cette  valeur  dans  les  registres  municipaux  de  Douai  au  milieu  du 
kiii"  siècle  et  même  dans  des  documents  du  xiv»  siècle,  par  exemple 
dans  la  liste  des  Flamands  tués  à  la  bataille  de  Cassel.  Viennent 
ensuite  les  signes  de  ponctuation,  les  signes  de  correction.  L'on 
ne  voit  vraiment  pas  comment  des  signes  aussi  essentiels  peuvent 
être  considérés  seulement  comme  des  «  causes  rendant  difficile  la 
lecture  des  anciennes  écritures.  »  Pourquoi  encore  mettre  la  crypto- 
graphie entre  «  la  division  arbitraire  des  mots  à  la  fin  des  lignes  » 
et  les  «  fautes  de  transcription?  »  Le  chapitre  v  est  consacré  à  l'ortho- 
graphe et  aux  usages  anciens.  Il  s'adresse  aux  personnes  qui  ne  sont 
pas  familières  avec  la  philologie;  mais  l'on  ne  conçoit  guère  qu'on 
puisse  prétendre  lire  utilement  d'anciens  manuscrits  si  l'on  n'a  pas 
pris  dans  des  livres  spéciaux,  et  plus  explicites  que  les  quelques  pages 
des  Éléments  de  paléographie,  des  notions  sur  le  latin  du  moyen  âge  et 
sur  les  langues  romane  ou  néerlandaise.  Quant  aux  usages  anciens, 
sans  doute  leur  ignorance  «  crée  nécessairement  des  difficultés  pour 
l'intelligence  et,  par  suite,  pour  le  déchiffrement  des  textes  anciens.  » 
Mais,  si  l'auteur  d'un  manuel  de  paléographie  prétend  mettre  son  lec- 
teur à  même  de  comprendre  et  de  tirer  parti  des  textes  dont  il  lui 
apprend  le  déchiffrement,  il  lui  faudra  joindre  à  son  ouvrage  un  cours 
complet  de  droit  public  et  de  droit  privé.  Et- l'on  ne  voit  pas  pourquoi 
de  tous  ces  usages  anciens  le  chanoine  Reusens  n'a  retenu  que  ceux 
qui  se  rapportent  aux  divers  modes  de  tradition,  per  ramum  et  cespitem, 
per  festucam,  per  cultellum,  etc.  Il  y  a  bien  d'autres  formules  de  droit, 
souvent  abrégées,  par  exemple  dans  les  actes  de  notaires,  qui  arrête- 
ront les  débutants.  Il  suffisait  d'indiquer,  comme  l'a  fait  d'ailleurs  le 


BIBLIOGRAPHIE.  (>St 

chanoine  Rcusens,  les  glossaires  auxquels  on  devra  avoir  recours.  C'est 
avec  cette  indication  bibliographique  que  se  termine  le  1"  fascicule  des 
Éléments  de  paléographie.  Les  quelques  réserves  que  nous  avons  faites 
sur  la  distribution  des  matières  dans  les  deux  derniers  chapitres  n'im- 
pliquent pas,  comme  on  le  pense  bien,  un  jugement  défavorable  sur 
l'ensemble  du  livre.  Il  nous  paraît  au  contraire  que  les  Éléments  de 
paléographie  seront  comptés  au  nombre  des  meilleurs  manuels  de  paléo- 
graphie. L'auteur  a  mis  à  profit  les  travaux  les  plus  récents  et  les  plus 
autorisés,  auxquels  il  a  ajouté  un  grand  nombre  d'observations  per- 
sonnelles et  le  fruit  d'une  longue  expérience  des  manuscrits.  Les  réfé- 
rences bibliographiques  sont  exactes,  nombreuses  et  bien  choisies. 
L'exposition  est  claire.  On  remarque  un  souci  particulier  des  défini- 
tions souvent  si  difficiles  en  la  matière.  En  un  mot,  ce  livre  est  tout  à 
la  fois  scientifique  et  pratique.  Les  étudiants  qui  en  feront  usage  n'ap- 
prendront pas  seulement  à  déchiffrer  les  anciennes  écritures  ;  après 
avoir  lu  les  Éléments  du  chanoine  Reusens,  ils  auront  une  idée  très 
nette  du  développement  historique  de  l'alphabet  latin.  Les  planches 
photographiques  et  les  vignettes  dans  le  texte  sont  nombreuses  et  bien 
exécutées.  Les  transcriptions  placées  en  regard  des  fac-similés  sont 
très  soigneusement  faites.  De  plus,  chaque  fac-similé  est  accompagné 
d'observations,  ovi  l'auteur  a  fait  ressortir  les  traits  caractéristiques  de 
l'écriture.  Le  nombre,  le  bon  choix  et  la  parfaite  exécution  des  fac- 
similés  ne  constituent  pas  l'élément  le  moins  important  d'un  manuel 
de  paléographie.  Et  c'est  parce  que  nous  ne  pouvions  que  féliciter  l'au- 
teur de  la  façon  dont  il  a  compris  et  rempli  cette  partie  de  sa  tâche 
que  nous  tenions  à  ne  la  signaler  qu'en  terminant  le  compte-rendu  de 

ce  livre  très  utile.  ,    ^ 

iVl.  Prou. 

Vaticanische  Miniaiuren  herausgegeben  und  erlxutert  von  Stephaii 
Bkissel,  s.  J.  QueUeii  zur  Gescliichte  der  Miniaturmalerei  mil 
XXX  Tafeln  in  Lichtdruck.  Freiburg  im  Breisgau,  Herder'sche 
Verlagshandluiig,  ^893.  In-4°,  viii-59  pages.  25  fr.  broché, 
30  fr.  relié. 

On  ne  peut  que  féliciter  le  Père  Beissel  d'avoir  entrepris  une  pareille 
publication;  elle  lui  fait  le  plus  grand  honneur.  Il  serait  à  souhaiter 
que  son  exemple  fût  suivi  et  que  les  principales  bibliothèques  de  l'Eu- 
rope fussent  l'objet  d'un  dépouillement  de  ce  genre.  C'est  alors  seule- 
ment que  pourrait  être  écrite  une  histoire  complète  de  l'art  de  la  minia- 
ture au  moyen  âge.  On  en  a  déjà  traité  plusieurs  chapitres,  mais  une 
bonne  œuvre  d'ensemble  reste  encore  à  faire. 

Des  reproductions  phototypiques,  comme  celles  qui  accompagnent  le 


<Î82  BIBLIOGRAPHIE. 

présent  volume,  ne  sauraient,  il  est  vrai,  tenir  lieu  des  originaux,  de 
l'examen  desquels  on  ne  pourra  jamais  se  passer;  elles  n'en  fournissent 
pas  moins,  malgré  l'absence  des  couleurs,  un  instrument  de  travail 
excellent  qui  rend  plus  faciles  et  plus  sûres  les  comparaisons  nécessaires. 

Le  Père  Beissel  a  été  guidé,  dans  son  choix,  par  les  indications  qui 
lui  ont  été  données  par  les  bibliothécaires  de  la  Vaticane  et  par  celles 
qu'il  a  trouvées  dans  les  divers  catalogues  ou  dans  les  ouvrages  de 
quelques  érudits^.  Il  a  formé  cinq  groupes  des  miniatures  qu'il  a  repro- 
duites dans  les  trente  planches  de  son  album.  Le  premier  comprend 
des  miniatures  prises  parmi  les  plus  anciennes,  parmi  celles  dont  les 
auteurs  se  sont  inspirés  de  l'antiquité  classique  :  \irgile  (Lat.  3867 
et  3-225),  Térence  (Lat.  3868),  rouleau  de  Josue  (Pal.  grœc.  431)  et  traité 
d'arpentage  (Pal.  lat.  1564)  ;  le  second  des  miniatures  d'origine  occi- 
dentale du  vue  au  xi'=  siècle  :  Évangiles  (Pal.  lat.  50  et  Vat.  lat.  3741), 
Bible  (Lat.  4),  Calendrier  (Registre  lat.  1263),  Sermons  écrits  au 
Mont-Cassin  (Lat.  1202);  le  troisième  des  miniatures  de  manus- 
crits grecs  :  Évangiles  (Grec  1158,  1229  et  1522),  Actes  des  apôtres 
(Grec  1208),  Bible  (Reg.  grec  1)  et  Menologe  (Grec  1613);  et  le  qua- 
trième et  le  cinquième  des  miniatures  d'origine  occidentale  du  xi^  au 
xvi«  siècle.  C'est  dans  ces  deux  dernières  séries  que  sont  des  minia- 
tures du  Tractatus  de  arte  venandi  de  Frédéric  U  (Pal.  lat.  1071),  de  la 
Bible  attribuée  au  Pinturicchio  (Urb.  lat.  1)  et  d'un  manuscrit  de 
Dante  (Urb.  lat.  365). 

Chacun  de  ces  manuscrits  est  l'objet  d'une  notice  plus  ou  moins 
longue,  selon  qu'elle  est  consacrée  à  la  description  de  toutes  ses  minia- 
tures ou  restreinte  à  celles  qui  sont  l'objet  d'une  reproduction.  Les 
indications  bibliographiques  qui  accompagnent  ces  notices  ne  sont  pas 
toujours  aussi  complètes  qu'on  le  souhaiterait.  Ainsi,  on  regrette  de  ne 
pas  trouver  mention,  à  propos  des  manuscrits  de  Virgile,  du  travail 
qui  leur  a  été  consacré  par  M.  P.  de  Nolhac,  dans  les  Mélanges  de 
l'École  française  de  Rome^,  et  des  reproductions  de  M.  Châtelain^  et  de 
la  Palxographical  Society''.  Ces  notices  sont  rédigées  en  français  et  en 
allemand,  et  il  convient  de  dire  que  le  Père  Beissel  n'a  nullement 
besoin  de  l'indulgence  qu'il  sollicite  modestement  des  lecteurs  français. 

Une  table  numérique  des  manuscrits  cités,  tant  dans  le  texte  que 
dans  les  notes,  et  une  table  alphabétique  des  principales  matières  ter- 
minent cette  publication  et  en  font  un  instrument  de  travail  et  de 

recherche  aussi  commode  qu'utile. 

G.  G. 

1.  Seroux  d'Agincourt,  Labartc,  Kondakoû,  etc. 

2.  Année  1884  :  Les  Peintures  des  7nanuscrits  de  Virgile. 

3.  Paléographie  des  classiques  latins,  t.  I  (1884-1892). 

4.  Londres  (1873-1883). 


IlIBLIOCUAPUIt.  «1S3 

Gabriel  Dkmaxte.  Etude  historique  sur  les  gens  de  condition  viain- 
mortable  en  France  au  \\  III'  siècle.  Paris,  A.  IMcanI  cl  llls, 
^894.  ln-8°,  ^07  payes. 

Mainmorte,  servitude  réelle  et  personnelle,  ce  sont  là  des  mots  dont 
le  sens  n'a  pas  été  médiocrement  obscurci  par  les  préjuges  el  les  pas- 
sions. Dans  la  brochure  que  je  signale  aux  lecteurs,  M.  tiabriel  Uemantc 
s'est  proposé  de  donner  sur  ces  matières  (juclques  notions  exactes  et 
par  là  d'arriver  à  des  appréciations  plus  équitables. 

Le  mot  mainmorte  a  deux  sens  dans  notre  ancien  droit;  il  marijuc 
la  condition  des  communautés  et  aussi  celle  des  classes  supérieures  de 
la  population  rurale.  Naturellement  M.  Déniante  ne  cite  la  mainmorte 
des  communautés  que  pour  l'écarter;  son  mémoire  est  entièrement 
consacré  à  la  mainmorte  agricole.  Celle-ci  se  présente  sous  deux 
formes  :  la  mainmorte  réelle  et  la  mainmorte  personnelle.  La  main- 
morte réelle,  qui  frappe  directement  les  héritages,  t  n'a  rien  d'odieux.  » 
Au  contraire,  la  mainmorte  personnelle,  par  la(juelle  certains  hommes 
sont  «  serfs  de  corps,  »  est  une  atteinte  portée  à  la  liberté  naturelle  de 
l'homme.  Appliquée  dans  toute  sa  rigueur,  elle  limite  celte  liberté  par 
le  droit  de  poursuite,  par  le  droit  de  formariage,  et  aussi  par  les  graves 
restrictions  qu'elle  impose  à  la  transmission  des  biens  après  décès. 

Au  siècle  dernier,  la  mainmorte  n'était  qu'une  condition  exception- 
nelle, connue  seulement  dansun  petit  nombredecoulumes;  .M.  Demante 
en  fait  connaître  exactement  les  principaux  traits  d'après  deux  de  ces 
coutumes  :  celle  du  Nivernais  et  celle  de  la  Comté;  il  montre  que  la 
mainmorte  du  xviiio  siècle  n'aboutissait  guère  qu'au  druit  d'échute, 
assurant  au  seigneur  la  succession  du  serf  quand  il  décède,  sans  «  hoirs 
communs.  »  Tout  naturellement  l'auteur  est  amené  à  étudier  le  fameux 
procès  du  chapitre  de  Saint-Claude,  soulevé  à  propos  de  l'exercice  du 
droit  d'échute;  chemin  faisant,  il  critique  les  tendances  très  peu  scien- 
tifiques et  encore  moins  impartiales  dont  Voltaire  s'inspire  dans  la 
polémique  à  laquelle  ce  procès  donna  lieu  ;  enfin  il  résume  les  reformes 
de  Louis  XVI  et  de  l'Assemblée  constituante  en  cette  matière. 

Dans  la  seconde  partie,  l'auteur  expose  ses  idées  sur  les  origines  de 
la  mainmorte.  Elle  dérive,  à  son  avis,  du  colonat  du  Bas -Empire 
et,  après  la  chute  de  l'Empire,  d'institutions  telles  (}ue  les  précaires 
ecclésiastiques  :  «  Au  décès  du  tenancier,  la  concession  est  continuée 
par  l'usage  au  profit  des  descendants  du  premier  concessionnaire,  sous 
la  condition  de  vivre  en  commun  avec  le  chef  de  famille  au  jour  de 
son  décès.  »  —  Aussi,  «  à  l'avènement  de  la  dynastie  capétienne,  la 
mainmorte  est  devenue  la  condition  générale  des  populations  rurales.  » 
Les  actes  d'afifranchissement  furent  nombreux  ;  cependant,  il  leur  arriva 


684  BIBLIOGRiPHIE. 

quelquefois  de  n'être  pas  considérés  comme  un  bienfait  par  ceux  qui 
en  étaient  l'objet. 

La  mainmorte,  aux  premiers  siècles  du  moyen  âge,  s'explique  (c'est 
la  conclusion  de  M.  Demante)  par  la  considération  capitale  de  l'intérêt 
public;  elle  a  été  créée,  dit-il,  en  empruntant  les  termes  d'un  ancien 
auteur,  «  aûn  que  les  terres  ne  demeurassent  désertes  et  sans  culture.  » 
Aux  derniers  temps  de  l'ancien  régime,  elle  n'était  plus,  comme  d'ail- 
leurs les  droits  seigneuriaux,  qu'un  effet  sans  cause;  les  philosophes, 
«  dédaignant  l'histoire,  »  avaient  beau  jeu  de  la  stigmatiser  «  comme 
un  produit  de  la  violence  et  de  l'oppression.  » 

En  terminant,  l'auteur,  en  quelques  pages  inspirées  par  de  très  nobles 
sentiments,  exprime,  au  point  de  vue  économique,  sa  sympathie  pour 
le  métayage;  au  point  de  vue  social,  il  donne  rendez-vous  à  tous  les 
esprits  éclairés  sur  le  terrain  solide  des  principes  chrétiens. 

P.  F. 

The  System  ofcourtly  love  studied  as  an  introduction  to  the  Vita 
Nuova  of  Dante,  by  Lewis  Freeman  Mott,  M.  S.  Submitted  in 
partial  fulfiUment  of  the  requiremenls  for  Ihe  degree  of  Doctor  of 
philosophy  in  the  faculty  of  philosophy  Golumbia  University.  Bos- 
ton, and  London,  Ginn,  ^896.  In-8°,  vi-^53  pages. 

On  a  déjà  plusieurs  fois  signalé  l'impulsion  que  l'étude  des  langues 
romanes  a  reçue  depuis  quelques  années  dans  les  universités  améri- 
caines et  dont  voici  un  nouveau  témoignage,  grâce  surtout  à  la  savante 
direction  de  maîtres  parmi  lesquels  on  me  permettra  de  citer  :  MM.  El- 
liott,  Todd,  notre  confrère  M.  A.  Gohn,  le  regretté  Child,  dont  les 
folkloristes  et  les  historiens  de  la  littérature  comparée  déplorent  la 
mort  récente. 

L'amour  courtois  et  ses  règles  ont  déjà  souvent  été  étudiés  avant 
M.  Mott,  qui  n'apporte  rien  de  bien  nouveau  à  cette  question  ;  il  s'est 
borné  à  vériher  la  théorie  que  d'autres  savants  en  ont  dégagée  avant 
lui,  sur  un  ensemble  de  textes  bien  choisis,  dont  il  nous  donne  un 
dépouillement  très  copieux  et  fait  avec  goût,  analogue  à  celui  que  nous 
devons  à  M.  Binet  dans  son  livre  du  Style  de  la  lyrique  courtoise.  La 
plupart  des  lieux  communs  amoureux  de  la  poésie  du  moyen  âge  se 
trouvent  déjà  en  germe  dans  les  œuvres  de  Bernart  de  Ventadour,  qui 
adressait  ses  vers  à  Aliéner  de  Poitiers;  quelques-uns  sont  empruntés 
à  l'ancienne  poésie  populaire  provençale,  les  descriptions  du  printemps, 
le  sentiment  de  la  puissance  souveraine  de  l'amour,  par  exemple.  Le 
ton  de  réserve,  de  respect  et  d'humilité  qui  règne  dans  ses  chansons, 
s'explique  par  la  grande  distance  qui  séparait  un  pauvre  chanteur 
errant  d'une  princesse  de  haut  rang;  imité  par  les  poètes  qui  suivirent, 


BIBLIOGRAPHIE.  685 

ce  dernier  trait,  même  quand  les  raisons  sociales  qui  l'expliquent  dis- 
paraissaient, prit  une  importance  fondamentale,  et  l'entière  dépendance 
de  l'amant  à  l'égard  de  sa  dame  caractérise  surtout  l'amour  courtois. 
Les  sentiments  qui,  chez  Liornart  de  Ventadour,  paraissent  encore  pos- 
sibles, deviennent  par  leur  exagération  tout  à  lait  invraisemblables 
chez  Peire  Rogier  ;  ce  ne  sont  que  des  lieux  communs  docilement  repro- 
duits; le  style  courtois,  avec  ce  qu'il  a  de  conventionnel  et  de  factice, 
est  entièrement  constitué  chez  lui. 

Ce  n'est  pas  sans  raison  que  M.  Mott  commence  son  travail  par 
l'étude  de  ces  deux  troubadours  :  l'un  et  l'autre  sont  antérieurs  à  Chré- 
tien de  Troyes,  qui  a  dû  les  connaître,  le  premier  surtout,  qui  écrivait 
pour  une  princesse  dont  la  fille  Marie  de  Champagne  a  eu  une  influence 
décisive  sur  les  œuvres  du  trouvère  champenois.  Le  chapitre  consacré 
à  Chrétien  et  où  l'auteur  suit  à  juste  titre  le  beau  travail  de  M.  G.  Paris 
sur  le  Conte  de  la  Charette,  est  un  des  plus  intéressants  du  livre;  il  nous 
montre  Erec,  le  plus  ancien  de  ses  romans,  déjà  plein  de  formules  cour- 
toises, mais  par  son  esprit  en  complet  désaccord  avec  la  conception  de 
l'amour  chevaleresque  qui  prévalut,  Cligès  déjà  plus  raffiné  et  enfin  le 
triomphe  du  système  dans  la  Charette.  Yvain  ou  le  Chevalier  au  Lyon, 
composé  ensuite,  appartient  entièrement  à  la  nouvelle  manière;  les 
théories  courtoises  y  sont  excessivement  raffinées,  bien  que  le  mariage 
du  héros  au  dénouement  soit  contraire  à  la  principale  loi  du  code 
amoureux;  il  faut  y  voir,  non  comme  M.  Mott,  une  marque  d'honnê- 
teté de  Chrétien  et  sa  réprobation  de  l'adultère,  mais  sans  doute  son 
respect  pour  la  source  qu'il  suivait.  L'étude  complète  du  développe- 
ment de  la  courtoisie  chevaleresque  dans  les  romans  de  Chrétien  de 
Troyes  devrait,  il  me  semble,  tenir  compte  d'autres  éléments;  sans 
doute  l'intluence  des  troubadours,  grâce  surtout  à  Marie  de  Champagne, 
a  été  prépondérante,  mais  l'auteur  aurait  pu  insister,  par  exemple,  sur 
la  conception  de  l'amour  que  Chrétien  trouvait  dans  les  sources  d'ori- 
gine bretonne  qu'il  suivait  et  qui  diffère  totalement  de  celle  des 
romans  français  antérieurs,  enfin  sur  l'influence  d'Ovide  dont  il  avait 
fait  une  traduction  qui  ne  s'est  pas  retrouvée. 

Après  quelques  considérations  sur  le  de  timoré  d'André  le  Chapelain, 
et  M.  Mott  aurait  pu  rappeler  qu'il  était  célèbre  en  Italie  dès  la  pre- 
mière moitié  du  xni«  siècle,  sur  le  Pamphilus,  le  Concilium  Romarici- 
montis  et  autres  ouvrages  qu'il  étudie  d'après  les  travaux  de  notre 
confrère  M.  E.  Langlois  sur  le  Roman  de  la  Rose,  enfin,  sur  la  première 
partie  du  Roman  de  la  Rose  lui-même,  l'auteur  retourne  aux  poètes  du 
Midi.  Là,  en  effet,  ils  ont  non  seulement  continué  à  travailler  sur  leur 
propre  fonds,  composant  sans  se  lasser  des  variations  plus  ou  moins 
brillantes  sur  les  motifs  immuables  de  l'âge  d'or,  mais  ils  ont  à  leur 
tour  subi  profondément  l'influence  des  romans  de  la  Table  ronde  et  des 
4897  44 


686  BIBLIOGRAPHIE. 

poètes  lyriques  du  Nord,  chez  lesquels  les  règles  de  l'art  d'amour 
avaient  pris  un  développement  plus  rapide  et  surtout  plus  systématique. 
Ce  fut  cette  poésie  provençale,  arrivée  à  son  déclin,  qui  fut  servilement 
imitée  en  Italie  au  commencement  du  xni«  siècle  jusqu'à  l'apparition 
des  poètes  de  l'école  de  Florence;  ceux-ci,  et  surtout  Guido  Cavalcanti, 
que  Dante  a  nommé  son  père  en  poésie,  surent  donner  à  la  poésie  ita- 
lienne, tout  en  conservant  la  phraséologie  habituelle,  un  caractère  plus 
élevé,  et  c'est  grâce  à  leur  influence  que  la  Vita  Nuova  nous  montre 
des  tendances  philosophiques  et  symboliques  toutes  nouvelles.  Des  con- 
sidérations sur  le  changement  que  le  génie  de  Dante  apporta  à  la 
conception  traditionnelle  de  l'amour  terminent  cette  intéressante  étude, 
mieux  composée  et,  à  ce  qu'il  me  semble,  mieux  écrite  que  la  plupart 
des  dissertations  américaines  dont  j'ai  eu  connaissance. 

Joseph  GouRAYE  DU  Parc 

Cartulaire  général  de  Vordre  des  Hospitaliers  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem  (1100-1310),  par  J.  Delaville  Le  Roclx.  T.  II  :  ^20^- 
•1260.  Paris,  Ernest  Leroux,  -1897.  In-foL,  9^9  pages. 

Dans  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes  de  l'année  1894  (t.  LV, 
p.  669),  en  rendant  compte  du  premier  volume  du  grand  recueil  de 
notre  confrère  M.  Delaville  Le  Roulx,  nous  avons  essayé  d'en  exposer 
le  plan,  de  donner  une  idée  de  l'immensité  et  de  l'intérêt  du  sujet,  d'in- 
diquer les  difficultés  de  l'entreprise  et  de  faire  comprendre  au  prix  de 
quels  efforts  l'auteur  avait  triomphé  de  ces  difficultés.  Le  second  volume, 
qui  vient  de  paraître,  ne  mérite  pas  moins  d'éloges  que  le  premier.  Il 
contient  1,840  pièces  qui  se  rapportent  à  la  période  comprise  entre  les 
années  1201  et  1260.  Rien  n'est  plus  varié  que  les  documents  dont  notre 
confrère  y  a  fait  entrer  le  texte  ou  de  substantielles  analyses.  Tous  se 
rattachent  intimement  à  l'histoire  de  l'ordre  des  Hospitahers  ;  mais  la 
plupart  sont  en  même  temps  très  utiles  à  consulter  pour  l'histoire 
générale  de  la  première  moitié  du  xni^  siècle.  On  y  voit  se  succéder 
presque  tous  les  grands  noms  de  la  société  politique  et  ecclésiastique 
de  cette  époque.  Le  dépouillement  d'un  tel  recueil  s'imposera  à  tous 
ceux  qui  veulent  approfondir  d'après  les  témoignages  contemporains  et 
authentiques  l'étude  du  moyen  âge.  Ce  dépouillement  est  d'ailleurs 
rendu  facile  par  la  clarté  de  la  disposition  typographique,  par  l'exacti- 
tude des  sommaires  analytiques,  par  la  rigoureuse  détermination  des 
dates  et  par  la  correction  des  textes. 

Ge  qu'il  faut  surtout  admirer,  c'est  le 'soin  que  l'auteur  a  mis  à 
recueillir  et  à  classer  les  éléments  de  son  ouvrage.  Plus  la  publication 
s'avance,  plus  on  aime  à  constater  qu'il  n'a  rien  négligé  pour  arriver  à 
la  connaissance  de  tous  les  documents  diplomatiques  relatifs  aux  Hos- 


Biiu.ior.RAPniE.  687 

pitaliers.  Il  a  fouillé  toutes  les  archives  et  les  bibliothèques  de  l'Europe. 
Quand  les  originaux  ou  les  anciens  exemplaires  lui  ont  fait  défaut,  il  a 
pris,  pour  en  tenir  lieu,  des  copies  modernes  plus  ou  moins  fidèles,  et 
même  de  simples  extraits  ou  des  analyses  sommaires.  Il  a  poussé  aussi 
loin  qu'il  était  possible  la  recherche  des  éditions,  intégrales  ou  frag- 
mentaires, qui  pouvaient  exister  dans  une  foule  de  livres  ou  d'opuscules 
français  et  étrangers.  S'il  fallait  exprimer  un  regret,  ce  serait  que  les 
indications  bibliographiques  n'aient  pas  été  présentées  méthodiquement, 
de  façon  à  bien  faire  ressortir  l'origine  et  la  valeur  absolue  ou  relative 
des  sources  auxquelles  on  a  puisé. 

Je  citerai  comme  exemple  le  n^  12H  du  Cartulaire  :  charte  de  Phi- 
lippe-Auguste portant  donation  aux  Hospitaliers  de  biens  situés  à 
Bruyères-le-Chàtel  au  mois  de  février  1205  (n.  st.).  M.  Delaville  Le 
Roulx  indique  dans  l'ordre  suivant,  comme  sources  du  texte  de  cette 
pièce  : 

1°  Le  registre  JJ.  8  des  Archives  nationales,  copie  du  commencement 
du  xiv^  siècle. 

2°  Le  registre  JJ.  7,  copie  du  commencement  du  xui'=  siècle. 

30  Le  registre  JJ.  23,  copie  du  xiv^  siècle. 

4"  Le  registre  JJ.  26,  copie  du  xni^  siècle. 

5°  Le  ms.  latin  9778  de  la  Bibl.  nat.,  copie  du  milieu  du  xm«  siècle. 

6°  Un  extrait  fait  au  xvn«  siècle  d'après  un  Cartulaire  des  Hospita- 
liers appartenant  à  Petau,  extrait  qui  est  inséré  dans  le  vol.  403  de  la 
collection  Decamps. 

7»  Le  ms.  du  Vatican  n»  2796  du  fonds  Ottoboni,  copie  du  commen- 
cement du  xni«  siècle. 

En  dressant  cette  liste,  il  aurait  fallu  avertir  que  l'extrait  de  la  col- 
lection Decamps  (6")  représente  l'expédition  originale  de  la  charte  et 
que  les  six  autres  manuscrits  nous  ont  conservé  le  texte  de  la  minute  ; 
ces  six  manuscrits  auraient  dû  être  groupés  comme  il  suit  : 

1°  Ms.  du  Vatican,  Ottoboni  2796,  MINUTE  ORIGINALE. 

2"  Registre  JJ.  8,  mauvaise  copie  du  ms.  Ottoboni. 

3°  Registre  JJ.  7,  dérivé  du  ms.  Ottoboni. 

4°  Registre  JJ.  23,  médiocre  copie  de  JJ.  7. 

5»  Registre  JJ.  26,  dérivé  de  JJ.  7. 

6°  Ms.  latin  9778,  copie  de  JJ.  26. 

Ce  classement,  dont  la  rigueur  est  absolue,  montre  jusqu'à  l'évidence 
que  le  ms.  Ottoboni  2796,  c'est-à-dire  le  premier  registre  de  Philippe- 
Auguste,  est  le  seul  dont  il  faut  tenir  compte  pour  établir  le  texte  de 
la  charte  1211.  Si  l'éditeur  l'avait  pris  pour  guide,  il  n'aurait  pas 
imprimé  (p.  47,  1.  2)  exceptis  feodum  mililum  et  servientium,  mais  bien 
exceplis  feodis  militum  et  servientium;  à  la  ligne  suivante  sicul  ea  possi- 
demus,  mais  bien  sicut  ea  possedimus  ;  et  à  la  ligne  6  ut  ipsa,  mais  bien 


688  BIBLIOGRAPfllE. 

ïit  in  ipsa.  Il  n'aurait  pas  omis  de  mettre  un  etc.  à  la  fin  de  la  pièce, 
comme  l'a  fait  le  scribe  du  ms,  Ottoboni,  pour  tenir  lieu  de  la  mention 
des  grands  ofQciers  de  la  couronne. 

L'éditeur  aurait  pu  se  dispenser  d'avertir  que  cette  même  charte  était 
analysée  dans  le  catalogue  des  actes  de  Philippe -Auguste,  sous  le 
n°  1077,  à  la  date  erronée  de  1208.  La  notice  1077  du  Catalogue  ne  se 
rapporte  pas  le  moins  du  monde  à  la  charte  1211  du  Gartulaire,  mais 
bien  à  la  charte  1300  de  ce  même  cartulaire,  laquelle  est  bien  de  l'an- 
née 1208. 

Puisque  l'occasion  s'en  présente,  il  est  bon  de  faire  remarquer  que 
les  chartes  publiées  par  M.  Dclaville  Le  Roulx  sous  les  n°^  1211  et  1300 
se  trouvaient  dans  un  Cartulaire  dont  l'existence  n'est  plus  connue  que 
par  des  extraits  pris  au  xvn«  siècle  par  André  Duchesne  et  conservés 
aujourd'hui  dans  la  Collection  Decamps,vol.  103,  fol.  212-215.  Duchesne 
l'avait  trouvé  dans  la  bibliothèque  des  Petau,  et  le  Catalogue  alphabé- 
tique des  manuscrits  de  cette  bibliothèque,  publié  par  Montfaucon 
(Bibliotlieca  bibliothecarum,  1. 1,  p.  79),  l'indique  en  ces  termes  :  «  Poly- 
pticus  hospitalis  Jerosolimitani  apud  Parisios,  555,  249.  »  Il  serait  fort 
intéressant  de  retrouver  la  trace  de  ce  registre,  qui  avait  dû  être  com- 
posé vers  le  milieu  du  xui"^  siècle.  Mais  il  est  bien  douteux  qu'il  revienne 
jamais  à  la  lumière.  S'il  n'était  pas  irrévocablement  perdu,  il  n'aurait 
pas  échappé  à  la  curiosité  et  à  la  sagacité  de  M.  Delaville  Le  Roulx. 

L.  D. 

Relation  du  pèlerinage  à  Jérusalem  de  Nicolas  de  Martoni,  notaire 
italien  (1394-1393),  publiée  par  Léon  Le  Graxd.  Paris,  E.  Leroux, 
-1895.  la-8%  i04  pages.  (Extrait  de  la  Revue  de  l'Orient  latin, 

t.  m.) 

Le  manuscrit  qui  contient  cette  relation  de  pèlerinage  est  conservé  à 
la  Bibliothèque  nationale  sous  le  numéro  6521  du  fonds  latin.  Il  était 
resté  inédit,  bien  qu'il  eût  été  signalé  par  quelques  anciens  biblio- 
graphes; la  trace  s'en  était  perdue.  M.  R.  Rohricht  lui-même  n'avait 
pu,  malgré  de  très  consciencieuses  recherches,  le  faire  figurer  dans 
son  excellente  Bibliotlieca  geographica  PalestincB  (Berlin,  1840,  in-8°).  Il 
convient  de  féliciter  M.  Le  Grand  d'avoir  eu  la  bonne  fortune  de  le 
retrouver.  L'édition  qu'il  en  a  publiée  nous  paraît,  en  outre,  de  nature 
à  donner  pleine  satisfaction  aux  érudits. 

Nicolas  de  Martoni,  notaire  de  la  petite  ville  de  Carinola,  dans  la  terre 
de  Labour,  ne  semble  avoir  eu  d'autre  raison  d'entreprendre  le  long  et 
difficile  voyage  des  Lieux  Saints  que  le  désir  de  satisfaire  sa  piété.  Le 
bâtiment  sur  lequel  il  s'embarqua,  avec  d'autres  pèlerins,  quitta  Gaëte 
le  17  juin  1394  et  fit  d'abord  voile  vers  Alexandrie;  mais  une  violente 


BIBLIOGRAPIIIK.  6.S<J 

tempête  l'ayant  poussé  à  travers  l'Archipel,  il  relâcha  à  Rhodes  et 
n'aborda  en  Egypte  que  le  25  juillet.  La  visite  d'Alexandrie  et  du 
Caire  demanda  plus  d'un  mois.  La  caravane  suivit  ensuite  les  bords  de 
la  mer  Rouge  pour  gagner  le  Sinaï  et  se  rendit  à  Jérusalem  par  daza 
et  Bethléem.  Neuf  jours  suffirent  pour  les  visites  et  les  dévotions  à  faire 
aux  Lieux  Saints.  La  troupe  gagna  par  Rama  le  port  de  Jafl'a,  où  elle 
s'embarqua  pour  l'Italie.  Martoni  quitta  ses  compagnons  de  voyage  à 
Rama  et  se  joignit  à  un  nouveau  groupe  de  pèlerins  avec  lesquels  il  se 
rendit  à  Beyrouth.  Il  monta  là  sur  un  bâtiment  qui  le  conduisit  dans 
l'île  de  Chypre,  oià  il  put  visiter  Nicosie  et  Famaijouste.  Des  contre- 
temps divers  et  en  particulier  une  attaque  de  pirates  l'amenèrent  à 
Athènes,  où  il  séjourna.  Cette  partie  de  sa  relation  est  peut-être  la  plus 
intéressante,  parce  qu'elle  donne  sur  la  topographie  et  les  monuments 
de  la  vieille  cité  des  renseignements  d'autant  plus  précieux  à  recueillir 
qu'ils  sont  plus  rares.  Il  put  enfin  regagner  l'Italie,  après  des  arrtHs  ;'i 
Corinlhe,  Patras  et  Corfou. 

Les  notes  dont  M.  Le  Grand  a  fait  suivre  cette  relation  sont  courtes 
mais  suffisantes.  Il  a  très  heureusement  pu,  presque  toujours,  faire 
connaître  le  sens  des  expressions  incorrectes  ou  bizarres  dont  Martoni 
s'est  servi.  Deux  cependant  lui  ont  résisté.  Il  ne  sera  pas  étonné  que 
nous  ayons  cherché  après  lui  et  nous  permettra  de  lui  soumettre  ici  les 
deux  hypothèses  auxquelles  nous  avons  été  conduit. 

Le  premier  de  ces  mots  se  trouve  dans  la  description  du  costume  des 
Sarrasins  (p.  23)  :  ...  in  capite  portant  faciolum  panni  Uni  albi  in  mul- 
tis  pligis  et  videtur  sicut  macchanyanum...  Cet  étrange  mot  maccha- 
nyanum,  que  M.  Le  Grand  fait  à  tort  suivre  d'un  point  d'interrogation, 
car  telle  est  sans  aucun  doute  la  leçun  du  manuscrit,  no  serait-il  pas 
formé  sur  l'italien  magagnato,  blessé,  et  ne  voudrait-il  pas  signifier  (jue 
les  Sarrasins  ont,  par  suite  de  leur  coiffure,  l'air  d'être  blessés  à  la 
tète?  Martoni  a  fabriqué,  en  effet,  un  bon  nombre  de  mots  latins,  dont 
il  faut  chercher  l'origine  et  le  sens  dans  l'italien  et  en  particulier  dans 
le  patois  napolitain.  M.  Le  Grand  en  a  cité  beaucoup  d'exemples. 

La  seconde  de  ces  expressions  est  dans  la  descri[ition  des  maisons  du 
Caire  (p.  30-31)  :  ...  in  quo  bxirgo  sunt  dumus  mirificc  pulcras  cum  gay- 
sis,  fenestris  vitratis,  monachectis  et  aliis  pulcris  laboribus...  Quel  est  le 
sens  du  mot  monachectis?  Nous  sommes  très  porté  à  croire  qu'il  a  été 
fait  sur  un  mot  arabe  très  voisin  probablement  de  celui  dont  nous 
avons  tiré  l'expression  aujourd'hui  courante  de  muucharabi.  Si  cette 
hypothèse  est  fondée,  monachectis  désigne,  par  opposition  aux  fenestris 
vitratis,  des  fenêtres  à  grillage  et  sans  vitres,  comme  on  en  voit  encore 
aux  maisons  arabes,  des  moucharabis  en  un  mot. 

C.  C. 


Q90  BIBLIOGRAPHIE. 

I    'i; 

Histoire  religieuse,  civile  et  militaire  de  Saint- James-de-Beuvr on ^ 
depuis  sa  fondation  jusqu'à  wosjown,  d'après  les  documents  dV- 
cliives,  avec  le  plan  de  la  ville  et  du  château  au  moyen  âge,  par 
V.  MÉNARi),  chanoine  titulaire  de  Coutances.  Avranches,  impr. 
Alfred  Perrin,  ^  897.  In-8°. 

L'histoire  de  Saint-James-de-Beuvron  que  vient  de  publier  M.  le 
chanoine  Ménard  n'est  pas,  à  proprement  parler,  une  nouveauté  :  cet 
ouvrage  a  déjà  paru,  sous  forme  de  chapitres  isolés,  dans  les  Mémoires 
de  la  Société  académique  du  Gotentin,  et  les  érudits  normands,  peu 
habitués  d'ailleurs  à  trouver  dans  ce  recueil  des  travaux  d'une  valeur 
aussi  incontestable,  ont  accueilli  celui-ci  avec  éloge.  En  réunissant  ces 
chapitres  en  volume,  l'auteur  les  a  fait  suivre  d'additions  et  de  pièces 
justificatives  fort  intéressantes.  M.  Ménard  n'a,  en  effet,  rien  négligé 
pour  rendre  sa  monographie  aussi  complète  que  possible  :  les  Archives 
et  la  Bibliothèque  nationales,  les  archives  de  la  Manche,  le  cartulaire 
de  Saint-Benoît-sur-Loire,  abbaye  dont  dépendait  au  spirituel  le  prieuré 
de  Saint-James,  ont  été  consultés  par  lui  avec  profit  et  utilisés  suivant 
les  règles  d'une  méthode  critique  excellente.  Il  connaît  tous  les  docu- 
ments publiés,  toutes  les  chroniques  éditées  ou  manuscrites,  tous  les 
ouvrages  imprimés  qui  se  rapportent  de  loin  ou  de  près  à  son  sujet,  et 
ses  références  sont  très  exactes.  Son  travail  devient  ainsi  fort  utile  à 
consulter,  non  seulement  pour  les  érudits  normands,  mais  en  général 
pour  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  l'histoire  de  la  guerre  de  Cent  ans. 
Située  sur  les  confins  de  la  Normandie  et  de  la  Bretagne,  cà  peu  de  dis- 
tance de  Pontorson  et  du  Mont-Saint-Michel,  bâtie  sur  un  promontoire 
avancé  qui  domine  les  vallées  de  la  Dierge  et  du  Beuvron,  protégée  par 
un  ensemble  de  fortifications  savantes  qui  comprenait  le  château,  une 
enceinte  de  murailles  flanquée  de  tours,  trois  boulevards  reliés  à  cette 
enceinte  par  des  chemins  couverts  et  trois  étangs  creusés  à  une  très 
grande  profondeur  dans  la  vallée,  la  ville  de  Saint-James,  dont  la  fon- 
dation remonte  à  Guillaume  le  Conquérant,  a  joué  pendant  le  moyen 
âge  un  rùle  militaire  très  important.  Elle  était  en  1357  «  le  principal 
boulevard  du  parti  français  dans  l'Avranchin  »  et  contribuait  à  défendre 
cette  contrée  contre  les  Navarrais,  qui  n'en  furent  jamais  assez  les 
maîtres  pour  empêcher  la  perception  des  impôts  dans  les  campagnes. 
A  cette  date,  le  grand  bailli  de  Gotentin,  Thomas  Pinchon,  forcé 
d'abandonner  la  ville  de  Goutances,  que  menaçaient  les  troupes  du  roi 
de  Navarre,  estimait  le  château  de  Saint-James  suffisamment  à  l'abri 
d'un  coup  de  main  pour  y  transporter  le  siège  de  son  administration  et 
s'y  établir  avec  sa  femme  et  ses  officiers.  Ses  relations  de  famille  avec 
les  Anglo-Navarrais  d'Avranches  et  sa  négligence  à  garder  le  château 


BIBLIOGRAPHIE.  Ct'.^ 

le  rendirent  suspect  aux  habitants;  au  mois  de  juillet  13:>>,  une  cmeuio 
populaire  éclata  à  Saint-James  et  le  bailli  dut  se  retirer  au  Mont-Saint- 
Michel,  seule  place  forte  de  Rasse-Xormandie  que  n'ait  pdint  foulée  à 
cette  époque  le  pied  de  l'étranger.  Eu  1418,  en  etVet,  Saint-James  tomba 
entre  les  mains  de  l'ennemi.  Le  connétable  de  Richemont  tenta  do 
reprendre  la  ville  en  14î6;  il  échoua  après  un  brillant  assaut,  dont  les 
détails  se  trouvent  racontés  avec  beaucoup  d'exactitude  dans  la  chro- 
nique de  Monstrelet  et  dans  l'histoire  de  Bretagne  de  d'Arij;entré.  En 
1449,  la  question  des  fortifications  de  Saint-James  fut  la  cause  de  la 
reprise  des  hostilités  et  de  la  délivrance  nationale.  Pendant  les  guerres 
de  religion,  cette  ville  prit  part  à  la  lutte  acharnée  que  soutint  Mont- 
gommery  contre  les  troupes  du  roi.  Son  château  fut  démantelé  en  1590, 
—  La  seconde  partie  de  l'ouvrage  de  M.  Ménard  est  consacrée  à  l'his- 
toire de  Saint-James  depuis  la  destruction  de  son  château  jusqu'à  nos 
jours;  elle  renferme  des  pages  très  intéressantes  et  très  neuves  sur  la 
première  et  la  seconde  guerre  de  la  chouannerie,  qui  eurent  pour  champ 
d'action  principal  ce  coin  du  pays  normand;  l'auteur  aurait  pu  terminer 
là  son  récit,  au  lieu  de  le  conduire  jusqu'au  lendemain  de  la  révolution 
de  1848.  Il  aurait  eu,  ce  semble,  avantage  à  diviser  son  ouvrage  d'une 
façon  un  peu  différente  :  il  eût  raconté  dans  une  première  partie  les 
événements  militaires  qui  ont  fait  la  gloire  de  la  petite  ville  normande 
et  dans  une  seconde  partie  les  événements  civils  et  religieux;  il  a  pré- 
féré mener  de  front  les  deux  récits,  en  nous  donnant,  chapitre  par  cha- 
pitre et  simultanément,  d'abord  l'histoire  militaire,  ensuite  l'histoire 
civile  et  religieuse;  le  livre  y  perd  quelque  chose  de  son  unité  et  de  son 
intérêt.  Il  semble  également  que  l'auteur  eût  pu  élargir  un  sujet  néces- 
sairement restreint  en  le  rattachant  davantage  à  l'histoire  générale;  il 
eût  fait  ressortir  ainsi  avec  plus  de  relief  le  rôle  militaire  de  Saint-James 
pendant  la  guerre  de  Cent  ans.  Enfin,  qu'il  nous  permette  en  terminant 
de  lui  poser  une  question  :  pourquoi  n'a-t-il  pas  mis  en  tète  de  son 
volume,  après  l'introduction,  une  bibliographie  des  ouvrages  qu'il  a.eu 
l'occasion  de  consulter?  Pourquoi  n'a-t-il  pas  jugé  à  propos  de  faire 
suivre  sa  table  analytique,  assurément  insuffisante,  d'une  table  alpha- 
bétique des  matières  ou  des  noms  propres?  Ce  sont  là  au  fond  de  légères 
critiques.  Malgré  ces  lacunes,  VHistoire  de  Saint-Jamcs-dc-Ucuvrvn  est 
peut-être  la  meilleure  monographie  de  ville  normande  qui  soit  parue 

depuis  longtemps. 

Paul  Lecacheux. 

Œuvres  historiques  de  M.  le  docteur  Ulysse  Chevalieh.  I  :  Annales 
de  la  ville  de  Romans  (niaiiuscril  inédit).  Paris,  .Vlph.  Picard  et 
fils,  J897.  In-^6,  xx-327  pages. 

M.  le  D"-  Ulysse  Chevalier  n'est  pas  un  inconnu  pour  nos  lecteurs. 


092  BIBLIOGRAPHIE. 

Quelques-uns  de  ses  ouvrages,  en  effet,  ont  été  analysés  dans  ce  bulle- 
tin, notamment  son  Histoire  de  la  maladrerie  de  Voley,  sa  Notice  sur 
l'abbaye  de  Saint~Just  et  les  Lettres  de  Hugues  de  Lionne.  L'éditeur  de 
ses  œuvres  historiques,  M.  Charles  Mossant,  nous  fait  connaître,  dans 
son  Avant-Propos,  l'étendue  des  travaux  du  D"-  U.  Chevalier;  il  nous 
révèle  une  intéressante  figure  de  savant.  Non  seulement  M.  Chevalier 
a  laissé  une  œuvre  personnelle  importante  qui  complète  les  travaux 
locaux  de  Dochier  et  de  M.  P.-E.  Giraud,  mais  il  a  suscité  par  son 
exemple  et  sa  direction  de  jeunes  érudits,  tels  que  son  fils,  M.  le  cha- 
noine U.  Chevalier,  dont  le  nom,  comme  dit  l'auteur,  a  dépassé  depuis 
longtemps  les  bornes  de  sa  province;  son  cousin,  M.  le  chanoine  Jules 
Chevalier,  etc. 

Dans  son  Introduction,  M.  U.  Chevalier  nous  apprend  dans  quelles 
conditions  il  a  fait  son  travail.  Le  succès  de  l'Essai  qu'il  avait  donné  en 
1875  pour  la  période  des  guerres  de  religion  lui  a  inspiré  la  pensée  de 
le  continuer.  D'un  autre  côté,  la  partie  narrative  de  l'ouvrage  de 
M.  Giraud  (Essai  historique  sur  l'abbaye  de  Saint-Barnard  et  sur  la  ville 
de  Romans)  finit  avant  le  xiv«  siècle,  mais  il  avait  recueilli  des  notes  et 
pièces  nombreuses  qu'il  donna  à  M.  Chevalier  quand  il  renonça  à  ce 
travail. 

M.  Chevalier  a  remanié  l'Essai  de  P.-E.  Giraud  en  lui  donnant  la 
forme  d'Annales,  «  ce  genre  de  narration  offrant  cet  avantage  de  ne 
laisser  échapper  aucun  fait,  de  mettre  mieux  en  relief  les  événements, 
de  faciliter  la  mémoire  et  les  recherches  et  surtout  d'abréger  considéra- 
blement l'ouvrage,  en  supprimant  les  phrases  nécessaires  au  récit  et 
aux  transitions.  » 

M.  Chevalier  n'a  pas  cru  nécessaire  de  remonter  aux  faits  antérieurs 
à  la  fondation  de  l'abbaye;  il  se  contente  d'examiner  les  suppositions 
diverses  faites  au  sujet  de  l'ancienneté  de  la  ville  de  Romans.  Il  fait 
venir  le  nom  de  la  ville,  soit  de  YEcclesia  Sancti  Romani,  soit  du  nom 
de  la  propriétaire  du  terrain  sur  lequel  cette  église  fut  bâtie,  la  veuve 
Romana,  ou  mieux  Rolman.  Il  passe  ensuite  en  revue  tous  les  souverains 
et  princes  qui,  depuis  Louis  le  Débonnaire,  ont  régné  sur  la  Bourgogne 
et  le  Dauphiné,  dont  Romans  faisait  partie,  jusqu'au  moment  où  en 
4349  le  Dauphiné  fut  réuni  à  la  France.  Quant  aux  Annales  elles-mêmes, 
l'auteur  raconte  successivement  les  faits  historiques  jusqu'au  commen- 
cement du  xv^  siècle,  cette  histoire  ayant  été  traitée  de  la  manière  la 
plus  complète  par  M.  P.-E.  Giraud  dans  son  Essai  historique.  Mais,  en 
revanche,  il  donne  tout  le  développement  qu'ils  méritent  aux  faits 
peu  connus  des  siècles  suivants,  particulièrement  aux  événements  des 
guerres  de  religion  et  de  la  Révolution.  Il  renvoie  enfin  pour  les  détails 
à  ses  diverses  notices  sur  les  établissements  publics  de  Romans.  L'au- 
teur, sans  abdiquer  ses  opinions  politiques  et  religieuses,  a  su  conser- 
ver à  son  livre,  notamment  pour  la  période  des  guerres  de  religion, 


BIBLlOGRAi'UIE.  693 

un  caractère  d'impartialité;  il  a  réussi  à  être  exact  et  sans  parti  pris. 
Ce  n'était  pas  choso  aisée  que  de  résumer  dans  un  style  simple,  con- 
cis, mais  sans  sécheresse,  les  événements  multiples  et  souvent  peu 
importants  d'une  aussi  longue  période;  l'auteur  y  a  parfaitement  réussi  : 
il  donne  la  notion  des  faits,  de  leurs  causes,  de  leurs  résultats,  avec  peu 
de  références  aux  textes;  mais  on  sent  bien  qu'il  les  a  consultés  et  que, 
s'il  ne  cite  pas  les  sources,  c'est  pour  abréger.  Quelquefois,  le  texte  est 
accompagné  de  notes  importantes,  comme  à  la  page  3"J,  où  l'on  trouve 
une  appréciation  motivée  de  la  politique  d'Humbert  II,  dauphin,  à  qui 
nous  devons  la  cession  de  cette  belle  province  du  Dauphiné.  La  partie 
du  xvi«  siècle  est  particulièrement  développée.  Nous  citerons  les  années 
1533,  1549,  1562,  1580,  etc.  Espérons  que  ce  premier  volume  sera  bien- 
tôt suivi  d'autres  aussi  intéressants  et  aussi  utiles  pour  l'histoire  du 
Dauphiné. 

A.  Briel. 


Une  sainte  forézienne.  La  bienheureuse  Philippe  de  Chantemilan, 
par  l'abbé  Reure,  docteur  ès-letlres.  Lyon,  impi-.-lilir.  E.  Ville, 
1896.  In-S",  36  pages.  (Extrait  de  l'Université  catholique.] 

Il  y  a  deux  ans  environ,  nous  avons  fait  connaître  à  nos  lecteurs  le 
savant  travail  de  M.  le  chanoine  U.  Chevalier  intitulé  :  Vie  et  miracles 
de  Philippe  de  Ctiantemilan ,  d'après  le  manuscrit  de  M.  Ghaper,  qui 
remonte  au  xv^  siècle  et  qui  donne  au  récit  hagiographi(jue  une  base 
solide.  M.  l'abbé  Reure  a  fait  plus  et  moins;  il  s'est  placé  à  un  point 
de  vue  différent,  il  a  voulu  faire  revivre  dans  les  diocèses  de  Lyon  et 
de  Grenoble  le  souvenir  d'une  sainte  honorée  pour  sa  bienfaisance  et 
son  dévouement,  atin  d'y  provoquer  le  rétablissement  d'un  culte  ancien 
et  certain;  il  s'est  appuyé  sur  les  conclusions  do  ses  devanciers,  qu'il  a 
généralement  suivies,  en  relevant  cependant  les  erreurs  qu'ils  ont  pu 
commettre.  Mais  il  a  élargi  un  peu  son  cadre,  il  a  essayé  de  replacer 
Philippe  de  Chantemilan  dans  le  milieu  où  elle  a  vécu,  en  faisant  mieux 
connaître  les  mœurs  du  temps  et  de  la  province,  les  personnages  avec 
lesquels  elle  s'est  trouvée  en  rapport,  soit  à  Changy,  soit  à  Vienne,  tels 
que  les  seigneurs  de  Lespinasse,  les  Nurry,  surtout  Jean,  l'archevêque 
de  Vienne,  et  en  rappelant  les  principaux  événements  du  temps.  .\  ce 
titre,  cette  notice,  bien  qu'elle  ne  soit  pas  écrite  dans  un  esprit  exclu- 
sivement historique,  pourra  être  consultée  avec  fruit  à  la  suite  de  celle 

de  M.  le  chanoine  Chevalier. 

A.  Bhuel. 


094  BIBLIOGBAPUIE. 

Étude  critique  sur  la  concession  de  l'Indulgence  de  la  Portioncule 
ou  pardon  d'Assise,  par  Paul  Sabatier.  Paris,  I89C.  In-8°,  37  pages. 
(Extrait  de  la  Bci-ue  historique,  t.  LXII,  année  1896.) 

Un  nouveau  chapitre  de  la  vie  de  saint  François  d'Assise,  par  Paul 
Sabatier.  Paris,  Fischbacher,  -1896.  In-8%  24  pages. 

Est-il  vrai  que  saint  François  ait  obtenu  du  pape  Honorius  III  la 
faveur,  a  inouïe  alors,  d'une  Indulgence  plénière  et  absolue  pour  tous 
les  péchés  passés,  accordée  à  ceux  qui,  confessés,  communies  et  absous, 
visiteraient,  le  2  août  de  chaque  année,  la  chapelle  de  Sainte-Marie  de 
la  Portioncule,  appelée  aussi  Notre-Dame-des- Anges?  »  Cette  question 
a  été  souvent  débattue  et  aucun  historien  de  saint  François  ne  saurait 
se  dispenser  d'y  répondre.  L'un  des  derniers  en  date  de  ces  historiens, 
M.  Paul  Sabatier,  dans  l'intéressante  Vie  de  saint  François  d'Assise  qu'il 
a  publiée  il  y  a  trois  ans%  se  prononçait  un  peu  vite  pour  la  négative 
(p.  412-418);  mais  depuis,  ayant  conscience  que  ses  informations  étaient 
insuffisantes  et  incomplètes,  il  s'est  livré,  dans  les  archives  de  Rome  et 
de  rOmbrie,  à  une  sérieuse  enquête  qui  l'a  conduit  à  des  conclusions 
tout  opposées  ;  cette  question,  qu'il  considérait  comme  négligeable,  il 
la  juge  aujourd'hui  assez  importante  pour  l'examinera  fond,  et  la  solu- 
tion qu'il  apporte  cette  fois  est  nettement  affirmative.  On  ne  saurait 
trop  louer  M.  S.  de  n'avoir  pas  craint  de  se  déjuger;  il  a  fait  preuve  en 
cela  d'une  parfaite  sincérité  scientifique  et  a  donné  un  très  bon  exemple. 
Il  reste  à  savoir  si,  trop  absolu  dans  sa  première  manière  de  voir,  il  ne 
l'est  pas  également  dans  la  seconde. 

Les  principales  objections  élevées  par  M.  S.  dans  sa  Vie  de  saint 
François  étaient  les  suivantes  : 

Silence  absolu,  «  écrasant,  »  des  premiers  biographes  de  saint  Fran- 
çois au  sujet  de  l'Indulgence  (silence  auquel  correspond  le  silence  non 
moins  absolu  des  Registres  d'Honorius  III  et  de  ses  successeurs)  ; 

Horreur  de  saint  François  pour  les  privilèges,  horreur  qui  se  mani- 
feste particulièrement  dans  son  Testament; 

Trop  récente  formation  du  nouvel  Ordre,  dont  le  chef  serait  encore 
un  inconnu  pour  le  pape  en  1219  ; 

Enfin,  caractère  peu  authentique  des  plus  anciens  documents  où  il 
est  question  de  l'Indulgence. 

Il  est  clair  que  cette  dernière  objection  tombe  d'elle-même  si  d'autres 
textes,  plus  anciens  et  de  meilleur  aloi,  sont  produits  dans  le  débat. 

La  troisième  raison  n'existe  plus  aujourd'hui;  on  sait  qu'en  1216, 
année  de  l'Indulgence,  au  moment  de  l'élection  d'Honorius  LU,  le  mou- 

1.  Voy.  Bibliothèqm  de  l'École  des  chartes,  t.  LV  (1894),  p.  675  et  suiv. 


BIBLIOGRAPHIE.  G95 

vement  franciscain  était  déjà  très  puissant  et  qu'en  outre  saint  François 
avait  assisté  aux  derniers  moments  d'Innocent  III  :  il  ne  pouvait  iHre 
un  inconnu  pour  son  successeur. 

L'argument  tiré  de  1  horreur  de  saint  François  pour  les  privilèges  est 
autrement  embarrassant.  M.  8.  s'en  tire  habilement  en  considérant  cette 
indulgence,  non  comme  un  privilège,  mais  comme  o  un  acte  d'amour 
du  Souverain  Pontife  à  l'égard  des  membres  de  l'Kglise.  i 

La  première  objection  est  de  beaucoup  la  plus  forte;  M.  S.  cherche 
à  en  diminuer  la  portée  dans  une  argumentation  qui,  si  elle  n'emporte 
pas  la  conviction,  est  du  moins  très  bien  conduite.  Il  explique  le  silence 
des  premiers  biographes  de  saint  François  par  i)lusieurs  raisons. 

En  premier  lieu,  ces  biographes  se  sont  tous  copiés  les  uns  les  autres; 
le  silence  de  deux  biographies,  celle  de  Thomas  de  Colano  et  celle  des 
Trois  compagnons,  a  entraîné  le  silence  de  toutes  les  autres.  —  C'est  là 
une  question  qui  méritera  d'être  approfondie  dans  VÉtude  critique  dcx 
sources  de  la  vie  de  saint  François,  que  nous  promet  M.  S. 

En  second  lieu,  on  constate  chez  ces  i)remiers  biographes,  chez  Tho- 
mas de  Celano  par  exemple  des  omissions  tout  aussi  graves;  (•  ils  no 
nous  disent  rien  du  voyage  de  François  en  Palestine,  rien  de  sa  mission 
en  Espagne  et  en  France,  rien  des  martyrs  du  Maroc.  »  —  On  pourrait 
objecter  que  ce  sont  là,  pour  ces  premiers  biographes,  italiens  et  plus 
spécialement  originaires  de  l'Italie  du  Centre,  des  faits  lointains  ilont 
ils  ne  pouvaient  avoir  connaissance  directement  ;  tandis  que  l'Indulgence 
aurait  été  accordée  à  Pérouse,  en  pleine  Ombrie. 

Enhn,  ce  silence  (que  M.  S.  croit  d'ailleurs  plus  apparent  que  réel) 
a  pu  être  volontaire.  De  très  bonne  heure,  il  s'e.'^t  produit  dans  la 
famille  franciscaine  une  scission  assez  marquée  :  le  parti  de  la  large 
observance,  avec  frère  Élie,  se  groupait  à  Assise,  autour  de  la  basilique 
qui  commençait  à  s'élever;  le  parti  de  l'étroite  observance  se  gmupait, 
avec  Jean  Parenti,  autour  de  la  chapelle  de  la  Porticmcule;  et  la  large 
observance,  qui  resta  victorieuse,  *  dut  mettre  tout  en  jeu  pour  amoin- 
drir l'importance  du  petit  sanctuaire  de  Notre-Dame-des-Anges  »  ou 
de  la  Portioncule.  —  Ici  encore,  nous  devons  attendre  Vf'tude  annon- 
cée sur  les  sources  de  la  vie  de  saint  François;  car  cet  argument  n'a  de 
valeur  que  si  les  premiers  biographes  .sont  tous  partisans  de  la  largo 
observance  et  tiennent  tous  pour  Assise  contre  la  Portioncule;  ce 
ne  serait  guère  le  cas  des  o  Trois  compagnons;  •  il  faudrait  donc 
supposer  que  leur  récit  a  été  tronqué  et  dénaturé;  et  c'est  en  effet  la 
pensée  de  M.  S. 

Après  avoir  ainsi  habilement  argumenté  contre  lui-même,  M.  S.  passe 
à  l'examen  des  plus  anciens  témoignages,  répartis  en  trois  groupes  dis- 
tincts,  relatifs  à  l'Indulgence;  c'est  là  la  partie  la  plus  solide  de  son 
travail.  De  ces  témoignages,  le  premier  en  date  (1277)  est  celui  de 
Benoit  d'Arezzo;  il  repose  lui-même  sur  celui  de  frère  Masseo  .  qui 


696  BIBLIOGRAPHIE. 

accompagnait  saint  François  lors  de  la  concession  de  l'Indulgence. 
Viennent  ensuite  le  récit  de  frère  Léon,  ou,  pour  parler  plus  exacte- 
ment, le  rapport  qu'en  fait,  d'après  Jacopo  Coppoli,  un  certain  frère 
Ange;  puis  le  triple  témoignage  d'Oddo  Aquasparta,  de  Reynier 
d'Arezzo  et  de  Marino  d'Assise,  fondé,  comme  celui  de  Benoît  d'Arezzo, 
sur  celui  de  frère  Masseo  ;  enfin,  le  témoignage  de  Pietro  Zalfani  et  la 
disputatio  de  Pietro-Giovanni  Olivi. 

Là  s'arrête  la  première  et  plus  importante  série  de  documents,  sus- 
citée, entre  1277  et  1279,  par  l'hostilité  des  Dominicains,  qui  contes- 
taient aux  fils  de  saint  François,  leurs  rivaux,  la  réalité  de  l'Indulgence. 
Il  n'y  a  aucune  raison  sérieuse  de  douter  de  l'authenticité  de  ces  textes 
ni  de  la  bonne  foi  des  témoignages  produits  ;  mais  ces  témoignages,  vu 
leur  date ,  sont  nécessairement  indirects  ;  peuvent-ils  compenser  le 
silence  de  soixante  années  qu'ils  viennent  rompre  tout  d'un  coup?  Quoi 
qu'il  en  soit,  M.  S.  a  serré  la  question  de  beaucoup  plus  près  qu'on  ne 
l'avait  fait  jusqu'ici  ;  et,  si  bien  des  difficultés  subsistent  encore  dans 
cette  affaire  de  l'Indulgence,  du  moins  on  peut  dire  que  la  thèse  soute- 
nue aujourd'hui  par  M.  S.  paraît  plus  conforme  à  la  vérité  que  la  thèse 
contraire. 

Les  deux  derniers  groupes  de  documents  étudiés  par  M.  S.  appar- 
tiennent au  xiv«  siècle  ;  bien  qu'on  n'y  trouve  guère  de  faits  nouveaux, 
ils  ont  aussi  leur  importance  et  sont  l'occasion  de  discussions  intéres- 
santes, tant  pour  l'historiographie  franciscaine  que  pour  l'histoire  des 
évêques  d'Assise. 

M.  S.  prépare  une  Histoire  du  mouvement  religieux  au  IIII^  siècle  dont 
la  Vie  de  saint  François  formera  le  premier  volume.  Cette  Vie  sera  natu- 
rellement celle  que  M.  S.  a  déjà  fait  paraître  il  y  a  trois  ans  et  dont  le 
succès  fut  considérable,  mais  remaniée  et  augmentée  d'un  chapitre,  le 
douzième,  sur  l'avènement  d'Honorius  III  et  l'Indulgence  de  la  Portion- 
cule.  L'auteur  a  publié  à  part  ce  chapitre;  les  éléments  en  sont  emprun- 
tés aux  textes  dont  il  vient  d'être  parlé,  heureusement  combinés  avec 
la  curieuse  lettre  où  Jacques  de  Vitry  raconte,  entre  beaucoup  d'autres 
choses,  la  mort  d'Innocent  III  et  l'élection  de  son  successeur,  et  trace 
un  tableau  si  gracieux  et  si  étonné  de  la  vie  des  premiers  disciples  de 
saint  Françoise  M.  S.  a  mis  en  œuvre  ces  divers  documents  avec  beau- 
coup d'art  et  même  d'artifice;  et,  autour  des  données  qu'ils  renferment, 
précises,  mais  un  peu  maigres  pour  remplir  tout  un  chapitre,  il  a  fes- 

t.  Publiée  pour  la  première  fois  en  1847  par  le  marquis  de  Saint-Génois  dans 
les  Nouveaux  Mémoires  de  l'Académie  de  Bruxelles,  t.  XXIII,  p.  29  et  suiv., 
et  plus  récemment  par  M.  R.  Rœhricht  dans  la  Zeitschrift  filr  Kirchengeschichte, 
t.  XIV  (1893),  p.  97  et  suiv.,  et  par  M.  P.  S.  lui-même  dans  le  Bolletino  delta 
Socielà  umbra  di  storia  patria,  t.  I  (1895),  p.  109  et  suiv. 


BIBLIOtiRArilll,.  (l'J7 

tonné,  pour  le  grand  public,  les  développements  qui-  lui  fournissait  sa 
brillante  imagination. 

L.  AiviiAY. 

Charles  Joret.  Les  Playifes  dans  rniiliquifé  et  nu  moyrn  dgr.  His- 
toire, usages  et  symbolisme,  i^"  [)arLie  :  les  Plantes  dans  l'Onrut 
classique.  Egypte,  Chaldee,  Assyrie,  Judée,  Phénicic.  l'uris, 
Bouillon,  •IsyT.  ln-8°,  xx-î)04  payes. 

Écrire  l'histoire  du  règne  végétal  à  travers  les  âges  et  toutes  les  civi- 
lisations est  une  œuvre  que  peu  d'érudits  auraient  osé  aborder,  elTrayés 
d'avance  par  l'étendue  et  la  difficulté  des  recherches,  la  dissémination 
des  ouvrages  à  consulter  dans  toutes  les  langues  anciennes  et  modernes, 
les  multiples  aspects  sous  lesquels  se  présente  le  sujet.  Mais  de  telles 
considérations  n'étaient  pas  de  nature  à  rebuter  le  savant  et  infatigable 
professeur  de  l'Université  d'Aix.  Dans  le  premier  volume  qu'il  nous 
livre  aujourd'hui,  M.  Joret  n'étudie  les  plantes  que  chez  les  Egyptiens 
et  chez  les  peuples  sémitiques  de  l'antiquité;  le  second  volume,  dont  il 
annonce  la  prochaine  apparition,  sera  consacré  au.x  anciennes  civilisa- 
tions de  l'Inde  et  de  la  Perse;  puis  viendra  le  tour  de  l'antiquité  clas- 
sique; c'est  dire  que  M.  Joret  est  loin  encore  d'aborder  l'histoire  des 
végétaux  au  moyen  âge,  domaine  spécial  à  la  liibliotlirquc  de  l'École  des 
chartes.  Il  serait  donc  hors  de  propos  ici  de  suivre  l'auteur  dans  le  relevé 
qu'il  a  fait,  soit  dans  les  textes  hiéroglyphiques,  assyriens  ou  bibliques, 
soit  dans  les  représentations  figurées,  telles  que  les  peintures  et  les 
bas-reliefs  de  l'Egypte  ou  de  l'Assyrie,  des  plantes,  des  Heurs  ou  des 
arbres  qui  s'y  trouvent  mentionnés  ou  reproduits.  Je  me  bornerai  à 
indiquer  la  méthode  de  l'auteur,  la  même,  sans  doute,  qu'il  appliquera 
à  l'étude  du  moyen  âge. 

M.  Joret  envisage  le  règne  végétal  dans  l'alimentation  :  céréales, 
plantes  potagères,  arbres  fruitiers;  dans  l'ornementation  :  fleurs  et 
arbres  d'ornement;  dans  l'industrie  :  plantes  textiles,  fabrication  des 
tissus,  des  cordages,  des  vêtements;  dans  l'art  orneuienial  et  architec- 
tural :  constructions  en  bois,  charpentes,  mobilier;  dans  la  poésie  :  les 
populations  sémitiques  ont  chanté  les  cèdres  du  Liban  et  leur  ont  prêté 
une  âme  bien  longtemps  avant  Lamartine.  11  les  envisage  dans  les 
mythes  et  les  légendes  sacrées,  dans  les  cérémonies  religieuses  et  le 
rôle  que  leur  assignent  les  rites  funéraires.  Il  étudie  leur  application 
dans  la  médecine,  la  droguerie,  la  fabrication  et  la  composition  des 
aromates  et  des  parfums.  On  voit,  par  ce  simple  aperçu,  combien  le 
sujet  est  vaste,  compliqué,  intéressant,  délicat,  la  variété  des  connais- 
sances qu'il  exige  de  la  part  de  celui  qui  l'aborde.  Chacun  de  ces  points 
de  vue  divers  pourrait  constituer  à  lui  seul  un  gros  ouvrage;  F.  Lajard 


698  BIBLIOGRAPHIE. 

na-t-il  pas  consacré  jadis  une  énorme  publication  au  seul  culte  du 
cyprès,  et  récemment  M.  G.  Foucart  a  écrit  un  livre  bien  rempli  sur  le 
lotus  et  ses  transformations  dans  l'art.  Et,  quant  à  l'histoire  des  plantes 
envisagées  sous  le  rapport  médicinal,  que  de  volumineux  traités  n'a- 
t-elle  pas  déjà  suscités  sans  que  la  matière  soit  épuisée  ! 

Aussi,  quelque  vaste  que  soit  le  cadre  de  M.  Joret,  ne  faut-il  pas 
s'étonner  qu'il  ait  dû  laisser  de  côté  des  questions  importantes,  comme 
celle-ci  par  exemple  :  à  quelle  époque,  même  relative,  apparaissent  sur 
les  monuments  de  l'Egypte  certaines  plantes  qui  ne  sont  pas  naturelles 
dans  la  vallée  du  Nil,  mais  que  les  Pharaons  y  ont  importées  d'Ethio- 
pie, d'Arabie,  de  Syrie  ou  d'autres  contrées?  Même  problème  pour  la 
Ghaldée  et  l'Assyrie.  On  a  fait,  à  ce  point  de  vue,  pour  la  faune,  des 
recherches  fort  intéressantes,  et  l'on  est  parvenu  à  déterminer  à  peu 
près  l'époque  de  l'apparition  et  de  la  domestication  du  cheval,  du  chat, 
de  l'éléphant,  dans  certains  pays.  N'y  a-t-il  pas  lieu  de  préciser  de 
même  l'époque  où  se  révèle,  pour  la  première  fois,  dans  chaque  contrée, 
la  culture  de  certaines  espèces  végétales  servant  à  l'alimentation,  à  l'in- 
dustrie, à  l'ornementation  ?  —  Autre  question  :  dans  les  productions 
artistiques  où  les  plantes  et  les  fleurs  occupent  une  si  grande  place,  il 
importerait  de  faire  ressortir  la  transformation  lente  et  graduelle  que 
subissent  les  représentations  figurées  de  la  même  plante.  Au  début, 
peintres,  sculpteurs,  architectes  copient  de  leur  mieux  la  nature  et  s'en 
rapprochent  le  plus  qu'ils  peuvent;  puis  leur  dessin  s'altère,  se  modifie, 
s'enjolive  suivant  le  caprice  de  l'artiste  ou  des  convenances  subjectives, 
si  bien  qu'aujourd'hui,  lorsque  nous  nous  trouvons  en  présence  d'images 
où  la  fleur  ou  la  plante  sont  stylisées,  il  est  souvent  impossible  d'en  deviner 
la  forme  naturelle  et  primordiale  si  nous  ne  remontons  pas  aux  modifica- 
tions antérieures  successives.  Voyez  les  transformations  architecturales, 
picturales  ou  sculpturales  de  la  fleur  de  lotus,  de  la  rose,  du  silphium, 
de  l'acanthe,  du  palmier.  Je  serais  bien  surpris  si  M.  Joret,  quand  il 
arrivera  au  moyen  âge,  n'était  pas  conduit  à  aborder  ce  point  de  vue  si 
intéressant  :  par  exemple,  pour  les  origines,  les  transformations,  la  sty- 
lisation de  la  fleur  de  lis.  Mais,  pour  qu'une  pareille  étude  rende  les 
services  scientifiques  qu'on  est  en  droit  d'en  attendre,  il  est  nécessaire 
qu'elle  soit  accompagnée  d'une  nombreuse  série  d'images  bien  datées. 
Parler  aux  yeux  en  même  temps  qu'à  l'intelligence  est  la  seule  façon 
de  faire  utilement  œuvre  d'archéologue,  et  bien  souvent  une  démons- 
tration muette,  par  les  images,  est  plus  éloquente  que  le  discours  le 
mieux  coordonné.  Je  fais  des  vœux  pour  que  des  considérations  budgé- 
taires ne  soient  pas  une  entrave  à  une  abondante  illustration  de  l'œuvre 
remarquable  de  M.  Joret,  au  moins  pour  la  partie  qui  doit  concerner 
l'archéologie  du  moyen  âge. 

E.  Babelon. 


BIBLIOCRAPniF.  G9l> 


Victor  MoRTET  et  Paul  Tavnkhy.  r'n  nouveau  texte  des  traités  d'ar- 
pentage et  de  géométrie  d' Epaphroditus  et  de  \  itrunus  liufus. 
Paris,  G.  Klincksieck,  1S1)6.  ln-'i°,  îi  pages,  avec  2  fac-sliiiilo. 
(Tiré  des  Notices  et  extraits  des  ynanuscrits,  l.  XXXV,  2'  partie.) 

Dans  le  manuscrit  13084  de  la  Bibliuthèque  royale  de  Munich, 
M.  Victor  Mortel  a  retrouvé  un  extrait  du  prétendu  livre  d'Epaphrudi- 
tus  et  de  Vitruvius  Rufus,  arpenteurs  et  goomèiros  de  l'antiquité,  l'n 
autre  extrait  du  même  ouvrage  avait  déjà  été  publi"'*  à  plusieurs  reprises, 
notamment  par  M.  Moritz  Cantor'  et  par  M.  Maximilian  Curtze^, 
d'après  le  célèbre  Codex  A7'cerianus  de  Wolfenbutiel.  L'extrait  de 
Munich  diSère  sur  plusieurs  points  importants  de  celui  du  Codex  Arce- 
rianus.  L'ordre  des  matières  y  est  plus  rationnel  et  le  texte  y  est  plus 
correct.  M.  Victor  Mortel  a  rendu  un  vrai  service  en  le  publiant  et  en 
l'annotant^,  d'autant  plus  que  cet  extrait  ne  se  retrouve  pas  dans  l'édi- 
tion classique  des  Gromatici  vetercs  donnée  par  Lachmann  ;  l'intelligence 
en  est  facilitée  par  une  soigneuse  annotation  due  à  MM.  Mortel  et  Tau- 
nery.  Dans  la  préface  placée  en  tète  de  ce  texte,  M.  Tannery  exprime 
l'opinion  que  la  première  partie  doit  être  mise  sous  le  nom  d'Epa- 
phroditus  et  les  deux  autres  sous  celui  de  Vitruvius  Rufus. 

V.  V. 


LIVRES    NOUVEAUX. 

SOMMAIRE  DES  MATIÈRES. 

Généralités,  982,  1068. 

Sciences  auxiliaires.  —  Épigraphie,  1084.  —  Paléographie,  lOiS.  — 
Bibliothèques,  904,  'J05;  Manuscrits,  908,  947,  1019,  1030;  Imprimés, 
925,  961. 

Sources,  929.  -  Légendes,  1006.  -  Hagiographie,  1035.  -  Chro- 

1    Moritz  Cantor,  Die  rômischen  Agrimensoren.  Lcipzifl,  1875,  p.  208-215. 

''"  Maximilian  Curtze,  Abfiandlunçjea  zur  Geschichte  der  Malliemaltk,  VII. 
Leipzig,  1875,  p.  75  et  suiv.  Les  lacunes  de  \Arcerianus  sont  comblées  dans 
cette  édition  au  moyen  du  maouscril  de  Munich,  Latin  \WM). 

3  Déjà  M  Mortel  a  consacré  dans  le  présent  recueil  une  .-lude  aux  fraj-men  » 
contenus  dans  ce  texte  qui  concernent  la  mesure  des  colonnes  {BiOl.otluquc  de 
l'École  des  ctiartes,  LVII  (1896),  p.  î77-324>. 


700  BIBLIOGRAPHIE. 

niqups,  941,  1037.  —  Archives,  899,  935,  936,  956,  959,  964,  1002, 
1007;  cartulalres,  879,  907,  923,  926,  930,  1083;  chartes,  934;  regestes, 
872,  1093. 

Biographie,   généalogie.  —    Saint   Ambroise,    914;  Aquino,  1058; 
Jeanne  d'Arc,  906,  1020, 1021  ;  Jacques  van  Artevelde,  927  ;  Barbavara, 
1009;    Béatrice,  920;  Béatrice  de  Savoie,  1051;  Benoît  VIII,  1016; 
Brancaleoni,  1073;  Gastelsejano,  944;  Cattaneo,  1028;  Gharlemagne, 
932,  985;  Charles  de  Blois,  990;  Thibaud  de  Ghepoy,  1029;  Jacques 
Cœur,  917;  Jean  Colomb,  948;  Dante,  896,  920;  saint  Dominique,  957; 
Doumenet,  1062;  Du  Guesclin,  1069;  seneschal  d'Eu,  991;  Ficin,  950; 
sainte  Foi,  1006;  Francesco  Foscari,  1022;  Jean  Fouquet,  955;  saint 
François  d'Assise,  1008;  Frédéric  II,  892,  1096;  Henri  H,  1016;  Hugues 
de  Saint-Victor,  975;  Jean  de  Sandale,  879;  Juan  II  d'Aragon,  1055 
Saint-xMaur,  1035;  Alexandre  Neckam,  1019;  Odon  de  Glanfeuil,  1035 
Philippe  le  Long,  994;  Pic  de  la  Mirandole,  901;  Portinari,  1013 
Rigaud  de  Asserio,  879;  Savonarole,  917,  1010;  Sigismond,  872;  Théo- 
dore, 898;  Vauloger,  934;  Verino,  988;  saint  Wandrille,  1087;  Wil- 
frith,  898. 

Droit,  884,  887,  893,  903,  918,  949,  951,  974,  978,  1034,  1080. 

Institutions,  919. 

Histoire  économique,  m(s;urs,  etc.,  894, 911,  921,  952, 1036, 1054,  1082. 

Sciences,  enseignement,  902,  926,  939,  950,  980,  989,  1017. 

Religions.  —  Judaïsme,  951.  —  Christianisme,  1023,  1085;  églises 
nationales,  958;  ordres  religieux,  877,  1076;  théologie,  895,  975;  litur- 
gie, 931;  lipsanographie,  916. 

Archéologie,  968,  979,  993,  1031,  1050,  1070.  —  Architecture,  882, 
892,  1032,  1064,  1092.  —  Sculpture,  913,  971,  984,  1014,  1018,  1049, 
1077,  1097.  —  Peinture,  889,  900,  955,  1012,  1059,  1061.  —  Vitraux, 
946,  960.  —  Poterie,  1066.  —  Orfèvrerie,  916,  1024,  1094.  —  Mobilier, 
942.  —  Musique,  945.  —  Numismatique,  873,  897,  1052, 1063.  —  Héral- 
dique, 1047. 

Langues  et  littératures,  1044,  1072.  —  Langue  grecque,  970,  972. 
—  Langues  celtiques,  937.  —  Langues  romanes  :  français,  963,  965, 
969,  991,  1041,1056;italien,  922, 1065, 1086;  espagnol,  953. —  Langues 
germaniques,  1026;  allemand,  886,  986,  997,  1004,  1048,  1089;  anglo- 
saxon,  976;  anglais,  1067.  —  Langues  Scandinaves,  940,  962,  1025.  ^ 
Langues  slaves,  970,  996,  1090. 

SOMMAIRE  GÉOGRAPHIQUE. 

Allemagne,  887,  921,  929,  939,  978,  979,  981,  993,  1040,  1045,  1046, 
1083,  1095.  —  Alsace-Lorraine,  911,  954. 


bibliographfe.  704 

Autriche-Hongrie,  880,  888,  912,  973,  977,  980,  983,  1060,  1081. 

Espagne,  952,  998,  1027,  1055,  1074,  1075. 

France.  —  Maçonnais,  1005.  —  Basses-Alpes,  943;  Hautes-Alpes, 
956;  Ariège,  907;  Bouches-du-Rhône,  1079;  Calvados,  992;  Cantal, 
874,  885;  Charente,  882;  Cùte-d'Or,  909;  Côtes-du-Nord,  1002;  Dor- 
dogne,  959;  Doubs,  1071;  Haute-Garonne,  876;  Indre-et-Loire,  924, 
938;  Isère,  923;  Loir-et-Cher,  894;  Loire-Inférieure,  1088;  Loiret,  915, 
1039;  Lot-et-Garonne,  987,  1062;  Manche,  1078;  Mayenne,  875;  Mor- 
bihan, 933;  Nièvre,  1001;  Nord,  964,  1003;  Seine,  926;  Seine-Infé- 
rieure, 1000;  Somme,  935,  936;  Vendée,  897;  Vienne,  883. 

Grande-Bret.a.gne,  879,  881,  958,  1053,1076. 

Italie,  878,  887  bis,  890,  891,  893,  941,  999,  1007,  1011,  1057,  1073. 

Pays-Bas,  928,  966,  967,  968,  995,  1033,  1038,  1042,  1043,  1064. 

Pays  Scandinaves,  930,  1015. 

Russie,  1030,  1037. 

Suisse,  910,  1091. 

Asie,  1084. 

Afrique,  1036. 

872.  Altmann  (Wilhelm).  Regesta  iraperii  XI.  Die  Urkunden  Kaiser 
Sigmunds  (1410-1437).  II,  1.  Innsbruck,  Wagner,  1897.  In-4'>,  240  p. 
7  fl. 

873.  Amardel  (G.).  Un  triens  wisigoth  inédit.  Narbonne,  impr. 
F.  Gaillard,  1896.  In-8°,  11  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  commission 
archéologique  de  Narbonne,  2^  semestre,  1896.) 

874.  Ame  (Emile).  Dictionnaire  topographique  du  département  du 
Cantal.  Paris,  Leroux,  1897,  In-4o,  liv-637  p. 

875.  Angot  (A.).  La  tombe  d'un  abbé  de  Clermont.  Laval,  impr. 
Lelièvre,  s.  d.  In-8°,  4  p. 

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Port-Saint-Père,  Cheix,  Rouans,  Sainte-Pazanne  et  Vue.  2«  édition, 
revue  et  complétée  par  A.  de  Villechèze,  avec  l'indication  des  fiefs  et 
juridictions  de  l'ancien  comté  de  Nantes  situés  dans  le  canton  du  Pel- 
lerin. Vannes,  impr.  Lafulye,  1897.  In-S",  119  p. 

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CHRONIQUE  ET  MELANGES. 


—  Par  décret  en  date  du  20  octobre  1897,  notre  confrère  M.  Élic 
Berger,  archiviste  paléographe,  docteur  es  lettres,  a  été  nommé  pro- 
fesseur titulaire  de  la  chaire  de  paléographie  de  l'École  des  chartes 
en  remplacement  de  M.  Léon  Gautier,  décédé. 

—  Par  arrêté  du  9  octobre  1897,  notre  confrère  M.  Charles  Mortet 
a  été  chargé  pendant  l'année  1897-1898  d'un  cours  sur  la  bibliogra- 
phie et  le  service  des  bibUothèques  à  l'Ecole  des  chartes. 

—  A  la  même  date,  notre  confrère  M.  Desjardins  a  été  chargé  pen- 
dant la  même  année  d'un  cours  sur  le  service  des  archives  à  l'Ecole 
des  chartes. 

—  Par  arrêté  du  13  octobre  1897,  notre  confrère  M.  Enlart  a  été 
chargé,  pendant  le  premier  semestre  de  l'année  1897-1898,  d'un  cours 
d'archéologie  du  moyen  âge  à  l'École  des  chartes. 

—  Par  arrêté  ministériel  du  5  novembre  1897,  ont  été  nommés 
élèves  de  première  année  de  l'École  des  chartes,  dans  l'ordre  de  mérite 
suivant  : 

MM. 

1.  GocHiN  (Auguste-Denis-lSla.vie),  né  à  Paris,  le  22  décembre  1876. 

2.  Galadert  ( Philippe- Jacques-Franpoii),  né  à  Montauban  (Tarn-et- 
Garonne),  le  11  mars  1873. 

3.  JoNDOT  (Louis-Jules-Marie-i5iép/i6n),  né  à  Saint-Priest-de-Gimel 
(Corrèze),  le  7  juillet  1878. 

4.  Laurent  (Alfred-Alphonse-Marie-Jules-yacgMei),  né  aux  Riceys 
(Aube),  le  26  mars  1876. 

5.  Knight  (Georges-yean-Henri-Marie),  né  à  F^aris,  le  5  septembre 
1880. 

6.  Giard  (flené-Pierre-Alfred),  né  à  Valenciennes  (Nord),  le  25  jan- 
vier 1880. 

7.  DuGUEYT  (Pa^<^Maric-Joseph),  né  à  Virieu  (Isère),  le  17  septembre 
1877. 

8.  BoNNAT  (Martial- /Îené-Maximilien),  né  à  Limoges  (Haute- Vienne), 
le  20  avril  1878. 

9.  Broche  (Lucien- Albert-Etienne),  né  à  Alger,  le  13  août  1877. 


720  CHRONIQUE   ET   ME'lANGES. 

10.  MiDOc  (Georges-Henri),  né  à  Reims  (Marne),  le  28  décembre  1874. 
U.  Lévèque  (Pierre-Eugène),  né  à  Paris,  le  13  octobre  1879. 

12.  Lavollée  (Paul-Marie-i^oôeri),  né  à  Paris,  le  26  janvier  1876. 

13.  Samaran  ((7/iar/e5-Maxime-Donatien),  né  à  Gravencères  (Gers), 
le  28  octobre  1879. 

14.  Du  Gheyron  du  Pavillon  (Marie-GabrieWosep/i),  né  à  Salignac 
(Gharente-Inférieure),  le  13  novembre  1876. 

15.  Beaucorps  (C/mrie5-Remy-Marie  de),  né  à  Orléans  (Loiret),  le 
13  mai  1879. 

16.  HuARD  (flo&eri- Jules-Marie),  né  à  Paris,  le  28  janvier  1878. 

17.  Labrosse  (/uHes-Joseph-Maurice),  né  à  Paris,  le  27  janvier  1874. 

Sont  autorisés  à  redoubler  leur  année  d'études  : 

MM.  Boulanger,  Gabory,  Patry  et  Pidoux,  élèves  de  première 
année  ;  de  Boislisle  et  Le  Ghartier  de  Sedouy,  élèves  de  deuxième 
année;  Gardère  et  de  la  Martinière,  élèves  de  troisième  année. 

—  Les  cours  de  l'Ecole  des  chartes  se  sont  ouverts  au  commence- 
ment du  mois  de  novembre  dans  le  local  qui  lui  est  affecté  dans  les 
bâtiments  de  la  nouvelle  Sorbonne. 

Le  mercredi  29  décembre  1897,  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique  a  visité  inopinément  l'École  des  chartes,  rue  de  la  Sorbonne. 

Le  Ministre  s'était  rendu  à  la  Sorbonne,  où  il  avait  été  reçu  par  le 
recteur  de  l'Université  de  Paris  dans  la  salle  nouvelle  de  la  biblio- 
thèque de  l'Université.  Les  professeurs  des  Facultés  des  lettres  et  des 
sciences  et  plusieurs  personnes  étrangères  à  l'Université,  notamment 
le  président  du  Gonseii  municipal  de  Paris,  le  directeur  de  l'École  des 
chartes  et  les  directeurs  de  plusieurs  sections  de  l'École  des  hautes 
études  avaient  été  invités  à  cette  réunion  et  s'étaient  groupés  dans  la 
salle  oiî  M.  le  Ministre  a  été  salué  à  son  entrée  par  M.  Gréard. 

Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  reproduire  cette  allocution  très 
remarquable.  L'orateur  a  retracé  l'histoire  de  la  vieille  Sorbonne  et 
signalé  quelques  vestiges  précieux  retrouvés  au  cours  des  fouilles.  Ge 
qu'il  a  dit  des  études  modernes  et  de  l'esprit  scientifique  a  été  parti- 
culièrement goûté.  Il  n'a  point  manqué  de  signaler  la  présence  dans 
les  bâtiments  de  la  Sorbonne  des  deux  établissements  qui  sont  la  très 
haute  expression  de  cet  esprit  scientifique,  si  heureusement  caracté- 
risé, et  dont  le  voisinage  ne  peut  qu'éveiller  utilement  l'émulation  des 
universitaires  :  l'École  pratique  des  hautes  études  abritée  depuis 
longues  années  à  la  Sorbonne  ;  l'École  des  chartes,  qui  s'est  installée 
cette  année  même  dans  les  bâtiments  nouveaux,  École  dont  l'autono- 
mie, a  ajouté  le  recteur,  est  et  restera  aussi  complète,  aussi  absolue 
que  jamais. 

Le  Ministre  répondit  en  quelques  mots  très  heureux  et  se  dirigea 
vers  les  dépôts  de  la  bibliothèque  qu'il  voulait  examiner. 


CHRONIQUE    ET   MELANGES.  72< 

Son  intention  de  visiter  l'École  des  chartes  ayant  été  annoncée, 
M.  Paul  Meyer  et  les  professeurs  de  l'École  qui  se  trouvaient  présents 
se  retirèrent  à  l'École  des  chartes.  Dix  minutes  plus  tard,  le  directeur, 
entouré  de  quelques  collègues,  recevait  jNI.  le  Ministre,  accompagné  de 
M.  Gréard  et  de  plusieurs  notabilités.  Après  une  petite  allocution  sans 
apparat  du  directeur  de  l'École,  le  Ministre  a  visité  la  salle  du  conseil, 
les  salles  de  cours  et  la  bibliothèque  où  lui  ont  été  signalées  diverses 
collections  précieuses,  entre  autres  la  collection  des  Inventaires  som- 
maires, œuvre  des  archivistes  formés  par  l'École,  «  collection  sans 
rivale  à  l'étranger.  »  A  cette  observation,  M.  le  Ministre  a  répondu 
sur-le-champ  par  un  mot  marquant  très  clairement  qu'il  était  là  en 
pays  de  connaissance.  M.  Rambaud  s'est  retiré,  accompagné  jusqu'au 
seuil  de  l'École  par  le  directeur,  qui  lui  a  exprimé  le  regret  très  vif 
qu'éprouveront  les  professeurs  qui,  n'ayant  pas  été  prévenus  de  cette 
visite  improvisée,  n'ont  pu  venir  se  joindre  à  leur  directeur  et  saluer 
eux-mêmes  les  éminents  représentants  de  l'Université  de  Paris. 

—  Notre  confrère  M.  Francis  Molard,  archiviste  de  l'Yonne,  biblio- 
thécaire de  la  ville  d'Auxerre,  correspondant  du  Comité  des  travaux 
historiques,  oflicier  de  l'Instruction  publique,  est  décédé  à  Bassens 
(Savoie),  le  8  octobre  1897,  dans  sa  cinquantième  année. 

M.  Molard  a  publié  : 

Inventaire  des  archives  départementales  antérieures  à  1790.  Yonne 
(archives  ecclésiastiques,  série  H,  2«  partie  du  tome  III).  Auxerrt', 
Albert  Gallot,  1888.  In-4°,  xiv  p.  et  p.  321-658. 

Catalogue  de  la  bibliothèque  de  la  ville  d'Auxerre,  t.  Il,  section 
d'histoire,  avec  M.  Max  Quantin.  Auxerre,  Albert  Gallot,  1890.  In-8°, 
xL-8-28  p. 

Les  derniers  grappillons  par  un  Bourguignon  salé.  Auxerre,  impr. 
A.  Lanier,  1891.  In-12,  ix-167  p. 

Il  a  donné  quelques  articles  aux  recueils  suivants  : 

Bulletin  du  comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques.  Section 
d'histoire  et  de  philologie  : 

Testaments  tirés  des  archives  de  l'Yonne  (1163-1 308)  (1884,  p.  224-276). 

Lettres  des  consuls  génois  en  France.  Inventaire  sommaire  (1887, 
p.  12-14). 

Soixante  lettres  ou  analyses  de  lettres  tirées  du  fonds  des  Anciens 
de  la  seconde  hberté  à  Pise  (1889,  p.  4-57). 

De  l'esclavage  et  du  servage  en  Corse  au  xiii«  siècle  (ibid.,  p.  202-205). 

Les  évêques  de  la  Corse,  additions  à  Vltalia  sacra  (1891,  p.  52-68). 

Montres  du  xv^  et  du  xvi^  siècle  (ibid.,  p.  239-241). 

Rapport  sur  sa  mission  en  Italie  (ibid.,  p.  234-259). 

Mandement  du  roi  Charles  VII  (1892,  p.  3-4). 

Correspondance  inédite  du  maréchal  de  Brissac  (1550-1555)  (1893, 
p.  383-399). 


722  CHRO.NIQDE   ET   MELANGES. 

Dépêches  des  protecteurs  de  Saint-Georges  à  leurs  fonctionnaires  et 
à  leurs  partisans  dans  l'île  de  Corse  (1454-1457)  (1896,  p.  29-106). 

Le  Carteggio  des  ambassadeurs  de  Mantoue.  Documents  inédits  sur 
Bayard  (1521-1524).  L'Invasion  des  Français  en  Piémont  (1536-1559) 
(ibid.,  p.  383-459). 

Archives  des  missions  scientifiques  et  littéraires  : 

Rapport  sur  les  archives  provinciales  de  Pise  (3"  série,  t.  Il, 
p.  147-282). 

Essai  sur  l'origine  et  l'organisation  de  la  Banque  de  Saint-Georges 
(3«  série,  t.  VI,  p.  31-54). 

Bulletin  de  la  Société  des  sciences  historiques  et  naturelles  de  l'Yonne  : 

Lettres  de  Claude  Chastellain,  chanoine  d'Auxerre,  à  Lebeuf  et 
Fenel  (t.  XXXVIII,  1884,  p.  407-428). 

Chaire  de  philosophie  naturelle  instituée  à  Auxerre  par  un  général 
de  l'ordre  des  Minimes  schismatique  (t.  XXXIX,  1885,  p.  537-540). 

Rapport  sur  la  chronique  de  Vezelay  (t.  XL,  1886,  p.  295-300). 

Des  minutes  des  notaires  dans  l'Yonne  antérieures  à  1750  (t.  XLI, 
1887,  p.  87-111). 

Note  sur  trois  manuscrits  du  trésor  de  la  cathédrale  d'Auxerre 
(t.  XLII,  1888,  p.  187-199). 

Quand  Théodore  de  Bèze  a-t-il  rompu  avec  l'église  romaine?  (ibid., 
p.  201-204). 

De  la  capacité  civile  des  lépreux  (ibid.,  2«  partie,  p.  317-325). 

Les  donnés  et  les  données  dans  le  département  de  l'Yonne  (t.  XLIII, 
1889,  p.  307-342). 

La  retraite  illuminée  du  5  août  1889  (t.  XLIV,  1890,  p.  289-300). 

Rapport  sur  les  copies  envoyées  par  M.  le  comte  de  Chastellux 
(t.  XL VI,  1892,  p.  483-492). 

Histoire  de  l'ancien  trésor  de  la  cathédrale  d'Auxerre  (ibid.,  p.  103- 
285,  avec  planches). 

Notice  sur  l'abbé  Jean  de  Saint-Aubin  (t.  XLV,  1893,  p.  241-249). 

HippolyteAuger,  romancier  etdramaturgeauxerrois  (ibid.,  p.  541-571). 

Rapport  sur  une  collection  de  copies  d'arrêts  criminels  du  Parle- 
ment de  Paris  (1539-1545)  (ibid.,  p.  593-595). 

Glanures  d'histoire  auxerroise  (t.  XLVIII,  1894,  p.  5-53). 

Étude  sur  l'origine  et  le  développement  du  protestantisme  dans  le 
diocèse  d'Auxerre  (ibid.,  p.  111-124). 

Rapport  sur  les  nouveaux  envois  de  M.  de  Chastellux  (ibid.,  p.  125- 
132,  et  t.  XLIX,  1895,  p.  425-432). 

Papiers  de  M.  de  Chastellux  (t.  XLIX,  1895,  p.  217-222). 

Les  bandits  dans  l'Auxerrois,  1523-1535  (ibid.,  p.  227-232). 

Épisodes  de  l'histoire  financière  d'Auxerre  au  xiv^  siècle  (t.  L,  1896, 
p.  273-290). 


CHRONIQPE    ET    MKLANGFS.  723 

Dullelin  de  la  Société  archéologique  de  Sens  : 

Lettres  de  rémission  (t.  XVII,  1895,  p.  121-184). 

Notes  sur  l'origine  du  protestantisme  dans  le  Sénonais  (ibid., 
p.  185-190). 

M.  Molard  a  voulu  laisser  un  souvenir  tout  particulier  à  ses  con- 
frères de  l'École  des  chartes  en  inscrivant  sur  son  testament  notre 
Société  de  secours,  à  laquelle  il  portait  un  intérêt  particulier. 

—  Notre  confrère  M.  Elle  Berger,  nommé  professeur  de  paléogra- 
phie à  l'École  des  chartes  en  remplacement  de  M.  Léon  Gautier,  a 
ouvert  son  cours  le  5  novembre  1897.  Avant  d'exposer  à  ses  élèves  le 
plan  du  cours  et  les  principes  sur  lesquels  repose  l'enseignement  de 
la  paléographie,  il  a  rendu  hommage,  en  ces  termes,  à  la  mémoire  de 
son  prédécesseur  : 

«  Il  ne  m'appartient  pas  de  retracer  ici  la  vie  de  M.  Léon  Gautier, 
et  je  n'ai  pas  davantage  à  vous  faire  l'énumération  de  ses  œuvres;  ce 
n'est  pas  de  Thistorien  et  du  savant,  c'est  du  professeur  que  j'ai  à  vous 
parler.  La  carrière  professorale  de  M.  Gautier  a  été  longue  :  sans 
parler  de  plusieurs  suppléances,  déjà  bien  éloignées  de  nous,  il  a, 
pendant  plus  de  vingt-six  années,  enseigné  la  paléographie  dans  cette 
chaire,  et  son  action,  sous  ce  rapport  comnie  à  tant  d'autres  égards,  a 
été  bienfaisante  et  féconde.  L'enseignement  de  M.  Léon  Gautier 
empruntait  à  son  tempérament  un  caractère  particulier  :  en  amitié, 
je  n'ai  pas  connu  d'homme  plus  sensible  ni  plus  ardent;  dès  l'abord, 
on  était  frappé  de  la  chaleur  de  ses  sentiments,  de  la  vivacité  avec 
laquelle  il  s'intéressait  aux  gens  et  aux  choses.  Il  lui  était  impossible 
de  rester  indifférent  ou  inactif  en  présence  d'un  chagrin  ou  d'un  mal- 
heur, et  jusqu'à  son  dernier  jour  on  l'a  vu  se  dévouer,  cherchant  tou- 
jours à  rendre  service,  et  s'oubliant  lui-même  jusqu'à  la  plus  complète 
et  la  plus  touchante  abnégation.  Ce  qu'il  était  pour  les  siens,  il  a 
voulu  l'être  aussi  pour  son  école  et  pour  les  jeunes  gens  conflés  à  ses 
soins;  il  a  aimé  l'École  des  chartes  avec  passion;  il  était  très  attaché 
à  ses  élèves  ;  il  les  suivait,  les  aidait,  depuis  leurs  examens  d'entrée 
jusqu'à  la  fin  de  leurs  études,  et  bien  au  delà. 

«  Ses  qualités  de  cœur  se  retrouvaient  dans  ses  leçons.  'Dans  la 
carrière  de  l'érudition,  les  débuts  semblent  parfois  un  peu  sévères,  et 
pour  un  commençant,  le  déchiffrement  de  vieilles  écritures,  l'interpré- 
tation de  textes  souvent  obscurs,  n'ont  rien  de  bien  passionnant. 
M.  Gautier  savait  rendre  agréable,  attrayante,  cette  première  entrevue 
avec  les  documents.  On  s'attachait  tout  de  suite  aux  manuscrits  et 
aux  chartes,  parce  qu'il  les  faisait  vivre,  en  donnant  à  ses  auditeurs 
une  foule  d'aperçus,  nouveaux  pour  eux,  et  de  premières  notions  sur 
les  hommes,  les  usages  et  les  mœurs  du  moyen  âge.  Sous  sa  direc- 
tion, ses  élèves  partaient  à  la  découverte  de  pays  inconnus  ;  il  les 


724  CHRONIQUE   ET  MELANGES. 

initiait  en  peu  de  temps  à  une  quantité  de  choses.  Il  s'acquittait  de  ce 
soin  avec  infiniment  de  facilité  et  d'entrain,  et  aussi  avec  beaucou}) 
de  discernement  et  de  tact,  car  il  excellait  à  choisir  les  notions  qu'on 
peut  faire  entrer  avec  profit  dans  des  esprits  encore  inexpérimentés. 
Sa  parole  était  chaude,  vibrante  ;  je  n'ai  jamais  vu  personne  s'ennuyer 
à  l'une  de  ses  leçons,  et  s'il  me  fallait  citer  par  leurs  noms  tous  ceux 
qui  lui  sont  restés  reconnaissants  parce  qu'il  les  a  lancés  et  maintenus 
dans  les  études  historiques,  la  liste,  assurément,  serait  longue.  » 

—  Par  arrêté  en  date  du  7  octobre,  notre  confrère  M.  Poute  de  Puy- 
baudet  est  nommé  membre  de  l'École  française  de  Rome  pour  l'an- 
née 1897-1898  et  nos  confrères  MM.  Lecacheux  et  de  Manteyer  sont 
autorisés  à  prolonger  leur  séjour  à  ladite  École  pendant  la  même  année. 

—  Par  arrêté  du  24  décembre,  notre  confrère  M.  Orner  Jacob  a  été 
nommé  stagiaire  au  Département  des  imprimés  de  la  Bibliothèque 
nationale. 

—  Par  arrêté  en  date  du  14  octobre,  notre  confrère  M.  Alexandre 
Bruel  est  nommé  chef  de  la  section  historique  aux  Archives  nationales 
en  remplacement  de  M.  Léon  Gautier,  décédé  ;  notre  confrère  M.  Henri 
Furgeot  est  nommé  sous-chef  de  la  section  judiciaire  et  notre  confrère 
M.  Léon  Mirot  archiviste  au  même  établissement. 

—  Par  arrêté  en  date  du.  22  novembre,  nos  confrères  MM.  Coulon  et 
Goubaux  sont  nommés  archivistes  aux  Archives  nationales. 

—  Par  arrêté  préfectoral  en  date  du  25  septembre,  notre  confrère 
M.  Octave  Morel  est  nommé  archiviste  de  l'Ain. 

—  Par  arrêté  préfectoral  en  date  du  13  novembre,  notre  confrère 
M.  Charles  Schmidt  est  nommé  archiviste  de  l'Yonne. 

—  Notre  confrère  M.  Guillaume  a  été  nommé  professeur  d'histoire 
aux  Facultés  catholiques  de  Lille. 

—  Notre  confrère  M.  Lelong  a  ouvert,  le  15  décembre  1897,  à  la 
Faculté  de  droit  de  Paris,  un  cours  libre  de  sciences  auxiliaires  de 
l'histoire  du  droit  (bibliographie,  épigraphie,  paléographie,  diplo- 
matique). 

—  Par  arrêté  en  date  du  18  décembre  1897,  le  Préfet  de  la  Seine  a 
institué  une  «  Commission  administrative  du  vieux  Paris,  »  chargée 
de  rechercher  les  vestiges  du  vieux  Paris,  de  constater  leur  état  actuel, 
de  veiller  dans  la  mesure  du  possible  à  leur  conservation,  de  suivre, 
au  jour  le  jour,  les  fouilles  qui  pourront  être  entreprises  et  les  trans- 
formations jugées  indispensables  et  d'en  conserver  des  preuves  authen- 
tiques. Font  partie  de  cette  Commission  nos  confrères  MM.  Dehsle, 
Guiffrey,  J.  Périn  et  Viollet. 


CORONIQUK   ET   MELANGES.  725 

—  Par  décrets  en  date  du  31  décembre  1897,  ont  été  nommés  ou 
promus  dans  l'ordre  de  la  Légion  d'honneur  ceux  de  nos  confrères 
dont  les  noms  suivent  : 

1°  Sur  la  proposition  du  grand  chancelier  de  la  Légion  d'honneur, 
au  grade  de  chevalier  :  M.  Chatel,  ancien  archiviste  du  Calvados; 

2»  Sur  la  proposition  du  ministre  des  Affaires  étrangères,  au  grade 
d'officier  :  M.  le  marquis  de  Ripert-Monclar,  ministre  de  la  République 
française  à  Caracas; 

3«  Sur  la  proposition  du  ministre  de  l'Instruction  publique,  au  grade 
de  grand  officier  :  M.  Auguste  Himly,  doyen  de  la  Faculté  des  lettres 
de  l'Université  de  Paris; 

Au  grade  de  chevalier  :  M.  Alexandre  Tuetey,  sous-chef  de  section 
aux  Archives  nationales  ; 

Et  M.  René  de  Mas  Latrie,  chef  de  bureau  au  ministère  de  l'Ins- 
truction publique. 

—  Par  décret  du  2  janvier  1898,  rendu  sur  le  rapport  du  ministre 
des  Colonies,  a  été  nommé  chevalier,  au  titre  civil,  M.  Charles-Eudes 
Bonin,  vice-résident  en  Annam  et  au  Tonkin. 

—  Le  25  octobre  1897,  à  la  séance  publique  annuelle  des  cinq  Aca- 
démies, M.  Albert  Sorel,  directeur  de  l'Académie  française,  président 
de  l'Institut,  a  rappelé  dans  les  termes  suivants  la  perte  que  l'Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres  a  faite  de  deux  de  nos  confrères, 
M.  le  comte  de  Mas  Latrie  et  M.  Léon  Gautier  : 

«  L'Académie  des  inscriptions  a  perdu  en  M.  de  Mas  Latrie  et  en 
M.  Edmond  Le  Blant  deux  vétérans  de  l'érudition  française.  Ils 
s'étaient  consacrés,  M.  Edmond  Le  Blant  à  l'archéologie  chrétienne 
de  la  Gaule,  M.  de  Mas  Latrie  à  l'Orient  chrétien  et  chevaleresque. 
Ils  avaient  tous  les  deux  rempli  par  des  travaux  variés  et  étendus 
une  longue  vie. 

«  Nous  pouvions  espérer  garder  bien  des  années  parmi  nous  M.  Léon 
Gautier,  qui  semblait  le  plus  robuste,  qui  était,  en  tous  cas,  le  plus 
jeune  de  cœur,  le  plus  chaleureux  des  savants.  Il  revivait  de  toute  son 
imagination,  de  toute  son  intelligence,  la  vie  de  ce  moyen  âge,  qu'il 
faisait  aimer,  et  l'érudit  qui  enseignait  à  lire  les  textes  se  complétait 
en  lui  d'un  interprète  enthousiaste,  qui  les  faisait  comprendre.  Il  n'a 
pas  traduit  les  épopées  françaises  en  mots  secs  et  froids,  en  images 
décolorées,  il  les  a  transportées,  pour  ainsi  dire,  de  l'àme  de  nos 
ancêtres  dans  notre  âme,  en  mots  évocateurs,  émus,  communicatifs. 
C'est  ainsi  qu'il  a  eu  cette  gloire,  la  plus  enviable  à  ses  yeux,  de 
rendre  populaire,  parmi  nos  jeunes  générations,  cette  Chanson  de 
Roland,  qui  était  pour  lui  VIliade  et  VÉnéide,  quelque  chose  même  de 
plus  :  la  chanson  de  la  vieille  France.  » 

—  L'Académie  française  a  décerné  le  second  prix  de  la  fondation 


726  CHRONIQUE  ET  MÉLANGES. 

Gobert  à  notre  confrère  M.  Gh.  Kohler  pour  son  ouvrage  intitulô  :  les 
Suisses  dans  les  guerres  d'Italie  (1506-1512). 


SÉANCE  ANNUELLE  DE  L'ACADÉMIE  DES  INSCRIPTIONS 
ET  BELLES-LETTRES. 

Cette  séance  a  eu  lieu  le  vendredi  12  novembre  1897  sous  la  prési- 
dence de  notre  confrère   M.  Héron  de  Villefosse,  dont  nous  allons 
reproduire  le  discours  d'ouverture. 
«  Messieurs, 

«  Il  existe  encore  des  gens  qui  poussent  le  scepticisme  jusqu'à  dou- 
ter de  l'utilité  des  Académies.  Pour  les  amener  à  des  sentiments  plus 
équitables,  il  suffirait,  sans  doute,  de  les  inviter  à  prendre  place  en 
cette  enceinte  le  jour  où  votre  président  est  appelé  à  vous  rendre 
compte  des  travaux  de  l'année.  Et  cependant  celui  auquel  vous  confiez 
cette  tâche  doit  s'interdire  toute  incursion  sur  le  terrain  de  vos  tra- 
vaux personnels.  Il  ne  peut  parler,  même  brièvement,  des  ouvrages 
dont  vous  avez  la  direction  et  dont  les  séries  s'augmentent  de  jour  en 
jour  :  il  n'en  aurait  pas  le  temps.  C'est  d'ailleurs  un  devoir  réservé  à 
notre  savant  secrétaire  perpétuel,  devoir  dont  il  s'acquitte  avec  une 
fidélité  et  une  délicatesse  auxquelles  je  me  plais  à  rendre  hommage. 

«  Le  temps  manquerait  aussi  pour  vous  entretenir,  même  d'une 
manière  rapide,  de  ce  qui  s'est  passé  dans  vos  réunions  hebdoma- 
daires. La  presse,  heureusement,  en  informe  sans  retard  le  public;  les 
comptes  rendus  de  l'Académie  en  contiennent  la  version  officielle.  Il 
suffit  donc  de  les  parcourir  pour  reconnaître  l'importance  et  la  variété 
de  vos  études,  pour  constater  que  votre  activité,  sans  jamais  aban- 
donner les  domaines  qu'elle  a  depuis  longtemps  conquis  et  si  fruc- 
tueusement cultivés,  se  porte  sans  cesse  vers  des  régions  nouvelles, 
encore  inexplorées,  où  elle  prépare  à  la  science  française  une  abon- 
dante muisson  et  de  nouveaux  succès. 

«  Je  me  contenterai  de  rappeler,  non  sans  orgueil,  que  cette  année 
les  communications  faites  en  séance  par  nos  confrères  ou  par  des 
savants  étrangers  ont  été  plus  nombreuses,  plus  intéressantes  que 
jamais,  que  même  pendant  les  mois  d'été,  à  l'époque  où  beaucoup 
d'entre  nous  .profitent  des  beaux  jours  pour  entreprendre  quelque 
voyage  utile  ou  pour  goûter  aux  champs  un  repos  bien  mérité,  les 
séances  n'ont  pas  été  levées  une  seule  fois  avant  l'heure  réglemen- 
taire. Votre  président  est  même  obligé  de  confesser  qu'en  plus  d'une 
occasion  il  a  cru  pouvoir  les  prolonger  de  quelques  minutes  afin  de  ne 
pas  interrompre  une  lecture  déjà  fort  avancée.  C'est  un  péché  pour 
lequel  il  compte  sur  votre  indulgence  et  même  sur  votre  absolution. 


CHRONIQUE  ET  MELANGES.  727 

«  Les  concours  que  vous  avez  à  juger  deviennent  de  plus  en  plus 
nombreux.  Vous  ne  pouvez  que  vous  en  rojouir  et  souhaiter  longue 
durée  au  mouvement  scientifique  dont  vous  avez  ainsi  sous  les  yeux 
des  témoignages  convaincants.  Souffrez  que  je  vous  parle  tout  d'abord 
d'un  des  plus  importants. 

«  Six  ouvrages,  sans  compter  ceux  qui  étaient  en  possession,  se 
disputaient  cette  année  les  prix  fondés  par  le  baron  Gobert.  Vous 
avez  accordé  le  premier  prix  à  M.  Frantz  Funck-Brentano,  pour  un 
volume  intitulé  les  Origines  de  la  guerre  de  Cent  ans;  Philippe  le  Del  en 
Flandre,  auquel  était  joint  un  autre  volume  formant  en  quelque  sorte 
un  recueil  de  pièces  justificatives  du  premier  et  portant  le  titre  Addi- 
tions au  codex  diplomaticiis  Flandrix  de  M.  le  comle  de  Limbourg-Stirum. 

«  La  lutte  de  Philippe  le  Bel  contre  la  Flandre  a  été  souvent  étu- 
diée. Les  historiens  français  et  flamands  lui  ont  fait,  dans  leurs  écrits, 
une  place  proportionnée  à  son  importance.  M.  Funck-Brentano  a 
réussi  à  rajeunir  complètement,  sinon  à  renouveler  dans  toutes  ses 
parties,  un  sujet  déjà  tant  de  fois  traité.  Ceux  qui  l'avaient  précédé 
s'étaient  inspirés  presque  exclusivement  de  récits  postérieurs  aux 
événements  qu'ils  racontaient;  il  a  employé  une  méthode  complète- 
ment dilVérente  :  son  livre  est  uniquement  fondé  sur  des  documents 
contemporains,  empruntés  de  préférence  aux  sources  diplomatiques. 

«  En  France,  en  Belgique,  en  Angleterre  il  a  récolté  à  profusion  des 
documents  nouveaux  à  l'aide  desquels  il  a  précisé  bien  des  faits  et 
rectifié  beaucoup  d'erreurs;  il  a  pu  rendre  compte  des  événements 
dans  tous  leurs  détails  et  en  démontrer  la  complexité.  Cette  richesse 
d'informations  de  première  main  a  eu  un  autre  résultat  plus  impor- 
tant encore  :  elle  a  mis  en  lumière  un  facteur  jusqu'ici  négligé  par  les 
historiens,  la  condition  sociale  de  la  Flandre  à  la  fin  du  xiii«  siècle. 
L'auteur,  au  début  de  son  livre,  a  tracé  un  curieux  tableau  de  cette 
province  et,  au  cours  de  son  récit,  il  s'est  constamment  appliqué  à 
montrer  l'influence  de  la  situation  économique  et  des  faits  sociaux  sur 
l'histoire  poUtique.  Peut-être  s'est-il  laissé  entraîner  à  quelque  exa- 
gération. Si  l'on  ne  peut  douter  des  conditions  particulières  faites  par 
l'état  social  à  la  guerre  et  à  la  diplomatie,  et  surtout  des  ditlicultés 
qui  en  sont  résultées  pour  la  politique  du  roi  de  France,  il  est  cepen- 
dant permis  de  se  demander  si  ce  n'est  pas  aller  un  peu  loin  que  d'y 
chercher  la  cause  première  de  tous  les  événements  et  la  cause  déter- 
minante de  chacun  d'eux.  On  peut  continuer  à  croire,  par  exemple, 
que  l'armée  française  a  dû  sa  défaite,  à  Courtrai,  à  l'impéritie  de 
Robert  d'Artois  et  aux  habiles  dispositions  de  Guillaume  de  Juliers 
sans  voir  dans  cette  journée  la  victoire  inéluctable  de  la  démocratie 
sur  la  chevalerie.  Quoi  qu'il  en  soit,  M.  Funck-Brentano  a  mis  en 
pleine  lumière  l'habileté  politique  de  Philippe  le  Bel.  On  n'oserait  dire 
qu'il  n'ait  pas  quelquefois  fait  honneur  au  roi  de  France  d'intentions 
qu'il  n'a  peut-être  jamais  eues,  ni  qu'il  se  soit  toujours  sulïisamment 


728  CHROMQCE    ET   ME'lANGES. 

gardé  d'un  excès  d'admiration  pour  la  personne  de  son  héros,  mais  il 
faut  louer  sans  réserve  la  dextérité  avec  laquelle  il  a  su  débrouiller 
l'écheveau  en  apparence  inextricable  des  affaires  flamandes  et  la  luci- 
dité dont  il  a  fait  preuve  en  les  exposant.  S'il  n'a  pas  réussi  à  déchirer 
le  voile  qui  couvre  la  figure  encore  énigmatique  de  Philippe  le  Bel,  il 
l'a  du  moins  habilement  soulevé.  Il  a  montré  que  la  politique  de  ce 
prince  avait  été  dirigée  par  des  vues  absolument  personnelles,  et  que, 
désormais,  dans  les  hommes  qui  passent  pour  avoir  été  ses  conseillers 
les  plus  écoutés,  il  ne  faut  plus  voir  que  des  agents  et  non  des  inspi- 
rateurs. 

«  L'ouvrage  auquel  vous  avez  accordé  le  second  prix,  Relations  poli- 
tiques des  comtes  de  Foix  avec  la  Catalogne  jusqu'au  commencement  du 
XI V«  siècle,  nous  transporte  à  l'autre  extrémité  de  la  France,  au  pied 
des  Pyrénées.  Il  a  pour  auteur  M.  Ch.  Baudon  de  Mony.  C'est,  comme 
le  précédent,  le  développement  d'une  thèse  présentée,  il  y  a  quelques 
années,  à  l'Ecole  des  chartes.  La  question  est  d'une  grande  nouveauté; 
les  historiens  locaux  ne  l'avaient  pas  même  effleurée.  La  Catalogne  a 
toujours  eu  les  plus  grandes  affinités  avec  nos  provinces  méridionales. 
Sous  Charlemagne,  les  deux  versants  des  Pyrénées  faisaient  partie  de 
l'empire;  les  relations  s'affaiblirent  sous  les  derniers  Carolingiens  et 
les  comtés  d'Urgel,  de  Cerdagne,  de  Bésalu  et  de  Palliar  devinrent  à 
peu  près  indépendants.  Au  xii^  siècle  commença  une  guerre  féodale 
pendant  laquelle  les  seigneurs  du  versant  méridional  des  Pyrénées 
entrèrent  en  conflit,  tantôt  ensemble,  tantôt  avec  les  comtes  de  Foix. 
Au  xiv"  siècle,  ces  longues  guerres  se  terminèrent  par  l'asservissement 
complet  de  tous  les  opposants,  et  la  maison  de  Foix  garda  la  Catalogne 
jusqu'au  temps  de  Ferdinand  le  Catholique.  Dom  Vaissète,  P.  de 
Marca,  Zurita  ont  dit  à  peine  quelques  mots  de  ces  luttes  séculaires, 
mais  ils  n'ont  jamais  cherché  à  en  écrire  l'histoire,  ni  à  découvrir  les 
liens  qui  les  rattachaient  les  unes  aux  autres.  Et  cependant  la  question 
a  longtemps  gardé  son  actualité;  peut-être  la  conserve-t-elle  encore. 
Quoi  qu'il  en  soit,  nos  rois  de  France,  héritiers  de  la  maison  de  Foix, 
ont  revendiqué  à  plusieurs  reprises  et  reconquis  plus  ou  moins  com- 
plètement la  Catalogne.  M.  Baudon  de  Mony  a  eu  le  rare  mérite 
d'aborder  courageusement  un  sujet  neuf,  sur  lequel  il  n'avait  ni  à 
contredire,  ni  à  suivre  aucun  précurseur.  Depuis  longtemps  au  cou- 
rant des  questions  pyrénéennes,  il  ne  s'est  jamais  écarté  des  limites 
qu'il  s'était  tracées.  On  ne  saurait  lui  reprocher  d'avoir  versé  dans 
l'histoire  générale  :  il  a  toujours  évité  cet  écueil,  même  à  l'occasion  de 
la  guerre  des  Albigeois,  même  à  propos  des  croisades  dont  le  grand 
mouvement  pouvait  offrir  à  un  jeune  historien  plus  d'une  tentation 
séduisante.  Son  œuvre  doit  être  tenue  en  sérieuse  estime. 

«  L'an  dernier,  l'archéologie  avait  obtenu  au  concours  des  Antiqui- 
tés de  la  France  plus  de  récompenses  qu'elle  n'en  remporte  d'ordinaire. 


CHRONIQUi:    ET    MKLANGES.  72î) 

Cette  année  la  prédominance  des  études  historiques  est  frappante  ;  les 
concurrents  que  vous  avez  distingués  sont  tous  des  historiens. 

«  La  première  médaille  a  été  décernée  à  M.  G.-J.  Beautemps-Beau- 
pré  pour  son  ouvrage  sur  les  Coutumes  et  iiistitutions  de  l'Anjou  et  du 
Maine  antérieures  au  XVI"  siècle.  Cet  ouvrage  comprend  aujourd'hui 
huit  volumes  et  constitue  un  répertoire  du  plus  grand  prix  pour  This- 
toire  du  droit  dans  les  deux  provinces.  Il  permet  d'en  suivre  de  siècle 
en  siècle  le  développement  et  de  mesurer  l'influence  croissante  du 
droit  romain  et  du  droit  parisien,  ces  deux  facteurs  principaux  de 
l'unification  du  droit  fran(;ais.  L'histoire  des  juridictions  pendant  la 
période  féodale,  qui  fait  suite  à  la  collection  des  textes,  comprend  une 
série  de  commentaires  et  d'études  détaillées  sur  les  actes  réunis  dans 
la  première  partie.  Les  quatre  premiers  volumes  soumis  à  l'Académie 
en  1883  avaient  déjà  obtenu  la  première  médaille  à  ce  même  concours. 
Bien  qu'il  ne  soit  pas  dans  les  habitudes  de  la  Commission  de  récom- 
penser deux  fois  le  même  ouvrage,  elle  n'a  pas  hésité  à  accorder  une 
nouvelle  distinction  à  une  œuvre  aussi  méritoire,  qui  représente  toute 
une  existence  d'étude  et  de  labeur.  Son  suffrage  est  l'écho  de  la  recon- 
naissance des  travailleurs. 

«  La  seconde  médaille  est  attribuée  à  une  Histoire  des  relations  de  la 
France  avec  Venise,  du  XIII^  siècle  à  l'avènement  de  Charles  VIII.  L'au- 
teur, M.  P. -M.  Perret,  est  mort  récemment,  après  avoir  traité  ce  sujet 
complexe  et  difficile  à  l'aide  de  documents  pour  la  plupart  inédits. 
S'il  avait  vécu,  il  aurait  certainement  développé  les  deux  premiers 
chapitres  qui  résument  un  peu  trop  brièvement  l'histoire  de  Venise 
dans  ses  rapports  avec  la  France  au  xm^  et  au  xiv^  siècle.  L'ou- 
vrage devieut  véritablement  original  et  profond  à  partir  du  règne  de 
Charles  VIL  Là,  même  après  le  marquis  de  Beaucourt,  M.  Perret  a 
trouvé  moyen  de  renouveler  le  sujet  par  l'apport  de  faits  nouveaux 
qui  permettent  une  appréciation  plus  sûre  tant  de  la  politique  française 
que  de  la  politique  vénitienne.  Toutes  les  parties  de  son  œuvre  portent 
l'empreinte  d'une  maturité  d'esprit  et  d'une  rigueur  de  méthode  qui 
en  assurent  le  succès  et  la  durée.  La  mort  a  frappé  M.  Perret  en  plein 
travail;  elle  nous  a  ravi  un  historien  qui  donnait  de  belles  espérances 
pour  l'avenir. 

«  M.  R.  Merlet  a  obtenu  la  troisième  médaille  pour  un  volume  inti- 
tulé la  Chronique  de  Nantes.  Celte  chronique  est  un  document  de  haute 
valeur  pour  l'histoire  de  la  Bretagne  du  ix«  au  x"  siècle.  L'original 
conservé  jadis  à  Nantes  est  perdu,  semble-t-il,  depuis  la  Renaissance. 
M.  Merlet  l'a  ingénieusement  reconstitué  à  l'aide  d'une  compilation 
rédigée  au  xi^  siècle  et  de  fragments  copiés  ou  publiés  à  diiférentes 
époques.  Le  caractère  essentiellement  nantais  et  par  suite  anti-breton 
de  plusieurs  articles  est  très  bien  expliqué  par  l'auteur,  mais  on  doit 
particulièrement  louer  les  pages  consacrées  à  l'examen  d'un  texte  que 


730  CBRONIQDE   ET   MÉLANGES. 

Sirmoad  avait  découvert  dans  un  manuscrit  du  Mont-Saint-Michel,  et 
qu'il  a  publié  sous  le  titre  de  Indiculus  de  episcoporum  Drxtonum  depo- 
sitione.  Bien  que  ses  arguments  n'aient  pas  encore  été  acceptés  sans 
réserve,  ils  méritent  d'être  pris  en  sérieuse  considération;  on  devra  en 
tenir  grand  compte  à  l'avenir  pour  comprendre  et  juger  la  politique  de 
Nomenoé. 

«  Votre  Commission  a  réclamé  une  médaille  supplémentaire  afin  de 
mettre  en  relief  une  excellente  publication  due  à  M.  Jean  Lemoine,  la 
Chronique  de  Richard  Lescot,  religieux  de  Saint-Denis.  M.  Lemoine  a  fait 
preuve  d'une  sagacité  remarquable  eu  étudiant  l'activité  historique 
des  moines  de  Saint-Denis  au  xiv^  siècle.  Pour  cette  époque  on  ne 
savait  encore  que  les  noms  de  deux  chroniqueurs,  Guillaume  de  Nan- 
gis  et  le  moine  Yves.  Le  nouveau  texte  contient,  en  1329,  celui  de 
Richard  Lescot.  Tout  ce  qui  pouvait  être  connu  de  la  vie  et  des  écrits 
de  ce  personnage  a  été  mis  en  lumière  par  l'éditeur  qui,  en  même 
temps,  a  indiqué  la  part  prise  par  Richard  Lescot  dans  la  continua- 
tion de  Guillaume  de  Nangis  et  qui  a  montré  comment  Richard  avait 
été  continué  lui-même.  Cette  découverte  a  une  importance  capitale  : 
l'exposé  méthodique  et  clair  dont  elle  a  été  l'objet  en  accroît  encore 
la  valeur. 

«  C'est  une  curieuse  affaire  que  le  Procès  de  Guichard,  évéque  de 
Troyes,  publié  par  M.  Abel  Rigault,  auquel  revient  la  première  men- 
tion. L'évêque  Guichard  était  accusé  de  nombreux  méfaits,  entre 
autres  de  l'envoûtement  de  la  reine  de  France,  femme  de  Philippe  le 
Bel,  et  de  l'empoisonnement  de  la  reine  douairière  de  Navarre.  Ce 
grand  procès  de  sorcellerie  ne  dura  pas  moins  de  cinq  années,  de  1308 
à  1313.  Si  l'histoire  générale  n'a  que  peu  à  glaner  jmrmi  les  faits  si 
nombreux  recueillis  par  M.  Rigault,  il  faut  convenir  que  cette  cause 
célèbre  forme  un  chapitre  singulièrement  instructif  de  l'histoire  des 
mœurs  au  début  du  xiv«  siècle.  L'érudit  auquel  nous  en  devons  une 
si  parfaite  connaissance  s'est  montré  à  la  hauteur  de  la  tâche  qu'il 
avait  assumée. 

«  La  deuxième  mention  a  été  donnée  à  M.  Jules  Chevalier  pour  un 
Essai  historique  sur  l'église  et  la  ville  de  Die,  monographie  composée 
avec  soin,  pleine  de  renseignements  et  de  faits.  Doit-on  reprocher  à 
l'auteur  d'avoir  quelquefois  arrêté  la  marche  de  son  récit  par  l'exposé 
de  questions  qui  ne  s'y  rattachent  pas  directement?  c'est  là  un  écueil 
auquel  il  est  bieu  rare  d'échapper  quand  on  poursuit,  à  travers  les 
siècles  et  les  révolutions  politiques,  la  recherche  des  événements  dont 
une  ville  a  été  le  théâtre.  Il  serait  à  souhaiter  que  nous  eussions  pour 
beaucoup  de  cités  françaises  des  histoires  aussi  consciencieusement 
étudiées  et  témoignant  de  connaissances  aussi  étendues. 

«  L'importance  et  l'originalité  de  la  Gallia  Judaïca  de  M.  H.  Gross 
ont  frappé  votre  Commission,  qui  lui  a  décerné  la  troisième  mention. 


CHRONIQUE    ET    MELANGES.  73< 

C'est  un  dictionnaire  géographique  en  même  temps  qu'un  dictionnaire 
biographique.  M.  Gross  a  voulu,  d'une  part,  donner  les  formes 
hébraïques  des  noms  de  lieux  de  la  France,  d'autre  part  faire,  à  pro- 
pos de  chaque  ville,  la  biographie  des  Juifs  notables  qui  y  sont  nés 
ou  qui  y  ont  vécu.  Fruit  de  recherches  étendues  et  dilliciles,  ce  recueil 
est  destiné  à  rendre  service  à  la  science,  conjointement  avec  le  grand 
travail  sur  les  rabbins  français  publié  dans  l'Histoire  littéraire. 

«  iM.  E.  Laurain  a  obtenu  la  quatrième  mention  pour  un  Essai  sia- 
les  Prcsidiaux,  histoire  complète  d'une  institution  judiciaire  qui,  créée 
en  1552,  a  duré  jusqu'à  la  Révolution.  Le  sujet  était  connu  dans  ses 
grandes  lignes,  mais  les  recherches  de  M.  Laurain  l'ont  sullisamment 
renouvelé  pour  que  l'on  puisse  rendre  hommage  non  seulement  à 
l'exactitude  de  l'auteur,  mais  encore  à  l'originalité  et  à  la  vigueur  de 
son  esprit. 

«  MM.  Louis  de  Santi  et  Vidal  reçoivent  la  cinquième  mention  pour 
la  publication  de  Deux  Livres  de  raison,  rédigés  l'un  et  l'autre  en  langue 
vulgaire  de  l'Albigeois.  Ces  livres  sont  d'inégale  importance  :  le 
second,  celui  de  Guilhem  Masenx,  fermier  de  la  coramanderie  de 
Saint-André  de  Gaillac  et  marchand,  fournit  de  curieux  renseigne- 
ments sur  le  commerce  et  sur  l'exploitation  des  terres  au  commence- 
mont  du  xvi^  siècle.  L'introduction,  très  considérable,  contient  beau- 
coup d'informations  précieuses  sur  le  négoce,  l'industrie,  la  condition 
des  ouvriers,  les  impôts,  les  poids  et  mesures  en  Albigeois  :  on  la  con- 
sultera avec  profit. 

«  Le  titulaire  de  la  sixième  mention  est  M.  H.  Malo.  Son  mémoire 
manuscrit,  Renaud  de  Dammarlin  et  la  coalition  de  Bouvines,  fondé  sur 
de  nombreux  documents,  est  écrit  avec  faciUté  et  apporte  une  utile 
contribution  à  l'étude  du  règne  de  Philippe-Auguste.  Si  l'auteur  a 
parfois  dépassé,  dans  ses  affirmations,  les  données  de  ses  sources,  s'il 
n'a  pas  toujours  su  se  mettre  en  garde  contre  des  généralisations  trop 
hardies,  ces  défauts  disparaîtront  certainement  au  moment  où,  encou- 
ragé par  le  témoignage  de  l'Académie,  il  revisera  son  travail  et  se 
décidera  à  le  publier. 

(  Dans  ce  concours  particulièrement  important,  votre  Commission 
a  dû  laisser  de  côté,  faute  de  pouvoir  augmenter  le  nombre  des  'men- 
tions dont  elle  dispose,  plusieurs  ouvrages  auxquels  elle  a  voulu  du 
moins  accorder,  en  vous  les  signalant,  une  marque  d'estime.  Ce  sont 
le  Cartulaire  de  Saint-Louis  de  Déthune,  pubUé  par  le  comte  B,  de 
Loisne  ;  le  Cartulaire  de  l'abbaye  de  Sainte-Croix  de  Quimperlé,  publié 
par  MM.  Léon  Maître  et  P.  de  Berthou  ;  la  Chartreuse  du  Port  Sainte- 
Marie  en  Auvergne,  par  M.  l'abbé  Mioche  ;  l'Église  abbatiale  de  Preuilly- 
sur-Claise,  par  l'abbé  Picardat,  et  un  excellent  petit  précis  publié  par 
MM.  Bleicher  et  Beaupré  sous  ce  titre,  qu'il  porte  à  bon  droit.  Guide 
pour  les  recherches  archéologiques  dans  l'est  de  la  France.  —  La  Collée- 


732  CHBONIQUE   ET  MÉLA?(GES. 

tionde  textes  pour  servir  à  l'étude  et  à  l'enseignement  de  l'histoire,  formée 
sous  les  auspices  de  la  Société  historique,  ne  rentrait  pas  dans  les 
conditions  du  concours,  mais  l'occasion  est  bonne  pour  reconnaître 
l'utilité  de  cette  série  de  volumes  et  pour  remercier  la  Société  et  les 
érudits  qui  ont  entrepris  de  les  mettre  au  jour. 

«  Le  prix  de  numismatique,  fondé  par  M.  Allier  de  Hauteroche, 
devait  être  décerné  à  l'auteur  du  meilleur  ouvrage  de  numismatique 
ancienne,  paru  depuis  le  mois  de  janvier  1895.  Vous  l'avez  accordé  à 
M.  Adrien  Blanchet,  dont  les  travaux  témoignent  d'une  activité  scien- 
tifique très  louable.  Deux  de  ses  ouvrages,  l'un  sur  les  Monnaies 
grecques,  l'autre  sur  les  Monnaies  romaines,  ont  pour  principal  objet  la 
vulgarisation  de  la  numismatique  ;  mais  ces  deux  volumes  ne  sont  pas 
de  simples  compilations.  M.  Blanchet  a  trouvé  des  arguments  nou- 
veaux pour  mettre  en  évidence  l'utilité  pratique  de  la  numismatique  ; 
il  a  su  les  exposer  avec  des  vues  personnelles  qui  donnent  à  ses  tra- 
vaux une  réelle  originalité.  En  outre,  dans  une  série  de  mémoires 
détachés,  il  a  éclairci  bon  nombre  de  questions  relatives  à  la  numis- 
matique romaine. 

«  L'Académie  avait  proposé  cette  année,  pour  le  prix  ordinaire,  le 
sujet  suivant  :  Étudier,  diaprés  les  inscriptions  cunéiformes  et  les  monu- 
ments figurés,  les  divinités  et  les  cultes  de  la  Chaldée  et  de  l'Assyrie. 
Aucun  mémoire  n'a  été  adressé  su.  cette  question. 

«  Le  prix  annuel  de  la  fondation  Bordin  n'a  pas  été  non  plus  attri- 
bué, la  question  proposée  par  l'Académie  étant  également  restée  sans 
réponse.  Mais  le  prix  extraordinaire  biennal  de  la  même  fondation  est 
décerné  à  M.  l'abbé  Chabot,  pour  deux  ouvrages  d'érudition  orientale. 
Le  premier  est  l'Histoire  de  Mar  Jabalaha  III,  patriarche  des  Nestoriens. 
C'est  sur  le  texte  syriaque  de  ce  document  fort  rare  qu'il  a  établi  sa 
traduction  et  son  commentaire.  Ce  travail  témoigne  d'une  connais- 
sance sérieuse  de  la  langue  syriaque;  on  y  constate  un  effort  persé- 
vérant pour  éclaircir  toutes  les  particularités  historiques  et  géogra- 
phiques. Le  second  ouvrage  a  trait  à  la  Chronique  attribuée  à  Denys  de 
Tell  Marèh,  patriarche  des  chrétiens  Jacobites.  M.  l'abbé  Chabot  a  entre- 
pris la  publication  et  la  traduction  de  la  dernière  partie  de  cette 
chronique,  qui  comprend  la  période  s'étendanl  depuis  la  mort  de 
Justin  U  jusqu'à  l'année  775  de  notre  ère.  Ce  texte  contient  des  détails 
curieux  non  seulement  sur  les  événements  politiques,  les  guerres,  les 
calamités  publiques,  mais  aussi  sur  les  rapports  des  communautés 
chrétiennes  avec  les  autorités  musulmanes  et  les  khalifes  eux-mêmes. 
Ces  deux  publications  ont  rendu  à  la  philologie  et  à  l'histoire  un  ser- 
vice qui  méritait  d'être  signalé. 

«  Pour  le  concours  du  prix  triennal  de  bibliographie  savante  fondé 
par  M.  Brunet,  vous  avez  partagé  le  prix  entre  trois  concurrents. 

€  Quinze  cents  francs  ont  été  accordés  à  M.  Claudin,  dont  l'Acadé- 


CHRONIQUE    ET    MÉLANf.ES.  733 

mie  a  déjà,  plus  d'une  lois,  récompensé  les  recherches.  Ses  deux 
volumes  sur  les  Origines  de  l'Imprimerie  à  Poitiers,  Limoges,  Bordeaux, 
ainsi  que  divers  fascicules  consacrés  aux  antiquités  typographiques  de 
plusieurs  autres  villes  de  France,  se  recommandent  par  l'excellence 
de  la  méthode  et  par  l'importance  des  résultats  obtenus.  Beaucoup  des 
livres  qu'il  a  décrits  et  qui  forment  la  base  de  ses  déductions  étaient 
restés  complètement  inconnus.  Mais  M.  Glaudin  ne  se  borne  pas  à 
étudier  les  livres  avec  la  compétence  d'un  critique  très  expert,  il 
excelle  encore  à  découvrir  ou  à  interpréter  des  particularités  curieuses 
dans  les  pièces  en  prose  ou  en  vers  par  lesquelles  commencent  et 
finissent  beaucoup  d'ouvrages  du  xv^  et  du  xvi»  siècle.  En  même  temps 
qu'il  écrit  l'histoire  d'un  grand  nombre  d'ateliers  typographiques  fran- 
çais, il  nous  fait  assister  à  la  renaissance  des  études  classiques  dans 
plusieurs  de  nos  provinces,  il  tire  de  l'ouhU  les  noms  de  différents 
humanistes,  d'un  ordre  secondaire  il  est  vrai,  mais  dont  les  travaux 
méritent  cependant  de  fixer  notre  attention. 

«  Quinze  cents  francs  ont  été  également  accordés  à  M.  Emile 
Legrand  pour  sa  Bibliographie  hellénique  ou  Description  raisonnée  des 
ouvrages  pubhés  par  les  Grecs  au  xvii«  siècle,  qui  forme  le  complé- 
ment naturel  de  ses  recherches  analogues  sur  le  xv«  et  le  xvi«  siècle. 
M.  Legrand  a  vu  par  lui-même  ou  connu  par  les  descriptions  précises 
de  ses  correspondants  un  nombre  considérable  d'ouvrages  rares  ou 
difficiles  à  rencontrer;  il  en  a  discuté  avec  le  plus  grand  soin,  quand 
il  le  fallait,  l'attribution,  la  date,  le  caractère.  A  ces  indications,  pure- 
ment bibliographiques,  il  a  joint  de  nombreuses  biographies.  C'est  un 
véritable  monument  d'érudition  bibliographique  qui  couronne  digne- 
ment les  travaux  antérieurs  du  même  savant  sur  l'activité  littéraire 
de  la  Grèce  postérieurement  à  la  prise  de  Gonstantinople. 

«  Mille  francs  ont  été  accordés  à  M.  Monceaux  pour  un  ouvrage 
intitulé  les  Le  Rouge  de  Chablis,  calligraphes  et  miniaturistes,  graveurs 
et  imprimeurs.  Ces  Le  Rouge,  de  1471  à  1537,  ont  exercé  leur  art  à 
Venise,  à  Pignerol,  à  Milan,  à  Troyes  et  à  Paris.  M.  Monceaux  a 
réuni  des  documents  importants  pour  établir  les  attachantes  biogra- 
phies de  ces  maîtres  imprimeurs  et  pour  dresser  le  catalogue  des 
œuvres  sorties  de  leurs  presses.  Il  est  arrivé  à  jeter  ainsi  une  lumière 
nouvelle  sur  les  origines  de  l'imprimerie  et  sur  l'histoire  de  l'illustra- 
tion des  livres  par  la  gravure.  De  nombreuses  reproductions  de 
planches  anciennes  ou  de  fragments  de  textes  rares  augmentent  l'in- 
térêt que  présente  le  travail  si  consciencieux  de  M.  Monceaux. 

«  Le  prix  fondé  par  notre  confrère  Stanislas  Julien  en  faveur  du  meil- 
leur ouvrage  relatif  à  la  Chine  est  décerné  cette  année  à  M.  Edouard 
Chavannes,  pour  les  deux  premiers  volumes  de  sa  traduction  des 
Mémoires  historiques  de  Se-ma-Ts'ien.  Cet  auteur  était  né  dans  la  pro- 
vince actuelle  de  Chansi,  vers  l'année  150  avant  l'ère  chrétienne  :  son 
H897  47 


734  CHRONIQOE    ET   MELAiVGES. 

ouvrage  contient  les  renseignements  les  plus  curieux  sur  l'histoire 
ancienne  de  la  Chine,  sur  les  arts,  l'industrie  et  la  religion  du  pays. 
La  traduction  de  M.  Ghavannes  se  recommande  par  une  exactitude 
scrupuleuse,  par  une  richesse  particulière  de  notes  et  d'éclaircisse- 
ments; l'étude  des  sources  où  Se-ma-Ts'ien  a  puisé  ses  documents  est 
un  morceau  tout  à  fait  remarquable.  C'est  la  première  fois  qu'une 
méthode  de  critique  rigoureuse  et  précise  est  appUquée  à  un  historien 
chinois. 

«  La  Commission  a  regretté  de  ne  pouvoir  récompenser  en  même 
temps  l'ouvrage  de  M.  Schlegel,  la  Loi  du  parallélisme  en  style  chinois, 
très  important,  très  neuf,  mais  qui  eût  gagné  à  se  présenter  sous  un 
aspect  plus  dogmatique  ou,  tout  au  moins,  à  être  suivi  de  conclusions 
précises  où  les  lois  du  parallélisme  auraient  été  formulées. 

«  Comme  Stanislas  Juhen,  notre  confrère  le  marquis  de  la  Grange 
a  voulu  encourager  après  sa  mort  les  études  qu'il  avait  aimées  pen- 
dant sa  vie  :  il  a  fondé  un  prix  en  faveur  de  pubUcations  sur  les 
anciens  poètes  de  la  France.  Les  plus  récents  travaux  sur  ce  sujet 
n'ayant  pas  paru  présenter  un  intérêt  suiïisant,  votre  Commission  a 
été  d'avis  qu'il  n'y  avait  pas  lieu  de  donner  ce  prix. 

«  Le  prix  de  la  fondation  Joseph  Saintour  devait  être  décerné  au 
meilleur  ouvrage  relatif  à  l'Orient  publié  depuis  le  1"  janvier  1894,  Il 
a  été  attribué  à  M.  Casanova,  attaché  au  Cabinet  des  médailles  et 
antiques  de  la  BibUothèque  nationale,  pour  VHistoire  de  la  citadelle  du 
Caire.  Pendant  plus  de  quatre  siècles,  cette  histoire  est  presque  celle 
de  l'Egypte,  la  citadelle  du  Caire  ayant  été  le  théâtre  de  toutes  les 
révolutions  qui  ont  amené  successivement  sur  le  trône  les  différentes 
dynasties.  L'auteur  a  surtout  insisté  sur  les  souverains  Mamlouks, 
dont  la  puissance  correspond  à  la  phase  la  plus  brillante  de  l'Egypte 
musulmane.  Très  versé  dans  la  connaissance  de  la  langue  arabe,  il 
a  fait  preuve  de  qualités  remarquables  en  examinant  certaines  diffi- 
cultés topographiques  ;  il  a  montré  surtout  un  goût  sur  et  exercé  en 
étudiant  les  grands  monuments  d'architecture  dont  les  Mamlouks  ont 
enrichi  la  capitale  de  l'Egypte. 

«  L'Académie  accorde,  en  outre,  une  récompense  de  1,000  francs  à 
M.  le  professeur  J.  Kirste  pour  diverses  publications  relatives  à  la 
lexicographie  et  à  la  grammaire  sanscrites.  M.  Kirste  possède  un 
savoir  philologique  étendu,  solide,  précis,  une  habileté  à  se  mouvoir 
parmi  des  problèmes  de  phonétique  ténus  et  compliqués,  une  facihté 
surprenante  à  s'orienter  dans  une  littérature  singulièrement  épineuse 
et  subtile.  Ce'  sont  là  des  mérites  que  l'Académie  cherche  d'autant 
plus  à  relever  que  le  nombre  des  spécialistes,  dont  l'estime  reconnais- 
sante peut  récompenser  des  recherches  aussi  laborieuses,  est  plus 
limité. 
«  M.  Moïse  Schwab,  bibliothécaire  à  la  Bibliothèque  nationale,  reçoit 


CBROMQDE    ET   MÉLANGES.  735 

aussi  une  récompense  de  500  francs  pour  son  Vocabulaire  de  l'Angélo- 
logie  qui  renferme  la  nomenclature,  par  ordre  alphabétique,  des  noms 
d'anges  et  de  démons  usités  au  moyen  âge  dans  la  mystique  de  tous 
les  peuples.  Pour  élucider  le  plus  grand  nombre  possible  de  ces  termes 
bizarres,  créés  de  façon  à  ne  pas  être  compris  du  vulgaire,  M.  Schwab 
s'est  livré  à  des  recherches  méritoires. 

«  Pour  la  première  fois,  vous  avez  été  appelés  cette  année  à  décer- 
ner le  prix  de  la  fondation  Estrade  Delcros.  Ce  généreux  donateur,  en 
léguant  toute  sa  fortune  à  l'Institut,  a  laissé  à  chacune  des  Académies 
une  grande  liberté  pour  l'attribution  du  prix  qui  porte  son  nom.  Votre 
choix  s'est  porté  sur  un  ouvrage  spécial,  mais  qui  touche  à  l'une  des 
branches  les  plus  solides  et  les  plus  étendues  de  l'archéologie  clas- 
sique, le  Catalogue  des  vases  antiques  du  Louvre  et  l'Album  qui  en  forme 
le  complément.  La  collection  céramique  du  Louvre  compte  plus  de 
6,000  vases;  M.  Edmond  Pottier  a  examiné,  décrit  et  classé  tous  ces 
monuments  avec  une  rare  compétence.  Il  n'a  pas  reculé  devant  une 
entreprise  aussi  laborieuse  et  qui  exigeait  des  recherches  si  multipliées. 
Son  œuvre  est  absolument  personnelle  et  originale  :  elle  n'a  rien  de 
commun  avec  certains  classements  superficiels  dont  le  caractère  est 
plutôt  administratif  que  scientifique.  La  première  partie,  aujourd'hui 
terminée,  forme  un  tout  harmonieux  et  complet  en  lui-même;  elle 
embrasse  la  période  des  origines,  la  plus  complexe  et  la  plus  dilhcile 
à  débrouiller  en  même  temps  que  la  plus  instructive.  La  nouveauté 
des  déductions  que  M.  Pottier  a  tirées  de  ses  études  pour  l'histoire  de 
la  céramique,  et  aussi  pour  l'histoire  générale  de  l'antiquité,  devait 
être  signalée.  En  lui  accordant  ce  prix,  l'Académie  entend  récompen- 
ser aussi  l'ensemble  des  travaux  et  les  efforts  désintéressés  d'un  des 
meilleurs  ouvriers  de  la  science. 

«  L'importante  et  utile  fondation  à  laquelle  est  attaché  le  nom  de 
M.  Benoît  Garnier  vous  permet  de  subventionner  des  voyages  d'explo- 
ration scientifique  dans  l'Afrique  centrale  ou  dans  les  régions  de  la 
haute  Asie.  Une  nouvelle  somme  de  3,000  francs  a  été  mise  à  la  dis- 
position de  M.  Fouché,  pour  achever  les  études  qu'il  avait  entreprises 
dans  le  nord-ouest  de  l'Inde.  Ce  savant  rentre  en  France  après  avoir 
voyagé  pendant  deux  années.  Il  a  conduit  des  fouilles  fructueuses,  il 
a  exécuté  trois  cents  clichés  photographiques,  il  a  acquis  de  précieux 
manuscrits  et  des  monnaies,  il  vous  a  envoyé  quinze  caisses  de  sculp- 
tures originales,  et,  chose  surprenante,  il  vous  rapporte  de  l'argent, 
n'étant  pas  parvenu  à  dépenser  entièrement  les  différentes  sommes 
que  l'Académie  avait  mises  à  sa  disposition.  Votre  confiance  était  bien 
placée. 

«  Vous  avez  fait  un  placement  du  même  genre  en  donnant  5,000  francs 
au  R.  P.  Hacquart,  de  la  Congrégation  des  Pères  Blancs,  qui  vous  a 
envoyé  un  Essai  de  grammaire  bambara,  qui  vient  d'achever  un  die- 


736  CHRONIQUE   ET  MELANGES. 

tioaaaire  de  la  même  langue  et  qui  se  dispose  à  entrepreadre  un  nou- 
veau voyage  au  Niger  pour  y  étudier  les  dialectes  des  Touaregs  du  sud. 
Il  accomplit  une  œuvre  plus  belle  et  meilleure  encore  en  apportant 
aux  indigènes  du  centre  de  l'Afrique  les  bienfaits  de  la  paix  et  de  la 
civilisation,  en  leur  apprenant  à  aimer  le  nom  de  la  France. 

«  Une  subvention  de  8,000  francs  a  été  accordée  à  M.  Sylvain  Lévi, 
professeur  au  Collège  de  France,  pour  lui  permettre  de  continuer  ses 
recherches  sur  le  bouddhisme  dans  les  régions  sub-himalayennes, 
M.  Lévi  se  propose  d'étudier  en  particulier  les  versions  chinoises  de 
certains  textes  sanscrits,  exécutées  au  cours  des  dix  premiers  siècles 
de  l'ère  chrétienne  et  dont  la  masse  colossale  rend  à  l'Inde  un  passé 
et  des  documents  qu'on  eût  pu  croire  irrémédiablement  perdus. 

«  Enfin  une  dernière  subvention  de  20,000  francs,  sur  la  même  fon- 
dation, a  été  votée  à  M.  Eudes  Bonin,  archiviste  paléographe,  qui 
s'est  écarté  des  routes  que  l'École  des  chartes  n'ouvre  pas  toujours  à 
ses  anciens  élèves  pour  se  rendre  en  Indo-Chine,  où  il  occupe  le  poste 
de  vice-résident  de  France.  M.  Bonin  est  chargé,  pour  la  seconde  fois, 
d'une  mission  dans  la  haute  Asie.  Ce  nouveau  voyage  durera  deux 
années  ;  tout  fait  espérer  qu'il  aura,  comme  le  premier,  pour  l'histoire, 
la  géographie  et  l'archéologie  les  résultats  les  plus  satisfaisants. 

«  Mais  il  y  a  des  contrées  plus  facilement  abordables  que  celles  dont 
je  viens  de  parler;  on  y  fait  aussi  des  voyages  et  des  fouilles;  vous 
consacrez  une  partie  des  revenus  du  legs  Piot  à  les  encourager.  C'est 
ainsi  que  vous  avez  accordé  une  somme  de  2,500  francs  à  M.  E.  Ber- 
taux  pour  continuer  ses  recherches  sur  l'histoire  des  arts  dans  l'Italie 
méridionale;  je  vous  entretiendrai  tout  à  l'heure  des  résultats  de  son 
voyage.  M.  J.  Delamarre,  ancien  élève  de  l'École  pratique  des  hautes 
études,  a  obtenu  de  vous  2,000  francs  pour  exécuter  des  fouilles  dans 
l'ile  d'Amorgos  sur  l'emplacement  des  villes  d'Arcesine  et  de  Minoa. 
M.  P.  Paris,  professeur  d'archéologie  à  l'Université  de  Bordeaux,  a 
reçu  également  2,000  francs  pour  étudier,  dans  les  musées  royaux  et 
provinciaux  d'Espagne,  les  monuments  indigènes,  phéniciens,  grecs 
et  romains,  et  pour  recueillir  les  matériaux  d'une  histoire  de  l'art  et 
de  la  civilisation  dans  l'antique  Ibérie  ;  déjà  il  a  rempli  une  partie  de 
ce  programme;  il  a  signalé  un  monument  particulièrement  précieux, 
dont  vous  connaissez  tout  l'intérêt.  Enfin  vous  avez  donné  1,000  francs 
à  M.  Toutain  pour  rechercher  et  réunir  les  éléments  d'un  corpus  des 
lampes  en  terre  cuite  trouvées  en  Afrique;  500  francs  à  M.  J.  Letaille 
pour  étudier  et  photographier  les  sarcophages  chrétiens  d'Algérie,  de 
Tunisie  et  d'Espagne;  et  150  francs  au  docteur  Carton  pour  terminer 
le  déblaiement  de  l'intéressant  théâtre  romain  de  Dougga,  en  Tunisie. 
L'exploration  de  l'Afrique  du  nord  n'est  jamais  oubUée;  elle  tient  tou- 
jours une  bonne  place  dans  vos  préoccupations. 

«  Tels  sont.  Messieurs,  les  résultats  de  vos  concours;  tel  est  l'emploi 


CORONIQDE    ET   MELANGES.  737 

judicieux  que  vous  avez  fait  des  sommes  considérables,  et  cependant 
toujours  insullisanles,  dont  vous  êtes  les  dispensateurs. 

«  Il  me  reste  à  vous  parler  des  écoles  d'érudition  placées  sous  votre 
patronage  et  qu'on  a  justement  nommées  les  pupilles  de  l'Académie. 
La  plus  ancienne  est  l'Ecole  nationale  des  chartes,  dont  la  nouvelle 
promotion  sera  proclamée  tout  à  l'heure.  L'usage  ne  s'est  pas  établi  de 
vous  entretenir  des  thèses  et  des  travaux  de  ses  élèves,  mais  vous 
reconnaissez  souvent  parmi  les  lauréats  de  vos  concours  ceux  dont 
vous  avez  entendu  prononcer  les  noms  dans  cette  séance  publique. 
Un  événement,  en  apparence  insignifiant,  traverse  en  ce  moment  sa 
paisible  et  laborieuse  existence  :  elle  quitte  l'ombre  silencieuse  du 
palais  des  Archives  pour  s'abriter  à  la  Sorbonne,  sous  l'aile  de  l'Uni- 
versité. Tous  ceux  qui,  comme  moi,  lui  conservent  une  alVection  filiale, 
se  réjouiront  des  avantages  que  doit  lui  procurer  ce  changement  de 
climat. 

«  Les  travaux  de  notre  École  d'Athènes  ont  été  malheureusement 
contrariés,  cette  année,  par  les  événements  qui  ont  agité  la  Grèce. 
Non  seulement  la  guerre  a  rendu  impossible  la  célébration  du  jubilé 
de  l'Ecole  et  la  tenue  du  congrès  archéologique,  mais,  au  cours  des 
hostilités  et  même  pendant  les  négociations,  qui  ont  été  beaucoup 
plus  longues,  il  a  fallu  renoncer  aux  voyages  et  aux  fouilles,  au  moins 
en  Turquie  et  en  Grèce.  Aucun  des  projets  formés  n'a  pu  être  pour- 
suivi :  ni  l'exploration  de  l'Athos  par  MM.  Millet  et  Laurent,  ni  les 
fouilles  des  tells  de  Syrie  par  M.  Fossey,  ni  le  voyage  en  Crète  de 
M.  Demargnes.  A  Delphes,  où  les  campagnes  des  années  précédentes 
avaient  été  si  fructueuses,  les  chantiers  sont  demeurés  silencieux  et 
déserts.  Grâce  à  la  bonne  volonté,  à  l'ardeur  et  à  l'intelligence  des 
membres  de  l'École,  mais  surtout  grâce  à  l'énergie  et  au  zèle  infati- 
gable de  son  directeur,  cette  situation  défavorable  n'a  eu  aucun  résul- 
tat fâcheux.  Quatre  mémoires  vous  ont  été  adressés. 

«  Celui  de  M.  Colin  (3^  année)  se  rapporte  à  la  Corporation  allié- 
nienne  des  artistes  dionysiaques  à  Delphes.  Au  moment  où  tout  ce  qui 
touche  au  théâtre  grec  excite  un  si  vif  intérêt  et  une  curiosité  si  géné- 
rale, c'est  un  mémoire  d'actualité.  Personne  ne  contribuait  plus  à 
l'éclat,  à  l'agrément  des  fêtes  que  les  musiciens,  les  chanteurs,  les 
poètes  groupés  sous  le  nom  d'artistes  dionysiaques.  Plusieurs  blocs  du 
Trésor  des  Athéniens  appartenant  à  deux  assises  différentes,  brisés 
presque  tous,  parfois  en  très  petits  morceaux,  et  d'ordinaire  incom- 
plets, ont  fourni  de  précieux  documents  pour  l'histoire  de  cette  corpo- 
ration. M.  Colin  les  a  étudiés,  puis  reconstitués  avec  une  pénétration 
des  plus  ingénieuses.  D'ailleurs,  depuis  son  arrivée  en  Grèce,  il  a 
passé  à  Delphes  la  plus  grande  partie  de  son  temps,  associé  à  la  direc- 
tion des  fouilles,  chargé  en  particulier  de  la  tenue  des  inventaires 
épigraphiques.  C'est  par  centaines  que  se  comptent  les  documents,  et 


738  CHRONIQUE  ET  MELANGES. 

beaucoup  sont  très  étendus,  qu'il  a  copiés  pendant  ces  trois  années. 
Il  a  sacrifié  le  plaisir  de  publier  à  la  satisfaction  sévère  de  ces  recherches 
silencieuses. 

«  Les  découvertes  de  Delphes  imposent  du  reste  des  tâches  mul- 
tiples auxquelles  l'École  doit  suffire  en  ne  laissant  perdre  aucune  de 
ses  forces,  en  ne  négligeant  aucun  des  problèmes  qui  lui  sont  posés. 
Elle  a  trouvé  en  M.  Fournier  (2"  année)  le  philologue  dont  elle  avait 
besoin  pour  l'étude  du  dialecte  delphique.  Son  mémoire  sur  la  Gram- 
maire dea  actes  delphiques  d'affranchissement  au  //«  siècle  vaut  à  la  fois 
par  la  conscience  scrupuleuse  des  recherches  et  par  la  portée  ulté- 
rieure des  résultats.  Très  réservé  dans  ses  conclusions,  M.  Fournier 
est  cependant  frappé  de  la  prédominance  dans  le  dialecte  delphique 
des  éléments  crétois  et  thessaliens.  Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  voir 
ainsi  confirmées  par  des  faits  indéniables  les  données  légendaires  sur 
le  double  apport  de  croyances  religieuses  et  sur  le  concours  des  colo- 
nies septentrionales  et  insulaires  qui  ont  formé  la  religion  apoUi- 
nienne,  qui  ont  constitué  l'aristocratie  delphique. 

«  M.  Fossey  (3^  année)  a  envoyé  un  recueil  de  textes  palmyréniens 
et  une  étude  de  Mythologie  nabatéenne,  assez  brève,  ce  qui  est  un  indice 
des  difficultés  du  sujet  lui-même.  Les  problèmes  y  sont  examinés  avec 
une  précision  qui  n'est  pas  sans  vigueur  et  avec  une  prudence  bien 
nécessaire  en  une  matière  aussi  déUcate,  mais  qui  est  peut-être  un 
peu  trop  ennemie  de  l'hypothèse  pour  laisser  à  la  pénétration  toute 
son  acuité.  M.  Fossey,  qui  paraît  avoir  une  vocation  marquée  pour 
les  études  orientales,  pourra  la  suivre  plus  facilement  à  l'Institut  du 
Caire,  où  il  doit  se  rendre  en  quittant  Athènes. 

«  Après  la  brillante  exploration  de  Mistra,  par  M.  G.  Millet,  les 
études  byzantines  sont  restées  en  faveur  à  l'École;  elles  sont  repré- 
sentées par  un  mémoire  de  M.  Laurent  (2«  année),  Églises  bijzantines 
de  la  Morée  antérieures  à  la  conquête  turque.  C'est  avec  le  concours  d'un 
jeune  architecte  de  talent,  M.  Ghesnay,  que  M.  Laurent  a  rédigé  ce 
grand  et  utile  travail,  auquel  il  était  préparé  par  plusieurs  mois  de 
voyages  en  Grèce  et  en  Italie.  Il  s'est  arrêté  aux  églises  antérieures  à 
la  conquête  turque,  parce  que  ce  sont  les  seules  où  l'art  byzantin  se 
soit  vraiment  exercé  dans  toute  sa  liberté.  La  méthode  et  la  finesse 
d'observation  dont  il  a  fait  preuve  sont  d'autant  plus  méritoires  que 
l'archéologie  byzantine  n'est  pas  à  beaucoup  près  aussi  avancée  que 
l'archéologie  classique,  qu'elle  n'a  pas,  comme  celle-ci,  ses  recueils  de 
monuments  formés  et  sa  méthode  constituée.  • 

«  L'activité  des  membres  de  notre  École  de  Rome  a  été  absorbée 
par  de  nombreux  travaux.  M.  Bertaux,  qui  doit  à  l'appui  bienveillant 
de  l'Académie  d'avoir  pu  passer  une  troisième  et  une  quatrième  année 
en  Italie,  a  terminé  la  tâche  qu'il  s'était  imposée,  c'est-à-dire  l'examen 
détaillé  des  monuments  et  des  œuvres  d'art  du  moyen  âge  conservés 


CUROMQUE    ET    5IKUNGES.  739 

dans  l'Italie  méridionale.  Le  résultat  le  plus  important  de  ses  études 
intéresse  l'histoire  de  l'art  français  plus  encore  peut-être  (lue  celle  de 
l'art  italien,  il  a  démontré  que  les  plus  beaux  châteaux  bâtis  par  l'em- 
pereur Frédéric  II,  dans  le  royaume  de  Fouille,  et  particulièrement 
celui  de  Castel  del  Monte,  étaient  l'œuvre  d'architectes  et  de  sculpteurs 
fram^^ais.  Il  a  même  découvert  le  nom  de  l'un  des  artistes  qui  dirigèrent 
ces  travaux,  Philippe  Chinard.  Enfin,  il  a  pu  rattacher  l'école  fran- 
çaise qui  travaillait  pour  Frédéric  II  à  une  école  bourguignonne  qui 
fleurit  dans  l'Italie  méridionale  dès  les  premières  années  du  xni«  siècle, 
et  dont  les  chefs-d'œuvre  sont  les  deux  cathédrales  de  Cosenza  en 
Calabre  et  de  Lanciano  dans  les  Abruzzes.  Les  travaux  de  M.  Join 
Lambert  doivent  être  rapprochés  de  ceux  de  M.  Bertaux;  tous  deux 
ont  poursuivi  leurs  recherches  en  les  combinant.  L'attention  de  M.  Join 
Lambert  a  été  principalement  attirée  vers  les  monuments  siciliens  du 
xn«  siècle  sur  lesquels  il  restait  beaucoup  plus  à  faire  qu'on  ne  pouvait 
le  supposer;  il  a  recherché  aussi  les  châteaux  construits  en  Sicile  par 
les  architectes  français  et  leurs  élèves  indigènes,  au  temps  de  Frédé- 
ric II;  il  a  étudié  l'art  local  sicilien  depuis  le  xin«  siècle,  puis  les 
influences  siennoises  qui  ont  agi  sur  lui;  enûn  il  a  soigneusement 
noté  les  œuvres  de  l'art  espagnol  dans  le  même  pays. 

«  M.  M.  Besnier  (1"  année)  a  trouvé  sa  voie  dans  l'archéologie 
romaine.  Il  a  passé  l'hiver  à  recueillir  les  éléments  d'un  mémoire  sur 
l'île  du  Tibre  et  sur  le  culte  d'Esculape  qui  y  avait  son  principal  sanc- 
tuaire. Au  printemps,  après  avoir  parcouru  les  Abruzzes  et  visité  les 
anciennes  villes  samnites,  il  est  parti  pour  l'Algérie,  où  il  a  commencé 
des  fouilles  sur  plusieurs  points  du  camp  de  Lambèze  et  des  environs. 
Il  s'est  ainsi  initié  à  la  pratique  de  l'archéologie.  M.  A.  Dufourcq 
(2«  année),  en  entreprenant  une  étude  sur  les  gestes  des  martyrs 
romains,  s'est  attelé  à  une  besogne  ingrate  et  difficile,  il  l'a  conduite 
jusqu'au  bout  avec  un  véritable  courage.  Outre  ce  travail  méritant,  il 
a  poursuivi  en  Italie  des  recherches  antérieurement  commencées  par 
lui  sur  deux  sujets  d'histoire  moderne  :  la  république  romaine  de  1798 
et  les  dernières  années  du  gouvernement  de  Murât  en  Calabre.  M.  L. 
Madelin  (2«  année)  a  étudié  l'importante  question  du  Concordat  de 
François  I«^  Cette  négociation,  pourtant  si  grave,  n'a  donné  lieu  qu'à 
fort  peu  d'écritures  :  les  parties  contractantes  étaient  présentes,  il  ne 
pouvait  y  avoir  de  correspondance  ;  mais  beaucoup  de  détails  intéres- 
sants sur  l'entrevue  du  pape  et  du  roi  nous  ont  été  conservés.  M.  Ma- 
delin a  préparé  en  outre  une  série  de  travaux  qui  éclaireront  très 
utilement  l'histoire  des  relations  de  la  France  et  du  saint-siège  au 
temps  de  François  I"  et  de  Léon  X.  M.  de  Manteyer  est  arrivé  à 
Rome  avec  l'idée  bien  arrêtée  d'y  recueillir  tout  ce  qui  peut  intéresser 
l'histoire  d'Avignon.  Ses  investigations  dans  les  archives  du  Vatican 
ont  été  couronnées  d'un  plein  succès,  et  l'on  peut  être  assuré  que 


740  CURONIQCE   ET   MELANGES. 

l'histoire  spéciale  d'Avignon,  qui  fera  l'objet  de  son  mémoire  de  seconde 
année,  devra  beaucoup  à  ses  découvertes  romaines.  Enfin  deux  phi- 
lologues, MM.  Segrestaa  et  Nougaret,  ont  consacré  leur  temps  à  des 
recherches  patientes  et  méticuleuses  :  le  premier  s'est  occupé  des 
Idylles  de  Théocrite;  il  en  a  étudié  les  manuscrits,  les  éditions,  la 
métrique;  le  second  a  commencé  sur  les  manuscrits  de  Plaute  des 
travaux  d'une  précision  singulière. 

t  La  publication  des  Registres  pontificaux  ne  s'est  pas  ralentie.  Un 
des  nouveaux  membres  de  l'Ecole,  M.  G.  de  Puybaudet,  sans  perdre 
de  vue  un  travail  sur  l'histoire  d'Angoulême,  prépare  l'édition  du 
Registre  de  Martin  IV,  dont  le  pontificat  est  des  plus  intéressants 
pour  notre  histoire  nationale.  MM.  Goulon  et  Lecacheux  travaillent 
aux  Registres  du  xiv«  siècle  :  leur  série  s'ouvre  par  ceux  du  pontificat 
de  Jean  XXII.  M.  Lecacheux  poursuit  en  outre  l'étude  des  documents 
relatifs  aux  rapports  d'Urbain  V  avec  les  Visconti. 

«  Nos  grandes  écoles,  vous  le  voyez,  étendent  chaque  jour  le  domaine 
de  leurs  travaux  et  marchent  d'un  pas  assuré  dans  la  voie  que  vous 
leur  tracez.  C'est  avec  une  fierté  presque  paternelle  que  nous  saluons 
leur  succès.  L'honneur  en  revient  surtout  à  nos  dévoués  confrères 
MM.  Paul  Meyer,  Homolle  et  l'abbé  Duchesne,  qui  rivalisent  d'ardeur 
pour  guider  les  jeunes  gens  dont  ils  ont  la  direction. 

«  Mais  les  espérances  que  nous  laisse  entrevoir  l'avenir  ne  peuvent 
nous  faire  oublier  le  passé.  Aujourd'hui  notre  pensée  se  reporte  avec 
émotion  vers  les  confrères  regrettés  que  nous  avons  perdus.  J'ose  dire 
qu'ils  sont  encore  présents  parmi  nous  tant  ils  nous  étaient  chers,  et 
que,  leur  ayant  adressé  en  votre  nom  un  suprême  adieu,  j'ai  eu  la 
consolation  d'avoir  avec  eux  le  dernier  de  nos  entretiens.  Louis  de 
Mas  Latrie,  Edmond  Le  Blant,  Léon  Gautier,  à  des  titres  divers,  lais- 
seront dans  notre  Académie  une  trace  profonde.  Un  autre  deuil  est 
venu  s'ajouter  à  ces  tristesses,  celui  de  ce  prince  séduisant,  au  cœur 
ardent,  à  l'esprit  si  français,  qui,  pendant  sa  vie,  ne  siégeait  pas  parmi 
nous,  mais  qui,  depuis  sa  mort,  est  devenu  comme  le  bon  génie  de 
toute  cette  maison.  Ce  serait  être  infidèle  au  souvenir  délicat  qui  reste 
au  fond  du  cœur  de  tous  ceux  qui  ont  eu  l'honneur  de  l'approcher, 
que  de  vanter  ici  ses  mérites  et  sa  générosité  ;  aucun  de  nous  cepen- 
dant ne  peut  oublier  avec  quelle  noble  bienveillance  l'historien  des 
Condé,  pendant  les  dernières  années  de  son  existence,  ouvrait  aux 
travailleurs  ses  précieuses  collections  et  son  admirable  bibliothèque. 
L'Institut  en  a. confié  la  garde  à  l'un  de  nos  confrères  les  plus  aimés, 
M.  Léopold  Delisle.  Notre  Académie  ne  pouvait  être  plus  dignement 
représentée  au  milieu  des  trésors  que  contient  Chantilly.  » 


CHRONIQUE  ET  MÉLANGES.  74 ^ 

UN  NOUVEAU  MANUSCRIT  DU  MANUEL  D'HISTOIRE 
DE  PHILIPPE  VI. 

Nous  pouvons  ajouter  un  numéro  à  la  liste  que  nous  avons  dressée 
des  manuscrits  dans  lesquels  se  trouve  ce  Manuel*.  Leur  nombre  est 
ainsi  porté  à  vingt-sept.  Ce  nouveau  manuscrit  est  décrit,  sous  le 
n»  677,  dans  le  tome  I  du  Catalogue  des  manuscrits  de  Besançon,  rédigé 
par  notre  regretté  confrère  M.  A.  Castan^.  M.  Gastan,  qui  n'avait  pu 
connaître  notre  travail  ni  dire  par  suite  l'intérêt  que  présentait  cette 
chronique,  n'en  a  pas  moins  su  l'identifier  avec  le  fragment  inséré 
dans  le  tome  XXI  (1855)  des  Historiens  de  France.  Le  manuscrit  9624 
de  la  Bibliothèque  nationale,  auquel  il  renvoie  dans  sa  notice,  est 
celui  qui  porte  aujourd'hui  le  no  4948  du  fonds  français  (n»  10  de  notre 
liste). 

G.    GOUDERC. 


L'IMPRIMEUR  NAPOLITAIN  ARNAUD  DE  BRUXELLES. 

Ayant  à  parler,  en  1896,  dans  le  Journal  des  Savants^,  du  traité  de 
médecine  connu  sous  le  titre  de  Tacuinum  sanitatis,  j'ai  cité  un  exem- 
plaire de  cet  ouvrage  copié  à  Naples,  en  1477,  par  «  A.  de  Bruxella,  » 
et  j'ai  supposé  que  cet  «  A.  de  Bruxella  »  était  le  même  personnage 
que  «  Arnaldus  de  Bruxella,  »  connu  pour  avoir  imprimé,  à  Naples, 
une  vingtaine  de  volumes*,  dont  les  dates  sont  comprises  entre  les 
années  1472  et  1477. 

Un  savant  bibliographe  anglais  m'a  fait  l'honneur  de  me  demander 
si  cet  exemplaire  manuscrit  du  Tacuin,  contenu  dans  le  ms.  latin  10264 
de  la  Bibliothèque  nationale,  n'aurait  pas  été  une  copie  exécutée  en 
vue  d'une  édition  qu'Arnaud  de  Bruxelles  aurait  eu  l'intention  d'im- 
primer et  qui  n'aurait  pas  été  exécutée.  Je  ne  crois  pas  qu'on  puisse 
s'arrêter  à  cette  hypothèse.  Pour  mettre  nos  lecteurs  à  même  d.'appré- 
cier  le  caractère  de  cette  copie,  je  mets  sous  leurs  yeux  la  description 
du  manuscrit  10264. 

1.  Le  Manuel  d'histoire  de  Philippe  VI  de  Valois,  roi  de  France,  dans 
Études  d'histoire  du  moyen  âge  dédiées  à  Gabriel  Monod.  Paris,  L.  Cerf,  1896, 
in-S",  p.  415-444. 

2.  Il  forme  le  t.  XXXII  (1897)  du  Catalogue  général  des  manuscrits  des 
bibliothèques  publiques  de  France.  Départements. 

3.  Année  1896,  p.  518-540. 

4.  Burger,  Ludwig  Hain's  Repertorium  bibliographicum,  p.  52. 


742  CHRONIQUE  ET  MELANGES. 

Manuscrit  sur  papier  do  330  millimètres  sur  230.  Il  se  compose  de 
286  feuillets  numérotés  à  l'encre  rouge  par  le  copiste,  sans  compter 
13  feuillets  préliminaires  non  numérotés;  sur  la  première  page  de  la 
partie  préliminaire,  le  copiste  a  écrit  une  table.  Beaucoup  de  feuillets 
sont  restés  en  blanc.  Le  copiste  Arnaud  de  Bruxelles  a  soigneusement 
marqué  les  dates  de  la  transcription  de  cinq  des  morceaux  contenus 
dans  le  volume  et  dont  voici  l'indication  : 

Fol.  1-36.  î  Tabule  motuum  omnium  planetarum  Johannis  de  Line- 
riis.  ï  Titre  fourni  par  la  table  qui  est  en  tête  du  volume. 

Fol.  36  vo-38  v°.  ï  Tabula  stellarum  fixarum  cum  gradibus  longitu- 
dinum  et  latiludinum  ac  magnitudinum  earum.  »  Titre  tiré  de  la  même 
table. 

Fol.  39  r»  et  v°.  «  Conjunctiones  vere  Saturni  et  Jovis  ad  meridia- 
num  civitatis  Crémone.  » 

Fol.  57-95.  «  Gompendium  clari  viri  Leonardi  Qualea  quod  astrono- 
miam  medicinalem  nuncupari  voluit,  ex  multis  Syrorum,  Indorum, 
Arabum,  Persarum,  Egiptiorum,  Grecorum  et  Latinorum  voluminibus 
compilatum,  in  facilitatem  medicorum  et  commoditatera  inûrmorum. 
Prohemium.  Lux  nature  Deus  quanta  universis  animantibus  largitus 
est...  »  La  réunion  des  lettres  initiales  des  chapitres  donne  le  nom  de 
l'auteur  :  «  Leonardus  Qualea  Venetus  me  fecit.  » 

Au  bas  de  la  dernière  page  de  la  copie  de  ce  morceau,  le  copiste  a 
tracé  cette  note  :  «  22  octobris  1475,  per  A.  de  Bruxella.  » 

Fol.  96-102.  «  L.  Apuleii  Madaurensis  philosophi  platonici  Cosmo- 
graphia  sive  de  mundo  ad  Faustinum  liber  incipit.  Gonsideranti  michi 
et  diligentius  intuenti,  et  saepe  alias,  Faustine,  mihi  virtutis  indagatrix 
expultrixque  viciorum,  divinarum  particeps  rerum  philosopbia  videba- 
tur...  »  —  Notes  mises  par  le  copiste  au  commencement  et  à  la  fin  de  ce 
morceau  :  «  23  maii  1492  »  (fol.  96);  —  «  7  kalendas  junias  1492,  Nea- 
poli  B  (fol.  102). 

Fol.  105-171  v».  «  Liber  qui  Tacuinus  sanitatis  in  medicina  nuncu- 
patur,  quem  composuit  Elbulkassem  Elmuthar  filius  Hahabdin  filii 
Buccilan  medici  de  Baldach.  »  Sur  ce  traité,  voir  un  article  inséré  par 
moi  dans  le  Journal  des  Savants,  année  1896,  p.  518-540.  —  A  la  fin  de 
la  copie  du  Tacuin  (fol.  171  v),  note  du  copiste  :  «  19  septembris  1477, 
imperfecto,  Neapoli,  per  A.  de  Bruxella,  ex  exemplari  corrupto.  » 

Fol.  172-183.  «  Paladii  Rutili  Thauri  Emilii  viri  illustris  opus  Agri- 
culture, de  preceptis  rei  rustice.  Incipit  prologus.  Pars  est  prima  pru- 
dentie...  »  Notes  mises  du  commencement  et  à  la  fin  de  ce  traité  : 
«  Die  21  decembris  1478  »  (fol.  172);  —  a  24  decembris  1478  »  (fol  183). 

Foi.  186-226.  «  Liber  tertius  Alpetragii,  in  quo  tractât  de  perspe- 
ctiva,  de  comparatione  scientie  ad  sapientiam,  de  motibus  corporum 
celestium  secundum  Ptolomeum,  de  opinione  Alpetragii  contra  opi- 
nionem  Ptolomei  et  aliorum,  de  scientia  experimentorum  naturalium, 


CHRONIQUE   ET   ME'lINGES.  743 

de  scientia  morali,  de  articulis  fidei,  de  alkiraia.  Postquam  manifc- 
stavi  mathematice  potcstatera,  aspiravi  ad  perspective  dignitatem...  » 
—  Fol.  226.  Fin  du  trait»'  :  «  ...  Similiter  oporteret  (place  d'un  mot 
laissée  eu  blanc)  elemento  vei  mixto  posset  toUi  natura.  »  Sur  la  même 
page,  note  marginale  du  copiste  :  «  In  exemple  sic  caduco  non  rep- 
peri  plus.  1476,  15  decembris,  bora  15,  par[um]  post  otium.  « 

Fol.  235-258  \°.  *  Tractatus  Alberti  Magni  de  geographia  seu  co- 
smographia.  De  linea  locorum  que  provenit  ex  babitudine  loci  ad  celum 
tractaturi...  »  Derniers  mots  du  traité  :  «  ...  Hee  autem  proprielates 
locorum  suilicienter  in  génère  dicte  sunt.  » 

Arnaud  de  Bruxelles  se  livrait  donc  à  des  travaux  de  copie  en  1475, 
1476,  1477,  1478  et  1492.  A  voir  la  composition  du  volume,  il  semble 
bien  que  ce  n'est  pas  l'œuvre  d'un  copiste  à  gages. 

Il  y  faut  plutôt  voir  un  recueil  qu'un  amateur  de  traités  scientifiques 
aurait  formé  pour  son  usage  personnel,  et  l'on  pourrait  supposer  qu'Ar- 
naud de  Bruxelles,  après  avoir  exercé  avec  une  grande  distinction 
l'art  typographique  à  Naples,  depuis  1472  jusqu'en  1477,  aurait  conti- 
nué à  résider  dans  cette  ville  et  s'y  serait  livré  à  l'étude  des  sciences. 

Le  manuscrit  qui  a  fourni  le  sujet  de  cette  note  faisait  partie  de  la 
bibliothèque  de  GoUot,  chanoine  de  Notre-Dame  de  Paris,  avant  d'en- 
trer, en  1753,  dans  la  bibliothèque  du  roi. 

Il  est  encore  bon  de  faire  observer  que  le  papier  de  ce  manuscrit  a 
le  même  filigrane  (une  arbalète  dans  un  cercle)  que  le  papier  de  cer- 
tains livres  imprimés  par  Arnaud  de  Bruxelles,  notamment  l'édition 

des  lettres  de  Mahomet  publiée  en  1473. 

Li.  L). 


LA  COLLECTION  D'INCUNABLES  DE  B.  QUARITCH. 

Le  libraire  Bernard  Quaritch,  de  Londres,  vient  de  publier  un  cata- 
logue d'incunables  tels  qu'il  est  rare  d'en  voir  aujourd'hui  réunis  sur 
les  rayons  d'une  maison  de  libraire.  Ce  catalogue  est  intitulé  :  Monu- 
ments of  typography  and  xylography  books  of  the  first  half  century  of 
Ihe  art  of  printing  in  the  possession  of  Bernard  Quaritch  (London,  1897, 
in-B»,  XIV  et  312  pages).  Il  comprend  643  notices  disposées  suivant 
l'ordre  géographique  des  localités  dans  lesquelles  les  livres  ont  été 
imprimés;  pour  chaque  ville  les  impressions  de  chaque  typographe 
sont  rangées  suivant  l'ordre  chronologique.  Il  y  a  77  articles  pour 
l'Allemagne,  19  pour  les  Pays-Bas,  93  pour  l'Italie,  31  pour  la  France, 
47  pour  l'Espagne  et  20  pour  l'Angleterre. 

Ces  chiffres  n'ont  rien  d'extraordinaire;  mais,  ce  qui  est  merveilleux, 
c'est  le  choix  de  beaucoup  de  ces  livres,  dont  la  description  nous  est 
donnée  avec  des  développements  qui  en  font  bien  comprendre  l'impor- 


744  CHRONIQUE   ET  MÉLANGES. 

tance.  Les  prix  auxquels  sont  portés  les  premiers  monuments  de  la 
typographie  montrent  avec  quelle  passion  sont  recherchées  les  éditions 
dont  presque  tous  les  exemplaires  sont  immobilisés  dans  les  grandes 
bibliothèques.  En  voici  quelques  exemples  : 

La  Bible  mazarine,  sur  vélin  :  125,000  fr. 

Le  Psautier  de  1459,  sur  vélin  :  131,250  fr. 

Le  Rational  de  1459  :  10,000  fr. 

Le  Catholicon  de  1460  :  7,725  fr. 

La  Ruine  des  nobles  hommes  et  femmes,  de  Boccace,  éd.  de  Colard 
Mansion,  en  1476  :  22,500  fr. 

La  Cité  de  Dieu,  de  Subiaco,  en  1467  :  1,625  fr. 

Le  Plante,  de  Venise,  1476  :  2,400  fr. 

Le  premier  Théocrite  d'Aide,  1495,  exemplaire  de  Bilibaldo  Pirck- 
heymer,  avec  peinture  attribuée  à  Albert  Durer  :  6,000  fr. 

Le  Dante  de  Foligno,  1470  :  6,000  fr. 

La  Rhétorique  de  Guillaume  Fichet,  éd.  d'Ulria  Gering  :  2,000  fr. 

Le  Missel  de  Salisbury,  éd.  de  Martin  Morin,  Rouen,  1508  :  3,250  fr. 

Première  édition  du  Tirant  lo  Blanch,  Valence,  1490  :  12,500  fr. 

Le  Missel  et  le  Bréviaire  mozarabique,  Tolède,  1500  et  1502  :  10,000  fr. 

Les  Dits  des  philosophes  de  Caxton,  Westminster,  1477  :  37,500  fr. 

La  première  édition  de  Chaucer  :  37,500  fr. 

Le  catalogue  de  M.  Quaritch  présente,  mêlés  à  ces  monuments  de 
premier  ordre,  des  morceaux  qui,  sans  offrir  un  intérêt  général,  sont 
fort  curieux  pour  l'étude  de  questions  particuhères.  Sous  la  rubrique 
CAMBRAI,  on  y  remarque  un  opuscule  dont  la  Bibliothèque  natio- 
nale a  fait  l'acquisition  et  dont  la  notice  peut  trouver  place  ici.  C'est 
un  livret  d'école,  qui  contient  une  grammaire  latine  très  abrégée  ;  il 
se  compose  de  508  vers,  dont  les  premiers  suffisent  pour  montrer  que 
l'auteur  s'est  inspiré  du  Doctrinal  d'Alexandre  de  Villedieu  : 

Edere  grammatices  cupio  tibi,  parve,  libellum, 
Quo  faciU  doctus  possis  evadere  gressu. 
Me  juvet  Omnipotens  implere  quod  opto  ;  secundos 
Successus  tribuat,  qui  scit  cur  ista  subivi, 
Quidve  fuit  cause  tantum  tolerare  laborem. 

Le  livret  consiste  en  12  feuillets  in-4°,  non  chiffrés,  et  formant  trois 
cahiers  signés  a,  b,  c,  22  lignes  à  la  page.  Caractères  gothiques  d'un 
aspect  assez  archaïque.  Sur  la  dernière  page,  au-dessous  des  armes 
de  la  famille  de  Groy  (avec  la  devise  :  A  JAMAIS.  GROY),  se  lit  cette 
souscription  de  l'imprimeur  : 

«  Impressum  Gameraci  per  Bonaventuram  Brassart  ||  et  Franciscum 
filium  ejus.  Anno  millesimo  quingen||tesimo  quadragesimo  nono  kalen- 
dis  septembribus.  » 


CHRONIQUE   ET   ME'lANGES.  745 

Cette  date  paraît  devoir  s'entendre  du  24  août  1540,  qui  tomba  un 
mardi,  et  non  pas  du  l*""  septembre  1549,  qui  coïncida  avec  un  dimanche. 

Le  livret  qui  vient  d'être  décrit  est  tout  à  fait  dillV-rent  d'un  autre 
livret  scolaire  imprimé  à  Cambrai  en  1518  :  Rudimcnta  (jraimnaticcs 
ad  instituendos  juvenes  non  parwa  conducenlia;  impressum  Cameraci, 
anno  Domini  M CCCCC XVIII  (sans  nom  d'imprimeur,  in-4"  de  6  feuillets). 
Les  Rudimenta  sont  un  opuscule  en  prose,  dont  la  notice  a  été  donnée, 
en  1839,  par  A.  Voisin,  dans  le  Bulletin  du  bibliophile,  3»  série,  p.  599 
et  suiv. 


ASSOCIATIONS  ET  GRÈVES  DES  OUVIUERS  PAPETIERS. 

Nous  avons  à  diverses  reprises  signalé  dans  ce  recueil  les  publica- 
tions de  iM.  Briquet  relatives  à  l'histoire  du  papier  et  notamment  aux 
filigranes.  Le  même  auteur  a  écrit  dans  la  Revue  interjialionale  de 
sociologie  et  a  fait  tirer  à  part  un  article  curieux  sur  les  Associations  et 
grèves  des  ouvriers  papetiers  en  France  aux  XVlh  et  XVII I'^  siècles  (Paris, 
F.  Giard  et  E.  Brière,  1897,  in-8°,  30  p.).  Déjà  notre  confrère  M.  Gil- 
bert Rouchon  avait  publié,  il  y  a  une  douzaine  d'années  [Revue  d'Au- 
vergne, 1885),  le  résultat  de  ses  recherches  sur  les  grèves  des  ouvriers 
papetiers  de  Thiers.  Ce  sont  aussi  les  papeteries  d'Auvergne  qui  ont 
fourni  à  M.  Briquet  le  plus  grand  nombre  d'indications,  bien  que  ses 
investigations  s'étendent  à  d'autres  provinces  de  la  France;  et  c'est 
ainsi  qu'il  a  cru  pouvoir  constater,  —  et  cette  opinion  semble  assez 
fondée,  —  l'existence  d'une  association,  compagnonnage  en  syndicat 
qui  réussit  à  se  maintenir  jusqu'à  la  Révolution  et  à  exercer  même  au 
delà  son  influence. 


FONDATION  D'AUGUSTE  PROST. 

Par  un  des  articles  de  son  testament,  M.  Auguste  Prost,  mort  le 
14  juillet  1896,  a  légué  à  l'Académie  des  inscriptions  ot  belles-lettres 
une  rente  de  1,200  francs  pour  un  jirix  annuel  à  décerner  à  un 
mémoire  historique,  œuvre  d'un  Français,  sur  Metz  et  les  pays  voisins. 
Celte  fondation  a  eu  pour  mobile  une  pensée  patriotique  que  M.  Prost 
exprime  ainsi  dans  le  passage  de  son  testament  qui  y  est  relatif  : 
0  Ces  dispositions  sont  la  conséquence  de  la  funeste  situation  faite  à 
notre  malheureux  pays  et  procèdent  du  sentiment  qu'on  ne  doit  pas  le 
perdre  de  vue  ni  cesser  de  s'occuper  de  lui  au  sein  de  la  grande  famille 
française.  »  C'est  un  sentiment  analogue  qui  a  dicté;  un  autre  article 


7.{(>  CHBOXIQUE    ET   MÉLANGES. 

du  même  testament,  qui  lègue  à  la  Bibliothèque  nationale  la  collection 
de  documents  et  d'ouvrages  manuscrits  et  imprimés  que  M.  Prost  avait 
mis  un  soin  jaloux  à  recueillir  sur  le  pays  qui  toute  sa  vie  a  fait  le 
principal  objet  de  son  affection  et  de  ses  études.  Ceux  qui  voudraient 
travailler  sur  l'histoire  de  Metz,  ceux  en  particulier  qui  songeraient  à 
gagner  le  prix  institué  par  M.  Prost  ne  seront  pas  fâchés  de  savoir  que 
le  Catalogue  de  cette  collection,  dressé  par  les  soins  de  notre  confrère 
M.  Henri  Omont,  a  paru  dans  le  t.  I  des  Mettensia  publiés  par  la 
Société  nationale  des  antiquaires  de  France  (p.  57-166)  et  en  tirage 
à  part  * . 

].  Bibliothèque  nationale.  Catalogue  des  collections  manuscrites  et  impri- 
mées relatives  à  l'histoire  de  Metz  et  de  la  Lorraine  léguées  par  M.  Auguste 
Prost.  Paris,  1897.  ln-8°,  114  p. 


Addition  et  correction. 


Dans  la  note  de  la  p.  450,  relative  au  manuscrit  H.  84  de  la  biblio- 
thèque du  roi  à  Turin,  il  eût  été  bon  de  faire  remarquer  que  ce 
manuscrit  est  un  exemplaire  de  la  traduction  de  VHistoria  scholastica 
de  Pierre  Le  Mangeur. 

P.  468,  une  erreur  de  rédaction  a  fait  attribuer  à  M.  Camille  Favre 
la  direction  de  l'Album  de  l'exposition  de  Genève.  C'est  Edouard  Favre 
qu'il  faut  lire. 


LISTE  DES  SOUSCRIPTEURS 

A    LA 

BIBLIOTHÈQUE  DE  L^ÉGOLE  DES  CHARTES' 
POUR  l'année  1897. 


Bibliothèques  et  Sociétés. 


PARIS. 


Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres. 

Alliance  israélite. 

Archives  départementales  de  la  Seine. 

Archives  nationales. 

Association  générale  des  étudiants. 

Bibliographie  de  la  France,  journal 
général  de  l'imprimerie  et  de  la 
librairie. 

Bibliothèque  de  l'Arsenal. 

—  Cardinal. 

—  Mazarine. 

—  nationale  (département  des  im- 
primés). 

(département  des  manuscrits). 

—  du  Séiiat. 

—  de  l'Université,  à  la  Sor bonne. 

—  de  la  Ville. 
Cercle  agricole. 

Cercle  catholique  des  étudiants. 
Chambre  des  députés. 


Directeur  de  l'enseignement  supé- 
rieur, au  ministère  de  l'Instruc- 
tion publique. 

Directeur  du  secrétariat  et  de  la 
comptabililé,  au  ministère  do 
l'Instruction  publique. 

École  nationale  des  chartes  (2  ex.). 

École  normale  supérieure. 

École  Sainte-Geneviève. 

Éludes  religieuses. 

Faculté  de  droit. 

Fondalion  Thiers. 

Institut  catholique. 

Ministère  de  l'Instruction  publique 
(55  ex.). 

Ministère  de  la  Marine. 

Ordre  des  avocats. 

Revue  archéologique. 

Revue  historique. 

Société  bibliographique. 

Société  historique. 


DÉPARTEMENTS. 


Aix-en-Pro\'ence.  Bibliothèque  Mé- 
janes. 

universitaire. 

Albi.  Archives  du  Tarn. 

Alger.  Bibliothèque  universitaire. 

Amiens.  Société  des  Antiquaires  de 

Picardie. 
Arras.  Bibliothèque  de  la  Ville. 


AvR.\NCHES.  Société  d'archéologie. 
Rayonne.  Bibliothèque  de  la  Ville. 
Resançon.  Biblioth.  universitaire. 
Réziers.  Société  archéologique. 
Rlois.  Bibliothèque  de  la  Ville. 
RoRDEAUX.  Bibliothèque  de  la  Fa- 
culté de  droit. 
RoRDEAux.  Biblioth.  universitaire. 


l.  Ceux  des  souscripteurs  dont  les  noms  seraient  mal  orthographiés,  les  titres 
omis  ou  inexactement  imprimés,  sont  instamment  priés  de  vouloir  bien  adresser 
leurs  réclamations  à  MM.  A.  PIC.A.RD  et  (ils,  libraires  de  la  Société  de  l'Ecole  des 
chartes,  rue  Bonaparte,  82,  à  Paris,  a(in  que  les  mêmes  fautes  ne  puissent  se 
reproduire  dans  la  cinquante-neuvième  liste  de  nos  souscripteurs,  qui  sera 
publiée,  suivant  l'usage,  à  la  lin  du  prochain  volume  de  la  Bibliothèque. 


748 


LISTi:    DES   SOUSCRIPTEORS. 


Bouloqne-sur-Mer.  Bibliothèque  de 

la  Ville. 
Garcassonne.  Archives  de  l'Aude. 
Ghateauroux.  Archives  de  l'Indre. 
Gherbourg.  Bibliothèque  de  la  Ville. 
Glermont-Ferrand.    Archives    du 

Puy-de-Dôme. 

—  Bibliothèque  universitaire. 
Dijon.  Bibliothèque  universitaire. 
Douai.  Société  d'agriculture. 
Dragcignan.  Archives  du  Var. 
GuÉRET.  Archives  de  la  Creuse. 
LiQUGÉ.  Bénédictins  (RR.  PP.). 
Lille.  Archives  du  Nord. 

—  Bibliolh.  de  l'Institut  catholique. 
universitaire. 

Lyon.  Bibliothèque  de  V Archevêché. 

de  la  Faculté  de  droit. 

de  Vlnstitul  catholique. 

universitaire. 

Mans  (Le).  Bibliothèque  de  la  Ville. 
Marseille.  Archives  municipales. 

Bibliothèque  de  la  Ville. 

MoNTAUBAN.  Bibliothèque  de  la  Ville. 
MoNTBRisoN.  Société  dc  la  Diana. 
Montpellier.  Bibliothèque  univer- 
sitaire. 
Moulins.  Bibliothèque  de  la  Ville. 
Nancy.  Bibliothèque  de  la  Ville. 
Nantes.  Bibliothèque  de  la  Ville. 
Nice.  Bibliothèque  de  la  Ville. 
Niort.  Archives  des  Deux-Sèvres. 
Orléans.  Bibliothèque  de  la  Ville. 


Orléans.  Grand  séminaire. 
Pau.  Bibliothèque  de  la  Ville. 
Perpignan.  Archives  des  Pyrénées- 
Orientales. 
Poitiers.  Bibliothèque  universitaire. 

de  la  Ville. 

—  Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest. 
Reims.  Bibliothèque  de  la  Ville. 
Rennes.  Bibliothèque  universitaire. 

de  la  Ville. 

Rochelle  (La).  Bibliothèque  de  la 

Ville. 
Rouen.  Bibliothèque  de  la  Ville. 
Sainte- Anne  de  Plourhamel.  Bé- 
nédictins (RR.  PP.). 
Saintes.  Bibliothèque  de  la  Ville. 
Saint-Étienne.  Bibliothèque  de  la 

Ville. 
Saint-Maur  de  Glanfeuil.  Béné- 
dictins (RR.  PP.). 
Saint-Omer.  Société  des  Antiquaires 

de  la  Morinie. 
SoissoNS.  Bibliothèque  de  la  Ville. 
Solesmes.  Bénédictins  (RR.   PP.). 
Toulouse.    Bibliothèque    universi- 
taire. 

de  la  Ville. 

Tours.  Bibliothèque  de  la  Ville. 
Valenciennes.  Bibliothèque  de   la 

Ville. 
Vendôme.  Bibliothèque  de  la  Ville. 
Verdun.  Société  philomathique. 
Vitré.  Bibliothèque  de  la  Ville. 


ÉTRANGER. 


Baltimore.  American  (the)  Journal 
of  archaeology. 

—  Bibliothèque  Peabody. 
Barcelone.  Ateneo  Barcelones. 
Berne.  Bibliothèque  cantonale. 

—  Université. 

Bruxelles.  Académie  royale  des 
lettres,  des  sciences  et  des  beaux- 
arts  de  Belgique. 

—  Bollandistes  (RR.  PP.). 
Bukarest.  Bibliothèque  centrale. 
Gambridge  (États-Unis).  Université 

Harvard. 
Garlsruhe.  Commission  d'histoire 

badoise. 
Einsiedeln.  Bénédictins  {RR.  PP.). 
Florence.  Archives  de  Toscane. 
—  Archivio  storico  italiano. 


Fribourg.  Bibliothèque  cantonale. 
Gènes.  Université. 
Genève.  Archives. 

—  Bibliothèque  cantonale. 

—  Société  de  lecture. 

—  Université. 
Jersey.  Cour  royale. 
Lausanne,  Bibliothèque  cantonale. 
Léopol.  Kwartalnik  historyczny . 
Lisbonne.  Bibliothèque  nationale. 
Londres.  Enylish  (the)  liisl.  review. 
LouvAiji.  Jésuites  (RR.  PP.). 
Madrid.  Bibliothèque  nationale. 
Malte.  Bibliothèque  publique. 
Maredsous.  Bénédictins  (RR.  PP.). 
Metz.  Archives. 

Milan.  Archivio  storico  lombardo, 

—  Bibliothèque  Brera. 


LISTE    DES    SODSCRIPTEDRS. 


7/,l» 


MoNT-CASSiN.iî^nédtchn5(RR.PP.). 
New- York..  American  (thc)  geogra- 

phical  Society. 
Palerme.  Dibliothcqiie  )}ationale. 
Philadelphie.  Université. 
PiSE.  Université. 
Rome,  .\ccademia  (Reale)  dei  Lincei. 

—  Archives  du  Vatican. 

—  Bibliothèque  Victor- Emmanuel. 

—  École  française. 

—  Società  romana  di  storia  patria. 
Sofia.  Université. 

Venise.  Bibliothèque  de  Saint-Marc. 
"ViE-NNE.    Académie    impériale    des 

sciences  (classe  philosophico-his- 

torique). 

—  Mittheilungen  des  Itistituts  fur  ôs- 
terreichischeGeschichtsforschiing. 

—  Université. 

Washington.  Université  catholique. 

MM. 

*Alacs  (Paul),  à  Montpellier ^. 
Albon  (le  marquis  d'),  au  château 
d'Avenges  (Rhône). 

*  Allemagne  (Henry  d'),  attaché  à 

la  Bibliothèque  de  l'Arsenal,  à 

Paris. 
*Anghier  (Camille),  stagiaire  à  la 

Bibliothèque  nationale,;!  Paris. 
*André   (Edouard) ,  archiviste  de 

l'Ardèche,  à  Privas. 

*  André  (Francisque),  archiviste  de 

l'Aube,  à  Troyes. 
Appert,  à  Fiers. 

*  Arbois  de  Jubainville  (Henry  d'), 

membrede  l'Institut,  professeur 

au  Collège  de  France,  à  Paris. 

AsHER  ET  C»e,  libraires,  à  Berlin 

(12  ex.). 
*AuBERT  (Félix),  à  Saint-Mandé 
(Seine). 

*  AuBERT  (Hippolyte),  conservateur 

de  la  bibliothèque  de  Genève,  à 

Vermont,prèsGenève(Suisse). 

*AuBRY-ViTET  (Eugène),  à  Paris. _ 

"AuDREN  DE  Kerdrel,  séuatcur,  à 

Paris. 

Aumale  (le  duc  d'),  à  Chantilly. 

*  AuvRAY  (Lucien),  sous-bibliothé- 


caire à  la  Bibliothèque  natio- 
nale, à  Paris. 

Avignon,  à  I^aris. 
*BAin:i.(tN   (Ernest),    membre  de 
l'Institut,    conservateur    à    la 
Bibliuthèquenationalc,  à  Paris. 

Baer  et  C'",  à  Francfort. 
*Baillet  (Auguste),  à  Orléans. 

Balme  (le  R.  P.),  à  Paris. 

Barante  (le  baron  de),  à  Paris. 

Barras,  à  Saint-Maxime  (Var). 

Barrière-Flayy,  avocat,  à  Tou- 
louse. 
*Barroux  (Marins),  archiviste  ad- 
joint de  la  Seine,  à  Paris. 

*  B.\RTHÉLEMY(  Anatole  de)  ,  membre 

de  l'Institut,  à  Paris. 
*Batiffol  (Louis),  sous-bibliothé- 
caire à  la  Bibliothèque  natio- 
nale, à  Ycrsailles. 

*  Baudon  de  MoNY (Charles),  à  Paris. 
*Beaucorps  (le  vicomte  de),  à  Or- 
léans. 

Beaucourt    (le   marquis   de),  à 

Paris. 
*Beaurepaire  (Charles  de),  corres- 
pondant de  l'Institut,  archiviste 
de  la  Seine-Inférieure,  à  Rouen. 
Bellet  (Mgr),  à  Tain  (Urôme). 
*Bémont  (Charles),   directeur-ad- 
joint à  l'École  des  hautes  études, 
à  Paris. 

*  Berger  (Êlie),  professeur  à  l'École 

des  chartes,  à  Paris. 
*Berthelé  (Joseph),  archiviste  de 

l'Hérault,  à  Montpellier. 
*Berthou  (Paul  de),  à  Nantes. 

*  Bertrand  de  Broussillon(  Arthur) , 

au  Mans. 

Bessery,  à  Lavaur  (Tarn). 

Besson,  à  la  Seyne  (Var). 

BiLOT  de  Ch.vteaurenault,  à  Paris. 

BizzoNi,  libraire,  à  Pavie. 
*Blancard  (Louis),  correspondant 
de    l'Institut ,    archiviste   des 
Bouches-du-Rhùne,  à   Mar- 
seille. 

Blanchard,  à  Nantes. 
*Bloch  (Camille),    archiviste   du 
Loiret,  à  Orléans. 

Bocga,  libraire,  à  Milan. 


l.  Les  noms  précédés  d'un  astérisque  sont  ceux  des  membres  de  la  Société  de 
l'École  des  chartes. 

4897  ^« 


750 


LISTE    DES    SOUSCRIPTECRS. 


BoccA,  libraire,  à  Rome. 
BocG.v,  libraire,  à  Turin  (4  ex.). 
BoisLisLE   (A.   de),    membre   de 

l'Institut,  à  Paris. 
BoNDOis ,    professeur    au    Lycée 

Butïon,  à  Paris. 
*BoNNARDOT  (Frauçois),   commis 

principal  au  service  historique 

de  la  ville  de  Paris,  à  Arcueil 

(Seine). 
*BoNNAULT  d'Houët  (le  baron  de), 

au  château  d'Hailles,  par  Mo- 

reuil  (Somme). 
*BoREL  (Frédéric),  à  Paris. 
BoRRANi,  libraire,  à  Paris  (3  ex.). 
Boucher  (M^^)^  à  Cherbourg. 

*  Bouchot   (Henri),  bibliothécaire 

à  la  Bibliothèque  nationale,  à 
Paris. 
Boudet  (Marcellin),  président  du 
tribunal,  à  Saint-Flour. 

*  Bougenot  (Symphorien),  avoué,  à 

Vitré. 

*  Bourbon  (Georges),  archiviste  de 

l'Eure,  à  Évreux. 

*  Bourde  de  la  Rogerie  (Henri), 

archiviste     du     Finistère,     à 
Quimper. 

*  Bourgeois  (Alfred),  archiviste  de 

Loir-et-Cher,  à  Blois. 
*BouRMONT  (le  comte  Amédée  de), 

à  Paris. 
*BouRNON  (Fernand),  à  Paris. 
BouvY  (le  R.  P.  Eugène),  à  Paris. 
Braghet,  à  Menton. 
Bréard  (Ch.),  à  Versailles. 
Brettes,  à  Paris. 
Brogkhaus,   libraire,   à  Leipzig 

(5  ex.). 
Brôlemaxn,  à  Paris. 
*Bruchet  (Max),  archiviste  de  la 

Haute-Savoie,  à  Annecy. 
*Bruel  (Alexandre),  chef  de  sec- 
tion aux  Archives  nationales, 
à  Paris. 
"Brutails    (Auguste),  archiviste 
de  la  Gironde,  à  Bordeaux. 

*  Bûche  (Henri),  à  Paris. 
BuGHHOLz,  libraire,  à  Munich. 
BucK,  libraire,  à  Luxembourg. 
Bull,  libraire,  à  Strasbourg. 
Gaarelsen,  libraire,  à  Amsterdam 

(2  ex.). 
CABn'!;,  à  Roqueserrière  (Haute- 
Garonne). 


Caix  de  Pierlas,  à  Turin. 
*Calmettes  (F'ernand),  à  Paris. 
*Campardon  (Emile),  chef  de  sec- 
tion aux  Archives  nationales, 
à  Paris. 
Carabin,  à  Paris. 
Carrère,  à  Toulouse. 
*Casati  (Charles),  conseiller  hono- 
raire à  la  Cour  d'appel,  à  Paris. 
Cauvet,    président    de   chambre 

honoraire,  à  Montpellier. 
*Cau\vès,  professeur  à  la  Faculté 
de  droit  de  Paris,  à  Versailles. 
*Cerise  (le  baron),  à  Paris. 
Chalandon,  élève  de  l'École  des 

chartes,  à  Paris. 
*Chambure  (HuguesDE),  au  château 
de  Montmartin  (Nièvre). 
Champion,  libraire,  à  Paris. 
*Charavay  (Etienne),  à  Paris. 
Chardon  (H.),  maire  de  Marolles- 

les-Braux  (Sarthe). 
Charmasse  (de),  à  Autun. 
*Chassériaud  (Henri),  à  Paris. 
*Chatel  (Eugène),  à  Paris. 
*Chauffier  (l'abbé),  à  Vannes. 
*Chavanon  (Jules),  archiviste  de 
la  Sarthe,  au  Mans. 
Cherbuliez,  libraire,  à  Genève. 
Chevalier  (l'abbé  J.),  à  Romans 

(Drôme). 
Chevalier  (l'abbé  U.),  à  Romans 

(Drôme). 
Chevelle,  notaire,  à  Vaucouleurs 

(Meuse). 
Chevrier,  à  Paris. 
*Claudon  (Ferdinand),  archiviste 
de  l'Allier,  à  Moulins. 
Clausen,  libraire,  à  Turin. 
*Clédat  (Léon),  doyen  de  la  Fa- 
culté des  lettres,  à  Lyon. 

*  Clément  (l'abbé  Maurice),  à  Saint- 

Denis. 
*Collon    (Gaston),   bibhothécaire 

de  la  ville,  à  Tours. 
CoNDAMiN  (le  D""),  à  Lyon. 
*CoppiNGER  (Emmanuel),  à  Paris. 

*  Corda  (.Augustin  |,  sous- biblio- 

thécaire à  la  Bibliothèque  na- 
tionale, à  Paris. 

*ColJARD  (Emile),  archiviste  de 
Seine-et-Oise,  à  Versailles. 

*GouDERG  (Camille),  sous -biblio- 
thécaire à  la  Bibliothèque  na- 
tionale, à  Paris. 


LISTE    DES    SODSCRIPTEDRS. 


75< 


*CouLON  (Aupuste),  archiviste  aux 

Archives  nationales,  à  Paris. 
'CouR.vYE  DU  Pauc  (Joscph),  sous- 
bibliothécaire  à  laBibliothèciue 
nationale,  à  Paris. 
CouRCEL  (Georges  de),  à  Paris. 
CouRCEL  (Valentin  de),  cà  Paris. 
♦CouRTEAULT  (Henri),  archiviste 
aux    Archives    nationales,    à 
Paris. 
GoussEMAKER    (DE),    à    Bailleul 
(Nord). 
*CoviLLE  (Alfred),  professeur  à  la 

Faculté  des  lettres,  à  Lyon. 
*GovEGQUE  (Ernest),  archiviste  ad- 
joint de  la  Seine,  à  Paris. 
*Grèvegoeur  (Lionel  de),  à  Paris. 
*Groy  (Joseph  DE),  au  château  de 

Monteaux  (Loir-et-Cher). 
CuMONT  (le  marquis  de)  ,  ;i  la  Rous- 
sière,    près  Goulonges  (Deux- 
Sèvres). 
*GuRZ0N  (Henri  de),  archiviste  aux 
Archives  nationales,  à  Paris. 
Daglin,  avocat,  à  Paris. 
"Dareste  (Rodolphe),  membre  de 
l'Institut,  conseiller  à  la  Cour 
de  cassation,  à  Paris. 
Daspitde  Saint-Amand,  à  la  Réolc. 
*Daumet  (Georges),  archiviste  aux 
Archives  nationales,  à  Paris. 
Debains,  à  Paris. 
*Delatîorde  (le  vicomte  H. -Fran- 
çois), sous-chef  de  section  aux 
Archives  nationales,  à  Paris. 
*Delacuenal  (Roland),  à  Paris. 
*  Delà  VILLE  Le  Roulx  (Joseph),  à 

Paris. 

*DELiSLE(L.),membrede  l'Institut, 

administrateur  général    do    la 

Bibliothèque  nationale,  à  Paris. 

Deloche  (Maximin),  membre  de 

rinstitut,  à  Paris. 
*Demaison  (Louis),  archiviste  de 

la  ville,  à  Reims. 
*Demante  (Gabriel),  professeur  ho- 
noraire à  la  Faculté  de  droit  de 
Paris,  à  Gastelnaudary. 
Demarteau,  à  Liège. 
Denifle  (le  R.  P.),  archiviste  au 

Vatican,  à  Rome. 
Denis  (le  chanoine),  à  Meaux. 
*Deprez (Michel),  conservateur  à  la 
Bibliothèque  nationale,  à  Paris. 


'Desjardins  (Gustave),  chargé  de 
cours  à  l'École  des  chartes,  à 
Paris. 

Deville,  à  Paris. 

'DiEUDONNK  (Adolphe),  stagiaire  à 
la  Bibliothèque  nationale,  à 
Paris. 

'DicARD  (Georges),  professeur  à 
l'Institut  catholique  de  Paris,  à 
Versailles. 

Dion  (Adolphe  de),  à  Montfort- 
l'Amaury. 

Dommartin,  à  Verdun. 

DoNNAMETTE,  à  Paris. 

'DoREz(Léon),  sous-bibliothécaire 
à  la  Bibliothèque  nationale,  à 
Paris. 

Douais  (le  chanoine),  vicaire  gé- 
néral, à  Montpellier. 

'  Dunois-GucHAN  (Gaston),  à  Sées 
(Orne). 

'DucHEMiN  (Henri),  stagiaire  à  la 
Bibliothèque  nationale, à  Paris. 

'Du  CiiÈNE  (Arthur),  à  Château- 
Gonthier  (Mayenne). 

DucHESNE  (l'abbé  L.),  membre  de 
l'Institut,  directeur  de  l'École 
française,  à  Rome. 

*DuG0M  (André),  attaché  aux  ar- 
chives de  la  Chambre  des  dé- 
putés, à  Paris. 

^DuFOUR  (Théophile),  directeur  de 
la  bibliothèque  de  la  ville,  à 
Genève. 

"Dufourmantelle  (Charles),  à  A- 
jaccio. 

*  DuFRESNE  DE  Saint-Léon  (  Arthur), 

à  Paris. 
Dulau  et  C'«,  libraires,  à  Londres 

(5  ex.). 
Dumoulin,  professeur,  à  Roanne. 
^.DuNOYER    (Alphonse),    archiviste 

aux    Archives    nationales,    à 

Paris. 

*  DupoND  (  Alfred  ) ,  archiviste  des 

Deux-Sèvres,  à  Niort. 

'Dupont-Ferrier  (Gustave),  pro- 
fesseur au  collège  Stanislas,  à 
Paris. 

^Durand  (Georges),  archiviste  de 
la  Somme,  à  Amiens. 

'Durrieu  (le  comte  Paul),  conser- 
vateur  adjoint   au  musée   du 
Louvre,  à  Paris. 
Duval    (Gaston),    attaché   à   la 


752 


LISTE    DES   SOUSCRIPTEDRS. 


bibliothèque   de   l'Arsenal,   à 
Paris. 
*DuvAL    (Louis) ,    archiviste    de 

l'Orne,  à  Alençon. 
DuviviER,  avocat,  à  Bruxelles. 
*EcKEL  (Auguste),   archiviste  de 
la  Haute-Saône,  à  Vesoul. 
Elphinstone,  à  Londres. 
Engelgke,  libraire,  à  Gand. 
*Enlart  (Camille),  sous-bibliothé- 
caire k  l'École  des  Beaux- Arts, 
à  Paris. 
*EsprNAS  (Georges),  attaché  à  la 
bibliothèque  du  ministère  des 
Affaires  étrangères,  à  Paris. 
*EsTiENNE  (Charles),  archiviste  du 

Morbihan,  à  Vannes. 
EvEN  (P.),  à  Paris. 
*Fagniez  (Gustave),  à  Meudon, 
Falk,  libraire,  à  Bruxelles. 
Farcy  (de),  à  Chàteau-Gontier. 

*  Faucon  (Maurice),  à  Ariane  (Puy- 

de-Dôme). 

*  Favre  (Camille) ,   colonel  briga- 

dier d'infanterie,  à  Genève. 
*Feugère  des  Forts  (Philippe),  à 

Paris. 
*FmoT  (Jules),  archiviste  du  Nord, 

à  Lille. 
*FiN0T  (Louis),  sous-bibliothécaire 

à  la  Bibliothèque  nationale,  à 

Paris. 
FiscHBACHER,  libraire,  à.  Paris. 
Flach  (Jacques),  professeur  au 

Collège  de  France,  à  Paris. 
*Flamare    (Henri  de),  archiviste 

de  la  Nièvre,  à  Nevers. 

*  Flam.mermont  (Jules),  professeur  à 

la  Faculté  des  lettres,  à  Lille. 
*Fleury  (Paul  de),  archiviste  de 

la  Charente,  à  Angoulême. 
*FoRGEOT  (Henri),  archiviste  aux 

Archives  nationales,  à  Paris. 
Fouchard,  au  Mans. 
FouiLHOux  (l'abbé),  à  Clermont- 

Ferrand. 
*FouRNiER    (Marcel),    professeur 
agrégé  à  la  Faculté  de  droit  de 
Caen,  à  Paris. 
*FoL'RNiER  (Paul),  professeur  à  la 
Faculté  de  droit,  à  Grenoble. 
FouRNiER  (l'abbé),  à  Arras. 

*  François  Saint-Maur,  ancien  pré- 

sident de  chambre  à  la  Cour 
d'appel,  à  Pau. 


*Fréminville  (Joseph  de)  ,  archiviste 
de  la  Loire,  à  Saint-Étienno. 
Frick,  libr.,  à  Vienne  (Autriche). 

*  Froment  (Albert),  à  Paris. 

■* Funck-Brentano  (Frantz),  sous- 
bibliothécaire  à  la  Bibliothèque 
de  l'Arsenal,  à  Paris. 

*Furgeot  (Henri),  sous-chef  de 
section  aux  Archives  natio- 
nales, à  Paris. 

"Gaillard  (Henri),  professeur  au 

collège  Stanislas,  à  Paris. 

Gama-Barros  (de),  à  Lisbonne. 

"Gauthier    (Jules),   archiviste  du 
Doubs,  à  Besançon. 
Gautier  (J.),  à  Paris. 

*  Gautier  (Léon),  membre  de  l'Ins- 

titut, chef  de  section  aux  Ar- 
chives nationales,  professeur  à 
l'Ecole  des  chartes,  à  Paris. 
Gebethner  et  C'«,  libraires,  à  Var- 
sovie. 

*  Gérard  (Albert),  sous-bibliothé- 

caire au  musée  Carnavalet,  à 
Paris. 

*GERBAUx(Fernand) ,  archiviste  aux 
Archives  nationales,  à  Paris. 

*Germiny  (Maxime  de),  à  Paris, 
Gerold  et  Ci«,  libraires,  à  Vienne 

(3  ex.). 
Giard  ,  élève  de  l'Ecole  des  chartes, 
à  Paris. 

*GiRAUDiN  (l'abbé),  supérieur  de 
philosophie  au  grand  sémi- 
naire, à  Bordeaux. 

*GiRY  (Arthur),  membre,  de  l'Ins- 
titut, professeur  à  l'École  des 
chartes,  à  Paris. 
Glasson,  membre  de  l'Institut,  à 
Paris. 

"GouBAUx  (Robert),  archiviste  aux 
Archives  nationales,  à  Paris. 

*GossiN  (Léon),  à  Paris. 

*Gp.andjean  (Charles),  secrétaire- 
rédacteur  au  Sénat,  à  Paris. 

*  Grand.maison  (Charles  de),  corres- 

pondant de  l'Institut,  archiviste 
honoraire  d'Indre-et-Loire,  à 
Tours. 

*Grandmaison  (Louis  de),  archi- 
viste d'Indre-et-Loire,  à  Tours. 

*Gréa  (dom),  abbé  de  Saint- An- 
toine (Isère). 
Gremaud   (l'abbé),  professeur,  à 
Fribourg  (Suisse). 


LISTE   DES   SOUSCRIPTEURS. 


733 


*GuÉRiN  (Paul),  secrétaire  des  Ar- 
chives nationales,  à  Paris. 
GuicHARD    DES   Ages,   à   Douhé- 
Vérac  (Vienne). 

*GuiFFREY  (Jules),  administrateur 
des  Gobelins,  à  Paris. 

*Guic.NARD  (Philippe),  bibliothé- 
caire de  la  ville,  à  Dijon. 

*GuiGUE  (Georges),  archiviste  du 
Rhône,  à  Lyon. 

"GuiuiiER.Moz  (Paul),  bibliothécaire 
honoraire   à   la    Bibliothèque 
nationale,  à  Paris. 
GiiLLAUME  (l'abbé),  archiviste  des 
Hautes-Alpes,  à  Gap. 

*  Guillaume  (Joseph),  professeur  à 

laFaculté  libre  des  lettres, àLille. 
Guillemot,  à  Paris. 
Hahn,  libraire,  à  Hanovre. 
*Hanotaux  (Gabriel),  membre  de 
l'Institut,  ministre  des  Affaires 
étrangères,  à  Paris. 
*Helleu  (Joseph),  à  Paris. 

*  Henry  (Abel),  à  Paris. 
*Herbomez(  Armand  D'),àTournay 

(Belgique). 

Herluison,  libraire,  à  Orléans. 
*Héron  be  Villefosse  (Antoine), 
membre  de  l'Institut,  conser- 
vateur au  musée  du  Louvre,  à 
Paris. 
*HiMLY  (Auguste),  membre  de 
l'Institut,  doyen  de  la  Faculté 
des  lettres,  à  Paris. 

Hinrichs,  libraire,  à  Leipzig. 

Hoche,  à  Paris. 
*HoppENOT  (Paul),  à  Paris. 

Houdebine,  à  Combrée  (Maine-et- 
Loire). 

Huard  (Robert),  élève  à  l'Ecole 
des  chartes,  à  Paris. 

Hubert,  archiviste  de  l'Indre,  à 
Ghàteauroux. 

*  Hugues  (Adolphe),  archiviste  de 

Seine-et-Marne,  à  Melun. 

*IsNARD  (Albert),  sous-bibliothé- 
caire à  la  Bibliothèque  natio- 
nale, à  Paris. 
Jacob,  archiviste  et  conservateur 
du  musée  de  la  ville,  à  Bar-le- 
Duc. 

*Jacob  (Orner),  stagiaire  à  la  Bi- 
bliothèque nationale,  à  Paris. 

*Jacqueton  (Gilbert),    avocat,  à 
Paris. 


Janvier,  à  Amiens. 
*Jarrv  (Eugène),  à  Orléans. 
*JouoN  des  LoNGRAis  (Frédéric),  à 
Rennes. 
Jullien,  libraire,  à  Genève. 
Kermaingant  (de),  à  Paris. 
*K()HLEn  (Charles),  bibliothécaire 
à  la  Bibliothèque  Sainte-Gene- 
viève, à  Paris. 
Kramers,  libraire,  à  Rotterdam 
(2  ex.). 
*Labande  (Léon-Honoré),  conser- 
vateur du  musée  Galvet,  à  Avi- 
gnon. 
*Laborde  (le  marquis  de),  à  Paris. 
*La  Borderie(  Arthur  de),  membre 
de  l'Institut,  à  Vitré  (lUe-et- 
Vilaine). 
*Labrouche  (Paul),  archiviste  des 

Hautes-Pyrénées,  à  Tarbes. 
*Lagaille  (lienri),  à  Paris. 
Lachenal,  ancien   receveur  des 

finances,  à  Brioude. 
La  Chesnais  (de),  au  château  de  la 

Salle  (Saone-et-Loire). 
Lacombe  (de),  à  Orléans. 

*  Lair  (Jules),  directeur  de  la  Com- 

pagnie des  entrepôts  et  maga- 
sins généraux,  à  Paris. 

*  Lalanne    (  Ludovic  ) ,    bibliothé- 

caire de  l'Institut,  à  Paris. 

*Laloy    (Emile),    sous-bibliothé- 
caire à  la  Bibliothèque  natio- 
nale, à  Paris. 
Lameere,  conseiller  à  la  cour,  à 

Bruxelles. 
Lamertin,  à  Bruxelles. 
Lamm  (Per),  librairie  Nilsson,  à 
Paris  (9  ex.). 

*Langlois  (Ch.-V.),  chargé  de 
cours  à  la  Faculté  des  lettres,  à 
Paris. 

*Langlois  (Ernest),  professeur  à  la 
Faculté  (les  lettres,  à  Lille. 

*La  Rochebrochard  (Henri  de),  au 
château  de  Boissoudan,  par 
Champdeniers  (Deux-Sèvres). 

*La  Roncière  (Charles  Bourel  de), 
sous-bibliothécaire  à  la  Biblio- 
thèque nationale,  à  Paris. 
Lascombe  (A.),  au  Puy-en-Velay. 

*  La  Serre  (Roger  Barbier  de) ,  con- 

seiller référendaire  à  la  Cour 
des  comptes,  à  Paris. 
*Lasteyrie  (le  comte  Robert  de), 


754 


LISTE   DES   SOUSCRIPTEURS. 


membre  de  l'Institut,  profes- 
seur à  l'École  des  chartes,  dé- 
puté, à  Paris. 

*Lauer  (Philippe),  à  Neuilly-sur- 
Seine. 

*Laurain  (Ernest),  archiviste  de 
la  Mayenne,  à  Laval. 

*Laurent  (Paul),  archiviste  des  Ar- 
dennes,  à  Mézières. 
Lebraly,  à  Brive. 

*  Le  Brethon  (Paul),  stagiaire  à  la 

Bibliothèquenationale,àParis. 
*Lecacheux  (Paul),  membre   de 

l'École  française,  à  Rome. 
*Lecestre  (Léon),    secrétaire-ad- 
joint des  Archives  nationales, 
à  Paris. 
Lechevalier,  libraire,  à  Paris. 
Leclerc   (l'abbé) ,  au  collège  de 

Vaugirard,  à  Paris. 
Lecorvec,  à  Paris. 
'Ledos  (Eugène-Gabriel),  sous-hi- 
bliothécaire  à  la  Bibliothèque 
nationale,  à  Paris. 
Lefeuvre,  à  Jersey. 
*Lefèyre   (André),    professeur   à 
rÉcoled'anthropologie,à  Paris. 

*  Lefèvre  -  Pontalis   (  Eugène  ) ,  à 

Paris. 

*Lefèyre-Pontalis  (Germain),  se- 
crétaire d'ambassade,  à  Paris. 

*Lefrang  (Abel),  secrétaire  du 
Collège  de  France,  à  Paris. 

*Le  Grand  (Léon),  archiviste  aux 
Archives  nationales,  à  Paris. 

*Lelong  (Eugène),  archiviste  aux 
Archives  nationales,  à  Paris. 
Lemaire,  à  Paris. 

*Lemoine  (Jean),  rédacteur  au  Mi- 
nistère de  la  guerre,  à  Paris. 

*Lempnnier  (Henry),  professeur  à 
l'École  des  beaux-arts,  chargé 
de  cours  à  la  Faculté  des  lettres, 
à  Paris. 

*Lempereur  (Louis),  archiviste  de 
l'Aveyron,  à  Rodez. 

*LÉONARnoN  (Henri),  conservateur 
adjoint  de  la  Bibliothèque,  à 
Versailles. 
Léotard,   sous-bibliothécaire  de 
la  ville,  à  Montpellier. 

*Leroux  (Alfred),  archiviste  de  la 
Haute- Vienne,  à  Limoges. 
Lesort  (André),  élève  de  l'École 
des  chartes,  à  Paris. 


Le  Soudier,  libraire,  à  Paris  (H 

ex.). 
Le  Sourd  (le  D'),  à  Paris. 

*Lespinasse  (René  de),  à  Paris. 

L'Estourbeillon  (le  marquis  de), 
à  Vannes. 

Lestringant,  libraire,  à  Rouen. 

Lévèque,  à  l'abbaye  Sainte-Ma- 
deleine, à  Marseille. 

Lévis-Mirepoix  (le  duc  de),  au 
château  de  Léran  (Ariège). 

*  Lex  (Léonce),  archiviste  d  e  Saône- 

et-Loire,  à  Mâcon. 
*L'Hermitte   (Julien),    archiviste 
de  la  Corrèze,  à  Tulle. 
LiÉNARD,  secrétaire  de  la  Société 
philomathique,  à  Verdun-sur- 
Meuse. 
Loesgher  et  Qie,  libraires,  à  Rome. 
LoNGNON  (Auguste),  membre  de 

l'Institut,  à  Paris. 
Lorenz  (Alf.),  libraire,  à  Leipzig. 
*Loriquet  (Henri),  archiviste  du 

Pas-de-Calais,  à  Arras. 
*LoT  (Ferdinand),  bibliothécaire  à 

la  Sorbonne,  à  Paris. 
*LoTH  (Arthur),  à  Versailles. 
Louis-LucAs,  professeur  à  la  Fa- 
culté de  droit,  à  Dijon. 
*LoYE  (Augustin  de),  ancien  con- 
servateur du  Musée  Galvet,  à 
Avignon. 
*Maisonobe  (Abel),  archiviste  de 
Tarn-et-Garonne,  à  Montau- 
ban. 

*  Maître  (Léon),  archiviste  de  la 

Loire-Inférieure,  à  Nantes. 
*Mandrot  (Bernard  de),  à  Paris. 

*  Manneville  (le  vicomte  Henri  de), 

secrétaire  d'ambassade,  à  Paris. 
*Manteyer  (Georges  de),  membre 
de  l'École  française,  à  Rome. 
Marais,  chef  d'escadron  d'artille- 
rie, à  Poitiers. 

*  Marais  (Paul),  bibliothécaire  à  la 

Bibliothèque  Mazarine,  à  Paris. 
Marchant,    curé    de    Varambon 

(Ain).- 
*Marichal  (Paul),  archiviste  aux 

Archives  nationales,  à  Paris. 
*Marsy    (le  comte  de),    à  Com- 

piègne. 

*  Martel  (Félix),  inspecteur  géné- 

ral de  l'enseignement  primaire, 
à  Garches  (Seine-et-Oise). 


I 


LISTE    DES   SOUSCRIPTEDRS. 


755 


•Martin  iHenry),  conservateur  ad- 
joint à  la  bibliothèque  de  l'Ar- 
senal, à  Paris. 
* Marty-L-utiaux  (Charles),  à  Vi- 

try-sur-Seine. 
*Mas  Latrie  (le  comte  René  de), 
chef  de  bureau  au  ministère  de 
l'Instmction  publique,  à  Paris. 
Masso  y  Casas,  à  Barcelone. 
Masson,  à  Amiens. 
*Mathorez  (Jules),  à  Paris. 
*Maulde  La  Cla\7ère  (René  de), 

à  Paris. 
Maumus,  avocat,  à  Mirande. 
*Mazerolle  (Fernand),  archiviste 

de  la  Monnaie,  à  Paris. 
"Merlet  (René),  archiviste  d'Eu- 
re-et-Loir, à  Chartres. 
*Meunier  du  Houssoy  (Ernest),  à 

Paris. 
Mévil  (M™e  Sainte-Marie),  à  Vié- 

ville  (Haute-Marne). 
Meyer,  à  Paris. 
*MEYER(Paul),  membre  de  l'Insti- 
tut ,   directeur  de  l'École  des 
chartes,  à  Paris. 
Meynial,  professeur  à  la  Faculté 

des  lettres,  à  Montpellier. 
MiLLARD,   curé   de   Saint -Gond 

(Marne). 
MiREUR,   archiviste   du    Var,    à 
Draguignan. 
*Mirot  (Léon),  archiviste  aux  Ar- 
chives nationales,  à  Paris. 
MoixDROT,  libraire,  à  Romorantin. 
*MoLARD  (Francis),  archiviste  de 

l'Yonne,  à  Auxerre. 
*MoLrN7ER  (Auguste),   professeur 
à  l'Ecole  des  chartes,  à  Paris. 
*MoLiNiER  (Emile),  conservateur 
au  musée  du  Louvre,  à  Paris. 
*  MoNCLAR  (le  marquis  DE),  ministre 
plénipotentiaire ,    au    château 
d'Allemagne  (Basses- Alpes). 
MoNLÉON  (de),  à  Banastron. 
*MoRANViLLÉ   (Henri),    bibliothé- 
caire  honoraire   à  la   Biblio- 
thèque nationale,  à  Paris. 
MoRÉ  (Louis),  libraire,  à  Paris. 
*MoREL    (Octave),   archiviste    de 

l'Ain,  à  Bour^. 
*Morel-Fatio  (Alfred),  secrétaire 
de  l'École  des  chartes,  à  Paris. 
*Moris  (Henri),  archiviste  des  Al- 
pes-Maritimes, à  Nice. 


*MoRTET  (Charles),  conservateur 
à  la  Bibliothèaue  Suinte-Gene- 
viève, à  Neuilly-sur-Seine. 

*MoRTET  (Victor),  bibliothécaire  à 
la  Sorbonne,  à  Neuilly-sur- 
Seine. 

Naurois  (Albert  de),  à  Paris. 

Nepolsky,  à  Paris. 
*Nerlinger  (Charles),  stagiaire  à 
la  Bibliothèque  nationale,  à 
Paris. 
*Neuville  (Didier),  chef  de  bureau 
au  ministère  de  la  Marine,  à 
Paris. 

Nierstrasz,  libraire,  à  Liège. 

NijHOFF,  à  la  Haye. 

Nolval  (Alfred), "à  Paris. 

NoRDHOiF,  à  Groningue. 
*NoRMANn  (Jacques),  à  Paris. 

Nutt  (David),  libraire,  à  Londres 
(2  ex.). 

Oleire  (d'),  libraire,  à  Strasbourg. 

Olivier  (Ém.),  à  Lyon. 
*Omo-\t  (Henri),  conservateur  ad- 
joint à  la  Bibliothèque  natio- 
nale, à  Paris. 

OxGANiA  ET  C'*,  libraires,  à  Ve- 
nise. 

*  Paillard,  ancien  préfet,  à  Charly, 

par  Cluny. 

*  Palustre  (  Bernard  ) ,   archiviste 

des    Pyrénées  -  Orientales  ,    à 
Perpignan. 

Pange    (le  comte  de)  ,  à  Saint- 
Germain-en-Laye. 
'Paradis,  curé  de  Sainte-Margue- 
rite, à  Paris. 

Parent  de  Rosan,  à  Paris. 

*  Parfoiru  (Paul),  archiviste  d'IUc- 

et-Vilaino,  à  Rennes. 

*  Paris  (Gaston),  membre  de  l'Ins- 

titut, administrateur  du  Collège 
de  France,  à  Paris. 
Parker,  libraire,  à  Oxford  (2  ex.). 
Pascal  (de),  à  Paris. 
*Pasquier  (Félix),   archiviste  de 
la  Haute-Garonne,  à  Toulouse. 
*Passy  (Louis),  député,  à  Paris. 

Payot,  à  Lausanne. 
*Pécoul  (Auguste),  à  Paris. 
Peelmann  (J.),  à  Paris. 
Peeters,  à  Louvain. 
*Péligier  (Paul),  archiviste  delà 
Marne,  à  Chàlons-sur-Marne. 
Pelizza,  à  Cannes. 


756 


LISTE   DES   SOUSCRIPTEURS. 


*  Peretti  de  ia  Rocca  (Emmanuel 

DE),  attaché  au  ministère  des 
Affaires  étrangères,  à  Arcueil 
(Seine). 

*Périn  (Jules),  avocat,  à  Paris. 
Petit  (Joseph),  à  Paris. 

*Petit-Dutahxis  (Charles),  chargé 
de  cours  à  la  Faculté  des  let- 
tres, à  Lille. 
Petronkevitch,  à  Eever. 

*PmLippoN  (Georges),  à  Paris. 

*  Picard  (Auguste) ,  libraire-éditeur, 

à  Paris. 
*Planchenault  (Adrien),  à  Angers. 
*Poëte  (Marcel),  bibliothécaire  de 
la  ville,  à  Besançon. 
Pogatsgher  (D''  h.),  à  Rome. 
Poitevin,  à  Paris. 
PoRÉE,    curé    de    Bournainville 
(Eure). 
*PoRÉE  (Charles),  archiviste  de  la 
Lozère,  à  Mende. 
Porquet,  libraire,  à  Paris. 
*Port  (Célestin),  membre  de  l'Ins- 
titut, archiviste  de  Maine-et- 
Loire,  à  Angers. 
*Portal  (Charles),  archiviste  du 

Tarn,  à  Albi. 
*PouGiN  (Paul),  à  Paris. 
PouPARDiN  (René),  élève  de  l'E- 
cole des  chartes,  à  Paris. 
*Prinet  (Max),  archiviste  aux  Ar- 
chives nationales,  à  Versailles. 
*Prost  (Bernard),  inspecteur  gé- 
néral des  Bibliothèques  et  Ar- 
chives, à  Paris. 
*Prou  (Maurice),  bibliothécaire  à 
la   Bibliothèque   nationale,  à 
Paris. 
*Prudhomme  (Auguste),  archiviste 

de  l'Isère,  à  Grenoble. 
"PuYBAUDET  (Guv  de),  membre  de 
l'École  française,  à  Rome. 
Quarré,  libraire,  à  Lille. 
Quidde  (le  D""),  à  Munich. 
*Raguenet    de    Saint -Albin   (Oc- 
tave), à  Orléans. 
Rangogne  (P.  be),  à  Angoulème. 
Ranschrurg,  à  Buda-Pest. 
Rault  (l'abbé),  à  Gausson  (Gôtcs- 
du-Nord). 
*Raunik  (Emile),  à  Paris. 
*Raynaud  (Gaston),  bibliothécaire 
honoraire  à  la  Bibliothèque  na- 
tionale, à  Paris. 


Reber,  libraire,  à  Palerme. 
*Rébouis  (Emile),  à  Paris. 
Reboul  (Gab.),  à  Brignoles  (Var). 

*  Régnier,  à  Évreux. 

*  Rendu  (Armand),  à  Paris. 

*Reynaud  (Félix),  archiviste  ad- 
joint des  Bouches-du-Rhône,  à 
Marseille. 

Rhodes,  à  Manchester. 
*RiAT  (Georges),  stagiaire  à  la  Bi- 
bliothèque nationale,  à  Paris. 

*  Richard   (Alfred),  archiviste    de 

la  Vienne,  à  Poitiers. 

*  Richard  (Jules-Marie),  à  Cossé- 

le-Vivien  (Mayenne). 
*Richebé  (Raymond),  à  Paris. 
Richemond  (de),  archiviste  de  la 
Charente-Inférieure,  à  la  Ro- 
chelle. 
*RicHOu  (Gabriel),  conservateur  de 
la  bibliothèque  de  la  Cour  de 
cassation,  à  Paris. 
*RiGAULT  (Abel),  attaché  aux  ar- 
chives du  ministère  des  Affaires 
étrangères,  à  Paris. 
Ristelhuber  (P.),  à  Strasbourg. 
Rivière,  à  Toulouse. 
Robert  (l'abbé),  à  Paris. 

*  Robert  (Ulysse),   inspecteur  gé- 

néral des  bibliothèques  et  ar- 
chives, à  Saint-Mandé  (Seine). 

*Rocquain  (Félix),  membre  de 
l'Institut,  chef  de  section  aux 
Archives  nationales,  à  Paris. 

*Romanet  (le  vicomte  de),  au  châ- 
teau  des   Guillets,   par  Mor- 
tagne  (Orne). 
RosEROT,  archiviste  des  archives 

historiques,  à  Chaumont. 
RosNY  (de),  à  Boulogne-sur-Mer. 
Rothschild   (la   bibliothèque  du 
baron  J.  de),  à  Paris. 

*RoucHON  (Gilbert),  archiviste  du 
Puy-de-Dôme,  à  Clermont-Fer- 
rand. 

*  Roussel  (Ernest),  archiviste  de 

l'Oise,  à  Beauvais. 
Roux,  libraire,  à  Turin. 
*Roux  (Henri  de),  sous-bibliothé- 
caire à  la  Bibliothèque  natio- 
nale, à  Paris. 
Roux  Di  Renzo,  à  Paris.^ 
*RoY  (Jules),  professeur  à  l'Ecole 
des  chartes,  à  Paris. 
RuEF,  libraire,  à  Anvers. 


MSTi:    DES   SOCSCRlPTECnS. 


757 


Sabatier,  à  ChantPgrillpri  Drôme). 
*Saige  (Gustave),    correspondant 
de  l'Institut,  conservateur  des 
archives  du  palais,  à  Monaco. 

*  Sainte- Agathe  (le  comte  de)  ,  à  Be- 

sançon. 

*  Salles  (Georges),  auxiliaire  de 

l'Institut,  à  Paris. 
S.^LLEs  DE  Macedo,  à  Rio-de- Ja- 
neiro. 
"Salone    (Emile),    professeur   au 

lycée  Condorcet,  à  Paris. 
Samson  et  Wallin,  à  Stockholm. 
Sassenay  (le  marquis  de),  à  Paris. 
Sghepens,  libraire,  à  Bruxelles. 
ScHLEicHER   frèrcs ,    libraires,   à 

Paris  (3  ex.). 
*Schmidt  (Charles),  archiviste  de 

l'Yonne,  à  Auxerre. 
ScuuLz,  libraire,  à  Paris. 
*ScuLFORT  (Henry),  à  Maubeuge 

(Nord). 
Séquenot,  à  Paris. 
Seigneur  (l'abbé),  à  Paris. 
*Senneville  (Gaston  de),  conseil- 
ler référendaire  à  la  Cour  des 

comptes,  à  Paris. 
*Sepet  (Marius),  bibliothécaire  à 

la  Bibliothèque   nationale,   à 

Paris. 
Serrât  (L.),  élève  de  l'Ecole  des 

chartes,  à  Paris. 
*Servois  (Gustave),  directeur  des 

Archives,  à  Paris. 
Sigkel    (Th.   von),  directeur  de 

l'Institut    autrichien   d'études 

historiques,  à  Rome. 
*SoEii.\ÉE    (Frédéric),    archiviste 

aux    Archives    nationales,    à 

Paris. 
*SoEHNÉE  (Guillaume),  à  Pau. 
*SoucHON  (Joseph),  archiviste  de 

l'Aisne,  à  Laon. 
*Soullié    (Louis),    à    Gumières 

(Marne). 
*SouRY  (Jules),  sous-bibliothécaire 

à  la  Bibliothèque  nationale,  à 

Paris. 
*SoYER    (Jacques),  archiviste  du 

Cher,  à  Bourges. 
Spirgatis,  libraire,  à  Leipzig. 
*Spont  (Alfred),  à  Paris. 
SxEiCHERTetC'e,  Ubraires,  à  New- 
York  (6  ex.). 


*Stein  (Henri),  archiviste  aux  Ar- 
chives nationales,  à  Paris. 

"Tardif  (Joseph),  avocat,  à  Paris. 

*Tausserat  -  Radel  (  .\lexandre) , 
sous-chef  de  bureau  au  minis- 
tère des  Allaires  étrangères,  à 
Paris. 

*Teilhard  DE  Chardin  (Emmanuel), 
à  Clermont-Ferrand. 
Tempier  (Dauphin),  archiviste  des 
Cùtes-du-Nonl,  à  Saint-Brieuc. 
Terquem,  libraire,  à  Paris. 

*  Terrât  (Barthélémy),  professeur 

à  l'Institut  catholique,  à  Paris. 
*Teulet   (Raymond),    archiviste 
honoraire  aux  Archives  natio- 
nales, à  Panet,  par   Fronsac 
(Gironde). 
Thirault,  à  Paris. 
*Thiollier  (Noël),  à  St-Étionne. 
Thoison,  à   Larchan   (Seine-et- 
Marne). 
*Tholin  (Georges) ,  archiviste  de 
Lot-et-Garonne,  à  Ageu. 
Thomas,  libraire,  à  Paris. 

*  Thomas  (Antoine),  chargé  de  cours 

à  la  Faculté  des  lettres,  à  Paris. 
Thorin,  libraire,  à  Paris  (2  ex.). 
*TiERNY(Paul),  archiviste  du  Gers, 
à  Auch. 
ToucHEBEUF,  avocat,  à  Brioude. 
*Tournouër  (Henri),  à  Paris. 

*  Tranchant  (Charles),  ancien  con- 

seiller d'État,  à  Paris. 

'Travers  (Emile),  ancien  conseil- 
ler de  préfecture,  à  Caen. 

*Tr.vvers  (Henry),  attaché  à  la  Bi- 
bliothèque nationale,  à  Paris. 
Treuttel  et  WiJRTz,  libraires,  à 

Strasbourg  (2  ex.). 
Triger  (Robert),  au  Mans. 

*Trouillard  (Guy),  archiviste  de 
l'Ariège,  à  Foix. 

*Trudon  des  Ormes  (Amédée), 
sous-bibliothécaire  à  la  Biblio- 
thèque nationale,  à  Paris. 

"Tuetey  (Alexandre),  sous-chef  de 
section   aux    Archives    natio- 
nales, à  Paris. 
Urquehart,  à  Oxford. 

*Vaesen  (Joseph),  à  Paris. 

*Vaissière  (Pierre  de),  archiviste 
aux  Archives  nationales,  à 
Paris. 


758 


LISTE   DES   SOUSCRIPTEURS. 


Vallet   de   Viriville    (M™«)  ,    à 

Paris. 
*  Valois   (Noël),  archiviste  hono- 
raire aux  Archives  nationales, 
à  Paris. 
Van  Stockum,  à  la  Haye. 
Vauvilliers,  avoué,  à  Dijon. 
*Vernier  (Jules),  archiviste  de  la 

Savoie,  à  Chambéry. 
'Vétault  (Alphonse),    bibliothé- 
caire-archiviste de  la  ville,  à 
Rennes. 
*Veyrier  du  Muraud,  premier  vi- 
caire, à  Neuilly  (Seine). 
*Viard    (Jules),    archiviste    aux 
Archives  nationales,  à  Saint- 
Mandé  (Seine). 
ViDiER,  élève  de  l'École  des  char- 
tes, à  Paris. 
Vignat,  à  Orléans. 
*ViLLEPELET   (Robert),   archiviste 
aux    Archives    nationales,    à 
Paris. 
*Vi0LLET  (Paul),  membre  de  l'Ins- 


titut, professeur  à  l'École  des 
chartes,  bibliothécaire -archi- 
viste de  la  Faculté  de  droit,  à 
Paris. 
*ViREY  (Jean),  à  Paris. 

Vyt,  libraire,  à  Gand. 
*Walckenaer  (André),  attaché  à 
la   Bibliothèque   Mazarine,    à 
Paris. 

Wallon  (H.),  secrétaire  perpétuel 
de  l'Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres,  à  Paris. 

Watteville  (le  baron  de),  direc- 
teur honoraire  au  ministère  de 
l'instruction  publique,  à  Paris. 

Welter,  libraire,  à  Paris  (13  ex.). 
*Welvert    (Eugène),   secrétaire- 
adjoint    des    Archives   natio- 
nales, au  Ghesnay  (Seine-et- 
Oise). 

Wescher,  conservateur  adjoint 
honoraire  à  la  Bibliothèque 
nationale,  à  Paris. 


-^fir^  »-^-^ 


TABLE  DES  MATIÈliES. 


I'»f.Tlt 

La  mort  et  les  funérailles  de  Philippe  le  Bel,  par  Gh.  liau- 

don  de  Mony 5 

Un  nouveau  calendrier  romain  tiré  dos  Tastes  d'Ovido,  par 

H.  Omont 15 

Les  collections  canoniques  attribuées  à  Yves  de  Chartres,  par 

P.  Fournier \ÎG, -J'Jii,  410,  022 

Documents  concernant  divers  pays  de  l'Orient  latin,  i)ar  le 

comte  L.  de  Mas  Latrie 78 

Les  travaux  de  Dupuy  sur  le  Trésor  des  chartes  et  les  ori- 
gines du  supplément,  par  H. -François  Doiaborde  ....  i"2G 
Documents  français  remis  au  gouvernement  anglais  à  la  suite 

du  traité  de  Brétigny,  par  J.  Viard 155 

La  numérotation  grecque  des  Annales  de  Fbxloard,  [lar  Pli. 

Lauer ■-'■il 

Un  traité  de  physique  et  d'alchimie  du  xv«  siècle  en  écriture 

cryptographique,  par  IL  Omont 253 

Marguerite  de  Navarre  et  le  platonisme  de  la  Renaissance,  par 

A.  Lefranc 259 

Notice  sur  un  psautier  du  xiii«  siècle  appartenant  au  comte  de 

Grawford,  par  L.  Delisle 381 

Un  inventaire  de  bord  en  1204  et  les  origines  de  la  navigation 

hauturière,  par  G.  de  la  Iloncière 3i»i 

Notice  sur  un  texte  concernant  l'histoire  de  la  Gaule  au  v  siècle 

de  notre  ère,  par  H.  d'.\rbois  de  Jubainville 445 

Notice  sur  un  abrégé  en  français  de  la  chronique  universello 

de  Robert  de  Saint-Marien  d'Auxerre,  d'après  un  manuscrit 

du  Musée  Gondé,  par  L.  Delisle -j'y» 

La  Marine  au  siège  de  Galais,  par  G.  de  la  Roncièrc .     .     .  554 


760  TABLE    DES    MATIERES. 

Sylvestre  Budes  (13??-1380)  et  les  Bretons  en  Italie,  par  Léon 

Mirot 5^^ 

De  la  date  initiale  des  annales  de  Flodoard,  par  C.  Couderc    .  615 

Bibliographie "IGS,  327,  450,  677 

Livres  nouveaux 180,  346,  474,  699 

Chronique  et  mélanges 205,  370,  500,  719 

Liste  des  souscripteurs 1^'^ 


TABLE  ALPHABÉTIQUE'. 


Académie  des  inscriptions,  377, 
506,  7-26. 

Alcliimie  (Traité  d')  en  écriture 
cryplographique,  253. 

Alfonse  de  Poitiers  (Correspon- 
dance administrative  d'),  327. 
*André.  (Édouardi,  correspondant 
du  Ministère  de    l'Instruction 
publique,  375. 

Angleterre  (Projet  de  transférer 
au  roi  d'j  le  titre  de  roi  très 
chrétien,  239. 

Annales  deSaint-Louis-des-Eran- 
çais,  239. 

Annales  de  Flodoard  :  numérota- 
tion grecque,  241  ;  date  ini- 
tiale, 615. 

Antiquaire  poitevin  (Carnet  de 

voyage  d'un),  344. 
*Arbois  de  Jubainville  (Henri  d'). 
Études  grammaticales  sur  les 
langues  celtiques,  173.  —  No- 
tice sur  un  texte  concernant 
l'histoire  de  la  Gaule  au  v^  siè- 
cle de  notre  ère,  445. 

Archives  (Réorganisation  du  ser- 
vice des),  215. 

Archives  de  la  ville  de  Montpel- 
lier :  inventaires,  338. 

Archives  (anciennes)  des  bureaux 
des  domaines,  516. 

Archivistes  départementaux.  — 
Les  services  rendus  par  eux  dans 
leurs  emplois  ajoutés  pour  la 
pension  à  ceux  qu'ils  rendent 
dans  les  emplois  rémunérés  par 
l'État,  218. 

Arnaud  de  Bruxelles  (l'imprimeur 
napolitain),  741. 


Arpentage  (Un  nouveau  texte  des 
traités  d'  )  et  de  géométrie 
d'Épapliroditus  et  de  Vitruvius 
Rufus,  699. 

Art  ancien  à  l'Exposition  natio- 
nale suisse,  467,  746. 

Assise  :  voir  François  d'Assise 
(d').  Pardon  d'Assise. 

Associations  et  grèves  des  ouvriers 

papetiers,  745. 
*Aubert  (Félix).  —  Compte  ren- 
du  :   Histoire  du  droit  et  des 
institutions  de  la  France,  165. 

Auditeurs  au  Conseil  d'État  (di- 
plôme de  l'École  des  chartes 
demandé  au  concours  pour  les 
places  d'),  219. 

Autua  (Bréviaire  d')  imprimé  à 

Rouen  en  1507,  524. 
*Auvray  (Lucien),  officier  d'Aca- 
démie, 376.  —  Comptes  ren- 
dus :  Inventario  dei  manoscrilti 
délia  bibliotccadi  Perugia,  176; 
Étude  critique  sur  la  conces- 
sion de  l'indulgence  de  la  Por- 
tioncule,  694  ;  un  nouveau  cha- 
pitre de  la  vie  de  saint  François 
d'Assise,  694. 

*Babelon  (Ernest).  —  Discours 
aux  obsèques  de  Lecoy  de  la 
Marche,  209.  —  Compte  rendu  : 
les  Plantes  dans  l'antiquité  et 
au  moyen  âge,  697. 

Babu  (Poésies  de  Jean),  curé  de 
Soudan,  172. 

*Barroux  (Marius),  officier  d'Aca- 
démie, 376. 

•Barthélémy  (Anatole  de),  mem- 
bre de  la  commission  de  comp- 


1.  Les  noms  précédés  d'un  astérisque  sont  ceux  des  archivistes  paléographes 
ou  anciens  élèves  pensionnaires  de  l'École  des  chartes. 


762 


TABLE   ALPHABETIQUE. 


tabilité  de  la  Société  de  l'École 

des  chartes,  370. 
*Baudon  de  Mony  (Ch.),  lauréat 

du  2"  prix  Gobert  à  l'Acarlémie 

des  inscriptions,  377,  728.  — 

La  mort  et  les  funérailles  de 

Philippe  le  Bel,  5. 
*Beissel  (Stefan),  Vaticanische  Mi- 

niaturen,  681. 
Belge  ^Monasticon),  464. 
Belges  (prieurés)    de  l'ordre    de 

Cluny,  4G-!. 
Bellucci  (Alessandro),  Inventario 

dei  manoscritli  délia  biblioteca 

di  Perugia,  176. 

*  Bémont  (Charles) ,  officier  de  l'Ins- 

truction publique,  505. 

*Berger  (Élie),  suppléantdu  cours 
de  paléographie  à  l'École  des 
chartes,  374;  professeur,  719. — 
Léon  Gautier,  723.  —  Comptes 
rendus  :  Correspondance  admi- 
nistratived'Alfonse  de  Poitiers, 
327;  l'Islande  avant  le  chris- 
tianisme, 342. 
Berlière  (dom  Ursmer),  Monasti- 
con  belge,  464. 

*Berthelé  (Joseph),  correspondant 
du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375  ;  officier  de  l'Ins- 
truction publique,  376;  chargé 
de  cours  à  l'Université  de  Mont- 
pellier, 506  ;  Archives  de  la 
ville  de  Montpellier,  inventai- 
res et  documents,  338;  Carnet 
de  voyage  d'un  antiquaire  poi- 
tevin, 344. 

*Berthou  (Paul  de),  Cartulaire  de 
l'abbaye   de  Sainte -Croi.K   de 
Quiraperlé,  460,  509,  731. 
Biblioteca  di  Perugia  (Inventario 

dei  manoscritti  délia),  176. 
Bibliothèque  de  Strasbourg,  his- 
toire de  sa  formation,  473. 
Bibliothèques  publiques  des  villes 
(Décret  relatif  aux),  510. 

*Bloch  (Camille),  correspondantdu 
Ministère  de  l'Instruction  pu- 
blique, 375  ;  officier  d'Acadé- 
mie, 376. 

*Bonin  (Eudes-Charles),  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur,  725  ; 
bénéficiaire  de  la  fondation 
Garnier,  736. 

*  Bourbon   (Georges),    correspon- 


dant du  Ministère  de  l'Instruc- 
tion publique,  375. 

*  Bourde    de   la  Rogerie    (Henri), 

archiviste  du  Finistère,  375. 

*  Bourgeois  (Alfred  i,  correspondant 

du   Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375. 

Bretagne  :  voir  Société  d'études 
historiques.  Trésor  des  chartes. 

Bretagne  (Confirmation  par  saint 
Louis  d'un  traité  conclu  entre 
le  duc  de)  et  André  de  Vitré, 
518. 

Brétigny  (  Documents  français 
rerais  au  gouvernement  anglais 
à  la  suite  du  traité  de),  155. 

Breton  (Glossaire  moyen),  173. 

Bretons  (les)  en  Italie,  579. 

Bréviaire  d'Autun  imprimé  à 
Rouen  en  1507,  524. 

Briquet,  Associations  et  grèves 
des  ouvriers  papetiers  en  Fran- 
ce, 745. 
*Bruchet  (Max),  correspondant  du 
Ministère  de  l'Instruction  pu- 
blique, 375. 
*Bruel  (Alexandre),  membre  de  la 
commission  de  comptabilité  de 
la  Société  de  l'École  des  char- 
tes, 370  ;  chef  de  section  aux 
Archives  nationales,  724.  — 
Comptes  rendus  :  Cartulaire  de 
l'abbaye  de  Sainte -Croix  de 
Quimperlé,  460  ;  les  Prieurés 
belges  de  l'ordre  de  Cluny,  462; 
Annales  de  la  ville  de  Romans, 
691  ;  la  Bienheureuse  Philippe 
de  Chantemilan,  693. 
*Brutails  (J.-Aug.),  correspondant 
du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375. 

Budes  (Sylvestre)  et  les  Bretons 
en  Italie,  579. 

Calais  (la  Marine  au  siège  de), 
554. 

Calendrier  romain  tiré  des  Fastes 
d'Ovide,  15. 

Canoniques  (les  Collections)  attri- 
buées à  Yves  de  Chartres,  26, 
293,  410,  622. 

Carnet  de  voyage  d'un  antiquaire 
poitevin,  344. 

Cartulaire  de  l'abbaye  de  Sainte- 
Croix  de  Quimperlé,  460  ;  gêné- 


TABLE  ALPHABETIQUE. 


763 


rai  de  l'ordre  des  Hospitaliers, 
686. 

Castets  (Ferdinand),  Archives  de 
la  ville  de  Montpellier.  Inven- 
taire et  documents,  338. 

Cathédrales  (les  Grandes)  du 
monde  catholique,  466. 

Catholiques  (Compte  rendu  du 
3^"  Congrès  scientifique  inter- 
national des),  345. 

Cave  (Le  sac  de  Rome,  relation 
inédite  de  Jean),  343. 

Celtiques  (Études  grammaticales 
sur  les  langue?),  173. 

Chantemilan  (Bienheureuse  Phi- 
lippe de),  voir  Philippe. 

Charles  VII  (Épitaphc  de),  240. 

Chartes  (Trésor  des),  voir  Trésor. 

Chartres  (Yves  de),  voir  Yves. 
*Chassériaud  (Henri),    archiviste 

paléographe,  206. 
'Chatel  (^Eugène),  chevalier  de  la 

Légion  d'honneur,  725. 
"Chavanon  (Jules),  correspondant 
du   Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375. 

Chevalier  (Jules),  Etudes  histori- 
ques sur  l'église  et  la  ville  de 
Die,  335. 

Chevalier  (Dr  Ulysse),  Annales 
de  la  ville  de  Romans,  691. 

Chronicon  Henrici  Knighton  vel 
CniUhon,  340. 

Chronique  universelle  (Notice  sur 
un  abrégé  en  français  de  la)  de 
Robert  de  Saint-Marien  d'Au- 
xerre,  525. 
*Claudon  (Ferdinand),  correspon- 
dant du  Ministère  de  l'Instruc- 
tion publique,  375. 
*Clédat  (Léon),  chargé  de  cours  à 

l'Université  de  Lyon,  506. 
•Clément  (abbé  Maurice),  aumô- 
nier de  la  maison  d'éducation 
de  la  Légion  d'honneur  à  Saint- 
Denis,  506. 

Cloquet  (L.),  les  Grandes  cathé- 
drales du  monde  catholique, 
466. 

Clunisiens  (les  Prieurés)  de  l'an- 
cien diocèse  de  Liège,  462. 

Cluny  (les  Prieurés  belges  de 
l'ordre  de),  462. 

Cnitthon,  voir  Knighton. 


Code  théodosien  (le)  de  Jacques 
Godefroy,  378. 

Codice  (il)  atlanlico  di  Leoiiardo  da 
Vinci,  178. 

Collections  canoniques  attribuées 
à  Yves  de  Chartres,  26,  293, 
410,  022. 

Commcatibus(de  exercituum)^  329. 

Concours  de  la  Société  des  Anti- 
quaires de  Picardie,  377. 

Congrès  scientifique  international 
des  catholiques  (Compte  rendu 
du  3"),  345. 

Conseil  d'État  (auditeurs  au), 
voir  Auditeurs. 

Correspondance     administrative 

d'AUbnse  de  Poitiers,  327. 
*  Couard  (Emile),  correspondant 
du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375. 
*Coudcrc  (Camille).  —  De  la  date 
initiale  des  Annales  de  Flo- 
doard,  615.  —  Un  nouveau  ma- 
nuscrit du  Manuel  d'histoire 
de  Philippe  VI,  741.  — Comptes 
rendus  :  Vaticanische  Minialu- 
ren,  681;  Relation  du  pèleri- 
nage à  Jérusalem  de  Nicolas  de 
Martoni,  688. 

*Goulon  (Auguste),  ses  travaux 
à  l'École  de  Rome,  220,  740; 
archiviste  aux  Archives  natio- 
nales, 724. 

*Couraye  du  Parc  (Joseph).  — 
Comptes  rendus  :  un  Trouvère 
picard  des  xu^  et  xni«  siècles  ; 
Raoul  de  Houdenc,  452;  Mi- 
chel Menot,  453  ;  The  system  of 
courtlxj  love,  684. 

*Courteault  (Henri),  secrétaire  de 
la  Société  de  l'École  des  char- 
tes, 370. 

Coiirlly  love  (tlie  System  of  the), 
684. 

Coutumiers  de  Normandie,  330. 

Crawford  (Notice  sur  un  psautier 
du  xni''  siècle  appartenant  au 
comte  de),  381. 

Croisade  (la)  au  xiv«  siècle,  169. 

Cryptographique  (Écriture),  voir 

Écriture. 
Dante  (The  System  of  the  courtly 
love  studied  as  an  introduction 
to  the  Vila  Nuova  of),  684. 


76^ 


TABLE   ALPHABETIQOE. 


'Dau met  (Georges),  ses  travaux  à 
l'Ecole  de  Rome,  221;  archi- 
viste aux  Arcliives  nationales, 
374. 

^Delaborde  (H.-François),  sous- 
chef  de  section  aux  Archives 
nationales,  37'i.  —  Les  travaux 
de  Uupuy  sur  le  Trésor  des 
chartes  et  les  origines  du  sup- 
plément, 126.  —  Mort  de  Léon 
Gautier,  500. 

'Delaville  Le  Roulx  (Joseph),  Car- 
tulaire  général  de  l'ordre  des 
Hospitaliers,  086. 

'Delisle  (Léopold),  membre  de  la 
commission  de.  publication  de 
la  Société  de  l'École  des  char- 
tes, 370;  conservateur  du  mu- 
sée Gondé,  à  Ghantiliy,  374; 
membre  de  la  commission  su- 
périeure des  expositions  rétros- 
pectives des  beaux-arts,  376; 
membre  de  la  commission 
.administrative  du  vieux  Paris, 
724.  —  Notice  sur  un  psautier 
du  xTU"^  siècle  appartenant  au 
comte  de  Grawford,  38 L  — 
Notice  sur  un  abrégé  en  fran- 
çais de  la  chronique  universelle 
de  Robert  de  Saint- Marien 
d'Auxerre,  525.  —  Le  code 
Théodosien  de  Jacques  Gode- 
froy,  378.  —  Pièces  soustraites 
au  Trésor  des  chartes  de  Bre- 
tagne, 379,  522.  —  Confirma- 
tion  par  saint  Louis  d'un  traité 
conclu  entre  le  duc  de  Bretagne 
et  André  de  Vitré,  518.  — 
L'imprimeur  napolitain  Ar- 
naud de  Bruxelles,  741.  —  La 
collection  d'incunables  de  B. 
Quaritch,  743.  —  Compte  ren- 
du :  Cartulaire  général  de  l'or- 
dre des  Hospitaliers,  686. 

*Demaison (Louis),  correspondant 
du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375. 

"Demante  (Gabriel),  Étude  sur  les 
gens  de  condition  mainmorta- 
ble  en  France  au  xvni«  siècle, 
683. 

*  Desjardins  (Gustave),  membre 
honoraire  du  Comité  des  tra- 
vaux historiques,  219;  chargé 


de  cours  à  l'École  des  chartes, 
719. 
*Desplanque  (Emile),  archiviste 
bibliothécaire  de  Lille,  219; 
correspondant  du  Ministère  de 
l'Instruction  publique,  375. 
Deutsche  Geschichte  unter  dcn  Ka- 

rollngern,  168. 
Die  (Études  historiques  sur),  335. 
Diplomatique  (Cours  de)  à  Lon- 
dres, 518. 
Domaines    (  Archives   anciennes 
des  bureaux  des),  516. 
*Dorez  (Léon),   officier   d'Acadé- 
mie,   376;    le    Sac   de    Rome 
(1527),  343. 
Droit  civil,  165. 

Droit  (Histoire  du)  et  des  institu- 
tions de  la  France,  165. 
*  Dubois-Guchan  (Gaston),  décédé, 

505. 
'Ducom  (André),  chargé  de  conti- 
nuer  les  Archives  parlemen- 
taires, 220. 
*Dumoulin    (Joseph),  archiviste 

paléographe,  2()7. 
'^Dunoyer  (A.),  archiviste  aux  Ar- 
chives nationales,  374. 
Dupuy  (les  Travaux  de)  sur  le 
Trésor  des  chartes,  126. 
*Durand  (Georges),  correspondant 
du  Ministère  de    l'Instruction 
publique,  375. 
*Duval    (Louis),    correspondant 
du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375. 
*Duvernoy,  correspondant  du  Mi- 
nistère"^de  l'Instruction  publi- 
que, 375. 
École  des  chartes,  720,  737;  con- 
seil de  perfectionnement,  374; 
directeur,  374  ;  professeurs,  374, 
7 19  ;  nomination  d'élèves,  719  ; 
examens  de  fin  d'année,  370; 
soutenance  des  thèses,  205.  — 
Le  diplôme  de  l'École  demandé 
au    concours   pour   les   places 
d'auditeurs  au  Conseil  d'État, 
.  219. 

École  française  de  Rome,  220, 
.  724,  738." 

Écriture  cryptographique  (  Un 
traité  de  ptiysique  et  d'alchimie 
du  xve  siècle  en),  253. 


TABLE   ALPHABETIQUE. 


7(Î5 


*Enlart  (Camille),  chargé  du  cours 
d'archéologie  à  l'Ecole  des  char- 
tes, 719.  —  Comptes  rendus  : 
Senlis  et  ses  environs,  458  ;  les 
Grandes  cathédrales  du  monde 
catholique,  466;  Exposition  na- 
tionale suisse,  467. 

Enseignes  de  Reims  (Vieilles  rues 
et  vieilles),  459. 

Épaphroditus  |Un  nouveau  texte 
des  traites  d'arpentage  et  de 
géométrie  d')  et  de  Vitruvius 
Rufus,  699. 

Épitaphe  de  Charles  VII,  240. 

Ernault  (E.),    Glossaire    moyen- 

hreton,  173. 
*Etchegoyen  (Henri  d'),  archiviste 
paléographe,  207. 

Exercituum  (de)  commeatihus,  329. 

Exposition  nationale  suisse,  467, 

746. 
*-Fagniez  (Gustave),  membre  de  la 
commission  des   archives   di- 
plomatiques, 219. 

Fastes  d'Ovide  (Calendrier  romain 
tiré  des),  15. 

Féodalité,  165. 
*Finot  (Jules),  membre  du  Comité 
des  travaux  historiques,  375  ; 
chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur, 376. 
*Finot  (Louis),  officier  d'Acadé- 
mie, 505. 
*Flamare  (Henri  de),  correspon- 
dant du  Ministère  de  l'Instruc- 
tion publique,  375. 

Flandre  (Philippe  le  Bel  en),  162. 
*Fleurv  (Paul  de),  correspondant 
du  "Ministère  de   l'Instruction 
publique,  375. 

Flodoard  (Numérotation  grecque 
des  Annales  de),  241.  —  Cf. 
p.  615. 
*Fournier  (Marcel),   chevaUer  de 

la  Légion  d'honneur,  505. 
*Fournier  (Paul).  —  Les  Collec- 
tions canoniques  attribuées  à 
Yves  de  Chartres,  26,  293,  410, 
622.  —  Comptes  rendus  :  Cou- 
tumiers  de  Normandie,  330; 
Étude  sur  les  gens  de  condi- 
tion mainmortable  en  France 
au  xvni»^  siècle,  683  ;  Un  nou- 
veau texte  des  traités  d'arpen- 
tage et  de  géométrie  d'Epa- 
4897 


phroditusetdeVitruvius  Rufus, 
699. 

France  (Histoire  du  droit  et  des 
institutions  de  la),  165. 

François  d'Assise  (Un  nouveau 
chapitre  de  la  vie  de  saint), 
694. 

Frankreich  (Die  polilischen  De- 
zielningen  Kaiser  Ludwigs  des 
Baiern  zu),  454. 
*Fréminville  (Henri  de),  corres- 
pondant du  Ministère  de  l'Ins- 
truction publique,  375. 
*Funck-Brentano  (Frantz),  doc- 
teur es  lettres,  220;  lauréat  du 
grand  prix  Gobert  à  l'Acadé- 
mie des  inscriptions,  377,  727; 
les  Origines  de  la  guerre  de 
Cent  ans  :  Philippe  le  Bel  en 
Flandre,  162;  De  exercituum 
commeatibus  XIJI  et  XIV  szcu- 
lis,  329. 

Funérailles  de  Philippe  le  Bel,  5. 
"Furgeot    (Henri),   sous-chef  de 
section    aux   Archives    natio- 
nales, 724. 

Gasté  (Armand),  Michel  Menot. 
En  quelle  langue  a-t-il  prêché'^ 
453. 

Gaule  (Notice  sur  un  texte  con- 
cernant l'histoire  de  la)  au 
v«  siècle  de  notre  ère,  445. 
*Gauthier  (Jules),  correspondant 
du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375. 
*Gautier  (Léon),  décédé,  500,  723, 
725,  740. 

Gell'roy  (Gustave),  l'Islande  avant 
le  christianisme,  342. 

Géométrie  (Un  nouveau  texte  des 
traités  d'arpentage  et  de)  d'Epa- 
phroditus  et  de  Vitruvius.  Ru- 
fus, 699. 
*  Gérard  (Albert),  sous-bibliothé- 
caire de  la  ville  de  Paris,  375. 
*Giry  (Arthur),  membre  de  la 
commission  de  publication  des 
Mémoires  et, documents  de  la 
Société  de  l'École  des  chartes, 
370;  membre  de  la  commission 
des  archives  diplomatiques,219 . 

Glasson  (E.),  Histoire  du  droit  et 
des  institutions  de  la  France, 
165. 

49 


766 


TABLE   ALPHABÉTIQUE. 


Glossaire  moyen-breton,  173. 
Godefroy  (le  Gode  théodosien  de 
Jacques),  378. 

*Goubaux  (Robert),  archiviste  aux 
Archives  nationales,  724. 

*  Grand  (E.-Daniel),  maître  es 
arts  à  l'Université  Harvard, 
506. 

*Grandmaison  (Louis  de),  corres- 
pondant du  Ministère  de  l'Ins- 
truction publique,  375  ;  officier 
d'Académie,  376. 
Grecque  (numérotation)  des  An- 
nales de  Flodoard,  241. 
Grèves  des  ouvriers  papetiers, 
745. 

*Guérin  (Paul),  secrétaire  adjoint 
de  la  commission  supérieure 
des  Archives,  219.  —  Compte 
rendu  :  Poésies  de  Jean  Babu, 

^72. 
Guerre  de  Cent  ans  (les  Origines 

de  la),  162. 
*Guiffrey  (Jules),  membre  de  la 
comrnission  des  expositions 
rétrospectives  des  beaux-arts, 
375;  membre  de  la  commis- 
sion administrative  du  vieux 
Paris,  724;  officier  de  la  Lé- 
gion d'honneur,  380. 

*  Grégoire    (Georges),    officier   de 

l'Instruction  publique,  376. 

*  Guillaume    (Joseph),    professeur 

d'histoire  aux  Facultés  catho- 
liques de  Lille,  724. 

Halkin   (Joseph),    les   Prieurés 
belges  de  l'ordre  de  Cluny,  462. 
*Hanotaux  (Gabriel),  membre  de 
l'Académie  française,  220. 

Haraucourt  (Études  historiques 
sur),  334. 

Hautcœur  (E.),  Histoire  de 
l'église  collégiale  et  du  cha- 
pitre de  Saint-Pierre  de  Lille, 
455. 
*Herbomez  (Armand  d').  —  Comp- 
tes rendus  ;  les  Origines  de  la 
guerre  de  Cent  ans,  Philippe 
le  Bel  en  Flandre,  162;  Monas- 
ticon  belge,  464. 

*  Héron  de  Villefosse  (Antoine), 
officier  de  l'Instruction  pu- 
blique, 506.  —  Discours  à 
l'Académie     des    inscriptions 


sur  la  mort  do  Léon  Gautier, 
501.  —  Discours  à  la  séance 
publique  annuelle  de  l'Acadé- 
mie des  inscriptions,  726. 
'Himly  (Auguste),  grand  officier 

de  la  Légion  d'honneur,  725. 
Hospitaliers   (Cartulaire   général 

de  l'ordre  des),  686. 
Houdenc  (Raoul  de),  voir  Raoul. 
"Hubert  (Eugène),  correspondant 
du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375. 
*  Hugues    (Adolphe),    correspon- 
dant du  Ministère  de  l'Instruc- 
tion publique,  375. 
Imprimeur   (F)    napolitain   Ar- 
naud de  Bruxelles,  741. 
Incunables   (la  collection  d')  de 

B.  Quaritch,  743. 
Indulgence   de    la    Portioncule, 

voir  Portioncule. 
Institutions  (Histoire  des)  de  la 

France,  165. 
Inventaire  (un)  de  bord  en  1294, 

394. 
Islande  (1')  avant  le  christianisme, 

342. 
Italie   (Sylvestre   Budes   et   les 

Bretons  en),  579. 
*  Jacob    (Omer),    stagiaire    à    la 

Bibliothèque  nationale,  724. 
*Jacqueton  (Gilbert),  officier  d'A- 
cadémie, 376. 
Jadart  (Henri),  Vieilles  rues  et 
vieilles  enseignes  de   Reims, 
459. 
*Jarry  (Eugène).  —  Compte  ren- 
du   :    Philippe     de     Mézières 
(1327-1405)  et  la  croisade  au 
xiv^  siècle,  169. 
Jérusalem  (Relation   du  pèleri- 
nage à)  de  Nicolas  de  Martoni, 
688. 
*Join-Lambert  (Octave),  ses  tra- 
vaux à  l'École  de  Rome,  739. 
Joret  (Charles),  les  Plantes  dans 
l'antiquité  et  au  moyen  âge, 
697. 
Jorga  (N.),  Philippe  de  Mézières 
(1327-1405)  et  la  croisade   au 
xiv*=  siècle,  169. 
KaroUngern  (Deutsche  Geschichte 

unter  den),  168. 
Knighion  (Ghronicon  Henrici),  vel 


TABLE    ALPHABETIQUE. 


m 


Cnitthon,  monachi  Leycestrensis, 
340. 

^Kohler  (Ch.),  lauréat  du  prix 
Gobert  à  l'Académio  iVaiicaise, 
7-2G. 

'Labande  (Léon-Honoré),  corres- 
pondant du  Ministère  de  l'Ins- 
truction publique,  375. 

'Labrouche  (Paul),  correspondant 
du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375. 

^Lalanne  (Ludovic),  membre  hono- 
raire au  comité  des  travaux 
historiques,  -219. 

'Langlois  (Charlcs-V.),  membre 
du  comité  des  travaux  histo- 
riques, 219;  membre  do  la 
commission  supérieure  des  ar- 
chives, 219;  ot'iicier  de  l'Ins- 
truction publique,  505. 

'Langlois  (Ernest),  chargé  de 
cours  à  l'Université  de  Lille, 
219,  506.  —  Compte  rendu  : 
Notice  du  ms.  Bibl.  nat.  fr. 
6447,  450. 

Langues  celtiques  (Études  gram- 
maticales sur  les),  173. 

*La  Roncière  (Ch.  de),  secrétaire 
adjoint  de  la  Société  de  l'École 
des  chartes,  370.  —  Un  inven- 
taire de  bord  en  1294  et  les 
origines  de  la  navigation  hau- 
turière,  394.  —  La  Marine  au 
siège  de  Calais,  554.  —  Compte 
rendu  :  De  exercititum  commea- 
abus,  329. 

'Lasteyrie  (comte  Robert  de), 
membre  de  la  commission  de 
publication  de  la  Société  de 
l'École  dos  chartes,  370. 

'Lauer  (Philippe),  archiviste  pa- 
léographe, 206.  —  La  numéro- 
tation grecque  des  Annales  de 
Flodqard,  241.  —  Compte  ren- 
du :  Études  grammaticales  sur 
les  langues  celtiques,  173. 

'Laurain  (Ernest),  mention  au 
concours  des  antiquités  de  la 
France,  377,  509,  731. 

'Laurent  (Paul),  correspondant  du 
Ministère  de  l'Instruction  pu- 
blique, 375. 

'Lecacheux  (Paul),  membre  de 
l'École  française  de  Rome,  724  ; 


ses  travaux  à  ladite  École,  740. 
—  Compte  rendu  :  Histoire 
religieuse,  civile  et  militaire 
de  Saint-.Tames-de-Reuvron, 
690. 

'Lecoy  de  la  Marche  (Albert),  dé- 
cédé, 207. 

Ledos  (Eugène-Gabriel),  membre 
suppléant  de  la  commission  de 
publication  de  la  Société  de 
['École  des  chartes,  370.  — 
Comptes  rendus  :  .Vrchivos  de 
la  ville  de  Montpellier,  inven- 
taires et  documents,  338;  le 
Sac  de  Rome  (1527),  343;  Car- 
net de  voyage  d'un  antiquaire 
poitevin,  344. 

'Lel'èvre-Pontalis  (Eugène),  archi- 
viste trésorier  de  la  Société  de 
l'École  des  chartes,  370. 

'Lefranc  (Abel).  —  Marguerite  de 
Navarre  et  le  platonisme  de  la 
Renaissance,  259. 

Le  Grand  (Léon),  Relation  du 
pèlerinage  à  Jérusalem  de  Ni- 
colas de  Martoni,  688.  —  Comp- 
te rendu  :  Vieilles  rues  et 
vieilles  enseignes  de  Reims, 
459. 

'Lelong  (Eugène),  vice^président 
de  la  Société  de  rp]cole  des 
chartes,  370;  professeur  libre 
à  la  Faculté  de  droit  de  Paris, 
724. 

*^Lemoioc  (Jean),  correspondant 
du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375;  médaille  au 
concours  des  Antiquités  de 
la  France,  377,  508,  730. 

'Lemonnier  (Henry),  chargé  de 
cours  à  l'Université  de  Paris, 
506. 

'Lempereur  (Louis),  correspon- 
dant du  Ministère  de  l'Instruc- 
tion publique,  375. 

Leonardo  da  Vinci  (Il  codice  atlari' 
tico  di),  178. 

Leroux  (Alfred),  correspondant 
du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375. 

'Lespinasse  (René  de),  officier  de 
l'instruction  publique,  376. 

*Lex  (Léonce),  correspondant  du 
Ministère  de  l'Instruction  pu- 
blique, 375. 


768 


TABLE    ALPHABETIQUE. 


Liège  (les  prieurés  clunisiens  de 

l'ancien  diocèse  de),  462. 
Lille  (Histoire  de  l'église  collé- 
giale et  du  chapitre  de  Saint- 
Pierre  de),  455. 
Livres  nouveaux,  180,  346,  474, 

699. 
Londres  (Cours  de  paléographie 

et  de  diplomatique  à),  518. 
Longnon  (Auguste),  membre  du 
conseil  de  perfectionnement  de 
l'École  des  chartes,  374. 
*Lot  (Ferdinand),  membre  de  la 
commission  de  publication  des 
Mémoires  et  documents  de  la 
Société  de  l'École  des  chartes, 
370.  —  Compte  rendu  :  Deut- 
sche Geschichte  unter  den  Karo- 
lingern,  168. 
Louis    (Confirmation   par  saint) 
d'un  traité  conclu  entre  le  duc 
de  Bretagne  et  André  de  Vitré, 
518. 
Love  (the  sijstem  of  the  courtly), 

684. 
Ludwigs   des    Baiern  (Die  politi' 
schen  Beziehungen   Kaiser)  zu 
Frankreich,  454. 
Lumby  (Joseph  Rawson),  Chro- 

nicon  Uenrici  Knighton,  340. 
Mainmortable  (Étude  sur  les  gens 
de  condition  )    en   France   au 
xvni<=  siècle,  683. 
*Maisonobe  (Abel),  archiviste  de 

Tarn-et-Garonne,  374. 
*  Maître  (Léon),  Cartulaire  de  l'ab- 
baye de  Sainte-Croix  de  Qaim- 
perlé,  460,  509,  731. 
Manoscritti  délia  biblioteca  di  Pe- 

rugia  (Inventario  dei),  176. 
*Manteyer  (Georges  de),  archi- 
viste paléographe,  207;  membre 
de  l'Ecole  française  de  Rome, 
724  ;  ses  travaux  à  ladite  Ecole, 
739. 
Manuel  d'histoire  de  Philippe  VI, 

741. 
Manuscrit  Bibl.    nat.  fr.    6447, 

notice,  450,  746. 
Marguerite  de  Navarre  et  le  pla- 
ton  isme  de  la  Renaissance,  259. 
*Marichal  (Paul),  officier  d'Aca- 
démie, 377. 
Marine  (la)  au  siège  de  Calais,  554. 


*  Martin  (Germain),  archiviste  pa- 
léographe, 207. 
Martoni  (Relation  du  pèlerinage 
à  Jérusalem  de   Nicolas   de), 
688. 
*Mas  Latrie  (comte  L.  de),  décédé, 
725,  740.  —  Documents  con- 
cernant divers  pays  de  l'Orient 
latin,  78. 
*Mas  Latrie  (René  de),  chevalier 

de  la  Légion  d'honneur,  725. 
*Mathorez  (Jules),  archiviste  pa- 
léographe, 207. 
Ménard  (V.),  Histoire  religieuse, 
civile   et   militaire   de  Saint- 
James-de-Beuvron,  690. 
Menot  (Michel).  En  quelle  langue 
a-t-il  prêché?  453. 
*Merlet  (René),  correspondant  du 
Ministère  de  l'Instruction  pu- 
blique, 375;  médaille  au  con- 
cours   des    Antiquités    de    la 
France,  377,  507,  729. 
*Meyer  (Paul),  directeur  de  l'École 
des  chartes,  374.  —  Notice  du 
ms.  Bibl.   nat.   fr.  6447,  450, 
746. 
Mézières  (Philippe  de)  et  la  croi- 
sade au  xiv«  siècle,  169. 
Miniaturen  (Vaticanische),  681. 
*Mirot  (Léon),  archiviste  aux  Ar- 
chives   nationales,    724;    ses 
travaux   à   l'École   de   Rome, 
222.  —  Sylvestre  Rudes  et  les 
Bretons  en  Italie,  579. 
*Molard  (Francis),  correspondant 
du   Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375;  décédé,  721. 
*Molinier  (Auguste),  membre  de 
la  commission  de  publication 
des  Mémoires  et  documents  de 
la  Société  de  l'École  des  char- 
tes, 370;  Correspondance  ad- 
ministrative d'Alfonse  de  Poi- 
tiers, 327. 
*Molinier  (Emile),  membre  de  la 
comrpission     supérieure     des 
expositions  rétrospectives  des 
beaux-arts,  376;  chef  du  ser- 
vice des  expositions  rétrospec- 
tives, 370  ;  chevalier  de  la  Lé- 
gion d'honneur,  380. 
Monasticon  belge,  464. 
*  Monclar  (marquis  de  Ripert-) ,  oui- 


TABLE    ALPnABETlQlIE. 


769 


cier  de  la  Légion  d'honneur, 
725. 
Montpellier  (Archives  de  la  ville 
de),  anciens  inventaires,  338. 

*Moranvillé  (Henri).  —  Compte 
rendu  :  Chronicon  Hcnrici 
Knighlon,  340. 

*Morei  (Octave),  archiviste  paléo- 
graphe ,  206  ;  archiviste  de  l'Ain, 
724. 

*Morel-Fatio  (Alfred),  merahre 
de  la  commission  de  compta- 
bilité de  la  Société  de  l'École 
des  chartes,  370. 

*Moris  (Henri),  correspondant  du 
Ministère  de  l'Instruction  pu- 
blique, 375. 

*  Mortel  (Charles),  chargé.du  cours 

de  bibliographie  à  l'Ecole  des 
chartes,  374,  719. 

*  Mortel    (Victor),    Un    nouveau 

texte  des  traités  d'arpentage  et 
de   géométrie    d'Épaphroditus 
et  de  Vitruvius  Rufus,  699.  — 
Compte  rendu  :  //  Codice  atlan- 
tico  di  Leonardo  da  Vinci,  178. 
Moll  (Lewis  Freeman),  The  Sy- 
stem of  courlly  love,  684. 
Miihlbacher  (Engelbert),  Deutsche 
Geschichte  unter  den  Karolin- 
gern,  168. 
MùUer  (Eug.),  Senlis  et  ses  envi- 
rons, 458. 
*  Musset  (Georges), 'correspondant 
du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375. 
Navigation   hauturière  (origines 

de  la),  394. 
*Nerlinger  (Charles).  —  Compte 
rendu  :  Histoire  de  la  formation 
de  la  bibliothèque  municipale 
créée  à  Strasbourg,  473. 
Nicolas  de  Martoni,  voir  Mar- 

loni. 
Normandie  (coutumiers  de),  330. 
Numérotation  grecque  des  An- 
nales de  Flodoard,  241. 
*Omont  (Henri),  membre   de  la 
commission  de  publication  de 
la  Société  de  l'Ecole  des  char- 
tes,  370.  —  Un  nouveau  ca- 
lendrier romain   tiré  des  Fas- 
tes d'Ovide,   15.  —  Un  traité 
de  physique  et  d'alchimie  du 


xv  siècle  en  écriture  crypto- 
graphique,  253. 
Ordonnance  (Une)  dePhilinpe  VI 

de  Valois  mal  datée,  520. 
Orient  latin  (documents  concer- 
nant divers  pays  de  l'),  78. 
Ovide  (Calendrier  tiré  des  Fastes 

à'),  15. 
*Pagel  (René),  archiviste  paléo- 
graphe, 207. 
Paléographie  :  cours  à  Londres, 
518  ;  éléments,  677. 
*  Palustre  (Bernard),  archiviste  pa- 
léographe,   207;  attaché    à   la 
bibliothèque  Mazarine,  219  ;  ar- 
chiviste des   Pvrénées-Orien- 
tales,  374. 
Papetiers  (Associations  et  grèves 

des  ouvriers),  745. 
Pardon  d'Assise,  voir   Portion- 
cule. 
*Parfouru    (Paul),    correspondant 
du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375. 
*Paris  (Gaston),,  président  de   la 
Société  de  l'École  des  chartes, 
370.  —  Discours  de  réception 
à  l'Académie  française,  223. 
•Pasquier  (Félix),  correspondant 
du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375. 
*Passy  (Louis),  membre  de  l'Aca- 
démie des  sciences  morales  et 
pohtiques,  220. 
Pèlerinage  à  Jérusalem  (Relation 
du)  de  Nicolas  de  Martoni,  688. 
*Pélicier  (Paul),  correspondant  du 
Ministère  de  l'Instruction  pu- 
blique, 375. 
Pension  de  retraite  (Calcul  des 
services  rendus  par  les  archi- 
vistes départementaux  pour  la), 
218. 

*  Perin  (J.),  membre  de  la  commis- 

sion administrative  du   vieux 
Paris,  724. 

*  Perret  (P. -M.),  médaille  au  con- 

cours   des    Antiquités    de    la 
France,  377,  506,  729. 
Peruç/ia    (Invcnlarin  dei   manos- 

critli  délia  biblioleca  di),  176. 
*Petit-Dutaillis  (Charles),  chargé 
de  coursa  l'Université  de  Lille, 
506. 


770 


TABLE   ALPHABETIQUE. 


Philippe  le  Bel  en  Flandre,  162. 
—  Mort  et  funérailles,  5. 

Philippe  VI  de  Valois  (Une  or- 
donnance de)  mal  datée,  520; 
manuel  d'histoire,  741. 

Philippe  de  Chantemilan  (Une 
sainte  forézienne  :  la  bienheu- 
reuse), 693. 

Philippe  de  Mézières  (1327-1405) 
et  la  croisade  au  xiv«  siècle, 
169. 

Physique  (traité  de)  en  écriture 
cryptographique,  253. 

Picard  (Un  trouvère)  des  xu^  et 
xiii"^  siècles,  452. 

Picardie.  Voir  Société  des  anti- 
quaires de  Picardie. 
*Pinet   de    Manteyer   (Georges), 
voir  Manteyer,  207. 

Plantes  (les)  dans  l'antiquité  et 
au  moyen  âge,  697. 

Platonisme  de  la  Renaissance 
(Marguerite  de  Navarre  et  le), 
259. 

Poésies  de  Jean  Babu,  curé  de 
Soudan,  172. 

Poitevin  (Carnet  de  voyage  d'un 

antiquaire),  344. 
*Porée  (Charles),  archiviste  paléo- 
graphe, 206;  archiviste  de  la 
Lozère,  375. 
*  Portai  (Charles),  correspondant 
du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375. 

Portioncule  (Étude  critique  sur 
la  concession  de  l'indulgence 
de  la),  694. 

Prost  (Fondation  d'Auguste),  745. 
*Prost  (Bernard),  membre  de  la 
commission  supérieure  des  ar- 
chives, 219;  membre  de  la 
commission  supérieure  des  ex- 
positions rétrospectives  des 
beaux-arts,  376. 
*Prou  (Maurice),  membre  du  co- 
mité des  travaux  historiques, 
219  ;  membre  de  la  commis- 
sion de  publication  des  Mé- 
moires et  documents  de  la  So- 
ciété de  l'Ecole  des  chartes, 
370.  —  Compte  rendu  :  Élé- 
ments de  paléographie,  677. 
*Prudhomme  (A.),  correspondant 
du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375.  —  Compte  ren- 


du :  Notice  historique  sur 
l'église  et  la  ville  de  Die,  335. 

Psautier  du  xm^  siècle  (Notice 
sur  un)  appartenant  au  comte 
de  Grawford,  381. 
*Puybaudet  (Guy  Poute  de),  mem- 
bre de  l'École  française  de 
Rome,  724  ;  ses  travaux  à  la- 
dite Ecole,  740. 

Quaritch  (la  collection  d'incu- 
nables de  B.),  743. 

Quimperlé  (Gartulaire  de  l'ab- 
baye de  Sainte-Croix  de),  460. 

Raoul  de  Houdenc,  sa  vie  et  ses 
œuvres,  452. 

Raucourt  (  Études  historiques 
sur),  334. 

Reims  (Vieilles  rues  et  vieilles 
enseignes  de),  459. 

Renaissance  (le  platonisme  de 
la),  259. 

Reure  (abbé),  Une  sainte  foré- 
zienne, la  bienheureuse  Phi- 
lippe de  Chantemilan,  693. 

Reusens  (chanoine),  Éléments  de 
paléographie,  677. 

*  Richard  (Alfred),  correspondant 

du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375;  Poésies  de  Jean 
Babu,  curé  de  Soudan, 172. 

*  Richard  (  J.-M.) .—  Compte  rendu  : 

Histoire  de  l'église  collégiale 
et  du  chapitre  de  Saint-Pierre 
de  Lille,  455. 
'Rigault  (Abel),  mention  au  con- 
cours des  Antiquités  de  la 
France,  377,  509,  730. 
"Ripert-Monclar  (marquis  de), 
voir  Monclar. 

Ristelhuber  (Paul),  Histoire  de 
la  formation  de  la  bibliothèque 
municipale  créée  en  1872  à 
Strasbourg,  473. 

Robert  de  Saint-Marien  d'Au- 
xerre  (Notice  sur  un  abrégé  en 
français  de  la  chronique  de), 
525.- 

Romans  (Annales  de  la  ville  de), 
691. 

Rome  (le  sac  de),  relation  inédite 

de  Jean  Cave,  343. 
^Rouchon    (Gilbert),   correspon- 
dant du  Ministère  de  l'Instruc- 
tion publique,  375;  chargé  de 


TABLE  ALPHABETIQUE. 


771 


cours  à  l'Université  de   Cler- 
mont,  506. 

Rouen  (Bréviaire  d'Autun  im- 
primé à)  en  1501,  524. 

Sabatior  (Paul),  Étude  critique 
sur  la  concession  do  l'indul- 
gence de  la  Portionculc,  094  ; 
Un  nouveau  chapitre  de  la  vie 
de  saint  François  d'Assise, 
694. 

Saint -James- de -Beuvron  (His- 
toire religieuse,  civile  et  mili- 
taire de),  690. 

Saint-Louis-des-Francais  (Anna- 
les de),  239. 

Saint- Pierre  de  Lille,  voir  Lille. 
*Schmidt  (Charles),  archiviste  pa- 
léographe, 207  ;  archiviste  de 
l'Yonne,  724. 

Sécheret-Cellipr,  Histoire  de  mon 
village,  études  historiques  sur 
Raucourt  et  Haraucourt,  334. 

Senlis  et  ses  environs,  458. 
*Servois  (Gustave),  vice-président 
de  la  commission  des  travaux 
historiques  de  la  ville  de  Paris, 
219;  membre  de  la  commis- 
sion supérieure  des  expositions 
rétrospectives  des  beaux-arts, 
376.  —  Discours  aux  obsèques 
de  Lecoy  de  la  Marche,  208. 

Sievers  (Georg),  Die  polUischen 
Bezichungen  Kaiser  Ludwigs  des 
Daiern  zu  Frankreich  in  den 
Jahren  13R-1337,  454. 

Société  d'études  historiques  et 
géographiques  de  Bretagne, 377. 

Sociétéde  l'École  des  chartes,  370. 

Société  des  antiquaires  de  Picar- 
die, 377. 
*Souchon  (Joseph),  correspondant 
du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375. 
*Spont  (Alfred),  officier  d'Acadé- 
mie, 377. 

Strasbourg  (Histoire  de  la  forma- 
tion de  la  bibliothèque  muni- 
cipale créée  à),  473. 

Summa  de  legibus  Normannie  in 
cura  laicali,  330. 

Tannery  (  Paul  ) ,  Un  nouveau 
texte  "des  traités  d'arpentage  et 
de  géométrie  d'Epaphroditus  et 
de  Vitruvius  Rufus,  699. 


*  Tardif  (Joseph),  Goutumiers   de 

Normandie,  330. 
Thodonat  (abbe  IL).  —  Discours 

aux  obsèques  de   Lecov  de  la 

Marche,  212. 
Thèses   de   l'École   des  chartes, 

205,  374. 
*Tholin  (Georges),  correspondant 

du   Ministère  de    l'Instruction 

publique,  375. 
TrailédeBréligny,  voir  Bréti^ny. 

*  Travers   (Emile),    correspondant 

du  .Ministère  de   l'Instruction 
publique,  375. 

Très  chrétien  (Projet  de  transfé- 
rer au  roi  d'Angleterre  le  titre 
de  roi),  239. 

Trésor  des  chartes  (les  Travaux 
de  Dupuy  sur  le)  et  les  origines 
du  supplément,  126. 

Trésor  des  chartes  de  Bretagne 
(Pièces  soustraites  au),  378, 
522. 
•Trouillard  (Guy),  correspondant 
du  Ministère  de  l'Instruction 
publique,  375. 

Trouvère  (un)  picard  des  xii"  et 

xiw  siècles,  452. 
*Tuetey  (Alexandre),  membre  du 
Comité  des  inscriptions  pari- 
siennes, 220  ;  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur,  725. 

*Valois  (Noël),  membre  suppléant 
de  la  commission  de  publica- 
tion de  la  Société  de  l'École 
des  chartes,  370;  membre  de 
la  commission  de  publication 
des  Mémoires  et, Documents  de 
la  Société  de  l'École  des  char- 
tes, 370. 
Vaticanische  Miniaturen,  681. 

*Vernier  (Jules),  correspondant  du 
Ministère  de  l'Instruction  pu- 
blique, 375. 

*Viard  (Jules).  —  Documents 
français  remis  au  gouverne- 
ment anglais  à  la  suite  du 
traité  de  Brétigny,  155.  —  Une 
ordonnance  de  Piiilippe  VI  de 
Valois  mal  datée,  520.  — 
Comptes  rendus  :  Études  his- 
toriques sur  Raucourt  et  Ha- 
raucourt, 334  ;  Die  polUischen 
lieziehungen  Kaiser  Ludwig  des 
liaiern  zu  Frankreich,  454. 


772 


TABLE  ALPHABETIQUE. 


'Villepelet  (Robert),  rédacteur  au 
Ministère  de  l'Instruction  pu- 
blique, Î19;  archiviste  aux  Ar- 
chives nationales,  374. 
Vinci  (Leonardo  da),  voir  Leo- 
nardo. 

*YioUet  (Paul),  membre  de  la 
commission  des  travaux  his- 
toriques de  la  ville  de  Paris, 
219;  membre  de  la  commission 
administrative  du  vieux  Paris, 
72/i.—  Compte  rendu  :  Compte 
rendu  du  3«  congrès  scientifi- 
que international  des  catholi- 
ques, 345. 
Vitré  (  Confirmation  par  saint 
Louis  d'un  traité  conclu  entre 


le  duc  de  Bretagne  et  André 
de),  518. 
Vitruvius  Rufus  (Un  nouveau 
texte  des  traités  d'arpentage  et 
de  géométrie  d'Épaphroditus  et 
de  Vitruvius  Rufus,  699. 
Vuilhorgne  (L.),  Un  trouvère  pi- 
card des  xii"  et  xiii^  siècles, 
Raoul  de  Houdenc,  452. 

*  Walckenaer  (André),  sous-biblio- 
thécaire à  la  bibliothèque  Ma- 
zarine,  219. 

*Welvert  (Eugène),  secrétaire  ad- 
joint aux  Arch.  nationales,  374. 
Yves  de  Chartres  (les  Collections 
canoniques  attribuées  à),  26, 
293,  410,  622. 


Nogent-le-Rotrou,  imprimerie  Daupelet-Gouvkrneur. 


D 

111 

B5 

t. 


Bibliothèque  de  1» Ecole 
dos  chartes 


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