!
BIBLIOTHEQUE
DE L'ÉCOLE
DES CHABTES
LVIII.
I
IMPRIMERIE DAUPELEY-GOUVERNEUR, A NOGENT-LE-ROTROU.
BIBLIOTHÈQUE
DE L'ÉCOLE
DES CHARTES
REVUE D'ÉRUDITION
CONSACRÉE SPÉCIALEMENT A L ETUDE DU MOYEN AGE.
LVIII.
ANNÉE 1897.
Vfn
PARIS
LIBRAIRIE D'ALPHONSE PICARD ET FILS
RUE BONAPARTE, 82
^897
D
t.5
LA MORT ET LES FUiNÉRAlLLES
DE
PHILIPPE LE BEL
D APRES
UN COMPTE RENDU A LA COUR DE MAJORQUE
Les archives d'Aragon, si riches en documents relatifs à l'his-
toire de France, conservent dans la collection des Cartas reaies
une lettre missive' qui intéresse celle-ci d'une manière spéciale,
c'est le récit circonstancié de la mort et des funérailles de
Phihppe le Bel, fait à Guillaume de Canet^ lieutenant du roi
de Majorque, jiar un personnage du nom de Guillaume Bal-
drich. A quel titre l'auteur de cette pièce se trouvait-il dans
notre pays? Nous ne le savons pas au juste; l'on peut, toutefois,
supposer qu'il avait été chargé par son souverain d'une mis-
sion^ auprès de Philippe IV; on n'ignore pas, en effet, com-
bien furent nombreux au xiv® siècle les rapports du royaume de
Majorque avec la France.
En tout cas, sa présence à Paris, à l'époque de la mort
du monarque français, lui permit de recueillir des détails fort
1. Nous avons eu connaissance de ce texte, il y a plusieurs années déjà,
lorsqu'il a été découvert et copié par l'illustre et bien regretté D. Manuel de
Bofarull. La mort ayant empêché ce savant de le livrer à l'impression, D. Fran-
cisco de Bofarull a eu l'amabilité de nous remettre la copie de son père. Nous
nous sommes également servi d'une photographie que nous avons fait prendre
de ce curieux document.
2. Ce seigneur, Pun des vassaux les plus importants du royaume de Majorque,
portait un nom très connu dans l'histoire de ce pays.
3. D. Francisco de Bofarull a bien voulu, sur noire demande, dépouiller les
registres de Barcelone dans lesquels il est particulièrement question des
ambassades de cette époque. 11 n'y a malheureusement rien trouvé sur Guil-
laume Baldrich.
6 LA MORT ET LES FUNERAILLES
complets sur la maladie, le décès et la sépulture de ce prince. Il
les puisa évidemment à bonne source, car sa relation concorde
en général avec le texte des meilleurs annalistes ; du reste, le
seul fait de l'avoir écrite sous l'impression même des événements
suffit à garantir, d'une manière sérieuse, la sûreté de ses infor-
mations.
Nous avons donc pensé que la publication de cet acte pourrait
offrir quelque intérêt, d'autant qu'elle nous donne le moyen de
mettre, pour ainsi dire, en parallèle le récit tiré d'un document
à date certaine et celui fourni par les chroniques de l'époque : la
comparaison est toujours utile à établir. La courte notice qui va
suivre citera les faits relatés dans l'ordre où le narrateur les a
exposés lui-même.
Guillaume Baldrich décrit, tout d'abord, la cérémonie funèbre
qui avait eu lieu quelques jours à peine avant le départ de sa
lettre. Le corps du roi, dit -il, fut transporté à Paris par la
Seine, le l^'' décembre, ainsi que cela s'était passé autrefois
pour Philippe le Hardi, au retour de l'expédition de Catalogne.
Déposé à terre près de Saint-Bernard S il fut conduit solennelle-
ment à Notre-Dame. La messe y fut célébrée, le lendemain, par
l'archevêque^ de Sens, frère d'Enguerrand de Marigny, pour le
repos de l'âme du roi défunt. Le service terminé, le cortège se
dirigea vers Saint-Denis^; Louis, fils aîné de Philippe, en faisait
partie, ainsi que ses frères, ses oncles et Robert d'Artois, sans
compter un nombre considérable de prélats et de religieux et une
foule immense.
1. Sur la rive gauche de la Seine. Les Chronographia regum Francorum
(Éd. Moranviilé, dans la coll. de la Société de l'Histoire de France, t. I, p. 219)
racontent que la dépouille mortelle de Philippe fut apportée au collège de
Saint-Bernard et mise sur un lit de parade arec la couronne sur la tête et le
sceptre à la main. Les Anciennes Chroniques de Flandre {Histor. de Fr., t. XXII,
p. 401) parlent de l'église de Saint-Bernard et aussi du lit de parade. Notre
récit dit simplement « prope Sanctum Bernardum, » mais, à la dififérence de
ces deux chroniques, il fixe d'une manière précise les jours de l'arrivée du
corps à Paris et de la cérémonie à Notre-Dame.
2. Il s'appelait Philippe. Cf. Gallia christiana, t. XII, c. 70.
3. Les Chronographia et les Anciennes Chroniques de Flandre placent le
départ du cortège pour Saint-Denis au lendemain du service fait à Notre-Dame.
D'après Guillaume Baldrich, il eut lieu à la même date que celui-ci et le 2 dé-
cembre, jour indiqué également par le continuateur de Guillaume de Nangis
{Histor. de Fr., t. XX, p. 612) et celui de Girard de Frachet {Id., t. XXI, p. 42).
DE PHILIPPE LE BEL. 7
Le roi avait été embaumé et revêta^ de drap d'or; il portait,
en outre, un manteau fourré d'hermine et avait la tête ceinte
d'une couronne d'or extrêmement belle. Il tenait le sceptre de la
main droite et la main de justice de la gauche. Son visage et
ses mains, entièrement à découvert, présentaient, du reste, les
signes d'une altération très visible.
Le 3 décembre, on procéda à l'inhumation proprement dite et
l'on plaça le monarque à Saint -Denis, à côté de saint Louis,
son aïeuP. Très peu de monde y assista, en dehors des nobles de
la maison royale. Les entrailles et le cœur du roi^ furent enfin
déposés (4 décembre) au monastère des sœurs de Poissy^ ainsi
que celui-ci en avait décidé pendant sa vie. Guillaume Baldrich
donne même à ce sujet un détail inédit : au dire des témoins ocu-
laires, le cœur de Philippe IV était de si petite dimension,
paraît-il, qu'on pouvait le comparer à celui d'un enfant nou-
veau-né ou bien à celui d'un oiseau.
Vient après le récit des derniers moments du roi de France,
qui mourut d'une manière extrêmement pieuse, après s'être
repenti et confessé et avoir exprimé des sentiments très chrétiens.
La maladie s'étant aggravée^ beaucoup (26 novembre), le mori-
bond manda auprès de lui (le 27) son fils, le roi de Navarre, et
l'entretint en tête-à-tête pendant longtemps. Puis, en présence
d'un grand nombre de personnes, il prononça des paroles fort
édifiantes et reconnut ses offenses envers Dieu. Il fit aussi son
testament et enjoignit à son héritier de l'observer, de même que
ses instructions verbales, sous peine du jugement de Dieu, auquel
il l'appelait en cas de désobéissance. Il^pria ensuite son fils de se
comporter avec respect vis-à-vis de l'Eglise romaine, d'aimer le
1. Cf. détails identiques, quoique moins complets, dans les Chronographia
(Éd. citée, 1. 1, p. 219) et les Anciennes Chroniques de Flandre {Histor. rie Fr.,
t. XXII, p. 401).
2. Il fut enseveli près du roi son père, d'après les Chronographia {Id., ibid.),
Guillaume Scot {Histor. de Fr., t. XXI, p. 208) et les Anciennes Chroniques
de Flandre {Id., t. XXII, p. 401).
3. Le continuateur de Guillaume de Nangis {Id., t. XX, p. 612) et celui de
Girard de Frachet (/(/,, t. XXI, p. 42) placent ce fait au 3 décembre.
4. Ce couvent, de l'ordre des Dominicaines, avait été fondé par Philippe IV.
5. Yves, moine de Saint-Denis (le véritable auteur de la chronique, dont Scot
fut simplement le copiste. Voy. les Not. et Extr. des 7nss., t. XXI, 2" partie,
p. 249 et suiv.), qui assista Philippe à sa dernière heure, fournit à ce sujet des
renseignements fort semblables. Il signale également, au 26 novembre, l'aggra-
vation de la maladie du monarque {Histor. de Fr., t. XXI, p. 206).
8 LA MORT ET LES FUNERAILLES
peuple et de gouverner le royaume comme saint Louis, de prendre
l'avis de ses frères Charles^ et Louis', de ne point imiter enfin son
exemple en fait d'avarice. Le roi perdit l'usage de la parole le 28
au matin et rendit l'âme le 29, vers la troisième heure ^, suivant
les uns, à midi, selon les autres.
Guillaume Baldrich ajoute qu'au moment où Philippe se trouva
presque à toute extrémité, Enguerrand de Marigny^ le supplia
d'intercéder pour lui auprès de l'héritier du trône. Mais le mo-
narque se contenta de recommander à celui-ci de ne point léser
ce personnage dans ses biens, si l'on arrivait à prouver la fidélité
de ses services; sinon, il le laissait libre de prendre à l'égard
d'Enguerrand telle ou telle décision.
Du reste, le roi fut à peine expiré, paraît-il, que le ministre
reçut l'ordre de ne point quitter la cour jusqu'à reddition complète
de ses comptes et de ne plus se mêler du trésor royal en aucune
façon. La chose était assurée par beaucoup de personnes; Bal-
drich déclarait, toutefois, ne pouvoir la certifier d'une manière
tout à fait positive.
La relation touche ensuite à l'un des points les plus délicats de
notre question, à l'origine mystérieuse de la mort de Philippe
le Bel. Les historiens^ de l'époque, en effet, sont fort divisés à ce
sujet : les uns^ parlent d'un accident de cheval en forêt, les
autres"^ d'une maladie dont les médecins étaient impuissants à
1. Comte de Valois.
2. Comte d'Évreux.
3. Le moine Yves dit que le souverain demanda pardon aux assistants vers
cette heure-là et mourut vers la sixième {Histor. de Fr., t. XXI, p. 208).
4. L'entretien du roi avec son ministre n'est pas mentionné par les difl'érentes
chroniques citées par nous.
5. M. Lacabane estime que l'on fit courir le bruit d'un accident de chasse
survenu à Philippe le Bel dans le but d'atténuer, surtout à l'étranger, la mau-
vaise impression résultant d'une fin causée par lés remords et le chagrin. D'après
sa remarque, en efl'et, les chroniques françaises les plus sûres ne tiennent pas
compte de cette rumeur; celle-ci trouva créance, au contraire, auprès des his-
toriens italiens : les luîtes de Philippe le Bel avec la papauté peuvent faire
supposer qu'on ait cherché à répandre au loin une version de la mort du roi
plus favorable à sa mémoire {Disserlations sur l'hisi. de France au XIV" siècle,
Bibliothèque de l'École des chartes, années 18il-1842, t. III, p. 5-7).
6. Cf. la chronique attribuée à Jean Desnouelles {Histor. de Fr., t. XXI, p. 196),
la chronique rimée attribuée à Gefl'roi de Paris {M., t. XXII, p. 151), les
Anciennes Chroniques de Flandre (Id., ibid., p. 401), les Ghronographia regum
Francorum (Éd. citée, t. I, p. 218).
7. Cf. le continuateur de Guillaume de Nangis (Histor. de Fr., t. XX, p. 611),
DE PniLFPPE LE BEL.
découvrir la cause. Cette dernière Tersion doit être la vraie,
d'après le témoignage des meilleures chroniques et l'opinion de
Guillaume Baldricli lui-même. Il prit à cet égard des renseigne-
ments précis, ainsi que nous l'apprend cette partie de sa lettre.
Philippe le Bel, raconte-t-il, tomba malade' le 4 novembre,
tandis qu'il chassait en forêt près de Pont-Sainte- Maxence^ Il
fut envahi par le mal d'une manière si soudaine qu'il en perdit
l'usage de la parole pendant un temps assez long. L'on disait
bien, ajoute-t-il, que le souverain avait fait une chute de cheval,
sans expliquer au juste de quelle façon, mais tel n'était pas l'avis
de plusieurs familiers du prince qu'il avait interrogés dès le jour
suivant et sur les lieux mêmes. Ceux-ci déclarèrent que le roi
n'était pas tombé, mais avait éprouvé un saisissement subit, avec
impossibilité de prononcer une parole.
Après cet événement, Philippe se fît conduire par eau à Poissy^
et y resta une dizaine de jours. De cette localité, il se rendit à che-
val jusqu'à Essonne'', d'où il fut porté en litière à Fontainebleau.
C'est là qu'il mourut le 29 novembre, dans la ville même qui lui
avait donné le jour.
Suit une allusion de Guillaume Baldrich à l'envoi fait par
lui récemment au roi de Majorque et à Pons de Caramany du
traité d'un certain maître Martin^. Ce personnage y avait prédit
celui (le Girard de Frachet {Jlistor. de Fr., t. XXI, p. 42). le moine Yves,
qui donne beaucoup de détails sur les symptômes de la maladie {Id., ibid.,
p. 206). — Jean de Saint-Victor ne marque pas l'origine de celle-ci {Id., ibid.,
p. 659).
1. Le moine Yves indique également cette date {loc. cit.); \c?, Ckronographia
parlent inexactement des environs de la fétc de Sainl-Michel (Éd. citée, t. I,
p. 218).
2. Oise, arr. de Senlis, chef-lieu de canton. Cette ville, située sur l'Oise,
n'est pas signalée par les cliYoniqueurs. Elle se trouve tout à côté de la forêt
de Halatle, qui doit être celle à laquelle notre relation fait allusion. Geffroi de
Paris parle d'une forêt renommée, qu'il ne cite pas, près de Senlis (Ilistor. de
Fr., t. XXII, p. 151). — D'après Jean Desnouelles {Id., t. XXI, p. 196), la
forêt aurait été celle de Bière (Fontainebleau). Les Anciennes Chroniques de
Flandre {Id., t. XXII, p. 401) disent que l'accident survint à Corbcil. 11 en est de
même des Chronographia (Éd. citée, t. I, p. 218). La version de Geffroi de
Paris, quant au lieu, concorde absolument avec celle de notre auteur et est évi-
demment la vraie.
3. Gcflroi de Paris donne le même détail [Hislor. de Fr., t. .\XI1, |). 151).
4. Petite ville tout près de Corbeil.
5. Nous devons à l'amabilité de M. Omont l'indication d'un recueil sur les astro-
logues composé par Simon de Phares (Bibl. nat., f. fr., \v 1357). Il y est ques-
10 LA MORT ET LES FUNÉRAILLES
les épreuves à subir par un grand roi, et, effectivement, la mort
de Philippe le Bel coïncida avec une éclipse de soleil annoncée
par lui.
Notre lettre se termine par quelques avis et nouvelles de cir-
constance. Ainsi, Guillaume Baldrich émet l'opinion que son
souverain pourrait attendre le sacre du nouveau roi pour lui
envoyer des ambassadeurs. Cette cérémonie devait se faire à
Reims, selon l'usage, mais pas avant l'Epiphanie; peut-être
même serait-elle remise à une époque plus éloignée ^
On manifestait l'espoir que le monarque chasserait du con-
seil royal les hommes pervers qui avaient pu en faire partie, afin
de se conformer aux instructions écrites laissées par Philippe le
Bel. Louis le Hutin, du reste, n'avait encore choisi ni conseil-
lers ni chancelier. Il ne tarderait pas, cependant, de le faire,
d'après le bruit public, et devait réunir le parlement la semaine
suivante. On assurait que le souverain avait pris à son service
les camerlingues, sergents d'armes et secrétaire de son père,
mais on doutait qu'il nommât camerlingue Enguerrand de Mari-
gny, par rapport à ce qui a été dit plus haut.
Le comte de Flandre s'était avancé, ces temps derniers, jusqu'à
Pontoise, mais, à la nouvelle de la mort de Philippe le Bel, il
avait rebroussé chemin. L'on parlait, toutefois, de son prochain
retour. Quant au comte de Namur, frère de ce seigneur, il avait
eu à Vincennes une entrevue avec le roi, le jour même de l'ex-
pédition du rapport de Guillaume Baldrich (7 décembre 1314),
Ch. Baudon de Mony.
Nobiii^ viro domino suo, domino Guillelmo de Caneto, mihti,
locumlenenti illustrissimi domini régis Majoricarum, Guillelmus
tion, à l'année 1339 (fol, 134 v), de Martin du Hémel, de Rouen, protonotaire du
Saint-Siège, qui était fort estimé, paraît-il, pour ses connaissances en astrologie.
Faut-il identifier ce personnage avec celui mentionné par notre texte? Il nous
est impossible de le dire; nous avons tenu, cependant, à ne pas négliger ce
rapprochement,
1, Le sacre n'eut lieu que le 24 août 1315. Cf, le?, Chronographia, éd. citée,
t. I, p. 220, note 1.
2, On lit au dos de l'acte l'adresse que voici : Nobili ac potenti viro domino
Guillelmo de Caneto, milili, locumlenenti illustrissimi domini régis Majori-
carum; puis, quelques lignes au-dessous : Ddr. Pro Guillelmo Baudrici. —
D'après le conseil de juges compétents, nous reproduisons telle quelle l'abré-
DE PHILIPPE LE litL. 4-1
Baudrici se ipsum cum parato afTectii in omnibus serviendi. Noveril
vestra nobilitas quod corpus domini Phiiippi, condam régis Francie,
qui viam esl universe carnis ingressus, prima die decembris porta-
tum fuil Parisius pcr flumen Secane, sicud fuil cliam porlatum per
diclum ilumen corpus palris sui, quandofuil porLalum de GaLalonia.
Fuit aulem diclum corpus abstractum de dicto flumine etposituni in
terra prope Sanctum Bernardum. Et abinde fuit portatum per vil-
lani multum soUepniter ad eclesiam Beale Marie.
In crastinum vero celebravit missam pro anima dicti régis archie-
piscopus Senonensis, frater domini Gelrami de Marreyco. Qua missa
selebrala diclum corpus fuit portalum apud Sanctum Dionisium.
Associabant autem diclum corpus dominus Ludovicus rex hodie
regnans in Francia el fratres sui et avunculi et dominus Robertus de
Alrabato, omnes cum veslibus nigris et cum capuciis indulis ad
modum terre nostre. Sequebantur autem ipsum corpus populusinfi-
nitus mullique prelati et religiosi precedebant. Corpus vero dicti régis
inbasmatum erat involulumque panno aurco, cum clamide foirala
de erminiis. In capile aulem ipsius tenebat coronam auream pulche-
rimam. In manu vero dexlra tenebat baculum aureum qui dicitur
seplrum ; in sinislra vero tenebat quandam virgam nigram, in cujus
capile erat quedam parvula manus alba. Faciès vero ac manus ejus-
dem erant penitus discoperle ac mirabiliter alterate.
Sequenti vero die dictum corpus fuit sepullum in eclesia Sancli
Dionisii, ad lalus sancti Ludovici, avi condam dicti régis. Et in
sepullura ipsius corporis valde pauci inlerfuerunt nobiles el barones,
illis de domo régis exceptis. Postque in crastinum vicera et cor dicti
régis, abstracta de dicto corpore incontinenli post morlem, sepulta
fuerunt in eclesia monialium de Pissiacho, prout idem rex disposue-
viation précédente, car il n'est point facile d'en donner une interprétation
absolument certaine : D. Francisco de Bofarnil lui-même n'a pu nous rensei-
gner d'une manière satisfaisante à cet égard. Mentionnons, néanmoins, une
solution très plausible qui nous a été suggérée i)ar le R. P. Denille; selon ce
savant, ddr devrait se traduire par dandum responsum. Dans ce cas, on peut
faire une double hypothèse : ou cette mention a été mise à Paris, par ordre de
Guillaume Baidrich, pour réclamer des instructions nouvelles de sa cour, ou
bien elle représente une marque de la chancellerie de Majorque, apposée après
l'arrivée du document et destinée à rappeler la réponse à y faire. De quel côté
se trouve la vérité? Nous ne le savons pas. Il ressort, toutefois, de certains
passages de cette pièce que Guillaume Baidrich était parfaitement à môme de
s'attendre à quelque communication de Guillaume de Canet, à la suite de son
compte-rendu.
^2 LA MORT ET LES FCNKRAILLES
rat in sua vita. Cor autem dicti régis, ut dicitur, adeo erat parvum
sicud est cor alicujus pueri qui hodie prodiit ex utero matris sue;
ymo inlellexi quod illi qui viderunt comparant illud cordi ali-
cujus avis.
Porro nolo ignorare nobilitatem vestram quod dominus rex pre-
dictus vere contritus et conffessus, ut fidelis christianus, viam est
universe carnis ingressus fecitque felicem, ut comuniter dicitur, et
pulchcrrimam mortem. Ad quorum declaracionem scire vos volo
quod die martis, xxvi die novemi^ris, gravavit diclum dominum
regem infîrmitas vehementer et, die raercurii sequenti, cum jam
instaret tempus mortis, dictus rex fecit venire ad se filium suum,
regem tune Navarre, et, solus cum solo, per magnum spalium tem-
poris, loqutus est cum eodem. Postmodum vero in presentia multo-
rum, ut dicitur, dixit multa bona verba ad edifîcacionem anime sue
et ad instruxionem heredis sui predicti.
Et, inter cetera, dixit et recognovit defectus et vicia sua et quod
in multis erraverat et offenderat Deum, malo concilio ductus, et
quod ipsemet erat causa mali concilii sui. Gondidit etiam testamen-
tum in quo, ut dicitur, mirabilia continenlur. Et rogavit heredem
suum eidemque precepit ut contenta in dicto testamento et omnia
alia que verbo sibi injuxerat [sic] celeriter adinpleret, quod si faceret
bencdicebat eum benediccione paterna ; alioquin vocavit dictum here-
dem ad divinum judicium, rogans Deum quod, in illum casum, dic-
tus hères suus ipsum celeriter sequeretur. Insuper rogavit dictum
heredem suum ut haberet eclesiam romanam in reverenciam et dili-
geret subditos suos teneretque regnum Francie in bono statu, prout
ipsum tenuit beatus Ludovicus, avus ejusdem ; et quod regeret se
ac regnum predictum concilio avunculorum suorum, scilicet domini
Carol et domini Ludovici. Incusavit autem se ipsum idem rex quod
summa avaricia regnavit in ipso, rogavitque filium suum ut a se
omnem avariciam abdicaret. Hec et alia plura bona dixit idem rex et
disposuit ante mortem. Postque die jovis sequenti mane amisit loqui
usque ad diem veneris; qua die circa terciam, secundum quosdam,
secundum alios circa meridiem, féliciter expiravit. Et incontinenti
fuit fractum sigillum magnum regium atque parvum.
Item de domino Gelramo dicitur quod, tempore quo dictus rex
laborabat quasi in extremis, idem dominus Gelramus rogavit dictum
regem ut recomendaret ipsum domino fîlio suo régi Navarre. Et
dominus rex prcdictus recomendavit eum sibi, ila quod, si inveniret
ipsum fideliter se habuisse in servicio suo, quod non moverct nec
DE PniLIPPE LE BEL. 43
auflerret sibi aliquid de bonis suis; alioquin faccrel quod sibi vide-
retur. Et post obiLum dicli régis dicitur quod fuit inhibilum dicte
domino Gelramo quod non recederet a curia, quousque reddidisset
computum de adminislratis et quod, extunc, non intromiteret se de
thesauro régis nec aliquis pro eodem. Et hoc multi asserunt, nescio
tamen si continet veritatem.
Ilem sciatis, domine, quod infirmitas dicti régis sumpsit exor-
dium un die novembriS; dum rex venabatur in nemore prope Pon-
tem Sancte Maxencie. Et venit sibi subito in dicto nemore, ita quod
per magnum spacium lemporis non potuit loqui. Et, extunc, non
fuit bene sanus nec ilaris rex predictus. Et dicitur per aliquos quod
cecidit de equo, nescitur per quem modum; verum est tamen quod
ego fui ibi in crastinum et a quibusdam de familia régis pecii super
hujus accidenli. Et dixerunt mihi quod non ceciderat de equo set
alias subito copertum fuit cor ejus, ita quod per aliquod spacium
non potuit loqui.
De dicto aulem loco recessit per aquam apud Pissiacum et ibi fuit
per X dies vel circa. Postea abinde recessit equilando, ut dicitur,
usque ad Aissonam et ibi fuit positus in leytera usque ad Foutem-
bliaudii. Et ibi die jovis mane, xxviri die novembris, amisit loque-
lam usque ad diem veneris, qua decessit in dicto loco, ubi etiam
natus fuit.
Videtur autem verificata in aliqua sui parte philosophia magistri
Martini, quam nuper misi domino nostro régi ac domino Poncio de
Garamanno. Que quidem philosofia, inter cetera, continet : Magnus
rex passietur. Et sine dubio magnus rex passus est mortem. Et
mirandum de morte ejusdem quia medici, ut dicitur, nullam in ipso
cognoscebant infirmitatem. Est autem sciendum quod ante per
iiii""' dies, tune quando sol deberet pati eclipsim in xif parte sùi,
juxta dictam philosophiam, accidit illud quod proxime scriptum est
dicto domino régi.
Item non videtur michi expediens, salvo semper meliore concilio,
quod ex parle domini nostri régis delegentur aliqui ambaxatores ad
partes istas, quousque dominus Ludovicus rex novus fuerit corona-
tus. Et dicitur quod coronabitur salis cito in eclesia Remensi, ubi
consueverunt coronari predecessores ejusdem. Etpresumiturelhabe-
tur spes et fiducia quod dictus rex novus reclificabitconcilium suum
et purgabit domum Francie malis hominibus, si qui eranl, propter
instruxionem seu doclrinam paternam, que pênes dictum novum
regem, ut dicitur, remansit in scriptis.
^Â LA MORT ET LES FDNÉRiILLES DK PHILIPPE LE BEL.
Post predicta inlellexi quod dictus dominas rex non coronabitur
citra festum Epiphanie Domini; et forte posset esse quod ulterius
ejus coronacio difTerretur ex causa. Quare super adventu ambaxato-
rum domini nostri régis provideant illi ad quos pertinet, prout
eorum discrecioni videbitur expedire. Scire tamen volo nobilitatem
vestram quod dominus rex Francie nondum providit sibi de concilio
nec de canceliario, quod sciatur; creditur, tamen, quod providebitur
cito et quod in sequenti septimana tenebitur parlamentum. Dicitur
etiam pro certo quod dictus dominus rex recepit camarlanos et hos-
tiarios armorum et notarium secretorum, eosdem quos pater suus
habebat dum vivebat. De domino Gelramo dubitalur an sit receptus
in camarJanum, propter illa que superius scripsi vobis.
Cornes Flandrie, ut dicitur et pro certo, veniebat et fuit prope
Pontisarara et ibi certificatus de obitu domini régis Francie retroces-
sit. Set dicitur quod reveniet in propinquo. Et frater suus comes de
Namur fuit liodie cum domino rege Francie apud Vicenas.
Datum Parisius, vu die decembris anno M CGC XIIII.
{Orig. sur papier, Archives d'Aragon, coll. des Carias reaies de Jacques II,
n° 5031.)
UN
NOUVEAU CALENDRIER ROMAIN
TIRÉ DES FASTES D'OVIDE.
La Bibliothèque nationale a récemment acquis un petit manus-
crit in-8° (208 X ISO""'"), sur papier, de provenance italienne et
dont la date peut être rapportée à la seconde moitié du xv° siècle.
Ce volume, inscrit sous le n° 632 des nouvelles acquisitions du
fonds latin, contient différents opuscules d'auteurs latins anciens,
dont voici le détail :
49
Fol. -i. Ancienne cote : « Gt, » et nolice incomplète du volume.
— Fol. 2. Vers sur le Zodiaque. « Zodiacus.
a Hic qui sacris pervius astris. . . »
Fol. 3-4, vacant.
Fol. 5-8 v°. Valerii Probi de notis Romanorum inlerpretanjdis
libellus. — Publié par M. Th. Mommsen dans les Grammatici
latini de Keil, t. IV, p. 27^-275.
Fol. 8 vo-^9 v°. a Sequitur ordo antiquitatum secundum alfabetum.
A., Aulus; Aug., Augustus... » — Cf. ibid., p. 347 et suiv., De
Probi qui dicitur notarum laterculo alphabetico.
Fol. 'l9v°-20. « Ponderum no,tce Prisciani gramatici. Semis, As,
Dispondius, Sextertius, Denarius... »
Fol. 20. Fragment sur le digamma renversé :
« Voluit Gla[udius] Caesar pro u consonante digam[mja inversum
hac sciUcet figura A. scribendum esse, ut propriam haberemus litte-
ramubi u consonantera facimus. Idque Rome nostro œvo quibusdam
A6 m NOUVEAU CALENDRIER ROMAIN
in locis scripLum inspicitur, ut Serius, iJVLGVS, ilXlT, pro vixit,
et presertim in taii epigram[ra]ate ' :
D . M . S . SEGVNDVS 5IXIT . ME
NS . IX . DIES . XXVI . PETRONIA
NOE . SOROR . EIVS JIXIT . AN .
MENS . 111 . DIES . XII . HIG SEPVL
TI SVNT . SO
« Non hanc solam, sed très litteras GIa[udius] ipse, teste Gornelio
Tacito, prioribus nostris adjecit, quse usui, imperitante eo, fuere, pos-
tea obliterate^. »
Fol. 20 V". c( 0 litteram inversam mulierem significare testis est
Quintilianus^, quod etiam plunbus epigram[m]atibus inspicitur. »
Fol. 20 v°. « Nota quod littere duplicate consimiles ut plurimum
significant pluralem numeruin : IMPP., Imperatores... »
Fol. 2-1 . « Quoniam mentio cepit de numeris, ideo breviter osten^
damus qua figura quisque numerus representetur. Omnis numerus,
ut ait Boetius... »
Fol. 22-25, vacant.
Fol. 26-33 v°. Galendrier romain, tiré des Fastes d'Ovide, conte-
nant les mois de janvier à juin, et à la fin duquel on lit la mention :
a Explicit Semestre. » — Ge calendrier est publié plus loin.
Fol. 34-3o, vacant.
Fol. 36-40 v°. « L. Annei Senecae Gordubensis liber de moribus. »
Fol. 4^-60. « L. Apuleii Madaurensis, philosophi Platonici, cosmo-
graphia, sive de mundo ad Faustinum liber. »
Fol. 60-78 v°. « L. Apuleii Platonici de philosophia. » G'est le
second livre du de dogmate Platonis.
Fol. 78 v°. Souscription du copiste du ms. : « XI . KAL . NOVEMBR .
0 GAROL . BR . MARG . P . D . $0 »
Fol. 79-84, vacant.
Le calendrier romain qui se trouve aux fol. 26-33 v" du manus-
crit est un de ces nombreux calendriers tirés des Fastes d'Ovide
et dont plusieurs ont été publiés par Merkel dans la préface de son
t. Cf. Thomie Heinesii Srjntagma inscriptionum antiquarum (Lipsiae, 1682,
in-fol.), p. 788 (15, xv).
2. Taciti Annal., XI, 14.
3. Quinliliaai InstU. orat., I, 7, 28.
flllE DKS « FASTtS » b OVIDE. J7
édition des Fastes K II diffère cependant de tous ces calendriers en
de nombreux points-, comme de celui qu'a récemment publié
M. Gaston Boissier dans la Revue de philologie '\ d'après un
autre manuscrit de la Bibliothèque nationale ( nouv. acq.
lat. 1523), et d'un autre encore, conservé à Dijon (ms. 288), qui a
été imprimé dans le Cabinet historique*. C'est un nouveau texte
offert à l'étude du futur éditeur d'une collection des anciens calen-
driers romains, meilleur en nombre d'endroits que plusieurs de
ceux qu'a publiés Merkel ; on le trouvera ci-dessous imprimé tel
que le donne le manuscrit, sauf quelques corrections et additions
indispensables au sens, qui ont été indiquées en notes ou sup-
pléées entre crochets.
H. Omont.
A. Kal. JÂNUARII. Feslum Junonis, fesla dies feriataacausis. Piunt
sacrificia in templis, processio^ in Gapilolium ad Jovis tem-
plum. Consules intronizantur. Festum Esculapii et Jovis in
Insula.
B. un non. Dies ater et interficus.
G. III non. Capricornus oritur cosmice ; occidit Cancer cosmice, vide-
licet prima pars ubi sunt brachia.
D. Pridie non.
E. Non. Lira oritur cosmice, que est in Capricornoj Lira autem
Kironis, qui in Sagitario, orilur heliace.
F. viii idus. Dies ater el interfîcus.
G. VII idus.
A. VI idus.
1. P. Ovidii .\asonis Faslorum libri sex, editore et interprète R. Merkelio
(Berolini, 1841, in-8°), p. liii-lviii. Cf. la notice consacrée aux anciens calen-
driers romains par M. Th. Momnisen dans le tome I du Corpus inscriptionum
latinaruin, éd. allera, pars prior, p. 205 et suiv.
2. On peut le rapprocher pour certaines parties des mss. r et b de Merkel,
tous deux conservés à la Bibliothèque royale de Berlin et datés des xiv° et
XV' siècles.
3. Nouvelle série, t. VIII (1884), p. 55-74.
4. Nouvelle série, t. I (1882), p. 371-373, et tirage à part : Notes sur quelques
manuscriis d'Autun, Besançon et Dijon..., par H. Omont (Paris, 1883, in-S"),
p. 45-47.
5. Ms. professio.
1897 2
-18 ON ?iOUVEAC CALENDRIER ROMAIN
B. V idus. Agonalia, fesLa Jani. Delphin oriLur cosmice.
G. iiii idus. Media hiems.
D. III idus. Poiilificale festum, Garmentis feslum eL factum templum
Ju[turnse] '.
E. Pridie idus.
F. Idibus. Festum Jovis et sacrificium pro reddita Provincia.
G. XIX kal. Februarii. Ater et interficus dies.
A. XVIII kal. Iterala sacrificia et festum Garmentis. Sacrif[icium]
P[orrime].
B. XVII kal. [Festum] Goncordie et factum templum eidem.
G. XVI kal. Sol in aquario.
D. XV kal.
E. XIV kal.
F. XIII kal.
G. XII kal.
A. XI kal.
B. X kal. Lira erit sub occasu cum occident Sol et tam Lira Kironis
quam Lira Mercurii ideoque.
G. IX kal. Stella quse est in pectore Leonis de mane in aurora occ[idit]
cos[mice] in occidente. Festum Sementinse.
D. VIII kal.
E. VII kal.
F. VI kal. Festum Gastoris et PoUucis et factum eis templum.
G. vkal.
A. IV kal.
B. III kal. Festum Pacis.
G. Pridie kal.
D. Kal. FEBRUARIL Festum Junonis. Templum factum Sospitœ.
Processio ad locum Avernum Proserpinœ dicatum prope fauces
• Hostie. Sacrificium in Gapitolio et Veste. Tempus pluviosum et
nivosum.
E. un non. Ater et interficus. Occidit Léo cosmice; occidit Lira Mer-
curii heliacse. Delphin noctu sub occasu in inferiori hemispe-
rio est.
F. III non.
G. II, pridie non.
l. Ms. festum templum 3a.
TIRK DES « FASTES » O'OVIDE. i 9
A. Non. AugusLus adeplus est nomen PaUis palriœ. Aquarius médius
apparel. Jam flant Zephiri.
B. VIII idus. A 1er et interficus dies.
G. VII idus.
D. VI idus.
E. V idus. Initium Veris.
F. rrii idus.
G. III idus. Bœtes et Ursa major oritur cronicœ, que ad pedes non
tota.
A. Il, pridie idus.
B. Idibus. Festum Jovis. Feslum et sacrificium <I>auni in Insula.
Interfecti sunl 300 Fabii a Vcientibus.
G. XVI kal. Mardi. Ater et interficus. Gorvus, Grater et Anguis'
sydera oriuntur croni[ceJ.
D. XV kal. Festum Fauni bicornis, vel Panis, dei pccorum. Non est
bonum navigare propter venlorum instabilitatem. Sol in pisci-
bus. Aquarius incipit oriri heliace. Expiatio matrum Romana-
rum cum verberibus.
E. XIV kal.
F. XIII kal. Deificatio Romuli. Festum Stultorum. Feslum dee For-
nacis et Fornicalia festa diebus inccrtis et indeterminatis.
Festum Tacite seu mute. His diebus bonum est nubere, nec
fît aliquod sacrificium. Fiunt exequie mortuorum, quœ Juste
dicuntur.
G. XII kal. Garistia carorum virorum festa.
A. XI kal. Festum Termini.
B. xkal.
G. IX kal.
D. VIII kal.
E. vu kal. Fuga Tarquini[i] régis. Ver incipit secundum aliquos.
F. VI kal.
G. vkal.
A. IV kal.
B. m kal. Equiria Martis in Gampo Martio.
G. II, pridie kal.
D. Kal. MARGII. Festum Junonis. Renovantur corone lauree Fiami-
l. Ms. a novis.
20 U.V NOUVEAU CALENDRIER ROMAIN
nibus, Yestalibus el Lemplo Vestœ; ponuiilur nove corone lau-
re[e] hosliis Iraperatoris. Reiiovantur aliraenla igni Vestae.
Inceptum fesLuni Année. Salii ferunl ancillia Martis. Feslum
MarLis. Templum faclum Junoni a maLronis. Non est bonum
nubere.
E. VI non. Ater et inlerficus dies.
F. V non. Alter Piscium conditur sub orizonte occidentis in prima
hora noctis, vel oritur heliace, quare alter Piscis incipit occidere
heliace et cronice, et oritur ortus cosmice.
G. riir non.
A. III non. Occidunt Arthopbilax, id est Ursa minor el Bœtes cosmice,
el ullima hora noctis sub orizonte occidentis erunt ; Yindemia-
tor autem super orizontem occidentis et tendens ad occasum, et
videri poleril.
B. II, pridie non. Julius Gœsar factus pontifex, templi Vestse sacerdos.
G. Non. [Feslum] Vejovis, id est Jovis viventis. Nocle sequenli in
exlremo Pegasus apparet, inaltoque est in regione Gapricorni.
D. VIII idus. Ater et interficus dies. Gorona Hadrianae oritur cronicœ.
E. VII idus.
F. VI idus.
G. V idus.
A. IV idus.
B. III idus. Altéra equiria in Gampo Gœlio gramineo juxta Tyberim.
G, II, pridie idus.
D. Idibus. Festura Jovis. Festum Annae Perennse. Occisus est Julius
Cœsar, et cœlo deificatus^. Occidit Scorpius cosmice, seu verius
apparet supra orizontem occidentis de mane ullima hora noctis.
E. XVII kal. Aprilis. Ater el interficus. Forte poterit dici Scorpionem
videri supra orizontem occidentis ante ortum Solis.
F. XVI kal. Festum Bacchi. Oritur Mil vus cronice. Processio ad tem-
plum Gastoris et Polucis xvi et xviikal.
G. XV kal. Sol in Ariete.
A. xiiii kal. Quinquatria festa Minervœ, et hac die nata est. Nefas
est fieri bella festiva, aliis vero quatuor diebus sequentibus
bella et hastilutationes fiunt in honorem Palladis in harena.
B. XIII kal.
G. xri kal. Equino[c]lium Veris. .
1. Ms. deificato.
TIRÉ DES « FASTES » d'oVIDE. 2i
D. xrkal.
E. \ kal.
P. IX kal.
G. VIII kal. Festum Jani. Feslum Concordiœ, Salutis, Pacis.
A. VII kal.
B. VI kal.
G. vkal.
D. un kal.
E. III kal.
F. II, pridie kal. Festum Lune.
G. Kal. APRILIS. Festum Junonis. Festum Virilis Forlunse. Occidit
Scorpius cosmice.
A. un non. Aprilis. Ater et interficus. Oriuntur Pléiades heliace.
B. III non.
G. II, pridie non. Feslum Cibelis, matris deorum; constitulum el
templum, auctore Aletello. Ritu et causa ri tus dies feriata a
causis.
D. Non. Factum est templum Fortunœ in colle Quirinali.
E. VIII idus. Ater et interficus dies.
F. VII idus. Spectacula scu ludi inhonorem Gaesaris; hacdie Jubam
regem vicit. [Lira] occidit cosmice. Orionerit suborizonteocci-
dentis de sero antequam sol occidat, nec propric occasus est
cronice vel cosmice.
G. VI idus. Festum Gaesaris, in quo currunt equi.
A. V idus.
B. IV idus.
G. III idus.
D. II idus.
E. Idibus. Festum Jovis victoris; dedicalio ejus templi. Festum et
dedicatio templi Libertatis.
F. XVIII kal. 3Iaii. Ater et interficus et grandinosus.
G. XVII kal. Festum Telluris. Bos fœta seu preg[n]ans sacrif[icatur]
Telluri. xxx vaccœ gravidse occiduntur pro sacrificio; viluli
tamen extra[c]ti urebantur par sacerdotissam Palis, ut ex cinere
vitulorum fiant purgamina hominum, et xiii kal.
A. XVI kal. Augustus sup[p]res[s]it titulum Iraperii. Hiades occidun-
tur heliace.
B. XV kal. Gursus equorum in circo. Ustio vulpium Gereri.
22 UN NOUVEAU CALENDRIER ROMAIN
C. xtv kal. Sol in Tauro.
D. XIII kal. Feslum Palis, dese pastorum. Fiant purgamina hominum
et pecorum. Roma fuit fundala.
E. XII kal.
F. XI kal. Festum Veneris, celebratio meretricum. Festum Jovis.
Vinalia festa.
G. xkal.
A. IX kal.
B. VIII kal.
C. VII kal.
D. VI kal. Medietas veris. Aries occidit, Ganis oritur. Festum Rubl-
ginis, ejus sacra et processio.
E. V kal.
F. IV kal.
G. III kal. Incipiunt Floralia, dese Flore. Festum Vestœ; liac die
recepta in lemplo Phebi in Palatino monte.
A. II, pridie kal.
B. Kal. MAIL Festum Junonis. Amalthea capra oritur cosmice. Fit
ara Laribus. Festum Flores; dedicatio ejus templi.
C. VI non. Ater et interficus. Fiant Zephiri in matutinis de mane.
Pléiades, seu Hiades, oriuntur cosmice, seu heliace, et melius
quare dicit micant septem flammis. Festum Flore continuatur
cum cerimoniis.
D. V non. Kiron oritur cronice de sero in oriente.
E. un non.
F. m non. Lira Chironis oritur cronice de sero in oriente, et S° die
post Chironem stel[l]iricata.
G. II, pridie non. Scorpius oritur cronice in prima parte noclis,
quare in oriente médius ap[p]aret occidente sole.
A. Non.
B. VIII idus. Ater et interficus.
G. VII idus.
D. VI idus. His tribus diebus fiunt Lemuria nocturna, id est exequie
mortuorum; nulla fmnt in templis sacrificia, non flunt spon-
salia. Orion occidit beliace.
E. V idus. Martis Bisultoris.
F. irii idus.
G. in idus.
TlUK DES a FASTES « d'oVIDE. 23
A. II; pridie idiis. Pléiades planœ appare[n]t de mane in oriente ante
solem quare or[iunlur] sl[ellaej heliace. iEstas incipit.
B. Idibus Maii. Feslum Jovis. Apparet prima pars Tauri de mane
in oriente ante solem ortn heliaeo, quando sol sit circa finem.
Cup[r]ea simulacra miltuntur in Tiberim. Feslum Mercurii,
faclum eidcm templum juxla Campum Martium.
G. XVII kal. Junii. Ater et inlerficus.
D. XVI kal.
E. XV kal. Sol in Geminis. Fiunt iterum Agonalia Jani. iJonum est
navigare. Ganis oritur sequenti nocte.
F. xiiii kal. Festum Vulcani. Lustra Vulcani fiunt.
G. XIII kal.
A. XII kal.
B. XI kal.
G. X kal. Mo[ra] sacrorum fit, et docetur fuga régis Porsenœ dum
Romam obsedit.
D. IX kal. Festum Fortunse publicœ Romanorum, templum eidem
dedicatum. Aquila oritur cronice, videlicet Gaper de sero in
occidente.
E. VIII kal. Bœtes occidit.
F. VII kal. Hyas oritur.
G. VI kal.
A. V kal.
B. iiii kal.
G. m kal.
D. II, pridie kal.
E. Kal. JUXII. Festum .lunonis [Garnae]. Mos erat comedi fabas et
farra propter sanitatem tocius anni. Faclum templum Junoni
iMonetse in summaareeGapilolii,aucloreCamillo. Festum Mar-
tis in templo prope porlam Capenam. Factum templum Tcm-
peslati et fit ejus festum. Oritur cronice tota xVquilla, que est in
Sagilario.
F. un non. Junii. Ater et interficus. Pléiades apparent plene de mane
in oriente; cum si[n]t in cornu Tauri est tempus pluviosum.
G. III non.
A. II, pridie non. Festum Bellona3 et faclum templum in Campo Mar-
tio, auctore Appio Geco. Romani vicerunt Tuscos. Festum Iler-
culis et factum est templum, auctore Sylla.
24 UN NOUVEAU CALENDRIER ROMAIN
B. Non. Festum Trinomii dei, videlicet Sa[n]cli Fidei Semicapri. Non
est bonum nubere a kalendis ad idus, post bonum est.
G. viii idus Junii. Aler, inlerficus.
D. VII idus. Non apparet Ursa minor. Ludi in honorem Tybridis.
Festa dies Pastorum.
E. VI idus. Festum Mentis et factum ei teraplum. Festum Vestae et
constilutum ei templum, auctore Numa. Brutus Hispanias sube-
git. Crassus apud Parthos victus est et occisus.
F. V idus. Apparet Delphin de sero, postquam erit nox in oriente.
G. iiii idus. Matronalia in templo Junonis', seu MatulcB; factum ei
templum, auctore Servio Tull[i]o. Victus et cesus est Rutilius
consul a Marsis populis. Didius consul cœsus est ab hostibus.
Festum Fortunse in templo ubi erat statua Servii Tuili[i]. Tem-
plum Goncor^ise fit ope Livise Augusti. Festum Goncordise in
palatio Livise, ubi dicebatur porticus Liviae, vel Livia.
A. III idus.
B. II, pridie idus.
G. Idibus. Festum Jovis, et factum templum Jovi invicto. Quinqua-
tria minora Minervae.
D. xviir kal. Julii. Ater et interficus.
E. XVII kal. Potest apparere Venus in fronte Tauri, id est Lucifer; non
est proprie ortus, quare planeta est, etiamsi^ non cadit talis
ortus in planetam. Piunt purgamina in [œde] Vestae Tyberi.
F. XVI kal. Bonum est navigare propter placidos zephiros.
G. XV kal. Sol in cancro. Factum templum Palladi in Aventino.
A. xiiii kal. Orion apparet de mane ortu heliaco, quare solem prece-
dit, est enim in regione Tauri.
B. xiir kal. Delphin apparet in oriente ortu quasi cronice, sed non
proprie, nam surgit in oriente post aliquod tempus noctis de
die. Romani vicerunt Volscos et Equos populos ; victus est
Jugurta.
G. XII kal. Factum templum Summano propter victoriam habitam
e Pirro rege.
D. XI kal. Esculapius sydus apparet in oriente, média nocte. Malum
est com[m]ittere bellum; victus est Flaminius consul.
1. Ms. Ynonis.
1. Ms. etiaticus.
TFaÉ ni-s « FASTES » d'ovide. 25
E. X kal. Bonum est bellum com[m]ittere; viclus est Syphax, Ilas-
drubal interfectus bello.
F. IX kal.
G. VIII kal. Festum Fortunse fortis in ripa Tyberis. Orion non apparel.
A. VIT kal.
B. VI kal. Solsticium estivale. Oritur zona orientis.
G. V kal. Festum Lariuni. Teraplum factum Jovi Slalori, auctore
Romulo.
D. un kal. Factum templum trabese vestls Romuli.
E. III kal.
F. II kal. Festum Pyeridum Musarum in templo juxta templum Ilcr-
culis.
es EXPLICIT SEMESTRE. C$
0
LES COLLECTIONS CANONIQUES
ATTRIBUEES A
YVES DE CHARTRES
(Suite*.)
-*—^^s=-^
CHAPITRE IL
Le « Décret » attribué à Yves de Chartres.
La célèbre collection, en dix-sept parties, connue sous le nom
de Décret d'Yves de Chartres, n'a été conservée que dans un
petit nombre de manuscrits. On en peut citer six, à savoir^ :
Bibl. nat.. Latin, 3874; autrefois Colbert, 935; xif siècle.
Ce manuscrit s'arrête à la fin de la partie XVI. C'est le manus-
crit cité habituellement sous le nom de Colbertinus.
Bibl. nat.. Latin, J4315; manuscrit provenant de Saint- Vic-
tor ; xii" siècle. Ce manuscrit contient l'œuvre au complet; il est
cité sous le nom de Victorinus.
Vatican, 1357 ; manuscrit du xii*' siècle, qui contient l'œuvre
au complet^.
Vatican, Palat., Latin, 587; xn® siècle; contient seulement
les six premières parties du Décret.
British Muséum : King's Library, 11, D, VII; xn'' siècle. —
Recueil en dix-sept parties.
1. Voir Bibliothèque de l'École des chartes, LVII, p. 645-698.
2. Je ne cite pas dans cette liste les manuscrits qui contiennent des extraits
du Décret, mais seulement ceux que je crois contenir l'œuvre primitive en tout
ou en partie. Je n'ai point vu les manuscrits de Londres et de Vienne.
3. Ballerini, De untiquis collectionibus et collectoribus canonum, pars IV,
c. XVII, § 7,
LES COLI.rCTrOXS CANONIQUES ATTRIBCéES A YVES DE CRARTUES. 27
Theiner signale aussi un manuscrit du Décret conservé à
Vienne ' .
D'après M. Conrat-, la bibliothèque Corsini à Rome contien-
drait un manuscrit, jusqu'ici inconnu, du Décret d'Yves, dont
il ne donne pas la cote. J'ai lieu de croire qu'il s'agit ici du manus-
crit 1808 de la bibliothèque Corsini, qui, selon les renseigne-
ments que m'a communiqués mon excellent ami M. Paul Fabre,
ne contient pas, à dire vrai, le Décret d'Yves, mais un extrait
assez copieux des parties I à XVI de ce recueil.
La rareté des manuscrits du Décret prouve péremptoirement
que cette collection a été très peu répandue au moyen âge. —
Si elle a reçu de bonne heure les honneurs de l'impression, c'est
qu'aj^ant été attribuée à Yves de Chartres, elle a joui du prestige
qui s'attachait aux œuvres de ce prélat. Dès 1561, elle fut impri-
mée à Louvain, par les soins de Jean du Moulin. Le P. Fron-
teau, genovéfain, en publia à Paris, en 1647, une édition nou-
velle, préparée par le chanoine de Chartres Souchet, qui avait
utilisé le manuscrit de Saint- Victor. Ces deux éditions étaient
fort imparfaites ; au commencement du xviif siècle, un bénédic-
tin de Saint-Germain-des-Prés, dom Gellé, entreprit de donner
à son tour une édition des œuvres d'Yves de Chartres, et, en
particulier, de ses collections canoniques. Son travail est mal-
heureusement demeuré inédit ; il subsiste dans les manuscrits
latins 12317 et 12318 delà Bibliothèque nationale, provenant de
Saint-Germain-des-Prés. De ces deux manuscrits, qui m'ont été
gracieusement prêtés, le premier (n" 12317) contient, outre la
1. Disqttisitiones criticae, p. 176. Il existe à la Biblioteca nazionale de I:lo-
rence un manuscrit (Convenli Soppressi, Vallombrosa, G, I, 83G) qui, d'après
l'inventaire, est intitulé : Ivo)iis Decrelum. Grâce aux noies que m'a obligeam-
ment envoyées M. l'abbé Paquier, chapelain de Saint-Louis-des-Français, à
Rome, j'ai pu constater que ce titre est erroné ; le manuscrit contient simple-
ment la Panormia d'Yves.
2. Geschkhle der Quellen und LUerntur des rômischen Rechts im friiheren
MUtelalter, I, p. 378, note l. — D'après le catalogue, il n'y a pas d'autre manus-
crit dVves de Chartres à la bibliothèque Corsini. C'est sans doute ce ms. que
Bethmann {Archiv de Pertz, XII, p. 395) a cité à tort comme contenant la Panor-
mia. Il doit en réalité figurer, non dans la liste des manuscrits du Décret, mais
dans la liste des manuscrits de collections extraites du Décret. Au début du
manuscrit Corsini, on lit : « Inci|)it prologus domini Ivonis Carnolensis epis-
copi ante collectiones ecclesiaslicarum regularum de convenientia et dispensa-
lione canonura. » Je remarque que, d'après Theiner, c'est exactement Vincipit
des manuscrits de Londres et de Vienne.
28 LKS COLLECTIONS CANOiVIQUES
préface préparée par dom Gellé pour son édition, une foule de
notes et des lettres des correspondants qu'il avait interrogés sur
les manuscrits d'Yves de Chartres; le second (n° 12318) n'est
autre chose qu'un exemplaire de l'édition du Décret par du
Moulin, en marge duquel dom Gellé a transcrit les innombrables
notes qu'il avait préparées avec un soin extrême sur chacun des
fragments de la collection. Je ne connais que M. l'abbé Menu
pour avoir consulté les papiers de dom Gellé. L'édition du Décret,
dans la Patrologia latina (t. CLXI), n'est qu'une reproduction
de celle de Fronteau*.
En examinant de près la composition du Décret, on arrive
bien vite à se rendre compte des analogies frappantes qu'il pré-
sente avec trois recueils connus, celui de Burchard, la Tripar-
tita et la Britannica. Le premier point à mettre en lumière,
c'est la relation qui unit le Décret à ces trois collections^. On
verra qu'ainsi s'explique l'origine des trois cinquièmes au moins
des textes qui constituent le Décret d'Yves^. Laissant de côté
ces trois cinquièmes, dès que la provenance en aura été déter-
minée, j'étudierai les deux autres cinquièmes, dont on ne peut
dire, avec certitude, qu'ils proviennent de collections rédigées
1. Sur le Décret, on peut consulter les ouvrages suivants : Ballerini, De anli-
quis collectionibus et collectoribns canonum, pars IV, c. xvi, — Theiner, Dis-
quisitiones in prxcipuas canonum et decretalium collectiones ; voir dans ce
recueil la dissertation de Vecreto quod Ivoni trlbuilur, p. 139-196. — Savigny,
Geschichte des Rômischen Bechts im Mittelalter [l' édition), t. II, p. 106 et suiv.
— "Wasserschleben, Beitracge znr Geschichte der vorgratianiscfien Rechtsquel-
len, p. 47 et s. — Conrat, Geschichte der Quellen und Literaiiir des Rômi-
schen Rechts im friiheren Mittelalter, l, p. 378-383. — Joignez-y les ouvrages
de M. l'abbé Menu, de MM. Ewald, Mommsen et Friedberg indiqués en tète
de la précédente étude, et aussi Histoire littéraire de la France (2° édition),
t. X, p. 102. — Ad. Tardif, Histoire des sources du droit canonique, p. 170
et 171. — Viollet, Histoire du droit civil français (droit privé et sources), p. 62
et 63. — Je n'entreprends pas de menlionner ici les ouvrages qui traitent, non
des recueils canoniques d'Yves de Chartres, mais de sa vie et des événements
auxquels il a été mêlé.
2. Cette tâche a été ébauchée par Theiner en ce qui concerne le Décret de
Burchard et la Tripartita [Disqnisitiones, p. 173 et s.); malheureusement, Thei-
ner considère, bien à tort, le Décret comme issu de la Panormia. Entre le
Décret d'Yves et la Britannica, des analogies ont été indiquées par Ewald
(Neues Archiv, t. V, dissertation déjà citée). La question mérite d'être reprise
dans son ensemble ; c'est ce qu'on s'est proposé de faire ici.
3. g 1, 2, 3.
ATTRIBDÉES A ïVtS OK CIIARTRKS. 29
au xr siècle*. J'essaierai alors de montrer quel plan l'auteur
(lu Décret a suivi et quels procédés de travail il a employés-'.
Enfin, je me préoccuperai de déterminer la date de la composi-
tion du Décret, ainsi que le pays où il a pris naissance -^ Confor-
mément à la résolution annoncée en tête de ces études, je réserve
pour un autre chapitre la discussion des questions relatives à la
personne de l'auteur du Décret.
Le Décret de Burchard a passé presque tout entier dans le
Décret attribué à Yves, dont il constitue un élément très impor-
tant, au moins par la quantité des textes qu'il a fournis. En effet,
comme on va le démontrer, sur 3,760 fragments qui composent
le Décret d'Yves, 1,600, au bas mot, ont été extraits du recueil
de Burchard. Ces fragments sont reconnaissables à ce qu'en
général ils sont entrés dans l'œuvre d'Yves, non isolément, mais
par séries plus ou moins considérables. On pourra s'en con-
vaincre si l'on jette les yeux sur les observations qui suivent :
Partie I.
Yves, I, ^97 = Burchard, IV, 2.
Et ainsi de suite jusqu'à :
Yves, I, 2n = Burchard, IV, 22.
Puis :
Yves, I, 2^8 = Burchard, IV, 24.
Et ainsi de suite jusqu'à :
Yves, I, 293 = Burchard, IV, ^ or
En réalité, on retrouve dans cette partie 1 tout le livre IV de Bur-
chard, moins les ebapitres i à 23. Les éléments tirés de Burchard
forment à peu près le tiers de cette partie du Décret d'Yves.
Partie II.
Yves, II, H = Burchard, V, ^.
Et ainsi de suite jusqu'à :
Yves, II, 62 = Burchard, V, 53.
Tout le livre V de Burchard a ainsi passé dans la partie II d'Yves.
1. H- -2. g 5. - 3. §6.
30 LES COLLECTIONS CANONIQUES
D'ailleurs, on retrouve dans celle partie d'autres fragments emprun-
tés à Burchard\ si bien que, sur les ^43 chapitres qui la composent,
78 au moins ont été certainement fournis par le recueil de l'évêque
de Worms.
Partie III.
Les chapitres 3 à 96 sont empruntés au livre III de Burchard, le
chapitre 3 d'Yves étant identique au chapitre premier de Burchard
et le chapitre 96 aux chapitres -120 à ^25. Une nouvelle série tirée
de Burchard commence au chapitre -107 d'Yves et s'arrête au cha-
pitre ■H4 (Burchard, III, -^90-^97). Enfin, une troisième série de
textes empruntés au livre III de Burchard s'ouvre avec le chapitre 200
d'Yves (Burchard, III, -134) et se continue jusqu'au chapitre 284 et
dernier, qui est identique au chapitre 24 ^ et dernier du troisième
livre de Burchard. Ces trois séries comprennent à elles seules -1 84 cha-
pitres tirés de Burchard, sur 28 î qui constituent la III^ partie d'Yves :
1. Décret, II, 117 = Burchard, II, 50.
— 118 = — 52.
— 119 = — 54.
— 120 = — 70.
— 121 = — 71.
— 122 = — 92.
— 123 = — 93.
— 124 = Barchard, III, 70.
— 125 = - 72.
— 126 = — 73.
— 127 = ■ — 74.
— 128 = — 75.
— 129 = — 76.
— 130 = — 78 et 79.
— 131 = . - 9G.
— 132 = . - 97.
— 133 = — 98.
— 134 = — 99.
— 135 = — 100.
— 136 = - 101.
— 137 = — 102.
— 138 = - 103.
— 139 = — 104.
— 140 = — 105.
— 141 = - 106.
— 142 = — 107.
— 143 = — 108.
ATTRIBUÉES A YVES DE CHARTRES. 31
encore faut-il y ajouter quelques chapitres isolés. Ainsi, ce sont les
deux tiers de cette partie qui sont tirés du Décret de Burchard.
Partie IV.
Une première série tirée de Burchard comprend les chapitres i 4-
22 d'Yves (Burchard, II, 78 et suiv.). Une seconde série est formée
des chapitres d'Yves 34-00 : elle répond au livre XIII de Burchard.
Une troisième série comprend les chapitres 6i-G5 d'Yves (Burchard,
III, 217 et suiv.). En outre, les chapitres 66-70 d'Yves reproduisent
les chapitres de Burchard, III, -124-128. — En somme, sur 257 cha-
pitres dont se compose la IV" partie du Décret d'Yves, 4-1 au moins
viennent du recueil de Burchard.
Partie V.
On y rencontre une première série, celle des chapitres 57 à 77,
qui est rigoureusement identique à la série des chapitres 3 à 23 du
livre I de Burchard; une seconde série, -135 à 'I5^, identique à la
série 24 à 40 du même livre I. Puis :
Yves, V, n2 = Burchard, I, 62.
— ^73 = — 64.
— -174 = — 65.
— -175 = — 67.
— -176 = — 68.
_ n7-180 = — 70-73.
— -181-^96 = — 75-90:
— '197-2<3 = — 9^-iU.
— 2^4-23^ = — -1^4-^3^. .
— 232-234 = — -133-135.
— 250-256 = — 136-141.
— 257-264 = — 144-151.
— 265 = — 153.
— 266-280 = — 156-170.
— 289-292 = — 171-174.
— 293-307 = — 177-191.
— 308-313 = — 193-198.
— 314-333 = — 200-219.
— 335 = — 221.
— 336-339 = — 223-226.
— 340-344 = — 228-232.
32 LES COLLECTIONS CANONIQUES
En résumé, sur 378 chapitres qui constituent le livre V d'Yves,
-186 ont été fournis par le livre I de Burchard, c'est-à-dire environ
la moitié.
Partie VI.
Yves, 2^ à 4^ = Burchard, II, 2 à 22.
Les chapitres -123 à Si 0 forment une série analogue à la série de
Burchard depuis le chapitre 24 jusqu'au chapitre 239 et dernier.
Voici l'indication des quelques chapitres de Burchard qui sont omis
dans le Décret d'Yves : chap. 30, 3J, 32, 33, 34, 70, 7-1, 73, 76, 77,
78, 80 à 93, 1-14, -121, d78. Il faut ajouter que, dans la série des
chapitres reproduits, on trouve quelques modifications, d'ailleurs
légères, à l'ordre suivi par Burchard.
Ainsi, 203 des 239 chapitres de Burchard ont passé dans le livre
correspondant du Décret d'Yves ; ils en constituent environ la moi-
tié, cette partie du Décret d^Yves comprenant 433 chapitres.
Partie VII.
Les chapitres 26-'H9 dTves répondent au livre VIII de Burchard.
C'est dire que, des \ 38 chapitres qui composent cette partie de l'œuvre
d'Yves, 94 au moins ont été puisés dans le recueil de Burchard.
Partie VIII.
La partie VIII du Décret d'Yves, de conjugiis^ a fait de larges
emprunts au livre correspondant (IX) du Décret de Burchard.
En effet, les chapitres 139-^86 du Décret d'Yves sont identiques
aux chapitres -1-48 de Burchard : les sommaires sont souvent les
mêmes de part et d'autre. De plus, le Décret d'Yves, chap. -128,
reproduit la première partie du chapitre 49 de Burchard; le cha-
pitre \ 1 6 reproduit les chapitres 30 et 52' de Burchard, tout en omet-
tant la dernière partie du chapitre 32.
Le chap. M 6 d'Yves est le chap. 5^ de Burchard.
Enfln, les chap. -1 88-2-1 8 d'Yves reproduisent les chapitres 53-82
de Burchard, sauf deux différences. En premier lieu, le chap. -194
d'Yves, extrait d'IIincmar, ne provient pas de Burchard. En outre,
le chap. 78 de Burchard figure dans le recueil d'Yves à une place
différente de celle qu'il occupe dans le Décret de Burchard; il forme
le chap. 204 d'Yves.
ATTRIBUÉES A YVES DE CnARTRES. 33
En somme, les 82 chapitres qui constiluent le livre IX de Bur-
chanl ont été transportés dans la partie VIII d'Yves, qui en compte 334.
Partie IX.
On y constate deux séries provenant de Burchard, à savoir :
Les chapitres 39-66, reproduisant le livre VII de Burchard, de
incesta copulatione, etc., sauf que les chap. -1 à 3 de Burchard n'ont
pas été insérés et que le chap. 53 d'Yves est un fragment du concile
tenu en ^093, sous Urbain II, à Troia en Fouille-, c'est, par consé-
quent, un texte bien postérieur à Burchard.
Les chapitres 67-104, qui sont tirés des 55 premiers fragments
du livre XVII de Burchard.
Sur ^29 chapitres dont se compose la partie IX, il en est donc 66
qui proviennent sûrement de Burchard.
Partie X.
Les chapitres -1 30-^6 représentent presque complètement le
livre VI de Burchard, de homicidiis. Sur les 188 fragments de cette
partie X, il n'y a guère que 46 fragments qui viennent de Burchard.
Partie XI.
Les chapitres 30-75 représentent à peu près exactement les 50 pre-
miers chapitres du livre X de Burchard, de incantatoribus ; soit
46 chapitres sur -106 qui forment cette partie XL
Partie XII.
Celte partie comprend 88 chapitres, dont 27 (les chap. 58-84)
reproduisent le livre XII de Burchard, deperjurio, avec deux légères
différences. Yves omet les chapitres 20, 23 et 24 de Burchard, et
ajoute (chap. 76) l'extrait célèbre de la lettre de Fulbert de Chartres
à Guillaume d'Aquitaine sur la portée du serment de fidélité. Les
quatre derniers chapitres (85-88) viennent du livre X de Burchard,
64, 65, 68 et 69. En tout, sur les 88 chapitres, 31 sont empruntés
à Burchard.
^897 3
34 LES COLLECTIONS CANONIQUES
Partie XIII .
En parcourant les 4i9 chapitres de cette partie, on rencontre, en
quatre séries, 39 chapitres empruntés à Burcliard, à savoir :
36-40 = Burchard, XI, 26-30.
4i_5i = — XI, 55-65.
52-67 = — X, 51-69^.
EnOn :
09-85 = - XIV.
Partie XIV.
La série des chapitres 74-^26 provient tout entière du livre XI de
Burchard, de excommunicatione, soit 53 fragments sur les -126 dont
est formée cette partie.
Partie XV.
Des 205 fragments qui constituent cette partie, on en trouve 478
qui proviennent de Burchard. Ils sont répartis en quatre séries, à
savoir :
26-44 = Burchard, XVIII, i-iS.
45-467 = Burchard, XIX, depuis le
chap. 26 jusqu'à la fin du livre.
Les chapitres \ 68- ( 86 proviennent du concile de Seligenstadt (•! 022) ,
qui forme généralement l'appendice du Décret de Burchard.
4 89-205 = Burchard, XIX, 9-25.
Partie XVI.
Les chapitres 2-45 de cette partie reproduisent exactement les
43 chapitres dont se compose le livre- XV de Burchard, de laicis.
Le Décret de Burchard n'a donné à cette partie du recueil d'Yves
que ces 43 chapitres sur 362 dont il est composé.
Partie XVII.
La série des chapitres -12-420 est empruntée au livre XX de Bur-
1. Sont omis les c. 64, 68 et 69 de Burchard, qui, d'ailleurs, ont été insérés
dans la partie précédente.
ATTRIBUÉES A YVES DE CHARTRES . 83
chard, de contemplât ione^ qui esl ainsi représenté par 109 fragmenls
dans une portion du Décret d'Yves, qui en comprend 137.
En résumé, le Décret d'Yves comprend 3,760 fragments ; sur
ce nombre, les séries qu'il a empruntées à Burchard on comptent
au moins 1,579 (en chiffres ronds 1,600), c'est-à-dire plus des
deux cinquièmes'. Comme le recueil de Burchard comprend seu-
lement 1,784 fragments, on peut dire sans exagération qu'il a
passé presque entier dans le Décret d'Yves, dont il forme le pre-
mier noyau.
II.
Après avoir établi les relations de parenté qui existent entre le
Décret d'Yves et celui de Burchard, il convient de signaler celles
qui unissent le Décret d'Y^ves à la collection A, c'est-à-dire au
recueil qui forme les parties I et II de la Tripartita. Il ne sau-
rait être ici question de la collection B ou troisième partie de la
Tripartita, qui, ainsi qu'il a été démontré, loin d'être la source
du Décret, en est un extrait.
Il est incontestable qu'il existe une affinité étroite entre les
éléments de la collection A et ceux du Décret attribué à Y'ves.
Voici des constatations qui suffiront, je crois, à en administrer
la preuve :
Partie I.
Les analogies sont plus rares dans ce livre que dans d'autres por-
tions du recueil. On en peut cependant mentionner quelques-unes :
Yves, I, 43 = Collection A, part. I, S. Léon, 43.
_ 46 =' — — -"'S.
_ 47 = — — 44.
_ 48 = — _ 50.
62 = — S. Grégoire, 7^.
1. En présence de ce résultai, on s'explique difficilement que Doujat {Prxno-
tionum canonicarum libri quinque. lib. III, cap. xxvii, n' 8) ait pu affirmer
que l'analogie existant entre les recueils de Burchard et d'Yves tenait surtout
à ce que tous deux avaient puisé dans les Libri de sijnodalibus causis de
Reginon. Une simple constatation eut montré l'insuffisance de celte explication :
l'œuvre de Reginon, avec ses trois appendices (voir i'édilion ^Vasserschleben),
ne comprend guère plus de 1,200 fragments, et il s'en faut de beaucoup que
tous se retrouvent dans le Décret d'Yves.
36
LES
COLLECTIONS
CANO>fIQUES
iU*
i-_
—
ÉUenne V,
5,
\T1
=
—
Grégoire III.
^35
=
—
Nicolas P"",
20.
^36
—
—
—
21.
4 37
=
—
—
22.
Partie II.
Yves, II, 64
— 653
— 67
— 68
— 69
— 70
— 7^
— 72
73 = —
74 =r —
75 = —
76 = —
77 = —
78 = —
79 = —
80 = —
82 = —
83 = —
86 = —
87 = —
88 = —
89 = —
90 = —
9r = — Etienne V, 5.
92 = — part. II, Concile Quinisexte, -10.
95* = — part. I, S. Boniface, 2.
96* = — Zacliarie, \.
1. L'astérisque indigue que les fragments se trouvent à la fois dans la collec-
tion A et dans la Britannica. On sait qu'une collection analogue à la Britan-
nica a servi de source à la collection A.
2. Yves, II, 66, reproduit un des fragments qui sont intercalés entre le
S. Clément,
42.
—
a (début)
Anaclet,
2 et 3.
Alexandre,
3, 4 et 5,
—
6.
Sixte I",
\.
Télesphore,
3 et 4.
Soter,
\.
Fabien,
3.
Etienne,
2.
Innocent,
5 (début)
Félix IV,
-f.
Pelage,
\.
S. Grégoire,
M.
—
\9.
—
22.
Nicolas 1",
60.
—
64.
S. Clément,
4 5.
S. Léon P%
54.
Gélase,
4 7.
—
40.
—
50.
ATTHIBDEES A YVES DE CDARTRES. 37
Partie III.
Yves, 111, 97*
^:
Collection A, part
.1,
Gélase,
25.
—
\^\
=
—
S. Grégoire,
82.
—
^02*
=
—
Léon IV,
14.
—
H 5*
=
—
Gélase,
34.
—
117
=
— part.
II,
Ilerda^
7.
—
\\%
=
—
Orange,
66.
—
M 9*
=
— part.
I,
Gélase,
31.
—
i 20*
-=z
—
Gélase,
52.
—
137*
•=.
— part.
II
Tolède III,
8.
—
138
■=.
—
—
9.
—
139
=
— part.
I,
Urbain P',
1 et 2.
—
^40
:=:
—
Lucius,
4.
—
\h\
=
—
Gélase,
3.
—
142
=
—
—
4.
—
-143
=
—
—
5.
—
U4
=
—
—
11.
—
-140
=
—
—
12.
—
U7
=:
—
—
20.
—
-152
=
—
Nicolas 1",
(fragment
13
plus long)
—
153
=
— part.
II
Carthage V,
8.
—
154
=
—
Orange,
6.
—
155
z=
—
Vaison,
4.
—
^56
=
—
Agde,
24.
—
157
=
—
—
25.
—
^58
=
—
—
26.
—
159
=
—
—
27.
—
460
=z
—
—
43.
—
161
=
—
—
47.
—
162
=
—
—
51.
chap. 12 et le chap. 13 de saint Clément par le manuscrit de la Triparti ta,
Bibliothèque nationale, lalin 3858.
1. Le numéro qui termine celte mention indique le rang du canon dans
la série de la collection A consacrée au concile dont il s'agit. Ce n'est point
toujours le rang du canon dans les canons des conciles, car la collection A n'a
point reproduit, il s'en faut de beaucoup, tous les canons des conciles de VHis-
pana. Voir la précédente étude, p. 667 et suiv.
38 LES COLLECTIONS CANOxNIQUES
Yves, I, ^ =
463
=
—
34.
464
=
—
55.
4 63
=
—
56.
4 66
=
—
57.
4 72
=
G. de Martin de Braga, 44.
473
=
—
—
47.
4 82
— part. I,
Partie IV.
Symmaque,
40.
23
=
Collection A, part. I,
Télesphore,
4.
26
i:::
—
Galixte,
4.
27
=
—
Melchiade,
3.
28
=
—
Innocent,
3.
29
=
—
S. Grégoire,
69.
30
=
— part. II
, Gangres,
2.
32
=
—
Sent. Gallicanorum, 7.
447
=
—
3« fragment
à la suite du
concile de Chalcédoine.
424
=
—
3« fragment.
422
=
—
6^ fragment.
423
=
—
7® fragment.
4 34
=
—
7« concile général, 4 .
486*
=
— part. I,
Léon IV, 4 .
4 87
Partie V.
Nicolas P'", 4
•
4
= 1
Collection A, part. I,
Anaclet,
43et 46*.
2
=
—
—
20 à 22.
3
=:
—
Sixte l'%
2-5.
4
—
-^
Victor,
2 et 3.
3
=
— part, n,
Sent. Grœeor
um, 6.
6
=
— part. I,
S. Léon,
4.
92
=1
—
Gélase,
2 (fin).
40
=
—
Symmaque,
4.
1. Le manuscrit de la Tripartita qui a servi à l'auteur du Décret d'Yves
lontenail des fragments coupés comme ils le sont dans les mss. de la Biblio-
tliéque nationale, latin 3858 et 4282.
2. Le c. 7 est un fragment de saint Augustin. Le c. 8 se retrouve dans Deus-
dedit, I, 129, et dans Britannica, Varia, II, 35.
ATTRIBUEES
A YVES DE CHAUTRES.
—
U
=
— Grégoire IV.
Yves,
V, ^2
z=
— Pelage,
3.
—
^3
=
— ÉUenne V,
5.
—
14
=:
— Léon IV,
48.
—
^3
=
— part. II, Sent. Grœcorum, 5.
—
U>
=
— part. I, Grégoire IV,
4.
—
17
=
— Nicolas I",
4.
—
18
=
— —
2.
—
^9
=:
— —
3.
—
2^
=
— Léon IV,
22.
—
22 <
=
— —
23.
—
23
z=
— part. II, S^nt. Gallicanorum, 17,
—
27
z=
— Sardlque,
7.
—
47
=:
— part. I, S. Clément,
4.
—
49
=
— Melchiade,
7.
—
34
z=
— Anicel,
3, 4, 3 et
—
33
=
— Nicolas I",
64.
—
36
=
— —
74.
—
98
=
— Anaclel,
4 9.
—
99
=
— Hygin,
4.
—
^oo
==
— Calixte,
3.
—
401
=
— —
5.
—
402
=:
— Zosime,
4.
—
i03
zzr
— S. Léon I",
23.
39
— 404 est un fragment du chapitre 3 du Synodale Decretum
du pape Hilaire (Hinschius, p. 630), donné par erreur dans quelques
manuscrits de la collection A comme le premier fragment du pape
Simplice. Il n'en est pas d'ailleurs ainsi dans tous les manuscrits de
la collection A, notamment dans le Codex Josaphatensis (Bibl. nat. ,
Lat. 43637, fol. 48 v°).
Yves, V, 4 03 = Collection A, part. I, S. Léon I", 34 et 33.
— 406 = — — 37.
— 407 = — — 37.
— 4 08 = — S. Grégoire, 4 3.
— 4 09 = — _ 24.
— 440 = — — 36.
— 444 = — — 40.
— 44 2 = — — 43 et 46.
1. Attribué par erreur à Nicolas I".
^0 LES COLLECTIONS CANONIQUES
-113 = — Innocent I", ^8.
^^5 = — Léon IV, 2.
\\e
3.
JH7 = — pari. II, Nicée, 4.
]\S = — Ghalcédoine, 2.
J20 = — 7' concile général, 6.
4 21
7.
^ 22 = — 8^ concile général, J
{•2A = — CarlhagelV, 2.
4 25
27.
^26= — Tolède XI, 4.
J28 = — Braga II, 3.
429 = — part. I, S.Grégoire, 99.
430 = — — ^00.
434 = - - ^03.
235 = — Galixle, 3.
236
4.
— 237 fragment de — Anaclet, 4 et 2.
— 238 = — — ^^1 ^2, 43.
_ 239 = - , - 22, 23, 24.
— 240 = — Évariste, 3, 4 et 5.
244 = — Alexandre, 4.
— 242 = — — 2.
_ 243 = — Pie, 3 et 4.
_ 244 = — Victor, 2 et 3.
_ 245 = — Zéphyrin, 4.
_ 246 = — — 2.
— 247 = — Sixte, 4.
— 248 est un extrait, abrégé au début, de la Collection A,
part. I, Félix P% 4, 5, 6 et 7.
— 249 = — Eusèbe, 2.
_ 345 = — Sirice, 5,
_ 346 _ _ S. Léon I", 24.
_ 347 = — — 22.
_ 348 = — - 93.
_ 349 = — S. Grégoire, 4.
Ce chapitre, qui appartient à un document apocryphe de Gré-
goire IV, est attribué faussement à saint Grégoire dans la Collec-
tion A comme dans le Décret d'Yves.
ATTRIBDÉES A YVES DE CHARTRES. 4^
Yves, V, 350 = Collection A, part. T, S. Grégoire, 44.
— 35^ = — — 49.
— 352 = — Nicolas P% ^0.
— 353 = — — 56.
— 354 = — Jean VIII, J.
— 362 = — part. 11, Antioche, 2.
— 363 = — Carthage VII, 5.
— 364 = — Vaison, 3.
— 365< = — Agde, 4.
— 366 = — — 24.
— 367 = — Carthage IV, 8.
_ 368 = — part. I, S. Grégoire, 107.
— 372 = — part. II, V concile général, 5.
— 373 = — — 8.
— 374 = — _ 9.
— 375 = — — 10.
— 376 = — — \\.
— 377 = — — i3.
L'analogie a été ainsi constatée pour 85 chapitres du livre V du
Décret d'Yves.
Partie VI.
Yves, VI, 43 est un extrait de la Collection A, part. I, Gélase, 22.
— 44 est un extrait de la — Anaclet, \o.
— 45 = — Alexandre, 6.
— 46 =: — — 7.
— 47 = — Zéphlrin, ult.
— 48 = — Galixle, 9 et •10.
— 49 ' = — — \\.
— 50 = — Sirice, 4.
— 51 = — — 6.
— 52 = — — 7.
— 53 = — — 8.
— 54 = — — 9.
— 55 = — Innocent, 6.
— 56 = — — 7.
— 57 = — — 10.
1. Ce c. 365 porte dans le Décret d'Yves la fausse allribulion ex eoclem con-
cilio (Vasensi).
42 LES COLLECTIONS CANONIQUES
— 58 = — — U.
— S9 = — — i2.
— 60 = — — \3.
— G\ = — — U.
— 62 = — — 16.
— 63 = — — i7.
— 64 = — S. Léon I", 5.
— 65 = — — 6.
— 66 = — — 7.
— 67 = — — 9.
— 68 = — — -10.
— 69 = — — 26.
_ 70 = — — 40.
— 7i = — — 36.
— 73 = — Silvère, \ .
— 74 = — Gélase, 9.
— 75 = — — ^0.
— 76 = — — ^2.
— 77 = — S.Grégoire, 34.
_ 78 = — — 53.
_ 79 = — — 55.
— 80 = — — 56.
^ Si = — — 60.
_ 82 = — —63.
— 83 = — — 65.
— 84 = — ■ — 68.
— 85 = — — 77.
— 86 = — — 87.
— 87 = — S. Clément, \6.
— 88 = ' — — Kl.
— 89 = — — '18.
— 90 = — _ 2^
— 91 = — Sirice, ^0.
_ 92 = — — 'H.
— 93 = — Anastase, uniq.
— 94 = — Innocent, 1K .
— 95 = — - 25.
_ 96 == — — 26.
_ 97 = — S. Léon, 45.
ATTRIBUÉES A YVES DE CHARTRES. 43
— 98 = — —AS.
— 99 = — Gélase, 13.
— 400 = — — -16.
Ici sont intercalés (c. 101, 102 et i03) trois canons de con-
ciles. Le premier, c. 12 du concile de Néocésarée, se retrouve
parmi les canons de ce concile qui figurent dans la Tripartita.
Les deux autres sont les canons 5 et 7 du deuxième concile de
Se ville, que ne possède pas la collection A.
Yves, VI, 404 = Collection A, part. I, Gélase, 28.
_ 403 = — — 29.
_ 406 = — — 30.
_ 407 = — — 34.
_ 408 = — — 44.
_ 409 = — — 49.
_ ^^0 = — — 50.
— 444 = — Pelage, 44.
_ 442 = — — 24.
_ 443 = — — 22.
— 4 44 = — Jean VIII, 6.
_ 44 3 = _ — 7 et 8.
— 4 46 = — Grégoire II, 4.
~ 447 = — — 2.
— 448 = — Etienne V; 8.
_ 4 49 = — Nicolas I", 45.
— 4 20 = — — 48.
— 424 = — _ 54. .
— 422 =; — — 55.
— 4 23 et 424 sont des canons du concile Quinisexte, qui
se retrouvent dans la deuxième partie de la Collection A, où ils
forment les n°' 3 et 9 d'une série tirée de ce concile.
— 34 4 = le 4 6^ canon du deuxième concile de Nicée (sep-
tième concile général), qui figure sous le n° 42 dans la deuxième
partie de la Collection A, de septima srjnodo.
— 342 = — part. I, Anaclel, 4.
_ 34 3 = — Télesphore, 2.
_ 314 = — — 5.
— 343 = — _ 6.
_ 34 6 = — Éleuthère, 4.
4/i LES COLLECTIONS CANONIQUES
— 3n = - - 2.
_ 318 = — — 3-
— 3^9 fragment de— — i-
— 320 = — Fabien, 5.
— 32^ = — — 6.
— 322 = — — 7.
— 323 = — — ''O-
_ 324 = — — \i et i-I.
325 = — Cornélius, 2.
— 326 = — Lucius, -1.
— 327 = — Etienne P', 4.
— 328 = — _ g.
— 329 et 330 sont des extraits d'un fragment un peu plus
considérable de la fausse Décrétale de Félix I", contenu dans la
Collection A, part. I, Félix, \ et 2.
_ 33i = — Félix P% 7.
— 332 = — Eutychien, uniq.
_ 333 = — — uniq.
— 334 est un extrait des actes du concile apocryphe de
saint Silvestre (Hinschius, Decretales Pseudo-Isidorianœ, p. 449)
insérés, en partie du moins (jusqu'au chap. 6 inclus), dans la pre-
mière partie de la Collection A, entre les fragments tirés du pape
Melchiade et ceux tirés du pape Jules.
— 335 = Collection A, part. I, Félix II, 1.
_ 336 = — — 6.
— 337 = — Damase, 4.
— 338 = — Boniface, 3.
_ 339 = — S. Léon, 2.
— 340 = — Symmaque, i.
_ 34^ = — _ 2.
— 342 = —, S. Grégoire, 6\.
_ 343 = — — 79.
— 344 = — — 80.
_ 345 = — S. Clément, 6.
— 346 fragment de— Calixle, i2.
— 3/(7 = — Damase, 3.
_ 348 = — — 4.
— 349 = — Innocent, 22.
— 350 fragment de — — 27.
— 354 ne paraît pas se retrouver dans la Collection A.
ATTRIBUEES A YVES DE
CnARTRES.
352
—
— pari. Il,
El vire,
7.
353
m
— part. I,
Gélase,
26.
354
—
—
—
27.
355
=
—
Nicolas I",
\.
356
=
—
—
28.
357
:=:
— pari. 11,
Sardique,
9.
358
=.
—
Ghalcédoine,
8.
359
^=
—
—
9.
45
C'est le précédent canon dans une autre version. Les deux versions
se suivent dans la Collection A et aussi dans le Décret d'Yves.
_ 3G0 = Collection A, part. II, Ghalcédoine, ^0.
—
364
=
—
20.
' —
302
=
Carthage III,
5.
—
363
=
—
6.
304
=
Carthage VII
, 4.
365
z^
le 11*^ canon
de la série des
canons de Milève. L
3 début manque :
le canon est coupé exactement
de la même façon dans la Tripartita
et dans le Décret d'Yves.
—
366
=
—
Agde,
1.
__
367
z^:
—
—
30 et 31.
-^
368
=
—
Orléans 1,
14.
—
369
=
—
Tarragone,
2.
370
=
—
Ilerda,
7.
371
:r=
—
Tolède IV,
49.
372
=
—
Tolède VII,
1.
373
=:
—
Tolède IX,
5.
—
374
=
—
Martin de Braga, 21 .
—
375
=
—
—
40. .
—
376
=
—
—
39.
—
377
=-
—
—
41.
378
r:::
—
—
66.
—
379
=^
—
part.
I, S. Grégoire,
94.
—
380
=
—
—
95.
—
381
=
—
—
^05.
Il est
permis
de citer encore
414
=
Collection A
., part. II, Sent. Grxcorum, 7.
425
:^
—
Tolède, IX,
4.
—
429
—
—
part.
I, Nicolas 1",
59.
—
430
=
—
Etienne V,
ult.
46 LES COLLECTIONS CANONIQUES
En résumé, des 433 fragments qui composent le livre VI du
Décret d'Yves, si 205 se trouvent, comme on l'a vu plus haut, dans
le Décret de Burchard auquel ils ont été empruntés, 4 57, qui ne
proviennent pas de Burchard, sont communs au Décret d'Yves et
à la Collection A.
On pourrait pousser plus loin la démonstration'. Sans arriver
partout à des chiffres aussi considérables que ceux des livres V et VI,
on rencontrerait dans les autres livres (sauf peut-être les livres XVI
et XVII) des séries communes au Décret d'Yves et à la Collection A.
Si l'on veut bien remarquer que dans les six premiers livres du
Décret on a relevé 323 chapitres communs au Décret et à la Collec-
tion A (et certainement plusieurs ont été omis), on admettra qu'il
n'y a pas d'exagération à estimer à 300 environ les chapitres de la
Collection A qui se rencontrent dans les dix-sept livres du Décret.
Ces coïncidences donnent lieu de penser que ces deux collec-
tions appartiennent à la même famille. Mais, s'il en est ainsi, on
est amené à se demander quel rapport de parenté les unit.
Pour trouver un élément à la solution de cette question, on
pourrait être tenté de se demander, tout d'abord, laquelle des
Décret,
VII,
Collection A.
—
11
=
part. I,
S. Grégoire,
18.
—
12 et 13
=
—
—
37.
—
14
=
—
—
38.
—
15
=
—
— .
9.
—
16
=
—
Sirice,
3.
—
17
=
—
Innocent,
8.
—
18
=
—
—
9.
—
19
=
—
S. Léon I",
17.
—
20
21
=
—
—
18.
19.
—
23
=
—
Pelage,
6.
—
24
=:
—
—
7.
—
25
=
—
7' concile général,
14.
Décret, '
VIII,
2 et 3
=
—
Évariste,
2.
—
83
=
part. 11,
Sentent. Grxcor.,
22.
—
124
=
part. I,
Nicolas I""-,
24.
—
125
extrait de —
—
54.
—
224*
=
—
Boniface.
1.
—
225
=
—
Nicolas l"',
25.
—
226
=
. —
—
35, 36,
37.
—
227
=
—
—
40, 41.
-
244
extrait de —
S. Léon I",
28, 29,
30 et 31
ATTRIBUÉES A YVES DE CHARTRES. 47
deux collections est antérieure à l'autre. En réalité, cette
recherche ne nous conduirait pas à un résultat décisif. En effet, la
collection A, d'après les observations présentées plus haut, a été
rédigée vers l'année 1095 ; on verra plus loin que le Décret a été
composé vers la même époque, comme l'indiquent les fragments à
date certaine du pontificat d'Urbain II qui y ont été insérés.
Fort heureusement, des arguments graves peuvent être invoqués
pour démontrer que l'auteur de la collection A ne s'est point servi
du Décret. Voici ces arguments :
1" Remarquez d'abord qu'il n'existe dans la collection A aucun
fragment qui figure aussi dans les séries du Décret d'Yves pro-
venant de Burchard, quelque nombreuses que soient ces séries.
Si, contrairement à mon opinion, on admet que l'auteur de la
collection A s'est servi du Décret d'Yves comme d'une source,
il faut admettre aussi qu'il a discerné dans le Décret les séries
tirées de Burchard et qu'il s'est systématiquement refusé à leur
faire aucun emprunt. Or, c'est là une hypothèse qu'il suffit
d'énoncer pour en montrer l'invraisemblance. On se représente
mal un compilateur du xi^ siècle se livrant à un travail critique
sur les éléments qui composent le Décret d'Yves afin d'en éli-
miner une partie. En réalité, l'absence dans la collection A des
fragments du Décret provenant de Burchard prouve nettement
que l'auteur de cette collection n'a pas usé du Décret d'Yves
comme d'une source.
2° Remarquez en outre que la collection A est assez pauvre
en fragments d'Alexandre II et d'Urbain II ; en effet, elle en con-
tient sept du premier (tous provenant du concile de 1063) et cinq
du second. En outre, elle ne contient qu'un seul fragment de Gré-
goire VII. Au contraire, le Décret d'Yves est plus riche : on y
compte au moins vingt fragments d'Alexandre II, différents de
ceux qui figurent dans la collection A, et une quinzaine de frag-
ments d' Urbain II ; on y trouve aussi quelques fragments de Gré-
goire VII. Est-il possible d'admettre que l'auteur de la collec-
tion A, s'il a travaillé sur le Décret d'Yves, ait négligé d'en
extraire des documents d'autant plus intéressants qu'ils étaient
contemporains? Une telle hypothèse semble tout aussi invraisem-
blable que la précédente.
3° Enfin, si l'on regarde attentivement les textes communs à
la collection A et au Décret d'Yves, notamment ceux dont la
liste a été établie dans les pages qui précèdent, on constate que
48 LES COLLECTIONS CANONIQUES
plus d'une fois les textes de la Collection A se présentent sous une
forme plus longue que les textes correspondants du Décret ; le
fait inverse ne se rencontre pas. Or, cela rend plus invraisem-
blable encore l'hypothèse d'après laquelle l'auteur de la collec-
tion A aurait tiré des extraits du Décret d'Yves : car s'il avait
ainsi procédé, il ne se serait sans doute pas donné le luxe de com-
pléter ses citations en recourant aux originaux.
Pour ces motifs, j'estime que ce n'est pas le Décret qui a servi
de source à la Collection A. Ceci admis, deux hypothèses se pré-
sentent. Ou le Décret et la Collection A sont des œuvres collaté-
rales ayant puisé à une source commune demeurée inconnue, ou
la Collection A est l'une des sources du Décret. — La première
hypothèse n'est pas vraisemblable. Comme on le verra, la collec-
tion A et le Décret sont des productions contemporaines, appa-
raissant dans le même milieu : comment supposer un intermé-
diaire de l'une à l'autre, et d'ailleurs à quoi bon cette hypothèse
à laquelle les textes ne nous conduisent pas ? Nous sommes ainsi
amenés à conclure que la seconde hj^pothèse seule peut être
acceptée : la Collection A est une source du Décret^.
m.
A côté des sources déjà indiquées, il est possible d'en discerner
une autre à laquelle a puisé l'auteur du Décret.
Ce recueil contient d'assez nombreux fragments qui se
retrouvent dans la collection canonique dite Britannica. Des
travaux récents, dont je me borne à signaler les conclusions, ont
rais ce point en évidence.
1° Le Décret d'Yves a accueilli un bon nombre de textes des
Pandectes, formant environ cinquante chapitres. Or, il résulte des
travaux de M. Conrat que ces textes ont pénétré dans le Décret
par l'intermédiaire ou de la Collectio Britannica, qui les con-
1. Telle élait déjà l'opinion indiquée par M. Maassen, au cours de son article,
déjà cité dans la précédente étude, qui fut publié dans le tome V de la Kritische
Vierteliahrschrift de Pôszl (Munich, 1863). Ainsi s'explique le fait que des
fragments de la collection A sont entrés dans le Décret en conservant l'ordre
général qu'ils avaient dans la collection A (voir, par exemple, la série des frag-
ments du Décret, \l, 44-86, indiquée ci-dessus, p. 41, et remarquez qu'une
autre série ordonnée de la même façon recommence au c. 88 pour linir au c. 124).
On pourrait signaler encore dans ce livre la série 312-331.
ATTRIBUEES A YVES DE CHARTRES.
49
tient tous, ou d'un recueil analogue à cette collection. Il n'y a
pas à revenir sur cette démonstration, il suffit d'y renvoyer le
lecteur'. Qu'il me soit permis seulement de faire remarquer qu'en
insérant ces fragments, l'auteur du Décret attribué à Yves a,
pour la première fois, fait pénétrer une certaine quantité de textes
des Pandectes dans les collections françaises. La véritable appa-
rition des Pandectes en France date du Décret d'Yves.
2* Paul Ewald, qui le premier a fait connaître la Collectio
Britannica et a étudié les séries de Décrétales qui y sont com-
prises, a été frappé des rapports dont il a reconnu l'existence
entre cette collection et le Décret d'Yves. A diverses reprises,
il insiste sur les analogies qu'il constate : pour chacun des papes,
dont la Britannica contient des extraits, il signale les fragments
communs à cette collection et au Décret. Pas n'est besoin de
refaire ici ce travail : il sera facile de recourir aux divers pas-
sages du mémoire d'Ewald où ces faits sont mis en lumière. Je me
bornerai à ajouter deux observations :
A. Comme on l'a montré ailleurs, la Tripartita, dans ses pre-
mières parties, c'est-à-dire la collection A, a fait de larges emprunts
à une collection analogue à la Britannica. Aussi pourrait-on
croire que l'auteur du Décret attribué à Yves n'a connu les textes
de la Britannica que par l'intermédiaire delà Collection A. Une
telle opinion serait erronée. Il est certain, en effet, et la disserta-
tion d'Ewald suffirait à en fournir la preuve, que des éléments
sont communs à la Britannica et au Décret, qui ne figurent
pas dans la collection A. En voici d'ailleurs quelques exemples :
Décret, IV,
^02
=
Britannica
Jean VIII,
4 b.
—
^33
=
—
—
50 c.
—
481
zr:
—
LéonlV,
43.
—
482
=
—
—
44.
—
230
r=z
—
Jean VIII,
49.
Décret., VI,
409
=
—
Alexandre II,
54.
Décret, VII,
4 29
=
—
S. Boniface,
4 2 a et b
—
430
=
—
Jean VIII,
33.
—
4 34
z=
—
Etienne V,
20.
Décret, VIII,
23
=
—
Urbain II,
29.
1. Conrat, Der Pandekten- und Institutionenauszug der Brittischen Dekre-
ialensammlung, Quelle des Ivo (Berlin, 1887, in-S").
4 897 4
50
LES COLLECTIONS <
CANONIQUES
—
27
—
—
Pelage,
32.
—
55
zr:
—
—
51.
59
=
—
Etienne V,
9.
—
^^8
nr
—
Jean VIII,
51.
—
^^9
=z
—
—
52.
_-
220
—
—
Alexandre II,
14.
222
—
—
Jean VIII,
18.
Décret, X,
\-2
—
—
Gélase,
33.
—
13
=
—
—
48 a.
—
U
=
—
Alexandre II,
31.
—
15
z=z
—
—
49.
46
z=
—
—
59.
M
—
Jean VIII,
55.
2\
—
—
Alexandre II,
55.
26
—
Jean VIII,
42.
—.
30
=:
—
Alexandre II,
7.
—
31
rr:
—
—
84.
—
52
—
—
Jean VIII,
53^.
—
68
=
—
—
5.
—
69
=r
—
—
11.
—
70
:=:
—
—
36, 2.
71
—
—
—
46.
__
73
=
—
Léon IV,
35.
83
—
—
—
1 b.
84
=
—
—
7.
—
85
rr:
—
—
8 b.
—
86
:^
—
—
16.
—
87
=
—
—
43.
-^
95
=
—
Pelage,
66, 2 et 3
—
177
=r
—
Alexandre II,
1.
178
z=i
' —
—
11.
186
=
—
• Etienne V,
26.
Décret, XI,
7
=
—
S. Boniface,
8.
—
90
=
—
Jean VIII,
50.
Décret, XIII,
112
=
—
Gélase,
18.
—
113
=
—
—
65.
1. Je ne cite pas le c. 51 du livre X, parce que, s'il est dans la Britannica
sous le n» 48 de la série de Jean VIII, il forme le c. 6 de la série du môme
pape dans la Triparlila.
Alexandre II,
56.
—
60.
—
83.
Jean VIII,
42.
Urbain II,
46.
ATTRIBUEES A YVES DE CHARTRES. 5<
— iU = —
— 4 15 = —
Décret, XIV, 57 = —
— 66 = —
— 68 = —
Etc., elc.
B. Ce n'est pas seulement dans les séries de Décrétales placées
dans la Britannica sous le nom de tel ou tel pape que l'on
trouve des fragments appartenant aussi au Décret. Dans ce
recueil figurent des textes qui font partie des deux séries des
Varia de la Britannica, c'est-à-dire de la première série et de
celle qui, venant à la fin du recueil, fut surtout composée au
moyen d'emprunts faits à la collection de Deusdedit*. De ces
coïncidences, je citerai un certain nombre d'exemples :
Décret, I, 4 62 = Britannica, Varia, I, G, 7.
Décret, I, 4 62 (suite à partir de Ostenditur] = Britannica, Varia,
I, G. 4 (2« fragment).
Décret, 1, 4 62 (fin à partir de Sacramentum] = Britannica, Varia,
I, G. 4 (4" fragment).
Décret, 1, 4 63 est un extrait des deux derniers fragments de Varia^
I, G. 4.
Décret, I, 464 : Les fragments Catholica et Nos hœreticorum se
retrouvent sous le n" 4 de Varia, I, G.
Décret, I, 463 : Plusieurs des fragments qui composent ce cha-
pitre se retrouvent dans Varia, I, G. 4.
Décret, I, 4 67 : Plusieurs des fragments qui composent ce cha-
pitre se retrouvent dans Varia, I, G. 3.
= Britannica, Varia, I, G. 6 (4'"" fragment).
= — — 87.
= — — 88.
= — — 90.
= — — 83.
= — — 84.
= — — 86.
= — — 3 (3" fragment).
1. Ces fragments, étrangers en général à la collection A, ne peuvent, pas plus
que les précédents, être arrivés au Décret par son intermédiaire.
Décret, I,
468
—
470
—
4 77
—
494
—
308
—
309
—
340
Décret, II,
93
52
LES COLLECTIO\S CANONIQUES
94 =:
Décret, IV,
, 426
—
427
—
Ui
—
208
—
209
—
229
Décret, V
23
—
32
—
34
4 (4", 2% 3« frag-
ment, puis I,
C, 44, 2« frag-
ment) .
47.
54.
54.
3 (4 «■• fragment).
5 (9« fragment).
49.
II.
,64.
I,
B. 9.
II.
44.
Le chap. V, 35 du Décret se retrouve, avec l'attribution erronée à
Léon IV (qui figure dans le Décret), dans les Varia de la Britannica,
II, 30, où il est venu de la collection de Deusdedit, I, 424 ^ Ce frag-
ment est aussi contenu dans la Tripartita, où il figure dans la pre-
mière partie, donc dans la Collection A, mais avec son attribution
véritable; en effet, il est rangé au n°38 des fragments de Nicolas I".
Yves a, nous le savons, puisé dans la Britannica et aussi dans la
Tripartita; ici, l'attribution erronée de la Britannica qu'il a con-
servée à ce fragment montre bien quMl l'a tiré non de la Tripartita,
mais de la série insérée dans les Varia de la Britannica.
Décret, V,
464
—
356
—
359
—
360
—
364
Décret, VI,
444
- VII,
28
- VII,
432
— VIII,
309
- X,
4 8
- X,
33
- X,
65
- XI,
83
— XII,
27
= Britannica, Varia, II,
I, B.
II,
I, 0.
1, B.
60.
85.
58.
59.
60.
22.
64.
4.
6.
44.
32.
30.
58.
59.
1. Dcusdedil donne ce fragmenl, sans allributioo, à la suite d'un autre frag-
ATTRIBUEES A YVES DE CHARTRES. 53
Qu'ils proviennent des séries placées sous les noms de divers
papes ou des Varia, nombreux sont, dans le Décret, les frag-
ments qui, inconnus d'ailleurs aux collections antérieures,
avaient fait leur apparition peu d'années auparavant dans la Bri-
tannica ou une collection analogue*. Ce fait étant constaté, on
pourrait être tenté d'en déduire que la Britannica elle-même a
été l'une des sources auxquelles a puisé directement l'auteur du
Décret. Malheureusement pour cette hypothèse, l'érudit qui a le
mieux connu la Britannica, Paul Ewald, a déclaré à plusieurs
reprises (et je n'ai aucune raison de contester son appréciation)
qu'à raison de certaines divergences dans les textes il n'était pas
possible d'admettre l'existence d'un rapport de filiation directe
entre la Britannica telle que nous la connaissons et le Décret
d'Yves^. Pour expliquer les analogies, nous sommes donc amenés
à croire que l'auteur du Décret a dû consulter une collection
fort semblable à la Britannica, mais qui, cependant, en devait
différer quelque peu : sans doute un autre exemplaire, probable-
ment augmenté, de cette même collection-^.
Cette hypothèse résout un certain nombre de difficultés.
D'abord, elle permet de rendre compte de bon nombre de ces
divergences, légères d'ailleurs, dans les textes ou dans les sus-
criptions des Décrétales, qui avaient frappé l'attention d'Ewald,
ment anonyme (123) et d'un fragment (I, 122) de Léon IV. L'auteur des Varia
de la Britannica a cru qu'en réalité les chapitres 123 et 124 de Deusdedlt
étaient compris sous l'attribution à Léon IV qui précède le c. 122. De là l'er-
reur qu'il a commise et qui a été reproduite par le Décret d'Yves. Cf. C. 25,
Q. 2, c. 18 et la note de M. Friedberg.
1. Les fragments les plus récents de la Britannica sont 47 chapitres d'UV-
bain II. D'après les obsrervations de M. Ewald, ces fragments appartiennent aux
années 1088 et 1089, c'est-à-dire aux premières années du pontilicat (cf. Neues
Archiv, t. V, p. 368). On peut donc dater la Britannica de 1090 ou 1091.
2. Voir ce qui est dit par Ewald à propos de la correspondance de saint Boni-
face (op. cit., p. 294), des lettres de Jean VIII (p. 323), de celles d'Alexandre II
(p. 350) et passim.
3. VraisembiablemenI, ce n'était point l'exemplaire qui a servi de source à la
collection A de la Triparlita (voir la précédente étude, p. 661), car cet exem-
plaire, comme on l'a vu, ne devait pas contenir les séries d'Alexandre II et
d'Urbain II. Au contraire, il parait assez probable que l'exemplaire dont s'est
servi notre auteur contenait aussi une série de fragments de Nicolas I"", car,
à divers endroits du Décret, par exemple au livre X, on trouve des chapitres
tirés des lettres de Nicolas 1" intercalés au milieu de fragments qui pro-
viennent sûrement de la Britannica.
54 LES COLLECTIOIVS CAWNIQDES
En outre, elle peut servir à expliquer un fait assez anormal. Il y
a dans le Décret d'Yves vingt-quatre chapitres tirés des Insti-
tutes de Justinien. Comme l'a démontré M. ConratS dix-neuf de
ces chapitres, qui se retrouvent dans la Britannica, ont, d'après
toutes les vraisemblances, passé de ce recueil dans le Décret.
En revanche, cinq n'y figurent pas. Ne faut-il pas penser qu'ils
avaient été insérés dans la collection analogue à la Britan-
nica, mais plus com.plète, qu'avait sous les yeux l'auteur du
Décret?
Je crois donc à l'existence de ce recueil inconnu qui doit être
considéré comme une source importante du Décret d'Yves ; si
l'on tient compte des textes des Pandectes^ des Institutes et des
lettres empruntées soit aux séries des papes soit aux Varia, on
sera plutôt en dessous de la vérité en estimant à 260 environ le
nombre des fragments que l'auteur du Décret y a puisés.
IV.
Il est une autre collection méthodique de canons qui a passé
tout entière dans le Décret; mais c'est une collection de peu
d'étendue. Les chapitres 187 et 188 du livre XV"^, eœ peniten-
1. Der Pandekien- und Institutionenauszug (Berlin, 1887, in-4''), p. 19-21.
2. Il est certain que des recueils de lettres pontificales analogues à la Bri-
tannica ont circulé à la fin du xi' siècle et au commencement du xii=; cela
est démontré par des faits incontestables. Ainsi, le manuscrit Vatic. 5436, copie
faite vers la fin du xvi= siècle, est la reproduction d'un manuscrit inconnu qui
devait dater de la première moitié du xii^ siècle; il contenait, outre des extraits
des décrétâtes pseudo-isidoriennes, de nombreux fragments tirés des lettres de
saint Grégoire ou de ses successeurs jusqu'au temps de Pascal II (mort en 1 118).
Je ferai la même observation à propos d'un autre manuscrit du Vatican, por-
tant le n° 4886, qui est une copie, faite vers 1601), d'un manuscrit du xii" siècle
demeuré inconnu (ex libro Veronensi, Nie. Ormanetti : il s'agit ici de Nicolas
Ormanetti, l'un des plus illustres prélats de la seconde moitié du xvi° siècle,
mort en 1577); on y trouve des séries de décrétales rangées par pontificats
jusqu'au temps de Pascal II et d'Innocent II (mort en 1143). L'existence de ces
copies suffît à démontrer l'existence des recueils originaux du xii° siècle. De
même, la première partie de la Tripartiia, qui s'arrête à Urbain II, fournit un
autre exemple de ces collections de lettres pontificales en vogue au xi" et au
xii' siècle.
3. Ces chapitres sont insérés entre une série de canons du concile de Seli-
genstadt, qui suivent souvent le Décret de Burchard, et une autre série tirée
du livre XIX de Burchard.
ATTRIBUEES A YVES DE CHARTRES. 55
tiali laicoriim, reproduisent avec des variantes le petit péni-
tentiel attribué à Fulbert de Chartres*.
Je n'ai pu constater dans le Décret l'influence appréciable
d'aucune des autres collections méthodiques que nous connais-
sons : je parle bien entendu d'une influence se traduisant par des
emprunts d'une certaine importance. Sans doute, dans la par-
tie XV sur la pénitence, on trouve quelques fragments qui figurent
aussi dans la collection antérieure, dite Dacheriana, à savoir :
3 = Dacheriana, I, ^^.
7 = — ^(;.
40 = — a.
\A =z — \Z.
U z= — 26.
47 = — 40.
On peut en outre reconnaître quelques traits communs entre
le Décret et les Lïbri de synodalibus causis de Reginon.
Ainsi :
Décret, VII, 433 = Reginon, I, 449 (437).
— 434 = — 450 (438).
— 435 = — 454 (439).
Décret, VII, 40-44 = — II, 407 (4 06).
En est-ce assez pour classer la Dacheriana ou le recueil de
Reginon parmi les sources immédiates du Décret? Je n'oserais
l'affirmer. Pour des raisons du même ordre, j'hésite à y ranger
la collection d'Anselme de Lucques^. Quant à la collection en
74 titres, il ne s'en trouve point de traces certaines dans le
Décret; quelques textes qu'on j rencontre figurent aussi dans
la collection A, d'où l'auteur a pu les extraire sans recourir
à la collection en 74 titres^'.
1. Cf. Wasserschleben, Die Bussordnungen der abendlfindischen Kirche,
p. 90 el 623.
2. Décret, III, 194 = Ans. de Lucques, XII, 56 (le texte d'Anselme est plus
long). De même, les chap. I, 305, 306 et 307 reproduisent assez bien Ans. de
Lucques, X, 28, 29 et 26.
3. Décret, IV, 5 = Coll. en 74 titres, 308 = Coll. A, I, Eusèbe, 4.
— V, 10 = — 11 = — Symmaque, 24.
— V, 61 = — 113 = — Célestin, 2.
et Burchard, I, 7.
d6 les collections canoniques
Sans insister sur ces analogies, résumons les résultats cer-
tains. Nous avons constaté que 1 ,600 chapitres du Décret d'Yves
au moins proviennent du Décret de Burchard; les emprunts
faits par le Décret d'Yves à la collection A de la Tripartita
peuvent être évalués à 500; enfin, 260 fragments environ ont
été pris à une collection analogue à la Britannica. Cela fait
2,360 fragments dont l'origine est établie. Or, le Décret compte
3,760 fragments. Il y en a donc 1 ,400 environ qui ne proviennent
pas de l'une de ces trois sources. De ces 1,400 chapitres, on peut
estimer approximativement à 320 le chiffre de ceux qui ont
été tirés des recueils de droit séculier : Code , Novelles de
Julien, Bréviaire d'Alaric et Capitulaires (je ne mentionne pas
ici les textes du Digeste, qui sûrement appartiennent à la série
fournie par la collection analogue à la Britanyiica, ni les extraits
des Institutes, qui en tirent probablement leur origine; j'en ai
tenu compte en supputant les apports faits par cette collection ;
pour la même raison, je ne compte pas les fragments des capi-
tulaires tirés du Décret de Burchard). Défalquons encore ces
320 fragments. Le surplus consiste en 1,080 chapitres environ,
qui sont pour la plupart ou des extraits des Fausses Décrétales
dans leur forme complète ou surtout des fragments tirés des
Pères et autres écrivains ecclésiastiques.
Quant à ces fragments, une question sollicite immédiatement
notre curiosité*. Nous n'avons pu constater qu'ils proviennent
d'une collection méthodique connue; cette opinion ne pré-
sente quelque vraisemblance que pour un très petit nombre de
chapitres. Au moins serait- il intéressant de savoir s'ils ont
été tirés d'originaux ou de recueils de seconde ou de troisième
main. Et, pour préciser la question, tel fragment tiré de saint
Augustin (il y en a beaucoup) sort-il directement des œuvres
originales du saint Docteur Ou a-t-il été recueilli dans l'une de
1. Les sources originales dont proviennent les fragments contenus dans le
Décret d'Yves ont été énumérées par Boetius Epo, dans son livre II de jure
sacro (p. 272 et 278 du tome II de ses œuvres). Le traité de jure sacro a trouvé
])lace dans le tome II (le tome I et le commencement du tome II sont occupés
par Ileroicarum et ecclesiasdcarum quastionum libri VI). Toutefois, celle
énumcralion ne doit être consultée qu'avec précaution, car l'auteur s'est borné à
citer tous les ouvrages qui ont fourni des extraits au Décret, sans i)Iacer dans une
catégorie spéciale les ouvrages que le compilateur n'a connus qu'indirectement,
par exemple ceux dont les fragments ne sont entrés dans le Décret d'Yves que
par l'intermédiaire de Burchard,
ATTRIBUÉES A YVRS DE CHARTRES. 57
ces innombrables collections d'extraits qui , après avoir joui
d'une certaine vogue au moyen âge, sont de nos jours ou per-
dues ou ensevelies dans l'ombre des bibliotlièques? Le plus
souvent, il serait téméraire de donner une réponse à ce pro-
blème. Sans d'ailleurs le perdre de vue, je me bornerai à pré-
senter sur cette région inconnue du Décret d'Yves quelques
observations qui ne me paraissent pas dépourvues d'importance :
1" On a vu plus haut que l'auteur du Décret s'est préoccupé
de rechercher, — sans doute dans la collection A et dans une col-
lection analogue à la Britannica, — des décrétales des papes
qui n'étaient point comprises dans les anciens recueils. La même
préoccupation se manifeste dans cette portion du Décret dont
l'origine est ignorée; aussi y retrouve-t-on des lettres, tant des
papes anciens que des papes du xi° siècle, qui, étrangères aux
collections en vogue, ne sont entrées que par le Décret d'Yves
dans le courant de la littérature canonique. C'est ainsi, par
exemple, que l'on rencontre dans le Décret un certain nombre
de fragments de lettres de Nicolas P', qui ne proviennent ni de
Burchard ni d'autres recueils connus'; on en peut dire autant
de divers fragments de décrétales de Léon IX ' et de Gré-
goire VIP. De même, le Décret contient des fragments de lettres
d'Urbain II, qui ne se trouvent ni dans la collection A ni dans la
Britannica"^. Ces constatations, qu'on pourrait multiplier,
démontrent surabondamment la pensée du compilateur. Sans
1. Cf. 1, 87 (Jaffé-Wattenbach, 2841); VIII, 221 (J.-W., 28'i3); V, 353 (J.-W.,
2847); I, 137 et 136 (J.-W., 2849); X, 185 (J.-W., 2849); IX, 12 (J.-W., 2853);
IX, 14; X, 20, et X, 29 (J.-W., 2865, 2864, 2866); X, 19 (J.-W., 2868). — Il est
à remarquer que, parmi ces fragments, les chapitres I, 137 et 136, et X, 185,
sont des citations empruntées à une lettre de Nicolas I"' à i'évéque Salomon de
Constance, qui se rencontre isolée dans quelques manuscrits du ix" au xi" s.,
à savoir : Munich, 6241 et 6245; Vienne, 2198 (jur. can., 99); Bamberg, P. I,
9, n" 64. Cf. le mémoire de Sdralek. HandschrifUich-Kritischc Untersuchun-
gen iiber eine Gruppe von Briefen Papst Nicolaus 1, dans l'Archiv fiir Kathol.
Kirchenrecht, XLVII (1882), p. 184 et s.
2. Cf. VIII, 8 (J.-W., 4307); IV, 105 (J.-W., 4308); I, 71 (fragment du concile
tenu à Reims par Léon IX en 1049) ; IX, 8, Léon IX au roi de France Henri I"^
(J.-W., 4307); V, 44, au patriarche de Constantinople (J.-W., 4302); Junge, IV,
147 et 223.
3. Voir les fragments de Grégoire VII : IV, 213; V, 36, 81 et 378; XIV, 45.
Les citations de Grégoire VII sont relativement peu nombreuses.
4. Cf. V, 72 (J.-W., après 5444); VI, 408, 410, 411 et 412 (J.-W., 5722,
5409, 5763, 5723); IX, 53 (J.-W., après 5481) ; X, 54 (J.-W., 5530).
58 LES COLLECTIONS CANONIQUES
doute, les fragments qu'il a recueillis sont en petit nombre en
comparaison de ceux qu'il a ignorés ou négligés; mais, quel que
soit le résultat obtenu, il n'est que juste de lui tenir compte du
souci d'être complet qu'il marque si nettement.
2° Une observation analogue peut être présentée à propos des
canons de conciles. Non seulement, dans la portion d'origine
indéterminée, figurent des textes qui, faisant partie de la collec-
tion du faux Isidore, étaient fort répandus au xi"^ siècle^; en
outre, les conciles généraux postérieurs au quatrième^ et le con-
cile Quinisexte y sont représentés par d'assez nombreux frag-
ments. Sans doute bon nombre d'entre eux sont communs au
Décret, d'une part, et, d'autre part, à la collection A ou aux
Varia de la Britannica ; mais il en est qui sont propres au
Décret^. D'ailleurs, ces conciles préoccupent très visiblement
l'auteur du Décret, comme les canonistes italiens de son temps,
Deusdedit ou Anselme de Lucques; c'est pourquoi il multiplie les
documents qui s'y réfèrent et en éclairent l'histoire^.
A côté des conciles généraux, le Décret comprend quelques
fragments de conciles romains ou italiens. Il y faut signaler
quatre canons du concile tenu par le pape Eugène II en 726^ et
1. Voici, au hasard, quelques fragments isidoriens qui se trouvent dans le
Décret d'Yves et ne figurent pas dans la collection A : IV, 31 (Elvire, 23;; V,
85 (Braga, III, 7); IV, 107 et 110 (extraits de la préface du faux Isidore); X, 37
(extrait des Capitula Angilramni), etc. On pourrait multiplier ces exemples.
— On rencontre aussi, dans \e Décret des canons d'après la version de Denys,
par exemple, deux canons d'Ancyre, IX, 24, et X, 181.
2. Il convient, d'ailleurs, de signaler des fragments des Actmies da troisième
et du quatrième concile général (Éphèse et Chalcédoine), documents qui ne se
trouvent pas dans la forme usuelle de la collection du faux Isidore. Cf. D. d'Yves,
IV, 92 et 93, 148 ; V, 43.
3. Pour le cinquième concile général : IV, 99 ; XIV, 62 et 63. Pour le sixième :
IV, 221 et 222. Pour le septième : IV, 159 et 198; V, 40 et 41, etc.
4. Voir la partie IV, passim. On peut citer comme exemples : le frag-
ment de la lettre de Léon II sur le sixième concile, qui forme le c. 120
du livre IV (Jafifé-Wattenbach, 2118), et les deux fragments du Liber Pontifi-
calis (éd. Duchesne, I, p. 391 et 359), dont la réunion forme le c. 124 du
même livre. — De même, l'auteur a inséré des documents relatifs aux conciles
particuliers. Voir, par exemple, les lettres pontificales de Benoît III et Nico-
las I" sur le concile de Soissons de 853 (IV, 156 et 157).
5. Je ne cite que les canons de ce concile qui ne sont pas venus dans le
Décret par l'intermédiaire de Burchard, je ne mentionne pas les autres, tels
que I, 243, qui n'est autre que Burchard, IV, 49. — On peut signaler comme
propres au Décret d'Yves : IV, 214 ; VIII, 127, et XIII, 7, qu'on retrouvera dans
ATTRIBCEES A YVES DE CBÀRTRES. 39
aussi deux fragments (XII, 31 et 38) du concile tenu au Latran
par le pape Etienne III en l'an 769 contre l'antipape Cons-
tantin. Le second de ces chapitres mérite un intérêt spécial,
car il ne semble pas avoir été connu de Cenni, qui, d'après
un manuscrit de Vérone et les collections canoniques, a ras-
semblé les fragments épars et incomplets de ce concile ; il importe
donc d'ajouter ce chapitre du Décret d'Yves à la liste de ces
fragments*. Il ne convient point non plus de passer sous silence
plusieurs canons du concile tenu par Nicolas II en 1059 (V, 29
et 80), et deux canons des conciles tenus par Urbain II à Béné-
venten 1091 (V, 72) et à Troia en 1093 (IX, 5); remarquez
d'ailleurs que le manuscrit du Décret qui a appartenu à Colbert
comprend en outre, à la fin de la cinquième partie, un autre
canon ' du concile de Bénévent.
Outre ces conciles romains, le Décret d'Yves a rais à contri-
bution, d'ailleurs dans une assez faible mesure, les conciles de
l'épiscopat franc : je dis dans une assez faible mesure, car il ne
faut pas tenir compte ici de la masse de canons francs qui ont
pénétré dans le Décret grâce au recueil de Burchard. A tout
le moins je puis citer, comme étrangers à Burchard, quoique
présents dans le Décret d'Yves, les fragments suivants :
XIII, 99 et 100 = c. U et 33 du concile d'Orléans de 538.
V, -123 = c. 8 du concile de Paris (556-573)3; yinscriptio du
Décret le rattache à tort au concile de Paris sous Louis le Pieux.
XII, 36 = c. 18 du concile de Màcon de 383.
le concile d'Eugène II {Monumenta Germanix, Leges, l. II, in-fol., appendice,
p. 15 et s.), sous les n" 34, 36 et 12. Le c. 7 du livre XIII n'est qu'un résumé
du c. 12 d'Eugène II. Ajoutez-y un canon, anonyme dans le Décret (IX, 21), qui
est le c. 38 de la même série du concile d'Eugène II.
1. Sur ce concile, cf. Cenni, Concilium Lateranense Stephani III (Rome,
1735) ; Duchcsne, Liber Ponlificalis, t. I, notes explicatives sur le pontiticat
d'ÉliennelII, et l'article intitulé : les Premiers temps de V État pontifical, dans
la Revue d'histoire et de littérature religieuses, t. I, p. 253 et s. Cf. Jaffé-Wat-
tenbach, après le n'' 2376; les sources y sont indiquées. Il est certain que les
collections d'Anselme de Lucques et de Dcusdedit donnent de ce concile des
extraits diflërents de ceux que l'on rencontre dans le Décret. De même, les
fragments du Décret ne se retrouvent pas dans l'abrégé du concile publié par
"Wasserscbleben, Beitraege, p. 162.
2. Le c. 1 de Bénévent.
3. Pour la date de ces conciles, je me conforme aux indications de l'édition
donnée par M. Maassen dans les Monumenta Germanix,, Concilia aevi mero-
vingici.
60 LES COLLECTIONS CANONIQUES
XIII, ^^8* = c. <3 du même concile.
I, ^132 = c. 25 du concile d'Auxerre (573-603).
III, ^33-^34 = c. U et 15 du concile de Gtialon de 8<3.
III, -175 = c. 63 du concile de Meaux et Paris de 845-846.
III, •^8^ est un fragment de la lettre synodale du concile tenu à
Douzy en 8602.
Il faut pour le moment se résigner à ignorer l'origine de ces
fragments et des quelques autres de ce genre qui se rencontrent
dans le Décret.
3° En troisième lieu, la portion du Décret dont les sources
immédiates sont inconnues comprend de nombreuses et impor-
tantes séries d'extraits des Pères de l'Eglise ou des écrivains
ecclésiastiques. Ce ne sont pas seulement des fragments tirés des
œuvres de saint Léon et de saint Grégoire qui, papes en même
temps que docteurs, prirent une part importante au gouverne-
ment de l'Eglise universelle; ce sont des chapitres extraits des
autres Pères, notamment de saint Augustin, qui est très fréquem-
ment cité, de saint Jérôme, de saint Ambroise, de saint Chrysos-
tome, d'Isidore de Séville, de Bède le Vénérable^ ; on y trouve en
outre mentionné avec une certaine prédilection le nom de Raban^,
le docteur si connu dans l'Empire franc, et aussi ceux d'Aimon
d'Halberstadt^ et d'Hincmar*^. Enfin, le Décret, il est bon de le
remarquer, contient des fragments d'écrivains relativement
récents, comme Lanfranc et Fulbert de Chartres"'.
Grâce à cette profusion de citations, qui appartiennent souvent
à des ouvrages purement doctrinaux, le Décret perd le carac-
tère d'une oeuvre exclusivement canonique ; pour s'en convaincre,
il suffit, par exemple, de parcourir les portions de l'œuvre rela-
tives à la foi, au baptême et à l'Eucharistie. Par là, cette com-
pilation se distingue nettement des recueils contemporains, tels
1. Ce n'est pas le texte de ce canon qui est dans V HerovalUana. Cf. Petit,
Theodori Pœnitentiate, t. I, p. 243.
2. Labbe-Cossart, VIII, 713.
3. Il faut noter un fragment emprunté à la traduction du Pasteur d'Hermas :
VII, 243.
4. Par exemple, dans le livre I, les c. 68, 78, 81 et passim, 95, 300, etc.
5. Exemples : I, 54, 174, 300, etc.; VIII, 267; IX, 114 el passim.
6. Exemples : IV, 177; VI, 420; VUI, 260 et 261.
7. II, 9, et XII, 76. Joignez la profession de foi de Bérenger, dont les doc-
trines soulevèrent tant de querelles au xi* siècle : II, 10.
ATTRIBUEES A YVES DE CHARTRES. (i J
que ceux d'Anselme de Lacques ou de Deusdedit* ; elle se rap-
proche au contraire d'autres œuyres non moins importantes, où
la législation canonique se mêle aux textes doctrinaux. Pas plus
que Hugues de Saint-Victor, Abêlardou même Pierre Lombard,
l'auteur du Décret ne connaît de délimitation rigoureuse entre
la théologie et le droit canon.
On peut se poser, à propos de ces extraits patristiques, la même
question qui s'impose à l'attention à propos d'autres fragments : les
chapitres du Décret ont-ils été directement extraits des œuvres
originales ou n'en viennent-ils que par des collections intermé-
diaires? Là-dessus, l'étude des inscriptiones fournit quelque
lumière^. Quand des chapitres portent des inscriptiones vagues,
telles que celles-ci : Ex dictis Augustini ou Ambrosii, Augus-
tinus dicit, ou plus simplement encore Gregorius , Augusti-
nus, il y a lieu de penser qu'ils sont empruntés à ces Collecta-
nea, recueils de sentences d'un ou de plusieurs Pères, dont
l'usage a été si répandu au moyen âge^. Dans le Décret, on
trouve de telles inscriptions, non seulement dans les chapitres
provenant du recueil de Burchard (où elles sont très fréquentes),
mais encore dans des chapitres de la portion d'origine inconnues
qui seuls nous intéressent en ce moment. Ceux-ci sont sûrement
tirés d'un recueil d'extraits.
La question reste douteuse en ce qui touche les autres frag-
ments patristiques, qui sont précédés d'une indication de sources
assez complète, par exemple : Arabrosius super /*•" epistolam
ad Corinthios (I, 70); Augustinus de symbolo liber I
1. Les extraits de cette catégorie sont plus nombreux dans le Décret d'Yves
que dans celui de Burciiard, où déjà il s'en trouve un certain nombre.
2. Il est certains fragments qui sont, non des citations textuelles, mais des
morceaux, de dimensions variées, fabriqués par la réunion de divers passages
d^un même auteur. On en trouve même dans la partie d'origine inconnue.
D'après les notes de dom Gellé, les chapitres I, 176, 177, et IX, 106, par
exemple, sont faits de divers extraits de saint Augustin. — Une question reste
ouverte : on peut se demander si le texte fabriqué est l'œuvre du compila-
teur du Décret ou d'un compilateur antérieur. Pour un des fragments que je
viens de citer, la réponse est facile à donner : le ch. I, 177, reproduit un cha-
pitre des Varia de la Britannica, I, c. 88, donné sous ce titre : Aug. libro IIII'',
de baptismo.
3. Voir, à propos des recueils d'extraits de saint Augustin, Mirbt, die Slel-
lung Augustins inder Publizistilc des Gregorianischen Kirchenstreits, p. 70-71.
4. Voir notamment livre XVII, 3, \1\ et s.
62 LES COLLECTIOIVS CANONIQUES
(I, 94); Beati Augustini ad Bonifacium epistola (III, 122),
etc. En ce cas, il n'y a rien à conclure de ViiiscripHo. Le frag-
ment peut être tiré de l'œuvre originale; mais il peut venir aussi
d'une collection intermédiaire, où il figurait avec Vinscriptio
correcte et complète; ainsi, plusieurs chapitres des Pères qui se
rencontrent dans les Varia de la Britannica se retrouvent
avec des inscriptiones complètes dans le Décret d'Yves*. En
somme, l'inscription incomplète et rudiraentaire donne lieu de
croire que le texte qui la suit provient d'un recueil d'extraits;
mais l'inscription complète ne prouve pas que le texte qui la suit
soit tiré de la source originale.
De quelque manière que l'auteur du Décret ait connu les Pères
de l'Eglise, il les a certainement mis à contribution dans une pro-
portion beaucoup plus large que ses prédécesseurs.
4° Les citations historiques jouent un rôle assez important
dans le Décret d'Yves, notamment dans le livre IV. Au premier
rang, il faut signaler le Liber pontifîcalis, souvent cité^; les
citations de cet ouvrage dans le Décret sont distinctes des nom-
breuses citations qui s'en rencontrent dans la collection de Deus-
dedit. Puison peut mentionner Cassiodore^ Bède^, Paul Diacre^
et Anastase le Bibliothécaire **. Ces textes se réfèrent plus par-
1. Exemples: D.,I, 162, où l'on trouve des inscriptiones complètes, contient
des fragments qui figurent aussi dans Brilannica, Varia, I, C. 1. Le c. 164 du
même livre, depuis CathoUca, reproduit des fragments de Varia, I, C. 3. Le
c. 165 reproduit des fragments de Varia, I, C. 4. Des observations analogues
peuvent être faites pour les chapitres du Décret, l, 167, 168, 170, 171, 177, 187,
191, tous munis d'inscriptions complètes et provenant tous de saint Augustin.
2. Exemples : I, 57, 69; IV, 79, 94, 124, 145. Le c. 63 du livre II est fait de
trois fragments du Liber Ponti/icatis mentionnant des décrets sur la messe ;
ces fragments semblent réunis à la manière des extraits, mentionnant des
décrets, qui ont été recueillis dans le manuscrit de Modène (Duchesne, Liber
Pontificalis, t. I, p. cxcvi et s.; notre extrait ne vient pas de ce manuscrit).
L'inscriptio du chapitre porte, non pas ex libro Pontificali, mais ex Pontifi-
cum Decretis, ce qui me donne à penser qu'il a été tiré d'un recueil d'extraits.
3. IV, 143; X, 47.
4. Exemples : IV, 146, 175; IX, 211.
5. IV, 171. Cf. sur ce passage Conrat, GescMchte der Quellen und Literatur
des Romischen Rechts, I, p. 99.
6. IV, 78, 129, 172 ; XI, 92. Le fragment IV, 172, concerne les Novelles de
Justinien. Sur l'altération du texte qu'il présente, cf. Conrat, Geschichte, l,
p. 106. Le texte d'Yves dit : remavit imperator leges, au lieu de renovavit.
— On peut encore citer parmi les textes historiques des fragments de biogra-
ATTRIBUEES A YVES DE CHARTRES. (53
ticulièrement à la matière des sources du droit. Leur insertion
trahit chez l'auteur du Décret une préoccupation de l'histoire
des sources fort remarquable pour son temps.
C'est à cette même préoccupation d'expliquer les canons par
les faits qu'il faut sans doute rattacher la présence dans le
Décret de fragments du Liber diurnus, c'est-à-dire du formu-
laire des actes du Siège apostolique*.
5" L'un des caractères les plus saillants du Décret d'Yves est
la masse considérable de fragments tirés des monuments du droit
séculier, romain ou carolingien, qui y sont contenus.
On y compte environ 250 fragments de droit romaine Bien
plus que le Bréviaire d'Alaric, les recueils de Justinien ont été
mis à contribution ; tous sont représentés dans le Décret. Si l'on
en excepte un certain nombre de chapitres tirés des Novelles de
Julien, les fragments de droit romain insérés au Décret n'ap-
partiennent pas aux constitutions impériales qui règlent les
matières de droit ecclésiastique ; ni les premiers titres du Gode de
Justinien ni le livre XVI du Gode Théodosien n'ont été utilisés.
En ce qui touche les Pandectes, on a fait remarquer plus haut
que l'auteur du Décret n'y a pas puisé directement; en effet, il
n'en connaît et n'en cite que les textes qui se retrouvent dans la
phies, comme les extraits des Vies de saint Ambroise (X, 48) et de saint Gré-
goire (XIII, 110).
1. Cf. IV, 132. Ce fragment se trouve aussi dans la Britannica et dans
d'autres collections ; cf. la précédente étude, p. 687, note. Le Décret d'Yves
possède en outre, au c. 197 du livre IV, un extrait du même document contenu
au Liber Diurnus, Vindiculum Pontificis (éd. Rozière, p. 180-181; éd. Sickel,
p. 92).
2. Pour les textes de droit romain qui se trouvent dans le Décret (je n'en puis
traiter ici que brièvement), consulter Conrat, Geschichte der Quellen und der
Literatur des Kornischen Redits, t. I, p. 378 et s.; cf. Savigny, Geschichte, II
(2« édition), p. 309, et la liste des textes romains dressée par Savigny, Ibid.,
p. 49^, et reproduite dans les Disquisitiones de Theiner, p. 254 et suiv. Sur
les textes du Digeste et des Institutes, voir la brochure de Conrat signalée
plus haut, p. 49. Je dois ajouter que Savigny a négligé de mentionner dans sa
liste la série du livre III, 183-19-2, qui est tirée des Novelles de Julien, et le
c. 193, qui provient des Institutes. — Il est bon d'ajouter, d'après M. Conrat,
que les leçons des textes du Digeste cités par Yves tantôt reproduisent l'an-
cienne litera Bononiensis, tantôt s'en écartent. Cf. Conrat, der Pandekten und
Institudonenauszug, p. 13. — Dans les citations du Code, il arrive que le titre
est désigné par le rnot caput, la constitution par les mots tractatus ou titulus
(Conrat, Geschichte, I, p. 379).
64 LES COLLECTIONS CANONIQUES
Britannica et qui sûrement figuraient dans la collection analogue
de la Britannica qui lui a servi de source. Cela fait environ
cinquante textes qui se rattachent à la troisième des pièces indi-
quées ci-dessus. Quant aux vingt-quatre fragments des Insti-
tutes, je m'en tiens à l'hypothèse émise plus haut, d'après
laquelle ils auraient été tirés de la même collection.
Les extraits du Code de Justinien, peu nombreux, sont tous
empruntés aux neuf premiers livres. Sans doute, il en est plu-
sieurs qui ne figurent pas dans VEpitome Codicis, connu par
des manuscrits dont le plus ancien est celui de Pistoie ; mais je
n'oserais en conclure qu'ils ont été pris directement dans le Code.
Au contraire, une telle conclusion se présente naturellement à
l'esprit au sujet des extraits nombreux des Novelles, ils ont dû
être pris directement dans la traduction de Julien ^
Les textes du Bréviaire d'Alaric sont relativement assez
rares 2; c'est que, même en France, à la fin du xf siècle, la
législation théodosienne perd l'autorité que gagnent alors les
recueils de Justinien. Il convenait d'ailleurs que le rôle du Bré-
viaire fût effacé dans la composition de la première collection
française où apparaissent en masse les fragments du Digeste. —
On a cru, mais sans aucune preuve certaine, que le c. 201 de la
partie XVI du Décret n'était autre chose qu'un extrait de la
Consultatio reteris jurisconsulti, œuvre d'un jurisconsulte
romain de l'époque intermédiaire entre le Code Théodosien et les
compilations de Justinien^.
La législation authentique ou apocryphe des empereurs caro-
1. Voir, sur ce point, Conral, Geschichte, I, p. 381, qui fait remarquer que
le Décret, tant pour le choix que pour l'arrangement des textes du Code et des
Novelles, se distingue des collections antérieures, notamment de la lex Romana
canonice compta et de la collection Anselmo dedicata.
2. Cf. Conrat, Geschichte, I, p. 380.
3. Le fragment 201 est fait de trois phrases distinctes. Les deux premières,
extraites des constitutions impériales (6 et 8, Code de Justinien, II, 3), se
retrouvent au chap. i, § 7 et 8 de la Consultatio. Mais la Consultatio ne
contient pas la troisième phrase: Privata conventio juri piiblico nihil derogat,
dont l'origine remonte au jurisconsulte Ulpien (45, § 1, Digeste, de regulis
juris, L, 17). — Au surplus, ces trois phrases sont des règles de droit, qui, à
cause de leur généralité, devaient être très répandues. Rien, à mon sens, ne
prouve que les deux premières viennent de la Consultatio, œuvre d'ailleurs
inconnue au moyen âge. Je serais plutôt disposé à me ranger sur ce point à
l'avis de M. Conrat [Geschichte, I, p. 90), d'après lequel ces textes pourraient
avoir été tirés d'additions au Bréviaire d'Alaric.
ATTRIBUÉES A YVES DE CHARTRES. 65
lingiens, contenue dans les recueils d'Ansegise et de Benoît le
Diacre, est largement représentée dans le Décret. Sans doute,
nombre de fragments y sont entrés par le canal du Décret de
Burchard; mais il eu est un grand nombre qui, étrangers à
Burchard comme à la collection A et à la collection analogue à
la Britannica, ont pénétré par une autre voie dans le Décret
d'Yves. La partie XVI en compte à elle seule environ ICO; il est
vrai que c'est en ce livre, qui traite de officiis laicorum, que les
capitulaires sont le plus souvent cités*; à l'époque où est rédigé
le Décret d'Yves, le clergé se déshabitue de chercher dans les
capitulaires les lois qui régissent les personnes et les matières
ecclésiastiques.
La plupart des textes de droit séculier se présentent dans le
Décret d'Yves par séries, souvent nombreuses. Cela est vrai
pour les capitulaires, notamment pour ceux qui sont rassemblés
dans la partie XVL Cela est vrai aussi des textes d'origine
romaine ; pour s'en convaincre, il suffira de jeter les yeux sur les
listes publiées par Savigny. D'ailleurs, quoiqu'on en retrouve
dans beaucoup de parties du Décret, ces textes sont particu-
lièrement nombreux dans la partie XVI, de officiis laicorum.
En résumé, la portion d'origine inconnue contient un contin-
gent assez important de décrétales et de canons, un très grand
nombre de fragments patristiques, quelques extraits historiques
et bon nombre de chapitres tirés des monuments du droit séculier.
V.
Nous avons analysé, autant qu'il était en notre pouvoir, les
éléments dont s'est formé le Décret d'Yves, en les ramenant à
quatre groupes : portion empruntée à Burchard, portion emprun-
tée à la collection A, portion empruntée à une collection ana-
logue à la Britannica, portion d'origine inconnue. Par l'œuvre
de Burchard, que le Décret s'est incorporée presque entière, par
quelques canons de conciles mérovingiens ou carolingiens, par
les capitulaires et aussi par les rares fragments du Bréviaire qui
s'y trouvent, le Décret d'Yves conserve les traditions de l'Eglise
1. Ailleurs, les fragments de capitulaires sont très clairsemés. Cf. I, 175; III,
100; IV, 157 et 174; VI, 401 à 404; VIII, 51 à 54, 80, 241, 256; IX, 124 ; X,
41 à 46 ; XI, 24. — La série la plus imporlanle est au livre XVI, c. 208-362.
-1897 •^'
66 LES COLLECTIONS CANONIQUES
franque. Mais, ce qui lui donne un caractère original, c'est
d'abord la présence de textes historiques et celle d'un nombre
très élevé de citations patristiques, c'est encore et surtout les
nombreuses traces qu'il porte de l'influence italienne. Directe-
ment ou par l'intermédiaire de la collection A, ce recueil a tiré
nombre d'éléments d'une collection analogue à la Britannica,
composée vraisemblablement à Rome^ ; par là ont été introduites
dans la circulation française une foule de décrétales authentiques
qui étaient demeurées inconnues jusqu'au xi® siècle et qui jouèrent
ensuite un grand rôle, comme on peut s'en convaincre en jetant
les jeux sur les lettres d'Yves et sur le recueil de Gratien. Par
la même voie sont entrés dans le Décret les fragments du Digeste,
les premiers qui aient paru dans une collection canonique fran-
çaise; par là aussi ont été connus en France ces canons des
conciles romains ou italiens d'Eugène II, d'Etienne III et d'autres,
que je signalais plus haut, en même temps que les nombreux
fragments empruntés aux conciles généraux postérieurs au Iv^
C'est en Italie, à l'époque de Grégoire VII, que l'on exhumait
les décrétales des anciens papes, les canons des anciens conciles
généraux ou romains; c'est là qu'on avait gardé quelque souve-
nir du Digeste. Le Décret d'Yves porte cette triple empreinte;
c'est ainsi qu'il se rattache très certainement au mouvement ita-
lien de la seconde moitié du xi® siècle. Visiblement, par le choix
des matériaux qui y sont entrés, le Décret d'Yves se révèle
comme un ouvrage où l'auteur a voulu fondre les éléments
anciens et les éléments nouveaux, les éléments nationaux et les
éléments ultramontains. Il faut maintenant nous demander com-
ment le compilateur a utilisé ces matériaux.
Pour saisir le plan de l'auteur, il semble naturel au premier
abord de consulter la préface dont le Décret est précédé. Mais
cette préface, qui, comme on le verra, est certainement une œuvre
d'Yves de Chartres, a été placée en tête, non seulement du Décret,
mais aussi de la Panormia et d'autres collections de la même
famille ; il n'est pas sur ni même probable qu'elle ait été faite pour
servir d'introduction au Décret. Aussi, sans contester la grande
importance de la préface, sur laquelle je me réserve de reve-
nir, je la laisse de côté pour le moment ; c'est au Décret lui-
1. Sur lorigine de la Britannica, voir Conrat, der Pandekten, etc., p. 17,
et Geschichle, I, p. 372.
ATTRIBUEES A YVES DK CHAETRES. 67
même que je demanderai de nous révéler le plan et la méthode de
sou auteur.
Les divers éléments du Décret sont distribués méthodique-
ment, suivant leur objet, eu dix-sept livres ou parties. Voici
l'esquisse sommaire de cette division :
Partie I. De fide et sacramento fidei, baptismo... et confirmatione.
II. De sacramento corporis et sanguinis Domini.
III. De ecclesia et de rébus ecclesiasticis, etc.
IV. De observandis festivitatlbus et jejuniis legitimis, de
scripturis canonicis et celebratione concilii.
V. De primatu Roraanœ ecclesiœ et de jureprimatum et me-
tropohtanorum atque episcoporum, etc.
VI. De clericorum conversatione, etc.
VII. De monachorum et monacharum singularitate, etc.
VIII. De legitimis conjugiis, de virginibus, etc.
IX. De incesta copulatione, etc.
X. De homicidiis, etc.
XI. De incantatoribus, de auguribus, etc.
XII. De mendacio et perjurio, etc.
XIII. De raploribus, de furibus, etc.
XIV. De excommunicatione justa vel injusta.
XV. De pœnitentia sanorum et infirmorum.
XVI. De offlciis laicorum et causis eorumdem.
XVII. Continet specuialivas sanclorum palrum sententias de
fide, spe et charitate.
Si l'on recherche dans quelle mesure ces divisions corres-
pondent à celles de Burchard, voici à quel résultat on arrive : •
Yves, partie I, répond à Burchard, livre IV.
— II — VetlII.
— III - III.
— IV — I, IV et XIII.
— V - I.
— VI - II.
— VII — VIII.
— VIII — IX.
— IX — VII et XVII.
— X - VI.
— XI - X.
us
LES COLLECTIONS
CANONIQUES
XII
XII.
XIII
—
X, XI el XIV.
XIV
—
XI.
XV
—
XVIII el XIX.
XVI
—
XV.
XVII
—
XX ^
En réalité, la différence capitale qui distingue le plan d'Yves
du plan de Burchard, c'est que le Décret d'Yves traite de la foi
et des sacrements avant de donner les règles qui concernent le
personnel ecclésiastique, tandis que le Décret de Burchard suit
l'ordre inverse. Mais, sous réserve de cette modification et de
quelques autres moins importantes, la division adoptée par Yves
est en plus d'un point inspirée par celle de Burchard.
Si le compilateur a observé une certaine méthode dans l'éta-
blissement du plan général, il s'en est abstenu lorsqu'il s'est agi
de disposer les chapitres qui devaient composer chacune de ces
dix-sept parties. Sauf en quelques cas exceptionnels, les séries
tirées de collections ou de sources différentes n'y sont nullement
fondues, mais seulement juxtaposées. A ce point de vue, le
Décret d'Yves rappelle le Digeste, où chaque titre est formé de
la juxtaposition de deux ou trois séries de textes, la série Edic-
tale, la série Sabinienne et la série Papinienne : de même dans
le Décret, il arrive souvent que les séries, parfois très longues,
tirées de Burchard, succèdent à des séries tirées de la collection A
et réciproquement'^. Même dans le livre XVI, dont pourtant cer-
taines parties sont mieux ordonnées^, on retrouve des traces de
cette manière de procéder ^
Un mode de composition aussi grossier ne pouvait manquer
1. Seul, le livre XVI de Burchard, d'ailleurs très court (il comprend 37 cha-
pitres, de accusatoribus et testibus), parait avoir été négligé par l'auteur du
Décret d'Yves. On trouve des règles de procédure criminelle dans les livres V-VI
du Décret d'Yves; mais elles ne viennent pas du livre XVI de Burchard.
2. Pour s'en rendre compte, il sullît de se reporter aux indications données
plus haut, p. 29 et ss.
3. Au cours du livre XVI, l'auteur rapproche en un même groupe les textes
relatifs à la liberté et à la servitude, qu'ils proviennent des canons, des décré-
tales, du droit romain et des capitulaires. Voiries chapitres 45-114 de ce livre.
4. Les chapitres 115-162, qui traitent de matières très variées, sont tous
empruntés à VEpitome Juliani et disposés d'après l'ordre de ce recueil. Il en
est de môme de la série suivante (163-183), tirée du Digeste, et d'une autre
série (184-190) tirée des Institutes.
ATTRIBCEKS A YVES DE CHARTRES. 69
d'entraîner des conséquences fâcheuses. Il en est une qui a déjà
été signalée, sans qu'on en ait indiqué la cause. Plusieurs frag-
ments reparaissent à deux reprises dans le Décret.
Lorsque ces répétitions se produisent dans la même partie du
Décret, cela tient, le plus souvent, à ce que le fragment répété
appartenait à ia fois à deux séries fournies par des collections
différentes, ainsi par Burchard et la collection A*. Le compila-
teur qui a inséré les séries sans les comparer l'une à l'autre ne
s'est point soucié d'éviter une répétition que peut-être il n'a pas
aperçue. Toutefois, en d'autres cas, la répétition des textes peut
se justifier : on comprend qu'un fragment se rattachant à deux
matières tout à fait distinctes, par exemple à l'excommunication
et aux devoirs des clercs, ait trouvé place dans deux parties du
Décret. Plusieurs des répétitions signalées par Theiner doivent
pour ce motif échapper au blâme que cet auteur leur décerne
en bloc.
Si l'auteur du Décret s'est fort peu préoccupé d'introduire un
ordre méthodique dans les diverses parties de son œuvre, il n'a
pas songé davantage à améliorer les textes dont il la composait.
Un fait est certain : le Décret reproduit purement et simplement
toutes les erreurs des collections auxquelles il a fait des emprunts.
Ces erreurs sont de deux catégories : les unes portent sur les
attributions des textes, les autres sur les textes eux-mêmes. Pour
l'une et l'autre catégorie, il est facile de démontrer la vérité de
la proposition qui vient d'être formulée.
I, 2^9 = Burchard, IV, 25. Départ et d'autre on trouve la fausse
inscripfio : « Ex decretis Leonis papœ apud S. Medardum. » Or,
aucun pape Léon n'est mêlé à l'origine de ce chapitre, qui est tiré
d'un capitulante de Charles le Chauve, fait à Saint-Médard de Soissons.
I, 224 = Burchard, IV, 30. Le texte, attribué de part et d'autre
au concile d'Agde, provient en réalité du concile d'Elvire, c. 39.
1. D., I, 257 (tiré de Burchard, IV, 63) = D., XIV, 23; D., III, 154 (coll. A,
II, C. d'Orange, 6) = D., III, 247 (Burchard, III, 187); D., VI, 23 (Burchard,
II, 3) = D., VI, 47 (coll. A., I, Zéphyrin, c. ult.) ; D., VI, 52 (coll. A, I, Sirice,
7) = D., VI, 187 (Burchard, II, 110); D., VI, 194 (Burchard, II, 118) = D., VI,
94 (coll. A, I, Innoc, 21) ; D., VIII, 14 (fragment de saint Augustin) = D.,
VIII, 132; D., XIV, 102 (Burchard, XI, 38) = D., XIV, 23. — Dans tous ces
cas, le fragment a été reproduit deux fois dans la même partie du Décret
d'Yves. On en pourrait trouver d'autres exemples dans la liste dressée par
Theiner dans ses Disquisiiiones, p. 175, note 18.
TO LES COLLECTIONS CANONIQUES
1, 243 = Burchard, IV, 49. De part et d'autre un texte, qui est le
ch. i7 du capitulaire de Tliéodulfe, cvêque d'Orléans, est présenté à
faux comme un décret du pape Eugène II.
I, 250 = Burchard, IV, 56. Ce texte, donné comme un canon d'un
concile de Ljon par l'une et l'autre collection, est en réalité le
47° canon des Apôtres.
VII, 39 = Burchard, VIII, 18. Ce texte, où l'on peut reconnaître
l'inlluence d'une décrétale du pape Gélase (collection de Denys, c. 12),
est donné à tort, dans Burchard et dans Yves, comme appartenant
au pape Pie !"<.
VI, 342 = Collection A, part. I, saint Grégoire, 61. Le texte est
extrait d'une lettre de saint Grégoire [Registres, II, 20) adressée au
sous-diacre Antoine. La collection A la fait par erreur précéder de
cette ijiscriptio : « Gregorius Natali episcopo Salonitano. » L'erreur
a été reproduite par le Décret d'Yves et ensuite par Gratien (G. 7,
Q. l,c. 40).
V, 56 = Collection A, part. I, Nicolas I", c. 74. L'attribution à
Nicolas I" est fausse; le texte, comme on l'a fait remarquer dans la
précédente étude ^, appartient certainement à Jean VIII. Il n'en est
pas moins vrai qu'il a passé avec sa fausse attribution dans le Décret
d'Yves.
Des erreurs du même genre, provenant de la collection A, ont
été signalées dans l'appendice de la précédente étude^. Je me
borne à en signaler encore une dans un texte qui fait partie des
Varia de la Britannica.
I, 191 = Britannica, Varia, I, c. 90. Des deux côtés, le texte est
donné comme venant de saint iVugustin : « Augustinus, ex libre ad
Fortunatum. -n — « Falsa citatio (dit à ce propos dom Gellé), nec
enim taie reperitur in epistola -115, al. 230, ad Fortunatum, nec in
dispulationibus contra Fortunatum Manicheum; nec correctores
Romani aliud indicant. »
Il s'agit ici des Correctores de Gratien ; le texte, en effet, est
entré dans le recueil de Gratien avec son attribution erronée à
saint Augustin (D. 4, de cons., c. 36), si bien que le nouvel édi-
1. Cf. sur ce texte les notes de M. Wasserschleben (Reginon, I, 175) et de
M. Fiiedberg sur C. 20, Q. 1, c. 15.
2. P. 664.
3. P. 692 et s., notes.
ATTRIBUEES A YVES DE CDARTRES. 74
teiir de Gratien, M. Friedberg, en est réduit à répéter, après dom
Gellê et Berardi : « Non est Augustin!. » L'erreur, on le voit,
remonte au moins aux Varia de la Britannica, d'oii, comme
cela est arrivé très souvent, elle s'est perpétuée de collection en
collection.
Il serait facile de multiplier ces observations et de rectifier
ainsi bien des attributions. Ce n'est pas ici le lieu de poursuivre
cette œuvre. Je passe aux erreurs de la seconde catégorie, qui
portent sur le texte même des fragments insérés au Décret. En
voici quelques exemples :
V, i 50 = Burchard, I, 39. Burchard remplace « ecclesia vacans »
par « ecclesia non habens episcopum. » Le Décret d'Yves le suit.
V, ^78 == Burchard, I, 7^. Dans ce fragment, qui est le 22» canon
d'Antioche, Burchard a remplacé par ces mots : « Nec ordinatlonem
ibi facere prœsumat » un membre de phrase beaucoup plus long. Le
Décret d'Yves est conforme à Burchard.
V, 220 = Burchard, I, -120. Le 43* canon du concile de Chalon,
en 8^3, traitait des prétendus évèques écossais : « Sunt in quibus-
dam locis Scolli, qui se dicunt episcopos esse... » Au temps de Bur-
chard, on ne connaissait plus ces évêques écossais; pour donner un
sens au texte, Burchard fit celte addition -. « Scotti et alii erronei. »
Le Décret d'Yves reproduit le texte ainsi interpolé.
Dans un très important mémoire qu'il a récemment publié sur
le Décret de Burchard', M. Hauck a signalé un bon nombre
d'altérations qu'il a constatées dans les textes de l'évêque de
Worms. On pourrait, comme je l'ai fait pour les trois chapitres
qui viennent d'être mentionnés, suivre dans le Décret d'Yves le
sort de chacun des fragments qu'a étudiés M. Hauck : on verrait
qu'invariablement le Déct^et d'Yves reproduit le Décret àeBur-
chard avec ses altérations.
Il faut donc admettre que l'auteur du Décret d'Yves a pris,
dans les collections qui lui servaient de sources, les fragments
tels qu'ils se présentaient à lui sans se préoccuper de rectifier ni
les erreurs de texte ni les fausses attributions. C'est ainsi qu'il a
1. Hauck, Ueber den liber decretorum Burchard's von Worms, dans
Berichie iiber die Verhandlungen der Koniglich-Sùchsischen Gesellschaft der
Wissenschaften zu Leipzig, Philol. Histor. Classe, 1894, 1, p. 64 et s. Les trois
exemples qui viennent d'être cités ont été empruntés à cette étude.
72 LES COLLECTIO\S CANONIQUES
pris à son compte une foule de fautes, et notamment les innom-
brables erreurs de Burchard de Worms.
S'est-il borné à reproduire les altérations provenant du fait
d'autres ou en a-t-il ajouté de son cru? En étudiant les textes
des Pandectes que l'auteur du Décret a tirés d'une collection
analogue à la Britannica pour les transporter dans son œuvre,
M. Conrat a constaté des différences entre certains fragments tels
qu'ils figurent au Décret d'Yves (au moins dans le texte imprimé)
et ces mêmes fragments tels que les présente la Britannica^ .
Quelques-unes de ces différences sont probablement le fait de l'au-
teur du Décret : j'ai hâte d'ajouter qu'elles ne semblent pas très
importantes et ne mettent pas gravement en jeu sa responsabilité.
En revanche, un argument sérieux m'amène à penser que l'auteur
du Décret n'a pas ajouté beaucoup de fautes à celles qui exis-
taient dans les textes dont il s'est servie Si l'on parcourt les
annotations manuscrites où dom Gellé rectifie avec un soin minu-
tieux les erreurs du Décret d'Yves, on s'aperçoit tout de suite
que la plupart des rectifications portent sur les textes empruntés
à Burchard. En réalité, quand l'auteur du Décret se trompe,
c'est généralement parce qu'il reproduit les fautes de ses guides,
surtout celles du principal d'entre eux, de celui dont l'action
fâcheuse a porté la confusion dans la transmission des textes
canoniques au moyen âge. Son grand tort est de s'être fait trop
souvent un copiste servile^
1. Conrat, (^/er Pandekten und InstituUonenauszug..,, p. 13, note 6. — Des
observations du même genre ont été faites par le même auteur à propos des
textes du Bréviaire d'Alaric (Conrat, Geschichte, I, p. 180) et à propos du texte
d'Anastase le Bibliothécaire sur les Novelles (IV, 172; Geschichte, p. 106). Mais
l'auteur du Décret en est-il personnellement responsable? Je signale plus loin
(p. 72, note 1) une erreur d'attribution qui a été commise par l'auteur du Décret.
2. Je ne m'attache pas ici aux erreurs matérielles dans les chiffres des cita-
tions, si fréquentes, par la force même des choses, dans les recueils juridiques
et canoniques.
3. Je ne prétends pas qu'on ne trouve |)oint d'erreurs dans les textes qui ne pro-
viennent pas de Burchard. En voici des exemples : l'auteur du Décret ne semble
pas avoir su qu'Atton de Verceil est l'auteur du traité de pressuris ecclesiasti-
cis. Deux fois il cite cet ouvrage (IV, 164 et XII, 40), qu'il attribue, la première
fois à Raban, la seconde fois à Smaragde. (Voir ces fragments de l'ouvrage
d'Atton dans le t. CXXXIV de la Patrologia Latina, c. 75 et 54.) — Le c. 105
du livre IV n'est pas de Léon IX, mais de son contemporain, le cardinal Ilumbert,
répondant à l'abbé Nicetas. — A Vinscriptio du c. 79 de la i)artie V, il faut évi-
demment lire : Conslanliniana et non ConstantinopolUana; il s'agit du Latraa et
ATTRIBUÉES A YVES DE CHARTRES. 73
La plupart des textes du Décret sont précédés d'un som-
maire*. Le plus souvent, l'auteur s'est borné à reproduire les
sommaires des collections où il puisait, notamment ceux de Bur-
chard et de la collection A. Cependant, dérogeant à ses habi-
tudes, il modifie parfois ces sommaires. Bien plus, pour certains
textes qu'il prenait, soit dans les originaux, soit dans des collec-
tions dépourvues de sommaires, il a cru utile d'en composer de
toutes pièces; c'est ce qu'il a fait pour les textes de droit romain.
Là-dessus, il n'est pas inutile de reproduire l'appréciation de
M. Conrat-; pour cet érudit, l'auteur du Décret, à la différence
de ses prédécesseurs, a su placer en tête des fragments de droit
romain des résumés explicites qui décèlent « une intelligence
exacte des textes. » Grâce à cette initiative heureuse, il a prouvé
qu'il pouvait être plus qu'un simple compilateur.
VL
Il n'est pas impossible de déterminer approximativement la
date à laquelle fut terminé le Décret. Les fragments les plus
récents qui y aient été insérés^ sont des extraits des lettres d'Ur-
non de Constantinople. — Voici une erreur qui s'explique facilement : le c. 150 du
livre 1 porte comme inscriptio : Idem Boaifacio. Ce mot « idem » semble se
rapporter à Grégoire III, auquel appartient le c. 149. On en pourrait conclure
qu'il y a erreur, le texte étant en réalité du pape Zacharie (epist. 9). Mais, entre
le c. 149 et le c. 150, le manuscrit de Saint-Viclor (ot peul-étrc d'autres
manuscrits) ajoutait un fragment de Zacharie : « Zacharias Papa Bonifacio.
Retulerunt nuncii... baptizentur. » Alors le mot idem du c. 150, placé à la suite
de ce fragment, s'applique tout naturellement au pape Zacharie. — Une erreur
caractérisée est celle de \' inscriptio du c. '21, de la partie XIV. Le texte ne
vient pas d'un concile de Paris, mais d'Hincmar, dans ses 55 chapitres contre
Hincmar de Laon (c. 30 et 28). Cf. C. Zi, Q. 3, c. 6 et la note de M. Friedberg.
— Encore une fois, je ne prétends donner ici que quelques exemples.
t. Pas tous ; il en est quelques-uns qui ne sont précédés d'aucune autre indi-
cation que celle de la source. Exemples : I, 53 à 196 et passiyn. Mais ce n'est
qu'une exception.
ï. Geschichte, p. 382.
3. Il faut écarter sans la moindre hésitation l'assertion développée par M. l'abbé
Menu (op. cit., p. 77-80), d'après laquelle le Décret attribué à Yves contiendrait
des canons des conciles tenus A Beauvais en 1114 et à Nantes en 1 127, et devrait
donc être daté d'une année postérieure à 1127. Les textes qu'invoque M. l'abbé
Menu sont tous de l'époque carolingienne ou d'une époque antérieure aux Caro-
lingiens ; tous ont trouvé place dans le Décret de Burcbard, où l'auteur du
74 LES COLLECTIONS CANONIQUES
bain II, qui occupa le saint-siège de 1088 à 1099 : ces fragments
sont au nombre de quinze, dont dix ont une date certaine, à savoir :
YI, 407 (J.-W., 5378) année 1088
VIII, 23 (J.-W., 5382) — ^088
Décret d'Yves est allé les prendre. Aucun n'appartient aux conciles du xii= siècle.
Voici l'indication de la série des quatre canons ex conciiio Belvacensi, prœ-
sente Ludovico :
III, 227 = Burchard, III, 166 = Reginon, I, 374 (362) = C. 12, Q. 2, c. 44.
— 228 = — 167 = — 375 (363) = C. 10, Q. 2, c. 4.
— 229 = — 168 = — 376 (364) = C. 10, Q. 2, c. 4.
— 330 = — 169 = — 378 (365) = C. 10, Q. 2, c. 5.
Burchard fait précéder ces quatre textes de l'inscription : « Ex c. apud Bel-
vacum, cui Ludovicus imperator intererat. » On ne connaît pas de canons de ce
genre du concile de Beauvais de 845, d'ailleurs postérieur à Louis le Pieux. Je
conjecture que cette attribution donnée par Burchard (et conservée par le Décret
d'Yves) est une altération de Yinscriptio de Reginon : « Ex capitulari ad Bel-
vacum. » Cette inscriptio serait elle-même le résultat d'une erreur matérielle.
Comme tous ces textes appartiennent au capitulaire d'Épernay de 846, il faut
peut-être y voir une mauvaise lecture des mots : « Ex capitulari ad Spar-
nacum. » En tous cas, nous sommes loin du concile de Beauvais de 1114.
J'en viens aux neuf canons qui sont donnés comme provenant du concile tenu
à Nantes, en 1127, par l'archevêque de Tours Hildebert de Lavardin, et cela
parce qu'ils sont présentés comme extraits ex conciiio Nannetensi.
Tout d^abord, il faut en défalquer un qui ne porte cette inscriptio que par
l'effet d'une erreur matérielle de l'auteur du Décret. C'est : VI, 195 = Bur-
chard, II, 119 = Reginon, I, 224 (221). Seul, le Décret d'Yves l'attribue au
concile de Nantes, bien à tort, puisque c'est le 44° canon des apôtres. Reginon
et Burchard l'ont donné comme tel. L'erreur de l'auteur de notre Décret vient
de ce que ce canon, tiré de l'œuvre de Burchard, a été considéré par lui comme
compris sous Vinscriptio « ex conciiio Nannetensi, » qui se trouve un peu plus
haut dans Burchard, en tête de II, 116.
Restent huit canons que M. Menu fait remonter au concile de 1127, à savoir :
III, 204 = Burchard, Ilf, 138 = Reginon, I, 353 (341).
— 222 = - 159 = - 127 (125 b) == C. 13, Q. 2, c. 15.
VI, 21 = Burchard, II, 1 = — 443 (441) = D. 24, c. 5.
— 152= — 56=- — -210(207).
— 181= — 104= — 211 (208) =D. 91, c. 2. Ce frag-
ment forme le c. 9 des Capitula d'Hincmar de Reims. Cf. Patrologia Latina,
CXXV, c. 775.
VI, 192 = Burchard, II, 116 = Reginon, I, 105 (104).
X, 141 = — VI, 12 = Reginon, II, 13.
— 145 = — 16 = — 22.
En réalité, ces canons circulaient plusieurs siècles avant la composition du
Décret d'Yves; ils étaient attribués â un concile de Nantes dont on est assez
embarrassé pour fixer la date. On tend ;\ l'attribuer au vii° siècle : Héfele le
place en 658. Cf. Héfele, Histoire des conciles (trad. Delarc), III, p. 645; voir
ATTRIBDKES A YVES DE CHARTRES. 75
XIV, 68 (J.-W., 5363) — ^088
VI, 406 (J.-W., 5393) — ^089
VI, 410 (J.-W., 5409) — 1089
VIII, 24 (J.-W., 5399) — ^089
IX, 33 (J.-W., 5388) — J089
XIV, 45 (J.-W., 5393) — ^089
V, 72 (concile de Bénévenl) — \09i
IX, 53 (concile de Troia) — -1093
Les cinq autres n'ont pas de date certaine, ce sont :
IV, 2^9 (J.-W., 54 H) années '1088-1096
VI, 408 (J.-W., 5722) — -1088-1099
VI, 4^^ (J.-W., 5763) — ^092-^099
VI, 412 (J.-W., 5723) — 1088-1099
X, 54 (J.-W., 5536) — -1088-1095
Aucun fragment à date certaine n'appartient aux années pos-
térieures à 1093. Et cependant les conciles importants de ces
années eussent pu fournir de nombreux textes à l'auteur de la
compilation. On est, ce me semble, autorisé à déduire de cette
observation :
1° Que les fragments à date incertaine doivent, selon toutes les
vraisemblances, être attribués aux premières années du pontifi-
cat d'Urbain II *;
2" Que le Béer et a été achevé sans doute après 1093, mais à
une époque où les canons d'assemblées célèbres, telles que le con-
cile de Clermont, n'avaient pas encore été mis en circulation,
par conséquent vers 1095.
Cette conclusion peut, sans difficulté, se concilier avec les indi-
aussi la note de Wasserschleben dans son édition de Reginon, Libri duo de
Synodalibus causis, sous le c. 105 du livre I, et celle de M. Friedberg, sous
D. 24, c. 5.
L'opinion émise par M. l'abbé Menu se trouve donc dépourvue de fondement.
Je dois ajouter que ces mômes canons d'un concile de Nantes, ou au moins
quelques-uns d'entre eux, ont été considérés par Theiner comme rédigés au
concile de 1127 et lui ont fourni un argument à l'appui dune thèse qui attri-
bue à Hildebert de Lavardin une collection canonique en dix parties, dont il
sera traité dans la suite de ces études. Je n'ai pas à juger ici cette attribution ;
mais, évidemment, l'argument est mauvais. Cf. Theiner, DisquisiUones, p. 169.
1. Remarquez que deux de ces fragments sont certainement antérieurs l'un à
la fin de 1095, l'autre à la fin de 1096. Le doute n'existerait que pour les trois
autres.
76 LES COLLECTIOXS CANONIQUES
cations données plus haut sur les sources du Décy^et. Le Décret
de Burchard ne fait pas difficulté ; il est évidemment antérieur,
datant du commencement du xi" siècle. De même, la collection
analogue à la Britannica est aussi antérieure; car, si nous en
jugeons au moins par la Britannica, les textes les plus récents,
qui datent d'Urbain II, appartiennent aux années 1088 et 1089 ^
Reste la Collection A, que nous avons datée approximative-
ment de 1095. Mais il suffit, pour que nos conclusions soient
admissibles, que, tout en étant presque contemporaine de l'œuvre
d'Yves, cette collection ait été composée un peu avant le Décret.
Or, c'est là une hvpotlièse parfaitement vraisemblable.
Pas n'est besoin de démontrer que le Décret a été composé en
France. Sans doute, il comprend un certain nombre de textes
importés d'Italie, notamment ceux qui sont tirés de la collection
analogue à la Britannica, dont il a été souvent question; sans
doute, par cette source et quelques autres, il présente des traits
qui lai sont communs avec les collections italiennes d'Anselme de
Lucques et surtout de Deusdedit. — Mais la grande majorité des
éléments qui forment le Décret n'appartient pas exclusivement à
l'Italie; beaucoup, comme les capitulaires, les fragments de
Raban, d'Aimon, d'Hincmar, de Fulbert de Chartres, les canons
des conciles francs, constituent l'héritage traditionnel de l'Eglise
de France. Enfin, la Collection A, utilisée par le Décret aussitôt
après qu'elle fut formée, est certainement d'origine française.
Pour ces divers motifs, il v a lieu d'adhérer plus fortement que
jamais à l'opinion, qui n'a d'ailleurs point été contestée, d'après
laquelle le Décret est une collection d'origine française.
En somme, je crois qu'on se représentera exactement le Décret
en se le figurant comme un vaste recueil de matériaux divisé en
dix-sept compartiments. Ce n'est pas arbitrairement que les
matériaux sont afiectés à tel ou à tel compartiment ; mais là
semble s'être borné, ou à peu près, l'eSort tenté pour y intro-
duire un certain ordre. Il arrive parfois que des textes rappro-
chés les uns des autres se contredisent ^ ou au moins ne s'accordent
pas : pour sortir de peine, le lecteur en est réduit aux principes
1. Cf. Ewald, op. cit., p. 366 et ss.
2. Voir les textes relatifs à la valeur des canons des apôtres, dont il faudrait
admettre cinquante d'après le c. 105 de la part. IV, quatre-vingt-cinq d'après
le c. 106 et soixante d'après le c. 107. Ces textes discordants sont présentés
sans indication qui puisse servir à les concilier.
ATTRIBOEES A YVES DE CHARTRES. 77
généraux d'interprétation qu'il trouve dans la préface, prudem-
ment placée en tète des manuscrits du Décret comme un véri-
table traité de consonantia canonum. Réunir le plus grand
nombre de matériaux possible ; joindre les éléments de la Bri-
tanyiica, par exemple, aux éléments traditionnels fournis par
Burchard, et ainsi donner droit de cité aux textes nouvellement
découverts; multiplier, au profit des canonistes, les fragments
tirés des Pères et des écrivains ecclésiastiques, voilà les buts
principaux qu'à la fin du xi° siècle poursuivait le canoniste fran-
çais, d'ailleurs érudit et bien informé, qui rédigeait le Décret.
Il serait puéril de l'accabler de reproches sous prétexte qu'il a
manqué de méthode; on pourrait répondre qu'il n'a voulu faire
qu'un recueil préparatoire, une sorte de magasin de textes^ réser-
vant l'ordre méthodique pour d'autres œuvres. C'est, en effet,
comme recueil de documents que le Décret a rendu service aux
canonistes du xii^ siècle : la suite de ces études montrera qu'ils
l'ont largement exploité.
Paul FOURNIER,
(A suivre.)
DOCUMENTS
CONCERNANT
DIVERS PAYS DE L'ORTENT LATIN
1382-1413.
Je dois la copie des sept documents imprimés ci-après à un jeune
et regretté confrère dont le souvenir enviable et affectueux reste
sûrement partout où on l'a connu, M. Michel Perret ^ En excep-
tant le cinquième, ils formeront, je l'espère, un utile, quoique
bien léger, supplément aux publications de MM. Schafarik^ et
Sathas^.
Des explications un peu longues seraient nécessaires pour pla-
cer chacun de ces documents dans le milieu historique auquel il
se rapporte. Malgré l'absence de ces préHminaires, je crois que
1. Au moment où je préparais pour l'impression les documents que M. Perret
avait bien voulu faire transcrire pour moi à Venise, je reçois l'œuvre, à
laquelle notre cher défunt avait consacré avec une persévérance touchante et
courageuse, malgré les progrès de sa maladie, les dernières années et les
dernières forces de sa vie. L'affection éclairée d'une mère et le dévouement
d'un éminent ami ont assuré, par l'impression, la conservation d'un manus-
crit dont l'oubli ou la dispersion eût été un vrai dommage historique. Sa
|)ublication augmente nos regrets, en faisant mieux apprécier tout ce que nous
avons perdu. L'ouvrage a paru en deux volumes, avec une notice intéressante
et émue, sous ce titre : Histoire des relations de la France avec Venise du
XI H" siècle à l'avènement de Charles VIII, par P.- M. Perret, précédée
d'une notice sur l'auteur par M. Paul Meyer, de V Institut. Paris, Welter,
1896, 2 vol. in-8°.
2. Acta archiva Veneti spectantia ad hisloriam Serborum et aliorum Sla-
vorum meridionalium. Belgrade, 1860, in-S". (Extrait du Glasnilc drouchtva
srbske slovesnosti.)
3. Documenta inédits relatifs à l'histoire de la Grèce au moyen âge. Pari3,
188U-1883, in-4°.
DOCUMENTS CONCERNANT DIVERS PAYS DE l'oRIENT LATIN. 79
le sommaire assez développé que j'ai mis en tête de chaque numéro
en indiquera suffisamment l'objet.
Les quatre premiers concernent les relations et les difficultés
qu'avaient ensemble dans la Morée, appelée alors Achaïe, la répu-
blique de Venise, déjà maîtresse des villes de Coron et de Modon,
Néri Acciaiuoli, seigneur de Corinthe, et la grande compagnie
franque, commandée par Pierre de San Superano, dit Bordo ou
Bordeaux, vicaire général et, quelque temps même, prince
d' Achaïe ^ Cette compagnie célèbre, qui dominait alors par sa
force et son organisation en Attique et dans le Péloponèse, était
une association d'aventuriers d'origine franque, principalement
catalans, navarrais et gascons. Il y avait aussi beaucoup de Sici-
liens. Elle était parfaitement constituée. Indépendamment d'un
capitaine général, qui était censé obéir tantôt à l'empereur titulaire
deConstantinople, tantôt au roi deNaplesou au roi de Sicile, elle
avait des capitaines en second, un trésorier, une chancellerie et
probablement un ou plusieurs chapelains. Elle s'intitulait : Uni-
versitas fœlicis Francorum eœercitus in partibus Romanie
existentium^ ou Societas felicis exercitus Francorum iyi
ducatu Athenarum morantium. On l'appelait communément :
Societas Francorura , ou Magna Societas, ou simplement
Compagna^. Quand elle avait besoin d'argent ou de vivres, ce
qui était fréquent, elle n'hésitait pas à se joindre aux Grecs et
aux Turcs pour piller le pays, ou bien elle travaillait seule^.
Le cinquième document est un traité conclu, dans l'intérêt de
la famille Gornaro, propriétaire du village de Piskopi, en Chypre,
entre la répubhque de Venise et le roi Jacques II de Lusignan,
dont la république convoitait de plus en plus la succession. Pis-
kopi ou Episkopi est un beau village, situé au milieu de terres
fertiles traversées par un gros ruisseau, sur le chemin d'Ama-
thonte à Paphos. C'est l'antique Curium. M. de Cesnola y a fait
pratiquer des fouilles, qui ont amené la découverte d'un trésor
royal et d'autres antiquités d'un grand prix, passées malheureu-
1. Voy. Buchon, Éclaircissements sur la principauté française de Morée,
p. 259, 29G, 298, dans les Recherches et matériaux, t" parlie, 1841 ; Grégoro-
vius, Geschichie der Sladt Athen, t. II, p. 207, 231, 235, 261. Stuttgart, 1889,
in-8°.
2. Commerce et expéditions de la France et de Venise au moyen âge. Coll.
des documents inédits, Mélanges, t. III (Paris, 1880, in-4°), 27, 36, 42-49.
3. Commerce, etc., Mélanges, t. III, p. 43, 54.
80 DOCUMEÎVTS
sèment en Amérique*. Une branche de la famille Cornaro, autre
que celle de la reine Catherine, posséda si longtemps Piskopi, au
moj^en âge, que les Français appelaient ce village : la Piscopie
des Corniers, et leur famille : les Corniers de la Piscopie.
Le sixième concerne la ville d'Athènes, appelée vulgairement,
y est-il dit, Sythines; il offre quelque intérêt. Depuis la conquête
de Constantinople, en 1204, Athènes était devenue le centre et la
capitale d'un duché qui survécut à la réalité de l'empire franco-
vénitien et qui résista aux Turcs jusqu'en 1456. Un des Accia-
iuoli de l'illustre famille de Florence, Néri F"", attaché d'abord à
la cour de Marie de Bourbon (Litta), princesse de Tarente et
impératrice titulaire de Constantinople, se trouvait gouverneur du
duché d'Athènes, sous la dépendance plus ou moins réelle des rois
de Naples ; en 1382, profitant de la mort de la reine Jeanne et
des troubles qui augmentèrent à la suite de cet événement tant en
Grèce qu'en Italie, il dénia toute obéissance à ses supérieurs et se
proclama duc d'Athènes. Les Vénitiens contestèrent son pouvoir,
mais le roi Ladislas le lui maintint formellement en 1392. Il mou-
rut, ne laissant à Antoine, son fils naturel, que la ville de Thèbes
avec la Béotie; Athènes revint cependant au pouvoir des rois de
Naples; mais les Vénitiens parvinrent à s'en emparer en 1396.
L'anarchie était telle alors dans la Grèce qu'on ne sait si les Véni-
tiens en restèrent longtemps les maîtres ; on peut en douter,
puisque l'empereur Soliman I" promettait de la leur rendre, s'il
parvenait à la conquérir, dans le traité conclu avec eux et avec
les Etats de l'Orient latin contre Tamerlan, entre les années 1403
et 1405^. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'ils étaient rentrés à
Athènes en 1405, peut-être même en 1404, et il semble qu'ils ne
tenaient pas beaucoup à conserver alors une ville dont la défense,
au milieu des terres, ne leur était pas toujours facile. A la suite
d'instances et de négociations suivies par le pape Innocent VII,
le cardinal Acciaiuoli et le roi Ladislas, ils se déterminèrent en
effet à la rendre peu après au fils de Néri, ce que désiraient les
barons et les gens de la compagnie franque. L'acte du 31 mars
1405, imprimé plus loin, constate cet accord et le rétablissement
d'Antoine dans le duché, à la condition qu'il reconnaîtrait la suze-
1. Cyprus, by gênerai Louis Palina di Cesiiola. Londres, Murray, 1877,
p. 304-338.
2. Commerce et expéditions, dans les Mélanges de la Coll. des doc. inédits,
t. III, p. 181, art. 17.
CO\CERXA\T DIVERS PAYS DE l'oRIENT LATIX. 81
raineté de la république de Venise et l'aiderait dans sa guerre
contre les Turcs. Antoine, d'ailleurs, gouverna le pays avec
sagesse et intelligence. C'est lui qui fit poser au port du Pirée, en
un lieu convenable, les beaux lions de marbre, sur l'un desquels
se trouvent des inscriptions runiques tracées vraisemblablement
par les Varanges au service des empereurs bvzantins. En 1G84,
Morosini, justement surnommé le Péloponésiaque, transporta ces
lions à Venise comme un trophée, et on les plaça peu après à
l'entrée de l'arsenal, où ils sont encore aujourd'hui.
Le septième document établit la rentrée en grâce auprès de la
république de Venise de Balsa Strazimir, prince de la Zenta, sei-
gneurie formée d'une partie du Monténégro et d'une partie de
l'Herzégovine, ou duché de Saint-Suba, avec Scutari pour capi-
tale. Du Gange n'était pas éloigné de croire que ces Balsa, deve-
nus à la longue des princes slaves, descendaient de quelques-uns
des membres de la grande famille des Baux, de Provence, qui
avaient suivi Charles d'Anjou à Naples, et que le roi, après ses
succès, avait dotés de plusieurs fiefs sur les côtes de l'Illyrie,
comme il en avait gratifié d'autres, en Italie même, des duchés
d'Adria et d' Avellino • .
L. DE Mas Latrie.
L
1382, le samedi i 8 janvier. A Androusn, en Morée.
Traité de paix et de bon voisinage, avec oubli réciproque de tous
anciens torts et dommages, conclu, sous les auspices de l'évêque de
(joron, entre : 1° Paul Marcello et Michel Sténo, châtelains vénitiens
des villes de (^oron et de Modon, agissant au nom de la république ;
et 2° Maiotto Coccarello, baile impérial de la principauté d'Achaïe
et de la ville de Lèpante, de concert avec Pierre Bordo de San Supe-
rano, capitaine de ladite principauté, agissant tous deux tant en leur
nom personnel qu'au nom de Bérard de Varvasa, capitaine impérial
dans la principauté d'Achaïe, et au nom de la compagnie franque ^.
(Archives de Venise, Commemoriali, VIII, fol. 117'.)
1. Voy. Trésor de Chronologie, col. 1783; voy. col. 1711, 1713.
2. Voy. Predelli, Libri Commemoriali délia republica di Venezia, t. III
{Documenti storici publicad dalla r. depulazione venefa di storia patria,
vol. IX), p. 157, n- 126. Venise, 1883, in-4'.
3. La mention suivante précède le texte du traité dans le registre des Com-
1897 6
S2 DOCUMENTS
In nomine Dei eterni, Amen. Auno Nativitalis ejusdem M.GCG.
LXXXII", indicione quinta, die sabati xviri° mensis' januarii. Quo-
niam honeslum et ralionabile fore censelur, ut etiam que tractantur
et contrahuntur inter amicos, benivolos vicinos, scripture vinculo
confirmentur, ne, post deeurrentia tempora, quod contractum est, ex
oblivionis deffectu, aliter transmutetur vel varietur; et per conse-
quens, ut dubia et obscuritates que exinde pervenire possent, salu-
briterevitentur; hinc est quod, cum alias per reverendum in Ghristo
patrem, dominum fratrem Petrum^, Dei et apostolice sedis gratia,
dignissimum episcopum Coronensem, et etiam nuper pro parte
egregii et generosi militis, domini Maiotti de Goccarello^, honorabilis
balii imperialis principatus Achaye et civitatis Neopanti\ nec non
egregii et nobilis viri Pétri dieti Burdode Sancto Superano^, honora-
bilis capitanei dieti principatus, proposite, producte et oblate fuerunt
egregiis et potentibus viris, dominis Paulo Marcello, et Michaeli Sténo,
de raandato ducalis celsitudinis Veneciarura, honorabilibus^ castel-
lanis ' Coroni et Mothoni, nonnulle promissiones amicabilis concordie,
amicitie et vicinitatis benivole, pro bona concordia, amicitia, bona
vicinitate^ inter partes, prestante domino, perpetuo conservandis, et
pro scandalis et erroribus quibuscumque in posterum evitandis, super
quibus oblacionibus et promissionibus, divina gratia permittente, per
interpositionem , operam et tractatura predicti Reverendi patris
domini episcopi Goronensis, conventum et conclusum fuit, ac extitit
inter partes, prout sequitur inferius seriose.
-1 .^ Primo namque predictus egregius et generosus miles, dominus
Maiottus, balius, necnon prenominatus egregius nobilis Petrus dictus
Burdus, capitaneus, tam nomine suorum ofQciorura predictorum,
quam etiam eorum nomine proprio et speciali, et tamquam private
persone, pro se, ac pro parte, vice et nomine, tam nomine egregii et
mémoriaux : Copia pactorum initorum inter castellanos Coronis et Mothonis,
et bailium imperialem principatus Achaye et alios barones et nohiles dieti
principatus ; que copia habita est ab ambaxatoribus dicli principatus, qui
venerunt Venecias, MCCC LXXXVI, de novembre.
1. Au ms. : mense.
2. Pierre Cornaro, franciscain.
3. Au ms. : Coctarello, ici et plus loin.
4. Lépante.
5. Bordo de San Superano.
6. Au ms. : honorabilis.
7. Au ms. : castellani.
8. Au ras. : vicinitatis.
9. Les numéros ne sont pas au manuscrit.
CONCERNANT DIVERS PAYS DK L ORIENT LATIN. 83
nobilis viri Berardi de Varvasa, honorabilis capilanei imperialis in
dicte pi'incipalu, quam cliam omnium aliorum el singulorum de sua '
companea^, auclorilale^ qua fuiiguntur in principalu predicto, el
omui via, modo el forma, quiljus melius, ulilius el efficalius possunl,
oblulerunl et promisserunl, ac ofTerunt el promitlunl, verani, puram
el bonam alque perpeluam concordiam, amiciliam et vicinilalem
habere cum diclis caslellanis prenominatis, presenlibus et futuris,
non obslanlibus, ymo penilus omissis, remolis, decisis alque rese-
calis el de medio sublalis quibusiibel differcnlia el inquielalione,
que fuissent aclenus et fièrent, seu esse possenl, modo aliquo vel
ingenio, tam jurisdiclionis terminorum confinium, quam tcrrilorio-
rum alque vilicorum, qui dicenlur occupali fuisse seu fore; non
inlelligendo in hec de villicis fugilivis usque lempus, quo diclus
bajulus, cum diclis capilaneis et eorum companeis, eorum companea
inlravil Drusiara', setomnia predicla remaneant pacifiée elquicta in
eo statu, prout sunl reperla in introilu dicte companee in Drusiam,
et de hiis omnibus nulla menlio, querela, pelilio, requisilio, vel
moleslia fieri deijeal vel fieri valeat per ipsos, nec per aliquem de
eorum companea uUo lempore; promiltuntque el offerunl in perpe-
tuum esse bonos et veros amicos dominalionis ducalis et bonos vici-
nos prediclorum dominorum castellanorum Coroni et^ Mothoni,
presentium el futurorum, et Yenelos el omnes subdilos et fidèles
ipsius dominalionis ducalis et locorum prediclorum et eorum bona
et haijere, in quacumque parte principatus el caslellanie Galamalis",
bene cl fidcliter el carilative baberc el Iractare, ac haberi et traclari
facere lanquam bonos vicinos el amicos, secure et absque lesione
suarum personarum et rerum, secundum bonas et anliquas patrie
consueludines et locorum prediclorum Goroni el Motboni.
2. Et e converso, pro parle et vice cl nominc prediclorum castella-
norum dominorum, sapiens et circumspeclus vir ser Stephanus
Zicra, canceliarius honorabilis Goroni el Molboni, tamquam amba-
xialor, sindicus el eorum procuralor legillimus, habens ad hec plé-
num et sufficiens mandatum, prout de sindicalu ipsius constat per
1. Au ms. : sui.
2. La compagnie catalane des Francs, dont il a été parlé précédemment.
3. Au ms. : auiem.
4. Androusa ou Andruzza, au fond du golfe de Coron, à dix kilom. environ
de la mer.
5. Au ms. : etiam.
6. Galamala.
84 DOCUMENTS
litteras patentes, buUatas, muni tas buUis seu sigillis autenticis regi-
minum predictorum castellanorum dominorum, a me nolario infra-
scripto visas et leelas, quaruiii teiior per oiiinia talis est :
Noveriat universi et singuli présentes patentes litteras inspecturi,
quod nos, Paulus Marcello, Michael Sténo, de mandate ducalis excel-
lentie' \eaeciarum, castellani Mothoni et Goroni, tenore^ presentium
constituimus et ordinamus, auctoritate nostrorum regiminum, et omni
modo, jure, forma et causa quibus melius et efficacius possimus, sapien-
tem et circumspectum virum ser Stephanum Ziera, cancellarium, pro
dicta ducali excellentia, locorum Goroni et Mothoni, presentem et hoc
mandatum sponte suscipientem, in nostrum ambaxatorem, sindicum et
procuratorem et actorem, et quicquid dici melius vel esse potest; et
specialiter ad comparendum coram egregio et generoso milite, domino
Mayoto de Coccarello^, honorabile bajulo principatus Achaye et civi-
tatis Neopanti, nec non egregiis et nobilibus'' viris Petro dicto Burdo
de Sancto Superano et Berardo de Varvassa, imperialibus^ capitaneis
predicti principatus, etaliisde suo consilio et companea, ad compoueu-
dum, concludendum, hrmandum et percomplendum ac roborandum
concordias, conventiones, pacta et promissiones alias agitatas, tracta-
tas per reverendum patrem dominum fratrem Petrum, Dei gratia
dignissimum episcopum Goronensem , inter prenominatos dominos
bajulum, capitaneum, contestabilem et nos castellanos prefatos, super
vera, perpétua concordia, amicitia et benivolentia vicinitatis hinc inde
servandis et manutenendis; et ad promittendum nos, auctoritate pre-
dicta, ad observationem ipsarum conventionum et concordiarum et pacto-
rum predictorum, sub debito et vinculo sacramenti prestandi, vice et
nomine nostro et uniuscujusque nostrum nostrique regiminis in cau-
sas nostras et cujuslibet nostrum, cum illis promissionibus, solenni-
tatibus, clausulis et cautelis, que quomodolibet in hec fuerint oportune;
nec non ad scuscipiendum (sic)^ vice et nomine nostro, sacramentum
similiter prestandum per prenominatos bajulum, capitaneum, pro parte
sua, vice et nomine ipsorum ac aliorum omnium de sua societate, super
para et perpétua observatione ipsarum conventionum, concordiarum et
paciorum predictorum, cum provisionibus, obligationibus et soiennita-
tibus opportunis^; dantes^ et concedentes^ prenominato cancellario
1. Au ms. : excellentes.
2. Au ms. : tenoretn.
3. Au ms. : Coctarello.
4. Au ms. : nobilis.
5. Au ms. : imperialis.
6. Au ms. : oportunie.
7. Au ms. : danlur.
8. Au ms. : concedentur.
i
CONCERNANT DIVERS PATS DE l'oRIENT LATIN. 85
ambaxiatori, sindico, procuratori nostro, ploniim liborum et gcnoralo
mandatum ad plenam liberam et generalem administracionem [pro]
omnibus et singulis superius expressis et annotatis ; ac promittentes '
firma, rata et grata habere quecumque per ipsum acta, tractata,
gesta, firmata et protnissa fuerint in premissis et quolibet premisso-
runi^, et non contra facere vel venire aliqua ratione vel causa sub
prestatione et debito sacramenti. Et in predictorum fidem et evidentiam
pleniorem, bas nostras patentes littcras mandavimus ûeri, auctoritate
predicta nostrorum regiminum, et nostris sigillis solitis predictorum
nostrorum regiminum communitas. Data Coroni, anno incarnacionis
Dominice M.CCC.LXXXI, januarii die xvi, v» indictione.
auctoritate igitur regiminum predictorum dominorum castellano-
rum obtulil et promisit, ac ofTert et promittit, de habendo bonam
puram et perpetuam concordiam, amiciliam et bonam volunlatem
cum prediclis domino baiulo, capitaneo et caporalibus, ac aliis de
dicta compagnia, et de habendo et tractando eos sicut bonos vicinos
et amicos in omnibus suprascriplis juxta bonas et antiquas consue-
ludines pairie et locorum prenominalorum Coroni et Mothoni, et
juxta observantiam commissionis ^ corumdem dominorum caslella-
norum circa custodiam et observantiam predictorum locorum eis
commissorum. Insuper promiserunt et promittunt prenominatus
baiulus, et capilaneus, vice et nomine eorum, quibus superius norai-
natorum dictum est, de omnibus dannis^ que ammodo in antea
forent pcraliquem de sua compagnia predicta vel aliquem subditum
seu aliquos subdilos ipsorum, alicui Venelo subdito vel fideli duca-
lis dominacionis Yeneciarum , quod restitui et satisfieri plenarie
facienl, ila quod si in futurum prout sepe occurrere solet, aliquis
unius partis danniticaretur per aliquem alterius^ partis quod pars
lésa seu dannificata non procédât seu procedere debeat ad ullam
novitatem alicujus hostilis motus contra *■' altcram, aut represaliarum,
aut faciendo capi pro debito, aut alia de causa, unum pro alio, nisi
prius fiât querela parti alleri deemendisel satisfactionibus faciendis;
que quidem pars cum fuerit requisita teneatur indilale restitutionem
et emendam plenarie facere prout fuerit conveniens atque justum.
1. Au ms. : promittentur.
2. Au ms. ; pretnissione.
3. Au ms. : commissionem.
4. Au ms. : dartms, pour damnis.
5. Au ms. : aliernie.
6. Au ms. : quam.
86 DOCUMENTS
et si cause exigenUir, quod justitia fieri debeat per illam parlera ad
quam juslicia facienda speclabit.
Item, promiserimt et promictiml antedicU domini bajulus et capi-
taneiis quod de omnibus dannis illatis et factis per illos de dicta com-
pagnia usque in diem liodiernam, facient plene satisfieri, prout
declarabunt et terminabunt reverendus pater dominus episcopus
Goroneiisis predictus, quem dicti domini castellani ad hec ex nunc
elligunt, et una alia persona, quam prelibati domini castellani etiam
duxerint eligendam.
Quas quidem concordias, conventiones et promissiones et omnia
et singula suprascripta partes predicte, videlicet prenominatus domi-
nus Mayottus, bajulus, nec non predictus Petrus dictus Burdus, capi-
taneus , pro sua parte ac vice et nomine tam dicti Beraldi , quam
aliorum omnium de sua compagnia, ut superius est expressum, et
predictus ser Stephanus Ziera, ambaxiator, sindicus et procurator
predictus, vice et nomine et auctoritate regiminum antedictorum
dominorura castellanorum Goroni et Mothoni, promiser unt ad invi-
cem, scilicet una pars alteri et altéra alteri, attendere pure et fîdeliter
ac officialiter et inviolabiliter observare et adimplere et non contra
facere vel venire, aliqua ratione vel causa, per uUum ingenium sive
modum. Et pro observatione et super observatione inviolabili ipsarum
conventionum concordiarum et promissionum, predicti domini Mayo-
tus, bajulus, et Petrus Burdus, capitaneus, pro se ac vice, suis pro-
pres et specialibus nominibus, ac dicti Beraldi, nec non omnium alio-
rum et singuloriim de sua compagnia predicta, in manibus reverendi
patris domini Goronensis predicti, tactis sacris scripluris corporaliter,
juraverunt ad sancta Dei evangelia. Et similiter dictus ser Stephanus
Ziera, sindicus et procurator predictus, vigore et libertate sindicatus
supradicti, taclis corporaliter scripluris sacris, in animam prediclo-
rum dominorum castellanorum, in manibus predicti domini episcopi
Goronensis, super observatione predicta, prestitit corporaliter sacra-
mentuni^ seu juramenlum.
Actum Drusii, presentibus prenominato reverendo in Ghristo pâtre
domino fratre Petro-, dignissimo episcopo Goronense, nobilibus viris
Johanne de Ham, Sub sion^, Laurentio de Salafrancha, et Joanne de
Spoleta'*, in dicta compagnia sociis, qui, super observatione predi-
1. Au ms. : sacrum.
2. Au ms. : Petto.
3. Sic.
4. D'Espleta serait mieux, je crois; voy. ci-dessous, p. 99, n. 2.
CONCERNANT DIVERS PATS DE l'oRIENT LATIN. 87
ctarum conventionum et concordiarum, presliteruiit corporaliler
sacramentum ; presenlibusque eliam providis viris Benediclo de
Coniraversiis, de Gorono, et Laurentio Ziera, nato domini Stephani
Ziera, prenominati cancellarii Coroni et Molhoni, et aliis.
El, pro majoris roboris firraitate, rogaverunl parles predicte, per
nos notarios infrascriptos et queralibet nostrum confici debere duo
publica consi[mi]lia instrumenta \ bullis et sigillis autenticis lam
reverendi patris domini episcopi Goronensis predicti, quam eliam
ipsarum partium inpendentibus ^ communita.
U.
1387, 26 Juillet. A Modon.
Nouveau traité de paix et de bon voisinage, portant oubli de toutes
anciennes plaintes et réclamations, conclu à la suite des négociations
de Guillaume de Foresta de traités antérieurs, avec Pierre de San
Superano, vicaire et capitaine général de la principauté d'Achaïe, agis-
sant en son nom et au nom des barons et prélats de ladite principauté,
par Nicolas Zeno et Philippe Pisani, gouverneurs vénitiens des châ-
teaux de Modon et de Coron, mandataires spéciaux de la république
de Venise à cet effet ^.
(Archives de Venise, Commemoriali, IX, fol. 115 v°.)
In Ghrisli nomine, Amen. Anno Nativitatis ejusdem M.GGG.
LXXXVIP, indictione x"", die xxvi" mensis julii, in palatio magno
Mothoni.
Gum alias egregii et polentes domini Nicolaus Zeno et Philippus
Pisani, de mandate ducalis serenitatis honorabiles^ castellani Coroni
1. Au ms. : consilia infrascripta.
2. Au nis. : impendentunn.
3. Cf. Predelli, Libri Commemoriali, t. III, p. 231, n" 1. Le 5 juillet précé-
dent, l'archevêque de Patras, les évéques d'Olène el de Modon, Érard d'Aunoy,
seigneur d'.\rcadia, .\ndronic Azan Zacharia, seigneur de Calandra, grand con-
nétable d'Achaïe, les commandeurs de Morée appartenant aux ordres de Saint-
Jean de Jérusalem et de Notre-Dame des Allemands, unis à la communauté
des chevaliers liges de la principauté d'Achaïe, avaient donné mandat à Pierre
de San Superano, vicaire général de la principauté, de conclure le traité de paix
et de bon voisinage avec les commissaires de la république de Venise, Nicolas
Zeno et Philippe Pisani.
4. Au ms. : honorabilis.
88 DOCUMENTS
et Mothoni ac sindici, adores serenissimi domini Anlhonii Venerio,
Dei gralia, inclili ducis Veneliarum, proul de ipsorum sindicaLu con-
stat pcr instrumcnlum publicum, buUa plumbea ducali bidatum ac
munitum^ et scriptum et signatum manu Leonardi de Azolis, de
Veneliis, impérial! aucLoritate et ducatus Veneciarum notarii, cujus
inslrumenti ^ ténor per omnia talis est :
In Ghristi nornine, Amen. Anne Nativitatis ejusdem millésime tre-
centesimo octuagesimo septimo, indictione décima, die lune xiiii'» men-
sis januarii. lUustris et excelsus dominus, dominus Anthonius Véne-
rie, Dei gratia, dux Venetiarura et cetera, una cum suis censiliis ad
infrascripta et alia exercenda specialiter deputatis, ad senum campane
et voce preconia, more solito, vecatis et congregatis, et ipsa consilia,
una cum ipso domino duce unanimiter et concorditer, nemine discre-
pante, pro se et successoribus suis, ac nomine et vice communis Vene-
tiarum, omnibus modis, juribus, ferrais et causis quibus melius potue-
runt, fecerunt, constituerunt et ordinaverunt suos et dicti comunis
Venetiarum sindicos, actores et factores, defensores, negotiorum geste-
res, procuratores legittimos et nuntios spéciales, et quicquid amplius
dici et esse possunt nobiles et sapientes vires Nicolaum Zeno et Phi-
lippum Pisani, honorabiles cives Venetiarum et castelianos sues Goroni
et Mothoni, absentes tamquam présentes, et utrumque eerum in soli-
dum, ita quod occupantis^ conditio'' potier non existât, set quod unus
inceperit alter valeat mediare, presequi et finire, in omnibus suis et
dicti comunis Venetiarum causis, litibus et controversiis, et querellis
civilibus et criminalibus, presentibus et futuris; et specialiter ad
tractandum, iniendum, faciendum et firmandum pacla et conventiones
cum magnifiée et egregie viro domino Petro de Sancto Severano^,
vicarie generali principatus Achaye, et prelatis, baronibus et ligiis
dicti principatus, seu cum sindicis, et procuratoribus eerum, super cer-
tis capitulis ipsi domino duci et comunitati Venetiarum exhibitis per
ambaxateres predictorum vicarii, prelatorum, baronum^ et ligiorum
principatus Achaye predicti sub illis ferrais, modis, conditionibus, pro-
missionibus, obligationibus, [qùej predictis eerum sindicis videbuntur,
adobligandum bona comunis Venetiarum, pro observatione eorura que
duxerint promittenda, carias et instrumenta que pro predictis et sin-
gulis et dependentibus et connexis necessaria et eportuna fuerint,
1. Au ms. : scriptum.
2. Au ms. : infrascripta.
3. Au ms. : occupantes.
4. Au ms. : condito.
5. Sic.
6. Au ms. : baronos.
COXCERNAM DIVEBS PAYS DE l'oRIENT LATIX. 89
rogaudum, i'aciendum et recipiendum, cum stipulationibut;, promissio-
nibus et obligationibus, penarum additionibus, juris^ prestationibus,
reuuntiationibup, cautellis et clausulis oportunis; et generaliter ad
omnia alia et singula gerendum et fatiendum, que in predictis et sin-
gulis et in dependentibus et connexis et prorsus extraneis necessaria
fuerint et oportuna, et que ipsimet constituentes facere possent, si pré-
sentes forent, dantes et concedentes dictis eorum sindicis et procura-
toribus et utrique eorum in solidum in predictis et singulis et in
dependentibus et conexis prorsus et extraneis plénum , liberum et
générale mandatum, ac etiam spéciale ubi exigit, cum plena, libéra et
generali admiuistratione et potestato. Et promittentes firma, rata et
grata babere perpetuo et observare quecumque dicti eorum sindici et
procuratores in singulis et in dependentibus et connexis duxerint
facienda ; et non contra facere vel venire, sub obligatione omnium bono-
rum comunis Venetiarum, mobilium et immobilium, presentium et
futurorum. Actum Venetiis, in ducali palatio, presenlibus nobile et
sapiente viro, domino Rapbayno de Caresinis-, honorabile canccUario
Venetiarum, ac providis et circumspectis viris ser Jobanne Vido, ser
Petro de Quadraginta et ser Guillelmo de Vincentiis, ducatus Vene-
tiarum notariis, testibus ad suprascripta vocatis specialiter et rogatis
et aliis. In premissorum autem fidem et evidentiam pleniorem, prefatus
inclitus dominus dux, presens instrumentum sindicatus fleri mandavit
et bulla sua plumbea pendente muniri. Ego, Leonardus de Azolis, et
cetera.
pluries convenerint ad colloquium cum egreglo et polenti domino
Pelro de Sancto Superano, honorabile vicarlo et capitaneo generali
principatus Achaye, tam super execulione contentorum in capilulis
ambaxialorum alias missorum elexpositis ducali serenitati per nobi-
les viros Guillelmum de ForesLa et Jacobum de Gipro, ambaxiatores
et nuntios ejusdem domini vicarii et capitanei, pro parte ipsius et
omnium prelatorum, baronum, nobilium el ligiorum dlcli principa-
tus; ad que quidem capitula alias per predictos dominos caslella-
nos et sindicos prescripto domino vicarlo, virtute sindicatus eorum,
fucrunl exhibite responsiones inferius annotate, videlicet.
-1.^ El primo, ad primum capitulum dicte ambaxiatc responsum
fuit per sepedictos dominos castellanos, quod confirmando pacta alias
inila et firmata cum domino bajulo, lune vivente, et ipso domino
1. Au ms. : jura.
1. L'auteur de la Chronique faisant suite à celle de Dandolo. Muratori, Script.
HaL, t. XII.
3. Les numéros ne sont pas à l'original.
90 DOCUMENTS
vicario et capitaneo ceterisque omnibus de socielate sua, ipsi domini
castellani sunt dispositif et sic ofTerunt et promittunt de volendo
vivere pacifiée et fraterne cum predictis dominis vicario et capitaneo,
prelatis et baronibus et nobilibus omnibus dicti principalus, sicut
debent facere boni amici et vicini, juxta dispositionem et intentionem
ducalis dominii quod dictis dominis casteJlanis super hoc et super
aliis tractandis et percoraplendis cum eis misit sindicatum ad plénum.
2. Super secundo vero capitulo, mentionem agente quod per domi-
nos cas lellanos Goroni et Mothoni fuerunteis facte multe displicentie
et injurie post cellebrationem pactorum et cetera-, responsum fuit
quod, sicut etiam ducalis dominatio informata fuit, multe novitates de
tempore in tempus, et extorsiones contra formam ipsorum pactorum
fidelibus et subditis nostris illate fuerunt, a quibus ipsa dominatio
sperat et certa est, et sic etiam sunt certi ipsi domini castellani, quod
in posterum se abstinebunt.
3. Et quia alias fuit facta querella de uno malefactore quem justi-
fîcari fecit nobilis vir dominus Michael Sténo, ut castellanus, pro
énorme delicto commisso in districtu nostro, dicta ducalis dominatio
per inquisitionem diligenter factam habuit, quod id quod fecit dictus
dominus Michael Sténo, castellanus, in hoc fuit recomandatum per
omnes, pro benefitio, pro bono exemplo aliorum temporibus pro-
futuris. Nichilominus eadem dominatio mandat, et sic offerunt et
promittunt dicti domini castellani, quod, contra formam pactorum
predictorum, non fient eis alique injurie vel displicentie uUo modo;
ymo tractabunt eos tamquam fratres et bonos vicinos et amicos, sicut
semper fuit et est intentionis ipsius ducalis dominii.
3. Super tertio vero capitulo mentionem agente de facto loci et
castri lundi ^, responsum fuit de supersedendo pro nunc quia alias
tractari poterit hoc, et super oblationibus que fiunt in dicto capitulo,
in afflrmatione illorum capitulorum.
4. Super quarto vero capitulo, quod Veneti mercatores et alii sub-
diti omnes ducalis dominii possint uti et conversari ad omnia loca
principatus salvi et securi et cetera, tamquam ipsi proprii et cetera;
responsum fuit per ipsos dominos castellanos et sindicos, quod ut
claret et videant manifeste puram et sinceram dispositionem ipsius
ducalis dominii et predictorum dominorura castellanorum , eadem
1. Au ms. : depositi.
2. Juncli, que l'on trouve écrit aussi Junci et Junchi, répond au Navarin
moderne, sur la côte occidentale de la Morée, au nord de Modon.
CONCERNANT DIVERS PAYS DE l/ORIE\T LATIN. 9-1
doiniiialio contenta est, sicut in dicte capitulo continelur, dummodo
dicti mercatores et subdili dicti diicalis dominii non graventur ad
solvendum datia vel gaijellas, nisi quod secundum consuelum est
Suivi per pacta et conventiones antiquas.
5. Super quinte vero capitulo, de facto monetarum falsarum et
cetera, responsum fuit quod ipsi domini castellani, nominc supra-
dicto, acceptant oi^lationeni factain in hoc; et niullum placet eis
dispositio eoruni que videtur esse bona et cum maxinio honore et
bono, pro statu tolius patrie. Et sic rogant eos tamquam bonos ami-
cos et vicinos observare, et invioiabililer facere observari.
G. Super vero sexto capitulo, de debito ser Johannis de Superantio,
pro quo contenti sunt et ofTerunt se soluturos cum integritate,
responsum fuit, pro parte ut supra, quod esto quod istud sit justum
et ralionabile, tamen placeat ducali dominio sincera dispositio eorum,
ipso dominio credentc quod dicta efîectualiter observabunt. Et pro-
pterea licet non sit expediens, tamen rogantur et requiruntur ut
intuilu amoris ducalis dominii placeat eis sic facere et exequi cum
effectu prout de eis confidunt et spcrant, ut habcatur causa faciendi
in casu simili erga suos.
7. Super septimo autem capitulo, de certis nostris Venetis haben-
tibus pheudum in principatu, quos offerunt babere recommissos* et
non permittere eis fieri aliquam injustitiam et cetera; responsum
fuit pro parte ut supra, rogant eos, quod Veneti predicti habeant
feuda sua, et sint eis bénigne et favorabiliter recommissi, ita quod
conserventur in juribus suis, sicut justum est, et de eis plene spera-
tur, quia sic faciendo continue augmentabitur amor et benivolentia
hinc inde.
8. Super octavo autem capitulo, mentionem agente de securitate
requisita alias pro mercatoribus nostris per dominum castellarium
et cetera, responsum fuit, nomine supradicto, quod ducalis domi-
natio et predicti domini castellani certi sunt quod intentio et dispo-
sitio dicti domini vicarii et aliorum suorum de principatu^ est quod
Veneti et fidèles ducalis dominii sint salvi et securi, sicut debent esse
per pacta suprascripta, et quod hoc amplius ostendent per effectum
operis temporibus profuturis; et de hoc ipsi domini castellani rogant
et requirunt eos in quantum plus possunt, ut efifectualiter observetur,
1. Au ms. : recommissio .
2. Au ms. : principatus.
92 DOCUMENTS
quia, versa vice, sui similiter in locis noslris secundum formam
pactorum predictorum.
9. Super nono aulem et ultimo capitulo, faciente mentionem de
damnis illalis per suam socielatem in adventu eorum in principatu
et etiam de damnis faclis post celebrationem pactorum, sunt contenli
integraliter solvere et cetera-, responsum fuitquodducalis dominatio
habet, quod usque nunc ulla satisfalio facta sit de damnis predictis,
unde predicti domini castellani, nomine quo supra, contenti sunt et
placet eis quod pacta serventur, et quod fiât sicut in dicto capitulo
continetur, quia juslum est et rationabile quod hoc fiât, dummodo
absque dilatione temporis hoc efi'ectualiter observetur, quia etiam
super observatione, confirmatione et declaratione pactorum, conven-
tionum et concordiarum alias initarum, factarum et firmatarum per
egregios et nobiles dominos Paulum Marcello et Michaelem Sténo,
tune, de mandato ducalis excellentie, castellanos Goroni et Molhoni,
cum egregiis militibus domino Mayoto de Gokarellis\ tune bajulo, et
domino Petro predicto de Sancto Superano, et Perarldo de Varnassa
tune capitaneo dicti principatus, nomine eorum et omnium de socie-
tate sua, ut constat publicis instrumenlis inde confectis et cetera.
Ac super executione et adimplemento contentorum et infrascripto-
rum in instrumentis ipsorum pactorum flnaliter, Deo annuente, par-
tes predicte, scilicel prenominati domini castellani, virtute sindicatus
eorum superius nominali, et prefatus dominus vicarius, etiam vir-
tute sindicatus quem habet a dominis prelatis, baronibus, nobilibus
et ligiis dicti principatus, quam pluribus buliis seu sigillis pendenti-
bus comuniti-, cujus quidem^ sindicatus ténor per omnia talis est,
videlicet.
In nomine domini nostri Yhesu Christi, amen. Anne a Nativitate
ejusdem M.CGG.LXXXVIIo, indictione décima, die quinte mensis
julii.
Notum sit cunctis tam preseatibus quam futuris quod nos Paulus,
Dei et apostolice sedis gratta archiepiscopus Patracensis, Matheus,
eadem gratia Tonensis, Petrus, eadem gratia Coronensis, et Franciscus,
eadem gratia Motlionensis, episcopi; Erardus de Aynoys, dictus Mal-
vus Sancti Salvatoris, Archadie Aquile dominus; Andronictius Assani
Zacliarie, miles, baronie Galandrie dominus, et magnus comestabilis
1. Au ms. : Hokarellis.
2. Au ms. : comunitate.
3. Au ms. : cujuscumque.
CONCERNANT DIVERS PAÏS UE l'oRIENT LATIN. 93
priacipatus Achaie^; frater Addam Bulaart, sacre domus llospitalis
Sancli «lohannis Jerosolotnitaai, prior prioratus Francie, et Amoree
preceptor; frater Rulli Strob, sacre domus Sancte Marie Teothonico-
rum in dicto prioratu preceptor; Nicolaus Gurulli, Johannes Veristia,
Gofl'redus Maleti, Ricetus Ricii miles, nec non Rugerus de Navellis,
cancellarius; inclitus de Jona; Jacobus domini Roberti Scazani, dictas
Rosa Rosamicha, Arnaldus de Galilia, Johannes Supini, Nicolaus
Galam, Dinus Balsamus de Navellis, Johannes Gutia^ de Speleto,
Anthonius de Mino, Petrus Gongorii, Robertus de Nichli, Nicolaus de
Tarento, Georgius Viristia, Anthonius Mazarella, Sanson de Belloloco,
dictus li Frai ; Lanzaretus de Monfort, Johannes Metia, ligii priucipa-
tus Achaye, unanimiter ea vice, et nomine noslro et successorum no-
stroruni quam patrie dicti principatus, omnibus modis, juribus, formis
et causis, quibus melius potuimus, fecimus et ordinavimus in nostrum
et dicti principatus sindicum, actorem, factorem, defensorem et nun-
tium specialem et quicquid amplius dici et censeri potest, magnificum
et potentem virum Petrum [de] Sancto Superano, honorabilem genera-
lem vicarium dicti principatus, ad tractandum, iniendum, faciendum
et firmaudum pacta et conventiones cura egregiis et nobilibus viris
dominis Nicolao Geno et Phiiippo Pisani, honorabilibus^ castellanis
Coroni et Mothoni, sindicis et commissariis Venetiarum, super certis
capitulis assignatis dudum viris nobilibus Guilielmo de la Foresta et
Jacobo de Antiochia de Gipro, ambaxiatoribus nostris missis per nos '•
ipsis"^ dominis et comunitatibus, sub illis modis, formis, conditionibus,
promissionibus et obligationibus que dicto domino vicario, nostro sin-
dico et procuratori, videbuntur, ad obligandum bona nostra et dicti
principatus, pro observatione eorum que duxerint promittenda; cartas
et instrumenta que pro predictis et singulis et dependentibus et con-
nexis necessaria et oportuna fuerint, rogandum, faciendum, recipien-
dum cum stipulationibus, promissionibus, obligationibus, penarum
additionibus, juramenti prestationibus, renuntiationibus, cautellis_ et
clausulis oportunis, et generaliter omnia alia et singula gerendum et
faciendum, que in predictis et singulis et in dependentibus et connexis,
et prorsus extraneis, necessaria fuerint et etiam oportuna, que nos
ipsimet facere possemus, si présentes essemus in illis. Dantes et con-
cedentes dicto nostro sindico et procuratori in predictis et singulis et
in dependentibus et connexis, et prorsus extraneis, plénum liberum et
générale mandatum, ac etiam spéciale ubi exigitur, cum plena, libéra
1. Au ras. : Archadie.
2. Quelquefois Curia,
3. Au ms. : honorabUis.
4. Au ms. : vos.
5. Au ms. : ipsi.
94 DOCUMENTS
et generali adrainistratione et potestate; promittentes Qrma, rata et
grata habere, tenere et perpetuo observare quecumque dictus noster
siudicus et procurator in predictis et singulis et dopendentibus et
connexis duxerit facienda, et non contra facere vel venire, sub ypoteca
et obligatione omnium et singulorum bonorum dicti principatus et
nostrorum, mobilium et stabilium, presentium et futurorum. Unde, ad
firmam niemoriara omnium quorum et cujuslibet interest et interesse
poterit quomodolibet in futurum, fieri rogavimus presens publicum
instrumentum et sigillarum nostrorum pendentium [munimine], jussi-
mus communiri. Quod factum est per manus mei Johannis Rostagini,
de Neapoli, publiai imperiali auctori[tate] notarii. Suprascripta omnia
de mandato dictorum dominorum propria manu scripsi et publicavi,
et in presenti instrumente signum meum apposui.
de novo, pro bono concordie, amicitie et boni vicinati servandi et
pro omni scandale el erroris materia tollenda de medio, ad bas com-
positiones, promissiones et conventiones amicabiliter ad invicem
devenerunt, remanentibus tamen flrmis et validis primis pactis et
conventionibus antedictis.
'f . Primo naraque prefatus dominas Petrus, vicarius et capitaneus
generalis, virtute sindicalus predicU, tam nomine suc, etauctoritate^
sui officii, quam etiam omnium dominorum prelalorum, baronum et
ligiorum dicti principatus et aliorum omnium de sua compagnia, et
omni modo, jure et forma quibus melius potuit atque potest, pro-
misit et promittit-, pro recompensatione dannorum illatorum et
factorum subditis et fidelibus ducalis sublimitatis horum locorum
Coroni et iMothoni, in accessu suo et socletatis sue ad bas partes
principatus, licet ipsa danna ad multo majorera [summam] ascen-
derent, dare et solvere seu darl et solvi facere in yperpera quatuor
milia bone monete predictis dominis castellanis, seu nunliis et pro-
curatoribus ipsorum ad hoc constitutis; quam quidem solutionem
teneatur et debeat idem dominus vicarius integraliter et effectuali-
ter fecisse usque per totum mensis marlii proxime futuri, omni
occasione et exceptione remotis; set, facta solutione predicta, yper-
pera quatuor milia, nulla petitio seu inquietatio fieri debeat de dannis
predictis, set totaliler sint remissa.
2. Secundo, promisit et promittit idem dominus vicarius, nomi-
nibus supradictis, quod de dannis et pro dannis, derobationibus et
violentiis et extortionibus factis et illatis civibus et fidelibus ducalis
1. Au ras. : auctoris.
2, Au ras. : promiUis quod.
CONCERXANT DIVERS PATS DE L ORIENT LATH. 95
sublimitalis horum locorum per quemcumque seu (luoscumque de
compatrnia sua seu de principalu post conlractum el celebralionem
alioruinpaclorumdequibus legiUime probalur coram judicibuselectis
seu depulatibus (sic) seu deputandis per partes facere seu fieri facere
inlegram et plenam satisfactionem, emendam ac solutionem, et puni-
lionem, justitiam et correctioiiem, sicuti negotii qualitas exigerit de
his et super his, super quibus juslitia seu punitio erit fienda, et suos
taliter regulare, quod de cetero hujusmodi talia non occurrant. Et
pro executione examinis et decisionis predictorum dannorum et vio-
lentiarum et extorsionura, ex nunc statutus sit terminus inter partes
usque et per totum raensis augusli proxime futurum. Et post deci-
sionem et cognitionem causarum et prolationem sententiarum, exe-
cutio solutionis et satisfa[c]tionis fieri debeat statim de rébus que
reperirentur. De rébus autem que non reperirentur, debeat fieri exe-
cutio solutionis satisfa[c]tionis usque ad unum mensem inde secutu-
rum. Et si forte pars que commiscrit et intulerit dannum seu vio-
lentiam aut derobalionem, non reperirelur in principatu, quod^ de
suis bonis tune diclus vicarius predictus et curia principatus ex
nunc teneantur et debeant et sint obligati facere dicLani satisfa[c]tio-
nem, emendam et solutionem, usque ad terminum duorum mensium
post sententie prolationem. Et e converso predicti domini castellani
et sindici promiserunt el promittunt facere et servare in omnibus et
per omnia sua parte.
3. Tertio, promisit et promittit prefatus dominus vicarius, nomi-
nibus supradictis, de faciendo statim poni et reduci in realem et cor-
poralem possessionem omnes Venelos subditos et fidèles ducalis emi-
nentie, quoquo modo a tempore adventus dicli domini vicarii et
societatis sue in bac patria principatus citra, de territoriis, vineis,
campis, viridariis, doraibus, molendinis et aliis rébus, literis- et
extractis de pheudo, habitis et oblenlis ad appaclum, per redificatio-
nem seu recognitionem vel aliter quoquo modo, non intelligendo in
hoc paysanos seu alios de principatu qui venissent habilalum in his
locis nostris postquam diclus dominus vicarius cum societale sua
intravit in principatu, et non intelligendo etiam de pheudis integris,
verum post reductionem in possessione predicta, hujusmodi taies
reducti quando fuerint vocati, teneantur ire et comparere ad docen-
dum et ostcndendum de juribus el titulis suis ad illam curiam, ad
quam cognoscendum speclabit, promittentibus partibus superinde
1. Au lus. : aut.
96 DOCDMENTS
facere plénum jus. Et e converso predicli domini castellani et sindici
sic observare etadimplere promiserunt et promittunt ex parte eorum.
4. Quarto, prefatus dominus vicarius promisit et promittit, nomi-
nibus quibus supra, de faciendo ac fieri faciendo omnibus Venelis et
subditis et fidelibus ducalis dominii debentibus recipere et habere
ab omnibus suis, tam de principatu, quam de societate sua, pro debi-
tis specialibus contraetis antea et posl pacta primitus habita plénum
et sumarium jus, sicut fit suis per dominos castellanos et fieri pro-
mittitur. Et e converso predicti domini castellani et sindici promise-
runt et promittunt facere et adimplere per totum.
5. Quinto, super facto lundi et aliorum locorum principatus non
dandorum seu tradendorum alicui inimico ducalis dominii, juxta
expositionem ambaxiate facte ducali dominio per ambaxiatores prefati
domini vicarii et cetera, idem dominus vicarius, nominibus supra-
dictis, promisit et promittit dictis dominis castellanis, velut sindicis
ducalis dominii et comunitatis Venetiarum, de non dando seu
transferrendo dictum locum lundi seu aliquem alium locum prin-
cipatus alicui inimico ejusdem ducalis dominii, seu alicui persone
suspecte ipsi dominationi ducali; nec etiam in manibus alicujus per-
sone que videatur arnica ejusdem dominationis, per quam postmodum
dictus locus, seu alia loca predicta, possent pervenire in poteslate et
libertate persone inimice et suspecte ipsi dominationi, exceptando in
hoc dominum* naturalem ad quem cum justo titulo deveniret domi-
nium hujus principatus. Et si per modum venditionis seu Iransla-
tionis pecuniarie, aut alio quocumque modo, dictus locus lundi
nominati seu alia loca principatus deberent in alios transferri, promi-
sit et promittit dictus dominus vicarius, nominibus anledictis, de
notificando hoc ducali dominio, seu dominis castellanis presentibus,
aut successoribus suis, et facere cum effectu, ut eadem dominatio sit
primitiva ad volendum et possendum habere dictum locum seu loca;
promittentibus ob hoc ei[s]dem dominis castellanis et sindicis diclo
domino vicario de servando pacem et concordiam cum ipso et aliis
de sua societate et de Iota patria omni tempore; et quod non dabitur
favor alicui persone que vellet expellere dictum dominum vicarium
cum societate sua de principatu ; salvo si non est dominus naturalis
privatus qui cum voiuntate dicti domini vicarii et societatis sue intra-
ret ad obtinendum dominium dicti principatus.
6. Insuper promisit dictus dominus vicarius procurare et facere cum
i. Au ms. : dominium.
CONCERXANT DIVERS PAYS DE l'oRIE.NT LATIN. 97
elTeclu quod dominus Arardus, dominus Arcliidiaconus et dominus
Andronicus Assam Zacliarie ponant sigilla sua in sindicalu fado
eidom domino vicario scu ratificahunl el approbaliunt et observarc
promiLlcnt pcr inslrumcnluin auLcorum liLeras el scripturas auclcn-
ticas promissiones, conventiones et compositiones omnes superius
annotatas. Quas quidem conventiones, compositiones el promissiones
et omnia et singula suprascripta partes predicte, videlicet prenomi-
nali domini castellani et sindici, virtute et potestate eorum sindicatus
superius annotati, pro se ac vice et nomine prelibati domini ducis et
comunilalis Veneliarum, et prenominatus dominus vicarius et capi-
taneus generalis prenominali principatus, pro se ac vice el nomine
omnium prelatorum, baronum, nobilium et ligiorum ejusdem prin-
cipatus ac omnium et singulorum de societate sua, virtule et potestate
prenominali sindicatus sui, promiscruntad irivicem, scilicct una pars
alteri et altéra alteri, allendere, jurare et fideliter et inviolabiliter
observare et adimplere, et non contra facere vel venire aiiqua ratione
vcl causa per uUum ingenium sive modum ; hoc tamen expresso et
declaralo inler partes predictas quod alia prima pacta aliarum con-
cordiarum et conventionum alias initarum et firmalarum, ut superius
scriplum est, firma et valida persislanl, in sui roboris firmitate, qui-
bus ambe parles predicte nullatenus derogare inlendebanl, et si in
aliquo conlrafieret ipsis primis pactis et etiam bis novis conventio-
nibus el promissionibus, debeal fieri emenda et satisfatio per partes,
secundum formam ipsorum primorum pactorum eteliam hujusmodi
novorum nec intelligatur^ propterea pacem seu concordiam fractam
fore. Obligaverunt etiam se parles superius nominale omnia el sin-
gula supradicla, ut dictum est, plene, firmiler et integraliler obser-
vare sub pena mille ducatorum auri boni et justi ponderis, solvenda
per parlem inobservantem parti observanti et observare volenti. Que
quidem pena loliens commilti et exigi valeal cum elTeclu quotiens
fuerit conlrafaclum. El pena solula vel non, nichilominus tam prima
pacta, quam cliam bec nove conventiones suprascriptc et omnia alia
et singula superius annolala firma et firme ac inviolabiles perma-
neant el existant.
Etiam, pro observatione el super observalionem inviolabilem
omnium el singulorum pactorum, conventionum, promissionum,
obligationum superius annotatorum, prenominali domini castellani
et sindici, pro se et nominibus supradictis, nec non prenominatus
1. Au ms. : intelligantur .
^897 7
98 DOCDMENTS
dominus vicarius el capitaneus generalis, pro se et nominibus ante-
diclis, lactis sacris scripluris corporaliler, juraverunt Lam in animas
ipsoram quam eliam omnium consliLuenLium predictoruni ac alio-
rum omnium quorum inLcresl vel intéresse poterit quornodoliliet in
futurum, se perpétue servaturos et adimpleturos omnia et singula
suprascripla.
De quibus omnibus et singulis superius annotatis et scriptis partes
predicte rogaverunt fieri unum et plura instrumenta ejusdem teno-
ris, eorum bullis pendentibus communita, tara per circumspectum
etsapientem virum ser Stephanum Giera, honorabilem caneellarium
Coroni et Mothoni, et venerabilem virum dorainum Andream Mala-
carne, archidiaconum Coronensem et notariura, quam etiam per
providum et discretum virum ser notarium Jobagneilura Rostagnani
de Neapoli, et me Michaletum Marcello, notarium et scribam curie
Motboni. Qui quidem dominus cancellarius et nolarius superius
nominati rogati fuerunt de ipsius instrumentis conficiendis et in
forma pubblica prout oportunum fuerit redigendis, in presentia
testium infrascriptorum.
Actura Motboni in palatio majori comunis, presentibus reverendo
in Gbristo pâtre domino fratre Petro, Dei et apostolice sedis gratia
dignissimo episcopo Coronensi, nec non nobilibus et sapientibus
domino Nicolao Gbutroli, milite, domino Marco Cuppo de Venetiis,
Rogeriode Novella, cancellario principatusAchaye, et venerabile viro
domino Marco de Abbatibus, canonico Mothonense, domino Simone
Deiphino, testibus ad hoc vocatis specialiter et rogatis, et aliis quam
pluribus.
Ego, Michaletus Marcello, ser Constantii Marcello, de Motbono,
publicus impérial! auctoritate notarius, nec non judex ordinarius,
omnibus et singulis suprascriptis, una cum nominatis testibus ac
notariis, presens fui et, rogatus, scripsi et publicavi, meum signura
solitum apponendo. Insuper, interlineatum legitur et firmandum, et
alibi ubi legitur omnium, et alibi ubi- legitur pro dannis^ interlinea-
tum et emendatum est per me dictum notarium, non vitio set cau-
saliter.
III.
i390, 22 mai. Dans la campagne., à deux milles du château
d'Avosticia.
Traité conclu entre Philippe Pisani, châtelain de Modon et Coron,
CO.VCERNAXT DIVERS PAYS DE l'oRIEM LATIN. 99
Michel Contarini et Gabriel Emo, provéditeurs vénitiens en Roma-
nie, mandataires de la république de Venise, d'une part; Néri Accia-
iuoli, seigneur de Corinthe, d'autre part; et Azan Zaccaria, grand
connétable d'Achaïe, de troisième part; en présence de Pierre de San
Superano, vicaire général de la principauté d'Achaïe, et autres sei-
gneurs; dans lequel Néri Acciaiuoli, encore prisonnier de Pierre de
San Superano et d'Azan Zaccaria, s'engage à faire remettre au pou-
voir des A'énitiens, à Nègrepont, sa fille Françoise, comme gage et
caution de Tobligation qu'il prend de faire rendre aux Vénitiens, de
gré ou de force, la ville et le château d'Argos, actuellement occupés
par le despote de Morée Théodore Paléologue ; il promet, en outre,
de rendre la ville de Mégare aux Vénitiens dès sa mise en liberté, et
avant même sa libération si sa femme y consent ; ses engagements
une fois accomplis, Néri Acciaiuoli devra rentrer en possession de la
ville et de la seigneurie de Corinthe, avec ses dépendances sur les
territoires d'Argos et de Nauplie, telles qu'il les a possédées du temps
où Pierre Cornaro était seigneur d'Argos et de Nauplie ' .
(Archives de Venise, Commemoriali, VIII, fol. 180.)
In nomine Domini, Amen. [Anno] millesimo trecentesimo nonage-
simo, die vigesimo secundo mensis maii, indictione xiii^, pênes
castrum Avosticie, longe ab ipso per miliaria duo vel circha.
Questi son li pati fati et contrati intro li egregii et nobili signori,
messer Phylipo Pisani, castellan de Modon et de Coron, e Michiel
Gontarini et Gabriel Emo, cavaler, provedidori in le parte de Roma-
nia, de comandamento del serenissimo miser lo doxe et de la segno-
ria de Venexia, da una parte; el magnifico et egregio miser Nery
Azayoli, signor de Coranto et cetera, da l'altra parte; el magnifico
miser Asanio Zacharia, gran Contestabelle de la Amorea, da la lerza
parte; ay quai pati et convention fo presenti el magnifico et egregio
miser Piero de San Sovirano, gênerai vicario del principado de
Achaya, Emoyno de Polay, et ser Zian Gotie de Speleta^, et Beltra-
neto de Salachaia, et Rodies de Haariro.
1, Voy. Predelli, t. III, p. 20G, n" 343. Le texte du traité est précédé dans
le registre de la mention suivante : Copia pacii>rum jinnalorum inter viros
nobiles ser Phylippum Pisani, caslellanum Coronensein el Mothonensem,
ser Michaelem Contareno et ser Gabrietem Aijmo militem, provisores in par-
tibus Homanie, el magnificum dominum lyeriitm de Azaiolis, ac dominum
Asaniuni Zacharia, comeslubilem Amorce.
2. Précédemment (p. 93) Johannes Cutia de Speleto. Les Espeleta sont une
famille noble de Calaloune.
î 00 DOCDMENTS
-1 . * Primo. Prometto, io Nery dei Azaioli 2, avanti ch'io exia de forza,
podesLà e man de miser lo vicario de Acliaia el de miser Anzanio
Zacharia over de la soa compagnia, che io darô 0 farô dar el assignar
in man et podeslade e forza de miser lo doxe e de la signoria de
Veniexia 0 dey signori provededori, per so nome recevando, mia fiola
Francesca, per hostazio et segurtade de le infrascripte promission
fate ala dita signoria per io Nery, la quai mia fiola debia star in
Negroponte, in forza de la dicta signoria, fin che la dila signoria
avéra habudo el castello e la citade de Argos, con le raxon et perti-
nent! e suo^.
2. Item, che la dicta mia fiola, per uno anno, computado dal dl
présente in avanti, debia star per ostazio e segurtade di pati i quai
io Nery ô promesso a miser lo vicario, a miser Asanio, c'ali alteri de
la soa compagnia, in man et forza et podestade de la signoria de
Veniexia.
3. Item, in caso che la signoria de Veniexia avesse el castello e la
citade de Argos avanti el complimento del anno predicto, et io Nery
non atendesse le cose promesse a miser lo vicario, a miser Ansanio,
c'ay altri de la soa compagnia, la signoria de Veniexia sia legnudaet
debia dar e assignar a miser lo vicario, 0 a miser Ansanio, over a y
altri de la compagnia, mia fiola predicta. Veramente se passado l'anno,
la dicta mia fiola se Irovasse esser in man de la signoria, habudo la
dicta signoria Argos, la signoria debia renderme la dicta mia fiola,
fazando mi Nery a miser lo vicario quietatiom de le promission facte
per luy a mi per questo fato de mia fiola; et se, avanti l'anno, io
avesse ayteso e observado si a la signoria, como a miser lo vicario,
e a miser Ansanio c'ay altri de la compagnia soa quello io ô promesso,
debia la signoria predicta restituirme mia fiola.
3. Item prometo, io Nery dei Azaioli, che avanti che io exia de
podestade et de baylia de miser lo vicario, de miser Ansanio e dei
altri de soa compagnia, farô dar c'asignar in le man e baylia de la
signoria de Veniexia 0 dei signor provididor per so nome el castello
e la terra de la Megra-* con le raxon e pertinenze suo. E questo farô
far a mia possa. Veramente, se avanti che sia libero, non porô far
questo, perche mia moier non voya dar lo dicto logo, prometo che,
1. Les chiffres ne sont pas à l'original.
2. Au ms. : de laznioli.
3. Argos était alors occupée par le Despote de Morée, ou Despote de Mistra,
Théodore P' Paléologue, fils cadet de l'empereur Jean V.
4. Mégare.
CONCERNANT DIVERS PAYS DE l'oRIENT LATIN. JOI
subito como serô insido de man de miser lo vicario el de miser Aiisa-
nio et dei allri de la compagnia, io darô c'asignerô in forza de la
signoria o dei signor provididor predicti el dito castello e la terra de
la Megra, con le so perlinenze et raxon. Et diebasse guardar a le mie
spexe, romagnando a mi, oltra quele, tute altre intrale e rendede. El
quai castello e terra de la Megra, con le suo raxon e pertinenze,
debia tegnir et possider la signoria de Veniexia fin tanto che la haverà
habudo Argos, el che a la varda dei dicto logo per la signoria se debia
deputar ser Anzolo Permarin, e se luy, per algun caso, esser non
podesse, altry che plasesse a la signoria ; e oltra quello, possa la signo-
ria deputar per la guardia de quello logo quey balestrieri e homeni
d'arme li plaxerà, a tute mie spexe.
\. Item che, habudo la signoria, el castello e la citade de Argos, el
dicto castello et la terra de la Megra debia esser a la condition de mia
fiola, como se conten de sopra, per segurtade de miser lo vicario e de
miser Ansanio et de la soa compagnia.
5. Item, prometo che, avant! che io exia de forza de miser lo vica-
rio et de miser Ansanio e dei altri de la soa compagnia, che darô o
farô dar in le man e baylia de la signoria de Veniexia o dei signor
provididor, tute quelle mie mercadantie le quai al présente se Irova
in Goranto, le quai la signoria debia far vender e i deneri tegnir
apresso dessi per segurtade, fin che la signoria haverà habudo Argos;
el quai habudo, la signoria debia restituirme 1 dincri i quai de la dita
mercadantia sera slado Irati.
6. Item, prometo, quando serô ensido de la podeslade e baylia de
miser lo vicario e de miser Ansanio e i altri de la so compagnia, pro-
curar con miser lo despoti de la Amorea, de piano et equo, chel resti-
tua liberamente el castello e la citade de Argos, con le raxon e per-
tinencie suo ala signoria de Veniexia. Et se questo non porô otegnir,
e la signoria vorà aquistar el dicto logo de Argos con le suo raxon e
pertinenze per forza, io prometo ad ogni réquisition de la signoria
de Veniexia muover e far guerra con tute mie force et possanza con-
tra miser lo despoti di la Morea, fin tanto che la dicta signoria haverà
recuperado Argos, con tute so raxon e pcrtincncie.
7. Item, che, habudo el dicto logo de Argos per la signoria, como
è dito, io debia possider i mie béni e haver h rendede de quelli i
quai digo esser de la castellania de Goranto, sovra el territorio de
Argos e de Napoh, per quel modo e quelle condition con le quai io
haveva e possideva al tempo che miser Piero Corner iera signor de
Argos et de Napoli.
J 02 DOCUMENTS
8. Item, che la mia fiola c la Megra non possa esser reLegnuda ne
inpazada par debito, ne per allra caxon, se non per lo caslello e la
cilade de Argos.
9. Item, prometo, io Nery, far che miser Sarasin de Sarasini farà
scriver a la cancellaria de Negroponte uno de so fioli per ostazo e
segurtade, per anni do, compulando dal dl présente inanzi, che io
atenderôa Beltraneto quello che io li ô promesso. E se miser Saraxin
questo non vora far, son contento che mia fiola sia ostazo e segurtade
in man de la signoria de Veniexia, con quelle condicion et pati che la
die star per quelle cosse che io ho promesso a miser lo vicario e a
miser Ansanio e ai altri de la compagnia.
Nuy, castellan e provededori, prometemo che, assignada la fiola
de miser Nery e el castello e la terra de la Megra, con so raxon et
pertinentie, in baylia et forza de la signoria de Veniexia, o nostra per
so nome, la signoria farà chalar et abassar el ponte de Negroponte ^ -,
et che tuti mercadanti, con suo mercadantie o chose, pora trafegar
et andar seguramente como podeva avantiqueste novitade peritempi
passadi, segondo usanza.
10. Ansanio Zacharia, prometo non lassar may in soa liber tade
miser Nery dei Azaioli fin che soa fiola, madona Francescha, non sera
in Negroponte, in forza de la signoria de Veniexia. E como la sarà
là, voyo esser in mia libertade de far de miser Neri quello io posso
far al présente. Et questa promission fazo de voluntade e consenti-
mento de miser Neri.
Ego, Bernardus de Andalo, notarius et cetera.
Io, Neri Azayoli, signor de Goranto et cetera, confermo et prometo
tuto quello che di sopra è scripto; et pro magiore confirmatione ô
bollato la présente scriptura de mia boUa, et fato sacramento sora de cio.
Io, Asam Zacharia, gran conestabile de la Morea, prometo e con-
fermo zo che de sopra è scripto, che pertegna a mi per consentimento
de miser Neri e volentado e bollato de mio vizo^.
IV.
4396, 4 juillet. Au palais ducal, à Venise.
En présence d'Antoine Venier, doge de Venise, et des notaires
1. Le pont-levis, qui complète le pont construit sur l'Euripe, pour faire com-
muniquer l'Eubée avec le continent.
2. Sous mes yeux.
CONCERNANT DIVERS PAYS DE l'oRIENT LATIN. -103
publics convoqués spécialemenl au palais ducal, André Gonlarini et
Jacques Zane, sages des Ordres, représentant les intérêts de la répu-
blique de Venise, d'une part; et Marc degli Abbati, chanoine de
Modon, et Etienne Gohilli, chevalier lige de la principauté d'Achaïe,
mandataires de Pierre de San Superano, prince d'Achaïe, d'autre
part; ratifient, premièrement, le traité intervenu, le samedi -18 jan-
vier ■J3S2, entre les châtelains de Coron et Modon, agissant au nom
de la république de Venise, et Maiotto Goccarello, baile impérial
d'Achaïe et de Lépanle, agissant en commun avec Pierre Bordo de
San Superano, alors capitaine impérial de la principauté d'Achaïe, et,
secondement, les additions apportées à ce traité par l'accord du
26 juillet 1387 ^.
(Archives de Venise, Commemoriali, IX, fol. 15 v.)
In Ghristi nomine, Amen. Anno Nativitatis ejusdem millesimo
trecentesimo nonagesimo sexto, indictione quarta, in die decimo
mensis julii.
Gum alias ^ in millesimo trecentesimo octuagesimo secundo, indi-
ctione quinla, die sabati, decimo octavo mensis januarii, inter egre-
gios et nobiles viros, dominos Paulum Marcello et Michaelem Sté-
no, pro ducali mandato comunis Veneciarum, Goroni et Mothoni
honorabiles castellanos, nomine et pro parte serenissimi et excel-
lentissimi domini ducis et comunis Venetiarum, seu sapientem et
circumspeclum virum, ser Stephanum Giera, honorabilem cancella-
rium locorum predictorum, sindicum et ambassiatorem dominorum
castellanorum prescriptorum ex una parte; et egregium ac genero-
sum militem dominum Maiottum de Ghocharellis, honorabilem baju-
lum imperialem principatus Achaye et civitatis Ncopanti, necnon
egregium et nobilem virum Pelrum diclum Burdum de Sancto Supe-
rano, honorabilem imperialem capitaneum' dicli principatus, tam
nomine suorum officiorum predictorum, quam etiam eorum nomine
proprio et speciali et tanquam private persone pro se et pro parte,
vice et nomine domini Peraldi de Varnassa, honorabilis capitanei
1. Voy. Predelli, Libri Commemoriali, t. III, p. 2i0, n° 31. — Le lexle est
précédé, dans le registre, du titre suivant : Inslrumenlam ratificalionis fade
per sindicos et procuralores mugnifici domini Peiri de Sanclo Huperano, Ssuper
concordio facto de denariis {damnis) existenlibus inter ipsum, et dominum
Mariotum de Cocharellis, et cetera.
2. Au ms. : alia.
3. Au ms. : capitaneus.
^04 DOCDMENTS
imperialis, ac omnium aliorum et singulorum de sua compagnia ex
altéra, conlracLa fuerinl et firmata cerla pacta et nonnulle conven-
tiones pro quiète et pace servandis' inter partes predictas, ut patet
pubblico inslrumento superinde confecto, de quo rogati fuerunt pro-
vidi viri Andréas Malecarne de Yeneciis, archidiaconus Goronensis
ecclesie, et Johannes Rostagni de Neapoli, imperiali auctoritate nota-
rii publici, que- pacla et conventiones successive postea M. CGC.
LXXXVII., indictione décima, die xxvi mensis julii, cum aliquibus
additionibus et capitulis, per egregios et nobiles viros dominos Nico-
laum Geno et Philippum Pisani, honorabiles tune castellanos Goroni
et Mothoni, virtute sindicatus et mandati habiti ex^ serenissimo et
excellentissimo domino, domino Anthonio Venerio, Dei gralia, inclito
Veneciarum duce, et comuni Veneciarum, nomine et pro parte
ipsorum ; et magnificum ac potentem virum, dominum Petrum de
Sancto Superano predictum, tune generalem vicarium dicti principa-
tus, ac sindicum et procuratorem omnium dominorum prelatorum,
baronum et ligiorum ipsius principatus Acliaye, quorumcumque
etiam aliorum de sua compagnia, vice et nomine eorum omnium
confirmata et applicata fuerunt, ut patet publico instrumento scripto
per providum virum Michaletum Marcello ser Gonstantii Marcello,
de Mothono, imperiali auctoritate notarium publicum ; ex nunc
comparuerint et compareant ad presentiam dicti serenissimi et excel-
lentissirai domini duels et sui consilii venerabiles nobiles viri domi-
nus Marcus de Abbatibus, decanus et canonicus Mothonensis'' et
Stephanus Gohilli, ligius principatus, sindici, procuratores, actores,
factores, oratores et nuntii spéciales magnifici et potentis domini
Pétri de Sancto Superano, Achaye principis, ut patet publico docu-
mento scripto manu providi viri Johannis Rostagni de Neapoli,
publica imperiali auctoritate notarii, in M.GGG.LXXXV, indictione
incerta, die primo mensis marcii; et inter alia requisiverint ipsum
dominum ducem et suum dominium de approbatione et ratiffica-
tione pactorum predictorum, cum para-ti sint, nomine et pro parte
domini sui domini principis predicti, facere illud idem; quod ipse
illustris dominus dux et suum consilium, ob contemplatione[m] ipsius
domini principis et conservalionem quietis et pacis, benivolentie et
1. Au ms. : provandi.
2. Au ms. : qiiem.
3. Au ms. : et.
h. Au ms. : Mothonensi.
CONCERNANT DIVKRS PAYS DE l'oRIENT LATIN. ^05
amoris inler parles oblulerunl facere fore' dispositos et paralos-,
idcirco nobiles et sapicnlcs viri domini Andréas Contareno, domini
Joliannis Sancli Felicis, el Jacobus Zane, quondam domini Laurenlii,
nunc in officio Sapienlum ordinum^ dicli comiinis Veneciarum sin-
dici, adores, factores, procuratores et nuntii spéciales dieti domini
ducis et comunis Veneciarum, habentes ad infrascripla el, alia exer-
cenda plénum et sufficiens mandaLum, uL constat publiée instru-
menlo'sindicalus et procuratoris, scriplo manu providi viri Pétri de
la Costa, imperiali auctorilale notarii et ducatus Veneciarum scribe,
in suprascriptis millesimo indicione et mense, die vero nono, a me
nolario infrascripto viso et lecto, ab una parte; et predicti venera-
biles et nobiles viri dominus'' Marcus de Abbatibus, decanus etcano-
nicus Mothonensis, etSlepbanusGohilli, ligius principalus, habentes
similllcr ad infrascripla exercenda spéciale el sufficiens mandatum,
ul palet in instruraenlo predicto, a me nolario infrascripto similiter
viso et lecto, a parte altéra; sponte et ex certa animi scienlia et
omnibus modis, formis, juribus, causis quibus melius poluerunt et
possunt ipsa instrumenta paclorum et conventionum alias inila,
facla et firmata inter partes de quibus semper fil mentio, et omnia
et singula in suprascriptis instrumenlis contenta, in presenlia mei
notarii infrascripti velut persone pubblice stipulantes, recipientes '*
nomine et vice omnium et singulorum quorum interest vel interesse
possit, ac testium infrascriptorum, laudavcrunt, admiserunt, appro-
baverunt, confirmaverunt et emologaverunt, atque ratificant, lau-
danl, admittunt, approbant et confirmant, promiltentes, tam nomine
suo quam illorum omnium quorum sunt procuratores et sindici,
ipsa pacta et omnia et singula capitula in instrumenlis contenta fir-
miter allendere el observare et attendi et observari facere, sine aliqua
exceplione vel dolo, el non contra facere vel venire aliqua ratione
vel causa, modo vel ingenio, de jure vel de facto, sub pcna in ipsis
instrumenlis contenta, solemniler stipulala; renunciantes super
omnibus et singulis suprascriptis exceplioni doli, mali^ et in factura
action! , conditioni, sine causa vel ex injusta causa, fori privilegio,
et omnibus juribus civilibus, canonicis et municipalibus quibus pos-
sent contra predicta, vel eorum aliquod, quomodolibet se tueri.
1. Au ms. : fores.
2. Sur les attributions des Sages des Ordres, dans le gouvernerncnl de Venise,
voy. Hist. de Chypre, t. III, p. 829-830.
3. Au ms. : dominis.
4. Au ms. : recipientxir.
-1 06 DOCUMENTS
Aclum Veneciarum, in ducali' palatio et cancellaria comimis Vene-
clarum, presenlibus sapienlibus et circumspeclis viris ser Nicolao de
Girardo, ser Laurentio de Sancta Yllaria, ser Laurentio de Bonaldis
et ser Bernardo ser Dominici, nolariis ducatus Veneciarum, Leslibus
ad premissa vocalis specialiter rogatis-. Guillielmus de Vincenliis.
V.
4397y 18 octobre. A Nicosie.
Ratification de la convention arrêtée le i\ octobre i396, entre le
roi de Chypre et l'ambassadeur de la république de Venise, sur les
réclamations de la famille Gornaro, au sujet du village de Piskopi et
des gabelles payées par les Vénitiens en Chypre; ratification faite au
nom du roi de Chypre par ses mandataires, Jean de Brie, prince de
Galilée, tricoplier de Chypre, Jean de Tibériade, maréchal d'Armé-
nie, et Jacques Soloan, camérier de Chypre^.
(Archives de Venise, Commemoriali, IX, fol. 32 v°.)
In nomine Domini, Amen. Anno a Nativitate ejusdem millesimo
trecentesimo nonagesimo seplimo, indictione quinta, die jovis,
decimo oclavo mensis octobris, Nicossie, insuie Cipri, in ecclesia
monasterii sancti Francisci fratrum ordinis Minorum '', presentibus
spectabilibus et egregiis dominis Petro de Flori, vicecoraite civitatis
Nicossie, Jacobo de Montgesard^, Simone de Pelestrinis, railitibus,
Victorio Bragadino, quondam domini Maphey, Bernardo Mauroceno,
filio domini Marci, civibus Venetiarum, atque Odone, nolario domini
régis, et pluribus aliis testibus, ad premissa vocatis et rogatis; ibi-
que magnifie! viri domini Johannes de Bries, princeps Galilée •>, et
1. Au ras. : ducalis.
1. Au ras. : rogilîs.
3. Voy. Predelli, t. III, p. 248, n° 71. L'analyse de cette ratification et des
extraits de la convention de 1396 avaient été donnés dans V Histoire de Chypre,
t. II, p. 434, 436. Le texte de la ratification est précédé, dans le registre des
Commémoriaiix, de la mention suivante : Compositionum faclariim et /irinata-
rum per nobilem et sapientem virum ser ISicolaum Borbo, dicluvi Blancho,
ambassiatorem et bajulum destinatum ad partes Cipri, cum sereiiissimo et
excellentissimo domino, domino Jacobo, dei gralia Jérusalem, Cipri et Armé-
nie rege, copia per ordinem sequitur in hac forma.
4. Au ras. : minoris.
5. Au ras. : Montegeserd.
6. Au ms. : Galiee.
CONCERNANT DIVERS PAYS DE l'oRIENT LATIN. 407
Lurcopolerus regni^ Cipri, Johannes de Tabaria-, marescalcus rcgni
Arménie, milites, et Jacobus Soloanus, ordinatus super officio camere,
tanquam auditores et legiltimi procuralores illustrissimi principis et
domini, domini Jacobi, Dei gratia, Jérusalem, Gipri et Arménie régis,
ut constat publico instrumente scripto et signato manu Odonis Bene-
dicli, notarii publici imperiali auctoritale, die sexto mensis octobris,
raillesimo trecenlesimo nonagesimo septimo, indictione quinta, pro
se et suis heredibus et successoribus, prelibato nomine, ex una parte,
ad omnia infrascripta ratifficanda, approbanda, corroboranda et con-
firmanda, coiitrabenda et facienda; et egregius et prudens vir domi-
nus Nicolaus Barbe cl Biancho, honorabilis civis Venetiarum, tan-
quam ambasiator et sindicus, procurator legittimus serenissimi
domini, domini Anthonii Venerio, Dei gratia ducis incliti, quadra-
ginta nobilium virorum et consilio minori et zonte inclile domina-
cionis et incliti comunis Venetiarum, ut constat publico instrumenlo
acto Venecias in ducali palatio, anno nalivitalis Domini millésime
trecentesimo nonagesimo septimo, indictione quinta, die quinte men-
sis julii, scripto et signato manu Francisci Bavacano, fîlii ser Sime-
nis, publici imperiali aucteritate notarii et ducatus Venetiarum
scribe, bullaquc plumbea in cerdulla canapis more solito inclite domi-
nacionis ducalis Venetiarum buUato, pro se sindicario et procurato-
rio nemine dictis nominibus et suorum successorum quibus supra,
ad omnia et singula infrascripta ratificanda, approbanda, corrobo-
randa et confirmanda, contrahenda et facienda; et nobilis vlr domi-
nus leronimus Centarene, quendam domini Nicolai, honorabilis civis
Venetiarum, et tanquam legittimus actor, facter et procurator nobi-
lium virorum dominorum Zanini quondam domini Federici Cornarie,
et ejus heredes, et Petre Gornario, precuratore sancli Marci, Marci
Mauroceno, quondam domini Bernardi, et domine Blanche Cornarie,
relicte quondam dicti domini Federici Cornarie, cemissariorum
quondam dicti domini Federici Cornarie, ut constat publiée instru-
mente scripte sub signe et nemine Marci de RafTanelis, quen-
dam ser Maphei, publici imperiali auctorilate notarii, die vigesime
quarto mensis julii iM.CCC.LXXXXVII, indictione quinta, in Vene-
ciis, ad omnia et singula infrascripta ratificanda, approbanda, corro-
boranda et confirmanda, contrahenda et facienda, pro se procuratorie
nomine dictis nominibus et suorum heredum et successorum pro
1. Au ms. : régi.
2. Au ms. : Tabarir.
^0.S DOCUMENTS
parte sua concernenti el langenti eum, dictis nominibus quibus supra
ex parle altéra ; vicissim ad veram boiiam prosecutionem omnium
infrascriptorum, approbacionem et ratifiîcationem paclorum el con-
ventionum initorum inter prelibalum serenissimum dominum, domi-
num regem, ex una parle, et nobilem virum dominum Franciscum
Quirino, tune ambasiatorem prefate inclite dominacionis, et incliti
comunis Vencliarum ex parte altéra; et nunc in preposterum dile-
ctionis alïcctum cordialiter connexendo pervenerunt ut inferius per
ordinem plenius continetur, videlicet :
In Ghristi nomine, Amen. Cum hoc sit quod nobilis et egregius vir,
donainus Franciscus Quirino, ut ambasiator et nuncius serenissime
ducalis dominacionis et incliti comunis Veneciarum ad serenissimum
et excellentissimum principem et dominum, dominum Jacobum, Doi
gratia, Jérusalem, Gipri et Arménie regem, venerit in Giprum, sicuti
de sua ambasiata patet quadam patenti litera credencie prefate ducalis
dominacionis Venetiarum, requisiveritque et petierit ipse dominus
ambasiator a prefato domino rege, ex parte prefate ducalis dominacio-
nis et incliti comunis Venetiarum, certas peticiones et requisiciones
infrascriptas; et prefatus dominus dominus rex, visis auditis et intel-
lectis petitionibus et requisicionibus prefati domini ambasiatoris, con-
sideratisque antiqua, vera et bona fraternitate et amicicia que inter
suos antecessores, etiam inter eum et serenissimam dominacionem et
inclitum comune Venetiarum viguerunt atque vigent de presenti, et
cupiens ipse dominus dominus rex toto cordis affectu in eisdem per-
manere, predictis requisitionibus in quantum potuit gratiose consensit.
Quarum quidem requisitionum ténor per omnia talis est.
1. Primo de facto ecclesie Nimosiensis pro casali Episcopie'' pro quo
dictus ambasiator requisivit stare in fine ad rationem bixanciorum
noningentorum quinquaginta in anno, et petiit illud quod est acce-
ptum ultra finem temporibus retroactis^, dominus rex concessit esse in
fine in suo tem.porali, et ulterius dominatio sua fuit contenta quod pro
temporali quo dictum casale solvebat decimam ecclesie, secundum red-
ditus, quod reddatur^ illud plus quod -dictum casale Episcopie solvit
pluri quod ascendit finis; sit eidem satisfactum pro pluri soluto, quod
quidem fuit visum per offitiales ecclesie predicte et ser Zachariam Tri-
1. Le beau domaine d'Episcopi ou Piskopi, l'ancien Curium, à l'ouest de
Kolossi, était depuis si longtemps possédé par une branche des Comaro que
les Français l'appelaient au moyen âge : la Piscopie des Corniers.
2. Au ms. : retroactus.
3. Au ms. : redeatur.
CONCERNANT DIVERS PAYS DE l'oRIENT LATIN. ^ 09
visano', procuratorem Johanais Cornario; et reperitur quod sibi ilehet
satisfieri bizanlios duomillia sexingentos sexaginta novem , karatos
quinque, pro illo pluri (juod solvit; que quidern quantitas pecunie
débet dari per prefatum dominum regem assignatis^ casalis Episcopie
de eo quod ipsi debent habere a Johanne Cornario per totum mensem
februarii nonagesimi quinti anni. Et de hoc prefatus dominus amba-
siator fuit contentus.
2. Secundo. De septem milibus septingentis quadraginta quinque
bixantiis, karatis octo, qui reperiuntur per prefatum dominum regem
dare tcneri Johanni Cornario , pro rationibus casalis Episcopie et sui
assignamenti casalis de Morfo, secundum computum factum inter
dominum regem et dictum Johannem Cornario, pro rationibus casalis
Episcopie et dicti assignamenti casalis de Morfo, quod quidem compu-
tum fuit factum in presentia prefati domini ambasiatoris, prefatus
dominus rex concessit solvi facere et conteutare assignatis casalis Epi-
.scopie de eo quod ipsi debent habere a predicto Johanne Cornario, de
antiquo, per totum mensem februarii anni nonagesimi quinti. Et de
hoc prefatus dominus ambasiator fuit contentus.
3. Tercio. De ducentis sexaginta uno milibus modiis salis, qui deffe-
cerunt de summa modiorum trecentorum milium salis, quos Johannes
Cornario recipere debebat^ secundum conventionos factas per dominum
Johannem de Canali, pro quo quidem sale prefatus dominus amba-
sciator peciit a prefato domino rege pecuniam secundum precium
datum et computatum predicto Johanni Cornario, videlicet ad ratio-
nem bixantiorum centum pro miliari, prefatus dominus rex consenssit
et contentus fuit solvere pecuniam- valoris predictorum ducentorum
sexaginta unius milium modiorum salis, uti computatum fuit predicto
Johanni Cornario, ut predictum est, qui sal ascendit ad summam
bixantiorum viginti sex milium et centum; quam quidem quantitatem
pecunie computando cum bixantiis duobus milibus sexingentis sexa-
ginta novem karatis quinque, pro satisfatione rationis décime ecclesie
Nimosiensis, prout superius continetur, et cum bixantiis septem mili-
bus .«eptingentis quadraginta quinque karatis octo, rationis assigna-
menti casalis de Morfo et rationis Episcopie secundum quod continetur
superius in capitulo, que est summa predictarum trium rationum
bixantiorum triginta sex milium sexingentorum quatuordecim, kara-
torum tresdecim. Undc prefatus dominus rex fuit contentus, quod de
(luanlitate predicta debeat dare assignatis casalis Episcopie bixantios
viginti sex millia ducentos sexaginta octo, karatos duodecim cum dimi-
dio, videlicet de hoc quod ipsi debent habere per totum februarium
1. Au ras. : Trilusdino.
2. Au ms. : conssignatis,
3. Au ms. : debeat.
I \ 0 DOCUMENTS
transactum anni nonagesimi quinti, secundum declaralionem factam
partini inter assignâtes et ser Jacobum Trivisano, procuratorem dicti
Johannis Gornario, et partim per quatornum ser Benedicti Copocola.
Et quantum est de bixantiis decem milibus ducentis quadraginta sex
karatis cum dimidio qui restant dicto Johanni ad recipiendum, ut sibi
persolutum extitit de dicta quantitate bixancios, ad quam tenetur sibi
dominus rex prefatus , dominus rex promisit et contentus fuit eos
bixancios decem milia ducentos quadraginta sex karatos cum dimidio
facere soivi dicto Johanni Gornario, vel procuratoribus suis, per totum
mensem februarii futuri anni nonagesimi sexti. Et de hoc prefatus
ambasiator fuit contentus.
4. Quarto. De eo quod prefatus dominus ambasiator requisivitet petiit
a domino rege quaternum quondam ser Fantini et ser Marci Gornario,
qui sue dominationi apportatus fuit de Veneciis, pro liabendo declara-
tionem duarum milium quingentarum jarrarum olei, que fuerunt quon-
dam Philippi del Ben, prefatus dominus rex fuit declaratus et conten-
tus predictum quaternum pro dicto oleo, et fuit repertum quod dictum
oleum fuit solutum; et restituit dictum quaternum pro dicto domino
ambasiatori.
5. Quinto. De assignamento Johannis Gornario casalis de Morfo, de
eo quod ascendit sibi a prima die mensis martii nonagesimi sexti pre-
sentis anni, ab iude dominus rex fuit contentus facere et habere rece-
ptum et defalcare quolibet termino de eo quod dominatio sua liabere
débet a casali Episcopie pro aliquibus assignamentis, hodierna die rece-
ptis, in manibus sue dominacionis; que quidem defalcatio débet iîeri
per modum supradictum in tantum quantum dicta assignamenta sta-
bunt in manibus ipsius domini régis ratione regali et reficere uni alteri
secundum quod plus reperiretur de una parte ad aliam. Et de hoc pre-
fatus dominus ambasiator fuit contentus.
6. Sexto. De eo quod prefatus dominus peciit a prefato domino rege
ut casale Episcopie non solvat decimam regalem, nec aliquam aliam
imposicionem, ex eo quod dictum casale libère tenetur a dicto Johanne
Gornario, secundum tenorem sui privilegii, prefatus dominus rex con-
cessit non solvere decimam regalem, nec aliquam imposicionem casali
Episcopie, predicto Johanni Gornario, servis et sclavis suis, qui sunt et
erunt pro dicto casali Episcopie. Et quantum est de sumraa continua
quinquaginta francomatorum \ qui seminabunt in territorio dicti casa-
lis Episcopie, qui volent ire ad habitandum in dicto casali Episcopie,
cum eorum familiis, videlicet uxoribus, filiis et filiabus minoris etatis
videlicet quo maritabuntur, sint liberi et absolut! a décima regali, intel-
ligendo quod francomati qui de présente reperiantur habitantes in dicto
casali Episcopie, debeant intelligi esse de summa dictorum francoma-
1. Les aflranchis qui travaillaient les terres de Plskopi.
CONCERNAIT DIVERS PAYS ln: l'oUIENT LATIN. Hi
torum quinquaginta, incipiendo a primo mensis martii anni nonage-
simi quinti. Quibus omnibus ser Jacobus Trivisano, procuralor Joban-
nis Cornario, respondit quod in taulum in quantum est de quinrjuaginta
fraucomatis pro nunc assensit, reservando semper omnia jura Episco-
pie, et in nullo derogando omnibus juribus suis, et alia in dicte capi-
tule affirmando; reservatis omnibus juribus et rationibus domini régis,
et non derogando' omnibus juribus et rationibus prelati domini régis.
Et de bec prefatus dominus ambasiator fuit contentus.
7. Septime et ultime. De gabellis quas Veneli solvunt, pro quibus
coraune Venctiarum habebat quolibet anno bixancios quatuormiiia; et
prefatus dominus ambasiator dixit domino régi, quod dominus dux et
comune Venetiarum non erant contenti recipere ulterius predictos
bixancios quator millia, ymo volebant eorum franchisias; unde prefa-
tus dominus rex et prefatus dominus ambasiator fuerunt concordes
quod pro ratiene dictarum solutionum, quas Veneti solvunt, serenis-
sima deminacie Venetiarum debeat habere quolibet anno alios bixan-
cios decem milia, inchoande a prima die mensis octobris anni présen-
ts nonagesimi sexti; que summa débet esse quam dictum comune
Venetiarum débet babere quolibet anno ratiene dictarum gabellarum
bixancios quatuordecim milia, solvendos quolibet mense bixancios mile
centum sexaginta sex, karatés sexdecim, videlicet de gabellis porte,
sicuti consuetum erat selvere quolibet mense trecentos bixancios tri-
ginta sex, karatés ecto; et a regali, quolibet mense, bixantios octin-
gentos triginta très, karatés octo, que quidem summa supradicta,
bixancios mile et centum sexaginta sex karatos sexdecim; permancnde
semper prefate inclito comuni^ Venetiarum in sua libertate, secundum
cenventiones factas pro predictis gabellis, inter prefatum dominum
regem et dominum Johannera de Canali, ambasiaterem prefate domi-
nationis Venetiarum. Et ulterius dominus rex voluit et concessit quod
si, ab inde, aliqualis nova gabella, que non est hodierna die, impene-
retur in Gipro, quod intelligatur quod hoc quod Veneti solverent pro
suprascripta nova gabella, quod ejus dominatio debeat satisfacere ser'e-
nissimo domine duci et inclito comuni Venetiarum illam sumam
bixantiorum quam dicti Veneti solverent et solvissent pro dicta gabella
nova, et quod sit ultra sumam bixanciorum quatuordecim milia supradi-
ctorum. Et de hoc prefatus dominus ambasiator fuit contentus.
Que quidem omnia supradicta fuerunt facta et cencordata inter pre-
dictos dominum regem et dominum Franciscum Quirino, ambasiate-
rem serenissime ducalis deminacionis Venetiarum. Et prefatus dominus
rex voluit et contentus fuit quod, quando prefatus serenissiraus dominus
dux et comune Venetiarum, pro predictis rationibus eos tangentibus,
1. Au ras. : derogalis.
2. Au ras. : prefalum inclitum comune.
^ ^ 2 DOCOMENTS
et dictus Johannes Cornario pro rationibus eum tangentibus, miserint
hue in Ciprum plénum procuratorem, posse et commissiouem ad facien-
dum predicta in publicam formam redigi cui et quibus placuerit, se
esse paratum ea affirmare et roborare solennibus instrumentis, secun-
dum quod superius continetur.
In cujus rei testimonium et evidenciam pleniorem sigillum regale
presentibus est appensum.
Actum Nicossie, die mercurii, undecimo mensis octobris, millesimo
trecentesimo nonagesimo sexto, indictione quarta.
Queomniaet singula suprascripla, in singuliset pro singulis capi-
tulis hujus presenlis conlra[c]lus, sepedicle partes, videlicet prelibali
domini auditores et procuralores, nomine quo supra, et prefalus
dominus Nicolaus Barbo el Biancho, sindicario et procuratorio dictis
nominibas quibus supra, et predictus dominus Jeronimus Gontareno,
procuratorio dictis nominibus quibus supra, approbaverunt, raliffî-
caverunt, corroboraverunt et confirmaverunt sibi ad invicem hinc
iode, solennibus stipulationibus intervenientibus, peraquilianam sti-
pulalionem et acceptilalionem immédiate inlerpositam et secutam el
per pactum expressura, omnia et singula suprascripta et infrascripta
pacta, convenciones et composiciones in singulis et pro singulis pactis
et partibus concernentibus et tangentibus quemlibel eorum contra-
hencium, ut in ipsis pactis et conventionibus plenius continetur.
Âfîectantes prefate partes ne in futurum aliqua questio oriri^ possit,
nec aliqualem objectionem fieri posse in dicendo suprascriptam
ratifficationem non valere, iterato denuo, videlicet prelibati domini
auditores et procuratores, nomine quo supra, et prefalus dominus
Nicolaus BarbO; procurator prelibatus, nominibus quibus supra, et
prefalus dominus Jeronimus Gontareno, procurator, dictis nominibus
quibus supra, fecerunl, convenerunt, promiserunt, contraxerunl et
composuerunt omnia et singula suprascripla pacta, convenliones et
compositiones, hinc inde sibi ad invicem, per aquilianam stipulatio-
nem et inmediale acceptilalionem subsecutam, etiam per pactum
expressum in omnibus singulis et pro singulis capitulis hujus pre-
senlis contractus concernentibus quemlibel eorum per se, ut in eis
plenius continetur, promillentes prelibati domini auditores et procu-
ratores, prelibato nomine quo supra, et prefalus dominus Nicolaus
Barbo, procurator, prefalis nominibus quibus supra, et diclus domi-
nus Jeronimus Gontareno, procurator, dictis nominibus quibus supra,
1. Au ms. : orri.
CONCERNANT DIVEKS PAYS DE L ORIENT LATIN. ^^3
sibi ad invieem et vicisim, hinc inde iotervenienti solenni stipula-
cione premissa, ac etiam michi notario publiée infrascriplo, ut publiée
persone sLipulantiel recipicnli, nomine et vice omnium aliorum quo-
rum interest vel interesse posset vel polerit in futurum, omuia et
singula suprascripta et infrascripta altendere et observare ac obser-
vari facere, et in nullo contra facere vel venire, nec inferre nec infer-
renti consenti re, per se vel alios, nec in aliquo deficere vel cessare
ullo modo, forma, causa, colore vel ingenio, aliqua ingratitudine vel
offenssa, de jure vel de facto, in pena et sub pena bixanciorum
xiiri millia solvendorum, per solennem slipulacionem sibi invieem
vicisim in singulis et pro singuliscapitulis, conventionibus etpactis,
partibus atque locis hujus presentis contractus et carta in solidum
missa, per partem contrafacientem in aliquo aut per omnia non
observantem parti servant! velservare volenti, lociensquociens fuerit
in aliquo quomodolibet contra factum vel ventum aut per omnia non
observatum, et insuper refectionis et emendacionis dannorum
omnium, expensarum et interesse litis et extra. Qua pena soluta vel
non soluta, semel et pluries, et expensis, dannis et intéresse refectis
vel non, nichilominus presens contractus et carta cum omnibus et
singulis in ea contentis in sua perpétua, ut superiusdicitur, fîrmitalc
remaneat. Renunciantes exceptioni doli mali , non approbatorum,
ratifficatorum, conventorum, promissorum, conlractorum atque com-
positorum supradictorum pactorum et conventionum, rei non sic vel
aliter geste, conditioni indebiti sine causa vel ex injusta causa, et
non vera causa, deceptioni, fraudi, vi motus, in factum actioni, simu-
lationi contractus, statutis, provisionibus, reformationibus et quibus-
curaque ordinibus, juvaminibus et consuetudinibus; et maxime juri
dicenti generalem renunciancionera [sic) non valere, nisi precesserit
specialis, el omnibus et singulis aliis exceptionibus, privilegiis, legum
auxilio et benefîciis hic expressatis vel non; pro quibus predictis
omnibus vel in aliquibus predictorum omnium possit aliquid quomo-
dolibet excipi, obici vel opponi, et pro observatione omnium et singu-
lorum premissorum promittentes prefate partis [sic], dictis nominibus
quibus supra, sibi ad invieem vicisim factures, observaturos et adim-
pleturos omnia et singula suprascripta et infrascripta ubilibetque
locorum et fori et in quolibet particulari et totum distancia vel in
aliquo alio non obstante; renunciantes privilégie feri foriis, diebus
feriatis et non feriatis, placitis locatis et non locatis, statutis, refor-
mationibus, provisionibus et aliis quibuscumque ordinamentis et
consuetudinibus cujuscumque civitatis, terre et loci ; legi dicenti
-1897 8
H 4 DOCUMENTS
generalera renunciationera non valere ; et omnibus et singulis aliis
exceplionibus , privilegiis, legam auxilio, benefitiis et aliis qui-
buscumque juvaminibus, per quas, que et quod preniissis vel in ali-
quibus premissorura posset aliquid quomodolibel excipi, obici vel
opponi.
Pro quibus omnibus et singulis suprascriptis, sic firmiter atten-
dendis et plenius observandis, prelibate partes, dictis nominibus qui-
bus supra, sibi ad invicem vicisim, una pars alted et altéra alteri,
pignori obligaverunt omnia sua bona mobilia et immobilia, preseutia
et futura. Insuper volentes et affectantes partes predicte sibi ad invi-
cem concorditer et unanimiter, hoc presens instrumentum esse effi-
caciter corroboratura, videlicet prefati domini audilores et procura-
tores in anima, nomine quo supra, juraverunt corporaliter ad sancta
Dei evangelia raanibus tactis scripturis, quod omnia et singula supra-
scripta, ut in hoc presenti contractu et carta plenius continetur, atten-
dent et observabunt, et attendere et observari facient; et prefatus
dominas Nicolaus Barbo, sindicario et procuratorio nomine, in ani-
mas, dictis nominibus quibus supra, juravit' ad sancta dei evangelia
corporaliter manu tactis scripturis, quod omnia et singula supra-
scripta in hoc presenti instrumento et carta ut plenius continetur,
attendet et observabit, et attendere et observari faciet ; et dictus domi-
nus Jeronimus Gontareno, procuratorio nomine, in animas, dictis
nominibus quibus supra, etiam juravit corporaliter ad sancta Dei
evangelia manu tactis scripturis, quod omnia et singula in hoc pre-
senti instrumento et carta contenta attendet et observabit, et atten-
dere et observari faciet.
De quibus premissis, prefate partes requisierunl scilicet Odonem
Benedicti predictum, et me x\polonium de Scharis, de Verona, nota-
rium publicum infrascriptum, conficere tôt instrumenta quot quelibet
parcium a nobis requiret consonancia, in cuius rei testimonium et
evidenciam pleniorem sigillum bajulatus officii baiuli Venetorum in
regno Gipri huic presenti instrumento esse appensum.
Ego, Apolonius, filius domini Johannis, notarii, de Scharis, de
Verona, publicus imperiali auctoritate notarius, ac egregii viri domini
Nicolai Barbo el Biancho, honorabilis ambasiatoris et bajuli pro sere-
nissima dominacione Venetiarum in regno Gipri, canceiarius bis
omnibus suprascriptis interfui, et rogatus, et cetera.
1. Au ms. -.jurant.
CONCERNANT DITERS PAYS Dl- l/oRIENT LATIN. <H5
VI.
1405, 31 mars. A Venise.
Traité de paix et de bon voisinage conclu, — par suite de la média-
tion du pape Innocent VII, du cardinal Angelo Acciaiuoli et de Ladis-
las, roi de Naples et de Hongrie, — entre la république de Venise et
Antoine Acciaiuoli, fils de Néri I" Acciaiuoli, par lequel la possession
de la ville d'Atbènes, actuellement appelée S^-tliines, est rendue à
Antoine Acciaiuoli, à certaines conditions, dont la première est de
reconnaître qu'il tient cette ville de la république de Venise, et d'of-
frir annuellement, en signe de cette reconnaissance, un samit ou
poêle de soie, de la valeur de cent ducats d'or, à l'église de Saint-
Marc, à la fête de NoëP.
(Archives de Venise, Commemoriali, X, foi. 3 \°.)
In Christi nomine, Amen. Anno Nativitatis ejusdem millesimo
quadringenlesimo quinto, indicione terciadecima, die ultima men-
sis marcii.
Gum guerra fuerit et discordia foret, occaxione civitatis Athenarum,
et aliiscertiscausis, interillustrem etexcelsum dominum Micbaelem
Sténo, Dei gratia inclitum ducem et comune Veneciarum, seu aliquas
terras et loca sua, ex parte una, et magnificum virum Antonium de
Azaiolis, filium olim magnifici et potenlis militis domini Ncrii de
Azaiolis, terras et loca sua seu que possidet, ex altéra parte; et
sanctissimus in Ghristo pater ac beatissimus dominus, dominus Inno-
centius septimus, sacrosancte Romane ac universalis ecclesic sum-
mus pontifex, cum sua solita clemenlia; et reverendissimus in Ghristo
pater et dominus, dominus Angélus de Azaiolis, tiluli sancti Lau-
rentii in Damaso presbiter sancte Romane ecclesie cardinalis^ cum
sua innata caritate; ac serenissimus dominus, dominus Ladislaus,
Dei gratia, llungarie, lerusalem et Scicilie rex^, cum sua consueta
dilectione, instanter rogaverint prelibatum dominum, dominum
1. Voy. Predelli, Libri Commemoriali, t. III, p. 309, n" 2.
2. On appelait aussi Acciaiuoli le cardiual de Florence, parce qu'il avait été
évoque de Florence.
3. Ladislas ou Lancelot, compétiteur de Louis d'Anjou au trône de Naples,
avait été couronné roi de Hongrie en 1403 par le cardinal Acciaiuoli.
^^6 DOCUMENTS
ducem et comune Veneciarum, ul placeat recipere diclum magnificum
Anlonium de Azaiolis ad graliara cl araorem suum, ipseque magni-
ficus Antonius de Azaiolis pluries fecerit fieri supplicatioiies super
inde dicto domino duci et comuni Veneciarum, ut dignaretur, Dei
gratia, suscipere Ipsum in verum amicum et servi torem suum, para-
tura et dispositum nunc et semper obedire omnibus mandatis et
beneplacitis ipsius domini ducis et comunis Veneciarum;
Idcirco, nobiles et sapientes viri domini Marcus Justiniano, et
Silvester Mauroceno, honorabiles cives Veneciarum, sindici et procu-
ratores prelibati illustris et excelsi domini domini Micliaelis Sténo,
Dei gratia incliti ducis Veneciarum, et cetera \ ac comunis Venetia-
rum, ut patet instrumento sindicatus et procurationis publicato per
providumvirum Antonium Plumacio, imperiali auctoritate notarium
et ducatus Veneciarum scribam, in suprascriptis millesimo, indicione,
die et mense, a me notario infrascripto viso etlecto, pro ipso domino
duce, et successoribus suis, et pro comuni Veneciarum, ex una parte ;
Et nobilis vir Francus, filius olim domini Donati de Azaiolis^ pro-
curator prefati magnifici viri Antonii, filii olim magnifici et potentis
militis domini Nerii de Azaiolis, ut de suo mandato plene constat per
publicum instrumentum scriptum et publicatum per providum virum
Nicolaum Marori, notarium publicum et cancellarium Athenarum,
millesimo quadringentesimoquarto, indictione duodecima, die vige-
simo secundo mensis junii, et sigillatum sigillé dicti magnifici
Antonii de Azaiolis , a me notario infrascripto visum et lectum ;
pro ipso Antonio, heredibus et successoribus suis, fecerunt et
faciunt, contraxerunt et contrahunt, firmaverunt et firmant, inler
dictas partes bonam veram et puram ac perpetuam pacem, Deo pro-
pitio, perpetuis temporibus duraturam^ cum capitulis, modis, teno-
ribus et conventionilius infrascriptis.
\.^ Primo, quod, ob devotionem et reverentiam prelibati sanctis-
simi summi pontificis et intuytu precum^ reverendissimi domini
cardinalis Florentie et prelibati serenissimi domini régis Ladislai,
illustris et excelsus dominus dominus dux et comune Veneciarum
fuerunt et sunt contenti dare audientiam supplicationibus dicti magni-
1. Cet et cetera remplaçait les mots : et dominus quarte partis et dimidie
totius imperii Romanie ou romani que les doges de Venise ajoutèrent et main-
tinrent longtemps dans l'intitulé de leurs actes, après la conquête de Constaa-
tinople et le partage de l'empire avec les Français.
2. Les numéros ne sont pas à l'original.
3. Au ms. : precium.
COXCERXANT DIVERS PAYS DE L ORIENT LATI\. ^^7
fici viri Anlonii de Azaiolis et bénigne reciperc ipsum ad graliam
suam, et remitterc ei injurias et oflensas, et cassare, removere et
anniillare taleam et alias impositam et datam; et sperantes suas
oblationes corespondere bonis et amicabilibus verbis suis, quia asse-
ruit diligere honorem et exaltationem status ipsius incliti domini
domini ducis et comunis Veneciarum, atque promittit esse bonum
filium et amicum suum, et attenderc, observare et adimplere infra-
scripta, acceptaverunt et acceptant ipsum magnificum virum Anto-
nium de Azaiolis in filium et amicum suum, volentes et, de gratia,
consenlientes dicto magnifico Antonio, quod ipse dominetur, habeat
et teneat etpossideat terram, castrum et locum Athenarum, moderne
tempore vocatum Sythines. cum juribus,jurisditionibus et pertinen-
tiis suis, quas cl que habct, lenet et possidet ad presens, salvis sem-
per et reservatis contentis in quolibet capilulorum infrascrlptorum,
videlicet, quod dictus magnificus vir Antonius de Azaiolis cognoscat
et recognoscal dictam terram castrum et iocum Athenarum, vocatum
nunc Sythines, cum juribus jurisdilionibus et pertincnLiis predictis,
a prelibalo illuslri et inclilo domino domino duce et comuni Vene-
ciarum ; et in signum hujus recognitionis leneatur et debeat dictus
magnificus Anthonius et heredeset successores sui mittcre Venecias,
et facere dari et assignari ecclesie nostre sancti Marci, in die Nativi-
tatis Domini nostri Jesu Christi, omni singulo anno, unum palium,
videlicet tantum finum catassamitum, vel pannum de syrico finum,
qui sit valoris ducatorum centum, incipiendo hoc feslo Nativitatis
proxirae.
2. Item, quod dictus magnificus Antonius teneatur et debeat esse
amicus amicorum et inimicus inimicorum dicti incliti domini ducis
et comunis Veneciarum, et amicari et inimicari quibuscumque, juxta
mandatum dicli incliti domini ducis et comunis Veneciarum, tociens
quociens eidem domino duel et comuni Veneciarum videbitur et
placebit.
3. Item, quod predictus magnificus Antonius leneatur et debeat
non dare nec dari permittere alicui offendenti vel offendere volenti
diclum inclitum dominum' dominum ducem et comune Venecia-
rum, terras, loca, vel territoria, cives, subditos vel fidèles suos, vel
aliquem, aliquam, vel aliquod eorum, auxilium, consilium, vel favo-
rem, nec viclualia, Iransilum, receplum neque passum per terram nec
per aquam, ullo modo vel forma, sed toto suo posse vetare ; et si
1. Au nis. : dominium.
\ { 8 DOCUMENTS
dicti taies offendentes vel offendere volenLes essent Turchi vel eorum
subditi et in tanta potenlia quod ipse Anlonius non esset potens ad
vetandum passum, facial id quod sibi sit possibile bona fide; el ullra
hoc teneaturetdebeat subito, cura habuerit aliquod senti mentum vel
avisamentum de adventu vel apparatu dictorum Turchorum, vel sub-
ditorum suorum, notificare et avisare redores cujuslibel' terre et
loci nostri, ad dannum quorum dicti taies Turci vel eorum subditi
ire vellent vel possenl, et tantum presto quantum facere poterit, ut
possint sibi providere quod non recipiant dannum, nec lesionem;
et ultra hoc, teneatur et debeat dictus magnificus Antonius dare
in terris, locis et territoriis suis, vel que possidet vel possidebit in
futurum, receptura, transitum et passum liberum omnibus gentibus
dicti incliti domini^ ducis et comunis Veneciarum, et victualia pro
sua pecunia.
4. Item, quod, juxta oblationem factam per dictum procuratorem
dicti magnifici Antonii de Azaiolis, omni vice qua offenderetur vel
dannificaretur aliqua lerra, locus, castrum, vel territorium dicti
domini ducis et comunis Veneciarum, de circumstantibus terris et
locis suis, vel que possidet vel possidebit in futurum, dictus magni-
ficus Antonius teneatur venire personaliter, vel mittere de gentibus
et subditis suis, secundum quod sibi fuerit possibile, in adjuctorium
et deffensionem terre, castri, loci vel territorii dicti domini ducis et
comunis Veneciarum. qui offenderetur vel dannificaretur.
5. Item, quod dictus magnificus Antonius, in omnibus terris, locis
et castris ac territoriis suis, vel que possidet vel possidebit in futu-
rum, teneatur et debeat receplare, tractare et expedire, ac receplari,
Iractari et expediri facere mercatores, cives, subditos et fidèles dicti
domini ducis et comunis Veneciarum, et quemlibel eorum, et eorum
raercantias, res et bona amicabiliter, favorabiliter et bénigne; quia
prelibatus dominus dux et comune Veneciarum in terris et locis suis
sunt contenti et volunl et sic mandabunt receptari, tractari et expe-
diri omnes subditos et fidèles dicti magnifici Antonii et eorum raer-
cantias et bona amicabihter, favorabiliter et bénigne.
6. Item, quod dictus Antonius de Azaiolis teneatur et debeat dare
et dari facere, ad omnem requisitionem rectorum insuie Nigroponlis
ac aliarum terrarum et locorum dicli domini ducis et comunis Vene-
ciarum circumslantium terris et locis que ipse Antonius possidet el
1. Au ms. : cuilibet.
2. Au ms. : dominis.
COCERVANT DIVERS PAYS DE l'ORIENT LATr\. U9
possiderel in fulurum, et etiam ad requisitionem civium cL fidclium
ac subditorum ipsius domiiii ducis et comunis Veneciarum, et cujusli-
bel eorum, quemlibet villanum qui aufugeret de cctero de insula
Nigropontis, vel aiiis terris, locis et lerritoriis dicti domini ducis et
comunis Veneciarum, et reduceret se ad aliquam terram, locum vel
terri lorium que possidentur vel possiderenlur in futurum a prediclo
magnifico Antonio' de Azaiolis; et similiter est contentus et vult
dictus illustris dominus dux et comune Veneciarum oijservari et fieri
devillanis dicti Antonii de Azaiolis per rectores terrarum et locorum
dicti domini ducis et comunis Veneciarum circumstantium terris et
locis ipsius Antonii de Azaiolis; excludendo tamen a contentis in hoc
capitulo villanos utriusque partis qui aufugerent pro excessu com-
misso per quem meritarent mortem vel mutilationem membri^.
7. Item, quod dictus magnificus Antonius debeat restituere et facere
restitui cuilii^et civi, subdito et fideli dicti domini ducis et comunis
Veneciarum possessiones et bona, quas et que habebant in terris et
locis ac territoriis, quas ipse Antonius possidet; ita quod possint
ipsis uti et gaudere, et de ipsis facere et disponere tamquam de suis
rébus propriis, et redditus et proventus ipsarum quolibet anno pos-
sint extraliere et conducere ad loca ipsius domini ducis, et ad alia
loca ad que voluerint, ad omne eorum beneplacitum.
8. Item, quod dictus Antonius teneatur et debeat restituere et
restitui facere cuilibet nostro civi, subdito et fideli, omnes suas pos-
sessiones, redditus et proventus, retentos propter istas novitates et
guerras in locis et terris que possidet dictus magnificus Antonius, vel
justum valorem eorum, possendo de ipsis facere et disponere, prout
in proximo precedenli capitulo dictum est.
9. Item, quod dictus magnificus Antonius teneatur et debeat resti-
tuere et restitui facere dicto domino duci et comuni Veneciarum omnes
munitiones que erant in Castro, terra et loco Sythines, quando
accepta fuit per dictum Antonium, vel justum valorem earum, pos-
sendo de ipsis facere et disponere prout in proximo précèdent! capi-
tulo dictum est^. Et similiter heredibus quondam viri nobilis ser
Nicolai Victuri, qui erat rector dicti loci Sythines pro ducali dominio
1. Au ins. : futurum predictiim magnificum Antonium.
2. On n'exigeait pas l'extradition pour le cas où le vilain réfugié était pas-
sible soit de la mort soit de la mutilation d'un membre, peine horrible que la
justice criminelle admettait alors.
3. Les mots : Item, quod dictus magnificus Antonius... vel valorem earum,
sont répétés ici dans le ms.
I 20 DOCUMENTS
Veneciarum dicto tempore, omnes res et bona dicti quondam ser
Nicolai Victuri que eranl in dicta (.erra, Castro et loco Sitliines, tem-
pore predicLo, vel justum valorem earum secundum quod ipse Anlo-
nius promisit.
■10. Item, quod dictus Antonius teneatur et debeat licentiare et
bannire de omnibus terris, locis et terriloriis que possidet vel possi-
deret in futurum, archiepiscopum Macharonum, perfidum inimicum
christianiiatis, qui stetit in carceribus Veneciarum, et nullo umquam
tempore ullo modo vel forma permittere ipsum habitare in terris et
locis suis, que ad presens possidet, vel possidebil in futurum. Et si
dictus archiepiscopus Macharonus permitteret se reperire in terris et
locis predictis, teneatur dictus Antonius dare ipsum in potentia et
forcia dicti domini ducis et comunis Veneciarum. Insuper, quod pacta
et consuetudines antique que fuerunt inter ducatum Athenarum et
insulam Nigropontis, aliaque loca et terras dicti domini ducis et
comunis Veneciarum, debeant per utramque partem inviolabiliter
observari^, salvis et integris semper manenlibus capitulis supra-
scriptis et infrascriptis; hoc tamen declarato, quod si aliquid decon-
tentis in aliquo capitulorum hujus contraclus derogaret alicui majori
beneficio vel preheminentie, quod vel quam haberet dictus dominus
dux et comune Veneciarum, sive terre et loca sua, vel subditi sui,
per pacta et consuetudines antiquas, intelligatur quod illud majus
beneficium et prebeminentia reserventur et reservata sint etiam
dicto domino duci et comuni Veneciarum, terris, locis et subditis
suis, nonobstante aliquo de contentis in capitulo hujus contraclus.
^'^ . Item, quod magnificus marchio de La Bondoniza ^, qui est civis
et amicus dicti illustris ducalis dominii Veneciarum, includatur et
inclusus esse intelligatur in bac pace.
Quam quidem pacem et omnia et singula suprascripta et infra-
scripta promiserunt et solenni stipulatione convenerunt partes pre-
dicte, et quelibet earum, dictis modis et nominibus, sibi ad invicem,
videlicet una pars alteri et altéra alteri,. firma et rata habere et tenere,
atlendere et observare et adimplere, et contra non facere vel venire,
per se vel alios, aliqua ratione vel causa, de jure vel de fado, directe
vel indirecte, tacite vel expresse, sub pena ducatorum decem millium
auri, cum reffectione omnium et singulorum dannorum, expensarum
1. Au ms. : observare.
2. Le marquis de Bodonitza, dont les terres touchaient au canal de Nègre-
pont. En droit, il relevait féodaleraent du duc d'Athènes.
CO.\CEBNA\T DIVERS PAYS DE l'oRIENT LATIN. ^ 24
et interesse litis et extra; in quam penam incidat quelibet dictarum
partium que contrafaceret, et predicta integraliter non servaret; et
ab illa exigi possit et debeat et applicari parti observanli, vel contra
quam esset contrafactum tociens quoeiens fuerit contrafactum; et
pena exa[c]ta vel non, predicta omnia et singula nichilominus firraa
perdurent et inviolabiliter observentur.
Pro quibus omnibus et singulis firmiter observandis et adimplen-
dis, dicte partes et quelibet earum, dictis modis et nominibus, sibi ad
invicem et vicisim, videlicet dicti sindici et procuratores ipsius inclili
domini domini ducis et comunis Veneciarura obligaverunt diclo
procuratori dicti magnifici viri Ântonii dcAzaiolis prelibalum domi-
num ducem et comune Veneciarura, et omnia bona mobilia et immo-
bilia, presentia et futura, dicti comunis Veneciarura, et, vice versa,
dictus procurator dicti raagnifici Antonii de Azaiolis obligavit dictis
sindicis et procuratoribus dicti doraini ducis et comunis Veneciarura,
norainibus quibus supra recipientibus, dictura raagnificum Antonium
de Azaiolis, heredes et successores suos, ac sua bona omnia raobilia
et immobilia, presentia et fulura. Renunliantes predicte partes et que-
libet et quilibet earura, in predictis omnibus et singulis nominibus
quibus supra, exceptioni non sic vel aliter cellebrati contractus et
geste rei, non sic vel aliter factorum pactorum, capitulorum et con-
ventionum, exceptionum doli raali, condicioni sine causa, vel ex
injusta causa, in factura actioni et exceptioni quod metus causa, pri-
vilegio fori, et orani et cuilibet alii juri, Icgura et constitutionuni anxi-
lio, eisdem dictis raodis et norainibus, et vel dictis principalibus, vel
alicui ipsorum quoraodolibet corapetenti vel corapetituro, et legi
dicenti generalera renuntiationera non valere. Et insuper dicte
partes, dictis modis et nominiims, ad raajorera omnium predictorum
firmitatem, sponte et ex certa anirai scientia, juraverunt ad sancla
Dei evangelia, tactis scripturis, in aniraas suorura constituentium,
suprascripta orania et singula, et quodlibet ipsorum, attendere, obser-
vareetadiraplere, perpetuo, bona flde, et ad sanum, purura et bonura
sensum et intellectura, orani cavilatione, absurditate, mala interpe-
tratione (sic), dolo, fraude et exceptione cessantibus et reraotis. Volue-
runtetiara et mandaveruntac rogaverunt partes predicte, et quelibet
earum, de predictis omnibus et singulis per me, Bernardum, nota-
riura infrascriptum, confici unura et plura publica instruraenta,
ejusdera substantie et tenons, prout fuerit oportunura.
Ego, Bernardus de Andalo, quondam ser Marci de Venetiis, publi-
cusiraperiali auctorilate notarius, predictis oranibus et singulis, dura
^ 22 DOCUMENTS
sic agerenlur, presens fui -, et inde rogatus instrumenlum confeci ;
sed, aliis occupatus, ea ex libris et rogitis meis sumraenda et in for-
mam publicam redigenda commisi provido viro Antonio Plumatio,
notario infrascripto; ideoquc me subscripsi, meoque solito signe
sigiiavi.
Ego, Antonius Plumatio, fîlius domini Johannis, de Veneciis, publi-
ons imperiali auctoritate notarius, predicta omnia ex libris et rogitis
prudenlis viri ser Bernardi de Andalo, notarii suprascripti, ex comis-
sione michi ab eo facta, fideliter scripsi, et in hanc publicam forraam
reddegi, ideoque me subscripsi.
Vil.
1413, 30 janvier. Antivari.
Lettre patente de Balsa III Strazimir, seigneur de la Zenta, en
Albanie, dans laquelle Balsa déclare que, la république de Venise
ayant bien voulu, sur la médiation de Sandali, grand vaivode de
Bosnie ^ lui rendre ses bonnes grâces, en le remettant en possession
des villes de Dulcigno et de Budua, en oubliant les torts qu'il avait
eus à son égard, il confirme solennellement l'engagement, pris en son
nom par levaïvode, de respecter les sujets, les terres et les droits de
la république, tant à Dulcigno qu'à Budua et ailleurs, et de ne porter
aucune atteinte à leurs biens ou à leurs privilèges, sous peine de se
voir contraint à restituer lesdites villes de Dulcigno et de Budua, et
privé du subside annuel de mille ducats d'or que la république lui a
promis par acte du 26 novembre \4V2^.
(Archives de Venise, Documents originaux remis par l'Autriche à l'Italie
en 1868. N" 51.)
1. Le 26 novembre 1412, le doge de Venise,' Michel Sténo, avait écrit au grand
vaïvode, qu'après avoir reçu son envoyé Grubaz et s'être entretenu avec lui,
il consentait à faire la paix avec Balsa Slrazimir aux conditions qu'il énumère
dans sa lettre. Ces conditions sont celles que Balsa lui-même énonce et accepte
dans sa patente du 30 janvier 1413, dont nous avons vu l'original à Venise et
que nous donnons ici. La lettre du doge a été publiée par M. Schafarik {Acta
archiva veneti, t. I, p. 478) et analysée par M. Predelli [Commemoriali, t. III,
p. 361, n" 164), sous la date du 25 novembre. En réalité, la lettre est du 26.
2. Voy., sur les différends des Balsa avec la république de Venise, Trésor rie
chronoL, col. 1785-1786.
CONCERXÀiM DIVERS PAYS DE l'oRIENT LATIN. ^ 23
In Christi nomine, amen. Nui, Balsa Stracimir, che fo de miser
Zorzi Stracimir, Signor de Xenta, et cetera. Sapiando e cognoscando
che la serenissima cl cxcelsa ducal signoria de Veniexia, mossa a
pregiereead instantiadel magnificho c possente signore messer San-
dali, grande vaivoda de Bossena, el qualesovra le infrascripte manda
a la dicta signoria el spectabele et egregio homo meser Grubaz
Dobranichi, honorevele so ambassadore, si xe degnada tore e acetare
nui in la soa benigna e misericordioxa uxada gracia, perdonando a
nui Balsa tule le inzurie, ofTexe, dapni, molestie, c contrarii\ per
nui e per li nostri homeni dadi e facti a la prefata serenissima ducal
signoria de Veniexia, e a le terre, luogi e subdili de quella^ et ad
instancia e requisitionc del dicto magniffico signor Sandali e per soa
contemplatione, se è degnada fare, concludere e fermare pura, vera,
chiara e bona paxe, per la Dio gracia, perpetualmenle duratura, cum
lo dicto magniffîco signor Sandali, stipulando e recevando in nostro
nome, de nui Balsa e de y nostri heriedi, lassando liberamente in
desposilione del dicto signor Sandali chcl possa, per fermczza de la
dicta paxe, per nome de la dicta signoria e de y suo sucessori, dare
e consignare liberamente a nui Balsa, per nui e per li nostri heriedi,
le- citade de Dolcigno e de Budoa, cum lute e zascunc lor raxone,
pertinencie, destrecti e confini ; e oltra prometere, per nome de la
dicta signoria, de dare e pagare ogni anno a nui e a y nostri heriedi
legiptimi ducati mille d'oro ogni anno, de le intrtide di luogi i quali
tene la dicta signoria de Veniexia in queste parte de qua, cum quel
modo, condicione e forma che se pagava quelli al magniffico signor
messer Zorzi, nostro^ padre'', romagnando liberamente et im per-
petuo a la dicta signoria de Veniexia tuti li al tri luogi i quali fono
concedudi e dadi a quella per lo dicto miser Zorzi, nostro padre, senza
alcuna contradicione over molestia, cum tute le lor raxone, pertinencie
e confini. Si [è] eciandio stado promesso per parle del dicto magnif-
fîco signor Sandali ala prefata ducal signoria chel dicto magniffico
signor Sandalli farà e curarà si cum effetto che nui. Balsa, per nostre
leltere patente e averte, bolade de la nostra bolla, e fatte solepne-
mente, ratificaremo, fermeremo,aprovaremoelinviolal)elmenteobser-
varemo, e non contravigneremo a quella, per alguna caxone, over
1. Au ms. : contarli.
2. Au ms. : la.
3. Au ms. : vostro, ici et plus loin.
4. Georges Balsa Strazimir, qui avait épousé Hélène, fille de Lazare I" Ger-
billanovich, roi de Serbie ou de la Rascie.
-124 DOCUMENTS
inzegno, e chel farà che nui, Balsa, ne removeremo cum lu(e le noslre
zenle da la infeslacione e dampnlficatione de queli luogi e subditi
de la dicta signoria ; e che per lo avegnire nui non molestaremo, ni
darapnificaremo ne faremo o lasseremo molestare o dampnificare,
alguni [luoggi] o subditi de la dicta signoria per nostri subditi over
fedeli per alguno modo, inzegno, caxon over colore; e che quelli
citadini e subditi de queli dicti luogi de Dolcigno e Budua, e lor
destrectuaJi, traclaremo umana e benignamente, non li ricordando
algune cose per loro facte contra de nui per lo passado, e che contra
de quelli non faremo alguna molestia per le dicte caxone; redugando
cussi y subditi e fedeli de la dicta signoria come y nostri totalmente
in lo so primo stado e termeni; eche se per algun tempo, nui contra-
fassemo in alguna de le ditte cose, per algun modo, che nui siamo
tegnudi de restituire e rendere a la dicta signoria de Veniexia y dicti
luogi de Dolcigno e Budoa, cum tute le lor pertinentie, senza alguna
lexione ; e non vogliando rendere quelle, che lo ditto magniffico signor
Sandali sia tegnudo dare ala dicta signoria ajutorio e favore oppor-
luno a constrenzere per forza nui Balsa e y nostri heriedi a resti-
tuire a la dicta signoria y dicti luogi como e ditto de sovra; e che la
ditta signoria, alora, sia absoluta e liberada de dare e pagare a nui
queli dicti mille ducati ogni anno, como de le predicte cose apare pie-
namente per litere ducale date e fatte a di xxvi del mexe de novembre
de M.GGGG.XII, e bolade de la boUa pendente, segondo uxanza.
Vogliando in sovra de zo adimplire et observarecum bon effecto tuto
quello che per parte del dicto magniffico signor Sandali per nui e per
nostro nome è stado promesso a la dicta ducal signoria de Veniexia,
come è nostro debito, semo contento e umelemente cum ogni débita
reverencia vogliemo e benignamente recevemo e aceptemo, nui Balsa
preditto, la dicta gracia a nui fatta per la dicta nostra serenissima
ducal signoria de Veniexia.
Et per lo tenore de le présent! retifîchemo, aprovemo e acetemo
la dicta paxe e concordia, e tuto quello che se contene in essa, segondo
e como è stado facto e promesso per la dicta ducal signoria; da una
parte, el ditto magniffico signor Sandali per nostro nome, da l'altra
parte, in tuto e per tuto como in quella se contene, si como nui pro-
prio fossemo stadi presenti a la ditta paxe e promissions E prome-
temo, per nui e per gli nostri heriedi e sucessori, la dicta paxe, con-
cordia, bona volontade e promissione facte como è ditto de sovra
perpetualmenle ferma e rata avère, tegnire, actendere, observare et
adimplire, e contra quella non fare over vegnire, per nui over per
COXCERVAM DÎTERS PAYS DE L ORIEM LATIN. -125
aliri, per direclo, over per indirecto, per alguua caxon, colore, modo
over inze^no.
El perpiu cbiarezza e fermezzade le predicle cose, nui, Balsa pre-
dicto, promeLemo per la noslra dreta fede e si zuremo in Tanema
nostra e in l'aneraa de meser Zorzi, nostro padre, e in Dio, padre
omnipoleute, e in la nostra Dona, Madonna Sancta Maria Verzene
glorioxa, e la croxe veraxia de Dio, e in gli dodeie apostoli, e in gli
quatro evangelisti e in gli allri setanta cernidi, e in trexento dixe
oto sancli padri de Xicea, e in tuli gli sancLi, i quali fo inprincipio,
per questo a luti quelli zuremo, e oltra al serenissiojo principo miser
lo doxe de Veniexia, e a luta la soa signoria e comunità de Veniexia,
che nui vogliemo esser cordiale e justo amigo e fedele de quella, e
observare Iule le predicte cose. EL per questa caxone, avemo fatto
fare la présente carta e scritto, bolado cum la nostra bolla uxada. Data
in Anlivari. a di trenta zenaro, -M.CCCC.XIIP, indictione sexta '.
I. Au dos du parchernia est écrit : i 1413, Antibari. Dolctiinara, Butue... Balsa
f Stracimur, cui tradidit Dolctinium et Butara dominium Venetum, cum sala-
c rio. Concessit eidem dominio Veneto ornnia alla loca tradita per ejus patrem
€ ipsi dominio Venetorum. »
LES TRAVAUX DE DUPUY
SUR LE
TRESOR DES CHARTES
ET LES ORIGINES DU SUPPLÉMENT.
La seconde partie du Trésor des chartes ou, pour lui donner
le nom qu'elle porte dans les inventaires des Archives nationales,
le Supplément du Trésor des chartes, non moins précieux que la
première, dont elle passe généralement pour être l'annexe, est
loin d'être aussi connue. On sait qu'elle a été inventoriée au com-
mencement du siècle par dom Joubert, dont le travail, longtemps
désigné à la Section historique sous le nom d'Inventaire rose,
constitue l'unique moyen d'investigation dans les centaines de
cartons qui s'y trouvent assez inégalement analysés; on sait que
le classement en est calqué sur celui du Trésor et que, comme lui,
le Supplément est partagé en deux grandes divisions : les Douze
gouve^^nements et les Mélanges. Quant à rechercher qui lui a
imposé ce classement, à connaître l'histoire et l'époque de sa for-
mation, personne ne paraît s'en être préoccupé, et l'ignorance où
l'on est resté à cet égard a grandement restreint le profit que l'on
eût pu tirer de ce bel ensemble de documents . Il importe de la
faire cesser.
Et d'abord, quelque mal défini que soit jusqu'ici le Supplément,
quelque obscures qu'en soient les origines, il n'est pas difficile
de reconnaître qu'il contient aujourd'hui une foule de pièces qui
ne devraient assurément pas en faire partie. Sans parler de
documents du Trésor des chartes mentionnés dans l'inventaire de
Dupuy, considérés comme perdus depuis lors et que l'on retrouve
dans le Supplément, sans parler d'autres documents ayant la
même provenance, mais qui ont dû être distraits du fonds primi-
LES TRAVAUX DE DDPDT SDR LE TRESOR DES CHARTES. 127
tif avant la confection de l'inventaire de Dupuy, un très grand
nombre de pièces ont été insérées, postérieurement au travail de
dom Joubert, par les archivistes ses successeurs, qui s'étaient
trop facilement habitués à regarder le Supplément comme un
déversoir destiné aux pièces qu'on ne savait où classer. Beaucoup
de celles-ci se rattachent cependant à des fonds faciles à détermi-
ner et ne présentent aucun rapport avec les archives de la Cou-
ronne.
Malheureusement, il n'est pas toujours aussi aisé de faire le
départ entre les pièces appartenant depuis l'origine au Supplé-
ment et celles qui y ont été mal à propos mélangées. L'inven-
taire de dom Joubert étant, — nous l'avons déjà dit, — fort iné-
galement rédigé, on peut sans doute, lorsque les cartons y sont
analysés pièce à pièce, reconnaître à l'écriture les additions faites
postérieurement par Michelet, Dessales ou Douët d'Arcq ; toutefois,
dans le cas trop fréquent où l'inventaire ne fournit qu'une men-
tion générale pour un, ou même pour plusieurs cartons, comment
distinguer les pièces intercalées dans les dossiers qui y sont ren-
fermés si l'on ignore comment ces dossiers se sont formés? iMais,
avant d'étudier la formation d'un fonds, il est nécessaire d'en
déterminer les limites en arrêtant celles des fonds qui l'avoisinent.
On doit donc, dans le cas qui nous occupe, commencer par savoir
en quoi consiste le Trésor des chartes, et l'on ne peut y arriver
que par un examen attentif de l'inventaire de Dupuy, point de
départ et fondement de tous les travaux touchant ces archives de
nos rois.
I.
Chargés en 1615 de dresser l'inventaire du Trésor, Pierre
Dupuy et Théodore Godefroy se mirent à l'œuvre dès le
l*^' juin de la même années Leur premier soin fut de mettre un
peu d'ordre dans la masse confuse qu'ils avaient trouvée en péné-
trant dans l'annexe de la Sainte-Chapelle, où le chartrier royal
était déposé depuis le temps de saint Louis. Pour les registres, le
travail était facile. Quant aux chartes, aux titres de toute sorte,
on les conservait, suivant l'usage, dans des sacs, et les sacs
concernant une même matière étaient rangés dans des coffres
1. Note autographe de P. Dupuy (Bibl. nat., coll. Dupuy, vol. 162, fol. c).
^28 LES TRAVAUX DE DUPUÏ
OU dans des boîtes plus petites appelées layettes. Les deux
savants, sans doute pressés de trouver un signe extérieur qui
permît d'établir un classement à première vue, distinguèrent les
sacs déposés à même sur les rayons, de ceux qui avaient été
réunis dans des boîtes. Cette distinction répond à peu près à celle
que l'on pourrait établir aujourd'hui entre les liasses rangées sur
les rayons de nos dépôts et celles qui sont encloses dans des car-
tons. De là, trois séries :
1" Les Coffres et layettes.
2° Les Sacs.
3" Les Registres.
Sans doute, les sacs qui n'étaient pas encore renfermés dans
des coffres concernaient ordinairement des affaires plus récentes
ou d'ordre différent de celles pour lesquelles on avait déjà pris
cette mesure conservatoire; mais, dans bien des cas aussi, des
sacs tirés des coffres pour un motif quelconque n'avaient pas été
replacés. De semblables négligences eurent pour résultat de faire
classer dans la seconde série des documents qui auraient dû être
réunis dans la première à d'autres documents du milieu desquels
on les avait extraits. Tel qu'il est, ce classement dure encore à
présent : les divisions Layettes et Registres ont conservé leurs
anciennes appellations. Quant aux Sacs, dont le nom est depuis
longtemps oublié, je démontrerai plus loin qu'ils forment mainte-
nant le Supplément du Trésor des chartes.
Restait à mettre en ordre les matières classées dans chacune
de ces séries. Dupuy et Godefroy s'occupèrent d'abord de celles
que comprenait la première : Coffres et layettes. « L'ordre, »
est-il dit dans le Traité des droits du Roy\ « y fut mis tel qu'il
« est aujourd'hui, où l'on voit les layettes mises en bon ordre
« par les Douze gouvernements , puis les Affaires étran-
« gères, les Personnes et les Mélanges. » Le cadre de classe-
ment qu'ils arrêtèrent se trouve dans un Etat sommaire dont
j'aurai plus loin l'occasion de parler. Etat rédigé certainement à
cette époque par Dupuy, mais dont je ne connais que des trans-
criptions postérieures^. Les matières y sont groupées selon les
quatre catégories énumérées ci-dessus ; mais les divisions entre
elles ne sont point marquées, et l'on voit par les intitulés que
1. Édition de 1655, p. 1013.
2. Bibl. nat., coll. Dupuy, vol. 25, et fr. 14009.
SUR LE TRESOR DES CHARTES. ^ 29
l'ordre des trois dernières est renversé : les Mélanges y précèdent
les Personnes, tandis que les Affaires étrangères ne viennent
qu'en dernier lieu. Lors de la rédaction de l'inventaire, ces trois
catégories furent plus ou moins confondues sous la rubrique
générale Mélanges, sous laquelle elles sont toutes comprises
aujourd'hui.
On a souvent cité la rédaction originale de l'inventaire; Teu-
let, dans le tome I de ses Layettes du Trésor des chartes, en
a reproduit le sommaire*, mais on n'en a pas, que je sache, publié
de description détaillée. Quelque fastidieuse que soit une sem-
blable description, on me pardonnera de la donner ici, car elle
pourra servir de terme de comparaison pour l'examen des nom-
breuses copies de l'inventaire éparses dans les bibliothèques
publiques ou privées. Presque toutes dérivées de cet exemplaire,
ces copies portent souvent, outre leur pagination particulière,
une pagination marginale qui n'est autre que celle de la rédac-
tion originale. Conservé à la Bibliothèque nationale sous les
numéros 162 à 169 et 171 de la collection Dupuy, écrit de la
main de ce grand érudit et de celle de Théodore Godefroy, l'in-
ventaire primitif se compose de sept volumes petit in-folio, d'un
volume de tables de ces sept tomes, et d'un huitième volume rédigé
plusieurs années après les précédents.
Volume I (Dupuy, ^62). — ParU et Orléans^ 7 feuillets, A à F,
-|- 308 pages.
Fol. A. « Vol. I. IIP. Dupuy. »
Fol. G. Extrait de l'arrêt du Conseil ordonnant la confection de
l'inventaire, suivi de cette mention autographe de Dupuy : « En con-
« séquence de l'arrest cy-dessus nous, Théodore Godefroy et Pierre
a Dupuy, avons commencé à travailler à l'inventaire du Trésor, ce
a premier juin mil six cens quinze.
a p. DUPCÏ. »
Fol. E. Table des titres de l'inventaire des layettes Paris, avec
renvoi aux pages.
Pages \ à U7. Analyses des layettes Paris.
L'inventaire de la layette Êtampes II, au lieu d'être transcrit à la
suite de celui à'Étampes l (p. 63 à 64), est copié après celui de
Valois III [^. J24).
1. P. lix à Ixiij.
^1897 9
-130 LES TRAVAUX DE DCPDT
Pages ^48 et ^49 vacantes.
Page -J-il, table des titres des lavettes Orléans.
Pages 4 52 à 368, analyse des layettes Orléans.
Volume II (Dupuy, -163). — Champagne^ tout entier de la main
de Godefroy, 338 pages.
Titre : « Vol. II || Champagne \\ ci3 id cxxii H P. Dupuy. »
Page \ . Tai)le des titres des layettes Champagne^ de la main de
Dupuy.
Pages 2 à 338. L'inventaire de Champagne X/F, titre substitué à
Champagne dans un sac, est transcrit, non à la suite de Chain-
pagne XII [ (p. 288), mais à la fin du volume (p. 325).
Volume III (Dupuy, -164). — Normandie^ Picardie et Bretagne^
304 pages.
Titre : « Vol. III || craiDcxxi || P. Dupuy. » Après le litre, une
table des intitulés des layettes Normandie^ de la main de Godefroy.
Pages \ à -12-1. Analyse des layettes Normandie^ de la main de
Godefroy, pages -127 à 245. Analyse des layettes Picardie, de la main
de Godefroy, sauf les pages 235 à 238 ajoutées, après coup, par
Dupuy à la layette Boulogne IL
Pages 245 à 304. Analyse des layettes Bretagne, de la main de
Dupuy.
Volume IV (Dupuy, ^65), — Bourgogne, Lyonnais, Dauphiné,
Provence, 289 pages.
Titre : « Vol. IIII \\ cd lo cxxii || P. Dupuy. »
Après le titre, table des intitulés des layettes Bourgogne.
Pages \ à ^9-1. Analyse des layettes Bourgogne, de la main de
Godefroy, sauf les pages -183 à •^9^ {Mdcon à Sens)^ qui sont de la
main de Dupuy. L'ordre n'est pas toujours observé : Chalon-sur~
Saône se trouve entre Bourgogne V et Bourgogne VI (p. 73),
Nevers, entre Bourgogne VI et Bourgogne VII (p. ^ 14).
Volume V (Dupuy, ^66). — Guyenne et Languedoc, 368 pages.
Titre : « Les gouvernemens deGuienne et de Languedoc. || Vol. V
« Il CI3 13 CXXII II P. Dupuy. »
Pages -1 à -1 8. Analyse des layettes Guyenne, de la main de Dupuy.
Pages 2^ à 368. Analyse des layettes Languedoc, de la main de
SnR LE TRÉSOR DES CHARTES. \S^
Dupuy, sauf celle des sacs Toulouse I à XXI, qui esl de la main de
Godefroy.
Volume VI (Dupuy, ^67). — Mélanges^ 5 feuillets, A à E,
-{- sn pages, en entier de la main de Dupuy.
Fol. A. Titre : « Vol. VI || ci3 id cxviii || P. Dupuy. »
Fol. G. à E. Table alphabétique des intitulés des layettes.
Pages \ h^M. Analyse des layettes Élections (aujourd'hui J344)
à Seigneurs d'Albret (aujourd'hui J 478).
Volume VII (Dupuy, IGS). — Mélanges^ 448 pages, en entier de
la main de Dupuy.
Titre : « Vol. VII || cia i3 cxxni || P. Dupuy. » Après le titre, table
alphabétique des intitulés des layettes.
Pages \ à 448. Analyse des layettes Différend de Philippe le Bel
avec Boniface VIII (aujourd'hui J 478) à Serments de fidélité de
plusieurs villes (aujourd'hui J627).
Tables (Dupuy, ^69). — ^33 feuillets, en entier de la main de
Dupuy.
Sur le feuillet de garde « cio id cxxiii |1 P. Dupuy. »
Fol. 'I. « Table de sept volumes des inventaires du Trésor des
ce chartes du Roy. »
Fol. ^^6. Table spéciale des « Noms des archevesques et évesques
« de France. »
Fol. 127. Table spéciale des « Forests. »
Fol. 128. Table spéciale des « Monnoies. »
Fol. 132 v°. Observations sur les systèmes chronologiques.
Fol. 133. « Limites » du royaume d'après les données de l'In-
ventaire.
Volume VIII (Dupuy, \1\). — Mélanges, 203.
Fol. \. Titre : « Vol. VIII || ci3 i3 cxxx || P. Dupuy. »
Fol. 2. Table alphabétique des intitulés des layettes.
Fol. 5 à 102. Analyse des layettes Angleterre (aujourd'hui J 628)
à Suisses II (aujourd'hui J 724), de la main de Dupuy.
Fol. -168 à 184. Analyse du coffre « Pierre de [la] Brosse » (aujour-
d'hui J 726 à 730), de la main de Godefroy.
Fol. 186 à 193. Analyse de la layette Eaux et Forêts (aujour-
d'hui J 731 à J 733), de la main de Dupuy.
\S2 LES TRAVAUX DE DOPCT
Fol. VJ4. Antibes (aujourd'hui J 735), Inventaire original des
litres remis à Jérôme Lliuillier, procureur général à la Chambre des
Comptes, inventaire portant encore le récépissé donné par Dupuy, le
■i*"" décembre J629, au nom du procureur général qui devait déposer
lesdits titres au Trésor.
Fol. 200. « Guichet IX. Sac des titres meslez » (aujourd'hui J 734),
de la main de Dupuy.
On voit, même d'après cette sommaire analyse, que l'inven-
taire paraît avoir été rédigé avec une remarquable négligence de
l'ordre établi par les auteurs eux-mêmes. Sans doute, sur le
feuillet qui précède l'inventaire de chaque gouvernement, Dupuy
copiait en manière de table, et de sa main, la partie du cadre de
classement relative à ce gouvernement; mais les renvois aux
pages inscrits à cette table permettent de constater des interver-
sions ou des écarts qui ne peuvent être attribués qu'au peu de
soin des rédacteurs ; on a pu en remarquer plusieurs en lisant la
description des cinq premiers volumes. Dans les Mélanges, les
interversions se multiplient au point de ne plus laisser subsister
rien du cadre établi d'avance, et le désordre résultant des négli-
gences de l'inventaire original s'est maintenu jusqu'à nos jours.
Du reste, les auteurs de l'inventaire semblent n'avoir pas eu
eux-mêmes une notion bien nette des limites entre lesquelles se
trouvait comprise la catégorie des Mélanges. Après avoir livré
sept volumes de l'inventaire des Layettes, soit les cinq volumes
des Gouvemetnents parus de 1620 à 1622, et deux volumes de
Mélanges, l'un en 1618, l'autre en 1623, ils donnèrent, en cette
dernière année, un volume de tables des sept volumes achevés
qu'ils semblaient désigner de la sorte comme formant un tout
complet* et ne produisirent le huitième volume, contenant le reste
des Mélanges, qu'en 1630.
D'une note inscrite en tête de certaines copies de l'inventaire
et publiée récemment dans la Bibliothèque de l'École des
chartes^ d'après un exemplaire appartenant à M. Teilhard de
1. Certaines copies de l'inventaire, telles que l'exemplaire de service de la sec-
lion historique (ancien JJ 583), ne comprennent que sept volumes et ne con-
tiennent pas l'inventaire des matières analysées dans le huitième tome de
l'exemplaire original.
2. Année 1896, p. 541.
SUR LE TRESOR DES CHARTES. ^33
Chardin, on peut tirer d'utiles renseignements sur les premières
copies exécutées par Dupuy ou sous sa direction. L'éditeur de
cette note n'avait su à qui l'attribuer; les mentions que l'on peut
relever sur les titres d'un autre exemplaire où elle figure égale-
ment' permettent de conclure d'une façon certaine qu'elle est
d'un M. de Verthamon, sans doute François de Verthamon, sei-
gneur de Bréan, maître des requêtes. D'après lui, ces premières
furent au nombre de trois :
1" L'exemplaire original écrit de la main de Dupuy et de celle
de Godefroy. C'est celui qui forme les vol. 162 à 169 et 171 de la
collection Dupuy et qui a été décrit ci-dessus.
2" Une copie écrite de la main de Dupuy, et de celle de Gode-
froy, reliée en veau, aux armes et au chiffre de Louis XIII,
laquelle fut cédée par les rédacteurs au cardinal de Richelieu.
Elle est arrivée avec les manuscrits de la Sorbonne à la Biblio-
thèque nationale, où elle porte dans le fonds français les n"^ 23166-
23181 et non pas, comme on l'a dit^, les n°« 21096-21103.
3" Une autre copie d'une autre main, « fort bien escrite et cor-
« recte, reliée en veau, » prêtée par Dupuy en 1648 à M. de
Verthamon.
Mais il paraît que, de son côté, Godefroy possédait un exem-
plaire dont la disposition était très différente. On voit en effet à
la fin du ms. fr. 21103 une « table de l'inventaire des titres du
« Trésor des chartes de M. Godefroy, dont les volumes sont en
« un autre ordre que ceux de Monsieur Dupuy. » Cette table est
malheureusement rédigée d'une façon assez incohérente; on en
peut cependant reconstituer une assez grande partie pour recon-
naître que l'inventaire de Godefroy était partagé en quinze
volumes et que l'ordre des matières était assez semblable à celui
d'un exemplaire en onze volumes conservé aux Archives natio-
nales sous les cotes JJ 290 à 300, pour qu'on puisse considérer
celui-ci comme l'un de ses dérivés. Cet exemplaire, qui paraît
être du xvii® siècle, est ainsi composé :
Volume I (.JJ290). — Paris et Orléans. En tête se trouve Irans-
crit l'État sommaire dont il a été question plus haut.
1. Cet exemplaire est conservé à la section historique des Archives nationales
(ancien JJ 585).
2. Bibliothèque de l'École des chartes, 1896, p. 541.
-(34 LES TRAVAUX DE DUPDY
Volume II (3J29i). — Normandie, Picardie, Bretagne, Cham-
pagne.
Volume m (JJ292). — Bourgogne, Lyonnais, Dauphiné, Pro-
vence, Guyenne.
Volume IV (JJ 293). — Languedoc.
Volume V (JJ294). — Mélanges. Ce volume n'est pas folioté,
mais il porte en marge une pagination (I à 288) qui n'est pas celle
de l'exemplaire original de Dupuy.
Élections à Traités avec les Empereurs d^ Allemagne (aujour-
d'hui J344 à 386).
Empereurs d'Allemagne IV (aujourd'hui J6^0 à 6-12).
Transactions entre les particuliers à Templiers I (.1 387 à 443).
Manquent les analyses de Templiers H et Fil., et iVAutriche et
Danemark (J 414 à 418). On aura sans doute omis de transcrire les
feuillets 289 à 34 2 de l'original, car le volume suivant commence
au fol. 343.
Volume VI (JJ 295). — Mélanges. La pagination marginale du
volume précédent se continue dans ce volume, fol. 313 à 537.
Bulles d'or à Suisses / (J 4-19 à 472).
Suisses II (J 724 à 725) .
Quittances à Seigneurs d'Albret (J 473 à 477).
Lorraine à 3Ietz (J 579 à 580).
Tout et Verdun (J 583 à 584).
Bar (J584 à 582).
Jean., comte de Sarrebriick (J 578) .
Brochard de Fenétrange (J 5-14).
Châtel-sur-3Ioselle [i ^86).
Volume VII (JJ 296) . — Italie, Espagne, Savoie, Pays-Bas. Il n'y
a plus de pagination marginale.
Italie. XeowZ(J 576).
— Royaume d'Italie (J 495).
— Gênes {iÂ97).
— Savoie (J 501 et 502).
— Saluées [S 609).
— Venise [J A9A) .
— Florence (J503 et 504).
1 . « Cette layette étoit obmise, » est-il dit dans le manuscrit.
SDK LE TRESOR DES CHARTES. 435
Italie. Ferrare, Mantoue, Montf errai ^ Naples, Caramarjna (J 508).
— Sicile {ioW à 5^3).
Espagne. Casiille (J 599 à 606).
— Arragon (J 587 à 595).
— Navarre [J6i3k6i9).
— Portugal {io97).
— Roussi/ Ion et Cerdagne (J 596).
— Majorque (J 598) .
Pays-Bas. Hainaut à Namur (J 5-19 à 53^).
— Tournai (J 607).
— Luxembourg {] %(i^].
— Flandre (J 532 à 575).
Volume VIII (JJ 297). — Angleterre, Ecosse, Ducs de Bourgogne
et Maison d'Autriche.
Angleterre I à XIX (J 628 à 652).
— Lettres sans dates (J 655).
— Bulles (J653).
— Rôles sans dates (J 654).
— Registre (J 656).
Ecosse (J676 à 680).
Espagne (J 657 à 675).
Volume IX (JJ 298). — Diverses matières.
Hotnmages (J620 à 626).
Serments de villes (J627).
Différend avec Boniface VI H (J 478 à 493).
Schisme fJ 515 à 518).
Lorraine II [S 68i).
Dissolutions de mariage (J 682).
Bulles (J683 à 716).
Pierre de la Brosse (J 726 à 730).
Eaux et forêts (J 731 à 733).
Antibes (J735).
Titres mêlés (J 734).
Volume X (JJ 299). — Inventaire des titres « de Tancien domaine
« de Navarre estant dans la Chambre des comptes de la ville do la
a Ferre » fait en ^640 par J.-B. Picard, intendant en la généralité
de Soissons.
^36 LES TRAVAUX DE DDPUT
Ces titres ne sont point, comme on pourrait le croire, relatifs à la
Navarre, mais bien aux domaines que Henri IV tenait de son arrière-
grand'mère, Marie de Luxembourg, comtesse de Saint-Pol, Gonver-
san, Marie, Soissons, vicomtesse de Meaux, dame d'Enghien,
Dunkerque, Gravelines, Ham, la Roche, Bohain et Beaurevoir, et
châtelaine de Lille.
Volume XI (JJ300). — « Inventaire des titres de Lorraine, du
« Barrois et deséveschez de Metz, Toul et Verdun, qui sont dans six
« coffres rapportés de la Motte à Nancy l'an mil six cent trente-quatre,
« depuis transportez dudit Nancy à Paris l'an mil six cent trente-cinq,
« et mis au Trésor des chartes du Roy à la Sainte-Chapelle. »
Cet inventaire des six coffres est, ainsi que le dit Dupuy dans le
Traité des droits du Roy^ l'œuvre de Godefroy et sa présence dans
l'exemplaire JJ 290 à 300 vient confirmer la présomption que celui-ci
dérive de l'exemplaire particulier de ce grand érudit, exemplaire vite
oublié, car tous les inventaires des Layettes du Trésor qu'il nous a
été donné de voir chez les particuliers ou dans les dépôts publics
proviennent plus ou moins directement de celui de Dupuy.
Bien que les rédacteurs de l'inventaire des Layettes aient encore
continué leurs travaux durant de longues années, ils ne semblent
pas s'être occupés d'analyser en détail les autres parties du Tré-
sor des chartes. Cependant, sans parler des Registres, un grand
nombre de pièces restaient à décrire. Quelles étaient ces pièces?
Où se trouvent-elles aujourd'hui? C'est ce qui fera la matière du
chapitre suivant.
II.
Certains passages du Traite des droits du Roy de Dupuy ne
laissent aucun doute sur l'existence au Trésor des chartes de
documents autres que ceux que l'auteur a décrits dans son inven-
taire. Peignant l'extrême désordre dans lequel il a trouvé les
archives royales, « les titres, dit-il, étant confus et épars par
« la place, une partie des layettes estoit brisée, aucuns des coffres
« et layettes pourries et les titres aussi, la pluye ayant pénétré
« partout, faute de n'avoir été pris garde aux couvertures. Donc,
« la première chose qui fut faite fut de séparer les titres gastez
son LE TRESOR DES CHARTES. ^137
« et demy-pourris et ordonner ceux qui estoient restez...'. »
Dans cette opération du triage, il a pu se faire qu'outre les titres
« gastez et demy-pourris, » des pièces n'aient pas trouvé leur
place dans le nouveau classement; que sont devenues ces pièces?
N'en rencontrerait-on pas un certain nombre dans le Supplément?
D'ailleurs, les documents du Trésor des chartes étaient loin
d'être au complet; ceux que l'on avait dû consulter ou produire
dans des contestations où se trouvaient engagés les intérêts du
roi étaient bien rarement revenus prendre leur place à la Sainte-
Chapelle. Après l'achèvement de l'inventaire de Dupuy, Mathieu
Mole, qui avait eu l'initiative de cet utile travail, fit rapporter
« dans le Trésor une grande quantité de papiers assez importans
« qui furent trouvez chez Monsieur le procureur général de la
« Guesle^, et fallut emplover beaucoup de temps pour les ordon-
« ner et mettre dans des sacs où furent mises les étiquettes, et
« c'est ce qui a rempli une partie de la grande armoire de qua-
« rante-deux guichets, et, quoy que l'inventaire exacte ne soit
« faite desdits sacs, les étiquettes peuvent servir de sommaire
« inventaire... 3. » Avant de démontrer, comme j'espère le faire
tout à l'heure, que le contenu de cette armoire a été le noyau du
Supplément, je me bornerai à faire remarquer que Dupuy le
mentionne avant ce qu'il rapporte des titres de Mercurol, c'est-
à-dire à la place même que le Supplément occupe encore aujour-
d'hui dans le classement des Archives nationales.
D'autres titres du Trésor des chartes rentrèrent bientôt dans
le chartrier royal, mais sans être l'objet d'aucune addition au
grand inventaire de Dupuy ; ce furent ceux que Dupuy lui-même
alla chercher en 1621, par l'ordre du roi, à Troyes, « sur l'avis
« que l'on eut du decez de M. François Pithou et qu'il avoit
« quelques papiers publics dont le Roy pourroit avoir besoin. Il
« en apporta quelques-uns qu'il mit entre les mains de Monsieur
« Mole, procureur général, qui luy en bailla une déchargea »
1. Dupuy, Traité des droits du Roy, éd. de 1655, p. 1013.
2. C'était ce magistrat qui avait achevé de mettre le désordre dans le Trésor
des chartes en obtenant la réunion de la charge de garde de ce dépôt à celle de
procureur général.
3. Dupuy, Traité des droits du Roy, p. 1013-1014.
4. Jbid., p. 1014. — François Pithou paraît en outre avoir rendu do son
vivant certains papiers coacernant les « limites de Picardie, » qui formaient
•(38 LES TRAVAUX DE DOPUT
Enfin, il y a déjà longtemps que l'on a constaté, dans le Supplé-
ment, la présence de pièces provenant du chartrier des ducs de
Lorraine et qui sont aujourd'hui en déficit à Nancy*; c'est encore
Dupuy qui nous en explique l'origine : « Le roi, dit-il, ayant
« conquis la Lorraine, le sieur Godefroy fut envoyé à Nancy pour
« visiter les titres et chartes du païs, avec ordre d'apporter à
« Paris ce qu'il jugeroit à propos pour le service de Sa Majesté.
« A quoy il travailla fort utilement et judicieusement, ayant,
« après une longue reveue et exacte, fait apporter à Paris six
« grands coffres de titres originaux et quelques registres concer-
« nant les duchez de Lorraine et de Bar, Mets, Toul et Verdun
« et de toutes les seigneuries dont les ducs de Lorraine estoient
« en possession. » Godefroy fit des inventaires pour le cardinal
de Richelieu, le chancelier et le procureur général, « mais, »
ajoute Dupuy, « il n'y en a point dans le Trésor où les six
« coffres furent portez et y sont encore à présent^. » Enfin,
on a vu plus haut qu'une copie de cet inventaire complétait celui
des Layettes dans l'exemplaire particulier de Godefroy. Quant aux
six coffres déposés à Paris depuis 1635, ils ne furent jamais ren-
dus, pas même lorsque, après le traité de Ryswyk, on restitua
au duc de Lorraine celles de ses archives qui avaient été portées
à Metz en 1670».
Il résulte de ce qui précède que, même à l'époque de Dupuy,
le Trésor des chartes renfermait une masse considérable de docu-
ments autres que ceux dont ce savant nous a laissé l'inventaire.
Cette masse de documents a formé depuis le fonds appelé aujour-
d'hui Supplément du Trésor des chartes, fonds dont les pièces rap-
portées de chez le procureur général La Guesle et déposées dans
l'armoire à quarante-deux guichets ont été le noyau. Tel est le fait
qu'un texte positif vient pleinement confirmer. J'ai eu la bonne
l'article 5 du v° guichet dans un inventaire de l'armoire à xlii guichets dont
il sera question plus loin.
1. Notre confrère M. Paul Marichal, dans ia notice approfondie qu'il a récem-
ment consacrée à la Collection de Lorraine à la Bibliothèque nationale (Nancy,
1896, in-S", p. 28, n. 2), a signalé la présence de ces pièces dans les car-
tons J 913, 932, 981 à 986, 988, 989 a et 989 b.
2. Dupuy, Traité des droits du Boy, p. 1015.
3. Voy. la brochure déjà citée de M. Marichal, p. 30 et 27.
SUR LE TRESOR DES CHARTES. ^ 30
fortune de rencontrer aux Archives nationales' une grande feuille
divisée en quarante-deux paragraphes dont les titres rappellent
beaucoup, à première vue, ceux du Trésor et du Supplément.
D'ailleurs, les mots Quarante-deux guichets inscrits au dos
suffisaient à éloigner toute incertitude; c'était l'inventaire ou,
pour employer des expressions plus rapprochées de celles de Dupuy ,
le relevé des étiquettes des sacs occupant la précieuse armoire.
Deux guichets (xl et xli) étaient restés vides ; six autres (i, u, m,
VIII, XX et xxviii) contenaient des registres royaux ; un neuvième
(xxxiv) renfermait des documents du Trésor des chartes propre-
ment dit concernant le Grand Schisme^; enfin, dans un dixième
(xrv) se trouvaient des terriers de Calais et du Pays reconquis^;
mais, quelque sommaires que soient les intitulés du reste, il n'est
pas difficile d'y reconnaître les matières du Supplément. Cette
identité est encore démontrée par un fait matériel : on retrouve
dans plusieurs cartons les étiquettes mêmes dont il est fait men-
tion dans le Traité des droits du Roy. Ce sont des fragments
de parchemin portant des intitulés répétés sur la grande feuille
des xLii guichets, et souvent aussi le numéro du guichet inscrit
de la main de Dupuy.
L'armoire principale était probablement insuffisante à conte-
nir tous les articles non inventoriés par Dupuy ; car le relevé de
son contenu est suivi, dans la feuille que je viens de décrire, de
celui des pièces remplissant « quatre grands sacs en l'armoire
« derrière la porte. » Ces pièces font également partie du Supplé-
ment où j'ai pu les retrouver dans les cartons J 762-765,
780, etc.
Telle qu'elle est, cette longue feuille constitue le premier inven-
taire de la seconde des trois divisions du Trésor établies -par
Dupuy et Godefroy. En effet, bien qu'il semble avoir renoncé à
donner des trois séries un inventaire détaillé semblable à celui
qu'il avait déjà donné des Layettes, Dupuy voulut tout au moins
faire connaître au public l'ordre qu'il avait introduit dans les
archives royales. C'est dans ce dessein qu'il rédigea un État som-
maire aujourd'hui conservé dans le vol. 25 de la collection Dupuy,
1. J1165, n' 57.
2. Ces documents occupent aujourd'hui les cartons J515 à 518.
3. Aujourd'hui KK 1095 à 1097.
J40 LES TRAVAUX DE DUPUY
OÙ il porte ce titre écrit de la main de l'auteur : « Inventaire des
« laiettes, coffres, registres, mémoires et sacs ainsi qu'ils ont esté
« ordonnez et rangez par les s""^ Dupuy et Godefroy du temps de
« Monsieur le procureur général Mole et comme encore ils sont
« en la présente année 1650. » Cet État sommaire est encore
transcrit au début ou à la fin de quelques copies de l'inventaire
des layettes. Il est, conformément au classement que j'ai indiqué
au début, divisé en trois séries, Coffres et layettes, Sacs et
Registres, dont la seconde, subdivisée en guichets, n'est pas
autre chose que la répétition de la feuille J 1165, n°57; on y voit
même figurer les « quatre grands sacs en l'armoire derrière la
« porte. » L'identité du Supplément actuel avec les Sacs est donc
absolument démontrée. Il serait à souhaiter que l'ancienne déno-
mination vînt reprendre entre celles des Laj^ettes et des Registres
la place de l'appellation « Supplément » dont je n'ai pas trouvé
d'exemple avant 1836 et qui a fait généralement prendre pour
une annexe cette partie intégrante du Trésor des chartes.
Dans le vol. 25 de Dupuy, l'État sommaire est précédé d'une
notice sur le Trésor reproduite dans le Traité des droits du
Roy^ et suivi d'une table alphabétique de manière à former un
ouvrage sans doute destiné à être publié. J'ignore si cet ouvrage
fut jamais imprimé; mais il fut recopié de la main de Dupuy en
un petit volume « pour mettre au Trésor des chartes, » ainsi que
l'indique une apostille ajoutée au titre. Ce petit volume porte
aujourd'hui le n"* 14009 du fonds français à la Bibliothèque
nationale.
Le classement de Dupuy se ressent de la hâte avec laquelle il a
été établi ; j'ai déjà signalé certaines irrégularités dans l'ordre des
layettes; dans la série des Sacs, un même guichet contenait sou-
vent les matières les plus diverses. En réalité, cette série aurait
dû n'avoir qu'un caractère provisoire, et les matières qui la com-
posaient auraient dû être peu à peu. rapprochées des matières
semblables contenues dans les Layettes. Elle allait au contraire
toujours en s' accroissant, non seulement par l'entrée de nouveaux
fonds, mais même par la rentrée de pièces du Trésor inventoriées
par Dupuy, qui, une fois sorties de leur place pour servir de
preuves dans des débats judiciaires ou autres, étaient trop souvent
1. Édition de 1655, p. 1005.
SIR LE TRÉSOIl DES CHARTES. ^4^
jetées, à leur retour, sur la première table venue en attendant
une réintégration rarement opérée. On ne tarda pas à sentir les
inconvénients d'un pareil état de choses.
Durant le xvni* siècle, à une époque qu'il est difficile de déter-
miner, mais qui se place entre 1717 et 1776, l'auteur anonyme
d'un Mémoire sur l'état du Thresor des Chartres et sur le
travail qu'il serait nécessaire d'y faire ^ dit qu'il y avait
alors « une immense quantité de pièces pour la pluspart origi-
« nales et revêtues de leurs sceaux; elles sont renfermées dans
« des armoires, dans des tiroirs et dans des malles dont on n'a
« jamais fait d'état ; elles sont par conséquent inutiles au Roy et
« au public, puisqu'elles sont ignorées 2. » Pour remédier à cet
état de choses, le môme auteur proposait de les classer confor-
mément à l'inventaire de Dupuy. « Il faudra, écrivait-il, diviser
« toutes ces pièces suivant les provinces auxquelles elles doivent
« appartenir, conformément au plan de MM. Godefroy et Dupuy,
« afin de pouvoir, par la suite, faire cadrer ce nouveau plan avec
«le premier^. » L'auteur du Mémoire, ignorant sans doute
l'existence de l'État sommaire, allait jusqu'à s'imaginer que le
défaut de temps avait seul empêciié Dupuy de les inventorier ■•.
Les idées qu'il exprimait pourraient bien avoir été le point de
départ d'une tentative de refonte du Trésor des chartes restée
jusqu'à présent tout à fait inconnue. Deux exemplaires de l'in-
ventaire de Dupuy, identiques l'un à l'autre, tous deux d'une
écriture qui les fait remonter à la première moitié du xvm" siècle,
tous deux conservés dans les bureaux de la section historique
(anciens JJ 584 et JJ 534-543), se distinguent des autres en ce
qu'on a essayé d'y fondre les matières des Sacs avec celles des
Layettes. Le fait que des emprunts à cette rédaction, intercalés
dans des copies de la rédaction ordinaire, sont dits provenir de
« l'exemplaire de M. le procureur général, » me donne à croire
que cette refonte aura sans doute été accomplie sous la direction
du procureur général Joly de Fleury, qui fit entreprendre sur le
1. Ce mémoire est conservé à plusieurs exemplaires parmi les papiers du
secrétariat des Archives nationales.
2. Mémoire cité fol. I.
3. Ibid., fol. 5.
4. Ibid., fol. 2 V».
|/(2 LES TRAVAUX DE DUPIY
Trésor des chartes des travaux considérables dont la trace se
retrouve dans ses collections, aujourd'hui déposées à la Biblio-
thèque nationale.
Bien que cette fusion n'ait pas été effectuée ailleurs que sur le
papier, les Sacs, tout en continuant à former une série distincte
de celle des Layettes, restèrent conservés dans le même local et
subirent les mêmes vicissitudes. Dans l'une comme dans l'autre,
le désordre allait toujours en augmentant, et il n'y eut pas jus-
qu'aux travaux de dépouillement et d'inventaire entrepris sur
l'initiative de Daguesseau, qui ne contribuassent à multiplier les
causes de désorganisation. Le titre que portent encore aujourd'hui
les cartons J 1035 à 1040 témoigne d'une négligence qui n'a pas
été réparée depuis bientôt deux siècles : « Titres retirés des sacs
« du Trésor par M. Rousseau, auditeur des Comptes, l'un des
« commissaires pour la table des Registres du Trésor des chartes,
« et qui n'ont pas été replacés depuis sa mort en 1720. » Retirés
postérieurement à la rédaction de l'inventaire de Dupuy, où j'ai
retrouvé la mention de beaucoup d'entre eux, notamment dans
les layettes aujourd'hui cotées J 404, 457, etc., ces documents
faisaient, lors d'un récolemeut opéré en l'an IX, partie d'une
série de « titres mêlés et déplacés à rétablir, » qui ne comptait
pas moins de trente-un cartons.
De plus, le Trésor entier dut être déplacé. Depuis saint Louis,
il occupait, dans un bâtiment dépendant de la Sainte-Chapelle,
deux pièces superposées : « L'une, dit Piganiol de la Force, est
« couverte d'une voûte gothique et a servi autrefois de chapelle,
« ce qui paroissoit par un marchepied d'autel que Sauvai dit
« avoir vu, sans parler des autres marques. Les croisées en sont
« grillées par de gros barreaux de fer et les murs couverts d'ar-
« moires et de layettes où se mettent les chartes et les registres...
« La chambre qui est au-dessus est couverte d'un comble de
« charpente et bordée d'un côté de tiroirs où peut-être il n'y a
« pas moins de titres que dans la première*. » Dans la pièce supé-
rieure se trouvaient les Registres ; dans la seconde, les Laj ettes
et les Sacs renfermant les chartes. En outre, un pêle-mêle de
documents non classés encombrait l'une et l'autre. Aussi l'auteur
du Mémoire anonyme déclarait-il tout travail de classement et
1. Piganiol de la Force, Description de Paris, éd. de 1765, II, p. 30.
SUR LE TRESOR OES CHARTES. ^43
d'inventaire impossible avant que le Trésor fût transporté clans
un logement plus vaste qu'il proposait de chercher dans le « nou-
« veau plan des bâtiments du Louvre*. »
Dupuy avait déjà constaté les ravages que, « faute de n'avoir
« esté pris garde aux couvertures, » l'eau avait faits parmi les
chartes ; l'incendie de 1776 montra de quels dangers le feu les
menaçait. Aussi, lors de la reconstruction d'une partie des bâti-
ments du Palais qui suivit cet incendie, édifîa-t-on pour les rece-
voir, « dans les nouveaux bâtiments, à gauche des salles des
« Requêtes du Palais, au premier étage, deux salles l'une au-des-
« sus de l'autre, dont les planchers inférieur et supérieur étaient
« voûtés en pierre^ » — « Entre les deux était, sur un escalier,
« une croisée qui éclairait le haut des armoires de la salle basse
« et sur lesquelles était rangée la plus grande partie des registres
« du Trésor^. » La disposition analogue du nouveau local per-
mit, lors du transport qui eut lieu en 1783, de conserver la
même distribution que dans l'ancien dépôt. Malgré cette précau-
tion, le désordre avait peut-être augmenté durant les dernières
années de l'Ancien Régime. Dans la chambre inférieure, « le
« bureau et les tablettes ménagées dans les embrasures des croi-
« sées étaient couverts des inventaires, de cartons et de coffres
« dont la plupart contenaient ou des objets auxquels on n'avait
« assigné aucun ordre particulier ou des pièces qui, ayant été
« tirées soit des Registres, soit des Layettes, n'y avaient pas été
« replacées. On voyait même quelques-unes de ces pièces dépo-
« sées dans une espèce de serre-papier, sans être enfermées dans
« des cartons. Les armoires de la chambre supérieure contenaient
« une grande quantité de sacs renfermant des pièces dont l'exa-
« men, le triage ni l'inventaire n'avaient jamais été faits^.. »
La Révolution mit le comble à ce désordre. « Lors de l'éta-
1. Mémoire cité fol. 4 v.
2. Rapport de Camus, en date de nivôse an VI, publié à la suite du Rapport
adressé à S. E. le minisire d'État par M. Félix Ravaisson (Paris, Panckoucke,
1862, p. 268). Un plan de ces deux salles se trouve à la fin d'un exemplaire du
Rapport fait en frimaire an VI par le Bureau du triage des titres sur le
Trésor des chartes, conservé aux Archives nationales (J 1165, n" 58).
3. Rapport fait en frimaire an VI par les membres du Bureau du triage,
fol. 2 v°. Ce passage a été publié par Bordier, les Archives de la France, p. 145.
4. Rapport de Camus, p. 269.
-144 LES TRAVADX DE DUPUI
« blissemeut du tribunal criminel créé par la loi du 17 août 1792*
« et qui devoit tenir ses séances dans un auditoire voisin du
« Trésor, on eut un besoin prompt de la pièce qui en formoit la
« partie supérieure. On auroit pu descendre les papiers qui
« étoient dans la salle haute, mais on les jeta dans la salle infé-
«f rieure par la fenêtre de l'escalier de communication. Il en
« résulta que tous les registres qui étoient en face de cette fenêtre
« furent entraînés dans la salle inférieure. Cette salle présentoit
« elle-même un désordre ancien. Son plancher étoit tellement
« encombré de sacs, de coffres, de boëtes, de registres et de
« papiers qu'il étoit impossible d'y mettre le pied'-. »
Tel était l'état déplorable dans lequel se trouvait le Trésor des
chartes lorsque les membres du Bureau des Monuments, après en
avoir recules clefs, au mois d'août 1792, des mains de Desienne,
ci-devant substitut de Joly de Fleury^, allèrent le reconnaître en
novembre de la même année. Les membres du bureau du Triage
des Titres, successeurs de ceux du Bureau des Monuments, détour-
nés par « des opérations plus instantes en elles-mêmes ou pour le
« service public, » n'avaient pas encore eu le temps d'ordonner
ce chaos ni même d'examiner les matières qui y étaient enfouies^
lorsqu'au mois de prairial an V, ils apprirent que le malheureux
fonds allait être dépossédé de l'unique pièce où on l'avait jeté
en 1792. Le Tribunal criminel la réclamait pour y établir un
greffe. En échange, on avait assigné au Trésor des chartes,
comme demeure provisoire, les salles composant la sacristie de la
ci-devant Sainte-Chapelle =; mais ce n'était plus là l'ancienne
sacristie où ces documents avaient reposé pendant cinq siècles ;
t. El non pas, comme le dit Teulet {Lay elles du Trésor des Charles, t. I,
inIroducUon, p. sxij, col. 1), du « Tribunal révolutionnaire, » qui ne fut créé que
l'année suivante.
2. Rapport des membres du Bureau du triage des titres, en frimaire an VI,
cité par Bordier, p. 145.
3. Môme rapport, fol. 2, note marginale.
4. C'est, du moins, ce qui résulte des observations de l'un d'entre eux con-
servées parmi les papiers du secrétariat. L'auteur n'est désigné que par la
phrase finale : « Telles sont les idées et les observations du citoyen B. » Mais
des analogies d'écriture m'ont j)ermis de reconnaître que cette initiale dési-
gnait J.-B. Berger, ancien aumônier des Mousquetaires, plus tard secrétaire
commis à la section historique.
5. Rapport de frimaire an VI, fol. 3 v°.
SCR LE TRESOR DES CHARTES. -145
disparue sous Louis XYI, lors de la reconstruction des bâtiments
de la Cour du Mai, elle avait été remplacée par trois salles de
plaiii-pied, qui ont fait partie plus tard des locaux affectés à la
section judiciaire des Archives nationales et que l'on peut facile-
ment reconnaître sur un plan de cette section dressé sous le gou-
vernement de Juillet'. Encore cet abri faillit -il manquer au
Trésor des chartes; la direction des domaines du département de
la Seine avait en effet reçu l'injonction de faire évacuer les locaux
de la Sainte-Chapelle pour les mettre en location. Contre-ordre
fut donné, car, dès le 21 prairial an V, l'architecte du Palais,
Giraud, adressait à Camus un projet non seulement d'installation
du Trésor à la sacristie, mais d'aménagement général de la
Sainte-Chapelle qu'il proposait de convertir en « dépôt pour les
« archives de la nation, » en ouvrant une porte sur la galerie
Mercière 2,
La nouvelle installation ne pouvait pas d'ailleurs s'exécuter
aussi vite qu'on le demandait. La réclamation du Tribunal avait
beau être pressante, <' il étoit impossible de déplacer le Trésor
« des chartes sans y ajouter un désordre qui en auroit occasionné
« la perte absolue ; » il était donc indis})ensable de remettre les
documents dans un ordre quelconque avant de procéder à leur
enlèvement, et le Bureau dut se créer <^ une méthode pour tra-
« vailler à cette opération. »
« Une partie de cette méthode étoit préparatoire, Tautre étoit
« d'exécution. »
« Le Bureau a rempli la première en consultant, à la Biblio-
« thèque nationale, les anciens inventaires du Trésor, particu-
« lièrement celui de Dupuy, en étudiant les auteurs qui ont écrit
« sur ce dépôt ou travaillé d'après les titres qu'il renferme, et en
« prenant connoissance des indications qui y sont relatives dans
« les meilleurs catalogues. »
« Le Bureau a rempli la seconde partie de la méthode en appli-
« quant à ses travaux les connoissances qu'il a acquises par la
« première. Il en est résulté qu'ils doivent se diviser en deux
« classes :
« La première classe, contenant ce qui a été inventorié par
1. Arch. nat., série N, Z" classe, n° 725 *.
2. Papiers du secrétariat.
\ 897 -1 0
^46 LES TRAVAUX DE DPPCY
« Dupuy, divisée en cinq parties : la première pour les Registres,
« la deuxième pour les douze anciens Gouvernements de la
« France, la troisième pour les Miscellanea, la quatrième pour
« les Titres à replacer et la cinquième pour les Inventaires.
« La deuxième classe, pour différents objets non inventoriés et
« pour quelques monuments trouvés au Trésor •. »
Cette méthode permit d'établir un ordre provisoire suffisant
pour que le transfert pût s'opérer sans inconvénients. Pour les
registres, la chose était assez facile. Villiers du Terrage et Jouesne,
membres du Bureau, et l'ancien archiviste de Notre-Dame, Pavil-
let, employé au même bureau, furent chargés d'en faire le relevé et
de les disposer immédiatement dans les armoires du nouveau dépôt ^ ;
mais, pour les documents isolés, alors uniformément contenus dans
des sacs, les layettes se trouvant toutes détruites, le travail était
bien autrement compliqué : « La pluspart des sacs ne présentoit
«plus d'étiquetés; quelques-unes étoient illisibles, d'autres
« étoient en blanc. Quel parti [les membres du Bureau] avoient-ils
« donc à prendre? Confronter dans les salles mêmes du Trésor
« chacun des titres avec l'inventaire fait par Godefroy et Dupuy
« au milieu du siècle dernier, faire des états de tout ce qui n'y
« étoit pas compris, c'eût été une opération très longue, incom-
« patible avec les besoins instants du Tribunal. Ils sont conve-
« nus, avec le citoyen Camus, que l'on s'occuperoit des choses
« dans l'état où elles étoient, en mettant le plus d'ordre possible
« dans le déplacement. »
« Alors, les commissaires ont rapproché les sacs dans l'ordre
« de cet inventaire ; ils y ont établi des signes distinctifs ; ils ont
« égallement mis dans un ordre provisoire tous les titres qui
« n'étoient pas inventoriés ; ils ont classé tous les objets et les
« ont distribués dans les armoires du nouveau local du Trésor en
« les étiquetant des mêmes titres qui étoient sur celles de l'an-
« cien dépôt ^. »
La distribution des objets dans le nouveau local peut être faci-
lement restituée sur le plan dont il a été question plus haut, au
moyen des renseignements fournis par un récolement postérieur.
î. Rapport de frimaire an VI, fol. 3 v-4 r".
2. Mt^ine rapport, fol. 4 r'.
3. Même rapport, fol. 49 v°.
SUR LE TRÉSOR DES CHARTES. l-î?
Les Registres étaient déposés dans « la pièce du fond*, » les douze
Goure l'nements dans la « petite sacristie éclairée par le haut^ »
les Mélanges ou Miscellanea dans la « pièce vis-à-vis laquelle
« donne un petit escalier^ » et les Objets non inventoriés dans
la ^< pièce qui conduit à la Sainte-Chapelle, n°^ 3 et 4^ »
Le résultat du travail des commissaires l'ut consigné dans un
rapport qu'ils déposèrent en frimaire an VF'. La partie histo-
rique de ce rapport est pleine de renseignements utiles en ce qui
concerne les opérations du Bureau , mais, dans le tableau qui
l'accompagne, le signalement des articles est presque toujours
trop sommaire pour rendre des services. Les layettes Cham-
pagne, par exemple, qui n'occupent pas aujourd'hui moins de
trente cartons du Trésor et du Supplément, y sont représentées
par cette brève mention : « Champagne, armoire cotée 18 dans
« l'ancien dépôt. Tome II de l'inventaire de Dupuy [armoire du
« nouveau dépôt] 6, — vingt-sept sacs. »
Cependant le rapport, jugé digne d'approbation par Camus, fut
adressé au Corps législatif, qui nomma une commission chargée
de l'examiner. Mais cette commission ne s'acquitta jamais de son
devoir. C'est du moins ce qui résulte d'un nouveau compte-rendu
des travaux du Bureau rédigé en ventôse an VII par un de ses
membres que, d'après son écriture, je crois être Villiers du Ter-
rage, compte-rendu dans lequel les membres déclarent modeste-
ment que, « sans doute, un grand mal a été réparé. Mais,
« disent-ils, tout est à revoir dans ce dépôt pour récoler les titres
« avec les inventaires qui en sont faits et pour le rendre utile à
« la République et aux savants ''. »
Le récolement ne fut achevé qu'au bout de deux autres années,
pendant lesquelles les membres du Bureau ne durent pas rester
inactifs. Le 14 germinal an VII, le ministre des Finances, qui.
1. Récolement de l'an IX, p. 1.
2. Ibid., p. 1.
3. Ibid., p. 23.
4. Ibid., p. 49.
5. Les Archives nationales possèdent plusieurs exemplaires de ce rai>port
parmi les papiers du secrétariat ; mais l'exemplaire le plus complet est celui
qui se trouve à la Section historique (J 1165, n° 58) et qui contient les deux
plans dont il a été question plus haut.
G. Rapport de ventôse an VII (Arch. nat., papiers du secrétariat).
-148 LES TRAVAUX DE DDPDY
paraît-il, ne se trouvait pas suffisamment édifié par les premiers
rapports, en demanda un troisième. Celui qui fut remis en ven-
démiaire an VIII et qui ne diffère pas sensiblement des précédents
fut sans doute la réponse à cette demande*. L'activité des com-
missaires risqua même de prendre une forme dangereuse pour le
Trésor des cliartes. La grande erreur de ce temps, celle qui a
vicié nombre des plus utiles réformes dues à la Révolution, vient
de ce que les réformateurs étaient presque toujours des théoriciens
faisant table rase du passé pour se conformer à je ne sais quel
idéal beaucoup plus souvent qu'aux nécessités pratiques. Nous
en avons un triste exemple dans le classement de nos archives,
où les fonds ecclésiastiques, pour ne citer que ceux-là, ont été
divisés au grand détriment de l'histoire et de la conservation
même des documents, les pièces d'une même série se trouvant
dispersées en diverses catégories d'ordre soi-disant rationnel. Or,
le Trésor des chartes était menacé du même sort, car l'ancien
classement de Dupuy, adopté d'abord par le Bureau, ne l'avait
été qu'à titre provisoire : « On le répète, disaient les auteurs
« du rapport de l'an YI, cet ordre ne fait qu'en attendre un
« définitif. »
Par bonheur, un certain nombre des membres du Bureau
n'étaient pas étrangers aux travaux qu'ils avaient entrepris.
Si, par une concession, peut-être nécessaire, à l'esprit du temps,
ils consentirent à disloquer presque tous les fonds qu'ils
eurent à examiner, si même ils pensèrent un moment à procéder
à un remaniement général du Trésor des chartes, ils comprirent
de bonne heure que celui-là, tout au moins, ne devait être ni
trié ni divisé : « Le triage ne doit point avoir lieu ; dans ce dépôt,
« tout est précieux, rien n'est à supprimer. » Ainsi s'exprimait
dans des Observations manuscrites un des commissaires. Berger,
ancien aumônier des Mousquetaires. 11 y avait encore chez ce
défroqué assez de l'abbé du xviif siècle pour qu'il eût la singu-
lière idée de mêler à la prose de ses rapports administratifs des
vers de sa façon, et quels vers I N'imaginait-il pas de faire parler
le Trésor des chartes !
Peu connu des savants, ignoré du vulgaire,
t. Rapport de veadéraiaire aa VIII, p. 75-76 (Arch. nat., papiers du secré-
tariat).
SrR LE TRÉSOR DES CHARTES. ]/,[)
De riches documents je suis dépositaire;
Mais, pour bien me connoître, il faut de longs travaux,
M'analiser de suite et jamais par lambeaux,
Épuiser un sujet sans changer de matière ;
L'ordre donne du prix et répand la lumière.
Qu'on mette à ce travail des gens laborieux
Qui soient intelligens et toujours curieux,
Que, sans se rebuter, ils s^arment de courage.
Alors la vérité paroitra sans nuage;
Alors on connoitra tant de faits ignorés
Que l'intérêt avoit à l'oubli consacrés,
Et de la liberté goûtant le doux empire.
On aura l'agrément de parler et d'écrire'.
Pour être exprimées en termes souvent étranges, les idées de
Berger, en matière d'archives, ne manquaient pas de justesse.
Sans doute, il déclare qu'il est presque impossible de faire des
recherches dans le Trésor : « C'est, dit-il, une bibliothèque où
« tous les volumes sont placés sans rapprochement, sans distinc-
« tion de formats et de matières ; c'est un gros diamant brute (5zc)
« qui demande un lapidaire habile, qui, par des facettes artiste-
« ment taillées, saura en faire connoître le prix et la beautés »
Pour « en faire connoître le prix et la beauté, » Berger propose,
non un remaniement, mais la rédaction d'un inventaire sur fiches
que l'on pourra, suivant les besoins, disposer dans tel ordre que
l'on voudra.
Les saines idées triomphèrent ; les projets de nouveau classe-
ment furent bientôt abandonnés. Les pièces déjà retirées des sacs
avaient été placées telles quelles dans des cartons'^ ; les commis-
saires se bornèrent sagement à les récoler carton par carton avec
l'inventaire de Dupuy. Le résultat de cette opération, à laquelle
on procédait en fructidor an VIII et qui ne fut terminée qu'en
vendémiaire an IX, fut consigné dans un rapport qui, sous une
forme sommaire, est un modèle de précision où se manifeste la
clarté d'esprit de Camus et l'expérience de PaviUet, l'archiviste
1. Mémoire et observations sur le Trésor des chartes et sur les Archives
nationales, fol. 1 r. Voy. plus haut, p. 144, n. 4.
2. Jbifl., fol. 4.
3. Ibid., fol. 3 V.
^50 LES TRAVAUX DE DUPDY
consommé qui n'y est nommé nulle part, mais dont je crois recon-
naître l'écriture dans l'exemplaire que j'ai employé de préfé-
rence ^ Pour le sujet qui nous occupe, il a une importance capi-
tale, car il nous fixe sur l'état et sur l'emplacement du fonds que
l'on a, je ne sais pourquoi, nommé depuis « Supplément du
« Trésor des chartes. »
Lorsque, après la reconstitution de l'an YI, les commissaires
du Triage entreprirent de comparer le Trésor, tel qu'ils Tavaient
sous les 3-eux, avec l'inventaire de Dupuy-, ils se trouvèrent en
présence d'un grand nombre d'articles qui ne figuraient pas sur
cet inventaire. Sauf soixante-un articles qu'ils ont intitulés
« Objets non inventoriés » et trente-un autres semblant provenir
du Trésor, et qu'ils ont compris sous la rubrique « Titres mêlés
« et déplacés à rétablir, » la plupart furent alors classés, dans les
deux grandes divisions du Trésor, Gouvernements et Mélanges,
et y reçurent même un numéro d'ordre faisant suite à ceux que
portaient déjà les articles mentionnés dans l'inventaire de Dupuy ,
C'est ce qu'on voit dans le récolement fait en fructidor an VIII
et vendémiaire an IX^ ; à la suite, par exemple, des vingt layettes
de l'Ile-de-France, cataloguées par Dupuy et cotées aujourd'hui
J 148 à J 169 dans le Trésor des chartes, on y a mentionné deux
layettes, 21 et 22, « non comprises dans l'inventaire de Dupuy, »
mais dont le contenu figure aujourd'hui au Supplément du Trésor,
cartons J 736 et 739 à 741 . Sur deux cents articles environ por-
tés sur ce récolement comme « non compris à l'inventaire de
« Dupuy, » il n'y en a pas plus de trois ou quatre que, malgré
l'insuflSsance des descriptions, je n'aie pas pu trouver dans le Sup-
1. Il est probable que le Comité eut recours aux souvenirs de l'ancien secré-
taire de Joly de Fleury, Desienne, qui avait eu jadis les clefs du Trésor des
chartes, et dont le nom revient plusieurs fois dans le rapport de Camus publié
à la suite du Rapport adressé à S. E. le ministre d'État par M. Félix Ravais-
son, en 1862, p. 266 et 268.
2. Nous avons encore l'exemplaire qui a servi à faire ce récolement ; c'est
une copie de l'exemplaire de M. de Verthamon exécutée au xvm'' siècle, com-
posée de dix volumes reliés en veau brun à dos orné, conservée dans les bureaux
de la Section historique et portant l'ancienne cote JJ 585. Sur le feuillet de
garde de chaque volume se voit une étiquette portant ces mots : « Exemplaire
« qui a servi à une première reconnaissance des titres en fructidor an VIII et
c vendémiaire an I.\. »
3. L'exemplaire le plus complet de ce récolement est conservé aux Archives
nationales parmi les papiers du secrétariat.
SrR LE TRÉSOR DES CHARTES. ^5^
plément. Lors du récolement de l'an IX, dont le cadre n'était
pas autre chose que celui de la reconstitution de l'ancien Trésor
tentée en l'an VI, ils étaient donc considérés comme faisant partie
du Trésor des chartes, dont ils n'auraient jamais du être séparés.
Beaucoup même sont des titres anciens du Trésor qui, s'en trou-
vant distraits au moment où Dupuv faisait son inventaire, n'ont
pu y être compris, mais qui cependant n'ont pas tardé à venir
rejoindre les autres dans le local où ils étaient conservés. Cer-
tains, comme ceux que renferment aujourd'hui les cartons J 937^
et 938-939, figurent, les uns jusque dans le vieil inventaire
d'Adam Bouchier sous la cote AA* et dans celui de Girard de
Montagu sous la cote Serin. œij''Hij"', et les autres dans ce
dernier inventaire sous la cote Serin. xiHj^'Hi]^.
De tout cela, il résulte que, dès la reconstitution de l'an VI
constatée par le récolement de l'an IX, la série des Sacs avait été
absorbée par celle des Layettes, et cependant les membres du
Bureau du triage n'avaient pas eu connaissance de la tentative
de fusion que j'ai cru pouvoir attribuer à Joly de Fleury ; car, en
donnant la liste des inventaires du Trésor qu'Os ont retrouvés,
ils ne citent qu'une seule copie de l'inventaire de Dupuy, l'an-
cien JJ585, qui n'appartient pas à la rédaction amphfiée^.
D'ailleurs, il y a plus de matières intercalées dans le récolement
de l'an IX que dans la rédaction amplifiée, où ces matières sont
en outre disposées dans un ordre quelque peu différent. Dans l'un
comme dans l'autre, la partie du Trésor non inventoriée par
Dupuy était beaucoup trop sommairement indiquée, et, pour la
rendre utilisable, il importait d'en donner une description détail-
lée. C'est ce qui fut entrepris dans les premières années du
XIX* siècle. Malheureusement, Camus venait de mourir, et le
plan si rationnel qui avait été suivi lors du récolement effectué sous
ses ordres fut abandonné. Au lieu de compléter l'inventaire de
Dupuy en analysant, à la suite de chaque chapitre, les pièces non
inventoriées, au lieu de les intercaler à leur place logique dans
le fonds principal, dom .Joubert, qui travaillait en 1805 et 1806,
1. Voy. cet inventaire dans Tculet, Layettes du Trésor des chartes, t. I,
p. XXX, col. 2.
2. Ibid., p. xxxix, col. 2.
3. Ibid., p. xlj.
4. Voy. plus haut, p. 150, n. 2.
^52 LES TRAVAUX DE DUPDY
préféra grouper toutes ces pièces et en former une annexe au
Trésor, dont il a laissé un inventaire en deux volumes manus-
crits, l'Inventaire rose. Mais, comme il se contenta de les rele-
ver dans l'ordre où elles étaient inscrites au récolement de
l'an IX , les pièces ainsi détachées se trouvèrent toutes disposées
conformément aux grandes catégories du Trésor : les Douze
gouvernements et les Mélanges. C'était rétablir, en lui don-
nant un classement intérieur différent, la série des Sacs. Cepen-
dant, dom Joubert ne lui rendit pas cet ancien nom, qu'il paraît
avoir toujours ignoré. Quant à l'appellation Supplément du
Trésor des chartes, je crois avoir déjà dit qu'elle ne se rencon-
trait pas dans les papiers du secrétariat des Archives avant
l'année 1836.
L'inventaire de dom Joubert est loin de mériter l'épithète élo-
gieuse que lui décernait jadis Henri Bordier^; Dessales le jugeait
beaucoup plus justement dans une Note pour M. Miclielet
déposée parmi les papiers du secrétariat des Archives nationales :
« Il existe, disait-il, une sorte d'inventaire en deux volumes pour
« le Supplément. Cet inventaire est connu dans la Section histo-
« rique sous le nom di! Inventaire rose... Cet inventaire, très
« imparfait et très incomplet, est tout entier à refaire ^ » Mais
surtout le classement qu'il avait adopté consacrait à tout jamais
une séparation qui, si elle avait existé de fait, tirait son origine
d'un désordre matériel qu'on s'était depuis longtemps préoccupé
de faire disparaître. Il avait de plus l'inconvénient de faire croire
que les documents ainsi groupés ne faisaient pas partie du Trésor
des chartes, et c'est cette idée fausse qui amena certains archi-
vistes à considérer le Supplément comme un fonds ouvert, propre
à recevoir les résidus difficiles à rattacher à d'autres séries.
On ne trouvera sans doute pas inutile que je résume ici les
résultats que je crains de n'avoir pas su faire ressortir avec assez
de clarté au cours de cette étude.
Dupuy et Godefroy, chargés en 1615 de faire l'inventaire du
1. Archives de la France, p. 182.
2. NoU'e regretté confrère Siméon Luce y a introduit des additions et des cor-
rections considérables.
SUR LE TRÉSOR DES CHARTES. 453
Trésor des chartes, commencèrent par diviser ce fonds en trois
séries, d'après le mode de conservation des documents :
1° Les Coffres et layettes.
2° Les Sacs.
3° Les Registres.
De la première série ils rédigèrent, de 1618 à 1630, un inven-
taire détaillé dont deux rédactions furent exécutées de leur
temps : a) l'une, la plus répandue, dont le type est l'exemplaire
original (Bibl. nat., coll. Dupuy, col. 162-169 et 171), composé
de cahiers écrits, tantôt de la main de Godefroy, tantôt de celle
deDupuy, mais qui demeura en la possession de Dupuy ; b) l'autre,
dans laquelle les matières, tout en étant les mêmes que celles de
l'exemplaire original, sont cependant disposées dans un ordre
différent; nous n'en connaissons qu'une copie (Arch, nat.,
JJ 290-300) dérivant d'un exemplaire appartenant à Godefroy.
Ils ne firent pas d'inventaire analytique des Sacs et des
Registres, pour lesquels cependant Dupuy laissa un premier
instrument d'investigation. Je veux parler de cet Etat sommaire
des trois séries que j'ai signalé plus haut. L'inventaire détaillé des
Registres qui sert aujourd'hui aux recherches ne fut exécuté
qu'au xvrif siècle.
La série des Sacs, issue en grande partie du désordre du Trésor
des chartes, eut pour noyau principal les pièces du Trésor qui se
trouvaient encore chez le procureur général La Guesle au moment
où Dupuy et Godefroy faisaient leur inventaire, ainsi que cer-
taines pièces négligées par eux de parti pris , telles que les
Comptes et les Enquêtes. Elle s'augmenta plus tard des ver-
sements faits au Trésor des chartes, soit à la suite des accroisse-
ments du royaume, soit dans toute autre circonstance. De bonne
heure, on comprit que les pièces qui la composaient devraient
être rapprochées des pièces de même nature conservées dans la
partie inventoriée par Dupuy et Godefroy. C'est ainsi que fut
exécutée, sans doute sous les ordres de Joly de Fleury, une
rédaction amplifiée de l'inventaire, comprenant, outre les
Layettes, la plus grande partie des Sacs.
Le désordre du Trésor s'accrut pendant le xvnf siècle; des
pièces extraites des Layettes, au lieu d'être réintégrées à la place
que leur avait attribuée l'inventaire de Dupuy, furent confondues
avec celles que contenaient les Sacs, au milieu desquelles on les
^5^ LES TRAVAUX DE DUPUY SUR LE TRESOR DES CHARTES.
trouve encore aujourd'hui. Il fut porté à son comble lors de l'oc-
cupation par le Tribunal, du 17 août 1792, d'une partie du local
où le Trésor était déposé. Les membres du Bureau du triage des
titres entreprirent de le faire cesser. Ignorant l'existence de la
série des Sacs, ils intercalèrent les articles qui la composaient à
leur place logique, à la suite des Layettes contenant des matières
analogues ; c'est ce qu'on peut constater dans le récolement de
l'an IX entrepris sous la direction de Camus. Malheureusement
dom Joubert, chargé, au début de ce siècle, de décrire les pièces
non inventoriées par Dupuy et Godefroy, au lieu de les maintenir
à la place où les avaient laissées les auteurs du récolement de
l'an IX et de faire des additions à l'inventaire des Layettes, forma
de ces pièces une série continue qu'il plaça à la suite des Layettes
et en rédigea un inventaire à part, connu depuis sous le nom
à' Inventaire rose. C'est cette série qui porte aujourd'hui le nom
peu exact de Supplément du Trésor des chartes, et qui devrait
plutôt reprendre le nom de l'ancienne série des Sacs dont elle
est, dans un ordre plus rationnel, la reconstitution.
H. -François Delaborde.
DOCUMENTS FRANÇAIS
REMIS AU GOUVERNEMENT ANGLAIS
A LA SUITE DU TRAITÉ DE BRÉTIGNY.
Dans le dernier volume de la Bibliothèque de l'Ecole des
chartes, nous avons donné l'Etat sommaire de 11,700 liasses
et registres de la Chambre des comptes qui avaient été détruits en
l'an V*. Cette perte, pour la presque totalité de ces pièces, doit être
considérée comme irréparable et définitive. Peut-être quelques
épaves ont pu être soustraites à la destruction ; mais elles ne sau-
raient toujours être bien importantes.
Avant ces anéantissements, qui se pratiquèrent à la fin du
siècle dernier et au commencement du nôtre, et réduisirent à
quelques milliers de numéros le fonds si considérable de la
Chambre des comptes, nous pouvons signaler encore une cause
très probable d'appauvrissement de ce dépôt ; nous voulons par-
ler du transport de documents en pays étrangers à la suite de
guerres malheureuses. Au xviii' siècle, on admettait comme
incontestable que les archives de Philippe-Auguste, prises à Fré-
teval par Richard Cœur-de-Lion, étaient en Angleterre et que
les Anglais, pendant la guerre de Cent ans, avaient dû enlever
bon nombre de pièces d'archives en France et les transporter de
l'autre côté du détroit. La mission de Bréquigny chargé spécia-
lement de découvrir et de faire connaître ces trésors ; celle de
Jules Delpit, envoyé en 1842 dans ce pays pour y relever tout
ce qui, complétant la collection des documents rapportés
1. Les opérations du Bureau du triage. Notice et état sommaire de
11,700 liasses et registres de la Chambre des comptes détruits en l'an V
{Bibliothèque de VÉcole des chartes, 18%, t. LVII, p. 418).
156 DOCUMENTS FRANÇAIS
par Bréquigny, pourrait intéresser notre histoire et notre
littérature nationales; les investigations pratiquées dans ces
dernières années par de nombreux savants, tels que M. Ch.-V.
Langlois, suffisent, je crois, pour démontrer que l'on ne doit pas
rechercher les chartes de Philippe- Auguste dans les dépôts
anglais.
En face des maigres résultats obtenus jusqu'alors, on en était
venu, après Delpit, à admettre que nos ennemis, au moyen
âge, n'avaient rien pris dans nos archives. Voici, en effet,
comment cet érudit, qui le premier émit cette idée, s'exprime
à ce sujet : « Je n'ai donc à examiner que l'enlèvement des
archives des provinces, abandonnées sans doute volontairement
et sans esprit de retour, par les Anglais, qui songèrent tran-
quillement, en faisant leurs préparatifs, à emballer les plus
précieuses archives qu'ils purent se procurer. Où, comment,
pourquoi les Anglais fugitifs entreprirent-ils une spoliation que
quiconque qui connaît les mœurs du moyen âge avouera qu'ils
n'auraient pu accomplir aux temps les plus heureux de leurs vic-
toires en France? Tout le monde le dit, mais personne ne cite le
passage d'une chronique ou d'un écrivain quelconque, sur l'au-
torité desquels une pareille assertion ait pu s'établir K » Plus
loin, après avoir démontré que les archives des provinces, autre-
fois soumises à la domination des Anglais, sont au moins aussi
riches que celles des autres provinces françaises, et que, malgré
les recherches faites à Londres par Bréquigny et d'autres érudits,
on ne trouve pas « une seule liasse dont le contenu puisse faire
supposer qu'elle ait été violemment enlevée à la France-, » il dit
que tous ces feiits s'accordent « pour démentir une tradition qui
se trouve dénuée, non seulement de tout témoignage historique,
mais de toute probabilité 3. » Cette assertion de M. Delpit fit foi,
et nous voyous M. Langlois, dans les Archives de V Histoire
de France, rejeter également l'opinion contraire. « On croyait
autrefois, dit-il, que les Anglais avaient emporté de France, au
moyen âge, un grand nombre de chartes et de documents fran-
çais. Ce préjugé, tout à fait erroné, fut la raison qui décida les
ministres de Louis XV à envoyer en Angleterre, sans regarder
1. Jules Delpit, Collection générale des documents français qui se trouvent
en Angleterre (Paris, J.-B. Dumoulin, 1847, in^', p. xxiv).
2. Ibid., p. XXV.
3. Ibid., p. XXV.
BEMIS AO GODVERIVEMENT ANGLAIS. ^57
à la dépense, un savant chargé de reconnaître ce qui restait à
Londres des archives volées*. »
Cependant, malgré toutes ces affirmations, les documents que
nous publions sont bien le « témoignage historique, » la preuve
qu'on livra un bon nombre de pièces à des commissaires anglais.
Mais, nous dira-t-on, ces documents ne prouvent pas que ces
comptes aient été transportés en Angleterre. Nous reconnaissons
effectivement que nous n'avons pas là un témoignage positif sur
lequel on puisse s'appuyer pour affirmer qu'ils ont passé la mer.
On peut très bien admettre que, déposés dans les bureaux des
agents chargés d'administrer en France les provinces cédées à
l'Angleterre, ils y soient restés après la fin de la guerre de Cent
ans; mais, d'un autre côté, le fait même de la remise de ces
pièces entre les mains des envoyés d'Edouard III permet de
supposer au moins qu'ils purent être transportés à Londres. Nous
ne voudrions pas, n'ayant pas en ce moment de preuves plus cer-
taines, nous prononcer affirmativement en faveur de cette der-
nière hypothèse ; nous nous contenterons seulement de montrer
à l'aide de ces lettres que l'affirmation contraire de M. Delpit est
peut-être trop catégorique et qu'il n'y aurait rien de surprenant
si, à la suite de nouvelles investigations dans les dépôts anglais,
on mettait enfin la main sur quelques-unes de ces pièces.
Jusqu'alors, à notre connaissance, on n'a encore découvert
aucun de ces documents ; nous avons parcouru aux dates indi-
quées les différents volumes de Bréquigny à la Bibliothèque
nationale, dans lesquels nous pouvions avoir quelque chance de
rencontrer au moins une indication relative à ces comptes, nous
n'avons rien trouvé. M. Ch.-V. Langlois nous affirma aussi de
son côté n'en avoir vu aucun dans les recherches qu'il fit dans
les archives anglaises. Mais, ajouta-t-il, il ne serait pas étonnant
qu'ils fussent compris dans la quantité encore considérable de
documents non classés et inexplorés qui existent dans ces dépôts.
Nous pensons qu'il ne faut peut-être pas perdre tout espoir de
les retrouver. Ces lettres que nous donnons et que nous avons
prises dans les Extraits faits par Menant, à la fin du xvif siècle,
dans la Chambre des comptes^, pourront servir d'indicateur aux
1. Langlois et Stein, Archives de l'histoire de France (Paris, Picard, 1891,
iû-S», p. 744).
2. Ces pièces se trouvaient dans l'ancien mémorial D de la Chambre des
458 DOCUMENTS FRANÇAIS
érudits qui iront encore explorer le Record office ou le British
Muséum. Il serait certainement très intéressant de remettre en
lumière cette série de comptes. Tous ceux qui étudient les ques-
tions financières au moyen âge savent combien en France on
est pauvre en documents de ce genre. Les incendies, la négli-
gence, les destructions volontaires en ont fait disparaître la
presque totalité; il ne nous en reste que des bribes et des débris.
Ce serait donc une véritable bonne fortune de pouvoir étudier
toute une suite de comptes bien complets, car, certainement,
l'histoire administrative de notre pays y trouverait beaucoup
de renseignements utiles et précisa
Jules VlARD.
I.
4362 (n. st.), 4 8 janvier.
Mandement de Jean le Bon enjoignant au sénéchal et au receveur
de Saintonge de livrer aux gens du roi d' Angleterre tous les
livres, papiers, registres, comptes., chartes et lettres qui seraient
en sa possession et concernant les terres^ domaines et revenus de
Saintonge, excepté les comptes qui ne sont pas encore réglés.
Jehan, par la grâce de Dieu roy de France, aux seneschal et rece-
veur de Xaintonge ou à leurs lieutenants, salut. Pour l'accomplisse-
comples au fol. 38. Les mémoriaux reconstitués qui existent aux Archives
nationales, ainsi que les différents registres de la série P, dans lesquels se
trouvent des copies des anciens mémoriaux, ne donnent que la lettre du 18 jan-
vier 1362 {voy. P 2294, p. 275, P 2530, fol. 11 r", P 2545, fol. 9 v, P 2570,
fol. 179 r).
1. Cet article était déjà imprimé lorsque nous avons appris que notre con-
frère M. Ch. Petil-Dutaillis préparait pour le Moyen âge une étude sur le traité
de Brétigny. Dans une correspondance échangée entre nous, il a bien voulu nous
signaler plusieurs pièces qu'il avait trouvées au Record office et qui se rap-
portent à notre travail. L'une d'elles, le compte de Pierre Bernard, receveur
en Saintonge de l'année 34-35 du règne d'Edouard III, soit 1360-1361 {Queen's
remembrancer' s miscellanea, Realm of France, 461/1), pourrait provenir de cet
ensemble de documents livrés par les sénéchaux et receveurs de Saintonge,
Poitou, Limousin, etc., aux gens du roi d'Angleterre à la suite de la lettre de
Jean le Bon du 18 janvier 1362 (n. st.). La Saintonge et l'Angoumois ne
furent en etfet livrés à Chandos qu'en octobre 1361 [Le moyen âge, 1897, p. 17).
Une autre ; compte de la sénéchaussée de Saintonge des années 35-36 du règne
REMIS AU GOUVERNEMENT ANGLAIS. ^59
ment du traictié de la paix entre nous et nostre très cher et très
amé frère le roy d'Angleterre , en tant comme il nous touche,
nous, par la deliberacion de nostre conseil, vous mandons et enjoi-
gnons estroitement et à chascun de vous, comme à luy apparlen-
dra, que tantost et sans delay et sans autre mandement attendre
et contredire, vous baillez et délivrez ou faites bailler et délivrer aux
gens de nostredit frère ayans à ce pooir, toutesfois que requis en
serez ou l'un de vous, tous les livres, cahiers, papiers, registres,
comptes, cartres et lettres que vous avez par devers vous ou allieurs
ou porrez avoir et savoir, touchant les terres, seignories, demaines,
souverainetés et revenues de Xaintonge, comment que ce soit, en
prenant lettres de recognoissance de ce que vous leur baillerez; car
ainsy le voulons-nous et Pavons ordené de certain propos et pour
cause. Donné à Paris, le 18 jour de janvier, l'an de grâce '^36^.
Toutevoie nostre entente n'est pas que vous leur bailliez les
comptes dont vous avez à compter. Donné comme dessus.
Item, en pareille forme aux seneschal et receveur de Poictou et de
Limosin.
Item, en celle forme aux seneschal et receveur de Gaourssin et de
Pierregort.
Item, semblable, aux seneschal et receveur de Agenois.
Item, semblable, aux seneschal et receveur d'Angoulesme.
Item, aux receveur et seneschal de Bigorre.
Item, aux seneschal et receveur de Rouergue.
IL
^362 (n. st.), 49 janvier.
Quittance donnée par les envoyés du roi d' Angleterre à la Chambre
des comptes^ des livres et comptes énumérés dans cette pièce.
Universis présentes litteras inspecturis Thomas Donclant' licencia-
d'Édouard III (1361-13G2) (Ibid., 468/3), ne saurait sans doute avoir la même
origine. Nous nous empressons de remercier M. Petit-Dulaillis de ces com-
munications, qui ajoutent un nouvel intérêt à cette étude.
1. M. Petit-Dutaillis nous a signalé le compte des sommes reçues par « Tho-
mas Donclant » pour son voyage à Paris : « Particule compoti Thome Dunclei
clerici, de recepta, in quodam viagio versus Parisius a xvii* die novembris,
anno X.XXV (35' année du règne d'Edouard III, soit 17 novembre 1361), usquc
^60 DOCUMENTS FRANÇAIS
tus in legibus excellentissimi principis et domini, domini Eduardi
Dei gratia Anglie régis, nuncius ad partes Francie destinatus, et
Nicolaus de Lude, ejusdem régis clericus et comitatus sui de Pon-
tieu in regno Francie receptor, ad pctendum, recupcrandum et reci-
piendum compota et scripla, ac alia, de quibus inferius fit menlio
speeialis, ab ipso domino specialiter deputati, saiutem in Domino.
Novcrint universi, quod nos nomine dicli domini et pro ipso, habui-
mus et recepimus ab cxcellentissimo principe et domino, domino
Johanne Dei gratia Francorum rege, per manus virorum venerabi-
lium et discreLorum gentium compotorum dicti Francorum Régis,
compota et scripta ac alia que sequuntur : Videlicet, gallice.
Les comptes de Poictou et de Limozin de l'an fini à la Saint- Jehan
M GG LXXXXI, de l'an ^ 344 et de Fan -1356.
Item, les comptes de Xaintonge dudit an '129i et de l'an 4336 et
de l'an 4333.
Item, les comptes de Gaours des trois ans dessusdits tantost.
Item, les comptes de Rouergue desdits ans V29] et 4336 et de Fan
4338.
Item, les comptes de Agenois, de l'an 4 300 et de Fan 4 337 et de
l'an 4334.
Item, de Bigorre, de l'an 4294 et de l'an 4336 et de Fan 4333.
Item, de Perigort, de Fan 4298 et de Fan 4336 et de Fan 4333.
Item, les domaines de Belleville, en un livre de cahiers.
Item, les comptes de iVngolesme du 22 jour d'octobre l'an 4 349,
quMl vint en la main du roy pour cause d'eschange fait au Roy de
Navarre jusqu'à la Saint-Jehan Fan 30.
Item, de la comté de Ponthieu, de l'an 4294 et de Fan 4339.
Item, les demaines de Poictou et de Limosin, de Xaintonge, d'Age-
nois, de Gaours et de Rouergue renouveliez Fan 434 3.
Item, le livre des fiez de Belleville.
De quibus premissis omnibus et singulis nos Thomas et Nicolaus
predicti, nomine quo supra, nos tenemus et habemus pro conlentis.
Prolestamus tamen, quod per receptionem premissorum, de quibus
supra fit mentio, non siraus exclusi ab aUis que dominia liberata et
liberanda per formam pacis régi Anglie concernunt ; sed quod illa
petere et recuperare possimus, loco et tempore opportunis. In cujus
rei testimonium présentes litteras, per notarium publicum infra-
ad XVI* diem martii proximo sequentem » {Record office, Queen's remembran-
cer's miscellanea, Nuncii Régis, 628/51).
REMIS AD GOUVERNEMENT ANGLAIS. '164
scriptum fieri fecimus el sigillis nostris, una cum signo et supcr-
scriplioiie ipslus nolarii roborari. AcLa fueruiit hec Parisiiis in diclo-
riim caméra compoLorum anno Domini -^36^ secundum slylum
ecclesie gallicane, indiclione ^15, mensis januarii die 11), ponlilicalus
sanclissinii in GlirisLo Patris et domini domini Innocenlii, divina
Providencia Pape VI", anno decimo, presentibus discrelis viris
domino Jobanne de Croyaco curato parochiali ecclesie de Voyonna,
Suessionensis diocesis presbytero, Johanne Bonnel clerico aule Insu-
lensis, Gregorio Gare' Ambianensis diocesis clerico et Conssano de
Cromont clerico dicti régis Anglie, lestibus ad premissa vocatis
specialiter et rogatis.
Et ego Petrus Gonnesse de Achillosiis Senonensis diocesis, cleri-
cus publicus, aposlolica et impérial! auctoritate nolarius, qui, dum
prefali magistri Thomas et Nicolaus se premissa compola et scripla
ac alla de quibus supra fit mentio cognoscerent quo supra nomine
récépissé, el omnibus aliis supradiclis dum fièrent, presens una cum
suprascriptis testibus intcrfui, prescnlesque litteras, de eorum man-
dalo et consensu ac volunlate expressis, feci et manu propria scripsi,
ideo, ea omnia fideliter pubbcando, hic me subscripsi et signum
meum, una cum eorum sigillis inferius appensis rogatus apposui
consuetum, in testimonium premissorum.
(Bibl. de Rouen, coll. Leber. Extraits de Menant, t. Il, fol. 9 V à 1 1 r° et
18 à 19.)
1. Autre leçon, Guare.
^ 897 ^ i
BIBLIOGRAPHIE.
Frantz Fcxck-Bre.\tano. Les origines de la guerre de Cent ans :
Philippe le Bel en Flandre. Paris, Champion, \ 897. In-8'', xxxix-
707 pages.
Pour établir son livre, cette histoire des relations de Philippe le Bel
avec la Flandre, dont le titre aurait gagné peut-être à être plus expli-
cite, notre confrère s'est livré à une enquête qu'il convient de louer
sans réserve. Avec autant de patience que de sagacité, il a compulsé
les archives du royaume de France et celles du comté de Flandre, à
Paris, à Lille et à Gand ; il a enlevé aux archives des communes de la
Flandre et du nord de la France leurs meilleurs documents pour la fin
du xiii« siècle et le commencement du xiv^, et l'ample bibliographie
par laquelle s'ouvre son livre atteste qu'il connaît aussi bien les sources
imprimées que les sources manuscrites du sujet qu'il a traité. Le résul-
tat du persévérant efifort de notre confrère a été ce qu'il devait être, et
M. Funck-Brentano s'est trouvé à la tête d'une accumulation de docu-
ments formidable. Je suis heureux d'avoir à constater qu'il ne s'en est
pas trouvé gêné et qu'il a su tirer de ses innombrables notes un parti
remarquable.
L'ouvrage se divise en cinq livres. Dans le premier, l'auteur nous
fait le tableau de l'état de la Flandre au moment où les rapports entre
Philippe le Bel et le comte Gui de Dampierre vont commencer. Tableau
très animé, très intéressant, un peu long peut-être, si l'on songe qu'il
n'est que le décor du drame qui va se jouer, mais que, dans ses grandes
lignes, je crois parfaitement juste de ton. Notre confrère y montre fort
bien comment les grandes villes du comté de Flandre dominaient tout
le pays au xni« siècle, et comment, dans ces grandes villes, une infime
minorité patricienne s'éternisait au pouvoir échevinal pour tyranniser
le peuple. Il était résulté de cette situation des soulèvements populaires
extrêmement graves que le comte Gui de Dampierre avait réprimés
avec une rigueur impitoyable.
Le deuxième livre de Philippe le Bel en Flandre s'appelle « l'Alliance
anglaise. » C'est sous ce titre que notre confrère va raconter tous les
faits historiques, depuis l'avènement de Philippe le Bel, en 1285, jus-
qu'à la soumission de la Flandre, en mai 1300. D'après M. F.-B., ce ne
BIBLIOGRAPHIE. ^63
sont pas les procédés, il faut le dire, envahissants de Philippe le Bel
qui ont armé le comte Gui de Flandre contre son suzerain. Ce comte,
s'il était très vaniteux, paraît avoir été assez peu intelligent. Incapable
de comprendre la gravité de la situation sociale de la Flandre, où dos
milliers d'ouvriers, étouffant dans les formes trop étroites du régime
féodal, vivaient avec le besoin intense d'une organisation sociale nou-
velle (p. 41), Gui de Dampierre se laissa circonvenir par les flatteries
du roi d'Angleterre. M. F.-B. attribue la révolte ouverte du comte de
Flandre contre le roi de France à l'influence détestable d'Edouard I"
sur Gui de Dampierre. Mais la lutte était inévitable, parce que « la
Flandre était comprise à son tour dans le mouvement d'assimilation
qui fut la mission de la royauté formant l'unité de la nation fran-
çaise » (p. 128).
Abandonné par le roi d'Angleterre, après avoir été poussé par lui contre
Philippe le Bel, Gui de Dampierre vaincu se remet entre les mains du
roi, qui administre directement le comté de Flandre. Philippe le Bel
se heurte, dans ce gouvernement, aux mêmes obstacles que Gui de
Dampierre, et la lutte de la plèbe contre le patriciat, maladroitement
soutenu par Jacques de Ghâtillon, gouverneur insuffisant de la Flandre
pour le roi, amène le massacre des Français à Bruges en mai 1302,
suivi de leur défaite à Courtrai, le 11 juillet de la même année, et de
leur revanche à Mons-en-Pcuèle, le 18 août 1304. Tels sont les événe-
ments qui sont racontés dans le troisième livre, sous ce titre : « Les
Métiers de Bruges. » — Le quatrième livre s'appelle : « Le Traité
d'Athis, j M. F.-B. y examine ce fameux « traité d'iniquité de l'an
cinq, )) comme on l'a parfois nommé, conséquence de la victoire défi-
nitive du roi sur les Flamands, et les innombrables difficultés auxquelles
son application a donné lieu. — L'une d'elles se terminera par le célèbre
transport de Flandre, autrement dit par la renonciation du roi à une
partie de l'indemnité de guerre qui lui était due en vertu du traité
d'Athis contre l'abandon à Philippe le Bel par le comte de Flandre,
qui était alors Robert de Béthune, des chàtellenies de Béthune, Lille
et Douai. « Le transport de Flandre, » opéré par le traité de Pontoise,
du 11 juillet 1312, fait l'objet du livre cinquième de Philippe le Bel en
Flandre.
Bien que la « conclusion » soit la partie que je goûte le moins dans
le beau livre de notre confrère, je partage cependant presque toutes les
opinions qu'une étude approfondie et sincère du rôle joué par Phi-
lippe IV en Flandre l'a déterminé à omettre. J'estime comme lui que
Philippe le Bel, dans ses rapports avec la Flandre, a été loyal, qu'il ne
s'est montré ni rapace ni cruel et qu'il s'est borné à châtier d'abord un
vassal en révolte contre son suzerain, puis un acte de trahison odieux,
ces autres Vêpres siciliennes qui portent dans l'histoire le nom sinistre
de Matines bourgeoises. Avec notre confrère, je déplore que Philippe
-154 BIBLIOGRAPniK.
le Bel, en dépit do sa très haute intelligence, n'ait pu comprendre la
terrible crise sociale dans laquelle la Flandre se débattait au commen-
cement du xiv siècle, ou n'ait pas su, du moins, y apporter le remède
convenable. Et, comme lui, je crois que ce fut un malheur pour la
Flandre, qui ne se serait sans doute pas effondrée si elle était restée
française.
Mais où je ne suis plus entièrement d'accord avec M. F.-B., c'est
quand je le vois soutenir que la guerre de Flandre fut uniquement une
guerre sociale, la lutte de la plèbe contre le patriciat ou, si l'on préfère,
des métiers contre les échevinages. Cette affirmation revient dans l'ou-
vrage presque à chaque page; c'est l'idée maîtresse de la thèse. Je suis
loin de nier l'influence que le fâcheux état social du comté de Flandre,
à la fin du xni^ siècle et au commencement du xiv^, a pu avoir sur
l'interminable lutte des Flamands contre le roi de France. Mais, con-
trairement à l'opinion de notre confrère, je crois que celte lutte n'a pas
laissé d'être une guerre de race. A la page 28 de son livre, notre con-
frère écrit : « Il n'y avait aucun antagonisme national entre Flamands
et Français, bien au contraire. » Cet antagonisme, M. F.-B. ne le nie,
je le crains, que parce qu'il ne l'a pas vu dans les innombrables docu-
ments qu'il a compulsés. Il me paraît qu'il le nie à la manière de ces
médecins qui contestent l'existence de l'âme humaine parce qu'ils ne
la voient pas à la table de dissection. Pour moi, notre confrère a beau
établir que les intérêts rapprochaient infiniment plus les Flamands des
Français que les autres peuples ; il a beau insinuer que les Flamands
avaient toutes sortes de bonnes raisons d'être pour la France plutôt
que contre elle, je ne puis renoncer à croire que la vieille haine ins-
tinctive du germain contre le latin n'a pas joué sa partie dans la guerre
acharnée des Flamands contre Philippe le Bel. A toute époque, aux
Pays-Bas, on le constate cet antagonisme invétéré des deux nationa-
lités, insaisissable parfois, mais toujours vivace. Croit-on qu'en cette
fin du xrx"^ siècle J'allais oublier que notre Bibliothèque est une
« Revue d'érudition consacrée spécialement à l'étude du moyen âge. »
Au demeurant, l'antagonisme national entre P>ançais et Flamands
au xni° siècle, nié par M. F.-B., et les causes sociales affirmées par lui
des guerres de Flandre sous Philippe le Bel. ne sont pas pour s'exclure.
Gomme notre confrère l'a fort bien remarqué, les Flamands des classes
élevées de la société étudiaient à l'Université de Paris; ils entraient
fréquemment par alliance dans les familles françaises; ils parlaient
notre langue et vivaient suivant les usages de France; aussi, chez les
patriciens de Flandre, les sympathies étaient-elles presque unanime-
ment françaises. Il en était autrement chez le peuple, qui ne parlait
que son dialecte bas-allemand, pour qui la civilisation française était
lettre morte et dont les rapports avec la France étaient rares. Or, le
peuple flamand détestait les nobles et les bourgeois de son pays. Quand
BIBLIOGRiPQlË. ^65
il crut voir régner l'accord entre eux et les Français, ses haines de
classe et ses haines de race se confondirent sous la direction d'un déma-
gogue allemand, Guillaume de Juliers. Voilà, je crois, la vérité.
On reproche volontiers aux anciens élèves de l'École des chartes la
sécheresse de leurs travaux. On veut que ces mosaïstes soient en même
temps des peintres. En évitant le reproche, notre confrère a satisfait à
cette exigence. Dans Philippe le Bel en Flandre, il n'est pas une alléga-
tion qui ne soit fondée sur un document contemporain des événements,
et cependant le récit ne cesse d'être animé, le tableau coloré, l'intérêt
soutenu. Le livre de M. Funck-Brentano rectifie bien des opinions
fausses, conséquences de l'ignorance ou de la passion politique ; il
apporte à l'histoire une foule de données nouvelles et il est, en outre,
d'une lecture facile et même attachante. C'est une œuvre qui fait hon-
neur à son auteur et à notre École des chartes,
Armand d'Herbomez.
Histoire du droit et des institutions de la France, par E. Glasson,
membre de l'Inslitul, professeur à la Faculté de droit de Paris,
professeur honoraire à l'École libre des sciences politiques. T. VII:
la Féodalité (fin); le Droit civil. Paris, F. Pichon, ^896. In-8",
xxiv-699 pages.
M. Glasson a bien mérité de ceux qui s'intéressent à notre ancien
droit en terminant, grâce à une persévérance et à un labeur dignes de
louange, ce qui concerne la féodalité. Quatre volumes sur sept ont été
remplis par ce sujet si vaste et si discuté ! Un tout entier a été réservé
à l'étude du droit civil : le détail des matières qu'il renferme en prou-
vera l'importance.
Le premier chapitre : De la condition des personnes (clercs, nobles,
vilains, roturiers, bourgeois, esclaves et serfs, lépreux, Juifs et Lombards,
bâtards et légitimés, les mineurs, les femmes), doit être consulté, par
les historiens comme par les érudits. L'ordre suivi peut prêter à contes-
tation : les femmes et les mineurs seraient mieux placés avant les
lépreux, les Juifs et les Lombards. Sur les clercs, il y avait beaucoup à
dire, et M. G. n'y a pas manqué. Les privilèges si enviés de la clergie,
les preuves de la tonsure, la déchéance encourue par les clercs mar-
chands, etc., sont bien expliqués d'après les coutumiers et les coutumes,
mais la citation de quelques arrêts des cours de justice, du Parlement
surtout, aurait mieux établi la jurisprudence, et il eût été facile d'en
trouver. Il y a un rapprochement curieux qui s'impose : en défendant
d'ordonner des prêtres sans son autorisation, Napoléon !«■■ imitait les
rois des deux premières races et prétextait le même motif, le service
militaire. La condition des esclaves et des serfs est très étudiée; M. G,
constate, — ce qui est malheureusement certain, — la persistance du
466 BIBLIOGRAPHIE.
commerce des esclaves dans le midi de la France, malgré les efforts de
l'Église; il eût même pu insister davantage sur ce honteux trafic dans
ces régions dont on a exagéré la douceur des mœurs au xii^ et au
xine siècle.
Parlant des étrangers, le savant auteur met en relief le fait qu'ils ont
été protégés par le roi et les villes commerçantes bien plus que par les
seigneurs. Mais, quand il s'agissait des Juifs, rois et seigneurs rivali-
saient d'ardeur pour les exploiter. Cette exploitation ne contribuait pas
peu à les rendre exigeants lorsqu'on avait besoin de leurs services, et
au xnie siècle il fallut tolérer qu'ils prêtassent à 43 1/3 pour 100 par an!
Seuls, les papes les protégèrent contre les violences et les excès des
laïques; saint Louis se montra rigoureux à leur égard, mais sans aucun
esprit de lucre. Les Lombards ne valaient pas mieux que les Juifs, ils
étaient cependant considérés; en 1333, on les voit encore prêter à
21 2/3 pour 100 par an.
La condition des femmes, sans cesse améliorée par l'Église, amène
M. G. à donner des exemples de la rudesse inouïe de la puissance
maritale.
Le chapitre suivant traite de la famille, du mariage, que l'Église a
tant de peine à faire respecter; naturellement, l'auteur est obligé de
parler du Jus primée noctis, et il se range à l'opinion universellement
admise : des abus ont pu se produire, mais le droit indécent qu'on a
voulu y voir n'a jamais existé. L'autorité paternelle, le bail et la garde,
la tutelle, la curatelle, la situation des aliénés, des prodigues et des
absents sont ensuite examinés.
On arrive alors à la distinction des biens et des propriétés. Les com-
munaux, les droits d'usage, la possession et les actions possessoires,
les servitudes, les rentes, les modes d'acquérir, — questions sujettes
à maintes controverses, — sont étudiés avec érudition et aussi avec
clarté.
M. G. est d'avis que, « déjà à l'époque franque, il existait une sen-
sible différence entre les tneubles et les immeubles, qu'on acquérait les
premiers par le seul fait de la possession, même si l'on tenait la chose
d'une personne qui n'avait pas qualité à l'effet de la transmettre, que
pour les immeubles, au contraire, le droit n'était acquis que par une
possession d'an et jour..., qu'on peut admettre l'existence de la saisine
d'an et jour avec un certain caractère de généralité déjà à l'époque
franque, qui l'a ensuite transmise à l'époque féodale, pendant laquelle
elle s'est développée sur des bases plus larges » (p. 277, 278).
Dans rénumération des textes relatifs aux actions possessoires, il
semble téméraire d'insinuer qu'une ordonnance à laquelle Beaumanoir
fait allusion a dû être imaginée par lui parce qu'on ne l'a pas encore
retrouvée; il faut aussi protester contre l'expression « texte sans impor-
tance » appliquée à un arrêt du Parlement; en ces matières, comme
BrOLIOGRAPHIE. i^7
en beaucoup d'autres, les arrêts do la Grand'Chambre avaient force
de loi.
Dans les modes d'acquérir sont intercalées de bonnes choses sur le
droit de chasse qui n'était pas alors aussi restreint qu'à la fin de l'an-
cien régime.
Les biens, dans leurs rapports avec la famille, appellent l'étude de la
communauté entre époux et des autres régimes des pays de coutumes.
Pour M. G., « la communauté entre époux a été inspirée par des con-
sidérations bien différentes : elle s'est formée lentement, sous l'influence
de l'Église et surtout par le développement de germes qui existaient
dans les lois barbares ou dans certains usages de l'époque franque »
(p. 363). « D'ailleurs, ce régime a été très lent à se former, et on peut
dire qu'il n'a été définitivement constitué qu'à l'époque de la rédaction
des coutumes » (p. 364).
Le régime dotal et les autres régimes des pays de droit écrit, le
douaire, à propos duquel M. G. expose nettement son opinion, — « le
douaire coutumier est antérieur de plusieurs siècles à l'ordonnance de
Philippe-Auguste; il a sa source dans les lois barbares et dans l'action
de l'Église » (p. 396) ^, — les autres gains de survie, le douaire des
enfants, « qui constitue une véritable légitime coutumière, mais qui ne
pouvait pas se cumuler avec la réserve ordinaire, puisqu'il impliquait
renonciation à la succession du père » (p. 420); les généralités sur les
successions aux meubles et acquêts, aux fiefs; le droit d'aînesse, qui a
passé de France en Angleterre avec les Normands, puis de là est revenu
faire sentir son influence dans certaines parties de la France ; l'exclu-
sion des ascendants, le privilège de masculinité; la succession aux
alleux, aux propres et aux tenures roturières; des particularités comme
le droit de juveignerie, « une des institutions de l'humanité primitive »;
les devoirs entre héritiers; les diverses donations; le testament-; la
réserve et la légitime ; l'exhérédation et le retrait lignager, voilà les
questions qui sont traitées dans ce long chapitre.
Sur le retrait lignager, M. G. écrit : « A notre avis, le germe du
retrait lignager se trouve dans les vieilles coutumes germaniques qui
consacrent le principe de la copropriété de famille et assurent la con-
servation des biens des ancêtres s (p. 563). « Il s'est organisé sous l'in-
fluence du droit féodal, mais il n'a pas sa source dans ce droit et il
remonte à un principe très général et fort répandu dans les sociétés
primitives, le principe de la copropriété de famille, qui a pour consé-
1. L'avocat Eudes de Sens, dont il est parlé, est de la première moitié et non
de la fin du xiv siècle.
2. La préface de M. Tuetey aux Testaments enregistrés au Parlement de
Paris sous Charles VI et des arrêts du Parlement auraient pu être utilisés
par M. G.
^68 BIBLIOGRAPHIE.
quence d'interdire à l'individu de vendre les biens de famille sans le
consentement de ses plus proches parents » (p. 567).
Dans le dernier chapitre sont expliquées les obligations, leurs moda-
lités, la condition des contrats, les principaux d'entre eux^, les intérêts
dans le prêt de consommation, le dépôt, la vente et l'échange, le louage,
le mandat, le contrat de société..., la garantie des contrats, les sources
des obligations autres que le contrat et la cause d'extinction des obli-
gations.
Le droit civil à l'époque féodale est donc entièrement étudié, et d'une
manière sérieuse, par M. G. Ce nouveau volume mérite les mêmes
éloges que les précédents, et l'auteur est désormais assuré d'avoir élevé
à l'histoire du droit et des institutions de la France un monument qui,
par son ampleur et par la mise en œuvre des matériaux, ne sera pas de
sitôt égalé.
Félix AUBERT.
Engelbert MiJHLBACHER. Deutsche Geschichte tinter den Karolinyern.
Stuttgart, Cotta. 1896. Gr. in-8°, 674 pages. [Bibliothek Deutscher
Geschichte, hsg. von H. v. Zwiedineck-Stidenhorst.)
La mise en œuvre des matériaux de l'histoire de l'Allemagne est
aujourd'hui tellement avancée qu'il est devenu possible et même néces-
saire de présenter au public le résultat des innombrables recherches
qui, chez nos voisins, ont établi sur des bases solides presque toutes
les périodes de l'histoire nationale. C'est de la vulgarisation, mais dans
un sens beaucoup plus relevé que ce mot n'en comportait chez nous,
du moins jusqu'à ces dernières années. Les volumes de la collection
Zwiedineck-Siidenhorst, bien que dépourvus de notes et de références,
méritent, jusqu'à un certain point, le nom d'ouvrages scientifiques, car
chacun d'entre eux est confié à un spécialiste ayant fait des travaux
personnels sur la période qu'il se charge d'exposer.
L'histoire des Carolingiens, qui finit en Allemagne en 911, est l'œuvre
de M. Miihlbacher, et le nom seul de ce savant est une garantie que le
sujet est traité avec soin. Son livre n'aura pas de peine à remplacer
l'ouvrage vieilli et médiocre de Warnkœnig et Gérard 2.
Mais si le récit des événements présente les garanties désirables
1. M. G. enseigne que l'exception de « pacune non nombre, » « non nume-
ralae pecuniae, » est inconnue; cependant on la trouve mentionnée dans quan-
tité de chartes.
2. Il est très inférieur, à notre avis, à celui de 0. des Michels, dont le t. II
(et dernier), sous le litre de Uistoire générale du moijen âge, est consacré à la
]>ériode carolingienne (Paris, 1831, in-8°, 67'J pages). Des Michels a fait son tra-
vail d'après les sources (et non de seconde main, comme Warnkœnig et Gérard),
et, malgré certaines naïvetés, a très convenablement rempli sa tâche.
BIBLIOGRAPHIE. 469
d'exactitude, il est malheureusement terne et sans vie. Peu d'idées
générales, et quand l'auteur cherche à s'élever au-dessus de la simple
narration et à donner quelque vue d'ensemble, il le fait sur ce ton
d'apologie ennuyeuse habituel à ses compatriotes. Les préoccupations
chauvines ne désarment jamais. L'auteur essaye de son mieux de les
réprimer, et à chaque page elles montrent le bout de l'oreille. Le pauvre
Charles le Chauve est cruellement puni d'avoir eu en partage la partie
occidentale de l'empire franc. Sur la foi des Annales de Fulde, on traite
à chaque instant cet infortuné Bavarois d'incapable, de cruel, de lâche.
Mérite-t-il ces épithètes? Je n'en sais rien, mais j'ai souvent regretté,
dans l'intérêt de sa mémoire, qu'il n'eût pas hérité de la partie orien-
tale. J'imagine qu'on eût porté sur lui un jugement moins sévère.
Ferdinand Lot.
N. JoRGA. Philippe de Mézières (1327-ii05j et la croisade au
J/r* siècle (1 1 0^ fascicule de la BibliothècjKe de l'École des hautes
études. Section des sciences historiques et philologiques). Paris,
Bouillon, -1896. In-8°, xxxiv-555 pages.
Philippe de Mézières a trouvé en M. Jorga un historien exact, con-
vaincu et parfois éloquent. Sous sa plume se déroule agréablement la
vie de cet homme de cœur, dont l'unique pensée, malgré tous les obs-
tacles, fut la délivrance du saint sépulcre. Après avoir fait connaître,
dans un exposé critique contenu dans les deux premiers chapitres, la
famille et les premières années de son héros, M. Jorga commence le
récit des affaires d'Orient, au point de vue spécial des croisades, à par-
tir de la dernière des grandes expéditions, celle où mourut saint Louis.
On éprouve bien quelque regret à perdre de vue pour un temps la
vivante image que l'auteur a su tracer de Philippe de Mézières. Mais
on est prévenu par le titre même du livre qu'il y est aussi traité de la
croisade au xtv siècle ; et puis ces affaires d'Orient furent le grand
intérêt de toute la vie de ce compatriote de Pierre L'Ermite. Leur
étude était un cadre nécessaire. D'ailleurs, on ne saurait être plus
complètement informé que M. J. : l'abondance et la sûreté des détails
sont louables de tous points dans son œuvre.
Dès l'âge de vingt ans, après la croisade du dauphin Humbert II,
qui lui fournit l'occasion de visiter Jérusalem et lui vaut les éperons
d'or, Philippe de Mézières connaît sa vocation; ou, plus justement,
une idée a pris définitivement possession de son âme et toute sa vie
sera vouée à la réalisation de cette idée. C'est la création d'une milice
chrétienne, nommée par lui Chevalerie de la Passion, qui fera reprendre
à l'Islam, dans une éclatante déroute, le chemin qui l'a conduit à plan-
ter son étendard jusque sur le saint-sépulcre. Quoi qu'en dise M. J..
les caractères ne sont pas beaucoup plus rares « dans ce xiv* siècle si
léger et si barbare encore » (p. 352) qu'à toute autre époque de l'his-
no niBLIOGRAPniE.
toire. Mézières pourtant y brille sans conteste par l'énergie obstinée et
la tenace persévérance ; et l'on n'oserait soutenir que ses projets fussent
plus cbimériques que nombre d'autres nourris par ses contemporains.
L'avènement de Pierre I" au trône de Chypre place définitivement
Philippe de Mézières dans l'élément qui lui convient. Lié avec le jeune
prince sous le règne de Hugues IV, il devient son ami autant que son
chancelier. Cette situation le met à portée de connaître l'Orient mieux
qu'aucun Français de l'époque, et les rapports affectueux qui l'unissent
bientôt à I^ierre Thomas, « fervent défenseur de la croisade', » lui
communiquent, s'il est possible, une nouvelle ardeur. Entre ces deux
objets de son admiration passionnée, il croit marcher au succès. Son
espoir est au comble lorsque Pierre I^'', venu en France, parait sur le
point d'entraîner le roi Jean dans une grande croisade. Mais Jean II
meurt; et c'est un premier coup sensible. Pendant ce temps, Philippe
et son ami Pierre Thomas avaient tenté vainement de gagner le con-
cours de l'Italie : le roi de Chypre dut partir seul et prit Alexandrie.
Ce fut la dernière grande joie de son chancelier. L'abandon de la place
égyptienne, malgré l'avis contraire du roi, l'échec de la croisade
d'Ame VI n'avaient pu gravement ébranler les espérances de Mézières,
lorsque la nouvelle du meurtre de son maître le surprit au milieu de
négociations pour le passage.
De cet événement date une nouvelle vie. Aux yeux de Philippe de
Mézières, c'est le dernier représentant de la croisade générale qu'on a
couché dans la tombe. Il se retire à la cour de Charles V2, puis au
couvent des Gélestins de Paris. En principe, il n'a confiance désormais
que dans l'ordre chevaleresque qu'il veut créer et à la fondation duquel
il a rallié la fleur de la noblesse d'Occident; en fait, toute conjonc-
ture qui laisse place à un projet de passage est pour lui la bienve-
nue, et il s'emploie à la provoquer. S'il n'est plus qu'en de rares cir-
constances le missionnaire de la délivrance du saint -sépulcre, du
moins sa plume ardente et féconde se consacre-t-elle à la défense de
cette grande cause. Tout ce qui détourne de l'Orient l'attention de
l'Europe est l'objet de ses attaques et de ses incessantes préoccupations,
et en première ligne les deux grands fléaux de ce siècle finissant : le
grand schisme et la guerre avec l'Angleterre. En ce qui concerne le
■ schisme, son esprit droit ne saurait le ranger à l'attitude des neutres.
A défaut d'un concile général, presque impossible à réunir alors, —
mais auquel d'avance il adhère, comme son maître Charles V, —
Mézières-^ cherche une direction dans l'avis des cardinaux, seuls com-
1. M. J. donne un résumé très documenté de la vie de ce personnage
(pp. 131-1-43).
2. Philippe de Mézières fut précepteur du futur Charles VI ; M. J. le prouve
suffisamment.
3. C'est à Philippe de Mézières qu'est due l'introduction en Occident de la
fête de la Présentation de la Sainte-Vierge, alors célébrée dans le seul Orient.
BIBLIOGRAPHIE. Hi
pétents en l'espèce comme seuls ils sont responsables ; or, ils ont
déclaré nulle l'élection d'Urbain VI. Dans son ardeur à poursuivre la
paix avec l'Angleterre, outre la bonne volonté des deux rois, il a pour
auxiliaires le roi d'Arménie, puis Robert L'Ermite. Bientôt les trêves
de vingt-huil ans, suivies du mariage de Richard II avec Isabelle de
France, lui rendent des espérances que ne parvient pas à ruiner l'échec
désastreux de la croisade de Nicopolis : il n'en attendait rien de bon.
Cette catastrophe lui inspire, au début de 1397, l'ÉpUre lamentable, sa
dernière œuvre littéraire, après laquelle on n'entend guère plus parler de
lui. Il ne mourra pourtant qu'en 1405, à l'âge de soixante-dix-huit ans.
Nous n'avons pas la prétention d'avoir fait connaître, môme à grands
traits, tout ce que contient le livre de M. J. Qu'il suffise d'ajouter que
son ouvrage a droit à une place de choix parmi les publications rela-
tives au xiv^ siècle ; et ces publications, l'auteur les connaît toutes,
comme en témoigne la richesse de ses références bibliographiques. Il
les a utilisées avec un esprit critique courtois, ignorant de ces pointes
acerbes qui déparent tant d'œuvres d'érudition contemporaine. On
retrouve'dans le livre de M. J. une qualité déjà remarquée dans son
Thomas III, marquis de Saluées : c'est une exposition colorée et saisis-
sante des documents littéraires < et dans un style que beaucoup d'écri-
vains français peuvent envier. Philippe de Mézières a laissé des œuvres
nombreuses qui se font remarquer « par la largeur des idées et la dou-
ceur naïve du style » (p. 513). M. J. a pensé avec raison que rien ne
saurait donner plus de vie à son œuvre qu'un choix judicieux des pas-
sages qui révèlent la personnalité intime de Mézières. Il avait, s'il l'eût
jugé bon, tous les éléments pour dessiner de son héros un portrait défi-
nitif, qui eût fixé dans l'histoire cette physionomie très personnelle,
qu'il venge en passant, — par le dédain, comme elles le méritent, —
des odieuses calomnies de Jean Petit (p. 426-427, 507-508).
Un erratum soigneusement établi nous dispense de réparer plusieurs
négligences de détail, notées à la lecture. Lorsque nous aurons remar-
qué le lapsus qui fait de Jean de Vienne un maréchal de France au
lieu de l'amiral qu'il fut (p. 333), et refusé de trouver aucune impossi-
bilité à ce que Mézières ait été maître d'hôtel du duc d'Anjou (p. 424),
il ne nous restera qu'à redire que le livre de M. Jorga est un excellent
livre, non moins intéressant à lire que profitable à consulter 2.
E. Jarry.
1. Tout en déclarant que ce n'est pas de ractivité littéraire de Philippe de
Mézières que s'occupe surtout son travail (p. 430), M. J. traite à fond certains
points de cette importante question. (Voj . pp. 342-345, 347-352 ; 429-433, la
discussion sur la paternité du Songe du Verger, que M. J. établit avec force en
faveur de Philippe; pp. 440-441, sur le récit de la mort de Charles V, par Phi-
lippe également; tout le chapitre XIII; etc..)
2. Une bonne table alphabétique rend cette consultation facile.
-172 BIBLIOGRAPHIE.
Poésies de Jean Babu, curé de Soudan, sur la ruine des temples
prolestants de Champdenier, d' Exoudun, de la Mothe-Saint-
Jléraije {l()03-1082), publiées avec notices, commentaires et pièces
justificatives, par M. Alfred Ricuahd, archiviste de la Vienne.
Poitiers, P. Blanchier, ^8y6. In-^2, ^50 pages.
Jean Babu, né à Saint-Maixent en 1631, successivement curé de
Champdenier, puis de Soudan, mort le 16 ou le 17 novembre 1700,
n'était guère connu jusqu'ici que par un ouvrage en vers, imprimé
dans l'année qui suivit son décès et portant pour titre : Églogues poite-
vines sur différentes matières de controverses pour l'utilité du vulgaire du
Poitou. C'est à ce petit volume qu'il doit d'avoir pris rang parmi les
écrivains poitevins dans la Bibliothèque historique de Dreux du Radier.
M. Richard démontre en termes concluants que le bagage littéraire
de Babu comprenait en outre une traduction, en vers patois, des Buco-
liques de Virgile, dont la perte regrettable semble malheureusement
définitive, et quatre poésies écrites dans le même dialecte, relatant la
destruction des temples protestants de Champdenier, d'Exoudun, de la
Mothe-Saint-Héraye et de Saint-Maixent. De cette dernière, on ne con-
naît encore que le sujet et l'intitulé; quant au texte, l'érudit archiviste
de la Vienne n'a pas perdu tout espoir de le retrouver. Les poèmes sur
la ruine des prêches de Champdenier et d'Exoudun avaient été impri-
més en 1667, mais sans nom d'auteur. Grâce à la sagacité de M. R.,
leur attribution au Curé de Soudan ne peut plus être l'objet d'aucun
doute. Pour ce qui est du Dialoge su la destruction do Tomple de la
Mothe S. Eraie, l'unique copie qui nous l'a conservé demeura jusqu'à
ces derniers temps ignorée dans un recueil manuscrit de la Biblio-
thèque de Poitiers, oii M. R. l'a découverte et identifiée.
Sans parler de leur valeur historique et littéraire, les trois pièces
publiées par notre savant confrère sont des documents très importants
pour la connaissance du dialecte populaire parlé au xvii^ siècle dans la
région de Saint-Maixent. L'extrême rareté des textes de cette nature rend
ceux-ci particulièrement précieux. Ils sont établis avec toute l'exacti-
tude et commentés avec toute la science que l'on pouvait attendre d'un
éditeur scrupuleux, pour qui le patois poitevin n'a point de secrets.
M. R. a joint à ces poésies une notice bio-bibliographique sur Jean
Babu et sa famille, pour laquelle il s'est servi de documents presque
tous inédits, un sommaire de l'histoire du Protestantisme en Poitou de
1661 à 1789, exposé impartial et plein d'aperçus nouveaux, un histo-
rique complet de la démolition du lemplc de Saint-Maixent (17 avril
1685), rédigé en vue de la découverte possible du (juatrième poème de
Babu, etc.
Une dernière dissertation traite d'un autre épisode de l'histoire du
BIBLIOr.RAPHIE. -173
calvinisme dans le Poitou central. La mort de Louis XIV fut le signal,
dans cette partie de la France, d'un réveil des prédicants, qui crurent
le moment venu de protester publiquement contre la révocation de
l'Édit de Nantes et instituèrent des prêches en plein air sur l'emplace-
ment des temples détruits. Ces manifestations n'eurent d'autre résultat,
comme l'expOse M. R., que l'application de nouvelles mesures de
rigueur et une reprise de la persécution. Parmi les pièces justificatives
qui viennent compléter cet ensemble, nous citerons seulement un très
curieux procès-verbal, dressé par notaires, d'une dragonnade de l'année
1681. Ces notables additions, il esta peine besoin de le faire remarquer,
rehaussent considérablement l'intérêt de la publication de notre con-
frère ; elles en font une œuvre à la fois historique et philologique, qui
se recommande par de solides qualités d'érudition.
Paul GuÉRiN.
Études grammaticales sur les langues celtiques, par H. d'Abbois de
JcBAiNviLLE, membre de l'InstiluL T. 11 : Glossaire moyen-breton,
par E. Erxaclt. Paris, Bouillon, -1895-1896. 2 vol. in-8o, xxviii-
833 pages.
M. d'Arbois de Jubainville a commencé, en 1881, un recueil intitulé
Études grammaticales sur les langues celtiques, dont le tome I est con-
sacré : 1° à la phonétique, 2° à la dérivation dans le breton continental.
Ce travail, d'une importance capitale pour la philologie celtique, était
malheureusement dépourvu d'index, et par suite les recherches n'y
étaient pas toujours faciles. Le second tome des Études, qui vient de
paraître, renferme, aux pages 749 et suiv., un index des mots contenus
dans le tome I : mots gaulois, irlandais (p. 770), gallois (p. 777), cor-
niques (p. 782), bretons (p. 783), latins (p. 823), grecs (p. 830) et français
(p. 831).
Quoique d'une utilité grande assurément, l'index n'occupe, par ses
dimensions, qu'une place restreinte dans ce volume. La majeure partie
en est remplie par un Glossaire moyen-breton contenant les mots bretons
usités du xi^ au xvn« siècle qui nous ont été conservés.
M. Ernault avait déjà publié un Dictionnaire étymologique du moyen-
breton à la suite du Mystère de sainte Barbe, édité par lui en 1888 dans
la collection des Bibliophiles bretons. Cet ouvrage ne perd rien de sa
valeur depuis la présente publication. L'auteur s'est en effet proposé
uniquement de compléter son premier travail et non pas de le refaire.
Il avait donné un supplément de son Dictionnaire dans les Mémoires de la
Société de linguistique de Paris (t. VI, "VII, VIII) ; mais ce supplément,
qui n'occupait guère que deux cents pages, était insuffisant. Le cadre
en a été depuis agrandi, amélioré, et cette ébauche est devenue le Glos-
saire que nous annonçons.
^ 74 BIBLIOGRAPHIE.
Les premiers textes suivis en moyeu-breton {Vie de sainte Nonn,
Catholicon de Lagadeuc) datent seulement de la fin du xv« siècle, la
langue des siècles antérieurs ne nous étant connue que par des chartes.
Par suite, M. Ernault s'était borné à recueillir, dans le Dictionnaire
étymologique, les mots bretons du xv^ et du xvi" siècle qu'il relevait
dans les textes suivis. Dans le Glossaire, au contraire, il s'est attaché à
recueillir les mots, isolés ou non, que fournissent les documents du
xii<= au xvi« siècle inclusivement, depuis ceux contenus dans le cartu-
laire de Quimperlé et les trois cartulaires de Quimper jusqu'à ceux
qu'il a relevés dans les registres paroissiaux de Pédernec et de Quem-
per-Guézennec. La liste se trouve de la sorte fort allongée, notamment
par les noms de famille, qui forment un appoint important. C'est là une
innovation dont on ne saurait trop féliciter l'auteur; cependant, il faut
reconnaître que le Dictionnaire étymologique a plus d'homogénéité parce
qu'il représente mieux l'état du breton armoricain à une époque déter-
minée de son histoire, au lieu que le Glossaire renferme des mots
qui ne sont pas, si l'on peut dire, contemporains, et dont les uns
étaient tombés en désuétude lorsque les autres ont été créés. Ce
défaut est inhérent à tout dictionnaire général d'une langue ancienne :
le plan en est toujours trop vaste. M. Ernault a lui-même reconnu ce
qu'il y a d'artificiel dans les travaux de ce genre. Il constate, dans sa
préface, combien il est arbitraire de faire une différence entre le breton
parlé en 1600 et le breton parlé en 1601, alors qu'on n'en fait aucune
entre celui parlé en 1600 et celui parlé en 1101. L'expression « moyen-
breton » désigne la langue armoricaine pendant une période très longue
et assez mal délimitée au cours de laquelle cette langue a varié cons-
tamment de siècle en siècle.
Cette remarque une fois faite, hâtons-nous de dire que M. Ernault a
échappé autant qu'il se peut aux inconvénients du plan qu'il s'est tracé
en s'appuyant toujours sur des textes bien datés. Peut-être abuse-t-il
un peu des abréviations par sigles, qui nécessitent un apprentissage
pour être toutes connues. Il est, en outre, regrettable que l'auteur n'ait
pas jugé à propos de nous donner, en tête de son Glossaire, une liste
complète de ses sources, dont beaucoup sont seulement citées en note.
L'étendue de ses recherches, qui ont été considérables, eût pu être
ainsi mieux appréciée.
Nous ne pouvons ici donner une idée des innombrables problèmes de
philologie qui sont posés et parfois résolus dans le Glossaire. A cet égard,
l'ouvrage de M. Ernault est une véritable mine de renseignements nou-
veaux à laquelle les romanistes eux-mêmes puiseront avec profit. Ainsi,
entre bien d'autres exemples, il peut être intéressant de constater que
le mot breton qui désigne un bullaire, bililher, renferme un son mouillé
qui ne se trouve pas dans le mot bull (une bulle), mais qui existe dans
quelques formes italiennes, où on l'explique par un mélange de bulla
BIBLIOGRAPHIE. 475
avec bullio (Kôrting, Lateinisch-romanisches Wôrlerbuch, n" lilU). —
Le mot fr. hanafat (mesure de miel), que Diez (Elymologisches Wôrter-
buch, 610) et, à sa suite, Kôrting [op. cil., n» 3871) faisaient venir du
vieux-saxon hanigfat, paraît bien plutôt dériver du moyen-breton hanaf
(coupe, hanap). — De même, M. Ernault nous apprend que le breton
cacadd (lépreux), d'où Kôrting fait venir le français cagot, n'existe pas.
Kôrting avait sans doute en vue le mot cacodd, pi. cacodedd (ladre), que
le P. Grégoire de Rostrenen donne comme suranné dans son Diction-
naire françois-celtique, ouvrage dont l'autorité est au reste très faible,
en sorte que l'existence de cacodd n'est même pas certaine.
Un des grands mérites de M. Ernault est précisément d'avoir exclu
de son Glossaire les mots donnés par le P. Grégoire comme étant du
breton « d'autrefois. » Une bonne partie de ces mots, que M. Ernault
appelle des « alias », parce que dans le dictionnaire du P. Grégoire ils
sont précédés de la mention alias, n'est pas extraite des textes en moyen-
breton. Ils ont été, soit imaginés purement et simplement, soit admis
à la légère par suite de confusions dont quelques-unes sont signalées
et expliquées avec beaucoup de finesse dans la préface du Glossaire.
Si la liste des mots du breton-moyen qui nous sont connus se trouve
de la sorte quelque peu abrégée, M. Ernault y supplée d'une manière
fort ingénieuse par les conjectures les plus autorisées. Il infère de l'exis-
tence de certains mots en breton moderne celle de mots analogues en
breton-moyen et, à l'aide des lois de la phonétique celtique, il tente
parfois d'en rétablir la forme. Ces mots sont assez nombreux dans le
Glossaire, où ils sont distingués par des caractères typographiques spé-
ciaux. Ils ne contribuent pas peu à en augmenter la valeur originale.
Voici par exemple le mot breton moderne neien (an iy), qui signifie faite
(d'une maison). La racine de ce mot, dont le vocalisme parait avoir été
modifié par l'influence de son synonyme lein, se retrouve dans le cor-
nique Jien-bren (plafond), dans le gallois nen (voûte). On ne peut douter
que le mot breton moderne, qui est à coup sûr indépendant du comique
et du gallois, dérive d'un thème primitif dont dérivent aussi, de leur
côté, les mots comique et gallois correspondants. — Le mot gwek
(vesce sauvage), usité aujourd'hui en trécorois et dont on n'a pas
d'exemple avant la tin du xvin« siècle, est évidemment apparenté avec
le gallois gwig, qui vient du latin vicium. Ce mot gwek devait exister
sous la forme *guec en moyen-breton et sous la forme *uic en vieux-
breton. On peut taxer tout cela d'hypothèses invérifiables, mais les
résultats n'en sont pas moins pour la plupart très sûrs et très inté-
ressants.
Le Glossaire de M. Ernault présente donc, en même temps qu'une
liste des plus complètes de tous les mots qui n'avaient pas été réunis dans
le Dictionnaire étymologique, des restitutions conjecturales faites avec
toute la circonspection critique nécessaire. C'est assez dire la haute
-176 BIBLIOGRAPHIE.
valeur de l'ouvrage, que recommande encore le patronage d'un maître
éminent, M. d'Arbois de Jubainville.
Ph. Lauer.
Alessandro Bellucci. Inventario dei manoscriiti délia hihlioteca di
Perugia. Forli, Luigi Bordandini, ^1895. Grand in-8% 244 pages.
(Extrait du tomeV des Inventari dei manoscriiti délie biblioieche
d'Iialia, publiés sous la direction de M. G. Mazzatinti, p. 56-297.)
Ce catalogue est assurément l'un des plus importants qui aient été
publiés jusqu'ici dans la collection dirigée par M. Mazzatinti. Il ne
comprend pas moins de 1,565 articles, dont beaucoup méritaient d'être
signalés à l'attention des érudits.
Les manuscrits de la bibliothèque communale de Pérouse, biblio-
thèque dont le véritable fondateur est un érudit pérugin de la fin du
xvie siècle, Prospero Pogiani, sont répartis en trois fonds distincts :
i° ancien fonds, formé de la réunion de la collection Pogiani (à laquelle
sont venues se joindre quelques autres collections particulières moins
considérables), et des manuscrits des Jésuites de Pérouse et des cou-
vents supprimés en 1810; — 2° fonds des corporations supprimées
en 1866; — 3° nouveau fonds et fonds divers. M. Bellucci, tout en res-
pectant l'ordre établi par ses prédécesseurs (et un peu par le hasard),
a donné à ces diverses séries une numérotation unique. Les ouvrages
ne sont classés ni par matières ni par langues ; ainsi , on rencontre
sous le numéro 646 un manuscrit copte, et sous le numéro 949 un
manuscrit arabe; de même, les manuscrits grecs, relativement nom-
breux et importants, et qui ont fait l'objet d'un catalogue spécial, dû à
M. T.-W. Allen [Centralblalt filr Bibliotliekswesen, t. X, p. 470-476), se
trouvent disséminés parmi des manuscrits latins ou italiens.
La bibliothèque ne renferme pas un grand nombre de manuscrits
remarquables par leur ancienneté. Bien peu sont antérieurs au xn' siècle.
Quatre volumes sont indiqués comme datant du xi« : un psautier (627),
un Sédulius (728), un exemplaire des Dialogues de saint Grégoire (828)
et un Traité de médecine (H38) ; un seul serait, d'après M. Bellucci,
du x« siècle : c'est une Bible, d'ailleurs très précieuse, ornée de cinq
grandes peintures (807).
L'antiquité classique est bien représentée dans cette collection. Les
exemplaires des auteurs latins y sont assez nombreux; la plupart sont
du xv« siècle, quelques-uns du xiii", un du xii^ (Salluste, 371).
Parmi les manuscrits pouvant intéresser la littérature latine ou l'his-
toire du moyen âge, voici ceux que j'ai notés :
58. « Summa dictaminis, » dé Thomas de Gapoue (xni^-xiY^ siècle).
98, 110, 117. Sermons et oeuvres diverses de Bertrand de la Tour,
BIBLIOGRAPHIE. M7
évêque de Tusculum (xiv« siècle) ; les copies n'en sont pas communes,
même en France.
192. Chronique martinienne (xv» siècle).
288. « Tadei de Parisio, boni medici [Thaddée de Florence, Taddeo
Alderotto?], phisica vel recepta » (xv» siècle).
292. Recueil de prophéties (xiv^ et xv« siècles).
302. « Epistolo di Gregorio IX, » etc. (xni« siècle) ; je compte don-
ner prochainement une notice de ce manuscrit.
388. « Arsscribendiepistolas, » de « Gaufridus Anglicus» (xiii^ siècle);
ce formulaire a été récemment étudié par M. Ch.-V. Langlois, qui res-
titue à ce Geoffroi son vrai nom de Geoffroi de « Cumeselz; » voyez
Notices et extraits des manuscrits, t. XXXV, 2« partie (1896), p. 427 et
suivantes.
725. « Architrenius, » de Jean de Hauteville (xn«-xnie siècle) ; on sait
que les exemplaires manuscrits de ce curieux poème sont assez rares;
je doute que celui-ci ait été jamais utilisé.
736. Recettes médicales et traités de médecine (xii'î-xnifi siècle).
744. « Cyrugia, » de Thierry, évêque de Gervia [Teoderico Borgo-
gnoni] (xiv« siècle).
1073. « Epilome délia storia sacra, » de « Petrus, servus Ghristi,
presbyter Trecensis » [Pierre Comestor] (xn^ siècle).
1324. « Ars dictaminis, » de « Johannes de Gar^ » [Jean de Gar-
lande] (xiv* siècle).
Assez riche en textes italiens anciens (d'importants recueils de poé-
sie seraient particulièrement à citer), la bibliothè(iuc de Pérouse l'est
encore plus en documents concernant l'histoire locale ou régionale; en
tête doivent figurer les mémoires de Railaele Sozi (322), une chronique
originale de Saint-Dominique de Pérouse, de 1200 à 1598 (1141), et une
série de registres versés des archives municipales dans la bibliothèque
« perunamigliore conservazione. » Personne ne s'étonnera, en revanche,
de la pauvreté de cette même collection en documents relatifs à notrfe
histoire moderne; je ne retrouve guère à signaler, outre quelques
« Miscellanea diplomatica » (100, 987) et un recueil des lettres de
Mazarin, en quatre volumes (882-885), qu'une relation, en trois volumes,
par « Eurillo Battifondo, » de Bologne, du voyage qu'il fit en France
en 1664-1665, et intitulé : « Viaggio di Francia, costumi e qualità di
que' paesi » (1126-1128).
M. Bellucci, dans son Introduction, a dressé la liste des absents;
plusieurs manuscrits ont, en effet, dans le courant de ce siècle, dis-
paru de la bibliothèque de Pérouse; de ce nombre sont quelques
volumes particulièrement intéressants pour l'histoire locale; mais la
perte de beaucoup la plus considérable qui soit à déplorer, est celle d'un
magnifique Gicéron, orné de seize grandes peintures, de la seconde
moitié du xv« siècle. M. Bellucci a été bien inspiré en reproduisant la
4897 i-2
-178 BIBLIOGRAPHIE.
notice qu'en avait rédigée un de ses prédécesseurs ; elle permettra
peut-être de retrouver un jour ce manuscrit, trop précieux pour qu'on
doive désespérer de le voir jamais réapparaître. D'après A. Rossi,
auteur de cette notice, il faut voir, dans la forme des caractères, dans
le goût de l'ornementation, dans le choix des personnages proposés par
le miniaturiste comme modèles de justice (Gharlemagne et un roi qui
serait saint Louis), surtout dans les inscriptions tracées au-dessous de
certaines figures, telles que « Prudence, Force, Tempérance, les Vertus, »
autant de preuves que le travail est dû à une main française; et, sans
doute, « ne se tromperait -on guère, » ajoute l'auteur de la notice,
« en y reconnaissant celle du célèbre Nicolas [?] Fouquet. »
Bien que les circonstances n'aient pas permis de le compléter par un
index ^, ce catalogue ne manquera pas néanmoins de rendre de réels
services, et le public savant en pourra être reconnaissant à M. Bellucci,
qui, pendant la courte durée de ses fonctions à la bibliothèque de
Pérouse, a fait preuve d'autant de zèle pour la conservation du riche
dépôt dont il avait la garde, que d'obligeance à l'égard des visiteurs de
passage, venus pour y faire des recherches.
L. AUVRAY.
Il Codice atlantico di Leonardo da Vinci nella Biblioteca Ambro-
siana di 3Iilano, riprodotto e puhblicato dalla regia Accademia
dei Liticei sotto gli auspici e col sussidio del lie e del Governo.
Milano, Ulrico Hoepli, -i 894-1 896. -10 fasc. très grand in-fol. (En
cours de publication.)
Cette magnifique publication est consacrée à reproduire intégrale-
ment les dessins et le texte original d'un des plus beaux manuscrits
de Léonard de Vinci. Le Codice atlantico de la bibliothèque Ambroi-
sienne'^ de Milan doit son nom à la grande dimension de son format
1. Depuis, en 1896, a paru l'index du tome V des Inventari dei manoscritti,
etc., dont l'inventaire des manuscrits de Pérouse forme la presque totalité.
2. Rappelons que Léonard de Vinci, par son testament d'Amboise, en date du
23 avril 1518, avait laissé à son disciple et ami Francesco Melzi, qui l'avait
accompagné dans son exil volontaire, tous les manuscrits, dessins, peintures,
etc., qu'il avait apportés avec lui en France. A la mort de Léonard, survenue,
comme on sait, au château de Clou, le 2 mai 1519, Melzi ramena ces précieuses
reliques en Italie; et sa vie durant, il conserva soigneusement la collection des
manuscrits qu'il tenait de son maître et qui étaient si importants au point de
vue arlislique et scientifique. Mais quand Melzi mourut (en 1570), ces trésors
passèrent, par le fait de ses héritiers, par une série de vicissitudes qu'explique
en détail l'auteur de la préface de la présente publication; et c'est ainsi que le
Codice atlantico, qui faisait partie des treize volumes de manuscrits et dessins
de Léonard de Vinci, (inil par entrer à la bibliothèque Ambroisieane.
BIBLIOGIIAPHIE. 479
(0"'61 de haut sur 0'"45 de large) ; il se compose de 402 feuillets et con-
tient plus de 1,700 dessins. Grâce à l'importance de ce manuscrit, on
peut une fois de plusse rendre compte de la multiplicité des études du
maître incomparable auquel on les doit, et de l'étonnante variété des
manifestations de ce génie, si puissamment organisé. Art de l'ingé-
nieur, surtout au point de vue militaire, géométrie^, mécanique, phy-
sique, hydraulique, arts industriels, architecture, peinture, etc., c'est
à ces différents arts, à ces sciences variées et à leurs applications
nombreuses que nous ramènent sans cesse les dessins et les croquis si
remarquables, les observations si ingénieuses de Léonard de Vinci.
Ajoutons que, si ce manuscrit présente un tel intérêt, c'est encore
plus sous le rapport des sciences et des arts mécaniques que pour ce
qu'on est convenu d'appeler les beaux-arts.
On a donc eu la plus heureuse idée d'entreprendre la publication
intégrale d'un aussi précieux manuscrit. Ce n'est pas qu'il fût resté
inconnu; loin de là. Déjcà, en 1626, le cardinal Frédéric Borroraée en
avait ordonné la transcription, onze ans avant que la bibliothèque
Ambroisienne qu'il avait fondée lui-même ne fût entrée en possession
de ce manuscrit, grâce à la libéralité du comte Galeazzo Arconati.
Divers savants l'avaient déjà fait connaître partiellement, et parmi eux
Ant. David, Bald. Oltrocchi, plus tard Venturi, celui-ci au point de
vue de la physique et des mathématiques, alors que le Codice allan-
tico avait été transporté en France (1796), avec d'autres dépouilles de
guerre enlevées à la Lombardie. Rendu à l'Italie en 1815, le Codice fut
étudié dans ce siècle-ci par Libri, Omodei, Angelucci, et récemment
par P. Mùller-Walde2, etc.; mais toutes les études variées dont ce
manuscrit avait été ou était encore l'objet, surtout au point de vue
scientifique, étaient restées incomplètes; aucune des recherches entre-
prises alors n'avait embrassé toute l'étendue de ce manuscrit, aucune
ne l'avait suffisamment approfondi.
C'est seulement en 1872, lors de l'inauguration d'un monument- à
Léonard de Vinci, élevé à Milan même, qu'on forma le dessein de
publier un Saggio del Codice atlanlico; ce premier projet en suggéra
bientôt un autre, celui de publier intégralement le Codice, et ce fut
l'Académie des Lincei qui prit sous ses auspices une aussi louable
entreprise. Déjà M. Ravaisson-MoUien, en publiant dès 1881 les
manuscrits de Léonard de Vinci conservés à l'Institut de France, avait
1. Léonard de Vinci avait exéculé des dessins géométriques qui étaient des-
tinés à servir au traité célèbre de Luca Pacioio intitulé : De divina pro-
port ione.
2. Dans son bel ouvrage, encore inachevé, qui a pour titre : Leonardo da
Vinci, Lebenssiiizze nnd Forschnngen iiber sein Verh/iKniss ziir Florentiner
Kumt und zu Rafaël, 3" Lief., 1890 (Munchen, Georg Hirth, 1890, in-4'').
^80 BIBLIOGRAPHIE.
reconnu pour ces manuscrits t qu'une publication intégrale et textuelle
peut seule donner un résultat définitif, de telle sorte qu'il ne soit plus
nécessaire de recourir aux documents originaux pour en faire une
étude nouvelle. » Cette transcription intégrale, cette précision tex-
tuelle ne se trouvent pas dans l'ouvrage de Richter, paru en 1883 sous
le titre de The literary works of Leonardo da Vinci, ouvrage très remar-
quable d'ailleurs, mais conçu d'une manière spéciale, à cause du clas-
sement méthodique qu'on a suivi expressément dans ce recueil.
Non seulement l'Académie des Lincei se décida à reproduire tous les
folios du Godice atlantico avec les dessins et l'écriture originale qui les
accompagne dans leur ordre de succession, mais elle résolut de publier
in-extcnso avec des notes le texte même, précédé de sa reproduction
diplomatique, sans d'ailleurs le traduire dans aucune autre langue;
de plus, les auteurs de cette publication se réservent de la faire suivre
d'un lexique de la langue de Léonard de Vinci, afin de faciliter l'expli-
cation de bien des termes spéciaux, d'une nature technique, dont le
sens peut être difficile à saisir. L'Académie des Lincei a pu s'assurer de
la collaboration de savants très estimés, tels que Giovanni Piumati,
qui s'est occupé particulièrement de la question du vol des oiseaux, et
Luca Beltrami, qui est très familiarisé avec la langue technique de
Léonard de Vinci. C'est au savant Brioschi qu'est due la préface qui
a paru en tête du premier fascicule. Enfin, ce recueil sera complété
par des tables systématiques qui aideront à y faire les recherches néces-
saires.
L'ouvrage comprendra environ 35 fascicules contenant chacun
40 planches en phototypie avec la double transcription que nous
venons d'indiquer et avec des notes. Un prospectus détaillé de la mai-
son Hoepli explique les conditions de cette publication dont l'intérêt
est considérable.
Victor MoRTET.
-<H^
LIVRES NOUVEAUX.
SOMMAIRE DES MATIÈRES.
GÉNÉRALITÉS, 237, 248.
Sciences auxiliaires. — Paléographie, 9, 85. — Chronologie, 214. —
Bibliothèques, 166, 208. — Manuscrits, 3, 46, 64, 69, 96, 135, 136, 139,
165, 254, 262. — Imprimerie, 204. — Bibliographie, 93, 242.
Sources, 264. —Vies de saints, 176, 249. —Chroniques, 94, 124, 196.
BIBLIOGRAPHIE. 184
Journaux, 30. — Correspondances, 0, 87. — Archives, 8, 104, 121, 184,
211. — Cartulaires, bullaires, 35, H7, 223, 256, 257. — Chartes, 24. —
Obituaire, 188.
Biographie, généalogie, 116. — Albert Achille, 6; fra Angelico, 255;
Jeanne d'Arc, 71; Attila, 110; saint Bernard, 21; Catone, 16; Cha-
bannes, 45; Charlemagne, 145; Charles I" d'Anjou, 240; Christophe
Colomb, 232; bienheureuse Christine de Stommeln, 196; saint Chris-
tophe, 209; saint Cyrille, 102 ; Dante, 17, 253, 279; Éric de Danemark,
4; Este, 95; Fugger, 111; Gassion, 74; Grégoire VII, 267; Guillaume
de Norwich, 249; Gutenberg, 26; Henri II, empereur, 15; Innocent IV,
117; Kappler, 269; Krafft, 65; La Farelle, 79 ; Ligerz, 169; Jacques
de Longuyon, 222; saint Louis, 67, 240; saint Malo, 197; Mancini,
155; Simon de Marville, 222; Michel Scot, 33; saint Nicolas de Tolen-
tino, 252; Petit, 206; Pienzenauer, 274 ; Pietro Guglielmo di Luserna,
109; saint Pierre Célestin, 212; Marco Polo, 57; René d'Anjou, 97;
saint Rémi, 14, 39; Saisy de Kérampuil, 218; Savonarole, 82, 202;
Sordel, 16.
Droit, 89, 138, 140, 186, 187, 201, 221, 227, 238, 251, 275.
Institutions, 12, 189, 191, 192, 193, 198, 236, 272.
Mœurs, civilisation, 27, 181, 190, 225, 243, 261.
Enseignement, 81, 123, 152.
Sciences, 179, 265, 278, 282.
Géographie, 171, 250.
Religions. — Judaïsme, 124, 239, 268. — - Écriture sainte, 1. — Catho-
licisme, 112, 148, 150, 240, 244, 263, 267, 273; papauté, 36; conciles,
19, 53; ordres religieux, 38, 129, 285; théologie, 87; liturgie, 115;
indulgences, 217. — Hérésies, 205.
Archéologie, 50, 60, 156, 159, 164, 170, 177. — Architecture, 18, 29,
41, 42, 59, 78, 83, 88, 154, 178, 183, 203, 213, 259, 270, 276. — Pein-
ture, dessin, 22, 43, 108, 114, 231, 281. — Éraaillerie, 172. — Gravure,
101. — Poteries, 47. — Costume, 153. — Armes, 25. — Héraldique,
97. _ Sigillographie, 68, 234. — Numismatique, 119, 120, 133, 168, 233.
Langues et littératures, 75. — Langues romanes, 128, 180, 182,
284 ; français, 66, 69, 73, 76, 77, 99, 131, 199, 215, 216, 230, 265; ita-
lien, 7, 37, 63, 105, 109, 162, 200, 279. — Langues germaniques : alle-
mand, 125, 141, 165, 226, 271 ; anglo-saxon, 23, 195, 277; anglais, 10;
flamand, 72. — Langues slaves, 34, 247.
SOMMAIRE GÉOGRAPHIQUE.
Allemagne, 28, 118, 173, 229. — Bavière, 91, 239; Hanovre, 210,
257; pays rhénans, 27, 241 ; Poméranie, 62; Prusse, 12, 98, 103, 283;
Saxe, 84, 86, 127, 225; Schleswig-Holstein, 90, 207, 223.
482 BIBLIOGRAPHIE.
Autriche-Hongrie, 32, 49, 100, 103, 122, 126, 144, 243, 251.
Danemark, 219.
Espagne, 38, 130, 149, 160, 193, 245, 261.
France, 2, 107. — Auvergne, 13; Barrois, 164; Champagne, H;
Fotx, 192; Picardie, 137. — Alpes-Maritimes, 188; Aude, 61; Cher,
191; Dordogne, 44; Drôme, 48, 175; Haute-Garonne, 147; Hérault, 70,
236; Isère,' 194; Manche, 220, 246; Nord, 113; Seine-et-Oise, 104;
Seine-Inférieure, 31, 211 ; Vosges, 258; Yonne, 24. — Monaco, 2il bis.
Grande-Bretagne, 18, 41, 42, 80.
Italie : du Nord, 5, 40, 51, 55, 92, 142, 158, 253; du Centre, 20, 52,
56, 93, 151, 167, 238, 268; du Sud, 124, 157, 163.
Pays-Bas, 35, 259.
Pologne, 152.
Russie, 174, 185, 228, 235.
Suisse, 78, 146, 256, 280.
Orient, 54, 58, 94, 106, 143, 161, 224.
1. Abdlfaragii (Gregorii) Bar Hehraei scholia in libros Samuelis.
Edidit E. Schlesinger. Berlin, S. Calvary, 1897. In-S», iv-35 p. 2 m.
2. Adams (G. B.). The Growth of the French nation. London, Mac-
millan, 1897. In-8o, 350 p. 6 sh.
3. Ahlwardt (W.). Die Handschriften-Verzeichnisse der kônigl.
Bibliothek zu Berlin. XX : Verzeichniss der arabischen Handschrif-
ten, 8. Berlin, A. Asher, 1896. In-4°, x-462 p. 21 m.
4. Aktstykker vedrôrende Erik af Pommerns afsaettelse som konge
af Danmark, udgivne ved A. Hude af selskabet for udgivelse af kilder
til dansk historié. Kôbenhavn, Gad, 1897. In-8°, 54 p.
5. Alamanni (Luigi). Storia di Casalpusterlengo, fasc. 7-10. Lodi, tip.
Quirico e Camagni, 1896. In-8«, p. 193-320.
6. Albrecht-Achilles (Politische Korrespondenz des Kurfùrsten).
Heraupgegeben und erlàutert von Fel. Priebatsch. Il : 1475-1480. Leip-
zig, S. Hirzel, 1897. In-8°, x-744 p. (Publicationen aus den k. preus-
sischen Staatsarchiven, 67.) 25 m.
7. Amabile di continentia, romanzo morale del secolo xv a cura di
Augusto Cesari. Bologna, Romagnoli Dall'Acqua, 1896. In-8°, ccxliv-
153 p. (Collezione di opère inédite o rare dei primi tre secoli délia lin-
gua.) 10 1.
8. Archives municipales de Bayonne. Délibérations du corps de ville.
Registres gascons. T. 1 : 1474-1514. Bayonne, impr. Lamaignère, 1896.
In-4«, xxxvn-596 p.
BIBLIOGRAPHIE. 488
9. Arndt (Wilhelm). Schrifttafpln zur Erlernung der lateinischen
Pala?ûgraphie. 3. Auflage, besorgt von Michacl Tangl. I. Berlin, G. Grote,
1897. In-fol., v-9 p., 30 pi. 15 m.
10. Arnold (T.). Manual of Enplish literature, historical and critical.
London, Longmans, 1897. In-8°, 674 p. 7 s. 6 d.
11. AssiER (Alexandre). Pièces rares ou inédites relatives à l'histoire
de la Champagne et de la Brie. I-III. Paris, E. Lechevalier, 1896. In-12,
60, 60 et 60 p.
12. Ausgewâhlte Urkunden zur brandenburgisch-preussischen Ver-
fassungs- und Verwaltungsgeschichte. Herausgegeben von Wilh.
Altmann. Berlin, R. Gaertner, 1897. In-8o, vin-246 et vni-316 p. 7 m.
13. Auvergne (1'). Documents, notes, itinéraires publiés avec la col-
laboration de MM. A. Berthoule, J.-B.-M. Bielawski, M. Blatin, etc.
Glermont-Ferrand, impr. Montlouis, 1896. In-8», 346 p., 12 pi., grav.,
cartes et plans.
14. AvENAY (Etienne d'). Saint Rémi de Reims, apôtre des Francs
(437-533). Lille, Desclée, de Brouwer et G^", 1896. In-8% 188 p.
15. Bartoli (Benvenuto). Arrigo II in Italia : studio storico. Bologna,
tip. Légale, 1896. In-8o, 63 p.
16. Bartoli (Benvenuto). Figure dantesche : Catone, Sordello. Bolo-
gna, tip. Légale, 1896. In-8°, 82 p. 1 1.
17. Bassermann (Alfred). Dantes Spuren in Italien. Heidelberg,
G. Winter, 1896. In-4», ix-303 p., 1 carte et 67 pi. 40 m.
18. Bax (P. B. J.). The cathedral church of St. Asaph : historical
and descriptive. London, Elliot Stock, 1897. In-8°, 96 p., grav. 5 sh.
19. Beer (Rudolf). Urkundliche Beitràge zu Johannes de Segovias
Geschichte des Basler Goncils. Wien, Garl Gerold's Sohn, 1897. In-8°,
60 p. on. 65.
20. Berardi (Pancrazio). L'abbazia di S. Benedetto in Gualdo Tadino.
Foligno, tip. Artigianeili di S. Carlo, 1896. In-8°, 45 p.
21. Bernard (Life and works of St.), the abbot of Clairvaux. Ed. by
Dom John Mabillon. Translated and edited, with additional notes, by
Samuel J. Eales. Vol. 3-4. London, J. Hodges, 1896. In-8°, 464 et
568 p. 12 sh. le volume.
22. Berthier (le R. P. J.-J.). La plus ancienne danse macabre au
Klingenthal, à Bàle. Paris, Lethielleux, s. d. In-8o, 104 p., grav.
23. Bibliolhek der angelsàchsischen Poésie, begriindet von Chris-
tian W. M. Grein. Vermehrt und herausgegeben von Richard Paul
\8Â BIBLIOGUAPHIE.
Wijlker. III. Bd., 1. Hâlfte. Leipzig, G. -H. Wigand, 1897. In-S», vii-
248 p. 11 m.
24. Blondel (abbé). La vérité sur les chartes de fondation de l'abbaye
de Saint-Pierre-le-Vif. Sens, impr. Duchemin, 1896. In-8°, 29 p.
(Extrait du Bulletin de la Société archéologique de Sens, t. XVIII.)
25. BoEHEiM (Wendelin). Meister der Waffenschmiedekunst vom
XIV. bis ins xviii. Jahrh. Berlin, W, Moeser, 1896. Gr. in-8o, xi-246 p.,
159 illustr. dans le texte, 20 pi. en photot. 18 m.
26. BôRCKEL (Alfred). Gutenberg. Giessen, E. Roth, 1897. In-4°,
ix-122 p., 34 illustr. 3 m.
27. Boos (Heinrich). Geschichte der rheinischen Stàdtekultur von
ihren Anfângen bis zur Gegenwart, mit besonderer Beriicksichtigung
der Stadt Worms. l«r Theil. Berlin, J.-A. Stargardt, 1897. In-4o, xiv-
556, 43 p., grav. 10 m., rel. toile.
28. BoRNHAK (F.). Unser Vaterland. lUustrierte Gescbichte des deut-
schen Volkes. 3. Auflage. Berlin, Bruer, 1897. In-8°, xni-762 p., grav.
12 m., rel. toile.
29. BousREz (L.). Le donjon et le château de Montbazon. Notice his-
torique et archéologique. Tours, Bousrez, s. d. In-8o, 8 p.
30. Brandis (Henning). Diarium. Hildesheimische Geschichten aus
den J. 1471-1528, herausgegeben von Ludwig Haenselmann. Hildes-
heim, Gerstenberg, 1896. In-8°, ni-Li-370 p. 13 m. 50.
31. Bréard (Charles). Essai historique sur Moulineaux et le château
de Robert le Diable, suivi d'une notice sur le fief de la Vacherie-sous-
Moulineaux. Rouen, impr. Gy, 1896. In-S", 219 p., grav.
32. Bretholz (Bertold). Dejiny Moravy. I, 1. Briinn, K. Winiker,
1896. In-8o, 144 p. 1 fl.
33. Brown (J. W.). An enquiry into the life and legend of Michael
Scot. London, D. Douglas, 1897. In-8», 298 p. 10 sh. 6 d.
34. Brueckner (Alex.). Drobne zabytki jçzyka polskiego xv w. [Monu-
ments de la langue polonaise au xv« s.] Ci-acovie, société d'éditions,
1896. In-8o, 86 p. (Extrait du t. XXV des fiospraw wydzialu filolog.
Akademii umiej.)
35. BuUarium Trajectense. GoUegit et edidit Gisbertus Brom. Tom. Il,
fasc. 4. Hagae, M. Nijhoif, 1897. Gr. in-8<», p. xxix-lxxx et 335-426.
36. BuscHBELL (Gottfr.). Die Professiones fidei der Pàpste. Rom,
Spithôver, 1896. In-8°, 82 p. (Extrait de la Rômische Quartalschrift.)
37. Calvi (Eusebio). L'oggettivismo ed il soggettivismo di Dante Ali-
BIBLIOGRAPHIE. 485
ghieri, studiato negli Svevi ed Angioini che hanno figura nella Divina
Commedia. Torino, tip. Ferrero e Beccaria, 1897. ln-16, 70 p.
38. C.\PPA (le P. Ricardo). Estudios criticos acerca de la dominaciôn
espafiola en America, i Que era Espana un siglo antes del descubrimiento
de America? XVIII. Artistas espanoles del siglo xv. Madrid, Luis
Aguado, 1896. In-8°, 225 p. 3 p.
39. Garlier (abbé L.). Vie de saint Rémi, évêquede Reims et apôtre
des Francks. Tours, Cattier, s. d. In-8°, 96 p., grav.
40. Garutti (Domenico). Storia délia città di Pinerolo, riveduta e
corretta dall' autore. Pinerolo, tip. Ghiantore Mascarelli, Î897. In-8°,
xviii-661 p. 8 1.
41. Cathedral church of Ganterbury : description of its fabrics, his-
tory of the archiépiscopal see. London, Bell, 1896. In-S», 134 p. (Cathe-
dral séries.) 1 s. 6 d.
42. Gathedral church of Salisbury : description of its fabrics, history
of see of Sarum. London, Bell, 1896. In-8°, 114 p., grav. (Cathedral
séries.) 1 s. 6 d.
43. Gavalcaselle (G.-B.), Growe (J.-A.). Storia délia pittura in Ita-
lia dal secolo n al secolo xvi. Vol. VII. Firenze, Le Monnier, 1897.
In-8% 543 p. 10 1.
44. Gazauran (abbé). Notre-Dame de Biron. Histoire seigneuriale et
paroissiale. Auch, Gocharaux, 1896. In-16, 319 p. 3 fr. 50.
45. Ghabannes (comte h. de). Histoire de la maison de Ghabannes.
Tome III. Dijon, impr. Jobard, 1896. In^", 1178 p., grav.
46. Ghabot (J.-B.). Notice sur les manuscrits syriaques de la Biblio-
thèque nationale acquis depuis 1874 (n"' 289-334). Paris, Impr. natio-
nale, 1897. In-4", 19 p. (Extrait du Journal asiatique.)
47. Ghauvet (Gustave). Le cimetière barbare de Saint-Germain, com-
mune de Saint -Front (Gharente). Anciennes poteries charentaises.
Angoulème, impr. Ghasseignac, 1896. In-S", 17 p.
48. Ghevalier (docteur Ulysse). Œuvres historiques. I : Annales de
la ville de Romans, manuscrit inédit. Paris, A. Picard et fils, 1897.
In-8", xx-327 p.
49. Ghizzola (Alfred von). Kriegshistorische Wanderungen in der
engeren und weiteren Umgebung von Olmiitz vom 1100 n. Gh. bis 1866.
Teschen, K. Prochaska, 1897. In-8«, vi-130 p. 2 m. 60.
50. Glemen (Paul). Die Kunstdenkmàler der Rheinprovinz. HI, 4 :
Die Stàdte und Kreise Gladbach und Krefeld. Dùsseldorf, L. Schwann,
1896. Gr. in-8o, p. i-vi et 437-603, 74 grav. et 12 pi. 6 m.
486 BIBLIOGRAPHIE.
51. Gogo (Gaetano). La sottomissione del Friuli al dominio délia
repubblica veneta (1418-1420). Udine, tip. G.-B. Doretti, 1896. In-8°,
54 p. (Extrait des Atti deW accademia di Udine, série II, vol. III.)
52. Gommissione senese di storia patria nella r. accademia dei Rozzi.
Gonferenze tenute nei giorni 29 febbraio, 7, 21 e 28 raarzo 1896. Vol. II.
Siena, tip. L. Lazzeri, 1896. In-lô, 259 p. 2 1.
53. Goncilium Basiliense. Studien und Quellen zur Geschichte des
Goncils von Basel. Herausgegeben mit Unterstiitzung der historischen
und antiquarischen Gesellschaft von Basel. II : Die ProtokoUe des
Goncils, 1431-1433. Aus dem Manuale des Notars Bruneti und einer
rômischen Handschrift herausgegeben von Johannes Haller. Basel,
R. Reich, 1897. Gr. in-8o, .xxi-645 p. 1 pi. 24 m.
54. CoNDER (G. R.). The Latin kingdom of Jérusalem, 1099 to 1291
A. D. London, Palestine exploration fund, 1897. In-8°, vm-443 p.
55. Gonferenze di storia milanese, tenute per cura del circolo filolo-
gico milanese. Milano, fratelli Bocca, 1897. In-16, viii-550 p., pi. 6 1.
56. Goustituto (il) del comune di Siena dell' anno 1262, pubblicato
sottogli auspici délia facoltà giuridica di Siena da Lodovico Zdekauer.
Milano, Ulrico Hoepli, 1896. In-4'>, cxv-519 p., facs.
57. GoRDiER (Henri). Gentenaire de Marco Polo. Paris, Leroux, 1896,
In-16, 121 p. [Bibliothèque de voyages anciens, 3.)
58. GouRET (comte). La prise de Jérusalem par les Perses en 614.
Trois documents nouveaux. Orléans, H. Herluison, 1896. In-8°, 46 p.
(Extrait des Mémoires de l'Académie de Sainte- Croix.)
59. GouTAN (D""). Goup d'œil sur la cathédrale de Rouen aux xi«, xn^
et xuie siècles. 2« édition. Gaen, Delesques, 1896. In-8°, 28 p. (Extrait
du Bulletin monumental.)
60. Grane (Walter). Of the décorative illustration of books old and
new. New York, Macraillan, 1897. In-12, xii-335 p. (Ex-libris séries.)
3 d. 50.
61. Gros-Mayrevieille. Histoire du comté et de la vicomte de Gar-
cassonne. T. II. Garcassonne, impr. Gabelli, Bonnafous et G'«, 1896.
In-8'', xxin-271 p.
62. Dannenberg (Hermann). Miinzgeschichtc Pommerns im Mittelal-
ter. Nachtrag. Berlin, A. Weyl, 1897. In-8°, m p. et p. 151-188, 10 pi.
4 m.
63. Dante. Ganzoni d'amore e madrigali, secondo il rarissimo esem-
plare délia edizione del 1518, conservato nella Biblioteca nazionale di
BIBLIOGRAPHIE. 487
Firenze. Firenze, R. Bemporad e figli, 1896. Ia-8°, 31 p. (Nozze Lorenzo
Ginori-Paola Gorinna Civelli.)
64. Dashian (Jacobus). Die armenischen liandschriften inCEsterrcich.
II : Catalog der armen. Hs. m der Mechitaristen-Bibliothek zu Wien.
Wiea, Gerold, 1896. In-i», xvii-1164 p. (Haupt-Catalog der armenischen
Handschriften hrsg. von der Wiener Mechitaristen-Congregation, I, 2.)
30 fl.
65. Daun (Berthold). Adam Krafft und die Kûnstler seiner Zeit. Ber»
lin, Besser, 1897. In-8°, x-143 p., 48 pholotypies. 7 m.
66. Dehô (Ettore). La letteratura francese in Italia nei secoli xi, xii,
XIII. Sinigaglia, tip. Puccini e Massa, 1896. In-S^ 28 p.
67. Delaborde (Henri-François). Fragments de l'enquête faite à Saint-
Denis en 1282 en vue de la canonisation de saint Louis. Nogent-le-
Rotrou, impr. Daupeley-Gouverneur, 1897. In-8o, 75 p. (Extrait des
Mémoires de la Société de l'histoire de Paris, t. XXIIL)
68. Delaville Le Roulx (J.). Sceaux de l'ordre de Saint-Jean de
Jérusalem des langues d'Aragon et de Gastille. Nogent-le-Rotrou, impr.
Daupeley-Gouverneur, 1896. In-8°, 14 p., fig. (Extrait des Mémoires de
la Société nationale des Antiquaires de France, t. LV.)
69. Delisle (Léopold). Notice sur les sept psaumes allégoriques de
Christine de Pisan. Paris, G. Kiincksieck, 1896. In-4°, 13 p. (Tiré des
Notices et extraits des manuscrits.)
70. Delouvrier (abbé A.). Histoire de la vicomte d'Aumelas et de la
baronnie du Pouget (Hérault). Montpellier, impr. GroUier père, 1896.
In-8% xi-350 p.
71. Denis (abbé F. -A.). Le séjour de Jeanne d'Arc à Lagny. Lagny,
impr. Golin, 1896. In-8°, 8 p.
72. Dietsche rime. Geestelijke gedichten uit de xiii«, xiv« en xv^ eeuw
naar en hs. van het einde der xv eeuw, uitgegeven door K. de Ghel-
dere. Bruges, impr. L. de Plancke, 1896. In-8°, vni-280 p. 3 fr.
73. Du Bois-Melly (Gh.). Un chapitre du livre de messire de la Tour-
Landry, 1372. Traduction libre et analyse. Genève, Georg, 1897. In-8<>,
16 p. (Tiré à part du Bulletin de l'institut genevois.) 2 fr.
74. DuFAU DE Maluquer (A. de). Notice sur la maison de Gassion.
Paris, Ribaut, 1896. In-S", 219 p. (Notices généalogiques béarnaises.)
75. DuvAU (Louis). Les poètes de cour irlandaise! Scandinaves. Paris,
Bouillon, 1896. In-8°, 6 p. (Extrait de la Revue celtique, t. XVII.)
76. Engel (Ed.). Geschichte der franzôsischen Litteratur von ihren
i88 BIBLIOGRAPHIE.
Anfângea bis auf die neuesle Zeit. 4. Auflage. Leipzig, J. Baedeker,
1897. In-So, iv-560 p. 5 m.
77. EsPAGNOLLE (abbé J.). Le vrai dictionnaire étymologique de la
langue française. Paris, G. Klinclisieck, 1896. In-S", xxix-321 p.
78. Faeh (Adolf), Kreutzmann (Mor.). Die Kathedraie in St. Gallen,
Ziirich, M. Kreutzmann, 1897. In-fol., 20 p., 31 pi. en photot. 36 m.
79. Falgairolle (Prosper). La famille de la P'arelle au Bas-Langue-
doc et en Picardie. Alais, impr. Brabo, 1896. In-8°, 107 p.
80. Fenwick (G. L.). History of the ancient city of Chester, from
earliest times. London, Simpkin, 1896. In-4°, 586 p., plans et grav.
3lsh.6.
81. Feret (abbé P.). La Faculté de théologie de Paris et ses docteurs
les plus célèbres. Moyen âge. Tome IV. Paris, Picard et fils, 1897.
In-8°, 11-460 p.
82. Ferretti (fr. Lodovico). Per la causa di fra Girolamo Savonarola.
Milano, tip. di S. Giuseppe, 1897. In-8", 29 p., portrait. (Extrait de
11 RosaiHo.)
83. Festschrift zum llOOjâhrigen Jubilâum des deutschen Campo
Santo in Rom. Herausgegeben von Steph. Ehses. Freiburg i. B., Her-
der, 1897. Gr. in-8°, xi-307 p., 12 grav., 2 pi. 12 m.
84. Flade (Paul). Das Kirchspiel Frauenheim nebst den eingepfarr-
ten Rittergiitern und Dôrfern. Grossenhain, H. Starke, 1897. In-S",
vni-162 p., 5 pi. 3 m.
85. Flammermont (Jules). Album paléographique du Nord de la France.
Chartes et documents historiques. Atlas n° 2. Lille, au siège de l'Uni-
versité, 1896. In-fol. oblong, ni-204 p., 56 pi.
86. Flemming (Max). Die Dresdner Innungen von ihrer Entstehung
bis zum Ausgang des 17. Jahrhunderts. l<^'"Theil. Dresden,W. Baentscb,
1896. In-8°, xi-308 p. (Mitiheilungen des Vereins fur Geschichte Dres-
dens.) 4 m. 50.
87. François (saint) d'Assise. Lettere sul- culto délia ss. Eucarestia,
pubblicate dal sac. M. Faloci Pulignani. Foligno, tip. degli artigianelli
di s. Carlo, 1896. In-S», 15 p.
88. Frankreichs historische Bauten. Eine Sammlung franzôsischer
architektonischer iMeisterwerko vom xi. Jahrh. bis zur Jetztzeit. Ber-
lin, B. Hessling, 1896. In-4°, 120 pi. en photot. 36 m.
89. Friedberg (Emil). Die Canones-Sammlungen zwischen Gratian
und Bernhard von Pavia. Leipzig, B. Tauchnitz, 1897. In-8°, vni-208 p.
12 m.
BIBLIOGRAPHIE. ^ 89
90. Frôlich (Werner). Geschichte Schleswig-Holsteins. Flensburg,
Huwald, 1896. In-8°, iv-204 p. 2 m.
91. FuGGER (comte Eberhard von). Schloss Biederstein. Mùnchen,
G. Franz, 1897. In-S», 22 p. (Extrait de V Oberbayerisches Archiv.) 0 m. 40.
92. Gabotto (Ferdinando). Documenti inediti sulla slo'ria del Pie-
monte al tempo degli ultimi principi di Acaia, 1383-1418. Torino,
G. -P. Paravia, 1896. In-S», 252 p. (Extrait de la Miscellanea di storia
italiana, série III, vol. III.) ^
93. Gabrielli (Giulio). Saggio di bibliografia storica ascolana. Ancona,
A.-Gustavo Morelli, 1896. In-8o, 63 p. (Extrait des AtU e memorie délia
deputazione marchigiana di storia patria, U.)
94. Galterii cancellarii bella Antiochena. Herausgegeben von Hein-
rich Hagenmeyer. Innsbruck, Wagner, 1896. In-S", vin-39i p. 12 m.
95. Gandini (Luigi- Alberto). Isabella, Béatrice e Alfonso d'Esté
infanti : documenti inediti del secolo xv. Modena, tip. délia società
tipografica, 1896. In-S», 50 p.
96. Gauthier (Jules). Notice de deux manuscrits du British Muséum
(Royal 6 E. IX et Additional Ms. 17385). Paris, Impr. nationale, 1897.
In-8°, 12 p. (Extrait du Bulletin historique et philologique, 1896.)
97. Germain (Léon). La souche et l'orange, emblèmes du roi René.
Caen, Delesques, 1896. In-8°, 26 p. (Extrait du Dullelin monumental.)
98. Geyer (Alb.). Die Pioniere Deutschlands im alten Preussenlande
oder die Hochmeister des deutschen Ritterordens. Leipzig, B. Francke,
1896. In-8<', iv-gO p., 1 carte. 1 m. 50.
99. GoDEFROY (Frédéric). Dictionnaire de l'ancienne langue française.
Tome IX, fasc. 84 : Creable-Deschargement. Paris, E. Bouillon, 1897,
In-4o, p. 241-320.
100. Gôôz (Jôzsef). Budapest tôrténete. [Histoire de Budapest.] Buda-
pest, R. Lampel, 1896. In-8°, 212 p. 1 fl. 20.
101. GoETTE (Alexander). Holbeins Totentanz und seine Vorbilder,
Strassburg, K.-J. Trùbner, 1896. Gr. in-8°, x-291 p., 9 pi. et 95 illustr.
20 m.
102. GoETZ (Leopold-Karl). Geschichte der Slavenapostel Konstan-
tinus (Kyrillus) und Methodius. Gotha, F. -A. Perthes, 1896. In-8°,
vni-272 p. 6 m.
103. GoLL (Jaroslav). Cechy a Prusy ve sredoveku. I. [La Bohème
et la Prusse au moyen âge.] Prague, Bursik et Kohout, 1896. In-8'>,
82 p. Ofl. 70,
104. Grave. Archives municipales de Mantes. Analyse des registres
^90 BIBLIOGRAPHIE.
des comptes de 1381 à 1450. Paris, Impr. nationale, 1896. In-8°, 28 p.
(Extrait du Bulletin historique et philologique, 1896.)
105. Gravino (Donato). Saggio d'una storia dei volgarizzamenti d'opere
greche nel secolo xv. Napoli, tip. Francesco Grannini e figUo, 1896.
In-8», 120 p.
106. Gregor (N. t.). History of Armenia from earliest âges to pré-
sent times, London, J. Heywood, 1897. In-S", 232 p., illustr. 2 sh. 6d.
107. Gross (Henri). Gallia judaica. Dictionnaire géographique de la
France d'après les sources rabbiniques. Traduit sur le manuscrit de
l'auteur par Moïse Bloch. Paris, Léopold Cerf, 1897. Gr. in-S", x-767 p.
(Société des études juives.) 20 fr.
108. Gruyer (F.-A.). Chantilly. Les quarante Fouquet. Paris, Pion,
Nourrit et Ci«, 1897. In-4o, 199 p., 40 héliogr. 100 fr.
109. Guarniero (Pier-Enea). Pietro Guglielmo di Luserna, trovatore
italiano del secolo xni. Genova, tip. di Angelo Ciminago, 1896. In-8°,
50 p. (Extrait du Giornale delta società di letture e conversazioni scienti-
fiche, 1896.)
110. GuYON (Bruno). Aquileia e la genesi délia leggenda d'Attila.
Udine, tip. di Domenico Del Bianco, 1896. In-S», 30 p.
111. Haebler (Konrad). Die Geschichte der Fugger'schen Handlung
in Spanien. Weimar, E. Felber, 1896. In-8°, x-237 p. (Socialgeschich-
tliche Forschungen, 1.) 5 m.; pour les souscripteurs à la collection,
4 m. 20.
112. Hase (Karl von). Kirchengeschichte. III. Theil. 1. Abth. Heraus-
gegeben von G. Kriiger. 2. Auûage. Leipzig, Breitkopf und Hàrtel,
1896. In-8°, v-438 p. 7 m.
113. Hautcoeur (E.). Histoire de l'église collégiale et du chapitre de
Saint-Pierre de Lille. Tome I. Paris, A. Picard et fils; Lille, L. Quarré,
1896. In-8o, xn-481 p., grav.
114. Hewlett (A. S.). Introduction to the study of the old Italian
masters in the national gallery. London, Hibberd, 1897. In-4°, 90 p.
(Goodwill art séries.) 2 sh. 6.
115. Historiae rhythmicae. Liturgische Reimofficien des Mittelalters.
IV. Folge. Herausgegeben von Guido Maria Dreves. V. Hrsg. von
Clemens Blume. Leipzig, O.-R. Reisland, 1897. In-S», 288 et 291 p.
(Analecta hymnica medii aevi, 24, 25.)
116. HoziER (Jean-François-Louis d'). Les chevaliers de Saint-Michel
de la province du Poitou depuis la fondation de l'ordre en 1458 jusqu'à
l'ordonnance de 1665. Notices publiées avec des notes par le vicomte
P, de Chabot. Vannes, Lafolye, 1896. In-8°, 328 p.
BIBLIOGRAPHIE. -I9'l
117. Innocent IV (les registres d'). Publiés ou analysés par Élie Ber-
ger. 10« fasc. Paris, Alb. Fontemoing, 1896. Iii-4o, p. 153-320. (Biblio-
thèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome.) 10 fr. 50.
118. Jacob (Georg). Ein arabischer Berichtstatter aus dem 10. Jahr-
bunderte ûber Fulda, Schleswig, Soest, Paderborn und anderer Stadte
des Abendlandes. Artikel aus Qazwînis Athâr al-bilâd. 3. Auflage.
Berlin, Mayer und MùUer, 1896. In-8°, 77 p. 2 m.
119. JoNGHE (vicomte Baudouin de). Un denier inédit de Pépin le
Bref. Bruxelles, J. Goemaere, 1896. In-8°, 4 p. (Extrait de la Revue
belge de numismatique.) 0 fr. 50.
120. Joseph (Paul), Fellner (Ed.). Die Miinzen von Frankfurl am
Main. Frankfurt a. M., J. Baer, 1896. Gr. in-8'', ix-681 p., 75 pi. en
photot. et 52 dessins. 60 m.
121. Jung (Rudolf). Das historische Archiv der Stadt Frankfurt am
Main, seine Bestànde und seine Geschichte. Frankfurt a. M., K.-Th.
Yôlcker, 1897. In-8°, iv-297 p. 4 m.
122. Kaindl (Raimund-Friedrich). Das Entstehen und die Entwi-
cklung der Lippowaner-Colonien in der Bukowina. Wien, C. Gerold's
Sohn, 1896. In-8'^, 152 p. (Extrait des Sitzungsberichle der k. Akademie
der Wîssenschaften.) 3 m. 30.
123. Karbowiak (Antoni). Szkoly paraQalne w Polsce w xni i
XIV wiek. [Les écoles paroissiales en Pologne, xiiie-xiv^ siècle.] Craco-
vie, société d'éditions, 1896. In-8°, 69 p. (Extrait du t. XXV des Hoz-
praw wydzialu filolog. Akademii umiej.)
124. Kauf.mann (David). Die Chronik des Achimaaz von Oria (850-
1054). Ein Beitrag zur Geschichte der Juden in Sùditalieu. Frankfurt
a. M., J. KauSmann, 1896. Iu-8°, 50 p. (Extrait de la Monatsschrift
fur Geschichte und Wissenschaft des Judenthums.) 2 m.
125. Kettner (Emil). Die ôsterreichische Nibelungendichtung. Ber-
lin, Weidmann, 1897. In-8°, iv-307 p. 7 m.
126. Kobler (Giovanni). Memorie per la storia délia liburnica citlà
di Fiume, pubbl. per cura del municipio. Fiume, tip. di E. Mohovich,
1896. In-S», 192 p., pi.
127. KocH (Ernst). Beitràge zur urkundlichen Geschichte der Stadt
Pôssneck. 1. Pôssneck, C. Latendorf, 1897. In-8<>, 58 p. 0 m. 80.
128. KôRTiNG (Gustav). Handbuch der ronianischen Philologie. Leip-
zig, O. Reisland, 1896. In-8o, xx-647 p. 10 m.
129. La Brière (L. de). L'ordre de Malte; le passé, le présent. Paris,
Ghailley, 1897. In- 16, 270 p.
492 BIBLIOGRAPHIE.
130. Lalanne (Pierre-Henry de). Pontarabie : ses monuments, son
histoire. Paris, Savine, 1896. In-18, 225 p., ill. 3 fr.
131. Lang (Andrew). Ballads and lyrics of old France. Portland, Me.,
Thomas B. Mosher, 1896. In-8°, xvi-124 p. (Old world séries, L.) 1 d.
132. Laurîcella (Antonino). I vescovi délia chiesa agrigentina. Gir-
genti, stamp. Montes, 1896. In-16, 81 p. 1 1. 50.
133. Lavoix (Henri). Catalogue des monnaies musulmanes de la
Bibliothèque nationale. Egypte et Syrie. Paris, Maisonneuve, 1896.
In-8°, ix-562 p., 10 pi. en héliograv. 30 fr.
135. Ledieu (Alcius). Catalogue des manuscrits de la bibliothèque
de Ham. Paris, Picard et fils, 1897. In-S», 8 p.
136. Ledieu (Alcius). Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de
Péronne. Paris, Picard et fils, 1897. In-8o, 13 p.
137. Ledieu (Alcius). Notices et choix de documents inédits pour
servir à l'histoire de la Picardie. T. 11. Paris, A. Picard et fils, 1896.
In-8°, 307 p., fig., pi.
138. Legis romanae wisigothorum fragmenta, ex codice palimpseste
sanctae legionensis ecclesiae protulit, illustravit ac sumptu publico
edidit regia historiae academia hispana. Matriti, apud Ricardum Fe,
1896. In-fol., xxvii-439 p. 25 p.
139. Leitschuh (Friedrich). Katalog der Handschriften der kônigli-
chen Bibliothek zu Bamberg. !<='■ Band, 2^ Abth., 2<^ Liefer. Bamberg,
C.-C. Buchner, 1897. In-8o, iv p. et p. 117-291. 4 m.
140. L'Eleu (André). Des communautés rurales dans l'ancienne
France jusqu'à la fin du xiii'= siècle. Paris, Arthur Rousseau, 1896.
In-8», 173 p.
141. Lennich (Theodor). Die epischen Elemente in der mittelhoch-
deutschen Lyrik. Gôttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 1897. In-S",
71 p. 2 m.
142. Lettere contemporanee suUe vicende storiche di Pordenone
neir anno 1514 (pubbl. da V. Joppi). Udine, tip. di Domenico Del
Bianco, 1896. In-8°, 16 p. (Nozze D. Rubini-G. Caciti.)
143. Levi (Cesare-Augusto). Venezia e il Monténégro; Giorgio Czer-
novich; Antivari 1443-1494; Stefano Mali il finto czar e gli ultimi
conati délia repubblica. Venezia, fratelli Visentini, 1896. In-8°, 98 p.
(Nozze Vittorio Emanuele di Savoia-Elena Petrovich Niegosz.)
144. Levy (Frantisek). Dejiny krâlovského mesta Rakovnîka. [His-
toire de Rakonitz.] Rakonitz, J. Novotny, 1896. Iu-8«, 491 p. 3 fl. 60,
BIBLIOGRAPHIE. ^ !)3
145. LraDNER (Theodor). Zur Fabel von der Bestattung Karls des
Grossen. Aachen, Cremer, 1897. In-8<», 12 p. (Extrait de la Zeilschrift
des Aacliener Gescliichtsvereins.) 0 m. 60.
146. Livre (le) des bourgeois de l'ancienne république de Genève.
Publié d'après les registres officiels par Alfred-L. Covelle. Genève,
J. JuUien, 1897. In-Ss xviii-564 p.
147. Livre (le) du prévôt de Toulouse (xiiie-xvii« siècles). Publié par
G. Douais. Paris, Picard, 1897. ln-4°, 90 p.
148. Locke (C). The âge of the great western schism. Edinburgh,
T. and T. Clark, 1897. Ia-8°, 324 p. (Eras of the Christian church.) 6 sh.
149. LôPEz Ferreiro (Antonio). Galicia en el ûltimo tercio del siglo xv.
2" edicion corregida. Tomo I. Madrid, Murillo, 1896. In-8°, 371 p.
(Biblioteca gallega, 45.) 3 p.
150. LuDLow (James M.). The âge of the crusades. New- York, the
Christian literature Go., 1896. In-8», xvi-389 p. (Epochs of church his-
tory, 6.) 2 d.
151. LuNGo (Isidoro del). Florentia : uomini e cose del quattrocento.
Firenze, G. Barbera, 1897. In-16, vin-460 p. 4 1.
152. LuszczKiEwicz (Wlad.). Obrazy szkôl cechowych polskich xv,
XVI i XVII w. w muzeum narodowem w Krakowie. [Écoles de métier
polonaises du xv« au xvii« siècle.] Cracovie, Anczyc, 1896. In-4°, 28 p.,
3 pi. (Extrait de Wiadomosci numizm.-archeolog .)
153. Macalister (R. .\. S.). Ecclesiastical vestments : their develop-
mont and hislory. London, EUiot Stock, 1896. In-8°, 288 p. (Camden
library.)
154. Mackenzie (James D.). The Castles of England, their story and
structure. London, William Ileinemann, 1897. Gr. in-8°, xxiv-475,
448 p., 40grav. hors texte, 158 illustr. dans le texte et 70 plans. 63 sh.
155. Mancini (Edgardo). Genealogia délia famiglia Mancini. Fermo,
tip. Bâcher, 1896. In-8°, 161 p.
156. Marghese (le P. Vincenzo). Ultimi scritti. 2^ edizione. Siena,
tip. S. Bernardino, 1896. In-16, vii-2i4 p. 1 1. 50.
157. Marino (Teodorico). Francavilla nella storia e nell' arte. Chieti,
tip. di Giustino Ricci, 1896. In-8°, viii-643 p. 5 1.
158. Marinoni (L.). Documenti loveresi. Lovere, Luigi Filippi, 1895.
In-16, 288 p., 14 pi. 2 1. 50.
159. Marquet de Vasselot (Jean-J.). Notes sur l'abbaye de Ronce-
vaux et ses richesses artistiques. Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-
1897 ^3
'194 BIBLIOGRAPHIE.
Gouverneur, 1896. In-8°, 23 p. (Extrait des Mémoires de la Société natio-
nale des antiquaires de France, t. LV.)
160. Marschall (Oscar). Darstellung des Vocalismus iu thùringischen
und hessischen Urkunden bis zum J. 1200. Gôttingen, Vaudenhoeck
uud Ruprecht, 1897. In-8'', 47 p. 1 m. 20.
161. Marsy (comte de). Les Pèlerins normands en Palestine (xv<'-
xvii« siècles). Caen, Delesques, 1896. In-8°, 38 p., grav. (Extrait du
Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, t. XVII.)
162. Maschio (Antonio). Il purgatorio di Dante dov' è? Venezia, tip.
G. Ferrari, 1896. In-16, 77 p.
163. Mauceri (Enrico). Siracusanel secolo xv. Siracusa, tip. del Tam-
buro, 1896. In-8°, 61 p. 1 1. 25.
164. Maxe-Werly (L,). Notes et documents pour servir à l'histoire
de l'art et des artistes dans le Barrois antérieurement à l'époque de la
Renaissance. Paris, Pion, Nourrit et G"», 1896. In-8°, 36 p.
165. Mayer (F. -Arnold), Rietsgh (Heinrich). Die Mondsee- Wiener
Liederhandschrift und der Mônch von Salzburg. Berlin, Mayer und
Millier, 1896. In-8°, xvi-570 p., 9 pi. en facs. (Extrait des Acta Germa-
nica.) 18 m.
166. Mazzatinti (G.). La biblioteca dei red'Aragona in Napoli. Rocca
S. Gasciano, Licinio Gappelli, 1897. ln-8», GLvn-200 p. 10 1.
167. Mazzi (Gurzio). Documenti medioevali del comune di Roma.
Firenze, tip. Luigi Niccolai, 1896. In-8°, 14 p. (Extrait de la Rivista
délie biblioteche, VIL)
168. Medaillen (die) und Miinzen des Gesammthauses Wittelsbach.
Auf Grund einer Mscr. von J. P. Beierlein bearbeitet und hrsg. vom
k. Gonservatorium des Miinzkabinets. I. Mùnclien, G. Franz, 1897.
In-4'>, iv-271 p., grav., 5 pi. en héliogr. 15 m.
169. Meier (Gabriel). Heinrich von Ligerz, Bibliothekar von Einsie-
deln im 14. Jahrhundert. Leipzig, 0. Harrassowitz, 1896. In-8°, ni-68 p.,
2 pi. (Gentralblatt fur Bibliothekswesen. Beiheft 17.) 3 m.
170. Meier (P. -J.). Die Bau-und Kiinstdenkmàler des Kreises Helm-
stedt. Wolfenbùttel, J. Zwissler, 1896. Gr. in-S», xxiv-386 p. 29 pi.,
103 grav. dans le texte. (Bau- und Kunstdenkmtiler des Herzogthums
Braunschweig, I.) 13 m, 50.
171. Merkel (Carlo). L'opuscolo De insulis nuper inventis del mes-
sinese Nicole Scillacio, confrontato colle altre relazioni del secondo
viaggio di Gristoforo Colombo in America. Milano, Ulrico Hoepli,
BIBLIOGRAPHIE. 105
4896. In-40, 86 p. 3 1. 30. (Memorie dcl r. istituto lombardo, classe di
lettere, XX, fasc. 4.)
172. Meyer (Alfred). L'art de l'email de Limoges ancien et moderne.
2" édition. Paris, Laurens, s. d. In-8», 152 p., 8 pi.
173. MiCHAEL (Emil). Geschichte dos deutschen Volkes seit dem
13. Jahrhundert bis zum Ausgang des Mitlelalters. I. Freiburg i. B.,
Herder, 1897. In-8°, xlvi-344 p. 5 m.
174. MiLiouKOY (P.). Otcherki po istorii rousskoï kouitoury. I.
[Recherches sur l'histoire de la civilisation russe.] Saint-Pétersbourg,
bureaux du Mir bojii, 1896. In-8°, yii-223 p. 1 rouble.
175. MoiNTiER (A.). La baronnie de Saint-Philbert. Paris, May, 1896.
In-4<', 30 p., grav.
176. Monumenta Germaniae historica. Scriptorum rerum Merovingi-
carum tomus III : Passiones vitaeque sanctorum aevi merovingici et
antiquiorum aliquot. Edidit Bruno Krusch. Scriptorum tomi XXX
pars I. Hannover, Ilahn, 1897. In-4°, viii-686 p.; in-fbl. vni-724 p.,
3 pi. 22 et 37 m.
177. MoREAU (Frédéric). Catalogue des objets d'antiquité aux époques
préhistorique, gauloise, romaine et franque de la collection Garanda.
Saint-Quentin, impr. Poette, 1896. In-S", 146 p., avec grav. et 20 p.
178. Morgan (J. D.). Westminster abbey : the story of our national
church. London, Architecture office, 1896. In-fol., 40 p. 1 sh. 6.
179. MoRTET (Victor). Un nouveau texte des traités d'arpentage et de
géométrie d'Epaphroditus et de Vitruvius Rufus, publié d'après le ms.
lat. 13084 de la bibl. roy. de Munich. Avec une introduction de M. Paul
Tannery. Paris, G. Klincsieck, 1896. In-4", 44 p., fig., 2 pi. (Tiré des
Notices et extraits des manuscrits, t. XXXV, î" partie.) 2 fr. 60.
180. MoTT (Lewis Freemann). The system of courtly love, studied as
an introduction to the Vita Nuova of Dante. Boston, Ginn and C°, 1896.
In-8", vi-156 p.
181. MuELLER (H.). L'influence considérable des mariages princiers et
des femmes en général au moyen âge, particulièrement pendant la
guerre de Cent ans entre la France et l'Angleterre (1337-1453). Durch-
gesehener und verbesserter Sonderabdruck aus der Festschriftdes gross-
herzoglich. Gymnasium zu Heidelberg. Heidelberg, Weiss, 1897. In-8'',
31 p. Om. 75.
182. MussAFiA (Adolf). Zur Kritik und Interprétation romanischer
Texte. II. Wien, Garl Gerold's Sohn, 1897. In-S», 72 p. 0 fl. 80.
183. Musset (Georges). L'église de Fenioux. La Rochelle, Foucher,
1896. In-4o, 49 p., eau- forte et grav.
196 BIBLIOGRAPHIE.
184. Neudegger (Max-Joseph). Geschichte der bayerischen und pfalz-
bayerisclien Archive der Wittelsbacher. V. Das herzoglich Archiv zu
Zweybrùcken mit seinea Neben- Archiven Veideaz, Sponheim und
Rappoltstein. Mùnchen, Th. Ackermann, 1896. In-8o, viii-116 p., carte
et pi. 3 m. 50.
185. NoTTBECK (Eugen von), Neumann (Wilh.). Geschichte und Kunst-
denkmàler der Stadt Reval. I. Reval, P. Kiuge, 1896. In-S», iv-100-32 p.
2 pi. et grav. 6 m.
186. Novae constitutiones audientiae contradictarum in curia romana
promulgatae anno Domini 1375. Nunc primum edidit J. Fôrstemann.
Leipzig, Veit, 1897. In-8°, 56 p. 1 m. 50.
187. Oberrheinische Stadtrechte. Herausgegeben von der badischen
historischen Kommission. l" Abteiiung : frànkische Rechte, 3. Bear-
beitet von Richard Schrôder. Heidelberg, C. Winter, 1896. In-S",
p. 167-298. 6 m.
188. Obituaire de l'ancienne cathédrale de Nice, publié et annoté par
E. Caix de Pierlas. Turin, J.-B. Paravia, 1896. In-8«, 43 p. (Extrait de
la Miscellanea di storia patria, série III, vol. 8.)
189. Oppenheim (M.). A History of the administration of the royal
navy and merchant shipping in relation to the navy. I : 1509-1660.
London, Lane, 1896. In-S", 426 p. 15 sh.
190. Ottorogo (Guido). La morale del rinascimento. Udine, tip. Gic-
Batt. Doretti, 1896. In-8o, 22 p.
191. Pariset (Georges). De primordhs Bituricensis primatiae. Nanceii,
ex typis Berger- Levrau 11, 1896. In-8'^, 139 p.
192. Pasquier. Privilèges et libertés des trois états du comté de Foix
à la fin du xiv^ et au commencement du xv« siècle, d'après des docu-
ments inédits. Paris, Impr. nationale, 1897. In-8°, 10 p. (Extrait du Bul-
letin historique et philologique, 1896.)
193. Pérez Pujol (Eduardo). Historia de las instituciones sociales de
la Espana goda. Con un prôlogo del Excmo, Sr. D. Vicente Santa
Maria de Paredes. Valencia, tip. de F. Vives Mora, 1896. ln-4°, xxvi-
626, 319, 582 et 568 p.
194. Perrin (abbé H.-J.). Histoire du Pont-de-Beauvoisin. Paris,
A. Picard et fils; Lyon, Brun, 1897. In-8<', 382 p.
195. Pessels (Constance). The présent and past periphrastic tenses
in Anglo-Saxon. Strassburg, K.-J. Trùbner, 1896. In-8°, ni-32 p. 2 m.
196. Pétri de Dacia vita Ghristinoe Stumbelensis. Edidit Johannes
Paulsen. Fasc. IL Goteborg, Wettergren och Kerber, 1897. In-8o, 257 p.
(Scriptores lalini raedii aevi suecani. Edd. J. Paulsen et L. Wahlin, I.)
BIBLIOGRAPHIE. ^ 97
197. Plaine (dom François). Un poète armoricain du vni« ou ix» siècle.
Texte de la vie de Saiat-Malo, en vers latins rimes. Vannes, Lafolye,
1896. In-8", 16 p. (Extrait de la Revue du Bas-Poitou.)
198. Plehn (Hans). Derpolilische Charakter von Matheus Parisiensis.
Ein Beitrag zur Geschichte der englischen Verfassung und dos Stan-
detums im 13. Jahrh. Leipzig, Duncker und Humblot, 1897. In-8°,
xiv-136 p. (Staats- und sociahvissenschaftliche Forschungen, XIV, 3.)
3 m. 60.
199. Plus (les) anciens chansonniers français. Publiés d'après tous
les manuscrits par Jules Brakelmann. Marburg, N.-G. Elwert, 1896.
In-8°, vi-120 p. (Ausgaben und Abhandlungen aus dem Gebiete der
romanischen Philologie, 94.) 3 m. 20.
200. PocHHAMMER (Paul). Dante und die Schwolz. Ziirich, A. Raustein,
1896. In-8°, 51 p. 0 m. 80.
201. Pradet-Balade. L'organisation des juridictions de droit commun
chez les Francs. Nîmes, imp. Chastanier, 1896. In-8°, 44 p.
202. Procter (Giov.). Il domenicano Savonarola e la riforma. Milano,
tip. di S. Giuseppe, 1896. In-8°, 73 p. portr.
203. PuQiN (A.). Gothische Ornamento. Einzelheiten der beriihmle-
sten Baudenkmàler des Mittelalters in Frankreich und England. I. Ber-
lin, B. Hessling, 1896. In-4o, 10 pi. 2 m. 40.
204. PuTNAM (George Haven). Books and their makers during the
middle âges. Vol. 2, 1500-1700. New- York, G. P. Putnam's sons, 1897.
ln-8°, x-538 p. 2 d. 50.
205. Ramseyer(C.-A.). Histoire des baptistes, depuis les temps apos-
toliques jusqu'à nos jours. Avec une préface de M. II. Saillent. Paris,
Grassart; Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1897. In-8», x-640 p. 6 fr.
206. Renouard (Ph.). Quelques documents sur les Petit, libraires
parisiens, et leur famille. Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouver-
neur, 1896. In-8°, 21 p. (Extrait du Bulletin de la Société de l'histoire de
Paris, année 1896.)
207. Reuter (Chr.). Das Kieler Erbebuch (1411-1604). Kiel, H.
Eckardt, 1897. In-8o, vii-lxiii-371 p. 8 m.
208. Ribera (José). Bibliôfilos y bibliotecas en la Espafia musulmana.
2a ediciôn. Zaragoza, tip. « La Derecha; » Madrid, Murillo, 1896. In-12,
67 p. 1 p.
209. Richter (Konrad). Ucr deutsche S. Christoph. Einc historisch-
kritische Untersuchung. Berlin, Mayer und Mûller, 1896. In-S», yi-243 p.
(Extrait des Acta germanica.) 8 m.
^98 BIBLIOGRAPHIE.
210. RiEMANN (F.-W.). Geschichte des Jeverlands. I. Jever, G.-L. Mett-
cker und Sôhae, 1896. In-S», vi-412 p., 4 dess., 3 cartes. 7 m.
211. RoBiLLARD DE Beaurepaire (Ch. de). Inventaire sommaire des
archives départementales antérieures à 1790, Seine-Inférieure. Archives
ecclésiastiques. Série G (n»» 7371-8514). T. VI. Rouen, impr. Cerf, 1896.
Ia-40, 479 p.
212. RosELLi (Giuseppe). Nel sesto centenario di S. Pietro Gelestino,
discolpa di Dante. Pisa, tip. di Francesco Mariotti, 1896. In-16, 151 p.
1 1. 50.
213. RuECKWARDT (Hemi.). Architekturtheile und Détails von Bau-
werken der Mittelalters bis zur Neuzeit. II. Leipzig, P. Schimmelwitz,
1896. Gr. in-fol., 30 pi. 30 m.
214. Rdehl (Franz). Chronologie des Mittelalters und der Neuzeit.
Berlin, Reuther und Reichard, 1897. In-8°, vm-312 p., pi. 6 m. 50.
215. Rydberg (Gustav). Zur Geschichte des franzôsischen a. I. Upsala,
1896. In-8°, 67 p. 2 m. 50.
216. Sabarthès (abbé A.). La leude de Montréal, texte roman de 1321.
Paris, Impr. nationale, 1897. In-8°, 16 p. (Extrait du Bulletin histo-
rique et philologique, 1896.)
217. Sabatier (Paul). Étude critique sur la- concession de l'indul-
gence de la Portioncule. Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley- Gouver-
neur, 1896. In-8°, 39 p. (Extrait de la Revue historique.)
217 bis. Saige (Gustave). Note sur les origines phéniciennes de Monaco
et la voie Héracléenne. Impr. de Monaco, 1897. In-4°, 23 p.
218. Saisy (M^e de), comtesse du Laz. Généalogie de la maison de
Saisy de Kerampuil. Vannes, impr. Galles, 1896. In-8°, vi-308 p., pi.
10 fr.
219. Samling af Danmarks lavsskraaer fra middelalderen med nogle
tilhœrende beslœgtede brève. Udgiven ved G. Nyrop. IL Kœbenhavn,
G.-E.-G. Gad, 1896. In-8°, 256 p. 2 cour.
220. Sauvage (Ilipp.). Études diverses. Nouvelle série. Saint-Quentin,
sa seigneurie et ses servitudes. Avranches, impr. Durand, 1896. In-8°,8p.
221. ScHAUBE (Adolf). La proxénie au moyen âge. Bruxelles, au
bureau de la revue, 1896. In-8°, 34 p. (Extrait de la Revue de droit
international.) 1 fr. 50.
222. Schaudel (L.). Simon de Marville et Jacques de Longuyon,
peintres français du xiv^ siècle. Montmédy, impr. Pierrot, 1896.
In-80, 19 p.
BIBLIOGRAPHIE. ^99
223. Schleswig-Holstein-Lauenbiirgische Regesten und Urkunden.
Im Auftrage der Gesellscliaft tùr Schleswig-IIolsteia-Lauenburgische
Geschichte bearbeitet und herausgegeben von Dr. P. Hasse. III. Band
(I3ûl-13i0), 8. Lieferung. Hamburg, L. Voss, 1896. Gr. in-8", v p. et
p. 561-7-29. 8 m. 80.
224. ScHLUMBERGER (Gustave). L'épopée byzantine à la fin du x^ siècle.
Paris, Hachette, 1896. Gr. in-8°, vi-804 p., grav., carte. 30 fr.
225. ScHMiDT (Hermann). Der Einfluss der alten Handelswege in
Niedersachsen auf die Stiidte am Nordrande des Mittelgebirges. Han-
nover, Wolff und Ilohorst, 1897. In-8o, 76p., carte. (Extrait de la Zeit-
schrifl des historischen Vereins fur iXiedersachsen.)
226. ScHÔNBACH(Anton-E.). Studien zur Geschichte der altdeutschen
Predigt. I. Wien, Cari Gerold's Sohn, 1897. In-8o, 142 p. (Extrait des
Silzungsberichte der k. Akademie der Wisseîxschaften.) 1 fl. 10.
227. ScHOLZ (Richard). Beitràge zur Geschichte der Iloheitsrechte
des deutschen Kônigs zur Zeit der ersten Staufer (1138-1197). Leipzig,
Duncker und Humblot, 1897. In-8°, iii-vii-127 p. (Leipziger Studien
aus dem Gebiet der Geschichte, 4.) 3 m. 20.
228. Schragen der Gilden und Aemter der Stadt Riga bis 1621.
Herausgegeben von der Gesellschaft fiir Geschichte und Alterthums-
kunde der Ostseeprovinzen Russlands. Bearbeitet von Wilhelm Stieda
und Gonst. Mettig. Riega, A. Stieda, 1896. In-8<>, xv-758 p. 16 m.
229. ScHULTZE (Walther). Deutsche Geschichte von der Urzeit bis zu
den Karolingern. II. Das merowingische Frankenreich, Stuttgart,
J.-G. Cotta, 1896. Gr. in-8% xii-548. (Bibliothek deutscher Ge-
schichte.) 6 m.
230. ScHWAN (Ed.). Grammatik des Altfranzôsischen. 3. Aufl. neu
bearb. von Dietr. Behrens. I. Die Lautlehre. Leipzig, O.-R. Reisland,
1896. In-8°, 120 p. 2 m. 40.
231. Semper (Hans). Die Sammlung alttirolischer Tafelbilder im crz-
bischôfl. Klerikalseminar zu Freising. Mùnchen, G. Franz, 1897. In-8°,
108 p., 34 gr. (Extrait de V Oberbayerischcs Archiv.) 2 m.
232. Sdiond (Charles). Christophe Colomb. Paris, Lecène, Oudin
et Gi«, s. d. Gr. in-8°, 224 p.
233. SiMONis (J.). Un denier à tête de Louis le Débonnaire, frappé à
Trévise. Bruxelles, J. Goemaere, 1896. In-8°, 4 p., lig. (Extrait de la
Bévue belge de numismatique.) 0 fr. 25.
234. SiouFFi. Notice sur le cachet du sultan mogol Oldjaïtou Khoda-
200 BIBLIOGRAPHIE.
bendèh. Paris, Leroux, J896. la-S", 10 p. (Extrsiii du Journal asiatique,
sept.-oct. 1896.)
235. SoLovEv (S. -M.). Istoriia Rossii s drevnieïchikh vremen [His-
toire ancienne de Russie]. II. 2^ édition. Saint-Pétersbourg, société
« l'Utilité publique, » 1896. la-S», xii-1726 p.
236. SoucAiLLE (Antonin). Institutions municipales. Le consulat de
Béziers (1131-1789). Béziers, impr. Sapte, 1896. In-8°, 292 p.
237. Sparaer's illustrirte Weltgeschichte. Mit besonderer Beriicksich-
tigung der Kulturgeschichte neubearbeitet von Otto Kaemmel. IV,
Illustrirte Geschicbte des Mittelalters : 2, von den Kreuzziigen bis zum
Zeitalter der Renaissance. In 3. Auflage neu bearbeitet von G. Diestel.
Leipzig, 0. Spamer, 1896. In-S», xiv-808 p., 418 grav. dans le texte,
13 pi. 8 m. 50.
238. Statu ti anconitani del mare, del terzenale e délia dogana e patti
con diverse nazioni, a cura di G. Ciavarini. Ancona, A. Gustavo
Morelli, 1896. In-8°, 285 p. (Fonti per la storia délie Marche. Statuti
secoli xiv-xvi.) 10 1.
239. Stern (Moritz), Salfeld (Siegm.). Die israelitiscbe Bevôlkerung
der deutschen Stàdte. Ein Beitrag zur deutschen Stàdtegeschicbte. III.
Niirnberg im Mittelalter, 2. Kiel, l'auteur, vi p. et p. 95-338. 6 m.
240. Sternfeld (Richard). Ludwigs des Heiligen Kreuzzug nach
Tunis 1270 und die Politik Karis I von Sizilien. Berlin, E. Ebering,
1896. In-8°, xxxii-394 p. (Historische Studien, IV.) 8 m.
241. Strauss ('Wilhelm). Geschicbte der Stadt Rheydt. Rheydt,
'W.-R. Langewiesche, 1897. In-8o, xm-480 p., 81 gr. (Rheydter Chro-
nik, 2.) 4 m. 50.
242. SzABÔ (Kâroly), Hellebrandt (Arpâd). Régi magyar kônyvtâr
m, Magyar szerzôktôl kiilfôldôn. 1480-tôl 1711-ig megjelent nem
magyar nyelvii nyomtatvânyoknak kônyvészeti kézikônyve. [Biblio-
graphie des écrivains hongrois de 1480-1711.] I. Budapest, librairie de
l'Académie, 1897. In-S», xm-800 p. 5 fl.
243. Tadra (Ferdinand). Kulturni styky Cech s cizinou az do vâlek
husitskych. [Relations de la Bohême avec l'étranger jusqu'à la guerre
des Hussites, au point de vue de la civilisation.] Prague, Fr. Rivnâc,
1897. Gr. in-8o, xvi-436 p. (Spisuv poctenycb jubilejnl cenou krâl.
Ceské spolecnosti nâuk v Praze, VIII.)
244. Taglialatela (Giacomo). Lezioni di storia ecclesiastica e di
archeologia crisliana. Vol. III. Napoli, tip. A. e Salv. Festa, 1896.
In-8o, 640 p.
BIBLIOGRiPHIE. 204
2i5. Teixidor (fray Joscf). Antigùedades de Yalencia. Madrid,
M. Murillo, 1896. Iii-4'', 505 p. (Monumentos histôricos de Valencia y
su reino, II.) 11 p.
246. Tesson (Alfred de). La baronnie et les seigneurs de Dorière en
Saint-Laurent de Terregatte. Avranches, impr. de J. Durand, 1896.
In-8o, 12 p. (Extrait du Bulletin trimestriel de la Société d'archéologie
d' Avranches.)
247. Teza (Em.). Di un breviario glagolitico dei quattrocento. Roma,
tip. délia r. accademia dei Lincei, 1896. In-8o, 16 p. (Extrait des Ren-
diconti délia r. ace. dei Lincei, V, 11.)
248. Th.\tcher (O.-J.), Schwill (F.). Europe in the middle âges. Lon-
don, Murray, 1897. In-S», 696 p., cartes. 9 s.
249. TH0M.4S DE MoNMODTH. The Life and miracles of st William of
Norwich. Now first edited by Auguslus Jessopp and Montague Rhodes
James. Cambridge, at the University press, 1896. In-8°, cx-303 p., 5 pi.
250. Thoroddsen (Th.). Geschichte der islândischen Géographie.
Uebersetzt von Aug. Gebhardt. I : bis zum Schlusse des 16. Jahrhun-
derts. Leipzig, B.-G. Teubner, 1897. In-8°, xvi-237 p. 8 m.
251. Tomaschek von Stradowa (J.-A.). Das alte Bergrecht von Iglau
und seine bergrechtlichen Schôffensprùche. Innsbruck, Wagner, 1896.
In-8o, xvi-213 p. 5 m. 60.
252. Tonna-Barthet (le P. Antonin). Vie de saint JNicolas de Tolen-
tino, de l'ordre des ermites de saint Augustin. Lille, Desclée, de Brou-
wer et &«, 1896. In-8°, 240 p., ill.
253. Trentino (il) a Dante Alighieri. Trento, Giovanni Zippel, 1896.
In-4'', Y-Ml p., grav., 8 pi.
254. Très anciens manuscrits grecs bibliques et classiques de la
Bibliothèque nationale présentés à S. M. Nicolas II, empereur de toutes
les Russies, et à S. M. l'impératrice Alexandra Feodorowna lors de leur
visite à Paris. Octobre 1896. Paris, Impr. nationale, 1896. In-fol., 20 pi.
avec texte.
255. TuMiATi (Dom.). Frate Angehco. Firenze, Roberto Paggi, 1896.
In-8°, 256 p.
256. Urkundenbuch der Stadt Basel. III. Band, bearbeitet durch
Rud. Wackernagel und Rudolf Thommen. Basel, B. Reich, 1896.
In-4o, vn-487-26 p., 3 pi. 27 m.
257. Urkundenbuch der Stadt Hildesheim. Ilerausgegeben von
202 BIBLIOGRAPHIE.
Richard Doebaer. VI. Hildesh. Stadtrechnungen, 2 (1416-1450). Hil-
desheim, Gerstenberg, 1896. In-8», uv-971 p. 24 m.
258. Vairel (abbéK Essai historique sur Nompatelize. Saint-Dié,
impr. Humbert, 1896. In-S", 126 p. (Extrait du Bulletin de la Société
philomathique vosgienne, 1896-1897.)
259. Vander Haeghen (V.), Waele (J. de). Contribution à l'histoire
du château des comtes de Gand (1439-1446). Gand, impr. Eug. Vander
Haeghen, 1896. In-8°, 36 p., pi. (Extrait du Messager des sciences histo-
riques.)
260. Vaudin-Bataille (Eugène). Histoire de la charité jusqu'en 1789.
Paris, Fontemoing, 1896. In-4o, 204 p., dessins.
261. Vergara y Martin (G. -M.). Estudio histôrico de Avila y su ter-
ritorio desde su repoblaciôn hastâ la muerte de Sta Teresa de Jesûs.
Madrid, hijos de M. G. Hernândez, 1896. In-8'', 204 p. 5 p. 50.
262. Vêtus Testamentum graece. Codicis Sarraviani-Colbertini quae
supersunt in bibhothecis Leidensi, Parisiensi, Petropolitana, phototy-
pice édita. Praefatus est Henricus Omont. Leidae, A.-W. Sijthoff, 1897.
In-fol., xn-306 p. (Codices graeci et latini photographia depicti duce
G.-N. Du Rieu, I.) 160 m.
263. ViAziGiN (A.). Raspadenie preobrazovatelnoi partii pri papie Alek-
sandrie II. [La chute du parti des réformes sous le pape Alexandre II.]
Kharkov, impr. Siiberberg, 1897. In-S», 34 p.
264. ViAZiGiN (A.). Zamietki po istorii polemitcheskot literatoury
XI vieka. [La littérature polémique au xi« siècle.] Kharkov, impr. Sii-
berberg, 1896. In-8°, 98 p.
265. ViLLicus (Franz). Die Geschichte der Rechenkunst vom Alter-
thurae bis zum xvni. Jahrhundert. 3. Auflage. Wien, G. Gerold's Sohn,
1897. In-8°, viii-114 p.
266. Villon (François). Œuvres. Texte revisé et préface par Jules de
Marthold. Paris, Conquet, 1897. In-8°, 345 p., 90 illustr.
" 267. Vincent (M. R.). The âge of Hildebrand. Edinburgh, T. and
T. Clark, 1897. In-8°, 480 p. (Eras of the Christian church.) 6 sh.
268. Vogelstein (Hermann), Rieger (Paul). Geschichte der Juden in
Rom. I : 139 vor Christus-1420 nach Chr. Berlin, Mayer und Millier,
1896. In-S», viii-511 p. 8 m.
269. VuLPiNus (Theodor). Ritter Friedrich Kappler, ein elsàssischer
Feldhauptmann aus dem 15. Jahrhundert. Slrassburg, J.-H.-E. Heitz,
BIBLIOGRAPHIE. 203
1896. In-S", viii-Ml p. (Beitrâgc zur Landes- und Volkeskundc von
Elsass- Lothringen, 21.) 3 m.
270. Waal (Anton de). Dfir Campe Santo der Deutschen zu Rom.
Freiburg im Breisgau, Herder, 1896. In-S", xi-324 p., i grav. 4 m.
271. Wackernell (J.-E.). Altdeulsche Passionsspiple ans Tirol.
Graz, Styria, 1897. In-8°, vui-cccxiv-550 p. (Quellen und Forschungen
zur Geschichte, Litteratur und Spraclie Oesterreichs, I.) 6 11. 75.
272. Waitz (Georg). Deutsche Verfassungsgeschichte. VI : Die
deutsche Reichsverfassung von der Mitte des 9. bis zur Mitte des
12. Jahrhundert. 2« Band. 2. Auflage, bearbeitet von Gerh. Seeliger.
Berlin, Weidmann, 1896. In-8°, xiv-625 p. 18 m.
273. Welngarten (Hermann). Zeittafeln und Ueberblickc zur Kirchen-
geschichte. 5. Auflage, ergànzt von Garl-Franklin Arnold. Leipzig,
H. Hartung, 1897. In-4o, iv-290 p. 5 m.
274. WiEDEMANN (Tbeodof). Die Pienzenauer. Mùnchen, G. Franz,
1896. In-8°, vi-145 p., tableau généalogique. (Extrait de VOberbayerisches
Archiv.)
275. WiNiARz (Alojzy). Polskie prawo dziedziczenia kobiet w wiekach
srednich. [L'héritage des femmes en droit polonais au moyen âge.]
Leopol, Gubrinowicz et Schmidt, 1897. In-S», 74 p. 1 th. 20.
276. WoLF (Cari), Jung (Rudolf). Die Baudenkmàler in Frankfurt
am Main. 2. Lief. Frankfurt a. M., K.-Th. Vôlcker, 1896. Gr. in-S»,
p. i-xvi, 151-368, 20 pi., 160 grav. dans le texte. 6 m.
277. WuLFiNG (J.-Ernst). Die Syntax in den Werken Alfreds des
Grossen, II, 1. Bonn, P. Hanstein, 1897. ^-8", xiv-250 p. 8 m.
278. WuLF (Maurice de). Le problème des universaux dans son évo-
lution historique du ix« au xiii" siècle. Louvain, Institut philosophique,
s. d. In-8», 18 p. (Extrait de ÏArchiv fur Geschichte der Philosophie.)
279. Zanardelli (Tito). Histoire de la littérature italienne. Les pre-
miers siècles : Dante et ses précurseurs. Bruxelles, N. Deconink, 1895-
1896. In-8°, iv-365 p. 5 fr.
280. Zeller-Werdmueller (H.). Die Pràmonstratenser-Abtei Rùti.
Zurich, Fàsi und Béer, 1897. In-4o, 50 p., 7 pi., grav. (Mitteilungen
der antiquarischen Gesellschaft in Zurich, XXV, 4.) 3 m. 60.
281. Zernitz (Enrico). Brevi cenni storici intorno allô sviluppo délie
arti del disegno in Italia. I, del secolo xm alla fine del secolo xv.
Trieste, tip. Giovanni Balestra, 1896. In-8°, 165 p.
204 BIBLIOGRAPHIE.
282. Zeuthen (A. -G.). Geschichte der Mathematik im Altertum und
Mittelalter. Kœbenhavn, Hœst, 1896. In-8o, 354 p. 5 cour. 50.
283. ZiEGLER (J.). Geschichte der Stadt Greifswald. Greifswald,
J. Abel, 1896. In-8o, xvi-255 p., illustr., 9 pi. et 1 plan. 6 m.
284. ZiMMERMANN (Emil-Rudolf). Die Geschichte des lateinischen
Suffixes -arius in den romanischen Sprachen. Leipzig, G. Fock, 1897.
In-8°, vi-95 p. 6 m.
285. ZôcKLER (Otto). Askese und Mônchtum. 2. AuQage der Kriti-
schen Geschichte der Askese. i^" Band. Frankfurt a. M., Heyder und
Zimmer, 1897. In-8% vin-322 p. 5 m.
l
CHRONIQUE ET MELANGES.
Les thèses des élèves de l'École des chartes ont été soutenues le 25,
le 26 et le 27 janvier 1897. Voici les sujets traités par les candidats :
Étude sur la Pragmatique Sanction sous le règne de Louis XI, par
Henri Chassériaud.
Pierre le Chantre, par Henri Delatour.
Fédéric Morel, imprimeur à Paris, de 1557 à 1583, par Joseph
Dumoulin.
Biographie du cardinal de Gramont, diplomate français (1500-1534),
par Henri d'Etchegoyen.
Pierre de Razès. « Les Ghronicques de Lymoges » (1560-1630) con-
tinuées par un anonyme jusqu'en 1644, par Henri Lachenaud.
Le règne de Louis IV d'Outre-Mer (936-954), par Philippe Lauer.
La Marche de Provence jusqu'aux partages et l'évèché d'Avignon
jusqu'à la commune, par Georges de Manteyer.
Le rôle de l'administration royale dans ses rapports avec la grande
industrie en France au xvii« et au xvm" siècle, et plus particulière-
ment de 1669 à 1789, par Germain Martin.
Essai sur la vie et le rôle politique de l'archevêque Guillaume aux
Blanches-Mains. Recherches sur l'administration de ses diocèses, par
Jules Mathorez.
La Grande Chancellerie royale et l'expédition des lettres royales,
de l'avènement de Philippe de Valois à la fin du xiv« siècle, par Octave
Morel.
Histoire de la commune de Noyon durant la première moitié du
xiv« siècle, par René Pagel.
Essai sur la réforme de l'Ordre de Fontevrault (1459-1641), par Ber-
nard Paldstre.
Un parlementaire sous François !«■• : Guillaume Poyet (1473-1548),
par Charles Porée.
Suhlet de Noyers, précurseur de Louvois et de Colbert, par Charles
SCHMIDT.
206 CHRONIQUE ET Me'lA^JGES.
— Les thèses de douze candidats ont été admises. Elles ont été ran-
gées comme il suit par ordre de mérite, les thèses de MM. Lauer et
Pinet de Manteyer ayant été classées ex-œquo :
1. MoREL (0.). La Grande Chancellerie royale et l'expédition des
lettres royaux, de l'avènement de Philippe de Valois à la fin du
xiv^ siècle.
2. Lauer (P.). Le règne de Louis IV d'Outre-Mer (936-954).
2 bis. Pinet de Manteyer (G.). La Marche de Provence jusqu'aux
partages et l'évêché d'Avignon jusqu'à la commune.
3. Porée (G.). Un parlementaire sous François I", Guillaume Poyet
(1473-1548).
4. Ghassériaud (H.). Étude sur la Pragmatique Sanction sous le
règne de Louis XI.
5. ScHMiDT (G.). Sublet de Noyers, précurseur de Louvois et de
Colbert.
6. Dumoulin (J.).Fédéric Morel, imprimeur à Paris de 1557 à 1583,
7. Martin (G.). Le rôle de l'administration royale dans ses rapports
avec la grande industrie en France au xvii« et au xviii^ siècle, et plus
particulièrement de 1669 à 1789.
8. Mathorez (J.). Essai sur la vie et le rôle politique de l'archevêque
Guillaume aux Blanches-Mains. Recherches sur l'administration de
ses diocèses.
9. Palustre (B.). Essai sur la réforme de l'Ordre de Fontevrault
(1459-1641).
10. Pagel (R.). Histoire de la commune de Noyon durant la pre-
mière moitié du xv« siècle.
11. Etghegoyen (H. d'). Biographie du cardinal de Gramont, diplo-
mate français (1500-1534).
Le mérite des thèses de MM. Morel, Lauer et Pinet de Manteyer a
été signalé à M. le ministre.
— Ont été nommés archivistes paléographes, par arrêté ministériel
du 3 février 1897 :
MM.
1. Lauer (Jean-Philippe), né à Thorigny (Seine-et-Marne), le 2 dé-
cembre 1874.
2. Morel (Octave-François-Henri), né à Lyon (Rhône), le 7 janvier
1871.
3. PoRÉE (Gharles-Victor-Adolphe-Jacques), né à Paris, le 27 mars
1872.
4. Ghassériaud (Jacques-Henri), né à Royan (Charente-Inférieure),
le 23 décembre 1873.
CQROXIQUE ET MELANGES. 207
5. ScHMiDT (Charles), né à Saint-Dié (Vosges), le 21 octobre 1872.
6. Dumoulin (Joseph-Marie-Désiré), né à Paris, le 2 septembre 1875.
7. Martin (Germain-Louis), né au Puy (Haute-Loire j, le 7 novembre
1872.
8. Mathorez (Jules-Marie-Michel-Henry), né à Saint-Nazaire (Loire-
Inférieure), le 8 avril 1873.
9. Palustre (Bernard-Joseph), né à Fontevrault (Maine-et-Loire), le
8 juillet 1870.
10. Pagel (Jean- Joseph-René), né à Batna (Gonstantine), le 9 jan-
vier 1875.
— Ont été nommés archivistes paléographes hors rang, comme
appartenant à des promotions antérieures :
MM.
D'Etchegoven (Armand-Victor-Sauveur-Marie-Henri), né à Nointot
(Seine-Inférieure), le 12 mai 1873.
Pinet de Manteyer (Marie-Barthélemy-Georges), né à Gap (Hautes-
Alpes), le 16 mai 1867.
OBSÈQUES DE M. LEGOY DE LA MARCHE.
Le fascicule où nous annoncions la mort de l'un de nos doyens,
M. de Mas Latrie, venait de paraître, lorsqu'un nouveau deuil a frappé
notre Société. Le 22 février 1897, quelques heures après avoir quitté
les Archives nationales, où il exerçait les fonctions de sous-chef de la
Section historique, un autre de nos confrères, âgé de cinquante-sept
ans à peine, M. Lecoy de la Marche, succombait tout à coup au mal
implacable qui l'avait déjà terrassé il y a plus d'un an. Après cette
première atteinte, nous l'avions vu mettre à reprendre son service Ce
courage et cette persévérance dont il a fait preuve aussi bien dans ses
travaux que dans toutes les circonstances de sa vie. On va Ure les
discours où le garde général des Archives nationales et les prési-
dents de la Société de l'École des chartes et de la Société des Anti-
quaires de France ont apprécié les mérites de*rérudit et du fonction-
naire. Nous regrettons profondément de ne pouvoir y joindre les
paroles, d'autant plus émues et d'autant plus émouvantes qu'elles
n'étaient pas préparées, dans lesquelles l'ami de tous les jours, le
témoin constant de sa vie, celui qui, la veille même de la mort de
notre confrère, lui prêtait encore le soutien de son bras pour rega-
gner sa demeure, M. Léon Gautier, a rendu aux quaUtés de l'homme
la justice qui leur était due.
208
CHRONIQUE ET MELANGES.
DISCOURS DE M. SERVOIS, GARDE GENERAL DES ARCHIVES.
« Messieurs,
« Il y a peu de jours encore, M. Lecoy de la Marche était au milieu
de nous, luttant contre le mal qui, depuis plus d'une année, l'étrei-
gnait si durement, et réunissant ce qui lui restait de forces pour
ajouter quelques pages à l'inventaire qu'il venait d'entreprendre.
Samedi dernier, il nous quittait vaincu, mais ne voulant pas cepen-
dant désespérer de lui-même et parlant encore de l'avenir à l'ami, le
plus bienveillant des chefs et le plus dévoué des confrères, qui, dans
sa sollicitude, l'accompagnait jusqu'au seuil de sa maison.
« Il s'éteignit doucement deux jours après. La mort lui a été clé-
mente ; mais il était de ceux qui savent l'envisager sans crainte : déjà,
il y a seize mois, il l'avait sentie s'approcher de lui et n'avait pas faibli,
puisant dans la foi qui inspira une partie de ses écrits autant de rési-
gnation qu'en permettaient ses préoccupations de père de famille,
menacé qu'il était d'être séparé des siens avant d'avoir pu assurer et
même préparer la destinée de chacun d'eux.
« Peu d'érudits auront publié un plus grand nombre d'ouvrages. Il
est réservé à d'autres de vous parler de ceux qui ont presque popula-
risé son nom, des récompenses académiques qu'ils lui ont values, des
mérites divers qui avaient recommandé, comme éditeur, notre savant
et laborieux confrère au choix de la Société de l'histoire de France,
de la Société des anciens textes, de la Société de l'École des chartes.
Sans même rappeler les œuvres qu'il a tirées de l'étude de nos docu-
ments, je me bornerai à citer les travaux dont le soin lui fut conûé
par l'administration des Archives.
« Albert Lecoy de la Marche, que nous perdons à l'âge de cinquante-
sept ans, appartenait depuis plus de trente-cinq années au service
des archives, soit départementales, soit nationales. En 1861, quatre
mois après la soutenance, à l'Ecole des chartes, d'une thèse qui eut
quelque retentissement et qui suscita d'assez vives polémiques, il reçut
Ja mission d'organiser et de compléter, en. provoquant les réintégra-
tions nécessaires, les archives du département de la Haute-Savoie,
récemment annexé à la France. Trois ans plus tard, M. de Laborde
l'appelait à Paris. A la section administrative, l'une de ses occupations
fut la rédaction de l'inventaire des titres de la maison d'Anjou, que
nous nous apprêtions, peu de jours avant sa mort, à mettre à la dis-
position du public.
« En 1871, il reçut de la direction générale des Archives une haute
marque de confiance : il fut le continuateur, désigné par elle, de la
publication de l'inventaire des Titres de la maison ducale de Bourbon,
GHRONIQCE ET MELANGES. 209
qu'avait iaterrompue la mort de Huillard-Bréholles. Le tome II, qui
parut en 1874 et qui est presque entièrement l'reuvre de Lecuy, tient
une place honorable dans la collection d'inventaires im'^rimés sous
l'administration de MM. de Laborde et Maury.
f Plus intéressante encore eût été la publication du premier volume
de l'inventaire du Supplément du Trésor des chartes, s'il lui eût été
donné de l'achever.
« Entré en 1882 dans la section historique, — dont il est devenu
le sous-chef en 1892, après avoir été, pendant de longues années, le
doyen des archivistes, — Lecoy de la Marche avait analysé le fonds
de l'abbaye de Savigny et dressé le répertoire numérique d'une série
importante, quand, sur la proposition de son chef, il fut chargé de
dépouiller le Supplément du Trésor. Il en poursuivit l'étude et l'ana-
lyse pendant deux ans; mais, à son vif regret, la maladie l'avait
contraint, il y a quelques mois, de consacrer désormais ses ellbrts à
une tàciie moins ardue.
€ Telles sont, rapidement énumérées, les principales des œuvres que
Lecoy de la Marche accomplit ou commença pour les Archives natio-
nales. Mais, plus encore peut-être que les très utiles inventaires qu'il
nous a laissés, le souvenir de trente-deux années de communs labeurs
dans l'hôtel Soubise y préservera sa mémoire de l'oubli ou de l'in-
dilférence.
« Une existence qu'a remplie un travail incessant et qu'ennoblis-
sait, en quelque sorte, la fermeté stoïque et silencieuse avec laquelle
il acceptait, sans une plainte, les plus cruelles épreuves, méritait de
notre part un suprême hommage, et je le rends tristement au nom
de mes collègues. »
DISCOURS DE M, DABELON,
PRÉSmENT DE LA SOCIÉTÉ DE l'ÉCOLE DES CHARTES.
« Messieurs,
€ Depuis quelques mois, la mort frappe à coups redoublés dans les
rangs de la Société de l'École des chartes, et rarement le pieux et tou-
chant devoir d'accompagner un confrère à sa dernière demeure nous
a été imposé avec une fréquence aussi douloureuse. Il y a peu de
semaines, c'était l'un de nos doyens, Louis de Mas Latrie, à qui
j'adressais l'adieu suprême; peu auparavant, c'était Louis Gourajod,
l'ami et le contemporain d'Albert Lecoy de la Marche, l'un et l'autre
emportés à peu près au môme âge, dans la maturité du talent, au
milieu d'une carrière scientifique des plus fécondes et qui se trouve
prématurément fermée.
« Comme celle de Louis Gourajod, la carrière administrative et
1897 U
2'I0 CHRONIQUE ET Me'lANGES.
honoriûque d'Albert Lecoy de la Marche se résume en peu de mots :
elle a la modestie qui, la plupart du temps, accompagne le mérite scien-
lilique; après avoir obtenu le diplôme d'archiviste -paléographe le
28 janvier 1861, notre regretté confrère fut nommé archiviste du dépar-
tement de la Haute-Savoie, d'où il passa, trois ans plus tard, aux
Archives de l'Empire : c'est dans ce vaste dépôt que la mort est venue
l'atteindre comme sous-chef de la section historique.
« Après sa thèse, qui eut quelque retentissement, sur l'autorité de
VHistoire des Francs de Grégoire de Tours, Lecoy de la Marche débuta
dans l'érudition, en 1863 {Bibliothèque de l'École des chartes), par une
étude sur le testament d'Amédée III, comte de Genevois (en 1371),
dans laquelle se manifeste nettement déjà l'une des tendances de l'es-
prit distingué de l'auteur : la recherche et l'interprétation des docu-
ments relatifs à l'histoire des arts en France. Et en effet, Lecoy de la
Marche laisse, dans cet ordi-e d'idées, plusieurs publications solides et
durables. C'est d'abord le recueil important qui a pour titre : Extraits
des comptes et mémoriaux du roi René pour servir à l'histoire des arts au
XV^ siècle (1872, in-8°), utile complément des travaux, du marquis de
Laborde dans le même champ de recherches. Je citerai ensuite le
volume intitulé : l'Académie de France à Rome (1874, in-S"), étude qui
a pour base la correspondance des directeurs de ce séminaire des arts,
fondé par Golbert et qui, depuis deux siècles, a donné à la France tant
de grands artistes; le petit volume sur les Sceaux (1889, in-8°), inté-
ressant résumé des travaux modernes relatifs à la sigillographie du
moyen âge. Enfin, les Manuscrits et la miniature (1884, in-8°) ; VArt
d'enluminer (1890, in-S»); la Peinture religieuse (1892, in-4°); le
Xlll" siècle artistique (1889, in-4°) sont des essais qui, dans la pensée
de l'auteur, devaient concourir à la composition d'un ouvrage considé-
rable sur les mêmes matières.
« A côté de l'histoire des arts, la critique historique proprement
dite attira aussi l'ardente activité de Lecoy de la Marche. Il édita et
annota avec intelligence et avec un soin scrupuleux les Coutumes et péages
de Sens, texte français du commencement du xni^ siècle (1866, in-8»);
le Mystère de saint Bernard de Menthon (1888, in-8o) dans la collection
.publiée parles soins de \di Société des anciens textes français; les ÛEuvres
complètes de Suger et les Anecdotes historiques d'Etienne de Bourbon, dans
la collection de la Société de l'histoire de France. En même temps,
comme une voix autorisée le rappelait tout à l'heure, ses fonctions
administratives l'amenaient à terminer la grande publication de Huil-
lard-BréhoUes sur les Titres de la maison ducale de Bourbon. On lui
doit aussi un texte, rapproché du français moderne, de la Vie de J.-C.
composée au AT<= siècle d'après Ludolphe le Chartreux (1870, in-4o).
« Dès 1868, Lecoy de la Marche s'était révélé, comme historien
curieux et original, par la publication de son beau livre sur la Chaire
CHRONIQUE ET MELANGES. 2ii
française au moyen âge, qui fut couronné par l'Académie des inscrip-
tions et belles-lettres et qui restera comme son œuvre la plus étudiée,
la mieux condensée, la plus complète. Il acheva de mettre le sceau à
sa notoriété par ses deux volumes sur le Roi René, sa vie, son adminis-
tration, ses travaux artistiques et littéraires (i815); notre confrère obtint
le grand prix Gobert à l'Académie des inscriptions et belles-lettres
pour cet ouvrage considérable où il a su, avec talent, mettre en relief
la vie intime et le rôle public d'un prince qui fut le Mécène de son
temps et dont le souvenir est resté populaire et environné d'une sorte
d'auréole légendaire.
« Dans son Saint Martin (1881, in-8°), Lecoy de la Marche entre-
prend, comme dom Pitra l'avait fait, non sans succès, pour saint Léger,
de donner à l'hagiographie une place plus grande que celle qu'elle
occupe aujourd'hui dans les préoccupations des historiens. L'idée est
éminemment louable et doit être féconde, mais l'exécution était parti-
culièrement ardue, car l'histoire de saint Martin n'est pas seulement
celle d'un des patrons de l'ancienne France; il faut y voir avant tout,
comme le dit l'auteur, l'histoire a. de la substitution du christianisme à
« l'idolâtrie, dans la contrée qui est devenue la France, et spéciale-
« ment dans les campagnes gauloises. » Vaste et difficile sujet que
notre confrère n'a pu épuiser dans un volume écrit avec une chaleur
communicative qui ne nuit point à son érudition, et qu'on lit avec
autant d'agrément que de profit.
< Les deux volumes consacrés aux Relations politiques de la France
avec le royaume de Majorque (1892) contiennent, comme commentaire
à de nombreux documents inédits rassemblés à grand'peine en France
et en Espagne, un récit vivant et coloré des vicissitudes, peu connues
jusque-là, de l'histoire des îles Baléares au moyen âge. Dans ce der-
nier des plus importants travaux scientifiques de notre confrère, on
retrouve les qualités qui font l'originalité et l'attrait de son érudition :
comme il en exprime l'ambition en quelqu'une de ses préfaces, il a su
ici, aussi bien que dans ses autres ouvrages, tirer des documents un
récit suivi, et « faire, dit-il, une gerbe agréable et solide, plutôt qu'une
« masse informe et sans cohésion, un livre à lire plutôt qu'une com-
« pilation à consulter. »
« Érudit de profession, Lecoy de la Marche voulut viser le grand
public; il eut le talent de l'atteindre et de mettre à sa portée des
découvertes scientifiques, qui seraient vaines et inutiles si elles
devaient rester l'apanage des savants qui les ont faites. Il écrit pour
ainsi dire d'abondance, d'une plume alerte et avec une facilité rare;
on a prétendu même que cette facilité, qui est un don naturel des plus
enviables, a pu parfois nuire à la sévérité de sa critique. Toujours
est-il qu'elle ne le dispensa point du travail, je dirai d'un travail opi-
niâtre, incessant. La vie de Lecoy de la Marche a été une vie de lutte
2'I2 CHRONIQUE ET MÉLANGES.
par le travail. D'un tempérament plutôt impétueux, mais qui savait
se maîtriser, il avait les dehors d'un homme calme et énergique, aus-
tère et réservé, peu expansif; il n'était pas de ceux qui, au milieu des
joies et des difficultés de la vie, passent tour à tour de l'exaltation au
découragement. Il cheminait gravement, en philosophe soutenu par
des convictions religieuses aussi inéhranlables et intransigeantes qu'il
était infatigablement laborieux. Polémiste à ses heures, il mit avec
bonne foi et sans arrière-pensée son érudition et son réel talent litté-
raire au service de ses convictions, et plusieurs de ses écrits, — il s'en
faisait gloire, — ont un caractère nettement apologétique. Si ses opi-
nions n'eurent pas le don de plaire à tous, du moins, ne saurait-on
lui refuser le rare mérite de ne les avoir jamais cachées, au risque
même de se trouver, à certains moments, en conflit avec ce qu'on
appelle les idées du jour.
« Il y a dix-huit mois, cet homme de caractère et vraiment coura-
geux, épuisé par le labeur quotidien que lui imposaient les nécessités
de l'existence, est tombé comme un soldat sur le champ de bataille,
frappé soudain par un mal implacable. Nous le vîmes essayer de se rele-
ver; il se ressaisit comme un vaillant qu'il était, et stoïquement, sans
proférer une plainte, il voulut se remettre à ses travaux, reprendre
sa plume, retourner à son bureau des Archives nationales. Mais il
n'était plus, hélas, que l'ombre de lui-même, ses forces physiques
trahissaient son énergie morale, et en le contemplant avec tristesse,
nous nous disions qu'il ne jouissait que d'un répit momentané. La
.mort, même lorsqu'elle est attendue, surprend toujours; nous espé-
rions, malgré tout et contre toutes les apparences, un relèvement
relatif, lorsque nous avons appris que notre confrère avait subitement
cessé de vivre. Il descend dans la tombe, trop tôt, hélas, pour les siens ;
trop tôt aussi pour les travaux que nous promettaient son activité et son
expérience. Du moins, je puis dire que, s'il n'a pas donné toute sa
mesure, les œuvres nombreuses qu'il nous laisse honorent grandement
sa mémoire, qui sera toujours chère à ses confrères et à ses amis. »
DISCOURS DE M. l'aBBÉ H. THÉDENAT,
PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE FRANCE.
« Messieurs,
« Albert Lecoy de la Marche entra tardivement dans la Société des
Antiquaires de France. En effet, à la séance du 6 mai 1885 seulement,
il fut élu membre résidant à la place de M. Michelant, promu à l'ho-
norariat.
« C'est vous dire que notre nouveau confrère, au moment où il fut
admis dans notre Compagnie, avait déjà derrière lui un long passé
d'une vie laborieuse.
CBROXIQUE ET MELANGES. 243
t Sorti le second de l'École des chartes, en 1860, il avait choisi
comme sujet de thèse : De l'autorité historique de Grégoire de Tours. Il
cherchait à démontrer, non sans une part d'exagération, — il avait
alors vingt ans, — que, à défaut de sources historiques écrites, l'historien
des Gaules puisa dans les épopées et dans les légendes. Cette théorie,
toute nouvelle alors, soulevade vives protestations. Il est, de nos jours,
des savants qui la reprennent. Quoi qu'il en soit, cette première œuvre
montra que le jeune archiviste, à ses débuts, était doué d'un esprit
indépendant, apte à concevoir des idées personnelles, capable de cher-
cher sa voie en dehors des chemins battus.
t Après un séjour de quelques années à Annecy, où il fut envoyé
comme premier archiviste de la Haute- Savoie, récemment annexée à
la France, il revint, en 1863, à Paris, aux Archives nationales. Pen-
dant les années qui suivirent il publia, dans la collection de la Société
de l'histoire de France, une édition des œuvres complètes de Suger.
« En 1868, parut un de ses meilleurs travaux, une étude sur la Chaire
française au moyen âge, spécialement au XIII^ siècle. De longues et
patientes recherches, une étude approfondie des documents, des déduc-
tions sagement tirées ont permis à l'auteur de traiter largement son
sujet. Les prédicateurs du moyen âge ne craignaient pas de dérider,
par des anecdotes piquantes, la gravité de la chaire chrétienne ; la
peinture des mœurs contemporaines et les personnalités ne les
effrayaient guère. Aussi l'étude consciencieuse de notre confrère a
pour objet, non seulement les prédicateurs, mais toute la société :
gens d'église et moines, nobles et vilains, bourgeois et soldats, femmes
de toute condition, écoliers et professeurs, savants et artistes, tous
sont pris sur le vif; c'est un tableau animé et plein d'intérêt de la vie
à cette époque.
« L'Académie des inscriptions et belles-lettres, qui avait mis le sujet
au concours, en jugea ainsi; car elle donna le prix à M. Lecoy de la
Marche. Le public fut du même avis que l'Académie, et, chose rare
pour une œuvre d'érudition, ce livre eut l'honneur d'une seconde
édition.
< Après les désastres de la guerre de 1870 et de la Commune, la
Société de l'École des chartes décida qu'elle publierait, pour que leur
perte, en cas de nouveaux malheurs, ne fût pas irrémédiable, les
documents d'archives les plus importants pour notre histoire. Le pre-
mier volume de cette série, contenant les Extraits des comptes et mémo-
riaux du roi René pour servir à l'histoire des arts au XV'^ siècle, fut édité
par M. Lecoy de la Marche. Édifices d'Angers, bâtiments et domaines
de l'Anjou, édifices de Provence, travaux divers, objets d'art, meubles
et ustensiles, sous ces rubriques, l'éditeur classe et annote une longue
série de documents, jetant ainsi la plus vive lumière sur la vie inté-
rieure à la fin du moyen âge, sur l'histoire des arts et du mobilier,
2^4 CHRONiQUR f:t mélanges.
sur l'influence qu'exerça dans tous ses États le roi René, ami et pro-
tecteur des arts. Plus tard, se transportant dans tous les pays où vécut
ce prince éclairé, en Provence, à Naples, à Gênes, à Milan, M. Lecoy
de la Marche recueillit dans les archives locales de nouveaux docu-
ments. De ces longues recherches, de la mise en œuvre de ces maté-
riaux patiemment réunis, sortit le livre intitulé : le Roi René. C'est une
étude complète et documentée de la vie politique de ce prince fidèle et
peu récompensé par le roi de France, de son administration, de ses
travaux artistiques et littéraires. L'Académie des inscriptions et belles-
lettres décerna à l'auteur la récompense la plus haute et la plus enviée,
le prix Gobert.
« Les Anecdotes tirées d'Etienne de Bourbon, le Saint Martin, dont la
partie archéologique et géographique offre un réel intérêt et dont l'il-
lustration est au-dessus de tout éloge, et enfin l'histoire des relations
diplomatiques de la France avec l'île de Majorque terminent la série
des travaux de longue haleine publiés par notre confrère. Je ne puis
que faire allusion à ses œuvres moins considérables : volumes de la
Bibliothèque de l'enseignement des beaux-arts , articles épars dans les
revues les plus diverses : Bibliothèque de l'École des chartes. Revue des
Questions historiques. Gazette des beaux-arts, Bulletin monumental, Cor-
respondant, Nouvelle Revue, chroniques d'histoire et d'archéologie dans
plusieurs journaux..., la simple énumération de ces travaux formerait
une liste bibliographique considérable.
« Et là ne fut pas toute son œuvre. Professeur pendant plusieurs
années à l'Institut catholique et conférencier très suivi, il avait groupé
autour de lui un nombreux auditoire.
« Au Bulletin de notre Société, notre regretté confrère a donné diverses
communications et aux volumes de nos Mémoires un traité italien du
xiv« siècle de VArl d'enluminer et une curieuse étude sur le Bagage d'un
étudiant en 13kl . Le 6 novembre de cette année 1347, on trouva, sur
le bord de la route et en vue de Ghâteau-Landon, le cadavre d'un
jeune boursier de Sorbonne, qui, ses vacances terminées, retournait à
cheval de Nevers, sa patrie, à Paris. Sur l'ordre du bailli de Courtenai
et par le ministère du tabellion dé Ghàteau-Landon, en présence d'un
bourgeois de la localité, de trois sergents- de la reine et de quatre
témoins requis, il fut dressé un inventaire complet des effets trouvés
dans les bagages et sur la personne du jeune étudiant. Cette pièce,
jusque-là inconnue, nous montre, dans les plus minutieux détails,
comment voyageaient les étudiants aisés du xiv« siècle, quelles étaient
leurs habitudes, quels livres et quels objets ils emportaient avec eux.
C'est une page inédite des plus curieuses, abondant en renseignements
nouveaux et dont M. Lecoy de la Marche a tiré le meilleur parti.
a Depuis plus d'un an, notre confrère ne paraissait pas à nos séances.
Une attaque soudaine, tout en respectant la lucidité de son intelli-
CHRONIQUE ET MELAVr.ES. 2<5
gence, avait gravement atteint son corps. Ce premier et siWère aver-
tissement de la mort, qui semblait devoir l'inviter au repos, ne triom-
pha pas de son activité. Dès que ses forces mal affermies le lui
permirent, il revint, bien péniblement, à son bureau des Archives;
à ce coup douloureux il opposait, comme aux autres épreuves qui
avaient traversé sa vie, la résignation d'un fervent chrétien et la
patience d'un sage. Jamais ses amis, même les plus intimes, ne
reçurent la confidence de ses plaintes. Là fut le coté vraiment grand
de son caractère et qui mit, dans sa vie morale, une remarquable
unité. Ceux qui l'ont connu pendant les années pleines d'espérances
de la jeunesse, dans l'âge mûr et jusqu'à la mort, l'ont toujours vu le
même : immuable dans ses croyances, courageux et doux à la fois
devant les difficultés, infatigable à travailler.
( Il fut frappé la nuit, pendant son sommeil. Sans doute, il ne vit
pas la mort venir. Elle ne l'aurait pas effrayé ; il l'attendait. Pendant
cette cruelle et dernière année, il l'avait plus d'une fois appelée,
comme la grande libératrice, comme l'amie suprême qui devait cou-
ronner ses hautes espérances. A celui qui, jusqu'à la fin, fut pour lui
le plus fidèle et le plus cliaud des amis, il disait souvent : « J'aurais
« dû mourir après ma première attaque; j'étais si bien préparé! J'ai
« manqué le coche. »
« Non, cher confrère, vous n'avez pas manqué le coche ; une année
de souffrance et de résignation compte pour l'éternité ! »
RÉORGANISATION DU SERVICE DES ARCHIVES.
RAPPORT nu MINISTRE ET DÉCRET.
« Paris, le 22 février 1897.
« Monsieur le Président,
« L'ancien régime avait vainement tenté, dans un intérêt adminis-
tratif, de centraliser les archives de l'État. A Paris et à Versailles elles
se trouvaient encore, en 1789, réparties dans des dépôts multiples; il
avait fallu en déverser le trop-plein dans des maisons religieuses dont
on avait loué, sous Louis XV, des salles conventuelles désertées par
les moines. Quant à essayer une centralisation pour répondre à un
intérêt scientifique, cela semblait plus difficile encore. Les documents
pouvant servir à l'histoire étaient dispersés en des milliers d'établisse-
ments seigneuriaux, ecclésiastiques, corporatifs sur lesquels le gou-
vernement n'avait aucune autorité. Une tentative en ce sens avait
pourtant été faite sous l'impulsion d'un ministre qui, avec le goût de
l'érudition, avait eu la bonne fortune de rencontrer un collaborateur
aussi zélé que compétent ; mais, bien que secondé par la bonne volonté
2^6 CHROIVIQOE KT MÉLANGES.
de savants dévoués, cet effort demeura restreint; on dut se borner à
lever des copies et des analyses des pièces les plus curieuses contenues
dans ces innombrables chartriers.
« L'Assemblée nationale réalisa ce que n'avait pu faire aboutir la
monarchie. Elle décréta, dès le début de la Révolution, la concentra-
tion dans un dépôt unique, auquel elle donna le nom d'Archives natio-
nales, de tous les titres de l'ancien régime, tant historiques qu'admi-
nistratifs, existant à Paris. Plus tard, la Convention, par application
de ce principe, déclara que les titres de même nature placés par la loi
aux chefs-lieux des départements et des districts seraient reliés à ces
Archives nationales comme à un centre commun, afin que, tout en
demeurant dans leurs pays d'origine, les documents épars sur le terri-
toire fussent tous traités d'après des méthodes similaires et soumis à
une même surveillance.
« On s'était d'abord occupé des collections léguées par les siècles
antérieurs; il convenait de prévoir aussi l'avenir. En 1801, le Consulat,
pour obvier au danger de la dispersion dont avait souffert l'ancien
régime, voulut réunir aux Archives nationales les titres du gouverne-
ment nouveau et annonça des mesures destinées à régulariser le ver-
sement dans ce dépôt central de tous les documents des ministères et
des corps constitués. Une organisation complète et définitive semblait
donc près d'être donnée à ce grand service pubhc.
« Malheureusement, le régime impérial, entraîné par l'ambition
aussi gigantesque que chimérique de grouper à Paris les archives des
pays réunis à la France, perdit de vue ces projets plus modestes, mais
pratiques. Le garde général, absorbé par le classement éphémère des
titres du saint-siège, de l'empire germanique, de la Hollande, etc., qu'à
peine déballés il fallait réexpédier dans les capitales étrangères, délaissa
la mission de surveillance et d'organisation des archives départemen-
tales que les lois avaient attachée à ses fonctions; et le gouvernement
ne donna pas suite aux projets d'organiser aux Archives nationales le
dépôt de toutes les archives des ministères et des corps constitués.
« L'administration ministérielle à laquelle depuis est incombé le
soin de donner l'impulsion à ce^ service, peut difficilement trouver
dans ses bureaux la compétence à la fois administrative et scientifique
nécessaire pour contrôler des travaux qui ont ce double caractère.
Dans la dépendance du ministère de l'intérieur, la part de l'érudition
était insuffisante; dans celle du ministère de l'instruction publique,
l'administration court le risque d'être négligée pour la science. Le ser-
vice pourrait au contraire être assuré avec toute la compétence dési-
rable s'il était replacé sous le régime établi par l'Assemblée nationale.
« Il est temps, d'autre part, de faire, dans le dépôt des Archives
natiouales, une place en rapport avec leur importance aux versements
des établissements centraux de l'État qui s'y accumulent depuis un
CnRONIQUE ET MÉLi\GES. 217
siècle. Jusqu'ici on a songé surtout aux titres de l'ancienne France,
et presque rien n'a été entrepris pour les actes de la France nouvelle.
« En se prolongeant, cette situation pourrait porter les plus graves
préjudices à l'État et entraver la marche de l'administration. La logique
voudrait que les Archives nationales fussent divisées en deux grandes
sections : l'une contenant tout l'ancien régime, l'autre le nouveau ; et
certainement c'est cette organisation qui prévaudra un jour.
« Mais on a commencé, dans les sections antérieures à 1790, des
travaux nombreux, délicats, variés et qui, pour être bien exécutés,
exigent la présence d'un personnel encore trop considérable pour être
confié à un seul chef.
« Je crois donc nécessaire de se borner temporairement à réduire
d'une les divisions consacrées aux titres anciens. Il y aurait ainsi
deux sections pour ces titres; et une nouvelle serait consacrée aux
papiers modernes, afin de marquer nettement la constitution future
du dépôt vers laquelle il faut s'orienter.
« Le décret ci-joint réalise ces améliorations. Afin de faciliter au
directeur sa double mission d'administrateur et de conservateur, je
propose d'autoriser, en principe, la délégation d'une partie de la signa-
ture à un chef de section choisi par le ministre. Ce chef de section
remplacerait le directeur en cas d'absence ou de maladie. Ces diverses
mesures, dont j'attends le meilleur effet, n'entraînent, d'ailleurs,
aucune augmentation de dépenses, et j'espère que vous voudrez bien
leur donner votre haute approbation.
a Veuillez agréer, monsieur le Président, l'hommage de mon pro-
fond respect.
« Le minislre de l'instruction 'publique et des beaux-arts,
« A. Rambaud. »
« Le Président de la République française,
« Sur le rapport du ministre de l'instruction publique et des beaux-
arts,
« Vu le décret du 7 messidor an II;
< Vu l'arrêté des consuls du 8 prairial an VIII;
« Vu le décret du 14 mai 1887,
a Décrète :
« Art, 1". — La composition des trois sections des Archives natio-
nales est fixée ainsi qu'il suit :
0 La première comprend les archives législatives et administratives
modernes;
« La deuxième, les archives des juridictions et des administrations
de l'ancien régime ;
« La troisième, le trésor des chartes, les collections de la section
2<8 CHROXIQUE ET MELANGES.
historique actuelle, les titres domaniaux et les fonds ecclésiastiques
antérieurs à 1790.
« Art. 2. — La première section est ouverte aux versements faits
par les assemblées législatives, les ministères et les corps constitués
postérieurs à 1790.
« Art. 3. — Le service des archives départementales, communales
et hospitalières, actuellement rattaché à la direction du secrétariat et
de la comptabilité du ministère de l'instruction publique et des beaux-
arts, est réuni au secrétariat des Archives nationales.
« Art. 4. — Le garde général des Archives nationales aura désor-
mais le titre de directeur des Archives. Il préparera et soumettra à la
signature du ministre la correspondance relative au service des archives
dans les départements.
« Art. 5. — Le cadre du personnel des Archives nationales com-
prend : trois chefs de section, trois sous-chefs, un secrétaire, un secré-
taire-adjoint, vingt archivistes et trois commis. Un chef de section est
choisi par le ministre, sur la proposition du directeur, pour remplacer
celui-ci en cas d'absence ou d'empêchement. Le directeur peut être
autorisé à déléguer à un chef de section une partie de la signature.
« Art. 6. — La commission supérieure des archives se réunira à la
fin du l*', du 2« et du 4^ trimestre de chaque année. Elle pourra être
convoquée extraordinairement.
« Dans l'intervalle de ses sessions, une délégation de trois de ses
membres se réunira périodiquement pour examiner avec le directeur
les questions techniques relatives au service.
« Art. 7. — Un décret rendu dans la forme des règlements d'admi-
nistration publique déterminera les conditions dans lesquelles les ver-
sements seront faits aux Archives nationales.
« Art. 8. — Le ministre de l'instruction pubUque et des beaux-arts
est chargé de l'exécution du présent décret.
« Fait à Paris, le 23 février 1897.
« Félix Faure.
« Par le Président de la République :
« Le ministre de l instruction publique et des beaux-arts,
« A. Rambaud. »
— L'article 30 de la loi de fina.nces pour l'exercice 1897 est ainsi
conçu :
« Les services rendus dans les emplois d'archivistes départementaux
par les archivistes paléographes qui sont nommés à des emplois rému-
nérés par l'État, soit aux Archives nationales, soit dans l'inspection
des archives, sont réunis aux services rendus dans ces derniers emplois
pour le droit à pension et pour la liquidation, pourvu que la durée des
services rétribués par l'État soit au moins de vingt ans. »
ceRONFQDE ET MELANGES. 219
— Aux termes de l'article 5 d'un décret du 30 mars 1807, le t diplôme
de l'École des chartes » est un de ceux que doivent produire les can-
didats au concours ouvert chaque année pour les places d'auditeurs de
deuxième classe au Conseil d'Etat.
— Par arrêté en date du 1" janvier, notre confrère M. E. Langlois,
professeur de langue et de littérature wallonnes et picardes à l'Uni-
versité de Lille, est chargé en outre d'un cours complémentaire de
paléographie pour l'année 1897.
— Par arrêté en date du 16 janvier, notre confrère M. Robert Ville-
pelet est nommé rédacteur au deuxième bureau de la direction du
secrétariat et de la comptabilité au ministère de l'instruction publique.
— Par arrêté en date du l^"" février, notre confrère M. André Wal-
ckenaer est nommé sous-bibliothécaire à la bibliothèque Mazarine.
— Par arrêté en date du 16 février, notre confrère M. Bernard-
Joseph Palustre est nommé attaché à la bibliothèque Mazarine.
— Par arrêté du maire de Lille, en date du 5 mars 1897, notre
confrère M. Emile Desplanque, archiviste des Pyrénées-Orientales,
est nommé archiviste-bibliothécaire de la ville de Lille.
— Par arrêté en date du 9 février, ont été nommés membres du Comité
des travaux historiques et scientitiques nos confrères MM. Charles-V.
Langlois, pour la section d'histoire et de philologie, et Maurice Prou,
pour la section d'archéologie.
— Par arrêté en date du 10 février, sont nommés membres hono-
raires du même comité nos confrères MM. Gustave Desjardins et
Ludovic Lalanne.
— Par arrêté en date du 16 mars 1897, nos confrères MM. Charles-
V. Langlois, chargé de cours à la Faculté des lettres de l'Université
de Paris, et Bernard Prost, inspecteur général des archives, biblie-
thèques et musées archéologiques, sont nommés membres de la com-
mission supérieure des archives, en remplacement de MM. de Rozière
et de la Blanchère, décédés ; et notre confrère M. Paul Guérin, secré-
taire des Archives nationales, est nommé secrétaire-adjoint de la même
commission.
— Nos confrères M. Fagniez et M. Giry ont été nommés membres
de la Commission des archives diplomatiques.
— Notre confrère M. Servois a été nommé vice-président de la
Commission des travaux historiques de la ville de Paris, en remplace-
ment de M. de Rozière.
— Notre confrère M. Viollet a été nommé membre de la Commis-
220 CHRONIQUE ET MELANGES,
sion des travaux historiques de la ville de Paris, en remplacement de
M. de Rozière.
— Par arrêté préfectoral du 3 février 1897, notre confrère M. Tuetey
a été nommé membre du Comité des inscriptions parisiennes en rem-
placement de M. de Montaiglon.
— Notre confrère M. Ducom, attaché aux archives de la Chambre
des députés, a été désigné pour continuer la publication des Archives
parlementaires, entreprise par MM. Laurent et Mavidal.
— Le 13 janvier dernier, notre confrère M. Frantz Funck-Brentano
a soutenu à la Faculté des lettres de Paris ses thèses sur les sujets
suivants : De exercituum commeatibus tertio decimo et quarto decimo
seculis post Christum natum et Les origines de la guerre de Cent ans.
Philippe le Bel en Flandre. M. Funck-Brentano a été déclaré digne d'ob-
tenir le grade de docteur ès-lettres avec la mention honorable.
— Notre confrère M. Hanotaux a été élu membre de l'Académie
française le l^^" avril 1897.
— Notre confrère M. Louis Passy a été élu membre de l'Académie
des sciences morales et politiques le 3 avril 1897.
— Du rapport que M. Henri Weil a lu à l'Académie des inscriptions
et belles-lettres le 29 janvier 1897, nous tirons les passages relatifs
aux travaux de nos confrères MM. Coulon, Daumet et Mirot :
« Les trois Mémoires dont il nous reste à parler se tiennent et se
suivent en quelque sorte. Ils roulent exclusivement, ou peu s'en faut,
sur l'histoii'e des papes au xiv^ siècle.
« Le catalogue des « lettres curiales » de Jean XXII relatives à la
France, dressé par M. Coulon, fait suite à celui des « lettres secrètes »
du même pape, qu'il avait envoyé l'année dernière. L'auteur indique
en outre un plan à suivre pour un catalogue de la troisième série,
infiniment plus riche, des lettres contenues dans les registres pontifi-
caux de 1316 à 1334. On aurait ainsi un dépouillement complet de
tout ce qui, dans cette immense collection de pièces, intéresse notre
pays.
« Le catalogue des lettres curiales , — . comme celui des lettres
secrètes, — nous a paru fait avec beaucoup de soin et d'exactitude.
Il est accompagné d'analyses très bien conçues, et le texte des docu-
ments publiés in integro a été revu, pour les noms propres surtout,
quand c'était possible, sur les registres d'Avignon, source de ceux du
Vatican. Il reste à compléter l'identification des noms de lieux relevés
dans les tables, avant de publier toutes les litteras secrets et curiales.
Fondues en un seul recueil chronalogiquement disposé, elles offriraient
assurément un grand intérêt pour l'histoire générale et locale de la
France dans le premier tiers du xiv^ siècle.
CHRONIQCE ET MÉLANGES. 221
« L'introduction du catalogue des lettres secrètes do Jean XXII
portait sur les registres qui les contiennent et l'organisation de la
chancellerie. Celle du présent catalogue s'occupe d'établir le duuble
sens du mot ctiria Romana, qui signifie à la fois l'ensemble de secré-
taires attaché? à la personne du pape et formant le gouvernement
spirituel et temporel de l'Église, et un tribunal particulier dont l'au-
teur étudie le fonctionnement. Notons à ce propos que le latin curia
n'est qu'une traduction par à peu près du mot vulgaire court et corte,
et qu'il faudrait toujours le traduire par cour, non, comme on le fait
depuis quehiue temps avec affectation en suivant le mauvais exemple
de rAUemagne, par curie. C'est au dernier sens de curia que se rat-
tache la désignation de litterae curialcs, dont l'auteur explique fort
bien l'origine et le sens précis.
« Remarquons en unissant que l'auteur, quand il enverra son rap-
port à l'impression, devra avoir soin de souligner les mots et les pas-
sages latins qui abondent dans son texte et que rien n'en distingue,
ce qui produit une confusion fort incommode.
« M. Georges Daumel s'est attaché à réunir et à coordonner tous
les renseignements que les registres de Benoît XII contiennent sur
les rapports de ce pontife avec le roi de France, depuis l'année 1335
jusqu'à l'année 1341, Les titres des chapitres indiquent clairement
les questions qui ont été traitées : Avènement de Benoit XII. —
Benoît XII, Phihppe VI et Louis de Bavière. — Philippe VI et le
retour de la papauté à Rome. — Benoît XII et Philippe VI arbitres
entre l'Aragon et Gênes. — Question de la "Vision béatiûque. —
Benoît XII, Philippe YI et l'empire grec. — Benoît XII et la guerre
anglaise. — La croisade. — Benoit XU et la liberté du saint-siège. —
Protection des églises.
« Dans ces chapitres, nous avons un tableau à peu près complet de
la politique étrangère de Philippe de Valois pendant six années du
règne de ce prince. Nous y trouvons, en effet, beaucoup de renseigne-
ments, non seulement sur les questions religieuses qui furent alors
agitées, mais eucore sur l'intervention du roi dans les affaires de
l'Empire et dans celles des autres États chrétiens, que le pape voulait
amener à vivre en paix, pour rendre possible la croisade dont Philippe
de Valois devait être le chef. Le but que le pape avait en vue ne fut
pas atteint : la guerre qui éclata entre la France et l'Angleterre vint
à la traverse de ces projets.
« Benoît XII n'épargna rien pour prévenir et arrêter cette guerre
fratricide. L'exposé des démarches qu'il fit avec la plus louable insis-
tance auprès des deux rois remplit la moitié du Mémoire de M. Dau-
met. C'est un morceau dont la lecture otfre un très grand intérêt et
qui éclaire d'un jour nouveau les débuts de la guerre de Cent ans.
« M. Daumet a joint à son Mémoire une série de pièces justiûca-
222 CHRONIQUE ET MELANGES.
tives qu'il a disposées dans un ordre excellent. Les 751 lettres qu'il y
a transcrites ou analysées, d'après les registres du Vatican, ont servi
de base à la composition du Mémoire ; mais l'auteur est loin d'en avoir
épuisé la substance ; il y a laissé beaucoup de détails dont il n'avait
pas à faire usage et qui sont fort précieux pour l'histoire de différentes
églises de la France.
0 L'envoi de M. Mirot est très considérable. Il comprend trois tra-
vaux distincts :
« 1° Le dépouillement d'une importante série de lettres pontificales
(règne de Grégoire XI, 1371-1378). M. Mirot a analysé ou copié les
lettres secrètes ou curiales de ce pontife intéressant la France. L'ana-
lyse est faite avec grand soin, et le travail n'a besoin que d'une der-
nière revision pour être envoyé à l'impression. Gomme les registres
correspondant aux années 1376 et 1377 sont en déficit au Vatican, ils
ont été en partie restitués à l'aide d'un manuscrit de la Bibliothèque
nationale.
« 2° Un Mémoire très étudié sur le Retour de la papauté avignonaise
à Rome. M. Mirot expose l'état politique de l'Italie, ainsi que des
autres pays de l'Europe, et il montre que Grégoire XI avait, dès le
premier jour, formé la résolution de ramener la papauté à Rome,
mais en fut longtemps empêché par des difficultés politiques très
diverses. Par un examen très attentif du rôle de sainte Catherine de
Sienne, il établit que la sainte fortifia le pontife dans sa résolution
plutôt qu'elle ne fit naître cette résolution. Le Mémoire se termine
par des aperçus très fins et d'une originalité de bon aloi sur les con-
séquences politiques et religieuses du grand schisme, du séjour de la
papauté à Avignon, puis de son retour à Rome. Nous souhaitons que
ce Mémoire, dès qu'il aura pu être retouché par l'auteur, soit livré à
l'impression.
« 3° Le texte de la Chronique de Mauriac. Ce document, si intéres-
sant pour l'histoire ecclésiastique du xii'^ siècle, a été entièrement
transcrit par M. Mirot sur le manuscrit 622 du fonds de la reine Chris-
tine au Vatican. Le manuscrit ne semble pas avoir été étudié depuis
l'édition donnée par Duchesne au tome IV des Scriptores.
« N'êtes-vous pas frappés. Messieurs, de l'unité de vues qui a pré-
sidé au choix des sujets traités dans ces 'quatre Mémoires ^? Cette
impression ne ferait qu'augmenter si vous vouliez rapprocher du rap-
port actuel les rapports des années précédentes. Il y a un lien entre
tant d'études consciencieuses, tant de travaux remarquables. Ils
tendent presque tous à éclairer l'histoire de l'Italie dans ses rapports
1. Le rapporteur, avant de parler des travaux de MM. Coulon, Dauniet et
Mirot, avait analysé une élude sur le commerce dans le royaume de Naples de
1260 à 13'ifl, sous le règne des trois premiers rois angevins.
CBRONIQUE ET MELANGES. 223
avec la France pondant la période du moyen âge. La pensée qui a fait
converger vers le même but tant d'efforts individuels, il convient d'en
faire honneur à M. l'abbé Duchesne, l'éminent directeur de l'École de
Rome, et à M. Geffroy, son regretté prédécesseur. »
RECEPTION DE M. GASTON PARIS
A l'académie française.
M. Gaston Paris, le premier de nos confrères qui ait eu l'honneur
d'entrer à l'Académie française, a pris séance le 28 janvier 1897 et a
prononcé le discours suivant sur la vie de M. Pasteur, son illustre
prédécesseur :
« Messieurs,
a L'Académie française n'a pas seulement pour mission de consa-
crer la tradition héréditaire et l'évolution toujours nouvelle du génie
français dans la langue et la littérature. Elle reconnaît et accueille
comme siens les hommes en qui ce génie, sous les formes les plus
diverses, s'incarne avec une telle puissance qu'ils deviennent vraiment
« représentatifs. » Tel était le cas assurément pour Louis Pasteur. Son
nom est un de ceux qui, jusque dans une postérité lointaine, symbo-
liseront le mieux quelques-unes des qualités les plus fécondes et des
plus hautes vertus de notre peuple. Vous avez le noble privilège de
donner à toutes nos gloires comme le sceau suprême de l'adoption
nationale, et ces gloires à leur tour viennent rehausser, en s'y ajou-
tant, l'éclat trois fois séculaire de votre illustre Compagnie.
« Pasteur avait sa place marquée chez vous. Mais de telles élections,
pour garder tout leur sens, veulent être rares : ce sont, comme on
aurait dit autrefois, des élections « de magnificence. » Fidèles à la pen-
sée de votre grand fondateur, c'est entre les écrivains, les orateurs,
les poètes, que vous vous recrutez d'ordinaire. Vous avez même sou-
vent eu le soin d'appeler parmi vous des grammairiens ou des philo-
logues, c'est-à-dire des hommes voués à l'étude de cette langue fran-
çaise, qui doit trouver ici son foyer le plus actif, le plus pur et le plus
brillant. La tradition, plus d'une fois interrompue, l'avait été de nou-
veau lors de l'élection de Pasteur, qui remplaça notre grand lexico-
graphe Littré. Vous avez voulu la reprendre, et vous avez ainsi donné
à ma vie de travail un couronnement dont je vous remercie avec émo-
tion et pour moi-même et pour les études auxquelles je me suis con-
sacré. En ce temps où le point de vue historique s'impose à tant de
sujets qui, autrefois, ne semblaient point le comporter, vous avez trouvé
225 CBBONIQUE ET MÉLANGES.
bon qu'il fût représenté dans vos délibérations sur la langue, ce pro-
duit historique s'il en est. C'est ainsi que je me trouve appelé, par une
succession où apparaît bien la libre variété des mobiles qui dirigent
vos choix, à vous parler, moi simple ouvrier dans l'atelier des sciences
historiques, du plus grand maître es sciences naturelles qu'ait vu notre
temps. La tâche est glorieuse, mais elle est lourde : si elle n'est pas
remplie comme elle mériterait de l'être, vous n'aurez, Messieurs, à
vous en prendre qu'à vous-mêmes.
c J'ai à peine connu M. Pasteur, juste assez pour être frappé des
caractères qui, à première vue, se dégageaient de toute sa personne :
une volonté obstinée, un sérieux profond, une force sûre d'elle-même,
une foi capable de soulever des montagnes. Il m'a été donné, par
hasard, au moment où il venait de terminer ses expériences sur la
rage, de l'entendre en exposer les résultats et annoncer l'ère nou-
velle qui s'ouvrait pour la science et pour l'humanité grâce à la con-
naissance de la vraie nature des maladies infectieuses et des moyens
de les combattre. Ses yeux étaient illuminés d'une joie grave et comme
prophétique, et le léger tremblement de sa voix disait la part que pre-
nait son cœur aux vastes espérances de sa pensée. Je l'ai revu plus
tard, courbé par le mal terrible qui allait le terrasser. Dans la
déchéance physique où il était tristement réduit, la grandeur de l'âme
survivait : cette pauvre enveloppe affaissée avait quelque chose d'au-
guste, comme un temple à demi écroulé, encore plein de la présence
du dieu...
« Louis Pasteur était de cette forte race comtoise, laborieuse, volon-
taire, tenace, au cœur chaud et sensible sous une forme un peu âpre,
portée au rêve et parfois à la chimère autant qu'à l'action, race de
logique subtile, d'imagination ardente, de méditation volontiers taci-
turne. Ses origines furent humbles, et il en garda le souvenir et la
juste fierté. Dans le beau discours où, recevant ici M. Joseph Bertrand,
l'éminent successeur de Jean-Baptiste Dumas, il fit l'éloge de son
ancien maître, c'est avec un retour sur lui-même qu'il s'écriait : « Un
« commis de pharmacie d'Alais s'élevant, par son travail, à la prési-
« dence des savants du monde entier, quel grand exemple !» Et il
ajoutait : « La vraie démocratie est celle qui permet à chaque indi-
« vidu de donner son maximum d'efforts. » Voilà un mot qui peint
l'homme et une conception originale de la démocratie ! D'autres
disent : « La vraie démocratie est celle qui assure à chaque individu
e un maximum de bien-être et de loisir. » Ce n'est point Pasteur qui
aurait fait de la réduction des heures de travail le programme démo-
cratique par excellence ; à vouloir lui imposer une semblable règle, on
aurait été mal venu. Démocrate, au sens où il l'était, il l'était hérédi-
tairement. Son père, soldat de Napoléon, décoré sur le champ de
CHRONIQUE ET MELANGES. 225
bataille, travailleur infatigable et probe, unissait, dans un même culte,
on pourrait dire dans un même fanatisme, l'empereur et la patrie. Sa
mère, enthousiaste et idéaliste, chrétienne fervente et libérale con-
vaincue, entrevoyait une société fondée sur la justice, où les rangs
seraient répartis selon les mérites. On retrouve distinctement chacune
de ces influences dans le développement du fils unique, objet, de la
part de ses parents, de tous les sacrifices comme de toutes les espé-
rances : il s'éleva bien plus haut que ceux-ci n'avaient pu le rêver,
mais dans le sens où ils l'avaient dirigé. Il eut toujours une conscience
attendrie de ce qu'il leur devait. Qui ne connaît les belles paroles par
lesquelles il exprima son admiration et sa reconnaissance, le jour où
il assista, plein d'une émotion qui le débordait, à la pose d'une plaque
commémorative sur sa petite maison natale? Je voudrais les voir
inscrites sur les murs de toutes nos écoles : en même temps qu'elles
feraient aux parents du grand homme leur juste part dans sa renom-
mée, elles serviraient d'encouragement et d'exemple. « Regarder en
« haut, apprendre au delà, s'élever toujours, » ce viatique que le
modeste tanneur d'Arbois donnait à son fils pour la route de la vie, il
pourrait le donner à tous les enfants de cette France (}u'il chérissait
et qui lui doit une de ses gloires les plus pures.
t Pasteur resta fidèle à ces hautes leçons de famille. L'amour de la
patrie, qu'il y avait puisé, ne cessa jamais d'être aussi chaud dans son
âme qu'au temps où il écoutait son père lui raconter nos triomphes,
nos revers et nos espérances, et où il se promettait de travailler un
jour à la grandeur de son pays. On sait si l'homme réalisa le rêve de
l'enfant. Dans une de ces allocutions, trop rares, où sa bouche, habi-
tuellement plissée par la réflexion silencieuse et concentrée, a quel-
quefois épanché, avec une simple éloquence, les grandes conceptions
de sa pensée et aussi les sentiments de son cœur, après avoir décrit
les dilïicultés, les hésitations et les angoisses du labeur scientifique,
il ajoutait : « Mais quand, après tant d'efforts, on est enfin arrivé à -la
« certitude, on éprouve une des plus grandes joies que puisse ressentir
« l'àme humaine, et la pensée que l'on contribue à l'honneur de son
« pays rend cette joie plus profonde encore. »
« Il semble qu'on entende un autre héros, celui de la Chanson de
Roland, pousser ce cri sublime qui retentit à travers les âges pour
nous apprendre combien est ancien et enraciné dans nos cœurs
l'amour de notre grande et douce patrie :
Ne plaise Dieu, ni ses saints, ni ses anges.
Que jà pour moi perde sa valeur France !
« Un tel patriotisme est fécond en œuvres et en pensées : il ne con-
tient pas plus de haine que la démocratie, telle que la comprenait
■1897 ib
226 CHRONIQUE ET MELANGES.
Pasteur, ne contient d'envie. Si nous en étions pénétrés, si nous son-
gions toujours, dans nos actes publics et même dans nos etforts pri-
vés, à l'opinion qu'ils donneront de nous à nos voisins, si nous les
soumettions tous à l'épreuve de cette question : « Contribueront-ils ou
a nuiront-ils au bon renom de la France? » on ne verrait pas, Mes-
sieurs, — pareilles à ces voiles impurs et brillants qui flottent parfois
au-dessus des breuvages les plus salubres, et dont Pasteur a décelé
l'origine et la composition, — tant de productions frivoles ou mal-
saines s'étaler à la surface de notre littérature et de notre art et mas-
quer les saines profondeurs de notre vie nationale. On verrait au con-
traire le travail, stimulé par cette généreuse émulation, grandir chaque
jour en intensité, en sérieux, en fécondité, et notre chère patrie prendre
vite en tète des nations civilisées le rang que ses admirables forces
intellectuelles et morales lui ont toujours assuré quand elles ont été
bien conduites. Imprimons fortement dans notre àme les nobles paroles
du maître; travaillons comme lui avec l'espoir de goûter peut-être
aussi, dans la mesure de notre mérite, cette « joie profonde » qui rem-
plit le cœur du citoyen quand il peut se dire qu'il a a contribué à l'hon-
« neur de son pays. »
« Pieusement dévoué à sa famille, passionné pour sa patrie, Pasteur
garda toujours aussi un respect filial pour la religion que lui avait
enseignée sa mère. Ce grand novateur dans le domaine de la science
était un homme de tradition dans le domaine du sentiment. Gela s'ac-
corde bien. Messieurs, avec d'autres traits de son caractère que vous
avez pu apprécier. Vous avez admiré l'austérité de sa vie entièrement
vouée au labeur, la simplicité de ses manières, son incomparable ten-
dresse pour les siens; vous avez plus d'une fois surpris les marques
touchantes de cette sensibilité d'enfant qui s'alliait chez lui à la viri-
lité la plus robuste. Ce rude combattant était resté voisin de la nature
comme les héros antiques : comme eux, il fondait sans honte et devant
tous en larmes, soit qu'il eût sous les yeux le spectacle des souffrances
humaines, soit qu'il se sentit envahi par les souvenirs de ses premières
années ou songeât aux amitiés tranchées par la mort, soit qu'il reçût,
en ce jour incomparable de son soixante-dixième anniversaire, les
hommages qu'apportaient à son génie les délégués enthousiastes du
monde entier.
f C'est à cause du caractère de l'homme, autant peut-être qu'à
cause des découvertes et des bienfaits du savant, que Pasteur a été
aussi aimé qu'admiré, aussi populaire que célèbre. Il a vu, presque seul
parmi les grands hommes de son siècle, sa gloire planer au-dessus de
toutes nos dissensions, et son cercueil, dans une des rares solennités
olïïcielles uù le cueur du peuple ait pris part, est entré à Notre-Dame
escorté par les bénédictions des humbles comme par les hommages
CHRONIQUE ET MÉLANGES. 227
des grands de la terre, par les larmes des simples comme par les
regrets des savants, par les prières de ceux qui croient comme par les
nirditations de ceux qui cherchent.
« La vie de M. Pasteur a été retracée par des mains délicates et
pieuses, et toute la France connaît cette simple histoire, qui se résume
en quelques mots : volonté, courage, travail, génie, bonté. Je n'en
rappellerai qu'un seul trait, parce qu'il offre l'exemple d'une grande
victoire de l'esprit sur le corps et que c'est sous ce dôme qu'il convient
d'appendre les trophées de ces victoires-là. En 1868, après une cam-
pagne de recherches et de polémiques où il avait prodigué ses forces,
il fut atteint d'hémiplégie. Il se crut perdu, et, après avoir dicté à sa
femme, confidente de toutes ses pensées, aide et soutien de tous ses
efforts, une dernière note pour l'Académie des sciences, il attendit la
mort avec résignation, mais non sans tristesse : « Je regrette de mou-
« rir, disait-il, j'aurais voulu rendre plus de services à mon pays. »
« Si la mort s'éloigna de lui, il ne se remit jamais complètement de
cette atteinte, qui se renouvela. Il garda toute sa vie une démarche
pénible et claudicante : comme Israël, il était sorti froissé de son for-
midable corps à corps avec le mystère. Il ne tint en respect qu'à force
de volonté le mal qui le menaçait toujours et qui finit par le ressaisir.
Et cependant son génie sembla devenir, après cette épreuve, plus actif
et plus lucide encore : il accompht la part la plus considérable et la
plus féconde de son œuvre dans des conditions qui auraient interdit le
travail à d'autres... C'est de ce génie et de cette œuvre que je voudrais
tâcher de donner une idée.
a II faut renoncer à traduire en littérature, si l'on peut ainsi dire, l'ori-
ginalité d'un génie comme celui de Pasteur. Elle est surtout dans les
idées; mais ces idées ne sont pas des idées philosophiques ou litté-
raires. « La science expérimentale, » a-t-il dit lui-même, « ne fait
« jamais intervenir dans ses conceptions la considération de l'essence
« des choses, de l'origine du monde et de ses destinées. Elle n'en a
« nul besoin. Elle sait qu'elle n'aurait rien à apprendre d'aucune spé-
a culation métaphysique. » Les idées de Pasteur étaient donc des idées
purement scientifiques, qui se sont exprimées dans le travail même
qu'elles ont produit. Il en est des idées scientifiques comme des idées
artistiques : l'interprétation qu'on en donne avec des mots ne peut
tout au plus que susciter le désir de les connaître directement. On
demandait à un musicien célèbre ce qu'il avait pensé eu écrivant ses
romances sans paroles : « J'ai pensé, répondit-il, mes romances sans
c paroles. » Ainsi Pasteur a pensé ses grandes découvertes et n'a pas
pensé autre chose. On peut seulement essayer de marquer ce qu'il y
a de personnel dans son génie, ce qui, par conséquent, appartient à
l'homme presque autant qu'au savant.
228 CHRONIQUE ET MÉLANGES.
f Ce génie était fait d'audace et de prudence, d'imagination et de
réflexion, d'intuition et de critique. L'audace de Pasteur était extrême
déjà dans le choix des sujets qu'il abordait. « Il m'inquiète, » disait un
de ses camarades de jeunesse, qui avait de bonne heure deviné les dons
extraordinaires de ce travailleur silencieux et acharné, « il ne connaît
« pas les limites de la science; il n'aime que les questions insolubles. »
Il s'attaquait en effet d'emblée et dès ses débuts à des problèmes que
les plus grands savants avaient indiqués en renonçant à les résoudre.
Son audace n'était pas moindre à concevoir les solutions possibles de
ces problèmes. Et quand il se croyait sur d'avoir trouvé la vraie, il
n'hésitail pas à le proclamer avec une assurance qui ressemblait par-
fois à un défi. Il aimait d'ailleurs la lutte, un peu par tempérament,
puis parce qu'elle excitait et fécondait son esprit en lui faisant trouver
des applications nouvelles et des perfectionnements de sa méthode et
enfin parce que le bruit qu'elle faisait appelait l'attention sur cette
méthode et contribuait à la propager. C'est ainsi que souvent il
effrayait, par ses afQrmations hardies et ses appels à la contradiction,
ses admirateurs et ses amis. Mais son audace était fondée sur sa pru-
dence : il était sur des armes qu'il avait longuement aiguisées, et quand
il s'engageait dans le combat, il savait que le triomphe ne pouvait pas
lui échapper.
0 Dans tous les ordres de la pensée ou de l'activité humaine, c'est
la puissance de l'imagination qui fait les grands hommes, et Pasteur
aussi fut avant tout un homme d'imagination. Le savant a besoin
d'imagination tout autant que l'artiste, mais celle qu'il doit avoir est
d'un autre ordre. Elle lui montre des combinaisons de rapports et non
de formes, d'idées et non de sentiments. Elle lui procure d'ailleurs les
mêmes jouissances; elle lui cause les mêmes troubles et souvent les
mêmes angoisses par la difDculté qu'il éprouve, lui aussi, à réaliser
les visions qui passent devant son esprit.
« L'imagination de Pasteur était dans un perpétuel bouillonnement ;
elle le tourmentait comme une passion. Il lui arrivait, au milieu du
repas de famille, de se lever brusquement et de partir, sans que les
siens, habitués à ses allures, lui adressassent de questions. Souvent,
quand il habitait à l'École normale, les dormeurs étaient réveillés au
milieu de la nuit par son pas à la fois pesant et précipité qui descen-
dait l'escalier : une idée impérieuse lui était soudainement apparue, et
il ne pouvait résister au désir d'aller immédiatement contrôler, dans
son laboratoire, la suggestion tyrannique qui ne lui laissait pas de
repos ; tel un joueur à l'esprit duquel se présente une combinaison
imprévue n'a pas de cesse qu'il ne l'ait mise à l'épreuve. Les grandes
découvertes de Pasteur sont les fleurs et les fruits d'innombrables
hypothèses, conçues avec enthousiasme, contrôlées ensuite avec une
CHRONIQUE ET MELANGES. 229
infatigable patience, abandonnées pour d'autres quand elles ne se mon-
traient pas conciliables avec les faits.
« Cette imagination toujours en travail aurait pu, en effet, être un
danger pour lui et l'entraîner dans des spéculations hasardées, s'il
n'avait toujours soumis ses idées à la critique rigoureuse qu'il savait
si bien appliquer aux idées des autres. Dans les sciences qu'il a culti-
vées, la critique c'est l'expérimentation. Pasteur fut le génie même de
l'expérimentation. On a loué, avec raison, la méthode qu'il y a appli-
quée, méthode tellement parfaite qu'elle élimine presque toutes les
chances d'erreur. Mais la meilleure méthode n'est qu'un flambeau qui
éclaire la route : elle ne mène au but que celui qui se fait son chemin.
Pour être un grand expérimentateur il ne sutBt pas de partir d'hypo-
thèses qui soient d'accord avec la nature des choses; il faut une éten-
due de vue, une intensité d'attention, une persévérance à l'abri des
découragements, une obstination que rien ne rebute et une souplesse
prête à toutes les volte-face, une suite et en même temps une mobilité
dans les idées qui ne sont données qu'à peu d'hommes. Il faut tendre
à la vérité des pièges toujours nouveaux, la capter dans des filets aussi
subtils et aussi tenaces que les mailles invisibles oij le forgeron divin
surprit Aphrodite; il faut l'épier sans se lasser, la deviner sous ses
déguisements, la reconnaître au passage dans ses apparitions souvent
fugaces, savoir interpréter les signes équivoques de sa présence, être
toujours en garde contre les conclusions hâtives et les apparences si
facilement décevantes. Il faut de l'imagination, plus peut-être que pour
concevoir les hypothèses; il faut même des inspirations subites. La
vie scientifique de Pasteur abonde en inspirations do ce genre, dont
le récit fait parfois sourire comme le conte fameux de l'œuf de Colomb.
Pourquoi, se demandait-il au cours de ses expériences sur le charbon,
les poules résistent-elles toujours aux inoculations charbonneuses les
plus virulentes, à celles qui tuent rapidement des animaux vingt fois
plus gros? L'idée lui vint tout à coup que la température élevée du
corps des oiseaux pouvait être un obstacle à la multiplication des para-
sites infectieux. Aussitôt, devant ses préparateurs, qui le regardaient
faire avec surprise, il prend une poule, l'inocule comme il avait vaine-
ment fait à tant d'autres et lui fait maintenir les pattes dans l'eau
froide, de façon à abaisser sa température de quatre ou cinq degrés.
Quelques heures après, la poule mourait infestée de bactéridies, et la
théorie parasitaire comptait une éclatante victoire de plus. La solu-
tion, une fois trouvée, paraît d'une simplicité enfantine ; mais il n'y a
que le génie qui ait de ces simplicités.
« L'humanité demande à la science la satisfaction de deux besoins,
sentis surtout l'un par l'élite, l'autre par la masse; elle classe les
savants d'après ce qu'ils ont fait pour répondre à l'un ou à l'autre.
230 CHRONIQUE ET MELANGES.
Elle veut connaître de plus en plus et comprendre de mieux en mieux
l'univers dont elle fait partie; elle veut jouir, sur la planète qu'elle
habite, du plus de vie, de bien-être et de sécurité possible. Des deux
voies où marche la science, quelle est la plus haute, celle où il est le
plus glorieux pour l'homme de s'avancer et de conquérir? Laissez-moi
exprimer un sentiment que n'aurait pas désavoué, je le sais, le grand
homme dont je tente ici d'interpréter l'àme et le génie. Dans les préoc-
cupations de celui qui s'est voué à la recherche du vrai, l'utilité, au
sens ordinaire du mot, ne tient qu'une place accessoire. L'oeuvre de
science, comme l'œuvre d'art, a son but en elle-même; son utilité
supérieure est dans sa perfection, qui, en enchantant l'esprit, crée
l'enthousiasme et provoque l'émulation. Ce qui fait la grandeur
suprême, la plus haute noblesse de l'homme, c'est le culte désinté-
ressé des choses divines. Comme la mystique de Joinville, qui voulait
brûler le paradis et noyer l'enfer pour que l'espoir de la récompense
et la crainte du châtiment ne vinssent plus mêler leur alliage au pur
amour do Dieu, l'artiste et le savant dignes de ce nom ne recherchent
dans leur effort d'autre profit, pour eux et pour les autres, que cet
effort même, et c'est en s'y livrant qu'ils élèvent en eux notre pauvre
et sublime espèce le plus haut au-dessus d'elle-même. Il est heureux
assurément que des applications pratiques naissent des théories,
démontrent à tous la grandeur et la portée des recherches scienti-
fiques et permettent ainsi d'affermir et d'accroître dans le monde le
royaume sacré du pur esprit. Il est juste que Pasteur ait récolté la
reconnaissance des hommes, dont il fut le bienfaiteur ; mais si on lui
avait demandé les meilleurs titres qu'il pouvait se croire à figurer
parmi « les rares immortels nés de la race humaine, » il aurait mis
sans nul doute au premier rang ses découvertes et ses vues sur les
lois générales de l'univers.
« Par un rare privilège, en effet, il fut grand dans les deux direc-
tions. Ses découvertes théoriques ont renouvelé des parties essentielles
de la science; ses découvertes pratiques ont accru les richesses, dimi-
nué les souffrances, prolongé la vie de milliers d'êtres humains, de
millions si on ajoute leurs bienfaits à venir à ceux qu'elles ont déjà
produits. Et ce qui rend les unes et les autres encore plus dignes d'ad-
miration, c'est qu'elles ne cessent pas, qu'elles ne cesseront jamais
d'être fécondes et d'en enfanter de nouvelles, contenues en germe
dans les principes qu'il a posés, si bien qu'un de vos plus éminents
confrères a pu dire, dans une de ces formules éclatantes où il enchâsse
de hautes pensées : « Pasteur a opéré comme le Créateur, suscitant
« par un premier acte les lois d'où devait sortir le développement pro-
« gressif de l'univers. » Il a eu le bonheur de voir ses idées porter leurs
fruits, ses principes développer leurs conséquences avec une surpre-
CHRONIQUE ET MÉLANGES. 23^
nanle rapidité, en sorte que, de soa vivant même, il a joui d'une
gloire que nul autre savant n'a connue, que son nom a été acclamé
et béni sous tous les climats et dans toutes les langues et que le deuil
de ses funérailles a été mené par le genre humain.
« Vous n'attendez pas de moi, Messieurs, que je vous expose l'œuvre
de Pasteur dans le détail. Celui de ses collaborateurs qui a le plus
longuement secondé cette œuvre et qui en dirige aujourd'hui la conti-
nuation l'a racontée dans un livre magistral. On y suit, avec un inté-
rêt toujours croissant, depuis la première rencontre d'OEdipe avec le
sphinx, les ruses patientes et les coups de main hardis par lesquels il
a su lui arracher le mot de tant d'énigmes. On y admire la logique
profonde qui, de la cristallographie à la médecine, rattache entre elles
toutes les phases de cette œuvre immense, si variée dans ses applica-
tions, si essentiellement une dans sa direction et dans sa méthode. Je
me bornerai à en signaler les points principaux et à en indiquer la
portée générale.
« Les premiers travaux de Pasteur auraient suffi à la gloire d'un
savant. Il y découvrit la dissymétrie moléculaire, c'est-à-dire un des
secrets les plus cachés, les moins soupçonnés et les plus importants
de la nature : cette découverte a été le point de départ d'une branche
nouvelle de la chimie organique, la stéréochimie, qui se développe
sous nos yeux et a déjà produit de surprenants résultats. Mais ce qui
a vraiment rempli la vie de votre illustre confrère, ce qui a rendu son
nom célèbre entre tous, c'est la conquête, pour ainsi dire, d'un nou-
veau règne de la nature, celui des êtres invisibles et partout présents,
animaux et surtout végétaux, qui tissent et défont sans relâche la
grande trame de la vie planétaire, des microbes, comme on les appelle
depuis une vingtaine d'années. Le mot n'est pas trop bien fait, — il
n'est pas de Pasteur, — mais il a passé dans toutes les langues, et il
faudra l'admettre dans le Dictionnaire.
« Ils étaient connus avant Pasteur; mais on avait à peine entrevu le
rôle immense qu'ils jouent dans la nature. Le monde de ces êtres
microscopiques, doués d'une vie purement élémentaire, n'était guère
considéré, il y a quarante ans, que comme un objet de curiosité ; il
nous apparaît aujourd'hui comme le substratum et la condition du
monde animé tout entier, comme l'océan sans fond d'où sort et où
rentre toute vie. C'est aux microbes qu'on doit les fermentations et
les putréfactions qui transforment la matière organique; ce sont eux
qui fécondent la terre et permettent aux végétaux d'en recouvrir la
surface; ce sont eux qui, en pénétrant dans les tissus, produisent les
maladies infectieuses; ils peuplent l'air, ils remplissent les eaux, ils
saturent le sol, ils habitent les animaux et les plantes; ils nous enve-
loppent, nous servent et nous menacent de toutes parts. Que dis-je?
232 CHRONIQUE ET MÉLANGES.
ils sont peut-être nous-mêmes. La vie des êtres supérieurs apparaît à
la science moderne comme la résultante de myriades de ces vies élé-
mentaires. Leurs « colonies » de plus en plus populeuses et différen-
ciées composent, du vague phytozoaire à la rose, au cèdre, à l'aigle, à
la baleine, à l'homme, l'immense et chatoyant réseau dans les mailles
iluquel ils circulent sans trêve, toujours détruits et toujours renou-
velés, depuis que s'est produite, et sans doute par eux, sur notre globe
la mystérieuse éclosion de la vie. Voilà ce que la microbiologie a révélé
à l'humanité stupéfaite.
« Pasteur démontra d'abord que jamais ces organismes, si primitifs en
apparence, ne se produisent sans germes préexistants; il détruisit
pour toujours, au moins dans les conditions où on l'avait téméraire-
ment soutenue, la croyance à la génération spontanée. Il prouva
ensuite qu'ils sont les seuls agents de la décomposition de la matière
organisée : il mit cette vérité capitale en lumière dans des expériences
de plus en plus décisives, et finit, non sans peine, par avoir raison de
toutes les résistances, parmi lesquelles, et en France et à l'étranger,
il s'en rencontra de redoutables et d'acharnées. Passant aux applica-
tions pratiques de ces découvertes, il fit voir que certains microbes
travaillent pour nous, en nous procurant diverses substances alimen-
taires, que d'autres nous nuisent en altérant ces mêmes substances,
et il montra qu'on peut exciter les uns, écarter les autres, sauvant
ainsi nos industries agricoles de pertes immenses et jusqu'alors inévi-
tables. La science pénètre aujourd'hui jusqu'aux profondeurs de ce
monde invisible, dont il lui a ouvert les portes et où s'élaborent en
silence, dans un inimaginable grouillement de vie obscure et dévo-
rante, les destinées du monde visible de la surface; Circé bienfaisante,
elle déchaîne ou réfrène à son gré ces forces infimes et toutes-puis-
santes, qui obéissent sans le savoir à ses impérieuses incantations.
Puis il s'attaqua aux maladies, dont l'étroite parenté avec les fermen-
tations avait été souvent pressentie, à celles des animaux d'abord. Il
découvrit dans un parasite microscopique la cause de l'épidémie qui
ruinait l'élevage des vers à soie et donna le moyen de la faire cesser
en ne confiant le soin de la reproduction qu'à des œufs absolument
indemnes : il jeta ainsi des lumières toutes'nouvelles sur cette grande
question de l'hérédité, qui est aujourd'hui à bon droit l'un des pro-
blèmes capitaux dont se préoccupent la philosophie, la médecine et la
sociologie. Puis il prouva que plusieurs maladies contagieuses des ani-
maux domestiques sont dues à l'invasion de ces ennemis impercep-
tibles dont il faut des milliers pour occuper la place d'une pointe d'ai-
guille et qui pullulent en quelques heures par millions et par milliards.
C'est alors que, guidé par la découverte tout empirique qui a rendu
immortel le nom de Jenner, il eut l'idée de combattre cette invasion
CHRONIQUE ET MÉLANGES. 233
en inoculant préventivement aux animaux, mais atténué, le virus
même qui les tuerait et qui les sauve : il lit, mais avec plus de succès,
ce qu'avaient tenté jadis les empereurs romains, quand ils introdui-
saient dans l'empire, pour combattre les Barbares menaçants,
des colonies de ces mêmes Barbares, devenus d'ennemis auxi-
liaires. Quand il eut mené à bonne tin sa fameuse expérience de
Pouilly-le-Fort, l'enthousiasme qui accueillit ce triomphe fut d'autant
plus grand que le doute avait été plus persistant. Partout, en France
et ailleurs, on institua des « laboratoires Pasteur » pour préparer et
distribuer le vaccin, et la mortalité charbonneuse des bestiaux tomba
de trente ou quarante à moins d'un pour cent. En vérité, tous les pays
du globe auraient pu, à aussi juste titre que la France, offrir à Pas-
teur une récompense nationale, et toutes ces récompenses réunies
n'auraient représenté qu'une faible partie du don inépuisable qu'il
leur a fait.
« Déjà ses théories sur la putréfaction , appliquées aux plaies,
avaient, entre les mains de Lister, transformé la chirurgie et lui
avaient permis les progrès étonnants qu'elle a réalisés sous nos yeux.
L'obstétrique ne lui doit pas moins. Si nos Maternités ne sont plus des
foyers d'infection meurtrière, si des milliers de mères, naguère con-
damnées, sont chaque année conservées à leurs enfants, ce sont les
découvertes de Pasteur qui ont opéré ce miracle. Que sont, à côté de
ces victoires sur l'hydre infecte et sans cesse renaissante, les travaux
de l'antique dompteur, la défaite du monstre aux sept tètes, le dessè-
chement du lac Stymphale et la purification des étables d'Augias?
« Mais le vainqueur des monstres invisibles ne s'arrêta pas là.
Désireux depuis longtemps de combattre face à face les maladies
humaines, il s'en prit à l'une des plus terribles, à la rage, contre
laquelle on ne connaît aucun remède et dont le nom seul remplit les
hommes d'épouvante. Après cinq ans de recherches obstinées, d'au-
tant plus longues et incertaines que le microbe de la rage, s'il existe,
ne s'est pas laissé découvrir, il réussit à obtenir un virus atténué qui
immunisait les animaux contre le virus le plus violent. Mais, pour les
hommes, la vaccination préventive ne convenait pas : le mal est trop
rare et le traitement trop pénible. Alors naquit dans l'esprit de Pas-
teur une idée qu'il était seul assez hardi pour concevoir, assez obstiné
pour réaliser. Même inoculé après la morsure, le virus atténué ne
pourrait-il aller plus vite que le virus funeste et le devancer dans les
centres nerveux où il exerce ses ravages? Des expériences faites sur
les chiens confirmèrent pleinement cette vue audacieuse. Mais quelles
émotions secouèrent le cœur si impressionnable du grand initiateur
quand il se résolut à appliquer à des êtres humains le traitement qui
lui avait réussi pour les bêtes! Avec quel tremblement il osa inoculer
234 CHRONIQDE ET MÉLANGES.
à de pauvres enfants le mal effroyable dont on pouvait douter, malgré
leurs horribles naorsures, qu'ils fussent atteints déjà ! 11 a dit lui-même,
avec sa réserve accoutumée, on nous a raconté avec une émotion
communicative, ses hésitations, ses doutes, ses alternatives de crainte
affreuse et de joie infinie, ses nuits d'insomnie, ses jours d'observation
anxieuse, sa confiance enfin assurée, partagée et chaque jour affermie
par de nouveaux succès...
« Tant de fatigues et d'angoisses achevèrent de briser ses forces.
Après cette lutte acharnée, et contre l'insaisissable ennemi, et contre
des adversaires passionnés, et contre son propre cœur, il se sentit
incapable de poursuivre sa glorieuse suite de conquêtes. Quand il
entra dans cet Institut Pasteur que la reconnaissance et l'admiration
publique ont élevé pour être le foyer constant des études qu'il a créées,
il était, comme il le dit lui-même, « vaincu du temps. » Du moins, il
put voir encore les premiers des nouveaux progrès accomplis par cette
science de la microbiologie qui marche à pas de géant dans sa route
ouverte d'hier. Deux de ces progrès ont surtout frappé les esprits.
A la suite des découvertes du plus grand des émules français de Pas-
teur, de notre illustre confrère M. Berthelot, on a songé, on a peut-
être dt^jà réussi, — tentative vraiment extraordinaire et qui semble
tenir de la magie, — à rendre le sol plus fertile en cultivant savam-
ment les bactéries qui fixent sur la terre arable l'azote contenu dans
l'atmosphère, en sorte que ces microbes, que nous avions déjà dressés
à combattre pour nous contre eux-mêmes, viennent maintenant,
hordes disciplinées, déposer à nos pieds les trésors accumulés par
leur immense et inconscient travail. D'autre part, on a constaté que
les produits toxiques des microbes, que le sang même des animaux
immunisés, sont capables de produire l'effet salutaire du virus atténué.
Combinée avec l'idée géniale qui avait présidé au traitement de la
rage, cette constatation a fait trouver le remède presque souverain
contre la diphtérie et d'autres fléaux, contre la peste elle-même, ce
mal qui répand encore la terreur et qui bientôt peut-être ne sera plus
qu'un souvenir. Pasteur applaudit chaleureusement à la découverte
du vaccin de la diphtérie ; elle fut la dernière joie de sa grande âme.
.Il pouvait quitter son œuvre : il savait qu'elle était en bonnes mains.
« Cette œuvre colossale, qui a transformé sous nos yeux l'industrie
de la soie, de la bière et du vin, l'élève des bestiaux, la chirurgie,
l'obstétrique et plusieurs parties de la médecine, et dont les consé-
quences sont en train de modifier profondément l'agriculture, Pasteur
l'a accomplie sans être ni vétérinaire ni médecin, sans être capable
de donner un coup de bistouri, sans avoir la moindre connaissance
technique, sans être en état, a-t-on dit, de distinguer un champ de
colza d'un champ de navets. C'est uniquement par la fécondité de son
CHRONIQUE ET MÉLANGES. 235
imagination, parla puissance de son raisonnement, par son invention
expérimentale qu'il a si prodigieusement agi sur des formes de l'acti-
vité humaine auxquelles il ne prenait nulle part. Force admirable et
presque divine de la pensée, qui montre combien est peu fondé le
dédain que les hommes d'action affectent parfois pour les hommes de
science ! Du fond de son laboratoire, Pasteur a eu sur la vie de l'hu-
manité une action plus puissante que celle du plus heureux des con-
quérants, du plus habile des hommes d'État. Les problèmes purement
théoriques, futiles aux yeux des gens soi-disant pratiques, qui s'agi-
taient dans son cerveau pendant qu'il surveillait ses tubes ou appli-
quait l'œil à son microscope, portaient en eux la solution de questions
d'un intérêt autrement grand et autrement durable que tous ces pro-
blèmes éphémères où s'absorbe l'attention de ceux qui croient mener
le monde. C'est l'idée qui mène le monde, c'est l'esprit qui meut la
masse inerte, et le roseau pensant, pour peu que la force brute le
laisse vivre, saura tôt ou tard la vaincre, la dominer et la conduire.
« On comprend, Messieurs, que la science, qui, chaque jour, élève,
agrandit et précise notre conception du monde et qui transforme en
même temps de plus en plus puissamment les conditions de notre
existence en soumettant à nos lois la matière qui nous écrasait, ins-
pire un enthousiasme presque religieux à ceux qui, frappés pour elle
de cet immense amour chanté déjà par Virgile, se sont faits les ouvriers
dociles de son œuvre toujours nouvelle.
« Personne n'eut ce culte plus enraciné dans l'âme que M. Pasteur.
Personne ne revendiqua plus hautement pour la science l'honneur et
la place auxquels elle a droit et ne s'indigna plus vivement contre la
méconnaissance stupide qui lui refuse les moyens d'action dont elle a
besoin. Dans un petit écrit intitulé le Budget de la science, publié en 1868,
il adjurait ses concitoyens de prendre plus d'intérêt à « ces demeures
« sacrées que l'on désigne sous le nom expressif de laboratoires.
c Demandez, disait-il, ([u'on les multiplie et qu'on les orne : ce sont
« les temples de l'avenir; c'est là que l'humanité grandit, se fortifie et
« devient meilleure. » Il a eu la joie et le suprême honneur de voir
s'élever sous son invocation, grâce à la munificence de la nation tout
entière, le plus magnifique de ces « temples de l'avenir. » Il y repose
aujourd'hui dans sa gloire, et autour de son tombeau s'est constitué,
comme un ordre des temps nouveaux, une milice vraiment spirituelle,
qui combat sous sa bannière pour étendre ses conquêtes et qui res-
tera fidèle à la devise qu'il lui a donnée en travaillant sans relâche
« pour la science, la patrie et l'humanité. »
« La science, Messieurs, a plus d'un objet et plus d'une méthode,
et ce n'est pas seulement dans les laboratoires qu'elle poursuit sa tâche
infinie. Vous vous rappelez les discours que prononcèrent, il y a
236 CHRONIQUE ET MÉLANGES.
vingt ans, dans l'une des plu? mémorables séances qu'ait vues cette
glorieuse coupole, Louis Pasteur, de cette place même, et Ernest
Renan, qui le recevait. Ces deux grands hommes, que rien ne rappro-
chait, si ce n'est leur ardent amour de la vérité, y échangèrent des
paroles inoubliables. Ce fut comme un dialogue, d'un sommet à l'autre,
entre deux voyageurs qui, parvenus à la même hauteur par des che-
mins différents, se décriraient avec un ravissement égal les horizons
que chacun d'eux contemple de son point de vue. Pasteur proclama la
grandeur de la méthode expérimentale, seul instrument infaillible de
la découverte; Renan revendiqua pour la critique historique et philo-
sophique la part qui lui revient dans la conquête et la défense du vrai :
à l'esprit de géométrie, qui venait de s'affirmer avec éclat, il opposa
l'esprit de finesse, qui s'insinue où l'autre n'a pu jusqu'ici pénétrer.
Sous des formes diverses, mais non opposées, tous deux portèrent le
même témoignage, que leur vie entière, consacrée à la science et
illustrée par elle, proclamait plus haut encore que leurs paroles.
« Cette science, pourtant, dont Pasteur fut le prêtre et le prophète,
cette science à qui l'on doit tant de merveilles, on l'accuse de n'avoir
pas tenu des promesses dont les unes ont été faites par des représen-
tants qu'elle désavoue, dont les autres ne pourront se réaliser qu'avec
le temps. On lui reproche surtout de ne pas être en état de fournir à
l'humanité la direction morale dont elle a besoin. La science pourrait
répondre qu'elle n'étend pas si loin son empire et que d'autres forces,
qu'elle ne nie pas, sont appelées à faire dans l'ordre du sentiment et
de l'action ce qu'elle fait dans l'ordre de la connaissance. Mais elle
peut, et à bon droit, comme l'affirmait Pasteur, prétendre à sa large
part dans cette direction morale elle-même. S'il n'est malheureuse-
ment pas certain qu'en montrant dans l'instinct social la vraie base
de la morale elle assure à cet instinct la prédominance sur les instincts
égoïstes, il est certain qu'en rapprochant les hommes, en sapant les
barrières qui les séparent encore, elle rend plus facile et montre plus
prochaine la civilisation du monde entier; en augmentant le bien-être
et la sécurité, en atténuant l'àpreté de la lutte pour l'existence, elle
ne contribue pas seulement au bonheur des hommes : par cela même
qu'elle tend à rendre plus légère la servitude des besoins matériels,
elle tend à donner plus de douceur aux cœurs, plus d'essor aux âmes,
plus de dignité aux consciences. En déracinant, partout où elle s'im-
plante, les préjugés, causes de tant de haines, et les superstitions,
sources de tant de crimes, elle défriche le champ où pourra germer et
fleurir la semence que trop d'épines étouffent, que trop de rocailles
stérilisent... Toutefois, disons-le bien haut, ce n'est pas là qu'est son
grand bienfait moral : il est dans la disposition d'esprit qu'elle prescrit
à ses adeptes; il est dans son objet même, la recherche de la vérité.
CHRONIQUE ET MELANGES. 237
Tout ce qui se dit et se fait contre elle se dit et se fait, qu'on le sache
ou non, contre la recherche de la vérité.
« La vérité? disent les adversaires de la science; mais la science
ne la donne pas; elle déclare elle-même qu'elle exclut de ses concep-
tions « la considération de l'essence des choses, de l'origine du monde
« et de ses destinées, » c'est-à-dire les seuls objets qui importent réelle-
ment à la pensée et à la conscience : la formidable question : Quid est
Veritas ? est toujours sans réponse. Si par « vérité » on entend la vérité
absolue, la réponse ne viendra jamais. Nous savons bien que la vérité
absolue n'est pas faite pour l'homme, puisqu'elle embrasse l'infini et
que l'homme est fini ; mais nous savons aussi que ce qu'il y a de plus
noble en lui, c'est d'aspirer sans cesse à cette vérité relative dont le
domaine peut s'agrandir indéfiniment et débordera peut-être un jour
la zone où nos espérances les plus hardies en marquent aujourd'hui
les Umites. L'esprit qui s'est assigné pour tâche de collaborer à cette
grande œuvre, qui, sur un point quelconque, travaille à diminuer
l'immense inconnu qui nous entoure pour accroître le cercle restreint
du connu, qui s'est soumis à la règle sévère et chaste qu'impose cet
auguste labeur, cet esprit est devenu par là même plus haut, plus pur,
plus désintéressé; il a rompu, souvent au prix de luttes cruelles, avec
l'erreur capitale qui est la racine de tant d'autres erreurs et que Pas-
teur aimait à signaler en empruntant les termes de Bossuet : « Le
« plus grand dérèglement de l'esprit est de croire les choses parce
€ qu'on veut qu'elles soient. » Ce dérèglement, commun presque à
tous les hommes et si naturel en eux qu'il faut une peine infinie et
des eftorts longuement poursuivis pour y échapper, ce dérèglement
dont les conséquences, faites-y bien attention, sont aussi périlleuses à
la moralité qu'au jugement, la critique scientifique seule est en état
de le corriger. Cette même critique, en nous apprenant combien il
nous est ditficile d'atteindre la moindre parcelle de vérité, nous enseigne
une salutaire méfiance de nous-mêmes, nous fait sentir le besoin de
la collaboration des autres et nous inspire pour ceux qui, dans les
lieux les plus divers, travaillent à l'œuvre commune de l'estime et de
la sympathie ; car si rien ne divise les hommes comme la croyance
où ils sont respectivement de posséder la vérité, rien ne les rapproche
comme de la chercher en commun.
« Mais la science, dans les milieux où elle est honorée et comprise,
ne restreint pas aux savants eux-mêmes le bienfait moral qu'elle con-
fère : elle répand dans des cercles de plus en plus étendus l'amour de
la vérité et l'habitude de la chercher sans parti pris, de ne la recon-
naître qu'à des preuves de bon aloi et de se soumettre docilement à
elle. Or, je ne crois pas qu'il y ait de vertu plus haute et plus féconde
à inculquer à un peuple. Et, permettez-moi de le dire avec la franchise
238 CHRONIQUE ET MELA.NGES.
que me commandent les principes mêmes que je viens d'exposer, je
ne crois pas qu'il y ait de peuple auquel il soit plus utile de l'incul-
quer que le nôtre. Est-ce tout à fait à tort qu'on nous accuse de laisser
trop facilement prendre une injuste prédominance à la forme sur le
fond, au sentiment sur la raison; d'avoir des partis pris auxquels nous
nous attachons en nous refusant à en examiner les bases ; de dédai-
gner l'exactitude, que nous traitons volontiers de pédantisme ; d'être
complaisants aux illusions qui flattent nos désirs, indulgents aux
exagérations ou même aux mensonges qui amusent notre malignité
ou caressent nos passions; d'être, enfin, toujours portés à « croire les
« choses parce que nous voulons qu'elles soient ?» Je ne le pense pas, et
je crois que ces tendances, qui sont dangereuses et pourraient devenir
funestes, tiennent en partie à ce que l'esprit scientifique n'est pas
assez répandu parmi nous. Là est à mon avis la source de quelques-
uns de nos plus grands maux. Tout le monde les voit ces maux qui
nous divisent et nous diminuent, et les plus généreux esprits de notre
temps s'efforcent à l'envi d'y porter remède. On dit à la jeunesse :
« Il faut aimer, il faut vouloir, il faut croire, il faut agir, » sans lui
dire et sans pouvoir lui dire quel doit être l'objet de son amour, le
mobile de sa volonté, le symbole de sa croyance, le but de son action.
« Il faut avant tout, lui dirais-je si j'avais l'espoir d'être entendu,
« aimer la vérité, vouloir la connaître, croire en elle, travailler, si on
« le peut, à la découvrir. Il faut savoir la regarder en face et se jurer
f de ne jamais la fausser, l'atténuer ou l'exagérer, même en vue d'un
« intérêt qui semblerait plus haut qu'elle, car il ne saurait y en avoir
« de plus haut, et du moment où on la trahit, fût-ce dans le secret de
« son cœur, on subit une diminution intime qui, si légère qu'elle soit,
c se fait bientôt sentir dans toute l'activité morale. Il n'est donné qu'à
« un petit nombre d'hommes d'étendre son empire ; il est donné à tous
« de se soumettre à ses lois. Soyez sûrs que la disciphne qu'elle impo-
« sera à vos esprits se fera sentir à vos consciences et à vos cœurs.
« L'homme qui a, jusque dans les plus petites choses, l'horreur de la
« tromperie et même de la dissimulation est par là même éloigné de
« la plupart des vices et préparé à toutes les vertus. »
« Tel est. Messieurs, l'enseignement que donne la science à ceux
qui la servent d'un cœur pur et à ceux qui la comprennent comme
elle doit être comprise. Il se dégage avec une incomparable puissance
de la vie et de l'œuvre de votre glorieux confrère, et si son grand
exemple contribue, comme on ne peut en douter, à propager parmi
nous le culte de la science et de la vérité, il aura servi par là, autant
que par ses immortelles découvertes, cette patrie qu'il a tant aimée. »
CHRONIQUE ET MELANGES. 289
PROJET DE TRANSFÉRER AU ROI D'ANGLETERRE
LE TITRE DE ROI TRÈS CHRÉTIEN.
M. Alessandro Ferrajoli vient de publier daus VAt'chivio délia R.
Società Romana di sloria patria (1896, vol. XIX, p. 425), d'après une
minute conservée aux archives du Vatican (Archivio di Castel S. An-
gelo, arm. XIV, caps, ii, n. 40), un bref du pape Jules II ayant pour
objet de transférer au roi d'Angleterre le titre de roi très chrétien.
Cette pièce porte au dos une note ainsi conçue : « Copia brevis
Julii U ad regem Angliie, dans ei titulum christianissimi, reperta
inler scripluras Julii II. » Au-dessous de cette note, on lit en carac-
tères du dernier siècle : « Anglite régis indulti non expediti copia ut
se regem christianissimum appellet. »
ANNALES DE SAINT-LOUIS DES FRANÇAIS.
M. le supérieur de la communauté de Saint-Louis des Français à
Rome vient de fonder, sous ce titre, un recueil qui paraîtra par fas-
cicules trimestriels < et dans lequel seront insérés des travaux histo-
riques des chapelains et pensionnaires de cette maison. Nous avons
sous les yeux le premier fascicule, daté du mois d'octobre 1896, et
nous nous faisons un devoir de le signaler à l'attention de nos lec-
teurs. Ils y trouveront un mémoire instructif de M. l'abbé Meffre sur
l'histoire et les attributions de la daterie d'Avignon et le sommaire d'un
grand nombre de bulles de Jean XXII concernant les diocèses de
Rodez et de Vabres. Ce sommaire, œuvre de M. l'abbé Galmet, n'oc-
cupe pas moins de 81 pages; il a été extrait de la grande compilation,
en 80 gros volumes in-folio, que Pierre de Monroy, custode des
archives pontificales d'Avignon au xvhi« siècle, a consacrée à l'ana-
lyse, pièce par pièce, des registres des papes d'Avignon, à partir de
Jean XXII. M. l'abbé Calmet a publié la notice de tous les actes rela-
tifs à des établissements ou à des personnes des diocèses de Rodez et de
Vabres. Il y a là environ 500 pièces, dont beaucoup sont importantes
pour l'histoire locale et pour la biographie de divers personnages. Un
tel dépouillement est méritoire et rendra des services, en dehors même
de la petite province à laquelle s'intéresse M. l'abbé Calmet. Nous
regrettons seulement que l'éditeur n'ait pas toujours indiqué suliisam-
ment à quelle année du pontificat de Jean XXII correspond chacun
des volumes dont il donne des extraits.
1. Chez Oudin, éditeur, rue Mézières, 10. — Le fascicule, 2 fr.; le volume, 8 fr.
240 CHaoxiQUE et mélanges.
EPITAPHE DE CHARLES VII.
L'épitaphe de Charles VII, qui a été insérée dans la chronique de
notre avant-dernière livraison (1896, t. LVIl, p. 640), est l'œuvre de
Louis de Rochechouart, évêque de Saintes. Elle a été pubUée par notre
confrère M. C. Gouderc, d'après les mss. fr. 24976 et 2861 de la Biblio-
thèque nationale, dans la notice biographique qu'il a consacrée à ce
personnage (Journal de voyage à Jérusalem de Louis de Rochechouart,
évêque de Saintes, Ikôl, publié avec une notice sur sa vie. Paris,
E. Leroux, 1893, in-B", 58 p.).
LA NUMÉROTATION GRECQUE
DES
ANNALES DE FLODOARD
Nicolas Vignier est le premier des érudits modernes qui ait
utilisé, pour une œuvre historique, les Annales de Flodoard.
Dans la préface de son Rerwn Burgundionum chronicon, paru
à Baie en 1575', il s'exprime ainsi (au fol. 2 v°) : « ... quorun-
« dam vero memoria veterum historiarum amissione, vel defectu
« penitus obliterata : ut erant ea quae de rébus in Gallia gestis ab
« anno 918 ad 966 hic adjunximus ex Annalibus quibusdam
« Remensibus, quorum autor fuisse quidam Flodoardus ecclesiae
« Remensis Canonicus illorura temporum œqualis videtur, idque
« D. Begatii, in senatu Divionensi quondam Pra^sidis, viri eru-
« ditissimi et totius antiquitatis consultissimi dum vivebat, au-
« ctoritate et consilio : qui sua diligentia illos a situ et a tineis
« primus vindicavit et in lucem revocavit... » Plus loin, dans le
cours de son récit, après avoir parlé de la fuite d'Alain Barbe-
Torte en Angleterre, Vignier ajoute (p. 81) : « ... id quod Jioc
« anno (en marge 918,919) ex Annalibus Britannicis et Remen-
« sibus contigisse videri potest, licet Remenses (qui pênes me
« sunt) tantum maritimam Britanniam a Normannis devasta-
« tara depopulatamque fuisse, et ex ea Britones expulses hoc
« anno scribant. A quo etiam narrandi initium faciunt... »
Vignier a donc eu entre les mains un manuscrit des Annales que
lui avait communiqué Jean Bégat, président au parlement de
Bourgognes Si l'on s'en rapportait aux dates fournies, on
pourrait croire que dans ce manuscrit les Annales contenaient
1. Rerum Burgundionum chronicon... ex bibliolheca historica Nicolai Vignie-
rii Barrensis ad Sequanam. Basilese, per Thomam Guarinum, MDLXXV, in-4°.
2. Né à Dijon en 15-23; mort dans cette même ville le 19 juin 1572.
4897 46
242 LA NDMÉBOTATION GRECQUE
une mention relative à l'année 918. Mais la défaite des Bretons
qui est, selon Vignier, le point initial des Annales, se rapporte
à Tannée 919 dans tous les manuscrits que nous connaissons. Le
doute n'est donc pas possible. D'ailleurs, il est probable que nous
possédons encore aujourd'hui le manuscrit découvert par Bégat.
On sait, en effet, que le manuscrit « de Dijon, » dont Pithou s'est
servi, se peut identifier avec le ras. H 151 de la bibliothèque de
la Faculté de médecine de Montpellier*. Il est probable que le
« Divionensis codex » de Pithou n'était autre que le manuscrit
du président Bégat, qui habita Dijon toute sa vie. Or dans le
ras. de Montpellier les Annales débutent en 919.
Depuis Nie. Vignier les éditions des Annales se sont succédé.
Elles présentent toutes, sauf la dernière, une particularité qui
semble infirmer ce que Vignier nous apprend du début des
Annales. Elles renferment un paragraphe relatif à l'année 877,
qu'on trouve dans certains manuscrits 2. Pithou ^ et Duchesne^
ont séparé ce paragraphe du suivant (année 919) par une série
de points. D. Bouquet met à cet endroit une note ainsi conçue :
« Hic est ingens lacuna, quse a nulle codice ras. expletur...^. »
Il n'était pas le preraier à soupçonner que les Annales ne nous
étaient point parvenues dans leur intégrité. Mabillon, se fondant
sur un passage de la chronique de Saint-Maurice d'Angers :
« DCGCG XVII. Initium chronicse Frodoardi^ » avait admis
que deux années des Annales nous manquaient : « Duobus annis
« rautilura est chronicon in editis'. »
Gérard Voss avait raême été plus loin. Il avait prétendu qu'il
existait une énorme lacune entre l'année 877 et l'année 919^
Son opinion a été adoptée par Gasirair Oudin^, D. Rivet dans
Y Histoire littéraire ^'^j et enfin par D. Bouquet.
1. C. Couderc, Essai de classement des manuscrUs des Annales de Flo-
doard {Mélanges Julien Havet, p. 720).
2. Dans tous les mss. que nous connaissons, sauf dans celui de Montpellier.
3. Ann. et hist. Francor. Script, coaet. XH (Francfort, 1594), p. 109.
4. Hist. Francor. Scr., II, 590.
5. Histor. de Fr., VIII, 176 n. (b).
6. Cfiron. des églises d'Anjou (Soc. de l'Hist. de Fr.), p. 8. Il se pourrait
que DCCCCXVII fût une erreur pour DCCCLXXVII.
7. Acla SS. ord. S. Bened., V, 331.
8. De hisloricis lalinis (Leyde, 1627), p. 325.
9. Commentarius de Scriptoribus Ecclesiaslicis (Leipzig, 1722), t. II, p. 446.
10. Hist. lui., VI (1742), pp. 326, 327, suivie par Guizot, CoU. de Mém. relat.
DES AN.VALES DE FIODOARD. 243
Oudin signale de plus un manuscrit de la bibliothèque Cotto-
nienne, qui renfermait, sous le nom de Flodoard, une chronique
s'étendant depuis Auguste jusqu'en 966. 11 est curieux de le
citer, car D. Rivet, dans V Histoire littéraire, l'a suivi de
point en point : « Exorsus tamen altius videtur hoc chroni-
« con, nempe ab anno DGCC LXXVII quo Carolus Calvus
« decessit... Post ista de Karoli Calvi obitu, pluscula desideran-
« tur, usque ad annum DCCCC XIX... Sed remediura huic raalo
« non mediocri afferri potest, nara illud chronicon Frodoardi
« integrum atque rarissimum opus extat inter mss. codices Cot-
« tonianaB bibliothecse sub effigie Othonis codice 3 num. 3 ubi
« ita exprimitur :
« Num. 3 Chronica Frodoardi monachi sancti AWani ab
« Octai'iano Imperatore ad annum Christi DCCCC LXVI. . .*
« Codex sane rarissimus ex quo chronicon Frodoardi integrum
« sperareab Anglis aliquando possumus. »
Malheureusement le ras. auquel il est fait allusion brûla dans
l'incendie de la bibhothèque Cottonienne avant que personne eût
pu en donner une description détaillée.
La question en était là, lorsque Pertz, en 1839, publia son
édition des Annales-. La principale innovation qu'il fit consista
dans la suppression du paragraphe initial se rapportant à l'an-
née 877. Pertz, le considérant comme étranger au texte primitif,
dit en parlant du ms. de la Bibl. nat. lat. 5354 : « Annalibus
« notitiam de obitu Karoli Calvi praemittit, ex libro quodam
« abbatise S. Far» Meldensis descriptam^,.. » Pour lui donc,
cette mention de la mort de Charles le Chauve, qui est l'objet du
paragraphe, est tirée de « quelque livre de l'abbaye de Sainte-
Fare de Meaux. »
L'idée de Pertz était juste, seulement elle aurait gagné à être
formulée en termes plus précis. Tout d'abord, il n'y a point à
Meaux d'abbaye de Sainte-Fare, mais une abbaye de Saint-
Faron. L'éditeur n'a pas voulu parler de cette dernière. Il voulait
à l'hist. de Fr., t. V, p. vu, et Bandeville, Chron. de Flod., pnbl. par VAcad.
imp. de Reims (1855), préface.
1. Th. Smith, Catal. libror. mss. Cottonian. Bibl. (1696), p. 69, col. 2.
2. Mon. Germ. kist., Script., III, pp. 368 et suiv.
3. Ibid., p. 367.
244 LA NOMÉROTATION GRECQUE
désigner l'abbaye de Faremoutiers S située à plusieurs kilomètres
au sud-est de Meaux.
Faremoutiers était, on le sait, une abbaye de femmes, et, au
ix« siècle, Bertrade, parente de Charles le Chauve, en fut abbesse^
Le 25 octobre 842, Charles le Chauve accordait un diplôme à ce
monastère^. Il n'est donc nullement surprenant de trouver son
obit dans le nécrologe de Faremoutiers :
« Octobre, 6. — Carolus Calvus venerabihs Galliae imperator
« qui ecclesiam istam pignoribus sanctorum, et adhuc retinemus,
« decoravit^. »
Mais le nécrologe ne date que du xiii^ siècle. Cette mention
brève et incorrecte, dans laquelle l'empereur Charles porte son
surnom de « Calvus, » ne semble guère ancienne dans sa forme.
Elle peut bien avoir remplacé une mention primitive plus déve-
loppée qui se trouvait dans un nécrologe plus ancien.
Cette mention primitive, nous serions assez portés à la recon-
naître dans le paragraphe initial des Annales :
Anne DGGG LXXVII, et Indictione X, ii nonas octobris, praecel-
Icntissimus imperator Karolus sanctae recordationis, insignisque
memoriae, temporalem finiens cursum, feHciler, ut credimus, ad
gaudia migravit seterna. Hic siquidem fuit serenissimi Augusti Hlu-
dovici filius, ac nepos gloriosissimi Gsesaris ejusdem nominis Karoli ;
cujus celsitudlnis atque dulcedinis nobilissima propinqua ejus Ber-
trada abbatissa cum omni congregatione sibi coramissa suppHcatio-
nibus devotissimis assidue memor, hanc memoriam litteris compen-
dio comprehensam fecit describi^ quse in ejus anniversario annuatim
recitaretur, ejusque memoria semper haberetur^.
l. Seine-et-Marne, arr. de Coulommiers, cant. de Rozoy-en-Brie.
. ï. Gall. christ., VIII, col. 1702.
3. D. Toussaint-Duplessis, Hist. de l'église de Meaux, II, pièces justif. p. 5.
4. Aug. Molinier, Les obiluaires français, n" 147. D. Toussaint-Duplessis,
Hist. de l'église de Meaux, II, 467 : « Extrait du nécrologe de l'abbaye de
Faremoutiers. » Ce nécrologe paraît avoir été commencé au xiii' siècle au plus
lard. D'Arbois de Jubainville [Hist. des comtes de Champagne, II, 399, note)
mentionne l'existence du manuscrit original de ce nécrologe dans la bibliothèque
du séminaire de Meaux.
5. Bistor. de Fr., VIII, 176. Cet obit présente avec le diplôme de Charles le
Chauve du 25 octobre 842 certaines analogies d'expressions.
DES AN>fALES DE FLODOARD. 245
La simple lecture de ce paragraphe suffit pour conyaincre que
c'est un obit. En conséquence, « le livre de Faremoutiers, » d'où
il a été tiré, ne peut être qu'un obituaire. Le paragraphe relatif
à l'année 877 est, croyons-nous, une épave de l'ancien obituaire
de Faremoutiers, épave qui nous a été conservée par un pur
hasard.
Les vues émises par Pertz se trouvent ainsi justifiées.
Mais la suppression du paragraphe initial n'allait pas sans
entraîner des conséquences. Pertz, ayant reconnu que c'était une
addition postérieure, en a conclu qu'il n'y avait point de lacune
en tète des Annales, comme on l'avait prétendu. L'erreur pro-
venait uniquement, pensait-il, de ce que l'on considérait la men-
tion relative à l'année 877 comme faisant partie intégrante de
l'ouvrage de Flodoard. La fausseté de cette opinion une fois
démontrée, il en a tiré la conclusion qu'il croyait nécessaire.
Cependant il est remarquable que, depuis Pertz, les anciens
doutes relatifs à la lacune du début des Annales n'aient point
disparu; c'est que, vraisemblablement, des raisons autres que
l'existence du paragraphe initial (a. 877), la mention de la chro-
nique de Saint-Maurice d'Angers (a. 917) et le curieux titre du
manuscrit de la bibliothèque Cottonienne militaient en faveur de
l'ancienne théorie.
Voici comment s'exprime Wattenbach, le dernier en date des
auteurs qui ont abordé cette question : « On ignore si le com-
mencement des Annales est perdu ou s'il y avait un autre ouvrage
placé en tète qui menait le récit des événements jusqu'en 919. Il
ne serait pas impossible que le commencement eût été perdu de
bonne heure, et, si l'on n'admet pas un récit s'étendant jusqu'à
cet endroit, ce point de départ est vraiment incompréhensible*. »
Ainsi donc, Wattenbach maintient l'opinion qu'il avait expri-
mée dans sa première édition, malgré la critique qu'on en avait
faite^. Il déclare ne pas comprendre pourquoi Flodoard a com-
mencé ses Annales en 919.
Pertz dit que Flodoard eut l'idée d'écrire des Annales à
vingt-cinq ans 3. Les partisans de sa théorie allèguent que les
1. Deutschlands Geschichtsquellen {6' éd., 1893), I, 410. Guadet, éd. de
Richer (Soc. de l'hist. de Fr.), I, p. xxix, avait exprimé des idées analogues.
2. G. Monod, dans la Rev. crit., 1873, p. 298.
3. « Circa quintum et vicesimum œtatis annura rébus publicis animum
246 LA NUMÉROTATION GRECQUE
Annales consisfent en une suite de notes prises au fur et à mesure
des événements, assez mal reliées entre elles, souvent obscures
à cause de leur extrême concision ^ et que l'auteur a commencé
à les prendre depuis le moment où il s'est intéressé à l'histoire.
Nous répondrons que Flodoard eût pu se souvenir d'événements
antérieurs à 919, c'est-à-dire antérieurs à sa vingt-cinquième
année, et il est étrange qu'il n'ait point eu l'idée de les noter. 11
est encore plus singulier qu'un tel historien n'ait pas cher-
ché, à l'aide des matériaux dont il disposait (l'Histoire de l'église
de Reims montre qu'il n'en manquait pas), à rétablir au moins
sommairement la suite des événements à partir de quelque date
importante, à se rattacher à quelque œuvre historique antérieure,
comme tant de chroniqueurs l'ont fait.
Aucun fait politique important ne marque l'année 919. Flo-
doard y note seulement une défaite infligée aux Bretons par les Nor-
mands et une invasion hongroise qui désole l'Italie, la Lorraine et
une partie (non désignée) de la France. Sont-ce là, véritablement,
des événements de nature à faire naître dans l'esprit d'un habi-
tant de Reims l'idée d'écrire l'histoire? Il est vrai de dire que
Flodoard commence par enregistrer un phénomène météorolo-
gique observé à Reims, ce qu'il fait assez rarement au cours des
Annales : « Cecidit Remis grando mirabilis, ovum galhnas supe-
« rans magnitudine, quae vero distendebatur in latitudine, occu-
« pabat médium palmae. Sed et grandior per alla quaedam loca
« visa est cecidisse. » Le même phénomène est rapporté à la
même année par les annalistes de Saint-Germain-des-Prés^ et de
Saint-Denis^. On comprend qu'un annaliste consigne un fait de
« advertere cœpit (se. Flodoardus), — note 5 : ita fuisse conjicio, quum si
« non scribendis annalibus at certe enotandis rébus geslis circa annum 919
« manum admovisse videatur — ut ex annalium initlo, quos inde ab anno 919
« usque ad annum 9G6 produxit, conjicere licet. » Mon. Genn. hist., Script.,
III, 363.
1. Giesebrecht, Geschichte der deutschen Kaiserzeit (5* éd.), I, 779.
2. Mon. Germ. hist., Script., IV, 3 : « 919. Teinpore vespertlno facta est tenapes-
« las valida, quaî non solum fruges ad nicbiUim redeit et arbores radicilus evulcit,
« sed et animalia et homines in iocis quibusdam interfecit, cujus lapides tante
« ferebantur magnitudinis esse ut allquanti ova anserum sua magnitudine supe-
« rarent. »
3. Chron. S. Dion, ad cyclos paschales (éd. E. Berger, Bibl. de VÉc. des ch.,
XL, 274) : « 919. xi kal. aug. tempore vesperliuo etc. (ut sujjraj... » Cf. Chron.
S. Dion, recentius (ibid., p. 286).
DES AN-ViLES DE FLODOARD. 2'17
ce genre quand il a déjà l'habitude d'inscrire les faits mémorables
survenus chaque année et qu'il veut marquer une année dans
laquelle aucun événement politique saillant n'est survenu, mais
qu'une œuvre annalistique 'aussi considérable et aussi sérieuse
que celle de Flodoard commence sur un phénomène météorolo-
gique, n'y a-t-il pas là de quoi surprendre?
Aucune œuvre historique ne s'arrête à cette date de 919. Les
Annales d'Hincmar* finissent en 882, celles de Fulda en 901,
celles de Saint- Vaast en 900, la chronique de Réginon a pour
terme l'année 906. La raison qui a pu guider Flodoard dans le
choix du point de départ des Annales nous échappe.
Wattenbach considère deux hypothèses comme également
possibles :
1° Il y aurait eu, en tête des Annales, un ouvrage qui menait
le récit des événements jusqu'en 919.
2" Le commencement des Annales aurait été perdu de bonne
heure.
La première hypothèse a été émise par Wittich. Il y a été
conduit par l'étude des premiers chapitres de Richer : « ... le
morceau qui précède, dit-il, ne s'écarte pas complètement de la
vérité ; des événements certains lui servent de base. Malgré les
altérations et les additions, on ne peut manquer d'y reconnaître
les traces d'un ouvrage bien renseigné sur les événements de
Lorraine. Et il semble presque que Flodoard, commençant à ce
point, peut-être seulement par hasard, en ait formé la suite 2. »
La seconde hypothèse n'est qu'une variante de celles de Gérard
Voss et de Mabillon. Elle est directement opposée à celle que
Pertz formule en ces termes : « Annalibus notitiam de obitu Karuli
« Calvi prasmiUit (se. cod. lat. 5354)..., quai tamen causa fuit
« quod viri plures abinde Flodoardum scribendi initium fecisse et
1. Flodoard a connu ces annales dont il s'est servi au iiv. II, ch. 19 et au
liv. III, ch. 17 de l'Histoire de l'église de Reims (Mon. Germ. hist., Scr.,
XIII, 407).
2. K. Wittich, Richer ilber die Herzoge Giselbert und Ueinrich von Sachsen
[Forschungen zur deutschen Gesch., III, 125) : « ... der vorliegendc Abschnill
« enlbehrt nicht vôllig der Wahrheit, bestimmtc Thatsaclien liegen ihni zu
a Grunde trotz den Enlslellungen, dein Ilinzuerfundenen, làsst die Grundiage
« einer mit den lothringischen Verhaltnissen wenigstens vertrauten Quelle
« sich nicht ISugnen. Und fasl sieht es so aus, als bildete der eben beginnende
a Flodoard, vieilleicht rein zufallig, davon die Fortsetzung. »
248 LA NUMEROTATION GRECQUE
« annos operis ejus 878-918 desiderari statuerunt. Quod quam
« veritati contrarium sit, tum ex ipsis codicibus tum ex Richero
« patet, qui Flodoardura ab anno 919 exscripsit. »
Prenons successivement les deux arguments de Pertz, en inter-
vertissant l'ordre dans lequel il nous les présente :
A. Comparaison avec Richer.
B. Étude des manuscrits.
Nous examinerons ensuite s'il n'y a pas lieu de substituer à
la théorie de Pertz l'une des deux hypothèses prévues par Wat-
tenbacli.
A. Nous venons de voir comment Wittich, à la suite d'une
étude approfondie de la partie des Histoires de Richer se rap-
portant à une époque antérieure à 919, a été amené à croire à
l'existence d'un ouvrage qui aurait servi de guide à Richer avant
919, comme les Annales lui en ont servi depuis cette date. Il est
donc impossible de conclure, avec Pertz, du fait que Richer se
sert des Annales telles que nous les connaissons , c'est-à-dire
depuis 919, que ce chroniqueur n'a pu faire des emprunts à une
œuvre analogue pour le récit des événements antérieurs à 919 ^
Sans doute, Richer a utilisé des légendes dans cette partie de
son œuvre ; mais il en utilise encore plus loin (la mort de Guil-
laume Longue-Epée, l'épisode de Setric et Turmod, hv. II,
ch. 32-35, etc.). Et ce n'est pas la tradition orale qui aurait
pu lui apprendre, par exemple, la date du couronnement de
Charles le Simple (qui permet de corriger une erreur des Annales
védastines) et celle de la mort d'Eudes. Il y a, en effet, un
fond de vérité dans le récit de Richer antérieurement à 919.
MM. Wittich et Favre l'ont nettement montré, et il est inutile
d'insister sur ce point ^. Qu'on retienne seulement que Richer est
1. Guadet, éd. de Richer, p. xxix, dit très bien : « Eh ! qui dit à M. Pertz
(fue Richer ne se sert pas avant 919 d'un texte de Flodoard aujourd'hui perdu?
Pour l'affirmative, il faudrait avoir les deux textes et les comparer ensemble;
or, c'est ce que n'a pu faire M. Pertz. La question attend donc encore une solu-
tion.,. » Ajoutons qu'il ne suffit pas de dire que Richer s'est servi de l'Histoire
de l'église de Reims pour résoudre la difficulté, car Richer est mieux renseigné
qu'il ne pouvait l'être par cette histoire seule.
2. Favre, Eudes, Appendice IV, pp. 231, 232. Guadet, éd. de Richer (Soc.
de rilist. de Fr.), t. 1, p. xxvij. Kalckstein (Gesch. des franzosischen Konig-
thums unler den ersten Capelingern, p. 474) estime que Richer a dû se servir,
pour la partie de son ouvrage antérieure à 919, de « notices chronologiques,
DES ANNALES DE FLODOABD. 240
le seul auteur qui nous fournisse la date exacte du couronnement
de Charles le Simple (le 28 janvier 893) ^
B. Passons à l'étude des manuscrits', où, suivant l'opinion de
Pertz, il n'existe aucune mention authentique antérieure à 919.
Quand on examine soigneusement le manuscrit de Montpellier^,
on observe, à la fin de chaque paragraphe consacré à une année,
des lettres majuscules grecques plus ou moins déformées. Ces
lettres représentent très certainement des nombres. Les chiffres
vont en croissant d'une unité par année. Le premier que l'on
rencontre est placé en marge du folio 42, à droite du texte, en
face du paragraphe de l'année 925 ^ Il consiste en AT, c'est-
à-dire 33. Ces chiffres se suivent sans interruption jusqu'à l'avant-
dernière année des Annales, 965, qui porte le numéro or, c'est-
à-dire 73 ^
La même numérotation, beaucoup plus incomplète, mais
exactement correspondante, se retrouve dans les deux manuscrits
de la Bibliothèque nationale. Dans le ms. lat. 5354, le premier
chiffre correspond à l'année 926. C'est \Â, c'est-à-dire 34. Les
lacunes sont nombreuses; ainsi, il n'y a de chiffres qu'aux années
927, 928, 931, 933, 934, 939, 940, 941, 942, 943, 947, 948,
949, 951, 952. Les lettres grecques ont été souvent défigurées,
mais il est facile de les rétablir. Le A est transformé tantôt en_a^
tantôt en A ; le 0 en E ou en H. A l'année 952, le scribe a écrit ZH
au lieu de N.
Dans le ms. lat. 9768, le premier chiffre est au fol. 40 v"*, cor-
écrites à Reims, concernant l'avènement et la mort des rois et des archevêques
de Reims. »
1. Favre, Eudes, p. 155.
2. Voir, pour le classement des manuscrits, l'article de M. Couderc dans les
Mélanges Julien Havet, pp. 721-731. L'auteur ne fait aucune allusion aux par-
ticularités que nous relevons ici.
3. Ce manuscrit du xi' siècle, qui est originaire de Verdun (Couderc, loc.
cit., p. 726), est peut-être celui qui a servi à Hugues de Flavigny. On sait, en
effet, que Hugues, avant d'être abbé de Flavigny (1096), fut moine à Saint-
Vanne de Verdun.
4. On peut se demander si le chiffre se rapporte au paragraphe qui le pré-
cède ou au paragraphe qui le suit. L'examen paléographique du ms. conduit
plutôt à la première hypothèse.
5. Pertz, dans sa préface, a signalé brièvement la numérotation du manus-
crit de Montpellier, mais sans essayer de l'expliquer. La numérotation des autres
manuscrits lui était inconnue : M. Couderc ne l'a signalée dans aucun.
250 LA NUMÉROTATIOÎV GRECQUE
respoDdant à l'année 947 ; c'est NF, c'est-à-dire 56. On rencontre
encore des chiffres en 949 (NZ), 950 {m), 952 (£). A l'année 953,
où cesse la numérotation, il manque un A après le S pour faire 61.
Dans le ms. 633' reg. du Vatican, la numérotation grecque
se retrouve aussi à partir de 925 (Ar), comme dans le manuscrit
de Montpellier, et continue jusqu'en 965 (or) ^.
Les erreurs et les déformations des lettres, ainsi que les lacunes
de cette numérotation, montrent que les scribes n'en compre-
naient pas le sens. Il y a même, dans le manuscrit de Montpellier,
deux gloses au fol. 56, à côté du chiffre MZ (47), qui est à la fin
de l'année 939. Pertz avait essayé de les déchiffrer et avait lu
« autanda » « mal. » Il faut lire, à droite du chiffre, « mater, » et,
au-dessus, « aut alia. » C'est bien là un essai d'interprétation
fait par quelqu'un qui ignorait la numération grecque. Le giossa-
teur a pris MZ pour MT et a lu « mater, » puis il s'est ravisé et a
mis « aut alia » (ou autre chose). L'écriture de ces gloses ne paraît
guère postérieure à celle du manuscrit.
Si l'on remarque qu'il existe une concordance parfaite entre
les numérotations fournies par les quatre manuscrits, qui cepen-
dant sont de familles différentes, on est conduit à admettre que
cette suite de chiffres grecs se trouvait dans l'original.
Quel pouvait être le but de cette numérotation ?
Il est difficile d'en reconnaître un autre que celui de marquer
la suite des paragraphes correspondant aux années-.
1. Sur ce manuscrit, voy. Couderc, loc. cit., p. 725. Le manuscrit est
composé de quatre cahiers, les deux premiers de douze feuillets, les deux
derniers de huit; le dernier feuillet a été coupé, de sorte que le manuscrit
n'a plus que trente-neuf feuillets de parchemin. Il contient, sous le titre :
« Incipiunt Gesta Francorum » les Annales de Flodoard (années 877 + 919-966),
avec leur continuation (966-978). Il a appartenu à Guillaume, abbé de Saint-
Bénigne de Dijon (990-1001), puis de la Trinité de Fécamp (1001-1028),
qui se retira à Saint-Taurin d'Évreux, où il mourut en 1031, Guillaume
avait sans doute pu faire transcrire les Annales grâce à Bruno de Roucy,
chanoine de Reims, puis évéque de Langres (981-1015), son protecteur, qui
apporta peut-être les Annales à Langres. Après la mort de Guillaume de Saint-
Bénigne, le manuscrit a passé successivement à Saint -Taurin d'Évreux
(xi' et xii° siècles), puis à la Trinité de Fécamp (xii-xv« siècle), où il appar-
tint à « Johannes Lucratis(?). » Nous devons les renseignements que nous pos-
sédons sur ce manuscrit à l'obligeance de M. G. de Manleyer, qui a bien voulu
se charger de l'examiner pour nous au Vatican.
2. De cette circonstance singulière que la numérotation correspond aux
DES ANNALES DE FLODOARD. 25^
Comme le chiffre Ar (33) correspond à l'année 925, en remon-
tant d'année en année, 919 aurait pour n" KZ (27). Ce ne peut
être là, nous semble-t-il, un commencement de série ; la numé-
rotation devait partir d'A (1). Or, Â correspondrait à l'année
893, qui est la date initiale du règne de Charles le Simple, à
partir duquel Richer commence son récit'. Donc il a dû exister
26 paragraphes correspondant aux années 893-918.
Nous sommes alors dans l'alternative posée par Wattenbach.
Ou cet ensemble de paragraphes numérotés par année de 893 à
900, dont l'existence nous est ainsi révélée, doit être attribué à
Flodoard d'un bout à l'autre, ou la partie postérieure à 919 seule
émane de lui, et la partie antérieure aurait été juxtaposée et serait
l'œuvre disparue d'un auteur inconnu.
Cette dernière hypothèse (de Wittich) nous paraît la plus com-
pliquée des deux, car elle nous force à admettre l'existence d'une
œuvre annalistique s'étendant de 893 à 919 dont aucune trace
ne nous serait parvenue. 11 nous paraît plus vraisemblable de
supposer que le début des Annales ait été l'année 893 et que la
partie concernant les années 893-919 se soit perdue de bonne
heure. De même que les plus anciens manuscrits (lat. 9768, 633^
reg. du Vatican) présentent une addition (relative à l'année 877),
ils peuvent aussi offrir une lacune de quelques années. Les men-
tions relatives aux années 893-919 auraient été négligées, soit à
cause de leur brièveté, soit pour tout autre motif, à moins que
l'original ou les premières copies n'en eussent été accidentelle-
ment privés.
On peut ajouter, comme argument en faveur de cette hypothèse,
que Richer, qui commence son récit avec Charles le Simple, dit
années de la vie de Flodoard, on pourrait peut-être songer à conclure que ces
chiffres désignent l'âge de l'auteur. Mais il serait bien étrange que, dans un
ouvrage qui n'a pas le caractère de mémoires personnels, Flodoard ait eu l'idée
de mettre son Age à côté de chaque année de l'incarnation. Il a d'ailleurs eu
soin de nous dire son âge à l'année 963, quand il abdiqua sa charge de prêtre
à soixanlc-dix ans. — C'est cette môme idée de numéroter les paragraphes
d'années qui a fait mettre au scribe du ms. du Vatican les chiffres romains
I, II, III, en tête des années 877, 919, 920.
1. Richer (Ilist., 1. I, c. 3) dit lui-môme : « ... Karolum, a quo hisloriae sume-
« mus initium. » En réalité, il rapporte au début certains événements plus ou
moins légendaires du règne d'Eudes. C'est à tort que Wattenbach avance que
Richer prend la suite de l'œuvre d'Hincmar et commence son ouvrage en 882
{Deutschlands Geschichtsquellen, I, 413).
252 LA NUMÉROTATtON GRECQUE DES ANNALES DE FLODOARD.
formellement avoir employé le « libellus » de Flodoard et n'indique
aucune autre source écrite'. Or, nous savons que les Annales de
Flodoard ont été désignées sous ce nom de « libellus ~. » De plus,
Riclier contenant, comme on l'a vu, des mentions précises, en
dehors des légendes, pour les années antérieures à 919, l'argu-
ment que Pertz croyait tirer de la comparaison de Flodoard avec
Richer se retourne contre lui.
En résumé : 1" Tous les manuscrits des Annales de Flodoard,
indépendants les uns des autres, qui nous sont parvenus, ren-
ferment une même numérotation grecque fragmentaire qui a été
négligée jusqu'ici par tous les éditeurs. Il est à souhaiter qu'on
en tienne compte dans une prochaine édition.
2" Chaque chiffre grec correspond à un paragraphe d'année.
Il s'agit donc nécessairement d'une numérotation de paragraphes,
numérotation unique en son genre, dont aucune autre œuvre
annalistique n'offre d'exemple. Elle se trouve dans tous les manus-
crits ; donc elle doit provenir de l'original.
3" Le point de départ de la numérotation étant l'année 893, il
est à supposer que les Annales de Flodoard renfermaient à l'ori-
gine des mentions relatives aux années 893-918. Quant à la
nature même de ces mentions et à leur importance, on ne peut,
en ce qui les concerne, faire que des conjectures.
Ph. Lauer.
1. Richer, éd. Waitz [Script, rer. Germ. in us. scholar.), p. 1 : « ex quodam
Flodoardi... libello me aliqua surnpsisse non abnuo. »
2. 8 Frodoardus .... praecedentis libelli aliorumque librorum dictator egre-
gius. » Addition à l'année 966 des Annales dans les mss. désignés par M. Cou-
derc comme composant la seconde famille. (D. Bouquet, VIII, p. 214 o.)
UN
TRAITÉ DE PHYSIQUE
ET D'ALCHIMIE
DU XVe SIÈCLE
EN ÉCRITURE GRYPTOGR AFRIQUE.
La Bibliothèque nationale a récemment acquis d'un libraire de
Venise un tout petit volume de 140 feuillets de parchemin, mesu-
rant 85 millimètres de haut sur 62 de large, et qui semble avoir
été copié au xv" siècle en Italie. C'est un traité alchimique, ins-
crit aujourd'hui sous le n°G35du fonds latin des nouvelles acqui-
sitions et intitulé : « Incipit Secretum de thesauro experimento-
rum ymaginationis hominum, quod ; ; : taliter opina tus
est et sub compendio conscripsit. » Le nom de l'auteur ou du com-
pilateur a malheureusement été gratté, et la préface qui suit immé-
diatement ce titre n'est qu'un résumé général, qui ne donne aucun
détail ni sur l'auteur ni sur ses sources ; elle débute ainsi : « Pro-
hemium. Justum est primum Deo gracias agere pro omnibus
bonis operibus nostris... » Le texte du traité, qui commence au
feuillet 5 du manuscrit, est précédé d'une table de nombreux cha-
pitres, répartis en trois parties, et il est accompagné dans tout le
cours du volume d'un certain nombre de figures, assez élégam-
ment dessinées, et qui servent à illustrer le texte des diverses
expériences physiques et alchimiques qui y sont décrites.
Eu dehors de l'intérêt que ce petit manuscrit peut offrir pour
l'histoire des sciences au mojen âge, il présente une particularité
paléographique sur laquelle il y a lieu de s'arrêter quelques ins-
tants. C'est l'emploi dans tout le cours du volume, en dehors de
254 TN TRAITÉ DE PHYSIQUE ET d'aLCHIMIE
la table des chapitres, du titre même de l'ouvrage, qu'on a lu plus
haut, et de la clausule finale : « Et sic sit finis hujus operis cum
benedictione Dei. Amen, » d'un système d'écriture secrète ou
cryptographique, qui ne paraît pas avoir encore été signalé.
Ce système d'écriture cryptographique, inventé de toutes
pièces, repose, à quelques exceptions près, sur une série de com-
binaisons du cercle et de la ligne droite pour noter les voyelles et
les consonnes. C'est ainsi que, la voyelle i étant figurée par un
cercle o, les autres vojelles sont respectivement figurées par ce
même cercle, accompagné d'un trait horizontal placé à gauche
(-0 = a) ou à droite (o- = ic), ou d'un trait vertical dirigé en
haut ( i = e) ou en bas ( <j> = o). Voici au reste, avec la trans-
cription en caractères ordinaires, l'alphabet cryptographique
employé par le copiste ^ :
abcdefghiklm nopqrstuxyz
L'emploi de cet alphabet est accompagné d'une autre particu-
larité, destinée à dérouter encore le lecteur ; en effet, tandis que
le copiste suit dans sa transcription les règles ordinaires des abré-
viations usitées dans les manuscrits, la barre d'abréviation, tenant
lieu des lettres m ou n finales, ou destinée à marquer qu'un mot
est abrégé, est tracée par lui, non pas au-dessus, mais au-des-
sous des mots.
Voici la transcription des quatre pages de ce petit manuscrit,
reproduites sur la planche ci-jointe et qui suffiront pour donner
une idée de ce système d'écriture secrète :
I. (Fol. 59 r.)
rétro dextrum et sinistrum. ÎI Sed de his corporalibus locis dicemus
quando loquemur de preparationibus ipsorum.
l. Un mathématicien italien du xviu" siècle, le comte Giovanni-Carolo Lisca,
avait déchifiré déjà ce petit manuscrit; il a tracé les deux notes suivantes, en
caractères cryptographiques, au bas des feuillets 128 et 140 :
« A Carolo Lisca comité non parum in mathematicis erudito hec artifixiosa
« memoria non fuit laudata. 1721. »
« Joannes Carolus Lisca, f. p. c. Flamiaii, omnia accurate perlegit, colside-
« ravit {sic) et laudavit, et gratias egit Deo 0[ptirao] M[aximo] Omnipotenti. »
l
-tri \io~éU^j iKro/fc(M4iu}
C-*»^*^ ^^-t» fii^o-i> tio^^
_^^^
i-^Jti4>> 4?'"^' <'^9'>^
4Tpfn^J Jaurès ^^tr^ *H
04«<vah>tiM^
u
L>>-Y.
SECRETUM EXPERIMENTORUM.
'Bz/'/. ;w/., /;u. ;zt;,/i,. ^^^y /^/_ (^^.
DD XV* SIÈCLE. 255
!I Régula potissima.
ÎI Deinde sicud discreta quawtilas loci débet disUnle numéro el
ordine coynosci, sic cjus continea quccunquc. !1 El habeamus cjus
mcnsiiras noUs salLiii modi comuni secuudura maynitudincm et par-
vitalem ^^'^ si
II. (Fol. 60.)
quia si nesiremus quantitatem maie possemus colocare yraagines et
mulli errorcs sequerenlur aut penitralio corporuw udi mazor essel
ymago loco aul permistio sive corpuxio ymaginum. ÎI Licet enira
naturaliler et nec impossibiliter ymaginls colocari. (Fig.)
ÎI De quantitate.
ÎI Aduc loca neque nimis ampla neque nimis angusta in divixione.
m. (Fol. 86 vo.)
Similiter m virlutibus sicud de sawclis fatias et erit hoc modo :
ÎI Tenens librum pro juslicia.
ÎI Tenens columpnam pro forlitudine.
îi Tenens spéculum pro providencia.
ÎI Tenens ancoram pro spe.
ÎI Similiter in artibus ut :
ÎI Habews colores pro pictore.
ÎI Habews balas pro raercatore.
ÎI Habews calamare pro scriptore vel notario.
IV. (Fol. 87.)
ÎI Idem et m scientiis signum haberi potest, et sunt signa hec :
SlG-NA.
ÎI Tabula a, b, c, d, etc. est signum gramatice.
ÎI Epistola retorice.
ÎI Pulcer liber poésie.
ÎI Duo serpentes obvii loice.
ÎI Gompasus géométrie.
f Tabula numeri arismetice.
ÎI Instrumenta musice.
ÎI Spera astrologie.
ÎI Spécula perspelive.
ÎI Urinale medicine.
EVACUATOKICM. [''^9-)
256 UN TRAITÉ DE PHYSIQUE ET d' ALCHIMIE
Table des chapitres du manuscrit.
Tabula divisionis omnium partium hujus libri in distinctiones
el capitula.
Très sunt parles totius libri :
Prima pars est theorica et in sermone v[u]l[gar]i;
2» pars est pratica et in speciali narratione ;
3* pars est operativa in actu particulari.
Partis theorice sunt 5. distinctiones.
Prima est de infrascriptis, scilicet :
De tribus rationibus hujus artis [fol. 6] ;
De inventibne hujus artifitii [fol. 8 v°] ;
De ulilitate hujus secreti [fol. U];
De necessitate illius negotii [fol. 42].
Secunde distinctionis bec sunt capitula :
De divisione memorie ^ .
De memoria inielletina^ [fol. -13 v°]-,
De corruptione et generalione formarum per x. exempla et x. ra-
tiones [fol. U];
De fixione ymaginationis [fol. ^8].
Tertie distinctionis capitula sunt :
De generibus meinorandi [fol. -(9];
De J2. instrumentis arlifitialihus [fol. ^9 \°] ;
Quarte distinctionis ista sunt capitula :
De artifitiosa mentali memoria [fol. 36 v"] ;
De sinonimibus ymaginum [fol. 38 v"];
De sinonimibus locorum [fol. 39];
De sinonimibus aliis [fol. 39 v°] -,
De locis artis [fol. 40];
De possibilitate harum ymaginum per 8. expérimenta [fol. 42 v°].
Partis pratice due sunt partes principales.
Prime partis très sunt distinctiones.
Prime distinctionis hec sunt capitula :
De divisione locorum [fol. 52].
Secunda distinctio :
1. Les mois imprimés en italiques sont en caractères cryptographiques.
2, Lisez : intellectiva.
DU XV* SIÈCLE. 257
De sublanlia materie artifitii [fol. 56 v"] ;
De quanlilale hujus materie discreta et continua [fol. 58 v°].
Tertia distinclio :
De proprietatibus ejusdem [fol. 62 vo].
Secunde partis sunt 6. distinctiones.
Prima distinctio est :
De subslantia ymaginis [fol. 70].
Secunda distinctio :
De quantitate formarum continua et discreta [fol. 73 v"].
Tertia distinctio :
De proprietatibus ymaginis cujuslibet [fol. 77]-,
De situ et posilione [fol. 78] ;
De ordinibus [foi. 78];
De fortitudine ymaginationis [fol. 8^ v']-,
De 4. documentis Aristotelis [fol. 83 v"].
Quarta distinctio :
De ymaginibus et statuis [fol. 84] -,
De pluribus signis et impositionibus hujus artifitii [fol. 87].
Quinta distinctio :
De impositionibus novis [fol. 89] -,
De exemplis figurandi [fol. 9^ v°] \
De quibusdam documentis [fol. 95];
De actibus hominum [fol. 95 v°] ;
De scribendis litcris [fol. 98] \
De inveniendis novis alphabetis et exemplis eorum [fol. ^00];
De oblivione [fol. ^0^].
Sexte distinctionis capitula :
De preparatione locorum [fol. •<04];
De corpore sine loco [fol. -107] ^
De ellectionibus locorum [fol. -109 v°].
Partis operative sunt due distinctiones.
Prime distinctionis capitula :
De alphabet[o] et ejus utilitate [fol. ^-13];
De divixiotie clomus [fol. -IIS];
Uelocis [fol. U7]',
De notis guinariorum locorum [fol. 420].
i897 n
258 UN TRAITÉ DE PHYSIQUE ET d' ALCHIMIE DU XV SIÈCLE.
Secunde distinctionis sunl quatuor partes.
Prima pars est :
De simplicibus rébus notis et ignotis [fol. ^22];
De compositis [fol. -124 v"].
Secunda pars :
De ludis pluribus [fol. -125].
Tertia pars :
Dehabentibus numerum expressum [fol. 423v°]-,
De illis in quibus ocullo numéro indigemus [fol. i27].
Quarta pars :
De literalibus et vulgaribus [fol. -129] ;
De graduationibus communibus [fol. 429 v°];
De stipmatibus [fol. -130];
De coloribus artis [fol. i24];
De ludis [fol. ^125];
De ponderibus [fol. ^3^];
De replicationibus [fol. i3i],
De libris et doctorihus [fol. \Z\ v"];
De regionibus mundi [fol. ^32] ;
De confusionibus [feuillet enlevé] -,
De -100. numeris [fol. 433]-,
DQcifris [fol. ^36 vo]-
De XII. mensibus [fol. ^37]-,
De 7. diebus ebdomadis [fol. -138] ;
De formandis carateribus [fol. -138 v"] ;
De fatiendis novis alphabetis et utilibus [fol. -138 v<*J.
Explicit tabula.
H. Omont.
MARGUERITE DE NAVARRE
ET LE
PLATONISME DE LA RENAISSANCE.
Dans une étude d'histoire littéraire publiée l'année dernière*,
et consacrée à l'attachante question de la propagation du plato-
nisme en France à l'époque de la Renaissance, nous arrivions à
cette conclusion, que l'honneur d'avoir provoqué et dirigé ce
mouvement de rénovation philosophique devait revenir, pour la
plus grande part, à la femme supérieure dont l'influence s'est fait
sentir, sous des formes si diverses, sur la civilisation tout entière
de l'époque, à la reine Marguerite de Navarre. Les recherches
complémentaires auxquelles nous nous sommes livré depuis, spé-
cialement en ce qui touche les dififérentes phases de la diffusion
des idées platoniciennes dans notre pays, n'ont fait que rendre
sur ce point notre conviction plus profonde. Il reste maintenant,
sans revenir sur les faits si nombreux et si probants sur les-
quels s'est appuyée notre première démonstration, et qui ont
révélé l'action immédiate exercée dans ce domaine par la §œur
de P>ançois P% à considérer en soi, si l'on peut dire, le pla-
tonisme de la reine de Navarre. Après avoir cherché à définir
1. Revue d'histoire lUléraire de la France, numéro de janvier 1896, p. 1 à U.
Je n'ai pas craint, dans la présente étude, de traiter de diverses questions (fui,
eu égard au but qui y est poursuivi, peuvent paraître accessoires; mais, sur ce
terrain de l'histoire intellectuelle, encore si peu exploré, il est indispensable de
ne pas s'en tenir à un seul ordre de faits ni à un seul courant d'idées, trop
rigoureusement délimité. A ne considérer que le problème principal, sans tenter
d'éclaircir ceux qui y confinent, on risquerait fort de n'aboutir qu'ù des conclu-
sions incomplètes, étroites et sans doute aussi peu solides. Dans ce domaine,
plus que dans aucun autre peut-être, tout se tient, et il ne suffit pas de procé-
der isolément à l'analyse d'un élément, fùl-il parmi les plus importants, pour
aboutir à un résultat vraiment utile.
260 MARGDERITË DE NAVARRE
son rôle dans la transformation décisive qiii s'accomplit, entre
1540 et 1550, dans la manière de penser et de sentir des classes
éclairées, il importe de reconstituer l'évolution intellectuelle qui
l'amena à agir si résolument dans ce sens. Quelles influences ont
pu produire chez elle l'ensemble de sentiments et d'idées qui
peuvent le mieux se grouper sous cette appellation de platonisme ;
quelles circonstances expliquent le développement intérieur qui
la conduisit vers le divin philosophe ; jusqu'à quel point a-t-elle
approfondi et pénétré les doctrines de l'Académie, connues évi-
demment en plus d'un cas par des intermédiaires qui en avaient
altéré la pureté primitive ; dans quelle mesure leur a-t-elle apporté
son adhésion ; enfin, et surtout, que retrouvons-nous de propre-
ment platonicien dans son œuvre littéraire, miroir fidèle de ses
pensées et de ses convictions intimes ? Voilà autant de questions
qu'il est devenu nécessaire de résoudre, d'autant mieux qu'elles
se lient à plusieurs des côtés les plus délicats et les plus ignorés de
l'histoire de notre Renaissance française. Ce sera l'objet du pré-
sent travail.
I.
Vouloir préciser l'origine exacte des conceptions philoso-
phiques de l'auteur de V Heptaméron peut sembler téméraire,
et cela avec d'autant plus de raison que ces conceptions se rat-
tachent à ce qu'il y eut dans l'ensemble de sa doctrine de plus
subtil, de plus mystérieux et peut-être aussi de plus féminin. Il
n'est pas douteux, en effet, qu'il doit exister plus d'un rapport
entre les sympathies platoniciennes de la reine de Navarre et les
préoccupations d'ordre mystique qui absorbèrent plusieurs années
de sa jeunesse, et qui, après avoir disparu pendant longtemps pour
laisser la place à des convictions plus fermes et mieux définies,
se manifestèrent de nouveau, au cours de ses dernières années,
dans quelques-unes de ses productions littéraires les plus carac-
téristiques.
Remarquons tout d'abord que le premier contact de la fille de
Louise de Savoie avec la philosophie antique ne datait pas seule-
ment de l'époque de sa maturité intellectuelle. Dès le temps de
son éducation, si nous en croyons un contemporain bien informé,
Charles de Sainte-Marthe, les précepteurs de Marguerite, parmi
lesquels figure au premier rang Robert Hurault, avaient ensei-
ET LE PLATONISME DE LA RENAISSANCE. 26^
gné à leur gracieuse élève les éléments de la philosophie profane.
IJOraison funèbre prononcée par le docte maître des requêtes
de la reine de Navarre fournit à ce sujet un certain nombre de
renseignements précieux : « Et, pour ce que, nous dit-il, par
longue et certaine expérience, nous avons aprins la sentence de
Platon estre vraie, que lors les republiques seront heureuses quand,
ou les philosophes y régneront, ou que les roys et les princes y phi-
losopheront, les précepteurs [de Marguerite] luy tenoient tousjours
quelque salutaire propos de philosophie à celle fin que, quand
elle entendroit qu'on doit fuir une belle chose et suivre l'aultre,
elle imprimast en son esprit qu'ainsi le failloit faire, puisque tel
estoit l'advis des philosophes. » Et, plus loin, l'aimable panégy-
riste, dont l'exactitude est attestée par les rapprochements les
plus probants, insiste sur ce même côté de l'éducation intellec-
tuelle de la future reine de Navarre : « Les experts et saiges ins-
tructeurs de Marguerite luy inculquèrent et raeirent en l'esprit
des plus nécessaires préceptes et institutions de philosophie. . . Il ne
fault, toutefois, qu'on pense, quand nous faisons mention de phi-
losophie, que nous ne parlons que de celle qui s'aprend es escripts
de Platon et des autres philosophes, car nous entendons aussi de
la philosophie evangelique, qui est la parolle de Dieu, des saincts
et salutaires préceptes de laquelle Marguerite fut, par ses institu-
teurs, si bien endoctrinée et instruicte*... »
Voilà bien la caractéristique par excellence de l'auteur des
Prisons, que sa robuste foi religieuse ne ferma jamais au culte
de la nature pas plus qu'aux inspirations de la science profane, et
qui s'efforça toujours, au contraire, de réaliser une harmonieuse
fusion de ces deux éléments. Il paraît que son penchant si peu
dissimulé pour les leçons de la sagesse antique excita contre elle des
critiques malveillantes, voire même les plaisanteries plus ou moins
discrètes de certains miheux rétrogrades. On disait que ce n'étaient
pas là les délassements d'une femme appliquée à ses devoirs et
que la lecture des livres des philosophes, des « auteurs ethniques, »
comme on les appelait alors, ne convenait guère à son sexe. Ce
même reproche, nous l'avons entendu souvent depuis. Observons
seulement que, dès 1549, Sainte Marthe y faisait la même réponse,
qui a été redite plus d'une fois, de nos jours, dans le débat sans
1. Oraison funèbre de Marguerite de Navarre prononcée par Sainte-Marthe,
p. 41 et 43, t. I de l'éd. de VHeptamëron de M. de iMontaiglon.
262 MARGDERITE DE NAVARRE
cesse renaissant dont la haute culture féminine est demeurée l'ob-
jet : « ... S'il est ainsi, pourquoy ne sera il donc permis aux
femmes de puiser en la commune fontaine, qui sont les livres, ce
qui leur est commun avec tous les hommes ? Les livres des gentils
et ethniques ont monstre les vertus à nos prédécesseurs ; les sainctes
lettres nous les mettent aussi devant les œils, mais c'est plus per-
fectement que les aultres. Si ceuls qui lisent les philosophes et
regardent les sainctes Escriptures pour y apprendre une intégrité
de mœurs sont de nous estimés bons, sages et prudents, pour
quelle raison deffendrons-nous aux femmes de lire les mesmes
livres*? » Ce qui achève de donner raison à notre panégyriste,
c'est que cette femme, si amie des philosophes, n'en était pas moins
d'une rare habileté dans les plus délicats ouvrages de l'aiguille,
dans les travaux de broderie comme dans l'art de la tapisserie.
Quoiqu'il en soit, Sainte-Marthe revient avec une complaisance
visible sur les études philosophiques suivies par la jeune princesse
au cours de son éducation. 11 faut donc que ces études aient véri-
tablement tenu une large place dans les leçons qu'elle reçut de ses
premiers maîtres. Une telle culture, alors si exceptionnelle, expli-
querait plus d'un aspect resté presque énigmatique de l'infinie
curiosité de la reine de Navarre. Sans doute, le désir insatiable
qu'elle eut toute sa vie d'étendre ses connaissances dans les direc-
tions les plus diverses était quelque chose d'inné chez elle. Il est
cependant vraisemblable, à s'en tenir au témoignage si explicite
qui vient d'être cité, qu'une impulsion éclairée contribua de bonne
heure à orienter, d'une façon particulière, la réflexion de Margue-
rite dans le sens de la spéculation philosophique.
Pour en terminer tout de suite avec les autres données fournies
par le même panégyriste à propos de ces études, je ferai observer
qu'il ne néghge aucune occasion d'insister sur la place considé-
rable qu'elles occupèrent, jusqu'à la fin, dans la vie intellectuelle
dé sa souveraine. A tout instant, au cours des 122 pages que
comprend son œuvre, il fait valoir le côté excellemment grave et
original des méditations par lesquelles elle marqua son activité
dans le domaine de la pensée pure ; il la représente comme « sou-
verainement perfecte en poésie, docte en philosophie, consummée
en l'Escripture saincte, voire jusques à en rendre les plus sça-
vants fort émerveillés, » faisant ainsi de sa science philosophique
1. Ihid., p. 77.
ET LE PLATONISME DE LA RENAISSANCE. 2G3
l'une des trois manifestations caractéristiques de ses hautes facul-
tés*. Le poème des Prisons nous expliquera comment la reine a pu
rester ainsi , jusqu'à ses derniers jours , fidèle à la lecture « des livres
des philosoplies et autres ethniques, » de Platon, en première ligne,
sans jamais cesser de fréquenter les saints livres ni de les aimer.
Ce point de départ admis, sur l'autorité formelle d'un contem-
porain véridique, il reste à fixer, avec quelque précision, les ori-
gines moins lointaines, plus immédiates, du goût profond qui
porta la sœur de François I" vers l'auteur du Pliédon, et de la
préférence évidente qu'elle lui témoigna entre tous les autres
écrivains de l'antiquité. A vrai dire, une sympathie ardente ne
pouvait manquer de s'établir entre cette noble femme, si violem-
ment éprise d'idéal, et le penseur qui a fait entendre sur les plus
hauts problèmes qui préoccupent l'humanité tant d'enseignements
sublimes. Aux yeux de quiconque a un peu pénétré l'àme de
Marguerite, une telle rencontre n'avait rien que de naturel.
Encore fallait-il cependant qu'un intermédiaire l'eût rapprochée
du maître dont les doctrines et les œuvres, si injustement oubliées
et dédaignées pendant la plus grande partie du moyen âge,
venaient d'être rendues au monde éclairé, au prix d'une conti-
nuité d'efibrts vraiment admirables, par les Pléthon, les Bessa-
rion, les Marsile Ficin, pour ne citer que les plus illustres parmi
les promoteurs de ce qu'on a pu appeler, avec raison, la résur-
rection du platonisme. La plupart des âmes supérieures de
l'époque, surtout en Italie, penseurs, artistes, écrivains, poètes,
et même théologiens, accueillirent avec enthousiasme cette révé-
lation dont les conséquences se firent sentir rapidement dans
toutes les branches des connaissances humaines. On sait quelle a
été la fortune extraordinaire du mouvement de rénovation philo-
sophique dont l'Académie de Laurent de Médicis a été un moment
l'expression la plus éclatante. On n'exagère rien en disant
que le platonisme de la Renaissance, si mélangé qu'il lut d'élé-
ments étrangers et parfois suspects, a exercé sur la direction de
la pensée moderne une influence profonde, et dont la portée a
peut-être été plus considérable qu'on ne l'a cru généralement.
Partisan ou adversaire de cet ensemble d'idées, nul esprit vrai-
ment cultivé n'y demeura indifierent.
Comment les conceptions du fondateur de l'Acaclémie se répan-
1. Voy. Sainte-Marthe, p. 75, 77, 78, etc.
264 MARGDERITE DE NAVARRE
dirent en France dès le début du xvi« siècle, d'abord lentement et
non sans quelques difficultés, puis un peu plus tard, notamment
entre 1540 et 1550, avec un succès chaquejour plus manifeste, c'est
ce qui a été exposé ailleurs avec détail*. L'action personnelle de
Ficin et de ses écrits y contribua certainement pour une large part.
Mais je dois ajouter que des recherches nouvelles m'ont amené à
mettre à côté de la sienne une autre influence dont je n'avais pas
tenu compte dans mon précédent travail. Or, c'est précisément
cette dernière qui explique, selon toute vraisemblance, les pre-
mières sympathies platoniciennes de Marguerite, au temps de son
union avec le duc d'Alençon. Je veux parler de l'influence exer-
cée par les ouvrages du célèbre Nicolas de Guse (1401-1464), à
la fois théologien, philosophe, naturaliste, astronome et mathé-
maticien, l'auteur de tant de hardis et curieux traités : De docta
ignorantia. De Deo absconcUto, Devisione Dei, De concor-
clantia catholica, De ludo globi, etc.
IL
Ce grand esprit, que l'on a souvent considéré comme un homme
de génie, et dont un historien de notre époque ^ écrivait naguère
qu'il apparaît comme un géant intellectuel au déclin du moyen
âge, a sûrement exercé sur Marguerite et sur son entourage, —
en particulier sur le petit cénacle de Meaux, qui communiqua
à la reine le goût des doctrines évangéhques, — une action
qui, pour n'avoir jamais été signalée, n'en est pas moins à la
fois très certaine et très importante. On sait quel a été le rôle
admirablement fécond et bienfaisant de l'illustre cardinal. « Nico-
las de Cuse, disait à la fin du siècle son compatriote l'abbé Jean
1. Voy. l'article cité plus haut, Revue d'histoire littéraire, t. III, 1896, p. 4
et suiv.
2. Janssen, Hist. du peuple allemand, t. I, p. 2 à 6. L'historien allemand,
écrivain remarquable malgré la fâcheuse partialité qui le distingue, commence
son grand ouvrage par un élo;ic enthousiaste de Nicolas de Cuse. Mais, naturel-
lement, il insiste fort peu sur les côtés audacieux de la pensée du cardinal et
sur son attitude si courageuse, malgré quelques faiblesses peu explicables, dans
toutes les questions relalives au pape, à la suprématie des conciles, à la réforme
de l'Église, etc. — Le véritable nom de ce personnage était Nicolas Creps, qu'on
trouve aussi sous les formes Chrypfl's et Krebs. On l'appela plus tard Cusanus
ou de Cues, du nom de son village natal, Cues, situé sur les bords de la
Moselle, près de Trêves.
ET LE PLATONISME DE LA RENAISSANCE. 2G5
Trithème, apparut en Allemagne, au milieu de la perturbation et
des ténèbres, comme un ange de lumière et de paix... Il répandit
avec abondance des semences de vie nouvelle. Une i)artie de ces
semences n'a pu germer à cause de l'endurcissement des cœurs,
une autre partie a porté des fleurs, il est vrai, mais elles ont
promptement péri à cause de la négligence et de la lâcheté des
hommes. Enfin, une bonne partie a porté des fruits abondants que
nous récoltons encore aujourd'hui. » Si quelqu'un mérite ajuste
titre le nom, dont on a parfois abusé, de précurseur, c'est bien le
penseur éminent qui, devançant hardiment la science et les idées
de son temps, entrevit, dès le milieu du xv^ siècle, quelques-unes
des découvertes les plus surprenantes du siècle suivant; qui, cent
ans avant Copernic, devina le double mouvement de la terre
sur elle-même et autour du soleil, démontra la nécessité de la
réforme du calendrier julien, posa pour l'étude des sciences natu-
relles et astronomiques plusieurs des règles essentielles dont s'ins-
pirent encore aujourd'hui les méthodes modernes, et enfin, exer-
çant sa prodigieuse activité dans les branches les plus diverses,
sut, avant Ficin et l'Académie de Florence, comprendre et aimer
le divin Platon.
Et il ne s'agit pas ici d'une admiration vague et générale à
l'égard du philosophe athénien ; l'homme qui eut le mérite de la
concevoir à une époque où il était encore si difficile, sinon dan-
gereux, d'étudier les œuvres de l'auteur du Banquet, à plus
forte raison de se proclamer à bon escient son disciple, n'était
pas seulement une intelligence puissamment originale, un dia-
lecticien rompu à toutes les subtilités, un métaphysicien d'une
rare ampleur, il avait encore, et à un degré où n'atteignit peut-
être aucun de ses contemporains, l'esprit éminemment critique'.
Son goût pour le platonisme était donc le résultat d'une enquête
sérieuse, d'une comparaison éclairée; il n'en a, pour ce motif,
que plus de prix pour nous.
Le cardinal, en qui il y avait, dit A. Weber^, l'étoffe d'un
1. La meilleure preuve qu'on en puisse donner, c'est que Nicolas de Cuse,
avant Laurent Valla, a démontré dans le De Concordantia la fausseté de la dona-
tion supposée de Constantin et la nullité de celles de Pépin et de Charlemai^ne
après les restitutions faites par Léon VII à Othon I". Ses jugements sur
certaines prétentions de la papauté et sur les réformes nécessaires de l'Église
témoignent également, sans parler de bien d'autres arguments, en faveur de la
perspicacité et de la sincérité de sa critique.
2. nisl. de la philosophie européenne, 5" éd., p. 246.
266 MARGUERITE DE NAVARRE
Bruno et d'un Descartes, ose critiquer ouvertement les erreurs de
la scolastique et recommander, comme préférable de tout point au
système régnant, la philosophie de Platon, qui, dans sa pensée,
se combine avec la théorie pythagoricienne des nombres. Il a pré-
paré la voie, autant que Bessarion et que Pléthon, au groupe des
platonisants de l'époque de Laurent le Magnifique, qui firent de
la propagande des théories académiques l'objet exclusif de leurs
efforts et le but de leur existence. Profondément chrétien, il
rêva, comme devait le faire Ficin un peu plus tard, de fusionner
en un harmonieux ensemble les principes de sa croyance
religieuse avec ceux de la doctrine philosophique qui s'était si
fortement emparée de son intelligence. Cette préoccupation con-
tribua à communiquer à son langage une grâce et une noblesse
singulières, où se retrouve manifestement l'empreinte du Phédon
et du Banquet K Quelles règles élevées n'a-t-il pas proposées
en maint endroit de son œuvre à tous ceux qui cherchent et qui
réfléchissent? on sent que celui qui les a conçues avait dû goûter
le miel de la sagesse antique : « Savoir et penser, voir des yeux
de l'esprit la vérité, disait-il, voilà le vrai bonheur. Plus on
avance en âge, plus ce bonheur grandit, et plus on s'applique à
chercher la vérité, plus on se sent enflammé du désir de la pos-
séder... De même que le cœur ne vit en réalité qu'autant qu'il
aime, de même c'est la vie de l'esprit que de tendre à la science
et à la vérité. Au milieu des agitations politiques, parmi les tra-
vaux de chaque jour, dans toutes les contradictions de ce monde,
portons hardiment et librement nos regards vers les régions lumi-
neuses du ciel. Élevons-nous jusqu'à la source de toute vérité et
de toute beauté. Il est bon d'étudier son propre esprit et les
diverses productions de l'intelligence humaine durant le cours des
siècles 2. »
Ce prélat philosophe avait de plus une âme absolument évan-
gélique, d'une fraîcheur de sentiments et d'une tendresse char-
mantes. Au milieu des luttes et des misères de son siècle, il ne se
lassa point de prêcher la concorde et surtout la tolérance, ne crai-
gnant pas, pour n'en citer qu'un exemple, de manifester ses
1. Platon est cité à chaque instant dans les œuvres de Nicolas. On sent qu'il
est pour lui le maître qui domine tous les autres. Voici l'une des nombreuses
déclarations qu'il formule à cet égard : « Solus autem Plalo, aliquid plus aliis
PhUosophis videns, dicebat se rairari si Deus inveniri, et plus mirari si inven-
tus posset propalari. j (Z)e venatione sapientix, éd. de Bâie, p. 307.)
2. Cité par Janssen, loc. cit.
ET LE PLATONISME DE LA RENAISSANCK. 267
sympathies à l'égard des Hussites ni de désapprouver liautement
les sévérités du concile de Constance, voire même celles du pape
envers ces malheureux persécutés. Il ne souhaitait rien tant que
de ramener toutes les discussions religieuses sur un terrain paci-
fique. Rappellerai-je, à ce propos, que ce fut aussi l'un des plus
chers rêves de la reine de Navarre et qu'elle y échoua comme le
cardinal allemand? La critique du Coran, composée par lui,
semble bien indiquer qu'à son avis il y a du bon dans toutes les
religions et que, par contre, aucune d'elles n'est absolument par-
faite. Il appelait de tous ses vœux l'établissement d'une sorte de
paix perpétuelle dans le domaine de la reUgion comme dans celui
de la philosophie, mais il mourut sans avoir vu l'humanité s'ache-
miner vers cette ère idéale de tolérance universelle, h laquelle
aspirèrent non moins vainement, au siècle suivant, Marguerite
et tous les nobles esprits qui s'inspiraient de sa pensée.
Au fond, on l'a dit avec raison, Nicolas de Cuse était avant
tout un mystique tant par la méthode que par le tempérament, et
c'est là une constatation qui importe au plus haut point dans la
question qui nous occupe. Comme philosophe, il a uni avec une
rare faculté d'éclectisme la connaissance des maîtres de l'antiquité
à celle des néo-platoniciens de l'époque alexandrine et des mys-
tiques du moyen âge. C'est même, on peut le dire, l'un des aspects
caractéristiques de son système. Il avait étudié avec soin Hugues
de Saint-Victor, Amaury , Jean Scot, et se plaisait à les citer ; mais
les auteurs du groupe de philosophes et de théologiens qui com-
mence avec Plotin, dont il s'était le mieux pénétré et qui ont agi
le plus fortement sur la formation de son esprit, sont sans con-
tredit Proclus, dont il avait médité spécialement les commentaires
sur Platon, le pseudo-Denys l'Aréopagite, qui eut une si grande
influence aux xv® et xvi® siècles, et, plus près de lui, son compa-
triote, maître Eckart. Son système de spéculation religieuse est,
pour une large part, fondé sur ces trois maîtres. Cette préférence
lui constitue un lien de plus, et non des moins appréciables,
avec Ficin et ses disciples florentins, qui avaient presque tous
étudié avec une ardente conviction les théories de l'Ecole d'Alexan-
drie. Il ne faut pas perdre de vue que le chef de la moderne Aca-
démie, pour ne citer ni Pic de la Mirandole, ni Landiui, ni les
autres, avait traduit et commenté les ouvrages de Plotin, de
Jamblique et de Proclus, aussi bien que ceux de Platon ; Ficin
s'enthousiasma pareillement pour l'Hermès Trismégiste, pour le
268 MARGUERITE DE NAVARRE
pseiido-Denys, et inclina même, à certains moments, vers les rêves
de la tbéurgie, de l'alchimie et de l'astrologie. Cette tendance le
conduisit à un mysticisme assez étrange qui le porta à dénaturer
plusieurs des doctrines de l'auteur du Timée. Or, une étude
attentive des idées du cénacle de Meaux, auquel présidait Bri-
çonnet, surtout des œuvres de son représentant le plus illustre,
Lefèvre d'Étaples, démontre précisément, et d'une façon indu-
bitable, que la même évolution intellectuelle qui s'était produite
précédemment chez les platoniciens de Florence s'accomplit égale-
ment dans ce docte milieu. Les précurseurs de la Réforme et de
la Renaissance en France, puisqu'au début les deux mouve-
ments s'y confondirent, appartenaient à un groupe que les théo-
ries néo-platoniciennes et m3^stiques avaient sérieusement péné-
tré. On peut même, élargissant le point de vue, affirmer que ces
doctrines, malgré les exagérations des maîtres de l'Ecole alexan-
drine, malgré les écarts d'imagination et les prodigieuses subti-
lités de leurs successeurs, séduisirent, à des degrés divers, mais
presque toujours avec une force singulière, tous les esprits distin-
gués des xv^ et xvf siècles que la philosophie académique avait par
ailleurs attirés et conquis. C'est, nous le verrons, ce qui arriva
justement pour la sœur de François P"" et ce qui explique, mieux
que toute autre hypothèse, les conceptions quintessenciées et les
rêveries vagues qui se mêlèrent chez elle au platonisme le plus
sincère. Il n'est pas douteux que Nicolas de Cuse ait ouvert la
voie dans ce sens, en donnant l'exemple de cet éclecticisme peu
scientifique, de ces combinaisons audacieuses de systèmes souvent
dissemblables, qui contribuèrent à faire gauchir nombre d'excel-
lents esprits de la Renaissance et à enlever à leurs travaux phi-
losophiques une valeur durable. Ici encore, mais dans un sens
plutôt fâcheux, l'évêque de Brixen a été un initiateur : il a
fourni le prototype non seulement des platonisants des xv® et
xvi" siècles, mais encore de la plupart- des penseurs du même
temps, — il y a toutefois d'éclatantes exceptions, — qui exer-
cèrent leur activité, trop conciliante, dans le champ de la méta-
physique pure et de la haute spéculation.
Le cardinal professait cette idée, à coup sûr généreuse mais
utopique, que les esprits supérieurs, les seuls qui comptent en
définitive au point de vue de l'avancement de l'humanité, doivent
tendre à s'élever assez haut dans le monde des idées pour ne plus
trouver de diversité dans les croyances, ou tout au moins pour
ET LE PLATONISME DE LA RENAISSANCE. 269
considérer comme négligeables les difîérences qui les séparent aux
yeux du vulgaire. Il paraît bien avoir admis que les sages de tous
les temps et de tous les pays reconnaissent, au fond, le même
Dieu^ On voit quelle largeur et quelle liberté de conceptions ont
pu se rencontrer chez l'ami de Nicolas V. Mais cette compréhen-
sion, à certains égards trop large, des différents systèmes reli-
gieux et philosopiiiques ne l'a pas empêché de formuler dans ses
principaux traités didactiques : De docta ignorantia, De Pos-
sest, De venatione sapientiœ, etc., un ensemble de théories
vraiment originales que ses disciples de la première moitié du
XVI'' siècle ont étudiées avec ardeur et auxquelles ils ont fait des
emprunts considérables. Dieu, Yabsoluta infinitas, est à la fois
le maxiiiium et le minimum, il ne peut être ni plus grand ni
plus petit qu'il n'est; le monde est le maximum contracté, dans
son essence il n'est pas différent de Dieu ; l'universel se retrouve
dans le particulier qui n'est que l'universel particularisé. La vérité
absolue sur Dieu et sur le monde est inaccessible à l'homme. Ce
dernier n'a donc qu'à confesser son ignorance ; c'est en elle que
consiste sa science et sa sagesse : sancta et docta ignorantia.
Mais si, par sa seule raison, il ne peut former que des conjectures,
la connaissance de la vérité lui devient possible dès que Dieu vient
l'illuminer par sa grâce. C'est pourquoi la foi est la condition de
la connaissance; elle nous transporte même au delà, en nous
ouvrant les horizons de la contemplation immédiate de l'essence
divine. Comme l'a fait remarquer Charles Schmidt, qui nous
fournit ce résumé, par là même exact et siir, la tendance pan-
théiste, quoique mitigée par le mélange d'éléments chrétiens,
est beaucoup plus incontestable chez Nicolas de Guse que chez
maître Eckart ; mais l'Eglise ne s'en inquiéta points On sait que
Giordano Bruno n'a fait que développer dans toutes ses consé-
quences le système de celui qu'il appelait le divin Cusano et qu'il
y gagna d'être brûlé ^.
1. De venatione sapientùe liber, cap. ix : « Quomodo sacrae literce et Philo*
sophi idem varie nominarunt- »
2. Cil. Schmidt, Précis de l'hist. de l'Église d'Occident, Paris, 1885, p. 369.
Voy. ea outre sur notre philosophe l'Encyclopédie des sciences religieuses de
Lichtenberger, v- N. de C; Geiger, Renaissance und Ilumanismus in Italien
und Deutschland, p. 331; on trouvera dans Potthast, Wegueiser durch die
Geschichisuerke des europ. Mitlelalters, 2° éd., v Nicolas de C, une liste des
travaux parus sur l'auteur du De concordantia catholica, qui dispense d'y
renvoyer ici plus en détail.
3. Le cardinal allemand a été aussi le maître de Rodolphe Agricola ; il a exercé,
270 MARGUERITE DE NAVARRE
En résumé, le cardinal de Cuse peut être considéré comme la
personnification la plus exacte et la plus résolue, sinon la plus
éclatante, des aspirations qui commencèrent à se manifester, vers
le milieu du xv'^ siècle, en faveur d'une double réforme ecclésias-
tique et intellectuelle ; il a exprimé en même temps, d'une manière
aussi complète et aussi audacieuse qu'il était possible, les ten-
dances mystico-panthéistiques qui exercèrent sur le mouvement
des idées des xv® et xxf siècles, principalement entre 1450 et
1550, une action si considérable. Le seul examen de ses doctrines
suffirait donc à révéler l'influence qu'il a dû exercer sur les pre-
miers adeptes de la Réforme en France et sur Marguerite de
Navarre en particulier. Entre ses conceptions philosophiques et
religieuses et celles du groupe dont Lefèvre d'Etaples et Guillaume
Briçonnet ont été les inspirateurs et la sœur du Père des Lettres
la protectrice, un rapprochement s'impose. Mais cette action, que
la comparaison des idées sufiSrait à démontrer, un texte formel,
non signalé jusqu'à présent, vient, d'autre part, la confirmer et
la préciser. Je l'indique dès maintenant, avant d'entrer dans le
détail des ressemblances d'idées et même de forme auxquelles je
viens de faire allusion. Il s'agit d'un témoignage fourni par
la lettre, à la fois si remarquable et si instructive, écrite par
Capiton à Marguerite, le 22 mars 1528^. J'en citerai un pas-
sage assez étendu, parce que ce texte contient, à un autre point
de vue, des éclaircissements précieux qu'il serait regrettable
de passer sous silence, puisque l'occasion se rencontre d'insis-
ter sur ce texte. Capiton dédie à la princesse, dans cette lettre,
son commentaire du prophète Osée, qui parut à Strasbourg au
cours de cette même année 1528. « Votre foi, écrit le théologien
strasbourgeois à la reine, est pour le vaste royaume de France
un exemple d'autant plus frappant qu'il est aujourd'hui plus rare
et que les siècles passés en ont à peine montré un pareil. Elevée
au sein des délices des cours, vous avez cependant toujours tourné
vos pensées vers les choses de Dieu, en vous laissant conduire par
la crainte du Seigneur, qui est la pépinière des enfants du royaume
et le commencement de la divine sagesse {Proverbes, IX, 10).
C'est sous cette influence que, d'abord, vous avez traversé toute la
en outre, une inlluence certaine sur Lefèvre d'Etaples, comme on le verra plus
loin, et sur Reuchlin.
1. Herminjard, Correspondance des réformateurs, t. II, p. 119 et suiv. La
lettre-dédicace est en latin. On reproduit ici la traduction donnée par M. Her-
minjard.
ET LE PLATONfSME DK LA RENAISSANCE. 274
variété des superstitions, comme je l'ai appris de témoins ocu-
laires. Ensuite vous vous êtes adonnée, selon les idées du temps,
à ce qu'on appelle « la contemplation de Dieu ', » et vous en avez
heureusement profité, si, toutefois, cette méthode peut porter
d'heureux fruits. J'ai lu moi-même deux lettres en français qui
vous étaient adressées -, et dans lesquelles, a V imitation de Nico-
las de Cusa, on philosophait sur l'essence et la puissance de
Dieu. Enfin, l'expérience vous a appris la vanité de toutes ces
œuvres et de toutes ces pratiques auxquelles vous vous étiez
livrée, le plus souvent sans y mettre votre cœur. Vous avez éga-
lement éprouvé combien cette philosophie de haute volée apporte
avec elle de fatigue et combien elle procure peu de satisfaction.
Je vois d'ici les crises intérieures par lesquelles vous avez dû pas-
ser, quand vous avez senti disparaître successivement votre pleine
confiance en vos bonnes œuvres et en cette lumineuse philosophie
sacrée que vous vous représentiez comme la vérité chrétienne
elle-même et comme le gage assuré de l'éternité future. Mais vous
avez fini par voir resplendir au milieu de toutes ces ténèbres la
vraie lumière et Celui qui est la vie du monde : Jésus-Christ... »
Voilà de nobles et véridiques pensées, qui attestent chez celui qui
les a conçues une singulière clairvoyance de jugement. C'est
toute l'histoire de la vie morale et religieuse de la reine de Navarre
qu'il résume en quelques lignes, et cela avec une admirable divi-
nation ; il considère, en effet, comme terminée une évolution qui
ne l'était pas encore, mais qui a bien abouti au résultat final qu'il
spécifie. Il n'y a pas à s'y tromper, ce texte éclaire étonnamment
le poème des Prisons. On ne saurait dire qu'il apporte une preuve
nouvelle en faveur de l'authenticité de cette œuvre, puisque son
attribution à Marguerite ne fait l'objet d'aucun doute, mais il
en fait assurément mieux comprendre, mieux apprécier la trame,
qui est fournie par la réalité même ^.
Quant à ce qui concerne l'allusion faite si explicitement par
Capiton à la philosophie de Nicolas de Cuse, il est évident qu'elle
1. C'est-à-dire la théologie mystique (note do II.)-
2. C'étaient probablement deux lettres de l'évéque de Meaus, Guillaume Bri-
çonnet (note de H.)-
3. Je ne puis insister ici sur ce rapprochement, renvoyant pour de plus amples
développements à mon introduction au volume des Dernières poésies de Mar-
guerite de Navarre, Paris, Armand Colin, 18%, in-S% p. xlv à lxxv, et sur-
tout p. XLVi, Lxii, etc.
•>72 MAIIGDERITE DE NAVARRE
n'est pas due au hasard. Il suffit de lire quelques-unes des lettres
échangées entre l'évêque de Meaux et sa royale correspondante
pour se rendre compte des similitudes de pensées et de formules
qui suggéraient naturellement au réformateur alsacien la com-
paraison dont il a usé dans son épître dédicatoire^ Les images
empruntées au vocabulaire des mathématiques trahissent à chaque
instant l'imitation du cardinal allemand qui, on le sait, avait
remis en faveur le goût des symboles pythagoriques.
Les sympathies intellectuelles qui portèrent Guillaume Briçon-
net, le premier directeur spirituel de Marguerite, vers l'auteur
du De Deo abscondito, s'étaient affirmées bien avant la corres-
pondance qui s'étabht, vers 1524, entre lui et la fille de Louise
de Savoie, alors duchesse d'Alençon. Elles furent même dès le
début si profondes et si actives qu'elles amenèrent le prélat à faire
entreprendre une édition, — la plus complète et la plus soignée
qui eût encore paru, — de son maître préféré en matière de phi-
losophie. C'est là un fait des plus significatifs, qui éclaire d'une
vive lumière la question des origines de ce mysticisme néo-
platonicien qui a été l'un des éléments tout à fait caractéristiques
de la période initiale de notre Renaissance française.
Coïncidence frappante, Briçonnet confia la tâche de préparer
et d'exécuter cette édition au plus éminent penseur de l'époque,
qui était, en même temps que son ami, l'érudit le plus autorisé
pour un travail de ce genre, à Lefèvre d'Étaples. Dès 1509, le
savant picard s'occupait de recueillir les matériaux nécessaires
à cette entreprise, et Beatus Rhenanus faisait part à Reuchlin du
désir de l'humaniste français de grouper tous les ouvrages du
cardinal qui pouvaient être demeurés inédits, spécialement le
Directorium speculantis^ . Nul doute que Lefèvre ait apporté
à son recueil un soin et un scrupule extrêmes; en tout cas, rien
ne fut négligé pour donner au volume un aspect remarquable au
1. Voy. passim le recueil manuscrit de celte correspondance à la Bibliothèque
nationale (fonds fr. 11495). Ce n'est pas par un ou plusieurs passages cités en
parliculier que l'on peut faire comprendre ces ressemblances. Elles résultent
d'une lecture plus étendue de la correspondance; c'est l'impression générale qui
s'en dégage qui les fait apparaître plutôt que quelques textes isolés. De même,
il faudrait donner de nombreuses citations des œuvres de Cusanus, ce qu'il est
impossible d'entreprendre ici. Les rapprochements signalés plus loin suffiront
à marquer les rapports inlellecluels dont nous parlons et leur évidence.
2. Herminjard, t. II, p. 122, note 14.
ET LE PLATONISME DE LA RENAISSANCE. 273
point de vue typographique. L'impression, qui dura huit mois,
fut terminée en 1514, et l'ouvrage parut*. Il était précédé d'une
lettre-dédicace adressée à Guillaume Briçonnet, alors encore
évêque de Lodève, dans laquelle l'éminent éditeur, après avoir
fait l'éloge de N. de Cuse, racontait combien le prélat, « bono-
rum authorura omnium, cum latinorum tum graicorum, solertis-
simus indagator, » avait ardemment désiré rachèveraent de cette
œuvre, qui devait fournir tant de hautes et sublimes conceptions
à tous les esprits avides d'une culture supérieure. On sent que
les éloges décernés par Lefèvre à Nicolas de Cuse sont inspirés
par une conviction profonde, et qu'il l'avait pratiqué longuement
et avec une prédilection toute particulière ; on devine également,
par ces déclarations mêmes, que leur commune sympathie pour
le philosophe allemand n'avait pas peu contribué à rapprocher
l'évêque de Lodève et le plus illustre des professeurs de l'Uni-
versité de Paris au commencement du xvi" siècle. L'auteur du
De docta ignorantia a été pour beaucoup dans les rapports
intellectuels si étroits qui s'établirent entre ces deux hommes,
autour desquels allaient se grouper pour un temps tous les par-
tisans du progrès philosophique et religieux.
Observons, à ce propos, que la double influence des mystiques
et des néo-platoniciens a été, en ce qui touche Lefèvre d'Étaples,
infiniment plus marquée qu'on ne l'a cru généralement. Le docte
restaurateur de la philosophie d' Aristote ne s'était nullement can-
tonné dans le culte et l'étude du maître du Lycée ; il avait acquis,
au contraire, une connaissance très sérieuse des dialogues platoni-
ciens et se plaisait à les citer, rapprochant, et presque toujours
avec une irréprochable impartialité, les enseignements de l'Aca-
démie de ceux du péripatétisme. Toutefois, il se plaçait prudem-
ment à l'abri des polémiques en déclarant, au dire de S} mphorien
Champier, qu'il ne voulait pas plus être rangé parmi les platoni-
ciens que parmi les aristotéliciens'. Mais si Lefèvre n'est pas resté
étranger aux doctrines de l'auteur du Banquet, il s'est pénétré
sûrement, avec une application encore plus continue et plus appa-
rente, des œuvres de la philosophie alexandrine et du mysticisme
médiéval. La simple énumération des éditions qu'il publia, et
dont plusieurs représentent une somme de travail considérable,
1. Bibl. nat., réserve Z. 280, f°.
2. Voy. noire article sur le Platonisme en France, p. 5.
4897 ^8
274 MARGDERITE DE NAVARRE
montre jusqu'à quel point son activité s'est déployée dans ce
sens. Non seulement il s'initia au néo-platonisme chrétien du
pseudo-Denys l' Aréopagite et aux étranges conceptions de l'Her-
mès Trismégiste, dont il publia le texte latin fourni par la traduc-
tion de Marsile Ficin, mais il s'adonna aussi avec une égale
ardeur à l'étude des œuvres de Raj-mond Lulle et de Richard de
Saint- Victor, comme en témoignent les diverses éditions qu'il fit
paraître de leurs œuvres. Son goût pour le pseudo-Denys, qu'il
y a lieu de rapprocher de celui pour Nicolas de Cuse, lui était
pareillement commun avec Guillaume Briçonnet. Tous deux
étaient intimement persuadés de l'identité de l' Aréopagite avec
saint Denis, apôtre des Gaules et martyr'. Telle était, d'ailleurs,
l'opinion générale des savants de l'époque; aussi, lorsque Luther
eut déclaré que les œuvres de l' Aréopagite ne contenaient que
des rêves creux et du platonisme, son opinion fut-elle condam-
née par la Sorbonne^ comme fausse, téméraire, arrogante et
injurieuse. D'autre part, il importe de le rappeler, le pseudo-
Denjs est une des autorités chères à Nicolas de Cuse, qui en a
usé largement pour l'élaboration de son système de philosophie
religieuse. Ainsi, de quelque côté qu'on se tourne, se révèlent
d'instructives concordances; les origines se précisent et se sim-
plifient, et Ton est tout surpris de retrouver à chaque pas des
indices qui éclairent ces problèmes qui paraissaient insolubles.
On découvre dans des mouvements d'idées qu'on croyait mul-
tiples et divers de surprenantes analogies qui en laissent aperce-
voir l'unité.
Chose singulière, entre le chef de l'Académie de Florence, le
promoteur du platonisme moderne, Marsile Ficin, et Lefèvre
d'Etaples, à qui la Renaissance française a dû de voir revivre la
véritable pensée d'Aristote, défigurée par tant de commentaires
et de traducteurs peu sagaces, il existe, grâce au néo-platonisme,
un véritable courant d'idées communes. Entre ces deux maîtres,
que des dissemblances d'études, de milieu, de tournure d'esprit,
semblaient devoir éloigner l'un de l'autre, un trait d'union s'est
établi, que Plotin, Proclus, le Trismégiste et, d'une manière
générale, les mystiques alexandrins ont contribué à former. La
même constatation s'impose en ce qui touche le cardinal de
1. Voy. Graf, Lefêvre d'Etaples (Strasbourg, 1842), éd. française, p. 18.
2. Du Boulay, Hist. univ. de Paris, t. VI, p. 127.
ET LE PLATONISME I)E LA RENAISSANCE. 275
Cuse. Or, en France du moins, — nous l'avons remarqué plus
haut, — la Réforme religieuse est intimement liée, pendant sa
période de début, à ces tendances philosophico-mystiques. Lefèvre
d'Etaples, Kriçonnet, et après eux Marguerite de Navarre, ont
été la plus éclatante expression de ce moment précis de l'évolu-
tion intellectuelle du xvi'' siècle dans notre pays. On s'explique
donc que le platonisme, agissant souvent, il est vrai, par des
exagérations qui en modifiaient singulièrement l'esprit, ne sau-
rait être exclu de cette histoire. Il en constitue, au contraire,
l'un des éléments essentiels, que l'historien de la pensée française
durant cette époque a le devoir de dégager avec soin et de mettre
en pleine lumière.
Mais, pour en revenir aux questions qui concernent plus spé-
cialement l'étude du développement intérieur de l'auteur des
Marguerites, il est clair que l'action des enseignements de
Nicolas de Cuse, transmis par Briçonnet et par Lefèvre d'Etaples,
ne pouvait se manifester chez elle de la même manière que chez
ses deux maîtres. Certaines conceptions devaient séduire plus
particulièrement son intelligence de femme, pendant que d'autres,
celles d'ontologie pure, par exemple, devaient la laisser assez
indifférente. Tout ce qui avait trait à la nature, à l'essence, à la
définition de la Divinité, intéressait, on le devine, la reine au
premier chef; et c'est justement dans ce domaine qu'il est pos-
sible de relever à travers son œuvre littéraire plusieurs preuves
frappantes d'une double influence philosophique exercée par les
deux chefs du platonisme moderne, Nicolas de Cuse, d'une part,
et Marsile Ficin, de l'autre. A la vérité, l'influence de chacun de
ces penseurs se mêle si étroitement à celle de l'autre, lorsqu'il
s'agit de certaines questions parmi les plus graves de la théodi-
cée, qu'il devient très difficile de faire la part de l'une et de
l'autre. Nous allons donner de ce fait un exemple curieux et
non soupçonné jusqu'à présent, qui permettra du même coup
d'éclaircir, à l'aide de matériaux nouveaux, l'histoire de la trans-
mission d'une formule célèbre, dont la critique littéraire et la
critique philosophique se sont plus d'une ibis occupées, et qui a
toujours eu le privilège d'intriguer les commentateurs.
III.
S'il y a eu un sentiment profond et permanent dans l'âme de
276 MARGOERITE DE .■VAVARRE
la reine de Navarre, sentiment qui a dominé et dans une large
mesure dirigé son existence, c'est l'aspiration vers le divin. Con-
naître Dieu, s'élever jusqu'à lui : tel a été le but premier de ses
pensées et de ses méditations. Le souci même des problèmes de
l'amour, qui tint une place si importante dans les réflexions de
Marguerite, s'explique par cette aspiration. Résolument platoni-
cienne à ce point de vue, elle considérait l'amour humain comme
une étape nécessaire vers l'amour divin. A ses yeux, l'amour de la
créature conduisait à celui du Créateur. Elle confondait, unifiait
en quelque sorte, dans ce dernier sentiment, toutes les autres
ardeurs qui consument le cœur de l'homme. Ces paroles de l'étran-
gère de Mantinée dans le Banquet, le dialogue qu'elle avait tant
aimé et pratiqué, résument admirablement la doctrine de l'auteur
de y Heptaméron et en font comprendre l'unité' : « Quand des
beautés inférieures on s'est élevé jusqu'à cette beauté parfaite et
qu'on commence à l'entrevoir, on touche presque au but ; car le
droit chemin de l'amour, c'est de commencer par les beautés
d'ici-bas et de s'élever jusqu'à la beauté suprême, en passant,
pour ainsi dire, par tous les degrés de l'échelle. ?>
Ainsi, concevoir la Divinité, l'Être par excellence, duquel
procèdent tous les autres, et tenter de le définir : voilà, en
somme, la préoccupation fondamentale qui se fait jour à travers
les œuvres spirituelles de notre reine, et qui lui a inspiré quelques-
uns de ses accents les plus heureux et les plus personnels, en lui
faisant découvrir des veines de lyrisme encore inconnues dans
notre littérature.
La plus gi-ande partie du troisième chant des Prisons, celle-là
même qui contient le double développement de la formule : je
suis Celui qui suis, et de l'antithèse de Tout (Dieu) et de
Rien (la créature humaine)^, deux motifs qui tiennent dans les
œuvres spirituelles de la reine une place considérable, est impré-
gnée d'un mysticisme de ferme allure et d'un caractère logique,
— si l'on peut user de ces expressions en parlant d'une matière
par essence si subtile, — qui se rapproche par bien des côtés
de celui de Nicolas de Cuse^, Je ne parle pas seulement des analo-
1. On signalera plus loin un commentaire poétique de Marguerite s'appliquant
précisément à cette théorie platonicienne. Il y aura lieu alors d'insister davan-
tage sur cette question.
2. Dernières poésies, p. 212 à 255 et 285 à 297.
3. Le mot du cardinal : « Deum esse omuia ut non possit esse aliud quam
ET LE PLATONISME DE LA RENAISSANCE. 277
gies de vocabulaire ou de ces nuances qui se retrouvent à des
degrés divers chez nombre de mystiques, mais surtout de la doc-
trine générale et des conceptions d'ensemble auxquelles elle abou-
tit. A ce point de vue, les ressemblances sont très appréciables.
Grâce à Brioonnet et à Lefèvre d'Étaples, nous l'avons dit, Mar-
guerite s'était familiarisée avec le tour de pensée de traités aussi
ardus tels que le De Deo ahscondito, le De docta ignorantia,
le De Possest, le De venatione sajnentiœ. L'idée qui domine
dans ces œuvres est celle du Dieu un, absolu. Il n'est pas dou-
teux que Marguerite incline, à la suite de leur auteur, vers un
véritable panthéisme; de même que le cardinal, elle est conduite
à penser et à parler comme les Alexandrins et tous les philo-
sophes qui se rattachent à leur école. Dieu étant le possible et le
réel existe eu toutes choses, comme toutes choses existent en lui.
Dieu est tout estre, bonté, sçavoir,
Vérité, vie et puyssance et povoir',...
Au fondz d'enfer, en tous maulx, en tous hiens,
Ton seul Tout voys ; mais dy moi plus avant,
Quand tu t'en vas sus les aelles du vent,
Que trouves tu au ciel entre les sainctz ?
Tu trouves Tout, duquel ilz sont tous plains,
Tout, qui, de tous, est la béatitude.
Tout, seul vivant en ceste multitude,
Tout, qui en tous s'ayme par son amour,
Tout, qui se loue en tous et nuict et jour 2.
est, » pourrait servir d'épigraphe à cette partie des Prisons. Un passage fort
important du développement signalé plus haut est celui qui renferme le récit
du ravissement mystique de Marguerite (Dernières poésies, p. 240-241). C'est
un morceau capital pour la connaissance de l'évolution religieuse de noire reine.
On pourra en juger par ces quelques vers qui peignent l'émotion de son âme,
à laquelle « la voix de Dieu » vient de se faire entendre :
Que si la voix en moy eust fait demeure
Tant seulement une minute d'heure,
Si doulce estoit qu'elle eust esté suyvie
De ma pauvre ame estant d'amour ravie ;
Car sans regret elle eust lessé mon corps
Pour estre unye à ses divins accordz.
1. Dernières poésies, p. 237.
2. Jbid., p. 290.
278 MARGDERITE DE NAVARRE
Il serait aisé de multiplier les citations empruntées aux Pri-
sons, ce résumé de la vie spirituelle de la sœur de François P^
Déjà, dans les meilleures parties du recueil des Marguerites,
dans YOraison à Jésus-Christ, par exemple, qui prélude aux
confidences du vaste poème qui forme le couronnement de la car-
rière poétique de la reine, cette dernière avait inséré plus d'un
morceau où se retrouve le tour de pensée des platonisants du
xv'' siècle et de Cusanus en première ligne. S'adressant à Dieu
au début de cette Oraison, la princesse formule, dans une
page Ivrique d'une ampleur remarquable, cette définition de la
Divinité' :
Vostre nom est sy grand et admirable,
Que naturel esprit ou raisonnable
Ne vous sçauroit nommer parfaitement :
Tous noms avez, estant innominable.
Dont nostre sens est sy très peu capable
Qu'il ne congnoit que c'est, quoy ne comment.
Il me suffit de croire seulement
Que de tout bien estes commencement,
Moyen et fin, en tous temps immuable,
Puissant, bon, beau, sapient, véritable.
Car tous les noms que nostre entendement
Vous peult donner en chose vraysemblable,
Cela n'est rien, veu qu'indiciblement
Estes celuy qui Estes, vrayement,
Dont à nous est le sçavoir importable.
Mais, congnoissant que nostre sauvement
Vient de Jésus, nom sur tous admirable,
Sauveur Jésus, vous appelle humblement.
On retrouve nettement dans ce passage l'écho d'une idée chère
au cardinal allemand et qu'il a développée avec complaisance au
cours du De Deo abscondito et du De docta ignorantia, à
savoir que Dieu est insaisissable en lui-même et que les noms qui
lui sont attribués, comme aussi les mots et les formules dont on
use pour le définir, ne sont que des palliatifs destinés à donner le
change sur notre ignorance et sur la pauvreté de nos conceptions.
D'après le même philosophe. Dieu ne se révèle à l'intelligence de
1. Les Marguerites, éd. Frank, I, |). 135.
ET LE PLATONISME DE LA RENAISSANCE. 27!»
l'homme, et encore dans une mesure tout à fait relative, que par
des symboles mathématiques. C'est cette opinion qui l'a conduit
à user fréquemment, et parfois avec une exagération manifeste,
de comparaisons, d'images, de formules empruntées à l'arithmé-
tique et à la géométrie, sciences dans lesquelles il avait acquis des
connaissances toutes spéciales. Or, le poème des P7isons de Mar-
guerite de Navarre, qui forme l'appoint le plus considérable du
recueil de ses Bermières poésies, et qui donne des renseigne-
ments si précieux sur les études poursuivies par la princesse,
dont la curiosité de savoir était universelle, nous indique qu'elle
n'était pas restée étrangère à cette branche des connaissances
humaines * :
Puis j'assemblay ces livres fantastiques,
Beaulx et plaisans, où les mathématiques
Lire l'on peult; mais qui bien s'y adonne
La volunté de la chair habandonne,
Car le sravoir en est si très exquis
Que pour l'avoir tout l'homme y est requis.
Pour y entrer fault passer une haye
Bien espineuse, et qu'à peyne l'on ployé ;
Aussy, après cesle fascheuse peyne,
Gelluy qui peult courir dedans la pleyne
Du beau verger de ces liberaulx artz,
Ne changeroit au trésor des Césars,
Ne à leur pompe, où d'honneur sont tous yvres,
Le grant plaisir qui est dedans ces livres,
Gouvertz d'argent, mais j'enlendz du plus lin.
Et par dessus eslevay au naïf
Rondz et carrez, triangles et compas,
Reigles, lignes et sphère, ce que pas
Je n'entreprendz de toutes les nombrer.
Tant y en a, que le seul remembrer
Et les nommer n'est pas en ma puyssance ;
Mais il faisoit beau veoir leur ordonnance.
Et du sçavoir qui est encloz dedans,
J'en laisse aux folz craindre les accidcns ;
Car si, sans plus, n'y avoit que musique
1. Dernières poésies, p. 188 et 189.
280 MARGUERITE DE NAVARRE
Et ses accordz aveques relhorique,
J'aymeroys myeulx le bien d'un lel sçavoir
Que posséder du monde tout l'avoir.
Des livres fiz ung pillier, et sembloit
Que sa grandeur terre et ciel assembloif.
L'éloge n'est pas banal; iltémoigne, de la part du poète, d'une
conviction sincère. Il est fort probable que, si les leçons orales
de Lefèvre d'Étaples et d'Oronce Fine ont pu y donner occasion,
les ouvrages de l'auteur du De ludo globi étaient implicitement
rangés parmi ces livres « couverts de l'argent le plus fin, » Et ce
qui donne tout lieu de le supposer, c'est que l'un des passages les
plus significatifs de ce même poème nous offre une définition de
Dieu évidemment inspirée des traités De docta ignorantia et
De ludo globi de Nicolas de Cuse, en même temps, — coïnci-
dence très remarquable, — que du De immort alitate animarum
de Marsile Ficin. Voici, avant tout commentaire, ce morceau
d'un souffle si ferme et, l'on peut ajouter, en tenant compte de
l'époque où il fut écrit, si nouveau* :
Car [Dieu] seul est raison, poix et mesure,
Qui fait trouver la science très seure.
Las ! tant me fut ce sçavoir difficile,
Quand de mon œil charnel et imbécile
Je regardoys les figures portraicles,
Que les sçavantz aux Uvres ont retraictes !
Sans grant labeur des escriptz anciens
Ne se font pas mathématiciens ;
Mais quand Pesprit, par terre les ouvrant,
Fut entre tous ung seul mot descouvrant,
Tout mon travail fut tourné en repoz,
Quant ce beau mot trouvay en tous propoz :
a Je suys qui suys fin et commencement,
« Le seul motif d'un chacun clément,
« Auquel tout est et a vie et se meult,
(t Celluy qui est fait du tout^ ce qu'il veult,
1. Dernières poésies, p. 212 et 213.
2. Les deux mss. portent du tout. Cette élocjuente déHiiilioii est écrite avec
une telle précision que nous n'avons pas cru devoir nous perinellre d'y changer
un mol, alors m/'me qu'une correction n'eût pas été téméraire.
ET LE PLATONISïIE DE LA RENAISSANCE. 2Si
« Du sercle rond sans la circunference,
« Par tous cosiez égal sans différence ;
« Commancement ne fin ne s'y retrouve,
a Et n'ij a chose, estant ou vieille ou neufve,
tt Qui^ de ce rond^ n'ayt pris création
« Et nourriture et conservation.
a Du monde tiens multitude et grandeur
« Dans ma divine éternelle rondeur ;
a La ligne, suys le chemin et la voye
a Par gui nul ly jamais ne se for voye;
« D'extérieur cm l'intérieur entre
« Qui va par moy, et au milieu du centre
« Me trouvera, qui suys le poinct unique^
« La fin, le but de la mathématique ;
« Le cercle suys dont toute chose vient,
a Le poinct où tout retourne et se mainctient. (Fol. 308 v".)
tt Je suys cjui suys triangle très par faict,
« Le tout puyssant, saige et bon en efTaict,
« Qui fut, qui suys et seray à jamais,
« L'éternel Dieu où n'y a si ne mais,
tt Père puyssant du monde créateur,
« Très saige Filz du monde rédempteur,
tt Esprit très sainct le monde illuminant,
tt Divinité les troys en ung tenant;
« Brief, aux neuf cieulx ne se voit nul aspect
« Qui n'ayt à moy sa fin et son respect,
« En ces papiers et livres n'a figure
« Qui ne soit veu trop mieulx qu'en l'escripture;
tt Je suys qui suys, mais que l'espcsse toiilc
tt De l'ignorent et trop aveugle voille
tt Soit mys à riens aveques son venin
tt Par mon clair feu et mon esprit divin. »
0 combien fuz resjouy doublement
Quant j'entend[i]z ces mots si clairement,
Et le secret d'un sçavoir si subtil
Afestoit monstre par cest esprit gentil,
Qui me tournoit la peyne que longtemps
J'avois portée en plaisant passelemps !
Observons d'abord combien ce genre de poésie était jusque-là
resté inconnu dans notre littérature. Personne, en effet, en
282 MARGUEIUÏE DE NAVARRE
France, n'avait encore songé à y recourir. La poésie religieuse
et philosophique, celle qui ne craint pas de laisser au second
plan les joies et les plaintes de l'amour pour s'attacher de préfé-
rence aux grands problèmes et aux anxiétés qu'ils provoquent dans
l'àme humaine, est, pour une grande part, redevable à Margue-
rite de son existence*. Marot lui-même, quelque guidé qu'il fût par
l'idéal de la Réforme, était par tempérament trop peu porté vers
cette manière de concevoir les choses pour l'interpréter avec
succès, et la Pléiade, d'autre côté, a plutôt contribué après 1550
à orienter la poésie française dans un sens assez différent. Aucun
poète français n'avait encore parlé sur ce ton des questions
divines. Il faut se tourner vers l'Itahe et remonter jusqu'à
Dante, que la reine avait si bien pénétré entre tous les poètes,
pour rencontrer des accents analogues et ce que j'oserai appeler
le même souci des choses éternelles. Si l'on veut trouver un écri-
vain moderne qui ait repris, depuis l'auteur des Marguerites,
cette veine poétique trop longtemps méconnue, il faut, laissant
de côté Du Bartas et son poème trop descriptif, descendre jusqu'à
Milton. Le Paradis perdu a réalisé, en effet, avec une inspira-
tion plus soutenue, l'épopée protestante que la reine de Navarre
avait devinée et entrevue et à laquelle elle avait manifestement
préludé par les trois chants de ses mystérieuses Prisons et par
une autre composition qui peut être regardée comme son chef-
d'œuvre, le THomphe de l'agneau^.
Mais, si le développement qui vient d'être reproduit apporte un
argument d'une portée réelle en faveur de cette assertion, son
intérêt n'est point limité à cette circonstance. Ce qui le rend par
ailleurs précieux au plus haut point, c'est qu'il renferme les élé-
ments de la formule célèbre de la sphère ou du cercle infini,
« dont le centre est partout, la circonférence nulle part. » C'est
pour la première fois qu'on rencontre au xvi^ siècle cette défini-
tion, immortalisée depuis par Pascal, puisque Rabelais, qui l'a
employée en deux endroits de son œuvre^, ne l'a introduite que
1. Je renvoie sur ce point aux articles que j'ai publiés dans le Bulletin de
la Soc. de Vhist. du protestantisme français, numéros de janvier, février, mars
et juin 1897, notamment p. 72 et suiv.
2. Voy. dans la Revue des Deux-Mondes du l" juin 1896 la notice bibliogra-
phique et dans celle du 15 juin de la même année l'article de M. Doumic sur
les Dernières poésies.
3. Au Iroisième livre, début du chapitre xiri, et au cinquième, — dont l'au-
Ihenticilé donne lieu à tant de réserves, — chapitre hnal (xlviii), celui de tout
ET LE PLATONISME DE LA RENAISSANCE. 283
dans l'édition de 1552 de son troisième livre (chap. xiii) et que
les éditions précédentes de ce même livre ne la renferment pas.
N'est-il pas surprenant de constater que, avant l'époque où
Rabelais allait donner à cette admirable comparaison droit de
cité dans la littérature française, — M"'= de Gournay la lui a
empruntée* pour la transmettre ensuite à Pascal, — la reine de
Navarre s'en était déjà inspirée, en la développant avec tant
d'ampleur qu'il est certainement dans le poème peu de passages
plus grandioses et où éclate davantage la plénitude de sa
réflexion philosophique ?
Une telle rencontre vaut la peine d'éclaircie. Par suite de
quelle transmission la définition de la Divinité, dont la fortune
devait être si grande, a-t-elle pénétré dans notre langue? Si,
comme il semble, Marguerite }' a recouru la première en son
siècle, à quelle source l'a-t-elle puisée? Que cette comparaison
ait ainsi séduit une telle succession d'esprits supérieurs, il y a là
de quoi légitimer une minutieuse enquête sur son origine. Certes,
de savants critiques ont déjà posé le problème à propos de Rabe-
lais et de Pascal, mais les deux textes décisifs qui vont être
introduits dans le débat prouveront qu'il n'est pas inutile d'y
revenir.
IV.
Disons tout de suite que c'est faute d'une interprétation exacte
de la phrase du troisième livre de Pantagruel que l'éloquente for-
mule a pu être considérée comme étant rapportée par Rabelais au
prétendu Hermès Trismégiste. Le recueil attribué à ce person-
nage fabuleux, et dû, en réalité, à un grec néo-platonicien, pro-
bablement de la fin du if siècle, ne renferme pas la comparaison
placée au chapitre xiii dans la bouche de Pantagruel^. En
revanche, l'identification du monde et par là même de Dieu avec
une sphère se retrouve en plusieurs endroits de la compilation
du pseudo-Hermès 3. Or, à notre avis, le texte de Rabelais peut
le dernier livre qui renferme le plus manifestement peut-être l'empreinte de
Rabelais. Voy. Gebhart, Rabelais, p. 133.
1. Dans son édition de Montaigne publiée en 1635.
2. Ni le Pimander, ni l'Asclepius ne la contiennent.
3. Voy. l'édition de VHerinès (texte grec accompagné de la traduction do
234 MARGUERITE DE XAVARRE
fort bien être entendu comme ne visant que cette identification.
« Et en contemplation de ceste infinie et intellectuelle sphère, le
centre de laquelle est en chascun lieu de l'univers, la circonfé-
rence poinct (c'est Dieu, selon la doctrine de Hermès Trismegistus),
à laquelle rien ne advient, rien ne passe, rieu ne déchet, etc.*. »
Il serait étonnant, en effet, que le docte écrivain, d'ordinaire
si scrupuleux, si précis, en matière de citations, se fût trompé
dans cette circonstance en donnant une fausse référence à pro-
pos d'une formule aussi caractéristique. Dieu est une sphère;
voilà l'idée fournie par le pseudo-Hermès ^ Quant à la donnée si
Ficin) publiée par Adrien Turnèbe, à Paris, en 1554, in-S", p. 14, 43, 44, 57,
63, 83. L'un des passages les plus caractéristiques est celui-ci : « Quantumque
materiee fuerat subjectura patri, pater ipse corporeum agens, et in molem con-
gregans, id lotum sphaericum reddidit, imprimens qualitatem materiae existenti
immorlali, rationeque materiae sempiternum habenti. Plenis autem ideis omni-
bus, qualitates pater inferens in sphaeram, velut in gyruni omni qualitate cir-
cuniscripsit. » Et ailleurs : « Deus super omnia et circa omnia. — Mundus
sphaera est, etc. » — Tout cela a pu avoir son point de départ dans le Timée;
on sait, en effet, le rôle que jouent dans ce dialogue les comparaisons emprun-
tées à la géométrie.
1. Le texte du livre V (ch. xlviii) diffère de celui-ci par quelques nuances :
« Allez, amis, en protection de ceste spbere intellectuelle, de laquelle en tous
lieux est le centre et n'a en lieu aucun circonférence, que nous appelons Dieu. »
— Remarquons que Rabelais, de même que M"" de Gournay, applique à Dieu
la comparaison, tandis que Pascal ne l'applique pas directement à Dieu, mais
à la nature. M"= de Gournay dit exactement ceci : « Trismegiste appelle la Deité
cercle dont le centre est partout, la circonférence nulle part. » Elle emploie
donc l'image du cercle, comme Marguerite de Navarre, pendant que Rabelais
et Pascal recourent à celle de la spbère. Entre Rabelais et M"'= de Gournay,
je relève la comparaison, sous une forme incomplète, il est vrai, chez Noël du
Fail, dans les Contes et discours d'Eutrapel (éd. Assézat, t. II, p. 323), ouvrage
publié pour la première fois en 1585. Elle figure en latin, sans qu'on puisse
deviner au juste ce qu'elle vient y faire, dans un passage de VEpistre de
Polygame à un gentilhomme contre les Athées, où il est question de la pré-
destination. Voici ce texte : « Comme si quelqu'un disoit : puisqu'il est pré-
destiné que je dois avoir des enfans, je n'ay que faire de me marier. Ce qui
est néanlmoins très faux et contre l'ordre ostably en ceste nature qui est Dieu :
lequel n'est jamais contraire à soy, et cujus centrum est ubique, circumfe-
rentia verd nusquam. » L'absence des mots sphxra ou circulas rend ici la
formule assez obscure en lui faisant perdre quelque chose de sa grandeur. On
verra plus loin que les termes employés par cet auteur se retrouvent exacte-
ment dans Ficin. Du Fail témoigne, du reste, en d'autres endroits de son œuvre,
d'une certaine connaissance des choses platoniciennes et, en particulier, des
ouvrages du chef de l'Académie Horentine (voy. par ex. éd. Assézat, t. II, p. 361).
2. Dans un commentaire étrange de l'Hermès, donné en 6 vol. in-fol. par
ET LE PLATONISME Ol- LA REXAFSSANCE. 285
originale de cette sphère, nul doute qu'elle ait été empruntée à
uu autre auteur. N'est-il pas permis de penser que, si la reine de
Navarre et Rabelais l'ont reproduite à peu près vers le même
moment, — la ressemblance des deux images ne saurait être
contestée, car si le poète a pris le cercle comme élément géomé-
trique et le romancier la sphère, l'absence de circonférence est
affirmée des deux côtés S — c'est vraisemblablement que cette
comparaison mathématique était en quelque sorte dans l'air et
qu'elle se rencontrait chez des auteurs en vogue pendant la pre-
mière moitié du xvi" siècle ?
M. Ernest Havet, qui, dans sa belle édition des Pensées de
Pascal', s'est occupé de découvrir l'origine de notre formule,
en signale l'existence, antérieurement à Rabelais, dans Gerson^,
dans saint Bonaventure'* et dans Vincent de Beauvais, lequel
reconnaît l'avoir empruntée à Hélinand et la cite comme étant
communément attribuée à Erapédocle^ Il n'y a rien d'impossible
à ce que le philosophe sicilien, qui a développé l'idée du cçatp-
en concevant la coexistence sans mélange, sans lutte, des élé-
ments et des forces motrices sous la forme d'une sphère, c'est-
à-dire d'une figure parfaite, et auquel Platon a fait plus d'un
emprunt, notamment dans le Phèdre et dans le Banquet, ait
eu recours à cette image. Je ferai observer toutefois que l'assi-
milation du monde ou de Dieu à une sphère se retrouve chez plus
d'un penseur des premiers temps de la philosophie grecque, et
Rosseli, on constate (t. I, \^. 145, et t. III, [>. 141) que ce fécond glossateur a
ajouté à l'affirmation du Trisniégiste relativement à la forme ronde de la divinité
un éclaircissement qui n'est autre que la {orm\x\<i àa Pantagruel al Aw premier
article des Pensées. Rosseli a probablement puisé cette dernière dans le De
immortalUate de Ficin.
1. Rabelais dit : « la circonférence poinct, » et Marguerite : a cercle rond
sans la circonférence. »
2. Éd. in-8% t. I, p. 17 à 19. Notes sur l'article 1".
3. Gerson, Œuvres, éd. de Paris, 1606, t. I, p. 366.
4. Ilinerarium mentis in Deum, Œuvres, éd. de Mayence, 1609, VII, p. 325.
5. Spéculum naturale de Vincent de Beauvais, I, ch. iv : « Ilelinandus,
Empedocles quoque, sic eum fertur diflinivisse : Deus est sphœra, cujus cen-
trum ubique, circumferentia nnsquarn. » Les œuvres d'IIélinand sont perdues.
Mais il a dû circuler au moyen âge, d'après M. Ilavet, un petit recueil de pen-
sées des philosophes de l'antiquité, recueil d'origine très ancienne et rédigé en
langue latine, dans lequel pouvaient se trouver des extraits d'Empédocle
aujourd'hui perdus. C'est vraisemblablement dans ce recueil qu'ont été puisées
beaucoup de traditions dont on ne retrouve plus maintenant la source.
286 MARGDERITE DE XAVARRE
spécialement chez les maîtres de l'école éléate, dans les poèmes
de Parménide (vers 102 etsuiv.) et de Xénophane, par exemple.
En raison de l'état incomplet dans lequel nous sont parvenues les
œuvres de ces anciens philosophes, l'histoire des origines loin-
taines de la pensée consacrée et rendue populaire par Pascal est
fort difficile à établir. Mais, en ce qui concerne sa transmis-
sion dans les temps modernes, deux textes importants vont per-
mettre de la reconstituer d'une manière tout à fait vraisemblable.
Rien ne porte à supposer que Rabelais, et, à plus forte raison,
Marguerite de Navarre, soient allés chercher cette comparaison
dans saint Bonaventure, dans Vincent de Beauvais, ou même
dans Gerson, qui ne se trouvent cités en aucun endroit de leurs
œuvres et qu'on ne Usait plus guère dans les milieux lettrés du
milieu du xvf siècle. Je crois, par contre, qu'ils l'ont puisée chez
deux illustres philosophes plus rapprochés d'eux, puisqu'ils sont
presque leurs contemporains, qu'ils avaient étudiés l'un et l'autre
et dont les seuls noms disent assez l'immense influence : Nicolas
de Cuse et Marsile Ficin. Comment n'avait-on jamais signalé
chez ces deux écrivains l'existence de la célèbre formule, c'est
ce qui ne laisse pas de paraître assez surprenant ?
Elle fait partie, chez l'un comme chez l'autre, de tout un
ensemble de développements fort curieux, dont elle forme
l'aboutissant et la conclusion. C'est dire qu'elle n'y figure
point par hasard, ni à titre accessoire, et qu'elle se relie à
une suite de considérations vraiment importantes. Nicolas de
Cuse et Marsile Ficin offrent, dans toute l'étendue de leurs
œuvres respectives, peu de pages plus élevées et plus intéres-
santes. Le cardinal allemand est revenu sur ce sujet avec une
insistance marquée dans deux de ses œuvres, le De docta igno-
ranlia et le De ludo gloM, et même à plusieurs reprises dans
l'une d'elles. Voici ces divers passages à tous égards si carac-
téristiques. Le premier appartient au chapitre xii du hvre l""" du
De docta ignorantia (édition de Bàle, p. 9) :
Ita igitur agentes el sub direcLione maximœ verilatis incipientes,
dicimus quod saneti viri et elevalissimi ingenii qui se figuris appli-
carunl, varie locuti sunt. Anselmus devotissimus verilatem maximam
reclitudini infinitce comparavit : quem nos sequentes, ad figuram
recliludinis, quam lineam rectam imagor, convolemus. Ahi peritis-
slmi trinitali superbenedictae Lriangulum trium œquaUum et rectorum
ET LE PLATONISME DE LA RENAISSANCE. 287
angulorum compararunt. Et quoniam Lalis triangulus necessario est
infinitis laleribus (ut ostendctur), dici poterit triangulus infinitus, et
hos eliam sequimur. Alii qui uuitatem infînitam figurare nisi sunl,
Deum circulum dixcrunt infinilum, Illi vero qui actualissimam Dei
exislcntiam coiisiderarunt, Deum quasi sphœram iiifinitam affirma-
runt. Nos autem istos omnes simul de maximo recte concepisse, et
unam omnium sententiam. ostendemus.
Tous les éléments de comparaison contenus dans la page des
Prisons citée plus haut se retrouvent dans ce développement :
la ligne, le triangle, le cercle. Une telle analogie ne saurait être
considérée comme fortuite, surtout si l'on songe à toutes les
données fournies plus haut sur les rapports intellectuels qui ont
existé entre la reine de Navarre et ses guides spirituels, d'une
part, et l'auteur du De docta ignorantia, de l'autre. Mais le
même ouvrage nous offre un peu plus loin (livre III, chap. xi;
édition de Bâle, p. 38) un passage non moins instructif à ce point
de vue :
Cenlrum igitur mundi coincideret cum circumfcrentia. Non habet
igitur mundus circumferentiam, nam si centrum habcret et circum-
ferentiam, et sic inlra se haberet suum initium et flnem, et esset ad
aliquid aiiud ipso mundus terminatus, et extra mundum esset aliud
et locus : quœ omnia veritate carent. Cum igitur non sit possibile
mundum claudi intra centrum corporale et circumferentiam, non
inlelligilur mundus, cujus centrum et circumferentia sint Deus, et
cum hic non sit mundus infinitus, tamen non potest concipi finitus,
cum terminis careat intra quos claudatur... Qui igitur est centrum
mundi scilicet Deus benediclus. Ihe est centrum terrœ et omnium
spheerarum, atque omnium quœ in mundo sunt, qui est simul
omnium circumferentia infinita.
Nous retrouvons ici le commentaire des figures d'ordre mathé-
matique employées plus haut, et en somme l'esprit et presque la
lettre des comparaisons des Prisons; mais si nous en possédons
tous les éléments, nous n'avons pas encore la métaphore même
de Rabelais et de Pascal, sous sa forme si concise et si saisissante.
On la trouvera au moins partiellement, — elle se complète d'elle-
même par les deux passages précédents, — dans une dernière
citation, empruntée au livre II du De ludo globi (édition de Bâle,
p. 229-230).
288 MARGUERITE DE \AVARRE
Nunc ad cenLriim simplicissimum me convertens video [Deum]
ipsiim principium, médium et finem omnium circulorum. Nam ejus
simplicitas est indivisibilis et aeterna omnia in sua indivisibili et
striclissima unilate complicans. Est initium œqualilatis, nisi enim
omncs lineœ a centro ad circumferentiam sint œquales, ulique non
est centrum circuli. Indivisibilitascentri est simplex initium œquali-
tatis, et nisi punctalis simplicitas cum œqualitate sit connexa, ubique
non potestesse centrum circuli, de cujus essentiaest eequidistantia a
circumferentia. Sic video unitatem, œqualitatem, et utriusque nexum
in central! puncto cardinalis. Acutè intras, et postquam advertis dic-
tum sapientis qui aiebat : Demn circulum, cujus centrum est ubique,
tune vides quod sicut punctus in omni quanto ubique reperitur, ita
Deus in omnibus. Non tamen propterea sunt plura puncta, quia mens
punctum ubique in quanto reperit. Sic nec plures sunt Dii, licet in
singulis videatur.
On voit quelle place occupe chez l'éminent penseur du xve siècle
l'image qui devait être appelée à une fortune si singulière. Sans
doute, il ne l'a pas créée, mais il faut reconnaître que personne
n'était plus apte que lui, grâce à ses rares connaissances dans le
double domaine des mathématiques et de la métaphysique, à la
mettre en relief, à en justifier l'emploi, en un mot, à la placer
dans un cadre philosophique digne d'elle.
Toutefois, pour retrouver la formule complète, ou plutôt pré-
sentée dans les termes mêmes où on la rencontre chez Pascal et
avant lui chez Vincent de Beauvais citant Hélinand, et Empé-
docle sur la foi d'Hélinand, il faut se tourner vers l'émule de
Cusanus sur le terrain de la propagande platonicienne, vers Mar-
sile Ficin et son célèbre ouvrage intitulé : Theologiœ platonicœ
de Immortalitate animarum lïbri Z F/// (éditions de Paris,
in-fol. de 1641, p. 393, et de 1559, p. 326). Voici l'éloquente
page qu'il nous livre :
Centrum mundi verum Deus est, ut in libro de Amore disserui-
mus, quia unus, simplex, stabilis est et in omnibus, atquealia queli-
bet omnino plura composita, mobilia, circa ipsum per naturalem
ipsius appetilum perpetuo revolvuntur. Ita centrum Deus est omnium,
quia sic est in omnibus, ut cuique rei interior sitquam ipsamet sibi.
Est enim circumferentia mundi, quia extra cuncta existons ita super-
eminet universa, ut cujusque rei summum apieem dignitate excellât
ET LE PLATONISME DE LA RENAISSANCE. 289
immensa. Item quanto est omnium (si dictu fas est) minimus quan-
titale, tanlo virlute est maximus omnium. Ut cenlrum quidem est
est omnibus, ut circumferentia vero est extra omnia. In omnibus,
inquam, non inclusus, quia est et circumferentia, extra omnia quoque
non exclusus, quia est et centrum. Quid ergo Deus est ? Ut ita dixe-
rim, Circulus sjjiritalis, cujus centrum est ubigue, circumferentia
nusquam.
Cette réponse, d'allure solennelle, digne conclusion du mor-
ceau, nous offre le texte exact de la définition, tel qu'il a prévalu
depuis Rabelais, lequel l'a, ainsi que Ficin, appliquée à Dieu et
non au monde, à la différence de Pascal, qui s'est toutefois servi
d'une forme identique.
Voilà, sans nul doute, les deux sources auxquelles ont puisé
Marguerite et l'auteur du Pantagruel. Préciser le rôle de cha-
cune d'elles serait une tâche subtile et par trop délicate. J'ai
exposé plus haut les sympathies d'ordre général qui portèrent la
reine vers le cardinal. Les analogies de pensée qui viennent d'être
relevées au cours de cette enquête ne font que confirmer tous les
indices déjà signalés. Quant aux affinités qui ont pu exister entre
le royal poète et Ficin , elles sont à la fois si nombreuses et si mani-
festes qu'il est à peine besoin d'y insister. Elles découlent, en pre-
mier lieu, de tout ce qui a été rapporté dans une précédente étude ^
où il a été longuement parlé des traductions commandées par
la reine de Navarre, parmi lesquelles figure celle du Com-
mentaire du Banquet de Ficin, exécutée par Silvius, peut-être
l'œuvre la plus originale de l'écrivain florentin. L'épître dêdi-
catoire de Silvius suffirait, du reste, à elle seule, à nous édifier
sur ce point. Elles résultent encore, pour une part non moins
grande, de tant d'indications qui vont être groupées sur les élé-
ments platoniciens de la pensée de l'auteur de VHeptarnéroii.
La reine de Navarre a beaucoup pratiqué plusieurs des dialogues
du divin philosophe, mais elle n'a pu, on le devine, les aborder
dans le texte original. C'est donc uniquement à travers les tra-
ductions latines ou italiennes de Ficin et surtout à travers ses
œuvres personnelles, telles que le Commentaire du Banquet,
cet hymne à l'Amour et à la Beauté qui traitait précisément des
problèmes dont l'esprit de la reine de Navarre a été le plus préoc-
1. Le Platonisme en France, dans la Revue d'histoire littéraire de la France,
1896, p. 31 à 37.
^897 ^9
290 MARGUERITE DE NAVARRE
cupé, et le résumé de théologie platonicienne, De immortali-
tate animarum, qu'elle s'est initiée à la doctrine de l'Académie.
Toutes ses aspirations philosophiques et spirituelles devaient la
porter par une inclination naturelle vers le docte et subtil Flo-
rentin.
En ce qui touche Rabelais, on comprendra qu'une enquête
plus étendue s'impose, qui ne saurait prendre place ici. Je ferai
seulement observer qu'il connut Nicolas de Cuse, puisqu'il l'a
cité à diverses reprises dans le Pantagruel. Quant à ses rap-
ports avec l'œuvre de Ficin, ils ressortent d'inductions variées et
tout à fait sérieuses : à la fois de ses sympathies à l'égard du pla-
tonisme que je compte démontrer prochainement dans un travail
à part, et de certaines circonstances, restées jusqu'à présent obs-
cures, de sa vie d'érudit. Il est un premier indice que l'on peut
signaler dès maintenant, c'est que, parmi les trois ou quatre
ouvrages dont l'existence dans la bibliothèque des Cordeliers de
Fontenay-le-Comte, au moment où Rabelais y portait le froc, a
été constatée, figure un exemplaire de la traduction complète des
dialogues de Platon donnée par Ficin en 1483 et imprimée au
monastère de Saint-Jacques de Ripoli, à Florence. Certes, si l'un
des fils de Saint-François a dû manier avec amour le précieux
volume possédé, dès les premières années du xvf siècle, par le
couvent de Fontenay, ce fut sans contredit Rabelais, quand, en
compagnie de Pierre Lamy, son frère en hellénisme, il s'initiait
aux beautés des écrivains grecs. Il faut savoir, en effet, que l'au-
teur du Pantagruel se livra, dès cette époque, à une étude
approfondie de Platon et qu'il a été évidemment amené par là à
consulter les traductions et les commentaires du philosophe floren-
tin, auxquels les plus savants hellénistes n'ont cessé de recourir
depuis quatre siècles. Le De immortalitate surtout, qui con-
tient la quintessence des méditations platoniciennes de Ficin, a
été, pendant toute la Renaissance, l'objet de lectures attentives
dans le monde des hellénistes et des philosophes auquel apparte-
nait Rabelais, tandis que Vincent de Beauvais et même Gerson,
dont on évoquait les noms plus haut, n'étaient guère lus dans ce
même groupe. Si l'adversaire de la Sorbonne pratiqua peu les
mystiques et les théologiens du moyen âge, sauf peut-être pour
avoir le droit d'en médire, il se sentit, en revanche, porté natu-
rellement vers les écrivains de son temps, grâce auxquels la gran-
deur de la civilisation hellénique, son culte le plus cher, avait été
ET LE PLATONISME DE LA RE>fAISSANCE. 29^
de nouveau révélée au monde. 11 est donc plausible d'admettre
que l'ami de Laurent de Médicis a été pour lui, comme pour tant
d'autres de ses contemporains, le premier initiateur dans la con-
naissance des idées platoniciennes ; et c'est mis en goût sans doute
par ce premier contact indirect avec les œuvres de l'auteur du
Phédon, que Rabelais se décida à acquérir le texte original du
maître de l'Académie dans l'édition princeps de Venise, publiée
en septembre 1513, que nous pouvons affirmer avoir été en sa
possession personnelle dès le temps de son séjour au couvent de
Fontenay-le-Comte .
Le nom d'Hermès Trismégiste a été prononcé plus d'une fois
au cours de ce travail. Puisque l'occasion s'est offerte de parler
de cet énigmatique recueil, dont l'origine néo-platonicienne ne
saurait être mise en doute, il est indispensable, avant d'étudier
un autre aspect du platonisme de la reine de Navarre, de faire
remarquer qu'elle n'ignora nullement cet auteur, dont l'étrangeté
séduisit quelques-uns des penseurs les plus éminents de l'époque
de la Renaissance : Ficin, Lefèvre d'Etaples, Adrien Turnèbe.
Elle faisait même, à la suite de ses maîtres, très grand cas de cet
ouvrage, auquel elle a accordé dans les Prisons une intéres-
sante mention, qui précède immédiatement les belles apprécia-
tions consacrées à Job, à Socrate et à Platon. 11 est clair que,
dans l'esprit de la princesse, Hermès était la plus ancienne auto-
rité profane, presque la plus vénérable, touchant les questions
divines. Mais, par cela même qu'elle partageait ce préjugé avec
tant de bons esprits de son époque, il serait injuste de le lui repro-
cher. Observons encore qu'elle a cité avec éloge, au cours du
même poème, un autre philosophe appartenant également au
groupe des néo-platoniciens, Maxime de Tyr, qu'elle appelle le
Grand Tyrien. Voici le curieux témoignage rendu sur le Tris-
mégiste^ :
Mais, toulesfoys, rien qu'ung mot je ne viz,
Bien qu'il y eust de differenlz devis 5
Ce mot : « Je suys, « partout j'y rctrouvay,
Tout le surplus fut de moy reprouvé.
Ce mot icy je congneuz en Hermès
1. Dernières poésies, p. 208. Les mois « Je suys » doiveol être complétés;
c'est l'abréviation de la formule : « Je suis Celui qui suis. »
21)2 MARGDEBITE DE iNAVARaE ET LE PLATONISME DE LA RENAISSANCE.
Plus clairement qu'en nul si ne mais,
L'on ne sçauroil Père et Filz demander
Ne Sainct Esprit plus clair qu'en Pimander^ ;
Or, n'estoit il de nation juïfve,
Mais il avoit congnoissance naïfve,
Par cet esprit qui tout homme illumine
Venant au monde et qui çà bas chemine,
De Cil qui est, duquel l'élection
L'avoit tiré à la perfection
De ce sçavoir qui n'est par Thomme acquis
Et qui seul est à l'homme bien requis.
Abel Lefranc.
(A. suivre.J
1. Pimander est le titre du principal dialogue attribué au Trismégiste.
LES COLLECTIONS CANONIQUES
ATTRIBUEES A
YVES DE CHARTRES
(Suite*.)
CHAPITRE III.
La « Panormia^. »
Peu d'œuvres du moyen âge ont joui d'une vogue égale à celle
de la Panormia. Il suffit, pour en être convaincu, d'avoir par-
couru un certain nombre de catalogues de manuscrits; il en est
peu qui ne mentionnent un ou plusieurs exemplaires de ce recueil.
Aussi, tandis que les manuscrits du Décret sont très rares, ceux
de la Panormia sont extrêmement nombreux ; on en compte
1. Voir Bibliothèque de l'École des chartes, LVII, p. 645-608, LVIII, 26-77.
2. Le litre correct et un peu prétentieux de cet ouvrage est Pannormia,
ou Panormia, expression faite d'un mot grec et d'un mot latin. C'est le
titre que donnent généralement à cet ouvrage les manuscrits du xii* et du
xiir siècle. Parfois, ce titre est déformé : on trouve Parnomia dans le manus-
crit de la Bibliothèque nationale, latin 2703, et Parmonna dans le manuscrit
du même dépôt, latin 14995. Quelquefois le scribe veut expliquer ce mot; on
lit, par exemple, dans le manuscrit de la Bibliothèque nationale, latin 13G60 :
« Incipit prologus Pannormie et de omnibus regulis Ivonis Carnotensis. » Les
mots <r Omnes reguhe » sont insérés pour traduire Pannormia ; de même Corn-
munes régule en tète du manuscrit latin 3871. Ailleurs, l'ouvrage est intitulé
Décréta, ou Décréta Ponli/iciun, ou Décréta sanctorum Pontificnm, comme
on peut le voir à X'expUcit des manuscrits de la Bibliothèque nationale, latin 3348
et 3870, et à Vincipit du manuscrit de Saint-Omer 364. Ceci a pu amener des
confusions entre la Panormia et le Décret proprement dit. J'ai signalé plus
haut (p. 27) un manuscrit de la Biblioleca nazinnale de Florence, provenant
de Vallombreuse, qui contient la Panormia, quoiqu'il soit intitulé Decretmn,
294 LES COLLECTIONS CANONIQUES
plus de vingt h la Bibliothèque nationale ; il y en a sept au moins
à la Bibliothèque du Vatican'. On comprendra que je ne saurais
entreprendre de donner ici la longue liste des exemplaires manus-
crits de la Panorama.
Cet ouvrage, imprimé pour la première fois à Baie, en 1499,
par les soins de Sébastien Brant, a été publié derechef à Lou va in,
en 1557, par Melchior de Vosmediau. Le second éditeur n'a
connu, outre le texte imprimé par son prédécesseur, qu'un seul
manuscrit, par lui découvert à Londres ; c'est donc à l'aide de
ces moyens, tout à fait insuffisants, qu'il a entrepris de corriger
et de restituer le texte de la Panorniia. Aussi ne faut-il pas
s'étonner de ce que son édition laisse beaucoup à désirer. Au
commencement du xviu" siècle, dom Gellé forma le projet d'en
donner une nouvelle; on trouve dans ses papiers d'abondantes
notes rédigées en vue de la réalisation de ce dessein, qui malheu-
reusement ne fut pas mis à exécution. Aussi en sommes-nous tou-
jours réduits à l'édition de Melchior de Vosmedian, qui a été
réimprimée dans le tome GLXI de la Patrologia latina de l'abbé
Migne^
Ce n'est pas ici le lieu de réunir toutes les observations cri-
tiques qui pourraient être faites sur le texte donné par Mel-
chior de Vosmedian 3; cette tâche est réservée au savant qui
au moins au catalogue. En revanche, le manuscrit Colberlinus du Décret porte
en tête la mention : Panonnia Ivonis, qui précède la grande préface.
Quoi qu'il en soit de ces confusions partielles, le nom de Panormia est le
titre véritable de notre collection en huit livres. Généralement, ce titre est suivi
de ces mots : « De multimoda distinctione scripturarum sub una castorum elo-
quorum facie contentarum. » Certains catalogues, supprimant à la Panormia son
titre habituel, la présentent comme un traité De multimoda distinctione scrip-
turarum; à cause de cela, les auteurs de V Histoire littéraire (2' édition), X,
p. 145, ont cru que, peut-être, Yves de Chartres avait écrit un ouvrage de ce
nom, distinct deU Panormia. C'est là une erreur; ces traités De multimoda...
etc., ne sont autre chose que la Panormia.
1. Bibl. nat., latin 2472, 2703, 3348, 3864, 3865, 3866, 3867, 3868, 3869, 3869 a,
3870, 3871, 3872, 3873, 4284, 4285, 10742, 13660, 14145, 14994 et 14995, 18222;
Bibl. du Vatican, 1358, 1359, 1360, 1362, 5002 ; Reg. latin 340 et 992. Ces manus-
crils sont, à de rares exceptions près, du xii° siècle ou du commencement
du XIII».
2. Sur la Panormia, consulter les ouvrages cités à propos du Décret et prin-
cipalement : Wasserschleben, op. cit., p. 59 et s.; Menu, op. cit., p. 33 et s., et
passim; joigaez-y Baluze, dans sa préface au De eniendatione Gratiani
d'Antoine Augustin, c. xxi et s.
3. L'éditeur annonce dans sa préface ciu'il a complété les inscriptiones, les
ATTRrCCEES A YVES DE COARTRES. 295
entreprendra de publier une édition critique de ce recueil. 11 me
paraît toutefois indispensable de présenter ici, d'après les manus-
crits, une observation qui permettra de déterminer exactement le
contenu de la Panormia.
Si l'on s'en rapporte à l'édition de Melchior de Vosmedian, le
huitième et dernier livre de la Panormia contiendrait 154 cha-
pitres. En réalité, cet éditeur, sans doute parce qu'il a suivi de
trop près le manuscrit que le hasard lui avait mis dans les mains,
a ajouté à la Panormia une vingtaine de chapitres qui n'en font
point partie. Dans la plupart des manuscrits, en effet (et à coup
siir il en fut ainsi dans le manuscrit de Londres), on trouve à la
fin de la Panorynia des séries de chapitres ajoutées après coup
qui varient naturellement d'un exemplaire à l'autre. Ce sont là des
additions, de dates diverses, dues au caprice individuel des scribes
ou des possesseurs de manuscrits ; évidemment, il ne faut pas les
considérer comme des parties intégrantes de la Panormia :
l'œuvre elle-même s'arrête là où s'arrête la partie commune aux
divers manuscrits. Or, pour déterminer cette limite, j'ai comparé
une trentaine de manuscrits au texte imprimé dans la Patrolo-
gia latina ; voici les résultats de cette comparaison :
Dans un premier groupe de manuscrits, le texte commun prend
fin avec le chapitre 134 du livre VIII, c'est-à-dire avec le der-
nier chapitre qui traite du mensonge ' .
Dans un second groupe de manuscrits (ce second groupe est
beaucoup plus nombreux), le texte commun prend fin avec le
chapitre 136, c'est-à-dire qu'il comprend une addition de deux
chapitres qui concernent l'élection du pontife romain-. Ces deux
chapitres constituent sûrement une addition parasite ; car leur
présence à la fin du VHP livre, loin d'être justifiée parle plan du
recueil, est au contraire en contradiction avec l'ordre adopté.
Il faut conclure de ces observations que la Panormia, dans
soD état primitif, s'arrêtait à la fin du chapitre 134 du livre VllI
et que de bonne heure elle a reçu une addition, attestée par
sommaires et fait minutieusement la toilette de son texte. Il s'en faut donc de
beaucoup qu'il nous donne la Panormia telle qu'elle sortit des mains de son
auteur.
1. Bibl. nat., latin 3348, 3865, 3867, 3872.
2. Bibl. nat., latin 3864, 3869, 3869 .\, 387U, 3871, 3873, 4284, 4285, 10742,
13660, 14994, 14995, 18222; Sainl-Omer, 364 et 381 ; Bibl. impériale de Vienne,
2192 et 2200.
296 LES COLLECTIONS CArïONrQUES
de nombreux manuscrits, qui comprend les chapitres 135
et 136, Le surplus n'est qu'additions arbitraires et variables
de manuscrit à manuscrit; il n'en faut pas tenir compte pour
apprécier la Panonnia. C'est parce que certains critiques ont
négligé cette observation qu'ils ont considéré comme faisant par-
tie de la Panormia des fragments du pontificat d'Innocent II
(1130-1143) et qu'ils ont été ainsi amenés à attribuer une date
beaucoup trop basse au recueil tout entier ^
Les explications qui suivent n'ont trait qu'à la Panormia
réduite à ses justes limites. L'idée fondamentale, que je m'effor-
cerai d'établir, est que la Panormia ne doit point être tenue
pour une collection originale; c'est avant tout et pour la plus
grande partie un extrait du Décret attribué à Yves. Après avoir
présenté les arguments qui, à mon sens, démontrent cette propo-
sition, j'essaierai de déterminer la date de la Panormia et de
rendre raison des causes qui en ont amené le succès.
I.
Tout d'abord, sans méconnaître que le plan de la Panormia
est plus restreint que celui du Décret, il importe de constater
les analogies frappantes que présentent l'un et l'autre plan. On
en jugera par le tableau suivant ^ :
1. Cette observation a été faite il y a longtemps par Antoine Augustin, Baluze,
Mabillon, Theiner et aussi par dom Gellé et ses correspondants; cf. Baluze,
op. cit., c. 23 ; Hist. litl. (2° éd.), X, p. 119, où est citée l'opinion que Mabillon
s'était formée d'après plusieurs manuscrits; Doujat, ouvr. cit. ci-dessous,
g 4; Theiner, Disquisitiones, p. 162, et les papiers de dom Gellé, Bibl. nat,,
latin 12.317 : j'y lis, par exemple, cette lettre écrite en 1707 par dom Hubert Mail-
lard à propos d'un manuscrit de la Panormia conservé, si je ne me trompe, à
Saitit-Marien d'Auxerre : « Je n'y ai rien trouvé du tout qui pût prouver que
cet ouvrage est postérieur à Yves; il n'y a rien d'Innocent II ni de Sigebert. Il
n'est pas terminé, comme M. Baluze, sur Antonius Augustinus (c, xxiii), dit que
le manuscrit de Saint-Victor l'est, c'est-à-dire par Léon second; c'est une
grande constitution d'Alexandre II qui est à la fin (sans doute la constitution
célèbre de ce pape sur les emptehements de mariage et la computation de la
parenté). Pour le reste, il est tout conforme à ce que dit M. Baluze. »
2. Voir un tableau analogue contenant des sommaires plus complets dans
Doujat, Pr.xnotionum canonicarum libri quinque (Paris, 1687), p. 486 et s. 11
n'est pas inutile de faire remarquer que, dans un manuscrit de la Bibliothèque
nationale (latin 2472, xii" siècle), la Panormia, toujours divisée en ses huit
parties traditionnelles, est sous-divisée en seize livres.
ATTRIBUEES A YVES DE CHARTRES.
297
Décret.
Répond aux malièrcs Irailées
dans les livres I et II du Décret.
Livres III el IV.
Livres V, VI et VII.
Panormia.
Livre I. ... Foi, baptême, con-
firmation, eucharistie et autres
sacrements.
Livre II. Églises, biens ecclé-
siasticfues, Écriture et conciles,
coutumes, jeûne, aumône.
Livre III. Élection du pape et
des évêques, mutations des évo-
ques, ordination et réconciliation
des clercs, discipline du clergé,
moines, religieuses et veuves.
Livre IV. Primatie du saint-
siège, conciles, organisation de
la province ecclésiastique, pou-
voir du primat et des métropoli-
tains, causes des clercs, accusa-
tion, juges, appels.
Livre V. Purgatio canonica
des clercs, causes et affaires des
laïques, excommunication.
Livre VI. Mariage.
Livre VII. Séparation et récon-
ciliation des époux. Empêche-
ments de parenté et d'affinité.
Livre VIII. Homicides, magie,
superstitions, obscrvatio dierum,
serment et mensonge.
L'ordre des deux collections est le même, sauf une dérogation
au livre V de la Panormia. Il faut remarquer toutefois qu'au-
cun livre ne répond dans cette liste aux livres XIII [De rapto-
ribus, etc.)*, XV [De pœnitentia) et XVII {Speculativœ sen-
tentiœ) du Décret.
Quelques textes sur le rapt ont d'ailleurs été insérés au livre VI
(ch. 58 et suiv.) de la Panormia. Quant aux textes péniten-
tiels ou dogmatiques, ils semblent avoir été écartés systémati-
quement ^
1. Quelques textes sur le rapt se trouvent au livre VI (c. 58 et s.) de la
Panormia.
2. A peine retrouve-t-on quelques textes dogmatiques au début du livre I;
d'autres ont été insérés au cours de ce même livre à propos de l'Eucharistie.
Livres XVI et XIV.
Livre VIII.
Livre IX.
Livres X, XI, XII.
298 LES COLLECTIONS CANONIQUES
La ressemblance entre la Panormia et le Décret apparaît
plus nette à qui compare les sommaires des livres qui forment
l'une et l'autre collections. En voici un exemple :
Panormia. Décret.
Livre L De fide et de hœresi- Livres I et IL De fide et de
bus diversis, de sacramento fidei sacramenlo fidei , id est bapti-
et baptismale et ministerio ba- smate; et ministerio bapLizando-
ptizandorum, et consecrandorum rum et baptizalorum, consignan-
et consignandorum et consigna- dorum et consignatorum, et de
torum et de observalione singu- observatione singulorum ; etquid
lorum, et quid conférât bapti- conférât baptisma, quid confir-
smus, quidconfirmatio ; de sacra- matio. — De sacramento corpo-
mento corporis et sanguinis ris et sanguinis Domini et de
Chrisli, de missa et sanctitate perceptione et observalione; de
aliorum sacramentorum. missa et aliorum sacramenlorum
sanclilate.
On constaterait d'autres ressemblances en poursuivant ce
parallèle des rubriques. Je n'y insiste pas, ajant bâte d'arri-
ver à l'étude des éléments dont sont composés les livres de la
Panormia.
Cette étude a été faite et bien faite par Wasserschleben • . Le
savant canoniste a, par les listes qu'il a le premier dressées, mis
en lumière un fait qui doit être accepté comme incontestable :
dans une très large mesure, les matériaux de la Panormia se
retrouvent dans le Décret. Ainsi, des 122 chapitres qui consti-
tuent le livre I de la Panormia, 114 figurent dans les livres I
et II du Décret. Des 195 chapitres du livre II de la Panormia,
il n'y en a guère que 10 qui ne soient pas compris dans les
livres III et IV du Décret. La proportion des fragments étran-
gers au Décret est un peu plus forte dans les livres III et IV de
la Panormia : 60 environ sur 215 pour, le livre III; 30 sur 136
pour le livre IV. Mais elle redevient extrêmement faible dans les
quatre derniers livres : 2 sur 136 pour le livre V ; 2 sur 128 pour
le livre VI; 2 sur 90 pour le livre VII ; 4 sur 134 pour le livre
VIII (je ne tiens pas compte de l'appendice qui complète ce livre
dans rédition). En somme, sur 1,156 fragments dont se compose
la Panormia, on en compte 118 qui ne se retrouvent pas dans
le Décret, soit à peu près 1 sur 10.
1. Op. cit., p. 61 et 3.
ATTRIBUEES À YVES UE CUABTRES. 299
II.
Ainsi, nous avons constaté un double fait. La Panormia a
été rédigée d'après un plan étroitement apparenté à celui du
Décret; presque tous les éléments qui la composent figurent
aussi dans le Décret.
De ces faits incontestables, une double explication serait pos-
sible. La Panormia pourrait être un abrégé du Décret^; mais
il se pourrait aussi que le Décret fût un développement de la
Panormia^. C'est la première explication qui seule doit être
adoptée pour les motifs qui suivent.
A. — Il faut remarquer tout d'abord que, lorsqu'un chapitre
de la Panormia ne reproduit pas exactement le chapitre du
Décret auquel il correspond, ce n'est point parce qu'il est plus
copieux; le texte de la Pa^ioy^mia est en ce cas toujours plus
bref que le texte du Décret. En abrégeant ainsi, l'auteur delà
Panormia a obéi à sa tendance générale, qui était de résu-
mer le Décret. Voici une liste d'exemples à l'appui de cette
assertion :
26 est un fragment de Décret, I, -19^.
— — (60.
— — ^60.
— — -16^.
— — -167.
— — 6^.
— — -106.
— — \'H. •
— — ^6^.
— — -J69.
— — ^33.
— — 237.
1. C'est l'opinion de Wasserschlebcn, op. cit., p. 61 et s.; d'AJ. Tardif, op.
cit., p. 171, et aussi de R. von Scherer, llandbuch des Kirchenr édites, I, p. 241.
2. C'est l'opinioa de Baluze, préface aux dialogues d'Antoine Augustin de
emendadone Gratiani, c. xxi ; des auteurs de VUistoire littéraire (2° édition;,
X, p. 120, et, sous des formes variées, de Ballerini, de TUeincr et de M. l'abbé
Menu. Paul Ewald, comme on le verra plus loin, a cru aussi à l'antériorité de
la Panormia (voir ci-dessous, p. 302).
Panormia, I,
26
—
28
—
30
—
32
—
33
—
37
—
49
—
53
—
62
—
63
—
64
65
300
Panormia, IV,
Etc., etc.
Panormia, VI,
Etc., etc.
LES COLLECTIONS CANONIQUES
90 — — 464.
^^0 — II, 9.
U3 — I, 260.
U6 — — 263.
4 est un fragment de Décret, V, 2.
6 — — 8.
7 — — 8.
U — — ^9.
48 — — 455.
28 — — 404.
36 — — 243.
37 — — 240.
38 — — 234.
40 — — 250.
46 — — 249.
47 — — 249.
48 — — 248.
49 — — 255.
50 — — 249.
53 — — 243.
9 est un fragment de Décret, VIII, 6.
46 — — 44.
24 — — 75.
32 — — 6.
B. — D'ailleurs, l'antériorité du Décret résulte clairement de
quelques observations auxquelles donnent lieu les inscriptiones
de la Panormia^.
Le fragment de la Panormia, I, 110 {Verus autem bapti-
smus), est précédé de cette attribution : Prospoms m libro
sententiarwn. Or, ce fragment se retrouve au cours du cha-
pitre 9 du IP livre du Décret (éd. Migne, ch. 154); il est
emprunté à une longue citation de Lanfranc sur l'Eucharistie.
L'erreur d'attribution (il y en a beaucoup de ce genre dans la
Panormia) provient de ce que le dernier fragment du chapitre
1. Cf. Wasserschleben, op. cit., p. 61 et s. Je ne puis rapporter toutes les
observations de cet auteur. Ses arguments me paraissent péremptoires.
ATTRIBOEES A ÏVES DE CHARTRES. 304
immédiatement antérieur dans le Décret est précédé de cette
attribution : Item in libro sententiarum Prosperi. Le scribe
qui a transcrit ce texte n'a point vu le nom de Lanfranc, qui pré-
cédait le chapitre 9, et a attribué le texte à l'auteur du dernier
extrait compris dans le chapitre 8.
Le fragment I, 151, delà. Panonnia reproduit le fragment II,
32, du Décret. Seulement, le scribe a par maladresse ajouté au
texte emprunté au concile d'Elvire le sommaire et seulement le
sommaire du chapitre qui le suit dans le Décret (II, 33). C'est
pourquoi ce chapitre de la Panonnia se termine ainsi : « Quod
inter catholicos non connumeretur qui in istis temporibus, Pa-
scha, Pentecoste et Natali Domini, non communicaverit. » L'er-
reur a passé de la Panonnia dans Gratien, D. 2, de consecr.,
ch. 21.
Le chapitre 68 du livre IV de la Panonnia, Sane hi qui
crimina (concernant l'accusation), est précédé d'une indication
de source conçue en ces termes :
De libro nono earumdem legum.
Or, le chapitre précédent est emprunté, non aux lois romaines,
mais à une fausse décrétale attribuée au pape Etienne : Stepha-
nus in Décret., epistola P. H semble donc que la mention De
libro nono earumdem legum soit un non-sens. Elle s'explique
pourtant. Le chapitre 68 du livre IV de la Panonnia forme la
fin du chapitre 286 du livre V du Décret. Dans le Décret, ce
chapitre 286, emprunté à la lex Romana Visigothorum, est
immédiatement précédé de cinq autres fragments, tous compris
sous la rubrique du chapitre 281 : Excerpta de legihus Theo-
dosianis quas interpretatur Paulus ; la rubrique du cha-
pitre 286 en est la suite toute naturelle. En transportant ce cha-
pitre 286 isolé dans sa collection, l'auteur de la Panonnia n'a
pas pris garde à l'indication de la source qu'il a laissée subsister,
quoiqu'elle à\xi se trouver erronée.
Le chapitre 8 du livre III de la Panonnia porte cette m-
scriptio: Synodus octaca, c. 11, ex canone A^jostoloz-um.
De pareilles mentions accouplées, celle du huitième concile géné-
ral et celle des canons des apôtres, décèlent évidemment la main
d'un scribe aussi ignorant que négligent. L'erreur ne s'explique
qu'en rapprochant ce passage de sa source, le Décret. Dans le
Décret, ce fragment (V, 122) est bien attribué, comme il con-
302 LES COLLECTIONS CANONIQUES
vient, au huitième concile; il y est précédé de deux canons (V,
120 et 121) du septième concile général, qui comme lui viennent
de la collection A {2" part.) et qui n'ont point été reproduits dans
la Panonnia. Avant ces deux canons, on trouve dans le Décret
un texte provenant des canons des apôtres (V, 129 ; e^ canone
Apostolorum). Par une faute énorme, le scribe qui rédigeait la
Panormia a fondu Vinscriptio du chapitre 119 du Décret et
celle du chapitre 123 et est ainsi arrivé à la mention absolument
erronée qui figure encore dans l'édition de la Panormia.
Ces observations et d'autres analogues, qu'il me paraît superflu
de reproduire ici, démontrent clairement que les fautes de la
Panormia ne peuvent s'expliquer si les textes qui la composent
n'ont pas été empruntés au Décret. En réalité la Panormia
procède du Décret. Sans doute, les emprunts ont été faits par
un scribe très négligent qui exécutait fort mal les instructions
d'un canoniste expérimenté. Mais, quels que soient les défauts
d'exécution, la conclusion qui s'impose n'en est pas moins celle-
ci : les analogies entre le Décret et la Panorynia résultent,
non de ce que le Décret est une Panormia fort amplifiée, mais
de ce que la Panormia est un Décret fort abrégé.
Il convient ici d'écarter immédiatement une objection. Paul
Ewald tire argument*, au profit de la thèse contraire, de Vin-
scriptio du chapitre 6 de la portion IX du Décret, ainsi rédigée
dans l'édition du Décret : « Alexander II, clericis Neapolitanis,
cap. 55. » Or, c'est justement le chapitre 55 du livre VII de la
Panormia. Donc, telle est la pensée d'Ewald, le Décret cite ici
la Panormia, qui par conséquent lui est antérieure. — Pour que
cet argument eût quelque valeur, il faudrait que Vinscriptio citée
se retrouvât exactement dans les manuscrits du Décret. Or, j'ai
consulté à ce sujet les manuscrits Colbertinus et Victorinus du
Décret; fy ai bien trouvé (IX, 6) Vinscriptio « Alexander II,
clericis Neapolitanis, » mais non la. mention « cap. 55. » Cette
mention doit donc être considérée comme une addition postérieure
faite, d'après la Panormm sans doute, par l'éditeur du Décret;
en tout cas, elle n'appartient pas au texte original. Elle ne peut
donc fournir d'argument contre la conclusion établie plus haut,
à savoir que la Panormia procède du Décret.
1. Op. cit., dans Neues Archiv, V ; voir p. 349, note 1.
ATTRIBDÉES A YVES UE CIIARTHBS. 303
III.
Si la source principale de la Panormia est le Décret attribué
à Yves, on a déjà fait remarquer que cette collection contient
aussi quelques éléments étrangers au Décret. Ces éléments ont
été insérés de préférence dans les livres lll et IV; on a vu plus
haut que dans les autres portions de la Panormia ils forment
une infime minorité. Je voudrais tenter de déterminer les sources
auxquelles ils ont été pris :
1" Wasserschleben a cru reconnaître dans la Panormia l'in-
fluence de la collection d'Anselme de Lucques, antérieure de
quelques années aux recueils attribués à Yves. Je n'aurai pas la
témérité de nier absolument l'influence d'Anselme de Lucques sur
la Panormia^. Mais il paraît certain que la plupart des frag-
ments qu'on a pu croire tirés d'Anselme de Lucques viennent
plutôt de la collection en 74 titres {Sententiœ diversoriim
patrum) ^ ; la confusion était d'ailleurs d'autant plus facile entre
ces deux sources que la plupart des chapitres de la collection en
74 titres ont passé dans le recueil d'Anselme. Le tableau suivant
pourra servir de démonstration à cette proposition :
Panormia. GoUection en 74 titres. Anselme de Lucques^.
Livre lll,
2
=
Mis
=
VI, 4 (texte plus long).
7
=
A\^
=
VI, 2i.
49
=
^5^
=z
VIII, 4.
50
=
^52
=
Vil, \2.
63
==
458
=z
VII, 20.
2
=
2
=
I, 2 (texte plus loflg).
Livre IV,
1. On peut, si l'on admet celte influence, rendre compte de certaines coïnci-
dences, comme celles-ci :
Pan., II, 8 = Anselme de Lucques, V, 66.
— IV, 111 = — III, 75.
Dans ce dernier fragment, il y a pourtant une dilTérencc. L'Inscriplio de lu
Panormia donne : Constandnus imperator, et celle d'Anselme donne : Augu-
stinus eplscopus. En réalité, l'influence directe d'Anselme de Lucques sur la
Panormia me semble douteuse.
2. Voir sur celte collection : le Premier manuel canonique de la réforme
du XI" siècle, dans les Mélanges de l'École française d'archéologie et d'histoire
de Rome, t. XIV.
3. La collection d'Anselme de Lucques est citée d'après le mani^rrit du
Vatican, n° 1364.
5
=
8
^o
:=:
n
^2
=
9
24
=
65
30
=
61
31
=
59
33
=
63
34
:=
70
41
=
78
52
manque
56
manque
63
=
58
66
=
51
89
=
68
107
—
100
304 LES COLLECTIONS CANONIQUES
I, 19.
1,21.
manque.
VI, 107.
VII, 160.
III, 23.
III, 73.
m, 35.
manque.
fin du c. 54 du liv. III.
fin du c. 36 du liv. III.
III, 43 (texte plus long).
m, 4.
manque.
III, 82 (sous le nom du
pape Boni face et non sous
celui du pape Jules, que
ce fragment porte dans
la Panormia et la collec-
tion en 74 titres).
— 108 = 98 = III, 81.
_ 109 = 99 = manque.
L'inspection de ce tableau révèle à diverses reprises une coïn-
cidence parfaite entre les textes de la Panormia étrangers au
Décret et ceux de la collection en 74 titres, tandis qu'il arrive
que les mêmes textes dans la collection d'Anselme de Lucques se
présentent sous une forme plus longue ou précédés d'une in-
scriptio différente. Ajoutez-y que les chapitres 108 et 109
du livre I de la Panormia reproduisent dans le même ordre
les chapitres 98 et 99 de la collection en 74 titres ; cette ana-
logie ne paraît point fortuite. On est en droit d'en conclure que
l'auteur de la Panormia a pris dans" la collection en 74 titres
nombre de textes qu'on a pu croire à tort empruntés au recueil
d'Anselme de Lucques.
J'estime d'ailleurs qu'il a connu cette collection en 74 titres,
non sous sa forme la plus simple, mais sous la forme remaniée
et augmentée de la collection dite en quatre livres*. On ren-
1. J'ai fait connaître sommairement cette collection (ie Premier mcnuef cano-
nique..., j). 64 et 65) et j'en ai indiqué quatre manuscrits, à savoir : Paris,
ATTRIBUÉES A YVES I»E CHARTRES. 305
contre, en effet, dans la Panonnia, au moins deux groupes
de textes qui y semblent transportés de cette collection en quatre
livres et qui, ainsi groupés, ne se retrouvent pas ailleurs (ces
textes appartiennent à la série de ceux que l'auteur de la Panor-
mia n'a point tirés du Décret). En voici l'indication :
Panormia.
GoUection en 4 livres.
Livre III, ^2S
=
livre II, lilre 39, De his qui ab hereticis
ordinantur ., c. \.
— ^29
=
id., c. 2.
— ^30
=
id., c. 3.
- ^3^
=
id., c. 4.
Et plus loin :
Livre III, ^33
=
livre III, De episcoporum reparacmie, c. 4
— ^37
=
id., c. 2.
— <47
=
id., c. 8.
— >I48
=
id., c. i.
— U9
—
id., c. 9'.
Ces coïncidences s'expliquent facilement si l'on admet que
l'auteur de la Panormia avait entre les mains un exemplaire de
la collection en quatre livres, hypothèse que la date de cette col-
lection rend très vraisemblable.
2" On peut constater aussi l'identité de quelques fragments de
la Panormia, d'ailleurs étrangers au Décret, et de fragments
qui ont pris place dans la collection canonique dite Britannica.
Ces fragments sont les suivants :
*D'
Bibl. nat., latin 3187, 4281 a et 9631 ; Milan, Ambrosiennc, C. 51, sup. Il con-
vient ilajouler un autre manuscrit qui est maintenant conservée la Bil)liolhè'|ue
impériale de Saint-Pétersbourt;, II, fol., n* 13. Il y a de grandes chances pour
que ce manuscrit soit dorigine française, car il a appartenu à la collection
Dubrowski, qui com|)ren<i beaucoop de manuscrits achetés en France ;^ la suite
de la Révolution. La description en a été donnée par M, Ilalhan-niunienstock
dans son mémoire: Die canonislischen Uandschriften dcr l.aiserlicfien d/fcn-
tlichen Bibliothek in S'-Petersbtirg [Deutsche Zeitschrifl fiir Kirckenrechl,
3» série, t. V (1895), p. 226, 280 et s.).
1. Les textes contenus dans la Panormia, III, 148 et 149, se retrouvent aussi
dans le texte ordinaire de la collection en 74 titres (199, 20(1 et 202); mais,
notamment en ce qui touche la Panormia, III, 149, l'identité est plus parfaite
avec le fragment correspondant de la collection en 4 livres.
^897 20
306 LES COLLECTIONS CANONIQUES
Panormia. Britannica.
Livre m, 3 = Fam, II, '129.
— 53 = Alexandre II, 72'.
— 54 = Urbain II, 37.
— 8^ = Id., 30 d, 2.
— -10^ = Id., 47, c. ^2.
— '1 03 = Alexandre II, 33 a.
— 404 = Urbain II, 47, c. 3.
— 422 = Id., c. 26.
— 4 38 = Alexandre II, 42.
— 439 = Id.
— 444 = Pelage, 44 et 67.
En revanche, les séries de la Britannica qui contiennent des
fragments de la correspondance de saint Boniface, des lettres des
papes Gélase P"", Léon IV, Jean VIII et Etienne V, ne com-
prennent aucun élément qui se rencontre dans la Panormia
sans avoir pris place dans le Décret.
Il semble donc que l'auteur de la Panormia ait consulté,
comme l'auteur du Décret, une collection analogue à la Bri-
tannica.
3" A ces sources complémentaires de la Panormia, il paraît
juste d'ajouter la collection A, c'est-à-dire les deux premières
parties de la Tripartita. Voici quelques fragments communs à
la Panormia et à la collection A, qui d'ailleurs ne se retrouvent
pas dans le Décret :
Panormia. Collection A.
Livre III, 93 = II, Carthage II, 4 ^.
— 402 = — Quinisexte, 2.
— 4 05 = — Garlhage V, 3.
— 440 = • — Ghalcédoine, 4,
Livre IV, 442 = I, Melchiade, 4.
Ces chapitres ont été vraisemblablement tirés de la collection A ;
1. Cf. Ewald, op. cit., p. 341.
2. JaflFé-Wattenbach, n' 4477.
3. C'est en réalité le c. 2 du deuxième concile de Carthage ; mais c'est le c. 1
de la série de ce concile qui se trouve dans la collection A.
ATTRIB(l5i;S A YVDS DK CIIARTIIES. 307
cela paraît très probable, notamment pour les chapitres 102 et
112 du livre III, le premier venant du concile Quinisexte, dont
les canons ont été introduits dans la circulation par la collec-
tion A, le second étant un extrait du pseudo-Melchiade, coupé
comme dans la collection A. Toutefois, on comprendra que j'évite
sur ce point toute altirmation trop absolue.
4" Il a été impossible de rattacher à une collection connue les
autres textes (il en reste environ une soixantaine) que possède la
Panormia sans qu'ils soient compris dans le Décret. Ou y
trouve d'abord des fragments empruntés aux papes du xi" siècle,
Léon IX', Nicolas IP, Grégoire VU', Urbain W\ d'assez nom-
breux textes des Pères"', des textes connus de canons et de décré-
tais, un fragment des Novelles*^ et un autre des capitulaires^
Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'en abrégeant le Décret, l'auteur
de la PanorDiia a aussi essayé de la compléter à l'aide des
sources dont il disposait, fort analogues, d'ailleurs, à celles qu'a
employées l'auteur du Décret, Je remarque qu'il }' a ajouté peu
de chose en ce qui concerne la législation de Grégoire VII.
5" On n'a point mentionné, dans cette énumération des recueils
auxquels l'auteur de la Panormia a fait des emprunts, la collec-
tion Anselmo dedicaia. C'est que, malgré l'opinion contraire
émise par Wasserschleben, il ne paraît pas démontré que V An-
selrao dedicata ait fourni des matériaux à la Panormia. Outre
que, vers la fin du xi* siècle, ce recueil, déjà vieux de deux cents
ans, devait être assez rare en France, les coïncidences peu nom-
breuses signalées entre la Panormia et YAnsebno dedicata
peuvent s'expliquer autrement que jiar un emprunt de celle-là à
celle-ci*. Ainsi :
1. Exemples : III, 90, 107.
2. Exemples : III, 1, 127, 1.35.
3. Exemples : III, 134; V, 110. Je remarque aussi qu'une lellrc connue de
Grégoire Vil à l'évoque Hermaun de Mclz est citée plus C(q)ieusempnt dans la
Panormia (V, 108 et 109) que dans le Décret (V, 378), où cet extrait est rejeté
à la fin d'un livre.
4. Exemples : III, 81, 101, 154; V, 111; voir la liste insérée ci-dessous,
p. 309.
5. Voir, par exemple, d'importants extraits de saint Augustin, VI, KK) et 101.
G. III, 16G.
7. III, 163.
8. Wasserschleben cile un fragment qui se trouve à la fois dans la collection
en 74 litres, dans celle d'Anselme de Lucqucs cl dans V Anselmo dedicaia (( . ôU du
308 LES COLLECTIONS CANONIQUES
A. — Les fragments de la Panormia, IV, 108 et 109, qui
sont donnés par Wasserschleben comme provenant de YAnselmo
dedicata (III, 155 et 77), se retrouvent intégralement sous les
n°* 98 et 99 de la collection en 74 titres ; c'est là, très vraisem-
blablement, que Fauteur de la Panormia les a pris pour les
transporter dans son recueil.
B. — Le fragment de la Panormia, IV, 112, est donné comme
équivalent à YAnselmo dedicata, III, 169. Mais il figure aussi
dans la collection A, P® partie, où il forme le premier chapitre
des décrétai es attribuées au pape Melchiade. Il est donc assez
naturel de penser que, si l'auteur de la Panormia l'a pris
quelque part, c'est dans la collection A plutôt que dans Y An-
selmo dedicata. Je ne considère donc pas YAnselmo dedicata
comme une source complémentaire de la Panormia.
En résumé, la Panormia, faite pour les neuf dixièmes d'ex-
traits * du Décret, a été tirée, pour le surplus :
De sources analogues à celles du Décret, parmi lesquelles
nous avons pu citer avec quelque vraisemblance la collection A ;
De la collection en 74 titres (ou d'une forme particulière de
cette collection), peut-être utilisée aussi par l'auteur du Décret;
De la collection analogue à la Britannica en certaines parties
(Alexandre II, Urbain II) qu'a négligées l'auteur du Décret ou
qu'il n'a pas connues.
IV.
La date approximative de la composition de la Panormia peut
être assez facilement fixée :
livre III). Évidemment, l'auteur de la Panormia n'a pas puisé dans l'An-
selmo dedicata, il s'est adressé à Anselme de Lucques (VII, 14) ou mieux à
la collection en 74 titres, c. 152. Cela est d'autaiU plus certain que le desinit
du texte n'est pas le môme dans YAnselmo dedicata (II, 38) que je connais
d'après des manuscrits de Metz et Bamberg. — De même, il n'y a aucune con-
clusion à tirer du renvoi à l'Anselmo dedicata (III, lOi) fait par Wasserschleben
à propos du c. 55 du livre IV de la Panormia. Le texte de l'Aiiselmo dedi-
cata est très différent de celui de la Panormia. La co'incidence signalée aussi
à propos du c. 87 du livre III avec Anselme dedicata, IV, 126, peut fort bien
être purement accidentelle.
1. Plusieurs de ces textes (la plupart probablement) proviennent de sources
qui ont fourni des textes au Décret, comme la Britannica ou la collection ana-
logue à la Britannica.
ATTRIBDKES A YVES nE CBARTRES. 309
La Panormia dépend du Décret; elle ne peut donc lui être
antérieure; c'est donc qu'elle ne saurait avoir été composée avant
1095.
Est-elle de beaucoup postérieure à cette date? Pour s'en rendre
compte, il faut établir la liste des fragments les plus récents qui
y ont été insérés. Ces fragments appartiennent tous au pontificat
d'Urbain II (1088-1099).
Voici d'abord les fragments à date certaine * :
III, D : concile de Bénévent, \m\ [Décret, V, 72).
— 51 : concile de Melfi, -1089 (Jaffé-Wattenbach, 3409; Décret,
VI, 410).
— 54 : année 1089 (Jaffé-Wattenbach, 5390).
— 84 : année -1088 (Jaffé-Waltenbach, 5383).
— -101 : concile de Melfi, 4 089.
— 122 : année 1088 (Jaffé-WaLlenbach, 5384).
— 404 : Id.
V, -107 : année -1089 (Jaffé-Wattenbach, n°5393 ; Décret, XIV, 45).
— 1 23 : année 1 0S8 (Jaffé-WaUenbach, n" 5303 ; Décret, XIV, 68) .
VI, -108 : année 1088 (Jaffé-Waltenbach, n« 5382 ; Décret, VIII, 23).
— 4 09 : année 4 089 (Jaffé-Wallenbach, n" 5399 -, Décret, VIII, 24).
VU, 86 : année 4 089 (Jaffé-Wattenbach, n" 5388; Décret, IX, 33).
On trouve aussi dans la Panormia deux fragments du même
pontificat dont la date ne peut être établie d'une manière précise « :
VIII, 4 4 : antérieur à 4096 (Jaffé-Wattenbach, n" 5530; Décret,
X,54).
V, 4 1 4 : peut être daté d'une année quelconque du pontificat d'Ur-
bain II, 4088-4099 (Jaffé-Wattenbach, n° 5724). .
Ainsi, sur quatorze fragments, douze ont des dates certaines,
et ces dates appartiennent toutes aux années 1088, 1089, 1090,
sauf celle d'un fragment qui est de l'année 1091. Il y a bien des
chances pour que les deux fragments de date incertaine doivent
être attribués à la même période, c'est-à-dire aux premières
années du pontificat d'Urbain II.
1. Je ne tiens pas compte, nalurellement, dos fragments parasites du ponti-
ficat d'Innocent II édités par Melchior de Vosmediau comme faisant partie de
la Panormia (Vlll, 140 et s.), mais qui n'apparliennent pas à ce recueil; voir
plus haut, p. 295; cf. Menu, op. cit., p. 34, et Wasserschleben, op. cit., p. 76.
2. Ewald, op. cit., p. 368.
3^0 LES COLLECTIONS CANONIQUES
D'autre part, la Panormia ne contient aucun canon des
importants conciles de Clermont (1095) et de Nîmes (i09G), non
plus qu'aucun document qui puisse être attribué avec certitude
aux dernières années du pontificat d'Urbain IL Et cependant,
comme on a pu s'en convaincre par la liste qui précède, l'auteur
recherchait avec curiosité les décisions canoniques de ce pape.
Aussi tout porte à croire que la Panormia a dû être rédigée,
elle aussi, vers 1095, c'est-à-dire très peu de temps après le
Décret. A mon avis, la Panormia, abrégé du Décret, en a été
tirée presque aussitôt que le Décret a été achevé. Evidemment,
si cette opinion est vraie, il faut considérer la Panormia comme
une œuvre originaire de la même patrie que le Décret, c'est-à-
dire de la région française. C'est d'ailleurs à la France qu'on l'a
toujours attribuée.
V.
Le succès de la Panormia fut très grand. Les nombreux
manuscrits qui en sont conservés l'attestent suffisamment. Ajou-
tez à cela qu'elle fut très largement utilisée et très fréquemment
citée, ainsi qu'on le montrera plus bas. Essayons d'indiquer les
raisons qui expliquent le succès d'un recueil aussi bref, alors que
des collections plus amples sont demeurées inconnues.
La brièveté, c'est précisément une qualité essentielle pour un
recueil tel que la Panormia, destiné surtout à un usage pratique.
L'auteur, en la concevant ainsi, ne s'était pas fait illusion sur les
besoins de ses contemporains ; après lui , on voulut un recueil
plus court encore, et nous verrons qu'on résuma la Panormia.
C'est que les hommes engagés dans les affaires se soucient peu
d'une collection d'innombrables fragments hérissés de difficultés
d'interprétations dont ils savent mal se dégager; ce qu'il leur
faut, c'est un choix des textes usuels qu'ils auront à invoquer et
à appliquer. Sous l'empire de cette tendance, qui peut être obser-
vée en tout temps, le recueil canonique est allé du composé au
simple, du Décret à la Panormia, de la Panormia à sa Somme
si concise, dont il sera traité plus loin*.
1. Cette considération me paraît plus exacte, dans le cas particulier, que
celles que développe M. l'abbé Menu, d'après lesquelles on serait porté à con-
clure à priori que, de deux ouvrages, l'un incomplet, l'autre plus complet, l'ou-
vrage qui est le plus complet est postérieur à l'autre [op. cil., p. 43). Pour
ATTUIBOÉES A YVES nE CHARTRES. S-H
Au mérite de la brièveté, qui sans doute contribua largement
à assurer son succès, la Panormia en joint deux autres, qui ne
durent pas être médiocrement appréciés des contemporains.
D'abord, les fragments canoniques n'y sont pas seulement répar-
tis en huit grandes divisions désignées sous le nom de livres;
dans chaque livre, ils sont disposés méthodiquement, suivant
un programme placé à la fin de la préface *, si bien que les
recherches y sont bien plus aisées et plus rapides que dans le
Décret. En second lieu, l'intelligence des textes est facilitée par
les sommaires qui accompagnent la plupart des chapitres. Ces
sommaires résument, souvent en termes nets et précis, la règle
de droit posée au texte ; au moins, ils indiquent l'objet principal
qui y est traité. Remarquez d'ailleurs que ce ne sont pas les som-
maires du Décret qui ont été répétés dans la Panormia. Au
Décret, l'auteur de la Panormia emprunte bien le texte, mais,
quant au sommaire, il paraît souvent en faire son œuvre propre.
Si les sommaires de la Panormia sont en beaucoup de cas supé-
rieurs à ceux du Décret, c'est que le compilateur du Décret s'est
généralement contenté de reproduire les sommaires qu'il trouvait
dans la collection qui lui servait de source. Ici encore se manifeste
la différence qui sépare la Panormia du Décret; celle-là est un
recueil ordonné avec soin, où rien n'a été négligé de ce qui en
pouvait faciliter l'usage; celui-ci n'est qu'une collection de maté-
riaux à peine classés et souvent laissés à l'état brut.
Il est fâcheux qu'une foule d'inexactitudes ou d'erreurs se
soient glissées dans les attributions de textes de la Panormia.
On a cité plus haut des exemples d'erreurs de ce genre qui sont
dues k la négligence du compilateur; d'autres, commises dans le
Décî^et, ont été reproduites dans la Panormia, qui a suivi trop
servilement son modèle. C'est pourquoi un vieux canoniste, cité
celte raison, M. l'abbé Menu pense, bien à tort, que la Panormia est antérieure
au Décret. Il se trompe, parce qu'il est parti d'un principe douteux. Lorsqu'une
œuvre importante est publiée, il y a sans doute des chances pour que, dans
l'avenir, elle reparaisse sous la forme d'une édition considérablement augmentée;
mais il y a aussi des chances pour qu'elle engendre des abrégés. Poser une
règle générale en pareille matière, c'est courir au-devant des erreurs.
1. Voir, par exemple, le sommaire détaillé du livre VI sur le mariage et
comparez-le au très maigre sommaire placé en tête des 33i chapitres qui forment
le livre correspondant (portion VIII) du Décret. Et, cependant, le livre VI de la
Panormia, si l'on en considère les proportions, représente à peu près le tiers
de la partie VIII du Décret.
3^2 LES COLLECTIONS CANONIQUES
par Doujat, faisait observer, non sans raison, que la Panormia
fourmille de fautes : menais ac erroribus scatensepitome^. II
y aurait, à mon sens, une sorte de pharisaïsme à s'en scandaliser
à l'excès ; de telles fautes, en effet, avaient, aux yeux des hommes
du moyen âge, fort peu soucieux de la critique des textes, une gra-
vité bien moindre que celle qu'elles prennent dans l'appréciation
des contemporains. En dépit de ces taches, la Panormia n'en pré-
sentait pas moins, sous un petit volume facilement maniable, les
textes les plus importants et les plus connus ; elle était ainsi « une
encyclopédie sommaire du droit canonique- » à la fin du xi'' siècle;
c'est à cela, aussi bien qu'au nom respecté d'Yves de Chartres,
qu'elle dut la faveur avec laquelle elle fut accueillie dans tout
l'Occident.
CHAPITRE IV.
De l'auteur des trois collections.
J'ai décrit aussi exactement qu'il m'a été possible la collection
Tripartita (faite de la réunion des deux recueils dits collections A
et B), le Décret, attribué à Yves, et enfin la Panormia. Si l'on
veut bien accepter les conclusions que j'ai proposées, la collec-
tion A, le Décret et la Panormia datent à peu près de la
même époque, c'est-à-dire de l'année 1095 environ 3. La collec-
tion A, composée la première, fut l'une des sources du Décret,
dont furent extraites la Panormia, d'une part, et, d'autre part,
à une date inconnue, mais peu éloignée, la collection B.
La plupart des érudits qui ont écrit sur ce sujet ont considéré
la Tripartita comme une œuvre anonyme; toutefois, M. l'abbé
1. Cf. Doujat, op. cit., p. 484.
2. Ad. Tardif, Histoire des sources du droit canonique, p. 171.
3. Les observations que j'ai présentées dans les chapitres précédents me dis-
pensent de réfuter l'opinion des auteurs qui ont cru les recueils canoniques
d'Yves en général et la Panormia en particulier antérieurs à l'épiscopat d'Yves,
c'est-à-dire à l'année 1090, et qui y ont vu des ouvrages rédigés au temps où
l'auteur était abbé de .Saint-Quentin, au diocèse de Beauvais (voir en ce sens :
la vie d'Yves, par le P. Fronteau, insérée dans les Acta Sanctorum, 2 mai,
t. V, p. 248, et réimprimée dans Patrologia laiina, CXLI, c. 13; Galliu chris-
tiana, VIII, c. 1126-1127; Menu, op. cîf.,p. 29, et Foucault, Essai sur Yves de
Chartres (Chartres, 1883, in-S'l, p. 6). Cette opinion, tout à fait insoutenable,
a déjà été réfutée par Conrat, op. cit., p. 385, note 2.
ATTRIBUÉES A YVES DE CHARTRES. 3\3
Menu' et, plus récemment, M. l'abbé Clerval^ ont cru pouvoir
désigner Yves de Chartres comme l'auteur de ce recueil. — Le
Décret a été assez généralement attribué à Yves; cependant,
depuis que Theiner a consacré une dissertation à lui enlever la
paternité de cette œuvre ^ la question a semblé très douteuse h
quelques-uns des juges les plus compétents^ — Enfin, si les mo-
dernes s'accordent volontiers à traiter la Panormia comme une
œuvre d'Yves, cette opinion avait été contestée par quelques
écrivains déjà anciens, comme le P. Labbe, le P. Fronteau (qui
donna une édition du Décret), et les BoUandistes^.
Sans discuter ces opinions variées, j'essaierai d'établir celle
que je me suis formée sur l'origine de ces diverses collections.
I.
Il est certain qu'Yves de Chartres s'est attaché à recueillir des
textes canoniques. Ce fait est attesté par les écrits d'auteurs du
xif siècle dont plusieurs furent les contemporains d'Yves : Sigebert
de Gembloux, son continuateur de Prémontré, le chroniqueur de
Tours ^ Ajoutez à cela les témoignages de ces scribes nombreux du
1. Op. cit., p. 59 et s.
2. Les Écoles de Chartres au moyen âge, p. 149.
3. Disquisitiones criticx, p. 171 et s. En ce sens, abbé Menu, p. 70 et s.
4. Savigny, Geschichte {%' édition), II, p. 315 et 316; Conrat, Geschichte, I,
p. 382; Viollel, Histoire du droit civil français {1" édition), y. 62. — Les Bal-
lerini n'étaient pas éloignés de douter de l'attribution du Décret à Yves de
Chartres; cf. De antiquis canon, collect., pars IV, cap. xvi, g 7 in fine. —
Dom Beaugendre, l'éditeur des oiuvres d'IIildebert de Lavardin, a attribué le
Décret à Ilildebert. Sur cette thèse et sa réfutation, voir Uistoire littétaire
(l' édition), X, p. 123 et s. Sur toutes ces questions, consulter Doujat, Pr.xno-
tionum canonicarum libri quinque, lib. III, cap. xxvii, p. 480 et s.
5. Cf. Fronteau, dans la biographie placée en tête de son édition du Décret
et réimprimée dans la Palrologia latina, CLXI, c. 13; Acta Sanctorum,
volume déjà cité, p. 249. Fronteau et les Bollandistes attribuent la Panormia
à Hugues de Châlons. Cette dernière assertion ne s'appuie sur aucune preuve
sérieuse. Il sera traité de Hugues de Chàlons dans la suite de cette étude à
propos des collections dérivées de la Panormia.
6. Dans son Liber de scriptoribus ecclesiasticis, cap. clxvu {Patrologia
latina, CLX, c. 586), Sigebert de Gembloux termine sa notice sur Yves par ces
mots : « Composuit insigne volumen canonum. » Or, Sigebert est un contem-
porain de lévéque de Chartres, qu'il précéda de quelques années dans la tombe.
— La Continuatio Prxmonstratensis de la chronique de Sigebert, écrite vers
1150, donne un témoignage analogue : « IHud volumen quod décréta Ivonis
'SH LES COLLECTIONS CANONIQUES
xif et du xui* siècle qui transcrivirent la Panormia ou d'autres
recueils canoniques en les imputant à l'évêque de Chartres; évi-
demment, ils le considéraient comme un auteur de collections.
D'ailleurs, l'opinion des contemporains est fortifiée par deux
témoignages qui viennent d'Yves lui-même. Le premier est con-
tenu dans une lettre adressée à l'abbé Pons de Cluny, à qui Yves
annonce l'envoi de collections de canons que son correspondant
lui a demandées ^ A la rigueur et contre toute vraisemblance, on
pourrait croire qu'il s'agit dans ce passage de manuscrits cano-
niques qui, s'ils étaient eu la possession de l'évêque de Chartres,
ne contenaient pas nécessairement pour cela des œuvres rédigées
par lui. — Mais l'autre témoignage suffit à écarter tout doute.
Yves a écrit une préface destinée à être placée en tête d'une col-
lection canonique. Que cette préface doive lui être attribuée, c'est
ce que diverses raisons graves mettent au-dessus de toute con-
testation^. Or, l'auteur de la préface se déclare formellement l'au-
dicunt, sua industria (Ivo) utiliter compilavit » [Monumenta Germaniae, Scri-
ptores, VI, p. 447). — La chronique de Tours {Historiens des Gaules, XII, 468)
donne une mention analogue ; il en est de même de l'anonyme de Melk (Fabri-
cius, Biblioiheca ecclesiastica, p. 155). Nous savons en outre que Gui, évêque
du Mans, donna à sa cathédrale, vers 1130, « décréta quœ Ivo Carnotensis
episcopus abbreviavit ; » un legs semblable fait en 1150 par l'évêque Anculfede
Soissons » {Histoire littéraire, -2" édition, X, p. 116 et 135), Ainsi, la tradition
d'après laquelle Yves a composé un recueil de canons apparaît du vivant d'Yves;
elle est très ferme dès le xii' siècle et se maintient aux siècles suivants.
1. « Collectiones canonum quas à me postulastis et opuscula mea quae his
addi voluistis, in monumentum dilectionis... transmisi vobis » (ep. CLXII).
Remarquez qu'il ne faudrait pas conclure de ce qu'Yves emploie le pluriel
{collectiones) qu'il a composé plusieurs collections. Cet argument ne serait pas
suffisant, car Yves emploie le pluriel pour parler de la collection, unique pour-
tant, de Burchard de Worms (ep. LXXX).
2. L'authenticité de cette préface, justement célèbre au moyen âge, est garan-
tie par la tradition des manuscrits, qui remonte jusqu'au xii'= siècle, et aussi
par deux autres raisons. Un caooniste (dont il sera question plus loin), qui
écrivait quelques années après la mort d'Yves de Chartres, la plaça en tête du
recueil en dix parties qu'il avait composé, tout en la présentant comme l'œuvre
d'Yves : a Tractatum viri venerabilis domini I[vonis] Carnotensis episcopi, quem
de consonanlia canonum luculento admodum sermone dictavit, preposui. »
(Cf. Rose, die Meerman-Handschriften des Sir Thomas Phillipps, p. 207.) En
second lieu, les idées fondamentales de ce prologue, notamment le double prin-
cipe d'interprétation des canons suivant la rigueur et suivant la miséricorde (le
grand jurisconsulte, qu'était Yves, apjdiquait ici à sa manière la vieille dis-
tinction entre le droit strict et l'équité), se retrouvent dans l'intéressante corres-
pondance de l'évêque de Chartres (voir, par exemple, les lettres XVI et XLV).
ATTRIBUEES À YVES DE CHARTRES. 345
teur du recueil canonique en vue duquel il l'a écrite. Nous sommes
donc amenés forcément à cette conclusion. Yves de Chartres a
recueilli des canons, il a composé au moins une, peut-être plu-
sieurs collections canoniques. — Ce point acquis, il reste à savoir
si quelques raisons nous permettent d'attribuer à Yves, st)it la
Panormia, soit le Décret, soit les collections de la Trijmrtila,
soit l'ensemble de ces divers recueils.
II.
Il est tout naturel de demander au prologue rédigé par Yves
quelques indications sur la collection à laquelle il devait servir
d'introduction ^ Il y est dit tout d'abord que cette collection était
faite de quatre éléments : les décrétales des papes, les canons des
conciles, les extraits des ouvrages des Pères et les fragments tirés
des lois des princes chrétiens. Ceci ne nous donne point un ren-
seignement précis ; car l'indication pourrait convenir au Décret,
à la Panormia et à beaucoup de collections du même temps. —
Il }• a plus dans la préface d'Yves ; nous y apprenons que le
recueil qu'elle précédait s'ouvrait par des textes relatifs à la foi;
tel est le cas du Décret et aussi de la Panormia. — Poussons
plus avant : la préface nous informe que le recueil dont il s'agit
est disposé d'après un plan méthodique, de façon à ce que les
recherches y soient aussi faciles que rapides. Les matières y sont
si exactement classées que le lecteur désireux de connaître les
textes relatifs à un objet déterminé n'a nul besoin de parcourir le
volume entier, mais seulement les chapitres relatifs à cet objet,
qui lui sont indiqués par des rubriques disposées à cet effet : «'Ut
non sit quœrenti necesse totum volumen evolvere, sed tantum
titulum generalem suse quaestioni congruentem notare et ei subjecta
capitula sine interpola tione transcurrere. » Il s'agit donc d'un
ouvrage méthodique où d'abondantes indications guident le lec-
teur. Tel n'est pas, il s'en faut, le caractère du Décret; la
Remarquez aussi l'analogie des expressions employées au début du prologue et
de celles qui se trouvent à la (in de la lettre CLXXXIX.
l. La préface d'Yves (igure dans les manuscrits en tête de la Panormia et
aussi en tète du Décret. On la trouve parfois en tête d'autres collections, comme,
par exemple, la collection en dix parties, faite d'après la Panormia^ dont il sera
question plus loin. Parfois aussi on la rencontre isolée.
316 LES COLLECTIONS CANONIQUES
méthode y est tout à fait primitive et les indications fort abré-
gées. Au contraire, par l'ordre qui y règne, par les sommaires
étendus qui précèdent chaque livre, la Panormia répond
bien h cette description. Par ce raisonnement, je suis amené à
conclure que le prologue, œuvre authentique d'Yves, a été des-
tiné par lui à être placé en tête de la Panormia, que par consé-
quent la Panormia est l'œuvre d'Yves.
Remarquez que cette conclusion est corroborée parla tradition
des manuscrits. Sans doute, quelques-uns des manuscrits de la
Panormia sont anonymes ; mais la plupart d'entre eux sont
précédés d'un titre, et ce titre mentionne Yves comme l'auteur
du recueil. Or, beaucoup de ces mentions remontent au xif siècle,
comme les manuscrits au début desquels elles sont placées ^
C'était donc une opinion courante au xii" siècle que la Panormia
avait été composée par Yves de Chartres 2. Si, comme on le verra
plus loin, Haimon de Bazoches, au milieu de ce siècle, et après
lui Albéric de Trois-Fontaines se sont mépris sur l'identité de la
collection intitulée Panormia, ils n'en ont pas moins cru que le
recueil portant ce nom devait être attribué à Yves. En somme,
une tradition, fondée sur des témoignages graves et concordants
qui remontent jusqu'aux contemporains du célèbre évêque de
Chartres, fait de lui l'auteur de la Panormia.
1. Tel est le cas des manuscrits du Vatican, du xii' siècle, 1358, 1359, 1360,
et Reg. lalin 992; tel est aussi le cas des manuscrits de la Bibliothèque natio-
nale, lalin 2703, 2472, 3348, 3864, 3866, 3868, 3869, 3869 a, 3871, 3872, 10742,
14994, 14995, manuscrits qui datent du xii'' siècle au commencement du xiii'.
Le manuscrit d'Orléans 222, du xii" siècle, provenant de Fleury-sur-Loire, qui
contient la Panormia, porte ce titre, au fol. 5 : Canones Ivonis Carnotensis qui
Panormia dicuntur. Les mentions que j'invoque se trouvent le plus souvent
à Vincipil, parfois à Vexplicit des manuscrits. Je me suis attaché à n'en point
citer qui fussent postérieures à la date du corps du manuscrit. A l'appui de la
même o])inion, les Ballerini citent le titre d'un manuscrit de Sainte-Justine
de Padoue : op. cit., g 7.
2. Albéric de Trois-Fontaines, sur l'année 1151 {Monumenta Gertnani.v, Scri-
ptores, XXIIl, 841), écrivant dans la première moitié du xiii"= siècle, dit d'Hai-
mon de Bazoches, canoniste du milieu du xii" siècle : « Fecit Enchiridion in
Decretis secundum Panormiam Ivonis. » C'est que Haimon lui-môme, dans la
préface de cet abrégé (voir le texte dans Theiner, op. cit., p. 181), dit qu'il a
abrégé un recueil en 10 livres d'Yves de Chartres. Ce recueil, qui sera décrit
plus loin, est une transformation de Va Panormia faite après la mort d'Yves.
L'assertion d'Haimon ne s'explique qu'autant qu'il considérait Yves comme
l'auteur de la Panormia, dont il ne connaissait plus la forme primitive.
ATTRIBUEES A YVES DE CIIARTRLS. 317
A la conclusion qui se dégage de cette tradition , une seule
objection peut être opposée : elle est tirée des fautes que contient
la Piinormia, notamment des erreurs d'attribution, fréquentes
dans les inscHptiones de ce recueil, dont quelques-unes, à titre
d'exemples, ont été signalées plus haut. On s'est fondé sur ces
erreurs pour déclarer la Paiiorniia absolument indigne d'un
canoniste d'universelle réputation tel que l'ut Yves de Chartres ;
il a paru que lui attribuer ce recueil, c'était lui faire une injure
imméritée.
L'objection serait grave s'il s'agissait d'une œuvre rédigée en
un temps où l'on eût poussé très loin les études relatives à la critique
des textes; mais c'est là, il serait superflu de le démontrer, une
préoccupati(Hi absolument étrangère au xif siècle. Yves n'a point
contrôlé les attributions qu'il trouvait dans son magasin de
sources ; il n'a point redressé les erreurs commises sans doute par
le secrétaire qu'il employait. C'est qu'il estimait les textes pour
leur valeur intrinsèque, et pour cette valeur intrinsèque seule-
ment; pas plus qu'aucun des hommes de son temps, il n'avait cure
de les replacer dans leur milieu pour les interpréter d'après les
principes de la méthode historique. Sans doute, cela n'ajoute rien
à sa gloire ; mais, à dire vrai, cela n'y ôte rien. Parce qu'il n'a
point devancé les bons esprits de son temps et qu'il a employé
un secrétaire négligent, Yves n'en demeure pas moins un grand
esprit et le premier canoniste de l'Église de France au commen-
cement du xir siècle. Ses contemporains lui rendirent d'ailleurs
justice ; je n'en veux d'autre preuve que le très grand nombre de
manuscrits de la Pmiormia aujourd'hui répandus dans toutes
les bibliothèques de l'Occident. Visiblement, ce recueil, par sa
brièveté même et sa méthode, répondait aux besoins de la géné-
ration pour laquelle il fut écrit.
m.
La Panormia est donc sûrement l'œuvre d'Yves ; mais le
Décret peut-il lui être attribué?
Un point me paraît incontestable : le prologue écrit par Yves
pour être mis en tête d'une collection méthodique n'a pu être
rédigé en vue du Décret, recueil où la méthode fait absolument
défaut.
318 LES COLLECTIONS CANONIQUES
Un autre point est non moins certain : la tradition des manus-
crits, d'ailleurs fort rares', du Décret n'indique pas nettement
l'évèque de Chartres comme l'auteur de ce recueil.
Il semble donc, au premier abord, que l'attribution du Décret
à Yves doive être considérée comme douteuse, Theiner va plus
loin ; il la tient pour absolument erronée. Son grand argument
est que le Décret, par le défaut de méthode qu'il décèle, est abso-
lument indigne d'Yves de Chartres.
Je ne crois pas l'argument de Theiner décisif. Sans doute, il
serait irréfutable s'il était prouvé que l'auteur du Décret avait
pour but de faire une collection méthodique. Evidemment, en
pareille hypothèse, l'œuvre ne pourrait, sans injustice pour Yves,
lui être attribuée. Mais prenez l'œuvre pour ce qu'elle est en réa-
hté, un travail préparatoire, un magasin de documents plus riche
que toutes les collections antérieures ; ce recueil peut alors très
bien être imputé à Yves ou aux secrétaires qui travaillaient sous
ses ordres. Une fois le Décret compilé, l'œuvre méthodique res-
tait à faire ; et cette œuvre fut la Panorynia.
Ce qu'il est permis de conclure de l'observation qui vient d'être
présentée, c'est que, contrairement à l'opinion de Theiner, le
Décret peut être attribué à Yves. En réalité, lui appartient-il?
C'est là une autre question. Le moment est venu d'exposer les
raisons très sérieuses qui donnent lieu de considérer le Décret
1. Le manuscrit du Décret conservé au Vatican n'indique aucun nom d'auteur.
Le Colbertinus s'ouvre par ces mots : « Panonnia Ivonis Carnotensis episcopi
collecta de libris autenticis decretorum canonum, legum romanarum et de libris
ortodoxorum patrum; » suit la préface d'Yves; puis vient le Décret. Ce titre
contient bien une attribution à Yves, mais sapplique-t-il réellement au Décret
qui suit ou n'est-ce point le titre de la Panonnia transcrit machinalement, avec
la préface elle-même, d'après un exemplaire de cet ouvrage ? En ce cas, les mots
Panormia Ivonis feraient corps avec la préface plutôt qu'avec le Décret; on
n'en pourrait rien conclure au sujet du Décret. Dans le doute, j'hésile à tirer
argument de ces mots. Le manuscrit Victorinus est dépourvu de mentions con-
temporaines de la date où il a été écrit; il contient seulement, à la fin, d'une
main du xv^ siècle : « Liber canonum suprascriplus, décréta Joviuiani, quera
composuit Yvo quondam Carnotensis episcopus, » Les manuscrits (que je cite-
rai ultérieurement) contenant des extraits du Décret ne renferment pas de titres
contemporains attribuant le Décret à Yves. Les mots Excepta Yvonis, dans le
manuscrit de Paris, latin 14809, sont une addition bien plus récente que le
manuscrit. En somme, il faut reconnaître que, sur la question de l'auteur du
Décret, les manuscrits ne donnent pas de renseignements positifs. Theiner, qui
avait vu le manuscrit de Vienne et celui de Londres, arrive i\ la même conclu-
sion {Disquisitiones, p. 176).
ATTRIBUEES A YVES DE CHARTRES. 3^9
comme rédigé par Yves de Chartres ou tout au moins sous son
influence*.
Un fait certain, dont résulte, à mon avis, une indication très
significative , est celui-ci : le Décret , dès son apparition , a
été mis à contribution par Yves de Chartres. A peine est-il
rédigé qu'Yves, comme on l'a vu plus haut, en tire la Panormia.
Il y a plus : dans ses lettres, Yves cite le Décret à une époque si
ancienne que peut-être n'avait-il pas encore reçu la forme défini-
tive que nous lui connaissons. Cette dernière assertion demande
quelques développements.
L'évêque de Chartres insère dans beaucoup de ses lettres des
fragments canoniques. Sans doute, la plupart de ces fragments
se retrouvent, non seulement dans le Décret, mais aussi dans la
Panormiaow dans d'autres collections contemporaines telles que
la collection A ou la BHtannica; il n'est donc pas légitime de
supposer que c'est dans le Décret qu'Yves les a prises. Mais il en
est plusieurs qui ne se retrouvent que dans le Décret. Voyez
d'abord dans la lettre VIII, écrite vers 1091 2, le chapitre 9 du
livre V du Décret, fragment d'une lettre du pape Gélase à Faus-
tus, qui ne figure ni dans la Panormia, ni dans la collection A,
ni dans la collection Britannica, ni dans aucun autre recueil
connu. Remarquez d'ailleurs qu'Yves cite, quelques lignes plus
loin, après le chapitre 9, le chapitre 11 du même livre V. A la
vérité, ce chapitre 11 se retrouve dans la première partie de la
collection A (saint Grégoire, cli. 32) ; mais le fait qu'il accom-
pagne le chapitre 9 dans une lettre d'Yves permet de croire que
1. Incontestablement Ilildebert de Lavardin a composé une collection de
canons, à laquelle il fait allusion dans sa lettre XXVII. Mais, contrairement à
l'opinion de son éditeur, dom Ueaugendre, qui n'a d'ailleurs point trouvé d'écho,
cette collection n'est pas le Décret. Parmi les raisons qu'on en pourrait don-
ner, en voici une qui est très grave. Dans sa lettre XXVII, qui est adressée à
un évéque, Hildebert parle de sa collection comme d'une œuvre en cours d'exé-
cution, qu'il n'a pu encore achever. Or, d'après des recherches dont mon
confrère M. Dieudonné veut bien me communiquer le résultat certain, révé([ue
destinataire de cette lettre est Bérard, évêque de Menevia, en Angleterre, qui
ne monta sur ce siège qu'en 1115; la lettre daterait au plus tôt de 1115. Elle
ne peut donc concerner le Décret, qui était achevé longtemps avant 1115. Voir
plus haut, page 313, note 4.
2. M. Albert Sieber a dressé une liste chronologique des lettres d'Yves
{Bischoflvo von Chartres, Braunsberg, 1885, p. 5 et s. ; dissertation inaugurale
de Kœnigsberg).
320 LES COLLECTIONS CANOXEQUES
le chapitre 11, comme le chapitre 9, a été puisé dans les maté-
riaux du Décret.
De même, d'autres lettres, postérieures en date, citent des
textes qui ne sont entrés dans la circulation que par le Décret et
qu'Yves n'a pu trouver que dans ce recueil. C'est, par exemple :
La dernière phrase, Intactam..., du chapitre 45 du livre YIII
(fragment de saint Augustin), citée par la lettre CXXV.
Le passage Matrimonium..., du chapitre 223 du même livre
(fragment de saint Chrysostôme), cité par la lettre CXLVIIL
Le chapitre 204, Nos C07isuetudine?n, de saint Grégoire, au
livre IV du Décret, qui est cité vers la fin de la lettre CLXXXIV.
Le chapitre 120, Pudicitiae, du livre VIII (fragment de saint
Ambroise), cité par la lettre CLXXXVIII.
Enfin, le chapitre 122 du même livre VIII, Dicit Dominus...,
fragment de saint Augustin, qui se retrouve aussi dans la
lettre CLXXXVIII.
Ces divers textes, suivant toutes les vraisemblances, ne sont
entrés dans les collections canoniques que par la publication
àw. Décret ; ils semblent, en effet, appartenir à cette masse de
fragments patristiques que le Décret d'Yves a introduits dans
l'usage des canonistes. Il y a donc lieu de supposer qu'Yves de
Chartres, l'auteur incontesté de la correspondance qui porte son
nom, avait à sa disposition, quand il écrivait les lettres sus-men-
tionnêes, soit le Décret, soit les matériaux destinés à le cons-
tituera
Voici une observation qui, à mon avis, change cette probabi-
lité en certitude. Dans la lettre XXVII d'Yves, qui certainement
fut écrite en 1094 ^ on trouve, sous le nom de saint Léon, la
citation suivante : « Sic decet fidem sanctorum Patrum servari
in Ecclesia catholica ut quod habuit amittat qui improbabili
temeritate quod non accepit assumpserit. » C'est là un passage
bien connu qui appartient, non à un pape du nom de Léon, mais
à la lettre apocrjphe de Silvère à Vigile^; ni dans la collection
1. Parmi les lettres citées plus haut, la lettre VIII est antérieure à la rédac-
tion du Décret; les autres lettres sont postérieures de plusieurs années.
2. Cela résulte d'une façon certaine des dernières lignes de cette lettre, où
Yves dit qu'il est entré à Rome au mois de novembre avec le pape Urbain II
et qu'il l'a quitté en janvier. Ces mentions se réfèrent à novembre 1093 et à
janvier 1094.
3. Hinschius, Décrétâtes pseudo-Isidorianx, p. 628.
ATTRIBUÉES A YVES DE CHARTRES. 324
d'Anselme de Liicques*, ni dans la collection A^ ni dans le
Décret^, ce fragment n'est attribué à un autre auteur qu'au pape
Silvère. Comment donc expliquer l'erreur d'attribution qui est
commise par Yves dans sa correspondance? Un seul fait en peut
rendre compte. Dans le Décret, et dans ce recueil seulement, le
texte de Silvère suit immédiatement un texte apocrypiie de saint
Léon sur les chorévêques. Dès lors, on comprend l'origine de la
fausse attribution qui s'est glissée dans la lettre d'Yves. L'évêque
de Chartres, rencontrant la citation de Silvère dans le Décret
qui porte son nom (peut-être encore inachevé), l'aura, par suite
d'une de ces erreurs qui n'étonnent pas ceux qui sont familiers
avec l'histoire des collections canoniques, considérée comme une
portion du fragment qui la précédait et par suite l'aura attribuée
à saint Léon.
De ces observations, il résulte que de 1092 à 1094, époque
où se faisait le Décret, Yves avait à sa disposition quelques-
uns des éléments qui y sont entrés et qui donnent k sa com-
position un caractère spécial; il le cite en 1094, époque où le
Décret, s'il est achevé, ce qui est douteux, ne saurait l'être
depuis longtemps. Enfin, dès son apparition, il en tire la Panor-
mia. On en peut conclure qu'Yves de Chartres a connu le Décret,
non seulement aussitôt qu'il a été publié, mais pendant la période
de préparation ; il faut donc que le Décret ait été rédigé dans
l'entourage d'Yves.
D'autres observations viennent à l'appui de cette conclusion :
par plus d'une citation, le Décret se rattache aux traditions de
l'église de Chartres. Les textes relatifs aux controverses sur
l'Eucharistie y prennent une place très importante ^ or, on sait
combien les clercs chartrains avaient été émus, au xi'' siècle, clés
hérésies enseignées sur ce point par le célèbre archidiacre d'An-
gers ^ Parmi les chapitres où il est traité de l'Eucharistie se ren-
1. VI, loi.
2. Ex decrelo silverii papse, fragment placé entre les décrets de Félix IV et
ceux de Vigile dans la première partie de la TripariUa (collection A). Notre
texte, avec l'attribution à Silvère, se retrouve dans C. 25, Q. 2, c. 22.
3. Décrel, VI, 73.
4. Voir la seconde partie du Décret.
5. M. l'abbé Clerval a fort bien mis ce point en lumière : les Écoles de
Chartres, p. 132 et s.
I 897 21
322 LES COLLECTIONS CANONIQUES
contre une longue citation de Lanfranc' ; or, Lanfranc avait été
le maître d'Yves à l'abbaye du Bec. Enfin, l'auteur du Décret
a, comme on l'a dit plus haut, introduit dans ce recueil le court
pénitentieP attribué à l'évêque Fulbert qui, au commencement
du xi° siècle, avait honoré le siège de Chartres par sa science et
ses vertus; en outre, il a tiré des oeuvres de Fulbert une citation.
De forma fldelitatis^, sur le serment de fidélité, qui fut ensuite
répétée bien des fois par les canonistes du moyen âge. Ce sont là
des traits particuliers du Décret, car ces citations appartiennent à
la portion par laquelle il est vraiment original. Il ne me semble
point téméraire d'en conclure que le Décret porte la marque de
fabrique de Chartres. Mais, dire que le Décret a été rédigé à
Chartres dans les dernières années du xi^ siècle, cela revient à
dire que le Décret, ou bien est l'œuvre personnelle d'Yves, ou
tout au moins, ce qui est plus probable, a été composé par ses
ordres et sous son inspiration. C'est précisément la conclusion
que je crois devoir proposer au lecteur^.
IV.
J'en viens maintenant à la Tripartita. La question de savoir
quel est l'auteur doit être posée successivement pour la collec-
tion A et la collection B ; puis il conviendra de se demander s'il
est possible de découvrir qui a réuni- ces deux collections pour en
faire la Tripartita.
1° Quel est l'auteur de la collection A ?
Il est certain que cette collection était familière à Yves de
Chartres. D'une part, il s'en est servi pour composer le Décret;
d'autre part, il la cite dans plusieurs de ses lettres et aussi dans
la préface dont j'ai déjà parlé, qu'il a composée pour être mise
1. II, 9. Ce fragment est suivi de la Professio Berengarii (II, 10).
2. XV, 187 et 188.
3. XII, 76. Ce texte est inséré au milieu d'une série de fragments provenant
de Burchard.
4. Je n'ai pas invoqué, comme argument, les termes de la ConUnuaiio Prse-
monstratensis et de la Chronique de Tours (voir ci-dessus, p. 313) d'après les-
quels Yves aurait composé un volume, Quod décréta Ivonis dicunt. En effet, les
mots décréta Ivonis sont amphibologiques, et, comme je l'ai montré plus haut,
la Panormia a été plus d'une fois appelée Décréta Ivonis (cf. p. 293, note 1).
ATTRIBOéES A YVES DE CQARTRES. 323
en tête de la Panormia^. On peut considérer comme certain
qu'Yves avait entre les mains la collection A dès 1095, c'est-h-
dire qu'iY Va connue dès qu'elle fut formée. — Cela constitue
une raison très grave de penser que la collection fut formée à
Chartres par les soins et dans l'entourage d'Yves.
En outre, les traits que j'ai signalés plus haut comme marquant
la personnalité de l'auteur de la collection A conviennent bien à
Yves; c'était un ultramontaui par les principes, mais, si dévoué
qu'il fût à la réforme grégorienne, il était modéré dans sa con-
duite et garda en fait une certaine indépendance vis-à-vis du
saint-siège^ Bien plus, il résista à plusieurs reprises aux repré-
sentants du pape, dont il redoutait les empiétements ; cette dis-
position se manifesta notamment dans la conduite d'Yves vis-à-
vis des légats Roger et Hugues de Die, si bien qu'il ne craignit
1. En voici des exemples : les deux citations de Cyrille d'Alexandrie qui se
trouvent dans le prologue d'Yves et qui viennent de la version anastasienne de
VAdio /a du VII' concile générai [Patrologia ladna, CXXIX, c. 222) se retrouvent
sous les n"' 3 et 4 de la première série des Senlenlix Patrum, dans la deuxième
partie de la collection A (voir mon premier article, sur la Triparlita, p. G92, et
le prologue d'Yves, Pa^ro/ojja laiina, CLXI, c. 54). Le second de ces frag-
ments qui, à la fin du xi" siècle, ne figurait pas dans d'autres collections con-
nues de nous, est particulièrement cher à Yves, qui le cite encore dans ses
lettres CLXXI et CCXIV. De même, la citation de saint Augustin : « Neque enim
potest esse salubris..., » qui figure dans le prologue [Ibid., c. 55), apjiarait
dans la seconde série des Sentenlix pairum de la collection A; elle y figure
sous le n" 25 et a passé dansGralien, c. 23, Q. 4, c. 32 (voir l'article déjà cite,
p. 697). La lettre XXVlIId'Y'ves cite le fragment Sicut is qui invitalus renuit,
tiré d'une lettre de saint Grégoire, qui figure aussi dans la collection A, 1 " partie,
S. Grégoire, c. 30 (cf. C. 1, Q. G, c. 30). Le fragment d'une lettre du pape Gélase
cité dans la lettre XLVII : Legatur ex quo..., ([ue Gratien a recueilli plus. lard
(C. 24, Q. 2, c. 2), me parait avoir fait son apparition dans la collection A, 1" par-
lie, Gélase, c. 2. Il en est de même du fragment d'Ana^lasc II {Secundiim Eccle-
sie cathoUcc consuetudinem...), que cite la lettre LXXIII, et qui se trouve dans
la collection A, 1" partie, Anastase II, c. 1 et 2. Je me suis attaché à relever
quelques exemples de passages qui, tout en figurant dans la collection A, ne se
trouvent ni dans la Britannica, ni dans le Décret, ni dans la Panormia; quant
aux textes très nombreux que cite Yves dans ses lettres et qui figurent à la fois
dans la collection A d'une part, et d'autre part dans une autre collection telle
que le Décret ou la Panormia, on conifirend que je ne puisse en tirer d'argu-
ment décisif en ce qui touche la collection A.
2. Voir, sur la conduite d'Yves dans la querelle des investitures, 1 intéres-
sant mémoire de M. Esmein, la Question des investitures dans les lettres
d'Yves de Chartres, dans \a Bibliothèque de l'École des hautes éludes, sciences
religieuses, I, p. 139 et s.
324 LES COLLECTIONS CANONIQUES
pas d'écrire dans sa lettre LIX : « Legationis officium pars est
apostolicœ sullicitudinis, non plénitude potestatis*. » Or, il est
remarquable que ce sont là presque les termes, que je mention-
nais dans une étude antérieure, de certains sommaires de la col-
lection A où sont posées des limites à la puissance des légats
du saint-siège : Quod vicarii A2JOstolicœ Sedis non habeant
plenitudinem potestatis.
Enfin, on a fait remarquer plus haut que le rédacteur de la
collection A tenait beaucoup à produire les canons des conciles
généraux postérieurs à Chalcédoine, ceux du moins qui pouvaient
être invoqués sans scandale en Occident. Or, la correspondance
d'Yves atteste de sa part la même préoccupation. Voyez sur ce
point la lettre LXVIII, à Hugues, archevêque de Lyon : « Je
n'ai pas à faire connaître à votre prudence les dispositions du
septième et du huitième concile général sur les élections d'évêques
faites par les princes. » Et, dans la lettre Cil, à l'archevêque
Manassès de Reims, Yves, revenant sur cette question, s'exprime
en ces termes : « Il n'est point permis aux rois de s'immiscer dans
les élections des évêques, ainsi que le proclame le huitième con-
cile, que l'Eglise romaine recommande et vénère. »
Pour tous ces motifs, on peut croire sans témérité (évidemment
il est impossible d'aller jusqu'à une afiBrmation péremptoire) que
la collection A fut rédigée, peut-être par Yves, tout au moins
sous son inspiration et dans son entourage.
2° La collection B, on l'a vu plus haut, est un simple extrait
du Décret. Cet extrait est sans doute d'origine française. Mais
nous n'avons pas la moindre raison d'en attribuer la formation au
clergé de Chartres plutôt qu'à celui d'aucun autre diocèse.
3» Nous n'avons non plus aucune donnée qui nous permette de
savoir par qui la collection A fut jointe à la collection B. Il ne
nous est donc pas possible de deviner le nom du canoniste de qui
la Tripartita reçut sa forme définitive.
1. Je sais que la lettre LIX, où se trouve cette phrase, a été adressée à Hugues
(le Die à propos d'un conflit soulevé à la lin de 109G (cf. Foucault, Essai sur
Yves de Chartres, p. 224 et s.) ; à cette époque, la collection A devait déjà être
rédigée. Mais la lettre XVIII, au légat Roger, qui peut être attribuée aux
années 1092 ou 1093, prouve que, depuis longtemps, Yves se tenait en défiance
contre les abus d'autorité qu'il craignait de la part des légats agissant sub vêla-
mine apostolicx auctoritads.
ATTRinrÉES A YVES DE CIIARTRKS. 325
C'est seulement sur l'origine de la collection A que nous avons
cru possible d'exprimer une opinion.
Conclusion.
En résumé, la Panormia doit être considérée sans aucune
hésitation comme l'œuvre d'Yves de Chartres; il en est de même,
à mou avis, du Décret, quoique l'attribution à Yves en soit phis
sujette à discussion. Enfin, il me paraît très vraisemblable que
la collection A (c'est-à-dire les deux premières parties de Va Tri-
partita) appartient aussi à Yves ou à son entourage immétliat.
Ainsi, à Cliartres, vers 1094 ou 1095, on composa d'abord,
par les soins de l'évêque, la collection A ; on s'en servit ensuite
pour rédiger le JJéci'ct, dont on ne tarda pas à tirer la Panoi-
niia. Si les choses se sont passées ainsi, et tout porte à le croire,
chacun de ces trois recueils représente une étape distincte de la
pensée d'Yves. Il se borne d'abord à résumer les fausses décré-
tales et à les compléter; et c'est la collection A. Puis, étendant
son ambition, il rassemble un vaste magasin de textes, le mieux
fourni qu'il le peut faire; de là le Décret. Enfin, il tire de ce
magasin un manuel bref, méthodique et commode; c'est la
Panormia, destinée à un très grand succès.
Ces diverses œuvres virent le jour dans une période très
courte^. Je serais enclin à croire (et je ne puis résister à la ten-
tation d'indiquer cette hjpotiièse) qu'elles furent entreprises, ou
du moins ordonnées, par Yves en vue des conciles, présidés par
Urbain II, qui marquèrent en France la fin de l'année 1095 et
l'année 109(3. Ainsi s'explique l'absence, dans nos collections, de
toute décision des importantes assemblées tenues à Clermont
et à Nîmes. Yves, déjà célèbre comme canoniste et muni de
documents, inconnus de ce côté des Alpes, qu'il avait peut-être
rapportés de ses voyages à la cour romaine en 1090 et en 109.'5
(la collection analogue à la Britannica pourrait bien avoir fait
partie de ces documents), entreprit de composer des recueils où il
se proposa de fondre les éléments nouveaux avec les éléments
l. Cela expliquerait les traces fâcheuses qui, surtout dans la Panormia,
décèlent une composition hâtive.
326 LES COLLECTIONS CANO^flQUES ATTRIBUe'eS à YVES DE CHARTRES.
anciens. Substituer des collections plus complètes, mieux pour-
vues de textes, et surtout de textes favorables à la réforme ecclé-
siastique, aux collections incomplètes et surannées telles que
celle de Burchard, tel fut le but général que poursuivit Yves.
Quant à l'occasion prochaine qui le poussa à réaliser ce dessein,
ce fut probablement le désir qu'il éprouva de faire mieux connaître
à ses collègues la législation ecclésiastique, qu'ils étaient appelés
à compléter et à modifier.
Paul FOURNIER.
(A suivre.)
BIBLIOGRAPHIE.
Augusie MoLiNiER. Correspomhmce administrative d'Alfonse de
Poitiers. T. I [Documents inédits]. Paris, Impr. nationale. In-4°,
798 pages.
M. Auguste Molinier a pris à tâche de publier en entier la corres-
pondance administrative d'AIplionse de France, comte de Poitiers et
de Toulouse; le titre même de ce recueil nous dit les services qu'il est
appelé à rendre. On savait, depuis les travaux de M. Boutaric, tout ce
que le frère de saint Louis a fait pour établir un bon gouvernement
dans les pays soumis à son autorité; nul n'ignorait qu'il a contribué,
plus que tout autre, à préparer entre le nord et le midi de notre pays
une fusion nécessaire, et que, pour arriver à connaître les procédés
administratifs de la royauté française au xni« siècle, on peut emprunter
à la correspondance d'Alphonse les renseignements les plus nombreux
et les plus précis. Mais ces documents eux-mêmes étaient pour la plu-
part restés inédits; M. Molinier les met à la disposition du public;
c'est une entreprise pour laquelle le désignaient ses travaux bien con-
nus sur l'histoire du Languedoc.
Le volume que nous avons sous les yeux représente, sous forme de
publication intégrale, le registre conservé aux Archives nationales sous
la cote JJ. XXIVc, ainsi qu'une bonne partie du registre JJ. KKIY**.
On y trouve plus de deux mille documents, émanés du comte Alphonse
ou de ses correspondants, pour la période qui s'étend entre le printemps
de 1267 et celui de 1269. Les pièces, transcrites dans un ordre à la fuis
géographique et chronologique, se rapportent au gouvernement du Poi-
tou, de la Saintonge, de l'Auvergne, du Rouerguc, du Toulousain et
de l'Albigeois, de l'Agénois et du Quercy, du Gomtat-Venaissin. Les
documents sont précédés de rubriques empruntées au manuscrit et que
M. Molinier a complétées lorsqu'il y avait lieu de le faire.
Un des caractères particuliers aux registres d'Alphonse de Poitiers
est que dans chacun des cahiers qui les composent les actes sont insé-
rés par ordre de dates. C'est une disposition dont les historiens ont lieu
de se féliciter. Sans doute nous n'avons ici rien de comparable aux
magnifiques séries que présentent les rôles conservés aux archives de
Londres, où toutes les lettres closes, toutes les lettres patentes des rois
f * ** # # i « •-•» n j| f t ♦ '. aVi ^ Il Cîtlw^^i I I
i « t * •a « t • • •.'*•< I t '^^.^à * 1 1 è «^M i
*i I f * "• i « i • • ^ % I t^ • • %%*f ■ * '^i
330
BIBLIOGRAPHIE.
I
Hii'^
tères ou par la bourgeoisie : M. F.-B. publie (p. 60, note) un mande-
ment royal de 1327 énumérant ces prestations en chevaux, valets et
chariots pour les bailliages de Vitry, Amiens, Rouen, Sens, Troyes,
Orléans, etc. A Bruges, c'étaient les corps de métier qui étaient taxés
chacun à un certain nombre de chevaux de charge ou de trait. Des
marchands suivaient l'armée : pour encourager leur commerce, le
maréchal de l'ost leur délivrait des certificats ou « enseignes » exemp-
tant de tout péage, et le roi les prenait sous sa sauvegarde « entre soleil
levant et soleil couchant » (p. 44, note). Plus d'une fois, en 1285 par
exemple, lors de la guerre d'Aragon, la perte d'un convoi d'approvi-
sionnements obligea nos armées à battre en retraite. L'officier chargé
de cet important service, le maître des garnisons, était quelque clerc de
cuisine, panetier ou trésorier du roi détaché aux armées.
Sur la liste des vivres eux-mêmes, je n'insisterai pas, sinon pour
ajouter quelques détails relatifs aux flottes. C'était une règle, pour la
marine des galères, que le roi fournît le pain et le « bottage, » un
potage aux pois ou aux fèves. Dans les grandes occasions, au moment
du branle-bas par exemple, le capitaine faisait distribuer du vin, et du
bon, aux marins. En temps ordinaire, les gens de l'équipage complé-
taient avec leur solde leur maigre menu, sauf à recourir à un procédé
économique, souvent employé, de se procurer un supplément de vivres.
Ils descendaient en pays ennemi, et, pendant que les hommes d'armes
rangés en bataille dans les champs paraient à une surprise éventuelle,
les rameurs, protégés par les arbalétriers, entraient dans les villages et
chassaient vers les galères les bestiaux. Ils tenaient lieu des pillards et
des bidaux des armées de terre. Ces renseignements, empruntés sur-
tout au Victorial de Gamez, c'est-à-dire à une époque un peu posté-
rieure au sujet traité, ne font du reste que confirmer l'intéressante
étude de M. Funck-Brentano.
Gh. DE LA RONGIÈRE.
Coutumiers de Normandie, textes critiques, publiés par Ernest-
Joseph Tardif. T. II : le Summa de leyibus Normannie in curia
laicali. Rouen, LestringanL, et Paris, Picard et fils, -1896. In-8°,
ccxLviir-395 pages. (Publié par la Société de rhisloire de Nor-
mandie.)
« La Normandie est la province dont le droit coutumier offre, avec une
originalité persistante, le plus vaste ensemble et les plus riches déve-
loppements. » C'est par ces mots que s'ouvre l'introduction placée par
M. Joseph Tardif en tête de l'édition qu'il donna en 1881 du Très ancien
Coutumier de Normandie. Et l'auteur énumérait les onze textes capitaux
où sont consignées les règles du droit normand.
Or, dans cette énumération, après le Très ancien Coutumier, datant
^
BIBLIOGRAPHIE. 320
armorum, est au nombre des délits à la répression desquels il s'est
constamment employé (voir, entre autres, le n» 179). Saint Louis se
montre souvent à côté de son frère dans cette œuvre de pacification; il
ne se fait pas faute d'intervenir, en sa qualité de suzerain, lorsqu'il
estime que les gens du comte ont fait tort à des vassaux directs de la
couronne, tels que le comte de Foix (n<> 227) ou le duc de Guyenne,
l'ennemi de la veille, le roi d'Angleterre Henri III (nos 509 et 510).
Dans les questions qui relèvent de la conscience, nul n'était alors
comparable à saint Louis; est-ce à dire que son frère le comte de Poi-
tiers et de Toulouse n'ait pas eu de ses devoirs une idée fort élevée?
Les résultats de son administration paraissent démontrer qu'il fut un
prince très juste. Les gens du Midi, qui regrettaient leur indépendance,
et parmi lesquels la guerre des Albigeois avait laissé d'odieux souve-
nirs, ne pouvaient guère le considérer comme un des leurs; Alphonse
ne les a presque jamais visités, et c'est de Longpont, de Corbeil, de
Rampillon, de Fontainebleau que sont datés la plupart de ses mande-
ments. Il était pourtant bien supérieur à son prédécesseur Raimond YII,
ce triste sire, et, s'il ne s'est guère préoccupé d'être populaire, il n'en
a pas moins accompli son œuvre. Son histoire est plus instructive que
passionnante, sa personne inspire moins de sympathie que d'estime,
mais on doit rendre hommage à la modération de ce prince qui recom-
mandait à ses officiers d'agir toujours avec courtoisie et bienveillance
(curialiter et bénigne, n» 153). De tels sentiments, chez les grands, sont
assez rares pour mériter un éloge.
Élie Berger.
Fr. Fu\ck-Bre\ta\o. De exercitumn commeatibua tertio decimo et
quarto decimo sicculia post Christ um natum (Ihèse de docloral).
Paris, Champion, ^897. In-8», \\-\l\ pages.
Le service des vivres dans les armées des xiii« et xiv" siècles, voilà,
certes, un sujet qui n'est pas banal pour une thèse latine. Malgré les
travaux de Boutaric sur les Institutions militaires de la France, la
question restait encore assez inconnue pour qu'on se figurât les armées
médiévales comme des troupes de fourrageurs vivant au jour le jour en
pays ennemis, sans autre souci de leurs subsistances. C'est de cette
opinion erronée que M. Funck-Brentano fait justice : sa thè.se, fort
documentée et accompagnée de plusieurs pièces justificatives, montre
de quels soins étaient l'objet les garnisons, les approvisionnements
d'une expédition.
Les seigneurs emmenaient en campagne leurs cuisiniers, fauconniers
et garçons et déployaient un luxe de table que déplore Pierre Du Bois
dans le mémoire De abreviatione gnerrarum adressé à Philippe le Bel.
Les troupes avaient leurs voitures de munitions fournies par les monas-
330 BIBLIOGRAPHIE.
tères ou par la bourgeoisie : M. F.-B. publie (p. 60, note) un mande-
ment royal de 1327 énumérant ces prestations en chevaux, valets et
chariots pour les bailliages de Vitry, Amiens, Rouen, Sens, Troyes,
Orléans, etc. A Bruges, c'étaient les corps de métier qui étaient taxés
chacun à un certain nombre de chevaux de charge ou de trait. Des
marchands suivaient l'armée : pour encourager leur commerce, le
maréchal do l'ost leur délivrait des certificats ou « enseignes » exemp-
tant de tout péage, et le roi les prenait sous sa sauvegarde « entre soleil
levant et soleil couchant » (p. 44, note). Plus d'une fois, en 1285 par
exemple, lors de la guerre d'Aragon, la perte d'un convoi d'approvi-
sionnements obligea nos armées à battre en retraite. L'officier chargé
de cet important service, le maître des garnisons, était quelque clerc de
cuisine, panetier ou trésorier du roi détaché aux armées.
Sur la liste des vivres eux-mêmes, je n'insisterai pas, sinon pour
ajouter quelques détails relatifs aux flottes. C'était une règle, pour la
marine des galères, que le roi fournit le pain et le « bottage, » un
potage aux pois ou aux fèves. Dans les grandes occasions, au moment
du branle-bas par exemple, le capitaine faisait distribuer du vin, et du
bon, aux marins. En temps ordinaire, les gens de l'équipage complé-
taient avec leur solde leur maigre menu, sauf à recourir à un procédé
économique, souvent employé, de se procurer un supplément de vivres.
Ils descendaient en pays ennemi, et, pendant que les hommes d'armes
rangés en bataille dans les champs paraient à une surprise éventuelle,
les rameurs, protégés par les arbalétriers, entraient dans les villages et
chassaient vers les galères les bestiaux. Ils tenaient lieu des pillards et
des bidaux des armées de terre. Ces renseignements, empruntés sur-
tout au Victoria! de Gamez, c'est-à-dire à une époque un peu posté-
rieure au sujet traité, ne font du reste que confirmer l'intéressante
étude de M. Funck-Brentano,
Ch. DE LA RONCIÈRE.
Coutumiers de Normandie, textes critiques, publiés par Ernest-
Joseph Tardif. T. II : le Summa de leyibus Normannie in curia
laicali. Rouen, Lestringant, et Paris, Picard et fils, I89G. In-S",
ccxLviii-395 pages. (Publié par la Société de l'histoire de Nor-
mandie.)
« La Normandie est la province dont le droit coutumier offre, avec une
originalité persistante, le plus vaste ensemble et les plus riches déve-
loppements. » C'est par ces mots que s'ouvre l'introduction placée par
M. Joseph Tardif en tète de l'édition qu'il donna en 1881 du Très ancien
Coutumier de Normandie. Et l'auteur énumérait les onze textes capitaux
où sont consignées les règles du droit normand.
Or, dans cette énumération, après le Ti'ès ancien Coutumier, datant
BIBLIOGRAPHIE. 334
des premières années du xiii« siècle, se présentait le Grand Coutumier,
œuvre de doctrine autant et plus que de pratique, incontestablement
supérieure à la plupart des traités contemporains. Les usages d'une
province, (|ui, moins qu'aucune autre, a subi l'influence du droit
romain et du droit canonique, y furent reproduits avec une telle exac-
titude que ce recueil, quoique composé par un simple particulier, con-
quit dans tout le duché l'autorité d'un véritable Code. « Il y a régné
pendant plus de trois siècles et il exerce encore aujourd'hui son
empire dans les îles de la Manche, dernier débris de la nationalité
normande. »
Le Grand Coutumier a été imprimé à diverses reprises. On en con-
naît plusieurs éditions du xv« et du xvi^ siècle ; une a été donnée au xviii»
par Ludewig dans le tome VII de ses Reliquise manuscriptorum, mais
cet érudit s'est borné à reproduire le texte d'après un seul manuscrit
conservé actuellement à Copenhague. Ces éditions ne répondaient pas,
il s'en faut, aux exigences de la critique. Celle que donna en 1881 M. de
Gruchy, ancien juré-justicier à la cour royale de Jersey, n'était pas
pour les satisfaire; en effet, quoique bien conçue et heureusement exé-
cutée, cette édition, destinée à la pratique judiciaire des îles normandes,
ne fut et ne pouvait être qu'une réimpression améliorée du texte con-
sacré par l'usage, c'est-à-dire du texte des éditions gothiques. Il appar-
tenait à l'éditeur du Très ancien Coutumier de donner enhn du texte
latin du Grand Coutumier, ou, pour l'appeler par son vrai nom, de la
Summa de legibus in curia laicali, un texte établi à l'aide de toutes les
ressources de l'érudition.
Le texte latin (M. Tardif montre par de bonnes raisons que c'est ce
texte et non le texte français qu'il faut considérer comme primitif) est
conservé dans vingt-quatre manuscrits, dont quatorze appartiennent à
la Bibliothèque nationale ; les autres sont dispersés dans divers dépôts
de France et de l'étranger. M. Tardif a vu ces manuscrits et en donne
la description minutieuse; il signale en outre sept manuscrits qui con-
tiennent des fragments plus ou moins étendus de la Summa de legibus.
Il classe ensuite les manuscrits du Coutumier au triple point de vue de
leur date, de leur provenance, des familles auxquelles ils appartiennent.
Ce dernier classement, fait avec tout le soin que comporterait une
recherche au microscope, aboutit à cette conclusion : les manuscrits
présentent entre eux trop de variété pour qu'il soit possible de les rame-
ner à un petit nombre de familles. Les neuf groupes que forme l'au-
teur lui semblent correspondre à autant de types irréductibles dont
aucun ne représente exactement l'œuvre primitive. C'est affaire à une
critique sagace de dégager le texte qui se rapproche le plus possible de
ce premier état. M. Tardif était fort apte à remplir cette tâche. La
comparaison des manuscrits l'a conduit à constater que la Summa de
legibus se compose d'une partie primitive, complétée après coup par
332 BIBLIOGRAPHIE.
l'insertion de passages additionnels, les uns intercalés dans le corps du
texte, les autres placés simplement à la suite. Cette rédaction première
devait comprendre la série qui s'ouvre au début du Coutumier et
s'achève au chapitre cxii, intitulé : De brevi de feodo et firma; le texte
du manuscrit de la Bibliothèque nationale, latin 18557, allégé des
gloses qui l'embarrassent, nous permet de nous faire une idée assez
exacte du Coutumier dans sa forme originale. Une fois ce point établi,
M. Tardif étudie les remaniements successifs qui ont augmenté et
transformé son texte, de manière à lui donner « une physionomie très
différente de celle qu'il avait quand il est sorti des mains de son
auteur; » il dresse un tableau de ces remaniements tels qu'il les com-
prend. Après avoir résolu ces questions, il était en mesure de détermi-
ner les manuscrits qui devaient être la base de son édition; je me
borne à mentionner que, pour la partie du Coutumier qu'il considère
comme primitive, c'est le texte du manuscrit de la Bibliothèque natio-
nale, latin 18557, qu'il a reproduit aussi fidèlement que possible.
Ayant établi ainsi les principes sur lesquels repose son édition,
M. Tardif consacre la seconde moitié de son introduction à une étude
sur la Surnma de legibus. C'est d'abord le mode de division employé par
l'auteur qui provoque son attention. Il est remarquable que la division
de la première partie en distinctions et en chapitres rappelle celle de la
première partie du Décret de Gratien; c'est là une coïncidence qui sans
doute n'est pas fortuite. Quant au plan d'ensemble, il a été surtout
conçu à un point de vue d'utilité pratique; aussi c'est la procédure qui
y tient la première place, a encadrant » le droit privé, dont les prin-
cipes sont moins exposés ex professa que rappelés en passant. Même en
ce qui concerne la procédure, ce plan présente une lacune ; le Coutu-
mier présente en effet l'exposé des règles qui gouvernent chaque action
considérée individuellement, mais il omet les règles générales de la
procédure; au lecteur de se faire à lui-même cette théorie d'ensemble
s'il ne la connaît pas. Sur ce point, comme le dit M. Tardif, les Ordines
judiciarii des canonistes, comme Tancrède et ses pareils, sont bien
supérieurs. En réalité, le succès de la Summa de legibus ne tient pas
au plan de l'ouvrage, mais à la méthode scolastique, suivie rigoureuse-
ment par l'auteur dans l'exposé de chacune -des matières qu'il traite.
Cette méthode sévère, qui fait défaut dans le plan général, se montre
dans la composition de chaque chapitre, « dans les définitions et dans
les procédés de raisonnement, ainsi que dans le soin avec lequel sont
ménagées les transitions. » Le style en est plutôt trop soigné, le rythme
est assez exactement observé. Ce fut évidemment un juriste à l'esprit
vigoureux et cultivé qui composa la portion primitive de la Summa de
legibus.
D'une suite d'observations ingénieuses, M. Tardif croit pouvoir con-
clure que ce juriste accomplit son œuvre entre 1254 et 1258; quant aux
BIBLIOGRiPHlË. 333
remaniements, ils s'échelonneraient du xiii^ siècle au xv^. Malheureu-
sement col auteur n'a point livré son nom, laissant ainsi sur sa per-
sonne un voile épais que les érudits ont plus d'une fois entrepris de
lever. Ils ne paraissent pas jusqu'à présent y avoir réussi, et M. Tardif
a vite fait d'écarter quelques hypothèses fort peu justifiées. Un point
est vraisemblable : l'auteur avait dû fréquenter les Universités et
entendre les maitres en vogue, soit à Paris, soit à Orléans, où Vars
diclandi et le droit canon étaient enseignés avec éclat; il avait dû s'y
familiariser avec les ouvrages courants, Summae et autres, du droit
canonique et civil ; de cette préparation intellectuelle son œuvre porte
des traces indéniables. En outre, à raison de la prédilection qu'il
témoigne pour certains noms de lieux, à raison aussi des indications
que donne sur la diffusion du Goutumier la provenance des manuscrits,
il parait très probable que l'auteur était originaire de Basse-Normandie.
Un fait permet de déterminer d'une façon plus précise la personne,
sinon de l'auteur, au moins du jurisconsulte qui, le premier, avant 1275,
remania le Goutumier. Tout porte à croire que la Summa de legibus est
le recueil que les habitants des iles normandes, dans la première moi-
tié du xiv« siècle, désignaient sous le nom de Summe Maucael, recueil
qui contenait la coutume de Normandie, suivie comme loi par les insu-
laires. Or, il y avait dans le Gotentin, dès le xni^ siècle, une famille
Maucael qui occupait une situation importante; le siège de cette famille
était Valognes, ville souvent citée dans le Goutumier, où d'ailleurs se
tenaient le plus souvent les assises du bailliage du Gotentin, où par
conséquent l'on devait trouver des jurisconsultes. D'une série d'obser-
vations de détails, M. Tardif est amené à conclure que l'un de ces
Maucael fut non pas l'auteur du texte primitif, mais l'écrivain juridique
qui a donné au recueil sa forme définitive en le complétant, avant 1275,
par l'insertion des chapitres cxni à cxxiv.
Le texte du Goutumier est disposé de telle façon que des différences
typographiques indiquent la portion primitive et les remaniements. Ge
texte a été établi par M. Tardif avec un soin minutieux et une admi-
rable conscience. Les variantes sont fournies avec grande abondance,
quoique l'auteur semble s'excuser d'avoir fait un choix et de s'être
borné à indiquer celles qui pouvaient offrir un intérêt pour l'intelli-
gence du texte, des termes techniques, des noms de lieux et de per-
sonnes; ce en quoi, à mon sens, il a eu parfaitement raison.
En somme, nous devons à M. Tardif l'édition définitive de deux
textes d'un intérêt capital pour l'histoire du droit : le Très ancien Gou'
tumier de Normandie et la Summa de legibus; désormais, les historiens
du droit pourront commodément puiser à ces sources si importantes.
La conséquence s'en est fait sentir sans retard ; il a été possible de
proposer le droit normand comme sujet d'étude spéciale aux candidats
à l'agrégation des sciences historiques dans les Facultés de droit. J'es-
334 BIBLIOGRAPHIE.
père que là ne se borneront pas les heureux effets des publications de
M. Tardif. Il y a de cela plus de quinze ans, il semblait nous promettre
une histoire du droit normand du xi« au xiv^ siècle. Puisse-t-il se
hâter de nous donner cette œuvre que, par ses qualités personnelles
comme par ses traditions de famille, il semble tout naturellement des-
tine à accomplir !
Paul FOURNIEB.
Histoire de mon village^ études historiques sur Baucourt et Harau-
court et la région avoisinante, par Sécheret-Gellier. Sedan, impr.
de Jules Laroche, •ISOG. In-8'', viii-493 pages.
Raucourt et Haraucourt sont deux localités importantes du départe-
ment des Ardennes : la première, chef-lieu du canton de l'arrondisse-
ment de Sedan, l'autre, simple commune de ce canton. M. Sécheret-
Gellier, directeur de l'école de Mouzon, a réuni en un fort volume de
près de cinq cents pages les notes qu'il avait accumulées sur ces deux
villages depuis plus de vingt ans et a réussi à donner ainsi une bonne
monographie. Les historiens qui désormais voudront s'occuper du dépar-
tement des Ardennes ne devront pas la négliger. On y trouve en effet
quantité de renseignements intéressants puisés de tous côtés, soit sur
les lieux dits, soit sur les familles, soit sur les personnes, qui serviront
souvent à éclairer bien des points d'histoire locale. Seulement, pour ce
qui est des textes, il ne faut guère en chercher dans ce travail, car,
sauf la charte de franchises accordée à Raucourt par Gaucher, comte
de Rethel, en avril 1255, dont le texte est donné avec la traduction en
regard, et quelques pièces modernes, l'auteur ne donne que des tra-
ductions ou des résumés. En appendice, il analyse un grand nombre
d'actes tirés des Archives nationales, de la Bibliothèque nationale, des
archives des Ardennes, des minutes de notaires concernant les villages
de l'ancienne souveraineté de Raucourt et ceux qui forment la cir-
conscription cantonale actuelle.
Les destinées de Raucourt et de Haraucourt furent intimement liées
dans les siècles passés. Aussi, M. Sécheret-Gellier a-t-il pu unir les
deux pays dans une même histoire. Après avoir glissé rapidement sur
les origines toujours bien problématiques pour des localités de ce genre,
l'auteur entre dans des détails plus abondants pour la période du moyen
âge après que ces deux villages furent venus en la possession des comtes
de Rethel. Ges seigneurs les conservèrent jusqu'au 29 janvier 1549,
date à laquelle Glaude de Foix, comtesse de Rethel, femme de Charles
de Luxembourg, vendit Raucourt et sa seigneurie à Robert IV de la
Marck, seigneur de Sedan. Ils restèrent ainsi incorporés à la princi-
pauté de Sedan jusqu'au milieu du xvii« siècle. Le dernier seigneur
souverain fut Frédéric-Maurice de la Tour d'Auvergne, et c'est en 1642
BIBLIOGRAPHIE. 335
qu'il cessa d'être en possession de cette principauté. L'autour donne en
passant quelques détails sur la monnaie de Raucourt et Haraucourt
avant leur réunion à la couronne, puis, après avoir esquissé leur his-
toire au moment de l'introduction du protestantisme, à la tin de l'an-
cien régime, sous la Révolution, il consacre ses derniers chapitres à la
population, aux impôts, au service militaire, à l'agriculture, au com-
merce, à l'industrie, à l'assistance publique, au territoire, aux hameaux
situés dans les limites de ces communes et enfin aux terribles épisodes
de la guerre de 1870 dont elles furent témoins. En somme, bien que
l'on puisse relever plusieurs fautes telles que celle-ci relative à l'ori-
gine de Sedan, page 78 : « Sedan avait été, lors de l'invasion franque,
une forteresse construite sur la Meuse par Sedanus, lils d'un chef
sicarabre, » ou encore, page 185, cette autre, que les diocèses corres-
pondent aux anciens pagi, tandis que c'est aux civilales qu'ils corres-
pondent et les archiprôtres ou doyennés aux pagi ; cet ouvrage ne sau-
rait être dédaigné pour l'histoire locale à cause du grand nombre
d'indications utiles qu'il renferme.
J. VlARD.
Esmi historique sur l'église et la ville de Die, par Jules Chevalieii,
professeur au grand-séminaire de Romans. T. I. Monlélimar, -1888.
In-S", xii-dOO pages. T. II. Valence, ^896. In-8% 61 G pages.
L'apparition d'un nouveau livre de M. l'abbé Jules Chevalier est tou-
jours une bonne fortune pour les Dauphinois. Comme son cousin, le
chanoine Ulysse Chevalier, dont chacune de ses œuvres le rapproche
davantage, il s'est imposé cette règle de conduite de ne rien écrire qui
ne soit justifié par un texte. Toutes ses assertions sont puisées aux
bonnes sources. Archives publiques et privées, bibliothèques françaises
et étrangères, il connaît tout, pénètre partout et, avec une sagacité et
une persévérance bien remarquables en ce temps de production hâtive,
il réussit presque toujours à découvrir le document inédit qui permet
de rectifier une erreur ou de résoudre un problème jusqu'alors inexpli-
qué. Mais, où il se sépare de son parent, c'est dans l'usage qu'il fait
des matériaux ainsi recueillis. Tandis que M. le chanoine Ulysse Che-
valier se borne à les présenter au public érudit en des éditions soigneu-
sement coUalionnées, qui défient la critique la plus sévère, l'auteur de
VHistoire de Die ne réunit des textes que pour les mettre en œuvre ; et
l'œuvre ainsi construite laisse à l'esprit une impression de reposante
sécurité.
Il n'avait jusqu'à présent donné que quelques monographies, dont
j'ai loué ici même les solides assises, en exprimant toutefois le regret
que ses belles qualités ne fussent point consacrées à des travaux de
plus longue haleine. M. Chevalier a entendu le conseil, et depuis lors,
-^'^ w^ •*^
■^'^'^ ' -^
âUi^
P^Sjkpl
336
BIBLlOGRAPHrE.
en quelques années de labeur, il a mis au jour deux volumes sur l'his-
toire du Diois en même temps qu'il publiait, dans le bulletin de la
Société d'archéologie de la Drôtne, des mémoires très documentés sur les
comtés de Valentinois et de Diois.
En attendant que cette dernière publication soit achevée, — et l'on
me permettra à ce sujet d'exprimer le regret que le Comité de rédaction
de cette laborieuse société découpe en Iragments incompréhensibles, à
force d'être menus, de substantielles études historiques qui ne peuvent
que perdre à être ainsi traitées comme des romans-l'euilletons, — en
attendant, dis-je, l'heure où ces disjecti membra poetie reprendront corps
en un tirage à part, je dois présenter aux lecteurs de la IhOiiotkègue de
l'École des chartes, VEssai historique sur Die, dont deux volumes ont
actuellement paru.
Le tome I prend la petite ville de Die à l'époque où elle était une
bourgade ignorée du pays des Voconces et la suit jusqu'à l'année 1277,
date de la réunion de l'évêché de Die à celui de Valence ; le tome II
s'arrête au seuil du xvi« siècle avec les premières prédications de la
Réforme,
Il faut le reconnaître, pendant cette période de quinze siècles, le Diois
n'est le théâtre d'aucun événement bien important. Inconnue avant la
conquête romaine, Die est baptisée par Auguste du nom de Dca Auyusta.
Elle passe ensuite aux Burgondes, puis aux Francs, fait partie du
royaume de Bourgogne fondé àMantaille par lioson,etdans le démem-
brement de ce royaume, après la mort de Rodolphe III, échoit à des
comtes, qui sont à leur tour dépouillés par les évêques, tandis (ju'ils
guerroient en Palestine aux côtés du comte de Toulouse.
L'usurpation des évêques est ratifiée par Frédéric-Barberousse, qui,
en 1178, leur confère les droits régaliens. Durant le siècle suivant, les
bourgeois de Die conquièrent de haute lutte leurs franchises munici-
pales. La plus importante de ces concessions forcées porte la date du
1«»' juillet 1218. Elle reconnaît aux bourgeois le droit de s'administrer
eux-mêmes par des consuls et un conseil, de réglementer la police
de la ville, de veiller à sa défense, de s'imposer et de lever des tailles
sur tous leurs concitoyens pour faire face aux dépenses d'intérêt com-
munal.
La bulle du 25 septembre 1275, par laquelle Grégoire X réunit les
deux évêchés de Valence et de Die, clôt, avec le jn-emier volume de
M. Chevalier, la période indépendante de l'histoire du Diois. Désor-
mais, ses destinées seront étroitement liées à celles du Valentinois.
Et, en effet, la moitié du touK^ il est consacrée aux luttes des évêques
de Valence contre les comtes de Valentinois. Dans et; long exposé, où
se succèdejit et parfois s'enchevêtrent guerres, procès, négociations,
arbitrages, traités de paix aussitôt violés que conclus, la petite ville de
Die disparaît de plus en plus et le Diois liii-niême cède souvent la place
iL
BIBLIOGRAPniE. 337
au Valentinois. En feuilletant ces pages extraordinaireraent touffues,
nous rencontrons une intéressante étude sur les barons de Mévouillon,
dont la généalogie n'a pas encore été suffisamment élucidée. M. l'abbé
Chevalier lui-même semble avoir renoncé à dénouer cet inextricable
nœud gordien (voyez la note 2 de la page 91, qui annonce pour la fin
du volume une généalogie des Mévouillon, et la mention inscrite on tète
des additions et corrections, page 602, supprimant purement et sim-
plement cette note).
Par son testament, daté du 4 juillet 1419, le dernier comte de Valen-
tinois, Louis II de Poitiers, laissait tous ses états au dauphin Charles,
à condition qu'ils seraient à jamais unis au Dauphiné. M. l'abbé Cheva-
lier raconte, d'après les sources conservées aux archives de l'Isère, les
dramatiques péripéties de ce grand événement historique et apprécie
exactement le rôle qu'y joua contre la France l'évêque de Valence Jean
de Poitiers.
Signalons encore dans ce volume la cession par le roi Louis XII des
comtés de Valentinois et Diois à César Borgia et un appendice sur les
livres liturgiques de l'église de Die antérieurs au concile de Trente,
appendice où l'on trouverait une nouvelle preuve des déprédations dont
ont été victimes, au commencement de ce siècle, la plupart de nos
bibliothèques et de nos dépôts d'archives.
Un certain nombre de pièces justi6catives, judicieusement choisies
et correctement éditées, complètent chacun de ces volumes, auxquels
il serait difficile d'ajouter un fait, intéressant de près ou de loin le Diois,
que n'ait pas connu leur consciencieux auteur.
Consciencieux, il l'est, en effet, et peut-être avec excès. A l'ampleur
qu'a prise dans ces deux volumes l'histoire de Die, on peut conjecturer
qu'il faudra deux nouveaux volumes à M. l'abbé Chevalier pour achever
son œuvre. Or, il est permis de se demander s'il n'y a pas quelque dis-
proportion entre l'importance assurément restreinte de son sujet et les
développements qu'il a cru devoir lui donner. Quatre volumes de" six
cents pages chacun pour raconter la simple histoire de ce petit coin de
terre, cela peut paraître excessif. Certes, je comprends et j'excuse,
l'ayant éprouvée moi-même, cette tendance des historiens provinciaux
à s'exalter pour la ville dont ils écrivent les annales et à exagérer
quelque peu le rôle, souvent obscur, qu'elle a joué dans le monde. Celte
exaltation est salutaire; car sans elle aucun de nous ne se résignerait à
entreprendre ces reconstitutions patientes, laborieuses et, en somme,
utiles, — les grands historiens le jjrouvent tous les jours en les met-
tant à contribution, — mais ingrates et sans gloire. Le public, qui fait
les réputations, et les académies, qui les consacrent, leur préféreront
toujours la moindre dissertation sur un sujet d'intérêt général. Mais tel
n'est pas le cas de M. l'abbé Chevalier. Loin de grandir le passé de sa
ville, il en a, sans s'en rendre compte, montré le néant, en le noyant
1897 22
338 BIBLIOGRAPHIE.
dans une série de faits qui n'ont avec lui qu'un rapport éloigné ou qui
même n'en ont pas du tout. A propos de l'église de Die, il nous donne
des chapitres entiers de l'histoire du Valentinois et du Dauphiné et il
s'égare en de fréquentes digressions sur l'histoire de France, de l'Em-
pire et de l'Eglise. Dans ce cadre, qui va toujours s'élargissant, le petit
comté de Die s'efface, et il faut de longues recherches pour y retrouver
les traits qui lui sont personnels.
Joignez que c'est moins l'histoire de l'église de Die qui est écrite
dans ces deux volumes que celle de ses évêques. L'auteur les prend
successivement à leur naissance et les suit jusqu'à leur mort, analy-
sant pieusement tous leurs actes, même lorsque ces actes n'ont aucun
lien avec le Diois. Un exemple : quelques évêques de Valence et de Die
ont eu temporairement l'administration du diocèse de Vienne; M. Che-
valier en prend acte pour consacrer de longues pages aux démêlés des
archevêques de Vienne avec les dauphins.
C'est à l'emploi constant de ce procédé que VEssai historique sur Die
a dû de prendre des proportions aussi extraordinaires. Le sujet, dégagé
de tous ces hors-d'œuvre et réduit à ses éléments essentiels, eût pu,
je le crois, être traité en un volume, surtout si M. Chevalier avait
reporté aux pièces justificatives ou résumé dans des notes les nom-
breux documents qu'il a intercalés in extenso dans son texte, en les tra-
duisant.
Ces défauts de composition rendent laborieuse la lecture de ces deux
volumes ; mais ils ne sauraient nous faire oublier le précieux trésor
d'érudition qui s'y trouve accumulé, trésor où devront venir puiser à
l'avenir, comme aux sources originales, dont il est un produit direct,
tous les historiens du Dauphiné.
A. Prudhomme.
Archives de la ville de Montpellier. Inventaires et documents. T. I,
^ " fasc. : Notice sur les anciens inventaires des archives munici-
pales de Montpellier, par Ferdinand Gastets,... Jos. Berthelé...
Montpellier, impr. Serre et Roumégous, 1895. ln-4°, cxLiir pages,
avec -16 photolypies.
La ville de Montpellier a décidé, en décembre 1894, la publication
d'une série d'inventaires et de documents des archives municipales. Le
premier volume de celte collection a déjà paru et l'Litroduction, dans
laquelle notre confrère M. Berthelé, archiviste départemental, et M. Cas-
tets, doyen de la Faculté des lettres, ont retracé l'histoire des anciens
inventaires, a été tirée à part avec raison. C'est, en effet, un mémoire
considérable, fort intéressant, et qu'il nous semble convenable de signa-
ler à l'attention de nos lecteurs.
Montpellier a conservé plusieurs inventaires anciens, dont quelques-
BIBLIOGRAPHIE. 339
uns remontent à une date fort reculée .- l'inventaire des archives de la
commune clôture (magistrats chargés de veiller à l'entretien des murs
de la cité), rédigé en 1264, avait été publié par M. Achille Montel dans
la Revue des langues romanes*; MM. Berthelé et Gastets nous en
donnent la reproduction photographique. Le premier inventaire des
archives du consulat proprement dit, qui remonte également à la fin du
xni« siècle (l'écriture du manuscrit dont un feuillet est reproduit en
fac-similé en fait foi), était au contraire resté inédit; les auteurs de la
notice l'ont intégralement reproduit. Comme tous les anciens inven-
taires, il est extrêmement sommaire et rédigé uniquement dans un but
d'utilité pratique, sans souci de l'intérêt historique. C'est d'ailleurs un
caractère commun aux anciens inventaires que MM. Castets et Berthelé
nous font connaître successivement : second inventaire du consulat et
second inventaire de la commune clôture, tous deux du xiv^ siècle et
tous deux publiés par M. Montel 2; troisième inventaire du consulat
du xv siècle, qui offre un intérêt tout particulier, puisqu'il a permis
aux auteurs de reconstituer l'exacte physionomie du trésor des archives
à la fin du xv^ siècle. La planche IX de la Notice nous montre la dis-
position à cette époque et pendant les trois siècles qui suivirent des
cassettes et caisses composant deux armoires des « grandes archives, »
tandis que la planche XII nous montre la disposition actuelle des cas-
settes gothiques conservées jusqu'à nos jours.
L'inventaire dressé en 1662-1663 par Louvet, non plus avec le simple
souci de l'utilité pratique, mais avec la curiosité de l'érudit désireux de
servir les études historiques, a fourni à MM. Berthelé et Castets l'oc-
casion de nous faire connaître la physionomie de cet érudit un peu
oublié et dédaigné, mais dont l'activité scientifique a été assez consi-
dérable; ils sont parvenus à éclaircir plusieurs points restés assez obs-
curs de son existence^; de ses nombreux travaux le plus méritoire est
sans doute l'inventaire des archives de Montpellier, qui encore aujour-
d'hui reste l'instrument le plus commode de recherches dans les
archives municipales, ce qui lui a valu d'être publié comme second
fascicule de la collection, dont le premier fait l'objet de ce compte-
rendu.
En même temps que Louvet dressait l'inventaire du grand chartrier,
un feudistc montpelliérain était chargé de rédiger l'inventaire du fonds
du greffe consulaire; il s'en acquitta non point sans doute avec le môme
L Tome II (1871), dans l'article intitulé : le Livre des privilèges de la com-
mune clôture,
2. Revue des langues romanes, t. III, 1872.
3. Ils annoncent d'ailleurs que M. Galle rédige une notice .sur cet écrivain,
qui sera insérée en tôte de l'édition de V Histoire de Ville franche qu'il prépare
en collaboralion avec notre confrère M. Guigue.
340 BIBLIOGRAPHIE.
souci de l'érudition que Louvet, mais avec soin et avec conscience, et
son répertoire est encore un précieux instrument de recherches, bien
que le bouleversement apporté au classement du fonds auquel il se rap-
porte lui ait fait perdre en partie de son utilité.
L'œuvre du xvni^ siècle aux archives de Montpellier n'a qu'une
importance tout à fait secondaire : l'on s'est contenté dePfaire soit des
récolements soit des additions aux inventaires anciens.
Jusqu'ici le xix<= siècle a fait deux choses pour les anciennes
archives : 1° il les a reclassées dans un ordre nouveau ; 2° il les a établies
dans un local tout à fait digne de les recevoir, à la Tour-des-Pins,
monument historique construit du xii*' au xiv^ siècle. M. Berthelé est
trop archéologue pour n'avoir pas profité de l'occasion, et il nous a
donné quelques pages fort précises sur ce monument.
Cinquante- quatre pièces justificatives, échelonnées de 1657 à 1880,
forment un utile appendice à ce volume, qui ouvre d'une manière bril-
lante la série des Inventaires et documeiits des archives municipales de
Montpellier.
E.-G. Ledos.
Chronicon Henrici Knighton, vel Cnitthon, monachi Leycestrensis^
edited by Joseph Rawson Lumby..., published by the authority of
the Lords commissioners of her Majesty's Ireasury, under the
direction of the master of the Rolls, '1889-^895. 2 vol. in-8%
xx-479 pages et ciii-354 pages.
Il est impossible de ne pas protester, chaque fois que l'occasion s'en
trouve, contre l'extraordinaire principe qui préside aux éditions publiées
sous la direction du master of the Rolls. Autant il était raisonnable
pour cette belle collection d'adopter le format in-8°, autant il était diffi-
cilement justifiable d'obliger les éditeurs à la règle suivante : « no
other note or comment was to be allowed , except what might be
necessary to establish the correctness of the text. » Il est plus aisé de
poser des principes comme ceux-là que de les expliquer. J'oserai
même- dire qu'ils sont blessants pour les éditeurs qu'on suppose, d'une
manière générale, incapables d'illustrer de notes de valeur le texte
qu'ils publient. En tout cas, des chroniques telles que celle de Knigh-
ton, religieux de l'abbaye de Leicester, ne peuvent pas se passer de
notes historiques et géographiques identifiant, dans la mesure du pos-
sible, les lieux et les personnes. Voilà un texte historique qui cite à la
fois, sous des formes trop anglaises, des noms flamands, allemands,
français; admettra-t-on avec l'auteur du programme de la collection
que la besogne de l'éditeur est terminée quand il a imprimé ces noms
sous une forme barbare ?
Ces réserves faites, qui empêchent cette très belle série de publica-
BIBLIOGRAPHIE. 34 ^
tions d'être placée dans restimo du public sur un rang égal à celui
qu'occupent dans le monde savant la plupart des volumes de la collec-
tion des Documents inédits, je m'en voudrais de ne pas rendre hom-
mage aux soins apportés par M. Rawson Lumby à son édition. L'in-
troduction a paru en tète du deuxième volume, et il y a résumé le récit
do l'auteur. En même temps, il a pris soin de signaler que les deux
premiers livres de Knighton étaient empruntés à la PoUjchronicon
d'Higden et à Walter d'Hemingburgh, lequel a fourni en outre les
éléments de la majeure partie du livre III'.
Les lecteurs français apprendront avec intérêt de M. Rawson Lumby
que c'est en somme le tome II de son édition qui contient la partie
originale de la chronique; mais, malgré l'opinion de l'éditeur, il ne
faudrait pas croire que, pour les faits de guerre d'Edouard III en France,
le récit de Knighton, comparé à celui des chroniques anglaises con-
temporaines, soit de faible valeur.
Si le livre IV, par lequel débute le tome II, est bien l'œuvre de
Knighton, le règne de Richard II, formant en quelque sorte un cin-
quième livre, doit être sans doute imputé à un écrivain différent (mais
aussi religieux à l'abbaye de Leicester). M. Rawson Lumby en donne
deux raisons : l'une tirée du contexte du prologue n'est pas sans
valeur; l'autre, à mon avis moins sérieuse, il la déduit de l'examen du
style et de la narration. Peut-être eùt-il pu tirer argument aussi de
l'admiration presqu'outrée du rédacteur du livre V pour Jean, duc de
Lancastre, accablé de louangeuses épithètes, alors que le livre IV est
plus froid et, l'avouerai-je, par là même plus raisonnable.
En définitive, M. Rawson Lumby présume que Knighton, devenu
d'ailleurs aveugle à la fin de sa vie, a poussé son travail jusqu'à la mort
d'Edouard III et qu'un des religieux du même monastère a continué sa
besogne jusqu'en 1395.
Je ne puis mieux faire en terminant que d'engager les lecteurs de
Knighton à consulter sa chronique dans la nouvelle édition que le
gouvernement anglais met à la disposition du public. Elle est plus
commode à consulter, si elle n'a pu être bien meilleure que celle de
Twysden"^. Mais il eût été si aisé d'en rendre, avec quelques notes
d'identification, l'usage agréable, qu'on peut vraiment regretter l'obser-
vation, disons mieux, l'établissement d'un programme aux prescriptions
aussi fâcheuses.
H. MORANVILLÉ.
L Pour la période comprise entre 1315 et 1327, il semble à M. Rawson Lumby
que Knighton ait fait des emprunts à Adam Murimutb et à Trokelowe.
2. Une table des noms termine le volume II.
342 BIBLIOGRAPHIE.
A. Geffroy. L'Islande avant le christianisme, d'après le Gragas et
les Sagas. Paris, Leroux, -1897. In-I2, -199 pages.
Ce livre est la reproduction amplifiée de travaux autrefois publiés,
dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions, par un des savants
qui ont le mieux connu les pays du Nord. Recueillies par une main
pieuse, les pages que M. Geffroy avait consacrées à l'ancienne Islande
sont mises à la disposition de ceux qui aiment les attrayantes légendes
des peuples Scandinaves ou se sentent portés à cliercher des rapproche-
ments entre les mœurs de la vieille France et les usages de peuples
éloignés de nous par le temps, le climat et les vicissitudes de l'histoire.
Il faudrait avoir, en ces matières, une compétence qui nous manque
pour discuter les opinions émises par M. Geffroy, pour apprécier l'usage
qu'il a fait des textes; mais sans faire entrer en ligne de compte des
sentiments de reconnaissance ou de respectueuse amitié, nous avons le
droit d'appeler l'attention sur un volume doublement intéressant par le
choix du sujet et l'art de la mise en œuvre. Pour nous faire connaître
le caractère et les lois des anciens Islandais, l'auteur ne s'adresse pas
seulement aux sources écrites, juridiques ou narratives; il revient sou-
vent à la description de l'Islande; il peint avec beaucoup de couleur la
nature de cette terre étrange, autrefois si vivante, presque morte
aujourd'hui. Aussi le suit-on avec infiniment de plaisir lorsqu'il
raconte la première colonisation de la grande île par les Scandinaves,
décrit les assemblées tumultueuses du peuple islandais ou déroule les
sanglants épisodes d'une légende à la fois touchante et sauvage, la Saga
de Niai.
Les événements que retrace cette épopée historique se rapportent au
dernier tiers du x'^ siècle et aux premières années du siècle suivant,
quoique la Saga de Niai ait été composée environ cent ans plus tard.
C'est l'époque où le christianisme s'est introduit en Islande ; mais les
mœurs dont la Saga de Niai nous offre le tableau sont bien celles des
anciens hommes du Nord, mœurs souvent féroces, où pourtant on
retrouve à tout instant, à côté d'instincts brutaux, la trace de senti-
ments nobles et élevés. Les vieilles lois dés Islandais ressemblent à
leurs récits nationaux; elles les commentent et les confirment; elles
montrent, dans la vie publique, ces hommes à la fois violents et épris
de formalisme, toujours prêts à trancher leurs différends par les armes
et capables de se quereller à l'infini sur une question de droit.
M. Geffroy discute l'attribution de la Saga de Niai à Saemund Frode,
le rédacteur présumé de VAncienne Edda, qui fut disciple de l'Univer-
sité de Paris. Il décrit les manuscrits du Gragas, le code qui nous a
conservé, réunies et commentées, les différentes lois que l'Islande s'est
données depuis l'époque de la colonisation jusqu'à la fin du xni« siècle.
BIBLIOGRAPHIE. 343
C'est en s'appuyant sur ces deux textes et sur d'autres encore (ju'il
décrit les mœurs et les coutumes juridiques de l'Islande. Rien n'est
plus curieux, plus vivant que l'exposé de cette singulière procédure,
dont le duel judiciaire est souvent le dernier acte. La réglementation
du duel, la substitution des épreuves judiciaires à cet usage barbare,
l'emploi de la composition pécuniaire, du wehrgeld, viennent, à la fin
du volume, nous rappeler que la civilisation du Nord intéresse à plus
d'un titre ceux qui se consacrent à l'étude du moyen âge français.
Elie Berger.
Léon Dorez. Le sac de Rome (1527). Relation inédite de Jean Cave,
Orléanais. (Extrait des Mélanges d'archéologie et d'histoire publiés
par l'École française de Rome, t. XVI.) Rome, Philip])e Guggiani,
^1896. ln-8°, 90 pages.
Ce n'est pas simplement une relation inédite du sac de Rome, comme
le titre semblerait l'indiquer, mais tout un dossier de pièces curieuses
que M. Dorez nous offre sur le triste événement qui désola la ville des
papes. En effet, à la relation de l'orléanais, peu connu ' et médiocre
écrivain, qu'il a tirée du ms. lat. 13841 de la Bibliothèque nationale,
M. Dorez ajoute : 1° la lettre déjà connue et citée, mais restée inédite
de Guillaume du Bellay à l'amiral Chabot (8 juillet 1527); 20 une lettre
de François le-- à Clément VII (août 1527); 3° une lettre du cardinal
Ridolfi au chancelier Du Prat (12 octobre 1527); 4° un poemetto de
Pietro Corsi, humaniste distingué, dont l'édition, publiée en 1528 à
Paris, est rarissime.
Amené naturellement à comparer le récit de Jean Gave avec les
autres relations françaises, M. Dorez a fait une découverte qui fait
honneur à sa perspicacité; il montre péremptoirement que l'anonyme,
dont le récit a été publié par M. Omont, n'est autre que César Grolier,
dont on avait déjà une chronique signée du sac de Rome. Il a pu, par
la même occasion, réunir quelques indications sur le fils du célèljro
bibliophile et sur sa famille.
Nous signalerons encore dans la préface de M. Dorez, les quelques
textes qu'il a recueillis sur le pillage des collections romaines, qui l'ut
l'un des résultats de ce désastreux événement.
E.-G. L.
1. M. Dorez le rapproche ingénieusement d'uu médecin du même nom lixé
quelques années auparavant à Rome et d'André Cave, secrétaire apostolique
sous le pontificat de Paul III.
344 BIBLIOGRAPHIE.
Carnet de voyage cVun antiquaire poitevin^ par Joseph Berthelé.
Paris, Emile Leclievalier ; Montpellier, Joseph Calas, ^896. In-8o,
384 pages.
La plupart des quarante-cinq morceaux qui composent ce volume
sont extraits de la Revue poitevine et saintongeaise, dont M. Berthelé a été
le directeur et l'âme pendant les années qu'il a passées aux archives
des Deux-Sèvres. Cette origine explique, — mais n'excuse pas complè-
tement, — l'absence d'ordre et de classement de ces divers articles;
c'est ainsi que les notes sur d'Anciens artistes et artisans poitevins sont
séparées en deux et même en trois tronçons ^. Ce désordre a peut-être
l'avantage de mieux faire ressortir la variété du volume, oii les matières
les plus diverses sont en effet traitées : architecture religieuse, civile ou
militaire, épigraphie, lanternes des morts, croix de cimetières, fers à
hosties, etc., sans oublier les cloches; car chacun sait que qui dit Ber-
thelé dit cloches; notre confrère s'est fait une spécialité de l'archéologie
campanaire; toute une partie de ses Recherches pour servir à l'histoire
des arts en Poitou (Melle, Lacuve ; Paris, Thorin, in-8o), auxquelles
l'Académie des inscriptions et belles-lettres a décerné en 1890 l'une de
ses récompenses, est consacrée à cette matière, et il prépare sur la ques-
tion un ouvrage considérable. Dans le volume que nous annonçons ici,
il n'y a pas moins de neuf articles consacrés aux cloches 2. Mais ce qui
forme la pièce de résistance, ce sont des études d'archéologie monu-
mentale, et tout d'abord le mémoire présenté au congrès des Sociétés
savantes le 29 mai 1890 et dans lequel M. Berthelé démontre l'origine
anglaise du donjon de Niort et fixe sa date de construction aux environs
des années 1155-1160. C'est à un autre congrès des Sociétés savantes
qu'a été lu le 4 avril 1893 le mémoire sur la date de l'église de Saint-
Géneroux, qu'il attribue à la seconde moitié du x^ siècle. Sur l'octogone
de Montmorillon, M. Berthelé nous amène à cette probabilité que ce
monument fut intentionnellement construit sur le plan du Saint-Sépulcre
de Jérusalem à la mode des Templiers.
A des points de vue différents, je signalerai encore les documents
fort curieux réunis par l'auteur sur la fondation d'une école rurale en
1. En trois, si on y fait rentrer l'article sur les Anciennes orgues de Notre-
Dame de Mort, comme l'indique le premier titre de l'article; à la table, cette
mention est supprimée.
1. 21. Quelques textes campanaircs saiiilongeais et aunisiens; 25. Trois
cloches inédites de Lavouzelle; 26. La cloche de Charles VII à Niort; 27. Les
cloches du doyenné de Mazières; 34- Deux jours à Carrépuits ; 41. Les cloches
de Lusignan; 42. Anciennes cloches châtelleraudaises; 43. Un document cam-
panaire périgourdin du xvi" siècle, conservé en Poitou; 44. Quelques anciens
textes cainpanaires du déparlement de la Vienne.
BIBLIOGRAPHIE. 345
Poitou aux xvi" et xyii" siècles; les notes sur d'anciens artistes et arti-
sans poitevins ou ayant travaillé en Poitou ; enlia la notice nécrologique
sur Léopold Favre, bien connu comme éditeur des glossaires do
Du Gange et de Lacurne de Sainte-Palaye, et dont on ne sera pas
facile de trouver ici une bibliographie ample et soignée*.
En voilà suffisamment pour montrer que notre confrère a bien fait de
réunir en volume ces articles perdus pour la plupart dans une revue de
province. Nous terminerons par un regret : pourquoi le volume n'est-il
pas muni d'une table alphabétique des matières, instrument utile, sinon
nécessaire, dans un recueil de ce genre?
E.-G. L.
Compte-rendu du troisième congrès scientifique international des
catholiques tenu à Bruxelles du S au 8 septembre 189i. Bruxelles,
SociéLé belge de librairie, 1893. 9 vol. in-8'^de^57, 34(5, 332, 219,
496, 203, 346, 3^5 et 84 p. 20 fr.
Le compte-rendu du troisième congrès scientifique international des
cathoUques est divisé en neuf sections : 1» Introduction; 2"» Sciences
religieuses; 3° Sciences philosophiques; 4° Sciences juridiques et éco-
nomiques; 5° Sciences historiques; G» Philologie; 1" Sciences mathé-
matiques et naturelles; 8» Anthropologie; 9° Art chrétien, et forme en
tout neuf volumes ou fascicules qui, malheureusement, ne se vendent
pas, croyons-nous, séparément. Bon nombre de mémoires lus au congrès
sont de nature à intéresser nos lecteurs; mais la place nous manque
pour les analyser. Nous indiquons ci-après ceux qui ont plus particu-
lièrement attiré notre attention.
Sciences historiques : Abbé Duchesne, Les anciens recueils de légendes
apostoliques. — Paul Allard, La situation légale et matérielle du paga-
nisme au milieu du IV^ siècle. — P. Cb. De Smedt, Les origines du duel
judiciaire. — P. Albert Poncelet, La plus ancienne vie de saint Géraud
d'Aurillac(i90^). — Paul Fournier, De l'étude des collections canoniques
du /!« au J//« siècle. — E. Jordan, Le Saint-Siège et les banquiers ita-
liens. — D-- Luka Jelic, L'évangélisation de l'Amérique avant Christophe
Colomb.
Philologie : L'abbé F. Nau, Le livre de V Ascension de l'esprit, notice
sur un traité d'astronomie écrit en 1279 par Grégoire Aboulfarag dit
Bar Hebreus.
Sciences religieuses : Mgr Kirsch, Les colleclions de la Chambre apos-
tolique vers le milieu du XI V siècle. — Abbé Auger, Une doctrine spé-
ciale des mystiques au 17 7« siècle en Belgique. Ruxjsbroeck et la vie
commune. — Abbé Vacandard, Saint Bernard et la reforme cistercienne
1. Malheureusement, M. Bertheié n'en a i>as numéroté les articles.
346 BIBLIOGRAPHIE.
du chant grégorien. — Mgr A. de Waal, Le chant liturgique dans les
inscriptions romaines du /F« au IX^ siècle.
Art chrétien : Helbig, Les origines de la peinture de paysage dans l'art
moderne. — Abbé Favé, Les sculptures flamandes en Basse-Bretagne;
à propos du retable de Herdevot.
Anthropologie : Cosquin, Les contes populaires et leur origine. Dernier
état de la question. — Simonet, L'influence de Vêlement indigène dans la
civilisation des Maures de Grenade.
Nous n'avons pas relevé dans l'énumération précédente d'importants
mémoires sur les questions d'archéologie préhistorique dans le volume
intitulé Anthropologie et plusieurs études très précieuses pour l'histoire
ecclésiastique des premiers siècles dans le volume intitulé Sciences
religieuses.
P. V.
LIVRES NOUVEAUX.
SOMMAIRE DES MATIÈRES.
Généralités, 314, 439.
Sciences auxiliaires. — Chronologie, 452, 531. — Épigraphie, 457.
— Paléographie, 400, 506. — Manuscrits, 349, 381, 390, 429, 442, 443,
461, 484. — Imprimés, 329, 335, 336, 393, 491, 495.
Sources. — Chroniques, 287, 529. — Correspondance, 370. —
Archives, 289, 291, 357, 377, 386, 387, 399, 494, 536, 537, 554. — Gar-
tulaires, 325-328, 332, 362, 555. — Chartes, 348, 361. — Regestes,
489, 552.
BioGRApmE. — Lyonnais, 504; Poitou, 300, — Adalbert, 411; Jean
d'Angouléme, 368, 468; Jeanne d'Arc, 295, 306; Ariald, 496; saint
Augustin de Cantorbéry, 465 ; Benoit YIU, 550 ; Blanche de Castille,
363 ; Robert Bruce, 466 ; Calixte III, 356 ; Charlemagne, 485 ; Clément V,
441 ; Clément de Metz, 525; Collalto, 361; Datini, 324; Du Guesclin,
408; Dunois, 356; Ebles, 468 ; Erlembald, 496; Gerbert, 502; Herrade
de Landsberg, 526; Hugues de Clers, 468; Innocent V, 548; Joinville,
316, 490; Lancastre, 410; Laurent de Médicis, 391 ; Nicolas de Tolen-
tino, 540; Petiot, 313; Pétrarque, 463; Pic de la Mirandole, 365; Pierre
d'AndIau, 419; saint Solenne, 522; saint Vital, 379; Vittorino de
Feltre, 557.
Géooraphie, 367.
BIBLIOGRAPHIE. 3^7
Droit, 303, 371, 397, 409, 418, 430, 440, 474, 482, 514, 556.
Institutions, 294, 298, 373, 374, 389, 390, 398, 440, 448, 454, 558.
McEDRS, HISTOIRE ÉCONOMIQUE, 388, 392, 450, 469, 472, 503, 520,
Enseignement, 471, 557.
Sciences, 347, 366, 538.
Religions. — Judaïsme, 293,437; catholicisme, 420, 479 ; lipsano-
graphie, 310; papauté, 345; croisades, 415, 528; inquisition, 474; ordres
religieux, 293, 481, 482, 539; théologie, 351; liturgie, 453, 543; maho-
métisme, 477.
Archéologie, 315, 337, 344, 467, 475, 501, 507, 513,535. — Architec-
ture, 394, 414, 445, 497, 524, 547. — Sculpture, 391,411,434,460,464.
— Peinture, 301,423, 451. — Poteries, 331. — Étoffes, 309. — Ameu-
blement, 517. — Art miUtaire, 296. — Musique, 341, 400, 427. —
Danse, 534. — Jeux, 435. — Héraldique, 505. — Sigillographie, 286,
334, 421, 458. — Numismatique, 288, 305, 334, 354, 3.^5, 401, 426,
436, 483, 533.
Langues et littératures, 290, 307, 428, 486. — Langue grecque, 292,
551. — Latine, 302, 352. — Langues romanes, 339; français, 293, 364,
492, 499, 518, 519; italien, 297, 338, 444. — Langues germaniques;
allemand, 350, 402, 416, 493, 527; anglais, 333, 343, 449. — Langues
slaves, 462.
SOMMAIRE GÉOGRAPHIQUE.
Allemagne, 305, 311, 320, 358, 375, 376, 401, 403, 412,421,422,424,
432, 446, 470, 476, 512, 542, 545, 555.
Autriche-Hongrie, 323, 372, 431, 535.
Belgique, 298, 328, 340, 348, 430, 536, 544.
Espagne, 382, 384.
FR.ANCE, 498, 509. — Bretagne, 406, 407; Bresse, 405; Champagne,
293; Flandre, 472; Gascogne, 363; Limousin, 541 ; Marsan, 539; Niver-
nais, 508 ; Picardie, 501. - Ain, 378; Aube, 291; Calvados, 380; Cha-
rente, 387; Côte-d'Or, 385; Creuse, 294; Deux-Sèvres, 399; Drùme,
312; Eure-et-Loir, 326, 359, 360; Gard, 369, 398, 478; Gers, 308, 318;
Jura, 319; Loire-Inférieure, 455; Manche, 289; Marne, 515; Mayenne,
325, 40i; Meurthe-et-Moselle, 500; Nièvre, 438; Nord, 386; Pas-de-
Calais, 332, 516, 521 ; Pyrénées-Orientales, 357; Rhône, 480, 546; Seine,
440; Seine-et-Oise, 327, 413; Seine-Inférieure, 459.
Grande-Bretagne, 321, 330, 342, 383, 414, 445, 447, 524.
Italie, 299, 304, 317, 322, 353, 456, 473, 487, 488, 494, 532, 549.
348 BiBLioGRAPere.
Pays Scandinaves, 511.
Russie, 395, 409.
Suisse, 345, 397, 417, 425, 467.
Orient, 433, 510, 528, 530.
286. AbbilduDgen oberrheinischer Siegel. Herausgegeben von der his-
torischen uad antiquarischen Gesellschaft zu Basel. Basel, R. Reich,
1896. In-4°, 26 p., 19 pi. en photot. 8 fr.
287. Adémar de Ghabannes. Chronique. Publiée d'après les manuscrits
par Jules Chavanon. Paris, A. Picard et fils, 1897. In-8o, li-236 p.
(Collection de textes pour servir à l'étude et à l'enseignement de l'his-
toire, 20.)
288. Ambrosoli (Solone). Vocabolarietto pei numismatici. Milano,
U. HoepU, 1897. In-16, viii-134 p. (Manuali Hoepli.)
289. Amiot (G.). Inventaire analytique des archives de la ville de
Cherbourg antérieures à 1790. Cherbourg, impr. L'Hôtelier, 1896. In-8°,
327 p.
290. Aragona (Car. Tom.). Note letterarie. Série I. Catania, Niccolô
Giannotta, 1897. In-8°, ix-78 p. 1 I.
291. Arbois de Jubainville (H. d'), André (Francisque). Inventaire
sommaire des archives départementales antérieures à 1790. Aube.
Archives ecclésiastiques, série G (clergé séculier), tome II. Paris,
Alphonse Picard et fils; Troyes, Léopold Lacroix, 1896. In-4°, xxviii-
481 p.
292. Arsenii (Mgr). Georgiia Skholariia sotchinenie : Novyl myslitel.
[Le traité de Georges Scholarius, le Penseur nouveau.] Novgorod, impr.
Fedorov, 1897. In-16, 53 p.
293. AssiER (Alexandre). Pièces rares ou inédites relatives à l'histoire
de la Champagne et de la Brie. IV. Les Principaux trouvères de la
Champagne et de la Brie, suivi d'un fabliau : le Jongleur de Sens chez
Lucifer (1150-1350). V. Les Premiers prosateurs de la Champagne et
de la Brie, suivis d'anecdotes extraites des œuvres de Robert de Sor-
bon et du recueil d'Etienne de Bourbon. VI. Les Juifs et les Templiers
de la Champagne et de la Brie. Paris, Le Chevalier, 1897. In-12, 60,
60 et 60 p. (Nouvelle bibliothèque de l'amateur champenois.)
294. AuTORDE (P.). Les Charités de la ville de Felletin (Creuse) au
xv^ siècle. Notice historique. Le Terrier des charités. Guéret, Amiault;
Paris, Picard et fils, 1897. In-8", 121 p.
295. Ayrole (le P. Jean-Baptiste-Joseph). La Vraie Jeanne d'Arc.
BIBLIOGRAPHIE. 349
Tome III : la Libératrice. Paris, Gaurae, 1897. In-8°, xvi-696 p., plan.
15 fr.
296. Babinet (colonel). Du canon dans l'armée d'Edouard III (Crécy,
1346) et dans celle du prince de Galles (siège de Romorantin, 1356).
Poitiers, impr. Biais et Roy, 1897. In-8°, 19 p. (Extrait du Bulletin de
la Société des antiquaires de l'Ouest, 3^ trimestre, 1896.)
297. Bâcci (Orazio). Délia prosa volgare del quattrocento. Firenze,
R. Bemporad e figlio, 1897. In-16, 40 p. 1 1.
298. Bamps (G.), Geraets (Ém.). Les Anciennes gildes ou compagnies
militaires de la ville de Hasselt. I. Anvers, impr. veuve de Backer,
1897. In-So, 38 p. 1 pi. 1 fr. 25.
299. Battistella (Antonio). La Rppubbllca di Venezia dalle sue ori-
gini alla sua caduta. Bologna, Zanichelli, 1897. In-16, vi-399 p. 4 1.
300. Beauchet-Filleau (H., Paul, les RR. PP. H. et G.), Ghergé
(Gh. de). Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poi-
tou. 2* édition. Tome III, fasc. 1. Poitiers, impr. Oudin, 1897. In-8°,
160 p.
301. Beckett (F.). Florentinske Kunstnere fra Giotto til Fiesole.
Kôbenhavn, nordiske forlag, 1897. In-8°, 128 p. 4 kr.
302. Bellet (Gharles-Félix). L'Ancienne vie de Saint-Martial et la
prose rythmée. Paris, A. Picard et fils, 1897. In-8», 40 p.
303. Bensa (E.). Histoire du contrat d'assurance au moyen âge. Tra-
duit de l'italien par Jules Valéry. Avec une introduction par J. Lefort.
Paris, Fontemoing, 1897. In-8'>, xvi-108 p.
304. Bertolini (Francesco). Storia générale d'Ilalia; il rinascimento
e le signorie italiane. Milano, fratelli Trêves, 1897. In-fol., 575 p.,
illustr. 36 1.
305. Beschreibung von Mùnzen und Medaillen des Fùrstenhauses und
Landes Baden in chronologischer Folge aus der Sammlung des gross-
herz. badischon Kommerzienraths Olto Bally in Sàkkingen. I. Aarau,
H. R. Sauerlànder, 1897. In-4°, xxxvii-122 p., 15 pi., dont 2 en cou-
leurs. 50 fr.
306. Bessonnet-Favre (G.). Jeanne d'Arc tertiaire de Saint-François.
Paris, Bloud et Barrai, s. d. In-18, xxx-302 p., grav.
307. Biadene (Leandro). Varietà letterarie e linguistiche. Padova,
tip. fratelli Gallina, 1896. ln-16, 97 p.
308. Bladé (Jean-François). Des prétentions primatiales des métro-
350 BIBLIOGRAPHIE.
politains de Vienne, Bourges et Bordeaux sur la province ecclésiastique
d'Auch. Auch, impr. Foix, 1896. In-8°, 16 p.
309. Blanchet (Paul). Notices sur quelques tissus antiques et du haut
moyen âge jusqu'au xv« siècle. Paris, librairie centrale des Beaux-arts,
1897. In-fol., 111-46 p., fig., reproductions héliographiques.
310. Bled (abbé 0.). Les Reliques de Saint-Omer. Arras et Paris,
Sueur-Gharruey, 1897. In-16, 62 p.
311. Bocholtz-Asseburg (comte J.). Beitràge zur Geschichte der Ort-
schaften und Sitze des Gorveyer Landes, Miinster, Regensberg, 1897.
In-8°, 436 p., 1 carte. (Extrait de IdiZeitschrift fur vaterlàndische Geschichte
und AUerthumskunde Westfalens, 54.) 3 m.
312. Bordas (Joseph). La Commune de Ghâteauneuf-de-Galaure et
son château. Valence, impr. Valentinoise, 1896. In-8°, 24 p.
313. BouRDERY (Louis). Le Partage des frères Petiot, bourgeois et
marchands de Limoges (29 avril 1500). Limoges, veuve Ducourtieux,
1896. In-8°, 15 p.
314. Bourgeois (Emile). Manuel historique de politique étrangère.
Tome I : les Origines. 2^ édition. Paris, Belin frères, 1897. In-18, vii-
605 p. 4 fr. 50.
315. BouTELL (G.). Manual of British archaeology. 2d éd. London,
L. Reeve, 1897. In-16, 384 p. 10 sh. 6 d.
316. BouTiÉ (le P. Louis). Un seigneur au xiii<= siècle, Jean de Join-
ville. Tours, Marne et fils, 1897. In-8°, 351 p., grav.
317. Branghi (Eug.). Storia délia Lunigiana feudale. Vol. I. Pistoia,
Beggi Tommaso, 1897. In-16, xv-687 p., plan.
318. Bredils (abbé A.). Comptes des consuls de Montréal-du-Gers
(1425-1439). Bordeaux, impr. Gounouilhou, 1896. In-4o, 84 p.
319. Brune (abbé P.). L'Église. de Chissey (Jura). Paris, Lnpr. natio-
nale, 1897. In-8°, 8 p., plan et 2 pi. (Extrait du Bulletin archéologique,
1896.)
320. BuNQER (Hans). Beitràge zur mittelalterlichen Topographie,
Rechtsgeschichte und Socialstatistik der Stadt Kôln, insbesondere der
Immunitàt Unterlan. Leipzig, Duncker und Humblot, 1897. In-8°,
x-425 p. (Leipziger Studien aus dem Gebiet der Geschichte, III, 1.)
3 m. 40.
321. BuRTON (J. H.). History of Scotland from Agricola's invasion to
the extinction of thc last Jacobite insurrection. New éd. Vol. I-II. Edin-
burgh, Blackwood, 1897. In-8% 462 et 348 p. 3 sh. 6 d. le vol.
BIBLIOGRAPHIE. 35^
322. Gairo (Giovanni), Garelli (F.). Godogno e il suo territorio nolla
cronaca e nella storia. Vol. I, fasc. 1-5. Godogno, A. G. Gairo, 1897.
In-8o, 80 p.
323. Gaprin (Giuseppe). Il trecento a Trieste. Trieste, F. H. Schimpff,
1897. In-8°, 258 p., grav., 2 pi. 3 fl.
324. Garradori (Antonio). Francesco di Marco Datini, mercante pra-
tese del secolo xiv. Prato, tip. Giuseppe Salvi, 1896. In-16, 53 p.
325. Gartulaire de l'abbaye cistercienne de Fontaine-Daniel, publié
et traduit par A. Grosse-Dupéron et E. Gouvrion. Mayenne, impr. Pui-
rier-Béalu, 1896. In-8°, 437 p., grav.
326. Gartulaire de l'abbaye de la Madeleine de Ghàteaudun, par
L. Merlet et L. Jarry. Ghàteaudun, Pouillier, 1896. In-8°, lxv-278 p.
327. Gartulaire de l'abbaye de Saint-Martin de Pontoise, publié
d'après les documents inédits par J. Depoin. Fasc. 1-2. Pontoise,
bureaux de la Société historique, 1895-1896. In-4°, vin-242 p.
328. Gartulaire de la commune d'Andenne, recueilli et annoté par
Léon Lahaye. Tome I : Introduction, 1101-1650. Namur, Ad. Wosmael-
Gharlier, 1896. In-S», cixc p., 1 pi. (Documents inédits relatifs à l'his-
toire de la province de Namur.)
329. Gatalogue général des livres imprimés de la Bibliothèque natio-
nale. Auteurs. Tome I : Aachs-Alby ville. Paris, Impr. nationale, 1897.
In-8o, Lxxxn-569 p.
330. Gatholic church in England. Ed. 2. London, Gatholic truth
Society, 1897. In-8°, 520 p. 3 sh. 6 d.
331. Chaffers (W.). Marks and monograras on European and Orien-
tal pottery and porcelain. 8th édition. Revised by Frederik Lichttield.
London, Gibbings, 1897. In-8°, 998 p. 42 sh.
332. Chartes (les) de Saint-Bertin, d'après le grand cartulaire de dom
Charles-Joseph Dev^'itte, publiées ou analysées, avec un grand nombre
d'extraits textuels, par M. l'abbé Bled. IV, 1. Saint-Omer, impr. d'IIo-
mont, 1897. In-4°, 182 p. (Société des antiquaires de la Morinie.)
333. Ghaucer. Man of law's taie, with prologue to Ganterbury taies.
Edited by A. J. Wyatt, glossary by J. Malins. London, Glive, 1897.
In-8°, 200 p. (University tut. séries.) 2 sh. 6 d.
334. Ghautard (Jules). Jetons des princes de Bourbon de la première
maison de Vendôme, suivis d'une note relative aux méreaux et aux
sceaux de la collégiale de Saint-Georges de Vendôme. I. Vendôme,
impr. Empaytaz, 1897. In-8°, 70 p.
335. Glaudin (A.). Antiquités typographiques de France. Origines et
352 BIBLIOGRAPHIE.
débuts de l'imprimerie à Poitiers. Bibliographie des premiers livres
imprimés dans cette ville (1479-1515). Paris, A. Claudia; Niort, Clou-
zot, 1897. In-8°, 196-lxxvi p.
336. Glaudin (A.). Antiquités typographiques de la France. Monu-
ments de l'imprimerie à Poitiers. Recueil de fac-similés des premiers
livres imprimés dans cette ville (1479-1515). Paris, Claudin; Niort,
Glouzot, 1897. In-8°, xix p. et pi.
337. Clemen (Paul). Die Kunstdenkmàler der Rheinprovinz. III, 5 :
Kreis Grevenbroich. Diisseldorf, L. Schwann, 1897. Gr. in-8», vi-106 p.,
36 grav. et 5 pi. 3 m.
338. GoLOMBO (Niccolô). Un' orazione nuziale inedita del secolo xv.
Novara, tip. dei fratelli Miglio, 1897. In-8°, 14 p. (Nozze Vittorio Tor-
nielli Zappelloni-Teresa Voli.)
339. Communications faites au Congrès international des langues
romanes, tenu pour la première fois à Bordeaux du 5 au 10 août 1895.
Bordeaux, Feret et fils, 1897. In-S", 190 p.
340. GoNiNCKx (H.). La Joyeuse entrée des seigneurs de Malines.
Malines, L. et A. Godenne, 1897. In-8°, 144 p., grav. (Extrait du
Bulletin du cercle archéologique , littéraire et artistique de Malines,
t. VI.) 5 fr.
341. GoNSOLO (Federico). Genni suU' origine e sul progresso délia
musica liturgica, con appendice intorno ail' origine dell' organo. Firenze,
Le Monnier, 1897. In-S», vii-154 p., ill. 5 1.
342. GooKE (J. H.). Early churches of Great Britain prier to the
coming of Augustine. London, Alexander, 1897. In-S", 128 p. 2 sh. 6 d.
343. GouRTHOPE (W. J.). A History of English poetry. II : the
Renaissance and the Reformation. London, Macmillan, 1897. In-8°,
458 p. 10 sh.
344. Coutil (L.). Résumé des recherches d'archéologie préhistorique
en Normandie et des découvertes faites dans le département de l'Eure
de 1886 à 1896 et relatives aux époques gauloise, gallo-romaine et des
invasions barbares. Rouen, impr. Leprêtre, 1897. In-8°, 20 p. (Extrait
du Compte-rendu de la 2* session des assises de Caumont.)
345. CovELLE (Alfred-L.). Le Livre des bourgeois de l'ancienne répu-
blique de Genève, publié d'après les registres officiels (1339-1792).
Genève, J. Jullien, 1897. In-8°, xviii-564 p. 15 fr.
346. Greighton (Mandell). A history of the papacy from the great
schism to the sack of Rome. New éd. Vol. I. New-York, Longmans,
Green and Go., 1897. In-13, x.xvni-388 p. 2 d.
BIBLIOGRAPHIE. 353
347. Crozier (Y. B.). History ol' intollectual devclopmont on tlio liaes
of modem évolution. I. Greek and Hindoo thought, Grajco-Ruman
paganism, Judaism and christianity down to the closing of the schools
of Athens by Justinian. London, Longmans, 1897. In-S», 554 p. 14 sh.
348. Delescluse (A.). Chartes inédites de l'abbaye d'Orval. Bruxelles,
Hayez, 1896. In-4o, xii-66 p. (Collection des chroniques belges inédites.)
349. Delisle (Léopold). « Codices graeci et latini photographiée
depicti... Tomus I : Yetus Testamentum graece. Codicis Sarraviani-
Colberlini quae supersunt... Praefatus est Henricus Omont... » Paris,
Impr. nationale, 1897. In-4", 8 p. (Extrait du Journal des Savants, mars
1897.)
350. Denkmàler der àlteren deutschen Literatur herausgegeben von
Paul Piper. I : Die altsàchsische Bibeldichtung (Heiiand und Genesis).
!«'• Theil, Text. Stuttgart, J.-G. Cotta, 1897. In-8°, cvi-487 p. 10 m.
351 . Denys le Chartreux. Opéra omnia. III. Montreuil, impr. Duiiual,
i897. Gr. In-8°, xy-784 p., pi.
352. Depoin (J.). Une élégie latine d'Héloïse, supérieure du monas-
tère d'Argenteuil. Versailles, impr. Cerf, s. d. In-8°, 32 p.
353. Desimûni (Gornelio). Annali storici délia città di Gavie délie sue
famiglie dall' anuo 972 al 1815. Alessandria, tip. G. Jacquemod, 1896.
In-4% 284-ix p.
354. Desnoyers. La Maille d'or de Beaugency. Orléans, Herluison,
1896. In-8°, 15 p.
355. Desnoyers. Monnaie au type de Louis XII. Orléans, Herluison,
1896. In-8°, 15 p., fig.
356. Desnoyers. La Statue de Dunois et l'autographe du pape
Calixte III du musée de Jeanne d'Arc. Orléans, Herluison, 1896. In-8",
12 p.
357. Desplanque (Emile). Département des Pyrénées-Orientales. Ville
de ïhuir. Inventaire sommaire des archives communales antérieures à
1790. Publié par M. Écoifher. Perpignan, impr. de l'Indépendant, 1896.
In-fol., xxxii-148 p.
358. Dietler's (Séraphin) Ghronik des Klosters Schônensteinbach.
Herausg. von Joh. von Schlumberger. Gebweiler, J. Boltze, 1897. In-8",
xxxvni-502-30 p. 3 pi. 10 m.
359. Dion (A. de). L'Église du prieuré Saint-Thomas d'Épernon.
Tours, impr. Deslis frères, 1896. In-8°, 23 p., grav. (Extrait du t. XI
dés Mémoires de la Société archéologique de Rambouillet.)
^897 23
354 BIBLIOGRAPHIE.
360. Dion (A. de). Notice sur Reynes. Tours, impr. de Deslis frères,
1896. In-8°, 45 p. (Extrait du même recueil.)
361. Diplomi (i) régi ed impérial! del secolo decimo ai coati di Col-
lalto. Venezia, Ferdinando Ongania, 1897. In-4o, 19 p., pi. (Nozze
Fraucesco di Fiiafkirchen-Matilde di GoUalto.)
362. Documents pontificaux sur la Gascogne, d'après les archives du
Vatican. Pontificatde Jean XXII (1316-1334). Textes publiés et annotés
pour la Société historique de Gascogne par l'abbé Louis Guérard. T. I.
Paris, Champion, 1896. In-S", lxxx-258 p. (Archives historiques de la
Gascogne, 12*^ année, 3« et 4« trimestres.)
363. DoiNEL (Jules-Stanislas). Histoire de Blanche de Castille. Tours,
Marne et fils, 1896. Gr. in-8°, 367 p.», grav.
364. DoMET (Paul). Recherches sur l'éLymologie des noms de lieux de
l'ancienne forêt d'Orléans. Orléans, Herluison, 1896. In-8°, 97 p.
365. Dorez (Léon), Thuasne (Louis). Pic de la Mirandole en France
(1485-1488). Paris, Leroux, 1897. In-18, 223 p. (Petite bibliothèque
d'art et d'archéologie.)
366. DoRVEAux (Paul). Formules des pilules glorieuses, des pilules
des rois et de la poudre gallantine, publiées pour la première fois
d'après un manuscrit de la bibliothèque de Salins (Jura). Dijon, impr.
Jacquot et Floret, s. d. In-8°, 8 p.
367. DuMOUTiER (G.). Étude sur un portulan annamite du xv^ siècle.
Paris, Impr. nationale, 1896. In-S", 68 p., 24 pi. en couleur. (Extrait
du Bulletin de géographie historique, 1896.)
368. Dupont-Ferrier (Gustave). La captivité de Jean d'Orléans, comte
d'Angoulême (1412-1445). Paris, 1897. In-8°, 34 p. (Extrait de la Revue
historique, année 1896, t. LXII.)
369. Durand (abbé Albert). Études historiques sur Saint- Laurent-des-
Arbres en Languedoc. IV : la Communauté. Avignon, Seguin, 1896.
In-8o, 55 p.
370. Dva listare humanistické. [Deux correspondances d'humanistes.]
Prague, Bursick et Kohout, 1897. Gr. in-8°, 104 p. (Sbîrka pramenuv
ku poznâni literârniho zivota v Cechâch, II, 3.) 1 fl.
371. Eckert (Christian). Der Fronbote im Mittelalter nach dem Sach-
senspiegel und den verwandten Rechtsquelien. Leipzig, Veit, 1897,
In-8o, vi-121 p. 3 m. 50.
372. Eqger (Jos.). Das Aribonenhaus. Wien, C. Gerold's Solm, 1897.
In-S», 141 p. (Extrait de VArchiv fur ôsterreichische Geschichte.) 1 fl. 50.
BIBLIOGRAPHIE. 353
373. Engelhardt (Hermann von). Beitrag zur Enlstehung der Gutherr-
schaft in Livland willirend der Ordcnszeit. Riga, A. Stieda, 1897. In-8°,
11-132 p. 3 m.
374. Erichson (Alfred). Das Duell im alten Strassburg. Strassburg,
F. Bull, 1897, Iii-8°, 59 p. 1 m. 50.
375. Erni (Johannes). Ueber die âlteste Geschichte der Stadt Biol und
die Art uad Entstehung ihrer Connexion mit dem Bistum Basel. Biel,
E. Kuhn, 1897. In-8°, xii-86 p. 2 m.
376. Ernst (Âugust), Adam (Johann). Katechetische Geschichte des
Elsasses bis zur Révolution. Strassburg, F. Bull, 1897. In-8", xi-351 p.
5 m.
377. EsNAULT (abbé Gustave-René). Inventaire des minutes anciennes
des notaires du Mans (xvn«-xvine siècles). Publié et annoté par l'abbé
Ém.-Louis Charabois. Tome V. Le Mans, Leguicheux, 1897. In-8",
328 p.
378. Esquisse historique sur Montluel, par un ancien curé de la
paroisse. Bourg, impr. Dureuil, 1897. In- 16, 279 p.
379. Etienne de Fougères, évêque de Rennes. Vie de saint Vital,
premier abbé de Savigny. Traduction par l'abbé J.-M. P. Mortain, impr.
Leroy, 1896. In-S», 77 p.
380. Étude historique sur Tilly-sur-Seules : sa châtellenie, ses sei-
gneurs, la paroisse de Saint-Pierre, Verrolles, la chapelle de Nolre-
Dame-du-Val, etc.; par un antiquaire. Caen, impr. Valiu, 1897. In-S",
29 p.
381. Eyssenhardt (F.). Die spanischen Handschriften der Stadtbiblio-
thek. Hamburg, L. Gràfe und Sillem, 1897. Gr. in-8°, 21 p. (Extrait
de Jahrbuch der hamburg. wissenschafU. Anstaltcn.) 0 m. 80.
382. Fabié (Antonio-Maria). Estudio sobre la organizaciôn y costum-
bres del Pais Vascongado, con ocasiôn dcl examen de las obras de los
Sres. Echegaray, Labairu, etc. Madrid, tip. de Fortanct, 1896. In-A»,
xv-219 p. 3 p.
383. Farrar (F. W.). Westminster abbey. lUustrated by Herbert
Railton. London, Isbister, 1897. In-12, 82 p. 1 sh.
384. Férotin (dom Marius). Histoire de l'abbaye de Silos. Paris,
Leroux, 1897. In-4o, x-371 p., 2 pi., 17 planches. 20 fr.
385. Ferret (abbé P.). Histoire de xMarcheseuil (Cùte-d'Or). Châtillon-
sur-Seine, impr. Pichat, 1897. In-8°, vi-20'» p.
386. FiNOT (Jules), Vermaere. Département du iNord. Ville de Mor-
356 BIBLIOGRAPHIE.
tagne-du-Nord. Inventaire sommaire des archives communales anté-
rieures à 1790. Lille, impr. L. Danel, 1896. In^", xxxvn-40 p.
387. Fleury (P. DE). Inventaire sommaire des archives départementales
antérieures à 1790. Charente. Archives civiles, série E (art. 1386-1735).
Angoulême, impr. G. Ghasseignac, 1896. In-4°, 409 p.
388. FoREST aine (J.). Le Paon à travers les âges. Usages et supersti-
tions. Paris, L. Gerf, 1896. In-S", 8 p. (Extrait du Bulletin de la Société
nationale d'acclimatation. )
389. FouRNiER DE Flaix (E.). L'Impôt dans les diverses civilisations.
Tome I. Paris, Larose; Guillaumin, 1897. In-8°, xxxu-820 p. 12 fr. 50.
390. Fragcaroli (G.). Gatalogo dei manoscritti greci délia biblioteca
universitaria di Messina. Firenze, tip. dei fr. Bencini, 1897. In-8°, 8 p.
(Extrait des Studi italiani di filologia classica, V.)
391. Franceschixi (Pietro). La Tomba di Lorenzo dei Medici detto il
magnifico. Firenze, Baroni e Lastrucci, 1897. In-S», 61-xiv p., 4 pi.
392. Franklin (Alfred). La Vie privée d'autrefois... Les animaux.
Tome L Paris, Pion, Nourrit et Ci«, 1897. In-18, xi-336 p., grav. 3 fr. 50.
393. Frizon (abbé N.). Catalogue méthodique de la bibliothèque
publique de la ville de \/erdun. Sciences et arts. Verdun, Laurent fils,
1896. In-8o, xxi-749 p.
394. Gabeau (Alfred). Le Beffroi municipal d'Amboise (1495-1502).
Tours, impr. Bousrez, 1897. In-8°, 15 p.
395. Gernet (Axel von). Verfassungsgeschichte des Bisthums Dorpat
bis zur Ausbildung der Landstànde. louriev, 1897. In-8", vn-201 p.
(Verhandlungen der gelehrten estnischen Gesellschaft, 17.) 3 m.
396. Glasson (E.). Les juges et consuls des marchands. Paris, Larose,
1897. In-8°, 38 p. (Extrait de la Nouvelle Revue historique de droit fran-
çais et étranger, janvier-février 1897.)
397. Gmuer (Max). Uebersicht der Rechtsquellen des Kantons St. Gal-
len bis zum Jahre 1798. Herausgcgeben vom historischen Verein des
Kantons St. Gallen. St. Gallen, Fehr, 1897. In-8°, ni-55 p. 1 fr. 50.
398. GoiFFON (abbé). L'Hôpital Saint-Jacques à la fin du xv*^ siècle.
Nîmes, impr. Ghastanier, 1896. In-8°, 16 p.
399. Gouget, Dacier et Berthelé. Département des Deux-Sèvres.
Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790,
rédigé par Gouget et Dacier. Archives civiles et ecclésiastiques.
Séries G, D, E, F, G, H. Suppléments, par Berthelé. Melle, Ed. Lacuve,
1896. In-4o, 24, 6, 184, 64, 4, 24, 56, xn p.
BIBITOGRAPFITE. 35T
400. Grpgorian miisic : an outlino of musical palrography, illustra-
ted by facs. of ancient mss. By the Bénédictines of Stanbrock. London,
Art and book G», 1897. In-4»,'ni p., pi. 8 sh.
''lOl. Grimm (Ed.). Mûnzen und Médaillon der Stadt Wismar. Berlin,
A. Weyl, 1897. In-S", ni-73 p. (Extrait, avec additions, des Berlincr
Mûnzblâtter.) 4 m.
402. Grimme (Fritz). Geschichte der Minnesinger. I. Paderborn,
F. Schôningh, 1897. In-8°, xvi-330 p. G m.
403. Grosse (Karl). Geschichte der Stadt Leipzig von der iillesten
bis auf die neueste Zeit. Neudruck der Ausgabe vom Jahre 1842. 1" Lie-
ferung. Leipzig, Zangenberg und Himly, 1897. In-8°, 48 p. G m. 50.
404. Grosse- DupÉRON (A.), Gouvrion (E.). L'abbaye de Fontaine-
Daniel. Mayenne, impr. Poirier-Béalu, 1896. In-8°, 467 p.
405. GuiLLEsiAUT (Lucien). Un petit coin de la Bourgogne à travers
les âges. Histoire de la Bresse Louhannaise. Louhans, irapr. Romans,
1897. In-8«, xvi-627 p., plan.
406. GuiLLOTiN DE GoRSON (abbé). Les grandes seigneuries de Haute-
Bretagne. {^^ série : les chàtellenies comprises dans le territoire actuel
du département d'Ille-et- Vilaine. Rennes, Plihon et Hervé, 1897.
In-8°, vi-486 p.
407. GuiLLOux (abbé J.-M.l. Baronnie deLanvaux. Vannes, Lafolyo,
1896. In-8», 66 p.
408. Guyard de Berville. Histoire de Bertrand du Guesclin. Nou-
velle édition. Tours, Marne et fils, 1896. Gr. in-8», 239 p., grav.
409. Hansen (G.-Olaf). Die privaten Bauerrechte Estlands fur die
Gebiete von Fickel, Kaltenbrunn , Kandel und Essemaggi. louricv,
1897. In-8°, xxi-341 p. (Verliandlungen der gelehrten estniscken Gesell-
schaft, 18.) 4 m.
410. Hartwriqht (H.). The Story of the housc of Lancasler. London,
Elliot Stock, 1897. In-8°, 322 p. 9 sh.
411. Heger (G.). Zura Gedâchtnis Adalberts, desersten Aposlels der
Preussen. Festschrift. Kônigsberg, W. Koch, 1897. In-8°, v-l09 p.,
6 pi. 0 m. 50.
412. Heinekamp (Rud.). Siegburgs Vergangenheit und Gegonwart.
Siegburg, G. Dietzgen, 1897. In-8°, vni-478 p., 10 planches, 1 plan.
7 m. 50.
413. Hennet (Léon). Notes historiques sur Trappes. Tours, impr.
Deslis frères, 1896. In-8°, 87 p. (Extrait du t. II des Mémoires de la
Société archéologique de Rambouillet.)
358 BIBLIOGRAPHIE.
414. HiATT (C). Chester cathedral church : description of the fabric,
history of the episcopal see. London, Bell, 1897. In-8°, 328 p. (Cathe-
dral séries.) 5 sh.
415. Hirsch-Gereuth (A.). Studien zur Geschichte der Kreuzzugs-
idee nach den Kreuzzùgen. Miinchen, H. Lûneburg, 1897. In-8°, vm-
176 p. 6 m. 40. (Historische Abhandlungen, XI.)
416. Historia D. Johannis Fausti des Zauberer, nach der Wolfenbiitt.
Hds. nebst dem Nachweis eines Teils ihrer Quellen herausgegeben von
Gustav Milchsack. AYolfenbiittel, J. Zwissler, 1897. In-8'>, cccxciv-
124 p. (Ueberlieferungen zur Litteratur, Geschichte und Kunst, 2.)
10 m.
417. HopPELER (R.-R.). Beitràge zur Geschichte des Wallis im Mit-
telalter. Das Unter-Wallis und dessen Beziehungen zum Hochstift Sil-
ten wàhrend des 13. Jahrhunderts. Zurich, Orell Fiissli, 1897. In-8°,
v-291 p. 6 fr.
418. HoRTEN (Heinrich). Die langobardische Schuldverpflichtung.
Wien, Manz, 1897. In-8°, 52 p. ^Die Personal-Execution in Geschichte
und Dogma, II. Band, 1. Excurs.)
419. HiJRBiN (Jos.). Peter von Andiau. der Verfasser des ersten deut-
schen Reichs-Staatsrechts. Strassburg, J.-H.-E. Heitz, 1897. In-8°,
xn-286 p. 6 m.
420. HuTTON (William Holden). The church of the sixth century.
New-York, Longmans, Green and C°, 1897. In-12, xxn-314 p. 1 d. 75.
421. Ilgen (Th.). Die Siegel von Adligen, Biirgern und Bauern der
kurkôlnischen Landesteile und der Grafschaft Mark. Munster, Regens-
berg, 1897. In-fol., 38 pi. (Die westfâlischen Siegel des Mittelalters,
IV, 2.) 20 m.
422. Jacobs (P.). Werdener Annalen. Diisseldorf, L. Schwann, 1897.
In-S», 240 p. 4 m.
423. Janssens (comte G. de). Une peinture murale du xiv^ siècle à
Boussay (Loir-et-Cher). Châteaudun, impr. de la Société typogra-
phique, 1896. In-8o, 9 p., Gg. pi. (Extrait des Bulletins de la Société
dunoise.)
424. Jastrow (J.), WiNTER (G.). Deutsche Geschichte im Zeitalter
der Hohenstaufen, IV. Stuttgart, J.-G. Cotta, 1897. Gr. in-8°, p. 241-
320. (Bibliothek deutscher Geschichte, 113.) 4 m.
425. Jecklin (Fritz). Die Wormserzùge der Jahre 1486-1487. Ein
Beitrag zur Geschichte des Veltlins. Chur, Hitz, 1897. In-S», 128 p.
(Extrait du 26« Jahresbericht der hislor.-antiquarischen Gesellschaft
Graubûndens.) 2 fr.
BIBLIOGRAPHIE. 359
426. JoNGHE (vicomte Baudouin de). Monnaies doRcckhcim. Bruxelles,
J. Goemaere, 1897. In-S", ii-lO p., 1 pi. ^Extrait de la licvue belge de
numismatique.) l fr.
i'27. Kennedy (Hans). Die Zitlier in der Vergangenheit, Gegenwart
und Zukunft. Tolz, F. Fiedier, 1897. In-8°, vii-207 p., ill. 2 m. 40.
428. Keb (W.-P.). Epie and romance : essays on médiéval literature.
London, Macmillan, 1897. In-S", 472 p. 10 sh.
429. Keuffer (Max). Beschreibendes Verzeichnis der Hamlscliriften
der Stadtbibliothek zu Trier. 4 : Die liturgischen IlandsclirilteD
n° 354-522 des Handschriften-Katalogs. Trier, F. Lintz, 1897. ln-8<»,
vu-108 p. 3 m.
430. Keure (de) van Hazebroek van 1336, met aanteekcningcn en
glossarium, door Edw. Gailliard. 3« deel. Gand, Ar Siffcr, 1897. In-8°,
403 p. 5 fr.
431. Krones (Franz von). Verfassung und Verwaltung der Mark und
des Herzogthums Steier von ihren Anfangen bis zur Ilorpscbalt der
Habsburger. Graz, Styria, 1897. In-8°, xxii-638 p. (Forschungen zur
Verfassungs- und Verwaltungsgeschichte der Steiermark, 1.) 10 m.
432. Kruener (Friedrich). Berlin als Mitglied der deutschen Hanse.
Berlin, R. Gaertner, 1897. In-4°, 31 p. 1 m.
433. KuEHNE (Ernst). Zur Geschichte des Fiirstentums Antiochia. I.
Unter normanniscben Herrschaft (1098-1130). Berlin, R. Gaertner,
1897. In-4o, 24 p. 1 m.
434. La. Bunodière (H. de). Des sépultures de l'abbaye de Saint-Ouen
de Rouen. Rouen, impr. Leprètre, 1897. ln-8°, 12 p.
435. Lasa (T. VON der). Zur Geschichte und Literatur des Schach-
spiels. Leipzig, Veit, 1897. la-8°, vni-2G9 p. 8 m.
436. La Tour (Henri de). Catalogue des jetons de la Bibliothèque
nationale. Rois et reines de France. Paris, Rollin et Feuardent, 1897.
In-8°, xLvi-510 p., pi.
437. Lavanchy (Abbé Joscph-M.). Sabbats ou synagogues sur les
bords du lac d'Annecy. Procès inquisilorial à Saint-Jorioz en 1477.
2« éd. Annecy, impr. Abry, 1896. In-8°, 64 p.
438. Lebceuf (Louis). Histoire de la Charité. La Charité, impr. Tau-
reau, 1897. In-8°, 352 p.
439. Le Glay (André). Les origines historiques de l'alliancp franco-
russe. 1" série : depuis les origines jusqu'au traité d'Amsterdam (1717).
Paris, H. Champion, 1897. In- 16, 303 p.
360 BIBLIOGRAPHIE.
4'iO. Lespinasse (René de). Les prévôts de Paris et les statuts des
métiers. Paris, Impr. nationale, 1897. In-4o, 19 p. (Extrait du t. III
des Métiers et corporations de la ville de Paris.)
441. Levillain (L.), A propos d'un texte inédit relatif au séjour du
pape Clément V à Poitiers en 1307. Paris, É. Bouillon, 1897. In-8'',
14 p. (Extrait du Moyen âge.)
442. L'Hermitte (Julien). Catalogue des manuscrits de la biblio-
thèque de Bergues. Paris, Pion, Nourrit et C'*^, 1897. In-8°, 24 p.
(Extrait du t. XXVI du Catalogue général des manuscrits des biblio-
thèques publiques de France.)
443. L'Hermitte (Julien). Catalogue des manuscrits de la biblio-
thèque de Dunkerque. Paris, Pion, Nourrit et C'», 1897. In-8o, 6 p.
(Extrait du t. XXVI du Catalogue général des manuscrits des biblio-
thèques publiques de France.)
444. LicHTENSTERN (Maurizio). Sopra un verso di Dante. Milano, tip.
M. Annoni, 1897. In-8°, 8 p.
445. LiDDELL (E.). St. Alban's abbey. lUustrated by F. G. Kitton.
London, Isbister, 1897. ln-12, 60 p. 1 sh.
446. LiESEGANG (Erich). Niederrheinisches Stâdtewesen vornehmlich
im Mittelalter. Breslau, W. Kœbner, 1897. In-S", xx-758 p. (Untersu-
chungen zur deutschen Staats- und Rechtsgeschichte, 52.) 20 m.
447. LosERTH (J.). Studien zur Kirchengeschichte Englands im 14.
Jahrhundert. I. Bis zum Ausbruch des grossen Schismas (1378). Wien,
G. Gerold's Sohn, 1897. In-8o, 135 p. (Extrait des Sitzungsberichte der
k. Akademie der Wissenschaften.)
448. LoTH (Arthur). La charité cathohque en France avant la Révo-
lution. Tours, Mame et fils, 1896. In-8o, 392 p., grav.
449. LouNSBURY (Thomas Raynesford). History of the English lan-
guage. New éd. Part I. New York, Henry Holt, 1897. In-12, xii-225p.
90 c.
450. LuDYiQ (Friedrich). Untersuchungen-iiber die Reise- und Marsch-
geschwindigkeit im xii. u. xni, Jahrhundert. Berlin, E. S. Mittler,
1897. In-8°, x-193 p. 3 m. 75.
451. LiiDTKE (Willy). Untersuchungen zu den Miniaturen der Wie-
ner Genesis. Greifswald, J. Bindewald, 1897. In-8°, 50 p. 1 m. 20.
452. Macdonald (J.-C). Chronologies and calendars. London,
Andrews, 1897. In-8», 124 p. 7 sh. 6 d.
453. Maqani (Mgr Fr.). L'antica liturgia romana. Vol. I. Milano, tip.
s. Giuseppe, 1897. In-8% x-298 p. 3 l.
BIBLIOGRAPHIE. 3(J4
45i. Maitland (F. W.). Domesday bouk and beyond. Lundon,
C. J. Clay and sons, 1897. In-8°, 542 p. 15 sh.
455. Maître (Léon). Les villes disparues de la Loiro-lnfi-rieurc.
XI« volume, 3^ livr. : Vertou avant et après le christianisme; Saint
Martin de Vertou, ses contemporains, ses fondations, ses biographes.
Nantes, Grimaud, 1897. In-S», xxvii-182 p., pi.
456. Majocchi (Rod.). La Iloncaglia délie diète iraperiali nel territo-
rio pavese. Milano, tip. di Seraf. Ghezzi, 1897. In-S», 28 p. (E-xtrait de
la Scuola cattolica.)
457. Majocchi (Rodolfo). Una iscrizione greca pavese del 471 d. c.
del civico museo di storia patria di Pavia. Milano, tip. di S. Ghezzi,
1897. In-8°, 31 p. (Extrait du même recueil.)
458. Malaguzzi Valeri (Ippolito). I sigilli dei comuni dell' Appen-
nino modenese. Bologna, tip. Zamorani e Albertazzi, 1896. In-16,
15 p. ill.
459. Malicorne (J.). Documents et courte notice sur l'abbaye de
Bival (arr. de Neufchàtel), du xii<= siècle jusqu'en 1789. Rouen, impr.
Gy, 1897. In-8», 99 p.
460. Mann (Nie). Jésus Christus am Kreuze in derbildenden Kunst.
Prag, N. Lehmann, 1897. In-4°, xiv p., 10 grav. 2 m.
461. Marcheix (Lucien). Notes tirées d'un manuscrit inédit de
J.-J. Bouchard. Paris, Leclerc et Cornuau, 1896. In-8°, 8 p. (Extrait
du Bulletin du bibliophile.)
462. Margalits (Ede). Mark kirâlyh. Délszlâv népballadâk a xiv. es
xv-ik szâzadbôl. [Ballades des slaves du sud, xiv et xv" siècle.] Buda-
pest, société de Saint-Étienne, 1896. ln-8°, 188 p. 1 fl. 20.
463. Margerie (Amédée de). Pétrarque. Arras et Paris, Sueur-Char-
ruey, 1897. In-8°, 28 p. (Extrait de la Revue de Lille.)
464. Marquet de Vasselot (J.-J.). Deux œuvres d'Antoine le Moitu-
rier. Paris, Ernest Leroux, 1897. In-fol., 15 p., 1 pi. (Extrait des
Monuments et mémoires publiés par l'Académie des inscriptions.)
465. Mason (Arthur James). St. Augustine : his mission to England
according to the original documents. Cambridge, University press,
1897. In-8% 272 p. 5 sh.
466. Maxwell (H.). Robert the Bruce and the struggle for Scottish
independence. New York, Putnam, 1897. In-8°, 402 p. (Heroes of ilin
nations.) 5 sh.
467. Mayor (J.). Fragments d'archéologie genevoise. S" série. Genève,
362 BIBLIOGRAPHIE.
Georg, 1897. In-8", 10 p. (Extrait du Bulletin de la Société d'archéologie
de Genève, vol. I, fasc. 5.)
468. Mélanges d'histoire du moyen âge, publiés sous la direction de
M. le professeur Luchaire. I. Hugues de Glers et le « De senescalcia
Franciae, » par M. Luchaire. II. Jean d'Orléans, comte d'Angoulême,
d'après sa bibliothèque (1467), par M. Dupont-Ferrier. III. Notes sur
Ebles, abbé de Saint-Denis au temps du roi Eudes, par M. Poupardin.
Paris, Alcan, 1897. In-8o, 93 p. (Université de Paris. Bibliothèque de
la Faculté des lettres, III.)
469. Meunier (F.). Étude géologique, historique et commerciale sur
la houille du bassin franco-belge. Lille, impr. Liégeois-Six, 1896. In-8°,
vi-71 p.
470. Meyer (Karl). Geschichte der Burgen und Klôster des Harzes.
IL Die Burg Hohnstein. III. Das Kloster Ilfeld. Leipzig, B. Franke,
1897, In-8% 64 et 108 p. 1 m. et 1 m. 50.
471. MiHALYFi (Akos). A papnevelés tôrténete es elmélete. (Histoire
de l'éducation ecclésiastique.) Budapest, Société de Saint-Étienne, 1896.
In-8°, xii-512 et 319 p. 5 fl.
472. MiLHAUD (Albert). La Lutte des classes en Flandre au moyen
âge. Artisans contre marchands. Paris, Giard et Brière, 1897. In-8°,
18 p. (Extrait de la Revue internationale de sociologie.)
473. MiNucci DEL Rosso (Paolo). Di alcuue colonie greche nello stato
di Siena sotto il governo mediceo. Siena, tip. Carlo Nava, 1897. In-8°,
20 p. (Extrait de la Miscellanea storica senese.)
474. MoLÈNES (Emile de). Documents inédits. Torquemada et l'inqui-
sition; la jurisprudence du Saint-Office; l'enfant de la Guardia, etc.
Paris, Ghamuel, 1897. In-18, 240 p. 3 fr. 50.
475. MoLiNiER (Emile). Histoire générale des arts appliqués à l'indus-
trie du ve à la fin du xviii^ siècle. II : les Meubles du moyen âge et de
la Renaissance ; les sculptures microscopiques ; les cires. Paris, E. Lévy,
s. d. In-fol., 248 p., gravures et planches.
476. MiiLLER (Arthus). Blicke in die Vergangenheit Klingenthals und
der umliegenden Orte Brunndobra, Unter- und Obersachsenberg, Geor-
genthal, Aschberg, Steindôbra, Miihlleithen m. Winselburg, Kotten-
heide und Zwota. Leipzig, Brûckner und Niemann, 1897. In-8«, v-ii-
388 p. 3 m.
477. MuiR (W.). Mohammedan controversy, biographies of Moham-
med, sprenger on tradition, the Indian liturgy and psalter. Londou,
T. and T. Clark, 1897. In-8«, 230 p. 7 sh. 6 d.
BIBLIOGRAPHIE. 363
478. Nicolas (abbé G.)- Histoire do Génolhac, d'après les documents
inédits. Nîmes, impr. Chastanier, 1897. In-S», 2-21 p. et planches.
479. NiELSEN (F.). Haandbog i Kirkens historié. II. Middclalderen.
Anden omarbejdede udgave. 2. Kjoebenhavn, Gyldendal, 1897. la-8°,
p. 49-96. 85 œ.
480. NiEPCE (Léopold). Lyon militaire. Notes et documents pour ser-
vir à l'histoire de cette ville depuis son origine. Lyon, Bernou.x et
Cumin, 1897. In-8°, vi-642 p., 2 pi. 25 fr.
481. NissEN (Waldemar). Die Regelung des Klosterwesens im Rho-
màerreiche bis zum Ende des ix. Jahrhunderts. Hamburg, Herold,
1897. In-4°, 30 p. 2 m.
482. Nomasticon Gisterciense, seu antiquiores ordinis Gisterciensis
constitutiones a R. P. D. Juliano Paris Fulcardimontis abbale coUeciae.
Edilio nova emendata et usque ad tempera nostra deducta a R. P.
Hugone Sejalon. Solesmes, impr. de Saint-Pierre, 1897. In-4", xlvii-
821 p.
483. Numismatique française. Gatalogue-guide illustré de l'amateur.
2« partie : Monnaies féodales et provinciales de France et de l'Orient
latin. Paris, Serrure, 1897. In-S», 179 p. 3 fr.
484. Omont (Henri). Catalogue général des manuscrits français do la
Bibliothèque nationale. Anciens petits fonds français, III, n"' 25697-
33264 du fonds français. Paris, Leroux, 1897. In-8°, xiv-458 p.
485. Ottolenghi (Lelio). Délia dignità impériale di Garlo Magno.
Verona, fralelli Drucker, 1897. Iu-16, 13 p.
486. Pacheu (R. P. J.). De Dante à Verlaine. Paris, Pion, 1897.
In-18, vii-288 p.
487. Paltroni (Pier- Antonio). L'assedio di Fano nel 1463, con pre-
fazione e note di Giuseppe Gastellani. Fano, tip. Montanari, 1896.
In-8°, 55 p.
488. Paoletti (Vinccnzo). SuU' antichità storica délia chiesa o poi
parrocchia di Portovenere. Milano, tip. Agrario, 1897. In-16, 7 p.
489. Papals registers : Galendars of entries relating to Great Britain
and Ireland. Pétitions to the pope. I : 1342-1419. London, Eyre and
Spottiswoode, 1897. In-8''.
490. Paris (Gaston). Jean, sire de Joinville. Pari.s, Impr. nationale,
1897. In-4», 173 p. (Extrait du tome XXXII de ['Histoire littéraire de la
France.)
491. Pasini-Frassoni (Ferruccio). Gatalogo délia biblioteca degli avvo-
364 BIBLIOGRAPHIE.
cati e procuratori di Roma. Rocca S. Gasciano, tip. Cappelli, 1896.
In-8°, vin-480 p.
492. Passy (Paul). Notes sur quelques patois comtois. Textes. Paris,
Impr. Liévens, 1897. In-8°, p. 161-176. (Extrait de la Revue de philologie
française, !«'' trimestre 1896.)
493. Paul (Herm.). Grundriss der germanischen Philologie. 2. Aufl.
I. Bd., 2 Lfg. Strasbourg, K.-J. Trùbner, 1897. Ia-8°, p. 257-512,
1 pi. 4 m.
494. PÉLissiER (Léon-G.). Les Registres Panigarola et le Gridario
générale de l'Archivio di stato de Milan pendant la domination fran-
çaise (1499-1513). Paris, E. Bouillon, 1897. In-8°, 152 p. (Extrait de la
Revue des bibliothèques.)
495. Pellechet (M.). Catalogue des incunables des bibliothèques
publiques de France. Abano-Biblia. Paris, A. Picard et fils, 1897. In-8°,
xvni-602 p.
496. Pellegrini (Carlo). I santi Arialdo ed Erlembaldo : storia di
Milano nella seconda meta del secolo xi. Milano, Giuseppe Palma, 1897.
In-8°, 530 p., portraits et planches.
497. Perkins (T.). Handbook to Gothic architecture. London, Hazell,
1897. In-8», 224 p. 3 s. 6 d.
498. Petit-Dutaillis (Charles), Collier (Paul). La Diplomatie fran-
çaise et le traité de Brétigny. Paris, Bouillon, 1897. In-8°, 35 p. (Extrait
du Moyen âge.)
499. Petit de Jdlleville (L.). Histoire du théâtre en France. La
comédie et les mœurs en France au moyen âge. 4^ édition. Paris,
L. Cerf, s. d. In-16, 367 p. 3 fr. 50.
500. Pfister (Charles). Documents sur le prieuré Notre-Dame de
Nancy. Nancy, Berger-Levrault, 1897. In-8°, 48 p. (Extrait des Annales
de l'Est, janvier 1897.)
501. Picardie historique et monumentale. IV. Arrondissement
d'Amiens : canton de Poix, notices par J. Roux; canton de Villers-
Bocage, notices par R, de Guyencourt; canton de Boves, notices par
A. Janvier, C. Enlart et J. Roux. Paris, A. Picard et fils, 1896. In-4o,
p. 199-271. (Société des antiquaires de Picardie.)
502. PiCAVET (F.). Gerbert, un pape philosophe, d'après l'histoire et
d'après la légende. Paris, Leroux, 1897. In-8<>, xi-228 p. (Bibliothèque
de l'École des hautes-études, section des sciences religieuses, IX.)
503. Pierret (Emile). Les Amantes célèbres. Correspondance amou-
reuse (1120-1874). Paris, Perriu, 1897. In-16, xxni-261 p.
BIBLIOGRAPHIE. 365
504. PoiDEDARD (William). Notes héraldiques et généalogiques concer-
nant les pays de Lyonnais, Forez et Beaujolais. Lyon, 1, quai de la
Pêcherie, 1896. In-4o, ix-243 p.
505. Poli (vicomte de). La Maison de France et ses armes. Paris, Con-
seil héraldique de France, 1897. In-8", 116 p.
506. PoNS-BoiGUEs (F.). Apuntes sobre las escrituras Mozarabes toie-
danas, que se conscrvan on el archivo histôrico nacional. Madrid,
M. Murillo, 1897. In-8^ 320 p. 3 fr. 50.
507. PoRÉE (abbé). Découvertes archéologiques du R. P. de la Croix
au Villeret (Berthouville) en 1896. Évreux, impr. Hérissey, 1897. In-18
Jésus, 15 p.
508. PoussEREAU (L.-M.), Histoire des comtes et des ducs de Nevers,
précédée d'une notice historique sur la ville de Nevers. Nevers, impr.
Vallière, 1897. In-16, 151 p.
509. Prou (Maurice). La Gaule mérovingienne. Paris, May, s. d.
In-8°, 296 p. (Bibliothèque d'histoire illustrée.)
510. Ramsa-ï (W. M.). Cities and bishoprics of Phrygia : Essay of the
local history of Phrygia from earliest times to the Turkish conquest.
Vol. I, p. 2. London, Frovvde, 1897. ln-8°, 456 p. 21 sh.
511. Rerum Normannicarum fontes arabici. Collegit et sumptibus
Universitatis christianiensis edidit A. Seippel. Fasc. 1. Christiania,
H. Âschehoug, 1897. In-4°, 148 p. 20 kr.
512. Reuter (Ghr.). Das kieler Erbebuch (14H-1604). Kiel, H. Eckardt,
1897. In-8°, vn-LXiii-371-7 p. (Mitteilungen der Gesellschaft fiir kieler
Geschichte, 14-15.) 8 m.
513. RiCHTER (Jean- Paul). Quellen der byzantinischen Kunstge-
schichte. Ausgewàhlte Texte ùberdie Kirchen, Kluster, Paliiste, Staats-
gebâude und andere Bauten von Konstantioopel. VVien, G. Graeser,
1897. In-8°, Lni-432 p. (Quellenschriften filr Kunstgeschichte und Kunst-
tecknik des Miltelalters und der Neuzeil, Neue Folge, VIIL) 9 m.
514. RiETscHEL (Siegfried). Markt und Stadt in ihrem rcchtlichcn
Verhàltnis. Leipzig, Veit, 1897. In-8°, vni-233 p. 0 m.
515. Rivière (Alexis). Les Communautés religieuses de l'ancien Cliâ-
ions. Vêtures, noviciats et professions d'après les documents originaux.
Chàlons, Martin frères, 1896. In-S», ix-70 p.
516. RoDiÈRE (Roger). Notes sur le culte de Notre- Damo-de-G race
dans la ville et le pays de Montreuil. Abbeville, impr. du Cabinet his-
torique de l'Artois et de la Picardie, 1896. In-8°, 40 p.
366 BIBLIOGRAPHIE.
517. RoEPER (Adalbert), Boesch (Hans). Moebel aller Stilarten vom
Ausgange des Mittelalters bis zum Ende des xviii. Jahrhunderts. Mùn-
chen, Jos. Albert, 1897. In-fol., 4 p. et 50 pi. 30 m.
518. RôTTGERs (Benno). Die altfranzôsischen Lautgesetze in Tabellen.
Leipzig, Renger, 1897. In-S», 31 p. 1 m. 20.
519. RôTTiQER (Wilhelm). Der heutige Stand der Tristanforschiing.
Hamburg, Herold, 1897. In-4o, 40 p. 2 m. 50.
520. RoGERS (James E, Thorold). Histoire du travail et des salaires
en Angleterre depuis la fin du xiii^ siècle. Traduction, avec notes, par
E. Gastelot. Paris, Guillaumin, 1897. In-S», xv-498 p. 7 fr. 50.
521. RosNY (A. de). Trois documents inédits sur Notre-Dame de Bou-
logne. Boulogne-sur-Mer, impr. Hamain, 1896. In-8°, 54 p. (Extrait du
tome VII des Mémoires de la Société académique de Boulogne-sur-Mer .)
522. RoTiER (J.). Notes historiques sur le culte de saint Solenne,
évêque de Chartres. Châteaudun, impr. de la Société typographique,
1897. In-8o, 8 p.
523. Saint-Léon (Etienne-Martin). Histoire des corporations de métiers
depuis leurs origines jusqu'à leur suppression, en 1791. Paris, Guillau-
min, 1897. In-8», x-675 p. 8 fr.
524. Salisbury cathedral church : description of the fabric, history of
the see of Sarum. London,Bell, 1897. In-8°, 114 p., illustr. (Cathedral
séries.) 1 sh. 6 d.
525. Sancti démentis, primi Mettensis episcopi, vita, translatio ac
miracula quae éd. Heinr. Volbert. Sauerland. Trier, Paulinus-Druckerei,
1897. In-S", 44 p. 1 m.
526. ScHMiDT (Charles). Herrade de Landsberg. 2^ édition. Strasbourg,
J.-H.-E. Heilz, 1897. In-4°, 112 p. 8 m.
527. ScHÔNBACH (Anton-E.). Das Christentum in der altdeutschen
Heldendichtung. Graz, Leuschner und Lubensky, 1897. In- 8°, xii-
267 p. 6 m.
528. ScHRADER (H.). Die Pilgerfahrten nach dem heiligen Lande in
dem Zeitalter vor den Kreuzzûgon als eine der Hauptunachen dersel-
ben. Merzig, A. Sonnenburg, 1897. In-B", 47 p. 1 m. 40.
529. ScHULz (Paul). Zur Glaubwiirdigkeit der Chronik des Abtes
Regino von Priim. Hamburg, Herold, 1897. In-4'', 24 p. 2 m. 50.
530. Seth (M. J,). History of the Armenians in India. London, Luzac
and Co., 1897. In-8", 214 p. 7 sh. 6 d.
BIBLIOGRAPHIE. 367
531. Simon (Max), Cohen (L.). Ein neuer Maphtëach. Schlûssel zur
leichten Umrechnung jùdischer und christlichen, sowie zur Bestim-
mung des Wochentages eines jeden belieb. Datum fur die Jahre 4105-
5760 A. M. = 345-2000 A. C. Berlin, M. Poppelauer, 1897. Gr. in-4o,
viii-38 p. 3 m.
532. SiRACusA (G.-B.). La Battaglia di Lipari del 1339 e la leggenda
di Camiola Senese. Palermo, lip. Lo Slaluto, 1896. Iii-8o, 14 p. (Nozze
Gaetano M. Golumba-Giuiia Salinas.)
533. Smolik (Josef). Denary ûdelnych knîzat na Morave (xi a xir stol.).
[Deniers des princes indépendants de Moravie.] Prague, Bursik et
Koliout, 1896. In-8o, 71 p., planches. (Rozpravy ceské akad. cisare
Frantiska Josefa. Rocnik V, trida i, c. 2.) 80 kr.
534. SoRiA (Henri de). Histoire pittoresque de la danse. Avec une
lettre-préface par Jules Glaretie. Paris, Noble, 1897. Gr. in-8°, iv-303 p.,
gravures.
535. Soupis pamâtek historickych a umeleckych v krâlovstvi ceském
od praveku do pocâtku xix stoleti. Vydâvâ archaeologickâ kommisse
pri ceské akad. cis. Frantiska Josefa. [Monuments historiques et archéo-
logiques de Bohême.] I-H. Prague, Bursik et Kohout, 1897. Gr. in-8°,
118 p., avec 7 pi. et 162 illustr.; 94-n p., avec 91 illustr. 2 fl. 25 et
1 fl. 80.
536. Straven (François). Inventaire analytique et chronologique des
archives de la ville de Saint-Trond. Tome VI, l""^ livraison. Saint-
Trond, Moreau-Schouberechts, 1895. In-8°, 160 p.
537. SuGHET (chanoine). Note sur les archives et mémoires manuscrits
de l'Académie de Besançon. Besançon, impr. Jacquin, 1897. In-S*», 15 p.
538. SuTER (H.). Die Araher als VermittlerderWissenschaften in deren
Uebergang vom Orient in den Occident. 2. Aullage. Aarau, II.-R. Sauer-
lànderz, 1897. In-8°, 31 p. (Extrait du Jahresheft fur den schweizerischen
Gymnasiallehrerverein.) 1 fr.
539. Tauzin (abbé J.-J.-C.). Les Serors menudetes de l'orden de
Sancta Clara et les Frères mineurs dans le pays de Marsan. Auch,
impr. Foix, 1896. In-8°, 34 p.
540. Tonna- B.\RTHET (le P.). "Vie de saint Nicolas de Tolentino.
Bruxelles, Desclée, de Brouwer et O^, 1896. In-8°, 240 p., illustr.
1 fr. 50.
541. TouRNiEDX (Z.). De quelques seigneuries de la Marche, du Limou-
sin et des enclaves poitevines. III : la Vicomte de Monteil et ses arrière-
368 BIBLIOGRAPHIE.
fiefs, Larfeuillère, Galembert, etc. Guéret, impr. Amiault, 1896. In-8°,
200 p., carte.
542. Urkundenbuch der Stàdt Lùbeck, herausgegeben von dem
Vereine fur lùbeckische Geschichte. X, 1-2. Lùbeck, E. Schmersahl
Nachf., 1897. In-4°, 160 p. 3 m.
543. Vacandard (abbé). Les Origines de la fête de la Conception dans
le diocèse de Rouen et en Angleterre. Paris, 5, rue Saint-Simon, 1897.
In-8°, 19 p. (Extrait de la Revue des questions historiques, janvier 1897.)
544. Van Havermaet (Henri). Souvenirs d'un vieux Bruxellois. L'ab-
baye de l'Olive, fouilles, découvertes, histoire, légendes. Ruines du châ-
teau de Mariemont. Bruxelles, A. Vromant, 1897. In-S», 13 p. (Extrait
de y Annuaire de la Société d'archéologie de Bruxelles, tome VIII.)
545. Van Niessen (Paul). Geschichte der Stadt Dramburg. Dramburg,
O. Jancke, 1897, In-S», 451 p., 1 carte, 1 plan. 6 m.
546. Varax (Paul de). Histoire d'Amplepuis. Lyon, impr. Mougin-
Rusand, 1896. In-8°, 394 p.
547. Vesly (Léon de). Marques ou signes lapidaires relevés sur l'ab-
batiale de Saint-Ouen de Rouen. Rouen, impr. Leprétre, 1897. In-8°,
10 p. (Extrait du Compte-rendu de la deuxième session des assises de
Caumont.)
548. Vie du bienheureux Innocent V (frère Pierre de Tarentaise),
archevêque de Lyon, primat des Gaules et premier pape de l'ordre des
Frères Prêcheurs, par un religieux du même ordre. Rome, impr. Vati-
cane, 1896. ln-8<', yiii-366 p.
549. ViNGENTi (G.). La contea di Noladal sec. xiii al xvi. Napoli, Giro-
lamo Goppini, 1897. In-16, vni-95 p. 2 1.
550. Wappler (Paul Georg.). Papst Benedickt VIII, 1012-1024. Leip-
zig, Schàfer und Schônfelder, 1897. In-S», 103 p. 1 m. 50.
551. Wartenberg (Georg.). Das mittelgriechische Heldenlied von Basi-
leios Digenis Akritis. Berlin, R. Gaertner, 1897. In-4o, 20 p. 1 m.
552. Wauters (Alphonse). Table chronologique des chartes et
diplômes imprimés concernant l'histoire de la Belgique. Tome IX
(1325-1339). Bruxelles, Hayez, 1896. In-4o, vi-xlvi-933 p. (Collection
des chroniques belges inédites.)
553. Weinhoi.d (Karl). Die deutschen Frauen in dem Mittelalter.
Wien, C. Gerold's Sohn, 1897. In-S», v-393 et iii-353 p. 15 m.
554. Wenck (Adolf). Das Ratsarchiv zu Borna (bi? 1600). Borna,
R. Noske, 1897. In-4'', 43 p. 1 m. 20.
BIBLIOGRAPHIE. 369
555. Westfâlisches Urkundonbuch. VI. Die Urkunden des Bisthums
Minden vom Jahre 1201-1300. Bearbeilet voii D"" H. lloogeweg. 2. Muns-
ter, Regensberg, 1897. In-^l", p. 161-320. 5 m.
556. WoLF (Victor), baron von Glanvell. Die Ganonessanmlung des
Cod. Vatican, lat. 1318. Wien, G. Gerold's Sohn, 1897. ln-8°, 55 p.
(Extrait des Silzungsberichte der k. Akademie der Wisserischaften.) 0 fl. 65.
557. WooDWARD (W. H.). Vittorino da Feltre and other humanist
educators. Gambridge, University Press, 1897. In-8°, 268 p. 6 sh.
558. Wretschko (Alfred von). Das ôsterreichische Marschallamt im
Miltelalter. Wien, Manz, 1897. In-S», xxvi-263 p. 2 fl. 50.
^897 24
CHRONIQUE ET MÉLÂN&ES.
La Société de l'École des chartes a procédé au renouvellement de
son bureau et de ses commissions pour l'année 1897-1898. Ont été
nommés :
Président : M. G. Paris.
Vice-président : M. Lelong.
Secrétaire : M. Gourteault.
Secrétaire-adjoint : M. Gh. de la Roncière.
Archiviste-trésorier : M. E, Lefèvre-Pontalis.
Membres de la Commission de publication : MM. Delisle, de Lasteyrie,
Omont. — Membres suppléants : MM. Ledos et Valois.
Membres de la Commission de comptabilité : MM. de Barthélémy,
Bruel, Morel-Fatio.
Membres de la Commission de publication des Mémoires et documents :
MM. Giry, A. Lot, Aug= Molinier, Prou, Valois.
Les examens de fin d'année de l'École des chartes ont eu lieu du
l^"" au 8 juillet 1897. Ils ont porté sur les textes et les questions qui
suivent :
Première année.
Épreuve orale.
1° Paléographie latine : Lecture d'une charte donnée par l'abbaye
de Bonneval à Alphonse de Poitiers.
2° Interrogations sur l'histoire de France.
3° Traduction latine : Charte n" 318 des Rôles gascons, édit. Bémont,
page 84.
4° Paléographie française : Lettre de Wichars de Borbone de l'an 1286.
5° Philologie romane : On a mis sous les yeux des élèves un texte
en dialecte picard, dont ils ont dû déterminer l'origine en classant les
faits d'ordre linguistique qu'il contient.
Épreuve écrite.
1° Texte latin à transcrire d'après le fac-similé n° 731 de l'ancien
fonds de l'École.
i
CHROMQUE ET MÉLANGES. 374
•2« Texte roman à transcrire d'après le lac-similo n» 198 du nouveau
fonds de l'Ecole.
3<> Texte latin à traduire tiré de Vllistoire de Sisteron de Laplane.
4° Texte provençal à traduire tiré du Livre des privilèges de Manosque
d'Isnard. Les élèves ont eu en outre à répondre à la question suivante :
Que devient d latin entre deux voyelles dans les diverses variétés du
roman de France ?
5° Bibliographie : I. Qu'entend-on par ouvrages anonymes et pseu-
donymes? Suivant quelles règles et à l'aide de quels répertoires biblio-
graphiques doit-on rédiger les cartes par lesquelles ces ouvrages sont
représentés dans les différents catalogues d'une bibliothèque ?
II. Rédiger les cartes auxquelles donnent lieu, dans un catalogue
alphabétique des noms d'auteur et dans un catalogue méthodique des
matières, les deux ouvrages suivants : 1° M. T. Ciceronis opéra... éd.
variorum. Amslerdam, 112k. 2° Voyage de la sainte Cijté de Uiérusalem,
publ. par Gh. Schefer, 1882.
Deuxième année.
Épreuve orale.
1° Paléographie : Lecture de quelques lignes d'un manuscrit de la
bibliothèque d'Évreux du commencement du xui^ siècle.
2° Diplomatique : Du titre des souverains de la France dans les actes
de la chancellerie royale depuis l'époque mérovingienne jusqu'à la lin
de l'ancien régime.
3° Institutions : I. Quelles sont les juridictions administratives de
l'ancien régime ayant les attributions de cours souveraines ?
II. Par qui le contentieux administratif était-il jugé sous le régime
de la constitution de 1791 ?
4° Sources de l'histoire de France : Les Miracles de saint Benoit;
auteurs et date de composition des différentes parties du recueil. '
5» Classement d'archives : I. Dans un dépôt en désordre où toutes
les liasses et les registres sont mêlés, quelle méthode doit-on suivre
pour constituer les fonds et préparer les éléments du classement de
ces fonds ?
IL Indiquer quelle est la composition de la série O des archives
départementales et comment elle doit être classée.
Épreuve écrite.
1" Texte à transcrire d'après le fac-similé n» 258 du nouveau fonds
de l'École.
2° Texte latin à traduire tiré des Relations politiques des comtes de Faix
avec la Catalogne, par M. Baudon de Mony.
372 CHRONIQUE ET MELANGES.
3° Texte à analyser tiré de la Bibliothèque de l'École des chartes,
t. LVn, p. 405.
4° Diplomatique : I. Quelles ont été les diverses espèces de sceaux
employés pour valider les actes des rois de France au xiv^ siècle?
IL Expliquer quelle est, au point de vue diplomatique, la nature du
document donné comme pièce à analyser; dire comment l'original a dû
être scellé, et quelle mention devait figurer sur le repli ; donner la date
précise du document d'après notre manière de compter en expliquant
brièvement la manière de la déterminer.
5» Institutions : Quelles sont les attributions de la cour du roi au
xnie siècle? Quels sont les grands corps qui s'en détachent sous saint
Louis ? Quelles sont les différentes sections qui ont été créées dans le
Conseil du roi du xv^ au xviii^ siècle?
Troisième année.
Épreuve orale.
1° Paléographie : Lecture d'une charte de l'abbaye de Savigny de
l'an 1236.
1° Droit : L En quoi consiste l'innovation du concile de Trente au
sujet du mariage ?
II. A quelle époque et comment le mariage des non catholiques a-t-il
été organisé pour la première fois légalement en France?
III. Que savez-vous des Fausses décrétâtes ?
3" Archéologie : Quels sont les principaux éléments du costume
militaire au début du règne de Charles V ?
Épreuve écrite.
1° Texte à transcrire d'après le fac-similé n" 732 de l'ancien fonds
de l'École.
20 Droit : L Qa'entend-on par droit de maineté ou juveignerie, et par
tenure en parage ?
IL De quoi se compose le Corpus jiiri s civi lis ?
3° Archéologie : De l'emplacement et de la forme des clochers dans
les églises du xn^ et du xiii« siècle.
4° Sources de l'histoire de France : Biographie sommaire et œuvres
historiques de Geoffroi de Beaulieu, Jean de Venette, Olivier de la
Marche.
A la suite des examens et par arrêté ministériel du mois de juillet
1897, ont été admis à passer en deuxième année (ordre démérite) :
MM. 1. Gauthier.
2. Gaudin.
CHRONIQCE ET MÉLANGES. 373
3. Besnier.
4. Du VAL.
5. DUQAST.
6. Du Mesnil de Maricourt.
7. Flament.
8. De Dampierre.
9. poin sotte.
10, BouLENGER (Jacques).
H. Berland.
12. Esquer.
13. Guillemot.
14. De Coussemaker.
15. Galmette.
16. Gandilhon.
17. Robert (à titre étranger).
Ont été admis à passer en troisième année (ordre de mérite) :
mm. 1. poupardin.
2. Vilnet.
3. Ghalandon.
4. Thibault.
5. HlLDENFlNGER.
6. Rastoul.
7. Brou.
8. Sustrac.
9. Rouget.
10. Oursel,
11. De Lasteyrie.
12. Le Sourd.
13. Dreux.
14. Le sort.
15. L ANDRE.
16. escoffier.
17. Villemsens.
Ont été admis à subir l'épreuve de la thèse (ordre alphabétique) :
MM. 1. AUBRY.
2. Brandin.
3. Garon.
4. Dagier.
5. Deprez.
6. Deslandres.
7. Grand.
8. Pérouse.
24*
1897
i
374 CHRONIQUE ET MÉLANGES.
9. Petit.
10. Poux.
H. Privât.
12. VlDlER.
— Une erreur s'est glissée dans notre dernier cahier, p. 206. Sur la
liste de classement par ordre de mérite des thèses des élèves de l'École
des chartes, le quatrième rang, immédiatement après MM. Morel,
Lauer et Pinet de Manteyer, aurait dû être attribué à M. Schmidt, dont
la thèse avait été jugée digne d'être signalée à M. le Ministre de l'ins-
truction publique.
— Par arrêté en date du 6 mai, notre confrère M. Paul Meyer a été
nommé directeur de l'Ecole des chartes pour une nouvelle période de
cinq ans.
— Par arrêté en date du 9 avril, notre confrère M. Ch. Mortel a été
chargé du cours de bibliographie et service des bibliothèques à l'École
des chartes pendant le second semestre de 1897.
— Par arrêté en date du 6 mai, notre confrère M. Léon Gautier a
été autorisé à se faire suppléer pendant le second semestre de 1897 dans
la chaire de paléographie de l'École des chartes par notre confrère
M. Élie Berger.
— Le 4 juin 1897, l'Académie des inscriptions et belles-lettres a élu
M. Longnon membre du Conseil de perfectionnement de l'École des
chartes en remplacement de M. le comte de Mas Latrie.
— Notre confrère M. Léopold Delisle a été élu par l'Institut, le 7 juil-
let 1897, pour trois ans, l'un des trois conservateurs du musée Condé
fondé par le duc d'Aumale au château de Chantilly.
— Par arrêté en date du 4 mars, notre confrère M. Welvert, sous-
chef de bureau au ministère de l'instruction publique, est nommé
secrétaire-adjoint aux Archives nationales; nos confrères MM. A. Du-
noyer et R. Viilepelet, rédacteurs arU ministère de l'instruction publique,
sont nommés archivistes aux Archives nationales.
— Par arrêté en date du 3 avril, notre confrère M. F. Delaborde est
nommé sous-chef de la section historique aux Archives nationales.
— Par arrêté en date du môme jour, notre confrère M. Georges Dau-
met est nommé archiviste aux Archives nationales.
— Par arrêté en date du 23 avril, notre confrère M. Palustre est
nommé archiviste des Pyrénées-Orientales.
— Par arrêté en date du 30 avril, notre confrère M. Maisonobe est
nommé archiviste de Tarn-et-Garonne.
CHBONIQDE ET MELANGES. 375
— Par arrêté en date du 26 mai, notre confrère M. Bourde de la
Rogerie est nommé archiviste du Finistère.
— Par arrêté en date du 31 mai, notre confrère M. Forée est nommé
archiviste de la Lozère.
— Par arrêté en date du 27 avril, notre confrère M. Albert Gérard
a été nommé sous-bibliothécaire adjoint au service de la Bibliothèque
et du Musée historique de la ville de Paris.
— Par arrêté en date du 30 mars est nommé membre non résidant
du Comité des travaux historiques notre confrère M. Jules Finot,
archiviste du Nord.
— Par arrêté en date du même jour sont nommés correspondants
du ministère de l'instruction publique nos confrères MM. Edouard
André, archiviste de l'Ardèche; J. Berthelé, archiviste de l'Hérault;
Bloch, archiviste du Loiret; G. Bourbon, archiviste de l'Eure; A. Bour-
geois, archiviste de Loir-et-Cher; Max Bruchet, archiviste de la Haute-
Savoie; Brutails, archiviste de la Gironde; Chavanon, archiviste de la
Sarthe; Claudon, archiviste de l'Allier; Goiiard, archiviste de Seine-et-
Oise; Demaison, archiviste de la ville de Reims; Dcsplanque, archi-
viste des Pyrénées-Orientales (nommé depuis bibliothécaire de la ville
de Lille); G. Durand, archiviste de la Somme; Duval, archiviste de
l'Orne; Duvernoy, archiviste de Meurthe-et-Moselle; de Flamare,
archiviste de la Nièvre; P. de Fleury, archiviste de la Charente; de
Fréminville, archiviste de la Loire; J. Gauthier, archiviste du Doubs;
Louis de GraHdmaison, archiviste d'Indre-et-Loire; Eugène Hubert,
archiviste de l'Indre; A. Hugues, archiviste de Seine-et-Marne;
Labande, conservateur de la bibliothèque de la ville d'Avignon;
Labrouche, archiviste des Hautes-Pyrénées ; Laurent, archiviste des
Ardennes; Lemoiae, archiviste du Finistère (depuis attaché au Cata-
logue des imprimés de la Bibliothèfiue nationale); Lerapereur, archi-
viste de l'Aveyron; Leroux, archiviste de la Haute-Vienne; Lex, archi-
viste de Saône-et-Loire ; René Merlet, archiviste d'Eure-et-Loir;
Fr. Molard, archiviste de l'Yonne; Moris, archiviste des Alpes-Mari-
times; Musset, bibliothécaire de la Rochelle; Parfouru, archiviste
d'IUe-et- Vilaine ; Pasquier, archiviste de la Haute-Garonne; Pélicier,
archiviste de la Marne; Ch. Portai, archiviste du Tarn; Prudhomme,
archiviste de l'Isère; Alfred Richard, archiviste de la Vienne; G. Ron-
chon, archiviste du Puy-de-Dôme; Souchon, archiviste de l'Aisne;
Tholin, archiviste de Lot-et-Garonne; Emile Travers; Trouillard,
archiviste de l'Ariège; Vernier, archiviste de la Savoie.
— Sur la liste des membres d'une Commission supérieure des expo-
sitions rétrospectives des beaux-arts et des arts décoratifs près l'Expo-
sition universelle de 1900, nommée par arrêté ministériel en date du
376 CHRONIQUE liT MELANGES.
14 mai 1897, figurent les noms de nos confrères MM. L. Delisle, J. Guif-
frey, E. Molinier, B. Prost, G. Servois.
M. E. Molinier a été nommé chef du service des expositions rétros-
pectives de l'Exposition de 1900.
— Dans la séance de clôture du Congrès des Sociétés savantes, le
24 avril 1897, M. le Ministre a annoncé dans les termes suivants la
décoration de la Légion d'honneur accordée à notre confrère M. Jules
Finot :
« M. Jules Finot nous serait suffisamment connu rien que par les
savants mémoires qu'il a lus dans le présent Congrès. Ancien élève de
l'École des chartes, successivement archiviste dans, les départements du
Jura et du Nord, lauréat, en 1873, du concours des antiquités natio-
nales, correspondant au ministère depuis 1875, il a, tout en publiant
de nombreux inventaires d'archives, trouvé le temps de faire person-
nellement œuvre d'historien, et il ne s'est pas cantonné uniquement
dans les siècles écoulés, car il a écrit Une mission militaire en Prusse
et la Défense nationale dans le Nord de 1792 à 1802. »
— Le décret nommant M. Finot chevaUer de la Légion d'honneur a
été signé le H juillet 1897.
— Par arrêté en date du 16 janvier ont été nommés officiers d'Aca-
démie nos confrères MM. Marius Barroux, sous-chef de bureau à la
préfecture de la Seine, Camille Bloch, archiviste départemental du
Loiret.
— Par arrêtés en date du 23 avril 1897 ont été nommés :
Officiers de l'Instruction publique :
M. Joseph Berthelé, président de la Société des langues romanes,
correspondant du ministère de l'instruction pubUque.
M. René Leblanc de Lespinasse, président de la Société nivernaise
des lettres, sciences et arts.
M. Georges Guigne, archiviste en chef du département du Rhône,
correspondant du Comité des Sociétés des beaux-arts des départements.
Officiers d'Académie :
M. Lucien Auvray, membre de la Société historique et archéolo-
gique de l'Orléanais.
M. Léon Dorez, membre de la Société académique d'agriculture,
sciences, arts et belles-lettres du département de l'Aube.
M. Louis de Grandmaison, archiviste du département d'Indre-et-
Loire, correspondant du Comité des Sociétés des beaux-arts des dépar-
tements.
M. Gilbert Jacqueton, lauréat de l'Institut, archiviste paléographe,
ancien secrétaire de la Société historique algérienne.
CHRONIQUE ET MELANGES. 377
M. Paul Marichal, archiviste paléographe, membre de la Société
d'archéologie lorraine.
M. Alfred Spont, archiviste paléographe, membre de la Société de
l'École des chartes.
— L'Académie des inscriptions et belles-lettres a décerné le premier
prix do la fondation du baron Gobert à notre confrère M. Funck-Bren-
tano, pour son ouvrage intitulé Philippe le Bel en Flandre.
— Elle a donné le second prix de la même fondation à l'ouvrage de
notre confrère M. Baudon de Mony : Relations politiques des comtes de
Foix avec la Catalogne.
— Au concours des Antiquités de la France, les récompenses sui-
vantes ont été accordées aux travaux de plusieurs de nos confrères :
2° médaille. Histoire des relations de la France avec Venise du XIll" s.
à l'avènement de Charles VIII, par feu M. P. -M. Perret.
3° médaille. La Chronique de Nantes, par M. René Merlet.
4<= médaille. Chronique de Richard Lescot, religieux de Sainl-Denis, par
M. Lemoine.
l^o mention honorable. Le Procès de Guichard, évoque de Troycs, par
M. A. Rigault.
4<' mention honorable. Essai sur les prcsidiaux, par M. Laurain.
— La Société des antiquaires de Picardie met au concours pour 1808
les sujets suivants :
Prix d'histoire. — Fondation Le Prince. Une médaille d'or de la
valeur de 500 fr. à l'auteur du meilleur Mémoire manuscrit sur un sujet
d'histoire relatif à la Picardie, antérieur à 1789, laissé au choix des con-
currents.
Prix d'archéologie. — Fondation Le Dieu. Une médaille d'or de la
valeur de 800 fr. à l'auteur du meilleur A/émoi're manuscrit d'archéologie
concernant la Picardie, au choix des concurrents.
Biographie. — Prix offert par Madame Pinsard. Une médaille d'or de
la valeur de 200 fr. à l'auteur de la meilleure biographie des femmes
picardes qui se sont illustrées dans la littérature, les arts, ou par leur
dévouement à la patrie ou à l'humanité avant 1789.
— Il vient de se fonder à Rennes, sous la présidence de M. J. Lolb,
doyen de la Faculté des lettres, et par l'initiative d'un comité dont fai-
sait partie notre confrère M. P. Parfouru, une société d'études histo-
riques et géographiques de Bretagne.
Les travaux présentés par les membres de la Société pourront être,
avec l'approbation du Comité de publication, et sauf l'assentiment
de la direction des A7inales de Bretagne, insérés dans ce périodique, in
extenso ou autrement.
Il est publié un Bulletin trimestriel de la Société d'études historiques et
378 CHRONIQUE ET MELANGES.
géographiques de Bretagne. Ce Bulletin donne le compte-rendu des
séances, conférences, excursions et sessions.
LE CODE THÉODOSIEN DE JACQUES GODEFROY.
L'édition du Code théodosicn, à laquelle le nom de Jacques Godefroy
est resté glorieusement attaché, ne fut publiée qu'après la mort de
l'auteur, chez un libraire de Lyon, en 1665. Il avait été question de
l'imprimer plus de trente ans auparavant, comme l'atteste une lettre
adressée par l'auteur, de Genève, le 26 novembre 1631, à son frère
Théodore Godefroy. L'original de cette lettre vient d'être réintégré,
par les soins de M. Noël Charavay, dans les portefeuilles de Godefroy
à la bibliothèque de l'Institut. Nous croyons devoir en insérer ici le
texte :
« Monsieur et frère,
« Je vous envoyé finalement un' espreuve du Code théodosien, qui
est prest, pour en avoir vostre jugement et celuy des amis, sçavoir de
messieurs Dupuy et Rigaut, et non autres, parceque je ne désire pas
qu'elle tombe entre autres mains, et mesme je vous prie de ne vous eu
dessaisir. Le jugement que j'attends sera, s'il vous plaist, sur la forme
de mon travail et sur la forme de l'impression. Par cest eschantillon
vous pouvés veoir les divers travaux qu'il y a sur un titre et sur une
loy. A la fin il y aura divers indices, notices, glossaires, chronologies,
chronographies, etc., qui tiendront beaucoup, comme aussi de grands
prolégomènes. Si quelqu'un de vos imprimeurs vouloit entendre à
l'impression, je seray bien aise d'en traitter avec luy ; l'impression s'en
feroit par deçà, et fort bien. Dittes en quelque chose au sieur Celerier.
J'estime que le travail tiendra cinq à six cents feuilles, qui sont deux
volumes. Je n'en puis faire meilleur marché que de cinq cents escus et
trente exemplaires. Je vous prie d'en vouloir parler et vous y employer.
Sinon, j'en traiteray avec nos gens par deçà. Mais je desireray plus tost
que ce fussent vos marchands libraires qui en fissent faire l'impression
par deçà, à celle fin qu'on pourveut à de bon papier. J'attends vostre
response au plus tost.
« Je vous remercie de vos advis contenus en vos dernières, mais ne
m'ayant rien esté escript du costé que vous sçavés, il n'escheoit plus
d'en parler. Aussi vous prie je me faire part du cours du marché et des
gazettes.
« Je demeure, Monsieur et frère, vostre très affectionné frère et meil-
leur amy,
« J. Godefroy.
» De G., ce 16/26 novembre 1631.
« J'attends les Théophiles de M. Rigaut, auquel je baise humble-
ment les mains. »
CHRO-NIQDE ET MÉLANGES. 379
PIÈGE SOUSTRAITE AU TRÉSOR DES CHARTES
DES DUCS DE BRETAGNE.
Dans un précédent volume de la Bibliothèque de l'École des chartes
(1893, t. LIV, p. 413), nous avons signalé une série do documents du
Trésor des chartes de Bretagne qui avaient été mis on vente à Londres
et dont plusieurs furent acquis par la Bibliothèque nationale. Une
pièce de même provenance se trouvait dans les collections du baron
Jérôme Pichon; elle a figuré sous le n° 11 dans le catalogue d'une
vente faite à Paris le 10 février 1897, par les soins de M. Noël Chara-
vay, expert en autographes. C'est une lettre adressée, le 24 septembre
1394, à Jean de Montfort, duc de Bretagne, par Jean de France, duc
de Berri. En voici le texte :
< Très cher et très amé frère,
« J'ay receu les lettres que envolées m'avez par cost chevaucheur, et
pour ce que par icelles desirez moult savoir nouvelles du bon estât et
santé de monseigneur le roy, vueilliés savoir, très cher frère, que, à la
faisances de cestes, mon dit seigneur, madame la royne, monseigneur
le dauphin, beau neveu d'Orliens, et je estions en bonne santé, la merci
Nostre Seigneur; ce que pareillement désire savoir de vous, de belle
nièce et de mes neveux et nièce voz enfans. Si vous prie, très cher
frère, que le plus souvant que bonnement pourrez m'en vueilliez escrire
et faire savoir pour ma très grant joie et consolacion.
« Et quant est, très cher frère, à ce que escript m'avez commant
vous estez venu devers beau frère de Bourgongne, lequel mon dit sei-
gneur a envoie par delà, et qu'il vous a dit aucunes choses que mon
dit seigneur lui avoit enchargées vous dire, et que vostre personne,
estât et besoingnes vueille avoir pour recommandées envers mou 'dit
seigneur, vueilliés savoir, très cher frère, que, pour le bien, honneur
et proufit de vous, je seray très joieux, de tout mon cuer, se vous faittes
le plaisir et volonté de mon dit seigneur, ainsi que beau frère le vous
a dit et conseillié; car, en ce faisant, vous serez au dessus de voz
besoingnes et de touz voz ennemis. Et se vous ne le faittes ainsi, très
grant domaige et inconvénient est bien en voie de vous en venir; car
voz amis seront voz contraires, et voz ennemis au dessuf.s]< de leurs
besoingnes. Et ne vueilliés point croire que beau frère ne moy vous
voulsissions dire ne conseillier chose qui ne feust au bien et honneur
de vous. Si vueilliés en vostre fait telement et si brief aviser et faire
1. La dernière lettre de ce mot a été rognée.
380 CHRONIQUE ET MÉLANGES.
en manière qu'il ne conviengne que beau frère, que si longuement a
demouré par delà, et qui chascun jour est mandé par monseigneur
pour s'en servir devers lui, ne se parte sanz mettre aucune bonne
ordenance ou conclusion en vostre fait, et, par voie qui soit, beau frère
ne peut plus demourer par delà; car mon dit seigneur a neccessaire-
ment à besoingner de lui, pour aucunes grosses besoingnes qui moult
lui touchent. Et, se ainsi se part sanz autre chose faire, tel domaige et
inconvénient est taillié de vous en venir que jamais ne sera reparé. Et
vous pouez assez appercevoir le désir que monseigneur a [à]^ ceste
besoingne, d'avoir envoie par delà tel seigneur comme beau frère. Si
vous vueilliés en ce telement porter et faire pour vostre bien, honneur
et prouffit que nous touz voz amis en soyons joieux, et voz ennemis
dolens et courrociez.
« Très cher et très amé frère, le saint Esperit vous ait en sa sainte
garde.
0 Escript à Paris le xxini^ jour de septembre.
« Vostre frère, le duc de Berry et d'Auvergne, conte de Poitou, de
Boloingne et d'Auvergne :
« JEHAN.
« De g YVES.
« A mon très cher et très amé frère le duc de Bretaingne. »
Au dos de la lettre se voit la cote que le document portait au Trésor
des chartes de Bretagne : a Armoire L, cassette d, inventorié XX. »
La pièce a été acquise pour la Bibliothèque nationale. Elle est de
l'année 1394. Ce fut dans les derniers mois de 1394 que le duc de
Bourgogne accomplit la mission dont le roi l'avait chargé et qui se ter-
mina par une sentence arbitrale en date du 24 janvier 1395 (n. st.) 2.
Par décrets du mois de juillet 1897, nos confrères MM. J. Guifïrey
et E. Molinier ont été nommés, le premier officier de la Légion d'hon-
neur, le second chevalier du même ordre.
l.J'ai cru pouvoir suppléer le mot à, qui n'a point été écrit par le secré-
taire du duc de Berry.
2. D. Plancher, fUst. de Bourgogne, t. III, p. 140. — D. Morice, Preuves de
l'hist. de Bretagne, t. II, col. 633.
NOTICE SUR UN PSAUTIER
DU XlIIe SIÈCLE
APPARTENANT AU COMTE DE CRAWFORD.
Le volume que je vais essayer de décrire m'a été fort gracieu-
sement communiqué par le comte de Crawford, dont le nom res-
tera attaché à la formation d'une des plus belles bibliothèques
du xix« siècle : Bibliotheca Lindesiana ' . Le possesseur de
cette grande bibliothèque est un bibliographe érudit, dont les
publications, déjà nombreuses, ont mérité les éloges des juges les
plus difficiles. C'est en même temps un de ces bibliophiles qui se
font un devoir et un plaisir de mettre leurs collections à la dispo-
sition des savants.
Parmi les volumes que lord Crawford a bien voulu me mon-
trer, j'ai remarqué un psautier du xiif siècle, jadis possédé par
sir Henry Mainwaring baronet. Je ne saurais en indiquer exac-
tement l'origine ; mais je soupçonne qu'il a dû être exécuté par
un scribe et par un ou plusieurs enlumineurs de l'école pari-
sienne, sous le règne de saint Louis, pour un membre de la
famille royale, ou pour un des grands vassaux ou des grands
1. La Société des Antiquaires de Londres a pu admirer, il y a une dizaine
d'années, quelques pièces choisies dans les trésors littéraires du comte de
Crawford. Le petit livret qui a été publié à cette occasion mentionne deux
morceaux connus depuis longtemps, qu'on est heureux de savoir entre les
mains d'un amateur digne de les apprécier. Le premier est un papyrus juste-
ment célèbre, sur lequel est écrit un acte de donation faite à l'église de Ravenne
par «t Johannes Spalharius » (Mabilion, De re diplovi., Supplem., p. 89). Le
second est un texte des évangiles de l'époque carolingienne, qui appartenait
jadis au baron de Crassier et dont a parlé Montfaucon {Bibliotheca Inbliothe-
carutn mss., t. I, p. 605). — Voir Early bindings, broadsides, proclamations
and ballads exhibited by the earl of Crawford al the soirée of the Society
of Aniiquaries, 23rd june 1886. Petit in-'i" de 8 p. plus le titre.
^897 25
</•••.%•/. ••,•,•,•••/. v///gVi* '.s
382
NOTICK son UN PSAUTIER
dignitaires de la couronne. Il se compose, gardes comprises, de
170 feuillets de parchemin, hauts de 262 millimètres et larges
de 165.
Le livre s'ouvre par un calendrier, incomplet des deux feuillets
qui se rapportaient aux mois de janvier, de février, de septembre
et d'octobre. En dépit du titre Psallerium anglo-normann.
doré au dos du volume, le calendrier n'a rien d'anglais ni rien
de normand. On y trouve bien la mention de saint Oswald, du roi
saint Edmond et de saint Thomas de Cantorbéry; mais on y
chercherait en vain les noms de saint Cuthbert, de saint Dunstan
et de beaucoup d'autres grands saints de l'église anglo-saxonne.
Les saints des liturgies normandes sont aussi pour la plupart
absents. Par contre, la liturgie parisienne est largement repré-
sentée.
X kl. maii. Inventio corporum Dionysii sociorumque ejus. Opor-
tune.
iiii id. junii. Landerici, episcopi el confessoris. Getulii martyris.
Gensurii.
XI kl. julii. Sancti Leufredi abbatis.
VII kl. julii. Translalio sancti Eligii, episcopi et confessoris.
m id. juUi. Turiavi, episcopi et confessoris, et aliorum.
VII kl. augusti. Transk\lio sancli MarceUi, episcopi el confessoris.
Duplum.
Id. novembris. Briccii episcopi, et sancli Gendulfi, episcopi el con-
fessoris.
VI kl. decembris. Genovefe virglnis, el sancli Marcclli episcopi.
III non. decembris. Parisius susceptio reliquiarum^
Ce calendrier a été exécuté avec un grand luxe. On a tenu à
ce que chaque ligne en fut remplie dans toute la longueur. Les
articles en sont écrits en quatre couleurs, qui se succèdent régu-
lièrement, or, bleu, vermillon et vert, alternance qui forme un
ensemble aussi éclatant qu'harmonieux.
1. Les saints dout 1 invention des reliques était célébrée à Paris le 4 décembre
sont indiqués dans la première leçon de l'office de ce jour que nous oflVe un
bréviaire de Paris ayant appartenu à Charles V : « Adest uobis, dilcclissirai,
soUempnis dies de iaventioae sanctarum reliquiarum, in primis gloriose sem-
perque Virgiuis Marie et sanctorum Johannis Baptiste et Andrée apostoli, Ste-
phani prothomartyris et beali Dyonisii, Gallorum apostoli. » (Ms. latin lOÎS de
la Bibl. nat., fol. ÎGS.)
À.
DU XIII^ SIÈCLE. 383
Les mentions relatives à saint Thomas de Cantorbéry ont été
grattées, comme aussi la qualification de pape, qui suivait les
noms de saint Luce, de saint Grégoire, de saint Sixte, de saint
Léon et des autres souverains pontifes.
Après le calendrier vient une suite de miniatures peintes sur
des feuillets dont le côté opposé à la peinture est resté blanc. Ces
miniatures remplissent sur chaque page un cadre haut de 153 mil-
limètres et large de 105, cadre dans lequel sont inscrits comme
il suit dix compartiments, huit ronds et deux en forme de
losange, avec un petit médaillon au milieu, chacun des compar-
timents en losange reliant les quatre compartiments ronds aux-
quels il est superposé par les extrémités :
•i. rond. 2. rond.
3. losange.
4. rond. 3. rond.
Médaillon.
6. rond. 7. rond.
8. losange.
9. rond. 40. rond.
Les petits médaillons placés au centre de chaque page ren-
ferment des figures ou des ornements décoratifs. Dans les
compartiments ronds ou en losange sont représentées des scènes
de l'histoire évangéhque, avec des légendes explicatives tracées,
en bleu et en rouge, sur les marges du haut, du bas et des côtés.
La série des tableaux est loin d'être complète. Le premier a
disparu ; il devait contenir dix petits cadres consacrés à la repré-
sentation des premières scènes de l'histoire évangéhque : l'An-
nonciation , la Visitation , etc. Il est impossible de déterminer
l'étendue des autres lacunes que nous avons à déplorer. Il ne
subsiste plus que cinq tableaux, dont je vais indiquer brièvement
les sujets, en reproduisant les légendes qui les expliquent :
I (fol. 9 v°). La Nativité. L'Adoration des bergers. La Circon-
cision. La Présentation au Temple. Le Voyage des Mages.
\. Et pannis eum involvit et reclinavit eum in prcsepio. (Luc,
2. Et ecce angélus Domini ad pastores dicens : « Evangehzo vobis
gaudium magnum. » [Ibid.^ 9 et -10.)
384 NOTICE sou UN PSAUTIER
3. Pastores loquebaalur ad invicem : « Transeamus usque Beth-
léem. » [Ibid., -15.)
4. Et venerunt fcstinantes et invenerunt puerum cum Maria matre
ejus. [Ibid., ^6.)
5. Tune reversi sunt pastores, et dicunt : « Gloria in excelsis
quia. » (Ibid., 20.)
6. Postquam consummati sunt dies octo, ut circumcideretur puer,
voeatum est nomen est [sic] Jhesus. [Ibid. , 24 .)
7. Obtulerunt Jhesum in Templo, et Symeon accepit eum in ulnas
suas. (Ibid., 22 et 28.)
8. Cura natus esset Jhesus in Bethléem Jude, très magi venerunt
ab Oriente Jerosolimam, dicentes : « Ubi est ? » (Matth., II, 2.)
9. Turbatur Herodes et vocans principes sacerdotum sciscitabatur
ab eis ubi Ghristus natus esset. At illi dixerunt : « In Bethléem
Jude. y> [Ibid., 4 et 5.)
\0. Tune Herodes, clam vocatis magis : « Usque ad illum loeum
ite et interrogate. » [Ibid., 7 et 8.)
II (fol. 8). La Pêche miraculeuse. La Rencontre de Jésus et
de Mathieu au tonlieu. La Guérison des malades de la Galilée. Le
Sermon sur la montagne. Les Noces de Gana.
i. Factura est autem cum turbe irruerent in eum, et piscatores
lavabant retia. (Luc, V, i et 2.)
2. Ascendens autem in unam navem que erat Simonis, rogavit
eum a terra reducere pusillum. [Ibid., 3.)
3. Ut cessavit autem loqui, dixit ad Simonera : « Duc rae in altura
et laxate retia. » Et nichil prendiderunt. [Ibid., 4 et 5.)
4. Et cura hec fecissent, comprehenderunt piscium multiludinem.
[Ibid., 6.)
5. Quod cum videret Symon Petrus, procidit ad genua Jhesu
dicens : « Exi a me, quia homo peccator sum. Domine. » {Ibid.,
8 et 9.)
6. Et cum transiret illic, vidit Levi sedentem in teloneo, et secu-
tus est eum. [Ibid., 27.)
7. Et circuibat Jhesus totam Gahleam, sanans omnera languorem
et infirmitatera. (Matth., IV, 23.)
8. Videns autera turbas, Jhesus ascendit in montera, et accesse-
runt ad eura discipuli ejus; et aperiens os suura, docebat eos :
<i Beali, » etc. [Ibid., V, 4-3.)
DU XIII*' SIÈCLE. 385
9. Niiptie facte sunt in Ghana Galilée, et dicit mater Jhesu : « Vinum
non habent. » (Jo., II, ^ el 3.)
^0. Erant ibi sex lapidée ydrie, etdicil Jhesus minislris : « Tmple-
[te] ydrias aqua, » et impleverunl, etc. [Ibid., 6.)
III (fol. 10 v"). La Résurrection de la fille d'un prince. La
Réception de Jésus par Marthe. La Cueillette d'épis par les dis-
ciples de Jésus et la guérison d'un infirme le jour du sabbat. Le
Martyre de saint Jean-Baptiste. L'Empressement des foules à
suivre Jésus.
-1. Hic eicit Jhesus turbam tumultuantem et tibicines. (Matth.,
IX, 23 et 24.)
2. Hic ingreditur Jhesus ad puellam, cum Petro, Jacobo, Johanne
et paire et maire puelle, et resurrescit. [Ibid., 23.)
3. Intravil Jhesus in quoddam castellum, et mulier quedam,
Martha nomine, excepit illum in domum suam. (Luc, X, 38.)
4. Abiil Jhesus sabbato per sala; discipuli autem ejus vellebant
spicas el edebanl. (Luc, VI, \.]
5. Et ecce homo habens manum aridam, et sanavit eum. (Luc,
VI, 6eH0.)
6. Die natalis Herodis régis, saltavit filia Herodiadis, et promisit
ei capul Johannis. (Matth., XIV, 6 el 9.)
7. Misitque rex, el decollavil eum in carcere, et allatum est caput
ejus, etc. [Ibid.^ \0 el ■IL)
8. Et puella dedil malri sue. [Ihid.^ \\.)
9. Que audilo, venerunl discipuli ejus et sepelierunt eum.
[Ibid., -12.)
\(i. [La place de la légende est laissée en blanc Le tableau repré-
sente les foules qui suivaient Jésus.] [Ibid., 43.)
IV (fol. 11). La Multiplication des pains. La Barque de saint
Pierre. La Réponse de Jésus à la Chananéenne. La Guérison du
sourd et muet. L'Entretien de Jésus avec la Samaritaine.
\. Hic benedicit quinque panes el duos pisces, et^precipitutappo-
nant turbe. (Matth., XIV, 19.)
2. Discipuli apponunt, et manducaverunl, et salurali sunt v milia,
exceptis mulieribus el parvulis. {Ibid., 20 cl 2\.]
3. El lulerunt reliquias, xii cophinos fragmentorum plenos.
[Ibid., 20.)
386 NOTICE SDR UN PSAUTIER
4. Jhesus est in terra solus, et navis in medio maris, et discipuli
laborant in remis. [Ibid., 23 et 24.)
5. Hic venit ad eos ambulans supra marc, et putantibus illis fan-
tasma esse dixit : « Ego sum. » {Ibid., 25-27.)
6. Dicit Petrus Jhesu : « Domine, si tu es, jubé me venire ad te
super aquas. » [Ibid., 28.)
7. Et cum ascendisset in naviculam, cessavit ventus. [Ibid.^ 32.)
8. Dicit Jhesus mulieri Chananee : « Non est bonum sumere panem
filiorum et mittere canibus, etc. » (Matth., XV, 26.)
9. Tune adducunt ei surdum et mutum, et misit digitos suos in
aures ejus. (Marc, Vil, 32 et 33.)
^0, Jhesus fatigatus sedet super fontem; venit Samaritana hau-
rire aquam; et dicit ille : « Da michi bibere. » (Jo., IV, 6 et 7.)
V (fol. 12 v°). Suite de l'histoire de la Samaritaine. La Nour-
riture de Jésus. La Guérison du paralytique. La Transfiguration.
La Guérison du lunatique.
^ . Et venerunt discipuli et mirabantur quia cum muliere loqueba-
tur. (Jo., IV, 27.)
2. Hic dicit mulier hominibus de civitate : « Venite et videte homi-
nem, etc. » [Ibid., 28 et 29.)
3. Dicunt ei discipuli : « Rabi, manduca; » et ait illis : « Ego
cibum liabeo manducare quera vos nescitis. » [Ibid., 31 et 32.)
4. Erat Jherosolimis probatica piscina quinque porticus habens,
et angélus; movebatur aqua, et sanus unus. (Jo,, V, 2 et 4.)
5. Et dicit Jhesus cuidam qui jacebat ibi per xxx et vin annos :
a Toile grabatum tuum. » [Ibid., 5 et 8.)
6. Assumpsit Jhesus Petrum et Jacobum et Johannem, et duxit
eos in montera excelsum et transfiguratus [est]. (Matth., XVII, L)
7. Et facta sunt vestimenta ejus splendida sicut nix, et apparue-
runt in eo Moises et Hehas. {Ibid., 2 et 3.)
8. Dicit Petrus : « Rabi, bonum est nos hic esse; si vis, faciamus
hic tria tabernacula, libi unum. Moisi unum et Helieunum. » [Ibid., A.)
9. Et vox de celo dixit : « Hic est filius meus, » et neminem vide-
runt nisi solum Jhesum. {Ibid., 5 et 8.)
-10. Hic rogat quidam genibus flexis pro filio suo. [Ibid., -14.)
Le nombre des tableaux qui ont disparu doit être assez consi-
1. Voir Histoire liUeraire de la France, t. XXXI, p. 228-234.
DU Xm" SIÈCLE. 3S7
dérable. Ceux qui subsistent suffisent pour faire classer le livre
parmi les chefs-d'œuvre de l'art français du xiii° siècle. Par cer-
tains procédés de peinture, il se rapproche de la Bible mora-
lisée, dont le second volume est à la Bibliothèque nationale
(ras. latin 11560) et les deux autres à la bibliothèque bodléienne
d'Oxford et au Musée britannique.
Outre les lacunes que présente la série des tableaux de l'his-
toire évangélique, il faut déplorer l'absence du premier feuillet
du psautier, dont le texte, dans l'état actuel, commence (fol. 14)
par les mots : « qui non abiit in consilio... »
Dans l'initiale de chaque psaume se voient de charmantes
petites miniatures dont le sujet est indiqué par des légendes mar-
ginales, tracées en rouge et en bleu. Voici les premières :
Fol. 14. Quare fremuerunt. PilaLus et Herodes fiunt amici incap-
cione Christ!.
Fol. io. Domine, quid multiplicaii. Absalon pendet duabus lan-
ceis transfixus.
Fol. -15 v°. Cum invocarem exaudivit me. Rex hic dormit in pace.
Fol. ^6. Verba mea auribus. Abraham expellil ancillam cum filia.
Fol. 17. Domine, ne infurore. David infîrmans oral ad Dominum.
Fol. M v°. Domine Deus meus, in te speravi. Quidam a monte
proicit lapides contra David.
Fol. i9. Domine Dominus noster, quam admirabile. Quidam eri-
git torcularia.
Fol. 49 V". Con/îtebor tibi, Domine, in loto corde mco. Sacerdos
indutus confitetur coram altari.
Fol. 22. In Domino confîdo. Quidam respicil corniculam vel
corvum.
Fol. 22 v°. Satvmn me fac^ Domine. Angélus canit buccina et mor-
tui resurgunt.
Fol. 23. Usquequo, Domine, oblivisceris me. Quidam induit pau-
perem nudum.
Fol. 23 v°. Dixit insipiens. Quidam Judeus respiciens terram flct.
Ces miniatures ne sont pas la seule décoration du psautier.
Les bouts de lignes non couverts par l'écriture ont été remplis
par des ornements d'or, d'azur et de vermillon, et surtout par des
animaux de formes généralement très allongées : singes, quadru-
pèdes, oiseaux (coqs, grues, paons), lézards, sauterelles, pois-
388 NOTICE SUR UN PSAUTIER
sons. Ces bêtes sont toutes dorées; de leurs bouches, gueules ou
becs sortent des gerbes de filets rouges et bleus, très variés et
très élégants, formant des bordures marginales très légères qui
descendent parfois jusqu'au bas des pages.
Le texte du psautier est écrit en encre très noire, avec ces gros
caractères auxquels on peut donner pour signe caractéristique
la façon dont se terminent par le bas les lettres f, i, m, n et f : la
partie inférieure des traits de ces lettres s'arrête brusquement,
aussi large qu'au milieu, sans subir le moindre amincissement ni
la moindre inflexion. Ce genre d'écriture se remarque dans plu-
sieurs manuscrits parisiens du xiii® siècle, notamment dans le
splendide évangéliaire de la Sainte-Chapelle, n° 8892 du fonds
latin.
Le psautier proprement dit est suivi des cantiques (fol. 150) et
des litanies des saints (fol. 168), auxquelles le fanatisme a infligé
les plus tristes mutilations : on n'en a laissé subsister que la pre-
mière page; encore en a-t-on grossièrement efîa ce les mentions
qui choquaient la foi des protestants. Ces actes de vandalisme
ont été accomplis au temps de Henri VIIL
Le volume était déjà en Angleterre à la fin du xv" siècle,
époque à laquelle il a reçu une reliure dont les ornements estam-
pés sur les plats semblent bien être un travail anglais.
Le comte de Crawford, en me communiquant son psautier,
avait appelé mon attention sur une signature tracée au commen-
cement (fol. 2 v°), en caractères qui paraissent dénoter une main
royale : ROYNE JAHANNE :
La forme Jahanne n'est pas ordinaire, et, dès qu'elle eut passé
sous mes yeux, je résolus de chercher quelle reine du xiv" ou du
xv*^ siècle avait pu adopter cette forme pour sa signature. Mon
enquête m'a conduit à un résultat qui ne laisse pas l'ombre d'un
doute. La signature ROYNE JAHANNE est incontestablement
celle de Jeanne de Navarre, fille du roi Charles le Mauvais, qui
épousa d'abord en 1386 Jean de Montfort, duc de Bretagne, mort
DU XIU" SIÈCLE. 3,S9
en 1399, puis, en 1402, Henri IV, roi d'Angleterre, et qui mourut
en 1437. Pour s'en convaincre, il suffit de mettre à côté de la
signature du livre appartenant à lord Crawford les signatures
qui sont au bas de trois pièces originales émanées de Jeanne de
Navarre, duchesse de Bretagne et reine d'Angleterre. — La pre-
mière de ces pièces, conservée dans le fonds de la Chambre des
comptes de Bourgogne, aux archives de la Cùte-d'Or, m'a été
communiquée par le savant conservateur de ce dépôt M. Garnier.
Les deux autres font partie du Trésor des chartes de Bretagne,
aux archives de la Loire-Inférieure ; j'en dois la connaissance à
M. René Blanchard, l'auteur du très remarquable recueil des
Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne. En voici
l'indication, avec le fac-similé des signatures :
I. 9 mars 1403 (n. st.). — Charte par laquelle « Jehanne,
fille de roy de Navarre, par la grâce de Dieu reyne d'Angle-
terre, duchesse de Bretaigne et dame d'Irlande, » baille à son
oncle le duc de Bourgogne la garde et le gouvernement de la
conté de Nantes*.
S^
llttU^^
II. l*"" juillet 1418. — Charte de la reine Jeanne, datée du
manoir de Langley, portant remise d'une rente d'éperons dorés
que Michel Abraham devait pour une maison située à Nantes 2.
^-
a..^^-^
III. 16 mai 1437. — Charte datée de l'abbaye de Strat-
ford, par laquelle la reine Jeanne donne à Bérard de Montfer-
1. Original aux archives de la Côte-d'Or, B. 380. Pièce publiée en 1744 par
Dom Morice, dans les Preuves de l'Histoire de Bretagne, t. Il, col. 740 (avec
la date du 9 mars), et en 1748 par D. Plancher, dans l'Histoire de Bourgogne,
t. III, col. ccx (avec la date fautive du 19 mars 1403).
2, Archives de la Loire-Inférieure, B. 130.
390 NOTICE SCR UN rSADTIER
rand, chevalier, à raison de ses services, une somme de
1,000 écus*.
Le psautier du comte de Crawford a donc été à l'usage de
Jeanne de Navarre, femme de Henri IV, roi d'Angleterre.
Nous connaissons un autre volume qui suffirait pour assurer
à cette reiue Jeanne une place honorable sur la liste des princesses
du moyen âge qui ont eu le goût des beaux livres. Le manuscrit
français n° 2 de la Bibliothèque nationale lui a appartenu, comme
l'a déjà très judicieusement fait remarquer M. Samuel Berger.
Dans un travail publié en 1884^ ce savant, qui a si curieuse-
ment étudié les versions latines et romanes de la Bible, s'exprime
ainsi à propos de l'exemplaire de la Bible historiale, n" 2 du fonds
français :
Au fol. 465 v", en bas, se voit une signature à la pointe : « La
R. Jehannc. Tout dyx bien-'. » Au fol. 311, en marge, une note grat-
tée : « Jehanne, royne d'Engleterre, ducesse de Bretaigne, fille de
roy de Navarre. » A la même page : « Le dixiesme jour de septembre
l'an mil quatre cens vingt et sept, fut cesL livre donné à très hault et
très puissant prince Humfrey, duc de Gloucestre, conte de Haynnau,
Hollande, etc., protecteur et deffenseur d'Engleterre, par sire Jehan
Stanley, chevaUer, le dit prince estant en Tabbaye Nostre-Dame à
Chestre. »
La seule remarque que je me permette d'ajouter aux observa-
tions de mon savant ami, c'est que la signature tracée à la pointe
1. Archives de la Loirc-Inféiicure, E. 152. (Anciennement H. D. 42 du Trésor
des Charles de Brelagne.)
2. La Bible française au moyen âge, p. 325.
3. Les traits de celte devise sont un peu confus ; la lecture de la fin n'est
peut-être pas assurée.
DU Xlir SIECLE.
394
sèche au bas du fol. 465 v» porte, non pas La R. Jehanne, mais
bien La R. Jahanne :
absolument comme nous l'avons vu dans le Psautier de lord
Crawford et sur les chartes des archives de la Côte-d'Or et de la
Loire-Inférieure.
Ainsi la reine Jeanne de Navarre a possédé la Bible historiale
n° 2 de nos manuscrits français ; mais elle ne l'a pas conservée
jusqu'à sa mort. Le format, l'épaisseur et le poids de cet énorme
volume la décidèrent sans doute à s'en séparer. Peut-être le
donna-t-elle à un parent, à un ami ou à un serviteur. Nous
savons qu'elle était généreuse S et les inventaires du trésor de son
fils Jean V, duc de Bretagne, mentionnent nombre de joyaux
t. Sur les goùls et les habitudes de la reine Jeanne de Navarre, il y aurait
peut-être d'utiles renseignements à tirer d'un compte de l'hôtel de cette prin-
cesse, à partir de l'année 1420, qui a fait partie des collections de sir Thomas
Philli'pps et qui a figuré sous le n" 863 dans le catalogue de la vente faite à
Londres, au mois de juin 1896, par les soins de la maison Sotheby; Uiblio-
theca Phillippica, Catalogue of a portion of the famons collection... ofthe laie
sir Thomas Phillipps bart. (London, 1896; in-8° de 240 pages.)
392 NOTICE SUR UN PSAUTIER
donnés à ce prince par « la royne d'Angleterre ^. » Ce qui est
certain, c'est que, du vivant de Jeanne, la grande Bible histo-
riale était passée dans les mains d'un chevalier, Jean Stanley,
qui, se trouvant le 10 septembre 1427 dans l'abbaye de Notre-
Dame de Chester, l'offrit à un des plus illustres bibliophiles du
xv*" siècle, Honfroi, duc de Glocester'-.
Je puis citer un troisième volume de la librairie de la reine
Jeanne de Navarre : un bréviaire, qui avait successivement
appartenu à deux de ses tantes : d'abord à Jeanne de Navarre,
religieuse à Longchamp, morte en 1387, puis à Blanche de
Navarre, veuve du roi PhiHppe de Valois. L'article 218 du tes-
tament de Blanche de Navarre, en date du 18 mars 1395, que
j'ai jadis publié ^ d'après un exemplaire des archives des Basses-
Pyrénées, est ainsi conçu :
Item à nostre très chière nièce la duchesse de Bretaigne, nostre
1. « Item un autre tableau d'or, d'une Trinité, garni de onze baloiz, dix-sept
saphirs, soixante et dix perles, lequel la reine d'Angleterre envoia à mon dit
seigneur par messire Armel de Chasteaugiron, et pèse cinq marcs trois onces
sept eslerlins. » D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, t. II, col. 1027
et 1161. — « Item, une eguierre d'or, que la reine d'Angleterre envoia autre-
fois à monseigneur le duc par Tritan de la Lande, garnie de six baloiz, cinq
saphirs et seize grosses perles, et fut trouvée peser trois marcs trois onces dix-
sept estrelins obole. » Ibid., col. 1029 et 1161. — « Un petit tableau d'or pen-
dant à une chaîne d'or, que la royne d'Angleterre avoit envoyé au duc par sire
Bernard du Sault, son confesseur. » Ibid., col. 1161 et 1162. — « Un diamant
que la royne d'Angleterre avoit envoyé au duc par Jehan du Bois, que le duc
receut à Paris le 6 décembre 1416. Un diamant que la royne d'Angleterre avoit
envoyé au duc, à Rouen, au voyage qu'il y fit vers le roy d'Angleterre. Un dia-
mant en un annel d'or que Jehan Launet, secrétaire de la royne d'Angleterre,
avoit apporté au duc en octobre M. CCCC. XVII. Un diamant en un annel d'or,
envoyé au duc par la royne d'Angleterre , par Jehan Morin , en février
M. CCCC. XVII. » Ibid., col. 1162.
2. Honfroi, duc de Glocester, issu du mariage de Henri IV avec Marie de Bohon,
était ainsi le beau-fils de la reine Jeanne de Navarre, Beaucoup de livres de la
bibliothèque qu'il avait formée se trouvent dispersés en France et en Angle-
terre. Il y en a cinq à la Bibliothèque nationale : la Bible historiale, ms. fran-
çais 2, ci-dessus mentionné; le Décaméron, ms. français 12421; le roman de
Renard, ms. français 12583; le recueil d'anciens panégyriques, ms. latin 7805;
un recueil de lettres de Cicéron, ms. latin 8537. — Le duc de Glocester devait
à l'amitié de son beau-frère le duc de Bedford un magnifique exemplaire du
Tite-Livc français, qui venait de la librairie du Louvre, et ([ui est aujourd'hui
l'un des plus précieux joyaux de la bibliothèque de Sainte-Geneviève.
3. Mémoires de la Société de Vllistoire de Paris, t. XII, p. 31.
DD XIII" SIECLE. 303
bréviaire, qui fu nostre seur madame Jehanne de Navarre, de Long-
champ, lequel nous avons fait esloffer.
J'ignore ce qu'est devenu le Bréviaire que Jeanne de Navarre
a possédé en vertu du legs de sa tante la reine Blanche de
Navarre. Je voudrais pouvoir espérer qu'il n'a pas été détruit,
qu'il est oublié ou méconnu dans quelque bibliothèque et qu'un
heureux hasard le fera, tôt ou tard, reparaître au grand jour,
comme le Psautier dont, grâce à la libéralité du comte de Craw-
ford, j'ai pu retracer une partie des destinées.
L. Delisle.
UN INVENTAIRE DE BORD
EN 1294
ET
LES ORIGINES DE LA NAVIGATION HAUTURIÈRE.
En novembre 1293, le vaisseau Saint-Nicolas, de Messine,
revenait de Tripoli de Barbarie, avec un chargement de cuirs et
de pelleteries, lorsqu'il rencontra dans les eaux d'Agosta une
galère de Nice. La galère, armée en course par Renier Grimaldi,
futur amiral de France, et par divers particuliers génois, était en
quête d'aventures. Il y avait alors abstinence de guerre, et les
Siciliens s'y fiaient. Mais la haine que la guerre des Vêpres sici-
liennes avait déchaînée entre ces insulaires et les marins génois
au service des Franco-Angevins, était trop vivace pour que l'équi-
page de la galère laissât échapper l'aubaine d'une vengeance.
Le Saint-Nicolas fut amariné sans peine, remorqué jusqu'à
Tarente, et vendu avec tout son chargement dans ce pays, qui
dépendait des rois angevins de Naples. Les marins du bord furent
emprisonnés dans un des châteaux de la province. Relâchés bien-
tôt, ils déposèrent une plainte entre les mains de l'infant Frédé-
ric, vice-roi de Sicile pour le roi Jacques d'Aragon. L'infant la
fit parvenir, par l'intermédiaire du comte Jean de Montfort, cham-
bellan du royaume de Naples, au roi Charles le Boiteux, et, le
8 mai 1294, le capitaine de Tarente recevait l'ordre de rendre
justice aux plaignants ; suivait l'inventaire, qu'ils avaient eu soin
de dresser, de tous les objets qui se trouvaient à bord au moment
de la prise.
C'étaient, en fait de marchandises, des cuirs de bœufs, de cha-
meaux, des peaux de renards, de chacals peut-être, d'hyènes et
de chats sauvages, des toiles gommées, dites bougrans, empilées
UN INVENTAIRE DE BORD EN ■1294. 395
sur des pièces de coton teint, des serges et des béguines rouges,
dont la couleur tranchait sur les feutres noirs pour chapeaux ou
sur les grosses étoffes arabes appelées burde, rayées noir et
jaune. Çà et là, quelque objet disparate, une balance d'Alexan-
drie, une serrure sarrazine attestaient la provenance de la car-
gaison.
La garde-robe de l'équipage était assez mal montée : un mate-
las, une couverture et un tapis par homme, des tuniques de gros
drap et des jaques de bougran n'avaient guère de valeur. Si vous
cherchez un signe de la richesse relative de chacun, sachez que le
patron avait quatre paires de culottes et de chemises, et ses mate-
lots seulement deux. En tenue de ville, il avait sans doute grand
air, le patron, avec ses fourrures de peaux de lapin, sa culotte de
soie, le sifflet d'argent sur la poitrine et le ventre sanglé de la
courroie de cuir oii pendaient une bourse, des tablettes pour
écrire, un encrier et des roseaux comme plume.
Le second patron n'était pas moins coquet. Un capuchon vert
fourré de cendal rouge retombait sur une cotte-hardie lombarde
que fermaient des boutons d'ambre ou d'ivoire ; il portait une
bourse de soie au coté. Particulièrement chargé des marchandises,
il avait un timbre, un fer, pour les marquer.
Dans ces parages infestés de pirates, on pense bien que les
douze hommes de l'équipage étaient armés jusqu'aux dents. Leur
gorgerine s'adaptait à un chapeau d'acier, d'où une cervelière
parfois descendait sur la nuque. Sous la cuirasse couvrant la poi-
trine, une jaque d'armes enveloppait tout le buste. Un gant de
fer garantissait la main droite qui maniait la lance ou le poi-
gnard; un écu pendait au bras gauche. Le patron, reconnais-
sable à sa cuirasse couverte de soie rouge, avait en outre deux
arbalètes, et le second un arc damasquiné. C'était toute l'artil-
lerie du bord.
L'inventaire, à ce point de vue, est un petit tableau de genre,
où se meuvent, s'habillent et s'arment les redoutables marins qui
nous infligeaient, huit ans auparavant, les terribles défaites
navales de Las Hormigas et de Rosas.
Mais, pour curieux qu'il paraisse, il n'aurait qu'un intérêt
secondaire, s'il ne jetait quelques lueurs sur les origines de la
navigation hauturière, c'est-à-dire de la navigation rationnelle
substituée à la routine empirique du cabotage. Il me reste, en
effet, à parler des instruments de pilotage qui se trouvaient à
bord du Saint-Nicolas.
396 UN INVENTAIRE DE BORD EN 1294.
I. La carte marine.
Dans un texte des plus controversés jusqu'ici, Raymond Lull
disait que les pilotes usaient de quatre instruments nautiques :
« Chartam, compassura, acum et stellam maris, » carte marine,
compas, aiguille aimantée et rose des vents. Raymond Lull écri-
vait entre 1286 et 1295*. Il était de Majorque.
Or, la première carte majorquaine que nous connaissions, celle
de Dulcert, est de 1339 seulement ; elle présente, dans sa nomen-
clature, des coïncidences frappantes^ avec une carte arabe plus
ancienne, originaire de l'Afrique occidentale et appelée pour cette
raison la Maghrébine. Et, comme Raymond Lull avait institué
dans les Etats du roi de Majorque une haute école monastique
pour les études arabes, on se demandait s'il ne prenait pas d'avance
ses desiderata pour des réalités et si ce n'était pas lui qui avait
introduit en Catalogne la cartographie arabe.
Lull avait beaucoup voyagé et rien ne nous dit qu'il entende
parler des pilotes de sa patrie. Or, de son temps, il existait une
région où les instruments nautiques qu'il indique étaient d'un
usage courant. C'était la Sicile, et c'est l'inventaire du Saint-
Nicolas de Messine qui nous le révèle. En 1293, au moment de
la capture du navire, il n'y a pas moins de trois mappemondes à
bord, dont l'une est accompagnée d'un compas, « mappamundum
unum cum cumpasso^. » Cette dernière était entre les mains du
patron, les autres appartenaient au second et à un simple matelot.
Un siècle et demi auparavant, Edrisi rédigeait à Palerme sa
célèbre géographie ou Récréation de celui qui désire parcou-
rir les pays, qu'il terminait en 1153. Voilà le point de départ
de la cartographie sicilienne : il est encore arabe ; mais comment,
de la théorie, passa-t-on à la pratique et quand les marins
usèrent-ils des connaissances rassemblées par Edrisi ? Si nous
tenons les deux extrémités de la chaîne, les anneaux intermé-
diaires nous échappent. Il est certain que l'on commença par com-
poser des cartes réduites et spéciales d'une région déterminée '^
1. Cf. l'article de d'Avezac, dans le Bulletin de la Société de géographie de
Paris, 1860, I, 354.
2. D' É.-T. Haray, Études historiques et géographiques. Paris, 1896, in-8',
p. 31.
3. Cf. infra, p. 408, 409.
4. C'est ce que disait déjà Ruscelli eo 1561 dans ses commentaires sur Pto-
UN INVENTAIRE DE ISOUl) E\ ^29-^. 397
Edrisi donna l'exemple par un portulan de l'Afrique septentrio-
nale contenu dans sa géographie'. Du xii"' siècle, on connaît
encore une carte de la Sardaigne, puis un portulan de la Médi-
terranée occidentale'. Les mappemondes du Saint-Nicolas, sur
lesquelles on pointait au compas la route parcourue, étaient à
une grande échelle, puisque la traversée se bornait au parcours
de Messine à Tripoli. Le fait qu'elles étaient à une grande échelle
entraîne cette conséquence qu'elles étaient spéciales à certains
parages. De leur bas prix, en effet, sept tarins dix gros avec com-
pas, et six ou sept tarins sans cet accessoire, nous pouvons con-
clure que c'étaient d'humbles planisphères et non pas de ces atlas
comme ceux de Pierre Vesconte ou Visconti, de Gênes, en usage
vingt ans plus tard.
Dans les atlas de Vesconte, dans celui de 1313 tout au moins,
que le prince Roland Bonaparte a récemment offert à la Biblio-
thèque nationale, on distingue les vestiges des cartes restreintes
utilisées par le Génois pour telle ébauche de l'Italie méridionale,
par exemple. La partie vraiment originale de l'œuvre de Ves-
conte consiste dans le contour des côtes de l'Océan, de la Manche
et de la mer du Nord jusqu'à Berwick et jusqu'en Danemark. Ces
parages étaient le théâtre des opérations de l'escadre génoise,
que Philippe le Bel entretenait à son service depuis 1294 *. C'est
à cette connaissance du Ponant que la cartographie génoise dut
son succès et l'œuvre de Vesconte son débit : de lui, subsistent
des atlas de 1311, 1313, 1318, 1321, et nous savons qu'il fut
appelé à Venise, au moment où la cité des lagunes organisait les
convois de Flandre.
A part ces notions, qui leur appartiennent en propre, les Génois
ne furent, en cartographie comme dans toutes les branches de
l'art naval, — et ceci, je le prouverai ailleurs, — que des ouvriers
de seconde main, des colporteurs de la civilisation sicilienne, déri-
vée de l'art arabe. Il n'est pas besoin, du reste, de supposer une
relation de cause à effet entre la vente des mappemondes du Saint-
lémée. (Cf. D"^ Théobald Fischer, Sammlung miltelalterUcher Well- und See-
karten ilalianischen Ursprungs und ans ilaiianischen Bibiiolke/teti unci Archi-
ven. Venedig, 1886, in-8°, p. 87.)
1. Fischer, ouvr. cit., p. 67.
2. Fischer, ouvr. cit., p. 59.
3. Ch. de La Roncière, le Blocus continental de l'Angleterre sous Philippe le
Bel, dans la Revue des Questions historiques, 1896, p. 411.
^897 20
398 DN INVENTAIRE DE BORD EN ^294.
Nicolas à Gênes ou Savone et l'apparition de la cartographie
génoise. Les marins de la République ligurienne furent, durant
le xiif siècle, à la solde des rois des Deux-Siciles.
II. La boussole.
La carte marine ne va pas sans l'aiguiUe aimantée, nécessaire
pour déterminer la position respective de deux points, dont on
apprécie à l'estime la distance. Mais les deux notions de carte et
d'aiguille aimantée ne sont pas corrélatives. Au xiv'' siècle, les
marins anglais n'achètent aux comptoirs de l'Ecluse, en Flandre,
que des aiguilles de mer, habituellement désignées du nom de
l'aimant qui les magnétise, « sailstone^ » Les Islandais serrent
précieusement dans le trésor de leurs églises àes pierres de soleil
onpierres de route, « leidarstein^, » dont le passage d'une saga dit
assez l'emploi : « Le temps était couvert et si noir qu'on ne pou-
vait savoir de quel côté était le soleil. — Où est le soleil? demanda
le roi Olaf à Sigurd. — Dans cette direction, répondit Sigurd en
étendant la main. Et le roi, ayant fait apporter une pierre de
soleil, la tint horizontale et reconnut, lorsque la pierre eut papil-
loté, que la réponse était justes » Mais, pas plus que les Anglais,
les Scandinaves ne connaissent la carte marine.
A vrai dire, l'aiguille de mer ne fut d'un maniement commode
pour faire le point que du jour où elle devint un instrument de
précision. Comment et quand eut lieu ce progrès ?
De même que les autres marins du Nord, les Français avaient
adopté le petit instrument vanté par Alexandre Neckam, dès les
années 1180-1187, dans le cours qu'il professait au pied de la mon-
1. Ou encore « dial ; » les aiguilles étaient dites « sailing needies. » (Inven-
taire de la barge royale d'Angleterre Mary en 1338 et achats faits à l'Écluse
pour la nef royale la George en 1315, publiés ou analysés par Nicolas, History
ofthe Royal Navy, t. II, p. 180, 444 et 476.)
2. En 1318, 1343, 1394, diverses églises d'Islande sont en possession de ces
mystérieuses pierres, dont l'une est dite dans une gaine. (Thoroddsen, Geschichte
der isliindischen Géographie, traduit du suédois en allemand par August
Gebhardt. Leipzig, 1897, I, 51, note 2.)
3. Vie de S. Olaf, Forma tinasogur, V, 341, et Biskupasogur, 1, 565, 674, citées
par S. Ruge, Geschichte de<; Zeitalters der Entdeckungen. Berlin, 1881, in-8%
p. 21, et par Thoroddsen, ouvr. cit., I, 51, note 2.
UN INVENTAIRE DE BORD EN ^294. . 399
tagne Sainte-Geneviève*. Et ils conservaient sans aucune modi-
fication la raagnète décrite par Guyot de Provins :
... pierre laide et brunette
Ou 11 fers volenliers se joint...;
Puis c'une aguile l'ont touchié
Et en un festu l'ont fichié,
En l'eve le metent sanz plus
Et 11 festuz la tient desus^.
En 1319, il n'est toujours question, dans les inventaires de
galères marseillaises, que de « lapis ac aculea de navegari ^, » et,
en 1379, dans l'inventaire du mobilier de Charles V, que d' « ai-
guylle de mer, en ung estuy de cuivre » ou « en ung estuy de cuyr
bouUi^ » Ceci soit dit pour les gens qui nous gratifient de l'in-
vention de la boussole, pour la simple raison que le nord y est
indiqué par une fleur de lis.
Pendant ce temps, l'imagination méridionale, restée en éveil,
est en quête de nouveau : « Les capitaines qui voyagent dans la
mer de l'Inde ont une sorte de poisson de fer très mince, creux et
1. Alexandri Neckara De naturis rerum libro duo, éd. Thomas Wright. Lon-
don, 1863, in-8°, lib. II, cap. xcviii, p. 183. — G. Cave, Scriptorum ecclesias-
ticoram historia litteraria. Oxford, 1742, II, p. 286. — Bulletino di biblio-
(jra/ia e di storia délie scienze matemadche e /isiche, de noncomi)agni. Roma,
1808, iti-4°, I, p. 103 ; article sur Alexandre Ncckarn, par le P. T. Bcrtelli. — En
1218, Jacques de Vitry décrit également l'aiguille aimantée. {Historia hieroso-
limilana, cap. lxxxix.)
2. Bibl. nat., ms. fr. 25405, fol. 93 V, Bible Guiot de Provins; le texte porte
les leçons fautives de « brunière » pour « brunette » et a touchié «pour
« fichié. » — Traité de la navigation et des voyages de descouvertes et con-
queste moderne et principalement des François, avec une exacte et particu-
lière description de toutes les isles Canaries. Paris, Jean de Hcuquevilie, 1G29,
in-12, p. 7-11. — Rey, Origine française de la boussole. Paris, 1836. — Jal a
discuté avec soin la question de savoir s'il fallait lire « manette, marinette,
manière ou marinière. » {Archéologie navale, 1, 204.) 11 conclut pour « magnète, »
aimant. — Cf. une autre description de l'aiguille aimantée utilisée par Bru-
netlo Latini et publiée par M. Delisle dans la Bibliothèque de l'École des
Charles, t. LIV, p. 409.
3. Publiés par moi dans les Mélanges d'archéologie et d'histoire publiés par
l'École de Rome, t. XIII : Une escadre franco-papale (1318-1320), tirage à
part, p. 23.
4. Un étui de cuivre est orné de « trois ymages en estant. » (Jules Labarte,
Inventaire du mobilier de Charles V [Documents inédits]. Paris, 1879, in-4';
articles 1988, 2259, 2646.)
400 UN INVENTAIRE DE BORD EN ^294.
disposé de telle façon que, lorsqu'on le jette dans l'eau, il surnage
et désigne par sa tête et sa queue les deux points du midi et du
nord ' . » Le nom de calamité, que porte en Sicile l'aiguille aiman-
tée, évoque l'idée non plus du poisson, mais de la grenouille ^ En
réalité, l'instrument, comme l'animaP, tire son nom du lit de
roseaux où il repose*. Nous avons vu que l'aiguille était soutenue
sur l'eau par un roseau ou un fétu.
L'attraction mystérieuse de l'aiguille vers l'étoile « reluisante »
du nord surexcitait l'imagination des Levantins. Dieu sait quelles
expériences naïves leur suggéra cette affinité incompréhensible,
et quel écho elles trouvèrent, tant la science était déroutée, chez
des docteurs comme Albert Le Grand ou chez des écrivains comme
Philippe de Mézières. Les matelots du Levant voulurent faire
partager à leur aiguille de mer l'attrait qu'ils éprouvaient pour
l'ail ; à peine eut-elle touché au mets que la petite machine devint,
paraît-il, insensible à l'aimant, et Philippe de Mézières de se
récrier sur l'emploi de cet ail « chault et puant, esmouvant à
luxure, » dont la souillure empêche l'aiguille de regarder l'étoile
belle, claire et nette ^.
A tourner et retourner l'aiguille, on finit par lui donner une
position stable, sur un pivot ^ dans une boîte. La boussole était
inventée. L'honneur en revenait, jusqu'ici, à un Flavio Gioja
d' Amalfi, qui aurait fait œuvre d'Archimède en 1302. Mais voyons
sur quel piédestal repose notre héros. C'est, hélas ! un assemblage
de conjectures, de légendes et de quiproquos.
Et, d'abord, les conjectures sont en faveur non pas d' Amalfi,
mais d'un port voisin, Positano. Positano, dont les galères ser-
vaient en temps de guerre sous la bannière d' Amalfi, voulut avoir
son propre drapeau en ajoutant aux armes de la métropole un
1. Baïlak, le Trésor des marchands, ouvrage arabe composé en i'ao 640 de
l'Hégire," 1242 de J.-C. (Cf. Aboulféda, trad. Reinàud, I, cciii.)
2. P. Fournier, Hydrographie, liv. XI, chap. i.
3. « Ea rana quam Grajci calamitem vocant, quoiiiara inter arundines fruti-
cesque vivat. » (Pline, Hist. nalur., lib. XXXII, cap. xlii.)
4. Klaprolh, Lettre à M. le baron A. de Humboldt sur l'invention de la
boussole. Paris, 1834, ia-8°, p. IG.
5. Philippe de Mézières, le Songe du vieil pèlerin, chap. xlv : l'exposition
morale et spirituelle de la nave. (Ms.fr. 9200, fol. 289 et suiv.)
6. D'Avezac jirélend que les marins de la Méditerranée, dès le xii' siècle
peut-ôlre, faisaient reposer l'aiguille sur un pivot. {Bulletin de la Société de
géographie de Paris, 1860, I, 346.)
U\ INVENTAIRE DE BORD EN 129-^. 401
certain signe, « signiira novum atqiie insolitum. » Sur les récla-
mations de la partie lésée, le roi Robert interdit aux séparatistes
toute modification à la bannière du duché (4 octobre 1335)*.
Comme le règne de Robert suit de près l'apparition présumée de
la boussole, comme, d'autre part, des auteurs du xvii" siècle
affirment, sans qu'on puisse les contrôler, que la boussole était
représentée sur la bannière et sur le sceau d'Amalfi^ on a con-
clu, de ces prémisses qui ne le comportaient guère, que le signe
nouveau et insolite était la boussole 3.
Il faut descendre jusqu'au milieu du xv« siècle pour trouver la
mention explicite de l'invention, non pas de la boussole, mais de
l'aiguille aimantée à Amalfi :
Prima dédit nautis usum magnelis Amalphis '*.
Heureuse ville ! Sur cette simple affirmation, répétée nombre
de fois depuis, on ne lui discuta plus la priorité de la découverte.
Mais il fallait le nom de l'ouvrier, un nom sur lequel pussent
s'épancher « les éternelles actions de grâces de ceux qui che-
vauchent la mer-'. » En 1489, du temps de Polydore Virgile, on
n'était pas encore fixé là-dessus ^
Vers 1540, un écrivain de Ferrare, traitant de la boussole,
parle incidemment d'un certain Flavius, « a Flavio quodam exco-
gitatus traditur^ » Il songeait à Flavio Biondo, l'auteur qui
1. Archives de Naples, reg. Angioini 299, fol. 7 et 15 ; publié par le P. Timo-
teo Bertelli, barnabite, Studi storici intorno alla bussola naulica, parle 2»,
dans les Memorie délia Pontificia Accademia dei Niiovi Lincei. Roma, 189i,
in-4°, vol. IX, parte 2a, p. 141. — Dans cet article et dans un précédent publié
dans la même collection, vol. IX, p. 77, le P. Bertelli a fait une savante- com-
pilation de tous les auteurs qui, à sa connaissance, ont parlé de la boussole.
2. Enrico Bacco Alemanno, Il regno di NapoH dhiso in dodici Provincie.
Napoli, 1622, p. 53.
3. Bertelli, p. 143-145.
4. Vers d'Antonio Beccadelli le Panormitain, et aussi Blondi Flavii Foroli-
viensis Italia lustrata in regiones. Basilea, 1569, p. 420 f, Flavio Biondo vivait
vers le milieu du xv" siècle. — Bertelli, p. 148.
5. Pandoifo Collenuccio da Pesaro, Compendio deW Ilisioria del regno di
mpoli. Venetia, 1539, lib. I, p. 16-17. — Bertelli, p. 151.
6. Polydori Vergilii Urbinatis De inventoribus rerum libri ires noviter
impressi. Venetiis, 1507, p. lxxxi a. — Bertelli, p. 150.
7. Lilii Gregorii Gyraldi Ferrariensis Operum qux extant. Basilicae, 1580,
I, p. 570.
402 UN INVENTAIRE DE BORD EN i294.
attribua la boussole à Amalfî. Mais sa phrase donnait lieu à une
méprise, qu'on se garda bien de ne point commettre. On trans-
forma en inventeur l'écrivain du xv° siècle ^ .
L'équivoque fît son chemin, la mauvaise lecture des manus-
crits ou imprimés fit de même. Et, à la fin du xvi^ siècle, le
« Flavio quodam » avait pour état civil Flavio Gioja, puis Jean
Goya d'Amalfi, inventeur de la boussole vers l'an de l'Incarna-
tion 1300^ ou même, on précisa, en 1302^.
Donc, résumons : la légende qu'on a mis deux siècles à bâtir
et qu'on a adoptée ensuite sans discussion ne repose sur rien.
Flavio Gioja est un mythe, la date et le lieu de l'invention sont
controuvés. Toute l'enquête est à recommencer sur nouveaux
frais. Le premier indice à recueillir, c'est une mention de l'inven-
taire du Saint-Nicolas, auquel nous revenons après un long
détour. Il y avait à bord deux calamités ou aiguilles de mer.
Or, en 1294, les recherches et les tâtonnements des marins
semblent en voie d'aboutir. La calamité est agrémentée de tout
un attirail, inventorié, hélas ! trop sommairement sous la rubrique
« apparatus » : « calamita cum apparatibus suis. » Que faut-il
comprendre dans ces accessoires de la calamité : le roseau qui la
soutient sur l'eau? la rose des vents, « stella maris, » dont parle
Raymond Lull? ou même, car le pluriel d' « apparatus » autorise
toutes les suppositions, la boîte où était renfermé l'instrument?
Je ne sais. Mais il n'y a plus qu'un léger rapprochement à faire
pour trouver la boussole. Non loin de la calamité, l'inventaire
du Saint-Nicolas mentionne une « bussula de ligno » de la con-
tenance d'une once et demie de vif-argent^.
Ainsi, l'habitat du mot boussole se trouve fixé : c'est un vocable
d'origine sicilienne, dont le sens primitif est « petite boîte de
1. Bertelli, p. 152.
2. Abraham Ortelius, Theatnun orbis terrarum. Anvers, 1570, in-fol. —
D'autres erreurs se greffèrent sur les prenoières, si bien que le Flavio Biondo
de Forli, écrivain, devint Jean Goya de Melfi dans les auteurs du xv-ii» siècle.
(Cf. les exemples cités par Bertelli, p. 1G3, 168-180.)
3. La « bussola... venisse attribuita a Flavio di MelH o Flavio Gioja Napoli-
tano circa l'anno 1302. » (Stan. Becchi, Istorie delV origine e progressi délia
nautica anlica. Firenze, 1785, p. G9.) — Arrivée à cette précision, la légende
est reproduite, avec méfiance ou non, par les écrivains contemporains. (Guj^liel-
motti, Sloria délia marina Pontificia. Firenze, 1871, in-S», I, p. 418-423. —
Bertelli, p. 190-208.)
■i. Cf. infra, p. 408.
UN INVENTAIRE DE BORD EN ^29^. 403
bois, » peut-être de buis. Il n'est pas indifférent de le constater;
Klaprotb proposait en effet comme ét3mologie le mot arabe moims-
sala, « dard. » Et ici, les données de la philologie sont d'autant
moins négligeables qu'elles suppléent, en l'état, à l'absence des
documents. Leur enchaînement est tel qu'elles constituent presque
des certitudes. Dans la rose des vents, qui fut adaptée à la petite
machine, le terme de « tramontane » pour désigner le nord rat-
tachait l'inrention de la boussole à l'Italie ^ ; le mot « boussole » la
localise aux Deux-Siciles, et la marque de la fleur de lis sur la
tramontane n'a pu être apposée que dans la partie des Deux-
Siciles qui relevait encore, au xiv" siècle, des princes français de
la maison d'Anjou, c'est-à-dire dans le royaume de Naples.
Préciser davantage me paraît imprudent. Nous aurions même
des raisons de pencher pour la partie orientale du rojaume de
Naples plutôt que pour la partie occidentale. Dès 1268, un pèle-
rin, Pierre de Maricourt, vit, durant le blocus de Lucera, en
Pouille, par Charles d'Anjou, deux aiguilles aimantées : l'une
oscillait sur l'eau ; l'autre, mobile sur une pointe, avait un limbe
divisé en quatre quartiers de 90 degrés et une alidade pour mesu-
rer les angles azimutaux^. Ce n'est point la boussole, mais peu
s'en faut.
Un siècle plus tard, c'est un autre pèlerin français, un vieux
routier des mers du Levant, qui marque la nouvelle étape et
donne la description ^ détaillée de la boussole : « En la nave avoit
une petite boiste en laquelle avoit une aguille de fer touchée et
frotée à la pierre d'aymant ; par la vertu de laquelle, l'aguille
avoit tousjours son regart à l'estoille tremontane, par laquelle
estoille les bons maronniers congnoissent leur chemin en la mer. . .
et par l'aguille qui est ague à la pointe et grosse au derrière et
percée, et est comme en l'aer au mylieu de la boiste... Encores
fut dit que dessus la boiste et aguille, en la nave, avoit une lan-
1. Klaproth, Lettre à M. le baron de Humboldt sur l'invention de la bous-
sole, p. 16. — Le P. T. Pépin, dans une série d'articles sur les Origines de la
boussole marine {Études des PP. Jésuites, 5 et 20 août 1897), insiste sur l'ori-
gine sicilienne des mois « Lebeccio, greco » de la rose des vents.
2. Le P. Tiraoteo Bertelli, Sopra Pietro Peregrino di Maricourt e la sua
epistola de magnete, rneraoria la dans Bulletino di bibliografia e di storia
délie scienze matematiche e fisiche. Roma, 18G8, in-4<>, I, p. 1-32. — Comptes-
rendus de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, 1868, B IV, p. 77.
3. Philippe de Mézières (1327-1405), le Songe du viel pèlerin, chap. xlv :
l'exposition morale et spirituelle de la nave, dans le ms. fr. 9200, fol. 290 v.
404 UN INVENTAIRE DE BORD E.\ i294.
terne et uiig falot dedans, qui de nuyt enluminoit tous ceulx de
la nave, >■>
Au début du xv^ siècle, la boussole fait une timide apparition
dans les mers du Ponant. Du moins, je crois la découvrir dans
l'inventaire du baleinier anglais Gabriel de la Tour, sous la
forme « boxe, » où elle se cache près de deux autres instruments
nautiques, un « dyoll » et un « compassé. » Un autre vaisseau
royal, le Christophe, en 1417, a « m compas*, » et ce sera le
mot adopté désormais, au détriment du terme napolitain, par les
marins de l'océan. Le compas, nous l'avons vu, servait à mesu-
rer sur la carte marine les distances^; il désigna, par analogie,
la boussole, où la rose des vents mesurait l'angle fait par la
marche du navire avec le pôle.
Le premier « compas de nuit claire » que je connaisse, « avec
les noms et ryns des vens, » fut dressé le 31 mai 1483, à Saint-
Gilles-sur-Vic , par un Portugais acclimaté ou naturalisé en
France, Pierre Garcie-Ferrande. Observons, toutefois, que la
rose des vents n'a que 24 rumbs au lieu de 32''.
Le compas était alors d'un usage courant sur nos côtes. La
nave de guerre, que le duc de Bourgogne Philippe le Bon envoyait
au secours des Hospitaliers, à Rhodes, embarquait au port de
rÉcluse, en Flandre, « plusieurs compaes, aguilles et oirloges
de mer^ »
V horloge de mer, voici un nouvel instrument que les marins
anglais employaient dès le xiv^ siècle^. C'était un petit sablier,
— il y en avait plusieurs à bord, — « corapassant heure ou
demie ^. » Il donnait l'heure du lieu de départ. La déclinaison des
1. Nicolas, History ofthe Royal Navy, II, 444, 476.
2. C'est dans celte acception que le mot compas est pris dans la Practica délia
mercatura, composée en 1442 par Uzzano. Le « Compasso a mostrare a navi-
care dall' uno stretto ail' altro, » intercalé dans l'-ouvrage d'Uzzano, est un livre
de loch pour la Méditerranée.
3. Dugast-Malifeux, Notice sur Pierre Garcie-Ferrande et son routier de la
mer, dans les Annales de la Société académique de Nantes, t. XXXVIII
(1867), p. 20.
4. Achats faits par le nocher de la nave, Pantalion. L'Écluse, 3 juin 1441.
(Bibl. nat., Pièces orig., vol. 2830, doss. Thoisy 62887, p. 2.)
5. En 1345, la nef royale d'Angleterre la George a douze horloges de verre
achetées à l'Ecluse. (Nicolas, ouvr. cit.. II, 180, 476.)
6. Dugast-Matifeux, ouvr. cil.
U\ INVENTAIRi; DE RORD E\ \29A . 405
astres sur l'horizon, mesurée par l'astrolabe^, indiquait l'Iieure
réelle du point où se trouvait le navire. L'écart entre les deux
données marquait exactement la longitude comptée du point de
départ.
Mais, si nos marins du Ponant savent demander « leur chemyn
au soleil et aux estoilles, » grâce aux « instruments d'astrologie^ »
ils restent réfractaires aux cartes marines, qui réclament, pour
être consultées, sinon une certaine intelligence, du moins ]a con-
naissance de l'écriture. Du temps de Louis XI, le fameux vice-
amiral Colomb apprend bien de maître Robert de Cazel le secret
de la « quarte de naviguer^. » Trente ans auparavant, l'amiral de
France Prégent de Coëtivy étudie laborieusement sa « mappe-
monde couverte de damas roge broché d'or^ » Mais les cartes
marines n'indiquaient que l'échancrure des côtes et non leur
relief. Ce qu'il fallait à l'ignorance du matelot, c'était un dessin
figuré du rivage, la représentation palpable des amers qu'on pou-
vait facilement reconnaître du large. Pour avoir répondu à ce
besoin, le Routier de la mer de Garcie-Ferrande, composé en
1483, eut une vogue extraordinaire ; il fut réédité nombre de fois,
lors même que les découvertes de Christophe Colomb eurent doublé
le monde et rendu chaque jour plus insuffisant le manuel du
Franco-Portugais.
Mais la difficulté pour nos marins de consigner sur une carte
le fruit de leur navigation, bien qu'ils sachent parfaitement se
diriger au large, les mettra dans un état d'infériorité manifeste
vis-à-vis des navigateurs espagnols et portugais et les empêchera
de revendiquer plus d'une découverte.
Ch. DE La Roncière.
1. Au musée de Rouen, on conserve un astrolabe fort ancien, qui aurait
servi, paraît-il, à Jean de Bethencourt pour son voyage aux Canaries.
2. Traité du pilote Germain Sorin, xv siècle. (Bibl. nat., ms. fr. 2132, fol. 27.)
3. Recueil des plus célèbres astrologues, par Simon de Phares. (Ms. fr. 1357,
fol. 161.)
4. Fragment d'inventaire des manuscrits de Prégent de Coëtivy, 24 septembre
[1444J, imprimé par Marchegay, dans l'inventaire du chartrier de Thouars,
p. IG.
406 UN INVENTAIRE DE BORD EN ^294.
8 mai i294.
SdR la PLAINTE DE L^INFANT d'ArAGON, ChARLES II LE BoiTEUX, ROI DE
NaPLES, ordonne DE RESTITUER A l'ÉQUIPAGE DU SilNT-NlCOLAS, DE
Messine, le vaisseau et les objets capturés par la galère niçoise
DE Renier Grimaldi et autres et vendus a Tarente. Il donne, en
conséquence, l'inventaire dressé par les plaignants.
Pro Jolianne Ronto et aliis de Messana. Scriptum est capitaneo
Tarenti, etc. Per litteras dompni Frederici infantis, filii quondam
domini Pétri olim régis Aragonum, nobili viro Johanni de Monte-
forti, comiti(s) Squillacii et Montiscaveosi, regni Sicilie camerario,
dilecto consiliario, familiari et fîdeii nostro, directas, liabuimus quod
Joliannes Ronti, Recuperius de Messana et Nicolaus Brazera, cives
Messane, lam pro se quam pro marenariis infrascriptis, domini Jacobi
de Aragonia subditis, coram eodem dompno Frederico exposuerunt
et plene probavermit, quod :
Gum ipsi et dicti marenarii, olim infra mensem novembris presen-
tis vu" indictionis, de portu Tripolitano de partibus Barbarie, cum
quodam vascello cohoperto ipsorum, vocato Sanctus Nicolas, et
infrascriptis eorum mercibus honeratis per eos in eodem portu in vas-
cello predicto, sub securitate presentis abstinentie seu sub ferte a
gucrra ad partes Sicilie navigarent, dum pervenissent ad mare Aguste,
Guiilelmus Roteliis de Finara et Guillelmus Bos de Portu, habitatores
Nicie, cum quadam galea olim armata in eadem terra tam per eos
quam Raynerium de Crimaldo et Barnaban, habitatores ejusdem terre
Nicie, contra formam predicte abstinentie in eodem mari ceperunt
eosdem cum predictis vascello et mercibus, pecunia et aliis rébus
eorum inventis in eo, valentibus ad générale pondus suprascriptam
[sic] pecunie quantitatem, et ipsos captivos cum eisdem vascello, rébus
et mercibus usque ad Tarentum addusserunt, ablatis eis dictis vascello,
pecunia, mercibus et aliis infrascriptis rébus eorum, ipsos in castro
ejusdem terre Tarenti carceri mancipando, quod vascellum cum dic-
tis rébus et mercibus in eadem terra Tarenti vendiderunt hominibus
terre ipsius. Predicte vero pecunia, merces et res alie, que, simul
cum predicto vascello, predictis personis prefate galee capte et eis
ablate scribuntur, suht bec videlicet.
Que fuerunt predictorum Johannis Ronti, Recuperii et Nicolai
Brazere :
Predictum vascellum cum affisis, corredis et guarnimentis suis,
valens uncias 50.
DN INVENTAIRE DE BORD EN ^294. 407
Ilem, in duplis argenti et milliarensibus videlicelargenli, uncias 27
et tare nos ^5.
Item, coda de canbillis ' cum collis eorum 520, ad ralionem de
unciis ^2 per centenariuni, uncias 62 et tar. 12.
Item, coria bovina 233, ad ralionem de unciis ^6 percentenarium,
uncias 40, tar. U.
Item, misiriis -1408, ad ralionem de unciis 4 per centenarium,
uncias 56, tar. 9, gr. ^12.
Item, vulpium pelles 400, ad ralionem de unciis 3 per centena-
rium, uncias 12.
Item, buccaramina^ et burde^ pecie centum, ad ralionem de lare-
uis 6 pro qualibet, uncias 20.
Item, de sarzis pecie 36, ad ralionem de tarenis 7 et grossis <0 pro
qualibet, uncias 9.
Item, vulpium garnacie 3, de anginis guarnacie 2 et de gallis sal-
vagiis guarnacia ^ , uncias 2.
Item, que fuerunt predicli tanlum Recuperii :
De bichinis'- rubeis aclatis duzane quatuor, ad ralionem de tare-
nis 20 pro duzana, uncias 2 et tar. 20.
Item, buccaranis sublilis pecie 4, laies tele subtilis pro facicndis
coppulis canne 42, sargie rubee tinte in alacha due, cultonis filati
tinli rotuli 6, sane nigre pro faciendis cappellis rotuli 20, bode
magne 4, uncias 9 et tar. 20.
Item, que fuerunt predicli tanlum Johannis Ronli :
Tunicam unam et ceprense unum de blada nova foderatum ven-
triskis cuniculorum, uncias 2.
Cappa de blada i , tar. 22, gr. i 0.
Ceprensem de modanisio novum -1 , tar. 6.
Tunicam de lombardisca fiscata ^, tar. 8.
Farsetum^ de bocca ramine 1, lar. 6.
Suppletum novum 4, tar. 4.
Interularum et serabularum '' 4 paria, tar. ^2.
Galigarum de blea paria 2, lar. 4.
Infuie 5, lar. 2.
1. Pour « camellis. »
2. Bougrans.
3. Grosses étoffes rayées noir et jaune.
4. Béguins.
5. Gilet ou habit de dessous.
6. Chemises et culottes.
ftOS UJr INVENTAIRE DE BORD EN 4294.
Infula de zenata ad armandum 4, tar. 4 et gr. -iO.
Bracalem de seta 4 , tar. 2.
Siculectum de argcnlo 4, tar. 5.
Corigiam de corio cura marsubio, tabulettis, calamario et canna-
bellis', tar. 4.
Mappamundum unum cum compasso, tar. 7 et gr. -10.
Mataracium i et culsinum i plena lane, tar. \0.
Karracanum, tar. -10.
Tappetum -1 , tar. 6.
Galamila cum apparatibus suis i , tar. 2.
Corazie coperte ssamito rubee pare -1, et gorzerinam 4, unciam 4,
tar. 4.
Ensis 1, tar. -15.
Gultellum feritorium 4, tar. 4.
Cappellum de aczaro 4, tar. 7 et gr. 40.
Gerbelleriam \ , tar. 4.
Lançea ferrata -( , tar. 3.
Baliste de ligno 2 cum earum balneriis, quarura una eratad unum
pedem et altéra ad duos pedes, tar. 8.
Targie 4, tar. 4 et gr. 40.
Buccaraminis pecie 3, ad rationem de tarenis 6 per peciàm, tar. \ 8.
De burdis pecie 2, tar. \6.
Tele tinte de maguco pecie 2, tar. 46.
Gassia de tillan -i, tar. -15.
Item, que fuerunt tantum dicti Nicolai Brazere :
Tunica de blada, etc.
Tubalia una de facie, tar. 4.
Tubalia de marni i, tar. 4 .
Gottardita lonbardisca foderata penna anguina (!), tar. 42.
Tobalia de tabula i, tar. 3.
Tobalia parva \ , tar. i .
Baczile de ère 4, tar. a.
Billancerium de Alexandria cum bellanciis et libris, tar. 5.
Bursetta parva de seta I, tar. 1 et gr. 40.
Bussula de ligno una, in qua erat argentum ruccum in pondère
uncia una et média, tar. 8.
Buttonos de ambro paria 2, tar. 4.
De grucettis de argento paria 2, tar. -J .
De hebere manice 2, tar. 4.
1. Petits roseaux pour écrire, par déformation du radical « calanius. »
CN INVENTAIRE DE BORD E\ J294. ^09
Infuie 5, tar. 2.
Caligarum pecia 2, lar. 3.
SublcUarum paria 3, tar. ^, gr. -10.
Capulium de viride foderalum zcnalo rubco, lar. 7, gr. 10.
ClavaUira sarraceiiica 1, gr. 15.
Scalpellum 1, gr. iO.
Ferrum pro mcrcando vegelibus -I, gr. iO.
De aczaro virga I et média, gr. 5.
De asineriis paria 2, gr. \0.
Mappamundum iinum, tar. 6.
Cullellus, etc.
Arcus de Dumasco cum sagittis et carchesio unus, lar. Tel gr. 40.
Item, que fuerunt Pliilippi de Gausio, marinarii dicti vascelli :
Goracia i cum gorzarina i, tar. 22, gr. iO.
Gapelium de aczaro 1, tar. 5.
Gustorenum 1, tar. •10.
Sculus i, tar. 4 et gr. -10.
Lanzea ferrata i , lar. i .
Farseclum ad armandum -1, lar. 6.
Tuiiica de arbasio', tar. 2.
Macarecti \ , lar. 2.
Garpeta -1 , lar. 3.
Inlerularum et serabularum paria 2, lar. 4.
GuanLus de ferro 1, tar. 1 et gr. -10.
Sargie rubee Unie in alacha 2, lar. 20.
Buccaramins pecie 2, tar. V2.
Spungie 100, tar. \0.
Garnarolum 1, gr. 10.
Boda pilosa -1 , tar. \ .
Galamila 1, tar. 2.
Les huit autres matelots et le serviteur du navire ont la même
trousse, sauf la calamité qu'ils n'ont pas. En retour, l'un d'eux
possède :
Mappamundum unum, tar. 7.
En conséquence, Charles le Boiteux donne l'ordre de faire resti-
tuer à leurs propriétaires tous ces objets.
Datura per B. de Gapua, mililem, etc. , die viii° madii, vif indictione.
(Archives de Naples, reg. Angioini G3, fol. 93 v-94.)
1. « Arbasio, » gros drap de laine noire.
LES COLLECTIONS CANONIQUES
ATTRIBUEES A
YVES DE CHARTRES
(Suite ^ .)
CHAPITRE V.
L'influence des collections canoniques d' Yves.
On s'efforcera, dans ce chapitre, de déterminer l'influence des
collections canoniques qui se rattachent à Yves de Chartres, Tri-
partita, Décret, Panormia, sur les recueils analogues qui ont
été composés ultérieurement.
Pour mener à bonne fin cette étude, il a paru nécessaire de
se conformer à l'ordre suivant :
1" Il convient d'énumérer d'abord les collections qui ne sont
que des extraits de l'un des recueils chartrains ;
2° On étudiera ensuite les collections purement canoniques qui
ont emprunté une portion notable de leurs éléments aux recueils
chartrains, mais qui, à cause des matériaux de provenance étran-
gère qui y ont été incorporés, ne sauraient être considérées comme
de simples extraits des collections de Chartres ;
3** Enfin, on recherchera la trace de l'influence d'Yves sur des
écrits dont le caractère n'est pas principalement juridique, notam-
ment sur quelques-uns des recueils de sentences théologiques si
répandus au xif siècle.
1. Voir Bibliothèque de l'École des chartes, LVII, p. 645-698, LVIII, 26-77
et 293-326.
LES COLLECTIOXS CANONIQUES ATTRIBDÉES A YVES DE CHARTRES. 41 <
Section première.
Les extraits.
§ I. Extraits de la t Tripartita^. »
\° Je dois mentionner, d'abord, un manuscrit du British Mu-
séum, Cotton., Cleopatra GVIII, sur lequel Theiner fournit les
renseignements suivants :
Le manuscrit, qui date du milieu du xif siècle, contient une
collection dont la Tripartita est la source à peu près exclusive.
Toutefois, l'ordre en est différent; il se rapproche plutôt de
celui du recueil du faux Isidore. La série des décrétales est inter-
rompue après les lettres du pape Melchiade. Viennent alors les
extraits des conciles, depuis Nicée jusqu'au deuxième concile de
Séville. L'auteur revient ensuite aux décrétales, dont il donne
des extraits depuis saint Silvestre jusqu'à Grégoire le Grand. Il
y ajoute ensuite des textes empruntés à la troisième partie de la
Tripartita. On y trouve en outre quelques fragments étrangers
à cette collection, notamment plusieurs lettres de Fulbert de
Chartres, dont on peut déduire que la collection est d'origine
française'-.
Ces observations de Theiner me laissent incertain sur la rela-
tion qui existe entre la Tripartita et la collection du manuscrit
de Londres. Il serait nécessaire de collationner les deux collec-
tions pour arriver à une conclusion définitive. Pour le moment,
je me borne à enregistrer les renseignements donnés par Theiner,
en lui laissant la responsabilité de son opinion.
2" Dans le manuscrit 56 du monastère bénédictin de Gottweig,
dans la Basse-Autriche (manuscrit qui date du xif siècle), M. de
Schulte a rencontré une collection qui, à son avis, pourrait
être considérée comme procédant de la Tripartita^. J'avoue
que les indications qu'il fournit sur ce manuscrit ne m'ont nulle-
1. Theiner, Disquisitiones , p. 178-179.
2. J'ai menlionné comme un manuscrit de la Tripartita le nis. 345 (numéro
de la vente) de la collection Hamilton, actuellement à Berlin. La Tripartita
y semble bien entière. Jusqu'à preuve du contraire, je ne l'ai point considéré
comme un extrait.
3. Mémoire publié dans les Sitzungsberichte de l'Académie impériale de
Vienne, classe de philosophie et d'histoire, LVII (1867), p. 560 et suiv.
Â^2 LES COLLECTIONS CAXOXIQDES
ment convaincu de cette filiation. Telle a été aussi l'impression
de M. Sdralek, qui, ayant vu le manuscrit de Gottweig, ne
pense pas que la collection qui y est contenue dérive de la
T/'iparlita^.
§ U. Extraits du « Décret. »
1° Au premier rang des extraits du Décret, il faut citer, pour
mémoire, la collection B, troisième partie de la Tripartita. J'en
ai suffisamment traité à propos de la Tripartita pour n'avoir
point à y revenir.
2" Le manuscrit 1808 de la bibliothèque Corsini, à Rome ^ qui
date du xii^ siècle et semble, pour diverses raisons, originaire de
Pise ou des environs de cette ville, contient une collection cano-
nique qui est extraite à\i Décret. Cette collection comprend seize
parties, rédigées d'après les parties I à XVI du Décret; la
XVIP partie du Décret n'a point été utilisée. Dans chacune de
ces parties, beaucoup de chapitres du Décret ont été omis; c'est
ainsi que, dans la partie XVI du manuscrit Corsini, le cha-
pitre 243 correspond au chapitre 362 et dernier du Décret.
En tête du manuscrit figure la grande préface d'Yves, précé-
dée de ces mots : « Incipit prologus domini Yvonis Carnotensis
episcopi ante collectioues ecclesiasticarum regularum de conve-
nientia et dispensatione earumdem. » A la suite du chapitre 243
et dernier de la seizième partie, on trouve quelques chapitres
étrangers au Décret sous les rubriques suivantes :
244. Jeronimus ad Amandum presbiterum.
245. Item ad Euslochium.
246. Augustinus in libre de cura pro mortuis agenda.
247. Ex sermone ejus ad conjugatos.
248. Ex epistola ejus ad Egdigiam.
249. Actio prima quinte Synodi.
2.50. Actio quarta.
La collection finit, à ce chapitre 250 de la seizième partie, par
ces mots : « Explicit liber coUectarum sententiarum féliciter. »
1. Sdralek, de S. Nicolai Papx I epislolarum codicibus (Breslau, 1882),
p. 17, note 1.
2. Je dois ces renseigaernents à une commuaication obligeante de M. Paul
Fabre.
ATTRIBUÉES A YVES DE CHARTRES. 4^3
La même collection est contenue dans un manuscrit du
xu'" siècle, et plutôt de la seconde moitié de ce siècle, qui paraît
avoir été écrit dans le nord de l'Italie*. Ce manuscrit est actuel-
lement conservé au British Muséum, Harleian 3090. On y
retrouve au début et à la fin de la collection les particularités
qui signalent le manuscrit Corsini.
D'après Theiner, la même collection est aussi conservée à
Vienne (Cod. universitatis, n" 789, fol.)-; en outre, il en existe
un exemplaire à Leipzig, dans la bibliothèque de l'Université
(n'^955, 4)-^
Ainsi, cette collection, extraite du Décret, se trouve dans
quatre manuscrits connus dont deux au moins semblent d'ori-
gine italienne. Le contenu en est celui des livres I à XVI du
Décret, moins les chapitres omis, qui sont signalés par Theiner
dans ses Disquisitiones^.
3° Il existe un autre extrait du Décret, conservé dans le ma-
nuscrit 14809 du fonds latin de la Bibliothèque nationale (fol. 312
et suiv.). Ce manuscrit, qui provient de Saint- Victor, est de
la fin du xin^ siècle ; l'extrait qui y est contenu est très différent
de celui qui vient d'être signalé.
Le texte est précédé d'une table, du xiv'^ siècle, avec ce titre :
« Excepta Yvonis condam Carnotensis episcopi de decretis, quo-
rum sunt 17 partes. » Il s'ouvre par le sommaire des dix-sept par-
ties. Puis vient la grande préface : « Exceptiones ecclesiasticarum
regularum..., » jusqu'à ces mots {Patrologia latina, CLXI,
c. 49) : « Qui potest capere capiat. »
Suivent, sans sommaires ni inscriptions, les chapitres du
livre I, du c. 4 au c. 44 inclus. Ce dernier se prolonge par un
texte de quelques lignes, dont voici le début et la fin : « Quara-
vis igitur et angustia temporis et festinatio portitoris... illi reve-
lavit Deus. »
Puis : « In libro de sacramentis. Ante benedictionera alia spe-
1. Je dois ces renseignements à l'obligeance de M. F. G. Kenyon, du Brilish
Muséum.
2. Disquisitiones, \>. 182.
3. Ce manuscrit a été décrit par Kind dans une publication qu'il m'a été
impossible de me procurer, Stanmai-ium des Neuslen in der Rechtswissenschaft
(1832, Lief. 15), p. 270. Je la connais par une note de Jacobson dans les Rich-
ter's Krilische Jahrbdcher fur deuische ReclUsivissenschaft, I (Leipzig, 1837),
p. 779-816.
4. P. 182, note 31.
'1897 27
A\Ji LES COLLECTIONS CANONIQUES
cies nominalur; post benedictionera corpus significatur... epu-
lantur corda sanctorum. Item in eodem. Vera, ait, caro Christi
que crucifixa, que sepulta est; vere illius carnis sacramentura
verum est. » — Ce sont deux fragments de saint Ambroise* qui
se retrouvent dans le Décret, II, 7.
Puis (fol. 322) commence la seconde partie par le c. 1 de cette
partie. Les extraits sont assez nombreux et se terminent par les
c. 137, 139 à 143.
Viennent ensuite les livres suivants, réduits de même.
Le manuscrit est incomplet. Il s'arrête au cours du livre XVI
(fol. 393 v'^). Voici les derniers fragments : c. 64, 66, 134, 136,
137, 138 et 139.
§ III. Extrait de la « Panormia. »
Je n'ai à signaler qu'un seul extrait de la Panormia ; c'est
celui qui est contenu dans le manuscrit 106, in-4°, de la Biblio-
thèque roj^ale de Berlin. Il nous est connu seulement par la des-
cription qu'en donne TJieiner^. C'est une Panormia en huit
livres, dont beaucoup de fragments sont omis ; ainsi, au premier
livre, sur 162 chapitres, 117 manquent.
Cet extrait ne paraît avoir aucune importance. Theiner^ l'at-
tribue à un évêque du commencement du xif siècle, Hugues de
Châlons (Hugo Catalaunensis), qu'il trouve mentionné dans le
Spéculum Historiale de Vincent de Beauvais comme ayant
composé une Summa decretorum Ivonis^. Mais nous constate-
rons ci-dessous qu'un autre évêque de Châlons, Haimon de
Bazoches, a composé vers le milieu du xii'' siècle un manuel très
résumé, d'après la collection en dix livres, seconde édition de la
Panormia, et que ce manuel a circulé sous le nom de Summa
decretorum Ivonis^. N'y aurait-il pas, dans le texte, d'ailleurs
isolé, de Vincent de Beauvais, une confusion, facile à expli-
quer, entre deux évêques de Châlons, Haimo Catalaimensis
et Hugo Catalaunensis? Et si la confusion ne doit pas être
1. Pour le premier de ces fragments, voir Gralien, D. 2 de cons., c. 40, et la
note de M. Friedberg.
2. Disquisiliones, p. 179.
3. Ibid.
4. Spéculum historiale, XXVI, c. 84.
5. Voir ci-dessous, p. 442 et suiv.
ATTUrnUÉES A YVES DE CHARTRES. ^ I î>
imputée à l'auteur du Spéculum, quoiqu'il soit médiocrement
informé sur le compte des écrivains canonistes*, ne faut-il pas
l'attribuer à ses éditeurs? Jusqu'à ce que cette question soit tran-
chée, je crois prudent de n'inscrire point Hugues de Chàlons dans
la liste des abréviateurs de la Panormia. Il vaut mieux con-
sidérer le recueil de Berlin comme l'œuvre d'un auteur inconnu.
Section deuxième.
Les collections purement canoniques.
On peut affirmer, sans hésiter, que la plupart des collections
canoniques de la première moitié du xif siècle dépendent plus ou
moins des recueils d'Yves de Chartres. Je ne saurais avoir la pré-
tention de les énumérer toutes. J'appellerai seulement l'attention
du lecteur sur celles de ces collections, connues de moi, qui ont
subi dans une mesure assez large l'influence des collections du
groupe chartrain^.
Il sera traité d'abord de deux collections qui ont largement
puisé au Décret : la Cœsaraugustana et le recueil que j'appel-
lerai collection de Sainte-Geneviève, du nom du dépôt où s'en
trouve conservé le manuscrit unique.
J'étudierai ensuite trois collections qui procèdent de Xs. Panor-
mia : celle du Vatican. 1361, qui y a fait des emprunts impor-
1. On peut s'en convaincre en parcourant le chapitre indiqué plus haut du
Spéculum historiale.
2. En étudiant la collection canonique en trois livres contenue dans le ms. 3831
latin du Vatican et dans un ins. de Pistoic, j'ai signalé divers emprunts au Décret
d'Yves : je me borne à les rappeler ici. Voir Une collection canonique italienne
du commencement du XII° siècle (Grenoble, 1894, in-S" ; extrait des Annales
de l'enseignement supérieur de Grenoble, t. VI), p. 63. — Quant à la collec-
tion canonique contenue dans le ms. du Vatican 1346, ainsi que dans le ms. de
Vienne 2186 (Jur. canon. 80), c'est un recueil en sept livres, du temps de Pas-
cal II, connu par les sommaires que Theiner a publiés [Disquisiliones, p. 345
et suiv.). Mes investigations sur cette collection (j'aurai bientôt l'occasion d'en
donner le résultat) m'ont prouvé qu'elle se rattache surtout à la f.imille des col-
lections italiennes; à mon avis, l'influence des collections chartraines ne s'y est
exercée que médiocrement. — Dans un récent mémoire, M. de Glanvell a indi-
qué certaines analogies entre la collection inédite en cinq livres du Vatican.
1348 et le Décret d'Yves: Die Canonessammlung des Cod. Vatican. Lat. 1348,
dans les Sitzungsberichte de l'Académie impériale de Vienne, classe de philoso-
phie et d'histoire, CXXXVI (1897), p. 49.
I
U6 LES COLLECTIONS CANONIQUES
tants ; la collection en dix parties, qui est réellement une seconde
édition augmentée de la Panorinia, et la Summa decretorum
Haimonis, résumé très bref de cette collection en dix parties.
J'en viendrai ensuite à deux collections conservées dans des
manuscrits de Ghàlons-sur-Marne (première et deuxième collec-
tion de Ghàlons), qui procèdent à la fois de la Tripartita et de
la collection en dix parties.
On s'étonnera peut-être de ne point voir figurer dans cette liste
le Décret de Gratien. G'est à dessein que je me suis abstenu de
l'y insérer. Chacun sait, et les Prolégomènes de M. Friedberg à
son édition du Décret en font foi, que les trois collections du
groupe chartrain, Tripartita, Décret d'Yves, Panormia, ont
fourni de nombreux éléments au célèbre compilateur. Pour le
moment, je crois inutile d'en dire davantage. Les questions rela-
tives aux origines de Gratien sont assez complexes pour mériter
les honneurs d'une étude séparée.
§ I. La « G.ESARAUGUSTANA ^ »
Au nombre des recueils canoniques sur lesquels le Décret
d'Yves a exercé son influence, je dois placer la collection dite
Cœsaraugustana, parce que c'est un manuscrit de Saragosse
qui l'a d'abord fait connaître.
Je n'entreprendrai pas ici de décrire en détail cette collection ;
elle mérite qu'une notice lui soit exclusivement consacrée. Il me
suffira de dire, sans en faire la démonstration (qui trouvera sa
place ailleurs), que la Cœsaraugustana date du pontificat de
Pascal II (1099-1118) ; il en existe d'ailleurs une forme posté-
1. La Cccsaraugustana est contenue dans deux manuscrits du xii* siècle
conservés à la Bibliothèque nationale, latin 3875 et 3876. Le manuscrit 3875 a
appartenu à Baluze ; le manuscrit 3876 a appartenu à M. de Rignac, conseiller
à la cour des aides de Montpellier (1682), puis a passé chez Colbert. —A Rome,
la Civsaraugusiuna est contenue dans un manuscrit du xii^ siècle, le Vatica-
nus 5715; on en trouve en outre deux copies modernes des environs de 1600.
L'une de ces copies qui comprend l'ouvrage complet est conservée à la biblio-
thèque Barberini (XVI, lOi, ancien 2864) ; elle est faite d'après un manuscrit
espagnol, Aulx Dei, Uieromjmi Zuritx. (La chartreuse dite Atda Dei est voi-
sine de Saragosse; le manuscrit dont fut tirée cette copie est le manuscrit pri-
mitivement connu de cette collection.) L'autre copie moderne est au Vatican,
sous le n" 4976. — Sur la Cxmraagxislana , voir Saviguy, Geschichte des romi-
scken Rechls, H, p. 299-300; Conrat, Geschichte der Quelloi und Lileratur des
romischen Rechls, 1, p. 390 et suiv.
ATTRir.UKE? A YVES DE CnARTRES. A\7
rieure, représentée par deux manuscrits (le Vatican. 5715 et le
ms. latin de la Bibl. iiat. 3876), qui date du milieu du xii° siècle'.
La collection n'est pas d'origine italienne; je la croirais assez
volontiers originaire d'Aquitaine ou du nord de l'Espagne.
Sans doute, il s'en faut de beaucoup que le Décret d'Yves
doive être considéré comme la source exclusive de la Cœsarau-
gustana. Elle comprend beaucoup de matériaux dont l'origine
est autre. C'est ainsi qu'elle a fait des emprunts considérables
à la collection d'Anselme de Lucques, qu'elle paraît avoir, en
un point au moins, subi l'influence de Polycarpus^ et qu'elle
a inséré un certain nombre de textes de droit romain qui tous
n'étaient pas connus par les compilations antérieures, aussi bien
que des textes canoniques qui ne se rencontrent pas ailleurs. Le
seul point que je veuille ici mettre en lumière, c'est la relation
qui existe entre la Cœsaraugustana et le Décret.
Il serait impossible de signaler tous les fragments ou même
toutes les séries de fragments que la Cœsaraugustana a tirées du
Décret. Je donnerai seulement un certain nombre d'exemples
qui permettront d'établir la filiation des deux collections. Ces
exemples seront tirés des livres I, X et XI de la Cœsarau-
gustana.
Voici d'abord une série empruntée au premier livre de la Cœsar-
augustana, qui traite principalement des diverses sources du
droit et de leur valeur respective. Il convient de faire remarquer
à l'avance que plusieurs chapitres du Décret, formés de diverses
phrases d'un même auteurrapportéesetjuxtaposées, se retrouvent
identiques dans la Cœsaraugustana et que nombre de chapitres
du Décret ne sont passés dans la Cœsaraugustana qu'après
avoir subi l'amputation de quelques phrases. Le rédacteur (le la
Cœsaraugustana prend les textes tels qu'il les trouve dans le
Décret ou les abrège, mais il ne les présente pas sous une forme
plus longue.
Cette considération suffirait à démontrer que les textes qui
vont être énumérés ont été tirés du Décret.
1. La forme de la Cœsaraugustana contenue dans ces deux manuscrits se
distingue par d'importantes interpolations. Parmi les textes interpolés se ren-
contrent de nombreux fragments de droit romain, un passage emprunté à Gra-
tien et aussi, comme je l'indiquerai plus loin, des fragments de la Panormia.
Je cite la Cxsarauguslana d'après sa première forme.
2. Huffer, Beilrxge zur Geschichte der Quellen des Kirclienrechis, p. 81.
4^8 LES COLLECTIONS CANONIQUES
Cœsaraugustana, I,
7 =
Décret^
IV, 71.
8 =
—
74.
9 =
—
206.
^0 =
—
233.
\v =
—
236.
\2 =
—
237.
\r =
—
200.
\A =
—
203.
45 =
—
204, ]\x?>(\Vidi prohibemus.
K)*=:
—
210.
a =
—
208, 209 et 195.
20 =
—
178.
2^2 =
—
211.
22 =
—
207.
233 =
—
223.
25* =
—
194.
26 =
—
201 et 202.
29 =
—
1 07,rin, clepuis-Seica^rm^ft.
30 =
—
108.
3^' =
—
109.
34 =
—
112.
35 =
—
75, jusqu'à suhsistunt.
36 =
—
117, jusqu'à refutantur.
37 =
—
1 20,d6puisOMo;2««m5ïCM^.
38'^ =
—
121.
1. Les fragments marqués d'un astérisque sont composites, c'est-à-dire for-
més de plusieurs passages.
2. Texte cornposile, reproduit dans la Cxsaraugustana tel qu'il figure dans
le Décret et dans la collection A (partie I, Nicolas I", 14). — L'attribution de
la Cxsaraugustana, Nicolaus Phocio, est exacte, le texte étant emprunté à une
lettre de Nicolas I" à Photius de l'année 862 (Jaifé-Wattenbach, n» 2691) ; au
contraire, le Décret, après la collection A, donne l'attribution erronée : « Nico-
laus Michaeli imperalori. » Il en faut conclure, sans doute, que le rédacteur de
la Cxsaraugustana a reclilié lui-même l'attribution, ce (jui n'est pas impos-
sible, car il paraît avoir consulté en plus d'un cas les textes originaux.
3. Avec l'attribution, d'ailleurs exacte, « Léo VIIII Michaeli patriarche Con-
slantinopolitano » (cf. JafTé-Wattenbach, n" 4302). L'attribution du Décret
a Léo VI 111 Michaeli imperalori » est fausse. On peut répéter ici l'observation
faite à la note précédente.
4. Ce fragment comprend le début du c. 109 d'Yves jusqu'à testait sunt et le
fragment final depuis diligenter.
5. Le chapitre de la Cxsaraugustana néglige la première phrase du c. 121
ATTRIBUEES A
YVES DE CHARTRES. 419
39' =
—
^22, début.
40 =
—
423.
41 =
—
^27, jusqu'à videtur.
42 =
—
-134, jusqu'à Cartluigi-
nensem.
43* =
—
138.
44 =
—
137.
452 =
—
125.
46 =
—
79, jusqu'à consentiret .
47* =
—
80.
483 _
—
64.
49 =
—
238.
5^ =
—
186.
52 =
—
V,
123, jusqu'à serventur.
53 =
—
IV,
, 106.
55 =
—
179.
56 =
—
180.
57 =
—
183.
58 =
—
184.
59 =
—
187.
60' =
—
188.
61 =
—
176.
— 63 et 64 = — 186.
Ici s'arrête le premier livre de la Cœsaraugustana. Sur
d'Yves, reproduit d'après la collection A, et commence ainsi : « Gcorgius
patriarcha dixit. » Ici encore le rédacteur a remanié le texte. 11 a, d'ailleurs,
supprimé l'un des trois fragments distincts qui composent ce chapitre dans le
Décret : « Septima synodus... connumerari potest. »
1. Ne comprend que cette phrase : « Sanctam sextam synodum recipio cum
canonibus suis. »
2. L'ordre du Décret d'Yves est inverse : le texte, dans la Cxsaraiigustana,
commence par le concile de Nicée et finit par le sixième concile général. Mais,
de part et d'autre, c'est le même texte.
3. Fragment pris au milieu de ce c. 64 : < Décrétâtes... suscipiendas. »
4. Ce fragment porte l'attribution erronée qu'il a au c. 188 du quatrième livre
du Décret : « Cypriaiius Juliano. » En réalité, il est tiré d'une lettre de Nico-
las I"à l'empereur Michel (cf. D. 10, c. 8 et la note de M. Friedberg). — Le
rédacteur de la Cicsaraugustana n'a pas ici corrigé l'erreur du Décret; mais
il a eu un souvenir i)our la lettre de Nicolas I" à l'empereur Michel. Ce sou-
venir s'est traduit par ces mots, ajoutés à la fin du chapitre précédent (c. 5!)) :
« Haec eadem Nicholaus papa ad imperalorera Michaelern. »
420 LES COLLECTIONS CANONIQUES
64 chapitres dont il est composé, 47 se retrouvent dans le
livre IV du Décret et un dans le livre V du même recueil.
J'examine maintenant, pour le comparer au Décret d'Yves, le
livre X de la C œsaraugustana, où sont réunis les textes qui
traitent du mariage et des unions illicites.
Cxsaraugustana^ X, 2 = Décret, VIII, 2.
— 4 = — 3.
— 5 = — 4.
— 6 et 7 = — 6.
— 7 = — 7 et 8.
— s = — 27.
— u = — 2i et 22.
— ^2 = — 24.
— i3 = — IX, I.
— -14 = — VIIÏ, 139, jusqu'à /ïôem.
— il = — 468.
— 18 = — 40.
— 2i = — 460.
— 22 = — i.
— 23 = — 44.
— 24 = — 46.
— 25 = — 47.
— 26 = — n.
— 27 = — 23.
— 28 = — IX, 4 00.
— 30 = —VIII, 51.
— 34 = — 52 et 53.
— 32 = — 56 et 57, jusqu'à ewe
videatur.
— 33 = — 57 (fm).
— 34 = — . 58.
— 35 = — 456.
— 39 =: — 74.
— 40 = — 77.
— 44' = — 44 et 45.
1. On remarque ici en plus, avant le passage correspondant au c. 14, le pas-
sage suivant : « Quantum sit sacramentum conjugii. Idem (Augustinus), in libre
de nupliis et concupiscentia. Non taaluin fœcunditas, cujus fructus in proie
est... » (fragment sur l'indissolubilité du mariage, signe de l'union du Christ
ATTRIBUEES A YVES DE CHARTRES.
\H
42 =
—
94.
43 =
—
97.
44 =
—
90.
45 et 46 =
—
!M.
47 =
—
92.
48 =
—
95 el 96.
52 =
—
S3.
53 =
—
84.
54 =
—
86.
55 =
—
87.
56' =
—
88.
57 =
—
8!>.
Suit une série de textes étrangers pour la plupart au Décret
d'Yves ; ils proviennent presque tous des collections italiennes et
surtout d'Anselme de Lucques. Ensuite :
Cœsaraugustana, X, 69 = Décret, IX, \ I .
— 70 = —VIII, ^36.
Puis reprend une série dont les fragments se retrouvent dans le
livre X d'Anselme de Lucques. Après cette série, l'auteur revient
au Décret d'Yves :
Cœsaraugustana, X, 90
=
Décret,
VIII,
, 34.
— 9^
:=
—
35.
— 92
=
—
70.
— 93
—
71, àpartirde.^?<7Wîs
libéra de maire...
— 94
=
—
78.
— 95
=
—
79.
— 96
z=
—
^02.
— 97
z=:
—
425.
— 98
=
—
427.
— 99
:=:
—
428.
— ^00
==
—
235.
avec l'Église); puis vient le texte des fragments 14 et 15 du huitième livre
du Décret.
1. Avant le texte du passage correspondant du Décret (VIII, 4), la Cœsarau-
gustana insère le texte de la question posée par sainl Augustin de Canterbury
à saint Grégoire, qui se trouve dans Gralien, D. 5, c. 1. — Le texte qui suit
est composite.
422 LES COLLECTrO.\S CANO.MQCES
— iOi = — 238.
— ^02 = — 239.
— iOCy = — 270.
— ^07= — 268.
— -108 = — 275.
— -109 = — 308.
— UO = — IX, ^^0, §4.
— U2 = — Vil, 420.
— H3 = — a.
— UA = — 20.
— 443 = — 34.
— 447 = — 49.
— 448 = — 424.
— 449 = — 423.
— 420 = — 426.
— 422 = — 440.
— 423 = — 444.
— 424*= — 442.
— 423 = — 443.
— 426 = — IX, 6.
— 427 = — 40.
— 428 = — 48.
— 429 = — 22, § dernier et 26.
— 430 = — 33.
— 434 = — 34.
— 432 = — 33.
— 433 = — 80.
— 433 = — 3.
— 436 = — 4.
— 4 37 = — I, 304.
— 444 = — VII, 447.
— 443 = — VIH, 443.
— 444 = — 426.
Ici s'arrête le dixième livre de la Cœsaraugustana. Sur
144 cliapitres qui le composent, nous en avons signalé 89 comme
provenant du Décret d'Yves.
Il n'est pas inutile de donner encore un exemple; je l'em-
prunte au livre XI de la Cœsaraugustana, où il est traité du
baptême.
I
Cœsaraugustana, XI
ATTRIBUEES A
ÏVES DE COARTRES. 423
?, XI, 3
::^
Décret,
I, 49.
4
=
—
50.
5
:=:
—
54.
6
=
—
52, jusqu'à bapiizen-
fur.
7
^
—
53.
8
=
—
56.
^0
=r
—
58.
il
=
—
59.
lî
■=.
—
64.
15
=
—
62.
-16
=
—
78.
n
=
—
79.
iS
=
—
80.
49
=
—
85.
20
=
—
87.
•2\
=
—
88.
22
^=
—
89.
23
=
—
94.
24
=
—
92.
25
z=z
—
93.
26
=
—
96 et 98.
27
:=z
—
4 00.
28
=
—
404.
29
=
—
4 03.
30
:^
—
405.
31
■=.
—
406.
32
=
—
409 et 444.
33
=
—
4 4 4.
34
z=
—
415.
35
=:
—
416.
36
=
—
448 et 449.
37
r:^
—
420 et 424.
38
=
—
422.
39
^
—
4 23.
40
r=
—
4 24.
44
=
—
4 25.
42
=:
—
407.
43
=
—
426.
44
—
—
4 28.
424
LES COLLECTtONS CANONIQUES
43
=
429.
46
z=
430.
47
=
434.
48
=
444.
49
=
444.
50
z=
445.
5^
=
—
4 86.
52
=
484.
53
=
—
4 85.
54
zzz
489.
55
=
446.
56
=
447.
57
=
474.
38*
=
4 78, 487 el 488.
59*
zzz
4 93 et 494.
6i
=
309 et 34 0.
62'
=
456, 4 57, 4 58 et 459.
632
4 60 et un fragment de
II, 99 : Baptismipu-
ritas. . .distinct a est.
64
=:
452.
65
=
448.
673 est uji
extrait de ]
,237.
68
^
—
460, §3.
69
=
—
460, § 2.
70
=
—
4 64.
72
=
—
453.
73
=
—
462, §2, et 463, §4.
74
—
—
464, 465 et 466.
75
=
—
467.
76
= -
—
469.
77
:z=
—
472.
78
=:
—
473.
79
=
—
470.
la dernière pi
irase du c.
157 du Décret : « Quid se
impedit... judex. »
2. Manquent les fragments 2 et 3 : « Ili qui apud... et Quamvis ununi..., »
tels qu'ils se trouvent dans le Décret.
3. Depuis retulerunt jusqu'à ut denuo baptizentur. L'extrait est le même
dans la collection B, titre I, g 22 et 25, et dans Panorviia, I, 65.
ATTRFBCKliS A YVES DE CHAIITRES. 425
— 80 = — iVo.
— 81 = — 64 et 65.
— 82 = — n6.
_ 85 = — ni.
— 87* = — 102.
— 88 = — ni).
— 89 = — 180.
_ 90 = — -183.
— 91 = _ <i9i.
— 92 est un long extrait de pseudo-Melchiade,
dont le début se trouve dans le Décret, I, 235.
Suivent cinq chapitres (93-97) étrangers au Décret. Enfin
vient le dernier chapitre de ce livre de la Cœsaraugustana, qui
reproduit le Décret, XI, 91, § 1.
En somme, sur les 98 chapitres que compte ce livre dans la
Cœsaraugustana, 82 se retrouvent dans le Décret. La très
grande majorité des emprunts sont faits au livre I du Décret,
dont l'ordre est généralement suivi.
Il ne servirait de rien, je crois, de multiplier ces exemples. On
peut considérer comme démontré que le Décret- d'Yves est la
source principale de la Cœsaraugustana, dont l'auteur s'est
proposé de combiner les documents fournis par le recueil char-
train avec les documents qu'il trouvait dans les sources italiennes,
surtout dans la collection d'Anselme de Lucques, et aussi ceux que
lui-même avait amassés directement. Il n'est que juste d'ajouter
que, en général, l'auteur de la Cœsaraugustana n'a pas copié
1. Suivi dans la Cxsarauguslana du passage correspondant des lielru-
ctationes.
2. J'ai constaté que l'auteur de la Cxsarauguslana n'avait pris pour base de
son travail aucun des extraits du Décret connus de nous : collection B de la
Tripartila, abrégés du Décret signalés plus haut, Panormia. II me parait certain
que c'est sur le Décret lui-même qu'il a travaillé. — Il convient d'ajouter que,
dans la partie qui correspond au quatrième livre des manuscrits divisés en
livres, la forme la moins ancienne de la Cœsaraugustana comprend une inter-
polation où figurent des chapitres de la Panormia; cette interpolation^ existe
tant dans le ms. Vatic. 5715 que dans le ms. de la Bibl. nat. latin 3876. Les
chapitres de la Panormia qui ont été insérés sont les suivants : 111, 72, 76, 77,
78, 84, 85, 86, 101, 103, 107, 115, 118, 134, 138, 139, 140, 14i, 150, 153, 154,
155 à 159, 161, 163, 167, 171, 185, 187, 196, 197, 201, 202, 204, 205, 209 à 214.
426 LES COLLECTIOIVS CANO?irQUES
les sommaires qu'il trouvait dans le Décret; souvent il s'est donné
la peine de refaire des sommaires.
§ II. La collection de Sainte- Geneviève.
Le manuscrit 166 de la bibliothèque Sainte-Geneviève de Paris ^
contient une collection canonique qui a déjà attiré l'attention des
érudits^ Le Décret d'Yves tient une place importante parmi les
sources de cette collection. Toutefois, comme ce recueil est encore
fort peu connu, il semble nécessaire d'en donner d'abord une
courte description avant d'en extraire, pour les mettre en lumière,
les parties qui ont été tirées du Décret d'Yves.
La collection de Sainte-Geneviève est divisée en quatre parties,
qui, elles-mêmes, sont subdivisées en livres :
La première partie est, par son contenu, à la fois dogmatique
et liturgique. Elle comprend quatre livres. Le premier livre
manque dans le manuscrit ; j'imagine qu'il devait traiter de la foi,
comme le début du Décret d'Yves, qui, en cette partie, servit
de modèle au compilateur. Viennent ensuite les textes relatifs au
baptême et. à la confirmation (livre II), à l'eucharistie (livre III)
et aux églises (livre IV).
La seconde partie embrasse, dans ses cinq livres, la matière des
personnes : évêques (livre I) ; clercs (livre II) ; juges (livre III) ;
mariages (livre IV) ; personnes consacrées à Dieu (livre V) '^.
La troisième partie, fort incomplète dans l'état actuel du ma-
nuscrit, traitait des principaux péchés : de l'homicide (livre I) ;
des superstitions variées (livre II); du parjure (livre III); de
l'ivresse (livre IV) ; de la fornication (livre V).
La quatrième partie comprenait trois livres. Le premier, sur
1. Ce numéro est celui du nouveau catalogue des manuscrits, public par
M. Kohler dans la collection des catalogues imprimés parles soins du ministère
de l'Instruction publique, t. I, p. 106. Notre manuscrit portait à l'abbaye de
Sainte-Geneviève la cole C I, in-fol. 1. Nous n'avons aucun renseignement sur
son origine. Ce manuscrit m'a été obligeamment communiqué à Grenoble.
2. Theiner, Disquisitiones, p. 186 et 187. — Notice par M. Blumcnstock; voir
VAnzeiger der Ahademie der Wissenschaflen in Krakau (1889-1890) et l'ana-
lyse de l'étude publiée dans ce recueil, qui a été donnée par l'Archiv fiir
katholisches Kirchenrecht, janvier-février 1891.
3. A ce propos il est traité du jeûne.
ATTRIIJCÉES A YVES DE CHARTRES. -^27
l'excommunication, fait défaut dans le manuscrit. On }■ trouve le
second (sur la confession) et le troisième (sur la pénitence) .
D'observations faites sur ce manuscrit, il résulte certainement
que la première partie est extraite du Décret d'Yves, tandis que
la source à peu près exclusive des trois autres parties paraît être
le Décret de Burchard. La collection de Sainte-Geneviève est,
on peut le dire, faite presque complètement de la juxtaposition
de ces deux éléments.
Aussi n'est-il rien, dans cette compilation, qui justifie l'origine
allemande qu'on a voulu lui attribuer ' . La présence de canons
de conciles germaniques, sur lesquels on s'était fondé pour pro-
poser cette opinion, s'explique par ce fait qu'ils sont tirés de Bur-
chard ou d'Yves ; les recueils de ces deux canonistes étaient con-
nus en France autant qu'en Allemagne. D'autre part, l'unique
manuscrit qui soit connu de cette collection est français : c'en est
assez pour lui attribuer une origine française.
Quant à la date à laquelle fut composé ce recueil, elle ne peut
se déduire que des indications suivantes :
Le manuscrit est du xif siècle, mais antérieur au pontificat du
pape Adrien IV. En effet, une bulle de ce pontife (1154-1159) a
été ajoutée à la fin du quatrième livre de la deuxième partie {de
conjugiis), par une main du xn'^ siècle, postérieurement à la
transcription de la collection 2. Le manuscrit doit être vraisem-
blablement daté de la première moitié du xu" siècle ; ce doit être
aussi la date de la collection, qui est nécessairement postérieure
au Décret d'Yves, c'est-à-dire aux dernières années du xi" siècle.
Je n'ai pas à montrer ici comment les trois dernières parties de
la collection de Sainte-Geneviève procèdent du Décret de Bur-
chard ^ Je me borne à mettre en lumière les relations qui unissent
1. Voir l'article précité de M. Blumenstock.
2. C'est la décrétaie que le recueil de Jaffé-Wattenbach attribue au pape
Hadrien II (867-872, n» 2948), mais qui, à cause même de son style et de son
contenu, ne peut être l'œuvre de ce pape, comme l'indiquait déjà Theiner [op.
cit., p. 187). D'ailleurs, celle décrétaie est adressée à un évéquc dont le nom
commence par un B ; or, il n'y a point, sous Hadrien II, d'cvéque de Chûlons
dont le nom commence par celte lettre. Pour la placer, il faut descendre jusqu'à
Hadrien IV (1154-1159) et à son contemporain l'évéque de Châlons Boson (1153-
1162). Le texte de cette lettre a été publié par Baluze(M5ce«a7iea, V, p. 488),
qui, par erreur, l'attribue à Hadrien II. Le sommaire en est, dans notre collec-
tion : « Quod consensus faciat conjugium, etiamsi desint sollempnia. »
3. Qu'il me soit seulement permis de citer un exemple. Les 54 premiers cha-
428 LES COLLECTIONS CANONIQUES
au Décret d'Yves la première partie de la collection. La démons-
tration en sera fournie par la simple inspection des tableaux qui
suivent :
Colleclion S'«-Geneviève, 1, II, 42' = Décret, I, 58.
^13 =
—
47.
\A =
—
522.
^5 =
—
59, 60, 63
46 =
—
62, 64.
M =
—
65.
48 =
—
66 et 67.
49 =
—
69.
20 =
—
70 et 74.
21 =
—
73.
22 =
—
74.
23 =
—
773.
24 =
—
75.
25 =
—
85.
26 =
—
76.
27 =
—
448.
28 =
—
424.
29 =
—
424.
30 =
—
4 23.
Si =
—
429.
32 =
—
430.
Etc., etc.
Sur les 96 chapitres qui nous restent de ce livre dans la col-
lection de Sainte-Geneviève, il en est 92 qui se retrouvent dans le
pitres du livre I de la deuxième partiede la colleclion génovéfaine reprodaisent
les 5i premiers chapitres du livre I de Burchard ; quelques chapitres sont écour-
tés; à deux reprises, deux chapitres (13 et 14, 31 et 32) sont réunis en un seul ;
les chapitres 16, 19, 36 de Burchard sont omis. Des observations analogues
pourraient être faites sur les autres livres des trois dernières parties.
1. Les chapitres 1-11 du livre II manquent dans le manuscrit.
2. En partie.
3. Différence d'attribution : le Décret d'Yves donne « Augustinus, ad Seleu-
cianam (Solestianum) epistola; c. 8 : Agunt homines ante baptismum paeniten-
tiam...; » la collection de Sainte-Geneviève donne « Rabanus, de institutione
riericorum, cap. xxv : Ante baptismum pœnitcntiam... » Voir, sur ce texte.
De consecr., D. 4, c. 97, et la noie de M. Fricdberg.
ATTRIBUÉES A YVES DE CHARTRES. 429
livre I du Décret d'Yves. Beaucoup ont gardé dans notre collec-
tion le sommaire qui les précédait dans le Décret.
Les mêmes observations ont été faites sur le livre IV de la
première partie [de Ecclesiis) :
^
= i
Oécre/,
m,
3.
2
=
—
4 et début de 5.
3
=
—
2.
4
=
—
74 à 74.
5
=
—
75.
6
=
—
77.
7
=
—
83.
9
::=
—
9.
\0
=
—
^0.
\\
=z
—
41.
\2
^
—
34.
\Z
=
—
76.
U
=
—
45.
45
=
—
48.
\Ù
=
—
49.
a
:==
—
52.
\%
=
—
53.
49
=^
—
55.
20
:=
—
56.
2\
=
—
frag.
écourté de 59 (com-
menée à concedimus] .
22 et 23 [Ei
si non aliis^
et sicut non alii) =
—
frag.
de 60.
24 [Prœcipimus] =
—
fin de 64.
25
=
—
66.
26
=
—
67.
27
=z
—
85.
28
■=.
—
86.
29 [Nullus]
=
—
fin de 88.
30
=
—
90.
34
=
—
début de 96.
32
=
—
98; jusqu'à Aa?c/?ic
33
=z
—
fin de 98.
34
—
—
4 04.
35
:zz
—
223-225.
4897
28
430 LES COLLECTIONS CANONIQUES
36 = — 226.
37 = — 104.
38 = — 105.
39 = — i06.
AO = — -108.
Ces analogies se poursuivent jusqu'à la fin du livre. En voici
la preuve :
86 = Décret, III, ^^.
87 = — 43 (moins la fin).
89 = — 220.
90 = — 274.
91 = — 42.
92 =: — 32.
93 = — 25.
94 = — 24.
95 = — ^3.
96 = — U.
De même, le livre III de la collection Génovéfaine, de sacra-
mento altaris, contient beaucoup d'éléments qui lui sont com-
muns avec le livre II du Décret d'Yves.
Visiblement, en composant la première partie de son œuvre,
l'auteur de la collection de Sainte-Geneviève avait sous les yeux
le Décret d'Yves ; il y prenait la plupart de ses matériaux, trans-
portait dans son recueil les chapitres souvent précédés de leur
sommaire, mais ne se faisait aucun scrupule d'en modifier l'ordre
à son gré ou d'abréger les chapitres qui lui semblaient trop longs ^
'§ III. Collection du ms. Vatic. 1361.
Cette collection est contenue dans un manuscrit d'origine ita-
lienne .qui date de la première moitié du-xif siècle ^ D'après une
liste de papes qui a été transcrite au début, le manuscrit remon-
terait au pontificat d'Innocent II (1130-1143). D'une manière
1. Ces abréviations suffisent à écarter l'hypothèse d'après laquelle notre col-
lection serait la source et non le rejelon du /)ecre/ d'Yves. On y trouve souvent
les chapitres du Décret resserrés ou écourtés; mais jamais on ne constate que
la collection de Sainte-Geneviève présente un texte plus complet que le texte
correspondant du Décret d'Yves.
2. Le manuscrit est relié aux armes de Paul II.
ATTRIBUEES A YVES DE CHiRTRES. .^3^
plus précise, il appartiendrait aux années comprises entre le cou-
ronnement à Rome de l'empereur Lothaire 111(1133), mentionné
au premier feuillet, et la mort de ce prince survenue en 1137.
La collection du Vatic. 1361 a été considérée comme étant la
Panormia^, sans doute parce qu'on trouve au début le grand
prologue d'Yves, précédé de ces mots : « Incipit prologus Panor-
raie Ivonis Carnotensis episcopi de multimoda distinctione scri-
pturarura. » Mais une anomalie frappe immédiatement l'observa-
teur. La collection est partagée non en huit livres, comme la
Panormia, mais en treize livres, comme la collection d'Anselme
de Lucques ; d'ailleurs, par l'ordre d'après lequel ils sont dispo-
sés aussi bien que par les éléments qui les composent, ces livres
sont conformes à ceux d'Anselme de Lucques. Cependant, ce
n'est point le recueil d'Anselme pur de tout alliage qui y est con-
tenu; la collection du Vatic. 1361 est, en réalité, une combinai-
son de sa collection et de la Panormia.
Ainsi, le premier livre, qui. comprend 91 chapitres, a tiré plu-
sieurs séries de la Panormia, par exemple :
\ = Panormia^ I, \.
2 = — 2 et 3.
3 = — 4.
4 = _ 5.
5 = —6.
6 = — 7.
\A = — IV, 2.
^5 = — 3.
-16= _ 5.
48 = — 6 et 7. '
^9 = — 8.
20 = — 9.
24 à 26 = — iO à \o.
27 = — M.
28 = — 23.
29 = — 24.
30 = — 28 et 27.
Z\ = — 29.
32 = — 30.
1. Elle est ainsi citée dans l'inventaire des manuscrits de la Vaticane.
432
LES COLLECTIONS CA?(ONIQDES
33
34
32.
On trouve ailleurs d'autres séries analogues : ainsi, au livre V,
de ordinationibus ecclesiarum :
95
96
97
98
99
'102
403
404
405
406
407
.408
409
440
444
442
443
444
Panormia, III, 487.
— 488.
490.
494 à 493.
494.
4 95.
496.
497.
4 98 à 200.
204.
202.
203.
205 el 206.
207 et 208.
209.
240.
244.
242.
243 et 244.
245.
Je citerai encore la composition du livre X, de conjugiis. Les
52 premiers chapitres proviennent de la collection d'Anselme de
Lucques. Puis on trouve une série provenant de la Panormia
qui termine le livre, à savoir :
53
54
55
58-60
64
62
63
Panormia, yil,
86.
76.
84.
78-80.
84.
447.
70.
En somme, nous avons affaire à une collection d'Anselme de
Lucques dans laquelle on a cru bien faire d'insérer un certain
ATTRIBUEES A TVES DE CnARTRES. /(33
nombre de séries tirées de la Panormia. C'est par ce procédé
qu'un canoniste, sans doute Italien, car le manuscrit est d'origine
italienne, a jugé utile de mettre au goût du jour la vieille collec-
tion du contemporain de Grégoire VII ; en ce faisant il a rendu
un éclatant hommage à la vogue dont jouissait alors la Panor-
mia. — D'ailleurs, il a ajouté aux éléments que lui fournissaient
ces deux recueils quelques fragments plus récents, de l'époque
d'Urbain II, de Pascal II, de Calixte II*, voire même d'Inno-
cent IP. Les fragments empruntés au concile tenu par ce dernier
pape à Reims en 1131 , et peut-être au concile qu'il tint à Pise en
1134, donnent une date au delà de laquelle il ne nous est pas
permis de faire remonter l'œuvre du compilateur; vraisemblable-
ment, elle a été rédigée peu après 1134, et c'est à cette même
époque que remonte notre manuscrit.
§ IV. Collection en dix parties.
Au premier rang des collections qui procèdent de la Panor-
mia, il convient de placer une collection canonique en dix par-
ties, jusqu'ici inédite et d'ailleurs fort peu connue^.
Cette collection existe dans les manuscrits suivants :
Paris, Bibl. nat., latin 10743 (première moitié du xii*' siècle),
provenant de la cathédrale d'Evreux^
1. On trouve au livre IV, sous le n° 33, une série de canons du concile tenu
à Rome en 1123 par Calixte II.
2. On trouve au livre IV, sous le n" 42, le c. 1 des canons d'Innocent H au
concile de Reims : « Si quis prfcbendas; « sous le n" 47, le c. 15 du môme
concile (qui est aussi le c. 16 du concile de Lalran en 1139) : « Indubitatum. »
— Je dois signaler, sous le n" 44, le canon suivant : « Innocentius IIus. Statui-
mus quatinus episcopi, presbiteri, diaconi, subdiaconi, regulares vel monacbi
qui sacrum transgredienles propositum, uxores sibi copulare presumpserinl...
interdictione mulctentur. » Par le début, ce canon reproduit une décision du
concile tenu à Pise en 1134 par Innocent II (cf. le Supplément de Mansi à la
collection des conciles de Labbe-Coleli [Lucques, 1748], II, p. 418).
3. Elle n'a été signalée que par quelques pages des Disquisitiones de Theiner
(p. 165-171) et la notice ci-dessous mentionnée de M. Rose. — Theiner n'a
connu que le manuscrit de Vienne.
4. Format in-4°, 495 feuillets, première moitié du xii" siècle. Porte une
ancienne cote (xiV siècle) : « Iste liber est de thesauro Ecclesie Ebroicensis, »
et à la fin : « Iste liber est de Ecclesia Ebroicensi. » Le titre ancien qui lui est
donné est : Excepiiones ecclesiaslicarxm regularum. — Dans les premiers
feuillets se trouve une liste des papes avec la durée de leurs pontificats; le der-
434 LES COLLECTIONS CANONIQUES
Berlin, Codices Phillippici 95 (ancien 1746, n** 595 du cata-
logue de la bibliothèque du collège de Clermont), xif siècle ; décrit
par M. Rose*.
Vienne, Bibl. imp., ms. n° 2178 (Jur. canon. 91), connu de
Theiner^; xii" siècle.
Florence, Biblioteca nazionale, Conventi soppressi, D. 2, 1476
(SS. Annunziata)^
En outre, le manuscrit de la Bibliothèque nationale, latin 14145
(xif siècle), provenant de Saint-Germain-des-Prés, contient le
plan de la collection, moins celui de la dixième partie (qui n'est
pas mentionné), la capitulatio de la première partie et les sept
premiers chapitres de cette partie. Puis le manuscrit est inter-
rompu au fol. 14 ; on trouve ensuite des ouvrages très différents.
Je n'ai pas la prétention d'étudier ici en détail cette collection,
assez importante pour qu'une notice spéciale lui soit bientôt con-
sacrée. Je ne la décrirai que d'une façon sommaire, juste assez
pour établir les relations de filiation qui l'unissent aux œuvres
d'Yves, principalement à la Panormia.
La collection s'ouvre par une préface qui lui est propre ; Thei-
ner l'a publiée d'après le manuscrit de Vienne^ et M. Rose d'après
le manuscrit du collège de Clermont °. L'auteur y indique son
plan, qui comporte une division générale en dix livres ; les livres
sont subdivisés en titres, dont chacun comprend un certain nombre
de chapitres. Les chapitres ne sont point précédés de sommaires
qui leur soient spéciaux ; un système ingénieux de points placés
nier nom inscrit de la même main qui a écrit le corps de la liste est celui du
pape Honorius 11(1124-1130). Ce manuscrit m'a été gracieusement communiqué
à Grenoble; c'est à lui que se rapportent mes citations.
1. Die Handschriften-Verzeicknisse (1er kôniglichen Bibliothek zu Berlin^
t. XII : Verzeichniss der Laieinuchen Handschriften, t. I (n° 95), p. 205-212.
2. Sur l'origine de ce manuscrit, M. A. Goldmann, que j'ai consulté, a eu
l'obligeance de me répondre qu'il lui semblait irjipossible d'arriver à une con-
clusion certaine. A la fin du manuscrit se trouvent des lettres du pape Eugène III
et une du pape Lucius II relatives à diverses affaires concernant la Bohême et
la Moravie (Jaffé-Wattenbach, n"' 8651, 87G4, 8925, 8930, 8931, 9296; textes
publiés dans Theiner, DisquisUiones, p. 208-211). M. Goldmann attribue ce
manuscrit à une époque assez avancée du xii° siècle.
3. M. le conservateur des manuscrits de la Biblioteca nazionale m'a donné des
renseignements qui m'ont permis d'identifier sans hésitation le contenu de ce
manuscrit.
4. Op. cit., p. 16G et 167.
5. Op. cil,., p. 207 et 208.
ATTRIBUÉES A ÏVES DE CDARTRES. 435
en nombres différents sur les diverses parties du sommaire géné-
ral du titre montre quelle est la partie de ce sommaire qui con-
vient à chacun des chapitres. En voici un exemple. Le premier
titre du livre VII porte cette rubrique : « De nuptiis, quando,
à quibus, et ne occulte vel sine dote celebrentur. » La rubrique,
ainsi disposée, fournit un sommaire équivalent à cinq rubriques
spéciales. Les points, reproduits en marge des chapitres, éta-
blissent la concordance de chacun d'eux avec la portion corres-
pondante du sommaire général du titre.
L'auteur ne se borne pas à faire connaître dans sa préface les
principes sur lesquels il fonde sa division ; il exphque en outre
pourquoi il a tenu à placer en tête de son œuvre le grand prologue
d'Yves de Chartres, qu'il appelle le tractatus de consonantia
canonum. Vient ensuite ce prologue, destiné, dit l'auteur, à ser-
vir de flambeau au lecteur ; il est suivi (d'après l'ordre du manus-
crit de Paris) de l'exposé sommaire du contenu des dix livres,
imprimé à la suite de la préface par Theiner et par M. Rose.
Il n'est pas inutile de comparer la division en dix parties de
notre collection k la division en huit livres de la Panormia.
Cette comparaison amène à constater que, d'après les matières
qui y sont traitées, les portions I, II et III de la collection en dix
parties répondent respectivement aux livres I, II et III de la
Panormia et que, d'autre part, les portions V, VI, VII, VIII et
IX de la même collection répondent de même aux livres IV, V,
VI, VII et VIII de la Panormia; il est à remarquer, d'ailleurs,
que les sommaires généraux de chacun de ces livres sont, de part
et d'autre, conçus en des termes presque analogues.
Les deux livres originaux de la collection en dix parties sont le
livre IV et le livre X, dont voici les sommaires :
Quarta pars continet de régula beati Augustini et ejus observa-
lione, de archiepiscopo el episcopis ordinandis, de expulsis, de igno-
tis, de discordihus, quid in ecclesiis, quid par parrochias agant, de
ministris eorum, quomodo principihus concordent et malos coibeant,
de rébus, de sobrietale, de paupertate, de libertate, de testihus epi-
scoporum, de defunctis episcopis, de rcbus episcopalibus el ecciesia-
slicis, de presbiteris et ciericis ubi et quomodo vivant vel alios doceant,
de possessionibus eorumdem defunctorum.
Décima pars continet de penitencia et penilentibus el de discre-
436 LES COLLECTIOiVS CANONIQUES
lione iiitcr eos habenda; quomodo clcrici pcniteant, et de confessionc
peccatorum, et de satisfactioiie ac reconciliatione ; de raajoribus cul-
pis et minoribus et de penitcntibus et de emendatione omnium cri-
minum et redemptione jejuniorum.
En somme, à qui en considère le plan, la collection en dix par-
ties se présente comme une Panormia complétée. L'impression
n'est pas différente pour qui étudie le contenu de chacune des par-
ties. Sans doute, dans l'intérieur de chaque partie, les chapitres
sont groupés en titres, tandis que les manuscrits de la Panorynia
offrent seulement une division en livres et en chapitres. En réa-
lité, c'est la Panormia qui a fourni à la nouvelle collection non
seulement son plan, mais la plus grande partie de sa substance.
Pour en faire la preuve, il suffira de présenter ici quelques
exemples des emprunts faits par la collection en dix livres à la
Panormia.
Je tire d'abord des exemples de la première partie de notre col-
lection :
Partie I, titre r : De fide sancte Trinitatis.
Ce titre comprend uniquement Panormia, I, \.
I, II : De incarnatione et nalivitate Ghristi = Pan.., I, 2 à 4.
I, III : De quibusdam heresibus in omousion = P«w,, I, 5 et 6.
I, IV : Quid ad singulas personas proprie pertineat = Pan., I, 7.
I, V : De peccato originali et redemptione ejus sine qua nullus
salvatur = Pan., I, 8 et 9, et un fragment étranger.
I, VI : Quid apud veteres fîdes, sacrificium, circumcisio egerint =
Pan., I, -10 et -H, et un fragment étranger.
I, VII : Quod fides paternorum prosit infantibus = Pan.., I, -12,
et un fragment étranger.
I, VIII : Deœgrotis in baptismo respondere non valentibus = Pan.,
I, 43, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20 et 21 .
En continuant ces constatations, on constaterait, dans cette
première partie, la présence de 155 fragments au moins du livre I
de la Panormia (qui en contient 162). Ces fragments se pré-
sentent dans l'ordre où ils figurent dans la Panormia. Je dois
ajouter que la première partie de la collection comprend en outre
75 fragments étrangers à la Panormia.
J'emprunte maintenant des exemples à la troisième partie :
Le titre : « Quomodo et ubi eleclio pape fiat et ne a quoquam impe-
ATTRIBUEES A TVES DE CHARTRES. A37
dialiir, et de ordinalione « contient en tout sept chapitres, dont trois
sont fournis par les c. 1 et 2 du livre III de la Panormia.
Le litre ii : De professione pape, et ne quid co vivcnte et incon-
sullo de ponlificalu ejus tractetur, comprend uniquement les c. 3,
4 et 5 du livre III de la Panormia.
Les c. 6 et 7 du même livre de la Panormia se retrouvent dans le
titre IV : De examinatione episcopi, qui contient d'ailleurs dix cha-
pitres.
On trouve dans le titre vu les c. 8 et 9 du livre III Panormia.
— VIII \i —
— IX ^0 —
— — ^2 —
— — ^5 —
— — 46 —
— — n —
— X 20 —
— XI 24 —
Etc., etc.
Si nous considérons une autre série de cette partie III, nous
retrouvons :
Dans le titre xviii,
XIX
XX
XXI
XXIII
XXIV
Etc., etc.
Je signale encore, en particulier, le titre XXVIII, intitulé « de
Panormia,
m,
51.
—
53.
—
54.
—
55.
—
5C.
—
57.
—
.58.
—
59.
—
(iO.
—
64.
—
62.
—
63.
—
64-68
—
69.
—
70.
438 LES COLLECTIONS CANOx\IQUES
matrimonio Orientalibus presbiteris, diaconibus, subdiaconibus
concesso, Occidentalibus interdicto. » Ce titre est fait uniquement
des chapitres 84 à 100 de la Panonnia, livre IIP.
En somme, dans les 64 titres de la troisième partie de la col-
lection en dix parties, on retrouve, avec d'autres éléments, tout
le troisième livre de la Panormia.
Voici d'autres exemples tirés des parties VII et VIII de notre
collection, relatives au mariage, qui correspondent aux livres VI
et VII de la Panormia.
Le titre i : De nuptiis, du livre VII comprend les eh. ^-6 du
livre VI de la Panormia et un fragment étranger.
VII, ir = Pan., VI, 8 et 9.
VII, iir= — ^2à ^6.
VIII, XI = VII, 52 à 60 et un fragment étranger.
II en est de même du livre IX de notre collection (homicide et
autres crimes) :
IX, Yi = Pan., VIII, 9, iO em.
IX, VII = — ^2, 'la et U.
IX, VIII = — ^5à25.
IX, XTi= — 37 à 40.
On pourrait multiplier ces exemples, on arriverait toujours à
la même conclusion. Notre collection, dans ses livres I à III, V
à IX, est une réédition notablement augmentée de la Panormia.
En quoi consiste cette augmentation ? Ce n'est pas le lieu de
répondre ici à cette question, que je réserve à un mémoire spé-
cial. Il y sera aussi traité de la composition des portions IV et X
de la collection, qui ne correspondent à aucun livre de la Pa^ior-
mia. Je me borne seulement à ajouter que, parmi ces sources
complémentaires, il faut citer le Décret d'Yves.
En effet, on rencontre dans notre collection un certain nombre
de chapitres qui figurent dans le Décret d'Yves. Souvent aussi
ces chapitres figurent dans le Décret de Burchard, qui, d'ail-
leurs, comme on le sait, fut une source importante du Décret
1. De même le titre XXXI : « Item presbiteris, diaconibus, subdiaconibus
conlinendum ; minoribus si voluerint nubendum, » est fait des chapitres 102,
103, 105-111 du livre III de la Panormia.
ATTRIBUEES A ÏVES [)E CHARTRES. 439
d'Yves, de telle façon qu'on pourrait se demander si l'auteur de
la collection en dix livres les a pris dans le recueil d'Yves ou dans
celui de Barchard. Mais il se trouve quelques chapitres qui, étran-
gers à iJurchard, ont seulement trouvé place dans le Décret
d'Yves. Leur présence nous permet d'attribuer à ce dernier recueil
l'origine des fragments communs au Décret d'Yves et à celui de
Burcliard. Je citerai seulement* :
II, H, ^
— 5 =
11, IV, 3 =
II, V, r
— 3* --=
._ 4* =
II, VI, ^ =
— 3 =
II, VII, 2 =
— 3 =
III, LXIV, i =
m, Lxv, ^ =
— 2 =
— 3 =
IV, VI, 2 =
— 3 =
IV, VII, < =
— 3 =
l. Les fragments marqués d'un astérisque ne se trouvent que dans le Décret
d'Yves et non dans celui de Burchard. — Il se peut, d'ailleurs, que l'auteur de
Décret, III,
9.
—
^65.
—
54.
—
^0.
—
2H.
—
55.
—
5C.
XVI,
279.
—
2G^
m,
m.
11,
34.
IV,
^9.
III,
^62.
—
209.
XVI,
37.
—
30.
VII,
97.
—
85.
—
72.
—
M 3.
—
i\7.
—
^^8.
—
29.
V,
2^5.
—
^42.
—
U3.
—
U8.
—
^52.
—
<50.
440 LES COLLECTIO'VS CAXOXIQUES
De ces faits et d'autres faits analogues je conclus que, si la
Panormia est la source principale de la collection en dix par-
ties, le Décret d'Yves peut en être considéré comme une source
accessoire. Notre collection se rattache donc, sans contestation
possible, par la Panormia surtout, à la famille des recueils
cliartrains'.
Il sera alors facile de montrer ailleurs que le recueil en dix
parties est d'origine française. Divers éléments permettront d'en
déterminer approximativement la date; on }' trouve, en effet,
quelques fragments des décrets du pape Calixte II (1119-1124).
Il s'y rencontre aussi un fragment du traité de saint Bernard de
gradibus humilitatis ; or, ce traité, le premier des grands
ouvrages du célèbre abbé, est probablement antérieur à l'an-
née 1122^. D'autre part, la collection en dix livres comprend
quelques canons promulgués par le pape Innocent II au concile de
Reims en 1131^; mais ces canons, placés à la fin de diverses
notre collection ait eu recours à l'œuvre de Burchard, comme cela semble
résulter de certains indices.
1. Je dois faire remarquer ici qu'il existe des liens étroits entre notre collec-
tion en dix parties et la collection, dite de Térouanne, du Codex Gud. 212 de
la bibliothèque de Wolfenbiittel, écrit au xii'' siècle. Les analogies qui existent
entre ces deux collections seront étudiées ailleurs. Il me sulfira de mentionner
qu'on trouve dans la collection en dix parties et dans la collection de Térouanne
la même version des canons du concile de Clermont de 1095, les mêmes textes
du concile de Poitiers de 1100, des citations analogues avec l'indication ex cor-
pore canonum, une citation de Rémi d'Auxerre, de sacrameniis ecclesie{f), et
beaucoup d'autres fragments qui se correspondent. — Enfin, le manuscrit pari-
sien de la collection en dix livres contient, comme le manuscrit de Térouanne, le
sermon synodal Fratres, presbyteri et sacerdoies Domini (sur ce sermon, voir
dom Germain Morin dans la Revue bénédictine, année 1892, p. 99 et suiv.), et
la paix de Dieu, qui porte les noms de Drogon, évéque de Térouanne, et de Bau-
douin V, comte de Flandre. Évidemment, il existe un lien de parenté entre
notre collection et la collection de Térouanne. Sur celle-ci, voir Sdralek, Wol-
fenbiiitler Fragmente, Munster, 1894, in-8°.
2. Vaca-ndard, Vie de saint Bernard, 1, p. 156, note. — Dans la notice qu'il
a consacrée à saint Bernard au tome XIII de VHistoire littéraire, Daunou
déclare que ce traité est, en tout cas, antérieur à 1125. La réputation de saint
Bernard fut, de bonne heure, assez grande pour que son ouvrage ait pu
être cité.
3. Ainsi, à la fin de la seconde partie, on trouve quatre fragments du concile
de Reims : « Innocentius papa IIus in c. Remensi ; » ce sont les c. 9, 7, 14 et
13 de ce concile. — Dans les additions à la partie III, on trouve les c. 1, 2, 4,
5, 6, 8 et le texte résumé du c. 15. — Dans les additions à la quatrième par-
tie, on trouve le c. 3.
ATTRlUrEtS A ÏVtS DK CUAKTRES. AU
portions, semblent bien être des additions k l'œuvre primitive. On
ne se tromperait guère, je crois, en plaçant la rédaction de cette
œuvre entre 1125 et 1130.
Theiner a propo^jé d'attribuer la paternité du recueil en dix
livres à l'archevêque de Tours Hildebert de Lavardin. On peut
invoquer à l'appui de cette hypothèse des raisons assez spé-
cieuses*. Je me réserve de les exposer dans; la notice spéciale que
j'espère consacrer à la collection en dix livres. Il est d'ailleurs
certain que Hildebert a entrepris de composer une collection et
que, au moins en 1115, cette collection n'était pas encore ache-
vée^. Il y a donc probablement travaillé entre 1115 et 1 133, date
de sa mort ; or, cette période convient bien à la rédaction de notre
collection. Mais la préface particulière à ce recueil me semble se
concilier assez mal avec l'opinion proposée par Theiner. L'auteur
s'adresse évidemment à un haut dignitaire auquel il ne parle
qu'en termes humbles^; on ne se les expliquerait pas dans la
bouche de Hildebert, évêque du Mans ou archevêque de Tours.
Ajoutez qu'il n'est pas permis de voir dans ses préfaces l'œuvre
d'un secrétaire qui s'adresserait à Hildebert, car, dans sa
lettre XXVII, Hildebert nous laisse entendre que lui-même com-
posait sa collection''.
Si, poui' ces raisons, nous devons probablement écarter l'hypo-
thèse deTheiner, il en est une qui pourraitètre suggérée etqu'il faut,
pour cette raison, mentionner ici ; mais je ne crois pas qu'elle mérite
plus de succès. D'après un renseignement quej'ai déjà eu l'occasion
de signaler et qui provient de Vincent de lieauvais^, un certain
Hugues de Châlons aurait abrégé la Panormia. Ne faudrait-il
pas imputer notre collection à ce personnage énigma tique? Je ne
le pense pas. Pour repousser cette idée, il est permis d'invoquer
1. DisquisUiones, p. 169. Ces raisons ne sont pas les raisons données par
Theiner. On sait, notamiuent, le cas qu'il faut faire des prétendus textes qu'il
rencontre ici et qu'il attribue au concile de Nantes tenu en 1127; ce sont les
textes qui figurent dans les collections d'Yves. Je renvoie à ce que j'en ai
dit ci-dessus dans mou élude sur le Décret, p. 73. La présence de la grande
préface d'Yves, tant de fois répétée au xii» siècle, n'a aucune signification.
2. Voir plus haut, p. 319, note 1.
3. La préface commence par ces mots : « Voluntati vestre, reverenlissime
pater, ut valui, parui. » Ce n'est pas le ton d'un homme constitué en dignité.
4. Il dit (Epistolae, II, 27) que c'est lui qui en a réuni les premières parties :
« Atque ad id peragendum quod restât, episcopum deponemus. »
5. Spéculum historiale, XXVI, 84.
442 LES COLLECTIONS CANONIQUES
les mêmes raisons en vertu desquelles j'ai refusé d'attribuer à
Hugues un extrait de la Panormia signalé plus haut^ On peut
ajouter que, d'ailleurs, la collection en dix parties ne saurait être
considérée comme un abrégé de la Panormia. Au surplus, on
verra plus loin^' que cette collection était regardée à Châlons,
vers le milieu du xii'' siècle, comme l'œuvre d'Yves de Chartres ;
tel était, du moins, l'avis de l'évêque de Châlons Haimon de
Bazoches, qui réduisit notre recueil à un court résumé. Or, si ce
recueil eût été en réalité le travail d'un canoniste de Châlons, on
n'en eût point perdu la mémoire vingt ans après dans cette même
éghse. Il me semble donc sage de nous résigner à ignorer encore,
provisoirement du moins, le nom du canoniste qui a composé,
entre 1125 et 1130, la collection en dix parties, édition revue et
considérablement augmentée de la Panormia.
§ V. Abrégé de la collection en dix parties ou « Summa decretorum
Haimonis. »
Un écrivain du milieu du xir siècle a rédigé de la collection en
dix livres un abrégé dont nous possédons un certain nombre de
manuscrits.
Les manuscrits connus de cet abrégé sont les suivants :
Bibl. nat., latin 4377, provenant de Colbert; xii^ siècle.
Bibl. nat. , latin 4286, provenant de Saint-Martin de Tournay ;
xif siècle.
Oxford, Bodleienne, Laud', D. 82 ; xiif siècle.
Bibl. roy. de Munich, 2594 (Aldersbach 64) ; xif-xiif siècle 3.
Un point paraît certain, c'est que le personnage nommé Hai-
mon, auquel cet écrit est attribué par les manuscrits, est Haimon
de Bazoches, qui fut évêque de Châlons-sur-Marne en 1152 et
mourut en 1153.
Un autre point est incontestable : cet abrégé a été fait sur la
collection en dix livres, qui vient d'être étudiée, et non sur la
Panormia.
On peut, en outre, être assuré que l'auteur du résumé croyait
abréger la Panormia d'Yves, ainsi qu'il le dit lui-même dans la
1. Voir plus haut, p. 414.
2. Voir ci-dessous, p. 443.
3. Je connais ce manuscrit par des renseignements dus à robligeance de
M. Hermann Grauert, professeur à l'Université de Munich.
ATTRIBUKES A YVES PK CHARTRES. ^^3
préface placée en tête de son recueil. Pour lui, la collection en
dix livres avait absolument remplacé la véritable Panonnia.
Dans le manuscrit 4377 de la Bibliothèque nationale, la collec-
tion s'ouvre par quelques pages où se trouve résumée la doctrine
sur l'interprétation des canons, qui est contenue dans le grand
prologue d'Yves. Ce document commence ainsi : « Haimo Doi
gratia id quod est. Sanctorum ac venerabilium patrum nominibus
ordine dispositis... »
A plus d'une reprise, dans cet exposé de principes, les expres-
sions d'Yves de Cliartres sont reproduites textuellement. La der-
nière phrase renvoie directement au prologue complet ; elle est
ainsi conçue ;
Hœc de expositione canonum breviter dictata transcurrinius, que
si lectori non sufliclunl, opusculum diiïusius quod de eisdem cano-
num reguHs venerabilis Garnolensis episcopus inscripsit inspiciat;
ibi que brevius bic persLrinximus lalius dispuLata reppcriel.
Vient ensuite une autre préface, œuvre de l'auteur du résumé,
qui commence ainsi : « Haimo Dei gratia id quod est. Prologus in
libro qui dicitur Summa decrelorum. Preceptiones canonum seu
prohibitiones... » C'est la préface imprimée par Theiner et par
M. Rose.
L'auteur, après avoir dit combien il est difficile de se recon-
naître dans la masse énorme des textes canoniques, rappelle que
plusieurs docteurs ont essayé d'en faire des abrégés. C'est alors
qu'il cite Yves de Chartres, auquel il attribue la paternité d'un
recueil en dix parties, qui n'est autre que la collection précédem-
ment étudiée : « Ex quibus gloriose memorie venerabilis Ivo Car-
notensium episcopus exquisita diligentia de pretaxatis canonum
regulis quedam capitula ordinavit et ad numerum X librorum
laudabili redegit compendio. » Mais ce recueil est encore trop
vaste, aussi a-t-il paru nécessaire d'en faire un sommaire :
« Teraptavi ego summarium illius facere et volumen ejus in libel-
lulum redigere manualem. » Notre collection n'est autre chose
que ce manuel.
Elle est, comme la collection mère, partagée en dix parties ; la
distribution des matières est naturellement identique dans la col-
lection en dix livres et dans son abrégé. En tète de chaque partie
sont reproduits les sommaires généraux qui figurent dans la col-
lection en dix livres. L'ordre des textes de cette collection est,
444 LES COLLECTIOXS CANONIQUES ATTRIBUEES A YVES DE CHARTRES.
dans chaque partie, conservé à peu près exactement ; mais les
cajntula ne sont pas reproduits intégralement. L'auteur s'est
borné à en donner un abrégé et encore s'en faut-il de beaucoup
que tous les chapitres de la collection en dix livres soient ainsi
représentés par des sommaires.
Voici un extrait pris au hasard dans le travail accompli par
Haimon de Bazoches*. On verra que les textes y sont analysés,
mais non cités.
Johannes papa VIII"^ Quod privilégia paucorum non faciunt uni-
versalem logera^.
Silvester papa. Quod prima sedes à nomine judicanda est, nec
ejus judicium ab aliquo retractandum est 3.
Zosimus. Quod contra slatuta patrum concedere aliquid vel mutare
nec hujus sedis potest auctorilas^.
Léo papa. Sicut quedam sunt que nulla possunt ratione convelli,
ità multa sunt que aut pro consideratione servata etatum aut pro
necessitate rerum oporlet temperare^.
J'en ai dit assez, je crois, pour caractériser ce manuel fait sur
la collection en dix parties, c'est-à-dire sur une édition refondue
et considérablement augmentée de la Panormia d'Yves.
Paul FOURNIER.
(A suivre.)
1. Je l'emprunte à la cinquième partie. Ces abrégés forment dans la Summa
de Haimon une série continue; on en peut conclure que Haimon a négligé de
résumer nombre de chapitres de la collection en dix parties.
2. Abrégé de la collection en dix parties, V, i, 9.
3. Abrégé de V, ii, 1.
4. Abrégé de V, ii, 7.
5. Abrégé de V, iv, 1.
NOTICE SUR UN TEXTE
CONCERNANT
L'HISTOIRE DE LA GAULE
AU V« SIÈCLE DE NOTRE ÈRE.
Dans la compilation indigeste et pourtant fort intéressante qui
constitue le commentaire de Lucain publié par M. Usener,
d'après le ms. de Berne 370', il y a un passage qui, suivant nous,
peut être daté ; c'est une glose sur le livre I, vers 435 :
Gens habitai canas pendenli rupe Cebennas.
La glose sur Cebennas, écrit Gebennas, est : Burgundionum
clausurae sunt quas inter se et Gallos habent-. Elle a été
écrite à une date où les Cévennes séparaient les Burgundes des
Gain ou, en d'autres termes, des Gallo-Romains, sujets de l'em-
pereur qui trônait à Ravenne, c'est-à-dire entre les années 4G1
et 475. Sous l'empereur Majorien, 457-4GI, Lyon n'était pas
encore occupé par les Burgundes, qui, par conséquent, n'attei-
gnaient pas les Cévennes; et, à partir de l'occupation de Cler-
mont, capitale des Arverni, par les Visigoths en 475, les
Cévennes séparèrent les Burgundes non plus des Galli, c'est-à-
dire des Gaulois soumis à l'autorité de l'empire romain, mais des
Visigoths. Les Burgundes, à cette date, étaient maîtres de Lyon
et des rives droites du Rhône et de la Saône.
1. Scholia in Lucani bellum civile, pars prior, commenta Berncnsia. Leipzig,
Teubner, 1869, in-S".
2. Usener, p. 31-32.
4897 29
446 XOTICE SUR DN TEXTE
Précédeaiment et encore au temps de l'empereur Majorien,
457-461, Lyon, comme Clermont-Ferrand, n'avait pas cessé
d'appartenir à l'empire romain d'Occident. On le voit par les vers
de Sidoine Apollinaire, lyonnais d'origine et plus tard évêque
de ClermontS quand, s'adressant à Majorien, vers l'an 458, il
lui dit :
... Nostris petimus succurre ruinis
Lugdunumque tuam, dum prseteris, aspice victor^.
... Fuimus vestri quia causa triumphi,
Ipsa ruina placet^...
Ut reddas patriara simulque vitam,
Lugdunum exonerans suis ruinis,
Hoc te Sidonius tuus precatur''.
Majorien, mécontent des Lyonnais, qui probablement, au
début de son règne, avaient refusé de le reconnaître % avait tri-
plé leur impôt direct, c'est-à-dire le nombre de leurs capita,
Sidoine voulait obtenir décharge de cette aggravation :
Geryonem nos esse puta, monstrumque tributum;
Hinc capita, ut vivam, tu mihi toile tria^.
Il paraît donc évident que l'agrandissement du territoire bur-
gunde, en 456" ou 457^, n'atteignit pas d'abord Lyon et ne
1. Il devint prêtre ea 468, évêque de Clermont vers l'année 472.
2. Panégyrique de l'empereur Majorien, vers 575-576; édition donnée par
Krusch dans les Monumenta Gennanix historica^ ia-i", p. 201.
3. Panégyrique de l'empereur Majorien, vers 585-586, éd. Krusch, p. 202.
4. Carmina, XIII, 23-25; éd. Krusch, p. 232.
5. Binding, Daa burgundisch-romanische Kœnigreich, p. 62.
6. Carmina, XIII, vers 19-20; éd. Krusch, p. 232.
7. a 450. Eo anno Burgundiones parlem Galliae occupaverunt et terras cum
( Gallis senatoribus diviserunl. » Marii Chronicon, chez Mommsen, Chronica
minora, t. II, p. 232.
8. « 457. Theodoricus, rex Gothorum, Suevos prœlio devicit, interfecto rege
« ipsorum Reciario, ad inliinum usque perdomuit. Post cujus cœdem Gundio-
« eus, rex Burgundionuni, cum génie et omni prsesidio, annuente sibi Theudo-
« rico ac Gothis, intra Galliam ad habilandum ingressus, societate et amicitia
« Gothorum funclus. » Prosperi continuatio Havniensis, chez Mommsen, Chro-
nica minora, t. I, p. 305. Cf. Grégoire de Tours, II, 9 : « Burgundiones...
c habilabant trans Rhodanum, » éd. Ârndt, p. 77, 1. 12-13.
CO>CERNAXT L niSTOIRE DE LA GACLE. 147
dépassa pas alors la rive gauche du Rhône et de la Saône, Les
Burgundes, établis en Savoie en 443', ne sont parvenus que par
des développements successifs à s'emparer du vaste territoire où
nous les trouvons établis au vi" siècle et même dès la fin du v".
A quelle date les Burgundes devinrent-ils maîtres de Lyon ?
C'est ce que l'on ne peut déterminer avec rigueur. C'est en 461
au plus tôt, c'est-à-dire à la mort de Majorien. Mais à quelle date
peut-on reculer cette conquête? C'est douteux. Ce qui paraît le
plus vraisemblable, c'est qu'en 473, Lyon est devenu la capitale
du roi Hilpéric II, un des quatre fils du roi Gundioc^ qui, se
partageant le royaume burgunde, en firent une tétrarchie. Dans
deux lettres, écrites en 474 et insérées sous les numéros 6 et 7
au livre V de ses Epîtres, Sidoine Apollinaire parle de Hilpéric;
il le fait dans la première en termes exprès, il informe son cor-
respondant d'une dénonciation secrète adressée magisiro mili-
tum Chilperico, victoriosissirao viro, contre un certain Thau-
mastus, frère du destinataire^. Dans l'autre lettre, adressée h ce
même Thaumastus, et où Sidoine expose les plaintes de la Gaule
opprimée même par les barbares les plus doux, inter clemen-
tiores barbaros Gallia gemit^, il revient sur le sujet, traité
dans la lettre précédente, c'est-à-dire sur les dénonciations faites
à Hilpéric, qu'il désigne alors par deux expressions différentes :
1" « notre tétrarque, » tetrarcham nostriim'^, allusion à la divi-
t. « XX. Sapaudia Burgundionurn reliquiis datur, ciirn indigenis dividfMida. »
Chronica gallica anni 452, Momrasen, Chronica minora, I, 660; D. Bouquet,
I, 639 c; Migne, Patrologia latina, LI, 865 c. Les mots Burgundionurn reli-
quiis (lalur s'expliquent par un passage de la même chronifpie, où {luelrjucs
lignes plus haut, sous la date de 436, on lit : Dellum contra Burgundionurn
gentem memorabile exarsit, quo universa pune gens cum rege per Aediim
(Meta. Sur la chronique dont ces passages sont extraits, voir Potlhast, Biblio-
theca historica medii xvi, 2° éd., 1. 1, p. '271. Cf. Prosper, A.D. 435, Mommsen,
Chronica minora. I, 475.
2. M. Binding, Bas burgundisch-romanische Kœaigreich, p. 58, a émis
rhypothèse que la capitale de Gundioc aurait été .\mbérieux, qui resta théori-
quement capitale au vi" siècle, puisque deux lois burgundes en sont datées. La
capitale du roi Hilpéric !"■, frère de Gundioc, était Genève.
3. Éd. Krusch, p. 81, 1. 19, 20. Thaumastus et son frère étaient accusés de
reconnaître empereur d'Occident Nepos, qui venait de détrôner Glycerius, pour
lequel les Burgundes tenaient toujours.
4. Éd. Krusch, p. 82, 1. 5.
5. Ibid., p. 82, I. 2.
448 NOTICE SUR ON TEXTE
sion de l'état burgunde en quatre roj^aumes; 2° « puissance qui
« présentement régit la Lyonnaise germanique, » quandiuprœ-
sens potestas Lugdunensem Germcmiam régit ^. C'est en
qualité de Lyonnais que Sidoine appelle Hilpéric notre té trarque;
c'est comme roi barbare résidant à Lyon que Hilpéric est dési-
gné par cette formule emphatique, « pouvoir qui présentement
régit la Lyonnaise germanique. » Hilpéric et sa femme Caretena,
enterrée plus tard à Lyon, sont l'un le roi qui, présent aux dîners
del'évèque de Lyon Patiens, ne cesse de louer ces bons repas, et
l'autre, la reine qui ne cesse de louer les jeûnes du même prélat,
comme on lit dans une lettre de Sidoine Apollinaire à cet
évêque%
Il faut bien admettre que les évêques, comme les prêtres, cau-
sant entre eux, aient quelques moments de gaîté, et que le sujet
en soit quelquefois fourni par les meilleures paroissiennes.
Patiens faisait de bons repas quand les lois de l'Eglise le per-
mettaient ; il jeûnait aux dates prescrites.
Les Burgundes étaient alors alliés de l'empire romain contre
les Yisigoths qui voulaient s'emparer de Cler mont- en- Auvergne,
viUe épiscopale de Sidoine Apollinaire, voisine à l'est des Bur-
gundes, à l'ouest des Visigoths.
« Notre viUe, » écrivait en 473 ou environ Sidoine Apolli-
naire, « est une sorte de barrière qui marque la limite entre les
«nations voisines, et leurs armes nous terrifient; placés au
« milieu d'elles, nous sommes une proie lamentable qu'elles s'en-
« vient; suspects aux Burgundes, voisins des Goths, nous inspi-
« rons la colère aux Goths qui nous attaquent, la jalousie aux
« Burgundes qui nous défendent^. »
La glose sur Gebennas : Burgundionu7n clausurœ sunt
quas iiiter se et Gallos habent, peut être contemporaine de
cette lettre. A partir de l'an é75, où les Visigoths s'emparent de
Clermont, les Gévennes séparent les Burgundes des Msigotbs, non
plus des Gain. Dans la langue de l'empire romain, l'expression
Gain désigne la population sujette de cet empire entre les Alpes,
1. Éd. Krusch, p. 83, l. 16-17.
2. Episi,. VIII, 12, éd. Krusch, p. 101, I. 20-21 : Vt constat indesinenter
regem prxsentem prandia tua, reginam laudare jejunia.
3. Epist., 1. III, 4, éd. Krusch, p. 43, 1. 6-9.
CONCERNANT L'HISTOIRE DE LA GAULE. i-'iO
la Méditerranée, les P3'rénées, l'océan et le Rhin ; à partir de la
conquête barbare la même population prend le nom de Uoniani.
On peut comparer au passage de Marius d'Avenche précité,
racontant le partage du sol entre les Burgundes et les Galli sema-
tores \ en 456, les quelques mots par lesquels Grégoire de
Tours, dans son récit des événements de l'année 500, expose que
le roi Gondebaud donna aux Burgundes des lois plus douces pour
les empêcher d'opprimer les Romains : ne Romanos obprœ-
merent '-.
H. d'Arbois de Jubainville.
1. De celte expression rapproclier celle de Gallus civis employée dans la
chronique d'idace pour qualifier Avitus, quand elle raconte l'élévation de ce
personnage à la dignité impériale en -155. Mommsen, Chronica minora, 11, 27.
2. Historia Francorum, 1. H, c. 33; éd. Arndt, p. 96, 1. 13, à rapproclier l'ex-
pression Lex romana dans le c. t du concile d'Orléans en 511, et l'emploi du
mol romanus dans la loi salique et dans celle des Burgundes.
BIBLIOGRAPHIE.
P. Meïer. Notice du nis. Bibl. nai. fr. 6447 [Traduction de divers
livres de la Bible. — Légendes de saints). Paris, Impr. nationale;
C. Klincksieck, -1896. In-4°, 80 pages. (Extrait des Notices et
Extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale et autres
bibliothèques. T. XXXV, 2" partie.)
Le manuscrit de la Bibliothèque nationale fr. 6447 (anc. suppl.
fr. 3007''), écrit en Flandre à la fin du xiii<^ siècle, contient des Annales,
une version de la Bible, des Légendes de saints, les sermons de Mau-
rice de Sully, d'autres sermons anonymes, un manuel de confession,
des Annales de terre sainte, le tout en roman. La première et la der-
nière composition étaient connues; l'une a été examinée par M. L.
Delisle dans l'Histoire littéraire de la France, t. XXXII, p. 210-2H, et
l'autre publiée par M. Rôhricht dans les Archives de l'Orient latin, t. II,
2« partie, p. 427 et suiv. La copie des sermons de Maurice de Sully a
été étudiée et classée par M. P. Meyer dans un mémoire spécial {Roma-
nia, t. XXIII, p. 177-191). La partie vraiment curieuse du volume est
une traduction partielle de la Bible comprenant la Genèse, l'histoire de
Moïse, les Juges, les Rois et les Machabées.
On connaît, grâce surtout aux publications sur la matière de MM. Sa-
muel Berger et P. Meyer, différentes traductions intégrales ou partielles
de la Bible'. Celle qu'examine cette fois M. Meyer n'est ni une des
traductions connues, ni, pour parler exactement, une traduction nou-
velle. C'est un récit dont l'auteur tantôt traduisait la Vulgate, tantôt se
contentait de mettre en prose des poèmes français bibliques. Les trente
et un premiers chapitres de la Genèse représentent un poème en vers
1. J'ai relevé dans les catalogues manuscrits de la bibliothèque du roi à
Turin la mention de deux mss. qui, je crois, n'ont pas encore été signalés et
que malheureusement je n'ai pas eu le temps d'examiner. Dans l'un des cata-
logues, ils sont ainsi cotés : Psaumes de pénitence, xV s. — Il 82; Bible de Sens,
XIV* s. — H 200. L'autre catalogue est plus explicite : Psaumes du saint roi
David, écrits en l'an M CGC, avec variantes et annotations, ms. trouvé à Brou.
— La Bible de Sens est dédiée par l'auteur, « Pierre, sers prestre doyen de
Trel, » à l'archevêque Guillaume, comme on le voit dans la miniature du
1" feuillet.
BIBLIOGRAPHIE. 451
octosyllabiques, aujourd'hui perdu, mais dont M. Meyer a mis l'exis-
tence hors de doute, dont il a pu même signaler les caractères princi-
paux et reconstituer des vers. Le poète, qui traduisait très librement,
« aimait à développer les scènes dont la Bible lui offrait le canevas et
excellait à mettre en relief tout ce que ces antiques récils pouvaient
contenir de scabreux. » 11 « travaillait sur une bible accompagnée de
commentaires. La mise en prose n'est pas partout également lidèlo; en
maint endroit le poème parait avoir été abrégé ou du moins remanié
assez librement, mais çà et là on retrouve sans peine plusieurs vers
consécutifs de l'original. » C'est au cours du 31« chapitre de la Genèse,
au moment où va commencer l'histoire de Joseph, que la rédaction en
prose abandonne le poème envers octosyllabiques pour suivre le poème
en alexandrins d'Hermann. Immédiatement après la Genèse, le prêtre
de Valenciennes raconte l'histoire de Moïse, d'après l'Exode et le Deu-
téronome, puis celle de Samuel; le prosateur le suit Odèlement jusqu'à
la fin de l'histoire de Moïse, après laquelle il donne la traduction des
Juges, que M. Meyer a étudiée ailleurs {Romania, t. XVII, p. 1.32-134)
d'après d'autres manuscrits, puis la version des Rois aussi étudiée précé-
demment par M. Meyer {Romania, t. XVII, p. lîG-lîS). Au (juatrième
livre des Rois succèdent les Machabées, dont le texte en certains endroits
reproduit exactement celui de la Vulgate, en d'autres est la mise en
prose de vers alexandrins qui ne sont pas d'Hermann de Valenciennes,
en d'autres enfin est tiré d'un poème en vers octosyllabiques. Des
poèmes dérimés par le compilateur, M. Meyer n'a pu identifier que
celui d'Hermann; les autres n'existent plus ou n'ont pas encore été
retrouvés. L'un d'eux, en vers octosyllabiques, était tiré des Antiquités
juives de l'historien Josèphe.
Le texte des légendes pieuses et des sermons offre par lui-même beau-
coup moins d'intérêt que celui de la traduction de la Bible, parce que,
sauf de rares exceptions, il était déjà connu par d'autres copies. Mais
c'est souvent la sauce qui fait la valeur d'un mets. Il n'est pas un
savant qui connaisse comme l'illustre directeur de l'Ecole des chartes
les fonds français des différentes bibliothèques de l'Europe, pas un qui
possède comme lui la bibliographie manuscrite, si l'on peut s'exprimer
ainsi, de notre ancienne littérature. Lorsqu'on rencontre une copie nou-
velle d'un poème épique, d'un roman d'aventures, d'un mystère, d'une
chanson ou de quelqu'autre composition d'un genre bien étudié, il est
facile de l'identifier et d'en réunir la bibliographie; mais lorsqu'il s'agit
d'œuvres de moindre importance, d'œuvres dont on s'est jusqu'ici peu
occupé, de traités ascétiques, de légendes pieuses, de sermons anonymes,
d'un manuel de confession, la difficulté souvent est grande d'en déter-
miner l'identité, de savoir si elles ont été imprimées, dans quels autres
manuscrits on pourrait les retrouver, ou si elles sont encore inconnues.
Si les recherches dans cet ordre d'études commencent à devenir plus
452 BIBLIOGRAPHIE.
simples, c'est précisément parce qu'on y est aidé par les nombreuses
notices de manuscrits que M. Meyer a publiées depuis quelques années
dans la Romania, dans les Notices et Extraits des manuscrits de la Biblio-
thèque nationale et autres bibliothèques et dans le Dulleti7i de la Société
des ancieris textes, notices sur lesquelles j'appelle l'attention des lecteurs
qui ne les connaîtraient pas, aussi bien que sur celles que je signale
aujourd'hui.
Le ms. 6447 contient 69 légendes, sur les sources et la bibliographie
desquelles M. Meyer donne, comme toujours, des indications brèves,
mais suffisantes à tous ceux que le sujet intéresse. Deux seulement de
ces légendes n'ont pas encore été retrouvées dans d'autres mss. : une
Vie de saint Biaise et une Vie de sainte Marthe, celle-ci écrite en vers et
prose entre 1244 et 1280, à la demande de Marguerite, comtesse de
Flandre et de Hainaut^.
Ernest Lanqlois.
Un trouvère picard des XFP et Xllt siècles : Raoul de Houdenc,
sa vie et ses œuvres (H 70-^226), par L. Vcilhorgne. Beauvais,
impr. D. Père, A. Cartier gérant, ^896. In-S», 45 pages.
En entreprenant ce travail, dit M. Vuilhorgne, « nous avons cédé à
un sentiment de patriotisme local, » c'est-à-dire au désir de reven-
diquer pour Houdenc en Bray l'honneur d'avoir donné naissance à l'au-
tour de Mcraugis. Il a en effet fort bien réfuté les arguments qu'on a
jusqu'à présent mis en avant pour reconnaître dans Houdaing, près de
Mons, le lieu d'origine du trouvère, mais il est bien forcé d'avouer
qu'il n'a rien trouvé en faveur de son Houdenc, sans compter les
nombreuses localités du même nom de Picardie ou d'ailleurs qui pour-
raient peut-être prétendre à la même illustration. L'origine picarde
de Raoul de Houdenc reste cependant la plus vraisemblable. En
résumé, si ce travail n'apporte pas de contribution notable aux études
des romanistes, il permettra aux compatriotes de M. Vuilhorgne qui
ont déjà eu occasion d'apprécier ses estimables travaux d'histoire
locale de connaître les œuvres d'un des meilleurs trouvères et d'en lire
une analyse très développée et faite avec intelligence.
1. La dernière des vies de saints est celle de saint Quentin en vers, par
Hue de Cambrai. A propos de l'auteur, M. Meyer dit : « Ce n'est pas ici le
lieu d'examiner s'il doit être identifié avec le trouvère bien connu Hue le roi,
de Cambrai. Disons toutefois que l'identification nous paraît fort probable. »
Celle réserve ne peut être qu'un lapsus: l'auteur en effet, au 37' vers, imprimé
en gros caractères par M. Meyer, donne non seulement son nom, mais aussi son
surnom : Hues li rois, de Cambrai. L'identification est donc certaine.
BIBLIOGRArniE. 433
Michel Menot. En quelle languie a-t-il prêché? — So7i genre d'élo-
quence. — Esmi de restitution^ en français du conimencement du
A'VV siècle, des sentions « sîir l'Enfant prodigue -a et <i sur la
Madeleine, » par Armand Gasté. Caen, Henri Delesques, 1897.
In-8°, H pages. (Extrait des Mémoires de l'Académie nationale
des sciences, arts et belles-lettres de Caen, ^897.)
Les sermons de la fin du xv<= siècle et du commencement du xvi"
ont-ils été prononcés dans un latin très plat entrelardé de lambeaux de
phrases françaises, c'est-à-dire dans l'état où les éditions gothiijuos
nous les ont conservés? Hauréau s'est prononcé pour l'altirmation, et
tout récemment M. Piaget, qui a traité des sermonnaires dans Vllisloire
de la langue et de la litlérature françaises, publiée sous la direction de
M. Petit de JuUeville, a adopté la même solution; M. Gaston Paris,
dans un important compte-rendu de l'ouvrage \ trouve que « la ques-
tion présente encore bien des obscurités » et regrette que M. Piaget
n'ait pas donné des sermonnaires « des citations non faites avant lui. »
M. Gasté est au contraire persuadé, avec Lecoy de la Marche, M. l'abbé
Bourgain et plusieurs autres, que les sermons du xiv» et du w" siècle
étaient comme aujourd'hui prononcés en français et que les éditions ne
nous en donnent qu'une traduction; il a trouvé dans Menot quelques
passages qui n'avaient pas été relevés et fournissent un argument con-
sidérable en faveur de sa thèse. Je citerai les plus frappants : dans un
sermon de carême, le prédicateur, après une longue citation latine de
l'Apocalypse, s'écrie : 0 amici mei, hoc est jnuUum latine loqui, utnr
nimis verbis latinis. M. Gasté rapproche ce texte signiQcatif d'un pas-
sage d'un sermon d'Olivier Maillart qu'il traduit ainsi; le prédica-
teur vient de même de citer quelques textes latins : Mesdames, vous
pourriez objecter entre vous : nous n'avons pas appris le latin, aussi
nous ne comprenons pas ce que vous dites. Patience! je vais vous l'expli-
quer. Or, dans l'édition, l'explication qui suit est encore en latin.
Une phrase contenant un jeu de mots de mauvais goût, qui n'a de
signiQcation qu'en français, est donnée en latin, où le calembour a dis-
paru. C'est une allusion à l'usage liturgique de voiler les statues pen-
dant le carême. « L'Église cache les saints; pour Dieu, mesdames,
cachez les vôtres ; en carême, le marché à viande est fermé. Ovos, domina;,
qusB vos ornalis ad bragandum, rogo vos ut videatis modum Ecclesix et
quo modo nos habemus hodie in ecclesia; et videbilis quod abscondimus
sanctos. Amore Dei, abscondatis sinus veslros, quia macellum est clau-
sum in XL^. »
Joseph GouR.vYE DU Parc.
1. Romania, 1896, p. 607.
454 BIBLIOGRAPHIE.
Die polit ischen Beziehungen Kaiser Ludwigs des Baiern zu Frank-
reich in den Jahren 1314-1337, von Georg Sievers. Berlin,
E. Ebering, ^896. In-8°, vi-206 pages. (Dans la collection des
Historische Studien.)
Nous ne voulons pas nous étendre beaucoup en signalant le volume
que M. Sievers vient de publier sur les Relations politiques de Louis de
Bavière avec la France de 131k à 1337. Ce travail, fait uniquement à
l'aide de chroniques ou de documents déjà connus, n'apporte pas un
nouvel élément d'informations appréciable sur ces questions traitées
précédemment par M. Leroux dans son volume intitulé : Relations poli-
tiques de la France et de l'Allemagne au moyen âge et par M. Mùller
dans son travail sur la Lutte de Louis de Bavière avec la cour de Rome.
Ce dernier n'avait, à la vérité, traité qu'incidemment la question des
relations de l'Allemagne et de la France. De plus, son œuvre remonte
à dix-sept ans déjà, et depuis de nouveaux documents ont été décou-
verts et publiés, tfne importante publication surtout fut faite en Alle-
magne; c'est celle de M. Riezler, intitulée : Vatikanische Akten zur
deutschen Geschichte in der Zeit Kaiser Ludwigs des Bayern. Tous ces
motifs engagèrent M. Sievers à reprendre une partie de l'œuvre de
M. Millier, en y ajoutant ce que les travaux faits depuis une quinzaine
d'années avaient pu nous apprendre sur cette question.
Tout cela bien présenté eût pu nous donner encore un bon travail.
Malheureusement, l'auteur a négligé un des points importants dans
cette étude des relations de la France et de l'Allemagne, je veux
parler des questions des frontières. On sait quel rôle important elles
jouèrent dans la politique pendant le xiv^ siècle; ce fut souvent le
pivot des rapports entre les deux pays. Les négliger dans une œuvre
comme celle de M. Sievers et ne vouloir, comme il le dit, qu'étudier
les relations en elles-mêmes, c'était laisser de côté un des points qui
pouvaient faire comprendre le motif de beaucoup d'ambassades. On ne
voit plus alors, dans bien des circonstances, que des allées et des venues
de personnages sans se rendre compte du mobile qui les anime.
Enfin, l'auteur n'a pas toujours apporté dans l'étude et l'emploi des
chroniques l'esprit critique dont on ne doit jamais se départir dans
l'usage de ce genre de documents. Les chroniques sont des sources
d'informations essentiellement personnelles, et l'on ne doit jamais les
utiliser pour étudier les relations politiques de deux peuples sans peser
avec soin chacun de leurs termes. L'appréciation d'une personne qui
ne juge souvent les événements qu'à distance et qui de plus n'a pu les
juger que superficiellement doit toujours être sévèrement contrôlée. Or,
pour cela, les documents d'archives sont absolument nécessaires. M. Sie-
vers s'en est peu servi et n'a utilisé que ceux déjà publiés, et pas tous
BIBLIOGRAPHIE. iî55
encore. Pour une étude de ce genre, il lui a manqué la contre-partie
du travail de M. Riezlcr. Il lui eût fallu le recueil des actes de Louis X,
ï'hilippe V, Charles IV et Philippe VI, qui pouvaient faire connaître
les relations de ces rois avec l'Allemagne; sans cola, son étude ne pou-
vait être qu'incomplète. Or, il ne les a connus que par les clironiijues,
par des citations, des notes et des ouvrages de seconde main. Dans ces
conditions, il était mal placé pour bien juger. Aussi, celui qui voudra
refaire ce travail devra-t-il le compléter par de nombreuses recherches
et étudier au moins ce qui existe tant aux Archives nationales qu'à la
Bibliothèque nationale sur ce sujet.
A ces critiques générales, nous en ajouterons une autre relative à la
bibliographie, qui est faite d'une manière défectueuse et incomplote.
Ainsi, pour n'en citer qu'un exemple, le iîec«c?7 des historiem des Gaules
et de la France n'est désigné que par ce mot : Recueil, et la tomaison.
Malgré toutes ces critiques, nous reconnaiï^sons cependant les qualités
de ce travail. Il montre que son auteur sait étudier It's te.xtes et présen-
ter clairement le résultat de ses recherches. De nouvelle.-^ investigations
lui permettront sans doute de donner dans la suite une œuvre plus
importante et plus approfondie.
J. VlARD.
Histoire de l'église collégiale et du chapitre de Saint-Pierre de Lille,
par E. Haitcoecr, prélat de la maison de Sa Sainlclé, chancelier
des Facullés catholiques de Lille. T. l. Paris, A. Picard, 'IS'JO.
ln-8°, 460 pages.
Après avoir publié le cartulaire, le nécrologc et les plus importants
documents des archives de la collégiale de Lille*, Mgr Ilautcœur en
aborde l'histoire, et ce premier volume s'étend des origines jusqu'aux
premières années du xiv siècle. Comme la collégiale elle-même, cette
histoire est intimement mêlée à celle de Lille, et M. Desplanque, archi-
viste du Nord, qui en avait saisi l'importance, pouvait écrire en 18(i3 :
« Le chapitre de Saint-Pierre de Lille tient une grande place dans l'hi.s-
toire de la Flandre wallonne. Son origine se confond avec celle de la
ville dont il porte le nom ; ses développements ont puissamment contri-
bué au progrès de la civilisation dans la campagne environnante; cnlin
sa longue et glorieuse existence est parallèle à celle du corps munici-
pal de Lille, avec lequel il a longtemps partagé le gouvernement inté-
rieur de la cité.
a L'influence du chapitre de Saint-Pierre dans nos contrées n'est pas
moins remarquable au point de vue artistique et littéraire qu'au point
1. Bibl. de l'École des chartes, année 1894, p. 369, cl année 189G, p. 112.
456 BIBLIOGRAPHIE.
de vue social. L'enseignement de ses écoles rivalisait, au moyen âge,
avec celui des plus célèbres universités.
« Sous le rapport religieux, l'insigne collégiale, avec ses quarante
chanoines et les nombreux desservants attachés aux églises et chapelles
de sa dépendance, satisfaisait aux nécessités du cuite, aux fonctions du
ministère sacerdotal. Elle entretenait la foi dans les masses et la disci-
pline au sein du clergé. » Cette appréciation du regretté archiviste est
pleinement justifiée par l'ouvrage de Mgr Hautcœur, et l'on ne devra
pas s'étonner d'y rencontrer des détails aussi nouveaux qu'intéressants
sur l'histoire de Lille, sur le développement de la ville, son organisation
échevinale, ses corporations, ses institutions diverses et en même temps
sur la vie des chanoines de la collégiale, sur leurs droits, leurs juridic-
tions, leurs revenus, leurs fondations, etc.
Le chapitre xvi est des plus importants pour l'histoire de l'adminis-
tration lilloise : « Rapports avec la ville; origines et développement de
la commune; ses organes; situation et rôle du chapitre. » Les chartes
d'Aire et de Valenciennes montrent sous le nom de « paix » ou « ami-
tié » ces pactes d'union formés entre les bourgeois et établissant entre
eux des liens réels de solidarité, de protection mutuelle, de devoirs
réciproques, qui servent de base à l'organisation communale et dont la
pratique avait pénétré les mœurs avant que les chartes leur vinssent
donner une autorité officielle. Il en est de même à Lille. « L'institution
des échevins, écrit Mgr Hautcœur, est certainement aussi ancienne que
la ville. Ils étaient douze, comme les pairs du château : c'étaient les
pairs bourgeois, appelés à juger dans les affaires communales, de même
que les nobles prononçaient dans les causes féodales. Le premier des
échevins portait le titre de maïeur...
0 A côté de l'échevinage se développe une autre influence dont la
richesse accroît le prestige. Une puissante association de marchands se
constitue de très bonne heure : elle se lie à l'organisation de la com-
mune et bientôt se confond avec elle. Cette union était consommée vers
l'an 1200...
« Il y avait donc au xni^ siècle, et sans doute auparavant, tout au
moins vers la fin du xu«, un conseil composé des échevins et des jurés.
A la tête des premiers se trouvait le maïeur, à la tête des seconds le
rewart, chef de toute la magistrature communale, qui représentait la
ville en dehors du conseil et dans toutes les grandes circonstances, bien
que dans la pratique courante des affaires le maïeur eût un rôle plus
actif. Les anciens titres l'appellent rewart de l'amitié, c'est-à-dire gar-
dien du pacte, du lien de paix, d'union, de solidarité, de protection
mutuelle établi entre les habitants. L'amitié et la commune, au xiv^s.,
c'était tout un; les deux expressions. étaient synonymes et s'employaient
couramment l'une pour l'autre. »
Ce n'est pas à dire que la paix règne toujours entre le magistrat et le
BIBLIOGRAPHIE. 457
chapitre; les empiétements de juridiction amènent plus d'un conflit;
ces luttes sont assez vives au xin« siècle; enfin, en 1302, on en vient « à
bonne paix et bon amour. »
Le chapitre poursuit en toutes circonstances la revendication de ses
droits avec une remarquable ténacité; rien n'est plus curieux que l'épi-
sode (chap. xxi) du meurtre d'Adam Blauwet, tué en violation du droit
d'asile en 1276; jusqu'à la fin du xvi® siècle on voit figurer à la grande
procession le possesseur de la terre de Cysoing à cheval, habillé d'écar-
late, le « chevalier rouge, » en expiation du droit violé.
Sur les origines des paroisses de Lille, sur les associations paroissiales
en faveur des pauvres, sur la fondation des hôpitaux et des diverses
maisons religieuses, le livre de Mgr Hautcœur donne des renseigne-
ments précis et abondants. Les chanoines de la collégiale avaient l'ad-
ministration de l'hôpital Saint-Sauveur, fondé par la comtesse Jeanne;
une autre de ses fondations, peut-être la plus importante, l'hôpital
Notre-Dame, a conservé jusqu'à nos jours le nom d'hôpital Comtesse,
donné par la reconnaissance populaire à cette œuvre d'une femme en
qui « la religion et la charité étaient personnifiées; » son administra-
tion fut également confiée au chapitre, et Mgr Hautcœur insiste d'une
façon fort intéressante sur le règlement de celte maison et sur le rôle
charitable des comtesses Jeanne et Marguerite.
Il est à propos de signaler aussi les données fournies à l'histoire
future de l'agriculture dans le nord de la France : le chapitre xni est
consacré à l'étude des biens ruraux, à leur exploitation, aux méthodes
de culture; on y voit l'assolement triennal se substituant à l'assolement
biennal qui alternait jadis l'ensemencé de blé et la jachère. L'exploita-
tion du domaine d'Arieux est des plus intéressantes; tout à côté sont
des terres tenues les unes à cens, les autres à t soyesté » (colonie par-
tiaire), en sorte que sur ce territoire se trouvent réunis les divers modes
d'exploitation employés alors, et les documents heureusement conser-
vés nous montrent le détail de leur fonctionnement. Des textes cités
par Mgr Hautcœ.ur établissent d'ailleurs que l'agriculture était dans un
état prospère en Flandre au temps de Beaudoin V et au xiv« siècle.
Bien d'autres données intéressantes seraient à signaler, notamment
pour l'histoire des monuments. Aux appendices : les sceaux de Saint-
Pierre de Lille, d'après Demay; série chronologique des prévôts, avec
notices biographiques, des doyens, chantres, trésoriers, écolàtres; note
sur la topographie de Lille au xni^ siècle.
Un second volume viendra compléter cet ouvrage si important pour
l'histoire religieuse, sociale, artistique de la Flandre française et parti-
culièrement de la ville de Lille.
J.-M. Richard.
458 BIBLTOGRAPHTB.
Eug. Mdller. Senlis et ses environs. Senlis, Nouvian, i896, In-S",
326 pages.
Saint-Leu d'Esserent, célèbre par son cloître et sa magnifique église
qui domine la vallée de l'Oise, est une « demi-solitude calme d'où l'on
regarde aisément, d'en haut, les politiques sacrées et profanes. »
« Deus nobis haec otia fecit, » peut dire le très digne érudit et aimable
prêtre qui y réside, et, en dépit de la réputation qu'on a faite aux cha-
noines, ces loisirs sont bien employés.
Je n'en veux pour preuve que ce livre, Senlis et ses environs, écrit
pour le grand public aussi bien que pour les érudits et les artistes,
illustré et imprimé avec autant de goût qu'il est écrit; il est digne de
son auteur, fait un égal honneur au talent de MM. Diogène Maillard et
Nouvian et satisfera à la fois les amateurs d'histoire et de pittoresque.
Il a le mérite d'être très concis et contient une quantité considérable de
renseignements sur l'histoire ancienne et moderne de Senlis et de son
arrondissement. Nul ne pouvait, du reste, nous y promener d'une façon
plus aimable et plus instructive que M. M., dont on connaît les bonnes
et nombreuses publications sur l'histoire et les monuments de cette inté-
ressante région. Un index bibliographique et une table analytique plus
complète ajouteraient sinon à l'intérêt et à l'utilité, du moins à la commo-
dité du livre. Les érudits y trouveront beaucoup de détails intéressants,
notamment de bons plans et des renseignements instructifs de la ville
et de la cathédrale de Senlis, des détails et des remarques d'un grand
intérêt sur cette église et sur celle de Saint-Leu d'Esserent.
Le défaut du livre est que l'abondance des matières et celle des ren-
seignements qu'il possède ont obligé l'auteur à trop condenser; il écrit
parfois en style télégraphique et sans séparation assez apparente entre
des idées très diverses, et quelques passages sont obscurs ou ambigus,
par exemple p. 140, 142, 143 et 210.
On pourrait faire quelques critiques au point de vue de la philologie.
Il faut, du reste, reconnaître que l'auteur ne fait que citer la plupart
des étymologies sans en prendre la responsabilité. Au point de vue
archéologique, ses appréciations sont en général dignes de confiance;
de très petits détails seulement pourraient être discutés : ainsi la tombe
archaïque, p. 136, pourrait n'être que du xiv* siècle. La représentation
de l'âme de la Vierge drapée (p. 40) est loin d'être une exception.
L'auteur a reconnu le caractère bourguignon de la corniche de l'église
d'Ermenonville. Il eût été intéressant d'ajouter que cette église est
toute voisine de l'abbaye cistercienne de Ghaalis.
Une seule fois, p. 287, parlant de « fonts pédicules à vasque caré-
noïdale, » M. M. emploie cette terminologie que certains archéologues
semblent avoir empruntée aux pharmaciens.
La légende de Saint-Rieul (p. 193) est à rapprocher de celle de Saint-
Josse. La véritable version nous est donnée (p. 277) au sujet de la mort
BIBLIOGRAPHIE. 459
de l'abbé Prévost. Elle concorde avec une lettre écrite le jour môme et
par un témoin de cette mort au neveu de l'abbé et conservée par les
descendants de celui-ci.
Le livre de M. le chanoine M. est agréable et de lecture facile, quoique
plein d'érudition, littéraire, avec un grain de saine philosophie et sans
l'ombre de pédantisme. Les habitants de l'Oise qui s'intéressent à leur
pays et les nombreux Parisiens amateurs de promenades pittoresques
et de vieux souvenirs tiendront à le lire et à le posséder, et chacun
tirera de cette lecture beaucoup de connaissances nouvelles et le désir
d'en acquérir davantage.
G. Enlart.
Vieilles rues et vieilles enseignes de JReims. De la nécessité d'e7i sau-
vegarder les dernières traces, avec la liste des Rues et des Enseignes
modernes, par Henri Jadart. Reims, Michaud, 1897. In-S", vii-
^24 pages, planches.
Les enseignes, comme le dit M. Jadart, sont « l'une des plus vivantes
créations du passé, parce qu'elles tiennent à la fois de l'imagination
populaire et de toutes les réalités de la vie positive. » Leur étude, ainsi
que celle des noms de rues qui y est intimement liée, mérite tout par-
ticulièrement d'attirer l'attention des érudits qui veulent faire revivre
la physionomie pittoresque d'une ville. Dès le xiv« siècle on avait com-
pris l'intérêt qui s'attache à ce sujet, comme le prouve la composition
de traités spéciaux, tels que le Dit des rues de Paris et surtout le Mariage
des quatre fils IJemon, curieuse facétie dont l'auteur, supposant la célé-
bration d'un mariage entre l'enseigne des Quatre fils Aymon et celles
des Trois filles Damp Symon et de la Pucelle Saint-Georges, en prend
prétexte pour faire figurer à ces noces les principales enseignes de
Paris. Au siècle suivant, les étudiants de l'Université résolurent de
transporter cette fiction dans la réalité; au cours de leurs démêlés avec
les bourgeois de Paris, ils dérobèrent l'enseigne de la Truie qui file et
celle de l'Ours pour les marier ensemble. Villon consacra au récit de
ces étranges épousailles une partie du poème héroï-comique du Pet-au'
Diable, qui, s'il était parvenu jusqu'à nous, aurait sans doute offert de
précieuses indications sur les vieilles enseignes parisiennes. Celles de
Reims n'ont pas été au moyen âge l'objet de semblables descriptions,
mais quelques-unes d'entre elles ont eu l'heureuse fortune de résister
aux injures du temps, et on en trouve dans l'ouvrage de M. Jadart les
intéressantes reproductions. Sans parler de la célèbre maison des Musi-
ciens, qui a donné son nom à la rue de Tambour, plusieurs de ces
sculptures, telles que le Petit Saint-Martin, le Combat de l'ours, le Coq
et la Poule, ont une allure vraiment artistique.
A la description des anciennes enseignes aujourd'hui subsistantes et
460 BIBLIOGRAPHIE.
des enseignes modernes les plus caractéristiques est jointe une longue
énumération de celles qui existaient autrefois. Une nomenclature rai-
sonnée des rues de la ville de Reims, rangées en diverses catégories
suivant l'étymologie de leurs noms, complète utilement ce petit livre
et constitue un répertoire détaillé plein de renseignements sur de nom-
breux points d'histoire locale.
Léon Le Grand.
Cartulaire de l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé, publié d'après
l'original par Léon Maître, archiviste de la Loire-Inférieure, et
Paul DE BerthoD; archiviste-paléographe. Paris, Lechevalier, d896.
ln-4°, xiii-33f pages.
Parmi les cartulaires de l'ancienne province de Bretagne, l'un des
plus anciens et des plus intéressants est assurément celui de l'abbaye
bénédictine de Sainte-Croix de Quimperlé, de même que l'église de
cette abbaye, construite sur le plan de celle du Saint-Sépulcre de Jéru-
salem et complètement réparée de nos jours, est le monument le plus
remarquable de cette sous-préfecture. Le cartulaire, connu par D. Pla-
cide Le Duc, historien de l'abbaye, en double exemplaire, puis consulté
par M. Miorcec de Kerdanet en 1836, provient du D-" Le Guillou, qui
l'avait recueilli d'un moine de l'abbaye, D. Davau. On savait qu'il avait
été acheté ensuite par M. Siapleton, chez qui on ne pouvait le retrou-
ver. C'est grâce à la permission, donnée par lord Beaumont, neveu et
héritier de M. Stapleton, d'explorer sa bibliothèque, que notre confrère
M. Léon Maître, par ses longues et patientes investigations, finit par
découvrir le précieux cartulaire. Il en a fait deux copies, une pour la
Bibliothèque nationale, Nouv. Acq. lat. 1427; l'autre pour les archives
départementales du Finistère. Ajoutons que la famille Le Guillou a
tenu à faire les frais de l'impression du cartulaire. Notre confrère
M. Paul de Berthou s'est chargé de l'étudier au point de vue des sources
de l'histoire de Bretagne, en se référant à l'Histoire de Vabbaye de Quim-
perlé de D. Placide Le Duc, publiée en 1885, et, pour les noms de lieu,
à la Chrestomathie bretonne de Jules Loth.
L'éditeur, énumérant les diverses parties du cartulaire, explique
qu'il a cru devoir les classer dans un ordre "plus logique; il a divisé le
cartulaire en trois parties : 1° les préliminaires; 2" les pièces intéres-
sant le temporel de Sainte-Croix; 3° les pièces relatives au procès avec
l'abbaye de Saint-Sauveur de Redon, au sujet de BcUe-Isle; en tout
135 pièces, savoir : 4 donations antérieures à 1009, faites au monastère
de Saint-Cado, devenu plus tard un des prieurés de Sainte-Croix;
82 donations concernant Sainte-Croix ;
8 actes de vente;
20 accords, restitutions, etc.;
BIBLIOGRAPHIE. 464
8 bulles de papes;
10 lettres de personnages considérables;
3 autres pièces.
L'introduction, terminée par la liste des 19 premiers abbés de Quim-
perlé, est suivie du cartuUure lui-même, qui se divise en deux parties :
la première comprend huit articles, dont chacun est accompagné de
notes et d'observations fort intéressantes et de remarques critiques sur
les sources du cariulaire et sur l'emploi qui a pu être déjà fait de ces
documents.
I. Vie de saint Gurthiern, aujourd'hui nommé saint Goujarne. L'édi-
teur montre que son existence est incontestable et penche pour assi-
gner à la vie du saint la seconde moitié du vi" siècle.
II. Vie de sainte Ninnoc. Ces actes sont faux; c'est une légende qui
repose sur un fond de vérité.
m. Liste des papes. Elle n'offre un peu d'intérêt qu'à partir de
Galixte lU (1191-1198). La suite du document n'est que du xv^ siècle.
Ce n'est qu'une copie imparfaite de ces listes dont parle l'abbé Duchesne
dans son Liber pontiftcalis.
IV. Liste des archevêques de Tours, jusqu'à Gilbert (1118-1125); des
évéques de Nantes, jusqu'à Robert Guibé (1507-1513); des évéques de
Vannes, jusqu'à Cadioc 1 1235-1254); des évéques de Gornouaille, jus-
qu'à Ranulfus (1219-1245), et enfin des comtes de Gornouaille.
V. Chronologie universelle, qui embrasse les faits depuis la création
de l'homme jusqu'en 1314. Elle est importante depuis 814 et a été
publiée par Baluze dans ses Miscellanea, de 843 à 1279; elle a servi
aussi à Mabillon pour sa vie du premier abbé de Quimperlé, saint Gur-
loës, dit vulgairement saint Urlou.
VI. Préface de Gurheden. Ce moine, auteur du cartulaire, était un
lettré et un bon latiniste ; il a composé, en abrégeant les chartes, la
meilleure partie du cartulaire. Il mourut le 25 avril, vraisemblablement
vers 1130.
VII. Fragments de chronique et résumé des possessions de l'abbaye.
VIII. Bulle de Boniface IV, qui permet aux moines d'administrer
les paroisses (27 février 610).
La deuxième partie comprend les chartes de concession de temporel
à l'abbave de Sainte-Croix et les pièces relatives au procès avec l'ab-
baye de'Saint-Sauveur de Redon, au sujet de Belle-Isle, soit 135 chartes
de'l029 à 1232 (p. 91 à 270).
Les chartes sont accompagnées de notes et d'observations qui donnent
les renseignements historiques et topographiques désirables avec les
références nécessaires aux manuscrits et aux imprimés.
Beaucoup d'actes ne sont que des résumés : très peu ont conservé
leurs formules.
Le volume se termine : \° par une table chronologique et analytique
4897 30
462 BIBLIOGRAPHIE.
des chartes et bulles composant le cartulaire (p. 273-290); 2° par la
table des noms de lieu, pour laquelle il fallait une compétence toute
particulière à cause des noms géographiques bretons (p. 291-300) ; 3» par
la table des noms d'homme (p. 301-304), et les Errata et Addenda.
Notre confrère M. Maitre en recherchant et retrouvant un des deux
manuscrits connus du Cartulaire de Quimperlé, celui qui était de for-
mat in-S» (l'autre qui était in-4° paraît irrémédiablement perdu),
M. Paul de Berlhou en publiant et annotant le cartulaire ont rendu
aux études de diplomatique et d'histoire de la Bretagne un service
signalé dont il convient de les louer et de les remercier.
A. Bruel.
Les Prieurés belges de Vordre de Cluny, par Joseph HiLKm, docleur
en philosophie et lettres, secrétaire adjoint de la Société d'art et
d'histoire du diocèse de Liège et de V Institut archéologique lié-
geois, i'^ partie. Les Prieurés clunisiens de l'ancien diocèse de
Liège. Liège, impr. Grandmont-Donders, 189G. In-8°, ^43 pages.
(Extrait du Bulletin de la Société d'art et d'histoire du diocèse de
Liège, t. X.)
La publication du Recueil des chartes de l'abbaye de Gluny continue à
provoquer des travaux sur les prieurés des diverses provinces de l'ordre
et nous ne pouvons que nous en réjouir. Après MM. U. Robert,
U. Chevalier, J. Roman, S"" Duckett, le P. Ingold, qui ont publié les
textes relatifs aux monastères de la Franche-Comté, du Lyonnais, du
Dauphiné, de l'Angleterre et des diocèses de Bâle et de Strasbourg, un
bénédictin, D. Ursmer Berlière, a donné les procès-verbaux de visite
des prieurés clunisiens en Belgique^. Suivant ces exemples, M. le
D' J. Halkin a entrepris de donner des notices aussi complètes que
possible des prieurés belges de l'ordre de Gluny en commençant par les
cinq prieurés de l'ancien diocèse de Liège, savoir Saint-Pierre d'Ay-
waille, Saint-Séverin-en-Condroz, Sainte-Marie de Bertrée, Saint-Étienne
de Namèche et Saint-Victor de Huy. Il nous promet, pour une deuxième
partie, un historique du prieuré de Saint-Sauve de Valenciennes, au
diocèse de Cambrai. M. Halkin a réuni avec zèle tous les documents
qu'il a pu rencontrer en Belgique et en France, savoir onze visites
du xni^ s. ài3'i4; quatre déhnitions originales et quarante-cinq d'après
les copies tirées du recueil de la bibliothèque du Corps législatif, que
nous avons signalé depuis longtemps, des bibliothèques de l'Arsenal,
de Sainte-Geneviève et des Archives nationales. Malheureusement les
prieurés clunisiens de l'ancien diocèse de Liège n'ont pas laissé d'ar-
1. Bulletin de la Commission royale d'histoire de Belgique, 4* série, t. XVII,
p. 134-142.
BIBLIOGRAPHIE. 403
chives, ou du moins elles ont été dispersées, et c'est à grand'peine que
M. Halkin a pu retrouver quelques registres du prieuré d'Aywaille. Du
moins le riche fonds de Cluny, à la Bibliothèque nationale, lui a
fourni les actes de fondation de presque tous les prieurés, des chartes
de nomination de prieurs, etc. A l'aide de ces documents il a rédigé
des notices fort intéressantes sur les cinq prieurés susdits. Détruisant
une légende introduite par Gilles de Liège, cistercien à Orval, suivant
laquelle tous ces prieurés devraient leur origine à l'amitié qui unissait
l'évoque de Liège Notker à l'abbé de Cluny Odilon au commencement
du xje siècle, il a montré par les actes de fondation la véritable origine
de chacun d'eux.
Saint-Pierre d'Aywaille fut fondé en 1088 par la comtesse Reine,
fille d'un comte Conon et retirée à Marcigny. Comme ce prieuré
dépendait directement de Marcigny, rien d'étonnant qu'il ne soit pas
question de lui dans les visites et définitions des chapitres de Cluny,
les visiteurs n'ayant pas à s'occuper de lui dans leurs tournées. Ce
prieuré fut donné en 1585 au collège des Jésuites de Luxembourg, qui
l'occupèrent de 1594 à 1773.
Saint-Symphorien-au-Bois, appelé plus tard Saint-Séverin-en-Con-
droz, dut sa fondation en 1091 à Guillaume, comte de Clermont-sous-
Huy, à sa femme et à son fils, ainsi qu'à Ermengarde, tante paternelle
dudit comte. Avant 1532, le prieuré était devenu la propriété de la
mense épiscopale de Liège ^.
Le prieuré de Sainte-Marie de Bertrée eut pour origine une église
construite sur son alleu de Bertrée par Walter de Trognée, et donnée
à Cluny en 1124. Le prieuré fut supprimé en 1560 et incorporé à la
mense épiscopale de Namur.
Le prieuré de Namèche fut fondé dans la première moitié du
xi« siècle par Francon et sa femme Hersende, qui bâtirent une église
dédiée à saint Etienne. Mais c'est seulement en 1149 que les Clunisiens
y remplacèrent les clercs qui l'occupaient primitivement. En 1560, il
eut le même sort que le précédent.
Le prieuré de Saint-Victor de Huy est le seul couvent de femmes
que Cluny ait possédé en Belgique. Ermessinde, fille de Conrad, comte
de Luxembourg, donna, dans les premières années du xn*' siècle, au
monastère de Marcigny son bien allodial, l'église Saint-Jean, qui ne
tarda pas à prendre le nom de Saint-Victor. Les religieuses y étaient
établies avant 1144. Le prieuré fut soumis à Marcigny jusqu'en 1190,
puis il passa sous la dépendance de celui de Sainte-Marie-de»Bertrée.
1. M. Halkin a déjà publié des documents concernant le prieuré de Saint-
Séverin-en-Condroz. (Extrait du t. IV, n" 2, 5° série des Bulletins de la Com-
mission royale d'histoire de Belgique.)
4G4 BIBLIOGRAPHIE.
En 1579, il se mit sous la dépendance de l'abbaye de Saint-Jacques de
Liège, et, en 1656, le pape Alexandre VII l'éleva au rang d'abbaye.
Telle fut la destinée de ces cinq prieurés clunisiens. L'auteur a fait
connaître, autant que les textes le lui ont permis, les noms des prieurs,
dont il aurait été bon de donner la liste à la lin do chaque notice; puis
il décrit, d'après les visites et les définitions, l'état intérieur de chaque
maison. Il remarque avec raison que ces documents ne renfermant
guère que des critiques, l'absence de blâme ou le silence des défini-
teurs peuvent être interprétés comme une preuve de la vie régulière
des moines. Toutefois, comme dans les autres provinces de l'ordre, la
décadence se fit sentir dans les prieurés belges dès le xiv^ siècle, peut-
être un peu plus tôt qu'en France, à cause de l'éloignement de Cluny
et de la difficulté d'y envoyer des sujets bien choisis. Gomme le dit avec
raison M. Halkin, « éloignés de la maison mère, livrés à eux-mêmes
et à leurs faibles ressources, gouvernés par des moines qui souvent ne
faisaient pas partie de l'ordre, les prieurés clunisiens de l'ancien dio-
cèse de Liège finirent par disparaître. »
Ces notices sont suivies de 101 documents, dont plus de 80 inédits; les
textes sont en général corrects, quoique la ponctuation laisse parfois à
désirer. P. 81, n. 1, au lieu de Marciginaci, plusieurs fois répété, il
faut lire Marcigniaci ; p. 85, Chucepolli, lisez Cliacepolli, etc. Quoi qu'il
en soit de ces petites imperfections, il faut remercier M. Halkin de cet
utile travail, dont nous espérons qu'il nous donnera bientôt la seconde
partie.
A, Bruel,
Monasticon belge, par le R. P. dom Ursmer Berlière. Bruges, Dés-
olée el de Brouwer, 1890-1897. 111-4°, yiii-o73 pages.
La mort inopinée du regretté Siméon Luce est la raison pour laquelle
l'attention des lecteurs de la Bibliothèque de l'École des charles n'a pas
été, dès 1890, attirée sur le Monasticon belge. Notre éminent confrère,
en effet, avait accepté de rendre compte, dans ce recueil, du premier
fascicule du livre de dom Berlière, paru il y a sept ans déjà. Ce pre-
mier fascicule est consacré aux monastères dont le siège se trouve, ou
s'est trouvé jadis, dans ce qui constitue aujourd'hui la province de
Namur. Le deuxième fascicule, qui vient de voir le jour, comprend
d'abord un supplément au premier, puis une série de notices sur les
abbayes, prieurés, prévôtés et couvents, dont on constate l'existence, à
une époque quelconque, dans les limites de la province actuelle de
Hainaut.
Dom Berlière explique dans l'Introduction du Monasticon belge ce
qu'il a voulu faire : compléter les notices du Gallia christiana et les
mettre à jour; faire l'historique de toute une série d'établissements
BIBLIOGRAPniE. 405
religieux que le Gallia a omis. Chacune des notices s'ouvre par une
bibliographie qui témoigne de la patiente érudition du savant bénédic-
tin. On pourrait souhaiter un peu plus d'ordre dans ces bibliographies,
où l'auteur passe en revue toutes les sources, manuscrites et imprimées,
de l'histoire des établissements qu'il a étudiés. Telles qu'elles sont,
elles n'en seront pas moins fréquemment consultées, et sont dignes de
l'être. Après ces notes sur les sources, en viennent d'autres, extrême-
ment sommaires, sur les monastères et leur histoire. Puis on trouve la
chronologie des abbés, abbesses, prieurs, etc. C'est cette partie qui est
la plus développée et qui atteste le mieux l'immensité du travail auquel
dom Berlière s'est livré. Ce travail, qui remplace avantageusement
bien des pages du Gallia, rendra certainement de bons services. Il est
terminé par une table onomastique où les noms ne sont pas toujours
correctement classés. Voy., par exemple, à la page 496, Aulne mis après
Aupaix; page 497, Barbençon après Barneville; page 499, Bertile avant
Berthod, Bersillies après Besançon, etc., etc.
L'auteur du Moriasticon belge se propose de répartir son étude des
établissements religieux qui ont existé ou qui existent encore dans les
limites du royaume actuel de Belgique, en autant de fascicules que ce
royaume compte de provinces. Ce plan ne présenterait pas d'inconvé-
nient sérieux si les limites des provinces se confondaient partout avec
celles des diocèses. Mais il n'en est point ainsi, puisque, pour les neuf
provinces qui constituent le royaume de Belgique, il n'y a que cinq
évêchés. En outre, il faut songer que, nulle part plus qu'aux Pays-Bas,
les circonscriptions ecclésiastiques n'ont été profondément remaniées,
à diverses reprises, surtout en 1559. Il n'y a peut-être pas dans le dio-
cèse de Tournai, avec lequel se confond aujourd'hui la province de
Ilainaut, vingt villages qui à toute époque se soient trouvés dans les
limites de ce diocèse. Avant 1559, ce qui constitue maintenant le Hai-
naut ressortissait, en effet, à trois évêques diflërents : ceux de Cambrai,
de Liège et de Tournai. Or, l'intérêt supérieur des personnes qui s'oc-
cupent de l'histoire des établissements monastiques est de savoir à
quels diocèses ces établissements ont appartenu, et c'est ce que le livre
de dom Berlière ne leur dit pas nettement. L'auteur du Monasticon belge
aurait, je crois, grandement amélioré son œuvre, si, à l'exemple des
auteurs du Gallia, il y avait joint des cartes. Le savant bénédictin de
Maredsous est plus à même que bien d'autres de dresser ces cartes des
diocèses belges à travers les âges, qui permettraient de voir d'un coup
d'œil la situation qu'ont occupée, dans ces diocèses successifs, les
divers établissements religieux étudiés par lui. Je suis convaincu que
de telles cartes sont le complément nécessaire d'un travail comme le
sien, et je veux espérer que dom Berlière, avec le prochain fascicule du
Monasticon belge, nous donnera celles que je sollicite de son érudition.
Armand d'Herbomez.
466 BIBLIOGRAPHIE.
L. Cloquet. Les Grandes cathédrales du monde catholique. Lille,
Société de Saint-x\iiguslin, -1897. In-4% 380 pages, 208 pi. et fîg.
C'est un excellent livre de vulgarisation que vient de faire paraître
M. L. Cloquet, secrétaire de la Revue de l'art chrétien. Architecte et
professeur distingué en même temps qu'archéologue, l'auteur a su pui-
ser ses renseignements aux meilleures sources, les illustrer, les com-
menter tant au point de vue de l'histoire qu'à celui de l'art, présenter
enfin, d'une façon brève et précise, l'histoire de l'architecture chrétienne
et la description de la plupart de ses chefs-d'œuvre. L'ouvrage est sin-
gulièrement plus complet que son titre ne l'indique; à côté des cathé-
drales, il décrit les basiliques de Rome, les églises monastiques de
Saint-Remi de Reims, Saint-François d'Assise; on y trouve une
histoire complète de l'architecture religieuse du moyen âge; les édifices
sont classés par époques et catégories et les caractères de chacune
d'elles sont clairement expliqués. On pourrait critiquer quelques
expressions ou quelques appréciations de détail; ainsi le rôle des Béné-
dictins est, comme chez VioUet-le-Duc, prôné trop exclusivement, tan-
dis que les Cisterciens sont oubliés (p. 11). Il faut toutefois signaler
avec éloge à la même page la réfutation de la théorie de VioUet-le-Duc
opposant l'architecture laïque à celle des religieux. M. Cloquet est ici
d'accord avec M. Anthyme Saint -Paul et avec les documents de
l'histoire.
Il y a quelque excès dans cette appréciation (p. 15) : « C'est au
xv« plutôt qu'au xni^ siècle qu'il faut chercher dans les provinces
excentriques des églises conformes au type purement français. »
Les cathédrales de Rayonne, Limoges, Toul, Lausanne et autres ont
été exécutées, en effet, au moins en partie dès le xm^ siècle.
Les basiliques choisies pour exemple sont, à Rome, Saint-Clément et
Saint-Paul. Théoriquement, ces exemples sont bons, mais au point de
vue historique on regrettera leur choix, Saint-Clément ayant été rebâti
au xi« et Saint-Paul au xix« siècle. La seule critique importante que
soulève le livre est l'adoption par M. Cloquet de la date du ix« siècle
attribuée .par M. de Dartein à Saint- Ambroise de Milan. Comment con-
cilier cette opinion avec celle qu'il adopte également au sujet de l'ori-
gine française de la croisée d'ogives? Comment expliquer que, si ce
membre d'architecture était employé en Lombardie au !x« siècle, on
n'ait imité ce procédé commode qu'au xii^ siècle, et d'abord dans le
nord de la France, d'où des Français ont dû le rapporter en Italie?
Comment expliquer que Saint-Ambroise diff'ère tant des autres édi-
fices datés du ix^ siècle et ressemble tout au contraire à des édifices
de beaucoup postérieurs, notamment à Sainte-Marie-du-Château à
Gorneto, consacrée en 1208?
BIBLIOGRAPHIE. -ÎC7
Au point de vue do la méthode, des divisions moins nombreuses et
d'ordre plus général auraient peut-être permis un classement plus
rigoureusement exact des types. Le chapitre Cathédrales romanes secon-
daires comprend celles de Lyon et d'Angers, qui seraient peut-être plus
à leur place entre des monuments gothiques, et celles de Cahors,
Angoulème et le Puy, qu'il eût été peut-être plus intéressant de rap-
procher de Saint-Marc de Venise, classé dans un autre chapitre.
Une distraction a amené (p. 84) une confusion entre Notre-Dame et
la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers. M. Gloquet produit beaucoup et
nul ne s'en plaindra ; il a dû nécessairement se faire aider pour la partie
matérielle de son livre; de là un certain nombre d'erreurs purement
matérielles que la prochaine édition fera disparaître : deux figures du
baptistère de Nocera et de la cathédrale de Chartres ont été mises à la
place de figures de Sainte-Marie-Majeuro de Rome et de la cathédrale
d'Amiens; deux roses de la cathédrale de Laon sont intitulées égale-
ment « rose orientale » (p. 151), le nom de la porte Saint-Étienne à
Notre-Dame de Paris fait défaut; divers noms propres sont défigurés
ainsi que des mots étrangers : gothi architecti in Spani pour Golhic
architecture in Spain.
On peut regretter que l'auteur n'ait pas utilisé pour le saint sépulcre
de Jérusalem les travaux postérieurs à l'étude de M. de Vogué et pour
Notre-Dame de Paris le travail de M. Mortet; qu'en Espagne il ne nous
ait pas montré la cathédrale de Léon, ni en Italie les grandes églises
cisterciennes à côté de monuments plus connus. Mais il est difficile de
tout mettre dans un livre, et celui-ci contient vraiment beaucoup. Si
j'ai tenu à formuler tant de menues critiques, c'est que ce livre, plein
d'excellents enseignements, mérite d'être pris plus au sérieux que la
plupart des volumes de vulgarisation. Il est à souhaiter qu'il soit beau-
coup et promplement répandu, car il donnera aux jeunes gens et aux
gens du monde le goût de l'architecture du moyen âge en même temps
que beaucoup de connaissances précises et exactes.
G. Enlart. •
Exposition nationale suisse, Genève, 1896. Catalogue du groupe 25,
Art ancien. Genève, i896. Iii-8°, xix-4'14 pages'.
L'Art ancien à l'Exposition nationale suisse. Album illustré com-
posé de 72 planches servant de supplément au Catalogue du
groupe 2o. Genève, ^896. In-fol.
IjO Catalogue de l'Exposition rétrospective de Genève comprend
4,056 numéros, répartis en huit sections, dont voici les titres :
1° Époques préhistorique, romaine et burgonde.
1. Voir le volume précédent de ce recueil, p. 514.
/i68 BIBLIOGRAPHIE.
2° Peinture, dessin, émaux, miniatures, sculptures, etc.
3° Manuscrits, impressions, reliures, gravures.
4* Céramique et verrerie.
5° Bois, ivoire, pierre, meubles.
6° Métal.
7° Tissus et cuirs.
8° Arcliitecture.
Chaque pièce est l'objet d'une description concise et exacte, à part
quelques attributions de dates qui semblent trop anciennes. Une réu-
nion d'érudits justement estimés se sont partagé selon leur spécialité
la rédaction du catalogue et des notices d'ensemble qui l'éclairent. Ce
sont MM. Camille Favre, Victor Van Berchem, Jacques Mayor,
Em. Dunant, Th. Dufour, Paul Stroehlin, Ch. Bastard, Maurice Girod,
Ed. Kunkler, D"" W.-H. Doer, Louis Bron, Henri Silvestre, Alb. Sara-
sin, Henry Tronchln, Léop. Favre, Aloys de Seigneux, Soldano.
Depuis la publication de ce catalogue, le groupe de l'art rétrospectif
eut l'heureuse idée de le compléter par un album reproduisant les
principaux objets de cette section qui avait tout particulièrement inté-
ressé les visiteurs de l'Exposition. MM. Camille Favre et Jacques Mayor
ont su faire de cet album une œuvre tout à fait intéressante par le
choix et le classement critique de ces documents qui vont de l'époque
romaine jusqu'au xvui« siècle, et le sommaire rectifie certaines dates
données dans le catalogue. L'exécution artistisque est irréprochable.
Les planches, bien composées, sont des phototypies d'une netteté par-
faite et d'une échelle généralement suffisante sauf pour quelques objets
de métal; il n'y a pas de place perdue, et nombreux sont les documents
présentés. La plupart des vitraux sont reproduits en couleurs; l'un
d'eux l'est par un procédé nouveau dit chromotypogravure ; trois tirages
en photogravure sont superposés en couleurs différentes. L'effet est
agréable et semble très exact.
Cet album nous renseigne sur les catégories suivantes d'objets
anciens :
1° Antiquités romaines. Divers menus bronzes et ivoires. Très belle
tête de Taureau en bronze provenant de Sion. Curieuses amulettes en
forme de main bénissante (pi. 1 et 2).
2° Peintures et dessins. Cinq tableaux des xv« et xvi^ siècles; deux
du xvii«; cinq du xviii«. Remarquables pastels de Liotard, spécia-
lement un délicieux portrait de la duchesse de Coventry en femme
orientale.
3° Vitraux. PL 11, maquettes de vitraux. Onze autres planches
donnent une suite très intéressante de bons spécimens d'un art vérita-
blement suisse, allant du xv« au xviie siècle. Beaucoup sont datés, la
plupart sont reproduits avec leurs couleurs. Ces reproductions sont
d'une ûdélilé parfaite. Malgré un certain manque de finesse et de dis-
BIBLIOGRAPHIE. 469
tinction, cet art du vitrail suisse est très décoratif; voy. par exemple la
pi. 27. Il est, du reste, des pièces exemptes de ces reproches, comme la
délicieuse Sainte-Catherine de la pi. 23 bis.
4» Céramique. PI. 20, carreaux de poêle à reliefs vernissés des xvi* et
xvii" siècles; deux intéressantes pièces à personnages. PI. 19, carreaux
polychromes, helle et curieuse série. PI. 18, vaste et remarquable poêle
du xvn« siècle. PI. IS, 20, 21, spécimens de faïences de Winterlhur,
Carouge et Langnau et des porcelaines de Zurich et Nyon. Il semble
que les carrelages du moyen âge auraient pu être représentés; la
Suisse en renferme d'intéressants, notamment au musée de Berne.
5° Sculpture. PI. 6, très joli buste reliquaire en bois do Marie-Made-
leine, xve siècle, provenant de l'abbaye d'Engolberg. PI. 31 et 35,
curieuses frises ornementales des xv<= et xvi« siècles dans le style par-
ticulier au Tyrol, au sud de la Suisse et au nord de l'Italie et dont
l'exécution méplate se prête à l'emploi du sapin. Les exemples don-
nés sont d'un dessin charmant et d'un grand effet décoratif. La pi. 31
porte par erreur la mention « xine siècle; » les plus anciens morceaux
(centaure et animal) ne semblent pas antérieurs au xiv<= siècle. Ils pro-
viennent toutefois des anciennes stalles de la cathédrale de Lausanne,
aujourd'hui à Chillon, qui portent le style du xiii" siècle et offrent des
analogies remarquables avec les dessins de stalles de Villard de Hon-
necourt, lequel a certainement étudié la cathédrale de Lausanne, s'il
n'y a pas travaillée
Deux statues du xv° ou xvi* siècle, reproduites à la môme planche,
sont bien ordinaires; une autre franchement mauvaise. On peut (juali-
fier de même plusieurs bas-reliefs du xvi« siècle, sans style, des pi. 31
et 34; trois autres sont passables.
G'' Meubles. Le xii» siècle est représenté par un bien curieux bahut
roman provenant du chapitre de Sion et qui, avec ses arcatures, ses
dents de scie et ses rosaces gravées, rappelle beaucoup la célèbre
armoire d'Obazine. C'est un meuble d'une extrême rareté, peut-être
archaïque comme certains meubles Scandinaves, mais qui ne saurait
être postérieur au xme siècle; on y remarque des pilastres cannelés à
la mode de Bourgogne, tels qu'on en voit à la cathédrale de Genève et
au portail de Bonmont près de cette ville.
Les meubles les plus anciens après celui-ci sont du xv<= siècle; pi. 32,
très beau bahut de la fin du xv« siècle ou du début du xvi« sur le devant
duquel se déroule toute l'histoire de la création sculptée avec art et
dans un beau style. PI. 33, bahut de Fribourg, bon spécimen de
meuble riche de style flamboyant un peu monotone. PI. 31, bahut du
XVI8 siècle, orné d'une histoire de David; intéressant spécimen de ce
1. Album, édition Lassus, pi. 53. Les lutteurs de la pi. 77 sont semblables
à un bas-relief des stalles de Fribourg.
/,70 BIBLIOGRAPHIE.
travail en méplat particulier à la région helvétique. PI. 35, bahut de la
Suisse orientale à marqueteries, xvi= siècle, bon modèle d'un art simple
et bien pondéré; il contraste avec le bahut des Grisons de la fin du
XVI* siècle. PI. 36, vrai chef-d'œuvre de mauvais goût, curieuse compi-
lation de motifs étranges, de marqueterie et de sculpture, mal compris
et appliqués hors de tout propos. PI. 39 et 41, trois bahuts du
xviie siècle; ils appartiennent à un art qui n'a rien de fin, mais qui ne
manque au contraire ni de goût ni d'effet. PI. 34, jolie crédence de la
Renaissance datée de 1541. PI. 38, grande crédence à marqueteries du
commencement du xvn« siècle, simple et de jolies lignes, bon modèle
d'un style qui appartient franchement au pays, mais cette pièce a subi
des remaniements évidents. PI. 40, armoire du xvn^ siècle provenant
des environs de Bàle, analogue aux meubles hollandais avec plus de
simplicité et de pondération. PI. 37 et 42, meubles à deux corps du
xvne siècle, analogues à ceux du midi de la France. PI. 43, lit de 1714,
d'un style régional bien particulier, souvenir attardé et assez agréable
du style de la Renaissance; commode Louis XV en marqueterie, assez
belle malgré la lourdeur et le manque de galbe qui indiquent son origine
locale.
PI. 5, joli secrétaire en marqueterie, xvn« siècle. PI. 34, chaise du
xvi« siècle qui parait remaniée. PI. 31, fauteuil assez joli, mais bien
peu pratique, dans le style de la Renaissance avancée; imitation peu
adroite de modèles français. PI. 34, chaises des Grisons, plutôt typiques
qu'élégantes. PI. 37, fauteuil provenant de Savoie, avec couronnement
biscornu et dossier orné de fausses perspectives d'architecture pitto-
resque; le mauvais goût ne saurait aller plus loin.
1° Manuscrits et reliures. La série des manuscrits est courte et n'a
rien de spécialement remarquable. PI. 17, deux reliures en argent
repoussé du xv« et du xvi« siècle, œuvres médiocres. PI. 15, feuillets
d'ivoire du x^ siècle, représentant deux saints, pièce qui mériterait
une étude; autres feuillets d'ivoire imités d'un modèle byzantin très
ancien, mais exécutés en Suisse et seulement à l'époque gothique,
comme le prouvent certains détails, arcatures, quatrefeuilles, à côté
d'une bordure de tout autre style; les figures sont d'une grande barba-
rie. Ce très curieux objet est attribué au xm" siècle; j'inclinerais à y
voir plutôt une œuvre du xiv«.
8» Orfèvrerie. PI. 48, coffret du x« siècle provenant de la collégiale
de Bero-Munster, dont le trésor a fourni les plus belles pièces de l'ex-
position et dont le bon exemple aurait bien dû être suivi par d'autres
églises. Ce coffret à reliques, fait pour être porté en bandoulière, est
un curieux spécimen d'art carolingien avec ses dessins géométriques
cloisonnés incrustés de verroterie. Il rappelle beaucoup un coffret de
môme style conservé à Utrecht. PI. 34, cinq belles crosses : simple
volute terminée en tête d'animal, œuvre de la fin du xri^ ou du début
BIRLIOCRAPniË. .'iH
du xiii« siècle, provenant de Bàle; crosse de l'abbé de Rùti, œuvre de
Limoges, xiii» siècle, ornée d'un griffon à demi oriental qui sort des
modèles courants et répandus; on y voit des silhouettes de reptiles
traitées avec un rare bonheur; crosse d'Engelberg, belle pièce de
Limoges, xni« siècle, d'un modèle au contraire bien connu (Annon-
ciation); crosse de saint Maurice, très riche et très belle pièce du
xv« siècle ; crosse de Fischingen, de la fin du xvi'= siècle, encore dans
le style de la précédente.
PI. 45, croix de la collégiale de Bero-Munster, admirable morceau
d'orfèvrerie du commencement du xiv<= siècle. Les fonds entre les
médaillons d'émaux translucides, les camées et les cabochons sont
entièrement couverts de délicieux feuillages rapportés; le Christ en haut
relief est remarquable. De la même église, pi. 16, belle couverture
d'évangéliaire en argent du xiv siècle, à admirer, non pour sa compo-
sition très bizarre, mais pour l'exécution de ses émaux translucides qui
rappellent ceux de l'Italie et de la belle figure du Dieu de Majesté qui
se détache du centre en haut relief et rappelle le style de la statuaire
de Strasbourg. L'architecture est de style français, mais fort mal agen-
cée. PI 46, reliquaire du chef de saint Jean-Baptiste, fin du xv<= siècle;
objet d'un goùc et d'une composition médiocres, mais d'une exécution
sûre et savante; la tête est un morceau de statuaire remarquable.
PI. 47, monstrance xvi« siècle assez jolie, mais banale; reliquaire et
navette même époque; calices du xvii^ siècle assez médiocres; calice
plus intéressant de Soleure, commencement du xvii= siècle, orné de
flammes d'un style encore gothique, rappelant le calice donné par
Henri III à la cathédrale de Chartres et un calice conservé à Limoges.
PI. 48, 49, 50, 53, 54, série variée de coupes d'argent à couvercles,
du xvi« et du xvn'' siècle, plus ou moins ornées et compliquées et de
mérites très divers. PI. 49 à 53, coupes plus compliquées encore, des
mêmes époques, aftectant la forme de divers animaux et curieuses par
la recherche et le mauvais goût de leur composition, spécialement la
pièce de 1649, pi. 52, et le singe, pi. 53. La nef d'argent du xvi« siècle,
pi, 54, se recommande au moins par une certaine élégance et le fini de
ses nombreux détails. Quelques plats d'argent repoussé, pi. 45, 48, 57.
PI. 55, boîte d'épices style Louis XV; à la môme planche, très belle
plaque d'huissier en argent émaillé aux armes de Bàle en 1561.
9» Bijouterie. PI. 56, curieuse série de bijoux suisses des xvii« et
xviii^ siècles, les plus anciens dans un bon style de la Renaissance; les
autres en filigranes, d'un style local assez curieux. Remarquer le col-
lier attribué non sans vraisemblance à Marie de Bourgogne; rapprocher
de cette pièce les nombreuses initiales et menus ornements d'orfèvrerie
cousus (pi. 66) sur une robe de statue de la Vierge; il y a là des pièces
curieuses du xv* et peut-être du xiv« siècle, et ces ex-voto rappellent
ceux qu'on a cloués à Conques sur la statue de sainte Foy.
472 BIBLIOGRAPHIE.
10° Étains et cuivres, pi. 34 et 38, riche ot amusante série de brocs
d'étain et d'aiguières de cuivre de toutes formes datant du xiv<^ au
XVIII* siècle; ceux de l'époque gothique sont particulièrement pitto-
resques et intéressants. PI. 55, curieux mortier de bronze de l'abbé
Hugues (xiii^ siècle) provenant de Saint-Maurice.
11° Ferronnerie et armes. PI. 58, grille de la fin du xvi^ siècle pro-
venant de Wettinghen. Tiges entrelacées, d'un type germanique bien
connu, formant des rinceaux monotones analogues à des paraphes de
calligraphe virtuose. PI. 59, curieux canon de campagne du xv^ siècle,
avec son affût de la fin de la même période. PI. 60, armure historique
(vers 1500). PI. 61, fauchard gravé et doré au chiffre de Charles le
Téméraire. L'attribution peut être exacte, mais le travail semble ita-
lien, exécuté peut-être à Brescia ou à Milan. Épieu de chasse, xvi*^ siècle,
pièce curieuse; pertuisane, curieuses hallebardes. PI. 64, trophées de
hallebardes et de dagues; un certain nombre de ces armes remontent
au moins au début du xv« siècle et sont très intéressantes ; la reproduc-
tion est malheureusement à une bien petite échelle. PI. 63, dagues
suisses, armes très typiques; armes et équipements. PI. 61, écu orné
d'une aigle éployée en relief; pièce d'un beau style et d'une grande
rareté, mais dont je ne saurais accepter l'attribution au xiii^ siècle ; c'est
plutôt une œuvre du xv^. Cette série donne une juste idée de la grande
richesse de la Suisse en armes anciennes.
12° Tissus.
A. Étoffes et broderies. A noter avant tout, pi. 14, une tenture du
Valais en toile imprimée du xiv« siècle. On y voit une danse, l'histoire
d'Œdipe et divers ornements; le style et les sujets indiquent l'influence
italienne ; la composition est heureuse, le dessin très pur, d'un charme
et d'un mouvement exquis, avec une simplicité vraiment décorative.
C'est de plus une pièce fort rare. PI. 65, belle et curieuse toile brodée
du xive siècle (devant d'autel) ; bannières du xvi« siècle sur la couver-
ture du catalogue et à la pi. 62. PI. 33, 35, 43, 66, devants d'autels et
autres pièces brodées, xvii« et xviii« siècles; à la pi. 66, robe dite de
Clémence de Hongrie. PI. 68, dalmatique du xvi« siècle. Pi. 69, tapis
armorié brodé en laine, de 1616.
B. Tapisseries. PI. 65, devant d'autel de 1490 figurant la Résurrec-
tion du Christ, belle et curieuse pièce. PI. 67, tapisserie flamande de
l'Adoration des Mages, xv^ ou xvi^ siècle, belle pièce médiocrement
composée. PI. 70, tapisserie des Gobelins représentant le renouvelle-
ment de l'alliance entre Louis XIV et les Suisses en 1670. Belle pièce
en parfait état de la suite de l'Histoire du roi.
H est fâcheux que l'Exposition nationale suisse ait été privée d'un
certain nombre d'objets anciens dont la place y était indiquée. On
regrettera que les périodes carolingienne et romane dont la Suisse pos-
BIBLIOGRAPniE. 473
sède de si remarquables séries ne soient ici représentées la première
que par trois pièces et la seconde par une seule.
L'album dont on vient de voir l'analyse n'en est pas moins une œuvre
de premier ordre en son genre, digne d'être comparée au Catalogue
Spitzcr et capable de donner une idée presque complète de l'iiistoire dos
arts en Suisse. On peut du reste utilement compléter cette élude parle
bel ouvrage que M. Em. Molinier a consacré au Trésor de Coire. On
sait que la Suisse est ricbe en objets d'art ancien et que son bistoire
artistique se rattache à la fois à celle de la France, de l'Italie et de
l'Allemagne. C'est dire l'intérêt de telles publications. Celle-ci, en par-
ticulier, rendra de grands services aux amateurs et érudits et lait le
plus grand honneur à ses auteurs et à leurs éditeurs. Il est à souhaiter
que d'autres de leurs compatriotes suivent l'exemple qu'ils ont si bien
donné.
G. Enlart.
Paul RiSTELHUBER. Htstoire de la formation de la bibliothèque muni'
cipale créée en 1872 à Strasbourg. Paris, Champion, ^89.5. lii-.s°,
36 pages. Prix : 2 fr.
L'opuscule de M. Ristelhuber a été écrit dans le but de rétablir la
vérité sur l'histoire de la formation de la bibliothèque municipale de
Strasbourg. Après l'incendie de cette collection de livres inestimables
brûlée par les bombes allemandes dans la nuit néfaste du2i août 1870,
les Allemands se mirent en tète, quelques mois après la capitula-
tion de la ville, de reconstituer ce qu'ils avaient détruit. Ils ne pou-
vaient le faire que dans une faible mesure, malgré les fonds dont ils
disposaient, car il ne fallait pas songer à remplacer le trésor de nos
vieilles chroniques et d'une foule d'autres manuscrits. Ceux-là sont
perdus à tout jamais, comme ce joyau sans prix, Vllortus deliciarum de
l'abbesse Herrade de Landsberg.
Un Allemand, le D-" Barack, aujourd'hui conservateur de la biblio-
thèque de l'Université, se signala par son zèle et une propagande active
dans la presse d'outre-Rhin en faveur de sa reconstitution. Mais, au
lieu de verser les fonds et les dons qu'il recueillait à la ville, il les
garda pour en faire le noyau de ce qui allait devenir VUniversilaets-
und Landesbibliolhek. Toutefois, ils ne purent s'emparer de tous,
quelques-uns s'en allèrent à leur véritable adresse, la commission muni-
cipale chargée dans la mesure du possible de réparer le mal causé par
le bombardement.
En quelques pages, M. Ristelhuber a reconstitué l'histoire des tra-
vaux de cette commission en publiant les procès-verbaux de ses séances,
sans y ajouter le moindre commentaire; dans leur sobriété un peu sèche
ils en disent plus que de longues dissertations. On sent percer entre
474 BIBLIOGRAPHIE.
ces lignes l'amertume froidement correcte de gens que l'on dépouille et
qui ne peuvent obtenir justice.
Réunie pour la première fois le 29 février 1872, la commission, com-
posée de MM. Gaguel, adjoint au maire, Kablé, conseiller municipal,
des professeurs Schimper, Gh. Schmidt, R. Reuss, de MM. P. Ristel-
huber, homme de lettres, Brucker, archiviste municipal, et J. Flach,
avocat, avait à s'occuper de l'emploi d'une vingtaine de mille francs
votés par le conseil municipal pour l'acquisition de Hvres et à examiner
les offres de vente. Elle siégea jusqu'au 20 janvier 1873, et, grâce à
l'activité infatigable de ses membres, particulièrement de MM. Schmidt,
Reuss, Ristelhuber, Brucker et Schimper, elle réussit à mener à bonne
fin une besogne aussi ardue. La bibliothèque fut constituée peu à peu
grâce à des dons venus de France, d'Alsace et de Lorraine. Disposant
d'un budget très modique, 9,000 fr., elle ne pouvait lutter avec sa rivale
allemande, disposant de près de 75,000 fr. Il faut savoir gré à M. R.
de nous avoir retracé en quelques pages cette histoire du passé que
peu de gens connaissent.
Ch. Nerlinger.
LIVRES NOUVEAUX.
SOMMA[RE DES MATIÈRES.
Généralités, 590, 695, 789.
Sciences auxiliaires. — Épigraphie, 704, 708,755, 810. — Paléogra-
phie, 561, 816. — Chronologie, 860. — Bibliothèques, 575, 607, 775,
848. — Manuscrits, 617, 626, 650, 6.53, 657, 658, 685, 743, 744, 757, 777,
786, 787, 790, 850. — Imprimerie, 833. — Bibliographie, 750, 857.
Sources, 810. — Légendes, 714, 858. — Chroniques, 565, 719, 856.
— Journaux, 826. — Correspondances, 659, 851. — Archives, 584,
588, 594, 673, 863; cartulaires, 604, 605, 652, 686, 705, 712, 783, 861;
chartes, 734, 735, 746, 788, 793. — Comptes, censiers, etc., 640, 655,
720, 863, 867.
BioQRAPmE, GÉNÉALoaiE. — Bretagne, 717; Grande-Bretagne, 631.
— Adélaïde, 869; Agobard, 579; Alençon, 771; Alexandre III, 734;
saint Augustin de Cantorbéry, 598; Bertrand, 649; Bessarion, 845;
Bonnin,784; Castruccio Castracani, 695; Charles VI, 710; Clément V,
582 ; Clément IX, 577 ; sainte Clotilde, 725 ; Gresci, 561 ; Dante, 794, 795,
855; Dati, 820; saint Dominique, 572 ; Du Guesclin, 842 ; saint Etienne
BIBLIOGRAPHIE. .^75
de Perm, 836; saint Euchaire, 770; saint Faron, 589, 735; Foix-llaljat,
637 ; Foucault, 656 ; Frédéric le Sage, 681 ; Geoifroi la Grand'Dent, 046;
Giotto, 778; Girbert de Montreuil, 722; Goes, 864; Guinizelli, 591;
Hadrien, 579; Hénin-Liétard, 595; Holbein, 716; IIus, 840; Jacques I-^--
d'Ecosse, 713; Jean II, 798; Jeanne Planta?,'pnet, 645; G'*" Jeanne
de Portugal, 580; Jehuda Ilalevi, 661 ; Lambertie, 733; Machiavel, 776;
Manfred, 695; Mathilde, 695; Médicis, 691, 824; Nicolas IV, 695;
Orighe, 595; Palatino, 561; Pèlerin le Viateur, 828; Peruzzi, 824;
Pétrarque, 764; Premysl, 659; Renesse, 628; Robert le Fort, 766;
Robert le Sage, 571; Ascanio Sforza, 796; Sordello, 676, 854; Trajan,
579; Urbain II, 862; Vespasiano, 561, Vladislas, 650.
'' Droit, 562, 635, 660, 667, 701, 731, 742, 760, 768, 771, 775, 825.
Institutions, 679, 751, 838, 859.
Histoire économique, moeurs, 629, 690, 785.
Sciences, enseignement, 563, 570, 600, 706, 723, 809, 813, 851.
Religions. — Judaïsme, 810. — Christianisme, 697, 700; papauté,
618, 635; conciles, 639, 862; croisades, 564 ; ordres religieux, 604,636,
671,693,726; institutions ecclésiastiques, 801 ; théologie, 728; litur-
gie, 626, 638, 694, 715, 743, 744, 802, 823; hérésies, 698.
Archéologie, 559, 568, 624, 675,681, 767, 792,847,857.— Architecture,
566, 576, 612, 627, 662, 678, 688, 689, 736, 754, 807, 817, 819, 822, 832.
— Sculpture, 780. — Peinture, 608, 778. — Mosaïque, 574. — Vitraux,
745, 814. — Tapisseries, 648. — Vêtements, 829. — Mobilier, 654. —
Cloches, 583. — Musique, 620, 666. — Théâtre, 730. — Numismatique,
647, 677, 779, 806, 853. — Sigillographie, .592, 645, 671, 797. — Héral-
dique, 827. — Art militaire, 769.
Langues et littératures. — Latin, 670. — Langues romanes, 674,
782; français, 669, 759, 805, 821; provençal, 642; espagnol, 619, 644,
663; italien, 581, 591, 614, 621, 622, 6.33, 634, 651, 658, 724, 772, 815,
830, 831, 843, 855, 871. — Langues germaniques : allemand, 578, 747;
anglo-saxon et anglais, 613, 682, 749. — Langues slaves, 715, 763.
SOMMAIRE GÉOGRAPHIQUE.
Allemagne, 565, 576, 578, 585,629, 655, 677, 678, 689, 711, 712, 720,
723, 750, 758, 792, 859, 861.
Autriche-Hongrie, 573, 703, 823, 832, 849.
Espagne, 662, 679, 752, 793, 809.
France, 643, 841. — Anjou, 750; Bretagne, 726 ; Champagne, 569;
Gatine, 736; Limousin, 592, 610; Poitou, 858. - Ain, 597; Aisne, 799;
Alpes (Basses-), 762 ; Alpes (Hautes-), 852 ; Alpes-Maritimes, 603, 819;
476 BIBLIOGRAPHIE.
Ardennes, 707, 708; Cantal, 609 ; Charente, 773 ; Cher, 791 ; Corrèze, 586 ;
Creuse, 818; Drôme, 727; Eure-et-Loir, 567, 709; Gard, 641; Indre-
et-Loire, 593, 673 ; Loire-Inférieure, 680; Manche, 765, 800, 827, 835;
Marne, 605, 706; Marne (Haute-), 632; Mayenne, 564; Morbihan, 729,
738; Nièvre, 732, 746; Nord, 624, 625, 748; Oise, 753, 806; Pyrénées
(Basses-), 587, 638, 803; Rhône, 814; Sarthe, 594, 611, 665, 865; Savoie,
866; Seine, 696; Seine-et-Marne, 699, 734, 735, 745, 808, 867; Seine-
et-Oise, 584, 623, 761; Somme, 737; Tarn-et-Garonne, 660; Vienne
(Haute-), 566; Yonne, 704, 868.
Grande-Bretagne, 568, 601, 612, 630, 683, 684, 812, 846.
Italie, 596, 602, 606, 616, 640, 652, 664, 672, 721, 739, 741, 754-756,
767, 768, 781, 783, 804, 813, 824, 826, 833, 839, 844, 847.
Russie, 702, 705, 718, 810, 834, 837, 870.
Pays-Bas, 588.
Pays Scandinaves, 692, 797.
Suisse, 599, 841.
Orient, 560, 615, 811.
Afrique, 740.
559. Aeltere Denkmâler der Baukunst und des Kunstgewerbes in
Halle a. S. Herausgegeben von dera Kunstgewerbeverein fiir Halle, 2.
Halle, M. Niemeyer, 1897. In-4o, 3 p., 15 pi. 4 m.
560. Akhverdov (Iv.). Armeniia v piatom viekie. [L'Arménie au
v^ siècle.] Izd. 3«. Nakitchevan-sur-le-Don, impr. B. Gourevitch, 1897.
In-8o, 106 p. 1 rouble.
561. Andreoli (Eliodoro). Frate Vespasiano, Palatino, Cresci, tre
sommi caUigrafi del medioevo. Milano, tip. Galli e Raimondi, 1897.
In-24, 129 p., 22 facsim.
562. Andrich (Luigi). Le fonti romane del Liber consuetudinum Medio-
lani. Padova, tip. Gio. Batt. Randi, 1897. In-8°, 8 p. (Extrait des Atli
e memorie délia r. accademia di scienze di Padova. Nouvelle série,
vol. XXIU.)
563. Angles (maître Robert). Le Traité du quadrant. Texte latin et
ancienne traduction grecque publiés par M. Paul Tannery. Paris,
C. Kiincksieck, 1897. In-4'', 84 p. (Extrait des Notices et Extraits des
manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. XXXV, 2^ p.)
564. Anoot (abbé A.). Les Croisés et les premiers seigneurs de
Mayenne. Origine de la légende. Laval, Goupil, 1897. In-8°, 32 p.
565. Annalen und Chronik von Colmar. Nach der Ausg. der Monu-
menta Germaniae iibersetzt von H. Pabst. 2. Aufl. neu bearbeitet von
BIBLIOGRAPHIE. 477
W. Wattenbach. Leipzig, Dyk, 1897. In-8°, xvi-248 p. (Die Geschicht-
schreiber der deutschea Vorzeit, 75.) 3 m. 20.
566. Arbellot (abbé). Notice historique et archéologique sur l'église
de Saiut-Léonard de Noblac. Limoges, impr. Barbou, 1897. la-S", 19 p.
567. Archives historiques du diocèse de Chartres : église de Saint-
Aignan de Chartres. Vannes, impr. Lafolye, 1897. In-8», 52 p.
568. Armitage (Ella S.). A key to English antiquities with spécial
référence to the Sheftield and Rotherham district. London, Simpkin,
1897. In-8°, 348 p. 7 sh.
569. AssiER (Alexandre). Pièces rares ou inédites relatives à l'histoire
de la Champagne et de la Brie. VIL Paris, E. Lechevalier, 1897. In-12,
60 p. (Nouvelle bibliothèque de l'amateur champenois.)
570. Bacon (Roger). The Opus majus. Edited with introduction and
analytical table by John Henry Bridges. London, Henry Frowde, 1897.
In-8o, cxcn-972 p. 32 sh.
571. Baddeley (Saint Clair). Robert the wise and his heirs, 1278-
1352. London, William Heinemann, 1897. In-8°, xxvi-563 p.
572. Balme (P.), Lelaidier (P.). Cartulaire ou histoire diplomatique
de saint Dominique. T. IL Paris, bureaux de l'année dominicaine.
In-8», 494 p. illustr. 10 fr.
573. Baloqh (Jânos). Nagy-Kanizsa vâros es vidékének liadtôrténelrai
multja. [Histoire de Kanizsa.J Nagy-Kanizsa, Philippe Fischel, 1897.
In-8% 231 p. 1 £1. 50.
574. Barbier de Montault (Mgr X.). Les Mosaïques des églises de
Ravenne. Lille, impr. Desclée, de Brouwer et C'^, 1897. In^*, 132 p.,
grav. (Extrait de la Revue de l'art chrétien.)
575. Barré (H.). Catalogue des incunables de la bibliothèque de la
ville de Marseille. Marseille, impr. Barthelet, 1897. In-8°, vii-73 p.
576. Baudenkmalc (die) in der Pfalz. 23-25. Ludwigshafen, A. Lau-
terborn, 1897. In-4o, p. 49-82 du t. IV et 119-203 du t. V, illustr. 2 m.
la livr.
577. Beani (Gaetano). Clémente IX e l'isola di Candia. Pistoia, tip.
Gacialli, 1897. In-i6, 24 p.
578. BEGKER(Reinhold). Der raittelalterliche Minnedienst in Deutsch-
land. Halle, M. Niomeyer, 1897. In-8», 70 p. 1 m. 20.
579. Beitrâge zur Fôrderung christlicher Théologie. I, 3 : Die Tage
Trajans und Hadrians, v. A. Schlatter. Leben und Schriften Agobards,
Erzbischofs von Lyon, von R. Foss. Gùtersloh, C. Bertelsmann, 1897.
In-8°, v-144 p. 2 m.
4897 31
478 BIBLIOGRAPHIE.
580. Belloc (J.-T. de). La bienheureuse Jeanne de Portugal et son
temps. Paris, Retaux, 1897. In-S», 286 p., grav. 5 fr.
581. Benivieni (Hieronymo). Dialogo di Antonio Manetti, cittadino
iiorentino circa al sito, forma et misure dello Inferno di Dante Ali-
ghieri... Aggiuntavi... un' introdazione di Nicola Zingarelli. Gittà di
Gastello, S. Lapi, 1897. In-16, 144 p. (GoUezione di opuscoli danteschi,
37-39.) 2 1. 40.
582. Bercuon (Ernest). Histoire du pape GlémentV (1305-1314). Bor-
deaux, impr. Gounouilhou, 1896. In-8°, 216 p.
583. Berthelé (Joseph). Les « Gloches et fondeurs de cloches » de
M. Louis Régnier et les manuscrits de Philippe II Gavillier ; la pyro-
technie et l'œuvre campanale. Lettre à M. Louis Régnier. Gaen, De-
lesques, s. d. In-8», 15 p. (Extrait du Bulletin monumental.)
584. Bertrandy-Lacabane, Gouard (E.). Inventaire sommaire des
archives départementales antérieures à 1870. Seine-et-Oise. Archives
civiles : série E, art. 5864-6930. Versailles, Gerf, 1897, In-4<>, lxxx-431 p.
585. Beschorner (Hans). Das sàchsische Amt Freiberg und seine
Verwaltung um die Mitte des 15. Jahrhunderts. Leipzig, Duncker und
Humblot, 1897. In-8°, Yn-136 p. (Leipziger Studien aus dem Gebiete
der Geschichte, IV, 1.) 3 m. 20.
586. BiAL (Paul). Leodunum ou le Puy de Vézy. Monographie de
GoUonges (Gorrèze). Brive, impr. Roche, 1896. In-8°, iii-279 p. (Extrait
du Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de Gor-
rèze, t. XVIIl.) 3 ff. 50.
587. Bladé (J.-F.), Mémoire sur l'évêché de Bayonne. Pau, impr.
Dufou, 1897. In-8°, 96 p. (Extrait des Études historiques et religieuses
du diocèse de Bayonne. — Non mis en vente.)
588. Blok (P.-J.). Verslag aangaande een voorloopig onderzoek te
Parijs naar archivalia belangrijk voor de geschiedenis van Nederland.
's Hage, W. P. Van Stockum en zoon, 1897. In-S», 54 p. 0 fl. 30.
589. Bobard (L.). Le Gulte populaire et les reliques de saint Faron,
évêque- de Meaux. Lagny, impr. Golin, 1897. In-S», 15 p. (Extrait du
Bulletin de la conférence d'histoire et d'archéologie du diocèse de Meaux.)
590. BoLLAND (G. -J. -P.-J.). Rome en de geschiedenis. Leiden, A. -H.
Adriani, 1897. In-8'', iv-137 p. 1 fl. 25.
591. BoNQiOANNi (A,). Guido Guinizelli e la sua riforma poetica.
Venezia, Léo S. Olschki, 1896. In-40, 48 p. (Extrait du Giornale Dan-
tesco.)
592. Bosredon (Philippe de). Rupin (Ernest). Sigillographie du bas
BIBLIOGRAPnrE. 479
Limousin. Nouveaux suppléments. Brivo, impr. lloclie, 18%. la-4",
11-431 p., fig.
593. BossEBOELF (abbé L.-A.). De L'Indre à l'Indrois. Montrésor.
Tours, impr. Deslis frères, 1897. ln-8°, lOi p. (Extrait des Dullelins de
la Société archéologique de Touraine.)
594. BouRRiENNE (abbé V.). Les Archives du château du Yal-Pineau
(Sarthe). Rouen, impr. Leprêtre, 1897. In-S», 11 p. (Extrait du Compte-
rendu de la 2" session des assises de Caumont.)
595. Brassart (P.). La Tombe élevée d'un panetier de saint Louis,
Pierre Orighe, chevaher, fondateur de la chapelle de la Madeleine à
Douai. Notice contenant des renseignements sur les tombes de Sebourg
et sur la vraie origine de la maison d'Hénin-Liétard, se disant fausse-
ment d'Alsace. Lille, impr. Danel, 1897. In-S», 44 p. (Extrait du Bulle-
tin de la commission historique du département du Nord.)
596. Brognoligo (Enrico). La Motta Vicentina. Vicenza, tip. L. Fabris.
1897. In-8°, 50 p. (Nozze Domenico Donà-Laura Clementi.)
597. Brossard (Joseph). Regeste ou Mémorial historique de l'église
Notre-Dame de Bourg. I. Bourg-en-Bresse, impr. AUombert, 1897.
In-8o, 549 p.
598. Brou (le R. P.). Saint Augustin do Canterbury et ses compa-
gnons. Paris, Lecoffre, 1897. In-18, xi-212 p. (Les saints.)
599. BuECHi(Alb.).Freiburgs Bruch mit Oesterreich, sein Uebergaug
an Savoyen und Anschluss an die Eidgenossenschaft. Freiburg-i.-S.,
Universi\âts-Buchhandlung, 1897. In-4'', xxii-268 p. (GoUeclanea Frei-
burgensia, \"U.)
600. BuELOW (Georg). Des Dominicus Gundissalinus Schrift von der
Unsterblichkeit der Seele, hrsg. und philosophiogeschiclitlich unter-
sucht. Munster, Aschendorff, 1897. In-8°, viri-145 p. (Beitriige zur
Gcschichte der Philosophie der Mittelalters, II, 3.) 5 m.
601. BuRTON (J.-H.). The History of Scotland. New édition. IV-V.
Edinburgh, Blackwood, 1897. In-8°, 486 et 472 p. 3 sh. 6 d. le vol.
602. Cairo (Giovanni), Garelli (F.). Codogno e il suo territorio nella
cronaca e nella storia. I, 6-17. Codogno, A.-G. Cairo, 1897. In-8»,
p. 81-272.
603. Cais di Pierlas (E.). La ville de Nice pendant le premier siècle
de la domination des princes de Savoie. Turin, Bocca frères, 1898. In-8°,
558 p., 2 pi. 24 1.
604. Cartulaire général de l'ordre des Hospitaliers de 8aint-Jean-de-
Jérusalem (1100-1310), par J. Delaville Le Roulx. II (1201-1260). Paris,
Leroux, 1897. Gr. in-40, 923 p.
480 BIBLIOGRAPHIE.
605. Gartulaire du chapitre de l'église cathédrale de Châlons-sur-
Marne, par le chantre Warin. Paris, Picard et fils, 1897. In-8°, vin-74 p.
606. Casa (E.). La Gittadella di Parma. Parma, tip. Luigi Battei,
1897. Ia-8°, 101 p. (Extrait de VArchivio storico pcr le provincie imr-
mensi, III.)
607. Gastellani (G.). Il prestito dei codici manoscritti nella biblioteca
di S. Marco ia Venezia ne' suoi primi tempi e le conseguenti perdite
dei codici stessi. Venezia, tip. Ferrari, 1897. In-8o, 67 p. (Extrait des
Atti dei r. istituto veneto di scienze, série VII, tomo VIII.)
608. Gavalgaselle (G-.-B.), Growe (J.-A.). Storia délia pittura in
Italia. U. 2'' edizione, con aggiuata e correzioni. Firenze, suce. Le Mon-
nier, 1897. In-8°, 504 p. 10 1.
609. Ghabau (abbé J.-B.). L'Église d'Anglards-de-Salers et les archi-
prêtres de Mauriac, prieurs d'Anglards. Saiut-Flour, impr. Boubou-
nelle, 1896. In-S», 53 p.
610. Ghampeval (J.-B.). Le bas Limousin seigneurial et religieux.
1-2 : arrondissements de Tulle et Ussel. Limoges, Ducourtieux, 1897.
In-8o, 420 p. 14 fr.
611. Ghappée (Jules). Les Sépultures de l'abbaye de Ghampagne et
les fouilles de 1895-1896. Mamers, Fleury etDangin, 1897. In-8°,32 p.,
fig., plan. (Extrait de la Revue historique et archéologique du Maine.)
612. Glarke (A. -A.). Monograph on the cathedral church of Wells.
London, Simpkin, 1897. In- 12, 66 p., illustr. 1 sh. 6 d.
613. Glarke (S. W.). Miracle Play in England : an account of the
early religious drama. London, Andrews, 1897. In-8°, 104 p. 3 sh. 6d.
614. Gou (Ed.). Il Paradiso terrestre dantesco. Firenze, tip. G. Gar-
nesecchi, 1897. In-8°, vi-254 p., 3 pi. 12 1.
615. GoNDER (Glaude Régnier). The Latin Kingdom of Jérusalem,
1099-1201 A. D. New- York, New-Amsterdam Book Go., 1897. In-8<>,
443 p. 2 d. 50.
616. GoN'Ti (Egidio). Genni storici dei paese di Acqualagna. Gagli,
tip. Balloni, 1897. In-8°, 22 p.
617. Gosattini (Achilles). Index codicum graecorum bibliothecae
archiepiscopalis utinensis. Firenze, tip. dei frat. Bencini, 1897. In-8°,
6 p. (Extrait des Sludi ilaliani di filologia classica, vol. V.)
618. Creighton (Mandell). A History of the papacy from the great
schism to the sack of Rome. New édition. Vol. 4-5. New-York, Long-
mans, Green et Go., 1897. In-12, xvii-351 et 352 p. 2 d. le vol.
619. GuETO (Leopoldo-Augusto de), marquis de Valmar. Estudio his-
BIBLIOGRAPHIE. .\S{
tôrico, critico y filolôgico sobre las Cantigas del Rey D. Alfonpo el Sabio.
2» edicion. Madrid, M. Murillo, 1897. In-4°, xxn-401 p. 5 p.
620. CuLwiCK (J. C). Distinctive caracteristics of ancient Irish me-
lody : the scales. London, E. Ponsonby, 1897. In-S», 32 p. 1 sb.
621. Dante. The Vision; or, Hell, Purgatory and Paradise. Transi,
by Henry Francis Cary. Life of Dante. Chronological view of bis ago,
notes, index. New éd. London, Warne, 1897. In-8°, 544 p. 3 sh. 6 d.
622. Dante. Un sonetto e una ballata d'amore, per cura di Michèle
Barbi. Firenze, tip. di Salvadore Landi, 1896. In-4", 19 p. (Nozze
Beniamino Barbi-Ernesta Ciompi.)
623. Dassé (abbé). Ghaville historique. Chaville, Hénot; Paris, Haton,
1897. In-8°, 211 p., grav.
624. Dehaisnes (Mgr). Le Nord monumental et artistique. Lille, impr.
Danel, 1897. In-4o, vni-258 p. et 100 photot.
625. Delasscs (Henri). Iconographie de la basilique de Notre-Dame-
de-la-Treille et Saint-Pierre. Lille, impr. Desclée, de Brouwcr et C'«,
1897. In-4°, 22 p. (Extrait de la Revue de l'art chrétien.)
626. Delisle (L.). « Libri liturgici Bibliothecae apostolicae vaticanae
manu scripti digessit et recensuit Hugo Ehrensberger. » Paris, Impr.
nationale, 1897. In-8°, 16 p. (Extrait du Journal des savants, mai 1897.)
627. Denkmàler der Baukunst. 2-5. Berlin, W. Ernst und Sobn,
1897. Gr. in-foi., 2 p., 88 pi.; 84 pi., 72 p.; 2 p., 36 pi. 122 m.
628. Des Tombe (I.-W.). Het geslacht van Renesse, van deu oorsprong
tôt 1430. 's Hage, W. P. Van Stockum en zoou, 1897. In-8'^, vi-154 p.,
carte, 3 plans. 4 fl.
629. Detten (Georg von). Die Hansa der Westfalen. Munster, Aschen-
dorff, 1897. In-S», viii-206 p. 2 m. 40.
630. DiCHTFiELD (P. H.). Story of our English towns. Introduction by
Augustus Jessopp. London, George Redway, 1897. In-8", 308 p. 5 sb.
631. Dictionary of national biography éd. by Sidney Lee. LI. Lon-
don, Macmillan, 1897. In-8°, vi-463 p.
632. Didier (abbé G.). Étude historique et statistique sur Saint-Dizicr.
Saint-Dizier, impr. Thévenot, 1897. In-8o, 361 p., 8 grav. 4 fr. 50.
633. DoBELLi (Ausonio). Studi letterarî. Modena, tip. di A. Xamias,
1897. In-16, 172 p. 2 1. 50.
634. DoBELLi (Ausonio). Il Tesoro nelle opère di Dante. Venezia,
Léo S. Olschki, 1896. In-4'', 42 p. (Extrait du Giornale dantesco.)
635. DoMEiER (Victor). Die Pâbste als Ricbter ùber die deutscheii
Kônige von der Mitte des 11. bis zum Ausgang des 13. Jahrhunderts.
482 BIBLIOGRAPHIE.
Breslau, W. Koebner, 1897. la-S", iv-H5 p. (Untersuchungen zur
deutschen Staats-und Rechlsgeschichte, 53.) 3 m. 60.
636. DoREAU (dom Yictor-Marie). Les éphémérides de l'ordre des
Chartreux d'après les documents. Tome Ie^ Janvier-mars. Montreuil-
sur-Mer, impr. Duquat, 1897. In-S", xxix-376 p.
637. Doublet (G.). Histoire de la maison de Foix-Rabat. l^e partie :
Origines légendaires. Foix, impr. Gadrat aîné, 1897, In-8", 52 p.
(Extrait du Bulletin de la Société ariégeoise des sciences, t. YI.)
638. DuBARAT (abbé). Les Droits féodaux de la baronne d'Uhart au
XV® siècle et Notice sur le plus ancien bréviaire manuscrit du diocèse
de Rodez (xv« siècle). Paris, Impr. nationale, 1897. In-8°, 11 p. (Extrait
du Bulletin historique et philologique, 1896.)
639. Du BosE (W. P.). The ecumenical councils. Introd. by Rt. Rev.
T. F. Gailor. 2d éd. London, T. and T. Clark, 1897. In-8°, 430 p. (Eras
of the Christian church.) 6 sh.
640. Duc (Mgr Joseph-Auguste). Livre des cens de l'évèché d'Aoste
(1305). Turin, impr. J.-B. Paravia, 1897. In-8'', 53 p. (Extrait de la
Miscellanea di storia italiana, XXXV.)
641. Durand (abbé Albert). Études historiques sur Saint-Laurent-
des-Arbres, en Languedoc. IIL Avignon, Seguin, 1896. In-8o, 72 p.
642. Erdmannsdôrfer (E.). Reimwôrterbuch der Trobadors. Berlin,
E. Ebering, 1897. In-8°, vn-199 p. (Romanische Studien, 2.)
643. Essai sur les origines de la France, l""® partie. Paris, Le Sou-
dier, 1897. In-16, 208 p. (Publications de la Ga::ette franque, A, 1-2.)
644. Estoria (la) de los quatro dotores de la santa eglesia. In einer
alten spanischen Uebersetzung nacli Vincenz von Beauvais. Herausge-
geben von Friedrich Lauchert. Halle, M. Niemeyer, 1897. In-8°, xiv-
443 p. (Romanische Bibliothek, XIV.) 12 m.
645. Evans (John). Le Sceau de Jeanne Plantagenet, reine de Sicile
et comtesse de Toulouse. Traduit et annoté par Jules Momméja. Tou-
louse, impr. Chauvin et fils, 1897. In-8°, 16 p., fig. (Extrait du Bulletin
de la Société arcliéologique du midi de la France.)
646. Farcinet (Charles). Les Anciens sires de Lusignan. Geoffroi la
Grand' Dent et les comtes de la Marche. Fontcnay-le-Comte, Revue
du Bas-Poitou, 1897. In-8°, 44 p., grav. (Recherches historiques sur
le moyen âge en Poitou.)
647. Farcinet (Charles). Mélanges de numismatique et d'histoire.
V : Note sur un tiers de sou d'or (triens mérovingien) trouvé en Ven-
BIBUOGIIAPHIE. /,S3
dée et frappe à Basniacum. Paris, Serrure, 1897. In-16, 13 p. (Extrait
de la Revue du bas Poitou.)
Gi8. F.*RCY (L. de). Histoire et description dos tapisseries de l'église
cathédrale d'Angers. Angers, Germain et Grassin, 1897. In-8°, 76 p.,
pi. (Extrait de la Revue de l'Anjou.)
649. Faucher (Paul de). Notes sur le célèbre jurisconsulte de Car-
pentras Etienne Bertrand. Digne, impr. Ghaspoul et veuve Barbaroux,
1896. In-8o, 11 p.
650. Fa VA (Mariano). Codices latini catinenses. Pirenze, tip. dei frat.
Bencini, 1897. In-8°, 12 p. (Extrait des Siudi italiani di filolorjia clas-
sica, vol. V.)
651. Federzoni (Giovanni). Gli angoli nell' Inferno. Rocca s. Cas-
ciano, Licinio Cappelli, 1897. Tn-16, 39 p. 1 1.
652. Ferretto (Arture). Il Codice diplomatico del santuario di Monte
Allegro. Genova, tip. délia Gioventù, 1897. In-8°, 530 p. 5 1. 50.
653. Festa (N.). Indice de' codici greci di Lucca e Pistoia. Firenze,
tip. dei fratelli Bencini, 1897. In-8°, 10 p. (Extrait des Studi italiani
di filologia classica, V.)
654. FiLLET (abbé). Le Mobilier au moyen âge dans le sud-est de la
France. Paris, Impr. nationale, 1897. In-S», 48 p. (Extrait du Bulletin
archéologique, 1896.)
655. FôRSTEMANN (Jos.). Fragment aus einem Stadtbuch der Altstadt
Bernburg (1401-1420). Halle, E, Anton, 1897. In-8», 39 p. (Extrait des
Neue Mitteilungen aus deni Gebiet hislor.-antiq. Forschungen.) Om. 80.
656. Foucault DU Daugnon. Recherches biographiques sur Jean Fou-
cault, seigneur de Saint-Germain-Beaupré, maréchal de France et
podestat d'Asti au xv siècle. Montluçon, impr. Herbin, 1897. In-8o,
29 p. (Tiré à 60 ex.)
657. Fraccaroli (G.). Dei codici greci del monastoro del ss. Salvatore
che si conservano nella biblioteca universitaria di Messina. Fironze,
tip. dei frat. Bencini, 1897. In-8°, 28 p. (Extrait des Studi italiani di
filologia classica, vol. V.)
658. Franciosi (Giovanni), Il Dante Vaticano e l'urbinate, descritti e
studiati. Città di Castello, S. Lapi, 1896. Ia-16, 146 p., pi. (Gollezione
di opuscoli danteschi, 33-34.) 1 I. 60.
659. Friedrich (Gustav). 0 kancelâri a listinâch markrabi morav-
skych Vladislava a Premysla (1198-12.39). [Le chancelier et la corres-
pondance des margraves de Moravie Vladislas et Premysl.] Prague,
Fr. Rivnâc, 1896. In-8», 43 p. {Vestnik kralovské ceské spoleênosti nduk,
Trida filosof.-histor.-jazykozpytna, 1896, IX.) 36 kr.
484 BIBLIOGRAPHIE.
660. Galabert (abbé). Coutumes de Gariès (Tarn-et-Garonne). Charte
du 6 septembre 1265. Paris, Impr. nationale, 1897. In-S", 9 p. (Extrait
du Bulletin historique et philologique, 1896.)
661. Garkavi (A.-Ja.). Jegouda Galevi. Otcherkego jizni i literatour-
noî dieiatelnosti (1080-1145). [Vie et activité littéraire de Jehuda Ha-
levi, 1080-1145.] 2« édit. Saint-Pétersbourg, impr. N. Rapoport, 1897.
Ia-8°, 55 p. 25 kop.
662. Gascon de Gotor (Pedro). Zaragoza monumental. Conferencias
dadas en el Ateneo de Madrid. Madrid, M. Murillo, 1897. In-S", 85 p.
1 p. 50.
663. Gassner (Armin). Das altspanische Verbum. Halle, M. Niemeyer,
1897. In-8°, Ym-208 p. 5 m.
664. Gatta (Lod.). Milano e i nomi délie sue vie. Milano, fratelli
Bocca, 1897. In-16, 579 p. 5 1.
665. Gérault (M.). Notice historique sur Sainte-Suzanne et son châ-
teau. Laval, Goupil, 1896. In-18, 35 p., grav.
666. GiACOMELLi (Guido). Délia musica in Sardegna : ricerche sto-
riche. Cagliari, tip. dell' Unione sarcla, 1896. In-S", 179 p. 2 1.
667. GiRAUD (D"-). Étude sur les procès de sorcellerie en Normandie.
Rouen, impr. Gy, 1897. In-8°, 54 p. (Académie des sciences, belles-
lettres et arts de Rouen.)
668. Glanville (L. de). Notes prises sur de vieux parchemins et lues
à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen. Rouen,
impr. Gy, 1897. In-S», 129 p.
669. GoDEFROY (Frédéric!. Dictionnaire de l'ancienne langue française
et de tous ses dialectes, du ix^ au xv^ siècle. Tome IX. Fasc. 86. Paris,
E. Bouillon, 1897, In-4°, p. 401-480.
670. GoDESCALCus Lintpurgensis. Fiinf ungedruckte opuscula. Her-
ausgegeben von Guido Maria Dreves, S. J. Leipzig, 0. Reisland, 1897.
In-8°, 219 p. (Hymnologische Beitràge, I.) 7 m.
671. Graffin (Roger). Un Sceau de l'ordre de Saint-Hubert. Dôle,
Beruin, 1697. In-8°, 6 p., fig. (Extrait de la Revue historique ardennaise^
mars-avril 1897.)
672. Gribaudi (Pietro). Riva presso C'hieri sino al 1340. Torino, tip.
C. Ferrero e G. Beccaria, 1897. In-16, iv-75 p.
673. Grimaud (Henri). Inventaire analytique des archives communales
de Chinon (époque révolutionnaire et xix^ siècle). Chinon, impr. Dehaies,
1897. In-8°, 88 p.
674. Grober (Gustav). Grundriss der romanischen Philologie, II, m,
2. Strassburg, K. J. Trûbner, 1897. In-S^, p. 129-256. 2 m.
BIBLIOGRAreiE. 485
675. Gruyer (Gustave). L'Art ferrarais à l'époque des princes d'Esté.
Paris, Pion, Nourrit et C*«, 1897. In-8°, yiii-723 et 683 p. 20 fr.
676. GuARNERio (Pier-Enea). A proposito di Sordello. Venezia, Léo
S. Olschki. 1897. In-'i», 8 p. (Extrait du Giornale dantesco, V.)
677. GuENTER (Heinrich). Das Mùnzwesen in der Grafschaft ^Vù^t-
temberg. Stuttgart, W. Kohlhammer, 1897. In-8°, iv-123 p. 3 m.
678. GuENTHER (Garl), Geiges (Fritz). Unser lieben Frauen Miinster
zu Freiburg-in-Breisgau. Freiburg-i.-B., Herder, 1897. In-fol., 18 p.,
68 pi. 80 m.
679. GuicHOT Y Parodi (Joaquînl. Historia del excmo. ayuntamiento
de la muy noble, muy leal, muy heroica é invicta ciudad de Sevilla.
I, 1248-1516. Sevilla, tip. de la Région, 1896. In-4o, 397 p.
680. GuiLLOTiN DE CoRSON (abbé). Les Comraanderies de Nantes. Le
temple Sainte-Catherine et l'hôpital Saint-Jean. Nantes, impr. Melli-
net, 1897. In-8o, 54 p.
681. GuRLiTT (Cornélius). Die Kunst unter Kurfiirst Friedrich dcm
Weisen. U. Dresden, Gilbers, 1897. In-8°, ii-lOO p. 3 m.
682. Hall (John R. Clark). A concise Anglo-Saxon dictionary. New
cheaper édition. New- York, Macmillan, 1897. In-4°, 369 p. 1 d. 75.
683. Hammond (J.). a Cornish parish : beingan account of St. Austell,
town, church, district and people. London, Skeffington, 1897. In-8°,
388 p. 10 sh. 6 d.
684. Hancock (F.). Parish of Selworthy in the county of Somerset :
some notes on its history.Taunton, Barnicott, 1897. In-8°, 325 p., ilhistr.
10 sh. 6 d.
685. Handschriften-Verzeichnisse (die) der kgl. Bibliothek zu Berlin,
n. Verzeichniss der hebriiischen Hs., von Moritz Sleinschneider, 2.
XL Verzeichniss der griechischcn Hs., 2. von C. de Boor. XXI. Ver-
zeichniss der arabischen Hs. von W. Ahlwardt, 9. Berlin, A. Asher,
1897. In-4°, xni-172, vni-xxxvi-254 et vni-618 p.
686. Hanserecesse. VHL Von 1256-1430. Leipzig, Duncker und Hum-
blot, 1897. In-4o, xxn-832 p. 28 m.
687. Harnack (Adolf). Ueber die ordinationes im Papstbuch. Berlin,
G. Reimer, 1897. ln-8°, 18 p. (Extrait des Sitzungsberichte der kgl.
preussischen Akademie der Wissenschaften.) 1 m.
688. Hartel (Aug.). Architektonische Détails und Ornamentc der
kirchlichen Baukunst in den Stylarten des Mittelalters. Mit kunslhis-
tor. Text von D. Joseph. Berlin, B. Hessling, 1897. Gr. in-foL, 110 pi.
40 p. 40 m.
486 BIBLIOGRAPHIE.
689. Haselberg(E. von). Die Baudenkmàler der Reg.-Bez. Stralsund.
IV. Stettin, L. Saunier, 1897. In-8«, ii p. et p. 259-370, illustr. (Die
Baudenkmàler der Provinz Pommern, I, 4.) 3 m. 50.
690. Heckethorn (C. W.). Secret societies of ail âges and countries.
New édition enlarged. London, George Redway, 1897. In-8», 746 p.
31 sh. 6 d.
691. Heygk (Eduard). Die Mediceer. Bielefeld, Yelhagen und Klasing.
1897. In-8", 127 p., illustr. (Monographien zur Weltgeschichte, I.) 3 m.
692. HiLDEDRAND (H.),Liljekvist(F.), Upmark(G.), Wrangel (F.-H.).
Stockholm under medeltiden och Vasatiden. Stockholm, Wahlstrôm
och Widstrand, 1897. In-80, 102 p., illustr. 1 kr. 50.
693. Histoire abrégée de l'ordre de Gîteaux, par un moine de Thyma-
deuc. Saint-Brieuc, Prud'homme, 1897. In-80, n-168 p.
694. Historiae rhythmicae. Liturgische Reiraofficien des Mittelal-
ters. 6. Folge. Herausgegeben von Guido Maria Dreves, S. J. Leipzig,
0. Reisland, 1897. In-8°, 292 p. (Ânalecta hymnica medii aevi, 26.) 9 m.
695. Historische Studien. Verôffentlicht von E. Ebering. V : Studien
zur Geschichte Papst Nikolaus' IV, von Otto Schiff; VI : Geschichte
Manfreds vom Tode Friedrichs II bis zu seiner Kronung (1250-1258),
von Aug. Karst ; VII : Kaiserin Mathilde, von Osk. Rôssler ; VIII :
Zur Geschichte des xii. u. xai. Jahrhunderts, von Paul Scheffer Boi-
chorst; IX : Castruccio Castracani, Herzog von Lucca, von Friedrich
Winkler. Berlin, E. Ebering, 1897. ^1-8°, v-84, xiv-184, vm-443, i.\-419,
140 p.
696. HoPKiNS (Tighe). The dungeons of old Paris : being the story
and romance of the most celebrated prisons of the monarchy and the
Révolution. New York, G. P. Putnam's sons, 1897. In-8'', 265 p.
1 d. 75.
697. HoRT (Fenton John Anthony). The Christian ecclesia : a course
of lectures on the early history and early conceptions of the ecclesia,
and four sermons. New York, Macmiilan, 1897. In-8°, vii-306 p.
1 d. 75.
698. HucK (Ghrysostomus). Dogmenhistoricher Beitrag zur Geschichte
der Waldenser. Freiburg-i.-B., Herder, 1897. In-8, vn-88 p. 2 m.
699. Hugues (A.). Les Routes de Seine-et-Marne avant 1789. Paris,
Picard, 1897. In-8», 88 p., carte.
700. HuRST (John Fletcher). History of the Christian church. I. New
York, Eaton and Mains, 1897. In-80, xxxvi-949 p. (Library of biblical
and theological literature, VII.) 5 d.
BIBLIOCaAPHIE. 487
701. HuvELiN (P.). Essai historique sur le droit des marchés et des
foires. Paris, Arthur Rousseau, 1897. In-S», 624 p.
702. IlovaIsku (D.). Istoriia Rossii. [Histoire de Russie.] II. 2» éd.
Moscou, impr. l.-N. Kouchaerev. In-8°, 528-75 p. 3 roubles.
703. Ilwof (Franz). Die Grafen von Attems, Freiherreu von Ileili-
henkreuz. Graz, Styria, 1897. In-8o, vni-216 p. (Forschungen zur Ver-
fassuugs- und Verwaltungsgeschichto der Steiermark, II, 1.) 3 m. 40.
704. Inscriptions de l'ancien diocèse de Sens, publiées, d'après les
estampages d'Edmond Micliel, par Paul Quesvers et Henri Stein. T. I.
Pouillé du diocèse ; inscriptions de la ville et des faubourgs de Sens.
Paris, Picard et fils, 1897. In-4o, x-771 p. 25 fr.
705. Istoritcheskie akty laroslavskago Spasskago monastyria. Izdany
J. A. Bakhramieevym. (Actes historiques du monastère du Sauveur à
laroslav.) I. Moscou, imp. synodale, 1896. In-4<', 231-48 p.
706. Jacquier lEdme). Le Collège de Vitry-le-François. Vitry-le-Fran-
çois, l'auteur, 1897. In-8°, xv-425 p. 6 fr.
707. Jadarï (Henri), Baudon (Albert). L'Ancien village de Montmarin
(canton de Rethel, Ardennes). Notice sur son terroir, sa seigneurie et
son église. DôIe, Bernin, 1897. In-S", 45 p., pi. (Extrait de la Revue
historique ardennaise, janv.-févr. 1897.)
708. Jadart (Henri), Laurent (P.), Baudon (Albert). Épigraphie cam-
panaire ardennaise. Les cloches du canton de Rethel. Rethel, Beau-
varlet, 1897. In-8», 94 p., pi.
709. Janssens (comte G. de). Destruction, à Cloyes, d'une bande de
brigands en 1411. Ghâteaudun, impr. de la Société typographique, 1897.
In-8°, 20 p. (Extrait du Bulletin de la Société dunoise, avril 1897.)
710. Janvier (A.). Passages et séjours de Charles VI à Amiens.
Amiens, impr. Piteux frères, 1897. In-8°, 32 p.
711. Jastrow (J.), Winter (G.). Deutsche Geschichte im Zeitalter der
Hohenstaufen, V-VII. Stuttgart, J.-G. Cotta Nachf., 1897. Gr. in-8»,
p. 321-560. [Bibliolhek deutscher Geschichte, 114, 116, 117.)
712. Jecht (Rich.). Codex diplomaticus Lusatiae supcrioris. II, 2 :
1424-1426. Gôrhtz, H. Tzschaschei, 1897. In-S», p. 179-350. 3 m. 60.
713. JussERAND (J.-J.). Jacques I" d'Écossc fut-il poète? Paris, 1897.
In-8°, 55 p. (Extrait de la Revue historique, t. LXIV.)
714. Kampers (Franz). Mittelaltcrlichc Sagen vom Hoize des Kreuzes
Ghristi. Kôln, J.-P. Bachem, 1897. In-8", iv-119 p. 1 m. 80.
715. Karskiï (T. -F.). Zapadno-rousskie perevody psaltiri v xv-xvn vic-
kakh. [Les traductions du psautier en russe occidental du xv^ au
488 BIBLIOGRAPHIE.
xvii« siècle.] Varsovie, impr. de l'arrondissement scolaire. In-S", xiii-
444 p. 3 roubles.
716. Kelterborn (Rudolf). Hans Holbein. Zurich, Th. Schrôter, 1897.
In-S», 112 p. 1 m. 20.
717. Kerviler (René). Répertoire général de biobibliographie bre-
tonne. 25« fasc.,t. IX. Rennes, Plihon et Hervé, 1897. In-S», p. 321-477.
718. Keussler (Friedrich von). Der Ausgang der ersten russischea
Herrschaftin den gegenwàrtigen Ostseeprovinzen im xiii. Jahrh. Saint-
Pétersbourg, Eggers, 1897. In-8°, vi-119 p., carte.
719. Khalatiants (G.). Armianskiï epos v istorii Armenii Moiseia
Khorenskago. [L'Epopée arménienne dans l'Histoire de Moïse de Kho-
rène.] Moscou, impr. V. Gattsouk, 1897. In-8°, x-347 et in-80 p.
3 roubles.
720. Knipping (Richard). Die Kôlner Stadtrechnungen des Mittelalters.
I. Bonn, H. Behrendt, 1897. In-4o, xv-lxxxv-238 p. (Publikationen der
Gesellschaft fur rbeinische Geschichtskunde, XV.) 18 m.
721. KoRELiN (M. -S.). Otcherki italianskago vozrojdeniia. [Études sur
la renaissance italienne.] Moscou, impr. I.-N. Kouchnerev, 1896. In-16,
360 p. (Biblioteka rousskoï mysli, 8.) 1 rouble.
722. Kraus (Friedrich). Ueber Girbert de Montreuil und seine Werke.
Erlangen, F. Junge, 1897. In-80, 83 p. 1 m.
723. Kdehn (G.). Dominikanerkloster und lateinische Schule zu Eise-
nach. Eisenach, H. Kahle, 1897. In-8», 23 p. (Beitràze z. Geschichte
Eisenachs, VU.) 0 m. 65.
724. KuHus (L. Oscar). Treatment of nature in Dante's Divina com-
media. New York, Edward Arnold, 1897. In-12, 200 p. 1 d. 50.
725. KuRTH (Godefroid). Sainte Clotilde. Paris, Lecoffre, 1897. In-18,
185 p. (Les Saints.)
726. La Borderie (Arthur de), Villers (Louis de). Histoire des Carmes
en Bretagne. 2« partie. Rennes, impr. Simon, 1897. In-8°, p. 31-97.
727. Lacroix (A.). Romans et le Bourg-de-Péage avant 1790. Valence,
impr. Céas et fils, 1897. In-S», 375 p.
728. Lamers (G.-H.). Geschiedenis der leer aangaande god. Utrecht,
C.-H.-E. Breijer, 1897. In-S», xii-142 p. (Extrait des N. Dijdragen op
het gebied van godgeleerdh., XI, 3.) 2 fl. 20.
729. La Paquerie (Gh. de). L'Abbaye de Bon-Repos (souvenirs de
l'époque carlovingienne). Suivi de : Lez-Breiz, le champion de la Bre-
tagne. Tours, Gattier, s. d. In-80, 160 p., grav.
BIBLIOGRAPDIE. -189
730. Laumann (E.-M.). La Machinerie au théâtre depuis les Grecs
jusqu'à nos jours. Paris, Firmin-Didot, s. d. In-8°, 153 p., ili.
731. Laurain (abhé Paul). De l'intervention des laïques, des diacres
et des abbesses dans l'administration de la pénitence (étude historique
et théologique). Paris, Lethielleux, 1897. In-8°, 119 p.
732. Leboeuf (Louis). Histoire de la Charité (fin). La Charité, impr.
Taureau, 1897. In-8°, p. 353-4-24 et v p.
733. Lecler (abbé A.). Généalogie de la maison de Lambertie.
Limoges, veuve H. Ducourtieux, 1895. In-4o, 186-cccxxxa p., pi.
734. Lecomte (Maurice). Bulle d'Alexandre III pour l'abbaye de Fare-
moutiers. Chalon-sur-Saône, impr. Marceau, 1897. In-8°, 4 p. (Extrait
du Moyen âge.)
735. Lecomte (M.). Le Privilège de saint Faron, évêque de Meaux,
pour l'abbaye de Faremoutiers. Lagny, impr. Colin, 1897, In-8°, 27 p.
(Extrait du Bulletin de la conférence d'histoire et d'archéologie du diocèse
de Meaux.)
736. Ledain (Bélisaire). La Gatine historique et monumentale. 2= éd.
revue. Parthenay, impr. Cante, 1897. In-4°, 359 p., ill.
737. Lefèvre (abbé Théodose). Notice historique sur le canton de
Bernaville (Somme). Amiens, impr. Yvert etTellier, 1897. In-8°, 243 p.
738. Le Mené (J.-M.). Topographie historique de Vannes. Vannes,
impr. Galles, 1897. In-8o, 100 p.
739. Lenel (Walther). Die Entstehung der Vorherrschaft Venedigs
an der Adria. Strassburg, K.-J. Trûbner, 1897. In-8°, vn-145 p.
3 m. 50.
740. Léon African (Jean). Description de l'Afrique, tierce partie du
monde. Nouvelle édition annotée par Ch. Schefer. 2" vol. Paris, Leroux,
1897. In-8°, vni-499 p., carte. (Recueil de voyages et de documents
pour servir à l'histoire de la géographie.)
741. Leoni (Ugo). La Storia d'Arezzo dalle più remote epoche.
Fasc. MO. Arezzo, tip. G. Cristelli, 1897. In-8°, m-160 p.
742. Le Paulmier (D""). Statuts des maîtres cuisiniers de la ville de
Bayeux (1473-1731). Bayeux, impr. Duvant, 1896. In-8°, 28 p.
743. Leroy (G.). Le Livre du sacre des rois, ayant fait partie de la
librairie de Charles V au Louvre, actuellement conservé au British
Muséum. Paris, Impr. nationale, 1897. In-8°, 13 p. (Extrait du Bulletin
historique et philologique, 1896.)
744. Leroy (G.). Note sur le Pontificat de Guillaume II de Molun,
archevêque de Sens (1346-1378). (Ms, du British Muséum, bibl, Eger-
490 BIBLIOGRAPHIE.
ton, 931.) Paris, Impr, nationale, 1896. In-8% 5 p. (Extrait du Bulletin
historique et philologique, 1897.)
745. Lkroy (G.). Les Vitraux de la collégiale Saint-Martin à Cham-
peaux-en-Brie, restitués d'après d'anciens documents, et Note sur
l'église de VilIiers-en-Bierre (Seine-et-Marne). Paris, Impr. nationale,
1897. In-S", 23 p. et pi. (Extrait du Bulletin archéologique, 1896.)
746. Lespinasse (René de). Chiartes nivernaises du comté de Ghaste-
loux. Nevers, impr. Vallièvre, 1896. In-8°, 80 p.
747. Leyen (Friedrich von). Kleine Beitrâge zur deutschen Literatur-
geschichte im 11. u. 12. Jahrhundert. Halle, M. Niemeyer, 1897. In-8°,
85 p. 2 m. 40.
748. LiAGRE (Gharles). Annales de Loos jusqu'au xix"^ siècle. Lille,
impr. Lefebvre-Ducrocq, 1897. In-8°, xni-320 p., grav., plan.
749. LiNDELÔF (Uno). Glossar zur altnorthumbrischen Evangelienii-
bersetzung in das Rushworth-Handschrift. Helsingfors, 1897. In-4°,
iv-104 p. (Extrait des Acta societatis scientiarum feyinicx.)
750. LiRON (dom). Bibliothèque d'Anjou. Avec introduction et notes
par Gamille Ballu. l^^^ série. Nantes, Société des bibliophiles bretons,
1897. In-4», m-106 p.
751. LôssL (Vinz.). Das Regensburger Hansgrafenarat. Stadtamhof,
1897. In-8% vni-172 p. (Extrait des Verhandlungen des historischen
Vereins fiir Oberpfalz und Regensburg.) 2 m.
752. LoPEZ Ferreiro (Antonio). Galicia en el ultimo tercio del siglo xv.
2« ediciôn corregida. II. Madrid, M. Murillo, 1897. In-S», 403 p. 3 p.
753. LuppÉ (marquis de). Les Seigneurs de Beaurepaire-sur-Oise.
Senlis, impr. Nouvian, 1897. In-S", 151 p., pi.
754. Magenta (Carlo). La Gertosa di Pavia. Milano, fratelli Bocca,
1897. In-4», Lxxxiii-489 p., 30 pi. 60 1.
755. Majocchi (Rodolfo). Antiche iscrizioni ticinesi. I (Anteriori al
secolo vu csistenti nella città di Pavia). Pavia, tip. del privato istituto
Artigianelli, 1897. In-8°, 59 p.
756. Mancini (Girolarao). Gortona nel medio evo. Firenze, tip. G. Gar-
nesecchi e figli, 1897. In-8°, viii-396 p. 6 1.
757. Mandarini (Enrico). I codici manoscritti délia biblioteca orato-
riana di Napoli. Napoli, Roma, A. e S. Festa, 1897. ln-4o, xix-403 p.
35 1.
758. Manns (P.). Geschichte der Grafschaft Ilohenzollern im 15. und
16. Jahrhundert (1401-1605). Ilechingen , A. Walther, 1897. ln-8°,
Yi-332 p. 5 m.
BIBLIOGRAPHIE. -^9l
759. Marais (L.), Ernault (E.). Notes sur l'ancienne expression « un
saintier d'argent. » Poitiers, iinpr. Biais et Roy, 1897. In-S", 11 p.
(Extrait tlu Bulletin de la Sociclc des anlhjuaires de l'Ouest, A" trim. de
1896.)
760. Marchesi (Vincenzo). Sentenza assolutoria in una causa di omi-
cidio, 1401, 10 ottobre, nella villa di Antro. Udine, tip. G.-B. Doretti,
1897. In-8°, 13 p. (Nozze Francesco Moroni-Emilia Velliscig.)
761. Marquis (Léon). Recherches historiques sur Milly-cn-Gàtinais
(Seine-et-Oise). Fontainebleau, impr. Bourges, 1897. In-8°, 136 p.
(Extrait des Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais,
1896.)
762. Maurel (J.). Histoire de la commune de Puimoisson et de la
commanderie des chevaliers de Malte (langue de Provence, 1120-1792).
Paris, A. Picard et Gis, 1897. In-8o, x-449 p. 5 fr.
763. Meillet (A.). Recherches sur l'emploi du génitif accusatif en
vieux slave. Paris, E. Bouillon, 1897. In-8°, 206 p. (Bibliothèque de
l'Ecole des hautes études, fasc. 115.)
764. Melodia (Giovanni). Difesa di Francesco Petrarca. Venezia, Léo
S. Olschki, 1897. In-4o, 70 p. (Extrait du Giornale dantesco.)
765. Menard (V.). Histoire religieuse, civile et militaire de Saint-
James-de-Beuvron depuis sa fondation jusqu'à nos jours, d'après les
documents d'archives, avec le plan de la ville et du château au moyen
âge. Avranches, impr. A. Perrin, 1897. In-8°, iv-472 p.
766. Merlet (René). Réponse à quelques objections relatives à l'ori-
gine franque de Robert le Fort. Besançon, impr. Jacquin, 1897.
In-8», 7 p.
767. Meyer (Alfred -Gotthold). Oberitalienische Frïihrenaissance.
Bauten und Bildwerke der Lombardei. \. Die Gothik des Mailiinder
Dômes und der Uebergangsstil. Berlin, W. Ernst und Sohn, 1897.
In-4°, iv-145 p., 10 pi. en phot. et ill. 12 m.
768. Micheli (Giuseppe). Gli statut! di Borgotaro (sec. xv). Parma,
tip. Fiaccadori, 1897. In-S», 23 p.
769. Mikqevitch (N.-P.). Istoriia voennago iskousstva. [Histoire de
l'art militaire.] Saint-Pétersbourg, impr. P. lablonski, 1897. In-8°,
xvjii-520 p. 4 roubles.
770. MiRGUET (abbé L.). Saint Euchaire. Nancy, impr. Vagner, 1897.
In-8°, 95 p.
771. MiROT (Léon), Deprez (E.). Un conflit de juridiction sous
Charles V. L'affaire de Philippe d'Alencon, archevêque de Rouen,
Paris, E. Bouillon, 1897. In-8°, 46 p. (Extrait du Moyen âge.)
492 BIBLIOGRAPHIE.
772. MoNACi (Ernesto). Crestomazia italiana dei primi secoli. IL Gittà
di Castello, S. Lapi, 1897. Ia-8°, p. 185-520. 10 1.
773. MoNDON (abbé Adolphe). Notes historiques sur la baronnie de
Marthon en Angouraois. Ghazelles, l'auteur, 1897. In-8'', 695 p., pi.
10 fr.
774. MoREL (François). Les Juridictions commerciales au moyen âge.
Paris, Arthur Rousseau, 1897. In-S», 231 p.
775. MoRiN (Pierre). Supplément au catalogue méthodique de la
bibliothèque publique de la ville de Nantes. Nantes, impr. Grimaud et
fils, 1897. In-8°, xiii-395 p.
776. MoRLEY (J.). Machiavelli, the Romanes lecture. London, Mac-
millan, 1897. In-8°, 64 p. 2 sh. 6 d.
777. MoRPURGO (S.). I manoscritti délia r. biblioteca Riccardiana di
Firenze : manoscritti italiani. Vol. I, fasc. 7. Roma, i principali librai,
1897. In-8°, p. 481-560. (Ministero délia pubblica istruzione. Indici e
cataloghi, 15.) 1 l.
778. MoRPURGO (S.). Un affresco perduto di Giotto nel palazzo del
podestà di Firenze. Firenze, tip. G. Garnesecchi, 1897. In-8°, 12 p.
(Nozze Supino-Finzi.)
779. MoskoYskiï poublitchnyï i Roumiantsovskiï mouzei. Noumisma-
titcheskil kabinet. IV : Katalog polskikh monet. [Cabinet numisma-
tique du musée Roumiantsov à Moscou. Monnaies polonaises.] Moscou,
le musée, 1897. In-8°, 32 p.
780. MowAT (Robert). Le Reliquaire du morceau de la vraie croix à
Amiens. Caen, impr. Delesques, s. d. In-8°, 10 p., fig.
781. MusATTi (Eug.). La Storia politica di Venezia seconde le ultime
ricerche. Padova, tip. dei fratelli Gallina, 1897. In-8°, 511 p.
782. MussAFiA (Adolf). Zur Kritik und Interprétation romanischer
Texte. 3. Wien, G. Gerold's Sohn, 1897. In-S», 48 p. (Extrait des Sit-
zungsberichte der k. Akad. der Wissenschaften.) 0 fl. 65.
783. NiTTO DE Rossi (G.-B.), Nitti (Francesco). Godice diplomatico
barese. Le pergamene del duomo di Bari (952-1264). I. Trani, V. Vec-
chi, 1897. In-40, Lxxvm-240 p., 9 pi. (Gommissione provinciale di
archeologia e storia patria.)
784. Notice historique et généalogique sur la maison Bonnin de la
Bonninière de Beaumont. Tours, Marne et fils, 1897. In-4°, 150 p.
785. NovATi (Francesco). L'influsso del pensiero latino sopra la civi-
lità italiana del medio evo. Milano, Ulrico Hoepli, 1897. In-16, 178 p. 3 1.
786. Olivieri (Alessandro). Indicis codicum graecorum magliabe-
BIBLIOGBAPniE. 493
chianorum supplementum. Fironze, lip. dei l'rat. Bencini, 1897. In-8°,
24 p. (Extrait des Studi iialiani di filologia classica, t. V.)
787. Opisanie roukopisnago otdieleniia Vilenskol poublitchnol biblio-
teka. [Doscriplion de la section des manuscrits à la bibliothèque publique
de Vilna.J IL Vilna, impr. A.-Q. Syrkin, 1897. In-4o, 166 p.
788. Pagart d'Hermansart. Documents inédits contenus dans les
archives de Saint-Omer. Paris, Impr. nationale, 1897. In-8o, 13 p.
(Extrait du Bulletin historique et philologique, 1896.)
789. PapadopoULO-KeraMEUS. 'AvdcXsx-a lpzoao\\)]i.nixrfi (rraxvoXoYtai;. III-
IV. Saint-Pétersbourg, 1897. Gr. in-8°, x-585 et xvn-613 p.
790. Papadopoulo-Kerameus (A.). 'l£po(To),y|j.tTi-/r) P'.êXtoOr.xTi. Saint-
Pétersbourg, 1897. Gr. in-8°, vi-440 p.
791. Paré (abbé P.). Un chapitre d'histoire locale. L'église prima-
tiale de Bourges et l'étendue de sa juridiction au moyen âge. Tulle,
impr. Mazeyrie, 1897. In-16, 80 p.
792. Parisius (A.), Brinkmann (A.). Beschreibende Darstellung der
àlteren Bau- und Kunstdenkmàler der Provinz Sachsen. 20 : Kreis
Gardeleben. Halle, 0. Hendel, 1897. In-8°, vii-232p., grav. et cartes.
793. Pasquier. Charte fausse de l'organisation de l'Andorre sous
Charlemagne. Paris, Impr. nationale, 1897. In-S", 8 p. (Extrait du Bul-
letin historique et philologique, 1896.)
794. Passerini (G.-L.). Una nuova notizia délia vitadi Dante. Vene-
zia, Leo-S. Olschki, 1897. In-4°, 7 p. (Extrait du Giornale Dantesco.)
795. Pelaez (Mario). Frammenti danteschi. Venezia, Leo-S. Olschki,
1897. In-4», 8 p. (Extrait du Giornale Dantesco.)
796. Pélissier (Léon-G.). Le cardinal Ascanio Sforza, prisonnier des
Vénitiens. Paris, 1897. ln-S<>, 13 p. (Extrait de la Revue historique,
t. LXIII. — Notes italiennes d'histoire de France, 21.)
797. Petersen (H.). Danske adelige sigiller fra middelalderen. VI.
Kjœbenhavn, G. -A. Reitzel, 1897. In-fol., 28 p. et 7 pi. 3 kr. 20.
798. Petit (Ernest). Séjours de Jean II (1350-1356). Paris, Impr.
nationale, 1897. In-S», 28 p. (Extrait du Bulletin historique et philolo-
gique, 1896.)
799. PÉTRÉAux (Joseph). Notice sur la ville de Bohain (Aisne). Évreux
et Paris, l'auteur, 1897. In-18, 176 p., grav.
800. Pigeon (chanoine). Note sur une tombe conservée dans l'église
de Ghasseguay (Manche). Paris, Impr. nationale, 1897. In-8°, 4 p.,
pi. (Extrait du Bulletin archéologique, 1896.)
4897 32
494 BIBLIOGRAPHIE.
801. PijPER (F.). Geschiedenis der boete en biecht in de christelijke
kerk. II, 1. 's-Hage, Mart. Nijhoff, 1897. In-8°, viii-245p., 1 pi. 3 fl. 50.
802. Pontificale in usum ecclesiae mediolanensis necnon ordines
ambrosiani ex codd. soccc. ix-xv. GoUegit, edidit et notis illustravit
Marcus Magistrelti. Prœfatus est Antonius M. Geriani. Mediolani,
apud U. Hoepli, 1897. In-S», xxxvin-147 p., facs. (Monumenta veteris
liturgiaB ambrosianae, I.)
803. PoYDENOT (Henry). De l'antiquité de l'évêché de Bayonne.
Bayonne, Lasserre, 1897. In-8°, 88 p.
804. Prepositi e viceprepositi di S. Pietro di Zuglio. Tolmezzo, tip.
L. De Marchi, 1897. In-8°, 25 p.
805. Prise (la) de Gordres et de Sebille, chanson de geste du xii« siècle,
publiée d'après le manuscrit unique de la Bibliothèque nationale par
Ovide Densusianu. Paris, Firmin-Didot, 1896. In-8°, cl-195 p. (Société
des anciens textes français.)
806. Prou (Maurice). Essai sur l'histoire monétaire de Beauvais, à
propos d'un denier de l'évêque Philippe de Dreux. Paris, 1897. In-8°,
22 p. (Extrait des Mémoires de la Société nationale des antiquaires de
France, t. LVI.)
807. PuGiN (A.). Gothische Ornamente. Einzelheiteu der beriihmte-
sten Baudenkmâler des Mittelalters in Frankreich und England. 3-10.
Berlin, B. Hessling, 1897. In-4o, 1 p., 80 pi. 19 m. 20.
808. QuESYERs (Paul). Les trois églises du Boulay et leurs pierres
tombales. Fontainebleau, impr. Bourges, 1897. In-S", 16 p. (Extrait des
Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais.)
809. Ramôn de Luanco (José). La alquimia en Espana. II. Barcelona,
impr. de Redondo y Xumetra, 1897. In-8°, 289 p. 2 p.
810. Regesty i nadpisi. Svod materialov dlia istorii Evreev v Rossii
(80 g. -1800 g.). [Regestes et inscriptions. Matériaux pour l'histoire des
Juifs en Russie.] I. Saint-Pétersbourg, impr. A. Rabinovitch et
Ts. Kraïz, 1896. In-S», xn-160 p;
811. Rey (E.). Résumé chronologique de l'histoire des princes d'An-
tioche. Paris, E. Leroux, 1896. In-S», 87 p. (Extrait de la Revue de
l'Orient latin, t. IV.)
812. RicHARDsON (O.-H.). National movement in the reign of
Henry III, and its culminatioa in the Barons' war. London, Mac-
millan, 1897. In-8°, 250 p. 6 sh. 6. d.
813. RoDOLico (Niccolô). L'orazione degli studenti bolognesi al pontc-
fîce Benedetto XII. Boiogna, ditta N. Zanichelli, 1897. In-8o, 19 p.
(Nozze Eugenio Rossi-Ida Fornari.)
BIBLIOGRAPHIE. 495
814. UoNDOT (Natalis). Les peintres sur verre à Lyi)ii, du xiy» au
xvi" siècle. Paris, Rapilly, 1897. Gr. in-8<>, 35 p., pi.
815. Rossi (Girolamo). Glossario medioevale ligure. Torino, stamp.
G.-B. Faravia, 1896. In-8'\ 135 p. (E.vtrait de la Miscellanea di sloria
italiana, XXXV.)
816. RosTAGNO (Enrico). Di una tavola d'abbreviature traita da un
codice braidense. Firenze, tip. Luigi Niccolai, 1897. In-8°, 17 p.
(Extrait de la Rivista délie biblioteche, vol. VIL)
817. RouMÉJOux (Anatole de). L'Ornementation aux époques mérovin-
gienne et carlovingienne. Gaen, Delesques, s. d. In-S", 9 p., pi. (Extrait
du Compte-rendu du 61° congrès archéologique de France.)
818. RouziER (abbé L.). Histoire illustrée des châteaux de Grozans.
Limoges, veuve H. Ducourtieux, 1897. In-8°, 124 p.
819. RovÉRY (Eugène). Le Glocher de Saint-Étienne-de-Tinéc. Nice,
Ventre, 1897. In-8°, 14 p., grav.
820. RiiDiGER (Wilhelm). Andréas Dactius aus Florenz. Halle,
M. Niemeyer, 1897. In-8°, vi-70 p. (Studien zur humanistischcn Lit-
teratur Italiens, 2.) 2 m. 40.
821. SciiAYER (Siegb.). Zur Lehre vom Gebrauch des unbestiramlon
Artikels und des Teilungsartikels im Altfranzôsischen und im Neu-
franzôsischen. Berlin, E. Ebering, 1897. In-8°, viii-158 p. (Berliner
Beitràge zur germanischen und romanischen Philologie, xni.)
822. Saint-Paul (Anthyme). Morienval. Fin d'une question. Paris,
Champion, 1897, In-S», 20 p. (Extrait de la Correspondance historique
et archéologique, 1897.)
823. Salata (F.). L'Antica diocesi di Ossero e la liturgia slava. Pola,
G. Martinolich, 1897. In-8<', 158-xxni p.
824. Saltini (G.-E.). Nota e informazione délia signoria di Firenze a
Ridolfo di Bonifazio Peruzzi, Lorenzo di Giovanni de' Medici e ad altri,
oratori a papa Eugenio IV nel marzo dcl 1431. Firenze, tip. Salvadore
Landi, 1897. In-8°, 24 p. (Nozze Franc. Garaerini-Mira Crosida Poruzzi
di Medici.)
825. Samokvasov (D. la.). Izsliedovania po istorii rousskago prava.
[Recherches sur l'histoire du droit russe.] I. Moscou, impr. E. Lissncr
et Jou. Roman, 1896. ln-8°, xviii-107-34 p. 1 r.
826. Sanudo (Marino). I diari. Venezia, tip. dei fratelli Viscntini,
1897. In-4°, tome XLVI, col. 677-804, XLVU, 577-640, XLVIH, 257-
544, XLIX, 1-64. 5 l. le fasc.
827. Sauvage (Hippolyte), Descuamps du Manoir (Mgr). Granville.
496 BIBLIOGRAPHIE.
(Supplément à l'Armoriai de l'Avranchin, par M. Alfred de Tesson.)
Avranches, impr. Durand, 1897. In-8«, p. 249-268.
828. Save (Gaston). Jean Pèlerin le Viateur (IVir)-! 524), chanoine de
Saint-Dié, de Nancy et de Toul, auteur de la « Perspective artistique
de 1505. » Saint-Dié, impr. Humbert, 1897. Iu-8", 95 p., 9 grav.
(Extrait du Bullelin de la Société philomathique vosgienne, vol. XXII.)
829. Savvaitov (P.). Opisanie starinnykh rousskikh outvareï odejd,
oroujiia, ratnykh dospiekhov i konskago pribora. [Description d'an-
ciens vêtements, armures et harnachements russes.] Saint-Pétersbourg,
impr. de l'Académie des sciences, 1896. In-S», 186 p., pi. et dessins.
830. ScAETTA (Silvio). La fama nella divina commedia. Gittà di Gas-
tello, S. Lapi, 1896. In-16, 107 et 116 p. (Gollezione di opuscoli dan-
teschi, 35-36.) 1 1. 60.
831. ScROCcA (Alb.). Al canto xix del Paradiso. Venezia, Leo-S.
Olschki, 1897. In-4°, p. 7 p. (Extrait du Giornale dantesco.)
832. Sedlacek (August). Hrady a zâmky ceské. [Châteaux de
Bohème.] XI, 12. Prague, Fr. Simâcek, 1897. [n-fol., i-xi-193-208 p.,
illustr. 0 fl. 65.
833. SiNCERO (Gostante). Trino, i suoi tipograQ e l'abazia di Lucedio.
Torino, fratelli Bocca, 1897. In-8°, 304 p. 5 1.
834. Smiretchanskii (V.). Istoriko-statistitcheskiï sbornik sviedieniï o
Pskovskoï eparkhii. [Recueil historico-statistique sur le diocèse de
Pskov.] Ostrov, impr. Stepanova, 1897. In-8°, 123 p.
835. SoisMiER (abbé). Histoire de Sacey. Saint-Lô, impr. Jacqueline,
1897. In-16, 115 p.
836. SoKOLOv (I.). Sv. Stefan Permskiï, prosvietitel zyrian. [S. Etienne
de Perm.] Saint-Pétersbourg, impr. synodale, 1897. In-S", 48 p.
837. SoLoviEV (S. -M.). Istoria Rossii s drevnieTchikh vremen. Kn. 3.
[Histoire ancienne de Rus.-ie. Livre III. J Izd. 2. Saint-Pétersbourg,
Société « l'Utilité publique, » 1897. In-80, xi-1580 p.
838. Spont (Alfred). La milice des francs archers (1448-1500). Besan-
çon, impr. Jacquin, 1897. ln-80, 49 p. (Extrait de la /?euue dbs questions
historiques.)
839. Stabile (Luigi). Sunto di storia ed archeologia délia città di
Napoli. Napoli, tip. del Diogene, 1897. In-16, 139 p. 4 1.
840. Stein (Armin). [H. Nietschmann.] Johannes Hus. Rotterdam,
D.-A. Daamen, 1897. In-8°, vni-233 p. 1 fl. 50.
841. Stein (Henri). Les Premières relations franco-bernoises (1356).
BIBLIOGRAPHIE. .îî>7
In-8o, 5 p. Paris, 1897. (E.xtrait de l'Annuaire- Bulletin de la Société de
l'histoire de France, t. XXXIII.)
8i2. Stoddard (Enoch Vine). Bertrand du Guesclin, constable of
France. New York, G. P. Putnam's sons, 1897. In-8°, x-295 p. 1 d. 75.
843. Storia letteraria d'Italia, scritta da una società di professori.
Tomes I et II. Milano, Fr. Vallardi, 1897. In-8°, p. 1-240 et 1-240.
f I. le fasc.
844. Storia politica d'Italia, scritta da una società di professori.
Tomes I et II. Milano, Francesco Vallardi, 1897. In.8», p. 1-240 et
1-240. 1 1. le fasc.
845. Stornajolo (G.). Alcune ricerche sulla vita del cardinale Bessa-
rione. Siena, tip. S. Bernardino, 1897. In-8°, 8 p. (Extrait du Bessarione.)
846. Stubbs (G. W.). Historical memorials of Ely cathedral in 2 lec-
tures in Cambridge. I : Shrine of S. Awdrey ; 2. Alan do Walsingliara.
London, Dent, 1897. In-16, 206 p. 4 sh. 6 d.
847. Symonds (J. A.). Renaissance in Italy : the fine arts. New édi-
tion. London, Smith and Elder, 1897. In-S", 410 p. 7 sh. 6 d.
848. Systematische Gatalogus der provinciale bibliotheek van Fries-
land. Vervolg. Leeuwarden, W. Eekhoffen zoon, 1897. In-8'', xiv-518 p.
1 fl. 50.
849. SzALAY (Jôzsef). A magyar nemzet tôrténete. [Histoire de Hon-
grie.] m. Budapest, R. Lampel, 1897. In-4o, 556 p. 7 fl. 50.
850. Tabulfe codicum manuscriptorum praeter grsecos et orientales
in bibliotheca palatina Vindobonensi asservatorum. IX. Wien, G. Ge-
rold's Sohn, 1897. In-8°, x-420 p. 4 fl. 50.
851. Tannery (Paul). Une correspondance d'écolàtrcs du xi" siècle.
Paris, Impr. nationale, 1897. In-8o, 8 p. (Extrait des Comptes rendus.de
l'Académie des inscriptions et belles-lettres.)
852. TivoLLiER (J.). Monographie de la vallée du Queyras (Hautes-
Alpes). Gap, Jean et Peyrot, 1897. In-18, vni-368 p., 1 vue. 3 fr. .50.
8.53. Tobler-Meyer (Wilhelm). Die Mûnz-und Medaillon-Sammiung
des Herrn Hans Wundcrly von Murait in Zurich. X, 3 : Die Mùnzen
und Medaillen der Stàdte und Kantone Freiburg, Soloihurn, Basel und
Schaffhausen, des Kantons Appenzell und der goistlichen Mùnzherren
auf dcm Boden der heutigon Schweiz. Zurich, A. Miiller, 1897. In-8°,
xxv-476 p. 8 m.
854. Torraga (Francesco). A proposito di Sordello. Venezia, Leo-S.
Olschki, 1896. In-4«>, 16 p. (Extrait du Giornale danlesco.)
498 BIBLIOGRAPUIE.
855. ToRRE (Aronne). Le Lettere virgiliane e la difesa di Dante. Vene-
zia, Leo-S. Olschki, 1896. In-4", 18 p. (Extrait du Giornale dantesco.)
856. Tote Listoire de France. Chronique saintongeaise. Edited from
the only two mss. Introduct. notes by F. W. Bourdillon. Préface by
G. Paris. London, Nutt, 1897. In-4", 160 p. 10 sh.
857. TouRNEUx (Maurice). Table générale des documents contenus
dans les Archives de l'art français et leurs annexes (1851-1896). Paris,
Gharavay frères, 1897. In-8o, 184 p. (Extrait de la Revue de l'art fran-
çais, t. XIII.)
858. Tradition (la) en Poitou et Gharentes. Art populaire; ethnogra-
phie; folklore; hagiographie; histoire. Paris, librairie de la Tradition
nationale, 1897. In-S», xxi-486 p. 14 grav. (Société d'ethnographie natio-
nale, congrès de Niort, 1896.) 10 fr.
859. TuMBU£LT (Georg). Zur Geschichte der deutschen Stadtverfassung.
Yerfassung der Stadt Bràunlingen in Baden. Trier, 1897. In-S», 28 p.
(Extrait de la Westdeutsche ZeUschrift.) 0 m. 50.
860. TuRGHANYï (Georg-T. ). Tabellee chronographicœ ad solvenda
diplomatum data. Innsbruck, Wagner, 1897. In-8°, xvi p., 4 pi. 2 m.
861. Urkundenbuch der Stadt Erfurt. II. Bearbeitet von Cari Beyer.
Halle, 0. Hendel, 1897. In-8°, vni-918 p. (Geschichtsquellen der Pro-
vinz Sachsen, 24.) 14 m.
862. Valenti (don José-J.). Urbain II et le concile de Glermont. Tra-
duit de l'espagnol par M. l'abbé Maigret. Arras, Sueur-Gharruey, 1897.
In-8o, 27 p. (Extrait de la Science catholique, juill. 1897.)
863. Yan Doorninck (P.-N.). Inventaris van het oud archief van het
kasteel Middachten. Haarlera, Gebr. Van Brederode, 1897. In-S», iv-
306 p. 4 fl. 50.
864. Vasconcellos (Joaquim de). Damiaô de Goes. Porto, typ. de
A.-J. de Sousa e irmaô, 1897. In-4°, xxni-153 p. 12 p.
865. Vavasseur (Abbé Joseph-J.-Aug.). Monographie de la commune
de Saint-Gosme-de-Yair, au Maine et au Perche. Mayet, impr. Guillois,
1897. In-8°, 261 p.
866. Vernier (J.-J.). Dictionnaire topographique du département de
la Savoie. Ghambéry, impr. savoisienne, 1897. In-8°, 831 p.
867. Vernon (A.). Les Comptes de la confrérie de Sainte-Foi de
Coulommiers au xv« siècle. Lagny, impr. Colin, 1897. In-8'', 24 p.
(Extrait du Bulletin de la conférence d'histoire et d' archéologie du diocèse
de Meaux.)
BIBLIOGRAPniE. .^99
868. Veulliot (J. ). L'Église d'Ancy-le-Franc. Tonnerre, impr.
P. Bailly, 1897. In-8», 81 p.
869. WiM-MER (Franz-Paul). Kaiserin Adelheid, Gemahlin Ottosides
Grossen. 2 Aufl. Regensburg, J. Habbel, 1897. In-8°, ni-104 p. 2 m.
870. Zertsalov (A.-N.). Kratkii istoriko-geograûtcheskil otcherk
Simbirsha, Syzrani i Kachpira vo vtoroï polovinie xni vieka. [Court
aperçu sur l'histoire et la géographie de Simbirsk, de Syzran et de
Kachpir dans la 2« moitié du xni« siècle.] Simbirsk, impr. A. Tokarev,
1896. In-8o, 11 p. 30 kop.
871. ZiNGARELLi (N.). Il sesto cerchio nella topografia deU'Inferno.
Venezia, Leo-S. Olschki, 1897. In-4'>, 19 p. (Extrait du Giornale dan-
tesco.)
CHRONIQUE ET MÉLANGES.
MORT DE LÉON GAUTIER.
La douloureuse émotion causée par la mort de Léon Gautier a été
ressentie bien au delà des limites de notre Société. Personne n'était
plus aimé, et, en écrivant ces lignes, nous nous croyons sûrs de n'être
démentis ni par ses confrères de l'Institut, ni par les archivistes paléo-
graphes dont les trois quarts ont été ses élèves, ni surtout par ses col-
lègues des Archives nationales, qui tous s'étaient habitués à voir en
lui un confident dont ils connaissaient à l'épreuve l'amitié, la fidélité,
la discrétion. Cette discrétion — c'était chez lui un trait caractéris-
tique — se conciliait avec l'ardeur d'une nature enthousiaste à laquelle il
dut en grande partie ses succès de professeur et de vulgarisateur. Aux
arides débuts de la paléographie, il savait exciter l'intérêt des auditeurs
par des éclaircissements sur tous les sujets mentionnés dans les textes
d'étude, par une chaleur d'expression égale à celle qu'il mettait dans
ses écrits à commenter nos Chansons de geste. Tout en poursuivant les
recherches de la plus austère érudition, celles qu'il entreprit sur les
poésies liturgiques, par exemple, il estimait que les savants ne devaient
pas travailler pour les seuls savants; continuant le mouvement dont
Paulin Paris fut jadis l'initiateur, il s'était donné la tâche de faire con-
naître aux Français le patrimoine de traditions poétiques, chevale-
resques et nationales que contiennent nos épopées du moyen âge. Il y
avait réussi : si la Chanson de Roland est aujourd'hui entre les mains de
tous les écoliers, c'est à Léon Gautier qu'on le doit.
L'ardeur chez lui était d'autant plus communicative qu'il était impos-
sible de n'y pas reconnaître la bonne foi, qui se manifestait d'ailleurs
dans tous les actes de sa vie. Peu de gens ont eu des convictions aussi
profondes ; bien peu ont su, au même degré, rendre justice à leurs
adversaires. On sait quel respect, quelle amitié même il portait à des
hommes qui ne partageaient aucune de ses idées. C'est qu'il était atta-
ché à ses convictions pour elles-mêmes, non pour lui-même. Jamais
savant n'eut moins de vanité; jamais homme ne fut plus modeste. Il
avait tenu à éloigner de ses funérailles tout ce qui pouvait ressembler
à un hommage rendu à sa mémoire. Mais le silence qui, par respect
pour SCS volontés, a été pieusement gardé sur sa tombe, aurait été une
CHRONIQUE ET MÉLANGES. 50<
injustice s'il eût été prolongé. M. Héron de Villefosse, président de
l'Académie des inscriptions et belles-lettres, l'a rompu le premier, au
nom des plus éminents confrères de Léon Gautier, en prononçant devant
eux le discours qu'on va lire.
II. -F. U.
« Messieurs,
t La mort, cette année, n'épargne pas notre Académie; elle nous
impose de tristes et douloureux devoirs. A peine avons-nous rendu les
derniers hommages à notre confrère Edmond Le Blant, qu'un autre est
frappé. Léon Gautier, que nous venons de perdre d'une manière si
rapide, était encore assez jeune pour que nous eussions le droit de
compter sur son activité; il nous a été enlevé en quelques heures, sans
que ses plus chers amis aient pu lui donner un témoignage de leur
affection, sans qu'ils aient pu lui dire un dernier adieu. Lorsqu'il a
senti le moment suprême approcher, il a demandé avec instance qu'au-
cun discours ne fût prononcé sur sa tombe; votre Président s'est con-
formé à cette volonté nettement exprimée. Mais il ne nous a pas été
interdit d'honorer sa mémoire dans le lieu même de nos réunions. Aussi
je voudrais essayer, malgré mon insuffisance, de vous rappeler les
étapes de sa carrière scientifique si bien remplie, si féconde; je vou-
drais dire ici quelques mots de sa vie consacrée tout entière à l'étude,
au bien, à la défense de ses plus chères convictions.
« Né au Havre le 8 août 183'2, Léon Gautier Ht ses études à Laval; il
les termina au collège Sainte-Barbe. Entré à l'École des chartes, il en
sortit en 1855 avec le titre d'élève pensionnaire. Il fut aussitôt attaché,
en qualité de secrétaire, à Francis Guessard, auquel le ministère de
l'Instruction publique venait de confier la direction du Recueil des
anciens -poètes de la France; il accompagna le savant philologue en Suisse
et en Italie. C'est à Venise, à la bibliothèque Saint-Marc, qu'il découvrit
un long poème, écrit en français par un Italien ; il en fit bientôt appré-
cier l'intérêt et le mérite. Il l'analysa avec soin dans la Bibliothèque de
l'École des chartes sous le titre de l'Entrée en Espagne. Il préludait ainsi
à ses belles études sur l'origine et l'histoire de notre littérature natio-
nale auxquelles il devait attacher son nom.
« Nommé archiviste de la Haute-Marne à la fin de l'année 1856, il
occupa ce poste pendant deux années. Le l*"" mars 1859, il entrait aux
Archives nationales, où il resta pendant trente-huit ans, consacrant ses
forces et son activité à classer, à faire connaître et apprécier les
richesses de ce grand établissement scientifique. En 1893, il y rem-
plaça notre regretté confrère Siméon Luce, comme chef de la section
historique.
« Ses principaux travaux se rapportent à la poésie liturgique, à l'his-
toire littéraire, à la paléographie.
« C'est sur les bancs de l'École des chartes qu'il écrivit ses premiers
Ii02 CHRONIQUE ET IttéLANGES.
Essais sur la poésie liturgique au moyen âge : tel était le titre de sa
thèse. Il avait conçu le projet de faire un travail d'ensemble sur les
proses, les tropes, les offices rijnés. Il voulait écrire l'histoire de cette
poésie et en rassembler une collection vraiment complète, où les chants
de toutes les églises de la catholicité, réunis les uns à côté des autres,
donneraient à l'ouvrage un caractère réel d'universalité. Ce projet a été
réalisé par la publication des OEuvres poétiques d'Adam de Saint-Victor
et par celle de V Histoire de la poésie liturgique au moye?i âge. Dans ce
dernier volume, il a traité, d'une manière aussi curieuse que neuve, la
question des tropes intercalés au texte pontifical de la liturgie catho-
lique, il y a fait connaître dans les menus détails la nature, l'origine et
les vicissitudes de ces morceaux d'office auxquels est liée si intime-
ment l'histoire de la poésie latine, celle de la musique et du théâtre au
moyen âge. Ces recherches, tout à fait originales, sont présentées avec
la chaleur d'exposition dont il avait le secret; il a suivi pas à pas les
développements des tropes; il a montré comment en étaient sorties les
proses, puis les petits poèmes satiriques que les élèves des moines
chantaient pendant les récréations. C'est par l'étude laborieuse des
manuscrits qu'il est arrivé à mener à bien cette œuvre d'érudition aussi
instructive qu'intéressante. Il fallait tout son talent, toute son ardeur,
toute sa critique impartiale pour traiter avec succès un sujet aussi ardu
et pour montrer quelles ressources offrent les monuments liturgiques à
ceux qui veulent apprécier l'esprit et pénétrer dans les habitudes de la
société religieuse du moyen âge.
« Ses travaux sur l'histoire littéraire sont les plus connus; ils lui ont
valu à diverses reprises les plus hautes récompenses académiques.
Léon Gautier a eu une bonne fortune, rare pour un érudit, celle de
voir le succès de ses livres; il le doit surtout à la chaleur communica-
tive et à la clarté de son style. Son plus vif désir était d'exprimer ses
idées d'une manière heureuse et agréable. Il ue méprisait pas la forme
pour ne s'occuper que du fait. On lui a quelquefois reproché son ardeur
et son enthousiasme, mais, sans ces puissants mobiles, il n'aurait pas
entrepris les œuvres qu'il nous laisse, il n'aurait pas rendu d'aussi
notables services à la science. « L'histoire littéraire, disait-il, touche
« par trop de côtés à la littérature, à l'art lui-même, et par conséquent à
« toute notre âme, à toutes nos idées, à tous nos sentiments. Comment
« voulez-vous que je Use Aliscamps sans m'émouvoir très vivement, com-
« ment voulez-vous que j'en parle sans cette sorte de frissonnement qui
« donne au style un éclat et une chaleur naturels? » Le premier volume
des Épopées françaises parut à un moment oii on n'avait encore, dans le
public lettré, que des notions très vagues sur notre ancienne littéra-
ture. L'histoire de notre poésie épique est une matière singulièrement
complexe, et, sans un plan très clair, elle serait tout à fait ténébreuse.
C'est un des grands mérites de Léon Gautier d'avoir apporté l'ordre
CHRONIQUE LT MELANGES. 503
et la clarté dans ce chaos. Il a su résumer et vulgariser sous une l'orme
nouvelle tous les travaux qui avaient eu pour objet la littérature épique
de la France; il a complété ces travaux par le résultat de ses propres
recherches. En publiant cet important ouvrage, Léon Gautier a su
séduire et entraîner beaucoup d'esprits curieux qui, pour entrer dans
l'étude de notre littérature nationale, avaient besoin d'y être introduits
par un initiateur convaincu et passionné. A deux reprises, notre Aca-
démie lui en témoigna toute sa satisfaction : elle lui accorda le second
prix Gobert pour le tome I^"" et pour la première partie du tome II; en
1808, elle lui décerna le grand prix Gobert après la publication du
tome III. Elle lui tendait déjà les mains.
« Mais ce qui a rendu le nom de Léon Gautier presque populaire,
c'est le texte définitif qu'il a donné de la Chanson de Roland. Sa con-
naissance approfondie de nos chansons de geste et de leur destinée, ses
beaux travaux sur nos épopées nationales le désignaient pour accom-
plir cette tâche. Il lui appartenait de faire entrer pour ainsi dire dans
le domaine public un monument qui représente avec une réelle supé-
riorité cette littérature épique qui s'est produite avec tant de fécondité
dans la France du moyen âge, et, par la France, dans l'Europe entière.
Déjà bien des éditions en langage moderne en avaient été publiées.
Mais il y avait encore quelque chose à ajouter pour en compléter
l'étude, pour en faciliter et pour en répandre la connaissance. Grâce à
lui, le chef-d'œuvre épique du xi« siècle, connu pendant longtemps des
seuls érudits et de quelques curieux, est aujourd'hui étudié dans nos
écoles; les gens du monde peuvent le lire; le vieux français a conquis
sa place dans les programmes classiques. Plus de vingt-cinq éditions
attestent le succès toujours croissant de la Chanson de Roland, que
Léon Gautier, dans son enthousiasme, plaçait à côté de Viliade, peut-
être avec un peu d'exagération.
« L'Académie des inscriptions et belles-lettres récompensa ce grand
labeur et ces efforts- en 1873 par le second prix Gobert; l'Académie
française, en 1875, accorda au même ouvrage le prix triennal fondé par
M. Guizot.
« Comme suite et complément de ses précédents travaux, Léon Gau-
tier fit paraître en 1884 une étude des mœurs du moyen âge d'après les
documents poétiques ; il l'intitula la Chevalerie. L'institution même est
peinte, dans ce beau livre, en faisant vivre à nos yeux un de ses repré-
sentants; la chevalerie est résumée tout entière dans l'histoire d'un che-
valier. Depuis la naissance jusqu'à la mort, chaque épisode de la vie du
chevalier donne lieu à des éclaircissements nombreux et sûrs, à une
foule de détails précieux empruntés aux textes que Gautier connaissait
si bien. Un souffle de sincérité anime cette peinture de la vie du moyen
âge; la délicatesse et l'élévation des pensées y dominent; un style net
et coloré, d'une originalité particulière, y rehausse l'abondance de l'éru-
;)04 CHRONIQUE ET Mi'lAXGES.
dition. Le texte est éclairci par des figures techniques bien choisies, et
le cadre restreint adopté par l'auteur, la seule époque de Philippe-
Auguste, lui permet d'apporter une précision particulière dans l'étude
des monuments dont il est difficile de donner une idée plus juste et plus
complète. L'Académie française lui décerna pour cet ouvrage le grand
prix Gobert. — Peu de savants ont reçu de l'Institut, avant de lui
appartenir, d'aussi éclatantes marques de sympathie, tant de témoi-
gnages d'estime !
« Je ne puis énumérer ici tous les titres qu'il s'était acquis à la bien-
veillance de notre Académie, par ses recherches incessantes et par ses
beaux travaux. J'ai rappelé les principaux. Il fut élu le 18 février 1887
à la place laissée vacante par le décès de Natalis de Wailly, qui l'avait
désigné lui-même à vos suffrages, et dont la recommandation émue fut
comme le testament académique de l'un des hommes qui ont le plus
honoré notre Compagnie.
« Il me resterait à dire un mot de ses travaux paléographiques. Il me
semble qu'ils peuvent être confondus avec son enseignement. Pendant
plus de vingt-cinq ans, il a été titulaire du cours de paléographie à
l'Ècolo des chartes, et il s'y est montré tout à la fois érudit et éloquent.
Il avait la passion du professorat; il possédait un don particulier pour
conquérir l'affection de ses élèves. Par son entrain, par sa verve, par
son dévouement, il les empêchait de se décourager. Que de jeunes
gens, rebutés tout d'abord par les premières difficultés de la paléogra-
phie, ont été ainsi soutenus par sa parole d'apôtre, et, entraînés par la
chaleur et par la conviction de leur maître, ont continué des études dans
lesquelles ils sont devenus des maîtres à leur tour! Il leur communi-
quait son enthousiasme pour la littérature du moyen âge; il savait les
initier d'une façon vive et agréable à des travaux nouveaux pour eux et
absolument ardus. Je ne crains pas d'affirmer que Léon Gautier est un
des hommes qui ont le plus contribué à former des paléographes et des
érudits.
« Il a pris rarement la parole au milieu de nous. A voir l'attitude
tranquille et recueillie qu'il conservait pendant nos séances, qui aurait
pu deviner l'éloquence passionnée dont il était doué et dont il savait se
servir d'une manière si profitable dans son -enseignement? Son cœur
débordait de bonté, de tendresse et de chaleur; on le sentait au ton
vibrant de sa voix; on le lisait dans ses yeux; on le devinait dans la
façon dont il parlait de ce qui lui était cher. Pendant toute sa vie, il a
hautement affirmé ses sentiments religieux ; il revendiquait avec orgueil
les titres que lui avaient valus ses écrits pour la défense de la foi catho-
lique. Mais sa religion n'était pas intolérante; ses amitiés et ses admi-
rations en sont la preuve.
« Il meurt en pleine possession de son talent, travaillant toujours, au
moment même où il venait d'achever un nouveau livre, complément
CHRONIQUE ET MKLA\GES. 505
de ses Épopées françaises, la Bibliographie des Chansons de Geste. « Ce
« n'est pas sans quelque tristesse et mélancolie, dit-il dans la préface,
« que nous disons adieu à des études qui ont charmé et rempli tant
f d'années de notre vie. Peut-être avons-nous fait mieux connaître et
« aimer plus vivement notre Épopée nationale et par elle notre France.
« C'est notre vceu le plus cher et ce serait notre plus chère récompense! »
Il venait d'écrire ces lignes où, comme toujours, déborde son cœur,
mais entre lesquelles on lit ses tristes pressentiments. Quand la mort
est venue le prepdre, elle ne l'a pas surpris. Il l'a vue venir avec le calme
profond et la parfaite résignation d'un chrétien.
« Le jour de la Saint-Louis, fête du pieux roi qui, comme lui, aima
si passionnément l'Église et la France, il s'est éteint, plein de sérénité,
dans les bras de la fidèle compagne qui avait partagé avec lui les bons
et les mauvais jours, laissant à ses enfants l'exemple d'une vie noble et
simple, utile à la science et au pays. »
— Notre confrère Gaston Dubois-Guchan est mort subitement le
15 août dernier à Sées. Né à Saint-Galais (Sarthe) le 23 janvier 1843,
il fit ses études au lycée de Strasbourg. Brillant élève de PÉcole des
chartes, il en sortit en 1868 avec une thèse très remarquée sur Guil-
laume Des Roches, sénéchal d'Anjou, qu'on trouvera aux tomes XXX,
XXXII et XXXIV de ce recueil. Quelque temps employé au départe-
ment des imprimés de la Bibliothèque nationale, il donna sa démis-
sion pour se retirer au Mans, puis à Sées, où l'attiraient les souve-
nirs de sa famille maternelle, la famille de Lonlay.
Dubois-Guchan avait entrepris une histoire complète des pèlerinages
en terre sainte; depuis de longues années, il en rassemblait les maté-
riaux. Lui-même s'était déterminé, lors du Congrès eucharistique, à
accomplir le pèlerinage des lieux saints, désireux de voir un légat
français faire dans Jérusalem une entrée triomphale, comme aux beaux
jours de l'occupation franque. 11 revint en France par Chypre, où il fit
un séjour de plusieurs mois. Rhodes et la Grèce le tentaient, il se cap-
tivait pour la question arménienne, quand la mort est venue frapper,
mais non surprendre, cet homme de cœur et ce chrétien.
— Par décret du mois de février dernier, notre confrère M. Marcel
Fournier, directeur de la Revue politique et parlementaire, a été nommé
chevalier de la Légion d'honneur.
— Par arrêtés en date du 13 juillet, ont été nommés officiers de l'ins-
truction publique nos confrères MM. Gharles-V. Langlois, chargé de
cours à la Faculté des lettres de l'Université de Paris, Charles Bémont,
directeur adjoint à l'École des hautes études; officier d'Académie,
506 CHRONIQUE ET MELANGES.
notre confrère M. Louis Finot, chargé de conférences à l'École des
hautes études.
— Par arrêtés en date du 30 juillet, notre confrère M. Petit-Dutaillis
est chargé du cours d'histoire du moyen âge à la Faculté des lettres
de l'Université de Lille pendant l'année 1897-1898; nos confrères
MM. Lemonnier et Gharles-V. Langlois sont chargés, à la Faculté des
lettres de l'Université de Paris, des cours complémentaires d'histoire
de l'art et de sciences auxiliaires de l'histoire; notre confrère M. Gil-
bert Ronchon est chargé du cours complémentaire d'histoire de l'Au-
vergne à la Faculté des lettres de l'Université de Clermont; notre
confrère M. Berthelé est chargé du cours complémentaire de paléogra-
phie à la Faculté des lettres de l'Université de Montpellier; notre con-
frère M. Ernest Langlois est chargé du cours de paléographie à la Faculté
des lettres de l'Université de Lille; notre confrère M. Clédat est chargé
du cours de paléographie à la Faculté des lettres de l'Université de Lyon.
— Par arrêté en date du l" mars, notre confrère M. Héron de Vil-
lefosse, membre de l'Institut, a été nommé officier de l'instruction
publique.
— Au mois de juin de l'année passée 1896, notre confrère M. E.
Daniel Grand a obtenu le grade de maître es arts à l'Université Har-
vard (États-Unis).
— Notre confrère M. l'abbé Maurice Clément, aumônier du lycée
Janson de Sailly, a été nommé, par décision de S. É. le cardinal-arche-
vêque de Paris, aumônier auxiliaire de la maison d'éducation de la
Légion d'honneur à Saint-Denis.
CONCOURS DES ANTIQUITÉS DE LA FRANCE.
RÉCOMPENSES OBTENUES PAR DES ARCHIVISTES PALÉOGRAPHES.
Extrait du rapport présenté à l'Académie des inscriptions et belles-lettres
le 9 juillet 1897 par M. Salomon Reinach.
n La seconde médaille est décernée à M. P. -M. Perret, auteur d'une
Histoire des relations de la France avec Venise du Xllh siècle à l'avène-
ment de Charles VIII (Paris, 1896, 2 vol. in-8°). M. Perret, mort récem-
ment, a traité un sujet complexe et difficile à l'aide de documents, en
grande partie inédits, qu'il a recueillis avec soin et dont il a su très
habilement e.xtraire la substance. Les deux premiers chapitres, qui
résument l'histoire de Venise dans ses rapports avec la France au xiii«
et au xiv siècle, sont un peu brefs. Si M. Perret avait vécu, il les
CHROMQUE ET MELANGES. 507
aurait certainement développés; dans l'état où il les a laissés, on ne
peut guère les considérer que comme une introduction à la période sui-
vante. L'ouvrage devient vraiment original et profond à partir du règne
de Charles VII. Là, même après M. de Beaucourt, M. Perret a trouvé
moyen de renouveler le sujet par l'apport de faits inédits qui per-
mettent une appréciation plus sûre tant de la politique française que
de la politique vénitienne. Il a utilisé, d'une manière qui semble défi-
nitive, les riches archives de Venise. L'auteur avait commencé par
dépouiller minutieusement, au point de vue des relations de la Répu-
blique avec la France, tous les registres du Sénat de Venise jusqu'à la
lin du xv^ siècle. Ses copies, déposées actuellement à l'École des chartes,
ont déjà été consultées et le seront encore par les érudits qui étudient
notre histoire diplomatique à la fin du moyen âge. Les pièces justifica-
tives, imprimées à la fin du second volume, et parmi lesquelles nous
signalerons des extraits d'un Traité inédit du gouvernement de Venise,
ne donnent qu'une idée bien incomplète de la masse des documents
réunis par M. Perret. Procédant avec une louable sobriété, il s'est
borné le plus souvent à citer par extraits, au bas des pages, les textes
sur lesquels il a fondé ses conclusions. Bien entendu, à côté des manus-
crits, il a mis à profit tout ce qui a été imprimé, en France, en Italie
et en Allemagne, sur l'important sujet qu'il avait entrepris de traiter.
L'exposition est toujours claire, la rédaction d'un style correct et
animé. Les lacunes que présente l'ouvrage, même pour le xv° siècle,
ne s'expliquent que trop par les progrès de la maladie qui arrêta
M. Perret en plein travail. Le récit, qui devait, semble-t-il, se pour-
suivre jusqu'à la fin du règne de Charles Vlil, s'interrompt à l'an-
née 1484; encore a-t-il fallu, pour arriver à cette date, reproduire un
mémoire de l'auteur, datant de 1891, sur le renouvellement par
Charles VIII des traités conclus avec Venise en 1478. Ces circons-
tances diminuent la valeur du livre, mais non l'estime qu'inspirent le
talent et l'activité de M. Perret. Toutes les parties de son œuvre, même
les moins achevées, portent l'empreinte d'une maturité d'esprit, d'une
rigueur de méthode qui en assurent le succès et la durée.
« iM. R. Merlet, qui obtient la troisième médaille, nous a soumis un
volume intitulé : la Chronique de Nantes, publiée avec une inlroduclion
et des notes (Paris, 1896). Cette Chronique, toile que M. Merlet a cru
pouvoir la restituer, est une compilation rédigée au xi^ siècle et desti-
née à conserver le souvenir des événements accomplis en Bretagne
depuis le milieu du ix« siècle jusqu'au milieu du xi«. La Chronique ori-
ginale était conservée dans un manuscrit du chapitre de Nantes, qui
semble avoir disparu au xvi« siècle; les principaux passages en avaient
heureusement été copiés, au cours du siècle précédent, sur les cahiers
de deux volumes, dont l'un, jadis employé par Dom Lobineau, n'est
plus connu et dont l'autre appartient à notre confrère M. de la Borde-
308 CHROXIQDE ET MÉLANGES.
rie. De plu?, la substance d'une grande partie de la Chronique de
Nantes a passé dans le Chronicon Briocense, compilation qui paraît
dater du premier quart du xy« siècle. D'un autre côté, Pierre Le Baud,
qui écrivait à la lin du même siècle, a fait beaucoup d'emprunts à la
Chronique pour composer ses deux Histoires de Bretagne. Enfin, un
fragment assez considérable de la Chronique a été publié en 1717 par
Dom Martène d'après un manuscrit de la Chartreuse de Valdieu.
a M. Merlet a montré, par de très ingénieux rapprochements, qu'on
pouvait, en puisant à ces quatre sources, reconstituer à peu près entiè-
rement la Chronique de Nantes. Il a exposé les principes qui l'ont guidé
dans l'établissement du texte, en mettant toujours le lecteur à même de
distinguer les divers éléments de la restitution. L'auteur n'a pas été
moins heureux dans une autre partie de sa tâche, consistant à recher-
cher les origines de la Chronique et à en déterminer la valeur. Il a mis
hors de doute que le compilateur travaillait au milieu du xi^ siècle; il
a très bien expliqué le caractère essentiellement nantais et par suite
anti-breton de plusieurs articles. On doit particulièrement louer les
pages consacrées à l'examen du texte que Sirmond avait découvert
dans un manuscrit du Mont-Saint-Michel et qu'il a publié sous le titre
de Indiculus de episcoporum Britonum depositione. Contrairement à l'opi-
nion générale, qui voit dans VIndiculus un document de la fin du
ix"^ siècle, utilisé par l'auteur de la Chronique, M. Merlet a soutenu que
le fond de ce texte a été inspiré par la Chronique de Nantes. Bien que
ses arguments n'aient pas encore été acceptés sans réserve, ils méritent
d'être pris sérieusement en considération; on devra en tenir grand
compte, à l'avenir, pour comprendre et juger la politique religieuse de
Noménoé.
« Grâce à l'édition que M. Merlet nous a donnée de la Chronique,
document dont la critique n'avait pas encore été faite, nous possédons
aujourd'hui un témoignage de haute valeur pour l'histoire de la Bre-
tagne du ix« au xi« siècle. C'est là un résultat considérable et que le
suffrage de l'Académie devait consacrer.
« En demandant la permission de décerner une quatrième médaille,
votre Commis.'ïion s'est préoccupée de mettre en relief la publication,
due à M. Jean Leraoine, de la Chronique de Richard Lescot, religieux de
Saint-Denis (1328-1344), suivie de la continuation de celte Chronique
(1344-1364) (Paris, 1896). M. Lemoine a fait preuve d'une remarquable
sagacité en étudiant l'activité historique de l'abbaye de Saint-Denis au
xiv^ siècle. Jusqu'à présent, on ne connaissait, pour cette époque, que
les noms de deux chroniqueurs, Guillaume de Nangis, mort au début,
et le moine Yves. Le texte inédit que publie M, Lemoine donne, en
1329, le nom de Richard Lescot (Ricardus Scoli). M. Lemoine rapporte
ce qu'on sait de sa vie et de ses écrits, indique la part qui lui revient
dans la continuation de Guillaume de Nangis et montre comment il a
CBROXIQCE ET MELANGES. 309
été continué lui-même. Cette découverte a son importanco et la valeur
en est encore accrue par l'exposé méthodique et clair dont elle a été
l'objet.
« La première mention revient à M. Abel Rigault, auteur d'un bien
curieux volume : le Procès de Gnichard, fvêque de Troyes (Paris, 1896).
Guichard était accusé de nombreux molaits, entre autres de l'envoûte-
ment de la reine de France, femme de Philippe le Bel, et de l'empoi-
sonnement de la reine douairière de Navarre. M. iiigault a donné un
résumé, aussi nourri que lucide, des pièces de ce grand procès de
sorcellerie, qui ne dura guère moins de cinq années (1308-1313). Ce
résumé abonde en précieux renseignements sur la vie privée et les
croyances des contemporains de Philippe le Bel. En dehors des longues
pièces de procédure qui remplissent tout un carton du Trésor des
chartes et que personne, jusqu'ici, n'avait eu le courage de lire entiè-
rement, l'auteur a recueilli nombre d'informations sur l'évêque Gui-
chard en divers fonds d'archives et dans les collections de la Biblio-
thèque nationale. On trouve, à la suite de son livre, le texte de
vingt-deux pièces justificatives et la substance d'environ trois cents
témoignages produits au cours du procès. Si l'histoire générale n'a que
peu à glaner parmi les faits si nombreux que M. Rigault a mis en
lumière, il faut convenir que cette cause célèbre est un chapitre singu-
lièrement instructif de l'histoire des mœurs au début du xiv« siècle.
L'érudit auquel nous devons aujourd'hui de la bien connaître s'est
montré tout à fait à la hauteur de la tâche qu'il avait assumée.
« L'Essai sur les Présidiaux de M. E. Laurain (Paris, 1896), qui
obtient la quatrième mention, est, à vrai dire, mieux qu'un essai :
c'est l'histoire complète d'une institution judiciaire qui, créée en 1552,
a duré jusqu'à la Révolution. Toutes les questions qui concernent l'ori-
gine, la compétence, l'organisation de cette juridiction sont étudiées de
première main et résolues de façon très satisfaisante. Assurément, le
sujet était connu dans ses grandes lignes, par des travaux que M. Lau-
rain cite et utilise, mais les recherches de l'auteur l'ont sufflsammeut
renouvelé pour que l'on puisse rendre hommage non seulement à l'exac-
titude, mais à l'originalité et à la vigueur de son esprit.
« La Commission, regrettant de ne pouvoir pas disposer d'un plus
grand nombre de récompenses, a cru devoir donner une marque d'es-
time à l'édition du Cartulaire de l'abbaye de Sainte-Croix de Qiiimperlc,
publié par MM. Léon Maitre et P. de Berthou (Paris, 1896, in-i").
Connu depuis longtemps, consulté par nombre d'érudits, ce document,
qui n'est plus en France, n'avait pas encore été édité intégralement;
ceux qui se sont imposé cette tâche ont rendu un service important aux
études sur l'histoire de la Bretagne. Si le commentaire n'est pas à
l'abri de la critique, particulièrement en ce qui touche à l'identiUcation
1897 33
V'/.'.'-'- V..* ••/.♦.*.' •
508
CHRONIQPE ET MÉLANGL
rie. De plus, la substance d'une grande paie de la Chronique de
Nantes a passé dans le Chronicon finocenie.oorapilation qui parait
dater du premier quart du xv^ siècle. D'un aub côté, Pierre Le Baud
qui écrivait à la fin du même siècle, a fait Inucoup d'emprunts à la
Chronique pour composer ses deux Histoiresle Bretagne. Enfin, un
fragment assez considérable de la Chronique été publié en 1717 par
Dom Martène d'après un manuscrit de la Chareuse de Valdieu.
« M. Merlet a montré, par de très ingénieuxrapprochements, qu'on
pouvait, en puisant à ces quatre sources, recoaituer à peu près entiè-
rement la Chronique de Nantes. Il a exposé les nncipes qui l'ont guidé
dans l'établissement du texte, en mettant toujors le lecteur à même de
distinguer les divers éléments de la restitulio. L'auteur n'a pas été
moins heureux dans une autre partie de sa tâcî, consistant à recher-
cher les origines de la Chronique et à en déterdner la valeur. Il a mis
hors de doute que le compilateur travaillait aunilieu du xi^ siècle; il
a très bien expliqué le caractère essentiellemet nantais et par suite
anti-breton de plusieurs articles. On doit parculièrement louer les
pages consacrées à l'examen du texte que Sinond avait découvert
dans un manuscrit du Mont-Saint-Michel et qu a publié sous le titre
de Indiculus de episcoporum Britonum depo5ii/on<Contrairement à l'opi-
nion générale, qui voit dans VIndiculus un tk^ument de la fin du
ixe siècle, utilisé par l'auteur de la Chronique, ^ Merlet a soutenu que
le fond de ce texte a été inspiré par la Chroniqv de Nantes. Bien que
ses arguments n'aient pas encore été acceptés sas réserve, ils méritent
d'être pris sérieusement en considération; onlevra en tenir grand
compte, à l'avenir, pour comprendre et juger laoliiique religieuse de
Noménoé.
« Grâce à l'édition que M. Merlet nous a donée de la Chronique,
document dont la critique n'avait pas encore éttfaite, nous possédons
aujourd'hui un témoignage de haute valeur poul'histoire de la Bre-
tagne du ix« au xie siècle. C'est là un résultat msidérable et que le
suffrage de l'Académie devait consacrer.
« En demandant la permission de décerner un quatrième mi
votre Commission s'est préoccupée de mettre errelief
due à M. Jean Lemoine, de la Chronique de Richcd Lescc
Saint-De?iis (1328-1344), suivie de la continuatic de
(1344-1364) (Paris, 1896). M. Lemoine a fait preu3 d'i
sagacité en étudiant l'activité historique de Vi
xive siècle. Jusqu'à présent, on ne connaissait,
les noms de deux chroniqueurs, Guillaume d|
et le moine Yves. Le texte inédit que
1329, le nom de Richard Lescot [Ricardi
ce qu'on sait de sa vie et de ses écrit§
dans la continuation de Guillaume
0'
4
•F"
F»
àr .
Ir.
itmt
CUROÎIIQUE ET MI?LANf.KS. T.H
« Los bibliothèques des villes, du moins les plus considérables d'entre
elles, sont généralement formées de fonds d'origines diverses. Les
dons et legs des particuliers y ont apporté quelques richesses; certaines
municipalités se sont imposé des sacrifices pour accroître les collections
dont elles disposaient; mais, on le sait, le fonds principal est presque
toujours un fonds d'État. A lui seul, le ministère de l'instruction
publique et des beaux-arts a réparti, en ce siècle, environ dix millions
de volumes dans les bibliothèques provinciales; divers autres départe-
ments ministériels en ont distribué de deux à trois millions. Mais, si
de là provient la plus large partie des collections contenues dans les
bibliothèques des villes, ce n'est pas leur fonds le plus important. Les
ouvrages ainsi répartis sont le plus souvent de ceux que l'on retrouve,
qui peuvent être remplacés. Les dépôts opérés pendant la période révo-
lutionnaire ont un tout autre prix; ils comprennent des ouvrages de la
plus grande rareté, quelquefois uniques, et les collections confiées alors
à la garde des villes ne s'élèvent pas à moins de sept millions de
volumes.
t On connaît l'histoire de ces dépôts. Lorsque les lois et décrets de
la Révolution sur les ordres religieux et les émigrés eurent mis entre
les mains de l'État d'incomparables richesses littéraires et scienti-
fiques, on ne se préoccupa tout d'abord que de leur conservation : ce
fut l'objet de nombreux actes législatifs.
« Mais bientôt on voulut utiliser ces richesses; un décret du 8 plu-
viôse an II les réunit par districts en de vastes dépôts formant parfois
déjà des bibliothèques publiques; puis la Convention, par les décrets
des 7 ventôse an III et 3 brumaire an IV, affecta ces bibliothèques aux
écoles centrales.
« Ces écoles n'ayant pas longtemps subsisté, Ghaptal, ministre de
l'intérieur au moment de leur suppression, écrivait aux consuls : « Plu-
« sieurs communes réclament la jouissance de ces bibliothèques...
« On pourrait leur accorder cette jouissance, à la charge pour elles
« de nommer et payer à cet effet un conservateur et de répondre de
« tous les volumes mis à leur disposition... »
a Le projet de Chaptal fut adopté; un arrêté consulaire du 8 pluviôse
an XI « mit les bibliothèques à la disposition et sous la surveillance
t des municipalités. » Diverses circulaires expliquèrentcet arrêté, sans
jamais en atténuer la pensée principale; celle du 22 septembre 1806,
par exemple, qualifiait les villes de simples « conservatrices des col-
« lections. »
« L'ordonnance du 22 février 1839 est inspirée par les mêmes vues.
Elle intervient pour introduire, dans les divers services des biblio-
thèques publiques, « l'ordre, l'ensemble et la régularité. » C'est ce
qu'exposait le ministre de l'instruction publique dans le remarquable
rapport qui précédait cette ordonnance.
5^2 CHRONIQUE ET MÉLANGES.
rt Mais, malgré la clarté des dispositions édictées alors, les abus dont
se plaignait le ministre ne disparurent pas tous ou ne disparurent que
pour un temps. Combien de fois, depuis, la négligence des biblio-
thécaires a-t-elle permis des lacérations graves, des soustractions de
miniatures, des vols de la plus haute importance; ou l'insouciance
des municipalités les a-t-elle entraînées à des ventes considérables de
manuscrits et d'imprimés, dont le produit a servi à des usages tout à
fait étrangers à la science?
« Ces abus ne pouvaient manquer de préoccuper mon Administra-
tion. Ils devaient d'autant plus attirer son attention que la loi du
30 mars 1887 est venue rappeler à l'État ses anciens devoirs de sur-
veillance, en même temps que lui en créer de nouveaux.
« Dans ses articles 3 et suivants, cette loi prescrit au ministre de
l'instruction publique et des beaux-arts de classer les objets mobiUers
« appartenant aux communes, aux fabriques et autres établissements
« publics, dont la conservation présente au point de vue de l'histoire
« ou de l'art un intérêt national, » afin de les rendre imprescriptibles
et inaliénables. Mais si l'État croyait indispensable de protéger les
objets précieux qui n'étaient pas encore garantis, à plus forte raison
devait-il veiller à la stricte observation des règles déjà existantes pour
assurer la conservation de ceux qui étaient contenues dans les biblio-
thèques publiques.
« Ces règles établissaient que, par le fait même qu'ils sont déposés
dans des bibliothèques publiques, les manuscrits, livres et autres objets
précieux font partie du domaine public, soit national, soit communal,
et sont comme tels imprescriptibles et inaliénables.
« Mon Administration s'est sans cesse efforcée de rappeler ces prin-
cipes, et, je suis heureux de le reconnaître, elle a presque toujours
trouvé dans les municipalités le meilleur vouloir. Les principes qu'elle
s'appliquait à ne pas laisser oublier ont d'ailleurs reçu la consécration
formelle de la jurisprudence (voir notamment les arrêts de la Cour de
Lyon du 10 juillet 1894 et de la Cour de cassation du 17 juin 1896).
« L'expérience ainsi acquise m'a amené à penser qu'il était indispen-
sable d'expliquer, de préciser le titre III de l'ordonnance de 1839. Une
seule partie de ce titre subsistant encore, il m'a paru meilleur de le
reprendre tout entier, n'en modifiant d'ailleurs que la forme.
<i J'ai tenu à indiquer, dès le début de l'article l"*"", que les villes
conservaient le plem usage, en même temps que la garde des fonds
d'État, sans qu'il y eût à cet usage d'autre limite que l'abus.
« Si l'article 2 demande un rapport annuel pour mieux éclairer mon
Administration, si l'article 3 marque d'une manière plus précise les
importantes attributions du comité d'inspection et d'achats de livres,
on ne peut dire qu'ils innovent. Il n'y a pas non plus une innovation
dans ce fait que les inspecteurs généraux me proposent les conseils
CHRONIQUE ET MÉLANGES. 513
qu'ils croient utile de donner aux municipalités au sujet de leurs
bibliothèques.
€ L'article 4, qui interdit toute aliénation des objets contenus dans
les bibliothèques publiques, est pour sa partie principale la copie rigou-
reuse de l'article 40 de l'ordonnance de 1839.
€ Mais la garde des bibliothèques peut parfois paraître aux villes une
responsabilité assez lourde : des incendies sont à redouter, des vols,
des détériorations diverses. C'est dans le dessein de rassurer celles qui
s'en étaient inquiétées qu'il m'a paru utile d'ajouter un paragraphe à
l'article 4 afin de les inviter à porter sans retard à la connaissance du
ministre les soustractions et détériorations de toute nature qui se pro-
duiraient dans ces dépôts. Comme elles ne manqueront pas de faire
ressortir les précautions qu'elles avaient prises pour éviter ces sous-
tractions ou détériorations, elles mettront ainsi leur responsabilité à
couvert.
« La même pensée a inspiré la suite de cet article et l'article 5. J'y
ai marqué que les échanges des objets faisant partie du fonds d'État
devaient être autorisés par arrêté ministériel et que ces objets pou-
vaient être prêtés par le ministre. Les municipalités qui voient souvent
avec inquiétude les demandes de prêt, dont l'usage est répandu aujour-
d'hui dans l'Europe entière, trouveront, dans cette disposition, un
moyen d'échapper à une responsabilité qu'elles redoutent.
« L'article 6 ne peut soulever aucune difficulté. Il établit que, pour
les bibliothèques ayant un fonds d'État, les conservateurs ou biblio-
thécaires doivent être pris, soit parmi les élèves diplômés de l'École
des chartes, soit parmi les personnes qui auront obtenu du ministre de
l'instruction publique et des beaux-arts un certificat d'aptitude aux
fonctions de bibliothécaire.
« Cet article décide que la nomination du bibliothécaire ou conser-
vateur de la bibliothèque appartient au maire. A qui revenait-elle léga-
lement jusqu'ici? La question a soulevé quelques controverses. L'or-
donnance de 1839 donnait au ministre le choix du bibliothécaire ; Ynais
ce procédé de nomination a été bientôt abandonné. Le décret du
25 mars 1852 semble l'avoir attribué au préfet, et certaines personnes
insistent sur le droit ainsi reconnu de nouveau au Gouvernement ou à
son représentant. Il m'a paru que le maire devait ou avoir ou garder la
nomination; mais personne à coup sûr ne trouvera excessive la légère
précaution dont on entoure son choix lorsqu'il s'agit de collections d'un
caractère vraiment scientifique. Beaucoup de maires, et non des
moindres villes, ont déjà usé de cette précaution. C'est ainsi que les
municipalités de Besançon, de Bourges, de Vitry-le-François, etc.,
pour ne citer que des faits récents, et, dans ces derniers jours, celle do
Lille, se sont adressées à mes prédécesseurs ou à moi afin de connaître
5^4 CORONIQDE ET ME'lANGES.
les archivistes paléographes disponibles et de choisir parmi eux des
bibliothécaires. Elles se sont louées des choix ainsi faits.
« Il convenait de rappeler, dans le même article 6, ce qui concerne
les dépenses de personnel et de matériel. Les villes en supportent léga-
lement toutes les charges, aussi bien pour la partie des bibliothèques
qui constitue un fonds d'État que pour celle qui constitue une pro-
priété municipale. Le rapport de Chaptal signalé plus haut et l'arrêté
consulaire du 8 pluviôse an XI établissent nettement ce principe, qui
repose sur l'usage même des collections.
« L'article 7 a pour objet de faire connaître au ministère tous les
règlements des autorités locales relatifs au service des bibliothèques.
« Enfin l'article 8 abroge le titre III de l'ordonnance royale du 22 fé-
vrier 1839.
« Les mesures que j'ai l'honneur de vous soumettre, Monsieur le
Président, attireront, j'en suis sur, votre attention. Il s'agit d'assurer
la conservation d'un trésor littéraire et scientifique dont le public
reconnaît aujourd'hui la véritable valeur, dont chaque jour il use
davantage et dont il est désirable qu'il se serve plus largement encore
dans l'avenir. Il serait superflu d'insister sur un pareil intérêt.
« J'ai la confiance que vous serez frappé de son importance et que
vous voudrez bien revêtir de votre signature le décret ci-après.
« Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'hommage de mon res-
pectueux dévouement.
« A. Rambaud. »
Décret.
« Le Président de la République française,
« Sur le rapport du ministre de l'instruction publique et des beaux-
arts,
« Vu l'ensemble des lois et décrets qui établissent les droits de l'État
sur les collections déposées dans les bibliothèques publiques;
€ Vu l'arrêté consulaire du 8 pluviôse an XI, le décret du 20 février
1809, enfin l'ordonnance du 22 février 1839, dont le titre III régit les
« bibliothèques publiques des villes; »
« Vu -les avis émis par le Comité du contentieux et la Commission
des bibliothèques nationales et municipales institués près le ministère
de l'instruction publique et des beaux-arts,
« Décrète :
« Art. !«"•. — Sont et demeurent maintenues les dispositions régle-
mentaires qui, en plaçant les collections de l'État sous la surveillance
des municipalités, leur en ont permis l'usage et en ont mis la conser-
\ation à leur charge.
CHRONIQUE ET MELANGES. bib
t Lesdites collectious peuvent être retirées par le ministre pour
cause d'insuffisance de soins ou pour abus dans l'usage de la part des
villes.
« Art. 2. — Les catalogues des bibliothèques auxquelles sont affectés
les ouvrages dont dispose le ministère doivent être adressés au minis-
tère de l'instruction publique.
« Les villes envoient, en outre, au ministère un rapport annuel sur
la situation et le fonctionnement desdites bibliothèques, ainsi qu'une
liste des acquisitions faites pendant l'année écoulée.
a Art. 3. — Un Comité d'inspection et d'achats de livres est établi
par le ministre de l'instruction publique et dos beaux-arts dans toutes
les villes qui possèdent une bibliothèque publique municipale.
« Ce Comité est renouvelable par moitié tous les cinq ans. Présidé
par le maire, il se réunit obligatoirement au moins une fois par tri-
mestre, exerce son contrôle sur l'état de la bibliothèque, fixe l'emploi
des fonds affectés tant à la conservation et à l'entretien des collections
qu'aux acquisitions, donne son avis sur les propositions d'échanges. Le
bibliothécaire, sous la surveillance du Comité, procède à la confection
des catalogues, exécute tous les travaux d'ordre et les prescriptions
réglementaires.
« Le ministre s'assure, par des inspections, de la situation et de la
tenue des bibliothèques.
« Art. 4. — Toute aliénation des livres, manuscrits, chartes, diplômes,
médailles, estampes et objets quelconques contenus dans les biblio-
thèques publiques des villes, est et demeure interdite.
« S'il se produit des incendies, sinistres, soustractions, détournements
dans une bibliothèque, la ville doit, sous sa responsabilité, en prévenir
immédiatement le ministre.
« Pour les fonds d'État, c'est-à-dire les fonds déposés dans les biblio-
thèques à la suite des lois et décrets de la Révolution ou ajoutés depuis
par des concessions ministérielles, il ne peut être opéré d'échanges entre
les diverses bibliothèques qu'en vertu d'arrêtés du ministre.
« Une simple autorisation de ce dernier sufiit pour les échanges que
les villes pourraient faire des objets leur appartenant.
« Art. 5. — Les communications au dehors des manuscrits et des
imprimés sont consenties par le maire sous la responsabilité des villes.
Le ministre peut ordonner ces communications en ce qui concerne les
fonds d'État.
« Art. 6. — Les bibliothèques sont confiées à un bibliothécaire et,
suivant leur importance, à plusieurs sous-bibliothécaires, employés ou
surnuméraires.
« Pour les bibliothèques municipales classées, dont l'importance aura
été signalée au ministre par une délibération de la Commission des
bibliothèques nationales et municipales, les maires doivent choisir les
5<6 CHRONIQUE ET MELANGES.
conservateurs ou bibliothécaires parmi les élèves diplômés de l'École
des chartes ou les candidats dont l'aptitude à ces fonctions aura été
constatée après examen.
« Le classement des bibliothèques municipales est établi par arrêté
ministériel.
a Les dépenses de personnel et de matériel demeurent à la charge
des villes.
« Art. 7. — Tous règlements des autorités locales sur le service public,
l'établissement du service de nuit et les fonds affectés aux dépenses du
personnel, du matériel et des acquisitions, sont adressés au ministère
de l'instruction publique et y restent déposés.
« Art. 8. — Le titre LU de l'ordonnance royale du 22 février 1839
est abrogé.
« Art. 9. — Le ministre de l'instruction publique et des beaux-arts
est chargé de l'exécution du présent décret.
« Fait à Paris, le 1" juillet 1897.
« Félix Faure.
« Par le Président de la République :
« Le ministre de l'instruction publique et des beaux-arts,
« A. R.\MBAUD. »
En transmettant une ampliation de ce décret aux maires, M. le
ministre a cru devoir faire observer que, « en ce qui concerne les con-
servateurs ou bibliothécaires visés par l'article 6, aucun trouble ne doit
être apporté dans la situation des fonctionnaires actuels. Seulement, au
fur et à mesure de leur disparition, je devrai toujours être prévenu, afin
d'examiner, avec le maire intéressé et la Commission des bibhothèques
nationales et municipales, comment doit être fait le choix du nouveau
conservateur ou du nouveau bibliothécaire. »
ANCIENNES ARCHIVES DES BUREAUX DES DOMAINES.
A la date du 23 juin dernier, M. le ministre de l'instruction publique
a adressé aux préfets la circulaire suivante, que nous croyons devoir
reproduire :
« Monsieur le Préfet,
« Mon attention a été appelée sur une circulaire, en date du 25 no-
vembre 1896', par laquelle M. le directeur général de l'enregistrement
1. Il nous semble iaulile de donner ici cette instruction de la direction gêné-
CHROMQCE ET MÉLANGES. 5^7
et des domaines a prescrit de rechercher dans tous les bureaux qui
dépendent de son administration et d'en éliminer les registres sommiers,
tables et documents divers hors de service.
« M. le directeur général de l'enregistrement a pensé avec raison
qu'il se trouverait, parmi les dossiers et les registres que vise sa circu-
laire, des documents dont la conservation pourrait être profitable aux
études historiques. Aussi a-t-il eu soin de distinguer, dans la nomen-
clature des papiers considérés comme inutiles aux services de son admi-
nistration, certaines catégories d'actes de l'ancien régime et de la Révo-
lution, et a-t-il décidé qu'avant de les mettre avec les autres aux
enchères on offrirait aux préfets de les recevoir dans les archives de
leurs départements.
<r Voici la liste des documents qui seraient ainsi mis à votre dispo-
sition :
« Registres des amendes et droits réservés (de 1G91 à 1791);
« Registres des quatre deniers pour livre (de 1771 à 1791);
« Registres des petits scels (de 170G à 1791);
« Enregistrement des quittances de rachat de rentes et droits féodaux ;
« Enregistrement des effets publics au porteur et des assignats à face
royale démonétisés (lois des 27 août, 17 septembre et 28 novembre
1792);
« Tontine nationale (loi du 28 messidor an III);
« Voitures publiques (de l'an VI à l'an XIII) ;
« Tabacs (de l'an IV à l'an XII) ;
« Patentes (de l'an IV à l'an X) ;
« Aides (recouvrements de l'arriéré de l'an IV à l'an VII);
« Bacs et bateaux, passages sur les fleuves et rivières navigables (de
1793 à l'an XIII);
« Barrières, taxes d'entretien de routes (de l'an VIII à l'an XIII);
« Canaux et salins (de l'an IV à l'an XII) ;
« Cartes à jouer (de l'an VI à l'an XIII);
«Marques d'or et d'argent ou droit de garantie (de l'an VI à
l'an XIII) ;
« Sommiers des actes de dépôts et consignation, saisie-arrêt et oppo-
sition ;
« Sommiers et papiers concernant la liquidation de la Dette publique;
« Sommiers ou liasses contenant des arrêtés des directoires des dépar-
tements ou des préfets existants dans quelques directions;
« Registres et sommiers antérieurs à 1791 autres que les registres des
raie de reoregistremeat. On la trouvera reproduite dans ses parties essentielles
aux |). 160-162 du numéro de mai-juin 1897 du Bibliographe moderne, fondé
et dirigé par notre confrère M. H. Stein.
5<8 CHROMQDE £T MELANGES.
actes de notaires concernant des maisons ou communautés supprimées,
ou relatifs à des affaires domaniales.
« Je suis d'avis qu'il y a lieu d'accepter immédiatement et sans hési-
tation le versement de ces dossiers et registres aux archives départe-
mentales, où M. l'archiviste pourra les étudier à loisir. Il devra en
dresser un état qui me sera communiqué avec ses propositions pour
leur classement.
« Je remarque que, parmi les documents dont l'administration des
domaines propose la mise en adjudication, il y a un grand nombre de
registres dont les reliures pourraient contenir des pièces ou fragments
de pièces en parchemin intéressantes pour l'histoire. Il conviendrait de
demander à M. le directeur de l'enregistrement et des domaines de per-
mettre à M. l'archiviste de les examiner à ce point de vue avant qu'ils
ne soient livrés à l'acquéreur. »
COURS DE PALÉOGRAPHIE ET DE DIPLOMATIQUE
A LONDRES.
Un cours de paléographie et de diplomatique a été ouvert au com-
mencement du mois d'octobre 1897 à Londres, à l'École de sciences
économiques et politiques {The London school of économies and political
science). Le professeur est M. Hubert Hall, attaché au Public Record
Office. L'enseignement a pour objet principal les manuscrits et les docu-
ments diplomatiques anglais du xiie au xvn^ siècle. Les étudiants sont
exercés à la transcription, à l'édition et à l'emploi des textes. On leur
donne des notions sur la répartition et le classement des documents,
pour les mettre à même de s'orienter dans les dépôts qui renferment
ces documents. Les étudiants de seconde année se livreront à des exer-
cices pratiques et prépareront la publication d'un Album paléogra-
phique. Une conférence sera faite au mois de novembre par sir E. Maunde
Thompson, le directeur du Musée britannique.
CONFIRMATION PAR SAINT LOUIS D'UN TRAITÉ CONCLU
ENTRE LE DUC DE BRETAGNE ET ANDRÉ DE VITRÉ. (Juiu 1237.)
Le traité qu'on va lire a été fort imparfaitement publié par dom
Lobineau et par dom Morice dans leurs Histoires de Bretagne. Nous
imprimons cet acte important d'après l'original de la confirmation de
CHRONIQUi: ET MELANGES. 5^9
saint Louis, que la Bibliothèque nationale vient d'acquérir et qui doit
avoir fait partie des archives de la baronnie de Vitré.
a Ludovicus, Dei gratia Francorum rex, universis présentes litteras
inspecturis, salutem. Noveritis quod nos litteras dilecti et fldelis nostri
P., comitis Britann[ie], vidimus in hoc verba :
« Universis présentes litteras inspecturis, P., dux Britann[ie], cornes
Richemund[ie], salutem in Domino. Noveritis quod, cum inter nos et
dominum Andream de Vitr[iaco] super pluribus contentio verteretur,
tandem ad hanc formam pacis devenimus, videlicet quod terre domini
Vitriac[ensisj, domini de Combor, et domini Alani de Aceignfiaco]
quas habent in Britannia in feod[is] et dominicis rémanent eis et hère-
dibus suis libère et immunes in perpetuum de nobis et horedibus no-
stris de omnibus ballis, rachatis et gardis. Item pro maritagio quod
dominas Vitriac[ensis] habebat in forestis Redon[ensibus] cum Kate-
rin[aj, uxore sua, nos excambiavimus dicto Andrée et heredibus suis
de dicta Katerin[aj in perpetuum habendum et tenendum totum jus
quod dominus Fulco Paganell[us] et uxor sua et heredes sui habebant
in Albigneio et in pertinentiis Albign[eii], pro quo nos assignavimus
dicto Fulconi et heredibus suis centum quinque libratas annui redditus
in terra quam dominus Guido Malivicin[i] habebat in Normannia de
domino Radulpho de Feugeriis per pacem quam dictus Guido fecit cum
eodem Rad[ulpho]. Item de terra et hereditate domini Vitriac[ensis]
quam nos occupavimus apud Sanctum Albinum et apud Redon[cs] per
fortericias nostras nos faciemus excambium dicto Andrée prout milites
qui positi fuerunt ad hoc ex parte nostra et ex parte ejusdem Andrée
dixerunt de dampnis Redon[ensibus]. De residuo vero dampnorum et
supprisiarum factarum a nobis tam apud Red[ones] quam apud San-
ctum Albinum de quo illi milites adhuc nichil dixerunt nos faciemus
legittimum excambium eidem Andrée ad legittimum dictum domini..
Dolensis episcopi et Alani de Aceign[iaco] militis. Item de mer-
cato de Sancto Albino quod nos statueramus ad diem martis, qua
die mercatum de Chevreio erat ab antiquo, nos removebimus'illud
mercatum ad alium diem, ita quod de cetero ad diem martis apud
Sanctum Albinum mercatum non erit. Item de terris domini Vitr[ia-
censisj quas nos vertimus ad forestas nostras tempore istius Andrée
ita fuit accordatum quod dicti Dolensis episcopus et Alanus de
Aceignfiaco] inspicient terras illas et de illis terris quas ipsi vide-
rint esse nocivas forestis nostris nos faciemus legittimum excambium
dicto Andrée ad legittimum dictum predictorum, et alie terre que non
nocebunt forestis nostris predicto Andrée et heredibus suis remanebunt.
Item de feodis dicti Andrée que nos occupavimus per stanna nostra de
Larovroia nos faciemus legittimum excambium dicto Andrée ad legit-
timum dictum predictorum. Quoniam autem propter minorem etatem
520 CHRONIQUE ET MELANGES.
Jûhannis, filii nostri, plena securitas non poterat ficri de hac pace, nos
tradidimus domino nostro régi Franc[orum] omnes terras quas de eo
tenemus in Francia, Normannia et in terra Gastri Celsi et Monlis Fal-
con[is], excepta fortericia Gastri Celsi, et etiam terram hereditariam
fratris nostri archiepiscopi Remensis, si intérim uobis excideret, tenen-
das in manu sua a tompore legittime et probate etatis dicti Johannis
filii nostri si pacem istam nollet tune jurare et per suas patentes litte-
ras confirmare, et exitus exinde redderet dominus rex prefatis Andrée
de Vitr[iaco], domino de Gombor, et Alano de Aceign[iaco], pro parte
unicuique débita, percipiendos donec prefatus Johannes pacem predi-
ctam iuraret et confirmaret. Nos autem tenemur dare domino nostro régi
plegios de duobus milihus marcarum argenti. Quod si Johannes filius
noster, cum ad etatem legittimam perveniret, pacem supradictam non
juraret et suis patentibus litteris confirmaret, dominus rex gagiaret
plegios de predictis duobus milibus marcarum argenti, et dictam peccu-
nie summam dominus rex persolvi faceret domino Andrée de Vitr[iacoj.
Item nos juravimus quod bona fide pacem istam tenebimus, et Johannes
filius noster similiter jurabit infra festum assumptionis béate Marie
coram allocato domini régis quod pacem istam bona fide tenebit et
quod, cum ad etatem legittimam pervenerit, item jurabit pacem istam
se fideliter servaturum et cum suis patentibus litteris confirmabit.
Quando autem Johannes filius noster ad etatem legittimam pervenerit
et pacem supradictam juraverit et cum suis patentibus litteris confir-
maverit, supradicte terre quas dominus rex propter hoc tenet obligatas
ad nos vel ad Johannem filiutn nostrum seu ad alios heredes nostros
quiète et libère revertentur, et similiter plegii de dicta plevigna tune
erunt penitus absoluti. Item si dominus Radulphus de Fulgeriis pacem
supradictam tenere voluerit et per suas patentes litteras confirmare,
eandem pacem et libertatem de rachatis, ballis et gardis eidem conces-
simus habendam in terris suis de Britannia, tam in feod[is] quam in
dominicis. Ad majorem autem hujus rei affirmacionem, nostras patentes
litteras cum nostro sigillo sigillatas dedimus predicto Andrée de Vitrfiaco]
in testimonium veritatis. Datum apud Grisp[eium], anno Domini
M" GG° XXXo septimo, mense junio.
« Nos autem convenciones predictas, sicut superius continentur, pre-
sentibus testificamur litteris et nostri appoêitione sigilli. Actum apud
Grisp[eium], anno Domini M« GG* XXX« septimo, mense junio. »
UNE ORDONNANGE DE PHILIPPE VI DE VALOIS
MAL DATÉE.
L'identification des noms de lieux dans les chartes et les documents
CHRONIQUE ET MÉLANGES. 321
du moyen âge est souvent un problème délicat et difficile à résoudre.
Aussi, en cette matière, on ne saurait jamais être trop prudent et trop
s'entourer de tous les moyens de contrôle et d'information dont on peut
disposer.
Pour ne pas avoir observé ces prescriptions et s'être laissé éblouir
par une apparente similitude do mots, les auteurs du recueil des Ordon-
nances des rois de France ont commis une grave erreur dans l'identifi-
cation d'un nom de lieu donné par une charte de Philippe VI de Valois.
Cette charte (Ordonn., t. III, p, 605), qui accordait à l'abbaye de Saint-
Gilles en Provence et à toutes ses dépendances la faveur de ressortir
immédiatement au sénéchal de Beaucaire, est ainsi datée : « Datuni in
Praderia Suncti Andrée prope Ayram. » Au bas de la page, on a mis
cette note : « C'est apparemment Pradère, dans le bas Armagnac, dio-
cèse d'Aire (voy. le Dictionnaire universel de la France). » On voit de
suite que, pour donner une semblable identification, on s'est laissé sur-
prendre par la ressemblance qui parait exister à première vue entre
Praderia et Pradère. En effet, ce Pradère que l'on indique, et qui est
très vraisemblablement la localité appelée aujourd'hui Pradère- les-
Bourguets (Haute-Garonne, arr. de Toulouse, cant. de Lèguevin), n'était
d'abord pas, d'après Expilly, du diocèse d'Aire, mais du diocèse de
Toulouse. De plus, au point de vue philologique, le mot Praderia n'eût
pas donné Pradère dans le Midi, mais Praderie, nom de localité que
nous trouvons dans le Lot-et-Garonne (comm. de iMontignac-de-Lauzun)
et dans le Puy-de-Dôme (comm. de Brousse). Enfin, que devient Sancli
Andrée? S'il est dans le texte latin, il eût été bon de chercher à se
rendre compte du motif qui l'y avait introduit. Il a sa signification, et,
comme le Pradère indiqué ne se nomme pas Pradère-Saint-André, il
fallait voir si d'autres localités répondaient mieux à cette désignation.
Enfin, on objectera encore que la ville d'Aire (Landes) n'était pas appe-
lée en latin Aira, mais Adura ou Atura. On pourra me répondre, je le
sais, qu'au xiv« siècle les noms latins sont souvent calqués sur les mots
français et ainsi défigurés. Cela n'est cependant pas une règle générale
et on ne doit se retrancher derrière l'incorrection des textes que lors-
qu'elle est manifeste, évidente; sans cela, il serait trop facile de leur
faire dire non ce qu'ils disent réellement, mais ce que chacun peut
y voir.
Si ces questions d'étymologie, qui sans doute n'étaient pas très fami-
lières aux éditeurs de ces textes, n'attirèrent pas leur attention, il est
pourtant un point qui eût dû l'attirer infailliblement s'ils avaient un
peu rétléchi : c'est la forme Datum in Praderia; car, dans tous les textes
qu'ils transcrivirent, ils ne trouvèrent pas Datum in pour Donné à, mais
Datum apud ou Datum, suivi du nom de lieu soit au génitif, soit pré-
senté sous une forme indéclinable, comme Datum Parisius, datum apud
Sanctum Germanum in Laya, datum Nemausi, datum apud Villam novam,
522 CHRONIQUE ET MÉLANGES.
datum Villenove. Si l'on veut au contraire désigner un lieu dans une
ville, on dit Datum in, ainsi : Datum in nobili domo sancti Audoeni,
Adum in ahbatia Regalis montis, Actwnindomo nostra de Villaribus. Si
donc on avait Datum in praderia Sancti Andrée, c'est que vraisembla-
blement le mot praderia désignait un lieu d'une ville ou d'un village
appelé Saint-André; et que pouvait être ce lieu, sinon ce qu'indique
Du Gange aux mots praderia et prada, la prairie ? Il faut donc ainsi
traduire cette date : Donné dans la prairie de Saint- André, près d'Aire.
Mais, maintenant, nous avons deux villes en France qui portent le
nom d'Aire, l'une dans les Landes, l'autre dans le Pas-de-Calais. Les
éditeurs du recueil des Ordonnances ont indiqué la ville d'Aire dans
les Landes; nous avons déjà montré qu'au point de vue étymologique
ils avaient grande chance de s'être trompés. Si nous consultons en outre
les chroniques du xiv^ siècle et l'itinéraire de Philippe de Valois, nous
voyons qu'il ne peut absolument être question que d'Aire dans le Pas-
de-Calais. En effet, pendant les mois de juin, juillet, août et septembre,
Philippe VI fut presque continuellement dans le nord de la France, à
Noyon, à Thun-l'Évêque (Nord), près de l'Écluse, à Arras, près de
Douai, à la Bassée, au Pont-de-Bouvines. Tels sont les principaux
séjours de ces quatre mois. Le 26 juillet même, nous avons des lettres
de lui datées d'Arras ; le 29, il ne pouvait donc en être bien éloigné.
De plus, pendant son règne, nous ne le voyons aller qu'une fois dans
le Midi, au commencement de 1336; ainsi, il fut à Toulouse pendant
une partie de la dernière quinzaine de janvier 1336. Il ne peut donc
être question au mois de juillet 1340, dans la date d'une lettre de ce
roi, d'une ville du Midi ; par conséquent, c'est bien Aire dans le Pas-
de-Calais qui est désigné là. Enfin, pour achever de nous convaincre,
nous n'avons qu'à jeter les yeux soit sur une carte de Cassini, soit sur
une carte de l'état-major ou du service vicinal, et nous verrons qu'à
deux ou trois kilomètres au sud-ouest d'Aire il y a un ancien prieuré,
aujourd'hui une ferme, désigné sous le nom de Saint-André, sur les
bords de la petite rivière appelée Laquette. Cette ferme fait aujour-
d'hui partie de la commune de Witternesse, arr. de Béthune, cant. de
Norrent-Fontes, C'est donc dans la prairie de ce Saint-André, près
d'Aire (Pas-de-Calais), qu'était campée l'armée de Philippe de Valois
quand il donna ces lettres en faveur de l'abbaye de Saint-Gilles et non
à Pradère.
J. VlARD.
PIÈCES SOUSTRAITES AU TRÉSOR DES CHARTES
DES DUCS DE BRETAGNE.
Nous avons déjà plusieurs fois, dans notre volume de 1893, p. 413, et
.CHRONIQUE ET MÉLANGES. 523
dans notre dernière livraison, p. 379, appelé l'attention de nos lecteurs
sur des lettres historiques d'une grande importance qui ont été sous-
traites au Trésor des chartes des ducs de Bretagne et dont plusieurs,
après avoir Gguré dans des collections d'amateurs, sont entrées dans des
dépots publics. Telle est encore une lettre d'Edouard IV, roi d'Angle-
terre, adressée le H mars 1471 à François II, duc de Bretagne;
Edouard IV résidait alors à Saint-Pol en Artois, dans les états de son
oncle Jacques de Luxembourg, connétable de France.
Nous allons donner le texte de cette lettre d'après le fac-similé qu'en
vient de publier M. George- F. Warner, conservateur adjoint du
Département des manuscrits du Musée britannique, dans le fascicule
intitulé : Fac siyniles of royal, hislorical, Uterary and others autographs
in Ihe Department ofmanuscripts, British Muséum. Third séries. London,
1897. In-folio.
« Très hault et puissant prince, mon très chier et très amé cousin,
€ Je me recommande à vous tant comme je puis et ne doubte pas que
n'ayés esté pieça adverty de la fortune et adversité qui m'est advenue
par la grant traïson qui fut compassée à l'encontre de moy, vous signi-
fiant que, loué soit Dieu, j'ay tel et si bon confort de divers princes,
mes amis et aliés, et aussi de mes loiaulx subgiets de mon royaume
d'Angleterre, que j'espoire de brief de recouvrer mon .dit royaume. Et
pour ce, très chier et très amé cousin, que vous estes l'un des princes
du monde à qui j'ay tousjours eu plus grant fiance, et que votre bonne
aide et assistence me pourroit grandement profiter et avancer à parve-
nir à mon dit purpos, je vous prie, tant et si cordialement que plus puis,
d'avoir mon dit fait en vostre singulière recommendacion et m'y con-
forter et aidier en telle manière et façon comme mon très chier oncle
messire Jaques de Luxembourg vous en fera remonstrance et requeste
de ma part, et de lui ajouster foy et créance en ce qu'il vous en res-
cripra ou fera dire. Et se chose est que ou temps advenir à vostre plai-
sir faire puisse, ainsi que j'espoire, à la grâce de Dieu, d'en avoir bien
la puissance, je m'y emploieray de tout mon cueur et pouer. Ce sçoit
nostre benoist Créateur, qui, très haut et puissant prince, mon très
chier et très amé cousin, vous ait en sa saincte et digne garde.
« Escript à la ville de Saint Paoule, le 18« jour de janvier.
0 Voster cousyn,
f Edoward R.
« A mon cousin de Bretaigne. »
L'original de cette lettre fait partie d'un recueil intitulé « Auto-
graphs of royal persons, 1443-1791, » acheté en 1856 par le Musée bri-
tannique, classé sous le no 21404 du fonds additionnel et décrit dans le
volume du Catalogue consacré aux acquisitions des années 1854-1860
(p. 372).
524 cHROivrQDE ET me'langes.
Le même recueil contient une autre pièce venue également du Tré-
sor des chartes des ducs de Bretagne : une lettre d'Jsabelle de Gastille,
reine d'Espagne, adressée de Ségovie, le 7 février 1474, au duc de Bre-
tagne. Elle est signée : « La Princesa y Reyna. »
BRÉVIAIRE D'AUTUN IMPRIME A ROUEN EN 1507.
M. Anatole de Charmasse décrit dans les termes suivants un exem-
plaire, jusqu'ici unique, d'un Bréviaire d'Autun, imprimé à Rouen en
1507, qu'un généreux anonyme vient d'offrir à la Société éduenne :
« Cet exemplaire comprend seulement le temps d'été, commençant
in vigilia Penthecosles, et se terminant par l'office de saint Amateur,
évêque d'Autun, au 26 novembre. C'est un volume grand in-32,
imprimé en caractères gothiques, avec titres courants et initiales en
rubrique. Il est malheureusement incomplet. Les lacunes portent sur
les 65 premiers feuillets, qui comprenaient le titre, le calendrier, le
psautier et le commencement du commun des saints. Au folio 66, on
trouve la fin du commun des saints, qui va jusqu'au folio 81, avec une
lacune portant sur les feuillets 73 à 80. Au propre du temps commence
un nouveau foliotage allant de 1 à 47, sans lacune. Il est précédé de la
rubrique suivante : « Incipit temporale estivi temporis secundum usum
« insignis Ecclesie Eduensis. » A la suite, le propre des saints, allant
du folio 48 au folio 177, avec deux lacunes, comblées à la main, et qui
portent sur les feuillets 144, 145, 151 et 152. Au folio 177 se trouve
l'indication du lieu et de la date de l'impression : « Finit pars estivalis,
« tam de tempore quam de sanctis, Breviarii insignis Ecclesie Eduen-
« sis, nuper accurate castigata Rothomagoque impressa solerti cura
« magistri Pétri Violette impressoris, impensis honestorum virorum
« Johannis Bienaysé et Johannis Pierart, sociorum. Anno Domini mil-
« lesimo quingentesimo septimo, decimo kalendas januarii. » Au verso
commence la table du volume, dont la fin, comprenant le folio 178,
manque. Au folio 179, les régule festorum; au folio 184, l'office de la
sainte Vierge, par lequel se termine le volume, au folio 187, au bas
duquel se trouve la mention Finis. »
NOTICE
SUR UN ABRÉGÉ EN FRANÇAIS
DE LA
CHRONIQUE UNIVERSELLE
DE ROBERT DE SAINT-MARIEN D'AUXERRE,
D'APRÈS UN MANUSCRIT DU MUSÉE CONDÉ.
Le volume XXXII de Y Histoire littéraire de la France,
qui est actuellement sous presse, renfermera (p. 503 et suiv.)
un article dans lequel j'ai été amené à examiner l'une des plus
remarquables compositions historiques de la fin du xif siècle, la
Chronique de Robert, chanoine de Saint-Marien d'Auxerre. On
y trouvera des détails assez étendus sur l'origine et le caractère
de cet ouvrage, sur les manuscrits qui nous en sont parvenus et
sur l'usage qu'en ont fait plusieurs chroniqueurs du xin° siècle :
l'auteur de l'Histoire des rois de France en trois livres, celui de
la Grande Chronique de Tours, Vincent de Beauvais, Guillaume
de Nangis, le rédacteur des Gestes de Louis VIII, Géraud de
Frachet et Bernard Gui.
Un Abrégé en français de la Chronique de Robert, datant,
selon toute apparence, du temps de saint Louis, est signalé dans
l'article de Y Risloire littéraire de la France, d'après une
copie, malheureusement très défectueuse, que contient le manus-
crit 590 de la bibliothèque de Berne*. Je puis aujourd'hui donner
sur cet Abrégé des renseignements plus complets, en mettant à
profit un excellent exemplaire dont le duc d'Aumale avait fait
l. Quelques pages de ce manuscrit sont reproduites par Sinner, dans le
Calalogus cod. mss. bibliolh. Bernensis, t. II, p. 44-48.
4897 ^^
526 NOTICE SUR UN ABREGE EN FRANÇAIS
l'acquisition, il y a peu d'années, et qui porte le n° 1543 dans la
collection des manuscrits du Musée Condé, au château de Chan-
tilly.
Le volume dont il s'agit consiste en 191 feuillets ^ de parche-
min, hauts de 250 millimètres et larges de 164. Il est écrit sur
deux colonnes, en caractères du xiii° siècle. Le bibliophile qui
l'a possédé avant le duc d'Aumale l'avait acheté à Genève,
en 1850.
Il contient deux ouvrages distincts : d'abord, du fol. 1 au
fol. 106, la Chronique abrégée que nous allons étudier, puis, du
fol. 109 au fol. 190, la Chronique en français des rois de France
qui fut rédigée par un ménestrel d'Alfonse, comte de Poitiers.
En tête de la première de ces deux chroniques le copiste a
ménagé, sur le côté gauche de la première colonne, une petite
bande dans laquelle un peintre a représenté, en sept comparti-
ments superposés, l'œuvre de la Création, telle qu'on la voit
figurée dans beaucoup de bibles du xiif siècle.
L'auteur de la traduction a fait entrer dans son travail des
extraits de la Chronique de Robert, y compris la continuation,
et des extraits d'une série de notes additionnelles que nous a
conservée le manuscrit 1715 de la bibliothèque Mazarine, et qui
pourraient bien avoir été rédigées à Nevers ou par un clerc
d'origine nivernaise.
Pour faire mieux apprécier les rapports de la Chronique abré-
gée en français avec la Chronique latine, j'ai choisi un certain
nombre d'articles de la traduction, à côté desquels seront impri-
més les passages latins correspondants de la Chronique, et des
notes additionnelles.
Pour les articles tirés de la première partie de la Chronique,
je citerai l'édition de CamuzatS la seule que nous possédions
jusqu'à présent; pour ceux de la seconde partie, au lieu d'em-
ployer r.excellente édition qu'en a donnée M. Holder-Egger^, j'ai
1. Les feuillets sont numérotés au crayon, au milieu de la marge inférieure,
de 1 à 190, plus un feuillet coté 119 bis.
2. Chronologia, seriem tcmporum et historiam rerum in orbe gestarum
conUnens, ab ejus origine usquc ad annum a ClirisU oriu 1200, aitclore ano-
nymo, sed cœnobii Sancli Mariant apud ÂlUssiodorum, regulx Prœmonstra-
tensis monacho ; adjecla est ad calcem Appendijc ad annum 1223 (Troyes,
1608, in-4'>).
3. Monumenta Germaniœ historica, Scriptores, t. XXVI, p. 226-287.
DE LA CQRONIQUE DNIVERSELLE. 527
dû suivre le texte moins développé que contient le manuscrit de
la bibliothèque Mazarine cité un peu plus haut. C'est évidemment
ce texte moins développé que le traducteur avait sous les yeux
et qu'il a abrégé. Les extraits du texte original de la Chronique
qu'on pourra lire au bas des pages permettront d'apprécier les
différences qui existent entre le texte original et le texte moins
développé que le traducteur avait sous les yeux. Quant aux notes
additionnelles, dont plusieurs seulement se retrouvent en subs-
tance dans les continuations de la Chronique de Robert publiées
par M. Holder-Egger, j'ai cru bon de les imprimer en entier
telles que nous les offre le manuscrit de la bibliothèque Maza-
rine. Si elles ne sont pas la source d'où dérivent directement
plusieurs articles de la Chronique de Tours, du Miroir historial
de Vincent de Beauvais et des Gestes de Louis VIII, elles repré-
sentent du moins un texte auquel les auteurs de ces ouvrages ont
fait quelques emprunts.
La traduction dont nous nous occupons doit avoir été faite
vers le milieu du xiif siècle. Dans le manuscrit de lîerne elle est
complétée par des listes des rois de France et des empereurs, qui
s'arrêtent, la première à saint Louis, la seconde à Frédéric IL
Le soin que le traducteur a pris de faire entrer dans son Abrégé
les articles relatifs aux archevêques de Sens et aux évêques
d'Auxerre semble indiquer qu'il appartenait à l'un ou à l'autre
de ces diocèses, ou du moins qu'il avait un motif particulier de
s'y intéresser. La traduction n'est pas toujours exacte et l'auteur
a çà et là laissé de côté des mots et des membres de phrases dont
l'absence rend la traduction difficile et même impossible à com-
prendre.
L'Abrégé en français de la Chronique de Robert ne contient
aucun renseignement dont les historiens aient à tenir compte :
nous possédons en effet, sous la forme la plus pure et la plus
authentique, les textes latins dont l'Abrégé n'est qu'une traduc-
tion. Ce qui lui donne un certain intérêt, c'est qu'il y faut voir
l'un des premiers essais tentés pour initier la société laïque du
moyen âge à la connaissance de l'histoire universelle.
A la suite de l'Abrégé de la Chronique de Robert les manus-
crits de Chantilly et de Berne renferment d'autres textes qu'il
suffit d'indiquer en deux mots :
Les feuillets 107-190 du manuscrit de Chantilly sont occupés
par la Chronique des rois de France qu'un ménestrel dédia à
528 NOTICE SUR DN ABREGE EN FRANÇAIS
Alfonse, comte de Poitiers. Voici le début et la fin de la Généa-
logie préliminaire et de la Chronique proprement dite :
Fol. -107. « Che est la genologie [sic] des roys de France. Phara-
mons 11 roys vesqui xx ans... » — Fol. -108 v°. «... Loeys qui ore
est sera roys tant cora Dix plaira. Ici faut la genologie des roys de
France. »
Fol. -109. « A son très cliier seignieur le très bon creslien, la très
vaillant personne, conte de Poitiers et de Tliolouse, cil qui est ses
serjans, ses menestereus et ses obeissans, qui a ceste oevre trans-
latée de latin en franchois, encore soit il pou dignes de lui saluer,
salus en Jhesu Grist. Sire, che sachiés vous et trestuit chil qui cest
escrit verront et orront, que cil qui le latin compila, lequel latin j'ai
en franchois translaté, parla en tel manière et dist : « Pour che que
« je veoie et ooie molt de gens douter et presque toutes gens des
« gestes des roys de France... » — Foi. ^90. « ... Li quens de
Flandres, qui par xii anz et vi moys avoit esté en la prison le roy à
Paris, fu délivrez entour la Tous Sainz par raenchon de grant avoir.
Explicit. »
Au commencement de la Chronique (fol. 109) se voit une petite
miniature qui représente le ménestrel à genoux, en costume mili-
taire, offrant sa Chronique à Alfonse, aux côtés duquel se tiennent
deux prélats mitres et un homme d'armes ; sur la tête du prince
descend une colombe qui sort d'un nuage.
Le manuscrit 590 de Berne, quand il était complet, devait
contenir l'Abrégé en français de la Chronique universelle de
Robert de Saint-Marien, à peu près tel que nous l'offre l'exem-
plaire du Musée Condé. Mais il est aujourd'hui et depuis long-
temps dans le plus piteux état : les cahiers en ont été reliés en
désordre, et on y constate deux lacunes ^ Pour y rétablir la suite
régulière du texte, il faut en prendre les feuillets dans l'ordre
suivant :
Fol. i-Lx; — ici lacune correspondant au contenu des
fol. 44 v°-54 v° du ms. de Chantilly ; — fol. ci-cx* ; —
fol. iiii''''xi-c; — ici lacune correspondant au contenu des
1. J'avais cru d'abord qu'il y avait une troisième lacune dans le ras. de
Berne et que le commencement du fol. imxx xi n'y faisait pas immédiatement
suite à la (in du fol. xc. L'examen du ras. de Chantilly m'a démontré que celle
lacune n'existe pas.
DE LA CIIRO-MQUE HNIVERSELLE. 529
fol. 70, col. 2-71 y°, col. 2, du ms. de Chantilly; — fol. cxi-
Dans le manuscrit de Berne , l'Abrégé de la Chronique de
Robert est suivi des morceaux suivants :
i" (fol. 127). Généalogie des rois de France, s'arrêtant à saint
Louis.
2° (fol. 127). Description des îles : « En la mer d'Orient, en
la contrée d'Yode, a une ille qui a non Thaprobane, qui est
ceinte d'un fleuve... >/ — Traduction d'un des morceaux préli-
minaires de la Chronique de Robert de Saint-Marien , qui est
dans l'édition de Camuzat, fol. 5 v°.
3° (fol. 136). Note sur l'origine des Francs : « Tout sanz ce
que nous vous avon dit doit l'en savoir dont li Franc vindrent,
et qui il sunt, et de quel nature il sunt. Franceis sunt par droite
nature cruel et sage, c'est à dire félon et sage... »
4° (fol. 137 v°). Liste des empereurs depuis Charlemagne jus-
qu'à Frédéric IL Derniers mots : « ... Federis, xxxviii anz ;
Henris vu anz. Li rois Phelippes ne fu pas empereres. Othes lu
desposez de l'Empire. Federis fu desloiaus. »
5° (fol. 138). Traduction française du Provincial, c'est-à-dire
de la liste des évêchés de la chrétienté. Le texte latin du Provin-
cial remplit les p. 93-96 du manuscrit original de la Chronique
de Robert de Saint-Marien, conservé à la bibliothèque de la ville
d'Auxerre.
6° (fol. 144). Texte que je n'ai pas examiné et que le D'' Hagen
indique dans les termes suivants : « Traduction du premier livre
de Salomon. Lie. : Au tens que Salemons li filz le roi David fu
rois de Jérusalem, Dex li monstra grant amor. Fin. (fol. 212) :
Ici fenist le premier livres Salemons. Or prion à Deu que en tel
manière le laist entendre à celz qui le liront et oiront. »
Terminons cette notice par l'édition d'un choix d'articles de
l'Abrégé de la Chronique, d'après la version du manuscrit de
Chantilly ; à la traduction française seront joints, comme il a été
dit oi-dessus, les passages correspondants du texte latin.
Boberti Chronicon, éd. Camuzat. Ms. 1548 du Musée Condé.
Foi. 8. — In primordio tem- Fol. L — Au commenchement
poris ante omnem diem, Deus cria Diex le chiel et la terre et i
paler ex verbo et per vcrbum mist lumière en manière d'une
suum fecit ex nihilo rerum om- nue respiandissanz, qui, en lieu
530
NOTICE SUE UN ABREGE EN FRANÇAIS
nium maleriam... Primo itaque
die fecil Dcus lucem in modum
nubis lucidœ, quœ vice solis orlu
suo dieni faceret, occasu vero
noclem induceret.
Secundo die fecit firmamen-
tum, id est Ccelum, quod aquas
superiores infcrioresque divide-
ret.
Tertio die congregavit Deus
aquas, quse erant subter firma-
mentum, in locum unum, et ap-
paruit arida, id est terra, omnis-
que generis vestita est lignis et
fructibus fœcundata. Gselo igitur
sursum expanso, aère serenato,
aquis congregatis in unum, terra
revelata, disposila sunt quatuor
elementa.
Fol. 67 v». — ... Hic (Haima-
rus), cum mulla strenue pere-
gisset, a quibusdam œmulis suis
in pago Tullensi, cum quodam
nepote suo, lanceis confossus,
ibique dicitur fuisse sepultus.
Huic successit Theodrannus,
qui, prœdicto Haimaro adhuc su-
perstite, ex ejusconsensu, fuerat
ordinatus episcopus. Post hune
Quintilianus scdit, prius abbas
Sancti Germani, sed ob virtu-
lum dignitalem provectus in
prœsulem. Hujus pater Quinti-
lianus monasterium Melercnse
construxit ac rébus propriis dita-
vit. Porro Quintiliano Giliianus,
et Gilliano Glemens successit,
qui, caecitatem corporeara pas-
sus, juxta basiiicam apostolo-
du soleil, quant elle Icuoit, es-
toit matière du jour, et quant
ele esconsoit, si estoit nuis.
Au secont jour fist le firma-
ment ch'est à dire le chiel, pour
départir les eues hautes et les
basses l'une de l'autre.
Au tierch jour assambla Diex
toutes les eues en i lieu, qui de-
vant che estoient desous le fir-
mament, et lors aparut la terre
vestue et aournée de toutes ma-
nières d'arbres et de fruis, et
lors fu li chielx estendus par
dessus l'air, et li airs clers et
seris, et les eues assamblées en-
samble, la terre aparut descou-
verte, et li iiii élément ordené et
crié.
Fol. 62. — Aymars, li eves-
ques d'Auçuerre, fu ocis de ses
honmes meismes, entre lui et
un sien neveu à Toul, féru cruel-
ment parmi le cors de lances.
Theodrans fu fais evesques
d'Auçuerre, par le conseil Ay-
mart, anchois grant pièche que
il fust mors. Et après lui le fu
Glimens qui avugla. Ichil Gli-
mens fist faire un habitacle à
son oes jouste l'abeie Saint Père
et Saint Jaque.
DE LA CURONIQCE UNIVERSELLE.
53^
rum Pétri et Jacobi diversorium
habuil.
Fol. 67 Y". — Antissiodorensi
ecclesise post Clementem praefuit
Adulfus, ex cantore episcopus,
vir in divinis officiis strenuus,
et episcopali largitate famosus.
Hujus lempore res ecclesiaslicse,
ab episcoporum potestate per
Carolum priiicipem abstractœ, in
dominalum secularium cesse-
runl. Siquidem centum tantum-
modo mansis episcopo derelictis,
quicquid villarum superfuit in
sex principes Baioarios distribu-
tum est, abbatiœ vero singulis
abbatibus dilargitae. Quam ec-
clesiœ humiliationem idem reli-
giosus ponlifex pêne exitialiter
doluit, adeo ut, paralisis morbo
correptus, universis sui corporis
officiis privaretur. Eodem itaque
divcrsorio cum prsedicto Clé-
mente, ad bue superslite, clausus,
stipe ecclesiastica usque ad diem
sui obitus alebatur, Maurino, ex
voluntate ejusdem pontificis,
subministrante publicas fun-
ctiones.
Fol. 69 v°. — Senonensi ec-
clesise post Egilem prœfuitAnse-
gisus, monachus, vir in cunctis
optime agens, cujus tempore Se-
nonensis ecclesia magno et paci-
fico viguit honore. Siquidem
Joannes papa totius ci Gallise et
Germaniae primatumcontulit, ut
esset primus post papam, syno-
dumque prœsulum evocaret, et
de forlioribus quibusque ac gra-
vioribus judicaret ; cui resistere
voluit Hincmarus, Rliemorum
Fol. 63. — Aiox, li evesques
d'Auçuerre, fu molt coroucbiés
adonc pour che qu'il vit sainte
eglyse abaissier. il fu malades
de palasine {sic), et lors il entra
en la maison meismes où sains
Giiraens estoit. Il fu soustenus
des biens de l'eglyse jusqu'à sa
mort, et Maurins par son conseil
fu procureres des communes be-
songnez de l'eglyse.
Fol. 76. — Anseis, i mqines,
fu lors assis à Sens, à qui Jehans
li papes bailla la légation de toute
Franche et de toute Alemaingne,
et li envoia le chief saint Gri-
goire et le bras saint Léon l'apos-
toile, que il mist en l'eglyse
Saint Père le Vif. Il porta d'un
lieu en autre ices cors : le cors
saint Léon, et le cors saint Sanc-
tin le martir, et le cors d'une
sainte virge, suer saint Sanctin,
et saint Augustin le martir. On
>32
NOTICE Sf'R U.\ ABREGE O FRANÇAIS
archiepiscopus, sed apostollca
auclorilale compressus est. Huic
etiam Aiisegiso venerabili prœ-
suli pr?efalus papa dédit caput
beati primi papse Gregorii, et
brachium sancti Leonis papse et
doctoris; quas ille vencrandas
reliquias Senones detulit, et in
ecclesia Sancti Pétri Vivi cum
débita veneratione reposait. Idem
quoque translulit corpora san-
ctorurn pontificum Leonis, Ursi-
ni, Agricii et AmJDrosii in praedi-
ctam ecclesiara de basilica Sancti
Leonis, ubi primum fuerant tu-
mulata, quœ prius dedicata fuit
in honore sanctorum Gervasii et
Protliasii-, fuit autem habitatio
monacliorum magna, sed, paga-
nis urbem obsidentibus, est de-
strucla. Transtulit et prœdictus
pontifex corpus beati raartyris
Sanctiani de villa quae ex ejus
nomine Sanceia vocatur, cum
corporibus Augustini martyris
et Beatse virginis, prœdicti San-
ctiani sororis, quos omnes in ba-
silicam Sancti Pétri condigne re-
condidit. Feruntur autem iidem
martyres Sanctianus et soror
ejus Beata fuisse consanguinei
sanctee Columbœ martyris, et ob
amorem ejus a partibus Hispa-
niae cumaliis pluribus advenis-
se.... De sancto vero Augustino
ferturquod fuerit archiepiscopus
Treveris, orationisque causa ad
sanctum Martinum devenerit et,
itineris labore confectus, hospi-
landi gratia, in villam Sanceiam
divcrlcrit, ibiquc a^grotans diem
extremum claus[er]it, sepultus-
dist que sains Sanctins et sa
suer furent cousins Colonbe. Icil
et autres assés les sivirent en
Espaingne, et furent tuit en-
samble martirié par le roy Aure-
lien. Et si dist on que sains Au-
gustins fu evesques de Trieves.
Anseis enpetra de Hugon, l'abé
de Saint Germain d'Aucuerre,
le cors saint Roumain, qui fu
portés en Peglyse Saint Rémi.
DE LA CHRONIQUE UNIVERSELLE.
533
que esl juxta tumulum marLyris
Sancliaiii. Impelravil cliam prœ-
fatus Ansegisus ab Hugone,
Sancli Germani Antissiodorensis
abbate, corpus sancli Romani,
lranslulil(|ue illud in ecclesia
Sancli Remigii.
Fol. 70. — In Anlissiodo-
rensi ecclesia Christiano succcs-
siL Wala, prœdicli archiepiscopi
Ansegisi frater, vir scienlia cla-
rus et moribus adornatus...
Porro huic Walœ successil Um-
baldus episcopus.
Fol. 70. — Senonensi ecclesiœ
post Ansegisum pra3fuil Evrar-
dus, cui successil Wallerius,
scienlia cl nobililale clarissimus.
Anlissiodorensem ecclesiara
posl Umljaldum rexit Herifridus,
vir ornalus cunclis virtulibus,
signis etiam admirandus. Hujus
tempore, civitas, improviso flam-
mis exusla, penilus versa est in
cineres tantum et rudera; quod
videns sacer prœsul, suo induxit
animo quod sibi nunquam in
urbe habitaculum faceret, nisi
prius beatse Mariœ virginis ac
sanclorum Joannis et Stephani
basilicas intègre reparassel ;
quas, parvo contentus tugurio,
raox resedificare cœpit mirifice-
que restruxit, scd morlc prse-
ventus, domum episcopalem rc-
parare non poluil.
Huic successil Gerranus, vir
vitœ venerabilis, cujus tempore,
cum Normannorum gens impia
omnem circumquaque regionem
prœdis, Cccdibus, incendiis de-
vastaret, idem strenuus preesul
A Auçuerre fu lors fais eves-
ques Wales, li frères Anseis,
bien aornés de science et de
bonnes meurs. Après lui fu
Willebaus.
Fol. 77. — Evrars fu assis à
Sens, et après i fu Gonliers.
Ainfrois fu assis à Auçuerre,
preudons et vaillans. La cité
avoit esté arse; il rapareilla les
eglyses Nostre Dame, Saint Je-
han et Saint Estene.
Après lui vint Gerrans : chil
issi un jour hors de la cité contre
les Normans, atout che que il
avoit de gent. Il vainqui par
l'aide Nostre Seignicur tous les
Normans et les encacha.
d34
NOTICE SUR UN ABREGE E\ FRANÇAIS
suos cvocal, verbis horLalur, be-
nedictione corroborât , utque
bellicis accincti armis secum
proficiscantur exorat. Mox cum
suis urbe egredilur, et, invenlis
hostibus, bello eos aggreditur,
quibus profligatis, Victoria, Do-
mino adjuvante, potitur.
Fol. 7-1 . — Senonensem eccle-
siam post Walterium rexit Wal-
terus, ejusdem Walterii nepos,
cujus tempore Pagani Burgun-
diam vastaverunt , factumque
est bellum inter Christianos et
Paganos in monte Ghalo, per-
eraptis ex Christianis multis mi-
libus, ubi Garnerius, vicecomes
Senonensis, interfectus est. Por-
ro Walterio successit Adaldus
venerandse mémorise.
Ântissiodorensi ecclesiae post
Gerranum Betto prœfuit, vir
sanctimonia clarus et sapientige
documentis egregius. Hic a puero
raonachus ac post cœnobii San-
ctœ (^olumbœ praepositus, multa
illic studio acquisivit; multis ope-
rosis œdiflciis iocum illum ex-
coluit...
Huic vero successit Gualdri-
cus, qui, primo a parentibus
suis monasterio Sancti Germani
deditus, et provectus in mona-
chum, taiîdem crescentibus me-
ritis, in abbalem ejusdem loci
meruit promoveri. Deinde, imi-
verso clero et populo acclamante,
ob vitœ sublimitatem sublima-
tur in prœsulem. . . Denique,
quando Romam causa orationis
adiil, a Joanne papa, beati Lau-
rentii martyris ac sanctae Euge-
Fol. 78 v°. — A Sens fu assis
Gautier, li niés à un autre Gau-
tier, qui devant estoit evesques.
En qui tans li Sarr[asin] ocis-
trent sus le mont de Chalon molt
de Grestienz, et Gautier avek le
conte de Sens. Et puis après
icelui Gautier refu quens Adans,
qui molt fu et vaillans et preus.
En Auçuerre estoit lors eves-
ques Bègues, plains de sens et de
saintée. Ichil avoit anchois esté
moines et prevos de Saint Gou-
lonbe de Sens.
Après lui le fu Gaudris, qui
avant avoit esté abbes de Saint
Germain. Ghil aporta les reli-
ques de saint Lorent et de saint
Eufemenie de Romme.
DE LA COROMQCE UNIVERSELLE.
535
niae rdiquias impelravit secum-
que revexit, de quibiis parlem
monachis Sancti Germani dédit,
aliam vero sibi relenlam ad Var-
ziacum déferons, in ecclesia ejus-
dem virginis Eugeniœ ciim ho-
nore recondidit...
Fol. 72. — Senonensi ecclesise
posL Ilildemannum praefuit Ar-
chembaldus. Sub hujus tcmpore,
sanclorum Columbœ virginis et
Lupi confessoris mausolœa, per
noticiam cujusdani veterani mo-
nachi, sunt détecta... Porro idem
Archerabaldus , cum esset vir
perversus et seculo deditus, cœ-
nobium Sancti Pétri ad solum
usque contrivit, ecclesiasque et
villas et ornamenta distrahens
suisque dislribuens, reliqua in
proprios usas relinuit. Archie-
piscopalem quoque domum re-
linquens', habitavit in claustro
monachorum, canesque suos et
accipitres ibi coUocare non ti-
muit; sed, nutu Dei, quotquot
illic mittebantur mane mortui
reperiebantur. Remanserant au-
tem ibi xv monachi, ex quibus
XII una nocte mortui sunt, très
vero de ipsa plaga evaserunt,
qui tamen ipso anno defuncti
sunt. Denique, cum tôt malis
finem Dominus facere decrevis-
set, beatus Savinianus martyr
praedicto Archembaldo semel et
secundo apparuit , admonens
illum ut resipisceret et malefacta
corrigeret; sed ilio in sua mali-
tia perdurante, tertio eum san-
ctus corripuit invisibiliterque
percussit, dicens : « Non am-
Fol. 80 v°. — Arquenaux fu
fais archevesques de Sens. Icil
abati jusques en terre l'abeie
Saint Père le Vif, et fîst ens el
cloistre gésir ses chiens el ses
oiseleurs ; et quanque on i metoit
au soir on les trouvoit mors au
matin; xii moine i morurent en
une nuit; m sans plus en es-
cliapa, ichil morurent dedens
l'an. Sains Saviniens li amonesta
une fois et autre que il faisoit
mal, et dont le feri et dist :
« Nous ne lairons plus agastir
nostre lieu, que nous avons
acheté de nostre sanc. » Ghe
oïrent li chambrelenc. A lende-
main, il trouvèrent mort eslendu
devant son Ut, tout nu. Et la
maistre eglyse Saint Estene tré-
bucha tout en un mont.
536
NOTICE SUR UN ABREGE EN FRANÇAIS
pli US patiemur desolari locum
cfTusione nostri sanguinis conse-
cralum. « Quam Yocem audien-
les, cubicularii experrecli sunt,
el surgenles invenerunt illutn
miscrabililer nudum , in lerra
prostratum. Porro ipso adhuc
pra^sulaiile , ecclesia Sancli Ste-
phani incensa el post incendium
funditus est eversa; clauslrum
quoque canonicorum cremalum
est, librariumque et ornamenta
ecclesiœ; insuper et preciosis-
simse perierunt reliquiee.
Fol. 72 v°. — Sane Archem-
baldo mortuo, eligitur Anasta-
sius, vir Deo dignus. Hic mirée
sanctilatis et abstinentise fuit,
vigiliarum amator continuus et
cleniosinarum distributor lar-
gissimus, clericorum nutritor,
monachorum potissimum vene-
rator. Hic ab iilo die quo sacer-
dotium sumpsit usque ad finem
vitse carnem non comedit, nec
indutus est lino, sed semper usus
est cilicio.
Lors fu après lui archevesques
Anaslaises, uns lions de Diu :
dès le jour qu'il fu prestres jus-
qu'à la fin, n'ot il onques [que]
la haire en sus de sa char, ne ne
raenja de char.
Manuscrit 4745 de la Mazarine.
Fol. ^o2 v". — Emmanuel,
capto Curfolio, naves insequens
Siculorum, nonnullas capit-, sed
rex fugaliberalur. A Rogero rege
et papa Eugénie honoratur.
Remundus, prlnceps Antiochie,
kalendis augusti, contra Turcos
egressus, multis suorum captis
et occisis, perimitur in insidiis.
Turci caput ejus et omnia fere
que sui juris erant in dedicionem
Fol. 92 v°. — Manuel, li em-
pereres, prist Gorfuel. H pour-
sivi les nez de Sezile, et aucune
en prist; li roys fu délivrés. 11
fu molt honnorés du roy Ro-
gier de Sezile et de pape Eugénie.
Raimons, princes d'Anthioce,
qui estoit issus contre les Turs
es kalendes d'aoust, fu ocis en
un aguet, et mains des siens pris
et ocis avek lui. Li Turc enpor-
tèrent sa teste, et quanque estoit
DE LA CHRONIQUE UVIVEUSELLE.
537
accipiunt prêter Anliochiam,
quam tamen nimis infestant.
Fol. ^56. — Renaldus prin-
ceps, qui, alia vice a Turcis ca-
ptus et per annos xvi tentus et
redemplus niulta peccunia, tene-
bat tune Ebron et regionein que
est trans Mare Mortuum, ubi est
Mons Regalis et urbs Patracensis,
que Aralh {sic) dicitur, ducitur
ante Saladinum, et cum décollât
mucrone proprio^
Saladinus Accon, que et Pto-
lomais, obsidet; post biduum in
dedilionem recipit. Manenlibus
et recedentibus datur conductus,
quia Saladinus nullum gravari
permittit volenlem degere sub
tributo. Nunquam violât jura-
mentum. Vix negat aliquid quod
rogatur. Turci alias urbes et ca-
stra recipiunt per vim nullam.
Fol. ^60 v°. — Anno Domini
M" GG° XI" nostri obsident Laval-
de son droit pristrent presque
tout, fors Anthioce, que il mena-
cboient et ataignoient.
Fol. 97. — Li princes Renaus
qui autre foiz avoit esté en la
prison des Turs xvi anz, et rains
de grant avoir, tenoit lors Ebron
et la contrée qui est de la iMer
Morte, en laquele est Mons Royax
et la cité de Pcrrouse, qui orc
est apelce le Gras. Icbil Renaus
fu pris des Turs, et fu amenez
devant Salehadin, et il li copa la
teste à sa propre espée.
Puis ala asseoir Prolomée [sic) ,
qui ore est dite Acre, que l'en li
rendi dedens les ii jours, par si
que qui vaussist s'en alasl ou
demourast sans et seurs, il et ses
clioses. Salebadins ne lessoit nu-
lui grever qui voussist vivre sous
treu. Nule foiz ne faussoit son
serernent. A enuis veoit à nului
chose qu'il li demandasl. Li Turc
prenoient les autres cités et chas-
tiaux, mes nul par forche.
Fol. ^03. — En l'an de grâce
M GG et XI assistrent li nostre
1. Pour rnonlrer d'après quel système le texte de la Chronique de Robert a
été traité par le compilateur des extraits contenus dans le ms. de la bibliothèque
Mazarine, je donne ici le passage de la Chronique originale relatif i\ Renaud
d'Anlioche : « Tune et princeps Rainaudus ante Salaadinum adductus est. Is
post Raimundum Antiochiae princeps, dehinc a Turcis captus et per annos XVI
in captivitate delentus, raulta postmoduin pro eo laxata pecuuia relaxatus,
tenebat lune Ebron et eam que est trans Mare Mortuum regionem, ubi est Mons
Regalis et civitas Petracensis, que nunc dicitur Crac. Erat aulem vir consilii
parsimonieque et honestatis amator, Turcorum impugnator acerrimus et nostro-
rum lldissimus propugnator, llorens quidem in seculo, sed seculi suique contem-
ptor. Id tamen in eo culpabatur a pluribus, quod, cum inter Christianos et Tur-
cos statuerenlur induciœ, ipse nunquam eas voluit custodire. Proinde hune
pre céleris oderat Salaadinus, a quo nimirum fréquentes gravesque pcrtuleral
iesiones. Quanta itaque ab eo sustinuisset replicans, cum eo aliquanlum dis-
ceplal, deinde suo eum mucrone décollai » (éd. Ilolder-Egger, p. 250).
,v.'v • V- .vv.'.'.*. •
•^sy
NOTICE SCR C"V ABR^r.É K F «\':ir5
fl
536
plius paliemur desolari locum
efîusione noslri sanguinis consc-
cralum. r> Quam \ocem audien-
tes, cubicularii expcrrecli sunl,
el surgenles inveneranl illum
miserabililer nudura, in Icrra
proslralura. Porro ipso adhuc
prœsulanlc, ecclesia Sancti Sle-
phani incensa cl post inccndium
fundilus est eversa; clauslrum
quoque canonicorum cremalum
est, librariunique el ornamenLa
ecclesia'; insuper el prcciosis-
simse perierunl reliquiœ.
Fol. 72 v°. — Sanc Archcni-
baldo morluo, eligilur Anasla-
sius, vir Deo dignus. Hic mine
sanclilalis el abslincnlire fuil,
vigiliarum anialor conlinuus el
eleniosinarum distribulor lar-
gissimus, ckM'icurum nulrilor,
monachorum polissimum venc-
ralor. Hic ab illo die quo sacer-
dolium sumpsil usque ad finem
vilœ carnem non comedil, nec
indutus est lino, sed scmper usus
est cilicio.
Manuscrit 17 i 5 de laMazarine.
Fol. ^52 v°. — Emmanuel,
caplo Curfolio, naves insequens
Siculorum, nonnullas capit; sed
rex fuga liberalur. A Rogero rege
el papa Eugenio honoralur.
Remundus, princeps Anliochie,
kalendis augusli, contra Turcos
egressus, multis suorum caplis
el occisis, perimilur in insidiis.
Turci caput ejus el omnia
que suijuriserantindedici(
♦ i;
f <ii r.i ntir..*; lui archcvesques
Ai lions de Oiu :
d«'- !ii pnslres jus-
qii '. il Miiqiies [que]
la I > de sa char, ne ne
nieiij.
f •
— .Manuel, li cm
pci i.orfuel. H pour-
sivi lenez de Sezile, el aucune
en prL; li ro^BMdivrcs. 11
fu me ho
gier dôe
Rai
qui e
es
DE LA CIIROXIQDE UNIVERSELLE.
539
Domina castri Girauda, que
de fralre vel filio se concepisse
dicil*, prohicilur in puleum, et
acervus lapidum super eam pro-
tinus tumulalur.
Apud Lemovicas, quedam ma-
trona nobilis morilur, et sudario
involula servatur. Dum exequie
parentur (sic) ^ resurgens de
morte, dicit beatam Magdalenam
teligisse labia sua et se statim
spirilum resumpsisse. In festo
ejusdcra venit Verzelliacum cum
sudario et multis leslibus sue
morlis.
Remundus comes Tholosanus
herelicus judicatur 2.
Anno3 Domini MoCG^XH» Ni-
vernis conflagratur. Gathedralis
ecclesia per Guillchuum episco-
pum opère lapideo innovatur.
Fol, ICI. — Philippus, rex
Francie, anno Domini M° GG°
XIIIIo, dominica post festum
sancte Magdalene, inler Torna-
cum et ponlem Bovinum, expu-
gnat Othonem imperalorem, Fer-
randum, comitem Flandrensem,
Renaldum, comitem Bolonien-
sem, et raultos alios nobiies et
famosos qui vénérant contra re-
gem, regnum protinus invasuri.
Girauda, dame du chastel, qui
esloit grosse, si comme l'en di-
soil, de son frère ou de son fil,
fu gelée en un puis, qui fu lan-
tost comblés de pierres.
A Lymoges morut une gentil
famé, et fu gardée envelopée en
son suaire. En dementres que
l'en apareilloit la sépulture, ele
resucita de mort, et dist que
sainte Marie Magdalaine avoit
touchié à ses lèvres, et tanlost
avoit repris son esperit. Ele s'en
ala hastivement à Vezelai à la
feste de la sainte , atout son
suaire, et 0 lui molt de tesmoins
de sa mort.
En l'an de grâce M GG et XII
Nevers fu ars. L'église cathé-
dralx fu renovelée d'uevrc de
pierre par Guillaume, adonc
evesque.
Fol. -«03 v°. — En l'an de
grâce M GG XIIII, li roys Pbc-
lippes, après la feste de la Mag-
dalaine, entre Tornay et le pont
de Bouvines, vint l'empereur
Otbon, Ferrans, qucns de Flan-
dres, Renalx, qucns de Bolon-
gne, et mains autres nobles
hommes et de grant renom. Li
quens Ferrans et li quens de
Bouilongne furent pris et amené
1. Dicebai dans la Chronique de Robert.
2. Celte note, dont le traducteur n'a pas tenu compte, correspoYid à l'article
suivant de la Chronique de Robert : « Reimundus, Tiiolosanus comes, cognito
quod faveret et foveret herelicos, cunctis ad diripiendum exponitur lanquam
refuga fidei, et publicus hoslis Ecclesie judicalus » (éd. Hoider-Egger, p. 27G).
C'est par cet article que se termine la Chronique de Robert.
3. La note relative à l'incendie de Nevers et à la reconstruction de la cathé-
drale n'est pas dans la continuation de la Chronique de Robert.
540
NOTICE SUR UN ABREGE EN FRANÇAIS
Ex ipsis muUi capiunlur, et
maxime Ferrandus Flandrensis,
Rcnaldus Boloniensis comités,
Parisius capli ducuntur. Ceteri
fugiunt, et Victoria cedit régi.
Ipso die, villa que dicitur Pons
super Ychaonam celesti incendio
conflagratur ^ .
FiliusGalteri camerarii in Mel-
densem episcopum consecralur.
Frater Guerinus liospitalarius
in episcopum Silvanectensem
consecratur ipso anno.
Eodem^ anno, AyardusdeRa-
maruco ducit uxorem Philippam,
filiam Herrici condam comitis
Trecensium, quam a terra trans-
mari na adducit in Franciam per
multas dietas et discrimina infl-
nita. Multi principes et milites,
qui, prestito juramento pro missu
[sic] in aggressu negocii se pro
posse suo opitulaturos, eidem in
progressu se exibent inimicos.
Anno Domini Mo GG» XVI" [sic) ,
Innocentius papa célébrât conci-
lium in ecclesia Latteranensi, in
quo fiunt sumptus non modici,
modicus autem fructus. Ibi mo-
ritur magister Laterus [sic], Pi-
sanus archlepiscopus, mense no-
vembri.
Sequenti mense junio, moritùr
Innocencius papa, aput urbem
Perusium, et sepelitur in eccle-
sia Sancti Laurencii, rétro altare
Sancti Herculiani. Eligitur Ghen-
à Paris. Molt en 1 ot de pris.
Li roys ot la victoire. Li empe-
reres s'enfui.
Icelui meisme, fu arse du feu
du chiel Pons seur Yonne.
En l'an de grâce M CG et XV,
célébra li apostoiles Innocens
un concilie en l'eglyse du Latran,
où il ot fet grans despens, et i ot
pou de fruit. A che concilie fu
[sic] maistres Lohiers, arceves-
que de Pise.
En Tensivant mois de jugnet,
morub papes Innocent, à Per-
rouse. Sanches, prestres cardi-
nalx de Saint Jehan et de Saint
Pol, fu fais apostoiles, et en
1. Il y a l'équivalent de cet article dans les deux continuations de la Chro-
nique de Robert (éd. Holder-Egger, p. 277 et 280).
2. Cet article est moins développé dans la première continuation de la Chro-
niffue de Robert (ibid., p. 277).
DE LA CHKONIQUK n\IVKKSELLE.
54^
cius, presbiler cardinalis Sanclo-
rumJoliannisetPauli, inpapam,
et in ecclesia Saiicli PeLri Peru-
sini coiîsccraLur et Honorius ap-
pellatur.
Autisiodorense forum , cum
Sancti Eusebii et Sancti Amato-
ris ecclesiis, feria iiiia post Pen-
thecoslen conflagralur ' .
Hcrricus, imperator Gonstan-
linopoiilanus, Johannes, rex
Anglie, Guido de Uampelra-.
Ludovicus, régis Francic filius,
acceptis obsidibus a baronibus
Angiie, transfretaverant^ reye
vivente et fugienle. Uuo mortuo,
obsides libérât, et coiilidens de
Anglis, quos ab imminente morte
liberaverat, tempore régis, eos
letaiiter persequenlis, et quorum
habebat juratoriam caucionem,
cum paucis iterura in Angliam
redit et Anglicos multos compe-
rit perverses. Occidunt Tho-
mam, eomitera Perticensem, mu-
niunt portus, etconcludunt intra
Londonias Ludovicum.
Anno Domini AP GG" XVII», in
quindena Pasche, Pctrus, Auti-
siodorensis cornes, et Yoles, uxor
ejus, coronanlur ad imperium
Gonstantinopolilanum, ab Hono-
rio papa, in ecclesia Sancti Lau-
rencii extra muros. Recedunt a
Roma, et Jobannes de Golumpna,
l'egljse Saint Pierre de Perrouse
sacrés, et fu apelez Honorés.
Li marchies d'Auçuerre et
l'eglyse de Sainte Eusèbe et de
Saint Amador furent arses le
quart jour emprès Pentecosle.
llenris, emperercs de Gosten-
linoble, li roys Jehans d'Engle-
lerre, Guis de Dampierre moru-
rent lors.
Loeis, filx le roy Phelippe de
Franche, prist osLages des ba-
rons d'Engleterre; estoit passés
en Engleterre le roy vivant.
Comme li roys fu mors, il déli-
vra les ostages, et se fioit des
Englois, que il avoit délivrés
aussi comme de la mort, car li
roys les grevoit tant comme il
pooit; et avoit d'euls serement
de seurté. S'en retorna o pou de
gens en Engleterre, et i trouva
molt d'Englois qui s'estoient tor-
né contre lui. Il ocistrent le conte
Thomas du Perche, et guarnirent
les pors, et aussi comme encloent
Loeis dedens Londres.
En l'an de grâce M GG XVII,
la quinzaine de Pasques, li quens
Pierre d'Auçuerre et Yolent, sa
lame, furent couroné a l'enpire
de Gostentinoble , de Honoré
l'apostoile, en l'eglyse Saint Lu-
rent dehors les murs de Romme.
Il s'en partirent, et Jehans de la
1. Cet article est dans la première continualioQ de la Chronique de Robert
(éd. Holder-Egger, p. 277).
2. Il faut suppléer le mot obieruni.
3. Lisez transfrelaverat.
4897 35
542
NOTICE SUR UN ABREGE EN FRANÇAIS
cardinalis, apostolice sedis lega-
tus, cum eis ; et mari Lransmealo,
impératrice cum filiabus diver-
lentc per Romaniam iter suum,
de mandate imperatoris, ipse
imperator, cum cardinali et
omni comitatu suo, capitur a
Theodoro, comité Dyrachii, inva-
sore*.
Mense februario sequenti, fit
ventus veliemens, die qua obit
Bertholdus dux, Ecclesie perse-
quutor.
Précédente mense novenbri,
dominica précédente Adventum,
corruunt miraculose turres ec-
clesie Sancti Stephani Autisiodo-
rensis sine alicujus lesione^.
Anno Doraini M» GG° XVII°,
mense septembri, Ludovicus, vi-
dens dolos baronura Anglie, por-
tuum impedimenta, persequu-
tionem tocius regni, prêter Ludo-
vicum [sic] intencionem Gale,
apostolice sedis legati, qui totis
nisibus procurât Ludovic! et suo-
rum infidelitatem , et timens
quod, si Londoniam exeat, re-
vertenti claudatur, desiderat
pugnare cum Anglis; sed ipsis
pugnam devitantibus, facta com-
posicione, redit in Franciam, qui
mirabilcm habuisset victoriam,
si fidelitatem debitam invenisset.
Anno Domini AP GG" XVIII,
sanctus Guillelmus, Bituricensis
archiepiscopus, canonizatur, et
Golongne, gardonnax et legaz,
avek eulx. Et l'empereris fesant
son chemin par Roumanie, entre
lui et ses filles, par le comman-
dement son seigneur, li empe-
reres et li cardinalx, o toute lor
compagnie, furent pris par Tho-
dore de Duraz.
Fol. ^ 04. — El moys de fé-
vrier ensiuvant, fu trop fors
vens, et celui jour morut li roys
Bertouls. Grans persécutions de
sainte Eglyse fu adonc.
Loeis, qui vit le malice des
Englois et l'empeechement des
pors, le trouble du raigne, et
Tentencion de Gale, cardinal et
légat, qui à tout son pooir pour-
cachoit Tempeechement Loeys et
des siens, il douta que, se il
issoit de Londres, que l'entrée
li fust enpeechie, se il i vossist
retourner- il ne se combati mie
as Englois, ja soit clie qu'il es-
chivoient la bataille, et faite une
componction entre elx, il s'en
retorna en Franche. Il eust eu
mervelleuse victoire se il eust
trouvé droite loiauté.
En ran de grâce M GG et XVIII
sains Guillaumes de Boorges fu
canonisiez.
1. Cet article est moins développé dans la première continuation de la Chro-
nique de Robert (éd. Holder-Egger, p. 277).
2. Comparez l'article analogue qui se lit dans les deux continuations de la
Chronique de Robert (éd. Holder-Egger, p. 277 et 282).
DE LA CHRONIQDE UNIVERSELLE.
543
Geraudus, successor ejus, obit.
Gui succedit Symon, canlor Bilu-
ricensis, nepos Herrici, condam
Biliiricensis archiepiscopi.
Symon, cornes Mon lis Forlis,
in obsidione Tholosana moritur.
percussus lapide interioris petra-
ric, in craslino Sancli Johannis
Baplisle, miles calholicus, ma-
gnanimus et honestus.
Hugo, dux Burgundie, fidelis
in regnum, crucesignalus, aput
Noerium caslrum morilur, el
apul Gisterciura sepelitur.
Mense julio, Petrus Parisien-
sis, Galterus Eduensis, Jordanus
Lexoviensis episcopi, el Herveus,
comesNivernensis, Gallerus, ca-
merarius régis Francie, et Iterius
de Couciaco et Ansericus , frater
ejus, el alii barones multi et po-
pulus copiosus ilcr arripiunt
Iransraarinum.
Rex siquidem Hungarie et dux
Auslrie anno transfretaverant
precedenli.
Rege Hungarie repalrianle,
dux Auslrie el alii urbem obsède-
ranl Damielam.
Aurelianis gravi incendio pe-
joratur ^ .
Gallerus, abbas Pontigniacen-
sis, fil episcopus Garnotensis.
Ludovicus, fîlius régis Franco-
rum, resumit signum crucis con-
tra Albigenses.
Philippus, rex Francorum, die
Simons, quens de Montfort,
morul au siège de Toulouse, el
fu férus d'une pierre que une
perrière gela, lendemain de la
Saint Jehan. Il estoit chevaliers
catholiques et de granl cuer et
honesles.
Hugues, dux de Bourgoingne,
feax du raigne, morul lors.
Pierres de Paris, Gautier de
Ostun, Jordains, evesques de
Lisies, Hervix, quens de Nevers,
Gautier, chanberier de Franche,
lliers de Goci et Ansiax , ses
frères, et maint autre baron, et
grant plenlé d'autre pueple s'en
alèrent lors outremer.
Li roys de Hongrie, li dux
d'Osterice estoienl passé l'an de-
vant.
Li roys de Hongrie s'en re-
paira, et li dux d'Ostrice èl li
autre baron assistrenl Damiele.
Orliens fu adonc empiriés molt
durement de feu.
Loeis, filx le roy de Franche,
reprist la crois contre les Aubi-
jois.
Le jour de la Ghandeleur, fist
1. Comparez une note de la première continualion de la Chronique de Robert
(éd. Holder-Egger, p. 277).
544
iXOTICE SDR ON ABREGE EN FRANÇAIS
purificationis Béate Marie, faciL
geiieralem conslilucionem de ju-
deis ' suis, uL nullus accipiaL in
vadium ornamenlum ecclesie, ut
nullus tradat alicui religioso pec-
cuniam nisi de assensu capilanei ^
sui et cum litteris palenlibus pre-
lati et capituli sui, ut nullus Ghri-
stianus compellatur vendere he-
reditatem suam seu redditus suos
propLer débita Judeorum, immo
due partes hereditatis seu reddi-
tuum et plegii assignentur^ Judeo,
etdeinceps non currat '* debitum,
et ut debitum non currat ultra
annum a mutuo facto, et ut libra
non lucretur^ ultra duos dena-
rios qualibet septimana, et ut
propler hoc non capiatur corpus
debitoris, aut animalia, carruce,
nec culcitre^, seu domus alla
utensilia.
Fol. i 62. — Damieta cum mul-
lis laboribus sumptuosis miracu-
lose capitur a nostris, et per an-
num vel amplius possidetur.
Postmodum, Pelagio, cardinali
et legato, Templariis et Hospita-
lariis totoque exercitu Ghristia-
norum, excepto rege Johanne,
li roys Phelippes un establisse-
ment de tous ses Juis gênerai :
que nus ne recheust en gage aor-
nemens de sainte eglyse; que
nus ne baillast à nul relegieus
pecune fors par l'assentement de
son raestre par desus, et o les
lettres pendans de son prélat et
de son couvent; que nus cres-
tiens ne fust contrains à vendre
hiretage ou rentes pour dette as
Juis, mes les ii parties de l'hire-
tage ou des rentes du deteur et
du piège soient assenées as Juis,
et d'iluelv. en avant ne queure la
dette outre un an puis Teuprunt
fait; et que la livre ne gaaint
que II deniers ctiascune semaine 5
et que li cors du deteur ne fust
pour che pris, ne ses bestes, ne
sa charrue, ne sa coûte, ne autres
ostielx de sa maison.
Fol. -104 v°. — Damiete, as
grans coulx et à grans travax,
fu prise des noz, qui la tindrent
un an et plus. Après che, li car-
dinax Pelages fu pris du soudam,
et Templier et Hospitalier et
toute l'ost des Grestiens, fors le
roy Jehan, qui s'en estoit partis,
1. Le texte de cette ordonnance sur les Juifs nous est parvenu par les
registres de Pliilippe-Auguste(voy. le Catalogue des actes de Philippe-Auguste,
p. 412, n°- 1874). — Il y en a un résumé un pea différent de celui-ci dans la
seconde continuation de la Chronique de Robert (éd. Holder-Egger, p. 283). —
Baluze (papiers de Baluze à la Bibl. nat., vol. 74, fol. 159) avait tiré d'un ms.
de Saint-Marlial de Limoges un résumé à peu près identique à celui qui est
ci-dessus publié et dans lequel plusieurs passages sont moins corrects que dans
le ms. de la Mazarine.
2. Capituli, Baluze.
3. Assumentur a Judeo, Baluze.
4. Querat, Baluze.
5. lAbra non mutuetur nisi duos nummos in qualibet hebdomada, Baluze.
G. Culture, Baluze.
DE LA CnROMQDE UNIVERSELLE.
545
qui , ob quandam discordiam inter
ipsum el logatum motam, ab cxer-
cilu recesserat, a soldano per in-
forlunium caplis et graviter affli-
ctis, pro redempcione eorum et
omnium captivorum qui erant
sub potestate soldani, reddita est
Paganis.
Guido de Castellione, primo-
genitus comitis Sancti Pauli, du-
cit iii uxorem unicam filiam Her-
vei, comitis Nivernensis.
Anno Domini M» GC XXP,
Guillelmus, episcopus Nivernen-
sis, peri(us in jure ecclesiastico
et civili, providus et discretus,
tempore maxime caristie, quo
obiit, pascens cotidie circa duo
milia pauperum, qui a Philippe
rege Francorum pcrpotuam, cum
inestimabili sumptu, optinuerat
regalium libertatem, in vigilia
ascensionis Domini, terrena pro
celestibus commutans, migravit
ad Ghristum. Gui successit Ger-
vasius de Gastro, moribus orna-
tus, génère nobilis, qui, conse-
cratus in episcopum, mensibus
sex diebus tribus tantum rexit
ecclesiam,cui successit Philippus.
Anno Domini AP GG° XXIP,
magister P. de Corbolio, archie-
piscopus Senonensis, vir inesti-
mabiiis littérature, bonesenectu-
tis, die synodi sue, obit et in
ecclesia Senonensi, présente sy-
nodo, tumulatur; cui successit
magister Galterus Gornutus.
Guillelmus, Parisiensis episco-
pus, libcrtalis ecclesiastice mira-
bilis defensor, aput Sanctum
pour descort mou entre lui et
Pelage; et furent chil qui furent
pris molt malmené, et pour la
raenchon d'elx et de tous les che-
lis qui estoient el pooir au sou-
dan, fu rendue la cité as Paiens.
346
NOTICE SUR UN ABREGE EN FRANÇAIS
Clootiim, moritur, et in abbacia
Pontigniacensi sepelitur.
Magister Herveus, Trecensis
episcopus, in ulroque jure peri-
tus, longeve etalis, obit. Huic
successil magisler Robertus,
ipsius ecclesie decanus.
Eodem anno, Herveus de Gie-
mo, cornes Nivernensis, vir ma-
gnanimus, ecclesiaslica jura con-
servans, hereticorum precipuus
persequulor, superator bostium,
jusUcie fidelis vassallus, cujus
magnanimitati barones Francie
invidebant, apud Sanctum A.nia-
num in Bituria, castrum suum,
moritur, ibique tumulatur in
quindena apparicionis Domini,
sed abbate Pontigniacensi se {sic)
septem abbatibus pluribusque
monachis et raultis aliis venien-
tibus, ut corpus secum portarent,
fere a minutis populis lapidan-
lur; demum aput Pontigniacum
transfertur corpus ejus.
Johannes, rex Jherosolimita-
nus, ex amissione Damiete et
debilitate suorum ultra modum
dolens, a partibus transmarinis
transfretat in Franciam cum pau-
ois, auxilium petiturus.
Fredericus, Romanorum impe-
rator, signo crucis assumplo, du-
cit in uxorem per verba de pre-
senti, unicam filiam ipsius régis,
et hoc juramento affirmât coram
papa Honorio. Anno sequenti,
nupcie soilerapniter celebranlur.
Fol. H 02 v". — Anno Domini
Mo CG» XXIII, mensejunio,Pbi-
lippus, Francorum rex, vir po-
tentissimus, qui Othonem impe-
Pol. ^104 v". — Jehans, roys
d'outremer, dolens de la perte
de Damiete et de l'afloiement des
siens, s'en vint en Franebe à
pou de gent pour requerre aide.
Fedris, empereour des Rou-
mains, se croisa, et prist à famé
une seule fille que li roys Jehan
avoit, et l'aferma par serement
par devant pape Honoré. En l'an
après furent faites entr'elx sol-
lempnex noces.
En l'an de grâce M. CG. et
XXIII, el mois de jugnet, morut
li roys Phelippes de France,
bonis très puissans, qui Othon
DE LA CnROXIQDE DNfVERSELLE.
547
rntorcm et qiiam plurimos in
bello campali deviceral, nobiles
et polenles, Normanniam acqui-
sivil et sibi Aquilaniam apro-
priavit etmaximam Piclaviepar-
tem, qui scmper prospères habuil
ad vola successus, ecclesiastice
libertatis precipuus conservator,
dormit in Ghristo, et in Sancti
Dyonisii ecclesia sepelitur. Mira-
bile fecit leslamentum : Johanni
régi Jherosolimilano c (sic) libras
parisiensium,totidemTcmplariis,
lolidem Hospitalariis dedil, et
plura bona reialu longua fecit.
Ludovicus,filiusejus,succedit,
et prima dominica augusti eodem
anno sollempniler aput Remis
coronatur, et Biancha, uxor ejus,
in reginam. Tricesimum septi-
raum etalis sue annum fere com-
pleverat Ludovicus quando fuit
coronalus.
Cornes Campanieducituxorem
filiam Guichardi de Bello Joco,
cognatam germanam régis Lu-
dovici.
Rex reddit comiti Gampanie
duo castra, Monsterolum foris
Yonam et Brayam super Sequa-
nam, quepater suusdiu tenuerat.
Almarricus, cornes Montis For-
tis, a parti bus Albigensibus redit
ad patriam propter defectum vi-
ctualium, relinquens Carcasso-
nam, urbem munitissimam, et
alla castra, que cum labore maxi-
mo et sumplu inestiniabili et
amissione plurima gencium fue-
rant acquisita et per quatuor (sic)
annos possessa a nostris.
l'emporpor ot pjusors aulres no-
bles bonmes avoit sormonlés, et
avoit ajousté à son royalme Aqui-
taine et grant partie de Poitou et
toute Normendie, qui lousjours
ot selonc son plaisir bonnes
aventures. Souvrains gardcrres
estoit de la droiture de sainte
eglyse cl de sa francise. Il fu
enseveliz en l'eglyse Saint Denis.
11 fist merveilleus testament : il
lessa au roy Jehan d'outremer
c" Ib. de parisis, autretunt as
Templiers, autrelant as Hospita-
liers, et plusours autres biens
dignes de lonc racont.
Loeys, ses filx, fu couronnés
à Rains le premier jour d'aost
par un diemanche, et Blance, sa
famé, avek couronnée et sacrée.
Li roys Loeis avoit aconpli le tren-
tisme an de son aage quant il fu
couronnez.
Thiebaus, quens de Gham-
peigne, prist à famé la fille fiui-
chart de Biaugieu, cousine ger-
maine le roy Loeys, qui li rendi
II castiax, que ses pères avoit
longuement tenus , Mousterucl
en for d'ione et Brai sur Saine.
Li quens Amaurris de Mont-
fort lessa par sousfraité de vian-'
des Garcasonne, cité bien garnie,
et aulres castiaux, qui à grant
traveil et à merveillox coust et à
grant perle des noz avoienl esté
conquis et par xxiiii ans tenus
des noz.
548
NOTICE SUR U\ ABREGK EN FRANÇAIS
Eodem anno, Johannes, rex
Jherosolimitanus, limina beali
Jacobi adil peregrinaturus. Ducit
in uxorcm filiam régis Galicie.
Rex aulem Iransfretat in An-
gliam, ubi plura ei donaria con-
feruntur.
Anno Domini M" CG" XXIIIIo,
rex Ludovicus movet priraum
exercitum posl coronationem
suam contra Pictavenses. In
craslino Sancti Johannis Ba-
ptiste congregat suos. Inde pro-
cedens cum mille ducenlis mili-
libus et pluribus aliis aplis ad
bellum, obsidet Lezegniacum, ca-
strum fortissimum. Savaricus de
Malo Leone, qui intus erat, vi-
dens fortitudinem régis, facit
paclum cum rege, ut sibi liceat
recedere cum suis; deinde ca-
strum régi redditur.
Rex inde progredilur ad San-
ctum Jotiannem Angeliacensera,
et abbas et burgenses ipsius loci
ol)viant régi, et pacifiée ei vil-
lam reddunt, fidelitatem, proul
petitur, exibentes.
Rex inde tendens ad Ruppel-
lam, obsidet eam. Machine eri-
guntur, que per novem dies
muros destruunt incessanter.
Salvaricus. de Malo Leone, cum
ce militibus, burgenses ville et
quam plurirai servientes virili-
ter se defendunt. Demum, consi-
dérant! 1)U5 illis qui intus erant
se non habituros ab aliqua parte
succursum, etvidentibus fortitu-
dinem régis cottidie augmentari,
reddunt villam régi, quibusdam
Fol. 'lOS. — En chel an, ala
li roys Jehans d'outremer en pè-
lerinage à Saint Jaque, et pristà
famé la fille le roy de Galice ; ele
fu amenée à Paris. Et li roys
Jehan passa en Engleterre, où
Pen li donna plusours dons.
EnPandegraceMCGetXXIIII,
li roys Loeys semont son ost
contre les Poitevins, lendemain
de la Saint Jehan Baptiste, à
Tors, et d'iluek s'esmut atout
xw^ chevaliers et autres pluseurs
convenables à bataille, et assist
Niort, un fort chastel. Savaris
de Maulion, qui estoit dedens,
vit la fierté le roy et fîst couve-
venant 0 le roy que il et li sien
s'en poissent aler sauvement, et
puis fu rendus li chastiaux au
roy, et il i raist sa garnison.
D'iluek s'en repaira li roys à
Saint Jehan d'Angeli; li abbez et
et li borjois de la vile alèrent
encontre paisiublement, illi ren-
dirent la vile et pourmirent
feauté tout ensi com li roys de-
manda.
D'iluek s'en ala li roys à La
Rochele et l'assist. Li engin fu-
rent drechié, et par ix jors sans
chesser destruirent les murs.
Savaris -de Maulion, o ii<: de che-
valiers, et li bourjois de la vile
et grant plenté de serjans qui
estoient dedens se dcffendoient
viguereusement. En la fin il
esgardcrent que il n'auroient se-
cours de nulc part, et vuirent que
li pooirs le roy croissoit chascun
jour. Il rendirent la vile au roy
DE LA CHRONIQUE UNIVERSELLE.
549
pactionibus inter regem et bur-
genses formai is [sic). Salvaricus
cum suis indc pcr marc roccdil.
Poslmodum, omni condicione
cessarile, burgenses commuai 1er
se dederunt régi, salvis ville li-
bertalibus, fidelilatera ligiam fa-
cientes.
Fol. J()3. — Anne Domini
M" GG" XXV", circa Pascha, qui-
dam confingens se esse Baldui-
num, condam comitem Flandric
et imperatorcm Gonstanlinopoli-
tanum, venit in Flandriam in
habilu pcregrino. MuUi de Flan-
dria favenl ei, nobiles et ignobi-
les, eo quod mulla intersigna
dicebat quod ipse esset Baldui-
nus. Resistentes sibi viriliterde-
bellat. Non multo post, statuto
colloquio inter ipsum et regem
Francorum aput Peronam, re-
quisitus a rege quis ornavcrat
eum in militem, et ubi fecerat
homagium patri suo Philippe, et
ubi fuerant nupcie celebrate inter
ipsum et comitissam, noluit re-
spondere, pctens inducias usque
post prandium. Tune, comporta
ejus fraude, licenciavit eum rex
a toto rcgno suo. Ipse autem,
qui cum muUis ponposc vencrat,
confusus cum paucis abscessit.
Non multo post ab Erardo de
Ghassenai in quadam taberna ca-
pitur et traditur Flandrcnsi co-
mi lisse, que, diversis eum pénis
affleiens, ad ultimum patibulo
suspendi fecit.
Anno Domini M° CG" XXVP
{sic], die mercurii anlc Purifica-
lionem, Ludovicus rex et quam
par aucunes couvenanches , qui
furent fremées entre els et le roy.
Savaris o les siens s'en ala par
mer. Un peu après, il se ren-
dirent au roy sans nule condi-
cion, sauves les francises de la
vile et firent au roy lige feaulé.
En l'an de grâce M CG et XXV,
cntour le Pasquc, vint un homme
en Franche en abit de pèlerin,
et faignoil que il fust li quens
Baudoins de Flandres , qui fu
empereres de Gostentinoble; et
maintes gens de Flandres , et
courtois et vilains, s'acordoient
à lui, car il disoit moll d'autres
ensaingnes, par quoi il sambloit
que il fust le conte Baudoin.
Cens qui contre lui esloient es-
conbaloit forment. Un pou après,
pristrent parlement entre lui et
le roy de Franche à Perrone :
li roys li demanda quil l'avoit
fait chevalier, et où il fist hom-
mage au roy Phelippe, et où il
avoit espousée sa famé. II ne
vaust respondrc à che, ains de-
manda tri ves jusqu'après disner.
Lors fu sa tricherie apercheue.
Li roys le congea de tout son
reigne, et il qui estoit venuz à
grant buchan et à grant gent
s'en parti confus et à pou de
gent; et ne mie m oit grant tans
après, il fu pris en une taverne
de Herax de Gassaigne, et fu
bailliez à la contesse, et en la fin
le fist pendre.
Fol. -iOo v". — En cel an
meisme, entour la Ghandeleur,
li roys Loeys et molt d'autres
550
NOTICE SUR ON ABREGE EN FRANÇAIS
pluriml polentes archiepiscopi,
cpiscopi, comités et barones apul
Parisias per manura Romani,
cardinalis et iegati, contra Albi-
genses accipiunt signum crucis.
Consequenter, inpaschali tera-
pore, anno sequenti, rex et om-
nes crucesignati Bituris conve-
niunt, inde procedunt per Niver-
nis et Lugdunum civitates, ad
Avignionem, urbem inexpugna-
bilem, ab ecclesia Romana per
septem annos exconimunicacioni
sulijectam propter hereticam pra-
vitatem.
Rege se credente habiturum
ingressum pacificum propter
quasdam previas pactiones quas
habaerat cum civibus, porte
clauduntm-, et excluditur rex
cum suis. Rex miratur, et spiri-
tu virtutis assumpto, villam ob-
sidet, suo exercitu Iripartito.
In vigilia Sancti Barnabe apo-
stoli, que fuit quarta feria Pen-
thecostes, erigunlur machine,
trabuchela, petrarie, mangonella ;
parum prosunt, nam hi qui in-
tus sunt viriliter se defendunt.
Rex inestimabiles sumptus facit.
Durât obsidio usque ad assum-
pcionem béate Marie.
Fol. -1-63 v''. — Maxima raor-
talitas ibi pullulât, et de nostris
circa duo milia hominum celo-
rum ymbribus et lapidum vola-
tu et infirmitate propria raoriun-
tur. Moritur ibi Guido, comes
Sancti Pauli, percussus lapide
petrarie interioris, vir armis strc-
nuus, cathoHcus et honestus.
grans hommes , arcevesques,
evesques, contes et barons, se
croisièrent à Paris contre les
Aubijois, par la main le cardi-
nal Roumain.
Et tans de Pascor, en Tan de
grâce M CG et XXVI, s'asamblè-
rent li roys el li autre croisié à
Boorgez, et d'iluek s'en alèrent
par Nevers et par Lions à Avi-
gnon, cité trop fort, qui de
l'eglyse de Rorame avoit esté
escumenié par vri anz par mau-
vaistié d'erisie.
Li roys cuida tout em pès pas-
ser à Avignon, pour unes cou-
venanches que il avoit eues à
cheus de la vile. L'en li clost les
portes. Li roys demoura hors
avek les siens, et s'en merveilla
molt durement. Il reprist bon
cuer et assist la vile. Il parti son
ost en trois. Tout droit la veille
de la Saint Barnabe, qui fu le
mercredi après Pentecouste, en-
gien furent drechié, trébuchez,
perrières, mangonniax; mes pe-
tit i pourfitèrent , car chil de
dens se deffendoient molt vigue-
reusement. Li roys fist merveil-
leusement grans mises. Li sièges
dura jusqu^à la mi aoust.
Il iot grant mortalité des noz.
Plus de II™ en i raorurent, que
navrés de quarriax et de piles,
que de eues de pierres, que de
mors de leur propres maladies.
Là morut li quens Guis de Saint
Pol, férus d'une pierre getée
d'une perrière dedens, bons
preus as armes et catoliques et
DE LA CORONIQDE UNIVERSELLE.
55^
Morilur ibi episcopus Lcmovi-
censis. Gomes Campanie redit ad
propria sine iicenUa régis vel
iegali.
Tune Avignioncnses, régis
constanciam atlendenles , qui
cuni suis proceribus juramento
firmaveral se non recessurum
donec villa capereLur vel redde-
retur, ducentis datis obsidibus
de melioribus ville, jurant stare
mandato ecclesie. Tune, de man-
dato Iegali et rege imperante,
fossata implentur. Trecente do-
mus turrales que in villa erant
et omnes mûri circumquaque
diruti coequantur. Villa absolvi-
tur, et legalus multas bonas et
laudabjles constituliones inducit.
Magister Nicholaus de Corbeia,
monaclms Giugniacensis,in ipsius
loci episcopum consecratur.
Rex, indeamoto exercitu, pro-
greditur per Provinciam, et red-
duntur ei pacifice civilales, ca-
stra et fortericie omnes, usque
ad quatuor leucas de Tholosa.
Rex preficil loti illi regioni Hum-
berlum de Bello Joco loco sui.
Rege repatriante, raoriuntur
Remensis arebiepiscopus et co-
rnes Nivernensis [sic], quorum
corpora ad loca propria deferun-
tur.
Ab illa pestifera obsidione pau-
ci vel nulli redeunt plene sani.
Per totum exercitum pullulât
mortalitas generalis, plus in ju-
venibus quam in senibus.
Die jovis ante feslum Omnium
bonestes. Là morut li evesques
de Lymoges. Li quens de Cham-
peigne s'en retorna sans le con-
gié du roy ne du légat.
Chil d'Avignon, qui regardè-
rent le roy et sa conlenancbe, se
rendirent et jurèrent que il se-
roicnt au commandement de
l'eglyse, et il avoient bien oi dire
que li roys avoit juré que il ne
se partiroit du siège jusques à
tant que la vile fust prise ou
rendue. Lors fist li roys, par le
conseil du légat, enplir les fos-
sés, et abatre les murs d'entour
la cité tout rès à rès de terre, et
111"= maisons à tours qui esloient
en la vile. Li legaz i eslabli
mainte bonne constitution. Nico-
las, moines de Clugni et nez de
Corbie, fu sacrés à evesques de
la cité.
Fol. -106. — Li roys parti son
ost d'ilueckes et tint sa voie par
Prouvencbe, où les citez, li chas-
tel et les fortereces li furent ren-
dues sans contraindre, jusqu'à
iiii liues de Toulouse. Li roys
fist chevelainne de toute chele
contrée Humbert de Biaugieu.
Ensi com li roys s'en repairoit,
morurenl li arcevesquesde I^ains,
li quens de Namur, et furent
leur cors porté en leur propres
liens.
De chest pestilent siège en re-
paira ou pou ou nul de sains. Par
toute France ot grant mortalité
et plus des jones que des vilx.
Le juedi devant feste de Tous-
552
NOTICE SDR UN iBREGE EN FRANÇAIS
Sanclorum, regem, ad propria
rcdeuntcm, infirmilas morlalis
invadit, die martis sequcnti, vi-
delicet. Dominica in octavis Om-
nium sanclorum, aniio Uomini
M° CG" XXVII°, migrât ad Chri-
stum. Vir ulique vere catholicus
mireque sanctitalis exlilit diebus
omnibus vite sue ; nunquam car-
nem suam maculavit prêter
quam in unica uxore sibi legitti-
mo malrimonio copulata.
In illo loco non est auditum
ante ipsum aliquem decessisse.
Corpus ejus ad ecclesiam Sancti
Dyonisii deferlur, ubi juxta pa-
trem suum honoriflce sepelitur.
Ibi dicitur compléta fuisse pro-
phetia Mellini : « In monte ven-
tris morietur leo pacificus. »
Ludovicus, primogenitus ejus,
prima dominica Adventus se-
qucntis, Remis per manum epi-
scopi Suessionensis, sede Reraen-
si vacante, coronatur in regem,
qui quartum decimura etatis sue
annum completurus erat in pro-
ximo festo sancti Marchi euvan-
geliste. Plures majorum baro-
num Francie ad coronacionem
vocali venire récusant, pre do-
lore patris et desolatione regni.
Non vacant ibi gaudio, sed magis
intendunt lacrimis et merori.
Fol. 164. — Ferrandus, comes
Flandrie, qui per duodecim an-
nos et menses sex, Parisius in
capcione régis delentus fuerat,
multa redemplus peccunia, libe-
ratur circa epiphaniam Domini.
sains, comme li roys s'en retor-
noit en son pais, une moll fort
maladie le prisl. Le mardi en-
près fu à Montpanchier. Le die-
menche après, furent les witines
de la Tous sains, en l'an de grâce
M ce et XXVI, trespassa à Nostre
Seignieur. Il fu tous les jours de
sa vie bons vraiement catholi-
ques et de grant honesté. Onques
ne connut famé carnelment fors
sa loial espouse.
Iluek, si com l'en dit, fu acon-
plie la prophecie Mellin, qui dist :
« El ventre du mont morra li
lions pessables. » EtFen dist que
en ichel lieu n'avoit onques mais
nului esté mors, que l'en seust.
Ses cors fu portés à Saint Denis,
où il fu honerablement enfois et
ensevelis près de son père.
Loeys, ses ainnez filx, fu cou-
ronnez à Rains, le prumier die-
menche des Avanz, par la main
l'evesque de Soissons, car li siè-
ges de Rains vagoit. Il devoit
aconplir le quatorzime an de son
aage en Fensuiant feste saint
March Feuvangeliste. Pluseurs
des greigneurs barons de Fran-
che apelés à son couronnement,
il refusèrent à aler, pour le duel
du père et pour le desforcement
du raigne. On n'i entendi à nule
joie, mes à lermes et à plours.
Fol. iOG v°. — Li quens Fer-
rans de Flandres, qui par xii ans
et VI mois avoit esté en la prison
le roi à Paris, fu délivrés entour
la Thiephaigne par raemchon
de grant avoir.
DE LA CHRONIQrE UNIVERSELLE. 533
Ipso anno, mense niarcio se- Honorez M apostoiles morut
quenti, quinto kalendas aprilis, lors. Huguelins, evosqued'Oisle,
Honorius papa morilur, et in fu fais aposloilcs, et fu nommés
ecclesia Beale Marie Majoris Grigoires.
sepelitur. Hugoliniis. episcopus
OsUensis, eligilur ad papatum,
et allernato nomine Gregorius
appellatur.
Expliciunt. Explicil.
Il est bon de faire remarquer que d'assez longs passages des
dernières pages de la Chronique française sont passés mot pour
mot dans la Geste des nobles rois de France, c'est-à-dire dans la
Chronique des rois de France rédigée par un ménestrel d'Alfonse.
Tels sont les paragraphes relatifs à l'ordonnance rendue contre
les Juifs, à la mort de Philippe-Auguste, au couronnement de
Louis VIII, aux campagnes de ce roi en 1224 et en 122G dans
l'ouest et le midi de la France, à la mort de Louis VIII, au cou-
ronnement de saint Louis et à la mise en liberté du comte de
Flandre.
LA MARINE
AU
SIEGE DE CALAIS
L'envoi des troupes du comte de Derby en Guyenne rompit la
trêve conclue en 1343 entre Anglais et Française Avant d'en-
gager à fond les hostilités, les deux partis cherchèrent à gagner
l'appoint des Espagnols. Le plénipotentiaire anglais, Henri au
Cou tors, comte de Lancastre, crut y arriver en mettant à profit
la vénalité du grand amiral Gilles Boccanera-, qui promit en
effet ses services et ses galères 3. Mais l'outrecuidance de ce
Génois, en blessant la fierté castillane, servit la cause de la
France ; le l^"" juillet 1345, Alphonse XI et Philippe VI se pro-
mettaient un mutuel appui contre l'Angleterre ou contre les
Maures^.
Malgré son origine espagnole, l'ancien amiral de France,
Louis d'Espagne, n'avait point contribué au succès des négocia-
tions. Préoccupé de ces îles mystérieuses de l'Afrique qu'on
venait de découvrir et qu'on appelait les îles Fortunées, il aUait
recevoir du pape, avec le sceptre et le diadème, le titre vain de
Prince de la Fortune'^.
1. Derby atterrit à Bayonne le 5 juin 1344. Thomas Dagworth passait en
même temps en Bretagne avec 600 hommes. [Rotuli Parlament., II, 148, —
Robert d'Avesbury, Historia Edwardi III, 352. — Nicolas, A Hislory of the
Royal Nav'y, II, 83.)
2_. Que le roi de Castille avait incomplètement soldé. [Cronica del rey
D. Alonso el Onceno, éd. D. Francesco Cerda y Rico. Madrid, 1787, in-4'', I,
594. — lUustraciones de la casa de Niebla, par P.-B. Maldonado, apud Mémo-
rial hisiôrico espanol, IX, 383.)
3. Edouard III députa près de lui Nicolino Fieschi. Lettres du 1" septembre
1344. (Rymer, II, 4» part., 167.)
4. Arch. nat., JJ81, p. 497.
5. Avignon, 28 novembre 1344. (Raynaldi, Annales ecclesiastici, VI, 361. —
Faucon, Librairie des papes d'Avignon, I, p. ix.)
LA MARINE AU SIEGE DE CALAIS. 555
Pierre Flotte, dit Floton de Revel, lui succéda comme amiral
de la mer le 28 mars 1345*. Rien ne désignait le nouvel officier
au choix du roi, sinon une petite croisière en Flandre où il ser-
vait en sous-ordre ^ et surtout la protection du chancelier Guil-
laume Flotte, son père ; sa santé délicate aurait même dû l'écarter
d'un poste qui demande autant de vigueur physique que d'éner-
gie. Au cours d'une mission que lui avait confiée l'année précé-
dente le duc de Normandie, il était tombé malade à Avignon et
s'était traîné avec peine à Toulouse et Carcassonne^. Il pouvait
être bon administrateur, bon ministre de la marine , pour
employer une expression moderne, et nous verrons en effet qu'il
contribua à l'extension de l'amirauté; mais ce n'était pas un
marin audacieux comme nous en avions huit ans auparavant et
comme il en fallait. L'épreuve fut bientôt faite. Le 17 mai, Flo-
ton avait convoqué à Harfleur les baillis du littoral à certaines
fins « lesquelles nous ne voulons pas escripre, disait-il, et pour
causée » Ces fins, on les devine quand on voit trois semaines
plus tard partir une escadres Mais l'amiral n'en était pas le chef :
on avait eu recours à un vieux loup de mer, Jean Marant, qui
était venu prendre à Saint-Mandé les instructions verbales
du roi :
Pierre Des Essars, chiers amis, — écrivait à la date du 6 juin le
chancelier, — le Roy m'a enchargié que je vous mande de par lui
que à Maran vous délivrez encor cent livres parisis ouilre les trois
cenz que vous li baillastes avant hyer. Si les délivrés de V argent
que vous savez, tost et hastivement. Car il est besoing que il se parte
de ci pour aler sur mer^.
A cette époque, une foule d'escadres britanniques infestaient
la mer et donnaient de chaudes alertes aux deux capitaines des
côtes normandes'. Edouard III passait le 5 juillet à L'Ecluse,
1. P. Anselme, Histoire généalogique, VII, 752.
2. En 1330. (Clairamhault, vol. 48, p. 3585.)
3. Quittance du 9 août 1344. (Pièces orig., vol. 2467, doss. Revel, p. 2.)
4. Convocation du bailli de Caen. (Pièces orig., vol. 2467, doss. Revel, p. 3.)
5. Nicolas, A History of the Royal Navy, II, 85.
6. Saint-Mandé, 6 juin. (Franc. 20437, fol. 58: ])ubliée dans la Bibliothèque
de l'École des chartes, LIV (1893), ]>. 208.) La date d'année n'y est pas; mais
il est clair qu'il s'agit de cette expédition secrète de 1345.
7. Le maréchal Bertrand, de Honlleur jusqu'en Bretagne. Acte du 26 août 1345.
556 LA MARINE AD SIEGE DE CALAIS.
Northampton débarquait en Bretagne, Glocester et Arundel
revenaient de Guyenne. Ce lurent ces derniers que Marant
étrilla. « Tant fist-il, » à la tête de trois cents corsaires, qu'il
enleva une nef chargée de richesses en massacrant soixante
hommes du comte d' Arundel. Une autre escadre anglaise, chas-
sée par la tempête dans les parages de Guernesey, laissa six nefs
entre les mains de iVlarant, qui en égorgea, selon son habitude,
les équipages ^
Nos corsaires défendaient les abords de Guernesey, que le
vice-amiral Hélie occupait avec cinq cents hommes ^ Mais leur
guerre d'extermination, loin de conjurer la foudre, en provoqua
les éclats. L'armée anglaise du maréchal Reginald Cobham, une
dizaine de mille hommes environ, conduite par le traître Gode-
froid deHarcourt, débarqua dans l'île. Le Ghàteau-Coruet résista
trois jours : la belle défense du vice-amiral Hélie, qui justifia sa
réputation de « moult bons chevaliers et preudons, » n'empêcha
pas le massacre de la garnison et la prise de la forteresse^. Le
28 août, Edouard III mandait à plusieurs patrons de nefs bayon-
naises, qui avaient secondé l'attaque du Château-Cornet, de
remettre la place au gardien des îles^.
Par la perte de ce poste avancé, du garde-corps de la France,
préludait l'invasion. La convocation à Portsmouth de tous les
navires britanniques, pour le 15 février 1346^, ne laissait aucun
doute sur les intentions d'Edouard III.
Philippe VI avait engagé, au cours de l'année 1345, toute sa
(Pièces orig., vol. 521, doss. Briquebec, p. 2.) — Le capitaine Jean d'Harcourt
en pays de Caux et de Rouen. Acte du 23 juillet 1345. (Franc. 21406, p. 583.)
1. Les Chroniques de Flandres, éd. de Smet, III, 168, qui relatent le fait,
prétendent à tort qu'Edouard III était à bord de la flotte. —Le 16 janvier 1346,
Philippe VI donne cent livres tournois de rente à Pierre Crespin, de Leure,
« pris et navré en moult de lieus, en son corps... en la derraiue armée de la
mer. » (Franc. 25698, p. 138.)
2. Le 18 juillet 1343, Philippe VI fait donner trente livres à Adam Charles,
sergent royal au château de Cornet, qui a perdu sa nef en venant chercher des
vivres et des munitions en Cotentin. (Delisle, Actes normands, n" 164, p. 286.)
3. Chroniques de Flandres, éd. de Smet, III, 168. — Du|)ont, Histoire du
Cotentin, II, 312.
4. Rymer, 111, 1" part., 256 : Mandement à Bernard de Toulouse, Pierre
Fargcs et autres patrons de la Katèrine, la Dieu-garde, lu Nave-Dieu, la
Sainte-Marie, le Saint-Pierre.
5. Nicolas, A History of the Royal Navy, II, 86.
LA MARINE AU SIEGE DE CALAIS. 55t
petite marine de guerre, la division des galères, commandée par
Antoine D'Oria ', et quelques barges; il tenait en réserve la coque
le Jour-de-Pàques et une grande nef encore en construction à
Harfleur, « de laquelle on disoit que onques mais si belle n'avoit
esté armée ne mise en mer-. » C'était insuffisant pour couvrir
nos côtes. Résolu d'organiser une bonne et grande armée en
la mer, le roi adressa au seigneur de Monaco, Charles Grimaldi,
une dépêche confidentielle que celui-ci promit « d'acomplir k
l'aide de Dieu de tout son pouvoir ■•^. » Au reçu de cette réponse,
l'amiral Floton de Revel partait pour Monaco et Nice^. Grimaldi
lui confirma par acte notarié la promesse que contenait, à mots
couverts, sa lettre, d'amener au service de la France 32 galères,
une galiote et sept mille hommes environ^.
Le 23 mars 1346, Philippe de Valois annonçait cette bonne
nouvelle aux baillis de la côte : « Ayons envoie querre une grant
quantité de galées armées vers les parties de Jeunes, et de Jen-
nevois pour mettre en neifs; les quiex doivent bien briément
estre es parties de Normendie et de Picardie, et les attendons de
jour en jour. » « Nostre voulenté, » ajoutait-il, « soit que les
neifs des diz pais de Normendie et de Picardie soient garnies et
armées tant des diz Jennevois comme d'autres avecques les dictes
galées, pour les conforter et aidier, et la dicte armée enforcier. »
C'était dire de façon assez claire qu'il plaçait en première ligne
les Levantins et que, pour lui, les nefs nationales étaient aux
1. Paris, 22 janvier 1346, quittance valable pour le mois de mai précédent.
(Franc, 21406, p. 234.) — En octobre 1345, Jean Malet, sire de Graville, guer-
royait en mer pour Philippe VI. (Arch. nat., X«a 8848, cap. C, fol. 204.) En
décembre 1345, la barge royale Saint- Lorena, maître Michiel Le Venier- de
Dieppe, va en mer sur l'ordre de Robert Bertrand, maréchal de France. (Nouv.
acq. franc. 9241, fol. 74 v°.)
2. Grandes chroniques de France, éd. P. Paris, V, 451.
3. Monaco, 27 décembre 1345. La lettre de Grimaldi arriva à Paris le 11 jan-
vier 1346.
4. L'amiral, qui était encore à Paris le 2 janvier (Pièces orig., vol. 2467,
doss. Revel, p. 4), séjourna à Nice du 21 janvier au 2 mars, où M' Philii>iie
Luillier, avocat du roi en la sénéchaussée de Bcaucaire, vint le rejoindre.
(« Compte de Jean de L'Os|>ital, clerc des arbalestriers, pour l'armée de mer
sous N. S. Mgr Floton de Revel, admirai de France, depuis mai 1346 jusqu'au
31 octobre, » abrégé publié par Jal, Archéol. navale, II, 338.)
5. Mémorial B. de la Chambre des comptes, aux Archives nationales, P 2291,
fol. 163.
4897 36
55S LA MARINE AD SIEGE DE CALAIS.
galères ce que les milices communales étaient à la chevalerie, un
bourgeois à uu homme d'armes. Le roi restait sous l'impression
du désastre de L'Écluse, et un passage de sa lettre-patente laisse
entendre qu'il songeait à nos défaites navales au moment même
où il écrivait aux baillis : si les armateurs refusaient d'appa-
reiller, sous prétexte qu'il leur « est deu aucune chose pour cause
de la restitution du navire, » c'est-à-dire pour la perte de leurs
vaisseaux, « faciez leur en faire assignation sur les marchanz
de nos forez*... Et nous rescrivez quantes neifs vous trouverez
en chascun port, de quel grant, les noms de ceulz à qui elles sont
et Testât où elles sont^ »
Nous ne possédons plus cette statistique maritime, qu'il eût été
curieux de comparer à un recensement semblable opéré l'année
suivante en Angleterre. Elle comprenait sans nul doute plusieurs
centaines de bâtiments, puisque les petits ports du Cotentin et du
Bessin n'armèrent pas moins de cent onze vaisseaux. Ce qui
prouve, contrairement aux assertions de tous les historiens 3, que
les sages libéralités de Philippe VI avaient porté leurs fruits et
qu'en six ans notre marine s'était complètement relevée.
« Sanz aucun defîaut, » les nefs devaient être appareillées à
Pâques; le 16 avrils les marins furent à leur poste; mais ils
n'avaient ni chef, ni compagnies de débarquement, l'arrière-ban
de Normandie guerroyant en Guyenne. Il fallut attendre l'es-
cadre monégasque. Attendre ! au moment où nos espions signa-
laient l'imminent départ de la flotte anglaise ! Et cela pendant
quatre mois ! Les pillards du Levant allaient arriver trop tard.
L'invasion de la France, deux désastres, des milliers de victimes,
la prolongation indéfinie de la guerre : voilà quelles furent les
conséquences incalculables de leur lenteur. Lenteur et trahison
ici vont de pair.
Les équipages des 32 galères de Grimaldi, au moment d'en-
trer en campagne, avaient passé une revue dans le jardin des
1. Telle est la nature du fragment du ms. franc. 25998, fol. 462, publié par
M. Delisle, Actes normands, p. 334. La « Despence et mise de la receptc ci-des-
sus aux personnes qui s'ensuivent » est un rôle d'indemnités aux armateurs.
2. Franc. 20410, p. 28, original.
3. M. Dufounnantelle s'en fait l'écho dans sa Marine militaire au commen-
cement de la guerre de Cent ans, apud le Spectateur militaire (1878), 592.
4. Jour de Pâques.
1
LA MARINE AD SIEGE DE CALAIS. 559
« frères carmenistres Nostre-Dame » à Nice, le 8 mars*. Pour-
suivie par le gibelin Simone Vignoso et par 29 galères génoises,
la division se réfugia à Marseille'. Un délégué de l'amiral, Jean
Le Meingre, dit 15oucicaut, parvint à la dégager en intervenant
auprès du doge de Gènes\ Mais Grimaldi se laisse entraîner à
Majorque par l'ex-roi des Baléares, Jacques de Montpellier. Ses
bravaches, si peu fiers en face de l'escadre ennemie, ne reculent
pas devant l'attaque d'un navire marchand, qu'ils volent et dont
ils vont rançonner le patron à Montpellier ^ Le reste de la cam-
pagne fut à l'avenant. Le 5 juillet, Grimaldi n'avait pas dépassé
« la contrée de Galcas, » sans doute Gascaes à l'embouchure du
Tage, où l'un de ses lins, monté de 72 hommes, sombrait. Le 19,
il touchait à la Rochelle; il y était attendu depuis plus d'un mois
par l'amiral de France. Au lieu de marcher à grande allure, il
s'attardait à conmiettre des ravages, « tant de larrecin comme
de roberies, » dans les îles de Ré, d'Ouessant et le long des côtes
bretonnes. Il n'entra dans la Seine qu'à la mi-août^.
Les Anglais étaient en France. Détachant en Flandre les
« 18 barges et autres nés » de Jean Hastings*', Edouard III avait
pris la mer avec la flotte de Portsmouth, un millier de voiles'' et
1. Compte de Jean de L'Ospital. (Nouv. acq. franc. 9241, fol. 67 v°.)
2. Canale, Nuova storia di Genova, IV, 9.
3. « M. Jean le Meingre, dit Boussiquaut, par don de M. l'amiral, pour aller
de Nice à Gennes parler au duc pour afïarcs du roy : 60 florins. » (Jal, Archéol.
navale, II, 340.)
4. Pierre, roi d'Aragon, dans une lettre adressée au duc de Normandie, Jean,
relate la prise du navire de Bernard Sa Forcea : il demande l'annulation de
l'obligation de 1,500 florins que Bernard a dû souscrire, la restitution des mar-
chandises valant 3,250 florins d'or et une enquête sur les auteurs de la pirAte-
rie. Poblet, 13 juillet 1346. (Arch. de Barcelone, rcg. 1410, fol. 99; publié par
Lecoy de La Marche, les Relations politiques de la France avec le royaume
de Majorque, il, p. 354, doc. LXXXVIII.)
5. Compte de Jean de L'Ospital. (Nouv. acq. franc. 9241, fol. 45 v, 46, 63 v°,
67.) — Le 20 août, Grimaldi touchait ses gages à Rouen. (Clairarabault, reg. 55,
p. 4203.)
6. 16 juillet. (J.-M. Richard, Compte de Pierre de Ilam, dernier bailli de
Calais (1346-1347), apud Mémoires de la commission départementale des
monuments historiques du Pas-de-Calais, I, 245. — Villani, Historié florentine,
apud Muratori, XIII, col. 946.)
7. 600 voiles selon Villani; 1,000 d'après Avesbury, le mieux informé des
chroniqueurs (Historia Eduardi III, 357); 1,200 grosses nefs, suivant les
Grandes chroniques de France (éd. P. Paris, V, 451); 1,600, à en croire Knigh-
ton. [Chronicon, II, 33.)
560 LA MARUVE AD SIEGE DE CALAIS.
trente-deux mille combattants ^ . Jusqu'au dernier moment, il
laissa ignorer le but de l'expédition, ou, du moins, il défendit de
laisser partir aucun vaisseau, de peur que les ennemis n'eussent
connaissance de ses secrets 2. Le 11 juillet, il quittait l'île de
Wight; le 12, il abordait à Saint-Waast la Hogue en Norman-
die 3. Ainsi s'évanouit la légende si connue de Froissart : les
Anglais voguaient vers la Guyenne, quand un coup de vent les
rejeta et les retint pendant six jours sur les côtes de Cornwall.
Le traître Godefroi de Harcourt aurait alors conseillé à Edouard
d'atterrir dans la plantureuse Normandie^.
Le traître vit se dresser devant lui son ennemi héréditaire,
qu'il avait dépossédé de Guernesey au profit des Anglais : le
maréchal Bertrand n'avait que trois cents hommes en tout ; lui
trentième, il osa néanmoins disputer le rivage\ Au havre de la
Hogue dormaient huit vaisseaux de guerre, accastillés de l'avant
et de l'arrière, et trois autres bâtiments ; ils furent incendiés par
les Anglais. Barfleur se rendit sans coup férir, ce qui n'empêcha
pas les ennemis de livrer aux flammes neuf vaisseaux, deux
crayers, tous les bateaux et plusieurs quartiers de la ville, et
d'emmener prisonniers dans leurs nefs les hommes en état de por-
ter les armes. Les pillards trouvèrent dans la ville une telle
« plenté » d'or, d'argent et de joyaux <.< que garchons n'avoient
cure de drap fourrés de vair, ne de couvertures, ne de telles
coses^. » Le château de Cherbourg résista, sans pouvoir proté-
ger la belle abbaye voisine et les navires du port. Ce fut une
escadre détachée qui opéra tous ces ravages, du 12 au 18 juillet,
pendant les six jours que dura le débarquement des troupes. Tan-
dis que les transports retournaient en Angleterre, les 200 vais-
seaux du comte de Huntingdon restèrent pour appuyer les deux
corps d'armée qui longeaient les côtes du Cotentin. Ils vinrent
s'embosser dans la Fosse-de-Colleville, près de Caen, après avoir
détruit, ^ur une étendue de vingt-six lieues anglaises, de la Roche-
1. 4,000 hommes d'armes, 10,000 archers anglais, 12,000 fantassins gallois,
6,000 coutiliers irlandais.
2. 10 juillet. (Rymer, II, 4» part., 202.)
3. Nicolas, A Uislory of the Royal Navy (II, 88, note a), relève les contra-
dictions de Froissart.
4. Froissart, éd. Luce, III, 131.
5. Chronique finissant en 1346. (Franc. 20363, fol. clxxv v°.)
G. Froissart, éd. Kervj'n de Lettenhove, IV, 388.
LA MARINE AD SIEGE DE CALAIS. 5(H
de-Maizy à Ouistreham, 61 vaisseaux de guerre et 23 crayers,
sans compter une foule de barques.
Caen était le lien de ralliement fixé par Edouard, qui arrivait
avec le troisième corps par Carentan et Saint-L6'.
Par une lourde faute de stratégie, je dirai plus, par une com-
plète absence de logique, le connétable de France choisit, pour
attaquer l'armée anglaise, le moment où elle achevait sa concen-
tration. Raoul d'Eu n'avait que seize cents hommes d'armes,
arrivés bride abattue de Guyenne, et la milice communale de
Caen. Contre un ennemi dix fois supérieur en nombre, sa lutte
fut honorable, et les bourgeois défendirent avec acharnement
leurs murailles. Mais les uns et les autres payèrent leur témé-
raire audace de leur liberté : battus et faits prisonniers, ils furent
aussitôt expédiés en Angleterre sur l'escadre de Huntingdon. Des
monceaux de richesses pillées à Caen, un exemplaire du fameux
projet de conquête de l'Angleterre que le vainqueur trouva aux
archives municipales, prirent le même chemin et attisèrent contre
nous les convoitises ou la haine de l'ennemie Le clergé anglais,
que n'épargnait pas le plan de conquête, prêcha la guerre sainte ;
pour exciter les bourgeois de Londres, l'archevêque de Cantor-
béry en lut publiquement le texte au sortir de la messe, devant
la croix du cimetière Saint-Paul. Il servait inconsciemment les
visées ambitieuses d'Edouard III, qui espérait marcher sur les
traces de Guillaume le Conquérant.
Dès l'abord, Philippe VI avait pris comme base d'opération
une ligne de défense naturelle, la Seine. Il avait chargé le con-
nétable de rassembler à Harfleur les gens d'armes et les vais-
seaux disponibles^. En chevauchant vers Caen, Raoul d'Eu for-
çait donc une consigne dont sa propre défaite montra la sagesse.
Les galères génoises, embossées dès leur arrivée, — tardive,
hélas ^ ! — à l'embouchure du fleuve, formèrent pont entre les
1. Lettre de Michel de Northbursh, dans Avesbury, Bisioria Edwardi HI,
357. — Nicolas, A History of the Royal Navy, II, 91 : lettre d'Edouard III,
datée de Caen 30 juillet, évaluant la perte des ports français de Barlleur à la
Fosse-de-CoUeville à plus de 100 vaisseaux.
2. Avesbury, Historia Edwardi III, 364. — Froissart, édition Lucc, III,
p. XXXIX, 147.
3. Franc. 20363, fol. clxxv : chronique française s'arrétant à l'an 1346.
4. La flotte anglaise s'était formée en bataille pour les recevoir. (Nicolas, ouvr.
cité, II, 92.)
562 LA MARINE AD SIEGE DE CALAIS.
deux rives, entre les troupes du comte Louis d'Harcourt* et celles
du bailli de Caux'. Edouard III jugea imprudent de heurter ces
fortes garnisons de la Gueule de Seine ; il fit un coude par Evreux,
Vernon, Poissy et profita d'une maladresse de son royal adver-
saire pour iVancliir la Seine. Philippe VI manda aussitôt les
équipages des 32 galères génoises qui furent désarmées à Rouen^;
il rassembla d'autres troupes et se jeta à la poursuite des Anglais.
Avec soixante-quatorze mille hommes, il se fit écraser le 26 août
à la bataille de Crécy.
Directement menacée par l'armée victorieuse, Abbeville orga-
nisa une compagnie de bourgeois, vêtus comme uniforme « d'unes
robes et d'un paremens, » qui garnit les quatre portes de la ville,
en particulier la porte de Rouvray de plain-pied sur la cam-
pagne. Une émotion facile à comprendre chez des « enseignes »
de garde aussi novices leur fit prendre et tuer comme Anglais
« deux Prouvenceaux ou de la langue assez procheine^ » Mais
on ne peut admettre le jugement de Froissart sur ces gens des
communautés, qui, dit-il, fondent dans une mêlée comme la neige
au soleil. Les bourgeois de Caen s'étaient héroïquement battus;
les gens d' Abbeville jurèrent de se faire « découper pièce à pièce »
plutôt que d'ouvrir au roi d'Angleterre^ ; les Boulonnais, dirigés
par le vice-amiral Firmin d'Aust^, repoussèrent un premier
assaut des troupes d'Edouard et un second de 400 nefs anglaises,
1. A Honneur avec 1,000 arbalétriers et les gens d'armes de Rouen. 17 août.
(Franc. 21406, p. 188.)
2. A Hardeur, le bailli de Caux Jean de Cbaponval, lieutenant de l'amiral;
à Leure, Jean de Turgoville. 26 juin. (Clairarabault, reg. 107, p. 8329.)
3. Nouv. acq. franc. 9241, fol. 46, 63 v°, etc. — Le 12 août, Jean de Cba-
ponval commet « plusieurs personnes » à la « garde et seurté de la ville de
Harelleu et du navire. » (Clairambault, reg. 29, p. 2121.) — Parmi les patrons
génois, il y avait neuf Grimaldi : Carlo, Pierino, Visconti, Richiere, Christiano,
Ricardo, Nicoloso, Ambrogio et Aymone; quatre Maloisel : Manfredo, Antonio,
Giuda et Carlotto ; Pietro Harbavera, Giovanni Du Piège, Antonio di Negro,
Oberto Uso di Mare, Agostino Lercari, Perieval Lomellino, etc.
4. Examinés pourtant par un valet « Jaques le Charon, qui scet parler plu-
seurs et divers langaiges, quar il a esté en plusieurs pays, et espéciaument le
prouvcnsal et le genevoys et plusieurs autres. »
5. Ils « amassent raieulx ;\ estre découppéz pièce à pièce que le roy d'Engle-
lerro fust entré en leur dicte ville. » (Bibl. nat., collection de Picardie, vol. 298,
fol. 1Ô9.)
6. Improvisé vice-amiral le 28 août en face de l'ennemi, il avait avec lui
quatre écuyers. (Jal, Archéol. navale, II, 338.)
LA MABINE AU SIEGE DE CALAIS. 563
qui avaient débarqué quinze mille hommes dans la nuit du
4 septembre * ; un siège mémorable enfin allait rendre à jamais
célèbres les bourgeois de Calais.
Edouard III, rentré en communication avec sa flotte, suivait
la côte par Étnples, Saint-Josse-sur-Mer et Wissant; il parut le
3 septembre devant Calais. La profondeur des fossés, balayés
sans cesse par le flux, empêchait l'assaut. Il fallut se résigner
au blocus, à un blocus long et rigoureux. Edouard en prit son
parti; il éleva entre Calais et la rivière de Nieulai un camp
retranché en forme de ville, aux maisons de bois et aux toits de
chaume, Villeneuve-la-Hardie, que les cités d'outre-mer furent
chargées de ravitailler 2.
Les débuts du siège furent durs pour les assiégeants. Le 17 sep-
tembre, Edouard assistait, impuissant et furieux, à la capture
des 25 vaisseaux du blocus, que les 32 galères de Grimaldi et
plusieurs barges françaises enlevaient à l'abordage^.
Les galères désarmèrent trop tôt, le 31 octobre^ selon le vieil
usage latin qui fixait leur hivernage de novembre à mars. En
l'absence de cette croisière protectrice, les maîtres de nefs se
dérobèrent au transport des vivres qu'on expédiait à Calais.
1. Chroniques de Flandres, II, 263, Chronique de Gilles le Muisis. — De
Bréquigny, Mémoires pour servir à l'histoire de Calais, dans les Mémoires de
l'Académie des inscriptions et belles-lettres, t. L, p. 597.
2. Mandemenl du 6 septembre. (Rymer, II, A° part., 205.)
3. Gillesle Muisis dit à tort trente-deux nefs. {Chroniques de Flandres, II,
264.) — Grimaldi, sur l'ordre de Philippe VI, avait réarmé le 26 août, le jour
même de la défaite de Crécy, et. le 11 septembre, il était avec sa division à
Dieppe. (Xouv. acq. frane. 9241, fol. 46.) — Nous allons suivre mois par mois,
grâce à divers rôles de paiements, les ellorts de nos marins pour dégager la place.
Le Compte du dernier bailli de Calais, Pierre de Ilam, nous renseignait seule-
ment sur les défenseurs enfermés dans Calais. Le Journal du Trésor donnait
quelques noms et quelques dates. Mais un registre comptable, récemment
découvert et acquis par la Bibliothèque nationale, est autrement précieux : il
donne en détail les armements faits par charpie port pour secourir Calais. A
défaut du « Compte de Calais, » aujourd'hui perdu, il permet de reconstituer
ce drame de onze mois. C'est le Compte du clerc des arbalétriers, Jean de
L'Ospital, chargé de payer les transports de vivres. J'ai déjà cité le fragment
publié par Jal {Archéol. navale, II, 338). Le compte original est dans le ms. des
Nouv. acq. franc. 9241.
4. Les trente gah>res et deux lins, achetés aux Génois (fol. 70), furent con-
servés à Abbeville du 11 novembre 1346 au 9 mai 1347 sous la garde de Tho-
mas Peurel, prêtre, et sous le gouvernement de Guillebert Poolin. (Fol. 62 v
du ms. Nouv. acq. franc. 9241.)
564 LA UAfilIVE AU SIEGE DE CALAIS.
L'amiral en fit emprisonner neuf par le maire d'AbbevilIe^ Mais
telle est la contagion de la peur que les marins et les arbalétriers
refusèrent à leur tour d'embarquer; il fallut, à plusieurs reprises,
les envoyer « querre en leurs maisons » par les sergents d' Ab-
bé ville-.
Crécy avait brisé les énergies et développé l'égoïste instinct
de la conservation. Un stimulant vil, mais puissant, secoua la
nonchalance universelle. Aux ports de la côte, l'argent arrivait
par paniers ou par sacs scellés, en telle abondance que le maître
des monnaies de Paris n'employait pas moins de huit hommes
pour le compter^. L'amiral fit publier partout qu'une récompense
serait accordée à « quiconque rafraîchirait de vivres la ville de
Calais. » L'espoir d'une « bonne rente à vie ou à perpétuité ou
d'autres dons^ » décida Colin Hardy, de Leure, à s'exposer à un
« grant et évident péril de mort. » Sans autre équipage que cin-
quante hommes, il introduisit dans Calais cinq nefs chargées de
vivres, puis six autres. De son côté, l'armateur Guillaume Dau-
velle tentait la traversée avec onze petits bâtiments et soixante-
dix-sept matelots ; une partie de la flottille fut jetée à la côte, le
reste passa. Ces braves étaient l'objet des plus délicates attentions.
Dauvelle ayant oublié de payer son écot à certain hôtelier de
Saint- Valéry, ce fut le Trésor qui solda la dépense ^
Les 18 et 19 novembre, Bernard Le Guièvre, commandant
d'un navire royal, allait de port en port presser le départ de plu-
sieurs autres navires, la Notre-Dame de Boulogne, V Estur-
geon de Wissant, la nef de Geoâ"roy Colart, dit Frédégaire.
La mer était restée praticable tout l'automne. Mais l'ennemi
étant revenu en force au mois de décembre"^, une galère et deux
bargots agiles' eurent mission de le surveiller et de défendre la
rade de Calais.
1. Saint-Valery, 24 octobre. (Bibl. nal., collection Moreau, vol. 231, fol. 34.
Analysée par Cocheris, Notices et extraits des documents manuscrits relatifs à
l'histoire de Picardie. Paris, 1854, in-8°, I, 59.)
2. Nouv. acq. franc. 9241, foi. 69.
3. Ibid., fol. 68 V».'
4. Pit'-ces orig., vol. 2467, doss. Rovol, pif'ces 5 et 6. — Colin Hardy com-
mandait, à la bataille de L'Écluse, la Notre-Dame de Saint-Savinien. (Pièces
orig., vol. 1481, doss. Hardy, pièce 8.)
5. Nouv. ac(j. franc. 9241, fol. 67. Le paiement est du 19 novembre 1346.
6. Le 20 décembre. (Rymer, H, 4° part., 207.)
7. Cctait une galère d'Abbeville, le bargol ou barjot royal Saint-Georges de
LA MARIISE AU SIEGE DE CALAIS. 565
Janvier s'écoula. La mer devenait dure et trop peu maniable
pour tenter le passage à travers l'escadre du comte de Kent.
Edouard III, profitant de notre inaction forcée, compléta ses
lignes d'investissement. Le recensement des deux flottes du nord
et du sud, exécuté par tous les ports britanniques dans la seconde
quinzaine de février', n'eut d'autre but que de savoir quelles
forces pourraient être mobilisées contre Calais. Il atteignit le
total formidable de 737 navires-; Edouard III le mit en coupe
réglée pour relever successivement les escadres du blocus. Il
préleva d'abord 120 vaisseaux, que les amiraux Suffolk et Arun-
del eurent ordre de tenir prêts pour le 2 avril ^.
L'accès de Calais devint d'une difficulté inouïe. Ce fut, à plu-
sieurs siècles de distance, la répétition du siège d'Alésia ; la téna-
cité anglaise autant que la discipline romaine allait briser nos
impétueux élans. Du moins, l'héroïque défense de Jean de Vienne,
éveillant au fond des cœurs un sentiment nouveau, le patriotisme
national, transforma les plus tièdes en héros. Cette action se fit
sentir bien au delà des murs de Calais ; mais l'histoire jusqu'ici
oubliait de joindre aux défenseurs de la place ceux qui risquèrent
dix fois leur vie pour leur apporter du pain ; du pain, c'est-à-dire
du blé, des fèves, des pois, de l'ail et des oignons, maigres condi-
ments du hareng salé qui soutint, durant le carême, la garnison
« de la boineville'*. » A partir du mois de février 1347, on note,
dans tous les ports de la Manche à l'est de la Seine, une anima-
tion fébrile. Des « vitaillers » de petite taille, manœuvres par
huit ou dix hommes, embarquent des munitions; des vaisseaux
Leure, maître Colin Hardi, 45 hommes d'équipage, et le harfjot Saint- Firmin
d'Abbcville, maître Michel de Boulogne, armés les 10 et 14 décembre. (.Nbuv.
acq. franc. 9241, fol. 72 v, 75.)
1. Sur un ordre d'Edouard III, en date du 15 février 1347. (Rymer. III,
l" part., 5.)
2. Pour quatre-vingt-trois ports : la flotte du Sud com|)renait 468 vaisseaux,
9,844 mariniers de manœuvre; jiarmi les vaisseaux, figurai» une division
royale de 25 bâtiments. La flotte du nord de la Tamise s'élevaif à 214 vais-
seaux, 5,513 mariniers; les navires étrangers arrêtés dans les |iorts étaient au
nombre de 38 avec 805 mariniers. (ChampoUion-Figeac, Lettres de rois,
reines, etc. (Documents inédits), II, 92.)
3. Nicolas, A History of the Royal Navy, II, 95.
4. Chargement de plusieurs grandes nefs A Saint-Valery, 21 févrifr 1347.
[Bulletin de la Société académique de Boulogne-sur- Mer, t. IV (1885-1890),
in-8°, 1». 368.)
566 LA MARINE AD SIEGE DE CALAIS.
d'escorte arment en guerre; et des flottilles, sorties de toutes les
rivières qui peuvent abriter un convoi, de la Bresle, de la Somme,
de l'Authie, de la Canche, de la Liane, tentent, à plusieurs
reprises, de pénétrer dans la place.
Vers la fin de février, le bruit se répandit que le roi d'Angle-
terre s'était « deslogiés dou siège. » Un nouvel assaut contre
Calais montra combien le bruit était faux et augmenta l'anxiété
des populations. « Li roys'noz souverains sires, ce nous semble,
met très petite aide et résistement^ » aux efforts de l'ennemi.
Pour répondre à ces reproches, Philippe VI confia ses derniers
vaisseaux au peloton de braves échappé au désastre de L'Ecluse.
Le sergent d'armes Colin Hélies, maître du Saint-Esprit et
parent de l'ancien vice-amiral; Colin Hardi, maître du bargot
Saisit- Georges; Guillaume de La Hogue, maître de la nef
Sainte-Marie-de-Morticle, dite la Testière, partagèrent,
durant le siège, les mêmes destinées. Trois fois ils durent chan-
ger de navire, et trois fois ils retournèrent ensemble contre l'en-
nemi. Le reste de la division royale de Leure était formé des
barges Saint-Martin, maître Adenet Berengier, Saint-An-
drieu, maître Jean Houe, Sainte-Croiœ, maître Robin de La
Hogue, et de la nef Sainte-Marie, dite la Gouberde, maître
Pierre de Préaux. Avec les deux nefs du dieppois Mahieu Quief-
deville, en armement à Leure, c'était un effectif de neuf vais-
seaux et de neuf cent trente hommes d'équipage^, sans aucun
commandant en chef; et cela vaut mieux ainsi, que nous puis-
sions partager entre tous la gloire d'une belle campagne.
L'escadre stoppa devant Dieppe ; on apercevait dans le port
quatre nefs et une barge que seize bateaux essayaient de touer en
mer. Le lieutenant d'amirauté François Caletot y avait déposé
une telle cargaison de vivres que les remorqueurs patinaient sur
place sans avancer. Ce voyant, plusieurs centaines de femmes^
entrèrent dans l'eau, s'attelèrent aux câbles; et le 11 mars, les
bâtiments mis à flot ralliaient l'escadre.
1. Lettre des échevins de Saint-Omer à leurs collègues d'Arras, qui s'étaient
informés anxieusement de la prétendue levée du siège de Calais. 27 février 1347.
(Publié par M. Guosnon dans le Bulletin historique du Comité des travaux
his(ori(|ues, année 1897, p. 237-241.)
2. .Nouv. acq. franc. 9241, fol. 72 v% 73. La Tesiière avait 178 hommes d'équi-
page, la Gouberde 112, le Saint-Georges 45, les autres barges 100 hommes.
3. 338 femmes. (Nouv. acq. franc. 9241, fol. 63.)
LA MiRI\E AD SIEGE DE CALAIS. 567
A mesure que les obstacles s'accumulent, l'énergie du marin
s'accroît. Une mer démontée fracasse l'un des bâtiments, une nef
de Harfleur, dans la Fosse-de-Cayeu, et jette trente cadavres à
la côte. Le vide qui vient de se produire est aussitôt comblé par
six nefs d'armée et 800 Picards que le vice-amiral Firmin d' Aust
a rassemblés à l'embouchure de la Somme. Une compagnie de
270 arbalétriers est venue d'Abbeville pour aider dans sa rude
tâche la garnison de Calais*; ces volontaires rachèteront de
leur sang le court moment de défaillance de leurs compatriotes*.
Un des vaisseaux qui les portent, le Saint-Jacques d'Abbe-
ville 3, a pour maître et seigneur un Régulus français indigne-
ment méconnu, Enguerrand Ringuet, dont vous lirez plus tard
la mort sublime.
Pour des âmes de cette trempe, l'héroïsme, Dieu merci! a
d'autres mobiles que l'argent, et, parmi eux, la gloire, cette
gloire des vikings que chantaient les scaldes Scandinaves. Les
scaldes avaient vécu ; mais quatre ménestrels de la division Gri-
maldi en tenaient lieu^. L'un, Hugues ou Huon de Villeneuve,
personnage énigmatique, auteur ou jongleur, trouvère ou rhap-
sode du Renaut-de-Montauban^, put approprier aux circons-
tances le siège de Montauban oii Renaut tint si longtemps en
échec le grand empereur Charlemagne. Une forte gratification
que les ménestrels reçurent le 11 mars réchauffa leur enthou-
siasme; et, sur toute cette flotte de braves, un souffle d'épopée
glissa.
L'escadre avançait. Aux avant-postes, à Boulogne, elle était
attendue par Jean Marant, marin du roi, maître de la Sainte-
Marie; Mestriel et lui avaient, durant tout l'hiver, ravitaillé
1. Nouv. acq. franc. 9241, fol. 75, 76.
2. En retour, Philippe VI accorde aux Alihcvillois l'exomption de iarricre-
ban. Juillet 1347. (Cocheris, Notices et extraits des documents manuscrits rela-
tifs à l'histoire de la Picardie, I, 59.)
3. Le Saint-Jacques avait 100 hommes d'équipage. (Nouv. acq. franc. 9241,
fol. 75.)
4. Guillaume Dinisse, Hugues de Villeneuve, Guillaume de Castelianne et
Guillot Dalons. (Franc. 25697, pièce 139.)
5. Histoire littéraire de la France, XVllI, 721. — Romaixia, IV, 471. Toute-
fois, notre ménestrel ne pourrait (Hre le Huon de Villeneuve du Renaut, si le
vers intercalé dans le Renaut, « Huon de Villenœuve l'a molt eslroit gardée, »
se trouvait dans un manuscrit antérieur au xiv" siècle. Dans notre hypothèse,
Huon ne serait que jongleur, et non trouvère.
568 LA MARINE AC SIEGE DE CALAIS.
Calais, « en larrecin et par eulz hardiement enventurer*. » Un
de leurs matelots, un assassin, s'était réhabilité jusqu'à mériter
du roi un certificat de bons et loyaux services^. Marant avait
derrière lui Jean Baalart le Jeune, maître de la barge Saint-
Jean, Raoul Le Grenu, du Saint-Pierre, Jean Cachemarée
au surnom significatif, les frères Clay et Jouen Pach, maîtres de
V Esturgeon et du Saint-Ja7nes de Wissant, et tous les hôtes
de la taverne du Pot-d'Etain, où les marins de la région tou-
chaient leur prêt 3. k la date du 26 mars, il en manquait cepen-
dant un certain nombre et des meilleurs, mis hors de combat
dans quelque périlleuse reconnaissance et probablement dans la
dernière sortie de la division boulonnaise, le 14 mars; Y Estur-
geon était alors commandé par Mosque, le Saint-Jaines par
Jean Toumelin, le Saint-Pierre par un vieux marin, Jean Baa-
lart père^
Deux corsaires calaisiens. Fleur Fleurin du Saint-Chris-
tophe et Pierre Golant du Fluin'", prirent la tête de colonne;
toute l'escadre suivit, malgré les renseignements terrifiants
qu'un éclaireur rapportait le 6 avril sur « la convine » de l'en-
nemi*'. Une flotte quatre fois supérieure à la nôtre, 120 vais-
seaux et neuf mille six cents hommes, venait d'entrer en croi-
sière, sous le commandement des amiraux Suffolk et Arundel'.
A l'entrée du chenal de Calais, sur le « sablon, » on apercevait
un château fort en bois, dont les matériaux avaient été tirés de
la futaie de Boulogne. Le risban, comme on appelle ces terre-
pleins garnis de canons qui battent l'entrée d'un port, le risban
d'Edouard III était abondamment pourvu de bombardes, d'es-
1. Froissart, éd. Lucc, IV, 30.
2. Rendus « en la mer en la compagnie de Marant, nostre marinier. » Lettre
de rémission accordée à Perrinet Le Scot, décembre 1346. (Arch. nat., JJ 76,
cap. 71.)
3. Tous ces bâtiments avaient de 60 à 80 hommes d'équipage. (Nouv. acq.
franc. 9241, fol. 62, 69.)
4. Il commandait à L'Écluse le Saint-Jacques de Boulogne. Un autre Bou-
lonnais, Simon Croulle, qui se trouvait dans le convoi sur une nef de guerre
du Crotoy, commandait à la bataille de L'Écluse la nef Sainte- Marie. (Nouv,
acq. franc. 9241, fol. 25.)
5. Nouv. acq. franc. 9241, fol. 62, 77.
6. Ibid., fol. 65.
7. Le 2 avril, elle devait se trouver en partance à Sandwich. (Nicolas, A His-
tory of the Royal Navij, II, 95.)
LÀ MARINE AD SIEGE DE CALAIS. 569
pringales et de puissants arcs à tour servis par une garnison de
deux cent quarante hommes. Ce fut, au témoignage de Froissart,
r « ordenance » qui causa le plus de mal aux Calaisiens « et qui
plus tos les fist afamer '. »
D'un prodigieux effort, nos 30 vaisseaux forcèrent l'entrée de
la rade sous le feu de la flotte, du risban et du camp ennemi. Un
dernier obstacle faillit les arrêter. Edouard III avait obstrué
« les pas de la mer, » c'est-k-dire le clienal, en y coulant une
ou plusieurs neCs-. L'un tirant l'autre, les navires d'escorte pas-
sèrent. Leur convoi entra indemne à Calais. Ce fut le dernier^.
Surpris de cet échec qu'il devait à sa pénurie de croiseurs
rapides, Edouard III donnait ordre, le 13 avril, à trois marins
génois d'aller noliser 12 galères dans leur patrie ••. Eu attendant,
les 80 vaisseaux du comte de Warwick, renforcés au mois de
mai par l'escadre d'Henri de Lancastre, resserraient l'orbe de
leur croisières
Les commandants du convoi français avaient été témoins de
l'horrible famine qui sévissait dans la place et de la mortalité
effrayante des assiégés. A peine de retour, ils sautèrent à bord
de nouveaux bâtiments de guerre, — les leurs étant tout déla-
brés, — afin d'escorter de nouveaux transports, Hélies, Hardi et
La Hogue montèrent sur trois des cinq galères armées à Abbe-
ville; Ringuet ramenait au combat le Saint-Jacques, Bernard
Le Guièvre et Jean Coulomb restaient à la tête de trois grosses
nefs espagnoles encore valides, montées par les marins de Saint-
Valery et du Crotoy ; au total neuf bâtiments d'armée et un mil-
lier d'bommes^ allaient en affronter le décuple. Le 26 avril, des
1. Froissart, éd. Luce, IV, 46.
2. « En récompensation dune nef à Piers Foulk de Wincholse que nous
avons fait foundrer par certaine cause en port de Caleys, » Edouard III donne
audit Foulk la Michielde Fowey, saisie par « Philippol de Whitlon, nagucrcs
lieutenant nostre adniiraill..., pour robberie faite à la mer. » 18 février 1347.
(Record OfUce, Privy seals, 21 Edward III, 317, n» 18113.)
3. Vers le début d'avril. (Knighton, Chronicon, II, 46.) — De février à avril,
52 vitaillers furent chargés à destination de Calais. La jdujiart, en charge-
ment le 18 mars à Saint- Valéry, hrent partie du grand convoi. {Nouv. acq.
franc. 9241, fol. 77 v°, 78.)
4. Les envoyés étaient Antoine Uso di mare, Guillaume et Antoine Fieschi.
Ils traitèrent à Gènes le 5 juillet (Ryraer, III, 1" part., 10.)
5. Knighton, Chronicon, II, 47.
6. Nouv. acq. franc. 9241, fol. 72 v% 74 v, 75. Les galères étaient équipées
de 130 hommes, les nefs espagnoles de 120, le Saint-Jacques de 100.
570 LA MARINE AD SIEGE DE CALAIS,
pilotes lamaneurs embarquèrent ; on battit le rappel des compa-
gnons mariniers. Les « vitaillers » se faisaient attendre, le capi-
taine de Carentan, Philippe le Dépensier, organisateur du nou-
veau convoi, étant allé chercher des vivres assez loin de la
Somme, du côté de Caen. Remué jusqu'au fond de l'àme par les
souffrances des assiégés, tel marchand d'Isigny se montra « bien
obéissant à bailler de ses biens au besoing ; » d'autres livrèrent à
crédit leurs marchandises^ En mai, le convoi partit. Traverser
les lignes anglaises semblait fou ; nos marins eurent cette folie
sublime ; ils échouèrent, et vingt bâtiments restèrent aux mains
du duc de Lancastre^.
Mais l'amiral de France, que faisait-il donc? On ne le voyait
pas à la tête de nos escadrilles. Il gardait sans doute l'argent du
ravitaillement? Et le peuple, énervé par l'insuccès, pris d'une
anxiété poignante pour les malheureux affamés, accusait l'ami-
ral d'un crime hideux, la prévarication, le voP.
Non, Floton de Revel ni les siens n'étaient coupables. Mais
la fatalité qui s'attache aux vaincus leur enlève tout prestige et,
au moment décisif, tout appui. La Castille, engagée par le traité
d'alliance à nous secourir, nous avait dépêché son amiral, Gilles
Boccanera, pour fixer les conditions où elle enverrait sa flotte.
Boccanera vint à Paris, encaissa une pension de mille livres à
titre de conseiller royale et promit de 50 à 200 vaisseaux de guerre
et de cinq à vingt mille marins. De plus, il stipulait l'entretien,
aux frais du trésor, de deux galères et quatre lins de Grimaldi
pour le gouvernement de ses voiliers : curieux exemple de cette
sorte de syndicat international que formaient les armateurs génois.
La convention avait été signée le 25 janvier 1347 s; des mois
s'écoulèrent; l'ancien ami des Anglais ne parut pas; trois nefs
espagnoles seules figurèrent dans nos lignes ; elles étaient com-
mandées par des Français^. -
1. Mai 1347. (Pièces orig., vol. 996, doss. 22471, pièces 2 et 3. — Les Jour-
naux (lu Trésor de Philip[)e de Valois, imprimés par M. Viard dans la Collec-
tion des Documents inédits {sous presse], n° 1975.)
2. Knighton, Chronicon, II, 48.
3. Guillaume de Nangis, apud Dom D'Achery, Spicilegium, XI, 803.
4. U janvier 1347. (Arch. nat., J 602, p. 46.)
5. La France paierait une solde mensuelle de 600 florins par navire : quant
au licenciement do la Hotte, les deux amiraux se réservaient d'en fixer de con-
cert la date. (Arch. nat., J 602, p. 47.)
6. Cf. plus haut.
LA MAEINE AD SIKGE DE CALAIS. 574
Tous ces Génois se valaient. On confiait à l'un d'entre eux la
conduite d'un nouveau convoi à destination de Calais. Le 21 juin,
Impérial D'Oria arborait le « grand baicen des armes de France
fait en guise d'estendart* » en tète des six galères que comman-
daient ses parents Renaud, Raymondin et Pascalin D'Oria - et
deux de ses compatriotes. Hélies, Hardy, La Hogue le joignirent
avec quatre autres galères, Mahieu Quiefdeville avec ses deux
bâtiments*. On devait profiter, pour pénétrer dans la place, du
moment où les troupes de Saint-Omer, conduites par le prieur
d'Aquitaine, le duc d'Athènes et le comte d'Armagnac, occupe-
raient l'ennemi'*.
Le 25 juin, les dix galères sortaient du Crotoy avec trente-
quatre transports, quand une forêt de mâts surgit à l'horizon.
Vers neuf heures, le vent qui souillait de l'ouest avait sauté à
l'est; il amenait les deux amiraux anglais et lords Morley, Tal-
bot, Bradestone, qui venaient fouiller nos ports à la tête de
quatre-vingts vaisseaux^. Nos voiliers d'arrière-garde jettent
aussitôt leurs munitions à la mer pour regagner plus vite le Cro-
toy ; une flûte et douze transports de l'avant-garde n'ont plus
cette ressource; « fortement pursuiz, » ils essayent de s'échouer;
leurs équipages, sautant par-dessus bord, se « néiérent si pure-
ment que une soûle persone ne remien t en vie. » Les galères
s'étaient dérobées en haute mer, sans risquer la bataille. Fait
surprenant, les vainqueurs n'osèrent point poursuivre leur avan-
tage en remontant la Somme; la haute mer portant alors jusqu'à
Abbeville et même jusqu'au Pont-de-Remy, l'attaque leur eût
été facile.
Après le départ des Anglais, les Génois ne quittaient plus les
eaux du Crotoy où ils s'étaient affalés. Le 30 juin, on leur envoya
de Saint-Valery une forte somme pour leur donner du cœur. Ils
reculèrent sur Cayeu. On les pressa d'aller de l'avant. Ils recu-
lèrent à Ault-sur-la-Mer. Le vice-amiral Firmin d'Aust arriva le
t. Franc. 2140G, p. 303.
2. Années le 9 juin à Abbeville. (Franc. 21406, p. 291, 235, 303.)
3. Nouv. acq. franc. 9241, fol. 73, 76. Les galères avaient 200 hommes : Jean
Coulomb, avec un bateau armé de 20 hommes, et Simon Croulle, avec une nef
d'Espagne armée au Crotoy, fai.saient partie de l'escadre.
4. Franc. 20363, fol. ciiiix^vii v.
5. Lettre d'un Anglais à Edouard III, contenant le récit du cx)mbat. (Robert
de Avesbury, De Gestis Edwardi IfT, 385.)
572 LA MARINE AU SIEGE DE CALAIS.
5 juillet, avec une dizaine de chevaliers et d'écuyers, pour arrêter
les déserteurs et « faire recuillir les genz à force. » Il passa en
revue les équipages des six galères qu'Antoine D'Oria reçut ordre
de conduire en Bretagne ^ Du lit de douleur où le clouaient dix-
sept blessures reçues au combat de la Roche-Derrien le 20 juin,
notre allié Charles de Blois, en détresse, prisonnier des Anglais
et laissé nu dans un cellier, réclamait des secours. Peu après,
l'escadre génoise était signalée au Chef de Caux^, faisant route
vers l'ouest. Un mardi d'août, elle apparut devant La Roche-
Derrien. Le sire de Craon, qui commandait les troupes de débar-
quement, donna un premier assaut, puis d'autres, sans disconti-
nuer, jusqu'au vendredi. L'affaire traînait. Il eut l'idée géniale
de suspendre à une perche, bien en vue, une bourse de cinquante
écus pour le premier qui entrerait dans la ville forte. Quelques
heures après, il était maître de La Roche-Derrien; un Génois
avait mérité la bourse. Mais le prisonnier que l'escadre venait
délivrer, Charles de Blois, ne se trouva point.
La malheureuse aff'aire du 25 juin avait dérangé un plan sage-
ment conçu. A Boulogne, Marant attendait avec un bateau armé
et paré pour piloter l'escadre ; à Ambleteuse, un autre Boulon-
nais, Jean Darlay, avait amené une compagnie de gens d'armes
que la flotte devait jeter dans la place ^.
De leur côté, les assiégés profitèrent de l'éloignement de la
flotte de blocus pour envoyer de leurs nouvelles. Le 26 juin, aux
lueurs blafardes de l'aube, deux bâtiments se glissaient silen-
cieusement hors de Calais, quand une vigie anglaise donna
l'alarme. Aussitôt, la chasse commence. Des deux bâtiments,
l'un regagne Calais à force de rames et sauve la poignée d'arba-
létriers et de marins, vingt-sept hommes^ qui resteront aux
côtés du gouverneur jusqu'à la dernière heure du siège. L'autre
navire est atteint; un grand patron de galères génoises, com-
mandant les Génois enfermés dans la ville, s'y trouvait avec dix-
sept de ses hommes. On lui avait confié quarante lettres. Avec un
1. Nouv. acq. franc. 9241, fol. 66, 69.
2. Ibid., fol. 69. — Le 22 août, DOria touche la solde et les vivres de ses six
galères, qui tiennent encore la mer. (Journal du Trésor à la date du 10 août 1349.)
3. Nouv. acq. franc. 9241, fol. 69.
4. Commandés par Jean Nicaise et payés de leurs gages pour la garde de
Calais du 4 septembre 1346 au 4 août 1347. (Journal du Trésor à la date du
16 avril 1349; cf. éd. Viard, n» 2239.)
LA MARINE AO SIÈGE DE CALAIS. 573
sang-froid merveilleux, bien différent de la piètre attitude de ses
compatriotes et qui nous fait regretter davantage d'ignorer son
nom, le patron attache une des lettres à une lourde hache, qu'il
jette à la mer au moment même d'être pris. La dépêche était, en
effet, d'une extrême importance; elle était du gouverneur Jean
de Vienne et révélait la situation désespérée de la place. Retrou-
vée le lendemain à marée basse, c Me fut portée au roi Edouard,
qui lut ces lignes destinées à Philippe VI :
« Tout est mangé, chiens, chats et chevaux, et de vivres nous
ne pouvons plus rien trouver en la ville, si nous ne mangeons
chairs de gens. Autrefois, m'avtj écrit de tenir tant qu'il y
aurait à manger. Le moment est venu où nous n'avons plus rien.
Si nous n'avons, en bref, secours, nous issirons hors de la ville
pour combattre, pour vivre ou pour mourir, car nous aimons
mieux mourir aux champs honorablement que nous manger l'un
l'autre. Si brièvement remède n'y est mis, vous n'aurez jamais
plus de lettres de moi, et sera la ville perdue et nous qui sommes
dedans. Notre-Seigneur vous donne bonne vie et longue et vous
mette en volonté que, si nous mourons pour vous, que vous le
rendiez à nos hoirs ' . »
Par ce testament sublime semblait finir la lutte palpitante
d'une ville contre une nation; l'Europe en suivait passionné-
ment les péripéties, l'historien Villani à Florence et le roi
Haquin en Norwège, au moyen d'un messager qu'il avait dépê-
ché au camp du roi de France ^ La ville, pourtant, résista encore
plus d'un mois et donna le temps à Philippe VI d'arriver. Le
27 juillet, l'armée française apparut sur le mont de Sangatte;
les Calaisiens, délirant d'allégresse, virent poindre ses lances et
flotter ses bannières, comme jadis les Parisiens assiégés avaient
entrevu les troupes de Charles le Gros. Puis, le mirage s'éva-
nouit. Le camp anglais, entouré de marais, était inaccessible;
des trois chaussées praticables, l'une, le pont de Nieulai, était
défendue par le comte de Derby et une « foison de gens d'armes
et d'archers ; » la route de Gravelines était occupée par les Fla-
mands, la route des Dunes battue par les bombardes et les esprin-
gales de la flotte anglaise.
1. Robert d'Avesbury, Historia Edwardi IIJ, 386. Nous ne reproduisons pas
l'orthographe de Jean de Vienne, cela va sans dire.
2. Ce messager était à Arras le 19 juin 1347. (Franc. 21410, p. 34.)
^897 37
574 LA MARINE AU SIEGE DE CALAIS.
L'armée de Philippe VI s'était embourbée dans les marais de
Calais'. La milice de Tournai emporta, après un rude assaut, une
haute tour élevée entre le mont de Sangatte et la mer pour gar-
der les Dunes ^ L'apparition d'une grosse flotte française aurait
eu en ce moment un résultat décisif, car la flotte anglaise,
menacée d'être prise entre deux feux, aurait délogé et laissé libre
le chemin des grèves... Quelques voiles blanchirent à l'horizon.
Elles arrivaient de Dieppe avec une cargaison de vivres. Dans
une suprême tentative, l'infatigable Philippe le Dépensier essayait
de venir au secours des assiégés^. Mais il n'avait que huit barges;
c'était trop peu pour inquiéter l'ennemi ; elles furent enlevées à
l'abordage^.
Après un vain déploiement de forces, Philippe VI, désespéré,
congédia ses troupes le 2 août. L'amiral, avec un petit corps
d'armée, resta en armes jusqu'à ce que tout espoir fût perdu ^.
Le 6, le vice-amiral Firmin d'Aust cessait aussi sa longue faction*^.
La malheureuse cité avait capitulé la veille. A grand'peine, six
bourgeois héroïques, en chemise, la corde au cou, avaient obtenu
la pitié du vainqueur. Et quelle pitié ! tous les habitants dont
on redoutait à bon droit l'attachement à la France furent chassés
de leurs foyers.
Ils emportaient avec eux la haine de l'Anglais. Quatre d'entre
eux, Pierre Aimar, Jean Masterel, Guillaume Goble, Etienne
Pillart, maîtres de navires, avaient conservé chacun vingt-six
compagnons. Deux galères royales, commandées par Jean Houe
et par le boulonnais Jean Trufle, les rejoignirent''; Marant se
mit à la tête de l'escadrille ; et tous, comme des bêtes aux abois,
foncèrent sur l'ennemi. D'une escadre de dix nefs qu'ils rencon-
trèrent vers le milieu de septembre, ils coulèrent la moitié et
1. 31 juillet et 1" août. (Arch. nat., JJ 68, n" 246, 295, et JJ 77, n- 386.)
2. Froissart, éd. Kervjii, V, 188.
3. Ces vaisseaux étaient en armement à Dieppe le 14 juillet. (Clairambault,
reg. 40, p. 2997, n" 107.)
4. Chroniques de Flandres, II, 271.
5. Floton de Rcvcl servit dans l'armée royale du 5 mai au 14 août avec un
banneret, 18 chevaliers et 112 écuycrs. (Journal du Trésor, éd. Viard, n" 2356.)
6. Jal, Archéol. navale, II, 338. .
7. Compte de Jean de L'Ospital. (Nouv. acq. franc. 9241, fol. 73, 76 v», 77.)
Armement de ces navires du 6 au 11 septembre.
LA MARr\E AD SIEGE DE CALAIS. 575
ramenèrent l'autre, cinq nefs chargées de nobles dames, à Abbe-
ville*.
Dent pour dent ! A cette époque fut ruinée la ville de Budleigh
dans le Devonshire- par une escadre française. La brusque arri-
vée des vaisseaux de Boccanera aurait produit un coup de
théâtre, qu'on escomptait peut-être... Mais rien n'apparut. Il
fallut se résigner à perdre la clef qui nous ouvrait la mer du
Nord. Avec une implacable logique, les Anglais fermaient la
Manche à l'orient comme ils l'avaient fermée à l'occident en pre-
nant Guernesev; et dans le Canal britannique où le pavillon
de Saint-Georges flotterait tout-puissant, Calais, attirant à son
êtaple le commerce de la Hanse, des Flandres et de l'Angle-
terre, affamerait ou ruinerait la Normandie.
La trêve du 28 septembre consacra l'abandon de nos espé-
rances. Elle nous laissait un répit de dix mois, ainsi qu'à nos
alliés, aussi meurtris que nous, David Bruce battu et pris à
Nevill's Cross, Charles de Blois battu et pris à La Roche-Der-
rien. Humilié et déçu, Philippe VI laissa peser la responsabilité
du désastre sur l'amiral Floton de Revel, qui se démit de son
office le 19 octobre^. Il se hâta de distribuer des récompenses aux
infortunés Calaisiens, des indemnités aux marchands qui avaient
ravitaillé Calais, « en tele manière, ajoutait le roi, que plus
nen doions oïr parler*. » Que d'amertume dans cette phrase!
Oublier...
Il laissait à son fils Jean, duc de Normandie, qui avait et qui
eut toujours l'âge des illusions, le souci de la revanche. Jean
s'entoura d'un état-major de marins : Pierre Barbavera, doté de
maison et jardin à Harfleur pour avoir « longuement et loyau-
ment servi, tant par mer comme par terre % » un ancien écuy'er
de l'amiral S un maître des garnisons de l'armée de mer', un
1. Chroniques de Flandres, II, 275.
2. Nicolas, A Ilistonj of the Royal Navy, II, 99.
3. P. Anselme, Histoire généalogique, VII, 752.
4. Mandement royal aux trésoriers. Paris, 19 décembre 1347. (Pièces orig.,
vol. 996, doss. 22471, pièce 2.)
5. Don du mois de mai 1349. (Arch. nat., JJ 68, cap. 422.)
6. Guillaume Du Galle nommé officier du gcôlage de Caudebec, 12 octobre
1347. (Franc. 15699, p. 71.)
7. Nommé le 19 mars 1348. (Nouv. acq. franc. 3637, pièce 59.)
576 LA MARINE AD SIEGE DE CALAIS,
Hospitalier* en faisaient plus ou moins partie. Jean méditait une
descente en Angleterre ; et, sur sa demande, les états de Rouen,
en novembre 1347, les états de Pont-Audemer, en mars 1348,
votèrent la levée et l'entretien d'un homme d'armes par paroisse-'.
Il ne manquait qu'un amiral et une flotte. Mais Boccanera ne
devait-il pas fournir l'un et l'autre, admonesté comme il l'était
par son roi de nous amener un grand nombre de vaisseaux 3? Nos
espérances s'en allèrent encore en fumée. Une ombre de services
rendus valut à Boccanera une maigre indemnité, qui le récom-
pensait largement ^ On recourut donc à une nouvelle trêve le
18 novembre 1348, qui, prolongée ensuite, n'expira que le
l^-'août 1351.
Dans l'entr'acte, la peste de Florence dépeupla nos ports. —
Un moment, les relations se tendirent. Le maréchal de Néelle
assiégeant Tonnay-Charente avec des sapeurs aragonais et une
flottille espagnole^ Henri de Lancastre prit la mer « pour venir
domagier » le roi^. Un seigneur de France, Geoffroy de Charny,
crut le moment venu de reprendre Calais ; il soudoya le capitaine
des douze vaisseaux de garde, Amerigo ou Aimery de Pavie" ; et
il aurait réussi dans son audacieuse entreprise si Edouard III ne
l'avait lui-même déjouée et anéantie le 2 janvier 1350. Cet échec
provoqua le rassemblement d'une escadre à Harfleur sous les
1. p. Anselme, Histoire généalogique, VII, 76.
2. Coville, les États de Normandie, 60.
3. Ordre d'Alphonse XI à Boccanera. Canete, 29 mars 1348. (Madrid, Acade-
mla de la Hisloria, coleccion Salazar M 114. Cf. Cesareo Fernandez Duro, la
Marina de Castilla desde su origen. Madrid, 1894, gr. in-8°, p. 97.)
4. Journal du Trésor à la date du 14 juillet 1349, éd. Viard, n° 4240.
5. Les nefs Sania-Maria de Bilbao et Santa-Maria-Magdalena, entre autres,
furent coulées en travers de la Charente pour bloquer Tonnay. Septembre 1349.
(Clairauibault, reg. 47, p. 3517; reg. 40, p. 3011 ; reg. 54, p. 4069. — Franc. 20683,
fol. 337.) — Le maître d'écurie du roi, Guillaume de Boncour, avait porté en
Ecosse dés armures chargées à Harfleur en février 1349. (Journal du Trésor, à
la date du 13 juin 1349.)
6. Lettres de Jean, duc de Normandie. Bonport, 4 octobre 1349. (Delisle,
Acles normands, n» 235, p. 409.)
7. Lettres d'Edouard III nommant Aimery de Pavie cai)itaine et « condui-
seur de ses galées et arbalétriers. » 24 avril 1348. (Froissarl, éd. Luce, IV,
p. xxvjii, n. 2.) — Aimery ou Amerigo montait la galère cai)ilane Thomas de
Calais, avec 40 arbalétriers et 200 marins d'équipage. (Record Office, Ward-
robe 38/2, Edward III, membr. 21-23.)
LA MiRi:VE AU SIEGE DE CALAFS. 577
ordres du capitaine d'armée Galois de La Heuse*. Mai.s si petite
était-elle qu'il fallut chercher des renforts.
Deux négociateurs, lestés d'une forte somme et munis d'ins-
tructions secrètes-, partirent pour la Flandre; la flotte espagnole
de Charles de La Cerda, frère de l'ancien amiral Louis d'Epagne,
y déchargeait ses marchandises. La Cerda, qui avait sur la cons-
cience la capture de douze vaisseaux anglais à Guérande, dut
trouver que l'argent de la France arrivait à point pour lui per-
mettre de renforcer ses équipages et d'affronter les représailles
probables du retour.
Edouard III l'attendait, en effet, dans le Canal. Le 29 août,
les dix-huit nefs royales montées de quatre cents chevaliers et
d'une foule d'archers croisaient en vue de Winchelsea ; à bord de
la coque Thomas, retentissaient les gais accords d'une danse alle-
mande modulés par les ménestrels du roi, quand la vigie signala
un, deux, quatre, puis quarante vaisseaux, qui arrivaient en un
train par brise fraîche de nord-est. C'était la flotte de La Cerda.
Les ménestrels se taisent. Edouard l'ait apporter du vin et boit,
ainsi que tous ses chevaliers. Se portant en tête de colonne, il
reçoit le choc d'une nef espagnole, qui « s'en vient au vent degrant
randon, » le heurte et passe. Le château d'avant défoncé par le
beaupré ennemi, une voie d'eau dans sa carène, la coque TJio-
mas accroche néanmoins une seconde nef grande et grosse, et
l'amarine, en dépit des barreaux de fer, des pierres et des flèches
qui pleuvent de la hune et des gaillards. De leur côté, le prince
de Galles et Henri de Lancastre cernent une nef castillane qui
baisse pavillon. Un quatrième navire, les drisses et les bragots
coupés par l'anglais Hanequin, est capturé. Malgré la perte de
la Sale du roi, qui contenait la garde-robe, les Anglais rein-
1. Nommé ou du moins payé le 15 mars 1350. (Journal du Trésor, à la date
du 19 mars 1350, éd. Viard, n" 4647.) — L'archevêque d(; Rouen faisait répa-
rer, le 22 mars, 600 armures pour la « présente armée de Harelleu. » (Franc.
20887, p. 95.) — Enlin, à Cherbourg, on réparait trois barges ducales. Février-
avril 1350. (Delislc, Actes normands, n* 250, p. 419.) Et, à Saint-Savinien,
appareillaient les nefs de Robert de Marchie et de Martin Juan, marins du
roi. (Franc. 20684, fol. 346 v°, 350.)
2. Le 22 février 13.50. Ordres donnés à Pierre Scatissc et Jean Poilievillain,
qui reçoivent 20,000 florins; la somme est portée au Journal du Trésor comme
versée au roi de Castille. (Journal du Trésor à la date du 0 mars 1350, éd. Viard,
n» 4239.)
578 LA MARINE AD SIEGE DE CALAIS.
portèrent une victoire complète. Quatorze grosses nefs restaient
entre leurs mains. Le reste s'enfuit'.
La victoire de Winclielsea assurait la suprématie navale de
l'Angleterre, que nos corsaires tenaient encore en échec. Par un
contre-coup funeste, elle ébranla l'alliance franco-espagnole;
peu soucieux d'endosser seul le poids de la guerre, inquiet du
reste pour son trône, Pierre, le nouveau roi de Castille, signa
un traité de paix avec Edouard ^ Philippe de Valois n'avait
pas vu l'effondrement suprême de sa politique; il était mort le
22 août 1350.
Ch. DE La Roncière.
1. Avesbury, Historia Edwardi III. — Knighton, Chronicon, II, 53. —
Chroniques de Flandres, II, 400 : Chronique de Gilles li Muisis. — Froissart,
éd. Luce, IV, 88. — Le Moine de Saint-Alban (Chronicon Angliee, 28) fixe à 26
le nombre des vaisseaux capturés par Edouard à la bataille de Winchelsea,
Froissart à 14. L'un de ces chiffres doit représenter le nombre des vaisseaux
pris, l'autre celui des navires sauvés, au total 40. — Gilles li Muisis parle de
50 navires et 2,500 hommes. (Chroniques de Flandres, II, 400.) — C'est pro-
bablement à l'armement de la flotte d'Edouard III que se rapporte la men-
tion suivante : « Ad faciendum 86 pennuncellos pro navibus régis de armibus
(.sic) Sancli Georgii. » (Record Office, Exchequer QR. Wardrobe 38/2, 21-23
Edward III.)
2. l" août 1351.
SYLVESTRE BUDES
(13??-1380)
ET
LES BRETONS EN ITALIE
Chapitre P^
Budes et les Bretons, jusqu'au départ pour l'Italie
{mai 1376).
La France ne fut pas seule, au xiv** siècle, le théâtre des
exploits des gens de guerre, soit compagnies, soit troupes irré-
gulières, toujours prêts, sous la conduite d'un chef hardi, — sol-
dat de fortune ou gentilhomme déshérité, — à se jeter dans la
mêlée, pour y trouver à la fois honneur et profit. Partout où l'on
se battait, partout où il y avait des coups à donner ou à rece-
voir, un pays à exploiter, aussitôt accouraient ces volontaires,
braves soldats pour la plupart, toujours prêts à servir, moyen-
nant une solde suffisante et régulièrement payée, une cause qu'ils
embrassaient par métier, sauf à la défendre ensuite en convain-
cus, à moins qu'ils ne trouvassent, dans le parti adverse, une
combinaison conciliant plus avantageusement leur conscience et
leur intérêt.
La France les connut, l'Espagne les vit arriver lors des luttes
de don Pedro et d'Henri de Trastamare, de Pierre d'Aragon et
de Jacques de Majorque ; l'Allemagne les trouva dans l'armée du
sire de Coucy ; mais l'Italie, pays toujours ouvert aux quêteurs
de fortune, fut leur grand débouché ; il y avait toujours un maître
à servir, une cause à défendre, que l'on fût à la solde de Milan
ou de Florence, de Grégoire XI, d'Urbain VI ou de Clément VII.
Allemands, Anglais, Normands, Gascons et Bretons y accou-
580 SYLVESTRE BUDES
rurent à l'envi. Si beaucoup moururent en Italie, d'aucuns y
firent fortune.
Quelques-uns de ces aventuriers ont eu leur historien ^ Mais il
reste tout un groupe de Français à tirer de l'oubli, les Bretons;
il est un nom encore bien ignoré, celui d'un personnage qui, par
ses illustres alliances, par le renom qu'il a laissé en Italie, par la
vicissitude de sa fortune, mérite de prendre place à côté de ceux
d'Hawskwood, de Bernardon de la Sale, de Bertucat d'Albret ;
c'est celui de Sylvestre Budes.
Seigneurs du Plessis-Budes- et d'UzeP, les Budes ne nous
sont bien connus qu'à partir de la fin du xiii'' siècle^, avec Guil-
laume, qui épousa Jeanne du Guesclin, tante du futur connétable.
Guillaume eut sept enfants^ : Sylvestre, Geoffroy*', Bertrand,
Jean, seigneur de HireP, Hector, Catherine, Unope^.
1. Paul Durriou, les Gascons en Italie. — G. Temple-Leader et G. Marcotti,
Giovanni Acuto, storia di un condottiere.
2. Côtes-du-Nord, arr. de Saint-Brieuc, cant. de Montcontour, comra. de
Saint-Carreuc.
3. Côtes-du-?s'ord, arr. de Loudéac.
4. Dom Morice, Mémoires pour servir de preuves à l'histoire de Bretagne,
t. I, p. 1052. — P. Anselme, Histoire généalogique de la maison de France,
t. V, p. 524. — Le Laboureur, Histoire généalogique de la maison de Budes,
à la suite de l'Histoire du maréchal de Guébriant. — On trouve cependant des
Budes antérieurement à cette époque. Sans parler d'un nommé Hervé Budes,
cité parmi les croisés de 1248 (Potier de Courcy, Nobiliaire et armoriai de
Bretagne, t. I, p. 181), mentionnons Geoffroy, en 1276 et en 1300; à l'époque
même qui nous occupe, nous trouvons Robert accompagnant Sylvestre en Ita-
lie, et Guillaume ligurant comme écuyer dans une revue passée à Caen le
1" novembre 1371, et dont il est impossible d'établir la filiation.
5. D'après le P. Anselme, Guillaume aurait eu une fille nommée Margelle;
mais cette dernière est fille de Sylvestre Budes.
6. GeolTroy, frère puîné d*; Sylvestre, épousa la fille de Thibaud, seigneur de
la Feuillée (Le Laboureur, ouvr. ciL, p. 14 et suiv.); il figure à Auray dans
l'armée de Charles de Blois (Dom Morice, ouvr. cit., p. 387), et dans diverses
montres jJassées à Caen, le 1" décembre 1370 et le 1" février 1371 (Hay du Chas-
telet, Ristoire de Bertrand du Guesclin, p: 333 et 337), à Bécherel, le 1" août
1371 {Id., p. 376); le 7 août 1371, il donne quittance de 96 1. t. pour cinq
écuyers faisant partie de sa compagnie, montant à 100 hommes d'armes {Id.,
p. 367); le 17 février 1375, il est qualifié de chambellan du duc d'Anjou, et
reçoit 600 fr. d'or comme indemnité de son incarcération à Avignon par ordre
du pape {Id., p. 385) ; le 16 avril 1375, il donne quittance, à Villeneuve-lez-
Avignon, d'un acompte de 300 fr. {Id.). Il laissa deux enfants, Geoflroy et Louise,
r|ui épousa Jean du Couran (P. Anselme, t. V, p. 524).
7. Il fut l'ancêtre du maréciial de Guébriant.
8. Sylvestre et Geoflroy scellaient leurs actes d'un sceau portant une bande
ET LES BRETO.NS EN ITALIE. 581
On ne sait rien de précis sur la date de la naissance de Syl-
vestre Budes; on peut seulement, par conjecture, la placer entre
les années 1315 et i325S c'est-à-dire en faire le contemporain
de Bertrand du Guesclin. On ne sait non plus à quelle époque il
épousa Renée Goyon, fille d'Etienne III Goyon, seigneur de Mati-
gnon, et de Jeanne, de l'illustre famille normande des Paynel.
De cette union naquit une fille, Margelie, mariée en premières
noces'à Bertrand de Marcheix, en secondes à Raoul de la Ghà-
teignerie.
Mal renseignés sur les origines de Sylvestre Budes, nous ne
connaissons pas mieux l'histoire de ses premières années. Nul
doute cependant qu'on ne menât au Plessis-Budes ou h. Uzel cette
vie de manoir de campagne, si bien décrite par le regretté histo-
rien de du Guesclin -. Sylvestre dut être élevé au récit des guerres
qui ensanglantaient le pays. Il était jeune homme quand éclata
la guerre de Bretagne. Autour de lui, il voyait chacun s'armer
pour Montfort ou pour Blois.
chargée de trois bcsants (Bibl. nat., Pièces orig. 548, dossier Budes). Les armes :
d'argent au pin arraché de sinople, sommé d'un épcrvier d'or, accosté de deux
fleurs de lis de gueules (P. Anselme, t. V, p. 523), apparaissent pour la pre-
mière fois en 1415 (Demay, Inventaire des sceaux de la collection Clairam-
bault, n" 1681). Suivant Le Laboureur {ouïr, cit., p. 9), les deux fleurs de lis
dateraient de Charles V, qui aurait ainsi voulu honorer Sylvestre Budes. D'après
Guy Le Borgne {Armoriai breton, éd. de 1667), les fleurs de lis auraient été
portées antérieurement à Sylvestre, mais auraient été d'or. Clément VII, après
la mort de Sylvestre, les aurait concédées de gueules, afin de rappeler le sang
si vaillamment répandu par le célèbre capitaine au service de l'Eglise. Le sceau
de Geoiïroy, en 1276 et en 1300, porte trois fleurs de lis.
1. Vàge de Sylvestre Budes peut être approximativement étai)li par les ren-
seignements que l'on possède sur ses parents et ses alliés. Sa femme était lille
d'Etienne Goyon, que l'on trouve en 1200 et en 1300. En 1350, les tils d'Etienne
avaient un renom suffisant pour prendre part au combat des Trente. Une sœur
de Renée Goyon, Marguerite, avait, en 1347, épousé Gilbert de Cainbout. D'autre
part, Bertrand, fils d'Éliennc, figure comme seigneur de Matignon en 1340 et
en 1390. — Margelie Budes, fille de Sylvestre, fit, en 1309, |)arlage des biens
de son fils, issu de son second mariage, entre ses deux filles, Ysabeau de Mar-
cheix, épouse de Jean d'Avaugour, et Havisette de la Châteignerie, épousf d'Oli-
vier de Rohan. A supposer que Ysabeau et Havisette se fussent mariées fort
jeunes, et que la première union de Margelie eût été de courte durée, cela repor-
terait cependant ce premier mariage vers 1370-1375, et la naissance de Margelie
vers 1350. Nous savons, d'ailleurs, qu'en 1371 le fils de Geofi'roy Budes, frère
cadet de Sylvestre, était âgé de vingt-un ans et que Unope, sœur de Sylvestre,
avait une fille mariée en 1350.
2. Luce, Histoire de Bertrand du Guesclin, p. 7-8.
582 SYLVESTRE BDDES
Les premiers exploits de celui qui devait être le connétable de
France remplirent son cœur d'une généreuse émulation. Du Gues-
clin apparaissait comme l'un des plus hardis défenseurs de Charles
de Blois. Les Budes, que l'âge et les liens du sang rapprochaient
de Bertrand, durent être des premiers à se ranger autour de lui.
Plus tard, en 1370 et en 1371, Geoffroy Budes figure parmi les
troupes du connétable* ; lorsque Sylvestre apparaît dans la car-
rière des armes, nous le trouvons attaché à la personne de
du Guesclin. Les débuts de ce dernier sont encore confus et indé-
cis; pour Budes, nous ignorons tout; plaisons-nous à croire qu'il
fut formé par l'exemple de son cousin.
En 1364, alors que du Guesclin appelait les Bretons pour aller
à Cocherel, où il devait si brillamment inaugurer le règne de
Charles V, nous voyons apparaître Sylvestre Budes ; à l'appel
de son cousin, il se rend à Guingamp^, Après Cocherel, nous le
retrouvons encore aux côtés de du Guesclin, lors de la désas-
treuse bataille d'Auray^. Puis il le suit dans l'expédition d'Es-
pagne et porte son enseigne à Navarette^. En 1367, durant la
captivité de Bertrand, il combat en Bigorre avec Henri de Tras-
tamare, et assiste au siège de Bagnères^. En 1368, il paraît à la
tête d'une troupe de Bretons, à la solde du duc d'Anjou*'. Puis il
accompagne à nouveau du Guesclin dans sa seconde campagne
d'Espagne, et prend part à la bataille de Monteil.
Pendant près d'une année, nous le perdons de vue. Mais tout
laisse supposer qu'il servit dans le midi de la France, fidèle à
du Guesclin et au parti français.
L'élévation de son cousin à la charge de connétable lui en fai-
sait un devoir, en même temps qu'elle lui donnait l'espoir d'une
prompte fortune. Aussi, au début de 1371, retrouvons-nous Syl-
vestre Budes en Gascogne, luttant contre les Anglais.
1. Hay du Châtelet, Histoire de du Guesclin, p. 333, 337, 367.
2. D'Argèntré, Hisloire de Bretagne, p. 350.
3. Froissart, éd. Luce, t. VIII, p. 158-162.
4. D'Argenlré, ouvr. cit., p. 388.
5. Froissart, t. VII, p. 54-56.
6. Mandement de Louis d'Anjou à Etienne de Montm(\jan, son trésorier, lui
enjoignant de payer 200 fr. d'or à Sylvestre Budes, commandant une troupe de
Bretons. — Quittance de Sylvestre Budes, scellée du sceau de Bertrand de
Baux. — Toulouse, 16 décembre 1368 (Bild. nat., Pièces orig. 548, dossier Budes,
n"' 1 et 2). Il existe au même dossier une pièce analogue datée du 26 janvier
1368-1369.
ET LES BRETONS El ITALIE. 5X3
Il était alors associé h un autre chef breton , dont le nom
demeurera désormais presque constamment attaché au sien, Jean
de Malestroit. Budes et iNIalestroit commandaient, pour le duc
d'Anjou, la forteresse de Sainte-Bazile*, lorsqu'on janvier 1371
les Anglais assiégèrent Montpaon -. A cette nouvelle, les défen-
seurs de Sainte-Bazile décidèrent de secourir la place. Ne pou-
vant abandonner leur garnison, ils tirèrent au sort qui porterait
du renfort. Budes fut désigné, et lui, treizième, parvint à se jeter
dans Montpaon, qui, au reste, ne tarda pas à succomber.
En même temps qu'il occupait Sainte -Bazile, Budes s'était
rendu maître de certains châteaux-forts de la région, de Saint-
Jean-de-Côle^ entre autres. La possession de ce dernier lui attira,
à la fin de 1371, un procès en Parlement. Pierre des Monts, sei-
gneur de Saint-Jean, l'attaqua, en efiet, lui reprochant de s'être
emparé de ce château et de plusieurs autres lui appartenant. Par
action reconventionnelle, Budes accusa son adversaire de l'avoir
injurié en présence du duc de Bourbon. Détenu au Chàtelet,
Budes demanda son élargissement. La cour, le 19 décembre
1. Lot-et-Garonne, arr. et cant. de Marmande. — La garnison de Sainte-Bazile
se coni|iosait en grande partie de Bretons, k la suite de la prise de Montpaon,
Louis d'Anjou envoya quelques dons pécuniaires aux défenseurs de la place, et
parmi les noms de ces hommes d'armes beaucouj) sont Bretons : « Loys, (ilz de
« Roy de France, frère de Monseigneur le Roy et son lieutenant es parties de
« Languedoc, duc d'Anjou et de Touraine et conte du Maine, à nosfre bien amé
« Estienne de Montmeyen, etc., nous vous mandons et estroiclement enjoignons
« que, tantost ces lettres veues, toutes excusacions cessans, et sans autre man-
« dément de nous ou d'autre attendre sur ce, vous paiez et délivrez, ou faites
« paier et délivrer, aus personnes qui sont ci-après nommées les sommes des-
« souz déclarées, lesquelles, de l'autorité royal dont nous usons et de grâce espe-
« cial nous leur avons données, c'est assavoir à Jaquet Rostel, com|iaign'on de
« Ferlin, iiii^x franz, — à Coquet .\zain, escuicr de mes- Pierre Seignourel,
« XL franz, — à Michel Malan. à Alain du Marchés, à Perrot Hachet et à Guil-
« laume Ainzain, de la compaignie de mes" Guillaume de Laval, à chascun d'eux
« XL franz, — à George de la Mole, de la compaignie de Guillaume de Marueil.
« iiiiïx franz, — à Yvon Conan, iiii^x franz, touz |)risonniers à Montpaon, jiour
« aider à paier leur raencon. — Item, à Roche Roux, lequel est venu par devers
« nous pour nostre bien amé Silvestre Budes, iiiixx franz, tant par ilon (|ue nous
« lui avons fait, etc.. » Nîmes, 26 mars 1370-1371 (Bibl. nat., ms. fr. 2058(i,
fol. 33).
2. Aveyron, arr. de Saint-.\ifrique, cant. de Cornus. D'après Frois.sart, rcclilié
au reste par M. Luce (Froissart, t. IX, p. xi-xii}, Budes serait parti de Saint-
Macaire et non de Sainte-Bazile.
3. Dordogne, arr. de Nontron, cant. de Thiviers.
584 SYLVESTRE BDDES
1371, arrêta qu'il devrait, avant le 14 mars 1372, dimanche de
la Passion, remettre les forteresses contestées entre les mains du
duc d'Anjou, cliargê de les occuper au nom du roi, qu'il demeu-
rerait prisonnier dans l'enceinte de la vicomte de Paris jusqu'à
cette remise ou jusqu'au paiement d'une caution de 20,000 1. t.,
enfin, qu'après cette restitution ou ce dépôt, il devrait séjourner
à Paris, au gré de la cour. Il lui était, en outre, interdit, sous
peine d'une amende de 10,000 1. t., de poursuivre ou de tour-
menter Pierre des Monts au sujet de cette affaire ^
Budes se libéra rapidement et ne tarda pas à rejoindre les
Bretons demeurés, avec Jean de Malestroit, à la solde du duc
d'Anjou^. Nous le retrouvons, en effet, dès le 13 avril 1372,
écujer de l'écurie du duc d'Anjou, qui, pour le récompenser de
ses services, lui donna 200 francs destinés à l'achat d'un cheval.
Une nouvelle gratification lui fut accordée le 29 août; à cette
date, il commandait avec Auffroy de Gabrien une troupe de
46 hommes d'armes que le duc d'Anjou venait de passer en revue.
Il ne paraît pas que Sylvestre Budes ait accompagné Jean de
Malestroit dans l'expédition que fît ce dernier en Barrois, au
début de 1373, pour le compte du damoiseau de Pierrefort. Au
reste, Malestroit, après avoir saccagé le Bassigny et pillé Gon-
drecourt, traita avec Bobert, duc de Bar (13 mars 1373), et
revint en Languedoc rejoindre ses compagnons^.
L'élévation de du Guesclin à la charge de connétable, ses cam-
pagnes dans le midi de la France avaient réuni autour de lui, et
répandu dans les régions où il combattait, un certain nombre de
ses compatriotes. Aussi, bien qu'à la suite de la bataille de Chizé
(21 mars 1373)^ nous perdions de vue Sjdvestre Budes pendant
une année, il est probable qu'il demeura, avec ses compagnons,
à la solde du duc d'Anjou et de Charles V, et occupé à la guerre
de Guyenne et de Languedoc. En juin 1374, nous trouvons, en
1. Arch. nat., Xia 8, fol. 2G2.
2. Le 15 septembre 1371, Jean de Malestroit donnait quittance à Jean Le Mer-
cier de 525 fr. d'or « du coing du Roy », pour ses gages et ceux de 9 chevaliers
et de 51 écuyers venus à sa suite au mandement du sire de Clisson pour le fait
de Montcontour (Bibi. nat., Pièces orig. 1813, dossier Malestroit, w 2).
3. Servais, Annales historiques du Barrois, p. 265 et suiv. Jean et Hervé de
Malestroit, engagés par le duc do Har, étaient passés à la solde du damoiseau
de Pierrefort. Hervé fut fait prisonnier et fut libéré le 20 mars 1373. Jean reçut
son congé le 23 mars.
4. Froissart, t. IX, p. xi.
ET LES BRETONS EN ITALIt;. 585
effet, réunis à Montpellier quantité de Bretons : Budes, Johel
RoUant, Hervé de Karalouet', Jean de Malestroit-, Alain de
Coetlogon^, Pierre de la Haye^ qui, avec Olivier du Guesclin-',
frère du connétable, contractent, le 20 juin, un engagement de
quinze jours au service du duc d'Anjou.
Peu après, au début du mois d'août, un graud nombre d'entre
eux, sinon tous, prirent du service dans l'armée de Jacques, roi
de Majorque.
Autorisé par Grégoire XI, encouragé par le duc d'Anjou,
Jacques de Majorque se décida, en 1374, à revendiquer son
royaume. Durant les premiers mois de cette année, il engagea
des bandes de routiers qu'il réunit à Narbonne en août 1374.
Cette armée se mit en marche, entra en Roussillon, s'empara de
Prades, du Mont-Canigou, de Yillefranche. Puis elle passa en
Cerdagne et, en novembre, occupa Urgel. Mais Jacques mourut
subitement à Val-de-Soria, entre le 16 et le 20 lévrier 1375;
l'armée se débanda, et Jean de Malestroit fut chargé par la mar-
quise de Montlérrat, sœur et héritière de Jacques, de ramener les
troupes en France^.
1. « Sachent tuit que nous, Salvestre Budes, Juhel Rollant et Hervé de Kara-
« louet, escuiers, cappitaincs de iiiic hommes d'armes, pour servir le Roy nostre
« sire et Monseigneur le duc d'Anjou, son frère, en ces présentes guerres, con-
« fessons avoir eu et receu de honnorable homme et saige Estienne de Mont-
« meyen, trésorier des guerres es parties de Languedoc, la somme de troys mille
« franz d'or j)our le paiement des gaiges desdits gens d'armes et de nous, jiour
«quinze jours, commençant le xx° jour de juing ; de lafiuelle somme de
« m" franz nous nous tenons pour biert contenz et jiaiez, etc. En tesmoing de
« ce nous avons scellé ces lettres de noz projires sceaulx. Donné k Monlpellier,
« le XX' jour de juing, l'an mil CGC LXIII » (Uihl. nal.. Pièces orig. .>iH, dos-
sier Budes, n» 10). Scellé des sceaux de Sylvestre Budes, d'Hervé de Kara-
louet, de Johel Bollant.
2. Quittance pour i2U hommes servant moyennant UOO fr. d'or (Bibl. nat.,
Ibid. 1813, dossier Malestroit, n° 3).
3. Quittance pour 30 hommes servant dans la compagnie du connétable
moyennant 225 fr. dor (Bibl. nat., Ibid. 798, dossier Coetlogon, n' 2).
4. Quittance de Pierre de la Haye pour 50 hommes servant en la comiiagnie
du connétable (Bibl. nat., Ibid. 1495, dossier de la Haye, n' 3).
5. Quittance d'Olivier du Guesclin, en date du 19 juin 1374, pour 300 hommes
servant moyennant 2,000 fr. d'or, savoir : Guillaume Beauchesne et Raoul Pie
de Vache, pour 80 hommes, GOO fr.; Jean Barreau et Mauguy de Pons, pour
100 hommes, 750 fr.; Meyne Carrel, pour 40 hommes, 300 fr.; Magron, iK)ur
20 hommes, 150 fr. (Bibl. nat., Ibid. 2917, dossier du Guesclin. n* 38).
6. Lecoy de la Marche, les Relations politiques de la France et du royaume
de Majorque, t. II, p. 196-202.
586 SYLVESTRE UDDES
Cependant, si la présence de Jean de Malestroit est attestée
dans cette campagne, il n'est pas certain que Sylvestre Budes y
ait pris part. Froissart, à la vérité, l'affirme; son témoignage
fùt-il vrai, Budes ne serait pas demeuré longtemps dans l'armée
de Jacques de Majorque, puisque, en décembre 1374, nous le
retrouvons avec Olivier du Guesclin et Joliel Rollant sur les bords
du Rhône.
A la faveur des guerres qui, depuis le commencement du siècle,
ensanglantaient la France, s'étaient multipliées les compagnies
de soldats de fortune, troupes libres, tantôt servant régulière-
ment un parti, tantôt attendant le moment d'une campagne pour
s'enrôler. Les diverses contrées de la France avaient été suc-
cessivement visitées par elles. La Bourgogne, l'Ile-de-France
avaient été dévastées. La vallée du Rhône et le Gomtat-Venais-
sin furent leur centre.
La guerre sévissant toujours dans le Languedoc, les compa-
gnies pouvaient, de ce quartier général, attendre le moment favo-
rable pour accourir en telle contrée où éclatait la lutte, ou pour
se jeter sur tel pays qui leur offrirait l'espoir d'un riche butin.
En outre, l'établissement du Saint-Siège en Avignon avait fait
de la vallée du Rhône un passage très fréquenté de tous ceux qui
avaient à se rendre à la cour pontificale, envoyés des princes
étrangers, fidèles, ecclésiastiques, de qui l'on pouvait toujours
espérer une rançon suffisante.
Déjà Urbain V avait eu fort à faire pour écarter ces bandes
qu'il n'avait pu éloigner qu'à prix d'argent. En 1374, les rou-
tiers étaient revenus autour du Gomtat, s'étaient répandus dans
le Rouergue, le Limousin et la Bourgogne; Grégoire XI craignit
de voir se renouveler les scènes de brigandages qui avaient trou-
blé la cour d'Avignon de 1364 à 1368 1.
Aussi réclama-t-il l'appui de la cour de France et supplia-t-il
les officiers royaux de faire respecter . les terres du Comtat-
Venaissin. « Les hommes d'armes, » écrivait-il à du Guesclin,
« menacent le Gomtat et Forcalquier. Aux sentences que nous
avons fait publier contre eux, ils répondent qu'ils sont au ser-
vice du roi de France ; sous ce prétexte, il n'est pas de rapines,
d'oppressions, de vols qu'ils ne commettent journellement ; aussi,
1. Maurice Prou, les Relations politiques du pape Urbain V avec les rois
Jean II et Charles V, p. 30, 51 et suiv.
ET LES DRETONS EN ITALIE. 587
très cher fils, te supplions-nous, par l'amour de ton salut et la
révérence du Saint-Siège, de leur envoyer un chef en qui tu aies
toute confiance et de les éloigner du Comtat, afin d'éviter la ruine
du pays •. » La lettre de Grégoire XI n'était que trop explicite ;
les routiers qui menaçaient Avignon n'étaient autres que les
troupes alors engagées à la solde du duc d'Anjou ; cantonnées du
côté de Beaucaire et de Forcalquier, elles étaient prêtes à appuyer,
sinon à suivre, Jacques de Majorque, et celui qui les comman-
dait était (Olivier du Guesclin, le propre frère du connétable.
Les objurgations de Grégoire semblent avoir eu peu de résul-
tats. Ses efforts directs ne réussirent pas mieux. En vain prit-il
à sa solde quelques chefs de bande, comme Bernardon de la Sale-,
envoyé plus tard en Piémont.
Bernardon ne partit qu'à la fin de 1375 et n'emmena pas toutes
les compagnies. Beaucoup, composées surtout de Bretons, demeu-
rèrent dans le pays, le pillant et le dévastant à loisir. Toute
sécurité avait disparu; l'accès de la cour pontificale était, pour
ainsi dire, devenu impossible. Un clerc de Strasbourg était arrêté
par les routiers, alors qu'il se rendait à Avignon^; ailleurs, deux
voyageurs, Simon du Chesnon et Jean le Poitevin, étaient, pour
sauver leur existence, obligés de se réfugier dans une église^.
1. Archivio Vaticano, Rpg. Vat. 270, fol. 116 v°.
2. Sur Bernardon de la Sale, voir Durricu, ouvr. cit., p. 107-171. L'auteur
mentionne la i)n'sence de Bernardon aux environs de Charolles en 1374, mais
ne donne aucun renseignement sur son engagement au service de Grégoire XI.
Dès ce moment, cependant, Bernardon napi)artenait plus au parti anglais. Le
24 juin 1374, Grégoire XI demandait au duc d'Anjou un sauf-conduit pour Ber-
nardon et 100 lances, qui devaient, de l'assentiment du duc, « de consensu tuo
et eciam nonnullis tuis tractanlibus, » se rendre on Italie au service de l'Église
(Arch. Vat., Reg. Vat. 270, fol. 118 v°). En septembre, Bernardon n'était pas
encore arrivé à Avignon, .\ussi, le 17 septembre, Grégoire dcinandait-il un nou-
veau sauf-conduit au duc d'Anjou en le |)riant de veiller à ce ([ue le |iays ne
fût pas trop dévasté ; en même temps il écrivait au duc de Berry de hâter,
autant qu'il le pourrait, l'arrivée de l'aventurier gascon et de l'aider dans la
récupération d'une somme d'argent ijui lui était encore due sur la restitution
de Figeac (Arch. Vat., Ibid., fol. 14.5 V). Le 11 novembre, Bernardon n'était
pas encore arrivé; puis, s'étanl rendu dans le Comtat, il y demeura, jirobablc-
ment pour le défendre contre les compagnies établies dans la région. Le 22 juin
1375, il recevait 100 fr. d'or, « pro defensione coinitatus Venayssini » (Arch.
Vat., Introitus et Exitus, Reg. 342). Le 11 octobre, on lui payait encore 120 fr.,
« pro servicio in comitatu Venayssino » (Arch. Vat., Ibid., fol. 175 v).
3. ArcL Vat., Reg. Vat. 270, fol. 119 v°.
4. ibid.
588 SYLVESTRE BCDES
A la fin de 1374, nous trouvons parmi ces détrousseurs trois
hommes qui nous sont déjà connus : Olivier du Guesclin, Sylvestre
Budes et Johel Rollant.
Un chantre de Bayeux, secrétaire pontifical, Guillaume Baron,
voyageant avec un habitant d'Avignon, Paul Mathieu, fut, aux
portes mêmes de Noves, dépouillé d'un cheval et d'une mule. Le
fait était d'autant plus grave qu'en ce moment la cour pontificale
se trouvait à Noves. Grégoire XI connut l'attentat et la qualité
des voleurs ; il leur écrivit aussitôt de restituer ce qu'ils avaient
détournée Fut-il écouté? Il est probable que ses prières n'inti-
midèrent pas les coupables, accoutumés depuis longtemps à de
semblables requêtes. Au reste, cette démarche du pontife avait,
quelque temps auparavant, été précédée de mesures plus graves,
qui avaient, si l'on en juge par cet incident, laissé fort indiffé-
rents les chefs bretons.
A la fin de juin 1374, Grégoire, ne sachant comment se débar-
rasser des compagnies, lança l'excommunication contre quiconque
envahirait le Gomtat^ Cette menace spirituelle eût eu peu d'ef-
fet, si elle n'eût été suivie d'exécution matérielle. Le meilleur
moyen d'en assurer l'efiicacité était d'organiser la défense du
Comtat. Dès le 5 août, Grégoire nomma capitaine général Jean
Ferdinand de Hérédia, châtelain d'Emposte, et lui donna tous
pouvoirs de visiter et fortifier toutes les villes, châteaux, bourgs
du Comtat, et d'y contraindre les habitants, quels qu'ils fussent,
en employant au besoin contre eux tous moyens de correction 2.
Ces mesures furent insuffisantes et ne purent arrêter les dépré-
dations des Bretons^. La terreur qu'ils inspiraient était telle que
l'on n'osait, pour s'approcher d'Avignon, franchir les régions
qu'ils occupaient, et que l'on préférait faire un détour, dût-on
n'éviter un danger que pour tomber dans un autre ^.
Il restait une seule ressource, renouveler ce qui s'était passé
sous Urbain V et acheter la tranquillité^ en payant le départ des
Bretons.
Grégoire XI le tenta et, dès le mois de décembre, négocia avec
Olivier du Gueschn. Deux Bretons, Jean de Saint-Paul et CoUn
1. Arch. Vat., Reg. Vat. 270, fol. 124 v°.
2. Ibid., Inlroitus et Exitus, Reg. 339, fol. 94 y".
3. Ihid., Reg. Vat. 266, fol. 91 v».
4. Ibid., fol. 104.
5. Ibid., Reg. Vat. 270, fol. 161.
ET LES BRETONS ES ITALIE. 589
du Breuil, dirigèrent à Avignon les négociations au nom de leurs
compagnons*. La cour pontificale n'était pas seule intéressée au
départ des bandes d'aventuriers. Le royaume entier était mis en
coupe réglée. Aussi Charles V et le duc d'Anjou se joiguirent-ils
au pape.
Cependant, les négociations traînaient. Les compagnies vou-
laient se faire payer. D'autre part, on ne savait où les envoyer.
On négociait encore en février 1375. Le Comtat était de plus en
plus enserré. La disette menaçait Avignon et Grégoire voyait le
moment où les provisions de blé que lui envoyait Charles V ne
lui parviendraient pas, les Bretons occupant le Valentinois, For-
calquier et une partie de la sénéchaussée de Beaucaire'. Il les
excommuniait à nouveau (22 février), mais sans résultat ■'.
Bientôt des craintes plus vives agitèrent le pontife, à la nou-
velle que certaines de ces bandes, voulant secourir Jacques de
Majorque, s'étaient réunies dans le Dauphiné, menaçant d'en-
vahir le Comtat ^
L'influence de Louis d'Anjou fit avancer les négociations. En
lévrier 1375, de nombreux messages furent échangés entre la
cour pontificale el Olivier du Guesclin''. Dès le mois de mars,
Jean de Saint-Paul et Colin du Breuil étaient gagnés. Le 14 mars,
en effet, ils donnaient quittance à P. du Sault, sergent d'armes
du roi, maître des forts de la sénéchaussée de Beaucaire et rece-
veur de la traite des blés, de 500 francs d'or à eux donnés par
Louis d'Anjou, à condition de ne pas passer le Rhône pour venir
au royaume sans le consentement du roi, de ne pas envahir les
1. « Die penultima mensis decembris (1374), soluti fuerunt Bernardo. de
« Chastres, servienti arniorum doinini Pape, nuper inisso |iro condutendo domi-
« num Johannern de Sanclo Paulo et Colinum de Brolio, «jui ibaiil ad (raclan-
« dum quod dominus Oliverius de Clequino et ejus societales recédèrent de
« Provincia » (Arch. Vat., Introitus et Exitus, Reg. 340).
2. Ibid., Reg. Vat. 271, fol. 111.
3. Ibid., Reg. Vat. 267, fol. 63 v°.
4. Ibid., Reg. Vat. 271, fol. 109 v.
5. « Die IX mensis februarii (1375), soluti fuerunt Johanni de Sislarono,
« cursori domini Pape, qui iniltitur ad doininum Oliveriuni de Cle(|uino in
« Provincia, cum certis litteris « (Ibid., Introitus et Exitus, Reg. 342,
fol. IBOv). — « Die XX dicti mensis, soluti fuerunt Bartlioioineo de Vasinhaco,
« magistro coquine doraini nostri Pape, qui mittitur cum senescallo Bellicadri
« ad dominura Oiiverium de Clequino et ad societates Britonum per dictura
« dominum Papam » (Ibid., Reg. 343).
^897 38
590 SYLVESTRE RUDES
terres d'Église et d'empêcher Olivier du Guesclin de passer le
Rhône et de nuire au Saint-Siège*. Ce qui n'empêchait cependant
pas Grégoire XI d'incarcérer au besoin certains chefs bretons, tel
Geoffroy Budes, que Louis d'Anjou gratifiait de 600 francs, en
dédommagement de son emprisonnement 2. On négociait d'autant
plus activement le départ des Bretons que l'on avait une expédi-
tion à leur proposer.
Enguerrand de Coucy, son service terminé en Lombardie^,
était, au début de 1374, revenu en France. Sa situation ambiguë
entre Charles V et Edouard III le tint quelque temps éloigné des
affaires, jusqu'au jour où la signature de la trêve de juin 1375
lui donna plus de liberté.
Il songea à revendiquer contre les ducs d'Autriche la posses-
sion de terres contestées en Suisse^. Charles V l'appuya. Il y
voyait un moyen de se débarrasser des routiers. Coucy enrôla
les principaux chefs, et les Bretons furent des premiers à qui il
s'adressa. Grégoire XI s'entremit dans cette affaire. Les Bretons
se rapprochaient d'Avignon ; au commencement de mai, ils se
trouvaient vers Pont- Saint-Esprit et Carpentras^ Enfin, au
début de juin, ils se décidèrent à accompagner Coucy. Mais ce ne
fut pas sans tirer rançon du Saint-Siège. Grégoire dut leur payer
5,000 francs pour qu'ils consentissent à partir*^. Le danger était
momentanément conjuré et, en juillet, Grégoire XI fit révoquer
les sentences d'excommunication prononcées contre les envahis-
seurs du Comtaf.
1. Hay du Châtelet, ouvr. cit., p. 386.
2. Ibid.
3. Annuaire-Bulletin de la Société de l'histoire de France, 1895, p. 205.
4. Lacaille, Positions de thèses présentées à l'École nationale des chartes
pour l'obtention du diplôme d'archiviste paléographe, 1890.
5. « Die V maii, soluti fuerunt Bigoto de Costa, seivieiiti armorum doinini
« Pape, pro expensis factis per euni oundo ad Sànctuin Sj)irituin et ad Carpen-
« toracum, pro avisando terras de Britonnibus » (Arcb. Vat., Introitus et Exi-
tus, Reg. 342).
C. « Die VI raensis junii, soluti fuerunt de mandate domini nostri Pape
« magistro Johanni de Regio, habitatori Avinionensi, pro recessu societatura
« Britonnum, quarlam partem tercie partis v" francboruni, ([ue quarta pars
« tercie partis dictorura v" franchoruin ascendit, que fuit cideni magistro
« Johanni solula..,, niic xvi fr. xx sol. valent une xlvi fr. carnere xii sol. »
(Ibid.).
7. Ibid., Reg. Vat. 267, fol. 77.
ET LES BRETONS EN ITALIE. 501
Le Comtat était délivré, mais d'autres régions allaient souffrir
de l'invasion des compagnies bretonnes.
Leur arrivée causa une grande terreur en Bourgogne, où le
souvenir des précédentes campagnes faisait présager ce que serait
la présente. Dès le 27 juin, ils étaient à Loyettes'. De toutes
parts on préparait la défense. Des messagers étaient envoyés à
Genève demander des secours. A Pérouges^ on se hâtait de res-
taurer le château et de le mettre en état de résister. Des coureurs
allaient de Pont-de-Veyle^ à Chasseyriat^ de Dijonà Jeaucourt,
afin d'avertir le gouvernement du duc de la marche des envahis-
seurs. La campagne des environs de Montbard^ et de Semur*' fut
dévastée. Vers la mi-août, les Bretons étaient à Montaigu';
enfin, ils passèrent en Barrois'^.
Le duc Robert, qui avait déjà eu maille à partir avec eux,
tenta de défendre son duché. Ce fut en vain. Le 5 août, Gon-
drecourt^ était pillé. Metz, Saint-Mihiel'% le Bassigny furent
saccagés. Passant en Alsace, les bandes se répandirent vers
Haguenau, Belfort, Marlen, Bàle, Wallembourg, Soleure, Wan-
gen, Buren. Mais elles furent arrêtées par une triple défaite à
Buttisholz, à Soms et à Fraubrùnnen.
Peu confiant en ses soldats, Enguerrand de Coucy n'osa s'aven-
turer dans une guerre aussi problématique. Dès le 16 février 1376,
il signa une paix qui lui donnait les villages de Biiren et de
Nidau. Il revint en France, poursuivant ses troupes, qui avaient
repris leur vie errante. Saint-Mihiel, Rethel les virent à nou-
veau. En mars, il s'en trouvait aux environs de Reims. Mais le
gros des troupes, composé de Bretons, retourna sur les bords
du Rhône.
Dès le début de mars, ils y étaient tous réunis. Le 8 mars, en
1. Ain, arr. de Belley, cant. de Lagnieu.
2. Ain, arr. de Trévoux, cant. de Meximieux.
3. Ain, arr. de Bourg.
4. Aube, arr. et cant. do Bar-sur-.\ube.
5. Côte-dOr, arr. de Semur.
6. Côte-d'Or, ch.-l. d'arr.
7. Jura, arr. de Lons-le-Saulnier, cant. de Conliège.
8. Sur cette expédition des Bretons, voir Froissart, éd. Luce, t. VIII,
p. cxxxi-ii, et les renvois aux archives de la Cùte-d'Or, ainsi que Servais, ouvr.
cit., p. 298-313.
9. Meuse, arr. de Commercy.
10. Meuse, arr. de Coranicrcy.
592 SYLVESTRE BUDES
effet, Bertrand de Maumont, maître huissier du pape, parcourait
le pays, afin de pourvoir à sa défense*. La situation de Gré-
goire XI était à ce moment fort critique, et il devait plus que
jamais craindre pour Avignon.
C'était le moment où Florence venait de déchaîner la guerre
en Italie. La Toscane, la plus grande partie des terres de l'Eglise,
Bologne, avaient successivement abandonné le Saint-Siège. Rome
seule lui restait, et avec elle, il est vrai, cette puissance morale
plus forte que toute ligue et que toute armée, sainte Catherine
"de Sienne.
Mais Grégoire XI était résolu à répondre à la violence par la
force et à s'attaquer à la ligue florentine. Il était surtout décidé
à revenir à Rome, seul moyen qui lui restât de sauver son Etat
temporel. Depuis plus d'un an, à la vérité, il remettait son départ
d'Avignon ; mais, aujourd'hui, il paraissait fermement décidé à
retourner en Italie.
Pour les préparatifs du départ, pour la réception des princes
et des ambassadeurs qui se réunissaient à la cour pontificale, soit
pour demander des faveurs, soit pour engager le pontife à demeu-
rer en France, il était nécessaire que les abords d'Avignon
fussent libres. Aussi, dès la fin de mars, Grégoire entreprit-il
d'acheter la neutralité des Bretons, s'il ne pouvait obtenir plus.
Dès ce moment, en effet, était arrêtée dans son esprit l'intention
de se servir des Bretons contre les Florentins, et de les envoyer
renforcer les soldats d'Hawskwood en Italie.
Durant un mois, ce furent d'incessantes coquetteries pour les
décider à suivre le cardinal Robert de Genève. Dès le 31 mars,
on distribuait de l'argent à certains d'entre eux- ; bientôt après,
Jean Pansard et deux autres capitaines profitaient d'une sem-
blable libéralité 3.
La défense du Comtat n'était pourtant pas négligée. Il n'était
pas douteux, en effet, que, si l'on ne parvenait pas à s'entendre
1. Lacaille, ouvr. cit.
2. <( Die viii mensis martii (1376), facto compulo Bertrando de Malomonte,
« raa^istro usserio doiuini Pape de et pro vadiis et aliis per euin solutis certis
« gentibus annoruia pro custodia coinitatus Venayssini » (Arch. Yat., latroitus
et Exitus, Reg. 344, fol. 165).
3. « Die ulliraa martis, soluli fuerunt Oliverio Tliome, armigero britono,
« dlâtribuendi per eum certis capitaaeis Britonuin, me xlii 11. xxm s. » (Ibid.,
fol. 167).
ET LES BRETONS E\ ITALIE. 593
avec les Bretons, il faudrait lutter contre eux. Aussi, de toutes
parts engageait-on des défenseurs*. Les clioses traînèrent ainsi
durant les premiers mois de 137(5, au milieu de l'inquiétude géné-
rale et de la crainte de complications menaçantes. Enfin, lorsque
Grégoire comprit qu'il ne pourrait se débarrasser d'un aussi dan-
gereux voisinage, lorsqu'il vit la guerre inévitable en Italie, et
le salut du Saint-Siège dépendre de la vigueur à réprimer la
révolte, il ne put tarder plus longtemps. Poussé par Robert de
Genève, il prit une décision ; pouvant utiliser les Bretons, s'en
servir en même temps que délivrer la Provence, il les engagea à
sa solde en mai 1376, afin de pouvoir, grâce à eux, reconquérir
l'Italie.
Un premier engagement fut conclu pour deux mois entre le
pape et le cardinal de Genève, d'une part, Jean de Malestroit et
les Bretons de l'autre. La solde montait à 31,000 florins.
De quand partait cet engagement? De longues discussions
s'élevèrent à ce sujet. Les Bretons prétendaient qu'il commen-
çait au l^*" mai 1376, ce qui nous fait connaître la date de leur
entente avec Grégoire XL La chambre apostolique voulait que
le terme initial fût fixé au 18 mai, jour où les Bretons avaient
passé une revue à Carpentras, ou au 20 mai, date de leur départ
du Comtat-Venaissin. Finalement, on s'en remit à la décision du
pape 3.
1. « Die xn mensis aprilis, soluti fiierunf doin. Romundo de Turena, rnilili,
« dividendi per euin Johaiini Pansardi et aliis duobus (•a|)itaneis. cl ll.canicre »
(Ibid., fol. 169 y).
2. « Die XII mensis aprilis, soluti fuerunt doiii. Arnaldo Rifiaidi, iniliti, qui
« dicitur visilare Comitatum Veneyssini, pro suis stipendiis unius mensis »
(Ibid., Reg. 345, fol. 80 v°). — « Die xxvii mensis aprilis, soiuti fuerunt dom.
« Gauceneto de Apsaco, railiti Petragorensis diocesis, pro stipendiis unius inen-
« sis XX lancearurn, pro defcnsione Comitatus Venayssini, nie xlii (1. xxiiii s. »
(Ibid., fol. 16!)). — Le rai^me jour, Jean Giraudon, sergent d'armes du pape,
distribuait 200 11. à di\ lances, « pro cusiodia Conutatus » (Ibid.).
3. « Tabula gentium ariuoruni stipendiariorum, <'quilum et peditum. odicia-
« lium provisioriatorum et aliorum, existentiuiii in s<'r>i<i() domini noslri Pape
« et reverendissimi in Christo patris et domini, domini Roberti, eardinaiis
« Gebennensis, aposloiife sedis ]egati,et quibus solvi débet |)ertameram apos-
« tolicain, et quorum alicjuibus fuerunt soluciones e( mutua fada ista |tpr domi-
« num Francischum, ei)iscopum .\(|uensem, locumlenentcm reverendissimi in
« Cbristo patris et domini, domini R. e|)iscopi Hononiensis, jiro domino nostro
« Papa Italie tliesaurarii generalis, u.sque ad présentes kalendas novembris.
« Dominus Johannes Aguud, etc. (fol. 27). Dominus
« Jobaunes, dominus de Malestroit, cai)itaneus generalis Britonum, débet babere
594 SYLVESTRE BUDES
Le premier traité engageait les Bretons jusqu'au 18 ou jus-
qu'au 20 juillet. Dès le mois de mai, on s'entendit pour prolon-
ger leur service. Le 24 et le 31 mai, le cardinal de Genève reçut
4,285 florins, qu'il devait remettre à Sylvestre Budes, pour deux
« jiro se, domino Silvestro Budes et aliis capitaneis prcdictorura Britonum, pro
« duobus mensibus, quibus fuerunt conducti in Avinione f. xxxi", quos rece-
« perunl in civitate Avinionensi prodicta.
« Item, pro tribus mensibus, inceptis die xviii mensis julii proximo prete-
« riti, et finitis die xviii mensis octobris proxime precedentis, secundum pacta
« nove firme seu conducte habita cura eis per dominum legatum predictum, ad
« rationem xviii florenorun) pro quolibet lancea, mense quolibet presuperpo-
« nendo, quani dlcto tempore habuerunt, mille viiic xLiii lanceas, ut ipsi se
« habuisse dicunt f. lxxxviii" vc lxxvi.
« Item, pro provisione dicti capitanei ad rationem flor. m \c pro (pjolibet
« mense, pro dicto tempore, flor. iiii™ vc. Verura est tamen, quod fuit discor-
« dia inter cameram et dictos Britones super tempore quando inceperunt dicti
« duo menses primi, pro (juibus receperunt solucionem in Romana Curia. Nam
« ipsi dicunt quod inceperunt prima die mensis raaii proxime preteriti, et finie-
« runt die ultima mensis junii. Caméra vero dicit, quod inceperunt die qua isti
« recesserunt de Comitatu Venessino, scilicet die xx vel xxi dicti mensis maii ;
« et fecerunt enim mostram in Carpentorate, die xviii dicti mensis maii, et
« recesserunt de prefato Comitatu dicta die xxa, et hac causa inceperunt sol-
« vere dicti duo mensis die xxi ejusdem mensis maii, et finierunt die xxi men-
« sis julii proxime preteriti, et die sequenti incepisset firma nova, quam cum
« eis habuit dominus legatus predictus. Finaliter, finaliter (sic), idem Brittones
« ad concordiam talem pervenerunt cum domino legato predicto, videlicet quod
« hec controversia reraaneat in deliberatione domini nostri, et quod secundum
« quod idem dominus noster declaraverit, observetur ; conveneruntque de novo
« prefati Britones cum eodem domino legato servire cum lanceis m cccc, ad
« racionem florenorum xviii pro lancea, usque ad sex menses, (jui inceperunt
« diexvni mensis octubris proxime preteriti, remanentibus primis pactis habi-
« tis cum ipsis in Avinione, in quantum essent contraria ipsis novis.
« Receperunt predicti dominus Jobannes de Malestroit et socii, ultra dictos
« xxxi" florcnos receptos in Romana Curia quantitates pecuniarum istas :
« Et primo, in dicta Romana Curia, francbos un"", flor. un" cclxxxv, gros. x.
« Item, in Ast, flor. iii°.
« I(ein,prope castrura Sancti Johannis in Persiceto, territorii Bononiensis,
« n. xii".
« Item, prope pontera Sancti Proculi, in duabus viribus, per manus episcopi
« Aquensis, locum tenentis predicti..., fl. xvii" vue lxxxxiiii.
« Hem, ibidem, franc, viiu™ clxiiii, franc, viiii"" clxiiii.
« Item, quas habuerunt in piuribus partitis, usque ad kalendas presentis
« mensis novembris f. «[uinquenlos lxxxxv sol, decem octo bon., coinputatis
0 in biis f. xxxvi, datis Johanino Avardi et Johanni Portofeni et f. xviii datis
« C.uillelino Lingloni » (Ribl. nat., ms. lat. 4190, fol. 26 v).
« Domino Johanni de Malestrecb, militi de Britania, capitaneo, pro ipso etcer-
« lis aliis caiiilaneis societatum hominum armorum Britonum, qui vadunt ad par-
ET LES BRETONS E.> ITAME. 595
mois de service, commençant en juillet'. Ce second engagement
était conclu pour trois mois, et moyennant 98,576 florins. Le
nombre des lances s'élevait à 1,844.
Ce nouvel engagement expirait le 14 octobre; il fut renouvelé
pour six mois, à raison de 1,400 lances payées chacune 18 flo-
rins par mois. En outre, Jean de Malestroit, capitaine général dos
Bretons, reçut pour les trois mois de service commençant en juil-
let une provision de 1,500 florins par mois.
Avec eux partaient de nombreux Bretons. Sans doute, beau-
coup de gens d'armes, enrôlés sous leurs bannières, étaient origi-
naires d'autres provinces : Normands, Gascons, Bourguignons et
Français devaient se presser autour de ces chefs, qui leur pro-
mettaient à la fois gloire et butin. Mais, parmi les lieutenants de
Budes et de Malestroit, que de noms bretons ! Ce sont : Soraye,
Tremagon, Treffili, Calvaric, Lo Crist, Le Carias, Jacques Le
Noir, Taleverne, Chiquet, Kaerouare, Trogorant, La Haye,
Thomas, Pansart, DavizS qui vont avec eux reconquérir, pour
Grégoire XI, l'Italie révoltée.
« tes Ytalic, pro jure Romane Ecclesie contra inlidcles tirannos et robollis conira
« ipsam Ecclesiam, sub certis pactis juratis et vallatis inler dominos de Caméra
« et capitaneos predictos, videlicet hiis stipendiis eorum et ipsorum liominum
« armorum incipientihiis a die marlis xx hujus mensis, ([ua die exiverunt
« Comitalum Venoyssini. de quibus i»actis constat per scripluras inaniiscriplas
« magistrorum Firmini Carpentarii, Noviomensis diocesis, et Grimaldi de
« Romanis de Auximo, notariorum apostolicorum, xxxi" fl.de caméra, compu-
« tando quolibet tloreno pro xxviii sol. et franco pro xxx sol., in xxvnrxxx fr.
« X s. valent xxxi"' 11.
« Item, qui realiter traditi fuerunt die xxiiii bujus mensis maii, reverendo
« in Christo patri, domino Roberto, cardinali Gebennensi, legato a latere ad
« partes Ytalie, Iradendi per eum aut ejus nomine domino Silvestro de Uii<la,
« mil., capitaneo, et ([uibusdarn aliis sociis... » (Arch. Val., Inlroilus et E\\-
tus, Reg. 344, fol. 232 v").
1. « ... Pro eorum stipendiis, Incipiendi die x julii proxime venluri, uV fr.
« — Item, eodem cardinali, dicta die ullima maii, [ler i|)sum Iradendum |>re-
« fato dornino Silvestro, m fr.; in sumina mV fr. valent ni"' ne lxxxv (1. xx s. »
2. Sur ce qui concerne ces Bretons, voir du Bois de la Villerabel, Gestes des
Bretons en Italie au XlV siècle (dans les Mémoires de la Société d'cmutation
des Cdtes-du-.\ord, t. XXVII, p. 73-105), bien que les alléj^alions de laut.-ur
soient discutables. En ce qui touche les sceaux de ces divers personnages, <;on-
sulter Demav, ouvr. cit., n' 9048 (Tremagon), et Bibl. nat.. Pièces orig. 2876,
dossier Treffily, n» 11 ; 1495, dossier La Haye, n" 5 et 6; 2861, dossier Tho-
mas, n" 68.
596 SYLVESTRE BCDES
Le traité signé, l'armement complété ^ on se hâta de faire
évacuer le Comtat par les nouveaux auxiliaires. On s'assura
du passage en Dauphiné et dans les terres du comte de Savoie.
Enfin, le 24 mai, tous étaient partis. Malestroit et Budes à
leur tête, ils allaient se jeter sur l'Italie^ semant partout la ter-
reur, pillant, brûlant, tuant, pendant plus de trois années, et
laissant jusqu'à nos jours une réputation d'incontestable bra-
voure, mais aussi de barbare cruauté.
Chapitre IL
La première campagne des Bretons en Romagne et da^is
la Marche d'Ancone, jusqu'au sac de Césène {juin 1376-
janvier 1377).
En 1376, la situation du Saint-Siège en Italie était presque
désespérée. Les hésitations et les faiblesses d'Urbain V et de
Grégoire XI avaient compromis l'œuvre d'Innocent VI et du
cardinal Albornoz.
Du jour où l'Etat pontifical avait été reconstitué, il s'était
trouvé en butte aux suspicions de deux pouvoirs menaçants, les
Visconti et Florence.
La lutte contre les Milanais, entreprise sous Innocent VI,
avait continué sous Urbain V. Mais les victoires de l'Eglise
effrayèrent Florence. La Toscane et l'Etat pontifical étaient voi-
sins. La victoire du Saint-Siège faisait craindre à la république
d'être bientôt victime de son ambition présumable. Aussi, sous
Grégoire XI, put-on voir Florence se détacher peu à peu de son
ancienne alliée, et se rapprocher de Milan.
Non seulement, en effet, les Visconti étaient vaincus, mais la
papauté était arrivée à former contre eux une ligue de presque
toute l'Italie. Naples lui était toute dévouée. Sans compter les
Etats de l'Eglise, elle pouvait espérer l'appui du marquis d'Esté,
jaloux des Visconti, — de Padoue, alors en lutte avec Venise,
— de Gènes, toujours en conflit avec sa rivale pour la possession
1. On fournit 4,058 lances et glaives aux Bretons (Arch. Vat., Introitus et
Exitus, F\eR. 34 't, fol. 232). — « Dfe xvii niaii, soluli fucrunt Tixio de Gro-
« neuch, servienli arrnoruni, qui inittitur ad partes Italie, ad conducendum
« Socielales Britonum » (Ibid., fol. 230 v et 231).
ET LES BRETONS EN ITALIE. 597
de Chypre, — du comte de Savoie, — des marquis de Saluées et
de Montferrat, — des Carrare et des délia Scala. Parmi les
princes étrangers, l'Empereur, les rois de France, de Castille, de
Hongrie, les ducs d'Autriche, ne cachaient pas leurs sympathies
pour le Saint-Siège.
Aussi, en 1375, les Visconti songèrent-ils à négocier avec
Grégoire XL
Florence se crut alors directement menacée. Victorieuse, la
Papauté, pensait-elle, devait se retourner contre la Toscane et
surtout contre la cité qui paraissait la plus puissante des répu-
bliques italiennes. Sa jalousie, ses nouvelles tendances gibelines
avaient étouffé l'ancien esprit guelfe; son désir de susciter la
révolte pour se tailler, au milieu des troubles, l'Etat qu'elle con-
voitait, lui fit allumer la guerre.
Elle accusa l'administration étrangère, et, disait-elle, tyran-
nique, des légats pontificaux; elle inventa l'histoire de la traite
des blés, de l'invasion de la Toscane par Hawskwood, de la trahi-
son de Prato*. Elle excita les villes de Toscane contre l'Eglise,
sut répandre en elles le poison de la défiance, et semer la révolte.
Elle souleva Lucques, Pise, Sienne. Avec elles, elle entraîna les
Terres de l'Eglise ; ses émissaires allèrent partout, au nom de la
liberté, combattre la tyrannie française des administrateurs
ecclésiastiques.
A sa voix, le préfet de Vico, Castello, Pérouse, Gubbio, Sasso
Ferrato, Urbino, Todi, Terni, Forli, Ascoli, et enfin Bologne,
la sentinelle de l'Eglise contre les'\'isconti, se soulevèrent. Rome
seule résistait au mouvement. Mais, malgré sa haine jalouse
contre Florence, ne succomberait-elle pas ? Avec elle, s'en irait
le pouvoir pontifical. La Papauté eût été re jetée de l'Italie ou
n'eût pu y rentrer que faible, sous la protection hautaine et inté-
ressée de Florence.
La république triomphait ; mais sa victoire même devait causer
sa ruine.
Les Visconti craignaient Rome, mais redoutaient plus encore
Florence, leur proche voisine. La Toscane devait, avant la Lom-
1. Gherardi, la Guerra dei Fiorenlini col papa Gregorio XI [Archivio slo-
rico ilaliano, 3' sorie. t. V-VIII). — Léon Mirol, la Question des blés dans la
rupture entre Florence et le saint-siège, en 137ô {Mélanges d'archéologie et
d'histoire, publiés par l'École française de Rome, t. XVI).
598 SYLVESTRE BDDES
bardie, être la victime des ambitions du Saint-Siège. Ils s'ef-
frayèrent des succès de la république. Ils craignirent pour eux
et signèrent, en juin 1375, une trêve avec Grégoire XI. Dès lors,
ils soutinrent faiblement Florence, et demeurèrent dans une dou-
teuse expectative, cependant que la lutte devenait inévitable
entre Grégoire et la république.
Aux doléances avaient succédé les mesures violentes ; l'excom-
munication et l'interdit jetaient Florence hors de la communion
et (le la vie du monde chrétien. La république y répondait eu exi-
lant et en massacrant les prêtres, en mettant leurs biens à l'en-
can, en appelant l'ItaUe à la révolte. Tout annonçait la guerre :
Hawskwood, de nouveau à la solde du Saint-Siège, s'unissait au
comte de Savoie et Otton de Brunswick, tandis que Beruardon
de la Sale se disposait à intervenir. Florence, de son côté, met-
tait ses troupes en mouvement, sous les ordres du comte de Lan-
dau et de Rodolfe de Camerino.
Mais, si Grégoire XI voulait conserver Rome, s'il voulait,
au moment où Venise lui refusait des vaisseaux, où Bologne
entrait résolument dans la ligue, répondre à l'appel de sainte
Catherine de Sienne et à celui de l'Italie souffrante, il lui fallait
profiter de l'hésitation des Visconti, surprendre Florence par la
rapidité de l'attaque, frapper directement la ligue en attaquant
le point le plus important, Bologne, et reconquérir les provinces
rebelles pour porter ensuite la guerre chez l'ennemi lui-même :
ce fut l'œuvre des Bretons, et à leur tête du cardinal Robert de
Genève.
Descendant de Louis VIII et fils du comte de Genève, Robert
avait été successivement chanoine de Paris, évêque de Thé-
rouanne et de Cambrai. « Jeune, un peu boiteux, un peu
louche, doué pourtant d'une stature et d'une figure avanta-
geuses, Robert de Genève avait la voix sonore, la mine
affable ; il écrivait et parlait bien ; il savait plusieurs langues i. »
Homme de guerre autant que d'Église, violent, dur, sangui-
naire, le cardinal de Genève, dont l'intelligence facile ne semble
pas avoir été profonde, savait cependant à ses heures se montrer
diplomate. Si Clément VII fut un politique gauche et indécis, qui
ne sut pas se débrouiller au milieu des difficultés qui l'entou-
raient, ni se servir de la fortune, qui, à un moment, lui sourit,
1. Noël Valois, la France et te grand schisme d'Occident, t. I, p. 81.
LT LKS BKETOS KX ITALIK. 599
le cardinal eut quelques traits heureux : légat, il sut reconqué-
rir Bologne, et, par là, assurer le succès de Grégoire XI. Mais
son caractère fuyant et indécis le servit peut-être plus que
sa volonté; dissimulé, retors, il eut peu de courage. Sans
savoir dominer les troupes qui lui étaient confiées, il eut, par
nature autant que par calcul, assez d'habileté pour les maintenir
dans l'obéissance ; sachant leur parler la langue qui leur conve-
nait et céder, en temps opportun, à leurs exigences, il était, en
somme, de tous les cardinaux, le plus apte à les diriger en Italie.
Avant, le 20 mai, quitté le Comtat, les Bretons, au nombre
de 1,850 lances', traversèrent le Dauphiné et passèrent les
Alpes, probablement au pas de Suze. Dès ce moment, les diffi-
cultés commencèrent ; les passages étaient bien gardés, « par
maint foison de genz arméz^ » Mais ils surent s'en tirer à leur
honneur, et bientôt se trouvèrent en Piémont; de là, ils descen-
dirent en Lombardie.
Leur arrivée terrifia Florence et toute la ligue. Le renom de
soldats vaillants les précédait. Dès les premiers jours de juin,
l'annonce de leur venue s'était partout répandue^. C'était, de la
part de Grégoire XI, une véritable déclaration de guerre. Flo-
rence comprit bien le danger qui la menaçait. Les Huit de la
guerre se mirent aussitôt en mouvement. Il fallait raviver le zèle
1. Les chroniqueurs varient beaucoup sur le nomi)ro dp soldais dont se com-
posait l'armée de Malestroit et de Budes. Le Chronicon corlusiorum (Muralori,
XII, col. 984) l'évalue à 12,000 hommes; le Chronicon sane.se (Ihid., XV,
col. 249) le fixe à 10,000 hommes; les Annales mediolanenses (Ihid., XVI,
col. 761) donnent également 12,000 hommes; le Chronicon placentinum (ll>i<l.,
XVI, col. 526) l'évalue à 4,000 chevaux, dont 1,400 lances. Suivant le Chro-
nicon Riminense (Ihid., .W, col. 916), Robert de Genève aurait a<nen6
20,000 hommes. Le Chronicon Eslense (Ihid., XV, col. 499) donne 12,(l00 cava-
liers. A en croire Sozzomeno (Ihid., XVI, col. 1696) il y aurait eu 10,000 hommes,
soit 6,000 cavaliers et 4,000 fantassins. Matteo de ('.rillbnihus (Ihid., XVIll,
col. 187) l'évalue à 14,000 hommes. Ces divers chillres se ra|>prochent assez
les uns des autres, .\dmettant qu'une lance comprenne six hommes, les
1,400 lances donneraient 8,400 hommes; et de même les 1,850 lances engagées
primitivement s'élèveraient à 11,100 hommes.
2. Guillaume de la Penne (bibl. d'Angers, ms. 514, vers 138). Nous citons
cet auteur dont les œuvres ont été publiées par Doin Martène (Thésaurus novus
anecdotorum, t. III, col. 1457 à col. 1504), d'ajirès le maimsrrit original, dont
nous préparons une édition.
3. « Ceteruin undique lirmant nova de advendi Rritonum ad partes Italie. »
Dépêche de Florence à Bernaho Visconli, 3 juin 1376. — Gherardi, ouvr. cit.,
t. VI, 236.
800 SYLVESTRE BDDES
des alliés, obtenir des troupes, couvrir Florence et la Toscane,
en prévision d'une attaque, et essayer d'arrêter les envahisseurs
dès leurs premiers pas.
C'est Bernabo Visconti qu'ils prient de les avertir de toutes
nouvelles concernant la marche des Bretons, « ces pestilentiels
barbares ' . » ^ Le devoir et l'intérêt le lui commandent : qu'il
leur refuse le passage. » Puis ce sont tous les autres alliés qu'ils
préviennent, Pérouse, Pise, Lucques, Sienne, Arezzo, Castello,
Sarzana, Chiusi, Ravenne, Imola, Modigliana, Matelica, les sei-
gneurs de San Séverine, de Sasso Ferra to, de Cingola, de Fog-
giula. « Il est temps de se réveiller et de prouver par des actes
l'attachement à la ligue. Il est temps que l'on connaisse les véri-
tables sentiments des alliés. Les Bretons s'avancent menaçants,
prêts à envahir la Toscane. Aussi, nous requérons-vous, au
nom des pactes de la ligue, de venir au secours de Florence
menacée^. »
1. « Doraino Bernaboni, magnifiée et excelso domino, fratri karissirao. Jam
« incipit nobis fieri certissimus Britonum pestifer adventus ad partes Italie,
« tôt de locis nobis Me dignis auctoribus nuntiatur, et nisi dissuaderet nobis,
« (luod alifpiid de hoc nobis vestra fraternitas non rescripsit, jam prevenienti
« consilio ad reparandum nostra diligentia vigilaret. Sed, quia hoc totum nego-
« cium vestruin et nostrura est, spectabilitatem vestram affectuosissime depre-
« camur, quanto de hoc, si quid habetis scribere, non tardetis, consulando
« etiam quo modo nobis videbit reparandum. Et ultra hoc sicut plene confidi-
« mus et speramus, et sicut etiam convenciones lige nostre exigunt et.... digne-
« mini nedum transitum denegare, sed transeuntibus obstitere toto passe. »
(Firenze, Archivio di Stato, Signori, carteggio missive, XV, fol. 64.) — « Ut,
« Deo duce, sicut speramus, bec iniqua barbaries, oportuno loco, congressu pu-
« gnabili, si facile visum extiterit, opprimatur » (Ibid., fol. 71 v).
2. « Perusinis et aliis colligatis.
« Fratres karissimi. Britonum scelesta congeries animo prompta in liberta-
« tis exicium per Italiam militare, destinatione Sumrai Pontificis appropinquat.
« Quo circa fraternilatem, amicitiam vestram per lige fedus requirimus, ac
« etiam per saluteni publicam et libertatis sludium vos affectuosissime depre-
« camur. ijuatinus gentes qui valeant exercicio balistandi celeriter preparetis,
« ut quam primum nécessitas ingruerit, aut vos duxerimus requirendos, sine
« more dispendio transmittanlur, ut vestris et totius lige viribus simul junctis,
« possinius, ut speramus, hostesopprimere et libertatem totius Italie procurare.
« Dat. Florentie die xv junii, xiiii ind., M. CCC.LXXVI. »
« Bononiensibus...
« ... Britonum, etc.... Italie procurare. Quamvis forsanopus erit versus partes
« veslras facere tolura resistentie sicut conicimus apparatum » (Ibid., fol. 70).
« Pisanis.
« Lucanis.
ET LES BRETONS EX ITALIE. 60<
Les Bolonais fléchissaient, comprenant bien que leur territoire
était des plus menacés, et qu'ils seraient les premiers à supporter
l'attaque des ennemis. Ils exposèrent leurs craintes h Florence.
v< Leurs moissons, disaient-ils, seraient ravagées; déjà, ils enten-
daient les murmures hostiles de la population. » On leur ofirait
la paix, mais à quelles conditions ! Aussi suppliaient-ils leur
alliée, celle qui avait célébré comme un jour de lete leur adhésion
à la ligue, de venir à leur secours. « Nous nous étonnons, »
répondaient les Florentins, « de votre crainte de ces barbares.
Ne pensez-vous pas que cette race imprévoyante et téméraire
tombera dans les lacs qui lui sont préparés, et succombera sous
les coups valeureux des Italiens? Croyez, ô peuple si prudent,
que tout est prévu pour leur ruine. De toutes parts, nos forces sont
rassemblées pour défendre notre liberté et pour accabler ces bar-
bares. Quant à la paix que l'on vous offre, nous savons ce qu'elle
vaut. On veut vous faire retomber dans votre ancienne servi-
« Fratres karissimi, tempus est de sonno surgere, tempus est sincère dile-
« cionis affectuin per operam deinonstrare. Nunc scieinus quali erga nos et
« libertatein Italie mente sitis. Ecce veniunt et accélérant Britones, ut habeinus,
« nostros lines hostiliter invasuri. Quo circa, fraternilateni vestraiu per lige
« fedus requirinius et per ainicitiani rnutuain petimus et rogainus, qualinus
« majorem pipiitum peditumque et balistarioruni numeruni quein potestis ad
« nostra subsidia sine cunctatione placeat destinare, quot et quando debetis
« mittere, per latorem presentium rescribendo. Datum Florentie die ixiii men-
« sis junii xiiii ind. »
« Senensibus. — Aretinis. — Castellanis. — Perusinis. — Fremanis. — Asco-
« litanis. — Coniuni Sartiani. — Communi Clusii. — Comuni Castri Plebis.
« — Domino Skurlinii. — Ravenne. — Ymole. — Bononiensi. — Communi
« Mutiliane.
« Fratres karissimi, ut furori Britonum ([ui, i[uasi subjugabundum to^am
« Italiam, ceperunt bellanter debacchari Lige viribus occurratur, fraternitalem
« vestram requirimus et rogamus ([uatinus, et gentem ([uam ex Liga debelis et
« etiam ampliorem nunierum electorum pedilum et balislariorum quain |iotes-
« tis, pro paucis diebus placeat celeriter destinare, ila quod in (luanlilale sit
« numerus et in tardatione non frustretur effectus. Dat. ut s. »
« Mathelice. — Nobilibus S. Severini. — Domino Ungaro de Sasso Ferralo.
0 _ Xobilibus de Cingulo. — Comiti Antonio et adberenlibus. — Nobilibus
« Exii. — Montis-Dolio. — Carpigno. — Nobilibus de Faggiuola. — Salvalico.
« — Comiti de Bagno. — Domino Johanni. — Francisco de Calvoli. — Comiti
« de Doadolo.
« Araici karissimi, ut furori Britonum, etc., quatinus cum gente quam debe-
« tis ex liga et cum raajori equitum ac peditum comitiva et maxime balistario-
« rum venire celeriter procurelis ita quod in quanlilate sit numerus et in
« retardatione non frustretur elTectus. Dat. ut s. » (Ibid., fol. 67).
602 SYLVESTRE BCDES
tude. Pensez combien il vous fut jadis pénible d'obéir ! Aujour-
d'hui, ce n'est pas seulement la servitude qui vous menace, mais
bien la mort. Qu'y a-t-il, en effet, de plus inique qu'un maître
qui soupçonne ses sujets ? la crainte s'unit chez lui à la domination ;
ce titre même de roi le conduit à l'odieuse tyrannie, d'autant plus
redoutable qu'elle craint plus, d'autant plus cruelle que le péril
lui semble plus proche. — Votre cité, ô chers amis, doit com-
mander et non pas obéir*. »
Mais il ne suffisait pas à Florence d'appeler ses alliés à son
secours, de leur recommander le courage et la vaillance; il lui
fallait encore s'opposer efficacement à la marche des Bretons,
qui, le Pas de Suse franchi, avaient successivement occupé Nizza
di Moutferrato, Asti et Alexandrie.
Florence réclamait des troupes. Le comte de Lando était prêt
à marcher. Rodolfe de Camerino était attendu 2. Mais Milan
était l'objet de l'attention en même temps que de l'inquiétude géné-
rale. C'était elle qui déciderait du sort des Bretons et de la ligue.
Bernabo et Galéas s'opposeraient-ils au passage des envahisseurs ?
Bernabo n'avait aucun intérêt à se brouiller avec l'Eglise.
D'autre part, il lui importait d'éviter que l'armée bretonne ne
dévastât le Milanais. Son rôle entre le Saint-Siège et Florence
était équivoque. Son intérêt lui commandait de se faire désirer
par les deux adversaires, sans se compromettre en faveur de
l'un d'eux.
La république sembla, dès les premiers jours, se douter de l'at-
titude expectante de celui qu'elle se plaisait à considérer comme
son allié. Aussi, le pria-t-elle, à plusieurs reprises, d'arrêter
l'ennemi. On ne savait encore où iraient les Bretons. Se dirige-
raient-ils sur Bologne, ou, suivant la côte, descendraient-ils
sur Pise et Florence 3? Dans le doute, la république ne pouvait
1. Ibid., fol. 36.
2. « Domino Rodulfo. Magnifiée domine, frater karissime, appropinquat pes-
« tiferum Britonuin liarbaricumquc consortium, ([uod minaciter in nostram
« cladem anhelit, et ob id vcstram presentiam i)enitus indigamus » (Ibid.,
fol. 35). Rodolfe arriva à Florence le 10 juillet. Diario d'anonymo fiorentino
{Documenti per la storia italiana, t. VI, p. 310).
3. « Pisanis et Lucanis. Fratres karissimi, si forte contingat Britonum fera-
it lem scelestainque congeriem, vel [ler ripariam Januensem, vel aliunde suum
« moliri transiluni et accessum, pro salutc vestra et nostra nobis utilissimum,
f imo neccssarium, esse videtur, ipsis opponere vires nostras » (Firenze, Archi-
vio di Slalo, Signori, carteggio missive XV, fol. 71 v).
ET LES BRETONS EN ITALIE. fi03
ni demander des secours trop importants à Beruabo, ni lui
envoyer des troupes*. Il restait une dernière ressource, acheter
les terres de l'Eglise.
Depuis un mois déjà, Florence et Bernabo négociaient avec
Hawskwood^ Le célèbre condottiere, après avoir saccagé
Faenza et conclu avec Bologne une trêve de onze mois, s'était
retiré à Cotignola. Ses principes ne lui interdisaient pas de trahir
l'Eglise pour la ligue. L'annonce de l'arrivée des Bretons devait,
au reste, exciter en lui une jalousie dont Florence pourrait pro-
fiter. Les Huit lui envoyèrent Ruggiero CaneetSpinello Alberti.
Mais Hawskwood se faisait prier. L'Eglise le payait, Florence
le recherchait, et Bernabo, sans nul doute, désirait l'acheter,
afin de se rendre, grâce à lui, maître de la situation. Hawsk-
wood tenait peu, d'autre part, à s'attirer l'inimitié de Robert de
Genève et des Bretons. Faenza ne lui était d'aucune utilité. Il
voulait la vendre, et le marquis d'Esté, allié de l'Eglise, lui fai-
sait des offres avantageuses. Chacun le désirait; mais Florence
commit la faute de marchander. Hawskwood resta au service de
l'Eglise, sans cependant rompre avec la république.
Les Bretons avançaient. D'Asti ils allèrent à Pavie, en passant
par Alexandrie. Galéas, loin de les arrêter, les traita en alliés.
Il leur fournit des vivres, car de l'Église « il est bonne estache^ » ;
il voulait les retenir, se les attacher et se faire un mérite, auprès
de Florence et de la ligue, d'avoir, à ses frais, sauvegardé ou la
Toscane, ou la Romagne. Les Bretons refusèrent. Florence,
cependant, avait fait de grands efibrts pour que Bernabo les prît
à sa solde ^ et certains indices permettraient de supposer que
1. Ibid., fol. 72.
2. Temple-Leader et Marcotti, ouvr. cit., i>. 90-92 et 270-272, documents XXV
à XXVII.
3. Guillaume de la Penne, vers 180. LinlénH, plutôt ([uo les raisons de sen-
timent, semble avoir guidé S. Budes, lors<|ui! refusa les j)ro|)Osi lions de Galéas
Visconti. — « Et ecce vobis per has lilteras inlluiaMius, i|uod diexxii iiujus men-
« sis, societas Britonum erat in Pedemonlibus ju\ta Niriain l'alec et civilatem
« Ast, versus has partes venlura» (Siena, Arcliivio di Stato, lellere del Consis-
torio XII, n" 55).
4. Les Huit écrivaient le 20 juin à Bernabo, à la nouvelle de l'entente d'IIawsk-
wood avec l'Église : « Et ideo undecuuKiue et cum duce Auslrie et eliam cum
« duce Bavarie videtur nobis necessarium gentes arinigfras |)rocurare. Quin
« etiam cum Britonibus, qui se olTerunt ad stipendia nostra venluros, et cum
« aliis qui simililer facere vellent, utillissimuiu credimus concordare » (Firenze,
604 SYLVESTRE BUDES
certains d'entre eux auraient, sans trop de difficulté, changé de
parti. Mais les négociations échouèrent, tant auprès des Bretons
qu'auprès d'Hawskwood.
L'armée continua sa marche, descendant la vallée du Pô.
Après être passés à Parme et à Reggio, ils campèrent, le l""" juil-
let, sur les bords de l'Enza. Le 2, ils s'avancèrent jusqu'à
Modène'. Suivant certains chroniqueurs, ils auraient même
poussé jusqu'à Ferrare et y seraient demeurés quatre jours, pen-
dant que le cardinal et le marquis d'Esté discutaient le plan de
campagne^. Quoi qu'il en soit, au début de juillet, ils arrivèrent
dans le territoire de Bologne.
Ils s'y livrèrent sans frein à toutes leurs violences. Dévaster
un pays, vivre de la population, brûler, rançonner, tuer, violer,
étaient des lois de guerre que, loin de réprimer, le légat ne son-
gea qu'à encourager. Robert de Genève comprenait combien il
importait de séparer Bologne de la ligue. Déjà, tout un parti
s'agitait, celui que la révolution de mars avait renversé du pou-
voir ; déjà, on s'inquiétait de l'ingérence de Florence dans les
affaires de la ville; déjà, on se plaignait que la liberté n'existât
plus. On se prenait à regretter la domination ecclésiastique.
Robert le savait et résolut d'en profiter. Un des plus puissants
moyens de parvenir à son but était de ruiner ce pays, de l'affa-
mer, pour le mettre à la merci de l'envahisseur. La guerre devait
aider aux négociations ; elle devait être un moyen de persuasion,
et d'autant plus convaincante qu'elle serait plus violente.
On prête beaucoup de mots au cardinal, qui tous reflètent son
caractère sanguinaire^. Les a-t-il prononcés? Doutons-en, car
Archivio di Stato, Signori, carteggio missive XV, fol. 68 v). — Le 22, ils lui
mandaient à nouveau de s'opposer à la marche des Bretons : « Eciam corrum-
« pendo avaros ipsorum aniraos, publiée vel oculla pecunia, aut de ipsis illas
« quingentas lanceas, vel eciam majorera quantitatera, quam liabere poteritis,
« ad vestra et ad nostra stipendia conducere » (Ibid., fol. 70).
1. « Heri, terzia julii, debuistis habere duas meas lilteras et quamplurimis
« cedulis interclusis, de hiis que tune Florentie veridice sciebantur; post que
« nichil aliud occurrit verum et relacione dignum, nisi quod maledicti Britones
« sunt inter Reggium et Mulinam, et in Mutina sunt cura cardinali eorura con-
« ductore iiuainpluriini capitales ex eis... Per servitorem vestrum Johannera,
« magistri Barlolonici de Senis, medicine et liberalium doctorera, Florenza.
(' lin" julii » (Siena, Archivio di Stato, lettere del Consistorio XII, n° 60).
2. Chronicon Regiense, col. 86. — Sozzoraeno, col. 1096.
3. Voir, tout en se déliant de la partialité de l'auteur, Perrens, Histoire de
Florence, t. V, p. 137-138.
KT LES BRETONS EN ITALIE. 605
ce sont des mots historiques, et tous rapportés par des écrivains
italiens peu favorables à celui qui, alors qu'ils écrivaient, était,
ou avait été un anti-pape français. Croyons cependant qu'aucune
sensibilité ne l'engagea à modérer le zèle de ses soldats, mais
qu'ils trouvèrent auprès de lui approbation de toutes leurs vio-
lences, sans que cependant cette approbation fût allée jusqu'à la
bénédiction desépées dégouttantes de sang, ni jusqu'à l'absolution
donnée aux meurtriers*. Il s'agissait de rebelles, qui, se liguant
avec Florence, mise en interdit, étaient entrés en lutte ouverte
avec le Saint-Siège. Robert de Genève avait, par nature, et par
politique, peu de raisons de les ménager.
Son plan, en entrant dans le Bolonais, fut d'occuper le Sud de
la province. Au Nord, Ferrare et Modène, aux mains du mar-
quis d'Esté, garantissaient l'isolement de la cité rebelle. Au Sud,
au contraire, Faenza et Césène tenaient seules pour l'Eglise, et
quelle confiance pouvait-on avoir en Faenza , occupée par Hawsk-
wood ! Aussi, importait-il de couper la route aux secours pouvant
venir des Marches. Rodolfe de Camérino pouvait essayer de
dégager Bologne, les troupes florentines, assiégeant alors Ascoli,
pouvaient tenter un mouvement offensif du coté de la Romagne.
L'occupation de la région s' étendant au sud de Bologne permet-
tait de pallier à cette éventualité et de surveiller en même temps
les passages des Apennins, et, par là, les routes venant de
Toscane.
Le 3 juillet, le cardinal et les Bretons étaient à Bazzano^. Une
première bataille fut livrée au passage du Panaro, et ne tourna
pas, semble-t-il, à l'avantage des Bretons^.
1. Chronica di Dologna (Muralori, XVIII, col. ôOô).
2. Chronicon Estense, col. 499.
3. a Reverendissimi domini mei, heri dcbuistis habero diias sccundas lillcras
« meas, per dorainum Consignorern, vestigalem de Sambuto, et duas alias, i-er
« quemdam Torridum Tbeotonicum, [quas] doininacioni vestre scripseram.
« Nunc autem occurit scribendum, quoinodo Hritoncs sunt prope Honnniam
« ad iiii'" uiilia, et (luoiuodo in eoruin accexu super quodarn lluininis iiltorc,
« dicto Panaro, fuit quedam rissa iuter partes eorurn et genlein Hononicnscm,
« et fuerunt capti et mortui ex Brilonibus lxii et habuerunl Hononienses r*n-
« tum equos. Istud relulit beri sero (juidain victuralis satis lide dignus, vici-
« nus meus, et Priores et Otto Balie noluerunt audire eum; nondum tamen
a est per alias litteras continnatus; est veruin .piod ipse venit velocitcr cuin
« suis niulis vcri, veluti cursor... Servilor vester Jobannes de Seni.s, inedicine
« et liberaliura doctor. Florentie, vi» julii, sero. » (Siena, Archivio di Stalo,
lettere del Consistorio XII, n' 01 .)
4897 ^^
606 SYLVESTRE BDDES
Le Panaro franchi, ils se répandirent dans tout le Bolonais.
Le 8, nous les trouvons à San Giovanni ', le 11, à Crespelano*.
Ils attaquent les diverses forteresses garantissant Bologne. A
Crespelano, qu'ils emportent de vive force, ils saccagent et
brûlent tout le pays. Un traité leur livre Oliveto et Monteveglio^;
ils ne respectent pas la vie des habitants, bien qu'ayant juré de
les épargner.
Bologne était de plus en plus menacée; elle demandait des
secours à Florence. Le 4 juillet, la république lui envoyait déjà
quelques troupes^; mais le 11, Jacobo Senza Barba, un des
envoyés florentins, était attaqué par les Bretons, qui lui pre-
naient onze chevaux^. Enfin, le 16 juillet, Rodolfe de Camerino
partait lui-même pour diriger la défense^.
Mais les Bretons continuaient toujours leur mouvement offen-
sif, au milieu de l'inquiétude croissante des Bolonais. On ne
savait quels étaient leurs desseins. Voulaient-ils attaquer la ville,
ou étaient-ils décidés à s'attarder, négociant avec le cardinal, et
attendant qu'Hawskwood eût pris un parti?
De toutes parts on hésitait, de tous côtés on négociait. Flo-
rence tentait toujours d'acheter les Bretons et Hawskwood. Le
cardinal travaillait à unir les deux bandes de mercenaires, et à
détourner Bologne de la ligue.
Florence et Bernabo avaient, lors du passage des Bretons en
Lombardie, tenté de les acheter. Un premier échec ne découra-
1. « Item sensi quod licet cursores Britonum venerunt usque Sanctum Johan-
« nem... Nihil aliud s(;ribendum occurit, nisi quod Britones, ut per claros cur-
« sores coleriter equitantes relatum est, eranl die martis in nonis apud San-
« ctuin Johannem. » Dépt^che de Giovanni de Senis, 10 juillet (Ibid., n" 66).
2. Chronica di Bologna de l'anno 423 sino al 1454, bibl. de l'Université de
Bologne, ras. 583. — Ibid., ms. 1439, fol. 176. — Chronica di Bologna, col. 504.
3. Matteo de Griffonibus, col. 187. — Chronica di Bologna, ras. 1439. —
Chronica di Bologna, coll. 504-505.
4. Diario d'anonymo fiorentino, p. 309,
5. Jacobo Senza Barba avait été envoyé dès le 1" juillet (Firenze, Archivio
di Stato, Signori, carteggio missive XV, fol. 73 V) : « Ileri fuit dictura, quod
« Jacobus de Patriciis, vocatus Senza Barba, civis noster et araicus meus, fue-
« rat a Britonibus captus. Clarificatus fuit heri sero non sic esse, sed xii equos
« perdidisse prope castrum Sancti Pétri prope Bononiara, in quodam insultu
f Britonum. » Dépêche de Giovanni de Senis, 12 juillet (Siena, Archivio di
Slato, lettere del Consistorio XII, n" 68).
6. Diario d'anonijmo fiorentino, p. 310.
ET LES l!^lETO^S E\ IULIK. 607
gea pas la république, qui put même, à certain moment, espérer
réussir.
Les Bretons étaient décimés par la fièvre ; en outre, ils étaient
mécontents. C'était à ce moment que se discutait la date du
terme initial de leur engagement'. Florence, durant ces tiraille-
ments, qu'elle n'ignorait pas, pensait agir et profiter aussi de la
mésintelligence naissante entre les différents chefs bretons. Elle
tenta de les détacher de l'Eglise, mais une fois encore elle échoua.
Le cardinal avait trop grand besoin de ses auxiliaires pour ne pas
les ménager, et, dès le 28 juillet, un nouveau traité engageait
les Bretons à la solde de Grégoire XI. Il importait de les bien
avoir en main, alors que l'on n'était rien moins que certain de la
fidélité d'Hawskwood.
Le condottiere avait, lui aussi, résisté aux avances floren-
tines, bien que la république lui eût fait rémission de tous les
griefs qu'elle pouvait avoir contre lui. Il tenait à rester neutre ;
Florence cependant ne cessa pas de l'entreprendre ainsi que le
marquis d'Esté, afin que ce dernier ne fournît pas à l'Eglise les
30,000 florins nécessaires pour la solde d'Hawskwood ^
Retiré à Faenza, en attendant de la vendre au marquis d'Esté,
le condottiere voyait avec humeur l'arrivée des Bretons dans le
territoire de Bologne. La terreur qu'inspiraient les nouveaux
venus, la présence du cardinal à leur tête, le renom de Malestroit
et de Budes, lui faisaient redouter de n'avoir plus le premier
rang. Le cardinal craignit une rupture, d'autant plus que le
bruit se répandit alors que l'on avait saisi, sur un messager
venant d'Avignon, une dépêche où le pape recommandait au
cardinal et aux Bretons de se saisir, s'ils le pouvaient, do la per-
sonne d'Hawskwood ^ Ce dernier ne voulait, d'ailleurs, aucune-
ment s'unir aux Bretons.
1. Voir p. 593 : « Campus tamon romansil uhi primo erat; itrm qiiorl nmlti
« moriuntur et quam plurimi colidio iii!iriiiitas{5/c) ; ilfiii qiioil canlinalis. i|iii
« cum eis est, ita estadcampum situm et ijisi, et (|uo(l (|uiil<|ui(l volunt, v<-l fis
« cxpedit, oportet emere, af^entc marcbioiiis et cum caristia maxima in tantum,
« quod i)anis minus quam communis venditur |)rezi(» aipiiliiii, fl non \idc(ur
« marchio alif[uo modo velle cardinalem inlus Mutinam. Insuper ronijuerunt
« Britones de Ecclesia, quare dicunt invenire aliam disfwsitionein in paclo,
« quam fuit eis dictum. » Dépcklie de Giovanni de Senis, du KJ juillet (Siena,
Archivio di Stato, lettere del Consistorio XII, n" 66).
2. Firenze, Archivio di Stato, Signori, carleggio missive XV, fol. 78.
3. Temple-Leader et Marcolti, ouvr. cit., p. 02-93. . Item dicilur quod
608 SYLVESTRE BUDES
Florence se reprit à espérer, et lui fit offrir une solde annuelle
de 1,200 florins, payable à Venise, et qui lui serait servie, alors
même qu'il ne serait pas en Italie'. Hawskwood ne se décida pas ;
bien mieux, il négocia à nouveau avec l'Eglise. Vers la mi-juil-
let, une conférence eut lieu dans le Ferrarais, entre le cardinal,
Hawskwood et les Bretons^ Les bruits les plus divers circu-
laient. L'Anglais refusait de marcher avec les Bretons. Mais
pouvait-on faire fond sur sa parole? On ne pensait pas qu'il
s'attaquât en ce moment à Florence ; mais pouvait-on augurer
de l'avenir? En tout cas, il était satisfait de sa solde présente.
La conférence n'aboutit pas.
Florence s'obstina et envoya Dofïo dei Bardi négocier encore
avec Hawskwood. En arrivant à Faenza, l'ambassadeur florentin
apprit que le condottiere était à Medicina, à une nouvelle entre-
vue avec Robert de Genève et les Bretons. On parlementa durant
plusieurs jours; puis Hawskwood reprit le chemin de Faenza,
laissant les deux partis dans la même ignorance de ses desseins^.
Les Bretons, cependant, ravageaient toujours le Bolonais,
enserrant la ville dans un cercle de plus en plus étroit. Les
escarmouches se renouvelaient presque journellement.
Une première rencontre eut lieu sur les bords du Reno, entre
Casalecchio et Croce di Servia. Au dire du Diario d'Anony7no,
« inventus est famulus cpiidam, cum quodam brève, qui veniebat de Avinione,
« et quod brève continebat quod, si cardinalis et capitaneus Britonum possent,
« student cuin cautela liabere et detinere personam domini Johannis Aguti. »
(Siena, Archivio di Stato, lettere del Consistorio XII, ii" 66.)
1. Temple-Leader et Marcotti, ouvr. cit-, p. 92-93.
2. « Revereadissiini domini luei, heri sero xiii° julii fuerunt hic nova, quod
(( Hrittones cam|iuia combuxerunt et erant in motu, ut cum d. Johanne Aguto
« et suis i)rincipalibus conzociis parlamentare , et tune dicitur quod princi-
« pales Britonum una cum eorum cardinale et d. Johannes et sui principales
« erant "super Fcrrariensi terrilorio ad hoc colloquium, ut délibèrent de moti-
« bus et progressibus eorum. Est bene verum quod d. Johannes nullo modo
a \Tilt esse cum eis, licet in suis verbis modicam possit habere fiduciara. Etiam
« non creditur hic quod d. Johannes per totum istum mensera noceat Florcn-
« linis, sed pro futuro non est facta concordia. Ymo contentus est de pecunia
« quam tenebatur habere ab ecclesia... Per servitorem veslrum Johannem de
« Scnis, Florcntic vinia julii. » (Siena, Archivio di Stato, lettere del Consisto-
rio XII, n° 69.)
3. Temple-Leader et Marcotti, ouvrage cité, ibid. — Diario d'anonymo
fiorcnUiio, p. 311. — Siena, Archivio di Stato, lettere del Consistorio XII,
a" 83.
ET LES BRETONS E> ITALIE. CO!»
les Bolonais, sous la conduite de Piero del Bianco ol de Luzzo
Soparviere, auraient pris ou tué plus de deux cents cavaliers l)re-
tons. Ils ne se montrèrent pas, au reste, plus humains à leur
égard que ne l'étaient les lîretons vis-h-vis de leurs adversaires;
ils s'empressèrent de martyriser les prisonniers, de leur arracher
les yeux et de leur trancher le poignet'. Le 22 juillet, nouvelle
rencontre à Monte San Giorgio, dans la vallée de la Samogia.
Piero del Bianco avait 600 cavaliers et de nombreux fantassins,
arbalestriers et volontaires. Un ciief breton ayant été désarçonné,
ses soldats dépêchèrent un trompette demander du secours au
camp. A la vue des Bretons qui s'avançaient, les cavaliers bolo-
nais crièrent aux fantassins de se replier sur la ville. Le mouve-
ment ne put être exécuté. Seuls, les cavaliers s'échappèrent;
les fantassins succombèrent tous, laissant les Bretons s'emparer
de Monte San Giorgio et le saccager à loisir^
Le camp fut alors levé et l'on marcha vers Confortino et San
Giorgio^. Le 28, au matin, les troupes cantonnées à Crespelano
et à Oliveto abandonnèrent les places qu'elles occupaient. Dans
neuf, on laissa des détachements ; les deux autres furent incen-
diées. L'armée s'avança contre Bologne jusqu'à un mille de la
ville. Mais on s'aperçut à temps de l'attaque : on sonna les
cloches de toutes les églises, les Bolonais accourent armés sur les
remparts^ Les Bretons rétrogradèrent jusqu'à Santa Maria délia
Strada, à cinq milles de la ville, et à Castel San Pietro. Ils ne
s'y arrêtèrent que quelques jours, et au début d'août s'établirent
à Varignana^ à Castel de Britti et à Budrio. Les Bolonais, pen-
dant ce temps, reconquéraient Oliveto*^. Le G août, Pianoro fut
1. Diario d'unonijmo fiorentino, y. 311.
2. Diario d'anonymo fiorentino, p. 31 1. — Chronica di Bologna, col. 505-506.
3. Diario d'anonymo fiorentino, \>. 311.
4. Ibid., p. 312.
5. Siena, Archivio di Slato, letton^ dol Consi.storio XII, n' S3.
6. Diario d'anonymo fiorentino, (». 313. — « Masnilliti sif-nori inifi. Por
« Andréa nostro corriere, vi singnifico la novcllc clie icri fiirono in (|ui'sta Irrra :
« el cbarapo de Brettoni si mosse icri rnattina da Ilulivelo e da Cres|)ollano,
« e anno lassato XI délie terre che tenevano le nove bcne fornile. due anno
« arse; sono cosi ogii qui presse a una balesirata, colle bandiere leva(e,di
« questa terra pcr coniandamento del capitano délia liga, neuna jtersona ne de
« pie ne da cavallo cie e-scito. nienle arseno; per in fino a oggi lornarnnsi a
« rieto, e anno posto campo a Santa Maria a Strada, qui pre.sso a cinque, ea
« sel milghia; non so corne sono per stare ivi. credoini poco. pero che, singnori
6^0 SYLVESTRE BDDES
occupé par les envahisseurs, qui s'avancèrent dans la montagne
jusqu'à Vedriano '. Ils demeurèrent alors dans leurs positions
jusqu'à la mi-août, dans une sorte d'armistice. Le cardinal négo-
ciait la soumission de Bologne.
Un Bolonais, Giovanni di Lignano, avait, dès le mois de juil-
let, été chargé d'entreprendre des négociations à Avignon; il
rencontra de grandes difficultés de la part de Grégoire XI, qui
refusa absolument de le considérer autrement que comme per-
sonne privée ^ Sa mission avait pour objet d'obtenir du pape
réloignement du cardinal et de ses troupes ; Bologne serait alors
librement rentrée sous la domination ecclésiastique.
C'est dans l'attente du retour de Giovanni di Lignano et de
son compagnon Andréa di Giovanni que le cardinal s'étabht à
Varignaua. On ne se battait plus, mais les adversaires se défiaient,
et renouvelaient, autour de Bologne, les combats singuhers si
fréquents alors. Le plus célèbre est celui qui fut livré le il août
à San Giorgio, en présence du cardinal et des chefs de l'armée.
Deux Italiens, Betto Biffi et Guido da Siena, luttèrent contre deux
Bretons et les vainquirent^ Ils rentrèrent à Bologne à grand
« miei, secundo alchuno chavaliere et certi altri che sono con salvo condotto
« ivi del camiio venuti, la composicionc tralloro el inghilesi elfata in questo
« modo : che ora al présente, il cardinale deba dare loro cinquanta niila lloreni
« d'oro, e anao la ferma colla chiesa pcr quatro inesi, e debono servire due
« mesi, e poi in capo di due mesi, debono avère quaranta mila floreni d'oro e
« cosi serviti gli altri due mesi debono avère altri (piaranta milia fioreni et
« debono passare subito in Toscana. El modo del loro passare e questo : arcio
« que questione fra Brettoni elloro non possa avenire, che ssono sempre par
« antico stati nemici, chel l'una brigata deba passare di giornata in giornata
« innanci a l'altra e cosi si debono sempre campare... anno fatto grandissima
« lidança e permessioni; et quando si debono passare in Toschana non so,
« ma tosto, si crede, siche per Dio, singnori miei, reparate, affortificale
« Chôme vi singniticaVi, l'altro di, messer Benedetto Gambacorti
« è stato nel campo de Brettoni e secundo chio so, ilh si arreata lettere del
« Papa al cardinale di comandamando chelii non deba entrare in sulterrano di
« Pisa Phylipjio di Bclforti, da Wollerra, Bolongna a di xxviiii di
« luglio. » — (Siena, Arciiivio di Stato, lettere del Consislorio XII, n° 77.)
1. Chronica di Bologna, col. 506-507.
2. Osio, Bocumenli estraili degli archivi milanesi, t. I, p. 183.
3. Voir les récits de ce duel dans le Diario d'anunymo fiorentino, p. 313,
et dans Sozzomeno; une dépêche d'un envoyé de Sienne, datée de Pistoie, le
15 aoùf, raconte l'événement, en donnant le nom exact des deux combattants
italiens : « A di xi del présente mese, combatte Betto liilli et Guido da Siena
« con due de Brettoni a petto a petto, présente il chardinale e altri caporoli.
ET LtS BRErO.\S tX ITALIE. (H ^
honneur, et non sans avoir reçu des présents otferts par le car-
dinal.
Le 14 août, Giovanni di Lignano apporta la réponse du pape.
Grégoire ordonnait au cardinal de se retirer*. Le légat obéit,
mais ne laissa pas que d'entretenir des intelligences dans la place.
Le 15 aoirt, le camp fut levé et porté vers Faenza. Les IJretons
n'en continuèrent pas moins à pousser des pointes jusque sous les
murs de Bologne. Dans la nuit du 10 au 17 août, ils s'avan-
cèrent jusqu'aux portes de la ville, dans le quartier San Donato,
et y mirent le feu. Mais les Bolonais les forcèrent à se replier '.
Ils reportèrent tous leurs efforts au Sud, descendirent jusqu'à
Césène et s'attaquèrent, entre Modigliana et Faenza, à quelques
forteresses appartenant à Astore dei Manfredi^. Mais ils furent
repoussés et auraient essuyé une véritable défaite si Hawskwood
n'était sorti de Faenza et ne les avait secourus^.
On ne savait que penser de leurs projets. Se dirigeraient-ils
sur Florence en traversant l'Apennin par Maradi et Fantino;
suivraient-ils la ligne de montagne pour tourner Pérouse par
Meldola et Chiusi, descendraient-ils au sud secourir Ascoli^? Ils
demeurèrent dans leur camp, à Bertinoro, faisant des incursions
de tous les cotés, attaquant encore Bologne, enlevant d'assaut le
Borgo di Strada Maggiore, San Donato, San Vitale et brûlant
« di che miscro el dotti Britfoni, di cho fu don,ito a chiascuno un chorsiorr ri
« una cintiira. o ritornaro a FJolongna con grande honore. » — (Si<*iia, Anlii-
vio di Stato, lettere del Consistorio XII, n" 88.)
1. Chronica di Bologna, col. 506.
2. Ibid.
3. Diario d'anonymo fiorenlino, p. 314.
4. Temple-Leader et Marcotti, ouvrage cité, p. 93.
5. « E Brettoni sono nella valle de Lainone, di (jua di Faenza v, vi migla e
« per aventura si stanno, possono... lare tro canuni ; il primo per la valle, segundo
« è venendo in Amaradi e scendere nd mugeilo. E (|uesto non si crede, perr|ue è
« stretto passe, da non polerc passare si non aduno aduno. Il secundo cainino
« sarebbe sequire per una via assai aperta, che si chiaina la via délia Collina,
« e questa è |)iu lunga, e vengo a Crespino et Rezuolo et scendono lilten- nel
« mugello. E questa non puo le loro essere im|iedita, se non da genla grossa.
« Ma non si credo que faccino queste, e maximamcnle per che (|uesto com-
« mune, se cio fosse, arebbe fatto scendere la gente sua da Bologna m-i
« mugello, e pure arebbe dicio qualche senlore. La terza •■ lasciare (|ucsle due
« a mano mancha e tirare a mano dritta, ^ la via dritta d'andare d'Ascoli e
« questa per ciascheduno si crede... Giovanni da Siena in Firenze, xxui d'agoslo. »
— (Siena, Archivio di Stato, lettere del Consislorio XII, n° 'Jl.)
6-12 SYLVESTRE BUDES
quatre cents maisons, sans cependant s'emparer de la ville^ On
s'expliquait mal les raisons qui les faisaient demeurer en
Romagne, alors qu'Hawskwood, regagné à l'Eglise, pouvait uti-
lement surveiller Bologne, alors surtout que leur présence eût
été si nécessaire à Ascoli. On comprit ce retard, lorsque le 11 sep-
tembre fut découvert le complot qui devait livrer Bologne à
l'Église.
La révolution de mars 1376 avait renversé du pouvoir les
Maltraversi. Ils intriguaient pour le ressaisir et faire rentrer la
ville dans l'obédience ecclésiastique. Tous les mécontents se ran-
geaient autour d'eux. Dès le mois de juillet, ils négociaient à
Avignon. Quelques tentatives avaient même été faites par le car-
dinal, dès son arrivée, pour obtenir la soumission de la ville.
Elles échouèrent. Il les renouvela après le retour de Giovanni di
Lignano et ourdit un complot de concert avec le marquis d'Esté.
Ce dernier devait, avec ses troupes, pénétrer dans la viUe par la
porte San Felice, qui lui serait ouverte aux cris de « Viva il
popolo et muiojano i provigionati ! » D'autre part, le neveu de
Giovanni de Andréa, Girolamo, devait introduire les Bretons par
Strada Maggiore. Le 11 septembre, le complot fut découvert.
Tous les coupables que l'on put arrêter furent exécutés. Les
autres furent exilés 2. Robert de Genève ne pouvait plus espérer
reconquérir Bologne ; il descendit plus au sud, vers les Marches.
A la vérité, le cardinal ne s'éloigna guère de Bologne. De toute
la Marche, Ascoli tenait seule pour l'Église et Gomez Albornoz,
qui y commandait, était depuis longtemps assiégé. Faenza était
au pouvoir d'Hawskwood. Césène, aux mains de Galéas Mala-
testa, offrait bien un appui, mais habitants et seigneur se
méfiaient des troupes du cardinal. Les Bretons, d'autre part,
récriminaient sans cesse sur leur solde. Aussi, l'armée s'arrêta-
t-elle entre Forli et Faenza, campant à Villafranca et à Ber-
tinoro. .
Robert de Genève pensait avoir raison du mauvais vouloir
1. Diario d'anonymo fiorentino, p. 311. — Matteo de Griffonibus, col. 188.
— Chronica di Bologna, col. 508.
2. Sur co complot et les personnes qui y furent compromises, consulter
Chronica di Bologna, col. 506-507; Sozzonieno, col. 1099; Diario d'anonymo
fiorenlino, p. 314; les lettres de Florence aux Bolonais (Firenze, Archivio di
Slato, Si^nori, carteggio missive XV, fol. 81 v% XVII, fol. 65); et Siena, Archi-
vio di Stato, lettere del Consislorio XIII, n" 8.
ET LES BRETONS E\ ITALIE. 613
de Césène et s'en rendre maître. Il escomptait l'oObl moral du
retour de Grégoire XI et la soumission probable des cités rebelles.
En attendant, les incursions continuaient. Au début d'octobre,
1,000 cavaliers bretons, quittant les environs de Césène, s'avan-
cèrent vers Rimini. Le 10, ils tentèrent un mouvement contre
Urbino. Incapables de passer la Foglia, ils se replièrent, non
sans emmener quantité de prisonniers et un butin considérable.
En novembre, semblable tentative fut renouvelée, et 1,500 Ijre-
tons arrivèrent à Fano'. Le cardinal voulait occuper Césène. Il
crut y arriver en faisant biverner ses troupes dans la région'-'.
Son attente fut trompée. Les Bretons ravageaient le pays et
à toutes les récriminations, à toutes les plaintes des habitants, le
cardinal ne répondait rien. Finalement, une insurrection éclata,
lorsque les Bretons se furent, à la fin d'octobre, emjiarés de la
première enceinte^. Une rixe eut lieu au début de novembre;
300 Bretons y furent massacrés. Inquiet, le cardinal, ne pouvant
garder ses soldats, les envoya dans la Marche ^
Leur présence n'y était pas inutile. Florence avait envoyé des
troupes contre Albornoz. Bientôt, Rodolfe de Camerino pro-
testa. Était-ce par suite de ravages commis sur ses terres,
était-ce le résultat du retour de Grégoire XI, était-ce crainte de
l'ambition florentine, toujours est-il que des lettres assez vives
furent échangées entre le généralissime et Florence. Aux plaintes
de Rodolfe, la république répondit que lui-même avait donné
l'exemple, en ne ménageant pas les terres delà liguer La mésin-
telligence éclatait. Au dire de Giovanni di Camerino, les troupes
florentines auraient, au début de janvier, brûlé quinze cités du
comté de Camerino, emmené les bestiaux et fait de nombreux
prisonniers, qui furent rançonnés sans pitiés Les Bretons ne
tenaient pas meilleure conduite et dévastaient également ce
malheureux pays.
1. Chronica riminense, col. 916.
2. Guillaume de la Ponne, vers 418 et sq.
3. « Hoc manc sunt hic nova clara, (iuomo<lo Britoncs ceperunt violenter
« priinum circulurn civitalis Cexcne, et cardinalis pro timoré aufuf;it in t^ssa-
« rum Ccxenc. Vos cogitetis finale novum est islud. » — (Siena, ArcLivio di
Stato, lettere del Consistorio XIII, n° 53.)
4. Ibid., n" 60.
5. Firenze, Archivio di Stato, Sifinori, carteggio missive XVII, fol. 70 V.
6. « Hoc etiam cupio non latere, <[uod gcntes Lige quindecim villas igné cre-
6U SYLVESTRE BDDES ET LES BRETONS EN FTALIE.
Dès la fia de novembre, Budes, avec 200 lances, chevauchait
dans le territoire de San Severino, s'emparant des habitants, et
emportant tout le butin qu'il pouvait ravir'. On craignait de le
voir apparaître à Fabriano et à Todi. En même temps, Bernard
de la Sale, avec 600 lances, descendait vers Ancône. En somme,
à la fin de novembre, 500 cavaliers et 800 fantassins bretons se
trouvaient entre Matelica et San Severino 2.
Ils ne purent cependant pas sauver Ascoli. Au dire du DiaHo
cr anonymo , ils auraient même subi un échec à Camerino^ Fina-
lement, Ascoli ayant succombé, et la Marche ayant nourri pen-
dant quelques mois les Bretons, le cardinal, alors en mesure de
payer leur solde, les rappela à lui, et, à la fin de janvier 1377,
l'armée pontificale se trouva, sauf quelques détachements demeu-
rés dans la Marche, réunie aux environs de Césène.
La guerre languissait. Tout l'intérêt était concentré sur Rome,
où Grégoire XI venait de rétablir le Saint-Siège. Bientôt, hélas !
l'attention de l'Italie allait être rappelée sur le cardinal et sur les
Bretons par un acte de sauvage barbarie, tache inefîaçable, qui
souille à jamais la mémoire du futur Clément VIL
Léon MiROT.
(A suivre.)
« raarunt in cornilalu Camerinensi, ipsasque expoliarunt animalibus. » — (Siena,
Archivio di Stato, lettere del Consistorio XIV, n° 1.)
1. « Heri recepi litteras de Camerino, quibus fidem exhibeo, quod ducente
« lancée Brittone gentis, totidemcpe pigliardi, cum eorum procere domino Sil-
« vestro Buda, equitaverunt per territorium Esii, Montis Dolii, et Sancti Seve-
« rini, ubi dainpna intulerunt gravissima, nam ad terram Sancti Quirici multos
« duxere captivos et animalia, in numéro infinito fertur, et quod debent venire
« Fabrianum, et demum ire Tuderlum. Preterea, vc lancée dicte gentis, de qui-
« bus est caput dominus Bernardus de Sala, recesserunt de Cexena et vadunt
« versus Marchiam, per lit tore [sic) maris, ut fertur, cum proposito succurrendi
« civitadelle Escule obsesse. » (Siena, Archivio di Stato, lettere del Consis-
torio Xlli, n» 86.)
2. Ibid., n» 88.
3. Diario d'anonymo fiorendno, p. 315.
DE LA DATE INITIALE
DES
ANNALES DE FLODOARD
Il est vraiment curieux de constater combien il est difficile, en
historiographie, de faire abandonner une hypothèse, lorsque cette
hypothèse a eu la bonne fortune d'être acceptée par des êrudits
d'une incontestable autorité. On a beau montrer, par de nouvelles
observations et aussi par de petites découvertes, que le point de
départ et les raisons de cette hypothèse n'ont pas la solidité qu'on
leur avait d'abord prêtée, qu'on n'arrive pas pour cela à la chas-
ser du domaine de la littérature historique. Elle continue à agir
sur l'esprit de certains travailleurs et les amène, sans qu'ils s'en
rendent bien compte, à formuler d'autres hypothèses qui, sans
elle, n'auraient certainement pas vu le jour.
Le mémoire très intéressant et très habilement conduit que
notre confrère M. Ph. Lauer a publié dans l'avant-dernier fas-
cicule delà Bibliothèque de V École des chartes^ en fournit un
exemple frappant.
M. Lauer détruit, dans un nouvel et excellent exposé des rai-
sons données jusqu'ici contre elle, l'hypothèse admise par quelques
érudits, d'après laquelle les Annales de Flodoard auraient com-
mencé à 877 au lieu de 919 et présenteraient, dans leur état
actuel, une importante lacune s'étendant de 877 à 91!^ — Nous
reviendrons tout à l'heure sur ces raisons pour leur donner un
supplément de force. — Malheureusement, cette idée de lacune
est restée dans son esprit et l'a amené à tirer une singulière
conclusion.
Il n'a pu, en effet, s'en tenir aux résultats qu'il a si bien lait
1. Pages 241-252.
G'ie DE LA DiTE INITIALE
connaître. Après avoir montré que la mention relative à 877
n'était pas de Flodoard et que par suite l'hypothèse d'une lacune
de 877 à 919, qui avait été logiquement émise à cause de cette
mention, devait être abandonnée, il a cru pouvoir risquer une
autre hypothèse et supposer une autre lacune qui ne commence-
rait pas cette fois à 877 mais à 893.
Flodoard est un si bon chroniqueur qu'on souhaiterait volon-
tiers de pouvoir augmenter l'étendue sinon le nombre de ses
œuvres. Cela enrichirait certainement la littérature historique du
x° siècle qui est si pauvre. Mais il est à craindre que la réalisation
de ce souhait ne se produise pas de sitôt ; elle nous paraît, en tout
cas, aussi peu probable que possible dans le sens de la nouvelle
hypothèse.
M. Lauer a assez longuement et assez clairement dressé la
bibliographie du sujet pour que nous n'ayons pas à y revenir ici.
Il est d'ailleurs inutile, dans l'espèce, de préparer l'examen de la
question proprement dite par l'examen ou l'exposé des opinions
émises sur cette question par les divers érudits qui s'en sont
occupés.
On n'a, jusqu'à présent, signalé que sept manuscrits des An-
nales de Flodoard'. Les divers éditeurs de ces Annales n'en
ont connu que cinq, dont quatre se trouvent certainement parmi
ceux qui ont été conservés; le cinquième (l'un des trois employés
par Pithou) est peut-être perdu 2. On est donc très suffisamment
documenté pour contrôler les hypothèses dont le texte des Annales
a été l'objet.
Ces sept manuscrits ont été groupés en deux familles. Le clas-
sement que nous en avons fait, en 1895, n'a pas été contesté,
autant du moins que nous puissions savoir. La première de ces
familles n'est représentée que par un manuscrit ; la seconde est
formée par les six autres. Dans cet unique manuscrit de la pre-
mière famille, le texte des Annales commence à 919 et rien, dans
son état matériel, ne permet de supposer qu'il soit incomplet du
commencement. Dans tous les manuscrits de la seconde, l'an-
née 919 est précédée de la mention suivante relative à Charles
le Chauve :
1. Cf. C. Couderc, Essai de classement des manuscrits de Flodoard, dans les
Mélanges Julien Havet. Paris, 1895, in-8% p. 719-731.
2. Pithou ne le désigne pas d'une manière assez précise pour qu'on puisse
l'identifier.
DES ANNALES DE FLODOARD. 6^7
Aniio D CGC LXXVII et indiclione X, ii nouas octobris praecel-
leiitissimus imperalor Karolus sanctae recordalionis, insignisque
memorie, temporalem finiens cursum féliciter, ut credimus, ad j^au-
dia migravit jelerna. Hic siquidem fuit screnissiini augusli Hludovici
fîlius ac nepos gloriosissimi cœsaris ejusdem nominis Karoli ; cujus
celsitudinis atque dulcedinis noljilissima propinqua ejus Bertrada,
abbatissa, cum omni congregatione sibi commissa, supplicationibus
devotissimis assidue meinor, hanc niemoriam litteris compendio
comprehensam fecit describi, quee in ejus anniversario annuatini
recitaretur ejusque meraoria seraper baberetur.
Cette mention a été considérée par les plus anciens éditeurs de
Flodoard* comme appartenant au texte des Au7îale s, et ils en ont
logiquement conclu, les premiers en fait et le dernier d'une façon
explicite, que ce texte des Annales nous était arrivé mutilé et
que cette mutilation avait porté sur toute la partie comprise entre
877 et 9192.
En 1839, Pertz rejeta cette attribution et du même coup l'hy-
pothèse de la lacune^. L'année 919 fut, par conséquent, considé-
rée par lui comme la date initiale de l'œuvre.
1. Pilhou en 1574, Duchesne en 1636 et Dom Bouquet en 1752.
2. Cf. Lauer, p. 242-243.
3. Monumenta Germanix, SS., t. III, p. 368-408. — Celle édilion a été
reproduite par Migne dans sa Patrologie latine, vol. CXXXV. — Pertz n'a
pas été le premier à étnettre cette opinion. On la trouve exposée dans une
lettre d'un érudit de Troyes, Grosley, dont nous devons la communication à
l'obligeance de notre confrère et ami M. Vidier. Celte lettre fut adressée par
Grosley à Dom Bouquet, après la publication du tome VIII des Ilisloriens de
France : « Troyes, 21 novembre 1752. — Je viens de lire, mon très révérend
Père, votre nouveau volume, avec l'empressement et la satisfaction que je vqus
ai témoignés pour les précédens. Pour m'éclaircir sur la lacune que vous trou-
vez dans la Chronique de Frodoard, entre l'année 877 et l'année 919, j'ai con-
sulté le ms. sur lequel M. Pithou a donné son édition de celle cronique et
qui est ici à la bibliothèque de notre collège. Le ms. très complet commence
par la relation des Visions de Flotilde (Flolildœ) et la cronique sans litre suit
immédiatement en commençant par l'année 919. Ainsi je penserois que M. Pilhou
et le P. Labbe ont tiré l'année 877 d'un ms. qui avoit a|)itartenu au monastère
dont la Bertrade, dont il y ait parlé, étoit abbesse, qui, ayant un ms. de Fro-
doard dont on avoit laissé le titre en blanc pour le remplir ensuite en lettres
de couleur, a fait mettre dans celle place la datte de la mort de Charles le
Chauve, fondateur de son couvent ut ejus memoria semper habe.retur. Fro-
doard, né en 894, aura commencé sa cronique en 919, étant âgé de vingt-cinq
ans, et il l'a continuée jusqu'à sa mort, n'y ayant fait entrer que ce qui s'est
passé sous ses yeux depuis qu'il avoit été en âge de rélléchir. Le ms. de
6J8 DE LA DATE IIVITrALE
Les raisons qu'il en donne sont au nombre de trois *■ :
1° La mention de 877 relative à la mort de Charles le Chauve
est tirée d'un livre de l'abbaye de Faremoutiers.
2° Cette mention ne devait pas faire partie de l'œuvre primi-
tive puisque tous les manuscrits ne la contiennent pas.
3" Richer n'a utilisé les Annales de Flodoard qu'à partir
de 919.
Ces raisons n'ont pas toutes la même valeur; l'une d'elles, la
dernière, est même mauvaise. Comment savoir, en effet, que
Richer n'a pas utilisé une partie perdue de l'œuvre de Flodoard,
puisqu'on n'a aucun renseignement sur cette partie supposée
perdue? Tout ce que Pertz aurait dû se contenter de dire, c'est
que Richer ne semblait pas avoir utilisé, pour la partie de sa
Chronique antérieure à 919, une œuvre historique aussi cons-
ciencieuse et aussi bien informée que l'aurait été assurément celle
de Flodoard, si elle avait jamais existé.
Mais les deux autres raisons suffisent pour convaincre. Elles
sont d'ailleurs corroborées par celles qu'on trouvera plus loin et
par les observations que nous allons ajouter ou reproduire.
Disons d'abord que M. Lauer a très justement rapproché cette
mention relative à Charles le Simple de l'extrait du nécrologe de
Faremoutiers publié par D. Toussaint-Duplessis et montré qu'elle
avait dû être tirée d'un obituaire de cette abbaye.
En second lieu, le classement des manuscrits des Annales tel
que nous l'avons établi n'augmente-t-il pas la valeur de la
seconde des raisons de Pertz? Des deux familles qu'ils forment,
l'une contient la fameuse mention et l'autre ne la contient pas.
M. Pithou porte à la vérité au dos : Ex libris S. Benigni Divionensis, mais
ces mots sont d'une écriture très postérieure à celle du ms., en sorte que l'on
n'en peut pas conclure que ce ms. ait été écrit à Dijon... » (Bibl. nat., ms.
fr. 25538, fol. 33.) Un certain nombre de lettres écrites par P.-J. Grosley, pen-
dant son séjour en Italie (1745-174G), ont élé publiées récemment par M. Babeau
dans les Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts de l'Aube,
t. LX, p. 131-176.
1. Pertz, p. 367. Migne, CXXXV, col. 422 : « Codex regius Parisiensis n° 5354...
annalibus noliliam de obilu Caroli Calvi praemittit, ex libro quodam abbatix
S. Far.c Meldensis descriptam, quae tamen causa fuit, quod docti viri plures
abinde Flodoardum scribendi initium fecisse et anno operis ejus 878-918 desi-
derari slatuerunt. Quod quam veritati contrarium sit tuni ex ipsis codicibus
turn ex Richero patet, qui Flodoardum ab anno 919 exscripsit. » M. Lauer a
montré qu'il s'agissait de l'abbaye de Faremoutiers et non pas de celle de Saint-
Faron de Meaux.
DES ANNALES DE FLODOAUD. «41)
N'y a-t-il pas des chances, par suite, pour qu'elle ne se trouvât
pas dans l'original?
D'un autre côté, aucun manuscrit, qu'il aj)partienne à la pre-
mière famille ou à la seconde, ne permet, par son état matériel,
de supposer une lacune avant l'année 919.
On n'a cité, en outre, aucun passage d'un chroniqueur ancien
ou d'un écrivain quelconque du moyen âge qui autorisât une
pareille hypothèse. Bien mieux, M. Lauer en cite un, après Mabil-
lon d'ailleurs, qui <'st aussi affirmatif que possible dans le sens
contraire. La Chronique de Saint-Maurice d'Angers contient,
en effet, dans la partie qui a été rédigée avant 1040, le passage
suivant : « DCCCCXVll. Initium chronicae Frodoardi'. » Et ce
passage, personne ne l'avait encore fait remarquer, a été repro-
duit et par suite corroboré par la Chronique de L'Évière, dite de
Vendôme-, dont la première partie a été rédigée entre 1057
et 1060.
Que peut-on souhaiter de plus net et de plus catégorique? Ce
témoignage cependant n'embarrasse pas beaucoup M. Lauer; il a
même une façon par trop sommaire d'en faire justice. « Il se pour-
rait, » se contente-t-il de dire en note 3, « que DCCCCXVll fût
une erreur pour 877, » et c'est tout. Mais cette hypothèse d'une
erreur aussi forte n'est pas admissible, et pour des raisons péremp-
toires.
Est-il naturel, en effet, de supposer une erreur aussi grave
dans une série de notations chronologiques comme celles qui
forment la première partie de ces deux chroniques? Ces notations
sont très brèves et la date de l'année les précède toutes d'une façon
très apparente. Comment concevoir, par conséquent, que ces
chroniqueurs aient été assez distraits ou se soient assez lourde-
ment trompés pour mettre entre les années 912 et 918 ce qui
aurait été relatif à 877?
Voici, en second lieu, une observation décisive. Ces chroniqueurs
notent tous les deux, à l'année 877, la mort de Charles le Chauve ^
Comme on sait, par leur propre témoignage, qu'ils ont connu les
An7îales de Flodoard, on e^^l forcé de conclure, — toujours dans
1. Chronique des églises d'Anjou, éd. Marchegay et Mabille. Paris, 18G9, p. 8.
2. Lac. cit., p. 161.
3. P. Vi2, note 6.
4. Chronique des églises d Anjou, p. 7 et 160.
620 DE LA DATE INITIALE
l'hypothèse de la lacune, — qu'ils ont pris cette mention dans
ces Annales ou l'y ont tout au moins contrôlée. Et alors pour-
quoi après s'être servis de Flodoard en 877 n'auraient-ils pas dit
immédiatement : c'est à cette année que commencent ses Annales^
au lieu de rejeter cette indication à l'année 917? Il faudrait, par
conséquent, pour justifier l'hypothèse de M. Lauer, supposer une
double erreur ou, pour parler avec plus de précision, un oubli et
une erreur, ce qui est vraiment inadmissible.
La seule chose qu'il y eût à faire remarquer, c'est que cette
date de 917 n'était pas tout à fait exacte; il aurait fallu 919 et
non 917. Devait-on en conclure, comme Mabillon*, que deux
années manquaient dans les Annales, ou pouvait-on supposer
une erreur de copiste? A notre avis, cette dernière hypothèse
était évidemment celle qui se présentait le plus naturellement à
l'esprit. Un copiste avait parfaitement pu écrire « DCCCCXVII »
pour « DCCCCXVIIII ; » la différence de graphie est si petite.
Et cette hypothèse était corroborée, pour ne pas dire justifiée,
par la constatation d'une erreur manifeste dans le paragraphe
suivant. Ces Chroniques mentionnent, à l'année 918, l'abandon
de Charles le Simple par les grands qui ne s'est certainement
produit qu'en 920. Pourquoi le copiste ou même le chroniqueur
qui a mis 918 au lieu de 920 n'aurait-il pas mis, à une ligne de
distance, 917 au lieu de 919?
Il nous paraît résulter, avec évidence, de toutes ces observa-
tions et de toutes ces constatations que les érudits qui ont consi-
déré la date de 877 comme la date initiale des Amiales de Flo-
doard se sont complètement trompés et que l'hypothèse d'une
lacune en tête de l'œuvre doit être abandonnée sans la moindre
hésitation.
M. Lauer admet la première partie de cette conclusion, mais
non la seconde.
Examinons donc son raisonnement. En étudiant quelques-uns
des manuscrits qui contiennent les Annales de Flodoard, il a
remarqué, après Pertz, que certaines années étaient accompa-
gnées de nombres écrits, chose singulière, en lettres majuscules
grecques. Le premier de ces nombres (AF, c'est-à-dire 33) se
trouve à la suite de l'année 925 ; ils se continuent sans interrup-
tion, dans le manuscrit de Montpellier tout au moins, jusqu'à
1. Acla sa. 0. B., sxcul. V, 331.
DES ANNALES DE FLODOARD. 62^
l'année 965. Les manuscrits 5354 et 9708 de la Bibliothèque
nationale et le manuscrit 633- du Vatican présentent la même
particularité, avec un peu moins de régularité et d'exaclitude.
Plus d'une fois les scribes n'ont pas compris le sens de ces lettres
et les ont omises ou mal interprétées. Si on cherche le point de
départ de cette numérotation, qu'il y a tout lieu de croire chro-
nologique, on arrive à l'année 893, c'est-à-dire à l'avènement
de Charles le Simple.
Que faut-il, par suite, conclure? «< Quel pouvait être le but de
cette numérotation ? »
Pertz y a vu un de ces synchronismes si fréquents dans les
annales et les chroniques du moyen âge. C'est simplement, d'après
lui, le compte des années écoulées depuis l'avènement de Charles
le Simple'. Il n'en fait pas, d'ailleurs, autrement cas et ne s'y
arrête pas plus longuement.
M. Lauer a été, au contraire, vivement intéressé par ces
nombres. Il les a, comme nous l'avons dit, recherchés dans quelques
manuscrits, et il semble bien résulter des intéressantes constata-
tions qu'il a faites que ces lettres se trouvaient dans le manuscrit
original et devaient par suite provenir de Flodoard lui-même.
De plus, leur signification ne lui paraît pas douteuse. « Il est
difficile, dit-il, de leur en reconnaître d'autre que celle de mar-
quer la suite des paragraphes correspondant aux années 2. »
L'opinion de Pertz lui paraît si peu acceptable qu'il ne la
mentionne même pas^. Il signale bien, en note, cette circons-
tance singulière que le point de départ de cette numérotation
« correspond aux années de la vie de Flodoard, » mais il consi-
dère cette coïncidence comme fortuite et sans conséquence. « Il
serait bien étrange, dit-il, que Flodoard ait eu l'idée de mettre
son âge à coté de chaque année de l'Incarnation^ » Donc, ces
1. ( Annus quisque littera grœca, numerum quo ab anao 893, initio regni
Caroli Simplicis, distet, signilicaute, insignilur. » Migne, CXXXV, col. 422. —
M. Lauer se trompe donc lorsqu'il dit (p. 24'J, n. 5) que Pertz signale briève-
ment cette numérotation « sans essayer de l'expliquer. >
2. Lauer, p. 250.
3. Peut-être M. Lauer passe-t-il sous silence l'opinion de Pertz, simplement
parce que celte opinion lui a échappé. C'est ce qui semble résulter du passage
cité ci-dessus.
4. Lauer, p. 251, note. On est renseigné sur la date de la naissance de Flo-
doard, par son propre témoignage. Il se dit, en effet, en 963, dans la 70° année
de son âge. Cf. Annalei, éd. Migne, col. 487.
1897 40
622 DE LA DATE IXITIALE
nombres désignent, d'après M. Lauer, des paragraphes, et cha-
cun de ces paragraphes correspond k une année.
On peut faire à ce raisonnement de très graves objections.
D'abord, pourquoi cette numérotation couimence-t-elle, dans tous
les manuscrits, à 925, au plus tôt, et jamais à 919 ? Cette circons-
tance n'est-elle pas de nature à faire naître un doute ? Gomment
justifier une pareille omission ? Et on sait que deux manuscrits
au moins sont de la fin du x" siècle ou du commencement du xf
et ont été écrits, par suite, par des scribes presque contemporains
de Ffodoard.
Celui-ci a de plus soigneusement noté dans ses An^iales les
années pendant lesquelles s'étaient produits les événements qu'il
rapporte, et cette indication d'années forme, dans son œuvre, .
une division si naturelle qu'on ne s'expliquerait pas qu'il ait cru
devoir la renforcer sans la modifier. Pourquoi ce double emploi?
Enfin, pd'r suite de quelle préoccupation bizarre aurait-il indi-
qué, par des signes inintelligibles pour la plupart de ses contem-
porains, une division dont le seul but était de les éclairer et de
les guider ? Cette particularité nous paraît indiquer, au contraire,
que ces nombres se rapportent à son âge qu'il ne notait que pour
lui seul. On comprend, par suite, qu'il ait eu la coquetterie de le
noter en grec.
L'hypothèse de M. Lauer se heurte donc à des difficultés très
grandes, pour ne pas dire à des impossibilités. Nous doutons très
fort qu'il s'y fut arrêté lui-même, si son esprit n'avait été dominé,
comme nous le disions eu commençant, par une idée de lacune et
n'avait été mis ainsi dans une disposition très fâcheuse.
Il n'hésite pas à tirer de son hypothèse la conclusion logique
qu'elle comporte. Ces nombres indiquant une suite de para-
graphes et d'années, la date initiale des Annales doit être placée
non à 919, mais à 893. La lacune est moins grande que dans la
vieille hypothèse, mais il y a néanmoins une lacune qui s'étend
de 893 à 919.
Or, quel est le critique, dont le jugement ne serait pas influencé
par cette idée de lacune, qui pourrait accepter une hypothèse
édifiée sur une base aussi fragile ? On trouve, dans une partie
du texte des Annales de Flodoard, des nombres, dont rien, soit
dans l'œuvre elle-même soit ailleurs, ne précise la signification,
et ces nombres suffiraient pour permettre de dire, contre tous
les manuscrits et contre tous les témoignages, que ce texte nous
DES iNMLES DK FLODOARD. 623
est arrivé mutilé? Ce serait de la fantaisie et non de la critique.
On ne peut pas s'arrêter davantage aux observations par les-
quelles M. Lauer essaie de justifier son hypothèse. Prétendre, en
efifet, selon ses propres expressions', que « les plus anciens
manuscrits peuvent offrir une lacune de quelques années (893-
919), de même qu'ils présentent une addition relative à l'an-
née 877, » n'est pas donner un argument. A quoi bon, en outre,
faire remarquer ^ que Richer, qui a utilisé Flodoard, « est le seul
auteur qui fournisse la date exacte du couronnement de Charles
le Simple (28 janvier 893)? » C'est fort heureux, mais nous ne
voyons pas l'intérêt que présente ce fait pour la date initiale des
Annales. De ce que nous ignorons où Richer a puisé son ren-
seignement, il ne s'en suit pas que ce soit dans un Flodoard perdu.
Nous ne comprenons pas enfin pourquoi on s'est tant étonné
que Flodoard ait commencé ses Annales en l'année 919, qui n'a
été marquée par « aucun fait politique important^. » En quoi
cela était-il nécessaire? Flodoard a écrit des Annales et non pas
une Histoire de règne ou d'époque; il a noté, au jour le jour ou
à peu près, les événements qui arrivaient à sa connaissance; le
goût d'un pareil journal ne lui est venu que vers la vingt-cin-
quième année, et il a commencé par enregistrer une chute de
grêle à Reims; quoi de plus naturel? Quel besoin avait-il d'at-
tendre une circonstance solennelle quelconque ou de chercher un
point de départ?
Il faut donc conclure, comme Pertz l'a fait très justement, en
1839, et comme d'autres l'ont fait depuis ^ que les Annales de
Flodoard commencent à 919 et que, jusqu'à plus ample informé,
le texte que nous en possédons doit être considéré comme com-
plet. La numérotation grecque signalée par Pertz et par M. Lauer
semble être un simple synchronisme dont le point de départ est
ou l'avènement de Charles le Simple ou plus probablement la
date de la naissance de Flodoard , mais on ne saurait en tirer
aucune conclusion au sujet d'une lacune du texte.
1. Lauer, p. 251.
2. Lauer, p. 249.
3. Lauer, p. 245-246.
4. M. G. Monod, en particulier. Cf. Revue critique, 1873, 2° part., p. 263, et
Revue historique, t. XVI (1881), p. 397.
LES COLLECTIONS CANONIQUES
ATTRIBUEES A
YVES DE CHARTRES
(Suite*.)
g VI. La première collection de Chalons,
Le manuscrit 47 de la bibliothèque de Châlons-sur-Marne,
datant de la première moitié du xii*" siècle, provient du monastère
de Saint-Pierre de Châlons-. Conformément au titre qu'il porte,
Liber canonum, il contient une collection canonique écrite de
diverses mains. On verra, par les observations relatées ci-après,
que cette collection canonique procède principalement de la TtH-
partita; elle a fait en outre des emprunts, moins considérables
d'ailleurs, à la collection canonique en dix parties qui a été signa-
lée plus haut comme une seconde édition de la Panorynia. Ainsi,
ce recueil, que j'appellerai, pour le distinguer d'un recueil ana-
logue, première collection de Chàlons, se rattache étroitement par
ses sources au groupe chartrain.
Pour établir les rapports qui l'unissent à la Tripartita, j'en
rapprocherai d'abord le plan de celui de la troisième partie de
la Tripartita ou collection B ; je comparerai ensuite le contenu
de la collection de Châlons à celui de la Tripartita.
Le tableau suivant permettra d'apprécier les relations qui
1. Voir Bibliothèque de l'École des chartes, LVII, p. 645-698, LVIII, 26-77
et 293-326, 410-444.
2. Voir le catalogue des manuscrits de Châlons, par M. A. Molinier, dans le
tome III du Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de
France, p. 17. Ce manuscrit, ainsi que celui dont il sera question plus loin,
m'a été obligeamment communiqué à Grenoble.
LES COLLFXTIO.NS CA.XONIQPES ATTIlIBrÉES A TVES Dr. CHARTRES. (125
existent entre le plan de la première collection de Chàlous et celui
de la troisième partie de la Tnpartita.
P* Collection de Châlons.
I. De baptismo^
II. De sacramentis ecciesia-
sticis.
m. De rébus ecclesiasticis et
fuj-'ientibus ad ecclesiam.
IV. De observatione dierum.
V. De jejunio.
VI. De consueludinibus eccle-
siasticis.
VII. De consueludine.
VIII. De primalu Romanae Ec-
clesiœ.
IX. De episcopis.
X. De clericis.
XI. De accusatione.
XII. De appellalione.
XIII. Dejudiciis.
XIV. De testibus.
XV. De purgatione.
XVI. De juramentis.
XVII. De superstiLionibus de-
monum.
XVII I. De penitencia.
Tnpartita, IIP partie
(Coileclion B).
I. De fide et sacramento fidei,
de baplismo.
II. De sacramentis ecclesia-
sticis.
m. De rébus ecclesiasticis et
de earumdem reverentia et ob-
servatione.
IV. De observatione dierura.
V. De jejunio.
VI. De consuetudinibus eccle-
siasticis.
VII. De consuetudine.
VIII. De primatu Romanae Ec-
clesiœ.
IX. De episcopis.
X. De clericis et eorum causis.
XI. De monachis.
XII. De sançtimonialibus.
XIII. De monachis et sançti-
monialibus.
XIV. De virginibus.
XV. De conjugiis.
XVI. De incesta copulationc.
XVII. De septem gradibus con-
sanguinitatis.
XVIII. De nocturna illusione.
XIX. De incesto concubilu.
XX. De bomicidiis...
XXI. De incantatione demo-
numque superstitione.
XXII. De mendaciis et perju-
nis.
XXIII.
tiosis.
XXIV.
De injuriosis et flagi-
De usurariis.
1. Ce titre s'ouvre ainsi : t Incipit de fide et de sacramento fidei. i
(i26 LES COLLECTIONS CANONIQUES
XXV. De venatoribus.
XXVI. De Lruncaloribus mem-
broruni.
XXVII. De excommunicatis.
XXVIII. De pœnilenlia.
XXIX. De causis laicorum.
Il suffit de jeter les yeux sur ce tableau pour constater que le
choix des matières traitées dans les deux collections et l'ordre qui
y est suivi coïncident exactement jusqu'au titre X, inclusivement,
de l'une et de l'autre*. Ces dix premiers titres,. où la collection B
est suivie pas à pas, remplissent les fol. 1-54 du manuscrit 47 de
Châlons. Au fol. 55 on remarque un changement d'écriture. Alors
apparaît une écriture nouvelle qui se continuera jusqu'à la fin du
volume. Désormais, dans cette seconde partie de la collection de
Châlons, il ne sera plus traité que de la procédure et de la péna-
lité ecclésiastiques. — Il semble résulter de ces faits que la col-
lection de Châlons est faite de la juxtaposition de deux recueils,
l'un rédigé sur le patron de la collection B (troisième partie de la
Tripartita), mais inachevé, l'autre composé sur un plan indé-
pendant de celui de la Tripartita. En tout cas, telle qu'elle se
présente à nous, la collection de Châlons est fort incomplète ; on
n'y trouve aucune partie consacrée à des matières importantes,
telles que le mariage ou la vie religieuse.
Considérons maintenant les éléments qui sont entrés dans la
composition de notre collection. Ici encore nous pourrons cons-
tater des analogies évidentes avec la Tripartita.
Tout d'abord, comme on peut s'y attendre, des analogies très
significatives se rencontrent dans les dix premiers titres. On y
retrouve de nombreux textes qui figurent avec les mêmes som-
maires dans les diverses portions de la Tripartita, non seule-
ment dans la collection B, qui en constitue la troisième partie,
mais aussi dans les deux premières parties ou collection A.
1. L'analogie est parfaite de part et d'autre entre ces dix premiers titres. Au
contraire, si l'on compare la liste des dix premiers titres de Châlons avec la
liste correspondante du Décret d'Yves (qui, d'ailleurs, pour de bonnes raisons,
se rapproche de la collection B), on constate une lacune : rien ne rappelle la
rubrique de scripluris canonicis qui se trouve à la quatrième partie du Décret.
C'est déjà un indice que notre collection est apparentée directement avec la col-
lection B, troisième partie de la Tripartita, et non avec le Décret. L'étude du
contenu des litres en donne la preuve irrécusable.
ATTRIBUEES A YVES DE CDARTRES.
027
J'en donnerai pour première preuve les constatations qui
résultent de l'examen du titre I de la collection de Châlons, de
baptismo.
CollecLion de Cliàlons.
Titre i : De baptismo.
3 (se termine ainsi : dono San-
cti Spiritus consequantur). =
ii =
Tripartita.
Partie I, S. Léon^ 20 : De his
de quilms dubium est ulrum ba-
plismum receperint, quid necesse
sit ut renascanlur. Léo papa : si
nulla... pietalis.
Ibid., 33. Ut hii qui ab hereticis
baplizati sunt sola Spiritus Sancti
invocatione firmentur : c. vir.
Nam hii qui baptismum... conse-
qualur.
Ibid., 43. De baptismo. Leouni-
versis episcopis per Siciliam :
Proprie in morte crucifixi... acci-
pietis donum Sancti Spiritus.
Partiel, Gélase, iS. Nedyaconi
baptizent sine episcopo vel pres-
bytero. Dyacones quoque... ha-
beant exercendi.
Ibid., 33. Fabiano episcopo. De
baptizandis et de his que in die
dedicationis ofîeruntur. Nec enim
numerus... prescripta servabis»
Partiel, S.Grégoire, 20. Exepi-
stola ad Alexandrum (Leandrum).
De trina mersione. De trina mer-
sione baptismatis... exprimilur.
Ibid., H. Quod non prohibea-
tur baptizari enixa mulier eadem
hora qua gignitur (pour i/emcerif),
1. Ici, un contemporain a ajouté en raarf^e du manuscrit de Chûions : a Pela-
gius papa Gaudentio episcopo. De his qui se solumraodo in nomine Domini
baptizatos fuisse confitentur. Si rêvera hii... videatur eflectum. » {Tripartita,
part. I, Pelage, c. 3.)
5^ =
6 =
7 =
628 LES COLLECTIONS CANONIQUES
vel hoc quod genuorit eadera hora
quo nalus [sic] est, si periculo
mortis urgelur. Baptizare autem
vel enixam... qui redimatur.
8 = Partie I, Grégoire II, 3. Boni fa-
lio episcopo. De baptizatis à paga-
nis. Quos à paganis. . . mandamus.
9' = Part. II, de Concilio Arausico^
i2 (7e des canons de ce concile
transcrits dans la Tripartita] . De
his qui subito obmutescunt quod
et baptismum et pœnitentiam acci-
pere possint. Subito obmutescens
... nutu.
-10 = Part. III, titre ir. De baptismo,
2. Augustinus super Johannem,
parte prima, tractatu V. Quod
baptismus quamvis ab immundo
detur, non tamen ejus immundi-
cia poUuatur. Baptismus talis est
... (divers extraits)... rainistrante
poUuatur.
U = Ibid., 4. Augustinus, de eccle-
siasticis regulis. De his qui ab
hereticis baptizati sunt recipien-
dis. Si qui apud illos... admit-
tentur.
^2= Ibid., 5, Solutio Augustini ad
questiones Orosii de baptismo :
Quamvis unum... nondum ha-
bent.
1. En surcharge, d'une main contemporaine du manuscrit : « Urbanus II
Vitali presljitero Brivensi. Quod baptismus sit si mulier infantem in uomine
Trinitalis baplizaverit, et quod iilii vel filie compatrum, excepta persona quâ
compatres elficiuntur, possunt jungi. Super quibus consuluit nos... efifecti sunt
(TriparlUa, part. II, 1° série des Sentenlie orlhodoxorum patrum, c. 23). —
Ne mulier cum marito puerum in baptismale suscipial et de eo qui duabus
comm.ilribus nupserit et de eo qui ecclesiam emerit. Quod autem uxor
cum marito... prejudicio » {Ibid., c. 24). [Suite de la décision précédente
d'Urbain H.l
ATTRIBUEES A YVES DE CHARTRES. H29
En poursuivant ces investigations, on arrive aux résultats
suivants :
43= Ibid.*, 6. S. Augustin. Solet
eliam queri...
44 = Ibid., 8. S. Augustin. Si quem
forte...
45= Ibid-, 9. S. Augustin. Non il-
lud te moveat...
46= Ibid., 4 0. S. Augustin. Bapti-
smi vicem...
47 = Ibid., 7. S. Augustin. Ostendi-
tur illos...
48 = Ibid., ^3. G. deMeaux, 7. Om-
nis presbyter...
49= Ibid., \A. S. Augustin. Cathe-
cuminum quamvis...
20= Ibid., ^5. G. de Tarragone.
Dictum est nobis...
24 = Ibid., 'le. Pénitentiel de Théo-
dore. Qui bis ignoranter...
22= Ibid., n. Nicolas I". De his
qui filiastros...
23 = Ibid., 20. Nicolas I". Ità dili-
gere débet...
24= Ibid., 2^.
sidéras...
25= Ibid., 22.
turànobis...
26 = Ibid., 23. Zacharie. Retulerunt
nunlii...
27. Utilis solutio de baptismo
et parentum sacrilegio in filios.
Augustinus. Nam itaque horao
cum in seipso... oblatus.
Puis (c. 28) est répété le cha-
pitre de Pelage mis en marge du
chapitre 5^.
1. Je me borne à indiquer sommairement, d'après le manuscrit, l'auteur
auquel est attribué le texte et les premiers mots de ce texte.
2. Voir plus haut, p. 627, note.
Nicolas I". Nosse de-
Nicolas I". Sciscita-
S30
LES COLLECTIONS CANOIVIQCES
Telle est, tout entière, la composition du titre I, du baptême,
dans le manuscrit de Chàlons. On voit que, des 28 chapitres qui
le composent, 26 sont empruntés aux trois parties de la Tripar-
tita, dont l'ordre est rigoureusement suivi dans la disposition des
extraits. On peut constater ailleurs que le compilateur qui a ajouté
en surcharge quelques fragments nouveaux tirés de la Tripar-
tita s'est attaché à leur donner le rang qui leur convenait d'après
l'ordre de la Tri2)artita.
L'étude du titre II de la collection de Châlons conduit aux
mêmes résultats. Ce titre s'ouvre par ces mots : Incipit de sacra-
mentis ecclesiasticis, qui se retrouvent en tête du titre III de
la collection B. Puis :
Collection de Châlons, titre II.
•1. Anastase, pape. Ideo ergo...
2. S. Augustin. Gotidie Eucha-
ristie...
3. S. Cyprien. Pro dilectione...
4. Pie \". Si per negligentiam...
5. Alexandre I". Sufficit sacer-
doLi...
6. Jules I". lUud quod pro...
7. S. Augustin. Sicut autem
urgeri...
8. S. Augustin. Per Ysaiam...
S. Augustin. Utsit verus...^ .
S. Augustin. DictumestaDo-
mino...
S. Augustin. A malis...
42. S. Augustin. Recedite...
43. S. Augustin. Interrogo...
44. S. Augustin. Sacerdotes qui
Eucharistie. . .
Part.
Tripartita.
I, Anastase,
= Part. III, de Sacramentis^
9.
40.
44.
2.
5.
6.
7.
8.
40.
43.
44.
43.
47.
48.
24.
24.
Ici s'achève le titre de Sacramentis dans la collection de
Châlons. Comme le précédent, il est tout entier emprunté à la
Tripartita.
1. Ce chapitre est fait d'extraits du c. 14 du titre de Baptismo de la Tri-
pariila, qui reproduit les fragments du Décret d'Yves, II, 98 et 99.
ATTRIBDEES A ÏVES DE CHARTRES. (\3\
J'ajoute des observations semblables sur les débuts du titre 111,
de rébus ecclesiasticis et fugientibus ad ecclesiam :
i. S. Clément. Tanla in altario... = Part. I, S. Clément, ^3.
2. S. Clément. Si qui ex fralri-
bus... = — 6.
3. S. Clément. Si forte quispiam
presbiler... =
4. Anaclet. Unaqueque cnim... =
5. Alexandre. Aquam sale... =
6. Félix II. Non ita in ecclesia-
sticis ^.. =
7. S. Léon. Horum causa. . . =
8. S. Léon. Quamvis plenitudo... =
9. Gélase. Posl prophelicas... =
40. Gélase. lUud etiam annecti... =
44. Gélase. Quatuor auLem... =
il. Gélase. Placuithuic sancte^... =
-13. Gélase. Quia res in litigio... =
44. Gélase. Dileclio tua... =
4 5. Gélase. Decessorum statuta... =
46. Gélase. Nichil perire... =
On pourrait continuer l'étude de ce titre ou analyser les autres
titres, de IV à X, on arriverait aux mêmes conclusions. Visible-
ment, l'auteur de cette première partie de la collection de Châ-
lons s'est uniquement servi de la Tripartita ; prenant pour base
les séries de textes qu'il trouvait dans la troisième partie de la
Tripartita (collection B), il a rapporté en tête de ces séries lés
passages analogues qu'il rencontrait dans les deux premières
1. Ce texte figure dans les collections autres que la Tripartita sous le nom
du pape Eutychien. Il se retrouve, d'ailleurs, dans les décrétales apocryphes
d'Eutychien et dans celles de Félix II (cf. Hinschius, Décrétâtes pseudo-Isido-
rianx, p. 211 et 488). Sur ce fragment, voir C. 2, Q. 6, c. 18 et la note de
M. Friedberg.
2. Ce canon est le dix-huilièrae du concile général de 869, tenu à Constant]-
nople. Il figure dans les Varia de la Britannica {Neues Arckiv, V, p. 589,
n" 87), sans indication de source, au-dessous d'un fragment de Gélase. De là
vient la fausse attribution à Gélase, qui a passé dans la Tripartita, dans
notre collection, et dans Gratien (C. 16, Q. 3, c. 8).
—
47.
Anaclet,
7.
Alexandre,
5.
Félix II,
2.
S. Léon,
42.
—
42.
Gélase,
4.
—
44.
—
49.
—
23.
—
24.
—
29.
—
36.
—
37.
Tripartita.
= Part. I, Anaclet,
^.
= —
23.
= —
U.
—
i2.
632 LES COLLECTIONS CANOXIQUES
parties (collection A). Son œuvre n'est en réalité qu'un rema-
niement méthodique de la Tripartita^.
J'en viens aux titres XI à XVIII, qui forment comme une
seconde partie de la collection de Châlons.
Cette seconde partie, comme on Ta déjà fait observer, diffère de
la première, d'abord en ce qu'elle n'est pas écrite de la même
main, puis en ce que la plupart de ses titres (XI, XII, XIII, XIV
et XV) ne répondent à aucun titre de la troisième partie de la
Tn2^artita.
Toutefois, quant aux éléments qui les composent, les séries de
cette portion dépendent largement de la Tripartita.Yoici quelques
observations qui démontreront l'exactitude de cette proposition :
Première collection de Châlons.
Titre XI, de accusatione.
•J . Anaclet. Beatus predecessor.
2. Anaclet. Inoffensus igitur...
3. Anaclet. Accusatio autem...
4. Anaclet. Si delractores...
Le texte se continue ainsi par des extraits de la Tripartita
et se termine de la manière suivante :
53. (Bréviaire d'Alaric). Quicum-
que alium... = Part. III, de causis laie.., \1\.
54. (Bréviaire). Cum mulli... = — -179.
55. (Bréviaire). Quicumque inscri-
ptione... = — ^73.
1. L'extrait a été fait parfois avec étourderie. Ainsi, le chapitre 7 du titre II
{de sacramentis ecclesiasticis), dans la collection de Châlons, porte comme «i-
scriptio : « Auguslinus in libro 1111°, » sans autre indication de l'ouvrage. Cette
inscriptio se retrouvait identique dans la Tripartita, où le même fragment
constitue le c. 10 du titre III de la troisième partie [de sacramentis ecclesia-
sticis). Ce laconisme de Vinscriptio s'explique fort naturellement dans la Tripar'
tita, où ce fragment suit immédiatement un c. 9 qui porte : de unico ba-
plismo, secundo libro ; sans que le scribe ait répété au chapitre suivant le titre
de unico baptismo, on comprend sans peine que le fragment appartient au
livre IV du même ouvrage. Mais le compilateur de Châlons a omis le c. 9 de
la Tripartita. C'est pourquoi Vinscriptio du c. 10, qu'il a répétée textuellement,
apparaît comme une énigme. En réalité, par cette négligence, la trace de l'ori-
gine du texte est perdue. C'est un fait qui s'est produit bien souvent par suite
du passage des textes d'une collection à l'autre.
ATTRFBCEKS A YVES DE CnARTRKS. 633
56. (Novelles de Julien). Si quis
cum monachis... = — 8"j.
Titre XII, de appellatione.
J. Anaclel. Oranis oppressas... = Part. I, Anaclel, 8.
20. Vigile. Qui scit... =: Vigile, 2.
2\ . ( Bréviaire ) . Propter super-
fluam...'. — Part. III, de episcopis, 8.
22. (Bréviaire). Ab eo à quo... = — 9.
23. (Bréviaire). Quicumque non
confidenlia... = — ^0.
24. (Bréviaire). Omnino providen-
dum... = — U.
25. (Novelles ). Judices senten-
tiam... =: de causis laicorum, 90.
26. (Capitulaires). In civilibus... = — -153.
27. (Bréviaire). Si quando dum... = — -184.
Un autre exemple est fourni par une série de chapitres du
titre XIII de la première collection de Chàlons, de judiciis, qui
se retrouvent dans le dernier titre de la troisième partie de la
Tripartita, sous la rubrique de causis laicorum. Pour mieux
les faire connaître, j'indique aussi la place qu'ils occupent dans
le Décret d'Yves.
De judiciis.
Tripariita
de causis
laicorum.
Décret, XVI.
54
i^3
479.
55
183 et 242
258 et 349.
56
259
339.
57
259 (suite)
339 (suite)
58
26\
344.
60
iSi
203.
62
275
355.
63
244
348.
64
233
340.
66
93
4 50.
68
228
305.
69
230
307.
70
232
309.
74
467
243.
1. Oa trouve ici la série Urée du Bréviaire, qui ligure aussi dans le Décret
d'Yves, V, 281 et suiv.
(534 LES COLLECTrOXS CA\OXIQUES
J'ajoute encore un exemple que me procure l'étude des 18 pre-
miers chapitres du titre XVII, de superstitionibus demonum
(ce titre comprend en tout 21 chapitres).
De Super stilionibus demonum. Tripartila. Décret,
i
=
Part
I,
S. Grégoire,
85.
XI, 33.
2
=
II,
concile du pape
S, Martin
46.
3
=
—
40.
4
=
m, de incantatoribus^ 4
15.
5
=
—
5
16.
6
■=.
—
7
18.
7
=
—
8
19.
8
=
—
9
20.
9
=
—
13
66.
^0
■=.
—
14
67.
^^
=
—
15
68.
i2
z=
—
16
70.
iS
rrr
—
17
71.
\h
=
—
18
84.
15
=
—
19
98.
16
=
—
20
22.
M
3=
—
11
21.
48. De synodo
An-
chiritana c. XXIV.
De his
qui
more gentiliura vivunt. Qui au-
guriavelauspicia...
constitutas.
=
—
10.
On voit que, sur les 21 chapitres qui constituent ce titre,
18 sont empruntés à la Tripartita.
On trouverait dans la seconde partie de la première collection
de Cliâlons beaucoup d'autres chapitres tirés de la Tripartita;
le compilateur les y a pris habituellement avec leurs sommaires,
qu'il s'est borné à reproduire ^ En réalité, il use, dans la seconde
série de titres, de la même source à laquelle il avait puisé pour
composer la première série ; la seule différence est qu'il se sert en
même temps d'une autre collection, dont il combine les fragments
avec ceux qu'il tire de la Tripartita.
1. Il est à remarquer notamment que beaucoup de règles du droit romain
ont été empruntées par notre collection au dernier titre de la troisième partie
de la Tripartita (collection B), de causis laicorum.
ATTRIBUÉES A YVES DE CHARTRES. (»3r;
Il convient maintenant de déterminer cette seconde collection.
— Si l'on examine avec attention les textes étrangers à la Tri-
jjartita (ils sont assez nombreux dans cette seconde série, quoique
notablement inférieurs en nombre aux textes pi'ovenant de la
Tripavtita ) , on voit qu'en général ils figurent aussi dans la
Pmiormia d'Yves. J'emprunte quelques exemples au titre de
Jurameniis de la première collection de Chàlons.
2 =
6 =
^9 =
20 =
2^ =
22 =
23 =
28 =
29 =
32 =
33 =
36 =
37 =
J'ai pu constater qu'à part deux ou trois exceptions ceux des
42 chapitres de ce titre qui ne font point partie de la Tripartita
se retrouvent dans la Panormia.
Toutefois, il est dans le manuscrit de Châlons un certain
nombre de fragments étrangers à la Panormia aussi bien qu'à
la Tripartita. Or, on peut constater la présence d'un certain
nombre de ces fragments dans la collection en dix parties, que
j'ai présentée plus haut comme une Panor7nia revue et aug-
mentée. En voici des exemples :
Ghâions. Collection en dix parties.
XII, de appellationibus, 29 = V, xxv, de appellalionibus im-
portunis, c. 3. Ex legc JuHa, i\o-
tatur infamia, qui dura appellat
judicem, convicium dixcrit, sed et
bis [pour is) eliam cujus consilio
factura est...
Ihid., c. 30, avec Vinscriplio
mia, VIII,
^04.
—
123.
—
'lOT.
—
^^0.
—
Wo et \\^
—
J33.
—
-H».
—
W^.
—
^26.
—
404.
—
90.
~ V,
\\.
— VIII,
94.
(,36 LES COLLECTIONS CANONIQUES
caractéristique Ex corpore cano-
nutn... = V, VI, Ne electi judices provo'
centur, c. \ (suit immédiatement
le précédent). Ex corpore cano-
num. Appellationes que alTerende
more... securitatem fecit.
VI, II, de purgatione Sixti,
Titre XIII, de judiciis. Leonis pape, etc.
37^ = Stephanus papa Letberto epi-
scopo Moguntino. Ferri candentis
vel aque ferventis... filiorum ho-
minum.
43 = VI, XVII. Ne ex suspicione in-
certa judicentur. G. 2 : Ex dictis
Ysidori. Nemo stultus aut impro-
bus... hostibus (remaniement de
Burchard, XVI, 26, r^ partie).
44 = Ibid., 3. De verbosis et elatis
judicibus. Verbosi judices et elati
... quam agnoscant.
45 = VI, XXI : De bis qui possiden-
tes ante judicium spoliaverint et
de fructibus aliène rei restituen-
dis. G. 4 : Gonstantinus impera-
tor in lege Romana. Pro sanctis
ac venerabilibus habeatur quic-
quid episcoporum fuerit judicio
terminatura... décident.
46 =: V, XXI, 3. Sozomenus in eccle-
siastica historia. Si qui civiles
réfutant judices, ad episcopos per
appellationem refugiendum est.
Indicium maxime reverentie pii
principis Gonstantini... termines
synodales.
1. Ce texte n'est pas dans la Panormia. Il se trouve dans la Triparlita,
part. I, Etienne V, c. 4, sous une forme plus longue. Il est dans notre col-
lection sous une forme identique à celle d'après laquelle le cite la collection en
dix parties.
ATTRIIllEES A TVES DE CHARTRES. 637
47 = Addition à la partie V : Vene-
rabilis abbas Bernardus in libro
de XII gradibus humilitatis. Et
legibus humanis stalutum et in
causis tam ecclesiasticis quam
secularibus servatum scio spécia-
les amicos... judiciura fallit*.
Titre XIV, de testibus.
8 = V, XIV, 2^ . Gregorius Gonstan-
tio Mediolanensi episcopo. Questus
est nobis Philagrius... reddatur.
9 = Ibid., ^8. Paschalis II"« Guido-
ni Viennensi archiepiscopo, apo-
stoliee sedis legato. De controver-
sia Bisonlinorura. Gontroversiam
que inter Bisontines canonicos...
auditum testimonium.
-19 = Ibid., -19. Item ejusdem. De
eadem re. Super prudentia tua...
decidatur.
Je rencontre encore, dans le titre de pœnitentia de la pre-
mière collection de Chàlons, quelques fragments propres à la col-
lection en dix parties, à savoir :
i7 = X, XVI, ^. Augustinus. Presby-
teri ammonere debent.. . observet.
22 = X, XXIII, -i. (Augustinus) in
sermone de igné purgatorio. Quo-
tics aliquis in cibo... demergant
animam.
23 = X, XXIV, 2. Idem in libro de
deffinitionc recte fidei, cap. xxiir.
Penitentia aboleri... Novatianus
est.
24 = X, 111,2. Gregorius VU. Falsas
penitentias... ad penitenciam.
En somme, depuis le titre XI, la première collection de Ghâ-
1. Cf. s. Bernard, de gradibus humilitaiis, c. iv, in fine.
^897 4i
r,3S LES COLLECTtONS CANONIQUES
Ions présente des traces d'emprunts importants non seulement à
la Tripartita, mais à la collection en dix parties faite d'après
la Panonnia. Ce sont les deux principales sources, peut-être
les deux seules, dont se soit servi le compilateur de Châlons.
Il est donc parfaitement légitime de considérer la première col-
lection de Ghàlons comme appartenant à la descendance des col-
lections chartraines, puisque, jusqu'au titre X, elle est faite de la
Tripartita et qu'ensuite elle tire sa substance de la Tripartita
et de la seconde édition de la Panormia.
La première collection de Châlons ne peut être antérieure à
1130, date approximative de la collection eu dix parties. Il n'est
pas déraisonnable d'en placer la composition entre 1130 et 1140.
— Je serais assez disposé à croire qu'elle a pour patrie Châlons.
C'est à l'abbaye de Saint-Pierre de cette ville que, de temps
immémorial, s'en est conservé l'unique manuscrit; d'ailleurs,
nous savons qu'à cette époque, qui est celle d'Haimon de Bazoches,
on s'occupait à Châlons d'études canoniques. — L'existence de
notre collection fournit un témoignage nouveau des préoccupa-
tions de quelques clercs ou moines châlonnais vers le milieu du
xir siècle.
§ VII. La deuxième collection de Châlons.
Le manuscrit 75 de la bibliothèque de Châlons-sur-Marne S
qui date de la première moitié du xii* siècle et provient du monas-
tère de Saint-Pierre de Châlons, comme le manuscrit signalé au
paragraphe précédent, contient une collection canonique qui, elle
aussi, est jusqu'ici demeurée inconnue. 11 convient de la men-
tionner ici, parce qu'elle se rattache, par ses origines, au groupe
des collections chartraines.
Le manuscrit n'est pas homogène ; l'écriture y varie souvent,
quoiqu'elle appartienne toujours à la même époque. En outre, on
peut constater à plusieurs reprises des interpolations résultant de
ce que les blancs laissés dans le premier état du manuscrit ont été
remplis ou de ce que des feuilles nouvelles ont été ajoutées. Évi-
demment, l'œuvre primitive a été remaniée soit par son auteur,
soit par un auteur différent, quoique contemporain ; d'ailleurs, en
1. On trouve une brève notice sur ce manuscrit dans le catalogue des manus-
crits de Gliillons, par M. A. Molinier (tome lil du Catalogue général des manus-
crits des bibliothèques publiques de France, p. 33-34).
ATTRIBUÉES A TVES PE CHARTRES. fiS!»
l'état où elle uous est parvenue, la collection était destinée à être
encore retouchée sur divers points, connue le prouvent quelques
notes placées en marge des chapitres, auxquels elles assignent
une place nouvelle. Il est donc permis de penser que ce manuscrit,
sur lequel travaillait l'un des auteurs, doit être considéré comme
un original. La collection qu'il contient a-t-elle été reproduite
dans d'autres manuscrits? Je n'en connais aucun où elle se
retrouve ; mais il n'est pas impossihle qu'il en existe. En tout cas,
cette collection, si elle a circulé au moyen âge, n'a été propagée
que dans un milieu très restreint.
La deuxième collection de Châlons (c'est la meilleure désigna-
tion qu'on puisse lui donner) s'ouvre par la grande préface d'Yves
de Chartres. Suit une liste des papes, avec la durée de leurs pon-
tificats; cette liste est complète jusqu'à Calixte II, qui mourut en
1124. Les deux papes suivants, Honorius II (1124-1130) et
Innocent II (1130-1143), ont été ajoutés par la main qui avait
écrit la liste, sans que la durée de leur pontificat soit mentionnée.
La liste des papes a été ultérieurement conduite par une autre
main jusqu'à Urbain III. Le manuscrit doit être de peu posté-
rieur à l'année 1130; il a subi ensuite des remaniements qui ont
été opérés à une époque assez rapprochée de cette date.
Une préface spéciale, dont les premières lignes sont évidem-
ment inspirées par un passage de la grande préface d'Yves,
expose le plan de l'ouvrage*, qui est divisé en treize parties. Ce
chifi"re est aussi celui des livres qui composent le recueil d'An-
selme de Lucques ; mais on verra, parles observations faites ulté-
rieurement, qu'il n'y a pas d'autre point de contact entre le
1. Fol. 13 v : « Tredecim partibus hujus collectionis opusculuin distinguilur,
juxta hoc quod densilas qualernioniiin seu numéros exigere vidclur. Hanc sane
dislinclionem tain numerosa partiuin pluralilate quilibel ideo esse faclam sciât
ut facilius inquirenti occurreret quid sibi ncccssc sit et in qua parte quid
quœril iiiveniat. Undc singularuni capitibus distinclionum proprii tituli prepo-
nuntur, volentibus scire nunciantes de quibus rébus in singulis partibus agatur,
ut non oporleat aliquem causa alicujus sententie lotuin opus percurrere, sed
tantum dislinclionem suo negotio congruam notare et ejusdem sententias inda-
gando mente memori retinere (à rapprocher du début de la préface d'Yves,
Patrologia latina, CLXI, c. 47). Nec tamen omnes hic interposite sententie
temporibus istis apte videntur esse ad aliquid coiifirrnaiidum, ,sed quia diversi
diversa sentiunt, ostendendum fuit inquisitori sagaci quid sequendum quidve
putaret rciciendum. Diverse siquidern regiones rnulta constituerunt pro locis,
personls et temporibus, que tamen cum non exigit nécessitas possunt mulari,
si suadel ulililas. Nunc crgo quid lu partibus conlincatur breviler aperialur... b
640 LES COLLECTIONS CAIVO.\IQD£S
recueil d'Anselme et notre collection que cette analogie. — Si
l'on entreprend de ramener le plan de la deuxième collection de
Châlons à son expression la plus simple, en relevant seulement
les titres des parties ou des séries entre lesquelles certaines par-
ties sont partagées, voici le résultat qu'on obtient :
Pari. I : De primatu Romane Ecclesie.
Pari. II : De episcopis.
Part. III : De clericis.
Part. IV : De monachis.
— De sanctimonialibus.
— De canonicis regularibus.
Part. V : De baptismo.
— De sacramentis.
Part. VI : De rébus ecclesiasticis.
— De fugientibus ad ecclesiam.
— De observatione dierum.
— De jejunio.
— De consuetudinibus ecclesiasticis.
— De consuetudine.
Part. VII : De conjugils.
Part. VIII : De bomicidiis.
— De incesta copulatione.
Part. IX : De excommunicatione.
— De septem gradibus consanguinitatis.
— De nocturna illusione.
— De venatoribus.
— De usurariis.
Part. X : De accusallone.
— De eonciliis vel synodis^
— De appel latione.
Part. XI : De judiciis.
— De lestibus.
— De purgalione.
— Dejuramentis.
— De superstitionibus demonum.
Part. XII : De penitenlia.
Part. XIII : De causis laicorum.
1. Une note contemporaine du manuscrit indique que les deux chapitres qui,
à eux seuls, constituent ce titre doivent être reportés à la première partie.
ATTRIBUEES A YVES DE CHARTRES. 641
Ce plan, il est facile de s'en convaincre, est supérieur à celui
de la première collection de Chàlons. D'abord, il est complet;
toutes les matières du droit canonique y sont traitées, tandis que
plusieurs matières importantes ont été négligées par la première
collection. Puis il est disposé d'après un ordre régulier. En tête,
le compilateur a placé les textes relatifs aux personnes ecclésias-
tiques, en commençant, suivant l'usage italien, par le pontife
Romain (parties I à IV) ; il en vient ensuite aux sacrements, aux
choses ecclésiastiques, au culte (parties V et VI). Les parties sui-
vantes sont consacrées au mariage (VII), aux crimes et à la pro-
cédure (VIII-XI), à la pénitence (XII). Enfin, d'après l'exemple
du Décret d'Yves et de la TyHpariitu, la collection se termine
par un livre XIII, de causis laicorum. D'ailleurs, il suffit de
comparer ce plan à ceux de la troisième partie de la Tripartita
(collection B) et de la première collection de Cliàlons pour y
reconnaître l'influence de l'une et l'autre collection.
L'étude du contenu des divers titres ne fera que confirmer
cette impression que donne l'examen du plan. Le moment est
venu de montrer que la deuxième collection de Ghâlons n'est
autre chose qu'un recTued analogue à la première collection, mais
porté à un état beaucoup plus complet, à l'aide surtout des deux
sources qui avaient déjà fourni les éléments de la première collec-
tion, à savoir la Tripartita et la collection en dix parties faite
d'après la Panormia d'Yves de Chartres.
Il n'est possible de reproduire ici que quelques-unes des très
nombreuses constatations qui justifient cette proposition. J'em-
prunte ces constatations aux diverses parties de la collection.
A peine ai-je besoin de dire que l'influence de la première collec-
tion de Chàlons ne se fait sentir que sur les parties consacrées
aux matières traitées par cette collection, fort incomplète comme
on l'a montré, c'est-à-dire sur les livres I, II, III, V, VI, X
(séries 1 et 3), XI et XII.
Prenons d'abord pour exemple la première partie, consacrée à
la primatie du Saint-Siège.
Le titre correspondant, dans la première collection de Ghâlons,
comprend cinq chapitres. Ces chapitres, qui appartiennent d'ail-
leurs à la Tripartita (d'où ils ont passé dans la première collec-
tion), sont groupés sous les n°' 4, 6, 7, 8 et 9 de notre série.
Voici maintenant des chapitres que l'auteur de notre collection
est allé chercher directement dans la Tripartita :
C42
•1. Clément.
2. —
3. —
5. Liber Pontif.
-10, Nicolas I".
\ \ . Donation de
Constantin.
Nicolas l^\
Syramaque.
LES COLLECTIONS CANONIQUES
Triparfita.
= Part. I, S. Clément,
2i
Trado ipsi...
Hec eo...
Verumtamen de..
Cum Adrianus...
Patet profeeto...
Ex testamento...
Porro Gloria...
Si quis presbyter... = Part. I, Symmaque,
(fragment) ,
= Part. III, de primatu^
= — Grégoire IV,
= — Nicolas I",
= — Melchiade,
= Part. III, de primatu^
\.
2.
3.
2.
5.
7.
2.
W.
22. S. Boniface. Si papa... =Va.vi.\\\, deprimatu, 3.
23. S. Augustin. Puto quod... = — — 4.
27. S. Jérôme. Quecumque ligave-
ritis... = — — 5.
28. Syn. du pape
Symmaque. Aliorum forte... = Part.-l,
29. Etienne V. Enimvero... = —
30. Jean YIII. Nemo autem... = —
3^. Léon IV. Nos si... = —
32. Pelage II. Relatum... = —
33. S. Grégoire. NamnuUi... = —
En somme, des 33 fragments qui forment le titre de primatu,
en voilà 17 qui ont été empruntés textuellement, avec leurs som-
maires, à la collection Tripartita. Joignez-les aux 5 qui ont été
pris dans la première collection de Châlons, cela fait 22 fragments
dont l'origine est constatée. D'où sont provenus les 11 fragments
qui complètent le titre ? L'examen de la collection en dix parties
faite sur la Panormia nous fournit la réponse.
Collection en X parties.
Symmaque,
4.
Etienne V,
6.
Jean VIII,
4.
Léon IV,
23.
Pelage,
2.
S. Grégoire,
32.
\ 2. Donation de Constantin,
. Sicut nostro...
= Part.
V, tit. I,
5.
-13. S. Silvestre.
Nemo judicabit..
. =
—
i.
U. Nicolas I".
Nunc autem...'
=
—
2.
^5. Gélasel".
Cuncta...
=
—
4.
^6. Nicolas I".
Nemini est...
=
—
5.
-18. Jules.
Habet...
=
—
7.
-19. Liber Diurnus.
Profiteor...
= Part.
m, tit. II,
, ^•
20. —
Nichil...
=
—
2.
24. Grégoire VII.
Ad id quod...
= Part.
V, tit. i,
7.
25. Zosime.
Contra statuta...
= —
tit. III,
, ^•
20. Hadrien (?).
Anathema...
—
—
2.
ATTRIBUKKS A TVES DE CUARTRKS. (i43
Ainsi, la première partie, de primatu, provient tout entière
de cette triple source : première collection de Châlons, Tripar-
tita et collection en dix parties. Les emprunts sont évidents ; les
textes sont passés dans notre collection tels qu'ils se trouvaient
dans les collections employées comme sources et précédés de
leurs sommaires quand ils en avaient.
Considérons maintenant une autre série, de testibus, qui est
la seconde de la partie XI et qui, d'ailleurs, est analogue par son
titre à une série de la première collection de Châlons, la série XIV.
Elle s'ouvre par un chapitre tiré du pseudo-Anaclet qui figure
aussi dans la collection en dix parties (V, xi, 5)*.
Vient ensuite une série de chapitres qui figurent dans le titre
correspondant de la première collection de Châlons, à savoir :
2. De lege Theodosiana, libro V°.
Testes priusquam... = P® Collection, XIV, 34.
3. Anaclet. Testes esse... = — 3.
4. Damase. Testes absque... = — 4.
5. Eusèbe. Homicide... = — 5.
6. S. Silvestre. NuUus laicus... = — 4.
7. S. Silvestre. In qua eliam... = — 2.
8. Eutychien. NulH unquam... = — 6.
9. Etienne V. Nec Evangelium... = — 7.
^0. Gapltulaires. Si testes... = — ^4.
-14. Pascal II. Oontroversiam... = — i>.
42. Pascal II. Super prudentia... = — iO.
43. Capilulaires. Servo penitus... = — 4 4.
La coïncidence se retrouve jusque dans les derniers frag-
ments de cette série :
32. De VIP libro iegum Theodosii.
Convinci nemo... = — 35.
33. Capilulaires. Homines liberi... = — 32.
34. Fratres, sorores uterini... = — 33.
33. Bréviaire. Testes priusquam... = — 34.
1. « Qui sint admiUendi ad acciisationem. In derretis Anacleti pape, c. 1.
Anacletus urbis Romae episcopus episcopis omnibus. Accusandi vel testificandi...
suscipicndus » (cf. collection en 74 litres, c. 64 ; Décret d'Yves, V, 237; Panor-
mia, IV, 60).
044 LES COLLECTIO.NS CANONIQDES
Mêmes constatations en ce qui touche le titre de purgatione
(titre III de la onzième partie), qui comprend sept chapitres :
Châlons, P'^ Gollection.
4. Concile de ïribur. Siqui3presbyter..,= De^wrgra^îowe, 9.
2. Concile d'Ilerda. Siqulspresbyter...= — \\.
3. Sixte III. Mandastis... = — \.
4. De purg. Leonis pape. Auditum... = — 2.
5. S. Grégoire. Habet... = — 5.
6. S. Grégoire. Mennam... = — 6.
7. Etienne V. De crimine... = — 7.
Ainsi, dans les titres que j'ai choisis pour exemples et qui
répondent à des titres de la première collection de Châlons, les
matériaux employés proviennent de cette collection de la Tripar-
tita et de la collection en dix parties.
J'en viens maintenant à choisir un exemple dans les séries de
notre collection qui n'ont point d'analogues dans la première col-
lection. On verra que les textes en très grande majorité procèdent,
non plus de la première collection (le motif en est évident) , mais
de la Tripartita et de la collection en dix parties. L'exemple
que je me borne à citer est tiré de l'important titre de conjugiis.
On rencontre dans ce titre une série sûrement empruntée au
titre de conjugiis de la troisième partie de la Tripartita. La
liste suivante donne, avec l'indication du rang des chapitres de
cette série, la mention de la place qu'ils occupent dans la Tri-
partita et le Décret d'Yves :
Tripartita^ part. III,
n
De conjugiis.
\
Décret, VIII,
48
2
2.
\i
3
3.
20
•2\
4
6
4 et 5.
6.
22
7
7.
23
9
9.
24
A\
40.
25
\Z
42.
26
U
43.
ATTRIBUÉES A YVKS DE
CHARTRES.
27
15
14.
28
16
15.
29
17
17.
30
20
19-21.
31
21
22.
32
22
24.
33
25
26, § 2.
34
26
26, § 3.
35
27
27.
36
29
32.
37
38
34.
38
37
45.
39
38
51.
40
39
52.
41
40
53.
42
41
54.
43
42
56.
44
44
fragment de 71 .
45
45
71 (fin).
46
48
79.
47
49
87.
48
54
111.
49
57
133, §2.
50
58
133 (fin)
51
59
134.
52
60
136.
53
62
136, §3
54
66
185.
55
67
187.
57 ^
75
212.
58
77
217.
59
78
218.
602
79
220.
C45
1 Je n'ai point retrouvé le c. 56 dans la troisième partie de la Tnpaj-tUa :
« Ex concilio Carthaginensi IIIP, cui interfuit Augustinus, cap^xxv S. vero
seculares qui conjugale... excludantur. « Ce texte est dans e ^^^^ ^ ^ves^
VIII, 231, et dans la Panormia, VI, 98, d'où il a pu passer dans la collecl.oa
en dix parties et de là dans notre collection.
9 Le texte, dans notre collection comme dans la TnpartUa, est plus court
que dans le Décret d'Yves; il s'arrête à festinatione mutavertt.
6*6
LES COLLECTIONS
CANONIQUES
64
84
232.
62
85
238.
63
87
240.
64
88
242, § 2
65
403
274.
66
404
272.
67'
405
273.
68
408
294.
Les trois chapitres qui suivent sont empruntés à une autre série
de la Tripartita (partie III, titre XXIX, de causis laicorwn) :
69 246
Décret, XVI, 292 et 293.
70 255
355.
r 74 (Augustin. Bonum
igitur nuptiarum) 283
Il résulte des observations consignées dans ce tableau que toute
cette série (c. 17 à 71) a été faite au moyen d'extraits méthodique-
ment tirés de la Tripartita'.
A partir du chapitre 72 la deuxième collection de Châlons ne
dépend plus de la Tripartita. Les fragments dont elle est com-
posée (pour la plupart ils se retrouvent dans le livre VI de la
Panormia) proviennent, selon toutes les vraisemblances, de la
septième partie de la collection en dix parties faite sur la
Panormia :
Gollection en dix parties. Panormia.
72. G. Seligenstadt. De legitimis
conjugiis... VII, i, 2.
73 3 VI, 2.
74 II, 4 VI, 8, § 2.
75 II, 2 9.
1. Le texte, dans la collection de Châlons et dans la Tripartita, s'àTTéte aux
mots non utitur.
2. On sait que la collection B, troisième partie de la Tripartita, est purement
et simplement un extrait du Décret d'Yves. C'est cet extrait qui a été suivi.
En efTet, on ne rencontre pas ici les fragments qui figurent dans le Décret et
qui ont été omis par la collection B. Au surplus, il arrive parfois (on l'a vu
plus haut) que le texte de la collection B est moins long que celui du Décret;
en ce cas, notre collection suit la collection B. Il est incontestable que notre
collection de Châlons n'utilise les textes du Décret d^Yves que par l'intermé-
diaire de la collection B.
V,
3.
▼,
4
23.
V,
6
26.
V,
7
27.
V,
^0.
V,
^5
33.
V,
^6
35.
VIII,
43
52.
VIII,
44
53.
VIII,
45
55.
IX,
4
57.
ATTRIBUEES A YVES Dt CnARTRES. 647
76. Sother. Ul sponsus et sponsa
cura precibus... iv, 4.
77 - V, 4 24.
78. De perfecto conjugio. Auguslinus.
Non est perfectum... v, 2.
79. Item. Non habent nuptie Ghristi
et ecclesie. . .
80 ^^
84 ;ow.... .. . — .,^. ,
82 3oCl^ <^\^i.M\,[
83. August. super Genesim. Triperti-
tum...
86
87
89
90
J'ai poussé mes investigations jusqu'à la fin de cette partie de
la deuxième collection de Chàlons, qui compte en tout 157 cha-
pitres. Au moins jusqu'au chapitre 153, j'ai pu reconnaître l'in-
fluence de la collection en dix parties. Ainsi est-il permis d'affir-
mer que cette série de conjugiis de la deuxième collection de
Chàlons dépend principalement de la Tripartita et de la collec-
tion en dix parties.
D'autres expériences, dont le détail ne saurait trouver place
ici, m'ont conduit au même résultat pour des parties différentes de
la deuxième collection de Chàlons qui, pas plus que la série de
conjugiis, n'ont de séries analogues dans la première collection.
En résumé, voici quelle fut, à mon avis, l'œuvre du rédacteur
de la deuxième collection de Chàlons :
Il a complété les parties déjà traitées dans la première collec-
tion et pour cela s'est servi de la Tripartita et de la collection en
dix parties, seconde édition de la Panormia.
Il a constitué de toutes pièces les parties qui n'existaient point
dans la première collection, en tirant ses matériaux de la Tri-
partita et de la collection en dix parties.
64 s LES COLLECTIO\S CANOXTQDES
En d'autres termes, la deuxième collection de Châlons présente,
sous une forme beaucoup plus complète et plus riche, le travail
dont la première collection de Châlons n'est qu'un premier état.
Ces deux recueils nous offrent donc, à des degrés différents d'achè-
vement, une collection dont les éléments sont empruntés au groupe
chartrain.
La seconde collection de Châlons semble à peu près contempo-
raine de la première ; elle n'emploie d'ailleurs aucune source, au
moins à ma connaissance, qui n'ait servi à celle-ci. Il est tout à
fait raisonnable d'en placer l'origine entre 1130 et 1140, un peu
après la composition de la collection I. Il n'y a aucune bonne rai-
son de supposer que cette collection ait été composée ailleurs qu'à
Châlons*.
Qu'il me soit permis de faire remarquer, en terminant, que nous
avons constaté la naissance à Châlons, dans un intervalle qui ne
peut guère excéder d'un côté 1130, de l'autre côté 1145, de trois
collections provenant des groupes chartrains : les deux collec-
tions qui viennent d'être étudiées et la Summa Haimonis.
Il y avait donc à Châlons, à cette époque, un centre d'études
canoniques. On y recueillait avec zèle les textes ; on en faisait
des collections nouvelles; mais ces textes, que l'on classait avec
tant d'amour, on les tirait presque tous des recueils dont le noyau
avait été fourni, cinquante ans plus tôt, par Yves de Chartres ou
les canonistes de son entourage.
J'ai signalé, dans cette section, l'influence des collections
chartraines sur sept recueils canoniques qui datent tous de la
première moitié du xif siècle. Il faut, pour le moment, arrêter
ici cette enquête, mais j'ai la conviction que des recherches bien
conduites dans les bibliothèques feraient connaître d'autres collec-
tions issues vers la même époque des recueils composés par les
soins du célèbre évêque de Chartres.
1. 11 n'est pas impossible que les deux collections de Châlons émanent du
môme auteur, qui, après avoir rédigé un premier recueil, l'aurait repris pour
le compléter et l'achever. Mais ceci ne peut être évidemment qu'une pure
hypothèse.
ATTaiBi:KLS A ÏVES DE CIIAIITUES. 649
Section troisième.
Les écrits d'un caractère général.
J'ai réuni dans cette question le résultat d'observations faites
sur les ouvrages suivants :
lo Les Lettres d'Hildebert de Lavardin.
2° Les Sentences d'Alger tle Liège.
3° Le traité De Sacramentis et la Summa Sententiarum
d'Hugues de Saint-Victor.
4" Le Sic et Non d'Abélard.
5" La Collection de sentences contenue dans un manuscrit de
Sidon (Vatic. 1345).
Avant d'en venir à l'exposé de ces résultats, je dois dire tout
de suite pourquoi cette liste ne comprend pas les Sentences de
maître Pierre Lombard. On trouve dans cet ouvrage beaucoup
de citations canoniques qui figurent aussi dans le Décret d'Yves ;
mais, pour en déterminer l'origine avec sûreté, il faut résoudre
au préalable une question capitale : le Décret de Gratien est-il
une des sources des Sentences de Pierre Lombard, ou bien
sont-ce les Sentences qui ont servi de source au Décret de Gra-
tien? Or, la question est encore débattue entre les érudits. M. de
Scbulte s'est efforcé d'établir que le Décret de Gratien procède
des Sentences : en revanche, d'autres auteurs considèrent cette
opinion comme invraisemblable ^ C'est à leur manière de voir-
1. Cf. Schulle, 3 Beilrag zur Geschlclile der LUerulur des Dekrels (Silzungs-
berichte de l'Académie impériale de Vienne, classe de pbilosopliie cl d'histoire,
LXVJ, p. 53 et 54; de Scherer, Handbuch des Kircheareclifes, 1, j). 2i4, note 7.
2. Celle conclusioa saccommode mieux à l'opinion qui, de nos jours, gagne
des partisans, d'après laquelle le Décret de Gratien aurait été comjiosé plutôt
vers 1110 que vers 1150. Voir le résumé des avis émis sur ce point dans Lau-
T'm, Ititroduclio in Coryiis juris canonici (Fribourg-en-Brisgau, 188'Jj, p. 21 et
suiv., et dans l'ouvrage de M. Giell, die Senleazen Uolunds nachiiiuls Papstes
Alexander III, p. xv. M. Giell adopte la date de 11 iO, à laquelle M. Friedberg
semble se rdUier {Zeitschrift fiir Kirchenreclil, XVII, 4(l8). Dans le même sens,
voir la vigoureuse argumentation du R. P. Denille, dans son article sur les Sen-
tences d'Abélard, Archiv fiir Lileratur- und Kirchen-GesckicfUe des Mitlel-
alters, I (1885), p. 603 et suiv. Voir aussi, en faveur de la date de 1140, Sarti,
650 LES COLLECTIONS CANONIQUES
que je crois devoir me rallier; à mon sens, le Décret de Gra-
tien a fourni k Pierre Lombard la grande masse de ses citations
canoniques*. Aussi n'ai-je pas classé les Sentences de l'êvêque
de Paris parmi les œuvres qui ont emprunté leur fonds de cita-
tions canoniques aux collections du groupe chartrain.
§ I. — Les lettres d'Hildebert de Lavardin.
Dans les lettres du célèbre archevêque de Tours, Hildebert de
Lavardin ^ qui mourut vers 1133, on trouve un certain nombre
de citations canoniques. Les lettres qui les contiennent sont grou-
pées dans le livre II de la correspondance d'Hildebert.
Un fait est certain, c'est que la plupart des citations cano-
niques qui se retrouvent dans les lettres d'Hildebert figurent dans
le Décret d'Yves. Hildebert a pu les prendre soit directement
dans le Décret, soit dans la collection que lui-même avait entre-
pris de rédiger (nous ne savons s'il l'a achevée) ; le Décret d'Yves
fournit vraisemblablement la meilleure partie des éléments de ce
recueil. En tout cas, beaucoup de citations canoniques des lettres
d'Hildebert viennent, immédiatement ou médiatement, des recueils
chartrains. Les observations qui suivent confirment cette asser-
tion :
Décret, 'y
Panormia.
Lettre I.
Non defloratio...
=
VIII, U
VI, jj&r/'/'
Gum puella...
=
2
U.
Quidam desponsavit..
. =
IX, 4 00
Lettre II.
Desponsata...
=
VIU, }4l
VI, p^.i^
Gonjuges...
=
3
45.
Lettre V.
Nullus invitis...
=::
V, 61
m, 7.
Gum de summi...
—
347
6.
Lettre XV.
Verilatc...
=
IV, 234
I, \()\.
Qui contempla...
=
234
4 66.
"Consuetudo...
=
213
166.
Les trois dernières citations répondent plus exactement aux
fragments du Décret qu'à ceux de la Panormia.
de Claris Archigymnasii Bononiensis professoribus {2' édition, Bologne, 1896),
I, p. 336.
1. Je reviendrai très proctiainement sur cette question.
2. Patroloijki Lalina, CLXXI.
ATTRIBtJÉCS A T7ES OE CHARTRES. 65<
Décret, Panonnia.
LeUi-c XXVI. Matrimonium non facil... = VIII, M VI, ^07.
Deneplis... = 24 ^09.
Lettre XXIX. Laicis... = XVI, 36
Frustra quidam... = IV, 235
Veritate... = IV, 208
Ego sum... = 2^3 II, lf)6.
Usus... = 207 ICI.
Lettre XLI. Si quis judicem... = V, 26j
Nullussacerdotum... = VI, 325 IV, 31.
Quicumque non confi-
dentia... = V, 283 IV, -129.
Lettre XLVIII. Si quis episcoporum
accepta... = V, ^^s III, \\s.
Je ne prétends pas retrouver dans le Décret tous les textes
dont s'est servi Hildebert. J'ai seulement voulu prouver que les
collections d'origine chartraine lui avaient fourni une quantité
notable de citations.
§ II. — Les Sentences d'Alger de Liège.
Dans un mémoire publié en 1862*, M. Hiiffer a fait connaître
un recueil inédit, contenu dans un manuscrit du xii*^ siècle con-
servé au fonds latin de la Bibliothèque nationale sous le n° 3881 :
il est intitulé Liber se ntentiarum Magistri A. — Pour des rai-
sons très graves, qui ont entraîné l'adhésion de M. Maassen^,
M. Hiiffer a attribué la paternité de ce recueil à un écrivain bien
connu du commencement du xii'' siècle, Alger de Liège, nwrt
vers 1131 ; nous n'avons aucun motif de révoquer en doute cette
attribution. Il est d'ailleurs permis de constater que les Sentences
d'Alger se retrouvent dans d'autres manuscrits qui n'ont pas
encore été signalés, à savoir :
Vatican, 4361, xii® siècle.
1. Hiiffer, BeilrOge zur Geschichle der Quellen des Kirchenrechts und des
Rcimischen Redits im Millelaller. Miinsler, 1862, ia-8'. — F^e mémoire cité
ci-dessus occupe les pages 1-67.
2. Maassen, dans Krilische Vierleljahrschrifl de Pôszl, V (Munich, 1863),
p. 186 et suiv. L'article de M. Maassen est intitulé : Zur Geschichle der Quel-
len des Kirchenrechts und des roinisclien Rechls im Mitlclalter.
632
LES COLLECTIONS CANONIQUES
Laurentienne , Bibl. S. Cruels, Plut. V, Sin.
Florence ,
Codex 7, xif siècle.
Troyes, 1317, xif siècle*.
On pourra se rendre compte de la nature de ce recueil en jetant
les yeux sur le sommaire des matières qui y sont traitées. Je l'in-
dique ci-dessous ; on remarquera que l'ordre varie d'après les
divers manuscrits^.
ir
is et Rome^.
Troyes.
Florence.
I.
Trinité.
Trinité.
Trinité.
l
Anges.
Anges.
Anges.
3
Création, chute de
Création et chute
Création et chute de
l'homme.
de l'homme ^
l'homme.
V
Mariage.
Mariage.
Baptême.
S
Baptême.
Baptême.
Confirmation.
ir
Confirmation.
Confirmation.
Mariage.
7
Eucharistie.
Eucharistie.
Eucharistie.
i
Ordres et discipline Pénitence.
Charité.
du clergé^.
Ordres.
Pénitence.
Ordres et discipline
du clergé.
Faux témoins.
Serment et parjure*'
1. Voir sur ce manuscrit, qui contient beaucoup d'autres textes : Il mano-
scritto 1317 délia Diblioteca di Troyes, p. 12 (extrait des Atti délia R. Acca-
demia délie icienze di Torino, XXXII, ann. 1897), par M. F. Patetta. M. Patelta
a étudié ce manuscrit à propos de la Sumnia Codicis (attribuée à Irnerius par
M. Filting) qui y est contenue. — Voyez encore Fitting, Summa Codicis des
Irnerius (Berlin, 1894), p. iii-vui. — Jusqu'ici le recueil de Sentences conte-
nues dans ce manuscrit a passé inaperçu. La date du manuscrit de Troyes est
très discutée entre les érudits. Je l'attribuerais, en ce qui concerne les Sen-
tences, au xii° siècle.
2. L'incipit de la collection est, d'après les manuscrits du Vatican et de
Troyes : « D£ Trinitale tractatus : Ad justiciam credere debemus corde... » Dans
le manuscrit de Paris, les quatre premiers chapitres de la première partie se
trouvent reportés au fol. 230 après rexplicit.
3. Ayant sur certains points comparé le manuscrit du Vatican et celui de
Paris, j'ai constaté certaines différences dans le contenu des diverses portions.
•i. D'après l'analyse donnée par M. Patelta, le ms. de Troyes traite ici des
diverses espèces de péchés.
5. Le manuscrit romain se termine ici par quelques chapitres de horis (sur
les heures canoniales).
6. Le manuscrit de Florence se termine par un développement sur les quinque
septena qu'on trouve dans l'Écriture, à commencer par les septem vitia.
ATTRIBUÉES A YVES DE CHARTRES. 653
Quelles que soient les différences qui peuvent exister entre les
manuscrits, la partie commune qui s'y retrouve atteste nette-
ment le caractère de l'ouvrage. Evidemment, l'auteur .s'est laissé
guider par une conception bien plus théologique que juridique.
Son œuvre appartient à la catégorie de ces encyclopédies théolo-
giques si répandues au xii'' siècle.
Chemin faisant, l'auteur rencontre un certain nombre de sujets
plus particulièrement juridiques. J'ai constaté qu'à propos de ces
matières, les Sentences d'Alger dépendent étroitement de la
Panoi^mia, dont elles reproduisent de très nombreux fragments*.
En voici la preuve, pour la portion qui concerne le mariage :
Sentences d'Alger-.
Série relative au mariage. Panormia.
2 = VI, a.
3 = -14, moins la phrase :
non de /lo ratio.
4 = iA, phrase manquant
au précédent.
5 = ^07.
6 = ^5.
7 = U et 42.
9 = 43.
iO = 46.
\i = 24.
42 = 22.
43 = 24.
33 = 30.
34 = 29.
62 = 23.
63 = 27.
64 = 45.
67 = 62.
1. Il arrive plus d'une fois que ces fragments sont abrégés ou imodiiiés; c'est
d'ailleurs une habitude d'Alger. (Cf. Huiler, op. cit., p. 50.)
2. Ms. du Vatican, fol. 48 : Quid sH matrimonium. Cf. ins. de Paris, fol. 198.
— Le manuscrit de Florence, fol. 44, place ici un court préambule : « Set prius
videndum quid sit (matrimonium), à quo sit inslilulum, que fuit causa insti-
tutionis, que sinl principalia bona conjugii, t|uid faciat conjugium ; inler quos
debeat contrahi et quare debeat solvi. » — Ce n'est pas en cet endroit seule-
ment que les Sententix d'Alger sont encadrées dans un texte dii à récrivaln
liégeois.
4897 42
(554
Ll-S COLLECTIONS
CANONIQUES
68
=
66.
70
=
33.
H
=
34.
72
=
34.
74
=
32.
75
=
35.
76
=
36.
77
=::
44.
78
=
59 (4 ""^ partie).
79
=
59 (2e partie).
80
=
60.
84
=
64.
82
=
62 (4 ""^ et 2« parties)
83
=
62 (3« partie).
84
^
63 (4"^ partie).
85
=
63 (2e partie).
86
=
64.
87
::=:
37.
88
=
39.
89
=
40.
90
=
44.
9\
=
42.
92
=
54.
93
=
52.
94
=z
57.
95
=
440.
96 abrégé de
58.
97
=
53.
98
=
55.
99
=
56.
400
=
86.
} 01 abrégé de
.87.
402
=
88.
403
=
89.
404
zir
90.
405
:=
92.
406
=
93.
407
=r
67.
408
=
68.
409
=::
69.
ATTRIIirKF.S A YVKS DK (".IIAIITIIES. 655
IIU = 70 et 74.
^{i = 75.
^V2 = 76.
U3 = 77.
\iA = 78 (r« partie).
Mo = 78 (2" partie) .
M 6 = 79 [V partie).
\\- = 79 (2« partie).
US = 79 (3*= partie).
^^9 = 80 (V* et 2= parties).
^20 = 80 (3^ partie).
422 = 82.
423 = 83.
424 = 84.
425 = 85.
426 = 95.
427 = 97, jusqu'à /môere.
4 28 = 97 (lin).
4 29 = 98.
,|30 = 99 [commence b. quidam
ingenui] .
4 31 = 400, jusqu'à wo;i /«cc^.
4 32 = 400 (suite et fin).
436 = 402.
437 = 403.
438 = 404.
439 = 408.
440 = 409.
444 = 443.
442 = 444.
443 = 445.
444 = 446.
445 = 447.
446 = ^^8.
447 = 449.
448 = 424.
449-452 = 423-126.
4 53 abrégé de 4 27.
454 abrégé de 428.
455 = ^29.
656 LES COLLECTIONS CANONrQDES
Je pourrais prolonger ce tableau ; on constaterait ainsi que les
chapitres 150 à 204 répètent, sauf un certain nombre d'omis-
sions, les chapitres du livre VII de la Panormia, qui, comme
le livre VI du même ouvrage, expose la législation matrimoniale
et les matières qui s'y rattachent. En somme, des 204 chapitres
consacrés par Alger à la législation du mariage, 140 au moins
reproduisent ou résument les chapitres des livres VI et VII de
la Panormia.
Des observations identiques pourraient être faites sur d'autres
parties des Sentences d'Alger, notamment sur les portions où il
traite du baptême et de la confirmation ; on y retrouverait presque
en entier le livre P"" de la Panormia d'Yves.
Il faut donc conclure sans hésiter que la Panormia d'Yves
est une des sources canoniques importantes, peut-être la plus
importante, des Sentences d'Alger. Il est d'ailleurs certain qu'on
trouve dans ce recueil nombre des fragments qui lui sont propres
et que Gratien y a pris pour les introduire dans son Décret.
Les Sentences d'Alger ne paraissent pas contenir de document
postérieur à Urbain II, c'est-à-dire à 1099. D'autre part, les
deux autres ouvrages d'Alger, les Libri de sacramentis et le
Liber de misericordia et justitia, sont, on le sait, antérieurs
à 1121, époque vers laquelle Alger se fit moine^ Or, les Libri
de sacramentis sont en relations étroites avec les Sententiœ
qui leur ont vraisemblablement fourni des matériaux 2; aussi
faut-il penser qu'Alger avait recueilli les textes avant d'en com-
poser des traités. Il en résulte que les Sentences d'Alger ont été
composées dans la première vingtaine et sans doute dans les pre-
mières années du xii^ siècle.
§ m. — Les ouvrages d'Hugues de Saint- Victor.
Sous ce titre, je place d'abord le célèbre traité f?e Sacramen-
tis christianœ fidei, rédigé par Hugues de Saint-Victor. En
second lieu, il y faut ranger la Summa Sententiarum ; si l'at-
tribution de cet ouvrage à Hugues a été contestée, il paraît résul-
ter des travaux les plus récents que la Summa appartient réel-
1. Hûffer, op. cil., p. 22.
2. C'est probablement par cet ialermédiaire que les libri de Sacramentis
citent la Pamrmia. Sur ces citations, voir HiiflFer, BeitrCige zur Geschichte...,
p. 52 à 53.
ATTRIBUÉES A YVES DE CnABTRES. ()")7
lemeut à Hugues. Toutefois, le dernier des traités qui la com-
posent, de conjugio, semble bien être l'œuvre non pas d'Hugues,
mais de son contemporain et ami Gautier de Mortagne.
Or, Hugues de Saint-Victor et Gautier de Mortngue ont eu
tous deux l'occasion de citer des textes d'un caractère juridique,
n m'a semblé utile de déterminer, autant que possible, la .source
de ceux de ces textes qu'ils ont employés. J'ai consigné ci-des-
sous le résultat d'un certain nombre d'observations faites en vue
d'arriver à la solution de cette question.
Je considère d'abord le traité de Sacrainentis fidei chri-
stianœ.
Dans ce traité, les citations empruntées aux auteurs ecclésias-
tiques sont, en général, fondues dans le texte de telle façon qu'il
n'est pas toujours facile de les en dégager. Toutefois, à propos du
mariage, l'auteur a inséré in extenso une série de textes d'Yves
qui, pour la plupart, se retrouvent dans le Décret et dans la
Panormia. En voici l'énumération :
De sacramentis,
1. n, part. XI, c. XIV. Décret, IX, Panormia, VII,
Primo gradu, etc.... =
S. Grégoire. Quœdam lex... =
Pape Zacharie. Asserentibus... =
Pape Zacharie. Ut consobrinam... =
Grégoire 11. Si quis fratris... =
Bède. Interroganti... =
S. Grégoire. Cura noverca. .. =
S. Grégoire. Fraternitatis... =
G. Mâcon. Sane consanguinitas... =
C. Châlon. Gonlradicimus... =
Nicolas I". Sciscitatur... =
Nicolas 1". SI quis... =
G. Ghàlon. Diclum... =
C. Mayence. De eo... =
G. Tribur. Qui spiritualem... =
Il n'y a dans cette série que deux^ textes qui ne se retrouvent pas
dans les recueils d'Yves ; l'un est un extrait des Institutes de Jus-
tinien (III, 6) sur la computation de la parenté, l'autre la bulle
Décret, IX,
Panormia,
64
89.
55 et 56
56.
20
58.
2^
59.
i9
57.
27
60 et ai
28
62.
38
68.
44
69.
54
70.
35
63.
36
64.
8^
65.
82
66.
96
67.
658 LES COLLECTIONS CANONIQDES
d'Alexandre II aux évêques et aux juges d'Italie sur le même
sujet (Jaffê-Wattenbach, n" 4560).
De même, on retrouve, dans les précédents chapitres concer-
nant le mariage, des citations plus ou moins complètes de textes
recueillis par Yves de Chartres. En voici quelques exemples :
De sacramentis,
1. II, part. XI, Décret, VIII, Panormia, VI,
G. IV. Défmition du mariage... = \ \.
G. V. Aliter non fleri... = 4 3^.
Non defloratio... = 2 -.. U.
Gonjugium non facit coitus... = •IT et 2321 ^07.
A prima desponsationis fide... = 3 et 4 4 46.
Desponsata vero... = 2 . H.
Cum initiatur... = 2 44.
G. VII. Tria sunt... = 45 30.
G. viii. Usque adeo... = 235"
G. XI. Usque adeo... = 235
tïti^^^^/fi^ Quià interveniente. . . = 235 6.
Etc., etc.
Il me paraît résulter de ces constatations que la plupart des
citations canoniques du traité de Sacramentis fîdei christianœ
proviennent directement ou indirectement des œuvres d'Yves,
sans doute du Décret ou d'une collection qui procède du Décret.
J'en viens maintenant à la Swmna Sente7itiarumJ . Envisa-
geons d'abord les textes insérés dans les parties de la Somme,
qui sont incontestablement l'œuvre d'Hugues - :
1. Voir, à propos de la Summa Setitentiarum : Hauréau, les Œuvres de
Hugues de Saint- Victor, p. 65-75; Denitle, Die Sentenzen Hugo's vo)i
,Si Victor, dans l'Archiv fiir Literatur- und KH-chengeschichte des Mittel-
alters, III, p. 638 et suiv.; Gietl, Die Sentenzen Rolands nachmals Papstes
Alexander III (Fribourg-en-Brisgaii, 1891, in-8»), p. xxxiv et suiv. — Qu'il
me soit permis de rappeler qu'il y a quelques années j'ai publié dans la pré-
sente revue un témoignage du xii" siècle confirmant l'authenticité de la Sv,nima
Sententiarum : voir Un adversaire inconnu de saint Bernard, dans la Biblio-
thèque de l'École des chartes, XLVII, p. 410-412.
2. Il est bon d'avertir le lecteur que souvent les citations relevées dans la
Summa ne sont que des fragments du texte, parfois même de simples allusions.
ATTRIBUÉES A ÏVES DE CMAllTllES. *>J'J
Décret, Xll, Panormia, VUl.
IV, 0 {De quinto prœcepto
secnndce tabulx].
Nemosaiic... =
Mendacium est... =
Cum causa... =
Denique jurant... =
Artc verburum... =
V, 8 [Qui possunt baptizare).
Goustat baptisraa... =
Romanus pontifex... =
xMulier baptizare non pré-
sumai... =
Sive hœrelicus... -
Quamvis unum...-. =
Si in hœresi... -
Baplismus talis... -
Polestatem baptisrai... :
Non exhorreat... =
Si superbus fuerit... :
Per lapideum... -
V, 9 [lltrum sit baplismus...),
Retulerunt...
Si tolum ludicre...
V, -10 [De maleria baptismi).
Quœrit aliquis...
Je ne prétends point avoir relevé toutes les citations; mais les
tableaux qui précèdent me donnent à penser que Hugues de
Saint-Victor, en rédigeant la Somme des Sentences, a du pui-
ser dans le Décret ou dans une collection qui en procède. Les
emprunts qu'il y a faits ne sont pas nombreux ; c'est que les
matières juridiques ne tiennent qu'une médiocre place dans les
parties de la Somme des Sentences qui furent composées par
Hugues lui-même.
Elles sont au contraire d'une importance bien plus conside-
1. Texte attribué h tort au pape Solher dans la Panormia, non dans le Décret
ni dans la tiomme des Sentences. , . „ . „„ ,„
2. Celte citation est plus longue que n'est le texte de la Panormta; elle se
prolonge en effet jusqu'aux mots sacramenU (orma. Cette for.ne plus onguc
ne peut guère venir que du Décret; c'est là, sans doulo, que 1 a prise Hugues
de Saint- Victor.
51
133.
4 S
125.
.'.2
428.
13
94 <.
3r.
112.
Décret, I,
Panormia, I.
(»7
23.
2!>4
27.
G5
25.
ns
85.
160
28.
^05, §4
^^6
31.
157.
157 (suite).
158.
158.
Décret, I,
Panormia, 1
237
65.
162.
Décret, I,
Panormia^ I
54
102.
660 LES COLLECTIONS CAN07IIQDES
rable dans le dernier traité, de conjugio, qui passe pour être
l'œuvre de Gautier de Mortagne. On en a relevé un certain
nombre dans les lignes qui suivent :
l
Vil, 6. Sufficiat... =
Matrimonium... =
Non defloratio... =
Intelligitur... =
Quœ palris... =
■ Deneptis... =
Aliter... =
Cum societas... =
VII, 7. Gonjuges.. . Celte phrase paraît contenir une allusion à deux
textes : Décret^ VIII, 3 et U; Panormia^ -15 et ^6, et
Décret, VIII, 44^ Paiiormia^ VI, 8.
?^, VIII,
Panormia, VI.
n
^07.
n
^07.
2
j^)^
20
ii.
2^
42.
24
409.
4
24^^^
74
23.
VII,
8. Illud dehis... =
404.
Cura cœpisset... =
404.
Non contra... ^ =
404.
Vit,
9. Si viri... =
244
87 et 88.
Sialiquœmulieres... =
244
87 et 88.
VII,
40. Viduas... =
VII,
63
m, 204.
Viduse... =
63
204.
Quee spiritualiter... =
47.
Hœ vero... =
48.
VII,
44. Nulli... =
IX,
48
VII, 79.
Truncum appellat... .—
46
76.
Exemplo beati Gre-
gorii... =
53
56.
Grcgorius Venerio... =
38
68.
VII,
42. Si fiiiola... =
82
66.
Est in ter... =
34
VI, 423.
Erdera viro... =
35
VII, 63.
VII,
43. Relatum est... =
VIII,
202
9.
VII,
44. Siquispererrorum...=
56
VI, 440.
Si quis ingenuus... =
464
44.
Sifemina... =
465
42.
1. Suit le fragment bonum nuptiarum..., qui ne semble pas (igurer dans le
Décret, ni dans la Panormia tels que nous les connaissons, mais qui se trouve
à la lin de Triparliia, Pari. III, litre 29, c. 363.
ÀTTRlurEES
A TTES DE
CHARTRES.
Si servum...
—
I."i7
39.
Dictum...
=::
^67
40.
VII,
iO
Nequc furiosus...
=
U\H
92.
vu,
^8.
Cum boiiiconjuges..
.::=
^29
78.
ScripsiL...
=:
128
77.
Agalhosa...
=
<80
84.
VII,
^9.
Nihil iniquum...
■=z
250
VII,
31.
Non eril...
=
242
37.
Ego dixi...
=
243
38.
VII,
20.
Si uxorem...
■=z
238
VI,
^04.
Si mariLus...
=
7!)
H 3.
Si qua mulier...
=
179
118.
De his...
=
^S2
^^(•.
Nosse...
=
I,
I3(î
^24.
Ad limina...
z=
306
Dictum esl...
:=:
IX,
SI
Pervenit ad nos. . .
zzz
I,
305
<27.
vn,
2^.
De tertiis...
=
VIII,
2()8
VI,
59.
Ego nunc...
=
270
62.
Presbyterum...
=:
48
67.
G(ii
Il me paraît résulter de ce tableau que l'auteur du dernier
traité de la Suraraa Sententiarivni a puisé dans le Décret,
dans la Panormia ou dans un recueil qui leur était apparenté de
très près. Je dois reconnaître d'ailleurs qu'il a emprunté des cita-
tions sur des matières canoniques à des collections autres que les
recueils chartrains.
§ IV. — Le « Sic et Non i d'Abélahd.
Il n'est pas sans intérêt de se demander si les recueils char-
trains ont fourni des textes au Sic et Non d'Abélard', qui traite
de certaines matières appartenant au droit canonique. Le tableau
suivant donne à penser qu' Abélard s'est servi des recueils d'Yves :
Décret^ Panormia^
GVII.
Baptizalus...
=^
I, 2M I, ^08.
GX.
Sive hœreticus...
^=
^73 85.
CXI.
Si ad bapUsmum...
=
-162,0.3.
t. Palrologia Laiina, t. CLXXVIII.
cr.2
LES COLLECTIONS CANONIQUES
Si in heresi...
Perfidus...
Ille non est...
Omnis qui jam...
GXII. Propter vitandum.
De trina...^
GXVIII. lUud quod pro...
Omnis presbyler..
GXXII. Aliter...
Scriatim...
Statu! mus...
Virginibus...
Virginem...
Si nupserit...
Nubendi...
Nos novimus...
CXXIII. Desponsata...
Quibus...
Omne...
Gonjuges...
GXXIV. Nemo...
In liberse...
Si quis. ..
Ghristiano...
Audi te...
Goram...
NuUi...
GXXV. Sicut non omnis.,
Si quis gentiiis...
Adulterium...
. Si quis habuerit,.
Deinde ponilur^.,
GXXVIII. Nonerit...
Il,
^05, ci.
^65,0.3.
454.
76
429
430
83.
49.
VII,
= VIII,
abrégé de
54.
49.
424
72
46.
2
44.
45.
3
60
62
64
66
4532
4 54
453.
277.
495
402
4 97
29ir^'
242
35.
59.
60.
III, 84.
497.
442.
III, 492.
VI, 4.
44.
45.
46.
48.
49.
30.
43.
43.
97.
VII, 22.
VI, 98.
VII, 37.
1. Ce fragment est plus complet que dans le Décret et la Panormia.
2. La comparaison de ce fragment avec les fragments correspondants du Décret
et de la Panormia prouve que la source est ici le Décret et non la Panormia.
3. On trouve en outre dans ce chapitre le fragment Bonum nuptiarum : Tri-
parlifa, III, 19, 283, et une citation empruntée à une lettre d'Yves de Chartres
à Ilildebert de Lavardin (Lettre 230).
ATTRIBDKES A IVES DE CnARTRES. fjC3
Dixil mihi paslor... = 2i3 3S.
CXXIX. De lerliis... = 208 VI, r,:i.
NeccoiUrà... = 2(is,§2 59.
jOblreclalores... = 270 (52.
lEgonuiic... = 270 (i2. V
Non (lamiio... 270 I(î2.
jUbi fucriL numeriis... = -163.
Ces trois derniers textes sont plus longs dans le recueil d'Abé-
lard que dans le Décret d'Yves.
L'observation qui vient d'être faite pour les trois derniers textes
du ch. CXXIX mentionnés plus haut s'applique aux quatre pre-
miers textes indiqués comme provenant du ch. cxxxvi. Le texte
dans le Sic et Non est plus complet que dans le Décret d'Yves.
GXXVL
Décret.
Panortnia
Prœcepit...
=
VIII
, 2^0, § 1
VII, 3.
Pulo christianum..
. z=z
2î2,§.i.
un quibus...
=
262.
Non mœchaberis...
=:
263.
Indignantur...
=
242
36.
Sacramenlum...
=
294
VI, 66.
Maritum...
r=
295.
Si ergo clericus...
:=.
296.
GXXVII.
Je dois faire remarquer qu'il est dans les chapitres dont j'ai
tiré ces extraits de nombreux textes qui ne paraissent point se
retrouver dans les collections d'Yves.
Il faut ajouter qu'un passage important de l'introduction du
Sic et Non est évidemment inspiré par les idées développées dans
la grande préface d'Yves de Chartres*.
La conclusion qui se déduit du tableau présenté ci-dessus me
paraît être la suivante :
L'auteur du Sic et Non a connu les collections chartraines,
notamment le Décret; il leur a vraisemblablemi;nt emprunté
un certain nombre de textes; mais pour quelques-uns de ces
textes qu'il trouvait dans le Décret, il les a complétés en
1. Cf. Patrologia Lalina, •CLXXVIII, c. 1344, et CLXI, c. 47 cl suiv. —
Remaniuez en oulre que, dans le c. 131 du sic et yon, Abélard insère une cila-
tion de la lettre 16 dTves adressée à Gautier, évéi|uc de Mcaux.
664 LES COLLECTIONS CANOiNIQUES
s'adressant aux sources originales. Il a d'ailleurs tiré, soit de
ces sources, soit d'autres recueils, nombre de citations qui ne
proviennent pas du Décret.
§ V. — Les Sentences du manuscrit de Sidon.
Un manuscrit du xii° siècle conservé au Vatican (Vatic. 1345),
après avoir appartenu à l'église de Sidon ^ qui le possédait dès le
xiri" siècle, contient un recueil de Sentences sur l'ensemble des
matières théologiques, dans le genre des nombreuses collections
de Sentences composées au xii^ siècle ^ Ce n'est pas d'ailleurs un
simple recueil; en plus d'un endroit, l'auteur oppose les textes
contraires et cherche à les interpréter ou à les concilier^. On
verra par les explications qui suivent que les fragments cano-
niques y tiennent une place importante et que pour la plupart ils
proviennent de la Panormia d'Yves de Chartres.
Il semble utile d'abord de transcrire le début et les éléments
essentiels de la préface :
Fol. 4 : Incipit prologus in exceptionibus quas ipse super orthodo-
xorum patrum tractatibus, romanorum etiam pontifîcum regulis ac
1. Manuscrit de format in-4°. L'origine est attestée par les deux mentions
suivantes, du xiii*-xiv= siècle, placées au commencement et à la fin : « Ecclesie
Sydon.; » et « est Ecclesie Sydon. » En tête on trouve les canons du con-
cile de Naplouse, tenu en 1120. Notre manuscrit est donc de la même prove-
nance que le manuscrit du Vatican 3831. Voir, sur ces manuscrits de Sidon,
Ehrle, Historia Bibl. Romanorum Pontificum, I, p. 359; sur le Vatic. 3831,
voir Une Collection canonique italienne du commencement du XJP siècle,
publiée dans les Annales de V enseignement supérieur de Grenoble, t. VI (1894).
2. A la fin, on trouve la cote : Liber consiliorum, qui se trouve avant le der-
nier explicit.
3. On lit dans le prologue de la XV° partie : « Nam multis impeditum occu-
pationibus jam tedet me
"diversas auctoritates que quibusdam indisciplinatis et eas minime
intelligentibus discordari videntur in suo loco concordandas diligenter exci-
pere. » Voici un exemple de la manière dont l'auteur oppose les textes. Je
l'emprunte au livre XV :
C. 296 : Quod clerici in sacris ordinibus constituti, si in peccatis carnis fue-
rint invenli, irrecuperabiliter deponentur. Viennent ici les fragments suivants :
Panormia, III, 133, 136, 141, 142 et 143.
Puis, c. 301 : Quod est contra. Suit Panormia, III, 148 et 147 depuis post
dignam.
Enfin, c. 303 : Solucio utriusque sententie predicte. Panormia, III, 149.
ATTRIBUÉES A YVES DE CHARTRES. 665
catholicorum episcoporum conciliis necnoii super CiUholicorum reyum
insLilucionibus fecit, que omnia proprias per parles coriveuienler
distinguons, in unum voluraen nonnullo labore redegit in nomine
Domini.
Inler cèlera alicujus scienlie vel virlulis precipua summum esse
arbitrer... Hoc igilur diligenler considerans, o socii, licct niultis
sim impeditus occupation i bus, tam lectionibus quam aliis undi-
que progredientibus, pro (|uibus videalur me huic operi vacare non
posse, tamen et rogalui vcslro libenler satisfraccre volons ad id per-
ficiendum animum applicui, presertim cum magiSter Ubaldus excerp-
tiones suas inciperel, ac explelis duobus qualernionibus nescio si
possel, nobis lanlura amplius dare minime vellet, et bac occa-
sione commotus magis ad hoc intendere volui. Verumtamen ne super
hoc aliquod nomen quoquomodo assumere possel, ea que feceral,
tum diminuendo, lum etiam augendo universa Iransposui. A summo
itaque cunctorum exislencium principio incipiens etusquc ad ea(|ue
de Antichristo et mundi consumplione dicuntur boc opus traclando
protendens, in xviii partes ipsum dividere proposui...
Vient ensuite une table complète des dix-huit parties et des
chapitres qui les composent. Je me borne à indiquer sommaire-
ment le sujet de chacune des parties et le nombre des chapitres
qui les composent :
Partie I. Trinité et hérésies contre la Trinité. (88 chapitres.)
Partie 11. Incarnation, Passion, Résurrection, Ascension, Descente
du Saint-Espril. (Ii3 chapitres.)
Partie 111. Pourquoi l'Écriture attribue à Dieu les merai)res du
corps humain et les mouvements de l'àme humaine. (OG chapitres.)
Partie IV. Création des quatre éléments et de toutes les choses
qui en sont sorties. (35 chapitres.)
Partie V. Anges et démons; leur origine et leur rôle. (127 cha-
pitres.)
Partie VI. Création et chute de Thomme; le libre arbitre avant et
après la chute; la volonté et la toute-puissance de Dieu. (120 cha-
pitres.)
Partie Vil. Du péché originel, de l'àme humaine, du péché actuel.
(90 chapitres.)
Partie VIII. « De sacramento circumcisionis. » (0 chapitres.)
Partie IX. Baptême, pénitence, aumône, jeûne, observation du
dimanche. (-188 chapitres.)
666 LES COLLECTIONS CANONIQUES
Partie X. Eucharistie. (97 chapitres.)
Partie XI. Foi et espérance. (26 chapitres.)
Partie XII. Charité. (123 chapitres.)
Partie XIII. De l'amour de Dieu pour les hommes. (21 chapitres.)
Partie XIV. Des dix commandements. Devoirs envers Dieu, envers
les parents, homicide, vol, sacrilège, brigandage, usure, mensonge,
parjure, « quod non est concupiscenda uxor vel res alicujus. »
(163 chapitres.)
Partie XV'. « Quid sit ecclesia et quare dicatur catholica, de
ecclesiarum fabricaCione, de primatu Romane ecclesie, de basilica-
rum conditoribus, de consecratione ecclesiarum et dotibus earum-
dem, de erectione et motione altaris, de sepulturis que fîunt intrà
ecclesiam vel extra ecclesiam, de transmutatione sanctorum, de ora-
toriis, de missarum soUempniis, de sacerdotibus maie ecclesiam
ingredientibus vel aliénas subripere volentibus, de rébus ecclesia-
sticis et earum jure; de possessionibus ; de incendiariis eccle-
siarum; de fugientibus ad ecclesias; quomodo sint rautande
vel dande res ecclesiarum; de ordine librorum veteris et nove
legis; qui libri sint suscipiendi et quorum auctoritas; que concilia
sint rennuenda et que scripta apocrifa; de conciliis; de legibus
imperatorum; de more et consuetudine; de electione romanorum
pontiflcum, archiepiscoporum, episcoporum et eorumdem conse-
cratione; de sacerdotibus et quid debeant scire; de predicatione;
de ordinibus; de Symoniaca heresi; de ordinatione facta ab hereticis
et excommunicatis ; de clericis peccantibus ; de monachis ; de san-
ctimonialibus; quod subditi non accusent vel redarguant prelatos et
e contra, et quomodo; de accusatoribus; de testibus, de judicibus,
de appellations Apostolice sedis ; de excommunicatione. » (552 cha-
pitres.)
Partie XVI. Du mariage, de la séparation, de la parenté. (130 cha-
pitres.)
Partie XVII. Des malfaiteurs, sorciers, enchanteurs, etc. (83 cha-
pitres.)
Partie XVIII. De TAntechrist, de la fin du monde, du jugement
et des fins dernières. (23 chapitres.)
Ce n'est pas ici le lieu d'étudier la partie purement théolo-
1. Je transcris en entier le sommaire de ce livre, parce qu'il est de beaucoup
le plus riche en fragments canoniques.
ATTRIKCKKS A ÏVl.S DE f.HAIlTRES. (î(i7
gique de ce manuscrit : il suffira d'appeler l'attention sur les
portions où sont traitées des matières qui se retrouvent plus par-
ticulièrement dans les collections juridiciiies du xii'' siècle, à savoir
les portions IX, XIV, XV, XVI et XVll. (les portions cons-
tituent d'ailleurs la plus grande partie de l'ouvrage, puisqu'elles
contiennent ensemble plus de 1,100 chapitres (exactement 1,153)
contre 771 que renferment les autres. 11 importe seulement de faire
remarquer que les parties purement thêologiques sont principa-
lement faites de fragments tirés de la Summa Sentenliaruru
d'Hugues de Saint-Victor'.
Quant à la partie juridique, un point surtout est digne d'être
mis en lumière. La source presque exclusive de l'auteur de la
collection de Sidon est la Panormia.
Voici quelques constatations qui en fournissent la preuve :
Partie IX.
6 = Panormia, I, 44.
7 = — 45.
8 = — 48.
9 = — 49.
^0 = — 41.
U = — 42.
i2 = — 43.
13 = — 50.
15 = — 35.
16 = — 36.
a = — 37.
18 : Islis auctorilalihusopponilurex Ambrosio super ilUnn locum :
Sine penilencia... (Texte qui n'appartient pas à saiul Anil)roise t'I se
trouve dans Gratien, 0. 4, de consecr.^ c. 99 ^.j
19 : Solucio. Si nécessitas inyrulL vel sic non requiril; quasi sil
impotens gratia sine penitenlia delere peccatuin.
20-23 = Panormia, I, 12-15.
26-29 = — 60-63.
4^-43 = — 106-109.
1. J'en fournirai la preuve en donnant ultérieuremenl une description plus
complète de ce recueil.
2. La conciliation des mêmes textes est aussi tentée d'une autre manière par
Gratien, D. 1, de pcvnit., c. 87.
668 LES COLLECTIONS CANONIQUES
45-47 = — -14 0-1^2.
50 = — 28.
5i-52 = — 23-24.
J'arrête ici ces observations, qui pourraient être étendues à
toute la partie IX de la collection de Sidon.
Partie X.
La première portion de cette partie est faite d'éléments très
différents de ceux qui composent la partie correspondante de la
Panormia, consacrée à l'Eucharistie. Plus loin reprend l'ana-
logie :
55-63 = Panormia, \, \T:i-\Z\.
66-75 — — ^34-U3.
76-83 = — ^47-^49.
87-'IOO = — ^ 50-4 63.
Partie XV.
Cette partie est la plus considérable delà collection, puisqu'elle
comprend 552 chapitres .
Les emprunts à la Panormia y sont très importants. Je ne
puis qu'en indiquer quelques-uns :
\ = Panormia^ II, \.
2 = _ 2.
3-6 = — 3-6.
7 = _ 84.
8-46 = — 40-48.
47-20 = — 20-23.
24 = — 49.
22-24 = _ 25-27.
25 = - — 29.
26 = — 28,
27-50 = — 30-53.
55 = — 54.
56 = — 57.
57 =: _ 58.
58 = _ 60.
59 = . — 7.
60-64 = _ 8-9.
63 = — VIII, 445.
ATTRIBUEES
C4
=
65
=
67
:rz
84-99
=r
^oo-^o^
=
^03-^^o
—
^^^
=
^^2-^^4
=
A YVES DE CHARTRES. CCy
— II, 01.
— 62.
— 59.
— 63-78.
— Sl>-S3.
— 85 -;h.
— 123.
— M 8-120.
La quinzième partie se continue ainsi par des emprunts consi-
dérables faits aux livres II, 111, IV et V de la Panormia^.
Partie XVI.
La seizième partie delà collection de Sidon, intitulée : De ma-
trimoniis et eorum separationibus, est faite à peu près exclu-
sivement des livres VI et VII de la Panormia.
En voici le début :
Prologue : « Ne, queso, dilectionem vestram movcat, o socii... »
\ = Panormia, VI, \.
2 = — 2.
3 = _ 3.
4 = _ 5.
5 = — 6.
6 = — 7.
7 = _ 8.
1. On trouve dans cette partie, comme dans les autres, des fraRments iMran-
gers à la Panormia. — J'y remarque notamment (c. 317 et suiv.) l'extrait sui-
vant : « Incipiunt coilectiones que collecte sunl a religiosissimis monachis
adversus episco|)orum et clericoruin heresira '. . . .
Cunclis amanlissimis clericis ac canonicis omnes unanimitcr mona-
chi. Multum, fratres charissimi, si dif;nati estis audire, oramus quomodo rcl
ob quani causam conaraini nos a consorcio universalis ecclesie separarc, cum
conslel a monachis, non a canonicis, universalem ccclesiam fundatain et guber-
nalam, (3onifacius I1I"« a beato Gregorio
in Decretis suis : Sunt nonnulli... sublimari. » (Cf. Décret d'Yves, VII, lï.) —
Puis divers textes, notamment Décret d'Yves, .\V, l'i2, et d'autres textes
étrangers aui collections d'Yves. D'ailleurs, après avoir donné les textes favo-
rables aux moines, notre compilateur donne les textes contraires : (c. 326) € Con-
trariuin omnibus prediclis; Kx Niceno concilio i (c. 10, Q. 1, c. 1); avec Vin-
scriplio erronée qui ne se retrouve que dans Gratien (voir la note de M. Friedberg).
Suivent d'autres textes analogues au sujet.
^897 43
670 LES COLLECTIONS CANON rQDES
8 = — io,
9 = — U,^2eH3.
^2 = — i^etU.
<3 = — ^6.
n = — 23.
48 = — n.
49 = — 20.
20 = — 24.
24 = — 22, jusqu'à
conjunxit.
22 = — 24.
23 = — 25.
24 = — 26.
Ici les extraits de la Panormia s'arrêtent pour faire place à
un fragment tiré de la Summa Sententiarum d'Hugues de
Saint- Victor. (Tract. VII, de tnatrimonio, c. 3, depuis : Augu-
stinus [in libro] de bono nuptiarum : Hoc quod conjugati victi. . .
jusqu'à la fin de ce chapitre.)
Reprennent ensuite les fragments de la Panormia.
34 = Panormia, VI, 27.
33 = — 29.
35-42 = — 30-37.
43-46 = — 39-42.
47-48 = — 43.
49-57 = — 44-53.
58 = — 55.
59 = — 54.
60 = — 56.
62-63 = — 57-58.
65-66 = — 59-60.
67-69 = . — 62-64.
70 = — 65-66.
74 = — 67.
75-82 = — 68-95.
n n'est pas utile de poursuivre plus loin cette expérience. La
partie XVI de la collection de Sidon est faite de la Panormia,
complétée par d'autres éléments, dont le plus important est extrait
de la Summa Sententiarum d'Hugues de Saint-Victor.
ATTRIBDKBS A YVES DE r.HARTRBS. 074
Partie XVII.
La partie XVII, consacrée h divers délits tels que supersti-
tion, sorcellerie et autres analogues, reproduit une portion notable
du livre VIII de la Panormia. C'est ainsi que j'y retrouve, à
propos des sortilèges, la série des chap. 01 a 81 de ce livre VIII.
En résumé, les parties IX, X, XIV, XV, XVI et XVII de la
collection de Sidon reproduisent la plus graude partie des textes
contenus dans la Panormia. Il faut ajouter que l'auteur de cette
collection semble, au moins en général, s'être conformé à l'ordre
du recueil d'Yves.
L'auteur, qui mettait ainsi à profit les Sentences d'Hugues
de Saint-Victor et la Panor//i/a d'Yves, pour en tirer, en juxta-
posant les textes et en les conciliant, une sorte de traité général
de la théologie chrétienne, était très vraisemblablement voué à
l'enseignement. A plusieurs reprises, dans les prologues, qui
forment son œuvre personnelle, il fait allusion aux occupations
absorbantes que lui donnent seslectioiies, c'est-à-dire ses leçons.
On en trouve la preuve au début du prologue général du recueil',
on le retrouve à la première ligne du prologue de la quatrième
partiel II s'adresse, dans ces prologues, à ses socii, c'est-à-(lii*e
à ses élèves ; il leur donne des conseils sur un ton qui convient
bien à un maître^. Il y dit reprendre l'œuvre que maître Ubald,
sans doute l'un de ses collègues, a lais.séc inachevée; il s'attache
d'ailleurs à remanier la partie composée par Ubald, afin de lui
donner son cachet personnel. Trait caractéristique : ce maître a
grand'peur de la critique ; dans les prologues placés en tête des
diverses parties, il se met d'avance en garde contre les objections
de ses détracteurs.
A quelle époque vivait-il? Dans le corps de son œuvre, il cite
à plusieurs reprises Pascal II ^ On a vu plus haut qu'il cite abon-
1. « Licel niullià iinpcditus occuiialionibus, (arn lecticinilms <|tiain alii>^ .. »
(Voir plus haut, p. GÛ5.)
2. « Etsi diversis sim iinpedilus occupalionibus, lain ler,li()iiibu> quain
aliis... >
3. « Cura vos in ulriusque philosophie, divine scilicet et humanc, <|uarn plu-
rimuni nunc vacarc o|)orleat studio... »
4. XV, 171. « Pascalis II. Ut nullus episcopus de manu laici investiturani
672 LES COLLECTIOXS CANONIQUES
damment l'œuvre d'Hugues de Saint- Victor. Il écrit donc à une
époque où les décisions de Pascal II et la Somme des Sentences
ont pénétré dans la circulation. En revanche, les canons du
concile tenu à Rome par Innocent II en 1139 figurent à l'avant-
deruier feuillet, non dans le corps de l'ouvrage, mais dans une
addition. Il est donc raisonnable de supposer que la collection de
Sidon a dû être rédigée antérieurement à ce concile, sans doute
vers 1130 ou 1135. C'est, jusqu'à plus ample information, la
solution à laquelle je m'arrêterai.
Je ne me hasarderai pas à déterminer la nationalité de l'au-
teur. Sans doute, ses sources principales', la Panormia et la
Somme des Sentences, sont d'origine française ; mais elles
étaient suffisamment répandues en Occident pour qu'un auteur
étranger à la France ait pu les utilisera Je souhaite que des
hommes versés dans la connaissance des œuvres théologiques et
philosophiques du xn« siècle réussissent à identifier l'auteur du
recueil contenu dans le manuscrit de Sidon 3. Pour ma part, je
n'ai pu me défendre de saluer au passage ce vieux livre, qui a
porté outre-mer la substance de deux des productions les plus
importantes des écrivains ecclésiastiques français du xif siècle,
et qui, au xiu*^ siècle, était étudié assidûment par des lecteurs
français *.
accipiat : Constitutiones sanctorum canonum... » (Concile de Troyes, 1107; c. 16,
Q. 7, c. 17.) « Ne clericus horainium faciat laico. Pascalis llus Aaselnio Can-
tuariensi episcopo. In sinodo nuper apud Lateranense... » (1102; Jaffé-Watlen-
bach, n« 5909.) — Les textes d'Urbain II sont nombreux.
1. Je dis sources principales, car il y a, dans la collection du manuscrit de
Sidon, bien des fragments qui ne proviennent ni d'Hugues de Saint- Victor ni
d'Yves de Chartres. L'auteur, qui d'ailleurs semble savoir se faire valoir, ne
manque pas de nous dire dans ses introductions qu'il a compulsé nombre d'ou-
vrages pour y chercher des textes.
2. Roland Bandinelli, le futur Alexandre III, a utilisé, dans ses Sentences,
les œuvres d'Hugues de Saint- Victor. Cf. A.-M. (Gietl, Die Sentenzen Rolands
(Fribourg-en-Brisgau, 1891, in-S"), p. xxxiii-xlix. — Quant à la Panormia, on
sait qu'elle s'est répandue rapidement dans tout l'Occident.
3. Pour déterminer la personnalité de l'auteur, je n'ose rien conclure de l'in-
dication placée a la fin de la XVIII" et dernière partie : Bernadus scripsit.
Elle concerne probablement le scribe.
4. Je signalerai quelques-unes des notes marginales, écrites au xiii' siècle,
par un lecteur français :
En marge de XV, 340 [Panormia, III, 187), qui contient le mot mundibur-
dis, on trouve en marge le mot mainburnir.
ATTRIBUEES A TVKS DF CHARTRES. CiT.I
Conclusion.
Arrivé à la fin de cette étude, je crois utile de résumer les résul-
tats acquis.
Ainsi qu'il a été dit plus haut, Yves est incontestablement l'au-
teur de la Panorama; on peut considérer comme certiiin fiii'il
est l'auteur du i)e(?re^; la collection A (c'est-à-dire les deux pn*-
mières parties de la Tripartita) a été composée par lui ou dans
son entourage. La collection A fut rédigée la première ; on s'en
servit pour composer le Décret, dont fut tirée ensuite la Panor-
mia. Ces diverses œuvres furent sans doute exécutées vers 1094
ou 1095.
Pour déterminer l'influence qu'ellesontexercée, j'ai cru devoir
examiner un certain nombre de collections, soit purement cano-
niques, soit d'un intérêt plus général, appartenant à la première
moitié du xii* siècle.
En première ligne, j'ai constaté l'existence de quatre colh'c-
tions qui ne sont simplement que des extraits : un de la Tri-
partita, deux du Décret et un de la Panormia.
Puis, par l'étude des collections canoniques, je crois avoir
démontré les faits suivants :
Le Décret a fourni de très nombreux matériaux à la Cœsar-
augustana ; il est la source exclusive de la première partie de
la collection de Sainte-Geneviève.
A la Panormia ont été empruntés en grand nombre des maté-
En marge de XV, 35î {Panormia, III, 204), en face des mots : pollidlnlio
quam cuni Deo pepigit, on lit : CovenI toi rainl. N'y faut-il pas voir un jeu
de mots à côté de la mention d'une rosie juridique ?
En marge de XV, 359 {Panormia, III, 20'J), en lare du mot canonicc, on lit :
Sicut apud Nivellam.
En marge de XV, 363 {Panormia, III, 214), on lit : sicut papelarde.
En marge de XV, 372 {Panormia, IV, 20), on lit : Sicut fecit Rememis Utlu-
ricensi. Il s'agit de l'ordre des préséances.
En marge de XV, 477 {Panormia, IV, 117), en face du mol tergicersntio, on
lit le mot eschanpe.
En marge de XV, 527 {Panormia, V, 97), on lit : conira capelluniim Gr.icum.
En marge de XV, 255 : Ex concilia Clarimontis ah Vrhnno papa II' cele-
brato. cap. XX : Ut nullus presbiter capellanus alicujus laici esse auileat nisi
coiicessioiie episcopi, on lit : Quod non fuciunl passim.
671 LES COLLECTIONS Ci\OXIQUES
riaux qui, combinés avec la collection d'Anselme de Lucques,
ont formé la collection du Vatican 1361.
La Panormia, revue et considérablement augmentée, est
devenue la Collection en dix parties, qui, elle-même, a engendré
le résumé intitulé Sumriia Decretorum, œuvre d'Haimon de
Bazoclies, évêque de Châlons.
De la fusion d'éléments empruntés à la Tripartita et à la
Collection en dix parties est sortie la collection du manuscrit 47
de Châlons ou Première collection de Châlons. De cette Première
collection, complétée à l'aide des mêmes recueils, est issue la
collection du manuscrit 75 de Châlons ou Deuxième collection
de Châlons.
Passant ensuite à l'étude d'œuvres qui ne sont pas spéciale-
ment canoniques, j'ai montré l'influence des recueils du groupe
cliartrain sur les lettres d'Hildebert de Lavardin, sur le recueil
de Sentences attribué à Alger de Liège, sur les ouvrages d'Hugues
de Saint-Victor, sur le Sic et Non d'Abélard, sur la collection
des Sentences d'un manuscrit de Sidon conservé au Vatican
(Vatic. 1345). En ce qui touche l'influence, d'ailleurs considé-
rable, des mêmes recueils sur le Décret de Gratien, je m'en
suis tenu aux résultats énoncés par M. Friedberg dans les Pro-
légomènes de son édition du Décret de Gratien.
Je confesse hautement que je n'ai nullement la prétention
d'avoir signalé toutes les traces de l'influence d'Yves qui se
retrouvent dans les écrits ou les recueils du xii^ siècle*. Les
résultats qui viennent d'être indiqués suffisent à montrer que
cette influence a été extrêmement considérable. Il n'est pas témé-
raire d'aflîrmer que, dans la première moitié du xif siècle, les
recueils canoniques d'Yves de Chartres furent répandus et utilisés
en France, en Italie et dans tout l'Occident.
Non seulement Yves de Chartres a fourni de nombreux maté-
riaux aux "auteurs de collections, il est juste d'ajouter qu'il a con-
1. Il faudrait, pour accomplir cette tâche, relever les moindres traces d'em-
prunts faits aux collections d'Yves. Il faudrait consulter les recueils, très nom-
breux, (le Sententvv, où ont été insérés des extraits d'Yves. Il faudrait signaler
les nombreux manuscrits où se rencontrent ses lettres et aussi sa grande pré-
face de consonantia canonum, si souvent transcrite. Il faudrait enfin énumé-
rer les citations qui furent faites des lettres d'Yves, fort appréciées des hommes
du moyen âge.
iTTRIBCEBS A TVKS DE CHARTRES. «75
tribué largement à modifier leurs tendances. En effet, sf)n but ne
consistait pas uniquement à réunir des textes : dans sa cêlt''l)ro
préface, il indique les moyens de les concilier pour les ramener,
autant que possible, à une doctrine unique. Avant qu'Abélard
l'ait tenté pour la théologie', Yves oriente les canonistes vers la
synthèse. Cette pensée est imparfaitement réalisée dans I(^s par-
ties juridiques de la collection du manuscrit de Sidon; elle trouve
son expression complète dans le Décret de Gratien, intitulé Con-
cordia discordantium canoniun.
On voit combien grande fut l'autorité d'Yves de Chartres; le
prestige dont il jouit auprès des canonistes égale le prestige
qu'exerçait son contemporain Hugues de Saint-Victor sur les
esprits des théologiens. Pour l'un et l'autre, cet éclat devait bien-
tôt s'obscurcir. On sait que Pierre Lombard, le maître des Sen-
tences, supplanta tous ses prédécesseurs et devint pour longtemps
le guide des théologiens et des philosophes. De même le Décret
de Gratien, dès la seconde moitié du xii'' siècle, fit pâlir la répu-
tation des collections chartraines. Pierre Lombard mit à con-
tribution le Décret de Gratien; Roland Bandinelli, le futur
pape Alexandre III, qui, vers le milieu du xii" siècle, écrivit un
recueil de sentences, se servit du Décret de Gratien et non des
recueils d'Yves^ : après lui, les canonistes^ suivirent son exemple.
Pendant que l'autorité d'Yves de Chartres décline ^ celle de Gra-
tien est établie pour longtemps.
1. Le Sic et .\on d'Abélard est, d'après le R. P. Denifle. le premier renieil
tliéologique dont l'auteur propose à ses lecteurs les c<intradictions de Itixtes,
afin de les amener à les résoudre. Avant Abélard, les sentences d'Anselme de
Laon et de Guillaume de Cbampeaux n'ont nullement ce caractère. Cf. Dénide,
Archiv fiir Literatur- ïind Kirchen-Geschicfite, I, p. 618.
2. Cela n'est pas étonnant. Roland avait lui-rni^me composé une Somme sur
le Décret de Gratien, qui a été publiée par M. Thaner, die Summa magistri
Rolandi. Innsbruck, 1874. Ses Sentences ont été publiées par le R P. Giell,
Die Sentenzen liolands (Fribourn-en-Brisgau, 1801). — Le premier ouvrage
est plutôt juridique, le second plutôt philosophique.
3. J'ai sous les yeux la Somme d'Alexandre de Halès, qui représente l'ensei-
gnement parisien dans la première moitié du xm" siècle. On y cite le Décret
de Gratien et les Décrétales, mais non Yves de Chartres. Il en sera de même de
tous les théologiens et les canonistes de ce temps.
4. Les citations d'Y'ves dms les écrits juridiques de la période immédiate-
ment postérieure à Gratien deviennent fort rares. On en trouve cependant
quelques-unes. C'est ainsi que, dans l'Introduction à sa Somme, Etienne de
676 LES COLLECTIONS CANONIQUES ATTRIBCE'eS A YVES DE CHARTRES.
A Yves de Chartres revient tout au moins l'incontestable
mérite, non seulement d'avoir frayé la voie à Gratien et aux
canonistes qui lui succédèrent, mais d'avoir à lui seul fourni
presque exclusivement les textes canoniques aux écrivains de la
première moitié du xif siècle. C'est pourquoi la rédaction de ses
collections marque une étape importante dans l'histoire du déve-
loppement du droit canonique.
Paul FOURNIER.
Tournay cite un passage de la grande préface d'Yves : die Summa des Stepha-
71MS Tornacensis (édit. Schulte, Giessen, 1891), p. 4. On rencontre deux citations
de la Panormia dans la Summa Bambergensis ; cf. Maassen, Beitràge zur
juristischen Literargeachichte des MittelaUers, dans les Sitzungsberichfe de
l'Académie imjiériale de Vienne, classe de philosophie et d'histoire, t. XXIV
(1857), p. 62.
BIBLIOGRAPHIE.
Éléments de paléographie, par le chanoine Redsens. ^ " fascicule.
Louvain, l'auteur, ^897. ln-8°, ^84 pages.
Sous le titre d'Élcmenls de paléoçjraphie, M. le chanoine Reusens
vient de publier un nouveau manuel de paléographie latine. Il ne s'agit
que de la paléographie des manuscrits; l'on n'y cherchera ni la paléo-
graphie des inscriptions, ni celle des monnaies, ni celle des sceaux.
Cependant, pour les premiers siècles de l'ère chrétienne, le savant pro-
fesseur a donné quelques exemples d'inscriptions et, s'il a dépassé par
là le cadre qu'il s'était fixé, l'on ne saurait que l'en louer; car, à cause
de la rareté des documents sur papyrus antérieurement au vi" siècle,
il est indispensable, pour suivre l'histoire de l'alphabot latin et parti-
culièrement de la transformation des lettres capitales en onciales, cur-
sives et minuscules, d'étudier les graffites de Pompéi, les tablettes de
cire de Pompéi et de Transylvanie. L'on est immédiatement frappé de
ce fait que la plupart des formes qu'on retrouvera plus tard dans les
plus anciens manuscrits en onciale ou en minuscule font déjà leur
apparition sur les monuments du i^"" au iv« siècle. M. le chanoine
Reusens y a insisté avec raison. Il a d'abord étudié l'écriture capitale,
car les autres formes de lettres sont dérivées presque nécessairement
des formes capitales, sous diverses influences, mais principalement
sous l'influence du désir de simplifier et du besoin d'écrire rapidement
et de former les lettres d'un seul trait de calame ou de stylet. La nature
de la matière qui a reçu l'écriture a aussi exercé une influence sur le
tracé des lettres, mais moindre qu'on ne serait tenté de le croire. C'est
ainsi que l'onciale, qui n'est qu'un arrondissement de la capitale,
aurait d'abord paru sur le papyrus ou le parchemin : « La naissance
de l'écriture onciale, » dit le chanoine Reusens (p. 11), « s'explique
aisément. La forme des lettres de l'écriture capitale, tant rustique qu'élé-
gante, apparut d'abord sur les plaques de pierre et de métal, où les
lignes, se coupant à angle droit, obtus ou aigu, s'obtenaient sans peine
au moyen du ciseau, tandis que le copiste ou écrivain, qui t.rarait ces
mêmes lettres avec le roseau sur papyrus ou sur parchemin, travail-
lait plus facilement et aussi plus vite, en arrondissant les contours,
c'est-à-dire en substituant des courbes aux parties anguleuses. » L'ori-
gine de l'onciale n'est peut-être pas aussi certaine. D'abord, comme le
£78 BIBLIOGRAPHIE.
remarque le chanoine Reusens (p. H, note 2), « certaines inscriptions
murales de Pompéi, de même que les tablettes de cire du n« siècle
découvertes en Transylvanie, offrent déjà des formes de lettres qui se
développèrent plus tard dans l'écriture onciale. » En second lieu, l'on
a retrouvé en Afrique des inscriptions où l'onciale est absolument
constituée, par exemple l'inscription de Makter, dite du moissonneur,
et deux autres qui ne sont pas datées, il est vrai, mais qui paraissent
bien antérieures aux plus anciens manuscrits connus en onciale *. Il a
pu exister de très anciens manuscrits perdus qui auraient servi de
modèles aux lapicides. Seulement les monnaies nous fournissent la
preuve que la capitale a pu se transformer en onciale, c'est-à-dire que
les angles ont pu s'arrondir sur d'autres matières plus résistantes que
le papyrus ou le parchemin. Sur les monnaies de Théodebert, par
exemple, l'E affecte diverses formes; tantôt il est franchement capital,
tantôt il présente une haste aux extrémités de laquelle s'appuient les
barres, non pas horizontalement, mais à angle obtus, inclinées, la
barre supérieure se relevant, l'inférieure s'abaissant, tantôt enfin les
barres et la haste tracées d'un seul trait de burin donnant un £. Il y
a des cas oîi il est difficile de décider si l'on est en présence de la
seconde forme ou de la troisième; cette seconde forme est donc inter-
médiaire entre la première et la troisième, entre la capitale et l'onciale.
Après l'onciale et la demi-onciale, M. le chanoine Reusens étudie la
minuscule. Les Romains, dit-il, la connaissaient; il n'en cite pas
d'exemples. A vrai dire, ce n'était pas le Ueu de parler de la minus-
cule, car la minuscule, telle qu'on l'entend ici, celle dont on donne des
exemples, c'est la minuscule dite Caroline, issue, comme l'a démontré
M. Delisle, de l'onciale et de la demi-onciale. Le chapitre consacré à
l'écriture cursive est au contraire fort intéressant. R y a là des exemples
bien choisis de graffites offrant des formes de lettres qu'on comparera
utilement à celles des écritures dites nationales. Un long paragraphe
relatif aux notes tironiennes termine le premier chapitre. Le chapitre II
est consacré aux écritures dites nationales. L'auteur a adopté la classi-
fication des savants qui font autorité en paléographie : MM. Delisle,
Thompson et Wattenbach. On s'étonnera de trouver dans le paragraphe
de l'écriture lombardique une bulle de 1791 en.scrittura bollatica; mais
l'auteur du présent manuel a éprouvé le même embarras que l'un de
ses devanciers; ne sachant où faire figurer cette écriture extraordinaire
et qui ne se rattache nettement à aucun groupe, il l'a mentionnée à
côté des écritures précédemment employées par la chancellerie ponti-
ficale. Encore l'exemple qu'il a choisi n'est-il pas très caractéristique.
A propos de la forme de l'a, voisine de celle de l'w, produite par le
l. L'édit de Dioclélien de l'an 301, gravé sur une stèle conservée au Musée
national d'Athènes, est en écriture onciale.
BIBLIOf.RAI'niE. ri79
relèvement exagéré du second jambage de Va ouvert, et qui parait dans
les bulles du ix« au xi" siècle, je sifînalerai un a do cette forme sur une
monnaie du vn" siècle, frappée à Chalon-sur-Saùne. Le fait est intéres-
sant, puisqu'il est une preuve ajoutée à d'autres que les diverses minus-
cules n'étaient pas oriiiinairement cantonnées dans des pays détermi-
nés. Ces minuscules disparurent toutes devant la minuscule Caroline
dont l'usage devint peu à peu général en Europe. Le chanoine Reusens
lui a accordé une large place dans son livre. Mais « au moment même
où l'adoption de la minuscule Caroline venait de supprimer la plupart
des difficultés que présentait jusqu'alors le déchiiVrement de l'écriture
minuscule, surgirent des difficultés d'un nouveau genre. D'abord, les
abréviations devinrent plus communes et ne cessèrent de se multiplier
pendant les siècles suivants. Ensuite, des signes spéciaux et des modes
particuliers d'écrire furent employés pour différents ordres d'idées. »
C'est pourquoi, avant d'aborder l'étude des transformations subies par
l'écriture après le x« siècle, l'auteur des Éléments, qui avant tout s'est
préoccupé de faire un livre d'enseignement, a cru devoir consacrer aux
abréviations un long chapitre, rempli d'observations judicieuses dont
quel([ues-unes nouvelles. Ainsi, je ne crois pas qu'on ait signalé jus-
qu'ici les figures multiples, étoile, treillis, rameau, employées dans
une charte du xi« siècle, reproduite dans rOor/iO?u/r«/;of/c ran GeUlcrland
de Sloet, à la place du signe abréviatif le plus simple, la barre hori-
zontale. Pour les signes spéciaux d'abréviation, le chanoine Reusens
en a parfois indiqué l'origine, par exemple pour la note d'esse. Il eût
pu rappeler que le signe g =: us est emprunté aux notes tironiennes,
comme on peut le voir par le fac-similé même du lexique qu'il a donné
à la planche VI dans les mots pederus et siipnentariua. C'est pout-étre
dans le chapitre des abréviations que l'observation sur IIIC XPC aurait
dû trouver place (car c'est une abréviation par contraction) plutôt qu'à
la suite de l'étude des lettres. Le chanoine Reusens a adopté l'opinion
courante qui considère l'H comme un r; grec. S'il est certain que XPC
est formé de lettres grecques, il n'en est pas de même de IIIC. Il est
douteux que 17i de l'abréviation de ihs dans la minuscule ne soit que
la transcription d'un H {êta) grec mal compris. C'est là ce qu'a fait
remarquer le premier M. Henri Omont {Bull, de la Soc. des Antiquaires
de France, 1892, p. 124). Et, en effet, dans les manuscrits latins
en capitale ou en onciale, l'on ne trouve pas IHC, mais bien IIIS;
l'abréviation Jésus se termine par une S latine et non par un sigma
grec. Ainsi, dans le fac-similé n» 1 de la planche III des Eléments,
reproduisant un évangéliaire du vi« siècle, nous trouvons XPro ipour
Christum) avec un p grec, mais IIIS pour Jhesus. Il semble donc que
l'opinion de M. H. Omont doive être adoptée.
Le chapitre iv des Éléments porte un titre singulier : « Diverses
causes autres que les abréviations rendant difficile la lecture des
680 BIBLIOGRAPHIE.
anciennes écritures. » Et, sous prétexte de mettre en garde les débu-
tants contre les confusions qui peuvent résulter de la ressemblance de
diverses lettres entre elles, l'auteur fait une étude particulière de chaque
lettre, étude incomplète à cause du point de vue un peu étroit auquel
l'on s'est placé, et qui aurait dû être rejetée à la fin du volume, afin de
montrer l'enchainement des formes déjà connues du lecteur; car l'on
est amené ou bien à parler de formes de lettres qui n'ont pas encore
paru dans les fac-similés, ou bien à négliger ces formes, ce qui est
d'ailleurs le cas, car nous ne voyons pas qu'il soit question de l'écri-
ture gothique qui, plus que toute autre, offre des difficultés résultant
des ressemblances entre des lettres différentes. Tout ce chapitre est
donc confus. On y a fait rentrer des paragraphes sur les lettres liées et
les monogrammes, sur l'ornementation des lettres, sur les différents
modes d'écrire les nombres. A la page 151, nous lisons : « La moitié
fut exprimée chez les Romains et dans les manuscrits des neuf premiers
siècles de l'ère chrétienne par la lettre S (sigle de semis, demi). » Il y
a là une petite inexactitude. L'usage de la lettre S pour indiquer la
moitié s'est conservé après le ix^ siècle, car elle est encore employée
avec cette valeur dans les registres municipaux de Douai au milieu du
kiii" siècle et même dans des documents du xiv» siècle, par exemple
dans la liste des Flamands tués à la bataille de Cassel. Viennent
ensuite les signes de ponctuation, les signes de correction. L'on
ne voit vraiment pas comment des signes aussi essentiels peuvent
être considérés seulement comme des « causes rendant difficile la
lecture des anciennes écritures. » Pourquoi encore mettre la crypto-
graphie entre « la division arbitraire des mots à la fin des lignes »
et les « fautes de transcription? » Le chapitre v est consacré à l'ortho-
graphe et aux usages anciens. Il s'adresse aux personnes qui ne sont
pas familières avec la philologie; mais l'on ne conçoit guère qu'on
puisse prétendre lire utilement d'anciens manuscrits si l'on n'a pas
pris dans des livres spéciaux, et plus explicites que les quelques pages
des Éléments de paléographie, des notions sur le latin du moyen âge et
sur les langues romane ou néerlandaise. Quant aux usages anciens,
sans doute leur ignorance « crée nécessairement des difficultés pour
l'intelligence et, par suite, pour le déchiffrement des textes anciens. »
Mais, si l'auteur d'un manuel de paléographie prétend mettre son lec-
teur à même de comprendre et de tirer parti des textes dont il lui
apprend le déchiffrement, il lui faudra joindre à son ouvrage un cours
complet de droit public et de droit privé. Et- l'on ne voit pas pourquoi
de tous ces usages anciens le chanoine Reusens n'a retenu que ceux
qui se rapportent aux divers modes de tradition, per ramum et cespitem,
per festucam, per cultellum, etc. Il y a bien d'autres formules de droit,
souvent abrégées, par exemple dans les actes de notaires, qui arrête-
ront les débutants. Il suffisait d'indiquer, comme l'a fait d'ailleurs le
BIBLIOGRAPHIE. (>St
chanoine Rcusens, les glossaires auxquels on devra avoir recours. C'est
avec cette indication bibliographique que se termine le 1" fascicule des
Éléments de paléographie. Les quelques réserves que nous avons faites
sur la distribution des matières dans les deux derniers chapitres n'im-
pliquent pas, comme on le pense bien, un jugement défavorable sur
l'ensemble du livre. Il nous paraît au contraire que les Éléments de
paléographie seront comptés au nombre des meilleurs manuels de paléo-
graphie. L'auteur a mis à profit les travaux les plus récents et les plus
autorisés, auxquels il a ajouté un grand nombre d'observations per-
sonnelles et le fruit d'une longue expérience des manuscrits. Les réfé-
rences bibliographiques sont exactes, nombreuses et bien choisies.
L'exposition est claire. On remarque un souci particulier des défini-
tions souvent si difficiles en la matière. En un mot, ce livre est tout à
la fois scientifique et pratique. Les étudiants qui en feront usage n'ap-
prendront pas seulement à déchiffrer les anciennes écritures ; après
avoir lu les Éléments du chanoine Reusens, ils auront une idée très
nette du développement historique de l'alphabet latin. Les planches
photographiques et les vignettes dans le texte sont nombreuses et bien
exécutées. Les transcriptions placées en regard des fac-similés sont
très soigneusement faites. De plus, chaque fac-similé est accompagné
d'observations, ovi l'auteur a fait ressortir les traits caractéristiques de
l'écriture. Le nombre, le bon choix et la parfaite exécution des fac-
similés ne constituent pas l'élément le moins important d'un manuel
de paléographie. Et c'est parce que nous ne pouvions que féliciter l'au-
teur de la façon dont il a compris et rempli cette partie de sa tâche
que nous tenions à ne la signaler qu'en terminant le compte-rendu de
ce livre très utile. , ^
iVl. Prou.
Vaticanische Miniaiuren herausgegeben und erlxutert von Stephaii
Bkissel, s. J. QueUeii zur Gescliichte der Miniaturmalerei mil
XXX Tafeln in Lichtdruck. Freiburg im Breisgau, Herder'sche
Verlagshandluiig, ^893. In-4°, viii-59 pages. 25 fr. broché,
30 fr. relié.
On ne peut que féliciter le Père Beissel d'avoir entrepris une pareille
publication; elle lui fait le plus grand honneur. Il serait à souhaiter
que son exemple fût suivi et que les principales bibliothèques de l'Eu-
rope fussent l'objet d'un dépouillement de ce genre. C'est alors seule-
ment que pourrait être écrite une histoire complète de l'art de la minia-
ture au moyen âge. On en a déjà traité plusieurs chapitres, mais une
bonne œuvre d'ensemble reste encore à faire.
Des reproductions phototypiques, comme celles qui accompagnent le
<Î82 BIBLIOGRAPHIE.
présent volume, ne sauraient, il est vrai, tenir lieu des originaux, de
l'examen desquels on ne pourra jamais se passer; elles n'en fournissent
pas moins, malgré l'absence des couleurs, un instrument de travail
excellent qui rend plus faciles et plus sûres les comparaisons nécessaires.
Le Père Beissel a été guidé, dans son choix, par les indications qui
lui ont été données par les bibliothécaires de la Vaticane et par celles
qu'il a trouvées dans les divers catalogues ou dans les ouvrages de
quelques érudits^. Il a formé cinq groupes des miniatures qu'il a repro-
duites dans les trente planches de son album. Le premier comprend
des miniatures prises parmi les plus anciennes, parmi celles dont les
auteurs se sont inspirés de l'antiquité classique : \irgile (Lat. 3867
et 3-225), Térence (Lat. 3868), rouleau de Josue (Pal. grœc. 431) et traité
d'arpentage (Pal. lat. 1564) ; le second des miniatures d'origine occi-
dentale du vue au xi'= siècle : Évangiles (Pal. lat. 50 et Vat. lat. 3741),
Bible (Lat. 4), Calendrier (Registre lat. 1263), Sermons écrits au
Mont-Cassin (Lat. 1202); le troisième des miniatures de manus-
crits grecs : Évangiles (Grec 1158, 1229 et 1522), Actes des apôtres
(Grec 1208), Bible (Reg. grec 1) et Menologe (Grec 1613); et le qua-
trième et le cinquième des miniatures d'origine occidentale du xi^ au
xvi« siècle. C'est dans ces deux dernières séries que sont des minia-
tures du Tractatus de arte venandi de Frédéric U (Pal. lat. 1071), de la
Bible attribuée au Pinturicchio (Urb. lat. 1) et d'un manuscrit de
Dante (Urb. lat. 365).
Chacun de ces manuscrits est l'objet d'une notice plus ou moins
longue, selon qu'elle est consacrée à la description de toutes ses minia-
tures ou restreinte à celles qui sont l'objet d'une reproduction. Les
indications bibliographiques qui accompagnent ces notices ne sont pas
toujours aussi complètes qu'on le souhaiterait. Ainsi, on regrette de ne
pas trouver mention, à propos des manuscrits de Virgile, du travail
qui leur a été consacré par M. P. de Nolhac, dans les Mélanges de
l'École française de Rome^, et des reproductions de M. Châtelain^ et de
la Palxographical Society''. Ces notices sont rédigées en français et en
allemand, et il convient de dire que le Père Beissel n'a nullement
besoin de l'indulgence qu'il sollicite modestement des lecteurs français.
Une table numérique des manuscrits cités, tant dans le texte que
dans les notes, et une table alphabétique des principales matières ter-
minent cette publication et en font un instrument de travail et de
recherche aussi commode qu'utile.
G. G.
1. Seroux d'Agincourt, Labartc, Kondakoû, etc.
2. Année 1884 : Les Peintures des 7nanuscrits de Virgile.
3. Paléographie des classiques latins, t. I (1884-1892).
4. Londres (1873-1883).
IlIBLIOCUAPUIt. «1S3
Gabriel Dkmaxte. Etude historique sur les gens de condition viain-
mortable en France au \\ III' siècle. Paris, A. IMcanI cl llls,
^894. ln-8°, ^07 payes.
Mainmorte, servitude réelle et personnelle, ce sont là des mots dont
le sens n'a pas été médiocrement obscurci par les préjuges el les pas-
sions. Dans la brochure que je signale aux lecteurs, M. tiabriel Uemantc
s'est proposé de donner sur ces matières (juclques notions exactes et
par là d'arriver à des appréciations plus équitables.
Le mot mainmorte a deux sens dans notre ancien droit; il marijuc
la condition des communautés et aussi celle des classes supérieures de
la population rurale. Naturellement M. Déniante ne cite la mainmorte
des communautés que pour l'écarter; son mémoire est entièrement
consacré à la mainmorte agricole. Celle-ci se présente sous deux
formes : la mainmorte réelle et la mainmorte personnelle. La main-
morte réelle, qui frappe directement les héritages, t n'a rien d'odieux. »
Au contraire, la mainmorte personnelle, par la(juelle certains hommes
sont « serfs de corps, » est une atteinte portée à la liberté naturelle de
l'homme. Appliquée dans toute sa rigueur, elle limite celte liberté par
le droit de poursuite, par le droit de formariage, et aussi par les graves
restrictions qu'elle impose à la transmission des biens après décès.
Au siècle dernier, la mainmorte n'était qu'une condition exception-
nelle, connue seulement dansun petit nombredecoulumes; .M. Demante
en fait connaître exactement les principaux traits d'après deux de ces
coutumes : celle du Nivernais et celle de la Comté; il montre que la
mainmorte du xviiio siècle n'aboutissait guère qu'au druit d'échute,
assurant au seigneur la succession du serf quand il décède, sans « hoirs
communs. » Tout naturellement l'auteur est amené à étudier le fameux
procès du chapitre de Saint-Claude, soulevé à propos de l'exercice du
droit d'échute; chemin faisant, il critique les tendances très peu scien-
tifiques et encore moins impartiales dont Voltaire s'inspire dans la
polémique à laquelle ce procès donna lieu ; enfin il résume les reformes
de Louis XVI et de l'Assemblée constituante en cette matière.
Dans la seconde partie, l'auteur expose ses idées sur les origines de
la mainmorte. Elle dérive, à son avis, du colonat du Bas -Empire
et, après la chute de l'Empire, d'institutions telles (}ue les précaires
ecclésiastiques : « Au décès du tenancier, la concession est continuée
par l'usage au profit des descendants du premier concessionnaire, sous
la condition de vivre en commun avec le chef de famille au jour de
son décès. » — Aussi, « à l'avènement de la dynastie capétienne, la
mainmorte est devenue la condition générale des populations rurales. »
Les actes d'afifranchissement furent nombreux ; cependant, il leur arriva
684 BIBLIOGRiPHIE.
quelquefois de n'être pas considérés comme un bienfait par ceux qui
en étaient l'objet.
La mainmorte, aux premiers siècles du moyen âge, s'explique (c'est
la conclusion de M. Demante) par la considération capitale de l'intérêt
public; elle a été créée, dit-il, en empruntant les termes d'un ancien
auteur, « aûn que les terres ne demeurassent désertes et sans culture. »
Aux derniers temps de l'ancien régime, elle n'était plus, comme d'ail-
leurs les droits seigneuriaux, qu'un effet sans cause; les philosophes,
« dédaignant l'histoire, » avaient beau jeu de la stigmatiser « comme
un produit de la violence et de l'oppression. »
En terminant, l'auteur, en quelques pages inspirées par de très nobles
sentiments, exprime, au point de vue économique, sa sympathie pour
le métayage; au point de vue social, il donne rendez-vous à tous les
esprits éclairés sur le terrain solide des principes chrétiens.
P. F.
The System ofcourtly love studied as an introduction to the Vita
Nuova of Dante, by Lewis Freeman Mott, M. S. Submitted in
partial fulfiUment of the requiremenls for Ihe degree of Doctor of
philosophy in the faculty of philosophy Golumbia University. Bos-
ton, and London, Ginn, ^896. In-8°, vi-^53 pages.
On a déjà plusieurs fois signalé l'impulsion que l'étude des langues
romanes a reçue depuis quelques années dans les universités améri-
caines et dont voici un nouveau témoignage, grâce surtout à la savante
direction de maîtres parmi lesquels on me permettra de citer : MM. El-
liott, Todd, notre confrère M. A. Gohn, le regretté Child, dont les
folkloristes et les historiens de la littérature comparée déplorent la
mort récente.
L'amour courtois et ses règles ont déjà souvent été étudiés avant
M. Mott, qui n'apporte rien de bien nouveau à cette question ; il s'est
borné à vériher la théorie que d'autres savants en ont dégagée avant
lui, sur un ensemble de textes bien choisis, dont il nous donne un
dépouillement très copieux et fait avec goût, analogue à celui que nous
devons à M. Binet dans son livre du Style de la lyrique courtoise. La
plupart des lieux communs amoureux de la poésie du moyen âge se
trouvent déjà en germe dans les œuvres de Bernart de Ventadour, qui
adressait ses vers à Aliéner de Poitiers; quelques-uns sont empruntés
à l'ancienne poésie populaire provençale, les descriptions du printemps,
le sentiment de la puissance souveraine de l'amour, par exemple. Le
ton de réserve, de respect et d'humilité qui règne dans ses chansons,
s'explique par la grande distance qui séparait un pauvre chanteur
errant d'une princesse de haut rang; imité par les poètes qui suivirent,
BIBLIOGRAPHIE. 685
ce dernier trait, même quand les raisons sociales qui l'expliquent dis-
paraissaient, prit une importance fondamentale, et l'entière dépendance
de l'amant à l'égard de sa dame caractérise surtout l'amour courtois.
Les sentiments qui, chez Liornart de Ventadour, paraissent encore pos-
sibles, deviennent par leur exagération tout à lait invraisemblables
chez Peire Rogier ; ce ne sont que des lieux communs docilement repro-
duits; le style courtois, avec ce qu'il a de conventionnel et de factice,
est entièrement constitué chez lui.
Ce n'est pas sans raison que M. Mott commence son travail par
l'étude de ces deux troubadours : l'un et l'autre sont antérieurs à Chré-
tien de Troyes, qui a dû les connaître, le premier surtout, qui écrivait
pour une princesse dont la fille Marie de Champagne a eu une influence
décisive sur les œuvres du trouvère champenois. Le chapitre consacré
à Chrétien et où l'auteur suit à juste titre le beau travail de M. G. Paris
sur le Conte de la Charette, est un des plus intéressants du livre; il nous
montre Erec, le plus ancien de ses romans, déjà plein de formules cour-
toises, mais par son esprit en complet désaccord avec la conception de
l'amour chevaleresque qui prévalut, Cligès déjà plus raffiné et enfin le
triomphe du système dans la Charette. Yvain ou le Chevalier au Lyon,
composé ensuite, appartient entièrement à la nouvelle manière; les
théories courtoises y sont excessivement raffinées, bien que le mariage
du héros au dénouement soit contraire à la principale loi du code
amoureux; il faut y voir, non comme M. Mott, une marque d'honnê-
teté de Chrétien et sa réprobation de l'adultère, mais sans doute son
respect pour la source qu'il suivait. L'étude complète du développe-
ment de la courtoisie chevaleresque dans les romans de Chrétien de
Troyes devrait, il me semble, tenir compte d'autres éléments; sans
doute l'intluence des troubadours, grâce surtout à Marie de Champagne,
a été prépondérante, mais l'auteur aurait pu insister, par exemple, sur
la conception de l'amour que Chrétien trouvait dans les sources d'ori-
gine bretonne qu'il suivait et qui diffère totalement de celle des
romans français antérieurs, enfin sur l'influence d'Ovide dont il avait
fait une traduction qui ne s'est pas retrouvée.
Après quelques considérations sur le de timoré d'André le Chapelain,
et M. Mott aurait pu rappeler qu'il était célèbre en Italie dès la pre-
mière moitié du xni« siècle, sur le Pamphilus, le Concilium Romarici-
montis et autres ouvrages qu'il étudie d'après les travaux de notre
confrère M. E. Langlois sur le Roman de la Rose, enfin, sur la première
partie du Roman de la Rose lui-même, l'auteur retourne aux poètes du
Midi. Là, en effet, ils ont non seulement continué à travailler sur leur
propre fonds, composant sans se lasser des variations plus ou moins
brillantes sur les motifs immuables de l'âge d'or, mais ils ont à leur
tour subi profondément l'influence des romans de la Table ronde et des
4897 44
686 BIBLIOGRAPHIE.
poètes lyriques du Nord, chez lesquels les règles de l'art d'amour
avaient pris un développement plus rapide et surtout plus systématique.
Ce fut cette poésie provençale, arrivée à son déclin, qui fut servilement
imitée en Italie au commencement du xni« siècle jusqu'à l'apparition
des poètes de l'école de Florence; ceux-ci, et surtout Guido Cavalcanti,
que Dante a nommé son père en poésie, surent donner à la poésie ita-
lienne, tout en conservant la phraséologie habituelle, un caractère plus
élevé, et c'est grâce à leur influence que la Vita Nuova nous montre
des tendances philosophiques et symboliques toutes nouvelles. Des con-
sidérations sur le changement que le génie de Dante apporta à la
conception traditionnelle de l'amour terminent cette intéressante étude,
mieux composée et, à ce qu'il me semble, mieux écrite que la plupart
des dissertations américaines dont j'ai eu connaissance.
Joseph GouRAYE DU Parc
Cartulaire général de Vordre des Hospitaliers de Saint-Jean de
Jérusalem (1100-1310), par J. Delaville Le Roclx. T. II : ^20^-
•1260. Paris, Ernest Leroux, -1897. In-foL, 9^9 pages.
Dans la Bibliothèque de l'École des chartes de l'année 1894 (t. LV,
p. 669), en rendant compte du premier volume du grand recueil de
notre confrère M. Delaville Le Roulx, nous avons essayé d'en exposer
le plan, de donner une idée de l'immensité et de l'intérêt du sujet, d'in-
diquer les difficultés de l'entreprise et de faire comprendre au prix de
quels efforts l'auteur avait triomphé de ces difficultés. Le second volume,
qui vient de paraître, ne mérite pas moins d'éloges que le premier. Il
contient 1,840 pièces qui se rapportent à la période comprise entre les
années 1201 et 1260. Rien n'est plus varié que les documents dont notre
confrère y a fait entrer le texte ou de substantielles analyses. Tous se
rattachent intimement à l'histoire de l'ordre des Hospitahers ; mais la
plupart sont en même temps très utiles à consulter pour l'histoire
générale de la première moitié du xni^ siècle. On y voit se succéder
presque tous les grands noms de la société politique et ecclésiastique
de cette époque. Le dépouillement d'un tel recueil s'imposera à tous
ceux qui veulent approfondir d'après les témoignages contemporains et
authentiques l'étude du moyen âge. Ce dépouillement est d'ailleurs
rendu facile par la clarté de la disposition typographique, par l'exacti-
tude des sommaires analytiques, par la rigoureuse détermination des
dates et par la correction des textes.
Ge qu'il faut surtout admirer, c'est le 'soin que l'auteur a mis à
recueillir et à classer les éléments de son ouvrage. Plus la publication
s'avance, plus on aime à constater qu'il n'a rien négligé pour arriver à
la connaissance de tous les documents diplomatiques relatifs aux Hos-
Biiu.ior.RAPniE. 687
pitaliers. Il a fouillé toutes les archives et les bibliothèques de l'Europe.
Quand les originaux ou les anciens exemplaires lui ont fait défaut, il a
pris, pour en tenir lieu, des copies modernes plus ou moins fidèles, et
même de simples extraits ou des analyses sommaires. Il a poussé aussi
loin qu'il était possible la recherche des éditions, intégrales ou frag-
mentaires, qui pouvaient exister dans une foule de livres ou d'opuscules
français et étrangers. S'il fallait exprimer un regret, ce serait que les
indications bibliographiques n'aient pas été présentées méthodiquement,
de façon à bien faire ressortir l'origine et la valeur absolue ou relative
des sources auxquelles on a puisé.
Je citerai comme exemple le n^ 12H du Cartulaire : charte de Phi-
lippe-Auguste portant donation aux Hospitaliers de biens situés à
Bruyères-le-Chàtel au mois de février 1205 (n. st.). M. Delaville Le
Roulx indique dans l'ordre suivant, comme sources du texte de cette
pièce :
1° Le registre JJ. 8 des Archives nationales, copie du commencement
du xiv^ siècle.
2° Le registre JJ. 7, copie du commencement du xui'= siècle.
30 Le registre JJ. 23, copie du xiv^ siècle.
4" Le registre JJ. 26, copie du xni^ siècle.
5° Le ms. latin 9778 de la Bibl. nat., copie du milieu du xm« siècle.
6° Un extrait fait au xvn« siècle d'après un Cartulaire des Hospita-
liers appartenant à Petau, extrait qui est inséré dans le vol. 403 de la
collection Decamps.
7» Le ms. du Vatican n» 2796 du fonds Ottoboni, copie du commen-
cement du xni« siècle.
En dressant cette liste, il aurait fallu avertir que l'extrait de la col-
lection Decamps (6") représente l'expédition originale de la charte et
que les six autres manuscrits nous ont conservé le texte de la minute ;
ces six manuscrits auraient dû être groupés comme il suit :
1° Ms. du Vatican, Ottoboni 2796, MINUTE ORIGINALE.
2" Registre JJ. 8, mauvaise copie du ms. Ottoboni.
3° Registre JJ. 7, dérivé du ms. Ottoboni.
4° Registre JJ. 23, médiocre copie de JJ. 7.
5» Registre JJ. 26, dérivé de JJ. 7.
6° Ms. latin 9778, copie de JJ. 26.
Ce classement, dont la rigueur est absolue, montre jusqu'à l'évidence
que le ms. Ottoboni 2796, c'est-à-dire le premier registre de Philippe-
Auguste, est le seul dont il faut tenir compte pour établir le texte de
la charte 1211. Si l'éditeur l'avait pris pour guide, il n'aurait pas
imprimé (p. 47, 1. 2) exceptis feodum mililum et servientium, mais bien
exceplis feodis militum et servientium; à la ligne suivante sicul ea possi-
demus, mais bien sicut ea possedimus ; et à la ligne 6 ut ipsa, mais bien
688 BIBLIOGRAPfllE.
ïit in ipsa. Il n'aurait pas omis de mettre un etc. à la fin de la pièce,
comme l'a fait le scribe du ms, Ottoboni, pour tenir lieu de la mention
des grands ofQciers de la couronne.
L'éditeur aurait pu se dispenser d'avertir que cette même charte était
analysée dans le catalogue des actes de Philippe -Auguste, sous le
n° 1077, à la date erronée de 1208. La notice 1077 du Catalogue ne se
rapporte pas le moins du monde à la charte 1211 du Gartulaire, mais
bien à la charte 1300 de ce même cartulaire, laquelle est bien de l'an-
née 1208.
Puisque l'occasion s'en présente, il est bon de faire remarquer que
les chartes publiées par M. Dclaville Le Roulx sous les n°^ 1211 et 1300
se trouvaient dans un Cartulaire dont l'existence n'est plus connue que
par des extraits pris au xvn« siècle par André Duchesne et conservés
aujourd'hui dans la Collection Decamps,vol. 103, fol. 212-215. Duchesne
l'avait trouvé dans la bibliothèque des Petau, et le Catalogue alphabé-
tique des manuscrits de cette bibliothèque, publié par Montfaucon
(Bibliotlieca bibliothecarum, 1. 1, p. 79), l'indique en ces termes : « Poly-
pticus hospitalis Jerosolimitani apud Parisios, 555, 249. » Il serait fort
intéressant de retrouver la trace de ce registre, qui avait dû être com-
posé vers le milieu du xui"^ siècle. Mais il est bien douteux qu'il revienne
jamais à la lumière. S'il n'était pas irrévocablement perdu, il n'aurait
pas échappé à la curiosité et à la sagacité de M. Delaville Le Roulx.
L. D.
Relation du pèlerinage à Jérusalem de Nicolas de Martoni, notaire
italien (1394-1393), publiée par Léon Le Graxd. Paris, E. Leroux,
-1895. la-8% i04 pages. (Extrait de la Revue de l'Orient latin,
t. m.)
Le manuscrit qui contient cette relation de pèlerinage est conservé à
la Bibliothèque nationale sous le numéro 6521 du fonds latin. Il était
resté inédit, bien qu'il eût été signalé par quelques anciens biblio-
graphes; la trace s'en était perdue. M. R. Rohricht lui-même n'avait
pu, malgré de très consciencieuses recherches, le faire figurer dans
son excellente Bibliotlieca geographica PalestincB (Berlin, 1840, in-8°). Il
convient de féliciter M. Le Grand d'avoir eu la bonne fortune de le
retrouver. L'édition qu'il en a publiée nous paraît, en outre, de nature
à donner pleine satisfaction aux érudits.
Nicolas de Martoni, notaire de la petite ville de Carinola, dans la terre
de Labour, ne semble avoir eu d'autre raison d'entreprendre le long et
difficile voyage des Lieux Saints que le désir de satisfaire sa piété. Le
bâtiment sur lequel il s'embarqua, avec d'autres pèlerins, quitta Gaëte
le 17 juin 1394 et fit d'abord voile vers Alexandrie; mais une violente
BIBLIOGRAPIIIK. 6.S<J
tempête l'ayant poussé à travers l'Archipel, il relâcha à Rhodes et
n'aborda en Egypte que le 25 juillet. La visite d'Alexandrie et du
Caire demanda plus d'un mois. La caravane suivit ensuite les bords de
la mer Rouge pour gagner le Sinaï et se rendit à Jérusalem par daza
et Bethléem. Neuf jours suffirent pour les visites et les dévotions à faire
aux Lieux Saints. La troupe gagna par Rama le port de Jafl'a, où elle
s'embarqua pour l'Italie. Martoni quitta ses compagnons de voyage à
Rama et se joignit à un nouveau groupe de pèlerins avec lesquels il se
rendit à Beyrouth. Il monta là sur un bâtiment qui le conduisit dans
l'île de Chypre, oià il put visiter Nicosie et Famaijouste. Des contre-
temps divers et en particulier une attaque de pirates l'amenèrent à
Athènes, où il séjourna. Cette partie de sa relation est peut-être la plus
intéressante, parce qu'elle donne sur la topographie et les monuments
de la vieille cité des renseignements d'autant plus précieux à recueillir
qu'ils sont plus rares. Il put enfin regagner l'Italie, après des arrtHs ;'i
Corinlhe, Patras et Corfou.
Les notes dont M. Le Grand a fait suivre cette relation sont courtes
mais suffisantes. Il a très heureusement pu, presque toujours, faire
connaître le sens des expressions incorrectes ou bizarres dont Martoni
s'est servi. Deux cependant lui ont résisté. Il ne sera pas étonné que
nous ayons cherché après lui et nous permettra de lui soumettre ici les
deux hypothèses auxquelles nous avons été conduit.
Le premier de ces mots se trouve dans la description du costume des
Sarrasins (p. 23) : ... in capite portant faciolum panni Uni albi in mul-
tis pligis et videtur sicut macchanyanum... Cet étrange mot maccha-
nyanum, que M. Le Grand fait à tort suivre d'un point d'interrogation,
car telle est sans aucun doute la leçun du manuscrit, no serait-il pas
formé sur l'italien magagnato, blessé, et ne voudrait-il pas signifier (jue
les Sarrasins ont, par suite de leur coiffure, l'air d'être blessés à la
tète? Martoni a fabriqué, en effet, un bon nombre de mots latins, dont
il faut chercher l'origine et le sens dans l'italien et en particulier dans
le patois napolitain. M. Le Grand en a cité beaucoup d'exemples.
La seconde de ces expressions est dans la descri[ition des maisons du
Caire (p. 30-31) : ... in quo bxirgo sunt dumus mirificc pulcras cum gay-
sis, fenestris vitratis, monachectis et aliis pulcris laboribus... Quel est le
sens du mot monachectis? Nous sommes très porté à croire qu'il a été
fait sur un mot arabe très voisin probablement de celui dont nous
avons tiré l'expression aujourd'hui courante de muucharabi. Si cette
hypothèse est fondée, monachectis désigne, par opposition aux fenestris
vitratis, des fenêtres à grillage et sans vitres, comme on en voit encore
aux maisons arabes, des moucharabis en un mot.
C. C.
Q90 BIBLIOGRAPHIE.
I 'i;
Histoire religieuse, civile et militaire de Saint- James-de-Beuvr on ^
depuis sa fondation jusqu'à wosjown, d'après les documents dV-
cliives, avec le plan de la ville et du château au moyen âge, par
V. MÉNARi), chanoine titulaire de Coutances. Avranches, impr.
Alfred Perrin, ^ 897. In-8°.
L'histoire de Saint-James-de-Beuvron que vient de publier M. le
chanoine Ménard n'est pas, à proprement parler, une nouveauté : cet
ouvrage a déjà paru, sous forme de chapitres isolés, dans les Mémoires
de la Société académique du Gotentin, et les érudits normands, peu
habitués d'ailleurs à trouver dans ce recueil des travaux d'une valeur
aussi incontestable, ont accueilli celui-ci avec éloge. En réunissant ces
chapitres en volume, l'auteur les a fait suivre d'additions et de pièces
justificatives fort intéressantes. M. Ménard n'a, en effet, rien négligé
pour rendre sa monographie aussi complète que possible : les Archives
et la Bibliothèque nationales, les archives de la Manche, le cartulaire
de Saint-Benoît-sur-Loire, abbaye dont dépendait au spirituel le prieuré
de Saint-James, ont été consultés par lui avec profit et utilisés suivant
les règles d'une méthode critique excellente. Il connaît tous les docu-
ments publiés, toutes les chroniques éditées ou manuscrites, tous les
ouvrages imprimés qui se rapportent de loin ou de près à son sujet, et
ses références sont très exactes. Son travail devient ainsi fort utile à
consulter, non seulement pour les érudits normands, mais en général
pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la guerre de Cent ans.
Située sur les confins de la Normandie et de la Bretagne, cà peu de dis-
tance de Pontorson et du Mont-Saint-Michel, bâtie sur un promontoire
avancé qui domine les vallées de la Dierge et du Beuvron, protégée par
un ensemble de fortifications savantes qui comprenait le château, une
enceinte de murailles flanquée de tours, trois boulevards reliés à cette
enceinte par des chemins couverts et trois étangs creusés à une très
grande profondeur dans la vallée, la ville de Saint-James, dont la fon-
dation remonte à Guillaume le Conquérant, a joué pendant le moyen
âge un rùle militaire très important. Elle était en 1357 « le principal
boulevard du parti français dans l'Avranchin » et contribuait à défendre
cette contrée contre les Navarrais, qui n'en furent jamais assez les
maîtres pour empêcher la perception des impôts dans les campagnes.
A cette date, le grand bailli de Gotentin, Thomas Pinchon, forcé
d'abandonner la ville de Goutances, que menaçaient les troupes du roi
de Navarre, estimait le château de Saint-James suffisamment à l'abri
d'un coup de main pour y transporter le siège de son administration et
s'y établir avec sa femme et ses officiers. Ses relations de famille avec
les Anglo-Navarrais d'Avranches et sa négligence à garder le château
BIBLIOGRAPHIE. Ct'.^
le rendirent suspect aux habitants; au mois de juillet 13:>>, une cmeuio
populaire éclata à Saint-James et le bailli dut se retirer au Mont-Saint-
Michel, seule place forte de Rasse-Xormandie que n'ait pdint foulée à
cette époque le pied de l'étranger. Eu 1418, en etVet, Saint-James tomba
entre les mains de l'ennemi. Le connétable de Richemont tenta do
reprendre la ville en 14î6; il échoua après un brillant assaut, dont les
détails se trouvent racontés avec beaucoup d'exactitude dans la chro-
nique de Monstrelet et dans l'histoire de Bretagne de d'Arij;entré. En
1449, la question des fortifications de Saint-James fut la cause de la
reprise des hostilités et de la délivrance nationale. Pendant les guerres
de religion, cette ville prit part à la lutte acharnée que soutint Mont-
gommery contre les troupes du roi. Son château fut démantelé en 1590,
— La seconde partie de l'ouvrage de M. Ménard est consacrée à l'his-
toire de Saint-James depuis la destruction de son château jusqu'à nos
jours; elle renferme des pages très intéressantes et très neuves sur la
première et la seconde guerre de la chouannerie, qui eurent pour champ
d'action principal ce coin du pays normand; l'auteur aurait pu terminer
là son récit, au lieu de le conduire jusqu'au lendemain de la révolution
de 1848. Il aurait eu, ce semble, avantage à diviser son ouvrage d'une
façon un peu différente : il eût raconté dans une première partie les
événements militaires qui ont fait la gloire de la petite ville normande
et dans une seconde partie les événements civils et religieux; il a pré-
féré mener de front les deux récits, en nous donnant, chapitre par cha-
pitre et simultanément, d'abord l'histoire militaire, ensuite l'histoire
civile et religieuse; le livre y perd quelque chose de son unité et de son
intérêt. Il semble également que l'auteur eût pu élargir un sujet néces-
sairement restreint en le rattachant davantage à l'histoire générale; il
eût fait ressortir ainsi avec plus de relief le rôle militaire de Saint-James
pendant la guerre de Cent ans. Enfin, qu'il nous permette en terminant
de lui poser une question : pourquoi n'a-t-il pas mis en tète de son
volume, après l'introduction, une bibliographie des ouvrages qu'il a.eu
l'occasion de consulter? Pourquoi n'a-t-il pas jugé à propos de faire
suivre sa table analytique, assurément insuffisante, d'une table alpha-
bétique des matières ou des noms propres? Ce sont là au fond de légères
critiques. Malgré ces lacunes, VHistoire de Saint-Jamcs-dc-Ucuvrvn est
peut-être la meilleure monographie de ville normande qui soit parue
depuis longtemps.
Paul Lecacheux.
Œuvres historiques de M. le docteur Ulysse Chevalieh. I : Annales
de la ville de Romans (niaiiuscril inédit). Paris, .Vlph. Picard et
fils, J897. In-^6, xx-327 pages.
M. le D"- Ulysse Chevalier n'est pas un inconnu pour nos lecteurs.
092 BIBLIOGRAPHIE.
Quelques-uns de ses ouvrages, en effet, ont été analysés dans ce bulle-
tin, notamment son Histoire de la maladrerie de Voley, sa Notice sur
l'abbaye de Saint~Just et les Lettres de Hugues de Lionne. L'éditeur de
ses œuvres historiques, M. Charles Mossant, nous fait connaître, dans
son Avant-Propos, l'étendue des travaux du D"- U. Chevalier; il nous
révèle une intéressante figure de savant. Non seulement M. Chevalier
a laissé une œuvre personnelle importante qui complète les travaux
locaux de Dochier et de M. P.-E. Giraud, mais il a suscité par son
exemple et sa direction de jeunes érudits, tels que son fils, M. le cha-
noine U. Chevalier, dont le nom, comme dit l'auteur, a dépassé depuis
longtemps les bornes de sa province; son cousin, M. le chanoine Jules
Chevalier, etc.
Dans son Introduction, M. U. Chevalier nous apprend dans quelles
conditions il a fait son travail. Le succès de l'Essai qu'il avait donné en
1875 pour la période des guerres de religion lui a inspiré la pensée de
le continuer. D'un autre côté, la partie narrative de l'ouvrage de
M. Giraud (Essai historique sur l'abbaye de Saint-Barnard et sur la ville
de Romans) finit avant le xiv« siècle, mais il avait recueilli des notes et
pièces nombreuses qu'il donna à M. Chevalier quand il renonça à ce
travail.
M. Chevalier a remanié l'Essai de P.-E. Giraud en lui donnant la
forme d'Annales, « ce genre de narration offrant cet avantage de ne
laisser échapper aucun fait, de mettre mieux en relief les événements,
de faciliter la mémoire et les recherches et surtout d'abréger considéra-
blement l'ouvrage, en supprimant les phrases nécessaires au récit et
aux transitions. »
M. Chevalier n'a pas cru nécessaire de remonter aux faits antérieurs
à la fondation de l'abbaye; il se contente d'examiner les suppositions
diverses faites au sujet de l'ancienneté de la ville de Romans. Il fait
venir le nom de la ville, soit de YEcclesia Sancti Romani, soit du nom
de la propriétaire du terrain sur lequel cette église fut bâtie, la veuve
Romana, ou mieux Rolman. Il passe ensuite en revue tous les souverains
et princes qui, depuis Louis le Débonnaire, ont régné sur la Bourgogne
et le Dauphiné, dont Romans faisait partie, jusqu'au moment où en
4349 le Dauphiné fut réuni à la France. Quant aux Annales elles-mêmes,
l'auteur raconte successivement les faits historiques jusqu'au commen-
cement du xv^ siècle, cette histoire ayant été traitée de la manière la
plus complète par M. P.-E. Giraud dans son Essai historique. Mais, en
revanche, il donne tout le développement qu'ils méritent aux faits
peu connus des siècles suivants, particulièrement aux événements des
guerres de religion et de la Révolution. Il renvoie enfin pour les détails
à ses diverses notices sur les établissements publics de Romans. L'au-
teur, sans abdiquer ses opinions politiques et religieuses, a su conser-
ver à son livre, notamment pour la période des guerres de religion,
BIBLlOGRAi'UIE. 693
un caractère d'impartialité; il a réussi à être exact et sans parti pris.
Ce n'était pas choso aisée que de résumer dans un style simple, con-
cis, mais sans sécheresse, les événements multiples et souvent peu
importants d'une aussi longue période; l'auteur y a parfaitement réussi :
il donne la notion des faits, de leurs causes, de leurs résultats, avec peu
de références aux textes; mais on sent bien qu'il les a consultés et que,
s'il ne cite pas les sources, c'est pour abréger. Quelquefois, le texte est
accompagné de notes importantes, comme à la page 3"J, où l'on trouve
une appréciation motivée de la politique d'Humbert II, dauphin, à qui
nous devons la cession de cette belle province du Dauphiné. La partie
du xvi« siècle est particulièrement développée. Nous citerons les années
1533, 1549, 1562, 1580, etc. Espérons que ce premier volume sera bien-
tôt suivi d'autres aussi intéressants et aussi utiles pour l'histoire du
Dauphiné.
A. Briel.
Une sainte forézienne. La bienheureuse Philippe de Chantemilan,
par l'abbé Reure, docteur ès-letlres. Lyon, impi-.-lilir. E. Ville,
1896. In-S", 36 pages. (Extrait de l'Université catholique.]
Il y a deux ans environ, nous avons fait connaître à nos lecteurs le
savant travail de M. le chanoine U. Chevalier intitulé : Vie et miracles
de Philippe de Ctiantemilan , d'après le manuscrit de M. Ghaper, qui
remonte au xv^ siècle et qui donne au récit hagiographi(jue une base
solide. M. l'abbé Reure a fait plus et moins; il s'est placé à un point
de vue différent, il a voulu faire revivre dans les diocèses de Lyon et
de Grenoble le souvenir d'une sainte honorée pour sa bienfaisance et
son dévouement, atin d'y provoquer le rétablissement d'un culte ancien
et certain; il s'est appuyé sur les conclusions do ses devanciers, qu'il a
généralement suivies, en relevant cependant les erreurs qu'ils ont pu
commettre. Mais il a élargi un peu son cadre, il a essayé de replacer
Philippe de Chantemilan dans le milieu où elle a vécu, en faisant mieux
connaître les mœurs du temps et de la province, les personnages avec
lesquels elle s'est trouvée en rapport, soit à Changy, soit à Vienne, tels
que les seigneurs de Lespinasse, les Nurry, surtout Jean, l'archevêque
de Vienne, et en rappelant les principaux événements du temps. .\ ce
titre, cette notice, bien qu'elle ne soit pas écrite dans un esprit exclu-
sivement historique, pourra être consultée avec fruit à la suite de celle
de M. le chanoine Chevalier.
A. Bhuel.
094 BIBLIOGBAPUIE.
Étude critique sur la concession de l'Indulgence de la Portioncule
ou pardon d'Assise, par Paul Sabatier. Paris, I89C. In-8°, 37 pages.
(Extrait de la Bci-ue historique, t. LXII, année 1896.)
Un nouveau chapitre de la vie de saint François d'Assise, par Paul
Sabatier. Paris, Fischbacher, -1896. In-8% 24 pages.
Est-il vrai que saint François ait obtenu du pape Honorius III la
faveur, a inouïe alors, d'une Indulgence plénière et absolue pour tous
les péchés passés, accordée à ceux qui, confessés, communies et absous,
visiteraient, le 2 août de chaque année, la chapelle de Sainte-Marie de
la Portioncule, appelée aussi Notre-Dame-des- Anges? » Cette question
a été souvent débattue et aucun historien de saint François ne saurait
se dispenser d'y répondre. L'un des derniers en date de ces historiens,
M. Paul Sabatier, dans l'intéressante Vie de saint François d'Assise qu'il
a publiée il y a trois ans% se prononçait un peu vite pour la négative
(p. 412-418); mais depuis, ayant conscience que ses informations étaient
insuffisantes et incomplètes, il s'est livré, dans les archives de Rome et
de rOmbrie, à une sérieuse enquête qui l'a conduit à des conclusions
tout opposées ; cette question, qu'il considérait comme négligeable, il
la juge aujourd'hui assez importante pour l'examinera fond, et la solu-
tion qu'il apporte cette fois est nettement affirmative. On ne saurait
trop louer M. S. de n'avoir pas craint de se déjuger; il a fait preuve en
cela d'une parfaite sincérité scientifique et a donné un très bon exemple.
Il reste à savoir si, trop absolu dans sa première manière de voir, il ne
l'est pas également dans la seconde.
Les principales objections élevées par M. S. dans sa Vie de saint
François étaient les suivantes :
Silence absolu, « écrasant, » des premiers biographes de saint Fran-
çois au sujet de l'Indulgence (silence auquel correspond le silence non
moins absolu des Registres d'Honorius III et de ses successeurs) ;
Horreur de saint François pour les privilèges, horreur qui se mani-
feste particulièrement dans son Testament;
Trop récente formation du nouvel Ordre, dont le chef serait encore
un inconnu pour le pape en 1219 ;
Enfin, caractère peu authentique des plus anciens documents où il
est question de l'Indulgence.
Il est clair que cette dernière objection tombe d'elle-même si d'autres
textes, plus anciens et de meilleur aloi, sont produits dans le débat.
La troisième raison n'existe plus aujourd'hui; on sait qu'en 1216,
année de l'Indulgence, au moment de l'élection d'Honorius LU, le mou-
1. Voy. Bibliothèqm de l'École des chartes, t. LV (1894), p. 675 et suiv.
BIBLIOGRAPHIE. G95
vement franciscain était déjà très puissant et qu'en outre saint François
avait assisté aux derniers moments d'Innocent III : il ne pouvait iHre
un inconnu pour son successeur.
L'argument tiré de 1 horreur de saint François pour les privilèges est
autrement embarrassant. M. 8. s'en tire habilement en considérant cette
indulgence, non comme un privilège, mais comme o un acte d'amour
du Souverain Pontife à l'égard des membres de l'Kglise. i
La première objection est de beaucoup la plus forte; M. S. cherche
à en diminuer la portée dans une argumentation qui, si elle n'emporte
pas la conviction, est du moins très bien conduite. Il explique le silence
des premiers biographes de saint François par i)lusieurs raisons.
En premier lieu, ces biographes se sont tous copiés les uns les autres;
le silence de deux biographies, celle de Thomas de Colano et celle des
Trois compagnons, a entraîné le silence de toutes les autres. — C'est là
une question qui méritera d'être approfondie dans VÉtude critique dcx
sources de la vie de saint François, que nous promet M. S.
En second lieu, on constate chez ces i)remiers biographes, chez Tho-
mas de Celano par exemple des omissions tout aussi graves; (• ils no
nous disent rien du voyage de François en Palestine, rien de sa mission
en Espagne et en France, rien des martyrs du Maroc. » — On pourrait
objecter que ce sont là, pour ces premiers biographes, italiens et plus
spécialement originaires de l'Italie du Centre, des faits lointains ilont
ils ne pouvaient avoir connaissance directement ; tandis que l'Indulgence
aurait été accordée à Pérouse, en pleine Ombrie.
Enhn, ce silence (que M. S. croit d'ailleurs plus apparent que réel)
a pu être volontaire. De très bonne heure, il s'e.'^t produit dans la
famille franciscaine une scission assez marquée : le parti de la large
observance, avec frère Élie, se groupait à Assise, autour de la basilique
qui commençait à s'élever; le parti de l'étroite observance se gmupait,
avec Jean Parenti, autour de la chapelle de la Porticmcule; et la large
observance, qui resta victorieuse, * dut mettre tout en jeu pour amoin-
drir l'importance du petit sanctuaire de Notre-Dame-des-Anges » ou
de la Portioncule. — Ici encore, nous devons attendre Vf'tude annon-
cée sur les sources de la vie de saint François; car cet argument n'a de
valeur que si les premiers biographes .sont tous partisans de la largo
observance et tiennent tous pour Assise contre la Portioncule; ce
ne serait guère le cas des o Trois compagnons; • il faudrait donc
supposer que leur récit a été tronqué et dénaturé; et c'est en effet la
pensée de M. S.
Après avoir ainsi habilement argumenté contre lui-même, M. S. passe
à l'examen des plus anciens témoignages, répartis en trois groupes dis-
tincts, relatifs à l'Indulgence; c'est là la partie la plus solide de son
travail. De ces témoignages, le premier en date (1277) est celui de
Benoit d'Arezzo; il repose lui-même sur celui de frère Masseo . qui
696 BIBLIOGRAPHIE.
accompagnait saint François lors de la concession de l'Indulgence.
Viennent ensuite le récit de frère Léon, ou, pour parler plus exacte-
ment, le rapport qu'en fait, d'après Jacopo Coppoli, un certain frère
Ange; puis le triple témoignage d'Oddo Aquasparta, de Reynier
d'Arezzo et de Marino d'Assise, fondé, comme celui de Benoît d'Arezzo,
sur celui de frère Masseo ; enfin, le témoignage de Pietro Zalfani et la
disputatio de Pietro-Giovanni Olivi.
Là s'arrête la première et plus importante série de documents, sus-
citée, entre 1277 et 1279, par l'hostilité des Dominicains, qui contes-
taient aux fils de saint François, leurs rivaux, la réalité de l'Indulgence.
Il n'y a aucune raison sérieuse de douter de l'authenticité de ces textes
ni de la bonne foi des témoignages produits ; mais ces témoignages, vu
leur date , sont nécessairement indirects ; peuvent-ils compenser le
silence de soixante années qu'ils viennent rompre tout d'un coup? Quoi
qu'il en soit, M. S. a serré la question de beaucoup plus près qu'on ne
l'avait fait jusqu'ici ; et, si bien des difficultés subsistent encore dans
cette affaire de l'Indulgence, du moins on peut dire que la thèse soute-
nue aujourd'hui par M. S. paraît plus conforme à la vérité que la thèse
contraire.
Les deux derniers groupes de documents étudiés par M. S. appar-
tiennent au xiv« siècle ; bien qu'on n'y trouve guère de faits nouveaux,
ils ont aussi leur importance et sont l'occasion de discussions intéres-
santes, tant pour l'historiographie franciscaine que pour l'histoire des
évêques d'Assise.
M. S. prépare une Histoire du mouvement religieux au IIII^ siècle dont
la Vie de saint François formera le premier volume. Cette Vie sera natu-
rellement celle que M. S. a déjà fait paraître il y a trois ans et dont le
succès fut considérable, mais remaniée et augmentée d'un chapitre, le
douzième, sur l'avènement d'Honorius III et l'Indulgence de la Portion-
cule. L'auteur a publié à part ce chapitre; les éléments en sont emprun-
tés aux textes dont il vient d'être parlé, heureusement combinés avec
la curieuse lettre où Jacques de Vitry raconte, entre beaucoup d'autres
choses, la mort d'Innocent III et l'élection de son successeur, et trace
un tableau si gracieux et si étonné de la vie des premiers disciples de
saint Françoise M. S. a mis en œuvre ces divers documents avec beau-
coup d'art et même d'artifice; et, autour des données qu'ils renferment,
précises, mais un peu maigres pour remplir tout un chapitre, il a fes-
t. Publiée pour la première fois en 1847 par le marquis de Saint-Génois dans
les Nouveaux Mémoires de l'Académie de Bruxelles, t. XXIII, p. 29 et suiv.,
et plus récemment par M. R. Rœhricht dans la Zeitschrift filr Kirchengeschichte,
t. XIV (1893), p. 97 et suiv., et par M. P. S. lui-même dans le Bolletino delta
Socielà umbra di storia patria, t. I (1895), p. 109 et suiv.
BIBLIOtiRArilll,. (l'J7
tonné, pour le grand public, les développements qui- lui fournissait sa
brillante imagination.
L. AiviiAY.
Charles Joret. Les Playifes dans rniiliquifé et nu moyrn dgr. His-
toire, usages et symbolisme, i^" [)arLie : les Plantes dans l'Onrut
classique. Egypte, Chaldee, Assyrie, Judée, Phénicic. l'uris,
Bouillon, •IsyT. ln-8°, xx-î)04 payes.
Écrire l'histoire du règne végétal à travers les âges et toutes les civi-
lisations est une œuvre que peu d'érudits auraient osé aborder, elTrayés
d'avance par l'étendue et la difficulté des recherches, la dissémination
des ouvrages à consulter dans toutes les langues anciennes et modernes,
les multiples aspects sous lesquels se présente le sujet. Mais de telles
considérations n'étaient pas de nature à rebuter le savant et infatigable
professeur de l'Université d'Aix. Dans le premier volume qu'il nous
livre aujourd'hui, M. Joret n'étudie les plantes que chez les Egyptiens
et chez les peuples sémitiques de l'antiquité; le second volume, dont il
annonce la prochaine apparition, sera consacré au.x anciennes civilisa-
tions de l'Inde et de la Perse; puis viendra le tour de l'antiquité clas-
sique; c'est dire que M. Joret est loin encore d'aborder l'histoire des
végétaux au moyen âge, domaine spécial à la liibliotlirquc de l'École des
chartes. Il serait donc hors de propos ici de suivre l'auteur dans le relevé
qu'il a fait, soit dans les textes hiéroglyphiques, assyriens ou bibliques,
soit dans les représentations figurées, telles que les peintures et les
bas-reliefs de l'Egypte ou de l'Assyrie, des plantes, des Heurs ou des
arbres qui s'y trouvent mentionnés ou reproduits. Je me bornerai à
indiquer la méthode de l'auteur, la même, sans doute, qu'il appliquera
à l'étude du moyen âge.
M. Joret envisage le règne végétal dans l'alimentation : céréales,
plantes potagères, arbres fruitiers; dans l'ornementation : fleurs et
arbres d'ornement; dans l'industrie : plantes textiles, fabrication des
tissus, des cordages, des vêtements; dans l'art orneuienial et architec-
tural : constructions en bois, charpentes, mobilier; dans la poésie : les
populations sémitiques ont chanté les cèdres du Liban et leur ont prêté
une âme bien longtemps avant Lamartine. 11 les envisage dans les
mythes et les légendes sacrées, dans les cérémonies religieuses et le
rôle que leur assignent les rites funéraires. Il étudie leur application
dans la médecine, la droguerie, la fabrication et la composition des
aromates et des parfums. On voit, par ce simple aperçu, combien le
sujet est vaste, compliqué, intéressant, délicat, la variété des connais-
sances qu'il exige de la part de celui qui l'aborde. Chacun de ces points
de vue divers pourrait constituer à lui seul un gros ouvrage; F. Lajard
698 BIBLIOGRAPHIE.
na-t-il pas consacré jadis une énorme publication au seul culte du
cyprès, et récemment M. G. Foucart a écrit un livre bien rempli sur le
lotus et ses transformations dans l'art. Et, quant à l'histoire des plantes
envisagées sous le rapport médicinal, que de volumineux traités n'a-
t-elle pas déjà suscités sans que la matière soit épuisée !
Aussi, quelque vaste que soit le cadre de M. Joret, ne faut-il pas
s'étonner qu'il ait dû laisser de côté des questions importantes, comme
celle-ci par exemple : à quelle époque, même relative, apparaissent sur
les monuments de l'Egypte certaines plantes qui ne sont pas naturelles
dans la vallée du Nil, mais que les Pharaons y ont importées d'Ethio-
pie, d'Arabie, de Syrie ou d'autres contrées? Même problème pour la
Ghaldée et l'Assyrie. On a fait, à ce point de vue, pour la faune, des
recherches fort intéressantes, et l'on est parvenu à déterminer à peu
près l'époque de l'apparition et de la domestication du cheval, du chat,
de l'éléphant, dans certains pays. N'y a-t-il pas lieu de préciser de
même l'époque où se révèle, pour la première fois, dans chaque contrée,
la culture de certaines espèces végétales servant à l'alimentation, à l'in-
dustrie, à l'ornementation ? — Autre question : dans les productions
artistiques où les plantes et les fleurs occupent une si grande place, il
importerait de faire ressortir la transformation lente et graduelle que
subissent les représentations figurées de la même plante. Au début,
peintres, sculpteurs, architectes copient de leur mieux la nature et s'en
rapprochent le plus qu'ils peuvent; puis leur dessin s'altère, se modifie,
s'enjolive suivant le caprice de l'artiste ou des convenances subjectives,
si bien qu'aujourd'hui, lorsque nous nous trouvons en présence d'images
où la fleur ou la plante sont stylisées, il est souvent impossible d'en deviner
la forme naturelle et primordiale si nous ne remontons pas aux modifica-
tions antérieures successives. Voyez les transformations architecturales,
picturales ou sculpturales de la fleur de lotus, de la rose, du silphium,
de l'acanthe, du palmier. Je serais bien surpris si M. Joret, quand il
arrivera au moyen âge, n'était pas conduit à aborder ce point de vue si
intéressant : par exemple, pour les origines, les transformations, la sty-
lisation de la fleur de lis. Mais, pour qu'une pareille étude rende les
services scientifiques qu'on est en droit d'en attendre, il est nécessaire
qu'elle soit accompagnée d'une nombreuse série d'images bien datées.
Parler aux yeux en même temps qu'à l'intelligence est la seule façon
de faire utilement œuvre d'archéologue, et bien souvent une démons-
tration muette, par les images, est plus éloquente que le discours le
mieux coordonné. Je fais des vœux pour que des considérations budgé-
taires ne soient pas une entrave à une abondante illustration de l'œuvre
remarquable de M. Joret, au moins pour la partie qui doit concerner
l'archéologie du moyen âge.
E. Babelon.
BIBLIOCRAPniF. G9l>
Victor MoRTET et Paul Tavnkhy. r'n nouveau texte des traités d'ar-
pentage et de géométrie d' Epaphroditus et de \ itrunus liufus.
Paris, G. Klincksieck, 1S1)6. ln-'i°, îi pages, avec 2 fac-sliiiilo.
(Tiré des Notices et extraits des ynanuscrits, l. XXXV, 2' partie.)
Dans le manuscrit 13084 de la Bibliuthèque royale de Munich,
M. Victor Mortel a retrouvé un extrait du prétendu livre d'Epaphrudi-
tus et de Vitruvius Rufus, arpenteurs et goomèiros de l'antiquité, l'n
autre extrait du même ouvrage avait déjà été publi"'* à plusieurs reprises,
notamment par M. Moritz Cantor' et par M. Maximilian Curtze^,
d'après le célèbre Codex A7'cerianus de Wolfenbutiel. L'extrait de
Munich diSère sur plusieurs points importants de celui du Codex Arce-
rianus. L'ordre des matières y est plus rationnel et le texte y est plus
correct. M. Victor Mortel a rendu un vrai service en le publiant et en
l'annotant^, d'autant plus que cet extrait ne se retrouve pas dans l'édi-
tion classique des Gromatici vetercs donnée par Lachmann ; l'intelligence
en est facilitée par une soigneuse annotation due à MM. Mortel et Tau-
nery. Dans la préface placée en tète de ce texte, M. Tannery exprime
l'opinion que la première partie doit être mise sous le nom d'Epa-
phroditus et les deux autres sous celui de Vitruvius Rufus.
V. V.
LIVRES NOUVEAUX.
SOMMAIRE DES MATIÈRES.
Généralités, 982, 1068.
Sciences auxiliaires. — Épigraphie, 1084. — Paléographie, lOiS. —
Bibliothèques, 904, 'J05; Manuscrits, 908, 947, 1019, 1030; Imprimés,
925, 961.
Sources, 929. - Légendes, 1006. - Hagiographie, 1035. - Chro-
1 Moritz Cantor, Die rômischen Agrimensoren. Lcipzifl, 1875, p. 208-215.
''" Maximilian Curtze, Abfiandlunçjea zur Geschichte der Malliemaltk, VII.
Leipzig, 1875, p. 75 et suiv. Les lacunes de \Arcerianus sont comblées dans
cette édition au moyen du maouscril de Munich, Latin \WM).
3 Déjà M Mortel a consacré dans le présent recueil une .-lude aux fraj-men »
contenus dans ce texte qui concernent la mesure des colonnes {BiOl.otluquc de
l'École des ctiartes, LVII (1896), p. î77-324>.
700 BIBLIOGRAPHIE.
niqups, 941, 1037. — Archives, 899, 935, 936, 956, 959, 964, 1002,
1007; cartulalres, 879, 907, 923, 926, 930, 1083; chartes, 934; regestes,
872, 1093.
Biographie, généalogie. — Saint Ambroise, 914; Aquino, 1058;
Jeanne d'Arc, 906, 1020, 1021 ; Jacques van Artevelde, 927 ; Barbavara,
1009; Béatrice, 920; Béatrice de Savoie, 1051; Benoît VIII, 1016;
Brancaleoni, 1073; Gastelsejano, 944; Cattaneo, 1028; Gharlemagne,
932, 985; Charles de Blois, 990; Thibaud de Ghepoy, 1029; Jacques
Cœur, 917; Jean Colomb, 948; Dante, 896, 920; saint Dominique, 957;
Doumenet, 1062; Du Guesclin, 1069; seneschal d'Eu, 991; Ficin, 950;
sainte Foi, 1006; Francesco Foscari, 1022; Jean Fouquet, 955; saint
François d'Assise, 1008; Frédéric II, 892, 1096; Henri H, 1016; Hugues
de Saint-Victor, 975; Jean de Sandale, 879; Juan II d'Aragon, 1055
Saint-xMaur, 1035; Alexandre Neckam, 1019; Odon de Glanfeuil, 1035
Philippe le Long, 994; Pic de la Mirandole, 901; Portinari, 1013
Rigaud de Asserio, 879; Savonarole, 917, 1010; Sigismond, 872; Théo-
dore, 898; Vauloger, 934; Verino, 988; saint Wandrille, 1087; Wil-
frith, 898.
Droit, 884, 887, 893, 903, 918, 949, 951, 974, 978, 1034, 1080.
Institutions, 919.
Histoire économique, m(s;urs, etc., 894, 911, 921, 952, 1036, 1054, 1082.
Sciences, enseignement, 902, 926, 939, 950, 980, 989, 1017.
Religions. — Judaïsme, 951. — Christianisme, 1023, 1085; églises
nationales, 958; ordres religieux, 877, 1076; théologie, 895, 975; litur-
gie, 931; lipsanographie, 916.
Archéologie, 968, 979, 993, 1031, 1050, 1070. — Architecture, 882,
892, 1032, 1064, 1092. — Sculpture, 913, 971, 984, 1014, 1018, 1049,
1077, 1097. — Peinture, 889, 900, 955, 1012, 1059, 1061. — Vitraux,
946, 960. — Poterie, 1066. — Orfèvrerie, 916, 1024, 1094. — Mobilier,
942. — Musique, 945. — Numismatique, 873, 897, 1052, 1063. — Héral-
dique, 1047.
Langues et littératures, 1044, 1072. — Langue grecque, 970, 972.
— Langues celtiques, 937. — Langues romanes : français, 963, 965,
969, 991, 1041,1056;italien, 922, 1065, 1086; espagnol, 953. — Langues
germaniques, 1026; allemand, 886, 986, 997, 1004, 1048, 1089; anglo-
saxon, 976; anglais, 1067. — Langues Scandinaves, 940, 962, 1025. ^
Langues slaves, 970, 996, 1090.
SOMMAIRE GÉOGRAPHIQUE.
Allemagne, 887, 921, 929, 939, 978, 979, 981, 993, 1040, 1045, 1046,
1083, 1095. — Alsace-Lorraine, 911, 954.
bibliographfe. 704
Autriche-Hongrie, 880, 888, 912, 973, 977, 980, 983, 1060, 1081.
Espagne, 952, 998, 1027, 1055, 1074, 1075.
France. — Maçonnais, 1005. — Basses-Alpes, 943; Hautes-Alpes,
956; Ariège, 907; Bouches-du-Rhône, 1079; Calvados, 992; Cantal,
874, 885; Charente, 882; Cùte-d'Or, 909; Côtes-du-Nord, 1002; Dor-
dogne, 959; Doubs, 1071; Haute-Garonne, 876; Indre-et-Loire, 924,
938; Isère, 923; Loir-et-Cher, 894; Loire-Inférieure, 1088; Loiret, 915,
1039; Lot-et-Garonne, 987, 1062; Manche, 1078; Mayenne, 875; Mor-
bihan, 933; Nièvre, 1001; Nord, 964, 1003; Seine, 926; Seine-Infé-
rieure, 1000; Somme, 935, 936; Vendée, 897; Vienne, 883.
Grande-Bret.a.gne, 879, 881, 958, 1053,1076.
Italie, 878, 887 bis, 890, 891, 893, 941, 999, 1007, 1011, 1057, 1073.
Pays-Bas, 928, 966, 967, 968, 995, 1033, 1038, 1042, 1043, 1064.
Pays Scandinaves, 930, 1015.
Russie, 1030, 1037.
Suisse, 910, 1091.
Asie, 1084.
Afrique, 1036.
872. Altmann (Wilhelm). Regesta iraperii XI. Die Urkunden Kaiser
Sigmunds (1410-1437). II, 1. Innsbruck, Wagner, 1897. In-4'>, 240 p.
7 fl.
873. Amardel (G.). Un triens wisigoth inédit. Narbonne, impr.
F. Gaillard, 1896. In-8°, 11 p. (Extrait du Bulletin de la commission
archéologique de Narbonne, 2^ semestre, 1896.)
874. Ame (Emile). Dictionnaire topographique du département du
Cantal. Paris, Leroux, 1897, In-4o, liv-637 p.
875. Angot (A.). La tombe d'un abbé de Clermont. Laval, impr.
Lelièvre, s. d. In-8°, 4 p.
876. Ariste (Louis), Braud (Louis). Histoire populaire de Toulouse
depuis les origines jusqu'à ce jour. Toulouse, bureaux du « Midi répu-
blicain, » 1898. In-8°, xx-935 p., avec dessins et 7 pi. 8 fr. 50.
877. AuvRY (dom Claude). Histoire de la congrégation de Savigny.
Publiée avec une introduction et des notes par Auguste Laveille. II.
Rouen, Lestringant; Paris, A. Picard et hls, 1897. In-8°, 393 p. 12 fr.
878. Baccini (Giuseppe). Le ville medicee di Cafaggiolo et di Trebbio
in Mugello, oggi proprietà Borghese di Roma. Firenze, tip. Baroni e
Lastrucci, 1897. In-16, 188 p.
879. Baigent (F. J.). Registers of John de Sandale and Rigaud de
1897 45
702 BIBLIOGRAPHIE.
Asserio, Bishops of Winchester. A. D. 1316-1323. London, Simpkin,
1897. In-8», 804 p. 21 sh.
880. Balassy (Fereac).Heves Vârinegye tôrténete. [Histoire du comi-
tat de Heves.] 1. Erlau, J. Szolcsânyi, 1897. In-8«, xi-331 p. 2 n.
881. Ballard (A.). Glironicles of the royal borougli of Woodstock.
London, Simpkin, 1897. ln-8°, 158 p. 2 sh.
882. Barbaud (Raymond). La Charente monumentale. Notice archéo-
lo<^ique sur l'église abbatiale Notre-Dame de Ghastres, près Cognac,
précédée d'une étude générale sur l'abbaye et suivie d'un projet de res-
tauration. Angoulême, Goquemard; Paris, Gastiuger, 1897. In-8°, 45 p.
et 9 pi., avec plans et dessins dans le texte.
883. Barbier (Alfred). Notes sur les gages et pensions des officiers
de la vicomte de Ghàtellerault en 1429. Poitiers, impr. Biais et Roy,
1897. In-8°, 15 p. (Extrait du Bulletin de la Société des antiquaires de
l'Ouest, 1" trimestre, 1897.)
884. Basilicorum libri LX. Vol. VII. Editionis Basilicorum Heim-
bachianœ supplementum alterum. Reliquias librorum ineditorum ex
hbro rescripto Ambrosiano edd. E. G. Ferrini, J. Mercati; prsefatio-
nem, versionem latinam, notas, appendices addidit E. G. Ferrini. Leip-
zig, J.-A. Barth, 1897. In-4°, xv-256 p. 30 m.
885. Basset (abbé). Monographie de la paroisse de Barriac, canton de
Pleaux. Saint-Flour, impr. Boubounelle, 1897. In-16, 140 p.
886. Behaghel (Otto). Die Syntax des Heliand. Wien, F. Tempsky,
1897. In-8°, xxv-382 p. 18 m.
887. Bellerode (Bruno). Beitràge zu Schlesiens Rechtsgeschichte. 1.
Breslau, E. Trewendt, 1897. In-8°, m-67 p. 2 m. 40.
887 bis. Beneggi (G.). Oggiono, pieve e dintorni. 1-5. Oggiono, Gio-
vanni Biffi, 1897. ln-4o, 36 p., pi.
888. Benussi (B.). Nel medioevo. Pagine di storia istriana. Parenzo,
Società istriana di archeoiogia, 1897. In-8°, Lxxvm-728 p. (Extrait
des Atti e memorie délia Società istriana.)
889. Berger (Ernst). Beitràge zur Entwickelungsgeschichte der Mal-
technik, 3. Folge. Quellen und Technik der Fresko-, Oel- und Tem-
pera-Malerei des Miltelalters. Mùnchen, G.-D.-W. Gallwey, 1897.
Gr. in-8°, xii.-281 p., 16 grav. 7 m.
890. Bernardi (Andréa) (Novacula). Gronache forlivesi dal 1476 al
1517, a cura di Giuseppe Mazzalinti. Vol. I, parte n. Bologna, r. depu-
tazione di storia patna, 1896. In-8°, 379 p. (Monument! storici perti-
nenti aile provincie délia Roraagna, série III.)
BIBLIOGRAPHIE. 703
891. Bertapelle (Giovanni). Cenni storici intorno agli arcipreti di
Noventa Vie. (1246-1888). Vicenza, tip. S. Giuseppe, 1897. In-8°, 33 p.
892. Bertaux (Emile). Castel del Monte et les architectes français de
l'empereur Frédéric II. Paris, Impr. nat., 1897. In-8°, 20 p. (Extrait
des Comptes-rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-
lettres.)
893. BoRRi (Luigi). Statut! ed ordinamenti dell' antichissimo capi-
tolo délia insigne basilica di s. Vittore in Varese. Varese, tip. Macchi
e Bruca, 1897. In-S^, 163 p., 7 pi.
894. Bourgeois (Alfred). Les Métiers de Blois. T. II. Épinal, impr.
Klein, 1897. In-8°, 554 p. (Mémoires de la Société des sciences et
lettres de Loir-et-Cher, vol. XIII.)
895. Boutinaud (Auguste). Évolution de la notion du sacrement depuis
les Pères apostoliques jusqu'au concile de Trente. Montauban, impr.
Granié, 1897. In-8°, 85 p.
896. Brambilla (Rinaldo). Dante e i fatti d'arme di Campaldino e di
Gaprona. Milano, Domenico Briola, 1897. In-8°, 20 p.
897. Breuillac (Emile). Numismatique bas-poitevine. Le trésor du
Poiré-sur-Velluire. Vannes, impr. Lafolye, 1897. In-8°, 8 p. (Extrait
de la Revue du Bas-Poitou.)
898. Browne (G. F.). Théodore and Wilfrith. London, Society for
the propagation of Christian Knowledge, 1897. In-12, 304 p. 3 sh. 6.
899. Bruchet (Max). Rapport annuel sur le service des archives
départementales. Annecy, impr. DépolUer, 1897. In-8°, 15 p.
900. BusiRi-Vici (A.). Il mistero délia ss. Eucaristia in un dipinto di
scuola- veneta del secolo xv. Roma, 1897. In-4", 47 p., 5 pi.
901. Calori-Gesis (F.). Giovanni Pico dalla Mirandola, detto la Fenice
degli ingegni. Mirandola, tip. Gaotano Cagarelli, 1897. In-8°, xn-190 p.
(Memorie storiche délia città e dell' antico ducato délia Mirandola,
vol. XI.)
902. Capelli (Luigi-Mario). Primi studî sulle enciclopedie m'edioe-
vali. I. Modena, tip. Angelo Namias e G., 1897. In-8°, 59 p. 3 1.
903. Capitularia regum Francorum. Edd. Alf. Boretius et Vict.
Krause. II, 3. Hannover, Hahn, 1897, In-4o, xxxvi p. et p. 471-726.
(Monumenta Germaniae historica. Legum sectio n.) 12 m.
904. Catalogue de la bibliothèque du château des Fontaines à Chan-
tilly (Oise). Paris, Chaix, 1897. In-8o, 81 p.
905. Catalogue des livres composant la bibliothèque communale de la
ville de Libuurne. Libourne, impr. libournaise, 1897. In-8'', xcv-472 p.
704 BIBLIOGRAPHIE.
906. Gatherwood (Mary llartwell). The days of Jeanne d'Arc. New
York, the Gentury Go., 1897. In-12, vi-278 p. 1 d. 50.
907. Gau-Durban (abbé). Abbaye du Mas-d'Azil. Monographie et car-
tulaire (817-1774). Foix, impr. veuve Pomiès, 1897. In-S», 210 p.
908. Gervoni. Manoscritti délia biblioteca di Bastia, attribuiti a Mar-
cello Malpighi. Bologna, tip. Gamberini e Parmeggiani, 1897. In-8°,
8 p. (Extrait du Bulletti7io délie scienze mediche di Bologna, série vn,
vol. vm.)
909. Ghabedf (Henri). Dijon à travers les âges (histoire et descrip-
tion). Dijon, Damidot frères, 1897. In-8°, 216 p., avec grav.
910. Ghabloz (Fritz). La Bataille de Grandson. Lausanne, F. Payot,
1897. In-16, 226 p. 2 fr. 50.
911. Ghanteau (Francis de). Essai sur l'industrie et le commerce à
Metz du xive au xvi« siècle. Bourg, impr. Dureuil, 1897. In-8°, xiii-
178 p.
912. GmNi (Giuseppe), Phati (Giro). Saggio di annali tridentini. Rove-
reto, tip. Roveretana, 1897. In-4o, 122 p.
913. Glausse (Gustave). Les Monuments du christianisme au moyen
âge. Les marbriers romains et le mobilier presbytéral. Paris, Leroux,
1897. In-8°, x-527 p.
914. Gonferenze santambrosiane , gennaio-febbraio 1897, Milano,
G. Palma, 1897. In-16, 408 p. 5 1.
915. GouRET (comte). Un fragment inédit des anciens registres de la
prévôté d'Orléans relatif au règlement des frais du siège de 1428-1429.
Orléans, Herluison, 1897. In-8o, 48 p. (Extrait des Mémoires de V Acadé-
mie de Sainte-Croix.)
916. GouRTOis (A. de). Le Reliquaire et les reliques de saint Eutrope,
évêque d'Orange. Avignon, impr. Aubanel frères, 1897. In-S^, 24 p. et pi.
917. Goz (Edmond). A travers le xv^ siècle. Autour de Gharles VH.
Jacques Coeur, suivi de Jérôme Savonarole et la question sociale. Pré-
face de Clément de Royer. Paris, Cerf, 1897. in-8'', 88 p. (Extrait de la
Revue de la France moderne.)
918. Grahay (Louis). Recueil des anciennes coutumes de la Belgique.
Coutumes du comté de Looz et de la seigneurie de Saint-Trond. T. III.
Bruxelles, Goemaere, 1897- In-4o, xxx-669 p.
919. CuMONT (Georges). Un officier monétaire au xrv« siècle. Paris,
53, rue de Richelieu, 1897. In-8°, 38 p. (Extrait de la Gazette numisma-
tique française.)
BrnMor,R\pnTF.. 70r»
920. CuRTO (G.). La Beatrico e la donna i^ontile ili Danto Alifihiori.
Pola, F.-W. Schirmer, 1897. In-S», 105 p. 1 m. 80.
921. Daexell (E.-R.). Geschichte der deutschon Hanse ia dor zwci-
ten Hàlfte des xiv. Jahrh, Leipzig, B.-G. Teubner, 1897. In-8°, xii-
210 p. 8 m.
920. Dante. Il trattato de vulf/ari eloquentia, per cura di Pio Rajna.
Firenze, suce. Le Monnier, 1897. Ia-8°, xl-86 p. 1 1.
923. Delachenal (Roland). Cartulaire du temple de Vaulx. Paris,
Picard et fils, 1897. In-S», 129 p. (Extrait du Bulletin de l'Académie del-
phinale, 4^ série, t. X.)
924. Delalande (abbé P.). Histoire de Marmoutier, depuis sa fonda-
tion par saint Martin jusqu'à nos jours. Tours, impr. Barbot-Berruer,
s. d. In-S", 164 p.
925. Delisle (Léopold). Livres imprimés à Cluni au xv« siècle. Rap-
port sur une communication de M. Maurice Dumoulin. Paris, Impr.
nationale, 1897. In-8°, 16 p., pi. (Extrait du Dulklin hislorùjue d plii-
lologique, 1896.)
926. Denifle (H.), Châtelain (E.). Chartularium Universitatis Pari-
siensis. Tomus IV (1394-1452). Paris, impr. Delalain frères, 1897. In-4'>,
xxxvi-837 p.
927. Déprez (V.). La Libération de la Flandre flamingante par Jacques
Van Artevelde. Bruxelles, A. Castaigne, 1897. In-8°, Ym-t76 p. 2 fr. 50.
928. Devillers (Léopold). Bans de police de la ville de Mons du xni»
au xve siècle. Mons, Duquesne-Masquelier et fils, 1897. In-S», 23'j p.,
10 fr.
929. DiETERicH(Julius-Reinhard). Die Geschichtsquollpn dos Klosters
Reichenau bis zur Mitte des xi. Jahrh. Giessen.C. v. Mûnchow, 1897.
In-8°, vii-303 p. 8 m.
930. Diplomatarium islandicum. Islenzkt fornbréfasafn. III, 5. Kaup-
mannahiifn, S.-L. MôUer, 1896. In-8°, xxx p. et p. 769-990.
931. Duchesne (abbé L.). Origines du culte chrétien. Etude sur la
liturgie latine avant Charlemagne. 2° édition, revue et augmentée.
Paris, librairie A. Fontemoing, 1898. In-8», viii-5:i'i p. 10 fr.
932. DuERRWACHTER (A.). Die Gesta Caroli Magni der Regensburger
Schottenlegende. Bonn, P. Hanstein, 1897. In-8% 227 p. 6 m.
933. Du Haltais (Odon). Le Château de Fescal et les seigneuries du
Quistillic et de Marzan. Vannes, impr. Lafulye, 1897. Ia-8°, 23 p.
(Extrait de la Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou.)
934. Du Lys (René). Collection de chartes inédites des xn% xnr ot
706 BIBLIOGRAPHIE.
xive siècles, relatives à la famille de Vauloger. Vannes, impr. Lafolye,
1897. In-8°, 56 p. (Extrait de la Revue historique de l'Ouest.)
935. Durand (Georges). Département de la Somme. Ville d'Amiens.
Inventaire sommaire des archives communales antérieures à 1790.
T. m. Série BB (39-323). Amiens, impr. Piteux frères, 1897. In-4°,
537 p.
936. Durand (Georges). Inventaire sommaire des archives départe-
mentales antérieures à 1790. Somme. IV. Archives civiles, séries G
(nos 1976-2230), D, E. Amiens, impr. B. Redonnet, 1897. In-4°, vi-592 p.
937. Edmont (Ed.). Lexique saint-polois. Saint-Pol, l'auteur, 1897.
In-8o, xv-635 p. 30 fr.
938. Église (1') de Tours. L'x\ncienne paroisse de Saint-Saturnin ; les
Carmes et les Bénédictins de Saint-Julien (1303-1790), par A. FI. Mes-
nil, impr. Firmin-Didot et G*". Paris, 1897. In-8% 32 p.
939. Erler (Georg). Die Matrikel der Universitàt Leipzig. IL Die
Promotionen von 1409-1559. Leipzig, Giesecke und Devrient, 1897.
In-40, xciv-756 p., 2 pi. (Godex diplomaticus Saxoniae regiae, II, 17.)
40 m.
940. Eyrbyggja saga. Hrsg. von Hugo Gering. Halle, M. Niemeyer,
1897. In-8'', xxxi-264 p. (Altnordische Sagabibliothek, VI.) 8 m.
941. Falgando (Ugo). La Historia o Liber de regno Sicilie e la epi-
stola ad Petrum Panormitane ecclesie thesaurarium. Nuova edizione a
curadi G.-B. Siragusa. Roma, tip. Forzani e G., 1897. In-8°, xlv-197 p.,
3 facs. (Fonti per la storia d'Italia, scrittori sec. xii, n" 22.) 10 1.
942. Falke (Jak.-V.;. Mittelalterliches Holzmobiliar. 2. Auflage,
Wien, A. Schroll, 1897. In-fol., 8 p. et 40 pi. 20 fl.
943. Faucher (Paul de). Documents sur la Provence. Les Tributiis et le
fief de Sainte- Marguerite. Notes et documents (1289-1789). Digne, impr.
Ghaspoul et veuve Barbaroux, 1897. In-S», xv-151 p., pi. (Extrait du
Bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses- Alpes.)
944. Festi (Gesare de). Memorie genealogiche sugli antichi signoridi
Gastel-Sejano nel Trentino. Bari, Giornale araldico, 1897. In-4°, 20 p.
(Extrait du Giornale araldico, t. XXIV.)
945. Fleischer (Oskar). Neumen-Studien. Leipzig, F. Fleischer, 1897.
In-4o, vm-139 p. 10 m.
946. Fouéré-Macé (abbé). Les Vitraux de l'église abbatiale de Lehon.
Rennes, Gaillière, 1897. In-S», 60 p.
947. Fournier (Paul). Notice sur le manuscrit H. 137 de l'École de
médecine de Montpellier. Grenoble, impr. Allier père et fils, 1897. In-8'>,
33 p., facs. (Extrait des Annales de l'Université de Grenoble.)
BTBLIOGRAPHIE. 707
948. Funck-Brentano (Frantz). Les Luttes sociales au xiv» siècle.
Jean Colomb, de Bordeaux. Paris, E. Bouillon, 1897. ln-8", 32 p.
(Extrait du Moyen Age, année 1897.)
9-49. Gailliard (Edw.).De keurevan Ilazebroeck van 1336. IIL Gcnt,
Siffer, 1897. In-8<>, 403 p. 5 fr.
950. Galli Œttore). La Morale nelle lettere di Marsilio Ficino. Pavia,
tip. fratelli Fusi, 1897. In-8«>, 116 p.
951. Gasnos (X.). Etude historique sur la condition des Juifs dan.>
l'ancien droit français (thèse). Angers, impr. Burdin, 1897. In -8°,
11-260 p.
952. Gômez-Quintana (Isidro). Apuntes histôricos acerca de la flesta
de toros en Espana. I. Gôrdoba, impr. La Verdad, 1897. In-8o, xxn-304 p.
3 p. 50.
953. Gorra (Egidio), Lingua e letteratura spagnuola dalle origini.
Milano, Ulrico Hoepli, 1897. In-8<', xvii-430 p. 6 1.
954. Grandidier (abbé). État ecclésiastique du diocèse de Strasbourg
en 1454. Strasbourg, J. Norriel, 1897. Gr. in-8», 70-ix p. (Extrait du
Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques de
l'Alsace.) 2 m. 50.
955. Gruyer (F. -A.). Chantilly. Les quarante Fouquet. Paris, E. Pion,
Nourrit et G'% 1897. In-4°, viii-190 p., 40 héliogr.
956. Guillaume (abbé Paul). Inventaire sommaire des archives dépar-
tementales antérieures à 1790. Hautes-Alpes. T. IV. Série G. T. III.
Clergé séculier. Évêché de Gap (suite). Gap, impr. L. Jean et Peyrot,
1897. In-4°, L-468 p.
957. GuiRAUD (Jean). Saint Dominique et la fondation du monastère
de Prouille. Paris, 1897. In-8<>, 33 p. (Extrait de la Revue historique.)
958. Hague (D.). Church of England before the Reformation. Lonrlon,
Hodder and Son, 1897. ln-8°, 420 p. 7 sh. 6.
959. Hardy (Michel). Département de la Dordogne. Ville de Péri-
gueux. Inventaire sommaire des archives communales antérieures ;'i
1790. Périgueux, impr. D. Joncla, 1897, In-4°, xxxv-543 p.
960. Hartshorne (A.). Old English Classes : Glass drinking ves.cels
in England to end of the xviutb century. London, Arnold, 1897. ^1-4°,
514 p. 63 sh.
961. Heckethorn (G. W.). The Printers of Basle in the xv^h and
xvitii century. London, T. F. Unwin, 1897. Gr. in-8°, 224 p. 21 sh.
962. Helgi-Halfdanarson, Saga fornkirkjunnar (30-692 c. kr.). 3. Rey-
kjavik, Isafoldarprentsmidja, 1896. In-8°, iv p. et p. 321-464. 1 kr. 25.
708 BIBLIOGEAPUIE.
963. Helmer (Gilbert). Zur Syntax Hugo's von Montfort. Das Verbum.
Pilsen, G. Maasch, 1897. In-S», 36 p. 0 m. 80.
964. Hénault (Maurice), Département du Nord. Ville de Condé-sur-
l'Escaut. Inventaire sommaire des archives communales antérieures à
1790. Lille, impr. L. Danel, 1897. In-4o, xix-73 p.
965. HouDREMONT (A.). Histoire de la langue française comme langue
administrative du pays de Luxembourg. Luxembourg, impr. Gh. Praum,
1897. In-4», 60 p.
966. HoYOïs (Jos.). Tournai au xm« siècle. 2^ éd. Gand, A. Siffer
(1897). In-8°, 77 p. 1 fr. 50.
967. HuBiNONT (Olivier). 1218-1794. Monographie historique de l'ab-
baye de l'Olive. Morlanwelz, impr. Ém. Geuse, 1897. In-16, 50 p.
968. Inventaire archéologique de Gand publié par la Société d'histoire
et d'archéologie de Gand. Fasc. I. Gand, impr. N. Heins, 1897. In-8'»,
10 pi. 3 fr. 50.
969. IsNARD. Mystère des trois rois. Précédé du rapport de M. Paul
Meyer. Paris, Impr. nationale, 1897. In-8°, 20 p. (Extrait du Bulletin
historique et philologique, 1896.)
970. IsTRiN (V.). Otkrovenie Mefodiia Patarskago i apokrifitcheskiia
vidieniia Daniila v vizantiiskoî 1 slaviano-rousskoï Uteratourakh.
[L'apocalypse de Méthode de Patara et la vision apocryphe de Daniel
dans les littératures byzantine et slavonne.] Moscou, impr. de l'Univer-
sité, 1897. In-4°, 539 p.
971. Italienische Skulpturen aus den kgl. Museen zu Berlin. II :
Italienische Bildwerke der christlichen Epoche. Berlin, graph. Gesell-
schaft, 1897. Gr. in-8«>, 21 p. et album de 75 pi. in-fol. 125 m.
972. Jannaris (A.-N.). Historical Greek Grammar. London, Macmil-
lan, 1897. In-8'>, 776 p. 25 sh.
973. JiRECEK (Hermenegild von). Karten zur Geschichte des heutigen
osterreichisch-ungarischen Reichs-Territoriums wàhrend des 1. christ-
lichen Jahrtausends. Wien, E. Hôlzel, 1897. In-fol., 1 p., 6 pi. 0 fl. 90.
974. Kantorovitch (Ja.). Protsessy protiv jivotnykh v srednie vieka.
[Procès contre les animaux au moyen âge.] Saint-Pétersbourg, a BibUo-
thèque juridique, » 1897. In-12, 58 p. 20 k.
975. KiLGENSTEiN (Jakob). Die Gotteslehre des Hugo von St. Victor.
Wûrzburg, A. Gobel, 1897. In-8°, xii-229 p. 2 m. 50.
976. Kldge (Friedrich). Angelsàchsisches Lesebuch zusammengestellt
und mit Glossar versehen. 2 Aufl. Halle, M. Niemeyer, 1897. In-S»,
iv-214 p. 5 m.
BIBLIOGRAPHIE. 709
977. KoBLER (Giov.). Memorie per la storia délia liburnica città di
Fiume. Fiume, tip. di E. Mohovich, 1897. Ia-8% 292-60-vii p., ill.
978. KoEHNE (Cari). Die ^Yo^mse^ Stadtrecht.srcformation vom J. 1409.
I. Teil. Berlin, Speyer und Peten, 1897. Iu-8°, viii-67 p. 1 m. 60.
979. KoHTE (Julius). Verzeichnis dor Kunstdenkraàler der Prov.
Posen. IV : Der Rogierungs-Bezirk Bromberg. Berlin, J. Springer,
1897. Gr. in-8% x-195 p., ill. 6 m.
980. Kopcs.\NYi (Kâroly). A pécsi jogakadémia multja s jelene. [His-
toire de la Faculté de droit de l'Université de Fiinfkirchen.] Fùnfkir-
chen, M. Wolf, 1897. In-8°, 172 p. 3 fl.
981. Kraus (Victor von). Deutsche Geschichte im Ausgange des Mit-
telalters(ii38-1519). Stuttgart, J.-G.GottaNacUf., 1897. In-8o, p. 401-480.
(Bibliothek deutscher Geschichte, 118.) 1 m.
982. Kulturgeschichte des Mittelalters mit Einschluss der Renaissance
und Reformation. Von A. Kaufmann, E. Mogk, H. Hirt, F. Schwally,
A. Conrady, 0. Henné am Rhyn, Ludw. Geiger. Leipzig, P. Friesen-
hahn. 1897. Gr. in-8°, vni-984 p., dess. et pi. 15 m.
983. KuNN (Géza). Relationum Hungarorum cum oriente gentibusque
orientaUbus origines. Klausenburg, J. Stein, 1897. In-8o, 285 et 230 p.
6 fl.
984. Lambin (Emile). La Flore des grandes cathédrales de France.
Paris, bureaux de la Semaine des constructeurs, 1897. In-S», 72 p., grav.
(Extrait de la Semaine des constructeurs.)
985. La Rongière (C. de). Charlemagne et la civilisation maritime au
ixe siècle. Paris, Bouillon, 1897. In-8<>, 23 p. (Extrait du Moyen Age.)
986. Laurin und der kleine Losengarten, hrsg. von Georg Holz, Halle,
N. Niemeyer, 1897. In-8°, v-xlvi-2I3 p. 7 m.
987. Lauzun (Philippe). Le château de Bonaguil en Agenais. 3« éd.,
entièrement refondue. Agen, impr. Agenaise, 1897. In-8°, x-153 p.
2 fr. 50.
988. Lazzari (Alfr.). Ugolino e Michèle Verino. Torino, C. Clausen,
1897. In-8°, 228 p. 4 1. 50.
989. Ledieu (Alcius). L'Influence à Abbeville de 1467 à 1470. Paris,
Impr. nationale, 1897. In-8°, 11 p. (Extrait du Bulletin historique et
philologique, 1896.)
990. Le Gall de Kerlinou (E.). Notice sur la mort de Charles de
Blois et sur quelques familles de Bretagne peu connues. Vannes, impr.
Galles, 1897. In-8<>, 23 p.
7^0 BIBLIOGRAPHIE.
901. Léger (Emile). Le Scneschal d'Eu, poète du xiy siècle, sa
famille, ses exploits et ses ballades. Neufcliâtel-en-Bray, impr. Cœur-
deroy frères, 1897. Iii-8% 69 p.
992. Le Hardy (G.). Étude sur la baronnie et l'abbaye d'Aunay-sur-
Odon. Caen, Delesques, 1897. In-8°, 444 p.
993. Lehfeldt (P.). Die Bau- und Kunstdenkmàler Thiiringens. xxiv :
Grossherzogtbum Sachsen-Weimar-Eisenach. Amtsger.-Bezirke Neu-
stadt a. Orla und Auma. Jena, G. Fischer, 1897. Gr. in-8°, Ym-251 p.,
ill. 6 m.
994. Lehugeur (Paul). Histoire de Philippe le Long, roi de France
(1316-1322). T. I : le Règne. Paris, Hachette et Qi", 1897. ln-8o, xxxi-
481 p.
995. Lejear (J.). Les Annales de Verviers. Verviers, impr. L.-M.
Léonard, 1897. In-8°, 208 p., carte. 2 fr.
996. Le Juge (Vasil-V.). Das galizische Tetroevangelium vom Jahre
1114. Leipzig; Breslau, Schletter, 1897. In-8o, 42-xvi p. 1 m.
997. Lemcke (Ernst). Textkritische Untersuchungen zu den Liedern
Heinrichs von Morungen. Jena, 0. Rassmann, 1897. In-8°, 110 p.
1 m. 60.
998. Leôn Domîncuez (José-Maria). Recuerdos gaditanos. Gadiz, tip.
de Gabelle y Lozon, 1897. In-4o, 718 p. 13 p.
999. Leoni (Ugo). La Storia d'Arezzo. Fasc. 1-20. Arezzo, tip. G. Gri-
stelli, 1897. In-8°, 320 p.
1000. Lespinasse (R. de). Affranchissements de la comtesse d'Eu.
Nevers, impr. Vallière, 1897. In-8'', 12 p.
1001. Lespinasse (R. de). Titres du prieuré de Mêves-sur-Loire (xii^-
xviii« siècles). Nevers, impr. Vallière, 1897. In-8°, 64 p.
1002. L'EsTOURBEiLLON (marquis de). Inventaire des archives des châ-
teaux bretons. VI : Archives du prieuré de Saint-Georges-de-Trédias
(Côtes-du-Nord) (1346-1775). Vannes, impr. Lafolye, 1897. In-8°, 58 p.
1003. Leuridan (Th.). Statistique féodale du département du Nord.
La châtellenie de Lille. V : le Weppes. Lille, impr. Danel, 1897. In-8°,
236 p.
1004. Leyen (Friedr. von der). Des armen Hartmann Rede vom Glou-
ven. Ein deutsche Reimpredigt des xn. Jahrh.' Breslau, M. und H. Mar-
cus, 1897. In-8o, vn-224 p. (Germanistische Abhandlungen, XIV.) 8 m.
1005. Lex (L.). Les Fiefs du Maçonnais. Mâcon, impr. Protat frères,
1897. In-8°, xxni-290 p.
BIBLIOGRAPHIE. 7M
1006. Liber miraculorum sancte Fidis, publié d'après le manuscrit de
la bibliothèque de Schlestadt, avec une introduction et des notes, par
M. l'abbé A. Douillet. Paris, Picard et fils, 1897. In-8», xxxvi-291 p.
(Collection de textes pour servir à l'étude et à l'enseignement de l'his-
toire, 21.)
1007. Lippi (Silvio). L'Archivio comunale di Cagliari. Cagliari, tip.
Muscas di P. Valdès, 1897. In-4o, 272 p., 4 fasc, 7 pi.
1008. LiTTLE (William James Knox). S' Francis of Assisi. New York,
T. Wittaker, 1897. In-S», v-328 p. 2 d. 50.
1009. Maiocchi (Rodolfo). Francesco Barbavara durante la reggenza
di Caterina Visconti. Torino, G.-B. Paravia, 1897. In-8°, 47 p. (Extrait
de la Miscellanea di sloria italiana, série III, iv.)
1010. Manen (E.). Essai sur Jérôme Savonarole, d'après sa prédica-
tion. Montauban, impr. Granié, 1897. In-S», 71 p.
1011. Mannocchi (Luigi). Alcuni documenti storici délia Terra di
Petritoli. Petritoli, tip. A, Manunzio, 1897. In-8°, 135 p.
1012. Mantz (Paul). La Peinture française du ix» siècle à la fin du
XVI». Avec une introduction par Olivier Merson. Paris, May, 1897. In-8°,
288 p. (Bibliothèque de l'enseignement des beaux-arts.)
1013. Mariani (le P. Am.). Notizie délia nobile famiglia Portinari.
Firenze, tip. di Raff. Ricci, 1897. In-8^ 53 p., 3 pi.
1014. Marsy (comte de). Les Dalles tumulaires do la Belgique. Gaen,
Delesques; Paris, Alph. Picard, 1896. In-S», 16 p. (Extrait du Bulletin
monumental, 7» série, t. I.)
1015. Mattoiesen (H.). Det garnie Trondhjem. Byens historié fra dens
anlœg til erkestolens oprettelse 997 til 1152. VIL Kôbenhavn, Alb.
Gammermeyer, 1897. In-8°, p. 191-222. ill.
1016. Melicus (Silvanus Uranius). Deiisquae Henricus II Germano-
rum imperator Benedicto VIII christianorum pontiûci conûrmavit ac
donavit libellus. Sassari, typ. J. Dessii, 1897. In-8<>, 15 p.
1017. MÉTAY (A.). Les Etablissements d'instruction primaire à Mon-
taigu avant et après 1789. Vannes, impr. Lafolye, 1897. In-S», 15 p.
(Extrait de la Revue du Bas-Poitou.)
1018. Meyer (Julius). Die Burggrafen von Nûrnberg im Hohenzollem-
Mausoleum zu Heilsbronn. Ansbach, G. Briigel und Sohn, 1897. In-8°,
Y-152 p., 20 pi. 3 m. 60.
1019. Meyer (Paul). Notice sur les Gorrogationes Promethei d'Alc-
7^2 niBLIOGRAPHIE.
xandre Ncckam. Paris, G. Klincksieck, 1897. In-4°, 46 p. (Tiré des
Notices et Extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale et autres
bibliothèques, t. XXXV, 2« part.)
1020. MissET (E.). Jeanne d'Arc Champenoise. Petite réponse d'un
Champenois à trois Lorrains. Paris, Champion, 1897. In-8°, 4 p.
1021. MissET (E.). Un double contre-sens, ou le prétendu blason de
Jeanne d'Arc et sa prétendue devise « Vive labeur! » suivi d'un simple
mot à M. l'abbé L'Hote. Paris, Champion, 1897. In-8°, 19 p.
1022. MoROSiNi (Domenico). Eletion del dose Francesco Foscari, 1423.
Conegliano, tip. Francesco Cagnani, 1897. In-4o, 17 p. (Nozze Pieron
Foscari-Elisabetta Widmann Rezzonico.)
1023. MuELLER (D.-K.l. Kirchengeschichte. Il, 1. Freiburg-i.-B.,
J.-C.-B. Mohr, 1897. In-S», 176 p. (Grundriss der theologischen Wis-
senschaften, xii a.) 2 m. 80.
1024. MuNTZ (Eug.). La Tiare pontificale du vm« au xvi^ siècle. Paris,
G. Klincksieck, 1897. In-4o, 95 p. (Extrait des Mémoires de l'Académie
des inscriptions et belles-lettres, t. XXXVI, 1'^ partie.)
1025. NoREEN (Adolf). Altnordische Grammatik. II : Altschwedische
Grammatik, mit Einschluss des Altgutnischen. I. Halle, Max Niemeyer,
1897. In-8°, 173 p. (Sammlung kurzer Grammatiken germanischen
Dialekte, viii.) 3 m. 60.
1026. Paul (Hcrmann). Grundriss der germanischen Philologie. 2.
Aufl. I, 3. Strassburg, K.-J. Trùbner, 1897. In-8o, p. 513-768. 4 m.
1027. Paz (Juliân). El monasterio de San Pablo de Valladolid. Valla-
dolid; Madrid, Murillo, 1897. In-8°, 64 p. 1 p. 75.
1028. Pélissier (L.-G.). La Cryptographie de Siméon Cattaneo. Note
sur quelques documents cryptographiques italiens. Paris, 1897. In-8°,
32 p. (Extrait des Mémoires de la Société nationale des antiquaires de
France, t. LVI.)
1029. Petit (Joseph). Un capitaine du règne de Philippe le Bel : Thi-
baut de Ghepoy. Paris, Bouillon, 1897. In-8°, 16 p. (Extrait du Moyen
Age, année 1897.)
1030. Petrov (N.-I.). Opisanie roukopisnykh sobraniï nakhodia-
chtchikhsia v gorodie Kievie. [Description de collections manuscrites
sur Kiev.] Vyp. I. Moscou, impr. de l'Université, 1897. In-8°, 295 p. 2 r.
1031. Philippi (Adolf). Kunstgeschichtliche Einzeldarstellungon. III :
Die Kunst der Renaissance in Italien, 3. Leipzig, E.-A. Seemann, 1897.
In-B», viii p. et p. 313-416, 59 grav. 2 m.
niBLIOUlUPHIE. 7^3
1032. PiASETSKil (V.-N.). Arkhitektournyia formy rannago vozroj-
deniia v Italii. [Formes architecturales de la première renaissance en
Italie.] Saint-Pétersbourg, bureaux du « Stroitel » (l'architecte), 1897.
In-8°, 114 p., dess. et pi. 3 r. 30.
1033. PiRENNE (Henri). Documents relatifs à l'histoire de Flandre
pendant la première moitié du xiv» siècle. I : l'Inventaire des héritages
des Flamands tués à la bataille de Cassel. II : la Question des fortifica-
tions après le traité d'Arqués. III : la Flandre et Edouard III en i3iO.
Bruxelles, F. Ilayoz, 1897. In-8", 22 p. (Extrait du Comple-rendu de la
Commission royale d'histoire, t. VII.)
1034. Placentini Summa « Cum essem Mantue » sive de accionum
varietatibus. Ilerausgegoben von (lustav Pescatore. Greifswald, J. Abel,
1897. In-8o, xu-66 p. (Beitràge zur mittelalterlichen Rechtsgeschichte,
5.) 3 m.
1035. Plaine (dom François). Odon de Glanfeuil et l'authenticité de
la mission de Saint-Maur. Vannes, impr. Lafolye, 1897. In-8°, 28 p.
(Extrait de la Revue historique de l'Ouest.)
1036. PoDESTA (Fr.). La pesca del corallo in Africa nel medioevo e i
genovesi a Marsacares. Genova, tip. istituto Sordomuti, 1897. In-4o,
39 p. (Nozze Franco Genuaro Costa-Annetta Costa.)
1037. Polnoe sobranie rousskikh lietopisel. [Collection de chroniques
russes.] XI. Saint-Pétersbourg, impr. J.-N. Skorokhodov, 1897. In-4°,
261 p.
1038. PoNCELET (Albert), S. J. Annales de l'abbaye de Saint-Ghislain,
par dom Pierre Baudry et dom Augustin Durot. Mons, Dequesne-
Masquelier, 1897. In-8», 538 p.
1039. PouLLAiN (H.). Magdunum. Ville de Meung-sur-Loire. Revue
historique rétrospective concernant la vie civile et politique, adminis-
trative et religieuse de cette ville depuis sa destruction par les Van-
dales jusqu'en l'année 1793, ornée d'un plan et de plusieurs vues et
figures. Orléans, impr. Michau et G'«, 1897. In-8<', 65 p.
1040. Raab (Karl-Richard). Beitràge zur Geschichte der Reichsstadt
Schweinfurt am Ausgang des Mittelalters. Schweinfurt, E. Stoer, 1897.
In-8% 44 p. 0 m. 80.
1041. Raoul von Houdenc. Sâmtliche Werke. Hrsg. von Mathias
Friedwanger. I. Meraugis von Portlesguez. Halle, M. Niemeyer, 1897.
In-8°, xc-295 p. 10 m.
1042. Ras (Joseph de). Mémoire historique, diplomatique et critique
sur la souveraineté du prince-évèque de Liège dans la ville de Maes-
744 BIBLIOGRAPHIE.
tricht avant la promulgation de l'ancienne charte (1283). Maestricht,
Boosten et Stols, 1897. In-S», 54 p.
1043. Rembry (E.). De bekende pastors van Sint-Gillis te Brugge
(13H-189G). Brugge, V^ De Scheemaecker-Van Windekens, 1890-1896.
In-8°, xxx-808 p., portrait. 5 fr.
1044. Renezé (Emil). Sagen und litterarliistorische Untersuchungen.
1. Das Traummotiv inder mittelhochdeutschen Dichtungbis 1250 und
die alten deutschen Volksliedern. 2. Orendel, Wilhelm von Orense und
Robert dcr Teufel. Eine Studie zur deutschen und franzôsischen Sagen-
geschichte. Halle, Max Niemeyer, 1897. In-8°, 82 et v-112 p. 2 m. 40
et 2 m. 80.
1045. Renx (Gustav-Adolf). Beitrâge zur Geschichte der Schottenab-
tei St. Jakob und des Priorats Weih St. Peter in Regensburg. Stift
Raigern, 1897. In-S», iv-llO p. (Extrait des Studien und Mitlheilungen
aus dem Benedictiner- und Cistercicnser-Orden.)
1046. Reuter (Christian), Lietz (Paul), Wehner (Otto). Das zweite
stralsundische Stadtbuch (1310-1342). I" Theil. Liber de hereditatum
obligatione. Stralsund, k. Regierungs-Buchdruckerei, 1897. In-8°,
vni-186 p. 3 m.
1047. Richard (Alfred). Les Armoiries de l'Université de Poitiers.
Poitiers, impr. Biais et Roy, 1897. In-8°, 24 p. et pi. (Extrait du Bul-
letin de la Société des antiquaires de l'Ouest, !«'' trimestre 1897.)
1048. Ritter (Albert). Altschwâbische Liebesbriefe. Graz, Styria,
1897. In-8o, VH-118 p. (Grazer Studien zur deutschen Philologie, V.)
3 m. 30.
1049. Roeper (Adalbert), Boescu (Hans). Ausgewàhlte Ornament-
Schnitzwerke des xv-xvni. Jahrh. Mùnchen, Jos. Albert, 1897. In-fol.,
2 p., 50 pi. 30 m.
1050. RoGER-MiLÈs (L.). Gomment discerner les styles du vin^ au
xix« siècle. Études pratiques sur les formes et décors propres à déter-
miner leurs caractères dans les objets d'art et la curiosité. Paris, Rou-
veyre, 1897. In-4°, 125 p., avec 900 reproductions documentaires.
1051. RoGGERONE (Serafino). Béatrice di Savoia, contessa di Pro-
venza. Imola, tip. d'I. Galeati e figlio, 1897. In-16, 26 p.
1052. RoNDOT (Natalis). Les Graveurs de monnaies à Lyon du xm^
au xvme siècle. Mâcon, impr. Protat frères, 1897, Gr. in-8°, 91 p.
1053. Round (J.-H.). La Bataille de Hastings. Paris, 1897. In-8°,
17 p. (Extrait de la Revue historique, t. LXV.)
BIBLIOGRAPHIE. 7i5
1054. Roussel (Ernest). La Bénédictioa du lendit au xiv« siècle. Note
additionnelle par L. Delisle. Nogent-le-Rotrou, iiupr. Daupeley-Gou-
verneur, 1897. In-S", 16 p. {Extrait du Bulletin de la Société de l'histoire
de Paris.)
1055. RuANO Prieto (Fernando). D. Juan II de Aragon y el principe
de Viana. Bilbao, impr, de la Casa de Misericordia, 1897. In-fol., 232 p.,
pi. 6 p. 50.
1056. Rydberg (Gustav). Zur Geschichte der franzôsischen a. II.
Upsala. 1897. In-8°, p. 69-202.
1057. Santini (Pietro). Nuovi documenti dell' antica costituzione del
comune di Firenze. Firenze, tip. M. Cellini, 1897. In-S", 52 p. (E.xtrait
de VArchivio storico italiano, 5« série, t. XIX.)
1058. ScANDONE (Fr.). Appunti biograGci sui due riraatori délia scuola
siciliana Rinaldo e Jacopo di casa d'Aquino. Napoli, tip. F. Raimoudi,
1897. In-4°, 45 p.
1059. ScHiiiTz (Wilh.). Die bemalten romanischen Holzdecken im
Muséum zu Metz. Dùsseldorf, L. Schwann, 1897. In-4o, 16 p. (Extrait
de la Zeitschrift fur christliche Kunst.) 3 m.
1060. ScHNELLER (Christian). Tridentinischellrbare aus dem 13. Jahrh.
Innsbruck, Wagner, 1897. In-8'', v-283 p. (Quellen und Forschungen
zur Geschichte, Litteratur und Sprache Oesterreichs, IV.) 6 m.
1061. Serino ( Vinc). Genni sulla pittura fiorentina del xv e xvi secolo.
Napoli, tip. Aurelio Tocco, 1897. In-8", 19 p.
1062. Serret (Jules). Doumenet et les châteaux de la banlieue d'Agen
(1464-1897). Agen, impr. Agenaise, 1897. In-8°, 31 p.
1063. Serrure (Raymond). Contribution à la numismatique tournai-
sienne. Chalon-sur-Saône, impr. Marceau. In-4o, 7 p. (Extrait, avec
additions, de la Gazette numismatique française.)
1064. Sevens (Theodoor). De kerk van 0. L. Vrouw te Kortrijk.
Kortrijk, Eug. Beyaert, 1897. In-S", 156 p., carte et pi. 2 fr. 50.
1065. SiGHiROLLO (D. Giacomo). Studi sulla Divina Gommedia. Rovigo,
tip. Vianello, 1897. In-16, 76 p. 1 1.
1066. Sparkes (John G. L.), Gandy (Walter). Potters, their arts and
crafts. New York, Thomas Wittaker, 1897. In-12, iv-260 p. 1 d. 25.
1067. Spier (Heinr.). Studien zur Geschichte des englischen Proao-
mens im xv. und xvi. Jahrh. Halle, Max Niemeyer, 1897. In-S",
xix-311 p. (Studien zur englischen Philologie, I.) 8 m.
7U> RIBLIOGRAPHIE.
1068. Stein (Friedrich). Die Urgeschichte der Franken unci die Griin-
dung des Frankenreiches durcli Chlodwig. Wiirzburg, Stahel, 1897.
In-S», 220 p., carte. (Extrait de VArchiv des historischen Vereins von
U nier franken.) 3 m. 60.
1069. Stoddard (E. V.). Bertrand Du Guesclin, constable of France,
his lii'e and times. New York, Putnam, 1897. In-8°, 318 p., ili. 9 sh.
1070. Stuhlfauth (Georg). Die Engel in der altchristlichen Kunst.
Freiburg-i.-B., J.-G..-B. Mohr, 1897. In-8o, viii-264 p., grav. (Archào-
logische Studien, 3.) 7 m.
1071. SucHET. Les Ghâtellenies de Vuillafans pour faire suite à l'his-
toire de deux villages, Vuillafans et Montgesoye. Besançon, impr. Jac-
quin, 1897. In-8°, 88 p.
1072. SuGHET. Histoire de l'éloquence religieuse en Franche-Comté
depuis les origines du christianisme jusqu'à nos jours. Besançon, impr.
Jacquin, 1897. In-8°, iv-307 p.
1073. Tarduggi (Ant.). Piobbico e i Brancaleoni. Gagli, tip. Balloni,
1897. In-8°, xn-400 p.
1074. Tarin y Juaneda (Francisco). La cartuja de Porta Cœli (Valen-
cia). Valencia, tip. de Manuel Alufre, 1897. In-8o, vni-324 p. 2 p. 50.
1075. Tarin y Juaneda (Francisco). La real Cartuja de Miraflores
(Burgos). Burgos, impr. de los hijosde Santiago Rodriguez, 1896-1897.
In-4o, 624 p., grav., plan. 7 p.
1076. Taunton (Ethelred L.). The English black monks of st. Bene-
dict. London, J. G. Nimmo, 1897. 2 vol. in-8°, 710 p. 21 sh.
1077. Tesson (Alfred de). Note sur une pierre tombale de l'église de
Ghasseguey. Avranches, impr. J. Durand, 1897. In-8», 10 p.
1078. Tesson (Alfred de). Rectifications et additions à onze mono-
graphies de paroisses de l'abbé Masselin (Saint-Pois, le Mesnil-Adelée,
Goulouvray, Boisyvon, Brécey, le Grand-Celland, la Chapelle-Urée,
Reffuveille, Montigny, Ghasseguey, le Mesnil-Thébault). Avranches,
impr. Durand, 1897. In-8°, 64 p.
1079. Therme (G.). Monographie de la paroisse Saint-Pierre-lès-Mar-
seille. Marseille, impr. Marseillaise, 1897. In-i8 jésus, 149 p.
1080. Timofeev (A. -G.). Istoriia tielesnykh nakazaniï v Rousskom
pravie. [Histoire des peines corporelles en droit russe.] Saint-Péters-
bourg, impr. de la prison de Saint-Pétersboufg, 1897,In-8°, 228 p.
1081. Timon (Akos). Magyar alkotmâny es jogtôrténet. [Histoire poli-
tique et juridique de Hongrie.] Budapest, Sigmund Politzer, 1897.
ln-8°, xi-596 p. 5 fl.
BIBLIOGRIPUIK. 7^7
1082. Tboubetskoï (prince E.). Religiozno-obchtchestvennyï idéal
zapadnago khristianstva v xi viekie. [Idéal religioso-social du christia-
nisme occidental au xi« siècle.] II. Kiev, impr. S.-V. Kouljenk, 1897.
In-8o, p. 367-511. 2 r. 50.
1083. Urkundenbuch der Stadt Liibeck. X, 3-4. Liibeck, E. Schmer-
sahl Nachf., 1897. In-4'>, p. 161-320. 3 m.
1084. Van Berchem (Max). Épigraphie des Assassins de Syrie. Paris,
Leroux, 1897. In-8°, 53 p., pi. (Extrait du Journal asiatique, mai-
juin 1897.)
1085. Van Dyke (PaulK The âge of the Renascence. New- York, the
Christian literature Co., 1897. In-12, xxii-397 p. (Ten epochs of church
history.) 1 d. 50.
1086. Vatielli (Fr.). Focara, nota dantesca. Pesaro, tip. di Gualtiero
Federici, 1897. In-16, 13 p.
1087. Vie (la) admirable du glorieux saint Wandrille, fondateur et
premier abbé de Fontenelle au vii^ siècle, racontée par un religieux de
son temps et de son monastère. Ligugé, impr. Bluté, 1897. In-18, 47 p.
1088. Villechèze (René de). Recherches historiques sur la commune
du Pellerin et notices sur les communes de Saint-Jean-de-Boiseau,
Port-Saint-Père, Cheix, Rouans, Sainte-Pazanne et Vue. 2« édition,
revue et complétée par A. de Villechèze, avec l'indication des fiefs et
juridictions de l'ancien comté de Nantes situés dans le canton du Pel-
lerin. Vannes, impr. Lafulye, 1897. In-S", 119 p.
1089. VoGT (Friedrich), Koch (Max). Geschichte der deutschen Litte-
ratur. Leipzig, Bibliographisches Institut, 1897. In-8°, x-760 p., ill. 16 m.
1090. VoLKOv (L). Statistitcheskiia sviedieniia o sokhranivchikhsia
drevne-rousskikh knigakh xi-xiv viekov. [Renseignements statistiques
sur les livres vieux-russes des xie-xiv^ siècles qui se sont conservés.]
Saint-Pétersbourg, impr. I.-N. Skorokhodov, 1897. In-8°, 96 p. (Pamia-
tniki drevneî pismennosti, 123.)
1091. Walter (E.). Griindung und Grùnder der Eidgenossenschaft in
Geschichte und Sage. Winterthur, A. Hoster, 1897. Gr. in-8°, 66 p.,
2 pi. (Extrait de Die Sonntagsposl.) 1 fr. 50.
1092. Ward (J.). Hisloric Ornament : treatise on décorative art and
architectural ornament : treats of prehistoric art, ancient art and archi-
tecture, Eastern, early Christian, Byzantine, Saracenic, Romanesque,
Gothic, and Renaissance architecture and ornament. London, Chapman,
1897. In-8o, 420 p., ill. 7 sh. 6.
1093. Waoters (Alphonse). Table chronologique des chartes et
4897 46
718 BIBLIOGRAPHIE.
diplômes imprimés concernant l'histoire de la Belgique. T. IX. Bruxelles,
Hayez, 1896. In-4°, xlvi-935 p.
1094. Weise (August). Das Handwerk der Goldschmiede zu Augsburg
bis z. Jahre 1681. Leipzig, E.-A. Seemann, 1897. In-S", viii-359 p. (Bei-
tràge zur Kunstgeschichte. Neue Folge, 24.) 6 m.
1095. WiLLGEROTH (Gustav). Geschichte der Stadt Wismar. I. Teil.
Wismar, Willgeroth uud Menzel, 1897. In-8°, 123 p. 2 m.
1096. WiNKELMANN (Eduard). Kaiser Friedrich II. 2" Band, 1228-
1233. Leipzig, Duncker und Humblot, 1897. In-8°, viii-529 p. 13 m. 20.
1097. ZiMMERMANN (Max-Georg). Oberitalische Plastik im frùhen und
hohen Mittelalter. Leipzig, A.-G. Liebeskind, 1897. In-4o, viii-208 p.,
ill. 30 m.
CHRONIQUE ET MELANGES.
— Par décret en date du 20 octobre 1897, notre confrère M. Élic
Berger, archiviste paléographe, docteur es lettres, a été nommé pro-
fesseur titulaire de la chaire de paléographie de l'École des chartes
en remplacement de M. Léon Gautier, décédé.
— Par arrêté du 9 octobre 1897, notre confrère M. Charles Mortet
a été chargé pendant l'année 1897-1898 d'un cours sur la bibliogra-
phie et le service des bibUothèques à l'Ecole des chartes.
— A la même date, notre confrère M. Desjardins a été chargé pen-
dant la même année d'un cours sur le service des archives à l'Ecole
des chartes.
— Par arrêté du 13 octobre 1897, notre confrère M. Enlart a été
chargé, pendant le premier semestre de l'année 1897-1898, d'un cours
d'archéologie du moyen âge à l'École des chartes.
— Par arrêté ministériel du 5 novembre 1897, ont été nommés
élèves de première année de l'École des chartes, dans l'ordre de mérite
suivant :
MM.
1. GocHiN (Auguste-Denis-lSla.vie), né à Paris, le 22 décembre 1876.
2. Galadert ( Philippe- Jacques-Franpoii), né à Montauban (Tarn-et-
Garonne), le 11 mars 1873.
3. JoNDOT (Louis-Jules-Marie-i5iép/i6n), né à Saint-Priest-de-Gimel
(Corrèze), le 7 juillet 1878.
4. Laurent (Alfred-Alphonse-Marie-Jules-yacgMei), né aux Riceys
(Aube), le 26 mars 1876.
5. Knight (Georges-yean-Henri-Marie), né à F^aris, le 5 septembre
1880.
6. Giard (flené-Pierre-Alfred), né à Valenciennes (Nord), le 25 jan-
vier 1880.
7. DuGUEYT (Pa^<^Maric-Joseph), né à Virieu (Isère), le 17 septembre
1877.
8. BoNNAT (Martial- /Îené-Maximilien), né à Limoges (Haute- Vienne),
le 20 avril 1878.
9. Broche (Lucien- Albert-Etienne), né à Alger, le 13 août 1877.
720 CHRONIQUE ET ME'lANGES.
10. MiDOc (Georges-Henri), né à Reims (Marne), le 28 décembre 1874.
U. Lévèque (Pierre-Eugène), né à Paris, le 13 octobre 1879.
12. Lavollée (Paul-Marie-i^oôeri), né à Paris, le 26 janvier 1876.
13. Samaran ((7/iar/e5-Maxime-Donatien), né à Gravencères (Gers),
le 28 octobre 1879.
14. Du Gheyron du Pavillon (Marie-GabrieWosep/i), né à Salignac
(Gharente-Inférieure), le 13 novembre 1876.
15. Beaucorps (C/mrie5-Remy-Marie de), né à Orléans (Loiret), le
13 mai 1879.
16. HuARD (flo&eri- Jules-Marie), né à Paris, le 28 janvier 1878.
17. Labrosse (/uHes-Joseph-Maurice), né à Paris, le 27 janvier 1874.
Sont autorisés à redoubler leur année d'études :
MM. Boulanger, Gabory, Patry et Pidoux, élèves de première
année ; de Boislisle et Le Ghartier de Sedouy, élèves de deuxième
année; Gardère et de la Martinière, élèves de troisième année.
— Les cours de l'Ecole des chartes se sont ouverts au commence-
ment du mois de novembre dans le local qui lui est affecté dans les
bâtiments de la nouvelle Sorbonne.
Le mercredi 29 décembre 1897, M. le Ministre de l'Instruction
publique a visité inopinément l'École des chartes, rue de la Sorbonne.
Le Ministre s'était rendu à la Sorbonne, où il avait été reçu par le
recteur de l'Université de Paris dans la salle nouvelle de la biblio-
thèque de l'Université. Les professeurs des Facultés des lettres et des
sciences et plusieurs personnes étrangères à l'Université, notamment
le président du Gonseii municipal de Paris, le directeur de l'École des
chartes et les directeurs de plusieurs sections de l'École des hautes
études avaient été invités à cette réunion et s'étaient groupés dans la
salle oiî M. le Ministre a été salué à son entrée par M. Gréard.
Nous regrettons de ne pouvoir reproduire cette allocution très
remarquable. L'orateur a retracé l'histoire de la vieille Sorbonne et
signalé quelques vestiges précieux retrouvés au cours des fouilles. Ge
qu'il a dit des études modernes et de l'esprit scientifique a été parti-
culièrement goûté. Il n'a point manqué de signaler la présence dans
les bâtiments de la Sorbonne des deux établissements qui sont la très
haute expression de cet esprit scientifique, si heureusement caracté-
risé, et dont le voisinage ne peut qu'éveiller utilement l'émulation des
universitaires : l'École pratique des hautes études abritée depuis
longues années à la Sorbonne ; l'École des chartes, qui s'est installée
cette année même dans les bâtiments nouveaux, École dont l'autono-
mie, a ajouté le recteur, est et restera aussi complète, aussi absolue
que jamais.
Le Ministre répondit en quelques mots très heureux et se dirigea
vers les dépôts de la bibliothèque qu'il voulait examiner.
CHRONIQUE ET MELANGES. 72<
Son intention de visiter l'École des chartes ayant été annoncée,
M. Paul Meyer et les professeurs de l'École qui se trouvaient présents
se retirèrent à l'École des chartes. Dix minutes plus tard, le directeur,
entouré de quelques collègues, recevait jNI. le Ministre, accompagné de
M. Gréard et de plusieurs notabilités. Après une petite allocution sans
apparat du directeur de l'École, le Ministre a visité la salle du conseil,
les salles de cours et la bibliothèque où lui ont été signalées diverses
collections précieuses, entre autres la collection des Inventaires som-
maires, œuvre des archivistes formés par l'École, « collection sans
rivale à l'étranger. » A cette observation, M. le Ministre a répondu
sur-le-champ par un mot marquant très clairement qu'il était là en
pays de connaissance. M. Rambaud s'est retiré, accompagné jusqu'au
seuil de l'École par le directeur, qui lui a exprimé le regret très vif
qu'éprouveront les professeurs qui, n'ayant pas été prévenus de cette
visite improvisée, n'ont pu venir se joindre à leur directeur et saluer
eux-mêmes les éminents représentants de l'Université de Paris.
— Notre confrère M. Francis Molard, archiviste de l'Yonne, biblio-
thécaire de la ville d'Auxerre, correspondant du Comité des travaux
historiques, oflicier de l'Instruction publique, est décédé à Bassens
(Savoie), le 8 octobre 1897, dans sa cinquantième année.
M. Molard a publié :
Inventaire des archives départementales antérieures à 1790. Yonne
(archives ecclésiastiques, série H, 2« partie du tome III). Auxerrt',
Albert Gallot, 1888. In-4°, xiv p. et p. 321-658.
Catalogue de la bibliothèque de la ville d'Auxerre, t. Il, section
d'histoire, avec M. Max Quantin. Auxerre, Albert Gallot, 1890. In-8°,
xL-8-28 p.
Les derniers grappillons par un Bourguignon salé. Auxerre, impr.
A. Lanier, 1891. In-12, ix-167 p.
Il a donné quelques articles aux recueils suivants :
Bulletin du comité des travaux historiques et scientifiques. Section
d'histoire et de philologie :
Testaments tirés des archives de l'Yonne (1163-1 308) (1884, p. 224-276).
Lettres des consuls génois en France. Inventaire sommaire (1887,
p. 12-14).
Soixante lettres ou analyses de lettres tirées du fonds des Anciens
de la seconde hberté à Pise (1889, p. 4-57).
De l'esclavage et du servage en Corse au xiii« siècle (ibid., p. 202-205).
Les évêques de la Corse, additions à Vltalia sacra (1891, p. 52-68).
Montres du xv^ et du xvi^ siècle (ibid., p. 239-241).
Rapport sur sa mission en Italie (ibid., p. 234-259).
Mandement du roi Charles VII (1892, p. 3-4).
Correspondance inédite du maréchal de Brissac (1550-1555) (1893,
p. 383-399).
722 CHRO.NIQDE ET MELANGES.
Dépêches des protecteurs de Saint-Georges à leurs fonctionnaires et
à leurs partisans dans l'île de Corse (1454-1457) (1896, p. 29-106).
Le Carteggio des ambassadeurs de Mantoue. Documents inédits sur
Bayard (1521-1524). L'Invasion des Français en Piémont (1536-1559)
(ibid., p. 383-459).
Archives des missions scientifiques et littéraires :
Rapport sur les archives provinciales de Pise (3" série, t. Il,
p. 147-282).
Essai sur l'origine et l'organisation de la Banque de Saint-Georges
(3« série, t. VI, p. 31-54).
Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne :
Lettres de Claude Chastellain, chanoine d'Auxerre, à Lebeuf et
Fenel (t. XXXVIII, 1884, p. 407-428).
Chaire de philosophie naturelle instituée à Auxerre par un général
de l'ordre des Minimes schismatique (t. XXXIX, 1885, p. 537-540).
Rapport sur la chronique de Vezelay (t. XL, 1886, p. 295-300).
Des minutes des notaires dans l'Yonne antérieures à 1750 (t. XLI,
1887, p. 87-111).
Note sur trois manuscrits du trésor de la cathédrale d'Auxerre
(t. XLII, 1888, p. 187-199).
Quand Théodore de Bèze a-t-il rompu avec l'église romaine? (ibid.,
p. 201-204).
De la capacité civile des lépreux (ibid., 2« partie, p. 317-325).
Les donnés et les données dans le département de l'Yonne (t. XLIII,
1889, p. 307-342).
La retraite illuminée du 5 août 1889 (t. XLIV, 1890, p. 289-300).
Rapport sur les copies envoyées par M. le comte de Chastellux
(t. XL VI, 1892, p. 483-492).
Histoire de l'ancien trésor de la cathédrale d'Auxerre (ibid., p. 103-
285, avec planches).
Notice sur l'abbé Jean de Saint-Aubin (t. XLV, 1893, p. 241-249).
HippolyteAuger, romancier etdramaturgeauxerrois (ibid., p. 541-571).
Rapport sur une collection de copies d'arrêts criminels du Parle-
ment de Paris (1539-1545) (ibid., p. 593-595).
Glanures d'histoire auxerroise (t. XLVIII, 1894, p. 5-53).
Étude sur l'origine et le développement du protestantisme dans le
diocèse d'Auxerre (ibid., p. 111-124).
Rapport sur les nouveaux envois de M. de Chastellux (ibid., p. 125-
132, et t. XLIX, 1895, p. 425-432).
Papiers de M. de Chastellux (t. XLIX, 1895, p. 217-222).
Les bandits dans l'Auxerrois, 1523-1535 (ibid., p. 227-232).
Épisodes de l'histoire financière d'Auxerre au xiv^ siècle (t. L, 1896,
p. 273-290).
CHRONIQPE ET MKLANGFS. 723
Dullelin de la Société archéologique de Sens :
Lettres de rémission (t. XVII, 1895, p. 121-184).
Notes sur l'origine du protestantisme dans le Sénonais (ibid.,
p. 185-190).
M. Molard a voulu laisser un souvenir tout particulier à ses con-
frères de l'École des chartes en inscrivant sur son testament notre
Société de secours, à laquelle il portait un intérêt particulier.
— Notre confrère M. Elle Berger, nommé professeur de paléogra-
phie à l'École des chartes en remplacement de M. Léon Gautier, a
ouvert son cours le 5 novembre 1897. Avant d'exposer à ses élèves le
plan du cours et les principes sur lesquels repose l'enseignement de
la paléographie, il a rendu hommage, en ces termes, à la mémoire de
son prédécesseur :
« Il ne m'appartient pas de retracer ici la vie de M. Léon Gautier,
et je n'ai pas davantage à vous faire l'énumération de ses œuvres; ce
n'est pas de Thistorien et du savant, c'est du professeur que j'ai à vous
parler. La carrière professorale de M. Gautier a été longue : sans
parler de plusieurs suppléances, déjà bien éloignées de nous, il a,
pendant plus de vingt-six années, enseigné la paléographie dans cette
chaire, et son action, sous ce rapport comnie à tant d'autres égards, a
été bienfaisante et féconde. L'enseignement de M. Léon Gautier
empruntait à son tempérament un caractère particulier : en amitié,
je n'ai pas connu d'homme plus sensible ni plus ardent; dès l'abord,
on était frappé de la chaleur de ses sentiments, de la vivacité avec
laquelle il s'intéressait aux gens et aux choses. Il lui était impossible
de rester indifférent ou inactif en présence d'un chagrin ou d'un mal-
heur, et jusqu'à son dernier jour on l'a vu se dévouer, cherchant tou-
jours à rendre service, et s'oubliant lui-même jusqu'à la plus complète
et la plus touchante abnégation. Ce qu'il était pour les siens, il a
voulu l'être aussi pour son école et pour les jeunes gens conflés à ses
soins; il a aimé l'École des chartes avec passion; il était très attaché
à ses élèves ; il les suivait, les aidait, depuis leurs examens d'entrée
jusqu'à la fin de leurs études, et bien au delà.
« Ses qualités de cœur se retrouvaient dans ses leçons. 'Dans la
carrière de l'érudition, les débuts semblent parfois un peu sévères, et
pour un commençant, le déchiffrement de vieilles écritures, l'interpré-
tation de textes souvent obscurs, n'ont rien de bien passionnant.
M. Gautier savait rendre agréable, attrayante, cette première entrevue
avec les documents. On s'attachait tout de suite aux manuscrits et
aux chartes, parce qu'il les faisait vivre, en donnant à ses auditeurs
une foule d'aperçus, nouveaux pour eux, et de premières notions sur
les hommes, les usages et les mœurs du moyen âge. Sous sa direc-
tion, ses élèves partaient à la découverte de pays inconnus ; il les
724 CHRONIQUE ET MELANGES.
initiait en peu de temps à une quantité de choses. Il s'acquittait de ce
soin avec infiniment de facilité et d'entrain, et aussi avec beaucou})
de discernement et de tact, car il excellait à choisir les notions qu'on
peut faire entrer avec profit dans des esprits encore inexpérimentés.
Sa parole était chaude, vibrante ; je n'ai jamais vu personne s'ennuyer
à l'une de ses leçons, et s'il me fallait citer par leurs noms tous ceux
qui lui sont restés reconnaissants parce qu'il les a lancés et maintenus
dans les études historiques, la liste, assurément, serait longue. »
— Par arrêté en date du 7 octobre, notre confrère M. Poute de Puy-
baudet est nommé membre de l'École française de Rome pour l'an-
née 1897-1898 et nos confrères MM. Lecacheux et de Manteyer sont
autorisés à prolonger leur séjour à ladite École pendant la même année.
— Par arrêté du 24 décembre, notre confrère M. Orner Jacob a été
nommé stagiaire au Département des imprimés de la Bibliothèque
nationale.
— Par arrêté en date du 14 octobre, notre confrère M. Alexandre
Bruel est nommé chef de la section historique aux Archives nationales
en remplacement de M. Léon Gautier, décédé ; notre confrère M. Henri
Furgeot est nommé sous-chef de la section judiciaire et notre confrère
M. Léon Mirot archiviste au même établissement.
— Par arrêté en date du. 22 novembre, nos confrères MM. Coulon et
Goubaux sont nommés archivistes aux Archives nationales.
— Par arrêté préfectoral en date du 25 septembre, notre confrère
M. Octave Morel est nommé archiviste de l'Ain.
— Par arrêté préfectoral en date du 13 novembre, notre confrère
M. Charles Schmidt est nommé archiviste de l'Yonne.
— Notre confrère M. Guillaume a été nommé professeur d'histoire
aux Facultés catholiques de Lille.
— Notre confrère M. Lelong a ouvert, le 15 décembre 1897, à la
Faculté de droit de Paris, un cours libre de sciences auxiliaires de
l'histoire du droit (bibliographie, épigraphie, paléographie, diplo-
matique).
— Par arrêté en date du 18 décembre 1897, le Préfet de la Seine a
institué une « Commission administrative du vieux Paris, » chargée
de rechercher les vestiges du vieux Paris, de constater leur état actuel,
de veiller dans la mesure du possible à leur conservation, de suivre,
au jour le jour, les fouilles qui pourront être entreprises et les trans-
formations jugées indispensables et d'en conserver des preuves authen-
tiques. Font partie de cette Commission nos confrères MM. Dehsle,
Guiffrey, J. Périn et Viollet.
CORONIQUK ET MELANGES. 725
— Par décrets en date du 31 décembre 1897, ont été nommés ou
promus dans l'ordre de la Légion d'honneur ceux de nos confrères
dont les noms suivent :
1° Sur la proposition du grand chancelier de la Légion d'honneur,
au grade de chevalier : M. Chatel, ancien archiviste du Calvados;
2» Sur la proposition du ministre des Affaires étrangères, au grade
d'officier : M. le marquis de Ripert-Monclar, ministre de la République
française à Caracas;
3« Sur la proposition du ministre de l'Instruction publique, au grade
de grand officier : M. Auguste Himly, doyen de la Faculté des lettres
de l'Université de Paris;
Au grade de chevalier : M. Alexandre Tuetey, sous-chef de section
aux Archives nationales ;
Et M. René de Mas Latrie, chef de bureau au ministère de l'Ins-
truction publique.
— Par décret du 2 janvier 1898, rendu sur le rapport du ministre
des Colonies, a été nommé chevalier, au titre civil, M. Charles-Eudes
Bonin, vice-résident en Annam et au Tonkin.
— Le 25 octobre 1897, à la séance publique annuelle des cinq Aca-
démies, M. Albert Sorel, directeur de l'Académie française, président
de l'Institut, a rappelé dans les termes suivants la perte que l'Académie
des inscriptions et belles-lettres a faite de deux de nos confrères,
M. le comte de Mas Latrie et M. Léon Gautier :
« L'Académie des inscriptions a perdu en M. de Mas Latrie et en
M. Edmond Le Blant deux vétérans de l'érudition française. Ils
s'étaient consacrés, M. Edmond Le Blant à l'archéologie chrétienne
de la Gaule, M. de Mas Latrie à l'Orient chrétien et chevaleresque.
Ils avaient tous les deux rempli par des travaux variés et étendus
une longue vie.
« Nous pouvions espérer garder bien des années parmi nous M. Léon
Gautier, qui semblait le plus robuste, qui était, en tous cas, le plus
jeune de cœur, le plus chaleureux des savants. Il revivait de toute son
imagination, de toute son intelligence, la vie de ce moyen âge, qu'il
faisait aimer, et l'érudit qui enseignait à lire les textes se complétait
en lui d'un interprète enthousiaste, qui les faisait comprendre. Il n'a
pas traduit les épopées françaises en mots secs et froids, en images
décolorées, il les a transportées, pour ainsi dire, de l'àme de nos
ancêtres dans notre âme, en mots évocateurs, émus, communicatifs.
C'est ainsi qu'il a eu cette gloire, la plus enviable à ses yeux, de
rendre populaire, parmi nos jeunes générations, cette Chanson de
Roland, qui était pour lui VIliade et VÉnéide, quelque chose même de
plus : la chanson de la vieille France. »
— L'Académie française a décerné le second prix de la fondation
726 CHRONIQUE ET MÉLANGES.
Gobert à notre confrère M. Gh. Kohler pour son ouvrage intitulô : les
Suisses dans les guerres d'Italie (1506-1512).
SÉANCE ANNUELLE DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
ET BELLES-LETTRES.
Cette séance a eu lieu le vendredi 12 novembre 1897 sous la prési-
dence de notre confrère M. Héron de Villefosse, dont nous allons
reproduire le discours d'ouverture.
« Messieurs,
« Il existe encore des gens qui poussent le scepticisme jusqu'à dou-
ter de l'utilité des Académies. Pour les amener à des sentiments plus
équitables, il suffirait, sans doute, de les inviter à prendre place en
cette enceinte le jour où votre président est appelé à vous rendre
compte des travaux de l'année. Et cependant celui auquel vous confiez
cette tâche doit s'interdire toute incursion sur le terrain de vos tra-
vaux personnels. Il ne peut parler, même brièvement, des ouvrages
dont vous avez la direction et dont les séries s'augmentent de jour en
jour : il n'en aurait pas le temps. C'est d'ailleurs un devoir réservé à
notre savant secrétaire perpétuel, devoir dont il s'acquitte avec une
fidélité et une délicatesse auxquelles je me plais à rendre hommage.
« Le temps manquerait aussi pour vous entretenir, même d'une
manière rapide, de ce qui s'est passé dans vos réunions hebdoma-
daires. La presse, heureusement, en informe sans retard le public; les
comptes rendus de l'Académie en contiennent la version officielle. Il
suffit donc de les parcourir pour reconnaître l'importance et la variété
de vos études, pour constater que votre activité, sans jamais aban-
donner les domaines qu'elle a depuis longtemps conquis et si fruc-
tueusement cultivés, se porte sans cesse vers des régions nouvelles,
encore inexplorées, où elle prépare à la science française une abon-
dante muisson et de nouveaux succès.
« Je me contenterai de rappeler, non sans orgueil, que cette année
les communications faites en séance par nos confrères ou par des
savants étrangers ont été plus nombreuses, plus intéressantes que
jamais, que même pendant les mois d'été, à l'époque où beaucoup
d'entre nous .profitent des beaux jours pour entreprendre quelque
voyage utile ou pour goûter aux champs un repos bien mérité, les
séances n'ont pas été levées une seule fois avant l'heure réglemen-
taire. Votre président est même obligé de confesser qu'en plus d'une
occasion il a cru pouvoir les prolonger de quelques minutes afin de ne
pas interrompre une lecture déjà fort avancée. C'est un péché pour
lequel il compte sur votre indulgence et même sur votre absolution.
CHRONIQUE ET MELANGES. 727
« Les concours que vous avez à juger deviennent de plus en plus
nombreux. Vous ne pouvez que vous en rojouir et souhaiter longue
durée au mouvement scientifique dont vous avez ainsi sous les yeux
des témoignages convaincants. Souffrez que je vous parle tout d'abord
d'un des plus importants.
« Six ouvrages, sans compter ceux qui étaient en possession, se
disputaient cette année les prix fondés par le baron Gobert. Vous
avez accordé le premier prix à M. Frantz Funck-Brentano, pour un
volume intitulé les Origines de la guerre de Cent ans; Philippe le Del en
Flandre, auquel était joint un autre volume formant en quelque sorte
un recueil de pièces justificatives du premier et portant le titre Addi-
tions au codex diplomaticiis Flandrix de M. le comle de Limbourg-Stirum.
« La lutte de Philippe le Bel contre la Flandre a été souvent étu-
diée. Les historiens français et flamands lui ont fait, dans leurs écrits,
une place proportionnée à son importance. M. Funck-Brentano a
réussi à rajeunir complètement, sinon à renouveler dans toutes ses
parties, un sujet déjà tant de fois traité. Ceux qui l'avaient précédé
s'étaient inspirés presque exclusivement de récits postérieurs aux
événements qu'ils racontaient; il a employé une méthode complète-
ment dilVérente : son livre est uniquement fondé sur des documents
contemporains, empruntés de préférence aux sources diplomatiques.
« En France, en Belgique, en Angleterre il a récolté à profusion des
documents nouveaux à l'aide desquels il a précisé bien des faits et
rectifié beaucoup d'erreurs; il a pu rendre compte des événements
dans tous leurs détails et en démontrer la complexité. Cette richesse
d'informations de première main a eu un autre résultat plus impor-
tant encore : elle a mis en lumière un facteur jusqu'ici négligé par les
historiens, la condition sociale de la Flandre à la fin du xiii« siècle.
L'auteur, au début de son livre, a tracé un curieux tableau de cette
province et, au cours de son récit, il s'est constamment appliqué à
montrer l'influence de la situation économique et des faits sociaux sur
l'histoire poUtique. Peut-être s'est-il laissé entraîner à quelque exa-
gération. Si l'on ne peut douter des conditions particulières faites par
l'état social à la guerre et à la diplomatie, et surtout des ditlicultés
qui en sont résultées pour la politique du roi de France, il est cepen-
dant permis de se demander si ce n'est pas aller un peu loin que d'y
chercher la cause première de tous les événements et la cause déter-
minante de chacun d'eux. On peut continuer à croire, par exemple,
que l'armée française a dû sa défaite, à Courtrai, à l'impéritie de
Robert d'Artois et aux habiles dispositions de Guillaume de Juliers
sans voir dans cette journée la victoire inéluctable de la démocratie
sur la chevalerie. Quoi qu'il en soit, M. Funck-Brentano a mis en
pleine lumière l'habileté politique de Philippe le Bel. On n'oserait dire
qu'il n'ait pas quelquefois fait honneur au roi de France d'intentions
qu'il n'a peut-être jamais eues, ni qu'il se soit toujours sulïisamment
728 CHROMQCE ET ME'lANGES.
gardé d'un excès d'admiration pour la personne de son héros, mais il
faut louer sans réserve la dextérité avec laquelle il a su débrouiller
l'écheveau en apparence inextricable des affaires flamandes et la luci-
dité dont il a fait preuve en les exposant. S'il n'a pas réussi à déchirer
le voile qui couvre la figure encore énigmatique de Philippe le Bel, il
l'a du moins habilement soulevé. Il a montré que la politique de ce
prince avait été dirigée par des vues absolument personnelles, et que,
désormais, dans les hommes qui passent pour avoir été ses conseillers
les plus écoutés, il ne faut plus voir que des agents et non des inspi-
rateurs.
« L'ouvrage auquel vous avez accordé le second prix, Relations poli-
tiques des comtes de Foix avec la Catalogne jusqu'au commencement du
XI V« siècle, nous transporte à l'autre extrémité de la France, au pied
des Pyrénées. Il a pour auteur M. Ch. Baudon de Mony. C'est, comme
le précédent, le développement d'une thèse présentée, il y a quelques
années, à l'Ecole des chartes. La question est d'une grande nouveauté;
les historiens locaux ne l'avaient pas même effleurée. La Catalogne a
toujours eu les plus grandes affinités avec nos provinces méridionales.
Sous Charlemagne, les deux versants des Pyrénées faisaient partie de
l'empire; les relations s'affaiblirent sous les derniers Carolingiens et
les comtés d'Urgel, de Cerdagne, de Bésalu et de Palliar devinrent à
peu près indépendants. Au xii^ siècle commença une guerre féodale
pendant laquelle les seigneurs du versant méridional des Pyrénées
entrèrent en conflit, tantôt ensemble, tantôt avec les comtes de Foix.
Au xiv" siècle, ces longues guerres se terminèrent par l'asservissement
complet de tous les opposants, et la maison de Foix garda la Catalogne
jusqu'au temps de Ferdinand le Catholique. Dom Vaissète, P. de
Marca, Zurita ont dit à peine quelques mots de ces luttes séculaires,
mais ils n'ont jamais cherché à en écrire l'histoire, ni à découvrir les
liens qui les rattachaient les unes aux autres. Et cependant la question
a longtemps gardé son actualité; peut-être la conserve-t-elle encore.
Quoi qu'il en soit, nos rois de France, héritiers de la maison de Foix,
ont revendiqué à plusieurs reprises et reconquis plus ou moins com-
plètement la Catalogne. M. Baudon de Mony a eu le rare mérite
d'aborder courageusement un sujet neuf, sur lequel il n'avait ni à
contredire, ni à suivre aucun précurseur. Depuis longtemps au cou-
rant des questions pyrénéennes, il ne s'est jamais écarté des limites
qu'il s'était tracées. On ne saurait lui reprocher d'avoir versé dans
l'histoire générale : il a toujours évité cet écueil, même à l'occasion de
la guerre des Albigeois, même à propos des croisades dont le grand
mouvement pouvait offrir à un jeune historien plus d'une tentation
séduisante. Son œuvre doit être tenue en sérieuse estime.
« L'an dernier, l'archéologie avait obtenu au concours des Antiqui-
tés de la France plus de récompenses qu'elle n'en remporte d'ordinaire.
CHRONIQUi: ET MKLANGES. 72î)
Cette année la prédominance des études historiques est frappante ; les
concurrents que vous avez distingués sont tous des historiens.
« La première médaille a été décernée à M. G.-J. Beautemps-Beau-
pré pour son ouvrage sur les Coutumes et iiistitutions de l'Anjou et du
Maine antérieures au XVI" siècle. Cet ouvrage comprend aujourd'hui
huit volumes et constitue un répertoire du plus grand prix pour This-
toire du droit dans les deux provinces. Il permet d'en suivre de siècle
en siècle le développement et de mesurer l'influence croissante du
droit romain et du droit parisien, ces deux facteurs principaux de
l'unification du droit fran(;ais. L'histoire des juridictions pendant la
période féodale, qui fait suite à la collection des textes, comprend une
série de commentaires et d'études détaillées sur les actes réunis dans
la première partie. Les quatre premiers volumes soumis à l'Académie
en 1883 avaient déjà obtenu la première médaille à ce même concours.
Bien qu'il ne soit pas dans les habitudes de la Commission de récom-
penser deux fois le même ouvrage, elle n'a pas hésité à accorder une
nouvelle distinction à une œuvre aussi méritoire, qui représente toute
une existence d'étude et de labeur. Son suffrage est l'écho de la recon-
naissance des travailleurs.
« La seconde médaille est attribuée à une Histoire des relations de la
France avec Venise, du XIII^ siècle à l'avènement de Charles VIII. L'au-
teur, M. P. -M. Perret, est mort récemment, après avoir traité ce sujet
complexe et difficile à l'aide de documents pour la plupart inédits.
S'il avait vécu, il aurait certainement développé les deux premiers
chapitres qui résument un peu trop brièvement l'histoire de Venise
dans ses rapports avec la France au xm^ et au xiv^ siècle. L'ou-
vrage devieut véritablement original et profond à partir du règne de
Charles VIL Là, même après le marquis de Beaucourt, M. Perret a
trouvé moyen de renouveler le sujet par l'apport de faits nouveaux
qui permettent une appréciation plus sûre tant de la politique française
que de la politique vénitienne. Toutes les parties de son œuvre portent
l'empreinte d'une maturité d'esprit et d'une rigueur de méthode qui
en assurent le succès et la durée. La mort a frappé M. Perret en plein
travail; elle nous a ravi un historien qui donnait de belles espérances
pour l'avenir.
« M. R. Merlet a obtenu la troisième médaille pour un volume inti-
tulé la Chronique de Nantes. Celte chronique est un document de haute
valeur pour l'histoire de la Bretagne du ix« au x" siècle. L'original
conservé jadis à Nantes est perdu, semble-t-il, depuis la Renaissance.
M. Merlet l'a ingénieusement reconstitué à l'aide d'une compilation
rédigée au xi^ siècle et de fragments copiés ou publiés à diiférentes
époques. Le caractère essentiellement nantais et par suite anti-breton
de plusieurs articles est très bien expliqué par l'auteur, mais on doit
particulièrement louer les pages consacrées à l'examen d'un texte que
730 CBRONIQDE ET MÉLANGES.
Sirmoad avait découvert dans un manuscrit du Mont-Saint-Michel, et
qu'il a publié sous le titre de Indiculus de episcoporum Drxtonum depo-
sitione. Bien que ses arguments n'aient pas encore été acceptés sans
réserve, ils méritent d'être pris en sérieuse considération; on devra en
tenir grand compte à l'avenir pour comprendre et juger la politique de
Nomenoé.
« Votre Commission a réclamé une médaille supplémentaire afin de
mettre en relief une excellente publication due à M. Jean Lemoine, la
Chronique de Richard Lescot, religieux de Saint-Denis. M. Lemoine a fait
preuve d'une sagacité remarquable eu étudiant l'activité historique
des moines de Saint-Denis au xiv^ siècle. Pour cette époque on ne
savait encore que les noms de deux chroniqueurs, Guillaume de Nan-
gis et le moine Yves. Le nouveau texte contient, en 1329, celui de
Richard Lescot. Tout ce qui pouvait être connu de la vie et des écrits
de ce personnage a été mis en lumière par l'éditeur qui, en même
temps, a indiqué la part prise par Richard Lescot dans la continua-
tion de Guillaume de Nangis et qui a montré comment Richard avait
été continué lui-même. Cette découverte a une importance capitale :
l'exposé méthodique et clair dont elle a été l'objet en accroît encore
la valeur.
« C'est une curieuse affaire que le Procès de Guichard, évéque de
Troyes, publié par M. Abel Rigault, auquel revient la première men-
tion. L'évêque Guichard était accusé de nombreux méfaits, entre
autres de l'envoûtement de la reine de France, femme de Philippe le
Bel, et de l'empoisonnement de la reine douairière de Navarre. Ce
grand procès de sorcellerie ne dura pas moins de cinq années, de 1308
à 1313. Si l'histoire générale n'a que peu à glaner jmrmi les faits si
nombreux recueillis par M. Rigault, il faut convenir que cette cause
célèbre forme un chapitre singulièrement instructif de l'histoire des
mœurs au début du xiv« siècle. L'érudit auquel nous en devons une
si parfaite connaissance s'est montré à la hauteur de la tâche qu'il
avait assumée.
« La deuxième mention a été donnée à M. Jules Chevalier pour un
Essai historique sur l'église et la ville de Die, monographie composée
avec soin, pleine de renseignements et de faits. Doit-on reprocher à
l'auteur d'avoir quelquefois arrêté la marche de son récit par l'exposé
de questions qui ne s'y rattachent pas directement? c'est là un écueil
auquel il est bieu rare d'échapper quand on poursuit, à travers les
siècles et les révolutions politiques, la recherche des événements dont
une ville a été le théâtre. Il serait à souhaiter que nous eussions pour
beaucoup de cités françaises des histoires aussi consciencieusement
étudiées et témoignant de connaissances aussi étendues.
« L'importance et l'originalité de la Gallia Judaïca de M. H. Gross
ont frappé votre Commission, qui lui a décerné la troisième mention.
CHRONIQUE ET MELANGES. 73<
C'est un dictionnaire géographique en même temps qu'un dictionnaire
biographique. M. Gross a voulu, d'une part, donner les formes
hébraïques des noms de lieux de la France, d'autre part faire, à pro-
pos de chaque ville, la biographie des Juifs notables qui y sont nés
ou qui y ont vécu. Fruit de recherches étendues et dilliciles, ce recueil
est destiné à rendre service à la science, conjointement avec le grand
travail sur les rabbins français publié dans l'Histoire littéraire.
« iM. E. Laurain a obtenu la quatrième mention pour un Essai sia-
les Prcsidiaux, histoire complète d'une institution judiciaire qui, créée
en 1552, a duré jusqu'à la Révolution. Le sujet était connu dans ses
grandes lignes, mais les recherches de M. Laurain l'ont sullisamment
renouvelé pour que l'on puisse rendre hommage non seulement à
l'exactitude de l'auteur, mais encore à l'originalité et à la vigueur de
son esprit.
« MM. Louis de Santi et Vidal reçoivent la cinquième mention pour
la publication de Deux Livres de raison, rédigés l'un et l'autre en langue
vulgaire de l'Albigeois. Ces livres sont d'inégale importance : le
second, celui de Guilhem Masenx, fermier de la coramanderie de
Saint-André de Gaillac et marchand, fournit de curieux renseigne-
ments sur le commerce et sur l'exploitation des terres au commence-
mont du xvi^ siècle. L'introduction, très considérable, contient beau-
coup d'informations précieuses sur le négoce, l'industrie, la condition
des ouvriers, les impôts, les poids et mesures en Albigeois : on la con-
sultera avec profit.
« Le titulaire de la sixième mention est M. H. Malo. Son mémoire
manuscrit, Renaud de Dammarlin et la coalition de Bouvines, fondé sur
de nombreux documents, est écrit avec faciUté et apporte une utile
contribution à l'étude du règne de Philippe-Auguste. Si l'auteur a
parfois dépassé, dans ses affirmations, les données de ses sources, s'il
n'a pas toujours su se mettre en garde contre des généralisations trop
hardies, ces défauts disparaîtront certainement au moment où, encou-
ragé par le témoignage de l'Académie, il revisera son travail et se
décidera à le publier.
( Dans ce concours particulièrement important, votre Commission
a dû laisser de côté, faute de pouvoir augmenter le nombre des 'men-
tions dont elle dispose, plusieurs ouvrages auxquels elle a voulu du
moins accorder, en vous les signalant, une marque d'estime. Ce sont
le Cartulaire de Saint-Louis de Déthune, pubUé par le comte B, de
Loisne ; le Cartulaire de l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé, publié
par MM. Léon Maître et P. de Berthou ; la Chartreuse du Port Sainte-
Marie en Auvergne, par M. l'abbé Mioche ; l'Église abbatiale de Preuilly-
sur-Claise, par l'abbé Picardat, et un excellent petit précis publié par
MM. Bleicher et Beaupré sous ce titre, qu'il porte à bon droit. Guide
pour les recherches archéologiques dans l'est de la France. — La Collée-
732 CHBONIQUE ET MÉLA?(GES.
tionde textes pour servir à l'étude et à l'enseignement de l'histoire, formée
sous les auspices de la Société historique, ne rentrait pas dans les
conditions du concours, mais l'occasion est bonne pour reconnaître
l'utilité de cette série de volumes et pour remercier la Société et les
érudits qui ont entrepris de les mettre au jour.
« Le prix de numismatique, fondé par M. Allier de Hauteroche,
devait être décerné à l'auteur du meilleur ouvrage de numismatique
ancienne, paru depuis le mois de janvier 1895. Vous l'avez accordé à
M. Adrien Blanchet, dont les travaux témoignent d'une activité scien-
tifique très louable. Deux de ses ouvrages, l'un sur les Monnaies
grecques, l'autre sur les Monnaies romaines, ont pour principal objet la
vulgarisation de la numismatique ; mais ces deux volumes ne sont pas
de simples compilations. M. Blanchet a trouvé des arguments nou-
veaux pour mettre en évidence l'utilité pratique de la numismatique ;
il a su les exposer avec des vues personnelles qui donnent à ses tra-
vaux une réelle originalité. En outre, dans une série de mémoires
détachés, il a éclairci bon nombre de questions relatives à la numis-
matique romaine.
« L'Académie avait proposé cette année, pour le prix ordinaire, le
sujet suivant : Étudier, diaprés les inscriptions cunéiformes et les monu-
ments figurés, les divinités et les cultes de la Chaldée et de l'Assyrie.
Aucun mémoire n'a été adressé su. cette question.
« Le prix annuel de la fondation Bordin n'a pas été non plus attri-
bué, la question proposée par l'Académie étant également restée sans
réponse. Mais le prix extraordinaire biennal de la même fondation est
décerné à M. l'abbé Chabot, pour deux ouvrages d'érudition orientale.
Le premier est l'Histoire de Mar Jabalaha III, patriarche des Nestoriens.
C'est sur le texte syriaque de ce document fort rare qu'il a établi sa
traduction et son commentaire. Ce travail témoigne d'une connais-
sance sérieuse de la langue syriaque; on y constate un effort persé-
vérant pour éclaircir toutes les particularités historiques et géogra-
phiques. Le second ouvrage a trait à la Chronique attribuée à Denys de
Tell Marèh, patriarche des chrétiens Jacobites. M. l'abbé Chabot a entre-
pris la publication et la traduction de la dernière partie de cette
chronique, qui comprend la période s'étendanl depuis la mort de
Justin U jusqu'à l'année 775 de notre ère. Ce texte contient des détails
curieux non seulement sur les événements politiques, les guerres, les
calamités publiques, mais aussi sur les rapports des communautés
chrétiennes avec les autorités musulmanes et les khalifes eux-mêmes.
Ces deux publications ont rendu à la philologie et à l'histoire un ser-
vice qui méritait d'être signalé.
« Pour le concours du prix triennal de bibliographie savante fondé
par M. Brunet, vous avez partagé le prix entre trois concurrents.
€ Quinze cents francs ont été accordés à M. Claudin, dont l'Acadé-
CHRONIQUE ET MÉLANf.ES. 733
mie a déjà, plus d'une lois, récompensé les recherches. Ses deux
volumes sur les Origines de l'Imprimerie à Poitiers, Limoges, Bordeaux,
ainsi que divers fascicules consacrés aux antiquités typographiques de
plusieurs autres villes de France, se recommandent par l'excellence
de la méthode et par l'importance des résultats obtenus. Beaucoup des
livres qu'il a décrits et qui forment la base de ses déductions étaient
restés complètement inconnus. Mais M. Glaudin ne se borne pas à
étudier les livres avec la compétence d'un critique très expert, il
excelle encore à découvrir ou à interpréter des particularités curieuses
dans les pièces en prose ou en vers par lesquelles commencent et
finissent beaucoup d'ouvrages du xv^ et du xvi» siècle. En même temps
qu'il écrit l'histoire d'un grand nombre d'ateliers typographiques fran-
çais, il nous fait assister à la renaissance des études classiques dans
plusieurs de nos provinces, il tire de l'ouhU les noms de différents
humanistes, d'un ordre secondaire il est vrai, mais dont les travaux
méritent cependant de fixer notre attention.
« Quinze cents francs ont été également accordés à M. Emile
Legrand pour sa Bibliographie hellénique ou Description raisonnée des
ouvrages pubhés par les Grecs au xvii« siècle, qui forme le complé-
ment naturel de ses recherches analogues sur le xv« et le xvi« siècle.
M. Legrand a vu par lui-même ou connu par les descriptions précises
de ses correspondants un nombre considérable d'ouvrages rares ou
difficiles à rencontrer; il en a discuté avec le plus grand soin, quand
il le fallait, l'attribution, la date, le caractère. A ces indications, pure-
ment bibliographiques, il a joint de nombreuses biographies. C'est un
véritable monument d'érudition bibliographique qui couronne digne-
ment les travaux antérieurs du même savant sur l'activité littéraire
de la Grèce postérieurement à la prise de Gonstantinople.
« Mille francs ont été accordés à M. Monceaux pour un ouvrage
intitulé les Le Rouge de Chablis, calligraphes et miniaturistes, graveurs
et imprimeurs. Ces Le Rouge, de 1471 à 1537, ont exercé leur art à
Venise, à Pignerol, à Milan, à Troyes et à Paris. M. Monceaux a
réuni des documents importants pour établir les attachantes biogra-
phies de ces maîtres imprimeurs et pour dresser le catalogue des
œuvres sorties de leurs presses. Il est arrivé à jeter ainsi une lumière
nouvelle sur les origines de l'imprimerie et sur l'histoire de l'illustra-
tion des livres par la gravure. De nombreuses reproductions de
planches anciennes ou de fragments de textes rares augmentent l'in-
térêt que présente le travail si consciencieux de M. Monceaux.
« Le prix fondé par notre confrère Stanislas Julien en faveur du meil-
leur ouvrage relatif à la Chine est décerné cette année à M. Edouard
Chavannes, pour les deux premiers volumes de sa traduction des
Mémoires historiques de Se-ma-Ts'ien. Cet auteur était né dans la pro-
vince actuelle de Chansi, vers l'année 150 avant l'ère chrétienne : son
H897 47
734 CHRONIQOE ET MELAiVGES.
ouvrage contient les renseignements les plus curieux sur l'histoire
ancienne de la Chine, sur les arts, l'industrie et la religion du pays.
La traduction de M. Ghavannes se recommande par une exactitude
scrupuleuse, par une richesse particulière de notes et d'éclaircisse-
ments; l'étude des sources où Se-ma-Ts'ien a puisé ses documents est
un morceau tout à fait remarquable. C'est la première fois qu'une
méthode de critique rigoureuse et précise est appUquée à un historien
chinois.
« La Commission a regretté de ne pouvoir récompenser en même
temps l'ouvrage de M. Schlegel, la Loi du parallélisme en style chinois,
très important, très neuf, mais qui eût gagné à se présenter sous un
aspect plus dogmatique ou, tout au moins, à être suivi de conclusions
précises où les lois du parallélisme auraient été formulées.
« Comme Stanislas Juhen, notre confrère le marquis de la Grange
a voulu encourager après sa mort les études qu'il avait aimées pen-
dant sa vie : il a fondé un prix en faveur de pubUcations sur les
anciens poètes de la France. Les plus récents travaux sur ce sujet
n'ayant pas paru présenter un intérêt suiïisant, votre Commission a
été d'avis qu'il n'y avait pas lieu de donner ce prix.
« Le prix de la fondation Joseph Saintour devait être décerné au
meilleur ouvrage relatif à l'Orient publié depuis le 1" janvier 1894, Il
a été attribué à M. Casanova, attaché au Cabinet des médailles et
antiques de la BibUothèque nationale, pour VHistoire de la citadelle du
Caire. Pendant plus de quatre siècles, cette histoire est presque celle
de l'Egypte, la citadelle du Caire ayant été le théâtre de toutes les
révolutions qui ont amené successivement sur le trône les différentes
dynasties. L'auteur a surtout insisté sur les souverains Mamlouks,
dont la puissance correspond à la phase la plus brillante de l'Egypte
musulmane. Très versé dans la connaissance de la langue arabe, il
a fait preuve de qualités remarquables en examinant certaines diffi-
cultés topographiques ; il a montré surtout un goût sur et exercé en
étudiant les grands monuments d'architecture dont les Mamlouks ont
enrichi la capitale de l'Egypte.
« L'Académie accorde, en outre, une récompense de 1,000 francs à
M. le professeur J. Kirste pour diverses publications relatives à la
lexicographie et à la grammaire sanscrites. M. Kirste possède un
savoir philologique étendu, solide, précis, une habileté à se mouvoir
parmi des problèmes de phonétique ténus et compliqués, une facihté
surprenante à s'orienter dans une littérature singulièrement épineuse
et subtile. Ce' sont là des mérites que l'Académie cherche d'autant
plus à relever que le nombre des spécialistes, dont l'estime reconnais-
sante peut récompenser des recherches aussi laborieuses, est plus
limité.
« M. Moïse Schwab, bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, reçoit
CBROMQDE ET MÉLANGES. 735
aussi une récompense de 500 francs pour son Vocabulaire de l'Angélo-
logie qui renferme la nomenclature, par ordre alphabétique, des noms
d'anges et de démons usités au moyen âge dans la mystique de tous
les peuples. Pour élucider le plus grand nombre possible de ces termes
bizarres, créés de façon à ne pas être compris du vulgaire, M. Schwab
s'est livré à des recherches méritoires.
« Pour la première fois, vous avez été appelés cette année à décer-
ner le prix de la fondation Estrade Delcros. Ce généreux donateur, en
léguant toute sa fortune à l'Institut, a laissé à chacune des Académies
une grande liberté pour l'attribution du prix qui porte son nom. Votre
choix s'est porté sur un ouvrage spécial, mais qui touche à l'une des
branches les plus solides et les plus étendues de l'archéologie clas-
sique, le Catalogue des vases antiques du Louvre et l'Album qui en forme
le complément. La collection céramique du Louvre compte plus de
6,000 vases; M. Edmond Pottier a examiné, décrit et classé tous ces
monuments avec une rare compétence. Il n'a pas reculé devant une
entreprise aussi laborieuse et qui exigeait des recherches si multipliées.
Son œuvre est absolument personnelle et originale : elle n'a rien de
commun avec certains classements superficiels dont le caractère est
plutôt administratif que scientifique. La première partie, aujourd'hui
terminée, forme un tout harmonieux et complet en lui-même; elle
embrasse la période des origines, la plus complexe et la plus dilhcile
à débrouiller en même temps que la plus instructive. La nouveauté
des déductions que M. Pottier a tirées de ses études pour l'histoire de
la céramique, et aussi pour l'histoire générale de l'antiquité, devait
être signalée. En lui accordant ce prix, l'Académie entend récompen-
ser aussi l'ensemble des travaux et les efforts désintéressés d'un des
meilleurs ouvriers de la science.
« L'importante et utile fondation à laquelle est attaché le nom de
M. Benoît Garnier vous permet de subventionner des voyages d'explo-
ration scientifique dans l'Afrique centrale ou dans les régions de la
haute Asie. Une nouvelle somme de 3,000 francs a été mise à la dis-
position de M. Fouché, pour achever les études qu'il avait entreprises
dans le nord-ouest de l'Inde. Ce savant rentre en France après avoir
voyagé pendant deux années. Il a conduit des fouilles fructueuses, il
a exécuté trois cents clichés photographiques, il a acquis de précieux
manuscrits et des monnaies, il vous a envoyé quinze caisses de sculp-
tures originales, et, chose surprenante, il vous rapporte de l'argent,
n'étant pas parvenu à dépenser entièrement les différentes sommes
que l'Académie avait mises à sa disposition. Votre confiance était bien
placée.
« Vous avez fait un placement du même genre en donnant 5,000 francs
au R. P. Hacquart, de la Congrégation des Pères Blancs, qui vous a
envoyé un Essai de grammaire bambara, qui vient d'achever un die-
736 CHRONIQUE ET MELANGES.
tioaaaire de la même langue et qui se dispose à entrepreadre un nou-
veau voyage au Niger pour y étudier les dialectes des Touaregs du sud.
Il accomplit une œuvre plus belle et meilleure encore en apportant
aux indigènes du centre de l'Afrique les bienfaits de la paix et de la
civilisation, en leur apprenant à aimer le nom de la France.
« Une subvention de 8,000 francs a été accordée à M. Sylvain Lévi,
professeur au Collège de France, pour lui permettre de continuer ses
recherches sur le bouddhisme dans les régions sub-himalayennes,
M. Lévi se propose d'étudier en particulier les versions chinoises de
certains textes sanscrits, exécutées au cours des dix premiers siècles
de l'ère chrétienne et dont la masse colossale rend à l'Inde un passé
et des documents qu'on eût pu croire irrémédiablement perdus.
« Enfin une dernière subvention de 20,000 francs, sur la même fon-
dation, a été votée à M. Eudes Bonin, archiviste paléographe, qui
s'est écarté des routes que l'École des chartes n'ouvre pas toujours à
ses anciens élèves pour se rendre en Indo-Chine, où il occupe le poste
de vice-résident de France. M. Bonin est chargé, pour la seconde fois,
d'une mission dans la haute Asie. Ce nouveau voyage durera deux
années ; tout fait espérer qu'il aura, comme le premier, pour l'histoire,
la géographie et l'archéologie les résultats les plus satisfaisants.
« Mais il y a des contrées plus facilement abordables que celles dont
je viens de parler; on y fait aussi des voyages et des fouilles; vous
consacrez une partie des revenus du legs Piot à les encourager. C'est
ainsi que vous avez accordé une somme de 2,500 francs à M. E. Ber-
taux pour continuer ses recherches sur l'histoire des arts dans l'Italie
méridionale; je vous entretiendrai tout à l'heure des résultats de son
voyage. M. J. Delamarre, ancien élève de l'École pratique des hautes
études, a obtenu de vous 2,000 francs pour exécuter des fouilles dans
l'ile d'Amorgos sur l'emplacement des villes d'Arcesine et de Minoa.
M. P. Paris, professeur d'archéologie à l'Université de Bordeaux, a
reçu également 2,000 francs pour étudier, dans les musées royaux et
provinciaux d'Espagne, les monuments indigènes, phéniciens, grecs
et romains, et pour recueillir les matériaux d'une histoire de l'art et
de la civilisation dans l'antique Ibérie ; déjà il a rempli une partie de
ce programme; il a signalé un monument particulièrement précieux,
dont vous connaissez tout l'intérêt. Enfin vous avez donné 1,000 francs
à M. Toutain pour rechercher et réunir les éléments d'un corpus des
lampes en terre cuite trouvées en Afrique; 500 francs à M. J. Letaille
pour étudier et photographier les sarcophages chrétiens d'Algérie, de
Tunisie et d'Espagne; et 150 francs au docteur Carton pour terminer
le déblaiement de l'intéressant théâtre romain de Dougga, en Tunisie.
L'exploration de l'Afrique du nord n'est jamais oubUée; elle tient tou-
jours une bonne place dans vos préoccupations.
« Tels sont. Messieurs, les résultats de vos concours; tel est l'emploi
CORONIQDE ET MELANGES. 737
judicieux que vous avez fait des sommes considérables, et cependant
toujours insullisanles, dont vous êtes les dispensateurs.
« Il me reste à vous parler des écoles d'érudition placées sous votre
patronage et qu'on a justement nommées les pupilles de l'Académie.
La plus ancienne est l'Ecole nationale des chartes, dont la nouvelle
promotion sera proclamée tout à l'heure. L'usage ne s'est pas établi de
vous entretenir des thèses et des travaux de ses élèves, mais vous
reconnaissez souvent parmi les lauréats de vos concours ceux dont
vous avez entendu prononcer les noms dans cette séance publique.
Un événement, en apparence insignifiant, traverse en ce moment sa
paisible et laborieuse existence : elle quitte l'ombre silencieuse du
palais des Archives pour s'abriter à la Sorbonne, sous l'aile de l'Uni-
versité. Tous ceux qui, comme moi, lui conservent une alVection filiale,
se réjouiront des avantages que doit lui procurer ce changement de
climat.
« Les travaux de notre École d'Athènes ont été malheureusement
contrariés, cette année, par les événements qui ont agité la Grèce.
Non seulement la guerre a rendu impossible la célébration du jubilé
de l'Ecole et la tenue du congrès archéologique, mais, au cours des
hostilités et même pendant les négociations, qui ont été beaucoup
plus longues, il a fallu renoncer aux voyages et aux fouilles, au moins
en Turquie et en Grèce. Aucun des projets formés n'a pu être pour-
suivi : ni l'exploration de l'Athos par MM. Millet et Laurent, ni les
fouilles des tells de Syrie par M. Fossey, ni le voyage en Crète de
M. Demargnes. A Delphes, où les campagnes des années précédentes
avaient été si fructueuses, les chantiers sont demeurés silencieux et
déserts. Grâce à la bonne volonté, à l'ardeur et à l'intelligence des
membres de l'École, mais surtout grâce à l'énergie et au zèle infati-
gable de son directeur, cette situation défavorable n'a eu aucun résul-
tat fâcheux. Quatre mémoires vous ont été adressés.
« Celui de M. Colin (3^ année) se rapporte à la Corporation allié-
nienne des artistes dionysiaques à Delphes. Au moment où tout ce qui
touche au théâtre grec excite un si vif intérêt et une curiosité si géné-
rale, c'est un mémoire d'actualité. Personne ne contribuait plus à
l'éclat, à l'agrément des fêtes que les musiciens, les chanteurs, les
poètes groupés sous le nom d'artistes dionysiaques. Plusieurs blocs du
Trésor des Athéniens appartenant à deux assises différentes, brisés
presque tous, parfois en très petits morceaux, et d'ordinaire incom-
plets, ont fourni de précieux documents pour l'histoire de cette corpo-
ration. M. Colin les a étudiés, puis reconstitués avec une pénétration
des plus ingénieuses. D'ailleurs, depuis son arrivée en Grèce, il a
passé à Delphes la plus grande partie de son temps, associé à la direc-
tion des fouilles, chargé en particulier de la tenue des inventaires
épigraphiques. C'est par centaines que se comptent les documents, et
738 CHRONIQUE ET MELANGES.
beaucoup sont très étendus, qu'il a copiés pendant ces trois années.
Il a sacrifié le plaisir de publier à la satisfaction sévère de ces recherches
silencieuses.
« Les découvertes de Delphes imposent du reste des tâches mul-
tiples auxquelles l'École doit suffire en ne laissant perdre aucune de
ses forces, en ne négligeant aucun des problèmes qui lui sont posés.
Elle a trouvé en M. Fournier (2" année) le philologue dont elle avait
besoin pour l'étude du dialecte delphique. Son mémoire sur la Gram-
maire dea actes delphiques d'affranchissement au //« siècle vaut à la fois
par la conscience scrupuleuse des recherches et par la portée ulté-
rieure des résultats. Très réservé dans ses conclusions, M. Fournier
est cependant frappé de la prédominance dans le dialecte delphique
des éléments crétois et thessaliens. Il n'est pas sans intérêt de voir
ainsi confirmées par des faits indéniables les données légendaires sur
le double apport de croyances religieuses et sur le concours des colo-
nies septentrionales et insulaires qui ont formé la religion apoUi-
nienne, qui ont constitué l'aristocratie delphique.
« M. Fossey (3^ année) a envoyé un recueil de textes palmyréniens
et une étude de Mythologie nabatéenne, assez brève, ce qui est un indice
des difficultés du sujet lui-même. Les problèmes y sont examinés avec
une précision qui n'est pas sans vigueur et avec une prudence bien
nécessaire en une matière aussi déUcate, mais qui est peut-être un
peu trop ennemie de l'hypothèse pour laisser à la pénétration toute
son acuité. M. Fossey, qui paraît avoir une vocation marquée pour
les études orientales, pourra la suivre plus facilement à l'Institut du
Caire, où il doit se rendre en quittant Athènes.
« Après la brillante exploration de Mistra, par M. G. Millet, les
études byzantines sont restées en faveur à l'École; elles sont repré-
sentées par un mémoire de M. Laurent (2« année), Églises bijzantines
de la Morée antérieures à la conquête turque. C'est avec le concours d'un
jeune architecte de talent, M. Ghesnay, que M. Laurent a rédigé ce
grand et utile travail, auquel il était préparé par plusieurs mois de
voyages en Grèce et en Italie. Il s'est arrêté aux églises antérieures à
la conquête turque, parce que ce sont les seules où l'art byzantin se
soit vraiment exercé dans toute sa liberté. La méthode et la finesse
d'observation dont il a fait preuve sont d'autant plus méritoires que
l'archéologie byzantine n'est pas à beaucoup près aussi avancée que
l'archéologie classique, qu'elle n'a pas, comme celle-ci, ses recueils de
monuments formés et sa méthode constituée. •
« L'activité des membres de notre École de Rome a été absorbée
par de nombreux travaux. M. Bertaux, qui doit à l'appui bienveillant
de l'Académie d'avoir pu passer une troisième et une quatrième année
en Italie, a terminé la tâche qu'il s'était imposée, c'est-à-dire l'examen
détaillé des monuments et des œuvres d'art du moyen âge conservés
CUROMQUE ET 5IKUNGES. 739
dans l'Italie méridionale. Le résultat le plus important de ses études
intéresse l'histoire de l'art français plus encore peut-être (lue celle de
l'art italien, il a démontré que les plus beaux châteaux bâtis par l'em-
pereur Frédéric II, dans le royaume de Fouille, et particulièrement
celui de Castel del Monte, étaient l'œuvre d'architectes et de sculpteurs
fram^^ais. Il a même découvert le nom de l'un des artistes qui dirigèrent
ces travaux, Philippe Chinard. Enfin, il a pu rattacher l'école fran-
çaise qui travaillait pour Frédéric II à une école bourguignonne qui
fleurit dans l'Italie méridionale dès les premières années du xni« siècle,
et dont les chefs-d'œuvre sont les deux cathédrales de Cosenza en
Calabre et de Lanciano dans les Abruzzes. Les travaux de M. Join
Lambert doivent être rapprochés de ceux de M. Bertaux; tous deux
ont poursuivi leurs recherches en les combinant. L'attention de M. Join
Lambert a été principalement attirée vers les monuments siciliens du
xn« siècle sur lesquels il restait beaucoup plus à faire qu'on ne pouvait
le supposer; il a recherché aussi les châteaux construits en Sicile par
les architectes français et leurs élèves indigènes, au temps de Frédé-
ric II; il a étudié l'art local sicilien depuis le xin« siècle, puis les
influences siennoises qui ont agi sur lui; enûn il a soigneusement
noté les œuvres de l'art espagnol dans le même pays.
« M. M. Besnier (1" année) a trouvé sa voie dans l'archéologie
romaine. Il a passé l'hiver à recueillir les éléments d'un mémoire sur
l'île du Tibre et sur le culte d'Esculape qui y avait son principal sanc-
tuaire. Au printemps, après avoir parcouru les Abruzzes et visité les
anciennes villes samnites, il est parti pour l'Algérie, où il a commencé
des fouilles sur plusieurs points du camp de Lambèze et des environs.
Il s'est ainsi initié à la pratique de l'archéologie. M. A. Dufourcq
(2« année), en entreprenant une étude sur les gestes des martyrs
romains, s'est attelé à une besogne ingrate et difficile, il l'a conduite
jusqu'au bout avec un véritable courage. Outre ce travail méritant, il
a poursuivi en Italie des recherches antérieurement commencées par
lui sur deux sujets d'histoire moderne : la république romaine de 1798
et les dernières années du gouvernement de Murât en Calabre. M. L.
Madelin (2« année) a étudié l'importante question du Concordat de
François I«^ Cette négociation, pourtant si grave, n'a donné lieu qu'à
fort peu d'écritures : les parties contractantes étaient présentes, il ne
pouvait y avoir de correspondance ; mais beaucoup de détails intéres-
sants sur l'entrevue du pape et du roi nous ont été conservés. M. Ma-
delin a préparé en outre une série de travaux qui éclaireront très
utilement l'histoire des relations de la France et du saint-siège au
temps de François I" et de Léon X. M. de Manteyer est arrivé à
Rome avec l'idée bien arrêtée d'y recueillir tout ce qui peut intéresser
l'histoire d'Avignon. Ses investigations dans les archives du Vatican
ont été couronnées d'un plein succès, et l'on peut être assuré que
740 CURONIQCE ET MELANGES.
l'histoire spéciale d'Avignon, qui fera l'objet de son mémoire de seconde
année, devra beaucoup à ses découvertes romaines. Enfin deux phi-
lologues, MM. Segrestaa et Nougaret, ont consacré leur temps à des
recherches patientes et méticuleuses : le premier s'est occupé des
Idylles de Théocrite; il en a étudié les manuscrits, les éditions, la
métrique; le second a commencé sur les manuscrits de Plaute des
travaux d'une précision singulière.
t La publication des Registres pontificaux ne s'est pas ralentie. Un
des nouveaux membres de l'Ecole, M. G. de Puybaudet, sans perdre
de vue un travail sur l'histoire d'Angoulême, prépare l'édition du
Registre de Martin IV, dont le pontificat est des plus intéressants
pour notre histoire nationale. MM. Goulon et Lecacheux travaillent
aux Registres du xiv« siècle : leur série s'ouvre par ceux du pontificat
de Jean XXII. M. Lecacheux poursuit en outre l'étude des documents
relatifs aux rapports d'Urbain V avec les Visconti.
« Nos grandes écoles, vous le voyez, étendent chaque jour le domaine
de leurs travaux et marchent d'un pas assuré dans la voie que vous
leur tracez. C'est avec une fierté presque paternelle que nous saluons
leur succès. L'honneur en revient surtout à nos dévoués confrères
MM. Paul Meyer, Homolle et l'abbé Duchesne, qui rivalisent d'ardeur
pour guider les jeunes gens dont ils ont la direction.
« Mais les espérances que nous laisse entrevoir l'avenir ne peuvent
nous faire oublier le passé. Aujourd'hui notre pensée se reporte avec
émotion vers les confrères regrettés que nous avons perdus. J'ose dire
qu'ils sont encore présents parmi nous tant ils nous étaient chers, et
que, leur ayant adressé en votre nom un suprême adieu, j'ai eu la
consolation d'avoir avec eux le dernier de nos entretiens. Louis de
Mas Latrie, Edmond Le Blant, Léon Gautier, à des titres divers, lais-
seront dans notre Académie une trace profonde. Un autre deuil est
venu s'ajouter à ces tristesses, celui de ce prince séduisant, au cœur
ardent, à l'esprit si français, qui, pendant sa vie, ne siégeait pas parmi
nous, mais qui, depuis sa mort, est devenu comme le bon génie de
toute cette maison. Ce serait être infidèle au souvenir délicat qui reste
au fond du cœur de tous ceux qui ont eu l'honneur de l'approcher,
que de vanter ici ses mérites et sa générosité ; aucun de nous cepen-
dant ne peut oublier avec quelle noble bienveillance l'historien des
Condé, pendant les dernières années de son existence, ouvrait aux
travailleurs ses précieuses collections et son admirable bibliothèque.
L'Institut en a. confié la garde à l'un de nos confrères les plus aimés,
M. Léopold Delisle. Notre Académie ne pouvait être plus dignement
représentée au milieu des trésors que contient Chantilly. »
CHRONIQUE ET MÉLANGES. 74 ^
UN NOUVEAU MANUSCRIT DU MANUEL D'HISTOIRE
DE PHILIPPE VI.
Nous pouvons ajouter un numéro à la liste que nous avons dressée
des manuscrits dans lesquels se trouve ce Manuel*. Leur nombre est
ainsi porté à vingt-sept. Ce nouveau manuscrit est décrit, sous le
n» 677, dans le tome I du Catalogue des manuscrits de Besançon, rédigé
par notre regretté confrère M. A. Castan^. M. Gastan, qui n'avait pu
connaître notre travail ni dire par suite l'intérêt que présentait cette
chronique, n'en a pas moins su l'identifier avec le fragment inséré
dans le tome XXI (1855) des Historiens de France. Le manuscrit 9624
de la Bibliothèque nationale, auquel il renvoie dans sa notice, est
celui qui porte aujourd'hui le no 4948 du fonds français (n» 10 de notre
liste).
G. GOUDERC.
L'IMPRIMEUR NAPOLITAIN ARNAUD DE BRUXELLES.
Ayant à parler, en 1896, dans le Journal des Savants^, du traité de
médecine connu sous le titre de Tacuinum sanitatis, j'ai cité un exem-
plaire de cet ouvrage copié à Naples, en 1477, par « A. de Bruxella, »
et j'ai supposé que cet « A. de Bruxella » était le même personnage
que « Arnaldus de Bruxella, » connu pour avoir imprimé, à Naples,
une vingtaine de volumes*, dont les dates sont comprises entre les
années 1472 et 1477.
Un savant bibliographe anglais m'a fait l'honneur de me demander
si cet exemplaire manuscrit du Tacuin, contenu dans le ms. latin 10264
de la Bibliothèque nationale, n'aurait pas été une copie exécutée en
vue d'une édition qu'Arnaud de Bruxelles aurait eu l'intention d'im-
primer et qui n'aurait pas été exécutée. Je ne crois pas qu'on puisse
s'arrêter à cette hypothèse. Pour mettre nos lecteurs à même d.'appré-
cier le caractère de cette copie, je mets sous leurs yeux la description
du manuscrit 10264.
1. Le Manuel d'histoire de Philippe VI de Valois, roi de France, dans
Études d'histoire du moyen âge dédiées à Gabriel Monod. Paris, L. Cerf, 1896,
in-S", p. 415-444.
2. Il forme le t. XXXII (1897) du Catalogue général des manuscrits des
bibliothèques publiques de France. Départements.
3. Année 1896, p. 518-540.
4. Burger, Ludwig Hain's Repertorium bibliographicum, p. 52.
742 CHRONIQUE ET MELANGES.
Manuscrit sur papier do 330 millimètres sur 230. Il se compose de
286 feuillets numérotés à l'encre rouge par le copiste, sans compter
13 feuillets préliminaires non numérotés; sur la première page de la
partie préliminaire, le copiste a écrit une table. Beaucoup de feuillets
sont restés en blanc. Le copiste Arnaud de Bruxelles a soigneusement
marqué les dates de la transcription de cinq des morceaux contenus
dans le volume et dont voici l'indication :
Fol. 1-36. î Tabule motuum omnium planetarum Johannis de Line-
riis. ï Titre fourni par la table qui est en tête du volume.
Fol. 36 vo-38 v°. ï Tabula stellarum fixarum cum gradibus longitu-
dinum et latiludinum ac magnitudinum earum. » Titre tiré de la même
table.
Fol. 39 r» et v°. « Conjunctiones vere Saturni et Jovis ad meridia-
num civitatis Crémone. »
Fol. 57-95. « Gompendium clari viri Leonardi Qualea quod astrono-
miam medicinalem nuncupari voluit, ex multis Syrorum, Indorum,
Arabum, Persarum, Egiptiorum, Grecorum et Latinorum voluminibus
compilatum, in facilitatem medicorum et commoditatera inûrmorum.
Prohemium. Lux nature Deus quanta universis animantibus largitus
est... » La réunion des lettres initiales des chapitres donne le nom de
l'auteur : « Leonardus Qualea Venetus me fecit. »
Au bas de la dernière page de la copie de ce morceau, le copiste a
tracé cette note : « 22 octobris 1475, per A. de Bruxella. »
Fol. 96-102. « L. Apuleii Madaurensis philosophi platonici Cosmo-
graphia sive de mundo ad Faustinum liber incipit. Gonsideranti michi
et diligentius intuenti, et saepe alias, Faustine, mihi virtutis indagatrix
expultrixque viciorum, divinarum particeps rerum philosopbia videba-
tur... » — Notes mises par le copiste au commencement et à la fin de ce
morceau : « 23 maii 1492 » (fol. 96); — « 7 kalendas junias 1492, Nea-
poli B (fol. 102).
Fol. 105-171 v». « Liber qui Tacuinus sanitatis in medicina nuncu-
patur, quem composuit Elbulkassem Elmuthar filius Hahabdin filii
Buccilan medici de Baldach. » Sur ce traité, voir un article inséré par
moi dans le Journal des Savants, année 1896, p. 518-540. — A la fin de
la copie du Tacuin (fol. 171 v), note du copiste : « 19 septembris 1477,
imperfecto, Neapoli, per A. de Bruxella, ex exemplari corrupto. »
Fol. 172-183. « Paladii Rutili Thauri Emilii viri illustris opus Agri-
culture, de preceptis rei rustice. Incipit prologus. Pars est prima pru-
dentie... » Notes mises du commencement et à la fin de ce traité :
« Die 21 decembris 1478 » (fol. 172); — a 24 decembris 1478 » (fol 183).
Foi. 186-226. « Liber tertius Alpetragii, in quo tractât de perspe-
ctiva, de comparatione scientie ad sapientiam, de motibus corporum
celestium secundum Ptolomeum, de opinione Alpetragii contra opi-
nionem Ptolomei et aliorum, de scientia experimentorum naturalium,
CHRONIQUE ET ME'lINGES. 743
de scientia morali, de articulis fidei, de alkiraia. Postquam manifc-
stavi mathematice potcstatera, aspiravi ad perspective dignitatem... »
— Fol. 226. Fin du trait»' : « ... Similiter oporteret (place d'un mot
laissée eu blanc) elemento vei mixto posset toUi natura. » Sur la même
page, note marginale du copiste : « In exemple sic caduco non rep-
peri plus. 1476, 15 decembris, bora 15, par[um] post otium. «
Fol. 235-258 \°. * Tractatus Alberti Magni de geographia seu co-
smographia. De linea locorum que provenit ex babitudine loci ad celum
tractaturi... » Derniers mots du traité : « ... Hee autem proprielates
locorum suilicienter in génère dicte sunt. »
Arnaud de Bruxelles se livrait donc à des travaux de copie en 1475,
1476, 1477, 1478 et 1492. A voir la composition du volume, il semble
bien que ce n'est pas l'œuvre d'un copiste à gages.
Il y faut plutôt voir un recueil qu'un amateur de traités scientifiques
aurait formé pour son usage personnel, et l'on pourrait supposer qu'Ar-
naud de Bruxelles, après avoir exercé avec une grande distinction
l'art typographique à Naples, depuis 1472 jusqu'en 1477, aurait conti-
nué à résider dans cette ville et s'y serait livré à l'étude des sciences.
Le manuscrit qui a fourni le sujet de cette note faisait partie de la
bibliothèque de GoUot, chanoine de Notre-Dame de Paris, avant d'en-
trer, en 1753, dans la bibliothèque du roi.
Il est encore bon de faire observer que le papier de ce manuscrit a
le même filigrane (une arbalète dans un cercle) que le papier de cer-
tains livres imprimés par Arnaud de Bruxelles, notamment l'édition
des lettres de Mahomet publiée en 1473.
Li. L).
LA COLLECTION D'INCUNABLES DE B. QUARITCH.
Le libraire Bernard Quaritch, de Londres, vient de publier un cata-
logue d'incunables tels qu'il est rare d'en voir aujourd'hui réunis sur
les rayons d'une maison de libraire. Ce catalogue est intitulé : Monu-
ments of typography and xylography books of the first half century of
Ihe art of printing in the possession of Bernard Quaritch (London, 1897,
in-B», XIV et 312 pages). Il comprend 643 notices disposées suivant
l'ordre géographique des localités dans lesquelles les livres ont été
imprimés; pour chaque ville les impressions de chaque typographe
sont rangées suivant l'ordre chronologique. Il y a 77 articles pour
l'Allemagne, 19 pour les Pays-Bas, 93 pour l'Italie, 31 pour la France,
47 pour l'Espagne et 20 pour l'Angleterre.
Ces chiffres n'ont rien d'extraordinaire; mais, ce qui est merveilleux,
c'est le choix de beaucoup de ces livres, dont la description nous est
donnée avec des développements qui en font bien comprendre l'impor-
744 CHRONIQUE ET MÉLANGES.
tance. Les prix auxquels sont portés les premiers monuments de la
typographie montrent avec quelle passion sont recherchées les éditions
dont presque tous les exemplaires sont immobilisés dans les grandes
bibliothèques. En voici quelques exemples :
La Bible mazarine, sur vélin : 125,000 fr.
Le Psautier de 1459, sur vélin : 131,250 fr.
Le Rational de 1459 : 10,000 fr.
Le Catholicon de 1460 : 7,725 fr.
La Ruine des nobles hommes et femmes, de Boccace, éd. de Colard
Mansion, en 1476 : 22,500 fr.
La Cité de Dieu, de Subiaco, en 1467 : 1,625 fr.
Le Plante, de Venise, 1476 : 2,400 fr.
Le premier Théocrite d'Aide, 1495, exemplaire de Bilibaldo Pirck-
heymer, avec peinture attribuée à Albert Durer : 6,000 fr.
Le Dante de Foligno, 1470 : 6,000 fr.
La Rhétorique de Guillaume Fichet, éd. d'Ulria Gering : 2,000 fr.
Le Missel de Salisbury, éd. de Martin Morin, Rouen, 1508 : 3,250 fr.
Première édition du Tirant lo Blanch, Valence, 1490 : 12,500 fr.
Le Missel et le Bréviaire mozarabique, Tolède, 1500 et 1502 : 10,000 fr.
Les Dits des philosophes de Caxton, Westminster, 1477 : 37,500 fr.
La première édition de Chaucer : 37,500 fr.
Le catalogue de M. Quaritch présente, mêlés à ces monuments de
premier ordre, des morceaux qui, sans offrir un intérêt général, sont
fort curieux pour l'étude de questions particuhères. Sous la rubrique
CAMBRAI, on y remarque un opuscule dont la Bibliothèque natio-
nale a fait l'acquisition et dont la notice peut trouver place ici. C'est
un livret d'école, qui contient une grammaire latine très abrégée ; il
se compose de 508 vers, dont les premiers suffisent pour montrer que
l'auteur s'est inspiré du Doctrinal d'Alexandre de Villedieu :
Edere grammatices cupio tibi, parve, libellum,
Quo faciU doctus possis evadere gressu.
Me juvet Omnipotens implere quod opto ; secundos
Successus tribuat, qui scit cur ista subivi,
Quidve fuit cause tantum tolerare laborem.
Le livret consiste en 12 feuillets in-4°, non chiffrés, et formant trois
cahiers signés a, b, c, 22 lignes à la page. Caractères gothiques d'un
aspect assez archaïque. Sur la dernière page, au-dessous des armes
de la famille de Groy (avec la devise : A JAMAIS. GROY), se lit cette
souscription de l'imprimeur :
« Impressum Gameraci per Bonaventuram Brassart || et Franciscum
filium ejus. Anno millesimo quingen||tesimo quadragesimo nono kalen-
dis septembribus. »
CHRONIQUE ET ME'lANGES. 745
Cette date paraît devoir s'entendre du 24 août 1540, qui tomba un
mardi, et non pas du l*"" septembre 1549, qui coïncida avec un dimanche.
Le livret qui vient d'être décrit est tout à fait dillV-rent d'un autre
livret scolaire imprimé à Cambrai en 1518 : Rudimcnta (jraimnaticcs
ad instituendos juvenes non parwa conducenlia; impressum Cameraci,
anno Domini M CCCCC XVIII (sans nom d'imprimeur, in-4" de 6 feuillets).
Les Rudimenta sont un opuscule en prose, dont la notice a été donnée,
en 1839, par A. Voisin, dans le Bulletin du bibliophile, 3» série, p. 599
et suiv.
ASSOCIATIONS ET GRÈVES DES OUVIUERS PAPETIERS.
Nous avons à diverses reprises signalé dans ce recueil les publica-
tions de iM. Briquet relatives à l'histoire du papier et notamment aux
filigranes. Le même auteur a écrit dans la Revue interjialionale de
sociologie et a fait tirer à part un article curieux sur les Associations et
grèves des ouvriers papetiers en France aux XVlh et XVII I'^ siècles (Paris,
F. Giard et E. Brière, 1897, in-8°, 30 p.). Déjà notre confrère M. Gil-
bert Rouchon avait publié, il y a une douzaine d'années [Revue d'Au-
vergne, 1885), le résultat de ses recherches sur les grèves des ouvriers
papetiers de Thiers. Ce sont aussi les papeteries d'Auvergne qui ont
fourni à M. Briquet le plus grand nombre d'indications, bien que ses
investigations s'étendent à d'autres provinces de la France; et c'est
ainsi qu'il a cru pouvoir constater, — et cette opinion semble assez
fondée, — l'existence d'une association, compagnonnage en syndicat
qui réussit à se maintenir jusqu'à la Révolution et à exercer même au
delà son influence.
FONDATION D'AUGUSTE PROST.
Par un des articles de son testament, M. Auguste Prost, mort le
14 juillet 1896, a légué à l'Académie des inscriptions ot belles-lettres
une rente de 1,200 francs pour un jirix annuel à décerner à un
mémoire historique, œuvre d'un Français, sur Metz et les pays voisins.
Celte fondation a eu pour mobile une pensée patriotique que M. Prost
exprime ainsi dans le passage de son testament qui y est relatif :
0 Ces dispositions sont la conséquence de la funeste situation faite à
notre malheureux pays et procèdent du sentiment qu'on ne doit pas le
perdre de vue ni cesser de s'occuper de lui au sein de la grande famille
française. » C'est un sentiment analogue qui a dicté; un autre article
7.{(> CHBOXIQUE ET MÉLANGES.
du même testament, qui lègue à la Bibliothèque nationale la collection
de documents et d'ouvrages manuscrits et imprimés que M. Prost avait
mis un soin jaloux à recueillir sur le pays qui toute sa vie a fait le
principal objet de son affection et de ses études. Ceux qui voudraient
travailler sur l'histoire de Metz, ceux en particulier qui songeraient à
gagner le prix institué par M. Prost ne seront pas fâchés de savoir que
le Catalogue de cette collection, dressé par les soins de notre confrère
M. Henri Omont, a paru dans le t. I des Mettensia publiés par la
Société nationale des antiquaires de France (p. 57-166) et en tirage
à part * .
]. Bibliothèque nationale. Catalogue des collections manuscrites et impri-
mées relatives à l'histoire de Metz et de la Lorraine léguées par M. Auguste
Prost. Paris, 1897. ln-8°, 114 p.
Addition et correction.
Dans la note de la p. 450, relative au manuscrit H. 84 de la biblio-
thèque du roi à Turin, il eût été bon de faire remarquer que ce
manuscrit est un exemplaire de la traduction de VHistoria scholastica
de Pierre Le Mangeur.
P. 468, une erreur de rédaction a fait attribuer à M. Camille Favre
la direction de l'Album de l'exposition de Genève. C'est Edouard Favre
qu'il faut lire.
LISTE DES SOUSCRIPTEURS
A LA
BIBLIOTHÈQUE DE L^ÉGOLE DES CHARTES'
POUR l'année 1897.
Bibliothèques et Sociétés.
PARIS.
Académie des inscriptions et belles-
lettres.
Alliance israélite.
Archives départementales de la Seine.
Archives nationales.
Association générale des étudiants.
Bibliographie de la France, journal
général de l'imprimerie et de la
librairie.
Bibliothèque de l'Arsenal.
— Cardinal.
— Mazarine.
— nationale (département des im-
primés).
(département des manuscrits).
— du Séiiat.
— de l'Université, à la Sor bonne.
— de la Ville.
Cercle agricole.
Cercle catholique des étudiants.
Chambre des députés.
Directeur de l'enseignement supé-
rieur, au ministère de l'Instruc-
tion publique.
Directeur du secrétariat et de la
comptabililé, au ministère do
l'Instruction publique.
École nationale des chartes (2 ex.).
École normale supérieure.
École Sainte-Geneviève.
Éludes religieuses.
Faculté de droit.
Fondalion Thiers.
Institut catholique.
Ministère de l'Instruction publique
(55 ex.).
Ministère de la Marine.
Ordre des avocats.
Revue archéologique.
Revue historique.
Société bibliographique.
Société historique.
DÉPARTEMENTS.
Aix-en-Pro\'ence. Bibliothèque Mé-
janes.
universitaire.
Albi. Archives du Tarn.
Alger. Bibliothèque universitaire.
Amiens. Société des Antiquaires de
Picardie.
Arras. Bibliothèque de la Ville.
AvR.\NCHES. Société d'archéologie.
Rayonne. Bibliothèque de la Ville.
Resançon. Biblioth. universitaire.
Réziers. Société archéologique.
Rlois. Bibliothèque de la Ville.
RoRDEAUX. Bibliothèque de la Fa-
culté de droit.
RoRDEAux. Biblioth. universitaire.
l. Ceux des souscripteurs dont les noms seraient mal orthographiés, les titres
omis ou inexactement imprimés, sont instamment priés de vouloir bien adresser
leurs réclamations à MM. A. PIC.A.RD et (ils, libraires de la Société de l'Ecole des
chartes, rue Bonaparte, 82, à Paris, a(in que les mêmes fautes ne puissent se
reproduire dans la cinquante-neuvième liste de nos souscripteurs, qui sera
publiée, suivant l'usage, à la lin du prochain volume de la Bibliothèque.
748
LISTi: DES SOUSCRIPTEORS.
Bouloqne-sur-Mer. Bibliothèque de
la Ville.
Garcassonne. Archives de l'Aude.
Ghateauroux. Archives de l'Indre.
Gherbourg. Bibliothèque de la Ville.
Glermont-Ferrand. Archives du
Puy-de-Dôme.
— Bibliothèque universitaire.
Dijon. Bibliothèque universitaire.
Douai. Société d'agriculture.
Dragcignan. Archives du Var.
GuÉRET. Archives de la Creuse.
LiQUGÉ. Bénédictins (RR. PP.).
Lille. Archives du Nord.
— Bibliolh. de l'Institut catholique.
universitaire.
Lyon. Bibliothèque de V Archevêché.
de la Faculté de droit.
de Vlnstitul catholique.
universitaire.
Mans (Le). Bibliothèque de la Ville.
Marseille. Archives municipales.
Bibliothèque de la Ville.
MoNTAUBAN. Bibliothèque de la Ville.
MoNTBRisoN. Société dc la Diana.
Montpellier. Bibliothèque univer-
sitaire.
Moulins. Bibliothèque de la Ville.
Nancy. Bibliothèque de la Ville.
Nantes. Bibliothèque de la Ville.
Nice. Bibliothèque de la Ville.
Niort. Archives des Deux-Sèvres.
Orléans. Bibliothèque de la Ville.
Orléans. Grand séminaire.
Pau. Bibliothèque de la Ville.
Perpignan. Archives des Pyrénées-
Orientales.
Poitiers. Bibliothèque universitaire.
de la Ville.
— Société des Antiquaires de l'Ouest.
Reims. Bibliothèque de la Ville.
Rennes. Bibliothèque universitaire.
de la Ville.
Rochelle (La). Bibliothèque de la
Ville.
Rouen. Bibliothèque de la Ville.
Sainte- Anne de Plourhamel. Bé-
nédictins (RR. PP.).
Saintes. Bibliothèque de la Ville.
Saint-Étienne. Bibliothèque de la
Ville.
Saint-Maur de Glanfeuil. Béné-
dictins (RR. PP.).
Saint-Omer. Société des Antiquaires
de la Morinie.
SoissoNS. Bibliothèque de la Ville.
Solesmes. Bénédictins (RR. PP.).
Toulouse. Bibliothèque universi-
taire.
de la Ville.
Tours. Bibliothèque de la Ville.
Valenciennes. Bibliothèque de la
Ville.
Vendôme. Bibliothèque de la Ville.
Verdun. Société philomathique.
Vitré. Bibliothèque de la Ville.
ÉTRANGER.
Baltimore. American (the) Journal
of archaeology.
— Bibliothèque Peabody.
Barcelone. Ateneo Barcelones.
Berne. Bibliothèque cantonale.
— Université.
Bruxelles. Académie royale des
lettres, des sciences et des beaux-
arts de Belgique.
— Bollandistes (RR. PP.).
Bukarest. Bibliothèque centrale.
Gambridge (États-Unis). Université
Harvard.
Garlsruhe. Commission d'histoire
badoise.
Einsiedeln. Bénédictins {RR. PP.).
Florence. Archives de Toscane.
— Archivio storico italiano.
Fribourg. Bibliothèque cantonale.
Gènes. Université.
Genève. Archives.
— Bibliothèque cantonale.
— Société de lecture.
— Université.
Jersey. Cour royale.
Lausanne, Bibliothèque cantonale.
Léopol. Kwartalnik historyczny .
Lisbonne. Bibliothèque nationale.
Londres. Enylish (the) liisl. review.
LouvAiji. Jésuites (RR. PP.).
Madrid. Bibliothèque nationale.
Malte. Bibliothèque publique.
Maredsous. Bénédictins (RR. PP.).
Metz. Archives.
Milan. Archivio storico lombardo,
— Bibliothèque Brera.
LISTE DES SODSCRIPTEDRS.
7/,l»
MoNT-CASSiN.iî^nédtchn5(RR.PP.).
New- York.. American (thc) geogra-
phical Society.
Palerme. Dibliothcqiie )}ationale.
Philadelphie. Université.
PiSE. Université.
Rome, .\ccademia (Reale) dei Lincei.
— Archives du Vatican.
— Bibliothèque Victor- Emmanuel.
— École française.
— Società romana di storia patria.
Sofia. Université.
Venise. Bibliothèque de Saint-Marc.
"ViE-NNE. Académie impériale des
sciences (classe philosophico-his-
torique).
— Mittheilungen des Itistituts fur ôs-
terreichischeGeschichtsforschiing.
— Université.
Washington. Université catholique.
MM.
*Alacs (Paul), à Montpellier ^.
Albon (le marquis d'), au château
d'Avenges (Rhône).
* Allemagne (Henry d'), attaché à
la Bibliothèque de l'Arsenal, à
Paris.
*Anghier (Camille), stagiaire à la
Bibliothèque nationale,;! Paris.
*André (Edouard) , archiviste de
l'Ardèche, à Privas.
* André (Francisque), archiviste de
l'Aube, à Troyes.
Appert, à Fiers.
* Arbois de Jubainville (Henry d'),
membrede l'Institut, professeur
au Collège de France, à Paris.
AsHER ET C»e, libraires, à Berlin
(12 ex.).
*AuBERT (Félix), à Saint-Mandé
(Seine).
* AuBERT (Hippolyte), conservateur
de la bibliothèque de Genève, à
Vermont,prèsGenève(Suisse).
*AuBRY-ViTET (Eugène), à Paris. _
"AuDREN DE Kerdrel, séuatcur, à
Paris.
Aumale (le duc d'), à Chantilly.
* AuvRAY (Lucien), sous-bibliothé-
caire à la Bibliothèque natio-
nale, à Paris.
Avignon, à I^aris.
*BAin:i.(tN (Ernest), membre de
l'Institut, conservateur à la
Bibliuthèquenationalc, à Paris.
Baer et C'", à Francfort.
*Baillet (Auguste), à Orléans.
Balme (le R. P.), à Paris.
Barante (le baron de), à Paris.
Barras, à Saint-Maxime (Var).
Barrière-Flayy, avocat, à Tou-
louse.
*Barroux (Marins), archiviste ad-
joint de la Seine, à Paris.
* B.\RTHÉLEMY( Anatole de) , membre
de l'Institut, à Paris.
*Batiffol (Louis), sous-bibliothé-
caire à la Bibliothèque natio-
nale, à Ycrsailles.
* Baudon de MoNY (Charles), à Paris.
*Beaucorps (le vicomte de), à Or-
léans.
Beaucourt (le marquis de), à
Paris.
*Beaurepaire (Charles de), corres-
pondant de l'Institut, archiviste
de la Seine-Inférieure, à Rouen.
Bellet (Mgr), à Tain (Urôme).
*Bémont (Charles), directeur-ad-
joint à l'École des hautes études,
à Paris.
* Berger (Êlie), professeur à l'École
des chartes, à Paris.
*Berthelé (Joseph), archiviste de
l'Hérault, à Montpellier.
*Berthou (Paul de), à Nantes.
* Bertrand de Broussillon( Arthur) ,
au Mans.
Bessery, à Lavaur (Tarn).
Besson, à la Seyne (Var).
BiLOT de Ch.vteaurenault, à Paris.
BizzoNi, libraire, à Pavie.
*Blancard (Louis), correspondant
de l'Institut , archiviste des
Bouches-du-Rhùne, à Mar-
seille.
Blanchard, à Nantes.
*Bloch (Camille), archiviste du
Loiret, à Orléans.
Bocga, libraire, à Milan.
l. Les noms précédés d'un astérisque sont ceux des membres de la Société de
l'École des chartes.
4897 ^«
750
LISTE DES SOUSCRIPTECRS.
BoccA, libraire, à Rome.
BocG.v, libraire, à Turin (4 ex.).
BoisLisLE (A. de), membre de
l'Institut, à Paris.
BoNDOis , professeur au Lycée
Butïon, à Paris.
*BoNNARDOT (Frauçois), commis
principal au service historique
de la ville de Paris, à Arcueil
(Seine).
*BoNNAULT d'Houët (le baron de),
au château d'Hailles, par Mo-
reuil (Somme).
*BoREL (Frédéric), à Paris.
BoRRANi, libraire, à Paris (3 ex.).
Boucher (M^^)^ à Cherbourg.
* Bouchot (Henri), bibliothécaire
à la Bibliothèque nationale, à
Paris.
Boudet (Marcellin), président du
tribunal, à Saint-Flour.
* Bougenot (Symphorien), avoué, à
Vitré.
* Bourbon (Georges), archiviste de
l'Eure, à Évreux.
* Bourde de la Rogerie (Henri),
archiviste du Finistère, à
Quimper.
* Bourgeois (Alfred), archiviste de
Loir-et-Cher, à Blois.
*BouRMONT (le comte Amédée de),
à Paris.
*BouRNON (Fernand), à Paris.
BouvY (le R. P. Eugène), à Paris.
Braghet, à Menton.
Bréard (Ch.), à Versailles.
Brettes, à Paris.
Brogkhaus, libraire, à Leipzig
(5 ex.).
Brôlemaxn, à Paris.
*Bruchet (Max), archiviste de la
Haute-Savoie, à Annecy.
*Bruel (Alexandre), chef de sec-
tion aux Archives nationales,
à Paris.
"Brutails (Auguste), archiviste
de la Gironde, à Bordeaux.
* Bûche (Henri), à Paris.
BuGHHOLz, libraire, à Munich.
BucK, libraire, à Luxembourg.
Bull, libraire, à Strasbourg.
Gaarelsen, libraire, à Amsterdam
(2 ex.).
CABn'!;, à Roqueserrière (Haute-
Garonne).
Caix de Pierlas, à Turin.
*Calmettes (F'ernand), à Paris.
*Campardon (Emile), chef de sec-
tion aux Archives nationales,
à Paris.
Carabin, à Paris.
Carrère, à Toulouse.
*Casati (Charles), conseiller hono-
raire à la Cour d'appel, à Paris.
Cauvet, président de chambre
honoraire, à Montpellier.
*Cau\vès, professeur à la Faculté
de droit de Paris, à Versailles.
*Cerise (le baron), à Paris.
Chalandon, élève de l'École des
chartes, à Paris.
*Chambure (HuguesDE), au château
de Montmartin (Nièvre).
Champion, libraire, à Paris.
*Charavay (Etienne), à Paris.
Chardon (H.), maire de Marolles-
les-Braux (Sarthe).
Charmasse (de), à Autun.
*Chassériaud (Henri), à Paris.
*Chatel (Eugène), à Paris.
*Chauffier (l'abbé), à Vannes.
*Chavanon (Jules), archiviste de
la Sarthe, au Mans.
Cherbuliez, libraire, à Genève.
Chevalier (l'abbé J.), à Romans
(Drôme).
Chevalier (l'abbé U.), à Romans
(Drôme).
Chevelle, notaire, à Vaucouleurs
(Meuse).
Chevrier, à Paris.
*Claudon (Ferdinand), archiviste
de l'Allier, à Moulins.
Clausen, libraire, à Turin.
*Clédat (Léon), doyen de la Fa-
culté des lettres, à Lyon.
* Clément (l'abbé Maurice), à Saint-
Denis.
*Collon (Gaston), bibhothécaire
de la ville, à Tours.
CoNDAMiN (le D""), à Lyon.
*CoppiNGER (Emmanuel), à Paris.
* Corda (.Augustin |, sous- biblio-
thécaire à la Bibliothèque na-
tionale, à Paris.
*ColJARD (Emile), archiviste de
Seine-et-Oise, à Versailles.
*GouDERG (Camille), sous -biblio-
thécaire à la Bibliothèque na-
tionale, à Paris.
LISTE DES SODSCRIPTEDRS.
75<
*CouLON (Aupuste), archiviste aux
Archives nationales, à Paris.
'CouR.vYE DU Pauc (Joscph), sous-
bibliothécaire à laBibliothèciue
nationale, à Paris.
CouRCEL (Georges de), à Paris.
CouRCEL (Valentin de), cà Paris.
♦CouRTEAULT (Henri), archiviste
aux Archives nationales, à
Paris.
GoussEMAKER (DE), à Bailleul
(Nord).
*CoviLLE (Alfred), professeur à la
Faculté des lettres, à Lyon.
*GovEGQUE (Ernest), archiviste ad-
joint de la Seine, à Paris.
*Grèvegoeur (Lionel de), à Paris.
*Groy (Joseph DE), au château de
Monteaux (Loir-et-Cher).
CuMONT (le marquis de) , ;i la Rous-
sière, près Goulonges (Deux-
Sèvres).
*GuRZ0N (Henri de), archiviste aux
Archives nationales, à Paris.
Daglin, avocat, à Paris.
"Dareste (Rodolphe), membre de
l'Institut, conseiller à la Cour
de cassation, à Paris.
Daspitde Saint-Amand, à la Réolc.
*Daumet (Georges), archiviste aux
Archives nationales, à Paris.
Debains, à Paris.
*Delatîorde (le vicomte H. -Fran-
çois), sous-chef de section aux
Archives nationales, à Paris.
*Delacuenal (Roland), à Paris.
* Delà VILLE Le Roulx (Joseph), à
Paris.
*DELiSLE(L.),membrede l'Institut,
administrateur général do la
Bibliothèque nationale, à Paris.
Deloche (Maximin), membre de
rinstitut, à Paris.
*Demaison (Louis), archiviste de
la ville, à Reims.
*Demante (Gabriel), professeur ho-
noraire à la Faculté de droit de
Paris, à Gastelnaudary.
Demarteau, à Liège.
Denifle (le R. P.), archiviste au
Vatican, à Rome.
Denis (le chanoine), à Meaux.
*Deprez (Michel), conservateur à la
Bibliothèque nationale, à Paris.
'Desjardins (Gustave), chargé de
cours à l'École des chartes, à
Paris.
Deville, à Paris.
'DiEUDONNK (Adolphe), stagiaire à
la Bibliothèque nationale, à
Paris.
'DicARD (Georges), professeur à
l'Institut catholique de Paris, à
Versailles.
Dion (Adolphe de), à Montfort-
l'Amaury.
Dommartin, à Verdun.
DoNNAMETTE, à Paris.
'DoREz(Léon), sous-bibliothécaire
à la Bibliothèque nationale, à
Paris.
Douais (le chanoine), vicaire gé-
néral, à Montpellier.
' Dunois-GucHAN (Gaston), à Sées
(Orne).
'DucHEMiN (Henri), stagiaire à la
Bibliothèque nationale, à Paris.
'Du CiiÈNE (Arthur), à Château-
Gonthier (Mayenne).
DucHESNE (l'abbé L.), membre de
l'Institut, directeur de l'École
française, à Rome.
*DuG0M (André), attaché aux ar-
chives de la Chambre des dé-
putés, à Paris.
^DuFOUR (Théophile), directeur de
la bibliothèque de la ville, à
Genève.
"Dufourmantelle (Charles), à A-
jaccio.
* DuFRESNE DE Saint-Léon ( Arthur),
à Paris.
Dulau et C'«, libraires, à Londres
(5 ex.).
Dumoulin, professeur, à Roanne.
^.DuNOYER (Alphonse), archiviste
aux Archives nationales, à
Paris.
* DupoND ( Alfred ) , archiviste des
Deux-Sèvres, à Niort.
'Dupont-Ferrier (Gustave), pro-
fesseur au collège Stanislas, à
Paris.
^Durand (Georges), archiviste de
la Somme, à Amiens.
'Durrieu (le comte Paul), conser-
vateur adjoint au musée du
Louvre, à Paris.
Duval (Gaston), attaché à la
752
LISTE DES SOUSCRIPTEDRS.
bibliothèque de l'Arsenal, à
Paris.
*DuvAL (Louis) , archiviste de
l'Orne, à Alençon.
DuviviER, avocat, à Bruxelles.
*EcKEL (Auguste), archiviste de
la Haute-Saône, à Vesoul.
Elphinstone, à Londres.
Engelgke, libraire, à Gand.
*Enlart (Camille), sous-bibliothé-
caire k l'École des Beaux- Arts,
à Paris.
*EsprNAS (Georges), attaché à la
bibliothèque du ministère des
Affaires étrangères, à Paris.
*EsTiENNE (Charles), archiviste du
Morbihan, à Vannes.
EvEN (P.), à Paris.
*Fagniez (Gustave), à Meudon,
Falk, libraire, à Bruxelles.
Farcy (de), à Chàteau-Gontier.
* Faucon (Maurice), à Ariane (Puy-
de-Dôme).
* Favre (Camille) , colonel briga-
dier d'infanterie, à Genève.
*Feugère des Forts (Philippe), à
Paris.
*FmoT (Jules), archiviste du Nord,
à Lille.
*FiN0T (Louis), sous-bibliothécaire
à la Bibliothèque nationale, à
Paris.
FiscHBACHER, libraire, à. Paris.
Flach (Jacques), professeur au
Collège de France, à Paris.
*Flamare (Henri de), archiviste
de la Nièvre, à Nevers.
* Flam.mermont (Jules), professeur à
la Faculté des lettres, à Lille.
*Fleury (Paul de), archiviste de
la Charente, à Angoulême.
*FoRGEOT (Henri), archiviste aux
Archives nationales, à Paris.
Fouchard, au Mans.
FouiLHOux (l'abbé), à Clermont-
Ferrand.
*FouRNiER (Marcel), professeur
agrégé à la Faculté de droit de
Caen, à Paris.
*FoL'RNiER (Paul), professeur à la
Faculté de droit, à Grenoble.
FouRNiER (l'abbé), à Arras.
* François Saint-Maur, ancien pré-
sident de chambre à la Cour
d'appel, à Pau.
*Fréminville (Joseph de) , archiviste
de la Loire, à Saint-Étienno.
Frick, libr., à Vienne (Autriche).
* Froment (Albert), à Paris.
■* Funck-Brentano (Frantz), sous-
bibliothécaire à la Bibliothèque
de l'Arsenal, à Paris.
*Furgeot (Henri), sous-chef de
section aux Archives natio-
nales, à Paris.
"Gaillard (Henri), professeur au
collège Stanislas, à Paris.
Gama-Barros (de), à Lisbonne.
"Gauthier (Jules), archiviste du
Doubs, à Besançon.
Gautier (J.), à Paris.
* Gautier (Léon), membre de l'Ins-
titut, chef de section aux Ar-
chives nationales, professeur à
l'Ecole des chartes, à Paris.
Gebethner et C'«, libraires, à Var-
sovie.
* Gérard (Albert), sous-bibliothé-
caire au musée Carnavalet, à
Paris.
*GERBAUx(Fernand) , archiviste aux
Archives nationales, à Paris.
*Germiny (Maxime de), à Paris,
Gerold et Ci«, libraires, à Vienne
(3 ex.).
Giard , élève de l'Ecole des chartes,
à Paris.
*GiRAUDiN (l'abbé), supérieur de
philosophie au grand sémi-
naire, à Bordeaux.
*GiRY (Arthur), membre, de l'Ins-
titut, professeur à l'École des
chartes, à Paris.
Glasson, membre de l'Institut, à
Paris.
"GouBAUx (Robert), archiviste aux
Archives nationales, à Paris.
*GossiN (Léon), à Paris.
*Gp.andjean (Charles), secrétaire-
rédacteur au Sénat, à Paris.
* Grand.maison (Charles de), corres-
pondant de l'Institut, archiviste
honoraire d'Indre-et-Loire, à
Tours.
*Grandmaison (Louis de), archi-
viste d'Indre-et-Loire, à Tours.
*Gréa (dom), abbé de Saint- An-
toine (Isère).
Gremaud (l'abbé), professeur, à
Fribourg (Suisse).
LISTE DES SOUSCRIPTEURS.
733
*GuÉRiN (Paul), secrétaire des Ar-
chives nationales, à Paris.
GuicHARD DES Ages, à Douhé-
Vérac (Vienne).
*GuiFFREY (Jules), administrateur
des Gobelins, à Paris.
*Guic.NARD (Philippe), bibliothé-
caire de la ville, à Dijon.
*GuiGUE (Georges), archiviste du
Rhône, à Lyon.
"GuiuiiER.Moz (Paul), bibliothécaire
honoraire à la Bibliothèque
nationale, à Paris.
GiiLLAUME (l'abbé), archiviste des
Hautes-Alpes, à Gap.
* Guillaume (Joseph), professeur à
laFaculté libre des lettres, àLille.
Guillemot, à Paris.
Hahn, libraire, à Hanovre.
*Hanotaux (Gabriel), membre de
l'Institut, ministre des Affaires
étrangères, à Paris.
*Helleu (Joseph), à Paris.
* Henry (Abel), à Paris.
*Herbomez( Armand D'),àTournay
(Belgique).
Herluison, libraire, à Orléans.
*Héron be Villefosse (Antoine),
membre de l'Institut, conser-
vateur au musée du Louvre, à
Paris.
*HiMLY (Auguste), membre de
l'Institut, doyen de la Faculté
des lettres, à Paris.
Hinrichs, libraire, à Leipzig.
Hoche, à Paris.
*HoppENOT (Paul), à Paris.
Houdebine, à Combrée (Maine-et-
Loire).
Huard (Robert), élève à l'Ecole
des chartes, à Paris.
Hubert, archiviste de l'Indre, à
Ghàteauroux.
* Hugues (Adolphe), archiviste de
Seine-et-Marne, à Melun.
*IsNARD (Albert), sous-bibliothé-
caire à la Bibliothèque natio-
nale, à Paris.
Jacob, archiviste et conservateur
du musée de la ville, à Bar-le-
Duc.
*Jacob (Orner), stagiaire à la Bi-
bliothèque nationale, à Paris.
*Jacqueton (Gilbert), avocat, à
Paris.
Janvier, à Amiens.
*Jarrv (Eugène), à Orléans.
*JouoN des LoNGRAis (Frédéric), à
Rennes.
Jullien, libraire, à Genève.
Kermaingant (de), à Paris.
*K()HLEn (Charles), bibliothécaire
à la Bibliothèque Sainte-Gene-
viève, à Paris.
Kramers, libraire, à Rotterdam
(2 ex.).
*Labande (Léon-Honoré), conser-
vateur du musée Galvet, à Avi-
gnon.
*Laborde (le marquis de), à Paris.
*La Borderie( Arthur de), membre
de l'Institut, à Vitré (lUe-et-
Vilaine).
*Labrouche (Paul), archiviste des
Hautes-Pyrénées, à Tarbes.
*Lagaille (lienri), à Paris.
Lachenal, ancien receveur des
finances, à Brioude.
La Chesnais (de), au château de la
Salle (Saone-et-Loire).
Lacombe (de), à Orléans.
* Lair (Jules), directeur de la Com-
pagnie des entrepôts et maga-
sins généraux, à Paris.
* Lalanne ( Ludovic ) , bibliothé-
caire de l'Institut, à Paris.
*Laloy (Emile), sous-bibliothé-
caire à la Bibliothèque natio-
nale, à Paris.
Lameere, conseiller à la cour, à
Bruxelles.
Lamertin, à Bruxelles.
Lamm (Per), librairie Nilsson, à
Paris (9 ex.).
*Langlois (Ch.-V.), chargé de
cours à la Faculté des lettres, à
Paris.
*Langlois (Ernest), professeur à la
Faculté (les lettres, à Lille.
*La Rochebrochard (Henri de), au
château de Boissoudan, par
Champdeniers (Deux-Sèvres).
*La Roncière (Charles Bourel de),
sous-bibliothécaire à la Biblio-
thèque nationale, à Paris.
Lascombe (A.), au Puy-en-Velay.
* La Serre (Roger Barbier de) , con-
seiller référendaire à la Cour
des comptes, à Paris.
*Lasteyrie (le comte Robert de),
754
LISTE DES SOUSCRIPTEURS.
membre de l'Institut, profes-
seur à l'École des chartes, dé-
puté, à Paris.
*Lauer (Philippe), à Neuilly-sur-
Seine.
*Laurain (Ernest), archiviste de
la Mayenne, à Laval.
*Laurent (Paul), archiviste des Ar-
dennes, à Mézières.
Lebraly, à Brive.
* Le Brethon (Paul), stagiaire à la
Bibliothèquenationale,àParis.
*Lecacheux (Paul), membre de
l'École française, à Rome.
*Lecestre (Léon), secrétaire-ad-
joint des Archives nationales,
à Paris.
Lechevalier, libraire, à Paris.
Leclerc (l'abbé) , au collège de
Vaugirard, à Paris.
Lecorvec, à Paris.
'Ledos (Eugène-Gabriel), sous-hi-
bliothécaire à la Bibliothèque
nationale, à Paris.
Lefeuvre, à Jersey.
*Lefèyre (André), professeur à
rÉcoled'anthropologie,à Paris.
* Lefèvre - Pontalis ( Eugène ) , à
Paris.
*Lefèyre-Pontalis (Germain), se-
crétaire d'ambassade, à Paris.
*Lefrang (Abel), secrétaire du
Collège de France, à Paris.
*Le Grand (Léon), archiviste aux
Archives nationales, à Paris.
*Lelong (Eugène), archiviste aux
Archives nationales, à Paris.
Lemaire, à Paris.
*Lemoine (Jean), rédacteur au Mi-
nistère de la guerre, à Paris.
*Lempnnier (Henry), professeur à
l'École des beaux-arts, chargé
de cours à la Faculté des lettres,
à Paris.
*Lempereur (Louis), archiviste de
l'Aveyron, à Rodez.
*LÉONARnoN (Henri), conservateur
adjoint de la Bibliothèque, à
Versailles.
Léotard, sous-bibliothécaire de
la ville, à Montpellier.
*Leroux (Alfred), archiviste de la
Haute- Vienne, à Limoges.
Lesort (André), élève de l'École
des chartes, à Paris.
Le Soudier, libraire, à Paris (H
ex.).
Le Sourd (le D'), à Paris.
*Lespinasse (René de), à Paris.
L'Estourbeillon (le marquis de),
à Vannes.
Lestringant, libraire, à Rouen.
Lévèque, à l'abbaye Sainte-Ma-
deleine, à Marseille.
Lévis-Mirepoix (le duc de), au
château de Léran (Ariège).
* Lex (Léonce), archiviste d e Saône-
et-Loire, à Mâcon.
*L'Hermitte (Julien), archiviste
de la Corrèze, à Tulle.
LiÉNARD, secrétaire de la Société
philomathique, à Verdun-sur-
Meuse.
Loesgher et Qie, libraires, à Rome.
LoNGNON (Auguste), membre de
l'Institut, à Paris.
Lorenz (Alf.), libraire, à Leipzig.
*Loriquet (Henri), archiviste du
Pas-de-Calais, à Arras.
*LoT (Ferdinand), bibliothécaire à
la Sorbonne, à Paris.
*LoTH (Arthur), à Versailles.
Louis-LucAs, professeur à la Fa-
culté de droit, à Dijon.
*LoYE (Augustin de), ancien con-
servateur du Musée Galvet, à
Avignon.
*Maisonobe (Abel), archiviste de
Tarn-et-Garonne, à Montau-
ban.
* Maître (Léon), archiviste de la
Loire-Inférieure, à Nantes.
*Mandrot (Bernard de), à Paris.
* Manneville (le vicomte Henri de),
secrétaire d'ambassade, à Paris.
*Manteyer (Georges de), membre
de l'École française, à Rome.
Marais, chef d'escadron d'artille-
rie, à Poitiers.
* Marais (Paul), bibliothécaire à la
Bibliothèque Mazarine, à Paris.
Marchant, curé de Varambon
(Ain).-
*Marichal (Paul), archiviste aux
Archives nationales, à Paris.
*Marsy (le comte de), à Com-
piègne.
* Martel (Félix), inspecteur géné-
ral de l'enseignement primaire,
à Garches (Seine-et-Oise).
I
LISTE DES SOUSCRIPTEDRS.
755
•Martin iHenry), conservateur ad-
joint à la bibliothèque de l'Ar-
senal, à Paris.
* Marty-L-utiaux (Charles), à Vi-
try-sur-Seine.
*Mas Latrie (le comte René de),
chef de bureau au ministère de
l'Instmction publique, à Paris.
Masso y Casas, à Barcelone.
Masson, à Amiens.
*Mathorez (Jules), à Paris.
*Maulde La Cla\7ère (René de),
à Paris.
Maumus, avocat, à Mirande.
*Mazerolle (Fernand), archiviste
de la Monnaie, à Paris.
"Merlet (René), archiviste d'Eu-
re-et-Loir, à Chartres.
*Meunier du Houssoy (Ernest), à
Paris.
Mévil (M™e Sainte-Marie), à Vié-
ville (Haute-Marne).
Meyer, à Paris.
*MEYER(Paul), membre de l'Insti-
tut , directeur de l'École des
chartes, à Paris.
Meynial, professeur à la Faculté
des lettres, à Montpellier.
MiLLARD, curé de Saint -Gond
(Marne).
MiREUR, archiviste du Var, à
Draguignan.
*Mirot (Léon), archiviste aux Ar-
chives nationales, à Paris.
MoixDROT, libraire, à Romorantin.
*MoLARD (Francis), archiviste de
l'Yonne, à Auxerre.
*MoLrN7ER (Auguste), professeur
à l'Ecole des chartes, à Paris.
*MoLiNiER (Emile), conservateur
au musée du Louvre, à Paris.
* MoNCLAR (le marquis DE), ministre
plénipotentiaire , au château
d'Allemagne (Basses- Alpes).
MoNLÉON (de), à Banastron.
*MoRANViLLÉ (Henri), bibliothé-
caire honoraire à la Biblio-
thèque nationale, à Paris.
MoRÉ (Louis), libraire, à Paris.
*MoREL (Octave), archiviste de
l'Ain, à Bour^.
*Morel-Fatio (Alfred), secrétaire
de l'École des chartes, à Paris.
*Moris (Henri), archiviste des Al-
pes-Maritimes, à Nice.
*MoRTET (Charles), conservateur
à la Bibliothèaue Suinte-Gene-
viève, à Neuilly-sur-Seine.
*MoRTET (Victor), bibliothécaire à
la Sorbonne, à Neuilly-sur-
Seine.
Naurois (Albert de), à Paris.
Nepolsky, à Paris.
*Nerlinger (Charles), stagiaire à
la Bibliothèque nationale, à
Paris.
*Neuville (Didier), chef de bureau
au ministère de la Marine, à
Paris.
Nierstrasz, libraire, à Liège.
NijHOFF, à la Haye.
Nolval (Alfred), "à Paris.
NoRDHOiF, à Groningue.
*NoRMANn (Jacques), à Paris.
Nutt (David), libraire, à Londres
(2 ex.).
Oleire (d'), libraire, à Strasbourg.
Olivier (Ém.), à Lyon.
*Omo-\t (Henri), conservateur ad-
joint à la Bibliothèque natio-
nale, à Paris.
OxGANiA ET C'*, libraires, à Ve-
nise.
* Paillard, ancien préfet, à Charly,
par Cluny.
* Palustre ( Bernard ) , archiviste
des Pyrénées - Orientales , à
Perpignan.
Pange (le comte de) , à Saint-
Germain-en-Laye.
'Paradis, curé de Sainte-Margue-
rite, à Paris.
Parent de Rosan, à Paris.
* Parfoiru (Paul), archiviste d'IUc-
et-Vilaino, à Rennes.
* Paris (Gaston), membre de l'Ins-
titut, administrateur du Collège
de France, à Paris.
Parker, libraire, à Oxford (2 ex.).
Pascal (de), à Paris.
*Pasquier (Félix), archiviste de
la Haute-Garonne, à Toulouse.
*Passy (Louis), député, à Paris.
Payot, à Lausanne.
*Pécoul (Auguste), à Paris.
Peelmann (J.), à Paris.
Peeters, à Louvain.
*Péligier (Paul), archiviste delà
Marne, à Chàlons-sur-Marne.
Pelizza, à Cannes.
756
LISTE DES SOUSCRIPTEURS.
* Peretti de ia Rocca (Emmanuel
DE), attaché au ministère des
Affaires étrangères, à Arcueil
(Seine).
*Périn (Jules), avocat, à Paris.
Petit (Joseph), à Paris.
*Petit-Dutahxis (Charles), chargé
de cours à la Faculté des let-
tres, à Lille.
Petronkevitch, à Eever.
*PmLippoN (Georges), à Paris.
* Picard (Auguste) , libraire-éditeur,
à Paris.
*Planchenault (Adrien), à Angers.
*Poëte (Marcel), bibliothécaire de
la ville, à Besançon.
Pogatsgher (D'' h.), à Rome.
Poitevin, à Paris.
PoRÉE, curé de Bournainville
(Eure).
*PoRÉE (Charles), archiviste de la
Lozère, à Mende.
Porquet, libraire, à Paris.
*Port (Célestin), membre de l'Ins-
titut, archiviste de Maine-et-
Loire, à Angers.
*Portal (Charles), archiviste du
Tarn, à Albi.
*PouGiN (Paul), à Paris.
PouPARDiN (René), élève de l'E-
cole des chartes, à Paris.
*Prinet (Max), archiviste aux Ar-
chives nationales, à Versailles.
*Prost (Bernard), inspecteur gé-
néral des Bibliothèques et Ar-
chives, à Paris.
*Prou (Maurice), bibliothécaire à
la Bibliothèque nationale, à
Paris.
*Prudhomme (Auguste), archiviste
de l'Isère, à Grenoble.
"PuYBAUDET (Guv de), membre de
l'École française, à Rome.
Quarré, libraire, à Lille.
Quidde (le D""), à Munich.
*Raguenet de Saint -Albin (Oc-
tave), à Orléans.
Rangogne (P. be), à Angoulème.
Ranschrurg, à Buda-Pest.
Rault (l'abbé), à Gausson (Gôtcs-
du-Nord).
*Raunik (Emile), à Paris.
*Raynaud (Gaston), bibliothécaire
honoraire à la Bibliothèque na-
tionale, à Paris.
Reber, libraire, à Palerme.
*Rébouis (Emile), à Paris.
Reboul (Gab.), à Brignoles (Var).
* Régnier, à Évreux.
* Rendu (Armand), à Paris.
*Reynaud (Félix), archiviste ad-
joint des Bouches-du-Rhône, à
Marseille.
Rhodes, à Manchester.
*RiAT (Georges), stagiaire à la Bi-
bliothèque nationale, à Paris.
* Richard (Alfred), archiviste de
la Vienne, à Poitiers.
* Richard (Jules-Marie), à Cossé-
le-Vivien (Mayenne).
*Richebé (Raymond), à Paris.
Richemond (de), archiviste de la
Charente-Inférieure, à la Ro-
chelle.
*RicHOu (Gabriel), conservateur de
la bibliothèque de la Cour de
cassation, à Paris.
*RiGAULT (Abel), attaché aux ar-
chives du ministère des Affaires
étrangères, à Paris.
Ristelhuber (P.), à Strasbourg.
Rivière, à Toulouse.
Robert (l'abbé), à Paris.
* Robert (Ulysse), inspecteur gé-
néral des bibliothèques et ar-
chives, à Saint-Mandé (Seine).
*Rocquain (Félix), membre de
l'Institut, chef de section aux
Archives nationales, à Paris.
*Romanet (le vicomte de), au châ-
teau des Guillets, par Mor-
tagne (Orne).
RosEROT, archiviste des archives
historiques, à Chaumont.
RosNY (de), à Boulogne-sur-Mer.
Rothschild (la bibliothèque du
baron J. de), à Paris.
*RoucHON (Gilbert), archiviste du
Puy-de-Dôme, à Clermont-Fer-
rand.
* Roussel (Ernest), archiviste de
l'Oise, à Beauvais.
Roux, libraire, à Turin.
*Roux (Henri de), sous-bibliothé-
caire à la Bibliothèque natio-
nale, à Paris.
Roux Di Renzo, à Paris.^
*RoY (Jules), professeur à l'Ecole
des chartes, à Paris.
RuEF, libraire, à Anvers.
MSTi: DES SOCSCRlPTECnS.
757
Sabatier, à ChantPgrillpri Drôme).
*Saige (Gustave), correspondant
de l'Institut, conservateur des
archives du palais, à Monaco.
* Sainte- Agathe (le comte de) , à Be-
sançon.
* Salles (Georges), auxiliaire de
l'Institut, à Paris.
S.^LLEs DE Macedo, à Rio-de- Ja-
neiro.
"Salone (Emile), professeur au
lycée Condorcet, à Paris.
Samson et Wallin, à Stockholm.
Sassenay (le marquis de), à Paris.
Sghepens, libraire, à Bruxelles.
ScHLEicHER frèrcs , libraires, à
Paris (3 ex.).
*Schmidt (Charles), archiviste de
l'Yonne, à Auxerre.
ScuuLz, libraire, à Paris.
*ScuLFORT (Henry), à Maubeuge
(Nord).
Séquenot, à Paris.
Seigneur (l'abbé), à Paris.
*Senneville (Gaston de), conseil-
ler référendaire à la Cour des
comptes, à Paris.
*Sepet (Marius), bibliothécaire à
la Bibliothèque nationale, à
Paris.
Serrât (L.), élève de l'Ecole des
chartes, à Paris.
*Servois (Gustave), directeur des
Archives, à Paris.
Sigkel (Th. von), directeur de
l'Institut autrichien d'études
historiques, à Rome.
*SoEii.\ÉE (Frédéric), archiviste
aux Archives nationales, à
Paris.
*SoEHNÉE (Guillaume), à Pau.
*SoucHON (Joseph), archiviste de
l'Aisne, à Laon.
*Soullié (Louis), à Gumières
(Marne).
*SouRY (Jules), sous-bibliothécaire
à la Bibliothèque nationale, à
Paris.
*SoYER (Jacques), archiviste du
Cher, à Bourges.
Spirgatis, libraire, à Leipzig.
*Spont (Alfred), à Paris.
SxEiCHERTetC'e, Ubraires, à New-
York (6 ex.).
*Stein (Henri), archiviste aux Ar-
chives nationales, à Paris.
"Tardif (Joseph), avocat, à Paris.
*Tausserat - Radel ( .\lexandre) ,
sous-chef de bureau au minis-
tère des Allaires étrangères, à
Paris.
*Teilhard DE Chardin (Emmanuel),
à Clermont-Ferrand.
Tempier (Dauphin), archiviste des
Cùtes-du-Nonl, à Saint-Brieuc.
Terquem, libraire, à Paris.
* Terrât (Barthélémy), professeur
à l'Institut catholique, à Paris.
*Teulet (Raymond), archiviste
honoraire aux Archives natio-
nales, à Panet, par Fronsac
(Gironde).
Thirault, à Paris.
*Thiollier (Noël), à St-Étionne.
Thoison, à Larchan (Seine-et-
Marne).
*Tholin (Georges) , archiviste de
Lot-et-Garonne, à Ageu.
Thomas, libraire, à Paris.
* Thomas (Antoine), chargé de cours
à la Faculté des lettres, à Paris.
Thorin, libraire, à Paris (2 ex.).
*TiERNY(Paul), archiviste du Gers,
à Auch.
ToucHEBEUF, avocat, à Brioude.
*Tournouër (Henri), à Paris.
* Tranchant (Charles), ancien con-
seiller d'État, à Paris.
'Travers (Emile), ancien conseil-
ler de préfecture, à Caen.
*Tr.vvers (Henry), attaché à la Bi-
bliothèque nationale, à Paris.
Treuttel et WiJRTz, libraires, à
Strasbourg (2 ex.).
Triger (Robert), au Mans.
*Trouillard (Guy), archiviste de
l'Ariège, à Foix.
*Trudon des Ormes (Amédée),
sous-bibliothécaire à la Biblio-
thèque nationale, à Paris.
"Tuetey (Alexandre), sous-chef de
section aux Archives natio-
nales, à Paris.
Urquehart, à Oxford.
*Vaesen (Joseph), à Paris.
*Vaissière (Pierre de), archiviste
aux Archives nationales, à
Paris.
758
LISTE DES SOUSCRIPTEURS.
Vallet de Viriville (M™«) , à
Paris.
* Valois (Noël), archiviste hono-
raire aux Archives nationales,
à Paris.
Van Stockum, à la Haye.
Vauvilliers, avoué, à Dijon.
*Vernier (Jules), archiviste de la
Savoie, à Chambéry.
'Vétault (Alphonse), bibliothé-
caire-archiviste de la ville, à
Rennes.
*Veyrier du Muraud, premier vi-
caire, à Neuilly (Seine).
*Viard (Jules), archiviste aux
Archives nationales, à Saint-
Mandé (Seine).
ViDiER, élève de l'École des char-
tes, à Paris.
Vignat, à Orléans.
*ViLLEPELET (Robert), archiviste
aux Archives nationales, à
Paris.
*Vi0LLET (Paul), membre de l'Ins-
titut, professeur à l'École des
chartes, bibliothécaire -archi-
viste de la Faculté de droit, à
Paris.
*ViREY (Jean), à Paris.
Vyt, libraire, à Gand.
*Walckenaer (André), attaché à
la Bibliothèque Mazarine, à
Paris.
Wallon (H.), secrétaire perpétuel
de l'Académie des inscriptions
et belles-lettres, à Paris.
Watteville (le baron de), direc-
teur honoraire au ministère de
l'instruction publique, à Paris.
Welter, libraire, à Paris (13 ex.).
*Welvert (Eugène), secrétaire-
adjoint des Archives natio-
nales, au Ghesnay (Seine-et-
Oise).
Wescher, conservateur adjoint
honoraire à la Bibliothèque
nationale, à Paris.
-^fir^ »-^-^
TABLE DES MATIÈliES.
I'»f.Tlt
La mort et les funérailles de Philippe le Bel, par Gh. liau-
don de Mony 5
Un nouveau calendrier romain tiré dos Tastes d'Ovido, par
H. Omont 15
Les collections canoniques attribuées à Yves de Chartres, par
P. Fournier \ÎG, -J'Jii, 410, 022
Documents concernant divers pays de l'Orient latin, i)ar le
comte L. de Mas Latrie 78
Les travaux de Dupuy sur le Trésor des chartes et les ori-
gines du supplément, par H. -François Doiaborde .... i"2G
Documents français remis au gouvernement anglais à la suite
du traité de Brétigny, par J. Viard 155
La numérotation grecque des Annales de Fbxloard, [lar Pli.
Lauer ■-'■il
Un traité de physique et d'alchimie du xv« siècle en écriture
cryptographique, par IL Omont 253
Marguerite de Navarre et le platonisme de la Renaissance, par
A. Lefranc 259
Notice sur un psautier du xiii« siècle appartenant au comte de
Grawford, par L. Delisle 381
Un inventaire de bord en 1204 et les origines de la navigation
hauturière, par G. de la Iloncière 3i»i
Notice sur un texte concernant l'histoire de la Gaule au v siècle
de notre ère, par H. d'.\rbois de Jubainville 445
Notice sur un abrégé en français de la chronique universello
de Robert de Saint-Marien d'Auxerre, d'après un manuscrit
du Musée Gondé, par L. Delisle -j'y»
La Marine au siège de Galais, par G. de la Roncièrc . . . 554
760 TABLE DES MATIERES.
Sylvestre Budes (13??-1380) et les Bretons en Italie, par Léon
Mirot 5^^
De la date initiale des annales de Flodoard, par C. Couderc . 615
Bibliographie "IGS, 327, 450, 677
Livres nouveaux 180, 346, 474, 699
Chronique et mélanges 205, 370, 500, 719
Liste des souscripteurs 1^'^
TABLE ALPHABÉTIQUE'.
Académie des inscriptions, 377,
506, 7-26.
Alcliimie (Traité d') en écriture
cryplographique, 253.
Alfonse de Poitiers (Correspon-
dance administrative d'), 327.
*André. (Édouardi, correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
Angleterre (Projet de transférer
au roi d'j le titre de roi très
chrétien, 239.
Annales deSaint-Louis-des-Eran-
çais, 239.
Annales de Flodoard : numérota-
tion grecque, 241 ; date ini-
tiale, 615.
Antiquaire poitevin (Carnet de
voyage d'un), 344.
*Arbois de Jubainville (Henri d').
Études grammaticales sur les
langues celtiques, 173. — No-
tice sur un texte concernant
l'histoire de la Gaule au v^ siè-
cle de notre ère, 445.
Archives (Réorganisation du ser-
vice des), 215.
Archives de la ville de Montpel-
lier : inventaires, 338.
Archives (anciennes) des bureaux
des domaines, 516.
Archivistes départementaux. —
Les services rendus par eux dans
leurs emplois ajoutés pour la
pension à ceux qu'ils rendent
dans les emplois rémunérés par
l'État, 218.
Arnaud de Bruxelles (l'imprimeur
napolitain), 741.
Arpentage (Un nouveau texte des
traités d' ) et de géométrie
d'Épapliroditus et de Vitruvius
Rufus, 699.
Art ancien à l'Exposition natio-
nale suisse, 467, 746.
Assise : voir François d'Assise
(d'). Pardon d'Assise.
Associations et grèves des ouvriers
papetiers, 745.
*Aubert (Félix). — Compte ren-
du : Histoire du droit et des
institutions de la France, 165.
Auditeurs au Conseil d'État (di-
plôme de l'École des chartes
demandé au concours pour les
places d'), 219.
Autua (Bréviaire d') imprimé à
Rouen en 1507, 524.
*Auvray (Lucien), officier d'Aca-
démie, 376. — Comptes ren-
dus : Inventario dei manoscrilti
délia bibliotccadi Perugia, 176;
Étude critique sur la conces-
sion de l'indulgence de la Por-
tioncule, 694 ; un nouveau cha-
pitre de la vie de saint François
d'Assise, 694.
*Babelon (Ernest). — Discours
aux obsèques de Lecoy de la
Marche, 209. — Compte rendu :
les Plantes dans l'antiquité et
au moyen âge, 697.
Babu (Poésies de Jean), curé de
Soudan, 172.
*Barroux (Marius), officier d'Aca-
démie, 376.
•Barthélémy (Anatole de), mem-
bre de la commission de comp-
1. Les noms précédés d'un astérisque sont ceux des archivistes paléographes
ou anciens élèves pensionnaires de l'École des chartes.
762
TABLE ALPHABETIQUE.
tabilité de la Société de l'École
des chartes, 370.
*Baudon de Mony (Ch.), lauréat
du 2" prix Gobert à l'Acarlémie
des inscriptions, 377, 728. —
La mort et les funérailles de
Philippe le Bel, 5.
*Beissel (Stefan), Vaticanische Mi-
niaturen, 681.
Belge ^Monasticon), 464.
Belges (prieurés) de l'ordre de
Cluny, 4G-!.
Bellucci (Alessandro), Inventario
dei manoscritli délia biblioteca
di Perugia, 176.
* Bémont (Charles) , officier de l'Ins-
truction publique, 505.
*Berger (Élie), suppléantdu cours
de paléographie à l'École des
chartes, 374; professeur, 719. —
Léon Gautier, 723. — Comptes
rendus : Correspondance admi-
nistratived'Alfonse de Poitiers,
327; l'Islande avant le chris-
tianisme, 342.
Berlière (dom Ursmer), Monasti-
con belge, 464.
*Berthelé (Joseph), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375 ; officier de l'Ins-
truction publique, 376; chargé
de cours à l'Université de Mont-
pellier, 506 ; Archives de la
ville de Montpellier, inventai-
res et documents, 338; Carnet
de voyage d'un antiquaire poi-
tevin, 344.
*Berthou (Paul de), Cartulaire de
l'abbaye de Sainte -Croi.K de
Quiraperlé, 460, 509, 731.
Biblioteca di Perugia (Inventario
dei manoscritti délia), 176.
Bibliothèque de Strasbourg, his-
toire de sa formation, 473.
Bibliothèques publiques des villes
(Décret relatif aux), 510.
*Bloch (Camille), correspondantdu
Ministère de l'Instruction pu-
blique, 375 ; officier d'Acadé-
mie, 376.
*Bonin (Eudes-Charles), chevalier
de la Légion d'honneur, 725 ;
bénéficiaire de la fondation
Garnier, 736.
* Bourbon (Georges), correspon-
dant du Ministère de l'Instruc-
tion publique, 375.
* Bourde de la Rogerie (Henri),
archiviste du Finistère, 375.
* Bourgeois (Alfred i, correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
Bretagne : voir Société d'études
historiques. Trésor des chartes.
Bretagne (Confirmation par saint
Louis d'un traité conclu entre
le duc de) et André de Vitré,
518.
Brétigny ( Documents français
rerais au gouvernement anglais
à la suite du traité de), 155.
Breton (Glossaire moyen), 173.
Bretons (les) en Italie, 579.
Bréviaire d'Autun imprimé à
Rouen en 1507, 524.
Briquet, Associations et grèves
des ouvriers papetiers en Fran-
ce, 745.
*Bruchet (Max), correspondant du
Ministère de l'Instruction pu-
blique, 375.
*Bruel (Alexandre), membre de la
commission de comptabilité de
la Société de l'École des char-
tes, 370 ; chef de section aux
Archives nationales, 724. —
Comptes rendus : Cartulaire de
l'abbaye de Sainte -Croix de
Quimperlé, 460 ; les Prieurés
belges de l'ordre de Cluny, 462;
Annales de la ville de Romans,
691 ; la Bienheureuse Philippe
de Chantemilan, 693.
*Brutails (J.-Aug.), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
Budes (Sylvestre) et les Bretons
en Italie, 579.
Calais (la Marine au siège de),
554.
Calendrier romain tiré des Fastes
d'Ovide, 15.
Canoniques (les Collections) attri-
buées à Yves de Chartres, 26,
293, 410, 622.
Carnet de voyage d'un antiquaire
poitevin, 344.
Cartulaire de l'abbaye de Sainte-
Croix de Quimperlé, 460 ; gêné-
TABLE ALPHABETIQUE.
763
rai de l'ordre des Hospitaliers,
686.
Castets (Ferdinand), Archives de
la ville de Montpellier. Inven-
taire et documents, 338.
Cathédrales (les Grandes) du
monde catholique, 466.
Catholiques (Compte rendu du
3^" Congrès scientifique inter-
national des), 345.
Cave (Le sac de Rome, relation
inédite de Jean), 343.
Celtiques (Études grammaticales
sur les langue?), 173.
Chantemilan (Bienheureuse Phi-
lippe de), voir Philippe.
Charles VII (Épitaphc de), 240.
Chartes (Trésor des), voir Trésor.
Chartres (Yves de), voir Yves.
*Chassériaud (Henri), archiviste
paléographe, 206.
'Chatel (^Eugène), chevalier de la
Légion d'honneur, 725.
"Chavanon (Jules), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
Chevalier (Jules), Etudes histori-
ques sur l'église et la ville de
Die, 335.
Chevalier (Dr Ulysse), Annales
de la ville de Romans, 691.
Chronicon Henrici Knighton vel
CniUhon, 340.
Chronique universelle (Notice sur
un abrégé en français de la) de
Robert de Saint-Marien d'Au-
xerre, 525.
*Claudon (Ferdinand), correspon-
dant du Ministère de l'Instruc-
tion publique, 375.
*Clédat (Léon), chargé de cours à
l'Université de Lyon, 506.
•Clément (abbé Maurice), aumô-
nier de la maison d'éducation
de la Légion d'honneur à Saint-
Denis, 506.
Cloquet (L.), les Grandes cathé-
drales du monde catholique,
466.
Clunisiens (les Prieurés) de l'an-
cien diocèse de Liège, 462.
Cluny (les Prieurés belges de
l'ordre de), 462.
Cnitthon, voir Knighton.
Code théodosien (le) de Jacques
Godefroy, 378.
Codice (il) atlanlico di Leoiiardo da
Vinci, 178.
Collections canoniques attribuées
à Yves de Chartres, 26, 293,
410, 022.
Commcatibus(de exercituum)^ 329.
Concours de la Société des Anti-
quaires de Picardie, 377.
Congrès scientifique international
des catholiques (Compte rendu
du 3"), 345.
Conseil d'État (auditeurs au),
voir Auditeurs.
Correspondance administrative
d'AUbnse de Poitiers, 327.
* Couard (Emile), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
*Coudcrc (Camille). — De la date
initiale des Annales de Flo-
doard, 615. — Un nouveau ma-
nuscrit du Manuel d'histoire
de Philippe VI, 741. — Comptes
rendus : Vaticanische Minialu-
ren, 681; Relation du pèleri-
nage à Jérusalem de Nicolas de
Martoni, 688.
*Goulon (Auguste), ses travaux
à l'École de Rome, 220, 740;
archiviste aux Archives natio-
nales, 724.
*Couraye du Parc (Joseph). —
Comptes rendus : un Trouvère
picard des xu^ et xni« siècles ;
Raoul de Houdenc, 452; Mi-
chel Menot, 453 ; The system of
courtlxj love, 684.
*Courteault (Henri), secrétaire de
la Société de l'École des char-
tes, 370.
Coiirlly love (tlie System of the),
684.
Coutumiers de Normandie, 330.
Crawford (Notice sur un psautier
du xni'' siècle appartenant au
comte de), 381.
Croisade (la) au xiv« siècle, 169.
Cryptographique (Écriture), voir
Écriture.
Dante (The System of the courtly
love studied as an introduction
to the Vila Nuova of), 684.
76^
TABLE ALPHABETIQOE.
'Dau met (Georges), ses travaux à
l'Ecole de Rome, 221; archi-
viste aux Arcliives nationales,
374.
^Delaborde (H.-François), sous-
chef de section aux Archives
nationales, 37'i. — Les travaux
de Uupuy sur le Trésor des
chartes et les origines du sup-
plément, 126. — Mort de Léon
Gautier, 500.
'Delaville Le Roulx (Joseph), Car-
tulaire général de l'ordre des
Hospitaliers, 086.
'Delisle (Léopold), membre de la
commission de. publication de
la Société de l'École des char-
tes, 370; conservateur du mu-
sée Gondé, à Ghantiliy, 374;
membre de la commission su-
périeure des expositions rétros-
pectives des beaux-arts, 376;
membre de la commission
.administrative du vieux Paris,
724. — Notice sur un psautier
du xTU"^ siècle appartenant au
comte de Grawford, 38 L —
Notice sur un abrégé en fran-
çais de la chronique universelle
de Robert de Saint- Marien
d'Auxerre, 525. — Le code
Théodosien de Jacques Gode-
froy, 378. — Pièces soustraites
au Trésor des chartes de Bre-
tagne, 379, 522. — Confirma-
tion par saint Louis d'un traité
conclu entre le duc de Bretagne
et André de Vitré, 518. —
L'imprimeur napolitain Ar-
naud de Bruxelles, 741. — La
collection d'incunables de B.
Quaritch, 743. — Compte ren-
du : Cartulaire général de l'or-
dre des Hospitaliers, 686.
*Demaison (Louis), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
"Demante (Gabriel), Étude sur les
gens de condition mainmorta-
ble en France au xvni« siècle,
683.
* Desjardins (Gustave), membre
honoraire du Comité des tra-
vaux historiques, 219; chargé
de cours à l'École des chartes,
719.
*Desplanque (Emile), archiviste
bibliothécaire de Lille, 219;
correspondant du Ministère de
l'Instruction publique, 375.
Deutsche Geschichte unter dcn Ka-
rollngern, 168.
Die (Études historiques sur), 335.
Diplomatique (Cours de) à Lon-
dres, 518.
Domaines ( Archives anciennes
des bureaux des), 516.
*Dorez (Léon), officier d'Acadé-
mie, 376; le Sac de Rome
(1527), 343.
Droit civil, 165.
Droit (Histoire du) et des institu-
tions de la France, 165.
* Dubois-Guchan (Gaston), décédé,
505.
'Ducom (André), chargé de conti-
nuer les Archives parlemen-
taires, 220.
*Dumoulin (Joseph), archiviste
paléographe, 2()7.
'^Dunoyer (A.), archiviste aux Ar-
chives nationales, 374.
Dupuy (les Travaux de) sur le
Trésor des chartes, 126.
*Durand (Georges), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
*Duval (Louis), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
*Duvernoy, correspondant du Mi-
nistère"^de l'Instruction publi-
que, 375.
École des chartes, 720, 737; con-
seil de perfectionnement, 374;
directeur, 374 ; professeurs, 374,
7 19 ; nomination d'élèves, 719 ;
examens de fin d'année, 370;
soutenance des thèses, 205. —
Le diplôme de l'École demandé
au concours pour les places
d'auditeurs au Conseil d'État,
. 219.
École française de Rome, 220,
. 724, 738."
Écriture cryptographique ( Un
traité de ptiysique et d'alchimie
du xve siècle en), 253.
TABLE ALPHABETIQUE.
7(Î5
*Enlart (Camille), chargé du cours
d'archéologie à l'Ecole des char-
tes, 719. — Comptes rendus :
Senlis et ses environs, 458 ; les
Grandes cathédrales du monde
catholique, 466; Exposition na-
tionale suisse, 467.
Enseignes de Reims (Vieilles rues
et vieilles), 459.
Épaphroditus |Un nouveau texte
des traites d'arpentage et de
géométrie d') et de Vitruvius
Rufus, 699.
Épitaphe de Charles VII, 240.
Ernault (E.), Glossaire moyen-
hreton, 173.
*Etchegoyen (Henri d'), archiviste
paléographe, 207.
Exercituum (de) commeatihus, 329.
Exposition nationale suisse, 467,
746.
*-Fagniez (Gustave), membre de la
commission des archives di-
plomatiques, 219.
Fastes d'Ovide (Calendrier romain
tiré des), 15.
Féodalité, 165.
*Finot (Jules), membre du Comité
des travaux historiques, 375 ;
chevalier de la Légion d'hon-
neur, 376.
*Finot (Louis), officier d'Acadé-
mie, 505.
*Flamare (Henri de), correspon-
dant du Ministère de l'Instruc-
tion publique, 375.
Flandre (Philippe le Bel en), 162.
*Fleurv (Paul de), correspondant
du "Ministère de l'Instruction
publique, 375.
Flodoard (Numérotation grecque
des Annales de), 241. — Cf.
p. 615.
*Fournier (Marcel), chevaUer de
la Légion d'honneur, 505.
*Fournier (Paul). — Les Collec-
tions canoniques attribuées à
Yves de Chartres, 26, 293, 410,
622. — Comptes rendus : Cou-
tumiers de Normandie, 330;
Étude sur les gens de condi-
tion mainmortable en France
au xvni»^ siècle, 683 ; Un nou-
veau texte des traités d'arpen-
tage et de géométrie d'Epa-
4897
phroditusetdeVitruvius Rufus,
699.
France (Histoire du droit et des
institutions de la), 165.
François d'Assise (Un nouveau
chapitre de la vie de saint),
694.
Frankreich (Die polilischen De-
zielningen Kaiser Ludwigs des
Baiern zu), 454.
*Fréminville (Henri de), corres-
pondant du Ministère de l'Ins-
truction publique, 375.
*Funck-Brentano (Frantz), doc-
teur es lettres, 220; lauréat du
grand prix Gobert à l'Acadé-
mie des inscriptions, 377, 727;
les Origines de la guerre de
Cent ans : Philippe le Bel en
Flandre, 162; De exercituum
commeatibus XIJI et XIV szcu-
lis, 329.
Funérailles de Philippe le Bel, 5.
"Furgeot (Henri), sous-chef de
section aux Archives natio-
nales, 724.
Gasté (Armand), Michel Menot.
En quelle langue a-t-il prêché'^
453.
Gaule (Notice sur un texte con-
cernant l'histoire de la) au
v« siècle de notre ère, 445.
*Gauthier (Jules), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
*Gautier (Léon), décédé, 500, 723,
725, 740.
Gell'roy (Gustave), l'Islande avant
le christianisme, 342.
Géométrie (Un nouveau texte des
traités d'arpentage et de) d'Epa-
phroditus et de Vitruvius. Ru-
fus, 699.
* Gérard (Albert), sous-bibliothé-
caire de la ville de Paris, 375.
*Giry (Arthur), membre de la
commission de publication des
Mémoires et, documents de la
Société de l'École des chartes,
370; membre de la commission
des archives diplomatiques,219 .
Glasson (E.), Histoire du droit et
des institutions de la France,
165.
49
766
TABLE ALPHABÉTIQUE.
Glossaire moyen-breton, 173.
Godefroy (le Gode théodosien de
Jacques), 378.
*Goubaux (Robert), archiviste aux
Archives nationales, 724.
* Grand (E.-Daniel), maître es
arts à l'Université Harvard,
506.
*Grandmaison (Louis de), corres-
pondant du Ministère de l'Ins-
truction publique, 375 ; officier
d'Académie, 376.
Grecque (numérotation) des An-
nales de Flodoard, 241.
Grèves des ouvriers papetiers,
745.
*Guérin (Paul), secrétaire adjoint
de la commission supérieure
des Archives, 219. — Compte
rendu : Poésies de Jean Babu,
^72.
Guerre de Cent ans (les Origines
de la), 162.
*Guiffrey (Jules), membre de la
comrnission des expositions
rétrospectives des beaux-arts,
375; membre de la commis-
sion administrative du vieux
Paris, 724; officier de la Lé-
gion d'honneur, 380.
* Grégoire (Georges), officier de
l'Instruction publique, 376.
* Guillaume (Joseph), professeur
d'histoire aux Facultés catho-
liques de Lille, 724.
Halkin (Joseph), les Prieurés
belges de l'ordre de Cluny, 462.
*Hanotaux (Gabriel), membre de
l'Académie française, 220.
Haraucourt (Études historiques
sur), 334.
Hautcœur (E.), Histoire de
l'église collégiale et du cha-
pitre de Saint-Pierre de Lille,
455.
*Herbomez (Armand d'). — Comp-
tes rendus ; les Origines de la
guerre de Cent ans, Philippe
le Bel en Flandre, 162; Monas-
ticon belge, 464.
* Héron de Villefosse (Antoine),
officier de l'Instruction pu-
blique, 506. — Discours à
l'Académie des inscriptions
sur la mort do Léon Gautier,
501. — Discours à la séance
publique annuelle de l'Acadé-
mie des inscriptions, 726.
'Himly (Auguste), grand officier
de la Légion d'honneur, 725.
Hospitaliers (Cartulaire général
de l'ordre des), 686.
Houdenc (Raoul de), voir Raoul.
"Hubert (Eugène), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
* Hugues (Adolphe), correspon-
dant du Ministère de l'Instruc-
tion publique, 375.
Imprimeur (F) napolitain Ar-
naud de Bruxelles, 741.
Incunables (la collection d') de
B. Quaritch, 743.
Indulgence de la Portioncule,
voir Portioncule.
Institutions (Histoire des) de la
France, 165.
Inventaire (un) de bord en 1294,
394.
Islande (1') avant le christianisme,
342.
Italie (Sylvestre Budes et les
Bretons en), 579.
* Jacob (Omer), stagiaire à la
Bibliothèque nationale, 724.
*Jacqueton (Gilbert), officier d'A-
cadémie, 376.
Jadart (Henri), Vieilles rues et
vieilles enseignes de Reims,
459.
*Jarry (Eugène). — Compte ren-
du : Philippe de Mézières
(1327-1405) et la croisade au
xiv^ siècle, 169.
Jérusalem (Relation du pèleri-
nage à) de Nicolas de Martoni,
688.
*Join-Lambert (Octave), ses tra-
vaux à l'École de Rome, 739.
Joret (Charles), les Plantes dans
l'antiquité et au moyen âge,
697.
Jorga (N.), Philippe de Mézières
(1327-1405) et la croisade au
xiv*= siècle, 169.
KaroUngern (Deutsche Geschichte
unter den), 168.
Knighion (Ghronicon Henrici), vel
TABLE ALPHABETIQUE.
m
Cnitthon, monachi Leycestrensis,
340.
^Kohler (Ch.), lauréat du prix
Gobert à l'Académio iVaiicaise,
7-2G.
'Labande (Léon-Honoré), corres-
pondant du Ministère de l'Ins-
truction publique, 375.
'Labrouche (Paul), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
^Lalanne (Ludovic), membre hono-
raire au comité des travaux
historiques, -219.
'Langlois (Charlcs-V.), membre
du comité des travaux histo-
riques, 219; membre do la
commission supérieure des ar-
chives, 219; ot'iicier de l'Ins-
truction publique, 505.
'Langlois (Ernest), chargé de
cours à l'Université de Lille,
219, 506. — Compte rendu :
Notice du ms. Bibl. nat. fr.
6447, 450.
Langues celtiques (Études gram-
maticales sur les), 173.
*La Roncière (Ch. de), secrétaire
adjoint de la Société de l'École
des chartes, 370. — Un inven-
taire de bord en 1294 et les
origines de la navigation hau-
turière, 394. — La Marine au
siège de Calais, 554. — Compte
rendu : De exercititum commea-
abus, 329.
'Lasteyrie (comte Robert de),
membre de la commission de
publication de la Société de
l'École dos chartes, 370.
'Lauer (Philippe), archiviste pa-
léographe, 206. — La numéro-
tation grecque des Annales de
Flodqard, 241. — Compte ren-
du : Études grammaticales sur
les langues celtiques, 173.
'Laurain (Ernest), mention au
concours des antiquités de la
France, 377, 509, 731.
'Laurent (Paul), correspondant du
Ministère de l'Instruction pu-
blique, 375.
'Lecacheux (Paul), membre de
l'École française de Rome, 724 ;
ses travaux à ladite École, 740.
— Compte rendu : Histoire
religieuse, civile et militaire
de Saint-.Tames-de-Reuvron,
690.
'Lecoy de la Marche (Albert), dé-
cédé, 207.
Ledos (Eugène-Gabriel), membre
suppléant de la commission de
publication de la Société de
['École des chartes, 370. —
Comptes rendus : .Vrchivos de
la ville de Montpellier, inven-
taires et documents, 338; le
Sac de Rome (1527), 343; Car-
net de voyage d'un antiquaire
poitevin, 344.
'Lel'èvre-Pontalis (Eugène), archi-
viste trésorier de la Société de
l'École des chartes, 370.
'Lefranc (Abel). — Marguerite de
Navarre et le platonisme de la
Renaissance, 259.
Le Grand (Léon), Relation du
pèlerinage à Jérusalem de Ni-
colas de Martoni, 688. — Comp-
te rendu : Vieilles rues et
vieilles enseignes de Reims,
459.
'Lelong (Eugène), vice^président
de la Société de rp]cole des
chartes, 370; professeur libre
à la Faculté de droit de Paris,
724.
*^Lemoioc (Jean), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375; médaille au
concours des Antiquités de
la France, 377, 508, 730.
'Lemonnier (Henry), chargé de
cours à l'Université de Paris,
506.
'Lempereur (Louis), correspon-
dant du Ministère de l'Instruc-
tion publique, 375.
Leonardo da Vinci (Il codice atlari'
tico di), 178.
Leroux (Alfred), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
'Lespinasse (René de), officier de
l'instruction publique, 376.
*Lex (Léonce), correspondant du
Ministère de l'Instruction pu-
blique, 375.
768
TABLE ALPHABETIQUE.
Liège (les prieurés clunisiens de
l'ancien diocèse de), 462.
Lille (Histoire de l'église collé-
giale et du chapitre de Saint-
Pierre de), 455.
Livres nouveaux, 180, 346, 474,
699.
Londres (Cours de paléographie
et de diplomatique à), 518.
Longnon (Auguste), membre du
conseil de perfectionnement de
l'École des chartes, 374.
*Lot (Ferdinand), membre de la
commission de publication des
Mémoires et documents de la
Société de l'École des chartes,
370. — Compte rendu : Deut-
sche Geschichte unter den Karo-
lingern, 168.
Louis (Confirmation par saint)
d'un traité conclu entre le duc
de Bretagne et André de Vitré,
518.
Love (the sijstem of the courtly),
684.
Ludwigs des Baiern (Die politi'
schen Beziehungen Kaiser) zu
Frankreich, 454.
Lumby (Joseph Rawson), Chro-
nicon Uenrici Knighton, 340.
Mainmortable (Étude sur les gens
de condition ) en France au
xvni<= siècle, 683.
*Maisonobe (Abel), archiviste de
Tarn-et-Garonne, 374.
* Maître (Léon), Cartulaire de l'ab-
baye de Sainte-Croix de Qaim-
perlé, 460, 509, 731.
Manoscritti délia biblioteca di Pe-
rugia (Inventario dei), 176.
*Manteyer (Georges de), archi-
viste paléographe, 207; membre
de l'Ecole française de Rome,
724 ; ses travaux à ladite Ecole,
739.
Manuel d'histoire de Philippe VI,
741.
Manuscrit Bibl. nat. fr. 6447,
notice, 450, 746.
Marguerite de Navarre et le pla-
ton isme de la Renaissance, 259.
*Marichal (Paul), officier d'Aca-
démie, 377.
Marine (la) au siège de Calais, 554.
* Martin (Germain), archiviste pa-
léographe, 207.
Martoni (Relation du pèlerinage
à Jérusalem de Nicolas de),
688.
*Mas Latrie (comte L. de), décédé,
725, 740. — Documents con-
cernant divers pays de l'Orient
latin, 78.
*Mas Latrie (René de), chevalier
de la Légion d'honneur, 725.
*Mathorez (Jules), archiviste pa-
léographe, 207.
Ménard (V.), Histoire religieuse,
civile et militaire de Saint-
James-de-Beuvron, 690.
Menot (Michel). En quelle langue
a-t-il prêché? 453.
*Merlet (René), correspondant du
Ministère de l'Instruction pu-
blique, 375; médaille au con-
cours des Antiquités de la
France, 377, 507, 729.
*Meyer (Paul), directeur de l'École
des chartes, 374. — Notice du
ms. Bibl. nat. fr. 6447, 450,
746.
Mézières (Philippe de) et la croi-
sade au xiv« siècle, 169.
Miniaturen (Vaticanische), 681.
*Mirot (Léon), archiviste aux Ar-
chives nationales, 724; ses
travaux à l'École de Rome,
222. — Sylvestre Rudes et les
Bretons en Italie, 579.
*Molard (Francis), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375; décédé, 721.
*Molinier (Auguste), membre de
la commission de publication
des Mémoires et documents de
la Société de l'École des char-
tes, 370; Correspondance ad-
ministrative d'Alfonse de Poi-
tiers, 327.
*Molinier (Emile), membre de la
comrpission supérieure des
expositions rétrospectives des
beaux-arts, 376; chef du ser-
vice des expositions rétrospec-
tives, 370 ; chevalier de la Lé-
gion d'honneur, 380.
Monasticon belge, 464.
* Monclar (marquis de Ripert-) , oui-
TABLE ALPnABETlQlIE.
769
cier de la Légion d'honneur,
725.
Montpellier (Archives de la ville
de), anciens inventaires, 338.
*Moranvillé (Henri). — Compte
rendu : Chronicon Hcnrici
Knighlon, 340.
*Morei (Octave), archiviste paléo-
graphe , 206 ; archiviste de l'Ain,
724.
*Morel-Fatio (Alfred), merahre
de la commission de compta-
bilité de la Société de l'École
des chartes, 370.
*Moris (Henri), correspondant du
Ministère de l'Instruction pu-
blique, 375.
* Mortel (Charles), chargé.du cours
de bibliographie à l'Ecole des
chartes, 374, 719.
* Mortel (Victor), Un nouveau
texte des traités d'arpentage et
de géométrie d'Épaphroditus
et de Vitruvius Rufus, 699. —
Compte rendu : // Codice atlan-
tico di Leonardo da Vinci, 178.
Moll (Lewis Freeman), The Sy-
stem of courlly love, 684.
Miihlbacher (Engelbert), Deutsche
Geschichte unter den Karolin-
gern, 168.
MùUer (Eug.), Senlis et ses envi-
rons, 458.
* Musset (Georges), 'correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
Navigation hauturière (origines
de la), 394.
*Nerlinger (Charles). — Compte
rendu : Histoire de la formation
de la bibliothèque municipale
créée à Strasbourg, 473.
Nicolas de Martoni, voir Mar-
loni.
Normandie (coutumiers de), 330.
Numérotation grecque des An-
nales de Flodoard, 241.
*Omont (Henri), membre de la
commission de publication de
la Société de l'Ecole des char-
tes, 370. — Un nouveau ca-
lendrier romain tiré des Fas-
tes d'Ovide, 15. — Un traité
de physique et d'alchimie du
xv siècle en écriture crypto-
graphique, 253.
Ordonnance (Une) dePhilinpe VI
de Valois mal datée, 520.
Orient latin (documents concer-
nant divers pays de l'), 78.
Ovide (Calendrier tiré des Fastes
à'), 15.
*Pagel (René), archiviste paléo-
graphe, 207.
Paléographie : cours à Londres,
518 ; éléments, 677.
* Palustre (Bernard), archiviste pa-
léographe, 207; attaché à la
bibliothèque Mazarine, 219 ; ar-
chiviste des Pvrénées-Orien-
tales, 374.
Papetiers (Associations et grèves
des ouvriers), 745.
Pardon d'Assise, voir Portion-
cule.
*Parfouru (Paul), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
*Paris (Gaston),, président de la
Société de l'École des chartes,
370. — Discours de réception
à l'Académie française, 223.
•Pasquier (Félix), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
*Passy (Louis), membre de l'Aca-
démie des sciences morales et
pohtiques, 220.
Pèlerinage à Jérusalem (Relation
du) de Nicolas de Martoni, 688.
*Pélicier (Paul), correspondant du
Ministère de l'Instruction pu-
blique, 375.
Pension de retraite (Calcul des
services rendus par les archi-
vistes départementaux pour la),
218.
* Perin (J.), membre de la commis-
sion administrative du vieux
Paris, 724.
* Perret (P. -M.), médaille au con-
cours des Antiquités de la
France, 377, 506, 729.
Peruç/ia (Invcnlarin dei manos-
critli délia biblioleca di), 176.
*Petit-Dutaillis (Charles), chargé
de coursa l'Université de Lille,
506.
770
TABLE ALPHABETIQUE.
Philippe le Bel en Flandre, 162.
— Mort et funérailles, 5.
Philippe VI de Valois (Une or-
donnance de) mal datée, 520;
manuel d'histoire, 741.
Philippe de Chantemilan (Une
sainte forézienne : la bienheu-
reuse), 693.
Philippe de Mézières (1327-1405)
et la croisade au xiv« siècle,
169.
Physique (traité de) en écriture
cryptographique, 253.
Picard (Un trouvère) des xu^ et
xiii"^ siècles, 452.
Picardie. Voir Société des anti-
quaires de Picardie.
*Pinet de Manteyer (Georges),
voir Manteyer, 207.
Plantes (les) dans l'antiquité et
au moyen âge, 697.
Platonisme de la Renaissance
(Marguerite de Navarre et le),
259.
Poésies de Jean Babu, curé de
Soudan, 172.
Poitevin (Carnet de voyage d'un
antiquaire), 344.
*Porée (Charles), archiviste paléo-
graphe, 206; archiviste de la
Lozère, 375.
* Portai (Charles), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
Portioncule (Étude critique sur
la concession de l'indulgence
de la), 694.
Prost (Fondation d'Auguste), 745.
*Prost (Bernard), membre de la
commission supérieure des ar-
chives, 219; membre de la
commission supérieure des ex-
positions rétrospectives des
beaux-arts, 376.
*Prou (Maurice), membre du co-
mité des travaux historiques,
219 ; membre de la commis-
sion de publication des Mé-
moires et documents de la So-
ciété de l'Ecole des chartes,
370. — Compte rendu : Élé-
ments de paléographie, 677.
*Prudhomme (A.), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375. — Compte ren-
du : Notice historique sur
l'église et la ville de Die, 335.
Psautier du xm^ siècle (Notice
sur un) appartenant au comte
de Grawford, 381.
*Puybaudet (Guy Poute de), mem-
bre de l'École française de
Rome, 724 ; ses travaux à la-
dite Ecole, 740.
Quaritch (la collection d'incu-
nables de B.), 743.
Quimperlé (Gartulaire de l'ab-
baye de Sainte-Croix de), 460.
Raoul de Houdenc, sa vie et ses
œuvres, 452.
Raucourt ( Études historiques
sur), 334.
Reims (Vieilles rues et vieilles
enseignes de), 459.
Renaissance (le platonisme de
la), 259.
Reure (abbé), Une sainte foré-
zienne, la bienheureuse Phi-
lippe de Chantemilan, 693.
Reusens (chanoine), Éléments de
paléographie, 677.
* Richard (Alfred), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375; Poésies de Jean
Babu, curé de Soudan, 172.
* Richard ( J.-M.) .— Compte rendu :
Histoire de l'église collégiale
et du chapitre de Saint-Pierre
de Lille, 455.
'Rigault (Abel), mention au con-
cours des Antiquités de la
France, 377, 509, 730.
"Ripert-Monclar (marquis de),
voir Monclar.
Ristelhuber (Paul), Histoire de
la formation de la bibliothèque
municipale créée en 1872 à
Strasbourg, 473.
Robert de Saint-Marien d'Au-
xerre (Notice sur un abrégé en
français de la chronique de),
525.-
Romans (Annales de la ville de),
691.
Rome (le sac de), relation inédite
de Jean Cave, 343.
^Rouchon (Gilbert), correspon-
dant du Ministère de l'Instruc-
tion publique, 375; chargé de
TABLE ALPHABETIQUE.
771
cours à l'Université de Cler-
mont, 506.
Rouen (Bréviaire d'Autun im-
primé à) en 1501, 524.
Sabatior (Paul), Étude critique
sur la concession do l'indul-
gence de la Portionculc, 094 ;
Un nouveau chapitre de la vie
de saint François d'Assise,
694.
Saint -James- de -Beuvron (His-
toire religieuse, civile et mili-
taire de), 690.
Saint-Louis-des-Francais (Anna-
les de), 239.
Saint- Pierre de Lille, voir Lille.
*Schmidt (Charles), archiviste pa-
léographe, 207 ; archiviste de
l'Yonne, 724.
Sécheret-Cellipr, Histoire de mon
village, études historiques sur
Raucourt et Haraucourt, 334.
Senlis et ses environs, 458.
*Servois (Gustave), vice-président
de la commission des travaux
historiques de la ville de Paris,
219; membre de la commis-
sion supérieure des expositions
rétrospectives des beaux-arts,
376. — Discours aux obsèques
de Lecoy de la Marche, 208.
Sievers (Georg), Die polUischen
Bezichungen Kaiser Ludwigs des
Daiern zu Frankreich in den
Jahren 13R-1337, 454.
Société d'études historiques et
géographiques de Bretagne, 377.
Sociétéde l'École des chartes, 370.
Société des antiquaires de Picar-
die, 377.
*Souchon (Joseph), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
*Spont (Alfred), officier d'Acadé-
mie, 377.
Strasbourg (Histoire de la forma-
tion de la bibliothèque muni-
cipale créée à), 473.
Summa de legibus Normannie in
cura laicali, 330.
Tannery ( Paul ) , Un nouveau
texte "des traités d'arpentage et
de géométrie d'Epaphroditus et
de Vitruvius Rufus, 699.
* Tardif (Joseph), Goutumiers de
Normandie, 330.
Thodonat (abbe IL). — Discours
aux obsèques de Lecov de la
Marche, 212.
Thèses de l'École des chartes,
205, 374.
*Tholin (Georges), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
TrailédeBréligny, voir Bréti^ny.
* Travers (Emile), correspondant
du .Ministère de l'Instruction
publique, 375.
Très chrétien (Projet de transfé-
rer au roi d'Angleterre le titre
de roi), 239.
Trésor des chartes (les Travaux
de Dupuy sur le) et les origines
du supplément, 126.
Trésor des chartes de Bretagne
(Pièces soustraites au), 378,
522.
•Trouillard (Guy), correspondant
du Ministère de l'Instruction
publique, 375.
Trouvère (un) picard des xii" et
xiw siècles, 452.
*Tuetey (Alexandre), membre du
Comité des inscriptions pari-
siennes, 220 ; chevalier de la
Légion d'honneur, 725.
*Valois (Noël), membre suppléant
de la commission de publica-
tion de la Société de l'École
des chartes, 370; membre de
la commission de publication
des Mémoires et, Documents de
la Société de l'École des char-
tes, 370.
Vaticanische Miniaturen, 681.
*Vernier (Jules), correspondant du
Ministère de l'Instruction pu-
blique, 375.
*Viard (Jules). — Documents
français remis au gouverne-
ment anglais à la suite du
traité de Brétigny, 155. — Une
ordonnance de Piiilippe VI de
Valois mal datée, 520. —
Comptes rendus : Études his-
toriques sur Raucourt et Ha-
raucourt, 334 ; Die polUischen
lieziehungen Kaiser Ludwig des
liaiern zu Frankreich, 454.
772
TABLE ALPHABETIQUE.
'Villepelet (Robert), rédacteur au
Ministère de l'Instruction pu-
blique, Î19; archiviste aux Ar-
chives nationales, 374.
Vinci (Leonardo da), voir Leo-
nardo.
*YioUet (Paul), membre de la
commission des travaux his-
toriques de la ville de Paris,
219; membre de la commission
administrative du vieux Paris,
72/i.— Compte rendu : Compte
rendu du 3« congrès scientifi-
que international des catholi-
ques, 345.
Vitré ( Confirmation par saint
Louis d'un traité conclu entre
le duc de Bretagne et André
de), 518.
Vitruvius Rufus (Un nouveau
texte des traités d'arpentage et
de géométrie d'Épaphroditus et
de Vitruvius Rufus, 699.
Vuilhorgne (L.), Un trouvère pi-
card des xii" et xiii^ siècles,
Raoul de Houdenc, 452.
* Walckenaer (André), sous-biblio-
thécaire à la bibliothèque Ma-
zarine, 219.
*Welvert (Eugène), secrétaire ad-
joint aux Arch. nationales, 374.
Yves de Chartres (les Collections
canoniques attribuées à), 26,
293, 410, 622.
Nogent-le-Rotrou, imprimerie Daupelet-Gouvkrneur.
D
111
B5
t.
Bibliothèque de 1» Ecole
dos chartes
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET
UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY
1'|)R0WN SRQS!
i..r. <;tE ToRoriTO. ;
*'';ir
' •/.•V.s^*• <^•V/.^^ <//iV«*»'«.'
4-:>,S*
vj:%
^"^^A
fit