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Full text of "Bibliothèque de l'École des chartes"

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f 


7 


PROPERTY    OP  THE 


ïinmitvof 


i 


ARTES      SCIENTIA      VERITAS 


V- 


BIBLIOTHEQUE 


DE    L'ÉCOLE 


DES    CHARTES 


XLII 


f 


IMPRIMERIE  DAUPELEY-GOUVERNEUR,   A  NOGENT-LE-ROTROU. 


BIBLIOTHÈQUE 


DK  L'ÉCOLE 


DES  CHARTES 

REVUE   D'ÉRUDITION 


CONSACRÉE  SPÉCIALEMENT  A  L'ÉTUDE  DU  UOTEN  AGE 


XLII. 


ANNÉE  1881. 


PARIS 

LIBRAIRIE    d'Alphonse    PICARD 

BUB    BONAPARTE,    82. 

4884 


ROLE 


DE  LA 


CONFRÉRIE  DE  SAINT-MARTIN 


DE    CANIGOU. 


Les  documents  du  xii°  siècle  relatifs  aux  confréries  religieuses 
sont  d'une  insigne  rareté.  Aussi ,  la  Bibliothèque  de  V École  des 
chartes  s^applaudic-elle  de  pouvoir  faire  profiter  ses  lecteurs  d'une 
communication  de  nçtre  confrère  M.  Louis  Blancard,  qui  lui  a  offert 
la  chromolithographie  ci-jointe,  avec  le  texte  ci-dessous  reproduit. 

U  s'agit  d'un  rouleau  de  parchemin,  dont  il  ne  subsiste  plus  que 
la  première  bande,  longue  de  485  millimètres  et  large  de  202.  Ce 
rouleau  était  destiné  à  contenir  la  charte  de  fondation  et  la  liste  des 
membres  d^une  confrérie  établie  le  2  avril  4^195,  en  l'honneur  de 
saint  Martin,  dans  le  monastère  de  Ganigou,  au  diocèse  d*Elne^  En 
tête  du  rouleau  se  voit  une  grande  peinture  dont  le  compartiment 
supérieur  est  consacré  à  la  représentation  de  Notre-Seigneur,  entouré 
des  symboles  des  quatre  évangélistes  ;  la  sainte  Vierge  et  saint  Mar- 
tin lui  montrent  les  membres  de  la  confrérie,  qui  remplissent  le 
compartiment  inférieur  et  qui  assistent  à  la  célébration  d'une  messe, 
dans  une  chapelle  de  l'abbaye  de  Ganigou. 

Au-dessous  de  la  peinture  est  transcrite  la  charte  par  laquelle 
Pierre,  abbé  de  Ganigou,  fonde  une  confrérie,  qui  a  pour  but  Pen- 
tretieh  d'une  lampe  devant  l'autel,  la  célébration  de  services  religieux 
et  Pinhumation  des  confrères  dans  le  cimetière  de  Fabbaye. 

1.  Le  culte  dont  saint  Martin  était  Tobjet  dans  l'abbaye  de  Ganigou  n'a  pas 
échappé  aux  recherches  de  notre  confrère  M.  Lecoy  de  la  Marche.  Voyez  le  bel 
ouvrage  qu'il  a  publié  sous  le  titre  de  Saint  Martin^  p.  549. 


6 

Après  la  charte  vient  la  liste  des  fidèles  qui  s'étaient  fait  affilier 
à  la  confrérie  et  dont  plusieurs  avaient  eux-mêmes  écrit  leur  nom  sur 
le  rouleau.  Ce  qui  subsiste  de  la  liste  peut  dater  des  premières  années 
du  xiu''  siècle;  c'est  à  la  même  date  qu'il  convient  de  rapporter 
l'exécution  de  la  peinture  et  la  transcription  de  la  charte. 

L'original  de  ce  curieux  document  appartient  à  M.  Blancard,  à  qui 
il  a  été  donné  en  4865  par  M.  Mouttet. 

Creator  universorum  Dominus  ac  pius  redemtor  humani  gène- 
ris,  de  sua  largus  benivolencia,  inter  cetera  pecatorum  remédia, 
que  nobis  misericorditer  contulit,  hune  eciam  portum  salutis  ad 
quem  in  necessitatibus  tenderemus  ostendit,  videlicet  ut  quod  per 
nos  medipsos,  obsistentibus  pecatis  nostris,  apud  eum  obtinere 
non  possumus,  saltim  meritis  intercessione  sanctorum  assequi 
valeamus.  Qua  propter,  ego  Petrus,  Dei  gracia  Canigone  abbas, 
et  omnis  conventus  ipsius  loci,  conflsi  de  misericordia  Dei  ac 
patrocinio  beatissimi  confessons  Christi  Martini,  et  ut  isdem  pius 
confessor  indulgenciam  pecatorum  nostrorum  obtineat,  hanc 
comunitatis  confratriam  in  capella  nostri  monasterii  que  sita  est 
in  honore  prenominati  presulis  Martini  instituimus,  ut,  de  comuni 
oblacione  nostrorum  sive  illorum  laicorum  qui  in  hac  societate  pro 
remedio  animarum  suarum  se  sociari  decreverint,  una  semper  olei 
lampas  in  diebus  ac  noctibus  ante  sanctum  altare  ipsius  eclesie 
ardeat,  ad  quam  illuminandam  in  die  sollemnitatis  beati»  Martini 
duos  denarios  unusquisque  offerat.  Sacerdos  vero  qui  hanc  tenuerit 
ecclesiam,  uno  die  in  omni  ebdomada,  pro  defimtis  fratribus 
istius  confratrie  et  pro  sainte  vivorum  missam  in  eodem  altare 
celebret,  et,  quando  cumque  ex  jfratribus  aliquis  obierit,  unusquis- 
que ceterorum  fratrum  infra  xxx^a  dies  misam  pro  eo  decantari 
faciat.  Qui  autem  ex  fratribus  ad  suum  obitum  illuc  se  perduci  et 
sepelirî  mandaverint,  ceteri  omnes,  ad  ejus  exequias  conve- 
nientes,  prout  potuerint  cum  omni  honoriflcentia  in  cimiterio 
monasterii  sepeliant.  Qiquid  vero  de  jam  dicta  comunitate  dena- 
riorum,  illuminata,  ut  dictum  est,  lampada,  superfuerit,  ad  arbi- 
trium  sacerdotis  et  fratrum  ipsius  ecdesie  utiliter  in  bono  expen- 
datur.  Facta  est  hec  confratria  die  Sancti  Pasche,  anno  Dominice 
incarnacionis  m**  c**  xc**  v°.  Ad  quam  co[n]servandam  ego  jam 
dictus  abbas  [Sancti  Martini  et  postea    Goxiani]^    me    ipsum 

1.  Les  mots  que  nous  imprimons  entre  crochets  sont  une  addition  marginale. 


conscribo  :  Petrus  abbas^.  Deinde,  ad  peticionem  ipsorum 
fratrum,  conscripta  sunt  hec  eorum  nomina  :  Amallus,  prior; 
BerengarivLS  de  Ederr^,  capellanits  ipsius  ecclesie;  Guil- 
lelmus  de  Vernet  ;  Amallus  de  Turre  ;  Petrus  de  Aspira  ; 
Petrus  de  Trila  ;  Johannes  Nouel  ;  Benedictus  Yla  ;  Amallus 
Caminer^;  Raimundus  de  Aqua  Tepida;  Guillelmus  de  Casa 
Fabre  ;  Geraldus  de  Ederr  ;  Amallus  de  Fuliols  ;  Arnallus  de 
Rivo;  Amallus  Bonet;  Petrus  Benedicti^;  Berengarius 
Obag  ;  Bernardus  de  Astoer  et  Petrus,  frater  ejus  ;  Arnallus 
de  lia;  Amallus  de  Sancta  Pasce,  Coadani  cam^rarius;  Be- 
rengarius de  Turre,  monachus  istius  loci  et  Sancti  Mikaelis  ; 
Amalliùs  de  Vemeto,  monacits  Sancti  Mikaelis;  Arnallus 
de  Palma  atque  Arnallus  de  Sancta  Pasca,  Sancti  Mikaelis  mona- 
chi,  et  Bernardus  de  Lac;  Arnallus  Segui  ;  Jordanus  de  Gar- 
ros^ ;  Bernardus  de  Sancto  Laurencio;  Bernardus  de  Fuliols  ; 
Petrus  Ederr;  Guillelmus  de  Musnestrol;  Guillelmus  de  Barida, 

monachus  puer;  Guillelmus  de  Ch ;  Guillelmus  Gard 

abbas.  A.  Todir®. 


On  savait  déjà  que  Pierre,  abbé  de  Ganigou,  dans  les  dernières  années  de  sa 
vie,  fut  chargé  de  l'administration  du  monastère  de  Saint-Michel  de  Cuxa  ;  voy. 
GaUia  christiana,  YI,  1101  et  1111.  —  U  est  probable  que  la  charte  originale 
portait  une  souscription  autographe  de  l'abbé  Pierre,  à  côté  de  laquelle  un  scribe 
avait  ajouté  les  mots  :  Sancti  Martini  et  postea  Coxiani, 

1.  Sur  le  rôle  on  a  cancellé  d'un  trait  de  plume  les  noms  que  nous  imprimons 
en  italiques. 

2.  Dans  ce  mot,  les  deux  rr  sont  surmontées  de  deux  accents;  il  en  est  de 
même  dans  les  mots  Turre  et  Garros. 

3.  Camin,  avec  un  signe  d'abréviation. 

4.  Ce  qui  suit  a  été  inscrit  après  coup  sur  le  rôle  original  et  plusieurs  des 
noms  ajoutés  ont  tout  à  fait  l'apparence  de  souscriptions  autographes. 

5.  La  fin  de  ce  mot  a  été  surchargée.  l\  faut  peut-être  lire  Garrios. 

6.  La  mutilation  du  rouleau  a  fait  disparaître  la  fin  de  cette  liste. 


UNE 


LETTRE  INÉDITE   D'ALCUIN* 


En  parcourant  à  la  Bibliothèque  nationale  la  collection  Baluze 
pour  y  relever  les  bulles  papales  qu'on  y  trouve  en  si  grand  nombre, 
je  rencontrai  à  la  fin  du  volume  LXIX  une  lettre  d'Âlcuin,  dont 
Tapparence  extérieure  suffisait  pour  frapper  mon  attention.  Cette 
lettre  occupe,  en  effet,  deux  petits  lambeaux  de  parchemin,  dans 
chacun  desquels  un  relieur  a  jadis  pratiqué  quatre  entailles  pour 
consolider  et  attacher  ensemble  le  dos  et  les  deux  plats  d^un  volume 
d'assez  petit  format  (environ  20  centimètres  de  hauteur).  Le  manus- 
crit d'où  proviennent  ces  deux  fragments  datait  du  x^,  ou  même  du 
]x<»  siècle.  Il  était  à  longues  lignes  et  mesurait  environ  49  centimètres 
de  large.  Sur  le  recto,  comme  sur  le  verso,  il  subsiste  24  lignes, 
plus  ou  moins  mutilées.  En  effet,  le  rapprochement  des  deux  frag- 
ments laisse  sur  toute  la  longueur  une  lacune  équivalant  à  deux, 
trois  ou  quatre  lettres;  de  plus,  les  entailles  latérales  ont  enlevé  la 
meilleure  partie  de  quatre  lignes  sur  chacune  des  faces  du  parchemin. 

Le  feuillet  originad  est  accompagné  d^une  transcription  faite  par 
Baluze. 

La  lettre  qu'on  va  lire  ci-dessous  ne  figure  pas  dans  les  Monu- 
menta  Alcuinianay  préparés  par  M.  Jafle  et  publiés  par  MM.  Wat- 
tenbach  et  Diîmmler  ;  mais  il  y  en  a  d'autres  qui  se  rattachent  à  la 
même  affaire  et  qui  nous  donnent  le  moyen  de  la  compléter  et  la 
dater  exactement. 

1.  Ce  curieux  document,  avec  l'ayant-propos  qu'on  va  lire,  a  été  adressé  à  la 
Bibliothèque  de  V École  des  chartes  par  M.  le  docteur  S.  Loewenfeld,  qui  a 
consacré  plusieurs  mois  à  i^examen  de  différentes  collections  de  la  Bibliothèque 
nationale  et  qui  va  enrichir  d'un  grand  nombre  d'additions  la  nouvelle  édition 
des  Begesta  pontificum  Ramanorum  de  Jaffé. 


Le  premier  coup  d'œil  nous  enseigne  que  la  lettre  en  question 
appartient  aux  dernières  années  du  yiii^^  siècle,  époque  à  laquelle 
rÉglise  chrétienne  était  fort  agitée  par  les  doctrines  hérétiques 
d'Élipand  de  Tolède  et  de  Félix  d'Urgel  * .  Dans  la  première  partie  du 
texte,  Alcuin  parle  en  termes  généraux  de  l'adoptianisme,  comme  on 
a  appelé  le  système  des  deux  évoques;  il  envoie  à  son  nouvel  ami 
un  livre  dont  le  fond  est  emprunté  aux  Écritures  saintes,  comme 
«  une  espèce  de  consolation  »  pour  les  vrais  catholiques.  Dans  la 
deuxième  partie,  il  fait  mention  d'une  publication  récente  qu'il  se 
propose  de  réfuter  ;  il  conseille  à  son  ami  de  faire  la  même  chose  et 
d'emprunter  ses  armes  aux  œuvres  des  saints  Pères.  Si  nous  compa- 
rons avec  notre  lettre  celles  qui  dans  l'édition  portent  les  numéros 
99  et  400,  et  qui  sont  adressées  à  Gharlemagne,  il  est  évident  que 
les  mêmes  motifs  ont  également  provoqué  la  nôtre  et  que  le  mot 
a  doctor  »  ne  peut  signifier  que  l'évêque  d'Urgel,  le  défenseur  scien- 
tifique de  la  doctrine  attaquée  ^.  Il  en  résulte  que  la  lettre  recueillie 
par  Baluze  a  été  écrite  en  même  temps  que  les  deux  autres,  c'est-à- 
dire  entre  les  mois  d^avril  et  de  juin  798. 

Il  est  plus  difQcile  de  déterminer  quel  est  l'ami  d^Alcuin  auquel 
est  adressée  cette  lettre.  Pour  résoudre  cette  question  délicate,  je 
rappellerai  une  autre  lettre  qu' Alcuin  adressa  à  la  même  époque 
(vers  le  ^18  juillet  798)  au  roi  des  Francs.  Nous  y  lisons  ces  mots  : 
(c  Sed  obsecro,  si  vestrae  placeat  pietati,  ut  exemplarium  illius 
libelli  domno  dirigatur  apostolico,  aliudquoquePaulino  patriarchae, 
similiter  Richbono  et  Theodulfo  episcopis,  doctoribus  et  magistris, 

1.  Outre  les  ouvrages  relatifs  à  Thistoire  ecclésiastiqae,  voyez  aussi  Monnier, 
Alcuin  et  Charlemagne  {2^  éd.),  p.  148  et  suiv.,  et  Tarticle  Alcuin,  par  Dumm- 
ler^  dans  VAllgemeine  Deutsche  Biographie,  I,  343. 

2.  Je  me  borne  à  rapprocher  les  passages  suivants  : 

Mon.  Alcuin.,  n?  99,  p.  420  :  Nouvelle  lettre  : 

c  Nuper  mihi  venit  libellus  a  Felice  c  Sed  nuper  ab  eodem  dicto  doctore 
infelice  directus.  »  venit  nobis  libellus  erroris  c(alaino) 

exaratus.  » 
et  plus  loin  : 

c  Hujas  vero  libri  vel  magis  erroris  c  Gujus  libelli  responsionem  in  aliud 

responsionem  multa  diligentia  et  plu-  tempus  volente  Deo   et  vita   comité 

ribus  adjutoribus   est  consideranda.  (distulimus.  Tua  vero  caritas  se)  testi- 

Ego  solus  non  mfficio  ad  responsio-  moniorum  telis,  quae  in    sanctorum 

nem.  Praevideat  vero  tua  sancta  pietas  Patrum  scriptis  invenias,  confortare  et 

huic  operi  tam  arduo  et   necessarîo  armare  sat(agat),  ut  communi  carita- 

adjatores  idoneos,  etc.  »  tis  labore  nomen  Domini,  etc.  » 


LES  ARCHIVES 


DES  ETABLISSEMENTS  LATINS  D'ORIENT 


A  PROPOS  d'une 


PUBLICATION  DE  L'ÉCOLE  FRANÇAISE  DE  ROME. 


Ce  n'est  point  brusquement  et  sans  transition  que  la  domina- 
tion latine  cessa  en  Orient  et  particulièrement  en  terre  sainte. 
Après  avoir  duré  près  d'un  siècle,  le  royaume  de  Jérusalem  subit 
pendant  un  autre  siècle  une  lente  agonie,  et  ne  disparut  qu'après 
avoir  été  défendu  pied  à  pied  contre  les  efforts  des  infidèles. 

Les  établissements  civils,  hospitaliers  et  religieux,  qui  concen- 
traient entre  leurs  mains  une  très  grande  partie  de  la  propriété 
foncière  du  pays,  eurent  donc  tout  le  temps  de  prévoir  la  catas- 
trophe finale,  et  de  mettre  en  sûreté  les  titres  des  biens  considé- 
rables qu'ils  possédaient  non  seulement  en  Orient,  mais  dans  le 
monde  chrétien  tout  entier.  Tout  en  faisant  la  part  des  pertes 
accidentelles  dues  aux  événements  militaires,  à  la  négligence  des 
détenteurs,  à  l'action  naturelle  du  temps,  nous  devrions  donc 
posséder,  en  grande  partie,  ces  précieux  documents;  et  pourtant, 
jusqu'à  ces  derniers  temps,  il  ne  paraissait  nous  être  parvenu  en 
ce  genre  quelestitresdel'Hôpital,  le  cartulaire  du  Saint-Sépulcre, 
et  deux  recueils  de  chartes  concernant  les  biens  de  l'ordre  Teu- 
tonique. 

Une  étude  plus  attentive  de  l'histoire  intime  des  institutions 
latines  en  Orient,  et,  avouons-le  aussi,  des  hasards  heureux  ont 
montré  qu'il  ne  fallait  pas  borner  là  nos  espérances,  et  que  bien 
d'autres  documents  provenant  de  terre  sainte  avaient  dû  être 
transportés  en  Occident,  et  avaient  pu  par  conséquent  parvenir 
jusqu'à  nous. 


43 

S'a  est  difficile  d'établir  d'une  façon  certaine  que  les  rois  de 
Jérusalem,  les  princes  d'Antiocbe  et  les  autres  feudataires  de  la 
terre  sainte  aient  eu  des  archives  régulières,  on  peut  cependant 
conjecturer  qu'ils  n'ont  eu  aucune  raison  de  ne  pas  imiter  sur  ce 
point,  comme  ils  le  faisaient  sur  tant  d'autres,  les  usages  de 
l'Occident.  Leurs  trésors  des  chartes  ont  dû  passer  en  Chypre, 
et  de  là  à  Venise.  Je  dois  dire  cependant  que  rien  ne  paraît  en 
avoir  été  conservé  :  il  dut  y  avoir  là  une  cause,  peut-être  relati- 
vement récente,  de  destruction  complète. 

Mais  il  n'en  a  point  été  de  même  des  archives  des  quatre  ordres 
hospitaliers.  Les  chevaliers  de  Saint-Jean  ont  transporté  en  temps 
utile  leurs  titres,  d'abord  à  Chypre,  puis  à  Rhodes,  puis  enfin  à 
Malte. 

J'ai  montré  ailleurs  *  que  les  Teutoniques  firent  faire  en  1277 
des  vidimus  de  leurs  privilèges  pour  l'usage  de  leur  grande 
commanderie  de  terre  sainte,  et  emportèrent  ensuite  les  origi- 
naux à  Venise,  que  ces  originaux  y  sont  encore  en  partie,  tandis 
que  les  archives  de  la  grande  commanderie,  transférées  à  leur 
tour  en  Occident,  se  trouvent  moitié  à  Vienne  et  moitié  à  Berlin. 

Les  titres  de  Saint-Lazare  sont  venus  en  Italie,  y  existaient 
encore  au  siècle  dernier,  et  nous  en  possédons  des  copies  mo- 
dernes *. 

Restent  les  archives  des  templiers,  sur  lesquelles  nous  n'avons 
aucun  renseignement,  mais  par  cette  seule  raison  que  Ton  a  tou- 
jours apporté  plus  d'attention  au  procès  et  à  la  condamnation  qu'à 
l'histoire  proprement  dite  de  cet  ordre  si  considérable.  Bien  que 
je  n'aie  pas  encore  étudié  avec  tout  le  soin  qu'elle  mérite  cette 
question  intéressante,  je  ne  trouve,  à  première  vue,  dans  les 
annales  du  Temple,  aucun  événement  qui  permette  d'affirmer  a 
priori  que  les  archives  de  l'ordre  aient  été  détruites  en  bloc. 
Elles  peuvent  aussi  bien  se  trouver  réunies,  dans  quelque  dépôt 
ignoré,  que  dispersées,  en  Espagne,  en  Portugal^,  à  Rome;  la 
recherche  reste  ouverte. 


1.  Bulletin  de  la  Société  des  antiqtiaires  de  France,  1877,  pp.  61-69  ;  cf. 
M.  Perlbach,  Das  Haus  d.  D.  0,  zu  Venedig  [AHpreuss.  Monatssckrift,  t.  XVII, 
1880,  pp.  269-285). 

2.  Elles  seront  publiées  par  le  comte  de  Marsy,  dans  le  t.  II  des  Archives 
de  l'Orient  latin, 

3.  On  sait  que  les  templiers  d'Espagne  formèrent  l'ordre  de  Montesa  et  que 
ceux  de  Portugal  devinrent  les  chevaliers  du  Christ;  voy.  A.  de  Montagnac,  Hist. 


44 

Après  les  ordres  militaires,  les  patriarcats  de  Jérusalem  et 
d*Antioche  et  les  évêchés  de  terre  sainte  devaient  avoir  des 
titres,  puisqu'ils  possédaient,  eux  aussi,  des  biens  importants.  Il 
y  a,  je  le  crois,  peu  d'espoir  de  rien  retrouver  de  ce  côté  ;  les 
prises  de  Jérusalem  (1187)  et  des  autres  sièges  épiscopaux  à  la 
fin  du  xni®  siècle  ayant  pu  amener  de  la  part  des  musulmans  des 
mesures  violentes,  entraînant  la  destruction  de  titres  qui,  du 
reste,  devenaient  désormais  inutiles,  —  la  chancellerie  épiscopale, 
indissolublement  liée  à  Tévêcbé,  devant  disparaître  avec  lui.  La 
plupart  des  diocèses  de  Palestine  et  de  Syrie  ne  semblent  pas 
d'ailleurs  avoir  eu,  en  Occident,  de  possessions  où  ils  pussent 
envoyer  d'avance  et  mettre  en  sûreté  leurs  archives.  Je  viens  de 
dire  la  plupart,  et  voici  pourquoi  :  deux  églises  de  terre  sainte, 
Nazareth  et  Bethléem,  avaient  pu  être  transportées,  pour  ainsi 
dire  de  toutes  pièces,  de  l'autre  côté  de  la  Méiditerranée,  l'une  à 
Barletta  S  l'autre  à  Clamecy  *.  Les  titres  écrits  prirent-ils  part  à 
cette  translation  ?  je  l'ignore  pour  Barletta  ;  je  crois  pouvoir  le 
conjecturer  pour  Bethléem.  Si  les  archives  orientales  de  ce  der- 
nier diocèse  ont  disparu,  ce  doit  être  très  postérieurement  à  leur 
translation  en  Occident;  ici  donc  encore  tout  espoir  n'est  pas 
perdu. 

Au-dessous  des  évêchés  se  trouvaient  les  abbayes  ;  la  première 
de  toutes,  par  le  nombre  et  l'importance  de  ses  possessions  occi- 
dentales, était  le  Saint-Sépulcre  ;  nous  en  avons  le  Cartulaire^, 
le  premier  des  monuments  diplomatiques  de  TOrient  latin.  Mais, 
outre  ce  cartulaire,  le  Saint-Sépulcre  paraît  avoir  envoyé  ses 
titres  originaux  partie  en  Pologne*  et  partie  à  Pérouse,  où  ils  se 
trouvaient  encore  il  y  a  cent  ans  à  peine*  et  d'où  ils  n'ont  pu 

des  templiers  (P.,  1864,  m-12),  pp.  269-301.  Il  est  certain  que  les  archives  du 
Temple  ne  sont  pas  à  Malte,  où  cependant  elles  devraient  se  trouver,  en  tant 
que  titres  des  propriétés  dont  les  hospitaliers  héritèrent  des  templiers  sup- 
primés. 

1.  Voy.  Ughelli,  Italia  sacra,  VIT,  769;  cette  translation  a  échappé  à  Féditeur 
des  Familles  d'ouire-mer  de  Ducange,  dans  le  chapitre  qu'il  consacre,  pp.  759- 
763,  aux  archevêques  de  Nazareth. 

2.  M.  Chevalier-Lagenissière  (HisU  de  Vévêché  de  Bethléem,  P.,  1872,  in-^«) 
ne  donne  aucun  renseignement  particulier  sur  ce  point.  Les  titres  de  l'évéché 
de  Bethléem  existaient  encore  en  1770,  époque  où  les  éditeurs  du  t.  XII  du 
GaU.  ckr.  en  ont  publié  quelques-uns  (Instr.,  pp.  237-246,  371-375). 

3.  Publié  par  M.  Ë.  de  Rozière.  Paris,  1849,  in-4^ 

4.  Nakielski,  Miechovia  (Gracovie,  1634,  2  vol.  in-f>),  I,  p.  81. 

5.  Statuts  de  Vordre  du  Saint-Sépulcre  (Paris,  1776,  in-8^),  p.  211. 


45 

disparaître  par  voie  de  destruction;  quelque  collection  privée 
d'Italie  les  détient  très  certainement. 

Après  le  Saint-Sépulcre,  l'abbaye  du  Temple  JDomini^  Notre- 
Dame  de  Josapbat,  le  Mont  Sion,  Sainte-Marie  Latine,  pour  ne 
parler  que  des  monastères  les  plus  connus,  possédaient  des  biens 
et  partant  des  titres  :  une  partie  de  ces  biens  était  située  en  Occi- 
dent ^  Le  transfert  des  titres  a  donc  été  possible,  et  je  suis  con- 
vaincu qu'il  a  eu  lieu.  Pirri  '  nous  raconte  qu'au  temps  du  der- 
nier siège  de  Saint-Jean-d'Âcre  les  abbés  de  Josapbat  et  de  la 
Latine,  voguant  de  conserve,  abordèrent  à  Messine,  apportant 
avec  eux  leurs  meubles  et  leurs  trésors.  Dans  ces  trésors  devaient 
être  comprises  leurs  chartes,  puisque  nous  avons  encore  celles  de 
Josapbat,  objet  de  l'importante  publication  dont  je  vais  parler 
tout  à  Tbeure,  et  que  celles  de  la  Latine  existaient  en  Sicile  au 
siècle  dernier,  ainsi  que  le  prouvent  les  copies  modernes  que  la 
bibliothèque  de  Palerme  conserve  de  quelques-unes  d'entre 
elles  \ 

Si  je  ne  sais  rien  des  archives  du  Temple  Domini,  je  puis 
affirmer  par  contre  que  celles  de  Mont  Sion  étaient  à  Saint-Sam- 
son  d'Orléans^,  et  que,  «  si  l'on  connaissait  exactement  ceux  des 
«  monastères  occidentaux  dont  les  sanctuaires  de  terre  sainte 
«  pouvaient  réclamer  ou  le  gouvernement  ou  le  patronage,  on 
«  aurait  bien  des  chances  de  trouver,  mêlés  aux  fonds  actuels 
«  provenant  de  ces  monastères,  les  titres  des  maisons-mères 
«  orientales.  » 

L'étude  de  la  publication  de  M.  François  Delaborde  va  mettre 
hors  de  doute  cette  assertion. 

1.  n  en  a  été  de  même  de  plusieurs  établissements  religieux  de  l'empire  latin 
de  Constantinople  ;  de  Thospice  Saint-Samson  de  Gonstantinople  relevait  celui 
de  Saint-Samson  de  Douai  (Arch.  de  Fr.,  S.  5042).  L'abbaye  de  Daphné,  en 
Grèce,  était  affiliée  à  celle  de  Bellevaux,  en  Franche-Comté,  et  ceUe  de  Civetot, 
sur  la  Propontide,  à  celle  de  Gluny. 

2.  Rochus  Pirrus,  SicUia  sctcra,  p.  1131. 

3.  M.  Winkelmann,  qui  avait  signalé  (N.  Archiv,  UI,  638)  ces  copies  comme 
se  trouvant  dans  les  registres  H  de  la  bibl.  communale  de  Palerme,  en  a  tiré 
trois  documents  pour  son  recueil  si  important  des  Acta  inedita  imperU  (Inns- 
bruck,  1880,  in-8*),  pp.  70,  80,  81.  J'ai  demandé  à  Palerme  qu'on  recherchât 
les  originaux:  ma  demande  est  restée  sans  réponse.  A  Amalfi  se  trouvent 
quelques  pièces  relatives  à  la  Latine  ;  mais  proviennent-elles  des  archives  mêmes 
de  cette  abbaye? 

4.  0.  de  Vassal,  Recfu  sur  le  collège  royal  d'Orléans  (Orléans,  1863,  in-S"*), 
pp.  10-21  et  Pr.  pp.  6-16. 


46 

Dès  1633,  Rocco  Pirri  avait  publié,  dans  sa  Sicilia  sacra^, 
un  certain  nombre  de  pièces  relatives  à  l'abbaye  de  Notre-Dame 
de  Josapbat.  Ces  pièces,  comme  beaucoup  d'autres  éparses  dans 
des  recueils  d'histoire  locale,  avaient  échappé  aux  érudits  versés 
dans  les  études  orientales  ;  les  eussent-ils  d'ailleurs  remarquées, 
ils  pouvaient  les  tenir  en  suspicion,  l'ouvrage  de  Pirri  se  distin- 
guant par  la  quantité  de  &ux  audacieux  qu'il  renferme^.  Mais 
assez  récemment,  en  classant  les  fonds  d'archives  des  couvents 
supprimés  de  Messine,  le  chanoine  Carini  constata  que  neuf 
volumes  factices,  formés  de  documents  d'âge  difiérent,  contenaient 
des  pièces  originales  provenant  de  Notre-Dame  de  Josapbat,  à 
la  suite  de  la  translation  racontée  par  Pirri.  Communiquée  à  la 
Società  di  storia  patria  de  Sicile,  la  découverte  de  M.  Carini 
fut  signalée  en  1877  au  monde  savant  par  une  lettre  de  ce  dernier 
au  professeur  Edouard  Winkelmann,  de  Heidelberg^. 

M.  François  Delaborde,  alors  membre  de  l'École  française  de 
Rome,  comprenant  toute  l'importance  des  documents  ainsi  ren- 
dus à  la  lumière,  se  rendit  à  Palerme  pour  les  étudier  :  il  vient 
de  les  réunir  dans  un  fascicule  des  publications  si  intéressantes 
qu'à  peine  fondée  notre  nouvelle  école  a  entreprises  sous  la 
direction  si  éclairée  et  si  active  de  M.  A.  Geffroy  ^. 

Je  rappellerai  que  la  communauté  bénédictine  de  Notre-Dame 
de  Josapbat  fut  établie  au  lendemain  de  la  conquête  franque^ 
par  Godefroi  de  Bouillon,  pour  desservir  le  sanctuaire  du  tombeau 
de  la  Vierge,  et  subsista  jusqu'en  1187,  époque  où,  fuyant 
devant  l'occupation  sarrasine,  elle  se  réfugia  à  Tripoli,  puis  à 

1.  R.  Pirrus,  Sicilia  sacra,  pp.  1134  et  s. 

2.  Voir  par  exemple  le  récit  circonstancié  quil  donne  (pp.  873-874)  de  la  pre- 
mière croisade,  avec  la  biographie  d'un  faux  cardinal-patriarche  d'Antioche, 
Henri  de  Mazara  ;  tout  y  est  fabuleux,  y  compris  de  longues  citations  d'ouvrages 
de  Léon  d'Ostie,  de  Pascal  II,  etc.,  qui  n'ont  jamais  existé,  et  de  nombreux 
renvois,  sciemment  faux,  à  des  livres  connus. 

3.  Archivio  siorico  sicUiano,  II  s.,  III,  1877,  pp.  460-478. 

4.  BibL  des  Écoles  françaises  d'Athènes  et  de  Rome,  XIX*  fascicule.  Chartes 
de  terre  sainte  provenant  de  Vabbaye  de  Notre-Dame  de  Josaphat  (Paris, 
E.  Thorin,  1880,  iv-153  p.  in-S»). 

5.  Le  Com>memoratorium  de  casis  Dei,  qui,  comme  on  le  sait,  est  un  rapport 
adressé  de  Jérusalem  à  Gharlemagne,  signale  la  présence  à  Josaphat  de  religieux 
des  deux  sexes  {lUn,  Hieros,  latina,  I,  302);  ils  devaient  être  du  rite  grec  ; 
pourtant  il  ne  serait  pas  impossible  qu'il  s'y  fût  établi  avant  les  croisades  une 
communauté  bénédictine.  M.  Fr.  Delaborde  (p.  1)  me  paraît  avoir  été  trop  affîr- 
malif  en  rejetant  ici  le  témoignage  de  Pirri. 


47 

Acre,  et  enfin  en  1289  au  monastère  de  Sainte-Madeleine  de 
Messine,  qui  lui  avait  été  donné  en  1113  par  Roger  II  de  Sicile  *. 

Le  30  mars  1392^,  le  sanctuaire  de  Notre-Dame  de  Josaphat, 
rendu  aux  Latins  par  le  sultan  d'Egypte,  grâce  à  l'intervention 
de  la  reine  Jeanne  de  Naples  ^,  passait  aux  franciscains,  qui  en 
avaient  été  investis  d'avance,  sur  la  demande  de  Pierre  IV,  roi 
d'Aragon,  par  Innocent  VI  et  Urbain  V^. 

C'est  donc  entre  ces  deux  dates,  1100-1392,  qu'est  comprise 
l'histoire,  jusqu'ici  fort  obscure,  de  l'abbaye  bénédictine  de 
Josaphat. 

M.  Delaborde  vient  l'éclairer  d'un  jour  inattendu  par  59pièces, 
échelonnées  de  1112  à  1289  :  il  en  étudie,  dans  une  préface  qui 
est  la  partie  principale  de  son  travail,  les  caractères  diplomatiques, 
et  en  fait  ressortir  l'importance  pour  la  terre  sainte  :  les  notes 
sont  claires  et  intéressantes;  deux  fac-similés  et  une  table  très 
détaillée  complètent  la  publication.  C'est,  après  le  Cartulaire 
du  Saint-Sépulcre  et  les  Tàbulœ  de  Strehlke,  le  recueil  le  plus 
considérable  que  nous  possédions  pour  l'histoire  intérieure  du 
royaume  de  Jérusalem.  De  nouveaux  noms  de  personne  sont 
ajoutés  aux  listes  de  Du  Cange  ;  de  nouvelles  dates  s'offrent  à  la 
biographie  des  personnages  déjà  connus,  et  de  nouveaux  noms 
de  lieux  à  la  toponomastiquç  de  la  Palestine. 

Je  ne  ferai  qu'une  réserve^,  que  M.  Delaborde  a  d'ailleurs 
prévue,  en  ne  donnant  à  son  livre  que  le  titre  modeste  de  Chartes 
DE  TERRE  ^Amn^  provenant  de  V abbaye  de  Josaphat ,  au  lieu 
de  Chartes  ou  Cartulaire  de  Josaphat,  Il  a  volontairement 
laissé  de  côté,  dans  les  recueils  siciliens,  toutes  les  pièces  relatives^ 


1.  Charte  de  Guillaume  II  (1189),  (d.  Pirrus,  Sic,  sacra,  p.  1134-1136). 

2.  Wadding.,  Ann,  minorum,  IX,  119;  cf.  VII,  268. 

3.  Epistola  Johannas  (22  mai  1363)  (Wadding.,  Ann,  minorum,  VII,  167-168). 

4.  Epist,  Innoc,  F/ (31  mai  \Z&l),Epist.  Urbani  V  (8  nov.  1362)  (Wadding., 
VII,  268;  VIII,  486-487). 

5.  Les  erreurs  échappées  à  M.  Delaborde  dans  l'établissement  des  textes  Tien- 
nent d'être  relevées,  avec  plus  de  minutie  que  de  bienveillance,  par  M.  Fabbé 
U.  Chevalier  {Bulletin  critique  d'histoire,  1880,  I,  302-306).  Je  n'ajouterai  à  cet 
errata  que  la  mention  de  deux  fautes  d'impression  :  l'une  p.  7, 1.  28,  et  l'autre 
p.  5, 1.  12  (1490  au  lieu  de  1290);  j'exprimerai  aussi  le  regret  que  M.  Fr.  Dela- 
borde n'ait  pas  cherché  (ne  fut-ce  que  dans  la  table)  à  identifier  les  casaux 
dont  les  chartes  lui  fournissaient  tes  noms. 

6.  C'est  à  M.  Delaborde  lui-même  que  je  dois  ce  renseignement  :  j'ajouterai 
que  les  registres  H  de  la  bibl.  communale  de  Palerme,  dont  j'ai  parlé  plus  haut, 

2 


48 

aux  possessions  de  Tabbaye  en  Occident  :  c'est,  selon  moi,  une 
lacune  dans  son  travail,  même  au  point  de  vue  de  l'histoire  de  la 
terre  sainte.  En  effet,  ces  chartes  ont  été  rédigées  en  faveur 
d'abbés  de  Josaphat  ;  elles  ont  eu  des  témoins  venus  d'Orient  :  il 
eût  Êdlu  au  moins  en  donner  l'analyse  et  les  souscriptions.  J'en 
dirai  autant  de  certaines  pièces  rdatives  à  l'abbaye  et  publiées 
ailleurs;  les  relever  dans  Paoli,  Guerra,  Wadding,  PotthastS 
n'eût  pas  exigé  un  grand  travail.  M.  Delaborde,  qui  nous  donne 
en  appendice  une  charte  qui  n'est  pas  inédite  *,  aurait  pu  ainsi 
grossir  cet  appendice  de  documents  intéressants  qu'il  eût  été 
commode  de  trouver  réunis  et  qui  auraient  rendu  sa  publication 
définitive. 

Telle  qu'elle  est,  cependant,  je  le  répète,  elle  constitue  une 
acquisition  très  précieuse  pour  l'histoire  de  la  domination  latine 
en  Orient,  et  nous  devons  en  exprimer  notre  gratitude  à  l'Ecole 
de  Rome  et  au  jeune  et  savant  éditeur  de  ces  textes  précieux. 

Comme  je  l'ai  dit  tout  à  l'heure,  d'autres  monastères  que  Josa- 
phat ont  dû  avoir  des  biens  en  Occident  ;  notre  ignorance  est 
absolue  à  l'endroit  de  ces  biens.  Tel  prieuré  anglais,  hollandais 
ou  espagnol  a  pu,  sans  que  rien,  dans  les  documents  que  nous 
connaissons,  l'indique  précisément,  ou  dépendre  d'une  abbaye 
de  terre  sainte,  ou  y  être  aflSlié,  et  recevoir  dans  ses  propres 
archives  celles  de  cette  abbaye.  Aujourd'hui,  chartes  orientales 
et  titres  locaux  peuvent  dormir  pêle-mêle  dans  quelque  dépôt 
public,  sans  que  personne  y  soupçonne  l'existence  des  pièces 
venues  de  terre  sainte. 

Si  donc  j'ai  fait  ressortir  ici  l'importance  de  la  découverte  de 
M.  Carini  et  de  la  pubhcation  de  M.  Delaborde,  c'est  surtout 
dans  le  but  d'éveiller  l'attention  des  érudits  étrangers  aux 
études  orientales,  et  en  particulier  des  archivistes ,  sur  la  possi- 
bilité et  l'intérêt  de  trouvailles  analogues. 

Comte  Riant. 

contiennent  des  copies  des  chartes  de  Josaphat  {N.  ArcfUv,  i.  c.)  ;  il  eût  peut- 
être  été  bon  de  les  indiquer.  Le  Mont  Cassin  conserve  peut-être  aussi  des  dona- 
tions du  XII'  siècle  faites  à  l'abbaye  de  Josaphat;  enfin  il  aurait  fallu  dire  un 
mot  de  Notre-Dame  de  Josaphat,  fondée  près  de  Chartres  en  1120  et  dont  les 
cartulaires  sont  conserrés  à  la  Bibl.  nat.  sous  les  n<*'  10102  et  10103  du  fonds 
latin. 

1.  M.  Rey  {Rech.  géogr,  sur  la  domination  des  Latins  en  Orient,  Paris,  1877, 
in-8%  p.  58-59)  a  donné  les  cotes  de  quatre  pièces  relatives  à  Josaphat. 

2.  Chevalier-Lagenissière,  Hist.  de  Vëv.  de  Bethléem,  p.  64-65. 


CATALOGUE  DES  MANUSCRITS 


DE 


L'ABBAYE  CISTERCIENNE  DE  LA  CHARITE 


AU  DIOCÈSE  DE  BESANÇON*. 


1 .  Cette  abbaye  possède  le  Commentaire  de  saint  Augustin  sur 
les  pseaumes,  en  trois  volumes  in-folio,  ms.  en  beau  parchemin 
dont  récriture  est  fort  belle  ;  comme  la  lecture  d'un  tel  livre  est 
très  utile  à  la  vie  solitaire,  les  anciens  religieux  de  cette  maison 
s'appliquèrent  dans  le  xn®  siècle  de  l'Eglise  à  le  transcrire  et  à 
en  faire  cette  copie  fidelle.  On  n'y  voit  point  la  datte  de  l'année. 

2.  Le  Commentaire  de  saint  Thomas  d'Aquin  sur  le  Cantique 
des  cantiques  écrit  sur  du  vélin  faisant  un  volume  in-folio  ;  il 
porte  ce  titre,  «  Distinctiones  magistri  Thome  super  Cantica  canti- 
corum  »,  parce  qu'en  ce  temps-là  ce  saint  docteur  n'était  pas 
encore  canonisé.  Les  lettres  initiales  y  sont  ornées  de  fleurs  d'or, 
qui  expriment  une  belle  variété.  Vers  la  fin  du  xni®  siècle,  dom 
Renaud  de  Palma,  religieux  de  cette  maison,  transcrivit  ce 
livre,  en  ajoutant  ces  trois  distiques  à  la  fin  : 

Ad  laudem  Ghristi  dévolus  scriba  libellum 
Finit  et  exultans  nobile  claudil  opus. 

1.  Ce  catalogue  fut  rédigé  par  dom  GuiUaume  Pinard,  bachelier  en  Sorbonne  et 
religieux  de  la  Charité,  morl  en  1766.  L'auteur  l'adressa  le  1"  décembre  1757  à 
M.  Roussel  de  Bréville,  membre  de  l'Académie  de  Besançon.  Celui-ci  le  commu- 
niqua en  1780  à  M.  Droz,  secrélaire  perpétuel  de  l'Académie  de  Besançon.  Notre 
confrère  M.  Gauthier,  archiviste  du  Doubs,  a  bien  voulu  transcrire  pour  la 
Bibliothèque  de  V École  des  chartes  un  document  qui  ne  manque  pas  d'intérêt, 
puisqu'il  fait  bien  connaître  une  collection  dont  la  plupart  des  volumes  parais- 
sent avoir  disparu. 


20 

Alter  hic  ingenio  sudavit,  non  ego  tantum  : 

Offîcio  caiami  sit  liber  iste  meus. 
Efrjgo  rogo,  lector,  Renaut  memor  esse  mémento, 

Hanc  sic  pro  merito  redde  bénigne  vicem. 

3.  L'Histoire  scholastique  de  Pierre  Comestor,  ou  le  Mangeur, 
natif  de  Troyes  en  Champagne,  mort  Tan  1198.  Cet  ouvrage 
latin,  contenu  en  deux  volumes  in-folio,  écrits  sur  vélin  ;  l'au- 
teur étoit  chanoine  régulier  de  Saint- Victor-les-Paris.  On  y  voit 
son  épître  dédicatoire  au  cardinal  Guillaume  de  Champagne, 
archevêque  de  Sens.  La  beauté  de  l'écriture  fait  penser  qu'elle 
est  du  XII®  siècle. 

4.  Le  livre  des  Décrétales  du  pape  Grégoire  IX,  écrit  de 
même  sur  parchemin  ;  la  plupart  des  lettres  initiales  étant  en  bel 
or,  et  chaque  décret  accompagné  de  gloses  ou  explications  très 
diffuses,  ce  qui  fait  les  pages  de  quatre  colonnes  en  un  volume 
in-folio.  C'est  une  compilation  de  toutes  les  constitutions  pontifi- 
cales des  prédécesseurs  de  Grégoire  IX,  avec  les  décrets  des  con- 
ciles, faite  par  les  ordres  de  ce  pape  par  saint  Raimond  de  Pegna- 
fort,  l'an  1230.  Cette  collection  est  la  plus  autorisée  et  la  plus 
universellement  reçue,  soit  dans  les  tribunaux  ecclésiastiques, 
soit  dans  les  universités.  Elle  est  divisée  en  cinq  livres,  dont  le 
premier  traite  des  prélats  ou  sièges  ecclésiastiques  ;  le  second  des 
jugemens  civils;  le  troisième  roule  sur  les  affaires  ecclésias- 
tiques ;  le  quatrième  renferme  les  causes  matrimoniales,  et  le 
cinquième  les  procédures  criminelles.  On  ne  voit  pas  en  quel 
temps  ce  manuscrit  latin  a  été  fait. 

5.  Les  Sermons  du  pape  Honorius  III,  écrits  en  latin  sur  vélin, 
en  un  tome  in-folio.  Ce  souverain  pontife,  ayant  été  élu  l'an  1216, 
fit  quelque  temps  après  le  don  d'un  volume  de  ses  Sermons  au 
monastère  de  Citeaux,  en  y  mettant  une  lettre  à  la  tête,  au  lieu 
de  préface.  Ces  sermons  sont  au  nombre  de  soixante-huit,  sur 
tous  les  dimanches  et  fêtes  principales  de  l'année,  copiés  par  dom 
Etienne,  religieux  de  cette  maison  au  xm®  siècle. 

6.  Un  volume  d'opuscules  sur  parchemin,  in-folio,  contenant 
trente-six  discours  de  saint  Bernard,  abbé  de  Clairvaux,  sur 
divers  sujets,  et  soixante  du  bienheureux  Guérie,  abbé  d'Igny  en 
Champagne,  de  l'ordre  de  Citeaux,  décédé  l'an  1157.  Cet  ouvrage 
est  dédié  à  Henry,  cardinal  de  la  sainte  Église  romaine. 

7.  L'excellent  ouvrage  des  Sentences,  dans  un  volume  en  vélin, 
divisé  en  quatre  livres;  les  marges  en  sont  ornées  de  belles 


24 

figures,  et  une  partie  des  lettres  initiales  sont  en  or,  accompagné 
d'une  variété  de  personnages  et  de  figures  très  imités.  C'est  la 
première  Somme  théologique  de  Pierre  Lombard,  ainsi  nommé 
parce  qu'il  étoit  natif  de  Novarre  en  Lombardie,  et  qui  mourut 
évêque  de  Paris  en  1164.  Le  copiste  de  cet  ouvrage  est  dom 
Renaut,  religieux  de  cette  abbaye,  qui  vivoit  sur  la  fin  du  siècle 
suivant.  Voici  quatre  vers  qu'il  mit  sur  la  fin  de  ce  manuscrit  : 

Haec  tibi,  summe  Deus,  tuus  offert  scripta  Renaudus  ; 
Si  placet  oblatum,  plus  ejus  solve  reatum. 

Qui  servare  libris  pretiosis  nescit  honorem, 
Illius  a  manibus  sit  procul  iste  liber. 

8.  L'Histoire  ecclésiastique  d'Eusèbe,  évêque  de  Césarée  en 
Palestine,  mort  l'an  338,  ouvrage  latin,  divisé  en  dix  livres, 
renfermé  dans  un  volume  en  parchemin  in-folio.  Cette  histoire 
est  si  excellente  qu'elle  a  mérité  à  Eusèbe  le  titre  de  père  de 
l'Histoire  ecclésiastique.  Le  manuscrit  est  en  lettres  gothiques  si 
grossières  qu'on  peut  bien  l'atribuer  au  xrv®  siècle. 

9.  Commentaire  ou  explication  de  l'Evangile  de  l'apôtre  saint 
Jean ,  en  vingt-un  chapitres ,  écrit  sur  vélin  ;  un  volume  in- 
quarto,  en  latin,  mais  sans  aucun  nom  d'auteur. 

10.  Le  Traité  de  l'éducation  des  princes  et  des  princesses,  très 
ancien  manuscrit  latin,  en  vélin,  in-quarto,  dédié  à  la  reine  Mar- 
guerite, épouse  de  saint  Louis,  roi  de  France,  par  Vincent,  dit  de 
Eeauvais,  religieux  de  l'ordre  de  saint  Dominique,  mort  en  1264. 

11.  Un  manuscrit  latin,  grand  in-folio,  en  beau  véhn,  qui  est 
le  Commentaire  de  Pierre  Lombard,  évêque  de  Paris,  sur  toutes 
les  épitres  de  saint  Paul,  les  lettres  initiales  de  chaque  épitre 
étant  en  or,  avec  des  figures  d'une  grandeur  et  d'une  déhcatesse 
achevée.  On  trouve  à  la  fin  quelques  opuscules  de  saint  Isidore, 
évêque  de  SéviUe  en  Espagne  au  vif  siècle,  scavoir  son  Traité  des 
sinonimes  ou  des  soliloques,  et  celui  des  Combats  de  l'homme  au 
sujet  des  vices  et  des  vertus.  L'écriture  en  est  si  nette  et  si  bien 
formée  qu'on  peut  l'attribuer  au  xtf  siècle.  Ce  hvre  nous  fut 
donné  par  un  M.  de  Besançon  en  1375. 

12.  Deux  volumes  in-folio,  en  vélin,  contenant  les  Morales  sur 
Job,  par  saint  Grégoire  le  Grand,  divisés  en  dix  livres. 

13.  Un  autre  volume  in-foUo  en  beau  vélin,  contenant  les 
Homéhes  du  même  pape  sur  les  évangiles  des  dimanches  et  des 
fêtes  principales  de  l'année,  au  nombre  de  quarante.  On  lit  à  la 


22 

fin  :  «  Anno  Domini  M.  CC.  LXXXXVI  idib.  aprilis  ita  fuit 
instructum  abbatie  de  Cbaritate.  » 

14.  Un  gros  volume  in-folio,  en  vélin,  qui  renferme  les  Cent 
quarante-quatre  épitres  ou  lettres  du  grand  saint  Augustin, 
acheté  à  Besançon  en  1375  du  sieur  Pierre  de  Villette,  noble 
citoyen. 

15.  Quelques  Œuvres,  dans  un  volume  en  vélin,  in-4*',  du 
pape  Innocent  III,  mort  en  1216.  Acheté  à  Besançon  en  1374. 

16.  Le  Décret  de  Gratien,  sous  ce  titre  :  «  Concordantia  dis- 
cordantium  canonum  »,  que  ce  grand  homme  publia  en  1151. 
C'est  un  manuscrit  en  beau  vélin,  faisant  un  grand  volume 
in-folio. 

17.  Un  grand  dictionnaire  latin,  qui  est  une  explication  des 
principaux  mots  de  l'Ecriture  sainte,  des  termes  des  sciences, 
etc.,  sous  ce  titre:  «  Elément arium  doctrine  rudimentalis.  »  On 
y  traite  des  figures  des  lettres,  de  leur  diversité,  de  la  voix,  de 
la  prononciation,  des  accens,  de  Tordre  des  syllabes,  des  décli- 
naisons, des  conjugaisons,  de  l'orthographe.  C'est  un  très  vieux 
manuscrit,  en  beau  vélin,  gros  in-folio,  sans  nom  d'auteur*.  On 
y  lit  seulement  à  la  fin  :  «  Liber  Sancte  Marie  de  Caritate  »,  ce 
qui  dénote  qu'il  a  été  transcrit  par  les  anciens  religieux  de  cette 
maison. 

18.  Interprétation  des  termes  les  plus  difflciles  de  l'Ecriture 
sainte,  manuscrit  latin  en  vélin,  in-folio  parvo,  sans  titre  ni 
aucun  nom  d'auteur. 

19.  La  Signification,  ou  exposition  littérale,  morale  et  allégo- 
rique des  mots  principaux  de  l'Ecriture  sainte,  manuscrit  latin, 
en  vélin,  in-quarto  magno  ;  sans  titre  ni  aucun  nom  d'auteur. 

20.  Un  vieux  manuscrit  en  vélin,  faisant  un  volume  in-quarto, 
sous  ce  titre  :  «  Summa  de  vitiis  capitalibus  abreviata  »,  et 
ensuite  :  «  Glosule  super  parabolas  Salomonis.  »  On  lit  seule- 
ment à  la  fin  :  «  Liber  Béate  Marie  de  Caritate  »,  sans  nom 
d'auteur. 

21.  «  MisceUanea  »,  ou  ancien  manuscrit  en  vélin  in-folio 
contenant  le  «  Polihystor  Julii  Solini  »,  qui  est  un  recueil  des 
choses  les  plus  mémorables  qu'on  voit  en  divers  pays,  par  Solm, 
grammairien  latin  au  u®  siècle.  L'Oraison  de  Cicéron  «  pro 
Marco  Marcello  »,  celle  «  pro  Quinto  Ligario  »,  un  autre  «  pro 

1.  C'est  l'ouvrage  de  Papias. 


!k^ 


23 

rege  Dejotaro  »  ;  son  livre  «  de  senectute  »  ;  Œuvres  différentes 
de  Sénèque  :  1*  sur  les  lettres  qu'on  a  cru  qu'il  avoit  écrites  à 
l'apôtre  saint  Paul  et  qu'il  en  avoit  reçues  ;  2**  «  de  remediis  for- 
tuitorum  ad  Callionem  synonima  et  differentie  artis  rhetorice 
Ciceronis.  » 

22.  Explication  du  livre  de  Daniel,  un  volume  in-quarto, 
manuscrit  en  latin,  de  saint  Jérôme. 

23.  Explication  de  l'Evangile  de  saint  Marc,  de  l'épitre  de 
saint  Jacques,  de  deux  épitres  de  saint  Pierre,  de  trois  de  saint 
Jean,  et  de  celles  de  saint  Jude;  manuscrit  très  ancien  en  vélin, 
in-quarto,  sans  nom  d'auteur. 

24.  Les  épitres  de  saint  Jérôme,  au  nombre  de  cent  trente- 
cinq,  avec  six  de  ses  sermons,  le  premier  sur  la  Nativité  de 
notre  Sauveur,  le  second  sur  l'Epiphanie,  le  troisième  sur  le 
Carême,  le  quatrième  sur  la  Passion  de  Notre-Seigneur,  le  cin- 
quième sur  le  saint  jour  de  Pâques  et  le  sixième  sur  le  psaume 
XVn®.  Le  tout  faisant  un  grand  volume  latine  en  vélin.  Manus- 
crit acheté  à  Besançon  en  1375. 

25.  Quatre-ving-six  Sermons  de  saint  Bernard,  abbé  de  Clair- 
vaux,  sur  le  Cantique  des  cantiques  ;  manuscrit  très  ancien,  en 
vélin,  un  volume  in-folio. 

26.  Un  manuscrit  latin,  en  vélin,  in-folio,  qui  est  l'ouvrage 
des  Origines  ou  Ethymologies,  divisé  en  vingt  livres,  de  saint  Isi- 
dore, évêque  de  Séville  en  Espagne,  mort  en  636. 

27.  Un  très  précieux  manuscrit,  en  vélin,  in-folio,  qui  est  le 
Commentaire  du  vénérable  Bède,  bénédictin  anglois,  sur  les 
épitres  de  saint  Paul  ;  si  l'on  excepte  l'épitre  aux  Romains  et  les 
deux  aux  Corinthiens,  toutes  les  autres  y  sont  expliquées,  ce  qui 
fait  un  ouvrage  d'autant  plus  rare,  plus  estimable  et  plus  recher- 
ché qu'après  celui-ci  on  ne  le  trouvera  peut-être  nulle  part  en 
France,  car  le  Commentaire  sur  les  épitres  de  saint  Paul  inséré 
parmi  les  ouvrages  de  ce  grand  homme  n'est  pas  de  lui,  comme 
les  plus  habiles  écrivains  l'ont  fait  voir,  mais  de  Florus,  diacre 
de  Lyon.  Cependant,  quant  à  l'objet  présent,  ce  n'est  pas  un 
ouvrage  travaillé  avec  beaucoup  d'art  et  d'invention,  car  c'est 
une  espèce  de  recueil  de  quantité  de  passages  de  saint  Augustin 
qu'il  a  liés  ensemble,  quoiqu'il  fût  un  des  plus  scavans  hommes 
de  son  temps.  Il  mourut  en  735. 

28.  Le  Commentaire  de  saint  Augustin  sur  l'Evangile  de  saint 
Jean,  manuscrit  latin  en  vélin,  in-folio. 


24 

S^s  l^  Commentaire  de  saint  Jérôme  sur  le  prophète  Isaye, 
uu  wUume  in-folio,  en  beau  vélin,  transcrit  à  Tabbayedela  Cha- 
rité ^  1370. 

iiiK  Le  Gmimentaire  sur  les  douze  petits  prophètes,  un  volume 
m^nu^crit  en  vélin,  in-folio,  «  authore  magistro  Stephano  archi- 
t^xi^H^^K)  Cantuarie  » . 

31,  Un  manuscrit  en  parchemin,  in-quarto  magno,  contenant 
W  ^explications  difficiles  des  passages  de  l'Ancien  et  du  Nouveau 
Tt^ktament,  tirés  des  œuvres  de  saint  Grégoire  le  Grand  par 
)\il«iinus,  disciple  de  ce  saint  pape,  dans  le  vi®  siècle.  Son  ouvrage 
ânit  au  livre  de  TEcclèsiastique,  ainsi  le  second  et  le  troisième 
ti^uo  nous  manquent. 

îlîi.  Un  manuscrit  en  vélin,  grand  in-quarto,  contenant  dix-sept 
hiMuélies  sur  le  livre  de  la  Genèse,  treize  sur  l'Exode  et  seize  sur 
lo  Lovitique,  par  le  grand  Origène,  mort  en  255. 

3î^.  La  première  partie  de  la  seconde  de  la  Somme  théologique 
do  saint  Thomas  d'Aquin  ;  un  volume  in-quarto,  ms,  en  beau 
vélin,  acheté  à  Paris  l'an  1462. 

34.  La  troisième  partie  de  la  Somme  du  même  saint,  en  beau 
vélin,  mais  très  mal  écrit. 

35.  Un  manuscrit  en  beau  vélin,  in-quarto,  intitulé  :  «  De  offlcio 
sacerdotis  seu  Summa  casuum  conscientie  »,  composé  par  Albert 
Mandagasino,  dit  de  Bresse,  disciple  de  saint  Thomas,  et  mort 
en  odeur  de  sainteté  l'an  1314.  Cet  ouvrage  est  très  rare,  n'ayant 
pas  été  imprimé. 

36.  Un  manuscrit  en  vélin,  in-folio  parvo,  qui  contient  des 
sermons  sur  les  épitres  et  les  évangiles  des  dimanches  de  l'année, 
par  le  vénérable  Ay mon,  religieux  de  Savigny,  ordre  de  Citeaux, 
mort  en  1175,  copié  par  dom  Etienne  au  xni®  siècle. 

37.  Un  volume  in-quarto,  manuscrit,  en  véhn,  sous  ce  titre  : 
«  Capsa  factorum  et  dictorum  mirabilium  Valerii  Maximi.  »  Cet 
ouvrage  est  curieux  et  bien  écrit.  On  l'acheta  à  Paris  en  1447. 

38.  Un  Dictionnaire  éthimologique  des  mots  latins  sous  ce 
titre  :  «  Derivationes  magistri  Hugonis  de  Pisa  composita  super 
septem  artibus.  »  Manuscrit  en  vélin,  grand  in-quarto. 

39.  Le  Traité  de  saint  Ambroise  sur  le  pseaume  CXVIII  avec 
les  livres  sur  les  Mistères  et  sur  les  Sacremens.  Un  manuscrit 
latin  in  folio,  en  vélin. 

40.  Un  manuscrit  latin  sur  vélin,  in-folio,  contenant  les  cinq 


jIj^ 


25 

livres  de  saint  Augustin  sur  la  très  sainte  Trinité,  portant  à  la 
fin  :  «  Liber  Sancte  Marie  de  Charitate  »,  livre  très  vieux. 

41 .  L'Exameron  de  saint  Ambroise,  qui  est  l'exposition  des 
œuvres  des  six  jours  de  la  Création,  avec  deux  traités  sur  le 
Paradis  et  sur  Gain  et  Abel.  Un  manuscrit  latin  en  vélin, 
in-folio. 

42.  Les  Commentaires  de  saint  Jérôme  sur  les  petits  prophètes. 
Deux  volumes  manuscrits  en  vélin,  in-folio.  Copié  à  la  Charité. 

43.  Questiones  canonice  Jacobi.  C'est  un  manuscrit  très  mal 
formé,  sur  vélin,  in-folio. 

44.  Le  Commentaire  de  saint  Thomas  sur  les  livres  des  Sen- 
tences. Manuscrit  en  vélin,  in-folio,  très  mal  écrit.  Livre  acheté 
à 

45.  Un  manuscrit  en  vélin,  in-folio,  mais  très  mal  écrit,  ayant 
pour  titre  :  «  Questiones  disputate  de  veritate  a  Sancto  Thoma 
Aquinate  ».  Acheté  à  Paris  l'an  1461. 

46.  L'ouvrage  de  saint  Augustin  intitulé  :  «  De  verbis  Domini.  » 
Ce  sont  des  discours  sur  les  principaux  actes  des  apôtres  saint 
Pierre,  saint  Paul,  Jacques  et  Jean.  Un. volume  manuscrit  en 
vélin,  grand  in-quarto.  Copié  à  la  Charité. 

47.  La  seconde  partie  des  Homélies  d'Origène,  contenant  les 
homélies  sur  les  livres  de  Josué,  des  Juges,  des  Rois,  du  Cantique 
des  Cantiques,  d'Isaye,  de  Jérémie  et  d'Ezéchiel.  Un  volume 
manuscrit  en  vélin,  in-folio. 

48.  Les  livres  des  Dialogues  de  saint  Grégoire,  pape  ;  un 
volume  manuscrit  en  vélin,  in-quarto. 

49.  Les  livres  de  saint  Augustin  «  De  doctrina  christiana  »,  «  De 
spiritu  et  littera  »  et  «  De  pastoribus  » .  Un  manuscrit  en  vélin 
in-quarto. 

50.  Les  Lettres  de  saint  Bernard,  deux  manuscrits  en  vélin, 
in-quarto. 

51.  Un  manuscrit  en  vélin,  in-quarto,  sous  ce  titre  :  «  De  qua- 
tuor voluntatibus  in  Christo  »,  sans  nom  d'auteur. 

52.  Un  manuscrit  en  vélin,  in-quarto,  intitulé  :  «  De  virtu- 
tibus  moralibus  et  animi  presentia  »,  sans  nom  d'auteur. 

53.  «  Tracta  tus  de  variis  conditionibus  hominis  »,  un  ms.  en 
vélin,  in-quarto;  «  autore  Jeanne  Genesio,  doctore.  » 

54.  «  Vita  sancti  Gregorii  pape,  a  Joanne  diacono  »;  manus- 
crit sur  vélin,  gros  in-octavo. 

55.  Un  manuscrit  latin,  en  vélin,  in-quarto,  contenant  l'His- 


26 

I^HTd  chronologique  des  choses  les  plus  considérables  arrivées 
\K>|>uis  lorigine  du  monde  jusqu'au  xii^  siècle,  par  Othon,  religieux 
Aà  Morixnond  et  évêque  de  Frisinghen  ;  copié  par  dom  Etienne  au 
xm"*  siècle. 

56.  Le  Pastoral  de  saint  Grégoire  le  Grand;  manuscrit  latin, 
en  un  volume  sur  vélin,  in-octavo. 

57.  Un  manuscrit  latin  en  vélin,  in-octavo,  intitulé  :  «  Liber 
sancti  Âugustini  de  sermone  Domini  in  monte.  » 

58.  Le  Commentaire  de  saint  Jérôme  sur  le  prophète  EzécMel, 
écrit  sur  vélin,  in-quarto. 

59.  Un  beau  manuscrit  en  vélin,  in-octavo,  qui  est  le  traité  : 
«  De  regimine  principum  »,  composé  et  dédié  à  PhiUppe  le  Bel, 
roi  de  France,  par  Gilles  de  Roma,  religieux  augustin,  ensuite 
archevêque  de  Bourges,  mort  en  1316. 

60.  «  Varie  questiones  de  Scriptura  sacra  autoritate  Patrum 
elucidate  »  ;  manuscrit  sur  vélin,  in-octavo,  sans  aucun  nom 
d'auteur. 

61.  «  Excerpta  ex  deânitionibus  summorum  pontiâcum,  conci- 
liorum,  etc.,  de  flde  et  jure  »  ;  manuscrit  en  vélin,  in-octavo, 
sans  nom  d'auteur. 

62.  «  Liber  de  oculo  morali  »,  ce  qui  se  rapporte  au  sens  de 
l'Ecriture  à  l'attention  et  à  l'intention;  manuscrit  en  vélin,  in- 
octavo;  sans  nom  d'auteur^ 

63.  Preuves  de  la  venue  du  Messie,  contre  les  juifs,  par  Nico- 
las de  Lyre,  en  1334.  Manuscrit  latin,  sur  véhn,  in-octavo. 

64.  «  Liber  sermonum  de  misteriis  et  festis  totius  anni  »  ;  un 
manuscrit  sur  vélin,  in-octavo,  sans  nom  d'auteur. 

65.  «  Compendium  Summe  theologice  sancti  Thome  Aquina- 
tis.  »  Manuscrit  en  vélin,  in-octavo. 

66.  «  Summa  sive  tractatus  de  vitiis  et  peccatis  »  ;  un  manus- 
crit en  vélin,  in-octavo,  sans  nom  d'auteur. 

67.  Les  Livres  de  phisique  d'Aristote;  manuscrit  latin  en 
vélin,  in-quarto. 

68.  «  De  arte  rhetorica  »  ;  manuscrit  en  vélin,  in-octavo. 

69.  «  Opéra  Virgilii  »,  manuscrit  in-octavo,  en  vélin. 

70.  «  Liber  Dioscoridis  de  plantis  et  rébus  medicis  »  ;  un  ma- 
nuscrit en  vélin,  in-octavo. 


1 .  OuTrage  de  Pierre  de  Limoges  ;  voyez  VHistoire  littéraire  de  la  F)rance, 
t.  XXVI,  p.  463. 


27 

71.  Un  manuscrit  en  beau  vélin,  in-folio,  contenant  les  Confé- 
rences dé  saint  Jean  Cassien,  mort  à  Marseille  Tan  433.  L'ouvrage 
porte  ce  titre  :  «  Instituta  sanctorum  Patrum  Eremi  >  ;  copié  par 
dom  Etienne,  religieux  de  cette  maison  au  xuf  siècle. 

72.  La  Vie  des  saints  Barlaam  et  Josaphat,  et  le  livre  «  De 
contemptu  mundi  »  du  pape  Innocent  III ,  transcrit  par  dom 
Etienne,  religieux  de  cette  maison  au  xm®  siècle. 

73.  La  Vie  de  saint  Clément  I,  pape  ;  manuscrit  en  vélin, 
in-quarto.  Copié  par  le  même  religieux. 

74.  «  Miscellanea  »,  ou  un  ancien  manuscrit  en  vélin,  grand 
in-folio,  qui  fait  un  mélange  de  diverses  pièces,  scavoir  l'Histoire 
des  Troyens,  par  Cornélius  Nepos;  l'Histoire  des  Lombards,  par- 
tagée en  six  livres,  par  Paul,  diacre  d'Aquilée,  qui  avoit  été  au 
vm®  siècle  secrétaire  de  Didier,  dernier  roi  de  cette  nation  ;  la 
Vie  et  le  martir  de  saint  Thomas,  archevêque  de  Cantorbéry  ; 
l'Histoire  de  la  translation  du  corps  de  saint  Etienne,  premier 
martir  ;  la  Vie  et  les  miracles  de  saint  Léonard  ;  la  vie  et  les 
miracles  du  bienheureux  Pierre,  religieux  et  directeur  du  mo- 
nastère de  Jully  ;  l'Origine  de  la  monarchie  françoise. 

ÉCRIVAINS  DE  CETTE  PROVINCE. 

75.  L'abbaye  de  la  Charité  possède  encore  un  gros  volume 
in-quarto,  en  manuscrit,  sur  parchemin,  contenant  quatre-vingt- 
six  sermons  de  Jean  Allegrin  d'AbbeviUe,  archevêque  de  Besançon, 
ensuite  cardinal,  mort  en  1237.  Ces  sermons  latins  sont  des  dis- 
cours sur  la  vie  et  la  passion  de  Notre-Seigneur,  sur  les  devoirs 
des  prélats,  sur  les  obligations  des  clercs,  sur  la  vie  religieuse, 
sur  les  fêtes  de  la  sainte  Vierge,  sur  la  dédicace  des  églises,  et 
sur  quantité  de  sujets  de  morale  qu'il  traite  avec  autant  de  piété 
et  d'onction  que  d'esprit  et  de  solidité.  On  a  joint  à  ces  ouvrages 
le  Commentaire  sur  le  livre  de  l'Ecclésiastique  fait  par  Hugues  de 
Saint-Cher,  ainsi  dit  du  lieu  de  sa  naissance  en  Dauphiné,  reh- 
gieux  dominicain  et  cardinal,  décédé  à  Orvieto  en  1263,  copié 
au  xjif  siècle  par  dom  Etienne,  religieux  de  la  Charité. 

76.  «  Explanatio  super  4  libres  Regum  »,  un  volume  in-folio, 
manuscrit,  en  vélin.  C'est  le  Commentaire  de  dom  Angelôme, 
religieux  bénédictin  dans  l'abbaye  de  Luxeul,  vers  l'an  853.  Cet 
ouvrage  est  fort  allégorique  et  mystique.  Il  ne  paroît  pas  avoir 
été  jamais  imprimé. 


QUELQUES 


AITOGRAPHES  FRANÇAIS 


DES  ARCHIVES  DE  VENISE. 


Ijh  i^reourant  les  portefeuilles  des  dépêches  écrites  à  la  seigneurie 
i«  \^^  par  les  ambassadeurs  de  la  république  accrédités  auprès 
ii^  [fit  cour  de  France,  j'ai  remarqué  quelques  belles  lettres  auto- 
ï^r^^^fei^  dont  je  donne  plus  loin  le  texte.  Elles  méritent  toutes  de 
t^urw  dans  le  musée  paléographique  et  diplomatique  que  le  savant 
vliyvcteur  des  archives  de  Venise  organise  en  ce  moment. 

H^ari  lY  a  signé  seulement  la  lettre  écrite  à  l'occasion  de  la  nals- 
^tj^iH'O  de  Gaston  d'Orléans,  que  Brulart  de  Sillery  a  contresignée. 

Ues  autres  lettres  sont  entièrement  de  la  main  du  signataire,  y 
ci^nprls  Tadresse.  Les  trois  lettres  de  Richelieu  ne  se  trouvent  pas 
iten»  le  recueil  de  M.  Avenel.  La  lettre  de  Louis  XIY  et  celle  du 
^iauphin  sont,  comme  les  cachets,  Penveloppe  et  les  lacs  de  soie  qui 
«uii  dépendent,  d'une  beauté  et  d'une  fraîcheur  remarquables. 


I. 

1608.  25  avril.  Fontainebleau. 

Henri  IV  à  l'ambassadeur  de  Venise,  à  V occasion  de  la  naissance  du  duc 

d'Anjou,  depuis  duc  d'Orléans  *. 

Monsieur  Foscarini.  Ayant  pieu  à  Dieu  délivrer  présentement 
la  reyne  ma  femme  de  sa  grossesse,  pour  la  faire  accoucher  heu- 
reusement d'un  beau  fils,  je  vous  en  ay  bien  voullu  advertir,  en 

1.  Filza  ou  portefeuille  39.  La  lettre,  insérée  dans  une  dépêche  de  Foecarini 
au  doge,  est  fermée  par  une  bande  de  papier  sceUée  aux  armes  de  France. 
Ce  n'est  pas  la  circulaire  de  la  même  date  que  Ton  trouve  dans  le  recueU  de 
M.  Berger  de  Xivrey,  t.  VII,  p.  532. 


34 

m'en  réjouissant  avec  vous  par  ceste  lettre,  m'asseurant  que  vous 
en  recevrez  tous  contentement  et  consolacion,  pour  Taffecion  que 
me  portent  vos  seigneuries  et  l'inclination  que  je  scay  que  vous 
avez  eu  particulièrement  au  bien  et  prospérité  de  mes  affaires.  Et 
n'estant  la  présente  pour  autre  estât,  je  prie  Dieu,  Mons.  Fosca- 
rini,  qu'il  vous  ait  en  sa  sainte  et  digne  garde.  Escript  à  Fontai- 
nebleau, le  XXV®  jour  d'avril  1608. 

Henry. 

Brulart. 
Au  dos  :  A  Mons^  Foscarini,  ambassadeur  de  la  république  de 
Venize. 

II. 

1630.  15  janvier.  Martigny. 

Le  cardinal  de  Richelieu  au  chevalier  Soranzo,  ambassadeur  de  Venise 

près  la  cour  de  France  K 

Monsieur, 
J'ay  reçeu  la  lettre  qu'il  vous  a  pieu  m'escripre,  et  en  mesme 
temps  une  aultre  de  Mons*"  le  mareschal  de  Créquy ,  qui  me 
mande  qu'il  luy  est  arrivé  nouvelles  certaines  que  le  siège  de  Man- 
toûe  est  levé  et  que  les  Allemands  se  sont  retirez  en  tel  desordre 
qu'il  n'a  tenu  qu'à  Monsieur  de  Mantoiie  de  les  deffaire  ;  qu'il  en 
a  taillé  en  pièces  quelques  uns  en  reprenant  Montenare  et  Cour- 
tanton,  qui  sont  deux  postes  qu'ils  youloient  garder.  Mons*" 
d'Avaux  m'escript  que  la  sérénissime  république  se  résoudra 
d'attacquer  quelques  lieux  qui  empeschent  la  liberté  de  la  com- 
munication entre  Elle  et  Monsieur  de  Mantoiie.  Je  ne  doubte 
point  qu'elle  ne  marche  de  bon  pied  en  ceste  occasion.  Je  ne  perds 
point  de  temps  à  m'acheminer  le  plus  promptement  qu'il  m'est 
possible,  pour  me  rendre  en  Italie.  L'affaire  de  Monsieur  est 
accommodée,  de  sorte  qu'il  n'y  a  rien  qui  puisse  divertir  l'effect 
d'une  si  puissante  armée  que  celle  dont  il  a  pieu  au  Roy  me  don- 
ner commandement.  Voyla  le  subject  qui  m'a  fait  prendre  la 
plume,  et  pour  vous  asseurer  que  je  suis. 
Monsieur, 

Vostre  très  affectionné  serviteur. 

Le  cardinal  de  Richelieu. 
A  Martigny,  ce  15®  janvier  1630. 

1.  Filza  73.  Insérée  dans  la  dépêche  de  Jérôme  Soranzo  au  doge  n"*  117  sola; 
datée  de  Roanne  le  16  janvier  1629,  style  de  Venise. 


32 

Au  dos:  Â  Monsieur,  Monsieur  Zerenzo,  ambassadeur 
extraord*^  de  la  sérénissime  république  de  Venise. 

m. 

1630.  15  mars.  Gasalette. 
Le  cardinal  de  Richelieu  au  chevalier  Soranzo  *. 

Monsieur,  aiant  hier  conféré  avec  M.  le  prince  de  Piedmont 
chose  que  j'estime  vous  devoir  communiquer,  je  vous  prie  vouloir 
prendre  la  peine  de  venir  coucher  à  Pianesse,  où  je  vous  feray 
donner  un  logis.  M.  de  Montmorancy  y  est  logé.  Si  quelques 
gens  de  guerre  qui  y  sont  empeschent  vostre  commodité,  je  les 
en  feray  demain  desloger  esprès  et  les  feray  avancer  avecl'avant- 
garde,  estimant  plus  vostre  contentement  que  je  ne  vous  puis 
dire.  C*est, 

Monsieur, 

Vostre  très  affectionné  serviteur, 

Le  cardinal  db  Richelieu. 
Cazelette,  ce  15®  mars  1630. 
Au  dos  :  Â  Monsieur  Zerenzo,  ambassadeur  de  Venise.  Â 
Turin. 

IV. 

1630.  22  mars.  Pignerol. 
Le  cardinal  à  Soranzo  >. 

Illustrissime  et  Eccellentissimo  Signor, 
Ho  mandato  due  volte  gentilhuomini  per  parlare  a  Vostra 
Eccellenza  et  pregarlo  de  venir  qui.  Faccio  ancora  lo  medesimo, 
supplicandolo  di  credere  che  non  andara  mai  verso  persone  che 
rhonori,  lo  stimi  e  Tami  più  di  me,  non  solamente  come  amba- 
sciatore  de  la  serenissima  repubblica,  ma  anchora  per  conto  délia 
sua  persona  particolare,  de  la  quale  io  sarô  sempre 

Affettuosissimo  Servitore. 

Le  cardinal  de  Richelieu. 
Di  Pignerol,  22  marzo  1630. 

1.  Filza  73.  Insérée  dan&  la  dépêche  n*  146,  datée  de  Pianezza,  à  Tannée  da 
roi,  le  17  mars  1630. 

2.  Filza  73.  Cette  lettre  en  italien  est  enUèrement  de  la  main  du  cardinal, 
comme  le  dit  Soranzo,  en  la  transmettant  au  doge,  dans  sa  dépêche  chiffrée  n*  152 


33 

V. 

1669.  12  mai.  Saint-Germain-en-Laye. 
Turenne  au  doge  Dominique  Contarini  K 

A  S'  Germain,  ce  12«  mai  1669. 

Sérénissime  prince, 
Je  rendrai  grâces  très  humbles  à  Vostre  Sérénité  de  ce  que  ma 
recommandation  a  esté  de  quelque  poids  près  de  la  S.  R.  pour  les 
obliger  de  prendre  à  leur  service  M.  le  conte  de  Frontenac,  et  je 
suis  bien  assuré  que  je  n'aurai  point  de  reproche  d'y  avoir  envoyé 
une  personne  en  qui  on  trouvera  tant  de  bonne  calités,  et  à  l'es- 
gart  de  son  courage  et  de  sa  prudence  dans  la  conduite  ordinaire. 
Je  suplie  très  humblement  Vostre  Sérénité  que  Thnpatience  qu'il 
a  eu  d'aller  servir  ne  lui  préjudicie  point  dans  une  demande  très 
juste  qui  est  qu'après  les  généraux  de  la  S.  R.  il  n'obéisse  qu'à 
Monsieur  le  marquis  de  S*  André.  Qu'elle  ait  aussi  la  bonté  que 
l'argent  qu'il  a  touché  pour  son  voyage  ne  soit  pas  préconté  sur 
ses  appointements,  et  que  l'on  vueillielui  entretenir  deux  officiers 
reformés  pour  servir  près  de  lui.  Ce  sont  des  grâces  de  l'obliga- 
tion desquelles  je  me  chargerai  avec  beaucoup  de  plaisir.  J'ai 
suplié  Monsieur  l'ambassadeur  d'assurer  Votre  Sérénité  que  je 
m'estimerai  très  heureux  quand  je  pourrai,  par  mes  respects  et 
mes  services  très  humbles,  faire  paroistre  à  la  S.  R.  la  vénération 
que  j'ai  pour  elle,  et  le  plaisir  que  ce  me  seroit  de  pouvoir  par 
quelque  moyen  contribuer  de  quelque  chose  à  sa  gloire  et  à  l'aug- 
mentation de  sa  grandeur.  Faites  moi  l'honneur  de  croire  que 
c'est  le  souhait  bien  sincère, 

Sérénissime  prince, 

de  votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

Turenne. 
Au  dos  :  Au  sérénissime  prince  de  Venise,  etc. 

seconda,  datée  de  Pignerol  24  mars  1630  :  «  H  cardinale  ha  passato  meco  una 
c  grande  escusatione,  per  non  havermi  potuto  comunicar  le  sue  rissolutioni 
«  contro  il  Duca  di  Savoia,  per  esser  state  improvisissime^  et  che  due  volte  ha 
c  mandato  gentilhuomlni  espressi  per  darmene  parto  ;  ma  che  il  Duca  impedi 
c  che  non  potessero  parlar  meco  ;  et  per  mons**  Pancirolo  mi  ha  mandato  Pag- 
c  gionto  biglieto,  scrilto  di  sua  mano  in  italiano.  » 

1.  Filza  144.  Insérée  dans  la  dépêche  n*>  77.  La  lettre  était  fermée  par  des  lacs 
de  soie  jaune  retenus  sous  deux  cachets  de  cire  rouge  aux  armes  de  Turenne. 
L'un  des  cachets  a  été  brisé  pour  retirer  la  lettre. 

3 


34 

VI. 

1699.  22  mars.  Versailles. 
Le  dauphin  au  doge  ^ 

Messieurs,  pendant  tout  le  temps  que  le  s''  Erizzo,  votre  ambas- 
sadeur auprès  du  Roi  mon  Seigneur  et  Père,  a  demeuré  en  cette 
cour,  il  s'est  fort  bien  aquitté  des  ordres  que  vous  lui  aviez  donnés 
à  mon  égard,  me  marquant  dans  les  occasions  les  sentiments  et 
l'attachement  que  vostre  république  a  pour  moy.  Je  lui  ay  tou- 
jours témoigné  le  gré  que  je  vous  en  savois  et  l'estime  que  j'avois 
pour  vous,  dont  il  vous  aura  sans  doute  rendu  conte.  Mais  j'ay 
encore  voulu  vous  en  asseurer  moy  mesme,  outre  ce  que  je  l'ai 
chargé  de  vous  dire  de  ma  part  dans  son  audience  de  congé.  La 
dessus  je  prie  Dieu  qu'il  vous  ait,  Messieurs,  en  sa  sainte  et  digne 
garde. 

Ecrit  à  Versailles,  ce  22«  mars  1699. 

Votre  très  affectionné  ami 

Louis. 

Au  dos  de  V enveloppe,  de  la  main  du  dauphin  :  k  Mes- 
sieurs les  duc  et  seigneurie  de  Venise. 


VII. 

1699.  27  mars.  Versailles. 
Louis  XIV  au  doge  et  à  la  seigneurie  de  Venise^. 

Messieurs,  quoique  j'aye  chargé  le  sieur  Erizzo  votre  ambas- 
sadeur de  vous  assurer  de  mon  amitié,  je  suis  bien  aise  de  le  faire 
encore  moy  mesme  par  cette  lettre.  Je  scay  quels  ont  été  dans 
tous  les  temps  vos  sentimens  pour  la  couronne  de  France  ;  et  les 
miens  pour  vous  sont  ainsi  que  vous  pouvez  le  désirer.  C'est  de 


1.  Filza  192.  Insérée  avec  ceUe  da  roi  dans  la  dépêche  n'  480  sola  et  vUima, 
La  leUre  du  dauphin  était  sous  une  enveloppe  scellée  d'un  cachet  sur  cire  rouge 
aux  armes  du  prince. 

2.  Filza  192.  Insérée  dans  la  dépêche  d'Ërizzo  n"  480  sola  et  ultimOy  datée  de 
Paris  le  7  avril  1699.  La  lettre  du  roi  est  fermée  par  un  lac  de  soie  bleue,  scel- 
lée de  deux  cachets  en  cire  rouge  aux  armes  de  France.  Les  cachets  sont  intacts^ 
la  soie  seule  ayant  élé  coupée  pour  retirer  la  lettre. 


35 

quoi  je  vous  prie  d'être  bien  persuadés,  et  de  la  sincérité  avec 

laquelle  je  suis, 

Messieurs, 

Votre  très  affectionné  amy. 

Louis. 
A  Versailles,  le  27  mars  1699. 

Au  dos,  de  la  main  du  roi  :  A  Messieurs  les  duc  et  seigneu- 
rie de  Venise. 

L.  DE  Mas  Latrie. 


LES  ARCHIVES 


DU   COMTÉ   DE   LA  MARCHE 


Il  n'est  pas,  je  crois,  de  province  en  France  sur  les  annales  de 
laquelle  on  soit  si  mal  renseigné  que  sur  celles  de  la  Marche.  En 
Tan  de  grâce  1881,  il  faut  se  contenter  pour  l'histoire  d'ensemble 
de  ce  pays  de  la  méchante  compilation  de  JouUietton  publiée  à 
Guéret  au  commencement  du  siècle*,  et  les  quelques  monogra- 
phies locales  qui  ont  vu  le  jour  depuis  n'apportent  qu'un  bien 
faible  contingent  de  faits  nouveaux,  si  Ton  songe  à  tout  ce  qui 
reste  à  connaître.  A  quoi  attribuer  ce  malheureux  état  de  choses  ? 
Manque  d'hommes,  dira-t-on.  Je  le  veux  bien,  mais  aussi,  mais 
surtout  manque  de  documents.  Toutes  les  provinces  voisines  ont 
des  fonds  d'archives  de  premier  ordre,  constitués  par  les  archives 
mêmes  de  leurs  souverains  féodaux  :  les  archives  des  sires,  comtes, 
puis  ducs  de  Bourbonnais  étaient  à  Moulins  et  sont  allées  de 
là  à  Paris,  où  on  les  trouve  aujourd'hui  aux  Archives  nationales; 
celles  des  comtes  d' Angoulême  ont  eu  le  même  sort  ;  celles  des 
vicomtes  de  Limoges,  parties  probablement  de  Ségur,  ont  suivi 
un  chemin  tout  difiërent ,  mais  enfin ,  et  c'est  là  l'essentiel ,  elles 
existent  actuellement  et  appartiennent  aux  archives  départemen- 
tales de  Pau.  Où  étaient  les  archives  des  comtes  de  la  Marche? 
Où  sont-elles  aujourd'hui?  A  cette  dernière  question  je  réponds 


1.  Histoire  de  la  Marche  et  du  pays  de  Combraille,  Guéret,  1814-15.  2  vol. 
in-8». 


37 

tout  de  suite  —  et  plût  au  ciel  que  je  me  trompasse!  —  elles  ne 
sont  nulle  part.  A  la  première  je  vais  tâcher  de  répondre  en  pro- 
duisant tous  les  renseignements  que  j'ai  pu  me  procurer  à  ce 
sujet. 

JouUietton  dit  quelque  part  en  substance  que  «  les  premiers 
comtes  de  la  Marche  avaient  leur  chambre  des  comptes  à  Char- 
roux;  sous  les  Lusignans  elle  était  à  Angoulême;  Philippe  le  Bel 
la  supprima  et  fit  transporter  les  titres  à  Paris.  Sous  les  Bour- 
bons elle  était  à  Moulins.  »  J'ai  retrouvé  ce  passage  tel  quel  dans 
les  papiers  de  Pierre  Robert,  où  JouUietton  Ta  certainement  pris*; 
Robert  lui-même  dit  l'avoir  tiré  d'un  ouvrage  de  Bacquet, 
Traité  du  droit  de  deshériter,  ch.  7.  Il  mérite  d'être  discuté, 
car  il  exprime  une  opinion  que  l'on  serait  porté  à  adopter  sans 
examen,  mais  qui  ne  me  paraît  pas  juste.  Je  n'insiste  pas  sur 
l'impropriété  de  l'expression  chambre  des  comptes  appliquée 
au  xiif  s.  et  même  à  l'époque  antérieure;  en  disant  que  la 
chambre  des  comptes  se  trouvait  à  tel  endroit,  notre  auteur  a 
voulu  sans  doute  dire  que  là  était  le  centre  de  l'administration 
féodale  et  le  dépôt  des  titres.  A  ce  point  de  vue  sa  première  affir- 
mation est  exacte  :  Charroux,  berceau  de  nos  premiers  comtes, 
a  dû  être  très  longtemps  —  plus  longtemps  même  qu'on  ne  le 
croit  généralement,  comme  je  le  montrerai  plus  loin  —  le  centre 
de  leur  administration,  et  n'a  jamais  cessé  de  faire  partie  du 
comté  de  la  Marche,  quoi  qu'en  dise  M.  Deloche^.  Mais  on  sait 
que  la  première  maison  des  comtes  de  la  Marche  a  abdiqué  en 
1177,  date  de  la  vente  du  comté  à  Henri  II,  roi  d'Angleterre,  par 
le  dernier  des  Aldeberts;  or  il  serait  plus  que  téméraire  de 
croire  que  les  comtes  de  la  Marche  aient  eu  l'idée  de  déposer 
leurs  titres  dans  un  endroit  fixe,  à  une  époque  où  cette  idée 
n'était  pas  même  encore  venue  au  roi  de  France. 

Passons  aux  Lusignans.  Ont-ils  vraiment  feit  d' Angoulême  le 
centre  de  l'administration  de  leurs  deux  comtés  de  la  Marche  et 
d' Angoulême?  Il  est  facile  de  montrer  à  quel  point  cela  est 
invraisemblable.  Hugues  IX  s'empara  du  comté  de  la  Marche  en 

1.  Bibl.  comm.  de  PoiUers,  coll.  Fonteneau,  t.  XXX,  p.  38. 

2.  Étude  sur  la  géographie  historique  de  la  Gaule,  dans  les  Mémoires  pré- 
sentés par  divers  savants  à  VAcad,  des  inscr.  et  b.-L,  2*  série,  IV,  p.  302  : 
c  Après  la  mort  de  Sulpice,  et  sous  Boson  !•',  surnommé  le  Vieux,  la  Marche 
nous  paraît  être  devenue  exclusivement  limousine;  le  canton  poitevin  de  Char- 
roux  retourna  très  vraisemblablement  au  comté  de  Poitiers,  s 


38 

1199*  et  le  posséda  seul  jusqu'à  sa  mort  (1219)  ;  il  dut  même 
accorder  un  soin  particulier  à  son  administration,  car  c'est  lui 
qui  le  premier  des  comtes  de  la  Marche,  en  1211,  osa  faire 
frapper  monnaie;  Bernard  Itier,  à  qui  nous  devons  ce  précieux 
renseignement,  nous  apprend  que  la  nouvelle  monnaie  fut 
frappée  à  Bellac*,  ce  qui  semblerait  indiquer  que  cette  ville 
était  devenue  pour  un  moment  la  capitale  administrative  du 
comté.  C'est  seulement  en  1220,  par  le  mariage  de  Hugues  X 
avec  Isabelle  d'Angoulême,  que  le  comté  d'Angoulême  se  trouva 
réuni  pour  de  longues  années  à  celui  de  la  Marche.  On  avouera 
que  dans  ces  conditions  il  semblerait  moins  étonnant  de  voir 
annexer  au  comté  de  la  Marche,  depuis  longtemps  dans  la  maison 
deLusignan,  l'administration  du  comté  d'Angoulême,  que  de  voir 
annexer  au  comté  d'Angoulême,  nouveau  venu  dans  les  posses- 
sions de  la  famille,  l'administration  du  comté  de  la  Marche.  En 
réalité  les  deux  administrations  durent  être  indépendantes  l'une 
de  l'autre;  on  peut  en  voir  une  preuve  dans  le  testament  de 
Hugues  X  (mars  1243)  où  il  déclare  laisser  à  son  fils  aîné 
«  comitatum  Marchie,  comitatum  Engolisme  et  monetas  utrius- 
que  comitatus^.  »  Enfin  si  les  archives  du  comté  de  la  Marche 
avaient  été  transportées  à  Angoulême,  on  les  retrouverait 
aujourd'hui  aux  Archives  nationales  dans  les  Titres  d'Angou- 
mois;  or  ces  titres  renferment  bien  un  assez  grand  nombre  de 
pièces  qui  remontent  aux  Lusignans,  mais  toutes  se  rapportent 
au  comté  d'Angoulême  seul,  et  non  à  la  Marche. 

Je  regrette,  à  propos  des  Lusignans,  de  ne  pouvoir  examiner 
avec  toute  l'attention  qu'il  mérite  un  important  document  que 
M.  Delisle  a  été  le  premier  à  utiliser,  le  Cartulaire  des  comtes 
de  la  Marche.  L'original  était  è  la  chambre  des  comptes  de 

1.  M.  L.  Delisle  a  consacré  un  excellent  mémoire  {Bihl.  de  VÉc,  des  ch*,  1. 17, 
p.  537-545)  à  rétablir  la  chronologie  des  comtes  de  la  Marche  de  la  maison  de 
Lusignan,  pleine  des  plus  grosses  erreurs  dans  VArl  de  vérifier  les  dates.  La 
seule  inexactitude  que  j'y  relève  est  relative  à  l'avènement  de  Hugues  IX;  la 
charte  de  1190  citée  par  rillustre  savant  porte  en  effet  cette  date  dans  une  copie 
de  Dupuy,  mais  la  copie  est  fautive  et  la  vraie  date  est  1199.  Deux  chroniqueurs 
indépendants  Vun  de  l'autre,  Bernard  Itier  et  Albéric  de  Troisfontaines,  témoi- 
gnent que  Hugues  de  Lusignan  profita  de  la  mort  de  Richard  Cœur  de  Lion  pour 
s'emparer  de  la  Marche,  sur  laquelle  sa  famille  avait  des  prétentions  depuis  plus 
d'un  siècle. 

2.  D.  Bouquet,  XVIII,  227;  cf.  l'éd.  Duplès-Agier,  à  la  date. 

3.  Layettes  du  trésor  des  chartes,  tome  II,  n"*  3049. 


39 

Paris  et  a  dû  périr  dans  le  grand  incendie  de  1735  ;  il  n'en  existe 
plus,  à  ma  connaissance,  que  deux  copies  du  commencement  du 
xvni*  siècle*.  Ce  cartulaire  semble  avoir  été  rédigé  vers  la  fin 
du  xm®  siècle,  car  il  ne  contient  pas  de  pièces  postérieures  à  cette 
époque  ;  les  pièces  relatives  au  comté  même  de  la  Marche  n'y  sont 
pas  en  majorité,  mais  il  y  en  a  quelques-unes  de  très  précieuses, 
au  milieu  de  documents  relatifs  aux  autres  possessions  des  Lusi- 
gnans.  Ce  mélange  semblerait  appuyer  Tidée  que  ces  puissants 
seigneurs  féodaux  avaient  des  archives  centrales.  Mais,  avant  de 
rien  affirmer,  il  faudrait  déterminer  rigoureusement  la  date  et  la 
provenance  de  ce  cartulaire  ;  ce  dernier  résultat  s'obtiendrait ,  je 
crois,  assez  facilement,  si  l'on  pouvait  savoir  à  quelle  époque  et 
par  quelle  voie  il  était  entré  à  la  chambre  des  comptes. 

En  1308,  à  la  mort  de  Gui  de  Lusignan,  Philippe  le  Bel  s'em- 
para des  comtés  de  la  Marche  et  d'Angoulême  et  il  sut  les 
garder,  en  désintéressant  les  héritiers  plus  ou  moins  directs. 
Mais  il  ne  fit  pas  venir  les  titres  à  Paris*,  car  il  ne  semble  pas 
avoir  jamais  voulu  incorporer  réellement  ces  deux  comtés  au 
domaine  royal.  De  1308  à  1314  il  en  confia  l'administration 
à  un  de  ses  conseillers,  qui  appartenait  précisément  à  une  famille 
de  la  Marche,  Hugues  de  la  Celle  :  nous  avons  plusieurs  pièces 
de  ce  personnage  où  il  prend  la  qualité  de  garde  pour  le  roi  des- 
dits comtés^.  En  1314,  peu  de  temps  avant  sa  mort,  Philippe  le 
Bel  donna  le  comté  de  la  Marche  et  diverses  terres  en  Poitou  à 
son  plus  jeune  fils  Charles,  qui  devait  être  roi  lui-même  en  1322. 
Grâce  à  cette  dernière  circonstance,  il  nous  est  parvenu,  dans  les 
registres  du  trésor  des  chartes  et  dans  ceux  du  parlement, 

1.  Bibl.  nat.,  fonds  latin,  17089  et  17191. 

2.  Si  les  titres  avaient  été  transportés  à  Paris,  ils  auraient  été  incorporés  au 
trésor  des  chartes,  comme  Tavaient  été  ceux  d'Alphonse  de  Poitiers.  Mais  on 
n'en  trouve  aucune  trace  au  Trésor;  en  effet  les  layettes  J  277  {la  Marché), 
374  (Marche  et  Angoulême)  et  407  {Testaments  des  Lusignan)  représentent,  non 
pas  les  archives  des  comtes  de  la  Marche,  mais  la  partie  des  archives  des  rois 
de  France  relative  aux  comtes  de  la  Marche. 

3.  Par  exemple  celle-ci  : 

c  A  touz  cens  qui  verront  ces  présentes  letres,  Hugues  de  la  Celle,  chevaliers 
nostre  segnor  le  Roy,  garde  de  par  li  des  contez  de  la  Marche  et  de  Ëngolesme, 

salut.  Sachent  tuit  que  le  xi*  jour  dou  moys  de  decenbre  je  recen  par  la 

maien  Guillot  de  Roan  à  Gharrouz,  à  heure  de  tierce,  les  letres  dou  roy  nostre 
segnor  sus  le  fait  de  la  besogne  es  Lonbart  {sic).  En  tesmoynz  de  cen  j'ay  donné 
cete  letre  seeUée  de  mon  seel.  Donné  à  Gharrouz  Tan  et  le  jour  desus  dit.  i 
(B.  nat.,  Clair.,  26,  p.  1927.) 


40 

quelques  rares  documents  sur  l'administration  de  Charles  le  Bel 
comme  comte  de  la  Marche,  au  sujet  desquels  on  me  pardonnera 
de  faire  une  petite  digression,  au  moins  en  note.  Ces  documents 
nous  révèlent  un  fait  fort  intéressant  que  personne  n'a  indiqué 
jusqu'ici  :  c'est  que  Charles  le  Bel,  comme  autrefois  Alphonse  de 
Poitiers,  avait  organisé  un  parlement  dans  ses  terres,  et  que  ce 
parlement  siégeait  à  Charroux*.  Lors  de  l'avènement  au  trône 
du  comte  de  la  Marche,  son  parlement  fut  supprimé,  car  nous 
voyons  se  dénouer  au  parlement  de  Paris  plusieurs  affaires 


1.  Sans  rapporter  ici  toutes  les  indications  qoe  j'ai  réunies  à  ce  sujet,  je  me 
borne  à  donner  les  deux  pièces  suivantes  qui  se  passent  de  commentaire  : 

c  Les  genz  tenanz  le  Parlement  de  Mgr.  Mgr.  le  Conte  de  la  Marche  à  Charros 
de  par  ledit  seigneur,  à  noz  amez  Robert  de  Marines,  escuier,  seneschal  de  la 
Marche,  et  à  Mgr.  Hugues  de  Nedes,  clerc,  chenoyne  d'Angers,  salut  et  dilec- 
cion.  Comme  sur  les  enquestes  faites  entre  le  procureur  Mgr.  le  Conte  dessus 
dit,  d'une  part,  et  le  procureur  de  l'Ospital  de  Bourguéneo%  d'autre,  sur  les 
lieus  monstrez  pour  cause  deu  boys  de  Plausonieres ,  autrement  dit  de  Mont- 
bouchier"*^,  déliés  les  boys  de  Murât,  lesquelles  enquestes  ont  esté  veues  et 
regardées  en  conseil  et  non  pas  jugies  pour  aucunes  doubtes,  a  esté  accordé  entre 
lesdiz  procureurs  que  vous  irez  auUiz  boys  et  appellerez  ceuls  qui  feront  à 
appeller  et  lesdiz  procureurs  et  oerez  encores  les  tesmoings  dont  nous  vous 
envoyons  les  nous  qui  sont  oudictes  enquestes  sanz  reproche  et  autres  tesmoinz 
dou  païs,  proudommes  et  loiaulx,  pour  vous  aviser  et  enformer,  pour  faire  bon- 
nage  et  division  entre  lesdites  parties  desdiz  boys  et  des  leus  monstrez,  et,  vous 
avisez  et  enformez,  ferez  ledit  bonnage  et  division  et  métrez  bonnes  là  où  vous 
verrez  qu'elles  feront  à  mettre  oudiz  leus  monstrez  et  en  baudrez  à  chescune 
partie  ce  que  elle  en  devra  avoir,  et  tendra  ferme  et  estable  cen  que  vous  en 
aurez  fait ,  et  nous  mandons  à  tous  à  cui  peut  appartenir  que  à  vous  en  ce  fai- 
sant obéissent  et  entendent  diligenment  Donné  oudit  Parlement  le  lundi  après  la 
Trinité  l'an  de  grâce  mil  trois  cens  et  vint. 

Item  unes  autres  lettres  à  cestes  annexées  : 

Les  maistres  tenanz  le  Parlement  de  Mgr.  Mgr.  le  Conte  de  la  Marche  à  Char- 
ros de  par  celui  seigneur,  à  Robert  de  Marines,  escuier,  seneschal  de  la  Marche, 
saluz.  Nous  vous  mandons  que  vous  la  commission  autrefoiz  faicte  à  vous  et  à 
Mgr.  Hugues  de  Nede,  clerc,  chenoyne  d'Angers,  sur  les  enquestes  faictes  entre 
le  procureur  de  Mgr.  de  la  Marche,  d'une  partie,  et  le  procureur  de  l'Ospital, 
d'autre,  parmy  laquelle  ceste  présente  commission  est  annexée,  mettez  à  execn- 
cion  dehue  et  accomplissiez  de  point  en  point  selonc  la  forme  et  teneur  d'icelle. 
Donné  oudit  Parlement  le  jeudi  emprès  la  feste  saint  Jehan  BapUste  l'an  de 
grâce  mil  trois  cens  vint  et  un. 

(Arch.  nat.,  JJ  64,  p.  88.) 

*  Bourganeuf,  ch.-l.  d'arr.,  Creuse,  =  Burguettum  Novum;  dans  le  patois 
actuel  B(mrgouniou, 
'*'*  Montboucher,  canton  de  Bourganeuf. 


41 

engagées  au  parlement  de  Charroux  ^  Il  est  donc  possible  que 
les  registres  de  ce  parlement  éphémère  aient  été  transportés 
à  Paris,  d'autant  plus  que  Charles  IV  semble  avoir  réelle- 
ment incorporé  la  Marche  au  domaine  royal,  avant  qu'il  ne 
songeât  à  l'échanger  pour  le  comté  de  Clermont  en  Beauvaisis 
avec  Louis  de  Bourbon*.  Pourtant  je  ne  trouve  aucune  indication, 
dans  le  savant  travail  de  M.  Griin  sur  les  archives  du  parlement, 
qui  puisse  faire  naître  l'espoir  de  retrouver  un  jour  aux  Archives 
nationales  ces  registres  si  précieux  pour  l'histoire  et  l'adminis- 
tra tion  de  notre  province. 

J'ai  hâte  de  sortir  enfin  du  terrain  des  doutes  et  des  probabi- 
lités pour  arriver  aux  documents  qui  font  proprement  le  sujet  de 
cet  article  et  me  permettront  de  faire  succéder  des  faits  précis  à 
toutes  les  inductions  dont  j'ai  été  forcé  de  me  contenter  jusqu'ici. 
Je  saute  donc  un  siècle  et  demi  et  j'arrive  à  1475.  Or  à  cette 
date  les  archives  du  comté  de  la  Marche  existaient  bel  et  bien  et 
ne  se  trouvaient  ni  à  Angoulême,'  ni  à  Moulins,  ni  à  Charroux, 
ni  à  Bellac,  mais  au  château  d'Aubusson.  Je  n'entreprendrai  pas 
de  dire  pourquoi,  comment  ni  depuis  quand.  Je  ferai  seulement 
remarquer  que  la  vicomte  d'Aubusson  fut  acquise  par  les  comtes 
de  la  Marche  vers  1260;  que  les  vicomtes,  dont  l'origine  est  au 
moins  aussi  ancienne  que  celle  des  comtes  de  la  Marche,  devaient 


1.  Voici  deux  extraits  de  pièces  qui  établissent  ce  fait  : 

«  [Karolus,  Dei  gracia,  Francorum  et  Navarre  rex ]  Lite  mota  coram  lenen- 

tibus  pro  nobis  Parlaroentum  in  comitatu  nostro  Marchie Inquesta  igitur 

super  hiis,  de  mandato  predictorum  Parlamentum  Marchie  pro  nobis  tenencium, 
vocatis  evocandis,  per  certum  commissarium  incoacta,  et  per  senescallum  Marchie 

de  mandato  curie  nostre  compléta  et  perfecta Va  diemarcii  [1323].  s  (Arch. 

nat.,  X  5,  fol.  296.) 

c  [Karolus ]  Gum  dudum  nobis  ex  parte  prions  de  Chassaigninis  in  Lemovi- 

cinio  fuisset  denunciatum  quod  cum  ipse  prior  plures  injurias coram  tenentes 

Parlamentum  nostrum  Karoli,  dum  eramus  comes  Marchie ,  proposuisset 

mandavimus  ballivo  Alvernie  quatinus  super  predictis  veritatem,  vocatis  evo- 
candis, inquireret  et  quicquid  inveniret  curie  nostre  ad  judicandum  referret 

Datum  XVIlla  die  junii  [13231.  »  {Ubi  suprà,  fol.  331.) 

Dans  ces  deux  pièces  curia  désigne  le  parlement  de  Paris. 

2.  On  lit  dans  une  pièce  de  1326  :  c  senescallo  Marchie  in  contrarium 

asserente  et  dicente  eos  coram  ipso  ressortir!  debere,  cum  comitatu  s  ad  regem 

pervenerit  et  sibi  quodam  modo  sit  unitus »  (Arch.  nat..  JJ  64,  p.  93.)  En 

outre,  pendant  tout  le  règne  de  Charles  IV,  le  même  personnage  fut  presque 
toujours  sénéchal  de  la  Marche  et  du  Limousin,  avec  un  lieutenant  pour  chaque 
province. 


42 

avoir  un  fonds  d'archives  très  important  ;  qu'il  est  donc  possible 
que  peu  de  temps  après  cette  acquisition,  pour  des  raisons  maté- 
rielles quelconques,  on  ait  trouvé  plus  simple  de  transporter  à 
Aubusson  les  archives  du  comté  que  de  transporter  les  archives 
d'Aubusson  dans  le  heu  inconnu  où  devaient  exister  les  archives 
des  comtes  de  la  Marche. 

Voici  maintenant,  avec  l'exposition  des  faits  auxquels  nous 
sommes  redevables  des  deux  précieux  documents  que  je  publie 
en  appendice,  les  détails  que  nous  avons  sur  le  dépôt  d' Aubusson. 

Au  cours  d'un  procès  entre  Jacques  d'Armagnac,  comte  de  la 
Marche ,  et  le  duc  de  Bourbon  * ,  le  parlement  ordonna  que  le  premier 
aurait  à  produire  au  greffe  les  originaux  de  quatre  pièces  dont  il 
n'avait  fourni  que  des  copies  et  que  le  duc  de  Bourbon  prétendait 
arguer  de  faux.  Jacques  d'Armagnac  se  trouvait  à  ce  moment 
à  Cariât,  son  séjour  habituel,  où  il  avait  sa  bibliothèque*  et  sans 
doute,  en  dehors  des  archives  de  la  vicomte  de  Cariât,  les  pièces 
intéressant  ses  différentes  possessions  dont  il  pouvait  avoir  le 
plus  souvent  besoin  ;  il  trouva  immédiatement  trois  des  originaux 
qu'on  lui  demandait,  mais  non  le  quatrième,  un  accord  fait  en  1356 
entre  Louis  de  Bourbon  et  son  oncle  Pierre,  comte  de  Ponthieu^. 
Il  écrivit  alors,  le  14  août  1475,  au  sénéchal  et  au  garde  de  son 
comté  de  la  Marche  pour  qu'on  recherchât  la  pièce.  Sa  lettre* 
nous  apprend  que  ses  archives  «  de  par  délia  »,  c'est-à-dire  plus 
particulièrement  du  comté  de  la  Marche ,  se  trouvaient  au  châ- 
teau d' Aubusson,  et  que  la  garde  en  était  confiée  à  deux  de  ses 
conseillers,  Antoine  Alard  et  Jean  Froment.  Le  sénéchal  et  son 
lieutenant  (car  tel  était  le  titre  officiel  du  gardé)  s'empressèrent 
d'obéir  à  leur  suzerain  ;  à  cet  effet  ils  se  transportèrent  à  Aubus- 
son, appréhendèrent  Jean  Froment,  châtelain  du  lieu  en  même 
temps  qu'archiviste,  et  lui  commandèrent  d'ouvrir  la  tour  du 
château  où  étaient  les  archives,  pour  procéder  aux  recherches 


1.  Voy.  sur  ce  procès,  qui  dura  fort  longtemps,  les  n<>*  5698,  5706,  5719,  5733, 
etc.,  etc.,  des  Titres  de  la  maison  de  Bourbon  (t.  II). 

2.  Voy.  sur  sa  riche  bibliothèque ,  dont  beaucoup  de  manuscrits  et  même  an 
imprimé  sont  arrivés  à  la  Bibl.  nat.,  la  notice  de  M.  L.  Delisle,  Cabinet  des 
manuscrits,  I,  p.  86-91. 

3.  Cet  accord  n'existe  plus  aujourd'hui  ni  en  original  ni  en  copie  ;  voyez  une 
pièce  du  1"'  décembre  1357,  qui  se  rapporte  à  ce  sujet,  et  la  note  de  HuiUard- 
Bréholles  {Titres,  n»  2755). 

4.  Appendice,  pièce  n*  1. 


43 

qui  leur  étaient  commandées.  Là,  premier  incident.  «  Depuis 
quatre  ans  en  ça,  la  porte  de  ladicte  tour  avoit  esté  murée,  à 
l'occasion  de  certain  bastiment  que  Ton  faisoit  audit  chastel.  » 
Je  ne  sais  si  pendant  ces  quatre  ans  Jean  Froment  et  Antoine 
Alard  avaient  touché  régulièrement  leur  traitement  d'archiviste  ; 
il  faut  avouer  du  moins  que  l'accomplissement  de  leurs  fonctions 
avait  dû  être  excessivement  simplifié  par  cet  état  de  choses.  Mais 
les  ordres  du  comte  de  la  Marche  étaient  formels  :  on  démura  la 
porte  et  on  pénétra  dans  l'intérieur  de  la  tour;  on  ouvrit  toutes 
les  armoires,  on  visita  tous  les  coffres,  on  examina  toutes  les 

pièces et  l'on  ne  trouva  pas  le  document  cherché.  Il  ne  faut 

pas  croire  cependant  que  les  archives  fussent  dans  l'état  de 
délabrement  et  d'abandon  que  pourrait  faire  supposer  ce  murage 
de  quatre  ans.  Les  notaires  qui  ont  rédigé  le  procès-verbal  de  la 
visite  ne  nous  apprennent  malheureusement  pas  de  combien 
d'armoires  et  de  coffres  se  composait  le  dépôt;  mais  ils  ne  nous 
laissent  pas  ignorer  qu'il  y  avait  un  inventaire  indiquant  dans 
quelle  armoire  se  trouvaient  les  documents  inventoriés.  Cet 
inventaire  indiquait  que  la  pièce  cherchée  avait  été  mise  avec 
d'autres  dans  une  armoire  déterminée,  où  l'on  ne  put  cependant 
pas  la  trouver.  En  outre  il  y  avait  un  second  inventaire  des 
pièces  remises  le  3  février  1465  à  maître  Pierre  de  la  Ville, 
licencié  en  lois,  pour  porter  à  Paris  et  servir  vraisemblablement 
dans  le  procès  intenté  par  le  duc  de  Bourbon;  en  marge  des 
pièces  y  énumérées,  Jean  Froment  avait  eu  le  soin  d'indiquer  le  jour 
où  elles  avaient  été  restituées,  et  la  pièce  que  demandait  Jacques 
d'Armagnac  y  figurait  précisément,  avec  cette  note  :  Rendue 
lelIP  jour  d'avril.  Van  M  CCCCLXVII,  et  la  signature 
de  Jean  Froment.  Sa  disparition  paraissait  donc  inexplicable,  et 
semblait  engager  singulièrement  la  responsabilité  de  l'archiviste. 
Il  s'excusa  en  disant  que  son  collègue,  Antoine  Alard,  alors 
absent  et  qu'on  disait  être  auprès  du  roi,  avait  pénétré  plusieurs 
fois  dans  le  dépôt  et  devait  probablement  l'en  avoir  retirée. 
Après  avoir  remuré  soigneusement  la  porte  de  la  tour,  on  dressa 
un  procès-verbal  que  l'on  envoya  immédiatement  au  comte  de  la 
Marche*;  celui-ci  le  produisit  en  parlement  pour  s'excuser  de  ne 
pas  fournir  le  quatrième  original  qu'on  lui  demandait  ;  les  pièces 
de  l'afiaire  furent  communiquées  au  duc  de  Bourbon,  qui  les 

1.  Appendice,  pièce  n»  2. 


44 

garda,  et  voilà  comment  elles  se  trouvent  aujourd'hui  aux 
Archives  nationales  dans  les  titres  de  la  maison  de  Bourbon. 

Après  la  mort  de  Jacques  d'Armagnac,  décapité  le  4  août 
1477,  Louis  XI  fit  don  de  la  Marche  à  sa  fille  Anne  et  à  son 
gendre  Pierre  de  Beaujeu,  qui  plus  tard  (1488)  y  unirent  le  duché 
de  Bourbonnais.  Eurent-ils  alors  l'idée  de  centraliser  à  Moulins 
les  archives  de  la  Marche?  Voici  ce  qui  dut  se  passer.  Jacques 
d'Armagnac  avait  dans  la  Marche  une  chambre  des  comptes, 
qu'il  avait  été  probablement  le  premier  à  organiser*;  sous  Pierre 
de  Beaujeu  elle  continua  d'abord  à  fonctionner  comme  par  le 
passé*;  mais,  lorsque  ce  dernier  fut  devenu  maître  du  Bour- 
bonnais, il  dut  la  supprimer  et  en  transporter  les  attributions  à 
la  chambre  de  Moulins,  dont  l'importance  se  trouva  ainsi  singu- 
lièrement augmentée.  Dès  lors  les  nominations  des  officiers  de  la 
Marche  (sénéchal,  châtelains,  etc.)  furent  enregistrées  à  Moulins 
dans  les  Mémoriatux)^,  et  les  pièces  d'administration  déposées 
aux  archives  de  la  chambre  :  c'est  ainsi  que  nous  retrouvons 
aujourd'hui  dans  les  titres  du  Bourbonnais  plusieurs  pièces 
isolées  relatives  à  la  Marche  (23  mars  1506,  ordre  de  paiement 
d'une  maison  achetée  à  Guéret  pour  tenir  l'auditoire  de  la 
justice;  11  juin  1511,  transaction  des  prêtres  de  la  communauté 
de  Beaumont  de  Felletin  avec  Anne  de  France,  etc.)  et  surtout 
toute  la  série  des  hommages  rendus  en  1506,  pour  raison  du 
comté  de  la  Marche*,  à  Anne  de  France  à  son  passage  à  Bellac 
(13-17  juiïlet),  au  Dorât  (19-20)  et  à  Guéret  (27  juillet-3  août). 
Quant  au  dépôt  d'Aubusson,  qui  devait  surtout  contenir  des 
pièces  anciennes  peu  ou  point  utiles  pour  l'administration  cou- 
rante, on  n'y  toucha  pas.  Nous  allons  en  effet  le  retrouver. 

En  1527,  maître  François  Tavel,  conseiller  du  roi  au  parle- 
ment de  Paris,  fut  chargé  d'exécuter  l'arrêt  rendu  contre  le 
connétable  de  Bourbon  et  se  transporta  à  cet  effet  dans  les  diffé- 
rentes terres  qui  lui  avaient  appartenu,  pour  les  faire  admi- 
nistrer désormais  au  nom  de  Louise  de  Savoie,  mère  du  roi.  Le 


1.  Voyez  plus  loin  la  note  sar  Jean  de  Sainte-Feyre. 

2.  n  y  a  une  pièce  du  \*'  mars  1478,  adressée  par  Pierre  de  Beaujeu  aux  gens 
des  comptes  de  la  Marche  {Titres  de  la  maison  de  BourboUy  n"  6675). 

3.  Ces  mémoriaux,  transportés  à  la  chambre  des  comptes  de  Paris^  ont  péri 
dans  le  grand  incendie  du  siècle  dernier;  heureusement  nous  avons  une  table, 
qui  paraît  complète,  des  actes  qu'ils  contenaient  (Bibi.  nat.,  franc.  22299). 

4.  Arch.  nat.,  P  452i  et  452». 


45 

volumineux  procès-verbal  de  cette  exécution  nous  a  heureusement 
été  conservé*.  Le  samedi  12  octobre,  François  Tavel  arriva  à 
Guéret  et  se  logea  à  l'hôtellerie  où  pendait  pour  enseigne  VEscu 
de  Bourbon,  Le  mardi  suivant  nous  le  voyons  demander  au 
châtelain,  Jean  de  Costes,  s'il  n'y  avait  pas  à  Guéret  quelques 
«  lettres,  tiltre^  et  enseignemens  »;  celui-ci  répond  «  qu'ilz 
avoient  quelques  dénommées  des  flefz  dudict  conté,  et  qu'il  y 
avoit  quelques  tiltres  et  lectres  au  chasteau  dCAubusson 
touchans  et  concernans  ledict  conté  de  la  Haute-Marche 
et  ses  droictz  et  appartenances,  »  Voici  maintenant  des 
extraits  de  la  suite  du  procès -verbal  qui  nous  montreront 
comment  le  commissaire  procéda  vis-à-vis  des  tiltres  et  ensei- 
gnemens. 

«  Fol.  162  r*'.  Lesquelz  officiers  ainsi  par  nous  oïz,  avons 

ordonné  audict  de  Costes,  chastellain,  qu'il  ait  à  apporter  par 
devers  nous  ce  qu'il  a  des  fiefe  dudict  conté,  pour  en  faire  mencion 

et  description  et  à  l'apres  disnée  dudict  jour  avons  remis 

lesdiz  tiltres  et  enseignemens  et  nommées  de  flefz  es  mainz  dudict 
chastellain,  qui  a  promis  les  garder  bien  et  loy animent,  iceulx 
non  communicquer  sans  ordonnance  ou  auctorité  de  justice  et  les 
rendre  toutes  et  quantes  fois  de  la  part  dudit  procureur  gênerai 
du  roy,  ou  autre  ayant  cause  dudict  seigneur,  il  en  sera  requis. 
Et  dudict  jour  15®  octobre  sommes  partis  de  ladicte  ville  de 
Guéret  et  venuz  au  giste  à  Hum*,  et  le  lendemain,  16®  dudict 
mois,  arrivez  au  disner  audict  Heu  d'Aubusson,  où  avons  faict 
mettre  par  inventaire  ce  qui  a  esté  trouvé  au  chasteau  dudict 
lieu,  comme  en  icellui  est  contenu,  et  les  pièces,  tiltres  et  ensei- 
gnemens de  ladicte  seigneurie  baillez  en  garde  audict  Martellade, 
procureur  audict  lieu  d'Aubusson,  en  présence  dudict  procureur 
gênerai  de  la  Marche,  qui  ont  promis  comme  dessus  ;  et  avons 
mandé  venir  par  devers  nous  les  consultz  ou  cosses  dudict  lieu, 
lesquelz  sont  venuz  en  nostre  logis  ou  pend  pour  enseigne  le 
Lyon  d'or,  assavoir  Barthélémy  Mage,  Françoys  Thevenyn  et 
Claude  Meillereau,  ausquelz  avons  signiffié  nostredicte  execu- 
cion  et  faict  commandement  que  doresnavant  ilz  aient  à  obéir  à 
Madame,  et  sommes  venuz  au  giste  à  Felletin » 

Il  est  bien  regrettable  que  François  Tavel,  après  avoir  fait  faire 


1.  Bibl.  nat.,  Fr.  5110,  original  signé  Tavel. 
%  Ahun. 


46 

un  inventaire  (bien  sommaire  évidemment)  des  archives  d'Au- 
basson,  n*ait  pas  eu  Tidée  de  le  faire  transcrire  dans  son  procès- 
verbal,  où  nous  pourrions  le  lire  aujourd'hui;  mais  il  &ut  dire 
que  rien  ne  Vy  obligeait.  A-t-il  rapporté  cet  inventaire  avec  lui 
à  Paris?  Gela  paraît  probable.  Si,  comme  il  semble  naturel,  il 
l'avait  déposé  au  parlement,  peut-être  aura-t-on  la  chance  de  le 
retrouver  un  jour  ou  l'autre  aux  Archives  nationales.  Espérons. 

On  sait,  grâce  à  la  savante  introduction  que  Huillard-Bréholles 
a  mise  en  tête  de  son  inventaire  des  Titres  de  la  maison  de 
Bourbon  y  comment,  par  lettre  du  19  mars  1532,  François  P' 
chargea  Jacques  Luillier  de  faire  l'inventaire  des  titres  conservés 
à  la  chambre  des  comptes  de  Moulins  «  et  autres  deppendans 
d'icelle  »  et  de  transporter  ces  titres  à  Paris.  On  sait  aussi  com- 
ment Jacques  Luillier  s'acquitta  de  sa  commission  à  Moulins,  à 
Yillefranche  et  à  Montbrison.  D'Aubusson,  il  n'est  pas  question. 
Évidemment  à  Moulins  on  ignorait  l'existence  de  ce  dépôt  et  on 
n'en  avisa  pas  le  commissaire  du  roi. 

Le  dernier  témoignage  que  j'aie  pu  recueillir  sur  les  archives 
d'Aubusson  est  celui  du  notaire  Evrard,  à  qui  l'on  doit  une 
Histoire  de  Vantique  ville  d'Ahun,  écrite  vers  1560,  et 
publiée  seulement  de  nos  jours*.  «  Il  appert,  dit-il,  par  les  joan- 
cartes  anciennes  qui  sont  gardées  aitœ  archives  du  chas-- 
teau  d'Aubusson  que  César,  dictateur  romain,  fit  édifier 
la  grande  tour  quarrée  dudit  chastel  en  son  nom*.  »  On  ne 
s'attendait  guère  à  voir  César  en  cette  affaire,  et  il  est  clair 
que  le  bonhomme  Evrard  n'avait  jamais  mis  le  nez  dans  ces 
précieuses  pancartes.  Il  faut  pourtant  lui  savoir  gré  d'en  avoir 
connu  au  moins  l'existence  et  de  nous  en  avoir  fait  part. 

Il  ne  me  reste  plus  qu'à  émettre  une  supposition  pour  expli- 
quer la  perte  définitive  de  documents  qu'il  nous  serait  aujour- 
d'hui si  précieux  de  connaître.  Le  château  d'Aubusson  fut 
occupé  par  les  protestants  dès  1575^  ;  il  joua  un  rôle  important 


1.  Publiée  en  1857  (Clermont-Ferrand ,  F.  Thibaud,  in-12)  d'après  le  ms. 
original. 

2.  Passage  cité  par  M.  L.  Duval,  Esquisses  marchoises  (Goérel,  1879), 
p.  248-9. 

3.  Voy.  un  document  curieux,  daté  du  27  octobre  1576,  et  contenant  l'état  des 
sommes  que  les  contribuables  de  la  région  environnante  c  ont  esté  contrainctz 
payer  par  force  à  ceulx  de  la  religion  prétendue  refformée  et  autres  catholiques 
unys  et  assocyés  estans  es  villes  d'Aubusson,  Felletin,  S^  Léonard  et  autres 


47 

dans  les  guerres  de  religion  qui  sévirent  avec  une  violence  peu 
commune  dans  la  Marche;  il  dut  être  plusieurs  fois  pris  et  repris. 
En  faut-il  davantage  pour  supposer  avec  vraisemblance  que  c'est 
à  cette  époque  orageuse  que  nos  archives  ont  dû  sombrer,  sans 
qu'on  puisse  en  retrouver  aujourd'hui  la  moindre  épave*? 

Antoine  Thomas. 


APPENDICE. 

NM. 

Garlat,  14  août  1475.  —  Ordre  du  comte  de  la  Marche  prescrivant  de 
faire  une  recherche  dans  les  archives  d^Aubusson. 

Jaques,  duc  de  Nemours,  conte  de  la  Marche,  etc.,  à  noz  amez  et 
feaulx  conseillers  maistres  Loys  du  Puy^,  seigneur  du  Gouldray  et 
de  Bellefaye,  seneschal  de  la  Marche,  et  Jehan  de  SainctAfeire,  dict 
Piédîeu^,  seigneur  dudict  lieu  et  garde  dudit  conté  de  la  Marche, 
chevaliers,  salut. 

Gomme  au  procès  pendent  en  la  court  de  Parlement  à  Paris  entre 
monseigneur  le  duc  de  Bourbon  et  d'Auvergne,  demandeur,  d'une 
part,  et  nous,  deffendeur,  d'autre  part,  pour  raison  et  à  cause  de 
nostredît  conté  de  la  Marche,  chastel,  cbastellenie,  terre  et  seigneurie 
de  Montaigu-en-Gombraille  que  ledit  seigneur  de  Bourbon  prétend 
a  lui  appartenir,  auquel  procès  tant  a  esté  procédé  que  après  qu'il 

places  et  chasteaulx  forts  au  païs  et  élection  de  la  Haute  Marche  i  (Bibl.  nat., 
fr.  21424). 

1.  Le  château  d'Anbusson  fut  complètement  rasé  en  1632  par  ordre  de  Riche- 
lieu {Lettres,  VII,  997,  17  août);  j'ai  peine  à  croire  que,  si  les  archives  eussent 
encore  existé  à  cette  époque ,  on  n'eût  pris  aucun  moyen  pour  en  assurer  la 
conservation.  D'ailleurs  le  fait  même  de  leur  existence  n'aurait  pas  échappé  à 
Pierre  Robert. 

2.  Il  était  déjà  sénéchal  de  la  Marche  au  moment  de  la  guerre  du  Bien  public, 
et  en  décembre  1466  il  fut  interrogé  dans  le  procès  de  Charles  de  Melun. 

3.  Jean  de  Sainte-Feyre  était  fils  de  Guillaume  Piédieu,  et  lieutenant  du  séné- 
chal de  la  Marche  depuis  1453  au  moins  (voy.  mes  États  provinciaux,  l,  351). 
C'est  sans  doute  son  frère,  appelé  simplement  Jean  Piédieu ,  que  nous  voyons 
qualifié,  dans  un  acte  du  22  juillet  1468,  de  c  licencié  es  droits,  chantre  de 
Limoges,  président  en  la  Chambre  des  comptes  de  Mgr.  le  duc  de  Neraoux, 
conte  de  la  Marche  »  (L.  Duval,  Esquisses  marchoises,  p.  156),  et  qui  était  en 
outre  prévôt  de  Moutier-Roseille  en  1466  (Bibl.  nat.,  lat.  17118). 


48 

a  reprins  le  procès  pour  et  au  nom  de  feu  monseigneur  de  Bourbon, 
son  père,  et  nous  pour  et  au  nom  de  feu  nostre  tres-redoubté  sei- 
gneur et  père  et  nostre  tres-redoubtée  dame  et  mère,  que  Dieu 
absueille,  après  productions  faictes  audit  procès  d'ung  cousté  et 
d'autre,  par  arresl  de  ladicte  cour  a  esté  dit  et  appoincté  que  nous 
estions  contraires  à  toutes  fins  et  que  sur  les  faiz  proposez  par  nous 
et  ung  chascun  de  nous  ferions  fere  enquestes,  lesquelles  rapportées 
en  ladicte  court  et  productions  faictes  elle  nous  feroit  droit.  Et 
depuis  ledit  de  Bourbon  a  baillé  une  certaine  requeste  à  ladicte  court 
donnant  entendre  que  nous  avions  produict  audit  procès  quatre 
lectres  plus  à  plain  désignées  en  ladite  requeste,  lesquelles,  une  et 
chascune  d'icelles,  il  entend  montrer  faulses  et  redarguer  de  faulx, 
en  requérant  que  nous  soyons  constraings  les  originaulx  d'icelles 
mectre  devers  ladite  court,  et  depuis  par  icelle  lesdites  parties  oyes 
a  esté  dit  et  appoincté  que  en  affermant  personnellement  par  ledit 
de  Bourbon  ou  son  procureur  soffisemment  fondé  et  de  ce  ayant 
puissance  spéciale  lesdictes  quatre  lectres  estre  faulces  et  que  faulces 
les  redargueret  et  monstreroit,  audit  cas  nous  serions  tenuz  porter 
ou  fere  porter  l'original  desdites  quatre  lectres  par  devers  le  greffe 
de  ladite  court  dedens  trois  moys  après  ladite  affîrmacion  faicte^  et 

depuis  aucun  temps  en  ça  il  a  fait  faire  ladite  afîirmacion après 

laquelle  affîrmacion  delay  nous  a  esté  bailé  par  ladite  cour  de  icelles 
quatre  lectres  envoyer  au  greffe  de  ladite  court.  Pour  fournir  auquel 
appoinctement  nous  avons  faict  et  fait  fere  diligence  pour  quérir  et 
faire  quérir  en  noz  coffres  et  autres  lieux  ou  avons  acoustumé  de 
tenir  noz  lectres  et  tiltres  de  noz  seigneuries,  tant  au  lieu  de  Garlat, 
ou  faisons  nostre  continuelle  résidence,  que  autres  lieux  de  par  deçà, 
mais  quelque  diligence  qu'en  ayons  sceu  faire  ou  faire  faire,  desdites 
quatre  lectres  n'en  avons  peu  trouver  ne  recouvrer  que  les  trois,  les^ 
quelles  avons  envolées  au  greffe  de  ladicte  court  en  obtempérant 
audict  appoinctement  d'icelle  ;  mais  la  quatriesme  que  Ten  dit  estre 
un  accort  fait  des  Tan  m  ggg  cinquante  six  entre  feu  monseigneur 
Loys  de  Bourbon,  d'une  part,  et  monseigneur  Pierre  de  Bourbon, 
son  oncle,  conte  de  Ponthieu,  duquel  fumes  descendus,  d'autre 
part,  sur  le  fait  de  son  partage  de  la  maison  de  Bourbon,  n'ayons 
peu  trouver  ne  recouvrer  par  deçà,  quelque  diligence  qu'en  ayons 
peu  faire,  comme  dit  est,  et  pour  nous  mectre  en  nostre  devoir  de 
recouvrer  ladite  lectre  et  d'icelle  fere  quérir  en  nostredit  conté  de  la 
Marcbe,  en  ensuy  vaut  ledit  appoinctement  de  ladite  court,  nous  vous 
mandons  et  expressément  enjoignons  que  incontinent  et  sans  delay 


49 

VOUS  vous  transportés  en  nostre  chastel  d'Aubusson,  en  nostredit 
conté  de  la  Marche,  auquel  lieu  avons  acoustumé  de  tenir  noz  lectres 
et  Chartres  et  autres  enseignemens  appartenant  à  nostredit  conté  et 
autres  noz  seigneuries  de  par  délia  en  la  garde  de  noz  amez  et  feaulx 
conseillers  maistres  Anthoine  Alart^,  nostre  trésorier  de  la  Marche, 
Jehan  Froment,  nostre  secrétaire',  lesquels  ont  tenu  et  tiennent  les 
clefz  des  coffres  où  sont  nosdites  lectres,  Chartres  et  enseignemens, 
et  illecques  appelez  avecques  vous  deux  notaires,  après  ouverture  à 
vous  faicte  par  les  dessus  diz  qui  en  ont  la  guarde,  comme  dît  est, 
voyès  et  visitez  si  esdiz  coffres  se  pourra  trouver  ladite  lectre  ou 

aucuns  enseignemens  d'icelle,  et  de  la  diligence  que  fait  en  aurez 

nous  en  certifQez,  pour  de  la  diligence  par  vous  et  nous  faicte  en 
certiffîer  ladite  court,  pour  nous  valoir  ce  que  de  raison.  De  ce  faire, 
leurs  circonstances  et  dependences,  vous  donnons  plein  pouvoir  et 
mandement  spécial^  mandons  et  commandons  ausdiz  gardes  desdites 
Chartres  et  lectres  et  à  tous  autres  noz  justiciers  que  en  ce  que  dit 
est  vous  obéissent. 

Donné  à  Garlat  le  xnii^  jour  d'aoust  Tan  mil  quatre  cent  sexante 
quinze. 

Par  monseigneur  le  duc,  messeigneurs  les  prothonotere  de  Mons^, 


1.  Secrétaire  de  Bernard  d'Armagnac  dès  1444,  5  juin  (Arch.  nat.,  P  13633, 
cote  1255),  il  dut  succéder  à  Jacques  de  la  '^lle  yers  1450  comme  trésorier  de 
la  Marche.  £n  1471  il  entra  ou  chercha  à  entrer  au  service  du  duc  de  Guyenne, 
ce  qui  indisposa  Louis  XI  contre  lui.  Il  mourut  à  Guéret  en  1475,  au  retour  du 
Toyage  dont  il  est  question  dans  la  pièce  n°  2.  Voici  sur  sa  mort  les  détails  que 
donne  le  comte  de  la  Marche  lui-même  dans  une  déposition  faite  au  cours  de 
son  procès  le  24  déc.  1476  (Bibl.  S'o-Geneviève,  L  7,  fol.  356).  «  Ou  temps  d'esté 
dernier  passé  a  eu  ung  an,  quant  icellui  AUard  fut  retourné  en  la  Marche,  il 
manda  à  madame  de  Nemoux  qui  lors  esloit  en  la  ville  d'Ahun,  en  la  Marche*, 
que  le  fait  de  Mgr.  de  Nemoux  estoit  en  grant  dangier  et  qu'il  y  avoit  bien 
remède  et  qu'il  y  avoit  beaucoup  de  choses  dont  il  desiroit  advertir  lui  qui 
parle  ;  par  quoy  et  pour  ce  que  ledit  AUart  estoit  malade  et  ne  povoit  aller  devers 
madicte  dame,  ledict  Allard  lui  prioit  qu'elle  lui  envoyast  son  confesseur  auquel 
il  diroit  tout  ce  qu'il  savoit.  Et  incontinent  madame  de  Nemoux  envoya  son 
confesseur  devers  ledict  maistre  Anthoine  Allard,  mais  à  Teure  que  le  confesseur 
arriva,  ledict  Allard  avoit  ja  perdu  la  parole  et  morut  incontinent.  > 

2.  Fils  d'autre  Jean  Froment  qui  avait  pris  part  à  l'administration  des  finances 
avec  Jean  Barton  et  Jacques  de  la  Ville  sous  Charles  VU,  et  fut  accusé  comme 
eux  de  malversations  (Arch.  nat.,  P  2848,  fol.  38-40). 

3.  Ce  personnage,  autant  qu'il  me  souvient,  figure  dans  le  procès  de  Jacques 
d'Armagnac,  mais  je  n'ai  pas  sous  la  main  le  moyen  de  retrouver  son  nom. 

4 


50 

seneschal  de  Castres^  seigneur  de  Juou^,  et  messire  André  de 
Cauhan,  ses  conseillers,  presens. 

B.   GUSINET. 
{Arch.  nal.,  P  1363»,  n«  1211.) 

No  2. 

Aubusson,  2  octobre  1475.  —  Rapport  sur  la  recherche  ordonnée  par 
le  comte  de  la  Marche  dans  les  archives  d'Aubusson. 

A  très  hault  et  puissant  prince  et  nostre  redoubté  seigneur  Mgr.  le 
duc  de  Nemours,  conte  de  la  Marche,  Loys  du  Puy ,  chevalier,  sg'  du 
Gouldray,  vostre  seneschal  de  la  Marche,  et  Jehan  de  Sainct- 
Affeiran,  dit  Piédieu,  chevalier,  garde  de  la  justice  de  vostredit 
conté  de  la  Marche. 

Plaise  vous  sçavoir  que  nous  avons  receu  vos  lectres  pactantes 
datées  du  quatorziesme  jour  d'aoust,  Tan  mccgglxxv,  signées  Gusinet, 
et  scellées  de  vostre  seel,  contenans  noslre  commission,  ausquelles 
ces  présentes  sont  acthacheez^  par  vertu  desquelles  et  en  obtempérant 
à  voz  commandemens ,  le  segond  jour  d'octobre  Tan  mccgglxxv, 
nous  transportasmes  au  lieu,  chastel  et  place  d'Aubusson,  ouquel 
chastel  le  temps  passé  voz  tiltres  et  Chartres  touchans  vostredit 
conté  ont  esté  mises  en  garde  et  illecques  apprehendasmes  en 
personne  Jehan  Froment,  vostre  secrétaire,  qui  est  Tun  diceulx 
qui  a  la  garde  et  clefs  des  coffres  ou  sont  vos  tiltres  et  Chartres 
desquelz  est  faicte  mencion  en  vosdictes  lectres,  auquel,  en 
l'absence  de  Antoine  Alart,  qui  est  Tautre  d'iceulx  qui  a  la  garde 
et  clefs  desdiz  coffres,  lequel,  comme  Ton  disoit  communément, 
estoit  allé  devers  le  roy,  luy  fîsmes  ostension  et  lecture  de  vosdictes 
lectres,  et,  icelies  par  luy  veuhes,  luy  fismes  commandement  de  par 
vous  que  tantost  et  sans  delay  il  fist  ouverture  de  la  tour  ou  l'on 
disoit  lesdiz  Chartres  et  tiltres  estre  encloux  en  coffres  et  armoires, 
lequel  nous  dist  et  respondit  que  deppuis  quatre  ans  en  ça  la  porte 
de  ladicte  tour  avoit  esté  murée  à  Toccasion  de  certain  bastiment 
que  Ton  faîsoit  audict  chastel,  mais  que  voulantiers  la  feroit  des- 

1.  Le  sénéchal  de  Castres  était  Henri  de  Pompignac ,  dit  Palamede.  Bernard 
d'Armagnac  en  avait  fait  le  gouverneur  de  son  fils,  auquel  il  montra  un  atta- 
chement inébranlable.  Il  fut  torturé  dans  le  procès  de  son  maître ,  mais  ne  le 
chargea  pas. 

2.  Jou-sous-Montjou  (Cantal).  Il  est  souvent  fait  mention  de  ce  personnage 
dans  le  procès  de  Jacques  d'Armagnac. 


54 

murer,  ce  qu'il  fist,  et  après  luy  flsmes  commandement  de  par  vous 
qu'il  nous  monstrast  et  exhibast  de  par  vous  toutes  les  clefs  de  tous 
les  coffres  et  armoires  estans  dedans  ladicte  tour  ou  diceulx  nous 
fist  ouverture  pour  sçavoir  si  dedans  iceulx  coffres  et  armoires  la 
lectre  dont  est  faicte  mencion  en  vostredicte  commission  se  pourroit 
trouver,  lequel  nous  fist  ouverture  desdiz  cofTres  et  armoires  l'un 
emprès  l'autre,  et  visitasmes  toutes  les  lectres  estans  dedans  lesdiz 
armoires  Tun  emprès  Pautre  et  lectres  après  lectres,  mais  nous 
n'avons  en  tous  lesdiz  armoires  ne  coffres  peu  trouver  ladicte  lectre, 
jasoit  ce  que  par  ung  inventoire  desdictes  lectres  nous  ayons  trouvé 
ladicte  lectre  avoir  esté  mise  autresfois  avecques  autres  en  l'un 
desdiz  armoires,  et  par  ung  autre  inventoire  nous  est  apparu  que 
ladicte  lectre  ensemble  plusieurs  autres  lectres  furent  receues  par 
maistre  Pierre  de  la  Ville,  licencié  en  loix,  pour  icelles  porter  à 
Paris,  le  m®  jour  de  février  l'an  mil  cccc  soixante  quatre;  à  la  teste 
duquel  inventoire  et  mesmement  sur  l'article  faisant  mencion  de  la 
réception  de  ladicte  lectre  sont  escriptz  ces  motz  :  Rendue  le  troi- 
siesmejour  d'avril  l'an  m  une  lxvii,  signez  après  du  seing  manuel 
de  Jehan  Froment,  vostre  chastelain,  et  en  autres  articles  dudict 
inventoire  faisans  mencion  d'autres  lectres  et  en  aucuns  d'iceulx  y 
sont  à  la  teste  desdiz  articles:  Rendue  comme  dessus.  Par  quoy  nous 
a  semblé  ledict  Jehan  Froment  et  Ânthoine  Alard  estre  chargiez  des- 
dictes lectres,  et  lui  fismes  commandement  de  rechief  que  icelles 
lectres  nous  baillast  par  icelles  vous  envoyer,  lequel  nous  respondit 
que  plusieurs  fois  ledict  Alart  estoient  entrez  [sic]  dedans  et  que 
véritablement  il  ne  sçavoit  que  lesdictes  lectres  estoient  devenues, 
et  après  avons  fait  remurer  la  porte  de  ladicte  tour  ainsi  qu'elle 
estoit  par  avant,  lesdiz  commandemens  par  nous  faitz  audict  Fro- 
ment. Et  ce  que  dit  est  nous  vous  certiffions  avoir  esté  fait. 

En  tesmoing  desquelles  choses  nous  avons  signé  ces  présentes  de 
nos  seings  manuels  et  fait  signer  à  maistres  Jehan  Durand  et 
Anthoine  Buchon,  notaires  royaulx,  à  nostre  requeste,  et  sceller  de 
noz  seaulx  les  an  et  jour  dessus  ditz. 
Signé 
Lois  du  Put.  J.  de  S.  Aff. 

Durand.  Buchon. 

et  jadis  scellé. 

(Môme  provenance  que  le  n<*  1.) 


BIBLIOGRAPHIE. 


Les  Officiantes  au  moyen  âge.  Étude  sur  l'organisation^  la  compé^- 
tence  et  la  procédure  des  tribunaux  ecclésiastiques  ordinaires  en 
France  de  iiSO  à  ^328,  par  Paul  Pournibr.  Paris,  E.  Pion,  ^880, 
in-8^  XXXIV  et  329  p. 

Le  droit  canonique  ou  ecclésiastique  était  jadis  étudié  en  France  avec 
plus  d'ardeur  et  de  succès  que  dans  les  autres  parties  de  l'Europe.  Sans 
remonter  jusqu'à  Févéque  de  Mende,  Guillaume  Durand,  dont  le  Spécu- 
lum juris  est  le  plus  vaste  et  le  plus  précieux  traité  de  droit  canonique 
que  nous  ait  laissé  le  moyen  âge,  on  trouve  en  France,  au  xvu«  et  au 
xvin»  siècle,  les  plus  savants  éditeurs  de  textes  ecclésiastiques  et  les 
canonistes  les  plus  renommés.  Ce  mouvement  s'est  arrêté,  et,  pendant 
un  siècle,  la  France  n'a  produit,  dans  cet  ordre  de  travaux,  que  quelques 
manuels  sans  valeur  scientifique.  L'Allemagne  au  contraire  continuait 
Tceuvre  abandonnée  ;  elle  entreprenait  et  menait  à  bien  d'importantes 
publications  de  textes,  des  recherches  approfondies  sur  l'histoire  des 
sources,  des  traités  étendus,  dont  les  auteurs  mettaient  à  profit,  sans  en 
informer  toujours  le  lecteur,  les  travaux  oubliés  de  nos  vieux  canonistes. 

Ces  études  paraissent  aujourd'hui  reprendre  quelque  faveur  au  milieu 
de  nous  ;  un  grand  nombre  de  textes  ont  été  réimprimés  ;  les  recueils 
périodiques  publient  de  nouveau  des  articles  importants  sur  des  ques- 
tions d'histoire  du  droit  canonique  et  ecclésiastique  et  il  nous  sera  per- 
mis d'ajouter  ici  que  les  élèves  sortants  de  l'École  des  chartes  choisissent 
parfois  des  sujets  de  thèse  dans  cet  ordre  d'études.  Parmi  les  travaux  de 
ce  genre  qui  ont  été  publiés,  on  en  peut  citer  qui  font  autorité  auprès 
des  juges  les  moins  indulgents'*.  Il  en  sera  vraisemblablement  de  môme 
de  la  thèse  sur  les  officialités  présentée  en  1879  par  M.  Paul  Fournier 
et  publiée  aujourd'hui,  avec  quelques  additions,  sous  le  titre  que  nous 
donnons  en  tète  de  cet  article. 

1.  Voy.  notamment  VEssai  historique  sur  les  archidiacres  de  M.  Adrien  Gréa^ 
publié  dans  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  3"  série,  t.  II,  p.  39  et  215. 


53 

L'auteur  s'est  proposé  d'étudier  la  juridiction  épiscopale  au  moyen  âge, 
et  plus  spécialement  de  1180  à  1328.  Pour  mieux  faire  comprendre  le 
rôle  de  Toffîcial,  à  qui  cette  juridiction  est  habituellement  confiée, 
M.  Fournier  résume,  dans  une  introduction,  les  traits  généraux  de 
l'organisation  et  du  gouvernement  du  diocèse,  à  la  fin  du  xn«  siècle. 
L'évoque  est  toujours  le  chef  de  la  société  religieuse  dans  le  territoire 
qui  lui  est  confié  ;  mais  son  autorité  est  de  plus  en  plus  limitée  par  les 
pouvoirs  de  son  chapitre,  qui  arrive  parfois  à  échapper  à  sa  juridiction, 
et  par  l'indépendance  croissante  de  ses  premiers  auxiliaires,  les  archi- 
diacres. Le  concile  de  Trente  mettra  plus  tard  un  terme  à  l'abus  des 
exemptions  ;  mais  dès  la  fin  du  xii*  siècle  les  évêques  s'efforcent  de  réta- 
blir l'unité  de  direction  et  d'autorité  dans  leur  circonscription,  en  créant 
les  officiaux,  puis  les  vicaires  généraux,  et  en  leur  confiant  à  titre  de 
délégation  toujours  révocable  les  attributions  que  les  archidiacres  pré- 
tendaient tenir  à  perpétuité  de  leur  titre  même. 

Cet  aperçu  général  conduit  M.  Fournier  à  étudier,  dans  une  première 
partie,  l'organisation  des  of6cialités.  Le  mot  offidalis  a  plusieurs  accep- 
tions au  xi«  et  au  xii«  siècle  :  il  s'entend  des  religieux  chargés  des  offices 
claustraux  d'an  monastère,  des  juges  séculiers  et  des  clercs  qui  assis- 
taient l'évêque  dans  l'exercice  de  son  autorité  spirituelle.  Au  xnr  siècle, 
ce  terme  prend  un  sens  technique  :  l'official  est  alors  un  clerc  qui  exerce 
par  délégation  la  juridiction  spirituelle  d'un  dignitaire  ecclésiastique 
dont  il  tient  tous  ses  pouvoirs.  Les  évêques  commencèrent  à  se  faire 
représenter  par  ces  mandataires  dans  la  seconde  moitié  du  xii«  siècle  ; 
cette  institution  devint  générale  dans  le  siècle  suivant.  Le  premier  texte 
oii  le  mot  offidalis  soit  employé  dans  son  acception  nouvelle  paraît  être 
un  canon  du  concile  de  Westminster  de  1173  (c.  1,  Mansi,  XXII,  142); 
les  exemples  plus  anciens  ne  paraissent  pas  bien  concluants.  En  France, 
ce  fut  vraisemblablement  l'archevêque  de  Reims  qui,  le  premier,  délé- 
gua à  un  officiai  l'exercice  de  sa  juridiction  ;  dès  1178  ce  nouvel  agent 
du  pouvoir  épiscopal  rédige  des  actes  dans  cette  ville  ainsi  qu'à  Beau- 
vais  et  à  Amiens.  Entre  1180  et  1200,  on  le  trouve  à  Rouen,  à  Cambrai, 
à  Noyon,  à  Chartres,  à  Troyes,  à  Avranches,  à  Bayeux  et  au  Mans, 
mais  sous  les  dénominations  de  ministère  ministerialis,  procurator  epis^ 
copi.  Le  terme  offidalis  n'est  d'un  usage  constant  et  certain  qu'au 
xiii«  siècle  ;  en  Bretagne,  on  emploie  dans  le  même  sens  le  mot  allocatus, 
alloué. 

Quelles  causes  déterminèrent  cette  création  nouvelle?  Ce  furent 
d'abord  les  empiétements  des  archidiacres  et  le  désir  des  évêques  de 
revendiquer  leur  droit  de  juridiction  que  ces  puissants  dignitaires  con- 
fisquaient presque  entièrement.  Mais  ce  fut  aussi  l'introduction,  à  la  fin 
du  XII*  siècle,  d'une  procédure  savante,  empruntée  en  grande  partie  au 
droit  de  Justinien,  qui  réclamait  pour  l'exercice  de  la  juridiction  conten- 
tieuse  un  clerc  versé  dans  l'étude  des  lois  civiles  et  des  canons.  Aussi 


54 

les  officiaux  et  le  droit  romain  rencontrèrent-ils  les  mêmes  adversaires  : 
ces  nouveaux  juges  sont  pour  Pierre  de  Blois,  l'archidiacre  de  Bath, 
«  des  vipères  d'iniquité,  des  pasteurs  des  loups  et  non  des  brebis,  des 
0  éplucheurs  de  syllabes  ;  ils  surpassent  en  malice  l'aspic  et  le  basilic 
c  et  vendent  leur  âme  au  diable...  La  loi  de  Justinien  est  pour  les  fidèles 
c  une  cause  de  perversion  et  les  rend  fils  de  l'enfer,  i  Néanmoins  les 
conciles  de  France  prescrivaient  aux  évêques  de  choisir  leurs  officiaux 
parmi  des  jurisconsultes  éprouvés,  qui  eussent  étudié  le  droit  au  moins 
pendant  cinq  ans,  et,  au  xrv«  siècle,  ces  juges  sont  souvent  pourvus  de 
grades  universitaires. 

L'official,  mandataire  de  Tévêque,  est  nommé  et  révoqué  par  lui  ad 
nutum  ;  il  rend  la  justice  gratuitement  et  ne  reçoit  de  salaire  que  de 
son  évêque.  Indépendamment  de  la  juridiction  contentieuse,  il  exerce 
aussi  la  juridiction  gracieuse,  qui  sera  plus  tard  remise  au  vicaire  géné- 
ral. On  distingue,  dès  le  xin«  siècle,  Voffidal  principal,  dont  le  mandat 
s'étend  à  toute  la  circonscription  de  son  mandant  ainsi  qu'à  Vuniversitas 
causarum,  et  les  officiaux  forains  institués  pour  une  partie  du  territoire 
et  pour  les  affaires  les  moins  importantes.  En  règle  générale  il  n'y  avait 
qu'un  officiai  principal  par  diocèse  ;  on  en  trouve  cependant  deux  dans 
quelques  provinces,  au  moins  pendant  la  première  moitié  du  xm*  siècle. 

L'officiel  a  de  nombreux  auxiliaires  :  un  vices  gerens,  des  assesseurs, 
un  scelleur  (sigillator,  sigillifer)^  un  receptor  actorum,  un  registrator.  On 
trouve  encore  auprès  des  officialités  des  corporations  d'avocats,  des  pro- 
cureurs, des  notaires,  des  tabellions  et  des  agents  d'exécution  (servientes, 
apparitoreSy  bedelli,  nuncii,  executores).  A  partir  du  xn*  siècle,  des  pro- 
moteurs exercent  auprès  des  cours  d'officialité  des  fonctions  analogues 
à  celles  des  anciens  adores  régis,  ou  gens  du  roi,  dans  les  juridictions 
royales. 

Les  juges  ecclésiastiques  avaient  siégé  pendant  longtemps  au  parvis 
de  l'église,  inter  leones.  Cet  usage  fut  proscrit  au  xm«  siècle  et  l'official 
tint  désormais  son  tribunal  dans  une  salle  du  palais  de  Tévéque  appelée 
consistorium  et  quelquefois  auditorium. 

Tel  est  l'ordre  général  de  cette  première  partie,  dont  nous  ne  pouvons 
donner  qu'un  aperçu  bien  insuffisant.  Après  avoir  exposé  l'organisation 
des  officialités,  M.  Fournier  traite  de  leur  compétence.  Il  détermine 
d'abord  les  règles  qui  limitent  les  attributions  respectives  des  cours 
ecclésiastiques  et  des  juridictions  civiles.  Ces  règles  semblaient  ne  pou- 
voir soulever  de  difficultés  sérieuses  dans  l'application  ;  le  domaine  de 
rÉglise  et  celui  de  l'État  étaient  nettement  circonscrits  ;  en  matière 
mixte  le  tribunal  le  plus  diligent,  ou  le  premier  saisi,  était  compétent. 
Mais  il  y  avait  bien  loin  de  la  théorie  à  la  pratique  :  lorsque  l'auteur 
vient  à  quitter  le  terrain  des  principes  pour  entrer  dans  celui  des  faits, 
il  se  trouve  en  présence  de  nombreux  conflits  entre  la  juridiction  spiri- 
^  tuelle  et  la  juridiction  temporelle,  et  il  doit  en  raconter  l'histoire. 


55 

La  supériorité  de  la  législation  canonique  sur  les  usages  suivis 
devant  les  tribunaux  séculiers  attirait  devant  les  juges  ecclésias- 
tiques un  grand  nombre  d'affaires  qui  ne  rentraient  point  dans  leurs 
attributions.  Beaucoup  de  plaideurs,  ceux-là  surtout  qui,  comme  les 
commerçants,  pouvaient  avoir  de  nombreux  procès,  cherchaient  à  s'as- 
surer d'une  manière  définitive  le  privilège  du  for  spirituel  en  se  faisant 
passer  pour  clercs,  et  la  papauté  dut  multiplier  ses  efforts  pour  détruire 
ces  abus.  Lorsque  le  pouvoir  séculier  devient  plus  fort,  au  xin«  siècle, 
il  s'efforce  de  regagner  le  terrain  perdu  en  réorganisant  ses  justices  et 
en  restreignant,  autant  qu'il  le  peut,  les  juridictions  rivales.  L'initiative 
fut  prise  par  les  barons,  dont  les  justices  étaient  désertées  par  les  bour- 
geois et  les  vilains.  En  1205,  en  1225,  en  1235,  les  seigneurs  du  centre 
et  de  l'ouest  de  la  France  se  coalisent  pour  obtenir  du  pape  et  du  roi 
que  la  compétence  des  juges  d'Église  soit  resserrée  dans  d'étroites  limites. 
En  1246,  sur  les  exhortations  de  Frédéric  U,  qui  les  conjure  de  se 
joindre  à  lui  «  pour  rappeler  les  clercs  à  la  pauvreté  de  la  primitive 
c  Église  »,  ils  forment  une  confédération  nouvelle,  dont  les  principaux 
chefs  étaient  les  anciens  alliés  du  roi  d'Angleterre,  Pierre  Mauclerc,  duc 
de  Bretagne,  et  Hugues  de  Lusignan.  Le  pape  et  les  conciles  répondent 
à  ces  attaques  par  des  excommunications  ;  les  clercs  forment  aussi  entre 
eux  des  associations  pour  se  défendre  contre  les  ligues  de  la  noblesse, 
et  la  lutte  s'engage  sur  un  grand  nombre  de  points.  La  royauté  cherche 
d'abord  à  garder  la  neutralité,  sans  pouvoir  toujours  empêcher  ses  baillis 
et  sénéchaux  de  prendre  parti  contre  l'Église.  Mais,  depuis  Philippe 
le  Bel,  elle  se  substitue  aux  seigneurs  et  conduit  elle-même  la  campagne 
dirigée  contre  le  pouvoir  ecclésiastique,  en  même  temps  qu'elle  s'efforce 
de  donner  à  toutes  ses  juridictions  une  organisation  régulière  et  une 
procédure  empruntée,  en  grande  partie,  à  la  procédure  des  officialités. 
Nous  ne  pouvons  suivre  M.  Fournier  dans  l'histoire  de  ces  conflits  jus- 
qu'à l'assemblée  de  1329,  où  les  prétentions  rivales  furent  solennellement 
discutées  ;  nous  croyons  en  avoir  dit  assez  pour  faire  ressortir  l'intérêt 
de  ce  chapitre,  aussi  neuf  et  aussi  original  que  la  partie  consacrée  à 
l'organisation  des  officialités. 

La  troisième  partie  est  réservée  à  la  procédure  ;  le  titre  I  à  la  procé- 
dure civile,  le  titre  U  à  la  procédure  criminelle.  Dans  cette  partie  tech- 
nique, l'auteur  a  pris  surtout  pour  guide  les  deux  plus  illustres  cano- 
nistes  du  xm"  siècle,  Tancrède  et  Guillaume  Durand,  sans  négliger  les 
Ordines  judiciarii  de  la  même  époque  et  les  autres  traités  contemporains. 
Mais  il  a  tiré  en  outre  des  décrétales,  des  décisions  des  conciles  et 
synodes,  des  statuts  des  Églises,  des  cartulaires  inédits  ou  imprimés,  un 
grand  nombre  de  faits  et  de  détails  qui  donnent  du  mouvement  et  de  la 
vie  à  des  matières  naturellement  fort  arides.  Ces  deux  titres  fournissent 
tous  les  éclaircissements  dont  on  peut  avoir  besoin  pour  bien  comprendre 
les  nombreux  actes  d'officialité  qui  sont  conservés  dans  nos  dépôts  d'ar- 


56 

chives  ;  ils  peuvent  aussi  faciliter  Tintelligence  des  actes  des  juridictions 
civiles  dont  les  styles  ont  Mt  de  notables  emprunts  à  la  procédure 
canonique.  Nous  les  signalerons  donc  à  ce  double  titre  à  nos  lecteurs, 
qui  ont  pu,  du  reste,  apprécier  la  netteté  d'exposition  et  la  méthode 
sévère  de  M.  Foumier  dans  une  Étude  sur  la  diplomatique  des  actes 
passés  devant  les  officialités  au  moyen  âge,  précédemment  publiée  dans 
la  Bibliothèque  de  V École  desxhartes*.  Une  partie  de  cette  dissertation, 
qui  comble  heureusement  une  lacune  de  nos  grands  traités  de  diploma- 
tique, forme  le  premier  appendice  de  Touvrage  que  nous  annonçons 
aujourd'hui.  Un  second  appendice  donne,  pour  un  certain  nombre  de 
diocèses,  l'indication  des  chartes  les  plus  anciennes  qui  mentionnent 
l'existence  d'ofQciaux.  Enfin,  les  derniers  appendices  contiennent  une 
sentence  rendue  par  Yves  de  Chartres,  vers  l'an  1100,  une  sentence  de 
Tofficial  de  Paris  de  1271,  et  un  libellus  petitionis  de  1251,  pièces  dont 
le  rapprochement  fait  ressortir  les  changements  qui  s'étaient  produits, 
dans  la  procédure,  du  xii«  au  xui*  siècle. 

Cet  aperçu  des  matières  traitées  par  M.  Paul  Foumier  pourra,  nous 
l'espérons,  donner  une  idée  de  l'intérêt  du  sujet.  L'étude  approfondie 
d'une  institution  qui  a  servi  de  modèle  aux  juridictions  séculières  des 
siècles  suivants,  et,  sur  beaucoup  de  points,  aux  législations  modernes, 
sera  très  utilement  consultée  par  lés  savants  qui  s'occupent  spécialement 
du  moyen  âge  ;  mais  elle  méritera  aussi  la  sérieuse  attention  des  juris- 
consultes qui  recherchent,  dans  l'histoire  du  droit,  le  sens  véritable  des 
règles  en  vigueur,  et  des  canonistes  qui  tenteraient,  un  jour,  de  prépa- 
rer sur  les  bases  solides  de  la  tradition  la  réorganisation,  déjà  partielle- 
ment essayée,  de  la  juridiction  ecclésiastique.  Les  uns  et  les  autres 
trouveront  dans  ce  volume  le  guide  le  plus  sûr,  les  recherches  les  plus 
étendues,  les  faits  les  mieux  établis  par  des  milliers  de  textes  imprimés 
ou  inédits,  et  une  érudition  dont  on  ne  peut  bien  se  rendre  compte 
qu'en  lisant  les  notes  si  abondantes  et  si  instructives  qui  viennent,  à 
chaque  page,  justifier  les  assertions  de  l'auteur. 

E.-J.  Tardif. 


Notes  additionnelles  et  rectificatives  au  Gallia  christiana,  par  P.  de 
Pleury,  archiviste  de  la  Charente.  Angoulême,  in-4®,  72  p. 

La  mention  très  honorable  accordée  par  l'Académie  des  inscriptions 
au  travail  de  M.  de  Fieury  est  la  meilleure  attestation  de  son  utilité  et 
du  soin  apporté  à  sa  rédaction.  On  ne  saurait  trop  recommander  cet 
exemple  à  l'imitation  des  archivistes  départementaux.  Leur  situation 
les  met  à  même  de  recueillir  dans  les  documents  confiés  à  leurs  soins 

1.  T.  XL,  1879,  p.  296  et  suivantes. 


57 

des  notions  précieases  pour  rectifier  et  compléter  en  bien  des  détails, 
qui  ont  tous  leur  valeur,  nos  grandes  collections  historiques.  M:  de 
Fleury  apporte  à  cette  œuvre  commune  un  contingent  assez  étendu 
concernant  les  diocèses  d'Ângoulôme^  de  Sarlat,  de  Saintes,  de  Limoges 
et  de  Périgueux.  Yeut-il  bien  nous  permettre  quelques  conseils  pour  la 
suite  ou  la  réimpression  de  son  livre  ? 

Autant  que  les  ressources  littéraires  du  pays  le  rendent  possible,  il  ne 
faudrait  pas,  dans  les  travaux  analogues,  se  borner  à  rectifier  et  à  com- 
pléter ToBuvre  des  bénédictins  ;  il  serait  à  désirer  que  Ton  profitât  des 
faits  nouvellement  acquis  et  constatés  postérieurement  aux  travaux  de 
nos  illustres  et  savants  religieux.  M.  de  Fleury  est  à  cet  égard  quel- 
quefois en  défaut. 

Ainsi,  il  remarque  que  les  bénédictins  ne  mentionnent  pas  Jean  U, 
évêque  d'Angoulôme,  avant  1230,  sans  apporter  lui-même  une  date  anté- 
rieure pour  son  épiscopat  ;  mais  Gams  cite  ce  prélat  dès  1226.  Geoffroy 
de  Pompadour,  mentionné  en  1468  seulement  par  le  Gallia,  maintenu 
jusqu'en  1469  par  M.  de  Fleury,  siège  encore  en  1470  dans  le  P.  Gams. 
Jacques  Babou  de  la  Bourdaisière  est  cité  dans  Gams  dès  1528,  au  lieu 
de  1532.  Charles  de  Bony  est  inscrit  par  le  Gallia  en  1574,  par  M.  de 
Fleury  dès  1572,  et  par  le  P.  Gams  dès  1567.  Suivant  M.  de  Fleury 
François  II  du  Verdier  fut  pourvu  de  Tévêché  d'Angoulôme  à  une  date 
inconnue,  et  il  mourut  peu  après  le  15  septembre  1753.  Gams  précise 
bien  davantage.  François  II  fut  pourvu  le  16  décembre  1737  ;  il  mourut 
le  21  septembre  1753.  La  date  des  bulles  de  provision  de  son  succes- 
seur, Mgr  de  Broglie,  doit  être  donnée  autrement  qu'en  la  vieille  forme 
du  3  des  ides  de  février  1754. 

Enfin,  quand,  après  recherches  et  réflexion,  on  adopte  une  opinion,  il 
faut  agir  et  écrire  en  conséquence.  M.  de  Fleury  a  retrouvé  des  chartes 
qui  prolongent  Tépiscopat  de  Robert  de  Montbron  jusqu'en  1267,  el 
montrent  que  le  prétendu  Pierre  III  doit  disparaître  des  listes  d'Angou- 
lême.  Je  ne  dis  rien  de  Guillaume  m,  dont  la  cause  n'est  peut-être  pas 
suffisamment  éclaircie  ;  mais  puisque  le  pseudo-Pierre  III  de  1266 
n'existe  plus,  quelques  égards  que  l'on  doive  à  l'œuvre  des  bénédictins, 
le  chiflre  III  dans  la  série  des  évéques  du  nom  de  Pierre  doit  passer 
à  Pierre  vivant  en  1272,  que  M.  de  Fleury,  par  respect  pour  ses  devan- 
ciers, continue  à  appeler  Pierre  IV. 

Pendant  qu'il  s'occupait  du  diocèse  de  Périgueux,  M.  de  Fleury  aurait 
pu  supprimer  un  Giraudus  ou  Guiraudus,  inscrit  au  Gallia,  en  1331, 
comme  évêque  de  Périgueux.  Évêque  d'Apt  en  1330,  Giraud  passa  peu 
après  au  diocèse  de  Nîmes,  dans  lequel  il  mourut  en  1337,  sans  avoir 
jamais  siégé  à  Périgueux. 

M.-L. 


58 


Un  Ambassadeur  libéral  soîls  Charles  IX  et  Henri  III.  Ambassades 
à  Venise  d'Arnaud  du  Février^  d'après  sa  correspondance  inédite 
(>i  563->i  567.  >i  570-4  582),  par  Edouard  Fei^mt,  premier  secrétaire 
d'ambassade.  Paris,  Leroux,  4880,  \  vol.  in-8®  de  ix-426  p. 

Jurisconsulte  et  diplomate,  courtisan  et  honnête  homme,  du  Ferrier 
méritait  assurément  la  savante  étude  que  vient  de  lui  consacrer  M.  Ed. 
Frémy. 

Ce  n'est  point  une  physionomie  vulgaire,  celle  de  ce  diplomate  qui  ose 
faire  entendre  sa  pensée  quand  elle  diffère  de  celle  du  maître  et  compte 
que  sa  fidélité  éprouvée  fera  accepter  son  indépendance.  On  ne  lira  pas, 
sans  concevoir  pour  son  auteur  une  profonde  estime,  cette  lettre  à  la 
fois  si  politique,  si  indignée  et  si  courageuse  que  l'ambassadeur  adresse 
de  Venise  à  la  reine  mère,  à  la  nouvelle  du  massacre  de  la  Saint-Bar- 
thélémy : 

c  Madame,  la  vérité  est  certaine  et  indubitable  que  les  massacres 
«  advenus  par  tout  le  royaume  de  France,  non  seuUement  contre  le  feu 
«  admirai  et  autres  principaulx  chefs  de  la  Religion  mais  aussy  contre 
a  tant  de  pauvre  peuple  innocent,  ont  si  fort  esmeu  et  altéré  Thonneur 
«  de  ceulx  qui  sont,  par  deçà,  affectionnés  à  vostre  couronne,  encores 
«  qu'ils  soyent  du  tout  catholiques,  qu'ils  ne  se  peuvent  contenter 
c  d'excuse  aucune,  imputant  tout  ce  qui  a  esté  faict  à  vous  tant  seule- 
c  ment  et  à  Monseigneur  d'Anjou.  Par  le  moyen  susdict,  il  s'est  osté  la 
c  couronne  imperialle,  n'ayant  auparavant  rien  tant  désiré  les  Allemands, 
c  mesmes  les  protestans,  que  de  le  faire  Empereur,  et  de  remettre  l'Ëm- 
€  pire  en  la  Maison  de  France.  Et  disoient  estre  bien  informés  que  ledict 
c  admirai  et  aultres  ne  conspiroient  jamais  contre  Vos  Majestés  ou 
c  aucun  des  vostres,  et  ne  se  peuvent  assez  esmerveiller  que,  par  tel 
c  moyen,  on  ait  voulu  faire  si  grant  tort  à  Monseigneur  et  si  fort  agran- 
c  dir  le  Roy  d'Espaigne,  qui  se  peult  dire  aujourd'hui  le  seul  prince  de 
c  la  chrestienté  qui  commande  à  tous  aultres.  Et  disent  encores  que, 
e  pour  venir  à  bout  des  dicts  chefs,  il  y  avoit  d'aultres  moyens  aussy 
(C  certains  et  qui  n'eussent  pas  tant  offensé  les  estrangers  et  donné  à 
e  parler  à  la  postérité...  Et  combien.  Madame,  que  je  ne  croye  à  rien  de 
«  tout  ce  que  dessus,  et  que  je  sois  certain  et  assuré  de  vostre  bonne  et 
«  chrestienne  intention,  toutesfois,  craignant  que  cela  ne  soit  pour 
«  apporter  dommaige  à  vostre  personne,  et  que  quelque  meschant  et 
«  malheureux  osast  tenter  contre  icelle,  dont  s'en  suivroit  l'entière  ruyne 
c  de  ce  royaume  et  de  moy  particulièrement,  qui  ne  dépend  que  de 
«  vostre  seule  grâce  et  bénignité,  je  vous  ay  bien  voulu  escrire  ce  que 
e  dessus,  et  vous  supplier  très  humblement  de  vous  contregarder  plus 
«  encores  que  n'avez  encores  faict,  estant  (si)  fort  marry,  que  je  ne  puis 
€  vifvement  vous  représenter  le  malcontentement  d'aulcuns  désespérés 


59 

«  qui  passent  par  icy,  lesquels  sont  si  bien  fols  et  téméraires  de  dire 
€  que  vous  avez  mieulx  aimé  ruyner  le  royaume  de  France  en  vous 
€  vengeant  de  l'admirai  que  l'augmenter,  et  que  vous  ressentir  du  mal 
«  de  celuy  qui  a  faict  mourir  vostre  fille.  Mais  tels  et  détestables  propos, 
«  qui  se  disent  et  escrivent,  ne  sont  que  paroles,  lesquelles  passent 
c  comme  le  vent,  pourveu  que  le  principal,  qui  est  vostre  personne, 
e  soit  conservé,  comme  il  sera,  s'il  plaist  à  Dieu,  envers  lequel  les  orai- 
e  sons  ne  furent  jamais  si  nécessaires  qu'elles  sont  à  présent,  et  mesmes 
«  à  l'endroict  de  ceulx  qui  sçavent  combien  Vostre  Majesté  est  affligée 
«  d'avoir  veu  le  Roy  réduict  en  telle  nécessité  qu'il  ayt  esté  contrainct 
c  de  mettre  si  avant  la  main  au  sang  de  ses  subjects,  ce  qui  n'adviendra 
«  jamais  plus,  s'il  plaist  à  Dieu  »  (pp.  160,  161,  162). 

Ce  document  est  de  premier  ordre  :  il  accuse  un  -art  consommé.  Du 
Ferrier  a  compris  qu'il  ne  pouvait  impunément  exprimer  son  indigna- 
tion qu'en  inspirant  à  la  reine  les  plus  vives  alarmes,  qu'en  la  plongeant 
dans  la  terreur.  Je  ne  m'arrête  pas  à  ce  style  d'autrefois  où  le  dévoue- 
ment et  le  respect  s'allient  si  noblement  à  l'expression  des  sentiments 
les  plus  courageux.  La  lettre  est  digne,  à  cet  égard,  de  toute  notre  atten- 
tion ;  mais  le  trait  vraiment  original  est  ailleurs  :  le  diplomate  cherche 
à  se  couvrir  en  jetant  l'épouvante  au  cœur  de  la  femme  criminelle  d'oii 
son  sort  dépend.  Ceci  est  vu. 

M.  E.  Frémy  s'arrête  longuement  aux  détails  du  drame  funeste  de  la 
Saint-Barthélémy  :  s'il  est  permis  de  regretter  la  confiance  qu'il  accorde 
au  récit  probablement  apocryphe  qui  a  été  attribué  à  Henri  III,  on  ren- 
dra certainement  hommage  au  soin  pénétrant  avec  lequel  il  a  étudié 
l'aspect  diplomatique  de  l'événement  et  analysé  les  mobiles  divers  qui 
inspirèrent  les  explications  contradictoires  du  roi. 

M.  Frémy  a  mis  à  contribution  plusieurs  collections  de  la  Bibliothèque 
nationale  (p.  8,  n.  1)  ;  je  regrette  qu'il  se  soit  contenté  d'indications 
générales  sans  renvois  continus  aux  sources.  Je  regrette  plus  vivement 
qu'il  n'ait  pas  étudié  le  rôle  de  du  Ferrier  comme  représentant  du  roi 
très  chrétien  auprès  du  concile  de  Trente  :  Du  Ferrier  s'était  prononcé 
en  plein  parlement  contre  l'application  de  la  peine  de  mort  en  matière 
religieuse  et  il  avait  formulé  sa  pensée  en  présence  des  juges  qui  livrèrent 
au  bourreau  le  conseiller  Anne  du  Bourg  pour  avoir  parlé  dans  le  même 
sens.  Gomment  un  esprit  aussi  sage  et  aussi  modéré  que  M.  Frémy  a-t-il 
pu  se  refuser  et  à  nous-mêmes  le  plaisir  délicat  de  suivre  un  tel  homme 
jusqu'au  concile  ? 

L'ouvrage  de  M.  Frémy  a  donné  lieu,  dans  l'excellent  Bulletin  critique 
de  littérature,  d'histoire  et  de  théologie  *,  à  quelques  observations  qui  me 
paraissent  justes  :  je  prends  la  liberté  d'y  renvoyer  le  lecteur.  Enfin 
certains  doutes  se  sont  élevés  dans  mon  esprit  au  sujet  de  cet  énigma- 

1.  N-  7,  pp.  134,  135. 


60 

tique  Yentenac  qui,  si  j'en  crois  M.  Ed.  Frémy  (p.  55),  se  serait  impro- 
visé, malgré  Charles  IX,  négociateur  entre  la  France  et  la  Turquie  et 
aurait,  de  son  autorité  privée,  essayé  d'unir  ces  deux  pays  dans  une 
alliance  offensive  et  défensive  contre  Tltalie  et  TEspagne.  Cest  là  un 
cas  psychologique  et  historique  si  extraordinaire  qu'il  me  faudrait  pour 
l'admettre  la  démonstration  la  plus  rigoureuse.  Les  désaveux  de  Charles  IX 
me  touchent  médiocrement  :  je  ne  puis  me  défendre  d'entrevoir  dans 
cette  affaire  un  autre  secret  du  roi  et  de  flairer  dans  Yentenac  un  de  ces 
courtiers  diplomatiques  de  second  ordre  dont  un  chef  d'État  ratifie,  sui- 
vant les  circonstances,  ou  désavoue  les  négociations. 

Je  veux,  en  terminant,  remercier  M.  Ed.  Frémy  d'avoir  fait  revivre 
un  de  ces  hommes  poUtiques  oubliés  dont  le  caractère  et  le  courage 
civique  font  partie  du  patrimoine  moral  de  notre  pays. 

Paul  YlOLLBT. 


La  Rédaction  de  la  coutume  d'Auvergne  ^4540,  d'après  un  rôle  des 
Archives  nationales  (P  >H89),  par  Maurice  Faucon.  Clermont-Fer- 
rand,  4880,  in-8Me  45  p. 

Sous  ce  titre  notre  confrère  M.  Maurice  Faucon  a  publié  un  docu- 
ment intéressant,  le  «  roUe  de  la  despance  payée  pour  rédiger  les  cous- 
tumes  du  pays  d'Auvergne  par  escript,  tant  bas  que  hault  pays  >.  Dans 
une  courte  introduction  il  en  a  fort  bien  indiqué  le  caractère  et  il  a  pris 
soin  d'en  signaler  lui-même  les  articles  les  plus  remarquables  ou  les 
plus  curieux.  li'un  de  ces  articles  nous  apprend  qu'on  fit  rédiger  et  relier 
six  exemplaires  de  la  coutume  d'Auvergne,  e  l'un  pour  la  cour,  l'autre  au 
bailhaige  de  Montferrand,  le  tiers  à  la  sénéchaussée  d'Auvergne,  le  quart 
à  Cusset,  le  cinquiesme  au  bailli  des  Montaignes  et  le  sixiesme  es  arches 
du  pays.  »  M.  Maurice  Faucon  a  su  retrouver  dans  les  archives  du  par- 
lement l'exemplaire  «  de  la  cour  i  (Arch.  nat.,  X  1&  9218)  et  il  en  a 
donné  une  intéressante  description.  Il  ne  dit  rien  des  autres,  au  sujet 
desquels  quelques  renseignements  auraient  été  les  bienvenus.  Je  note 
particulièrement  cette  mention  des  c  arches  du  pays  »  :  cette  institution 
d'archives  provinciales  remonte,  comme  je  l'ai  rappelé  ailleurs,  à  une 
résolution  de  1402  prise  par  les  états  provinciaux.  On  continuait  donc 
en  1510  à  y  déposer  les  documents  d'intérêt  général  :  faut-il  renoncer 
à  l'espoir  de  retrouver  un  jour  ce  fonds  d'archives  si  précieux  ?  Il  serait 
bien  à  souhaiter  que  le  classement  si  désirable  des  archives  commu- 
nales de  Glermont-Ferrand  fût  poussé  activement  et  vînt  enfin  jeter  un 
peu  plus  de  lumière  sur  cette  question. 

Antoine  Thomas^- 


64 


Le  Pays  boulonnais.  Études  historiques ,  par  Ernest  Dëseille.  Paris, 
\  879,  in-S^"  de  glii  et  438  p. 

Le  livre  dont  nous  annonçons  ici  l'apparition  n'est  pas  une  histoire 
du  Boulonnais.  L'auteur  a  voulu  simplement  réunir  en  un  seul  volume 
d'intéressants  documents  qui  étaient  restés  dispersés  jusqu'à  présent  et 
qui  gagnent  singulièrement  à  être  rapprochés  les  uns  des  autres. 

Les  quelques  lieues  carrées  comprises  entre  le  Galaisis,  l'Artois,  la 
Picardie  et  la  Manche,  dont  Boulogne  est  le  centre,  formaient  sous 
l'ancien  régime  un  gouvernement  général  et  possédaient,  il  est  vrai,  un 
assez  glorieux  passé  pour  justifier  un  tel  honneur.  M.  Deseille  nous 
rappelle  tour  à  tour  les  hauts  faits  de  ses  compatriotes,  depuis  ces  temps 
lointains  où  les  antiques  Morini  se  trouvaient  aux  frontières  du  monde 
jusqu'aux  jours  héroïques  de  la  guerre  de  cent  ans  et  jusqu'aux 
approches  de  la  révolution. 

On  ne  nous  demandera  pas  d'analyser  en  détail  un  livre  dont  il  fau- 
drait reproduire  la  table  pour  donner  une  idée  exacte  des  richesses  qu'il 
renferme.  Mentionnons  seulement  de  curieux  documents  sur  Télection 
des  maires  de  Boulogne  et  sur  l'organisation  municipale  de  la  ville  ; 
sur  la  création  du  siège  épiscopal  de  Boulogne  en  1553,  quand  la  ville 
de  Thérouanne  eut  été  rasée  ;  sur  la  fête  instituée,  au  jour  de  saint 
Marc,  en  souvenir  de  la  rentrée  des  Boulonnais  dans  leur  cité,  après 
l'occupation  anglaise.  Signalons  aussi  une  bonne  généalogie  des  comtes 
de  Boulogne. 

Boulogne  était  surtout  une  ville  de  commerce.  Le  livre  de  M.  Deseille 
abonde  en  renseignements  sur  le  mouvement  de  ce  port.  C'est  au 
XVIII®  siècle  qu'il  avait  pris  son  plus  grand  développement,  au  détriment 
des  ports  d'Étaples,  de  Wissant  et  d'Ambleteuse.  Il  s'y  faisait  alors 
d'importants  achats  de  thé  et  d'eau-de-vie.  La  pêche  du  hareng  y  était 
aussi  très  florissante.  Un  fait  suffirait  à  le  témoigner  :  les  nombreuses 
prestations  et  redevances  qui  se  faisaient  avec  ce  produit  de  la  mer. 
Boulogne  envoyait  en  présent  des  harengs  à  la  coar,  comme  d'autres 
villes  y  adressaient  des  étoffes  ou  des  épices. 

Tous  ces  documents  ne  voient  pas  le  jour  pour  la  première  fois.  Bon 
nombre  avaient  été  déjà  publiés  que  M.  Deseille  a  empruntés  sans  scru- 
pule aux  recueils  qui  les  contenaient  ^  Mais  son  livre  renferme  assez 
de  pièces  inédites,  parmi  les  plus  dignes  d'attention,  pour  mériter  à  son 
auteur  la  gratitude  de  ses  compatriotes  et  pour  lui  assurer  une  place 
honorable  à  côté  des  érudits  boulonnais.  M.  Deseille  a  puisé  surtout 
aux  archives  du  Pas-de-Calais,  dans  le  trésor  des  chartes  d'Artois.  Les 

1.  Citons  en  première  ligne,  parmi  ces  recueils,  le  Catalogue  des  actes  de  Phi- 
Uppe-A'ugfastc^  de  notre  éminent  confrère  M.  L.  Delisle. 


62 

autres  sources  d'informations  n'ont  pas  été,  du  reste,  négligées  par  lui. 
Les  Archives  nationales  lui  ont  fourni,  notamment,  quelques  pièces  de 
premier  ordre.  Il  avait  là  pour  le  guider  Tun  de  ses  plus  savants  compa- 
triotes, notre  confrère  M.  E.  Dupont,  qui  connaît  si  bien  l'histoire  du 
Boulonnais  et  qui  a  mis  généreusement  entre  les  mains  de  M.  Deseille 
les  plus  beaux  documents  *. 

L'auteur  du  Pays  boulonnais  voudra,  sans  doute,  mettre  un  jour  en 
œuvre  les  précieux  matériaux  qu'il  n'a  guère  fait  aujourd'hui  que 
rassembler  un  peu  au  hasard.  Quel  que  soit  le  plan  que  M.  Deseille 
adopte  alors,  qu'il  se  décide  à  écrire  l'histoire  de  sa  chère  ville  natale  ^ 
ou  qu'il  veuille  rédiger  méthodiquement  le  Cartulaire  boulonnais  qui 
reste  encore  à  faire  ^,  les  encouragements  ne  manqueront  pas  à  son  zèle 

et  à  sa  persévérance. 

P.  B. 


Souvenirs  de  la  Flandre  wallonne.  Recherches  historiques  et  choix 
de  documents  relatifs  à  Douai  et  aux  anciennes  provinces  du  nord 
de  la  France^  publiés  som  les  auspices  de  la  Société  d'agriculture, 
des  sciences  et  des  arts  de  Douai,  par  un  comité  historique  et 
archéologique.  Douai,  Crépin,  in-8°.  T.  XVUI,  -i878,  -i89  p.,  et 
t.  XIX,  4879,  207  p.  et  une  planche. 

Il  y  a  une  vingtaine  d'années,  quelques  archéologues  douaisiens  se 
réunirent  pour  publier  le  recueil  dont  nous  avons  entre  les  mains  les 
18®  et  19®  volumes.  MM.  Preux,  Brassart  et  de  Ternas  en  ont  été  les 
principaux  rédacteurs  et  ils  y  ont  inséré  un  grand  nombre  de  documents 
inédits  et  de  communications  sur  des  points  d'histoire  locale. 

L'étude  des  seigneuries  des  environs  de  Douai  et  des  familles  qui  les 
ont  possédées  a  tenu  une  large  place  dans  ces  volumes,  et  le  tome  XVUI 
est  presque  entièrement  consacré  à  l'annotation  d'un  manuscrit  de  la 
Bibliothèque  nationale,  le  Blason  de  Lalaing,  dont  il  ne  comprend  pour- 
tant qu'une  partie.  Ce  travail,  dû,  croyons-nous,  à  M.  A.  de  Ternas, 
contient  sur  les  membres  de  cette  célèbre  famille  de  nombreux  rensei- 

1.  Et  notamment  le  compte  de  1415-1416  (Ârch.  nat.,  KK  280),  à  Taide  daqnel 
M.  Deseille  a  écrit  son  intéressante  étude  sur  les  relations  de  Boulogne  avec  les 
communes  du  Nord,  lors  du  désastre  d'Azinconrt. 

2.  L'auteur  nous  permettrait-il,  dans  ce  cas,  de  le  mettre  un  peu  en  défiance 
contre  les  tendances,  si  excusables  d'ailleurs,  du  patriotisme  local,  qui  lui  font 
apprécier  avec  tant  d'optimisme  dans  la  présente  étude  tout  le  passé  de  son 
cher  pays  ? 

3.  M.  E.  Dupont  avait  d'abord  songé  à  publier  lui-même  ce  cartulaire.  Nous 
ne  pouvons  que  regretter  que  notre  confrère  ait  dû  renoncer  à  ce  projet,  absorbé 
qu'il  est  par  les  importantes  fonctions  qu'il  remplit  aux  Archives  nationales. 


63 

gnements  puisés  dans  les  dépôts  publics  du  Nord  et  de  la  Belgique.  Le 
Coup  d*œil  sur  Belleforière  (t.  XIX,  p.  5-84)  est  un  travail  du  même 
genre,  renfermant,  avec  une  analyse  des  titres  de  cette  seigneurie  depuis 
1076,  une  généalogie  détaillée  de  la  famille  de  ce  nom  de  1344  à  1751, 
qui,  sur  un  certain  nombre  de  points,  apporte  des  corrections  à  V Histoire 
généalogique  du  P.  Anselme. 

La  charte  relative  à  la  donation  faite  aux  templiers  par  Baudouin 
Brochât  d'Henin  <  est  un  document  important  pour  Thistoire  des  ordres 
militaires,  si  Ton  peut,  ainsi  que  le  propose  l'éditeur  de  ce  document, 
le  faire  remonter  à  1120.  Seulement  nous  regrettons  que  M.  Brassartait 
cru  devoir  en  donner  le  texte  en  conservant  les  abréviations.  C'est  un 
procédé  trop  souvent  employé  dans  les  publications  faites  en  province 
et  nous  ne  saurions  trop  nous  associer  aux  observations  que  faisait  à  ce 
sujet  notre  confrère  M.  Servois  dans  un  récent  compte  rendu  au  comité 
des  sociétés  savantes. 

Ne  pouvant  nous  arrêter  plus  longtemps  sur  les  autres  travaux  que 
renferment  ces  deux  volumes,  je  me  bornerai  à  signaler  deux  notices 
sur  Jean  Wauquelin,  traducteur  de  Jacques  de  Guise,  et  sur  Jean  de 
Magnicourt  de  Verchin,  chroniqueur  flamand  du  xv«  siècle,  notices  inté- 
ressantes et  rédigées  à  Taide  de  documents  nouveaux.  Une  biographie 
de  M.  Auguste  Preux  termine  le  dernier  de  ces  volumes  et  rend  un 
hommage  mérité  au  fondateur  des  Souvenirs  de  la  Flandre  wallonne. 

Comte  DE  Marsy. 


De  arte  seribendi  epistolas  apud  Gallicos  medii  œvi  scriptores  rheto- 
resve  facultati  litterarum  Parisiensi  thesimproponebat  N.  Valois. 
Paris,  A.  Picard,  1880,  in-8«,  95  p. 

Cette  thèse  n'est  pas  une  dissertation  purement  académique,  mais  une 
œuvre  d'érudition  qui  mérite,  à  ce  titre,  d'être  signalée  aux  lecteurs  de 
la  Bibliothèque.  Elle  se  rattache  en  outre  par  certains  côtés  à  la  diplo- 
matique. L'auteur  y  décrit  les  procédés  de  composition  suivis  par  les 
écrivains  du  moyen  âge  ;  sans  doute  il  se  préoccupe  surtout  des  lettres, 
mais  les  préceptes  de  l'art  épistolaire  étaient  souvent  appliqués  à  la 
rédaction  des  actes.  Ne  trouve-t-on  pas  dans  des  chartes  du  xn«  siècle 
des  exordes  empruntés  à  l'Écriture  sainte  et  semblables  à  ceux  qu'on 
plaçait  souvent  en  tête  des  lettres  ?  M.  Valois  s'est  presque  exclusive- 
ment servi  de  documents  qui  ont  été  jusqu'ici  fort  peu  utilisés  pour  les 
études  de  diplomatique  :  ce  sont  les  traités  d'art  épistolaire  et  les  for- 
mulaires; il  en  signale  une  vingtaine,  presque  tous  inédits,  qui  sont 

1.  Un  Seigneur  d'Henin-Liétard,  bienfaiteur  des  templiers  (tome  XIX, 
p.  116-138). 


64 

d'origine  française  et  vont  de  Tannée  1180  jusqu'à  la  fin  du  zv  siècle. 

Les  deux  premiers  chapitres  ne  sont  qu'une  introduction  ;  le  troisième, 
consacré  à  l'enseignement  de  l'art  épistolaire,  est  un  des  plus  intéres- 
sants de  tout  le  travail.  Au  zii«  siècle,  cet  enseignement  n'existait  pas 
encore.  On  se  formait  le  style  en  apprenant  par  cœur  les  ouvrages  de 
Gicéron,  ou  en  transcrivant  les  lettres  d'un  écrivain  renommé  de  l'époque; 
celles  de  Hildebert,  évéque  du  Mans,  furent  longtemps  considérées  comme 
des  modèles  du  genre.  Dès  le  commencement  du  xiii*  siècle,  on  voit 
apparaître  des  professeurs  d'art  épistolaire  ;  les  traités  sur  cette  matière, 
Dictamina,  Summa  dictaminis,  Àrtes  dictandi,  se  succèdent  sans  inter- 
ruption. La  science  nouvelle,  importée  d'Italie,  fut  accueillie  avec  tant 
de  faveur  que  non  seulement  les  études  sérieuses,  mais  la  poésie  même 
furent  délaissées.  Cet  enthousiasme  s'explique  moins  par  l'attrait  de  la 
nouveauté  que  par  les  perspectives  brillantes  qu'on  faisait  miroiter  aux 
yeux  des  étudiants.  «  L'art  épistolaire,  écrit  l'un  d'eux  à  un  de  ses  amis, 
«  vous  ouvre  le  palais  des  rois  et  vous  fait  arriver  aux  plus  hautes 
c  charges  de  l'Église.  »  Aussi  les  maîtres  en  cet  art  ne  manquent-ils 
jamais  de  faire  ressortir  les  avantages  qu'offre  cette  étude  lucrative. 

L'enseignement  de  l'art  épistolaire  en  France  a  pris  naissance  dans 
les  écoles  de  rhétorique  et  de  grammaire  fondées  à  Orléans  par  l'évéque 
Théodulf  ;  mais  c'est  à  Meung  que  cet  enseignement  a  jeté  le  plus  d'éclat. 
Les  auteurs  de  Dictamina  célèbrent  à  l'envi  dans  un  langage  hyperbolique 
l'école  de  Meung,  c  cette  source  vive  qui  ne  tarit  jamais  et  coule  d'autant 
c  plus  abondante  qu'on  y  vient  puiser  en  plus  grand  nombre.  »  Quel- 
quefois leur  admiration  les  conduit  à  d'étranges  méprises  :  les  uns  font 
de  Meung  un  siège  archiépiscopal  ;  les  autres  remplacent  les  mots  fons 
Magdunum  par  l'expression  bizarre  de  fons  madidus.  L'étude  de  l'art 
épistolaire  s'était  répandue  de  l'Orléanais  dans  toute  la  France  ;  elle 
avait  pénétré  jusque  dans  les  cloîtres,  à  Glairvaux  notamment.  Et  cepen- 
dant cette  extension  coïncide  avec  la  décadence  de  cette  branche  de  la 
littérature.  On  ne  trouve  plus  en  effet,  au  xni*  siècle,  de  collections  de 
lettres  comme  on  en  rencontre  tant  au  xn«.  C'était  la  conséquence 
du  développement  qu'avait  pris  ce 'genre  d'études.  La  composition  d'une 
lettre  n'étant  plus  une  œuvre  d'art,  mais  une  afiaire  de  routine,  les  écri- 
vains de  mérite  dédaignèrent  de  composer  des  livres  de  lettres  comme 
eût  pu  le  faire  le  premier  étudiant  venu. 

Après  avoir  décrit  les  Dictamina  qu'il  a  consultés  et  en  avoir  fixé  la 
date,  M.  Valois  expose  les  règles  contenues  dans  ces  traités,  que  leurs 
auteurs  s'eôorcent  de  rendre  aussi  intéressants  que  possible.  Ils  donnent 
pour  exemples  des  lettres  qui  devaient  être  d'un  usage  fréquent,  telles 
que  l'épître  d'un  étudiant  qui  demande  de  l'argent  à  son  père  ou  à  son 
oncle,  et  la  réponse  du  père  à  son  fils.  Ils  traitent  parfois  des  sujets 
étranges  :  Job  écrira  à  la  Fortune  pour  se  plaindre  de  sa  pauvreté  ; 
l'âme  exposera  au  Créateur  ses  griefs  contre  le  corps.  La  lettre  du  corps 


65 

est  suivie  d'une  réponse  du  Créateur  qui  rengage  à  se  corriger,  et  d'une 
réplique  du  corps  qui  s'excuse  sur  sa  faiblesse.  Ces  bizarreries  ne  sup- 
pléent point  au  manque  d'originalité  qui  est  le  défaut  commun  de  tous 
ces  traités.  Les  auteurs  de  Diciamina  imitent  presque  toujours  leurs 
devanciers,  qui  s'étaient  inspirés  des  ouvrages  de  Gicéron,  de  Quintilien 
ou  d'Isidore  de  Séville.  Ils  se  bornent  souvent  à  augmenter  le  nombre 
des  exemples  donnés  précédemment  ;  tout  au  plus  s'efforcent-ils  de  les 
disposer  d'une  façon  quelquefois  plus  ingénieuse,  toujours  plus  recher- 
chée. 

Les  deux  points  dont  ils  se  préoccupaient  le  plus  sont  la  construction 
et  le  nombre  oratoire.  La  première  de  ces  matières  est  traitée  avec  un 
grand  soin  dans  les  Dictamina,  On  distingue  l'ordre  naturel  et  l'ordre 
artificiel.  L'ordre  artificiel  est  l'objet  de  prescriptions  minutieuses  qu'on 
trouve  appliquées  dans  les  bulles  et  même  dans  les  chartes  du  xii*  et  du 
xm«  siècle.  Voici  quelques  exemples  de  cet  ordre  artificiel.  Tantôt  on 
disposera  les  mots  selon  Tordre  des  cas  dans  la  déclinaison,  en  plaçant 
d'abord  le  nominatif  ou  le  génitif  et  en  terminant  par  l'ablatif,  comme 
dans  cette  phrase  :  Trium  puerorum  laudibus  hymnum  debitum  voce 
consona  persolvamus.  Tantôt  on  intercalera  une  préposition,  qui  régit  un 
mot  accompagné  d'un  qualificatif,  entre  le  substantif  et  l'épithète  et  on 
dira  :  Vado  socium  ad  meum  dilectum.  Ces  transpositions  sont  parfois 
peu  heureuses,  mais  M.  Valois  va  peut-être  un  peu  loin  quand  il  leur 
reproche  de  prêter  à  l'obscurité.  Les  constructions  recommandées  dans 
les  Dictamina  ne  nuisent  pas  en  général  à  la  clarté  ;  il  suffit  de  citer 
pour  exemple  la  locution  courante  :  Vestre  probitatis  fama  nostras  per- 
venit  ad  aures.  Quant  au  reproche  de  redondance  qu'on  a  fait  aux 
maîtres  d'art  épistolaire,  il  est  plus  justifié  ;  mais  on  ne  saurait  les  blâ- 
mer beaucoup  de  remplacer  les  pronoms  personnels  par  ces  formules  de 
politesse  :  mea  parvitas,  mea  humilitas,  ou  de  multiplier  les  adverbes 
comme  sane^  profecto,  quidem^  sdlicet,  puisqu'ils  ne  font  que  se  confor- 
mer en  cela  aux  préceptes  des  rhéteurs  latins.  Du  reste  ils  ne  s'abusaient 
pas  autant  qu'on  serait  tenté  de  le  croire  sur  la  valeur  des  divers  orne- 
ments du  style  ;  c'est  ainsi  que  la  recherche  des  désinences  semblables, 
fort  en  honneur  au  xi«  et  au  xu*  siècle,  était  presque  complètement 
abandonnée  au  xiv^. 

Le  nombre  oratoire  est  aussi  l'objet  de  détails  minutieux.  Les  auteurs 
de  Dictamina  en  ont  emprunté  les  règles  à  VOrator  de  Gicéron  et  ils  les 
ont  appliquées  au  style  épistolaire,  en  les  modifiant  toutefois  considé- 
rablement. Jusqu'au  xu«  siècle  les  écrivains  semblent  surtout  chercher 
à  flatter  l'oreille  par  un  heureux  choix  de  mots.  On  voit  à  cette  époque 
les  règles  du  nombre  s'introduire  pour  la  première  fois  dans  la  chan- 
cellerie pontificale  ;  elles  y  ont  été  depuis  toujours  observées.  On  se 
préoccupait  surtout  de  la  fin  des  phrases  :  elles  devaient  se  terminer 
par  un  mot  dont  la  pénultième  était  brève  quand  le  mot  précédent  avait 

5 


66 

sa  pénultième  longue  et  réciproquement.  C'était  là  le  mode  grégorien, 
le  cursus  Romane  Ecclesie  vel  Curie  qu'enseignaient  la  plupart  des  maîtres 
d'art  épistolaire.  On  le  trouve  déjà  observé  au  xn«  siècle  dans  les  lettres 
de  Jean  de  Salisbury;  mais  les  esprits  élevés,  tels  que  saint  Bernard  et 
Pierre  le  Vénérable,  ne  s'inquiètent  guère  du  nombre  oratoire.  C'est  au 
xm*  siècle  que  le  mode  grégorien  devient  d'un  usage  fréquent  ;  on  le 
rencontre  alors  dans  la  plupart  des  lettres  et  môme  dans  des  actes  privés 
et  des  chartes. 

Bien  que  les  auteurs  de  Dictamina  français  s'inspirent  de  l'antiquité, 
les  règles  de  quantité  qu'ils  donnent  ressemblent  bien  peu  à  celles  de 
la  métrique  latine.  Ils  appellent  spondée  tout  dissyllabe,  que  ce  soit  un 
véritable  spondée  (prœbê),  un  pyrrhique  (màré)y  un  ïambe  (àmâ)  ou  un 
trochée  (Rdmà),  Ils  entendent  par  dactyle  tout  mot  de  trois  syllabes  dont 
la  médiane  est  brève  ;  quant  aux  polyssyllabes,  ils  les  considèrent 
comme  des  dactyles  ou  des  spondées  suivant  que  leur  pénultième  est 
brève  ou  longue.  Cette  confusion  des  brèves  et  des  longues  ne  pouvait 
manquer  de  choquer  Toreille  italienne.  Aussi  trouve-t-on  dans  les 
traités  composés  en  Italie  de  vives  protestations  contre  la  doctrine  des 
maîtres  de  l'école  d'Orléans  ;  on  leur  reproche  de  créer  des  spondées  et 
des  dactyles  imaginaires  et  de  s'attacher  plutôt  au  nombre  et  à  la  place 
des  syllabes  qu'à  leur  valeur.  Les  auteurs  de  Dictamina  recommandent 
de  ne  pas  accumuler  spondées  sur  spondées,  dactyles  sur  dactyles,  mais 
de  les  mélanger  agréablement.  Il  faut  se  garder  de  commencer  une 
phrase  par  un  dactyle,  à  moins  que  la  phrase  précédente  ne  se  termine 
par  plusieurs  spondées,  ou  qu'il  ne  s'agisse  de  mots  tels  que  cetïrum, 
igïtur,  quoiOam,  siquïdem. 

M.  Valois  a  eu  le  mérite  de  se  servir  presque  exclusivement  de  textes 
peu  connus  et  pour  la  plupart  inédits  ;  c'est  là  ce  qui  fait  la  grande 
valeur  de  son  travail.  Il  a  tiré  bon  parti  des  documents  nombreux  qu'il 
a  trouvés  et  il  a  su  exposer  des  matières  fort  arides  avec  autant  de 
clarté  que  d'élégance.  Sa  thèse  contient  une  analyse  fort  complète  et 
très  instructive  des  préceptes  contenus  dans  les  Dictamina.  Si  M.  Valois 
la  publie  de  nouveau  en  français,  comme  nous  l'espérons,  cette  forme 
nouvelle  lui  permettra  de  donner  une  plus  large  place  aux  recherches 
critiques  sur  la  date  et  les  auteurs  des  Dictamina,  sur  les  principaux 
maîtres  de  l'art  épistolaire,  Bernard  de  Meung,  Transmundus,  Pons  de 
Provence,  Antoine  Haneron  *.  On  pourrait  alors  montrer,  avec  les  déve- 
loppements nécessaires,  l'application  des  préceptes  des  Dictamina  à  la 
rédaction  des  bulles,  des  chartes  et  des  autres  actes  privés.  Ce  serait  là 
un  intéressant  chapitre  de  diplomatique  qui  ajouterait  encore  au  mérite 

du  travail  de  M.  Valois. 

E.-J.  Tardif. 

1.  Antoine  Haneron  n'est-il  pas  l'auteur  du  Compendium  de  brevibus  epistolis 
ad  archidiaconum  Tornacensem  ?  Yoy.  Pertz,  ArchiVy  X,  p.  552  et  571. 


67 

Eustache  des  Champs^  sa  vie  et  ses  œuvres,  par  A.  Sârradin.  Ver- 
sailles, Cerf;  Paris,  Baudry,  4879,  in-8». 

Il  y  a  une  année  que  M.  Sarradin  a  soutenu  cette  thèse  de  doctorat 
devaut  la  faculté  des  lettres  de  Paris.  Elle  n'a  pas  gagné  en  vieillissant. 
Nous  attendions  pour  en  parler  que  l'édition  d'Eustache  des  Champs, 
entreprise  sous  les  auspices  de  la  Société  des  anciens  textes  par  M.  le 
marquis  de  Queux  de  Saint-Hilaire,  se  fût  enrichie  d'un  nouveau  volume, 
espérant  trouver  dans  les  pièces  méthodiquement  classées  ou  dans  les 
notes  explicatives  une  confirmation  aux  hypothèses  personnelles  de 
M.  Sarradin.  Il  n'en  a  rien  été.  L'auteur  ne  s'est  nullement  préoccupé 
d'établir  son  étude  critique  sur  des  hases  sérieuses.  Il  a  pris  les  éditions 
de  MM.  Grapelet  et  Tarbé,  en  a  tiré  ce  qu'elles  contenaient  sur  la  vie 
du  poète,  a  fait  quelques  extraits  de  ballades  ou  de  fabliaux,  a  interrogé 
de  loin  en  loin  l'un  des  mss.  de  Des  Champs  qui  sont  à  la  Bibliothèque 
nationale  (fr.  830),  et,  en  y  joignant  quelques  passages  de  chroniques 
relatifs  aux  mœurs  et  aux  événements  généraux,  il  a  composé  son  livre. 
C'est  commode  et  très  littéraire  ;  mais,  au  milieu  des  excellentes  études 
faites  chaque  jour  sur  notre  vieille  littérature,  à  la  veille  d^une  édition 
définitive  d'Ëustache  des  Champs,  n'était-on  pas  en  droit  d'espérer  autre 
chose  ? 

Il  est  vrai  que  l'auteur  se  soucie  médiocrement  des  derniers  travaux*. 
MM.  Tarbé  et  Crapelet  sont  pour  lui  une  autorité  presque  sans  appel, 
c  Même  après  les  publications  de  MM.  Crapelet  et  Tarbé,  est-il  écrit 
dans  l'introduction,  il  reste  quelque  chose  à  prendre  dans  l'immense 
collection  de  ses  œuvres  poétiques  :  erat  quod  tôlier e  velles.  »  Quelque 
chose  ?  on  y  pouvait  prendre  dix  volumes  in-8»,  comme  le  fait  à  cette 
heure  M.  de  Queux  de  Saint-Hilaire,  et  à  plus  forte  raison  une  monogra- 
phie bien  faite.  Or,  il  est  impossible,  chez  M.  Sarradin,  de  suivre  les 
principaux  traits,  les  grandes  lignes  de  l'existence  du  poète  champenois. 
Nous  le  voyons  marié  et  père  de  famille,  envoyant  son  fils  en  1395  à 
l'université  d'Orléans  (p.  99),  mariant  sa  fille  et  la  dotant  avec  un 
appoint  du  duc  d'Orléans  en  1393  (p.  101),  et  l'instant  d'après  nous 
remontons  au  temps  où,  poète  galant,  il  recueille  la  succession  littéraire 
de  Guillaume  de  Machaut  (1377).  Nous  le  suivons  à  l'expédition  avortée 
de  Charles  YI  contre  l'Angleterre  en  1386  (ch.  X),  nous  lisons  les  bal- 
lades qu'il  compose  à  cette  occasion,  nous  descendons  même  aux  fian- 
çailles de  Richard  U  avec  la  fille  de  Charles  YI,  et  deux  chapitres  plus 

1.  La  bibliographie  même  da  sujet  ne  lui  semble  pas  très  familière.  La  moitié 
da  chapitre  XIX  est  consacrée  au  Traicté  de  Géia  et  d^AmpfUtryon,  et  rien  ne 
fait  supposer  que  l'auteur  connaisse  l'édition  de  cette  c  comédie  »  donnée  par 
M.  de  Queux  de  Saint-Hilaire,  à  la  librairie  Jouaust,  en  1875. 


68 

loia  (ch.  XII)  nous  sommes,  sans  savoir  comment,  aux  années  où  Des 
Champs  était  fait  châtelain  de  Fismes  (1381)  et  bailli  de  Sens  (1389). 

Nous  ne  voudrions  pas  chicaner  outre  mesure  sur  la  précision  histo- 
rique de  cette  œuvre  littéraire;  mais  les  premières  qualités  littéraires  ne 
sout-elles  pas  Tordre  et  la  proportion,  c  qui  est  tout  le  discours  »,  et 
pout-on  voir  sans  étonnement  Tavant-demier  chapitre  de  cet  essai  con- 
Mcré  à  la  ballade  avant  Des  Champs  ?  Le  lecteur  devrait-il  donc  com- 
mencer aux  dernières  pages  et  feuilleter  à  rebours  conmie  dans  un  livre 

arabe? 

Tait  voir  ne  sont  pas  bel  à  dire, 

dit  Des  Champs,  et  nous  aurions  mieux  aimé  adresser  à  M.  Sarradin 
des  éloges  que  des  critiques.  Celles-ci  ne  nous  empochent  point  de 
rendre  justice  aux  mérites  de  style  du  jeune  professeur,  à  son  tableau 
rapide  de  la  cour  de  Charles  VI,  où  Michelet  a  été  heureusement  mis  à 
contribution,  à  ses  aperçus  sur  Féducation  littéraire  au  xiy^  siècle  :  ici 
l'excellent  vingt-quatrième  volume  de  VHistoire  littéraire  laisse  des 
traces  évidentes.  Le  choix  surtout  de  ce  sujet  est  digne  d'éloges  ;  il 
prouve  après  d'autres  que  l'université  et  le  doctorat  abordent  hardiment 
les  lettres  du  moyen  âge.  Longtemps  inexploitée,  cette  mine  sera  tou- 
jours féconde  ;  espérons  que  M.  Sarradin  ne  se  bornera  point  à  ce  pre- 
mier essai,  qu'il  y  creusera  plus  profondément  et  y  saura  trouver  une 

fructueuse  revanche. 

Maurice  Faucon. 


Mittheilungen  des  Instituts  fur  oesterreichische  Geschichtsforsehung, 
II.  B.,  i,  H.  Innsbruck,  Wagner,  4881.  P.  4  à  176. 

Ce  fascicule,  par  lequel  s'ouvre  la  seconde  année  des  Mittheilungen  de 
l'institut  de  recherches  d'histoire  autrichienne  à  Vienne,  contient  cinq 
articles  de  fond  : 

I.  Das  Registrum  Farfense,  ein  Beitrag  zur  Rechtsgeschichie  der  italie- 
nischen  Urkunde  von  H.  Brunner,  M.  Brunner,  bien  connu  par  ses  tra- 
vaux sur  l'histoire  du  droit  et  sur  la  diplomatique  des  actes  privés,  a 
soumis  à  une  étude  diplomatique  et  juridique  une  importante  publica- 
tion de  la  Société  romaine  d'histoire  locale,  il  Regesto  di  Farfa  compilato 
da  Gregorio  di  Catino  e  pubblicato  dalla  Società  romana  di  storia  patria 
a  cura  di  I.  Giorgi  e  U.  Balzani,  vol.  Il  (seul  publié  jusqu'ici),  Roma,  1879. 
Ce  volume  contient  le  texte  de  trois  cents  chartes,  dont  la  plus  récente 
est  de  Tan  857  ;  le  cartulaire  qui  nous  les  a  conservées  est  des  dernières 
années  du  xi«  siècle.  M.  Brunner  donne  un  spécimen  choisi  des  princi- 
paux faits  nouveaux  que  ces  précieux  documents  apportent  tant  à  l'his- 
toire des  particularités  diplomatiques  qu'à  l'étude  de  l'ancien  droit 
lombard. 


69 

II.  Der  Umfang  des  boehmischen  Reiches  unter  Boleslaw  IL  Ein  Beitrag 
zur  Kritik  der  aelteren  boehmischen  Geschichte  von  J.  Loserth,  M.  Loserth 
fait  justice  d'une  fable  acceptée  par  les  historiens,  sur  la  foi  du  chroni- 
queur Gosmas  de  Prague,  qui  attribue  au  duché  de  Bohême,  sous 
Boleslas  n  (967-999),  une  étendue  en  dehors  de  toute  vraisemblance  ; 
la  Bohème  aurait  compris  de  grandes  parties  des  territoires  actuels  de 
la  Silésie,  de  la  Hongrie,  de  la  Galicie  et  de  la  Pologne  russe.  Cette 
légende,  comme  le  montre  M.  Loserth,  doit  son  origine  première  à  des 
chartes  fausses  que  Gebhard,  évoque  de  Prague,  produisit  au  synode  de 
Mayence,  en  1086,  pour  établir  ses  droits  épiscopaux  prétendus  sur 
Olmiitz  et  la  Moravie. 

III.  Fulda  und  die  goldene  Bulle.  Von  Arnold  Busson.  M.  Busson  sou- 
tient contre  plusieurs  auteurs  :  !<>  que,  dans  les  délibérations  qui  eurent 
lieu  à  Nuremberg  en  1355  et  1356  pour  préparer  la  rédaction  de  la  bulle 
d'or,  l'empereur  consulta,  non  seulement  les  électeurs,  mais  aussi  les 
autres  princes  ou  ordres  admis  à  la  diète  de  l'Empire,  au  moins  pour 
celles  des  dispositions  de  la  bulle  qui  touchaient  ces  princes  ou  ces 
ordres  ;  2<>  qu'en  particulier  on  s'assura  le  consentement  de  l'abbé  de 
Fulda  avant  d'insérer  au  chapitre  m  de  la  bulle,  sur  l'ordre  de  pré- 
séance des  prélats  de  l'Empire,  une  clause  contraire  aux  anciennes  pré- 
tentions de  son  abbaye  ;  3»  que  c'est  pour  acheter  ce  consentement 
qu'un  acte  du  9  juin  1356  donna  à  perpétuité  à  l'abbé  de  Fulda  le  titre 
d'archichancelier  de  l'impératrice  ou  de  la  reine  des  Romains,  et  que 
ce  titre  ne  lui  appartenait  pas  et  n'existait  pas  avant  cette  date. 

rV.  Die  maritime  Politik  der  Habsburger  in  den  Jahren  1625-1628  von 
Fr,  Mares,  IL  (Suite  d'un  travail  commencé  dans  le  volume  précédent.) 

V.  Verzeichniss  der  Kaiserurkunden  in  den  Archiven  Veronas.  L  Von 
Karl  dem  Grossen  bis  Heinrich  IV.  Von  Carlo  Cipolla.  Dans  cet  inventaire 
des  diplômes  impériaux  (il  aurait  fallu  ajouter  :  et  royaux)  des  archives 
de  Vérone,  M.  Gipolla  indique  82  actes,  de  774  à  1096,  conservés  en 
original  ou  en  copie  dans  divers  dépôts.  L'inventaire  est  précédé  de 
quelques  brèves  indications  sur  les  dépôts  d'archives  de  Vérone,  et  suivi 
du  texte  de  six  actes  inédits,  de  Louis  II,  septembre  873,  de  Bérenger, 
1"  août  905  (deux  diplômes  du  même  jour),  d'Otton  II,  7  mai  983,  de 
Gonrad  II,  24  mai  1027,  et  de  Henri  IV,  1077. 

Les  kleine  Mittheilungen  sont  au  nombre  de  cinq:  —  l**  J.  Ficker,  Sur 
la  pose  de  la  première  pierre  de  la  cathédrale  de  Gologne.  (Prouve  qu'il 
n'est  pas  exact,  comme  on  l'a  affirmé  dans  l'acte  officiel  dressé  à  l'occa- 
sion de  l'achèvement  de  la  cathédrale  de  Gologne  le  15  octobre  1880, 
que  le  roi  des  Romains  Guillaume  de  Hollande  ait  été  présent  à  la  pose 
de  la  première  pierre  le  15  août  1248.)  —  2o  E.  v.  Ottenthal,  la  Limite  des 
langues  allemande  et  romane  dans  le  Vinstgau  à  la  fin  du  xrv»  siècle. 
(Une  charte  de  1394  ou  environ  prouve  qu'alors  le  roumanche  était  la 
seule  langue  dans  laquelle  on  fût  admis  à  s'exprimer  devant  la  justice 


70 

de  Glurns  en  Tyrol  ;  les  plaideurs  de  langue  allemande  devaient  parler 
par  interprète.  La  charte  du  juge  de  Glurns  qui  constate  ce  principe  est 
néanmoins  rédigée  en  allemand.)  —  3"  E.  Mûblbacher,  la  Donation  de 
Cionstantin  dans  la  chancellerie  impériale.  (Un  registre  de  la  chancellerie 
de  TEmpire  contient  des  notes  de  la  fin  du  xy«  s.,  qui  expriment  des 
doutes  sur  Tauthenticité  de  la  prétendue  donation  de  Rome  à  TËglise 
par  l'empereur  Constantin  le  Grand.)  —  4*  H.  Zimerman,  Sur  l'expédition 
des  affaires  dans  la  chancellerie  impériale  au  xv«  siècle.  (Détails  sur  Ten- 
registrement  des  lettres  impériales  ou  royales.  Les  registres  de  la  chan- 
cellerie de  TEmpire,  conservés  à  Vienne,  ne  commencent  qu'en  1400, 
mais  il  y  en  a  eu  d'antérieurs,  aujourd'hui  perdus  :  en  1422,  le  roi 
Sigismond  réclame  à  Tex-chancelierRahan,  évéque  de  Spire,  les  registres 
du  roi  Robert,  1400-1410,  et  de  ses  prédécesseurs.  Un  autre  acte  du 
même  roi,  en  1421,  déclare  qu'aucune  lettre  royale  n'était  scellée  avant 
d'être  enregistrée  ;  mais,  en  1480,  une  note  aux  registres  de  la  chan- 
cellerie parle  de  lettres  qui  ne  pouvaient  être  enregistrées  et  sur  les- 
quelles on  inscrivait  néanmoins  la  mention  fictive  :  c  Registrata.  »  A  la 
fin  de  son  article  M.  Zimerman  communique,  d'après  le  même  registre 
de  1480,  la  formule  d'un  chiffre  donné  à  un  envoyé  impérial  pour  cor- 
respondre avec  son  gouvernement  ;  cette  formule,  telle  que  nous  la 
lisons,  est  peu  claire  :  «  Habet  et  ipse  infrascriptam  ciferam,  sub  qua 
semper  débet  litteras  ad  Suam  Gesaream  Majestatem  scribere,  ne  a  qîio- 
quam  intelligantur  :  A,  b,  c,  d,  e,  f,  g,  h,  i,  k,  1,  m,  n,  o,  p,  q,  r,  s,  t, 
V,  x,  j,  y,  z  litteris  permutatis  et  dictionibus  divisis  per  puncta  intra, 
sub  aut  supra  posita.  »  N'y  a-t-il  rien  au  registre  original  qui  indique 
de  quelle  façon  on  devait  t  permuter  »  ces  lettres?  Notons  l'emploi  du  j, 
considéré  comme  une  lettre  distincte  de  Vi  [?],  et  placé  entre  Vx  et  l'y.)  — 
50  Julien  Havet,  Notes  manuscrites  provenant  du  monastère  de  Michels- 
berg  à  Bamberg.  (Détails  d'histoire  locale,  xvi«  et  xvn«  s.,  tirés  des  gardes 
d'un  volume  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris,  imprimés,  H  2144 
réserve.) 

La  section  c  Literatur  »  contient,  outre  les  comptes  rendus  de  livres, 
des  détails  sur  les  travaux  et  publications  historiques  de  la  Société  pour 
la  connaissance  du  pays  transylvanien,  de  l'Académie  des  sciences  de 
Gracovie  et  de  la  commission  d'histoire  de  l'Académie  royale  des  sciences 

de  Bavière. 

Julien  Havet. 

Manual  de  paleografia  diplomdtica  espanola  de  los  siglos  XII  al 
XVII ,  Método  teôrico-pràctico  para  aprender  à  leer  los  documen- 
tos  espanoles  de  los  siglos  XII  al  XVII^  por  D.  Jésus  McJioz  y 
RivERO,  archivero-bibliotecario  y  profesor  encargado  de  la  asigna- 
tura  de  paleograffa  gênerai  y  crftica  en  la  Escuela  superior  de 
diplomâtica.  Obra  iltùstrada  con  479  Idminas  dibujadas  por  el 


74 

aulor.  Madrid.  Imprenta  de  Moreno  y  Rojas,  4880,  vii-303  pp., 
4  79  planches  et  6  pages  de  tables.  Prix  :  i  2  fr. 

L'histoire  de  la  paléographie  espagnole  a  trois  périodes.  La  première 
période,  dont  on  ne  peut  indiquer  avec  exactitude  le  point  de  départ, 
est  représentée  par  récriture  dite  msigothique,  dérivée,  comme  les  écri- 
tures lombarde  et  mérovingienne,  de  la  cursive  romaine  et  de  quelques 
éléments  de  l'onciale.  La  seconde,  qu'on  peut  nommer  la  période  frart" 
çaise,  a  une  origine  révolutionnaire  —  il  s'agit,  qu'on  se  rassure,  d'une 
révolution  de  moines  —  et  une  durée  de  quatre  siècles  et  demi  au  moins, 
de  l'année  1100  à  l'année  1550  environ.  Puis  vient  la  troisième  période, 
qui  mériterait,  quant  à  son  origine,  la  dénomination  de  période  italienne. 
C'est  en  effet  aux  calligraphes  Iziar,  Madariaga,  Francisco  de  Lucas  et 
autres,  élèves  des  Italiens  Henricis,  Tagliente  et  Palatino,  qu'on  doit  la 
formation  et  la  propagation  de  cette  admirable  bâtarde  espagnole  qui  se 
continue  encore  après  trois  siècles  de  glorieuse  existence. 

L'ouvrage  de  don  Jésus  Munoz  y  Rivero,  professeur  de  paléographie  à 
l'École  supérieure  de  diplomatique  de  Madrid,  est  consacré  à  la  paléo- 
graphie des  chartes  du  xn«  au  xvii«  siècle.  Il  se  compose  d'une  introduc- 
tion historique  et  théorique  distribuée  en  deux  parties  de  six  et  onze 
chapitres  et  d'une  partie  pratique  qui  consiste  dans  la  reprodaction  cal- 
cographique  et  la  transcription  de  cent  soixante-seize  documents.  Gomme 
l'auteur  compte  publier  prochainement  un  second  manuel  de  la  paléo- 
graphie espagnole  des  manuscrits  et  des  chartes  du  v  siècle  au  xii«,  il 
n'avait  pas  à  s'occuper  ici  de  la  matière  nationale  sur  laquelle  est  venu 
se  greffer  le  produit  étranger  introduit  à  la  fin  du  xii*  siècle  par  les  reli- 
gieux français  et  qui  bientôt  devait  la  remplacer  complètement  ;  mais 
nous  aurions  désiré  que  M.  Muâoz  délimitât  avec  plus  de  précision  les 
origines  du  nouveau  système  et  indiquât  les  dates  approximatives  de 
son  application  dans  les  diverses  classes  de  documents  et  les  diverses 
provinces  d'Espagne  soumises  à  l'influence  française.  On  cite  toujours, 
et  avec  raison,  sur  la  substitution  de  l'écriture  française  à  l'écriture 
wisigothique,  un  passage  célèbre  de  Rodrigue  de  Tolède,  qui,  souvent 
mal  compris,  a  engendré  une  erreur  grave.  Le  passage  en  question  se 
trouve  au  chapitre  XXIX,  livre  YI  du  De  rébus  Hispanix,  Après  avoir 
mentionné  sous  l'ère  1117  (année  1079  de  J.-C.)  la  mort  de  Garcia,  roi 
de  Galice,  à  Léon,  le  chroniqueur  continue  en  ces  termes  :  t  Et  inter- 
fuit etiam  Renerius,  legatus  et  Romanae  Ecclesiae  cardinalis  ;  ibidemque 
ceiebrato  concilie  cum  Bernardo  Toletano  primate,  multa  de  of&ciis 
Ecclesiae  statuerunt,  et  etiam  de  cetero  omnes  scriptores,  omissa  littera 
Toletana,  quam  Gulfilas  Gothorum  episcopus  adinvenit,  Gallicis  litteris 
uterentur  ^  »  Cette  allusion  à  Ulphilas  a  fait  croire  à  divers  auteurs  que 

1.  PP,  Toleianomm  quolquoi  exiant  Opéra,  Madrid,  1793,  tome  III,  p.  143. 


72 

Talphabet  composé  en  370  par  cet  évêque  des  Goths  et  dans  lequel  entrent, 
comme  on  sait,  l'alphabet  grec  oncial,  quelques  lettres  latines  et  une 
rune,  avait  été  employé  et  s'était  conservé  en  Espagne  jusqu'au  concile  de 
Tolède,  qui  en^aurait  prescrit  Tabolition^  M.  Munoz,  qui  sait  à  quoi 
s'en  tenir  à  cet  égard,  ne  traite  pas  comme  il  aurait  fallu  ce  passage  de 
Rodrigue.  Il  rappelle  que  l'écriture  d'Uiphilas  ne  dura  pas  en  Espagne 
plus  longtemps  que  l'arrianisme  (en  tant  que  religion  d'État)  et  que 
l'usage  qu'on  en  fit  en  ce  temps  même  était  limité  aux  livres  de  liturgie, 
les  Goths  ayant  pris  l'habitude  de  rédiger  en  caractères  latins  leurs  actes 
privés  3,  et  il  en  conclut  que  l'opinion  de  Rodrigue,  suivant  laquelle 
l'écriture  ulphilienne  a  persisté  en  Espagne  jusqu'au  xi«  siècle,  «  n'est 
pas  sûre  i  et  ne  résiste  pas  à  la  comparaison  des  caractères  de  l'alphabet 
d'Ulphilas  avec  les  caractères  des  monuments  écrits  antérieurement  au 
règne  d'Alphonse  VI.  C'est  trop  peu  dire.  L'opinion  de  Rodrigue,  si  on 
la  prenait  à  la  lettre,  serait  simplement  absurde.  Mais  doit-on  l'entendre 
ainsi  ?  Nous  ne  le  pensons  pas.  Il  est  évident  que  le  nom  d'Ulphilas  n'a 
pas,  dans  le  passage  de  l'historien,  le  sens  qu'on  lui  a  prêté.  Au  xin'  s., 
un  prélat,  fût-il  même  archevêque  de  Tolède,  ne  pouvait  pas  se  rendre 
compte  de  la  vraie  origine  d'une  écriture  qu'il  ne  connaissait  plus  que 
par  les  vieux  livres  liturgiques  des  églises  vouées  au  rite  mozarabe  ;  il 
ne  pouvait  que  constater  une  grande  différence  entre  cette  écriture  et 
celle  dont  il  se  servait  et  qu'il  était  accoutumé  à  lire.  Or,  comme  pour 
lui  et  pour  tous  les  hommes  de  son  temps  un  alphabet  devait,  ou  tom- 
ber du  ciel,  ou  être  fabriqué  de  toutes  pièces  par  quelqu'un,  rien  de 
plus  naturel  que  d'attribuer  l'écriture  de  la  vieille  liturgie  nationale  à 
celui  que  la  tradition  désignait  comme  le  créateur  de  l'alphabet  des 
Goths.  Il  n'y  a  donc  que  ceci  à  retenir  du  passage  :  un  certain  temps 
après  la  mort  du  roi  Garcia  (vers  1080),  un  concile  réuni  à  Léon  décréta  le 
remplacement  de  l'écriture  gothique  par  la  lettre  française.  Est-ce  exact? 
Là  est  la  question.  Sur  la  réunion  du  concile  et  la  matière  de  ses  déli- 
bérations on  n'a  d'autres  témoignages  que  celui  de  Rodrigue,  qui  n'en 
donne  pas  la  date,  et  celui  de  Lucas  de  Tuy,  qui  le  rapporte  à  l'année  1091 . 
Quant  aux  actes  du  concile,  nul  ne  les  a  retrouvés.  Aussi  plusieurs  his- 
toriens se  sont-ils  refusés  à  admettre  cette  décision  synodale  et  à  y  voir 
la  cause  du  changement  introduit  dans  l'écriture  des  pays  du  nord-ouest 
et  du  nord  de  l'Espagne.  A  notre  avis,  cependant,  l'intervention  en  cette 
afiaire  d'un  concile  national  ou  provincial  s'expliquerait  bien.  Il  ne  faut 


1 .  Cette  erreur  fort  répandue  et  accueillie  dans  plusieurs  livres  sérieux,  notam- 
ment dans  la  Grammaire  des  langues  romanes  de  Diez  (t.  I,  p.  93  de  la  3*"  éd. 
allemande),  a  joué,  dit-on,  un  mauvais  tour  à  un  savant  suédois  en  lui  faisant 
entreprendre  un  voyage  inutile  en  Espagne. 

2.  Dans  sa  paléographie  wisigothiqne  M.  Munoz  devra  fournir  les  preuves  de 
tout  ce  qu'il  avance  ici. 


73 

pas  oublier  que  Tadoption  de  récriture  étrangère  est  la  contre-partie 
naturelle,  nécessaire  de  Tadoption  de  la  liturgie  romaine,  que  Gré- 
goire VII,  aidé  de  ses  légats,  de  ses  moines  de  Gluny  et  des  influences 
françaises  de  la  cour  d'Alphonse  VI,  réussit  après  plusieurs  années  de 
lutte  à  implanter  en  Espagne.  Les  formulaires  du  nouveau  rite  apportés 
de  France  et  de  Rome  commencèrent  à  être  transcrits  par  ces  Glunistes 
que  la  politique  de  Grégoire,  Tappui  et  les  donations  d'Alphonse  VI 
avaient  attirés  sur  le  sol  de  la  péninsule,  et  ces  livres  furent  naturelle- 
ment transcrits  en  lettre  française.  Le  clergé  national  vit  d'abord  de 
mauvais  œil  cette  transformation  qui  s'opérait  à  ses  dépens,  qui  dépouil- 
lait le  culte  de  formes  consacrées  depuis  le  temps  du  grand  Isidore  et 
TobUgeait  en  outre  à  rapprendre  à  lire  et  à  écrire  sous  la  direction 
d'étrangers.  Il  y  eut  de  longs  tirailletnents.  Pour  les  faire  cesser,  une 
intervention  plus  ou  moins  solennelle  de  Tautorité  ecclésiastique  a  dû 
être  nécessaire  :  la  décision  du  concile  de  Léon  rapportée  par  Rodrigue 
n'a  donc  en  soi  rien  d'invraisemblable,  quoi  qu'on  ne  puisse  pas  affirmer 
avec  certitude  qu'elle  ait  été  prise. 

Ainsi  la  transformation  de  la  liturgie  a  amené  celle  de  l'écriture.  Gela 
est  vrai  pour  toutes  les  parties  de  l'Espagne  chrétienne  du  xi«  siècle, 
moins  la  Gatalogne.  Dans  le  nord  et  le  nord-ouest  l'adoption  du  nou- 
veau rite  eut  lieu  à  peu  près  en  même  temps,  de  1071  à  1085  environ. 
Dès  cette  époque  les  caractères  français  s'insinuent  partout,  dans  les 
livres  de  contenu  sacré  ou  profane,  dans  les  diplômes  des  rois,  dans  les 
chartes  privées.  Naturellement  une  révolution  d'une  nature  si  grave  n'a 
pas  pu  s'accomplir  en  un  jour.  Tel  centre  d'activité  littéraire,  tel  scripto- 
rium  de  moines  élevés  à  l'ancienne  mode,  telle  étude  de  notaire,  telle 
province  même  se  sont  montrés  plus  ou  moins  réfractai res  à  la  méthode 
étrangère.  M.  Munoz  remarque  que  même  dans  les  commencements  du 
xiii«  siècle  il  n'est  pas  rare  de  trouver  dans  les  chartes,  surtout  dans  les 
chartes  de  Galice,  des  vestiges  de  l'écriture  wisigothique.  —  Nous  avons 
mis  tout  à  l'heure  à  part  la  Gatalogne.  Ghacun  sait  en  effet  que  cette 
province,  dont  les  comtes  se  reconnurent  longtemps  feudataires  des 
rois  de  France  et  datèrent  leurs  chartes  d'après  les  années  de  règne  de 
ces  rois  jusqu'à  la  fin  du  xu'  siècle,  dont  les  évêchés  acceptèrent 
pendant  près  de  quatre  cents  ans  la  suprématie  métropolitaine  du 
siège  de  Narbonne,  chacun  sait  que  la  Gatalogne  renonça,  dès  le  milieu 
du  x«  siècle,  à  l'écriture  gothique  pour  prendre  celle  du  pays  auquel 
l'attachaient  tant  de  liens  politiques  et  religieux,  de  même  qu^elle 
donna  accès,  avant  la  Gastille,  l'Aragon  et  la  Navarre,  à  la  liturgie 
romaine,  dans  ces  missels  dits  mixtes,  dont  les  églises  de  Vich  et  d'Urgel 
ont  conservé  jusqu'à  nos  jours  quelques  exemplaires  ^  M.  Mufioz,  sans 

1.  Voir  sur  ce  sujet  les  intéressantes  recherches  de  Yillanaeva,  Viage  literario 
à  las  Iglesias  de  Espana,  t.  YI,  p.  36  et  suiv. 


74 

doate,  n'ignore  rien  de  tout  cela,  et,  son  Jivre  ayant  pour  point  de  départ 
le  XII*  siècle,  on  ne  saurait,  à  la  rigueur,  lui  reprocher  de  ne  pas  nous 
avoir  donné  ici  Tbistoire  de  cette  écriture  française  de  Catalogne  depuis 
ses  origines.  Toutefois,  comme  Tintention  de  Fauteur  paraît  être  d'épui- 
ser l'histoire  de  la  paléographie  espagnole  en  deux  volumes,  et  comme 
son  second  volume  doit  être  consacré  à  la  seule  paléographique  wisigo- 
thique,  on  se  demande  où  et  quand  M.  Mufioz  compte  traiter  de  récri- 
ture française  de  Catalogne.  Cette  province  est  pourtant  espagnole  au 
môme  titre  que  la  Castille  et  la  Navarre,  sans  compter  que  l'ancien  et 
long  usage  de  la  lettre  française  au  nord -est  de  la  péninsule  n'a  pas  pu 
être  sans  influence  sur  les  pays  limitrophes  et  a  sans  doute  préparé  le 
terrain  aux  novateurs  du  xi«  siècle. 

Le  chapitre  II  de  la  première  partie  traite  des  caractères  de  l'écriture 
française,  de  son  origine  et  de  son  introduction  en  Espagne.  M.  Mufioz 
décrit  exactement  la  forme  de  la  lettre  française  au  xi<>  et  au  xn«  siècle 
et  il  en  indique  bien  l'origine  ;  mais  il  n'aurait  pas  dû  écrire  (p.  33)  : 
«  cette  écriture  carlovingienne  est  celle  qui,  introduite  dans  notre 
péninsule*  à  la  un  du  xi*  siècle  et  généralisée  au  xii*,  a  reçu,  à  cause  de 
son  origine^  le  nom  de  française.  »  L'écriture  qui  apparaît  dans  les 
livres  et  les  chartes  espagnoles  de  la  fin  du  xi«  siècle  n'a  plus  du  tout 
les  caractères  de  l'écriture  carlovingienne,  c'est  une  minuscule  à  traits 
droits,  séparés  les  uns  des  autres,  l'opposé  précisément  des  traits  con- 
tournés et  enchevêtrés  de  l'époque  carlovingienne.  Le  seul  nom  qui  lui 
convienne  est  celui  de  minuscule  française.  Sur  l'introduction  de  cette 
minuscule  en  Espagne  M.  Munoz  cite  les  paroles  de  Rodrigue  de  Tolède 
que  nous  avons  rapportées  plus  haut,  puis  un  passage  de  VEstoria  de 
Espana  d'Alphonse  le  Savant,  et  en  troisième  lieu  un  chapitre  d'une 
traduction  en  langue  vulgaire  de  la  chronique  de  Rodrigue,  c  De  como 
perdieron  en  Espana  la  costumbre  gética.  »  De  ces  trois  textes  le  pre- 
mier seul  devait  être  cité.  Quant  à  Alphonse,  il  a  copié  Rodrigue  ici 
comme  ailleurs.  La  troisième  citation  avait  moins  encore  à  figurer  en 
ce  lieu,  le  chapitre  en  question  n'étant  qu'un  abrégé  mal  fait  de  plu- 
sieurs passages  du  De  rébus  Hispaniae^.  En  terminant  ce  chapitre 
M.  Munoz  déclare  exagérés  les  éloges  prodigués  par  plusieurs  de  ses 
compatriotes  à  l'écriture  wisigothique  et  déplacées  les  lamentations  qu'ils 
font  entendre  à  propos  de  son  abolition.  Nous  partageons  cette  manière 
de  voir.  11  est  certain  que  bien  des  manuscrits  du  x«  et  du  xi'  siècle 
présentent  de  fort  beaux  types  de  littera  gothica,  mais  ce  qui  nous  reste 


1.  C'est-à-dire  dans  le  nord  et  le  nord-ouest  de  la  péninsule.  M.  Munoz  oublie 
encore  la  Catalogne. 

2.  Quoi  qu'en  dise  Âraador  de  los  Rios  (Historia  critica  de  la  literatura  espa- 
nola,  t.  III,  p.  423  et  suiv.),  je  ne  crois  pas  que  Rodrigue  ait  lui-même  tradnit 
son  ouvrage  en  langue  vulgaire. 


75 

de  chartes  de  la  même  époque  fait  généralement  une  triste  impression. 
Or,  une  écriture  que  la  complication  de  ses  traits  rendait  impropre  aux 
transactions  sociales  ne  méritait  plus  de  vivre  ;  aussi  le  roi  Alphonse  et 
ses  conseillers,  en  prêtant  la  main  à  une  si  utile  réforme,  ont-ils  bien 
mérité  de  la  civilisation. 

Les  quatre  paragraphes  du  chapitre  ni  sont  consacrés  à  la  diffusion 
de  récriture  française,  à  son  histoire  au  xii«  et  au  xnp  siècle  et  aux 
caractères  distinctifs  de  cette  écriture  dans  les  deux  classes  principales 
de  chartes  royales,  les  privilégias  et  les  albalaes.  Le  premier  paragraphe, 
qui  tient  une  page  et  demie,  ne  donne  rien  de  ce  que  promet  son  titre. 
C'était  le  lieu  de  rechercher  dans  quel  genre  de  documents  et  dans 
quels  lieux  commence  à  se  montrer  le  nouveau  procédé.  La  réforme  n'a 
pu  avoir  lieu  partout  en  même  temps  :  il  y  a  eu  des  scribes  conserva- 
teurs et  des  scribes  progressistes,  des  monastères  et  des  Églises  plus 
attachés  que  d'autres  à  l'ancien  usage.  Il  est  à  supposer,  comme  l'in- 
dique d'ailleurs  M.  Munoz,  que  ce  sont  les  scribes  de  la  chancellerie 
royale  qui  ont  pris  la  direction  du  mouvement  ;  mais  tout  cela  deman- 
dait à  être  établi  par  de  nombreux  exemples.  Pour  dresser  le  plan  géo- 
graphique et  chronologique  de  la  réforme  et  nous  faire  assister  à  ce 
travail  lent  d'assimilation,  il  fallait  rechercher  dans  tous  les  fonds  d'ar- 
chives accessibles  des  types  de  lettre  française  de  la  fin  du  xi'  et  des 
premières  années  du  xii«  siècle.  Au  lieu  de  cela  M.  Muîioz  nous  trans- 
porte du  premier  coup  en  plein  xii®  siècle.  La  première  charte  de  sa 
collection,  datée  de  l'an  1134,  dénote  une  main  déjà  exercée  qui  n'hésite 
plus  entre  l'ancien  et  le  nouveau  système.  Combien  il  eût  été  intéres- 
sant de  suivre  pas  à  pas  les  progrès  de  la  manière  française  dans  ces 
chartes,  mixtes  comme  les  missels  catalans,  où  deux  procédés  se  rejoignent 
et  se  confondent,  où  le  vieil  usage  cède  sur  un  point,  tient  bon  sur  un 
autre,  jusqu'à  ce  qu'il  n'ait  plus  enfin  qu'à  succomber  devant  l'envahis- 
sement de  la  méthode  étrangère  I  Sans  même  sortir  de  V Archive  histô^ 
rico  nacional^  dépôt  qui  conserve  des  centaines  de  pièces  de  cette  époque 
de  transition  et  de  toutes  provenances,  M.  Munoz  aurait  facilement  pu 
illustrer  les  origines  de  la  seconde  époque  de  la  paléographie  espagnole. 
Est-ce  à  dire  qu'il  considère  ces  années  d'hésitation  comme  appartenant 
encore  à  l'histoire  de  l'écriture  wisigothique  ?  Mais,  à  quelque  point  de 
vue  qu'on  se  place,  une  ligne  de  démarcation  absolue  est  impossible  à 
tracer.  Tel  document  mixte,  où  prédominent  encore  les  éléments  wisi- 
gothiques,  n'en  appartient  pas  moins  décidément  à  la  seconde  époque, 
parce  qu'il  nous  offre  les  premiers  exemples  de  la  substitution  d'une 
lettre  de  l'ancien  alphabet  par  un  caractère  de  l'écriture  française  ou  de 
toute  autre  innovation  qui  marque  l'aurore  d'une  ère  nouvelle. 

L'histoire  de  la  paléographie  espagnole  aux  xiv«,  xv«  et  xvi'  siècles, 
qui  occupe  les  chapitres  IV  et  V,  est  un  résumé  sans  données  nouvelles 
et  sans  vues  originales  des  travaux  de  Burriel  et  Merino,  que  liront 


76 

avec  profit  les  personnes  qui  n'ont  pas  à  leur  disposition  la  PaUografia 
espanola  de  Terreros  et  VEscuela  paleographica  du  P.  Andres  Merino.  Le 
caractère  distinctif  de  l'écriture  espagnole  au  xrv«  siècle  est  Tarrondisse- 
ment  des  traits.  Gomme  au  xni*  siècle,  les  documents  diplomatiques 
peuvent  être  distribués  au  point  de  vue  paléographique  en  deux  classes. 
L'écriture  des  privilégias  perd  la  rectitude  et  Tangularité  qui  la  distin- 
guaient au  siècle  précédent  et  finit  par  aboutir  à  la  lettre  ronde  ou  de 
juros,  comme  on  la  désigne  dès  le  commencement  du  xv*  siècle.  Dans 
les  albalctes  récriture  s'arrondit  aussi,  s'étrécit,  les  liaisons  augmentent 
et  se  recourbent.  On  a  donné  le  nom  de  cortesana  à  cette  écriture  par- 
venue à  son  complet  développement.  Le  xv*  siècle,  à  côté  des  genres 
légués  par  l'époque  antérieure  et  qui  se  continuent  en  se  gâtant,  surtout 
l'écriture  cortesana,  d'où  est  sorti  cet  inextricable  gribouillage  des 
notaires  et  greffiers,  surnommé,  d'après  l'usage  qu'on  en  faisait,  escri- 
tura  procesal,  le  xv*  siècle  inaugura  encore  une  troisième  forme,  la 
bâtarde  ou  italique,  que  vulgarisèrent  en  Espagne  les  documents  diplo- 
matiques transmis  d'Italie  ;  en  particulier  les  brefs  pontificaux.  Quant 
à  la  gothique  allemande,  elle  ne  figure  que  pour  mémoire  dans  un  traité 
de  paléographie  diplomatique.  Peu  usitée  dans  les  inscriptions  lapidaires 
et  les  manuscrits,  c'est  à  peine  si  elle  apparaît  dans  les  chartes,  à  titre 
ornemental,  dans  le  Noverint  ou  autres  formules  initiales. 

La  grande  réforme  du  xvi«  siècle,  qui  ouvre  une  troisième  période  de 
la  paléographie  espagnole,  consiste  dans  l'adoption  définitive  de  la 
bâtarde  italienne  et  son  application  régulière  dans  certains  documents 
privés,  les  lettres  missives  surtout.  Les  scribes  de  la  chancellerie  royale 
continuent  à  user  de  la  letra  cortesana  et  les  notaires  de  la  letra  proce- 
sada.  Au  siècle  suivant  le  type  cortesano  disparaît  et  fait  place  à  la 
bâtarde  qui  prend  de  jour  en  jour  plus  d'extension.  La  letra  procesada 
résiste  encore,  malgré  les  malédictions  dont  l'accablent  ses  malheureuses 
victimes  —  c  cette  letra  procesada  que  le  diable  ne  lirait  pas  »,  dit 
quelque  part  Saucho  à  don  Quichote  —  et  atteint  la  dernière  limite  de 
déformation  à  laquelle  notre  écriture  romaine  ait  jamais,  en  aucun  pays, 
pu  aboutir.  Ces  suites  interminables  de  festons  uniformes,  qu'on  arrive 
plutôt  à  deviner  qu'à  lire,  sont  bien  nommées  letra  encadenada  (écriture 
enchaînée).  Enfin  il  faut  noter  encore  que  l'écriture  ronde  dérivée  du 
type  des  privilèges  n'a  pas  disparu,  comme  semble  le  croire  notre 
auteur,  avec  le  xv«  siècle  :  certains  documents  des  xvi*  et  xvn*  siècles, 
notamment  les  cartas  de  hidalguia,  en  fournissent  encore  d'assez  beaux 
exemples. 

M.  Munoz  parle  ensuite  des  calligraphes  des  trois  derniers  siècles  et 
cite  les  titres  de  leurs  traités.  C'était  justice,  car  ces  artistes  ont  eu,  dès 
le  milieu  du  xvi«  siècle,  une  grande  et  salutaire  influence  sur  le  déve- 
loppement de  l'écriture  espagnole  *. 

1.  Parmi  les  traités  d'écriture  dn  xviii'  siècle,  M.  Mnnoz  a  omis  de  citer  les 


77 

La  seconde  paftie  de  rintroduction  théorique  du  Manual  a  pour  objet 
l'analyse  détaillée  des  alphabets,  Tétude  des  abréviations,  des  remarques 
sur  l'orthographe  et  la  ponctuation.  Les  faits  énoncés  dans  ces  pages, 
fruits  d'une  pratique  journalière  et  d'une  étude  consciencieuse  des  docu- 
ments diplomatiques  espagnols,  nous  ont  paru  généralement  exacts  ; 
mais  on  conçoit  facilement  qu'il  ne  nous  a  pas  été  possible  de  les  véri- 
fier un  par  un.  Nous  nous  en  tiendrons  donc  ici  à  quelques  observations 
détachées. 

A  la  page  115,  M.  Munoz  a  l'air  de  dire  qu'il  a  été  le  premier  à  traduire 
la  formule  abrégée  reg.  exp.  par  rege  exprimente,  et  semble  en  restreindre 
l'emploi  aux  diplômes  de  Ferdinand  III*.  Pourtant  un  de  ses  collègues 
de  l'École  de  diplomatique,  don  Vicente  Vignau,  a  établi  il  y  a  plusieurs 
années  l'exactitude  de  cette  interprétation  en  citant  tout  simplement  un 
privilège  d'Alphonse  VIII,  de  Tan  1203,  oiîi  la  formule  est  exprimée  en 
toutes  lettres  2. 

Dans  le  chapitre  des  abréviations  par  syncope,  à  quoi  servent  donc 
les  tableaux  de  déclinaison  btus,  bta,  btum,  et  de  conjugaison  noio, 
notas,  notai  ?  Il  n'y  a  là  qu'un  fait  :  la  suppression  d'une  seule  lettre 
ou  d'un  groupe  de  lettres,  et  on  ne  voit  pas  que  le  procédé  soit  rendu 
plus  clair  par  un  tel  entassement  d'exemples.  On  eût  ici  attendu  de 
l'auteur  un  exposé  des  règles  de  l'abréviation  par  syncope.  En  exami- 
nant à  cet  égard  un  grand  nombre  de  mots,  M.  Munoz  serait  facilement 
arrivé  à  faire  voir  que,  dans  un  vocable  composé  de  telles  lettres,  c'est 
telle  lettre  ou  telle  syllabe  qui  seule  peut  être  syncopée. 

P.  151.  Parmi  les  chiffres  romains  de  l'écriture  espagnole,  il  est  une 
forme  assez  singulière  et  qui,  croyons-nous^  ne  se  trouve  que  là,  c'est 
rX  avec  un  petit  crochet  au  haut  du  bras  droit  qui  équivaut  à  XL. 

Cette  abréviation  ne  se  présente  guère  que  dans  les  documents  en  latin 3. 

• 

Avisos  al  maestro  de  escribir  sobre  el  corte  y  formacion  de  las  letras,  que 
serân  compréhensibles  à  los  nihos.  Madrid,  Sancha,  1778,  in-S**.  Un  exemplaire 
de  ce  traité  que  nous  avons  acquis  à  une  vente  Morante  porte  au  verso  du  titre 
cette  indication  de  la  main  du  fameux  Palomares  :  c  El  autor  de  estos  Avisos  es 
el  111"*'  Senor  Don  Pedro  Rodriguez  Campomanes,  del  Consejo  y  Gamara,  etc.  » 
Plus  loin,  à  la  p.  5  et  en  marge  d'un  passage  où  il  est  dit  que  la  formation  des 
lettres  n'est  pas  une  affaire  de  pure  imitation,  mais  se  fonde  sur  l'analyse  des  élé- 
ments constitutifs  de  chaque  caractère,  le  même  Palomares  a  protesté  comme 
suit  de  sa  plus  belle  écriture  :  c  El  que  piensa  que  el  arte  de  escribir  es  arte  de 
pura  imitacion  piensa  con  juicio  y  roadurez.  La  analysis  es  futll,  ridicula  y  men- 
tirosa.  No  son  adraisibles  entre  sabios  calographos  los  falsos  elementos  que  repro- 
duce  el  autor.  t 

1.  «  La  interpretacion  que  nosotros  damos  à  la  abrevialura  reg.  exp.  »,  etc. 

2.  Indice  de  los  documentos  del  monasterio  de  Sahagun,  de  la  ôrden  de  San 
Benito,  y  glosario  y  diccUmario  geogrâfico  de  voces  sacadas  de  los  mismos, 
publicados  por  el  Archiva  histôrico  nacional.  Madrid,  1874,  gr.  in-8*,  p.  605. 

3.  Dans  la  Revista  de  archivoSj  biblioiecas  y  museos  (t.  II,  p.  231),  M.  Munoz 


78 

Une  autre  particularité  des  chiffres  romains  espagnols  est  le  signe 
employé  pour  M  dès  le  commencement  au  moins  du  zvi*  siècle  et 
nommé,  à  cause  de  sa  forme,  calderon  (chaudron)  dans  la  langue  des 
comptables.  La  figure  qu'en  donne  M.  M.  nous  semble  peu  exacte.  Il  y 
a  deux  sortes  de  calderones  :  les  uns,  qui  répondent  bien  au  nom,  sont 
très  évasés  et  souvent  surmontés  d'un  point  ;  les  autres  sont  étroits  et 
longs  avec  une  petite  barre  transversale  qui  réunit  par  le  bas  les  deux 
branches  ^ 

Les  observations  philologiques  que  comporte  un  traité  de  paléogra- 
phie sont  de  nature  purement  empirique  ;  il  n'y  avait  donc  pas  à  exiger 
de  M.  MuSoz  qu'il  expliquât  les  formes  soi-disant  irrégulières  relevées 
par  lui  dans  les  documents  du  xn«  au  xvii«  siècle,  il  s'agissait  pour  lui 
seulement  de  constater  les  différences  entre  ces  formes  et  le  point  de 
comparaison  qu'il  a  choisi  et  qui  est  la  langue  castillane  moderne  telle 
qu'elle  a  été  codifiée  par  l'Académie  au  siècle  dernier.  Ces  observations, 
sans  utilité  pour  ceux  qui  ont  quelque  pratique  des  dialectes  espagnols 
au  moyen  âge,  peuvent  rendre  des  services  aux  commençants,  aussi  ne 
blâmons-nous  pas  M.  Munoz  de  les  avoir  présentées  ;  seulement  il  n'aurait 
pas  dû  qualifier  ces  formes  divergentes  d'  a  incorrections  t.  Une  notion 
aussi  fausse  est  bien  mal  venue  dans  un  livre  destiné  à  l'enseignement. 
Dans  le  détail,  M.  Munoz  commet  de  graves  inexactitudes.  Dire,  par 
exemple,  que  Ve  est  redoublé  dans  le  mot  seello  est  une  hérésie  linguis- 
tique. Les  deux  e,  loin  de  constituer  un  redoublement,  représentent  les 
deux  i  de  sigillum,  et  le  moderne  sello  est  le  résultat  d'une  contraction 
de  la  forme  ancienne.  Il  n'y  a  pas  plus  c  incorrection  »  dans  une  forme 
que  dans  l'autre  :  ce  sont  deux  étapes  d'un  développement  continu  qui 
ne  s'arrête  jamais  ;  déjà  bien  des  provinces  d'Espagne  et  d'Amérique 
n'en  sont  plus  à  la  forme  enregistrée  par  les  dictionnaires,  ainsi  l'Anda- 
lou  depuis  longtemps  prononce  seyo. 

Dans  la  partie  pratique,  M.  Munoz  donne,  comme  nous  l'avons  dit, 
des  fac-similés  calcographiques  et  la  transcription  de  cent  soixante-seize 
documents,  tirés  pour  la  plupart  de  VArchivo  histôrico  nacional  :  le  pre- 
mier est  daté  de  l'an  1134,  le  dernier  de  l'an  1654.  La  part  de  l'auteur 
est  ici  restreinte  au  strict  nécessaire.  Point  d'analyses  sommaires,  point 
d'indications  de  provenance.  Il  a  transcrit  ces  pièces  sans  y  rien  changer, 
mettant  seulement  des  majuscules  aux  noms  propres  de  personnes  et  de 
lieux.  C'est  du  moins  ce  qu'il  a  voulu  faire.  Réduit  au  seul  déchiffre- 
ment, ce  travail  de  transcription  devrait  se  recommander  par  une  exac- 

a  justement  relevé  une  grave  erreur  commise  par  M.  Hubner  dans  ses  Inscrip- 
tiones  Hispamae  christianae  pour  s'ôtre  obstiné  à  ne  pas  admettre  la  valeac  de 
cet  X,  que  les  anciens  diplomatistes  et  épigraphistes  espagnols  avaient  bien 
reconnu. 
1.  Cette  seconde  forme  est  celle  de  la  typographie. 


79 

titude  minutieuse  ;  malheureusement  il  n'en  est  pas  tout  à  fait  ainsi. 
M.  Mufioz  a  trop  souvent  mal  lu,  il  a  omis  des  mots  ou  des  membres  de 
phrase,  il  a  parfois  introduit  dans  ses  textes  une  ponctuation  que  les 
originaux  n'ont  pas,  etc.  Nous  ne  nions  pas  qu'il  ne  soit  facile  de  com- 
mettre des  fautes  dans  un  travail  de  cette  nature,  mais  une  attention 
très  soutenue  et,  après  l'impression,  une  révision  sévère  étaient  com- 
mandées *,  car  il  ne  faut  pas  que  l'élève  puisse  prendre  son  professeur 
en  flagrant  délit  de  mauvaise  lecture  ou  de  contravention  aux  règles 
posées  dans  la  partie  théorique.  Voici  une  petite  liste  .des  fautes  que 
nous  avons  trouvées  en  comparant  un  certain  nombre  de  transcriptions 
avec  les  fac-similés  : 

N*  I,  p.  176,  1.  14  :  cunctis,  lire  ceteris  ;  —  1. 17  :  pourquoi  centessima, 
septuagessima  ?  En  vertu  de  quelle  règle  M.  M.  redouble-t-il  ainsi  Vs  ? 
Cette  faute  est  constante  dans  presque  tous  les  documents  latins.  — 
L.  25  :  inprimus.  Plus  haut,  à  la  ligne  8,  M.  M.  lit  imprimis,  et  pour- 
tant dans  les  deux  cas  les  deux  mots  sont  exactement  écrits  de  même 
(sauf  la  terminaison),  Vi  surmonté  d'un  trait  est  un  peu  séparé  du  jp.  Il 
faut  se  décider  entre  in  et  im.  Si  Vi  barré  devant  un  p  est  plus  souvent 
résolu  dans  les  originaux  pai'  im  que  par  in,  on  doit  s'en  tenir  à  la  pre- 
mière forme  et  Tadopter  dans  tous  les  cas  semblables,  sinon,  prendre 
l'autre  et  s'y  tenir  2. 

N*  in,  p.  177,  1.  7  :  œmplacuit,  lire  conplacuit,  —  L.  8  :  directis,  lire 
derectis. 

N*  rV,  p.  178,  1.  22  :  qus,  M.  M.  rend  ainsi  le  que  dont  Ve  est  cédille, 
et  pourtant  le  même  e  cédille  est  rendu  par  e  simple  dans  hec  (1.  1)  et 
que  (1.  9). 

N  VI,  p.  180,  1.  2  :  quum,  lire  quoniam.  Ceci  est  une  faute  d'autant 
plus  lourde  qu'elle  a  été  souvent  corrigée  et  que  M.  Wattenbach  lui  a 
consacré  un  passage  de  son  Anleitung  zur  lateinischen  Paléographie 
(éd.  de  1869,  p.  27)  3.  —  L.  7  :  ubicumque,  lire  ubicuque.  —  L.  9  : 
bauilia,  lire  baiulia.  —  L.  10  :  ac  défendant  cum  uniuersorum  hominum, 
lire  ac  defendam  eum  u,  h.  Le  sens  l'exige  et  le  génitif  univers,  homi- 
num est  une  traduction  littérale  de  la  tournure  catalane  (la  charte  est  de 
Poblet  ou  des  environs)  :  e  défendre  lo  de  lots  homens.  —  L.  15  :  octavo 
halendarum  septembrium,  lire  octavo  kalendas  septembris. 

1.  L'erratum  de  Tautenr  tient  déjà  deux  pages  et  pourrait  être  au  moins  quin- 
tuplé comme  on  va  le  voir. 

2.  Dans  le  n*"  II,  1.  12  dn  fac-similé,  il  y  a  en  tontes  lettres  inprimis  et  M.  M. 
lit  imprimis.  On  n'est  pas  plus  inconséquent. 

3.  €  Qm,  ç^niam  est  souvent  lu  quum  par  les  éditeurs  modernes,  et  pour- 
tant celte  forme  n'a  jamais  existé  au  moyen  âge  ;  il  faut  donc  partout  la  corriger 
en  quoniam,  par  ex.  dans  Hoffmann  von  Fallersleben,  Altdeutsche  Handschrif- 
ien  der  Wiener  Hofbibl,^  p.  121  :  0  scripior  cessa  quum  manits  est  tibi  fessa, 
où  la  mesure  indique  déjà  la  vraie  lecture,  t 


80 

N^  XI,  p.  183,  1.  6  :  in  perpetuum,  lire  imperpetuum.  —  L.  7  :  Gui" 
lelmi,  lire  Guillelmi.  —  P.  184,  1.  6  :  in  perpetuum,  lire  imperpetuum. 

—  L.  9  :  intratibus,  lire  introitibus,  —  L.  13  :  quadraginta  solidos  dena^ 
rios  jaquenses,  lire  q.  s.  denariorum  jaquensium,  —  L.  19  :  et  omnibus 
et  aliis,  lire  et  omnibus  aliis. 

N»  XVn,  p.  187,  1.  17  ;  fier,  lire  fer.  M.  M.  a  pris  la  barre  de  l'/* pour 
un  t.  La  forme  fier  est  d'ailleurs  grammaticalement  impossible.  Pour- 
quoi des  accents  sur  a  (l.  4)  et  mande  (1.  17)  ?  Ces  additions  d'accents 
sont  constantes  dans  les  documents  en  langue  vulgaire. 

N^  XIX,  p.  188,  1.  2  :  filii,  lire  filu.  Cette  charte  est  galicienne,  en 
outre  les  n  sont  ponctués.  —  L.  8  :  avia,  lire  auia,  —  L.  10  :  doscient€is, 
lire  doscentos.  Il  faut  ici  sous- entendre  annos.  —  L.  11  :  nouenta,  lire 
sesenta^  —  decimo  quinto,  lire  quinto  decimo,  —  L.  12  :  Qui,  lire  Que, 
Môme  faute  à  la  ligne  17.  —  L.  17  :  omis  Diaz, 

No  XX,  p.  189,  \,  b  :  et  omnibus,  lire  in  omnibus.  —  L,  6  :  potueris, 
lire  pôtueritis.  —  L.  8  :  solidos  Legionis,  lire  solidos  legionenses.  —  L.  10  : 
nonagessima,  lire  sexagesima. 

N*»  XXIII,  p.  190,  1.  6  :  iglesa,  lire  yglesa,  —  L.  8  :  ochante,  lire  o 
chante  (en  castillan  lo  plante).  —  P.  191,  l.  1  :  d  meetade.  Dans  aucun 
cas  il  ne  fallait  accentuer  a,  mais  ici  moins  encore  qu'ailleurs,  puisque  a 
est  Tarticle  féminin.  Même  faute  à  la  ligne  2.  —  L.  3  :  iglesa,  lire  yglesa. 

—  L.  4  :  a  aconprir,  lire  a  conprir.  —  L.  6  :  furont  e  testemonias,  lire 
fur  on  et  testes. 

N*»  XXXV,  p.  200,  l.  2  :  Calabeçanos,  lire  Calabaçanos.  —  L.  3  : 
conosco,  lire  connosco,  —  L.  10  :  desian,  lire  dezian.  Cette  faute,  que 
M.  M.  a  comrAise  dans  un  grand  nombre  de  pièces,  étonne  de  la  .part 
d'un  connaisseur  de  la  paléographie  espagnole.  Il  est  certain  qu'à  la  fin 
des  mots  le  z  se  confond  facilement  avec  Vs,  certains  scribes  môme  ont 
pu  prendre  l'habitude  d'écrire  s  pour  z  dans  les  terminaisons  qui,  selon 
les  lois  de  la  phonétique,  exigent  z  ;  mais,  dans  Tintérieur  du  mot, 
la  confusion  est  impossible  puisque  Vs  y  est  toujours  longue,  au  moins 
au  xir  et  au  xiii»  siècle.  Dans  la  charte  qui  nous  occupe^  nous  écririons 
môme  sans  hésiter  Royz  et  non  Rois  comme  M.  M.  —  L.  24  :  Juan,  lire 
Joan,  Môme  faute  1.  29,  tandis  qu'aux  l.  30  et  31  il  écrit  Johan.  Pour- 
quoi? 

N»  XXXVn,  p.  201,  1.  1  :  tresentos,  lire  trezentos.  —  L.  3  :  Martino, 
lire  Martinno.  —  P.  202,  1.  1  :  moesteiro,  lire  m^steiro.  —  L.  11  :  derei- 
turas,  lire  :  dreituras.  —  L.  H  :  sueldos,  lire  soldas.  Le  galicien  ne 
connaît  pas  la  diphtongue  ue  ;  —  pequenos,  lire  pequennos.  M.  M.  a  très 
fréquemment  employé  n  pour  nn.  —  L.  15  :  a  refazer,  lire  arrefazer. 
Môme  faute  à  la  l.  19.  —  L.  20  :  minha,  lire  minna.  La  notation  nh 
pour  n  mouillée  n'apparaît  nulle  part  dans  la  charte. 

Nous  pourrions  continuer  ainsi  longtemps,  mais  ce  qui  vient  d'ôtre 
rapporté  suffît  à  montrer  que  M.  Munoz  n'a  pas  pris  ce  travail  de  trans- 


cription  assez  au  sérieux.  Nous  n'ajouterons  qu'une  observation  sur  la 
ponctuation  que  l'éditeur  a  appliquée  à  ces  textes.  Ce  n'est  pas  la  ponc- 
tuation des  originaux  et  ce  n'est  pas  non  plus  une  ponctuation  réguliè- 
rement fondée  sur  le  sens.  Là  encore  M.  Munoz  n'a  pas  su  se  décider. 

Pour  finir,  le  manuel  de  M.  Munoz  est  un  livre  assurément  utile  et 
qui  a  coûté  du  temps  et  de  la  peine,  mais  c'est  aussi  un  livre,  comme 
on  dit,  bâclé.  Espérons  que  dans  une  nouvelle  édition  l'auteur  saura 
porter  remède  aux  parties  défectueuses  de  son  premier  travail. 

Alfred  Morel-Fatio. 


LIVRES   NOUVEAUX. 

SOMMAIRE  DES  MATIÈRES. 

Sociétés  savantes,  établissements  littéraires,  etc.  —  Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres,  182.  —  Société  des  études  historiques,  69. 
—  Bibliothèques,  9,  39,  iOO.  —  Musées,  10,  75. 

Sciences  auxiliaires.  —  Èpigraphie,  198.  —  Paléographie,  106,  127, 
164.  —  Diplomatique,  127.  —  Chronologie,  67.  —  Bibliographie,  38, 
39,  67,  152,  175,  206,  222. 

Sources,  87,  117.  —  Historiens,  chroniqueurs,  26,  96,  112,  118,  122, 
156, 218, 225,  242.  —  Mémoires,  18.  —  Lettres,  1 , 2,  40, 240.  —  Archives, 
76,  78,  119,  120,  125,  146,  196;  documents,  3,  41,  72,  102,  255; 
registres,  77,  151,  176. 

Biographie,  généalogie,  137,  146,  158,  234.  —  Abélard,  71  ;  Agricola, 
128;  Aldobrandini,  41  ;  saint  Anselme,  192;  Arnaud,  129  ;  Baduel,  93  ; 
il  Bassano,  27  ;  saint  Bernardin  de  Sienne,  15  ;  Besnard,  18;  Bourbon, 
142  ;  Brachet,  22  ;  Bruno,  230  ;  Calvin,  188  ;  Carpas,  155;  sainte  Cathe- 
rine, 162  ;  Catherine  de  Médicis,  40  ;  Chantelou,  151  ;  Charlemagne, 
244  ;  Chorier,  48  ;  Christophe  Colomb,  217  ;  Clément  V,  37  ;  Conan 
Mériadec,  211  ;  Cessa,  99  ;  Dante,  220  ;  Duns  Scot,  254  ;  Elzevir,  39  ; 
Épernon,  166  ;  Ferrari,  134  ;  V.  de  Gama,  250  ;  Gozzadini,  99  ;  Gui- 
chardin,  96  ;  Henri  d'Andeli,  111  ;  Hostaden,  35  ;  Jacqueline  de  Bavière, 
72  ;  Jean  XXTIT,  99  ;  saint  Julien  de  Brioude,  28  ;  a  Kempis,  233  ;  La 
Rouvraye,  124  ;  Louis  XIV,  44  ;  Lusignan,  113  ;  Machiavel,  134  ;  Mac- 
Pherson,  5  ;  Mancini,  44  ;  Marie  Stuart,  140  ;  saint  Martin,  141  ;  Massé, 
33  ;  saint  Maurice,  190  ;  Montesquieu,  134  ;  Palsgrave,  147  ;  Pierre  II, 
comte  de  Savoie,  172  ;  Pierre  Lombard,  194  ;  Plater,  31  ;  Raphaël,  170, 
171  ;  sainte  Reine,  143  ;  Reinmar,  30  ;  Robert  de  Durazzo,  49  ;  rois 

6 


82 

mages,  109  ;  SainUSimon,  213  ;  Sanuto,  218;  Savoie,  49  ;  Sevogel,  249  ; 
le  Tasse,  2  ;  Thurel,  62  ;  L.  de  Vinci,  248  ;  Walther  v.  d.  Vogelweide, 
30  ;  Wettstein,  31  ;  Witteisbach,  131,  202,  257  ;  Woldemar,  197. 

Droit,  77, 172,  173,  187,  200,  227,  232,  238,  247. 

Géographie  et  topoqraphie,  8,  57,  90, 116, 138, 186.  —  Ethnographie, 
256. 

Institutions,  32,  200.  —  Cours,  25,  146.  —  Seigneuries,  25, 136, 153, 
155,  169,  207,  216.  —  Villes,  14,  16,  19,  59,  68,  86,  110,  184,  195,  224, 
258.  —  Assemblées  d*états,  123.  —  Magistratures,  240.  —  Ordres,  25, 
209.  —  Corporations,  173,  219.  —  Tribunaux,  227.  —  Enseignement, 
14,  32,  53,  58,  83,  93,  226.  —  Hôpitaux,  76.  —  Armées,  107. 

Économie,  mœurs,  etc.  —  Faune,  108.  —  Mœurs,  50,  71.  —Supersti- 
tions, 203.  —  Philosophie,  254.  —  Médecine,  199.  —  Agriculture,  193. 

—  Chasse,  150.  —  Commerce,  3,  193.  — Industrie,  191, 206  (cf.,  à  Fali- 
néa  précédent.  Corporations).  —  Cérémonial,  25,  146,  177. 

Religions.  —  Église  catholique,  17  ;  littérature  théologique,  233  ; 
conciles,  71,  236  ;  liturgie,  36,  231  ;  papauté,  37,  101  ;  diocèses,  35,  60, 
167,  194,  243  ;  paroisses,  178  ;  ordres,  92, 138, 209  ;  monastères,  46, 119, 
151,  192;  inquisition,  165;  pèlerinages,  81,  161;  croisades,  198.  — 
Catharisme,  165.  —  Vaudoisie,  129.  —  Protestantisme,  92,  124,  158, 
188,  205. 

Archéologie,  10,  20,  45,  46,  63,  74,  98,  115,  133.  —  Architecture  : 
135,  179  ;  édifices  civils,  47,  56,  88,  94,  136,  235  ;  édifices  militaires, 
105;  édifices  religieux,  55,  61,  64,  80,  85,  91,  174,  178,  189,  246.  — 
Peinture,  dessin,  etc.,  27,  33,  170,  171,  248  ;  vitraux,  91,  137.  —Mobi- 
lier ecclésiastique,  13,  55,  245.  —  Blason,  149,  160,  234.  —  Sphragis- 
tique,  21,  151,  152,  223.  —  Numismatique,  157,  223,  229.  —Jeux,  144, 
145.  —  Musique,  231,  252.  —  Théâtre,  79,  109,  125,  251. 

Langues  et  littératures,  185.  —  Légendes,  154, 183,  244.  —  Grec,  100. 

—  Latin,  29,  109,  178,  233,  244.  —  Langues  romanes  :  204  ;  espagnol, 
109,  150;  français,  24,  42,  54,  70,  73,  84,  111,  118,  147,  162,  183,  210, 
255  ;  italien,  15,  96,  97,  220  ;  provençal,  34,  82,  164,  214  ;  roumanche 
et  ladin,  4.  —  Langues  germaniques  :  12,  201  ;  allemand,  30,  103,  126, 
253  ;  anglais,  5,  148,  215  ;  frison,  104  ;  néerlandais,  180,  250,  251  ; 
langues  Scandinaves,  130,  132.  —  Irlandais,  5,  121. 

SOMMAIRE  GÉOGRAPHIQUE. 

Allemagne,  7,  H,  127, 179,  219, 225, 241.  — ■  Alsace-Lorraine  :  Alsace, 
228  ;  Lorraine,  43,  181,  255.  —  Bavière,  77,  131,  202,  205,  219,  221.  — 
Hambourg,  90.  —  Hesse,  14.  —  Prusse  :  prov.  de  Hanovre,  110,  200; 
de  Hesse-Nassau,  39,  87  ;  rhénane,  35  ;  de  Saxe,  128.  —  Saxe,  208.  — 
Wurtemberg,  206. 

Autriche-Hongrie.  —  Autriche  :  Tyrol,  123,  236,  242.  -  Hongrie  : 
Transylvanie,  196. 


83 

&LaiQUE,  57,  61,  63,  229.  —  Flandres,  26,  122,  246  ;  Hainaut,  46, 72, 
245;Liège,  57,  119,  178. 

Danemark,  197. 

Espagne,  63,  100,  142,  187,  195. 

Frange,  25,  32,  40,  44,  66, 107,  142,  182,  213,  237,  239.  —Auvergne, 
167  ;  Berry,  175  ;  Bretagne,  211  ;  Champagne  et  Brie,  67  ;  Dauphiné, 
48  ;  Limousin,  13  ;  Lorraine,  43  ;  Normandie,  38,  70,  136  ;  Picardie, 
152  ;  Poitou,  6,  84  ;  Provence,  48  ;  Sud-Ouest,  59.  —  Alpes-Maritimes, 
82  ;  Bouches-du-Rhône,  161  ;  Calvados,  159  ;  Corse,  226  ;  Gôte-d'Or,  9, 
10, 23, 120, 143  ;  Côtes-du-Nord,  190  ;  Dordogne,  21  ;  Eure,  20, 111  ;  Gard, 
28,  46,  81  ;  Garonne  (Haute-),  36,  195  ;  Gironde,  238  ;  Ille-et- Vilaine, 
62,  184,  189  ;  Indre-et-Loire,  151  ;  Isère,  224;  Loir-et-Cher,  235;  Loire 
(Haute-),  28;  Loiret,  22;  Lot-et-Garonne,  8;  Maine-et-Loire,  18,  98, 
124  ;  Manche,  85,  243  ;  Marne,  102  ;  Meurthe-et-Moselle,  83  ;  Meuse, 
54  ;  Morbihan,  190  ;  Nord,  78,  186  (cf.  Belgique)  ;  Oise,  47,  86,  212  ; 
Orne,  136  ;  Pas-de-Calais,  26,  68,  74,  138  ;  Pyrénées  (Basses-),  135  ; 
Rhône,  58,  176  ;  Sarthe,  45,  124,  168  ;  Savoie,  172  ;  Savoie  (Haute-), 
158  ;  Seine,  55,  56,  70,  79,  116, 125,^139, 193, 194, 227  ;  Seine-et-Marne, 
64  ;  Seine-et-Oise,  55,  146  ;  Seine-Inférieure,  38,  192, 216;  Somme,  52; 
Tam-et-Garonne,  60,  88,  91,  169;  Var,  95  ;  Yonne,  71,  114. 

Grande-Bretagne  et  Irlande.  —  Grande-Bretagne,  108.  —  Angle- 
terre :  89,  112,  136,  156  ;  Cambridge,  51.  -  Ecosse,  117,  140,  234.  — 
Irlande,  5,  121.  —  Malte,  209. 

Grège,  49,  240. 

Italie,  49,  53,  65,  75,  99,  172,  174.  —  Provinces  :  Alexandrie,  163  ; 
Florence,  1,  96;  Mantoue,  2;  Milan,  258;  Naples,  142;  Parme,  142; 
Pavie,  22,  217;  Pise,  1  ;  Rome,  105  ;  Sienne,  15  ;  Trapani,  19  ;  Turin, 
50,  129  ;  Venise,  3,  41,  177,  218,  240  ;  Vicence,  27. 

Pays-Bas,  63,  24'7.  —  Frise,  200  ;  Overijssel,  76. 

Suisse.  —  Bàle,  31,  115,  160,  249  ;  Berne,  106  ;  Grisons,  4  ;  Saint- 
Gall,  222  ;  Vaud,  149. 

Turquie,  49,  198,  223. 

Asie  :  Chypre,  113,  155.  —  Afrique,  250.  —  Amérique,  237. 


(Les  volumes  dont  le  format  n'est  pas  indiqué  sont  in-octavo.) 

1.  Adriani  (Marcello),  cancelliere  délia  repubblica  fiorentina  e  dei  dieci 
di  balia.  Lettere  inédite,  intorno  air  assedio  di  Pisa,  a  Nicolô  Valori, 
commissario  al  re  di  Francia  per  la  stessa  repubblica,  pubblicate  per 
cura  di  D.  Domenico  Barbaran.  Padova,  tip.  del  Seminario,  1880.  18  p. 
(Per  nozze  Sommariva-Ferro.) 

2.  Alcune  Lettere  inédite  del  secolo  xvi  relative  a  Torquato  Tasso  e 
spigolate  neir  archivio  storico  Gonzaga  di  Mantova.  Bassano,  tip. 
Pozzata,  1880.  15  p.  (Per  nozze  Compostella-Dolfin.) 


84 

3.  Alcuni  Documenti  de'  magistrati  délia  repubblica  veneta  in  mate- 
ria  di  seta,  carta  e  vini,  ora  per  la  prima  volta  pubblicati  da  Bemardo 
ed  Antonio  Nodari.  Venezia,  tip.  Gecchini,  1880.  In4, 146  p.  (Per  nozze 
Papadopoli-Hellenbach .  ) 

4.  Anoeer  (Peter  Justus).  Rhsetoromaniscbe  Eiementargrammatik 
mit  besonderer  Berûcksichtigung  des  ladinischen  Dialects  in  Unterèn- 
gadin.  Mit  einem  empfehienden  Worte  von  Prof.  Dr.  E.  Boehmer. 
Zurich,  OreU  FûssU  u.  Go.,  1880.  112  p. 

5.  Arbois  de  Jubainville  (H.  d').  La  Littérature  ancienne  de  l'Irlande 
et  rOssian  de  Mac-Pherson.  Paris.  15  p.  (Extrait  de  la  Bibliothèque  de 
l'École  des  chartes,  t.  XXI.) 

6.  Archives  historiques  du  Poitou.  T.  IX.  Poitiers,  impr.  Oudin, 
1880.  Lxxix-408  p. 

7.  Arnold  (Wilhelm).  Deutsche  Urzeit.  Dritte  Auflage.  Gotha,  Fried- 
rich Andréas  Perthes,  1881.  462  p.  8  m.  40  pf. 

8.  Atlas  cantonal  de  Lot-et-Garonne  :  carte  du  canton  de  Tonneins, 
arrondissement  de  Marmande,  dressée  sur  les  plans  d'assemblage  du 
cadastre  pour  le  service  des  chemine  vicinaux,  par  L.  de  Sevin  Talive, 
agent-voyer  en  chef.  2«  édition,  corrigée  et  mise  à  jour  par  M.  Later- 
rade,  ingénieur-voyer  en  chef.  Paris,  impr.  Lemercier,  1880. 

9.  AuBERTiN  (Gharles).  Quelques  Renseignements  sur  la  bibliothèque 
publique  de  Beaune.  Beaune,  1879.  In-12,  44  p. 

10.  AuBERTiN  (Gharles).  Quelques  Renseignements  sur  le  musée 
archéologique  de  Beaune.  Beaune,  impr.  Batault-Morot.  In-12,  130  p. 

11.  Babsch  (Franz).  Die  alten  Germanen  in  der  Universalgeschichte 
und  ihre  Eigenart.  Wien,  Hoelder,  1880.  vi-91  p.  1  fl,  20  kr. 

12.  BAm)ER  (Karl  von).  Die  verbal-abstracta  in  den  germanischen 
sprachen  ihrer  bildung  nach  dargestellt.  Eine  von  der  philosophischen 
facultaet  der  universitaet  Heidelberg  gekroente  preisschrift.  Halle,  Max 
Niemeyer,  1880.  212  p.  5  m. 

13.  Barbier  de  Montault  (Mgr  X.).  Les  Ostensoirs  du  xiv*  siècle  en 
Limousin.  Tours,  impr.  Bouserez,  1880.  40  p.  (Extr.  du  Congrès  archéo- 
logique de  France,  séances  de  Vienne,  septembre  1879.) 

14.  Becker  (Adalbert).  Beitraege  zur  Geschichte  der  Frei-  und 
Reichsstadt  Worms  und  der  daselbst  seit  1527  errichteten  hoeheren 
Schulen.  Worms,  Stem,  1880.  In-4,  288  p.  4  m. 

15.  Bernardino  (san)  da  Siena.  Le  Prediche  volgari  dette  nella  piazza 
del  Gampo  l'anno  1427,  ora  primamente  édite  da  Luciano  Banchi.  Vol.  I. 
Siena,  tip.  San-Bernardino,  1880.  xxvra-388  p.  3  1. 

16.  Bernier  (Théodore).  Histoire  de  la  ville  de  Beaumont.  Angre, 
l'auteur,  1880.  255  p.,  3  planches.  3  fr. 


85 

17.  BfiRTi  (J.  L.).  Ecclesiasticœ  historiae  Breviarium;  auctore  Joanne 
Laurentio  Berti,  Florentino,  fratre  eremita  augustiniano.  Gontinuatum 
usque  ad  ânnum  1879  a  P.  Lect.  Fr.  Thirso  Lape25.  Editio  novissima, 
recognita,  emendata  et  praeter  isagogen  ad  sacram  geographiam  VIII 
indicibus  chronologicis  ad  calcem  appositis  locupletata.  Pars  prima, 
quae  complectitur  chronologiae  rudimenta  et  quatuordecim  priorum 
saBculorum  synopsim.  Pars  secunda,  quœ  complectitur  isagogen  ad 
sacram  geographiam  et  pi-ogreditur  usque  ad  annum  vulgaris  œrœ  mil- 
lesimum  octingentesimum  septuagesimum  nonum.  Paris,  Vives,  1880. 
2  vol.,  xvi-833  p. 

18.  Besnard.  Souvenirs  d'un  nonagénaire.  Mémoires  de  François-Yves 
Besnard,  publiés  sur  le  manuscrit  autographe  par  Gélestin  Port,  avec 
2  portraits  de  Fauteur  d'après  Bodinier  et  David  d'Angers.  Angers, 
Lachèse  et  Dolbeau,  le  Mans,  Pellechat,  et  Paris,  Champion,  1880. 
2  vol. ,  xxn-756  p. 

19.  Blâsio  (Ignazio  de).  Délia  opulenta  città  di  Aicamo.  Discorso 
storico.  Aicamo,  tip.  Bagolino.  In-4.  (Paraît  tous  les  quinze  jours,  par 
fascicules  de  32  p.,  à  40  c.  le  fascicule.) 

20.  Bordeaux  (Raymond).  Miscellanées  d'archéologie  normande  rela- 
tives au  département  de  l'Eure.  Paris,  Glaudin.  vi-178  p. 

21.  BosREDON  (Ph.  de).  Sigillographie  du  Périgord.  Périgueux,  impr. 
Dupont,  1880.  In-4,  328  p.  et  5  pi.  (Publications  de  la  Société  histo- 
rique et  artistique  du  Périgord,  annexe  au  Bulletin,) 

22.  Boucher  de  Molandon.  Antoine  Brachet,  sa  famille,  sa  mort  en 
1504,  son  monument  funéraire  retrouvé  en  1879  à  Pavie.  Orléans,  Her- 
luison,  1880.  14  p.  (Extrait  des  Bulletins  de  la  Société  archéologique  et 
historique  de  r Orléanais,) 

23.  Bourgeois  (l'abbé  A.).  Beire-le-Ghâtel  et  ses  anciens  fiefs,  histoire, 
chronique  et  légende.  Dijon,  impr.  Darantière.  513  p.  et  planches. 

24.  Brachet  (Auguste).  Dictionnaire  étymologique  de  la  langue  fran- 
çaise. Préface  par  E.  Egger.  10®  édition.  Paris,  Hetzel,  1880.  In-12  à 
2  col.,  xx-564  p.  8  fr.  50  c. 

25.  Brémond  d'Ars  (Guy  de).  Les  Mécontents  de  la  promotion  de 
Tordre  du  Saint-Esprit  en  1661.  Paris,  Dumoulin,  1880.  32  p.  (Extrait 
de  la  Bévue  historique^  nobiliaire  et  biographique,  1880.) 

26.  Brésin,  Mannier.  Ghroniques  de  Flandre  et  d*Artois,  par  Louis 
Brésin.  Analyse  et  extraits  pour  servir  à  l'histoire  de  ces  provinces  de 
1482  à  1560,  par  E.  Mannier.  Paris,  Dumoulin,  vni-334  p. 

27.  Brillo  (Antonio).  Jacopo  Da-Ponte,  detto  il  Bassano  :  cennibio- 
grafici-critici.  Padova,  tip.  Prosperini,  1880.  24  p.  (Per  nozze  Da  Ponte- 
De  Pollini.) 

28.  Brydaine  (le  P.).  Vie  de  saint  Julien,  martyr  de  Brioude  et  patron 


86 

des  paroisses  de  Ghusclan,  la  Galmette,  Saint-Julien-de-Peyrolas,  Vaii- 
guières  et  autres.  Nîmes,  impr.  Jouve,  1880.  Ia-12,  24  p. 

29.  BuDiNSZKY  (Alexander).  Die  Ausbreituug  der  Uteinischen  Sprache 
ûber  Italien  uDd  die  Provinzen  des  roemischen  Reiches;  Berlin, 
Wilhelm  Hertz,  1881.  xn-267  p.  6  m. 

30.  BuRDACH  (Konrad).  Reinmar  derAlteund  WalthervonderVogel- 
weide.  Ein  Beitrag  zur  Geschichte  des  Minnesangs.  Leipzig,  Hirzel, 
1880.  Yi-234  p.  5  m. 

31.  BuRGKHARDT  (Abei).  Bilder  aus  der  Geschichte  von  Base!.  Vlertes 
Heft.  Félix  Plater.  Der  Rappenkrieg.  Johann  Rudolf  Wettstein  auf 
dem  westfaelischen  Friedenscongress.  Basel,  Félix  Schneider,  1881. 
118  p. 

32.  Calendrier  historique  de  renseignement  et  des  institutions  de  la 
France  avant  la  révolution,  pour  1881.  Paris,  Bray  et  Retaux.  192  p. 
à  2  col. 

33.  Gampardon  (Emile).  Un  Artiste  oublié,  J.-B.  Massé,  peintre  de 
Louis  XV,  dessinateur,  graveur  ;  documents  inédits.  Paris,  Gharavay, 
1880.  302  p. 

34.  Ganto  (el)  de  la  Sibila  en  lengua  de  oc.  Nogent-le-Rotrou,  impr. 
Daupeley-Gouverneur.  P.  353-365.  (Extrait  de  la  Romania,  t.  IX.) 

35.  Gardauns  (Hermann).  Regesten  des  Koelner  Erzbischofs  Konrad 
von  Hostaden  (1238-61).  (Aus  den  Annalen  des  historischen  Vereins 
fur  den  Niederrhein  Heft  35  besonders  abgednickt.)  Koeln,  Bachem, 
1880.  64  p.  1  m. 

36.  Gables  (le  R.  P.).  Mémoire  sur  le  Proprium  sanctorum  de  la 
sainte  Église  de  Toulouse,  avec  la  vraie  légende  des  saints  et  plusieurs 
anciens  offices.  Toulouse,  impr.  Hébrail  et  Delpuech.  176  p. 

37.  Gastelnau  d'Essenault  (le  marquis  de).  Glément  V  et  ses  récents 
historiens.  Bordeaux,  Duthu.  37  p.  (Extrait  de  la  Revue  catholique  de 
Bordeaux.) 

38.  Gatalogue  de  livres  rares  et  curieux  des  xv*,  xvi*  et  xvii*  s.,  rela- 
tifs principalement  à  la  Normandie  ou  imprimés  dans  cette  province, 
composant  une  partie  de  la  bibliothèque  d'un  amateur  du  Havre,  dont 
la  vente  aura  lieu  les  17  janvier  et  jours  suivants,  au  Havre.  Le  Havre, 
Junca.  154  p.  (1203  numéros.) 

39.  Gatalogus  librorum  officinae  Elzevirianae.  Gatalogue  de  l'officine 
des  Elzevier  (1628).  Reproduction  héliographique  diaprés  l'exemplaire 
de  la  bibliothèque  de  Francfort-sur-le-Mein,  avec  une  introduction  par 
Ernest  Kelchner.  Paris,  Baer.  vni-16  p. 

40.  Gatherine  de  Médigis  (Lettres  de)  publiées  par  M.  le  comte  Hec- 
tor de  la  Perrière.  T.  W  (1553-1563).  Paris,  imprimerie  nationale,  1880. 
In-4  à  2  col.,  GLXxi-733  p.  (Documents  inédits  sur  Thistoire  de  France.) 


87 

41.  Gérésole  (Victor).  Di  alcune  relazioni  tra  la  casa  degli  Aldobran- 
dini  e  la  repubblica  di  Venezia.  Documenti  inediti  dei  rr.  archivi  di 
Stato  di  Venezia  (1588-1617).  Venezia,  tip.  Antonelli,  1880.  80  p.  (Per 
nozze  Papadopoli-Heilenbach.) 

42.  Gbanson  (la)  de  Roland,  poème  français  du  moyen  âge,  traduit 
en  vers  modernes  par  Alfred  Lehugeur.  2«  édition.  Paris,  Hachette, 
1880.  In-18,  xx-369  p.  (Bibliothèque  variée.)  3  fr.  50  c. 

43.  Ghanteau  (F.  de).  Gollections  lorraines  aux  xvi®  et  xvn«  siècles. 
Documents  conservés  à  la  Bibliothèque  nationale,  recueillis  et  annotés. 
Nancy,  impr.  Grépin-Leblond.  80  p.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société 
d'archéologie  lorraine,  1880.) 

44.  Ghantelauze  (R.).  Louis  XIV  et  Marie  Mancini,  d'après  de  nou- 
veaux documents.  Paris,  Didier,  1880.  iv-432  p.  7  fr.  50  c. 

45.  Ghârles  (Robert).  Guide  illustré  du  touriste  au  Mans  et  dans  la 
Sarthe.  Avec  dessins  pour  la  plupart  de  G-.  Bouet,  inspecteur  de  la 
Société  française  d'archéologie.  Le  Mans,  Pellechat,  1880.  Li-12» 
vi-410  p. 

46.  Gharvet  (G.).  L'Abbaye  de  Gendras,  notice  historique  et  archéo- 
logique, suivie  du  catalogue  analytique  des  abbés  de  Gendras.  Nîmes, 
Gatelan,  1880.  §3  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  l'art  chrétien.) 

47.  Ghâteau  de  Pierrefonds,  dessiné  d'après  nature  et  lithographie  par 
Bachelier.  Paris,  impr.  Lemercier,  1880.  In-16  obi.,  13  p.  et  15  pi. 

48.  Ghorier.  Vie  d'Artus  Prunier  de  Saint-André,  conseiller  du  roy 
en  ses  conseils  d'Ëstat  et  privé,  premier  président  aux  parlements  de 
Provence  et  de  Dauphiné  (1548-1616),  d'après  un  manuscrit  inédit  de 
Nicolas  Ghorier  (archives  de  M.  le  marquis  de  Virieu),  publié,  avec 
introduction,  notes,  appendices  et  la  correspondance  inédite  de  Saint- 
André,  par  Alfred  Vellot.  Ouvrage  couronné  par  l'Académie  delphinale 
(médaille  d'or).  Paris,  Alphonse  Picard,  1880.  lxv-390  p.  9  fr. 

49.  Glaretta  (Gaudenzio).  Roberto  di  Durazzo  dei  Reali  di  Napoli  e 
la  famiglia  di  Jacopo  di  Savoia,  principe  d'Acaia.  Dissertazione  storico- 
critica,  compilata  su  documenti  inediti.  Torino,  Vigliardi,  1880.  30  p. 
(Extrait  des  Atti  délia  R.  Accademia  di  Torino,  vol.  XV.) 

50.  Glaretta  (Gaudenzio).  Un  Ballo  di  nobili  datosi  a  Garignano  nel 
carnevale  dei  1524  :  schizzo  storico  di  costumi  piemontesi  dei  secolo  xvi. 
Firenze,  tip.  délia  Gazzetta  d^Italia,  1880.  35  p. 

51.  Glark  (J.  W.).  Gambridge,  brief  historical  and  descriptive  notes. 
With  etchings  and  vignettes  by  A.  Brunet-Debaines,  H.  Toussaint, 
and  G.  Greux.  London,  Seeley,  1881.  Li-4,  86  p.,  planches. 

52.  GoËT  (Emile).  Notice  historique  sur  Étalon.  Péronne,  impr.  Quen- 
tin, 1879.  22  p. 

53.  Goppi  (Ettore).  Le  Università  italiane  nel  medio  evo.  2»  edizione 
accresciutae  corretta.  Firenze,  tip.  dei  minori  corrigendi,  1880.  323  p.  4 1. 


88 

54.  GosQUiN  (Emmanuel).  Contes  populaires  lorrains  recueillis  dans 
un  village  du  Barrois,  à  Montiër-sur-Saulx  (Meuse),  avec  des  remarques. 
?•  partie.  Paris,  Vieweg,  1880.  P.  289  à  340.  (Extrait  de  la  Romania.) 

55.  ClouRAjoD  (Louis).  Chandeliers  de  la  chapelle  du  château  d'Ëcouen, 
au  musée  du  Louvre.  Dessins  par  Corroyer.  Paris.  16  p.  avec  figures. 
(Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  nat.  des  antiquaires  de  France,  t.  XL.) 

56.  CouRAjOD  (Louis).  La  CHieminée  de  la  salle  des  caryatides  au  musée 
du  Louvre.  Paris,  1880.  14  p.  avec  dessins.  (Extrait  des  Mémoires  de  la 
Société  de  Vhistoire  de  Paris  et  de  V Ile-de-France,  t.  VIL  Ne  se  vend  pas.) 

57.  Crousse  (Fr.).  Cionférences  sur  les  voies  de  communication  de 
l'ancien  pays  de  Liège  durant  le  moyen  âge  et  la  période  moderne. 
Bruxelles,  1880.  65  p.,  1  pi.  (Ministère  de  la  guerre,  Communication  de 
l'institut  cartographique  militaire,  n'  12.) 

58.  CuissART  (E.).  L'Enseignement  primaire  à  Lyon  et  dans  la  région 
lyonnaise  avant  et  après  1789.  Paris,  Garcet,  Nisius  et  G«,  1880.  42  p. 

59.  Curie-Seimbres  (A.).  Essai  sur  les  villes  fondées  dans  le  sud-ouest 
de  la  France,  aux  xm®  et  xiv*  siècles,  sous  le  nom  générique  de  bas- 
tides. Toulouse,  Privât.  424  p. 

60.  Baux  (l'abbé  Camille).  Histoire  de  l'Église  de  Montauban  depuis 
les  premiers  temps  jusqu'à  nos  jours.  T.  I,  n"  11  (de  15i9  à  1556).  Mon- 
tauban, Georges  et  Ferrie,  1880.  159  p.  et  planche.  2  fr.  ;  pour  les 
souscripteurs,  1  fr.  ;  prix  de  souscription  pour  l'ouvrage  complet  (2  voL 
d'environ  650  pages  chacun,  ornés  de  6  planches  en  chromolithographie), 
15  fr.,  payables  en  trois  termes. 

61.  Debruyn  (l'abbé  H').  Archéologie  religieuse  appliquée  à  nos  monu- 
ments nationaux.  Bruxelles,  Bevaux,  Muquardt,  1880.  2  vol.,  xvin-348, 
357  p.,  fig.  dans  le  texte.  15  fr. 

62.  BEGOBfBE  (Lucien).  Jean  Thurel,  épisode  du  séjour  à  Rennes  du 
régiment  de  Touraine  (1788).  Rennes,  impr.  Catel,  1880.  20  p.  (Extrait 
des  Mémoires  de  la  Société  archéologique  d'Ille-et^  Vilaine,  t.  XIV.) 

63.  Behaisnes  (le  chanoine).  L'Espagne  a-t-elle  exercé  une  influence 
artistique  dans  les  Pays-Bas?  étude  historique.  Lille,  impr.  Danel, 
1880.  25  p. 

64.  Belaforge  (E.).  Chapelles  du  château  de  Blandy  (Seine-et-Marne). 
Melun,  impr.  Brosne,  1880.  In-12,  13  p. 

65.  Bel  Giudige  (Pasquale).  La  Storia  dei  Longobardi  e  la  critica 
moderna  :  rassegna.  Milano,  Rebeschini,  1880.  28  p.  1  1. 

66.  Bemolins  (Edmond).  Histoire  de  France  depuis  les  premiers  temps 
jusqu'à  nos  jours  d'après  les  sources  et  les  travaux  récents.  T.  V  (1789 
à  1870)  :  la  révolution  et  les  monarchies  contemporaines.  3«  édition, 
revue  et  augmentée.  Paris,  Tardieu,  1880.  In-18,  xvra-388  p. 

67.  Benis  (Auguste).  Recherches  bibliographiques  et  historiques  sur 


89 

les  almanachs  de  la  Champagne  et  de  la  Brie,  précédées  d'un  Essai  sur 
rhistoire  de  Talmanach  en  général,  compost,  kalendriers,  etc.  Ghâlons- 
sur-Mame,  Fauteur,  14,  rue  Sainte-Croix,  et  Paris,  Menu,  1880.  v-59  p. 

68.  Desghamps  de  Pas  (L.).  Histoire  de  la  ville  de  Saint-Omer  depuis 
son  origine  jusqu'en  1870.  Arras,  Sueur-Charruey.  506  p. 

69.  Desclosières  (J.).  Compte  rendu  des  travaux  de  la  Société  des 
études  historiques  pendant  l'année  1879.  Amiens,  impr.  Delattre-Lenoel, 
1880.  15  p.  (Extrait  de  V Investigateur,  mai-juin  1880.) 

70.  Descouverture  (la)  du  style  impudique  des  courtisannes  de  Nor- 
mandie à  celles  de  Paris,  envoyée  pour  estrennes  de  Tinvention  d'une 
courtisanne  angloise.  Rouen,  Lemonnyer,  1880.  iv-32  p.  avec  vignettes. 
(Curiosités  bibliographiques.  Copie  d'un  ouvrage  publié  à  Paris,  chez 
Nie.  Alexandre,  1618.) 

71.  Deutsgh  (S.  Martin).  Die  Synode  von  Sens  1141  und  die  Verur- 
teilung  Abaelards.  Eine  kirchengeschichtliche  Untersuchung.  Berlin, 
Weidmann,  1880.  54  p. 

72.  Devillers  (Léopold).  Particularités  curieuses  sur  Jacqueline, 
duchesse  de  Bavière,  comtesse  de  Hainaut,  de  Hollande,  de  Zélande  et 
dame  de  Frise,  pour  le  comté  de  Hainaut,  extraites  du  2»  registre  des 
consaux,  des  comptes  de  la  ville  de  Mons  et  d'autres  mss.  Mons,  1880. 
Lxin-388  p.  (Publication  de  la  Société  des  bibliophiles  belges,  séant  à 
Mons,  n*»  7.) 

•  73.  Dictionnaire  historique  de  la  langue  française,  comprenant  l'ori- 
gine, les  formes  diverses,  les  acceptions  successives  des  mots,  avec  un 
choix  d'exemples  tirés  des  écrivains  les  plus  autorisés,  publié  par  l'Aca- 
démie française.  T.  U,  2«  partie.  Paris,  Didot,  1880.  In-4  à  2  col., 
p.  201  à  400. 

74.  Dictionnaire  historique  et  archéologique  du  Pas-de-CSalais,  publié 
par  la  commission  départementale  des  monuments  historiques.  Arron- 
dissement de  Boulogne.  T.  I.  Arras,  Sueur-Charruey,  1880.  402  p. 

75.  Documenti  inediti  per  servire  alla  storia  dei  musei  d'Italia,  pub- 
blicati  per  cura  del  ministère  délia  pubblica  istruzione.  Vol.  IH.  Firenze, 
tip.  Bencini,  1880.  486  p. 

76.  DooRNiNCK  (J.  I.  van).  Cataiogus  der  archiven  van  het  Groote 
(vroeger  Heilige-Geesten-)  en  Voorster  Gasthuis  te  Deventer.  (1267- 
1815.)  ZwoUe,  Tijl,  1880.  920  p.  (Non  mis  dans  le  commerce.) 

77.  Drei  bayerische  Traditionsbûcher  aus  dem  xii.  Jahrhundert, 
Festschrift  zum  700jaehrigen  Jubilaeum  der  Wittelsbacher  Thronbe- 
sleigung  herausgegeben  von  den  Accessisten  am  kgl.  bayerischen  allge- 
meinen  Reichsarchive  Hans  Petz,  Dr.  Hermana  Grauert,  Joh,  Mayer- 
hofer.  Miinchen,  Kellerer,  1880.  In-4,  xxix-208  p.  12  m. 

78.  DuRiEux  (A.).  Les  Archives  communales  de  Cambrai.  (Lu  à  la 


90 

réunion  des  sociétés  savantes,  à  la  Sorbonne,  le  18  avril  1879.)  Lille, 
impr.  Danel,  1880.  59  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  commission  historique 
du  Nord,  t.  XIV.) 

79.  Du  Tbalâoe  (Jean-Nicolas).  Notes  et  documents  sur  Thistoire  des 
théâtres  de  Paris  au  xvn*  siècle.  Extraits  mis  en  ordre  et  publiés  d'après 
le  manuscrit  original  par  le  bibliophile  Jacob  [Paul  Lacroix],  avec  une 
notice  sur  le  recueil  du  sieur  du  Tralage.  Paris,  librairie  des  Biblio- 
philes, 1880.  Li-18,  vm-13  p.  5  fr. 

80.  Église  de  la  Couture.  Extérieur  de  l'abside,  par  Bonet.  Mamers, 
impr.  Fleury  et  Dangin,  1880.  (Lithographie.) 

81.  EvERLANQE  (l'abbé  P.  E.  d').  Saint-Gilles  et  son  pèlerinage.  5«  édi- 
tion, illustrée  de  69  gravures  à  Teau-forte  et  d'une  lettre-préface  du 
comte  A.  de  Pontmartin.  Nîmes,  impr.  Jouve.  Li-18,  xxxvm-301  p. 
20  fr. 

82.  Exposé  d'un  système  rationnel  d'orthographe  niçoise,  etc.  Nice  ; 
Paris,  Champion.  30  p.  (PublicsLiiondeVEscolafelibrencadeBellanda,  etc.) 

83.  Favier  (J.).  Nouvelle  Étude  sur  l'université  de  Pont-à-Mousson. 
Gomment  on  y  devenait  maître  es  arts.  Programme  des  études.  Céré- 
monial de  la  collation  des  grades.  Avec  25 .dessins  de  reliures  (aux 
armes)  des  prix  décernés  aux  écoliers.  Nancy,  Sidot.  68  p. 

84.  Favre  (L.).  Supplément  aux  glossaires  du  Poitou  publiés  jusqu'à 
ce  jour.  Niort,  impr.  Favre.  iv-52  p. 

85.  Féval  (Paul).  Les  Merveilles  du  Mont-Saint-Michel.  Paris,  Palmé, 
1880.  XLiv-3o6  p.  et  grav.  8  fr. 

86.  Flammermont  (Jules).  Histoire  des  institutions  municipales  de 
Senlis.  Paris,  Vieweg,  1881.  xvi-311  p.,  1  planche.  (Bibliothèque  de 
l'École  des  hautes  études,  sciences  philologiques  et  historiques,  45*  fas- 
cicule.) 

87.  Fontes  rerum  Nassoicarum.  Geschichtsquellen  ans  Nassau.  Gesam- 
melt  von  F.  W.  E.  Roth.  Band  I.  Die  Geschichtsquellen  des  Nieder- 
rheingau's.  Th.  I,  Regesten  zur  Geschichte  des  Niederrheingaus;  Th.  II, 
Niederrheingauer  Urkunden  ;  Th.  III,  Sonstige  Geschichtsquellen  des 
Niederrheingau's.  Wiesbaden,  Limbarth,  1880.  1  t.  en  3  vol.,  xxm-544, 
336,  xxiv-466  p.  27  m. 

88.  Frange  (Henri  de).  Maison  de  ville  des  Couvertes  de  Montauban. 
Montauban,  impr.  Forestié,  1880.  14  p.  (Exirsit  an  Bulletin  de  la  Société 
archéologique  de  Tarn-et-Garonne.) 

89.  Freeman  (Edward  A.).  A  Short  History  of  the  Norman  conquest 
of  England.  Oxford,  Clarendon  press  ;  London,  Henry  Frowde,  1880^ 
156  p.  (Clarendon  Press  Séries.)  2  s.  6  d. 

90.  Gaedechens  (G.  F.).  Historische  Topographie  der  Freien  und 
Hansestadt  Hamburg  und  ihrer  naechster  Umgebung  von  der  Entsteh- 


J 


94 

ung  bis  auf  die  Gegenwart.   Mit  drei  Karten.  Zweite  unveraenderte 
Aùflage.  Hamburg,  Mauke,  1880.  383  p.  et  8  cartes.  10  m. 

91.  Galabert  (Fabbé).  L'Église  et  les  vitraux  de  Gaylus.  Montauban, 
impr.  Forestié,  1880.  24  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  archéol(H 
gique  de  Tarnr-et-Garonne,) 

92.  Gaudbntius  (pater)  [Gugqenbichler].  Beitraege  zur  Kirchenge- 
schichte  des  xvi.  uud  xvii.  Jahrhunderts.  Bedeutung  und  Verdienste  des 
Franziskaner-Ordens  im  Kampfe  gegen  den  Protestantismus.  I.  B. 
Bozen,  Wohlgemuth,  1880.  xx-590  p.  3  fl. 

93.  Gaufrés  (J.).  Claude  Baduel  et  la  réforme  des  études  au  xvi«  siècle. 
Paris,  Hachette,  x-354  p. 

94.  Georqe  (G.).  De  l'habitation  dans  les  temps  anciens.  Deux  cha- 
pitres extraits  d'un  travail  de  l'auteur  sur  l'habitation  dans  tous  les  temps. 
Lyon,  impr.  Mougin-Rusand,  1880.  41  p.  et  1  pi. 

95.  Germain  (L.)  et  P.  Sioalas.  A  travers  Toulon.  La  ville,  ses  monu- 
ments, l'arsenal.  Toulon^  impr.  Massone,  1880.  55  p. 

96.  GiODA  (Garlo).  Guicciardini  e  le  sue  opère  inédite.  Bologna; 
Modena,  Zanichelli,  1880.  676  p.  10  1. 

97.  Gloru  (Andréa).  Del  volgare  illustre  dal  secolo  vu  fino  a  Dante. 
Studi  storici.  Venezia,  tip.  Antonelli,  1880.  136  p. 

98.  Godard-Faultrier.  Rapport  sur  les  fouilles  de  1878-1879  à  Angers, 
place  du  Ralliement,  adressé  à  la  réunion  des  sociétés  savantes  à  la 
Sorbonne.  Angers,  impr.  Lachèse  et  Dolbeau.  32  p.  et  10  pi.  (Extrait  des 
Mémoires  de  la  Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  d'Angers,  1880.) 

99.  Gozzadini  (Giovanni).  Nanne  Gozzadini  e  Baldassare  Gossa  poi 
Giovanni  XXDI.  Racconto  storico.  Bologna,  Romagnoli,  1880.  602  p. 
et  portrait.  6  1.  50  c. 

100.  Graux  (Charles).  Essai  sur  les  origines  du  fonds  grec  de  l'Escu- 
rial.  Épisode  de  l'histoire  de  la  renaissance  des  lettres  en  Espagne. 
Paris,  Vieweg.  xxxi-529  p.  (Bibliothèque  de  l'École  des  hautes  études, 
46«  fascicule.) 

101.  Greqorovius  (Ferdinand).  Die  Grabdenkmaeler  der  Paepste. 
Marksteine  der  Geschichte  des  Papsttums.  2*  neu  umgearbeitete  Auflage. 
Leipzig,  Brockhaus,  1881.  xii-231  p.  4  m. 

102.  Grignon  (Louis).  Documents  inédits  pour  servir  à  l'histoire  de       . 
Chàlons  (1422-1430).  Châlons-sur-Marne,  impr.  Martin.  39  p.  '^- 

103.  Grimm  (Jacob).  Geschichte  der  deutschen  sprache.  Vierte  auflage. 
Leipzig,  Hirzel,  1880.  2  vol.,  xvi-726  p.  13  m. 

104.  Guenther  (Curt).  Die  verba  im  altostfriesischen.  Ein  beitrag  zu 
einer  altfriesischen  grammatik.  Inauguraldissertation  zur  erlangung  der 
philosophischen  doctorwiirde  an  der  universitaet  zu  Leipzig.  Leipzig, 
Woldemar  Urban,  1880.  82  p.  2  m. 


1^. 


92 

105.  GuGLiELMOTTi  (il  padre  maestro  Alberto).  Storia  delle  fortifica- 
zioni  nella  spiaggia  romana  risarcite  ed  accresciute  dal  1560  al  1570. 
Roma,  Monaldi,  1880.  iii-531  p.  5  1. 

106.  Haqen.  Sollemnia  Anniversaria  conditae  universitatis...  indicit 
rector  et  senatus  universitatis  Bernensis.  Inest  Hermanni  Hageni  De 
codicis  Bernensis  n*  cix  Tironianis  disputatio  duabus  tabulis  lithogra- 
phica  arte  depictis  adiuta.  Bernae,  1880.  In-4,  16  p.,  2  pi. 

107.  Hardy  (ë.).  Origines  de  la  tactique  française.  (I,  sans  sous-titre; 
n,  de  Louis  XI  à  Henri  lY.)  Paris,  Dumaine,  *1879-1881.  2  vol.,  609, 
810  p.  (Cours  spéciaux  de  la  réunion  des  officiers.) 

108.  Hartinq  (James  Ëdmund).  British  Animais  extinct  within  his- 
toric  times,  v^ith  some  account  of  british  v^ild  v^rhite  cattle.  With  illus- 
trations by  J.  "Wolf,  C.  Whymper,  R.  W.  Sherwin,  and  others.  Lon- 
don,  Trùbner,  1880.  x-258  p.  14  s. 

109.  Hartmann  (E.  A.  Martin).  Ueber  das  altspanisclie  Dreikoenigs- 
spiel,  nebst  einem  Anhang,  enthaltend  ein  bisher  ungedrucktes  latei- 
nisches  Dreikoenigsspiel,  einen  Wiederabdruck  des  altspanischen 
Stûckes,  sowie  einen  Ëxcurs  iiber  d.  Namen  d.  drei  Koenige  Gaspar, 
Melchior,  Baltasar.  Inauguraldissertation  zur  Erlangung  der  pbiloso- 
phischen  Doctorwurde  an  der  Universitaet  Leipzig.  Bautzen,  Weller, 
1879.  90  p. 

110.  Hartmann  (R.).  Geschichte  der  Residenzstadt  Hannover  von  den 
acltesten  Zeiten  bis  auf  die  Gegenwart.  Mit  Plaenen  und  Abbildungen. 
Hannover,  Ernst  Kniep,  1880.  860  p.  et  planches.  11  m. 

111.  Henri  d'Andeli.  Œuvres  de  Henri  d'Andeli,  trouvère  normand 
du  xra®  s.,  publiées,  avec  introduction,  variantes,  notes  et  glossaire, 
par  A.  Héron.  Rouen,  Société  rouennaise  des  bibliophiles.  Petit  in-4, 
cxxi-213  p. 

112.  Henrigi  archidiaconi  Huntendunensis  Historia 'Anglorum.  The 
History  of  the  English,  by  Henry,  archdeacon  of  Huntingdon,  from  a. 
C.  55  to  a.  D.  1154,  in  eight  books.  Edited  by  Thomas  Arnold.  London, 
Longman,  etc.,  1879.  lxvii-358  p.  (Rerum  Britannicarum  medii  œvi 
Scriptores,  or  Ghronicles  and  memorials  of  Great  Britain  and  Ireland 
during  the  middle  âges.)  10  s. 

113.  Herquet  (Karl).  Gyprische  Koenigsgestalten  des  Hanses Lusîgnan. 
Halle  a.  S.,  Buchhandlung  des  Waisenhauses,  1881.  182  p.,  1  carte. 
5  m. 

114.  Heurley  (A.).  Avallon  ancien  et  moderne,  histoire,  description, 
topographie  et  statistique.  Avec  plans  et  dessins.  Accompagné  de 
notices  historiques  sur  le  bombardement  d'Avallon  en  1871  et  sur  réta- 
blissement de  la  compagnie  des  chevaliers  de  l'arquebuse,  par  H.  Hérar- 
dot,  ainsi  que  d'un  poème  héroï-comique  sur  la  prise  de  Saint-Julien, 
par  Mocquot,  dit  La  Guerre.  Avallon,  impr.  Barré,  vi-152  p.  et  14  pi. 


93 

115.  Heynb  (Moritz).  Kunst  im  Hause.  Abbildungen  von  Gegenstaen- 
den  aus  der  mittelalterlichen  Sammlung  zu  Basel.  Zeichnungen  von 
W.  Bubeck  und  G.  Voellmy.  Basel,  Bahnmaier,  1880.  In-4,  iv-16  p., 
34  planches.  10  fr. 

116.  Histoire  générale  de  Paris.  Atlas  des  anciens  plans  de  Paris; 
reproduction  en  fac-similé  des  originaux  les  plus  rares  et  les  plus  inté- 
ressants pour  l'histoire  de  la  topographie  parisienne,  avec  une  table 
analytique  présentant  la  légende  explicative  de  chaque  plan  et  un  appen- 
dice consacré  aux  documents  annexes.  Paris,  imprimerie  nationale, 
1880.  Gr.  in-fol.,  74  p.  et  64  pi. 

117.  Historians  (the)  of  Scotland.  Vol.  X  :  the  Book  of  Pluscarden, 
edited  by  Félix  J.  H.  Skene,  vol.  II.  Edinburgh,  William  Paterson, 
1880.  xxxvi-332  p.  14  s. 

118.  HoRMBL  (Hermann).  Untersuchung  liber  die  Chronique  ascen- 
dante und  ihren  Verfasser.  Marburg,  Elwert,  1880.  34  p.  1  m. 

119.  Inventaire  analytique  et  chronologique  des  archives  de  l'abbaye 
du  Val-Saint-Lambert  lez  Liège,  publié  par  J.  G.  Schoonbroodt,  con- 
servateur des  archives  de  PÉtat  à  Liège.  Tome  II,  chartes  et  registres. 
Liège,  Desoer,  1880.  In-4,  vi-452  p. 

120.  Inventaire-sommaire  des  archives  du  département  de  la  Gôte- 
d'Or  antérieures  à  1790,  rédigé  par  M.  Joseph  Garnier,  archiviste. 
Archives  civiles,  série  G.  Intendances.  T.  I.  Dijon,  impr.  Darantière, 
1880.  Gr.  in-4  à  2  col.,  xxiv.243  p. 

121.  Irische  Texte  mit  Woerterbuch  von  Ernst  Windisch.  Leipzig, 
flirzel,  1880.  xv-886  p.  24  m. 

122.  Istore  et  Groniques  de  Flandres,  d'après  les  textes  de  divers 
manuscrits,  par  M.  le  baron  Kervyn  de  Lettenhove.  T.  H.  Bruxelles, 
commission  royale  d'histoire,  1880.  In-4,  699  p.  (Gollection  de  chro- 
niques belges  inédites,  publiées  par  ordre  du  gouvernement.) 

123.  Jabger  (Albert).  Geschichte  der  landstaendigen  Verfassung 
Tirols.  I.  B.  Die  Ëntstehung  und  Ausbildung  der  socialen  Staende  und 
ihrer  Rechtsverhaeltnisse  in  Tirol  von  der  Voelkerwanderung  bis  zum 
XV.  Jahrhundert.  Mit  Unterstùtzung  der  kaiserlichen  Akademie  der 
Wissenschaften.  Innsbruck,  Wagner,  1881.  vni-720  p.  6  fl. 

124.  JouBERT  (André).  Un  Épisode  des  guerres  de  religion  au  Maine 
et  en  Anjou.  René  de  la  Rouvraye,  dit  le  Diable  de  Bressault.  Paris, 
Gervais,  1880.  16  p.  (Extrait  du  Correspondant.) 

125.  JuLLiEN  (Adolphe).  L'Opéra  secret  au  xviii®  siècle  (1770-1790), 
aventures  et  intrigues  secrètes  racontées  d'après  les  papiers  inédits 
conservés  aux  archives  de  l'État  et  de  l'Opéra.  Paris,  Rouveyre,  1880. 
268  p.  avec  frontispice  gravé,  etc.,  par  Mal  val. 

126.  Junker  (der)  und  der  treue  Heinrich.  Ein  Rittermaerchen.  Mit 


94 

Einleitung  und  Anmerkungen  herausgegeben  von  Karl  Kinzel.  Berlin, 
Weber,  1880.  106  p.  2  m.  40  pf. 

127.  Kaiserurkmideii  in  Abbildungen.  Herausgegeben  Yon  H.  von 
Sybel  und  Th.  Sickel.  Erste  Liefening.  Dreissig  Urkunden  auf  29 
Tafein  und  drei  Bogen  Texte.  Berlin,  Weidmann,  1880.  Texte  in-4  et 
planches  in-fol.  oblong.  30  m. 

128.  Kawerau  (Gustav).  Johann  Agricola  von  Eisleben.  Ein  Beitrag 
zur  Reformationsgeschichte.  Berlin,  Wilhelm  Hertz,  1881.  xn-358  p. 
6  m. 

129.  Klaiber  (Karl  Hermann).  Henri  Arnaud,  Pfarrer  und  Kriegs- 
oberster  der  Waldenser.  Ein  Lebensbild.  Nach  den  Quellen  untersucht 
und  dargestellt.  Mit  12  noch  ungedruckten  Urkunden.  Stuttgart,  Stein- 
kopf,  1880.  180  p.  2  m.  25  pf. 

130.  Klogkhoff  (Oskar).  Smâ  bidrag  till  nordiska  literatur-historien 
under  medeltiden.  Upsala,  Edquist,  1880.  30  p. 

131.  Klugkhohn  (August).  Ueber  die  wissenschaftlichen  und  kûnstle- 
rischen  Bestrebungen  Wittelsbach'scher  Fursten  aus  dem  Hause  Pfalz. 
Festrede  zur  Yorfeier  des  siebenhundertjaehrigen  Regierungsjubilaeums 
des  bayerischen  Herrscherhauses  gehalten  am  24.  Juli  1880  in  der  Aula 
der  k.  technischen  Hochschule.  Mûnchen,  Theodor  Ackermann,  1880. 
16  p.  50  pf. 

132.  KocK  (Axel).  Bidrag  till  svensk  etymologi.  FGrklaring  af  fom- 
svenska  lagord.  Tvâ  uppsatser.  Lund,  Gleerup,  1880.  n-28-27  p. 

133.  Kraus  (Franz  Xayer).SynchronistischeTabellenzurchristlichen 
Kunstgeschichte.  Ein  Hûlfsbuch  fur  Studirende.  FreiburgimBreisgau, 
Herder,  1880.  280  p.  4  m.  50  pf. 

134.  La  Barre  Dupargq  (Ed.  de).  Notes  sur  Machiavel,  Montesquieu 
et  Ferrari.  Évreux,  impr.  Hérissey.  In-18,  146  p. 

135.  Lacaze  (Louis).  Recherches  sur  la  ville  de  Pau.  Le  portail  du 
Bâton  (l'ancien  hôpital  et  Pancien  temple  des  protestants).  Pau,  Ribaut. 
vn-54  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  des  sciences,  lettres  et  arts  de 
Pau,  2«  série,  vol.  IX.) 

136.  Laine  de  Néel  (Arsène).  Essais  historiques  sur  les  vieux  châ- 
teaux du  moyen  âge  et  sur  les  sires  de  ces  castels  qui  ont  habité  la 
Normandie  et  FAngleterre.  Faits  historiques  sur  onze  communes  de 
Tarrondissement  de  Domfront,  etc.  Mesnil-Hubert  (Orne),  village  de 
Lozier,  l'auteur.  80  p.  et  portrait.  90  c. 

137.  Lasteyrie  (Ferdinand  de).  Les  Peintres- verriers  étrangers  à  la 
France  classés  méthodiquement  selon  les  pays  et  l'époque  où  ils  ont 
vécu.  Paris,  1880.  70  p.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  nationale  des 
antiquaires  de  France,  t.  XL.) 

138.  Lauwereyns  de  Roosendaele  (L.  de).  Le  Procès  des  jésuites  au 


95 

x-vm»  siècle  à  Saint-Omer   (1761-1773).   Saint-Omer,   impr.   Fleury- 
Lemaire,  1880.  iii-12,  132  p. 

139.  Lazare  (Louis  et  Félix).  Dictionnaire  administratif  et  historique 
des  rues  et  monuments  de  Paris.  Livraison  1.  Paris,  impr.  Morris. 
16  p.  à  2  col. 

140.  Leader  (John  Daniel).  Mary,  queen  of  Scots,  in  captivity  :  a 
narrative  of  events  from  january,  1569,  to  december,  1584,  whilst 
George  earl  of  Shrewsbury  was  the  guardian  of  the  Scottish  queen. 
Sheffield,  Leader,  London,  George  Bell,  1880.  xxm-644  p.  1  1.  1  s. 

141.  Legoy  de  la  Marche  (A,).  Saint  Martin.  Tours,  Mame.  xv-736  p., 
35  planches,  etc.  25  fr.  ;  papier  de  Hollande,  60  fr. 

142.  Leheg  (Henri).  Généalogie  des  Bourbons  de  France,  d'Espagne, 
de  Naples  et  de  Parme  depuis  les  temps  les  plus  reculés  jusqu'à  nos 
jours.  Histoire  des  fiefs  qui  ont  donné  leur  nom  aux  différentes  branches 
de  la  maison  de  Bourbon  et  aux  grandes  familles  nobiliaires  de  France. 
Tableaux  synoptiques  et  chronologiques  indiquant  la  généalogie  des 
Bourbons.  Ghâteauroux,  impr.  Muret,  1880.  Gr.  in-4,  n-249  p.  10  fr. 

143.  Lépine  (le  docteur  Frédéric).  Découverte  du  tombeau  de  sainte 
Reine  à  Alise.  Dijon,  impr.  Jobard,  1880.  19  p.  et  planche. 

144.  Linde  (A..V.  D.).  Das  erste  jartausend  der  schachlitteratur  (850- 
1880).  Berlin,  Julius  Springer,  1881.  112  p.  5  m. 

145.  Linde  (A.  v.  d.).  Quellenstudien  zur  geschichte  des  schachspiels. 
Mit  unterstûtzung  der  koenigl.  akademie  der  wissenschaften  zu  Berlin. 
Berlin,  Julius  Springer,  1881.  vm-412  p.  20  m. 

146.  Liste  des  pages  du  roi  de  la  petite  et  de  la  grande  écurie  (1680- 
1765),  suivie  de  la  liste  des  pages  des  ducs  d'Orléans  (1721-1729), 
publiées  d'après  les  pièces  originales  du  cabinet  des  titres  par  le  comte 
David  de  Riocourt.  Paris,  Dumoulin,  1880.  67  p.  (Extrait  de  la  Revue 
historique  et  nobiliaire.) 

147.  Lubtgenau  (Franz).  Jean  Palsgrave  und  seine  Aussprache  des 
Franzoesischen.  Inaugural-Dissertation.  Bonn,  1880.  67  p. 

148.  Maetzner  (Eduard).  Englische  Grammatik.  Dritte  Auflage. 
I.  Th.  Die  Lehre  vom  Worte.  Berlin,  Weidmann,  1880.  vm-583  p. 
11  m. 

149.  Mandrot  (A.  de).  Armoriai  historique  du  pays  de  Vaud.  2«  édi- 
tion, contenant  les  armes  des  maisons  souveraines  qui  ont  régné  sur  le 
pays,  celles  des  évoques,  des  prieurs,  des  baillis,  des  villes,  bourgs,  des 
dynastes,  des  familles  nobles  et  des  familles  notables.  Lausanne,  Rouge 
et  Dubois,  1880.  In-4,  32  planches,  contenant  966  écussons.  30  fr. 

150.  Manuel  (don  Juan),  el  Libre  de  la  caza.  Zum  Erstenmale  heraus- 
gegeben  von  G.  Baist.  Halle,  Max  Niemeyer,  1880.  vn-208  p.  6  m. 

151.  Marmoutier.  Dom  Claude  Ghantelou.  Cartulaire  tourangeau  et 


96 

sceaux  des  abbés,  publiés  par  Paul  Nobilleau.  Précédé  d'une  biographie 
de  l'auteur,  par  dom  P.  Piolin,  bénédictin  de  la  congrégation  de  France. 
(1210-1512.)  Tours,  Guilland-Verger.  xcv-214  p. 

152.  Marsy  (le  comte  de).  Bibliographie  picarde.  2.  Sigillographie. 
Amiens,  impr.  Delattre-Lenoël,  1880.  23  p.  (Extrait  de  la  Picardie, 
nouvelle  série,  t.  III.) 

153.  Marsy  (le  comte  de).  La  Seigneurie  d'Houdencourt.  Angers, 
impr.  Lachèse  et  Dolbeau.  8  p.  avec  blasons.  (Extrait  de  la  Revtte  hiS" 
torique,  nobiliaire  et  biographique,  tome  XV,  1880.) 

154.  Martin  (Emst).  Zur  Gralsage.  Untersuchungen.  Strassborg, 
Trubner,  1880.  48  p.  (Quellen  und  Forschungen  zur  Sprach-  und  Gul- 
turgeschichte  der  germanischen  Yoelker,  XLII.) 

155.  Mas  Latrie  (L.  de).  Les  Comtes  du  Garpas.  Nogent-le-Rotrou, 
impr.  Daupeley-Gouverneur,  1880.  19  p.  (Extrait  de  la  Bibliothèque  de 
l'École  des  chartes,  t.  XLL) 

156.  MATTHiEi  Parisibnsis,  monacbi  Sancti  Albani,  Ghronica  majora. 
Edited  by  Henry  Richards  Luard.  Vol.  V.  A.  D.  1248  to  a.  D.  1259. 
London,  Longman,  etc.,  1880.  xxn-748p.  (Rerum  Britannicarum  medii 
aevi  Scriptores,  or  Ghronicles  and  memorials  of  Great  Britain  and  Ire- 
land  during  the  middle  âges.)  10  s. 

157.  Maxe-Werly  (L.).  Note  sur  Torigine  du  gros  tournois.  Paris, 
1880.  32  p.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  nationale  des  antiquaires 
de  France,  t.  XL.) 

158.  Mercier  (J.).  Noms,  par  paroisses,  des  chefs  de  famille  du  dio- 
cèse de  Genève  ramenés  au  catholicisme  en  1598.  Vin.  Annecy,  impr. 
Burdet,  23  p.  (Extrait  de  l'ouvrage  :  Souvenirs  historiques  d'Annecy  jus- 
qu'à la  Restauration,) 

159.  Meriel  (Amédée).  Notice  sur  la  commune  d'Aubigny,  canton 
nord  de  Falaise.  Bellôme,  impr.  Ginoux.  In-12,  79  p. 

160.  Meyer-Kraus  (B.).  Wappenbuch  der  Stadt  Basel.  Lieferung  1. 
In-4,  10  pi.  en  couleur  et  4  p.  8  fr.  (Sera  complet  en  8  livraisons  con- 
tenant ensemble  environ  960  blasons.) 

161.  Meynier.  Les  Anciens  Pèlerinages  marseillais;  leurs  origines, 
leurs  oratoires,  leurs  chemins.  Marseille,  impr.  Chauffard.  43  p. 

162.  MiELOT  (Jean),  l'un  des  secrétaires  de  Philippe  le  Bon,  duc  de 
Bourgogne.  Vie  de  sainte  Catherine  d'Alexandrie.  Texte  revu  et  rap- 
proché du  français  moderne  par  Marins  Sepet.  Paris,  Hurtrel.  342  p., 
12  chromolithographies,  14  gravures  hors  texte,  24  gravures  dans  le 
texte  et  encadrements  en  couleur.  30  fr.  (papier  vélin,  60  fr.  ;  japon, 
200  fr.). 

163.  MiNOQLio  (Giovanni),  Miscellanea  monferratese.  Torino,  Paravia, 
1880.  97  p.,  5  planches. 


97 

164.  Mistero  (il)  provenzale  di  S.  Agnese.  Facsimile  in  eliotipia  dell* 
unico  manoscritto  €higiano  con  prefazione  di  Ernesto  Monaci.  Roma, 
tipografia  Martelli,  1880.  In-fol.,  8  p.,  19  pi.  15  1. 

165.  MoLiNiER  (Charles).  Llnquisition  dans  le  midi  de  la  France  aux 
xm«  et  xiv«  s.,  étude  sur  les  sources  de  son  histoire.  Paris,  Fischbacher. 
xxvii-488  p. 

166.  MoNBRisoN  (George  de).  Un  gascon  du  xvi»  siècle  :  le  premier 
duc  d'Épernon.  Paris,  impr.  Ghamerot,  1880.  viii-132  p. 

167.  MoRiN.  L'Auvergne  chrétienne  du  i«'  siècle  à  1880,  contenant  : 
état  primitif  de  cette  province  ;  preuves  diverses  de  son  évangélisation 
au  !«'  siècle  ;  biographie  des  quatre-vingt-quinze  évoques  de  Glermont, 
etc.  Par  un  Auvergnat  (Morin),  2^  édition.  Artonne,  par  Aigueperse 
(Puy-de-Dôme),  Fauteur.  503  p. 

168.  MouLARD  (P.).  Chroniques  de  Sougé-le-Ganelon  (Sarthe).  Le 
Mans,  Lebrault,  1880.  xxix-387  p.  6  fr. 

169.  MouLENQ  (François).  Gorbarieu  et  ses  seigneurs.  Montauban, 
impr.  Forestié.  45  p.  (Extrait  du  Bulletin  M  la  Société  archéologique  de 
Tarn-et-Garonne,) 

170.  MuNTz  (Eugène).  Raphaël  archéologue  et  historien  d'art.  Paris, 
impr.  Quantin,  1880.  23  p.  (Extrait  de  la  Gazette  des  beaux-arts^  octobre 
et  novembre  1880.) 

171.  MuNTZ  (Eugène).  Raphaël,  sa  vie,  son  œuvre  et  son  temps.  Ouvrage 
contenant  155  reproductions  de  tableaux  ou  fac-similés  de  dessins  insérés 
dans  le  texte  et  41  pi.  tirées  à  part.  Paris,  Hachette,  1881.  662  p.  25  fr. 

172.  Nani  (Gesare).  Gli  Statuti  di  Pietro  II,  conte  di  Savoia.  Torino, 
1880.  In-4,  56  p.  (Extrait  des  Memorie  délia  R.  Accademia  délie  scienze  di 
Torino,  2«  série,  t.  XXXII.) 

173.  Neuburq  (G.).  Zunftgerichtsbarkeit  und  Zunftverfassung  in  der 
Zeit  vom  13.  bis  16.  Jahrhundert.  Ein  Beitrag  zur  oekonomischen 
Geschichte  des  Mittelalters.  Jena,  Gustav  Fischer,  1880.  vi-312  p.  7  m. 

174.  Norton  (Charles  Eliot).  Historical  Studies  of  church-building  in 
the  middle  âges.  Venice,  Siena,  Florence.  London,  Sampson  Low,  1880. 
vi-331  p.  15  s. 

175.  Notice  de  livres  et  manuscrits  relatifs  à  l'histoire  du  Berry,  pro- 
venant de  M.  Vermeil,  ancien  libraire  à  Bourges,  dont  la  vente  aura 
lieu  le  6  décembre  1880.  Paris,  Voisin,  1880.  17  p.  (100  numéros.) 

176.  Obituaire  de  Tabbaye  de  Saint-Pierre  de  Lyon,  du  ix«  au  xv«  s., 
publié  d'après  le  ms.  original  et  annoté  par  M.  G.  Guigne.  Lyon,  Mou- 
gin-Rusand.  xlu-129  p.  (Collection  de  documents  inédits  pour  servir  à 
rhistoire  des  anciennes  provinces  de  Lyonnais,  Forez,  Beaujolais, 
Bresse,  Dombes  et  Bugey.  I.) 

177.  Ordine  (V)  con  il  quale  entrô  in  palazzo  Tillustrissima  madama 

7 


98 

2Ulia  Priuli  addi  19  settembre  1557  (cerimoniali  L,  carte  28),  pubblicato 
da  Pittarello  Teresa  ed  Antonio.  Padova,  Prosperini,  1880.  22  p.  (Fer 
nozze  Papadopoli-Hellenbach.) 

178.  Origines  (les)  de  l'église  de  Huy,  ouvrage  dédié  à  la  Vierge  mère 
immaculée,  sa  protectrice,  le  4  août  1685.  Texte  latin,  suivi  de  la  tra- 
duction française,  orné  d'une  vue  de  Tancienne  église.  Liège,  Grauthier, 
i880.  n-63  p. 

179.  Osthoff's  technische  Reisebûcher.  Norddeutscbland.  Unter  Mit- 
wirkung  vieler  Fachgenossen  mit  specieller  Angabe  der  Literatur  bear- 
beitet  von  Georg  Osthoff.  Leipzig,  Knapp,  1880.  xi-308  p.  5  m. 

180.  OuDEMANS  (A.  G.).  Bijdrage  tôt  een  middel- en  oud  Nederlandsch 
woordenboek.  Uit  vêle  glossaria  en  andere  bronnen  bijeengezameld. 
7«  deel,  T-W.  Arnhem,  van  Marie,  1880.  rv-983  p.  7  fl.  75  cents.  (Les 
tomes  I  à  VU,  1870-1880,  43  fl.  20  cents.) 

181.  [Paquet  (René).]  Recherches  historiques  sur  la  Grande-Thury, 
près  Metz  (ancien  département  de  la  Moselle),  par  Nérée  Quépat.  Paris, 
Dumoulin.  194  p.,  1  planque  à  l'eau-forte  et  9  blasons.  . 

182.  Paris  (Gaston).  Rapport  fait  au  nom  de  la  commission  des  anti- 
quités de  la  France  sur  les  ouvrages  envoyés  au  concours  de  Tannée  1880. 
Paris,  impr.  Didot,  1880.  ln-4,  16  p. 

183.  Paris  (Gaston).  Sur  un  épisode  d^Aimeri  de  Narbonne,  Paris, 
32  p.  (Extrait  de  la  Romania^  t.  IX.} 

184.  Paris-Jallobert  (l'abbé  Paul).  Journal  historique  de  Vitré,  ou 
Documents  et  notes  pour  servir  à  Thistoire  de  cette  ville,  accompagnés 
de  nombreuses  listes,  de  6  plans  et  de  3  planches  de  sceaux.  Vitré, 
Guays.  In-4  à  2  col.,  xxxvi-600  p. 

185.  Paul  (Hermann).  Principien  der  Sprachgeschichte.  Halle,  Max 
Niemeyer,  1880.  vn-288  p.  6  m. 

186.  Périgot  (Gh.).  Le  Département  du  Nord,  géographie  physique, 
politique  et  commerciale,  avec  une  carte  du  département  du  Nord. 
2«  édition,  revue  et  corrigée.  Lille,  Quarré,  et  Paris,  Delagrave,  1881. 
In-12,  64  p. 

187.  PiDAL  (Pedro  José),  marqués  de  Pidal.  Lecciones  sobre  la  historia 
del  gobiemo  y  legislacion  de  Ëspana  (desde  los  tiempos  primidvos  hasta 
la  reconquista)  prononciadas  en  el  Ateneo  de  Madrid  en  los  aîios  de  1841 
y  1842.  Ahora  por  primera  vez  dadas  à  luz.  Madrid,  imprenta  de  la 
Revista  de  legislacion,  1880.  xxx-312  p.  (Biblioteca  jundica  de  autores 
espanoles,  vol.  6°.) 

188.  PiERSON  (A.).  Studiën  over  Johannes  Kalvijn.  (1527-1536.) 
Amsterdam,  van  Kampen,  1881.  iv-256  p.  2  fl.  75  cents. 

189.  PiNGzoN  DU  Sel  (Th.).  Note  relative  à  la  démolition  de  l'ancienne 
égUse  de  Guignen.  Suivie  d'une  Notice  sur  l'église  de  Guignen,  par 


99 

M.  Tabbé  Brune.  Rennes,  impr.  Gatel,  1880.  il  p.  et  4  pi.  (Extrait  du 
t.  XIV  des  Mémoires  de  la  Société  archéologique  d'Ille-'et- Vilaine.) 

190.  Plaine  (dom  François).  Vie  de  saint  Maurice  (de  Loudéac),  abbé 
de  Langonnet  et  de  Garnoët  (1113-1191).  Quimperlé,  impr.  Clairet. 
In-18,  73  p. 

191.  Planet  (de).  Aperçu  historique  sur  les  usines  alimentées  par  la 
Garonne  à  Toulouse.  Toulouse,  impr.  Douladoure-Privat.  26  p.  et  tableau. 
(Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie  des  sciences,  inscriptions  et  belles^' 
lettres  de  Toulouse.) 

192.  PoRÉE  (l'abbé).  Saint  Anselme  à  Tabbaye  du  Bec  (1060-1092). 
Bernay,  impr.  veuve  Lefèvre,  1880.  22  p. 

193.  Prix  du  blé  à  Paris  du  xrv«  au  xvui«  siècle,  d'après  les  registres 
du  chapitre  de  Notre-Dame.  Nogent-le-Rotrou,  impr.  Daupeley-Gouver- 
neur.  11  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  de  Vhistoire  de  Paris  et  de 
V Ile-de-France,  1880.) 

194.  Protois  (l'abbé  Félix).  Pierre  Lombard,  évoque  de  Paris,  dit  le 
Maître  des  sentences  ;  son  époque,  sa  vie,  ses  écrits,  son  influence.  Paris, 
Palmé.  202  p. 

195.  PuYO  (Roberto).  Historia  civil  de  la  muy  noble  y  muy  leal  ciudad 
de  Barbastro,  desde  los  tiempos  mas  remotos  hasta  la  fecha,  dedicada 
al  M.  I.  ayuntamiento  de  la  misma.  Toulouse,  impr.  Gibrac,  1880. 
Tableau  in-plano  à  8  col.,  1  p. 

196.  Quellen  zur  Geschichte  Siebenbiirgens  aus  saechsischen  Archi- 
ven.  I.  B.,  1.  Abth.  :  Rechnungen  aus  dem  Archiv  der  Stadt  Hermann- 
stadt  und  der  saechsischen  Nation.  Mit  Mitteln  der  saechsischen  Univer- 
sitaet  herausgegeben  vom  Ausschuss  des  Vereins  fur  siebenburgische 
Landeskunde.  1.  B.  Von  c.  1380  — 1516.  Hermannstadt,  Michaelis,  1880. 
xx-679  p.,  9  planches. 

197.  Reinhardt  (G.  E.  F.).  Valdemar  Atterdag  og  hans  Kongegjerning. 
Med  et  Tillseg  af  hidtil  utrykte  Diplomer.  Kjœbenhavn,  Gad,  1880. 
xxi-617  p. 

198.  Riant.  Trois  Inscriptions  relatives  à  des  reliques  rapportées  de 
Gonstantinople  par  des  croisés  allemands.  Paris,  1880.  22  p.  (Extrait  des 
Mémoires  de  la  Société  nationale  des  antiquaires  de  France,  t.  XL.) 

199.  Richards  (John  Morgan).  A  Ghronology  of  medicine,  ancient, 
mediaeval,  and  modem.  Being  a  historical,  an  antiquarian,  and  a  curions 
survey  of  the  birth  and  growth  of  medicine  from  the  earliest  times  to 
the  présent  day.  lUustrated  by  the  typographie  etching  company.  Lon- 
don-Paris-Madrid,  Baillière,  1880.  vui-314  p.  7  s.  6  d. 

200.  RicHTHOFEN  (Karl,  Freiherr  von).  Untersuchungen  ùber Friesische 
Rechtsgeschichte.  Erste  Abhandlung.  Upstalsbom,  Freiheit  und  Grafen 
in  Friesland.  Theil  L  Berlin,  Wilhelm  Hertz,  1880.  vii-614  p.  15  m. 


400 

201.  Ries  (John).  Die  Stellung  von  Subject  und  Praedicatsverbam  im 
Hêliand.  Nebst  einem  Anhang  metrischer  Ëxcurse.  Ein  Beitrag  znr 
germanischen  Wortstellungslehre.  Strassburg,  Trùbner,  1880.  x-129  p. 
(Quellen  und  Forschungen  zur  Sprach-  und  Gulturgeschichte  der  ger- 
manischen Voeiker,  XLI.) 

202.  RocKiNQBR  (Ludwig).  Die  Pflege  der  Geschichte  durch  die  Wit- 
telsbacher.  Akademische  Festschrift  zur  Feier  des  Wittelsbacher-Jubi- 
laeums.  Mûnchen,  im  Veriage  der  k.  Akademie,  [1880].  In-4, 100-97  p. 
7  m. 

203.  RoGQUÀiN  (Félix).  Les  Sorts  des  saints  ou  des  apôtres.  Paris, 
22  p.  (Extrait  de  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  t.  XU.) 

204.  Roman t  (le)  de  la  vie  des  pères  hermites  (un  miracle  de  Notre- 
Dame).  Suivi  de  :  Sonnet  contenant  une  recotte  d'alchimie,  attribué  à 
Dante  et  au  frère  Helyas.  Textes  édités  par  Ferdinand  Castets.  Paris, 
Maisonneuve,  1880.  31  p.  (Extrait  de  la  Revue  des  langues  romanes.) 

205.  RoTH  (Friedrich).  Augsburg's  Reformationsgeschichte  1517-1527. 
Gekroente  Preisschrift.  Mûnchen,  Theodor  Ackermann,  1881.  257  p. 
4  m.  80  pf. 

206.  RoTH  (R.).  Das  Bùchergewerbe  in  Tubingen  vom  Jahr  1500  bis 
1800.  Rede  zum  Geburtsfest  seiner  Majestaet  des  Koenigs  am  6  Maerz 
1880  gehalten.  Tubingen,  Laupp,  1880.  55  p.  1  m. 

207.  RuDEL  (Richard).  Adelund  Demokratie.  Ein  Beitrag  zur  (reschichte 
des  Feudalismus.  I.  B.  Berlin,- Mùnchhoff,  s.  d.  v-525  p.  9  m. 

208.  RuoE  (Sophus).  Geschichte  des  Augustusbades  bei  Radeberg. 
Mit  5  photolithographischen  Ansichten.  Dresden,  Friedr.  Axt,  1880. 
iv-72  p.,  5  pi.  1  m.  50  pf. 

209.  Ruolo  générale  del  sov.  mil.  ordine  di  8.  Giovanni  di  Gerusa- 
lemme  ovvero  di  Malta.  Roma,  tipografia  poliglotta  délia  S.  Gongrega*- 
zione  di  propaganda  fide,  1880.  v-243  p. 

210.  Sagettes  (les)  et  ruses  d'Amour.  Discours  où  est  montré  le  vrai 
moyen  de  faire  les  approches  et  entrer  aux  plus  fortes  places  de  son 
empire.  Réimpression  textuelle  sur  l'édition  de  1599,  avec  préface  par 
A.  Chassant.  Paris,  Belin.  In-12,  iv-94  p. 

211.  Saint-Luc  (T.  de),  G.  L'Histoire  de  Gonan  Mériadec,  qui  fait  le 
premier  règne  de  l'histoire  générale  des  souverains  de  la  Bretagne  gau- 
loise, dite  Armorique,  avec  la  première  partie  des  recherches  générales 
de  cette  province.  Saint-Brieuc,  impr.  Prud'homme,  1879.  In-18, 295  p. 
(Réimpression  de  l'édition  de  Paris,  Galleville,  1664.) 

212.  Saint-Mars  (Henri  de).  Guide  de  Beauvais,  notice  historique, 
description  des  monuments,  rues,  places,  etc.  Beauvais,  Dupont-Glément, 
1880.  Li-18,  71  p.  50  cent. 

213.  Saint-Simon  (Fragments  inédits  de),  communiqués  à  rassemblée 


404 

générale  de  la  Société  de  Thistoire  de  France  par  M.  de  Boislisle.  Paris, 
1880.  28  p.  (Extrait  de  VAnnuaire^bulletin  de  la  Société  de  Vhistoire  de 
France,) 

214.  Salette  (Arnaud  de).  Segond  Flouquetot  coelhut  hens  lospsalmes 
de  David,  metutz  en  rima  bernesa  per  Arnaud  de  Salette  en  l'aneia  1583. 
Pau,  Ribaut.  ii-219  p. 

215.  Sammlung  englischer  denkmaeler  in  kritischen  ausgaben.  Erster 
band  :  jElfrics  grammatikund  glossar  herausgegeben  von  Julius  Zupitza. 
Erste  abteilung  :  text  und  varianten.  Berlin,  Weidmann,  1880.  322  p. 
7  m. 

216.  Sandrbt  (L.).  La  Seigneurie  et  les  seigneurs  de  Cany,  en  Nor- 
mandie. Paris,  Dumoulin,  1880.  43  p.  (Extrait  de  la  Revue  historique, 
nobiliaire  et  biographique,  1880.) 

217.  Sanguinetti  (Angelo).  Se  Cristoforo  Colombo  abbia  studiato 
air  université  di  Pavia  :  memoria.  Genova,  tip.  Schenone,  1880.  17  p. 

218.  Sanuto  (Marine).  Gronachetta.  Venezia,  tip.  Visentini,  1880. 
vm-238  p.  (Per  nozze  Papadopoli-Hellenbach.) 

219.  Satzungen  hervorragender  Handwerkervereinigungen  aus  der 
Zeit  vom  15.  Jahrhundert  bis  zur  Gegenwart.  Zur  Illustration  des 
Innungswesens  uberhaupt  gesammelt,  erlaeutert,  durch  die  epochema- 
chenden  innerhalb  Baierns  und  des  deutschen  Reiches  im  19.  Jh.  ùber 
den  Gegenstand  erlassenen  gesetzlichen  Bestimmungen  und  das  Statut 
der  osnabrûcker  Schuhmacherinnung  ergaenzt  und  mit  einem  Vor-  und 
Nacbwort  versehen  von  Dr.  J.  B.  Krallinger.  Mùnchen,  Max  Kellerer, 
1880.  106  p.  1  m.  60  pf. 

220.  ScARTAzziNi  (Joh.  Andr.).  Abhandlungen  liber  Dante  Alighieri. 
Frankfurt  am  Main,  Rûtten  und  Loening,  1880.  243  p.  5  m. 

221.  Schaepeler  (August).  Die  oberbayerische  Landeserhebung  im 
Jahre  1705.  Neue  Aufschliisse  aus  Archivalien  zur  Geschichte  des 
spanischen  Erbfolgekrieges.  Mit  einer  lithographischen  Tafel.  Wiirz- 
burg,  Staudinger,  1880.  vii-93  p.  2  m.  40  pf. 

222.  Scherrer  (Gustav).  Verzeichniss  der  Incunabeln  der  Stiftsbiblio- 
thek  von  St.  Gallen.  Herausgegeben  auf  Veranstaltung  des  katholischen 
Administrationsrathes  des  Kantons  St.  Gallen.  St.  Gallen,  Huber,  1880. 
265-Lxiv  p.  12  fr. 

223.  ScHLUMBERQER  (Gustave).  Monuments  numismatiques  et  sphragis- 
tiques  du  moyen  âge  byzantin.  Paris,  1880.  20  p.  et  planche.  (Extrait 
de  la  Revue  archéologique,  octobre  1880.) 

224.  ScHNEYDER  (Pierre).  Histoire  des  antiquités  de  la  ville  de  Vienne; 
manuscrit  inédit,  publié  avec  une  notice  historique  et  biographique,  un 
portrait  à  l'eau-forte,  une  gravure  représentant  Vienne  romaine,  par 
E.  J.  Savigné.  Vienne,  Savigné.  In-12,  xxxix-123  p. 


402 

225.  ScHULTE  (Aloys).  Die  sogenannte  Ghronik  des  Heinrich  von 
Rebdorf.  £in  Beitrag  zur  Quellenkunde  des  xrv.  Jahrhunderts.  Munster, 
Theissing,  1879.  89  p.  1  m.  20  pf. 

226.  Sghuwsr  (C).  Quelques  Mots  sur  rinstruction  primaire  en  Corse 
avant  et  depuis  1789.  Gorte,  impr.  Icard-Fournier,  1880.  31  p.  (Extrait 
du  Tavignano,  journal  de  Gorte.) 

227.  ScHWALBAGH  (Theodor).  Der  Givilprocess  des  Panser  Parlaments 
nach  dem  c  Stilus  i  Du  Brueils.  Freiburg  i.  B.  und  Tubingen,  Mohr, 
1881.  vu-160  p.  4  m. 

228.  Seinqoerlet  (Eugène).  L'Alsace  française.  Strasbourg  pendant  la 
révolution.  Paris  et  Nancy,  Berger-Levrault,  1881.  xii-364  p.  6  fr.;  pa- 
pier de  Hollande,  12  fr. 

229.  Serrure  (Raymond).  Dictionnaire  géographique  de  rhistoire 
monétaire  belge.  Bruxelles,  Tauteur,  5,  rue  Donné,  1880.  In-12,  n-340  p., 
6  planches.  15  fr. 

230.  SiGWART  (Ghristoph).  Die  Lebensgescbichte  Giordano  Bruno's. 
Tùbingen,  Laupp,  1880.  In-4,  41  p.  (Verzeichnissder  Doctoren  welche 
die  philosophische  Facultaet  der...  Universitaet  in  Tùbingen...  1879- 
1880  ernannt  bat.) 

231.  SiTTARD  (Josef).  Gompendium  der  Geschichte  der  Kirchenmusik 
mit  besonderer  Beriicksichtigung  des  kirchlichen  Gesanges.  Yon  Am- 
brosiuszur  Neuzeit.  Stuttgart,  Levy  und  MùUer,  1881.  vm-237  p.  4  m. 

232.  SoHM  (Rudolph).  Fraenkisches  Recht  und  roemiscbes  Recht. 
Prolegomena  zur  deutschen  Rechtsgeschicbte.  Weimar,  Hermann 
Boehlau,  1880.  84  p.  (Abdruck  aus  der  Zeitschrift  der  Savigny-Stiftung 
fur  Rechtsgeschichte,  I.  Band.)  2  m. 

233.  Spitzen  (0.  A.).  Thomas  a  Kempis  als  schrijver  der  Navolging 
van  Christus  gehandhaafd.  Utrecht,  Beijers,  1881.  iv-247  p.,  6  fac-simi- 
lés. 3  fl.  50  cents. 

234.  Stodart  (R.  R.).  Scottish  Arms,  being  a  collection  of  armoriai 
bearings,  a.  D.  1370-1678,  reproduced  in  facsimile  from  contemporary 
manuscripts,  with  heraldic  and  genealogical  notes.  Edinburgh,  William 
Paterson,  1881.  2  vol.  in  fol.,  Tunde  xxv  p.  et  pi.  A-E  et  1-118,  l'autre 
de  426  p. 

235.  Storelli  (A.).  Notice  historique  et  chronologique  sur  le  château 
de  Ghaumont-sur-Loire,  avec  4  grav.  à  l'eau-forte.  Tours,  impr.  Marne, 
1880.  In-4,  15  p. 

236.  Synodi  Brixinenses  saeculi  xv.  Primus  edidit  Dr.  G.  Bickeli. 
Innsbruck,  Rauch,  1880.  80  p.  60  kr. 

237.  Teissier  (F.).  Les  Français  au  Ganada;  historique  de  cette 
ancienne  colonie  (1562-1763).  Limoges  et  Paris,  Ardant,  1880.  143  p. 

238.  Teissier  (Honoré).  Traité  de  la  société  d'acquêts  suivant  les 


403 

principes  de  Tancienne  jurisprudence  du  parlement  de  Bordeaux.  2*  édi- 
tion, revue  d'après  les  manuscrits  laissés  par  l'auteur,  annotée  et 
complétée  d'après  le  code  civil,  mise  au  courant  de  la  doctrine  et  de  la 
jurisprudence,  par  P.  Deloynes;  précédée  d'un  éloge  de  M.  Teissier, 
prononcé  le  15  décembre  1864  par  M.  Ludovic  Trairieux.  Bordeaux, 
Duthu,  1881.  XLVi-683  p.  10  fr. 

239.  Thierry  (Augustin).  Premier  Récit  des  temps  mérovingiens.  Avec 
6  dessins  de  J.  P.  Laurens.  Paris,  Hachette,  1881.  Gr.  in-fol.,  p.  1  à  24. 
Hollande,  75  fr.;  whatman,  80  fr.;  chine,  100  fr.;  japon,  120  fr. 

240.  TiBPOLO  (Gian  Domenico).  Due  Lettere  a  Blanchi  Giovini, 
24  aprile  1833,  sulla  competenza  del  consiglio  dei  Dieci,  e  6  luglio  1834, 
suir  accusa  mossa  a  quella  magistratura  di  aver  oltrepassato  le  proprie 
attribuzioni  nel  dare  le  istruzioni  secrète  al  Badoer  di  cedere  Napoli  e 
Malvasia  ;  a  commento  e  critica  délia  Storia  délia  republica  di  Venezia 
scritta  dal  Daru.  Venezia,  tip.  Antonelli,  1880.  28  p.  (Per  nozze  Lan- 
franchini-Tiepolo.) 

241.  TiETz  (Jul.).  Die  geschichtliche  Entwickelung  des  deutschen 
Nationalbewusstseins.  Hannover,  Hahn,  1880.  199  p.  2  m. 

242.  Tirolische  geschichtsquellen.  II.  Ghronik  des  stiftes  Marienberg 
verfasst  von  p.  Goswin,  prior  und  hofcaplan.  Herausgegeben  von^p. 
Basilius  Schwitzer.  Innsbruck,  Wagner,  1880.  xlv-275  p.  3  fl.  40  kr. 

243.  TousTAiN  DE  BiLLY  (René).  Histoire  ecclésiastique  du  diocèse  de 
Cou  tances.  Publiée  pour  la  première  fois  par  François  Dolbet.  Tome  II. 
Rouen,  Métérie.  403  p.  10  fr.  (Publication  de  la  Société  de  l'histoire  de 
Normandie.) 

244.  TuRPiNi  Historia  Karoli  Magni  et  Rotholandi.  Texte  revu  et 
complété  d'après  sept  manuscrits  par  Ferdinand  Caste ts.  Montpellier, 
Société  pour  Tétude  des  langues  romanes,  et  Paris,  Maisonneuve,  1880. 
xii-96  p.  (Société  pour  l'étude  des  langue^  romanes,  publications  spé- 
ciales.) 4  fr. 

245.  Van  Bastelaer  (D.  A.).  Étude  sur  un  précieux  reliquaire  phy- 
lactère du  XII®  siècle,  provenant  du  prieuré  de  Sart-les-Moines,  à  Gos- 
selies,  et  probablement  originaire  de  l'abbaye  de  Lobbes;  émail  et 
dorure  sur  cuivre  bronzé.  Anvers,  impr.  Plasky,  1880.  27  p.  et  2  pi. 
(Extrait  des  Annales  de  l'Académie  d^ archéologie.) 

246.  Van  Cadwenberghb  (E.  F.).  L'Église  de  Notre-Dame  de  Pamele, 
à  Audenaerde,  et  ses  restaurateurs.  Audenaerde,  impr.  Bevemaege- 
Van  Eechaute,  1880.  xiv-133  p.  8  fr. 

247.  Vereeniging  tôt  uitgave  der  bronnen  van  het  oude  vaderlandsche 
recht.  Verslagen  en  mededeelingen.  N^I.  'S  Gravenhage,  Nijhofr,1880. 
36  p.  60  cents. 

248.  Vinci  (Léonard  de).  Les  Manuscrits  de  Léonard  de  Vinci.  Le 


404 

manuscrit  A  de  la  bibliothèque  de  l'Institut,  publié  en  fac-similés 
(procédé  Arosa)  avec  transcription  littérale,  traduction  française,  préface 
et  table  méthodique  par  M.  Charles  Ravaisson-Mollien.  Paris,  Quantin, 
1880.  In-4,  301  p.  avec  126  planches.  100  fr. 

249.  Yisgher-Merian  (K.).  Henman  Sevogel  von  Basel  und  sein 
Geschlecht.  Basel,  Schwabe,  1880.  In-fol.,  xvi-121  p. 

250.  Ylaemisches  Tagebuch  ûber  Yasco  da  Gama's  zweite  Reise  1502- 
1503.  Herausgegeben,  ûbersetzt  und  erlaeutert  von  H.  G.  G.  Stier. 
Braunsebweig,  Schwetschke,  1880.  42  p.  1  m.  20  pf. 

251.  Yloten  (J.  van).  Het  Nederlandsche  kluchtspel  van  de  14*  tôt  de 
18«  eeuw.  2*  vermeederde  druk.  2«  deel.  De  zeventiende  eeuw.  Haarlem, 
De  Graaff,  1880.  256  p.  2  fl.  40  cents.  (Sera  complet  en  trois  tomes.) 

252.  Wanqemann  (Otto).  Geschichte  der  Orgel  und  der  Orgelbaukunst 
von  den  ersten  Anfaengen  bis  zur  Gegenwart.  2.  Auflage.  Denunin, 
Frantz,  1880.  x-559  p.  et  58  pi.  15  m. 

253.  Weinhold  (Karl).  Kleine  mittelhochdeutsche Grammatik.  YYien, 
BraumùUer,  1881.  vii-lOO  p.  1  fl. 

254.  Werner  (Karl).  Die  Scholastik  des  spaeteren  Mittelalters.  I.  B.  : 
Johannes  Duns  Scotus.  Wien,  BraumûUer,  1881.  xvm-514  p.  5  fl. 

255.  WiEGAND  (W.).  Charte  messine  en  français  de  Tannée  1212. 
Nogent-le-Rotrou,  impr.  Daupeley-Gouvemeur,  1880.  3  p.  (Extrait  de 
la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  t.  XLI.) 

256.  WiETERSHEiM  (Eduard  von).  Geschichte  der  Yoelkerwanderung. 
Zweite  vollstaendig  umgearbeitete  Auflage  besorgt  von  Félix  Dahn. 
I.  B.  Mit  einer  Karte  von  H.  Kiepert.  Leipzig,  Weigel,  1880.  viii-637  p., 
1  carte.  15  m. 

257.  WiLL(C!omelius).Konrad  von  Wittelsbach,  Cardinal,  Erzbischof 
von  Mainz  und  von  Salzburg,  deutscher  Reichserzkanzler.  Zur  Feier 
des  siebenhundertjaehrigen  «hibilaeums  des  Hanses  Wittelsbach.  Fest- 
schrift  des  historischen  Yereins  von  Oberpfalz  und  Regensburg. 
Regensburg,  New  York  und  Cincinnati,  Friedrich  Pustet,  1880.  vm- 
118  p.  1  m.  50  pf. 

258.  Zerbi  (Luigi).  Il  Cronista  monzese  :  album  di  reminiscenze  patrie 
délia  città  di  Monza  ed  antica  sua  corte,  in  continuazione  dei  già  pub- 
biicati  dal  dott.  Giovanni  Mazzetti.  Yol.  II.  Monza,  tip.  Gorbetta,  1880. 
In-32,  137  p.  1 1. 


CHRONIQUE  ET  MÉLANGES. 


Les  élèves  de  TÉcole  des  chartes  ont  soutenu  leurs  thèses  le  24  et  le 
25  janvier  1881.  Le  rapport  suivant,  adressé  au  ministre  de  l'instruction 
publique  par  M.  Delisle,  président  du  conseil  de  perfectionnement,  fait 
connaître  les  sujets  choisis  par  les  candidats  et  résume  le  jugement 
porté  par  les  examinateurs. 

Monsieur  le  ministre. 

En  vous  adressant  la  liste  des  élèves  de  l'École  des  chartes  que  le 
conseil  de  perfectionnement  a  jugés  dignes  d'obtenir  le  brevet  d'archi- 
viste paléographe,  je  dois  vous  rendre  compte  de  l'épreuve  de  la  thèse, 
dont  l'importance  augmente  d'année  en  année  et  qui  donne  la  mesure 
exacte  de  l'instruction,  du  travail  et  surtout  de  la  critique  des  jeunes 
gens.  Le  résultat  de  l'année  1881  a  paru  assez  satisfaisant  :  un  seul 
candidat  a  dû  être  ajourné,  et,  sur  les  douze  thèses  que  le  conseil  a 
acceptées,  trois  sont  des  morceaux  remarquables  dont  la  publication 
fera  honneur  à  l'École. 

M.  Omont,  dont  le  travail  a  été  particulièrement  distingué,  avait 
choisi  pour  sujet  de  sa  thèse  la  théorie  de  la  ponctuation  chez  les  gram- 
mairiens latins  de  l'antiquité  et  du  moyen  âge.  Il  a  jeté  beaucoup  de 
clarté  sur  des  questions  fort  obscures,  et  a  fait  preuve  d'une  érudition 
étendue,  d'un  jugement  sûr  et  d'une  rare  expérience  bibliographique. 
Sa  dissertation,  toute  courte  qu'elle  est,  mérite  d'être  citée  comme 
un  des  meilleurs  travaux  paléographiques  publiés  en  France  depuis  un 
certain  nombre  d'années. 

Pour  composer  son  Essai  sur  l'organisation  municipale  de  Toulouse  au 
moyen  âge,  M.  Grandjean  s'est  livré  à  des  recherches  tout  à  fait  origi- 
nales, qui  l'ont  mis  en  possession  de  nombreux  documents  inédits.  Il 
a  tiré  un  excellent  parti  des  textes  qu'il  avait  rassemblés  et  qu'il  a  tou- 
jours interprétés  avec  beaucoup  de  sagacité.  Le  mémoire  qu'il  nous  a 
soumis  est  loin  d'être  complet;  mais  il  renferme  déjà  des  résultats 
considérables  et  définitifs  sur  l'histoire  des  institutions  d'une  de  nos 
plus  grandes  cités  du  Midi. 

Sous  ce  titre,  les  Décimes  ecclésiastiques  au  XIII^  siècle,  M.  Gerbaux  a 
étudié  l'origine  et  le  système  des  impositions  que  les  gens  d'Église 
eurent  à  supporter  en  France  depuis  Philippe-Auguste  jusqu'à  Philippe 
le  Bel.  Il  a  parfaitement  déterminé  la  nature  de  ces  contributions,  les 
circonstances  qui  en  amenèrent  l'établissement,  la  façon  dont  elles 
étaient  décrétées,  assises  et  levées  dans  chaque  diocèse,  et  le  montant 


406 

des  sommes  qu'elles  produisaient.  Nous  avons  là,  appuyé  sur  des 
preuves  solides,  un  chapitre  tout  à  fait  neuf  de  notre  histoire  financière. 

M.  Digard  a  étudié  la  puissance  paternelle  au  moyen  âge,  ptHncipale^ 
ment  aux  XllI^  et  XIV*  siècles  et  dans  les  pays  de  droit  coutumier.  Sa 
thèse  est  le  fruit  de  recherches  méthodiques  et  considérables,  mais  qui 
cependant  n'ont  pas  été  poussées  assez  loin  sur  plusieurs  points.  L'au- 
teur devra  revoir  son  travail  et  discuter  à  nouveau  plusieurs  théorîeB 
qui  ont  paru  trop  absolues. 

L'Essai  de  M.  Grassoreille  sur  Vhistoire  politique  du  chapitre  de  Notre- 
Dame  de  Paris  pendant  la  domination  anglaise  (1420-1436)  a  été  princi- 
palement rédigé  d'après  les  registres  capitulaires  déposés  aux  Archives 
nationales.  Si  les  examinateurs  ont  regretté  que  le  candidat  ne  se  f&t 
pas  assez  pénétré  du  caractère  général  de  l'époque,  ils  se  sont  plu  à 
constater  que  les  documents  avaient  été  consciencieusement  choisis, 
qu'ils  avaient  été  exactement  analysés  et  que  le  récit,  combiné  avec  les 
pièces  justificatives,  formait  un  tableau  fidèle  de  l'état  de  Paris  pendant 
une  des  périodes  les  plus  tristes  de  notre  histoire. 

M.  Bénet  a  entrepris  sur  les  actes  des  ducs  de  Normandie  une  étude  à 
laquelle  il  était  bien  préparé  et  qui  pourra  un  jour  aboutir  à  des  résul- 
tats vraiment  utiles  ;  mais  le  cadre  était  si  étendu  qu'aucune  partie  n'a 
pu  en  être  convenablement  remplie.  La  vaste  ébauche  que  M.  Bénet  a 
soumise  au  conseil  atteste  un  travail  excessif,  et  dénote  çà  et  là  une 
rare  aptitude  aux  recherches  diplomatiques;  mais  l'auteur  devra  se 
mettre  en  garde  contre  une  tendance  au  paradoxe  et  se  livrer  préalable- 
ment à  des  observations  chronologiques,  qui  sont  ici  d'autant  pins 
nécessaires  que  la  plupart  des  actes  des  ducs  de  Normandie  du  zi«  et 
du  xii«  siècle  sont  absolument  dépourvus  de  date  de  temps. 

M.  Dufresne,  dans  son  Essai  sur  Vhistoire  de  la  reliure,  a  montré  qu'il 
aimait  les  beaux  livres  et  qu'il  savait  les  examiner  en  homme  de  goût 
et  en  archéologue.  Nous  pouvons  espérer  qu'il  nous  donnera  une  bonne 
histoire  de  la  reliure;  mais  il  devra  sévèrement  contrôler  ce  qu'on  a 
écrit  sur  le  sujet  et  recueillir  des  textes  sans  lesquels  il  ne  sortirait  pas 
du  vague  et  de  la  confusion  qui  enveloppe  la  vie  et  jusqu'au  nom  des 
grands  relieurs  et  doreurs  du  xvi«  et  du  xvn«  siècle. 

M.  Welvert  a  voulu  faire  connaître  les  relations  du  roi  de  Bohême 
Jean  de  Luxembourg  avec  la  France,  C'était  une  heureuse  idée  que  de 
consacrer  une  monographie  à  un  personnage  qui  tient  une  belle  place 
dans  les  annales  du  xiv«  siècle  et  qui  est  mort  si  héroïquement  au  ser- 
vice de  notre  pays.  L'auteur  est  assurément  allé  plus  loin  que  le  doc- 
teur J.  Schotter,  à  qui  nous  devons  un  très  bon  ouvrage  sur  l'histoire 
générale  de  Jean  de  Luxembourg.  M.  Welvert  a  notamment  recueilli 
des  renseignements  nouveaux  sur  l'administration  de  Jean  de  Luxem- 
bourg pendant  sa  lieutenance  générale  en  Languedoc.  Mais  il  lui  reste 
encore  beaucoup  de  détails  à  étudier,  pour  mettre  suffisamment  en  relief 


407 

Tune  des  plus  sympathiques  figures  de  la  cour  de  Philippe  de  Valois. 

En  traitant  de  VafTranchissement  et  de  la  condition  des  a/Tranchis  dans 
la  Gaule  franque^  M.  Fournier  s*est  trop  exclusivement  préoccupé  du 
côté  philosophique  et  économique  de  la  question.  Au  lieu  de  se  horner 
à  examiner  successivement  les  différents  modes  d'affranchissements 
pratiqués  au  moyen  âge,  à  en  rechercher  l'origine,  à  en  expliquer  le 
mécanisme,  et  à  en  constater  les  effets  juridiques,  il  s'est  livré  à  des 
considérations  sur  la  marche  progressive  de  la  liberté  qui  ne  répondaient 
pas  à  la  nature  des  travaux  dont  on  s'occupe  à  l'Ecole.  Encore  ces 
considérations  ont-elles  paru  manquer  d'exactitude  sur  plusieurs  points, 
notamment  en  ce  qui  concerne  le  rôle  de  l'Église,  à  laquelle  M.  Fournier 
conteste  la  grande  et  légitime  part  qui  lui  revient  dans  l'adoucissement 
du  sort  des  esclaves  et  dans  la  marche  progressive  des  affranchissements. 

UEssai  de  M.  Rébouis  sur  l'origine  et  le  développement  du  crédit^  du 
change  et  de  l'assurance  avant  le  IV^  siècle  a  demandé  beaucoup  de 
recherches  ;  mais  l'étendue  trop  considérable  du  programme  que  s'était 
tracé  l'auteur  ne  lui  a  pas  permis  de  traiter  convenablement  des  ques- 
tions fort  délicates  et  fort  complexes,  qu'il  lui  eût  été  possible  d'appro- 
fondir davantage;  car  sur  plusieurs  d'entre  elles  il  existe  déjà  des 
ouvrages  justement  estimés. 

Philippe  de  Navarre,  comte  de  Longueville  (1334-1363),  que  M.  Helleu 
a  pris  pour  sujet  de  thèse,  est  un  personnage  assez  peu  intéressant, 
mais  dont  la  vie  pouvait  cependant  donner  lieu  à  une  étude  spéciale. 
M.  Helleu  a  combiné  assez  heureusement  les  récits  des  historiens 
contemporains,  mais,  sur  plus  d'un  point,  il  s'est  contenté  de  consulter 
des  ouvrages  de  seconde  main,  et  trop  souvent  il  a  négligé  les  rensei- 
gnements qu'il  aurait  trouvés  dans  différentes  collections  de  la  Biblio- 
thèque et  des  Archives  nationales. 

Le  Coutumier  de  la  vicomte  de  Dieppe,  conservé  aux  archives  de  la 
Seine-Inférieure,  est  un  des  documents  les  plus  précieux  qui  nous  soient 
parvenus  sur  l'histoire  du  commerce  au  moyen  âge.  Il  pouvait  fournir 
la  matière  d'une  très  bonne  thèse.  Les  commentaires  de  M.  Goppinger 
sur  ce  document  en  font  assez  bien  connaître  la  valeur;  mais  il  sera 
indispensable  de  les  revoir  et  de  les  compléter,  comme  aussi  d'établir  à 
nouveau  le  texte  môme  du  CSoutumier,  qui  avait  été  joint  à  la  thèse. 

Dans  le  compte  rendu  qui  précède,  j'ai  essayé,  monsieur  le  ministre, 
de  donner  une  idée  sommaire  et  exacte  des  travaux  que  les  élèves  de 
l'École  des  chartes  viennent  de  soumettre  au  conseil  de  perfectionne- 
ment. Il  y  a  lieu  d'être  généralement  satisfait  du  choix  des  sujets  et  de 
la  solidité  des  résultats. 

Le  conseil,  en  tenant  compte  des  thèses  et  des  examens  du  mois  de 
juillet,  a  dressé  par  oi(dre  de  mérite  la  liste  suivante  des  élèves  aux- 
quels il  vous  propose  de  vouloir  bien  délivrer  le  brevet  d'archiviste 
paléographe  : 


408 

MM. 

lo  Grandjean  (Charles-Alfred),  né  à  Langres  (Hante-Marne)  le  9  sep- 
tembre 1857. 

2*  Omont  (Henri- Auguste),  né  à  Évreux  (Eure)  le  15  septembre  1857. 

3»  Bénet  (Armand-Eugène),  né  à  Évreux  (Eure)  le  2  septembre  1858. 

4«  Gerbaux  (Fernand),  né  à  Paris  le  2  juillet  1857. 

5®  Digard  (Georges- Alfred-Laurent),  né  à  Versailles  le  1«'  juillet  1856. 

6«  Grassoreille  (Georges -Auguste- Emile),  né  à  Saint-Gyr- l'École 
(Seine-et-Oise)  le  4  janvier  1860. 

7«  Rébouis  (Jean-Marie-Hippolyte),  né  à  Valence  (Tarn-et-Garonne) 
le  16  avril  1856. 

8«  Welvert  (Eugène-Nicolas),  né  à  Thionville  (Moselle)  le  20  mars 
1857. 

90  Dufresne  (Arthur-Henry),  né  à  Paris  le  6  février  1858. 

lO®  Fournier  (Pierre- Joseph-Marcel),  né  à  Bordeaux  le  13  octobre  1856. 

11»  Helleu  (Joseph-Louis),  né  à  Paris  le  13  août  1857. 

Et  hors  concours  : 

M.  Goppinger  (Adrien-Jacques-Emmanuel),  né  à  Paris  le  24  dé- 
cembre 1847,  qui  ne  faisait  pas  partie  de  la  promotion  et  avait  été 
précédemment  autorisé  par  le  conseil  à  présenter  sa  thèse  cette  année. 

Conformément  aux  propositions  du  Gonseil  de  perfectionnement, 
M.  le  ministre  a  délivré  le  brevet  d'archiviste  paléographe  aux  élèves 
de  rÉcole  des  chartes  dont  les  noms  suivent,  rangés  par  ordre  de 
mérite  : 

MM.      1.  Grandjean. 

2.  Omont. 

3.  Bénet. 

4.  Gerbaux. 

5.  DlQARD. 

6.  Grassoreille. 

7.  Rébouis. 

8.  Welvert. 

9.  Dufresne. 

10.  Fournier. 

11.  Helleu. 
Hors  concours  :  M.  Goppinger. 

—  Ont  été  promus  aux  classes  suivantes  de  leur  emploi  d'archiviste 
aux  Archives  nationales  : 

2«  classe  M.  Tuetey. 

3»  classe  M.  Bruel. 

6®  classe  MM.  Teulet  et  Delaborde. 

—  Par  arrêté  du  27  décembre  1880,  notre  confrère  M.  Valois  a  été 
nommé  archiviste  auxiliaire  aux  Archives  nationales. 


409 

—  Par  arrêté  du  10  janvier  1881,  notre  confrère  M.  Deprez  a  été 
nommé  bibliothécaire  au  département  des  manuscrits  de  la  Biblio- 
thèque nationale. 

—  Par  arrêté  du  22  janvier  1881,  M.  Helleu,  ancien  élève  de  PÉcoIe 
des  chartes,  a  été  nommé  surnuméraire  à  la  bibliothèque  de  l'Arsenal. 

—  Notre  confrère  M.  Junca,  rédacteur  du  National,  a  été  nommé 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

—  Notre  confrère  M.  Tabbé  Paradis,  premier  vicaire  de  Saint-Tho- 
mas d'Aquin,  a  été  nommé  curé  de  l'église  Sainte-Marguerite. 

—  Le  Rapport  de  la  commission  des  écoles  d'Athènes  et  de  Rome  sur 
les  travaux  de  ces  deux  écoles  pendant  Vannée  1880,  lu  à  P  Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres  par  M.  Léon  Heuzey  dans  les  séances 
du  17  et  du  24  décembre  1880,  rend  compte  en  ces  termes  des  travaux 
de  nos  confrères  MM.  Élie  Berger,  Paul  Durrieu  et  Antoine  Thomas  : 

f  M.  Élie  Berger  avait  obtenu  de  rester  à  Rome  une  quatrième  année, 
pour  y  terminer  un  travail  d'une  grande  importance ,  le  dépouillement 
et  la  publication  des  registres  du  pape  Innocent  lY,  conservés  aux 
archives  du  Vatican.  Ceux  de  nos  confrères  chargés  successivement  de 
vous  présenter,  les  années  précédentes,  le  rapport  de  la  commission, 
s'étaient  vus  forcés  de  garder  à  ce  sujet  une  certaine  réserve,  pour  lais- 
ser à  l'auteur  toute  la  primeur  d'une  entreprise  scientifique  qui  n'était 
pas  encore  arrivée  à  son  terme.  Aujourd'hui  que  le  premier  fascicule 
de  l'ouvrage  de  M.  Berger  est  imprimé  et  que  les  autres  doivent  se 
succéder  très  rapidement,  nous  pouvons  proclamer  hautement  les 
mérites  d'une  publication  qui  fera  grand  honneur  à  l'érudition  fran- 
çaise. Elle  formera  trois  volumes  grand  in-4o,  qui  inaugurent  digne- 
ment une  série  nouvelle  de  mémoires,  édités  dans  ce  format  par  nos 
savantes  écoles. 

«  C'est  grâce  à  un  labeur  infatigable  que  l'auteur  a  pu  terminer  en  si 
peu  d'années  cette  vaste  collection  de  documents  originaux.  En  effet, 
les  registres  d'Innocent  FV  ne  contiennent  pas  moins  de  8,600  pièces , 
dont  6,000  environ  sont  inédites;  selon  l'intérêt  qu'elles  présentent, 
M.  Berger  les  reproduit,  tantôt  in  extenso,  tantôt  par  extraits,  parfois  il 
en  donne  seulement  l'intitulé  avec  une  courte  analyse.  Dans  chaque 
volume  figureront  en  outre  des  dissertations  et  des  monographies, 
notamment  le  Mémoire  sur  la  diplomatique  d'Innocent  IV,  dont  la  première 
moitié  a  été  soumise,  l'année  dernière,  au  jugement  de  l'Académie. 

f  On  comprend  l'intérêt  d'un  recueil  de  ce  genre  pour  l'histoire ,  la 
chronologie  et  la  géographie  du  xni«  siècle.  Ce  qu'il  ajoute  aux  données 
du  Regesta  pontificum,  de  Vltalia  sacra,  du  Gallia  christiana,  du  Monas- 
ticon  Anglicanum,  de  VEspana  sagrada,  est  considérable.  Il  fournira  un 
grand  nombre  de  renseignements  nouveaux  sur  l'histoire  des  croisades 
et  surtout  sur  la  grande  lutte  entre  l'empereur  Frédéric  II  et  la  papauté. 


440 

Pour  l'histoire  de  France  en  particulier,  il  fera  plus  complètement  con- 
naître les  rapports  du  pape  avec  saint  Louis  et  ses  frères,  avec  la  reine 
Blanche  et  le  conseil  qui  dirigea  les  affaires  entre  la  mort  de  cette 
princesse  et  le  retour  du  roi,  et  permettra  aussi  d'examiner  dans  quelle 
mesure  étaient  fondées,  au  temps  du  concile  de  Lyon,  les  doléances  dn 
clergé  de  France.  Celles  de  nos  provinces  qui,  au  xui*  siècle,  ne  fai- 
saient pas  encore  partie  du  royaume,  comme  l'Alsace,  occupent  une 
grande  place  dans  ce  travail. 

c  Grâce  au  zèle  consciencieux  de  M.  Berger,  à  la  disposition  claire  et 
méthodique  qu'il  a  adoptée,  à  la  mesure  intelligente  qu'il  apporte  dans 
le  triage  et  dans  l'analyse  des  documents  par  lui  dépouillés,  FËcole  de 
Rome  aura  produit  une  œuvre  que  l'un  de  nos  savants  confrères,  nn 
des  maîtres  de  ces  études,  a  jugé  d'avance  comme  l'une  des  publications 
diplomatiques  les  plus  considérables  de  notre  époque 

«  M.  Paul  Durrieu  s'occupe  de  l'histoire  du  moyen  âge,  et  c'est  à 
Naples  qu'il  a  établi  le  centre  de  ses  recherches.  Son  choix  est  enviable  ; 
mais  ce  qui  l'a  surtout  attiré  vers  cette  belle  ville,  intéressante  à  tant 
de  titres,  c'est  qu'il  y  retrouvait  la  France  et  les  traces  des  expéditions 
françaises  dans  l'Italie  méridionale.  Ses  études  de  deuxième  année  ont 
porté  sur  deux  sujets  distincts,  tous  les  deux  se  rattachant  aux  événe- 
ments accomplis  dans  cette  région  à  la  fin  du  xiv«  siècle,  et  auxquels 
des  Français  ont  été  mêlés.  A  cet  ordre  d'idées  appartiennent  d'abord 
deux  mémoires  déjà  imprimés  :  la  Prise  d^Arezzo  (1384)  par  Enguer^ 
rand  VII,  sire  de  Coucy,  et  le  Royaume  d'Adria  (1393-1394).  Dans  ces 
mémoires  on  peut  louer  l'emploi  judicieux  que  l'auteur  a  su  faire  des 
documents  inédits  trouvés  par  lui  dans  les  archives  de  France  et 
d'Italie. 

c  Ce  sont,  en  réalité,  deux  fragments  détachés  d'un  travail  d'ensemble 
sur  les  relations  de  la  France  avec  l'Italie  pendant  le  règne  de 
Charles  VI.  L'un  montre  Enguerrand  VII  de  Coucy  passant  en  Italie 
pour  aider  le  duc  Louis  d'Anjou,  prétendant  français  à  la  couronne  de 
Naples.  L'autre  raconte  les  intrigues  de  Jean-Galéas  Visconti,  seigneur 
de  Milan,  qui  aspire  à  se  faire  couronner  roi  d'Italie  et  qui  demande 
pour  le  duc  d'Orléans,  son  gendre,  la  création  d'un  royaume  formé  aux 
dépens  des  États  de  l'Église.  L'intérêt  principal  de  ces  études  est  de 
montrer,  à  sa  naissance .  la  pensée  des  expéditions  et  des  conquêtes 
françaises  au  delà  des  Alpes.  L'Académie  avait  permis  à  l'auteur  de 
prendre  date  auprès  d'elle  pour  un  sujet  autour  duquel  d'autres  érudits 
paraissaient  s'empresser.  C'est  pour  ne  pas  être  devancé  que  M.  Durrieu 
a  publié  dans  la  Bibliothèque  de  V École  des  chartes  et  dans  la  Rwue  des 
questions  historiques  les  premiers  résultats  acquis  par  ses  recherches. 

«  L'autre  travail  de  M.  Durrieu  nous  fait  connaître  l'organisation  de 
la  chancellerie  des  princes  angevins  à  Naples.  Depuis  longtemps,  on 
savait  qu'il  existait  dans  les  archives  napolitaines  une  volumineuse 


4H 

collection  de  registres  renfermant  les  actes  de  cette  chancellerie  du 
'  xm«  au  XY«  siècle.  Mais  on  ne  soupçonnait  pas,  au  moins  en  France, 
avec  quel  désordre  ces  registres  avaient  été  constitués,  à  une  époque 
relativement  moderne,  avec  les  débris  des  registres  primitifs.  M.  Paul 
Durrieu  a  pris  les  cinquante-un  registres  les  plus  anciens;  il  les  a 
étudiés  feuillet  par  feuillet,  pour  déterminer  les  éléments  dont  chacun 
d'eux  était  formé.  U  a  ainsi  dégagé  de  la  masse  confuse  dans  laquelle 
ils  étaient  mêlés  tous  les  débris  qui  subsistent  des  registres  antérieurs 
à  la  mort  de  Charles  I^.  En  s'aidant  des  cotes  anciennes ,  des  titres 
courants,  des  caractères  des  écritures  et  du  contenu  des  actes,  il  est 
arrivé  à  retrouver,  presque  toujours  avec  certitude ,  la  place  que  ces 
innombrables  fragments  tenaient  dans  la  série  des  registres  originaux. 
Il  est  superflu  de  faire  remarquer  combien  cette  patiente  et  intelligente 
restitution  était  nécessaire  pour  tirer  parti  des  milliers  d'actes  consignés 
sur  ces  fragments  et  dont  beaucoup  se  rapportent  directement  et  exclu- 
sivement à  la  France.  C'est  donc  un  véritable  service  rendu  à  l'étude 
de  notre  histoire  nationale;  renonciation  d'un  pareil  résultat  est  le 
meilleur  éloge  que  nous  puissions  faire  du  travail  de  M.  Durrieu ,  et 
c'est  déjà  une  récompense  de  ses  laborieux  efforts 

«  Nous  commençons  la  revue  des  travaux  de  première  année  de 
PËcole  de  Rome  par  les  mémoires  de  M.  Antoine  Thomas,  qui  continue 
le  grand  travail  d'analyse  et  de  publication  des  anciens  registres  ponti« 
ficaux,  entrepris  par  l'École  et  si  heureusement  inauguré  par  M.  Berger. 
Ce  sont  les  actes  de  la  chancellerie  du  pape  Boniface  VUI  dont  il  a 
commencé  le  dépouillement.  Il  a  résumé  les  premiers  résultats  de  ses 
recherches  sous  le  titre  de  :  Notes  sur  Boniface  VIII  et  le  premier  registre 
de  ses  bulles.  Par  des  exemples  bien  choisis  il  nous  fait  entrevoir  com- 
bien sera  féconde  en  révélations  nouvelles  la  publication  des  bulles  et 
des  lettres  de  cet  illustre  pontife.  Les  extraits  qu'il  nous  donne  per- 
mettent déjà  d'introduire  des  additions  et  des  rectifications  importantes 
dans  beaucoup  d'articles  du  Gallia  christiana  et  de  VHistoire  littéraire 
de  la  France. 

(c  Un  second  mémoire  de  M.  Thomas  est  consacré  à  six  manuscrits 
de  Bernard  Gui,  conservés  au  Vatican,  et  qui  doivent  s'ajouter  aux 
cent  trente  manuscrits  du  même  auteur  que  notre  savant  confrère 
M.  Léopold  Delisle  a  décrits  et  classés  dans  le  tome  XXVII  des  Notices 
et  extraits  des  manuscrits.  Plusieurs  des  manuscrits  signalés  par  M.  Tho- 
mas ont  une  réelle  importance.  L'un  d'eux,  le  n'  705  du  fonds  de  la 
Reine,  est  un  exemplaire  original.  Un  autre,  le  n*  697,  du  même  fonds, 
nous  fait  envisager  sous  un  jour  tout  à  fait  nouveau  la  question  des 
traductions  françaises  des  ouvrages  de  Bernard  Gui.  D'après  les  com- 
paraisons faites  par  M.  Thomas,  les  trois  points  suivants  paraissent 
démontrés  :  1*  une  première  traduction  des  Fleurs  des  chroniques  avait 
été  exécutée  avant  l'année  1368,  date  d'une  copie  que  Charles  V  s'en 


442 

fit  faire  et  qui  est  aujourd'hui  à  la  bibliothèque  de  la  chambre  des 
députés;  2»  en  1369,  Charles  V  fit  traduire  la  Chronique  abrégée  des 
papes  et  plusieurs  autres  opuscules  historiques,  par  le  carme  Jean 
Golein,  dont  le  manuscrit  original,  présenté  au  roi,  forme  le  n*  697  du 
fonds  de  la  Reine  au  Vatican  ;  3*  au  xiii*  siècle  fut  faite  une  seconde 
traduction  des  Fleurs  des  chroniques  et  de  plusieurs  autres  opnscales  de 
Bernard  Gui,  traduction  qui  nous  a  été  conservée  par  le  manuscrit 
français  GVII  do  Turin.  Ce  sont  là  des  résultats  d'un  grand  intérêt  poor 
notre  histoire  littéraire  et  pour  la  critique  des  ouvrages  de  l'un  des  plus 
notables  chroniqueurs  du  commencement  du  xrv«  siècle.  M.  Thomas  a 
joint  à  son  envoi  les  photographies  de  deux  miniatures ,  Tune  repré- 
sentant le  roi  Jean,  l'autre  le  carme  Jean  Golein  offrant  à  Charles  Y  sa 
traduction  de  Bernard  Gui.  » 

—  La  perte  si  profondément  regrettable  que  l'érudition  française  et 
les  lettres  du  moyen  âge  ont  faite  en  la  personne  de  M.  Paulin  Parie, 
décédé  le  13  février  1881,  sera  tout  particulièrement  ressentie  par 
rÉcoie  des  chartes.  M.  P.  Paris,  membre  de  l'Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres,  professeur  honoraire  au  collège  de  France,  con- 
servateur adjoint  honoraire  à  la  Bibliothèque  nationale,  était  en  outre, 
depuis  1847,  membre  du  conseil  de  perfectionnement  de  l'École  des 
chartes,  et  il  a  prouvé  son  attachement  à  l'École  par  l'assiduité  avec 
laquelle  il  a  exercé  ces  fonctions  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  Il  avait  pris 
part  encore  à  l'examen  des  thèses  de  sortie  qui  ont  été  soutenues  en 
janvier  dernier  par  les  élèves  de  la  promotion  de  1881. 

La  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes  s'honore  de  compter  M.  Paulin 
Paris  au  nombre  de  ses  collaborateurs  des  premières  années.  Il  a  donné 
à  notre  recueil  les  articles  suivants  : 

Notice  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  Richard  de  Foumival,  Tome  II  de 
la  l""»  série,  1840-1841,  pages  32  à  56. 

Redierches  sur  Ogier  le  Danois.  Tome  III,  1841-1842,  pages  521  à  538. 

La  Chanson  de  Roland  (édition  de  M,  Génin),  Tome  XU,  ou  II  de  la 
3«  série,  1851,  pages  297  à  338  et  393  à  414. 

M.  ALFRED  GIRAUD. 

La  Société  de  l'École  des  chartes  vient  de  perdre  un  de  ses  membres 
les  plus  distingués  en  la  personne  de  M.  Louis-Alfred  Giraud,  décédé 
à  Fontenay-le-Comte  (Vendée)  le  9  juillet  dernier.  Né  dans  la  même 
ville  le  3  août  1827,  il  avait  fait  ses  études  au  collège  de  Pont-Levoy,  et, 
bientôt  élève  à  la  fois  de  l'École  de  droit  et  de  l'École  des  chartes,  il 
devint  docteur  en  droit  en  1852  et  reçut  le  diplôme  d'archiviste  paléo- 
graphe, le  premier  de  sa  promotion,  le  15  novembre  1853.  Il  fit  paraître 
presque  en  môme  temps  une  savante  Dissertation  sur  le  divorce  et  la  sépa'^ 


U3 

ration  de  corps  (Paris,  1852,  in-8*  de  84  p.).  Il  se  décida  alors  en  faveur 
du  droit,  entra  dans  la  magistrature  et  fut  successivement  substitut  à 
Tours  en  1856 ,  procureur  impérial  à  Gien  en  1860  et  à  Parthenay  en 
1862,  vice-président  du  tribunal  de  Blois  en  1868  et  enfin  conseiller  à 
la  cour  d'Orléans  en  1876.  A  la  fois  poète,  littérateur  et  jurisconsulte, 
sans  parler  ici  d*un  volume  de  vers ,  il  fît  paraître  dans  divers  recueils, 
tels  que  le  Bulletin  du  bibliophile,  la  Revue  des  provinces  de  V Ouest,  Bre- 
tagne et  Poitou,  des  notices  sur  des  personnages  historiques  de  la  Ven- 
dée, ainsi  que  des  articles  juridiques  dans  les  revues  de  droit,  de  1859 
à  1864.  En  1869,  il  donna,  sous  le  titre  dHÉléments  du  droit  municipal, 
un  cours  professé  par  lui  à  Técole  normale  de  Parthenay,  et  relatif 
principalement  à  la  tenue  des  registres  de  Tétat  civil.  Absorbé  par  ses 
travaux  juridiques,  notre  confrère  avait  laissé  de  côté  les  études  de 
l'École  des  chartes  ;  cependant  il  a  communiqué  à  notre  recueil,  sous  le 
titre  de  Signatures  du  roi  Jean,  une  lettre  inédite  de  ce  roi  adressée  à 
son  fils  le  dauphin  Charles  (Bibl.  de  V École  des  chartes,  XVI®  année, 
1855,  p.  43).  Mais  il  avait  conservé  de  son  passage  parmi  nous  le  goût 
des  recherches  érudites;  aussi  il  publia  en  1877  dans  le  Correspondant 
une  étude  remarquée  sur  M^^  de  la  Vallière  et  son  temps,  d'après  des 
documents  inédits.  Au  moment  où  la  mort  est  venue  Tatteindre,  notre 
confrère  mettait  la  dernière  main  à  une  savante  édition  des  plus  belles 
poésies  de  son  compatriote  Nicolas  Rapin.  M.  Giraud  avait  été  élu 
député  de  la  Vendée  en  1871  par  54,000  suffrages;  il  était  officier 
d'académie  et  faisait  partie  depuis  1877  de  la  Société  archéologique  et 
historique  de  l'Orléanais.  Un  ancien  président  de  cette  société,  M.  Bou- 
cher de  Molandon,  lui  a  consacré  une  notice  pleine  d'une  émotion  sin- 
cère, d'où  nous  avons  extrait  les  détails  qui  précèdent  ^ 

FUNÉRAILLES  DE  M.  CLAUDE. 

M.  Claude,  bibliothécaire  au  département   des  manuscrits   de  la 
Bibliothèque  nationale,  s'est  éteint  le  3  février  1881,  après  une  longue 
maladie.  Les  paroles  suivantes  ont  été  prononcées  sur  sa  tombe  par 
M.  Léopold  Delisle  : 
Messieurs, 

Cette  tombe  ne  doit  pas  se  refermer  sans  que  j'exprime  en  deux  mots 
les  sentiments  que  la  mort  de  M.  Claude  éveille  dans  Pâme  de  tous  ses 

1.  M,  Alfred  Giraud ^  archiviste  paléographe  et  docteur  en  droit,  ancien 
député  de  la  Vendée,  conseiller  à  la  cour  d'appel  d'Orléans,  membre  de  la 
Société  archéologique  et  historique  de  l'Orléanais.  Notice  nécrologique  lue  en 
séance  par  M.  Boucher  de  Molandon ,  ancien  président  de  la  Société ,  membre 
non-résidant  du  comité  des  travaux  historiques.  Orléans ,  Herluison ,  libraire, 
1880.  In-8%  10  pages. 

8 


amis  de  la  Bibliothèque  nationale.  Il  y  aurait  injustice  à  ne  pas  dire  ici 
un  dernier  adieu  à  un  modeste  fonctionnaire  qui,  pendant  de  longaes 
années,  s'est  donné  tout  entier  au  département  des  manuscrits,  absolu- 
ment esclave  du  devoir  et  étranger  à  tout  calcul  d'ambition. 

Charles-Clément  Claude,  né  en  1798,  s'était  d'abord  destiné  au  bar- 
reau ;  mais  la  très  solide  instruction  qu'il  avait  reçue,  un  goût  prononcé 
pour  rhistoire  et  la  littérature,  une  mémoire  très  sûre,  un  amour  pas- 
sionné dos  livres  et  en  général  de  tous  les  documents  du  passé,  lui 
permirent  d'aborder,  sans  trop  de  désavantage,  à  l'âge  d'environ  quar- 
rante  ans,  une  carrière  à  laquelle  il  regretta  toujours  de  n'avoir  pu  se 
préparer  dès  la  jeunesse  en  suivant  les  cours  de  l'École  des  chartes. 
Attaché  en  1834  aux  travaux  historiques  dont  M.  Guizot  avait  donné  le 
plan  général  et  dont  le  principal  atelier  était  au  département  des  ma- 
nuscrits de  la  Bibliothèque,  Claude  fut  bien  vite  remarqué  et  protégé 
par  l'homme  à  qui  revient  en  grande  partie  l'honneur  d'avoir  restauré 
en  France  les  études  paléographiques  et  diplomatiques.  Les  conseils  de 
Benjamin  Guérard  et  une  collaboration  quotidienne  avec  l'élite  des 
jeunes  archivistes  paléographes  suffirent  pour  l'initier  en  peu  de  temps 
aux  plus  délicates  opérations  bibliographiques,  comme  aux  méthodes  et 
aux  procédés  de  l'érudition.  U  eut  promptement  fait  ses  preuves,  et  l'ad- 
ministration de  la  Bibliothèque  saisit  la  première  occasion  qui  se  pré- 
senta de  l'attacher  au  département  des  manuscrits.  U  reçut  sa  nomina- 
tion officielle  le  !«'  janvier  1841  ^ 

A  partir  de  ce  jour,  il  se  mit  corps  et  âme  au  service  de  l'établissement, 
et  jamais  Tadministration  n'eut  auxiliaire  plus  actif,  plus  vigHant  et 
plus  intègre,  pour  couper  court  à  des  abus  dont  la  gravité  ne  peut  plus, 
hélas  !  être  contestée,  depuis  qu'on  a  vérifié  les  mutilations  infligées  à 
nos  collections  pour  alimenter  le  commerce  des  livres  imprimés  ou  ma- 
nuscrits et  des  lettres  autographes.  Claude  comprit  l'importance  de  la 
mission  qui  lui  était  confiée  ;  il  la  remplit  avec  la  plus  scrupuleuse 
ponctualité,  sans  jamais  s'écarter  des  convenances  hiérarchiques,  dont 
aucun  employé  ne  fut  plus  scrupuleux  observateur.  L'un  des  premiers, 
il  entrevit  le  parti  que  des  malfaiteurs  pouvaient  tirer  du  désordre  de 
certaines  collections,  de  l'absence  de  cotes  et  de  l'habitude  de  commu- 
niquer des  papiers  non  classés  et  non  reliés.  Il  n'épargna  point  sa  peine 
pour  remédier  à  un  tel  état  de  choses.  Chargé  du  service  des  reliures  au 
département  des  manuscrits,  il  trouva  le  mal  si  profond  que,  pour  en 
arrêter  les  progrès,  il  fallait  y  apporter  au  plus  vite  les  remèdes  les  plus 
énergiques. 

Maintenant  que  nous  savons  comment  des  coflections  précieuses, 

1.  M.  Claude  fat  nommé  surnuméraire,  au  traitement  de  400  francs,  le  l**  jan- 
vier 1841  ;  employé,  au  traitement  de  1200  francs,  le  6  septembre  1844  ;  biblio- 
thécaire le  28  février  1862. 


415 

telles  que  celles  de  Baluze  et  de  Dupuy,  étaient  mises  en  coupes  réglées, 
nous  devons  être  bien  indulgents  pour  les  traces  de  précipitation  que 
nous  rencontrons  çà  et  là  dans  la  constitution  de  certains  volumes.  Le 
service  du  prêt,  comme  celui  de  la  reliure,  fut  remis  en  ordre  par 
Claude.  Nous  lui  devons  encore  la  tenue  régulière  des  registres  d'entrée, 
qui,  pour  les  périodes  antérieures,  présentent  tant  de  lacunes  et  d'obs- 
curités. 

Malgré  ces  occupations  multiples,  il  trouvait  encore  le  temps  de 
dresser  des  répertoires  et  d'aider  dans  leurs  recherches  la  plupart  des 
habitués  du  département  des  manuscrits.  Le  service  de  la  Bibliothèque 
l'absorbait  à  ce  point  qu'il  n'eut  jamais  l'idée  d'entreprendre  aucun 
travail  personnel.  U  connaissait  cependant  à  merveille  les  ressources 
que  nos  collections  offrent  aux  érudits,  et  la  part  qu'il  a  prise  à  l'édition 
du  Cartulaire  de  Saint^-Bertin  prouve  qu'il  était  bien  préparé  à  publier 
et  à  critiquer  les  textes  diplomatiques  du  moyen  âge.  Cette  aptitude  est 
encore  attestée  par  les  beÛes  copies  de  plusieurs  cartulaires  de  la  Cham- 
pagne et  de  la  Flandre  qu'il  a  exécutées  pour  la  Bibliothèque,  dans  les 
dernières  années  de  sa  vie,  quand  l'âge  avait  brisé  ses  forces,  sans 
affaiblir  son  intelligence  et  sans  altérer  l'élégante  fermeté  de  son 
écriture. 

En  afErmant  que  Claude  laissera  une  très  honorable  trace  de  son  pas- 
sage au  département  des  manuscrits,  je  ne  suis  pas  aveuglé  par  mon 
amitié  pour  un  homme  qui  m'accueillit  cordialement  à  la  Bibliothèque 
il  y  a  bientôt  trente-cinq  ans,  qui  m'a  transmis  les  plus  précieuses  tra- 
ditions de  l'établissement  et  qui  m'a  prodigué  tant  de  témoignages  du 
plus  affectueux  dévouement.  Ce  n'est  pas  en  mon  nom  personnel,  c'est 
au  nom  de  la  Bibliothèque  nationale,  qu'en  lui  adressant  ici  un  suprême 
adieu,  je  rends  hommage  à  la  droiture  de  son  caractère,  à  la  solidité  de 
son  jugement,  à  l'étendue  de  ses  connaissances  et  au  nombre  des  ser- 
vices par  lui  rendus  au  département  des  manuscrits. 

LES  ARCHIVES  DU  MINISTÈRE  DE  LA  MARINE. 

L'article  qu'on  va  lire  a  été  publié  par  notre  confrère  M.  Jules  Flam- 
mermont  dans  la  Revue  politiqite  et  littéraire  du  19  février  1881  : 

Comme  les  ministères  de  la  guerre  et  des  affaires  étrangères,  le  dépar- 
tement de  la  marine  conserve  dans  son  hôtel  ses  archives  anciennes  et 
modernes.  Ce  dépôt  est  aussi  riche  que  les  deux  autres  :  on  n'y  détient  pas 
seulement  les  papiers  qui  concernent  l'histoire  spéciale  de  la  marine  et 
des  colonies,  l'organisation  des  flottes,  la  construction  des  navires,  le 
recrutement  des  matelots  et  des  soldats,  les  guerres  maritimes,  les 
grands  voyages  d'exploration,  la  découverte,  la  colonisation  et  l'admi- 
nistration de  nos  possessions  d'outre-mer;  on  y  garde  encore  une  partie 


446 

notable  de  la  correspondance  des  consulats,  qui  jusqu'à  la  révolation 
ont  été  rattachés  à  ce  ministère,  et  bien  des  pièces  relatives  aux  a£Gure8 
intérieures  du  royaume.  C'est  donc  une  mine  des  plus  abondantes  en 
excellents  matériaux  pour  Thistoire  de  notre  pays,  de  nos  colonies  et  de 
toutes  les  nations  avec  lesquelles  nous  avons  eu  des  guerres  maritimes 
ou  entretenu  des  relations  commerciales. 

Gomment  se  fait-il  qu'un  dépôt  d'une  telle  importance  ait  été  jusqu'ici 
si  peu  exploré?  D*où  vient  que  les  historiens  en  ont  si  peu  profité?  Cest 
qu'il  a  toujours  été  et  est  encore  dans  un  désordre  tel,  que  les  recherches 
sérieuses  y  sont  impraticables. 

Gomme  nos  maîtres  et  la  plupart  des  érudits  qui  s'occupent  des  temps 
modernes,  nous  connaissions  vaguement  cet  état  de  choses  lamentable  ; 
aussi,  bien  qu'il  se  trouve  dans  ces  archives  un  grand  nombre  de  docu- 
ments indispensables  pour  nos  études  personnelles  sur  les  institutions 
de  la  France  avant  la  révolution,  nous  hésitions  à  y  risquer  des  inves- 
tigations, quand  nous  apprîmes  tout  récemment  que  le  principal  auteur 
et  le  plus  ardent  défenseur  de  ce  système  d'obstruction  allait  être  mis 
en  retraite.  U  devait,  pensions-nous,  avoir  perdu  dès  aujourd'hui  un 
peu  de  son  prestige  et  de  son  influence  ;  reprenant  courage,  nous  solli- 
citâmes du  ministre  l'autorisation  d'entrer  dans  le  sanctuaire.  M.  l'ami- 
ral Gloué  s'empressa  de  nous  l'accorder,  et,  quoique  sa  bienveillance  et 
son  généreux  appui  nous  aient  été  peu  utiles ,  il  nous  permettra  de  lui 
en  offrir  ici  nos  meilleurs  et  nos  plus  sincères  remerciements. 

Nous  entrons;  mais,  hélas!  il  nous  fallut  peu  de  temps  pour  recon- 
naître que  les  archives  de  la  marine  étaient  toujours  dans  le  même  état 
et  qu'à  moins  d'y  consacrer  de  longues  et  fréquentes  séances  pendant 
plusieurs  années ,  il  serait  impossible  de  trouver  dans  cet  inextricable 
chaos  les  importants  documents  qui  y  sont  et  dont  nous  regrettons 
chaque  jour  de  ne  connaître  que  l'existence. 

Le  premier  soin  du  chercheur  qui  s'engage  dans  un  dépôt  d'archives 
est  de  solliciter  la  communication  de  l'inventaire,  guide  indispensable 
pour  se  diriger  dans  ce  labyrinthe.  Nous  avons  fait  comme  tout  le  monde, 
et,  plus  heureux  que  beaucoup  de  nos  devanciers,  nous  avons  eu  la 
bonne  fortune  d'être  adressé  à  un  employé  des  plus  obligeants. 

Quel  inventaire,  grands  dieux  !  Ces  archives  qui  contiennent  plus  de 
quarante  mille  articles ,  tant  registres  que  cartons ,  savez-vous  en  com- 
bien de  pages  elles  sont  écrites?  En  moins  de  soixante,  petit  in-folio, 
d'une  belle  grosse  écriture  ronde,  où  les  blancs  tiennent  la  plus  grande 
place  I 

Dans  la  galerie  B  se  trouvent  conservés  1150  cartons  et  1422  volumes, 
qui  contiennent  les  papiers  de  toutes  nos  colonies ,  tant  de  celles  que 
nous  avons  perdues  que  de  celles  qui  nous  restent,  depuis  leur  origine 
jusqu'à  nos  jours.  Groirait-on  que  l'inventaire  de  cette  collection  si  con- 
sidérable ne  comprend  pas  plus  de  trois  pages?  Mais  il  y  a  mieux  :  dans 


U7 

la  galerie  J  sont  des  documents  d'une  importance  capitale ,  catalogués 
ainsi  :  «  Ordres  du  roi  et  dépêches  des  ministres,  1662  à  1789;  641  "volumes. 
Cette  correspondance,  qui  commence  à  la  direction  des  affaires  de  la 
marine  par  C!olbert,  sous  le  ministère  de  Hugues  de  Lionne,  est  du  plus 
haut  intérêt.  »  Puis  viennent  quelques  lignes  relatives  aux  travaux  de 
compilation  entrepris  autrefois  pour  fixer  les  traditions  administratives, 
et  c'est  tout!  pas  d'autre  indication  utile  1 

Attendez  ;  vous  n'êtes  pas  au  bout;  il  y  a  mieux  encore.  Sous  ce  titre  : 
Campagnes  de  1572  à  1789,  on  lit  ces  lignes  d'une  fantaisie  invraisem- 
blable : 

«  La  partie  la  plus  brillante  des  documents  correspond  naturellement 
à  l'éclat  des  hommes  qui  se  sont  le  plus  distingués  dans  les  combats. 
Cette  partie  est  celle  des  ministères  de  Colbert  et  de  Seignelay. 

«  A  partir  des  Phélippeaux,  la  guerre  prend  une  autre  allure.  La 
course  est  favorisée.  La  victoire  de  Velez-Malaga  est  la  dernière  bataille 
maritime  de  Louis  XIY,  malgré  les  plaintes  de  Coëtlogon,  de  d'Estrées 
et  du  comte  de  Toulouse.  Le  roi  prête  alors  ses  navires,  qu'il  n'a  plus 
le  moyen  d'armer,  et  c'est  la  course  qui  a  les  honneurs  de  la  fin  d'un 
règne  après  lequel  le  pays  surmené  semble  plus  n'avoir  qu'un  besoin  : 
celui  de  retrouver  dans  la  paix  des  forces  et  de  l'argent. 

c  Aussi  les  documents  n'ont  plus  le  môme  caractère;  mais  leur  inté- 
rêt n'a  pas  cessé  pour  cela.  Seulement  il  est  différend  (sic)  et  souvent 
triste.  » 

Ces  phrases  vides  et  déclamatoires  continuent  pendant  deux  pages , 
et  les  pièces  ne  sont  ni  analysées,  ni  comptées,  ni  numérotées;  elles  ne 
portent  même  pas  l'estampille ,  elles  sont  à  la  merci  du  premier  qui 
voudrait  s'en  emparer  !  —  Ne  riez  pas  ;  il  faudrait,  au  contraire,  s'indi- 
gner en  voyant  le  dédain  avec  lequel  sont  traités  les  plus  chers  intérêts 
de  notre  histoire  nationale.  Ou  plutôt  faisons  appel  à  l'esprit  libéral  de 
nos  amiraux',  qui  ont  tant  à  cœur  la  gloire  de  leurs  devanciers  et  l'hon- 
neur de  leur  noble  et  périlleuse  profession;  prions-les  de  s'unir  à  nous 
pour  demander  au  ministre  de  mettre  un  terme  au  plus  tôt  à  cette 
négligence  scandaleuse. 

Mais  il  y  a  une  réponse  :  —  A  la  place  d'inventaires  manuscrits  ou 
imprimés,  on  a  des  catalogues  vivants,  qui  sont  MM.  les  conservateurs. 
Ils  connaissent  bien  leurs  archives ,  ils  en  possèdent  l'inventaire  dans 
leur  mémoire.  —  En  vérité,  nous  fera-t-on  croire  qu'il  existe  un  homme 
capable  d'avoir  toujours  présente  à  l'esprit ,  avec  des  détails  suffisants , 
l'analyse  de  quarante  mille  volumes  ou  cartons?  Dans  un  catalogue 
vivant  on  ne  trouve  ni  le  nombre  des  volumes  et  des  cartons,  ni  celui 
des  pièces  contenues  dans  chacun  d'eux;  sans  compter  qu'un  catalogue 
vivant  ne  se  laisse  pas  facilement  feuilleter! 

Est-il  concevable  que  la  marine,  si  fière  à  juste  titre  de  sa  comptabi' 
lité'matières ,  tolère  un  semblable  désordre  et  paraisse  attacher  à  ses 


us 

véritables  titres  de  noblesse,  aux  lettres  de  ses  ministres  et  de  ses  grands 
capitaines,  aux  documents  les  plus  précieux  de  son  histoire,  moins 
d'importance  qu'aux  clous,  aux  rivets  et  à  tous  les  autres  menus  objets 
dont  on  tient  dans  ses  arsenaux  des  comptes  détaillés  sur  de  magnifiques 
registres?  Notez  que  le  service  des  archives  fait  partie  de  la  direction 
de  la  comptabilité,  qui  est  confiée  à  un  inspecteur  des  finances  éminent. 
Ciomment  les  intéresses  ont-ils  eu  Thabilcté  de  cacher  cette  situation 
déplorable  aux  ministres  et  aux  directeurs  qui  depuis  trente  ans  se  sont 
succédé  place  de  la  CSoncorde? 

Encore  si  les  registres,  si  les  titres  étaient  rangés  dans  un  ordre  satis- 
faisant, il  n'y  aurait  que  demi-mal,  du  moins  pour  les  érudits  :  ils 
pourraient  avoir  l'espérance  de  trouver  quelques  documents  en  se  pro- 
menant dans  les  galeries  sous  la  conduite  d'un  employé  complaisant; 
mais  il  n'en  est  rien.  On  voulut  bien  chercher  avec  nous,  sur  les  rayons, 
les  volumes  qui  pouvaient  nous  intéresser;  mais  les  découvrir  n'était 
pas  chose  facile  ou  même  possible  :  ni  cartons  ni  volumes  ne  sont 
numérotés,  et,  si  jamais  ils  ont  eu  une  place  assignée,  il  y  a  longtemps 
qu'ils  ne  l'ont  plus  et  sont  dispersés  çà  et  là.  Dans  ces  derniers  temps, 
on  a  voulu  classer  les  pièces  conservées  en  cartons  et  les  faire  relier; 
mais  ce  travail  a  été  fait  si  légèrement  et  si  vite  qu'il  en  est  résulté  un 
fouillis  inextricable.  Citons  un  exemple  :  le  fonds  de  VInde  française, 
qui  ne  comprend  pas  plus  de  280  volumes,  a  environ  cinquante  cartons 
de  supplément,  pleins  de  pièces  qui  n'avaient  pas  été  mises  à  leur  place 
avant  la  reliure,  sans  compter  toutes  celles  qui  ont  été  disséminées 
ailleurs.  Là  aussi  les  pièces  ne  sont  pas  comptées  et  les  volumes  ne 
portent  aucun  numéro  d'ordre.  M.  le  conseiller  d'État  Delarbre,  naguère 
directeur  de  la  comptabilité,  avait  compris  la  nécessité  de  changer  ce 
système;  il  avait  chargé  un  jeune  archiviste  paléographe  des  plus  dis- 
tingués de  classer  certains  fonds  et  d'en  faire  l'inventaire  détaillé;  mais 
ce  travail  était  à  peine  commencé  quand  M.  Delarbre  prit  un  autre 
service;  aussitôt  on  s'occupa  activement  de  faire  revivre  les  vieilles 
méthodes ,  c'est-à-dire  de  s'opposer  aux  classements  et  aux  inventaires 
prescrits  par  l'ancien  directeur  et  par  le  règlement. 

Il  y  a,  en  effet,  un  règlement  de  1862  sur  les  archives  de  la  marine, 
dont  un  extrait  est  même  affiché  dans  ce  qui  forme  ici  la  salle  du 
public,  une  chambrette  où  trois  personnes  peuvent  à  peine  travailler; 
règlement  fort  sage ,  comme  tous  les  règlements  :  il  suffirait  d'y  faire 
quelques  additions  et  corrections  pour  le  rendre  excellent.  Mais  il  n'a 
pas  produit  les  effets  qu'en  espéraient  les  auteurs,  parce  que  ceux  qui 
étaient  chargés  de  l'appliquer  avaient  tout  intérêt  à  se  soustraire  à  ce 
devoir  et  qu'au-dessus  d'eux  il  n'y  avait  personne  pour  les  y  obliger.  Il 
existe  bien  une  commission  chargée  de  surveiller  le  classement  et  l'in- 
ventaire des  archives;  mais  cette  commission,  présidée  par  un  amiral, 
est  composée  uniquement  de  marins.  C'est  sur  ce  point  que  devraient 


449 

porter  les  premières  modifications,  car  il  y  a  là  plus  qu'un  intérêt 
maritime.  Le  ministère  de  la  marine  pourrait  suivre  l'exemple  donné 
par  le  ministère  des  affaires  étrangères  et  mettre,  comme  lui,  dans  sa 
commission  des  archives,  des  membres  du  parlement,  des  historiens  et 
des  archivistes  de  profession,  rompus  au  métier,  à  côté  des  marins  et 
des  administrateurs.  Ainsi  réorganisée,  cette  commission  proposerait 
au  ministre  les  réformes  utiles,  arrêterait  les  bases  d'un  classement 
méthodique  et  rationnel,  surveillerait  la  rédaction  des  inventaires.  Pour 
faire  de  bonne  besogne,  il  suffirait  de  quelques  milliers  de  francs  chaque 
année,  afin  d'augmenter  le  personnel,  tout  à  fait  insuffisant,  et  de  faire 
aux  employés  une  situation  digne  de  leurs  mérites  et  de  leurs  services. 
L'inventaire  serait  publié,  s'il  y  avait  lieu.  Pour  cet  objet,  les  chambres 
ne  refuseraient  pas  à  M.  Pamiral  Cloué  les  crédits  supplémentaires 
qu'elles  ont  accordés  de  si  bonne  grâce  à  M.  de  Freycinet,  quand  celui-ci 
a  su  imposer  l'ouverture  des  archives  du  ministère  des  affaires  étran- 
gères. N'oublions  pas  qu'il  s'agit  de  notre  histoire  coloniale,  si  intéres- 
sante en  un  moment  où  la  France  cherche  à  se  développer  pacifique- 
ment au  dehors. 

La  lettre  suivante,  que  notre  confrère  a  fait  insérer  dans  le  journal 
le  Siècle^  n^  du  jeudi  3  mars  1881,  complète  les  renseignements  qui 
avaient  été  publiés  par  la  Revue  politique  et  littéraire. 

Monsieur  le  directeur. 

Permettez -moi  de  vous  présenter  mes  plus  chaleureux  remercie- 
ments pour  le  bienveillant  appui  que  vous  avez  bien  voulu  prêter  dans 
le  Siècle  de  jeudi  à  l'article  publié  par  moi  dans  la  Revue  politique  et 
littéraire  sur  les  archives  de  la  marine.  Veuillez  croire,  monsieur  le 
directeur,  que  je  vous  en  suis  vivement  reconnaissant  et  que  je  sens 
tout  le  prix  de  votre  concours,  qui  nous  est  absolument  nécessaire  pour 
vaincre  la  résistance  désespérée  que  les  bureaux  du  ministère  opposent 
à  la  réforme  sollicitée  du  ministre  par  tous  les  érudits  et  par  tous  ceux 
qui  s'intéressent  à  notre  histoire  nationale. 

Elle  est  cependant  bien  modeste,  cette  réforme,  et  on  ne  s'ex- 
plique que  difficilement  les  craintes  qu'elle  inspire.  Quoi  de  plus 
simple  en  effet  et  de  plus  logique  que  d'introduire,  dans  une  commis- 
sion destinée  à  surveiller  le  classement  et  l'inventaire  de  riches  archives, 
des  membres  du  parlement,  des  historiens  et  des  archivistes  de  profes- 
sion, à  côté  des  marins,  qui  aujourd'hui  sont  seuls  chargés  de  cette 
mission  et  n'ont  peut-être  pas  toutes  les  connaissances  spéciales  qu'exige 
ce  service  ? 

On  sait  cependant  les  effets  désastreux  qu'a  produits  ce  système.  Les 
conservateurs,  peu  gênés  par  la  surveillance  de  cette  commission,  qui, 
parait-il,  ne  tient  qu'une  seule  séance  chaque  année,  ont  laissé  dans  le 


120 

plus  grand  désordre  l'admirable  dépôt  dont  ils  avaient  la  charge  et  la 
direction.  Encore  anjourd'hoi  les  documents  ne  sont  pas  classéi  et  les 
cartons  d'une  même  série  sont  dispersés.  Il  est  vrai  qne,  dans  ces  der- 
nières années,  on  a  réuni  et  relié  ensemble  un  grand  nombre  de  pièces 
et  qu'on  a  formé  des  milliers  de  volumes  ;  mais  cette  opération  s'est 
faite  si  vite  et  dans  do  telles  conditions,  que  le  remède  a  de  beaucoup 
aggravé  le  mal  et  qu*il  en  est  résulté  une  confusion  incroyable.  Il  n'y  a 
pas  d'inventaire  où  ces  titres  soient  décrits  et  analysés  et  oii  lenr 
nombre  soit  enregistré.  On  ne  s'est  mi^me  pas  imposé  la  peine  de 
donner  un  numéro  d  ordre  anx  volumes  et  aux  cartons  et  de  compter 
les  pièces  contenues  dans  chacun  d'eux,  et,  comme  les  documents  ne 
portent  pas  l'empreinte  du  timbre  de  ces  archives,  on  peut  enlever  tous 
ceux  qui  ont  quelque  valeur  sans  que  jamais  personne  puisse  s'en  aper- 
cevoir. Aussi  les  voleurs  qui  ont  la  spécialité  d'exploiter  les  dépôts 
d'archives  ont  eu  beau  jeu  dans  cette  collection  si  riche  en  titres  pré- 
cieux, et,  comme  le  disait  tout  récemment  un  illustre  savant,  depuis 
Libri  jusqu'à  nos  jours  les  catalogues  d'autographes  sont  remplis  de 
documents  soustraits  aux  archives  de  la  marine. 

Il  est  facile  de  prouver  que  ce  n'est  pas  là  un  vain  bruit,  et  nous 
pourrions  citer  de  nombreux  catalogues  qui  nous  fourniraient  des 
preuves  sans  nombre  de  ce  fait  scandaleux.  Mais  je  dois  au  moins  dans 
cette  lettre  me  borner  aux  plus  frappants  et  je  prendrai  seulement  les 
inventaires  des  deux  collections  les  plus  récentes  et  les  plus  impor- 
tantes. Gela  suffira,  je  l'espère,  monsieur  le  directeur,  pour  convaincre 
les  personnes  les  plus  hostiles  à  la  réforme  proposée. 

Dans  le  catalogue  de  l'incomparable  collection  d'autographes  formée 
par  M.  Benjamin  Fillon,  il  y  a  toute  une  série  spécialement  consacrée  aux 
navigateurs,  qui  fut  vendue  aux  enchères  à  l'hôtel  Drouot,  en  juillet 
1878.  On  y  trouve  décrites  les  pièces  suivantes,  qui,  sans  aucun  doute, 
sont  indûment  sorties  des  archives  de  la  marine  à  une  époque  difficile 
à  déterminer,  mais  postérieure  à  1837,  au  moins  pour  l'une  d'elles.  Je 
copie  l'inventaire  publié  par  M.  Etienne  Gharavay. 

«  N«  639.  —  Lapérouse  (Jean-François  de  Galaup,  comte  de). 

<  Pièce  signée  ;  à  bord  de  la  Boussole^  28  juillet  1785,  une  page  in-i2 
c  oblong. 

«  Visa  sur  une  demande  écrite  et  signée  par  le  chevalier  de  Glonard. 
c  Gette  pièce  est  de  peu  antérieure  au  départ  de  l'expédition  scientifique 
<  pendant  laquelle  Lapérouse  et  Glonard  périrent  tous  deux.  » 

f  660.  —  Bougainviïle  (Louis-Antoine  de). 

a  Pièce  signée  ;  à  bord  de  la  Boudeuse,  11  décembre  1767,  une  page 
c  in-folio  ;  2®  pièce  signée  ;  à  bord  de  la  Boudeuse^  10  janvier  1769, 
«  3/4  de  page  in-folio. 

«  Procès- verbaux  dressés  pendant  le  voyage  de  Bougainviïle  autour  du 
c  monde,  le  premier  dans  le  détroit  de  Magellan,  le  second  dans  la  rade 


124 

«  du  Gap  de  Bonne-Espérance.  La  pièce  est  signée  de  plusieurs  officiers 
c  de  l'expédition.  > 

«  661.  Dumont  d'Urville  (Jules-Sébastien-Gésar). 

ff  Proposition  d'un  officier,  d'un  dessinateur  et  d'un  secrétaire.  Pièce 
«  autographe  signée  ;  17  avril  1837,  2  p.  in-4o. 

«  Dumont  d'Urville  préparait  alors  sa  dernière  expédition,  qui  partit 
«  de  Toulon  le  7  septembre  suivant.  L'officier  proposé  était  Marescot, 
c  enseigne  de  vaisseau,  qui  s'embarqua  sur  la  Zélée  ;  le  dessinateur, 
c  Ernest- Auguste  Goupil ,  le  secrétaire,  Casimir  Desgraz,  qui  prirent 
«  l'un  et  l'autre  place  sur  V Astrolabe.  Au  bas  se  trouve  l'approbation  de 
«  l'amiral  Rosamel,  alors  ministre  de  la  marine.  > 

Il  est  indéniable  que  ces  trois  documents  importants  ont  été  dis- 
traits des  archives  de  la  marine,  du  fonds  intitule  :  Campagnes^  fonds 
qui  a  été  classé  et  relié  de  la  façon  la  plus  déplorable. 

Mais  voici  une  série  de  curieux  exemples,  que  tous  ceux  qui  le 
désireront  pourront  facilement  vérifier  : 

Le  lundi  7  mars  et  les  deux  jours  suivants,  on  vendra  à  la  salle 
Silvestre  l'importante  collection  d'autographes  de  feu  M.  Ghambry 
et  les  pièces  seront  exposées,  du  2  au  4  mars,  chez  l'expert, 
M.  E.  Gharavay,  qui  en  a  dressé  le  catalogue.  Parmi  vingt  autres 
pièces,  je  choisis  les  suivantes,  qui  me  paraissent  les  plus  importantes  : 

«  40.  Bart  (Jean).  Lettre  signée  à  monseigneur...  (18  septembre  1695), 
t  1  page  1/2  in-4«. 

«  Compte-rendu  du  voyage  ot.  il  accompagnait  le  prince  de  Gonti  qui 
c  se  rendait  en  Pologne  dont  il  avait  été  élu  roi.  > 

«  211.  M.  Duguay-Trouin  (René).  Lettre  autographe  signée  à  mon- 
ff  seigneur...  Brest,  16  décembre  1708,  3  pages  in-folio. 

a  Superbe  lettre  oi!i  il  sollicite  des  grâces  pour  ses  armateurs,  qui  ont 
a  subi  de  grandes  pertes.  11  expose  ensuite  un  projet  de  campagne,  mais 
«  demande  le  secret.  > 

<  21 7.  Duquesne  (Abraham) .  Lettre  autographe  signée  à  monseigneur. . . 
«  Le  Havre,  17  juin  1670,  2  pages  in-4*>. 

«  Il  vient  de  donner  ses  avis  sur  les  travaux  du  port  du  Havre  et  il 
«  va  revenir  à  la  cour.  » 

c  493.  Orléans  (duc  d').  Lettre  autographe  signée  L.-P.  Joseph  Éga- 
t  lité,  au  ministre  ;  Paris,  31  janvier  1793.  3/4  de  p.  in-4®. 

«  Belle  lettre  de  remerciements  de  l'envoi  de  son  brevet  d'amiral  des 
<c  armées  navales  de  la  république  française.  > 

«  620.  Suffren  (Pierre- André,  bailli  de).  Lettre  autographe  signée  à 
(C  monseigneur...;  à  bord  de  la  Mignon^  au  Pirée,  26  janvier  1775, 
c  2  pages  1/4  in-folio. 

«  Superbe  lettre  oi!i  il  rend  compte  de  la  mission  qui  lui  avait  été 
<  confiée.  > 

«  636.  Tourville  (Anne  Hiiarion  de  Gostentin,  marquis  de).  Lettre 


422 

c  autographe  signée  a  monseigneur...,  rade  d'Alger,  9  septembre  (1682), 
«  8  pages  in-folio. 

(t  Pièce  historique  où  il  rend  compte  des  opérations  devant  Alger  et 
c  critique  la  conduite  de  Duquesne.  Très  curieux  détails  à  ce  sujet.  » 

Tous  ces  documents  si  importants  pour  notre  histoire  ont  été 
adressés  aux  ministres  de  la  marine  et  ont  été  dérobés  aux  archives  de 
ce  ministère.  Il  est  facile  de  s'en  assurer  par  un  rapide  examen.  Par 
exemple,  nous  allons  décrire  sommairement  la  lettre  de  Duguay-Trouin 
au  ministre  Jérôme  Phyli peaux  de  Pontchartrain.  Elle  porte  en  tôte  le 
nom  du  bureau  auquel  elle  fut  renvoyée  et  le  numéro  de  Tenr^stre- 
ment  :  c  Prises  n*  35  >,  et  au  dos  on  lit  cette  mention  :  c  M.  de  Riche- 
bourg,  réponse.  »  C'est  le  nom  du  premier  commis  chargé  par  le 
ministre  de  lui  fournir  des  rcnsciguements  et  de  préparer  un  projet  de 
réponse.  On  voit  que  certainement  cette  pièce  a  fait  partie  du  fonds  des 
prises,  qu'elle  en  a  été  enlevée  par  un  voleur  et  qu'elle  est  ensuite 
arrivée  plus  ou  moins  directement  dans  la  collection  de  M.  Ghambry. 

Si  les  pièces  contenues  dans  ces  riches  archives  étaient  classées, 
inventoriées  et  comptées,  les  conservateurs  auraient  les  moyens  de 
découvrir  les  vols  qu'on  pourrait  commettre  dans  leur  dépôt,  et,  si  les 
titres  étaient  décrits  dans  un  bon  inventaire  et  s'ils  portaient  une 
estampille,  on  pourrait  revendiquer  ceux  qui  auraient  été  dérobés,  quand 
ils  viendraient  à  passer  en  vente. 

Aujourd'hui  cela  est  absolument  impossible  et  il  est  permis  de  dire 
tout  haut  que  les  documents  les  plus  précieux  pour  notre  histoire  sont 
à  la  merci  de  tous  ceux  qui  ont  accès  dans  les  archives  du  ministère  de 
la  marine.  Par  contre,  ils  sont  pour  ainsi  dire  complètement  inutiles 
aux  historiens,  car  il  est  impossible  de  faire  des  recherches  sérieuses 
dans  ce  dépôt,  puisqu'il  n'est  ni  inventorié,  ni  classé. 

Vous  voyez,  monsieur  le  directeur,  qu'il  est  grand  temps  qu'une 
réforme  radicale  soit  opérée  dans  ce  service  si  important  et  que  la 
presse  n'aura  jamais  donné  son  concours  à  une  œuvre  plus  utile  et  plus 
urgente.  L'honneur  de  la  France  est  engagé  dans  cette  question,  car 
déjà  les  savants  européens  n'ont  eu  que  trop  d'occasion  de  se  moquer  de 
nous  au  sujet  des  soi-disant  historiographes  de  la  marine  française. 
Aussi  j'ai  le  ferme  espoir  que  M.  l'amiral  Cloué,  éclairé  sur  la  valeur 
des  objections  présentées  par  les  intéressés,  triomphera  de  toutes  les 
résistances  et  prendra  des  mesures  pour  assurer  dans  ce  beau  dépôt  un 
ordre  durable. 

Enfin  M.  Flammermont  a  fait  insérer  la  note  suivante  dans  la  Revue 
politique  et  littéraire  du  12  mars  : 

Rarement  article  de  revue  aura  atteint  son  but  et  obtenu  un  résultat 
utile  avec  autant  de  promptitude  que  celui  de  M.  Jules  Flammermont 


428 

sur  les  Archives  du  ministère  de  la  marine,  inséré  dans  notre  numéro 
du  19  février.  M.  Flammermont,  on  s'en  souvient,  signalait  le  désordre 
extrême  qui  règne  dans  ce  précieux  dépôt,  les  défectuosités  du  classe- 
ment, les  fantaisies  de  l'inventaire.  Il  ajoutait  que  dans  Tétat  actuel  de 
cette  belle  collection  les  vols  les  plus  considérables  pouvaient  se  com- 
mettre impunément.  Il  exprimait  le  vœu  que  le  comité  des  archives  de 
la  marine  reçût  dans  son  sein  des  archivistes  et  des  hommes  compé- 
tents, sachant  ce  que  c'est  que  classer,  inventorier  et  garder  des  docu- 
ments. —  Le  7  mars  dernier,  M.  l'amiral  Cloué  annonçait  à  la  com- 
mission  du  budget  que  «  ces  archives  seraient  placées  désormais  sous 
la  surveillance  de  la  commission  des  documents  historiques  ^  » 

Voilà  donc  un  grand  pas  de  fait.  U  faut  dire  que  notre  collaborateur 
n'avait  pas  tardé  à  prouver  que  les  vols  étaient  possibles  en  établissant 
qu'il  y  avait  eu  des  vols  commis.  Le  3  mars,  il  adressait  au  Siècle  une 
lettre,  publiée  le  lendemain,  dans  laquelle  il  désignait  nominativement 
une  série  de  pièces,  des  plus  importantes,  qui  avaient  été  soustraites 
aux  archives  de  la  marine.  Les  unes,  faisant  partie  de  la  collection  de 
M.  Benjamin  Fillon,  avaient  été  vendues  à  l'hôtel  Drouot  en  juillet 
1878;  les  autres,  appartenant  à  la  collection  Ghambry,  étaient  à  la 
veille  de  figurer  dans  une  vente,  les  7,  8  et  9  mars.  De  celles-ci 
M.  Flammermont  signalait  six,  dont  il  donnait  la  description. 

En  réponse,  la  Liberté  publia  dans  son  numéro  du  5  mars  cette  note 
quasi-officieuse  : 

c  M.  Jules  Flammermont  révélait  récemment,  dans  la  Revue  politique 
et  littéraire,  l'état  de  désordre  dans  lequel  se  trouvent  les  archives  de  la 
marine.  Il  résulte  d'une  lettre  de  cet  archiviste  que  ce  précieux  dépôt 
serait  mis  au  pillage  par  des  amateurs  qui  y  prennent  à  leur  gré  des 
pièces  du  plus  haut  intérêt. 

t  Les  révélations  faites  par  M.  Flammermont  ne  sont  que  trop  fon- 
dées :  des  pièces  importantes  ont  disparu  des  archives  de  la  marine,  où 
ne  régnait  pas  sans  doute  le  même  ordre  que  l'on  trouve  dans  tous  les 
autres  services  de  l'administration  centrale.  La  disparition  de  ces  pièces 
a  vivement  impressionné  l'honorable  ministre  de  la  marine,  qui  a  immé- 
diatement nommé  une  commission  pour  faire  une  enquête  à  ce  sujet  ; 
cette  commission  fonctionne  depuis  plusieurs  jours,  et  nos  renseigne- 
ments nous  permettent  d'affirmer  que  des  mesures  énergiques  vont  être 
prises  pour  arriver  à  la  découverte  de  la  vérité  et  surtout  à  reconnaître 
sur  qui  doit  retomber  la  responsabilité  du  détournement  des  auto- 
graphes. » 

En  effet,  opposition  avait  été  mise  à  la  vente  des  pièces  indiquées.  Il 
n'y  aurait  donc  qu'à  s'applaudir  du  résultat  qui  a  immédiatement 

1.  Voir  le  procès- ?erbal  de  cette  séance  de  la  commission  du  budget  dans  la 
République  française  du  mercredi  9  mars. 


424 

récompensé  les  offortB  de  notre  collaborateur.  Toutefois,  si  nous  nous 
félicitons  de  voir  les  archives  de  la  marine  passer  sous  la  surveillance 
de  la  commission  des  documents  historiques,  nous  prenons  acte  avec 
un  plaisir  égal  de  cette  déclaration  de  M.  Tamiral  Cloué  devant  la  com- 
mission du  budget,  qu'il  allait  c  préparer  une  réorganisation  du  ser- 
vice ».  C'est  un  point  qui  nous  parait  aussi  important  que  la  tutelle  de 
la  commission  des  documents  historiques.  Il  ne  sufQt  pas  que  la  haute 
surveillance  soit  mise  en  des  mains  compétentes  ;  il  est  essentiel  qne 
les  employés  des  archives  soient  eux-mêmes  compétents  et  rompus  an 
métier.  Nous  croyons  que  cette  nécessité  a  déjà  frappé  Tattention  de 
M.  le  ministre.  Chose  singulière  !  TÉtat  entretient  une  école  spéciale 
pour  former  des  archivistes,  que  souvent  il  case  mal  et  quelquefois  ne 
case  pas  du  tout,  après  qu'ils  ont  obtenu  un  diplôme  qui  est  le  fruit 
de  sérieux  efforts  ;  et  les  ministères  n'ont  pas  toujours  soin  de  confier 
à  des  archivistes  paléographes  la  garde  des  documents  qu'ils  possèdent. 
La  conséquence,  la  voici  :  M.  Flammermont  avait  désigné,  à  titre 
d'exemples,  six  pièces  parmi  celles  qu'annonçait  le  catalogue  de  la  vente 
Chambry  :  ces  six  pièces  seulement  ont  été  revendiquées  par  le  minis- 
tère. D'autres,  également  importantes,  également  soustraites  à  la 
marine,  ont  passé  tranquillement  dans  les  mains  de  nouveaux  proprié- 
taires. M.  Flammermont  a  pu  en  sauver  une,  de  ses  deniers  (une  lettre 
de  Dugommier  au  citoyen  Adct,  adjoint  au  ministre  de  la  marine,  en 
date  du  8  juillet  1793).  U  était  facile,  avec  le  catalogue,  de  revendiquer 
tout  ce  qui  était  le  bien  de  l'État.  Seulement  il  fallait  s'en  aviser  ;  c'est 
ce  qu'auraient  fait  des  hommes  du  métier.  Qn  voit  qu'il  y  a  urgence  à 
f  réorganiser  »  ce  service. 

Le  Siècle  du  20  mars  fait  connaître  la  composition  de  la  nouvelle 
commission  des  archives  de  la  marine.  Nous  y  remarquons  avec  plaisir 
le  nom  d'un  de  nos  confrères.  Les  membres  de  la  commission  sont 
aujourd'hui  MM.  le  contre-amiral  Périer  d'Hauterive,  président,  Giraud, 
commissaire  général,  CourejoUes,  capitaine  de  frégate,  et  Didier-Neu- 
ville, archiviste  paléographe. 


FACULTÉ  DE  DROIT  DE  PAÏUS. 

PRIX  DU  CONCOURS  ROSSI. 

En  exécution  du  legs  de  M°^«  la  comtesse  Rossi,  la  faculté  de  droit 
de  Paris  met  au  concours  les  questions  suivantes  pour  1883  : 

LÉGISLATION  CIVILE.  —  Exposer^  Comparer  et  apprécier  les  règles  établies 
par  le  droit  romain^  le  droit  français  ancien  et  moderne  et  les  principales 
législations  étrangères  pour  la  protection  des  intérêts  moraux  et  pécU' 


425 

niaires  des  mineurs.  —  Jusqu'à  un  certain  âge,  l'homme  est  incapable, 
ou  du  moins  n'est  pas  pleinement  capable  de  se  diriger  lui-même  et  de 
pourvoir  à  la  gestion  de  ses  affaires.  La  législation  a  dû  intervenir  sous 
un  double  aspect  :  —  en  déterminant  l'étendue  et  les  effets  de  l'inca- 
pacité qui  résulte,  pour  le  mineur,  de  la  faiblesse  de  l'âge,  —  et  en 
organisant  un  ensemble  de  mesures  destinées  à  suppléer  à  cette  inca- 
pacité dans  le  gouvernement  de  la  personne  et  dans  le  gouvernement 
des  biens.  —  La  faculté  désire  une  étude  d'histoire  du  droit  et  de  droit 
comparé  sur  ces  deux  aspects  de  la  législation  relative  à  la  protection 
des  mineurs.  Elle  ne  demande  pas  que  les  concurrents  descendent  dans 
le  détail  des  controverses  d'application,  mais  qu'ils  exposent  les  sys- 
tèmes législatifs  et  les  théories  juridiques  dans  leurs  données  fonda- 
mentales, en  insistant  sur  la  sécurité  plus  ou  moins  grande  qui  en 
résulte  pour  les  intérêts  qu'il  s'agit  de  sauvegarder,  sur  les  avantages 
ou  les  inconvénients  que  peuvent  présenter  les  garanties  de  divers 
ordres  imaginées  par  la  loi  au  profit  des  mineurs.  —  L'attention  des 
concurrents  doit  se  porter  d'ailleurs  sur  tous  les  mineurs,  qu'ils  soient 
ou  non  en  tutelle. 

DRorr  CONSTITUTIONNEL.  —  Du  pouvoiv  législatif  en  France  depuis  Vavè- 
nement  de  Philippe  le  Bel  jusqu'en  1789.  —  Les  concurrents  auront  à 
rechercher  à  qui  appartint  en  droit,  et  par  qui  fut  exercé  en  fait,  le  pou- 
voir législatif  depuis  l'avènement  de  Philippe  le  Bel.  Leur  attention 
devra  se  porter  principalement  sur  les  points  suivants  :  !•  Quel  était,  à 
l'avènement  de  Philippe  le  Bel,  l'autorité  attachée  aux  ordonnances 
royales  ?  quel  était  le  pouvoir  des  seigneurs  en  matière  législative  ? 
2"  Comment  et  dans  quelle  forme  se  développa  l'exercice  du  pouvoir 
législatif  par  la  royauté  ?  3"  Quels  furent  les  droits  reconnus  aux  états 
généraux  ou  réclamés  par  eux  en  matière  législative  ?  dans  quelle  me- 
sure participèrent-ils  en  fait  à  l'exercice  du  pouvoir  législatif  par  la 
royauté  ?  4®  Même  question  en  ce  qui  concerne  les  parlements.  Les  con- 
currents auront  en  outre  à  étudier  la  matière  des  arrêts  de  règlement. 
5°  Quelles  furent  sur  le  pouvoir  législatif  les  principales  théories  émises 
en  France  au  cours  du  xvm*»  siècle  et  quels  furent  les  vœux  exprimés 
dans  les  cahiers  des  états  généraux  de  1789  ? 

Les  mémoires,  écrits  en  français  ou  en  latin,  devront  être  déposés  au 
secrétariat  de  la  faculté,  au  plus  tard  le  31  mars  1883.  Toute  personne 
est  admise  à  concourir.  La  valeur  de  chacun  des  prix  est  de  2,000  fr. 
Il  pourra  être  accordé  des  mentions  honorables  aux  mémoires  qui 
auront  le  plus  approché  du  prix.  Les  noms  des  auteurs  qui  auront  obtenu 
des  mentions  ne  seront  connus  et  publiés  que  sur  leur  demande. 


426 


GRAMMAIRE  GRECQUE  DU  IX«  SIÈCLE. 


IjO  manuBcrit  latin  528  de  la  Bibliothèque  nationale,  qui  contient  on 
grand  nombre  d^opuscules  de  diirérents  auteurs,  a  été  décrit  en  détail 
par  M.  Vj.  Dûmmlcr  dans  le  Neues  Arcfu'v  der  Gesellschaft  ffkr  aeUere 
deutsche  Gcschichtkunde  (1878,  IV,  404-106).  Les  poésies  de  Paul  et 
Pierre  Diacres  qui  on  occupent  la  plus  grande  partie  viennent  d'être 
publiées  par  lo  même  savant  dans  les  Monumenta  GermaniM  hisioHea 
(Poetarum  Latinorum  medii  acvi  I,  i,  4880,  p.  27  s.).  Parmi  les  opus- 
cules encore  inédits  que  renferme  ce  manuscrit  du  iz«  siècle,  j'ai  pensé 
qu'il  n'était  peut-être  pas  inutile  de  faire  connaître  une  petite  gram- 
maire grecque,  rédigée  sous  forme  de  dialogue,  et  qui  se  trouve  aux 
folios  434  v<>-435.  C'est  un  document  qui  montrera  une  fois  de  plus  dans 
quelle  décadence  étaient  tombées   les  études  grecques  en  Occident, 
malgré  leur  renaissance  momentanée  au  \iu*  siècle. 


TI  ECTIN  DOCTUS. 

MEPoc  Auru. 

TI  MEPOC  AUrU  ESTIN. 

ONOMA  ECTIN. 

IIOCA  lUPEQONTE  TUTO  ONOMATI. 

EX. 

IIOiA. 

IIOIOTIC,  CYNCPICIC,  GENOC. 

APITHMOC,  CKEMA,  nTHOCIC. 

TINOC  IlOIOTITOC  ECTIN. 

IIPOCITOPIKIAC. 

TIC   BATMOC  CINKPICEOC  ECTIN. 

THETICOC  [corrigé  en  thbtikoc]. 

CYNKPICEOC  BATHMI  nOIOCIN. 

TRIC. 

noioi. 

THETIKOC. 

CiNKPITIKOC. 

YUEPTETIKOC. 

TINOC  TENOC  ECTIN. 

APENIKU. 

THIAIKON. 

UDETÉPU. 

KOINON. 

HANTOC. 

EIIIKOINON. 

TINOC  PITMOY  [corrigé  en  pithmot]. 

ENIKU. 

nAITHIMIKOCEOC. 

TINOC  CXEMATOC. 

AIIAOY. 

CINeETOY. 


Quid  est  doctas. 

Pars  orationis. 

Quae  pars  orationis  est. 

Nomen  est. 

Quot  accédant  haie  nomini. 

Sex. 

Quae. 

Qualitas,  conparatio,  genus. 

Numerus,  figura,  casas. 

Cuius  qualitatis  est. 

Appellatiuae. 

Quis  grados  conparationis  est. 

Positiuus. 

Conparationis  gradns  quot  sont. 

Très. 

Qui. 

Positiaus. 

Conparatiuus. 

Superlatiuus. 

Cuius  generis  est. 

Masculini. 

Feminini. 

Neutri. 

Communis. 

Omnis. 

Promiscui. 

Cuius  numeri. 

Singularis. 

Pluralis. 

Cuiu[8]  fignrae. 

Simplicis. 

Gonpositae. 


427 


TINOC IITHOCEOC. 

ONOMACTICI. 

TINOC  KAICEOC. 

EKAINON. 

ONOMA,  ANTONIMA. 

PIMA,  EHIPPIMA. 

METOXI,  CINDECMOC. 

nPOTECIC,  CKETAIACMOC. 

ONOMACTICI. 

GENEKI,  DOCTIKI. 

ETIATIKl. 

KAITIKI. 

E<^EPETIKI. 

nPOTI. 

DEOYTBPAC. 

TPITIC. 

TETAPTIC. 

nENTIC. 


Cuias  casas. 

NominaUui. 

Guius  declinationis. 

Déclina. 

Nomen,  pronomen. 

Yerbum,  ad?erbiuin. 

Participium,  coniunctio. 

Prepositio,  interiectio. 

Nominatiuus. 

Geniliaus,  datiuus. 

Accusatiuus. 

Yocatiuus. 

Ablatiaus. 

Primae. 

Secundae. 

Tertia[e]. 

Quartoe. 

Quintaé. 

H.  Omont. 


MAITRE  ARNAULT, 

ASTBOLOaUE  DE  CHARLES  YI  ET  DES  DUCS  DE  BOURGOGNE. 

M.  Léopold  Delisle  publiait  dans  la  livraison  de  novembre-décembre 
1880  du  Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  de  Paris  (p.  164),  d'après  un 
manuscrit  de  Tours  (n*  570  du  catalogue  Dorange),  cette  épitaphe  d'un 
astrologue  de  Charles  VI  ; 

Epitaphium  magistri  Arnuldi 
quondam  régis  Karolli  sexti  peritissimi  astrologi, 

Providus  vates  dubiis  in  astris, 
Doctor  Arnuldus,  speculatus  olim 
Sideris  fixi  fluidique  loges, 
Hic  jacet,  clero  lacrimandus  omni. 
Aureos  solis  radios  relinquens, 
Fronte  curvata  penitus  deorsum, 
Perdidit  lucem,  patiens  eclipsim 
Quam  pati  solem  tociens  videbat. 
Sexta  septembris  dédit  hune  sépulcre, 
M  quater  centum  numerando  LVXI. 
Qui  Dei  dono  pedibus  sub  altis 
Trans  caput  visos  videat  planetas . 

Il  est  intéressant  de  signaler  l'existence  à  la  Bibliothèque  nationale 
d'un  manuscrit  autographe  de  ce  même  astrologue.  On  lit  en  tête  de  ce 
manuscrit,  n»  7295  du  fonds  latin,  qui  contient  différents  traités  de 
musique,  la  note  suivante  écrite  par  un  contemporain  : 


428 

c  Qui  quidem  liber  scribitur  manu  acutissimi  et  item  diligentissimi 
viri  magistri  Henrici  Arnault,  ducum  Burgundie  medici  et  astrologi 
profundissimi,  oriundi  ab  oppido  de  Z wolis  ^  in  Germania,  qui,  domicîlio 
in  urbe  Divionensi  electo,  plurima  instrumenta  astrologica  construxit, 
spocialitcr  illud  quod  in  libraria  regia  faberrime  conspicitur  extructum 
apud  Turonas,  id  tamcn  in  Castro  Blesensi  fertur  fuisse  translatum. 
Obiit  autem  anno  Domini  1465,  estque  sepulchrum  ejnsdem  in  ede 
divi  Stephani  Divionensis,  ante  sacellum  in  quo  baptismales  fontes 
constructi  sunt,  média  in  area  vie  majoris.  » 

Et  plus  loin  (fol.  21)  : 

c  Magister  Henricus  Arnault,  medicus,  Alemanus  de  Zwolis,  qui 
olim  Divione  domicilium  elegit,  superiorem  litteram  scripsit  et  hune 
librum  suo  labore  compilavit,  clams  scientia  horologiorum,qui,  in  ede 
beati  Stephani  Divionensis  sepultus  média  navi,  plurimum  laudis  sibi 
reliquit.  Anno  1460.  •  (1466?) 

On  peut  également  rapprocher  do  ces  documents  les  quelques  mots 
que  Symon  de  Phares  a  consacrés  à  maître  Amault  dans  son  Recueil 
des  plus  célèb7*es  astrologues  (Bibl.  nat.,  ms.  français  1357,  fol.  159  y*)  : 

«  1466.  —  Maistre  Arnoul,  duquel  maistre  Robert  Gaguin  fait  men- 
tion en  ses  Croniques^^  mourut  astrologue  du  roy  Charles  VU*  à  Paris 
de  la  grande  peste  qui  fut  lors,  de  laquelle  il  avoit  pronostiqué.  Et 
mourut  en  la  rue  de  la  Mortellerie  près  Grève  ;  et  la  cause  fut  pour  ce 
qu'il  alla  visiter  une  grant  dame,  qui  avoit  la  peste.  » 

H.  Omont. 


1.  Sans  doute  Zwolle  (Pays-Bas). 

2.  Voici  le  passage  de  la  Mer  des  croniqvst  auquel  il  est  fait  allusioD  : 
c  Durant  lesquelz  jours,  c'est  assavoir  l'an  de  grâce  mil  ccco.  lxyi,  très  griefve 
et  horrible  pestilence  persécuta  les  Parisiens...  De  laquelle  maladie  Amauld, 
astrologue  de  Loys,  et  plusieurs  docteurs  en  médecine  furent  estranglez...  »  (édi- 
tion de  R.  Chaudière,  s.  d.,  fol.  glzxzy  y"). 


:ips  ne 

it  suite 

...  Lre  Ifls 

jUIil!  itterre, 

lie  dut 

■•tabUe 

MŒff^  leresse 

II,  plus 

selOTB 

Lisimrs 
idne  au 


•  luagis- 
*Pf««^  .itants  à 


.  quatre 
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•■■ffcn,  le  l'héri- 

■f  Ùe;-  'jà  rentrée 

^Wr (),  Aumois 

**fc:  de  Cadolla. 

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■ff^.  iH  absolument 

■fc^  permettent  de 

It^E,  ji  fut  pas  moins 

U^  Toulouse  eut  à 

Bk.  d'administrer  le 
^                                                                       ^  des  autres  co-sei- 


i,  p.  It4;  d'aprËs  Znrita. 
\l,  p.  752  et  794. 


'  %  «^«îi^nalet,  l.  Il,  p.  514  a. 


i 


^ 


'^ 


430 

été  choisi  comme  centre  d*liabitation  par  les  anciennes  races,  le 
nombre  des  stations  gauloises  et  romaines  de  la  France  serait 
plus  que  doublé.  Plus  prudent  que  Dusan,  Bosc^  et,  h  sa  suite,  de 
GaujaP  avaient  placé  la  construction  du  premier  château  de  Najac 
vers  l'an  1100.  Celte  date  peut  être  admise,  car  la  plus  ancienne 
mention  d'un  seigneur  de  Najac  se  trouve  dans  un  acte  que  dom 
Yaissète  date  d'environ  1109^.  Dans  cet  acte,  relatif  aux  sires  de 
Penne  d'Albigeois,  paraît  un  Pierre  de  Naiag  ^.  Un  certain  Gauz- 
bert  de  Najac,  âls  ou  petit-âls  du  précédent,  est  nommé  en  1152 
et  1162  dans  des  actes  des  vicomtes  de  Carcassonne  et  d'Albi*. 
En  1190,  figure  dans  un  acte  d'Albi  un  Pierre  de  Najac*.  En 
1208,  Guilhem  Bernard  de  Najac  assiste  à  l'engagement  du  pays 
de  Laissaguez,  consenti  à  Raimond  VI  parle  comte  de  Rodez'.  Le 
même  paraît  dans  plusieurs  actes  du  xiu^  siècle  ;  vassal  du  comte 
de  Toulouse,  il  s'engage,  en  1226,  à  soutenir  Raimond  VII  dans 
sa  lutte  contre  le  roi  de  France  et  l'Eglise*.  Douze  ans  plus  tard 
(1238,  23  mai),  il  figure  encore  dans  un  acte  intéressant  les 
vicomtes  de  Saint-Antonin®. 

  cette  époque,  sans  doute  à  la  suite  de  partages  de  famille,  la 
baronnie  de  Najac  était  devenue  une  co-seigneurie.  Dans  Tacte 
de  1226,  figure,  à  côté  de  Guilhem  Bernard,  un  autre  seigneur 
nommé  Peire  Gros.  En  1244,  plusieurs  chevaliers,  Guilhem 
Gautier  de  CadoUa,  Raimond  Bernard  de  Najac,  Garin  de  Sainte- 
Croix,  Guiscart  Donat  de  Najac,  se  portent  garants  envers  Rai- 
mond VII  de  la  fidélité  d'Uc  de  Muret,  habitant  de  Najac*®. 

1.  Mémoires  sur  le  RouerguCf  II,  p.  98. 

2.  Études  historiques  swr  le  Rouergue,  II,  p.  52. 

3.  Histoire  de  Languedoc,  noaveUe  édition,  t.  V,  col.  808. 

4.  Mentionnons  ici  l'opinion  de  M.  de  Barrau  {Documents  historiques  et 
généalogiques  sut  les  familles  du  Rouergue,  t.  II,  pp.  573-74).  Cet  auteur  fait 
descendre  de  ces  premiers  seigneurs  ceux  de  Savignac,  qui,  en  1124,  contri- 
buèrent à  la  fondation  de  l'abbaye  de  Loc-Dieu.  Mais,  comme  il  n'a  pas  jugé  à 
propos  de  citer  le  moindre  texte  à  l'appui  de  son  opinion,  nous  ne  pou?ons  que 
rindiquer  ici  pour  mémoire. 

5.  Histoire  de  Languedoc,  nouvelle  édition,  t.  Y,  col.  1130  et  1252. 

6.  Ibid.y  t.  VIII,  col.  408. 

7.  Ibid.,  t.  VIII,  col.  562. 

8.  Ibid.,  t.  Vlll,  col.  863. 

9.  Archives  nationales,  Trésor  des  chartes,  J  328,  n*  3^  ;  Teulet,  Layettes^ 
t.  II,  378  a. 

10.  Archives  nationales,  Trésor  des  chartes,  J  317,  n<*  29;  J  320,  n«  52  ;  Teulet, 
t.  II,  535-536. 


434 

En  dehors  de  ces  courtes  mentions,  les  actes  du  temps  ne 
citent  que  rarement  le  nom  de  notre  ville.  En  1185,  à  la  suite 
des  guerres  qui  ravageaient  le  pays,  elle  était  tombée  entre  les 
mains  du  comte  de  Poitiers,  Richard,  fils  d'Henri  II  d'Angleterre, 
que  son  allié  le  roi  d'Aragon,  AKonse,  vint  y  trouver*.  Elle  dut 
être  rendue  au  comte  de  Toulouse,  quand  la  paix  fut  rétablie 
entre  lui  et  les  princes  anglais.  C'était  dès  lors  une  forteresse 
importante,  si  l'on  en  juge  par  les  termes  de  l'acte  de  1226,  plus 
haut  indiqué  ;  aussi  le  roi  Louis  IX  en  exigea-t-il  la  remise  lors 
de  la  paix  de  Lorris,  en  1242,  et  la  fit-il  garder  pendant  plusieurs 
années  par  des  hommes  d'armes  à  sa  solde.  Elle  ne  fut  rendue  au 
comte  Raimond  qu'en  1247*. 

Dès  cette  époque,  la  ville  possédait  quelques  franchises  muni- 
cipales et  était  administrée  par  des  consuls.  En  1243,  ces  magis- 
trats, au  nombre  de  sept,  s'engagent  avec  tous  les  habitants  à 
observer  les  clauses  de  la  paix  de  Lorris^  et,  en  1249,  quatre 
consuls  et  prud'hommes  de  Najac  viennent  à  Toulouse  prêter 
serment  de  fidélité  au  comte  Alfonse  devant  les  commissaires 
envoyés  par  la  reine  Blanche  pour  prendre  possession  de  l'héri- 
tage de  Raimond  VIP. 

A  cette  dernière  date,  en  efiet,  la  ville  de  Najac  était  déjà  rentrée 
en  partie  dans  le  domaine  direct  des  comtes  de  Toulouse.  Au  mois 
de  mai  1246,  deux  des  co-seigneurs,  Guilhem  et  Guiral  de  Cadolla, 
avaient  vendu  leurs  droits  à  Raimond  VII,  moyennant  la  somme 
de  20,000  sous  de  Cahors^.  Cette  cession  fut-elle  absolument 
libre,  c'est  ce  que  les  événements  qui  suivirent  permettent  de 
mettre  en  doute.  Mais,  volontaire  ou  non,  elle  n'en  fut  pas  moins 
effective  ;  à  dater  de  cette  année,  le  comte  de  Toulouse  eut  à 
Najac  un  baile  chargé  de  le  représenter  et  d'administrer  le 
domaine,  et  ce  baile  dut  empiéter  sur  les  droits  des  autres  co-sei- 
gneurs et  chercher  à  amoindrir  leur  influence®. 


1.  Histoire  de  Languedoc,  nouirelle  édition,  t.  VI,  p.  114;  d'après  Zurita. 

2.  Histoire  de  Languedoc,  nouvelle  édition,  t.  VI,  p.  752  et  794. 

3.  Archives  nationales,  Trésor  des  chartes,  J  306,  n*»  83;  Teulet^  t.  Il,  p.  514  a. 

4.  Histoire  de  Languedoc,  nouvelle  édition,  t.  VIII,  col.  1264. 

5.  Archives  nationales,  Trésor  des  chartes,  J  322,  n"*  66  et  67;  Teulet,  t.  II, 
p.  616. 

6.  En  janvier  1249,  Raimond  VII  reçut  à  Gondom  l'hommage  de  l'un  de  ses 
nouveaux  vassaux  (Archives  nationales,  Trésor  des  chartes,  J  314,  n"*  41  ;  ori- 
ginal; Teulet  et  de  Laborde,  III,  p.  54  b). 


432 

En  dépouillant  ainsi  les  seigneurs  de  Najac,  Raimond  YII  sui- 
yait  les  règles  politiques  qu*il  semble  s*être  imposées  à  partir  de 
1229.  Pour  reconstituer  son  domaine  direct,  fort  diminue  par  le 
traité  de  Paris,  ce  prince  saisit  toutes  les  occasions  d'acquérir 
des  droits  utiles  qui  se  présentèrent,  et  c*est  ainsi  qu*il  devint 
coseigneur  d*un  grand  nombre  de  villes  de  ses  Etats.  Mais,  en 
agissant  ainsi,  il  mécontentait  les  nobles,  dont  l'influence  dimi- 
nuait d'autant,  et  c'est  ce  qui  explique  en  partie  les  événe- 
ments qui  suivirent  sa  mort,  arrivée  à  Millau,  le  27  septembre 
1249. 

On  sait  par  Guillaume  de  PuilaurensS  et  les  actes  du  temps 
prouvent  la  véracité  de  ce  chroniqueur,  que  cette  mort  prématurée 
excita  dans  tout  le  Midi  les  regrets  les  plus  cuisants,  regrets  qui 
se  manifestèrent  bruyamment  sur  le  passage  du  corps  du  prince, 
pendant  qu'on  le  transportait  à  Fontevrault.  Chez  le  peuple,  ces 
regrets  devaient  être  sincères  ;  Raimond  Vil  mort,  c'était  l'indé- 
pendance nationale  à  jamais  perdue,  le  pays  tout  entier  soumis 
à  la  domination  française.  Beaucoup  de  seigneurs  partageaient 
sansdouteces  sentiments,  mais  d'autres,  ceux  dont  le  défunt  comte 
avait  amoindri  l'autorité,  ne  virent  dans  cet  événement  qu'une 
occasion  de  reconquérir  le  terrain  perdu.  Ce  fut  surtout  dans  l'Al- 
bigeois et  dans  le  Rouergue  que  se  produisit  ce  mouvement,  assez 
timide  d'ailleurs,  et  qui  ne  dégénéra  jamais  en  révolte  ouverte. 
Un  rapport  adressé  à  Alfonse,  en  février  1253,  par  le  sénéchal 
Jean  d'Arcis^  une  enquête  d'octobre  1251,  dont  nous  publions 
des  fragments  à  la  suite  de  cet  article,  nous  montrent  les  nobles 
essayant  d'entraver  la  nouvelle  administration,  de  lui  créer  des 
embarras.  Les  tenanciers  du  comte  cherchent  à  s'afiranchir  des 
redevances  qu'ils  payaient  jadis  à  Raimond  Vil;  le  comte  et 
l'évêque  de  Rodez  empiètent  chaque  jour  sur  la  juridiction,  sur 
les  droits  du  suzerain,  lèvent  des  quêtes  et  des  tailles  dans  des 
villages  dépendant  de  son  domaine  ;  l'évêque,  pour  poursuivre 
les  hérétiques,  demande  une  partie  des  biens  qui  seront  confis- 
qués sur  eux;  les  gens  de  Figeac  font  une  expédition  à  main 
armée  contre  un  château  appartenant  à  l'abbé  de  cette  viUe  ;  en 
un  mot,  tout  le  pays  est  profondément  agité  ;  les  rebelles  essayent 

1.  Historiens  de  France,  t.  XX,  p.  772. 

2.  Archives  nationales,  Trésor  des  chartes^  J  326,  n**  40;  Teulet  et  de  Laborde, 
III,  581-584. 


433 

de  noircir  le  sénéchal  dans  l'esprit  d'Alfonse  et  le  représentent 
comme  un  homme  avide  et  vénal*. 

Dans  TAlbigeois,  le  nouveau  pouvoir  n'eut  pas  moins  de  peine 
à  s'établir.  Craignant  sans  doute  le  comte  Alfonse  qui,  en  1242, 
avait  durement  réprimé  la  révolte  des  nobles  du  ï^oitou,  les  sei- 
gneurs de  ce  pays  essayèrent  de  se  soustraire  à  son  autorité.  Le 
vulgaire  pouvait  bien  compter  vaguement  sur  une  intervention 
étrangère,  sur  celle  du  roi  de  Castille  ou  du  roi  d'Aragon*,  mais 
les  nobles  savaient  sans  doute  qu'il  ne  fallait  rien  espérer  d'auxi- 
liaires aussi  éloignés  et  aussi  dangereux,  et  c'est  à  la  reine 
mère  qu'ils  s'adressèrent,  espérant  passer  directement  sous  la 
domination  royale.  Les  seigneurs  de  Rabastens,  de  Caussade,  de 
Brens,  de  Najac  se  réunirent  à  la  Guépie^  et  proposèrent  d'envoyer 
vers  la  reine  Blanche  pour  demander  son  intervention.  Inutile 
d'ajouter  que  cette  tentative,  qui  paraît  en  effet  avoir  eu  lieu, 
n'eut  aucun  résultat^. 

En  prenant  part  à  cette  conférence,  les  seigneurs  de  Najac 
essayaient,  par  un  coup  hardi,  d'éviter  la  punition  qui  les  atten- 
dait; car  c'était  eux  qui  s'étaient  le  plus  signalés  dans  cette 
rébeUion  et  ils  devaient  craindre  d'autant  plus  la  vengeance 
d'AKonse  de  Poitiers  qu'ils  avaient  commis  plus  d'excès  et  d'usur- 
pations. 

Unjour  d'octobre  1249,  plusieurs  seigneurs  du  pays,  R.  B. 
de  Najac,  Isarn  de  Najac,  A.  de  Montaigut,  Guilhem  Barasc 
étaient  réunis  à  Najac  chez  un  certain  B.  Amblard,  quand  arrive 
l'un  des  consuls,  Uc  Paraire  :  «  Nous  sommes  tous  perdus, 
s'écrie-t-il,  le  seigneur  comte  est  mort.  —  Impossible,  répond 
Barasc,  le  seigneur  compte  ne  peut  mourir  ainsi.  »  Emus 
pourtant,  ils  sortent  et  vont  à  la  tour  comtale  ;  là  ils  trouvent  les 
consuls,  les  nobles  et  les  hommes  du  château  réunis  et  parlemen- 
tant avec  le  châtelain,  Guilhem  Raimondin;  les  mutins,  conduits 


1.  Teulet  et  de  Laborde,  Layettes  du  Trésor  des  chartes,  111,  pp.  581-584.  — 
Ces  accusations  eurent  pour  résultat  de  faire  transférer  Jean  d'Arcis  en  Venaissin 
(voyez  Boutaric,  Saint  Louis  et  Alfonse  de  Poitiers,  pp.  168-170);  mais  elles 
deyaient  être  assez  mal  fondées,  car  ses  nouveaux  administrés  n'eurent  qu'à  se 
louer  de  son  désintéressement,  désintéressement  que  rendait  encore  plus  méri- 
toire son  manque  de  fortune  personnelle  (Boutaric,  ihid.), 

2.  Voir  l'enquête  de  1251. 

3.  Aveyron,  arr.  Villefranche. 

4.  Enquête  de  1251. 


424 

récompensé  les  efforts  de  notre  collaborateur.  Toutefois,  si  nous  nous 
félicitons  de  voir  les  archives  de  la  marine  passer  sous  la  surveillance 
de  la  commission  des  documents  historiques,  nous  prenons  acte  avec 
un  plaisir  égal  de  cette  déclaration  de  M.  Tamiral  Cloué  devant  la  com- 
mission du  budget,  qu'il  allait  c  préparer  une  réorganisation  du  sep- 
vice  ».  C'est  un  point  qui  nous  parait  aussi  important  que  la  tutelle  de 
la  commission  des  documents  historiques.  Il  ne  sufQt  pas  que  la  haute 
surN'eillance  soit  mise  en  des  mains  compétentes  ;  il  est  essentiel  que 
les  employés  des  archives  soient  eux-mêmes  compétents  et  rompus  an 
métier.  Nous  croyons  que  cette  nécessité  a  déjà  frappé  l'attention  de 
M.  le  ministre.  Chose  singulière  !  TËtat  entretient  une  école  spéciale 
pour  former  des  archivistes,  que  souvent  il  case  mal  et  quelquefois  ne 
case  pas  du  tout,  après  qu'ils  ont  obtenu  un  diplôme  qui  est  le  fruit 
de  sérieux  efforts  ;  et  les  ministères  n'ont  pas  toujours  soin  de  confier 
à  des  archivistes  paléographes  la  garde  des  documents  qu'ils  possèdent. 
La  conséquence,  la  voici  :  M.  Flammermont  avait  désigné,  à  titre 
d'exemples,  six  pièces  parmi  celles  qu'annonçait  le  catalogue  de  la  vente 
Chambry  :  ces  six  pièces  seulement  ont  été  revendiquées  par  le  minis- 
tère. D'autres,  également  importantes,  également  soustraites  à  la 
marine,  ont  passé  tranquillement  dans  les  mains  de  nouveaux  proprié- 
taires. M.  Flammermont  a  pu  en  sauver  une,  de  ses  deniers  (une  lettre 
de  Dugommier  au  citoyen  Adct,  adjoint  au  ministre  de  la  marine,  en 
date  du  8  juillet  1793).  U  était  facile,  avec  le  catalogue,  de  revendiquer 
tout  ce  qui  était  le  bien  de  l'État.  Seulement  il  fallait  s'en  aviser  ;  c'est 
ce  qu'auraient  fait  des  hommes  du  métier.  Qn  voit  qu'il  y  a  urgence  à 
f  réorganiser  »  ce  service. 

Le  Siècle  du  20  mars  fait  connaître  la  composition  de  la  nouvelle 
commission  des  archives  de  la  marine.  Nous  y  remarquons  avec  plaisir 
le  nom  d'un  de  nos  confrères.  Les  membres  de  la  commission  sont 
aujourd'hui  MM.  le  contre-amiral  Péricr  d'Hauterive,  président,  Giraud, 
commissaire  général,  Courejolles,  capitaine  de  frégate,  et  Didier-Neu- 
ville, archiviste  paléographe. 


FACULTÉ  DE  DROIT  DE  PAÏUS. 

PRIX  DU  CONCOURS  R0S8I. 

En  exécution  du  legs  de  M°^<>  la  comtesse  Rossi,  la  faculté  de  droit 
de  Paris  met  au  concours  les  questions  suivantes  pour  1883  : 

LÉGISLATION  CIVILE.  —  Exposer^  Comparer  et  apprécier  les  règles  établies 
par  le  droit  romain^  le  droit  français  ancien  et  moderne  et  les  principales 
législations  étrangères  pour  la  protection  des  intérêts  moraux  et  pécu^ 


425 

niaires  des  mineurs,  —  Jusqu'à  un  certain  âge,  l'homme  est  incapable, 
ou  du  moins  n'est  pas  pleinement  capable  de  se  diriger  lui-même  et  de 
pourvoir  à  la  gestion  de  ses  affaires.  La  législation  a  dû  intervenir  sous 
un  double  aspect  :  —  en  déterminant  l'étendue  et  les  effets  de  l'inca- 
pacité qui  résulte,  pour  le  mineur,  de  la  faiblesse  de  l'âge,  —  et  en 
organisant  un  ensemble  de  mesures  destinées  à  suppléer  à  cette  inca- 
pacité dans  le  gouvernement  de  la  personne  et  dans  le  gouvernement 
des  biens.  —  La  faculté  désire  une  étude  d'histoire  du  droit  et  de  droit 
comparé  sur  ces  deux  aspects  de  la  législation  relative  à  la  protection 
des  mineurs.  Elle  ne  demande  pas  que  les  concurrents  descendent  dans 
le  détail  des  controverses  d'application,  mais  qu'ils  exposent  les  sys- 
tèmes législatifs  et  les  théories  juridiques  dans  leurs  données  fonda- 
mentales, en  insistant  sur  la  sécurité  plus  ou  moins  grande  qui  en 
résulte  pour  les  intérêts  qu'il  s'agit  de  sauvegarder,  sur  les  avantages 
ou  les  inconvénients  que  peuvent  présenter  les  garanties  de  divers 
ordres  imaginées  par  la  loi  au  profit  des  mineurs.  —  L'attention  des 
concurrents  doit  se  porter  d'ailleurs  sur  tous  les  mineurs,  qu'ils  soient 
ou  non  en  tutelle. 

DRorr  CONSTITUTIONNEL.  —  Du  pouvoiv  législatif  en  France  depuis  Vavè" 
nement  de  Philippe  le  Bel  jusqu'en  1789.  —  Les  concurrents  auront  à 
rechercher  à  qui  appartint  en  droit,  et  par  qui  fut  exercé  en  fait,  le  pou- 
voir législatif  depuis  l'avènement  de  Philippe  le  Bel.  Leur  attention 
devra  se  porter  principalement  sur  les  points  suivants  :  !•  Quel  était,  à 
l'avènement  de  Philippe  le  Bel,  l'autorité  attachée  aux  ordonnances 
royales  ?  quel  était  le  pouvoir  des  seigneurs  en  matière  législative  ? 
2*  Gomment  et  dans  quelle  forme  se  développa  l'exercice  du  pouvoir 
législatif  par  la  royauté  ?  3"  Quels  furent  les  droits  reconnus  aux  états 
généraux  ou  réclamés  par  eux  en  matière  législative  ?  dans  quelle  me- 
sure participèrent-ils  en  fait  à  l'exercice  du  pouvoir  législatif  par  la 
royauté  ?  4»  Même  question  en  ce  qui  concerne  les  parlements.  Les  con- 
currents auront  en  outre  à  étudier  la  matière  des  arrêts  de  règlement. 
b^  Quelles  furent  sur  le  pouvoir  législatif  les  principales  théories  émises 
en  France  au  cours  du  xvm«  siècle  et  quels  furent  les  vœux  exprimés 
dans  les  cahiers  des  états  généraux  de  1789  ? 

Les  mémoires,  écrits  en  français  ou  en  latin,  devront  être  déposés  au 
secrétariat  de  la  faculté,  au  plus  tard  le  31  mars  1883.  Toute  personne 
est  admise  à  concourir.  La  valeur  de  chacun  des  prix  est  de  2,000  fr. 
Il  pourra  être  accordé  des  mentions  honorables  aux  mémoires  qui 
auront  le  plus  approché  du  prix.  Les  noms  des  auteurs  qui  auront  obtenu 
des  mentions  ne  seront  connus  et  publiés  que  sur  leur  demande. 


136 

eutrer  peraonne  pendant  la  nuit.  Toutes  ces  défaites  ne  rarretent 
point;  il  insiste,  à  la  tin  les  consuls  interviennent  et  lui  font  ouvrir 
une  poterne.  Les  seigneurs  n  étaient  pas  en  force;  ils  n'en  conti- 
nuent pas  moins  leurs  bravades,  refusent  toute  satisfaction  au 
sénéchal,  déclarent  qu'ils  n'ouvriront  pas  à  Sicard  ALiman,  vint-il 
seul,  un  faucon  surle  poing.  Us  dui*ent  pourtant  bientôt  céder.  Dès 
le  l''**  décembre,  les  consuls  et  prud'hommes  de  Najac  prêtaient 
serment  de  fidélité  au  comte  Alfonse  à  Toulouse',  et  le  3  janvier 
suivant  (1250)  la  tour  de  Najac  ouvrait  ses  portes,  sans  coup 
férir,  à  Sicard  Alaniau. 

Une  fois  installés  dans  le  pays,  Alfonse  et  ses  officiers»  qui  ne 
pouvaient  laisser  impunies  de  pareilles  usurpations,  s'occupèrent 
de  faire  rentrer  les  seigneurs  de  Najac  dans  le  devoir.  L'enquête 
plus  haut  citée,  qui  est  du  mois  de  juin  1251,  prouve  que  les 
poursuites  judiciaires  et  administratives  avaient  déjà  commencé 
à  ce  moment.  Elles  étaient  à  peu  près  terminées  au  commence- 
ment de  1253,  date  de  la  lettre  de  Jean  d'Arcis  au  comte  de 
Toulouse.  Ce  dernier  document  nous  apprend  que  le  sénéchal 
avait  commencé  par  confisquer  les  biens  de  tous  les  habitants  ile 
Najac  au  nom  du  comte,  leurs  possesseurs  étant  tous  félons  et 
traîtres.  Pour  faire  exécuter  plus  facilement  cette  décision,  il 
saisit  de  Taffaire  les  tribunaux  ecclésiastiques  et  fit  poursuivre 
les  principaux  coupables  comme  hérétiques.  Mais  son  zèle  pour 
les  intérêts  de  son  maître  était  tel  qu'il  dépassa  la  mesure.  L'un 
des  complices  de  la  révolte  de  1249,  le  consul  Uc  Paraire,  pour- 
suivi par  la  cour  de  Tévêque  de  Rodez ,  faisant  fonction  d'inqui- 
siteur dans  son  diocèse,  fut,  il  est  vrai,  déclaré  hérétique  et  livré 
au  bras  séculier,  c'est-à-dire  au  sénéchal,  qui  le  fit  aussitôt 
brûler  et  confisqua  ses  biens  valant  mille  livres  tournois*.  Mais, 
si  quelques-uns  des  principaux  habitants  de  Najac  pouvaient 
ainsi  être  poursuivis  comme  hérétiques,  l'orthodoxie  de  la  plupart 
des  autres  devait  être  bien  certaine ,  et  peu  après  la  cour  de 
révêque  montra  moins  de  complaisance  pour  le  sénéchal.  Six 

1.  Histoire  de  Languedoc,  nouvelle  édit.,  t.  VIU,  col.  1264. 

2.  Remarquons  cependant  que  Uc  Paraire  n'était  pas  le  plus  coupable  et  que 
tous  les  témoins  cités  dans  l'enquête  de  1251  s'accordent  à  le  représenter  comme 
jouant  surtout  le  rôle  de  conciliateur  entre  les  seigneurs  et  les  agents  du  dernier 
comte.  En  1277,  une  partie  de  ses  biens  était  encore  entre  les  mains  du  roi; 
deux  maisons  qui  lui  avaient  appartenu  furent  vendues  à  cette  date  par  le  séné- 
chal aux  consuls  de  Najac  (CoUect.  Doat,  vol.  146,  f.  60-61). 


^37 

accusés  étaient  traduits  devant  elle;  le  sénéchal  espérait  une 
condamnation  assez  forte  pour  lui  permettre  de  confisquer 
leurs  biens.  Avant  de  prononcer  la  sentence,  Tévêque,  jugeant 
sans  doute  qu'il  allait  trop  loin,  voulut  lui  faire  promettre  de 
rendre  une  partie  de  leurs  biens  aux  condamnés  ou  tout  au 
moins  à  leurs  enfants.  Cet  oflScier  refusa,  et  Tévêque  se  contenta 
d'imposer  aux  inculpés  des  pénitences  légères,  n'entraînant  pas 
la  perte  des  biens.  Irrité,  le  sénéchal  met  ces  derniers  sous  la 
main  du  comte,  en  laissant  aux  condamnés  une  provision  pour 
leur  subsistance  et  celle  de  leur  famille.  Ces  biens,  tant  meubles 
qu'immeubles,  valaient  mille  livres  tournois. 

Dans  cette  première  circonstance,  le  sénéchal  avait  eu  à  vaincre 
les  scrupules  légitimes  de  l'évêque  et  de  ses  juges  ;  dans  d'autres 
cas,  il  eut  à  lutter  contre  les  intérêts  de  l'Eglise.  Un  certain  Bernard 
Valier,  de  Najac,  meurt  et  laisse  par  testament  ses  biens,  partie  à 
rÉgUse  pour  être  employés  en  fondations  pieuses,  partie  au  comte. 
Ce  personnage  était  bâtard  et  avait  d'ailleurs  femme  et  parents. 
Sans  tenir  compte  du  testament,  le  sénéchal  fait  saisir  tous  les 
biens  du  défunt  en  déclarant  que,  coupable  de  trahison  comme 
tous  les  habitants  de  Najac,  il  n'avait  pu  disposer  de  ses  biens, 
qui  étaient  tombés  en  commise.  Là-dessus  réclamations  des  léga- 
taires; le  sénéchal  finit  par  proposer  au  comte  de  transiger;  les 
biens  du  défunt,  lui  écrit-il,  valent  environ  10,000  livres  tournois  ; 
les  héritiers  donneront  bien  50  à  60  marcs  pour  faire  reconnaître 
la  validité  du  testament.  Autre  cas  :  un  chevaherde  Najac,  dont 
les  biens  ont  été  saisis,  meurt  et  laisse  sa  fortune  à  l'Église.  Le 
sénéchal  maintient  la  saisie  :  en  effet,  dit-il,  le  testateur  était 
suspect  d'hérésie. 

Quant  aux  seigneurs  de  Najac  (domini),  instigateurs  de  la 
révolta,  le  sénéchal  fait  observer  au  comte  qu'ils  ne  pourraient 
trouver  de  répondants  et  qu'il  est  préférable  de  composer  avec 
eux.  De  même  pour  le  menu  peuple  de  Najac;  la  crainte  de  l'in- 
quisition, de  la  vengeance  du  comte  est  si  grande  que  de  jour 
en  jour  la  population  diminue,  et  les  intérêts  du  comte  gagne- 
raient à  s'accorder  avec  eux  touchant  le  droit  de  commise;  d'ail- 
leurs, ajoute  le  sénéchal,  même  après  la  composition,  les  biens 
de  la  plupart  des  habitants  pourront  être  attribués  au  comte, 
beaucoup  étant  hérétiques.  Enfin  Jean  d'Arcis  approuve  le  projet, 
conçu  par  Alfonse,  de  construire  un  nouveau  château  plus  fort 
que  l'ancien  et  annonce  qu'il  a  déjà  rassemblé  les  matériaux 


nécessaires,  chaux  et  pierres,  et  qu'il  a  embauché  des  onvria:^. 

ÂlfoDse  de  Poitiers  suivit  Tavis  de  son  sénéchal  et  pardonna 
aux  habitants  de  Najac  ;  ce  pardon  fut  suivi  de  roctroi  d*ime 
charte  de  coutumes  datée  d'août  1255,  que  de  Gaujal  a  publiée  ^ 
Nous  ne  pouvons  analyser  ici  toutes  les  dispositions  de  cet  acte 
important.  Notons  seulement  que,  comme  la  plupart  des  chartes 
accordées  aux  villes  et  villages  de  son  domaine  par  le  comte  de 
Poitiers,  celle  de  Najac  ne  stipule  aucune  liberté  municipale.  La 
ville  est  administrée  par  le  balle  du  comte  qui  rend  la  justice 
civile  ;  c'est  lui  qui  nomme  chaque  année  les  consuls,  le  2  février, 
jour  de  la  Purification,  et  il  peut  maintenir  les  mêmes  personnes 
dans  le  consulat  plusieurs  années  de  suite.  Ces  consuls  ne  pos- 
sèdent aucune  juridiction  civile  ou  criminelle  ;  ils  n'ont  de  compé- 
tence qu'en  matière  de  voirie;  ils  peuvent,  d'accord  avec  le  baile 
du  comte,  punir  ceux  qui  jettent  des  immondices  dans  les  rues, 
faire  réparer  les  places  publiques,  les  rues  de  la  ville,  etc.  Les 
autres  articles  de  la  charte  concernent  les  libertés  civiles 
accordées  aux  habitants,  les  exemptions  dont  ils  jouissent  et  fixent 
les  droits  de  leude  dus  au  comte  et  les  amendes  perçues  par  lui 
pour  chaque  délit. 

Cet  accord  entre  le  comte  Alfonse  et  les  habitants  de  Najac 
n'arrêta  pas  les  poursuites  des  inquisiteurs.  Le  sénéchal  le  faisait 
déjà  pressentir  dans  sa  lettre  de  1253,  et  c'est  à  la  suite  de  ces 
procédures  que  fut  bâtie  l'église  de  Najac.  Le  5  avril  1258,  les 
inquisiteurs,  frères  Guillaume-Bernard  d'Aix  et  Rainaud  de 
Chartres,  offrirent  aux  consuls  et  prud'hommes  de  Najac  de 
remettre  aux  habitants  toutes  les  pénitences  à  eux  imposées 
jusqu'à  ce  jour  pour  fait  d'hérésie,  à  condition  pour  la  commu- 
nauté de  reconstruire,  dans  les  sept  ans,  l'église  paroissiale,  sous 
l'invocation  de  saint  Jean-Baptiste,  l'ancienne  étant  devenue  trop 
petite  pour  la  population  du  bourg.  La  nouvelle  église  devra  avoir 
28  brasses  de  long,  7  de  large  et  une  couverture  en  pierre.  Les 
inquisiteurs  promirent  d'affecter  à  cette  œuvre  pie  le  produit  des 
amendes  par  eux  imposées  à  divers  habitants  de  Najac. 

Après  délibération,  les  consuls  de  Najac  acceptèrent  la  propo- 
sition, et  acte  fut  rédigé  de  cet  accord  quatre  jours  plus  tard 
(9  avril  1258)*.  Remarquons  à  ce  propos  que  teUe  était  en  effet 

1.  T.  I,  pp.  326-329. 

2.  Pièces  justificaUves,  n*  II. 


439 

Thabitude  des  inquisiteurs;  ils  imposaient  souvent  aux  villes 
hérétiques  à  titre  de  pénitence  Tobligation  de  reconstruire  leur 
église.  Dès  1254,  Rainaud  de  Chartres  et  son  collègue  Jean  de 
Saint-Pierre  avaient  passé  un  accord  semblable  avec  les  habitants 
de  Lavaur*  ;  et ,  en  1271 ,  un  de  leurs  successeurs ,  Pons  du 
Pouget,  imposa  la  même  obligation  à  ceux  de  Gaillac*. 

La  construction  d'une  église  était  une  lourde  charge  pour  une 
ville  appauvrie  et  dépeuplée,  comme  Tétait  Najac  à  cette  époque. 
Pour  permettre  à  la  communauté  de  remplir  ses  engagements,  les 
inquisiteurs,  suivant  une  habitude  constante  de  leur  procédure, 
commuèrent  les  peines  mineures  infligées  à  certains  habitants  en 
amendes  applicables  à  l'œuvre  de  la  nouvelle  église.  De  ces  habi- 
tants de  Najac,  les  uns  avaient  été  condamnés  à  des  pèlerinages 
aux  principaux  sanctuaires  de  France  et  d'Allemagne,  les  autres 
au  voyage  d'outre-mer,  et  la  plupart  n'avaient  point  encore  rempli 
leurs  engagements.  Les  inquisiteurs  décidèrent  qu'ils  auraient  à 
verser  une  certaine  somme  à  l'œuvre  de  l'église,  et  l'un  d'eux, 
trop  pauvre  sans  doute  pour  s'acquitter  en  argent,  fut  condamné 
à  travailler  un  jour  par  semaine,  sans  salaire,  au  nouvel  édifice, 
jusqu'à  son  achèvement.  Les  consuls  de  Najac  furent  chargés  de 
recevoir  les  sommes  imposées  à  chacun  des  pénitents  et  d'appré- 
cier la  valeur  des  preuves  fournies  par  ceux  qui  prétendraient 
avoir  accomph  leurs  pénitences^. 

La  construction  de  l'église  commença  presque  immédiatement  ; 
mais  bientôt  s'élevèrent  à  Najac  les  querelles  qui  divisaient  le  menu 
peuple  et  les  prud'hommes,  dans  la  plupart  des  villes  du  Midi,  dès 
qu'il  s'agissait  de  répartir  une  contribution  extraordinaire.  Le 
menu  peuple  prétendit,  comme  toujours,  qu'il  était  surchargé  par 
les  bourgeois  et  que  ceux-ci  ne  payaient  pas  une  somme  propor- 
tionnée à  leurs  biens.  Après  de  longues  querelles,  les  deux  parties 
prirent  pour  arbitre  Barthélemi  de  Landreville,  châtelain  de  Pui- 
celsi  et  fils  de  Pierre  de  Landreville ,  sénéchal  de  Rouergue  et 
d'Albigeois.  Ce  seigneur,  par  un  jugement  arbitral  rendu  le 
15  juin  1262,  fixa  la  somme  à  payer  par  plusieurs  des  opposants, 
et  décida  que  la  répartition  serait  faite  par  les  trois  prud'hommes 
nommés  dans  l'acte  et  par  les  consuls  de  la  ville.  Cet  accord 

1.  Histoire  de  LanguedoCy  nouvelle  édition,  t.  V,  col.  1538-39. 

2.  Compayré,  Études  sur  V Albigeois,  pp.  377-79. 

3.  Chartes  du  24  et  26  avril  1252.  —  Pièces  justificatives,  III  et  IV. 


n'ayant  pas  entièrement  satisfait  les  parties,  elles  s  adressèrent 
l'aimée  suivante  h  Philippe  de  Boissy ,  sénéchal  de  Rouergue,  qui» 
le  10  juin  1263,  confirma  la  première  sentence  et  décida  de  plus 
que  les  collecteurs  de  la  taille  seraient  au  nombre  de  six,  qoatre 
prud'hommes  et  deux  consuls,  et  qu'on  ferait  à  cette  occasion  un 
nouveau  recensement  des  biens  des  habitants  de  Najac,  pour 
tenir  compte  des  pertes  et  des  gains  faits  par  chacun  d'eux  ^ 

La  construction  de  l'église  était  dès  lors  assurée,  mais  elle 
traîna  en  longueur  ci  la  quittance  définitive  de  l'architecte  chargé 
de  cette  œuvre,  maître  Bérenger  Jornet,  est  datée  du  31  no- 
vembrel269.  Cet  acte  nous  donne  le  prix  des  travaux  :  31,000  sous 
caorsins,  prix  fait,  pour  toute  l'œuvre,  plus  8  livres  de  caorsins 
pour  la  voûte.  Le  sou  de  Cahors  valant  exactement  la  moitié  du 
sou  tournois*,  nous  avons  pour  l'ensemble  des  frais  un  total  de 
15,580  sous  tournois.  La  valeur  du  sou  tournois  était  sous  saint 
Louis,  d'après  les  calculs  de  M.  de  Wailly,  de  0  fr.  8986;  par 
suite  15,580  sous  tournois  =  14,000  fr.  188,  valeur  intrinsè- 
que. Le  pouvoir  de  l'argent  étant  cinq  fois  plus  fort  au  xni*  siècle 
qu'aujourd'hui,  la  construction  de  l'église  entière  coûta  environ 
70,000  fr.  et  celle  de  la  voûte  359  fr.  47  c. 

Il  y  a  plusieurs  remarques  à  faire  sur  ces  chiflFres.  Si  l'on  sup- 
posait que  l'architecte,  maître  Bérenger  Jornet,  eût,  comme  un 
entrepreneur  de  nos  jours,  à  payer  sur  cette  somme  de  70,000  fr. 
la  main-d'œuvre  et  les  matériaux,  il  faudrait  admettre  que  les  tra- 
vaux de  construction  étaient  beaucoup  moins  chers  au  xm*  siècle 
que  de  nos  jours.  Si  fruste  et  si  simple  qu'elle  soit,  l'église  de  Najac 
est  de  grande  dimension  et  aujourd'hui  aucun  entrepreneur  n'ac- 
cepterait de  construire  un  monument  de  cette  taille  pour  une 
somme  aussi  modique.  D'autre  part,  dans  un  des  actes  plus  haut 
analysés,  nous  voyons  les  inquisiteurs  imposer  à  un  de  leurs 
pénitents  un  jour  de  travail  manuel  gratuit  par  semaine  pour 
l'œuvre  de  l'église;  or,  l'intention  des  frères  prêcheurs  était 
d'aider  la  commune  de  Najac  à  supporter  les  dépenses  de  la 
construction  de  la  nouvelle  église,  et,  si  maître  Jornet  avait  eu  à 
payer  la  main-d'œuvre  sur  les  70,000  francs  qui  lui  furent  alloués, 
ce  serait  lui  qui  eût  bénéficié  de  ces  services  gratuits.  Nous  pen- 
sons donc  que  le  gros  œuvre  de  l'église,  murs,  fondations,  etc. 

1 .  Pièces  justificatives,  V. 

2.  Texte  de  1269,  cité  par  Boutaric  [Alfonse  de  Poitiers,  p.  214). 


U4 

furent  construits  aux  frais  de  la  ville,  sous  la  direction  de  maître 
Jornet,  et  que  les  70,000  francs  reçus  par  celui-ci  représentent 
ses  honoraires,  le  5  pour  cent  des  architectes  d'aujourd'hui,  et  le 
prix  des  quelques  travaux  d'art,  sculptures,  ornementation,  etc., 
qu'il  exécuta  probablement  lui-même.  Ajoutons  que  rien  dans 
l'église  de  Najac  n'autorise  à  mettre  cet  architecte  au  rang  des 
grands  artistes  du  xiii®  siècle.  Originaire  du  Midi,  ainsi  que  l'in- 
dique suflSsamment  son  nom,  il  n'avait  sans  doute  pris  aucune 
leçon  des  grands  architectes  gothiques  du  Nord,  et,  si  l'église 
construite  par  lui  est  de  style  français,  il  ne  £aut  pas  oublier  que 
l'influence  française,  prépondérante  dans  le  Languedoc,  commen- 
çait dès  cette  époque  à  faire  oublier  aux  méridionaux  leur  natio- 
nalité. Ce  qui  s'était  passé  en  politique  eut  lieu  certainement  pour 
les  arts,  et  dès  la  fin  du  xin®  siècle  l'ancienne  architecture  romane 
du  Languedoc  comçiençait  à  faire  place  au  gothique  du  nord  de 
la  France. 

IL 

Située  sur  la  rive  gauche  de  l' Aveyron,  sur  la  crête  d'un  étroit 
promontoire  qui  s'étend  de  Test  à  l'ouest,  la  petite  ville  de  Najac 
est  défendue  par  la  rivière  de  trois  côtés,  au  nord,  à  l'ouest  et  au 
midi.  Deux  routes  y  conduisent  :  l'une  bien  entretenue  et  carros- 
sable ;  l'autre,  chemin  de  mulet  taillé  dans  le  roc,  était  peut-être 
au  moyen  âge  la  seule  qui  conduisît  au  château.  Deux  ponts  sont 
jetés  sur  l' Aveyron  à  l'ouest  et  au  nord  de  la  ville  ;  ce  dernier, 
que  l'on  trouve  en  se  dirigeant  de  la  station  du  chemin  de  fer 
vers  Najac,  a  eu  le  bonheur  de  ne  pas  être  restauré.  Il  passe  pour 
avoir  été  construit  en  1288*.  Il  est,  comme  le  château  de  Najac, 
bâti  en  grès  rougeâtre  ;  assez  large,  il  est  protégé  en  amont  par 
des  éperons  en  angle  aigu,  en  aval  il  est  garni  de  simples  redans 
carrés;  les  arches  sont  en  tiers-point. 

Najac  se  compose  de  deux  parties,  la  vieille  et  la  nouvelle  ville. 
La  vieille  ville  est  groupée  à  l'extrémité  ouest  du  promontoire, 
autour  du  château  et  de  l'église;  la  nouvelle  s'est  formée  peu  à 
peu  sur  les  bords  de  la  route  qui  mène  au  château;  c'était  ancien- 
nement le  Favbourg,  Aussi  n'y  a-t-il  guère  qu'une  seule  rue  à 

1.  Bosc,  Mémoires  sur  le  Rouergue^  l.  II,  p.  97. 


U2 

Najac,  dont,  du  haut  du  donjon,  on  embrasse  facilement  la  ligne 
légènîment  sinueuse. 

Nous  ne  croyons  pas  nuire  à  la  réputation  de  la  ville  de  Najac 
en  disant  qirelle  est  peu  connue  et  que  jusqu'ici  elle  n'a  reça  la 
visite  que  de  bien  peu  d'archéologues  ou  même  de   touristes. 
Quelques  mots  dans  le  procès-verbal  du  Congrès  archéologique 
de  1863  s  une  mention  dans  les  Mémoires  de  la  Société  des 
lettres  de  l'Aveyron^,  une  étude  sur  le  château',  voilà  tout  ce 
qui  a  été  écrit  sur  cette  ville.  Il  y  aurait  pourtant  beaucoup  à 
dire  et  surtout  sur  le  château,  seul  étudié  jusqu'ici;  mais  l'étude 
de  ce  monument  serait  fort  longue  et  demanderait  plus  de  temps 
que  nous  n'en  pouvions  consacrer  à  Najac  lors  de  notre  excursion. 
Nous  ne  voulons  guère  donner  ici  qu'une  description  de  l'église, 
intéressante  à  plus  d*un  titre.  Cependant  qu'on  nous  permette  de 
faire  une  courte  digression  et  de  dire  d'abord  quelques  mots  des 
autres  curiosités  de  Najac. 

Tout  d'abord,  le  château.  Il  a  été  dans  ces  dernières  années»  de 
la  part  de  son  nouveau  propriétaire,  l'objet  de  réparations  bien 
dirigées  qui  ont  sauvé  le  donjon  d'une  ruine  imminente  ;  mais  ce 
n'est  là  que  partie  remise.  Espérons  qu'il  sera  bientôt  classé 
parmi  les  monuments  historiques.  II  y  a  vingt  ans  qu'il  devrait 
l'être  ;  on  aurait  ainsi  évité  la  démolition  de  la  grosse  tour  carrée, 
la  partie  la  plus  ancienne  du  château,  et  de  bien  d'autres  cons- 
tructions qui  sont  maintenant  presque  entièrement  rasées.  Notre 
intention  n'est  pas  d'étudier  ici  ce  château  ;  nous  signalerons  tou- 
tefois en  passant  une  curieuse  peinture  qui  se  trouve  dans  une 
des  embrasures  de  la  grande  salle  du  premier  étage  du  donjon. 
L'auteur  de  l'article  que  nous  citons  plus  haut  n'a  fait  que  la 
mentionner  comme  «  des  traces  de  peintures  »,  et  n'y  a  pas 
attaché  d'autre  importance,  remarquant  toutefois  que  là  se  trou- 
vait la  chapelle,  comme  l'indiquent  suffisamment  et  cette 
peinture  et  le  lavabo  creusé  tout  à  côté  dans  l'épaisseur  de  la 
muraille. 

Cette  peinture  se  trouve  dans  une  des  meurtrières  ou  plutôt 


1.  Congrès  archéologique  de  1863,  tenu  à  Rodez,  p.  163. 

2.  Mémoires  de  la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  VAveyron,  t.  IV, 
1842-1843,  p.  597. 

3.  Par  B.  Dusan  {Revue  archéologique  du  midi  de  la  France^  I,  pp.  9-24, 
avec  planches}. 


U3 

dans  la  loge  voûtée  d*un  berceau  en  tiers-point  qui,  comme  dans 
beaucoup  d'autres  constructions  militaires,  précède  la  meurtrière. 
Ce  premier  étage  servait  de  chapelle  et  c'est  évidemment  dans  ce 
réduit  qu'était  placé  l'autel.  A  la  hauteur  de  l'imposte  delà  voûte 
se  trouve  une  large  moulure  en  quart  de  cercle.  Cette  moulure  a 
reçu  pour  ornement  une  peinture  blanche  sur  laquelle  se  détachent 
une  bordure  rouge  sang  et  des  bandes  alternativement  jaunes  et 
rouges.  Le  mur,  au-dessous  de  l'imposte,  a  reçu  une  ornementa- 
tion différente  et  qui,  à  distance,  ressemble  au  vair  héraldique; 
ce  sont  des  écussons  d'environ  14  cent,  de  haut  et  de  12  cent,  de 
large,  blancs,  se  détachant  sur  un  fond  gris  foncé.  Ils  sont  dis- 
posés symétriquement  par  files  de  six.  La  même  ornementation  se 
retrouve  à  la  voûte,  mais  ici  il  n'y  a  plus  que  quatre  écussons 
dans  chaque  file,  deux  nouvelles  bordures  ayant  occupé  une 
partie  de  l'espace  disponible  :  Tune,  extérieure,  composée  d'un 
simple  listel  rouge  et  jaune  ;  l'autre,  au  fond  de  la  niche,  com- 
posée d'une  série  de  feuilles  aiguës  inscrites  dans  des  triangles 
alternativement  blancs  et  noirs  ;  les  feuilles  sont  noires,  et  quand 
le  triangle  est  noir  elles  sont  bordées  d'une  ligne  blanche.  Le  tout 
est  limité  de  chaque  côté  par  un  listel  rouge  et  jaune. 

Sur  le  mur  de  fond,  dans  la  partie  comprise  entre  la  voûte  et 
ses  impostes,  l'artiste  a  peint  son  principal  sujet.  Sur  un  fond 
jaune  est  dessiné  un  portique  composé  de  trois  arcades  en  tiers 
point,  une  grande  centrale  et  deux  petites  latérales.  Sous  chacune 
des  arcades  latérales  est  un  clerc,  debout,  tête  nue,  dans  une 
attitude  d'adoration;  tous  deux  sont  vêtus  d'un  manteau  rouge 
à  capuchon;  celui  de  droite  tient  un  livre  fermé,  de  la  main 
gauche.  Ces  deux  personnages  se  détachent  sur  un  fond  gris. 
Aux  pieds  du  clerc  qui  se  trouve  à  gauche  du  spectateur,  se  voit 
un  chevalier  agenouillé,  les  mains  jointes,  vêtu  du  haubert,  une 
large  épée  à  la  ceinture.  Ce  personnage  est  de  dimensions  très 
exiguës.  Il  y  a  apparence  qu'aux  pieds  du  clerc  de  droite  se  trou- 
vait un  personnage  semblable  et  dans  la  même  attitude  ;  du  moins 
certaines  traces  de  peinture  noirâtre  permettent  de  le  supposer. 

Le  centre  de  la  composition  est  occupé  par  un  personnage  de 
haute  taille,  assis,  vêtu  d'une  tunique  rose  pâle  et  d'un  grand 
manteau  dont  on  ne  voit  plus  que  des  vestiges  grisâtres.  Ce  per- 
sonnage est  couronné  et  porte  les  cheveux  longs  et  encadrant  les 
joues  à  la  mode  du  xni*  et  du  commencement  du  xrv*  siècle  ;  mais 
l'état  de  dégradation  de  la  peinture  ne  permet  d'apercevoir  aucun 


144 

vestige  du  nimbe  qui,  selon  toute  vraisemblance,  encadrait  sa 
tête.  De  la  main  droite,  ramenée  à  la  hauteur  du  cou,  il  semble 
bénir  ;  quant  à  la  gauche,  elle  a  complètement  disparu. 

Quel  peut  être  ce  saint  couronné?  Un  nom  se  présente  immé- 
diatement à  l'esprit,  celui  de  Louis  IX.  Le  style  du  dessin  indique 
le  commencement  du  xiv*'  siècle  et  nous  nous  trouverions  là,  si 
cette  conjecture  était  admise,  en  face  d*une  des  plus  anciennes 
représentations  de  ce  saint.  Nous  donnons  cette  hypothèse  pour 
ce  qu'elle  vaut.  Remarqmms  toutefois  que  la  dédicace  d*une  cha- 
pelle à  saint  Louis,  dans  un  château  royal,  n'aurait  rien  d'inad- 
missible ;  il  en  était  de  même  à  Carcassonne ,  et  dans  une  des 
tours  de  la  cité  une  chapelle  lui  était  consacrée^  Mais  ce  ne 
sont  là  que  des  suppositions  que  l'état  de  dégradation  du  monu- 
ment ne  permet  pas  de  présenter  d'une  façon  plus  afSrmative. 

Avec  le  château  et  l'église,  les  seules  curiosités  de  Najac  sont 
une  fontaine  du  xiv®  siècle,  quelques  vestiges  des  anciens  murs  et 
de  vieiUes  maisons.  Nous  parlerons  d'abord  de  la  fontaine»  qui  se 
trouve  sur  une  place,  à  peu  près  au  centre  de  la  ville.  Elle  fat 
signalée  à  l'attention  des  archéologues  dès  1863,  dans  une  lecture 
faite  lors  du  congrès  pour  la  conservation  des  monuments  tenu  à 
Rodez*.  Cette  fontaine  est  curieuse  à  plus  d'un  titre.  Elle  se 
compose  d'un  seul  bloc  de  granit;  c'est  un  dodécagone  régulier 
dont  chaque  face  extérieure  a  90  cent,  et  chaque  face  intérieure 
75  cent,  de  large,  ce  qui  donne  une  épaisseur  de  25  cent,  et  un 
périmètre  total  de  10  mètres  80.  La  hauteur  du  bassin  est  de 
65  cent.,  la  profondeur  de  50  cent.  C'est,  on  le  voit,  une  masse 
assez  respectable.  Une  vasque,  montée  sur  un  pied  en  balustre, 
se  dresse  au  milieu  du  bassin  ;  mais  il  faut  certainement  voir  dans 
ce  récipient  de  forme  disgracieuse  une  restauration  moderne,  qui 
a  dû  remplacer  une  construction  ancienne. 

Certains  archéologues ,  entre  autres  Edward  Barry ,  ont,  au 
dire  des  gens  du  pays,  prétendu  que  ce  bassin  n'était  pas  en 
pierre,  mais  en  béton.  Ils  se  fondaient  sur  ce  que  l'on  ne  trouve 
point  aux  environs  de  Najac  de  granit  semblable.  Ce  n'est  pas  là, 
croyons-nous,  un  argument  bien  solide.  Il  est  vrai  qu'au  moyen 
âge,  à  cause  de  la  difficulté  des  communications,  on  se  servait 
plus  souvent  qu'aujourd'hui  des  matériaux  qu'on  avait  sous  la 

1.  Mahul,  Cartulaire  du  diocèse  de  Carcassonne,  t.  V,  pp.  701,  730  et  731. 

2.  Comptes-rendiAS  des  séances  du  congrès  archéologique  de  1863,  p.  163. 


a  erceptions  :  près  de  l'^l 

le  maison  de  la  fin  du  xui°  siècla  ou  du 

►-«v;  le  rez-de-chaussée  sert  aujourd'hui  de 

;  -U:  i^-andes  arcades  en  tiers-point,  et  le  premier 

^'  des  fenptres  ornées  de  jolies  colonnettes 

ktyle  rayonnant. 

,:.i  ;iutrerois  plusieurs  églises  :  Saint-Barthélémy, 

..;,(( Dliste ,  Saint-Julien'  et  une  chapelle  cons- 

_4  Liinetière,  sur  le  versant  ouest  de  la  colline, 

!.iUil-Jean.  De  cette  dernière,  il  ne  subsiste  rien, 

^iiiut-JuIien,  k  moins  que  cette  dernière  église 

iiiilacement  qu'occupa  plus  tard  Saint-Jean, 

,  lut  édifié  sur  l'emplacement  de  l'ancienne 

.1  -Barthélémy,  qui  se  trouve  dans  la  grand'rue, 

iiit-Jean,  a  élé  transformée  en  grange  depuis 

'.,t  les  divisions  intérieures  qu'on  y  a  pratiquées 

isite  à  peu  près  impossible.  La  porte,  en  cintre 

3  ses  pieds  droits  orné  de  deux  colonnettes  ;  un 

■  ]ietite  dimension  est  percé  au-dessus  de  la  porte,  mais 

"■1  '  i-i'i.ine  époque  postérieure  à  l'ensemble  de  la  construc- 

.  i''fvl  du  reste  décoré  d'aucune  moulure.  C'est  là  tout  ce 

i--"'.-  fie  Saint-Barthélémy;  nous  ne  pensons  pas  que  cette 

->Ti-iion  soit  antérieure  au  iit°  siècle,  mais  ce  n'est  là  qu'une 

>uire,  car,  nous  le  répétons,  il  faudrait  voir  l'intérieur, 

e  pour  le  moment. 

Vfinns  maintenant  de  l'égUse  de  Saint-Jean-l'Kvangéliste. 

I  i'éléve  à  l'extrémité  ouest  de  Najac,  dans  une  situation 

^):iil>arable  au  point  de  vue  du  pittoresque,  mais  très  mal 

ptie  pour  y  établir  une  construction  de  quelque  étendue.  Gela 

k  notre  avis,  que  cette  église  a  été  construite  sur  l'empla- 

lent  de  celle  que  les  inquisiteurs  trouvèrent  trop  mesquine  et 

p  étroite.  On  s'accommoda  wmme  on  put  du  terrain  que  l'on 

.josâédait,  ce  qui  força  l'architecte  à  recourir  à  un  certain 

uomhre  d'artifices. 

En  effet,  le  terrain  sur  lequel  est  bâti  Saint-Jean  est  incliné  du 
levant  au  coacbant,  à  tel  point  qu'il  existe  une  diSrence  de 

1.  Voyei  TeaM,    Lafttiet  du    Tréior  det    eharles,  II,  269  a  (acte  du 
U  Mflt  1234). 


448 

5  mètres  50  cent,  ou  6  mètres  entre  le  niveau  du  chevet  et  celai 
de  la  façade  ;  rinclinaison  du  nord  au  midi  est  encore  plus  forte  : 
la  différence  de  niveau  est  d'au  moins  7  à  8  mètres.  Dans  ces 
conditions  l'établissement  d'une  aire  plane  d'une  grande  étendue 
était  difficile.  Mais,  si  Ton  dut  entasser  les  matériaux  pour  rache- 
ter ces  énormes  différences  de  niveau,  on  n*eut  pas  du  moins  la 
peine  de  creuser  profondément  les  fondations,  car  on  bâtissait 
sur  le  roc  vif,  comme  au  château,  où  la  base  talutée  du  donjon 
est,  en  grande  partie,  taillée  dans  le  rocher  même. 

Les  mêmes  ouvriers  ont-ils  travaillé  au  château  et  à  l'église, 
c'est  ce  que  nous  ne  saurions  dire  ;  les  marques  d'assemblage  ou 
d'ouvriers  qui  existent  au  château  ont  été  relevées^  ;  nous  avons 
cherché  partout  sur  les  murs  de  l'église  sans  rien  rencontrer  de 
semblable.  La  seule  marque  que  nous  ayons  trouvée  consiste  en 
une  grande  fleur  de  lys  gravée  sur  le  flanc  nord  de  l'église,  près 
de  l'angle  formé  par  la  façade,  mais  nous  ne  saurions  dire  s'il 
faut  voir  là  une  marque  d'ouvrier  ou  un  graffîio  dû  à  quelque 
gamin  du  moyen  âge. 

L'église  de  Saint-Jean  est  orientée  régulièrement,  c'est-à-dire 
que  son  chevet  fait  exactement  face  au  soleil  levant.  Les  maté- 
riaux employés  sont  à  peu  près  les  mêmes  qu'au  château  :  c'est 
un  grès  des  environs  de  Najac,  de  couleur  rougeâtre,  et  qui 
résiste  fort  mal  à  l'action  de  la  pluie.  L'appareil  est  moyen  et 
assez  régulier,  au  moins  en  ce  qui  touche  à  la  hauteur  des  assises, 
car  la  longueur  des  pierres  varie  naturellement  beaucoup.  La 
couche  de  mortier  qui  sépare  chaque  assise  est  très  épaisse,  sur- 
tout dans  les  contreforts.  L'extérieur  n'a  pas  reçu  de  crépi  ;  il 
n'en  est  pas  de  même  à  l'intérieur,  dont  toute  la  surface  est  revàtue 
d'un  badigeon  fort  épais  et  du  plus  mauvais  goût. 

L'acte  du  9  avril  1258  nous  donne  les  dimensions  que  devait 
avoir  l'église  :  28  brasses  de  longueur  sur  7  de  largeur.  La  lon- 
gueur, à  l'intérieur,  est  de  46  mètres,  la  largeur  de  11  mètres 
50  cent.,  et,  l'église  ayant  quatre  travées,  chacune  d'elles  est 
exactement  carrée.  En  prenant  ces  dimensions  pour  base  de 
l'évaluation  delà  brasse,  on  trouve  que  cette  mesure  équivalait  à 
peu  près  à  1  mètre  642. 

La  façade  n'a  rien  d'élégant.  La  porte  s'ouvre  entre  deux 

1.  Dasan,  ut  suprà,  p.  24. 


^49 

énormes  contreforts  qui  écrasent  complètement  le  reste  de  la  con- 
struction. On  y  accède  par  un  perron  de.  trente  marches  de 
construction  moderne  (il  date  de  1870).  Avant  cette  époque,  on 
montait  par  un  escalier  tout  droit  et,  paraît-il,  fort  incommode. 

L'espace  compris  entre  les  deux  contreforts,  le  mur  de  face  de 
réglise  et  le  perron  a  été  utilisé  ;  on  en  a  fait  un  porche  couvert 
d'un  toit  en  appentis  que  supportent  deux  colonnes  doriques.  Ces 
colonnes  sont  une  restauration  du  dernier  siècle,  peut-être  même 
plus  récente,  mais  le  porche  a  toujours  existé,  comme  l'indiquent 
suffisamment  les  corbeaux  de  pierre  qui  sortent  du  mur  un  peu 
au-dessous  du  sommet  du  toit  actuel;  lors  de  la  restauration,  les 
poutres  ont  été  fixées  dans  le  mur  de  manière  à  établir  le  toit 
sous  un  angle  plus  aigu. 

La  porte,  dont  la  baie  a  2  mètres  25  de  large,  est  percée  par 
retraite  de  cintres.  Sur  les  pieds  droits  se  détachent  cinq  colon- 
nettes  engagées  auxquelles  correspondent  les  moulures  rondes 
des  arcs  ;  les  chapiteaux,  fort  simple^,  sont  ornés  de  crochets. 

Au  milieu  de  la  façade,  au-dessus  de  la  porte,  s'ouvre  une 
large  rose  à  dix  compartiments  formés  par  des  arcs  trilobés, 
séparés  à  leurs  extrémités  par  un  quatrefeuille.  Cette  rose  est  de 
grande  dimension.  Remarquons  en  passant  que  le  nombre  des 
ouvertures  destinées  à  éclairer  l'église  a  été  restreint  au  strict 
nécessaire,  mais  que,  par  contre,  chacune  de  ces  ouvertures  a 
été  largement  taillée  dans  le  mur,  dont  l'épaisseur  (1  mètre  50) 
défiait  toutes  chances  de  ruine.  Une  petite  baie,  placée  pres- 
qu'au  faîte  du  pignon,  éclaire  les  combles  et  l'extra-dos  de  la 
voûte. 

Examinons  maintenant  les  flancs  de  l'édifice,  et  d'abord  le 
flanc  nord  où  se  trouve  le  clocher.  Comme  sur  la  façade,  nous 
nous  trouvons  en  face  d'un  mur  épais  que  soutiennent  de  larges 
contreforts  qui  vont  en  se  rétrécissant  de  la  base  au  sommet  au 
moyen  de  talus.  Dans  le  mur  de  la  première  et  de  la  quatrième 
travée  sont  percées  de  larges  et  hautes  fenêtres  divisées  en  deux 
lancettes  par  un  meneau  central,  fortement  ébrasées  à  l'intérieur 
et  à  l'extérieur;  nous  en  reparlerons  tout  à  l'heure,  en  même 
temps  que  nous  décrirons  le  mode  fort  rare  de  clôture  dont  elles 
ofirent  un  exemple. 

A  la  seconde  travée,  nous  trouvons  une  porte,  précédée  d'une 
marche  qui  va  d'un  contrefort  à  l'autre,  en  tout  semblable  à  la 


150 

porte  principale  et  de  mêmes  dimensions.  Des  corbeaux  de  pierre 
indiquent  qu'autrefois  cette  entrée  était  aussi  abritée  par  un  toit 
en  appentis.  Celui  qui  existe  maintenant  est  de  dimensions  tout  à 
fait  exiguës  et  ne  peut  servir  qu'à  rejeter  les  eaux  du  toit  en 
dehors  de  l'aplomb  du  mur,  qui,  à  cet  endroit,  est  plus  épais  qpi'à 
sa  partie  supérieure.  Au-dessus  de  cette  porte  se  trouve  un  Christ 
de  pierre  de  très  petite  dimension  (50  ou  60  cent,  environ)  ;  une 
pierre  saillante  lui  sert  d'auvent.  Les  pieds  sont  fixés  par  d^ix 
clous;  il  est  vêtu  d'un  petit  jupon. 

Avant  de  parler  du  clocher,  disons  quelques  mots  d'un  édicule 
adossé  au  contrefort  qui  sépare  la  première  de  la  seconde  travée. 
Cet  édicule  ou  plutôt  cette  niche  peut  avoir  3  mètres  50  à  4  mètres 
de  haut  ;  la  largeur  en  est  de  1  mètre  70,  la  longueur  de  2  m .  95  ; 
il  se  termine  par  un  toit  à  deux  rampants  qui  recouvre  un  ber- 
ceau en  tiers-point.  L'ouverture  est  ornée  de  colonnettes  aujour- 
d'hui très  frustes.  A  l'intérieur,  à  droite  et  à  gauche,  à  1  m.  60 
du  sol,  se  voient  deux  larges  bandeaux  couverts  de  feuillages 
assez  finement  sculptés.  Enfin,  sur  la  face,  au-dessus  de  l'ouver- 
ture de  la  voûte,  régnait  une  corniche  sculptée,  dont  une  sirène, 
tenant  ses  queues  dans  ses  mains,  est  à  peu  près  le  seul  vestige. 
Nous  avions  d'abord  pensé  que  cette  niche  avait  servi  de  cha- 
pelle et  devait  autrefois  contenir  quelque  statue  de  saint  ;  mais, 
informations  prises  auprès  des  habitants,  nous  avons  appris 
qu'elle  abritait  autrefois  le  tombeau  d'un  membre  d'une  ancienne 
famille  de  Najac,  les  Puechberdi  ou  Puechverdi.  C'est  là  tout 
ce  que  nous  avons  pu  savoir  au  sujet  de  ce  petit  monument,  qui 
peut  dater  de  la  fin  du  xiv®  siècle. 

Le  clocher,  placé  à  la  hauteur  de  la  troisième  travée,  est 
encastré  entre  deux  contreforts.  Sa  base  présente  la  ÉDrme  d'un 
parallélogramme.  Le  rez-de-chaussée  n'est  percé  d'aucune  baie  ; 
il  est  voûté  d'ogive  et  s'ouvre  par  une  arcade  surbaissée  sur  la 
nef,  formant  ainsi  l'un  des  bras  du  transsept,  où.  est  installé  une 
chapelle.  Le  premier  étage  est  éclairé  par  deux  fenêtres  sem- 
blables à  celles  de  la  nef.  Une  seule  ouverture  aurait  suffi  pour 
éclairer  cet  étage,  ouvert  sur  la  nef,  comme  le  rez-de-chaussée, 
par  un  arc  en  tiers-point  de  toute  la  largeur  de  la  travée  ;  mais 
l'architecte  ayant  jugé  à  propos  de  couvrir  cet  étage  d'une  voûte 
d'ogive  à  deux  compartiments,  il  a  été  forcé  d'ouvrir  deux  baies 
correspondantes  à  ces  deux  voûtes;  l'ouverture  d'une  fenêtre 


dans  la  partie  centrale  du  mur  aurait  compromis  la  solidité  de  la 
construction.  Par  surcroît  de  précaution,  à  cet  endroit,  où  la  force 
de  poussée  se  faisait  le  plus  sentir,  le  mur  extérieur,  aussi  bien 
que  le  mur  de  la  nef,  ont  été  renforcés  au  moyen  de  deux  espèces 
de  contreforts  en  encorbellement.  Le  premier  étage  de  la  tour 
monte  exactement  à  la  hauteur  du  mur  de  la  nef  et  la  corniche 
ornée  de  modillons  chanfreinés  qui  se  trouve  sous  la  toiture  a  été 
continuée  sur  ses  trois  côtés  extérieurs.  Le  deuxième  étage  est 
beaucoup  plus  bas  et  se  trouve  un  peu  en  retraite  sur  les  deux 
autres.  Le  troisième  et  dernier  étage  est  hexagonal.  Le  passage 
du  carré  à  l'hexagone  se  fait  sans  doute  au  moyen  de  pendentife, 
dont  nous  n'avons  rien  à  dire,  n'ayant  pu  monter  dans  le  clocher. 
Ce  troisième  étage,  plus  élevé  que  le  second,  est  divisé  extérieure- 
ment en  deux  parties  égales  par  une  sorte  de  moulure.  Dans  la 
partie  la  plus  élevée  de  chacune  des  faces  a  été  percée  une  fenêtre 
géminée  à  arcade  trilobée,  surmontée  d'une  rose  engrelée.  C'est 
à  cet  étage  que  sont  placées  les  cloches,  ainsi  que  l'indiquent  les 
grossiers  abat-sons  qui  enlèvent  à  ces  fenêtres  toute  leur  élégance. 
Le  toit  construit  suivant  deux  angles  différents,  l'un  aigu,  l'autre 
obtus,  est  aujourd'hui,  comme  toute  l'église,  couvert  en  ardoise  ; 
mais  c'est  là  une  restauration  très  récente,  et  lors  de  notre  séjour 
à  Najac  les  amas  de  vieilles  tuiles  sepii- cylindriques  qui  jon- 
chaient les  abords  de  l'église  indiquaient  assez  quelle  était  la 
nature  de  son  ancienne  couverture. 

Nous  n'avons  pu  monter  dans  le  clocher;  nous  avons  pu  tou- 
tefois nous  assurer  que  l'escalier  qui  y  donne  accès  est  renfermé 
dans  une  fillette  carrée  placée  sur  son  flanc  est.  Cet  escalier 
conduit  jusqu'au  second  étage  d'où  un  degré  placé  dans  la  tour 
même  permet  d'arriver  aux  cloches. 

Nous  ne  donnons  point  la  hauteur  exacte  du  clocher,  car  nous 
n'avions  pas  sous  la  main  les  instruments  nécessaires  pour  l'éva- 
luer. Nous  pensons  toutefois  qu'elle  ne  dépasse  pas  28  ou 
30  mètres. 

De  la  quatrième  travée  du  nord  nous  ne  dirons  rien,  si  ce 
n'est  qu'elle  est  percée  d'une  large  fenêtre  comme  la  première. 
Le  chevet  est  plat  ;  il  est  percé  d'une  fenêtre  semblable  à  celles 
des  flancs  et  ne  présente  aucune  particularité  intéressante. 

Passons  maintenant  au  flanc  sud.  Nous  y  trouvons  deux 
travées  entièrement  semblables  avec  les  mêmes  percements  que 


452 

la  première  et  la  quatrième  travée  nord.  Mais  la  troisième  travée 
offre  une  particularité.  Nous  avons  dit  que  la  diflérence  de  niveau 
était  très  sensible  entre  le  flanc  nord  et  le  flanc  sud  ;  aussi,  quand 
on  a  voulu  établir  dans  la  troisième  travée  du  sud  une  chapelle 
latérale,  formant  un  embryon  de  transsept  sy'métrique  à  la  cha- 
pelle formée  par  le  rez-de-chaussée  de  la  tour,  on  a  dû  cher- 
cher à  racheter  cette  difierence  de  niveau.  On  a  eu  recours  à  un 
artifice  fort  simple  :  on  a  bandé  entre  les  deux  contreforts  un 
arc  de  dimensions  telles  que  son  sommet  arrivât  à  la  hauteur  du 
sol  de  la  nef.  C'est  sur  cet  arc  que  l'on  a  construit  la  chapelle, 
dont  le  mur  est  percé  de  deux  fenêtres  semblables  à  celles  des 
autres  travées.  Cette  disposition  existait-elle  dans  le  plan  primi- 
tif? Sans  parler  de  la  (Ûfierence  d'épaisseur  du  mur,  beaucoup 
plus  mince  à  cet  endroit,  difierence  qui  pourrait  s'expliquer  par 
l'intention  de  charger  le  moins  possible  la  voûte  qui  soutenait  la 
chapelle,  l'aspect  du  mur,  des  raccords  très  visibles  dans  l'appa- 
reil prouvent  surabondamment  que  cette  chapelle  ne  date  pas 
exactement  de  la  même  époque  que  l'ensemble  delà  construction. 
De  plus,  au  lieu  de  lui  donner  la  même  hauteur  de  voûte  qu'à  la 
nef,  on  lui  en  a  donné  une  sensiblement  moindre,  si  sensiblement 
que  l'on  a  pu,  au-dessus  de  l'arcade  par  laquelle  la  chapelle 
s'ouvre  sur  la  nef,  percer  une  fenêtre  dont  les  mauvaises  propor- 
tions décèlent  un  remaniement.  L'examen  des  membrures  de  la 
voûte  ne  peut  que  nous  confirmer  dans  cette  opinion. 

La  quatrième  travée  sud  n'ofire  rien  de  remarquable.  Men- 
tionnons seulement  l'existence,  entre  les  deux  contreforts  de  cette 
travée,  de  la  sacristie,  construction  très  basse  et  légère  qui  a  dû 
subir  bien  des  transformations  ;  une  porte  la  fait  communiquer 
avec  l'église  ;  une  autre  porte,  suivie  d'un  escalier  de  bois,  conduit 
dans  la  rue  qui  longe  l'édifice. 

L'intérieur  nous  présente  quatre  travées  d'égales  dimensions 
(11  mètres  50  sur  11  mètres  50).  Celle  du  fond,  élevée  d'une 
marche,  forme  le  chœur.  Ces  quatre  travées  ont  été  couvertes  de 
voûtes  d'ogive  sur  plan  carré  ;  nous  en  évaluons  la  hauteur  à 
17  ou  18  mètres.  Les  membrures  n'ont  reçu  qu'un  appareil- 
lage fort  simple  :  dans  les  trois  travées  de  la  nef,  elles  sont 
seulement  épannelées;  dans  celle  du  chœur,  elles  sont  ornées 
d'un  tore  accompagné  de  deux  scoties.  Partout  les  clés  de  voûte 
sont  largement  percées.  Des  colonnettes  engagées  reçoivent  en 


■^ 


453 

porte-à-faux,  sur  un  tailloir  pentagonal,  la  retombée  des  arcs 
doubleaux,  des  ogifs  et  des  formerets.  Les  chapiteaux  sont  fort 
simples  :  un  simple  rang  de  crochets  très  peu  épanouis.  Les 
extrémités  inférieures  des  colonnettes  sont  garnies  d'une  petite 
moulure  ronde  et  d'un  cul-de-lampe  composé  d'une  feuille  plus 
ou  moins  découpée. 

Ce  qui  nous  ferait  croire  volontiers  que  la  tour  (excepté  sa 
base)  et  la  chapelle  du  sud  ont  été  ajoutées  à  l'édifice  à  une  date 
postérieure,  c'est  que  les  membrures  des  voûtes,  au  lieu  d'être 
aussi  simples  que  dans  la  nef,  nous  présentent  une  figure  com- 
posée de  scoties  et  d'un  tore  sur  lequel  est  superposé  un  réglet. 
Il  ne  faudrait  pas  toutefois  penser  que  nous  voulions  rajeunir  de 
beaucoup  ces  parties  de  l'église,  mais  il  nous  semble  que  l'on 
pourrait  légitimement  en  reporter  la  date  vers  1290,  ce  qui  les 
ferait  d'une  vingtaine  d'années  postérieures  à  l'achèvement  de 
la  nef. 

Nous  avons  dit  que  le  rez-de-chaussée  de  la  tour,  transformé 
en  chapelle,  s'ouvrait  sur  la  nef  par  un  arc  surbaissé  ;  le  premier 
étage,  qui  sert  aujourd'hui  de  tribune,  s'ouvre  également  par  un 
grand  arc,  mais  non  surbaissé.  Les  voûtes  ont  reçu  le  même 
genre  de  supports  que  celles  de  la  nef. 

L'ouverture  sur  la  nef  de  la  chapelle  du  sud  est  un  peu  difie- 
rente.  En  effet,  tandis  que  dans  le  rez-de-chaussée  et  le  premier 
étage  de  la  tour  l'arc  naît  directement  du  mur,  ici  il  repose  sur 
des  colonnettes  engagées  en  porte-à-faux,  aux  chapiteaux  sim- 
plement épannelés  et  munis  de  tailloirs  volumineux. 

n  ne  nous  reste  à  parler  que  des  fenêtres  ^  et  des  vitraux  qui 
les  garnissent,  ou  plutôt  de  la  façon  dont  ces  vitraux  sont  montés  ; 
car,  pour  les  vitraux  eux-mêmes,  il  en  reste  si  peu  d'anciens 
qu'on  ne  peut  les  mentionner  que  pour  mémoire. 

Les  fenêtres  sont  ébrasées  au  dedans  et  au  dehors  et  séparées 
en  deux  lancettes  par  des  meneaux  épannelés  que  surmonte  une 
rose  de  petites  dimensions  et  sans  aucune  moulure.  Cette  rose  est 
remplie  d'une  engrêlure  en  forme,  soit  de  trèfle,  soit  de  quatre- 
feuille.  Par  une  bizarrerie  dont  on  ne  connaît  que  fort  peu 
d'exemples,  ces  baies,  au  lieu  de  recevoir  des  verrières  occupant 


1.  Le  pavage  de  l'église  a  dû  être  refait  à  une  époque  moderne;  il  se  compose 
de  dalles  de  petites  dimensions;  nous  n'y  avons  relevé  aucune  inscription. 


toute  la  hauteur  des  lancettes,  ont  été  remplies  de  plaques  de 
pierre  percées  d'ouvertures  en  trèfles  ou  en  quatrefeuiÛes,  super* 
posées  au  nombre  de  huit.  Ce  ne  sont  point  des  dalles  d'une  seule 
pièce,  les  grandes  dimensions  des  baies  ne  l'ayant  poiut  permis, 
ce  sont  des  dalles  de  différentes  grandeurs  soigneusement  appa- 
reillées. Chacune  des  ouvertures  en  trèâe  ou  ea  quatrefeuUle  a 
reçu  une  garniture  de  vitraux. 

On  n'a  certainement  point,  en  choisissant  ce  mode  bizarre  de 
clôture,  obéi  à  un  sentiment  de  recherche,  mais  on  n'a  probable- 
ment fait  que  suivre  un  usage  local.  On  pourrait  objecter  que  ce 
mode  de  remplage  n'est  peut-être  qu'une  addition  postérieure, 
une  fantaisie  de  quelque  maçon  du  pays,  car  toutes  les  fenêtres 
de  l'église  ne  po^èdent  pas  cette  garniture.  £n  effet,  la  fenêtre 
qui  éclaire  le  chevet  et  la  petite  baie  qui  est  au-dessus  du  bras 
droit  du  transsept  ne  l'ont  pas.  Mais  nous  pensons  que,  de 
ces  deux  fenêtres,  celle  du  chevet  au  moins  l'a  possédée  ;  pour 
l'autre,  nous  avons  déjà  dit  que  nous  croyons  voir  là  des  traces 
d'un  remaniement  un  peu  postérieur  à  la  construction  de  la  nef; 
cette  fenêtre  a  si  peu  de  hauteur  qu'on  a  pu  y  encastrer  une 
armature  en  fer,  garnie  de  vitraux,  de  forme  circulaire,  qui  est 
tangente  à  la  fois  à  la  base  et  aux  deux  côtés  de  l'arc  qui  la 
termine  ;  elle  n'a  donc  pas  les  proportions  des  autres  fenêtres. 
De  plus  les  fenêtres  deNajac  sont  démesurément  grandes,  comme 
le  voulait  l'emploi  d'un  pareil  système;  car  il  n'entre  que  fort 
peu  de  jour  par  chacune  des  ouvertures  en  quatrefeuiUe  et  néan- 
moins la  dimension  des  baies  a  permis  de  répéter  ces  ouvertures 
tant  de  fois  que  l'église  est  fort  bien  éclairée. 

Ce  fait  était  considéré  comme  à  peu  près  unique  par  M.  de 
Caumont'.  VioUet  Le  Duc*  cite  les  fenêtre  de  l'église  de  Fenioux 
enSaîntonge,  du  xn*  siècle,  comme  présentantla  même  anomalie; 
mais  les  fenêtres  de  cette  dernière  ^lise  offrent  une  série  de 
cercles  entrelacés,  sculptés  sur  les  dalles,  d'un  assez  beau  travail. 
Le  m6me  &it  aurait  été  constaté  dans  quelques  ^lises  d'Au- 
vergne du  XI*  siècle.  En  Espague,  à  Gijon,  nous  retrouvons  le 
même  système,  et  là  aussi  le  dessin  est  assez  compliqué*.  A 

l.  Ci»nBTèi  archéologique  tte  1863,  p.  1fi3, 

Z,  itmiottiutàn!  foùonnc'  d'ar<Mteclure,  t.  V,  p.  371. 

llUrf,  <UMË£  ISaO,  l.  XXI,  p.  68  (figure). 


<55 

Najac,  rien  de  pareil,  le  travail  est  des  plus  frustes  et  nous  pen- 
sons bien  être  là  en  face  de  l'œuvre  de  Bérenger  Jornet^ 

Tous  les  vitraux  des  fenêtres,  sauf  quelques  rares  fragments 
dans  une  des  lancettes  de  la  seconde  fenêtre  du  flanc  droit,  sont 
modernes.  Ce  ne  sont  que  des  verres  de  couleur  où  le  vert,  le 
rouge  et  le  bleu  essayent  de  faire  bon  ménage  sans  toujours  y 
parvenir.  Quant  aux  rares  fragments  anciens,  il  serait,  croyons- 
nous,  téméraire  de  leur  assigner  une  date,  tant  ils  sont  de  petite 
dimension. 

La  rose  de  la  façade,  plus  heureuse,  a  conservé  une  grande 
partie  de  ses  vitraux;  mais,  par  un  hasard  des  plus  malencon- 
treux, il  ont  été  démontés  et,  qui  plus  est,  mal  remontés;  c'est 
une  véritable  scène  de  carnage  :  là  une  tête,  ici  une  jambe,  ail- 
leurs une  main.  Malgré  leur  mauvais  état,  nous  avons  cru  recon- 
naître que  ces  vitraux  doivent  être  attribués  à  la  première  moitié 
du  XVI®  siècle.  Quant  au  sujet,  tant  que  les  personnages  n'auront 
pas  retrouvé  leurs  membres  respectife,  nous  renonçons  à  deviner 
quel  il  pouvait  bien  être. 

Disons  en  terminant  un  mot  du  mobilier  de  l'église.  On  montre 
dans  la  sacristie  une  croix  en  vermeil  couverte  de  filigranes  et 
ornée  de  verroteries.  Le  travail  en  est  lourd,  assez  grossier,  les 
branches  sont  terminées  par  des  fleurs  de  lys.  On  ne  peut 
guère  en  faire  remonter  la  fabrication  plus  haut  que  le  xv®  siècle. 
Elle  fut,  dit-on,  donnée  à  l'égUse  de  Najac  par  un  seigneur  de 
Gorbières*.  Dans  un  coin  de  l'église  se  trouve  relégué  un  pied  de 
cierge  paschal  qui,  à  notre  avis,  sans  être  une  œuvre  de  fer- 
ronnerie bien  fine,  est  pour  le  moins  aussi  curieux  que  la  croix. 
C'est  une  cage  en  fer  légèrement  conique,  d'un  mètre  de  haut  et 
de  35  cent,  environ  de  diamètre.  Sur  les  montants  verticaux  sont 
attachés  au  moyen  de  bagues  une  série  de  pièces  recourbées  en 
forme  de  C,  qui,  par  leur  répétition,  forment  un  grillage  du  meil- 
leur efiet;  une  petite  porte  ornée  de  la  même  façon  s'ouvre  à  la 
base  de  la  cage  et  permet  de  nettoyer  la  pointe  sur  laquelle  s'im- 

1.  Nous  n'avons  pas  besoin  de  rappeler  que  ce  même  mode  de  clôture  se 
retrouve  en  Italie  dans  d'assez  nombreuses  égUses,  en  général  fort  anciennes. 
Nous  voulons  simplement  constater  son  extrême  rareté  en  France. 

2.  Le  château  de  Gorbières  était  situé  sur  l'Aveyron,  au-dessus  de  Najac.  Sur 
la  généalogie  de  cette  famille,  voyez  de  Barrau,  Documents  historiques  et  généa- 
logiques sur  les  familles  de  Rouergue^  t.  I,  pp.  607-608. 


456 

plante  le  cierge.  Cet  ustensile  peut  remonter  à  la  fin  du  xiv*"  ou 
au  commencement  du  xv*  siècle. 

C'est  tout  ce  que  renferme  l'église  de  Najac  ;  point  de  bénitier, 
de  fonts  baptismaux  qui  méritent  d'être  mentionnés  ;  toute  cette 
partie  du  mobilier  est  moderne. 

Voilà  ce  que  nous  avons  recueilli  sur  Saint-Jean  de  Najac.  Cette 
grande  église  rurale,  assez  pauvre,  pour  ne  pas  dire  plus,  valait 
pourtant,  croyons-nous,  la  peine  d'être  signalée  à  l'attention  des 
archéologues  et  des  historiens  :  aux  uns  parce  qu'on  connaît 
exactement  la  date  de  sa  construction  et  qu'elle  présente  plusieurs 
particularités  intéressantes;  aux  autres  à  cause  des  circonstances 
qui  se  rattachent  à  sa  fondation  et  qui  en  font  un  monument 
historique. 

•      Auguste  et  Emile  Molinier. 
{La  fin  au  prochain  numéro.) 


CATALOGUE 


DE    LA 


BIBLIOTHÈQUE  DE  UABBÉ  ADSON 


DE  MONTIER-EN-DER 


(992) 


Les  renseignements  biographiques  que  nous  possédons  sur  l'abbé 
Adson  de  Montier-en-Der  se  réduisent  à  peu  près  au  seul  témoignage 
d'un  chroniqueur  anonyme  de  la  même  abbaye,  qui  écrivait  un 
demi-siècle  après  lui  ^  Né  dans  les  premières  années  du  x^  siècle,  aux 
environs  de  Saint-Claude,  Adson  fut  élevé  dans  l'abbaye  de  Luxeull 
et  devint  bientôt  écolâtre  de  Saint-Epvre  de  Toul.  De  cette  abbaye  il 
passa  dans  celle  de  Montier-en-Der  quand  un  autre  moine  de  Saint- 
Epvre,  Albéric,  y  fut  appelé  comme  abbé,  et  à  la  mort  d'Albéric, 
vers  968,  il  fut  élu  à  sa  place.  Quelques  années  après  il  entreprenait 
la  conversion  d'Hilduin,  comte  d*Arcis-sur-Aube  et  frère  de  Manassé, 
évêque  de  Troyes,  qui  s'était  signalé  par  ses  brigandages.  Un  pèle- 
rinage à  Jérusalem  fut  une  des  conditions  de  la  pénitence  imposée  à 
Hilduin,  et  Adson  s'offrit  à  l'accompagner,  imitant  en  cela  l'exemple 
de  saint  Bercher,  Tun  des  patrons  de  Montier-en-Der,  qui  avait 
accompagné  de  même  Waimer,  F  un  des  meurtriers  de  saint  Léger. 
Us  s'embarquèrent  vers  992  pour  Babylone  d'Egypte  (le  Caire), 
mais  Adson  tomba  malade  pendant  le  voyage  et  mourut  en  mer. 


1.  De  diversis  casibus  Dervensis  eœnobii  et  miraeulis  S.  Bercharii,  Mabil- 
lon,  AA.  SS.  0.  S,  B.  II,  849-850. 


458 

près  d'une  île  que  le  moine  anonyme  appelle  Astilia*,  où  il  fui 
enterré. 

Le  goût  d'Âdson  pour  les  lettres  anciennes  était  déjà  connu,  et  le 
catalogue  de  ses  livres,  qu'on  lira  plus  loin,  ne  fera  que  confirmer 
la  réputation  d'érudit  qu'il  avait  de  son  temps.  Deux  lettres  de 
Gerbert  nous  montrent  le  soin  qu'il  mettait  à  former  une  biblio- 
thèque, et  Tune  d'elles,  adressée  à  Tarchevêque  de  Reims,  Adalbéron, 
mentionne  un  ouvrage,  l'Histoire  de  Jules  César,  qui  ne  se  trouve 
point  dans  la  liste  des  livres  qu'Adson  possédait  au  moment  de  sa 
mort*. 

L'inventaire  de  ces  livres,  dressé  par  les  moines  de  Montier-en-Der 
après  le  départ  de  leur  abbé  pour  Jérusalem,  nous  a  été  conservé  à 
la  fin  d'un  martyrologe  d'Usuard,  dans  le  ms.  latin  5547  de  la 
Bibliothèque  nationale  ^.  A  ne  considérer  que  le  nombre  des  volumes 
qui  y  sont  mentionnés,  ce  catalogue  est  peu  important,  mais  le  genre 
des  ouvrages,  presque  tous  étrangers  à  la  théologie,  et  la  date  à 
laquelle  il  a  été  rédigé  le  rendent  des  plus  intéressants.  Sur  vingl- 
trois  ouvrages  dont  il  donne  le  détail,  quatorze  sont  des  classiques 
ou  des  commentaires  de  classiques,  et  on  n'y  trouve  guère  que  trois 
volumes  de  théologie  pure.  Les  manuscrits  y  sont  souvent  désignés 
d'une  façon  assez  sommaire,  comme  c^est  Thabitude  dans  les  an- 
ciens catalogues,  et  il  ne  sera  peut-être  pas  inutile  de  faire  suivre 
la  liste  des  livres  d'Adson  des  quelques  notes  qu'on  trouvera  plus 
loin. 

H.  Omont. 


1.  Les  auteurs  de  l'Histoire  littéraire  de  la  France,  qui  ont  consacré  une  assez 
longue  notice  à  la  vie  et  aux  œuvres  de  Tabbé  Adson  (t.  VI,  p.  471-492),  pensent 
qu'il  fut  enterré  à  Stampaiia  (ou  Istampalia),  lie  de  la  mer  Egée. 

2.  Gerbert,  Œuvres,  éd.  OUeris,  ep.  54;  ep.  76,  ad  Adalberonem  Bemorum 
archiepiscopum  :  c  Historiam  Julii  Cœsaris  a  domino  Azone  abbate  Dervensi  ad 
rescribendum  nobis  acquirite.  i 

3.  Il  en  existe  une  copie,  faite  par  Mabillon,  dans  le  ms.  latin  11902,  fol.  281. 
—  Le  martyrologe  à  la  fin  duquel  a  été  écrit  ce  catalogue  contient  un  assez 
grand  nombre  de  notes  historiques  sur  Tabbaye  de  Montier-en-Der,  écrites  aux 
XI*  et  XII*  siècles.  Sur  l'ayant-demier  feuiUet  on  trouve  aussi  la  liste  des  livres 
qui  servaient  à  la  lecture  des  moines  : 

c  Hi  sunt  libri  coUationum  legendi. 

c  I.  Dialogorum.  —  II.  Vitas  patrum.  —  III.  Isidorus.  —  IIII.  Ëxameron.  — 
V.  Encheridion.  —  VI.  Ambrosius  de  sacramen^is.  —  VII.  Johannes  Hele- 
mosinaris.  •—  VIII.  Pastoralis.  —  YIIII.  Pia  ftionachorum  coUaNo.  — 
X.  Alcbuinus.  » 


459 


Hii  SUNT  useri  domni  abbatis  adsonis,  quos  in  arga  eius 

RBPPERIMW^,    POSTQUAm  JPSE   HIBROSOLIMAm   PETIIT. 

I.  Hisagogae  Porphirii. 
II.  Gathegoriae  Aristotelis. 
III.  Item  cathegorioe  sanc^i  AagusUni. 
IIII.  Quidam  libellas  de  .x.  cathegoriis  sine  inscriptione. 
V.  Rethorica  Tullii. 
VI.  Seruiu5  super  Virgilium. 
[VII-]VIII.  Terentii  .IF. 
VIIII.  SeduUu6f  .1. 

X.  Ambrosiu5  de  sacramentis. 
XI.  Vita  sanc^i  3ohannis  elemosinarii. 
XII.  Moridach  super  Donatum. 
XIII.  Quidam  libelliez  in  quo  sunt  praetitulati  omnes 

Terentiani  tituli. 
XIIII.  Expositio  super  .x.  eglogas  Virg^7^^,  et  super 
georgica. 

1.-2.  VIsagoge  de  Porphyre,  E\<Tay(ùyr\  mpi  TâvnévTE  qpovcov,  appelée  dans  les 
éditions  E\(Tayuiyr\  sic  xàç  'ApicrroTéXQuc  xan^yopiaç,  titre  qui  indique  mieux  le 
contenu  de  Touvrage  mais  n'est  pas  celui  de  l'auteur,  et  les  Catégories  (Prxdica- 
menta)  d'Aristote  ont  été  traduites  vers  le  iy«  siècle  par  Victorinus  et  Boèce, 
d'après  Isidore  (Origines,  II,  25,  26).  C'est  cette  traduction  qui  a  seule  été 
connue  pendant  une  grande  partie  du  moyen  âge. 

3.  Parmi  les  œuvres  supposées  de  saint  Augustin  se  trouve  un  c  liber  de  X. 
categoriis  i ,  attribué  quelquefois  à  Yegetius  Praetextatus. 

4.  Ces  Catégories  anonymes  sont  peut-être  l'œuvre  de  Jean  de  Melrose  (Joannes 
Scotus), 

5.  Sous  le  titre  de  Rhetorica  le  moyen  âge  a  compris  deux  ouvrages  différents, 
dont  l'un  est  de  Cicéron,  les  libri  II  de  inventione  (Rhetorica  vetera),  et  l'autre 
lui  était  alors  attribué^  les  libri  IV  rhetoricorum  ad  C.  Herennium  (Rhetorica 
nova),  ainsi  appelés  d'après  Tépoque  de  la  vie  de  Cicéron  à  laquelle  on  croyait 
qu'ils  avaient  été  composés.  On  les  trouve  souvent  réunis  dans  le  même  manus- 
crit sous  le  titre  de  Rhetorica  vetera  et  nova, 

11.  C'est  probablement  la  vie  de  saint  Jean  TAumônier,  patriarche  d'Alexan- 
drie (t  676),  écrite  en  grec  par  LeonUus  et  traduite  par  Anastase  le  Bibliothécaire. 

12.  On  ne  trouve  mentionné  nulle  part  ce  commentateur  de  Donat  Le  cata- 
logue de  l'ancienne  bibliothèque  de  l'abbaye  de  Saint-Ëpvre  de  Toul,  rédigé  au 
XI"  siècle  et  publié  dans  le  Neuer  literarischer  Anzeiger  (1807,  p.  65-76),  donne 
le  titre  d'un  commentaire  de  Donat  :  c  Vuidrac  super  Donatum,  vol.  I  »,  qui 
pourrait  bien  être  le  même  que  celui  de  Moridach, 

13-14.  Ce  commentaire  anonyme  sur  Térence  parait  être  celui  de  Donat.  Le 


460 

XV.  Euticius  .1. 

XVI.  Quidam  libella*  quem  Martinellu/w  Dominant. 
XVII.  Glosarius  .i.  fer  alfabetum. 
XVIII .  Item  glosariu5  sup^r  Martianum  de  nuptiis  phylolo- 

giae. 
XVIIII.  Beda  de  metrica  ratione. 

XX.  Historia  cuiw^dam  Freculfl  Luxoviensis. 
XXI.  Declinationes  .1. 
XXII.  Expositio  Haimonis  sup^  efistolam  Pauli  ad  Ro- 

manos, 
XXIII.  Excerpta  ex  libris  Pompeii  Festi. 


suivant  sur  les  églogues  et  géorgiqoes  de  Virgile  est  sans  doute  celui  de  Junius 
Philargyrius,  publié  par  Fulvius  Ursinus  à  la  suite  du  Kalendarium  FamesiOr- 
num  (Rome,  1587,  in-8*),  ou  celui  de  Yalerius  Probus  publié  pour  la  première 
fois  dans  l'édition  de  Virgile  (Venise,  1507,  in-fol.). 

15.  Eutychjus  (et  non  Eutyches)  est  l'auteur  de  deux  livres  De  discernendis 
conJuraiionibtLSy  imprimés  dans  le  Corpus  grammaticorum  latinorum  de  Lin- 
demann  (I,  149-198). 

16.  On  a  désigné  au  moyen  âge  sous  le  nom  de  Martinellus  un  recueil  de  diffé- 
rents opuscules  de  Sulpice  Sévère  concernant  saint  Martin  de  Tours,  qu'on  trouve 
ordinairement  disposés  dans  l'ordre  suivant  :  1*  Vie  de  saint  Martin.  —  V  Trois 
lettres  à  Eusèbe,  Aurèle  et  Bassula  relatives  à  saint  Martin.  —  3*  Dialogues  en 
trois  livres  sur  les  vertus  de  saint  Martin.  —  4*'  Vers  et  épitaphes  en  l'honneur 
de  saint  Martin.  —  On  y  a  joint  quelquefois  de  petits  traités  de  saint  Martin  ou 
de  Grégoire  de  Tours.  Les  manuscrits  latins  5580-5583,  du  x'  siècle,  entre  autres, 
sont  des  Martinelli.  C'est  aussi  sans  doute  le  même  ouvrage  que  l'on  trouve 
mentionné,  sous  le  nom  de  Martinulus,  dans  le  catalogue  d'une  bibliothèque 
indéterminée,  écrit  au  xi*  siècle,  et  qui  se  lit  au  fol.  154  v*  du  manuscrit 
latin  943  de  la  Bibliothèque  nationale.  Dans  le  nécrologe  de  la  cathédrale  de 
Paris  (Bibl.  nat.,  ms.  latin  5185  c.  c],  on  voit  aussi  que  l'évéque  de  Paris 
Thibaud  (f  1157)  légua  au  trésor  de  la  cathédrale  c  très  libros,  duos  passionales 
et  unum  qui  dicitur  Martinellus.  »  Carpentier  a  identifié  à  tort  ces  deux  manus- 
crits avec  la  chronique  de  Martinus  Polonus.  (Voy.  Du  Gange,  art.  Martiniana.) 

18.  C'est  sans  doute  le  commentaire  sur  Marcianus  Capella  de  Rémi  d'Auxerre, 
ou  bien  celui  de  Jean  de  Melrose.  (Cf.  Labbe,  Nova  Biblioth,  mss,  librorum, 
1653,  4%  p.  45.) 

20.  La  Chronique  de  Fréculphe,  évéque  de  Lisieux  {Lexoviensis). 

23.  L'abrégé  de  Festus  par  Paul  Diacre. 


ÉTUDE  SUR  LE  RYTHME 


DES 


BULLES  PONTIFICALES 


La  prose  d'un  grand  nombre  de  bulles  pontificales  est 
rythmée.  En  d'autres  termes,  elle  vient  frapper  Toreille,  à  de 
certains  intervalles,  par  le  retour  de  syllabes  accentuées,  de  sons 
forts,  dont  la  place  et  le  nombre  sont  déterminés. 

Étudier  les  lois  de  ce  rythme,  plus  large  que  celui  de  la  versi- 
fication, bien  reconnaissable  d'ailleurs,  et  intéressant  au  double 
point  de  vue  de  la  littérature  et  de  la  diplomatique,  tel  est  l'objet 
de  ce  travail. 

On  envisagera,  d'un  côté,  la  théorie,  de  l'autre,  l'application. 
Les  règles  de  nombre,  enseignées  dans  les  traités  du  temps  et 
exposées  selon  le  langage  de  l'école,  rempliront  un  premier  cha- 
pitre ;  un  second,  plus  spécialement  consacré  à  la  diplomatique 
pontificale,  montrera  dans  quelle  mesure  et  à  quelle  époque  ces 
préceptes  ont  été  observés  dans  la  chancellerie  des  papes  ^ 

J'aborde  d'autant  plus  volontiers  cette  étude,  qu'elle  me  semble 
répondre,  très  incomplètement  il  est  vrai,  à  un  vœu  exprimé  par 

1.  Il  faudrait  également  étudier  l'application  de  ces  règles  dans  les  chartes  et 
autres  textes  où  elles  furent  observées.  Ce  cadre  eût  été  trop  vaste  :  j'ai  dû  le 
restreindre  quant  à  présent^  souhaitant  de  pouvoir  plus  tard  revenir  sur  ce 
sujet,  et  surtout  désireux  de  provoquer  d'autres  recherches,  d'autres  études 
moins  imparfaites. 

Je  traite  ici  une  matière  que  je  n'avais  fait  qu'effleurer  dans  un  mémoire, 
présenté  naguères  à  la  Faculté  des  lettres,  et  dont  mon  confrère  et  ami, 
M.  Joseph  Tardif,  a  donné  aux  lecteurs  de  la  Bibliothèque  une  trop  indulgente 
analyse.  Je  ne  saurais  mieux  faire  que  de  m'associer  aux  très  justes  critiques 
dont  ce  travail  d'ébauche  a  été  récemment  l'objet  de  la  part  d'un  juge  des  plus 
compétents.  (V.  Revue  critique,  1881,  p.  324.) 


H2 

M.  PaulMeyer.  Quand  parut,  en  1868,  Y  Histoire  des  doctrines 
grammaticales  au  moyen  âge  S  notre  savant  confrère  fut  jus- 
tement frappé  de  l'intérêt  qu'offraient  certains  passages  relatifs 
au  nombre*  ;  il  parla  d'un  «  secours  inattendu  »,  que  la  diploma- 
tique pouvait  trouver  dans  ces  textes,  et  réclama,  sur  ce  sujet, 
une  «  étude  toute  spéciale  »  :  «  On  comprend,  disait-il,  de  quel 
instrument  précieux  la  critique  sera  pourvue,  lorsqu'on  aura 
déterminé  l'époque  où  le  cursus  (le  rythme  prosaïque)  se  montre 
pour  la  première  fois  et  les  combinaisons  employées  par  chaque 
auteur  3.  » 

CHAPITRE  PREMIER. 

THÉORIE. 

§1. 

Chez  les  anciens,  le  mot  cursus  s'appliquait  parfois  aU  dis- 
cours, pour  exprimer  l'idée  d'un  flux  de  paroles,  d'une  harangue 
débitée  d'un  trait,  sans  interruption  ni  pause  :  on  en  pourrait 
trouver  plus  d'un  exemple  dans  Cicéron^,  dans  Quintilien^. 
Tout  autre  est  la  métaphore  chez  les  grammairiens  du  moyen 
âge.  Le  cursus  n'est  plus  la  marche  accélérée  du  discours,  il 
signifie  l'harmonieuse  succession  des  phrases,  comme  si  l'habile 
agencement  des  mots  selon  les  règles  du  rythme  donnait  à  tout  le 
discours  une  allure  plus  vive,  et  comme  si,  en  bannissant  du  style 
les  dissonances,  les  imperfections  de  nombre,  on  lui  imprimait, 

1.  De  M.  Ch.  Thurot.  Notices  et  Extraits,  t.  XXII,  2«  partie. 

2.  Seconde  partie,  chap.  VII,  §  x,  p.  480-485.  Les  textes  cités  sont  de  Buon- 
compagno,  de  Ponce  le  Provençal,  de  Laurent  de  Rome  et  de  l'auteur  du  Can- 
delabrum. 

3.  Revtte  critique,  1870,  p.  220. 

4.  De  Oratore,  l,  35  :  «  Tantus  cursus  verborum  fuit,  et  sic  evolavit  oratio, 
ut...  » 

5.  Instit.  Orat.,  IX,  §  4  :  c  Sed  omnes  ii  (s.  eut.  pedes)  qui  in  brèves  exci- 
dunt  minus  erunt  stabiles,  nec  alibi  fere  satis  apli,  quara  ubi  cursus  orationis 
exigitur,  et  clausulis  non  intersistitur...  Quaedam  etiam  clausulae  sunt  claudse 
atque  pendentes,  si  relinquantur  :  sed  sequentibus  suscipi  ac  sustineri  soient  ; 
eoque  facto,  vitiura  quod  erat  in  fine  continualio  emendat  :  Non  vult  populus 
romanus  obsoletis  criminibus  accusari  Verrem  :  duruni,  si  desinas;  sed  quum 
est  continuatnm  ils  quae  sequuntur,  quanquam  natura  ipsa  divisa  sint,  nova  pos- 
tulat, inaudita  desiderai,  salvus  est  cursus.  »  Cf.  ibid.,  VIII,  proœm.,  g  27,  IX, 
?  2,  et  X,  g  7. 


463 

par  là  même,  un  mouvement  plus  rapide  :  «  Cum  artiûcialiter 
dictiones  locantur,  currere  sonitu  delectabili  per  aures  videntur 
cum  beneplacito  auditorum*.  »  Un  arrangement  des  mots  con- 
forme aux  règles  de  l'harmonie,  «  artificiosadictionum  structura», 
s'appelle  donc  cursus  au  moyen  âge,  terme  connu  dès  le  xn®  s.  *, 
dont  l'usage  n'avait  peut-être  pas  encore  prévalu,  suivant  la 
remarque  de  M.  Thurot^,  au  commencement  du  xin®,  mais  qui 
ne  tarda  pas  à  être  employé  communément  dans  tous  les  manuels^. 

§2. 

Avant  de  jqous  engager,  à  la  suite  des  professeurs  du  moyen 
âge,  dans  cette  région  peu  explorée  de  la  grammaire,  sachons  où 
ils  veulent  nous  conduire.  Et  d'abord,  pour  qui  écrivent-ils  leur 
théorie  du  cursus  ? 

Les  traités  intitulés  JDictamen,  Ars  dictandi,  Summa  die- 
taminiSy  et  dans  lesquels  sont  ordinairement  énoncés  les  pré- 
ceptes relatifs  au  nombre,  difièrent,  on  le  sait,  des  traités  de  rhé- 
torique, en  ce  qu'ils  ont  pour  unique  objet  l'art  d'écrire.  Les 
genres  métrique  et  rythmique,  c'est-à-dire  les  deux  versifications 
qui  ont  subsisté  côte  à  côte  pendant  toute  la  durée  du  moyen  âge, 
y  sont  définis  en  deux  mots  ;  la  prose  y  reçoit  seule  d'amples 
développements.  J'emprunte  cette  expression  de  «  prose  »  au 
«  magister  in  dictamine  »  :  en  fait,  le  maître  restreignait  beau- 
coup plus  le  cadre  de  son  enseignement  et  se  bornait  à  exposer 
les  lois  du  style  épistolaire.  Il  est  bien  entendu  que  diplômes, 
chartes,   bulles,  privilèges,  toutes  lettres  authentiques,  en  un 


1.  BuoncompagQO,  pass.  cité  par  M.  Thurot,  op,  cit,  p.  480. 

2.  Forma  dictandi  de  Grégoire  VIII,  Bibl.  nat.,  ms.  ialin  n*  2820,  f»  58  r». 

3.  Ârgoroent  tiré  de  cette  phrase  de  Buoncompagno  :  «  Appositio,  que  dicitur 
esse  artificiosa  dictionum  structura,  ideo  a  quihusdam  cursus  vocatur.  »  Op. 
City  p.  480. 

4.  Tel  est  le  sens  le  plus  général  du  mot  cursus.  J'avoue  cependant  que  cette 
définition  ne  convient  pas  également  à  tous  les  textes  que  j'ai  sous  les  yeux.  Dans 
un  passage  de  M"  Gui,  qui  fut  imité  ou  reproduit  par  W  Guillaume,  par  Ponce 
le  Provençal  et  par  l'auteur  du  Candelabrum  (V.  M.  Thurot,  op.  cit.,  p.  480  et 
suiv.),  le  vrai  sens  de  cursus  me  paraît  être  la  manière  dont  sont  accentués  les 
mots  :  c  Non  enim  hos  pedes  judicamus  in  prosa  juxta  metricam  rationem,  sci- 
licet  secundum  correctionem  (^tses  ;  correptionem)  et  productionem,  ex  cursu 
vero  tantum  quem  habent  dictiones.  »  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n**  8653,  f*"  24  r% 
col.  1. 


464 

mot,  rentraient  dana  ce  programme  d*études,  aussi  bien  que  les 
lettres  privées.  C*est  au  milieu  de  dissertations  sur  l'adresse, 
Texorde  et  autres  parties  de  Tépître,  qu'il  faut  chercher  Fenoncé 
plus  ou  moins  succinct  de  la  théorie  du  curstts.  Cette  circons- 
tance seule  donnerait  à  penser  que  les  lois  du  nombre  régissaient 
exclusivement  le  style  des  lettres  et  des  chartes. 

Mais  il  y  a  plus  :  Jean  TAnglois,  un  auteur  de  la  seconde 
moitié  du  xiif  siècle,  n'attribue  qu'à  «  certains  notaires  »,  ou 
rédacteurs  d'actes,  l'habitude  d'observer  le  cursus.  Quant  aux 
autres  écrivains,  ajoute-t-il  (et  dans  cette  dernière  catégorie,  il 
comprend  tous  les  auteurs  didactiques,  en  particulier  les  rédac- 
teurs de  Dictamina),  s'ils  veulent  parer  leur  prose. d'ornements 
poétiques,  ils  usent  du  style  cicéronien,  stylo  Tulliano,  lequel 
ne  repose  nullement  sur  la  cadence^  mais  bien  sur  les  figures 
de  mots  et  sur  les  figures  de  pensées  *.  Même  observation  dans 
un  traité  du  xv*  siècle  *  :  l'emploi  du  cursus  est  le  privilège  des 
notaires,  notariorum  in  curiis  ;  ils  rompent  avec  la  tradition 
des  Quinte-Curce,  des  Valère-Maxime,  des  Quintilien  et  autres 
grands  prosateurs,  dont  le  style  empruntait  tout  son  lustre  aux 
figures  de  rhétorique  ^.  De  là  aussi  la  règle  nettement  affirmée  par 
un  maître  qui  semble  avoir  écrit  sous  le  règne  de  Louis  le  Hutin^: 


1.  C'est  ainsi,  je  pense,  qn'il  faut  entendre  la  phrase  un  pea  obscure  de  Jean 
TAnglois  :  c  In  stiio  TuUiano  non  est  observanda  pedum  cadentia,  set  dictionum 
et  sententiarum  coloratio  :  quo  stilo  utuntur  vates  prosayce  scribentes  et  magis- 
tri  in  scoiasticis  Dictaminibus.  Hnjusmodi  non  est  assignandum  exemplum,  quia 
quasi  curreret  in  infinitum.  »  Ludw.  Rockinger,  Briefsteller  und  Formelbiicher 
des  eilften  bis  vierzehnten  Jahrhunderts,  dans  les  Quellen  und  Ercerterungen 
zur  bayerischen  und  deutschen  Geschichte,  1863,  t.  IX,  1'*  partie,  p.  501. 

2.  Bibl.  nat.,  ros.  latin  n"  14175.  Parmi  les  personnages  dont  l'auteur  cite  les 
noms,  se  trouve  (f'  29)  l'électeur  de  Saxe,  Frédéric  le  Belliqueux,  landgrave  de 
Tburinge  et  marquis  de  Misnie  (1423-1428). 

3.  Fol.  18  ¥<"  :  c  Stilli  prosayci  sunt  IV  :  TuUianus,  videlicet  quo  utuntur 
actores  prosaïce  scribentes,  sicut  Quintus  Ruffus,  in  Hysioria  Alexandri, 
Yalerius  Maximus,  Quinti[li]anus,  in  Declamationibus  suis,  et  alii  quasi  infiniti 
sunt.  Isto  autera  stilo  solum  observatur  vocum  et  sententiarum  coloratio,  que  fit 
per  colores  rethoricos  :  qui,  licet  necessarii  sint  dictatori,  necnon  et  scriptori- 
bus  universis,  scripta  {sic)  sunt  volentibus  decorare  et  ornatus  jocunditatem 
debitam  observare...  » 

4.  Il  cite  les  noms  de  G.,  connétable  de  France  (=  Gaucher  de  Ghâtillon, 
1302-1327),  de  P.,  archevêque  de  Sens  (=  Philippe,  1309-1316),  d'A.,  cardinal- 
évéque  d'Albano  (=  Arnold  d'Auch,  1312-1320),  de  L.,  roi  de  France  (=  Louis  X, 
1314-1316),  et  de  L.,  empereur  (=  Louis  V,  1314-1347). 


465 

au  genre  épistolaire  appartient  une  langue  spéciale,  participant  à 
la  fois  de  la  prose  et  des  vers  *. 

Ainsi  donc ,  en  principe*,  les  chartes  et  les  lettres  sont  seules 
sujettes  à  se  prêter  aux  combinaisons  du  cursus  ;  encore  faut-il 
excepter  la  première  phrase,  celle  qui  contient  le  salut,  sans 
doute  parce  que  les  nécessités  de  la  formule  et  les  exigences  de  la 
mode  n'y  laissaient  aucune  latitude  à  la  fantaisie  du  rédacteur. 

§3. 

Cette  première  remarque  est  loin  de  satisfaire  notre  curiosité. 
Grâce  aux  Dictamina,  la  théorie  du  cursus  a  pu  s'étendre,  se 
propager  et  s'appliquer,  d'une  manière  générale,  au  style  des 
correspondances  et  des  chartes;  mais,  à  coup  sûr,  elle  n'a  pas' 
eu  tout  d'abord  cette  portée  :  laite  pour  une  contrée,  pour  une 
chancellerie  peut-être,  elle  a  commencé  par  exercer,  dans  un 
cercle  plus  restreint,  une  influence  toute  locale.  C'est  le  secret 
qu'il  faudrait  maintenant  arracher  aux  professeurs  de  cursus, 
en  soumettant  leurs  traités  à  un  examen  minutieux. 

Si,  comme  l'établissent  de  récents  travaux,  les  Dictamina 
ont  paru  en  Italie  ^  longtemps  avant  de  se  répandre,  soit  en  Alle- 


1.  Bibl.  nât.,  ms.  latin  n"  11384,  f*  94  r  :  c  In  hoc  vero  dlctamine  litterato- 
rio,  quod  nec  est  ex  toto  prosaycum,  nec  ex  toto  metricum,  sed  uirumque  par- 
ticipât... »  JDictamen  litteratorium  a  ici  le  même  sens  que  dictamen  litterarum 
qui  se  trouve  dans  la  première  phrase  de  ce  traité  (f*  91  r). 

Cf.  M**  Ludolfe,  qui  dit  en  expliquant  Tune  des  règles  du  cursus  :  n  Circa 
quem  finem  quid  in  litteris  sit  regulariter  observandura,  hec  est  régula, 
quod...  »  (Rockinger,  Quellen  und  Erœrterungen,  1.  c,  p.  370.  Cf.  une  autre 
rédaction  du  même  traité  dans  le  ms.  latin  n*  11385,  f*  6  v**,  de  la  Bibliothèque 
nationale.) 

2.  n  faut  insister  sur  ces  mots  en  principe;  car,  en  fait,  bien  des  textes 
n'appartenant  à  aucun  titre  au  genre  épistolaire  et  répartis  entre  les  diverses 
époques  du  moyen  âge  sont  soumis  aux  lois  du  nombre.  Qu'il  me  suffise  de 
citer  le  Dolopathos,  dont  certaines  parties  sont  rythmées,  suivant  la  très  juste 
remarque  de  M.  Gaston  Paris.  {Romania,  t.  II,  1873,  p.  496.) 

3.  M.  Rockinger  a  publié  une  curieuse  dissertation  sur  l'enseignement  de  l'art 
épistolaire  en  Italie  :  Ueber  die  Ârs  dictandi  und  die  Summae  dictaminum  in 
Italien,  vorzugsweise  in  der  Lombardei,  vom  Ausgange  des  eilften  bis  in  die 
zweite  Hœlfte  des  dreizehnten  Jahrhunderts,  {Sitzung  der  historischen  Klasse 
der  Akademie  der  Wissenschaften  vom  19  jœnner  1861,  Miinchen,  p.  98-151.) 
Cf.  le  très  important  mémoire  de  M.  Wattenbach,  Ueber  Briefsteller  des  Mittel^ 
allers.  {Archiv  fur  Kunde  œsterreich,  Geschichtsqv^ellen,  t.  XIV,  p.  29-94.) 


I«$ 


Biaçse.  w«tflD  Frmoe^  su  imianearsitt  la  rédaction  dnpreniier 
lP¥!tani/^i.  fr&ueaië  (je  n'en  ocomsâs  pas  (Tantérieiir  a«  légne  de 
PiuùffO'Xuçwâje  ^  j,  IHabe  ponâdbdt  €t  fisait  les  «eorres  <f  Avlvr 
do  ManMIisBaixL  ai  les  àocinDf»  proiesBèes  sur  le  strie  «pisUn 
laire  osA  f&ssê  les  flaoots  rers  la  fin  du  xn*"  sîède,  par  1211e  sorte 
d'isTafikni  (xmparafale  à  celle  qui  s'âcoomplissait.  aa  nkéme 
axnxneaU  acms  rîTifluenoe  de  rêoole  bcdonaise.  et  întrcMiBisaît  dans 
les  cours  da  Nord  la  légklatiaD  de  Jnstinkii.  il  est  natorel  de 
fesijser  que  la  tlièahe  da  cursus,  jointe  hal»tuellemeiit  aux  règles 
du  fitjle  ^istcdaire,  eA,  comme  les  manuels  de  œt  art.  origi- 
naire dUtafie^  GepeDdant  ni  Aubry',  ni  Hugues  de  Bcdogne^ 
qui  éenvait  dans  le  premier  quart  dn  xn*  siède,  ne  font  mention 
en  cursus. 

Francfaiisons  on  intarvaUe  de  plus  de  cinquante  ans,  et  nous 
trourercpos,  pour  la  première  6»s,  l'énonoé  des  kns  rythmiques 
dans  on  fort  curieux  opuscule  intitulé  :  Forma  dictandi  quam 
Rome  notariés  instituU  rnagisier  Albertus,  qui  et  Grego- 
rius  Vil I papa. 

Bien  qu'inédit,  cet  ouTrage  n  a  pcHnt  échappé  aux  redierches 
de  tcws  lés  savants  :  témoins  Du  Cange  ^,  Mansi*,  MM.  Watten- 
baeb'  et  Rockinger*,  qui  le  rangent  à  sa  place  parmi  les  traités 

\,  Ut  premier  me  parait  être  VArs  dictandi  Amrelianensù^  qii!a  inipriné 
AcKkiiiger.  [Op.  eii.,  p.  103-1 14-)  Il  est  suÎTi  de  très  près  par  le  traite  dn  ms. 
latJA  tr  994  (^  30),  par  le  Dictamen  de  Bernard  de  Memig,  doot  WatlenlMch  a 
dooBé  l'analyse  {Reise  nach  OesUrreiek  in,  den  Jahren  1S47,  1848,  1849  : 
Pertz,  Archiv,  t.  X,  p.  557),  par  les  deax  Summar  dicUtminis  des  mss.  latins 
tt*'  1093  et  14193,  par  la  Summa  d/s  epistoUs  dUtandis  de  M*  Gni  (ms.  latin 
o*  8fô3),  et  enfin  par  le  Dictamen  dn  ms.  latin  n*  8566. 

2.  Ce  fait  n'est  pas  contredit  par  la  présence  de  trois  Orléanais,  Jean,  GniU 
lanme  et  Robert,  dans  la  chancellerie  pontificale,  sons  les  règnes  d'Alexandre  111 
et  Lncias  IIL  (Mag.  Stéphane,  abbatis  S.  Genovefœ  Paris,  et  episcopi  Tomae., 
episMœ,  éd.  Cl.  du  Molinet,  ep.  LXV  et  LXXXV,  p.  84  et  126.)  Ces  notaires 
avaient  pn  étudier  la  rhétorique  dans  les  célèbres  écoles  d'Orléans  (cf.  M.  L.  De- 
lisle  :  le$  Écoles  d'Orléans  au  xn'  et  au  xm*  siède,  dans  VAnnuaire4mUetin 
de  la  Soc.  de  VHist.  de  France,  1869,  t.  YII,  p.  143)  ;  rien  ne  prouve  qu'ils  y 
aient  appris  l'art  de  rédiger  conformément  au  rythme  les  lettres  pontificales. 

3.  Rockinger,  Quellen  v/nd  Eroerterungen,  1.  c,  p.  9-46. 

4.  Ihid.,  p.  53  et  sniv. 

5.  Il  le  cite  sous  le  titre  de  c  liber  De  stylo  Romani  dictaminis,  çui  adseri- 
hitur  Gregorio  VIII  papœ.  »  [Glossarium,  v*  Dictamen.) 

6.  Fabricius,  Bihl.  med.  et  inf.  latinit,  Palavii,  1754,  t.  III,  p.  96. 

7.  Archiv  fur  Kunde  œsterreich.  Geschichtsqu.,  t.  XIV,  p.  55. 

8.  c  Von  ihrem  Betriebe  beispielsweise  an  der  paebstlichen  Curie  zeugt  ja 


467 

italiens,  mais  qui  malheureusement  n'en  connaissaient  que  le 
titre,  les  uns  pour  Tavoir  lu  dans  une  lettre  d'Hugues,  religieux 
prémontré  S  les  autres  pour  l'avoir  rencontré  au  tome  VII  (p.  43) 
de  VArchiv  de  Pertz. 

Transcrit  par  un  copiste  du  xii®  siècle  ^  l'opuscule  en  ques- 
tion occupe  le  fol.  58  v^  du  manuscrit  latin  n°  2820  à  la 
Bibliothèque  nationale.  A  en  juger  par  le  titre,  dont  l'écriture  est 
également  du  xif  siècle,  la  Fo7^ma  dictandi  n'est  autre  que 
l'ouvrage,  ou  plutôt  une  portion  de  l'ouvrage,  dont  Hugues  le 
Prémontré  faisait  parvenir  un  exemplaire  à  Simon,  chanoine  de 
Saint-Éloi-Fontaine,  vers  la  fin  du  mois  de  juin  1218:  «  Verum, 
quoniam  nullum  oblectamentum  meum,  quod  non  participaret 
mecum  tua  dilectio,  integrum  arbitrarer,  compilationem  a  me 
factam  et  Summam  unam  a  sanctœ  recordationis  Grego7*io 
papa  VIII  (sicut  dicitur)  editam  de  stylo  romani  dictami- 
nis,,.  tibi  censui  transmittendas ^.  »  Il  n'y  a,  en  vérité,  aucun 
motif  d'en  suspecter  l'authenticité,  en  présence  de  deux  témoi- 
gnages aussi  vénérables  que  celui  du  manuscrit  et  celui  d'Hugues 
le  Prémontré,  l'un  presque  contemporain  de  Grégoire  VIII,  l'autre 
postérieur  de  trente  et  un  ans  à  sa  mort.  Avant  son  court  passage 
sur  le  siège  pontifical,  Grégoire,  alors  connu  soi;is  le  nom  d'Al- 
bert de  Morra,  était  chancelier  de  l'église  romaine,  et,  comme 
tel,  expédiait  les  privilèges  des  papes  Alexandre  III,  Lucius  III, 
Urbain  III  ^  ;  de  1178  à  1187,  il  eut  la  haute  main  dans  la  rédac- 
tion des  bulles,  en  sorte  que  ses  fonctions  lui  faisaient  un  devoir 
d'enseigner  aux  notaires,  ses  subordonnés,  le  style  de  la  cour  de 
Rome:  le  ms.  latin  n°  2820  prouve  seulement  qu'il  ne  se  bornait 
pas  à  leur  adresser  des  recommandations  orales.  De  cet  important 

deutlich  genug  die  Formula  dictandi  quant  Romœ  notarios  docuit  magister 
Albertus,  ç^i  et  Gregorius  VIII  papa,  naeiuLich  im  Jahre  1187.  >  {Ueber  die 
Ars  dictandi  und  Summae  dictaminum  in  Italien,  p.  133.)  Cf.  QueUen  und 
Ercerterungen,  l.  c,  p.  xxvin. 

1.  Mansi  en  fait  l'aveu.  Du  Gange  se  sert  des  expressions  mêmes  d'Hugues  le 
Prémontré. 

2.  C'est  à  torl  que  VArchiv  de  Perlz  (t.  VII,  p.  43)  indique  le  ros.  2820  comme 
étant  tout  entier  du  xit**  siècle. 

3.  Car.  Lud.  Hugo,  Stivaggensis  abbas,  Sacrce  antiquitatis  monumenta,  Sti- 
vagii,  1725,  in-fol.,  t.  I,  p.  1. 

4.  Du  22  février  1178  au  22  juiUet  1181,  du  28  septembre  1181  au  7  mai  1184, 
du  21  décembre  de  la  même  année  au  11  novembre  1185,  enfin  du  15  mars  1186 
au  13  octobre  1187.  (V.  Jaflfé,  Reg,  Pontifie,  Romanor,,  p.  679,  835,  855.) 


468 

manuel,  sur  lequel  il  me  &udra  revenir  plus  d*une  fois,  je  ne 
retiens  pour  le  moment  que  les  premiers  mots  :  «  Cursus  dictami- 
nis  Romane  Curie  taliter  observandus  est  »  ;  ils  semblent  éta- 
blir que  les  règles  de  nombre  enseignées  par  le  chancelier  aux 
notaires  étaient  uniquement  applicables  au  style  de  la  cour 
romaine,  et  ils  fournissent,  sinon  une  preuve  péremptoire,  au 
moins  le  plus  fort  des  arguments  en  faveur  de  Torigine  romaine 
et  pontificale  du  cursus . 

Les  auteurs  de  Dictamina  sont  malheureusement  si  peu  con- 
nus que,  malgré  mon  désir  de  glisser  rapidement  sur  toute 
matière  autre  que  le  cut^sus,  je  me  vois  forcé  d'entrer  ici  dans 
quelques  détails  au  sujet  de  Transmond,  le  second  des  dictatores 
qui  ait,  à  ma  connaissance,  énoncé  les  règles  du  nombre.  Trans- 
mondiÂS  * ,  Trasimundus  * ,  TresmundiLS  ^,  Treimundtis  *, 
Tramundus  ^,  telles  sont  les  formes  sous  lesquelles  son  nom  se 
présente  au  lecteur  dans  les  manuscrits.  Le  titre  de  monachtis 
Clarœvallensis^,  ou  même  celui  d'abba^  Clarœvallis''  Y  y 
accompagne  quelquefois.  Il  n'a  fallu  que  jeter  les  yeux  sur  la  liste 
connue  des  abbés  de  Clairvaux,  pour  reconnaître  l'impossibilité 
d'y  introduire  aucun  Transmond^,  mais  on  a  généralement 
accueilli  avec  plus  de  faveur  la  première  hypothèse,  et  Daunou 
a  cru  devoir  accorder  à  «  Traimond  ou  Trasimond,  moine  de 
Clairvaux,  »  les  honneurs  d'une  notice  spéciale  dans  l'Histoire 
littéraire  de  la  France^,  Sans  doute,  si  l'on  pouvait  considérer 
comme  l'œuvre  du  dictator  tous  les  morceaux  transcrits  ou  édi- 
tés sous  son  nom,  son  titre  de  moine  résidant  à  Clairvaux  sem- 

1.  Bibl.  Mazarioe,  ms.  n*585,  M  r.— Bibl.  nat.,  mss.  latins  n**  13688,  t*  133  r*, 
et  11867,  f*  15  r.  —  Bibl.  de  TÂrsenal,  ms.  n*  1157  (ancien  99),  ff.  49  r*,  57  V, 
60  V  et  137  V.  —  Ms.  de  MiddlehUl  n«  337. 

2.  Bibl.  de  l'École  de  médec.  de  MontpeUier,  ms.  n*  302. 

3.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n*  11382,  ^  115  r. 

4.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n*  2820,  t"  58  r». 

5.  Bibl.  de  Troyes,  mss.  n'**  1531  et  1452. 

6.  Bibl.  de  l'École  de  médec.  de  MontpeUier,  ms.  n*  302.  —  Bibl.  de  Troyes, 
ms.  n*  1452. 

7.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n*  13688,  f^  133  r*.  Dans  le  ms.  n*  1157  de  TArsenal, 
le  scribe  da  xiy*  siècle  avait  tracé  ces  mots  :  c  Explicit  Somma  fratris  Tnuns- 
mmidi,  abbatis  Glarevallis.  »  Le  mot  abbatis  fut  rayé  peu  de  temps  après  et 
remplacé  par  le  mot  monachi  (V.  f*  137  V  ;  cf.  f^  60  v). 

8.  Fabricios,  Biblioth,  med.  et  inf,  latinité  ▼"  Trasimundus;  Dannou,  Hisl, 
lut.  de  la  Fr.,  t.  xrv,  p.  395. 

9.  T.  XIV,  p.  395  et  suiv. 


469 

blerait  assez  bien  justifié:  radjonction  du  mot  frater  au  nom 
de  Transmundus  dans  la  dédicace  de  deux  manuscrits  S  la 
répétition  fréquente  de  formules  relatives  à  Tarchevêque  de  Lyon, 
à  î'évêque,  au  doyen  et  aux  chanoines  de  Langres,  aux  abbés  de 
Cîteaux  et  de  Clairvaux*,  le  caractère  tout  spécial  des  lettres 
habituellement  jointes  au  Dictamen^,  et  dont  la  plupart  inté- 
ressent Tordre  de  Cîteaux  S  cette  circonstance  enfin  que  plusieurs 
d'entre  elles  sont  écrites  au  nom  des  abbés  de  Clairvaux,  Henri 
et  Pierre,  dans  les  manuscrits  consultés  par  Du  Chesne  et  D.  Tis- 
sier  5,  seraient  autant  de  preuves  à  l'appui  de  la  thèse  adoptée, 
après  Fabricius,  par  Daunou  et  M.  Wattenbach^.  Mais  on  sait 
combien  les  manuels  de  grammaire  ont  subi  au  moyen  âge  de 
fréquentes  interpolations.  L'œuvre  de  Transmond,  en  particulier, 

1.  Ms.  de  la  Mazarine  n*  585  (xiii*  siècle),  f»  1  r,  et  ms.  de  l'Arsenal,  n*  1157 
(xiv*  siècle),  f»  49  r*  :  «  Dilectissimo  amico  suo  A.,  frater  Transmundus  perfec- 
tionem  operis  et  sennonis.  »  Cette  phrase  est  remplacée  par  la  suivante  dans  le 
ms.  latin  n«  13688  (f»  127  r")  de  la  Bibl.  nat.  (xni"  siècle)  :  «  Dilectissimo  amico 
suo  A.,  frater  R.  salutem  et  perfectionem  operis  et  sermonis;  »  ce  qui  a  fait 
porter  l'ouvrage  de  Transmond,  dans  le  catalogue  manuscrit  du  fonds  latin,  sous 
le  titre  de  Summa  dictaminis  auctore  R.  Même  incipit  dans  le  ms.  de  Middlehill 
n**  337  (ziY*  siècle),  qui  cependant  parait  ressembler  beaucoup  plus  au  ms.  de 
TArsenal  qu'au  ms.  latin  n«  13688.  (V.  Perlz,  ArchiVy  t.  VII,  p.  952.) 

2.  Ms.  de  la  Mazarine  n**  585;  ms.  latin  n*>  13688;  ms.  de  l'Arsenal  n°  1157. 

3.  Dans  la  plupart  des  manuscrits,  cet  epistolarium  suit  le  dictamen.  Il  en 
était  probablement  de  même  dans  le  ms.  latin  n*>  11867  (xiv*  siècle),  provenant 
de  Saint- Germain-des-Prés,  et  dont  les  premiers  feuillets,  aujourd'hui  perdus, 
contenaient  sans  doute  le  dictamen. 

Ces  lettres  ont  été  en  partie  publiées  par  D.  Tissier  {Biblioth.  Patrum  Os- 
terciens.,  in-fol.  1660,  t.  III,  p.  252-270),  Du  Chesne  {Hist.  Franc.  Scriptores, 
t.  IV,  p.  477-490)  et  D.  Brial.  {Rec.  des  Histor.  de  Fr.j  t.  XV,  p.  965 
et  suiv.) 

4.  Voici  le  titre  de  quelques-unes  de  ces  lettres,  d'après  le  ms.  de  l'Arsenal. 
£p.  2  :  Conqueritur  ordo  Cisterciensis  domino  Pape  super  quorumdam  mali- 
gnantium  quassatione.  —  Ep.  5  :  Super  eodem  supplicatio  ad  Papam.  —  Ep.  17  : 
Ad  dominum  Papam,  pro  violenta  manuum  injectione  in  fratres  Cisterciensis 
ordinis.  —  Ep.  28  :  Ad  abbatem  Cisterciensem  litlera  doloris  et  angustie  super 
interfectione  cujusdam  abbatis. 

5.  Du  Chesne  connaissait  deui  mss.  des  lettres  de  Transmond,  qui  lui  avaient 
été  communiqués,  l'un  par  Nicolas  Camusat,  chanoine  de  Troyes,  l'autre  par 
Claude  de  La  Fons,  avocat  de  Saint-Quentin.  D.  Tissier  a  dépouillé  trois  manus- 
crits provenant  des  abbayes  de  Clairvaux,  des  Dunes  et  de  Foigny. 

6.  Archiv  fUr  Kunde  œsterreich.  Geschichtsqu.,  t.  XIV,  p.  55.  «  In  dieselbe 
Zeit,  das  Ende  des  12.  Jahrhunderts,  gehœrt  die  Thaeligkeit  des  Transmund  von 
Clairvaux...  » 


172 

dus\  partout  accompagné  des  mots  «  Sancte  Romane  Eccletie 
notarius*  >.  Mais  ce  chancelier,  déchargé  pour  quelques  semaines 
de  ses  fonctions,  est  Albert  de  Morra .  Transmond,  qui  le  remplace, 
est  un  de  ces  notaires  auxquels  s'adressait  l'auteur  de  la  Forma 
dictandi.  Le  disciple  a  donc  voulu  à  son  tour  élever  la  voix 
dans  la  chancellerie  et,  à  l'exemple  de  son  maître,  enseigner  le 
style  de  la  oiur  de  Rome^.  Il  est  impossible,  on  le  voit,  de  trou- 
ver deux  ouvrages  unis  par  une  parenté  plus  proche,  que  la 
Forma  dictandi  de  Grégoire  VIII  et  le  Dictamen  de  Trans- 
mond  :  les  contemporains  eux-mêmes  ne  s'y  sont  pas  trompés, 
ils  ont  considéré  ces  deux  manuels  comme  inséparables  l'un  de 
l'autre^.  Pour  nous,  qui  recherchons  l'origine  de  la  théorie  du 
rythme,  nous  nous  £^citerons  de  pouvoir  rattacher  par  de  tels 
liens  à  la  chancellerie  pontificale  un  des  plus  anciens  professeurs 
de  cursus,  auquel  la  tradition  et  la  forme,  peut-être  altérée,  de 
ses  ouvrages  assignaient  une  autre  patrie,  d'autres  fonctions,  un 
autre  caractère.  Nous  n'en  serons  que  plus  disposés  à  faire 
remonter  jusqu'à  Rome  la  source  de  tout  ce  qui  s'est  dit  et  ensei- 
gné au  sujet  du  nombre.' 

Si,  postérieurement  au  xn*^  siècle  ^,  des  auteurs  dépourvus  de 
tout  titre  officiel*,  ou  même  étrangers  à  l'Italie,  reproduisent  les 

1.  16  déc  1185.  Bullar.  Cluniac,  p.  88. 

2.  Ce  fait  a  été  releré  par  les  Béo^ctios  {Nouveau  traité  de  diplomatique, 
t  V,  p.  277).  Cependant  Daanoa  et  les  savants  modernes  semblent  béâter  à  re- 
connaître en  ce  notaire  Fantenr  des  Introductiones  dictandi. 

3.  (  Obserrandum  est  insaper  Romanorum  dictaminom  stndîosis...  »  (BibL 
nat.,  ms.  latin  n**  2820,  f*  59  y*.)  —  Dictatam  tibi,  carissime,  dictatorie  institn- 
tionis  epistolam  ynittoqne  Romanorum  dictaminom  formolam  copienti.  »  (Ms.  de 
la  Mazarine  n*  585,  f*  1  r*,  et  antres  contenant  des  remaniements  dn  xm*  on  dn 
xiY*  siècle.)  —  «  Et  sic  terminandos  est  Tersns  orationis,  secondnm  Romanum 
corsnm.  •  (Cette  dernière  phrase  est  emprantée  an  ms.  latin  n*  11382,  xm*  s., 
f*  115  Y*  :  le  Dictamen  de  Transmond  y  est  rédigé  sons  une  forme  que  l'on  ne 
rencontre  nnUe  part  ailleurs.) 

4.  On  se  rappelle  comme  ils  sont  réunis  dans  le  ms.  latin  n*  2820,  et  les 
termes  dont  se  sert  le  copiste  pour  faire  la  transition  de  l'an  à  l'antre.  Hugues, 
secrétaire  de  Tabbé  Gerrais  de  Prëmonlré,  les  réunissait  également  dans  l'enToi 
qu'il  faisait  au  chanoine  de  Saint-Éloi-Fontaine. 

5.  En  ce  qui  concerne  la  France,  les  règles  da  cursus  ne  figurent  dans  aucun 
Dictamen  anlérieor  à  l'an  1200.  V.  VArs  dictandi  Aurelianensis,  le  Dictamen 
de  Bernard  de  Meung  et  les  traités  contenus  dans  les  mss.  latins  n**  994,  1093 
(ff.  55-73)  et  14193. 

6.  Tel  n'est  pas  M*  Richard  de  Poffi,  qui  remplissait,  en  1255,  les  fonctions 
d'archiviste  (scribarius)  du  pape  Alexandre  IV.  (Y.  Pertz,  ArehiVy  t.  V,  p.  449.) 


473 

règles  de  Grégoire  VIII  et  de  Transmond,  ils  sauront  fort  bien 
indiquer,  d'abord  par  la  fidélité  de  leur  copie,  mais  aussi  par  des 
déclarations  expresses,  Torigine  de  leurs  théories.  C'est  dans  un 
chapitre  consacré  au  privilège  pontifical,  que  M®  Gui,  un  Orléa- 
nais de  la  première  moitié  du  xm®  siècle  S  abordera  la  question 
du  rythme*.  Laurent  de  Rome^  et  Ponce  le  Provençal^  se 
feront  gloire,  auprès  de  leurs  élèves  de  France,  d'enseigner 
le  nombre  «  juœta  stylum  Curiœ  Romance  ^.  »  L'auteur 
du  Candelabrum  répétera,  en  Italie,  la  même  profession 
de  foi  ^.  Enfin  faut-il  que  le  souvenir  de  Grégoire  VIII  reste 
attaché  à  celui  du  cursus^  pour  mieux  montrer  qu'on  a  tou- 
jours et  partout  vu  en  lui  la  plus  haute  autorité  en  matière  de 


Il  â  reproduit  la  théorie  du  cursus  dans  sa  Summa  dictaminis  secundum  Cu- 
riam  Romanam.  (Bibl.  nat.,  ms.  latin  n"  4166.) 

1.  M.  Delisle,  op,  cH,,  Annuaire-bulletin  de  la  Soc.  de  VHist  deFr,,  t.  VII, 
p.  143. 

2.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n»  8653,  ^  24  r»,  col.  1. 

3.  Son  ouvrage  est  ainsi  intitulé  dans  le  ms.  latin  n*  14704,  ^103  v  :  Summa 
dictaminis,  breviter  et  artificiose  composita  Parisius  per  magisirum  Lauren-^ 
cium  de  civitate  Rome,  Acquingensis  (pour  :  Aç^ilegensis  ?)  dyocesis,  juxta 
stilum  Curie  Romane  et  consuetudinem  modernomm.  Un  autre  exemplaire  du 
même  ouvrage  se  trouve  dans  le  ms.  latin  n"  16253  (fif.  1  et  suiv.),  où  des  anno- 
tateurs du  siècle  dernier  (et  le  catalogue  ms.  du  f.  latin  d'après  eux)  l'ont  mal  à 
propos  confondu  avec  l'œuvre  de  Laurent  Lombard.  (Cf.  mss.  latins  n"*  11414, 
f-  15  v%  15015,  f  12  v%  et  18515,  f  30.) 

4.  Il  avait  d'abord  enseigné  dans  le  midi  de  la  France  aux  étudiants  en  Droit 
Romain.  (V.  M.  Thurol,  op.  cit.,  Notices  et  Extraits,  t.  XXII,  2"  partie,  p.  38.) 
Il  remania  ensuite  son  traité  pour  l'accommoder  à  l'usage  des  écoliers  d'Orléans. 
(V.  M.  Detisle,  op.  cit..  Annuaire-bulletin  de  la  Soc.  de  VHist  de  Fr.^  t.  VU, 
p.  143  et  150.)  L'une  des  parties  de  cet  ouvrage,  VEpistolarium,  porte  la  date  de 
1252  dans  certains  mss.  (latin  n*  8653,  f<*  9,  de  la  Bibl.  nat.,  et  Arundel  n»  760 
du  Musée  britannique),  celle  de  1259  dans  d'autres  (latin  n*  18595,  f>  16; 
cf.  M.  Thurot,  op.  cit.,  p.  517).  • 

5.  Ponce  le  Provençal  trace  les  règles  du  c  cursus  Romane  ecclesie  vel  curie.  » 
(Bibl.  nat.,  ms.  lat.  n"  18595,  f"  11  r».)  Cf.  le  passage  cité  par  M.  Tburot  {op. 
cit.,  p.  481)  :  c  Pedes  autem  dictos,  secundum  cursum  Romane  curie,  taUter 
ordinabis.  » 

6.  c  Nos  vero  secundum  auctoritatem  Romane  Curie  procedemus,  quia  stilus 
ejus  cunctis  planior  invenitur...  Observanto  igitur  Romanorum  dictaminum  stu- 
diosi...  »  (M.  Thurot,  op.  cit.,  p.  483.) 

Si  le  même  auteur  prétend  ensuite  établir  une  distinction  entre  les  théories 
romaine  et  française,  nous  verrons  plus  loin  qu'il  se  fonde  sur  des  difiérences 
purement  imaginaires.  (Cf.  M.  Tburot,  op.  cit.,  p.  484.) 


476 

roxytons  :  dans  les  deux  cas,  la  place  de  l'accent  tonique  a  servi 
à  les  classera 

Poursuivons.  I^es  mêmes  auteurs  enseignent  que  tout  mono- 
syllabe est  un  demi-spondée  ;  tout  mot  de  trois  syllabes  dont 
la  pénultième  est  longue,  un  spondée  et  demi  ;  quant  aux  mots 
polysyllabiques,  ils  se  décomposent  de  la  manière  suivante  :  1®  à 
la  fin  du  mot,  un  spondée  (les  deux  dernières  syllabes),  ou  un 
dactyle  (les  trois  dernières),  suivant  que  la  pénultième  est  longue 
ou  brève  ;  2®  au  commencement  du  mot,  un  ou  plusieurs  spondées, 
une  ou  plusieurs  fractions  de  spondées  :  en  effet  toutes  les  syllabes 
protoniques  sont  jointes  deux  à  deux,  et  chacun  de  ces  groupes 
est  considéré  comme  un  spondée  ;  si  ces  syllabes  sont  en  nombre 
impair,  elles  forment  un  demi-spondée,  un  spondée  et  demi,  deux 
spondées  et  demi,  etc.  *.  Exemple  :  dominatiônem  forme  trois 
spondées,  demi  nati  onem  ;  misericôrdia  forme  un  spondée  et 
demi  et  un  dactyle,  mi  seri  cordia. 

C'est  ici  le  lieu  de  rappeler  avec  quelle  autorité  M.  Gaston 
Paris  a  établi,  dans  cette  revue  même,  le  principe,  aujourd'hui 
classique,  de  l'accentuation  secondaire.  «  Il  est  naturel  à  la  voix 
«  humaine,  disait-il,  d'entremêler  également  les  arsis  et  les 
«  thesis,  les  syllabes  fortes  et  les  syllabes  faibles,  les  toniques  et 
«  les  atones,  si  bien  que  l'accent  principal  d'un  mot  étant  déter- 
re miné  par  les  lois  qui  lui  sont  propres,  la  voyelle  qui  suit  ou 
«  précède  immédiatement  cet  accent  est  notablement  plus  faible 
«  (toniquememt)  que  la  seconde  en  avant  ou  en  arrière  ;  en 

1.  De  semblables  expressions  ont  été  fussi  employées  par  des  auteurs  traitant 
de  la  yersification  rythmique.  Éberhard  l'Allemand,  dont  M.  Thurot  nous  a  fait 
connaître  le  LaborinitLs  (Comptes-rendus  des  séances  de  V Académie  des  Inscr, 
Séance  du  30  sept.  1870,  p.  265),  appelle  rythme  spondalque  celui  qui  consiste 
à  composer  chaque  vers  de  pieds  de  deux  syllabes  dont  la  première  reçoit 
l'accent,  et  rythme  lamMque  celui  suivant  lequel  chaque  vers  est  composé  de 
pieds  de  deux  syllabes  dont  la  seconde  est  accentuée. 

2.  Ponce  le  Provençal  :  «  Sciendum  est  quod  monosillaba  dictio  dimidium  facit 
spondeum,  ut  me,  te,  se,  dissillaba  vero  totum,  ut  michi,  Ubi,  sibi.  Si  yero  sit 
trissillaba,  et  penultima  producitur,  facit  spondeum  et  dimidium,  ut  magister... 
Si  vero  sit  poiisillaba,  et  penultima  producitur,  omnes  sillabe  faciunt  spondées 
binari  numéro  disjugate.  Si  vero  corripiatur  penultima,  très  ultime  siUabe  faciunt, 
dactilum,  omnes  alie  faciunt  spondeos,  ut  excommunicatio.  »  (Passage  cité  par 
M.  Thurot,  Notices  et  Extraits,  t.  XXII,  2«  partie,  p.  481.)  Cf.  Jean  TAnglois  : 
((  Spondeus  dicilur  dictio  dissillaba,  vel  partes  poÛssillabe  dictionis,  cadenles 
ad  modum  spondeorum.  »  {Quellen  und  Erœrterungen ,  t.  IX,  1*^  partie, 
p.  501.) 


477 

«  d'autres  termes,  le  mouvement  rythmique  est  naturellement 
«  binaire,  et  non  ternaire.  »  La  première  conséquence  à  déduire 
de  ce  principe  était  que,  parmi  les  syllabes  protoniques,  une  sur 
deux  est  affectée  d'un  accent  secondaire  (v)  :  dominâtionem. 
«  On  en  vient  tout  naturellement,  ajoutait  M.  Gaston  Paris,  à 
4c  assimiler  les  syllabes  qui  ont  l'accent  secondaire  à  celles  qui 
«  ont  Taccent  principal  *.  » 

L'étude  de  la  poésie  latine  au  moyen  âge,  l'examen  d'anciens 
textes  relatifs  à  la  versification  rythmique  *,  la  science  du  plain- 
chant^,  mieux  encore  la  philologie  romane  sont  venus  tour  à 
tour  confirmer  une  loi,  que  nul  aujourd'hui  ne  serait  bien  venu 
de  contester.  De  même  les  dictatures,  si  on  les  interrogeait  sur 
cette  particularité,  proclameraient  l'importance  du  double  accent. 
Pourquoi  groupent-ils  deux  à  deux  les  syllabes  protoniques, 
sinon  parce  qu'ils  ont  constaté  le  mouvement  binaire  du  rythme  ? 
et  par  quelle  raison  comptent-ils  un  spondée  et  un  dactyle  dans 
le  mot  rétinâculum,  s'ils  n'admettent  qu'un  accent  secondaire 
affecte  la  première  syllabe  re  ?  Dans  le  mot  inïmicitiœ,  ils  pla- 
cent les  deux  accents,  comme  le  veut  la  règle  du  mouvement 
binaire,  sur  la  seconde  et  la  quatrième  syllabe  :  du  même  coup, 
ils  partagent  ce  mot  en  trois  morceaux,  qu'ils  appellent  un  demi- 
spondée  (i),  un  spondée  {nïmi),  et  un  dactyle  {citiœ).  C'est  en 
vertu  de  la  même  loi  que  le  monosyllabe  est  rangé  dans  la  caté- 

1.  Lettre  à  M.  Léon  Gautier  sur  la  versification  latine  rhythmique,  dans  la 
Bibliothèque  de  VÉcole  des  chartes,  ô**  série,  t.  U,  1866,  p.  584. 

2.  Ayant  troavé  dans  Éberhard  rAUemand  le  vers 

«  Crûx  ht  salas  pôpal&rûm  » 

qualifié  de  tetraspondalcus,  et  le  vers 

«  Quà  tlnëbâtur  sûhdîtàs  » 

appelé  tetralambicus,  M.  Thurot  en  a  très  justement  conclu  qu'un  accent  secon- 
daire porte  sur  les  premières  syllabes  des  deux  mots  poptUorum  et  tenebatur. 
(Comptes-rendus  de  VAcadémie  des  Inscr.,  30  sept.  1870,  p.  265.) 

3.  G.  Mantin,  dans  son  Traité  de  Psalmodie  (p.  22  et  23),  constatait  qu'on  ne 
doit  jamais  faire  dans  le  chant  deux  syllabes  brèTes  de  suite,  et  accentuait  ainsi 

MïsêrîcÔrdïâ  nïcêssïtâtxbûs, 

au  grand  étonnement  de  l'abbé  Petit,  qui  supposait  ces  règles  introduites  par  la 
routine  et  la  pratique  des  lutrins  {Dissertation  sur  la  psalmodie  et  les  autres 
parties  du  chant  Grégorien,  dans  leurs  rapports  avec  l'accentuation  latine, 
Paris,  1855,  in-8%  p.  75). 

12 


gorie  des  demi-spondées;  Tantiquité,  il  est  vrai,  accentuait, 
sauf  exception,  les  monosyllabes,  et  Alexandre  de  Yilledieu 
répétait  encore,  conformément  à  la  tradition,  qu'un  accent  aigu 
affecte  les  monosyllabes,  excepté  les  conjonctions  et  les  préposi- 
tions ^  Mais,  dans  la  pratique  du  moyen  âge,  tout  monosyllabe, 
même  déclinable,  perdait  son  accent,  s'il  était  voisin  d'une  syl- 
labe accentuée,  et,  au  contraire,  tout  monosyllabe,  même  indé- 
clinable, recevait  l'accent,  s'il  précédait  ou  suivait  une  syllabe 
non  accentuée^.  Il  en  résulte  que  le  monosyllabe  était  apte  à  for- 
mer tour  à  tour  la  première  ou  la  dernière  moitié  d'un  spondée  : 
dans  l'un  des  cas,  il  recevait  l'accent,  dans  l'autre,  il  était  atone. 
Placé  devant  un  paroxyton  de  trois  syllabes,  il  s'unissait  à  la 
première  syllabe  de  celui-ci,  pour  constituer  un  spondée  :  es 
magîster  ;  de  là  vient  encore  le  nom  de  spondée  et  demi  donné 
au  trissyllabe  paroxyton. 

Jusqu'ici  la  théorie  du  cursiAS  confirme  d'une  manière  frap- 
pante la  règle  du  mouvement  binaire.  Cependant,  il  faut  l'avouer, 
les  dictatores  ne  sont  pas  jusqu'au  bout  demeurés  fidèles  à  ce 
principe,  et  quand  ils  arrivent  à  la  fin  d'un  mot,  si  ce  mot  est 
proparoxyton,  ils  n'hésitent  pas  à  glisser  rapidement  sur  les  deux 
dernières  syllabes  ^.  En  d'autres  termes,  ils  ne  placent  pas  d'ac- 
cent, même  secondaire,  sur  la  finale  des  proparoxytons.  La 
phrase  Dôminus  adjûtor  mîserôrum  est  considérée,  dans  tous 
les  manuels,  comme  se  composant  d'un  dactyle  {dôminiis)^  d'un 
spondée  et  demi  (adjûtor)  et  de  deux  spondées  {mîserôrum),  au 
lieu  que,  si  l'on  accentuait  la  dernière  syllabe  de  dominus  aussi 
fortement  que  la  première  de  miserorum,  il  faudrait  compter 
en  tout  cinq  spondées  :  Dominas  adjûtor  mîserôrum.  Les  dic- 
tatores se  séparent  ici  des  poètes  rythmiques,  qui  faisaient  por- 


1.  M.  Thiirot,  Notices  et  Extraits,  t.  XXII,  2«  partie,  p.  399. 

2.  Il  y  a  toujours  profit  à  consulter  les  traités  de  musique  religieuse.  D.  Ju- 
railhac  {La  science  et  la  pratique  du  plain-chant,  p.  279)  donne  l'exemple  sui- 
vant :  «  Rex  nôster  non  confûndar  in  aelérnum.  » 

Cf.  M.  Gaston  Paris,  l.  c,  p.  592  :  «  Il  faut  y  ajouter  le  traitement,  naturel- 
lement assez  arbitraire  des  monosyllabes  :  ils  ont  ou  n'ont  pas  l'accent  à  la 
volonté  du  poëte.  » 

3.  C'est  pourquoi  Grégoire  VIII  trouve  l'allure  de  la  phrase  trop  rapide,  quand 
on  y  accumule  des  dactyles;  ex.  :  Négligens  fâmulus  ûliquis.  Si  chacun  de  ces 
mots  recevait  un  accent  secondaire  sur  la  finale,  le  dictator  ne  pourrait  se 
plaindre  c  quia  nimis  sunt  veloces.  » 


479 

ter  sur  la  finale  des  proparoxytons  le  poids  de  l'assonance  ou  de 
la  rime,  ils  se  séparent  également  des  grammairiens,  qui  don- 
naient au  vers 

Sôrdibùs  immûndus 

répithète  de  trispondatque^.  Sans  doute,  la  prose,  dont  ils  fai- 
saient leur  unique  étude,  ne  comportait  pas  un  rythme  aussi 
régulier,  je  dirai  même  aussi  monotone,  que  certains  morceaux 
de  poésie,  et  déjà  Ton  peut  pressentir  que  la  beauté  du  cursics 
consiste  dans  l'emploi  successif  des  mouvements  binaire  et  ter- 
naire. 

Les  termes  dont  la  définition  a  donné  lieu  aux  précédentes 
remarques,  et  que  nous  continuerons  d'employer,  étaient  consa- 
crés par  l'usage  presque  général  des  dictamina.  Toutefois,  pour 
ne  rien  omettre,  il  convient  de  mentionner  ici  quelques  expres- 
sions plus  rares  :  celle  de  molosse,  s'appliquant  au  trissyllabe 
paroxyton,  celle  de  dispondée ,  désignant  le  paroxyton  de 
quatre  syllabes  *,  les  termes  de  dactyles  et  de  spondées  simples 
opposées  à  ceux  de  dactyles  et  de  spondées  complexes  ^  ;  enfin 
les  termes  génériques  de  spondée  et  de  dactyle  comprenant, 
l'un  tous  les  paroxytons,  l'autre,  tous  les  proparoxytons,  quel 
que  soit  le  nombre  des  syllabes  du  mot^  Toutes  ces  locutions 
d'ailleurs  appartiennent  à  un  même  ordre  d'idées  :  elles  témoi- 
gnent également  de  l'importance  qu'avaient  aux  yeux  des  dicta- 
tores  les  lois  de  l'accentuation. 

Chose  curieuse  1  l'accentuation  est  le  fondement  de  la  théorie 
du  cursus j  et  les  termes  employés  par  les  maîtres  sont  presque 


1.  Comptes-Vendus  de  V Académie  des  Inscr.,  30  sept.  1870,  p.  266. 

1.  Libellus  de  dictamine  et  dictatorio  sillogismo.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n°  14357 
(ziy'  siècle),  ^  123  y%  col.  1.  —  Même  traité  dans  le  ms.  latin  n"  16252 
(flf.  29-42). 

3.  Le  spondée  complexe  est  le  paroxyton  de  plus  de  deux  syllabes;  le  dactyle 
complexe  est  le  proparoxyton  de  plus  de  trois  syllabes.  Bibl.  nat,  ms.  latin 
n"  1093,  f*  81  r**.  —  Autre  rédaction  de  la  même  Summa  dictaminis  dans  le  ms. 
latin  n«  15952  (t.  f»  91  r). 

4.  Dictamen  contemporain  de  Louis  le  Hutin  (Bibl.  nat.,  ms.  latin  n*  11384, 
f*  94  r*)  :  c  Oranes  dictiones  tetrasillabas  et  polissillabas,  scilicet  IV  sillabarum 
vel  amplius,  quarum  penultima  brevis,  habemus  pro  dactiiis...,  et  omnes  dic- 
tiones IV  sillabarum  vel  amplius,  quarum  penultima  longa,  tenemus  pro  spon- 
deis.  »  En  effet,  les  deux  mots  polysyllabiques  prxterea  et  vervmptamen  sont 
un  peu  plus  loin  rangés  au  nombre  des  dactyles. 


480 

tûii»  emynaién  au  vocabulaire  delà  métrique  :  brèves  et  longues, 
f^poudéim  et  dactyles  reviennent  bien  plus  souvent  sous  leur 
plume,  qu'accent  grave  ou  accent  aigu  K  A  peine  songent-ils  à 
nom  avertir,  dans  leur  langue  un  peu  vague,  d'oublier  les  règles 
da  quantité  :  «  Non  enim  hospedes  judicamusinprosajuœta 
metricam  rationem,  ex  cursu  vero  tantum  guem  hahent 
dictiones,  >  C'est  à  nous  de  deviner  la  loi,  dont  ils  semblent 
OjOus  faire  un  mystère. 

L'un  d'eux,  qui  se  distingue  par  son  parti  pris  de  conserver  le 
langage  de  la  prosodie  classique,  va  même  jusqu'à  répudier  les 
expressions  dont  se  servent  le  plus  habituellement  ses  confirères  : 
écrivant  en  Italie,  l'auteur  du  Candelabrum  attribue  aux  Fran- 
çais l'invention  des  dactyles  et  des  spondées  «  imaginaires  »  '  ;  il 
donne  à  entendre  que  leur  théorie,  à  laquelle  il  oppose  le  style 
romain  ^,  est  seule  fondée  sur  l'accentuation,  non  pas  même  sur 
l'accentuation  classique,  mais  sur  «  une  sorte  d'inflexion  de  voix 
dont  l'oreille  est  seule  juge  et  qui  se  produit  par  élévation  ou  par 
dépression  sur  la  dernière  syllabe  des  mots  *.  »  Peut-être  cet 
auteur  pourrait-il  nous  faire  douter  du  principe  que  nous  avons 

1.  Cependant  Buoncompagno  :  «...  in  dictionibus  quarum  penultime  acuio 
pranunciantur  accentu;  »  el  Laurent  de  Rome  :  a  ...  per  trissiUabam  dictionem, 
cujus  penultima  acuitur,  precedentis  dictionis  penultima  similiter  acuto  accentu 
prolata;...  penultima  acuitur,gravatur.ï)  (Passages  cités  par  M.  Thurot,  Notices 
et  Extraits,  t.  XXII,  2*  partie,  p.  480  et  482.) 

Cf.  Jean  de  Sicile  :  c  Tertio  decet  inspicere  quemdam  ordinem  in  accentu  sic, 
ut  non  solum  ex  brevibns,  nec  tantum  ex  longis  oratio  componatur,  sed  ex  utris- 
que  lepida  modulatione  compositis  videatur  duicedo  quedam  armonica  resonare.  » 
{Rettorica  in  arte  dictandi.  Bibl.  nat.,  mss.  latins  n*  16617,  f*  211  r*,  et 
n*  14174,  f  6  r*.) 

2.  «  Aurelianenses  enim  ordinant  dictiones  per  ymaginarios  dactilos  et  spon- 
deos...  Cursum  vero  compositionis  docent  Galiici  observandum  per  dactilos...  » 
(Passages  cités  par  M.  Thurot,  l.  c,  p.  483.)  c  Sous  la  plume  de  ce  Florentin, 
ajoute  M.  Delisle  (/.  c,  p.  143),  les  expressions  styte  d'Orléans  et  style  de 
France  étaient  à  peu  près  synonymes.  » 

3.  De  même  Buoncompagno,  au  début  de  son  Livre  des  XII  tables,  prévient 
ses  lecteurs  qu'il  voudrait  ramener  aux  usages  suivis  par  les  Pères,  par  la  Coor 
romaine  et  la  cour  impériale  les  écrivains  qui  se  laissent  séduire  par  les  fausses 
et  superstitieuses  doctrines  des  Orléanais.  (Bibl.  nat.,  ms.  latin  n**  8654,  t  125  r*. 
Cf.  M.  Delisle,  L  c,  p.  143.) 

4.  V.  M.  Thurot,  /.  c,  p.  484. 

5.  «  Nec  stricte  hic  accentus  accipitur.  Sed  est  accentus  hic  quedam  modula- 
tio  vocis  per  elevationem  et  depressionem  super  penultima  sillabarum  facta, 
judicio  aurium  comprobante.  »  Il  est  à  noter  que  les  eipressions  dont  se  sert 


484 

constaté  de  visu,  s'il  n'enseignait  précisément  ces  doctrines  dont 
il  attribue  l'invention  aux  dictatures  de  France,  et  si,  par  cette 
singulière  inconséquence,  il  ne  montrait  lui-même  le  peu  de  fond 
que  l'on  peut  faire  sur  ses  imprudentes  critiques.  Ajoutons  que 
les  mots  de  dactyle  et  de  spondée  sont  employés  dans  leur  sens 
nouveau  par  Albert  de  Morra,  et  que  ce  chancelier,  de  même  que 
Transmond,  de  même  que  l'auteur  du  Candelàbrum,  se  fonde 
sur  l'accentuation. 

§5. 

Il  est  temps  de  chercher  à  comprendre  cette  fameuse  théorie 
du  cursus,  dont  Ponce  le  Provençal  disait  qu'elle  donne  à  toute 
l'épître  une  apparence  plus  décente  et  plus  riche  *.  Le  commen- 
cement, le  corps  et  la  fin  de  la  phrase  vont  être  tour  à  tour  l'objet 
de  règles  minutieuses. 

A.  —  Du  commencement  de  la  phrase,  et  accessoirement 
du  commencement  du  membre  de  phrase. 

Je  laisse  parler  Grégoire  VIII. 

Cursus  dictaminis  Romanç  Curlç  taliter  observandus  est.  Si  inci- 
pias  versum  ^  a  dictions  dissillaba,  bene  currit  dactilus  post  eam,  ut 
si  dicas  :  Déus  omnium.  Si  incipias  a  dictions  trissillaba  cujus  média 
sit  producta,  bens  currit  post  eam  dactilus,  ut  si  dicas  :  Magister 
militum,  Gavsndum  maxims  tibi,  ns  vsl  duos,  vel  plures  dactilos 
ponas  continue,  quia  nimis  sunt  veloces,  ut  :  Négligens  fdmulus 
dliquis,  Sed  plures  spondées  bsne  potsris  continuare ,  ut  :  Fidem 
sûam  suspéctam  réddit.  Si  versurp  incipias  a  dactilo,  pone  plures 

l'auteur  pour  définir  Taccent  français  (modulatio  vocis,  devatio,  depressiOy  ju- 
dicium  aurium)  sont  classiques.  Cf.  Bède,  Pierre  Hélie,  etc.  (M.  Thurot,  /.  c,  p.  393.) 

1.  c  Ad  hoc  enim  cursus  inventus  est,  ut  per  eum  Tocalium  et  cujusque  Tocis 
asperitas  evitelur  ;  et  hoc  secundum  antiquos.  (Je  pense  que  ces  aniiqui  sont  les 
prosateurs  de  l'antiquité  et  du  moyen  âge,  qui,  sans  s'astreindre  aux  lois  minu- 
tieuses du  nombre,  cherchaient  seulement  à  éviter  les  hiatus,  la  cacophonie  et 
les  fautes  contre  Tharmonie.)  Secundum  vero  modemos,  cursus  inventus  est,  ut 
per  eum  coilipetentius  et  magis  ornale  clausula  et  tota  epistola  proferatur.  » 
(Passage  cité  par  M.  Thurot,  /.  c,  p.  481.) 

2.  n  faut  traduire  ici  versus  par  phrase  ;  le  mot  parait  avoir  eu  ce  sens  dès 
l'époque  de  Justinien,  et  il  Ta  conservé  durant  tout  le  moyen  âge,  notamment 
dans  l'ouvrage  de  Pierre  Hélie.  (M.  Thurot,  L  c,  p.  408.) 


482 

spondeos  post  dacLilum,  ut  :  Déminus  et  magister  nésier  Jhésus 
Christus.  In  medio  versu,  post  punctum,  vel  post  metrum  ^,  ut  ita 
dlcam,  melius  est  incipere  clausulam  a  spondeo  quam  a  dactilo,  ut 
in  hoc  patet  exemplo  :  împudicç  mdtris  nequicia  t  corrûmpit  fUiam' 
et  vixpbtest  pudicam  fdcere  quam  habuit  impudica  ^. 

L'auteur,  on  le  voit,  n'admet  pas  sans  répugnance  l'emploi  du 
dactyle  au  commencement  des  phrases.  Il  le  tolère  :  1®  à  la 
première  place,  avant  une  série  de  plusieurs  spondées  ;  2®  à  la 
seconde,  après  un  paroxyton  de  deux  ou  de  trois  syllabes.  Il  ne 
permet,  en  aucun  cas,  de  placer  de  suite  plusieurs  dactyles,  au 
lieu  qu'il  approuve  l'accumulation  des  spondées.  Il  veut  enfin  que 
tout  membre  de  phrase  précédé  d'une  pause  commence  par  un 
spondée  plutôt  que  par  un  dactyle. 

Ces  règles  ont  été  ou  reproduites  ou  développées  par  la  plupart 
des  maîtres  qui  ont  suivi  Grégoire  VIII,  et  que  je  vais  passer 
rapidement  en  revue. 

Transmond  se  borne  à  copier  textuellement  le  morceau  que 
l'on  vient  de  lire  ^  en  insistant  pour  que  la  phrase  ne  commence 
«  presque  jamais  »  par  un  dactyle  ^.  M®  Guillaume  ^,  dont  l'opi- 
nion est  partagée  par  Buoncompagno*  et  par  l'auteur  du  Cande^ 


1.  Le  sens  des  deux  mots  puncium  et  meirum  a  yarié  au  moyen  Age. 
Alexandre  de  Villediea  appelait  meirum  ce  que  Pierre  Hélie  appelait  puncium, 
et  réciproquement.  (M.  Thurot,  /.  c,  p.  408  et  409.)  Ici,  ces  deux  mots  me 
semblent  avoir  la  même  signification  que  dans  Pierre  Hélie  :  puncium  est  la 
suhdistinctio  ou  le  comma  d'Isidore  de  Séville,  cette  première  pause  qui  inter- 
vient avant  que  la  phrase  ait  un  sens  complet  ;  metrum  est  la  m>edia  disUnctio 
ou  colon  d'Isidore,  c'est-à-dire  la  pause  qui  se  fait  sentir  avant  la  fin  de  la 
phrase,  mais  quand  déjà  elle  offre  un  sens  satisfaisant. 

2.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n»  2820,  f>  58  v*. 

3.  Bibl.  Mazarine,  ms.  n*  585,  f*  8  v«;  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n*  13688,  f*  130  r". 
L'emprunt  n'est  pas  seulement  évident;  il  est  maladroit;  rien,  ni  dans  ce  qui 
précède,  ni  dans  ce  qui  suit,  ne  se  rapporte  au  cursus. 

4.  Après  c  Si  a  dapUlo  incipias,  i  il  ajoute  :  c  Quod  vix  aut  nunquam  con^ 
cedo.  > 

5.  c  Neque  clausula  débet  incipere  a  dactilo,  sed  compluribus  spondeis.  > 
(Passage  cité  par  M.  Thurot,  /.  c,  p.  481.) 

6.  c  Immitantes  ordinationis  artificiose  structuram  incipiunt  a  dictionibus  tri- 
silabis  vel  quadrisilabis  que  penultimas  habent  productas.  i  (0lbl.  nat.,  ms. 
latin  n*  8654,  f*  2  r*,  col.  2.)  Sur  ce  professeur  de  l'Université  de  Bologne  qui 
écrivait  au  commencement  du  ziii*  siècle,  v.  Tiraboschi,  Storia  délia  leit.  itcU., 
t.  IV,  p.  463  et  suiv.  ;  Rockinger,  Quellen  und  ErcsTierungen^  t,  IX,  l'«  partie, 
p.  117  et  suiv.  ;  M.  Thurot,  op.  cit.,  p.  36,  etc. 


483 

labrum  S  ne  veut  en  aucun  cas  du  dactyle  initial,  mais  plusieurs 
spondées  de  suite  lui  semblent  un  fort  bon  début.  La  même  doc^ 
trine  obtient  l'assentiment  de  M®  Gui,  de  Ponce  le  Provençal,  de 
l'auteur  d'un  Bictamen  anonyme*  :  ils  ne  font  exception  que 
pour  des  dactyles  occupant  nécessairement  la  première  place,  tels 
que  les  conjonctions  itaque,  igitur,  insuper,  scilicet,  siqui- 
dem^,  ideo^y  quoniam,  ceterum,  quominus^,  etc.  Suivant  le 
dernier  de  ces  dictatures,  une  phrase  commençant  par  plusieurs 
spondées  doit  toujours  succéder  à  une  phrase  se  terminant  par 
un  dactyle. 

Je  ne  sais  si  les  maîtres  du  xm®  siècle  ont  eu  d'autre  motif  que 
le  respect  de  la  tradition,  pour  accueillir  avec  cette  faveur  una- 
nime la  théorie  de  Grégoire  VIII  ;  mais  ce  que  voulait  à  tout  prix 
l'auteur  de  la  Forma  dictandi,  lui-même  nous  en  est  garant,  c'est 
éviter  la  précipitation  :  cavendum  maxime  !  Au  moyen  âge, 
plus  encore  que  dans  l'antiquité,  l'accentuation  était  à  la  fois  une 
élévation  de  la  voix  et  un  renforcement,  un  allongement  de  la 
syllabe^.  Or,  que  l'on  allonge  en  l'accentuant  la  première  syllabe 
des  dactyles  Négligens  fàmulus  àliquis  :  il  sera  presque  impos- 
sible de  ne  pas  prononcer  très  rapidement  les  deux  dernières  ;  sur 


1.  «  Nullus  autem  versus  débet  dactilo  inchoari.  Unde  non  sit  incipiens  :  Lit- 
ieras  vestre  dominationi  transmitto.  Ad  minus  est  ergo  ab  uno  spondeo  et 
dimidio  clausula  inchoanda,  ut  :  Jmplere  cupio  que  jubetis.  Si  queratur  a  quot 
spondeis  ]iceat  inchoare,  dicimus  hoc  indeterminatum  esse.  Quibnsdam  tamen 
Tidetur  non  ultra  quatuor  esse  contlnuandos,  ut  :  Daminationem  vestram  de- 
precor,  »  (M.  Thurot,  l,  c,  p.  484.)  II  faut  ajouter  que  l'auteur  du  Candela- 
brum  expose  ici  la  doctrine  des  Orléanais. 

^.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n-  11384. 

3.  Summa  magistri  Guidonis  :  c  Item  nostrum  versum  non  incipimus  a  dap- 
lilo,  nisi  ab  paucis,  ab  bis  scilicet  :  igitur,  itaque,  insuper,  siquidem,  et  simi- 
liler  ;  a  spondeis  [non]  tantum  ab  uno,  sed  a  pluribus,  ut  Caritatem  vestram 
imploro  presentibus,  et  ad  minus  a  spondeo  et  dimidio  :  Magister  militum,..  » 
Bibl.  nat.,  ms.  latin  n*  8653,  ^  24  r*. 

4.  Ponce  le  Provençal  :  c  Debes  enim  incipere  tuam  clausulam  ab  uno  spon- 
deo el  dimidio,  vel  a  pluribus;  a  dactilo  nunquam,  nisi  sint  conjunctiones,  ut 
ideo,  igitur,  que,  quoniam  prepositivi  ordinis  sunt  et  locum,  quoad  hoc,  com- 
petenter  mutare  non  possunt,  clausulam  sepe  incipiunt.  »  (M.  Thurot,  l.  c. 
p.  481.)  —  Dans  le  ms.  latin  n°  18595  (f*  Il  r»),  Ponce  attribue  aux  «  mo- 
dernes »  l'habitude  de  placer  ainsi  certains  dactyles  au  commencement  des 
phrases. 

5.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n*  11384,  f"  94  r. 

6.  M.  Thurot,  L  c,  p.  393.  Cf.  Pierre  Hélie,  ibid,,  p.  396. 


h'  t^  '  ^HmI/'-  Utii"  -f*  *»\*.tt»»:h^  H'itotJ  fl/ftté:  nUH  c^ïrtaiiK;  valeur: 
'  '1  "  ^l'f  iiit.^nin-  VIII  ii|/|^:linf  uié  iiiyU'.  pr^scipit^.  Ao  COQ- 
\iu\r  <!'<  l'-'l"'  (/!'•  '>''«(  |if/:^^'^l/:'rtiii  r/i//l'i';<J'nji  «tyllâbes,  Détif 
'nimitiiii  i.|  il'.ti^  i;/lliiliiit  •;iif  i  iitif  t'ihhi  ;i ':!:/;»  tij#V«,  le  début  ne 
iMiihi|M< m  «H  <1  iiMihlMif  ifi  (Ih  Kiii^'^^s  ''  ''"  ^-'''^  ^''*  'Tienne  si  le 
•lu*  I  )  |i  )iImi  I  iH  mil-  tl<>  In  |ilinitsii,  111)1  itutttMutUiuwni  saivi  d'un 
imIkui  hiitnliii.  ili.  .i|iiiiHlitiiii  lUnmnuH  M  lèuujister  nôster 
i^.>,.(i«  I  /il  o^(^    tiii  iiMiinniiiiuil  (nriuiirn,  huccimI»  aussitôt  le 

Il  !•  .1  |\i.i|i*  il  't|uu((ii  \\\\\\  lA  lo  tlaolvtn,  tiÙM  h  In  seconde  place, 
.  I  (Mi'>.ôiU\  \iuhiuU  \i\  u^^lo  IrnriH^  par  (îiV^goire  VIII)  d*un 
(i((.>ni*u  Ao  luMi  i^  llilui*).  \l^^i/ist^''*  ntmium^  It^  syllabes 
^1  v..ui\u^<  •  •«Mi\*us%tu>ui  uioKsvt  a\k\  \\  IIhIk^s  atones  Uans  la  pro- 
uiutii  .1  uu  Ui'i.v  wMMiuo  vtaiiH  l'ovoiuplo  lie  style  précipité, 
'  .  './'''X  u.(..\    f^Y*>*'^     Pa-.iliv  part»  le  dictcitO'\  qui 

iv.U'^a,  î  \\\..\^^  tu't'  'uUi\o  .io  U  ^»i!ruN^»  ot  blàiue.  par  ce  motii. 
l  u  , .  uv  '..u.*».i  ivo  îuvivkv*,  vU'xvitit,  M.*ii:ble^t-il.  voir  d'un  aussi 


>; 


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,     u.     «     -v^A^.tajs.    . :•  ••«u.-*.     'L«A  •^iiÉttt'x    Jeu    L-Jii^mr 


•  *<*  ...  ^^  k>  1  *>.''.  !• 


485 

loces  »,  ils  en  blâment  l'abus  et  le  rapprochement  ;  ils  citent 
comme  fautive  la  phrase  :  «  Humiliter  pétimits  é)us  intûitu 
misericordie  dignémini  concéder e  »,  et  donnent  à  entendre  que 
deux  dactyles  ne  doivent  point  se  suivre  sans  intervalle.  Moins 
dangereux  et  plus  rare,  l'abus  contraire,  consistant  à  accumuler 
un -très  grand  nombre  de  spondées,  n'en  rend  pas  moins  la  phrase 
ultra  modum  asperam  vel  nmmm  ^copwZo^aw? .  Exemple  : 
«  Nôbis  sûpplicâmur  obsecrântes  in  virtûie  câritâtis,  ût  ad 
nos  venir  e  sine  tàrditâte  curétis  ».  Cinq  spondées  peuvent,  à  la 
rigueur,  se  succéder  sans  intervalle  :  un  plus  grand  nombre  nui- 
rait à  l'harmonie  du  style  :  «  Pulchrius  erit  ac  elegans  dictamen, 
si,  spondeis  ac  dactilis  intermixtis,  trahat  exvarietatepulcritudi- 
nem.  »  Le  dictator  doit  trouver  cette  juste  proportion  de  spon- 
dées et  de  dactyles,  qui,  en  sauvegardant  la  majesté  du  rythme, 
produira  l'élégance  par  la  variété. 

Des  maîtres  plus  scrupuleux  ne  craignirent  pas  de  déterminer 
cette  proportion.  U  faut,  dirent  les  uns,  employer  alternative- 
ment un  spondée  et  demi  ^t  un  dactyle*.  Ce  rythme,  répondirent 
les  autres,  est  trop  rapide  ;  entre  vos  dactyles,  intercalez  trois 
spondées  ou  quatre  spondées  et  demi  *.  Cependant  aucune  com- 
binaison n'obtint  le  même  degré  de  faveur  que  celle  qui  con- 
sistait à  séparer  les  dactyles  par  deux  spondées  et  demi  ;  la 
Poëtria  de  Jean  l'Anglois  nous  en  fournit  un  curieux  exemple^, 

1.  Buoncoinpagno  s'élève  avec  force  contre  cette  théorie,  sans  doute  assez 
répandue  de  son  temps,  dans  un  passage  qui  n'a  pas  été  imprimé  par  M.  Roc- 
kinger  :  je  le  transcris  sur  le  ms.  latin  n"  8654  de  la  Bibl.  nat.  (^  2  y*")  : 
((  Quidam  nudi  grammat|ic]es  virtutem  reputant  incipere  a  dictione  bisillaba 
que  habeat  primam  longam  et  in  medletate  ponere  dictionem  que  habeat' 
penultimam  grayem;  et  ita  incipiunt  ordinando  subsequenter  dictiones,...  ut  in 
hoc  exemplo  :  «  Toile  "siàticum,  frater  \Ljàrissime,  Yade  CMniam,  jussis  ohé- 
(Uas...  »  Item  quandoque  incipiunt  a  trisillaba,  que  habet  penultimam  acutamet 
procedunt  hoc  modo  :  «  Majestas  régla  precepit  firmiter  ut  nûllus  aûdeat  pacis 
fédéra  violare.  i  Isti  nempe  interdum  corrumpunt  grammaticam,  ut  cursum 
observent;  de  intelectu  quidem  et  pondère  sententiarum  non  curant,  sedadsimi- 
litudinem  quorumdam  vermium  nituntur  sua  stercora  cum  dubiis  glom[er]are.  » 

2.  Summa  dictaminis  mag.  Guillelmi  :  «  Item,  si  velimus  facere  cursum  in 
dictamine,  précédant  très  spondei,  vel  quatuor  et  dimidlus,  et  sequatur  dacti- 
Ins.  1  (Passage  cité  par  M.  Thurot,  l,  c,  p.  481.) 

3.  «  ...  Quoniam  vero  iste  stilus,  propter  sui  nobilitatem,  apud  multos  est  in 
usu,  subicitur  domesticum  exemplum,  ut  hic,  archydiacono  excusante  se  quod 
non  potest  esse  in  sinodo.  »  Rockinger,  Quellen  und  Ercertemugerij  t.  IX, 
!'•  partie,  p.  501. 


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487 

Avouons  que  la  prose  de  cet  archidiacre  ressemble  singulière- 
ment à  des  vers.  Chaque  phrase,  j'allais  dire  chaque  strophe, 
est  divisée  en  membres  de  huit  syllabes  proparoxytons.  Ajoutez-y 
l'assonance  ou  la  rime  :  cette  prose  deviendra  un  exemple  fort 
régulier  de  versification  rythmique. 

Les  dictatures  l'ont  si  bien  compris,  qu'un  rhéteur  anonyme 
range  cette  combinaison  parmi  les  rythmes  poétiques  :  «  Imper- 
tinentes usurpamus  ornatus,  dictamina  nostra  more  metrorum 
seu  rithmorum  cursitare  sive  claudicare  cogentes  *. . .  »  Et  un 
autre  ajoute  :  «  Viciosum  est  dictamen  quod  versus  et  rithmos 
imitatur*.  >  Le  nom  de  Style  Hilarien,  habituellement  donné 
à  cette  sorte  de  rythme^,  n'est  guère  moins  significatif:  saint 
Hilaire  de  Poitiers,  connu,  à  tort  ou  à  raison,  pour  avoir  intro- 
duit les  hymnes  dans  l'Église,  était  regardé,  sur  la  foi  de  saint 
Jérôme,  comme  l'auteur  d'un  grand  nombre  de  poésies  ryth- 
miques, et  entre  autres  de  l'hymne 

Primo  dierum  omnium 

Quo  mundus  exstat  conditus...^, 

à  laquelle  on  faisait  remonter  l'origine  du  style  dit  «  Hilarien  »  ^. 
C'était  avouer  que  le  cursus  reproduisait  sinon  l'assonance, 
au  moins  le  rythme  des  vers  octosyUabiques.  Verrons-nous 
dans  ceux-ci,  comme  M.  Léon  Gautier,  un  reste  dégénéré  de 
l'ïambique  dimètre  ^  ?  En  ce  cas,  le  style  Hilarien,  qui  en  dérive. 


1.  Libdlus  de  dictamine  et  dictatorio  sillogismo  :  Bibl.  nat,  ms.  latin 
n»  14357,  f  124  V,  col.  1. 

2.  Dictamen  :  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n*  2687,  f>  57  y*.  Cf.  une  Rhétorique  ano- 
nyme :  ms.  latin  n*  14175,  f»  18  v. 

3.  Poêtria  de  Jean  TAnglois,  loco  dt.  ;  Rhétorique  anonyme,  ms.  latin  n*>  14175, 
f  18  v°. 

4.  Mone  l'attribue  à  saint  Grégoire  le  Grand.  {Lateinische  Hymnen  des  Mit- 
telalters,  Fribourg,  1853,  1. 1,  p.  371.) 

5.  Jean  FAnglois  :  «  In  stilo  Hillariano  ponuntur  duo  spondei  et  dimidius 
spondeus,  id  est  una  sillaba,  et  dactilus.  Cujus  dictamen  est  hic  :  Primo  dierum 
omnium  quo  mundus  extat  conditw,,,  £t  nota  quod  hic  intelliguntur  pedes  ut 
ante.  »  Quellen  und  Erœrterungen,  t.  IX,  1"  partie,  p.  501. 

Rhétorique  anonyme  :  c  Ultimus  est  stilus  Hylarianus,  qui  tamen  magis,  ymo 
vere  spectat  ad  artem  metricam.  Ulitur  enim  Ysarius  {lisez  :  Hilarius)  dymetro 
ïambico  in  hoc  stilo,  ut  hic  :  Primo  dierum  omni[um],  etc,  et  in  multis  aliis 
ymnis.  »  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n"  14175,  f*  18  ¥*. 

6.  Cf.  M.  Léon  Gautier,  Us  épopées  françaises^  1*  édition,  1878,  l.  I,  p.  296. 


488 

marquerait  un  des  plus  hauts  degrés  de  corruption  auxquels 
serait  parvenu  le  vers  de  huit  syllabes.  Nul  souci  de  la  quantité  : 
l'ïambe  du  second  pied,  qui  persistait  encore  dans  l'hymne  Primo 
diertim  omnium,  a  £ait  place  à  des  spondées,  à  des  trochées,  à 
des  pyrrhiques  :  aux  règles  antiques,  on  a  substitué  de  nouveUes 
lois  fondées  sur  laccentuation,  et  tous  les  mots,  sauf  le  dernier, 
doivent  être  paroxytons  ;  c'est  le  même  rythme,  ou  peu  s'en  fout, 
que  dans  la  Vision  (T Ansellus  Scholasticus^,  et  dans  l'hymne 
sur  l'antienne  Media  vita*, 

(Ach)  hômo,  perpénde  fràgïlïs 
Mortalis  et  mstdbïlïs 
Quôd  vitare  non  pétirïs 
Môrtem,  quocùmque  iërïs  ; 
Nam  aûfert  te  ssepissïmë^ 
Dum  vfvis  WhQntissîmë^ 
etc. 

Eh  bien,  n'est-il  pas  curieux  d'entendre  le  nom  à^ïambique 
dimètre  appliqué  encore  durant  le  xv®  siècle  à  ce  rythme  cor- 
rompu, comme  pour  aflSrmer  l'origine  antique  du  vers  octosylla- 
bique  et,  par  suite,  du  style  Hilarien  ?  La  Rhétorique  anonyme 
du  manuscrit  latin  n**  14175  nous  fournit  cette  preuve  singulière, 
et  tout  à  fait  neuve^  de  la  persistance  avec  laquelle  les  grammai- 
riens du  moyen  âge  rattachaient  aux  mètres  antiques  la  prose 
ou  la  versification  rythmique  ^. 

G.  —  Delà  fin  de  la  phrase  ^  et  accessoirement  de  la  fin  du 

membre  de  phrase. 

Grégoire  trace  les  règles  suivantes  : 

Hoc  preterea  notandum  est,  quod  finales  dictiones  semper  débet 
quasi  pes  dactilus  antecurrere.  Ipsa  autem  terminalis  dictio  totius 
versus  débet  esse  tetrasillaba  cujus  penultima  sillaba  producatur,  ut 
hic  :  ...  ad  eterna  mereamur  gaûdïâ  pervënirë.  Vel  possunt  esse  in 

1.  Édél.  du  Méril,  Poésies  populaires  latines  antérieures  au  xii*  stôc/e, 
p.  200  et  suW. 

2.  Mone,  Lateinische  Hymnen  des  Mittetalters,  t.  I,  p.  398. 

3.  V.  le  passage  cité  à  la  note  5  de  la  page  précédente. 


489 

fine  ipsîus  clausulç  duc  dîssillabç  dictiones,  qualiacumque  sint 
earum  tempora,  ut  :  ...  inhumanitatis  est  nimiç  in  kominem  àgïrï 
nimïs  dure.  Quandoque  etiam  monosillaba  et  trissîUaba  dictio,  dac- 
tilo  précédente,  fîniunt  versum,  ita  tamen  quod  média  trissillabç  sit 
producta,  verbi  gratia  :  PtUlos  fovet  et  pascit  volucriSj  dum  implu- 
mes  videtque  teneros^  nec  a  nido  permittit  egredij  donec  per  se  suf~ 
ficîânt  àd  vôlàtûm. 

Quandoque  etiam  duc  trissillabç  terminant  versum,  ut  :  .,,  peti- 
ciones  honestas  jus  et  ratio  audirï  compéllunt.  Aliquando  tetrasil- 
laba  cum  trisillaba  terminât  versum,  ut  :  Quicquid  adversus  eum 
proposuiy  astruere  confidéntër  aûdéhôK 

Deux  terminaisons  sont  possibles  : 
1**  Un  dactyle  suivi  de  deux  spondées  : 

gaûdïâ  pervMrë 
àgïrï  nîmïs  dûrï 
snfficïânt  àd  vôlàtûm 

et  il  importe  peu  que  les  deux  spondées  soient  représentés  par  un 
seul  mot  {pirvïnire),  par  deux  dissyllabes  {nhnïs  dûrï) y  par 
un  monosyllabe  suivi  d'un  trissyllabe  {ad  vôlàtûm)  ^  ou  même* 
par  deux  monosyllabes  suivis  d'un  mot  de  deux  syllaljes  {prô  mï 
vôbïs).  Toutes  les  combinaisons  sont  admissibles,  pourvu  que  le 
dernier  mot  ne  soit  pas  un  monosyllabe  3,  et  qu'on  obtienne,  en 
fin  de  compte,  la  terminaison  suivante  : 

2°  Un  spondée  et  demi  ou  deux  spondées*  suivis  d'un  autre 
spondée  et  demi  : 

audirï  cômpéllûnt 
confidéntïr  aûdébô. 

On  peut  même  dire  d'une  manière  plus  générale,  suivant  le 

1.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n*  2820^  f»  58  y*. 

2.  C'est  par  suite  d'un  oubli  que  Grégoire  passe  ce  dernier  cas  sous  silence. 
Cf.  Candelahrum, 

3.  Cf.  Rettorica  mag.  Johannis  de  Sicilia  in  arte  dictandi.  (Bibl.  nat.,  mss. 
laUns,  n~  16617,  f»  211  r,  et  14174,  ^  6  r.) 

4.  Grégoire  ne  dit  pas  positivement  que  ces  mots  de  trois  ou  de  quatre  syl- 
labes doivent  être  paroxytons;  mais  cela  résulte  des  exemples  qu'il  donne,  et 
surtout  des  nombreux  commentaires  dont  ce  texte  a  été  l'objet. 


496 

ci^iuDMtnlair^  de  Transmond  et  de  tous  les  grammairieDs  postifr- 
rHHir»  '  :  an  paroxyton  d*un  nombre  quelconque  de  sjDabes  snm 
d*uu  spondée  et  demi«  —  en  ajoutant  que  ce  dernier  pied  paît 
$e  ihkxmipoeMT  en  un  nK>nosTllabe  suiri  d*un  dissyllabe*  : 

prudèMiUr  ii  caûti. 

iVk^  diversee^  combinaisons  donnent  toutes  le  résultat  soÎTaiit  : 


•• 


relW  étaient  lies  deux  terminaisons  gnâgoriennes.  On  peut  en 
$a:Tr^  U  tr^ce  dans  ks  Dicia$nina  postérieurs  et,  en  premier 
tieu.  Cia::<$  rvXiTrage  de  Transmond. 

Occ«eoar»iam  es:  ^ssu^k-  Ronianonun  dîctaminum  stocfiosb,  aL 
st  ^r*;5^'ljubh&  .tcfio  i'/5;in^cS:o«i:>  es£  tînis.  ejus  penultima  prodnca- 
VJtr  ^^>fC£  '  u:>;:;d^  :n  pcYicedKtù  d^rtione  kaee  5erTi;i«  ot  in  hoc 
emr;'ic  ^  \flmt  ùùt^ss  iwrv  t%hfiÊi  fiemitméimem.  ù  fw^pmfrimm 

^«ff/im:  txa.Tx^.  5or^'i;cr  ;;l^a:;iI::■r3&2l  souii  ipsi  pr^kuL  saim 
Vui^aicvormaric  ^4  n  crrfm.'Ts  jjÎbs  iecoKw.  p:<Br  anv«r  an 


.    4«iPMi.  4ir  HmM      «  Ft:  ipiiir  r^riM»  tnpiK*Jiir     nw  ooidon. 

t   rï;   lUnnuMiniD^iiir*.  -lUli'.  iw;.  nts..  Imn:  t*  iiS«4  '^  I  ^. 
^  TmtKnDHir.  ^mmKIr  ^Mwcntr  nja'mi.  4  U  iiBnHfl.i  iilmw  k 

-c  /u<!*^.  wjwMHim  «i.  «lîMri.  n»    iU   tTi«i1lal«  àwiit  dvaiiuUMu»  tac  te&.  aîlK 
Ht:  ru.U»s  WiwwtlHwi^.  iUUàl*.  vnMiiinitir  mulnt  ntmnr  lipr  itimiMimti 


491 

accentu  ;  sed  dictiones  que  immédiate  ultimas  antecedunt  penultimas 
habent  graves,  ut  in  hiis  exemplis:  ...  sânguinï  cônsïcràvîi^ ... 
côntûltt  ChrîstîdnïSj  ...  bdrbâràs  nàtiônïs^  ...  contlnûô  Dàmiàtàm, 
etc....  In  tercia  varietate^  omnes  distinctiones  possuntin  dictionibus 
penultimam  producentibusterminari  :  quandoque  in  fine  distinctionis 
ponitur  una  dictio  que  habet  penultimam  gravem,  et  subsequetur 
monosilaba,  que  precedit  trisilabam  que  penultimam  habet  acutam, 
hoc  modo  :  cupidîtâs  nén  tëpéscït,  Vel  quandoque  terminant,  prece- 
dentibus  monosilabis,  bisilabam  dictionem,  hoc  modo  :  ...  tibi  dâbi- 
tur  et  non  illï. 

In  quarta  varietate  agitur  de  silabis  que  penultimas  habent  pro- 
ductas,  et  in  fînibus  distincionum  ponuntur.  Due  siquidem  penta- 
silabe  trisilabam  precedunt,  hoc  modo  :  ...  spirituali  jocunditâtï 
lëtâmur.  Item  due  dictiones  sex  sillabas  continentes  trisilabam  pre- 
cedunt, hoc  modo  :  ...  superhabundantes  jurisdictiônïs  apparent. 
Due  autem  quadrisilabe,  hoc  modo  ...  consuetum  renovétïs  décor  cm. 
Item  pentasilaba,  quadrisilaba  ettrisilabafaciuntordinationem  sono- 
ramcum  bisilaba,  que  trisilabam  precedit  in  fine,  hoc  modo:  ... 
desiderata,  \é[  peroptata,  seu  votiva  pâcë  gaûdémûs.  Item  quadri- 
silaba cum  duabus  trisilabis,  hoc  modo  :  ...  delictorum  caténâ  côns- 
trlngït.  Item,  cum  quadrisilaba,  monosilaba  et  bisilaba,  hoc  modo  : 
..".  prudéntïr  U  càute.  Item  cum  quadrisilaba  et  trisilaba,  hoc 
modo  :  Nichil  est  in  actiônï  divisûm,  ubi  nichil  est  in  voluntàlï 
dïvérssUm,  Et  nota  quod  in  epistolari  stillo  in  pentasilaba  et  in  con- 
simili  raro  vel  nunquam  clausule  finiuntur^.. 

in  quo  suum  servat  caritas  intemerata  vigorem.  Si  yero  tetrasillaba  dictio  fini- 
tive  distinctionis  eyenerit  finitiya,  siqaidem  penenltimam  [suam  ipsa  producit, 
suam  penenltimam]  corripiat  antecedens  :  ...  Fréquenter  exquirit  ad  dissoluia 
iransfugium,  qui  non  hahet  in  opère  perseveraniie  fundamentam,  »  Ms.  de  ia 
Mazarine  n-  585,  f*  1  r,  et  Blbl.  nal.,  ms.  latin  n"  13688,  P»  127  r.) 

«  Et  sic  terminandus  est  versus  orationis  secondum  Roraanum  cursum,  ut,  si 
trissillaba  dictio  finem  distinctionis  occupaverit^  talis  sit  que  penultimam  pro- 
dncat,  ea  nimirum  ratione  in  antecedenti  ejus  servata,  ut  hic  :  Nunqvum  te 
egisse  peniteai^  in  quo  tuis  aciibus  bonorwm  doctrina  concordat,  Quod  si  tetra- 
sillaba  dictio  distinctionis  evenerit  finitiva,  siquidem  penultimam  suam  ipsam 
produxerit,  ipsam  penultimam  corripiat  antecedens,  ut  hic  :  Fréquenter  querit 
ad  dissoluta  transfugium,  qui  non  hahet  in  opère  perseveraniie  flrmamentum.  i 
(Bibl.  nat.,  ms.  latin  n»  11382,  f»  115  r.) 

1.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n*  8654,  f*  2  r*  et  y*.  —  Buoncompagno  a  l'art  d'em- 
brouiller les  faits  les  plus  simples;  il  eût  mieux  fait  de  résumer  ce  dernier  para- 
graphe en  disant  :  La  phrase  doit  se  terminer  par  un  spondée  et  demi  précédé 
de  plusieurs  autres  spondées. 


492 

Cet  auteur  applic[ue  les  mêmes  règles  à  la  fin  de  chaque  membre 
de  phrase. 

Il  faut  renoncer  à  citer  les  trop  nombreux  passages  relatife  aux 
terminaisons  grégoriennes.  Bornons-nous  à  renvoyer  le  lecteur 
au  Candelabrum^,  à  Guillaume*,  à  Richard  de  PoflS^,  à  Lau- 
rent de  Rome  ^  à  Ludolfe  de  Hildesheim  ^  et  à  leurs  imitateurs  •, 
à  Jean  l'Anglois',  à  Guido  Faba  *,  à  Jean  de  Sicile»,  à  YArs  et 
praticadictandi  epistolas^^,  au  Libellus  de  dictamine  etdic- 
tatorio  syllogismo  **  et  à  plusieurs  autres  traités  anonymes  **. 
L'expression  de  cursiLS  velox  désigna  bientôt  la  première  de 
ces  terminaisons  (  '^-  ^'^  '^),  peut-être  parce  que  les  syllabes  atones 
y  sont  ordinairement  plus  nombreuses  que  les  syllabes  accen- 
tuées. En  même  temps,  la  monotonie  qui  résulte  du  rapprochement 
de  deux  paroxytons  fit  donner  à  la  seconde  terminaison  (  '"  -  '-)  le 
nom  de  cursus  planus  ^^. 

Quelque  faveur  qu'aient  obtenue  ces  deux  curstcs,  ils  ne  suf- 


1.  Passages  cités  par  M.  Thurot,  l,  c,  p.  483,  484. 

2.  M**  Guillaume  avait  sans  doute  en  vue  la  première  terminaison  Grégorienne, 
quand  il  écrivait  ces  mots  :  «  Finis  vero  clausule  desinat  in  duos  spondeos.  Sunt 
enim  quatuor  sillabe  solum  quelibet,  quod  {lisez  :  quarum)  penultima  sit  lon- 
gua,  duo  spondei,  ut  cum  dicitur  ven[er]ari.  »  (Bibl.  nat.,  ms.  latin  n*>  16671, 
f-  40  T\) 

3.  Summa  éUctaminis  secundum  Curiam  Ramanam.  (Bibl.  nat.,  ms.  latin 
n*  4166,  f»  2  V.) 

4.  Summa  dictaminis  juxta  stUum  Curie  Romane  et  consuetudinem  moder- 
norum.  Bibl.  nat.,  mss.  latins  n"  14704,  f*  103  v,  et  16253,  f«  l  r.) 

5.  V.  Quellen  und  EroBrlerungen,  t.  IX,  l'*  partie,  p.  370. 

6.  Une  imitation  de  la  Summa  de  Laurent  de  Rome  est  la  Pratica  sive  ars 
dictaminis  in  radiée.  (Bibl.  nat.,  ms.  latin  n**  14175,  f*  2  v*.)  Voir  é^lement  un 
remaniement  du  traité  de  Ludolfe.  (Bibl.  nat.,  ms.  latin  n**  11385,  ff.  6  r*  et  sq.) 

7.  Il  ne  traite  que  de  la  première  terminaison.  Y.  Qtiellen  und  Erœrierun- 
gen,  l.  c,  p.  501. 

8.  Summa  dictaminum,  (Bibl.  nat.,  ms.  latin  n*>  15167,  f>  20  v«.) 

9.  Rettorica  mag,  Johannis  de  Sicilia  in  arte  dictandi.  (V.  Bibl.  nat.,  mss. 
latins  n"  16617,  f  211  V,  et  14174,  f*  6  t\) 

10.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n»  11414,  £•  26  V. 

11.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n*  14357,  f*  123  y*.  Au  chapitre  de  la  facundia^  il  y 
est  question  des  deux  terminaisons  célèbres  :  pecuniam  transmitlatis  et  expeC' 
iatam  mittatis,  » 

12.  De  dictamine  :  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n"  11384,  f*  94  r».  Traité  sur  Vart 
épistolaire  :  ms.  latin  n^  15952,  etc. 

13.  V.  Laurent  de  Rome  (Bibl.  nat.,  ms.  lat.  n«  16253,  f*  1  r*)  et  son  imitateur 
du  ms.  latin  n«  14175  (f«  2  r).  Cf.  ms.  latin  n«  16246  I,  ff.  92-94. 


493 

usaient  point  à  tous  les  besoins  du  style  épistolaire.  Transmond*, 
le  notaire  de  la  sainte  église  romaine  et  le  disciple  de  Gré- 
goire VIII,  est  des  premiers  à  recommander  l'usage  d'une  troi- 
sième terminaison,  que  l'on  a  décorée  des  noms  de  cursus  tardus^^ 
ecclesiasticus^  ou  durus*.  Elle  consistait  en  un  paroxyton 
suivi  d'un  proparoxyton  de  quatre  syllabes  ^,  ce  dernier  pouvant 
être  remplacé  par  un  monosyllabe  et  un  dactyle  ^  : 

Fit  etiam  cursiva  locutio  par  tetrassillabam  ^  dictionem  cujus 
penultima  corripitur,  precedentis  dictionis  penultima  accuto  accentu 
prolata,  ut  :  Ille  certe  videtur  operdrïjiîsiitïâm.  Quod  si  dictiotetras- 
sillaba  non  occurrat,  per  precedentem  monossillabam  [et]  însequen- 
tem  trissillabam  potest  fieri  dictionis  tetrassillabe  supplementum, 
ut  :  ...  tune  facta  dirigent iîr  in  éxUûs.  Qui  cursus  ecclesiasticus 
appellatur  *. 

En  résumé,  la  fin  des  phrases  ou  des  membres  de  phrase  se 
prête  à  trois  combinaisons  différentes.  On  peut,  pour  en  conserver 
le  souvenir  mieux  gravé  dans  la  mémoire,  s'aider  des  vers  de 
Ludolfe  «  : 


1.  Bibl.  nat.,  mss.  latins  n"  28?0,  f»  59  v,  et  13688,  f»  127  r».  Bibl.  Mazarine, 
ms.  n»  585,  f«  1  r*,  etc. 

2.  Lictamen.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n«  16246  I. 

3.  Laurent  de  Rome  :  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n"  16253,  f>  1  r. 

4.  Pratica,  sive  ars  dictaminis  in  radiée  et  dispositionis  materie  in  iniel- 
lectu  (remaniement  de  la  Somme  de  Laurent  de  Rome)  :  Bibl.  nat.,  ms.  latin 
n«  14175,  f»  2  V. 

5.  Jean  l'Anglois  se  distingue  du  plus  grand  nombre  des  diciatores,  en  ce 
qu^il  assigne  à  ce  pfoparoxyton  une  longueur  de  trois  syllabes.  D'autres,  parmi 
lesquels  Guido  Faba  (Bibl.  nat.,  ms.  latin  n**  15167,  f*  20  y*>),  ne  se  prononcent 
point  sur  la  question. 

6.  V.  Candelabrum  (M.  Thurot,  op.  cit.,  p.  483),  le  ms.  latin  16246  I,  f»  92, 
et  la  Rhétorique  de  Jean  de  Sicile  :  c  Si  dictionis  penultime  sillaba  penultima 
producalur,...  sequi  potest  dictio  quadrissillaba,  cujus  penultima  sit  correpta, 
ut  :  Jusii  regnum  in  felicitate  percipient,  »  (Ms.  latin  n'  16617,  f»  211  r*.  Cf. 
ms.  latin  n*  14174,  f»  6  r-.) 

7.  Cod,  :  tretassillabam. 

8.  Summa  dictaminis  de  Laurent  de  Rome  (Bibl.  nat.,  ms.  latin  n**  16253, 
£•  1  r.  Cf.  M.  Thurot,  op,  cit.,  p.  482). 

9.  Quellen  und  Erœterungen,  t.  IX,  1"  partie,  p.  371.  Ces  vers  sont  incom- 
plètement reproduits  par  l'imitateur  de  Ludolfe  du  ms.  latin  n"  11385  (f«  7  r«). 

^3 


494 

Dum  trissillabica  mediam  producere  débet, 

ut  honestas^ 
In  précèdent]  longam  penultima  prebet, 

ut  comitetur. 
Si  tetrasillabice  penultima  longa  probatur, 

ut  intueriy 
In  precedenti  penultima  corripiatur, 

ut  circumstancias. 
Si  tetrasillabice  penultima  corripiatur, 

uipalpaverit^ 
In  precedenti  penultima  longa  probatur, 

ut  moderacione. 

On  peut  aussi  consulter  le  tableau  suivant  : 

i...  gaûdïà pervënirë, 
. . .  dgërê  nimis  dure, 
...  ^mficiant  ad  volatum, 
...  TQspândëât  prô  më  vôbïs. 
n  ,  .  {,,.  conMéntër  aûdébo, 

CORSUS  PLANDS     'v    w^J   7 

^  \'*'  prudent er  et  cautë, 

^  ,  ,(...  operârï  jûstitJâm. 

^  ^...  dirigén/ttr  m  éxitus. 

Quant  à  remploi  de  ces  terminaisons,  plusieurs  systèmes  sont 
en  présence.  Un  dictât  or  *  propose  de  réserver  le  cursus  veloœ 
pour  la  fin  des  phrases,  et  d'employer  alternativement,  à  la  fin 
des  membres  de  phrase,  les  cursus  planus  et  tardus^,  comme 
en  poésie  l'on  croise  les  rimes  masculines  et  féminines  3.  Un 
autre  *  approuve  cet  emploi  du  cursus  velox,  mais  recourt  inva- 
riablement au  cursus  t ardus  pour  la  fin  des  ntembres  de  phrase. 
Un  troisième  5  termine  par  le  cursus  tardus  les  moindres  por- 
tions de  phrase,  celles,  par  exemple,  que  nous  hésiterions  aujour- 


1.  Bibl.  nat.,  ms.  laUn  n*  11384. 

2.  Même  recommandation  dans  le  Candelabrum  (M.  Tharol,  op.  cit^  p.  483) 
et  dans  le  traité  de  Baoncompagno  (c  Secunda  varietas  artificiose  ordinationis.  » 
Bibl.  nat.,  ras.  n*  8654,  f»  2  r). 

3.  Appliqué  à  la  fin  d'un  Ters,  le  cursits  planus  donnerait  une  rime  féminine, 
le  cursus  tardris  une  rime  masculine. 

4.  L'auteur  du  Candelabrum  exposant  les  règles  du  style  français. 

5.  Bibl.  nat.,  ms.  laUn  n«  11414,  f*  26  v. 


495 

d'hui  à  faire  suivre  d'une  virgule  ;  à  la  fin  des  propositions,  il 
emploie  le  cursus  plamts^  et  le  cursus  velox  pour  terminer 
toute  la  phrase.  Enfin,  suivant  une  Somme  anonyme  S  la  fin 
du  membre  de  phrase  admet  indifiSâremment  l'un  des  trois  cur- 
sus, mais  la  phrase  elle-même  ne  peut  finir  que  par  une  termi- 
naison grégorienne.  On  remarquera  que,  dans  ces  divers  sys- 
tèmes, le  cursibs  veloœ  tient  presque  toujours  la  place  la  plus 
honorable  ;  croyons-en  l'auteur  d'un  Dictamen  anonyme,  qui 
soumet  lui-même  sa  prose  aux  lois  dont  il  vante  l'efficacité  : 
«  Cursus  tamen  velox  majorem  ornatum  efficit  et  ideo  a  dictato- 
ribus  Q^mmûnitïr  àccëptâtûr^.  > 

Nous  aurons  achevé  d'exposer  les  règles  concernant  la  fin  des 
phrases,  si  nous  ajoutons  que  plusieurs  maîtres  préfèrent  multi- 
plier les  spondées  à  la  fin  de  la  dernière  phrase,  sans  doute  pour 
terminer  l'épître  avec  une  majestueuse  lenteur  :  un  paroxyton 
de  sept  ou  huit  syllabes  leur  semble  digne  d'occuper  cette  place  : 

Quod  dico  cum  prima  clausula,  dico  cum  reliquîs,  excepta  ultima, 
quam  semper  necesse  est  terminare  in  spondeos,  ut  si  dicam  ad 
minus  in  duos.  Superius  equidem  apparent  exempla,  quod  plerum- 
que  finitur  extrema  clausula  in  très  spondeos,  ut  si  dicam  :  Qiiod 
scolares  dissentiunt^  nos  oportet  intendere  eorum  compositions  Ple- 
rumque  Snitur  in  IV  spondeos,  ut  :  Qui  presumitis  facere  contra 
ecclesiam,  innodamus  vos  vinculo  excommunicationis  ^. 

Nulle  part  d'ailleurs  on  n'observe,  mieux  que  dans  les  Dicta- 
mina,  le  principe,  aussi  ancien  que  la  rhétorique^,  suivant  lequel 
la  fin  des  phrases  est  plus  particulièrement  soumise  aux  lois  de 
l'harmonie.  Les  règles  que  nous  avons  exposées  en  dernier  lieu 

1.  Seconde  Summa  dictaminis  du  ms.  latin  n*  1093  (ff.  81  1^-82  y*)*  Cf.  un 
remaniement  du  même  traité.  (Bibl.  nat.,  ms.  latin  n"  15952,  f*  91  r"). 

2.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n"  16246  I.  Cf.  l'imitateur  de  Ludolfe  :  c  Hi  très  modi 
satis  sunt  commendati  ;  secundus  tamen  laudabilior  super  omnes,  scilicet  circums- 
tancias  intueri,  »  (Ms.  latin  n*  11385,  f»  7  r*.) 

3.  Summa  magistri  Guidonis.  (Bibl.  nat.,  ms.  latin  n"  8653,  i**  24  r*.)  Y.  aussi 
Ponce  le  Proyençal.  (Bibl.  nat.,  ms.  latin  n"  18595,  f*  11  r)  et  le  Candelabrum. 
(Passage  cité  par  M.  Tburot,  /.  c,  p.  485.) 

.  4.  Cf.  Quintilien,  Inst,  Orat,  lib.  IX,  §  4  :  «  Magis  tamen  et  desideratur 
(numerus)  in  clausuUs  et  apparet  ;  primum  quia  sensus  omnis  habet  suum  finem, 
quo  a  sequentis  initio  dividatnr;  deiude  quod  aures,  continuam  Yocem  secutae 
ductaeque,  yelut  prono  decurrentes  orationis  flumine,  tum  magis  judicant,  cum 
ille  impetus  stetit  et  intuendi  lempus  dédit.  » 


496 

prenaient  une  telle  importance,  que  souvent  elles  constituaient  à 
elles  seules  toute  la  théorie  du  cursus  :  «  maxime  quod  sint  plu- 
res,  qui  artiâciosam  ordinationem  in  finibus  tantummodo  clausu- 
larum  observant  *.  »  On  y  voyait,  non  sans  raison,  le  moyen  de 
charmer  Toreille,  plus  sensible  à  Tharmonie  au  moment  où  la 
voix  s'arrête,  et  l'on  se  flattait  d'obtenir,  par  le  retour  fréquent 
d'une  cadence  connue,  un  effet  rythmique  comparable  à  celui  de 
l'assonance  ou  de  la  rime. 

§6. 

Si  répandues  qu'aient  été  les  règles  du  rythme  épistolaire,  et 
si  nombreuse  la  foule  de  ceux  qui  les  acceptaient  sans  mot  dire, 
elles  ne  laissèrent  pas  de  soulever,  dans  le  camp  des  dictatures^ 
une  objection,  que  l'on  pourrait  faire  au  même  titre  à  toute  tenta- 
tive de  versification.  La  recherche  de  l'harmonie,  disait-on,  est 
incompatible  avec  la  concision  et  la  clarté.  Qu'elle  rendît  en  eflfet 
beaucoup  plus  rude  la  tâche  du  rédacteur  d'épître,  cela  est  trop 
évident  ;  mais  s'il  plaisait  aux  notaires  de  s'astreindre  à  des  lois 
plus  sévères  que  celles  de  la  prose  courante,  s'ils  rêvaient  de 
donner  à  des  actes  solennels  une  forme  plus  élégante  et  si,  en  fait, 
ils  triomphaient  de  cette  difficulté,  on  ne  peut,  par  haine  fie  l'har- 
monie, condamner  leurs  légitimes  efforts  :  c'est  du  résultat  qu'il 
faut  juger,  non  du  principe. 

Buoncompagno  avait  peut-être  constaté  parmi  ses  contempo- 
rains l'insuccès  de  semblables  tentatives,  quand  il  revendiquait, 
en  termes  d'ailleurs  fort  sensés,  les  droits  de  la  raison  : 

Gomunem  dicionum  ordinationem  antiquiphy[lo]sophi  observabant 
quia  de  intellectu  materiali  et  pondère  scentenciarum  curabant, 
amplius  quam  de  ornatu  verborum  ;  quare  ordinabant  singulas  dic- 
tiones,  prout  eis  casualiter  occurrebant.  Dare  igitur  sub  una  forma 
certas  et  necessarias  régulas  in  prosa  de  datilis  et  spondeis,  prlnci- 
piis  et  flnibus  clausularum,  née  esset  doctrina  salutifera,  sed  perpé- 
tua confusiodictatorum.  Profecto,  dum  longitudini,  brevitati,  casibus, 
figuris  et  exornationibus  picturatis  deservit  orator,  quod  brevi  pote- 
rat  declarare  sermone,  per  diverticula  oberrando,  confundit...  Nimi- 


1.  Buoncompagno.  (Bibl.  nat.,  ms.  latin  n"  8654,  f*  2  r>.] 


497 

mm  qui  cursum  observât  et  de  intellectu  non  curât,  excolat  culicem 
et  camelum  déglutit,  aut  veniale  respuit,  et  criminale  committit^ 

Toutefois  n*est-il  pas  étrange  d'entendre  invoquer  les  anciens 
comme  adversaires  du  rythme?  Oubliait-on  VOrator  de  Cicéron, 
pour  ne  parler  que  des  latins?  et  trouvait-on  que  Probus,  Quin- 
tilien,  Terentianus,  Victorinus,  Donat,  Charisius,  Diomède  et 
tant  d'autres  n'eussent  point  suffisamment  insisté  sur  les  lois  du 
nombre  oratoire?  La  vérité  est  qu'on  perdait  le  souvenir  de  règles 
tombées  en  désuétude,  dont  on  ne  tenait  plus  aucun  compte. 

Ouvrez,  au  chapitre  de  la  «  composition  »,  une  grammaire 
antique  :  vous  y  trouverez  étudiée  avec  soin  la  quantité  de  cha- 
cune des  syllabes  qui  terminent  la  période  oratoire  ;  mais  peu 
importe  la  longueur  des  mots.  Que  l'orateur  obtienne,  d'une 
manière  quelconque,  l'amphibraque  ou  le  double-trochée  final  :  il 
s'estimera  content.  La  diversité  des  pieds  dont  les  rhéteurs  anciens 
recommandaient  l'usage  rend  même  assez  difficile  l'intelligence 
de  leur  texte  pour  qui  n'est  pas  versé  dans  le  langage  de  la  pro- 
sodie, et  il  est  douteux  que  les  dictatures  s'en  soient  toujours 
fait  une  idée  bien  nette  :  possédaient-ils  à  fond  cette  leœ  metrica, 
sans  laquelle  les  règles  de  Cicéron  étaient,  suivant  l'un  d'eux*, 
lettres  closes  ? 

Entre  le  nombre  des  anciens  et  le  cursus  du  moyen  âge,  il  y 
a  la  même  diflérence  qu'entre  la  versification  d'Horace  et  celle 
des  chants  liturgiques  :  l'un  repose  sur  la  quantité,  l'autre  est 
fondé  sur  l'accent.  Cette  dissemblance  persiste  dans  tous  les 
traités  du  xnf,  du  xrv*et  du  xv®  siècle,  jusqu'au  moment  où  une 
sorte  de  renaissance,  favorable  aux  idées  antiques,  fit  refleurir 
les  théories  de  Cicéron  et  de  Quintilien.  Encore  faut-il  se  garder 
de  confondre  avec  des  manuels  de  dictatures  les  Rhétoriques, 
où  se  trouvent  énoncées  les  règles  de  nombre  fondées  sur  la 
quantité  ^  :  cette  innovation  n'eut  et  ne  pouvait  avoir  aucune 
influence  sur  l'enseignement  pratique  du  style  épistolaire. 


1.  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n*  8654,  f*  2  r*. 

Remarquez  que  Buoncompagno  lui-même  observe  les  règles  de  la  fin  des 
phrases  ;  il  emploie  constamment  les  terminaisons  grégoriennes. 

2.  Candelabrum  :  c  Tullius  per  singulorum  pedum  artificium  tradit  hanc 
doctrinam.  Unde  sine  lege  metrica  slilum  ejus  non  potest  aliquis  observare.  » 
(M.  Thurot,  op.  cit.,  p.  483.) 

3.  Rhétorique  de  M*  Pierre  de  la  Hazardière,  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n"  7762, 


498 

Si  Ton  ne  peut  faire  remonter  jusqu'aux  grammaires  antiques 
l'origine  du  cursics,  il  serait  assez  naturel  d'en  attribuer  l'inven- 
tion à  celui  qui  en  enseigna,  le  premier^  les  principes  et  donna 
son  nom  au  style  grégorien.  Albert  de  Morra  créa-t-il  la  théorie 
du  rythme  tout  d'une  pièce,  et  ne  s'appuya-t-il  point  sur  des  tra- 
ditions antérieures  ?  c'est  ce  que  nous  examinerons  plus  à  loisir 
dans  notre  prochain  chapitre. 

Noël  Valois. 

(A  suivre.) 

XV*  siècle,  ff.  19  r'-21  r*.  —  Rhétorique  anonyme,  ms.  latin  n"  16233,  xv*  siècle, 
f^  128  r.  —  Rhétorique  de  Fichet,  et  autre  rhétorique  anonyme;  ms.  latin 
n*  7762  A,  xv  s.,  f«  77  V  et  sq. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Catalogue  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  municipale  de  Caen^ 
précédé  d'une  notice  historique  sur  la  formation  de  la  bibliothèque, 
par  Gaston  Lavallei,  bibliothécaire  adjoint.  Gaen,  Le  Bianc- 
Hardel,  4880.  In-8%  lxix-274  p.  (Tiré  à  450  exemplaires.) 

Le  catalogue  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  municipale  de  Caen, 
que  vient  de  publier  M.  Lavalley,  est  précédé  d'une  intéressante  notice 
sur  cette  bibliothèque,  dont  l'histoire  commence  avec  celle  de  l'ancienne 
université  de  Caen  en  1431.  D'après  un  inventaire  dressé  en  1515,  la 
bibliothèque  de  l'université  se  composait  déjà  de  278  volumes;  un 
siècle  après,  en  1622,  elle  était  ouverte  au  public;  en  1732,  elle  ne  pos- 
sédait encore  que  657  volumes,  quand,  à  la  fin  de  cette  même  année, 
Guillaume  Le  Sueur  de  GoUeville,  arrière-petit-fils  de  l'orientaliste 
Samuel  Bochart,  fit  présent  à  l'université  de  2662  volumes,  qui  prove- 
naient de  la  bibliothèque  de  son  illustre  parent;  enfin,  en  1786,  à  la 
veille  de  la  révolution,  le  chiffre  des  volumes  de  la  bibliothèque  de 
Caen  s'élevait  à  13,000. 

Quant  au  catalogue  des  manuscrits  lui-même,  il  se  divise  en  deux 
parties  :  I.  Manuscrits  relatifs  à  la  Normandie  {n®»  1-343).  II.  Manus- 
crits étrangers  à  la  Normandie  (n©»  344-522).  Parmi  les  premiers,  je 
citerai  le  Recueil  des  chansons  nouvelles  du  Vau  de  Vire  (u?  289),  de  Jean 
Le  Houx,  longtemps  attribué  à  Olivier  Basselin,  et  des  manuscrits 
autographes  ou  copies  de  Samuel  Bochart  (n®»  231-237),  d'Antoine 
Halley  (n»»  228-230),  de  l'évêque  d'Avranches,  Huet  (n°«  238-250),  de 
l'abbé  de  la  Rue  (n»*  101-120),  etc.  L'importante  collection  des  papiers 
du  général  Decaen  (n'  281)  a  été  également  l'objet  d'une  description 
détaillée.  La  série  des  manuscrits  étrangers  à  la  Normandie  est  peu 
nombreuse  et  ne  contient  pas  de  manuscrits  remarquables  par  leur 
ancienneté  ou  qui  méritent  une  mention  particulière.  Je  noterai  seule- 
ment qu'on  y  trouve  quelques  manuscrits  grecs  et  arabes  provenant  de 
la  bibliothèque  de  Samuel  Bochart  et  plusieurs  manuscrits  en  langue 
tamoule. 

Dans  son  catalogue,  M.  Lavalley  a  adopté  l'ordre  méthodique  ;  sans 


200 

approuver  ce  mode  de  classement  pour  une  bibliothèque  de  manuscrits, 
il  faut  reconnaître  que  dans  le  cas  présent  il  n'offrait  pas  les  inconvé- 
nients qu^il  aurait  eus  si  on  Pavait  adopté  pour  une  bibliothèque  plus 
considérable  que  celle  de  Gaen.  La  même  observation  peut  s'appliquer 
aux  notices  historiques  sur  les  auteurs  de  manuscrits,  que  M.  Lavalley 
a  insérées  dans  son  catalogue,  et  aux  renseignements  bibliographiques 
qui  accompagnent  les  titres  d'un  certain  nombre  de  manuscrits  et  sont 
quelquefois  un  peu  abondants.  A  côté  de  cela  il  eût  été  bon  de  ne 
jamais  omettre  d'indiquer,  au  moins  pour  les  manuscrits  appartenant 
au  moyen  âge,  les  incipit  et  desinit  des  différents  opuscules  qu'ils  con- 
tenaient, et  M.  Lavalley  aurait  dû  toujours  reproduire  intégralement  le 
texte  des  souscriptions  et  autres  notes  bibliographiques  qui  se  trouvent 
dans  plusieurs  des  manuscrits  qu'il  a  décrits.  Le  catalogue  des  manus- 
crits de  Gaen  se  termine  par  deux  tables  alphabétiques  des  auteurs  et 
des  anonymes,  et  un  tableau  de  concordance  des  cotes  anciennes  et  nou- 
velles des  manuscrits.  Peut-être  ei\t-il  fallu  y  ajouter  deux  tableaux  des 
manuscrits  par  provenances  et  par  ordre  de  dates.  A  part  ces  quelques 
critiques  de  détail,  je  suis  heureux  d'avoir  à  signaler  le  livre  de 
M.  Lavalley,  et  il  serait  à  souhaiter  que  nous  eussions  pour  toutes  les 
bibliothèques  des  départements  un  catalogue  aussi  détaillé  et  aussi 
consciencieusement  fait  que  l'est  celui  de  la  bibliothèque  municipale  de 
Gaen. 

H.  Omont. 


La  Renaissance  en  France,  par  Léon  Palustre.  4«  livraison,  Seine- 
el-Marne,  Paris,  Quantin.  In-fol. 

Quatre  grandes  planches  représentant  la  façade  de  l'église  d'Othis, 
l'ensemble  de  la  maison  dite  de  François  le»-  à  Paris,  la  porte  du  châ- 
teau de  Nantouillet ,  l'ancien  pavillon  du  château  de  Monceaux,  et  dix 
eaux-fortes  intercalées  dans  le  texte,  donnant  les  détails  les  plus  inté- 
ressants de  la  maison  de  François  I«'  (2  pi.),  du  château  de  Nantouillet 
(4  pi.),  le  cloître  de  Saint-Sauveur  à  Melun,  la  façade  et  les  contreforts 
de  l'église  de  Brie-Gomte-Robert,  enfin  une  vue  des  ruines  de  Monceaux, 
constituent  l'illustration  de  cette  livraison.  La  finesse  des  gravures 
signées  Sadoux  et  Lancelol  prouve  que  la  pointe  des  graveurs  devient 
chaque  jour  plus  habile  et  plus  exercée. 

Nous  l'avons  dit.  et  nous  ne  le  répéterons  plus,  l'ouvrage  dont 
M.  Palustre  a  entrepris  la  publication  restera  parmi  les  plus  beaux 
livres  de  notre  époque,  si  féconde  cependant  en  éditions  de  luxe. 

Au  surplus,  le  texte  ici  n'est  pas  inférieur,  comme  cela  arrive  trop 
souvent,  à  l'illustration.  L'auteur  est  un  archéologue  qui  a  fait  depuis 
longtemps  ses  preuves,  qui  a  étudié  à  fond  son  sujet  avant  de  se  lancer 


204 

dans  cette  entreprise,  qui  connaît  tous  les  travaux  consacrés  à  la  Renais- 
sance française  et  qui  joint  enfin  à  Tétude  critique  des  textes  un 
examen  sévère  et  judicieux  des  monuments.  Ce  n'est  pas  un  mince 
mérite,  par  le  temps  qui  court,  de  savoir  résister  à  Pentraînement  géné- 
ral, de  réagir  contre  un  engouement  aveugle  pour  tout  ce  qui  porte  la 
marque  ou  les  apparences  du  style  italien  du  xv*  siècle,  pour  oser  dire 
enfin  que,  sans  Tinvasion  des  sculpteurs  ou  architectes  de  la  péninsule, 
la  France  se  serait  parfaitement  tirée  d'affaire  toute  seule,  et  aurait 
opéré  avec  ses  propres  ressources,  dans  de  bien  meilleures  conditions, 
son  évolution  architecturale.  M.  Palustre  ne  se  contente  pas  de  le  dire, 
il  le  prouve;  grâce  aux  investigations  récentes  dans  les  archives  locales, 
nous  savons  maintenant  que  la  plupart  de  ces  admirables  châteaux  qui 
couvraient  le  sol  de  Tancienne  France,  et  qui  n'ont  rien  à  envier  aux 
palais  trop  vantés  de  Fltalie,  sont  Tceuvre  de  modestes  grands  hommes 
qui,  tout  en  se  contentant  du  titre  de  maçons,  avaient  souvent  bien  plus 
de  science  réelle  et  de  véritable  goût  que  ces  décorateurs  orgueilleux  et 
vantards  d'au  delà  des  monts. 

Quand  donc  se  décidera-t-on  à  reconnaître  que  notre  pays  a  été  aussi 
fertile  en  grands  artistes  que  n'importe  quel  autre?  Et,  puisque  la  mode 
est  à  la  création  de  chaires  et  d'écoles,  quand  donc  l'Ëtat,  si  prodigue 
aujourd'hui  pour  tous  ceux  qui  s'attachent  à  l'art  grec,  romain  ou 
oriental,  élèvera-t-il  une  chaire,  une  seule  chaire,  à  la  gloire  de  l'art 
français?  Quand  aurons-nous,  à  Paris  ou  ailleurs,  peu  importe,  une 
école  d'archéologie  française?  Il  y  aurait,  ce  nous  semble,  un  champ  bien 
vaste  à  explorer.  Attendra-t-on  pour  prendre  des  mesures  et  s'occuper 
de  la  question  que  ies  derniers  vestiges  de  Part  national  aient  disparu  ? 
Chaque  jour  voit  périr  quelque  monument  précieux,  et  cette  fois  ce 
n'est  plus  l'effervescence  des  passions  politiques  qu'on  peut  accuser  de 
ces  actes  de  vandalisme,  mais  le  sot  caprice  d'un  possesseur  temporaire 
ou  Tavidité  d'un  marchand.  Voyez  plutôt  la  déplorable  aventure  du 
château  de  Montai.  C'était  un  trop  gros  et  trop  précieux  morceau  pour 
un  seul  amateur  ;  on  l'a  dépecé  avec  soin  et  ses  lambeaux  épars  vont 
faire  la  gloire  de  dix  collections.  Il  n'est  que  temps  d'organiser  la 
croisade  contre  les  barbares  et  de  défendre  contre  la  rapacité  des  van- 
dales modernes  ce  qui  constitue  le  patrimoine  commun  de  notre  pays. 

M.  Palustre  aura,  pour  sa  part,  rendu  un  grand  service  en  faisant  con- 
naître par  la  plume,  en  même  temps  que  par  la  gravure,  d'intéressants 
édifices,  quelquefois  de  véritables  chefs-d'œuvre  perdus  dans  de  petits 
villages  isolés  et  rarement  visités.  C'est  encore  un  des  meilleurs  moyens 
de  défendre  les  monuments  précieux  que  de  les  faire  admirer  et  d'en 
inspirer  par  là  le  respect.  L'énumération  des  planches  indique  suffisam- 
ment les  monuments  passés  en  revue  dans  cette  quatrième  livraison. 
La  maison  de  François  I^^  aujourd'hui  reconstruite  à  Paris,  sur  le 
Gours-la-Reine,  a  été  enlevée  pierre  par  pierre,  comme  on  le  sait,  de  la 


202 

ville  de  Moret;  elle  appartenait  donc  par  son  origine  au  département 
de  Seine-et-Marne,  un  des  plus  riches  de  France  autrefois  en  monu- 
ments de  la  Renaissance,  puisqu'il  possède  les  restes  encore  magnifiques 
du  château  de  Nantouillet,  les  ruines  de  Monceaux,  et  avant  tout  le 
château  de  Fontainebleau.  Un  monument  de  Timportance  de  Fontaine- 
bleau, qui  résume  en  lui  seul  Thistoire  de  la  Renaissance  française, 
mérite  une  étude  attentive.  Aussi  M.  Palustre  ne  pouvait-il  faire  autre- 
ment que  de  lui  consacrer  une  livraison  spéciale  et  de  diviser  ainsi  le 
département  de  Seine-et-Marne  en  deux  parties.  La  prochaine  livraison 
sera  donc  occupée  tout  entière  par  le  château  de  Fontainebleau  ;  ce  ne 
sera  pas  la  moins  intéressante,  comme  bien  on  pense,  de  la  collection. 

J.-J.  GUIPPRBY. 


Saint  Martin^  par  A.  Lecot  de  la  Marche,  archiviste  paléographe, 
professeur  d'histoire  à  Tinstitut  catholique  de  Paris.  Tours,  Mame, 
4884.  Grand  in-8o,  xv-735  p. 

En  écrivant  la  vie  de  saint  Martin,  M.,  Lecoy  de  la  Marche  a  eu  un 
double  but  :  remettre  en  honneur  l'hagiographie  en  montrant  qu'elle 
peut  être  traitée  suivant  la  même  méthode  historique  que  la  vie  des 
conquérants  et  des  hommes  d'État,  et,  en  second  lieu,  faire  voir  le  rôle 
historique  des  saints  et  leur  influence  au  point  de  vue  social.  Nul . 
exemple  n'était  meilleur,  pour  cette  double  démonstration,  que  celui  de 
saint  Martin,  un  des  plus  grands  hommes  du  iv*  siècle,  à  quelque  point 
de  vue  que  l'on  se  place,  et  celui  dont  la  vie  peut  le  mieux  être  examinée, 
avec  la  sévérité  de  la  critique,  sans  rien  perdre  de  sa  grandeur.  C'est 
pourquoi  notre  confrère  nous  paraît  avoir  réussi  dans  son  entreprise. 

Inspiré  par  la  pensée  que  nous  venons  de  faire  connaître,  M.  Lecoy 
de  la  Marche  a  étudié  saint  Martin  dans  sa  vie  religieuse  et  dans  son 
action  sur  la  société,  ce  qui  lui  a  fourni  les  deux  grandes  divisions  de 
son  ouvrage.  Dans  une  première  partie,  consacrée  à  la  vie  terrestre  du 
saint  (et  ici  on  nous  permettra  de  reproduire  presque  textuellement  le 
plan  de  notre  confrère),  il  envisage  d'abord  l'état  de  la  société  gallo- 
romaine  au  moment  de  l'arrivée  du  Pannonien  Martin  dans  notre  pays, 
puis  il  montre  en  lui  le  soldat,  le  moine,  l'évêque,  l'apôtre,  en  suivant 
à  peu  près  l'ordre  chronologique,  «  car  il  a  rempli  ces  divers  rôles  suc- 
cessivement, ou  du  moins  chacun  de  ces  caractères  a  dominé  tour  à 
tour  dans  son  existence.  »  La  seconde  partie  renferme  l'histoire  du 
culte  de  saint  Martin,  c'est-à-dire,  suivant  le  mot  de  l'auteur,  t  sa  vie 
posthume  ».  Cette  matière,  pour  être  traitée  convenablement  et  sans 
répétitions,  exige  l'ordre  méthodique.  Après  avoir  suivi  les  destinées  du 
corps,  des  reliques  et  du  tombeau  de  l'illustre  thaumaturge,  l'auteur 
nous  fait  faire  «  un  véritable  tour  du  monde  martinien  »  pour  visiter,  en 


203 

France  d'abord,  puis  dans  les  autres  pays  d'Europe,  en  Asie,  en  Afrique 
et  jusqu'en  Amérique,  les  plus  célèbres  sanctuaires  consacrés  au  saint, 
puis  il  termine  en  étudiant  les  oeuvres  littéraires  dont  saint  Martin  a 
fourni  le  sujet  depuis  le  moment  de  sa  mort  jusqu'à  nos  jours,  tandis 
que  les  monuments  figurés  que  Part  lui  a  dédiés  feront  le  principal 
objet  de  Pillustration  du  volume. 

Pour  composer  cet  ouvrage,  M.  Lecoy  de  la  Marche  a  eu  à  sa  dispo- 
sition des  sources  antiques  et  dignes  de  respect,  mais  qu'il  ne  s'est  pas 
astreint  cependant  à  accepter  sans  contrôle;  c'est  d'abord,  pour  la 
première  partie,  Sulpice  Sévère,  principalement  la  Vita  sancti  Martini^ 
récit  contemporain  de  la  plus  haute  importance,  et,  pour  la  seconde 
partie,  les  écrits  spéciaux  de  Grégoire  de  Tours,  le  De  gloria  confessorum 
et  le  De  virtutibus  sancti  Martini^  les  principales  chroniques  de  France 
ou  de  l'étranger,  les  recueils  de  miracles,  les  MartinadeSy  les  délibéra- 
tions du  chapitre  de  Saint-Martin  de  Tours,  enfin  les  chartes  et  docu- 
ments de  toute  nature  conservés  aux  Archives  nationales,  aux  archives 
d'Indre-et-Loire,  aux  bibliothèques  de  Paris,  de  Tours,  de  Bruxelles, 
etc.  Mais  l'auteur  ne  s'est  pas  contenté  de  ses  recherches  personnelles 
et  il  a  pensé,  avec  raison,  que,  pour  un  saint  aussi  universellement 
honoré,  il  y  avait  lieu  de  faire  appel  à  tous  les  savants  de  France  et  de 
l'étranger  qui  étaient  en  mesure  de  fournir  quelques  renseignements  sur 
saint  Martin  et  son  culte,  et  il  leur  a  adressé  un  questionnaire,  auquel, 
nous  dit-il,  il  a  reçu  260  réponses,  dont  quelques-unes  fort  importantes. 

C'est  en  puisant  à  ces  sources  diverses,  et  en  mêlant  heureusement 
aux  données  de  l'histoire  écrite  celles  de  la  littérature  et  de  l'archéo- 
logie, en  corroborant  les  récits  des  historiens  par  le  témoignage  d'une 
charte  ou  celui  d'un  monument,  quelquefois  même  de  ses  seules  ruines, 
le  tout  suivant  les  règles  d'une  méthode  rigoureuse,  que  M.  licfioy  de  la 
Marche  a  composé  son  histoire  de  saint  Martin, 

Est-ce  à  dire  qu'il  faille  s'attendre  à  trouver  dans  cet  ouvrage  des 
découvertes  nouvelles  pour  l'histoire  du  saint  ?  Est-il  même  raisonnable 
de  les  demander?  Nous  ne  le  pensons  pas,  car  comme  le  dit  notre 
confrère  :  «  Après  Grégoire  de  Tours,  les  éléments  historiques  de  la  vie 
de  saint  Martin  ne  reçoivent  plus  aucun  accroissement  »  (p.  614).  Mais 
tout  ce  qu'une  saine  et  judicieuse  interprétation  des  textes  connus,  tout 
ce  qu'une  critique  ferme  et  ingénieuse  a  pu  fournir  par  les  rapproche- 
ments et  les  comparaisons  pour  rectifier  les  fausses  interprétations  et 
rétablir  la  vérité  de  certains  faits,  l'auteur  nous  parait  l'avoir  obtenu. 

C'est  ainsi  qu'il  a  fixé,  avec  toute  vraisemblance,  d'après  une  com- 
munication de  l'archiviste  de  Martinsberg  et  des  textes  fort  anciens,  le 
lieu  de  naissance  de  saint  Martin  à  Sabarie,  en  Hongrie,  sur  le  bord  de 
la  rivière  Pannosa,  à  un  mille  du  Mont-Sacré,  à  l'endroit  où  s'élève 
encore  aujourd'hui  le  monastère  de  Martinsberg. 

Les  obscurités  et  les  fables  qui  enveloppaient  depuis  le  moyen  âge  la 


204 

famille  du  saint  ont  été  dissipées  par  son  nouvel  historien  ;  ses  alliances 
avec  les  rois  et  les  princes  ont  été  écartées  et  la  chronologie  de  l'exis- 
tence de  saint  Martin  a  été  établie  d'une  façon  à  peu  prés  définitive 
dans  une  dissertation  spéciale  que  l'auteur  a  donnée  en  appendice. 
Désormais  on  devra  admettre  que  sa  naissance  eut  lieu  entre  le 
8  novembre  316  et  le  25  juillet  317,  son  baptême  au  printemps  de  339, 
à  l'âge  de  22  ans  (et  non  de  18),  sa  consécration  épiscopale  en  371,  sa 
mort  enfin  le  8  novembre  397  et  son  ensevelissement  le  11  du  même  mois. 
Notre  confrère  a  montré  que  c'est  à  Amiens  même  que  saint  Martin 
reçut  le  baptême,  et  près  de  la  ville  de  Worms  que,  deux  ans  après,  il 
renonça  à  la  carrière  militaire  en  refusant  le  donativum  de  l'empereur 
et  demanda  son  congé  pour  embrasser  la  vie  monastique.  L'auteur  n'a 
pas  de  peine  à  établir,  contre  l'opinion  de  Gervaise,  chanoine  de  Saint- 
Martin  de  Tours,  qui  écrivait  au  xvii«  siècle,  que  saint  Martin  a  été 
moine  et  qu'il  a  conservé  les  habitudes  monastiques,  même  lorsqu'il  fut 
devenu  évêquc.  Sa  cellule  était  située  entre  l'église  épiscopale  et  la 
muraille  romaine  de  Tours,  et  n'avoisinait  pas  la  basilique  de  Saint- 
Martin,  comme  l'a  cru  le  regretté  Mabiile,  dont  la  méprise  sur  ce  point 
a  été  relevée  par  M.  A.  Longnon. 

Une  inscription  déjà  publiée  par  M.  Edm.  Le  Blant  a  fourni  à 
M.  Lecoy  de  la  Marche  une  nouvelle  preuve  du  passage  de  saint  Martin 
à  Vienne  et  des  conversions  qu'il  y  opéra.  On  savait  déjà  qu'il  avait 
attiré  à  la  vie  religieuse  un  illustre  sénateur  de  cette  cité,  Pontius 
Meropius  Paulinus,  qui  devint  depuis  saint  Paulin  de  Noie.  Il  faudra 
désormais  placer  à  côté  de  l'ancien  consul  une  humble  femme,  Fœdula, 
qui  avait  été  baptisée  par  saint  Martin  lors  de  son  passage  à  Vienne 
vers  388g  et  qui,  étant  morte  quelques  années  après,  a  été  enterrée  dans 
l'église  des  saints  Gervais  et  Protais,  à  la  fondation  de  laquelle  le  saint 
avait  concouru. 

Parmi  les  pèlerinages  au  tombeau  de  saint  Martin,  notre  confrère  cite 
pour  la  première  fois,  d'après  une  lettre  de  saint  Nizier  à  Glodosinde, 
celui  du  roi  Glovis,  qui,  étant  pris  de  scrupule  au  moment  de  recevoir 
le  baptême,  voulut  aller  prier  d'abord  au  tombeau  de  l'apôtre  des  Gaules. 

Une  étude  attentive  des  textes  et  du  résultat  des  fouilles  opérées 
en  1860  sur  l'emplacement  de  la  basilique  de  Saint-Martin  a  permis  à 
M.  Lecoy  de  la  Marche  de  faire  une  rectification  archéologique  de  quelque 
importance.  Trompé  par  certains  détails  d'un  texte  qui  parle  du  tom- 
beau du  saint,  notre  savant  maître  M.  Quicherat,  auteur  d'une  admi- 
rable restitution  de  la  basilique  martinienne,  s'était  figuré  ce  tombeau 
comme  une  petite  chapelle,  dans  laquelle  on  pouvait  entrer  et  se  tenir 
debout.  Mais  l'habitude  où  l'on  a  été,  au  moins  jusqu'au  vu«  siècle,  de 
dire  la  messe  sur  ce  tombeau,  les  fragments  du  couvercle  que  l'on  a 
retrouvés  et  quelques  autres  indices  ont  servi  à  M.  Lecoy  de  la  Marche 
pour  établir  que  ce  monument  était  un  tombeau  creux  couvert  d'une 


205 

table  de  marbre  formant  autel,  ainsi  que  cela  s'est  pratiqué,  par 
exemple,  pour  le  corps  de  saint  Médard  à  Soissons,  et  comme  cela  se 
voit  encore  dans  l'église  Saint-Quénin  à  Yaison. 

Notre  confrère  a  démontré,  dans  le  môme  chapitre,  contrairement  à 
l'opinion  de  Mabille,  que  le  corps  de  saint  Martin  apporté  de  Gandes 
n'avait  pas  été  enseveli  dans  un  cimetière  en  dehors  de  la  cité,  près 
du  monastère  de  Saint-Médard,  mais  qu'il  a  toujours  reposé  dans  le 
môme  endroit  oii  se  sont  élevées  successivement  plusieurs  basiliques  et 
où  l'on  a  retrouvé  les  restes  de  son  tombeau. 

Si  de  Tarchéologie  nous  passons  à  l'histoire  littéraire,  nous  trouvons 
à  signaler  encore  quelques  points  intéressants.  Nous  voulons  parler 
d'abord  du  sermon  De  combitstione  ecclesw  B.  Martini^  que  la  Bibliotheca 
Cluniacensis  a  placé  le  quatrième  parmi  ceux  du  saint  abbé,  et  que 
VHistoire  littéraire  a  cru  devoir  rapporter  à  l'incendie  de  la  basilique 
en  903,  tandis  que  M.  Hauréau,  dans  ses  Singularités  historiques^ 
p.  172-173,  pense  qu'il  n'a  pu  être  prononcé  avant  929.  Notre  confrère 
s'appuyant  sur  plusieurs  passages  de  ce  discours,  dans  lesquels  il  est 
question  de  fortifications  qui  ne  peuvent  être  que  celles  de  Château- 
Neuf  élevées  après  l'incendie  de  903,  et  qui  n'en  ont  pas  empêché  un 
nouveau,  est  d'avis  que  ce  texte  vise  l'incendie  de  997  et  que  par  con- 
séquent le  sermon  a  été  faussement  attribué  à  saint  Odon  de  Gluny, 
mort  le  18  novembre  942.  Un  second  point  est  relatif  aux  monuments 
écrits  consacrés  au  moyen  âge  à  saint  Martin.  L'auteur  nous  fait  con- 
naître deux  poèmes  latins  inédits,  composés  au  xi«  siècle,  l'un  par 
Elfrid,  archevêque  d'York,  l'autre  par  un  anonyme,  dans  lesquels  on 
trouve  une  biographie  du  saint  écrite  en  vers  déjà  affranchis  de  la  pro- 
sodie antique,  et  affectant  une  allure  plus  libre  qui  favorise  l'essor  de  la 
pensée.  Enfin,  pour  terminer  avec  les  œuvres  littéraires,  nous  signale- 
rons, après  notre  confrère,  qui  en  a  donné  des  extraits  à  l'appendice, 
un  mystère  inédit  de  la  vie  de  saint  Martin,  écrit  en  1496  par  André  de 
la  Vigne,  natif  de  la  Rochelle.  Tels  sont  les  faits  ou  les  aperçus  nou- 
veaux les  plus  saillants  que  nous  avons  remarqués  dans  l'œuvre  de 
M.  Lecoy  de  la  Marche;  on  voit  qu'il  a  éclairé  plus  d'un  point  de  la  vie 
de  son  personnage  et  des  questions  qui  se  rattachent  à  son  culte. 

Mais,  pour  en  revenir  aux  généralités,  nous  devons  au  moins  signaler 
à  nos  lecteurs  les  tableaux  animés  et  quelquefois  éloquents  que  l'au- 
teur a  placés  dans  différents  chapitres  pour  peindre  le  siècle  de  saint 
Martin;  tels  sont  ceux  intitulés  :  la  mission  de  saint  Martin,  dans 
lequel  il  trace  l'état  des  populations  gallo-romaines  au  point  de  vue 
social  et  religieux  et  examine  Tinfluence  des  éléments  celtique  (encore 
si  mal  connu  et  souvent  exagéré),  romain  et  germanique,  qu'il  met  en 
regard  de  celle  du  christianisme  pour  la  formation  de  notre  nationalité  ; 
le  monachisme  avant  saint  Martin;  la  situation  des  campagnes  au 
ivû  siècle;  les  rapports  de  saint  Martin  avec  les  grands  et  sa  sage  con- 


206 

daite  dans  Taffaire  des  Priscillianistes  ;  enfin  le  très  curieux  chapitre 
qui  a  pour  titre  :  «  Influence  générale  de  saint  Martin  et  de  son  culte  », 
où  se  trouve  développé  son  rôle  social  comme  patron  de  la  France,  de 
diverses  associations  et  confréries. 

M.  Lecoy  de  la  Marche  n'est  pas  uniquement  un  historien  ;  il  est  aussi 
un  archéologue  et  il  Ta  fait  voir  en  décrivant  avec  précision  et  exacti- 
tude non  seulement  le  tomheau  et  ses  accessoires,  depuis  T humble  tombe 
de  pierre  dans  laquelle  fut  déposé  par  Tévêque  Perpétue  le  cercueil  de 
saint  Martin,  jusqu'au  monument  magnifique  élevé  au  grand  thauma- 
turge, grâce  aux  libéralités  de  Charles  YII,  et  détruit  par  le  prince  de 
Gondé,  non  seulement  les  basiliques  successives  qui  s'élevèrent  sur  ce 
tombeau,  mais  encore  les  principales  églises  de  France  et  de  l'étranger 
qui  furent  dédiées  à  saint  Martin.  Dans  cette  partie  de  son  travail,  l'au- 
teur n'a  eu  garde  d'oublier  la  restitution  de  la  basilique  du  v«  siècle 
opérée  par  M.  Quicherat,  comme  aussi  il  nous  a  fait  connaître  le  plan 
de  l'église  nouvelle  que  les  fidèles  de  saint  Martin  se  proposent  de  lui 
élever  un  jour  sur  les  fondations  mêmes  de  l'ancienne.  A  propos  des 
restaurations  diverses  de  la  basilique,  nous  signalerons  à  notre  confrère 
un  texte  qui  mentionne  un  don  considérable  envoyé  par  l'impératrice 
Adélaïde,  la  femme  et  la  mère  d'un  empereur  :  c  Ad  restaurandum 
igitur  beatissimi  confessoris  Ghristi  Martini  monasterium  [Ihironis], 
quod  non  multo  ante  (997)  fuerat  igné  combustum,  destinavit  trans- 
mittere  non  modicum  argentum  et  ad  honorem  altaris  partem  unici  filii 
sui  Ottonis  Augusti  clamidis.  »  Cette  citation  est  tirée  de  l'ouvrage 
d'Odilon,  abbé  de  Cluny,  intitulé  :  EpitaphiumAdalheids  (Pertz,  Monum. 
Germ.,  Script.  IV,  643).  N'est-il  pas  touchant  de  voir  cette  mère  déposer 
la  moitié  du  manteau  impérial  du  fils  qu'elle  avait  perdu  sur  le  tom- 
beau de  celui  qui  avait  donné  la  moitié  du  sien  à  un  pauvre  ! 

Il  est  encore  un  chapitre  qui  touche  à  l'archéologie,  c'est  celui  qui 
est  consacré  à  l'apostolat  de  saint  Martin.  Le  tracé  de  l'itinéraire  du 
saint  présentait  de  grandes  difficultés  dont  M.  Lecoy  de  la  Marche  s'est 
habilement  tiré  en  prenant  pour  bases  de  son  travail  les  documents 
écrite,  les  traditions  ou  légendes  et  enfin  les  églises  ou  monuments; 
mais  il  n'admet  pas  cependant,  comme  D.  Chamard  a  cru  pouvoir  le 
faire  pour  une  région  restreinte,  que  toutes  les  églises,  même  anciennes, 
dédiées  à  saint  Martin,  rappellent  son  passage.  Quant  aux  légendes,  l'au- 
teur s'est  montré  très  sobre  dans  leur  emploi  et  ne  les  a  guère  accueillies 
que  comme  des  indices  pouvant  mettre  sur  la  trace  de  certains  faits 
dont  il  se  trouve  des  preuves  ailleurs. 

En  résumé,  nous  devons  reconnaître  dans  ce  nouvel  ouvrage  de 
notre  confrère,  avec  ses  qualités  de  composition,  un  style  généralement 
pur,  d'une  clarté  toujours  égale,  et  ici  plus  spécialement  chaud  et 
coloré,  comme  il  convient  à  quiconque  écrit  suivant  ses  convictions 
intimes.  L'ouvrage  se  termine  par  une  liste  des  églises  paroissiales  de 


207 

France  dédiées  à  saint  Martin,  qui  montent  à  près  de  quatre  mille,  et 
une  série  fort  intéressante  d^  pièces  justificatives ,  parmi  lesquelles  on 
remarque  le  diplôme  de  saint  Etienne,  roi  de  Hongrie,  donné  en  faveur 
de  Tabbaye  de  Martinsberg,  en  1001,  et  dont  il  se  trouve  dans  le  volume 
(p.  58)  un  fac-similé,  malheureusement  trop  réduit  pour  qu'on  en  puisse 
faire  Tétude  paléographique  et  diplomatique. 

Il  ne  nous  appartient  pas  d'apprécier  dans  ce  recueil  la  partie  artis- 
tique de  l'ouvrage,  nous  dirions  volontiers  du  monument  que  la  maison 
Mame  a  voulu  élever  à  saint  Martin,  mais  nous  nous  reprocherions  de 
la  passer  sous  silence.  Elle  nous  parait  digne  du  sujet  et  de  ceux  qui 
Pont  commandée,  surtout  de  celui  qui  Ta  conçue  et  dirigée,  c  ce  savant 
plein  de  goût  et  cet  ami  plein  de  cœur  » ,  que  nous^  n'aurons  garde  de 
révéler  malgré  lui,  et  qui  n'a  jamais  mieux  réussi.  Il  a  d'ailleurs  bien 
voulu  écrire  sur  l'illustration  de  ce  volume  un  appendice  qui  est  une 
sorte  d'encyclopédie  artistique  de  saint  Martin  et  dans  lequel,  non 
content  de  donner  la  clef  de  l'illustration  réalisée,  il  nous  révèle  encore 
qu'il  tenait  en  réserve  une  longue  liste  de  monuments  figurés  et  de 
vues  que,  malheureusement  pour  les  lecteurs,  il  n'a  pu  utiliser. 

A.  Bruel. 


La  Mission  apostolique  de  saint  Julien  et  la  tradition  de  V Église  du 
Mans  avant  4645,  par  l'abbé  C.  Pottier.  Mamers,  Fleury  et  Dan- 
gin,  4880.  In-8°,  30  p.  (Extrait  de  la  Revue  historique  et  archéo^ 
logique  du  Maine^  t.  VII,  4880.) 

Le  mémoire  de  M.  l'abbé  Pottier  peut  être  résumé  brièvement.  L'au- 
teur, persuadé  que  l'Église  du  Mans  remonte  au  premier  siècle,  ne 
prétend  pas  formellement  établir  cette  thèse  :  il  s'attache  surtout  à 
démontrer  que  la  tradition  du  premier  siècle  est  bien  antérieure 
à  1645  (date  de  la  publication  du  bréviaire  d'Émeric-Marc  de  la  Ferté, 
évêque  du  Mans). 

Les  faits  invoqués  sont  les  suivants  : 

lo  Une  feuille  intercalée  très  anciennement  dans  un.  missel  du 
xi«  siècle  s'exprime  ainsi  à  propos  de  saint  Julien  :  inter  primos  fidei 
fundatores...  (p.  19).  t  On  aurait  tort  »,  d'ailleurs,  «  de  vouloir  trop 
tirer  parti  de  ces  lignes.  »  En  effet! 

2°  Des  textes  du  xm«  siècle  affirment  que  saint  Julien  a  été  envoyé 
par  saint  Clément  (p.  25). 

3»  Un  bréviaire  du  xiv«  siècle  contient  la  môme  affirmation  (p.  16, 
notes  2,  3). 

40  Beaucoup  de  bréviaires  et  de  documents  de  date  postérieure  le 
disent  aussi. 

Quant  aux  textes  réputés  les  plus  anciens,  par  exemple,  les  Gestes  des 


208 

évêques  du  Mans  et  la  Vie  de  saint  Julien,  c  ils  ne  seront,  écrit  M.  l'abbé 
Pottier,  ni  présentés,  ni  défendus  ici  »  (p.  7),  parce  qu'ils  «  peuvent 
prêter  à  des  controverses  sans  fin.  i  Cette  réserve  prudente  enlève 
beaucoup  d'intérêt  à  Fopuscule  de  M.  Tabbé  Pottier,  qui  n'invoque 
aucune  autorité  antérieure  au  xin«  s.  On  peut  dire  qu'il  ne  touche  pas 
à  la  question  de  l'apostoiicité  en  elle-même  ;  il  établit  seulement  l'exis- 
tence de  cette  opinion  historique  dans  le  Maine  depuis  le  xiii«  s.  ;  ce 
qui  est  fort  peu  de  chose  en  soi,  mais  veut  être  noté  et  dûment  cons- 
taté. 

Je  souhaite  que  M.  l'abbé  Pottier  et  ses  lecteurs  ne  se  fassent  aucune 
illusion  quant  à  l'importance  des  résultats  acquis  par  le  mémoire  que 
je  viens  de  résumer. 

M.  l'abbé  Pottier  publie  occasionnellement  (p.  26)  un  texte  précieux, 
Tacte  de  baptême  (et  de  naissance)  du  roi  de  France  Jean  le  Bon. 

Si  je  ne  me  trompe,  la  Société  historique  et  archéologique  du  Maine 
n'a  point  encore  été  présentée  à  nos  lecteurs.  L'opuscule  de  M.  l'abbé 
Pottier  m'offre  l'occasion  de  leur  signaler  cette  société  savante  qui, 
fondée  en  1876,  a  déjà  fait  paraître  de  bons  travaux,  parmi  lesquels  il  con- 
vient de  citer  :  les  Sires  de  Braitel  au  Maine,  du  11^  au  II II*  siècle,  par 
Samuel  Menjot  d'Elbenne,  Mamers,  1876;  les  Chroniques  de  la  paroisse 
et  du  collège  de  Courdemanche^  au  Maine^  par  M.  l'abbé  Robert  Charles, 
Mamers,  1876;  le  Maine,  l'Anjou  et  Bussy^' Amhoise  (1576-1579),  par 
Arthur  Bertrand;  le  Duc  d'Alençon  en  Flandre^  1581,  Bois-Dauphin, 
1581-1589,  Capitulation  du  Mans,  décembre  1589,  par  Arthur  Bertrand, 
etc.,  etc.  Ces  divers  articles  font  honneur  à  la  Société  :  ce  sont  des  tra- 
vaux sérieux,  nourris  de  faits  et  qu'on  lira  toujours  avec  profit. 

Paul  ViOLLET. 

Les  Anciennes  Communautés  d'arts  et  de  métiers  du  Havre.  Étude 
historique,  par  A.  Martin,  membre  de  la  société  havraise  d*études 
diverses.  Fécamp,  1880.  In-12,  236  p. 

Le  moment  est  favorable  pour  parler  du  nouvel  ouvrage  de  M.  A. 
Martin.  La  récente  publication  de  M.  Borély  sur  l'histoire  du  Havre  ^  ; 
les  démarches  si  pressantes  que  poursuit  actuellement  la  ville  pour 
devenir  le  chef-lieu  d'un  nouveau  département  3,  tout  ce  concours  de 

1.  M.  Fabbé  Charles  fait  un  excellent  usage  des  archives  anciennes  de  la 
mairie  et  de  la  fabrique  de  Gourdemanche.  Il  utilise  encore  les  archives  de  la 
fabrique  de  Bernay  dans  reicellente  petite  monographie  intitulée  :  Une  Excur- 
sion archéologique  dans  la  paroisse  de  Bernay.  Le  Mans,  impr.  Leguicheux- 
Gailienne. 

2.  Voy.  l'analyse  de  cet  ouvrage  dans  la  Revue  historique  de  mars-avril  1881. 

3.  Ces  prétentions  du  Havre,  qui  remontent,  d'après  un  récent  article  de 


209 

circonstances  donne,  en  effet,  une  réelle  actualité  à  Tapparition  du 
livre  que  nous  annonçons. 

Un  autre  attrait  s'attache  à  l'étude  de  M.  Martin,  c*est  de  montrer 
sur  le  vif,  dans  une  ville  fondée  au  xvi®  siècle,  le  fonctionnement  de 
corporations  créées  presque  tout  d'un  coup.  Il  est  curieux  de  comparer, 
avec  ceux  des  villes  voisines,  les  corps  et  communautés  de  la  nouvelle 
cité  François-de-Grâce.  Cette  comparaison  ne  peut  se  faire  malheureu- 
sement qu'à  l'époque  la  moins  intéressante  de  l'histoire  des  corporations, 
à  celle  où  l'on  voit  désormais  la  royauté  se  servir,  pour  opprimer  le 
travail,  des  institutions  qui  l'avaient  protégé  jusque-là.  Ce  n'est  pas 
aux  habitués  de  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes  qu'il  convien- 
drait de  rappeler  toute  l'importance  de  la  transformation  que  subit,  au 
moment  de  la  Renaissance,  le  régime  des  corporations.  Mais  M.  Martin 
devait,  croyons-nous,  à  ses  lecteurs  quelques  détails  sur  ce  grave  épi- 
sode de  l'histoire  industrielle  de  la  France. 

Elle  est,  en  effet,  bien  sommaire,  cette  première  partie,  dans  laquelle 
l'auteur  examine  successivement  tout  ce  qui  touche  aux  corporations 
du  Havre  en  général.  Statuts,  apprentissage,  maîtrise,  compagnonnage, 
gardes,  juridiction,  confréries,  rien  n'est  omis  d'essentiel,  mais  rien 
n'est  traité  que  d'une  façon  superficielle  ;  et  M.  Martin  ne  s'arrête  qu'un 
instant  à  la  réforme  de  Turgot  et  aux  mesures  plus  radicales  de  la  révo- 
lution. Il  signale  pourtant,  nous  relevons  ce  trait  parce  qu'il  porte  sur  une 
institution  peu  connue,  le  développement  qu'avaient  pris  au  siècle  der- 
nier les  manufactures  royales.  C'était  un  moyen  ingénieux  de  rendre  à 
l'industrie  sa  liberté  que  de  la  placer  sous  la  seule  protection  royale, 
car  on  l'affranchissait  ainsi,  à  peu  près,  de  tous  statuts,  de  tous  règle- 
ments généraux  ou  locaux. 

La  seconde  partie  du  livre  de  M.  Martin  nous  fait  passer  en  revue 
toutes  les  communautés  d'arts  et  métiers  du  Havre.  L'auteur  y  distingue 
les  états  relatifs  à  la  nourriture,  aux  vêtements,  au  travail  des  métaux, 
à  l'art  de  guérir,  aux  transports,  au  bâtiment,  à  la  marine  et  termine 
par  les  professions  diverses,  faisant  en  quelques  mots  substantiels  l'his- 
torique de  chaque  communauté  et  le  résumé  de  ses  statuts. 

Quelques  observations  seraient  à  présenter  ici  :  p.  132,  par  exemple, 
l'auteur  s'exprime  ainsi  :  t  Depuis  l'année  1700,  l'exécution  des  statuts 
[des  bouchers]  demeura  de  la  compétence  du  bailli  ;  mais  les  échevins 
eurent  la  police  des  boucheries  et  du  marché.  »  Formulée  de  la  sorte, 
l'opinion  est  trop  affirmative;  car  pendant  tout  le  xvni«  siècle  des 
conflits  continuèrent  à  s'élever,  à  ce  propos,  entre  le  bailliage  et  la 
municipalité.  Nous  n'en  voulons  pour  preuve  que  l'arrêt  du  conseil  du 
31  juillet  1773,  rendu  après  de  longs  débats,  qui  confirmait  les  officiers 

Y  Économiste  français,  à  1837,  sont,  on  le  sait,  sur  le  point  d'être  repoussées 
une  fois  de  pins  par  les  pouvoirs  publics. 


240 

municipaux  du  Havre  dans  le  droit  de  faire  les  règlements  nécessaires 
à  la  police  de  la  vente  de  la  viande. 

Il  est  ailleurs  question  (p.  165)  d'un  arrêt  du  parlement  [de  Rouen] 
du  30  juillet  1763,  relatif  à  la  réunion  des  marchands  drapiers  du 
Havre  avec  les  merciers.  Or  il  y  a  dans  ce  peu  de  mots  une  double 
erreur  :  Tarrêt  émane  du  conseil  du  roi  et  non  du  parlement  de  Rouen; 
il  est  de  1765  et  non  de  1763. 

Ces  quelques  critiques,  qu'on  pourrait  d'ailleurs  multiplier,  ne  doivent 
pas  nous  empêcher  de  remarquer  ce  que  renferme  d'utile  et  d'intéressant 
le  livre  de  M.  Martin.  Il  faut  citer,  parmi  les  pièces  les  plus  instructives, 
un  état  fortprécieux  du  commerce  du  Havre  en  1773.  D'après  ce  document, 
la  pêche  de  la  morue  à  Terre-Neuve  rapportait  en  1773  environ 
300,000  livres  par  an;  les  armements  maritimes,  2,450,000  livres;  les 
transports,  50,000  livres;  la  fabrication  des  dentelles  de  fil,  1,500,000 
livres,  chiffre  considérable  pour  une  industrie  aujourd'hui  disparue. 

Il  faut  mentionner  aussi  un  curieux  tableau  comparatif  des  maîtres 
ou  patrons  de  la  ville  du  Havre  au  xvni«  siècle  et  au  xix®  (en  1879). 
Proportionnellement  au  chiffre  respectif  de  la  population  à  ces  deux 
époques,  le  nombre  des  chefs  d'industrie  est  beaucoup  moins  considé- 
rable aujourd'hui.  Sauf  quelques  exceptions,  toutes  les  professions  sem- 
blent être  en  décadence.  Il  y  a,  notamment,  moins  de  charpentiers  de 
navire  ^,  de  cordiers^  de  couteliers,  de  brasseurs,  de  serruriers,  de  ton- 
neliers. Seuls,  les  pharmaciens,  les  orfèvres,  les  charcutiers  et  les  épi- 
ciers sont  plus  nombreux  qu'ils  n'étaient  jadis. 

En  somme,  on  doit  remercier  M.  Martin  de  l'utile  contribution  que 
son  livre  apporte  à  l'histoire  de  l'industrie  française  sous  l'ancien 
régime.  Il  serait  à  souhaiter  que  nos  anciennes  communautés  d'arts  et 
métiers  fussent  partout  l'objet  de  semblables  travaux. 

P.  BONNASSIBUX. 


Pouillé  historique  de  Varchevêché  de  Rennes^  par  l'abbé  Guillotin 
DE  Gorsojh,  chanoine  honoraire.  Tome  P^  Rennes,  Fougeray; 
Paris,  Haton,  \  880.  In-8^  808  p. 

Le  volume  dont  nous  avons  à  rendre  compte  est  le  tome  premier 
d'une  importante  publication  relative  à  l'archevêché  actuel  de  Rennes. 
On  sait  que  cet  archevêché  est  de  formation  récente,  ayant  été  créé  par 
bulle  du  pape  Pie  IX,  du  3  janvier  1859,  et  pourvu  de  trois  sufifragants, 


1.  Même  en  tenant  compte  des  grandes  modifications  des  procédés  de  travail, 
la  décadence  n'est  pas  moins  réelle.  On  ne  construit  plus  beaucoup  de  navires 
au  Havre,  et  nous  ne  savons  si  les  récentes  mesures  votées  au  parlement  en 
faveur  de  la  marine  marchande  suffiront  à  modifier  cet  état  de  choses. 


2U 

les  évéchés  de  Vannes,  de  Saint-Brieuc  et  de  Quimper,  détachés  de  la 
province  ecclésiastique  de  Tours.  L'auteur  s'est  proposé  d'étudier  seu- 
lement ce  qu'il  appelle  l'archidiocèse  de  Rennes,  qui  correspond  aux 
trois  anciens  diocèses  de  Rennes,  de  Dol  et  d'Aleth  ou  de  Saint-Malo. 
L'ouvrage,  qui  doit  comprendre  environ  cinq  volumes,  est  divisé  en 
trois  parties  :  !<>  les  évéchés;  2*  les  monastères;  3^  les  paroisses.  La 
première,  seule  publiée,  se  partage  en  deux  sections  d'étendue  inégale, 
l'une  consacrée  aux  anciens  évéchés  de  Rennes,  Dol  et  8aint-Malo, 
l'autre  à  l'archevêché  de  Rennes.  Après  avoir  dans  une  rapide  intro- 
duction indiqué  les  caractères  qui  distinguent  les  diocèses  bretons,  dont 
le  plus  remarquable  est  d'avoir  conservé,  plus  longtemps  que  d'autres, 
leurs  usages  locaux,  après  avoir  esquissé  leurs  origines  et  leurs  divi- 
sions territoriales.  Fauteur  aborde  dans  trois  livres  l'historique  et  la 
description  des  trois  diocèses.  Les  origines  du  diocèse,  le  catalogue  de 
ses  évéques  remontant  à  Tan  439  pour  Rennes ,  à  555  pour  Dol,  et  à 
480  pour  Saint-Malo  ;  les  droits  et  les  prérogatives  de  l'évêque  et  de  ses 
auxiliaires  (vicaires  généraux,  officiaux,  etc.);  les  dignités  de  chaque 
église  (avec  la  liste  des  dignitaires,  trésoriers,  grands-chantres,  archi- 
diacres, etc.);  le  chapitre  cathédral,  avec  la  liste  des  chanoines,  le  per- 
sonnel secondaire  de  l'église  cathédrale,  et  les  chapellenies  qui  y  étaient 
fondées,  la  description  de  la  cathédrale;   les  usages  fort  curieux  de 
chaque  Église  ;  enfin  les  bénéfices,  c'est-à-dire  le  véritable  pouillé  du 
diocèse,  sont  l'objet  d'autant  de  chapitres  dans  chacun  des  trois  livres. 
Voilà  pour  la  partie  ancienne  ;  pour  l'époque  moderne,  le  livre  quatrième 
est  consacré  à  l'évêché  de  Rennes,  de  1801  à  1859,  c'est-à-dire  depuis 
le  rétablissement  du  culte  en  France  jusqu'à  la  création  de  l'archevêché 
de  Rennes.  Ce  nouveau  diocèse  fut  composé  de  341  paroisses,  savoir  : 
205  provenant  de  l'ancien  diocèse  de  Rennes,  90  de  celui  de  Saint- 
Malo  ,  38  de  celui  de  Dol ,  7  de  celui  de  Vannes ,  et  1  de  celui  de 
Nantes.  C'est  exactement  le  même  territoire  que  celui  de  l'archevêché 
actuel  ;  le  nombre  des  paroisses  diffère  seulement  un  peu  à  cause  de 
quelques  créations  récentes  (384  au  lieu  de  341).  On  trouvera  dans  cette 
seconde  section  de  la  première  partie  le  pouillé  de  Tarchidiocèse  de 
Rennes  établi  sur  le  même  plan  que  celui  des  anciens  diocèses,  l'his- 
toire des  titulaires  du  nouveau  siège  et  des  principaux  dignitaires. 

Ayant  ainsi  fait  connaître  dans  ses  grandes  lignes  le  plan  de  l'auteur, 
nous  ne  pourrons  pas,  on  le  comprendra  facilement,  entrer  dans  l'ana- 
lyse d'un  pareil  ouvrage,  sur  lequel  nous  devons  nous  contenter  de  pré- 
senter quelques  observations.  D'abord  les  longues  recherches  auxquelles 
s'est  livré  M.  Guillotin  de  Gorson  doivent  prévenir  en  sa  faveur;  les 
archives  des  anciens  évéchés  et  des  chapitres  de  Rennes  et  de  Saint- 
Malo  à  la  préfecture  d'IUe-et-Vilaine  (les  archives  de  l'évêché  de  Dol 
ont  disparu  en  grande  partie),  la  bibliothèque  publique,  celles  du  grand 
séminaire  et  de  l'Oratoire  de  Rennes,  les  archives  municipales  de  la 


242 

même  ville,  les  archives  de  la  Loire -Inférieure,  celles  de  Maine-et-Loire 
et  de  la  Manche,  les  Archives  nationales  et  la  Bibliothèque  nationale  à 
Paris ,  ont  été  explorées  par  lui  avec  persévérance  et  avec  fruit  ;  à  ces 
renseignements  il  a  joint  les  traditions  et  les  documents  qu'il  a  recueillis 
en  parcourant  tout  le  diocèse.  Toutes  ces  notions,  M.  G.  de  Corson  les 
a  mises  en  œuvre  avec  un  esprit  sage,  méthodique  et  exact;  mais  cepen- 
dant, qu'il  nous  permette  de  le  lui  dire,  avec  quelques  longueurs.  Il 
nous  semble,  en  ce  qui  concerne  le  pouillé  proprement  dit,  avoir  accu- 
mulé les  documents  au  lieu  de  les  fondre.  Ainsi,  en  prenant  pour 
exemple  le  diocèse  de  Rennes,  il  nous  donne  :  1**  la  liste  des  paroisses 
par  doyennés  (p.  337)  ;  2**  un  tableau  des  mêmes  paroisses  sous  les  noms 
de  cures  et  prieurés,  avec  les  noms  des  présentateurs  (p.  354)  ;  3*  un 
résumé  dans  Tordre  des  présentations,  ot  Ton  trouve  réunis  ensemble 
tous  les  bénéfices  auxquels  présentait  la  même  personne  (p.  361)  ; 
4"  enfin,  une  autre  liste  des  bénéficiers  avec  la  taxe  payée  en  1516;  et 
encore  aucune  de  ces  listes  n'indique  les  vocables  des  églises  qu'il  faudra 
aller  chercher  probablement  dans  la  troisième  partie  de  l'ouvrage. 
N'aurait-il  pas  pu  réunir  en  un  seul  tableau  les  deux  premières  nomen- 
clatures, et  peut-être  même  le  compte  de  décimes  ?  Tout  en  gagnant  de 
la  place,  il  aurait  donné  plus  d'intérêt  à  ces  documents  par  leur  rap- 
prochement. L'auteur  cite  le  compte  de  décimes  de  1516  d'après  un 
manuscrit  du  fonds  Saint-Germain  à  la  Bibliothèque  nationale,  sans 
doute  le  ms.  lat.  12,730,  qui  est  une  copie  du  xvn«  siècle  ;  il  paraît 
ignorer  qu'il  existe  aux  Archives  nationales,  sous  la  cote  G®,  n"  1  à  4, 
un  recueil  de  ces  comptes  de  décimes,  qui  date  du  xvi*  siècle.  D'ail- 
leurs il  a  négligé  de  nous  avertir  qull  traduit  ces  extraits  de  comptes 
en  français  et  qu'il  a  changé  la  disposition  du  texte  pour  ranger  les 
églises  dans  l'ordre  alphabétique. 

C'en  est  assez  pour  montrer  à  M.  G.  de  Corson  que  nous  avons 
examiné  son  travail  avec  le  soin  qu'il  mérite  ;  nous  ne  terminerons  pas 
sans  faire  connaître  à  nos  lecteurs  le  plan  complet  du  Pouillé  historique, 
haiseconde i^aiTiie^'mtiiuiéQ  les  Monastères,  se  subdivise  également  en  deux 
sections,  l'une  antérieure,  l'autre  postérieure  à  1790.  L'auteur  étudiera 
les  établissements  religieux,  abbayes,  collégiales,  prieurés,  couvents  et 
hôpitaux,  et  donnera  l'historique  des  principaux  d'entre  eux.  Pour 
l'époque  moderne,  il  fera  connaître  également  par  des  notices  tous  les 
monastères  et  congrégations  qui  remplacent  ceux  qui  ont  été  supprimés 
en  1790. 

Dans  une  troisième  et  dernière  partie,  qui  aura  pour  titre  les  Paroisses, 
M.  Guillotin  de  Corson  se  propose  de  présenter,  par  ordre  alphabétique, 
sous  forme  de  dictionnaire  historique,  les  383  paroisses  qui  forment  le 
diocèse  actuel  de  Rennes,  de  faire  connaître  leurs  origines,  l'église 
qui  forme  le  centre  de  la  paroisse,  les  pasteurs  qui  l'ont  gouvernée, 
en  y  joignant  quelques  détails  sur  les  chapelles,  sur  les  confréries  et 


2^3 

enfin  sur  les  monuments  religieux  de  son  territoire.  Nous  ne  saurions 
trop  encourager  Fauteur  à  poursuivre  l'exécution  de  ce  vaste  ouvrage, 
qui,  lorsqu*il  sera  terminé,  sera  de  la  plus  grande  utilité  pour  tous  ceux 
qui  s'occupent  de  Thistoire  religieuse  de  la  Haute-Bretagne,  ancienne 
et  moderne. 

A.  Bruel. 


Vie  d'Artus  Prunier  de  Saint 'André,  conseiller  du  roy  en  ses  con- 
seils d' Estât  et  privée  premier  président  aux  parlements  de 
Provence  et  de  Dauphiné  (\  548-4  6?  6),  diaprés  un  manuscrit  inédit 
de  Nicolas  Chorier,  publié^  avec  introduction^  notes,  appendices 
et  la  correspondance  inédite  de  Saint-André,  par  Alfred  Vellot, 
avocat.  (Ouvrage  couronné  par  TAcadémie  delphinale,  médaille 
d'or.)  Paris,  Picard,  ^(880.  In-8°,  lxv-390  p.,  une  planche. 

Le  volume  que  M.  Alfred  Vellot  vient  de  livrer  à  la  publicité  com- 
prend trois  parties  :  1®  un  avant-propos,  une  introduction  et  des  notes, 
qui  sont  à  proprement  parler  la  seule  partie  personnelle  au  jeune  édi- 
teur dauphinois;  2°  le  manuscrit  de  Ghorier;  3"  la  correspondance  du 
président  Prunier  et  des  appendices. 

Dans  un  avant-propos  de  xxv  p.,  M.  Vellot  explique  par  quel  concours 
de  circonstances  il  a  été  amené  à  retrouver  dans  les  archives  person- 
nelles de  M.  le  marquis  de  Virieu  le  manuscrit  de  Ghorier  que  Ton 
croyait  perdu,  et  il  s'attache  à  démontrer  que  ce  document  doit  être 
attribué  sans  hésitation  au  célèbre  historien  du  Dauphiné.  Ce  préambule 
est  intéressant  et  M.  Vellot  aurait  dû,  ce  nous  semble,  s'en  tenir  là, 
sans  avoir  l'imprudence  de  vouloir  exposer  en  quelques  pages  le  rôle  des 
parlements  au  xvi®  siècle.  Outre  que  ce  sujet  n'est  pas  neuf,  on  ne  voit 
pas  trop  comment  on  peut  le  restreindre  au  point  de  le  faire  entrer  dans 
la  préface  d'une  biographie  ;  c'était  difficile  :  aussi  M.  Vellot  n'y  a-t-il 
pas  réussi.  Les  considérations  solennelles  qu'il  nous  présente  sur  la 
Renaissance,  l'essor  de  l'esprit  humain,  sont  des  banalités  qui  ne  nous 
apprennent  rien  de  nouveau.  Toute  cette  introduction  est  un  hors- 
d'œuvre  que  l'on  pourrait  facilement  supprimer. 

Les  notes  dont  M.  Vellot  a  enrichi  le  texte  de  Ghorier  sont  nombreuses 
et  intéressantes  ;  nous  regrettons  toutefois  de  constater  qu'un  trop  grand 
nombre  sont  empruntées  à  la  Biographie  générale,  à  la  Biographie  uni- 
verselle, à  V Armoriai  de  La  Bâtie  et  même  au  Dictionnaire  de  Bouillet. 
Quand  on  a  à  sa  portée  des  mines  aussi  précieuses  que  les  archives  de 
la  chambre  des  comptes  et  du  parlement  de  Grenoble,  on  ne  doit  pas  se 
contenter  d'ouvrages  de  quatrième  main. 

En  recourant  aux  sources  originales,  M.  Vellot  aurait  évité  bien  des 
erreurs  ;  nous  en  relèverons  une  seule  :  p.  5,  Ghorier  dit  :  «  Artus 


244 

Prunier  naquit  à  Grenoble  l'an  1548,  et  ce  fut  le  môme  mois  que  le  roy 
Henri  n  y  passa  allant  en  Piémont.  »  Pour  préciser  la  date  de  la  nais- 
sance de  son  héros,  M.  Vellot  n*a  pas  trouvé  mieux  que  de  consulter 
un  ouvrage  relatif  à  l'histoire  de  ...  Lyon  ;  il  y  a  vu  que  le  31  juillet  1448 
le  roi  traversait  Lyon,  se  rendant  en  Piémont.  De  cette  simple  indica- 
tion, M.  Yellot  conclut  que  Henri  U  était  à  Grenoble  dans  les  premiers 
jours  d'août.  C'est  une  erreur  que  M.  Vellot  aurait  évitée  s'il  eût  con- 
sulté le  registre  des  délibérations  ou  conclusions  de  la  ville  de  Grenoble 
pour  Tannée  1548  :  il  y  aurait  vu  que  le  roi  passa  à  Grenoble  le 
lundi  10  septembre,  non  pas  en  allant,  mais  en  revenant  de  Piémont, 
et  qu'une  réception  solennelle  lui  fut  faite,  ce  qui  explique  comment  ce 
fait  était  resté  gravé  dans  la  mémoire  des  Grenoblois.  Si  le  caractère 
paléographique  des  documents  originaux  effrayait  M.  Vellot,  il  pouvait 
trouver  des  extraits  de  ces  délibérations  dans  un  article  de  M.  Pilot, 
inséré  dans  V Annuaire  de  la  cour  de  Grenoble,  année  1843,  p.  21. 

Le  nouveau  manuscrit  de  Ghorier  ressemble  à  toutes  les  œuvres  de 
cet  historien  aujourd'hui  absolument  discrédité  ;  c'est  toujours  la  même 
phraséologie  solennelle  et  pédantesque,  où  les  faits  sont  exposés  sans 
ordre,  sans  dates  et  sans  indication  de  sources.  Le  récit,  sans  cesse 
embarrassé  par  des  réflexions  banales  et  puériles,  se  traîne  péniblement  : 
c'est  une  rude  et  indigeste  lecture. 

Pour  apprécier  le  degré  de  confiance  que  mérite  l'ouvrage  de  Ghorier, 
il  faut  se  rendre  compte  des  circonstances  dans  lesquelles  il  a  été  com- 
posé. Pendant  toute  sa  vie,  Ghorier  eut  à  lutter  contre  de  continuels 
besoins  d'argent  :  c'est  à  cette  indigence,  résultat  de  son  inconduite  et 
de  la  mauvaise  gestion  de  ses  affaires,  qu*il  faut  attribuer  les  actes  d'in- 
délicatesse qui  souillent  sa  mémoire.  G' est  ainsi  qu'il  ne  craignit  pas  de 
vendre  à  prix  d'argent  les  cartulaires  de  Saint-Hugues,  qu'il  avait  volés 
dans  les  archives  de  l'évêché  de  Grenoble.  Ge  commerce  déshonnête  ne 
suffisant  pas  à  lui  fournir  des  ressources,  il  s'attacha  à  quelques  grands 
personnages,  parmi  lesquels  se  trouvait  le  président  Prunier  de  Saint- 
André,  petit-fils  du  président  Artus  Prunier.  G'est  dans  cette  situation 
d'historiographe  gagé  que  Ghorier  composa  la  vie  du  grand-père  de  son 
bienfaiteur  et  qu'il  lui  remit  le  manuscrit  retrouvé  récemment  par 
M.  Alfred  Vellot.  Il  est  évident  qu'un  livre  écrit  dans  de  pareilles 
conditions  ne  peut  être  considéré  comme  une  étude  critique. 

La  correspondance  du  président  Prunier  est  empruntée  à  un  manus- 
crit de  la  Bibliothèque  nationale  :  elle  comprend  dix-huit  lettres  inté- 
ressantes. A  ces  pièces  justificatives  sont  joints  des  extraits  d'ouvrages 
imprimés  concernant  le  président  et  son  époque. 

En  résumé,  nous  regrettons  la  publication  de  ce  manuscrit,  qui  eût  pu 
dormir  encore  longtemps  dans  les  archives  du  château  de  Virieu  sans 
que  personne  songeât  à  s'en  plaindre.  En  l'état  actuel  des  études  his- 
toriques, avec  les  ressources  qu'offrent  les  dépôts  d'archives  et  les  biblio- 


245 

thèques,  il  y  a  mieux  à  faire  que  d'imprimer  la  prose  pédantesque  de 
Gliorier  ;  avec  les  divers  manuscrits  de  Ghorier,  avec  la  correspondance 
signalée  par  M.  Roman,  avec  les  archives  publiques  et  privées, 
M.  Vellot  pouvait  nous  donner  une  histoire  du  président  Prunier  et  de 
son  époque  ;  à  l'aide  des  documents  qu'il  aurait  recueillis,  il  lui  aurait 
été  facile  de  contrôler  les  assertions  de  Ghorier  et  de  présenter  au  public 
une  biographie  critique  au  lieu  de  se  faire  Pintroducteur  d'un  panégy- 
riste salarié. 

H.  PRUDH02OfE. 


Origine  des  idées  politiques  de  Rousseau^  par  M.  Jules  Vut,  vice- 
président  de  rinstitut  genevois.  (Extrait  du  Bulletin  de  IHnstitut, 
t.  XXIII.)  Genève,  imprimerie  Ziegler,  4878.  In-8%  28  p. 

La  théorie  de  la  souveraineté  du  peuple  formulée  par  Rousseau  dans 
le  Contrat  social  est,  pour  ainsi  dire,  un  produit  abstrait  et  philoso- 
phique né  de  l'étude  de  la  charte  genevoise  de  Tan  1387.  Telle  est 
la  thèse  que  M.  Vuy  a  développée  dans  l'intéressant  opuscule  que 
j'analyse. 

L'article  de  la  charte  des  libertés  de  Genève  qui  contient  en  germe 
les  théories  de  Rousseau  est  ainsi  conçu  dans  la  traduction  française 
de  1455  : 

«  Que,  si  les  dessus  ditz  citoyens  de  Genève  qui  par  le  temps  présent 
sont  et  seront  au  temps  advenir  procureurs  de  la  dite  cité,  des  dessus 
ditz  privilèges  et  franchises  en  tous  leurs  chapitres  ou  en  aulcuns 
d'eulx  nen  usent,  que  pourtant  les  ditz  citoyens  et  communité  par 
l'espace  de  trente  ans,  quarante  ans,  cinquante  ans  ou  plus  ne  soient 
pas  perdus  [sic,  corr.  preclus?],  ou  ne  leur  puisse  encourre  prescription 
de  temps.  Et  se  nous  ou  nostres  officiers  qui  par  le  temps  advenir 
[seront]  venoient  au  contraire  en  tout  ou  en  partie  de  ces  privilèges, 
ou  qu'il  attentassent  de  venir  au  contraire,  que  pour  tant  ils  ne 
deussent  ne  ne  poussent  aus  ditz  citoyens,  clercz  et  communité  porter 
préjudice  quelconque  ne  alléguer  prescription  de  temps,  sinon  en  tant 
qu'il  seroit  du  consentement  et  voulenté  des  ditz  citoyens  de  la  dite 
communité.  » 

Tout  concourt  à  prouver  que  cet  article  d'une  charte  lue  certainement 
par  Rousseau,  citée  par  lui,  a  été  l'occasion,  le  point  de  départ  de  la 
célèbre  formule  : 

«  La  souveraineté  est  indivisible,  inaliénable  et  elle  réside  essentiel- 
lement dans  tous  les  membres  du  corps.  » 

Je  n'ai,  pour  ma  part,  nulle  objection  à  faire  à  la  thèse  de  M.  Vuy 
et  je  la  crois  digne  de  fixer  l'attention  de  nos  lecteurs.  Ge  travail  a  été, 


246 

à  TAcadémie  des  sciences  morales  et  politiques,  l'objet  d'un  rapport 
fort  remarquable  de  M.  Nourrisson,  auquel  on  fera  bien  de  se  reporter*. 

Paul   ViOLLET. 


Pentateuchi  Versio  Laiina  antiquissima  e  codice  Lugdunensi.  Version 
latine  du  Pentaieuque  antérieure  à  saint  Jérôme^  publiée  diaprés 
le  manuscrit  de  Lyon,  avec  des  fac-similés,  des  observations  paléo- 
graphiques^  philologiques  et  littéraires  sur  l'origine  et  la  valeur 
de  ce  texte,  par  Ulysse  Robert.  Paris,  Didot,  4  884 .  In-4°,  gxliii- 
334  p.  et  4  planches. 

Le  manuscrit  qui  est  l'objet  de  cette  publication  forme  une  partie  du 
numéro  54  de  la  bibliothèque  publique  de  Lyon.  Dans  le  catalogue  mis 
au  jour  par  Delandine  en  1812,  il  porte  le  numéro  329.  Avant  la  révo- 
lution il  faisait  partie  de  la  bibliothèque  du  chapitre  de  Lyon.  Les 
lecteurs  de  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes  connaissent  l'histoire  de 
ce  manuscrit,  l'acte  de  vandalisme  et  le  vol  partiel  dont  il  a  été  l'objet, 
la  merveilleuse  découverte  que  nous  devons  à  la  science  et  au  zèle  de 
M.  Léopold  Delisle,  la  restitution  qui  fait  tant  d'honneur  à  lord 
Ashburnham^. 

La  pubh cation  de  M.  Robert  se  divise  en  trois  parties  :  1®  une  intro- 
duction qui  expose  quel  intérêt  présente  à  divers  points  de  vue  le  texte 
du  manuscrit;  2*  une  copie  figurée  du  manuscrit,  exécutée  en  capitales 
d'imprimerie,  reproduisant  les  pages,  les  colonnes,  les  lignes,  laissant  les 
mots  indistincts,  conservant  les  abréviations  ;  3*  une  édition  exécutée 
suivant  le  procédé  ordinaire,  en  minuscules,  avec  séparation  des  mots, 
signes  de  ponctuation,  etc.  et  texte  grec  en  regard. 

L'écriture  du  manuscrit  paraît  remonter  au  sixième  siècle  ;  mais  la 
version  latine  que  ce  manuscrit  nous  fait  connaître  doit  avoir  été  faite 
vers  l'an  300.  Le  manuscrit  grec  que  l'auteur  de  cette  version  avait  sous 
les  yeux  contenait  des  variantes  qui  ne  se  trouvent  ni  dans  le  codex 
Vaticanus,  ni  dans  le  codex  Alexandrinus,  les  deux  manuscrits  les  plus 
anciens  des  Septante.  Enfin  cette  version  latine  n'est  pas  celle  que  saint 
Augustin  a  nommée  Itala,  mais  elle  paraît  avoir  été  connue  de  quelques 
Pères  de  l'Église  chez  qui  l'on  trouve  des  citations  de  la  Bible  qui 
semblent  s'y  rapporter. 


1.  Séances  et  travaux  de  y  Académie  des  sciences  morales  et  politiques, 
compte-rendu  par  Vergé,  t.  110,  p.  904  etsuiv. 

2.  Notice  sur  un  manuscrit  de  Lyon  renfermant  une  ancienne  version  latine 
inédite  de  trois  livres  du  Pentateuque^  par  M.  L.  Delisle,  Bibliothèque  de 
VÉcole  des  chartes^  t.  XXXIX  (1878),  p.  421-431.  —  Le  Pentateuque  de  Lyon, 
par  M.  Delisle,  ibid.,  t.  XLI  (1880),  p.  304-307. 


2n 


La  publication  de  ce  document  présente  un  grand  intérêt  au  point  de 
vue  de  la  critique  biblique  :  M.  Ulysse  Robert  fait  ressortir  cet  intérêt 
par  une  étude  approfondie.  Le  codex  Lugdunensis  est  un  document  paléo- 
graphique de  premier  ordre  :  M.  Ulysse  Robert  consacre  trente  pages  à 
Texamen  détaillé  des  particularités  qui  le  distinguent  à  ce  point  de  vue. 
Mais  notre  attention  a  été  surtout  attirée  par  la  notice  grammaticale  qui 
occupe  les  pages  xli  à  cxxv  de  l'introduction.  On  peut  y  distinguer 
quatre  parties  consacrées,  la  première  à  la  phonétique,  la  seconde  à  la 
morphologie  et  à  la  syntaxe,  la  troisième  à  la  collation  du  texte  latin 
avec  le  texte  grec,  la  quatrième  aux  mots  rares  ou  nouveaux  que  ren- 
ferme le  texte  latin.  Dans  ce  savant  travail,  un  des  points  qui  nous  a  le 
plus  frappé  est  le  nombre  considérable  de  faits  qui,  parmi  les  exemples 
'recueillis  par  l'auteur,  expliquent  la  suppression  du  futur  latin. 

Dans  la  première  conjugaison  le  futur  se  confond  avec  le  parfait.  On 
trouve  le  parfait  employé  pour  le  futur  dans  : 


aplicavit 

decalvavit 

deliberavit 

enumeravit 

expoliavit 

extirpavit 

inquinavit 

lavavit 

liberavit 

medullavit 

mundavit 

ovviavit 

propitiavit 

purgavit 

purificavU 

sacrificavit 

separavit 

suscitavit 

terminavit 


pour  applicabit, 

—  decalvabit, 

—  deliberabit, 

—  enumerabit, 

—  exspoliabit, 

—  exstirpabit, 

—  inquinabit, 

—  lavabit, 

—  liberabit, 

—  meduUabit, 

—  mundabit, 

—  obviabit, 

—  propitiabit, 

—  purgabit, 

—  purificabit, 

—  sacrificabit, 

—  separabit, 

—  suscitabit, 

—  terminabit, 

—  visitabit. 


visitavit  — 

On  trouve  le  futur  employé  pour  le  parfait  dans  : 

consiimabitis  pour      consuminamstis, 

fraudabit        — 

immutabit       — 

inchoabit         — 

inhabitabit      — 

jurabit  — 

7nundabit        — 

orabit  — 


fraicdavit, 

immutavit, 

inchoavit, 

inhabitavit, 

juravit, 

mundavit, 

oravit. 


248 

La  môme  confusion  se  rencontre  dans  le  verbe  eo  et  dans  un  verbe 
régulier  de  la  2*  conjugaison  : 
On  rencontre  le  parfait  pour  le  futur  : 

exivit  pour      exibit  ; 

le  futur  pour  le  parfait  : 

introibit        pour      introivit, 

replebit  —        replevit, 

  la  troisième  conjugaison  le  présent  a  été  employé  pour  le  futur  : 


abducis 

pour 

abduces, 

accedis 

—  ■ 

accèdes, 

accedit 

— 

accedet, 

acceditis 

— 

accedetis. 

antecedit 

— 

antecedet, 

ascendit 

— 

ascendet. 

ascendimus 

— 

ascendemus, 

ascenditis 

— 

(ucendetis, 

aspergU 

— 

asperges, 

adspargit 

— 

adsperget. 

concupiscis 

— 

concupisces, 

confrangit 

— 

confringet. 

constituit 

— 

constituet, 

consumit 

— 

consumet, 

demetitis 

— 

demetetis, 

deprimis 

— 

déprimes, 

descendais 

— 

descendetis, 

discendit 

— 

descendet, 

discendimus 

— 

descendemus. 

dicit 

— 

dicet. 

dicitis 

— 

dicetiSy 

dimittit 

— 

dimittet, 

discendimus 

— 

discedemus, 

disponitis 

— 

disponetis, 

dividis 

— 

divides, 

efpundis 

— 

effundes. 

emimus 

— 

ememus. 

extendit 

— 

extendet. 

extollit 

— 

extollet. 

infundis 

— 

infundes. 

infundit 

— 

infundet. 

inponis 

— 

impones, 

inponit 

— 

imponet, 

mittis 

— 

mittes, 

obliviscitur 

— 

obliviscetur. 

occidis 

— 

occides. 

249 


occidit 

pour 

occidet. 

ostendit 

— 

ostendet, 

perditis 

— 

perdetis, 

persequimini 

— 

persequemini. 

ponis 

portes. 

proficiseitur 

— 

profidscetur, 

proponis 

— 

propanes, 

proponit 

— 

proponet, 

redimis 

— 

redimes, 

reducit 

— 

reducet. 

requieseit 

— 

requiescet. 

résistif 

— 

resistet, 

sercernit 

— 

secernet, 

sinit 

— 

sinet. 

spargit 

— 

sparget. 

subponis 

— 

supponet, 

sumis 

— 

sumet, 

vivit 

— 

vivet. 

a  futur  pour 

le  présent  : 

attinget 

pour 

attingit, 

comedet 

— 

comedit. 

descendet 

— 

descendit. 

dices 

— 

dicis, 

increscet 

— 

increscit. 

inducet 

— 

indudt. 

reddet 

— 

reddit. 

sumet 

— 

sumit, 

tanget 

— 

tangit, 

vivetis 

—— 

vivitis. 

La  confusion  qui  s'introduit  entre  le  futur  et  le  parfait  de  la  première 
conjugaison  est  le  résultat  d'un  phénomène  phonétique,  c'est-à-dire  de 
l'emploi  du  v  pour  le  6,  et  du  b  pour  le  v  ;  on  dit  aplicavit  pour  applicabit, 
comme  exacervat  pour  exacerbât  dans  le  codex  Lugdunensis,  et  comme 
«  avoir  »  pour  habere  en  français  :  on  dit  fraudabit  pour  fraudavit, 
comme  albea  pour  alvea  dans  le  codex  Lugdunensis^,  et  comme  «  cour- 
ber »  pour  curvare  en  français. 

A  la  troisième  conjugaison  la  substitution  de  Vi  caractéristique  du 
présent  à  Ve  caractéristique  du  futur  se  justifie  également  par  la  pho- 
nétique. On  dit  abducis  pour  ^abduces  comme  decim  pour  decem,  adips 
pour  adeps,  discendit  pour  descendit.  C'est  de  la  même  façon  qu'on  se 
rend  compte  de  la  substitution  de  Ve  caractéristique  du  futur  à  Vi  du 
présent  :  attinget  pour  attingit  comme  carnes  pour  carnis  dans  le  codex 
Lugdunensis,  et  comme  sec  pour  siccus  en  français.  On  peut  encore 
expliquer  par  la  phonétique  fads  pour  fades,  morimur  pour  morie- 


220 

mur  :  i  =  ie  se  trouve  dans  le  firet  pour  fierei  du  codex  Lugdunensis, 
Mais  ce  que  la  phonétique  n'explique  plus  c'est  : 
1"  conjugaison  :  extirpât         pour      extirpabit 

—  incitât  —        incitabit 

—  inquinamini    —        inquinabimini 

—  sanctificamini  —        sanctificabimini 

—  tribulatis         —        tribulabitis 

2«  conjugaison  :  de  lent  —        delebunt 

—  exit  —        exibit 

Et  réciproquement  : 

habitabitis     pour      habitatis 

Celui  qui  a  employé  ces  formes  les  unes  pour  les  autres  ne  connais- 
sait plus  le  futur  des  grammairiens  latins  et  déjà  formait  le  futur  à  l'aide 
de  l'infinitif  et  du  verbe  auxiliaire  habere  ;  au  lieu  à'extirpabit,  il  disait 
extirpare  habeo,  au  lieu  àHndtaty  incitare  habeo  :  le  sens  d^extirpabit  et 
àHndtabit,  alors  tombés  en  désuétude,  lui  échappait  complètement. 

A  cet  ordre  d'idées  appartiennent  :  !<>  la  confusion  du  neutre  avec  le 
masculin  et  avec  le  féminin  ;  M.  Ulysse  Robert  en  a  réuni  des  exemples 
aux  pages  Lxn,  lxv,  lxvh  de  son  introduction;  2*  l'emploi  abusif  d'tW, 
en  français  «  y  »,  pour  eo,  et  d'ubi,  en  français  «  où  »,  pour  quo  :  intra^ 
bis  ibi,  «  tu  y  entreras  »,  pour  eo  intrabis;  ubi  réfugiât,  «  oii  il  se  réfu- 
gie »,  pour  quo  réfugiât,  voir  p.  Lxxv,'etc. 

Il  serait  fort  à  désirer  qu'un  texte  latin  écrit  en  France  à  l'époque 
mérovingienne  et  conservé  par  un  ou  plusieurs  manuscrits  du  môme 
temps  fût  l'objet  d'une  publication  analogue.  Une  édition  de  Grégoire 
de  Tours,  par  exemple,  faite  avec  le  soin  minutieux  et  l'exactitude 
rigoureuse  dont  M.  Ulysse  Robert  a  fait  preuve  ici,  serait  un  travail 
d'une  grande  utilité  pour  ceux  qui  étudient  les  origines  de  la  langue 
française  :  il  serait  aussi  fort  utile  pour  les  historiens  qui,  reproduisant 
en  français  le  texte  arrangé  d'abord  à  l'époque  carolingienne  et  en  der- 
nier lieu  par  Ruinart,  ne  se  doutent  pas  des  incertitudes  que  présente 
souvent  le  sens  du  texte  le  plus  ancien,  oii  l'on  ne  peut  distinguer  les 
formes  grammaticales  du  futur  de  celles  du  présent  et  du  passé,  et  oîi 
les  cas  sont  souvent  employés  les  uns  pour  les  autres  ou  plus  exacte- 
ment ne  se  distinguent  plus,  puisque,  par  exemple,  fratris  et  fratres 
peuvent  être  l'un  et  l'autre  soit  un  génitif  singulier,  soit  un  nominatif, 
un  accusatif,  un  datif  ou  un  ablatif  pluriel. 

Que  le  désir  exprimé  ici  doive  ou  non  se  réaliser,  nous  remercions 
M.  Ul.  Robert  de  son  intéressante  publication,  oh  il  a  montré  un  grand 
talent  d'éditeur,  et  qui  en  même  temps,  par  son  exécution  typogra- 
phique, fait  beaucoup  d'honneur  à  la  maison  Didot. 

H.  d'Arbois  de  Jubain ville. 


224 


LIVRES    NOUVEAUX. 


SOMMAIRE  DES  MATIÈRES. 

Sciences  AUXILIAIRES.  —  Paléographie,  310,  424.  — Diplomatique,  424. 
—  Bibliographie,  274,  416;  manuscrits,  265,  269,  301,  309,  311,  324,  379, 

380,  390,  392;  imprimés,  269;  bibliothèques,  269,  309,  313,  324,  380. 
Sources.  —Historiens,  chroniqueurs,  281,  346,  381,  437.  —  Mémoires, 

journaux,  356.  —  Lettres,  377,  432.  —  Archives,  307,  329,  376, 378,  382, 
410,  411,  423;  documents,  262,  278,  286,  303,  306,  317,  322,  342,  389, 
415;  cartulaires,  290,  315,  435,  440. 

Géographie  et  topographie,  328,  335,  364,  369,  370,  387,  394,  403, 
413,  431. 

Biographie  et  généalogie,  299,  384,  427.  — Barbari,  287;  Bayard, 
343;  Beaufort,  393;  Berthe  de  Savoie,  263;  Boisjourdan,  354;  Brea, 
419;  Brunel,  405;  Gardonnel,  317;  Ghalvet,  259;  Gharlemagne,  316; 
Charles  VII,  342;  Gino  da  Pistoia,  298;  Cornet,  429;  Delfino,  327; 
Durer,  287  ;  Ébon,  265  ;  saint  Eucher,  336  ;  saint  François  d'Assise,  295  ; 
Gonzaga,  390;  Guelfe  VI,  260;  Henri  III,  337;  Hincmar,  421;  R.  de 
Houdenc,  441  ;  Jeanne  d'Arc,  404  ;  La  Trémoille,  Laval,  361  ;  Léopold, 
duc  de  Lorraine,  312;  Le  Tellier,  289;  saint  Liudger,  437;  Louis  XI, 
342;  Mabille  de  Bellême,  319;  Ménard,  291  ;  Mirallieti,  419;  Montfau- 
con,  432;  Neufchâtel,  279;  Orbec,  409;  Orléans,  292;  Otton,  383; 
Pétrarque,  297  ;  Platter,  436  ;  Reichersberg,  385  ;  Robert  de  Thorigny , 
381  ;  Rougemont,  291  ;  Ternes,  333  ;  Valois,  345  ;  Videl,  294  ;  Vienne, 
371  ;  Wettin,  396. 

Droit,  278,  298,  304,  348,  355,  363,  366,  388,  399. 

Institutions,  296.  —  République,  271  ;  monarchies,  346;  seigneuries, 
279,  333,  393.  —  États  généraux,  286.  —  Villes,  290,314,  350,  400,  408; 
hanse,  374.  —  Armées,  guerre,  289,  343,  344,  345, 358,  378.  —  Finances, 
386,  408,  415,  431.  —  Enseignement,  332,  417,  429.  —  Commerce  et 
industrie,  360,401,420. 

Sciences.  —  Philosophie,  347.  —  Médecine,  401. 

Religions.  —  Bible,  311,  392.  —  Catholicisme,  285,  385;  droit  cano- 
nique, 421  ;  liturgie,  265,  439  ;  prédication,  280  ;  archevêchés  et  évêchés, 
diocèses,  266,  299,  335;  églises  et  paroisses,  277,  305,  312;  ordres  régu- 
liers, 272,  379;  monastères,  265,  270,  276,  331,  340,  341,  350,  372,  373, 

381,  407,  435,  440.  —  Hérésies,  348;  guerres  de  religion,  344,  368. 
Archéologie,  273,  285,  323,  330.  —  Sépultures,  268.  —  Architecture, 

359  ;  édifices  civils,  302,  303,  340,  362,  406  ;  édifices  militaires,  278,  397; 


222 

édifices  religieux,  277,  325,  338,  340,  375,  425.  —  Sculpture,  291.  — 
Peinture,  419,  427;  gravure,  287,  425.  —  MobiUer,  267,  284,  317,  339. 

—  Armement,  358  ;  blason,  438.  —  Sphragistique,  310. —  Numismatique, 
308,  352,  412. 

Langues  et  lfitératures,  264,  274,  351.  —  Légendes,  313,  320,  321, 
339.  —  Latin,  311,  326,  392,  395.  —  Langues  romanes  :  catalan,  321; 
espagnol,  380;  français,  261,  275,  280,  281,  283,  288, 300,  334,  351,  367, 
398,  414,  422,  441  ;  italien,  274, 288,  320,  430.  —  Langues  germaniques, 
349,  365,  394,  426.  —  Langues  celtiques,  282,  353,  434,  cf.  439. 

SOMMAIRE  GÉOGRAPfflQUE. 

Allemagne,  383,  387,  394,  424.  —  Alsace-Lorraine,  399.  —  Hesse, 
352.  —  Lùbeck,  374.  —  Prusse,  provinces  :  Hanovre,  264;  Hesse-Nassau, 
352;  Saxe,  269;  Westphalie,  315,  437.  —  Saxe,  3%. 

AuTRicHB-HoNQRiB.  —  Autriche,  378;  Moravie,  366;  Styrie,  358,  391. 

—  Hongrie,  264,  438. 

Belgique,  273.  —  Provinces  :  Anvers,  299;  Flandres,  359,  435; 
Namur,  290. 

Espagne,  388. 

Frange,  280,  2%,  303,  308,  337,  343-345,  351,  355,  368,  369,  386.  — 
Provinces  :  Anjou,  267;  Bretagne,  318,  416,  422;  Dauphiné,  259,  323, 
371,  412,  413;  Franche-Comté,  292,  329;  Lorraine,  312,  370;  Norman- 
die, 286  ;  Savoie,  263.—  Départements  :  Aisne,  302, 304  ;  Alpes  (Hautes-), 
293,  341,  342;  Alpes-Maritimes,  419,  443;  Aube,  331,  393;  Aude,  397; 
Calvados,  409;  Gôte-d'Or,  418;  Doubs,  291,  292,  406;  Drôme,  285; 
Eure,  313;  Gard,  335,  401,  436;  Gironde,  309;  Hérault,  332;  Isère,  400, 
405;  Loire,  330,  384;  Loiret,  278,  282,  353;  Manche,  381  ;  Marne,  265, 
268,  373,  421;  Mayenne,  354,  361,  362,  376;  Meurthe-et-Moselle,  312, 
333,  425;  Nord,  307;  Oise,  372,  431;  Orne,  319;  Pas-de-Calais,  408; 
Rhône,  336,  340,  375,  384,  402,  411;  Sarthe,  382;  Savoie,  428;  Seine, 
276,  317,  356;  Seine-et-Oise,  360,  431;  Seine-Inférieure,  410;  Sèvres 
(Deux-),  364,  407;  Somme,  305,  350;  Var,  336  ;  Vaucluse,  338;  Vienne, 
403;  Vosges,  270,  279. 

Grande-Bretagne  et  Irlande,  439.  —  Angleterre,  420,  423.  —  Ecosse, 
415.  —  Jersey,  322. 

Italie,  289,  377.  —  Provinces  :  Bergame,  325;  Florence,  298;  Gônes, 
271;  Lecce,  266;  Mantoue,  390;  Padoue,  314,  389;  Pérouse,  295;  Rome, 
273,  274,  324;  Turin,  277,  417;  Venise,  262,  301,  337. 

Luxembourg,  440. 

Pays-Bas,  273. 

Roumanie,  262. 

Suisse.  —  Fribourg,  363  ;  Grisons,  284  ;  Neuchâtel,  329. 

Orient,  346. 


223 

259.  Aggarias  (Joseph).  Une  Famille  parlementaire  du  Dauphiné. 
Notice  sur  les  Ghalvet.  Grenoble,  impr.  Dupont,  1880.  90  p.  (Extrait 
du  Bulletin  de  r Académie  delphinale,  3«  série,  t.  XV.) 

260.  Adler  (S.).  Herzog  Welf  VI  und  seinSohn.  Hannover,  Helwing, 
1881.  iY-160p.  4  m. 

261.  Albert  (Paul).  La  Littérature  française  des  origines  à  la  fin  du 
XVI»  siècle.  4«  édition.  Paris,  Hachette.  In-J8,  432  pages.  (Bibliothèque 
variée.)  3  fr.  50  c. 

262.  Alcuni  Documenti  inediti  dell'  archivio  di  Stato  di  Padova  rela- 
tivi  ad  un  pietoso  episodio  del  secolo  xvr  :  protagonista  un  principe 
moldavo,  teatro  dello  scioglimento  Venezia;  pubblicati  da  Wollemburg 
Leone  per  nozze  Mendl-Basevi.  Padova,  tip.  Prosperini.  In-4,  23  p. 

263.  Amobe  (A.).  Berta  di  Savoia,  impératrice  di  Germania.  Milano, 
Ottino,  1881.  57  p.  1  1.  50  c. 

264.  Analecta  ad  historiam  renascentium  in  Hungaria  litterarum 
spectantia.  lussu  Academiae  scientiarum  Hungaricae  edidit  Ëugenius 
Abel.  Budapestini,  in  aedibus  Academiae,  Lipsiae,  Brockhaus,  1880. 
iv-298  p. 

265.  AuBERT  (Edouard).  Manuscrit  de  Tabbaye  d'Hautvillers,  dit  évan- 
géliaire  d'Ébon.  Nogent-le-Rotrou,  impr.  Daupeley-Gouverneur,  1881. 
18  pages.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  nationale  des  antiquaires  de 
France,) 

266.  Baffi  (sac.  Luigij.  Ricerche  sulla  origine  del  fondatore  délia 
cattedra  episcopale  di  Taranto,  ed  altro  che  intéressa  la  storia  délia 
medesima  Ghiesa.  Taranto,  Latronico,  1880.  90  p. 

267.  Barbier  de  Montault  (X.).  Description  iconographique  de 
quelques  fers  à  hosties  de  l'Anjou.  Angers,  Germain  et  Grassin.  20  p. 
(Extrait  de  la  Revue  de  V Anjou,) 

268.  Baye  (J.  de).  Sépultures  franques  de  Joches  (Marne).  Paris, 
Didier.  12  pages,  figures  et  pi.  (Extrait  de  la  Revue  archéologique, 
novembre  1880.) 

269.  Bech  (Fedor).  Verzeichniss  der  alten  Handschriften  und  Drucke 
in  der  Domherren-Bibliothek  zu  Zeitz  aufgestellt  und  mit  einem  Vor- 
worte  zur  G^schichte  der  Bibliothek  versehen.  Berlin,  Weidmann, 
1881.  In-4,  xi-58  p.  5  m. 

270.  Benoît  (A.).  Quelques  Mots  sur  les  abbayes  de  Moyenmoutier  et 
de  Senones  en  1759.  Saint-Dié,  impr.  Humbert.  6  p.  (Extrait  du  Bulle- 
tin de  la  Société  philomathique  vosgienne,  1880-1881.) 

271.  Bent  (J,  Théodore).  Genoa,  how  the  republic  rose  and  fell.  With 
eighteen  illustrations.  London,  G.  Kegan  Paul,  1881.  xx-420p.  18  s. 


224 

272.  Bérenqibr  (dom  Th.).  Tableau  historique  du  monachisme  occi- 
dental. Le  Mans,  impr.  Monnoyer.  xl-7  p. 

273.  Bertolotti  (A.).  Artisti  belgi  ed  olandesi  a  Roma  nei  secoli  xvi 
e  XVII.  Notizie  e  documenti  raccolti  negli  archivi  romani.  Firenze,  Gaz- 
zetta  d'Italia.  429  p. 

274.  Bibliograiia  romana.  Notizie  délia  vita  e  délie  opère  degli  scrit- 
tori  romani  dal  secolo  xi  hno  ai  nostri  giorni.  Vol.  I.  Roma,  tip.  Botta, 
1880.  In-4,  GLXxiii-266  p.  (Ministero  di  agricoltura,  industria  e  com- 
mercio.  Direzione  di  statistica.) 

275.  BiscHOFF  (Fritz) .  Der  Gonjunctiv  bei  Ghrestien.  Halle  a.  S.,  Max 
Niemeyer,  s.  d.  iv-126  p.  3  m.  60  pf. 

276.  BoNNARDOT  (Hippolytc).  L'Abbaye  royale  de  Saint-Antoine-des- 
Ghamps,  de  l'ordre  deGîteaux.  Paris,  Didier.  19  p.  (Extrait  delà  Revue 
archéologique,  décembre  1880.) 

277.  Bosio  (G.  T.  Antonio).  Memorie  storico-religiose  e  di  belle  arti 
del  duomo  e  délie  altre  chiese  di  Ghieri,  con  alcuni  disegni.  Torino, 
libreria  San-Giuseppe,  1880.  428  p. 

278.  Boucher  de  Molandon.  Documents  Orléanais  du  règne  de  Phi- 
lippe-Auguste. Statuts  donnés  aux  tisserands  d'Orléans.  Limites  de  la 
juridiction  de  l'évêque  d'Orléans  à  Pithiviers.  Enquête  sur  des  droits 
d'usage  dans  la  forêt.  Le  donjon  royal,  dit  la  Tour-Neuve  ;  sa  recons- 
truction, ses  souvenirs.  Orléans,  Herluison,  1881.  30  p. 

279.  BouREULLE  (de).  Les  Gomtes  de  Neufchâtel,  seigneurs  de  Ghâtel- 
sur-Moselle  et  autres  lieux  (xiv«-xv«  siècles).  Saint-Dié,  impr.  Humbert. 
15  pages.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  philomathique  vosgienne, 
1880-1881.) 

280.  BouRQAiN  (L.).  La  Ghaire  française  au  xii«  siècle,  d'après  les 
manuscrits.  Paris,  Palmé,  1881.  x-399  p. 

281.  Brantôme  (Pierre  de  Bourdeille,  seigneur  de).  Œuvres  complètes. 
Publiées  d'après  les  manuscrits,  avec  variantes  et  fragments  inédits, 
pour  la  Société  de  l'histoire  de  France,  par  Ludovic  Lalanne.  Tome  X. 
Opuscules  et  pièces  diverses;  lexique;  poésies  inédites  publiées  par  le 
docteur  E.  Galy.  Paris,  Loones.  518  p.  9  fr. 

282.  Breton  (the)  Glosses  at  Orléans.  Edited  by  Whitley  Stokes.  Gal- 
cutta,  1880.  ix-77  p.  (Non  mis  dans  le  commerce.) 

283.  Brunetière  (Ferdinand).  La  Langue  et  la  littérature  françaises  au 
moyen  âge.  Montpellier,  impr.  Hamelin.  24  p.  (Extrait  de  la  Revue  des 
langues  romanes.) 

284.  Buchler  (Ghristian).  Die  Kacheloefen  in  Graubiinden  au  s  dem 
XVI.  bisxviii.  Jahrhundert.  Eine  kunst-  und  kulturgeschichtliche  Studie, 


225 

Zurich,  Gaesar  Schmidt,  1881.  Gr.  in-4,  44  p.,  6  planches  en  couleur 
par  G.  G.  Hofer.  9  fr.  50  c. 

285.  Bulletin  d^histoire  ecclésiastique  et  d'archéologie  religieuse  du 
diocèse  de  Valence.  1"*  année,  1'®  livraison,  septembre-octobre  1880. 
Romans,  au  secrétariat  du  comité  de  rédaction,  48  p.  (Paraît  tous  les 
deux  mois.)  Un  an,  3  fr. 

286.  Cahiers  des  états  de  Normandie  sous  le  règne  de  Henri  IV, 
documents  relatifs  à  ces  assemblées,  recueillis  et  annotés  par  Gh.  de 
Robillard  de  Beaurepaire.  Tome  I  (1589-1601).  Rouen,  Métérie.  367  p. 
(Publications  de  la  Société  de  l'histoire  de  Normandie.) 

287.  Ganditto  (le  comte  A.-E.  de).  Jacob  de  Barbari  et  Albert  Durer. 
La  vie  et  l'œuvre  du  Maître  au  caducée,   ses  élèves,  Durer,  Titien, 
Marc-Antoine,  Mabuse,  Marguerite  d'Autriche.  Catalogue  et  prix  de 
ses  quarante- trois  gravures.  Bruxelles,  Van  Tricht.  583  p.  et  2  portraits 
12  fr.  50  c. 

288.  Gantare  (el)  di  Fierabraccia  etUliuieri.  Italienische  Bearbeitung 
der  chanson  de  geste  Fierabras.  Herausgegeben  von  E.  Stengel.  Voraus- 
geschickt  ist  eine  Abhandlung  von  G.  Buhlmann  :  Die  Gestaltung  der 
chanson  de  geste  Fierabras  im  Italienischen.  Marburg,  Elwert,  1881. 
XLni-191  p.  (Ausgaben  und  Abhandlungen  aus  dem  Gebiete  der  roma- 
nischen  Philologie.  Veroeffentlicht  von  E.  Stengel.  II.)  8  m. 

289.'  Garon  (N.-L.).  Michel  Le  Tellier,  son  administration  comme 
intendant  d'armée  en  Piémont  (1640-1643),  manuscrits  inédits  de  la 
Bibliothèque  nationale,  copies  du  temps.  Paris,  Pedone-Lauriel.  In-18, 
GLxix-328  p.  5  fr. 

290.  Gartulaire  de  la  commune  de  Dinant,  recueilli  et  annoté  par 
Stanislas  Bormans.  Tome  II,  1450-1482.  Namur,  Wesmael-Gharlier. 
380  p.  (Documents  relatifs  à  l'histoire  de  la  province  de  Namur,  publiés 
par  ordre  du  conseil  provincial.) 

291.  Gastan  (Auguste).  Notice  sur  les  tombeaux  des  archevêques  de 
Besançon  Thiébaud  de  Rougemont  Bt  Quentin  Ménard.  Besançon, 
impr.  Dodivers.  19  p.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  d'émulation  du 

,  Doubs,  12  juillet  1879.) 

292.  Gastan  (Auguste),  La  Retraite  de  Gaston  d'Orléans  en  Franche- 
Gomté  et  ses  trois  séjours  à  Besançon  en  1631  et  1632.  Besançon,  impr. 
Dodivers.  51  p.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  d'émulation  du  Doubs, 

1877-1879.) 

293.  Ghabrand  (le  D').  Les  Escoyères  en  Queyras.  Grenoble,  Drevet, 
1881.  In-12,  15  p.  (Extrait  du  journal  le  Dauphiné.) 

294.  Ghabrand  (le  D').  La  Famille  Videl.  G-renoble,  impr.  Dupont, 
1880. 10  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  V Académie  delphinale,  3"  série,  t.  XV.) 

15 


226 

295.  Ghérancé  (le  H.  P.  Léopold  de).  Saint  François  d'Assise  (1182* 
4226).  2«  édition,  avec  portrait.  Paris,  Poussielgue.  In-i8,  xix-S32  p. 
(Bibliothèque  franciscaine.) 

296.  Ghébuel  (A.).  Dictionnaire  historique  des  institutions,  mœurs  et 
v,         coutumes  de  la  France.  5«  édition.  Paris,  Hachette.  2  vol.  in-18  à  2 col., 

LXxvi-568,  709  p.  (Histoire  universelle,  sous  la  direction  de  M.  V.  Dnniy.) 
12  fr. 

297.  Chevalier  (Ulysse).  François  Pétrarque,  bio-bibliographie.  Mont- 
béiiard,  impr.  Hotlmann.  16  p.  (Extrait  du  Répertoire  des  sources  hisUh- 
riques  du  moyen  âge,  4«  fascicule.) 

298.  Ghiappelli  (Luigi).  Vita  e  Opère  giuridiche  di  Gino  da  Pistoia, 
con  molti  documenti  inediti.  Ricerche.  Pistoia,  Bracali,  1881.  240  p.  3  1. 

299.  Glaessens  (P.).  Histoire  des  archevêques  de  Malines.  Louvain, 
Peeters.  2  vol.,  392,  244  p. 

300.  Gocheris  (Hippolyte).  Origine  et  formation  de  la  langue  française. 
Notions  d'étymologie  française.  Origine  et  formation  des  mots,  racines, 
préfixes  et  suffixes.  (Programme  du  2  août  1880.  Classes  de  troisième, 
seconde  et  rhétorique.)  Paris,  Delagrave.  In-12,  394  p. 

301.  Godex  Gumanicus  bibliothecœ  ad  templum  Divi  Marci  Yenetia- 
rum.  Primum  ex  intègre  edidit,  prolegomenis  notis  et  compluribus 
glossariis  instruxit  comes  Géza  Kuun.  Budapestini,  editio  scient.  Aca- 
demiae  Hung.,  1880.  gxxxiv-395  p. 

302.  GoMBiER  (A.).  Le  Palais  de  justice  de  Laon.  Laon,  impr.  CSortil- 
liot.  43  p. 

303.  Gomptes  des  bâtiments  du  roi  sous  le  règne  de  Louis  XI Y, 
publiés  par  M.  Jules  Guiffrey.  Tome  I:  Golbert  (1664-1680).  Paris,  impri- 
merie nationale.  In-4  à  2  col.,  lxxiv-1533  p.  (GoUection  de  documents 
inédits  sur  Thistoire  de  France,  3®  série,  archéologie.) 

304.  Coutumes  et  usages  des  étangs  de  la  Bombes  et  de  la  Bresse,  par 
M.  Gh.  Rivoire  et  autres  auteurs,  réunis,  mis  en  ordre,  annotés  et 
suivis  de  la  bibliographie  des  étangs  et  d'un  tableau  des  mesures 
locales,  par  A.  Truchelut,  expert-géomètre.  Bourg,  impr.  Authier  et 
Barbier.  172  p.  (Publication  du  comité  des  géomètres  des  arrondisse- 
ments de  Bourg  et  de  Trévoux.) 

305.  GoYETTE  (l'abbé  A.).  La  Paroisse  du  Saint-Sépulcre  d'Abbeviiie, 
etc.,  avec  appendices,  notes  et  pièces  nombreuses.  Abbeviile,  impr. 
Paillart,  1880.  In-18,  xxii-557  p. 

306.  GuissARD  (Gh.).  Documents  inédits  sur  Abélard,  tirés  des  mss. 
de  Fieury  conservés  à  la  bibliothèque  publique  d'Orléans.  Orléans, 
impr.  Golas.  47  p. 


227 

307.  Dbhaisnes  (C).  Inventaire-sommaire  des  archives  communales 
de  la  ville  de  la  Bassée  (département  du  Nord)  antérieures  à  1790.  Lille, 
impr.  Danel.  Gr.  in-4  à  2  col.,  v-109  p. 

308.  Deloche  (M.).  Explication  d'une  formule  inscrite  sur  plusieurs 
monnaies  mérovingiennes.  Paris,  Didier,  8  p.  (Extrait  de  la  Revue 
archéologique,  septembre  1880.) 

309.  DELPrr  (Jules).  Catalogue  des  manuscrits  de  la  bibliothèque 
municipale  de  Bordeaux.  Tome  I.  Bordeaux,  imprimerie  Delmas.  In-4, 
xxxm-464  p. 

310.  Demay  (G.).  La  Paléographie  des  sceaux.  Paris,  imprimerie 
nationale.  77  p.  avec  figures. 

311.  Di  un  codice  critico  délia  Biblia  volgata,  trascritto  nel  secolo  xii. 
Gon  fotografie  del  codice  stesso.  Palermo,  tip.  Virzî.  25  p. 

312.  DiQOT  (Paul).  Léopold,  duc  de  Lorraine,  fondateur  de  Téglise 
Saint-Sébastien  de  Nancy.  Nancy,  impr.  Grépin-Leblond.  In-12, 16  p. 

313.  DoiNEL  (A.).  Notice  historique  sur  Alizay  (légendes,  notes  et 
statistiques  diverses,  catalogue  de  la  bibliothèque  scolaire).  Évreux, 
impr.  Hérissey.  76  p. 

314.  DoLFiN  (Alvise).  Relazione  sul  capitaneato  délia  cittàdi  Padova, 
dal  10  dicembre  1623  al  17  maggio  1625.  Padova,  tip.  Prosperini.  15  p. 
(Per  nozze  Dolfin-Rocchetti.) 

315.  Dortmunder  Urkundenbuch.  Bearbeitet  von  Karl  Riibel.  Band  I. 
Erste  Haelfte.  (N»  1-547.)  899-1340.  Dortmund,  Koeppen,  1881 .  vii-376  p. 
9  m. 

316.  Double  (Lucien).  L'Empereur  Gharlemagne.  Paris,  Fischbacher. 
In-18,  xviii-291  p. 

317.  DouET  d'Argq  (L.).  Inventaire  après  décès  des  biens  meubles  de 
M«  Pierre  Gardonnel,  chanoine  de  Notre-Dame  de  Paris  (1438).  Paris. 
28  p.  (Extrait  du  tome  VII  des  Mémoires  de  la  Société  de  l'histoire  de 
Paris  et  de  l'Ile-de-France.  Ne  peut  être  mis  en  vente.) 

318.  DupuY  (Ant.).  Histoire  de  la  réunion  de  la  Bretagne  à  la  France. 
Tome  II.  Paris,  Hachette,  1880.  502  p.  7  fr.  50  c. 

319.  DuvAL  (Louis).  La  Louve  d'Alençon.  Mabille  de  Bellôme  dans 
le  roman  et  dans  Thistoire.  Alençon,  impr.  Marchand-Saillant.  In-12, 
16  p. 

320.  Eine  italienische  prosaversion  der  sieben  weisen.  Nach  einer 
Londoner  handschrift  zum  ersten  maie  herausgegeben  von  Hermann 
Varnhagen.  Berlin,  Weidmann,  1881.  xvi-39  p.  2  m. 

321.  Eximplis.  RecuU  de  eximplis  é  miracles,  gestes  é  fabules  éaltres 
ligendes  ordenades  per  A.  B.  G.,  tretes  de  un  manuscrit  en  pergamî  del 


'ZtjtTienç^nu^xn  del  <egie  xt.  ara  per  primera  volca  «stampades.  S.  L  n.  d. 
'  BarcftLrjna.  !VM).>  .i^ii  p.  ^  r. 

:yr2.  Eir>Mite  dfi  lile  de  J<*rw»y.  !<5*y7.  Jacques  L  Jersey,  C.  Le  Pean*, 
lîJ*»).  In-L  xxxn-[3ô  p.  (Société  jersiaise.  Ehiblicatioa  5*.> 

.?^^  FLO«iA5-VALLC3fTni.  ï^^y^fi^enf»  archèoIiDfnqaes  fiûtes  en  Daa- 
phiae  p^nda^nt  l'aanei?  1^TI>.  Grenoble,  impr.  Daponc,  1880.  35  pa^es. 
/Extrait  di  Bulletin  4e  l'Aradtmie  deiphinale,  3«  série,  t.  XV.) 

3^4,  FoiCELLA  Vincenzo^.  Catalofzo  dei  manoscritti  rignardand  la 
storia  di  Ho  ma  che  §i  a>Q.^rvano  neUa  biblioleca  Vaticana.  Vol.  II. 
Roma,  Bocca,  Iw).  ii6p.  15  I. 

3^>.  Foft505r  lEIiai.  ÂppuQti  «alla  vecchia  bosilica  di  Santa  Sfaria. 
Ma^giore  di  Eiergamo.  Bergamo.  tip.  GafTari  e  Gatti.  In-foL,  ^  P*ses, 
i  planches. 

3^.  Fornr^ATi  (  Venanti  Honori  Clementianii  presbyteri  Italid  Open 
poetica.  heceosuit  et  emendavit  Fridericos  Léo.  Berolini.  Weidmaiin, 
18^1,  Ia-4,  xxTrn'42T  p.  iMonnmenta  Germaniae  historica.  Anctorom 
aQtiqai£ftimonim  tomi  IV  pars  priori  12  m. 

327.  Frammento  di  cronaca  inedita  del  sec.  xvn  relativo  al  card. 
Marco  Delfino,  pubblicato  per  nozze  Dolfin-Rocchetti.  PadoTa,  tip. 
Prosperini.  12  p. 

328.  Fbeexax  /Edward  A.j.  The  Historical  Geography  of  Europe. 
I»ndon,  I»Dgmans,  1881.  2  vol.,  xlii-604,  viu  p.,LXV  cartes.  1 1. 1  s.  6  d. 

320.  Gauthieb  (Jnles).  Les  Documents  franc-comtois  des  archives  de 
Neufchàtel  fSui.sse).  Besancon,  impr.  Dodivers.  43  p.  (Extrait  dn  Bul'- 
Utin  de  l'Académie  de  Besançon,  19  décembre  1879.) 

330.  Geoffray  (Stéphane).  Iconographie  des  départements.  Documents 
ponr  ser\'ir  à  l'histoire  et  à  la  connaissance  du  travail  et  de  la  richesse 
en  France  ;  fac-similés  et  reproductions  photographiés  sur  nature  et  sur 
pièces  originales  inédites  (topographie,  archéologie,  architecture,  indus- 
trie, arts  et  métiers,  histoire  politique  et  littéraire,  religieuse  et  mili- 
taire, portraits,  curiosités  des  collections  particulières  et  publiques,  etc.). 
Livrai.son  1.  Iconographie  de  la  Loire.  Fascicule  2.  Roanne  ancien. 
Album  n*  i.  Paris,  Geoffray.  ln-4,  7  p.  et  5  planches  dont  1  double. 

331.  Georges  (l'abbé  Etienne).  Quelques  Comtes  de  Brienne  et  Tabbaye 
de  Beaulieu  d'après  les  pièces  originales.  Troyes,  impr.  Dufour-Bou- 
quot.  23  p.  (Extrait  de  VAnniuiire  de  l'Aube,  année  1880.) 

332.  Germain  (A.).  L'École  de  médecine  de  Montpellier,  ses  origines, 
sa  constitution,  son  enseignement.  Etude  historique  d'après  les  docu- 
ments originaux.  Montpellier,  impr.  Martel,  1880.  In-4,  152  p.  (Extrait 
des  Mémoires  de  la  Société  archéologique  de  Montpellier.) 


229 

333.  Germain  (Léon).  Recherches  historiques  sur  la  seigneurie  de 
Gons-la-Grranville.  Jean  I«' de  Ternes,  sire  de  Gons  (1247-1258).  Nancy, 
impr.  Grépin-Leblond.  32  p.  et  armoiries. 

334.  GoDEFROY  (Frédéric).  Dictionnaire  de  l'ancienne  langue  française 
et  de  tous  ses  dialectes  du  ix«au  xv«  siècle,  composé  d'après  le  dépouil- 
lement de  tous  les  plus  importants  documents  manuscrits  ou  imprimés 
qui  se  trouvent  dans  les  grandes  bibliothèques  de  la  France  et  de  l'Eu- 
rope et  dans  les  principales  archives  départementales,  municipales, 
hospitalières  ou  privées.  Tome  I,  fasc.  1-7.  Paris,  Vieweg,  1880-1881. 
In-4  à  2  col.,  552  p. 

335.  GoiFFON  (l'abbé).  Dictionnaire  topographique,  statistique  et  his- 
torique du  diocèse  de  Nîmes.  Nîmes,  Grimaud,  Gervais-Bedot,  Gatelan. 
428  p. 

336.  GouiLLOuD  (le  P.  André).  Saint  Eucher,  Lérins  et  TÉglise  de 
Lyon  au  v*  siècle.  Lyon,  Briday.  x-564  p. 

337.  Gradbnioo  (Pietro).  Notizie  del  passagio  per  lo  Stato  veneto  di 
Enrico  III,  re  di  Francia,  nelF  anno  1574  (da  un  codice  Marciano). 
Yenezia.  16  p.  (Pubbl.  da  Ant.  Angeli  per  nozze  Buvoli-Tedeschi.) 

338.  Grand  (le)  Bénitier  de  Saint-Agricol  à  Avignon,  lettre  à  M.  Joseph 
Seguin,  gérant  du  Bulletin  historique,  archéologique  et  artistique  de  Vau- 
cluse,  par  le  marquis  de  M.  Avignon,  Seguin.  7  p.  (Extrait  du  Bulletin, 
juillet  1880.) 

339.  GuiFFREY  (J.).  Note  sur  une  tapisserie  représentant  Godefroy  de 
Bouillon  et  sur  les  représentations  des  preux  et  des  preuses  au  xv«  s. 
Paris.  14  p.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  nationale  des  antiquaires 
de  France,  t.  XL.) 

340.  GuiGUE  (G.).  Notice  historique  sur  l'hôtel  et  la  prison  de  Roanne, 
le  prieuré  de  Saint-Alban  et  le  palais  actuel  de  Lyon.  Lyon,  impr. 
Mougin-Rusand.  19  p.  (Extrait  du  Moniteur  judiciaire,  12  juillet  1880.) 

341.  Guillaume  (Paul).  Recherches  historiques  sur  les  Hautes-Alpes. 
1«*  partie.  Les  maisons  religieuses  :  1»  l'abbaye  de  Saint-Marcellin 
d'Embrun;  2"  la  Novalaise  et  ses  dépendances  alpines.  Gap,  impr. 
Jouglard,  1881.  95  p. 

342.  Guillaume  (Paul).  Relations  de  Louis  XI  et  Charles  VUE  avec 
Gap  et  Embrun  d'après  deux  documents  des  archives  départementales 
des  Hautes- Alpes.  Paris,  Alphonse  Picard,  1881.  8  p.  (Extrait  du  Bul- 
letin d'histoire  ecclésiastique  et  d*archéologie  religieuse  des  diocèses  de 
Valence,  Gap,  Grenoble  et  Viviers,  l***»  année,  3«  livraison.) 

343.  Hardy  (E.).  Bayard  (1495-1514).  Paris,  Dumaine.  183  p.,  28fig. 
et  portrait.  (Études  militaires  historiques.)  4  fr. 


V 


230 

344.  Hardy  (E.).  Les  Guerres  de  religion,  de  1562  à  1594.  Paris, 
Dumaine.  199  p.,  29  fig.  (Études  militaires  historiques.)  4  fr. 

345.  Hardy  (E.).  Les  Valois  d'Angoulôme,  de  1515  à  1589.  Paris, 
Dumaine.  466  p.,  86  fig.  (Études  militaires  historiques.)  8  fr. 

346.  Harnagk  (Otto).  Das  karolingische  und  das  byzantinische  Reich 
in  ihren  wechselseitigen  politischen  Beziehungen.  Nebst  einem  Excurs 
liber  den  officiellen  oder  privaten  Ursprung  der  grossen  karolingischen 
Annalen.  Goettingen,  Peppmùller.  104  p.  2  m. 

347.  Hauréau  (B.).  Histoire  de  la  philosophie  scolastique.  Seconde 
partie.  Paris,  Pedone-Lauriel.  2  vol.,  463,  495  p. 

348.  Hayet  (Julien).  L'Hérésie  et  le  bras  séculier  au  moyen  âge 
jusqu'au  treizième  siècle.  Paris,  Champion,  1881.  67  p.  (Extrait  de  la 
Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  t.  XLI,  1880.) 

349.  Heinemânn  (Karl).  Ueber  das  Hrabanische  glossar.  Halle,  Max 
Niemeyer,  1881.  92  p.  2  m.  40  pf. 

350.  Hénocque  (Fabbé).  Histoire  de  Tabbaye  et  de  la  ville  de  Saint- 
Riquier  :  les  saints,  les  abbés,  le  monastère  et  l'église,  la  ville  et  la 
commune,  etc.  Tome  I.  Paris,  Dumoulin.  Li-4,  xl-568  p.  et  planches. 
(Mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  de  Picardie.  Documents  inédits 
concernant  la  province.  Tome  IX.) 

351.  Histoire  littéraire  de  la  France.  Ouvrage  commencé  par  des 
religieux  bénédictins  de  la  congrégation  de  Saint-Maur  et  continué  par 
des  membres  de  TListitut  (Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres). 
Tome  XXVHL  Suite  du  xrv^  siècle.  Paris,  imprimerie  nationale.  In-4, 
xx-516  p. 

352.  Hoffmeister  (Jacob  Ghristoph  Garl).  Historisch-kritische  Beschrei- 
bung  aller  bis  jetzt  bekannt  gewordenen  hessischen  Mïmzen,  Medaillen 
u.  Marken  in  genealogisch-chronologischer  Folge.  IV.  Band.  Hannover, 
Garl  Meyer,  1880.  In-4,  xxiv-456  p.  30  m.  (On  a  compris  dans  ce 
volume  une  réimpression  du  vol.  III,  qui  avait  été  tiré  à  petit  nombre.) 

353.  Irish  (the)  Passages  in  the  Stowe  missal,  with  some  notes  on 
the  Orléans  glosses.  Edited  by  Whitley  Stokes.  Calcutta,  1881.  22  p. 
(Non  mis  dans  le  commerce.) 

354.  Jean  et  Joachim  de  Boisjourdan  (1505-1577).  Mamers,  impr. 
Fleury  et  Dangin.  16  p. 

355.  Jobbé-Duval  (E.).  Étude  historique  sur  la  revendication  des 
meubles  en  droit  français.  Paris,  Larose,  1880.  254  p. 

356.  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  (1405-1449),  publié,  d'après  les 
manuscrits  de  Rome  et  de  Paris,  par  Alexandre  Tuetey.  Paris,  Cham- 
pion, 1881.  xLiv-419  p.  (Publication  de  la  Société  de  Thistoire  de  Paris 
et  de  rile-de-France.) 


234 

357.  Klockhoff  (Oskar).  Studier  ôfver  Eufemia  Visarnar.  Upsala 
Universitets  Arsskrift,  1881  :  Filosofi,  Sprâkvetenskap  och  historiska 
Vetenskapen,  I.  Upsala,  1881.  86  p. 

358.  Landes-Zeughaus  (Das)  in  Graz.  Herausgegeben  von  der  Vor- 
stehung  des  Munzen-  und  Antiken-Gabinetes  am  St.  L.  Johanneum. 
Leipzig,  Brockhaus,  1880.  In-4,  v-176-XLvn-151  p.,  xliii  planches.  60  m. 

359.  Lanqerogk  (P.),  Hougkb  (A.  van).  Anciennes  Gonstructions  en 
Flandre.  Oude  Bouwwerken  in  Vlaanderen.  l'«  année,  l"»  et  2*  livrai- 
sons. Gand,  Stepman,  1881.  xx  planches. 

360.  Le  Gharpentier  (H.).  Essai  historique  sur  Tancienne  corporation 
des  bouchers  de  Pontoise.  Pon toise,  impr.  Paris.  27  p. 

361.  Le  Fizelier  (Jules).  Anne  de  Laval,  princesse  de  la  Trémoille 
(1505-1553).  Mamers,  impr.  Fleury  et  Dangin.  37  p.  (Extrait  de  la 
Revue  historique  et  archéologique  du  Maine,  t.  VIII,  188().) 

362.  Lefizelier  (Jules).  Description  de  Téglise  de  Montaudin,  canton 
de  Landivy  (Mayenne).  Note  rédigée  pour  V Inventaire  des  richesses  d'art. 
Laval,  impr.  Moreau.  5  p.  avec  un  dessin  par  Dousdebès.  (Extrait  des 
Procès  verbaux  et  documents  de  la  commission  historique  et  archéologique 
de  la  Mayenne.) 

363.  Lehr  (Ernest).  La  Handfeste  de  Fribourg-dans-l'IJechtland  de 
l'an  MCCXLix.  Lausanne,  Benda,  1881.  vi-146  p.,  1  planche.  8  fr. 

364.  Lévesque  (Louis).  Notes  sur  Saint-Maixent.  Le  campus  Vocla^ 
densis.  Dissertation  sur  le  champ  de  bataille  de  507.  Niort,  impr. 
Robichon,  1880.  35  p.  2  fr. 

365.  Lexer  (Matthias).  Mittelhochdeutsches  Taschenwoerterbuch  mit 
grammatischer  Einleitung.  Zweite  Auflage  mit  Nachtraegen.  Leipzig, 
Hirzel,  1881.  xxin-420  p.  4  m. 

366.  Libri  citationum  et  sententiarum  seu  Knihy  pûhonné  a  nâlezové. 
Tomus  m.  Pars  altéra.  Qua  continentur  :  Pûhony  Olomucké  1437-1448. 
Edidit  Vincentius  Brandi.  Brunœ,  sumptibus  deputationis  marchionatus 
Moraviœ,  1880.  P.  425-732. 

367.  LoisEAu  (A.),  fiistoire  de  la  langue  française,  ses  origines  et  son 
développement  jusqu'à  la  fin  du  xvi«  siècle.  Paris,  Thorin.  iv-538  p. 

368.  LoiSELEUR  (Jules).  Les  Nouvelles  Gontro verses  sur  la  Saint-Bar- 
thélémy. Paris,  Germer  Baillière.  30  p.  (Extrait  de  la  Revue  historique, 
janvier  1881.) 

369.  LoNGNON  (Auguste).  Notes  sur  la  géographie  de  la  Gaule.  Nogent-      n^ 
le-Rotrou,  impr.  Daupeley-Gouverneur.  P.  13-26* 

370.  Maggiolo  (L.).  Simples  Notes  pour  servira  l'histoire  de  la  carto- 


232 

graphie  en  Lorraine  du  xv*  au  xix'  siècle.  Nancy,  impr.  E^rger-Levrault* 
12  p. 

371.  Maignien  (Edmond).  Raoul  de  Vienne,  sire  de  Louppy,  gouver- 
neur du  Dauphiné  (oct.  1361-8ept.  1369).  Grenoble,  impr.  Dupont,  1881. 
36  pages.  (Extrait  du  Bulletin  de  l'Académie  delphinale,  3'  série,  t.  XVI, 
1880.) 

372.  Malte-Brun  (V.-A.).  Le  Mont  Renaud,  ancienne  chartreuse  de 
Noyon,  dite  du  Mont  Saint-Louis.  Notice  historique.  Paris,  Champion. 
27  p.  et  2  pi. 

373.  Mancbaux  (l'abbé),  curé  d'Hautvillers.  Histoire  de  l'abbaye  et  du 
village  d'Hautvillers.  Épernay,  impr.  Doublât.  3  volumes,  vm-615,  599, 
637  p. 

374.  Mantels  (WilhelmK  Beitraege  zur  lûbisch  -  hansischen  Gre- 
schichte.  Ausgewaehlte  historische  Arbeiten.  Jena,  Gustav  Fischer, 
1881.  xxxi-391  p.,  1  pi.  8  m. 

375.  Marsy  (le  comte  A.  de).  La  Monographie  de  la  cathédrale  de  Lyon 
par  M.  L.  Bézule.  Compte  rendu  bibliographique.  Arras,  libr.  du  Pas- 
de-Calais;  Paris,  Dumoulin.  12  p.  (Extrait  delà  Revue  de  Vart  chrétien.) 

376.  Martonne  (A.  de).  Rapport  sur  les  archives  du  département  de 
la  Mayenne,  présenté  au  conseil  général  (session  d'août  1880).  Laval, 
impr.  Moreau.  18  p. 

377.  Mazzei  (ser  Lapo),  notaro.  Lettere  a  un  mercante  del  secolo  xiv, 
con  altre  lettere  e  document!,  per  cura  di  Cesare  Gruasti.  Firenze,  Le 
Monnier,  1880.  2  vol.  in-16,  cxLm-443,  465  p.  8  1. 

378.  Mittheilungen  des  k.  k.  Kriegs-Archivs.  Herausgegeben  von  der 
Direction  des  Kriegs-Archivs.  l.  Mit  zwei  Tafeln.  Wien,  R.  v. 
Waldheim,  1881.  130  p.,  2  cartes.  7  fl. 

379.  MoLiNiER  (Auguste).  Description  de  deux  manuscrits  contenant 
la  règle  de  la  militia  Passionis  Jhesu  Christi  de  Philippe  de  Mézières. 
Gênes,  impr.  de  l'institut  royal  des  sourds-muets,  1881.  32  p.  (Extrait 
des  Archives  de  l'Orient  latin,  t.  I,  p.  335-364.) 

380.  Morel-Fatio.  Catalogue  des  manuscrits  espagnols  de  la  Biblio- 
thèque nationale.  Livraison  1.  Paris,  imprimerie  nationale.  In-4  à  2  col., 
243  p.  (Sera  complet  en  2  livraisons.) 

381.  MoRLAis  (M.).  De  vita  et  scriptis  Roberti  de  Torinneio,  abbatis 
in  Monte  Sancti  Michaelis.  Thesim  proponebat  Redonensi  litterarum 
facultati.  Paris,  Thorin.  x-91  p. 

382.  MouLARD  (P.)/ Analyse  des  registres  paroissiaux  et  de  l'état  civil 
de  Sougé-le-Ganelon  (Sarthe).  Le  Mans,  Lebrault.  80  p.  1  fr.  50  c. 


233 

383.  MuECKE  (A.).  Kaiser  Otto  II.  undOttoIII.  Halle,  Buchhandlung 
des  Waisenhauses,  1881.  vi-122  p.  (Erzaehlungen  aus  dem  deutschen 
Mittelalter.  Herausgegeben  von  Otto  Nasemann.  VIII.)  1  m.  20  pf. 

384.  NiBPCE  (Léopold).  Les  Titres  de  la  noblesse  ancienne  et  moderne 
du  Lyonnais,  transcrits  sur  les  registres  de  la  cour  d*appel  de  Lyon 
<1808-1858).  Lyon,  Georg.  vm.244  p. 

385.  NoBBB  (Heinr.  F.  A.).  Gerhoh  von  Reichersberg.  Ein  Bild  aus 
dem  Leben  der  Kirche  im  12.  Jahrhundert.  Leipzig,  Boehme,  1881. 
vni-180  p. 

386.  f^OEL  (Octave).  Étude  historique  sur  Torganisation  financière  de 
la  France.  Paris,  Charpentier.  In-18,  xi-504  p.,  2  cartes.  (Bibliothèque 
Charpentier.)  3  fr.  50  c. 

387.  Oesterley  (Hermann).  Historisch-geographisches  Woerterbuch 
des  deutschen  Mittelalters.  Lief.  1,  2.  A-Engabrunn.  Gotha,  Justus 
Perthes,  1881.  160  p.  4  m.  80  pf.  (L'ouvrage  paraîtra  en  12  livraisons 
environ,  à  2  m.  40  pf.,  et  sera  terminé  en  1882.) 

388.  Oliver  (Bienvenido).  Historia  del  derecho  enCataluna,  Mallorca 
y  Valencia.  Côdigo  de  las  costumbres  de  Tortosa.  Tomo  IV  (y  ûltimo). 
Madrid,  Murillo,  1881.  xxiv-574  p.  60  r. 

389.  Pace  (la)  del  26  agosto  1157  tra  i  Monseliciani  e  i  Pernumiani. 
Lettera  di  Andréa  Gloria,  con  documento  inedito.  Padova,  t^rosperini. 
23  p.  (Per  nozze  Dolfin-Rocchetti.) 

390.  Paris  (Gaston).  Inventaire  des  manuscrits  en  langue  française 
possédés  parFrancesco  Gonzagal®',  capitaine  de  Mantoue,  mort  en  1407. 
Nogent-le-Rotrou,  impr.  Daupeley-Gouverneur.  18  p.  (Extrait  de  la 
Romania,  t.  IX.) 

391.  Peinligh  (Richard).  Chronistische  Uebersicht  der  merkwurdigsten 
Naturereignisse,  Landplagen  und  Gulturmomente  der  Steiermark  vom 
Jahre  1000  bis  1850.  Graz,  Leykam-Josefsthal,  1880.  1  tableau  in-fol. 
piano.  1  fl. 

392.  Pentateuchi  Versio  Latina  antiquissima  e  codice  Lugdunensi. 
Version  latine  du  Pentateuque  antérieure  à  saint  Jérôme,  publiée  d'après 
lé  ms.  de  Lyon,  avec  des  fac-similés,  des  observations  paléographiques, 
philologiques  et  littéraires  sur  l'origine  et  la  valeur  de  ce  texte,  par 
Ulysse  Robert.  Paris,  Didot,  1881.  In-4,  cxliv-341  p. 

393.  Piqeotte  (Léon).  Les  Anciens  Seigneurs  de  Beaufort,  aujourd'hui 
Montmorency  (Aube).  Troyes,  impr.  Dufour-Bouquot.  32  p.  (Extrait  de 
V Annuaire  de  l'Aube,  1881.) 

394.  Piper  (Paul).  Die  Verbreitung  der  deutschen  Dialekte  bis  um 


234 

datf  Jahr  1300.  Auf  Grund  der  alten  Sprachdenkmaeler  bearbeitet 
uad  kartographisch  dargestellt.  Mit  einer  Karte  im  Maasstabe  von 
1  :  4,700,000.  Zweite  Auflage.  Lahr,  Schaaenburg,  1881.  8  p.,  1  carte. 
(Extrait  de  la  Zeiischrift  pUr  unssenschaftliche  Géographie  de  Kettler,  I,  4.) 
HOpf. 

395.  Pootae  Latini  aevi  Garolini.  Recensuit  Ernestus  Duemmler. 
Tomi  I  pars  prior.  Berolini,  Weidinann,  1880.  In-4,  392  p.  (Monumenta 
Oermaniae  historica.)  10  m. 

396.  PossE  (Otto).  Die  Markgrafen  von  Meissen  und  das Haus  WeUin 
bis  zu  Konrad  dem  Grossen.  Mit  4  Stammtafeln  und  8  Karten.  Leipzig, 
Giesecke  und  Devrient,  1881.  xv-464  p.  9  m. 

397.  PouGHET  (J.).  Excursion  au  pic  Saint-Loup  et  aux  ruines  du 
château  de  Montferrand.  Avec  une  photographie  et  un  croquis  de 
Montferrand  et  une  coupe  de  la  région  de  Saint-Loup.  Montpellier,  impr. 
Boehm.  39  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  languedocienne  de 
géographie,  décembre  1880.) 

398.  Prosaroman  (Der)  von  Joseph  von  Arimathia.  Mit  einer  Einlei- 
tung  ueber  die  handschriftiiche  Ueberlieferung  herausgegeben  von 
Georg  Weidner.  Oppeln,  Eugen  Franck,  1881.  lxv-148  p. 

399.  Prost  (Aug.).  Étude  sur  le  régime  ancien  de  la  propriété.  La 
vesture  et  la  prise  de  ban  à  Metz.  Paris,  Larose.  253  p.  (Extrait  de  la 
Nouvelle  Revue  historique  de  droit  français  et  étranger,  1880.) 

400.  Prudhomme  (A.).  Notice  historique  sur  la  ville  de  Bourgoin. 
Vienne,  Savigné,  1881.  35  p.,  1  pi.  (Extrait  de  la  Revue  du  Dauphinê  et 
du  Vivarais,  1880.) 

401 .  PuECH  (le  docteur  Albert).  Les  Pharmaciens  d'autrefois  à  Nîmes, 
étude  historique  d'après  les  documents  inédits.  Paris,  Savy.  180  p. 
(Extrait  des  Mémoires  de  V Académie  de  Nimss,  1879.)  4  fr. 

402.  Raverat  (le  baron).  Notre  vieux  Lyon.  Promenades  historiques 
et  artistiques  dans  les  quartiers  de  la  rive  droite  de  la  Saône.  Lyon, 
impr.  Meton.  243  p.  5  fr. 

403.  Reoet  (L.).  Dictionnaire  topographique  du  département  de  la 
Vienne,  comprenant  les  noms  de  Lieu  anciens  et  modernes,  rédigé  sous 
les  auspices  de  la  Société  des  antiquaires  de  l'Ouest.  Paris,  imprimerie 
nationale.  In-4  à  2  col.,  xxxvi-530  p.  (Dictionnaire  topographique  de  la 
France.) 

404.  Renard  (Ath.).  La  Patrie  de  Jeanne  d'Arc.  Langres,  Dangien. 
In-12,  15  p. 

405.  Revillout  (Gh.).  Un  Voyatgeur  dauphinois  resté  inconnu,  Antoine 


235 

de  Brunel,  seigneur  de  Saint-Maurice-en  Trievès  (1622-1696).  Grenoble, 
impr.  Dupont,  1880.  38  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  VAcadémie  delphinale, 
3«  série,  t.  XV.) 

406.  Richard  (rabbé).  Notice  sur  le  château  de  Ghauvillers.  Besan- 
çon, impr.  Dodivers.  8  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  l'Académie  de  Besançon, 
16  décembre  1879.) 

407.  Richard  (Alfred).  Étude  critique  sur  les  origines  du  monastère 
de  Saint-Maixent.  En  quel  lieu  il  a  été  édifié.  Son  premier  nom.  Saint- 
Maixent,  impr.  Reversé.  47  p. 

408.  Richard  (Jules-Marie).  Une  Conversion  de  rente  à  Arras  en  1392. 
Nogent-le-Rotrou,  impr.  Daupeley-Gouverneur,  19  p.  (Extrait  de  la 
Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  t.  XLI.) 

409.  RiouLT  DE  Neuville  (le  vicomte  L.).  Les  Barons  d^Orbec.  Gaen, 
Le  Blanc-Hardel.  In-4,  60  p.  (Extrait  du  30*  volume  des  Mémoires  de  la 
Société  des  antiquaires  de  Normandie,) 

410.  RoBiLLARD  DE  Beaurepaire  (Gh.  oe).  Livontaire-sommalre  des 
archives  de  la  ville  de  Rouen  antérieures  à  1790.  Série  A  (1'®  série). 
Délibérations.  Rouen,  impr.  Lecerf.  Gr.  in-4  à  2  col.,  p.  81-240. 

411.  Rolle  (Fortuné).  Liventaire-sommaire  des  archives  hospitalières 
antérieures  à  1790.  Ville  de  Lyon  :  la  Gharité,  ou  Aumône  générale. 
T.  IV,  sériesEàH.  Lyon,  Brun.  Gr.  in-4  à  2  col.,  566  p. 

412.  Roman  (Joseph).  Jetons  du  Dauphiné.  Grenoble,  impr.  Dupont, 
1880.  46  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  VAcadémie  delphinale,  3«  série, 
t.  XV.) 

413.  Roman  (Joseph).  Recherches  sur  l'emplacement  de  la  civitas  et 
de  révêché  Bigomagensium  (province  ecclésiastique  d'Embrun).  Grenoble, 
impr.  Allier.  55  p. 

414.  Rothenberg  (Ismar).  De  suffixarum  mutationein  lingua  Franco- 
gallica.  Dissertatio  inauguralis.  Berolini,  1880.  92  p. 

415.  Rotuli  scaccarii  regum  Scotorum.  The  Exchequer  Rolls  of  Scot- 
land  edited  by  George  Burnet.  Vol.  IV.  A.  D.  1406-1436.  Edinburgh, 
H.  M.  gênerai  register  house,  1880.  gcxiv-783  p.  (Séries  of  chronicles 
and  memorials  published  by  authority  of  the  lords  commissioners  of 
H.  M.  treasury  under  the  direction  of  the  deputy  clerk-register  of 
Scotland.) 

416.  Sagher  (Frédéric).  Bibliographie  de  la  Bretagne,  catalogue  géné- 
ral des  ouvrages  historiques,  littéraires  et  scientifiques  parus  sur  la 
Bretagne,  avec  la  liste  des  revues  publiées  en  cette  province,  les  prix 
approximatifs  des  volumes  rares,  etc.  Rennes,  Plihon.  vi-236  p. 


236 

417.  Sassi  (Daniele).  L'Istnizione  pubblica  in  Torino  dal  1300  al  1S80. 
Torino,  V.  Bona.  97  p. 

418.  Sautereau  (P.-B.).  Notice  historique  sur  Sombernon.  Giteaux, 
libr.  Saint-Joseph.  216  p. 

419.  ScHiEFFER  (Enrico).  Giovanni  Mirallieti  e  Ludovico  Brea,  pittori 
celebri  nizzardi  del  xv»  secolo,  descritti.  Nizza,  tip.  Yiterbe.  In-i8, 
32  p. 

420.  Sghanz  (Georg).  Englische  Handelspolitik  gegenEnde  des  Mittel- 
alters  mit  besonderer  Berûcksichtigung  des  Zeitalters  der  beiden  ersten 
Tudors  Heinrich  Vil.  und  Heinrich  VIII.  Gekroente  Preisschrift. 
Leipzig,  Duncker  und  Humblot,  1881.  2  vol.,  î:ix-684,  xni-672  p.  32  m. 

421.  Sdralek  (Max).  Hinkmars  von  Rheims  kanonistisches  Gutachten 
ûber  die  Ehescheidung  des  Koenigs  Lothar  II.  Ein  Beitrag  zur  Kirchen-, 
Staats-  und  Rechts-Geschichte  des  ix.  Jahrhunderts.  Freiburg  im 
Breisgau,  Herder,  1881.  xi-199  p.  3  m. 

422.  Sébillot  (Paul).  Littérature  orale  de  la  Haute-Bretagne.  Tradi- 
tions, légendes,  chansons,  proverbes,  devinettes,  superstitions.  Paris, 
Maisonneuve.  In-12,  xn-409  p.  (Les  Littératures  populaires  de  toutes 
les  nations,  tome  I«'.) 

423.  Sélections  from  the  records  of  the  city  of  Oxford,  with  extracts 
from  other  documents  illustrating  the  municipal  history  :  Henry  VIII. 
to  Elizabeth,  1509-1583.  Edited,  by  authority  of  the  corporation  of 
the  city  of  Oxford,  by  W^illiam  H.  Turner,  under  the  direction  of 
Robert  S.  Hawkins.  Oxford  and  London,  Parker,  1880.  xl-478  p. 
L.  1,  1  s. 

424.  SiCKEL  (Th.).  Kaiserurkunden  in  Abbildungen  herausgegeben  von 
H.  V.  Sybel  und  Th.  Sickel.  Eine  Selbstanzeige.  Innsbruck,  Druck  der 
Wagner'schen  Universitaets-Buchdruckerei ,  1881.  23  p.  (Extrait  des 
Mittheilungen  des  Instituts  fur  oesterreichische  Geschichtsforschung,  II, 
p.  310-330.) 

425.  Singulières  (les)  Merveilles  du  vieux  Nancy.  Le  portail  des 
Sœurs  grises,  gravé  par  G.  Lapaix,  d'après  une  estampe  de  D.  GoUin, 
graveur  du  roi  de  Pologne,  extraite  des  Mémoires  de  l'Académie  de  la 
ville  neuve  de  Nancy.  Notice  par  Gh.  Gourbe.  Nancy,  impr.  Grépin- 
Leblond.  In-4,  23  p.  et  2  grav.  (Extrait  du  Journal  de  la  Société  d'ar-- 
chéologie  lorraine.) 

426.  Sir  Orfes,  ein  englisches  feenmaerchen  aus  dem  mittelalter  mit 
einleitung  und  anmerkungen  herausgegeben  von  D""  Oscar  Zielke. 
Breslau,  Koebner,  1880.  v-137  p.  4  m. 


237 

427.  SiRET  (Adolphe).  Dictionnaire  historique  et  raisonné  des  peintres 
de  toutes  les  écoles  depuis  Torigine  de  la  peinture  jusqu'à  nos  jours. 
Contenant  :  1°  un  abrégé  de  l'histoire  de  la  peinture  chez  tous  les 
peuples  ;  2®  la  biographie  des  peintres  par  ordre  alphabétique  avec  dési- 
gnation d'école;  3'  Tindication  de  leurs  tableaux  principaux  avec  dési- 
gnation des  lieux  où  ils  se  trouvent;  4*  la  caractéristique  du  style  et  de 
la  manière  des  peintres  ;  5«  le  prix  auquel  ont  été  vendus  les  tableaux 
dans  les  ventes  célèbres  des  trois  derniers  siècles,  y  compris  le  xix«; 
6*  huit  cents  monogrammes  environ  ;  7'  les  listes  chronologiques,  par 
école,  des  artistes  cités.  i'«  livr.,  A-GEN.  Louvain,  Peeters  ;  Bruxelles. 
192  p.  à  2  col.  7  fr.  50  c. 

428.  SoiRiBR  d'Evires  (de).  Notice  historique  sur  l'organisation  de  la 
justice  et  de  la  magistrature  en  Tarentaise  du  xii«  au  xix*  siècle.  Gham- 
béry,  impr.  Châtelain.  36  p.  et  planche. 

429.  Soyez  (E.).  Nicolas  Cornet,  grand  maître  du  collège  de  Navarre, 
esquisse  biographique.  Amiens,  Delattre-Lonoel,  1880.  In-4,  197  p.  et 
portrait. 

430.  Sposalizio  (lo)  di  Flos  con  Floris  :  novella  cavalleresca  inedita 
del  secolo  xv,  pubbl.  da  Zambrini  Francesco  per  nozze  Tessier-Bressa- 
nin.  Imola,  tip.  Galeati.  18  p. 

431.  Tableau  général  de  l'élection  de  Chaumont  et  Magny  en  1772, 
publié  par  Alfred  Potiquet.  Magny-en-Vexin,  Bourgeois.  61  p.  et  carte. 

432.  TAinzEY  de  Larroque  (Philippe).  De  la  correspondance  inédite 
de  dom  B.  de  Montfaucon.  Paris,  Champion,  Picard,  1879.  32  pages. 
(Extrait  de  la  Revue  de  Gascogne.) 

433.  TosELLi  (G.  B.).  Raccolta  di  vari  documenti  suUa  storia  di 
Nizza.  Nizza,  tip.  Gauthier.  In-18,  200  p. 

434.  Transactions  (the)  of  the  Royal  Irish  Academy.  Irish  manu- 
script  séries.  Volume  I.  Part  I.  On  the  calendar  of  Oegus.  By  Whitley 
Stokes.  Dublin,  the  Academy,  1880.  In-4,  41-cccLn  p. 

435.  Trois  (les)  Cartulaires  de  la  prévôté  ou  abbaye  de  Saint-Martin, 
à  Ypres.  Tome  I®**.  Bruges,  impr.  De  Zuttere-Van  Kersschaver.  In-4, 
424  p.  (Publication  de  la  Société  d'émulation  de  la  Flandre.) 

436.  Visite  de  Thomas  Platter  à  Nîmes  et  au  pont  du  Gard  (févr.  1596), 
précédée  d'une  lettre  de  M.  Jules  Bonnet  à  M.  Meynard-Auquier. 
Nîmes,  Peyrot-Tinel.  16  p.  (Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie  de 
Nîmes,  1878.) 

437.  Vitae  (Die)  sancti  Liudgeri.  Herausgegeben  von  D'  Wilhelm 
Diekamp.  Miinster,  Theissing,  1881.  Gxxii-330p.  (Die  Geschichtsquellen 


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^ 


CHRONIQUE  ET  MÉLAN&ES. 


Par  arrêté  du  2  mai  1881,  M.  Tardif,  professeur  de  droit  du  moyen 
âge  à  rÉcole  des  chartes,  est  autorisé  à  se  faire  suppléer,  pendant  le 
second  semestre  de  l'année  scolaire  1880-1881,  par  M.  Paul  VioUet, 
archiviste  paléographe. 

—  Le  25  mars,  notre  confrère  M.  Gaston  Paris  a  été  élu,  par 
TAcadémie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  membre  de  la  commission 
de  V Histoire  littéraire  de  la  France  et  membre  du  conseil  de  perfection- 
nement de  rÉcole  des  chartes,  en  remplacement  de  M.  Paulin  Paris. 

—  Par  arrêté  du  25  mars,  nos  confrères  MM.  Gerbaux  et  Omont  ont 
été  nommés  surnuméraires  à  la  Bibliothèque  nationale,  le  premier  au 
département  des  imprimés,  le  second  au  département  des  manuscrits. 

—  Par  arrêté  du  19  avril,  notre  confrère  M.  Élie  Berger  a  été  nommé 
archiviste  auxiliaire  à  la  section  législative  et  judiciaire  des  Archives 
nationales. 

—  Notre  confrère  M.  Didier-Neuville  a  été  nommé  commis  de  seconde 
classe  aux  archives  du  ministère  de  la  marine. 

—  A  l'occasion  de  la  réunion  des  délégués  des  sociétés  savantes  à  la 
Sorbonne,  notre  confrère  M.  Vetault,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Rennes, 
a  été  nommé  officier  d'académie. 

—  Notre  confrère  M.  Ernest  Meunier  du  Houssoy  a  été  nommé  second 
secrétaire  d'ambassade  à  la  Haye. 

SOCIÉTÉ  DES  ANCIENS  TEXTES  FRANÇAIS. 

ASSEMBLÉE     GÉNÉRALE     ANNUELLE     DU     27     DÉCEMBRE      1880. 

Discours  de  M,  de  Montaiglon,  président. 

Messieurs, 

Le  vieux  roi  de  Pologne,  prenant  un  soir  congé  d'une  jeune  dame  de 
sa  cour,  lui  dit,  en  la  quittant,  ce  très  joli  mot  :  Mon  chancelier  vous  dira 
le  reste,  A  la  fin  de  la  présidence  dont  vous  m'avez  honoré,  je  serais, 
dans  un  autre  sens,  et  sans  que  nous  ayons  le  moindre  chancelier,  dis- 
posé à  reprendre  le  mot  de  Stanislas. 

Votre  secrétaire  vous  parlera  des  volumes  qui  sont  prêts,  des  volumes 
qui  sont  en  train,  de  ceux  qui  se  préparent  ;  votre  trésorier  vous  pré- 
sentera nos   comptes  et  l'état  de  nos  finances,  plus  prospère  qu'en 


240 

d'autres  années.  La  dépense  inteUectuelle  et  la  recette  matérielle,  sans 
laquelle  la  première  est  impossible,  sont  les  deux  choses  intéressantes  et 
vitales  de  notre  séance  annuelle. 

Permettez-moi,  pour  avoir  quelque  chose  à  vous  dire,  de  vous  rappe- 
ler en  quelques  mots  très  rapides  —  comme  vous  connaissez  ces  matières, 
vous  êtes  de  ceux  à  qui  il  suffit  d'indiquer,  sans  insister  ni  appuyer  — 
ce  que  le  xvm<*  siècle  a  fait  dans  le  sens  de  nos  études  et  comment  nous 
sommes  ses  continuateurs.  Si  nous  faisons  mieux  que  lui,  c'est  qu'il 
nous  a  épargné  bien  des  tâtonnements  et  des  essais. 

En  dehors  de  la  grammaire  et  de  la  lexicographie,  en  dehors  des  do- 
cuments et  des  chroniques  utiles  à  l'histoire,  dont  on  a  commencé  à 
s'occuper  dès  le  xvi<»  siècle,  et  nous  restreignant  à  l'ancienne  poésie,  qui 
est,  sauf  exception,  ce  qui  préoccupe  la  Société  des  anciens  textes,  on 
n'a  commencé  qu'au  xviii<*  siècle  à  s'y  intéresser  si  peu  que  ce  soit. 
Jusque-là  le  sentiment  qui  règne  est  le  mépris  de  tout  ce  qui  n'est  pas 
tout  neuf.  C'est  là  ce  qui  avait  fait  qu'une  chanson  de  geste  en  cinq  ou 
six  mille  vers  arrivait  à  en  avoir  vingt-cinq  mille,  pour  se  changer  en 
un  roman  en  prose,  que  nous  imitons  plus  tard  quand  il  nous  a  été  pris 
par  ritalie  ou  par  l'Espagne.  L'imprimerie,  qui  commence  par  le  latin 
de  la  théologie  et  du  droit,  ne  touche,  quand  elle  arrive  au  français, 
qu'aux  derniers  contemporains  ;  et  quand,  au  xvi*  siècle,  Molinet  imprime 
le  roman  de  la  Rose,  et  quand  Marot  lui-même  réimprime  François 
Yillon,  c'est  en  les  corrigeant  au  goût  du  jour,  et  ils  ne  devaient  pas 
faire  autrement.  Dans  les  Recherches  de  la  France  d'Etienne  Pasquier, 
dans  le  Recueil  des  origines  de  la  langue  et  poésie  françaises  du  président 
Claude  Fauchet,  publié  en  1781  dans  les  Bibliothèques  françaises  de  La 
Croix  du  Maine  ou  d'Antoine  du  Yerdier,  et  plus  dans  celle  du  premier 
que  du  second,  il  y  a  un  commencement  d'étude  curieuse  et  intelligente 
du  passé,  mais  on  n'en  est  pas  encore  à  l'impression  des  textes. 

Pourtant,  aux  approches  du  xvu*  siècle,  en  1594,  Antoine  Loisel 
imprime  les  vers  d'Helinand  sur  la  mort.  Plus  tard,  en  1617,  André 
Duchesne  édite  les  œuvres  d'Alain  Chartier,  et  il  n'avait  pas  tort,  au 
point  de  vue  de  l'histoire  plus  que  de  la  poésie  ;  mais,  pendant  tout  le 
grand  siècle,  trois  hommes  de  l'âge  précédent  Vestent  seuls  en  lumière  : 
un  relativement  petit,  Clément  Marot,  à  qui  La  Fontaine,  Jean-Baptiste 
Rousseau  et  môme  Voltaire  doivent  quelque  chose,  et  deux  autres  abso- 
lument grands,  Montaigne,  qui  est  le  maître  de  Pascal,  Rabelais,  l'un 
des  maîtres  de  La  Fontaine  et  de  Molière.  Huet,  qui  lit  Rabelais  et 
l'annote  sur  les  marges  de  ses  exemplaires,  Chapelain,  Guy  Patin  lui- 
même,  qui  ne  prend  Rabelais  que  par  le  petit  côté,  sont  les  vrais  lec- 
teurs de  ces  vieux  auteurs  démodés,  pendant  que  les  Elzévirs  en  font, 
sur  beau  papier  français  et  avec  des  caractères  exquis,  d'ailleurs  imités 
des  impressions  lyonnaises  des  De  Tournes,  les  plus  mauvaises  éditions 
possibles. 


244 

A  la  fin  du  siècle,  en  1692,  Fontenelle  fait  un  recueil  des  plus  belles 
pièces  des  poètes  français  depuis  Villon,  où  il  n'y  a  qu'une  petite  partie 
du  premier  volume  qui  soit  réellement  ancienne,  mais  qui  a  suscité  des 
imitations,  dont  la  meilleure  est  certainement  le  recueil  des  Annales 
poétiques  publié  de  1778  à  1788.  Il  faut  tenir  en  plus  haute  estime,  parce 
qu'elle  est  bien  plus  ancienne,  la  collection  des  anciens  poètes  français, 
publiée  en  huit  volumes,  à  Paris,  par  Goustelier,  dans  les  deux  années 
1723  et  1724,  et  composée  de  la  Farce  de  Pathelin,  le  chef-d'œuvre  sans 
conteste  de  notre  ancien  théâtre  comique  ;  de  "Villon,  le  premier  de  nos 
grands  poètes;  de  Crétin,  qui  est  une  curiosité;  de  Goquillart,  qui 
est  un  homme  d'esprit  ;  de  Martial  d'Auvergne,  qui  l'est  presque  au 
même  degré  ;  de  la  Chronique  de  Faifeu,  qui  avait  pour  elle  de  n'être 
connue  que  par  un  seul  exemplaire,  et  nous  n'en  connaissons  qu'un  de 
plus  aujourd'hui  ;  enfin,  de  Jean  Marot,  parce  qu'il  était  le  père  de  Clé- 
ment. Ce  fut  pour  la  régence  ce  qu'a  été  bien  plus  tard  la  Bibliothèque 
elzévirienne,  ce  qu'est  aujourd'hui  la  Société  des  anciens  textes  français. 
La  Monnoye  n'a  pas  imprimé,  et  ce  ne  doit  pas  être  sa  faute,  tout  ce 
qu'il  a  étudié  et  préparé.  C'est  notre  contemporain,  M.  Jannet,  qui  a 
imprimé  son  édition  de  "Villon;  c'est  un  de  nos  confrères  les  plus 
regrettés  qui  a  imprimé,  en  1873,  son  édition  de  Mellin  de  Saint- 
Gelais. 

A  côté  de  La  Monnoye,  dont  les  notes  sont  le  meilleur  de  la  réim- 
pression de  La  Croix  du  Maine  et  de  Pu  Verdier,  il  y  a  Gueulette,  qui 
a  réimprimé,  en  1734,  le  Jehan  de  Saintré  d'Antoine  de  la  Sale  ;  en 
1735,  V Histoire  de  Gérard,  comte  de  Nevers,  et  d^Euryant  de  Savoie;  il  y  a 
aussi  Lenglet  du  Fresnoy.  Il  a  fait,  en  1731,  non  pas  en  France,  nous 
devons  en  convenir,  mais  à  la  Haye,  une  grande  édition  en  quatre 
volumes  in-4*  de  Marot;  en  1735,  une  édition  du  roman  de  la  Rose.  La 
réimpression  normande  des  Plaisants  Traits  de  vérité  est  de  1732  ;  les 
poésies  de  Thibaut  de  Champagne  paraissaient  en  1742,  VOrdene  de  che^ 
Valérie  en  1759,  le  Castoiement  en  1760.  Barbazan  et  plus  tard  Le  Grand 
d'Aussy  nous  révélaient  les  fabliaux,  pendant  que  l'abbé  Goujet  analy- 
sait les  anciens  poètes  du  xv*  et  du  xvi®  siècle,  que  M.  de  Paulmy  lisait 
et  faisait  lire  les  vieux  livres  de  son  admirable  bibliothèque,  que  le  duc 
de  La  Vallière  s'occupait  de  nos  mystères  et  faisait  publier  la  Bibliothèque 
du  théâtre  françois,  que  Sainte-Palaye  travaillait  à  un  Dictionnaire  dont 
la  publication,  à  son  heure,  eût  été  bien  précieuse. 

Au  xix«  siècle,  c'est  à  Grenoble,  en  1803,  que  s'impriment  pour  la 
première  fois  les  œuvres  de  Charles  d'Orléans;  Méon,  qui  suivait 
l'exemple  de  Lenglet  du  Fresnoy  et  de  Barbazan,  réimprime  le  roman 
de  la  Rose,  les  fabliaux,  et  a  l'honneur  d'éditer  le  premier  le  roman  de 
Renart  j  mais,  à  part  la  continuation  de  V Histoire  littéraire,  qui  n'attei- 
gnait pas  le  grand  public  (savez-vous  si  elle  l'atteint  beaucoup  plus 
aujourd'hui?),  il  faut  arriver  aux  travaux  de  Raynouard  et  de  Fauriel, 

46 


244 

i^es  éditions  et  ses  réimpressions.  Je  ne  peux  vous  en  présenter  qu'une 
énumération  rapide  et  nécessairement  incomplète.  Chaque  nom  et 
chaque  titre  demanderaient  un  développement  que  vous  vous  chargerez 
de  faire  vous-mêmes.  N'a-t-il  pas  imprimé  Mellin  de  Saint-Gelais  avec 
les  notes  de  La  Monnoye,  la  Lyonnaise  Louise  Labbé,  qui  a  écrit  un  des 
plus  beaux  sonnets  de  notre  langue,  les  Rondeaux  et  Vers  d'amour  de 
Jean  Marion,  les  Vers  de  Marie  de  Romieu,  les  Élégies  de  Jean  Doublet, 
un  volume  de  Poésies  inédites  de  Ronsard  et  ensuite  toutes  ses  œuvres 
dans  la  Bibliottièque  elzévirienne,  les  poésies  de  Tahureau  et  de  Guy  de 
Tours,  les  Bergeries  de  Vauquelin  de  la  Fresnaye,  le  Plaisir  des  champs 
de  Claude  Gauchet,  qui  est  souvent  un  bien  charmant  poète,  les  odes  de 
Malherbe  et,  à  côté,  ce  que  le  législateur  du  Parnasse  eût  trouvé  au- 
dessous  des  halles,  la  Fricassée  crotestyllonnée,  monologue  dramatique 
normand  fait  avec  des  bribes  de  chansons,  de  devinettes  et  de  proverbes, 
puis  François  Maynard,  les  épigrammes  inédites  de  GomÉauld,  et  une 
trilogie  de  satiriques  de  la  première  moitié  du  xvii«  siècle,  bien  curieux 
pour  la  physionomie  de  leur  temps,  Angot,  sieur  de  l'Ësperonniere, 
Courval-Sonnet  et  Du  Lorens  ? 

Voilà  tout  un  ensemble  qui  est  Tœuvre  d'un  bibliophile  érudit. 
M.  Blanchemain  a  travaillé  jusqu'à  la  dernière  heure.  Le  hasard  m'a 
fait,  avant  sa  mort,  et  comme  je  demandais  de  ses  nouvelles,  lire  une 
de  ses  dernières  lettres,  peut-être  la  dernière,  écrite,  d'une  main  lente 
et  pénible,  à  l'éditeur  qui  imprimait  ce  qui  déjà  ne  pouvait  plus  être 
qu'une  publication  posthume.  J'ai  oublié  les  termes,  mais  je  suis  sûr 
du  sentiment,  qui  était  exprimé  brièvement  avec  le  plus  grand  calme 
et  la  plus*  parfaite  simplicité  :  «  C'est  certainement  la  dernière  fois  que 
je  puis  corriger  une  épreuve;  mon  ami,  —  M.  Fertiault,  si  ma  mémoire 
me  sert  bien,  —  se  chargera  de  voir  pour  moi  les  autres  épreuves.  • 

Voilà  ce  qui  est  mourir,  non  pas  à  la  peine,  mais  sur  la  brèche,  et 
ce  que  nous  devons  tous  nous  proposer  pour  exemple.  Quoi  que  nous 
fassions,  il  faut  faire  comme  lui,  aimer  ce  qu'on  aime,  —  et  travailler. 

Rapport  sur  les  travaux  de  la  Société  des  anciens  textes  français  en  1879, 

par  M.  Paul  Meyer,  secrétaire. 

Messieurs, 
Lors  de  notre  dernière  assemblée  générale,  le  18  juin  de  l'an  passé, 
un  volume  restait  dû  aux  membres  de  la  Société  pour  l'exercice  de  1878. 
Pour  celui  de  1879,  un  seul  volume  avait  été  publié.  Cette  année,  à 
pareille  date,  l'exercice  de  1878  était  enfin  complet,  mais  diverses  cir- 
constances, et  notamment  l'état  de  santé  de  l'éditeur  d'Eustache  Des- 
champs, M.  le  marquis  de  Queux  de  Saint-Hilaire,  avaient  apporté  au 
progrès  de  nos  publications  un  retard  en  raison  duquel  l'exercice  de  1879 
demeurait  représenté  par  un  unique  ouvrage,  le  tome  I  de  la  Chronique 
du  Mont  Saint'Michel,  éditée  par  M.  S.  Luce.  En  cet  état  de  choses,  il 


245 

n'était  pas  possible  de  tenir  notre  assemblée  annuelle  à  l'époque  accou- 
tumée. La  matière  eût  fait  défaut  à  votre  secrétaire,  et,  les  comptes  de 
1879  étant  en  suspens,  votre  trésorier  n'aurait  pu  vous  en  présenter  le 
résumé.  Le  conseil  de  la  Société  a  donc  décidé  que  la  séance  générale 
serait  reportée  pour  cette  fois  à  la  fin  de  Tannée.  Nous  espérions  qu'à 
ce  moment,  non-seulement  l'exercice  de  1879,  mais  encore  celui  de  1880 
seraient  clos.  Cette  espérance,  comme  vous  allez  le  voir,  ne  s'est  pas 
réalisée.  L'exercice  de  1879  est  complet,  bien  que  le  dernier  des  volumes  ' 
qui  en  font  partie  ne  soit  pas  encore  entre  nos  mains,  mais  il  s'écoulera 
plusieurs  semaines  avant  que  nous  nous  soyons  acquittés  complètement 
envers  nos  souscripteurs  de  Tannée  courante.  Il  y  a  là,  de  notre  part, 
un  retard  auquel  nous  faisons  tous  nos  efforts  pour  porter  remède,  et 
qui  n'a  pas  d'autre  cause  que  la  difficulté  de  trouver  des  éditeurs  ayant 
tout  à  la  fois  la  compétence  et  les  loisirs  nécessaires  pour  mener  à  bonne 
fin  des  éditions  telles  que  nous  les  entendons,  c'est-à-dire  exécutées 
avec  la  méttiode  et  le  soin  minutieux  qu'exige  le  progrès  des  études 
romanes,  et  accompagnées  de  tous  les  secours  qui  peuvent  faciliter  l'in- 
telligence d'un  vieux  texte.  Mais  le  progrès  même  de  ces  études,  en 
même  temps  qu'il  rend  la  tâche  plus  difficile,  est  la  preuve  que  le 
nombre  de  ceux  qui  les  poursuivent  va  croissant,  et  par  suite  nous 
pouvons  légitimement  espérer  voir  s'agrandir  le  cercle  encore  bien  res- 
treint des  personnes  à  qui  votre  conseil  peut  avec  sécurité  confier  le 
soin  de  nos  publications.  Vous  allez  voir  d'ailleurs,  messieurs,  que, 
depuis  Tan  dernier,  nous  sommes  loin  d'être  restés  inactifs. 

Commençons  par  le  premier  en  date  des  ouvrages  dont  j'ai  à  vous 
entretenir.  Cet  ouvrage,  c'est  le  Saint  Voyage  de  Jérusalem  du  seigneur 
d'Anglure,  édité  par  MM.  Bonnardot  et  Longnon,  et  annoncé  dès  mon 
rapport  de  1876.  C'est  un  de  ces  récits  qui,  intéressant  à  la  fois  l'histoire 
et  les  lettres,  peuvent  plaire  à  de  nombreux  lecteurs.  La  circonstance 
qu'il  appartient  à  une  époque  peu  reculée  du  moyen  âge  ne  le  rend  pas 
moins  digne  d'attention,  si  on  considère  que  l'étude  de  nos  vieux 
auteurs,  poussée  depuis  quelques  années  avec  tant  d'ardeur  en  France, 
en  Allemagne  et  en  Italie,  s'est  principalement  portée  vers  la  période  la 
plus  ancienne  de  notre  littérature,  de  sorte  qu'il  reste  probablement  plus 
de  découvertes  à  faire  pour  le  xiv«  siècle  et  le  xv®  que  pour  les  temps 
antérieurs.  La  notice  sur  Ogier  Vin,  seigneur  d'Anglure,  que  M.  Lon- 
gnon a  rédigée  pour  cette  édition  est  une  étude  biographique  complète, 
telle  que  nous  ne  prétendons  pas  en  donner  dans  toutes  nos  publica- 
tions, mais  que  nous  nous  gardons  bien  de  repousser  lorsqu'on  nous 
l'offre. 

,  Pour  Tannée  1879,  nous  avons  distribué  le  t.  IV  des  Miracles  de  Notre 
Dame,  Commencée  en  1876,  cette  importante  publication  s'achemine 
vers  son  achèvement  avec  une  parfaite  régularité.  Nous  avons  pu  en 
donner  un  volume  chaque  année.  Trois  autres  tomes,  dont  l'un  est  sous 


246 

presse,  épuiseront  le  contenu  des  deux  précieux  in-folio  qui  nous  ont 
conservé  cette  collection  unique  de  mystères,  oil  nous  devons  chercher 
à  peu  près  tout  ce  qui  nous  reste  du  théâtre  français  à  la  fin  du 
xrv^»  siècle.  Nous  nous  hâtons  d'en  terminer  l'impression,  désireux  de 
commencer  le  plus  tôt  possible  deux  autres  collections  également  rela- 
tives à  notre  ancien  théâtre  :  le  recueil  des  sotties,  farces  et  moralités, 
depuis  longtemps  annoncé,  et  un  recueil  de  mystères  provençaux,  pour 
lequel  des  circonstances  particulières  ont  mis  à  notre  disposition  des 
éléments  absolument  nouveaux.  Il  nous  parait  difficile  de  conduire 
simultanément  deux  ou  trois  publications  de  cette  étendue,  qui  absorbe- 
raient à  elles  seules  nos  ressources  de  chaque  année  et  nous  mettraient 
dans  Timpossibilité  de  publier  les  textes  complets  en  un  volume  dont 
plusieurs  attendent  leur  tour  depuis  longtemps  déjà. 

Le  Mystère  du  Vieux  Testament,  dont  M.  J.  de  Rothschild  a  voulu  faire 
à  ses  frais  la  coûteuse  et  difficile  édition,  se  poursuit  avec  non  moins  de 
régularité.  Le  tome  II,  qui  vous  a  été  distribué  cette  année  même,  ne 
le  cède  pas  en  intérêt  au  tome  précédent.  Grâce  au  caractère  singulier 
de  cet  ouvrage,  qui  est  l'assemblage  d'oeuvres  originairement  indépen- 
dantes, il  est  possible  de  couper  la  publication  en  morceaux  dont  cha- 
cun, comprenant  un  petit  nombre  de  mystères,  est  proportionné  à 
rétendue  d'un  de  nos  volumes.  Chacun  de  ces  morceaux,  pouvant  être 
étudié  séparément,  a  sa  notice  en  tête  du  volume,  disposition  qui,  là  où 
elle  peut  être  observée,  est  assurément  plus  agréable  au  lecteur  que  celle 
qui  consiste  à  rejeter  toute  l'introduction  à  la  fin  de  la  publication.  La 
notice  qui  précède  le  t.  II  étudie,  avec  une  érudition  et  une  critique  qui 
n'ont  plus  à  être  louées  ici,  les  mystères  qui  continuent  l'histoire 
sacrée  depuis  le  sacrifice  d'Abraham  jusqu'au  séjour  des  Israélites  en 
Egypte.  Le  troisième  volume,  dont  l'impression  est  fort  avancée,  con- 
duira le  récit  jusqu'à  Sanson  exclusivement.  Six  volumes  en  tout  seront 
nécessaires  pour  l'accomplissement  de  ce  grand  travail,  après  lequel 
notre  généreux  trésorier  nous  fait  espérer  la  publication  d'autres  ou- 
vrages du  même  temps  et  du  même  genre. 

Il  vous  est  dû  encore  un  volume  pour  l'année  1879.  Ce  volume,  la 
chanson  d'Élie  de  Saint-Gilles,  est  tiré  depuis  quelques  jours.  Le  surcroît 
de  besogne  que  l'approche  du  premier  de  l'an  impose  aux  relieurs  ne 
nous  a  pas  permis  d'obtenir  qu'il  fût  cartonné  à  temps  pour  être  distri- 
bué avant  la  séance.  Il  sera  entre  vos  mains  le  mois  prochain.  L'ayant 
annoncé  l'an  dernier,  je  n'ai  pas  à  vous  en  entretenir  cette  année.  Grâce 
aux  soins  apportés  tant  par  l'éditeur,  M.  G.  Raynaud,  le  dévoué  secrétaire 
adjoint  de  la  Société,  que  par  le  commissaire  responsable,  M.  G.  Paris, 
nous  avons  lieu  d'espérer  que  le  texte,  l'introduction  et  le  glossaire 
donneront  toute  satisfaction  aux  philologues  ;  d'autre  part,  la  collaboration 
de  M.  le  professeur  Koelbing  nous  permet  de  joindre  au  texte  français 
à!Élie  de  Saint-Gilles,  tel  que  le  fournit  un  manuscrit  unique  provenant 


247 

de  la  bibliothèque  La  Yallière,  la  traduction  d'une  vieille  saga  islan- 
daise qui  elle-même  traduit  un  texte  fort  semblable  à  celui  de  notre 
édition,  plus  correct  cependant  sur  certains  points.  Nous  avions  pensé 
joindre  à  Tédition  du  texte  français  une  édition  du  texte  islandais,  et 
M.  Koelbing  nous  avait  mis  en  état  de  réaliser  pleinement  l'intention 
exprimée  à  cet  égard  dans  le  rapport  de  l'an  dernier.  Mais  nous  n'avons 
pas  tardé  à  reconnaître  que,  sahs  parler  des  difficultés  matérielles  que 
soulèverait  l'impression  d'un  texte  islandais  dans  une  imprimerie  fran- 
çaise, mal  outillée  pour  un  travail  de  ce  genre,  notre  volume  aurait 
atteint  des  proportions  tout  à  fait  imprévues.  D'ailleurs  notre  Société 
ayant  pour  objet  la  mise  au  jour  des  monuments  de  notre  ancienne 
littérature,  l'édition  d'un  texte  islandais  n'avait  pour  nous  qu'une  valeur 
accessoire.  M.  Koelbing,  satisfaisant  à  notre  désir,  voulut  bien  réduire 
sa  collaboration  à  l'exécution  d'une  traduction  de  la  saga,  et  on  recon- 
naîtra que  si  cette  traduction  suffit,  elle  est  du  moins  un  appendice 
nécessaire  à  l'édition  du  texte  français. 

Si  nous  devons  regretter  de  n'avoir  pu  vous  fournir  encore  aucun  des 
volumes  afférents  à  l'exercice  de  1880,  je  dois  m'empresser  d'ajouter  que 
votre  attente  ne  sera  pas  de  longue  durée.  Les  trois  volumes  attribués  à 
cet  exercice  sont  à  peu  près  terminés  et  vous  seront  distribués  très  peu 
après  VÉlie  de  Saint-Gilles;  ce  sont  d'abord  le  t.  II  des  œuvres  d'Eustache 
Deschamps,  puis  la  Vie  de  saint  Gilles^  et  enfin  le  roman  provençal  de 
Daurel  et  de  Béton. 

Le  t.  II  d'Eustache  Deschamps,  qui  est  sous  presse  depuis  1878,  n'a 
pas  été  retardé  par  un  autre  motif  que  celui  qui  a  été  indiqué  au  début 
de  ce  rapport,  la  maladie  qui  a  obligé  pendant  plusieurs  mois  notre  actif 
et  dévoué  administrateur  d'interrompre  la  publication  à  laquelle,  depuis 
plusieurs  années,  il  consacre  ses  soins.  Toutefois,  l'impression  du  volume 
est  à  la  veille  de  s'achever.  Vous  y  trouverez  le  fac-similé  d'une  gra- 
cieuse miniature  oii  on  a  tout  lieu  de  reconnaître  le  portrait  du  poète 
lui-même;  vous  y  lirez  une  curieuse  notice,  due  à  notre  savant  confrère 
M.  S.  Luce,  sur  le  scribe  qui  a  exécuté  le  principal  manuscrit  de  Des- 
champs. Dans  peu  de  semaines,  il  vous  sera  distribué.  M.  G.  Paris,  qui 
consacre  à  notre  Société  ce  que  des  occupations  multiples  et  absorbantes 
lui  laissent  de  ioi^rs,  a  pu,  tout  en  poussant  activement  la  publication 
des  Miracles  de  Notre  Dame,  conduire  bien  près  de  sa  fin  l'édition  de  la 
Vie  de  saint  Gilles,  à  laquelle  il  a  travaillé  depuis  longtemps  avec  M.  le 
docteur  A.  Bos.  La  longue  introduction  qui  doit  précéder  ce  monument 
ancien,  et  jusqu'ici  inconnu,  de  notre  vieille  poésie,  est  en  grande  part 
imprimée.  Enfin,  pour  compléter  l'exercice  de  1880,  nous  publierons  un 
ouvrage  dont  la  valeur  dépasse  de  beaucoup  l'étendue,  et  qu'une  circons- 
tance singulièrement  heureuse  nous  a  permis  de  faire  entrer  dans  notre 
collection.  Il  y  a  quelques  années  notre  éminent  confrère  M.  A. -F.  Didot, 
dont  la  Société  regrette  la  perte,  acquit  un  manuscrit  exécuté  dans  le 


248 

midi  de  la  France,  qui,  tout  incomplet  qu'il  est,  —  une  ancienne  pagi- 
nation montre  qu'il  a  perdu  au  début  soixante-douze  feuillets,  —  contient 
encore  une  dizaine  d'ouvrages  à  peu  près  tous  inconnus  jusqu'à  ce  jour. 
M.  Alfred  Oidot,  qui  appartient  à  la  Société  à  double  titre,  conune 
membre  fondateur  et  comme  éditeur,  a  voulu  faire  profiter  la  Société 
du  trésor  littéraire  qui  lui  était  échu.  Il  a  mis  gracieusement  à  la  dispo- 
sition du  conseil  son  manuscrit,  avec  toute  liberté  pour  en  exécuter  la 
publication.  Le  conseil  a  bien  voulu  confier  ce  travail  à  votre  secrétaire. 
J'ai  copié  ou  fait  copier  le  ms.  tout  entier.  L'une  des  plus  importantes 
parmi  les  compositions  qu'il  renferme,  le  mystère  de  la  Passion,  rare  et 
curieux  spécimen  de  l'ancienne  littérature  dramatique  du  midi  de  la 
France,  a  été  réservé  pour  former  la  tôte  du  recueil  d'anciens  mystères 
provençaux  que  nous  mettrons  sous  presse  aussitôt  que  l'édition  des 
Miracles  de  Notre  Dame  sera  achevée.  Tout  le  reste  du  ms.  prendra  place 
dans  le  volume  qui  terminera  l'exercice  de  1880.  Le  morceau  principal 
de  ce  volume,  dont  l'impression  s'achève  en  ce  moment,  c'est  la  chanson 
de  geste  provençale  de  Daurel  et  de  Béton,  dont  l'existence  n'était  con- 
nue jusquà  ce  jour  que  par  une  allusion  obscure  faite  par  un  troubadour 
des  premières  années  du  xiii«  siècle.  Cette  chanson  de  geste  est  jusqu'à 
présent  le  seul  spécimen  incontestable  de  cette  épopée  provençale 
toujours  cherchée  et  toujours  fugitive.  Elle  sera  accompagnée  d'une 
analyse  très  développée  et  d'un  glossaire  aussi  complet  que  possible, 
afin  que  notre  édition  ne  soit  pas  un  livre  inutile  entre  les  mains  de 
ceux  même  des  membres  de  la  Société  qui  n'ont  pas  fait  du  provençal 
une  étude  spéciale.  Les  pièces  de  moindre  importance  que  renferme  le 
même  ms.  seront  publiées  dans  un  appendice.  Il  me  parait  inutile  d'in- 
sister sur  l'intérêt  d'une  publication  qui  sera,  dans  peu  de  semaines, 
entre  vos  mains.  Qu'il  me  soit  permis  cependant,  messieurs,  de  dire  en 
terminant  que,  à  considérer  simplement  la  valeur  de  nos  textes,  et  en 
gardant,  comme  il  convient,  le  silence  sur  notre  œuvre  personnelle, 
nous  pouvons  dire  que  si  nos  volumes  ne  sont  pas  toujours  prêts  à 
l'heure  dite,  ils  savent  du  moins  récompenser  l'attente. 

MONUMENTA  GERMANIAE. 

La  réunion  annuelle  des  directeurs  des  Monumenta  Germaniae  a  eu 
lieu  à  Berlin  du  21  au  23  avril  1881.  Nous  empruntons  au  rapport  publié 
à  cette  occasion  les  détails  suivants  sur  l'état  des  publications. 

Volumes  publiés  par  la  Société  pour  la  connaissance  de  l'ancienne 
histoire  d'Allemagne,  depuis  le  mois  d'avril  1880  :  —  1°  Auctorum  anti' 
quissimorum  tomi  IV  pars  i  :  Venanti  Honori  Clementiani  Fortunati 
opéra  poetica.  Recensait  et  emendavit  Fridericus  Léo.  —  2*  Scriptorum 
iomus  XXV.  —  3*  Einhardi  Vita  Karoli  Magni.  Editio  quarta.  Post 
G.  H.  Pertz  recensuit  G.  Waitz.  —  4o  Poetae  Latini  aevi  Carolini.  Recen- 


249 

suit  Ernestus  Dûmmler,  Tomi  I  pars  prior.  —  5'»  Neues  Archiv  der 
Gesellschaft  fur  aeltere  deutsche  Geschichtkunde,  Band  VI. 

Volume  publié  avec  Tappui  de  la  Société  et  en  partie  d'après  ses  ma- 
tériaux :  Acta  Imperii  inedita  seculi  XIII.  Urkunden  und  Briefe  zur  Ge- 
schichte  des  Kaiserreichs  und  des  Koenigreichs  Sicilien  in  den  Jahren  1198 
bis  1273.  Herausgegeben  von  Eduard  Winkelmann. 

Volumes  en  préparation  : 

Auctores  antiquissimi ,  Jordanis,  par  Mommsen,  sera  achevé  avant  la 
fin  de  Tannée.  Les  œuvres  en  prose  de  Fortunat  suivront  les  œuvres 
poétiques  ;  on  y  joindra  un  index  pour  le  tout.  Avitus,  par  Peiper,  et 
Symmaque,  par  Seeck,  sont  commencés  d'imprimer;  Ausone,  par 
Schenkl,  sera  bientôt  envoyé  à  l'impression.  M.  Liitjohann  a  collationné 
les  manuscrits  de  Sidoine  en  Angleterre,  M.  Vogel  ceux  d'Ennodius  à 
Rome. 

Scriptores.  On  espère  finir  cet  été  le  vol.  XIII,  interrompu  quelque 
temps  par  la  mort  du  docteur  Heller,  qui  y  publiait  VHistoria  Remensis 
de  Flodoard.  Ce  volume  se  terminera  avec  le  Chronicon  Altinate,  publié 
par  Simonsfeld.  Le  vol.  XIV  comprendra  les  Gesta  episcoporum  Caméra- 
censium  récemment  retrouvés,  Hermann  de  Tournai  et  diverses  chro- 
niques belges,  la  chronique  des  évoques  de  Magdebourg,  publiée  par 
Schum,  etc.  On  donnera  en  volumes  à  part,  de  plus  petit  format  :  les 
écrits  polémiques  des  xi"  et  xn"  siècles,  publiés  par  Thaner  et  Bernheim, 
les  Vies  des  papes,  et  plus  tard  les  historiens  de  la  domination  normande 
dans  ritalie  méridionale,  Amatus,  Gaufredus  Malaterra,  Falco  Beneven- 
tanus,  Hugo  Falcandus,  etc.  Pour  faire  suite  aux  chroniques  provinciales 
et  locales  allemandes  des  xii»  et  xni«  siècles,  contenues  dans  le  vol.  XXV, 
on  avait  pensé  d'abord  à  donner  une  collection  analogue  de  chroniques 
italiennes  de  cette  époque,  mais  ce  projet  ne  pourra  être  réalisé  avant 
longtemps;  on  s'occupe,  en  attendant, . de  former  un  recueil  d'extraits 
des  auteurs  français  et  anglais  concernant  l'histoire  de  l'Empire,  auquel 
travaillent  MM.  A.  Molinier,  Liebermann  et  Mau.  Le  vol.  XXVI,  par 
Holder-Egger,  est  en  grande  partie  imprimé  (jusqu'à  la  fin  du  xu®  siècle)  ; 
il  contiendra  une  grande  partie  de  la  chronique  d%  Philippe  Mousket, 
publiée  par  Tobler.  Les  auteurs  anglais,  par  Pauli  et  Liebermann, 
devront  être  ajournés  au  volume  suivant.  —  On  espère  pour  le  courant 
de  l'année  Grégoire  de  Tours,  par  Arndt,  qui  ouvrira  la  série  spéciale 
des  Scriptores  rerum  Merovingicarwn.  Cette  série  contiendra  aussi  Fré- 
dégaire  et  les  Gesta  regum  Francorum,  par  Krusch.  —  Pour  le  premier 
volume  des  Deutsche  Chroniken,  la  chronique  des  Empereurs,  commen- 
cée par  le  docteur  Roediger,  sera  continuée  par  le  docteur  Schroeder. 
Sont  encore  en  préparation  :  Enenkel,  par  Strauch  ;  Ottokar,  chronique 
rimée  de  Styrie,  par  Liechtenstein  ;  chronique  de  Limbourg,  par  Wyss. 

Leges.  On  espère  bientôt  la  loi  ripuaire,  par  Sohm  ;  la  loi  salique  est 
pour  le  moment  abandonnée.  On  a  commencé  l'impression  des  capitu- 


250 

laires,  publiés  par  Boretius,  et  on  va  commencer  celle  des  fonnules,  par 
Zeumer;  pour  ce  dernier  recueil,  M.  Schmitz,  de  Cologne,  a  corrigé  le 
texte  des  formules  de  Garpentier,  d'après  le  manuscrit  en  notes  tûro- 
niennes  de  Paris.  MM.  Maassen  et  Meyncke  continuent  de  tramller 
aux  conciles,  M.  FrensdorfT  aux  textes  de  droit  municipal. 

Diplomata.  Douze  feuilles  des  diplômes  d'Otton  !«',  par  Sickel,  Ublirz 
et  V.  Ottenthal,  sont  imprimées,  et  le  travail  se  continue  activement.  Oa 
a  retrouvé  dans  les  collections  de  la  Société  un  calque  complet,  par  feu 
Munch,  du  diplôme  suspect  d'Otton  I*'  pour  le  pape  Jean,  conservé  aux 
archives  du  Vatican.  —  En  dehors  de  ces  publications  fiiites  aux  frais 
de  la  Société,  le  directeur  de  la  section  des  Diplomata,  M.  Sickel,  a  en- 
trepris avec  M.  de  Sybel,  à  Berlin,  l'importante  publication  des  KaisÊT" 
urkunden  in  Âhhildungen;  et  les  matériaux  des  Monumenta  ont  été  mis 
à  la  disposition  de  M.  Ficker,  à  Innsbruck,  pour  la  nouvelle  édition  des 
Regesta  Imperii  de  Boehmer. 

Epistolae.  On  compte  terminer  cette  année  le  premier  volume  des 
lettres  des  papes  publiées  d'après  les  registres  du  Vatican  par  le  docteur 
Rodenberg  ;  celles  d'Honorius  lEI  sont  imprimées,  et  on  a  commencé 
celles  de  Grégoire  IX.  M.  Ëwald  s'occupe  du  registre  de  Grégoire  le 
Grand  et  de  la  nouvelle  édition  des  Regesta  pontificum  de  Jaffé. 

Antiquitates.  La  seconde  moitié  du  premier  volume  des  poètes  caro- 
lingiens, par  Diimmler,  est  imprimée,  sauf  les  index.  M.  Baumann 
travaille,  avec  d'autres,  à  la  collection  des  nécrologes. 

LES  PAPIERS  DE  BUCHON. 

L'appel  suivant  a  été  adressé  par  M.  le  comte  Riant  aux  lecteurs  du 
Philobiblion  : 

Lorsque  Buchon  mourut  en  1846,  il  laissait  une  quantité  considérable 
de  matériaux,  amassés  par  lui  dans  le  cours  de  ses  voyages  en  Italie  et 
en  Grèce,  et  le  manuscrit  des  tomes  II  et  suivants  de  son  Histoire  des 
conquêtes  des  Français  en  Grèce,  Les  livres  de  Buchon  furent  vendus  en 
vente  publique  :  mais  le  catalogue  de  cette  vente  ne  comprenait  que  des 
livres  courants  (à  Pexccption  d'un  exemplaire  annoté  par  lui  du  Frois- 
sart  de  Dacier).  Que  sont  devenus  les  papiers  ?  Ils  ont  été,  suivant  les 
héritiers  de  Buchon,  déposés  dans  l'étude  de  M«  Baudier,  notaire  à 
Paris  ;  mais  aujourd'hui  ils  ne  se  trouvent  aux  mains  ni  de  son  succes- 
seur, M.  Lavoignat,  ni  de  son  fils,  M.  le  marquis  de  Groizier.  Je  serais 
très  reconnaissant  des  indications  que  l'on  voudrait  bien  me  fournir  sur 
le  sort  de  cette  précieuse  collection. 

LE  GARTULAIRE  DE  QUIMPERLÉ. 

Le  cartulaire  de  Quimperlé  est  un  des  documents  dont  la  perte  excite 
le  plus  de  regrets  en  Bretagne.  Notre  confrère  M.  Maitre,  archiviste  de 


254 

la  Loire-Inférieure,  espère  pouvoir  le  trouver  en  Angleterre,  dans  la 
bibliothèque  de  lord  Beaumont,  et  en  rapporter  une  copie  en  France.  Ce 
qui  semble  justifier  cette  espérance,  c'est  que  le  cartulaire  appartenait, 
il  y  a  une  quarantaine  d'années,  à  M.  Thomas  Stapleton,  dont  les  livres 
et  les  papiers  paraissent  être  arrivés  entre  les  mains  de  lord  Beaumont. 

C'est  par  le  témoignage  de  Stapleton  lui-même  que  nous  savons  qu'il 
acheta  à  Paris  le  cartulaire  de  Quimperlé.  Au  milieu  des  matériaux  que 
M,  Auguste  Le  Prévost  me  remit  en  1852,  quand  il  voulut  bien  me 
charger  de  terminer  l'édition  d'Orderic  Vital,  se  trouvent  des  notes  et 
des  lettres  de  Stapleton  en  réponse  aux  questions  que  M.  Le  Prévost 
lui  avait  adressées  sur  dififérents  passages  de  cet  auteur.  L'une  des  notes 
de  Stapleton  se  rapporte  au  siège  de  Dol  par  Guillaume  le  Conquérant 
et  au  mariage  de  Constance  de  Normandie  avec  Alain  Fergant.  M.  Le 
Prévost  avait  d'abord  supposé  qu'il  y  avait  eu  deux  sièges  de  Dol, 
l'un  en  1076,  l'autre  en  1086. —  Stapleton  repousse  cette  hypothèse 
dans  une  petite  dissertation ,  qu'il  écrivit  en  1841 ,  et  qui  ne  se 
recommande  pas  seulement  par  les  citations  empruntées  au  cartulaire 
de  Quimperlé  : 

c  ...  Je  ne  crois  pas  à  vos  deux  sièges  de  Dol,  pour  lesquels 
il  faudrait  supposer  une  identité  de  circonstances  tout  à  fait  mer- 
veilleuse. Le  siège  de  Dol  est  un  événement  de  l'année  1076;  nous  en 
avons  la  preuve  dans  une  charte  du  roi  Philippe,  pour  le  monastère  de 
Montier-Neuf  à  Poitiers,  que  le  roi  signa  en  faisant  une  croix  de  sa 
propre  main,  faute  de  sceau,  t  propterea  quod  tune  cum  magna  festina- 
tione  Pictavim  ad  Gaufridum,  ducem  Aquitanorum,  venerat,  auxilium 
ab  eo  postulaturus  contra  Guillelmum,  regem  Anglorum,  comitem  Nor- 
mannorum,  qui  tune  contra  nos  in  Britanniam  quoddam  oppidum  obse- 
derat.  Acta  sunt  hœc  Pictavis,  idibus  octobris,  anno  ab  inc.  Domini 
MLXXVI,  regni  Philippi  régis  X Vil.  »  Dans  la  chronique  de  Saint- Aubin 
d'Angers,  on  lit,  à  l'année  1076  :  t  Obsidio  Dolensis  »,  et  dans  la  petite 
chronique  de  Renaud,  archidiacre  de  Saint-Maurice  d'Angers  :  «  Anno 
MLXXXVI,  in  mense  septembri,  cornes  Normannorum,  qui  et  rex 
Anglorum,  W^illeimus,  obsedit  in  Britanniis  castrum  quod  dicitur 
Dolum  ;  quod  cum  diu  obsedisset,  nihil  profecit,  sed  etiam,  machinis 
suis  succensis,  ab  eo  infructuose  descessit,  defendentibus  illud  fortibus 
Andegavorum  militibus^.  » 

t  Commencé  en  septembre,  le  siège  aura  duré  jusqu'au  15  octobre, 
suivant  la  charte  précitée,  qui  nous  autorise  à  lire  dans  la  chronique 
MLXXVI,  et  non  pas  MLXXXVI.  Robert  du  Mont,  sous  l'année  ML  XXV, 
ajoute  cet  article  à  la  chronique  de  Sigebert  :  a  Idem  rex  Willelmus, 
eodem  anno,  obsedit  Dol,  civitatem  Britanniae  ;  Britanni  vero  castellum 

i.  Voyez  l'édition  des  Chroniques  des  Églises  d'Anjou^  donnée  par  MM.  Mar- 
chegay  et  Mabille,  p.  12. 


252 

tenuerunt,  donec  rex  Francise  adveniens  liberavit  eosV  »  Que  le  roi  y 
soit  allé  en  personne,  c'est  ce  que  ne  permet  pas  de  révoquer  en  doute 
une  charte  de  Barthélemi,  abbé  de  Marmoutier  :  c  Et  factum  est  hoc  in 
anno,  et  in  ipsis  diebus,  quando  ibat  rex  Francise  Philippus  in  Britan- 
niam,  ad  pugnandum  contra  regem  Anglorum,  qui  ibi  obsidebat  Dolum 
castrum.  »  Robert  du  Mont  ajoute  :  «  Postea  rex  Francise  et  rex  Wil- 
lelmus  concordati  sunt.  f  Dans  les  chroniques  bretonnes,  ces  faits  sont 
racontés  sous  la  date  de  1076  :  «  Hoel  faciens  bella  apud  comitem  Gauf- 
fredum,  cognomento  Granonem,  apud  castrum  Doli,  comité  Guillermo 
Normannorum  sibi  auxiliante,  per  xl  dies  ingeniis  ac  aliis  machinatio- 
nibus  obsedit,  quod  minime  capere  potuit.  »  Les  titres  de  Saint-Florent 
attestent  la  réunion  de  ce  comte  Geoffroi,  le  bâtard  de  Rennes,  avec 
GeofFroi,  fils  du  comte  Eudes,  et  Alain,  son  frère,  depuis  comte  de 
Richmond  en  Angleterre,  à  Dol  (dom  Morice,   Preuves,  I,  434). 

«  Le  cartulaire  de  Quimperlé,  que  je  possède  moi- môme,  Payant 
acheté  à  Paris,  renferme  des  allusions  à  cette  guerre  de  Bretagne  :  «  Alio 
quoque  tempore,  necessariorum  consulatus  penuria  coarctatus,  tribum 
Guininini,  que  [absque]  alicujus  calumpnia  sua  erat,  idem  consul  Alanus 
Benedicto  abbati  Sancte  Grucis  et  ejusdem  Grucis  monachis,  tam  presen- 
tibus  quam  futuris,  cum  omnibus  suis  exactionibus,  pro  suorum  animabus 
parentum,  in  perpetuum  dédit.  Ut  vero  hoc  donum  firmius  haberetur, 
Benedictus,  qui  ejusdem  monasterii  tum  existebat  abbas,  suorum  con- 
silio  monachorum,  eidem  comiti  mille  solidos  etunum  pretiosum  equum 
tribuit...  Alio  vero  tempore,  divina  coopérante  gratia,  cum  in  comitem 
Gauffridum,  Eudoni  comitis  filium,  exercitum  ducerem,  ut  me  et  meos 
ab  ipsius  insidiis  atque  violentia,  que  tune  imminebat,  in  ipso  itinere 
Dominus  illesos  servaret,  et  pro  animabus  parentum  meorum,  Hoeli 
videlicet  atque  conjugis  ejus  Hadevis,  septem  villas  quas  vulgus  Les 
Gleruc  appellat  in  augmentum  ejusdem  abbatie  Ghristo  Domino  et  sancte 
Cruci  ejus,  existente  in  ea  eodem  abbate  Benedicto,  imperpetuum 
dedi.  » 

a  Ensuite  il  y  a  la  charte  :  «  De  concessione  Gonstancie  commitisse 
super  bis  villis  »,  donnée  à  Quimperlé,  le  !•'•  août  1089  :  «  Do  et  imper- 
petuum Kemperlegiensi  monasterio  concedo  villas  quas  an  te  desponsio- 
nem  meam  eidem  loco  prenominatus  dux  dederat,  scilicet  tribum  sancti 
Guinnini  et  septem  villas  quœ  vulgo  Les  Gleruc  nominari  soient.  »  Voir 
aussi  la  chronique  anglo-saxonne  à  l'année  1076.  C'est  dans  le  cours  de 
cette  même  année  que  le  comte  Walthéof  fut  mis  à  mort,  le  jour  de 
sainte  PernoUe,  31  mai,  après  avoir  été  gardé  en  prison  depuis  un  an, 
du  temps  que  Guillaume  repassa  en  Angleterre,  en  1075.  De  retour  en 
Normandie,  en  1076,  le  roi  vint  aider  le  comte  Hoel  et  son  fils  Alain 
Fergant,  et  donna  sa  fille  Constance  à  ce  dernier,  à  Bayeux,  selon 

1 .  Voyez  la  nouvelle  édition  de  la  chronique  de  Robert  de  Torigni,  t.  I,  p.  60. 


253 

Orderic  Vital  *  :  «  Gonstancia  Ferganno,  comiti  Britannorum,  Nanticen- 
sis  filio,  Bajocis  data  est  a  pâtre  cum  ingenti  tripudio,  qase  in  Britannia 
mortua  est  sine  filio.  >  —  c  Hoel,  Oei  gratia  Nannetis  cornes,  »  donna 
une  maison  et  une  vigne  près  de  l'église  de  Notre-Dame  de  Nantes  à 
l'abbaye  de  Quimperlé,  en  1074,  et  il  avait  acquis  ce  comté  en  1054, 
selon  la  chronique  de  Quimperlé  :  «  MLIIII.  Hoel,  GornugalliaB  cornes, 
principatum  Nannetensium  adipiscitur.  »  —  «  Alanus  consul,  qui  et 
Gainard,  »  prit  pour  femme  «  Judith,  comitissa,  filia  videlicet  Judicaelis 
Nannetensium  comitis  »  ;  leur  fils  Uoel  hérita  du  comté  de  Nantes  au 
droit  de  sa  mère.  En  effet,  il  est  bien  probable  que  la  fille  du  roi,  Gons- 
tance,  avait  été  fiancée  en  1076  à  Bayeux;  mais  comme  elle  n'était  pas 
d'un  âge  nubile,  elle  dut  rester  chez  elle  jusqu'en  1087,  et  ce  fut  alors 
seulement  que  le  mariage  fut  consommé  à  Gaen,  comme  l'indique  le 
mot  copulavit  employé  par  Orderic^.  Notre  auteur  a  rapporté  d'Alain 
Fergant  des  faits  qui  s'appliquent  au  contraire  au  roi  Philippe,  et, 
n'ayant  pas  tenu  compte  des  deux  cérémonies  différentes  des  fiançailles 
et  du  mariage,  il  les  a  confondues,  ce  qui  lui  a  fait  dire  que  les  deux 
époux  ont  vécu  ensemble  à  peu  près  quinze  ans.  En  1085,  les  seigneurs 
bretons  étaient  paisibles  possesseurs  de  leurs  terres  et  seigneuries  en 
Angleterre  ;  le  Domesday  Book  le  prouve,  et  je  ne  connais  aucun  ancien 
historien  breton  qui  parle,  soit  d'une  guerre  survenue  en  1085  entre  le 
roi  Guillaume  et  son  gendre,  soit  d'un  second  siège  de  Dol.  » 

M.  Le  Prévost  a  tenu  compte  des  observations  de  Thomas  Stapleton 
dans  la  note  qu'il  a  mise,  en  1845,  au  tome  III  de  son  édition,  au  bas 
des  pages  29  et  30. 

L.    DfiLISLE. 

VIE  LATINE  DE  SAINTE  ALPAIS  DE  GUDOT. 

A  la  fin  de  Tannée  1878 ,  M.  le  curé  de  Gudot-Sainte-Alpaïs ,  par 
Saint- Julien-du-Sault  (Yonne),  adressait  un  appel  aux  bibliothécaires 
de  France  et  de  l'étranger  pour  retrouver  une  vie  latine  et  française  de 
sainte  Alpais  de  Gudot  (morte  en  1211),  citée  par  dom  Morin  dans  son 
Histoire  générale  du  pays  de  Gastinois^.  Je  crois  avoir  rencontré,  parmi 
les  manuscrits  de  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Ghartres,  un  texte  de  la 
vie  latine  de  sainte  Alpaïs,  dans  un  manuscrit  qui  porte  le  titre  suivant  : 

Visiones  mirabiles 
£t  auditu  terribiles 
Née  tamen  incredibiles, 
0  lector,  hic  reperies*, 

1.  Livre  V,  édition  Le  Prévost,  l.  II,  p.  392. 

2.  Livre  IV,  édition  Le  Prévost,  t.  II,  p.  291. 

3.  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  tome  XXXIX,  1878,  p.  574-575. 

4.  Ms.  reperies  hic. 


254 

Qaas  relegendo  planes 
la  melias  proficies. 

Ce  manuscrit,  coté  131,  et  qui  provient  de  l'ancienne  abbaye  de 
Saint- Père,  parait  avoir  été  écrit  vers  la  fin  du  xiii*^  siècle,  c'est-à-dire 
à  une  époque  presque  contemporaine  de  la  rédaction  de  la  vie  de  sainte 
Alpaïs,  qui,  au  témoignage  de  dom  Marin,  aurait  été  composée  par 
c  frère  Jehan,  de  l'ordre  des  frères  mineurs,  de  la  province  de  Bour- 
gongne...  environ  Tan  1244.  • 

Le  manuscrit  commence  par  le  récit  des  visions  d'un  jeune  novice  en 
Tan  1196;  c'est  peut-être  la  même  histoire  que  celle  qui  est  rapportée 
par  Mathieu  Paris  dans  son  Historia  tnajar  à  l'année  1196;  je  n'ai  pas 
eu  le  loisir  d'examiner  le  manuscrit  assez  en  détail  pour  pouvoir  aujour- 
d'hui l'affirmer.  Puis  vient  la  vie  de  sainte  Alpaïs,  dont  voici  le  début  : 
«  Virgo  igitur  serenissima  in  villula  quadam  que  Gudot  appellatnr 
juxta  Scardeas  {corrigé  au-dessus  en  Escharleias)...  •  La  vie  se  termine 
par  ces  mots  :  c  ...  sed  etsi  leti  vel  tristes  fuerint  clare  et  perspica- 
citer  intueor.  Explicit.  •  Un  troisième  traité,  le  Purgatoire  de  saint 
Patrice^  se  trouve  dans  ce  manuscrit,  et  à  la  fin  on  a  ajouté  par  erreur 
cette  note  qui  se  rapporte  à  la  vie  de  sainte  Alpaïs  :  c  Expliciunt 
visiones  domine  de  Gudot.  »  Il  faut  aussi  remarquer  un  envoi  assez 
curieux  mis  par  le  copiste  du  manuscrit  au  bas  du  premier  feuillet  : 
((  Gamerario  salutem.  Vobis  mitto  librum  nostrum,  quem  pridie  vobis 
promiseram,  in  quo  scriptum  est  de  quodam  novicio  qui  vidit  multa, 
et  de  domina  de  Gudot,  et  in  ultimo  Purgatorium  sancti  Patricii.  » 

Ge  n'est  pas  le  seul  manuscrit  relatif  à  sainte  Alpaïs  qui  soit  conservé 
à  la  bibliothèque  de  Ghartres  :  le  manuscrit  51  (Histoire  locale)  de  la 
même  bibliothèque,  intitulé  a  Apothecarius  moralis  monasterii  Sancti 
Pétri  »,  contient  des  extraits  d'une  vie  de  sainte  Alpaïs,  qui  pourraient 
bien  avoir  été  copiés  sur  le  manuscrit  précédent.  Fol.  233  v*  —  234  v»  : 
<(  Incipiunt  aliqua  de  visiouibus  de  domina  de  Gudot,  quse  aliter  dicitur 
sancta  Aupes,  et  primo  de  vita  ipsius  virginis.  »  —  Fol.  309  v*  :  t  Inci- 
pit  praefatio  super  visionibus  domine  de  Gudot,  qusB  dicitur  sancta 
Aupes,  aliter  Alpaïdes.  »  —  Fol.  319  :  «  Explicit  liber  qui  dicitur 
Apothecarius  etc.,  compilatus  anno  Domini  mccglxxiiio.  » 

H.  Omont. 

LA  PREMIÈRE  ÉDITION  DES  STATUTS  DE  PALERME. 

Dans  le  tome  XIV  du  recueil  imprimé  à  Bologne  sous  le  titre  de  : 
//  Propugnatore,  M.  Vito  La  Mantia,  de  Palerme,  vient  de  publier 
quelques  notes  intéressantes  sur  plusieurs  incunables  de  la  bibliothèque 
de  Girgenti,  et  notamment  sur  un  exemplaire  des  Statuts  de  Palerme 
imprimés  à  Palerme  en  1478. 

Suivant  M.  Vito  La  Mantia,  on  n'avait  encore  signalé  que  deux 


255 

exemplaires  de  ce  livre,  Tun  à  la  bibliothèque  nationale  de  Palerme, 
Tautre  à  la  bibliothèque  de  Tuniversité  de  Cambridge.  Le  premier 
feuillet  manque  à  ces  deux  exemplaires;  il  existe  dans  Texemplaire  de 
Girgenti,  dont  M.  Vito  La  Mantia  donne  une  description  détaillée.  Il 
manque  à  l'exemplaire  de  Girgenti,  comme  à  ceux  de  Palerme  et  de 
Cambridge,  un  dernier  feuillet  que  M.  Vito  La  Mantia  suppose  avoir 
été  laissé  en  blanc. 

En  annonçant  le  travail  dont  il  s'agit,  nous  devons  rappeler  qu'un 
autre  exemplaire  des  Statuts  de  Palerme  avait  été  mentionné  en  1878 
par  M.  Olgar  Thierry-Poux,  sous  le  n»  147  de  la  Notice  des  livres 
exposés  à  la  Bibliothèque  nationale  dans  la  galerie  Mazarine  ;  il  y  est 
signalé  comme  c  le  seul  livre  connu  imprimé  à  Palerme,  avec  date, 
au  xv«  siècle.  »  Non  seulement  notre  exemplaire  contient  le  premier 
feuillet,  comme  l'exemplaire  de  Girgenti  ;  mais  il  a  encore  conservé  le 
dernier,  sur  lequel  rien  n'a  été  imprimé,  conmie  l'avait  judicieusement 
supposé  M.  Vito  La  Mantia.  Au  recto  de  ce  feuillet  a  été  ajouté  un  acte 
du  1«'  février  1494  par  lequel  la  ville  de  Palerme  atteste  l'authenticité 
de  l'édition  : 

Universitas  felicis  urbis  Panormi,  universis  et  singulis  ofûcialibus  et 
personis  ad  quos  spectabit  et  présentes  quomodolibet  presentari  contin- 
gent (sic)^  majoribus  quidem  rev[er]entiam,  paribus  vero  salutem  et 
animum  ad  grata  paratum.  Testimonium  veritatis  vobis  reddimus  et 
indubiam  hdem  facimus  quod  consuetudines  scripte  felicis  urbis  Panormi, 
copiate  in  presenti  libre,  sunt  scripte  et  copiate  a  consuetudinibus 
scrîptis  felicis  urbis  Panormi,  conhrmatis  per  retroprincipes,  quibus 
cotidie  utimur,  et  sunt  in  viridi  observantia,  et  in  dicto  libro  nichil  est 
additum  neque  diminutum  quod  non  sit  in  ipsis  consuetudinibus  de 
verbo  ad  verbum,  prout  jacent.  Et  ut  omnis  dubietas  que  forte  oriri 
posset  de  ipsis  consuetudinibus  postcagatur  {sic)^  présentes  nostras 
testimoniales  litteras  heri  jussimus,  sigillo  quo  utimur  impressione 
munitas.  Datum  in  urbe  felici  Panormi,  die  primo  mensis  Februarii, 
xin«  indictionis,  1494. 

S.  FARFAG.  etc.  cur.  (?) 

Le  sceau  qui  avait  été  plaqué  au  bas  de  ce  certificat  a  disparu,  non 

sans  laisser  des  traces  très  visibles. 

L.  D. 

ÉPITAPHES  DE  PRIEURES  DE  CHAISE-DIEU  (EURE). 

Un  prieuré  conventuel  de  religieuses  de  l'ordre  de  Fontevrault  fut 
fondé  à  Chaise-Dieu  au  xn®  siècle  ^  On  sait  fort  peu  de  chose  sur  son 

1.  Chaise-Dieu-da-Theil,  Eure,  arrondissement  d'Évrenx,  canton  de  Rugles. 
Voyez,  pour  l'histoire  de  cette  commune,  Le  Prévost,  Mémoires  et  notes  sur  le 
département  de  l'Eure  (Évreux,  1862,  in-8«),  tome  I,  p.  481-482. 


256 


histoire  et  la  Gallia  christtana  n'a  point  donné  la  liste  des  prieures  qui 
s'y  sont  succédé  jusqu'au  xviii*  siècle.  Le  texte  de  ces  trois  épitaphes, 
qui  servent  aujourd'hui  de  bordure  au  trottoir  de  l'hôtel  du  Cheval 
noir  à  Bourth  (Eure),  m'a  paru  à  ce  titre  digne  d'être  conservé. 

I. 

REP0SE-80VSGETÔBEAV 

LESGORPSDETRESDEVOTESETR»- 
DAMESLA-RmMERESMARGi«DELA- 
R0ZIKREQVIDEGEDALE-4DEIVrLAN- 
i57lAGEEDE  78ETDEMY- APRES  AVOIR- 
EXERGELA  GHARGEDEPRIEVREDOVZE 
ANS  f  ETDESA-PETITENIEPSE  LA-TRES- 


(Hauteur,  0"40  ;  largeur,  1™14.) 


IL 


GY  GIST-DEV 
0  T  E  DAME 
GRISTINE 
DE  GROIMA 
RE  PRIEVRE 
DE  G  E  A  N  S 
LA  QVELLE 
DEGEDA  LE 
15  MAY  1583 
HAC  :  DEVS  ABS 
OLVAT  OFFENS 
IS  ABLVAT  IPSA 
C VLPIS  -  SIT 
SVPERIS  POST 
P  I  A  F  A  T  A 
P  L  A  G  I  S  j  .  ^ 
(Hauteur,  1™;  largeur,  0™35.) 


m. 

GY-GIST-TRESDE- 


AYANT  EXERCE- 
TOYTESLESGHA 
RGES-DE  LA-RELI 
GIONET-MESME 
GELLE-DE-PRIEVR[e] 
DEGEDALE-I-IOV[r] 
DE-MARS-1646  //////// 
AAGEEDE-82A[ns} 
ET-DE  SA-RELIG[ion] 
64  REQVIESG[atJ 
IN-PAG[eJ 
(Hauteur,  0™70;  largeur,  0»45.) 


H.  Omont. 


1 .  Ces  mots  latins  forment  un  distique  élégiaque  : 
Hanc  Deus  absolvat  offensis,  abluat  ipsa[m] 
Gulpis.  Sit  superis  post  pia  fata  plagis. 


ÉTUDE  SUR  LE  RYTHME 


DES 


BULLES  PONTIFICALES 


CHAPITRE   IL 


PRATIQUE. 


Je  ne  me  permettrais  pas  de  poser  une  nouvelle  règle  de  diplo- 
matique, si  je  n'avais  fait  porter  mes  observations  sur  plusieurs 
milliers  de  bulles  transcrites  ou  originales.  Cependant,  comme  je 
ne  prétends  point  connaître  toutes  les  lettres  des  papes,  les  résul- 
tats auxquels  ces  expériences  m'ont  conduit  risquent  fort  de  se 
trouver  démentis  par  la  découverte  de  quelque  bulle  inédite,  ou 
par  l'examen  d'une  des  pièces  que  j'ai  omis  de  consulter.  La 
règle  demeurera  néanmoins,  je  l'espère.  Quelques  exceptions  que 
Ton  signale,  on  n'empêchera  pas  le  cursus  de  prendre  place 
parmi  les  meilleurs  éléments  de  critique,  et  l'on  ne  me  reprochera 
point  d'attribuer  trop  de  valeur  à  des  particularités  insigni- 
fiantes, quand,  à  l'aide  de  textes  officiels  remontant  au  xif  ou  au 
xnf  siècle,  j'ai  montré  l'importance  qu'attachait  la  chancellerie 
romaine  à  la  cadence  de  la  phrase. 

Le  rythme  des  actes  pontificaux,  dont  il  va  être  question  dans 
ce  deuxième  chapitre,  est  celui  dont  les  règles  ont  été  tracées  par 
Grégoire  VIII  et  Transmond.  La  théorie  est  cependant  plus  com- 
pliquée que  la  pratique.  Ainsi  les  lois  du  commencement  et  du 
corps  de  la  phrase  fiirent  généralement  méconnues.  Les  notaires 
ne  se  faisaient  aucun  scrupule  de  multiplier  les  dactyles  à  la 
suite  les  uns  des  autres,  et  jamais  ils  ne  s'exercèrent  au  tour  de 

47 


258 

force  rythmique  connu  sous  le  nom  de  style  Hilarien.  Restent 
la  fin  des  phrases  et  la  fin  des  membres  de  phrase. 

Certaines  parties  de  la  bulle  sont  naturellement  rebelles  au 
rythme  ;  je  veux  parler 

l^"  de  Tadresse  et  du  salut  (les  dictatures  avaient  prévu  cette 
exception  *)  ; 

2°  de  la  date  ; 

S'^des  citations  (textes  de  l'Écriture',  paroles  rapportées, 
phrases  détachées  d'une  lettre  ou  d'une  charte,  etc.)  ; 

4""  des  énumérations  de  biens.  Les  noms  de  localités  se  prêtent 
difficilement  à  des  combinaisons  rythmiques  ;  la  seule  qualité  que 
l'on  exige  en  ce  cas  du  rédacteur,  c'est  l'exactitude. 

Quant  au  reste  de  la  bulle,  on  y  peut  voir  régner  le  cursus 
tardus  ('-  -'--),  le  cursus  planus  ('-  -'-)  et  surtout  celui 
dont  les  manuels  recommandaient  le  plus  instamment  l'usage,  le 
cursus  velox^  (  '^  v»,  ^w).  Mais,  pour  plus  de  clarté,  je  distingue 
ici  cinq  époques. 

A.  —  De  la  fin  du  IV*  siècle  au  milieu  du  VIP. 

Déterminer  le  moment  où  les  rédacteurs  de  lettres  pontificales 
ont  commencé  à  faire  usage  du  rythme,  est  chose  à  peu  près  im- 
possible. On  comprend  en  efiet  qu'il  ne  soit  pas  rare,  même  chez 
des  auteurs  peu  soucieux  du  cursus,  particulièrement  à  l'époque 
classique,  de  rencontrer,  à  la  fin  d'une  phrase,  breviter  rés- 
pondère.  Romani  vicerunt,  venire  desidero,  ou  toute  autre 
terminaison  rythmique.  C'est  le  rapprochement,  l'emploi  iré- 
quent  et  à  peu  près  exclusif  de  ces  cadences  qui  rend  sensible 
l'efibrt  de  l'écrivain.  Or,  qu'est-il  arrivé  ?  on  a  remarqué  l'heu- 
reux efiet  produit  sur  l'oreille  par  certaines  finales  :  elles  sont 

1.  V.  plus  haut,  ch.  I,  §  2. 

2.  Les  rédacteurs  des  actes  pontificaux  ne  cherchaient  point,  suivant  le  conseil 
du  frère  mineur  Astazius  (De  arte  sermocinandi,  Bibl.  nat.,  ms.  latin  n**  15965, 
f*  135  r"*),  à  embellir  les  textes  sacrés  :  c  Verba  Scripture  Sacre  debent  esse 
ornata  et  poai  curiose,  ut  alliciant  audientes,  et  ut  sint  magis  solliciti  ad  audien- 
dum  et  intelligendum  eorum  informacionem  et  ad  ea  avidius  retinenda.  »  (Pass. 
cité  par  M.  l'abbé  Bourgain,  Mém,  de  la  Soc.  d'agriculture,  sciences  et  arts 
d'Angers,  séance  du  17  juin  1880.) 

3.  Bien  qu'il  soit  le  plus  communément  employé,  on  trouve  aussi  les  deux 
autres  cursus  à  la  fin  des  phrases. 


259 

devenues  plus  fréquentes  ;  mais,  au  Ueu  de  subir  un  changement 
brusque,  la  prose  s'est  acheminée  lentement  vers  l'idéal  des  dic- 
tatures^. 

Tout  ce  que  Ton  peut  diA,  c'est  que,  dans  les  premières  lettres 
pontificales  qui  nous  soient  parvenues  en  latin,  le  nombre  des 
terminaisons  libres  dépasse  notablement  celui  des  terminaisons 
rythmiques.  A  peine  peut-on  citer,  vers  le  milieu  du  rv*  siècle, 
une  épître  de  Libère,  dont  le  texte  présente  d'assez  nombreux 
exemples  de  cursus  veloœ,  plantes  ou  tardus  :  c'est  la  lettre 
adressée  par  le  pape,  en  355,  aux  évêques  exilés  de  Verceil,  de 
Milan  et  de  Gagliari*. 

Ce  qui  était  alors  l'exception  devient  la  règle  vers  la  fin  du 
siècle.  Sous  les  pontificats  de  saint  Sirice  (384-398)  et  de  saint 
Anastase  P""  (398-401),  le  rythme  de  la  fin  des  phrases  est  géné- 
ralement bien  observé.  On  remarque  plus  de  négligence  durant 
le  règne  d'Innocent  P'  (402-417).  Mais  les  lettres  des  successeurs 
de  ce  pontife  jusque  vers  le  milieu  du  vu®  siècle  présentent  toutes 
le  même  caractère  :  prédominance  du  style  rythmique;  cependant 
le  rédacteur  ne  parvient  presque  jamais  à  éviter  toute  faute  de 
nombre. 

B.  —  Du  milieu  du  VIl^  siècle  à  la  fin  du  XZ«. 

Cette  seconde  époque  marque  un  mouvement  en  arrière.  Le 
cursus  y  est  plus  ou  moins  mal  observé,  souvent  entièrement 
méconnu  ;  rien  de  si  rare  qu'une  épître,  je  ne  dirai  pas  complète- 
ment, mais  à  peu  près  conforme  aux  règles  de  l'harmonie. 

C.  —  XIP  siècle. 

Le  xif  siècle,  au  contraire,  est  une  époque  où  l'on  suit  le 
progrès,  pour  ainsi  dire,  d'un  pontificat  à  un  autre.  Déjà 
sensible  sous  Gélase  II  (1118-1119),  il  l'est  plus  encore  sous 

1.  C'est  ce  qui  rend  très  difficile  de  découvrir  Porigine  première  du  curstis. 
Arnobe,  Tertullien  semblent  bien,  en  quelques  passages,  employer  avec  intention 
le  cursus;  mais  ils  le  méconnaissent  si  souvent!  Saint  Cyprien  n'en  tient  nul 
compte.  Je  craindrais  de  me  tromper  en  me  prononçant  pour  ou  contre  l'origine 
africaine  du  rythme. 

2.  Baronius,  t.  IV,  p.  545.  J'y  relève  cependant  les  terminaisons  fautives 
gaudium  gloriae  et  dilectio  consequeretur. 


260 

Honorius  II  (1124-1130)  et  sous  Eugène  III  (1145-1153).  Les 
&utes  de  nombre  deyiennent  rares  à  la  fin  des  phrases  ;  on  tend 
de  plus  en  plus  à  employer  le  cursics  à  la  fin  de  toutes  les  propo- 
sitions. • 

Toutefois,  à  une  époque  où  le  rythme  des  simples  bulles  était 
porté  à  une  perfection  rare,  les  privilèges,  ou  grandes  bulles, 
ofirirent  cette  particularité  d'être  rebelles  à  la  mode  et  de  rester 
très  inférieurs,  au  point  de  vue  du  cursus,  aux  autres  lettres 
pontificales.  Un  exemple  rendra  sensible  cette  difierence  :  dans 
sept  lettres  originales  '  d'Anastase  IV  (1153-1154),  je  n'ai 
relevé  que  deux  fautes  graves  ;  j'en  ai  compté  dix  au  contraire 
dans  trois  privilèges  du  même  pape  *. 

On  peut  juger  des  progrès  du  rythme  dans  les  simples  lettres 
par  les  changements  que  subissaient,  vers  le  même  temps,  cer- 
taines formules  :  par  exemple,  la  clause  Nulli  ergo,  que  les 
notaires  d'Eugène  III  et  d'Anastase  IV  rédigeaient  encore  sous 
ces  formes  :  «  Nulli  ergo  omnino  hominum  liceat  hanc  nostre 

constitutionis  joa^nam  infringere^,  Nulli  ergo  hominum 

fas  sit  hanc  nostre  conflrmationis  paginam  ausu  temerarêo  re- 
fringere  ^,...  »  mais  que  Ton  ne  tarda  pas  à  modifier  conformé- 
ment aux  lois  des  cursus  tardus  et  veloœ  :  «  Nulli  ergo  homi- 
num fas  sit  hanc  nostre  constitutionis  paginam  temerario  aiÂSU 
infHngere,  ...»  ou  :  «  ...  ausu  temeri^a^û  infringere,  ...  » 
ou  bien  :  «  ...  hanc  nostram  confirmationem  temere  pertur- 
bare,  ...  »  ou  enfin  :  «  ...  hanc  paginam  nostre  coiAvmdiionis 
infringere^,,,  » 

A  cette  époque,  Albert  de  Morra  et  Transmond  présidaient  la 
chancellerie  des  papes  ;  le  cursus  régnait  à  la  fin  des  phrases  et 
des  propositions  ;  le  rythme  d'un  grand  nombre  de  bulles  était 
irréprochable.  Cependant  il  restait  encore  quelques  progrès  à 
faire  :  sous  chacun  des  papes  qui  se  succédèrent  durant  cette 
seconde  moitié  du  xii*  siècle,  j'ai  relevé,  dans  des  litterœ, 
un  petit  nombre  de  phrases  terminées  d'une  façon  fautive,  négli- 
gence particulièrement  condamnable  aux  yeux  d'un  dictator, 

1.  Arch.  oat;  Bullaire,  L  229,  Anastase  IV,  n~  l,  1  bis,  2,  3,  5,  7  el  10. 

2.  Ibid.,  n»'  6,  8  et  9. 

3.  8  sept.  1152.  Rec,  des  hist.  de  FrancCy  t.  XV,  p.  477. 

4.  24  oov.  1154.  Ibid.,  p.  655. 

5.  Ces  modifications  s'accomplirent  dès  le  pontificat  d'Anastase  IV.  Voy.  Arch. 
nat.,  Bullaire,  L  229,  n"  1,  1  bis,  3,  5  et  7. 


264 


D.  —  De  H98  à  1288. 

Ce  que  Ton  a  dit  de  ravènement  d'Innocent  III,  qu'il  ouvrit 
«  une  ère  nouvelle  pour  la  chancellerie  pontificale  *  »  se  trouve 
confirmé  par  l'étude  du  rythme.  Notre  quatrième  époque,  qui 
commence  en  H98,  pour  se  terminer  à  l'avènement  de  Nico- 
las IV  (1288),  embrasse  une  série  de  quatorze  pontificats  et  une 
période  de  quatre-vingt-dix  années,  pendant  lesquelles  aucun 
changement  appréciable  ne  modifia  la  condition  du  cursus.  C'est 
une  nouvelle  preuve  à  l'appui  du  fait  constaté  par  les  Bénédic- 
tins :  «  Il  règne  une  plus  grande  uniformité  dans  les  bulles  du 
xni®  siècle  que  dans  celles  qui  le  précédèrent*.  » 

En  deux  mots,  voici  les  caractères  de  cette  époque.  Les  privi- 
lèges sont  encore  rédigés  avec  une  certaine  négligence  3.  Dans  les 
litterœ,  au  contraire,  la  phrase  se  termine  toujours  par  l'un 
des  CURSUS  vELOx,  PLANUs  OU  TARDUS  (à  Cette  règle,  je  ne  con- 
nais point  d'exception^)  ;  les  propositions  et  les  moindres  membres 
de  phrase  sont  généralement  terminés  de  la  même  manière  ;  mais 
cette  deuxième  règle  n'est  pas  rigoureusement  obligatoire. 

On  comprendra  mieux  à  quel  degré  de  perfection  était  alors 
porté  le  rythme  des  litterœ,  en  jetant  les  yeux  sur  la  bulle  sui- 
vante d'Innocent  III  :  elle  a  été  transcrite,  non  sur  l'édition  de 
Du  Boulay^,  qui  fait  commettre  au  notaire  d'Innocent  plu- 


1.  Mémoire  sur  les  actes  (ff  Innocent  UI,  Bibl.  de  VÉc.  des  chartes  y  4*  série, 
t.  IV,  p.  5. 

2.  Nouveau  traité  de  diplomatique^  l.  V,  p.  282. 

3.  C'est  ainsi  que  plusieurs  phrases  d'un  privilège  du  21  mars  1199  se  ter- 
minent de  la  manière  suivante  :  c  ...  vicissitudinis  obumbratio.  —  ...  filii  ire. 
—  ...  amicis  suis,  —  ...  Christi  impugnatores.  —  ...  minuere  sit  licitum.  — 
...  exigere  audeat.  —  ...  licenUa  pateat.  »  (Arch.  nat.,  J5wZte<re,  L  236,  n'24.) 

4.  On  ne  peut  considérer  comme  une  exception  le  curieux  exemple  d'élision 
qu'offrent  deux  bulles  d'Innocent  111  (L  236,  n"  6;  autre  bulle  du  même 
carton)  :  on  y  lit  à  la  fin  d'une  phrase  laboribu^  esse  inscriptum,  ce  qu'il  faut 
sans  doute  prononcer  :  labôrtbus  éss'  inscriptûm. 

De  même,  à  première  vue,  l'on  serait  tenté  d'accuser  de  négligence  le  rédac- 
teur d'une  bulle  d'Alexandre  IV  (L  249,  n»  63),  dont  une  phrase  se  termine  par 
les  mots  exaciionis  fatigare.  Un  simple  coup-d'œil  jeté  sur  les  mots  qui  pré- 
cèdent montre  que  la  faute  procède  du  copiste,  et  qu'il  faut  lire  :  «  ...vel  vos 
novis  et  indebitis  exacti(Jnt[6it]5  fâtigârë.  » 

5.  Hist  Un.  Paris,,  t.  Il,  p.  538. 


262 

sieurs  fautes  contre  le  rythme,  mais  sur  Toriginal,  conservé  aux 
Archives*. 

Innocenlius,  episcopus,  scrvus  servorum  Dei,  dilectis  fliiis  Virzi- 
iiacensi  ^  et  Sancti  Pétri  Autisiodorensis  abbatibus  et^  decano  Aure- 
lîanensi,  salutem  et  apostoiicam  benedictionem. 

Accedentibus  ad  Apostoiicam  Sedem  dilectis  fliiis  abbati  Sancte 
Genovefe  et  magistro  P.  de  Corbolio  yenerdbïlëm  frdtrëm  néstrûmj 
J.,  Mbainénsëm  éplscôpûm,  et  dilectum  filium,  G.  ^,  Sancte  Marie  in 
Aquiro  dîàcônûm  cirdïndlënif  depu/a!;rmîl5  aûdXtbrïs;  in  quàrûm 
présent  là  prefaYi/s  màgistër,  pro  wenerdbïlï  frdtrë  néstrdy  Parisi^nsF 
ïpiscôpô,  cujus  procurator  fuerat  'm^litùtûs,  prôpôsûït,  quod  idem 
abbas  super  possessione  juris  parrochialis  in  parrochia  '  de  Monte 
grdvïm  ïpiscôpô  moléstïàm  îngërébàt,  cum  eam  potestatem  usque 
ad  tempora  sua  Parisi^9i5r5  ëplscdpûs  habuerit  in  parrochiin^s  de 
Monte  ac  presbiterum  qui  éis  dïvlnà  pro  témpdrë  mïnïstràbât  ;  quod^ 
si  esset  etiam  canônïcûs  rigûldrïsj  ei  ^  curam  ^vrdchïë  commïttébàt, 
et  ^  sacerdos,  post  cnrâm  sûscéptâm  de  mdnû  ëpUcôpï^  parrochianos 
ad  nutum  ejus  ligabat  i^^rz /?r  et  solvébât^\  et,  si  quis  excommuni- 
catus  esset  ab  episcopo  vel  étïâm  ïntërdictûs,  presbiter  eum  non 
admittebat  dliquâtênûs  dd  dïvinàj  qui  etiam  benedictidn^^  spdnsd- 
rûm,  puriflcationes  de  pdrtû  sûrgéntlûm,  publicas  penitentias  non 
assumebat  sibi  nisi  de  mandato  tpiscôpl,  spêcUlï  ;  et,  si  fôrtë  sâcér- 
dos  talis  esset  qui  divina  non  posset  pôpûlô  mïnïstrdre^  ipsius 
excessum  abbati  Sancte  Genovefe  et  fratribus  episcôpûs  nuntïdbât^ 
qui,  côgnïtâ  vêrïtdtë,  a.mâtô  ïndignô,  adanimarum  curam  recipien- 
dam  alium  episcopo  présëntâbànt.  Cum  érgô  nômssïmë  pvefdtiis 
ëpiscôpûs  premonu/s5^/  âbbàtëm,  ut  capellanos  suos  qui  debebant 
]^avrôchïïs  désërvirë  ad  suscipiendam  curam  animarum  episcopo  pré- 
sëntdrët,  hoc  se  faiCtûriïm  rëspôndït  et  dlîquôs  presëntdvit ;  sed 
requisitus  quod  presentaret  illum  qui  debebat  in  prefata  de  Monte 
fdxrôcKîâ  désërvirë^  dixit  tune  éûm  non  ^  passe  propter  abséntJàm 

1.  Bullatre,  L  236. 

2.  Du  Boulay  :  Vizeliacensi. 

3.  Du  B.  :  Antissiodorensis,  abbatibus,  F.  ,.,. 

4.  Du  B.  :  G.  deest, 

5.  Du  B.  :  parochialis,  parochia. 

6.  Du  B.  :  et. 

7.  Du  B.  :  etiam. 

8.  Du  B.  :  absolvebat. 

9.  Du  B.  :  nunc. 


263 

prêséntdrï.  Cumque  hoc  sepius  monitus  fdcërë  non  curdrët,  episco- 
pus  pdLTTOchidnïs  dï  Mdntë  sub  pena  excommunicatidnrs  inhihûit^ 
ne  in  ecclesia  Sancte  Genovefe  vel  andirënt  divinà^  vel  aliqua  rect- 
përënt  sdcrâméntâ^  nisi  ab  illo  presbitero  qui  animarum  curam  ab 
episcôpô  sûscëpissët  ;  que  sententia  in  eddëm  ëcdésîâ  fuit,  pv^éntë 
pârrâchïâ^  pûhlicë  récïtdtâ;  eamque  parrochianz^  de  Monte ^  sicût 
sôlébânt^  tdmdïâ*  sirvâvérûnt ^  donec,  facientibus  canonicis  Sancte 
Genovefe,  pôpûlô  cônvôcdtô^  in  verbo  sacerdotis  et  periculo  anime 
per  yçxitrdbilëm  frdtrëm  nôstrûm^.,,^ ^  Qpiscôpûm  Tôrnàcénsëm^ 
ipsius  ecclesie  quôndâm  àhhdtëm^  fuit  pûblïcë  prêdïcàtiim,  quod 
secure  poterant  OMdlrë  dïvinà^  cum  in  eos  non  archiepiscopus ,  non 
episcopus,  vel  archidiaconus  posset  excommunicationis  vel  interdicti 
senténttâm  prômûlgdrë  :  sicque  ab  éïs  Indûctï,  spiri tua/la  rêcëpé- 
rUnt,  Episcopo  ergo,  quemadmodum  premissum  est,  spoliato  obe- 
dientia  parrôchJë  memôrdtë^  petebat  dictûs  màgistër  ipsî  ëpiscôpô 
ante  omnia  quasi  possessionem  juris  parrochi^/f^  rëstitïïl^  adversariis 
suis  super  hiis  ^  que  adversus  eum  proponenda  ducerent  postea  * 
plewirl^  rispônsûrô^  cum  nec  ante  restitutionem  ^  responc^^r?  dëbé- 
rët  didwersdrns  spôlîâtûs^  et  quod  çpiscôpûs  Tomâcénsïs  et  cs.nânici 
sipëdictï  de  premissis  excéssJbûs  punXréntûr,  causa  postmodum 
coram  deleg'^^ïs  jâdicibiïs  ordine  débîtô  pêrtràctdndà,  in  quorum 
prëséntXà  de  jure  Parisi^w^Ts  ëcclésië  plémûs  probàrétUr^  quod 
impresentiarum,  propter  probatid/iûw  ïnôpXàm,  fiëri  non  vàlébàt. 
Ceterum  prefatus  abbas  versa  vice  nôvâm  injûrXâm  inferri  sibi 
per  novum  episcopâm  prôponébât^  asserens  ecclesiam  sûâm  cûm 
burgô  a  primo  fiindationis  tempore  libërâm  êxtltissë,  nec  alicui 
umquam  in  spiritualibus  nisi  Kotndnô  pôntifïcï  fuisse  sûbjéctâyn^ 
quod  per  rescriptum  bbnë  mëmôrïë  Celestini  pape,  predecessoris 
nostri,  ad  cautelam  osténdërë  nïtëbdtûr^  qui  pie  recordationis 
Âlexandri,  Lûcïï  et  Clëméntïs,  predecQSsôrâm  sûôrum^  Romawdrûw 
pôntifïcûm^  exempta  sëcûtiïs^  ecclesiam  prefatam  ea  inter  alia  liber- 
tdtë  dôndvTt^  ut  nuUus  ipsam,  canonicos  vel  burgum  interdicto  vel 
excommunicationi  pôssët  sUppônërë^  nisi  Sûmmâs  Pôntifëx,  vel 
legatus  ab  ejus  tdtërë  dêstmdtiïs;  contra  quam  libertatem  pvefdtûs 
ëpiscôpus  yenirë  prësûmëns  in  alienam  messem  falcem  mittere, 

1.  Du  B.  :  jamdiu. 

2.  Du  B.  :  S. 

3.  Du  B.  :  his. 

4.  Du  B.  :  postea  deest, 

5.  Du  B.  :  testimonium. 


264 

i^uod  nullus  unquam  predecessorum  suorum  (écïrdt^  non  ëxpdvXt^ 
canoiiieuin  îpsius  ecclesie  qui  hominibus  burgî  spiritu(i/Ti  mfnls- 
frdbât.  iil  ab  eo  curam  ^nmdrûm  rïcipïrït^  sibi  pôstûlàns  pri- 
sinUrï  ;  (]uod  ciim  ohiïnérë  non  pâssët,  posl  appellationem  sol- 
loinpniter  interpositam  et  iler  arreptum  ad  Sedem  Apostd/Tcim 
rcHÏéndU  omnes  qui  in  ecclesia  Sancte  Genovefe  missam  parro- 
chîti/^m  aiïdirïnt  et  communicantes  eis  excommunicatidnl  sûbjéclt  ; 
cujus  (imore  motus  pâpâliïs,  tdnquâm  rûdïs^  ex  ignorantia  vel 
huinili^uVe  àbstiniïXt  ^Xiquàndlû  à  dîvlnJs;  sed,  per  jam  dictumTor- 
wixcéHsëm  ëpiscôpûm^  olim  abbatem  ejùsdim  ëcclésU^  ilhic pôstmô- 
dàm  icvëdéntïm^  côgnJtà  véritâtï,  qui,  ^\çm\,  jàrls  plritûs^  eis  OAsi- 
rûl/  ïncûntântïr ^  quod  senlentia  Parisic>wÏ5  ëpiscôpï^  dé  quà 
prh/nshntls^  tamquam  a  non  suo  judice  lata,  nullius  obtinebat  rôbd' 
r]s  llrniifdiëm,  ad  proprium  rediit  pôpûliïs  sàcîrdôtëm;  quem  si 
oliain  ex  certa  sciew/tJ  êvUdssët^  ut  sic  jure  suo  eccléslâ  prîvàrétûr^ 
oi  non  sic  posset,  sicut  nec  per  colonum  domino  insdô  vél  învitd^ 
|uvjurf/clû//i  génërârï  ;  quoniam,  étsï  ëpiscôpiïs  aliquidjurishaWr?^ 
U  (^ihy  quod  pénït as  nègàbâtUr^  cum  ex^  eo  quod  appellatiJni  non 
dHUlU^  in  légës  cômmlsërU^  per  eas  non  debebat  restitutionis  bene- 
flvXûm  ôbtïnérë^  quia  et^  frustra  légës  invôcàt  qui  commiV^z^  m  éis; 
pn^sertim  cum  nunquam  fûërït  dêstïtûtûs;  unde  restitutionem  pétërë 
non  vâlébàt.  Quod  autem  eadem  ecclesia  esset  in  possessione  insti- 
I  KxéndX  cânômcum,  qui  spiritualia^dpû/o  mîmstrdrët  ^,  et  quod  super 
hominibus  burgi  utramquejurisdictidn^mA^ôdr^^,  et  predecessorum 
ipsius  cpiscopi  iempôrïbiîs  hàbûissët^  paralum  se  abbas  ex  habun- 
dànti  dJcébàt  in  coniinéntï  prôbdrë,  Postulabat  proinde  quicquid^  a 
8oped/c^o  ëplscôpô  de  facto  fuerat  post  appellationem  ïniQrpâsïtâm 
iUtëmptâtûm^ ,  irritûmjûduân,  eumque,  ne  decetero  similia  pre- 
Kumërët^  cohërcérï^, 

Premissis  igitur  et  aliis  rationibus  per  dictos  auditores,  qui  et  peti- 
tiones  et  allegationes  partium  in  scripiXs  rëddctâs  nobis  et  fratrîbus 
nostris  prudenter  et  Méiïtër  rêtUlérunt,  plémUs  întëlléctis^  nos 
atlendentes  quoniam  ex  eo  solo  quod  populus  dicte pàrrôchïë  timoré 
hûjûs  sënténtU  per  aliquot  dies  abstinuit  aut^ir^  dïvinà^  nuUam  in 

1.  Du  B.  :  ex  deest. 

2.  Du  B.  :  is. 

3.  Du  B.  :  ministrabat. 

4.  Du  B.  :  quidquid. 

5.  Du  B.  :  attentaium. 

6.  Du  B.  :  coerceri. 


265 


eos  juris  parrochialis  possessionem  dictus  Qpiscdpiïs  adquïsivïl,  nec 
fuit  aliquo  môdd prôbdtûm  quod,  eo  tempore  quo  idem  ëpiscopûs  tulit 
sententiam  in  ipsos,  possessionem  juris  parrochi^//*  hàhéret,  vei 
prius  étXdm ^  hàhûUsït^  restitutionem^ ei  adjudicare  Abjure  nëquivï- 
mâs^  cum  non  constiterit  eum  fuisse  dlïqudtënus  spolïdtâm.  Verum 
quia,  super  aliis  que  proponebantur  ex  parte  sepedicti  Parisi^mi* 
ëpiscôpï^  nobis  non  potuit  fiërïplénâ  fidës,  causam  ipsam  vobis  dûxï- 
mus  committéndàm^  per  apostolica  scriptà  mandantes^  quatinus,  par- 
tibus  ad  vestram  ij^reséntUm  cônvôcdtïs,  si  vobis  constiterit  Parisi^n- 
sëm  ëpiscôpiim  possessionem  parrocbialis  juris  in  predicta  parrdc^îdi 
hâhûissë  et  ab  ea  fuisse  mjûstë  dëjéctûm,  eo,  sicut  juris  ordo  postulat, 
prMtâsristUûtdfdLudïaXisqnQmmquQdûxërïntpropdnéndà^eiqnod 
justum  fuerit  sine  appellationis  obstdciilô  stàtvidtïs^  facientes  quod 
statueritis  per  censuram  ecclesiasticam  firmïtër  obsërvdrï.  Testes 
autem  qui  nominati  fuerint,  si  se  gratia,  odio,  vel  tïmôrë  sûblrdxë^ 
rïnt^j  quominus  testimonium  perAiô^^'w^  verïtdtï,  vos  ad  idper  dis- 
trictionem  ecclesiasticam  appellatione  v^môtâ  côgdtis;  nuUis  litteris 
obstantibus,  si  que  apparuerint  prêter  assensum  partium  a  Sede 
k^ostôlicà  împëtrdtë.  Quod  si  omnes  hiis  ^  exequendis  nequivcrl^Is 
întëréssë^  tu,  fîli  abbas  Virziliacensis,  cum  eorum  altero  ea  nichi/d- 
minâs  êxëqmris, 
Datum  Laterani,  II  kalendas  junii,  pontifîcatus  nostri  anno  secundo. 

Cet  exemple,  choisi  entre  mille  semblables,  prouve  surabon- 
damment que  l'application  des  règles  n'était  point  un  effet  du 
hasard.  Qu' est-il  besoin  de  faire  remarquer  les  formes  synco- 
pées^ ou  les  interversions^  auxquelles  recourt  le  notaire ,  bonœ 
sonoritatis  causa'^'i 

1.  Du  B.  :  eam  prius. 

2.  Du  B.  :  jurisdictionem. 

3.  Du  B.  :  substraierint. 

4.  Du  B.  :  his. 

5.  c  Ab  ipsius  obedi^n^ta  declinarit,  ...  raiionabiliter  promulgarit,  »  (Bulle 
d'Innocent  III  publ.  par  M.  Delisle,  Bibl.  de  VÉc.  des  ch.,  1873,  p.  407.)  «  Lit- 
teras  desUnarii,  ...  aliud  emanarit.  »  (Bulles  d'Innocent  IV,  publ.  par  M.  E. 
Berger,  Registres  d'Innocent  JV,  n"  78  et  361.) 

6.  «  Ralam  et  firroam  sententiam  habituri  quam  rationabiliter  in  contradictores 
promulgandam  duxerit  et  rébelles.  »  (BibL  de  VÉc.  des  ch.y  1873,  p.  407.)  «  Irri- 
tas âecernimtAs  et  inanes  (bulle  de  Clément  IV  ;  Arch.  nal.,  Bullaire,  L  258, 
n"  12,  23  ^ipassim). 

7.  Ainsi  s'exprimait  Tauteur  du  Dictamen  conservé  dans  le  ms.  lat.  8566  A 
(f  111). 


266 

On  chercherait  vainement,  dans  les  lettres  pontificales  de  cette 
époque,  une  formule  qui  ne  fût  point  rythmée  :  «  Âuctoritate 
fvesentium  indulgemxis.,,  Auctorita te SedisÂposto^tc^ con/tr- 
mamus..,  Quare  a  nobis  humiliterposiulabas...  Âbsqoe lioen- 
tia  Sedis  Apostolice  speciali...  Que  correctionis et reformationis 
officio  noveris  indigere..,  Presentis  scripti  patroeinto  commvr' 
nimus,,.  Inquisita  super  premissisdili^en/m^'t?&nïa/^...etc.  » 
Ces  expressions  sont  de  style  sous  Innocent  III  et  ses  succes- 
seurs ;  il  en  est  de  même  des  clauses  Nullis  litteris,  Quod  si 
omneSy  Testes  autem^  et  de  tant  d'autres,  dont  la  formule, 
modifiée  au  commencement  du  siècle,  se  conserve  désormais, 
parce  qu'elle  sonne  agréablement'.  Bien  difierentes ,  à  ce  point 
de  vue,  sont  les  formules  des  privilèges,  où  se  font  remarquer 
les  terminaisons  Apostolice  Sedis  av^toritate ,  aliéna  fiat^ 
paœ  Domini  nostri  Jhesu  Christi. 

Rien  ne  prouve  que  la  minute  des  lettres  apostoliques  (litterœ 
notatœ)  fut  rédigée  sous  une  forme  harmonieuse.  Mais  on  se 
représente,  au  bureau  des  grosses,  les  notaires  révisant  le  texte 
de  la  bulle,  le  développant,  le  modifiant,  intervertissant  Tordre 
des  mots,  rejetant  au  besoin  une  expression  gênante,  jusqu'au 
moment  où  l'épître  sort  de  leurs  mains  métamorphosée  grâce 
aux  cadences  dont  ils  ont  su  l'embellir.  Ils  arrivaient  souvent 
à  faire  précéder  d'un  cursits  les  moindres  repos  de  la  voix^. 

E.  —  De  1288  au  XV IP  siècle. 

Sous  le  pontificat  de  Nicolas  IV  (1288-1292),  les  notaires  se 
relâchent  un  peu  de  leur  vigilance.  Alors  reparaissent  des  fautes, 
inconnues  depuis  le  xu*  siècle  :  non  seulement  des  propositions, 
mais  des  phrases  se  terminent  d'une  façon  défectueuse,  et  cela 
dans  de  simples  lettres.  La  voix  retombe  et  s'arrête  sur  des  mots 
assemblés  au  hasard:  «...  ingressu  claustri  vel  chori  inter-- 

1.  Le  comparatif  est  employé  ici  de  préférence  aa  positif,  pour  que  le  double 
spondée  final  soit  précédé  d'un  dactyle. 

2.  Qne  Ton  consulte  un  des  nombreux  formulaires  romains  du  xiii*  siècle, 
conservés  à  la  Bibliothèque  nationale  :  on  constatera  partout  Tapplication  du 
cursus, 

3.  Ces  repos  ne  sont  pas  toujours  indiqués  par  une  ponctuation  dans  les  expé- 
ditions originales.  Il  arrivait  souvent  que  le  grossator  plaçait  un  peu  an  hasard 
le  colon  et  le  comma. 


267 

dicto.  —  ...  ad  Sedem  Apostolicam  référant^.  —  ...  certum 
tempus  comprehendat^.  —  ...  ad  eœprohrantium  oppro- 
bria^.  —  Quis  igitur  de  cetero  marcebit  otio^'i  »  (ce  dernier 
exemple  est  emprunté  à  une  expédition  originale).  Les  notaires 
de  Bonifece  VIII  persévèrent  dans  la  même  voie,  les  fautes  vont 
en  se  multipliant  :  «  ...  a  jure  intimamus  ^.  —  ...  per  legatos 
vel  delegatos  ipsius^.  »  La  loi  cependant  n'est  pas  abrogée  : 
moins  exactement  observée,  elle  n'en  continue  pas  moins  à  exer- 
cer sur  la  rédaction  des  bulles  une  influence  décisive.  On  ren- 
contre fort  souvent,  à  cette  époque,  des  lettres  que  ne  renierait 
point  un  notaire  d'Innocent  III.  En  un  mot,  le  xiv®  siècle  res- 
semble beaucoup  à  la  seconde  moitié  du  xii^. 

Peu  à  peu,  par  suite  de  ce  relâchement,  les  nuances  qui  distin- 
guaient encore  le  style  des  privilèges  s'eflacent,  et  le  même  rythme 
dégénéré  s'applique  à  tous  les  actes  de  la  chancellerie'. 

Ce  mouvement  s'accentue  durant  le  xv®  siècle,  on  en  arrive 
parfois  à  un  complet  oubli  du  cursus.  J'ai  pu  relever,  dans  une 
seule  bulle  de  Sixte  IV,  les  terminaisons  suivantes  :  «  impen- 
damus  efficaces,  —  ...  tenoris  subsequentis ,  —  ...  execu- 
tioni  demandarentur.  —  ...  eœcommunicati  censerentur, 
—  ... prefati tenerentur ^.  » 

Au  XVI®  siècle,  le  désordre  est  à  son  comble.  Si  l'on  trouve 
encore  assez  souvent  des  actes  rédigés  suivant  les  vieilles  règles  ^, 
c'est  qu'on  respecte  religieusement  les  formules.  Mais  qu'une 
difficulté  se  présente,  qu'un  effort  soit  nécessaire  pour  conserver 
le  rythme,  c'est  alors  qu'apparaît  la  négligence  des  rédacteurs. 

Telle  est  la  persistance  des  anciennes  formules,  qu'il  ne  faudrait 

1.  Bulle  da  12  sept.  1289  (BuUar.  rom.,  p.  61  et  58). 

2.  Bulle  du  17  août  1289  (Ibid,,  p.  56). 

3.  Bulle  du  !•'  août  1291  {Ibid,,  p.  66). 

4.  Bulle  du  1"  août  1291  (Arch.  nat.,  Bullaire,  L  277,  n*  50  ;  Laog,  Hegesta, 
t.  IV,  p.  500,  et  Pertz,  Mon.  Germ.  htst,  scripL,  l.  XVII,  p.  600). 

5.  Bulle  du  8  sept.  1303  {Bullar.  Rom.,  p.  103). 

6.  Bulle  du  19  mai  1296  (Arch.  nat.,  Bullaire,  L  280,  o«  49  ;  RipoUi,  Bullar. 
ord,  Prxd.y  t.  II,  p.  48). 

7.  Les  brefs  suivent  le  sort  des  autres  lettres  pontificales. 

8.  Bulle  du  25  juin  1472.  (Arch.  nat.,  Bullaire,  L  325,  n»  3). 

9.  Voir  le  bref  de  Jules  II  du  5  déc.  1506  (Arch.  nat.,  Bullaire,  L  328,  n«  10), 
la  bulle  du  26  juillet  1505  (Ibid.,  n«  4)  et  ceUe  du  20  juillet  1507  (Ibid.,  n«  8), 
ainsi  que  les  bulles  de  Paul  IV  du  28  sept.  1556  (L  336)  et  du  1«'  sept.  1557 
{Ibid.,  n*  4). 


268 

yy.LK  «iét/joner,  si,  encore  au  xvii*  siècle,  on  remarquait  dans 
-':  ry t/*me  de  certaines  bulles  une  régularité  relative*.  D  va  sans 
'Ut*r  que  II  rencontre  serait  fortuite,  et  que  depuis  longtemps  la 
.'  «riiiiissance  des  lettres  antiques  a  fait  tomber  dans  le  discré^t  les 
'l'xjtrines  épistolaires  du  moyen  âge. 

iJe  la  place  de  V accent  dans  les  actes  pontificaux, 

I>e  soin  avec  lequel,  h  certaines  époques,  les  notaires  de  la 
chancellerie  observaient  le  cw^sus,  permet  de  constater  comment 
ils  plaçiiieut  Taccent  sur  les  mots  latins.  C'est  le  lieu  de  remar- 
quer, une  fois  de  plus,  que  la  règle  antique  était  ramenée  à  sa 
plus  simple  formule  :  tout  dissyllabe  est  accentué  sur  la  pénul- 
tième, ainsi  que  tout  polysyllabe  dont  la  pénultième  est  longue  ; 
au  contraire,  tout  polysyllabe  dont  la  pénultième  est  brève  est 
accentué  sur  l'antépénultième. 

Quant  aux  règles  exceptionnelles  par  lesquelles  les  anciens 
dérogeaient  à  cette  loi,  une  seule  m'a  paru  conservée.  Les  ter- 
minaisons eœinde  commendari^,  exinde  dispensantes^, 
aliuyide  assumendos  ^,  que  Ton  rencontre  dans  des  lettres  de 
Grégoire  IX  ou  d'Innocent  IV,  ne  sont  point  fautives  :  Priscien 
enseignait  à  accentuer  sur  l'antépénultième  les  composés  de  inde 
avec  une  préposition^,  et  nous  savons  par  Pierre  Hélie^  que  Ton 
s'appuyait  sur  l'autorité  de  ce  texte  pour  accentuer  de  même 
alîunde. 

D'ailleurs,  je  n'ai  jamais  vu  les  notaires  se  méprendre  sur  la 
quantité  de  la  pénultième,  erreur  qui  les  eût  induits  à  mal  placer 
l'accent  sur  les  mots  polysyllabiques.  Ils  avaient,  à  cet  égard, 
une  érudition  sûre  et  ne  commettaient  aucune  des  confusions 
dont  M.  Thurot  a  relevé  des  exemples  chez  les  grammairiens  du 
temps'. 

1.  V.  par  exemple  une  bulle  de  Grégoire  XV  du  30  juin  1622  (A.  el  J.  Tardif, 
Privil.  accordés  à  la  couronne  de  France  par  le  saint- siège,  p.  282). 

2.  Bulle  du  8  déc.  1234  (Bibl.  nat.,  coll.  Moreau,  ms.  n-  1189,  f  260-,  N.  Va- 
lois, Guillaume  d'Auvergne,  p.  368). 

3.  E.  Berger,  Registres  d'Innocent  IV,  n»  1652. 

4.  Ibid.,  n«  408. 

5.  Insi.  gramm,,  XIV,  20. 

6.  Spéculum  de  Vincent  de  Beauvais,  cap.  CLXll.  Cf.  M.  Thurot,  NoU  et  exir., 
1.  c,  p.  403. 

7.  Ibid,,  p.  419  et  suiv. 


269 


CONCLUSION. 
De  V utilité  du  c\xv%\y&pour  la  diplomatique  pontificale. 

Quelle  que  fût  Thabileté  des  notaires,  le  cursus  contribua  sans 
doute  à  pervertir  le  stjle  des  bulles,  en  le  rendant  prolixe, 
contourné,  en  multipliant  les  périphrases,  »en  substituant  à  Tordre 
logique  un  ordre  capricieux.  Mais  ces  défauts,  qu'excusait  le  goût 
du  temps  S  étaient  largement  compensés,  aux  yeux  des  chance- 
liers, par  un  double  avantage  :  revêtir  l'acte  d'une  forme  har- 
monieuse, que  nous  ne  pouvons  aujourd'hui  apprécier  qu'impar- 
faitement, et  surtout  rendre  plus  difficile  la  rédaction,  par  suite 
la  contrefaçon  des  bulles.  Qui  sait  si  l'on  n'a  point  observé  avec 
plus  de  soin  le  rythme  dans  les  litterœ,  précisément  parce  que 
ces  actes,  dépourvus  de  souscriptions,  de  rota,  de  benevalete, 
offraient  moins  de  garanties  contre  l'habileté  des  faussaires  ? 

Toutefois  cette  précaution  eût  été  plus  efficace  encore,  si  la 
chancellerie  romaine  eût  gardé  le  secret  du  cursus.  Il  n'en  fut 
rien  :  les  dictatores  se  chargèrent  de  faire  connaître  dans  tous 
les  pays  l'artifice  qui  donnait  au  style  des  bulles  une  élégance 
fort  appréciée  des  contemporains  :  posséder  les  règles  du  cur~ 
sus  de  Rome,  était  pour  eux  la  meilleure  des  recommandations. 
Aussi  les  notaires  d'un  grand  nombre  de  cours  ecclésiastiques 
ou  laïques  ne  tardèrent-ils  pas  à  se  conformer  de  leur  mieux,  et 
parfois  avec  succès,  aux  prescriptions  d'Albert  de  Morra.  Il  en 
résulta  que  le  cursus  fut  également  à  la  portée  des  faussaires. 
En  fait,  dans  bon  nombre  de  bulles  fausses,  le  rythme  ne  laisse 
rien  à  désirer. 

Est-ce  à  dire  que  la  critique  ne  puisse  tirer  aucun  parti  du 
cursus 'pour  le  discernement  des  pièces  fausses?  Je  m'explique. 

1.  Les  dictatores  enseignaient  le  moyen  de  rendre  le  discours  c  prolixe  »,  et  à 
côté  de  Vordo  naturalisa  qui  n'était  autre  que  Tordre  logique,  ils  plaçaient 
ïordo  artifLcialis^  consistant  en  interversions  forcées,  et  auquel  ils  ne  manquaient 
point  de  donner  la  préférence  :  c  Notandum  quod  ordo  dictatoris  duplex  est, 
scilicet  naturalis  et  artlficialis.  Naturalis  est,  quando  res  describitur  ex  ordine, 
prout  gesta  est,  et  absque  omatu.  Artilicialis  est,  quando  dictator  non  servat 
debitum  ordinem  rei  geste,  sed  a  medio  procedit  ad  principium  et  de  fine  ad 
médium  et  hoc  pluribus  modis  :  1^..  »  (Bibl.  nat.,  ms.  latin  n"  16246 1,  f'  9'2.  J'ai 
imprimé  tout  ce  passage,  De  arte  scribendi  episiolaSy  p.  65). 


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tàlim' -^  ^;.l •'•»*<  ^T"*» 


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21\ 

et  d'une  autre  que  Ton  a  voulu  attribuer  à  Boniface  VIII S  sans 
remarquer  que  les  notaires  de  ce  pape  ne  commettaient  que  bien 
rarement  des  fautes  de  cette  gravité  : 

...  ingressus  interdictus. 
...  universitatls  predictorum. 
...  mînistrari  libère  possint. 
etc. 

S'il  s'agit  d'une  lettre  attribuée  à  l'un  des  papes  du  xni®  siècle, 
depuis  Innocent  III  jusqu'à  Honorius  IV,  la  critique  pourra  se 
montrer  plus  difficile  :  eue  exigera  des  rédacteurs  une  application 
constante  des  règles  du  cursus  et  considérera  comme  suspecte 
toute  lettre  dans  laquelle  une  phrase  se  terminerait  d'une  façon 
défectueuse.  A  plus  forte  raison  condamnera-t-elle  une  bulle 
attribuée  à  Innocent  IIP  dont  les  terminaisons  sont  les  sui- 
vantes : 

...  litterae  signifleantes, 
...  oculo  invigilans, 
...  cure  deputatam, 
...  personarum  conniventia, 
...  libris  obligaverat, 
...  tenore  litterarum, 
...  voluntate  respondentes, 
...  honesto  contingente, 
...  renunciaverit  labori, 
...  supradicta  omnia, 
...  ad  se  pertinentibus, 
...  consensu  commendantes. 
...  consilio  factum  est, 
...  auctoritate  conformetur. 
...  rationabilia  petentium, 
...  provisione  agitur, 
...  favore  manutenere, 


1.  «  Honestis  ac  humilibus...  »  (Ludet^ig,  Reliquiae  manuscriptomm  omnis 
xvi  diplomaium  ac  monumentorum  ineditorum  adhuc,  Halae  SalicaB,  1737, 
m-8%  t.  XI,  p.  613.  Cf.  Potthast,  p.  1975). 

2.  Bulle  du  27  mai  1216  adressée  au  couvent  de  Medlich  :  c  Dilectionis  ves- 
trae  nobis...  »  (Ph.  Hueber,  Ausiria  exarchivis  MélUcensib'os  illustrata,  Lipsiae, 
1722,  in-f%  f-  13.  Cf.  Potthast,  p.  449). 


272 

.  memores  existant. 

.  a^re  volentes, 

..  providit  necessitAti, 
...  auctoritate  confirmantes. 
...  generare  solet, 
...  sue  indulgemus, 
...  elegit  exonerari. 
...  emergunt  casus, 
...  sufficit caul^la. 
...  agere  presumpserit, 
...  provisa  sunt  auferendo, 
...  auctorilat^  excommunicatus, 
...  Christi  separalus, 
...  satisfactionem  emendaverit, 
etc. 

\\n\r  tlxer  la  date  d'une  bulle  authentique,  le  cursus  sera 
i'iK\>iv  dt^  quelque  utilité.  Ainsi  M.  Delisle,  quand  il  revendiquait 
(K>ur  Innocent  III  des  lettres  attribuées  à  Innocent  II S  aurait  pu 
lutn*  m\  nouvel  argument  de  l'observation  du  cursus*  :  il  se  fon- 
vlail  8U1'  la  mention  de  l'année  du  pontificat  ;  mais  supposez  que 
m»us  soyons  en  présence  d'une  copie,  d'un  fragment  tronqué, 
dont  on  ait  supprimé  la  date  :  c'est  alors  qu'il  sera  bon  de  se 
r«|>|>t»l<îr  que  le  rythme  sous  Innocent  II  (1130-1143)  était 
uilôriour  à  celui  des  bulles  d'Innocent  III  et  d'Innocent  IV. 

Jt)  termûierai  en  faisant  observer  que,  pour  la  période  comprise 
ontrt^  1198  et  1288,  le  cursus  donne  le  moyen  de  reconnaître 
ftu'iltunent  et,  pour  ainsi  dire,  du  premier  coup-d'œil  les  erreurs 
ih^  copie  ou  les  interpolations  qui  déparent  souvent,  dans  nos 
meilleures  éditions,  le  texte  d'une  lettre  apostolique. 

Noël  Valois. 

1.  Mémoire  sur  les  actes  (TJnnocent  ///,  l.  c,  p.  61. 

2.  V.  par  exemple  les  deux  lettres  imprimées  dans  la  collection  des  condles 
de  Ubbe  (t.  X,  col.  968)  et  dans  le  Cartul.  de  N.-D.  de  Paris,  t.  III,  p.  184. 


CHARTES 

DE  SAINT-MARTIN  DE  TOURS 


COLLATIONNÉES   PAR    BALUZE 


SUR  LES  ORIGINAUX. 


Lorsque  feu  notre  confrère  E.  Mabille  entreprit  la  restitution 
du  célèbre  cartulaire  de  Saint-Martin  de  Tours  connu  sous  le 
nom  de  Pancarte  noire  ^,  il  attacha  naturellement  la  plus  grande 
importance  aux  copies  de  la  main  de  Baluze.  De  tous  les  érudits 
qui  ont  travaillé  dans  les  archives  de  Saint-Martin,  c'est  certai- 
nement celui  dont  les  transcriptions  ont  pour  nous  le  plus  de 
prix.  Toujours  faites  sur  le  meilleur  des  textes  qui  existaient, 
elles  témoignent  d'un  soin  extrême,  et  surtout  d'un  souci  de  l'exac- 
titude qui  permettent  de  les  utiliser  presque  au  même  titre  que  les 
textes  qu'elles  représentent,  originaux  ou  anciennes  copies,  pour 
les  études  les  plus  minutieuses.  Malheureusement,  un  certain 
nombre  des  plus  anciens  diplômes  de  Saint-Martin  ne  se  retrou- 
vaient pas  dans  ses  manuscrits,  et  les  copies  de  Besly,  de  dom 
Lesueur,  de  dom  Martène  ou  de  dom  Housseau  qui  faisaient  seules 
connaître  ces  documents  ne  laissaient  pas  que  de  faire  regretter 
qu'on  n'en  eût  point  de  la  main  de  Baluze.  Une  petite  découverte 
me  permet  de  combler  aujourd'hui  une  partie  de  cette  lacune. 

On  sait  que  les  chanoines  de  Saint-Martin,  à  l'occasion  d'un 
interminable  procès  qu'ils  soutinrent  contre  les  archevêques  de 
Tours  au  ^ujet  de  leurs  prérogatives,  firent  imprimer,  en  1709, 

1.  La  Pancarte  noire  de  Saint-Martin  de  Tours,  brûlée  en  1793,  restituée 
diaprés  les  textes  imprimés  et  manuscrits  par  E.  Mabille.  Paris  el  Tours,  1866. 
In-S*. 


27(5 


1.  43,   44,   46,   47,   48,  49,   20. 

bunuarum 
1. 46el24.  Aniliaco 
1. 48.  Britannorum 
1.  24 .  habent 
1. 26.  supplementum 
1.  34 .  annulo 
1.  32.  Eneas 

Ludovic! 

recognovi 
l.  34.  Id. 

Garoli 


bunuaria 

Aviliaco 

Brittanorum 

habet 

subplementum 

anulo 

Aeneas 

Hiudowici 

recognovit  et  subscripsit 

Idus 

Karoli. 


2°  16  avril  849.  —  Charles  le  Chauve  confirme  les  chanoines 
de  Saint-Martin  dans  la  possession  de  la  villa  d*Antogné  et  fixe  à 
deux  cents  le  nombre  des  chanoines  {Recueil,  p.  3,  Mabille, 
Index,  n<*  51,  au  1"  mai). 


Texte  imprimé. 

1.   4.  Francorumque  Aquitano- 

rum 
1.   6.  fidelibusque 
1. 4  2.  authoritatem 
1.46.  praedecessorum 
1.  27.  heri 

1.  29.  esse  perpetuo  voluerint 
1.  34 .  Ludovici 

recognovit 
1.  32.  Gai.  maii 

Garoli 

Foeliciter  in  Dei  nomine. 


Corrections  de  Baluze. 
Francorum  Aquitanorumque 

fîdelibus 

auctoritatem 

praecessorum 

Ghristi 

voluerint  esse  perpetuo 

Hiudowici 

recognovit  et  subscripsit 

XVI  Kal.  mai 

Karoli 

In  Dei  nomine  foeliciter. 


Comme  on  le  voit,  c'est  sur  la  date  que  porte  la  correction  la 
plus  notable;  ce  diplôme  est  donc  du  16  avril  et  non  du  1^*"  mai. 
De  plus,  Baluze  a  rétabli  avant  la  souscription  du  chancelier  celle 
du  roi  :  Signum  Caroli  gloriosissimi  régis,  qui  manquait  dans 
le  texte  imprimé,  bien  (ju'elle  fut  annoncée  par  la  formule  :  manu 
nostra  propria  subterfirmavimus . 

« 

3°  6  novembre  851 .  —  Charles  le  Chauve  concède  en  bénéfice 
à  Wichardla  celle  de  Sainte-Colombe  pour  en  jouir  sa  vie  durant 
{Recueil,  p.  5,  Mabille,  Index,  n®  54). 


277 

Texte  imprimé.  Corrections  de  Baluze. 

1.    2.  irrationabiliterpetitionibus  irrationabilibus  petitionibus 

1.    5.  Wiehardus  Wichardus 

1.2-1.  nec  nos  necnon 

1.  22.  annulo  anulo 

l.  23.  jussimus  concessimus 

1.  24.  Ludovici  Hludowici 

recognovi  recognovi  et  subscripsi 

1.  25.  Indictione...  (un blanc  tient  Indictione  XV 
la  place  du  chiffre.) 

régnante  glorioso  rege  régnante  Karolo  glorioso  rege. 

4°  30  janvier  869.  —  Charles  le  Chauve  prend  sous  sa  protec- 
tion les  domaines  de  Leré  en  Berry  et  de  Marsat  en  Auvergne 
{Recueil,  p.  135,  Mabille,  Index,  n<*67). 


Texte  imprin^. 

Corrections  de  Bal 

1.   i,  Carolus 

Karolus 

1.    7.  Liradus 

Leradus 

1.-13.  agnoscentes 

cognoscentes 

1.  27.  recognovi 

recognovi  et  subscripsi 

1.  32.  Carolo 

Karolo. 

Entre  la  fin  de  la  teneur  et  la  souscription  du  chancelier, 
Baluze  a  intercalé  une  souscription  de  Charles  le  Chauve  :  Signum 
Karoli  gloriosissimi  imperatoris,  sans  mentionner  du  reste 
de  monogramme. 

Il  y  a  lieu  de  s'étonner  de  voir  figurer  la  souscription  de 
Charles  empereur  à  un  diplôme  que  tous  ses  éléments  chronolo- 
giques concourent  à  dater,  sans  contestation  possible,  du  30  jan- 
vier 869.  Si  l'on  observe  que,  contrairement  à  la  règle  constante 
de  la  chancellerie  de  Charles  le  Chauve,  cette  souscription  du 
souverain  n'est  pas  annoncée  à  la  fin  de  la  teneur,  on  sera  con- 
vaincu qu'elle  n'existait  pas  sur  le  diplôme  lorsqu'il  est  sorti  de  la 
chancellerie  et  qu  elle  a  dû  être  ajoutée  plus  tard  par  quelque  igno- 
rant qui  a  risqué  de  rendre  cet  acte  suspect  en  voulant  le  compléter 
par  une  formule  qu'il  jugeait  sans  doute  indispensable  à  sa  validité. 
On  peut  croire  que  cette  addition  n'a  pas  été  faite  longtemps  après 
la  date  de  la  délivrance  du  diplôme  et  dans  tous  les  cas  que  les 
caractères  de  cette  prétendue  souscription  étaient  assez  habile- 


278 

ment  contrefaits,  puisqu'elle  n'a  donné  lieu  à  aucune  observation 
de  la  part  de  BaluzeT,  qui  l'a  transcrite  d'dprès  l'original. 

Nous  n'insisterons  pas  davantage  sur  les  petites  améliorations 
que  les  collations  de  Baluze  apportent  au  texte  des  documents 
publiés  dans  ce  recueil.  Il  nous  suffira  d'avoir  signalé  l'exemplaire 
de  la  Bibliothèque  nationale  aux  futurs  éditeurs  d'un  cartulaire 
de  Saint-Martin  de  Tours. 

A.  GiRY. 


INSTRUCTIONS  DE  FOSCARI 

DOGE  DE  VENISE 

AU  CONSUL  DE  LA  RÉPUBLIQUE 
CHARGÉ  DE  COMPLLMENTERLE  NOUVEAU  ROI  DE  TUNIS 

EN  1436. 


Fanucci  et  Antoine  Marin  pensaient  que  les  Vénitiens  et  les  Tos- 
cans fréquentant  l'Afrique  septentrionale  avaient  été  admis  à  parti- 
ciper aux  caravanes  commerciales  qui  pénétraient  dans  l'intérieur  du 
pays.  J'ai  cherché  et  réussi,  je  crois,  à  prouver  l'origine  et  l'erreur 
de  cette  opinion  ^  Le  conmierce  des  chrétiens  en  Afrique  fut  toujours 
essentiellement  maritime.  Une  dépassa  guère  les  ports  du  littoral,  en 
faisant  une  exception,  motivée  encore  plus  par  des  raisons  politiques 
et  religieuses  que  par  des  raisons  commerciales,  pour  Tlemcen,  Fez 
et  Maroc.  Les  conditions  des  Vénitiens  furent  à  cet  égard  à  peu  près 
les  mêmes  que  celles  des  autres  nations  chrétiennes. 

Les  Français  eurent  dès  le  xiii®  siècle  des  comptoirs  ou  des  consuls 
à  Tunis,  à  Bougie  et  à  Geuta.  Leur  commerce  déclina  dans  le  Magreb 
comme  ailleurs  au  xiv®  et  au  xv®  siècle.  Sous  Louis  XI,  il  reprit 
quelque  vie.  François  I®^  Henri  IV  et  Louis  XIII  lui  donnèrent  enfin 
une  impulsion  décisive.  De  ces  règnes  réparateurs  datent  les  JS'^aô/w- 
sements  français  dans  les  États  Barbaresques,  successivement  créés 
au  Bastion  de  France,  à  Bône,  à  la  Galle  et  à  Tîle  de  Tabarque.  Cette 
île,  qui  faisait  partie  de  la  Numidie  et  non  de  la  Proconsulaire, 
dépend  historiquement  de  l'Algérie,  et  aurait  dû  être  rattachée 
depuis  longtemps  à  son  territoire. 

En  revenant  aux  Vénitiens,  je  dois  rappeler  que  le  roi  Abou-Omar- 
Othman,  auquel  le  doge  Foscari  envoie  ses  féhcitations  d'heureux 

1.  Traités  entre  les  Chrétiens  et  les  Arabes  d'Afrique  au  moyen  âge.  Sup- 
plément, p.  17. 


280 

avènement,  accorda  à  la  république,  en  4438,  un  traité  confirmant 
les  avantages  reconnus  depuis  longtemps  à  ses  nationaux  dans  le 
Magreb  oriental  ^ . 

Ce  prince  était  le  26'  roi  de  la  dynastie  des  Hafsides,  dont  le  der- 
nier souverain,  Mohammed  ben  Es-Soltan,  fut  détrôné  par  les  Turcs 
en  ^1572.  Des  pachas  turcs  gouvernèrent  depuis  lors  sans  conteste  à 
Tunis  jusqu'en  4664.  A  cette  époque,  une  grande  anarchie  bouleversa 
le  pays  et  les  deys,  élevés  successivement  au  pouvoir  par  la  milice, 
cherchèrent  plusieurs  fois  à  se  soustraire  à  la  suzeraineté  de  Gons- 
tantinople. 

La  Porte  parvint  néanmoins  à  faire  reconnaître  de  gré  ou  de  force 
le  droit  supérieur  qu'elle  avait  conquis  en  4  572.  Elle  le  perdit  en  1 705. 
A  cette  époque  s'établit  à  Tunis,  en  la  personne  d'Hassan,  ou  Hosséin 
Bey,  fils  d'Ali  Et  Turki,  originaire  de  Candie,  une  dynastie  qui  a 
possédé  la  vraie  royauté  d'une  façon  héréditaire,  manifeste  et  sdiïso- 
lument  indépendante.  C'est  à  cette  famille  qu'appartient  Mohammed 
Es-Sadoc,  au  nom  de  qui  la  prière  publique  du  vendredi  s'est  tou- 
jours faite  dans  les  mosquées  de  la  Régence.  Ce  fait  seul  suffirait  à 
constater  sa  souveraineté  territoriale. 

Si  l'on  veut  voir  d'autres  témoignages  de  son  indépendance  poli- 
tique vis-à-vis  des  prétentions  de  Constantinople,  on  n'a  qu'à 
parcourir  dans  les  recueils  de  Dumont,  de  Martens,  de  Testa  et  de 
M.  de  Clercq,  les  traités  que  cette  dynastie  a  conclus  avec  les  États 
étrangers,  depuis  Taccord  de  4708,  signé  avec  la  Hollande,  jusqu'au 
traité  de  4802  par  lequel  M.  Devoize,  envoyé  du  premier  consul, 
obtint  le  renouvellement  du  traité  conclu  avec  Louis  XV  en  4742. 
Dans  tous  ces  pactes,  le  dey  ou  bey  de  Tunis  traite  seul,  directement 
et  souverainement  avec  les  puissances  chrétiennes  ;  dans  aucun  il 
n'est  fait  une  seule  fois  mention  de  la  Turquie  ni  du  Grand  Turc. 

L.  DE  Mas  Latrie. 
1436. 
M.  cccc.  XXXV.  Die  tertio  Februarii. 
Commission 
Nos  Franciscus  Foscari,  Dei  gratia  dux  Venetiarum,  etc. 

1.  Traités,  p.  250. 

2.  En  marge  :  Ser  Maurus  Caravello,  sapiens  Ordinum, 


281 

Committimus  tibi  nobili  viro  Blancho  Delflno,  dilecto  civi  et  fideli 
nostro  ituro  consuli  nostro  Tunisii,  quod  cum  nostris  litteris 
credulitatis  quas  tibi  dari  fecimus  ire  debeas  antequam  intres 
consulatum  ambaxiator  ad  presentiam  serenissimi  domini  Otte- 
men  régis  Tunisii  ;  cui,  factis  salutationibus  et  generalibus  obla- 
tionibus,  cum  verbis  pertinentibus  et  consuetis,  debeas  celsitu- 
dini  sue  exponere  quod  dominatio  nostra  ubi  intellexit  illustrem 
personam  suam  ad  regalem  dignitatem  digne  pervenisse  maximam 
leticiam  habuit,  respectu  illius  summe  justicie  quam  in  eo  esse 
audivimus  ;  et  sicut  sibi  jam  pridem  gratulavimus,  ita*  nunc  etiam 
te  ad  suam  presentiam  misimus  ad  congratulandum  sibi  de  hujus- 
modi  prosperis  dignitatibus  suis  que  sibi  merito  a  Deo  concesse 
sunt. 

Deinde  narrabis  ei  quod  cum  illustrissimis  dominis  regibus 
predecessoribus  suis  bonam  pacem  et  sinceram  amiciciam  habui- 
mus,  quam  etiam  cum  excellentia  sua  habereintendentes  in  futu- 
rum,  missimus  te  ad  presentiam  suam,  ut  antiqua  pax  et  sincera 
nostra  bona  amicicia  ratificetur  et  augeatur  cum  regia  altitudine 
sua.  Et  quia  multi  nostri  subditi  et  fidèles  terrarum  et  locorum 
nostrorum  et  alii  multi  qui  cum  nostris  navigiis  navigabant  in 
suis  terris  detinentur  captivi,  rogabis  suam  celsitudinem  ut  sicut 
vigore  pacis  fieri  débet  et  sicut  in  sua  justicia  speramus  ipsi 
captivi  Ûbere  restituantur;  et  in  hocfacito  quicquid  boni  poteris. 
Et  si  pro  ipsis  redimendis  erit  opus  pecunia,  sumus  contenti  quod 
pro  tanto  pio  opère  exequendo  possis  expendere  usque  ducatos 
decem  pro  uno  quoque  eorum,  et  expendendo  tamen  minus  si 
minori  quantitate  facere  poteris. 

De  parte,  omnes  alii.  De  non,  i.  Non  sine,  i. 

Volumus  insuper  quod  priusquam  suscipias  oflScium  consulatus 
exerceas  ambaxiatam,  et  infra  duos  menses  procures  apud  regem 
exequi  omnia  que  tibi  velut  ambaxiatori  nostro  exequenda  com- 
mitimus.  In  quibus  duobus  mensibus  ire  et  stare  debeas  ad  expen- 
sas  nostri  communis  et  possis  expendere  ducatum  unum  in  die, 
sed  a  duobus  mensibus  ultra,  si  non  fueris  expedictus,  stabis 
expensis  tuis.  Declaramus  tamen  tibi  quod  illo  die  quo  Tunisium 
applicueris  incipies  lucrari  salarium  consulatus.  Verum  tibi 
prohibemus  facere  mercaturam  personaliter. 

Dari  tibi  fecimus  copiam  unius  littere  quam  alias  scripsimus 
domino  Montassar,  régi  predecessori  istius  Ottemen,  per  quam 
sicut  videbis  petimus  emendam  et  refectionem  multorum  damno- 


282 

rum  et  injusticiarum  que  nostris  civibus  illate  fuerunt  scilicet 
presertim  super  causa  vivi  nobilis  Andrée  Contareno.  Super  qua 
habita  informatione  ab  eodem  et  a  nostro  consule  Tunisii  in 
quibus  terminis  se  reppererit  ille  casus,  volumus  quod  procurare 
et  solicitare  debeas  omni  tuo  ingenio  ut  eidem  nostro  nobili  fiât 
jus  integrum  et  satisfactio  damni  sui  sicut  ex  forma  pacis  fleri 
débet.  Et  hoc  ipsum  committimus  tibi  de  aliis  causis  nostrorum 
civium  in  illis  litteris  nostris  ad  regem  speciâcatis,  ut  in  ipsis 
facias  quicquid  boni  poteris. 

Dona  etiâm  que  tibi  dari  fecimus  dicto  domino  régi  presentabis 
cum  verbis  pertinentibus  et  consuetis. 

(ArchiY.  gènér.  de  Venise,  Senato.  MUti,  Reg.  59.  fol.  141.) 


LISTE 


DES  NOMS  D'HOMMES 


GRAVÉS    SUR   LES    MONNAIES 


DE  L'ÉPOQUE  MÉROVINGIENNE. 


LETTRE  A  M.  D'ARBOIS  DE  JUBAINVILLE. 


Mon  cher  ami  et  confrère, 

Il  existe  plusieurs  travaux  qui  traitent  des  noms  propres  ger- 
maniques de  personnes  ;  J.  Grimm  en  a  donné  un  dans  le  tome 
second  de  sa  Deutsche  Grammatik;  le  plus  considérable,  dû  à 
M.  Foerstemann,  est  intitulé  :  Personen-namen^, 

Le  livre  de  ce  dernier  savant,  de  même  que  l'étude  de  Grimm, 
a  un  caractère  général  qui  embrasse  également  tous  les  dialectes 
des  langues  germaniques.  Il  en  résulte  un  certain  vague  dans 
l'ouvrage  assez  succinct  de  Grimm  et  une  véritable  confusion 
dans  celui  de  M.  Foerstemann. 

Vous  pensez,  et  je  crois  que  vous  avez  grandement  raison,  qu'il 
est  temps  de  commencer  à  étudier  chaque  dialecte,  séparément  ; 
c'est,  du  reste,  ce  qu'ont  déjà  fait  MM.  Wackernagel  et  Cari 


1.  Les  mémoires  de  M.  Bourquelot  sur  les  Noms  propres  et  leur  valeur  his- 
torique au  temps. des  deux  premières  races  (Mém.  de  la  Soc.  des  Antiquaires 
de  France,  t.  XX VIII)  et  de  M.  Edm.  Le  Blant  sur  le  Rapport  de  la  forme  des 
noms  propres  avec  la  nationalité  à  V époque  mérovingienne  (Ibidem),  sont  à 
consulter  bien  qu4is  ne  traitent  pas  directement  ia  question  dont  je  m'occupe 
en  ce  moment. 


281 

Meyer,  celui-ci  pour  la  langue  lombardes  celui-là  pour  la  langue 
bourguignonne*. 

Il  vous  appartient  d'en  faire  autant  pour  la  langue  des  Francs, 
et  je  suis  très  heureux  de  pouvoir  vous  fournir,  pour  ce  travail , 
les  éléments  que  peut  fournir  la  numismatique  mérovingienne. 

Chez  les  Francs,  me  dites-vous.  Ton  distingue  deux  dialectes, 
le  mérovingien  et  le  carolingien.  Le  premier  a  fourni  au  français 
la  plupart  des  mots  d^origine  germanique  qui  n*ont  pas  subi  la 
seconde  permutation  des  consonnes  :  ils  ne  nous  sont  guère  con- 
nus que  par  des  noms  propres  de  personnes  et  par  les  termes  de 
droit  que  la  loi  salique  conserve  dans  les  gloses  malbergiques  ; 
mais  ces  gloses  ne  nous  sont  parvenues  que  sous  une  forme  très 
altérée,  et,  d'autre  part,  les  termes  de  droit  —  latinisés  —  con- 
tenus dans  le  texte  de  la  loi  salique,  ne  sont  pas  très  nombreux. 
Ce  sont  donc  les  noms  d'hommes  qui  forment  l'élément  le  plus 
important  à  l'aide  duquel  on  peut  essayer  de  reconstituer  les  lois 
du  dialecte  franc  que  parlaient  les  Mérovingiens. 

Mais,  pour  que  cet  instrument  de  travail  soit  d'un  usage  sûr, 
il  est  indispensable  de  se  servir  exclusivement  de  documents  écrits 
à  l'époque  mérovingienne;  les  copies  de  l'époque  carolingienne 
substituent  déjà  une  orthographe  nouvelle  à  l'orthographe  primi- 
tive. L'onomastique  mérovingienne  ne  peut  être  étudiée  que  dans 
les  diplômes  originaux,  dans  les  plus  anciens  manuscrits  de  Gré- 
goire de  Tours,  de  Frédégaire,  des  Gesta  regum  Francorum  ; 
dans  les  monuments  épigraphiques,  enfin  sur  les  monnaies,  élé- 
ment d'information  complètement  négligé,  jusqu'à  ce  jour,  par 
les  savants  qui  ont  abordé  ce  sujet.  M.  Foerstemann  lui-même, 
dans  son  volume  in-quarto,  paraît  ignorer  qu'à  l'époque  méro- 
vingienne, du  milieu  du  vi®  au  milieu  du  vm®  siècle,  la  numisma- 
tique franque  révèle,  sous  leur  forme  contemporaine,  plusieurs 
centaines  de  noms  d'hommes. 

Les  monnaies  mérovingiennes  portent  des  noms  de  rois,  ceux-ci 
relativement  assez  rares,  et  des  noms  de  monnayers;  l'étude 
que  vous  ferez  des  noms  royaux  pourra  être  d'un  grand  secours 
aux  numismatistes  pour  classer  chronologiquement  les  pièces 

1.  Sprache  und  Sprachdenkmœler  der  Langobarden ,  un  vol.  in-S*»  (Pader- 
born,  1877). 

2.  Dans  un  mémoire  qui  termine  le  tome  I"^  de  Touvrage  publié  en  1868  à 
Leipzig  sous  le  titre  :  Das  burgundisch-romanisch  Kœnigreich. 


285 

présentant  des  vocables  de  rois  homonymes.  A  cette  époque,  le 
monnayage  ne  semble  pas  avoir  été,  à  proprement  parler,  un 
monopole  de  l'Etat;  c'était  plutôt  une  entreprise  commerciale 
dans  laquelle  le  nom  d'un  agent  accrédité  garantissait  au  public 
le  poids  et  l'aloi  de  la  monnaie  fabriquée  par  lui. 

Contrairement  à  l'opinion  de  plusieurs  de  mes  confrères,  je  ne 
pense  pas  que  le  monnayer  mérovingien  ait  été  autre  chose 
qu'un  oflScier  public  d'un  rang  assez  modeste.  On  a  cru,  en  se 
fondant  sur  certaines  homonymies,  retrouver  sur  quelques  tiers 
de  sou  les  vocables  de  personnages  historiques.  Saulcy  a  proposé 
jadis  de  lire  le  nom  du  duc  austrasien  Gondoald  sur  un  trions 
qu'il  attribuait  à  Troucey,  près  de  Toul;  aujourd'hui,  il  est  établi 
que  cette  pièce  est  signée  par  le  monnayer  Gundoald  (Gvn- 
DOALDo  M  et  non  pas  Gvndoaldox)  et  qu'elle  paraît  porter,  au 
lieu  d'un  nom  de  vicus  austpasien ,  celui  d'une  localité  limousine 
(Fursac,  Creuse)  en  latin  Ferruciacus.  C'est  encore  ce  savant 
regretté  qui  a  cru  retrouver  le  patrice  Mommole  à  Chalon-sur- 
Saône,  tandis  que  Lelewel,  dans  le  même  ateher  monétaire,  pro- 
posait le  duc  Wintrio.  Ces  deux  conjectures  ont  été  admises  par 
M.  le  vicomte  d'Amécourt  qui  a,  lui-même,  donné  un  assez  grand 
nombre  d'autres  assimilations  dont  la  probabilité  me  semble  éga- 
lement très  contestable.  Il  faut  éviter,  dans  l'étude  des  monnaies 
franques,  de  se  laisser  égarer  sur  la  même  fausse  route  suivie  il  y 
a  quelques  années  à  propos  de  la  numismatique  gauloise,  alors  que 
l'on  voulait  y  retrouver  les  noms  de  tous  les  chefs  mentionnés  par 
les  Commentaires  ;  il  semblait  que  la  plupart  des  monnaies 
gauloises  portant  des  noms  d'hommes  devaient  avoir  été  frappées 
pendant  les  huit  années  que  durèrent  les  campagnes  des  Romains 
en  Gaule. 

Les  textes  nous  apprennent  qu'Abbon  était  orfèvre  et  dirigeait 
la  monnaie  à  Limoges  ;  jusqu'à  ce  jour  aucun  triens  de  cette  ville, 
signé  de  lui,  n'a  été  retrouvé.  On  ne  peut  pas  le.  confondre  avec 
les  monnayers,  ses  homonymes,  dont  les  noms  se  lisent  sur  des 
pièces  portant  en  outre  le  nom  de  Chalon-sur-Saône  et  celui  de 
Daria  appartenant  à  une  localité  indéterminée. 

Il  me  semble  même  qu'il  n'est  permis  d'admettre  qu'avec  la 
plus  grande  réserve  la  conjecture  d'après  laquelle  saint  Eloi 
aurait  signé  des  monnaies  frappées  à  Paris  et  à  Marseille.  Si  le 
nom  à'Eligius  paraissait  exclusivement  sur  des  monnaies  de 
Dagobert  P%  on  pourrait  hésiter  ;  mais  on  le  lit  fréquemment, 


286 

bien  que  les  noms  royaux  soient  rares  dans  la  numismatique 
mérovingienne,  sur  des  triens  de  Clovis  II,  qui  régna  de  638  à 
656.  Saint  Eloi  ayant  été  élu  évêque  de  Noyon  vers  640,  il  me 
semble  difficile  d'admettre  qu'il  ait  été  monnayer  sous  Clovis  II  ; 
d'aiUeurs  saint  Ouën,  son  ami  et  son  contemporain,  à  qui 
nous  devons  tant  de  détails  sur  sa  vie,  qui  nous  parle  même  de 
son  habileté  dans  Tart  de  Torfèvrerie,  ne  fait  aucune  allusion  à 
la  part  qu'il  aurait  prise  à  la  fabrication  matérielle  des  mopnaies 
royales. 

J'ai  cherché  à  relever  tous  les  noms  d'hommes*,  d'origine  ger- 
manique ou  latine,  fournis  par  la  numismatique  mérovingienne; 
un  certain  nombre  d'entre  eux,  inédits  jusqu'à  ce  jour,  ont  été 
lus  par  moi  sur  les  nombreuses  monnaies  de  la  première  race  de 
nos  rois,  éparses  dans  les  musées  et  les  collections  particulières 
de  l'Europe.  Mon  catalogue  ne  sera  certainement  pas  irrépro- 
chable; mais,  tel  que  je  vous  l'offre,  il  présente  la  liste  la  plus 
complète  qui  ait  encore  été  dressée. 

Chaque  nom  d'homme  est  suivi  du  nom  de  lieu  gravé  sur  la 
monnaie  qui  les  présente  tous  deux  ;  je  n'ai  pas  voulu  donner  ici 
l'assimilation  de  tous  ces  noms  de  lieux  avec  les  formes  modernes 
qui  les  représentent  aujourd'hui.  Ce  travail  sera  le  sujet  d'un 
ouvrage  spécial  dont  je  suis  loin  d'avoir  réuni,  à  cette  heure,  les 
éléments.  Tenter  dès  à  présent  une  pareille  tâche  serait  s'exposer 
à  des  tâtonnements  et  à  des  conjectures  qui  nuiraient  à  la  science 
plus  qu'ils  ne  lui  serviraient. 

On  ne  trouvera  pas,  dans  cette  liste,  certains  noms  qui  prove- 
naient de  mauvaises  lectures;  quelques-unes  des  variantes,  résul- 
tant de  la  maladresse  des  monnayers,  ne  m'ont  pas  semblé 
dignes  d'être  relatées.  Ces  maladresses  sont  dues  le  plus  souvent 
à  des  transpositions  ou  des  substitutions  de  lettres;  par  exemple, 
à  Chalon-sur-Saône,  nous  lisons  Vinitnone,  Witirione,  Wint- 
rio,  Witrio  qui  ne  sont  que  des  altérations  de  Wintrio;  à  Reims 
Filamarius,  Filari  pour  Filumams;  à  Loco  Sancto,  Dia- 
cioaldio,  Daciovaldus,  mauvaises  formes  de  Dacoaldu^,  Il 
faut  même  remarquer  que,  dans  ce  dernier  exemple,  les  trois  I 
de  Diacicoaldio  ne  sont  en  réalité  que  des  traits  intercalés  par 
le  caprice  du  monnayer  :  on  en  connaît  d'autres  exemples.  En 

1.  J'ai  cru  deToir  reproduire  ces  noms  au  cas  grammatical  employé  par  le 
graveur.  Celle  obser?ation  est  applicable  aux  noms  qui  figurent  dans  ma  liste. 


287 

Velay  nous  voyons  encore  Teudulius  pour  LeudiUfus,  Aco- 
mare  pour  Agomare  ou  Dagomare;  en  Rouergue,  Vanemius 
pour  Vencemius,  Rosoams  pour  RosoluSy  Asrasius  pour 
AspasiiLSy  Telafitis  pour  Ela/îus.  Certains  noms  ont  pu  aussi 
être  mal  lus  par  les  premiers  observateurs,  par  exemple  :  Cha- 
riovindu  pour  Vindochario,  TJrosca  pour  Scauro,  etc. 

J*espère  que  la  publication  que  je  tente  aujourd'hui  décidera  quel- 
ques collectionneurs  à  faire  connaître  les  noms  des  monnayers , 
omis  dans  cette  liste,  qu'ils  connaîtraient  par  des  exemplaires  en 
leur  possession.  On  éprouve  un  certain  plaisir  à  venir  combler 
des  lacunes  dans  un  travail  imprimé  ou  même  aussi,  quelquefois, 
lorsqu'une  personne  s'occupe  d'un  ouvrage  spécial,  à  conserver 
discrètement  quelques  détails  qui  l'intéresseraient  afin  de  pouvoir, 
le  jour  où  l'ouvrage  est  imprimé,  lui  prouver  qu'il  est  incomplet. 
Je  ne  désespère  donc  pas,  dans  quelque  temps,  d'être  à  même  de 
donner  à  cette  liste  un  supplément  que  je  ne  pense  pas  cependant 
devoir  être  bien  considérable. 

Tout  à  vous  cordialement, 

Anatole  de  Barthélémy. 


Abbone,  Chalon-sur-Saône,  Da- 

ria. 
Aboleno,  Poitiers,  Racio  domini. 
Abolïno,  Dinant. 
Abvndancïo,  ABv?f dantivs  ,  Sila- 

niaco, 
AcMiGisiLo,  Meclisina, 
AcoLENO,  Blatomo  Sci.  Mar, 
Adaido,  Poitiers. 
Adalberto,  Avranches,  Bas  ci, 
Addolenvs,  Toulouse,  Blanavia, 
Adelbertvs,  Maestricht. 
Adelemarvs,  Tours,  Tonetos. 
Adeleiho,  Mallo  campione, 
Adeleo,  Namur. 
Aderico,  Iconna. 
Adgalovs,  Munitaus,  Isandone. 


Adomaro,  Namur. 

Adraldvs,  Poitiers,  Noniron. 

Adreberto,  Melun. 

Adriano,  Castroma. 

Advs,  Cariaco. 

Aecivs,  Sion. 

Aeigobertvs,  Paris. 

Aegoaldo,  Lennacas, 

Aegomvndo,  Paris. 

Aegvlfos,   Aegvlfo,   BaracillOj 

Cella,  TidiriciacOj  Viriaco, 
Aenonvs,  Vodincu. 
Agadopvs    ou   Agodopvs,    Val- 

miollo, 
Agennvs,  Le  Puy. 
Agibodio,  Balatonno. 
Agigino  ou  Agiliwo,  Mayence. 


288 


Agivlfvs,  Avenieco. 
Agihichisilo,  Medeconno. 
Agxvs,  Saint-Martin-dCTTours. 
Ago,  Vendonessa. 
Agobardo,  Varia, 
Agolenvs,  Poitiers. 
Agomare,  Bourges. 
Agomares  pour  Dagomares,  Le 

Velay. 
Agrïgisilo,  Vendôme. 
AiEMVS,  Civit.  Rulhenorum? 
AïETivs,  AiEcivs,  Sion. 
x\iGANAR!o,  Nivialcha. 
AiGiMVNDo,  Bourges. 
AiGOALDO,  Rouen,  Viurolenius, 
AiGVLFvs,  Briennon,  Cellavicm, 

Wagias, 
AiRiGVNSo,  Sugelione, 
AïROENO,  Mayence. 
AïRVLFo,  Binson. 
AivLFUs,  Verno, 
Alacharïo,  Meaux. 
Alafivs,  Baiorate. 
Alafredos,  Agennapio. 
Alalasivs,  Bedicco. 
Alamonevs?,  Cambrai. 
Alamvno,  Aximaionio, 
Alapta,  Bordeaux. 
Alasivs,  Chalon-sur-Saône. 
Alchemvndvs,  Arras. 
Aldegiselo  ,    Saint  -  Martin  -  de  - 

Tours,  Nacciocim. 
Aldericvs,  Uzès. 
Aldichïsilo,  Glanonno. 
Aldoald,  Selonaco. 
Aldoaldvs,  Alsegaudia  vie,  Cur- 

tariu. 
Aldoricvs,  Daria. 
Aldvone  pour  Valdone,  Bonoclo, 
Alebodes,  Soviliaco?. 
Alemvndvs,  Vatunaco. 
Allacivs,  Bayeux. 


Allamtivdo,  Vatunnaco. 

Alligisels,  Angers. 

Allô,  Binson. 

Alloni,  Angers. 

Alloyes,  Geus. 

Aloviv,  Deac  vico. 

Ambrovld,  Virduno. 

Ammoneald,  Caio. 

Aptadlïgil,  Nevers. 

Anciolvtrïo,  Civit,  Buthenorum? 

Andoaldo,  Gaciaco,  Marsal. 

Angïsiso,  Varinnas. 

Anglio,  Anglo,   Wijk-'bij'-Duur- 

stede, 
Angobrando,  Cariaco. 
Anicïovaceto,  Sicusio. 
Animvnevs,  Ara. 
Ansaricvs,  Gentiliaco. 
Ansedert  ou  Ansebert,  (Saiga) . 
Ansoaldvs,    Metz,    Maastricht, 

Marsal,  Ebroceca,  Graunanto. 
Ansoinavs,  Ansoindo,  Limoges. 
An+.omaro?,  Andelot. 
Antelinvs,  Sens. 
Antenor,  (Saiga). 
Antidivso,  Bourges. 
Antimi,  Tours,  Toroni, 
Anvrvs,  Icetia. 
Aonoaldo,  Tidiriciaco. 
AoNOBODE ,  Tidiriciaco . 
AoNVLFO,  Verilodio. 
Aragasti,  Mediolano, 
Arailfvs,  Villaus. 
Araste,  Meiolano,  Teudirico. 
Arailfvs,   Aravlfvs,  Le  Velay. 
Arcvlfvs,  Cartinico, 
Aribaldo,  Poitiers,  Biomo. 
Aribaldv,  Clermont-Ferrand. 
Aribodeo,  SconaSj  Tauriliaco. 
Arïgis,  Alna  vico. 
Arigivs,  Tausgunnaco. 
Arimvndi,  Coraria. 


289 


Ariravdo,  Clermont-Ferrand. 
Ariyaldo,  Reims,  Tallende,  Co- 

rofo^  labolentis,  Vienne,  Ri<H 

mo^  Noiomavo. 
Aritindys,  Balatonno, 
Armichigilys,  lacana, 
Arnebodb,  Paris,  Toulouse. 
Arnoaldo,  Arnoaldys,  Paris,  Na- 

ronno. 
Ar^oberto,  Poitiers. 
Aroberte,  Dinant. 
Artoyallys,  Toul. 
Aryaldys^  Vienne. 
Aryhordys,  Limoges. 
AsGAiLAico  ou  Aschilaico,   Tiltt 

Castro. 
AscARico  ou  AsGARioco,  Limoges, 

Saintes,  Loco  santo. 
AsPASiYS,   Civit.   Buthenorum?, 

Uzès. 
Atila  ou  Attila,  Vernemito. 
Aydaldys,  Agmta, 
AYDDOLBffo,  Toulouse. 
Aydebaydes,  Arras. 
Aydegisilys,  Paris,  Poitiers,  Ga- 

varonno,  Virduno^  Borgoiano. 
Aydemaro,  Ambrowic. 
Aydemvx^dvs,  Vienne. 
AvDEN,  Nontoccio  vico. 
Aydeno,  Alviaco. 
Ayderaptys,  Bayeux. 
Aydericvs,  Ecosilina^  Noviinto 

vico. 
AvDiciiLVs,  Lingue,.. 
Aydiernys,  BellomontCj  Orléans. 
Aydigisilys,   Amiens,   Langres, 

Interamnis^  Doussais. 
Aydiricys,  Brioude. 
Aydo,  Auxerre. 
Aydoaldo,  Meaux,  Soissons,  Toul, 

Cintiniaco,  Scolare  mo^  Ca- 
ri...ne  vie. 


Aydobode  ,  nom  de  lieu  à  déchif- 
frer. 

Aydobodo,  Analiaco. 

Aydolenvs,  Poitiers,  Troyes. 

Aydolfo,  Clote. 

Aydolinv,  Novovico. 

Aydomvndvs  ,  Condate  ^  Botomo. 

Aydoraiv,  Poitiers. 

Aydorico,  Versorodo. 

Aydylfvs,  Toul,  Toulouse,  Novio- 
mOy  Frisia,  Novovico. 

Ayendo,  Poitiers. 

Aygemaris,  Le  Mans. 

AvGEMYNDYs,  Gontvovaco  vico. 

AvGivLFYS,  Orléans. 

AviDio,  Aoste. 

Ayitvs,  Civ.  Buthenorum  ?,  Late 
vico. 

Ayldolino,  Rouen. 

Aymengiselys,  Latochuncus. 

Aynaldo,  Caniaviaco. 

AvNARDYS,  Angers. 

Ayneberto,  Castro fusi;  triens  de 
Clotaire  IV  à  Embrun  ou  à 
Yverdun. 

AvNEGisiLo,  Le  Vexin. 

AvNOALDO,  Theodeberciaco. 

AvNOBERTVs,  Blois,  Tobrencia. 

Aynvlfo,  Avnvlfvs,  Ausch,  Stras- 
bourg, Latona^  Bacio  domini, 
Turiuronno. 

Ayrovio,  Avroviys,  Madrànas. 

AvsoMVNDO,  Ciimon  ou  Mo.neci. 

AvsoNis,  Aysoniys,  Saintes,  Ge- 
miliaco. 

Aystadivs,  Chalon-sur-Saône. 

AvsTO,  Sca  ecclesie. 

Aystroaldvs,  Marsal. 

AvsTRODO,  Clermont-Ferrand. 

AvsTRVLEvs,  Autun. 

Avtharivs,  Aprianco. 


49 


292 


Ghadomari,  Tours. 

Ghadvlfo,  Gbadvlfvs,  Brioux; 
Teudericiaco,  Brionno,  Théo- 
deberciaco^  Camiliaco. 

Ghadvovb,  Sacca.,. 

Ghagnoaldo,  Rouen. 

Ghagnomaris,  Maastricht. 

Ghagobardo,  Daria, 

Ghaidvlfo,  Brioux. 

Ghardo,  Venetvs, 

Gharimvndys,  Geniliaco. 

GuAROALDo,  Daria^  Noviomo. 

GhaRëSIGILVS  ,  GUARHISILVS,    Am- 

boise. 
Ghareso,  Auxerre. 
Charialdvs,  Tenganes, 
Gharibërtvs  rex.  Bannassac. 
Gharifridvs,  Antonnaco. 
Gharigis,  Ticinaco, 
Gharigillo,  Noviomo, 
Ghariyaldo,  Darta. 
Gharvaricvs?,  Brionna, 
Ghelaldo,  Rouen. 
Gheloaldo,  Rouen. 
Ghilbbrti,  Toroni. 
Ghildbertys    rex,    Arles   (pièce 

douteuse). 
Ghildebertys  rex,   Metz   (pièce 

douteuse). 
Ghildelnvs,  Le  Mans. 
Ghildiernvs,  Masiciaco, 
Ghildoleivvs,  Bayeux,  Pino. 
Ghildricvs  rex,  Marseille. 
Ghiscolvs,  S*-Jean-de-Maurienne. 
Chivinvlfvs,  Tulbiaco, 
Ghlodovevs  REX,  Marseille,  Paris, 

Chalon-sur-Saône. 
Ghlodovits,  Orléans. 
Ghlotarivs  REX,  Arles,  Ghalon- 

sur-Saône,  Marseille. 
Chlothachariys  rex  ,  Glotaire  III 

à  Embrun. 


Ghlothoyiys  rex,  le  Palais. 
Ghrodobbrty,  Maastricht 
Gharegavciys.  Nom  de  lieu  à  dé- 
chiffrer. 
Ghoso,  Bordeaux. 
Ghrodigisilvs,  Anderpus, 
GuRODBBERTo,  MaastHcht. 
Ghrodoladys,  Vendeuvre. 

GUYDBERTYS,  AugCrS. 

GuYDEGisiLo,  Macediaco. 

Ghyldericys,  Metz. 

GicoALDO,  Cainone  cas. 

Ginsylfo,    Mefrovilla,    Tidiri- 

•    ciaco. 

GiNYONicYs,  Ibcodicis  ? 

GiRANiYS,  Noviomo. 

GiRiMOND,  nom  delieuàdéchlffrer. 

Glaro,  Cambiaco. 

Gleodino,  loioastranoec. 

Gloato,  Lauduno. 

Glodoaldvs,  Meronno. 

Glodoye  rex,  Tournay  ;  pièce  sus- 
pecte. 

Glotariys  rex.  Glotharivs  rex, 
Marseille,  Viviers,  Arles,  Uzès. 

Glyiriacys,  Autun. 

GoMBOLEPfY,  Gahors. 

GoNCEsso,  Troyes. 

GoRBO,  Columbareo, 

GosRYBET  ?,  Strasbourg. 

Gyggilo  ou  Rygcilo,  Lausanne. 

Dabaydes,  Ocainoco. 

Daccioyellys,  Void. 

Dagcho,  Austa. 

Dacuoharo,  Pertas. 

Dacober,  Verdun? 

Dacoyaldys,  Dagoaldo,  Diacioal- 

Dio,  Locosanto. 
Daddoleno,  Pauliaco. 
Dado,  Briotreiie  vico. 
Dadoleno,  Corma. 


DiGOBEBTHVs  REi,  AriBS,  Agaune, 
Limoges,  Viviers,  Verdun?. 

DlGOBBBTO  B. 

DiGOBEBTTs  rex,  Marseille,  Cha- 
lon-sur-Saône, CanfoHano. 

DAfiOHAHKs,  Le  Puj 

DiGOTEB,  roi,  Marseille. 

DiGTLFYS,  Donicia  vico,  Inhvvic- 
pontio. 

DiGVHAREs,  Albice. 

Daihtndo,  Brica  vico. 

Daocoltm,  Lussalia. 

DiovALDO,  Racio  domini. 

Daotildts,  Arciaca. 

Dabgoleno?  Gaciaco. 

Dattbmvs,  Chalon-sur-Saône. 

Datlfo  ,  Limoges ,  Pauliacum , 
Gauno  vico. 

DiwiTs,  Marsiliaco. 

Deobbbits,  Civit.  Ruthenorum? 

Deobbigilo,  Deobigisilo,  Pati- 
gaso. 

Debtolenvs,  Musicaco. 

DionGvs?,  Cusiancia. 

UiPEHo,  Chalon-sur-Saônu. 

DisiDEHio,  Rouen  Icciomo. 

DoBALO,  BodTicasono. 

Uoccio,  nïccioBH,  Oocio,  ;Lyon. 

DoDDO,  Sitlionanlo  ou  Nanto- 
sitlio. 

ïioDO,  Ghalon-sur-Saône,Worms, 
Verdun  ? 

DoDONE,  Rouen. 

DoGOHABTS,  Orléans. 

DoHABDO,  Sanonno. 

DoHABicvs ,  Maastricht ,  Yver- 
dun. 

DoiTAHo,  Steso. 

DoHECisELO,  Palaciolo. 

DoHECio,  Casteliaco. 

DoHËBicrs,  Yverdun. 

Domino,  voy.  Gomitw? 


DoHNOLEfiTS,  Palacio. 

OoHNOLBnrs,  Bodesio. 

DoMHOLiin',  Matoliaco.     . 

Do»nAciiiiiTs,  Ambaeiaco  vie, 

DoHMRio,  Amimcinco  vie. 

DoBNECHiLLo,  BUUomu. 

UoMSTciïs,  Grenoble. 

DoHNiGisiLo,  Tours. 

UoMiyrnsriïs,  Sesia. 

DoHNrro,  Dohnitto,  Chalon-sur- 
Saône,  Blois. 

DoHNOBEETo,  Ketions. 

DoHNOLO,  DoHNOLvs,  ChalOH-sur- 
Saône. 

DoH^vs,  Senlis. 

DOHOLEXVS,  DOHOLINO,  MauTtoco, 
Palaciolo,  Wijk-bij-Duur- 
stede. 

DoHOLo,  Cisomo,  Casl  fi.,  Novo- 
vico,  Palaciolo. 

DôMTLFo,  Chalon-sur-Saône.  Li- 
moges. 

DoMTLFïs,  Racio  xclisie. 

DoHNANB,  Wijk-bij-Duurstede, 

DopOLKNTs,  Caresinisi. 

UOSLEDENTS,  MetZ. 

DosoLiHO,  Orléans. 
Dotimiuants,  Veremund. 
DoiNori,  Camiliaeo. 
Dbahvs,  Larudrias  peut-être  At- 

lirubrias^ 
Dbogtebado,  Gaciaco,  Izernore. 
llaor.TBDÀL^'E,  Izernore. 
UuocTEitEiiivs,  Lyon. 

llROCTKfilSILÏS  ,       DRTCIIGISILVS  , 

Odonio,  Étami)es 
Dbortoaldïs,  Langres. 
DarcBEBro,  (Saiga). 
BeyciaitigIsiitS,  Curr/d? 
Dbvgoivifo  Tricireo? 
Dbïctoal&vs,  TouI,  Baieci. 
IIrvctouhiiys,  Ëtampes. 


294 


Dvccio,  Lyon? 
DvccioNB,  Chalon-sur-Saône. 
DvMVNEVS,  Caronte, 
DyNBEaTo,  Jublains. 
DvTTA,  lixvvifos^  Wijk-bij-Duur- 
stede. 

Ebbone,  Exonttj  Isandone. 

Ebiregisilo.  Nom  de  lieu  à  dé- 
chiffrer. 

Eblinivs,  Clermont-Ferrand. 

Eborino,  monnayer  de  Glovis  III. 

Ebregisilo,  ËBREGisiao,  Rennes, 
Catolaco^  Saint-Denis. 

Ebrigharivs,  Le  Mans. 

EBRiGisiLys,Orléans,Z>onnactaco. 

Ebroaldys,  AlabOj  BrioverOy  Cas- 
tra vicOy  Evira^  Monticlaveti, 
Vorolio. 

Ebromare,  Toulouse,  Ampliaco. 

Ebrvlfo,  Serallo, 

Edicisilo,  Theodiliaco. 

Edohirio,  Blois. 

Edomnio,  Sorte. 

Edviadys,  Paris. 

Ekogittvs,  Begekiita, 

Ela,  Wijk-bij-Duurstede. 

Elafivs,  Gévaudan. 

Elalivs,  Soissons. 

Elariano,  Rezé. 

Eldeberti  r^x. 

Eldecerti,  Ghildebert  II?  à  Ja- 
vouls. 

Elegiio,  Saintes. 

ËLiGi,  Eligio,  Eligiys,  Elegivs, 
Paris,  Marseille,  Palati. 

Ellvto?,  Palanioni. 

Emmi,  Chalon-sur-Saône. 

EpfTHivoLOLATHVs,  Cmlia, 

ËociRiYs,  Lyon. 

EoDicivs,  Eodicvs,  Clermont-Fer- 
rand. 


EoDOMTiHDO,  Muntiniaco. 

EoDVLFo,  MontiniacOj  Novoa- 
tru. 

EoMACiYS,  Racio  ecclesiae. 

EoFfOMio,  Teodeberciaco, 

EosE?rvs,  Eovorigo. 

EosKYio,  Sagraciaco. 

EoTELio,  Caronno, 

Eperino,  Bricciaco, 

Erchimgiselo,  Avitigadr?, 

Erdovldvs  pour  Ebroaldys?,  Cas- 
tra, 

ËRiGisiLYs  pour  Charesigilus  , 
Amboise. 

ËRLoiNvs ,  Saint  -  Martin  -  de  - 
Tours. 

ËRMACHARFVS,  TelloO. 

ËRMOALDO,  Bellomo, 
ËRMOBERTO,  Roueu,  Poîtiers. 
Eri^bbbrto,  Rouen. 
ËRNOALDVS,  Ande, .  .nul^  Solonaco 

vico,  Sornegdiano. 
ËRPONE,  Aoivis. 
ËRTO,  Vindello, 
EscoLARE,  Palati. 
EspERios,  Le  Velay. 
EsPERivs,  Javouls. 
Etidio,  Lezoux. 

ËTTONE,   Le  Mans,   Balatonno. 
EvDAST,  Novovico, 
Eydelenvs,  Metz. 
Evdevigilenvs?  Latiliaco, 
EvDocmvs,  Vendôme. 
EvDOLiNvs,  Lyon,  Vosonno. 
EvGENivs,  Uncesia  vico. 
EvLERivs,  Lyon. 
Evmolo?  Duurstede. 
EvPARDVs,  Ninua. 
EvRicio,  Lyon. 
Eysebii,  Dorovernis. 

Fainvlfo,  BodesiOy  Scarponne. 


Falco,  Briva. 
FiNTi,  F*Ti,  Marsal, 
Faeitoildo,  Poitiers,  Tidirieiaeo. 
FinroLEflo,  Fintoliuo,  Ardin. 
FiTsnsTs,  Arles. 
FiïNYLFo,  Scarpoiine. 
FiTSTiHTs,  Brioude. 
Fedibdo,  Ambernac. 
Fedsgivs,  Curciaco. 
Fedolenvs,  Le  Mans,  lana. 
Fevtits  ?  Ducianm. 
T'elcharits.  Beims. 
Felobcits,  Sion. 
Fetio,  Chalon-sur-Saône. 
FiDifiiTS,  Nantes. 
FtLicHiRivs,  Reims. 

FlUHABlVS,     FlUBI,    FlUHlKTS, 

FiLOMAHos,  Reims. 
FiiyuAbVs,  Reims. 
FiHO,  Lassone. 
IfiRHiNO,  Onaciaco. 
FiiiHO,  ioîcin. 
Flaccio,  Périgueux. 
FuNEGisitTS,  Sôa-nno. 
Flanihisil,  Vosonno. 
Flanikys,  Grenoble. 
Flanvlf?s,  Novovico. 
Flat-..,  Autun. 

Flatiantb,  Grenoble,  Caniunaco. 
Flatints,  Saint -Jean- de-Mau- 

rienne. 
Flavlfo,  FtiïLFvs,  Novovico. 
Fledino?,  Saintes. 
Flodoaldo,    Castoriaco,    Rivi... 

FoRTTNATv,  Nantes. 
FoRTVNo,  Chalon-sur-Saône. 
Fraegtseio,  Balavo. 
FsAGiVLBno,  Brioude. 
FïAGtTLFTs,  Verdun. 
Fbaibo,  Curbonm). 
FiAMELEHO,  Brioude. 


Fbamicillts,  Castrofusi,  Tou- 
louse, Noioimo. 

Franc atbodts,  Silviniaco. 

Franco,  Frangio,  Rennes,  Nantes, 
Bayeux,  Cantoano,  Cambi- 
donno. 

Fbancobodts,  Ambacia  vico,  ¥i- 
dua  vico. 

Francolbno,  Fbahcolihvs,  Vidua. 

Francvlfts,  Cahors. 

Fbando  pour  Franco,  Cambi- 
donno. 

Fbanigisi  pour  Flanigisil,  V»- 
sonno. 

Fhansicimts,  Vidua. 

Fbater:(o  ,  Chalon  -  sur  -  Saône , 
Langeais,  Saint-Martin -de- 
Tours. 

Fbatabdo,  Curisiaco. 

Fredemtniio,  Betlofaeto. 

Feedevaldvs,  Evaunu. 

FREoniLDo  Toulousp. 

Freqoleoou  Ledfbedo,  Ordorio. 

FREnn:MTNDo,  Pellolaello? 

Fredovald,  Condapense. 

Fredvihdvs,  Spaniaco. 

Fbedvlfïs,  Bourges,  Breciaco, 
Anisiaco,  Auderici. 

Fbeodoleno,  Rieodunin. 

Fbidegiselïs,   Ebroravicus. 

F  BEDE  RICO,  Fbidibico,  Poitiers, 
Viriliaco,  Novovico. 

Fbido...,  Paris. 

FimBicvs,  Incummonigo. 

Fbidbits,  racio  eclisi. 

Fbivcfo,  Berecitlo. 

Frodelino,  Vendogilo. 

Ftlcoaldvs  ,    Cantolimete,    Me- 

lUD. 

Ftldoadvs,  Alsgauria  vico. 
GiGOiLDO?  Tidiricia. 


296 


Gaido,  Spire. 

Gailo?  Balla,,.  vico. 

Gaimodvs,  Apraricia, 

Gaio,  Honore? 

Gairechamno  ,  nom  de  lieu  à  dé- 
chiffrer. 

Gaiso,  Spire. 

Gandvlfvs,  Iviaco. 

Ganityri  ,  nom  de  lieu  à  déter- 
miner. 

Gaiwolioni,  Huy. 

Gaxveber  ou  Gvndebe,  Huy. 

Gapavgvs,  Lausanne. 

Garidertvë,  Reims. 

Garivaldvs,  Tallende. 

Garo,  voy.  Gailo? 

Garoaldvs,  Marsal,  Mediano. 

Garoaldo?  Tidiricia. 

Gaygemare,  Cologne. 

Gavdelinvs,  Gauge, 

Gavdo,  Canseno. 

GavdolExWs,  Valence. 

Ga?ioaldo,  Ponteclaviti. 

Geldv..vs,  Catiriaco, 

Geldomvndvs,  Trémolo. 

Gemellys,  monnayer  de  Dago- 
bert  III. 

GEPfEGisELO,  Fursac,  Noviomo. 

Gembllos  ,  Gemellys  ,  Sanctus 
Mariinus. 

Genegiselys,  Noviomo, 

Genardo,  Fursac. 

GENNAcro,  Sesemo. 

Gennardys,  Besançon. 

Gennastes,  GEPfNASTis,  Brioux. 

Genno,  Vendôme  ? 

Gennobaydi,  Nigroloto. 

GENiYovrvs,  Devenetus. 

Gennylfys,  Troyes. 

Genoaldo,  Vindello, 

Genobavdi,  Crisciaco. 

Genoberto,  Poitiers. 


Germano,    Germanys,*  Médiane 

vico, 
Geyaldo,  Amolante. 
Geyemyîtdo,  Marseille. 
GiBBONEio,  Mailaco, 
GiBiRiGYS,  Toul. 
GiNNACio,  Nanetago. 
Gisco,  Munitaus, 
GiSELEFfo,  Verdun. 
GisELo,  Toul. 
GiSLiMYNDo,  Abinio. 
GiSLOALDYs,  Marsal. 
GisoA(ldo)  ?  Mouzon. 
Glavio,  Vallaria, 
GoGOLAiGO  ou  GoGOLAiGo,  Poiticrs. 
GoDOBODE,  Curhnacunao. 
GoDOFRiDYS,  Maastricht. 
GoMEGiSELO,  Vindigco. 
GoMiNO,  Alhigiinse. 
GoNDERADYS,  Mayeucc. 
GoNDOBODE,  Anauliaco. 
GoNDOLENOs,  Espanioco, 
Gbagys,  Sion. 
Gratvlfo,  Jmciaco, 
Gratys,  Sion. 
Graydylfo,  Briuuiri. 
Grimbertys,  Gem,., 
Gryello,  Evira, 
Gyarreso,  Sens. 
Gydymyndys,  Meaux. 
Gyerda,  Turnac, 
Gyiliniys,  Aoste. 
Gyimori,  Valiigoli. 
Gyiriys,  Gyirvs,  Lyon. 
Gyndebaydos,  Izeure. 
Gyndeber,  Huy. 
Gyndenys,  Sefiniaco. 
Gynderigo,  Chartres. 
Gynderigys,  Lemariaco, 
Gyndirigys,  Gynnirigo,  Corma. 
Gyndoaldo,  Angers. 
Gyndoberti,  Corma, 


297 


Gtndobodes  ,    Matoval ,   Tidin- 

ciaco, 
Gyndofwdvs,  Dorocas, 
GvNDOMARO,  Vienne. 
GvNDoaiEaB,  Missiaco. 
GvnîDOVALD,  Medianoc, 
GvNDVFvs,  Coccaco. 
Gynsomi,  Baie. 
GvnTAGHaiM,  Sens. 

HlBELENYS,  Uzès. 

Halido,  Metz. 

HiaoALDTs,  Dînant. 

Hbldebbrt  rex. 

Hevdblenys,  Metz,  Mallo  Mati- 

riaco. 
HiLDBBBaTTS  REX,  Marseille. 
HiLDEBODYS,  Petraficta,  Pino. 

HlLDERICYS  REX  et  HlLDIRIGUS  RIX, 

Marseille. 
HiLDOiLDO,  Racio  aecclesie? 
HtLDOALDTS,  Glermont-Ferrand. 
HiLDOMAR,  Vindiciaco, 
HoNORATTs,  Bicomago, 

Iaco,  Iacoti,  Iagotb,  Orléans, 
Chalon-sur-Saône,  Viviers. 

Iaconte,  Silaniaco. 

Iaimvndo  pour  Raimundo  ?,  Okd~ 
nucio. 

Idigiu,  Saraucov? 

Idone,  Angers. 

Idonio,  Solnaco, 

Idvlfvs,  Naix. 

Ifiscvs,  Wijk-bij-Duurstede. 

Iflavitvs,  Novo  vico, 

Ildebody,  Pino. 

Ilderigo,  Aunaco. 

Ildiricus  rix,  Marseille. 

Ildomafo,  Marcilliaco ,  Vindi- 
ciaco. 

Ilirigus  rix,  Marseille. 


loHANms , 
BaS'Por. 


Ilomaros  pour  Filomaros,  Reims. 
Ilyivs,  Gauce... 

Ingoaldo,  Ariintoma^  inpalatio, 
Ingomaro,  Poitiers,  Inscola,  Ise- 

laniacOy  in  palatio, 
Inportvpïo,  Medolo. 
loGVNDVS,  Catomario. 
loDV,  Reims. 

lOHANNE ,      IoHANMES , 

Nantes,    Argento, 

Campolidi^  Cristoialo^  Teode*- 

ber ciaco,  Tidiriciaco. 
Ipavltts  ?  Bonelulias. 
Irso,  Uzerche. 
Irvllvs?  Irvlfvs,  Bruciro. 

ISDATEISEL?  Avallott. 

IsoBAYDi,  Balatonno. 
IsoR,  Toulouse. 
IsPERADYs,  Rennes. 
IsTEPHANvs,  Genève. 
Itadiys,  Chalon-sur-Saône. 
Itanti,  Gaasan  vico. 
Iteriys,  Saintes. 
Itino,  Oriaco. 
Ivffo,  Daernalo. 
Iyliano,  Vienne. 
Iyo,  Agiunnis. 
Iose,  Ivse,  Màcon. 
Iystino,  Aoriaco. 
Iystys,  Lyon. 
Iyyenis,  Calacusia. 

LaxNdebertys,  Cambrai. 
Landegisilys,  Landigisilvs,  Huy. 
Landerigo,  Draveil,  C/flnaco. 
Laxdillno,  Mallo  campione^  vico 

Botanis. 
Landoaldo,  Angers,  Metz,  Marsal. 
Laybodo,  Bodricasono. 
Laydilfo,  racio  domini. 
Lavnardys,  Angers. 
LAYPfEG...,  Potento. 


LifliKflou).  Caio. 
\tHTin...aa.  Sêez. 
liiTSAWWi.   Bodriemomo,   Cam- 

bort^tepaço. 
Ltrioêon.  VeodAine. 
I^fsoxiu.  Gap. 
Lit^oMTm,   Conmeoilro,  Ria- 

laeo. 
LtTHonos,  Trêves. 
LitHTLrrs,  !VovovKO. 
i^iTujm,  Vienne. 
Latktfovi,  TubimMt. 
Lbdectselo,  Esantbme. 
Ledilew,  Artona. 
Udoildo,    Ambemac,    Toiiano 

eic?. 
LEL0I5TS.  Vienne. 
Leistbits  ou  CExsniTs,  TKeode- 

berciaco. 
Lio,    Leo«,    Arles,    Brion»», 

firioui    Biaiomayo,  Cahors, 

Seul,  Trnje,*,  Wicpo. 
LEOBiiEDTS,  Novoaieo. 
Leoboleno,  Vuredo  vùo. 
Leobtlfts,  Catonaco. 
Leodaste,  Noiordo. 
Leodbso  .     LErtDELiico,  Reones. 
LEOHiRDo  Cesemo. 
Leodero  ou  Letdiho,  Ambemac. 
LoDEHvs,  Limoges. 
LEiiDEBuiriïs,  Arpacone. 
Lbodbsits,  Rouen,  Jtufico. 
LiL(m\i}.  i\oH'ii)ieaslra. 
Leodo,  Uzerche. 
LsoDOiLDo,  Clote,  Tagro. 
Lbodogisu.0,  Cucciaco,  taciveltt- 

Leodonardo,  Benaias. 
Leodonido,  Balatedene. 
Leodole:io,  Medio  vico. 
Lbodoxabe,  Langeais. 
Lrodohodo,  Uzerche. 


LioMinnfs.  i 
Ijom>tâlm.  Pauliaeo. 
LsoBTim.    Anaco.   /.'aftaiùid, 

Cambarisi,  CitMlùliamo.  Porté- 

rtteri,  5"  Maximim. 
Leouuws,  Pateno. 
L<tiole50,  Civùmo  ? 
l.-i^i.mr  In-    Aitciaeo, 


LiToiBUTO.  Aitegamdia  vieo. 

Lktdeciselo.  Rennes. 

LETDELI?rT3,   Vt«IIIM. 

Leti>igisil,  Brûmno. 

LEfBB^o,  Lbtke^s,  .Angers,  Chm- 

riiiaeo,  Cltsi,  Turturontut. 
LfiTitEBicv,  Areiaca. 
LiTDiHO ,    VieHna ,    .Ambemac , 

Santal. 
Levdio,  Tou). 
LEVDoaniDVs.  Trémolo. 
Letdobibto.  Aniaco. 
Letdolbio,  Paiaeiaeo. 
LBTDniiiio,  BtUiaeo,  Costanea. 
Levdotaldo,  PatUiaeo. 
Letdt,  Ivegio. 
Letdtlpvs,  Avranches,  S<Ulo,  — 

Vmiieiatro,    Ivegio,    Le  Ve- 

lay. 
Letgctr,  Dorteneo. 
Let^aidts,  Angers. 
Letho,  If...luoate. 
Lethtlfts,  Angers. 
LHiTDVLFTS,  Carictat. 
LiBEKiGisiLO,  Loliflirchi. 
Licinic...,  losocos  ou  Coiioso. 
LiDTLFvs,  Carlinic,  Saintes,  Ca- 

neli  villa. 
LioNcivs,  Grenoble? 

LOBEGISIL,  filoiS. 

LoDOALDo,  Caslariaco. 
LoPOLvs,  Civil.  Ruihenorum  ? 
LopPTS... 


299 


Lopvs,  Le  Mans,  Toulouse,  Cc^- 

ranciaco. 
LoTHAViYS  BEI,  Glotaîrc  IV. 
Ltcimo...,  Juliaco. 
Lydo,  Toul. 
Lydvfo,  Sauliaco, 

LVDVLFO... 

LyGAaaiys,  Lyon. 
LvLL?8,  Ghâlons-sur-Marne. 
LvNAOFOvs?  Lovenno, 
LvoLFRiHNo,  MarsaL 
Lvppvs,  Taurecino. 
Lysicamv?  Giare. 

Maghoaldys,   pour   Magnoaldys, 

Aulun. 
Madardys,  Anatolo. 
Madelino,  Bodeisio  vico  ^  Duur- 

sted,  Salviaco^  Maastricht. 
Maderylfo,  Patermu. 
Madobodys,  Matovallo. 
Maelinys,  Oxsello. 
Maganoive,  Maastricht. 
Magennys,  Le  Puy. 
Magnidiys,  Bourgoin. 
Magnoaldo,  Magnoaldys,  Autun, 

Chalon  -  sur  -  Saône ,    Salavo , 

Ardin. 
Magnobertou  AgivobertM.  (saiga) . 
Magnoyaldi,  Magnoyaldy,   Cris» 

ciacOj  LacciacOy  Melun. 
Magnylfi,  Magnvlfys,  Senlis,  Poi- 
tiers, Preuundasilva. 
Magivvs,   Gabors,   Brinnovaito, 

Potincacocas ,        Vesaronno , 

Toulouse. 
Magyno,  Vienne. 
Mallariys,  Lascia. 
Mallaste,  Bayeux. 
Malusti,  Bezé. 
Mallebodys,  Mallobooys,  Soliaco 

vico?. 


Manileobo,  Clermont-Perrand. 

Manno,  Eboficuceius. 

Manny,  Yvoy-Carignan. 

Manoaldy,  Toulouse. 

Manro  ou  Manno,  loc.  indét. 
d'Austrasie. 

Marcellys,  prov.  de  Beims. 

Marcemys,  Périgueux. 

Marciano,  Pauliaco. 

Margianys,  Albie. 

Marco,  Gricciati. 

Marcoaldo,  Sens,  Curisiaco. 

Marcoyaldo,  Amboise. 

Marcylfo,  Autun,  Langres,  Meu- 
vy,  Palaiseau,  Voultegon. 

Maret,  Lyon? 

Maretomos,  Civit.  Ruthenorum? 

Margisilo,  Alaona^  Aulauna. 

Mariaio,  Artonaco. 

Maridao,  Mayence. 

Mariniano,  Limoges,  Racioœccle- 
six. 

Marivlfys,  Brivay  Barro  Castro^ 
CartinicOy  Cosse ^  Brivate. 

Mariys,  CastrovicuSy  Ambernac. 

Marol,  Ghalon-sur-Saône. 

Martinvs,  Mayence,  Orléans,  An- 
gers, Aloiavico  ou  Javialo. 

Mayigino,  Lusna. 

Mavracharivs,  Verdun. 

Mavregiselo,  Saint-Martin-de- 
Tours. 

Mavrinos,  ArciacaSj  Silliaco, 

Mavrino,  Mavrinvs,  Troyes,  Or- 
léans, SciAvicula,Cael...  Cas- 
tro vico^  Melun,  Tidiriciaco, 
Itiherciaco^  Civit.  Rutheno» 
rum?  Silliaco. 

Mavritanvs,  Arecaliaco. 

Mayro,  Amrianis  ou  Amiens, 
Giansi  cvetate^  Marseille,  Vin- 
dello. 


300 


Mavbolenvs,   Bordeaux,  Scion- 

tis  cas, 
Mavroiyto,  Bulbiacurte  dôme. 
Mavrv,  Mavrvs,  Tours,  Uzerche. 

VindeUoj  Ambernac. 
Maxihinys,  Javouls,  Bannaciaco. 
Maiimo,  Glermont-Ferrand. 
Maxvmvs,  Albinno. 
Medegisilo,  Vaddonna. 
Medeno,  Alleco? 
Mediolano,  5"  Pétri, 
Medoaldo,  Amiens,  Nanciaco, 
Medoalpoao,  Bettinis. 
Medobodvs,  LimeriacOjCuiluvico . 
Medovaldvs,  Amiens. 
Medvlfo,  Borboney  Canetis. 
Medvlo,  Campotrecio, 
Mellione,  Le  Mans,  Clippiaco, 
Mellito,  Rotomo. 
Mellobavdio,  Corovio  ou  Crovio 

vico. 
Merialdo,  Vernemito, 
Meris,  Neioialo. 
Merl,  Turturonno. 
Merobavde,  racio  sci,  Max,  5** 

Maxencio. 
Merto,  Ptotom  civit, 
MoBERATo,  Botbea, 
Moderatvs,  Bordeaux,  Baracillo, 

Brioude,  Bolbeam^  racio  5" 

Martini, 
MoDERicvs,  Penobria, 
MoDESTO,  racio  5"  Mar. 
MoDRADVS,  Baracillo. 
MoNOALDo,  MoNOALDVS,  Le  Puy, 

Teodeberciaco. 
MoNVALDO,  Brixis. 
MoNWDVS  (Monoaldus?)  Trêves. 
MoRLATEO,  Rezé. 
MvcNOALDVS   pour   Magnoaldus, 

Autun,  Meuvy. 
MvDVLENVs,  Chalon-sur-Saône. 


MvGiSEDvs,  MarsaL 
MvLDVLv,  Marsal. 
MvLNOALDO,  Adubia  vico, 
M VMMOLO ,   MvMMovs ,    Bo  urges, 

Chalon-sur-Saône. 
MvMOLENo,  Gemeliaco. 
MvMMOLiNvs,    MvMOLiNVs,    Bor- 

deaux,  Troyes. 
MvNDERicvs,  Sion. 
MvnîDO,  Mogonn, 
MvivDWD,  Noviumu. 
MvNNVs,  Séez,  Anisiaco^  Ivoy- 

Carignan. 
MvNOALDOj  Theodeberciaco. 
MvNDVADV,  Noviumu. 
MvDVS,  Innise, 
MvROLVS,  Gaveci. 
MvTirrvs,  Tours. 

Nantaharivs,  Mayence. 
Nantoald,  Loisdanaco, 
Narcianv  (Marcianos),  Albie, 
Navgolaico,  Le  Mans. 
Nectardo,  Gemeliaco, 
Nectarivs  ,  Gemeliaco ,  Necarne, 
Nemfidivs  (saiga). 
Nenesisilo,  Anestolo. 
Nebtvno,  Chalon-sur-Saône. 
Netvlfvs,  Roia, 
Nevdellivs,  Metz. 
NicAsio,  Sci  Mauric. 
NicvLFVS,  Brionno. 
NiDio,  Aoste. 
NiNCHiNvs,  Moutiers-en-Taran- 

taise. 
NiNO,  Muregiunim, 
NiviARDos,  Périgueux. 
NoNi,  Metulo. 
NoNNiTO,  Agen. 

NoNNiTvs,  Amboise,  Combenas, 
NoNNvs,  Chalon-sur-Saône,  Me- 

dolOy  Toareca, 


30^ 


NvNNVS,  Angers. 

Obosindvs  ou  Iobosindvs,  rado 
domini. 

OcovEVS,  Mellesinna. 

Odenandvs,  Marciliac, 

OoEaAJXvs,  Bordeaux. 

Olebmamo,  Divivatilacao. 

Onemaro,  Gjiea. 

Oparente,  Castrofusci^  Ebore. 

Opencio,  Juliac  villa, 

Optatvs,  Agen,  Aoste,  Moutiers- 
en-Tarantaise,  Saint- Jean-de- 
Maurienne,  Ledariaco, 

Orivio?  Munta,  Rivarinna, 

Ose,  Cunseranis. 

OsTvs,  Fanabii. 

Otonevs,  Civit,  Ruthenorum? 

Ottoros  ou  Rosotto,  Térouanne. 

Panadivs,  Périgueux. 

Parente,  Castrofm. 

Pario,  Glermont-Ferrand. 

Pascasio,  Rezé. 

Passincio,  Passencio,  Ambaciaco, 

Paterno,  Chalon-sur-Saône. 

Patornino,  Patvrnin,  Amboise. 

Patricivs,  Apraricia, 

Pavlo,  Poitiers,  Portovidrari, 

Peccane,  Rotomo. 

Pegasvs,  Le  Mans. 

Peonivs,  Argento. 

Petrvs,  Lyon,  Uzès. 

PiPERONE,  Le  Vimeu. 

Placido,  Metolo. 

Porto...,  Besancon. 

Ppro  pour  PiperOy  Le  Vimeu. 

Precistato,  Blois. 

Preserivs,  Brivate. 

Priscvs,  Chalon-sur-Saône. 

Procolo,  Arelenco. 

Progomeres,  Similiaco, 


Prodvlfo,  BaldacOj  Vegoste  villa. 
PROTA(sius),  Vongo  vicus? 
Provendo,  Poitiers. 
Providvs,  Oridurcurte, 
Provitvro,  Barbiaco. 
PvLiivvs,  Ailirubrias. 

Radoaldo,  Granno. 

Radvlvs,  Rennes. 

Raedvlfo,  Latiliaco. 

Ragneharo,  Soissons. 

Ragnihario,  Palati, 

Ragnoaldo,  Lyon. 

Ragnoleno,  Castr..^ 

Ragnolfo,  Latiliaco, 
Ragnom,  Gacia,., 

Ragnvlfvs,  Lausanne,  Patigaso, 

Ragoleno,  Cioero  vico. 

Rainvlfvs,  Verdun. 

Ramnisilvs,  Mâcon. 

Ramons,  Rilac. 

Ratialano?  Verdun. 

Ratvs,  Silanace. 

Rebiarobvs?,  Trêves. 

Redovaldvs,  Dolus. 

Regnvlf,  (saiga  du  Puy). 

Resoaldo  ou  Tresoaldo,  Iloco- 
rate,  Saviniaco, 

RicisiLVs  pour  Charesigilvs,  Am- 
boise. 

RicoALDVs,  Grenoble. 

RicoBODO,  Turturonno. 

RicoMEsios,  Alfico. 

RiDVLFO,  Eburio  ? 

RiGNicHARi,  Coriallo. 

RiGNOALD,  Chalon-sur-Saône. 

RiGOALDi,  Noiomavo. 

RiGOALDVS,  Huy. 

RiGOBERTo,  Noincu. 

RiGOLENO,  Iciodoro  ? 

RiGVLDE,  Paris. 

RiMOALDVs,  Maastricht. 


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SL>-ri.i».i  lior'Jwiiix.  P.rj(mde. 

^LL^^\r    PviTtltro. 
>ri;07L>\..»   Casfra  niuth. 

Fr'TcLijJ   Pauhaco. 
>rvi.\Ln5.  ATjgtT?,  Poi'Jerf. 
SrviKîXA i.  r iiâjjD-5LLr-Sa':»De. 

^Ic..•LL^•.'.  Ci^TîT'i'Di-FerraDd. 
>i  coi  Liio .    Sl  j-  :  -  J  e^n  -  de  -  Mau  ■ 


rit'Ij.!.*: 


Sii.i-.'Aiii..'   Rjuer:. 

SiiM  vin-f   Lf  Mal?. 
Sii:ri.!;TT-  lei  -.'U  eiï.  Marseille. 
Viviers^.  JaTjLiif.  Biinnassac. 

Si i-i-. ne T\ 1 1 5  Lff kdv9i.o . 
^^t;nl^v^.■\.  Lffiii/frf.  Lf»s?w»o. 

Si^.'àU».     S.\îr.:  -  Jeai!  -de-Mau- 

Sip.rEiJ'^5   Ti.je:.»if. 
Si:  :TEl:^^.  ?.^r:5  Sens 

Si: .  ^<l^: .  S?:ù:s 
S.u:^   R:',:er.. 
S:l^A^^^    >.\:çs  . 
S:^*i»:    ".^T-. 
S:5rï.iî>f   Ai^^rrs. 

S:^:î^^    I-'f 

N^U^^^    S::.î^'ï>    •/a.-vja; 

S,^\\,'    i,\:e*w 


SoBELLvs,  Bordeaux. 

Sfegtitvs.  Theodeàerciaco. 
Steia^vs,  Bordeaux. 
SvNNF.uisiL,  Masiciaco. 
SvNONE,  Cologne. 

TiHoiHELT,  Stagneetiso. 
TisioNE,  Auierre. 
TisoxE,  IiMvvo  vico. 
TissALo  7  Verdun  ? 
TiTEHiHDvs,  Spaniaeo. 
Tavldolino,  Rouen. 
Tavseboii,  Neloro. 
Tavbecvs,  Begorra. 
TivRicLiGiLva,  Canogaeo. 
Tbdegvholvs,  Civil.  Rut  henorum? 
Teisnn,  Yellino. 
Telafivs,  voy.  Elafius. 
Teka,  Strasbourg. 
Te  s  ES,  CoTttUio. 
TEoiiiiLK^o,  Carovicus. 
Teodenvs,  Andernoiny,  racio  ba- 

silici. 
Teodericvs,  Bordeaux,  Teoderi- 

ciaco,  Viritiaeo. 
TsoDiciTS,  Clermont-Ferrand. 
Teodihico,     Viriaco,    Pfovovico, 

Raciale,  TJieodcriciaco. 
Teoiuioo,  Fursac. 
Teodeberto  rei,  Glermonl-Fer- 

rand. 
Teodibirthvs  rix,  Théodebert  li. 
Teodoleno,  Sagraciaco. 
Teodoleo  (pour  Teodeleno),  Cor- 

TOViCVS. 

Tbodorigo,  Raciate. 
Teodvfos,  Atacino. 
Tboovlko,  Ardin,  Caimbarillo , 

Maugonaco,  Sovoatru. 
TEmB»Rio,  Pardueio. 
TETDCBARrvs.  Tomoco. 
Tevdahabio. 


Tetdipolënvs,  Toulouse. 
Tevdeberte,  Chalon-sur-Saône. 
Tevdecendo,  Vienne. 
Tevdegisillvs,  Metali. 
Tevdklitvs,  Mouzon. 
Tev'dericvs,  Maireceasco  ? 
Tevdegvsolvs,   Civil.  Rulhen^ 

rum? 
Tevdoaldo,  Autun. 
Tevdocisdo,   Auseno,    Wagias? 
Tevdohici,  roi,  Thierry  II. 
Tevdohares,  Mouzon. 
Tevdomeris,  Silionaco,  Voulte- 

gon. 
Tbvdvlfo,  Autun. 
TflEDENVS,  Metz, 
THi;DVLF%'a,  Marsal. 
Theodebertb,  Clermont. 
TFEODEGisnvs.  Angers. 
TuEnuiiBEiiTi  REI,  ThéodebeFt  II. 
'rufiUuctlEivo  Rieodunin. 
Theouoricvs,  Metz. 
Theothato,  Massa  ou  Masoal 

vico. 
Thevaldo,  Trvetaldo,  Jfovovico. 
Thevbeicsvs,  Metz. 
Trevdecisilvs  ,     Thevdecesilvs  , 

Metz. 
THEvriEBERTi  Théodebett  I". 
Thevueilemvs,  Malto  Maliriaco. 
Trevdelbnvs,  Metz. 
TdEViiEMVXOVS.  Marsal,  Mediano. 
Thevuehaho  Mouzon. 
TuEvrosuvO,  Mouzon. 
Thevosienvs,  Mcdlo  Saiima. 
TiiiUAio  Limoges? 
Tbivdvlfvs,  Marsal. 
THRAShMVHuvs,  Maastricht. 
Thvbvaldo,  Novovico. 
Tevuegisilo,  Macediaco. 
Thvodibertvs,  Théodebert  \". 
Tigalioefvs,  Julioco. 


304 


TiNiLA,  Genève. 
TiLo,  Marsal. 
TiMiLivoaviTTo,  Verdun. 
Tina,  voy.  Tena. 
TosTvs,  Amiens. 
ToTo,  Sion,  Marsal. 
ToTTOLENO,  Verdun. 
ToTTOs,  Ivoy-Carignan. 
Tbasoaldvs,  Bodesio,  Scarponne. 
Trasemvndvs,  voy.  Thrisemvn- 

DVS. 

Trasvlfo,  Mediano. 
Trennclfvs,  Castra  audmini. 
TvLLiONE,  Namur. 
TvTA,  Vindonisse. 

Vadeleo?  Namur. 
Vacciovellvs,  Void. 
Vadeone,  Auxerre. 
Vadoleno,  Aredius, 
Vadolenvs,  Cocciaco. 
Valasivs,  Evera, 
Valdo,  Rialaco^  Loia  mco. 
Valdoleno,  Blote. 
Valdovaldvs,  Irstacoe, 
Valerio,  Trusciaco. 
Valirino,  Genève. 
Valorigno,  Pauliaco, 
Valtechramw,  Mediano  vico. 
Vandeleno,  Poniecla, 
Vanegiloeo,  Savinaco, 
Vanimvndvs,  Otagius. 
Vanodvlfo,  Toulouse. 
Vappole...,  Beturgas. 
Vaschwalso,  Tila  Castro. 
Vcoperivs  ou  Vcoderivs,  Corn- 

benas, 
Vecolevivs,  Rennes. 
Vencemivs  et  Vendimivs,  Civit. 

Ruthenorum? 
Verolo,  Dorio. 
Vggone,  Ecalenio. 


VicAiNDs,  Queudes. 

Viliemvndvs,  Burbulne. 

ViLiOMVD,  ViLioMODvs,  Nautes. 

ViLiorrv,  Noitnani, 

Villeberto,  triens  de  Glovis  III. 

ViLLEBODE,  Taotun? 

ViLLOBERTo,  Troyes. 

ViLLOMODVs,  Brilliaco.  • 

ViNCEMARvs,  Orléans. 

ViNDOCHARio ,  Voduarbilio. 

ViNiTRioNE  (pour  Wintrio),  Cha- 
lon-sur-Saône. 

ViNOALD,  Limoges. 

ViNovALDVs,  Climone,,  Cituoni. 

Vrsolenvs,  Civit,  Ruthenorum? 

VvADiNGo  (saiga). 

ViFîVLFYs,  Trêves. 

VioLiNOO,  Orléans. 

ViRVALDO,  Izernore. 

ViRVL...,  Stoliaco. 

VisiGLOiNO,  Noviomago, 

ViTALis,  Paris,  Villa  maorin^ 
Gardus, 

ViTALL,  Laidios. 

ViTALS,  Paris. 

VrvATVS,  Vienna, 

VivNo,  Chalon-sur-Saône. 

Vlceheres,  Conserines. 

Vloperivs,  Combena, 

Vlfino,  Oriaco, 

Vlfino,  Paris. 

Vlfomere,  Avallon. 

Vncco,  Wijk-bij-Duurstede. 

Vncter,  Vnicter,  S*-Martin-de- 
Tours. 

Vndenicaco,  Verdun. 

Vneligiolo,  Vellacovico. 

VoDOTVs,  Toul. 

VoiTisv,  larto, 

Vrbo,  Daria, 

Vrco?  Uzerche. 

Vrcolenvs,  Pocciaco. 


305 


VaisoLiNVs,  Senlis. 

Vrsino,  Cariaco. 

Vrsio,  Brivi^  Brivate. 

Vrso,  Gemiliaco, 

Vrsolbno,  Civit.  Ruthenorum?, 

Cociaco  vico. 
VvADDONE,  Brixis. 

VVAECIVELVS,   VOy.    WiREGISELVS. 

VvALDERi...,  monnayer  de  Dago- 

bertm. 
VvALDO,  Burdiaïet,  Brixis. 
VvALECHBAMNO,  Bodiso  vico^  Me- 

diano  vico, 
VvALESTO,  Eliniac, 
VvANDELENO,  monnayer  de  Clo- 

taire  IV. 
VvALivLFVs,  Duno, 
VvALSo,  Orgadoialu. 
VvALTECHRAMNVs,  Mediauo  vico. 
VvANDELEGisiLvs,  Hcu  à  déchiffrer. 
VvANDELiNO,  Cfideciaco. 
VvANDiLiivvs,  Chalon-sur-Saône. 


VvAREGisKLvs,  Scarponnc,  Bode- 

sio  vico. 
VvARiMVNDVs ,   Mullo   MatHoco . 
VvARïVLFO,  Bodoureca. 

VVARNEGISILVS,  BodcsiO. 

VvASEWDVS,  Matovallo. 

VviDDO,  Orgatoilo. 

VviLLVLFVS,  Braia  vico. 

VvmicARDO ,  VviNicARio ,  Huio 
vico. 

VviNTRio,  VviNTRiONE ,  Chalon- 
sur-Saône,  Izernore. 

VviTiRiONB  (pour  Wintrio),  Cha- 
lon-sur-Saône. 

VviTA,  Tidiriciaco. 

VvLFARivs,  Paris,  Argentao. 

VVLFOLENVS,  OdOTHO. 

VvLTERico,  Sarrebourg. 
VvNNOALDO,  Sodionis. 

XoNOFREDVS,  Scefleac? 


20 


BIBLIOGRAPHIE. 


Paul  Guillaume.  Recherches  historiques  sur  les  Hautes  -  Alpes . 
\  ""^  partie  :  Les  maisons  religieuses.  \  °  L abbaye  de  Saint^Marcel- 
lin- d^ Embrun;  2»  la  Novalaise  et  ses  dépendances  alpines, 
Paris,  Picard.  In-8^  95  p. 

M.  l'abbé  Paul  Guillaume,  archiviste  des  Hautes-Alpes,  a  eu  une 
heureuse  idée  lorsqu'il  a  entrepris  la  série  de  Recherches  historiques  sur 
les  Hautes-Alpes,  dont  il  vient  de  donner  le  premier  fascicule  renfermant 
des  notes  sur  l'abbaye  de  Saint-Marcellin-d'Embrun  et  sur  la  célèbre 
abbaye  de  la  Novalaise. 

Le  seul  détail  de  quelque  importance  qu'ajoute  M.  Guillaume  aux 
faits  déjà  connus  relatifs  à  Tàbbaye  de  Saint-Marcel  lin,  c'est  que  cette 
abbaye  était  du  ix«  au  xi^  siècle  l'église  cathédrale  d'Embrun  :  c  Ce  fait 
«  peu  connu,  mais  incontestable,  dit-il,  nous  est  attesté  par  les  docu- 
«  ments  existant  dans  l'église  d'Angers,  au  temps  de  Peiresc,  illustre 
t  savant  des  xvi«-xvn«  siècles,  qui  a  pris  soin  de  les  résumer  dans  ses 
t  Miscellanea,  conservées  à  la  Bibliothèque  nationale,  à  Paris. 

t  D'après  le  témoignage  de  Peiresc  que  l'on  reproduira  plus  loin  tout 
«  au  long,  en  1010,  Reynaud,  évêque  d'Angers  (976-1010),  accompagnait 
f  en  Palestine  Foulques  Nerra  ou  Le  Noir,  comte  d'Angers.  Arrivé  à 
€  Embrun,  Reynaud  y  mourut  «  et  y  fust  enterré,  en  la  cathédralle 
t  soubs  le  titre  de  Sainct  Marcelin  du  costé  gauche  du  grand  autel.  » 
(p.  14.) 

Le  témoignage  de  Peiresc  a  suffi  à  M.  Guillaume,  qui  ne  parait  s'être 
préoccupé  ni  de  le  contrôler  ni  de  rechercher  les  documents  ou  plutôt 
le  document  angevin  sur  lequel  il  s'est  fondé.  Il  existe  pourtant  un 
texte  copié  par  Baluze  en  Anjou  et  imprimé  dans  le  tome  XIV  de  la 
Gallia  christiana  (col.  557  et  558)  ;  c'est  un  récit  de  la  mort  de  l'évéque 
Renaud,  récit  qui  paraît  contemporain  et  se  termine  par  une  phrase  où 
Ton  pourrait  retrouver  le  modèle  de  celle  de  Peiresc  :  c  Ille  (il  s'agit  de 
«  l'archevêque  d'Embrun)  adveniens  sacerdotalibus  sacerdotum  exse- 
«  quiis  in  ecclesia  S.  Marcelli  martyris,  in  dextro  brachio  crucis,  sub 
«  ipso  al  tari  S.  Mariae  sepelivit » 


307 

Le  mot  de  c  cathédrale  »  ne  s'y  trouve  pas  et  ce  n'est  pas  trop 
s'avancer  que  de  croire  à  un  simple  lapsus  de  Peiresc. 

A  la  page  6,  M.  Fabbé  Guillaume  commet  une  assez  forte  erreur  en 
qualifiant  saint  Marcellin,  mort  en  374,  de  a  premier  évêque  ou  mieux 
archevêque  d'Embrun  ».  Cette  erreur  est  répétée  dans  le  courant  de 
l'ouvrage  (p.  10,  23,  etc.),  où  les  premiers  évèques  d'Embrun  sont  tous 
décorés  à  tort  du  titre  d'archevêque.  Or,  ainsi  que  le  dit  M.  Longnon 
dans  son  bel  ouvrage  sur  la  Géographie  de  la  Gaule  au  VI^  siècle  (p.  184), 
le  siège  d'Embrun  a  été  suffragant  de  Vienne  pendant  les  premiers 
siècles  de  l'Église  ;  il  l'était  encore  en  794  lors  du  concile  de  Francfort, 
et  ce  n'est  qu'en  811  que  Gharlemagne,  dans  son  testament,  cite 
Embrun  et  Tarentaise  parmi  les  métropoles  de  l'empire.  On  peut 
s'étonner  d'autant  plus  que  M.  Guillaume  ait  commis  cette  erreur  qu'il 
cite  l'ouvrage  de  M.  Longnon  (p.  27,  fin  de  la  note  2  de  la  page  26). 
Nous  avons  malheureusement  d'autres  preuves  que  l'auteur  lit  rare- 
ment en  entier  les  ouvrages  qu'il  cite.  Ces  preuves,  nous  allons  les 
trouver  dans  le  deuxième  article,  consacré  à  la  Novalaise. 

Je  relève  d'abord  dans  le  sommaire  (p.  22)  un  lapsus  calami  trop 
étrange  pour  être  passé  sous  silence  :  M.  Guillaume  y  intitule  Récit 
inédit  d'un  chroniqueur  deux  passages  de  la  chronique  de  la  Novalaise 
qu'il  déclare,  à  la  page  suivante,  avoir  lus  dans  le  tome  IX  <  des  Monu- 
menta  Germanix,  Ce  n'est  là  qu'une  inadvertance,  je  le  sais  bien  ;  mais 
ce  qui  est  plus  grave,  c'est  que  M.  Guillaume  croit  que  les  œuvres  du 
chroniqueur  de  la  Novalaise  ont  été  «  ignorées  jusqu'à  ces  derniers 
temps  ».  S'il  avait  lu  l'introduction  de  l'édition  qu'il  a  eue  sous  les 
yeux,  il  aurait  pu  voir  que  ces  œuvres  avaient  été  employées  dès  1575 
par  Filiberto  Pingone  dans  son  Augusta  Taurinorum^  publiées  en 
grande  partie  par  Duchesne  dans  ses  Scriptores  rer.  Franc,  en  1636, 
par  Muratori  en  1726,  que  Rochex  en  a  donné  de  longs  extraits  dans  la 
Gloire  de  la  Novalèse  publiée  en  1726  (ouvrage  cité  plusieurs  fois  par 
M.  Guillaume),  etc.  Cette  lecture  aurait  pu  aussi  lui  faire  éviter  l'inexac- 
titude que  l'on  trouve  p.  73  :  «  Pertz  lui-même,  le  dernier  éditeur  de  la 

Chronique  de  la  Novalaise,  d'ordinaire  si  exact,  si  précis »  M.  Pertz 

était  bien  le  directeur  des  Monumenla  Germanix  en  1846,  mais  c'est 
M.  Bethmann  qui  a  édité  le  texte  en  question,  ainsi  que  le  prouve  la 
signature  apposée  au  bas  de  la  préface. 

Mais  venons-en  aux  conséquences  que  M.  l'abbé  Guillaume  tire  des 
deux  passages  de  la  chronique  de  la  Novalaise.  Voici  ces  extraits  : 
«  Valchinus  archiepiscopus  Ebredunensis,  primus  noster  adjutor  et 
fundator  fuit,  avunculus  Abbonis.  »  (Mon,  Germ,  Sci\,  VII,  107.)  — 


1.  C'est  le  torae  IX  de  la  collection  entière  des  Monuments,  ou  t.  VII  de  la 
section  des  Scriptores. 


308 

«  Abbo testamentum  fecit  quod  Yalchino,  arcbiepiscopo  Ëbredu- 

nensi,  cujus  nepos  ipse  fuerat,  conscribi  fecit.  •  (Ibid.,  79.) 

M.  Guillaume  ajoute  que  ces  paroles  lui  causèrent,  la  première  fois 

qu'il  les  vit,  «  une  douce  et  très  agréable  satisfaction Nous  étions 

loin  de  nous  attendre  à  découvrir,  du  môme  coup,  le  nom  du  véritable 
fondateur  de  la  Novalaise,  une  preuve  solide  que  ce  fondateur  était  un 
archevêque  d'Embrun,  enfin  un  archevêque  inix)nnu  de  la  plupart  des 
historiens  de  l'ancien  diocèse  d'Embrun.  »  (p.  23.) 

Il  est  vraiment  bien  fâcheux  que  Fauteur  n'ait  pas  lu  la  note  f  qui 
accompagne  le  premier  de  ces  passages,  et  la  note  a  qui  accompagne 
le  second;  il  aurait  pu  lire  dans  Tune  comme  dans  l'autre  ces  mots  : 
Ex  excerptis  Pingonii^  qui  ^eussent  sans  doute  poussé  à  en  chercher 
Texplication  dans  Tintroduction.  Cette  recherche  Veut  empêché  de  com- 
mettre les  erreurs  que  j'ai  déjà  signalées  et  lui  en  eût  épargné  de  nou- 
velles. En  effet,  la  mention  Ex  excerptis  Pingonii  veut  dire  que 
M.  Bethmann  a  publié  ces  passages  d'après  des  extraits  de  Filiberto 
Pingone  conservés  à  Turin  et  auxquels  l'éditeur  a  eu  recours  pour  res- 
tituer les  parties  du  manuscrit  original  détruites  postérieurement  à 
Pingone.  Par  suite,  M.  Guillaume  se  serait  convaincu  qu'il  ne  «  décou- 
vrait »  pas  ces  passages,  qui  sont  les  seuls  témoignages  d'après  lesquels 
Pingone  a  rangé  Valchin  parmi  les  évêques  d'Embrun. 

Valchin  ne  fut  non  plus  ni  un  «  archevêque  d'Embrun  •,  ni  un 
c  archevêque  inconnu  de  la  plupart  des  historiens  de  l'ancien  diocèse 
d'Embrun  »,  car  tous  les  auteurs  vraiment  autorisés  qui  ont  traité  ce 
sujet  ont  pris  la  peine  de  prouver  que  Valchin  ne  pouvait  pas  être 
évêque  d'Embrun  lors  de  la  fondation  de  la  Novalaise  ;  je  me  permet- 
trai de  renvoyer  M.  Guillaume  à  Lecointe  {Ann.  eccles,,  VI.,  430),  dont 
les  arguments  tout  à  fait  concluants  prouvent  que  Valchin  était  alors 
évoque  de  Maurienne  ;  ces  arguments  ont  été  reproduits  par  les  premiers 
auteurs  de  la  Gallia  christiana  (in,  1064)  et  confirmés  par  M.  Hauréau 
(Ibid.,  XVI,  617). 

«  Dom  Plus  Gams,  dit  M.  Guillaume  (p.  24),  est  un  des  rares  écri- 
vains qui  placent  résolument  Valchin  parmi  les  archevêques  d'Embrun. 
Il  est  indécis  seulement  sur  la  date  de  son  épiscopat,  qu'il  fixe  en  740.  » 
Sans  doute  ;  mais  je  m^étonne  que  l'œil  de  M.  Guillaume  n'ait  pas  été 
attiré  par  cette  note  jointe  à  la  date  740  :  Tr.  Maurienne,  S'il  se  fût 
reporté  à  la  liste  des  évêques  de  Maurienne  (p.  830),  M.  Guillaume 
aurait  vu  que  le  P.  Gams  fait  non  moins  résolument  figurer  Valchin 
parmi  les  évêques  de  ce  siège,  et  cela  sous  les  dates  726-739,  c'est-à- 
dire  à  l'époque  même  de  la  fondation  de  la  Novalaise  et  à  celle  du  tes- 
tament d'Abbon  !  Par  conséquent,  s'il  est  certain  que  Valchin  ne  pou- 
vait être  qu'évêque  de  Maurienne  en  726,  il  est  probable  qu'il  sera 
devenu  plus  tard  évêque  d'Embrun,  et  que  la  chronique  de  la  Novalaise, 


309 

rédigée  trois  siècles  plus  tard,  ne  l'aura  désigné  que  par  son  dernier 
titre. 

Quant  au  titre  de  fondateur  de  la  Novalaise  donné  à  Valchin  par 
M.  Guillaume,  cet  auteur  s'appuie  pour  cela  sur  le  passage  déjà  cité  de 
la  chronique  et  sur  ce  que  la  charte  de  constitution,  tout  en  donnant 
en  apparence  le  principal  rôle  au  neveu  de  Valchin,  a  bien  soin  de 
remarquer,  et  à  plusieurs  reprises,  qu'Abbon  en  cette  circonstance 
n'agit  que  du  conseil  et  par  la  volonté  de  son  oncle  :  t  Una  cum  con- 
«r  silio  domini  et  in  Ghristo  patris  nostri  Walchini  episcopi  »,  et 
ailleurs  :  «  Pro  voluntate  domini  et  in  Ghristo  patris  nostri  Walchini.  » 
(p.  26.) 

Je  me  suis  permis  de  souligner  le  mot  que,  parce  que  l'idée  restrictive 
qu'il  implique  ne  se  trouve  pas,  ainsi  qu'on  a  pu  le  voir,  dans  les 
expressions  citées,  expressions  banales  d'ailleurs,  usitées  dans  les  actes 
de  ce  genre  et  dont  l'importance  minime  se  trouve  complètement 
annihilée  par  cette  phrase  de  l'acte  de  fondation,  t  Ergo  »,  dit  Abbon, 
f  una  cum  consensu  pontefecum  vel  clericorum  nostrorum  Maurien- 
natae  et  Segucinae  civitatum,  in  quibus  dicitur  nos  rectorem  esse,  insti- 
tuit  monastheriolo  virorum  in  loco  nuncopante  Novelicis,  in  ipso  pago 
Segucinu,  in  rem  proprietatis  nostrx,  ex  opère  nostro,  una  cum  consilio 
domino  et  in  Ghristo  pâtre  nostro  Walchini  episcopo...  »  (Gall.  Christ,; 
XVI,  instr.,  289).  Gomment  M.  Guillaume,  qui  a  traduit  ce  passage 
(p.  27),  a-t-il  été  plus  frappé  de  ces  mots  qu'il  met  en  italiques  «  et  ce 
du  conseil  de  notre  seigneur  et  père  en  J.-G.  Valchin  »  que  de  ceux-ci 
qu'il  écrit  en  lettres  ordinaires  c  dans  notre  domaine  et  de  nos  propres 
deniers  »? 

Sans  doute  le  témoignage  de  la  chronique  de  la  Novalaise,  bien  que 
postérieur  de  trois  siècles,  n'est  pas  entièrement  à  négliger  ;  mais  de  là 
à  dire  de»  l'opinion  fondée  sur  les  termes  que  nous  venons  de  citer  : 
«  tout  cela  est  plus  spécieux  que  réel  »,  il  y  a  loin,  et  aucun  témoi- 
gnage ne  vaut  celui  de  l'acte  de  fondation.  D'ailleurs  M.  Guillaume  lui- 
mémo  cite  (p.  29)  un  passage  du  testament  d' Abbon  qui  réduit  très 
exactement  la  part  qu'a  prise  Valchin  dans  la  fondation  de  la  Novalaise 
à  la  pose  de  la  première  pierre  et  à  la  direction  des  travaux  de  construc- 
tion ;  c'est  seulement  après  l'achèvement  qu'Abbon  l'associa  à  la  haute 
direction  de  l'abbaye.  Tout  ceci,  par  parenthèse,  s'expliquerait  diffici- 
lement si  Valchin  eût  alors  gouverné  un  diocèse  autre  que  celui  oii  se 

trouvait  l'abbaye  :  «  Et  placuit  michi dum  et  domnos  in  Ghristo 

pater  noster  Vualchuni  episcopus,  ab  initio  incoationis  opère,  funda- 
mentum  çcclesiç  Sancto  Petro  monasterif  Novalicis,  heredem  meam 
posuit,  et  usque  ad  culminis  consummationis  fabrica  perduxit,  et  in 
omne  opère  çdifitiorum  adjutor  et  gubernator  stetit,  ut  dum  ipse 
advixerit,  sub  suo  nomine  et  gubernatione  at  nostra  commune,  ipse 


340 

monasterius consistere  valeat.  ?  (Gartulaire  de  Grenoble,  p.  46.)  Il 

est  impossible  de  trouver  un  texte  plus  clair. 

Après  deux  chapitres  consacrés  à  Ténumération  des  possessions 
d*Abbon  et  de  ses  donations  à  la  Novalaise,  chapitres  dans  lesquels 
récrivain  reconnaît  la  difficulté  que  Ton  rencontre  à  c  emplacer  •  ^  la 
plupart  des  noms  de  lieux  qu'ils  renferment,  M.  Guillaume  suppose 
que  ces  immenses  domaines  avaient  été  conquis  par  Abbon  sur  les  fau- 
teurs des  Sarrasins,  et  cela  du  consentement  de  Charles  Martel,  heu- 
reux de  le  récompenser  de  ses  services. 

Dans  le  sixième  chapitre,  notre  auteur  identifie,  non  sans  raison, 
croyons-nous,  Ghramlin,évéque  intrus  d'Embrun,  avec  le  Crammelinus 
episcopus  du  testament  d' Abbon.  Pourquoi  seulement  reproche-t-il  aux 
auteurs  de  l'ancienne  Gallia  d'avoir  t  ignoré  l'existence  de  Ghramlin  » 
(p.  61)  note  1),  tandis  que  ceux-ci  ont  consacré  à  cet  intrus  la  note  a 
de  la  p.  1064,  tome  UI?  Pourquoi  aussi  n'exempte-t-il  du  même  reproche 
que  Mabillon,  D.  Bouquet,  MM.  de  Ladoucette,  Ghériaset  Dom  Piolin, 
alors  qu'on  trouve  Ghramlin  nommé  par  Germon,  Bréquigny,  Pardessus, 
Félibien,  Letronne,  etc.,  et  en  dernier  lieu  par  MM.  Tardif  (Afon.  hist,, 
n°  21  et  Musée  des  Arch.  nat.,  n°  15),  K.-A.-F.  Pertz  {Mon,  germ,, 
Diplom.,  I,  44)  et  Hauréau  {Gall.  christ.,  XVI,  34  D)? 

Enfin,  on  trouve  dans  les  deux  derniers  chapitres  le  récit  de  la  vie  de 
saint  Eldrade,  né,  comme  le  prouve  M.  Guillaume,  à  Ambel  (canton  de 
Gorps,  Isère),  et  celui  de  la  deuxième  invasion  des  Sarrasins  et  de  la 
ruine  de  la  Novalaise,  dont  les  moines  se  réfugièrent  à  Turin  en  906, 
en  emportant  leurs  objets  les  plus  précieux,  parmi  lesquels  six  mille 
volumes  «  manuscrits  »,  dit  M.  Guillaume,  de  peur  que  l'on  ne  s'y 
trompe. 

Nous  espérons  que  M.  l'abbé  P.  Guillaume  tiendra  compte  dans 
l'avenir  des  observations  que  nous  avons  dû  lui  faire,  et  surtout  qu'il 
vérifiera  dorénavant  avec  soin  ses  renvois  et  ses  citations,  car  on  pour- 
rait ajouter  d'autres  exemples  d'inexactitude  à  ceux  que  l'on  a  déjà 
signalés  ;  comment  se  peut-il  en  effet  que  M.*  Guillaume  nomme  (p.  73) 
t  Rochex,  l'historien  de  la  Novalaise  {La  gloire  de  la  Novalèse^  p.  93), 
Pertz  2  lui-même,  le  dernier  éditeur  de  la  Chronique  de  la  Novalaise, 

d'ordinaire  si  exact,  si  précis »   parmi  les  écrivains  qui  ont  fait 

naître  saint  Eldrade  à  Boglio,  dans  le  comté  de  Nice,  alors  que  Rochex 
place  son  lieu  de  naissance  à  «  Lambelli,  soit  Lambellées  et  d'autres 
disent  Lambées,  château  fort  situé  près  le  fleuve  de  Deranse  ou  Dranse  » 
(p.  90  et  93),  et  que  nous  avons  vainement  cherché,  aussi  bien  à  la 

1.  Voy.  p.  37  et  10,  etc.  Après  avoir  vainement  cherché  ce  mot  étrange  dans 
le  Dictionnaire  de  l'Académie^  j'ai  trouvé  dans  Littré  qu'il  avait  pour  sens  : 
mettre  le  sel  dans  les  greniers. 

2.  Lisez  :  Bethmann. 


3U 

page  74,  à  laquelle  M.  Guillaume  nous  renvoie,  que  dans  le  reste  de 
l'édition  de  Bethmann,  la  moindre  tentative  d'identification  des  noms 
de  lieu  c  Ambelli  castellum  »  et  «  Âmbolia  »  ?  Pourquoi,  ce  qui  est 
grave  lorsqu'il  s'agit  d'une  citation,  remplace- t-il  (p.  02)  dans  un  extrait 
de  la  chronique  de  la  Novalaise,  les  mots  «  sex  mille  »  par  ceux-ci 
f  6,000  videlicet  sexcenti  »  ? 

Malgré  tout  cela,  l'entreprise  de  M.  l'abbé  Guillaume  est  trop  oppor- 
tune pour  que  nous  ne  souhaitions  pas  la  lui  voir  continuer,  à  condi- 
tion toutefois  qu'il  y  apporte  un  peu  plus  de  soin. 

H. -François  Delaborde. 


Notices  généalogiques  tournaisiennes ^  dressées  sur  titres^  par  le 
comte  P.-A.  du  Chastel  de  la  Howardries-Neuvireuil.  Tome  P^ 
(Mortagne  et  Landas;  Ablay  à  Drues.)  Tournai,  Vasseur-Delmée, 
^884.  Gr.  in-8S  7^3  p. 

La  Flandre  est  peut-être  le  pays  où,  de  tout  temps,  on  a  attaché  le 
plus  d'intérêt  aux  questions  généalogiques,  et  il  n'est  presque  aucune 
famille  noble  ou  roturière  qui  n'ait  possédé  un  de  ces  livres  de  raison , 
donnant,  souvent  pendant  trois  ou  quatre  siècles,  la  filiation  et  l'indica- 
tion des  dates  de  naissance,  de  mariage  et  de  décès  de  ses  membres, 
ainsi  que  la  mention  des  charges  dont  chacun  d'eux  a  été  revêtu. 
Toutefois,  beaucoup  de  ces  recueils  ont  été  détruits,  d'autres,  placés  à 
la  fin  de  livres  de  prières,  irrégulièrement  tenus,  et  M.  le  comte  P.-A. 
du  Chastel  de  la  Howardries-Neuvireuil  a  compris  qu'il  rendrait  un 
service  à  ses  compatriotes  en  leur  faisant  connaître  toutes  les  filiations 
qu'il  avait  pu  établir,  à  l'aide  tant  des  actes  religieux  des  paroisses  de 
Tournai  que  des  documents  conservés  dans  différents  dépôts  de  la 
Belgique  et  du  nord  de  la  France,  et  principalement  des  testaments  que 
renferment  les  archives  de  Tournai. 

M.  du  Chastel  ne  s'est  pas  attaché  à  dresser,  quand  même,  des  filia- 
tions, et  il  s'est  borné  à  nous  faire  connaître  tous  les  éléments  que  lui 
fournissaient  les  pièces  qu'il  lui  a  été  donné  d'analyser;  aussi  trouvons- 
nous  souvent  dans  ce  volume  des  fragments  généalogiques  comprenant 
cinquante  ou  cent  ans,  et,  en  appendice  à  l'article  consacré  à  un  nom, 
les  mentions  isolées  se  rapportant  à  des  personnages  qu'il  n'a  pas  paru 
possible  de  rattacher  d'une  manière  certaine  à  tel  ou  tel  rameau.  Les 
Notices  généalogiques  tournaisiennes  se  rapportent  à  plus  de  deux  cents 
familles  nobles  ou  bourgeoises,  et,  en  outre,  deux  études  plus  considé- 
rables sont  consacrées  aux  maisons  de  Mortagne  et  de  Landas. 

Les  liens  nombreux  qui,  de  tout  temps,  ont  uni  les  familles  de  l'Ar- 
tois et  des  Flandres  donnent  un  intérêt  spécial  à  ce  livre  pour  toutes 
les  personnes  qui  s'occupent  de  recherches  historiques  sur  le  nord  de  la 
France  ;  elles  y  trouveront  de  nombreuses  indications  de  nature  à  pré- 


342 

ciser  les  récits  des  chroniqueurs,  ainsi  qu'un  certain  nombre  de  docu- 
ments historiques  intéressants,  et  nous  ne  pouvons  que  remercier 
M.  du  Ghastel  d'avoir  entrepris  ce  travail  considérable,  dans  lequel  il  a 
eu  pour  auxiliaire  M.  Amédée  de  Ternas,  dont  la  Bibliothèque  de 
l'École  des  chartes  a  plus  d'une  fois  signalé  les  sérieuses  recherches  sur 
l'histoire  des  familles  du  Nord. 

Comte  DE  Marsy. 


Société  jersiaise.  Extente  de  Vile  de  Jersey.   4607.  Jacques  /". 
Publication  5"*.  Jersey,  G.  Le  Feuvre,  4880.  In-4°,  xxxii-435  p. 

En  rendant  compte,  dans  les  deux  derniers  volumes  de  ce  recueil,  de 
la  3"  et  de  la  4«  Publication  de  la  Société  jersiaise,  j'avais  dû  formuler 
quelques  critiques,  mais  j'exprimais  l'espoir  que  la  Société  prendrait 
bientôt  sa  revanche  par  quelque  publication  importante  et  digne  de 
celles  qui  ont  ouvert  la  série  de  ses  travaux.  Cet  espoir  s'est  réalisé. 
U Extente  de  1607,  qui  a  paru  cette  année,  est  un  texte  intéressant, 
étendu  et  bien  publié. 

Cette  publication  fait  suite  à  celle  des  extentes  de  1274  et  de  1331, 
dont  j*ai  rendu  compte  ici-même  en  1876  et  1878.  L'extente  de  1607 
est,  comme  les  deux  autres,  un  état  des  droits  et  revenus  de  la  cou- 
ronne à  Jersey,  dressé  d'après  le  témoignage  des  habitants.  Ce  n'est 
pas  le  dernier  document  de  ce  genre  :  il  y  en  a  encore  un  plus  récent, 
Textente  de  1668,  qui  est  en  vigueur  aujourd'hui.  Les  extentes  de  1274 
et  de  1331  étaient  en  latin,  et  les  éditeurs  de  la  Société  jersiaise 
avaient  jugé  utile  de  donner  une  traduction  française  en  regard  du 
texte  original  ;  celle  de  1607  étant  en  anglais,  on  s'est  très  justement 
contenté  d'en  publier  le  texte,  qui  ne  peut  offrir  de  difficulté  à  aucun 
habitant  lettré  de  Jersey. 

Il  faut  louer  le  soin  avec  lequel  les  éditeurs  ont  rédigé  les  deux  index 
placés  en  tête  du  volume.  Beaucoup  de  noms  de  famille  paraissent  à 
plusieurs  reprises,  dans  Fextente,  avec  des  orthographes  différentes;  on 
les  a  rapprochés  et  réunis  dans  l'index  sous  la  forme  qui  a  paru  la  plus 
correcte,  en  renvoyant  de  toutes  les  formes  accessoires  à  l'article  prin- 
cipal. On  a  distingué,  par  un  artifice  typographique,  les  mentions  rela- 
tives aux  propriétaires  qui  possédaient  les  terres  grevées  de  redevances 
au  moment  même  de  la  rédaction  de  l'extente,  et  colles  des  personnages 
qui  ne  sont  désignés  que  comme  ayant  possédé  ces  mêmes  terres  à  une 
époque  antérieure.  On  a  su  reconnaître  et  rétablir  aussi  des  noms  de  lieu 
passablement  défigurés,  comuiQ  Sherbrook  {^p.  17)  pour  Cherbourg  ;  mais 
on  paraît  avoir  renoncé  à  identifier  les  noms  de  diverses  localités  de 
Bretagne  désignées  (p.  19}  comme  produisant  des  toiles  que  le  commerce 
apportait  à  Jersey  ;  un  ou  deux  au  moins  de  ces  noms,  comme  Pontivie 
(Pontivy)  et  Vitterie  (Vitré),  étaient  assez  aisés  à  reconnaître.  Quelques 


343 

notes  explicatives  sur  diverses  formes  insolites  ou  obscures  (p.  xxxi), 
ainsi  que  plusieurs  rectifications  de  texte  insérées  à  l'index  ou  ailleurs, 
témoignent  encore  de  l'attention  minutieuse  que  les  auteurs  de  la  publi- 
cation ont  apportée  à  leur  travail. 

Julien  Havet. 


Bulletin  delà  Société  historique  et  littéraire  de  Tournai.  T.  XVIII. 
Tournai,  typ.  veuve  H.  Gasterman,  4880.  In-8*,  xn-394  p. 

Depuis  1849,  la  Société  historique  et  littéraire  de  Tournai  a  entrepris 
la  publication  d'une  double  collection  de  bulletins  et  de  mémoires.  Les 
premiers  comprennent  aujourd'hui  dix-huit  volumes  et  le  chiffre  des 
volumes  de  mémoires  s'élève  à  seize.  Pendant  que  les  Bulletins  ont  été 
le  plus  souvent  réservés  à  la  publication  des  procès-verbaux  des  réu- 
nions et  à  des  dissertations,  dues  pour  la  plupart  à  MM.  Dumortier,  Le 
Maistre  d'Anstaing,  de  Nédonchel,  Mgr  Voisin,  les  abbés  Vos  et 
Hugues,  les  Mémoires  ont  contenu  principalement  des  documents  iné- 
dits, tels  que  la  Chronique  de  Hainaut,  de  Gilbert,  publiée  par  M.  de 
Godefroy-Ménilglaise  (t,  XIV  et  XV),  les  extraits  des  Registres  des 
Consaux  de  Tournai  (t.  Vil,  VIII),  le  Kalendrier  des  guerres  de  Tournai, 
1477-1479  (t.  Il),  etc.  Ce  rapide  aperçu  suffit  pour  donner  une  idée  de 
l'activité  des  travaux  de  la  Société  tournaisienne,  sans  qu'il  soit  néces- 
saire d'étendre  ces  citations  ;  aussi  arriverons-nous  immédiatement  au 
tome  XVin  du  Bulletin,  que  nous  avons  entre  les  mains,  et  qui  ne 
comprend  que  deux  études. 

La  première,  due  à  M.  le  capitaine  Déjardin,  est  un  catalogue 
détaillé  des  plans  et  vues  de  la  ville  de  Tournai.  Ce  travail  comprend 
158  numéros,  et,  bien  qu'il  soit  le  résultat  de  longues  et  laborieuses 
recherches,  nous  croyons  que  l'auteur  aurait  pu  encore  en  augmenter 
le  nombre,  en  parcourant  les  portefeuilles  topographiques  du  cabinet 
des  estampes  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris.  11  ne  nous  est  pas 
possible  de  signaler  ici  toutes  les  pièces  nouvelles  que  le  dépouillement 
de  ces  volumes  aurait  pu  donner  à  M.  Déjardin,  mais  nous  ne  pouvons 
passer  sous  silence  un  certain  nombre  de  plans  dressés  par  les  officiers 
des  armées  de  Louis  XIV ,  et  qui  y  sont  conservés  en  originaux, 
notamment  un  plan  de  1682,  avec  légende  de  160  numéros,  plan  vérifié 
en  1687  par  Dupuis  de  Mondragon,  capitaine,  ingénieur  ordinaire  du 
roi  à  Tournai,  un  très  beau  plan  sur  vélin,  lavé,  sans  légende,  à 
l'échelle  de  300  toises,  un  autre  plan  minuscule  sur  vélin,  à  la  plume, 
ainsi  qu'une  assez  grande  quantité  de  plans  gravés  cirant  des  variantes 
de  tirage  et  des  remaniements,  soit  dans  les  légendes  des  descriptions, 
soit  dans  des  indications  des  éditeurs. 

M.  le  capitaine  Déjardin  paraît  disposé  à  étendre  son  travail  aux 
autres   villes  de  Belgique;  la   partie   consacrée   à  Namur   vient  de 


344 

paraître  dans  les  Annales  de  la  Société  archéologique  de  cette  ville ^  et 
nous  croyons  qu'il  a  sous  presse  un  travail  semblable  pour  Liège; 
nous  pensons  qu'il  devra,  avant  de  le  refondre  en  un  volume,  consulter 
les  planches  de  la  topographie  de  la  Belgique  réunies  à  la  Bibliothèque 
nationale  et  qu'il  y  puisera  de  nouveaux  et  précieux  renseignements 
qui  lui  permettront  de  rendre  son  travail  en  quelque  sorte  définitif. 

La  première  partie  d'une  Bibliographie  tournaisienne  occupe  le  reste 
du  volume  (p.  111-383).  M.  Desmazières  y  retrace  d^abord  Thistoire 
sommaire  de  rétablissement  de  Timprimerie  à  Tournai,  puis  il  nous 
donne  la  liste  des  éditeurs,  libraires  et  imprimeurs  toumaisiens  avec 
rindication  de  leurs  publications.  Il  se  propose  de  conduire  ce  travail 
jusqu'au  commencement  du  xrx*  siècle,  et  les  notices  qu'il  nous  donne 
dans  ce  premier  travail  s'appliquent  à  vingt-quatre  libraires  ou  impri- 
meurs et  renferment  la  description  de  683  ouvrages,  de  1509  à  1727. 
Toutefois,  M.  Desmazières  ne  pense  pas  que  Ton  puisse  faire  remonter 
à  1509  rétablissement  de  l'imprimerie  à  Tournai  et  il  établit  que,  de 
même  que  le  beau  Missale  insignis  Ecclesix  Tornacensis  qui  porte  le 
nom  du  libraire  toumaisien  Antoine  du  Rieu  et  l'adresse  d'un  impri- 
meur parisien  demeurant  m  ihco  Judeœ  juxta  Carmelitas,  les  Statuta 
sinodalia  promulgués  en  1509  et  qui  portent  le  nom  de  du  Rieu 
(Tornaci.  Venafia  œmperiuntur  in  domo  Anthonii  du  Rieu)^  ont  été 
imprimés  également,  soit  à  Paris,  soit  dans  quelque  ville  du  Nord,  ce 
qui  a  lieu  pour  les  autres  ou\Tages  mis  en  vente  par  des  éditeurs  tour- 
naisiens  pendant  tout  le  cours  du  xvi«  siècle  et  qui  sortent  des  impri- 
meries d'Anvers,  de  Douai,  etc.  Jusqu'en  1609,  on  ne  connaît  pas  de 
véritables  impressions  tournaisiennes,  et  il  n'y  avait  alors  dans  cette 
ville  que  Nicolas  Laurent,  qui  paraissait  n'imprimer  que  des  livrets 
pour  apprendre  à  lire  aux  enfants  et  avait  recours,  pour  l'impression  des 
livres  d'église,  des  ouvrages  de  piété  et  de  quelques  publications  admi- 
nistratives, aux  imprimeurs  de  Louvain,  d'Anvers,  de  Cambrai  et  de 
Douai.  En  1609,  un  Douaisien,  Joseph  Duhamel,  vint  s'établir  à  Tour- 
nai comme  imprimeur  et  y  forma  avec  Charles  Martin  une  association 
qui  ne  dura  que  peu  de  temps  et  à  la  suite  de  laquelle  ce  dernier  resta 
seul  propriétaire  de  la  maison  établie  à  l'enseigne  du  Saint-Esprit^  rue 
de  le  Thure.  Le  premier  livre  sorti  des  presses  de  Duhamel  et  Martin 
est  la  Vie  dv  bienhevrevx  S.  Jean  de  Sahagovne,  de  l'ordre  des  eremites 
dv  P.  S.  Avgvstin,  etc.,  1610,  petit  in-12  de  8  ff.,  381  p.  et  9  ff.  de  pri- 
vilège et  table.  Depuis  cette  époque,  la  série  des  imprimeurs  tournai- 
siens  continue  sans  interruption  et  cette  industrie  y  a  pris  aujourd'hui 
un  assez  grand  développement,  puisque  Tournai  renferme  dix  impri- 
meries, occupant  près  de  quatre  cents  ouvriers. 

Des  fac-similés  des  marques  des  éditeurs  toumaisiens  accompagnent 
ce  curieux  travail  de  M.  Desmazières,  qui  vient  utilement  combler  une 
lacune  de  l'histoire  de  l'imprimerie  en  Belgique.  —  Comte  de  Marsy. 


315 

Les  Imprimeurs  vendômois  et  leurs  œuvres  (45^1 4-4  88^),  par  le  mar- 
quis DE  RocHAMBBAU.  NotÊvelle  édition  précédée  d'une  lettre  de 
M,  Paul  Lacroix.  Paris,  Dumoulin,  4884,  in-8**,  56  p.  et  3  fac- 
similés. 

Nous  sommes  heureux  d'avoir  à  signaler  la  nouvelle  édition  des 
Imprimeurs  vendômois  que  M.  le  marquis  de  Rochambeau  vient  de 
publier  et  dans  laquelle  il  recule  de  plus  d'un  siècle  Torigine  de  l'im- 
primerie à  Vendôme.  Jusqu'ici  on  regardait  comme  le  premier  impri- 
meur vendômois  François  de  la  Saugère,  qui  publiait  en  1629,  au 
moment  de  la  peste,  un  livre  de  circonstance  :  Alexitère  contre  la  peste, 
tiré  des  plus  célèbres  médecins,  par  Florent  de  la  Ghassaingue.  Fr.  de  la 
Saugère  avait  des  prédécesseurs,  dont  M.  de  Rochambeau  a  trouvé  très 
heureusement  de  remarquables  productions.  En  1514,  un  imprimeur  de 
Tours,  Mathieu  Latheron,  imprimait  à  Vendôme  avec  le  concours  des 
Bénédictins  de  la  Trinité  et  sous  les  yeux  d'André  Du  Val,  prieur  du 
monastère,  un  Breviarium  monasterii  Vindocinensis  (in-8®,  gothique, 
404  feuillets).  C'est  le  plus  ancien  monument  daté  de  l'imprimerie  ven- 
dômoise  ;  on  n'en  connaît  jusqu'ici  qu'un  seul  exemplaire,  dont  le  titre 
manque,  conservé  à  la  bibliothèque  publique  du  Mans. 

Après  Mathieu  Latheron,  un  nouvel  imprimeur  tourangeau,  Jean 
Rousset,  vint  s'installer  dans  le  monastère  de  la  Trinité  et  y  imprima 
la  Messe  de-  la  saincte  Lerme  de  Vendosm^e,  suivie  du  Mistère  de  la  saincte 
terme.  Le  seul  exemplaire  qu'on  connaisse  de  cette  édition  est  incom- 
plet des  premiers  et  derniers  feuillets,  mais  les  caractères  typographiques 
permettent  de  la  rapporter  au  commencement  du  xvi«  siècle  ^  Un  peu 
plus  tard,  Jean  Rousset  imprimait  encore  à  Vendôme,  toujours  sous 
les  auspices  du  prieur  André  Du  Val,  un  Missale  secundum  usum  sacri 


1.  J'ai  récemment  rencontré  à  la  bibliothèque  de  Chartres  (ms.  n"  726)  la 
copie  figurée  sur  vélin  d'un  incunable  vendômois  ou  tourangeau,  que  je  ne 
trouve  ni  dans  les  Imprimeurs  vendômois  ni  dans  la  Typographie  en  Tou- 
raine  de  M.  Cl.  de  Ris.  En  voici  la  description  :  «  f  ||  S'ensuit  ||  le  Mistere  de 
la  II  Saincte  Lerme  H  comme  elle  fut  appor- 1|  tee  de  Constantinohle  ||  a  Uen- 
dosme.  \\  [Vignette  représentant  la  sainte  Larme  suspendue  dans  une  ampouUe 
rayonnante,  soutenue  par  deux  mains  sortant  d'un  nuage.]  Fol.  1  v".  (D)U 
haait  et  souuerain  empire  ||  etc.  Fol.  7  v**,  slgu.  B,  ligne  2.  nostrum  iesum  chris- 
tum  filiam  tuum.  Qui  jj  tecam.  etc.  [Marque  à  peu  près  semblable  à  celle  du 
titre.  L'ampoulle  n'est  pas  soutenue  par  des  mains,  mais  surmontée  d'une  cou- 
ronne et  entourée  d'un  collier  de  croix  et  d'étoiles  formant  losanges  au  bas 
daquel  pend  une  larme.]  C'est  une  plaquette  de  7  feuillets,  en  caractères 
gothiques  français,  de  27  lignes  à  la  page;  la  justification  du  texte  est  de  122  sur 
72  millimètres.  Le  supplément  du  Catalogue  des  manuscrits  de  la  bibliothèque 
de  Chartres  le  dit  «  imprimé  à  Tours  par  la  veuve  Si£Qeau  »  ;  l'imprimé  sur 
lequel  a  été  faite  cette  copie  daterait,  s'il  en  est  ainsi,  de  1540  environ. 


34(» 

Monasterii  sanctissimae  Trinitatis  de  Vindovino,  etc.  (in-fblio,  276  fenii- 
let<>,  daté  de  1530  et  orné  de  43  gravures  sur  bois.  M.  de  Rochambean 
a  donné  une  description  détaillée  de  ce  magnifique  incunable  vendô- 
mois,  dont  on  ne  connaît  ({ue  deux  exemplaires,  et  il  a  joint  à  son  tra- 
va'd  des  fac-similés  réduits  du  titre  ot  de  deux  des  gravures,  leequek, 
malgré  leur  exactitude,  sont  loin  de  rendre  la  beauté  et  la  finesse  des 
originaux.  Au  xvii*  siècle,  à  côté  do  François  de  la  Saugère,  il  faut  citer 
le  nom  d'un  autre  imprimeur  vendùmois,  Sébastien  ilyp,  qui  fonda  à 
Vendôme  une  véritable  dynastie  damprimeurs  et  auquel  on  a  longtemps 
attribué  la  première  édition  des  Provinciales  de  Pascal.  On  trouve  enfin 
dans  ce  volume  la  liste  détailb'e  des  imprimeurs  vendômois  et  de  leurs 
œuvres  jusqu'en  1879.  Les  descriptions  bibliographiques  de  M.  de 
Rochambeau  sont  en  général  exactes,  sauf  quelques  légères  imperfec- 
tions, dans  la  description  de  la  Messe  de  la  saincte  Lerme  par  exemi^e, 
qu'il  sera  facile  de  faire  disparaître  dans  une  prochaine  édition  ;  et  nous 
ne  pouvons  mieux  reconnaître  l'intérêt  de  ce  livre  qu'en  souhaitant  de 
voir  suivre,  par  ceux  qui  s'intéressent  à  Thistoire  des  origines  de  la 
typographie  dans  les  différentes  villes  de  France,  Texcellent  exemple 
que  vient  de  leur  donner  l'auteur  des  Imprimeurs  vendômois. 

H.  Omont. 

Correspondance  historique  des  Bénédictins  bretons  et  autres  docu^ 
inents  inédits  relatifs  à  leurs  travaux  sur  V histoire  de.  Bretagne^ 
•    par  A.  DE  LA  BoEDBEiE,  In-S"".  Paris,  Champion,  4884. 

M.  de  la  Borderie  a  écrit,  dans  ce  livre,  un  des  premiers  chapitres  de 
l'histoire  des  grands  travaux  des  Bénédictins,  en  France.  Naturelle- 
ment il  a  choisi  les  membres  de  cet  ordre  célèbre  qui  se  sont  occupés 
de  la  Bretagne  et  qui  ont  devancé  tous  les  autres.  Nul  mieux  que  notre 
confrère  n'était  plus  à  même  d'entreprendre  cette  œuvre;  ses  travaux 
personnels,  par  Térudition  et  la  critique,  procèdent  de  ceux  de  Fancienne 
école  bénédictine.  La  tâche  des  «  ouvriers  de  l'histoire  de  Bretagne  » 
comprenait  deux  parties  bien  distinctes  ;  d'abord  les  recherches  des 
documents  et  l'exploration  des  chartriers  publics  et  particuliers;  ensuite 
la  construction  de  Tédifice  qui  devint  l'Histoire  de  Bretagne, 

La  première  partie  de  ce  travail  dura  de  1689  à  1696;  les  savants 
chercheurs  ont  des  noms  chers  à  tous  ceux  qui  aiment  les  travaux 
d'histoire  :  D.  Audren,  D.  Le  Gallois,  D.  Briant,  D.  Rouzier,  D.  Veis- 
sière,  remplacé  en  1693  par  D.  Lobineau. 

La  seconde  partie  fut  comprise  entre  1696  et  1703  avec  les  mêmes 
collaborateurs,  sous  la  direction  de  D.  Lobineau. 

C'est  le  détail  de  ce  travail  vraiment  immense  que  M.  de  la  Borderie 
fait  connaître  en  publiant  la  correspondance  des  Bénédictins  complétée 
au  moyen  de  documents  véritablement  curieux.  On  y  trouve  les  rensei- 


3i7 

gnements  les  plus  précis,  et  souvent  des  anecdotes  piquantes,  ainsi  que 
des  indications  précieuses  sur  l'existence  de  pièces  d'archives  disparues, 
ou  conservées  aujourd'hui  par  des  détenteurs  inconnus;  quelques-uns 
de  ceux-ci  ignorent  probablement  la  valeur  des  textes  qui  reposent  dans 
quelque  coin  de  leurs  manoirs. 

Nous  signalerons,  entre  autre  détail  intéressant,  le  récit  de  l'oppo- 
sition faite  par  la  maison  de  Rohan  le  jour  où  D.  Lobineau  remit  son 
œuvre  aux  États  de  Bretagne.  Le  docte  religieux  avait  fait  bon 
marché  des  prétentions  des  Rohan  à  une  extraction  royale  ;  ceux-ci 
réclamèrent,  se  plaignirent  amèrement,  protestèrent  officiellement  et 
enfin  menacèrent.  L*amour-propre  nobiliaire  devient  facilement  féroce  ; 
au  xixe  siècle,  nous  en  voyons  encore  quelquefois  des  exemples.  Toute 
la  colère  des  Rohan  échoua  devant  la  bonne  foi  des  Bénédictins  et 
rapprobation  des  États  qui  donnèrent  à  D.  Lobineau  le  titre  d'historio- 
graphe de  Bretagne.  Quelques  années  plus  tard,  l'abbé  de  Vertot 
recommença  la  lutte  avec  une  certaine  violence,  mais  sans  plus  de 
succès.  Après  la  mort  de  D.  Lobineau,  arrivée  le  3  juin  1727,  la  maison 
de  Rohan  chercha  à  faire  oublier  l'œuvre  du  savant  bénédictin;  elle 
patronna  une  nouvelle  édition  dans  laquelle  ses  prétentions  étaient 
appuyées  de  preuves  nombreuses  mais  très  discutables. 

Nous  faisons  des  vœux  pour  que  l'exemple  de  M.  de  la  Borderie  soit 
suivi  dans  chacune  des  provinces  dont  l'histoire  a  été  l'objet  des  études 
des  Bénédictins.  Non  seulement  on  apprendra  une  foule  de  détails 
intéressants  sur  les  travaux  delà  savante  congrégation;  mais  encore  on 
trouvera  des  études  inédites  qui  n'ont  pas  trouvé  place  dans  ses  publi- 
cations et  l'on  aura  connaissance  de  sources  historiques  et  de  docu- 
ments qui  pourront  être  d'une  singulière  utilité. 

A.  DE  B. 


Études  sur  le  droit  celtique.  Le  Senchv^  Môr,  par  H.  d'Arbois  de 
JuBAiNViLLE.  Paris,  Larose,  ^88^.  In-8%  ^08  p.  (Extrait  de  la 
Nouvelle  Revue  historique  de  droit  français  et  étranger,) 

Le  Senchus  Môr  est  un  traité  de  jurisprudence  écrit  en  vieil  irlandais, 
dont  le  texte  embrasse  deux  volumes  et  demi  des  Ancient  laws  and 
Institutes  of  Ireland. 

Ce  document  n'a  point  la  fraîcheur  naïve  et  barbare  de  certaines 
coutumes  du  moyen  âge.  C'est  un  fruit  de  la  culture  celtique  et  d'une 
culture  avancée  ;  c'est  un  produit  savant  qui  ne  se  laisse  point  pénétrer 
sans  effort  et  sans  peine,  même  lorsque  la  difficulté  première  et  tout 
extérieure,  celle  de  la  langue,  a  été  vaincue. 

Il  y  a  longtemps  que  ce  premier  rempart  est  tombé  pour  notre  savant 
confrère.  Il  entreprend  aujourd'hui  de  nous  faire  avec  lui  pénétrer 
plus  avant. 


348 

Le  Senchus  Mâr  doit  remonter  à  une  période  antérieure  à  saint 
Patrice,  mais  il  fut  révisé  sous  son  influence  et  probablement  par  lui- 
même  (v«  siècle).  Conservé  de  mémoire  pendant  des  siècles,  le  Senchus 
Môr  fut  confié  à  récriture  vers  l'an  800  de  notre  ère,  comme  un  grand 
nombre  d'autres  documents  de  la  littérature  irlandaise.  Il  n'a  cessé 
depuis  lors  de  s'altérer  sous  la  plume  des  scribes. 

L'histoire  sociale,  politique  et  morale  de  l'Irlande  a  été  traitée  dans 
les  Études  sur  le  droit  celtique  avec  cette  simplicité  d'exposition  à 
laquelle  M.  d'Arbois  de  Jubainville  nous  a  habitués.  J'éprouve  pour 
ma  part  un  charme  extrême  à  apprendre  ainsi  facilement  tant  de 
choses  neuves  de  la  bouche  d'un  maître  si  compétent.  Parmi  les  traits 
caractéristiques  du  régime  irlandais,  il  faut  signaler  l'existence  d'un 
lien  social  d'une  extrême  importance  fondé  sur  le  contrat  que  les  juris- 
consultes modernes  appellent  le  cheptel. 

Ceux  qui  ne  font  pas  de  la  jurisprudence  leur  étude  spéciale,  et  que 
ce  mot  droit  celtique  pourrait  épouvanter,  ne  devront  point  négliger  ce 
précieux  travail.  Ils  y  trouveront  une  moisson  abondante  de  renseigne- 
ments philologiques  et  littéraires.  C'est  précisément  le  caractère  propre 
de  la  culture  irlandaise  de  n'avoir  pas  entièrement  dégagé  le  droit  pour 
en  faire  dans  l'ensemble  des  connaissances  humaines  un  domaine  tout 
à  fait  à  part  et  isolé.  Le  jurisconsulte  irlandais,  le  filé,  était  aussi  magi- 
cien, chanteur,  poète.  Des  joutes  non  seulement  oratoires,  mais  poé- 
tiques, précédaient  parfois  les  jugements  des  filé  (p.  99).  Il  nous  faut 
aujourd'hui,  pour  comprendre  ces  personnages  complexes,  un  effort  non 
moins  multiple  et  non  moins  varié,  qui  porte  sur  la  langue,  sur  l'his- 
toire proprement  dite  et  sur  l'histoire  légendaire,  sur  les  mœurs  et  sur 
le  régime  économique.  C'est  une  conquête  de  ce  genre  que  nous  offre 
M.  d'Arbois  de  Jubainville. 

Paul  ViOLLET. 

Le  gouvernement  royal  et  V administration  des  finances  sous  Phi- 
lippe le  Bel  et  ses  trois  fils  {4285-4328),  par  A.  Voitri,  membre 
de  rinstitut.  In-8**,  Paris,  4880.  —  Les  monnaies  des  trois  pre- 
miers ValoiSy  par  le  même.  In-8*'.  Paris,  4884. 

M.  A.  Vuitry  poursuit  le  cours  de  ses  importants  travaux  sur  le 
régime  financier  de  la  France  avant  1789.  Nous  avons  parlé,  dans  un 
autre  recueil,  de  l'excellent  ouvrage  que  le  savant  académicien  a  con- 
sacré à  ce  sujet  pour  la  période  antérieure  à  Philippe  le  Bel.  Nous  nous 
proposons  ici  de  dire  quelques  mots  de  deux  publications  qui  font  suite 
à  cet  ouvrage.  La  première  de  ces  publications  est  intitulée  :  Le  gouver- 
nement royal  et  l'administration  des  finances  sous  Philippe  le  Bel  et  ses 
trois  fils.  M.  Vuitry  a  divisé  ce  travail  en  deux  chapitres  :  !•  Le  gou- 
vernement et  les  dépenses  ;  2'  l'administration  des  finances.  Cette  divi- 


349 

sion  suffit  à  indiquer  la  méthode  adoptée  par  l'auteur.  M.  Vuitry  a  jugé 
qu'avant  d'entrer  dans  la  gestion  des  finances,  il  devait  montrer  les 
changements  introduits  à  cette  époque  dans  les  institutions  politiques. 
De  ces  changements,  en  effet,  sont  nées  des  dépenses  qui  ne  sont  plus 
seulement  les  dépenses  propres  du  Roi  et  qui  deviennent  les  dépenses  de 
l'État,  M.  Vuitry  se  trouve  ainsi  amené  à  parler  d*abord  du  Grand  Con- 
seil et  du  Parlement,  issus  de  Tancienne  cour  du  roi  ;  il  en  décrit  Torga- 
nisation,  en  marque  les  attributions  ;  il  montre  comment  les  membres 
du  Grand  Conseil  et  ceux  du  Parlement  n'étaient  déjà  plus,  comme  par 
le  passé,  les  vassaux  du  roi,  obligés  par  la  règle  des  fiefs  de  faire  à  leurs 
frais  le  service  de  cour  et  qu'ils  étaient  devenus  des  fonctionnaires  de 
l'État  touchant  des  émoluments,  des  gages  comme  on  disait  alors.  On 
sait  que  l'administration  des  provinces  ne  subit  pas  la  même  transfor- 
mation que  le  gouvernement  central.  Néanmoins,  par  l'efiacement  gra- 
duel des  communes  placées  sous  la  tutelle  du  roi,  par  l'institution  des 
bourgeoisies  royales  qui  concouraient  à  faire  de  l'ancienne  fédération 
des  fiefs  une  société  rattachée  à  un  centre  unique  de  juridiction  et  de 
pouvoir,  se  préparent  des  changements  qui  influeront  par  la  suite  sur  le 
régime  financier.  D^ailleurs  les  baillis  et  les  sénéchaux,  avec  leurs 
subordonnés  hiérarchiques,  demeurent  les  mandataires  supérieurs  de  la 
couronne  dans  les  provinces  et  les  ordonnateurs  de  toutes  les  dépenses 
locales.  Après  avoir  tracé  un  rapide  tableau  de  l'administration  des 
provinces,  M.  Vuitry  étudie  l'organisation  de  VHôtel  du  roi  et  les  ser- 
vices qui  s'y  rattachent.  C'est  là  une  des  parties  les  plus  attachantes  du 
travail  que  nous  examinons.  L'auteur  marque  avec  soin  le  nombre  des 
officiers  de  l'hôtel  ;  il  en  précise  les  fonctions  respectives,  en  chiffre  les 
émoluments.  Un  service  qui  commence  alors  à  s'instituer,  bien  qu'il 
n'ait  encore  rien  de  régulier  ni  de  permanent,  c'est  celui  des  relations 
extérieures.  M.  Vuitry  mentionne  les  ambassades,  les  missions  diplo- 
matiques qui  eurent  lieu  au  temps  dont  il  s'occupe  et  qui  étaient  néces- 
sairement rétribuées  par  le  trésor  royal.  Indépendamment  des  frais  que 
comportaient  ces  ambassades,  Philippe  le  Bel  tenait  à  sa  solde,  par  des 
pensions,  une  foule  de  seigneurs  voisins  de  la  France,  pour  les  rendre 
favorables  à  sa  politique.  M.  Vuitry  nous  apprend  aussi  comment  un 
autre  service,  celui  des  travaux  publics,  semble  s'établir  à  cette  époque 
et  comment  le  principe  d'expropriation  pour  cause  d'utilité  publique  est 
dès  lors  posé  et  consacré.  Il  aborde  enfin  l'organisation  du  service  mili- 
taire, indique  les  modifications  qu'elle  a  subies  sous  Philippe  le  Bel  et 
ses  fils  et  note  les  dépenses  nouvelles  qui  proviennent  de  la  substitution 
naissante  des  troupes  soldées  aux  armées  féodales. 

Après  avoir  exposé  ces  considérations  avec  cette  clarté  qui  caractérise 
les  écrits  sortis  de  sa  plume,  M.  Vuitry  examine  dans  son  mécanisme 
et  ses  rouages  l'administration  générale  des  finances.  Ainsi  qu'il  le 
remarque  à  juste  titre,  cette  administration,  à  l'avènement  de  Philippe 


320 

le  Bel,  se  confond  avec  Padministration  générale  du  pays;  mais,  à  la 
mort  de  Charles  IV,  elle  se  distingue  nettement  de  la  Chambre  des 
comptes  qui  la  domine  et  la  contrôle.  Le  savant  académicien  consacre 
une  étude  particulière  à  la  Chambre  des  comptes  ;  il  en  précise  les  ori- 
gines, en  définit  les  attributions,  indique  le  nombre  de  ses  membres. 
C'est  sous  Philippe  le  Long  et  sous  Charles  IV  que  la  Chambre  des 
comptes,  qui,  déjà  au  temps  de  Philippe  le  Bel,  tenait  une  place  dis- 
tincte à  côté  du  Grand  Conseil  et  du  Parlement,  acheva  4e  s'organiser 
et  de  se  constituer.  Dès  lors  les  documents  abondent,  et  M.  Vuitry  fait 
ressortir  avec  soin  tout  ce  qui  intéresse  cette  institution,  non  seulement 
dans  les  édits  spéciaux  dont  elle  a  été  Tobjet,  mais  dans  les  ordonnances 
d'un  caractère  général  qui  règlent  le  gouvernement,  le  pouvoir  judiciaire 
et  la  gestion  des  finances.  Comme  les  membres  du  Parlement,  les  mem- 
bres de  la  Chambre  des  comptes  n'avaient  déjà  presque  plus  rien  de 
féodal;   c'étaient,   à   proprement  parier,    des  fonctionnaires   publics, 
nommés  et  rétribués  par  le  roi.  Le  mouvement  qui  s'opérait  dans  les 
institutions  de  la  monarchie  et  qui  avait  conduit  la  couronne  à  substi- 
tuer la  Chambre  des  comptes  à  l'ancienne  cour  féodale  du  roi,  la  con- 
duisit de  même  à  établir,  à  Paris,  des  administrateurs  généraux  pour  le 
gouvernement  central  des  finances,  et,  dans  les  provinces,  des  compta- 
bles spéciaux  pour  l'encaissement  des  deniers  et   le   paiement  des 
dépenses.  Les  Trésoriers  de  France  ne  furent  d'abord  que  les  officiers 
préposés  par  le  roi  à  la  garde  de  son  trésor.  Mais,  dès  1318,  une  ordon- 
nance constate  qu'ils  sont  devenus  les  chefs  réels  de  l'administration 
des  finances,  avec  le  concours  et  la  surveillance  de  la  Chambre  des 
comptes.  C'est  également  une  ordonnance  de  1320  qui  consacre  l'insti- 
tution des  Rec&i)eurs,  laquelle  n'avait  eu  jusque-là  rien  d'uniforme  ni  de 
déterminé.  Après  avoir  défini  les  attributions  respectives  des  Tréso- 
riers de  France  et  des  Receveurs,  M.  Vuitry  expose  le  mode  de  comp- 
tabilité en  usage  à  cette  époque.  Nous  ne  saurions  trop  recommander 
ce  chapitre  à  l'attention  du  lecteur.  De  nombreux  édits  furent  alors 
rendus  sur  ce  sujet.  Comme  toutes  les  ordonnances  de  ce  temps,  ils 
présentent  une  certaine  confusion  et  se  répètent  en  plus  d'un  point. 
M.  Vuitry  s'attache  à  en  dégager  les  données  générales  ;  et,  si  Ton  n'y 
rencontre  pas,  caractérisés  par  une  formule  exacte,  les  principes  qui 
régissent  les  comptabilités  modernes,  on  se  plaît  du  moins  à  en  voir 
naître  et  se  développer  les  premiers  éléments. 

Nous  n'avons  pas  à  rappeler  au  lecteur  les  désordres  causés  à  cette 
époque  par  les  altérations  et  les  variations  de  la  monnaie.  Ce  fut  moins 
en  diminuant  le  titre  et  le  poids  des  espèces  monnayées  qu'en  suréle- 
vant au-dessus  de  sa  valeur  réelle  la  valeur  légale  du  numéraire  en 
circulation,  que  Philippe  le  Bel  et  ses  fils  avaient  altéré  et  affaibli  la 
monnaie.  Sous  les  trois  premiers  Valois,  les  altérations  et  les  variations 
de  la  monnaie  devinrent  plus  fréquentes  et  plus  considérables;  mais 


324 

elles  eurent  un  caractère  tout  différent.  «  On  s'aperçut  sans  doute,  écrit 
M.  Vuitry,  qu'en  affaiblissant  la  monnaie  de  compte  par  Télévation  du 
cours  des  espèces  en  circulation,  le  roi  partageait  avec  le  public  qui  les 
détenait  le  bénéfice  qu'il  entendait  se  réserver  :  on  commença  donc  à 
procéder  tout  autrement.  Au  lieu  d'accroître  la  valeur  légale  du  numé- 
raire circulant,  on  le  démonétisa,  ou  on  en  régla  le  cours  à  un  prix  tel 
qu'il  y  eut  intérêt  à  le  vendre  au  poids,  comme  billon,  aux  hôtels  des 
monnaies,  et  le  use  demanda  le  bénéfice  dont  il  poursuivait  la  réalisa- 
tion à  la  fabrication  et  à  l'émission  d'espèces  nouvelles.  Ce  système 
monétaire  fut  mis  en  pratique  avec  un  aveuglement  et  une  exagération 
que  la  grande  lutte  nationale  dont  la  royauté  avait  alors  à  supporter  les 
nombreuses  dépenses  ne  peut  justifier  et  qui  ne  firent  qu'aggraver  les 
souffrances  et  les  misères  du  pays.  »  A  la  vérité,  cette  pratique  désas- 
treuse ne  fut  pas  continue.  Le  règne  de  Philippe  de  Valois  se  partage, 
à  cet  égard,  en  périodes  très  distinctes.  C'est  ainsi  que,  de  1329  à  1337, 
ce  prince  rétablit  et  maintint  la  forte  monnaie,  tandis  que,  de  1337  à 
1343,  il  ne  cessa,  par  des  ordonnances,  d'affaiblir  la  monnaie  de  compte 
en  changeant  les  espèces  monnayées.  De  1343  à  1346,  il  revint  à  la  forte 
monnaie,  mais,  de  1346  à  1350,  il  chercha  encore  une  fois  des  res- 
sources dans  de  nouvelles  altérations.  On  sait  que,  si  considérables 
qu'aient  été  alors  l'affaiblissement  et  les  changements  de  la  monnaie, 
ils  le  furent  plus  encore  durant  les  dix  premières  années  du  règne  de 
Jean.  On  sait  aussi  que  les  quatre  dernières  années  du  règne  de 
ce  prince  et  les  seize  années  du  règne  de  Charles  V  furent  marquées 
par  des  pratiques  toutes  contraires  :  la  forte  monnaie  fut  rétablie  et 
conserva,  sans  variation  sensible,  une  stabilité  qui  fait  honneur  à 
la  sagesse  du  prince  préposé  alors  au  gouvernement  de  la  France. 

Tel  est  l'objet  de  la  seconde  publication  de  M.  Vuitry,  intitulée  :  Les 
monnaies  sous  les  trois  premiers  Valois.  L'auteur  a  divisé  ce  remarquable 
travail  en  autant  de  chapitres  qu'il  y  a  de  périodes  distinctes  dans  le 
régime  de  la  monnaie  à  cette  époque  troublée.  Il  a  traité  cette  matière 
difficile  avec  la  sûreté  d'un  écrivain  initié  par  une  pratique  personnelle 
à  l'intelligence  des  affaires,  et  c'est  en  toute  sécurité  que  le  lecteur  peut 
accepter  les  conclusions  auxquelles  un  savoir  historique  éclairé  conduit 
M.  Vuitry.  A  côté  de  détails  techniques  et  dont  la  précision  est  si  dési- 
rable en  un  pareil  sujet,  l'auteur  n'a  point  négligé  des  considérations 
d'un  autre  ordre.  Il  a  recherché  les  causes  des  modifications  successives 
et  si  nombreuses  que  présenta  alors  notre  régime  monétaire,  et,  paral- 
lèlement à  l'histoire  particulière  des  monnaies,  on  suit  l'histoire  géné- 
rale des  faits  dont  elle  est  un  corollaire.  M.  Vuitry  a  terminé  ce  travail 
par  une  intéressante  analyse  du  célèbre  traité  d'Oresme.  C'est  à  la  fin 
de  ce  traité  que  se  lit  cette  observation  digne  de  remarque  :  «  J'ai  inten- 
tion de  déclarer  que  les  mutacions  précédentes  sont  contre  l'onneur  du 
roi  et  préjudicient  à  la  succession  royalle...  Quiconques  voudroient,  par 

21 


322 

aucune  manière,  attraire  et  induire  les  seigneurs  de  France  à  ce  régime 
tyrannique,  certes  ils  exposeroient  le  royaume  en  grand  décriement  et 
honte  et  le  préparerolent  à  sa  fin...  Et  pour  ce,  si  la  royalle  séquelle  de 
France  délinque  de  sa  première  vertu,  sans  nulle  doubte  elle  perdra  son 
royaume,  et  sera  translaté  en  autre  main,  b  Certes,  après  les  preuves  de 
sagesse  qu'avait  données  Charles  Y,  et  lorsque,  dans  ce  traité, 
Oresme  venait  d'exposer  les  principes  qui  devaient  présider  à  Tadminia- 
tration  des  monnaies,  on  ne  pouvait  s'attendre  aux  perturbations  nou- 
velles que  le  règne  de  Charles  VI  réservait  encore  à  la  France.  Ce  sont 
ces  perturbations,  avec  les  désastres  qui  en  furent  l'efiet,  que  M.  Vuitry 
nous  exposera  dans  une  prochaine  publication. 

F.  R. 


Tombeaux  de  la  cathédrale  de  Rouen^  par  feu  A.  Dbyille. 
Troisième  édition..,  avec  trente-six  planches  de  MM.  Adeline 
Bosredon  et  Guillaumot...^  revue  et  publiée  avec  notes  et  addi" 
lions  nombreuses  par  F.  Bouquet  y  professeur  honoraire,  Gr.  in-4», 
v-328  p.  Paris,  A.  Lévy,  \%%\. 

Cette  troisième  édition  de  Touvrage  de  M.  Deville  pourrait  à  jaste 
titre  passer  pour  la  première  ;  les  deux  autres,  publiées.  Tune  en  i833 
(in-d*»,  282  pages  de  texte  avec  dix  planches),  Tautro  en  1837  (avec 
quelques  pages  et  deux  planches  de  plus),  ne  sauraient  être  comparées 
à  cette  troisième,  depuis  longtemps  préparée  par  M.  Deville,  et  défini- 
tivement mise  sur  pied  et  publiée  par  un  ami  du  mort,  M.  Bouquet. 

A  dire  vrai,  M.  Deville  n'avait  point  été  le  premier,  et  la  préface  de 
M.  Bouquet  le  reconnaît,  à  parler  des  tombeaux  de  la  cathédrale  de 
Rouen.  L'édition  de  1668  de  VHistoire  de  Rouen  de  Farin  renferme  un 
chapitre  particulier  sur  ces  sépultures.  Les  auteurs  qui  suivirent  surent 
profiter  des  premiers  essais  de  Farin  pour  aller  un  pea  plus  loin  que 
lui,  mais  sans  avoir  fait  autre  chose  qu'effleurer  le  sujet  et  passer  assez 
rapidement  sur  un  terrain  de  pures  conjectures.  Ils  furent  d'ailleurs 
unanimes  à  reconnaître  combien  le  champ  de  leurs  découvertes  était 
borné  :  cela  tenait  aux  guerres  des  Huguenots  qui  avaient  beaucoup 
détruit,  aux  déplacements  maladroits  faits  par  le  clergé  de  la  cathé- 
drale^, à  une  foule  de  causes  qui  embrouillaient  l'écheveau  et  dérou- 
taient les  chercheurs.  M.  Deville  entreprit  de  combler  les  lacunes 
signalées  par  Farin  et  ses  successeurs,  et  pour  cela  il  compulsa  tout, 
les  cartulaires,  les  archives  de  la  métropole,  celles  du  département, 
copiant,  annotant,  classant.  A  dater  de  la  dernière  édition  de  son 

1.  Le  clergé  d'avant  1789  avait  résolu  de  mettre  à  sac  les  anciens  monuments, 
surtout  celles  des  représentations  c  qui  ne  seraient  pas  décentes  ou  en  parfait 
état.  0  (Deville,  Tombea'uXy  avant- propos,  p.  2.) 


323 

ouvrage,  en  1837,  il  travailla  sans  relâche  à  compléter  son  livre,  et 
lorsqu'il  moUrut,  laissant  un  manuscrit  considérable,  il  se  trouva  que 
le  livre  était  doublé  et  que  les  dessins  faits  par  lui  étaient  au  nombre 
de  près  de  100.  Malheureusement  Fauteur  n'avait  pu  y  mettre  la  der- 
nière main  et  le  mettre  au  niveau  des  études  actuelles,  les  omissions  du 
livre  publié  par  M.  Bouquet  le  montrent  suffisamment  :  il  y  avait  à 
faire  certaines  citations  indispensables  pour  que  l'ouvrage  fût  au  point, 
et  l'auteur  seul  y  eût  songé. 

Le  plan  de  M.  Deville  est  simple.  Il  donne  la  liste  des  personnages 
enterrés  dans  la  cathédrale,  et  s'arrête  à  ceux  pour  lesquels  il  a  décou- 
vert certains  détails  d'ensevelissement  ou  de  construction  de  tombeaux. 
Il  faut  avouer  que,  malgré  ses  trouvailles,  M.  Deville  est  loin  d'avoir 
tout  identifié.  Mais,  tel  qu'il  est,  son  ouvrage  peut  passer  pour  un  des 
plus  complets  sur  la  matière. 

Il  y  a  à  faire  certaines  critiques  de  détails.  M.  Deville  parle  assez 
longuement  de  Richard  Gœur-de-Lion,  dont  il  découvrit  la  statue  en  1838 
dans  la  cathédrale.  Seulement  on  ne  s'explique  pas  que  le  dessin  gravé 
dans  son  ouvrage  soit  pris  d'après  la  restauration  qui  en  fut  faite  par 
M.  Bouet.  On  se  l'explique  d'autant  moins  que  M.  Deville  cite  le  dessin 
pris  par  Gaignières  antérieurement  à  l'enfouissement  de  la  statue  par 
le  clergé  de  la  métropole  en  1734,  et  que  ce  dessin,  quoique  donnant  la 
statue  du  roi  à  plat,  avait  l'avantage  de  reproduire  l'ancien  socle  sur 
lequel  elle  était  couchée  avec  les  quatre  lions  en  support.  Cette 
remarque  s'applique  aussi  au  tombeau  de  Henri  le  jeune,  frère  de 
Richard.  Pour  ce  dernier,  dont  la  statue  nous  a  été  conservée  par  Gai- 
gnières, M.  Deville  va  plus  loin,  il  copie  la  statue  moderne  due  au 
ciseau  des  sculpteurs  rouennais  Bouet  et  Jean,  statue  essentiellement 
différente  de  pose  et  de  caractère. 

Il  est  vrai  que  les  dessins  de  Gaignières  ne  sont  point  toujours  d'une 
très  grande  fidélité.  Il  semble  que  le  dessinateur  du  grand  collectionneur 
ait  trop  souvent  allongé  ou  raccourci  ses  personnages.  Mais  ces  fautes 
n'emljarrassaient  guère  M.  Viollet  Le  Duc,  qui  nous  a  donné  une  foule 
de  choses  exquises  d'après  les  plus  pitoyables  copies  de  Gaignières. 

On  ne  saurait  donc  excuser  M.  Deville  et  son  successeur  M.  Bouquet 
d'avoir  si  peu  consulté  les  portefeuilles  d'Oxford,  dont  la  Bibliothèque 
nationale  possède  aujourd'hui  des  calques  très  suffisants.  Cette  faute  a 
fait  que  très  souvent  M.  Deville  se  lance  dans  des  dissertations  que  la 
simple  inspection  des  dessins  de  Gaignières  eût  empêchées.  Et  puis  les 
dessins  reproduisant  les  tombeaux  y  eussent  gagné  en  vérité  historique. 
Voici  par  exemple  le  tombeau  de  Pierre  de  Brezé  et  de  Jeanne  du  Bec- 
Crespin  :  le  dessin  de  M.  Deville  le  rend  méconnaissable.  Le  J.  C. 
(Jeanne  Crespin)  devient  un  P.  B.  (Pierre  Brezé).  Les  armoiries  du 
xv«  siècle  sont  sculptées  sur  lambrequins  allemands.  Du  moment  où 
M.  Deville  restituait  les  statues  disparues  depuis  le  xvni«  siècle,  il  eût 


324 

été  de  bonne  critique  de  rechercher  Taspect  du  monument  primitif,  et 
cet  aspect  Gaignières  l'avait  conservé  (collection  d'Oxford,  t.  lY,  fol.  8). 
Signalons  aussi  une  grosse  erreur  dans  le  dessin  de  la  couronne  de 
Pierre  de  Brezé,  dont  M.  Deville  fait  une  sorte  de  toque  italienne 
(pi.  IX). 

La  partie  la  plus  faible  de  l'ouvrage  de  M.  Deville  est  sûrement  celle 
des  dessins  et  des  gravures.  Il  faut  croire  que  les  artistes  chargés  de 
graver  ces  dessins  d'architecture  se  sont  un  peu  trouvés  dépaysés  dans 
un  genre  de  travail  éminemment  précis,  h' interprétation,  pour  me  servir 
d'une  expression  d'atelier,  se  fait  trop  remarquer  dans  la  plupart  de  ces 
reproductions.  Il  faut  bien  croire  que  les  dessins  de  M.  Deville  n'avaient 
ni  cette  lourdeur  ni  surtout  ce  manque  de  précision  (et  la  précision  est 
absolument  nécessaire  en  pareil  cas).  Le  moindre  procédé  Gillot  ou 
Dujardin  eût  beaucoup  mieux  fait  Tafifaire.  Parmi  les  gravures  les  plus 
médiocres,  on  doit  citer  celle  de  Claude  Groullart  (pi.  XIÏI)  et  celle  de 
sa  femme.  Au  contraire,  certaines  pierres  tombales  au  trait  sont  ou 
paraissent  être  d'une  assez  grande  fidélité. 

Toutes  ces  remarques,  que  Ton  pourrait  pousser  à  l'infini,  ne 
prouvent  pas  grand'chose  contre  le  livre  de  M.  Deville.  Tel  qu'il  est,  il 
reste  un  des  meilleurs  dans  le  genre.  M.  Deville  vivait  à  un  temps  où, 
passé  Clouet  et  Jean  Goujon,  il  n'y  avait  eu  en  France  ni  peintre,  ni 
sculpteur  :  ces  deux-là  avaient  tout  fait.  C'est  ce  qui  explique  son  hypo- 
thèse de  Jean  Goujon,  architecte  du  monument  de  Louis  de  Brezé, 
mari  de  la  grand'sénéchaie.  Ce  sont  là  des  détails.  Somme  toute,  les 
Tombeaux  de  la  cathédrale  de  Rouen  sont  un  livre  où  l'archéologue  a 
encore  assez  à  prendre  pour  ne  point  trop  regretter  que  les  planches 
soient  pour  la  plupart  en  infériorité  marquée  sur  le  reste  du  livre. 

Henri  Bouchot. 


LIVRES    NOUVEAUX. 

SOMMAIRE  DES  MATIÈRES. 

Sciences  auxiliaires.  —  Bibliographie,  502,  535.  —  Chronologie,  552. 

Sources,  530.  —  Chroniques,  470,  476,  562.  —  Lettres,  500,  508.  — 
Archives,  465.  —  Documents,  cartulaires,  451,  463,  471,  502,  507,  515, 
540. 

Biographie  et  généalogie,  469.  —  Saint  Antoine  de  Padoue,  445; 


325 

saint  Denis,  444;  Duranti,  528;  Henri  IV,  500;  La  Vallière,  508; 
Linange,  558  ;  Lusignan,  549  ;  Maufras  du  Ghatelier,  522  ;  Médicis,  541  ; 
Montpensier,  502  ;  Pétrarque,  532  ;  Pons,  466  ;  saint  Privât,  536;  Riche- 
lieu, 499;  saint  Sévérien,  536. 

Géographie,  topographie,  449,  461,  472,  488,  498. 

Droit,  455,  458, 462,  475,  480,  482,  490,  495,  538. 

Institutions,  542,  543.  —  Gouvernement  royal,  518;  administration, 
524.  —  Municipalités,  515,  523,  540,  560.  —  Justice,  489.  —  Finances, 
474,  515,  540.  —  Institutions  militaires,  468,  516.  —  Écoles,  492,  521, 
553.  —  Corporations,  555.  —  Hôpitaux,  471. 

Moeurs  bt  usages,  462,  480.  —  Agriculture,  classes  rurales,  458,  482, 
491,  539. 

Religions.  —  Judaïsme,  478,  490,  551.  —  Église  catholique,  448, 
467,  547;  Pères  de  TÉglise,  526;  hagiographie,  444,  445,  536;  clergé, 
491;  évêchés,  469,  479,  536;  ordres,  506;  monastères,  446,  453,  463,' 
507,  510,  544,  545. 

Archéologie,  454,  496.  —  Architecture  :  édifices  civils  et  militaires, 
452,  517;  édifices  religieux,  450,  503,  511,  512,  544,  546,  563.  — 
Sculpture,  450.  —  Peinture,  464.  —  Vitraux,  501,  561.  —  Mobilier, 
bijoux,  447,  502,  548.  —  Sphragistique,  481,  519,  531.  —  Numisma- 
tique, 460,  483,  484,  556-559. 

Langues  et  littératures.  —  Grec,  488.  —  Latin,  526,  553.  —  Langues 
romanes  :  espagnol,  473  ;  français,  442,  457,  493,  505,  525,  534  ;  italien, 
486;  provençal,  466.  —  Langues  germaniques  :  allemand,  459;  anglais, 
527  ;  frison,  477. 

SOMMAIRE  GÉOGRAPHIQUE. 

Allemagne,  494,  495,  506,  516,  552.  -—  Alsace-Lorraine,  484,  504, 
537.  —  Hambourg,  449.  —  Hesse,  562.  —  Saxe,  487.  —  Wurtemberg, 
517,  559. 

Autriche-Hongrie.  —  Autriche  au-dessous  de  TEnns,  461 .  —  Bohême, 
487. 

Belgique,  458,  482,  560. 

Espagne,  490. 

France,  467,  474,  488,  518,  520.  —  Ile-de-France,  524,  525;  Lan- 
guedoc, 551;  Limousin,  445;  Lorraine,  442,  483;  Normandie,  476, 
481;  Savoie,  542.  — Ain,  451  ;  Aisne,  511  ;  Ariège,  485,  550;  Charente- 
Inférieure,  519,  521;  Cher,  555;  Gorrèze,  489;  Gôte-d^Or,  468;  Gôtes- 
du-Nord,  501  ;  Doubs,  464;  Drôme,  469;  Eure-et-Loir,  456;  Finistère, 
453;  Hérault,  492;  Indre,  452;  Indre-et-Loire,  540;  Jura,  497;  Loir-et- 
Cher,  546;  Loire,  463;  Loire-Inférieure,  510;  Lot,  472;  Lot-et- 
Garonne,  475  ;  Lozère,  528,  536  ;  Marne,  503  ;  Mayenne,  498  ;  Meurthe- 


326 

hi  Moii(«ll(S  &i3,  544;  Meuse,  493;  Nord,  547;  Pas-de-Calais,  509; 
|*yi6ttiii'M  (llauU^H-),  545;  Rhône,  446;  Seine,  444,  471  ;  Seine-et-Marne, 
NH,  HïtifiM-ot-Oise,  535;  Seine -Inférieure,  496,  507;  Somme,  512, 
rù\H,  Tuni-ot-Garonne,  447,  479,  554;  Vaucluse,  470;  Yonne,  529. 

Umamdk-IIhktaonb  bt  Irlande.  —  Iles  de  la  Manche,  533. 

Uauu,  —  Florence,  480,  541,  543;  Gaète,  460;  Naples,  530;  Padoue, 
Mti,  inw*,  532;  Rome,  443,  520. 

lUvM'iUs,  458. 

l'oHtUOAL,  465. 
lif;HtflK,  515,  531. 

HfjiMK,  454,  523,  556,  557,  563. 


442.  Adam  (Lucien).  Les  Patois  lorrains.  Nancy,  Grosjean-Maupin; 
J'arië,  Maisonneuve.  li-460  p.  (Publications  de  l'Académie  de  Stanis- 

443.  Adinolfi  (Pasquale).  Roma  nelP  età  di  mezzo,  descritta.  T.  I. 
Homa,  Bocca,  1881.  445  p.  8  1. 

444.  Arbellot  (Fabbé).  Étude  sur  les  origines  chrétiennes  de  la 
Oaule.  Première  partie  :  saint  Denys  de  Paris.  Paris,  Haton.  116  p. 

445.  Arbellot  (l'abbé).  Notice  sur  saint  Antoine  de  Padoue  en 
lâmousin.  Limoges,  Leblanc  ;  Paris,  Haton.  72  p. 

446.  Arroy  (Bezian).  Brève  Histoire  de  l'abbaye  de  llle-Barbe.  Lyon, 
Oeorg,  1880.  xi-191  p.  (Collection  lyonnaise,  n»  7.) 

447.  Barbier  de  Montault  (Mgr  X.).  L'Anneau  d'investiture  du 
musée  de  Montauban.  Montauban,  impr.  Forestié.  51  p.,  planche. 
(Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Tarn-et-Garonne.) 

448.  Baronii  (Gaesaris  S.  R.  E.  cardinalis),  Od.  Reynaldi  et  Jac. 
Laderchii  congregationis  Oratorii  presbyterorum  Annales  ecclesiastici, 
denuo  et  accurate  excusi.  Tomus  35.  Summarium  générale  (1566-1567). 
Bar-le-Duc  et  Paris,  libr.  de  Tœuvre  de  Saint-Paul.  In-4,  xix-367  p. 
(L'ouvrage  formera  37  vol.  à  16  fr.) 

449.  Becker(F.  A.).  Cuxhavenund  das  Amt  Ritzebûttel.  Ein  Beitrag 
zur  Geschichte  und  Entwickelung  des  Landes  nebst  topographischen, 
statistischen  und  chronologisch  geordneten  Mittheilungen  und  einer 
Karte.  Hamburg,  Otto  Meissner,  1880.  xiii-248  p.,  1  carte.  3  m.  60  pf. 

450.  Biais  (Emile).  Des  statues  équestres  sculptées  aux  façades  de 
certaines  églises  romanes.  Angoulème,  Goumard.  17  p.,  planche. 
(Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  historique  de  la  Cha- 
rente, 1878-1879.) 

451 .  Bibliotheca  Dumbensis,  ou  Recueil  de  chartes,  titres  et  docu- 


327 

ments  relatifs  à  l'histoire  des  Dombes.  Trévoux,  impr.  Jeauvin.  In-4, 
198  p. 

452.  Blanchetière  (M.).  Le  Donjon  de  Romefort  (Indre).  Tours,  impr. 
Bouserez.  il  p.,  planche.  (Extrait  du  Bulletin  monumental^  1880.) 

453.  Blois  (A.  de).  Notice  historique  sur  la  ville  de  Quimperlé.  Suivie 
d'une  histoire  particulière  de  Tabbaye  de  Sainte-Croix,  d'après  le 
manuscrit  de  F.  Bonaventure  du  Plesseix,  continuée  jusqu'en  1790  et 
publiée  pour  la  première  fois  avec  appendice  et  notes  par  Fr.  Audran. 
Quimperlé,  Clairet.  In-18,  241  p. 

454.  Bluemner  (H.).  Die  archaeologische  Sammlung  im  eidg.  Poly- 
technikum  zu  Zurich.  Zurich,  Caesar  Schmidt.  201  p.,  4  pi.  3  fr. 

455.  BoRCH  (Leopold  von).  Beitraege  zur  Rechts-Geschichte  des 
Mittelalters  mit  besonderer  Rùcksicht  auf  die  Ritter  und  Dienstmannen 
fûrstlicher  und  graBÛicher  Herkunft.  Nebst  einer  lithographischen 
Tafel  :  Wandelungen  des  Querfurter  Helmschutzes.  Innsbruck,  Rauch, 
1881.1n.4,87p. 

456.  Bordas  (l'abbé).  Histoire  du  comté  de  Dunois.  Tome  II,  fasc.  1. 
Ghâteaudun,  Société  dunoise.  128  p. 

457.  Boucherie  (A.).  La  Langue  et  la  Littérature  françaises  au  moyen 
âge  (réponse  à  M.  Brunetière).  Paris,  Maisonneuve.  43  p.  (Extrait  delà 
Revue  des  langues  romanes,) 

458.  Brants  (Victor).  Histoire  des  classes  rurales  aux  Pays-Bas  jus- 
qu'à la  fin  du  XVIII®  siècle.  Bruxelles,  impr.  Hayez.  406  p;  (Mémoire 
couronné  par  l'Académie  royale  de  Belgique.) 

459.  Braune  (Wilhelm).  Althochdeutsches  Lesebuch,  zusammenge- 
stellt  und  mit  Glossar  versehen.  Zweite  Auflage.  Halle,  Niemeyer, 
1881.  vra-228  p.  3  m. 

460.  Caméra  (Matteo).  Una  Moneta  inedita  di  Gaeta  del  x  secolo. 
Napoli,  Furchheim.  7  p.,  1  pi.  1  1.  50  c. 

461.  Camesina  Ritter  von  San  Vittore  (Albert).  Urkundliche 
Beitraege  zur  Geschichte  Wien's  im  xvi.  Jahrhundert.  Mit  einem 
Stadtplane.  Herausgegeben  vom  Gemeinderathe  der  kais.  koen.  Reichs- 
haupt-und  Residenzstadt  Wien.  Wien,  Alfred  Hoelder,  1881.  In-4, 
x-100  p.,  plan  gr.  in-fol.  7  fl. 

462.  Carré  de  Busserolle  (J.-X.).  Les  Usages  singuliers  de  la  Tou- 
raine.  N®  1.  Le  Droit  du  seigneur.  N®  2.  Le  Chêne  de  la  mariée;  le 
Banquet  de  Nivès.  Tours,  Semeur-Laplaine.  15,  16  p. 

463.  Cartulaire  du  prieuré  de  Saint-Sauveur-en-Rue  (Forez),  dépen- 
dant de  l'abbaye  de  la  Chaise-Dieu  (1062-1401).  Publié  avec  une  notice 
historique  et  des  tables  par  le  comte  de  Charpin-Feugerolles  et  M.  C. 
Guigue.  Lyon,  impr.  Perrin.  In-4,  xxiv-379  p. 

464.  Castan  (Auguste).  Le  Mot  de  l'énigme  d'un  tableau  de  l'église 


32S 

de  la  Vèze,  près  de  Besançon.  Besançon,  impr.  Dodivers.  8  p.  (Extrait 
des  Mémoires  de  la  Société  d'émulation  du  Douhs,  13  mars  1880.) 

465.  Gatalogo  dos  pergaminhos  do  cartorio  da  universidadede  Goimbra. 
Goimbra,  imprensa  da  universidade,  1880.  135  p. 

466.  Ghabaneau  (Gamille).  Les  Troubadours  Renaud  et  Geoffroy  de 
Pons.  Paris,  Maisonneuve.  27  p.  (Extrait  du  Courrier  littéraire  de 
V  Ouest,  1880.) 

467.  Ghamard  (dom  François).  Les  Origines  chrétiennes  de  la  Gaule. 
Paris,  impr.  Levé.  64  p.  (Extrait  du  Correspondant.) 

468.  Gharmasse  (Anatole  de).  Note  sur  le  passage  et  le  séjour  des 
grandes  compagnies  dans  la  prévôté  de  Baigneux-les- Juifs  en  1364 
et  1365.  Paris,  Ghampion.  11  p.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société 
éduenne,  nouv.  série,  t.  IX.) 

469.  Ghevalier  (l'abbé  Jules).  Actes  et  Documents  pour  servira  This- 
toire  des  doyens  de  l'église  de  Die  au  xvi«  siècle.  Montbéliard,  impr. 
Hoffmann.  12  p.  (Extrait  du  Bulletin  d'histoire  ecclésiastique  et  d'ar- 
chéologie religieuse  du  diocèse  de  Valence,  l"*®  année,  2«  livraison.) 

470.  Ghronique  (la)  d'un  notaire  d'Orange,  publiée  et  annotée  par 
L.  Duhamel.  Paris,  Ghampion.  In-18,  168  p. 

471.  Gollection  de  documents  pour  servir  à  Thistoire  des  hôpitaux  de 
Paris,  commencée  sous  les  auspices  de  M.  Michel  Moring,  continuée 
par  M.  Gharles  Quantin,  directeur  de  l'administration  générale  de  Tas- 
sistance  publique,  publiée  par  M.  Brièle,  archiviste  de  l'administration. 
Tome  I.  Délibérations  de  l'ancien  bureau  de  l'Hôtel -Dieu.  Paris, 
Picard.  In-4,  viii-200  p. 

472.  GoMBARiEu  (L.).  Dictionnaire  des  communes  du  Lot,  contenant 
la  nomenclature  des  villages,  hameaux,  châteaux,  moulins,  métairies, 
maisons  isolées,  etc.,  et  précédé  d'une  introduction  sur  le  département 
du  Lot  avant  et  après  1789.  Gollaborateurs,  MM.  A.  Gombes,  J.  Ma- 
linowski,  A.  Sarcos,  de  la  Société  des  études,  et  MM.  les  instituteurs. 
Gahors,  Laytou.  Lxvni-262  p.,  carte.  5  fr. 

473.  GoRNu  (Jules).  Études  sur  le  poème  du  Gid.  Paris.  27  p.  (Extrait 
de  la  Ro7nania,  t.  IX.) 

474.  GouGNY  (G.  DE).  Gomptes  royaux  du  xvi«  siècle.  Angers,  Ger- 
main et  Grassin.  7  p.  (Extrait  de  la  Revue  de  V Anjou.) 

475.  Goutumes  de  Glermont-Dessus  en  Agenais  (1262),  publiées  par 
Hippolyte  Rébouis.  Paris,  Larose.  51  p.  (Extrait  de  la  Nouvelle  Revue 
historique  de  droit  français  et  étranger,) 

476.  Gronicques  (les)  de  Normandie  (1223-1453),  réimprimées  pour  la 
première  fois  d'après  l'édition  rarissime  de  Guillaume  le  Talleur 
(mai  1487),  avec  variantes  et  additions  tirées  d'autres  éditions  et  de 


329 

divers  manuscrits,  et  avec  une  introduction  et  des  notes  par  A.  Hellot. 
Rouen,  Métérie.  xxni-344  p. 

477.  Cummins  (Adiey  H.).  A  Grammar  of  the  old  Friesic  language. 
London,  Trûbner,  1881.  75  p.  3  s.  6  d. 

478.  Darmesteter  (James).  Coup  d'oeil  sur  l'histoire  du  peuple  juif. 
Paris,  librairie  Nouvelle.  25  p. 

479.  Daux  (l'abbé  Camille).  Histoire  de  TÉglise  de  Montauban,  depuis 
les  premiers  temps  jusqu'à  nos  jours.  T.  I.  N®«  1-2.  Première  période 
(46-1317).  Montauban,  Georges  et  Ferrie,  xv-111  p.  et  planche.  5  fr.; 
pour  les  souscripteurs,  2  fr.  50  c.  (L'ouvrage  formera  2  vol.  d'environ 
650  pages  chacun,  ornés  de  6  planches  en  chromolithographie.  Prix  de 
la  souscription  :  15  francs  payables  en  trois  termes.) 

480.  Deliberazione  suntuaria  del  comune  di  Firenze,  del  xiii  aprile 
1439,  pubblicata  daMorelli  Guido  per  nozze  Stefanini-Morelli.  Firenze, 
tip.  deir  Arte  délia  stampa.  16  p. 

481.  Dbmay  (G.).  Inventaire  des  sceaux  de  la  Normandie  recueillis 
dans  les  dépôts  d'archives,  musées  et  collections  particulières  des 
départements  de  la  Seine-Inférieure,  du  Calvados,  de  l'Eure,  de  la 
Manche  et  de  l'Orne,  avec  une  introduction  sur  la  paléographie  des 
sceaux  et  16  planches  photoglyptiques.  Paris,  imprimerie  nationale. 
In-4,  xLiv-438  p. 

482.  De  Potter  (Frans),  Broeckaert  (Jan).  Geschiedenis  van  den 
Belgischen  boerenstand  tôt  op  het  einde  der  xviii«  eeuw.  Brussel, 
Hayez.  in-406  p.  (Mémoire  couronné  par  l'Académie  royale  de  Bel- 
gique.) 

483.  Des  Robert  (Ferdinand).  Un  Jeton  de  la  chambre  des  comptes 
de  Lorraine.  Nancy,  impr.  Crépin-Leblond.  In-4,  4  p.  avec  fig. 

484.  DiETz  (E.).  Note  sur  quelques  monnaies  du  moyen  âge  trouvées 
près  de  Fouday,  au  Ban  de  la  Roche  (Vosges- Alsace).  Saint-Dié,  impr. 
Humbert.  14  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  philomathique  vosgienne, 
1880-1881.) 

485.  DucLOs  (H.).  Histoire  des  Ariégeois  (comté  de  Foix  et  vicomte 
de  Couserans).  De  l'esprit  et  de  la  force  intellectuelle  dans  l'Ariège  et 
les  Pyrénées  centrales.  Paris,  Didier,  xvi-684  p.,  3  grav.  à  l'eau -forte 
par  Ghauvet. 

486.  Durante.  Il  Fiore,  poème  italien  du  xiii®  siècle,  en  ccxxxii  son- 
nets, imité  du  roman  de  la  Rose.  Texte  inédit  publié  avec  fac-similé, 
introduction  et  notes  par  Ferdinand  Castets.  Montpellier,  bureau  des 
publications  de  la  Société  pour  l'étude  des  langues  romanes,  1881. 
xxrv-184  p. 

487.  Ermisch  (Hubert).  Studien  zur  Geschichte  der  saechsisch- 
boehmischen  Beziehungen  in  den  Jahren  1464  bis  1471.  Mit  urkund- 
lichen  Beilagen.  Dresden,  Baensch,  1881.  144  p.  3  m. 


330 

488.  Extraits  des  auteurs  grecs  concernant  la  géographie  et  rhistoire 
des  Gaules.  Texte  et  traduction  nouvelle  publiés  pour  U  Société  de 
l'histoire  de  France  par  Edm.  Ck)ugny.  Tome  III.  Paris,  Loones.  xy- 

385  p.  9  fr. 

489.  Page  (René).  Une  ancienne  Justice.  La  Cour  d*appeaux  de 
Ségur.  Limoges,  impr.  Chapoulaud,  1880.  150  p.  (Extrait  du  Bulletin  de 
la  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin^  t.  XXVIU,  VI*  de  la 
2«  série.) 

490.  Fernandbz  y  Gonzalez  (Pr.).  Instituciones  jurfdicas  del  pneblo 
de  Israël  en  los  diferentes  K<(tados  de  la  penfnsula  ihérica  desde  su 
dispersion  en  tiempo  del  emperador  Hadriano  hasta  los  principios  del 
siglo  XVI.  Tomo  I.  Introduccion  histôrico-crîtica.  Madrid,  1881.  In-4, 
xv-346  p. 

491.  Galabert  (l'abbé).  Les  Prêtres  dans  les  campagnes  au  moyen 
âge.  Montauban,  impr.  Forestié.  17  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société 
archéologique  de  Tarn^et-Garonne.) 

492.  Germain  (A.).  Du  principe  démocratique  dans  les  anciennes 
écoles  de  Montpellier.  Montpellier,  impr.  Boehm,  1881.  In-4,  23  p. 
(Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie,  etc,  de  Montpellier,  section  des 
lettres,  t.  VU,  1881.) 

493.  Germain  (Léon).  Deux  Chartes  du  xm*  siècle  en  langue  vulgaire, 
provenant  de  Tabbaye  de  Ghâtilion.  (Communication  de  M.  le  docteur 
Nie.  van  Werveke,  de  Tinstitut  R.  G.-D.  de  Luxembourg.)  Nancy, 
impr.  Crépin-Leblond.  7  p.  (Extrait  du  Journal  de  la  Société  d'archéologie 
lorraine,  1881.) 

494.  GiESBBREGHT  (Wilhelm  von).  Geschichte  der  deutschen  Kaiserzeit. 
Erster  Band.  Grundung  des  Kaiserthums.  Fûnfte  Auflage.  Mit  einer 
Uebersichtskarte  von  H.  Kiepert.  Braunschweig,  Schwetschke,  1881. 
xLn-934  p.,  1  carte.  15  m. 

495.  Grimm  (Jacob).  Deutsche  Rechtsalterthûmer.  Dritte  Ausgabe, 
Goettingen,  Dieterich,  1881.  xxvi-971  p.  12  m. 

496.  GuÉRODLT  (le  D' E.).  Découvertes  archéologiques  en  1878  et  1879. 
Rouen,  impr.  dîagniard.  15  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  commission  des 
antiquités  de  la  Seines-Inférieure.) 

497.  GuiLLERMET  (F.)  et  B.  Prost.  Champagnole  et  ses  environs. 
Lons-le-Saunier,  impr.  Declume.  83  p.  et  planches.  (Extrait  des 
Mémoires  de  la  Société  d'émulation  du  Jura,  1880.) 

498.  GuYARD  DE  LA  FossE.  Remarques  sur  les  observations  de  M.  Le- 
beuf  sur  les  peuples  diablintes  et  leur  pays,  particulièrement  par  rap- 
port à  l'histoire  de  la  ville  de  Mayenne  dans  le  Bas-Maine,  prête  à  être 
mise  au  jour;  suivie  d'une  réponse  de  l'abbé  Lebeuf,  extraite  du 
Mercure  de  France.  Paris,  Mouchet.  In-12,  36  p. 

499.  Hanotaux  (Gabriel).  Études  sur  des  maximes  d'État  et  des  frag- 


334 

ments  politiques  inédits  du  cardinal  de  Richelieu.  Paris,  Picard.  48  p. 
(Extrait  du  Compte  rendu  de  l'Académie  des  sciences  morales  et  poli- 
tiques.) 

500.  Henri  IV.  Lettres  inédites  du  roi  Henri  IV  à  M.  de  Bellièvre 
(1602)  publiées  d'après  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale  par 
Eugène  Halphen.  Nice,  Gauthier;  Paris,  Champion,  ix-52  p. 

501.  HucHER  (E.).  Le  Vitrail  absidal  de  Notre-Dame-de-la-Gour,  com- 
mune de  Lantic  (Gôtes-du-Nord).  Tours,  impr.  Bouserez.  11  p.  (Extrait 
du  Bulletin  monumental,  1879.) 

502.  Inventaire  des  bijoux,  vêtements,  manuscrits  et  objets  précieux 
appartenant  à  la  comtesse  de  Montpensier  (1474),  publié  par  A.  de 
Boislisle,  d'après  l'original  appartenant  à  M.  le  duc  de  la  Trémoille. 
Paris.  41  p.  (Extrait  de  VAnnuaire-bulletin  de  la  Société  de  Vhistoire  de 
France,) 

503.  Jadart  (H.).  Saint-Lié,  Villedommange  et  Jouy  (Marne,  arr.  de 
Reims,  canton  de  Ville-en-Tardenois).  Reims,  impr.  Monce,  1881. 
16  p.  (Extrait  des  Notices  sur  les  églises  du  diocèse  de  Reims,  bulletin, 
t.  XIV.) 

504.  JoLY.  Le  Ghâteau  de  Ray  pendant  et  après  les  croisades.  La 
guerre  de  dix  ans  dans  le  pays  d'Amont,  Lutzelbourg,  entre  Sarrebourg 
et  Saverne.  Montmédy,  impr.  Pierrot,  vi-57  p. 

505.  Joufrois,  altfranzoesisches  Rittergedicht,  zum  ersten  Mal  heraus- 
gegeben  von  Konr.  Hofmann  und  Franz  Muncker.  Halle,  Niemeyer, 
1880.  VIIM34  p.  3  m.  60  pf. 

506.  KocH  (Adolf).  Die  frùhesten  Niederlassungen  der  Minoriten  im 
Rheingebiete  und  ihre  Wirkungen  auf  das  kirchliche  und  politische 
Leben.  Von  der  philosophischen  Fakultaet  der  Universitaet  Heidelberg 
preisgekroente  Abhandlung.  Leipzig,  Duncker  und  Humblot,  1881. 
vm-118  p.  2  m.  80  pf. 

507.  Laffleur  de  Kermaingant  (P.).  Gartulaire  de  l'abbaye  de  Saint- 
Michel  du  Tréport  (ordre  de  Saint-Benoît).  Paris,  impr.  Firmin-Didot. 
CLxiv-427  p.  etatl.  de  8  pi.  in-fol. 

508.  Lair  (J.).  Louise  de  La  Vallière  et  la  jeunesse  de  Louis  XIV, 
d'après  des  documents  inédits,  avec  le  texte  authentique  des  lettres  de 
la  duchesse  au  maréchal  de  Bellefonds.  Paris,  Pion,  vi-441  p.  et  2  por- 
traits. 

509.  Landrin  (G.).  Histoire  d'un  petit  village  (Fouquières-lez-Béthune). 
Boulogne-sur-Mer,  impr.  V®  Aigre.  44  p. 

510.  La  Nicollière  Teijeiro  (S.  de).  L'Abbaye  de  Notre-Dame  de  la 
Ghaume,  près  Machecoul  (1055-1792),  essai  historique.  Nantes,  impr. 
Forest  et  Grimaud.  71  p.,  planches.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société 
archéologique  de  Nantes.) 


332 

lit.  \i\  Phairik  (de).  Les  Églises  de  rarrondissement  de  Boissons 
i-ldiM^^M  rhniuologiquement.  Soissons,  impr.  Michaux,  1880.  40  p. 

i\y  Lkiiiki'  (.\lcius).  L'Église  de  Fourdrinoy,  notice  archéologiqae. 
\ini(MiH,  iinpr.  Douillet.  16  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  des 
antuniaires  de  Picardie,  1880.) 

\\\:\,  liKfAUK  (Henri).  Le  Village  de  Saint^Dizier-lès-Nancy.  Nancy, 
WiiMUM".  Ti  p.  (Kxtraitdes  Mémoires  de  la  Société  d'archéologie  lorraine, 
\HH\.) 

Ml  liK  Pairk  (Jacques-Amédée).  Annales  du  pays  de  Lagny  depuis 
Ion  hMupM  l(»R  plus  reculés  jusqu*au  20  septembre  1792.  Lagny,  Paquier, 
IMMO.  2  I.  en  1  vol.,  x-900  p.  15  fr. 

.'il II.  Libri  redituum  (Oie)  der  Stadt  Riga.  Nach  den  Originalhand- 
nclirirtrii  hi^ausgegeben  von  J.  G.  L.  Napiersky.  Leipzig,  Duncker 
iiiiil  lliiMiblot,  1881.  xLvn-224  p.  6  m.  40  pf. 

■Mli.  LiNDT  (Karl).  Beitraege  zur  Geschichte  des  deutschen  Kriegsw©- 
iimn  iii  d(;r  staufischen  Zeit  im  Anschluss  an  die  Kaempfe  zwischen 
l'Iiilijip  von  Schwaben  und  Otto  IV.  Tûbinger  Inaugural-Dissertation, 
h'rnibiirg  i.  B.  und  Tûbingen,  Mohr,  1881.  72  p.  1  m.  50  pf. 

Ii17.  fiOEFFLER  (Emil  V.).  Geschichte  der  Festung  Ulm.  Mit  29  Holz- 
Milinlttcii  und  3  lithographischen  Plaenen.  Ulm,  Wohler,  1881.  vra- 
;iUV  p.  K  m. 

!i1H.  LuçAY  (le  comte  de).  Des  origines  du  pouvoir  ministériel  en 
KrHiH'.n.  Les  secrétaires  d'État  depuis  leur  institution  jusqu'à  la  mort 
ilt^  Louis  XV.  Paris,  Société  bibliographique,  xm-647  p.  10  fr. 

MO.  Mallat  (W.-J.).  Sigillographie  ecclésiastique  de  TAngoumois. 
ArraH,  impr.  delà  Société  du  Pas-de-Calais,  1880.  20  p.,  2  pi.  (Extrait 
il(^  la  Revue  de  Vart  chrétien.) 

f»20.  Martens  (Wilhelm).  Die  roemische  Frage  unter  Pippin  und 
Kiirl  dem  Groszen.  Eine  geschichtliche  Monographie.  Stuttgart,  Cotta, 
IHHI.  xi-379  p.  6  m. 

ri21 .  Massougnes  (Albert  de).  IjCS  Anciennes  Écoles  diocésaines  gra- 
tuites à  Angoulôme.  Angoulème,  impr.  Baillarger.  In-4,  24  p. 

522.  Maufras  du  Ghatelier  (A.).  Archives  de  la  famille  Maufras  du 
(îliatelier  (château  de  Kernuz,  près  de  Pont-Labbé).  Notes  et  souvenirs. 
Orléans,  impr.  Colas.  84  p. 

523.  Meier  (Félix).  Geschichte  der  Gemeinde  Wetzikon.  Heraus- 
gcîgeben  von  der  Lesegesellschaft  Oberwetzikon.  Ziirich,  Hoehr.  vi-610  p. 
et  carte.  5  fr. 

524.  Mémoires  des  intendants  sur  Pétat  des  généralités,  dressés  pour 
l'instruction  du  duc  de  Bourgogne.  Tome  I  :  mémoire  de  la  généralité 
de  Paris,  publié  par  A.  M.  de  Boislisle.  Paris,  imprimerie  nationale. 
In-4,  xGvi-858  p.  (Collection  de  documents  inédits  sur  l'histoire  de 
France.) 


333 

525.  Metzke  (Erast).  Der  Dialect  von  Ile-de-France  im  xiii.  und  xiv. 
Jahrhundert.  I.  Theil  :  Vocalismus.  (1.  Vocale.)  Inaugural-Dissertation. 
Breslau,  1880.  .35  p. 

526.  MiQNE  (J.  P.).  Patrologiae  Cursus  completus,  seu  Bibliotheca 
universalis,  etc.  Séries  latina  prior.  T.  117  (Haymonis  t.  II),  121 
(Ratramni,  -^neae  Parisiensis,  S.  Remigii,  etc.,  etc.,  opéra  omnia),  129 
(Anastasius  bibliothecarius  abbas  [t.  UI],  Stephanus  V,  Formosus,  Ste- 
phanus  VI,  Romanus,  pontif.  Rom.,  Erchembertus  monach.,  Angilber- 
tusabbas,  S.Tutilo  monach.,  etc.),  142  (S. Bruno Herbipolensis episcopus, 
S.  Odilo  abbas  Gluniacensis,  Berno  abbas  Augiensis,  Gregorius  VI, 
Glemens  VI,  Romani  pontifices,  Rodulphus  Glaber,  Wippo  presbyter, 
etc.).  Paris,  Garnier,  1880-1881.  4  vol.,  612,  584,  724,  760  p. 

527.  Mittelenglische  (Das)  Poema  morale.  Im  kritischen  Text,  nach 
den  sechs  vorhandenen  Handschriften  zum  ersten  Maie  herausgegeben 
von  Hermann  Lewin.  Halle,  Niemeyer,  1881.  79  p.  2  m. 

528.  MoNNOT  DES  Angles  (P.).  Guillaume  Duranti.  Aix,  Makaire. 
14  p.  (Extrait  de  la  Revue  sextienne.) 

529.  MoNTAïQLON  (Auatole  de).  Antiquités  et  Curiosités  de  la  ville  de 
Sens.  Paris,  Détaille.  96  p.  avec  grav.  (Extrait  de  la  Gazette  des  beaux- 
arts,  1880.) 

530.  Monumenta  ad  Neapolitani  ducatus  historiam  pertinentia,  qu8B 
partim  nunc  primum,  partim  iterum  typis  vulgantur,  cura  et  studio 
Bartholomaei  Capasso,  cum  ejusdem  notis  ac  disserta tionibus.  Tomus  I. 
Neapoli,  Furchheim,  1881.  Pet.  in-fol.,  xvm-351  p.,  vn  pi.  40  1. 

531.  NoTTBECK  (Eugen  von).  Siegel  aus  dem  Revaler  Rathsarchiv 
nebst  Sammlung  von  Wappen  der  Revaler  Rathsfamilien.  Lûbeck, 
Druckerei  von  H.  G.  Rahtgens,  1880.  In-4,  62  p.,  22  planches.  28  m. 

532.  Paqanini  (Pagano).  Délie  Relazioni  di  messer  Francesco  Petrarca 
con  Pisa  :  ragionamento.  Pisa,  Mariotti,  1881.  66  p.  1  1.  50  c. 

533.  Pegot-Ogier.  Histoire  des  îles  de  la  Manche,  Jersey,  Guernesey, 
Aurigny,  Serck.  Paris,  Pion,  xx-560  p. 

534.  PizAN  (Cristine  de).  Le  Livre  du  chemin  de  long  estude,  publié 
pour  la  première  fois  diaprés  sept  manuscrits  de  Paris,  de  Bruxelles  et 
de  Berlin  par  Robert  Pùschel.  Berlin,  Damkhoeler,  1881.  xxii-301  p. 
6  m. 

535.  Potiquet  (Alfred).  Bibliographie  du  canton  de  Magny  en  Vexin. 
2«  édition.  Premier  supplément.  Magny  en  Vexin,  Bourgeois.  59  p. 

536.  Pourcher  (l'abbé).  Saint  Sévérien,  premier  évéque  de  Mende,  et 
État  du  Gévaudan  avant  et  après  sa  prédication  ;  suivi  de  la  traduction 
des  Actes  de  saint  Privât  avec  le  texte  en  regard.  Saint-Martin-de- 
Roubaix,  Fauteur.  In-32,  163  p. 

537.  Rahlenbeck  (Ch.).  Metz  et  Thionville  sous  Charles- Quint. 
Bruxelles,  impr.  W^eissenbruch.  363  p.  6  fr. 


334 

v^  H^MON  ^iiustavo).  Coutumes  et  Ordonnances  et  Usages  locaux 
..c  A  ^iH^  ((«'  IVroime  avant  1789.  Règlements  do  police  et  de  justice 
r> .  'wr,vilo.  IVronue,  impr.  Quentin.  Yni-282  p. 

N.^  Uv\N\i.  (UK).  ^}conomie  agricole  d'un  domaine  féodal  au  xiii*  s. 
U';î:V«^.  lUvid.  53  p.  (Extrait  des  if^motre^  delà  Société  des  antiqiuiires 
^  ,v«f»v.  \H  volume.) 

>40  Ht^iittri'K  des  comptes  municipaux  de  la  ville  de  Tours,  publiés 
A\\v  «olw  ol  éclaircissements  par  J.  Delaville  Le  Koux.  H.  (1367- 
<x?^^  ^  roun»,  Someur-Laplaine;  Paris,  Picard.  428  p.  et  planche  (Publié 
»A«  U  ShmoIo  archéologique  de  Touraine.) 

Ul  HuHmlunza  délie  nozze  di  Francesco  de'  Medici  con  la  Tessa 
\Uu\vi;U^lini  (1433),  pubblicata  in  occasione  délie  nozze  Visibelli-Fedi 
,i\  \\UoUmM'i  Dante.  Firenze,  tip.  Ricci,  1880.  16  p. 

U;'  liiNAUUO  (G).  Le  Elezioni  aile  congregazioni  generali  nei  dominii 
^  vN^^uHiivoia  lanno  1439  :  conferenza  tenuta  allaSocietà  filotecnica  di 
U»MHo  il  13  marzo  1881.  Torino,  Loescher,  1881.  In-12,  38  p.  1  1. 

«(.t  liiNAUDu  (G.).  Le  Elezioni  politiche  nella  repubblica  fiorentina 
-  AtMio  1V*89  :  conferenza  tenuta  alla  Società  filotecnica  di  Torino  il 
Iv»  ^\Mumii>  1881.  Torino,  Loescher,  1881.  In-12,  32  p.  1 1. 

\U.  HiNQ  (le  baron  de).  Anciennes  Sépultures  de  l'abbaye  de  Beau- 
i»«v.  d'après  les  manuscrits  inédits  de  dom  Galmet.  Avec  des  notes  et 
.vidilioti»  par  M.  Paul  Delorme.  Nancy,  impr.  Grépin-Leblond.  76  p. 
ilv^imit  dos  Mémoires  de  la  Société  d^archéologie  lorraine  pour  1880.) 

:%\l\.  HooH  (P.).  Saint-Lézer,  son  couvent  et  la  ville  d'Orre.  Tarbes, 
\\\\\\v.  Larrieu.  Li-16,  32  p. 

546.  RoGHAMBEAU  (le  marquis  de).  L'Église  de  Lavardin.  Tours,  impr. 
huiiHorez.  31  p.  avec  figures  et  planche.  (Extrait  du  Bulletin  monwnen- 
Irt/.  no  4,  1880.) 

ri47.  RooiE  (l'abbé  F. -Joseph).  Les  Origines  du  christianisme  au  pays 
do  liille.  Lille,  Quarré.  148  p. 

548.  RoHAULT  DE  Fleury.  Un  Tabernacle  chrétien  du  v«  siècle.  Arras, 
impr.  de  la  Société  du  Pas-de-Galais.  11  p.  et  planche.  (Extrait  de  la 
HcvHC  de  Vart  chrétien,  2«  série,  t.  XIII.) 

549.  Roux  DE  LusiGNAN  (Jacques).  La  Vérité  sur  la  famille  des  Lusi- 
ttuan  du  Levant.  A  monsieur  le  comte  de  Mas  Latrie.  Paris,  impr.  Levé, 
1881.  56  p. 

550.  RuMEAu  (R.).  Notices  historiques  sur  les  vingt  cantons  de  TAriège. 
Foix,  impr.  V»  Pomiés.  In-12,  120  p. 

551.  Saiqe  (Gustave).  Les  Juifs  du  Languedoc  antérieurement  au 
XIV»  siècle.  Paris,  Picard,  x-388  p.  (La  première  partie  est  extraite  de 
la  Bibliothèque  de  V École  des  chartes,  t.  XXXIX  et  XL.) 

552.  Stieve  (Félix).  Der  Kalenderstreit  des  16.  Jahrhunderts  in 
Deutschland.  Munchen,  Franz,  1880.  In4,  98  p.  (Extrait  des  AbJiand^ 


335 

lungen  der  k.    bayerischen  Akademie  der    Wissenschaften,    3«  classe, 
vol.  XV,  3e  partie.)  3  m. 

553.  Straccali  (Alfredo).  I  Goliardi  ossia  i  Glerici  vagantes  délie 
università  medievali.  Saggio.  Firenze,  Gazzetta  d'Italia,  1880.  96  p. 
Biblioteca  délia  Rivista  europea,  Rivista  internazionale.  1.)  21. 

554.  Taupjac  (L.).  Villelongue,  judicature,  circonscription  et  ori- 
gines. Montauban,  impr.  Forestié.  32  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la 
Société  archéologique  de  Tarn-et-Garonne,) 

555.  TouBEAu  DE  Maisonneuve  (E.).  Les  Anciennes  Corporations 
ouvrières  à  Bourges.  Gayer  des  reiglemens  et  ordonnances  sur  plusieurs 
estats  et  mestiers  de  personnes  demourantes  en  la  ville  et  fauxbourgs 
de  Bourges  (1591  à  1633),  publié  d'après  Foriginal  conservé  aux  archives 
de  la  mairie,  avec  notes  et  introduction.  Bourges,  Pigelet  et  Tardy. 
xxix-301  p.  et  vignettes. 

556.  Trachsbl  (G.  F.).  Les  Monnaies  de  l'abbaye  de  Disentis,  avec 
deux  suppléments  et  vignettes.  Lausanne,  l'auteur.  10  p.  1  fr.  50  c. 

557.  Trachsel  (G.  F.).  Monographie  der  Mùnzen  des  Gotteshaus- 
bundes.  Lausanne,  l'auteur.  32  p.  2  fr. 

558.  Trachsel  (C.  F.).  Monographie  des  monuments  numismatiques 
des  comtes  et  du  prince  de  Linarge.  Lausanne,  Fauteur.  46  p.  1  pi. 
1  fr.  50  c. 

559.  Trachsel  (G.  F.).  Die  Mùnzen  der  ehemaligen  Reichsstadt 
Buchhorn,  jetzt  Friedrichshafen,  am  Bodensee.  Lausanne,  l'auteur. 
13  p.,  pi.  2  fr. 

560.  Vandbn  Peereboom  (Alphonse).  Ypriana.  Notices,  études  et 
documents  sur  Ypres.  Tome  IV.  Du  mouvement  communal  à  Ypres, 
esquisses  historiques.  1271-1348.  Bruges,  Aimé  de  Zuttere.  447  p. 

561.  Westlake  (N.  h.  J.).  A  history  of  design  in  painted  glass. 
Vol.  I.  Gontaining  :  Part  I.  From  the  earliest  examples  until  the  end 
of  the  twelfth  century.  II.  Single  figures  and  single  compositions  of 
the  thirteenth  century.  III.  Médaillon  and  grisaille  Windows  of  the 
thirteenth  century.  Londonand  Oxford,  James  Parker,  1881.  In-4,  iv- 
145  p.,  planches. 

562.  WicHERT  (Th.-F.-A.).  Jacob  von  Mainz,  der  zeitgenœssische 
Historiograph,  und  das  Geschichtswerk  des  Matthias  von  Neuenburg. 
Nebst  Excursen  zur  Kritik  des  Nàuclerus.  Zur  G^schichte  und  Quellen- 
kunden  des  xrv.  Jahrhunderts.  Mit  einer  Beigabe  :  zehn  Kaiserurkunden. 
Koenigsberg,  Hartung,  1881.  x-368  p.  10  m. 

563.  Zardetti  (Otto).  «  Requies  s.  Galli  »  oder  geschichtliche 
Beleuchtung  der  Kathedrale  des  hl.  Gallus  im  Lichte  ihrer  eigenen 
Vergangenheit.  Einsiedeln,  Benziger.  216  p.,  planches.  10  fr.;  relié, 
12  fr.  50  c. 


CHRONIQUE  ET  MÉLANGES. 


Le  bureau  et  les  commissions  de  la  Société  de  l'École  des  chartes  ont 
été  ainsi  composés  pour  l'année  1881-1882  : 

Président  :  M.  de  Mas  Latrie. 

Vice-président  :  M.  A.  de  Barthélémy. 

Secrétaire  :  M.  François  Delaborde. 

Secrétaire-adjoint  :  M.  H.  Omont. 

Archiviste- trésorier  :  M.  Tuetey. 

Commission  de  publication  :  membres  ordinaires,  MM.  Delisle,  de 
Lasteyrie,  Ulysse  Robert;  membres  suppléants,  MM.  Julien  Havet, 
N.  Valois. 

Commission  de  comptabilité  :  MM.  Douët  d'Arcq,  Dupont,  Grarnier. 

—  La  circulaire  suivante  a  été  adressée  le  25  mai  1881  aux  anciens 
élèves  de  l'École  des  chartes  : 

Monsieur  et  cher  Confrère, 

Le  bureau  de  l'œuvre  de  secours  des  anciens  élèves  de  l'École  des 
chartes  a  décidé  que,  chaque  année,  il  serait  rendu  compte  des 
ressources  de  l'association,  ainsi  que  de  remploi  qui  en  est  fait. 

Vous  n'ignorez  pi^que  cette  œuvre,  fondée  le  19  janvier  1875,  compte 
aujourd'hui  six  années  d'existence.  Les  premiers  adhérents  étaient  au 
nombre  de  95,  maintenant  ils  sont  158;  mais  on  peut  désirer  mieux,  en 
jetant  les  yeux  sur  la  liste  des  archivistes-paléographes  et  des  anciens 
élèves  de  l'Ëcole,  qui  sont  plus  de  300. 

En  1875,  l'association  disposait  de  200  francs  en  faveur  de  deux  de 
nos  confrères;  en  1876  et  1877  elle  partageait  encore  250  francs  pour 
soulager  deux  infortunes  ;  en  1878,  les  ressources  permettaient  de  con- 
sacrer 750  francs  à  trois  confrères  dignes  d'intérêt;  enfin,  en  1879  nous 
avons  employé  800  francs,  et  en  1880  350  francs. 

Le  meilleur  moyen  de  vous  tenir  au  courant  de  Tadministration  de 
l'œuvre  est  de  mettre  sous  vos  yeux  le  compte  du  trésorier  approuvé 
par  le  bureau  le  19  mai  dernier,  pour  l'exercice  1880-1881. 

Recettes, 

Rehquats  en  caisse  au  19  mai  1881.     .       227  60 

Cotisations  acquittées 1,381  »» 

Arrérages  de  rentes 48  50 

1,657  10 


337 

Dépenses. 

Secours  distribués 320  »». 

Frais  d'administration 77  50 

Achat  de  rente 509  50 

907  »» 
Reste  en  caisse  :  750  fr.  10. 

Cet  achat  de  rente  est  justifié  par  l'obligation  d'immobiliser  les  ver- 
sements de  100  fr.  faits  par  ceux  de  nos  confrères  qui  désirent  se 
libérer  de  la  cotisation  annuelle  de  5  fr.,  seul  sacrifice  que  l'œuvre 
demande  à  ses  adhérents. 

La  rentrée  des  cotisations  a  lieu  exactement;  dans  ce  moment,  il  y 
en  a  16  en  retard;  en  revanche,  14  ont  été  acquittées  par  antici- 
pation. 

La  cotisation  est  si  faible  que,  pour  ne  pas  la  diminuer  par  des  frais 
de  recouvrement,  il  importe  que  nos  confrères  veulent  bien  en  envoyer 
le  montant  au  trésorier  soit  par  mandat,  soit  en  timbres-poste  ;  c'est 
également  au  trésorier  qu'il  y  a  lieu  d'adresser  les  demandes  d'adhé- 
sions, ainsi  que  les  renseignements  sur  les  secours  à  proposer  au 
bureau. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  et  cher  confrère,  l'assurance  de  mon  cor- 
dial dévouement. 

Anatole  de  Barthélémy, 

trésorier 
9,  rue  d'Anjou- Saint" Honoré, 

—  L'arrêté  suivant,  en  date  du  19  mars  1881,  a  réglé  la  forme  des 
examens  de  l'École  des  chartes.  Il  ne  s'applique  pas  aux  examens  d'en- 
trée, qui  continueront  à  être  passés  conformément  à  l'arrêté  ministériel 
du  24  juillet  1872. 

Le  président  du  conseil,  ministre  de  l'instruction  publique  et  des 
beaux-arts. 

Vu  l'ordonnance  du  22  février  1821,  du  16  juillet  1823  et  du  11  novembre 
1829; 

Vu  l'arrêté  du  18  novembre  1830  ; 

Vu  l'ordonnance  du  31  décembre  1846,  art.  5  ; 

Vu  l'arrêté  du  26  mai  1854  ; 

Vu  l'arrêté  du  30  novembre  1865  ; 

Vu  l'arrêté  du  2  février  1866  ; 

Vu  l'avis  du  conseil  de  perfectionnement  de  l'École  nationale  des 
chartes  en  date  du  10  février  1881, 

Arrête  : 
Article  premier.  —  Les  élèves  de  chacune  des  années  de  l'École  des 
chartes  subissent  annuellement  deux  examens  :  l'un  au  temps  de  Pâques, 
l'autre  à  la  clôture  des  cours. 

22 


338 

A  la  fin  de  la  troisième  année,  les  élèves  dont  l'aptitude  a  été  cons- 
tatée par  les  deux  examens  réglementaires  sont  admis  à  l'épreuve  de  la 
thèse  dans  les  formes  et  conditions  déterminées  par  rarrété  ministériel 
du  2  février.  1866. 

Art.  2.  —  Chacun  des  deux  examens  de  chaque  année  porte  : 

1»  Sur  la  lecture  et  l'interprétation  de  documents  écrits  ; 

2<*  Sur  des  questions  tirées  de  la  matière  des  cours. 

Art.  3.  —  L'examen  de  Pâques  est  fait  par  le  directeur  et  les  profes- 
seurs, auxquels  les  membres  du  conseil  de  perfectionnement  sont  invités 
à  s'adjoindre. 

Le  mode  d'examen  est  déterminé  par  les  examinateurs. 

Le  résultat  de  chaque  épreuve  est  exprimé  par  un  chiffre  qui  n'excé- 
dera pas  le  quart  du  maximum  assigné  à  l'épreuve  correspondante  dans 
les  examens  de  fin  d'année. 

Art.  4.  —  L'examen  de  fin  d'année  est  fait  par  le  conseil  de  perfec- 
tionnement assisté  du  corps  des  professeurs. 

Il  consiste,  pour  chacune  des  promotions,  en  deux  épreuves  :  Tune 
orale,  l'autre  écrite. 

Avant  d'y  procéder,  le  conseil  s'assure  de  l'assiduité  des  élèves  aux 
leçons  des  professeurs,  d'après  le  relevé  fait  sur  les  registres  de  présence. 
L'exclusion  pourra  être  prononcée  contre  ceux  des  élèves  dont  l'assiduité 
n'aurait  pas  été  suffisante. 

Art.  5.  —  L'examen  oral  consiste,  savoir  : 

Pour  les  élèves  de  i^  année, 

1*  Dans  le  déchiffrement  d'une  charte  latine  et  d'une  charte  fran- 
çaise ; 

2»  Dans  la  traduction  d'une  charte  latine  ; 

3*  Dans  des  interrogations  sur  la  chronologie  historique  et  sur  la 
matière  du  cours  de  langues  romanes. 

Pour  les  élèves  de  2«  année, 

!•  Dans  le  déchiffrement  d'un  texte  du  moyen  âge  ; 
2<*  Dans  des  interrogations  sur  la  matière  des  cours  de  diplomatique, 
d'histoire  des  institutions  et  de  classement  des  archives. 

Pour  les  élèves  de  3«  année, 

l»  Dans  le  déchiffrement  d'un  texte  du  moyen  âge  ; 
2'  Dans  des  interrogations  sur  la  matière  des  cours  de  droit  et  d'ar- 
chéologie. 
Art.  6.  —  L'examen  écrit  consiste,  savoir  : 

Pour  les  élèves  de  1"  année, 

1*  Dans  la  transcription  d'un  texte  latin  ; 

2»  Dans  la  transcription  d'un  texte  provençal  ; 

3*  Dans  la  traduction  d'un  texte  latin  imprimé  ; 


339 

4*  Dans  la  traduction  d'un  texte  provençal  imprimé  ; 
5"  Dans  une  question  tirée  du  cours  de  bibliographie. 

Pour  les  élèves  de  2«  année, 

lo  Dans  la  transcription  d'un  texte  du  moyen  âge  ; 

2*»  Dans  la  traduction  d'un  texte  latin  imprimé  ; 

3®  Dans  l'analyse  sommaire  d'un  autre  texte  imprimé  ; 

4»  Dans  une  question  tirée  du  cours  de  diplomatique  ; 

5*  Dans  une  question  tirée  du  cours  d'histoire  des  institutions. 

Pour  les  élèves  de  3«  année, 

1©  Dans  la  transcription  d'un  texte  du  moyen  âge  ; 

2°  Dans  une  question  tirée  du  cours  de  droit  ; 

3»  Dans  une  question  tirée  du  cours  d'archéologie. 

Art.  7.  —  Les  chartes  et  autres  textes  qui  doivent  faire  le  sujet  de 
l'examen  sont  choisis  par  le  directeur  et  soumis  par  lui  à  l'approbation 
du  conseil  de  perfectionnement. 

Pour  l'examen  oral  et  écrit,  chaque  professeur  propose  sur  les  matières 
de  son  cours  plusieurs  questions,  entre  lesquelles  le  conseil  fait  son 
choix. 

Abt.  8.  —  Les  chartes,  textes  et  questions  destinés  à  l'épreuve  écrite 
sont  renfermés  dans  une  enveloppe  scellée,  qui  n'est  ouverte  qu'au 
moment  de  la  composition. 

Art.  9.  —  Pour  chacune  des  deux  épreuves,  le  jury  se  partage  en 
autant  de  commissions  qu'il  y  a  de  matières  comprises  dans  l'examen. 

Chaque  commission  exprime  le  résultat  de  l'épreuve  qu'elle  a  jugée 
d'après  le  tarif  de  points  fixé  d'avance  par  le  conseil. 

Art.  10.  —  Deux  listes  distinctes  sont  dressées  par  ordre  de  mérite  : 
l'une  pour  l'épreuve  écrite  et  l'autre  pour  l'épreuve  orale. 

La  première  de  ces  listes  est  dressée  à  l'aide  des  devises,  avant  l'ou- 
verture des  enveloppes  qui  contiennent  le  nom  de  chacun  des  élèves  et 
la  devise  qui  lui  est  échue,  ainsi  qu'il  est  réglé  ci-après  par  l'art.  17. 

Art.  11.  —  Lorsque  les  noms  des  élèves  sont  substitués  aux  devises, 
les  deux  listes  précédentes  sont  combinées  avec  les  résultats  de  l'exa- 
men de  Pâques  pour  former  la  liste  définitive  qui  fixe  le  rang  des  élèves 
dans  chaque  promotion,  sauf  ce  qui  est  prescrit  par  l'art.  12  §  4,  pour 
les  élèves  de  3*  année. 

En  cas  d'égalité  dans  les  chiffres  obtenus  par  la  combinaison  des 
listes  provisoires,  la  composition  écrite  l'emporte  sur  l'épreuve  orale. 

Art.  12.  —  L'aptitude  des  élèves  d'une  année  à  passer  aux  études  de 
l'année  suivante  est  décidée  à  la  majorité  des  voix  par  le  jury,  qui 
exprime  son  suffrage  en  commençant  par  l'élève  placé  le  dernier  sur 
la  liste  définitive. 

Si  le  vote  est  défavorable  à  cet  élève,  la  môme  question  se  pose  et  le 


340 

vote  se  renouvelle  au  sujet  de  Tavant-dernier,  et  ainsi  de  suite  en  remon- 
tant jusqu'à  ce  qu'on  arrive  à  un  élève  qui  soit  déclaré  admissible. 

Toutefois  la  nullité  ou  même  Tinsuffisance  d'une  épreuve  peut  empê- 
cher l'admission  d'un  élève,  quel  que  soit  le  rang  par  lui  obtenu. 

A  l'égard  des  élèves  de  3*  année,  le  vote  a  uniquement  pour  objet  de 
déclarer  l'admissibilité  à  l'épreuve  de  la  thèse  et  les  résultats  partiels 
ne  sont  combinés  qu'en  vue  de  procéder  au  vote  sur  cette  question.  Ces 
résultats  sont  tenus  secrets  et  réservés  pour  être  combinés  plus  tard 
avec  le  chiffre  à  fournir  par  l'épreuve  de  la  thèse.  La  liste  d'admissi- 
bilité à  l'épreuve  de  la  thèse  est  dressée  et  affichée  dans  l'ordre  alpha- 
bétique des  noms  des  élèves. 

Art.  13.  —  A  l'épreuve  orale  les  mêmes  questions  devant  être  posées 
à  tous  les  élèves  de  chaque  promotion,  ceux-ci  demeurent  éloignés  de 
la  salle  d'examen  et  se  tiennent  dans  une  pièce  qui  leur  est  assignée, 
jusqu'au  moment  où  vient  leur  tour  d'être  interrogés. 

Art.  li.  —  Pour  l'épreuve  écrite,  il  est  interdit  aux  élèves  de  se  ser- 
vir de  livres,  de  manuscrits,  de  résumés  ou  de  notes  de  quelque  nature 
qu'ils  soient. 

Ceux  qui  en  ont  apporté  doivent,  dès  l'ouverture  de  la  séance,  les 
remettre  au  professeur  chargé  de  la  surveillance. 

Quiconque  contrevient  à  cette  disposition  est  exclu  du  concours. 

Art.  15.  —  Il  est  également  interdit  aux  élèves,  et  sous  la  même 
peine,  de  communiquer  entre  eux  ou  avec  qui  que  ce  soit,  verbalement 
ou  par  écrit. 

Ils  ne  doivent  pas  sortir  de  l'établissement  pendant  la  durée  des  com- 
positions. 

Art.  16.  —  A  l'ouverture  de  la  séance  et  avant  de  faire  connaître 
le  sujet  des  compositions,  le  professeur  chargé  de  la  surveillance  lit  à 
haute  voix  les  deux  articles  précédents. 

Il  annonce  en  même  temps  l'heure  à  laquelle  les  compositions  devront 
être  terminées. 

Art.  17.  —  A  l'ouverture  de  la  séance,  le  professeur  chargé  de  la 
surveillance  remet  à  chaque  élève  une  enveloppe  renfermant  un  bulle- 
tin sur  lequel  est  tracée  une  devise. 

L'élève  devra  inscrire  son  nom  au-dessous  de  la  devise,  puis  enfermer 
le  bulletin  dans  l'enveloppe. 

Il  devra  inscrire  la  même  devise  sur  chacun  des  feuillets  qui  contien- 
dront les  différentes  parties  de  sa  composition. 

L'infraction  à  ces  dispositions  entraîne  l'exclusion. 

Art.  18.  —  A  la  clôture  de  la  séance,  le  professeur  surveillant  réunit 
toutes  les  compositions  sous  autant  d'enveloppes  qu'il  y  aura  eu  de 
sujets  proposés  et  il  scelle  immédiatement  chacune  de  ces  enveloppes. 

Il  renferme  sous  un  autre  pli,  qu'il  scelle  également,  les  enveloppes 
contenant  les  noms  des  élèves. 


344 

Enfin,  il  rédige  un  procès- verbal  de  la  séance,  où  sont  consignés  les 
noms  des  élèves  présents,  Findication  de  la  place  occupée  par  chacun 
d'eux  aux  tables  où  ils  ont  été  assis,  les  infractions  au  règlement  qui 
auraient  été  commises  et  toute  autre  circonstance  qui  mériterait  d'être 
signalée. 

Art.   19.  —  Sont  abrogées  les  dispositions  contraires  au  présent 

arrêté. 

Paris,  le  19  mars  1881. 

Signé  :  Jules  Ferry. 

EXAMENS  DE  L'ÉCOLE  DES  CHARTES. 

Ces  examens  ont  eu  lieu  du  18  au  23  juillet.  Ils  ont  porté  sur  les 
textes  et  les  questions  qui  suivent. 

PREMIÈRE    ANNÉE. 

Epreuve  orale. 

l®  Charte  latine  à  lire.  La  pièce  soumise  aux  candidats  était  un  man- 
dement de  Henri  III,  roi  d'Angleterre,  conservé  sous  la  forme  d'une 
copie  contemporaine. 

H.  Dei  gratia  etc.  vicecomiti  Kantie,  salutem.  Precipimus  tibi  quod 
statim  visis  litteris  istis  capias  in  manum  nostram  omnes  terras  illorum 
in  ballivia  tua  qui  sunt  de  potestate  régis  Franco rum,  quicunque  sint 
illi,  exceptis  viris  religiosis;  diligenter  etiam  inquiras  per  sacramentum 
proborum,  legalium  et  discretorum  virorum  de  ballivia  tua,  per  quos  rei 
Veritas  melius  sciri  poterit,  si  qui  qui  hujusmodi  terras  habuerint  in 
ballivia  tua  eas  vendiderint  vel  aliter  alienaverint  vel  viris  religiosis 
vel  alicui  alii  in  fraudem  commiserint ,  ut  sic  inde  fructus  vel  firmam 
occulte  recipiant  ;  illas  simili  ter  capias  statim  in  manum  nostram  ;  dili- 
gentem  etiam  facias  inquisitionem  per  sacramentum  predictorum  si  que 
sint  escaiete  vel  maritagia  in  ballivia  tua  te  latentia  que  ad  nos  perti- 
neant,  et  si  qua  sit  alienatio  facta  in  ballivia  tua  de  servitiis  nostris  de 
feodis  que  de  nobis  tenentur  in  capite  sine  voluntate  et  confirmatione 
nostra;  et  tam  omnes  escaietas  quam  maritagia  predicta  ad  nos  perti- 
nentia,  quam  predictas  terras  de  servitiis  nostris  sic  alienatas,  in  manum 
nostram  capias.  De  omnibus  etiam  premissis,  et  quid  singule  terre  sic 
capte  in  manum  nostram  valeant,  et  quorum  fuerint  predicte  terre,  et 
nomina  villarum  in  quibus  predicte  terre  sunt,  que  catalla  sint  in  sin- 
gulis  terris,  sub  sigillo  tuo  et  sigillis  eorum  per  quos  bec  premissa  fuerint 
inquisita,  nos  distincte  et  aperte  cum  quanta  poteris  festinatione  certi- 
fiées*. 

2°  Les  questions  de  chronologie  se  rapportaient  à  la  charte  précé- 

1.  Archives  nationales  ^  K  1201.  —  L'examen  n'a  porté  que  sur  la  première 
partie  de  la  charte.  Il  en  a  été  de  même  pour  plusieurs  autres  épreuves. 


342 

(lente.  On  a  demandé  aux  èlcvos  :  A  quollp  époque  on  pouvait  rap- 
porter cette  charte?  Comment  on  devait  interpréter  la  formule  initiale: 
H.  Dei  gratta  etc.?  A  quel  roi  do  France  il  était  fait  allusion  dans 
la  charte,  et  quelles  étaient  les  dates  de  son  avènement  et  de  sa  mort. 

3"  La  charte  latine  à  traduire  était  emprunti'^  aux  Livres  des  Serfs  de 
Marmoiitier,  publié  par  M.  do  (irandmaison  (n"  xlvii). 

4*»  Charte  franraiso  à  lire  d'après  l'orij^inal*. 

Je  Jehans  de  la  Roiche-,  sires  de  Chastoillon ',  fais  savoir  a  touz  que 
je,  considerans  les  biens  fait,  amitiés  et  cortoisies  que  nobles  hous,  mes 
sires  Gautiers  de  Montbeliart,  sires  do  Montfaucon ^,  mes  biens  amez 
sires,  m'a  fait  et  faites  et  fait  ancor  de  jour  en  jour,  en  recompensacion 
desdiz  biens  faiz  et  cortoisies,  et  en  non  de  pure  et  de  parfa/te  donacion 
entre  vis,  ai  doné  et  doin  pour  moi  et  pour  mes  hoirs  parmenaublement 
au  dit  mon  seigneur  (iautier,  présent  et  recevant  pour  lui  et  powr  ses 
hoirs,  tel  droit  et  telle  raison  et  action  que  je  hai,  puis  et  doi  avoir  outre 
la  rivière  de  Douf  :  c'est  asavoir  dois  le  leu  que  l'on  dit  le  gour  escu- 
mant,  et  dois  anqui  en  Roiche  Pèlerin  par  sus  chastel  Urm.'^,  et  dois 
a^qui  en  Noire  Combe  antrant  danz  Valtenoivre  ®,  et  dois  anqui  en  pré 
Celaiz,  et  dois  anqui  en  Roiche  Farretain,  et  dois  anqui  a  la  Gharmate, 
et  dois  anqui  a  la  fontcinne  Aymory,  et  dois  anqui  a  la  grand  baie,  dois 
la  goûte  entre  les  dous  laiz  que  part  leaul  Jehan  de  Vallangin^  et  la 
moie  ;  et  generaument  tout  ce  que  je  hai,  puis  et  doi  avoir  outre  la  dite 
rivière  de  Douf  dcdanz  les  diz  termes  de  lonc  et  de  large,  en  bois,  en 
homes,  en  justises,  en  seignories,  en  fiez,  en  rerehez,  en  proprietez,  en 
possessions,  sanz  ce  que  je  rotien  pour  moi  et  pour  mes  hoirs,  que  je 
pusse  faire  escloses  en  Tune  rive  et  eu  Tautre  de  la  dite  rivière  de  Douf, 
pour  faire  moliu  et  raisses,  vaniches  et  batours,  se  ma  voluntez  estoit  ; 
et  me  suis  desveti  des  dites  choses,  et  le  dit  mon  seignour  Gautier  an  ai 
envestu  et  mis  en  veraie  vunde  et  corporel  possession.  Et  li  hai  promis 
par  ma  foi  powr  moi  et  pour  mes  hoirs  que  je  ne  vanrai  contre  ceste 
donacion,  ne  consentirai  que  autres  i  viogno.  Et  rononçois  en  cest  &it 
au  droit  que  dit  que  donacion  que  soremonte  cinc  cenz  soulz  doit  estre 
insinuée,  et  a  touz  autres  drois  escript  et  non  escript,  et  e§pecialmant  au 

1.  Dans  la  copie  qui  suit,  nous  avons  rempli  en  italique  les  abrévialioDSi 
certaines  d'entre  elles  pouvant  se  prêter  à  plus  d'une  lecture. 

2.  La  Roche  en  Montagne,  château  ruiné  situé  au-dessus  de  Saint-Hippoljte- 
sur-le-Doubs,  arr.  de  Montbéliard. 

3.  Chatillon-sous-Maiche,  cant.  de  Saint- Hippolyte-sur-le-Doubs. 

4.  Montfaucon,  canton  de  Besançon. 

5.  Vm  est  surmonté  d'un  tituliis. 

6.  P.-é.  Vauienaivre,  hameau  situé  en  Suisse,  sur  la  rive  droite  du  Donbs» 
et  dépendant  de  la  commune  des  Pommerais,  arrondissement  de  Saignelegler, 
canton  de  Berne. 

7.  Valangin  (Suisse),  près  Neufchâtel. 


droit  qite  dit  que  gênerai  reaonciaucions  ne  vaut.  En  lasmoing  de  cesteB 
choses  je  hai  mis  mon  eeel  pandeot  en  ces  latres  faites  et  donéas  le 
marcredi  apree  la  feste  de  tons  Sainz,  l'an  de  grâce  corrant  par  mil  trois 

5"  Questions  snr  la  matière  du  cours  de  langues  romanes.  Exposer  les 

forjnes  du  conditionnel  en  français  et  en  provengal. 

Epreuve  écrite. 
1°  Texte  latin  à  transcrire  d'après  un  fac-similé. 
Querete  Beati  Dyonisii  contra  Rogerum  dominum  Roseti, 
Primo,  facto  homagio  suo  domino  abbati,  rediens  apud  Chaursiam, 
dominus  Hogems  instanter  petiit  ab  hominibus  ville  ut  facerent  ei  flde- 
k  litatem  quam  facere  non  tenentur,  nec  homines  qui  in  villa  Bunt  uaquam 
1  eam  feceruat  predecessoribus  suis. 

Secundo  peùit  ab  eis  exercitum  et  equitaturam,  dicens  quod  eos 
Ipoterat  dueere  in  exercitum,  equitaturam  et  lorneamentum,  ad  que  dictl 
s  dicunt  se  non  leneri,  et  de  hiis  duobus  minatur  hominibus  si 
■on  feceriat. 

I  Tcrcio,  quoil  dominus  RogeruB  et  complices  sui  fregemnt  violenter 
liin  armis  festum  beati  Dyonisii  bis  :  primo  cepemnt  violenter  quemdam 
Bercatorem  et  enm  turpiter  extraxerunt;  secundo  ceperunt  servi  en  tes 
Bâti  Dyonisii  in  ipso  festo,  et  maie  tractaverunt  qui  dictum  festum  de 
idato  ministrorum  Sancti  Dyonisii  gardabaot,  cujus  festi  garda 
fccl.at  ad  Beatum  Dyonisium  et  cujus  garda  usa  est  ecclesia  sine  con- 
Tlictione  toinporibus  retroactis,  a.  vigilia  festi  ab  hnra  meridiei  per 

1  festum  usque  ad  mediam  noctem. 
Buarto,  iu  crastino  cepit  violenter  vadia  de  mercatoribus  qui  reman- 
iant apud  Chanrsiam  ut  aliquid  venderent,  qui  liberl  debebant  et 
:edere  de  loco  illo,  solvendo  tonleium  minîstris  ecclesie, 
lod  proprium  est  Beati  Dyonisii  sine  parte  alterins. 

,  quod  ponit  novum  servientem  in  villa,  cum  nullum  ser- 
Lntem  habuit  ante  ea  in  eadem  ;  serviens  ille  cepit  violenter  pisca- 
fes  Sancti  I^yonisii  in  aquis  Sancti  Dyonisii  citra  metas  positae  ad 
lem  territorii  castri  de  Montcornet  et  de  Ohanrsia,  in  qiiibnE 
Lullum  us  habet. 

JSexto,  dominus  Rogerus  violenter  fngavit  venditores  Beati  Dyonisii 
!  nemoribus  Beati  Dyonisii,  in  quibus  idem   Rogerus   nuUnm  jus 
rupit  ingénia  et  asportavit,  quod  facere  non  debuit. 
1  istis  duobuB  precedentibus  loquitur  carta  régis  Phifippi. 
jdmo,  ponit  contradictum  in  cbeminis  Cbaorsie,  super  que  Dultum 
;  immo  ecclesia  per  ministros  suos  a  longis  temporibus  usa 
'  est  pàE^e  hoc  jure  in  cbeminis.  Quod  si  aliquis  vellet  aliqnod  asia- 

iiiii.,  K  2045,  fonds  de  Uontbéliard. 


344 

mentum  facere  vel  haberc  in  cbemino,  impetrabat  illud  a  majore  Beati 
Dyonisii  per  censum  annuum  secundum  quantitatem  aisiamenti,  qui 
census  est  quitus  Beati  Dyonisii. 

Octavo,  qùod  arrestavit  censum  qui  debetur  ecclesie  de  duabus  log^s 
que  sunt  in  chemino,  quarum  census  solutus  [est]  ecclesie  sine  contra- 
dictione  per  viginti  annos  et  amplius. 

Nono,  quod,  cum  homines  de  Ghaursia  ab  antiquis  temporibus  con- 
sueverint  reddere  redditus  qui  debentur  in  natali  in  domo  Beati 
Dyonisii,  et  ministri  predecessorum  domini  Rogeri  consueverint  perci- 
pere  in  eadem  domo  partem  suam  reddituum  a  ministris  Sancti  Dyonisii, 
idem  Rogerus  défendit  quod  in  domo  Sancti  Dyonisii  non  reddantur  ab 
hominibus,  et  quod  ministri  sui  a  ministris  Sancti  Dyonisii  nunc  perci- 
piant  partem  suam;  et  propter  hoc  redditus  nundum  sunt  soluti. 

Fere  omnes  iste  querele  supradicte  declarantur  per  cartam  régis 
Philippi,  que  carta  non  potest  nec  débet  judicari  nisi  in  curia  domini 
régis  ^ 

2*  Texte  provençal  à  transcrire  d'après  un  fac-similé. 

ABGDEFGHIKLMNOPQR. 

En  Gaston,  per  la  gracia  de  Dieu  s  vezcoms  de  Bearn,  segnor  de 
Moncada  e  de  Gastelviel,  al  noble  baron  n'Âmanieu  de  Lebrig,  saluz  e 
amors.  Fem  vos  saber  che,  chom  en  Guallard  del  Soler  vengos  a  nos  per 
lo  mandament  de  nostre  segnor  lo  rei  d'Anglaterra  e  de  nostre  segnor 
n'  Adoard,  e  de  ma  dona  la  reina  d'Anglaterra  e  del  cossel  d'Anglaterra, 
sobre  loz  combenz  del  castel  de  Saut;  lo  quai  lo  dit  en  Guallard  dévia 
recebre  per  lor  volontat  e  per  la  volontat  nostra  e  d'en  Gassarnaut  de 
Navallas,  segont  la  forma  che  es  escriuta  enter  lor  e  nos;  lo  maire  els 
colomenes  e  lurs  amies,  ai  si  chom  vos  sabetz,  part  dret  l'an  protees  ab 
de  sons  altres  amies  ;  e  chom  aço  sia  feit  en  gran  dampnage  e  bergonna 
de  nostre  segnor  lo  rei,  e  de  nostre  segnor  n'  Adoard  e  de  nos  ;  e  nos 
lo  nostre  dampnage  e  la  nostra  bergonna  vullam  demandar  e  la  lor  ad 
achels  qui  aço  an  feit,  nos  vos  requerim  per  la  segnoria  che  nos  avem 
sober  vos,  e  per  lo  segrament  che  feit  nos  avez,  e  per  los  combenz  che 
son  enter  nos  e  vos,  che  vos  aço  nos  ajudez  a  demandar  ab  guerra  viva, 
e  chel  castel  de  Gasanava,  che  vos  tiez  de  nos,  nos  arredatz,  lo  die- 
menge  après  la  festa  de  Asention  de  mai,  che  sapiaz  nos  seram  aquel 
die  aparellat  de  recebre  lo  castel  ;  o  aço  che  vos  en  faraz  chens  ag  fazatz 
saber  per  bostras  letras  pendenz  per  lo  portador  de  las  letras;  e  per  che 
aço  aiaz  per  ferm,  nos  d'aço  avem  feit  far  doas  cartas  per  a.  b.  c.  par- 
tidas;  la  una  de  las  quais  nos  vos  trametem  saierada  de  nostre  saiel,  en 

t.  Archives  Nationales,  S  2200,  n*  1.  —  La  charte  de  Philippe-Auguste  à 
laquelle  il  est  fait  allusion  dans  cette  pièce  est  celle  qui  figure  au  n*  1052  dans 
le  Catalogue  des  actes  de  Philippe-Auguste. 


345 

retenim  a  nos  l'autra.  Aço  fo  feit  a  Vasaz,  lo  dimercles  après  de  la  festa 
de  la  Senta  Croz  de  mai,  en  testimoniage  del  noble  baron  mosegner  en 
Guiraut  per  la  gracia  de  Dieus  coms  d'Armagnacb  e  de  Fedençach,  e 
d'en  Guillem  segner  de  Riom,  e  d'en  Doat  de  Proins  maire  de  Vasaz, 
e  d'en  Bertran  de  Ladils  e  d'en  Ar.  de  Ladils  e  d'en  Ramon  Marches, 
borzes  de  Bazaz,  e  d'en  Segneron  de  Maur,  e  d'en  Gassarnaut  de  Ger- 
zerest,  e  d'en  Berengher  de  Peira-pertusa,  e  d'en  Guallard  de  Gresi- 
gnan,  e  d'en  R.  Fuert  de  Lados  cauvers,  e  d'en  Guallard  de  Faurgas 
d'Avueg(?),  e  d'en  Pes  del  Soler,  e  d'en  Per  Bonafes,  borzes  de  Bordel 
e  de  moltz  altres,  anno  Domini  MccLvnii*^. 

3*  Texte  latin  imprimé  à  traduire. 

Benedictus  dei  judicio  nannetensium  episcopus  omnibus  ea  quae  in 
bac  cartula  confirmata  sunt  servantibus  salutem  et  pacem.  Contigit 
autem  me  maximam  curiam  clericorum  et  monachorum  atque  laicorum 
apud  prunniacum  in  claustro  sanctae  mariae  congregasse  et  dum  ibi 
essemus  in  unum  venit  ad  nos  hurvodius  presbyter  de  calvae  qui  pro- 
fessus  est  se  suam  hereditatem  quam  in  fruzaio  et  in  calvae  alque  arton 
sub  maledicto  tenuerat  salvatori  deo  et  suis  monachis  dédisse  atque  a 
monachis  in  elemosina  quoadusque  viveret  vel  ad  monachatum  venire 
vellet  récépissé.  Quod  nos  omnes  audientes  gavisi  sumus  et  assensu 
omnium  quji  aderantde  clerico  et  de  hereditate  ejus  abbatem  justinum 
et  monachos  sasivimus  atque  sub  maledicto  constrinximus  omnes 
quicunque  aliqua  occasione  de  hoc  dono  monachos  amplius  inquietare 
scienter  présumèrent.  Hujus  rei  testis  et  defensor  sum  ego  ipse  benedictus 
episcopus  testis.  Rivallonus  archidiaconus  testis.  Mainlînidus  et  tebaldus 
decani  testes.  Johannes  canonicus.  Algisus  capellanus.  Morvanus  dapifer. 
Petrus  cimentarius.  Justinus  abbas  qui  donum  recepit.  Helogonus  et 
moyses  testes  monachi  sancti  salvatoris.  Sanctimoniales  adenor,  ama- 
billa  et  amelina  testes.  Data  pruniaco  in  claustro  sanctae  mariae  anno 
ab  incarnatione  domini  mciiii  mense  julio  xyi  kal.  augusti  luna  ix 
feria  v  epacta  xi  indicione  m  papa  paschasio  philippo  francorum  rege 
alano  et  mathia  comitibus  britanniae.  Amen. 

4"  Texte  provençal  imprimé  à  traduire. 

Totz  temps  azir  falsedat  et  engan 
Et  ab  vertat  et  ab  dreg  mi  capdel 
E  si  per  so  vauc  areire  o  avan 
No  m'en  rancur  ans  m'es  tôt  bon  e  bel 
Quels  us  dechai  lialtatz  mantas  vetz 
Els  autres  sors  engans  e  mala  fes 
Mas  si  tant  es  qu'om  per  falsedat  mon 
D'aquel  montar  deissen  pois  en  preon. 

1.  Fac-similé  en  héliogravure  du  fonds  de  l'École,  n»  205. 


346 

Mans  baro8  vei  en  mans  locs  que  i  est&n 
Plus  falsamen  que  veires  en  anel 
E  qui  per  fis  los  ten  falh  atrestan 
Gum  si  un  lop  vendia  per  anhel 
Quar  ilh  no  son  ni  de  lei  ni  de  pes 
Ans  foron  fag  a  lei  de  fais  poges 
On  par  la  cros  e  la  flors  en  redon 
E  no  i  trob  om  argent  quant  lo  refon. 

Dans  Orien  entrol  solelh  colgan 

Pas  a  la  gen  un  covinen  novel 

Car  al  leial  donarai  un  bezan 

SU  desleials  mi  dona  un  clavel 

Et  un  marc  d'aur  donarai  al  cortes 

Sil  descauzitz  mi  dona  un  tornes 

Al  vertadier  darai  d'aur  un  gran  mon 

Sim  don  un  uou  quec  messongiers  que  i  son. 

Tota  la  lei  quel  plus  de  las  gens  an 
Escriuri'  eu  en  un  petit  de  pei 
En  la  meitat  del  polgar  de  mon  guan 
Els  pros  homes  paisseria  d'un  gastel 
Car  ja  pels  pros  no  fora  cars  coures 
Mas  si  fos  hom  que  los  malvatz  pagues 
Gridar  pogratz  e  no  gardessetz  on 
Venetz  manjar  li  pro  homen  del  mon. 

5<>  Question  tirée  du  cours  de  bibliographie. 

Qu'est-ce  que  la  Bibliothèque  historique  de  la  France?  Quelles  en  sont 
les  éditions  ?  Quelles  sont  les  divisions  de  l'édition  la  plus  usuelle? 

DEUXIÈME   ANNÉE. 

Epreuve  orale. 

i.  Oharto  à  lire  sur  l'original. 

Univorsis  présentes  litteras  inspecturis,  universitas  magistronun  et 
soularium  Parisius  studentium,  salutem  in  Domino  sempitemam.  Ut 
ait  Bonecaf  non  solum  amicicie  reddes  testimonium,  sed  etiam  yeritati, 
et  huic  consonat  verbum  Philosofi,  primo  Ethicorum  dicentis  qnod 
Manctum  est  prehonorare  veritatem.  Inde  noverint  universi  quod  nos, 
lion  Molum  amicicia  moti,  sed  eciam  veritate  coacti,  verum  testimoniom 
ptirhibemus  quod  abbas  et  conventus  Sancti  Victoris  juxta  Parisius, 
oniiaiH  Huncti  Augustini,  sunt  boni  et  eciam  legittimi  scolares  Pari- 
niauHus  in  diversis  facultatibus,  propter  quod  ipsos  et  eorom  bona  sob 


347 

protectione  priviiegiorum  nostrorum  ponimus  et  eciam  fore  pienius 
reputamus.  In  cujus  rei  testimonium,  sigillum  universitatis  nostre 
presentibus  litterîs  duximus  apponendum.  Datum  Parisius,  in  nostra 
cougregacione  général!  apud  Sanctum  Maturinum,  die  martis  post 
festum  béate  Lucie,  virginis  et  martiris,  anno  Domini  millesimo  qua- 
dringentesimo  vicesimo  octave.  Hébert  ^ . 

2.  Questions  de  diplomatique. 

Quelle  interprétation  doit-on  donner  aux  formules  Datum  sub  ulmOy 
Datum  inter  leones  ? 

A  quelle  époque  remonte  l'emploi  dans  la  chancellerie  royale 
des  formules  :  ad  perpetuam  rei  memoriam ,  —  car  tel  est  notre  plaisir  ? 

Quelle  est  la  différence  entre  les  Tituli  et  les  Mandamenta  ? 

3.  Questions  d'histoire  des  institutions. 

Quelles  attributions  les  baillis  ont-ils  perdues  du  xive  au  xvi«  siècle? 
Gomment  le  département  a-t-il  été  divisé  de  1791  à  Tan  vm  inclusi- 
vement ? 

4.  Questions  se  rattachant  au  cours  de  classement  d'archives. 
Donner  une  idée  sommaire  de  Thistoire  et  des  travaux  du  Dépôt  de 

législation  et  du  Bureau  littéraire  au  xvm®  siècle. 

Indiquer  la  nature  et  la  composition  des  séries  G  et  H  des  archives 
départementales. 

Epreuve  écrite. 

1.  Texte  à  transcrire  d'après  un  fac-similé. 

Es  plés  des  prevostés  de  Blosseville  et  Seilleron  tenus  ou  dit  lieu  de 
Blosseville  par  moy  Guillaume  Terrien,  seneschal  du  lieu  pour  monsei- 
gneur le  commandeur  de  Sainte  Waubourg,  le  mercredi  ix«  jour  de 
juillet  Tan  mil  une  inixx  et  trois,  se  comparu  Clément  Ganu,  prevost  du 
dit  lieu  de  Seilleron ,  lequel  recorda  que,  à  la  requeste  de  Johannes 
Lucas,  procureur  et  receveur  de  mon  dit  seigneur,  il  avoit  prins  et  mis 
en  la  main  de  la  dicte  seigneurie  par  trois  dymences  tous  continus,  dont 
le  derrain  fu  le  xx®  jour  d'avril  derrain  passé,  à  Toye  et  yssue  de  la 
messe  parroissial  d'Angiens,  les  tenemens  qui  ensuivent,  c'est  assavoir 
la  vassourie  et  tenement  aux  heirs  Jehan  Le  Fevre  et  ses  sourtenans, 
la  vassourerie  qui  fu  Richart  Nepveu,  le  tenement  Pierres  Nugues,  le 
tenement  qui  fu  Guillaume  de  Veulles,  le  tenement  Guillemin  Asselin, 
le  tenement  Perrin  Boullart,  le  tenement  Gardin  Brochart,  le  tenement 
Golin  Gauviel,  le  tenement  RaouUin  d'Outre  leaue,  et  generalment 
tous  les  aultrez  tenemens  et  héritages  tenus  de  mon  dit  seigneur ,  tant 
pour  faulte  d'omme,  rentes  non  paiées,  estirées  (?),  reliefz,  treiziesmes, 
que  aultrez  drois  et  devoirs  de  fieu  non  fais,  en  deffendant  à  tous  que 
nul  ne  eu  préjudice  des  dictes  prinses  n'attempte  sur  la  paine  qui  au 

1.  Archives  Nationales,  L  889,  n.  9. 


348 

cas  appartient.  Pour  quoy  fu  commandé  au  dit  prevost  que  les  dictes 
prinses  il  mete  à  execucion  et  face  cueillir  les  frais  et  levées  des  dis 
tenemens  au  prouffit  de  mon  dit  seigneur  après  le  temps  coustumior 
ensuy,  ainsi  qu'il  est  acoustumé  en  tel  cas.  Donné  comme  dessus.  — 
G.  Terrien*. 

2.  Texte  latin  imprimé  à  traduire. 

In  dei  nomine  ego  gaucelmus  et  fratres  mei  amaldus  catiarmati 
achelmus  willeimi  gonbaldus  quoque  roberti  coram  principibus  castri 
nostri  ducti  amore  dei  donamus  sancto  salvatori  et  béate  fidi  glorioss 
virgini  de  conchis  atque  begoni  abbati  manachisque  ejusdem  loci  tam 
presentibus  quam  futuris  pro  redemptione  etiam  animarum  nostraram 
illum  locum  qui  vocatur  mansirot  situm  inter  mare  et  stagnum  quan- 
tum ad  nos  pertinet  et  generationem  nostram  Hoc  autem  facimus  ad 
salvetatem  et  monasterium  sub  honore  dei  et  béate  fidis  ibi  construen- 
dum  et  ad  cunillos  etiam  per  forestem  nutriendos  sicuti  cruces  inposite 
désignant  per  circuitum  Extra  quoque  hune  terminum  damus  prsedicto 
loco  omnem  terram  arabilem  que  in  tota  illa  foreste  inveniri  bona  et 
poterit  ad  laborandum  et  cetera  que  inde  necessaria  fuerint  ad  usus 
fratrum  ibi  deo  servientium  concedentes  etiam  pascua  porcorum  ingénue 
et  vaccas  a  paduir  per  forestem  tam  in  estate  quam  in  hieme.  Facta 
carta  donationis  anno  ab  incarnatione  domini  mgvhi  in  festivitate  beati 
andreae  coram  principibus  patriœ  régnante  philippo  rege  francorum 
ac  domno  p.  episcopo  praesidente  pampilonensi  aecclesiae  et  conchensi 
monasterio  domno  begone  abbate. 

3.  Texte  du  moyen  âge  imprimé  à  analyser. 

Domni  nostri  jesu  cbristi  sacratissime  incarnationis  anno  m»  g*  lxx^  m' 
alexandro  papa  apostolice  sedi  présidente  domini  aldeberti  in  mima- 
tensis  episcopi  presulatus  anno  xxii"  lodovico  francis  imperante  indic- 
tione  via  yo  nonas  julii  Inter  bernardum  priorem  de  coloinnet  et  g. 
cappellanum  de  marogol  facta  est  transactio  talis  Materia  autem 
altercationis  que  inter  illos  vertebatur  bec  erat  Ecclesia  de  coloinnet 
décimas  de  marogol  ut  suas  vendicabat  ex  adverso  autem  cappellanus 
de  marogol  décimas  lanarum  caseorum  agnorum  ceterarumque  carnium 
se  possedisse  atque  a  multis  annis  rétro  ecclesie  de  marogol  donatas 
fuisse  affirmabat  Auditis  itaque  hinc  inde  allegationibus  amicabili  facta 
compositione  predicte  décime  de  marogol  ecclesie  de  coloinnet  utpote 
parrochiali  auctorizante  domino  aldeberto  mimatensi  adjudicate  sunt  ita 
tamen  quod  cappellanus  de  marogol  g.  videlicet  quartam  partem  deci- 
marum  in  rébus  tantum  prenominatis  in  diem  vite  sue  percipere  débet 
post  mortem  vero  illius  bac  perceptione  nuUum  prejudicium  générante 

1.  Archives  Nationales,  S  5206. 


349 

quarta  pars  tribus  partibus  accédât  et  ad  jus  et  proprietatem  ecclesie  de 
coloinnet  libéra  et  perpétue  mansura  perveniat. 

4.  Question  de  diplomatique. 

Eûumérer  les  caractères  principaux  des  diplômes  des  rois  capétiens 
antérieurs  à  Pbilippe-Auguste. 

5.  Questions  d'histoire  des  institutions. 

Quelles  sont  les  principales  dispositions  de  la  loi  du  14  décembre  1789 
sur  les  municipalités  ? 

Qu'entendait-on  par  grands  jours,  juridiction  des  greniers  à  sel,  bail- 
liage de  l'artillerie  de  France  ? 

TROISIÈME  ANNÉE. 

Epreuve  orale, 

1.  Charte  à  lire  sur  Toriginal. 

Juhellus  Dei  gratia  Turonensis  archiepiscopus,  R.  decanus  totumque 
capitulum  Turonense  et  H.  cornes  Blesensis,  omnibus  présentes  litteras 
inspecturis,  salutem  in  Domino.  Gum  de  assensu  et  voluntate  omnium 
nostrum  due  de  novo  ecclesie  in  Biemarcio  sint  fundate,  volumus  et 
concedimus  ut  utraque  illarum  ecclesiarum  in  decimis  de  Biemarcio  ad 
sustentationem  presbiterorum  ibidem  deserviencium  in  grangiis  \el 
locis  in  quibus  trahentur  dicte  décime  quindecim  libras  redditus,  vel  de 
ipso  blado  usque  ad  valorem  quindecim  librarum  in  mensuratione  bladi, 
percipiat  annuatim,  ita  quod  neutra  illarum  ultra  valorem  quindecim 
librarum  redditus  in  dictis  decimis  valeat  reclamare.  In  cujus  rei  testi- 
monium,  présentes  litteras  conscribi  fecimus  et  sigillorum  nostrorum 
munimine  roborari.  Actum  anno  Domini  mo  ce»  xlo  secundo,  mense 
decembri  ^ 

2.  Questions  de  droit. 

Qu'est-ce  que  le  terrage  ?  En  quoi  se  distingue-t-il  du  cens  quant  à 
la  redevance?  Quel  est  le  trait  caractéristique  du  terrage  dans  certaines 
provinces  ? 

Que  signifient  les  expressions  domaine  direct,  domaine  utile  ? 

3.  Archéologie. 

On  a  mis  sous  les  yeux  des  élèves  une  planche  coloriée  représentant 
un  bassin  à  laver  en  émail  de  Limoges  du  xiii*  siècle,  en  leur  deman- 
dant quelle  était  la  nature  de  Fobjet,  de  quelle  fabrique  il  sortait,  quelle 
en  était  la  date,  en  quelle  espèce  d'émail  il  était  fait,  quelle  était  la  diffé- 
rence entre  l'émail  à  taille  d'épargne  et  l'émail  cloisonné,  comment  il 
fallait  blasonner  l'écu  qui  orne  le  centre  du  bassin. 

Epreuve  écrite. 

1.  Texte  à  lire  d'après  l'original. 

Viris  venerabilibus  et  discretis  abbati  et  priori  Sancte  Genovefe  et 

1.  Archives  Nationales,  K  1207,  n.  l9. 


350 

M.  decano  Sancti  Marcelli  Parisiensibos,  judicibus  a  domino  papa  dele- 
gatis,  presbiter  de  Gorborosa,  salutem,  reverenciam  et  honorem.  Noveiit 
discrecio  vestra  quod  ego,  ad  mandatum  vestram,  ordinacionem  et  aen- 
tenciam  arbitrii  quam  protalerant  venerabiles  viri  £.  decanus,  N. 
cantor,  P.  succentor  Parisienses,  in  causa  que  vertebatnr  inter  capi- 
tnlum  Béate  Marie  Parisiensis,  ex  una  parte,  et  nobiles  viros  Gnidonem 
de  Monte  Forti,  militem,  et  H.  thesaurarinm  Beiwacensem,  ex  altéra, 
in  ecclesia  mea  de  Gorborosa,  nunciavi  et  pubiicavi,  sicnt  in  litteris 
vestris  vidi  contineri.  Actum  anno  gratie  millesimo  ggo  vicessimo  nir , 
die  dominica  proxima  post  festum  sancte  Lucie.  Valete  in  Domino  ^ 

2.  Droit. 

A  quels  biens  s'applique  généralement  le  droit  d'aînesse  ?  En  qnoi 
diffèrent  la  succession  aux  baronnies  et  la  succession  aux  autres 
fiefs? 

Des  progrès  du  droit  d'aînesse  dans  certaines  provinces. 

3.  Archéologie. 

Donner  la  description  d'une  travée  intérieure  de  Ja  nef  de  la  cathé- 
drale d'Amiens,  du  sol  à  la  clef  de  voûte,  ainsi  que  de  la  travée  de  bas 
côté  attenante. 

A  la  suite  des  examens  ont  été  admis  à  passer  en  2«  année  par  ordre 
de  mérite  : 

MM.    1.  Prou. 

2.  bodgbnot. 

3.  Brutajls. 

4.  Laurent. 

5.  Lazard. 

6.  Mahon. 

7.  Lempereur. 

8.  Go  VIL  LE. 

9.  AUBERT. 

10.  Marais. 

11.  Hugues. 

12.  Gagé. 

13.    GUIGUE. 

14.  De  Gessag. 

15.  Martin. 

16.  Roussel. 

Hors  rang,  M.  Huet,  élève  étranger. 

Ont  été  admis  à  passer  en  3«  année  (ordre  de  mérite)  : 
M.     1.  Delaghenal. 

1.  Archives  Nationales,  S  206,  n°  22. 


354 

MM.    2.  Lefèvrb-Pontalis. 

3.  Alaus. 

4.  Langloib. 

5.  Durand. 

6.  Delongle. 

7.  BOURBY. 

8.  GrAILLARD. 

9.  Lex. 

10.  Gigile. 

11.  Martineau. 

12.  Argëliès. 

13.  Haumant. 

14.  De  Sainte- Agathe. 

15.  De  Gurzon. 

16.  Corda. 

17.  Farges. 

Ont  été  admis  à  subir  l'épreuve  de  la  thèse  (ordre  alphabétique)  : 

MM.  Berthelé. 
De  Bourmont. 
Dehodenq. 
Devèze. 
Legestre. 

LiBOIS. 
MORIS. 

—  Le  15  juillet,  notre  confrère  M.  Léopold  Delisle  a  été  élu  membre 
de  la  commission  de  V Histoire  littéraire  de  la  France,  en  remplacement 
de  M.  Littré. 

—  Nous  indiquerons,  dans  notre  prochaine  livraison,  les  récompenses 
que  plusieurs  de  nos  confrères  ont  obtenues  à  différents  concours  de 
r Académie  des  inscriptions  et  de  l'Académie  française. 

—  Notre  confrère  M.  Bonnardot  a  été  chargé  par  M.  le  ministre  de 
l'instruction  publique  d'aller  copier  à  Turin  un  manuscrit  du  Roman 
de  Herris  de  Metz. 

—  Le  Bulletin  administratif  du  ministère  de  Tinstruction  publique 
annonce  que  notre  confrère  M.  Paul  Meyer  est  chargé  par  le  ministre 
de  rinstruction  publique  d'une  mission  dont  Tobjet  est  de  rechercher 
dans  les  archives  du  midi  de  la  France  des  documents  en  langue  vulgaire. 
Il  s'agit  d'une  mission  purement  gratuite,  que  notre  confrère  a  sollicitée, 
afin  d'être  plus  assuré  d'obtenir  l'accès  de  certaines  archives ,  particu- 
lièrement des  archives  communales ,  qui ,  par  leur  nature  et  leur  orga- 
nisation, ne  sont  pas  régulièrement  ouvertes  au  public. 

—  Notre  confrère  M.  Charles  Tranchant  a  été  nommé  membre  du 
conseil  d'administration  de  la  compagnie  des  Messageries  maritimes. 


352 

—  Le  27  mai,  notre  confrère  M.  Jules  Soury  a  reçu  le  grade  de  doo 
teur  ès-lettres,  après  avoir  soutenu  ses  thèses  devant  la  Faculté  des 
lettres  de  Paris. 

—  Le  journal  II  Bibliofilo,  que  publie  à  Florence  M.  Carlo  Lozzi, 
annonce,  dans  son  numéro  de  juin-juillet,  que  les  professeurs  Ë.  Monaci, 
de  Rome,  et  G.  Paoli,  de  Florence,  préparent  un  recueil  de  fac-similés 
de  manuscrits  analogue  aux  publications  du  Palxographical  Society  et  au 
Recueil  de  fac-similés  publiés  par  la  Société  de  V École  des  chartes,  dont  le 
premier  fascicule  va  bientôt  paraître. 

UNE  NOTE  DE  COPISTE  AU  XTV»  SIÈCLE. 

J'ai  rencontré  à  la  Bibliothèque  nationale,  dans  la  série  des  pièces 
originales  du  Cabinet  des  titres  (vol.  1079,  n^  24857,3),  une  curieuse 
note  d'un  copiste  de  la  Chambre  des  comptes,  Hubert  Estienne,  qui 
vivait  à  la  fin  du  xiv«  siècle.  On  trouve  dans  ce  document  la  men- 
tion de  seize  actes  copiés  en  1383  par  Hubert  Estienne,  qui  détaille  le 
genre  des  pièces  qu'il  a  transcrites  et  le  nombre  des  lignes  que  conte- 
nait chacune  d'elles.  Les  prix  étaient  laissés  en  blâme;  un  employé  de  la 
Chambre  des  comptes,  J. -A.  Reymondet^  dont  la  signature  se  lit  au  bas 
de  la  pièce,  les  a  ajoutés.  Le  prix  de  la  copie  de  ces  actes  n'était  pas 
évalué  d'après  le  nombre  des  lignes,  qui  sans  doute  étaient  d'inégale 
longueur;  on  voit  en  effet  Estienne  écrire  dix-neuf  lignes  pour  trois 
sous,  dix-sept  et  quinze  pour  deux  sous,  dix-sept,  onze  et  dix  pour  un 
sou,  onze  et  dix  pour  huit  deniers,  et  même,  à  ce  qu'il  semble,  vingt- 
deux  lignes  pour  huit  deniers.  Une  erreur  de  trois  sous  est  à  relever 
dans  le  total  de  22  sous  6  deniers  ;  c'étaient  25  sous  6  deniers  que  la 
Chambre  des  comptes  devait  à  Hubert  Estienne  ;  celui-ci  ne  parait  pas 

avoir  réclamé  la  différence. 

H.  Omont. 

Ce  sont  les  escripiures  que  je  Hubert  Estienne  ay  fait  pour  le  Roy 

nostre  sire  en  la  Chambre  des  comptes. 

1.  Premièrement  la  copie  des  instrucions  sur  le  fait 
des  finances  des  nouviaux  acqués  faiz  par  gens  d'esglise 
et  par  gens  non  nobles,  envoiée  par  nosseigneurs  des 
comptes  au  receveur  de  Pontieu,  contenant  deux  fouil- 
liez et  demi  de  papier.  iij  s.  p. 

2.  Item  le  double  en  parchemin  contenant  un  rolle.         iij  s.  p. 

3.  Item  le  mandement  qui  sur  ce  lui  fu  envoie,  conte- 
nant XIX  lignes.  iij  s.  p. 

4.  Item  les  parties  des  biens  meubles  et  héritages  qui 
furent  feu  Jehan  le  Balloys,  bastart,  envolez  au  bailli 

de  Costantin,  contenans  un  rolle  de  parchemin.  ij  s.       vj  d. 


353 

5.  Item  III  lettres  royaulx  pour  les  regales  d'Aucerre, 

de  Lisieux  et  d*Orliens,  contenans  xxx  lignes.  iij  s.  p. 

6.  Item  une  autre  lettre  roial,  adreçant  au  bailli  de 
Vitry,  faisant  mencion  des  biens  qui  furent  à  la  feue 
femme  de  Jehan  Henequin,   de   Dameri,   contenant 

XV  lignes.  ij  s.  p. 

7.  Item  une  autre  lettre  roial,  pour  abatre  les  auvens, 
travaux  et  autres  ediffices  qui  empeschoient  le  charroy 
en  la  ville  de  Troyes,  ou  en  faire  profit  au  roy  nostre 

sire,  contenant  xvii  lignes.  ij  s.  p. 

8.  Item  une  à  Robert  du  Hamel,  faisant  mencion  de 

faire  execucion  de  n«  viiic  frans,  contenant  x  lignes.  xij  d. 

9.  Item  une  autre  roial,  pour  faire  Tadvocat  du  Roy  à 

Troyes,  contenant  x  lignes.  xij  d. 

10.  Item  une  au  receveur  d'Amiens,  pour  faire  paier 

le  Roy  de  ses  debtes,  contenant  xvii  lignes.  xij  d. 

11.  Item  un  mandement  au  receveur  de  Troies,  faisant 
mencion  de  paier  le  roy  de  certaines  debtes  contenues 

en  un  rolle,  contenant  xi  lignes  xij  d. 

12.  Item  une  lettre  faisant  mencion  des  engins  du  Roy 
à  Narbone  et  de  mettre  en  estât  son  hostel,  contenant 

X  lignes.  viij  d. 

13.  Item  une  autre,  pour  faire  un  advocat  en  Gaux, 

contenant  x  lignes.  viijd. 

14-15.  Item  deux  lettres,  l'une  au  bailli  de  Roen  et 
l'autre  au  bailli  de  Gaux,  faisans  mencion  de  pourveoir 
d'un  advocat  ou  bailliage  de  Gaux,  contenans  chascune 

XI  lignes.  viijd. 
16.    Item   une  lettre,  faisant  mencion   du  conte  de 

Blakenhen,  contenant  xvii  lignes.  xij  d. 

Summa  parcium  suprascriptarum  :  xxij  s.       vj  d. 

Que  summa  debetur  Huberto  Stephani. 
Scriptum  in  Caméra  compotorum  die  XXII^^  maii  CGC  II 11^^  III^. 

J.-A.  Reymondeti. 

La  quelle  somme  je  Hubert  dessus  dit  confesse  avoir  receue  par  la 
main  du  viconte  de  Roen,  tesmoing  mon  signe  manuel  mis  à  ceste 
cedule. 

H.  ESTIENNE. 

OUVRAGE  MANUSGRIT  DE  TYGHO  BRAHE. 

Il  y  a  au  département  des  imprimés  de  la  Bibliothèque  nationale, 
sous  la  cote  V  f+  210  A,  trois  exemplaires  du  volume  in-folio  intitulé  : 
Tychonis  Brahe   |  astronomie  ||   inslauralsB  \\    mechanica.  \\    WandeS" 

23 


354 

burgi  ||  anno  ||  g  lo  lo  ne  ||  Cum  C(3saris  et  regum  quorundam  \\  privù 
legiis,  La  dernière  page  porte  cette  souscription  :  Impressum  fVandeS" 
burgi  ||  in  arce  Ranzoviana  prope  Hamburgum  sita,  ||  propria  authoris 
typographia^  \\  opéra  Philippi  de  Ohr  chalcographi  \\  Hamburgensis.  || 
Ineunte  anno  uonc.  Ces  trois  exemplaires,  recouverts  en  soie,  paraissent 
avoir  été  reliés  dans  Tatelier  typographique  du  célèbre  astronome.  Sur 
Fun  des  plats  est  doré  un  médaillon  qui  représente  Tycho  Brahe,  avec 
ce  distique  : 

Hic  patet  exterior  Tychonis  forma  Brahei 
Pulchrius  eniteat  quae  latet  interior. 

De  l'autre  côté,  un  médaillon  renferme  les  armes  du  môme  savant, 
avec  un  distique  : 

Arma,  genus,  fundi  pereunt.  Durabile  virtus 
Et  doctrina  decus  nobilitatis  habent. 

Les  exemplaires  ainsi  reliés  étaient  destinés  à  être  offerts  en  cadeau. 
L'un  de  ceux  que  la  Bibliothèque  a  recueillis  a  été  présenté  à  Maurice, 
prince  d'Orange  et  de  Nassau,  et  un  autre  à  Wolfgang-Dieterich  von 
Raitenau,  archevêque  de  Salzbourg.  Dans  celui-ci,  en  regard  du  titre, 
se  voit  une  dédicace  en  vers  latins,  signée  de  la  main  de  Tycho 
Brahe  : 

Illustrissimo  et  reverendissimo  principi  ac  domino  domino  Wolf- 
gango  Ttieodorico,  archiepiscopo  Salisburgensi  et  sanctse  sedis  apostolicae 
legato,  domino  suo  clementissimo. 

Accipe  démenti,  princeps  Volfgange,  favore 

Organa  sidereas  apta  notare  vias. 
His  ter  septenos  lustravimus  astra  per  annos, 

Sustinuit  tan  tu  m  donec  Huenna  decus. 
Ast  ubi  tam  grandes  ea  parvula  ferre  triumphos 

Amplius  haud  valuit,  fataque  versa  rétro. 
Provida  diva  poli,  cernens  instare  ruinam, 

Transtulit  haec  alio,  quo  mage  tuta  forent. 
Indignum  reputans  sua  sacra  perire  sub  Arcto, 

Qualia  vix  alibi  splendidus  Auster  habet. 
Ergo  ea  Gaesaribus  nunc  consecratque  dicatque, 

Fulta  sub  auspiciis,  magne  Rudolphe,  tuis. 

lUustrissimae  et  reverendissimae  celsitudinis  vestrae 

Submisse  addictissimus 

TYCHO  BRAHE. 
D.  D. 

Ces  vers  contiennent  des  allusions  aux  circonstances  qui  amenèrent 
Tycho    Brahe    à    transférer    son    observatoire   de    l'île   de   Hven  à 


355 

Wandsbeck,  dans  le  Holstein,  et  à  accepter  le  patronage  de  Tempereur 
Rodolphe  II. 

L'exemplaire  destiné  à  Farchevôque  de  Salzbourg  comprend  une  partie 
manuscrite  intitulée  :  Tychonis  Brahe  Stellarum  octavi  orbis  inerran- 
Hum  accurata  restitutio.  La  préface,  adressée  à  Pempereur  Rodolphe  II, 
est  ainsi  datée  :  «  Dabantur  prope  Hamburgum,  in  arce  Rantzoviana 
Wandessburgo,  circa  termines  Germaniae  et  Gimbricœ  Chersonesi, 
anno  1598,  postridie  calendarum  Januarii.  »  En  tête  de  ce  traité  est 
une  pièce  de  quatorze  vers,  adressés  selon  toute  apparence  à  Tarche- 
véque  de  Salzbourg  : 

Hos  quoque  stelliferos  cape,  princeps  inclyte,  fœtus 

Quos  operosa  diu  noxque  diesque  dédit. 
Debuerant  equidem  quibus  orti  fulgere  in  oris, 

Et  jubar  hinc  imos  spargere  ad  antipodas. 
Ni  superis  aliter  visum  qui  fata  gubernant 

Uraniseque  aliter,  quse  sua  sacra  fovet. 
Nescia  contemni,  fraudari,  odia  in  vida,  noxas 

Gensurasque  rudes  sorditiemque  pati. 
Plurima  quaeque  alias  fanda  atque  infanda  tulisset, 

Régna  nisi  mallet  nunc  peregrina  sequi, 
Nec  peregrina  tamen  :  cœlum  tota  undique  tellus 

Suspicit,  flethereis  invigilatque  viis. 
Prosperiora  igitur  cœlestia  numina  spontent 

Tanta  nec  ingratis  sunt  peritura  locis. 

AGQUISITIONS  FAITES  PAR  LA  BIBLIOTHÈQUE  NATIONALE 

A  LA  TROISIÈME  VENTE  DE  M.  DIDOT. 

Au  moyen  d'un  crédit  supplémentaire,  compris  dans  une  loi  du 
29  juillet  1881,  la  Bibliothèque  nationale  a  pu  acquérir  à  la  vente  de  la 
troisième  série  de  la  bibliothèque  de  M.  Didot  onze  volumes  imprimés 
et  sept  manuscrits.  M.  l'administrateur  général  de  la  Bibliothèque  a 
rendu  compte  de  cette  acquisition  dans  un  rapport  à  M.  le  Ministre  de 
l'instruction  publique,  dont  la  substance  a  été  insérée  au  Journal 
officiel  et  auquel  nous  empruntons  les  passages  suivants  : 


«  Dans  ces  conditions,  nous  avons  réussi  à  nous  faire  adjuger  onze 
volumes  imprimés  et  sept  manuscrits. 

€  Deux  des  ouvrages  imprimés  se  rattachent  à  notre  histoire  par  les 
liens  les  plus  étroits.  L'un,  intitulé  Historia  de  rege  Frantie,  est  une  tra- 
gédie latine  qui  a  pour  sujet  l'expédition  de  Charles  VIII  en  Italie. 
L'auteur,  Jacques  Locher,  Ta  composée  et  fait  représenter  à  l'université 
de  Fribourg,  en  présence  des  marquis  de  Bade,  moins  de  quatre  mois 


35IÎ 

après  la  bataille  de  Foraoae,  dont  le  récit  est  mis  dans  la  boache  d'on 
messager  véoitien.  Est -il  besoin  de  faire  observer  que  les  événemoiti 
y  sont  présentés  sous  le  joar  le  plas  défavorable  aux  Français  et  de 
façon  à  exalter  Torgueil  des  sujets  de  Tempereur  Maximiiien?  —  Le 
même  sentiment  a  inspiré  le  petit  poème  L'Assedio  di  Pavia,,  naïve 
expression  de  l'enthousiasme  qu'éveilla  en  Italie,  chez  les  partisans  de 
Charles-Quint,  la  nouvelle  de  la  journée  de  Pavie.  Ce  poème,  à  la  soite 
duquel  est  imprimée  une  sorte  de  complainte  sur  la  captivité  de  Fran- 
çois I*',  eut  beaucoup  de  vogue  en  Italie  ;  mais  notre  Bibliothèque 
nationale  ne  possédait  jusqu^à  présent  aucune  des  éditions  qui  en 
furent  données  pour  satisfairp  la  curiosité  des  populations  excitées  par 
r Empire  contre  la  France. 

ff  A  rhistoire  de  la  littérature  française  du  xvi«  siècle  appartiennent 
trois  ouvrages  dont  nous  avions  à  regretter  Tabsence  sur  nos  rayons  : 
la  traduction  que  Guillaume  Michel,  de  Tours,  acheva  en  1517  de  TAne 
doré  d'Apulée,  —  un  petit  dictionnaire  français-latin  de  Robert  Estienne, 
et  le  Parnasse  des  poètes  français  par  Gilles  Corrozet. 

«  Notre  collection  des  poètes  italiens  s'est  enrichie  de  deux  pièces 
assez  rares  :  la  nouvelle  intitulée  Historia  di  Campriano  contadino,  et  la 
première  édition  des  poésies  de  Michel- Ange. 

c  Plusieurs  lacunes  ont  pu  être  comblées  dans  la  série  qui  chez  nous 
représente  à  peu  près  au  complet  les  annales  de  l'imprimerie  et  de  la 
librairie  parisienne.  Nous  avons  recueilli  le  Juvénal  exécuté  en  1506  à 
Paris  dans  Tatelier  de  Josse  Bade  pour  des  libraires  flamands;  une 
jolie  grammaire  grecque  imprimée  en  1526  chez  Gilles  de  Gourmont; 
enfin,  deux  morceaux  de  Tœuvre  d'un  homme  encore  trop  peu  connu, 
qui  a  joué  Tun  des  premiers  rôles  dans  le  mouvement  littéraire  et  artis- 
tique du  règne  de  François  I"".  Il  s'agit  de  Geofroy  Tory,  dont  les  émi- 
nents  services,  comme  artiste,  comme  grammairien  et  comme  impri- 
meur, ont  été  mis  en  lumière  dans  une  savante  monographie  publiée 
en  1857  et  en  1865.  L*auteur  de  cette  monographie,  Aug.  Bernard, 
avait  alors  vainement  cherché  dans  nos  bibliothèques  publiques  deux 
des  plus  curieuses  productions  de  Geofroy  Tory  :  l'opuscule  qu'il  avait 
composé  en  1523  sur  la  mort  de  sa  fille,  et  la  traditbtion  qu'il  avait  fait 
paraik-e  en  1529  des  chroniques  du  vénitien  Egnazio.  Nous  ne  pouvions 
pas  laisser  échapper  les  exemplaires,  jusqu'à:  présent  uniques,  que 
M.  Didot  s'était  procurés  de  ces  deux  opuscules. 

0  Tels  sont.  Monsieur  le  Ministre,  les  onze  volumes  imprimés  que 
nous  venons  d'acquérir  à  la  troisième  vente  Didot.  Mais,  c'était  princi- 
palement en  vue  des  manuscrits  que  j'avais  cru  devoir  faire  un  pres- 
sant appel  à  la  libéralité  des  pouvoirs  publics.  Le  résultat  n'a  pas 
trompé  notre  attente,  et,  grâce  aux  subsides  que  vous  avez  obtenus, 
les  collections  du  département  des  manuscrits  vont  s'accroître  de  sept 
volumes,  dont  plusieurs  sont  d'une  exécution  remarquable,  mais  que 


357 

nous  avions  surtout  choisis  pour  la  valeur  des  textes  qui  y  sont  con- 
tenus. 

ff  La  critique  historique  aura  grand  profit  à  tirer  des  quatre  manus- 
crits suivants  : 

«  1**  Un  recueil  d'histoires  et  de  chroniques,  copié  au  xii®  siècle,  qui 
vient  non  pas  de  Saint- Victor-de-Paris,  comme  on  l'avait  annoncé, 
mais  de  Fahbaye  allemande  de  Tegernsee,  et  qui,  entre  autres  compo- 
sitions historiques,  renferme  les  œuvres  d'Eginhard,  du  moine  de  Saint- 
Gall  et  de  Robert  le  Moine. 

«  2®  Un  autre  recueil  d'histoires  et  de  légendes,  copié  au  xiii»  siècle, 
probablement  dans  le  nord-est  de  la  France,  et  renfermant  une  relation 
très  précieuse  pour  l'histoire  du  règne  de  saint  Louis,  dont  M.  Miller, 
membre  de  l'Institut,  a  montré  l'importance  dans  un  mémoire  publié 
en  1878». 

«  3«  L'exemplaire  original  d'une  compilation,  encore  inédite,  que 
Geoffroi  de  Gourion  a  composée  à  la  fin  du  xm«  siècle  dans  le  monas- 
tère de  Saint-Pierre-le-Vif  à  Sens. 

€  4'»  Une  bonne  copie  du  texte  primitif  de  la  Fleur  des  histoires.de  la 
terre  d*Orient,  ouvrage  si  curieux  pour  étudier  les  rapports  de  la  chré- 
tienté avec  les  peuples  de  l'Asie,  et  dont  l'Académie  des  inscriptions 
prépare  une  édition. 

«  D'un  autre  côté,  les  savants  qui  s'occupent  de  notre  ancienne  his- 
toire littéraire  apprendront  avec  une  certaine  satisfaction  qu'ils  vont 
pouvoir  étudier  chez  nous  : 

c  1«  Une  copie  du  célèbre  poème  latin  connu  sous  le  titre  de  Aurora  ; 
elle  renferme  plusieurs  pièces  non  encore  signalées,  qui  ajouteront 
quelques  pages  aux  annales  littéraires  de  la  France  du  temps  de 
Philippe- Auguste. 

«  2°  Un  exemplaire  indispensable  à  examiner  pour  bien  comprendre 
la  composition  d'une  chronique  universelle  en  français,  qui  a  obtenu  le 
plus  grand  succès  au  xiv^  siècle  et  qui  n'a  pas  encore  été  suffisamment 
analysée  ;  cet  exemplaire  offre,  en  outre,  un  intérêt  considérable  pour 
l'histoire  des  vieilles  librairies  princières  qui  ont  formé  le  noyau  de  la 
Bibliothèque  nationale. 

€  3o  Les  règles  de  la  seconde  rhétorique,  œuvre  didactique  (U  com- 
mencement du  xv®  siècle,  qui  abonde  en  renseignements  sur  les  pro- 
cédés employés  par  les  poètes  français  de  la  seconde  période  du  moyen 
âge. 

«  A  ces  manuscrits,  que  nous  avons  chèrement  disputés  à  nos  rivaux, 

1.  Ce  documeat  a  été  publié  dans  la  Bibliothèque  de  V École  des  chartes, 
année  1878,  p.  401  ;  voyez  le  même  recueil,  année  1879,  p.  143.  Il  a  été  reconnu, 
depuis  la  publication  de  ce  document,  que  c'est  une  œuvre  de  Gérard  de  Saint- 
Quentin.  Histoire  littéraire  de  la  France,  t.  XIX,  p.  424. 


35X 

k  «.'/«T^  un  \oluinc  do  modeste  apparence,  mais  dont  le  contenu  est 
'..<j.'.;rf3''rit  pr^îcieux,  un  recueil  de  poésies  provençales,  copiées  au 
i:\*  ^l^'t'^^i  et  dont  M.  Paul  Moyer  a  fait  une  étude  approfondie ^  Les 
^giUnU  de  M.  Didot,  craignant  de  voir  passer  à  l'étranger  un  recueil 
ti  irrif»/irtant  pour  la  France,  n'ont  pas  voulu  qu'il  fùt  exposé  aux  hasards 
'îi;*  i'fi(:Ui»rn,fi  ;  ils  on  ont  généreusement  fait  cadeaa  à  la  Bibliothèque 
.'lationale  [K)ur  honorer  la  mémoire  de  leur  illustre  père.  • 

KXÏ»O8IT10N  I)K  LA  BIBLIOTHÈQUE  NATIONALE. 

Nom  lecteurn  savent  qu'à  la  Bibliothèque  nationale,  plusieurs  galeries, 
oii^arU'.A  an  public  le  mardi  et  le  vendredi  de  chaque  semaine,  sont 
rj,u*iu:r^u:in  k  i'exfxjsition  d'un  choix  de  livres,  manuscrits  ou  imprimés, 
dfï  rt'liurfM,  de  chartcK  et  d'estampes,  qui  permettent  de  suivre  l'histoire 
tU'  IW:riture,  de  la  ty{>ograpliie,  et  des  arts  accessoires  depuis  l'anti- 
/|ijjU;  jtihqij'aux  temps  modernes.  Une  nouvelle  édition  de  la  Notice  des 
h\t^i'X*.  <7XpOHi'K  vient  de  paraitre  à  la  fîbrairie  Champion^.  La  portion 
f«latJv«î  aux  livres  imprimés,  rédigée  par  M.  0.  Thierry-Poux,  a  reçu 
iluMM'A  noLabioH  additions,  sur  lesquelles  nous  devons  appeler  Patten- 
tioo  tU-n  lf*rieurH  de  la  liibliothcqxte  de  VÉcole  des  chartes.  C'est  ainsi  que 
l'ufM'  iU*M  Merles  les  ))]us  importantes,  celle  des  impressions  faites  au 
XV"  bi/*cle  dans  diiTércntes  villes  de  France,  s'est  accrue  de  plusieurs 
voluiij<)H  tout  k  fuit  remarquables. 

L'iijiprinieriu  a  été  introduite  avant  le  commencement  du  xvi<>  siècle 
dani»  iJfio  quarantaine  de  villes  françaises.  La  Bibliothèque  nationale 
i*Mi  arrivée  â  posséder  à  peu  près  sans  lacunes  la  collection  des  premiers 
livnih  qui  ont  été  imprimés  dans  chacune  de  ces  villes.  Ils  sont  réunis 
daiis  riirjjioire  XXI  de  la  Galerie  mazarine.  En  1878,  quand  TËxposition 
lut  orgM Misée,  il  manquait  une  dizaine  de  volumes  pour  avoir  au  com- 
prit une  série  qui  jette  tant  de  lumière  sur  les  origines,  encore  obs- 
<;ure»,  de  la  typographie  française.  Dans  ces  dernières  années,  un 
heiireux  concours  de  circonstances  a  permis  à  l'administration  de  la 
Hililiothèque  nationale  de  se  procurer  sept  de  ces  volumes.  En  voici  la 
lisU^  : 

i.  IMIiarii  compendium.  Lyon,  Guillaume  Le  Roi  pour  Barthélemi 
Buyer.  1473.  —  Premier  livre  à  date  certaine  imprimé  à  Lyon. 

La  Bibliothèque  nationale  avait  longtemps  espéré  pouvoir  se  procurer 
[mr  voie  d'échange  un  exemplaire  de  ce  livre  qui  est  conservé  à  la 

|.  Haut  al  et  Béton  ^  chanson  de  geste  provençale,  publiée  pour  la  première 
ftiik  d'uprtê  te  m»,  unique  appartenant  à  M.  À.  Didot j  par  Paul  Meyer. 
l'tirii»,  \HHi).  Jn-H*  (Collection  de  la  Société  des  anciens  textes  français.) 

V.  UUUwthêque  nationale.  Imprimés,  manuscrits,  estampes.  Notice  des 
ufutih  luiitiêéê.  Paris,  Champion.  In-12  de  146,  85  et  30  pages. 


359 

bibliothèque  de  Niort.  Elle  aurait  voulu  faire  profiter  un  établissement 
français  du  sacrifice  qu'elle  était  décidée  à  s'imposer  pour  obtenir  le 
précieux  incunable  lyonnais.  C'est  sur  un  refus  réitéré  de  la  ville  de 
Niort  qu'elle  est  entrée  en  pourparlers  avec  la  Bibliothèque  royale  de  La 
Haye.  Elle  n'a  pas  eu  d'ailleurs  à  le  regretter  :  l'exemplaire  de  La  Haye, 
qui  appartient  maintenant  à  la  Bibliothèque  nationale,  est  bien  supé- 
rieur à  celui  de  Niort. 

II.  Andrew  Barbatiw  Repeiitio  solemnis  ruhricxde  fide  instrumentorum. 
Toulouse.  1476.  —  Premier  livre  à  date  certaine  imprimé  à  Toulouse. 

C'était  l'exemplaire  du  docteur  Desbarreaux-Bernard,  qui  avait  voulu 
en  assurer  la  possession  à  la  Bibliothèque  nationale.  La  veuve  de  ce 
regretté  bibliophile  et  bibliographe  s'est  empressée  de  remplir  les  inten- 
tions de  son  mari. 

ni.  Missel  de  Chartres^  imprimé  à  Chartres,  par  Jean  du  Pré,  aux 
frais  du  chanoine  Pierre  Plume,  en  1482.  —  Premier  livre  à  date  cer- 
taine imprimé  à  Chartres. 

Au  moment  de  la  Révolution,  il  y  avait  deux  exemplaires  de  ce 
livre  au  chapitre  de  Chartres  :  l'un  d'eux  fut  attribué  et  est  resté  à  la 
bibliothèque  de  la  ville  de  Chartres  ;  le  second,  destiné  à  la  Bibliothèque 
nationale,  fut,  par  suite  d'un  malentendu,  déposé  à  la  Bibliothèque 
mazarine.  Un  échange  a  été  conclu  pour  le  rendre  à  sa  destination 
première. 

IV.  Missel  de  Besançon,  imprimé  à  Salins  en  1485.  —  Premier  livre  à 
date  certaine  imprimé  à  Salins. 

C'était  un  double  de  la  bibliothèque  de  Besançon,  qui  a  bien  voulu 
le  céder  en  échange  d'un  Missel  de  Besançon  imprimé  sur  vélin,  à 
Paris,  chez  Jean  du  Pré,  en  1497. 

V.  Guidonis  Papas  Decisiones.  Grenoble,  Etienne  Foret.  1490.  — 
Premier  livre  à  date  certaine  imprimé  à  Grenoble. 

Ce  livre  a  été  découvert  l'hiver  dernier  par  M.  Prud'homme,  archi- 
viste du  département  de  l'Isère,  dans  les  archives  hospitalières  de 
Grenoble,  dont  le  classement  lui  a  été  confié.  L'administration  hospi- 
talière de  Grenoble  l'a  vendu  pour  un  prix  fort  élevé,  eu  égard  à  la 
détérioration  d'un  certain  nombre  de  feuillets. 

VI.  Bréviaire  de  Limoges,  imprimé  à  Limoges,  par  Jean  Berton,  en 
1495.  —  Premier  livre  à  date  certaine  imprimé  à  Limoges. 

On  ne  connaît  qu'un  exemplaire  de  ce  livre  précieux.  Il  a  été  long- 
temps conservé  à  la  bibliothèque  royale  de  Copenhague,  qui  a  consenti 
à  s'en  dépouiller,  en  échange  d'un  beau  Missel  romain,  imprimé  sur 
vélin,  qui  était  en  double  à  la  Bibliothèque  nationale. 

VIL  Guidonis  Papa  commentaria  super  statuto  Delphinatus.  Valence, 
Hélie  OU  veau.  1496.  —  Premier  livre  à  date  certaine  imprimé  à 
Valence. 


3K0 

O  livre  a  écp  c*^p  à  la  Bibliothèque  par  M.  CUndin.  libnire,  qui 
connaît  «i  bien  les  antiqnités  typoirrap biques  et  dont  le  conooura  intel* 
liïTPnt  procure  journellement  d' utiles  accroissements  an  départonent  des 
imprim«>9  et  à  celui  des  manuscrits. 

O  n>st  pas  :w^ulf»ment  pour  la  série  des  premières  impressions  firan- 
çai.«es  que  la  nouvelle  édition  de  la  Notice  des  objets  exposés  dans  les 
galeries  de  la  Bibliothèque  nationale  permf't  de  constater  de  noaTeUes 
et  imp«jrtantes  ai!qui!>itions.  Il  y  en  a  un  certain  nombre  dans  les  antres 
^ne«.  notamment  <lans  celle  des  impressions  xylographiqoes,  dans 
celle  des  livres  à  âirures  et  même  dans  celle  des  reliures. 

Citons  seulement  deux  exemples  qui  se  rattachent  aux  origines  de 
1  imprimerie. 

Souit  le  n*  42  bis  de  l'Exposition  <e  voit  un  feuillet  de  parchemin, 
imprimé  à  deux  colonnes  avec  le  caractère  qui  a  servi  à  Timpression  de 
la  Bible  mazarine.  Le  nombre  des  lignes,  la  longueur  de  la  page  et  la 
justification  sont  exactement  les  mêmes  quA  <lans  La  Bible  mazarine.  Ce 
feuillet  contient  le  commencement  des  cantiques  qui  d'ordinaire  sont  à 
la  fin  des  psautiers  destinés  à  un  usage  liturgique  ;  on  ne  connaît  pas  le 
livre  dont  il  a  £ait  partie.  Le  mérite  d'avoir  découvert  un  aussi  curieux 
fragment  et  d'en  avoir  entrevu  l'intérêt  revient  à  M.  Roux,  avocat, 
qui  Ta  gracieusement  cédé  à  la  Bibliothèque,  en  échange  d^un  volume 
de  la  Bible  imprimée  à  Mayence  en  147*2  par  Pierre  SchoifTer. 

Les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  les  origines  de  l'imprimerie  ont  parlé 
plus  ou  moins  longuement  d'un  livret  d'école  (Les  Distiques  de  Gaton) 
imprimé  avec  les  mêmes  caractères  que  le  Spéculum  humans  salreUiO" 
nis,  et  dont  un  double  feuillet  figure  parmi  les  raretés  de  la  bibliothèque 
de  lord  Spencer.  Depuis  quelques  semaines,  on  peut  voir  dans  la 
vitrine  XXIX  de  la  Galerie  mazarine  un  exemplaire  complet,  imprimé 
sur  vélin,  d'un  Gaton  tout  à  fait  analogue  à  celui  de  lord  Spencer,  c'est- 
à-dire  imprimé  avec  les  caractères  du  Spéculum^.  L'honneur  de  décrire 
cette  pièce  précieuse  doit  être  réservé  à  M.  Omont,  qui  l'a  découverte 
dans  un  recueil  du  département  des  manuscrits. 

1.  L'impressioQ  de  la  nouvelle  éditioa  da  livret  était  terminée  quand  le  Gaton 
est  venu  prendre  place  dans  la  vitrine  XXIX. 


NAJAC  EN  ROUERGUE 


NOTES  HISTORIQUES  ET  ARCHÉOLOGIQUES 


PIECES  JUSTIFICATIVES 

I. 

Enquête  sur  la  révolte  de  Najac  * . 

Juin-juillet  1251. 

W.  Cap  de  Coia...  de  extractione  scriptorum  de  domo  domini 
comitis  et  asportatione,  idem  quod  proximus,  et  hoc  plus  quod  in 
publico  parlamento  vidit  et  audivit  quod  quedam  ex  scriptis  illis, 
videlicet  super  inquisitione  injuriarum,  legi  fecerunt.  Item  dixit  quod 
bajulum  non  tenebant  pro  bajulo,  nec  volebant  quod  de  cetero  esset 
in  domo  domini  comitis  tanquam  bajulus,  quam  dicebant  esse  suam. 
Item  dixit  quod  post  obitum  domini  comitis  convenerunt  domini  et 
milites  et  homines  castri  ad  parlamentum  preconizatum,  et  ibi  fece- 
runt inter  se  conjurationem  et  sacramentum  sine  bajulo  domini 
comitis,  setipse  testis  non  fecit  sacramentum...  Item  de  adventu 
senescalli,  quando  venit  de  Cordoa  de  nocte  cum  plueret,  dixit  quod 
consules  volebant  sibi  aperire  portam  et  domini  non  permittebant,  et 
quod  fuit  extra  portam  per  longam  moram,  et  demum  exiverunt  ad 
eum  W.  B.  et  Guiscardus,  et  rogaverunt  eum  quod  remaneret  extra 
usque  in  mane,  quia  convenerant  inter  se  ut  non  permitterent  ali- 
quem  de  nocte  intrare,  et  ipse  noluit  adquiescere  precibus  eorum  et 
postmodum  intravit... 

1.  Arch.  nat.,  Tr.  des  chartes,  J.  320,  n"  74;  nous  publions  des  extraits  très 
étendus  de  cette  enquête,  qui  remplit  un  cahier  in-4"  de  10  feuillets  de  par- 
chemin ;  c'est  la  mise  au  net  de  l'enquête,  la  rédaction  définitive  des  déposi- 
tions. Nous  ne  donnons  aucun  passage  de  la  première  déposition,  celle  de 
Géraud  Raimondin,  châtelain  de  Najac  pour  Raimond  VJI,  qui  a  été  publiée 
in  extenso  par  M.  de  Laborde,  Layettes  du  Trésor,  III,  133-5. 

24 


362 

R.  Ugo...  de  invasione  lurris  idem  quod  proximus,  et  hoc  plus 
quod  dicti  domini,  presentibus  pluribus  aliis  dominis  et  militibus  et 
consulibus  et  aliis  pluribus  hominibus  de  Castro,  comminabantur  ei 
maliciose,  dirigendo  digitos  in  faciem  ejus,  et  dicebant  quod  nisi  eam 
redderet  incontinenti,  ipsi  caperent  eam,  et  dicebant  quod  turris  non 
erat  domini  comitis,  immo  eorum,  et  dominus  cornes  habebat  eam  de 
comanda  eorum.  Dicobat  etiam  quicumque  de  dominis  loqueretur, 
quod  pro  omnibus  ioquebatur,  et  quando  ipse  testis  volebat  habere 
consUium  cum  consulibus  vel  aliis,  omnes  erant  sibi  contrarii...  Et 
alia  vice  dixit  [W.  de  la  Valeta],  quod  malam  fortunam  daret  Deus 
homini  qui  plangeret  mortem  comitis  exheredatoris...  Item  dixit 
quod  domini  instituerunt  bailivum  in  Castro,  desaiziendo  dominuna 
comitem  et  bailivum  suum  jurisdicione  castri. 

B.  R...  dixit  quod  quando  senescallus  venit  de  Gordoa  ad  portam 
castri  et  fuit  sibi  ingressus  prohibitus,  non  erat  ibi  ad  portam,  quia 
de  mandato  Ugonis  Pararii  ipse  et  quidam  alii  armaverunt  se  et  ive- 
runt  ad  capellam... 

W.  de  Sancto  Dionisio...  de  nomine  domini  comitis  ejecto  de  pre- 
conizatione,  idem  quod  proximus,  et  fuit  preconizacio  sine  nomine 
domini  comitis,  postquam  ipse  fuit  bajulus,  bene  per  mensemetipse 
fecit  reduci  nomen  domini  comitis  in  preconizacione...  Item  dixit  quod 
domini  et  milites  et  homines  castri  communiter  inlerdixerunt  per 
terram  concorditer,  ne  comune  seu  pazagium  levaretur  ex  parte 
domini  comitis,  sicut  erat  consuetum...  Item  reversus  incontinenti 
dixit  quod,  cum  domini  et  milites  et  plures  alii  essent  in  aula  domini 
comitis  et  senescallus  reprehenderet  eos,  quia  prohibuerant  sibi 
portam,  dixit  R.  de  Najaco  quod  plures  curialltates  erant  &cteamore 
ipsius  senescalli,  que  de  cetero  non  fièrent  nec  pro  domino  nec  pro 
domina. 

Gaillardus  Montarsinus...  de  nuncîatione  quam  ipse  fecit  ex  parte 
senescalli  cum  litteris  de  credencia  et  de  responso  sibi  facto,  idem 
quod  primus,  et  hoc  plus  quod  sigillatim  monuit  eos  super  excessibus 
et  invasionibus  factis.  Item  de  verbis  Donati  idem  quod  primus,  hoc 
excepto  quod  non  audivit  quod  aliquis  contradiceret  verbis  illis  prê- 
ter Ugonem  Pararium,  qui  jam  surrexerat  ad  loquendum.  Requisitus 
de  tempore,  dixit  quod  ftiitpost  obitum  domini  comitis,  quando  cor- 
pus suum  portabatur  per  terram...  Requisitus  dixit  se  nichil  aliud 
scire  nisi  per  auditum. 

Geraldus  Garreria...  de  invasione  turris  et  clavis...  idem  quod  pri- 
mus, et  hoc  plus  quia  ipse  ascendit  superius  versus  turrim  ut  defen- 


363 

deret  eam  pro  domino  comité,  et  habuit  super  hoc  verba  contenciosa 
cum  aliquibus  de  dominis.  Item  dixit  quod  post  obitum  domini  comi- 
tis  fecerunt  inter  se  conjurationem  domini  et  milites  et  homines 
castri  commun! ter,  et  ipse  testis  et  alii  homines  castri  fuerunt  in 
illo  sacramento,  quia  domini  dabant  eis  intelligere  quod  dominus 
comes  donaverat  castrum  Barasco,  fîlio  domini  D.  Barascii,  et  quod 
dominus  comes  donaverat  totam  terram  infanti  Alfonso  Castelle,  et 
eciam  hoc  asserebant  per  sacramentum  quod  fecerant,  dicentes  quod 
nunquam  erat  verisimile  quod  dominus  comes  dimitteret  terram 
suam  Francigenis  quos  tantum  habebat  e^josos.  Item  dicebant  quod 
redirent  ad  dominium  régis  Francie,  ita  quod  mitterent  ei  xx  marchas 
tantum,  non  quod  aliquis  reciperetur  in  castro  nomine  ipsius  nec 
intraret  castrum,  si  mitteret  pro  illis  xx  marchis.  Item  dixit  quod 
Donatus  surrexit  in  illa  conjuratione  et  dixit  post  sacramentum  et 
hoc  plus,  quod  si  aliquis  aliud  dominium  quereret  prêter  dominium 
Régis,  videlicet  de  xx  marchis,  quod  amitteret  caput  juxta  spatulas, 
et  Ugo  Pararius  contradixit  ei  pro  toto  Castro,  et  ipse  et  alii  homines 
domini  comitis  similiter  contra  dictum  Donatum.  Item  dixit  quQfi 
domini  fréquenter  iverunt  apud  Guipiam  ad  coUoquium  secretum 
cum  W.  P.  de  Berenis  et  cum  R.  de  Caussada,  Ugone  de  Roca,  B.  de 
Penna  et  dominis  Rabastencis  et  specialiter  cum  Jordano  de  Rabas- 
tencis  ;  nescit  tamen  quid  agerent,  set  crédit  quod  malum  procurarent, 
et  propter  hoc  W.  de  Valeta  jactavit  publiée  coram  pluribus,  sicut 
ab  eis  audivit,  ipse  tamen  non  audivit  verba  jactationis.  Item  dixit 
quod  domini  prohibuerunt  ne  bajulus  domini  comitis  reciperet  fide- 
jussiones.  Item  dixit  quod  audivit  in  platea  publiée,  quando  fecerunt 
legi  scripta  curie,  que  fuerunt  extracta  de  domo  domini  comitis.  Item 
dixit  quod  domini  fecerunt  audiri  querimonias  debitorum  per  baili- 
vum  suum,  quod  non  faciebant  in  vita  domini  comitis,  et  adhuc 
faciunt  idem...  Item  dixit  quod  Olricus  de  Scura  et  Flotardus  de  Bar 
et  Bertrandus  de  Escura  interdixerunt  redditus  domini  comitis,  qui 
erant  extra  castrum.  Item  dixit  quod  domini  et  consules  prohibue- 
runt ne  levaretur  pazagium  ;  dixit  tamen  quod  consules  plus  proces- 
serunt  quam  esset  eis  dictum,  quia  consulibus  fuerat  dictum  quod 
levatores  computarent  et  acciperent  pignora  et  darent  ea  ad  manu- 
levandum...  Item  dixit  quod  post  obitum  domini  comitis,  dum  esset 
ille  maximus  luctus  et  orribilis  dolor  per  terram  communiter,  W.  de 
la  Valeta  deferebat  garlandam  in  capite  et  capucium  rubeum  et  cami- 
sias  sutas  cum  auro  et  seta,  et  crédit  quod  ipse  procurabat  totum 
malum  quod  fecerunt  domini,  et  ibat  super  hiis  inspicere  auguria, 


364 

et  modo,  quando  iverunt  apud  Gorduam  ad  dominum  comitem,  ins- 
pexît  auguria*.  Item  de  verbis  que  dîxit  W.  B.  contra  dominum 
comitem,  idem  quod  primus,  hoc  excepto  quod  non  audivit  verba 
illa  de  latratu,  et  hoc  dixit  plus  quod  ipsi  (sic)  habebat  magnas  alas, 
et  quod  quidam  de  consilio  domini  Sycardi  mandaverat  ei  quod 
dominus  Sycardus  erat  venturus  ad  castrum  ad  extrahendum  obsides, 
et  verba  illa  dixit  in  publico  parlamento,  et  quia  P.  Ademarus 
reprehendebat  verba  illa,  dicens  quod  ipse  aperiret  domino  Sycardo, 
si  veniret,  et  si  aliter  non  posset  facere,  saltaret  de  muro  extra,  W. 
B.  fuit  ei  comminatus  auferre  caput... 

Ugo  Pararius...  dixit  quod  cum  domini  dicerent  quod  aliqui  erant 
in  Castro  qui  lauzengabant  eos  cum  domino  Sycardo,  P.  Gullabertus 
dixit  :  Ego  scio  bonum  consilium  ;  vos  estis  domini  castriy  fadatis 
suspendi  très  vel  IIIP^  de  grossioribusy  et  postea  nullus  lauzengabit 
vos.., 

P.  Ademarus.. .  dixit  quod  eo  tempore,  quo  dominus  comes  fuit 
mortuus,  dictus  W.  de  Valeta  deferebat  camisiam  sutam  cum  auro 
et  seta  et  capucium  rubeum  et  garlandam  in  capite,  et  nunquam 
magis  alacriter  iverat  ante  quam  faceret  tune...  Cum  ipse  testis dice- 
ret  quod  ipse  erat  homo  domini  comitis  et  juvaret  dominum  Sycardum 
ad  intrandum,  Gorona  et  quidam  alii  clamaverunt  contra  Ipsum  :  Et 
nos  eiceremus  vos  de  castro. 

W.  de  la  Valeta...  dixit  quod  bajulus  ab  inicio  dicebat  quod  nun- 
quam redderet  clavem,  set  postea  W.  Barascus  dédit  ei  pro  consilio, 
quod  redderet  eam  consulibus  nomine  domini  comitis,  si  viveret, 
quod  ipse  credebat,  et  si  dominus  comes  non  viveret,  teneret  illam 
pro  illo  domino  qui  deberet  esse  et  pro  aliis  dominis  cas  tri,  qui 
habebant  ibi  partes  suas,  et  bajulus  reddidit  clavem  Ugoni  Parario, 
qui  erat  consul,  dicens  quod  pro  domino  comité  reddebat  ei  clavem, 
et  R.  B.  dixit  :  Et  pro  nobis  aliis  dominis^  qui  habemus  ibi  partes 
nostras.  Et  Ugo  Pararius  dixit  quod  ipse  recipiebat  clavem  pro 
domino  comité  et  pro  omnibus  qui  habebant  ibi  jus.  Item  requisitus 
si  ipse  fuit  comminatus  bajulo  vel  illi,  qui  erat  in  turri  pro  domino 
comité,  dixit  quod  non.  Requisitus  si  domini  vel  aliquis  alius  fuerint 
comminati  bajulo,  dixit  quod  non  recordatur,  set  bene  audivit  quod 


] .  Faut-il  donner  à  cette  expression  le  sens  habituel  d'observer  le  vol  des 
oiseaux,  ou  entendre  par  là  un  mode  quelconque  de  divination,  par  exemple 
les  sorts  des  apôtres,  dont  MM.  Rocquain  et  Ghabaneau  viennent  de  pubUer 
un  texte  en  provençal  trouvé  à  Cordes,  c'est-à-dire  près  de  Najac  ? 


365 

domini  dixerunt  bajulo,  qui  nolebat  reddere  clavem,  quod  modis 
omnibus  redderet  eam,  quia  volebant  eam  recuperare  pro  partibus 
suis.  Item  dixit  quod  post  obitum  domini  comitis  fecerunt  conjura- 
tionem  comuniter  domini  et  milites  et  homines  castri,  facientes 
sacramentum  quod  tenerent  se  insimul  et  custodirent  castrum  et  non 
permitterent  aliquem  intrare,  qui  posset  eis  facere  vim,  et  dixit  quod 
ista  intendebant  facere  maxime  propter  dominum  D.  Barasc,  quia 
dicebatur  quod  dominus  comes  donaverat  castrum  Barasco  fîlio  ejus. 
Item  dixit  quod  Ugo  Pararius  dixit  quando  fuit  factum  juramentum, 
quod  quicumque  vellet  procurare  aliud  dominium,  nisi  dominos  quos 
habebant,  esset  falsus  proditor  et  perjurus,  et  Donatus  tune  dixit 
quod  amitteret  caput.  Item  dixit  quod  quando  forma  juramenti  reci- 
tabatur  R°  de  Gaussada  per  Ugonem  Pararium,  ipsemet  Ugo  dixit  : 
Et  hoc  plus  quod  quicumque  quereret  aliud  dominium^  nisi  dominos 
quos  habemus^  esset  falsus  proditor  et  perjurus  ;  et  ipse  testis  tune 
dixit  :  Immoplus  fuit  ibi  dictum  quod  amitteret  caput ^  et  ipse  Ugo 
Pararius  respondit  quod  nunquam  ipse  posuerat  caput  suum  in 
incursu.  Item  dixit  quod,  audito  quod  dominus  comes  mandabat  res- 
titui  ea  que  sine  judicio  acceperat,  domini  et  ipse  testis  et  consules 
et  plures  alii  convenerunt  in  domo  consulum  hujus  castri,  et  domini 
quesiverunt  consilium  a  consulibus  quid  facerent  de  Mis  que  domi- 
nus comes  tenebat  de  juribus  eorum.  Et  Ugo  Pararius  respondit  quod 
ipse  dabat  pro  consilio  quod  Bertrandus  de  la  Escura  et  W.  de  la 
Valeta  acciperent  terras,  et  R.  B.  domos,  et  R.  de  Gaussada  ter- 
ram  uxoris  sue,  et  terram  d'en  Najac  illi  quorum  debebat  esse.  Et 
W.  B.  dixit  :  Et  mihi  quod  consilium  datis,  si  accipiam  Guipiam  et 
Bastidam  de  Cadoilha,  que  debent  esse  mee  et  consanguineorum 
meorum  ?  Et  Ugo  Pararius  respondit  quod  non  daret  eis  consilium 
super  hoc,  nisi  videret  prius  car  tas  eorum.  Et  tune  ipse  testis  et 
R.  B.  iverunt  ad  domum  quam  bajulus  tenebat  pro  domino  comité, 
et  interdixerunt  ei  ne  inde  extraheret  res  que  erant  in  domo,  set 
bene  concesserunt  quod  inde  posset  facere  sibi  necessaria  sua.  Item 
requisitus  si  interdixerat  vineam  domini  comitis  ad  vindemiandum, 
dixit  quod  cuidam  mulieri  sue,  nomine  Avaissa,  que  debebat  ire  ad 
vineam  vindemiare  de  mandato  bajuli,  dixit  quod  voluntate  sua  non 
iret  ad  vineam  que  erat  sua.  Item  dixit  R.  Ugo  :  Ego  non  vado  ad 
terram  vestram  aliquid  vobis  auferre,  quare  non  redditis  mihi  ea 
que  dominus  comes  mihi  restituit  clam  ?  Teneo  vobis  de  Deo  et  anima 
domini  mei,  quod  non  vindemietis  dictam  vineam.  Et  aliter  non 
acunhtavit  eam.  Item  dixit  quod  ipse  et  R.  B.  fuerunt  requisiti  a 


\ 


386 

tM)iiMulihus,  ut  non  acunhtarent  de  cetero  dictam  fineam,  ei  ipse 
iiiU*rdictum  non  relaxavit  nec  postea  acunhtavit  Tineam,  nec  ftiit 
ItM'utui)  ciitn  bajulo.  Ilem  requisitus  si  ipse  vel  alius  fuerint  commi- 
nali  pro  faclo  domini  comilis  alicui  de  suis,  respondit  quod  ipse 
fccit  majores  comminationes  que  facte  fuissent  et  dixit  in  carreria 
cuidain  pro  vinea,  qui  vocatur  Cap  de  Coia  :  Domine  Cap  de  Cota, 
quare  non  redditis  mihi  terrant  quant  dominus  meus  mihi  restitint? 
IJiinam  essetis  inde  similis  cucurbiie  vacue,,, 

Sy&'irdus  Raimondinus. . .  dixit  quod  dum  preco  preconizaret,  ejecto 
iiorriine  domini  comitis  de  preconizatione,  et  Geraldus  Raimondini 
ri'prc.htmderet  super  hoc  preconem,  Ysarnus  de  Najaco  dixit  quod 
imiKjuam  poneretur  ibi  nomen  domini  comitis,  et  si  preco  hoc  faceret, 
ipse  daret  ei  de  degito  (sic)  in  occulum...  Item  dixit  quod  W.  de 
Valeta,  statim  quando  dominus  comes  fuit  mortuus,  fecit  fiori  cami- 
Hiam  sutam  cum  auro  et  seta  ...  et  ibat  cantando,  et  dixit  quod 
l)eu.s  daret  malam  fortunam  comiti  exheredatori  et  homini  qui  plan- 
geret  mortem  domini  comitis  exheredatoris  et  qui  magis  plangeret 
eurn  quam  ipse  faciebat,  et  quod  nunquam  Deus  permitteret  ipsum 
iLcrum  vivere,  et  ista  verba  dixit  pluries.  Item  dixit  quod  onmia 
mala  que  fecerunt  domini,  fecerunt  de  consilio  suo...  Item  dixit 
quod  bajulus  dominorum  post  obitum  domini  comitis  cepit  recipere 
(fuerimonias  debitorum  contra  edictum  senescalii,  et  dixit  quod  non 
dimitteret  pro  eo,  quod  non  fecerat  nec  erat  consuetum  in  vita  domini 
comitis...  Item  dixit  quod  post  obitum  domini  comitis  fecerunt  con- 
jurationem  omnes  communiter,  et  illud  intendebant  fèicere,  quia  daba- 
tur  eis  ad  intelligendum  quod  dominus  comes  donaverat  castrum 
iiarasco,  filio  domini  D.  Barasc,  et  ipse  testis  et  quidam  alii  usque 
ad  X  retinebant  in  juramento  :  salvo  dominio  domini  comitis.  Item 
dixit  quod  quidam  homines  de  Castro,  qui  erant  domini  comitis^ 
abnegaverunt  dominium  domini  comitis  post  obitum  ejus.  Item  dixit 
quod  dum  forma  sacramenti  recitaretur  coram  pluribus  R**  de  Caus- 
sada  per  Ugonem  Pararium,  W.  de  Valeta  dixit  :  Ohlitus  estis^  imfno 
quicumque  procuraret  vel  consenciat  quod  de  cetero  sit  in  castro 
bajulus  pro  comité  vel  pro  rege,  amittat  caput^  et  dixit  circumstan- 
tibus  :  Est  ita  ?  et  clamaverunt  plures  quod  sic  ;  et  tune  Ugo  Para- 
rius,  remoto  capucio,  dixit  :  Mentimini^  quia  ego  nunquam  posui 
caput  meum  in  incursum.,.  Item  dixit  quod  B.  de  la  Boria  dixit 
B.  Golferio,  qui  dicebat  se  esse  hominem  domini  comitis,  quia  bonum 
esset  quod  eiceretur  de  castro  verberando  cum  taparellis... 

Eodem  anno,  iiii*^  kalendas  julii,  apud  Gorduam. 


367 

Donatus  de  Najaco. . .  dixit  quod  Ugo  Pararius,  dum  scripta  discer- 
nerentur,  quasdam  cartas  fectas  super  querimoniis  injuriarum 
plicavit  in  manu  et  retinebat  eas,  et  ipsemet  testis  accepit  quedam  de 
illis  scriptis  tangencia  factum  suum  et  tenebat  in  manu  subtus  gar- 
maisiam  vel  extra,  non  bene  recordatur.  Postmodum  autem  Ugo 
Pararius,  requisitus  ut  restitueret  scripta  illa,  restituit,  et  ipse  testis 
similiter  illa  scripta  que  habebat  asportavit  ea  W.  B....  Item  dixit 
quod  R.  B.  et  W.  de  Valeta  acunhtaverunt  sive  interdixerunt  vineam 
domini  comitis,  ne  vindemiaretur,  et  stetit  sic  interdicta  usque 
ad  circa  festum  omnium  Sanctorum.  Item  dixit  quod  circa  festum 
sancti  Micahelis  incipiunt  vindemiare.  Item  dixit  quod  omnes  com- 
muniter  domini...  post  obitum  domini  comitis  fecerunt  conjuratio- 
nem,  et  Ugo  Pararius  primus  fecit  sacramentum,  et  in  sacramento 
continebatur  quod  diligerent  se  invicem  et  quod  non  intromitterent 
novum  dominium  in  castro  sine  consensu  omnium,  et  quod  non 
permitterent  aliquem  intrare  qui  posset  eis  facere  vim.  Et  ipse  tes- 
tis tune  dixit  :  Et  hoc  amplius  ponatur  quod  si  aliquis  vellet  intro- 
ducere  novum  dominium  sine  consilio  omnium  vel  sine  consilio 
domine  Régine,  que  tenebat  locum  filiorum  suorum,  amitteret  caput, 
Requisitus  dixit  quod  nullus  contradixit  ei...  Item  dixit  se  dixisse 
dicto  Gaillarde  :  Quid  vultis,  non  erit  hic  hajulus  pro  Alfonso  nec 
pro  domino  Sycardo  nec  pro  comité  Convenarum,  et  videbitur  (sic) 
sibi  quod  adjecerit  sine  consilio  domine  Régine.,, 

B.  Gaudo...  dixit  quod  Donatus  tune  dixit  coram  omnibus  Gail- 
lardo  :  Qtie  vos  débat ez^  nunquam  erit  hic  de  cetero  hajulus  ex  parte 
Alfonsi  vel  Sycardi  Alamanni,  Item  dixit  Gaillardum  dixisse  Ugoni 
Parario,  si  Donatus  dicebat  bec  de  consilio  eorum,  respondit  Ugo 
Pararius  quod  non,  sed  per  se... 

Geraldus  de  la  Boria...  dixit  quod  dum  ipse  requireret  Geraldum 
Raimundinum  ut  sibi  faceret  solvi  debitum  a  magistro  Willelmo  ca- 
pellano,  de  quo  sibi  conquestus  fuerat,  dixit  quod  non  poterat,  quia 
domini  prohibuerant  ei  ne  de  cetero  querimonias  reciperet  nec  se 
intromitteret... 

IIP  kalendas  julii,  apud  Corduam. 

Ugo  Bofatus...  dixit  quod  ipse  non  interfuit,  quando  scripta  fuerunt 
extracta  et  asportata  de  domo  domini  comitis,  set  bene  audivit  quando 
tractabatur  quod  scripta  baberent  domini  modis  omnibus,  et  tune 
bajulus  requisivit  ab  Ugone  Parario  quid  consulebat  ex  scriptis  illis. 
Et  Ugo  dixit  bajulo  quod  melius  quod  eis  redderet  ea,  quam  si  arcam 
frangèrent  et  ea  per  vim  baberent.  Et  dixit  quod  domini  mala  sponte 


870 

addens  quod  W.  B.  dixit  quod  Sy.  Alamanni  volebat  trahere  ostatioos, 
et  dixit  quod  Sy.  Alamanni  erat  talis  cui  non  debebat  credl  oee 
debebat  abscultari,  et  cum  videret  ipsum,  dioeret  in  &cie,  quod  si 
non  faceret,  reddebat  se  pro  falsiori  aiiquo  de  toto  parlan^nto... 
Item  dixit  quod  R.  de  Podio  prohibuit  R.  Johanelli,  bagulo  domino* 
rum,  post  mortem  domini  comitis,  ex  parte  dominicomitia  qui  nune 
est,  ut  non  reciperet  querimonias  vel  fidejussiones  aut  justicias,  et 
nichilominus  bagulus,  spreto  mandato,  recipiebat... 

Stephanus  de  Veterifonte,  preco  do  Najaco...  dixit  quod  Ysarnus 
de  Najaco  et  R.  B.  de  Najaco  post  obitum  domini  comitis  acunbta- 
verunt  et  interdixerunt  sibi  ne  nomen  domini  comitis  poneretin  pre- 
conizationibus,  quod  dixit  esse  obtentum  in  vita  domini  comitis,  et 
quod  post  prohibitionem  preconizavit,  pretermisso  nomine  domini 
comitis,  non  recordatur  tamen  quociens.  Item  dixit  quod  alia  vice, 
dum  vellet  preconizare  ne  deferrentur  arma,  R.  de  Najaco  dixit  sibi 
ne  preconizaret  ex  parte  domini  comitis,  quod  si  faceret,  daret  sibi 
cum  culteilo  per  ventrem  ita  quod  squinas  exiret  vel  amputaret  sibi 
pedem,  et  dixit  quod  non  dimitteret  arma  portare  pro  aiiquo  homine, 
et  tune  idem  testis  recessit  et  non  fuit  ausus  preconizare... 

Ëodem  anno,  kalendis  julii,  apud  Gorduam. 

P.  Guilaberti...  dixit  quod  cum  W.  B.  vel  Donatus  dioerentin 
parlamento  publico  quod  quidam  lauzengueiabant  eos  et  castrum, 
ipse  dixit  et  respondit  :  Abscultate^  domini  et  consules^  castigetis 
lauzengatoreSy  bene  enim  potestis  eos  castigare^  quia  bene  placet 
comunitatij  et  illud  bene  vult  comunitas,,, 

Eodem  anno,  un  nonas  julii,  apud  Auriliacum. 

Ysarnus  de  Najaco...  dixit  quod  propter  quasdam  injurias  et  verba 
maliciosa  quas  et  que  Geraldus  Raimondini  dicebat  sibi,  comminatus 
fuit  ipsi  quod  verberaret  eum,  et  non  pro  facto  domini  comitis.  Item 
dixit  quod  W.  P.  de  Berencs  et  Pilifortis  de  Rabastenc  miserunt  ipsi 
et  aliis  dominis  de  Najaco,  ut  venirent  ad  ipsos  apud  Guipiam  locu- 
turi ,  et  ipse  et  quidam  alii  domini  de  Najaco  iverunt  ad  eos  apud 
Guipiam,  et  dixit  eis  W.  P.  quod  ipse  erat  iturus  in  Pranciam  ad 
dominam  Reginam  et  rogavit  eos  ut  expectarent  eum  solummodo  per 
viii  dies,  et  dixerunt  ei  quod  non  poterant,  et  statim  W.  B.  et  qui- 
dam alii  arripuerunt  iter  suum.  Non  fuit  alius  traclatus  ibi  factus... 

P^8  Donatus...  de  verbis  que  W.  B.  dixit  contra  dominum  Sy., 
dixit  se  audivisse  quod  W.  B.  dixit  quod  pro  velle  suo  non  intraret 
castrum,  nam  si  esset  intus,  plus  potestatem  haberet  ibi  eciam  solus 
cum  capa  quam  ipse  W.  B... 


374 


n. 


Les  consuls  et  les  'prud'hommes  de  Najac  s'engagent ,  sur  Vordre 
des  inquisiteurs^  à  construire  une  nouvelle  église. 

Najac,  5  et  9  avril  1258. 
Cum^  Dei  providentia  fratres  ordinis  Predicatorum  Guillelmus 
Bernard!  Aquensis  et  Reginaldus  de  Carnoto,  inquisitores  heretice 
pravitatis  in  comitatibus  et  terris  nobilis  viri  comitis  Tholosani  auc- 
toritate  apostolica  deputati,  ad  castrum  Najaci  inquisitionis  causa 
déclinassent,  anno  Domini  4258,  nonis  aprilis,  et  ipsi,  ecclesie  parro- 
chialis  quantitate  inspecta,  vidissent  ejus  capacitatem  non  suffîcere 
ad  recipiendum  populum  dicti  loci,  rogaverunt  salutaribus  monitis 
inducendo  nos  consules  dicti  castri,  Bernardum  Ramondini,  Petrum 
de  Combellis,  Galambrunum  Donati,  Bernardum  Carreira,  Petrum 
de  Gandorio  et  alios  probos  homines  de  Najaco,  ut  nos,  ad  honorem 
Dei  et  Matris  ejus  et  sanctorum  omnium,  precipue  beati  Johannis 
evangeliste,  et  exaltationem  fidei  catholice,  ibidem  de  novo  construe- 
remus  ecclesiam,  que  capax  esse  posset  populi  supradicti.  Nos  igitur 
prefati  consules  et  populus  dicti  castri,  ipsorum  inquisitorum  preci- 
bus  et  monitis  libenti  animo  unanimiter  annuentes,  promisimus  et 
obligavimus  nos  spontanée  et  specialiter  nos  PetrusRibeira  [sequuntur 
LI  vel  cirdter  proborum  hominum  Najaci  nomina)^  pro  nobis  et  toto 
populo  dicti  loci,  prefatis  inquisitoribus  et  successoribus  eorumdem 
qui  fuerint  pro  tempore,  quod  nos  infra  septem  annos  continuos  a 
presenti  pascali  tempore  numerandos,  divino  suffragante  nobis  auxi- 
lio,  dictam  in  dicto  castro  de  bonis  nostris  construemus  ecclesiam, 
que  in  longum  viginti  et  octo  et  in  latum  septem  brachias  continebit, 
testudine  lapidea  supertecta.  Quam  ecclesiam  fundare  et  in  ea  viri- 
liter  operari  infra  Pascha  proximo  venturum  tenemur,  sicut  inquisi- 
toribus promisimus  antedictis.  Voluimus  etiam  et  consensimus  spon- 
tanée quod  ad  hoc  faciendum  complendumque  penitus  possemus 
compelli  per  prefatos  inquisitores  vel  successores  eorum  qui  essent 
pro  tempore,  vel  etiam  per  senescallum  domini  comitis  Tholosani 
qui  tune  esset,  eorum  nos  jurisdictioni  quantum  ad  hoc  pertinet 
voluntarie  subponentes.  Ipsi  vero  inquisitores  prefati,  devotionem 
nostram  et  propositum  quantum  ad  dictum  opus  habeamus  benigno 
favore  in  Domino  prosequentes,  multiplicem  gratiam  nobis  faciendo, 

1.  Bibl.  nat.^  Collection  Doat^  vol.  146,  f"  18. 


372 

remiserunt  omnibus  habitantibus  dictum  castrum,  qui  tune  de  facto 
heresis  tenebantur,  omnes  penilentias  sibi  pro  crimine  supradido  a 
quibuscumque  inquisitoribus  injunctas  actenus  vel  eliam  injungendas 
pro  culpis,  pro  quibus  antc  adventum  ipsorum  fratrum  apud  Naja- 
cum  confessi  fueranl  inquisitoribus  quibuscumque,  excepUs  visita- 
tionibus  quas  eorum  ali(]ui  tcnentur  faccrc  apud  Ruthenam  semel 
vel  bis  annis  singulis,  prout  in  lileris  dictorum  fratrum  sibi  conces- 
sis  plenius  continetur.  Dederunt  insuper  in  subsidium  dicti  operis 
inquisitores  predicti  quasdam  summas  poccunie,  (|uas  ipsi  quibusdam 
personis  solvendas  injunxerant  pro  recompensatione  pcregrinationum 
suarum  ot  dcffectu  visitationum  quas  non  fecerant  sicut  facere 
tenebantur.  Promisimus  eliam  et  voluimus  ut  si,  quod  absit,  dictum 
opus  non  perficeretur  infra  tempus  prefixum,  saltem  quantum  ad 
pari  des  et  testudinem  dicte  ecclcsie  pertinet,  nos  teneremur  dictis 
inquisitoribus  vel  successoribus  eorumdem  restituere  omnem  peccu- 
niam  quam  ad  opus  dicte  ecclesie  de  mandato  eorum  recepissent 
operarii  dicte  ecclesie,  et  possent  reduci  ad  statum  pristinum  illi 
quibus  fuerit  occasione  dicti  operis  facta  gratia  de  crucibus  et  peni- 
tentiis  ab  inquisitoribus  supradictis,  dum  tamen  eis  peccunia  quam 
dederint  sibi  fuerit  restituta.  Hec  acta  fuerunt  apud  Najacum,  in 
aula  domini  comitis,  y^  idus  aprilis,  anno  Domini  m**  ce**  l**  viii**,  in 
presentia  et  testimonio  fratrum  ordinis  Predicatorum  Johannis  de 
Sancto  Benedicto  et  Johannis  de  Vivent,  Hugonis  Juliani,  cappellani 
deNajaco,  Berengarii  dePontanis,  prioris  ejusdem  loci,  Pétri  Sanchas, 
cappellani  Sancti  Juliani,  Thome,  cappellani  Sancti  Aniani,  Johannis 
Torpini,  castellani  de  Najaco,  Hugonis  de  Rupeforti  et  mei  Bernard! 
Riperia,  publie!  notarii  de  Najaco,  qui  de  mandato  utriusque  partis 
hanc  cartam  scripsi  et  signum  meum  apposui  (locus  signi). 

Et  ad  majorem  roboris  firmitatem  nos  supradicti  consules  et  pre- 
fati  inquisitores  présentera  cartam  conscribi  fecimus  et  consulatus 
et  ipsorum  sigillorum  munimine  roborari. 

m. 

Commutations  de  peines  accordées  à  des  habitants  de  Najac 

par  les  inquisiteurs. 

Toulouse,  24  avril  1258. 
Universis  ^  Christi  fidelibus  présentes  litteras  inspecturis,  firatres 

1.  Bibl.  nat.,  Coll.  Doat,  y.  146,  f*  24.  L'original  de  cette  charte  existe  aux 


373 

ordinis  Predicatorum  Guillelmus  Bernardi  Aquensis  et  Raginaldus 
de  Carnoto,  inquisitores  heretice  pravitatis  in  comitatibus  et  terris 
nobîlis  vin  comitis  Tholosani  auctoritateapostolîcadeputati,  salutem 
in  Domino  simpilernam.  Gum  injunctum  esset  in  penitencia  pro 
crimine  heretice  pravitatis  Bernardo  Raimundi  Alpati,  Deodato  Gui- 
nabail,  Remundo  Guillelmo  et  Petro  de  Mureto  fratribus,  Petro 
Fabri,  Hugoni  de  Gugoleto,  Bernardo  Bardet,  Raimunde  de  Romainhac, 
Petroniile  Tornerie  et  Petro  Imberti,  omnibus  de  Najaco,  diocesis 
Ruthenensis,  quod  visitarent  quater  annuatim  cathedralem  ecclesiam 
Ruthenensem  ;  eidemque  Petro  Fabri  quod  ad  monitionem  inquisito- 
rum  ultra  mare  transiret,  ibidem  per  triennium  moraturus  ;  dicto  au- 
tem  B.  Bardet  quod  iret  semel  Goioniam,  Sanctum  Jacobum,  Sanctum 
Dionisium  et  ad  peregrinationes  que  minores  dicuntur;  item  Gui- 
raldo  de  la  Boria,  Willelmo  Pelliparii,  Durando  Fargas,  Deodato 
Massabou,  Bernardo  de  Favairac,  Bernardo  Mezi  et  Willelmo  Fabri, 
ejusdem  loci,  quod  ter  infra  certum  tempus  visitarent  dictam  eccle- 
siam Ruthenensem,  eisdemque  Durando  Fargas  et  Deodato  Massabou 
et  B.  de  Favairac,  quod  quasdam  peregrinationes  facerent  prêter  visi- 
tationes  predictas  ;  item  Bernardo  de  Garrissolas  ejusdem  loci,  quod 
quasdam  peregrinationes  faceret  ;  Fine  vero  uxori  Ramundi  Audeguer 
et  Ramunde  de  Lobateiras,  quod  semel  annuatim  visitarent  dictam 
ecclesiam  cathedralem  ;  Guillelme  autem  de  la  Roqueta,  quod  quater 
infra  annum  visitaret  dictam  ecclesiam  Ruthenensem ,  et  Lumbarde 
Gonorta,  quod  semel  ecclesiam  visitaret  Ruthenensem  et  quadraginta 
solidos  Ruthenenses  solveret  operi  claustri  ecclesie  Ruthenensis  5  Do- 
mestice  vero  de  Blas,  quod  quater  in  quatuor  festivitatibus  visitaret 
ecclesiam  Ruthenensem  ;  Vitali  autem  Pelicer ,  quod  infra  annum 
[semel]  ipsam  Ruthenensem  ecclesiam  visitaret  ;  et  Ademare  de  Gom- 
bellis,  quod  mitteret  ecclesiis  Béate  Marie  de  Podio,  de  Ruppe  Amato- 
ris,  de  Ruthenis  et  Sancte  Fidis  de  Gonchis,  cuilibet  quinque  solidos 
Ruthen.  et  operi  claustri  ecclesie  Ruthene  viginti  solidos  ejusdem 
monete;  Petro  Bruguerî  vero,  quod  peregrinationes  minores  faceret 
et  quolibet  anno  bis  visitaret  ecclesiam  Ruthenensem  ;  Stephano  Gar- 
rigas  autem,  quod  operaretur  offlcio  suo  sine  mercede  quadraginta  die- 
bus  in  opère  alicujus  pauperis  ecclesie  et  aliis  quadraginta  diebus  in 
opère  carcerum  mûri,  si  fièrent  apud  Ruthenam,  et  sicut  accepimus 
operatus  fuerit  in  quadam  ecclesia  paupere  de  mandato  B.  de  Gabanis, 

Archives  de  FAveyron,  série  E,  fonds  de  Najac  ;  notre  confrère  M.  Estienne, 
archiviste  du  département,  nous  en  a  obligeamment  fourni  une  copie. 


374 

quondam  inquisitoris  ;  item  Johanni  de  Peberaco,  quod  iret  semel  ad 
Podium,  Ruppem  Amatoris,  SaDctam  Fidem  de  Conehis  et  Beatam 
Mariam  Rutheaensem,  vel  cuilibet  dictorum  locorum  mitteret  quin- 
que  solidos  Rulhenensis  monele  ;  Guillelme  vero  Fabrisse,  quod  iret . 
semel  ad  Sanctum  Jacobum  Gompostelle;  et  Deodatus  de  Podio 
d'Osan  et  Huga  uxor  ejus  quasdam  peregrinationes  et  visitatioiiea, 
Willelmus  vero  [Garriga]  quasdam  visitationes  facere  tenerentur,  sicut 
predicta  omnia  in  eonim  penitencialibus  litteris  continentur;  et 
non  constat  nobis  quod  predicta  compieverint  ut  debebant  vel  quod 
ab  eis  fucrint  absoluti-,  nos,  licet  gravius  merito  possemus  prooedere 
contra  ipsos,  attendentes  tamen  quod  rigor  sit  mansuetudine  temperan- 
dus,  presertim  cum  de  ipsorum  correctione  speremus,  prefetos  Bernar- 
dum  Raimundi  Alpati,  Deodatum  Guinabaii,  Ramundum,  Willehnum 
et  Petrum  de  Mureto  fratres,  Hugonem  de  Cugoleto,  Petrum  Fabri, 
Bernardum  [Bardeti],  Petrum  Imberti,  Ramundam  de  Romainhac  et 
Petronillam  Torneira  a  duabus  de  predictis  quatuor  visitationibus, 
quas  apud  Ruthenam  annuatim  facere  tenebantur,  perpetuo  duximus 
absolvendos,  dictum  P.  Fabri  a  transmarino  passagio  et  predictum 
B.  Bardeti  ab  injunctis  sibi  predictis  peregrinationibus  nicbilominus 
absolventes.  Injungimus  tamen  eis  et  predictis  aliis  que  inferius 
subsecuntur,  videlicet  quod  prope  dicti  undecim  teneantur  bis  anno 
quolibet  visitare  quamdiu  vixerint  ecclesiam  Béate  Marie  virginis 
Ruthenensem,  scilicet  in  festo  Purificationis  et  Nativitatis  ipsius  Vir- 
ginis gloriose,  et  in  recompensationem  aliarum  duarum  visitationum 
quas  eis  remittimus  et  iilarum  quas  actenus  facere  omiserunt  et 
peregrinationum  de  quibus  eos  absolvimus,  solvant  ad  fabricam  suc 
parrochialis  ecclesie  summas  inferius  annotatas,  de  quibus  solvant 
medietatem  in  proximo  instanti  festo  sancti  Michaelis  et  aliam  medie- 
tatem  ab  eodem  festo  in  annum,  supradictus  autem  B.  Raimundi 
XX  libras  Caturc,  Deodatus  Guinabail  xl  solidos  Gaturc.  ;  Ramun- 
dus,  Guillelmus  et  Petrus  de  Mureto  fratres,  quilibet  xv  libras 
Gaturc.  ;  Petrus  Fabri  pro  predictis  visitatione  et  passagio  l  so- 
lidos Gaturc.;  Hugo  de  Gugoleto  xx  solidos,   Ramonda  de  Ro- 
mainhac XV  libras  Gaturc.  et  Petrus  Imberti  x  sol.  Gaturc.  ;  Ber- 
nardus  vero  Bardet  operetur   qualibet  septimana  una  die  sine 
mercede  in  opère  predicte  ecclesie  quousque  ipsa  ecdesia  sit  per- 
fecta,  Guiraldus  de  la  Boria  xl  sol.,  Guillelmus  Pellipariixx  sol., 
et  Durandus  Fargas  vi  libr.  Gaturc ,  Bernardus  de  Garrissol  c  sol. 
Gaturc,  Deodatus  Massabou  l  sol.,  Bernardus  de  Favairac  c  sol., 
Finas  A]udegeira  l  sol.,  et  teneantur  semel  annuatim  in  Nativitate 


375 

béate  Marie  virgînis  Ruthenensem  eoclesiam  vîsitare  ;  Ramunda  etiam 
de  Lobateiras  det  l  sol.  et  eandem  visitationem  annuatîm  facere  te- 
neatur;  Willelma  de  la  Roqueta  l  soi.,  Lumbarda  Conorta  xxx  sol., 
Domestica  de  Blas  xv  sol.,  Vitalis  Pelicerii  x  sol.,  Bernardus  Mezi 
xxx  soi.,  Willelmus  Faber  xx  sol.,  Petrus  Brugueri  x  libr.  Caturc. 
pro  peregrinatione  et  omissione  visitationum  et  pro  peregrinatio- 
nibus  et  visitationibus  matris  sue ,  sed  duas  visitationes  teneatur 
idem  P.  apud  Ruthenam  facere  annuatim;  dictus  autem  Stepha- 
nus  Garriga  operetur  in  opère  ecclesie  Najaci  illos  xl  dies  quos 
debebat  in  opère  carcerum  operari,  et  ultra  donet  x  sol.  Gaturc.  operi 
ecclesie  memorate;  Johannes  de  Peberac  det  x  sol.  Caturc,  Willehna 
Pabrissac  sol.  Turonensium  (sic)^  Deodatus  de  Podio  d'Oson  et  Huga 
uxor  ejus  xx  sol.  Gatur.;  Willelmus  Gairiga  xxx  sol.,  sed  unam  visi- 
tatîonem  apud  Ruthenam  in  Nativitate  beale  Marie  virginis  faciat 
annuatim-,  Deodatus  de  Brossac  xx  solid.  Gaturc,  Bernardus  Gasc 
L  sol.  Gaturc,  et  Guillelmus  del  Verdier  l  sol.  Gaturc.  Item  Pebo- 
rac  de  Voûta  et  Dulciam  uxorem  ejus  absolvimus  ab  omnibus  que 
de  heresi  suntconfessi,  injungentes  eis  quod  dent  c  sol.  Gaturc.  operi 
ecclesie  memorate.  Prope  dictus  autem  Willelmus  del  Verdier  unam 
visitationem  in  Nativitate  béate  Marie  virginis  annuatim  apud  Ruthe- 
nam facere  teneatur.  Et  sic  omnes  predictos  absolvimus  ab  omnibus 
peregrinationibus  et  visitationibus  et  omissione  earum,  exceptis  illis 
duabus  vel  una  visitationibus  annualibus  quas  in  aliquibus  eorum 
retinuimus,  sicut  superius  continetur,  nihil  immutantes  in  aliis  que 
ipsis  injuncta  fiierint  in  penitencia  pro  crimine  memorato.  Verum 
cum  nonnuUi  eorum  dicant  se  peregrinationes  vel  visitationes  fecisse 
vel  ab  eis  absolutos  fuisse,  nos  consulibus  dicti  castri  committimus 
ut  probationes  eorum  recipiant  loco  nos  tri,  ita  quod  si  quis  illorum 
probaverit  se  fecisse  peregrinationes  vel  visitationes  predictas  vel 
quod  ab  eis  fuerit  absolutus,  taxatione  immunis  remaneat  supradicta. 
Datum  Tholose,  viii°  kalendas  maii,  anno  Domini  m*»  cc*>  v>  octavo. 

IV. 

Autres  commutations  de  peines  accordées  par  les  inquisiteurs, 

Toulouse,  26  avril  1258. 
Omnibus  *  Christi  fîdelibus  présentes  litteras  inspecturis ,  fratres 

1.  Bibl.  nat.,  Coll.  Doat,  146,  P  22. 


376 

ordinis  Predicatorum  Guillelmus  Bernardi  Aquensis  et  Reginaldus 
do  Garnoto,  inquisitores  heretice  pravitatis  in  comitatibus  et  terris 
nobilis  viri  comitis  Tholosani  auctoritate  apostolica  deputati,  salutem 
in  Domino  Jesu  Ghristo.  Noveritis  quodcum  injunctum  fiiisset  inter 
cetera  in  penitenlia  pro  crimine  heretice  pravitatis  Guillelme  de 
Cadriu ,  Raimundo  Barravi ,  Geraldo  del  Mercadil ,  Geraldo  de 
Fontroca,  diocesis  Ruthenensis ,  quod  eadem  Guilleima  quinquies, 
alii  vero  predicti  quater  quolibet  anno  visitarent  cathedralem  eocle- 
siam  de  Ruthena,  idemque  Guiraldus  del  Mercadil  ad  Sanctum  Jaco* 
bum  Gompostelle,  Sanctum  Egidium,  Beatam  Mariam  de  Podio,  de 
Rupe  Amatoris^  de  Montepessullano  et  Sanctam  Fidem  de  Gonchis  \ 
diclus  autem  Geraldus  de  Fontroca  ad  Beatam  Mariam  de  Yalleyiridi 
et  de  Rupe  Amatoris  ire  peregre  tenerentur,  et  predicta  non  comple- 
verint,  ut  debebant-,  ipsos  ab  omnibus  predictis  peregrinationibus 
et  visitationibus  et  delTectibus  earumdem  duximus  penitus  absolven- 
dos,  injungentes  els  quod  quilibet  eorum  yisitet  bis  annuatim  eccle- 
siam  Béate  Marie  virginis  de  Ruthena,  scilicet  in  Purificatione  et 
Nativitate  ipsius  Virginis  malris  Dei,  et  dent  ad  fabricam  operis  ecde- 
sie  de  Najaco  dicta  Guilleima  decem  libras,  Raimundus  Barravi  qua- 
tuor libras,  Guiraldus  del  Mercadil  et  Guiraldus  de  Fontroca. quilibet 
decem  libras  Ruthenensis  monete.  Quorum  denariorum  solvant 
medietatem  in  instanti  festo  beati  Michaelis  septembris  et  aliam 
medietatem  ab  eodem  festo  in  annum.  In  aliis  vero  sibi  injunctis  in 
penitentia  pro  crimine  memorato  nihil  penitus  immutamus.  Verum 
cum  dictus  Guiraldus  del  Mercadil  asserat  se  aliquas  de  peregrina- 
tionibus sibi  injunctas  fecisse,  nos  consulibus  de  Najaco  committi- 
mus,  ut  ipsius  probationes  recipiant  loco  nostri,  et  si  probaverit  se 
aliquas  perfecisse  de  peregrinationibus  supradictis,  de  taxatione  pre- 
dicte  pecunie  sibi  facta  secundum  quod  justum  ftierit  deducatur. 
Datum  Tholose,  vi°  kalendas  madii,  anno  Domini  m^  cc°  l**  viip. 

V. 

Sentence  arbitrale  touchant  la  perception  de  la  taille  levée  pour  la 

construction  de  Véylise  de  Najac, 

Najac,  15  juin  1262  et  10  juin  1263. 
Gonoguda  *  causa  sia  als  presens  et  clara  als  endevenidors,  que 

1.  Bibl.  nat.^  Coll.  Doat,  v.  146^  f*  29.  —  Les  originaux  de  cette  charte  et  de 


377 

com  contrastz  et  dissentios  fos  entrel  comunal  major  del  castel  de 
Najac  d'una  part,  el  comunal  menor  d'aquel  metix  castel  d^autra, 
per  raso  de  las  taillas  que  om  fasia  et  volia  far  a  la  messio  et  a  la 
despessa  de  la  obra  que  era  commensada  de  la  gleia  de  Sanch  Johan, 
ques  fa  et  deu  far  el  davandich  castel,  et  d'aquel  contrast  et 
d'aquela  dissentio  fos  estât  faictz  adecx  (sic)  et  adordenamentz  per  lo 
senhor  Bertolmeu  de  Landrevila,  cavalier,  castela  de  Poigcelsi,  fîlh 
del  senhor  P.  de  Landrevilla,  cavalier,  que  era  senescalcs  en  aquel 
temps  de  Rozergue  et  d'Albeges,  ab  cosseil  de  maestre  R.  Gapella, 
jutgue  pel  dich  senhor  senescalc,  segon  que  en  unas  letras  sageladas 
del  sagel  deldich  seinhor  Bertholomieu,  que  ténia  loc  en  aquel  temps 
del  davandich  senhor  senescalc  son  paire,  et  del  sagel  del  jutgue 
davandich  era  pleneirament  contengut,  la  ténor  de  lasqualas  cam- 
biada  de  lati  en  romans  es  aitals  couma  se  sec  après  : 

Gonosco  totz  li  universi^  que  com  desacords  et  controvercia  entrel 
pobiemenutde  Najac  fos  d'una  part  els  majors  deldit  castel  d'autra, 
sober  quistas  et  demandas  ques  fasio  et  sero  faichas  et  covenio  a  far 
el  castel  de  Najac  per  la  obra  de  la  gleia  de  Sanch  Johan,  en  lasqualas 
quistas  et  demandas  lo  poblemenutz  davandigdisio  que  ero ...  moût 
agreviatz,  et  quar  sobre  la  taille,  que  per  la  dicha  gleia  se  demandava 
nis  volia  os  convenia  far,  lasdichas  partidas  entre  lor  nos  podio  acordar , 
sotzpausero  se  a  la  volontat  et  a  la  ordenatio  del  noble  haro  senher 
Bartholomeu  de  Landrevilla,  cavalier,  castella  de  Pogcelsi,  fasens  las 
vegadas  del  senher  P.  de  Landrevilla,  cavalier,  senescalc  de  Rozergue 
et  d'Albeges,  son  paire,  loqual  davandigs  senher  Bartholomeus,  agut 
diligent  tractament  entre  lasdichas  partidas,  de  cosseil  de  R.  Gapella, 
jutgue  deldit  seinhor  senescalc  et  d'autres  bos  homes  deldig  castel 
acochada  deliurantza  davant  aguda,  determenet  en  atal  maneira, 
comma  se  sec  la  controvercia  davantdicha  :  —  En  primeira,  qu'en 
G.  Garreira  donc  et  sie  tengutz  de  pagar  en  calcuna  quista  ques  fara 
per  occaio  de  la  obra  de  ladicha  gleia  el  davantdig  castel,  de  qualque 
quantitat  sia,  de  quascuna  somma  de  cinquanta  livras  de  Gaorcens 
quarante  sols  de  la  medicha  moneda,  en  B.  R.  en  Berenguiers  fraires 
vingt  sols,  et  tôt  li  altre  del  davantdig  castel  que  au  et  possessiso  bes 
mobles  et  no  moubles  ou  se  mouvens  per  égal  pago  a  la  dicha  obra 
de  la  gleia  davantdicha  en  lasdichas  cinquanta  livras,  segon  que 

l'acte  ({ui  y  est  contenu  appartenaient  en  1864  à  feu  Bruno  Dusan;  voyez  Ros- 
signol, Monographies  communales  du  Tarn  y  II,  226,  note.  Le  copiste  de  Doat 
a  rajeuni  quelques  mots. 

25 


37« 

mai  ou  mens  li  be  de  lor  seran  estimais  a  la  valoar  dds  bes  dds 
(luvantdigs  ficaires  B.  R.  et  Berenguiers,  entro  ad  aquels  alsquals 
lion  a[Kiro  alcus  bes  que  son  dicz  et  aparo  comunalment  paapre, 
liqual  no  sio  costreig  de  donar  outre  très  diners  ou  quatrealapagua 
(le  ladicha  ({uista  de  las  cinquanta  livras  davantdicbas.  Et  se  oubpe  las 
cin(|uanta  liuras  davantdichas  de  la  dicha  tailla,  quant  sera  taillada, 
y  HMnanra  aucuna  causa,  aquo  quis  remanra  sia  entrercaig  (sic)  de  caacu 
dit  la  tailla,  et  que  sera  laiilatz  de  totz  acfuels  que  poyraran  dal  menor 
rnlru  aldig  G.  Garreira.  Laquala  tailla  deu  esser  focha  per  vos  homes 
a  d'aisso  especialamen  eslegitz,  so  es  asaber  per  en  Donat,  fec  en 
U.  du  (]onbellas  et  per  en  Ricart,  et  per  les  cossols  deldig  castel. 
Liqual  totz  juraran  lizelment  adumplir  toutas  las  davandicbas  cau- 
sas. En  testimoni  de  laquella  causa  lodich  senher  Bertholomeus  el 
davandigs  R.  Capella  a  la  pagena  davantdicha  lor  sagels  apausero. 
Aisso  fo  faich  a  Najac,  xvii*'  kalendasjulii^annoDominiii^GC^LX"!!®. 
Et  cum  segon  aquest  adordenament  davantdig  fos  fâcha  après 
una  tailla  el  davantdig  castel  per  en  Donat  et  per  en  B.  de  Gonbelas 
et  per  en  Ricart  et  per  los  cossols  deldit  castel,  volgro  et  consentiro 
et  autreiero  lo  senher  Philippes  de  Boissi,  cavaliers,  senescals  de 
Rozergue  per  Tonrable  senhor  comte  de  Poitieus  et  de  Tholosa, 
(it  maestre  Hodes  de  la  Motouneira,  tenent  loc  de  mosenhor  lo  davant- 
(lich  conte  el  comtat  de  Tholosa,  et  fraire  R.  de  Chartres  et 
fraire  Willems  B.  d'Aiexs,  de  Tordre  dels  Predicadors,  enqueredor 
de  la  cruel  heretgia  el  comtat  de  Tholosa  tramesi  per  mossenhor 
Tapostoli,  que  aquella  tailla  davantdicha,  que  fâcha  era  el  dich  cas- 
tel  per  los  davantdigs  cossols  et  per  en  Donat  et  per  en  B.  de  Gom- 
bellas  et  per  en  Ricart,  sia  fâcha  per  tota  hora,  aitant  quant  la  obra 
de  la  dicha  gleia  durara,  segon  que  es  escrich  es  escrichs  dels  cossols, 
ni  segon  aquels  escrihs  s'escriura  en  forma  et  en  carta  publica  per 
la  ma  de  B.  Ribeira,  notari  public  de  Najac,  en  aissi  :  —  So  es  assa- 
ber  que  aquella  quantitat  que  hom  voira  levar  deldig  castel  a  la  obra 
ni  per  la  obra  davantdicha,  sia  demandada  et  levada  per  los  dos 
cossols  deldig  castel,  sia  mai,  sia  meins,  per  raso  de  la  davantdicha 
tailla  que  fâcha  ni  levada  es,  salv  e  retengut  que  sio  eslegitz  et  esta- 
blitz  quatre  prodomes  comunals  deldit  castel,  liqual  tota  hora, 
quant  se  voira  levar  aicuna  quantitat  deldit  castel  per  raso  de 
la  obra  davantdicha,  segon  que  conoisserio  o  entendrio  a  lor  leiau- 
tatz  et  a  lor  segrament,  que  li  be  d'alcuna  persona  deldit  castel  se 
serio  cregutz  ou  melhuratz  ou  mermaig  ou  sourdeiat  del  temps 
que  l'autra  tailla  fo  faicha  entro  ad  aquel  temps  en  que  aquella 


379 

se  volria  ievar,  posco  mermar  ou  creisser  de  la  tailla  d'aquella  per- 
sona  segon  lo  meilleurier  ou  pejurier  que  aura  près  ni  ell  y  enten- 
drio  leialment,  et  que  aquel  quatre  prodhomes  davantdig  se  cambio 
cadan,  quant  li  cossol  se  cambiaran,  et  que  cadan  per  aquels  quatre 
que  i'Seran  sio  eslegitz  11  autres  quatre  que  venran  après.  —  Et  li 
davantdig  senhor  lo  senescals  et  maestre  Hodes  et  li  fraire  enqueri- 
dor,  ab  cosseil  d'alcus  autres  prodomes  deldig  castel,  helegiro  los 
primiers,  [que]  an  per  nom  P.  Ademar  et  Berengier  R.  et  Bertrand 
Gaudo  et  Bernardo  de  la  Boria.  Et  en  aissi  comma  davantdig  com- 
mandero  et  baillero  establit  li  davantdich  senhor  lo  senescals  et 
maestre  Hodes  et  li  fraire  enqueridor  que  fos  faig  et  tengutz  et 
gardatz  per  cascuna  de  las  partz  davantdichas,  et  que  neguna  no 
vengua  ni  pogues  venir  encontra.  Et  se  o  fazia,  quel  senescals  davant- 
digs,  0  aqueil  qui  serio  per  lodig  senhor  comte,  o  fesesso  tener  et 
gardar  a  vos  et  als  autres  et  a  cascu  fermament,  en  aissi  que  o  pro- 
mes  als  autres  lo  senescals  davantdichs  que  o  faria  tener  et  gardar 
et  estar  ferm.  Et  a  mai  de  fermetat  et  de  valor  que  aio  et  que  posque 
aver  aquestas  causas  sobredichas,  lo  senescals  davantdich  et  maestre 
Hodes  et  lidich  fraires  enqueridor  dovero  ne  en  feiro  far  la  présent 
publique  carta,  et  volgro  que  fos  del  propi  sagel  de  cascu  de  lor 
sagelada.  Mas  empero  sia  saubut  que  aquest  adordenament  ni  fan  ni 
entendo  a  far  ne  volo  que  posca  far  negun  prejudici  en  alcuna  causa 
ad  alcuna  de  lasdichas  partidas  en  deguna  ni  per  deguna  autra 
quista  ni  tailla,  mas  tant  solament  ad  aquo  que  per  la  obra  de  ladicha 
gleia,  aitant  quant  ladicha  obra  durara,  se  levaria.  Aquests  adordena- 
ments  et  aquestas  causas  davantdichas  foro  fâchas  a  Najac,  dins  la 
clausura  sobirana  del  cap  del  castel,  iv^  idus  junii,  anno  Domini 
M»  cc°  Lx°  in°,  domino  Alfonso  régnante  comité  Tholosano,  en  pre- 
sentia  et  en  testimoni  de  fraire  Jaufre  de  Thomasvila,  de  Tordre  dels 
Predicadors,  d'en  P.  Sanchas,  capella  de  Sanct  Jolia,  d'en  Johan 
Torpi,  castela  de  Najac,  d'en  Philip  Polier,  notari  dels  enqueridors, 
et  dels  cossols  que  eran  alora  de  Najac,  e  per  nom  d'en  B.  de  Gonbe- 
las,  de  Uc  Donat,  de  G.  Ramondi,  de  P.  Ribeira,  de  B.  Marsal  et  d'en 
Uc  d'Aradas,  et  d'autres  que  no  ero  cossols,  etc.,  de  maestre  Berengier 
notari,  d'en  R.  Bardet  notari,  d'en  B.  Pargas  notari,  et  de  ganre  (sic) 
d'autres  dels  majors  et  dels  menors  deldit  castels,  qui  ero  vengutz  et 
ajustatz  per  aquest  faig  soberdig,  et  de  mi  B.  Ribeira,  public  notari 
de  Najac,  que  de  mandament  del  senhor  senescalc  soberdich,  maestre 
Hodes  et  dels  digs  fraires  enqueridors  aquesta  carta  escrissi  et  mo 
senhal  y  pauzei. 


380 

VI. 

23  juin  1266. 

Littera  *  Johannis  Turpini  super  custodia  casiri  de  Najaeo. 

Alfonsus,  fllius  régis  Fraacie,  cornes  Pictavie  et  Tholose,  dileeto 
et  fideli  suo  Philippe  de  Boyssyaco,  militi ,  senescallo  Ruthenenai , 
salutem  et  dilectionem.  SIgnificamus  vobis  quod  nos  castrum  nos- 
trum  de  Najaco  Johanni  Tourpin,  latori  presencium,  tradidimus  cus- 
todiendum  ad  gagia  quadraginta  librarum  Turonensium  per  annum 
quamdiu  nostre  placuerit  voluntati,  mandantes  vobis  quatinus  dicto  J. 
dictum  castrum  cum  garnisione  ejusdem  deliberetis  et  dictas  quadra- 
ginta libras  Turonensium  eidem  statutis  terminis  persoivatis;  ac  cui- 
dam  servienti  suo  in  dicto  Castro  yiii  denarios  Turonenses  de  gagiis 
per  diem  dedimus  quamdiu  placuerit  nobis,  et  dicta  gagia  servientis 
persolvatis  castellano  predicto.  Datum  apud  Perrolias,  die  mercurii  in 
vigilia  Nativitatis  sancti  Johannis  Baptiste,  anno  Domini  m*  €0**  lx«  vi*. 

Littera^  Bernardi,  filii  Johannis  Turpini,  super  octo  denariis 
gagiorum  sibi  concessis. 

Alfonsus,  filius  régis  Francie,  cornes  Pictavie  et  Tholose,  dileeto 
et  fideli  suo  Philippo  de  Boissy,  senescallo  Ruthenensi,  salutem  et 
dilectionem.  Signiflcamus  vobis  quod  nos  Bernardo,  fîlio  Johannis 
Tourpin ,  castellani  nostri  in  Castro  Najaci,  dedimus  octo  denarios 
Turonenses  de  gagiis  per  diem  in  dicto  Castro  Najaci,  quamdiu  nostre 
placuerit  voluntati,  mandantes  vobis  quatinus  dicta  gagia  persolvatis 
eidem.  Datum  apud  Ferrolias,  die  mercurii  in  vigilia  Nativitatis  sancti 
Johannis  Baptiste,  anno  Domini  m**  €0**  lx"®  vi*». 

VU. 

Maître  Bérenger  Jornet  donne  quittance  de  31160  s,  de  Cahors  reçus 
par  lui  pour  la  construction  de  l'église  de  Najac. 

Najac,  31  octobre  1269. 
Noverint  ^  universi  présentes  pariter  et  ftituri ,  que  ieu  maestre 
Berengier  Jornet,  de  ma  serta  sciencia  et  propi  volontat,  siei  et  reco- 
nosc  ab  aquest  présent  carta,  et  die  et  autrei  et  confessi  per  veritat, 
a  vos  Nue  de  Gombelas  et  a  vos  Bertran  Aymh  (?)  et  Guiihem  Marti, 
en  B.  Rei,  en  D.  Barta  et  a  vos  P.  B.  Gaudo,  cossols  de  Najac,  que 
vos,  per  vos  et  per  tota  la  universitat  deldig  castei,  avetz  a  mi  pagatz 

1.  Archives  Nationales^  JJ  xxiv^,  f.  115  y", 

2.  Ibid. 

3.  Bibl.  nat..  Coll.  Doat,  v.  146,  f*  41. 


384 

sieys  milla  sols  de  Caorcentz  et  de  Rodanes,  que  ero  remazuig  quem 
deviatz  dels  trenta  un  mila  sols  del  pretz  faig  de  la  obra  de  la  gleia. 
Item  encara  avetz  me  pagadas  ueyt  livras  de  Caorcentz  per  la  cava 
de  la  gleia,  per  lo  dig  qu*en  fetz  lo  senher  P.  R.,  jutgue  de  Rosergue. 
Delsquals  sieys  milla  et  cent  sixante  sols  que  monte  tôt,  que  ici  de 
vous  recebutz  contans  et  entierament,  me  tieng  de  vous  per  ben 
pagatz.  Item  reconosc  vos  que  vostre  ancessor  cossol,  que  fo  estaig 
devant  vos,  me  an  pagat  et  complit  per  partidas,  de  que  an  cartas  de 
mi,  tôt  lo  sobreplus  tro  els  trente  et  un  milia  sols  soberdighs  de  Gaor- 
cens,  quem  deviatz  deldig  près  faig  de  la  gleia.  Delsquals  trenta  un 
milla  sols  me  tienh  de  vos  et  de  vostres  ancessors  et  de  la  universitat 
deldig  castel  per  ben  pagatz  et  per  be...  ^  et  von  solvi  et  von  quiti, 
vos  et  vostres  ancessors  et  tôt  lo  castel,  per  ara  et  per  tots  temps, 
renuntians  scientalment  ad  exceptio  de  non  pagada,  de  non  contada, 
de  non  auda,  de  non  presa,  de  non  recebuda  pecunia,  tota  ladicba 
soma,  et  a  frau  et  a  bauzia  et  a  tota  error  de  compte,  et  a  totas  cartas 
qu'en  agues  de  vos,  per  lasqualz  me  fossetz  tengutz  ni  obligatz  per 
raso  del  pretz  faig  de  la  dicha  gleia,  non  contrastan  empero  la  carta 
quen  es  fâcha  entre  mi  et  vos  de  la  compositio  quen  fetz  lo  senhor 
P.  R.,  jutgue  del  Rozergue,  et  a  tôt  dreig  escrig  et  non  escrig,  et  a 
tota  razo  et  a  tota  exceptio  gênerai  ou  especial,  cals  que  fos,  per  que 
ieu  ni  hom  per  mi  pogues  far  ni  dire  ni  encontra  venir.  Horum  omnium 
sunt  testes  ex  utraque  parte  rogati  G.  Garreira,  Sicard  Ramondi, 
P.  Amans,  Berengier,  N.  R.  de  Muret,  Nue  de  Plaseus,  Numbert 
Amie,  et  ego  B.  Domini,  publions  Najaci  notarius,  qui  de  mandato 
utriusque  partis  hanc  cartam  scripsi  et  signum  meum  apposui.  Actum 
apud  Najacum,  ii**  kalendas  novembris,  anno  Domini  m®  ce**  lx®  ix°, 
domino  Alphonso  régnante  comité  Tholosano. 

VUI. 

Délai  accordé  aux  habitants  de  Najacpour  clore  de  murs 

leur  cimetière. 

13  mars  1313. 

Vicarii^  générales  in  spiritualibus  et  temporalibus  reverendi  in 

Ghristo  patris  domini  P.,  Dei  gratia  episcopi  Ruthene,  ad  partes 

ultramarinas  pro  terre  sancte  negotio  apostolice  sedis  legati,  viris 

prudentibus  et  discretis  consulibus  castri  de  Naiaco,  salutem  in 

Domino.  Gum  hoc  anno  vos  et  universitas  dicti  castri,  ut  intelleximus, 

in  generali  moniti  tamen  fueritis  per  religiosos  viros  visitatores 

1.  Ici  un  mot  corrompu  :  aondes, 

2.  Bibl.  nat.,  CoU.  Doat,  146,  ^  67. 


382 

dlcti  domini  nostri,  ut  infra  certum  tempus  cimiterium  eoclesie  de 
Naiaco  juxta  sinodalem  constitutionem  clauderetis,  vosque,  ut  dieitur, 
propter  aliqua  ralionabilia  hoc  facere  lam  breviter  minime  valeatis, 
ïicet  vos  juxta  ordinationem  nostram  hoc  facere  ofTeratis,  nos  volon- 
tés vos  prosequi  favore  gratie  specialis,  dictam  monitionem  et  ejus 
efTectum  ex  dictis  causis  justis  usque  ad  instans  festum  Pentecostes 
prorogamus  et  suspcndimus  in  his  scriptis.  Datum  Ruthene,  sub 
sigillo  communi  vicarie  nostre,  die  mercurii  post  festum  beati  Gre- 
gorii,  anno  Domini  millesimo  trecentesimo  duodecimo. 


Note  additionnelle.  —  En  finissant  cet  article,  il  sera  peut- 
être  utile  de  corriger  une  ou  deux  erreurs  et  de  réparer  quelques 
omissions.  L'un  des  inquisiteurs  qui  traitèrent  avec  les  habitants 
de  Najacen  1251  s'appelait  Guillelmits  Aquensis;  nous  avons 
traduit  d'Aiœ,  il  faut  corriger  de  Daœ  dans  les  Landes.  En  outre, 
on  nous  fait  remarquer  que  nous  nous  sommes  peut-être  trop 
avancés  en  aflBrmant  qu'aucun  architecte  de  nos  jours  ne  cons- 
truirait une  église  comme  celle  de  Najac  pour  la  somme  payée  à 
Bérenger  Jornet  ;  pour  70,000  francs  un  artiste  de  nos  jours 
se  chargerait,  paraît-il,  d'élever  un  monument  de  cette  gran- 
deur. Voilà  pour  les  erreurs  ;  passons  aux  omissions.  Aux  actes 
dans  lesquels  le  nom  de  Najac  est  cité  avant  1249,  il  convient 
d'en  ajouter  deux,  indiqués  par  M.  Delisle  dans  son  Catalogiie 
des  actes  de  Philippe  Auguste,  n.  82  et  1298;  par  l'un,  de 
février  1182,  le  roi  donne  en  augment  de  fief  à  Raimond  V, 
comte  de  Toulouse,  le  château  de  Najac;  par  l'autre,  d'août 
1211,  il  reçoit  Thommage  de  deux  des  seigneurs  de  ce  château, 
Raimond  Bernard  de  Najac  et  Girard  de  Cadoillia.  Enfin, 
l'enquête  de  1251  a  été  étudiée  il  y  a  quelques  années  par  un 
érudit  du  Midi,  M.  E.  Cabié;  son  travail,  resté  manuscrit,  pré- 
senté à  Y  Académie  des  sciences  et  inscriptions  de  Toulouse^ 
a  fait  l'objet  d'un  rapport  de  M.  de  Clausade  {Mémoires  de 
V Académie,  VII,  4,  pp.  423-425)  ;  ce  rapport  est  même  extrê- 
mement inexact.  En  outre,  M.  Cabié  a  conmiuniqué  quelques 
fragments  de  ce  texte  à  M.  Q.  Compayré,  qui  les  a  cités,  sans 
d'ailleurs  en  tirer  grand  parti,  dans  ses  Recherches  sur  Sicard 
d'Alaman  (sic),  publiées  dans  les  Mémoires  de  la  Société 
archéologique  du  midi  de  la  France,  XI,  50-81. 

Auguste  et  Emile  Molinikr. 


LA  FRONTIÈRE  D'EMPffiE 

DANS  L'ARGONNE 

ENQUÊTE 
FAITE  PAR  ORDRE  DE  RODOLPHE  DE  HABSBOURG 

A   VERDUN,   EN  MAI   1288. 


Le  document  qu'on  trouvera  plus  loin  a  été  signalé  et  brièvement 
analysé  par  dom  Galmet\  mais  il  ne  semble  pas  que  personne 
en  ait  encore  publié  le  texte.  Il  paraît  assez  intéressant  pour 
mériter  d'être  imprimé  tout  entier.  Il  touche  à  une  grave  et  difficile 
question  de  géographie  historique,  la  détermination  exacte  des  limites 
du  royaume  de  France  et  de  l'Empire  au  moyen  âge.  Il  ne  faut  pas 
dédaigner  les  trop  rares  documents  qui  peuvent  nous  éclairer  sur 
cette  matière  obscure. 

I. 

OCCASION  ET  OBJET  DE  l'eNQUÊTE. 

Cette  pièce  se  rattache  à  la  querelle  qui  divisa  Thibaud  II,  comte 
de  Bar-le-Duc,  et  Philippe  le  Bel,  roi  de  France,  et  qui  aboutit,  après 
la  mort  de  Thibaud,  à  la  soumission  de  son  successeur  Henri  III  et 
à  la  création  du  «  Barrois  mouvant  ».  Il  n'est  pas  nécessaire  de 
refaire  ici  en  détail  l'histoire  de  cette  querelle  ^.  Il  suffit  de  rappeler 

t.  Histoire  ecclésiastique  et  civile  de  Lorraine,  t.  II,  col.  330-331. 

2.  Voir  sur  ce  sujet  Galmet,  Hist.  eccl.  et  civ,  de  Lorraine,  II,  328  et  suiv.; 
L.  Delisle,  Essai  de  restitution  d'un  volume  des  Olim  (dans  Bou tarie,  Actes  du 
parlement  de  Paris,  t.  1),  n-  642  (p.  406),  744  (p.  430),  788  (p.  439  et  note), 
847  (p.  448)  ;  P.-A.  Lemaire,  Recherches  historiques  sur  l'abbaye  et  le  comté  de 
Beaulieu-en-Argonne  (Bar-le-Duc,  1873,  in-8*),  p.  39  et  mvf,,  207  et  suiv. 


384 

quelques  faits.  L'abbaye  de  Beaulieu-en-Argonne  * ,  au  diocèse  de 
Verdun,  était  sous  la  garde  des  comtes  de  Bar.  En  4286,  «  on  ne 
scait  pas  distinctement  à  propos  de  quoy  »,  selon  les  termes  de  Gal- 
met,  a  TAbbé  se  brouilla  avec  Thiébaut  II,  qui  luy  fit  ressentir  les 
effets  de  son  indignation.  »  Le  comte  fit  occuper  par  ses  gens  les 
villages  et  les  possessions  de  Tabbaye,  saisir  ou  dévaster  ses  biens. 
a  L*Abbé  eut  recours  au  Roy  Philippe  le  Bel,  et  le  pria  de  le  protéger. 
Le  Roy  envoya  des  troupes  dans  TAbbaye,  et  dans  les  terres  de  sa 
dépendance  »,  et  commença  contre  le  comte  de  Bar  une  poursuite 
judiciaire.  Thibaud  allégua  Pincompétence  de  la  justice  royale,  car, 
disait-il,  Beaulieu  était  situé  hors  du  royaume  de  France,  en  terre 
d'Empire.  La  cour  de  parlement  ordonna  une  enquête  ;  des  commis- 
saires royaux  se  rendirent  à  Sainte-Menehould  pour  s'informer 
auprès  des  habitants^.  Les  dépositions  des  témoins,  interrogés  en 
territoire  français  et  par  des  commissaires  français,  furent  naturel- 
lement favorables  aux  prétentions  du  roi  de  France,  et,  au  parlement 
de  la  Toussaint  de  Tan  4287,  la  cour,  sur  le  vu  de  l'information, 
prononça  par  arrêt  que  Beaulieu  était  du  royaume  : 

Gum  dubitaretur  de  garda  seu  custodia  ecclesie  Belli  Loci  in  Argonna, 
et  utrum  dicta  ecclesia  esset  si  ta  infra  punctos  comitatus  Gampanie  et 
utrum  etiam  esset  sita  in  regno  Francie  et  de  regno  :  visa  informatione 
facta  super  hoc,  visum  est  consiiio  quod  sit  de  garda  speciali  comitis 
Gampanie  et  de  garda  seu  custodia  generali  domini  régis,  et  quod  sit 
infra  punctos  seu  termines  comitatus  Gampanie  et  infra  terminos  regni 
Francie  et  de  regno  3. 

Le  comte  de  Bar,  n'acceptant  pas  cette  décision,  et  voulant,  pour 
lutter  contre  le  roi  de  France,  s'assurer  l'appui  au  moins  moral  des 
autorités  de  l'Empire,  fit  savoir  directement  ou  indirectement  au  roi 
des  Romains,  Rodolphe  de  Habsbourg^ ,  l'entreprise  du  roi  de  France  ; 
Rodolphe  invita  le  comte  à  l'informer  exactement  du  détail  des 
faits^.  Thibaud  assembla  à  Saint-Mihiel,  le  49  février  4288,  les  prin- 


1.  Meuse,  arrondissement  de  Bar-le-Duc,  canton  de  Triaucourt. 

2.  Delisle,  n«»  744,  p.  430,  col.  1. 

3.  DeUsle,  n»  642,  p.  406. 

4.  On  sait  que  Rodolphe  de  Habsbourg,  n'ayant  pas  été  couronné  par  le  pape, 
n'a  jamais  porté  que  le  titre  de  roi  des  Romains,  quelquefois  remplacé  dans 
l'usage  vulgaire  par  celui  de  roi  d'Allemagne.  Beaucoup  d'écrivains  modernes 
lui  donnent  à  tort,  ainsi  qu'aux  autres  rois  des  Romains,  le  titre  d'Empereur. 

5.  Galmet,  II,  dxxv-dxxvi. 


385 

cipaux  seigneurs  et  chevaliers  du  Barrois,  pour  le  conseiller,  suivant 
leur  devoir  féodal  -,  ils  lui  donnèrent  des  lettres,  sous  leurs  sceaux, 
par  lesquelles  ils  déclaraient  que  Beaulieu-en-Argonne  était  du  comté 
de  Bar  et  du  «royaume  d*Allemaigne  ^  »,  que  Philippe  le  Bel  usurpait 
sur  les  droits  de  l'Empire  en  y  envoyant  «  ses  commandemens  et  ses 
sergens  pour  justicier  et  pour  sergenter  »,  et  que  le  comte  ferait 
bien  de  rapporter  le  tout  «  audit  roy  d'AUemangne,  parce  que  li  diz 
roy  d'AUemangne  ou  autres  roys  ou  Empereurs  qui  après  luy  pour- 
ront venir  n'en  puissent  repenre  le  dit  comte  ny  ses  hoirs  ^  ».  D'autre 
part,  le  3  mars  ^288,  Thibaud  dénonça  au  chapitre  de  Verdun  (le 
siège  épiscopal  vacant)  l'occupation  de  Beauiieu,  en  ajoutant  qu'il 
tenait  tous  ses  droits  sur  cette  abbaye  en  fief  de  l'évêque  et  de  TÉglise 
de  Verdun,  et  requit  le  chapitre,  comme  son  seigneur,  de  l'aider  à 
en  recouvrer  la  paisible  jouissance^  ;  ce  qui  engagea  le  primicier  de 
Verdun,  garde  des  biens  de  l'évêché  pendant  la  vacance,  à  appeler  à 
son  tour  l'attention  du  roi  des  Romains  sur  les  usurpations  com- 
mises au  préjudice  de  PEmpire*.  C'est  à  la  suite  de  toutes  ces  pro- 
testations que  Rodolphe  se  décida  à  ordonner  l'enquête  qui  fait  l'objet 
de  la  présente  pubUcation. 

Trois  commissaires  furent  chargés  de  cette  enquête-,  l'un  fut  un 
clerc  de  pays  wallon,  Anselme  de  Porroie,  chanoine  de  Liège,  les 
autres  deux  chevaliers  allemands,  Hartmann  de  Ratzenhausen  et 
Eberhard  de  Landsberg.  Ils  furent  nommés  par  des  lettres  royales, 
datées  de  Kyburg^,  le  29  avril  -1288,  et  ainsi  conçues  : 

Rudolfus,  Dei  gracia,  Romanorum  rex  semper  augustus,  universis 
sacri  imperii  Romani  et  precipue  dyocesis  Virdunensis  fidelibus,  gra- 
tiam  suam  et  omne  bonum.  Honorabilis  vir  ..  primicerius  Ecclesie  Vir- 
dunensis, qui,  sede  vacante  Virdunensi,  custos  et  gardiator  castrorum 
existit  et  episcopatus  Virdunensis,  per  nobilem  virum  ..  de  Albo  Monte 
Nostre  Serenitati  cum  affectu  commendabili  demonstravit,  videlicet, 
quod  ..  rex  Francie,  regni  sui  métis  et  terminis  non  contentus,  civita- 
tem  Virdunensem  et  dyocesim,  cum  quibusdam  locis  aliis  convicinis, 


1 .  L'un  des  trois  royaumes  qui  composaient  le  saint-empire  romain  ;  les  deux 
autres  étaient  le  royaume  d'Arles  et  de  Vienne  (ancien  royaume  de  Bourgogne)  et 
le  royaume  d'Italie  ou  de  Lombardie  :  Freeman,  Hisiorical  Geography  of  Europe 
(London,  1881),  p.  148. 

2.  Galmet,  II,  dxxv-dxxvii 

3.  Galmet,  II,  dxxy. 

4.  Lettres  de  Rodolphe  du  29  avril  1288,  ci-dessous. 

5.  Suisse,  canton  de  Zurich,  district  de  Pfâffikon. 


386 

suis  finibus  et  jurisdictioni  nititur  applicare,  gracia  cujus  devotionis  et 
fidei  plenitudinem  discreti  viri  supradicti  ..  primicerii  siDceriter  oom- 
mendamus.  Et  quia  Deus  super  excelsa  sublimior  dos  ad  impériale 
solium  sublimavit,  ut  menbra  Romani  imperii  suo  corpori  firmiter 
adhereant  indecisa,  supradictum  negotium,  ad  instantiam  predicti  pri- 
micerii, honorabiii  viro  Anselme  de  Porrogia,  canonico  Leodien8i,*et 
strennuis  viris  Hatmanno  de  Razenhusen  et  Eberhardo  de  Landisperg, 
militibus,  fidelibus  nostris,  commisimus  efficaciter  inquirendum.  Qui, 
diligenti  etstudioso  indagine  hujus  rei  edocta  veritate,  Nostram  8ere- 
nitatem  lucuientius  informabunt.  Dat.  Kibûrg,  iij*  kalendas  maii, 
regni  nostri  anno  quintodecimo  ^ 

Les  trois  commissaires  arrivèrent  à  Verdun  le  vendredi  4  4  mai  4  288 , 
avant-veille  de  la  Pentecôte,  et  y  séjournèrent  jusqu'au  mardi  25  du 
même  mois,  surlendemain  de  la  Trinité.  Durant  ces  douze  jours, 
ils  entendirent  quatre-vingt-quatre  témoins.  Rien  ne  fait  connaître 
directement  comment  et  par  qui  ceux-ci  furent  choisis  ;  mais  c'étaient 
tous  des  hommes  du  comte  de  Bar  ou  de  TÉglise  de  Verdun,  et 
l'unanimité  avec  laquelle  ils  déposèrent  en  faveur  des  prétentions  du 
comte  laisse  à  penser  qu'ils  ne  parlèrent  que  par  son  ordre  ou  sur 
son  invitation.  Le  résultat  de  l'enquête  de  Verdun  Ait  naturellement 
contraire  de  tout  point  à  celui  de  l'enquête  de  Sainte-Menehould,  et 
les  commissaires,  en  retournant  auprès  du  roi  leur  maître,  purent 
lui  présenter  un  rapport  qui  afQrmait,  sur  toutes  les  questions 
débattues,  le  bon  droit  de  l'Empire  et  du  comte  de  Bar,  le  mauvais 
droit  du  roi  de  France.  Rodolphe  sanctionna  les  conclusions  de  ce 
rapport  par  des  lettres  royales,  données  à  Strasbourg,  le  42  oc- 
tobre 4289,  en  ces  termes  : 

Rudolfus,  Dei  gracia,  Romanorum  rex  semper  augustus,  universis 
sacri  Romani  imperii  ûdelibus  présentes  litteras  inspecturis,  gratiam 
suametomnebonum.  Relatibus  muitorum,  crebrafamaetmultorumque- 
rimoniaad  Serenitatis  Nostre  certitudinaliter  pervenit  auditumquod  illu- 
stris . .  rex  Francie  terram  et  partes  nostras  et  sacri  Romani  imperii  subin- 
travit,  usurpando  diversimode  sibi  bona,  jura,  obventiones  et  possessiones 
in  eisdem.  Nos  autem  bujusmodi  relatuum,  famé  et  querimonie,  nequic- 
quam  minus  provide  facere  videremur,  certitudinem  omnimodam  babere 
volentes,  ad  episcopatum  Virdunensem  viros  providos  et  discrètes,  clericos 
et  laicos,  de  quorum  industria,  constancia  et  puritate  &dei  obtinuimus 
confidentiam  plenissimam,  misimus,  qui  facti  bujusmodi  inquirerent 

1 .  Vidimus  du  21  mars  1295,  reproduit  dans  un  vidimus  du  6  décembre  1299, 
Bibliothèque  nationale,  manuscrits,  collection  de  Lorraine,  vol.  199,  pièce  19; 
imprimé,  Galmet,  II,  dxxyiii. 


387 

veritatem.  Qui  cum,  inquisitione  clare  et  mature  compléta  et  in  publica 
instrumenta  redacta,  se  nostris  conspectibus  obtulissent,  relatibus,  famé 
et  querimonie  supradictis  veritatem  omnimodam  invenimus  suffragari. 
Unde,  nolentes  ut  dicta  inquisitio  facta  oblivioni  daretur,  sed  perpétue 
in  memoria  baberetur,  ipsam  inquisitionem  buic  littere  annexam 
approbamus,  ratificamus  et  testimonio  presencium  confirmamus.  Dat. 
Argentine,  .iiij".  idus  octobris,  indictione  .iij*.,  anno  Domini  .M-.GC». 
octogesimo  nono,  regni  vero  nostri  anno  septimo  decimo  ^. 

Cette  approbation  officielle  fut  à  peu  près  tout  ce  que  le  comte  de 
Bar  obtint  de  Rodolphe;  mais  lui  et  son  successeur,  Henri  III, 
paraissent  y  avoir  attaché  une  assez  grande  importance,  car  durant 
le  cours  de  leur  lutte  contre  Philippe  le  Bel,  qui  se  prolongea  pendant 
douze  ans,  ils  demandèrent  deux  fois  la  confirmation  des  lettres  de 
Rodolphe  aux  rois  élus  après  lui,  Adolphe  de  Nassau  et  Albert  de 
Habsbourg.  On  a  les  lettres  confirmatives  de  ces  deux  princes  ^  celles 
d'Adolphe  sont  en  date  du  2i  mars  ^295  et  celles  d'Albert  du  6  dé- 
cembre -(299.  C'est  par  ces  vidimus  que  le  texte  des  lettres  de 
Rodolphe,  de  ^288  et  ^289,  nous  est  parvenu^.  En  ^30^,  le  comte 
Henri  lU,  vaincu,  dut  traiter  avec  le  roi  de  France  aux  conditions 
imposées  par  celui-ci.  Il  céda  à  la  France  la  mouvance  de  tout  ce 
qu*il  avait  à  Touest  de  la  Meuse  ;  c'est  ce  qu'on  a  appelé  le  Barrois 
mouvant,  pays  qui  depuis  lors  a  toujours  été  sous  la  souveraineté 
de  la  France,  bien  que  les  princes  qui  régnaient  sur  l'Empire  n'en 
eussent  point  ratifié  la  cession.  Il  abandonna  en  même  temps  le  droit 
de  garde  sur  l'abbaye  de  Beaulieu  et  reconnut  ce  droit  au  roi. 

L'original  du  rapport  des  trois  commissaires  demeura  entre  les 
mains  du  comte  de  Bar.  Il  passa  régulièrement  à  ses  successeurs,  et 
c'est  ainsi  qu'il  est  arrivé,  avec  les  autres  titres  du  trésor  des  chartes 
de  Lorraine  et  de  Bar,  aux  archives  du  département  de  Meurthe-et- 
Moselle,  à  Nancy,  où  il  est  conservé  aujourd'hui. 

II. 

montfaucon-d'argonne. 

Le  mandat  des  commissaires  était  de  s'informer  s'il  était  vrai  que 
le  roi  de  France  entreprît  sur  les  droits  de  l'Empire,  en  essayant  de 
s'attribuer  l'autorité  sur  des  parties  du  territoire  impérial.  Ce  fut  la 

1.  Vidimus  du  6  décembre  1299,  Bibl.  nat.  et  Galmet,  ibid. 

2.  Bibl.  oat.  et  Galmet,  ibid. 


388 

(|UMklii>n  (|U*il8  posèrent  aux  témoins  appelés  à  Tenquête.  La  réponse 
l\it  uniriimlive,  et  les  témoins  désignèrent  nommément  deux  points 
(lo  rKinpIre  où  le  roi  de  France  exerçait,  selon  eux,  un  pouvoir 
iimirpô  :  Montfaucon-d'Argonne  et  Beauiieu-en-Argonne. 

Moninruicon-d^ArgonneV  bourg  sur  une  hauteur,  au  nord-ouest  de 
V(inlu(i,  Mn\i  de  Tancien  pagus  Dulcomensis  ou  Dormois^,  du  dio- 
<)^iiii  (1^  Iteims  et  du  doyenné  de  Dun.  La  seigneurie  et  la  justice  du 
IhMi  nppartenaient  à  une  collégiale  qui  y  était  établie  sous  Tinvoca- 
iiort  d()  mini  Germain,  et  qui  avait  remplacé  une  ancienne  abbaye  ; 
|0M  (îharioines  et  leur  prévôt  tenaient  cette  seigneurie  en  fief  de 
\'hlu\\u^  et  de  TÉglise  de  Verdun^,  auxquels  l'abbaye  quMls  rempla- 
t^aUmi  avait  été  donnée,  entre  les  années  888  et  893,  par  Ârnoul,  roi 
iU%  (hirmsLïïie * .  En  outre,  le  comte  de  Grand-Pré'*  y  eut  longtemps 
flMu  droits  de  chasse,  de  gîte,  de  charroi,  d'ost,  de  chevauchée  et 
tuhum  de  justice,  qu'il  tint  d'abord  du  comte  de  Bar  ^  et  qu'il  lui 
vwidlt  en  ^267^.  Ces  droits  amenèrent  des  discussions  entre  le 
çAmUi  de  Bar  et  le  chapitre  des  chanoines  ;  un  long  rôle  de  déposi- 
tions de  témoins,  conservé  aux  archives  de  Meurthe-et-Moselle,  est 
consacré  à  la  discussion  de  l'étendue  des  droits  que  le  comte  de 
Grand-Pré  exerçait  à  Montfaucon  avant  la  vente  consentie  par  lui  au 
comte  de  Bar^.  Peut-être  ces  difficultés  furent-elles  la  cause  qui 

1.  Meuse,  arrondissement  de  Montmédy,  chef-lieu  de  canton. 

2.  Longnon,  Études  sur  les  pagi  de  la  Gaule,  2*  partie  {Bibliothèque  de 
l'école  des  hautes  études,  11*  fascicule),  p.  50  et  53. 

3.  Ci-dessous,  §g  21,  62,  63,  66  ;  archives  de  Meurthe-et-Moselle,  trésor  des 
chartes,  layette  Bar  fiefs  I,  n**  15. 

4.  Wassebourg,  Antiquités  de  la  Gaule  helgique,  t.  I,  f>  174  r. 

5.  Ardennes,  arrondissement  de  Vouziers,  chef-lieu  de  canton. 

6.  Aveu  de  novembre  1260,  cartulaire  de  Bar,  Bibliothèque  nationale,  ms.lat. 
1 1853,  f»  34  V». 

7.  Acte  du  27  octobre  1267,  ibid.,  f»  35  r*  et  v. 

8.  Trésor  des  chartes  de  Lorraine,  Bar  fiefs  I,  n"  15.  Ce  rôle  ne  parle  jamais 
des  droits  du  comte  de  Grand-Pré  c[u'à  l'imparfait  :  «  li  cuens  de  Grant-Prey  i 
avoit  sa  justice  sus  ses  homes  et ...  estoient%m  homejustisable...  »  l\  est  donc 
postérieur  à  la  vente  de  1267,  mais  de  peu  d'années  apparemment,  car  il  n'y  est 
jamais  question  de  droits  exercés  par  le  comte  de  Bar  lui-même.  Les  difficultés 
auxquelles  il  a  trait  se  seront  sans  doute  produites  au  moment  où  le  comte  de 
Bar  aura  voulu  entrer  en  possession  des  droits  que  lui  avait  cédés  le  comte  de 
Grand-Pré.  —  Le  rôle  contient  les  dépositions  de  huit  habitants  de  Nantillois 
(Meuse,  arrondissement  de  Montmédy,  canton  de  Montfaucon-d'Argonne)  ;  ces 
témoins  contredisent,  en  termes  fort  vifs,  les  dépositions  données  par  d'autres 
témoins,  qui  prétendaient  restreindre  les  droits  du  comte  au  profit  du  chapitre. 
La  pièce  n'est  qu'une  longue  suite  de  démentis  :  «  De  ce  que  Andreus  dit  que 


389 

décida  le  chapitre  à  chercher  une  protection  au  dehors.  Le  roi  de 
France  devait  être  tout  disposé  à  saisir  Toccasion  de  mettre  sous  sa 
main  le  bourg  de  Montfaucon,  position  stratégique  avancée,  qui 
dominait  la  vallée  de  la  Meuse  et  le  territoire  de  l'Empire,  à  quelques 
lieues  seulement  de  la  cité  épiscopale  de  Verdun.  Philippe  le  Hardi 
conclut  avec  les  chanoines  un  acte  de  «  compaingnie  »,  comme  rap- 
pelle notre  texte,  c'est-à-dire  une  association  de  seigneurie  et  de 
justice.  J'aurais  voulu  retrouver  cet  acte,  auquel  il  est  fait  plusieurs 
fois  allusion  dans  l'enquête  de  -(288  ^  -,  je  l'ai  demandé  en  vain  aux 
archives  nationales,  à  Paris,  et  aux  archives  de  la  Meuse,  à  Bar- 
le-Duc.  Ces  établissements  possèdent  l'un  et  l'autre  des  titres 
qui  proviennent  de  Montfaucon-d'Argonne,  mais  l'acte  de  la 
compagnie  avec  Philippe  le  Hardi  n'y  a  pu  être  trouvé,  ni  en 
original  ni  en  copie.  H  semble  pourtant  que  le  texte  de  cet  acte  se 
soit  conservé  jusqu'à  nos  jours,  car  il  est  cité  à  plusieurs  reprises 
dans  le  Dictionnaire  topographique  du  département  de  la  Meuse, 
sous  le  nom  de  «  Cession  à  Philippe  le  Hardi  »  et  avec  la  date 
de  ^272^.  Cet  accord  permit  au  roi  d'envoyer  à  Montfaucon  un 
prévôt  pour  y  rendre  la  justice  en  son  nom^.  La  nouvelle  prévôté 
royale  fut  placée  dans  le  ressort  du  bailliage  de  Vermandois  ;  elle  est 
mentionnée  dans  deux  arrêts  insérés  aux  Olim  et  rendus,  Tun  au 
parlement  de  la  Chandeleur  en  4274,  l'autre  à  celui  de  la  Pentecôte 
en  4284 ,  qui  ont  pour  objet  des  plaintes  du  comte  de  Bar  ou  de  ses 
gens  contre  deux  prévôts  de  Montfaucon^.  Le  comte  n'avait  donc 
pas  cessé  d'être  en  dijBférend  avec  les  habitants  et  les  autorités  de 
Montfaucon^,  sans  doute  toujours  à  propos  des  droits  partiels  de  sei- 


l'esglize  de  Montfalcon  at  toule  justice  ...  il  ne  dit  pas  voir...  Qu'il  vit  bannir 
a  la  justice  de  Montfalcon  Heibert  Tournemine,  c'est  fauz...  Qu'il  le  vit  bannir 
depuis  X  ans  ensa,  il  ce  ment...  Contre  Goulon  d'Aspremont ,  de  ce  qu'il  dit 
qu'il  at  veu  veeir  la  chevalchie  au  conte  et  Tost,  il  ce  ment,  ausi  corn  Andreus 
ment  de  ceste  choze...  »  Ces  formules  reviennent  presque  à  toutes  les  lignes  de 
la  pièce,  qui  remplit  quatre  grandes  feuilles  de  parchemin.  11  serait  intéressant 
de  connaître  un  peu  mieux  l'occasion  qui  a  fait  rédiger  ce  curieux  document  et 
la  procédure  antérieure  à  laquelle  il  se  réfère. 

1.  Ci-dessous,  §§  3,  10,  ^1,  44,  58,  61. 

2.  Félix  Liénard,  Dictionnaire  topographique  du  département  de  la  Meuse^ 
articles  Cuisy,  Montfaucon,  Septsarges, 

3.  Enquête,  §  1. 

4.  Les  Olim,  publiés  par  Beugnot,  t.  11^  p.  57  et  176.  Dans  le  second  de  ces 
arrêts,  il  s'agit  d'un  ancien  prévôt,  qui  avait  cessé  ses  fonctions  depuis  huit  ans. 

5.  C'est  ce  qui  résulte  aussi  d'une  lettre  du  24  octobre  1278,  par  laquelle  le 


390 

gneurie  quMl  avait  acquis  sur  ce  lieu  ;  mais  il  ne  songeait  pas  alors 
à  contester  la  légitimité  du  pouvoir  qu'y  exerçait  le  roi  de  France, 
puisqu'il  portait  à  la  cour  même  du  roi  les  plaintes  qu'il  avait  à  fkire 
contre  son  prévôt.  Au  reste,  à  une  époque  qui  n'est  pas  exactement 
déterminée,  probablement  quelques  années  avant  4288,  la  compagnie 
entre  le  roi  de  France  et  le  chapitre  de  Montfkucon  Ait  annulée  par 
arrêt  du  parlement  ;  ce  sont  deux  des  témoins  de  l'enquête  qui  nous 
l'apprennent,  sans  dire  comment,  à  quel  propos  ni  sur  la  demande 
de  qui  cette  annulation  fut  prononcée  :  «  Mes  sires  Eudes ...  dit  qu'il 
vit  que  ii  roy  de  France  ...  ne  justisoiet  au  dit  leu  de  Montfalcon  ne 
as  parties  par  desai  entre  Montfalcon  et  Verdun,  ne  riens  n'i  avoient 
qu'il  eust  o\  dire  ne  veu,  ains  vit  que  MonfTalcons  estoit  justicie  par 
celz  de  l'Empire,  fors  puis  la  compaingnie  que  li  rois  de  France  et  li 
chenoinne  de  Montfalcon  firent  ensemble,  la  queilz  compaingnie  par 
droit  en  debatant  est  alee  a  niant  en  la  court  le  roy  de  France,  » 
(§  3,  cf.  §  64.)  Cet  arrêt  d'annulation,  dont  il  ne  nous  est  parvenu 
aucune  autre  trace,  était  sans  doute  enregistré  dans  ce  volume  perdu 
des  Olim^  dont  M.  Delisle  a  en  grande  partie  restitué  le  texte  ^ 

Telle  était  la  situation  au  moment  de  l'enquête  de  Verdun,  et  l'on 
ne  voit  pas  bien  à  quel  propos  on  fit  intervenir  le  nom  de  Montfau- 
con  dans  l'affaire  qui  avait  motivé  cette  enquête.  L'annulation  de 
l'acte  d'association  de  4272  avait  sans  doute  mis  fin  à  l'exercice  de 
l'autorité  du  roi  de  France  à  Montfaucon  ;  en  effet,  quand  un  témoin 
de  l'enquête,  signalant  l'intervention  française  en  ce  lieu,  mentionne 
notamment  l'envoi  d'un  prévôt  royal,  il  parle  au  passé  :  «  il  dit  qu'il 
ait  veu  que  li  roi  de  France  n'avoient  ne  signorie  ne  jostice  à  Mont- 
falcon, et  puis  at-il  veu  que  li  rois  i  emvoieait  un  suen  prevost  por 


comte  de  Nevers  prie  le  roi  de  lui  renvoyer,  comme  au  juge  du  domicile  du 
défendeur,  une  action  mobilière  portée  en  parlement  contre  le  comte  de  Bar  par 
le  chapitre  de  Montfaucon  :  «  Cum  ...  Thob.,  cornes  Barren.,  super  mobilibus 
et  capitalibus  a  preposito  et  capitulo  ecclesie  Montis  Falconis  coram  vobis  con- 
veniatur  vel  conveniri  speretur  et  dictus  cornes  sit  cubans  et  levans  seu  domi- 
cilium  habeat  in  feodo  nostro  et  territorio,  propter  quod  nostre  juridicionis  est 
quantum  ad  predicta...  »  (Archives  de  Meurthe-et-Moselle,  trésor  des  chartes 
de  Lorraine  et  de  Bar,  layette  Bar  mouvant,  n*  t4.) 

1.  Dans  Boutaric,  Actes  du  parlement  de  Paris,  t.  I.  —  On  trouve  dans  le 
ms.  n**  718  de  la  collection  de  Lorraine,  à  la  Bibliothèque  nationale,  f*'  93,  97 
et  104  r°%  des  actes  de  la  cour  du  prévôt  ecclésiastique  de  Montfaucon,  en  date 
d'avril  1281  et  de  1282,  sans  qu'il  soit  fait  aucune  mention  d'un  prévôt  du  roi 
de  France.  Ceci  peut  donner  lieu  de  croire  l'annulation  de  l'accord  de  1272  anté- 
rieure à  1281. 


394 

lai  josUtîer,  li  queilz  prevos  avoit  a  nom  Martin.  »  (§  4 .)  Aucun  des 
témoins  ne  dit  positivement  qu'au  moment  même  où  il  parle,  le  roi 
de  France  occupe  Montfaucon  et  y  usurpe  le  pouvoir. 

Ëtait-il  vrai,  comme  le  prétend  l'enquête,  que  Montfaucon  fût  de 
l'Empire  et  que  Philippe  le  Hardi  eût  commis  une  usurpation  en  y 
envoyant  son  prévôt?  Il  faut  distinguer.  Montfaucon  était  de  PEmpire, 
cela  paraît  certain.  On  ne  comprendrait  pas,  autrement,  comment  le 
roi  de  Germanie  Arnoul  aurait  pu  donner  ce  lieu  à  l'Église  de  Verdun, 
ainsi  qu'on  l'a  vu  plus  haut.  Un  document  ancien,  qui  décrit  les 
limites  du  comté  épiscopal  de  Verdun,  fait  passer  ces  limites  par 
Montfaucon,  ce  qui  semble  englober  ce  lieu,  au  moins  en  partie, 
dans  le  comté  ^  ;  or  il  n'est  pas  douteux  que  le  comté  de  Verdun  ne 
fût  fief  d'Empire.  Enfin,  Montfaucon  est  situé  plus  à  Test  que  les 
lieux  de  Cierges  et  Romagnes,  au  nord,  de  Gheppy  et  Varennes,  au 
sud,  que  des  textes  français  du  xiv®  siècle  disent  expressément  in 
Imperio^.  Il  y  a  donc  tout  lieu  d'admettre  les  affirmations  des 
témoins  de  4288,  quand  ils  déclarent  qu'aucun  roi  de  France,  avant 
Philippe  le  Hardi,  n'avait  exercé  d'autorité  sur  Montfaucon  (§§4,3, 
40,  24,  44,  58,  64),  que  ce  lieu  n'avait  pas  contribué  aux  décimes 
levés  exclusivement  en  territoire  français  (§§4,  2,  40,  47,  48),  qu'on 
n'y  avait  pas  tenu  compte  des  sentences  d'interdit  prononcées  sur  la 
France  {§  4).  Ce  qui  n'est  pas  si  clair,  c'est  que  l'association  du  roi 
de  France  avec  les  chanoines  et  l'envoi  d'un  prévôt  royal  consti- 
tuassent, ainsi  qu'on  le  prétend,  une  entreprise  illicite,  et  un  abus 
d'autorité.  La  qualité  de  roi  d'un  pays  n'excluait  pas,  dans  le  régime 

1.  Ce  docoraent,  dont  la  date  est  incertaine,  a  été  publié  par  Mabillon,  Lthro- 
mm  de  re  diplomatica  Supplemenium,  p.  101,  et  réimprimé,  entre  autres,  dans 
le  Dictionnaire  topographique  du  dép,  de  la  Meuse,  de  M.  F.  Liénard,  p.  xu. 
Il  commence  par  ces  mots  :  c  Virdunensis  coDii talus  ita  in  circuitu  habetur. 
Incipit  enim  a  Leone  Montefalconis  ...  »  et  finit  par  ceux-ci  :  «  et  inde  recta  i^ia 
usque  ad  Montemfalconis  et  usque  adLeonem  a  quo  prius  incepimus.  »  Il  suffit 
des  mots  usque  ad  Montemfalconis  pour  faire  voir  que  la  limite  passait  par 
Montfaucon.  Quant  aux  mots  Léo  Montefalconis,  on  les  a  traduits  par  Lion- 
devant-Dun,  lieu  autrefois  dépendant  de  la  collégiale  de  Montfaucon  ;  c'est  faire 
remonter  la  ligne  de  frontière  bien  loin  au  nord,  et  Ton  ne  voit  guères  comment 
elle  pourrait  revenir  de  là  à  Soutry  (commune  de  Sivry-sur-Meuse),  dont  il 
parait  être  question  ensuite.  Le  leo  Montefalconis  n^était-il  pas  plutôt  un 
lion  de  pierre  établi  à  Montfaucon  même  pour  marquer  la  limite  ?  11  y  avait  de 
même  à  Verdun,  selon  M.  Liénard  {Dictionnaire,  p.  130),  un  lion  de  pierre,  au 
bas  d'une  des  tours  de  la  cathédrale,  qui  marquait  la  limite  de  la  juridiction 
du  chapitre  ;  on  montre  aujourd'hui  ce  lion  au  musée  de  Verdun. 

2.  Varin,  Archives  administratives  de  Reims,  t.  I,  p.  1091,  1092,  1097. 


392 

féodal,  le  droit  de  tenir  une  seigneurie  en  un  autre  royaume  ;  c'est 
ainsi  que  les  rois  d'Angleterre  tinrent  longtemps  en  France  le  duché 
de  Normandie  et  d'autres  fiefs,  les  rois  d'Aragon  le  comté  de  Barce- 
lone, que  Philippe  le  Bel  et  ses  fils  tinrent  en  TËmpire  le  comté  de 
Bourgogne.  Rien  n'empêchait,  ce  semble,  Philippe  le  Hardi  d'acquérir 
de  même  des  chanoines  de  Montfaucon,  seigneurs  de  ce  lieu,  une 
part  de  leur  seigneurie,  qu'elle  fût  de  France  ou  d'Empire.  Du 
moment  qu'il  n'y  exerçait  le  pouvoir  qu'en  vertu  d'une  association 
avec  les  seigneurs,  c'était  comme  co-seigneur  et  non  comme  roi  quMl 
l'exerçait,  et  il  n'y  avait  là,  au  point  de  vue  du  droit  strict,  aucune 
intrusion  de  la  souveraineté  française  en  Allemagne. 

Trente  ans  après  l'époque  qui  nous  occupe,  en  novembre  -1849, 
une  nouvelle  association  de  seigneurie  et  de  justice  fut  conclue  entre 
le  roi  de  France  et  le  chapitre  de  Montfaucon  * .  Il  fut  convenu  que  le 
chapitre  et  le  roi  auraient  chacun  leur  prévôt,  que  les  deux  prévôts 
rendraient  concurremment  la  justice,  que  les  émoluments  et  profits 
de  la  seigneurie  seraient  partagés,  etc.  Ce  second  partage  fut  plus 
durable  que  le  premier  ;  l'état  de  choses  qu'il  établit  a  duré  jusqu'à 
la  révolution  ^  ;  la  suzeraineté  de  l'Église  de  Verdun  sur  Montfkucon 
tomba,  à  ce  qu'il  semble,  en  oubli.  La  prévôté  royale  de  Montfaucon- 
d'Argonne  dépendait  encore  au  xviii«  siècle,  comme  sous  Philippe  le 
Hardi,  du  bailliage  de  Vermandois^. 

Relevons  encore,  avant  d'en  finir  avec  Montfaucon,  quelques  dé- 
tails nouveaux  qu'apporte,  pour  l'histoire  de  cette  localité,  l'enquête 
de  \  288.  Nous  y  apprenons  qu'au  xiii®  siècle,  non  seulement  le  pré- 
vôt du  chapitre  tenait  sa  prévôté  en  fief  de  l'évêque  de  Verdun,  mais 
encore  que  l'évêque  avait,  en  vertu  de  cette  tenure,  la  jouissance  et 
l'administration  de  la  prévôté  lorsque  celle-ci  était  vacante  (§§  62, 
63)  ;  qu'il  y  avait  à  Montfaucon  une  tour  forte,  qui  constituait  le  corps 

1.  Copie  de  1547,  sur  papier,  aux  archives  nationales,  J  760,  n*  41. 

2.  Les  comtes  de  Bar  avaient  dû  Taccepter  ;  voir  des  lettres  de  la  comtesse  de 
Bar  régente  (1344-1352),  demandant  au  roi  de  France  des  faveurs  pour  ses  sujets 
habitant  Montfaucon  :  archives  de  Meurthe-et-Moselle,  trésor  des  chartes  de 
Lorraine  et  de  Bar,  layette  Bar  ville  et  bailliage  I,  n**  20.  En  1346,  dans  l'un  des 
textes  publiés  par  Yarin  et  déjà  mentionnés  [Arch.  admin,  de  Reims,  I,  1093), 
Montfaucon  est  nommé  sans  la  qualification  in  Imperio,  peut-être  parce  que  le 
roi  y  était  de  fait  aussi  maître  que  dans  son  royaume.  Du  reste,  les  rédacteurs 
de  ces  textes  ne  paraissent  pas  s'être  astreints  à  donner  régulièrement  cette  qua- 
lification à  tous  les  lieux  auxquels  elle  pouvait  s'appliquer.  ' 

3.  Titres  modernes  de  la  collégiale  de  Saint  Germain  de  Montfaucon,  aux 
archives  de  la  Meuse. 


393 

du  fief  tenu  de  Tévêque  par  le  prévôt  (§  24)  et  dont  le  prévôt  devait 
en  certains  cas  délivrer  les  clefs  à  Tévêque  {§  56)  ;  que,  sous  répisco- 
pat  de  Robert  de  Milan  (4  255-'(  27'(  ) ,  cette  tour  fut  attaquée  et  détruite 
par  le  comte  de  Grand-Pré^  (§§  62,  66),  que  l'évêque  la  fît  refaire 
(§§  59,  62,  66)  et  dépensa  pour  cela  une  somme  de  trente  à  quarante 
livres  (§  65)  ^  enfin,  suivant  un  des  témoins,  «  cil  de  Montfalcon 
doient  chascun  an  a  la  citei  de  Verdun  une  certainne  soume  d'argent 
por  paier  les  waites  dou  chasteil  de  Verdun  et  refaire  une  partie  des 
murs  dou  chasteil  de  Verdun,  et  parmi  ce  il  pueent  devenir  borgois 
de  Verdun  quant  il  lor  plait  »  (§  44) . 

III. 

BEAULIEU-EN-ARGONNE. 

Le  second  lieu  d'Empire  où  le  roi  de  France,  selon  les  témoins  de 
Tenquête,  entrait  sans  droit  et  «  de  novel  »,  c'est  celui  qui  avait  fait 
l'objet  premier  du  débat,  Beaulieu-en-Argonne.  On  a  vu  que,  l'année 
précédente,  en  -1287,  une  enquête  faite  à  Sainte-Menehould  et  un 
arrêt  rendu  en  parlement  à  Paris  avaient  déclaré  que  Beaulieu  était 
du  comté  de  Champagne  et  du  royaume  de  France  ;  l'enquête  faite  à 
Verdun  en  4288  le  déclare  au  contraire  du  royaume  d'Allemagne  çt 
de  l'Empire.  Pour  juger  qui  avait  raison,  il  faudrait  pouvoir  lire 
également  les  assertions  des  deux  parties  et  comparer  au  texte  de 
l'enquête  de  Verdun  celui  de  Tenquête  de  Sainte-Menehould.  Peut- 
être  ne  doit-on  pas  renoncer  à  tout  espoir  de  retrouver  cette  dernière. 
En  attendant  ce  hasard  heureux,  on  en  est  réduit,  pour  juger  la 
question,  à  de  bien  faibles  indices. 

La  première  raison  alléguée  pour  prouver  que  Beaulieu  est  de 
l'Empire,  c'est  qu'il  «  siet  desai  le  rui  de  Byenme  devers  Verdun, 

1.  Comparez  le  passage  suivant  du  rôle  des  dépositions  des  habitants  de  Nan- 
tiliois  sur  les  droits  du  comte  de  Grand-Pré  à  Montfaucon,  cité  plus  haut  ;  je 
restitue  par  conjecture,  entre  crochets,  les  mots  effacés  dans  Toriginal  :  c  Item, 
de  ce  qu'il  dit  qu'onques  l'esvesques  de  Verdun  n'anvoiat  gens  pour  [au s  def- 
fendre,  il  ce  ment],  car  en  icelui  tains  que  li  esvesques  [de  Verdun]  envo[iat 
gens]  a  Montfalcon  por  deffendre  la  tour,  [li  cuens  de]  Grant-Prey  avoit  bâtant 
a  la  ville  de  Mont[falcon,  et]  prist  [dous  ho]mes  en  la  tour,  la  envoiiez  de  par 
re8[vesque  de]  Verdun,  [c'est]  a  savoir  mon  signor  Jehan  Rober  et  mon  8[ignor  ...] 
Thouain  de  Verdun,  et  les  [menât  ou  chastel  de  Gr]ant-Prey  mes  sires  Jehans 
de  Cannon.  » 

2G 


394 

li  queilz  rus  de  Byenrae  départ  le  royaime  de  l'Empire.  »  (§  4 .)  L'ar- 
gumenl  pèche  par  la  base  :  la  Biesme,  affluent  de  droite  de  TAisne, 
coule  du  sud-est  au  nord-ouest,  et  Beaulieu  est  situé  au  sud-est  de  la 

source  de  ce  cours  d'eau  :  il  n'est  donc  ni  en  deçà  ni  au  delà  de  la 

* 

rivière.  Un  autre  argument,  qui  n'est  qu'une  présomption  et  non  une 
certitude,  c'est  que  Beaulieu  était  du  diocèse  de  Verdun,  de  l'ancien 
pagus  Virdunensis  :  or,  s'il  y  a  eu  parfois  des  diocèses  et  des  po^t 
partagés  entre  la  France  et  l'Allemagne  (on  peut  citer  pour  exemple 
le  diocèse  de  Reims  et,  à  ce  qu'il  semble,  le  pagus  Dulcomensis  ou 
Dormois),  d'autres  fois,  plus  souvent  même  sans  doute,  ce  sont  les 
limites  des  pagi  et  des  diocèses  qui  ont  servi  à  former  celles  des 
États  %  et  le  Verdunois  était  certainement  compris,  au  moins  en 
majeure  partie,  dans  l'Empire.  Une  autre  présomption  peut  être  tirée 
d'un  arrêt  du  parlement  de  France,  rendu  trente  an§  après,  en  4348, 
qui  contredit  celui  de  4287.  En  4287,  la  cour  avait  décidé  à  la  fois 
que  Beaulieu  était  de  Champagne  et  qu'il  était  de  France.  En  4348, 
le  comte  de  Champagne  ayant  réclamé  la  garde  de  Beaulieu,  comme 
d'une  abbaye  sise  en  son  comté,  les  religieux  soutinrent  au  con- 
traire que  leur  couvent  n'était  pas  situé  en  Champagne,  mais  «  ultra 
terminos  comîtatus  Campanie  versus  Verdunum  »,  et  la  cour,  leur 
donnant  raison,  adjugea  la  garde  au  roi^.  Comme,  en  4287,  le  roi 
de  France  était  en  même  temps  comte  de  Champagne,  tandis  qu'en 
4348  le  roi  et  le  comte  étaient  deux  personnages  distincts,  les  deux 
décisions  se  trouvent  chacune  avoir  été  rendue  au  mieux  des  intérêts 
de  la  couronne;  mais  c'est  la  seule  ressemblance  qu'on  puisse  trouver 
entre  elles.  Sur  le  point  de  savoir  si  Beaulieu  était  ou  non  du  comté 
de  Champagne,  la  seconde  détruit  la  première  ;  et  celle-ci  n'avait 
déclaré  que  Beaulieu  était  du  royaume  qu'en  déclarant  qu'il  était 
aussi  du  comté.  Si  les  juges  ont  été  mal  informés  sur  un  point,  il  est 
à  craindre  qu'ils  n'aient  pas  été  mieux  informés  sur  l'autre,  et  l'on 
est  tenté  de  penser  qu'en  réalité,  en  4287,  Beaulieu  n'était  ni  du 
comté  ni  du  royaume.  Mais  tout  cela  reste  au  fond  fort  incertain. 
Les  autres  arguments  mis  en  avant  pour  attribuer  Beaulieu  à 

1.  Ainsi,  en  1290,  dans  la  Thiérache,  le  c  rieu  que  on  appelle  le  Robissuel  », 
c'est-à-dire  le  haut  cours  de  la  Sambre,  séparait  à  la  fois  c  le  royaulme  de 
France  de  l'Empire  et  l'evesquiet  de  Loon  et  de  Gambray.  »  (Gartulaire  de  Guise, 
à  la  Bibl.  nat.,  ras.  lat.  17777,  f'  235  V  ;  Mallon,  Dictionnaire  topographique 
du  département  de  l'Aisne,  p.  254.) 

2.  Arrêt  du  9  août  1318,  après  enquête  :  les  Olim,  publ.  parBeugnot,  t.  llï, 
p.  1304-1305. 


395 

l'Empire  sont  des  affirmations  intéressantes  à  recueillir,  mais  que 
nous  ne  pouvons  contrôler.  Les  témoins  assurent  qu'aucun  roi  de 
France,  avant  Philippe  le  Bel,  n'avait  exercé  une  autorité  quelconque 
dans  l'abbaye  ni  sur  son  territoire  (§§  3,  ^5,  2^,  40,  44,  47,  58)  ; 
que  le  comte  de  Bar,  auquel  appartenait  jusque-là  (ceci  n'est  pas 
douteux)  la  garde  de  Beaulieu,  tirait  du  droit  de  garde  celui  de  fortifier 
l'abbaye^  et  de  s'en  servir  comme  d'une  défense  pour  repousser  les 
attaques  du  côté  de  la  Champagne  {§§  < ,  3,  ^0,  ^5,  58,  6^ ,  63)  ;  qu'il 
tenait  cette  garde  et  ces  droits  en  fief  de  l'évêque  de  Verdun,  qui  lui- 
même  en  tenait  la  mouvance  du  roi  des  Romains  (§§  3,  6-1)  ;  que 
Tabbaye  avait  dû  reconnaître  la  juridiction  du  comte  de  Bar  et  avait 
souvent  plaidé  devant  sa  cour  à  Saint-Mihiel,  «  qui  est  bien  avant  en 
l'Empire  oltre  la  Mueze  par  devers  Alemengne  »  (§§  ^8,  22,  37,  42, 
47,  58,  6-1)  ;  que  Beaulieu,  comme  Montfaucon,  n'avait  jamais  con- 
tribué aux  décimes  perçus  sur  le  clergé  de  France,  mais  bien  aux 
subsides  levés  sur  le  clergé  de  l'Empire^  (§§  ^,  2,  >!  0,  47, 48,  58)  -,  que 
les  habitants  de  Beaulieu,  comme  ceux  de  Montfaucon,  étaient  tenus 
de  contribuer  aux  dépenses  des  fortifications  et  de  la  garde  de  Ver- 
dun, et  avaient  le  droit  de  se  faire  recevoir  citoyens  de  cette  ville 

1.  n  ne  l'avait  fortifiée  que  de  palis  ;  le  roi  de  France,  aussitôt  qu'il  l'eut 
entre  ses  mains,  s'empressa  de  substituer  aux  remparts  de  bois  des  remparts  et 
des  tours  de  pierre  :  c  Et  dit  que  celle  ecglise  de  Biaulleu,  qui  fuit  fermée  de 
pelis  par  les  gens  de  l'Empire  contre  ces  de  Ghampengne,  li  rois  de  France,  sires 
de  Ghampengne,  fait  orendroit  fermer  de  pierre  contre  ces  de  l'Empire  et  fait 
ovrer  et  faire  aparel  por  faire  iiij  tours.  »  (§  15.) 

2.  Ges  subsides  sont  désignés  sous  le  nom  de  vingtième,  qui  ferait  croire  à 
une  contribution  régulière  levée  par  les  Empereurs  et  rois  des  Romains  sur  les 
églises  de  leurs  États,  à  l'exemple  des  décimes  français,  et  fixée  à  un  vingtième 
du  revenu.  Pourtant,  grâce  à  une  obligeante  communication  de  M.  le  professeur 
J.  Ficker,  d'Innsbruck,  transmise  par  M.  le  D"  Miihlbacher,  je  suis  informé 
qu'on  ne  connaît  aucune  contribution  semblable  en  Allemagne  au  xiii'  siècle. 
Est-ce  une  erreur  de  notre  texte?  Ou  faut-il  y  voir  la  révélation,  unique  jusqu'à 
ce  jour*  d'une  institution  qui  n'aurait  laissé  aucune  autre  trace?  —  Qu'est-ce  aussi 
c[ue  cette  concession  de  décime  et  de  vingtième  qui  fut  faite  à  Gambrai,  selon 
le  §  2  de  l'enquête?  Notre  confrère  M.  Gerbaux,  qui  a  fait  des  décimes  levés  en 
France  au  xiii*  siècle  l'objet  de  sa  thèse  de  l'école  de^  chartes  (encore  inéxlite), 
n'a  connaissance  d'aucune  concession  de  décime  prononcée  à  Gambrai.  — Enfin, 
les  témoins  de  l'enquête  admettent,  comme  un  fait  certain,  que  les  décimes  per- 
çus par  les  rois  de  France  n'étaient  levés  qu'en  territoire  français.  M.  Gerbaux 
a  bien  voulu  me  fournir  la  preuve  qu'au  contraire  des  décimes  ont  été  plusieurs 
fois  levés  par  les  rois  de  France,  au  xiii*'  s.,  sur  des  Églises  étrangères  au 
royaume,  et  en  particulier  sur  celle  de  Verdun.  —  Je  dois  me  borner  ici  à  signaler 
ces  diverses  difficultés,  en  laissant  à  de  plus  compétents  le  soin  dé  les  résoudre. 


396 

quand  ils  le  voulaient  (§  44)^  enfin,  que  l'abbé  de  Beaulieu  avait 
envoyé  un  clerc  pour  le  représenter  au  concile  national  d'Allemagne 
assemblé  à  Wurtzbourg  en  4287  *  (§  56). 

Par  le  traité  de  4304,  le  conate  Henri  III  reconnut  au  roi  le  droit 
de  garde  sur  l'abbaye  de  Beaulieu.  Mais  les  controverses  sur  la  situa- 
tion de  celte  abbaye  ne  furent  pas  éteintes.  Elles  ont  duré  jusqu'aux 
tenaps  modernes.  En  4565,  la  question  de  savoir  si  Beaulieu  appar- 
tenait au  roi  de  France  ou  au  duc  de  Lorraine  fut  encore  l'objet  d'une 
enquête,  dont  le  procès-verbal  se  trouve  à  Paris  aux  archives  natio- 
nales (J760,  nM4). 


IV. 


LA    BIESME. 

La  preuve,  selon  plusieurs  des  témoins,  que  Beaulieu  est  de  l'Em- 
pire, c'est  qu'il  «  siet  par  desai  le  ru  de  Byenme  devers  Verdun  »  et 
que  la  Biesme  «  départ  le  royalme  de  l'Empire,  et  est  li  royalmes  de 
France  par  délai  le  dit  ru  de  Bienme  et  li  Empires  par  desai  le  dit 
ru  devers  Verdun  »  (§§  4,  3,  30,  40).  La  première  proposition  est 
erronée,  on  l'a  déjà  remarqué  :  Beaulieu  est  au-dessus  de  la  source 
de  la  Biesme  et  n'est  ni  en  deçà  ni  au  delà  de  ce  cours  d'eau.  La 
seconde  paraît  exacte.  Il  y  a  tout  lieu  de  croire  qu'en  elTet  la  Biesme, 
ou  du  moins  une  partie  du  cours  de  cette  rivière,  formait  au  xiii*  siècle 
la  limite  entre  la  France,  qui  en  occupait  la  rive  gauche,  et  l'Empire, 
qui  en  occupait  la  rive  droite,  comme  elle  a  depuis  formé  la  limite 
entre  la  Champagne  et  le  Glermontois,  comme  elle  la  forme  aujour- 
d'hui entre  le  département  de  la  Marne  et  celui  de  la  Meuse.  En  tout 
cas,  il  ne  faut  pas  nous  plaindre  que  l'on  ait  insisté  longuement, 
dans  l'enquête  de  4288,  sur  ce  point  au  fond  étranger  au  débat. 
Il  y  a  plusieurs  renseignements  historiques  curieux  à  tirer  des  argu- 
ments apportés  par  les  témoins  à  l'appui  de  leurs  assertions. 

M.  Longnon,  dans  ses  éclaircissements  sur  la  carte  de  la  France 
en  4259  qu'il  a  faite  pour  le  Joinville  de  M.  de  Wailly  2,  a  indiqué 
la  difficulté  qu'on  éprouve  à  marquer,  pour  le  milieu  du  xin«  siècle. 


1.  Labbe,  Sacrosancta  Conciliaj  XI,  1318. 

2.  Jean,  sire  de  Joinville,  Histoire  de  saint  Louis,  etc.,  par  M.  Natalis  de 
Wailly,  2-  édition  (1874),  p.  562. 


397 

la  frontière  exacte  du  royaume  du  côté  de  la  Champagne  ;  il  s'est 
décidé,  non  sans  hésitation,  à  admettre  que  l'ancien  comté  d'Astenois 
{pagus  Stadunensis) ,  au  diocèse  de  Ghâlons,  faisait  tout  entier  partie 
de  l'Empire.  Cette  opinion  ne  peut  plus  être  admise.  Le  pays  d'As- 
tenois,  dont  M.  Longnon  a  si  bien  établi  la  véritable  situation, 
l'étendue  et  les  limites  ^  comprenait  le  territoire  des  doyennés  ecclé- 
siastiques de  Sainte-Menehould  et  de  Possesse,  sur  la  rive  gauche  de 
la  Biesme,  qui  lui  servait  de  limite  au  nord-est.  Il  était  donc  au  delà 
de  cette  rivière  par  rapport  à  Verdun,  par  conséquent  en  territoire 
français,  selon  le  témoignage  de  l'enquête  de  4288,  si  favorable 
pourtant  à  l'Empire.  Parmi  les  témoins  qui  furent  entendus  dans 
cette  enquête,  et  qui  tous  déposèrent  contre  la  France  et  en  faveur 
de  l'Empire,  beaucoup  étaient  des  vieillards  en  4288,  c'est-à-dire 
déjà  des  hommes  faits  en  4259,  date  à  laquelle  se  place  M.  Longnon  ; 
si,  dans  leur  jeunesse,  la  rive  gauche  de  la  Biesme  avait  appartenu 
à  l'Empire,  ils  auraient  eu  soin  de  le  dire.  Ils  l'attribuent  sans  hési- 
tation à  la  France  ;  c'est  une  preuve  suffisante  que  ce  territoire  était 
compris  dans  les  limites  traditionnelles  du  royaume  ^. 

La  rive  droite,  d'autre  part,  était  certainement  territoire  d'Empire. 
C'est  le  pays  connu  sous  le  nom  de  Clermontois,  qui  appartenait 
encore  à  l'Empire  au  xvii®  siècle  et  ne  fut  cédé  à  la  France  que 
sous  Louis  XIIP.  Les  témoins  qui  déposèrent  à  Verdun  en  4288 


1.  Longnon,  Éludes  sur  les  pagi  de  la  Gaule,  1"  partie,  l'Astenois,  dans  la 
Bibliothèque  de  Vécole  des  hautes  études,  V  fascicule.  M.  Longnon  a  définiti- 
vement réfuté  l'ancienne  opinion,  fondée  sur  une  fausse  étymologie,  qui  mettait 
Stenay  dans  TAstenois. 

2.  Pour  attribuer  TAstenois  à  l'Empire,  M.  Longnon  s'appuyait  sur  un  docu- 
ment du  commencement  du  xiii*"  siècle^  qui  dit  que  le  comte  de  Champagne 
tenait  de  l'Empereur  deux  des  principaux  châteaux  de  ce  pays,  Daropierre  et 
Possesse.  Mais  ces  deux  châteaux  sont  dans  la  partie  méridionale  de  TAstenois, 
et  c'est  la  partie  septentrionale  de  ce  pays  qui  était  limitée  à  l'est  par  la  Biesme. 
On  pourrait  donc  concilier  les  deux  documents  en  supposant  que  l'Astenois, 
comme  le  Dormois,  était  partagé  entre  le  royaume  de  France  et  l'Empire,  que  la 
partie  nord  (Sainte-Menehould)  était  du  royaume,  et  la  partie  sud  (Dampierre  et 
Possesse)  de  TEmpire.  Triaucourt,  que  M.  Longnon  [Et.  sur  les  pagi,  p.  16) 
compte  au  nombre  des  localités  de  l'Astenois  méridional  (doyenné  de  Possesse), 
devait  être  de  l'Empire,  à  en  juger  par  un  passage  de  la  charte  donnée  à  ce  lieu 
en  1255  :  <  Si  aliquis  burgensis  de  Truaucourt  a  dicta  villa  recesserit  et  in  regno 
Francie  ...  morari  voluerit  ...»  (Lemaire,  Rech.  hist.  sur  Vabh,  et  le  comté  de 
Beaulieu-en-Arg.,  p.  188.) 

3.  Liénard,  Dict.  top.  du  dép.  de  la  Même  ;  Bruzen  de  la  Martinière,  Grand 
Dictionnaire  géographique,  t.  II,  p.  419-420.  Une  des  principales  villes  du  Cler- 


398 

eurent  donc  raison  de  dire  que  la  Biesme  marquait  la  limite  entre  le 
royaume  de  France,  d'une  part,  et  le  royaume  d'Allemagne  et  le 
saint-empire  romain,  de  l'autre. 

On  ne  pouvait  traverser  la  rivière  sans  passer  d'un  État  dans 
l'autre.  De  là  plusieurs  conséquences,  que  les  témoins  indiquent, 
comme  autant  d'arguments  à  l'appui  de  leurs  dires. 

Par  exemple,  tout  habitant  de  l'une  ou  l'autre  des  deux  rives  de  la 
Biesme  qui  passait  la  rivière  pour  aller  s'établir  de  l'autre  côté,  dans 
le  pays  voisin,  était  par  là  même  délié  de  la  sujétion  à  son  ancien 
seigneur  et  pouvait  se  choisir  un  seigneur  nouveau,  à songré ^  mais, 
par  là  même  aussi,  il  perdait  ses  remenances^  c'est-à-dire  tous  les 
biens,  meubles  ou  immeubles,  qu'il  laissait  au  lieu  d'où  il  partait  : 
a  Se  aucuns  homs  ou  borgois  qui  estoit  demorans  desai  le  ru  de 
Byeme  devers  Verdun  alat  demorer  oultre  le  dit  ru  en  Ghampengne 
ou  roialme  de  France,  il  faisoit  signor  de  cui  qu'il  voloit,  mais  cil 
qui  ensi  s'en  aloit  perdoit  moble  et  heritaige  qu'il  avoit  au  leu  dont 
il  estoit  partis,  et  en  teil  manière  at-on  usei  de  ces  qui  venoient  de 
par  délai  le  dit  ru  de  Byeme  demorer  par  desai  le  dit  ru  de  Byeme 
devers  Verdun,  et  est  por  la  raison  de  ce  qu'il  aloient  dou  roialme 
d'Alemengne  et  de  l'Empire  ou  roialme  de  France  et  en  Ghampengne 
et  dou  roialme  de  France  et  de  Ghampengne  ou  roialme  d'Alemengne 
et  en  l'Empire,  en  passant  le  dit  ru.  »  (§  3,  cf.  §§  22,  30,  50,  60,  6^.) 
L'existence  de  cette  coutume  est  confirmée  par  d'autres  textes  du 
xiii<ï  siècle  -,  elle  s'appliquait,  du  reste,  non  seulement  aux  hommes 
qui  passaient  de  l'Empire  en  France,  mais  aussi  à  ceux  qui,  sans 
sortir  de  l'Empire,  quittaient  le  domaine  de  leur  seigneur  pour  s'éta- 
blir dans  une  cité  privilégiée,  comme  Metz  ou  Verdun.  Ainsi  une 
charte  d'affranchissement  donnée  aux  habitants  de  Triaucourt^ 
par  l'abbé  de  Beaulieu-en-Argonne,  en  4255,  porte  «  quod,  si  aliquis 
burgensis  de  Truaucourt  a  dicta  villa  recesserit  et  in  regno  Francie 
vel  in  partibus  Gampanie  vel  in  Metensi  sive  Virdunensi  civitatibus 
morari  voluerit,  tota  remanentia  sua  nostra  erit,  et  quicumque  fuerit 
abbas  Belli  Loci  de  dicta  remanentia  suam  faciet  voluntatem  ^.  »  La 
même  clause  se  retrouve,  mais  avec  une  modification  qui  en  atténue 

montois  et  des  premières  qu'on  rencontre  sur  la  rive  droite  de  la  Biesme, 
Varennes-en-Argonne,  est  eipressément  marquée  in  Imperio  dans  un  texte  rédigé 
en  France  en  1346  (Varin,  Arch.  adm.  de  Reims,  I,  1097).  Sur  Clermont,  cf. 
ci-dessous,  g  21. 

1.  Meuse,  arrondissement  de  Bar-le-Duc,  chef-lieu  de  canton. 

2.  Lemaire,  Rech.  hist.  sur  Vahb.  et  le  comté  de  Beaulieu-en'Arg.,  p.  188. 


399 

notablement  la  rigueur,  dans  la  charte  de  franchise  de  Varennes-en- 
Argonne,  donnée  par  le  comte  de  Bar  en  4243  :  «  ...  Seaulcun  bour- 
geois de  Varennes  s'en  alloit  on  royaume  ou  que  s'en  fust  allé  a 
Metz  ou  a  Verdun,  il  y  convenroit  que,  dedans  Tan  et  ung  jour  qu'il 
en  seroit  allé,  ait  vendu  ou  donné  a  bourgeois  ou  bourgeoise  de 
la  ville  sa  remenance  ...  et  se  il  ne  l'avoit  fait  dedans  le  termine 
devant  dit  elle  sera  en  ma  main  ^  » 

De  même,  une  exécution  légale  commencée  d'un  côté  de  la  Biesme 
.ne  pouvait  se  continuer  de  l'autre.  Les  seigneurs  de  la  rive  droite  qui 
possédaient  des  bois  ou  des  terres  sur  la  rive  gauche  ne  pouvaient 
faire  amener  chez  eux  les  bêtes  ou  autres  gages  que  leurs  agents  au 
delà  de  la  frontière  saisissaient  en  punition  de  quelque  délit  forestier  : 
«  Et  dit  que  li  abbaie  de  la  Ghallaide^  si  at  bois  et  altres  terre  par 
délai  celui  ru  de  Byeme  en  parties  de  Ghampengne  et  i  ont  pris  sovent 
li  moinne  de  la  Ghallaide  pennies,  por  meffais  que  on  lor  avoit  fait, 
et  amennoient  celle  pennie  aucune  fois  a  la  Ghallaide,  qui  est  par 
desai  le  dit  ru  de  Byeme  devers  Verdun  en  parties  de  l'Empire  :  li 
sergent  de  Ghampengne  lor  ont  tous  jours  deffendu  et  deffendent  que 
il  teilz  pennies,  prises  oultre  le  dit  ru  de  Byeme  en  Ghampengne,  ne 
menessent  a  la  Ghallaide  ne  en  altres  parties  par  desai  le  dit  ru  de 
Bieme  devers  Verdun,  por  ce  que  les  parties  par  desai  le  dit  ru  de 
Byeme  devers  Verdun  sont  de  l'Empire.  »  (§  40.) 

Toutefois,  les  deux  rives  de  la  Biesme  n'étaient  pas  sans  relations 
judiciaires  l'une  avec  l'autre.  Il  y  avait  des  plaids  où  ceux  du  côté  de 
France  et  ceux  du  côté  d'Empire  pouvaient  vider  leurs  différends 
par-devant  la  justice.  L'enquête  de  4  288  nous  révèle  l'existence  de 
ces  plaids  qu'on  pourrait  appeler  internationaux.  Ils  ne  se  tenaient  ni 
en  France  ni  dans  l'Empire,  car  les  habitants  de  chacun  des  deux 
États  auraient  pu  refuser  d'aller  plaider  dans  l'autre  ;  la  justice  sié- 
geait entre  les  deux  rives  de  la  Biesme,  sur  un  pont.  «  Et  at-on  tous 
jours  tenu  les  plais  et  les  estaus  sus  le  dit  ru,  au  pont  c'on  dit  Ver- 
denois,  des  entreprises  qui  ont  estei  faites  de  ces  qui  sont  par  desai 
le  dit  ru,  qui  sont  de  l'Empire,  et  de  ces  qui  sont  par  délai  le  dit  ru, 
qui  sont  dou  roialme  de  France,  si  com  en  leu  qu'il  at  tous  jours  oï 
dire  qui  départ  le  royalme  de  France  et  l'Empire  ...»(§  4 ,  cf.  §§  40, 
24,  30,  44,  47.)  Le  pont  où  se  tenaient  ces  plaids  était  appelé  lepont 

1.  Calmet,  Hist.,  II,  gdlyiii. 

2.  Lachalade,  Meuse,  arrondissement  de  Verdun,  canton  de  Varennes-en- 
Àrgonne. 


400 

Verdunois^  sans  doute  parce  qu'il  donnait  entrée  de  l'Aslenois  dans 
le  comté  de  Verdun  ou  l'ancien  pagus  Verdunensis,  Il  était  situé,  dit 
un  témoin,  non  loin  de  Lachalade  («  au  pont  Verdenois  deleis  la 
Ghallaide  »,  %2i).  L'ancienne  voie  romaine  de  Reims  à  Verdun  pas- 
sait la  Biesme  à  un  kilomètre  environ  au  sud  de  Lachalade  ^  ;  elle  est 
encore  visible  sur  les  deux  rives,  mais  elle  est  maintenant  interrom- 
pue par  le  cours  de  Teau  ;  on  peut  supposer  que  le  pont  Verdunois 
lui  servait  autrefois  de  passage  et  se  trouvait  à  l'intersection  de  cette 
voie  et  de  la  Biesme.  Cette  justice  mitoyenne  entre  deux  souveraine- 
tés indépendantes  est  un  fait  curieux  à  noter  pour  l'histoire  des  ins- 
titutions. Il  est  à  regretter  qu'aucun  des  témoins  entendus  dans  l'en- 
quête n'ait  jugé  à  propos  de  dire  au  nom  de  quel  seigneur  ou  de 
quelle  autorité  siégeait  la  cour  du  pont  Verdunois.  C'est  un  point 
qu'il  est  difficile  de  suppléer  par  conjecture;  il  serait  encore  plus 
difficile  de  comprendre  comment  les  plaids  auraient  pu  être  tenus 
sans  que  ce  fût  au  nom  d'un  seigneur  quelconque.  Peut-être  y 
avait-il  à  ces  plaids  à  la  fois  des  représentants  du  comte  de  Cham- 
pagne et  du  comte  de  Bar,  seigneurs  immédiats  des  deux  territoires 
riverains  (§40). 

La  rive  droite  de  la  Biesme  dépendant  de  l'Empire,  les  ordonnances 
législatives  des  rois  de  France  n'y  étaient  pas  applicables  :  les  témoins 
de  l'enquête  ne  manquent  pas  de  marquer  expressément  ce  point 
(§§  3,  45,  22,  44,  50).  L'un  d'eux  donne  pour  exemple  les  prohibi- 
tions de  tournois  édictées  par  divers  rois  de  France  :  a  De  tous  cou- 
mandemens  qui  sont  fait  et  qu'il  at  veu  faire  ou  roialme  de  France 
et  oï  dire  que  on  at  fait,  il  ne  furent  onques  tenu  par  desai  le  dit  ru 
de  Byeme  devers  Verdun  ne  n'i  obeïst-on  onques,  por  ce  qu'il  sont 
et  estoient  de  l'Empire,  si  comme  des  deffenses  qui  ont  estei  faites 
en  France  des  chevaliers  qui  n'alassent  mie  as  tornois  et  d'altres 
deffenses  asseis.  »  (§  45.)  Des  interdictions  de  ce  genre  avaient  été 
prononcées  en  effet  en  4260  et  en  4280,  comme  Ta  constaté  Du 
Gange  2.  Un  autre  témoin  reproche  à  Philippe  le  Bel  d'avoir,  sur  ce 
point  comme  sur  d'autres,  excédé  les  limites  de  son  autorité.  Une 
ordonnance  de  Philippe  III,  du  34  mars  4277,  qui  nous  est  parvenue, 
avait  prohibé  l'exportation  de  diverses  marchandises,  notamment 
des  laines,  hors  du  royaume  de  France  ^.  Philippe  IV,  pour  mieux 

1.  Voy.  la  carte  de  France  du  dépôt  de  la  guerre,  au  80000%  feuille  35. 

2.  Glossarium  med.  et  inf.  latin.,  éd.  Henschel,  t.  VII,  DissertationSj  p.  27, 
col.  2. 

3.  Ordonnances  des  r,  de  Fr.,  t.  XI,  p.  353  :  c  II  a  esté  ordené  et  commandé 


404 

assurer  Texécution  de  cet  ordre,  envoya  ses  sergents  y  tenir  la  main 
jusqu'au  delà  de  la  frontière  française,  et  fît  saisir  en  territoire 
d'Empire  les  laines  exportées  en  contrebande  :  «  Et  dit  que  li  rois  de 
France  puis  dous  ans  en  ensai  at  envoiei  ses  gens  par  desai  le  dit  ru 
devers  Verdun  por  sergenter  et  por  faire  coumandemens,  especial- 
ment  sergens  qu'il  at  envoiei  por  deffendre  que  on  ne  mengne  lainnes 
dou  roialme  en  l'Empire,  et  sont  venu  icil  sergent  jusques  a  Verdun 
a  trois  lewes  ^ ,  a  dous,  a  demi  lewe,  et  pris  lainnes  et  arestees.  » 
(§  44.)  Il  avait  même  tenté,  dit-on,  de  se  faire  livrer  par  les  Verdu- 
nois  un  habitant  de  leur  ville,  dont  il  voulait  faire  justice,  comme 
d'un  de  ses  sujets  :  «  Et  dit  que  li  baillis  de  Ghaumont,  sergens  le 
roy  de  France,  at  estei  a  Verdun  dous  fois  por  faire  ses  enquestes,  et 
at  mandei  li  rois  de  France  as  citains  de  Verdun  que  il  délivrassent 
j  lor  citain  au  bailli  de  Ghaumont  por  justicier  et  porpugnir.  »  (Ibid.) 
Ces  affirmations  n'ont  rien  que  de  conforme  à  la  réputation  de  Phi- 
lippe le  Bel,  qui  a  toujours  passé  pour  avoir  été  un  souverain  plus 
entreprenant  que  scrupuleux.  On  reconnaît,  au  contraire,  l'esprit  de 
modération  et  de  stricte  équité  de  Louis  IX  dans  un  trait  rapporté 
tout  au  début  de  l'enquête  par  le  premier  témoin  entendu  :  «  Et  dit 
encor  que  por  j  fait  qui  fuit  fais  saenarrier  de  son  temps,  de  l^avesque 
Guillaume  de  Mes,  li  enqueror  le  roy  de  France,  qui  trovarent  que . 
li  feiis  avoit  estei  fais  par  desai  le  dit  ru  de  Byeme  devers  Verdun,  le 
reportarent  au  roy  de  France,  por  la  queil  chose  li  dis  rois  de  France 
ne  se  mellat  puis  dou  fait,  por  ce  que  on  avoit  trovei  qu'il  avoit  estei 
fais  en  l'Empire  ...  »  (§4.)  Le  prélat  dont  il  s'agit  ici,  Guillaume  de 
Trainel,  fut  évêque  de  Metz  depuis  le  commencement  de  Tan  4264 
jusqu'en  4269.  Le  «  fait  »  en  question  est  sans  doute  quelque  épisode 
de  ses  démêlés  et  de  ses  guerres  avec  le  comte  de  Bar  et  le  duc  de 
Lorraine,  qui  remplirent  la  plus  grande  partie  de  son  épiscopat  ^. 

La  Biesme  séparant  à  la  fois  deux  souverainetés,  la  France  et 
l'Empire,  et  deux  grandes  seigneuries,  le  comté  de  Champagne  et 
celui  de  Bar-le-Duc,  il  n'est  pas  étonnant  que  deux  coutumes  diffé- 
rentes fussent  en  vigueur  sur  les  deux  rives.  Un  témoin  signale  cette 
diversité  de  coutumes  et  en  donne  un  exemple  frappant  tiré  du  droit 
criminel.  Du  côté  allemand,  sur  la  rive  droite  de  la  Biesme,  l'ancien 

pour  le  commun  proufit  du  royaume  de  France  que  l'en  ne  traie  nulles  laines 
hors  d'icelluy  royaume,  ne  blé  ne  nulle  autre  manière  de  grain,  ne  vin  autresit.  » 

1.  C'est-à-dire  jusqu'à  3  lieues  de  Verdun.  Ce  sens  paraît  préférable  à  celui 
qu'on  obtiendrait  en  mettant  une  virgule  après  Verdun. 

2.  Gallia  christiaiia^  t.  XIII,  col.  763. 


402 

usage  germanique  de  la  vengeance  privée  s'était  conservé  :  si  un 
meurtre  était  commis,  c'était  aux  parents  ou  amis  de  la  victime  d'en 
poursuivre  eux-mêmes  la  vengeance  en  faisant  la  guerre  au  meur- 
trier, à  leurs  risques  et  périls  ;  le  seigneur  justicier  laissait  faire  sans 
intervenir,  se  bornant  à  imposer  au  coupable  une  amende  en  argent. 
Du  côté  de  France  au  contraire,  en  Champagne,  la  coutume  avait 
fait  des  progrès  et  n'en  était  plus  à  cette  barbarie  primitive  ;  le  sei- 
gneur justicier  devait  châtier  le  coupable,  dont  les  biens  et  la  vie 
étaient  à  sa  discrétion,  et  les  particuliers  n^avaient  à  se  mêler  de 
rien  :  «  Et  dit  encor  que  par  délai  le  dit  ru  de  Byeme  ou  roialme  de 
France  la  coustume  est  teile,  que  cil  qui  occist  home  est  en  la  main 
le  signor,  cors  et  avoirs,  et  n'en  demande-on  riens  les  amis,  et  par 
desai  le  dit  ru  de  Byeme  devers  Verdun  en  l'Empire  qui  occist  home 
il  est  quites  au  signor  parmi  certainne  soume  d'argent  et  at  la  werre 
as  amis.  »  (§  45.)  Ce  double  renseignement  est  à  noter  pour  l'histoire 
du  droit  coutumier  ^ 

La  propriété  du  lit  et  des  eaux  de  la  Biesme  était  sans  doute  par- 
tagée par  moitié  entre  les  deux  souverainetés  riveraines.  Ce  partage 
entraînait  celui  du  droit  de  pêche  :  «  Cil  de  desai  le  dit  ru  de  Byeme 
par  devers  Verdun  peichent  ou  dit  ru  de  Byeme  en  la  moitiei  par 
devers  aus,  por  ce  qu'il  sont  de  l'Empire,  et  cil  de  par  délai  le  dit  ru 
peichent  en  l'autre  moitiei  par  devers  aus ,  por  ce  qu'il  sont  dou 
royalme  de  France.  »  (§  40.)  Les  ponts  aussi  appartenaient  pour 
moitié  à  la  France  et  pour  moitié  à  l'Empire,  et  chaque  rive  respec- 
tait les  droits  de  l'autre,  assure-t-on,  même  en  temps  de  guerre  : 
«  Quant  werre  at  estei  entre  ces  de  Ghampengne  et  le  conte  de 
Bar,  cil  de  Ghampengne  les  pons  fais  sor  le  dit  ru  de  Bienme 
deffîrent  plusors  fois  la  moitiei  par  devers  aus,  et  l'autre  moitiei 
par  desai  devers  Verdun  lassoient  entière,  por  ce  que  elle  estoit  de 
l'Empire.  »  (§  4.) 


1.  Sur  l'usage  de  la  guerre  privée  en  Verdunois,  comparez  des  lettres  du 
15  juillet  1269  (cartulaire  de  Bar,  Bibl.  nat.,  ms.  lai.  11853,  f»  74  v)  :  t  No» 
Robers  ...  evesques  de  Verdun  ...  recognissons  que  de  la  mort  Jaquemet  de 
Vignuelles ...  nos  devons  faire  pais  tenir  de  nos  et  de  nos  houmes  et  des  amins 
le  mort  envers  mon  signor  Renaut  de  Bar  et  ces  homes...  »  —  l\  n'était  pas 
nécessaire  d*ailleurs  de  sortir  de  France  pour  trouver  des  pays  où  cet  usage 
existât  et  fût  autorisé  par  le  droit  ;  nous  voyons  dans  Beaumanoir,  par  exemple, 
que  c  coustume  suefre  les  guerres  en  Biavoisis  entre  les  gentix  homes  » 
(éd.  Beugnot,  t.  II,  p.  354).  La  coutume  de  Champagne,  qui  interdit  les  guerres 
privées,  marque  donc  un  progrès  exceptionnel  sur  les  mœurs  de  Tépoque. 


403 


V. 


LE   TEXTE  DE   l'ENQUÊTE. 

Le  texte  de  l'enquête  de  4  288  nous  a  été  conservé  de  deux  façons, 
par  le  document  original  et  par  une  copie  du  xv«  siècle.  Celle-ci  est 
utile  pour  combler  quelques  lacunes  que  l'original  présente  aujour- 
d'hui. 

La  copie,  que  j'ai  seul  connue  d'abord  et  d'après  laquelle  j'avais 
songé  à  publier  le  document  à  défaut  de  l'original,  se  trouve  au 
tome  II  du  grand  cartulaire  de  Bar  sur  papier  conservé  aujourd'hui 
à  la  Bibliothèque  nationale  (collection  de  Lorraine,  vol.  749,  f**  22 
à  27).  Elle  a  été  faite  avec  peu  de  soin  et  n'aurait  fourni  à  elle  seule 
qu'un  assez  mauvais  texte.  J'ai  dû  la  connaissance  de  l'original  à 
M.  H.  Lepage,  archiviste  du  département  de  Meurthe-et-Moselle,  qui 
a  mis  la  plus  grande  obligeance  à  le  rechercher  pour  moi,  à  m'en 
faire  connaître  la  découverte  et  ensuite  à  me  le  communiquer  pen- 
dant un  court  séjour  à  Nancy. 

Le  document  est  coté  :  a  Layette  Bar  mouvant,  n**  45.  »  Il  se 
compose  de  neuf  feuilles  de  parchemin.  Les  six  premières  sont  de 
grande  dimension  et  toutes  d'une  main  ;  les  trois  dernières  sont  beau- 
coup plus  petites  et  d'une  main  différente.  Celui  qui  a  écrit  les  six 
premières  feuilles  a  mis  en  tête  de  chacune,  en  guise  de  pagination, 
une  des  lettres  majuscules  A,  B,  C,  D,  E,  F,  et  en  tête  de  la  pre- 
mière des  petites  feuilles  la  lettre  minuscule  a.  Au  milieu  de  la  feuille  F , 
on  remarque  un  blanc  dans  lequel  ont  été  écrits  les  mots  :  Usque  hue; 
le  point  où  le  texte  reprend,  après  ce  blanc,  est  marqué  d'un  petit  b. 
Gela  paraît  signifier  que  le  texte  des  trois  petites  feuilles  a  doit  s'in- 
tercaler au  point  où  s'interrompt  celui  de  la  feuille  F,  aux  mots 
Usque  hue,  et  avant  la  partie  marquée  h,  qui  forme  la  fin  de  la 
pièce;  en  effet,  la  formule  finale  et  la  date  se  trouvent  à  la  fin  de 
cette  dernière  partie,  au  bas  de  F.  C'est  l'ordre  qui  a  été  suivi  ci- 
dessous  dans  l'impression  du  documenta 

Les  neuf  feuilles  sont  liées  ensemble  du  bas  par  trois  doubles 

1 .  Le  texte  des  trois  petites  feuilles  a  forme  ci-après  les  g§  62  à  66,  et  celui 
de  la  partie  h  de  la  feuille  F  le  §  67.  Le  copiste  du  cartulaire  de  Bar  a  copié 
les  feuilles  dans  l'ordre  où  elles  se  présentent,  sans  tenir  compte  des  lettres  de 
renvoi  ;  il  en  résulte  que  dans  sa  copie  la  date  se  trouve  au  milieu  du  texte. 


404 

queues  de  parchemin,  qui  portent  les  sceaux,  assez  mal  conservés, 
des  trois  commissaires  royaux.  Le  premier  de  ces  sceaux  est  de  cire 
verte,  de  forme  ovate  -,  on  voit  dans  le  champ  deux  oiseaux  et  une 
fleur,  et  autour  du  champ  la  légende  :  S.  ANSELMIDEP....GIACAN 
LEODIEN..  [Sigillum  Anselmi  de  P[orro]gia,  canonici  Leodiensis). 
Le  second  sceau,  triangulaire,  de  cire  brune,  porte  un  écu  coupé, 
dans  lequel  on  distingue  (au  4)  un  mont,  en  allemand  Berg^  armes 
parlantes  d'Eberhard  de  Landsberg;  il  ne  reste  de  la  légende  que 
les  lettres  ...HARDL..LÂDBERG...  ([Sigillum  Eber]hardi  [de] 
LandberCj  [militis?]).  Enfin  le  troisième  sceau  est  rond,  de  cire 
brune  -,  on  y  voit  un  écu  couché,  à  une  fasce,  surmonté  d'un  cimier 

indistinct  et  de  deux  coquilles,  et  on  lit  autour  du  sceau  :  ...HAR 

DE..AGENHVS...  ([Sigillum]  Har[tmanni]  de  [R]acenhus[en]). 

Il  y  a,  d'un  bout  à  l'autre  de  la  pièce,  d'assez  nombreuses  correc- 
tions, surtout  des  additions  entre  les  lignes,  parfois  des  ratures. 

Quelques  passages,  altérés  par  l'humidité,  sont  devenus  illisibles. 
C'est  pour  combler  ces  lacunes,  d'ailleurs  peu  nombreuses  et  tou- 
jours très  courtes,  qu'il  a  fallu  recourir  à  la  copie  du  cartulaire  de 
Bar.  Les  passages  publiés  d'après  cette  copie  sont  imprimés  entre 
crochets. 

L'enquête  est  divisée  en  paragraphes  dans  l'original  même.  Cette 
division  a  été  conservée  ;  un  numéro  d'ordre  a  été  ajouté,  entre  cro- 
chets, en  tête  de  chaque  paragraphe. 

Pour  conserver  au  document  sa  valeur  comme  texte  de  langue, 
il  a  paru  nécessaire  de  distinguer  par  un  signe  matériel  ce  qui, 
dans  l'original,  se  trouvait  écrit  en  toutes  lettres,  et  ce  qui  n'y 
était  représenté  qu'implicitement,  à  l'aide  des  signes  d'abréviation 
usités  au  moyen  âge.  L'exemple  de  cette  précaution  indispensable 
a  été  donné  par  M.  N.  de  Wailly  dans  sa  Notice  sur  les  actes  en 
langue  vulgaire  du  Xllb  s,  contenus  dans  la  collection  de  Lorraine^  \ 
il  a  été  imité  peu  après  par  le  ministère  de  l'intérieur,  dans  la  pu- 
blication du  Musée  des  archives  départementales.  Le  texte  suivant 
est  établi  selon  le  même  procédé  que  ceux  qui  ont  été  donnés  dans 
ces  deux  recueils  *  toutes  les  lettres,  syllabes  ou  parties  de  mots  qui 
ne  sont  indiquées  dans  le  manuscrit  que  par  une  abréviation  ont  été 
imprimées  en  italiques.  Il  n'a  été  fait  exception  à  cette  règle  que 
pour  les  passages  tirés  de  la  copie  du  cartulaire  de  Bar,  où  l'ortho- 

1 ,  Notices  et  Extraits  des  manuscrits^  t.  XXVIII,  2"  partie,  1878. 


405 

graphe  a  toujours  été  profondément  altérée  par  le  copiste,  et  pour 
le  texte  latin  inséré  au  §  67. 

Julien  Ha  VET. 


A  très  noble  prince  no^^re  très  chier  signor  R. ,  par  la  grâce  de 
Deu,  roy  des  Romains,  Ancelz  de  Porroie,  chenoinnes  [de  l'Ec- 
cleise  de  Liège],  Evrars  de  Landisperc  et  Hertemans  de  Lante- 
cenchoze,  chevalier,  ses  clers  et  sui  feable,  révérence  et  honor. 
[Sire,  comme  nous  eussienjs  [de]  yos  commandement  et  receues 
sor  ce  vos  lettres,  des  queilz  li  ténors  si  est  telle  :  «  Rudolphus, 
etc.  »  ;  item  :  «  Rudolphu[s,  etc.*  »  ;  savoir  iaiso]ns  a  V[ostre] 
Hautesse  que  nos,  en  Tan  de  grâce  mil  ij^  iiij^x  et  oyt,  le  venredi 
devant  Penthecoste*,  en  proppre  persone  veinimes  a  la  citei  de 
Verdun,  qui  est  de  v[ostre  reaulme,  por  £ai]re  et  [por  acomplir] 
ce  dont  chergiei  nos  aviez  selonc  la  fourme  et  la  tenour  des  lettres 
desor  dite[s,  et  oïmes  lai  dilige]m<?nt  les  [tesmoingnaigesj  dont  li 
nom  et  les  dépositions  sont  ci  desoz  contenues,  li  queil,  jurei  et 
diligem[ent  examinei,  destrent  par]  lor  [sairement]  en  la  manière 
ci-apres  dite. 

[1]  Premiers,  frères  Jehans  de  Deu-en-Savengne  3,  pr[estes 
de  Tordre  dou  Vaul]-des-[E]sco[liers,  anciens]  prodom  de  Teage 
de  Ix  ans,  qui  at  demorei  ou  pais  xl  ans  ou  plus,  ens[i  comme 
il  le  dit,  dit]  par  son  sarement,  sor  ce  requis,  que  li  roys  de 
France  par  ses  sergens  entre  et  at  entr[ei  de  novel  en  Tem- 
pir]e  d'Alemengne  en  plusors  leus,  ensi  com  il  Tat  veu  et  oï 
dire.  Requis  ou  sont  li  leu  ou  [il  ait  entrei  et  entre  e]nsi 
com  il  at  desu  dit,  il  dit  :  A  Montfalcon.  Requis  comment  il  le 
savoit,  il  dit  qu'il  [ait  veu  que  li  roi  d]e  France  n'avoient  ne 
signorie  ne  jostice  a  Montfalcon,  et  puis  at-il  veu  que  [li  rois  i 
emvoieait  un  suen  prevo]st  por  lai  jostitier,  li  queilz  prevos  avoit 
a  nom  Martin.  Et  dit  encor  que  bi[en  appert  que  li  dicte]  ville  de 
Montfalcon  soit  de  l'Empire,  quar,  toutes  les  fois  que  on  at  don- 
nei  disime  ou  [reaulme  de]  France,  cil  de  Montfalcon  n'en  ont 
point  paiei,  por  ce  que  il  n'estoient  mie  ne  sont  dou  dit  royal[me 

1.  L'une  des  deux  lettres  ici  indiquées  est  sans  doute  la  commission  en  date 
du  29  avril  1288,  rapportée  ci-dessus,  §  1.  Je  ne  sais  ce  que  pouvait  être  Pautre. 

2.  Le  14  mai  1288. 

3.  Prieuré  de  l'ordre  du  Val-des-ÉcoIiers,  aujourd'hui  Dieu- s'en-Sou vienne, 
ferme,  Meuse,  arr.  Bar-le-Duc,  cant.  Vaubecourt,  comm.  Louppy-le-Château« 


406 

de  France]  ;  et,  quant  on  ai  donnei  vintimie  en  l'Empire,  dl  de 
Montfalcon  Font  paiei,  por  la  raison  de  ce  qu'il  estoient  et  sont 
de  TEmpire  ;  et  si  at  oï  dire  plusors  fois  que,  quant  on  at  cessei 
de  faire  le  devin  ofice  ou  roialme  de  France  por  aucuns  me&is, 
({ue  on  ne  cessoit  mie  en  Teoglise  de  Mont&lcon,  por  ce  qu'il 
estoient  et  sont  de  l'Empire.  Et  dit  encor  par  son  sarement  que 
li  dis  rois  de  France  at  entrei  et  entre  de  noveil  a  Biaulleu,  qui 
est  de  l'aveschiei  de  Verdun,  et  en  la  terre  de  BiauUeu,  qui  sont 
de  l'Empire,  et  dit  qu'il  le  seit  par  les  raisons  desor  dites.  Et  dit 
encor  que  bien  apert  que  Beilleus  est  de  l'Empire,  quar  elle  siet 
par  desai  le  rui  de  Byenme  devers  Verdun,  li  queilz  rus  de 
Byenme  départ  le  royalme  de  l'Empire,  et  est  li  royalmes  de 
France  par  délai  le  dit  ru  de  Bienme  et  li  Empires  par  desai  le 
dit  ru  devers  Verdun,  et  ensi  l'at-il  tous  jours  oï  dire  ;  et  atr-on 
tous  jours  tenu  les  plais  et  les  estaus  sus  le  dit  ru,  au  pont  c*on 
dit  Verdenois,  des  entreprises  qui  ont  estei  faites  de  ces  qui  sont 
par  desai  le  dit  ru,  qui  sont  de  l'Empire,  et  de  ces  qui  sont  par 
délai  le  dit  ru,  qui  sont  dou  roialme  de  France,  si  com  en  leu 
qu'il  at  tous  jours  oï  dire  qui  départ  le  royalme  de  France  et  l'Em- 
pire, en  la  manière  desor  dite.  Et  dit  encor  que  Beilleus  est  de 
l'aveschiei  de  Verdun,  et  suelt-on  dire  coumunement  que  ce  est  la 
chambre  Tavesque  de  Verdun,  et  li  evesque  de  Verdun  ont  tous 
jours  repris  et  doient  repenre  toute  lor  temporalitei  douroy  d'Ale- 
mengne  ou  de  TEmperour,  li  queilz  temporaliteis  de  l'esveschiei  de 
Verdun  dure  jusques  a  celui  ru  que  on  apelle  Bienme,  ensi  com 
ilTat  tous  jours  oï  dire.  Et  dit  encor  que  li  cuens  de  Bar,  en 
wardant  et  en  deffendant  l'aveschiei  de  Verdun  et  la  temporali- 
tei de  l'aveschiei,  at  de  son  temps  fermeie  l'ecglise  de  Beilleu 
contre  ces  de  Champenpne,  et  defifermei  quant  il  li  plout,  et 
pluso[rs  {suppléer  Ms)  tenu]  leans  ses  warnisons  contre  ces  de 
Champ^npn^.  Et  dit  que  plusors  fois  les  at-il  defifendu  en  marche 
contre  ces  [de  Champegne],  ensi  com  il  l'at  oï  dire.  Et  dit  encor 
que  por  j  fait  qui  fuit  fais  saenarrier  de  son  temps,  de  ra[vesque] 
Guillaume  de  Mes,  li  enqueror  le  roy  de  France,  qui  trovarent 
que  li  fais  avoit  êstei  fais  par  desai  le  dit  ru  de  Byeme  devers 
Verdun,  le  reportarent  au  roy  de  France,  por  la  queil  diose  li 
dis  rois  de  France  ne  se  mellat  puis  dou  feit,  por  ce  que  on  avoit 
trovei  qu'il  avoit  estei  fais  en  l'Empire,  ensi  com  il  Tat  oï  dire. 
Et  dit  encor  que,  quant  werre  at  estei  entre  ces  de  Champen^rne 
et  le  conte  de  Bar,  cil  de  Ghampenpwe  les  pons  fais  sor  le  dit  ru 


407 

de  Bienme  deflSrent  plusors  fois  la  moitiei  par  devers  aus,  et 
l'autre  moitiei  par  desai  devers  Verdun  lassoient  entière,  por 
ce  qwe  elle  estoit  de  l'Empire.  Et  dit  encor  qwe,  jai  soit  ce  c{ue 
la  (Ûte  ecglise  de  Beilleu  et  la  terre  de  Beilleu  qui  est  desai  le  dit 
ru  de  Bienme  devers  Verdun  soient  de  l'Empire,  li  rois  de  France 
de  novel  at  mis  son  sergent  en  Tecglise  de  Beilleu,  qui  justice  et 
fait  coumandemews  en  la  dite  ecglise  de  Beilleu  et  en  la  terre  par 
desai  le  dit  ru  de  Bienme,  qui  est  de  l'Empire.  Et  dit  par  son 
saremewt  que  de  toutes  les  choses  desor  dites  est-il  cowmune 
renoumee  et  coumxxne  voix  en  celles  parties  et  en  leus  prochiens, 
et  que  ce  qu'il  en  at  dit  se  n'est  ne  por  amor  ne  por  hayne  ne 
por  profit  qu'il  ne  altres  en  atende,  mais  que  por  loialtei  et 
veritei. 

[2]  Mes  sires  Wautiers  de  Fou  S  prestez,  del'eage  de  Iviij  ans, 
si  com  il  dit,  chapellain^  l'avesque  de  Toul  et  chapellains  de 
Hams  ^,  dit  par  son  sarement  ce  que  frères  Jehans,  iQsmognaiges 
desor  noumeis,  dit.  Et  dit  encor  qu'il  fuit  a  Kambrai,  ou  li  disi- 
mes  fuit  mis  en  tout  le  royalme  de  France  et  li  vintimes  en  l'Em- 
pire :  cil  de  Beilleu  e^  cil  de  Montfalcon  ne  paarent  que  le  vintime, 
por  ce  qu'il  estoient  et  sont  de  l'Empire. 

[3]  Mes  sires  Eudes,  chei;ah*ers,  de  l'eage  de  Ixx  ans,  sires  de 
Sorcey^  en  partie,  ie^mognaiges  jureis  et  requis  se  li  rois  de 
France  et  ses  gens  entrent  et  sont  entrei  en  parties  dou  roialme 
d'Alemengne  et  en  l'Empire,  dit  par  son  sairement  :  Oïl  ;  requis 
en  queilz  parties,  dit  :  A  Montfalcon  et  en  parties  de  Montfal- 
con ;  et  dit  qu'il  vit  que  li  roy  de  France,  par  ealz  ne  par  altres 
en  lor  nom,  ne  justisoiet  au  dit  leu  de  Montfalcon  ne  as  parties 
par  desai  entre  Montfalcon  et  Verdun,  ne  riens  n'i  a  voient  qu'il 
eust  oï  dire  ne  veu,  ains  vit  que  Monffalcons  estoit  justicie  par 
celz  de  l'Empire,  fors  puis  la  compaingnie  que  li  rois  de  France 
et  li  chenoinne  de  Montfalcon  firent  ensemble,  la  queilz  com- 
paingnie par  droit  en  debatant  est  alee  a  niant  en  la  court  le  roy 
de  France.  Requis  se  en  altres  parties  il  est  entreis  ne  entre,  dit 
que  oïl.  Requis  en  queilz  parties,  dit  que  en  labbaie  de  Beilleu, 
en  la  terre  et  ens  appendises  par  desai  le  ru  de  Byeme  devers 
Verdun.  Requis  coument  il  le  seit  qwe  la  dite  abbaie  de  Beilleu, 

1.  Foug,  Meurthe-et-Moselle,  arr.  Toul,  cant.  Toul-Nord. 

2.  Hans,  Marne,  arr.  et  cant.  Sainte-Menehould  ? 

3.  Sorcy,  Meuse,  arr.  Commercy,  cant.  Void. 


408 

li  terre  et  les  appendises  desor  dites  soient  dou  roialme  d'Ale- 
mengne  et  de  rËmpire,  dit,  par  ce  que  li  dis  rus  de  Byeme  départ 
le  roialme  de  France  et  le  roialme  d'Alemengne  et  TEmpire,  ensi 
com  li  dis  rus  se  porte,  et  est  li  roialmes  d'Alemengne  et  l'Em- 
pires  par  desai  le  dit  ru  de  Byeme  devers  Verdun,  ^^  li  roialmes 
de  France  par  délai  le  dit  ru  ;  ensi  Tat-il  tous  jours  oï  dire  et 
apris  de  ses  devantriens.  Et  dit  encor  qu'il  at  veu  user  de  son 
temps  et  at  oï  dire  de  ses  devantriens  que,  se  aucuns  homs  ou 
borgois  qui  estoit  demorans  desai  le  ru  de  Byeme  devers  Verdun 
alat  demorer  oultre  le  dit  ru  en  Champenpne  ou  roialme  de 
France,  il  faisoit  signor  de  cui  qu'il  voloit,  mais  cil  qui  ensi  s'en 
aloit  pe/'doit  moble  et  heritaige  qu'il  avoit  au  leu  dont  il  estoit 
partis  ;  et  en  teil  manière  at-on  usei  de  ces  qui  vendent  de  par 
délai  le  dit  ru  de  Byeme  demorer  par  desai  le  dit  ru  de  Byeme 
devers  Verdun  ;  et  est  por  la  raison  de  ce  qu'il  aloient  dou 
roialme  d'Alemengne  et  de  l'Empire  ou  roialme  de  France  et  en 
Champewpne  et  dou  roialme  de  France  et  de  Ch^mçengne  ou 
roialme  d'Alemengne  et  en  l'Empire,  en  passant  le  dit  ru.  Et  dit 
que  ces  choses  sont  notoires  en  parties  desor  dites,  et  eoumune 
renoumee  en  est.  Et  dit  encor  par  son  sarement  que  l[i]  d[ict]e 
abbaie  de  Beilleu  siet  par  desai  le  dit  ru  de  Byeime  devers  Verdun, 
et  qu'il  l'at  veu,  de  tant  de  temps  com  sovenir  li  puet,  le  conte  de 
Bar  defifendre  contre  ces  de  Champenpne  et  fermer  contre  ces  de 
Chdim^engneet  defifendre coumewardains,  e^  ce  tient-il  del'avesque 
de  Verdun,  et  l'avesque  de  Verdun  dou  roy  d'Alemengne.  Requis 
coument  il  le  seit,  dit,  par  ce  que  li  evesque  de  Verdun  prennent 
lor  regale  dou  roy  d'Alemengne,  et  ensi  l'at-il  tous  jours  oï  dire, 
et  coumune  renoumee  en  est  en  parties  desor  dites.  Et  dit  encor 
par  son  sarement  que  il  ne  vit  ne  oit  dire  de  tout  son  temps  que 
cil  de  Champenpne  ne  li  rois  de  France  justissassent  ne  feissent 
sergenteir  a  Biaulleu  ne  as  villes  ne  as  appendises  de  la  dite 
abbaie  qui  sont  desai  le  dit  ru  de  Byeme  devers  Verdun,  fors  que 
puis  trois  ans  en  ensai,  que  li  rois  de  France  at  mis  sa  main  et 
ses  wardes  a  la  dite  abbaie  de  Beilleu  par  sa  volentei  et  encor 
les  i  tient.  Et  dit  encor  par  son  sarement  que  se  li  rois  de  France 
faisoit  aucun  cot^mandement  en  roialme  de  France,  cil  qui  demo- 
roient  par  desai  le  dit  ru  de  Byeme  devers  Verdun  n'obeïrent 
onques  as  dis  couraandemens,  ne  requis  ne  contraint  n'en  furent 
ne  mis  a  raison,  ains  ont  fait  le  contraire,  sens  débat,  et  Mi 
contre  les  dis  coumandeme??s,  por  raison  de  ce  qu'il  se  tenoient 


409 

et  tiennent  dou  roialme  et  de  l'empire  d' Alemengne  et  tous  jours 
s'en  sont  tenu.  Et  dit  par  son  sare[ment  que]  de  toutes  les  choses 
desor  dites  est-il  coumune  renoumee  et  coumunne  voix  en  celles 
parties  et  en  leus  proch[iens,  et  que  ce  qu'il  en  ait]  dit  se  n'est 
ne  por  amor  ne  por  hayne  ne  por  profist  qu'il  ne  altres  en  attende, 
mais  que  por  loialtei  et  veritei. 

[4]  Mes  sires  Phelippes,  chevaliers,  de  l'eage  de  1  ans,  sires  de 
Sorcei  en  partie,  tesmognaiges  jureiz  et  requis  sor  les  choses 
desor  [dictes,  dit  par]  son  sarement  ce  meemeque  mes  sives  Eudes 
desor  dis  at  dit,  et  concordat  a  lui  dou  tout. 

[5]  Mes  sires  Giles  de  Lomchamp  S  chevaliers,  de  l'eage  de 
Iv  ans,  iesmogriaiges  jureiz  et  requis  sor  les  choses  desor  dites, 
dit  par  son  sarement  ce  meeme  que  mes  sires  Eudes  de  Sorcei 
desor  dis  at  dit,  et  concordat  a  lui  dou  tout. 

[6]  Mes  sires  Hues  Boudes,  chevaliers,  de  l'eaige  de  1  ans, 
iesmognaiges  jurez  et  requis  sor  les  choses  desor  dites,  dit  par 
son  sarement  ce  meime  que  mes  sires  Eudes  de  Sorcei  desor  dis 
at  dit,  et  concordat  a  lui  dou  tout. 

[7]  Mes  sires  Jehans  de  Mereival  *,  chevaliers,  de  l'eage  de 
Ix  ans,  tesmognaipe^  jureis  et  re[quis  sur  les]  choses  desor  dites, 
dit  par  son  sarement  ce  meimes  que  mes  sires  Eudes  de  Sorcei 
desor  dis  at  dit,  et  concordat  dou  tout  a  l[ui]. 

[8]  Mes  sires  Jaiques,  sires  de  Rampont^,  chevaliers,  de  l'eage 
de  Ix  ans,  iesmognaiges  jureis  et  [requis*so]r  les  choses  desor 
dites,  dit  par  son  sarement  ce  meimes  que  mes  sires  Eudes  de 
Sorcei  desor  dis  at  dit,  et  concordat  dou  tout  a  lui. 

[9]  Mes  sires  Thierris,  chevaliers,  sires  de  Nueville^,  tesmo- 
gnaiges  jureis  et  requis  sor  les  choses  desor  dites,  dit  par  son 
sarement  ce  meimes  que  mes  sires  Eudes  de  Sorcei  desor  dis  at 
dit,  et  concordat  dou  tout  a  lui. 

[10]  Frères  Rogiers,  abbes  de  la  Chaillaide^,  de  l'ordre  de 
Citialz,  prestes,  de  l'eage  de  Ixv  ans,  iesmognaiges  jureis, 

1.  Longcharops,  arr.  Commercy,  cant.  Pierrefitte. 

2.  Merauvaux,  arr.  Verdun,  cant.  Fresnes-en-Woëvre,  comm.  Villers-sous- 
Bonchamp  ? 

3.  Rampont,  arr.  Verdun,  cant.  Souilly. 

4.  Neuyilie-en- Verdunois ,  arr.  Gommercy,  cant.  Pierrefitte;  Neuville-sur- 
Ornain,  arr.  Bar-le-Duc,  cant.  Revigny  ;  ou  Neuville,  arr.  Verdun,  tant.  Charny, 
comm.  Champneuville  ? 

5.  Lacbalade,  arr.  Verdun,  cant.  Varennes-en-Argonne. 

27 


440 

requis  par  son  sarem^nt  se  li  rois  de  France  et  sui  sergent  entrent 
ne  sont  entrei  de  noveil  en  Tempire  d*Alemengne,  dit  par  son 
sarement  :  OH.  Beqt^is  en  queilz  parties  de  TEmpire,  il  dit  :  A 
Montfalcon.  Requis  coument  il  seit  que  Montfalcons  soit  de  l'Em- 
pire, il  dit  qu^,  ansois  ({ue  li  cbapistres  de  Montfalcon  feist  corn- 
paingnie  au  voy  de  France,  li  rois  de  France  n'avoit  riens  a 
Montfelcon,  ne  n'i  avoit  sergentei  ne  justiciei  par  lui  ne  par 
aultrui.  Et  dit  par  son  sarement,  dou  disime  qui  at  estei  paies  ou 
roialme  de  France  et  dou  vintinme  qui  at  estei  paies  en  l'Empire, 
c'est  asavoir  a  Beilleu  et  a  Montfalcon,  qui  ont  paiei  le  vintinme, 
por  la  raison  de  ce  qu'il  estoient  et  sont  de  l'Empire,  ce  que  frères 
Jehans  de  Deu-en-Sovengne,  premiers  tesmognatpe^,  en  at  dit  ; 
et  dit  que  ensi  l'at-il  oï  dire.  Requis  se  li  rois  de  France  entre 
en  l'Empire  en  altres  parties  que  a  Montfalcon,  il  dit  :  Oïl,  a 
Biaulleu-en-Argonne.  Requis  comment  il  seit  que  Biaulleus  soit 
de  l'Empire,  il  dit ,  par  ce  que  Biaulleus  siet  par  desai  le  ru  de 
Bjeme  devers  Verdun,  li  queilz  rus  départ  le  roialme  de  l'Em- 
pire ;  et  en  dit  ce  que  frères  Jehans,  premiers  tesmognaipe^,  en 
at  dit,  fors  que  tant  que  li  estaul  qui  ont  estei  tenu  sor  celui  ru 
ont  estei  tenu  entre  ces  de  la  contei  de  Bar  et  ces  de  la  contei  de 
Champenpne,  la  queilz  conteis  de  Bar,  en  tant  com  elle  est  par 
desai  le  dit  ru  de  Bieme,  est  de  l'Empire  :  et  ensi  l'at-il  tous  jours 
oï  dire.  De  toutes  altres  choses  s'acorde-il  a  frère  Jehan ,  pre- 
mier tes[moingnaige  dessus  dit].  Et  dit  que  quant  li  cuens  de 
Bar  fermât  la  dite  ecglise  de  Beilleu  contre  ces  de  Champenpne, 
ensi  comme  il  l'at  oï  [dire,  ce  fut  por]  defifendre  sa  terre,  qu'il 
tient  de  Tavesque  de  Verdun,  qui  siet  par  desai  le  dit  ru  devers 
Verdun.  Dou  [fait  de  l'evesque]  Guillaume  de  Mes  ne  seit-il  riens. 
Et  dit  que  li  abbaie  de  la  Challaide  si  at  bois  et  altres  terre  par 
délai  celui  ru  de  Byeme  en  parties  de  Ghampenpne  et  i  ont  pris 
sovent  li  moiwne  de  la  Challaide  pennies,  por  meffais  que  on  lor 
avoit  fait,  et  amennoient  celle  pennie  aucune  fois  a  la  Challaide, 
qui  est  par  desai  le  dit  ru  de  Byeme  devers  Verdun  en  parties 
de  TEmpire  :  li  sergent  de  Champenpne  lor  ont  tous  jours  deffendu 
et  deflfendent  que  il  teUz  pennies,  prises  oultre  le  dit  ru  de  Byeme 
en  Champenpwe,  ne  menessent  a  la  Challaide  ne  en  altres  par- 
ties par  desai  le  dit  ru  de  Bieme  devers  Verdun,  por  ce  que  les 
parties  par  desai  le  dit  ru  de  Byeme  devers  Verdun  sont  de 
l'Empire.  Et  dit  par  son  sarement  que  de  toutes  les  choses  desor 
dites  est-il  coumune  renoumee  et  coumune  voix  en  celles  par- 


AU 

ties  et  en  leus  prochiens,  et  que  ce  qu'il  en  at  dit  se  n'est  ne  por 
amor  ne  por  hayne  ne  por  proflst  qu'il  ne  altres  en  attende,  maïs 
que  por  loialtei  et  v^ritei. 

[11]  Dans  Jaiques,  prestes,  de  Teage  de  1  ans,  de  celle  meime 
abbaie,  tesmognaiges  jureis,  requis  par  son  sarement,  s'acorde 
en  toutes  choses  a  frère  Rogier,  son  abbei,  desor  dit. 

[12]  Dans  Martins,  prestez,  de  l'eage  de  xlv  ans,  de  celle 
meime  abbaie,  iesmognaiges  jureis,  requis  par  son  sarement, 
s'acorde  en  totes  choses  a  frère  Rogier,  son  abbei,  desor  dit. 

[13]  Dans  Jehans  de  Roie,  prestez,  do  l'eage  de  1y  ans,  de  celle 
meimes  abbaie,  iesmognaiges  jureiz,  requis  par  son  saremewt, 
s'acorde  en  toutes  choses  a  frère  Rogier,  son  abbei,  desor  dit. 

[14]  Dans  Esteves  de  Bar,  prestes,  de  l'eage  delxans,  de  celle 
meimes  abbaie,  tesmognaipe^  jureis,  requis  par  son  sarement, 
s'acorde  en  toutes  choses  a  frère  Rogier,  son  abbei,  desor  dit. 

[15]  Miles,  escuiers,  voez  de  Menoncort*  en  la  terre  de 
Biaulleu  et  homs  l'abbei  de  Beilleu,  iesmognaiges  jurez,  requis 
par  son  sarement  se  li  rois  de  France  par  lui  ne  par  ses  gens 
entre  ne  at  entrei  en  l'Empire,  dit  :  Oïl.  Requis  coument  il  le 
seit,  il  dit  qu'il  ne  vit  onques  ne  oït  dire  que  rois  de  France 
entrast  ne  envoiat  por  sergenter  par  desai  le  ru  de  Byeime  devers 
Verdun,  fors  puis  dous  ans  en  ensai,  que  li  rois  de  France  at 
envoiei  ses  gens  en  l'abbaie  de  Biaulleu  et  en  la  terre  de  BiauUeu 
qui  est  desai  le  dit  ru  de  Bieme  devers  Verdun ,  qui  justicent  en 
la  dite  abbaie  et  en  la  dite  terre  et  font  cowmandemews.  Et  dit 
qu'il  at  veu  sovent  defifendre  de  par  le  conte  de  Bar  la  dite  abbaie 
de  Biaulleu  et  la  terre  qui  est  par  desai  le  dit  ru  devers  Verdun 
encontre  ces  de  Ghampenpne,  et  dit  qu'il  vit  le  dit  conte  de  Bar 
fermer  Biaulleu  contre  ces  de  Champenpne  et  tenir  ses  gens 
leans  en  deffendant  la  dite  abbaie  de  Biaulleu  contre  ces  de  Cham- 
penpne.  Et  dit  que  celle  ecglise  de  Biaulleu,  qui  fuit  fermée  de 
pelis  par  les  gens  de  l'Empire  contre  ces  de  Champenpne,  h  rois 
de  France,  sire^  de  Champenpne,  fait  orendroit  fermer  de  pierre 
contre  ces  de  l'Empire  et  fait  ovrer  et  faire  aparel  poï*  faire  iiij 
tours.  Et  dit  encor  que  par  délai  le  dit  ru  de  Byeme  ou  roialme 
de  France  la  coustume  est  telle,  que  cil  qui  occist  home  est  en  la 
main  le  signor,  cors  et  avoirs,  et  n'en  demande-on  riens  les 
amis,  et  par  desai  le  dit  ru  de  Byeme  devers  Verdun  en  l'Em- 

1.  Menon'^ourt,  arr.  Bar-le-Duc,  cant.  et  comm.  Triaucourt. 


Âi2 

pire  qui  occist  home  il  est  quites  au  signor  parmi  certaimie 
soume  d'argent  et  at  la  werre  as  amis.  Et  dit  que,  de  tous  cou- 
mandem^ns  qui  sont  fait  et  qu'il  at  veu  faire  ou  roialme  de  France 
et  oï  dire  que  on  at  fait,  il  ne  furent  onques  tenu  par*  desai  le  dit 
ru  de  Byeme  devers  Verdun  ne  n'i  obeïst-on  onques,  por  ce 
qu'il  sont  et  estoient  de  l'Empire,  si  comme  des  deffenses  qui  ont 
estei  faites  en  France  des  chevaliers  qui  n'alassent  mie  as  tor- 
nois  et  d'altres  deffenses  asseis.  JSt  dit  encor  que  cil  dou  roialme 
par  délai  Bieme  ne  soffrirent  onques  ne  volrent  soffrir  que  gaige 
qui  fuissent  pris  ou  roialme  de  France  par  délai  le  dit  ru  de 
Byeme  fuissent  aportei  par  desai  le  dit  ru  devers  Verdun  en 
l'Empire  ;  et  autreteil,  des  waiges  qui  ont  estei  pris  par  desai  le 
dit  ru  devers  Verdun,  on  n'at  mie  soffert  qu'il  aient  estei  portei 
par  délai  le  dit  ru  ou  roialme  de  France.  De  ces  qui  perdent  lor 
remenances  en  passant  le  dit  ru  por  ce  qu'il  vont  de  l'Empire  ou 
roialme  de  France  et  dou  roialme  de  France  en  l'Empire,  dit-il  ce 
que  mes  sires  Eudes  de  Sorcei,  chevaliers^  tesmognaiges  desor 
dis,  en  at  dit.  Et  dit  par  son  sarement  que  de  toutes  les  choses 
desor  dites  est-il  cowmune  renoumee  en  icelles  parties,  et  ce 
qu'il  en  at  dit  il  at  dit  il  l'at  dit  {sic)  por  pure  veritei  tant  sole- 
ment 

[161  Estevenins,  sires  de  CoMmenieresS  escuiers,  tesmo- 
gnaiges  jureiSj  requis  par  son  sarement,  s'acorde  en  toutes 
choses  a  Milet,  voey  de  Menoncort,  tesmognat^rg  desor  dit. 

[17]  Hussons,  sires  de  Marre*,  escuiers,  tesmognat^e^  jur^'^, 
requis  par  son  sarement,  s'acorde  en  toutes  choses  a  Milet,  voey 
de  Menoncort,  tesmognai^^e  desor  dit. 

[18]  Symonnins  de  Mogneiville^  escuiers,  tesmognati/^f 
jureis,  requis  par  son  sarement,  s'acorde  en  toutes  choses  a 
[Milet,  voey  de  Menoncourtj,  iesmognaige  desor  dit  ;  et  dit,  plus, 
que  il  at  plusors  fois  veu  l'abbei  de  Biaulleu  ajomer  aTinstanoes 
de  div^'ses  gen[s  ad  essises  a]  Saint-Mihie/  *,  qui  est  molt  avant 
en  l'Empire,  de  far  le  conte  de  Bar,  et  pladoier  devant  le  dit 
conte. 

[19]  Jacoumins  d' Avoucourt  ^,  escuiers,  tesmognat^e^  jureis, 

1.  Cornières,  arr.  Verdun,  cant.  Chamy. 

2.  Marre,  arr.  Venlnn,  cant.  Chamj. 

3.  MognéTîUe,  arr.  Bar-le-Duc,  canL  ReTignj.. 

A.  Saint-Mibiel.  arr.  Commercy,  ch.-l.  de  canton. 

5.  ATocourt,  arr.  Verdun,  cant.  Varennes>en-Ar;gonne. 


443 

requis  par  son  sarement,  s'acorde  en  toutes  choses  a  Milet,  voe[y 
de  Menoncourt],  et  a  Symonnin  de  Mogneiville,  tesmognaiges 
desor  dis. 

[20]  Jacowmès,  fik  TErmite,  de  Sathenay  S  escuiers ,  tesmo- 
gnaiges,  requis  par  son  sarement,  s'acorde  en  toutes  choses  a 
Milet,  voei  de  Menoncort,  et  a  Symonnin  de  Mogneiville,  tes- 
mognaiges  desor  dis. 

[21]  Frères  Herbers,  abbes  de  Saint-Poul  de  Verdun,  prestes, 
de  Tordre  de  Preimoust[re]i,  de  Teage  de  1  ans ,  tesmognaiges 
jureis,  requis  par  son  sarement,  dit  qu'il  croit  que  li  roys  Phe- 
lipes,  peires  a  cestu  roy  de  France,  fuit  li  premiers  rois 
de  France  qui  se  entremit  de  garder  generalment  et  espe- 
cialment  la  terre  de  Tabbaie  d[e  Montfaulcon*],  se  il  ne  fuit 
Impereires  et  roys  de  France.  Item,  que  ce  que  li  cuens 
de  Bar  tient  a  la  dite  abbaie  de  Montfalcon,  [il  le  d]oit 
[t]enir  en  fiez  et  en  homaige  de  Tavesque  de  Verdun,  et  Cler- 
mont  *  et  la  chastellerie  ausi,  et  li  evesques  de  Verdun  les  [d]oi[t] 
tenir  en  fiei  et  en  homaige  dou  roy  d' Alemengne  et  de  TEmperour . 
Item  dit  que  U  prevos  de  Monfalcon  doit  tenir  ses  temporaliteis 
de  Taveschiei  de  Verdun  et  li  at  veu  faire  homaige  a  Tevesque  ou 
au  chapistre  de  Verdun,  et  l'avesque  requerre  a  lui  que  il  denou- 
mast  son  fiei,  et  il  dit  qu'il  en  tenoit  la  tour  de  Montfalcon  ;  requis 
se  il  en  tenoit  plus,  il  dit  qu'il  s'en  aviserat.  Item  dit  que  li  droit 
estaul  entre  l'avesque  de  Verdun  et  le  conte  de  Champengrne, 
entre  la  citei  de  Verdun  et  le  dit  conte  de  Champew^rne,  entre  la 
chastellerie  de  Clermont  et  le  dit  conte  de  Champengrne,  sont  au 
pont  Verdenois  deleis  la  Challaide.  Item  dit  que  li  roys  de  France 
qui  maintenant  est  est  li  premiers  roys  de  France  qui  se  soit  en- 
tremis de  garder  generalment  ne  especialment  Tabbaie  de  Biaul- 
leu-en-Argonne.  Item  dit  que  li  peires  cestui  roy  et  cist  roys  de 
France  sont  li  premier  roy  de  France  qui  se  sont  entremis  de 
faire  sergenter  en  la  terre  de  l'abbaie  de  Montfalcon  ne  en  la  terre 
de  l'abbaie  de  Biaulleu  ne  en  la  terre  de  l'aveschiei  de  Verdun, 
se  il  ne  furent  roy  de  France  et  Imperor.  Item  dit  que  li  evesques 
de  Verdun  doit  tenir  en  fiei  et  en  homaige  dou  roy  d'Alemengne 
et  de  l'Emperor  la  citei  de  Verdun  et  la  terre  de  l'aveschiei  de 

1.  Stenay,  arr.  Montmédy,  ch.-l.  de  canton. 

1.  Le  cartulaire  de  Bar  porte  :  la  terre  de  Belleu  de  Montfaulcon. 

3.  Clermont-en-Argonne,  arr.  Verdun,  ch.-l.  de  canton. 


4M 

Verdun,  et  at  veu  que  la  justice  temporelz  ne  li  flei  de  raveschiei 
de  Verdun  ne  les  clers  *  de  la  dite  citey  ne  ont  estei  delivrei  as 
evesques  qui  ont  estei  de  son  temps,  c'est-à-dire  a  trois  evesques 
trespasseis  ',  tant  qu'il  horent  moustrei  au  chapistre  de  Verdun 
^^  a  la  citei  les  lettres  dou  roy  d' Alemengne  de  lor  r^ales.  Et  ces 
choses  desor  dites  ne  dit-il  ({U£  por  loialtei  et  vmtei. 

[22]  Mes  sires  Jehans  de  Ronne  ^,  chevaliers,  tesmognatpe^ 
jureis,  requis  par  son  sarement,  dit  ce  que  mes  sires  Eudes  de 
Sorcei,  cheî;alters,  tesmognai^^e^  devant  noumeis,  at  dit,  et 
s'acorde  dou  tout  a  lui.  Et  dit  encor  qu'il  at  veu  plusors  fois 
l'abbei  de  Biaulleu  ajor[ner  de  par  le]  conte  de  Bar  a  Saint- 
Wihiel  as  assises  a  requeste  de  partie,  li  queilz  ville  de  Saint- 
Wîhiel  est  molt  avant  en  l'Empire,  et  [les  ait  veu]  et  6i  pladoier 
devant  le  dit  conte  et  en  sa  cort  et  oï  jugement  por  lui  et  contre 
lui.  Dou  r[u  de  Bienme  qui]  départ  leroialme  de  France  de  l'Em- 
pire, des  remenances  que  cil  qui  ont  passei  le  dit  ru  on  per[dues 
p]or  ce  qu'il  aloient  dou  roialme  de  France  en  l'Empire  et  de 
l'Empire  ou  roialme  de  France,  des  coumandemens  qui  ont  estei 
feit  ou  roialme  de  France  qui  ne  furent  onques  tenu  par  desai  le 
dit  ru  de  Byeme  devers  Verdun  por  ce  qu'il  sont  de  l'Empire,  et 
des  sergens  le  roy  de  France  qui  de  novel  sont  venu  par  desai  le 
dit  ru  de  Byeme  devers  Verdun  por  jostitiere^  por  faire  couman- 
demens,  dit-il  tout  ce  que  mes  sire^  Eudes  de  Sorcei,  chevaliers, 
desor  dis,  ait  dit.  Et  dit  par  son  sarement  qwe  tout  ce  at-il  veu 
et  que  de  tout  ce  est-il  cowmune  renoumee,  et  que  les  choses 
desor  dites  il  ne  dit  ne  por  amor  ne  por  hayne  ne  por  profist  qu'il 
ne  altres  en  atende,  mais  que  por  loialtei  et  veritei. 

[23]  Baldoins  de  Noiers^,  escuiers,  tesmognaf^^e^  jureis, 
requis  par  son  sarement,  s'acorde  en  toutes  choses  a  mon  signer 
Jehan  de  Bonne,  cheî^ak'er,  tesmognafg^e  desor  dit. 

[24]  Hues  de  Noiers,  escuiers,  tesmognafgre^  jureis,  requis  par 
son  sarement,  s'acorde  en  toutes  choses  a  mon  signer  Jehan  de 
Bonne,  cheî^ak'er,  iesmognaige  desor  dit. 

[25]  Willaumes  de  Beilrain  ^,  escuiers,  tesmognat^^e^  jureis, 

1 .  Les  clefs. 

2.  Ulric  de  Saraay,  1271-1273;  Gérard  de  Grandson,  1275-1278;  Henri  III  de 
Grandson,  1278-1286. 

3.  Rosnes,  arr.  Bar-le-Duc,  cant.  Vavincourt. 

4.  Noyers,  arr.  Bar-le-Duc,  cant.  Vaubecourl. 

5.  Belrain,  arr.  Gommercy,  cant.  Pierrefilte. 


4^5 

requis  par  son  sarement,  s*acorde  en  toutes  choses  a  mon  signor 
Jehan  de  Bonne,  chevalier,  iesmognaige  desor  dit. 

[26]  Savaris  de  Beilrain,  escuiers,  tesmognaf^^e^jureis,  requis 
par  son  sarement,  s'acorde  en  toutes  choses  a  mon  signor  Jehan 
de  Ronne,  ch^ali^r,  tesmognaig^^  desor  dit. 

[27]  Mes  sires  Gerars,  chevaliers,  sires  de  LouppeiS  tesmo- 
gnaiges  jureis,  requis  par  son  sarem^nt,  s'acorde  en  toutes 
choses  a  mon  signor  Jehan  de  Ronne,  chevalier,  iesmognaige 
desor  dit. 

[28]  Mes  sires  Reniers,  chevaliers,  sires  de  Crewe*,  tesmo- 
gnaiges  jureis,  requis  par  son  sarem^nt,  s'acorde  en  toutes 
choses  a  mon  signor  Jehan  de  Ronne,  chevalier,  iesmognaige 
desor  dit. 

[29]  Mes  sires  Phelippes,  chastellains  de  Bar,  chevalier,  tes- 
mognaiges  jureis,  requis  par  son  sarement,  s'acorde  en  toutes 
choses  a  ce  que  mes  sires  Eudes  de  Sorcei,  chevaliers,  tesmo- 
gnaiges  desor  dit,  a  dit. 

[30]  Mes  sires  Orris  de  Champion  ^,  ch^i;ah*^rs,  iesmognaiges 
jureis,  requis  par  son  sarement,  s'acorde  en  toutes  choses  a 
mon  signor  Jehan  de  Ronne,  chevalier,  iesmognaige  desor  dit. 
Et  dit  encor  qu'il  at  estei  presens  plusors  fois  sus  le  ru  de  Byeme 
as  estaus  ou  par  jugement  cil  qui  avoient  passei  le  dit  ru  de 
Bieme  ont  perdu  lor  remenances,  por  ce  que  li  dis  rus  départ  le 
royalme  de  France  de  l'Empire ,  et  en  passant  celui  ru  il  aloient 
dou  roialme  de  France  en  l'Empire  et  de  l'Empire  ou  roialme  de 
France. 

[31]  Mes  sires  Ralz  de  Hannonville^,  chevaliers,  de  Teage  de 
Ixx  ans,  iesmognaiges  jureis,  requis  par  son  sarement,  s'acorde 
en  toutes  choses  a  mon  signor  Orri  de  Champion,  chevalier,  ies- 
mognaige desor  dit.  Et  dit  encor  par  son  sarement  que  onques 
ce  ne  fuit  fait,  que  il  sache  ne  il  l'oïst  dire,  que  li  rois  de  France 
passassent  le  dit  ru  de  Byeme  en  justisant  ne  que  il  feissent  ser- 
genter  ne  justicier,  fors  que  de  novel  :  et  ce  que  li  dis  rois  de 
France  en  fait  et  fait  feire,  il  le  fait  par  sa  volentei  et  par  sa 
force. 


1.  Louppy-le-Cbàteau,  arr.  Bar-le-Duc,  cant.  Vaubecourt. 

2.  Creue,  arr.  Gommercy,  cant  Vigneulles-lez-HaUonchâtel. 

3.  Champion,  arr.  Verdun,  cant.  Fresnes-en-Wo€vre. 

4.  Hannon ville,  arr.  Verdun,  cant.  Fresnes-en-Woôvre. 


446 

[32]  Dagars  de  Danlouf^  escuiers,  tesmognatp^^  jur^t^, 
requis  par  son  sarem^nt,  s*acorde  en  toutes  choses  a  mon  signcnr 
Orri  de  Champion  et  a  mon  signor  Raul  de  Hannonville,  cheva- 
liers, tesmogwai^re^  desor  dis. 

[33]  Hussons  de  Saint-Andreu*,  escuiers,  tesmognatpre^jurei», 
requis  par  son  sarement,  s'acorde  en  toutes  choses  a  mon  signor 
Orri  de  Champion  et  a  mon  signor  Raul  de  Hannonville,  àievor- 
h'ers,  tesmognai^^e^  desor  dis. 

[34]  Mes  sires  JofiFroisde  Nueville^,  chet?ahers,  tesmognai^e^ 
jureis,  requis  par  son  sarement,  s'acorde  en  toutes  choses  a  mon 
signor  Jehan  de  Ronne,  ohevalieT,  tesmognaip^e  desor  dit. 

[35]  Hazars  de  Sathenay^,  escuiers,  tesmognaip^e^  jureis, 
requis  par  son  saremewt,  s'acorde  en  toutes  choses  a  mon  signor 
Jehan  de  Ronne,  cheyaher,  iesmo^naige  desor  dit. 

[36]  Ogiers  de  Donnevou^,  escuiers,  tesmognaig^e^  jureis, 
requis  par  son  sarement,  s'acorde  en  toutes  choses  a  mon  signor 
Jehan  de  Ronne,  chevalier,  tesmognai^e  desor  dit. 

[37]  IVIes  sire5  Rohers,  chei;ak'ers,  sires  de  Watronville*,  tes- 
mognaiges  jureis,  requis  par  son  sarement,  s'acorde  a  mon 
signor  Jehan  de  Ronne,  chevalier,  tesmognaig^e  desor  dit.  Et 
dit  encor  qu'il  at  estei  plusors  fois  a  Saint-MihtW,  qui  est  bien 
avant  en  l'Empire  oltre  la  Mueze  par  devers  Alemengne,  ou  cil 
de  Biaulleu,  ajornei  par  devant  le  conte  de  Bar  as  assises,  pla- 
dioent  par  devant  le  dit  conte  en  demandant  a  altrui  et  en  aus 
deffendent. 

1.  Damloup,  air.  Verdun,  cant.  Étain. 

2.  Saint-André,  arr.  Verdun,  cant.  Souilly. 

3.  Voy.  ci-dessus,  §  9,  note  4. 

4.  Stenay,  arr.  Montmédy,  ch.-l.  de  canton.  Le  i'^  septembre  1280,  une  sen- 
tence arbitrale  fut  rendue  entre  l'abbé  du  monastère  bénédictin  de  Bucilly 
(Aisne,  arr.  Vervins,  cant.  Hirson)  et  «c  Jehan  dit  Hasart  de  Sethenay,  escuier,  » 
avoué  du  même  monastère,  au  sujet  de  leurs  droits  respectifs  sur  la  ville  et  le 
territoire  de  Bucilly.  Dans  deux  autres  actes  relatifs  à  cette  affaire,  du  25  no- 
vembre 1278  et  du  !•'  septembre  1280,  le  même  personnage  est  appelé  simple- 
ment <  Hasars  de  Sethenay  i  ou  <  de  Setenay  i,  sans  indication  du  nom  de 
Jean.  (Cartulaire  de  Bucilly,  Bibl.  nat.,  ms.  lat.  10121,  f"  45  v%  87  r«  et  v.) 

5.  Dannevoux,  arr.  Montmédy,  cant.  Montfaucon-d'Argonne.  Une  belle  pierre 
tombale,  du  xiii«  s.,  à  ce  qu'il  semble,  conservée  aujourd'hui  dans  l'église  de 
Lachalâde,  porte  gravée  en  creux  la  ligure  d'un  chevalier,  en  haubert,  avec 
cette  inscription  :  CIGIST  •  MESIRE  •  OGIERS  •  CHLRS  ]  SIRES  •  DE 
DONEUOU  •  PROIEZ  '  FOR  LUI. 

6.  Walronville,  arr.  Verdun,  cant.  Fresnes-en-Woëvre. 


447 

[38]Erars  de  Betoncort*,  escuiers,  tesmognaigesjuveis,  requis 
par  son  sarem^nt,  s'acorde  en  toutes  choses  a  mon  signor  Robert 
de  Wantronville,  chevàiievy  iesmognaige  desordit. 

[39]  Willaumes,  dis  K  Moinnes,  de  Villers  ^  escuiers,  tesmo- 
gnaiges  jureis,  requis  par  son  sarement,  s'acorde  en  toutes 
choses  a  mon  signor  Robert  de  Wantronville,  chevalier,  tesmo- 
gnaige  desor  dit. 

[40]  Frères  Pierres,  prioursde  Beilchamp  ^,  prestes,  de  l'ordre 
dou  Vaul-des-Escoliers,  tesmogwazgr^^  jureis,  requis  par  son  sa- 
remeniy  dit  que  BiauUeus  est  de  l'Empire,  et  i  at  veu  de  noveil 
les  sergens  le  roy  de  France  justicier  et  faire  cowmandemens. 
JEt  dit  que  li  rus  de  Byeme  départ  le  roialme  de  France  de  l'Em- 
pire, si  com  il  at  tous  jours  oï  dire  et  tous  jours  at  estei  li  comune 
renoumee  dou  pais.  Et  dit  encor  que  cil  de  desai  le  dit  ru  de 
Byeme  par  devers  Verdun  peichent  ou  dit  ru  de  Byeme  en  la 
moitiei  par  devers  aus,  por  ce  qu'il  sont  de  l'Empire,  et  cil  de 
par  délai  le  dit  ru  peichent  en  l'autre  moitiei  par  devers  aus, 
por  ce  qu'il  sont  dou  royalme  de  France.  Et  dit  de  Montfalcon 
par  son  sarement  ce  que  frères  Jehans  de  Deu-en-Souvengne., 
premiers  tesmognae^^e^,  en  at  dit,  ensi  com  il  l'at  oï  dire. 

[41]  Frères  Richars,  prestes,  moines  de  celui  meimes  leu  et 
de  celui  ordre,  iesmognaiges  jureis,  requis  par  son  sarement, 
s'acorde  dou  tout  en  toutes  choses  a  frère  Pierre,  priour  de  Beil- 
champ, tesmognai^^e  dessus  dit.  Et  dit  qu'il  at  veu  les  sergens  le 
roy  de  France  de  noveil  sergenter  par  desai  Beilleu  devers  Ver- 
dun et  faire  coumandemens. 

[42]  Frères  Jehans,  prestes,  moinnes  de  celui  meimes  leu  et 
de  celui  ordre,  tesmognaiges  jureis,  requis  par  son  sarement, 
s'acorde  en  toutes  choses  a  frère  Pierre,  priour  de  Beilchamp, 
iearaognaige  desor  dit.  Et  dit  qu'il  at  veu  l'abbei  de  Biaulleu  as 
assises  a  Saint-Mihiel  ajornei  par  devant  le  conte  de  Bar  et  pla- 
doier  par  devant  lui. 

[43]  Frères  Ogiers,  prestes,  moinnes  de  celui  meimes  leu  et 
de  celui  ordre,  tesmognae^^e^  jureis,  requis  par  son  sarement, 
s'acorde  en  toutes  choses  a  fi^ere  Pierre,  priour  de  Beilchamp, 
tesmognaz^^e  desor  dit. 

1.  Béthincourt,  arr.  Verdun,  cant.  Charny. 

2.  ViUers-Ies-Moines,  arr.  Verdun,  cant.  et  comm.  Charny  ? 

3.  Prieuré  de  l'ordre  du  Val-des-Écoliers,  aujourd'hui  Beauchamp,  arr.  Verdun, 
cant.  et  comm.  Glermont-en-Argonne. 


448 

[44]  Richars  li  Grenetiers,  citains  de  Verdun  et  doiens  de 
Verdun,  iesmognaiges  jurais,  requis  par  son  sarement,  ^t 
que  li  citeis  de  Verdun  ne  li  citain  de  Verdun  ne  sont  de  riens 
sougist  au  roy  de  France,  ne  onques  ne  furent,  ne  onques  ne 
obéirent  a  lui  ne  a  ses  devantriens,  ains  ont  tous  jours  obeï  et 
doient  obeïr  a  Tavesque  de  Verdun  et  a  TEmperor  ou  au  roy 
d'Alemengne,  des  queilz  li  evesque  de  Verdun  ont  tous  jours 
repris  et  doient  repenre  lor  temporalitei  toute.  Et  bien  li  sou- 
vient que,  por  aucuns  bestens  qu'il  ont  eu  aucune  fois,  il  ont 
envoiei  a  secours  a  TEmpereror  {sic)  et  au  roi  d'Alemengne,  et 
envoiat  li  rois  d'Alemengne  ses  lettres  au  duc  de  Lorraine  por 
aus  deffendre.  Et  dit  qu'il  ont  tous  jors  eu  estalz  a  ces  de  Cham- 
fengne  sor  le  ru  de  Byeme,  qui  départ  le  roialme  de  France  de 
l'Empire,  ensi  com  il  tous  jours  ont  usei  et  di  dire.  Et  dit  que  li 
rois  de  France  puis  dous  ans  en  ensai  at  envoiei  ses  gens  par 
desai  le  dit  ru  devers  Verdun  por  sergenter  et  por  faire  couman- 
demens,  especialmewt  sergens  qu'il  at  envoiei  por  deffendre  que 
on  ne  mengne  lainnes  dou  roialme  en  l'Empire,  et  sont  venu  icil 
sergent  jusques  a  Verdun  a  trois  lewes,  a  dous,  a  demi  lewe,  et 
pris  lainnes  et  arestees.  Et  dit  que  li  baillis  de  Chaumont,  ser- 
gens le  roy  de  France,  at  estei  a  Verdun  dous  fois  por  feire  ses 
enquestes,  et  at  mandei  li  rois  de  France  as  citains  de  Verdun 
que  il  délivrassent  j  lor  citain  au  bailli  de  Chaumont  por  justicier 
et  por  pugnir.  Et  dit  par  son  sarement  que  li  rois  de  France  les 
grieve  en  faisant  les  choses  desor  dites  et  qu'il  ne  puet  ne  ne  doit 
faire  les  choses  desor  dites,  si  com  il  croit.  Et  dit  encor  que  cil 
de  Biaulleu  et  cil  de  Montfalcon  doient  chascun  an  a  la  citei  de 
Verdun  une  certainne  soume  d'argent  por  paier  les  waites  dou 
chasteil  de  Verdun  et  refaire  une  partie  des  murs  dou  chasteil 
de  Verdun,  et  parmi  ce  il  pueent  devenir  borgois  de  Verdun 
quant  il  lor  plait.  Et  dit  encor  qu'il  ne  vit  onques  ne  oït  dire  que 
li  rois  de  France  envoiassent  sergenter  ne  justissassent  a  Mont- 
falcon, fors  que  puis  la  compaingnie  que  il  firent  au  roy  de 
France,  ne  a  Biaulleu,  ausi  fors  que  puis  dous  ans  en  ensai.  Et 
dit  par  son  sarement  que  ce  qu'il  dit  il  le  dit  por  veritei  tant 
solement. 

[45]  Pierre  Bénite,  citains  de  Verdun,  et  tuit  li  altre  citain  de 
Verdun  ci-apr^s  dit,  iesmognaige  jurei  et  requis  par  lor  sare- 
ment  chascuns  par  lui,  s'acordent  dou  tout  en  tout  a  Rechart 
Grenetier,  tesmognai^r^  desor  dit;  c'est  asavoir  :  Gosses  de 


449 

Saus,  Goilars  d'Estain,  Jaques  li  Bues,  Richiers  de  Mes,  JofiFrois 
Haicfiks,  Wauteres  Pogues,  Perrignons  Arnolz,  Jaques  li  Hun- 
greis,  Jacowmins  Chines,  Guios  de  NeuiUei,  Jehans  Chapons, 
Jenessons  Migaus,  Jaiques  li  Bergiers,  Nicoles  Baudesons,  Hen- 
riès  d'Amaiville,  Nicoles  Galians ,  Jacowmès  Aubrions ,  Erars 
dou  Mont-Saint- Venne. 

[46]  Mes  sires  Witiers  de  Vignueles  S  chevaliers,  en  Teaige 
de  Ix  ans,  iesmognaiges  jureis,  requis  par  son  sarement, 
s'acorde  en  toutes  choses  a  mon  signor  Eudon  de  Sorcei,  cheva- 
lier,  tesmognaige  desor  dit. 

[47]  Frères  Dominikes,  priours  des  frères  precheors  de  Ver- 
dun, de  Teage  de  1  ans,  iesmognaiges  jureis,  requis  par  son 
sarement,  dit  que  il  ne  vit  onques  ne  oït  dire  que  li  roy  de  France, 
par  aus  ne  par  les  lor,  entrassent  onques  en  Tabbaie  de  Biaulleu 
ne  en  la  terre  de  la  dite  abbaie  qui  est  par  desai  le  ru  de  Byeme 
devers  Verdun,  fors  que  de  noveil  temps.  Et  dit  que  la  dite  abbaie 
et  la  terre  qui  est  par  desai  le  dit  ru  de  Bieme  devers  Verdun 
sont  de  l'Empire,  si  com  il  le  croit  fermement  et  Fat  tous  jours 
oï  dire,  et  dit  que  de  ce  est-il  cowmune  renoumee.  Et  dit  encor 
que  [quant  on  ait  mis]  le  disime  ou  roialme  de  France  et  le  vin- 
tinme  en  l'Empire,  li  abbaie  de  Biaulleu  et  li  ecglise  de  Montfal- 
con  ont  [paie  le  vinteinme]  et  n'ont  mie  paiei  le  disime,  por  ce 
qu'il  estoient  et  sont  de  l'Empire,  ensi  com  il  l'at  tous  jours  oï 
dire,  et  de  ce  est-[il  commune  renommée].  Et  dit  encor  qu'il  at 
estei  aucune  fois  presens  avec  le  conte  de  Bar  sus  le  ru  de  Byeime 
au  pont  c'om  dit  [Verdenois,  li  quels]  rus  de  Byeme,  ensi  com 
on  dit  de  tous  jours  et  ensi  com  il  l'at  oï  dire,  est  bonne  a  la  queile 
cil  qui  sont  dou  roialme  de  France  et  cil  qui  sont  de  l'Empire 
suelent  venir  pladoier,  au  queil  pont  sor  le  dit  ru  il  at  veu  les 
gens  le  dit  conte  de  Bar  et  les  gens  de  la  contei  de  Champengrne 
qui  pladooient  entre  aus  des  entreprises  qui  avoient  estei  faites 
d'une  part  et  d'altre.  Et  dit  encor  qu'U  at  estei  presens  ou  l'abbes 
de  Biaulleu  et  aucun  moinne  de  la  dite  abbaie  avec  lui  firent 
amende  au  conte  de  Bar  sor  ce  que,  a  une  journée  a  la  queile  il 
furent  devant  le  dit  conte  a  Saint-Mihiei,  il  refusarent  a  penre 
droit  en  la  court  le  dit  conte  et  devant  lui.  Et  dit  encor  qu'il  n'oïst 
onques  dire  ne  ne  vit  ne  ne  croit  que  li  sergent  le  roy  de  France 
venissent  par  desai  le  dit  ru  de  Byeme  vers  Verdun  sergenter  ne 

1.  VigneuUes-lez-Hattonchâtel,  arr.  Gommercy,  ch.-l.  de  canton. 


420 

iusticier,  fors  que  de  novel.  Et  dit  par  son  saremewt  que  de  ce 
est-il  coumune  renowmee  et  que  ce  qu'il  en  dit  il  dist  por  loialtei 
et  por  veritei. 

[48]  Mes  sires  Nicoles  Verdeneis,  prêtes,  seellerres  de  la  court 
le  pr^ost  de  la  t/lagàeleine  de  Verdun,  tesmognaiges  jureis, 
reauis  par  son  sarem^wt,  dit  que,  toutes  les  fois  que  on  at  paiei 
deisime  ou  altre  soume  d'argent,  cil  de  Biaulleu,  li  cors  de  l'ab- 
baie  et  li  t^re  qui  sont  de  Taveschiei  de  Verdun  ont  tous  jours 
paiei  a  Verdun  et  por  la  raison  de  l'Empire,  et  dit  que  il  meeimes 
en  at  estei  plusors  fois  receverres.  Et  dit  encor  que  en  celle 
manière  at  paiei  a  Verdun  por  raison  de  l'Empire  li  terre  de 
Montfnlcon  qui  est  en  l'aveschiei  de  Verdun.  Et  ce  dit-il  por 
loialtei  ^^  por  veritei. 

[49]  Mes  sires  Nicoles  de  Clostre,  prestes,  de  Teaige  de  Ix  ans, 
tesmognaiges  iuveis,  requis  par  son  sarem^nt,  s'acorde  en  toutes 
choses  a  mon  signor  Nicole  Verdeneil,  iesmognaige  desor  dit, 

[50]  Mes  sires  Hues  Bekars  de  MarzeiS  chevaliers,  tesmo- 
çrnaiges  jureis,  requis  par  son  sarement,  dit  que  cil  qui  ont 
passei  le  ru  de  Byeme  ont  p^rdu  lor  remenances,  por  ce  que  on 
disoit  coumunemeni  que  il  aloient  dou  roialme  de  France  en 
l'Empire  et  de  l'Empire  ou  roialme  de  France  en  passant  le  dit 
ru.  Et  dit  que  cil  qui  sont  par  desai  le  dit  ru  devers  V^dun 
n'obeïrent  onques  a  commandement  que  on  feist  ou  roialme  de 
France,  ains  ont  tous  jours  usei  et  fait  le  contraire  pasiblement. 
Et  dit  que  onques  il  ne  vit  ne  oït  dire  que  sergent  le  roy  de 
France  venissent  sergenter  ne  faire  commandement  par  desai  le 
dit  ru  de  Byeme  devers  Verdun,  fors  que  novellement.  Et  dit 
que  de  ce  est-il  commune  renommée,  et  que  [ce]  qu'il  en  dit  il  dit 
por  loialtei  et  por  veritei. 

[51]  Mes  sires  Jaiques  li  Periers,  chevaliers,  tesmognaiges 
jureis,  requis  par  son  sarement,  s'acorde  en  toutes  choses  a  mon 
signor  Hue  Bekart  de  Marzei,  chevalier,  tesmognaz^^e  desor  dit. 

[52]  Mes  sires  Nicoles  de  Comenieres^  chevaliers,  tesmo- 
gnaiges  jureis,  requis  par  son  sarement,  s'acorde  en  toutes 
chose  {sic)  a  mon  signor  Hue  Bekart  de  Marzei,  chevalier,  tes- 
mognaige  desor  dit. 


1.  Maizey,  arr.  Gommercy,  cant.  Saint- Mihiel. 

2.  Cumières,  arr.  Verdun,  cant.  Charny. 


424 

[53]  Mes  sires  Albers  d'Orne  S  chevaliers,  ^smognaiges 
jureis,  requis  par  son  sarement,  s'acorde  en  toutes  choses  a  mon 
signor  Hue  Bekart  deMarzei,  chevalier,  iesmognaige  desor  dit. 

[54]  Mes  sires  Richiers,  prevos  de  la  Msigàeleine  de  Verdun, 
prestes,  tesmognai^^e^  jureis,  requis  par  son  sarement,  s'acorde 
en  toutes  choses  a  mon  signor  l^icole  Verdeneil,  tesmognai^^e 
desor  dit.  Et  dit  encor  qu'il  at  estei  a  BiauUeu  et  veu  que  li 
moinne  de  BiauUeu  rendirent  les  cleirs  *  de  l'abbaie  de  Biaulleu  a 
l'avesque  de  Verdun.  JSt  dit  par  son  sarement  que  il  ne  vit 
onques  ne  oït  dire  que  li  rois  de  France  envoiat  justicier  ne  ser- 
genter  en  ces  parties  si  près  de  Verdun  com  il  fait  hores.  Et  dit 
par  son  sa  rement  que  de  ce  est-il  coumxme  renoumee. 

[55]  Li  archediacres  Renars,  archediacres  en  l'Ecglise  de 
Verdun,  tesmognai^^e^  jureis,  requis  par  sonsarement,  s'acorde 
en  toutes  choses  au  prevost  de  la  Magàeleine,  iesmognaige 
desor  dit. 

[56]  Mes  sires  Jaiques  de  Bormont,  chenoinnes  de  Verdun, 
prestes,  tesmognaip'e^  jureis,  requis  par  sonsaremewt,  s'acorde 
en  toutes  choses  au  prevost  de  la  Magàeleine,  iesmognaige 
desor  dit.  Et  dit  encor  que  il  vit  que  cil  de  Montfalcon  delivra- 
rent  les  clers  ^  de  la  tour  de  Montfalcon  a  l'avesque  de  Verdun. 
Et  at  veu  que  au  concile  qui  fiiit  assembleis  a  Wirceborc  de  par 
le  légat  d'Alemengne,  ou  tuit  li  prélat  de  l'Empire  furent  man- 
dei,  li  abbes  de  Belleu  i  envoiat  por  lui,  por  ce  qu'il  estoit  et  est 
de  l'Empire.  Et  dit  par  son  sarement  que  de  ce  est-il  coumune 
renowmee,  et  que  ce  dist-il  por  veritei  tansoloment. 

[57]  Mes  sire^  Thomas  de  Saint-Mihie^,  prestes,  chenoinnes  de 
Verdun,  tesmognaiges  jureis,  requis  par  son  sarement,  s'acorde 
en  totes  choses  a  mon  signor  Jaique  de  Bormont,  chenomne  de 
Verdun,  iesmognaige  desor  dit. 

[58]  Mes  sires  Hues,  prestez,  de  l'eaige  de  xl  ans,  cureis 
d'Arembeicort  ^,  tesmognai^^es  jureis,  requis  par  son  sarement 
se  onques  il  oït  dire  ne  vit  que  rois  de  France  eust  ses  wardes  en 
l'abbaie  de  Beilleu  ne  feist  warder  ne  sergenter  en  la  terre  de 
Beilleu,  dit  que  onques  mais  ne  l'oïst  dire  ne  vit,  mais  at  souvent 
oï  dire  que  li  abbaie  estoit  en  la  warde  le  conte  de  Bar,  et  at 


1.  Ornes,  arr.  Verdun,  cant  Ghamy. 

2  et  3.  Les  clefs. 

4.  Rembercourt-aux-Pots,  arr.  Bar-le-Duc,  cant.  Yaubecourt. 


422 

V6U  que  li  dis  cuens  de  Bar  defifendoit  la  dite  abbaie  et  la  terre  de 
Tabbaie  contre  ces  de  Champ^n^n^,  et  at  veu  l'abbei  ajourner  a 
instance  d'altrui  en  l'osteil  le  dit  conte  de  Bar  a  Saint-Miht^/  et 
respondre  et  deffendre  contre  altrui  as  assises  le  dit  conte  de  Bar 
a  Saint-Mibte^  ;  et  at  oï  dire,  par  ces  qui  paiei  l'ont,  que^  cpiant 
on  at  mis  disime  ou  vintinme  en  l'aveschiei  de  Verdun,  cil  de 
Biaulleu  l'ont  paiei  et  paient,  et  procurations  quant  legalzat 
estei  envoies  en  TEmpire.  Des  estalz  et  des  remenances  dit-il  ce 
que  mes  sir^^  Eudes  de  Sorcei,  chevaliers,  \j&smognaiges  desor 
dis,  at  dit.  Requis  se  il  seit  que  li  rois  de  France  ait  nulles  s^no- 
ries  a  Montfalcon  ne  en  la  terre  de  Montfalcon,  dit  qu'il  at  oï 
dire  que  onques  nul  roy  de  France,  devant  la  compaingnie  que 
li  chenoinne  de  Montfalcon  firent  au  roy  de  France,  le  peire  cestui 
roy  qui  hore  est,  n'avoient  eu  segnorie  ne  cotemandement  a  la 
dite  Montfialcon  ne  en  la  terre  de  la  dite  Montfalcon,  et  at  veu 
qu'il  n'i  cowmandoient  ne  sergentoient.  Et  dit  que  onques  mais 
il  ne  vit  ne  oït  dire  que  rois  de  France  envoiast  en  l'aveschiei  de 
Verdun  por  faire  enqueste  ne  por  sergenter  ne  por  faire  couman- 
dem^nt.  Et  de  ce  est-il  commune  renotemee,  et  ce  qu'il  en  dit  il 
le  dit  por  loialtei  et  por  v^ritei. 

[59]  Mes  sires  Nicoles,  prêtes  d'Auzeiville*,  de  l'eaige  de 
Ixiij  ans,  iesmognaiges  jureis,  requis  par  son  sarement,  s'acorde 
en  toutes  choses  a  mon  signor  Huon,  curei  d'Ârembeicort,  preste, 
tesmognai^^e  dessus  dit.  Et  dit  encor  qu'il  at  veu  le  prevost  de 
Montfalcon  repenre  de  trois  evesques  de  Verdun  la  tour  de  Mont- 
falcon, et  at  veu  que  h  evesques  de  Verdun  fist  refaire  l[a  tour], 
et  l'argent  en  paait  et  fist  paier  li  dis  evesques;  et  de  tout  ce  est- 
il  cowmune  renowmee,  etc. 

[60]  Mes  sires  Jehans  de  BauzeisS  chevalierSy  de  l'eaige  de 
Iv  ans,  iesmognaiges  jureis,  requis  par  son  sârement,  s'acorde 
en  toutes  choses  a  mon  signor  Eudon  de  Sorcei,  chevalier  y  tes- 
mognaiges  dessus  dit.  Et  dit  encor  que  ses  peires  et  il  ont  joï  des 
remenances  de  lor  homes  demorans  desai  le  ru  de  Bieme  devers 
Verdun,  quant  il  aloient  demorer  oultre  le  ru  de  Byeme  en 
Champengrne. 

[61]  Mes  sires  Thiebaus,  doiens  de  Bar,  prestes,  de  l'eaige 
de  xlvj  ans,  tesmognai^^e^  jureis,  requis  par  son  sarement  se  H 

1.  Auzéville^  arr.  Verdun,  cant.  Clermonl-en-Argonne. 

2.  Beauzée,  arr.  Bar-le-Duc,  cant.  Triaucourt. 


423 

rois  de  France  entre  ne  est  entreis  en  parties  de  TEmpire,  dit 
que  dû,  si  com  il  croit.  Requis  en  queil  leu,  dit  :  A  Montfalcon  et 
en  partie  de  la  terre  de  Montfalcon.  Et  dit  que  il  ne  vit  onques 
que  Toy  de  France,  par  ans  ne  par  autrui  en  lor  nom,  entrassent 
ne  eussent  segnorie  a  Montfalcon  ne  en  partie  de  la  terre  de 
Montfalcon,  fors  puis  la  compaingnie  que  li  chenomn^  de  Mont- 
Mcon  firent  au  peire  cestui  roy  de  France  qui  hores  est,  la  queilz 
compaingnie  par  droit  en  debatant  est  alee  a  niant  en  Tosteil  le  roy 
de  France.  Requis  se  en  altres  parties  il  est  entreis  ne  entre,  dit 
que  oïl.  Requis  en  queilz  parties,  dit  que  en  Tabbaie  de  Biaulleu, 
en  la  terre  et  ens  appendises  par  desai  le  ru  de  Byeme  devers 
Verdun.  Requit  comneni  il  le  seit,  dit,  a  ce  que  il  ne  vit  onques 
ne  oït  dire  que  rois  de  France  ne  altre  de  par  lui  justissassent 
riens  desai  le  ru  de  Byeme  devers  Verdun,  fors  que  de  trois  ans 
en  ensai,  que  li  roys  de  France  at  envoiei  a  BeiUeu  ses  sergens 
por  sergenter,  et  at  oï  dire  communément  que  li  dis  rus  de  Byeme 
départ  le  royalme  de  France  de  l'Empire.  Et  dit  encor  par  son 
sarement  que  l'abbaie  de  Beilleu  siet  par  desai  le  ru  de  Byeme 
devers  Verdun  et  qu'il  Tat  veu,  de  tant  de  temps  com  sovenir  li 
puet,  le  conte  de  Bar  defiendre  contre  ces  de  Champengrne,  comme 
wardain  de  la  dite  abbaie  de  Byaulleu  et  de  la  terre  de  Biaulleu 
desai  le  dit  ru  de  Byeme  devers  Verdun  :  et  ce  tient  li  cuens  de 
Bar  de  l'avesque  de  Verdun,  si  com  il  Tat  oï  recognoistre  le  dit 
conte,  et  Tavesques  de  Verdun  le  tient  dou  roy  d'Alemengne,  si 
com  il  Tat  oï  dire  et  ensi  com  il  le  croit.  Et  dit  encor  qu'il  at  seu 
et  entendu  que  li  abbes  et  li  covens  de  Byaulleu  ensemble  et  li 
abbei  par  aus  ont  estei  ajomei  as  assises  a  Saint-Mihie^,  qui  est 
uns  chasteilz  molt  avant  en  l'Empire,  et  pladoier  en  Tosteil  le 
conte  de  Bar  a  la  dite  Saint-Mihie^,  et  ont  pris  droit  d'autrui  et 
fait  droit  a  aultrui  par  devant  le  dit  conte  et  par  devant  ses  gens 
ou  par  devant  son  leu-tenant.  Requis  coument  il  le  seit,  il  dit 
qu'il  i  at  estei  presens  et  fait  les  aires  *  dou  pladoier  et  des  juge- 
mens  por  aus  et  contre  aus  et  escripst  de  sa  proppre  main,  et  en 
garde  encor  plusors  procurations  que  li  dit  abbei  et  couvens  ont 
envoiei  por  aus  en  la  court  le  conte.  Et  dit  encors  qu'il  at  veu 


1.  Ce  sont  les  pièces  écrites  de  la  procédure,  appelées  aussi  en  vieux  français 
erremens  ;  Yoy.  Du  Gange,  éd.  Henschel,  srramenta*,  et  Beaumanoir,  éd.  Beu- 
gnot,  1. 1,  p.  30.  Le  copiste  du  cartulaire  de  Bar  a  écrit  arreis  (arrêts),  qui  fausse 
le  sens. 


424 

que  Tabbes  de  Biaulleu  por  lui  et  por  son  couvent  emendat  au 
conte  et  donnât  seurtei  de  Tamende  au  conte,  de  ce  qu'il  et  II 
procuror  de  son  couvent  en  avoient  portei  le  droit  de Tosteille  dit 
conte  en  pladoiant  a  la  dite  Saint-Miht^/.  Et  at  encor  entendu 
que,  se  aucuns  demorans  desai  le  dit  ru  de  Byeme  devers  Verdun 
passoit  le  dit  ru  de  Bieme  por  demorer  délai  le  dit  ru  en  Cham- 
fengne,  il  perdoit  moble  et  heritaige  qu'il  avoit  au  leu  dont  il  se 
partoit,  et  en  semblant  manière  cil  qui  se  partoit  de  délai  le  dit 
ru,  qui  venoit  demoreir  desai  le  dit  ru  dev^>'s  Verdun,  perdoit 
moble  et  heritaige  qu'il  avoit  par  delà  au  leu  dont  il  se  partoit, 
por  ce  qu'il  aloient  dou  roialme  de  France  et  de  Champengne  en 
l'Empire  et  de  l'Empire  ou  roialme  de  France  et  de  {sic,  lisez  en) 
Champengne  y  en  passant  le  dit  ru.  Et  des  choses  dessus  dites 
est-il  cowmune  renoumee  en  celles  parties,  et  ce  qu'il  en  dit  dit-il 
por  loialtei  et  por  veritei. 

[62]  Heibers  *  dis  Journeie,  bourjois  de  Verdun,  temognages 
jureis  et  requis  sor  toutes  ces  chouses  devant  dite,  a  lui  luies  et 
diligentment  expouseies,  se  concorde  en  toutes  chouses  et  pa?* 
toutes  chouses  a  Richart  lou  Grenetier,  bourjois  de  Verdun, 
temounage  desour  dit  ;  ce  ajoustei  que  il  dit  lui  avoir  veu  que 
quant  li  prevos  defifaloit  a  Montfaucon  et  li  prev^oteis  de  Mont- 
faucon  vagueive,  li  eveques  de  Verdun,  tant  com  sires  souverains 
ains  temporeis  chouses,  envoat  ses  sergens  a  Montfaucon,  et 
demoroient  en  la  mason  le  prevot  de  Montfaucon,  et  wardoient 
et  defifendoient  la  ville  et  la  prevotei  de  Montfaucon  toute,  en 
non  dou  dit  eveque  de  Verdun  et  pour  lui,  tant  com  pour  signour 
souverain  eins  temporeis  chouses,  dou  queil  eveque  tuit  li  prevot 
Montfaucon  et  toute  la  prevotei  tienent  en  fiel  et  en  homage.  Et 
c'est  veu  que  li  coins  de  Grant-Prei*  une  faee  vint  devant  la  ville 
de  Montfaucon  aveuc  grant  gent  et  asit  la  dite  ville  et  destruit  la 
tour  de  la  dite  ville,  la  quelle  li  eveques  de  Verdun,  tant  com 
sires  souverains,  fist  refaire  et  edifieier  de  son  argent.  Requis,  li 
dis  temounages  qui  parolle,  de  queil  aage  qu'il  soit,  il  dit  qu'il 
est  de  l'âge  de  Ixx  ans.  Requis  ce  par  grâce,  par  haine  ou  par 
pour,  par  proiere  ou  par  louier  il  depouse  ce,  il  dit  que  non, 
mais  seulement  pour  la  veritei  dire  et  pour  wardeir  son  sarment. 

1.  Les  cinq  paragraphes  suivants  sont  écrits  à  part  et  d'une  autre  main  (Yoy. 
ci-dessus,  §  V). 

2.  Grand-Pré,  Ardennes,  arr.  Vouziers,  ch.-l.  de  canton. 


425 

[63]  Bouxès  de  Ghatencourt,  de  Taage  de  Ix  ans ,  temounages 
jureis  et  reqteis  sor  toutes  ces  chouse  devant  dites,  a  lui  lues 
et  diligentment  expouseies,  qu'il  en  sache,  dit  ce  meimes  que 
Heibers  Journeie,  ces  contemounages  devant  dis,  etcece  (sic)  con- 
corde a  lui  en  toutes  chouses  et  par  toutes  chouses  ;  ce  ajoustei 
qu'il  meimes  temounages  qui  parolle  fut  envoies  aveuc  autres 
sergens,  de  par  Teveque  de  Verdun,  tant  com  signour  souverain, 
la  prevotei  de  Montfaucon  vagant,  a  wardeir,  deffendre  et  gou- 
Yemeir  les  dites  ville  et  prevotei  de  Montfaucon,  et  fut  en  la  dite 
waurde  aveuc  les  autres  sergens  en  la  mazon  lou  prevost  de 
Montfeucon  par  seix  semainnes.  Et  dit  aincor  qu'il  ait  adès  veu 
lou  conte  de  Bar  wardeir  et  deffendre  la  beie  de  Bel-Leu  aveuc 
les  terres  de  la  dite  ebbaie  qui  sunt  de  desé  lou  ruxel  de  Bieme 
devers  Verdun.  Et  dit  qwe  ne  par  grâce  ne  par  haine  ne  par 
pour,  par  prière,  par  loier  ou  par  amours  il  ne  depouse  ce,  mais 
pour  la  pure  veritei  a  dire. 

[64]  Bertinnas  de  Betincourt,  del'eage  de  Ix  ans,  tesmoignages 
jureis  et  requis  sor  toutes  les  chouses  desor  dites,  a  lui  lu  lues  {sic) 
et  diligenment  exposeies,  il  s'acorde  en  toutes  chouses  a  Boxât 
de  Chatencort,  son  contesmoignage  desor  dit.  Et  dit  que  ce  qu'il 
ait  deposei  il  l'a  depousei  seulement  pour  veritei  dire. 

[65]  Colins  de  Betincourt,  freires  le  dit  Beirtinat,  de  l'eage  de 
1  ans,  tesmoigna^re^  jureis  et  requis  sor  toutes  les  chouses  desor 
dites,  il  se  concorde  a  Heibert  dit  Journeie.  Et  dit  encor  qu'il 
ait  veut  paier  l'argent  de  par  mon  signer  Bobert,  qui  fut  esveques 
de  Verdun  *,  pour  reedeficier  la  tour  de  Montfalcon,  trente  ou 
quarante  livres. 

[66]  Mes  sires  Nicoles  de  Belrain,  chancelliers  de  Verdun,  de 
l'aige  de  sexante  ans,  temoigna^^e^  jurés  et  requis  sor  toutes  les 
chouzes  desour  dites,  il  s'acorde  de  tout  en  tout  a  mon  signour 
Oude  de  Sorcey,  chevalier,  son  témoignante  desor  dit.  Et  dit 
aincor  que  il  at  veu  que  li  evesques  de  Verdun,  qui  avoit  a  nom 
Raulz  de  Torote*,  deffendit  la  ville  de  Montfaucon,  si  com  sires 
sevriens  en  temporeis  chouzes,  a  contre  le  conte  de  Grant-Prei. 
Et  se  veist  aincor  que  Jehans,  prevost  de  Montfaucon,  reprist  la 
tour  de  Montfacon  en  homage  de  cinc  evesques  de  Verdun,  et  que 

1.  Robert  de  Milan,  évéque  de  Verdun  de  1255  à  1271. 

2.  Raoul  de  Torote,  évêque  de  Verdun  de  la  fin  de  Tannée  1224  au  21  avril 
1245.  A  sa  mort,  messire  Nicolas  de  Belrain  était  âgé  de  17  ans  au  plus. 

28 


426 

li  dis  evesques  Raulz  la  dite  tour  feist  refaire  de  ces  propres 
deniers  quant  elle  fut  destrute  de  par  le  dit  conte  de  Grant-Preî. 
Et  de  toutes  ces  chozes  est  coumune  renoumeie,  et  dit  que  ces 
chouzes  ai-il  deposei  fOur  leautei  et  pour  veritei. 

[67]  Encor  nos,  Ancelz,  Evrars  et  Hertemans  desor  dit,  avons 
veu  lettres  dont  la  ténors  est  telle  *  : 

In  nomine  sancte  et  individue  Trinitatis.  Fredericus,  divina  fayente 
clementia,  Romanorum  imperator  augustus,  Alberto,  dilecto  et  fideli 
suc,  Yirdunensi  episcopo,  suisque  successoribus  imperpetuum.  Ante- 
cessores  nostri  reges  et  imperatores  Ecclesiarum  rectoribus ,  archiepi- 
scopis,  episcopis,  abbatibus  et  ceteris  preiatis  ob  eorum  devotionis  et 
fidelitatis  insigne  meritum  bona  data  dare  consuerunt  et  ab  omni  pra- 
vorum  hominum  incursione  non  tantum  eos,  sed  et  eorum  possessiones 
imperiali  protectione  deffensare.  Recolentes  igitur  ex  anteactis  episco- 
porum  Yirdunensium  ^  ad  antecessores  nostros  in  diversis  rerum  et 
temporum  varietatibus  memoranda  obsequia,  tuam  quoque  personam 
constanter  in  nostra  fidelitate  perseverare  cognoscentes,  precibus  tuis 
justis  permoti,  ad  impetranda  que  volueris  inclinamur.  Beneficium 
itaque  comittatus  et  marchie,  quod  recolende  memorie  Otto,  Romano- 
rum imperator  augustus,  Hemmony,  Yirdunensi  episcopo,  et  successo- 
ribus ejus  et  per  eum  Yirdunensi  Ecclesie  quondam  donavit,  nos, 
eodem  spiritu  et  eadem  firmitate  constante,  tibi  Ecclesieque  Yirdunensi 
ac  tuis  posteris  confîrmamus,  eodem  etiam  jure  et  forma  donationis 
valiturum,  prout  a  prefato  imperatore  Ottone  jam  dicto  antecessori  tuo 
Heimmoni  et  ceteris  episcopis  in  processu  temporis  nomen  et  dignita- 
tem  episcopalem  subituris  dignoscitur  esse  prestitutum,  videlicet  ut 
tu  et  tui  successores  liberam  in  perpetuum  habeatis  potestatem  eumdem 
comittatum  in  usus  Ecclesie  tenendi,  comitem  eligendi,  absque  uUo 
hereditario  jure  ponendi,  habendi,  seu  quicquid  libuerit  faciendi, 
atque  modis  omnibus  disponendi.  Bannum,  teloneum,  monetam  et  di- 
strictum  civitatis  in  omnibus  causis  criminalibus  et  civilibus  pleno  jure 
tibi  et  successoribus  tuis  habenda  concedimus,  Yaldentiam  quoque 
castrum^  cum  advocatia  et  banno,  et  curiam  que  Molendinum  dicitur* 

1.  Le  diplôme  suivant  a  été  publié  d'après  l'original  par  Mabillon,  Librorum 
de  re  diplomatica  Supplementum  (1704,  in-fol.),  p.  100.  Le  texte  de  Mabillon 
ne  présente  avec  celui-ci  que  des  différences  d'orthographe. 

2.  Mabillon  :  Yirdunensium  episcoporum. 

3.  Yeldenz^  siège  d'un  ancien  comté,  aujourd'hui  Prusse  rhénane,  régence  de 
Trêves,  cercle  de  Bernkastel.  La  chronologie  historique  des  comtes  de  Yeldenz 
a  été  donnée  dans  le  supplément  de  VArt  de  vérifier  les  dates.  Ce  lieu  et  les 
quatre  suivants  étaient  encore  tenus  en  fief  de  Tévéque  de  Yerdun  en  1509 
(Roussel,  HisL  eccL  et  civ.  de  Verdun,  nouvelle  édition,  preuves,  p.  xcv). 

4.  Miihlheim,  près  Yeldenz,  mêmes  régence  et  cercle. 


427 

cum  suis  pertinentiis,  Wolferi  Villare^  cum  advocatia  et  banno  et  ceteris 
pertinentiis,  Bemondulam  *  cum  banno  et  advocatia  et  suis  pertinentiis, 
curiam  Sancti  Medardi  ^  cum  banno  et  advocatia  et  suis  pertinentiis, 
curiam  Juppilie  *  cum  banno  et  advocatia  et  suis  pertinentiis,  fundum 
Juveniacensis  abbatie^*  cum  banno  et  advocatia  et  suis  pertinentiis, 
castrum  Deus-le-Wart  ®  cum  banno  et  advocatia,  bannum  et  advoca- 
tiam  de  Monte  Sancti  Vitoni  ^,  fundum  ecclesie  Sancti  Germani  Mon- 
tiffalconis^cum  banno  elwidvocatia  et  suis  pertinentiis,  castrumWantron- 
nisville^,Viennam  castrum^®,  Glaromontem  castrum<<,Dunum  castrum^^ 
cum  foresto,  Mirualt  castrum  ^^^  Septiniacum**,Hatonis  Castrum  *s cum 
foresto,  Sampigniacum  castrum  *6  :  et,  si  quando  tibi  et  terre  tue  neces- 
sarium  fore  perspexeris  aliud  presidium,  auctoritatis  nostre  concessione 
construere  liceat  infra  termines  tuos.  Ut  autem  hujus  nostre  confirma- 
tionis  statu tum  omni  evo  inviolabile  permaneat,  banc  inde  cartam 
conscribi  et  nostra  aurea  bulla  insigniri  jussimus,  manuque  propria 
corroborantes  ydoneos  testes  qui  présentes  aderant  subnotari  fecimus, 
quorum  nomina  bec  sunt  :  Burchardus  Argentinensis  episcopus, 
Orclebus  Basiliensis  episcopus,  Stephanus  Metensis  episcopus,  Henricus 
Tullensis  episcopus,  Helolphus  Marbaccensis  abbas,  Bartholphus  dux, 
Matheus  dux  Lothoringie,  Otto  Palatinus  comes,  comes  Rodulphus, 
comes  Ulricus,  marchio  Hermannus,  comes  Warnerus,  comes  Theode- 
ricus,  Symon  comes,  Gonrardus  comes,  et  multi  iiobiles.  Signum 
domni  Frederici,  Romanorum  imperatoris  augusti. 

Ego  cancellarius  Reinaldus,  vice  Arnaldi  Maguntini  archiepiscopi 
et  archicancellarii,  recognovi. 


1.  Wolfersweiler,  Oldenbourg,  principauté  de  Birkenfeld,  office  de  Nohfelden. 

2.  Bemueld  en  1509  (Roussel,  L  c);  fiaumholder,  Prusse,  régence  de  Trêves, 
cercle  de  Sanct  Wendel? 

3.  Medard,  Prusse,  régence  de  Coblenz,  cercle  de  Meisenheim? 

4.  Jupille,  Belgique,  prov.,  arr.  et  cant.  Liège. 

5.  Juvigny-sur-Loison,  Meuse,  arr.  et  cant.  Montmédy. 

6.  Dieulouard,  Meurltie-et-Moselle,  arr.  Nancy,  cant.  Pont-à-Mousson. 

7.  Le  Mont-Saint-Vanne,  arr.,  cant.  et  coram.  Verdun. 

8.  Montfaucon-d'Argonne,  arr.  Montmédy,  ch.-l.  de  canton. 

9.  Watronville,  arr.  Verdun,  cant.  Fresnes-en-Woëvre. 

10.  Vienne-le- Château,  Marne,  arr.  Sainte-Menehould,  cant.  Ville-sur- Tourbe. 

11.  Clermont-en-Argonne,  arr.  Verdun,  ch.-l.  de  canton. 

12.  Dun-sur-Meuse,  arr.  Montmédy,  ch.-l.  de  canton. 

13.  Mureau  ou  Muraut,  arr.  Montmédy,  cant.  et  comm.  Damvillers,  ou  Mur- 
vaux,  arr.  Montmédy,  cant.  Dun-sur-Meuse  ?  (Liénard,  DicU  top,  du  dép.  de 
la  Meuse,  p.  163,  col.  1.) 

14.  Stenay,  arr.  Montmédy,  ch.-l.  de  canton  ?  (/6trf.,  p.  230,  col.  1.) 

15.  Hattonchâtel,  arr.  Commercy,  cant.  Vigneulles-lez-Hattonchâtel. 

16.  Sampigny,  arr.  Commercy,  cant.  Pierrefitte. 


428 

Datum  Golambarie,  sexto  decimo  kai.  septembris,  anno  dominice 
incarnationis  Mill*  G*  L*  yj%  indictione  quarta,  régnante  domino  Fre- 
derico,  Romanonim  imperatore  gloriosissimo  augusto,  anno  regni  ejas 
quarto,  imperii  vero  secundo  ^ 

En  tesmognaige  de  la  queil  chose,  nos,  Âncelz,  Hartemans  et 
Evrars  desour  dit,  avons  mis  nos  saels  en  tesmognage  de  veriiei 
en  cest  présent  escrit,  l'an  de  grâce  M.  GGi  qieatre  vins  et  eut, 
le  mardi  après  la  Trinitei  *. 

1.  Colmar  (Haute-Alsace),  17  août  1156.  —  Le  monogramme  de  Temperear 
Frédéric  I*'  est  figuré  en  marge  des  souscriptions. 

2.  Le  25  mai  1288.  Voir  ci-dessos,  2  V,  la  description  des  trois  sceaux. 


POÈME  ANONYME 


SUR  LES 


LETTRES  DE  L'ALPHABET 


On  doit  à  un  poète  inconnu,  très  probablement  anglais,  qui  vécut 
à  répoque  de  la  renaissance  carolingienne  ^  un  petit  poème  latin  sur 
Talphabet,  composé  d'une  série  de  tristiques  exprimant  sous  une 
forme  énigmatique,  visiblement  imitée  d'Ausone^  et  de  Symphosius', 
les  différentes  propriétés  des  lettres.  Plusieurs  manuscrits  nous  ont 
conservé  le  texte  de  ce  petit  poème  ;  deux  se  trouvent  à  Paris  à  la 
Bibliothèque  nationale  [lat,  2773  et  500^),  on  en  conserve  un  autre 
dans  la  bibliothèque  publique  de  Chartres  (n'*  55),  un  quatrième  est 
à  Leyde  parmi  les  mss.  de  Vossius  (q,  33). 

Tous  ces  mss.  datent  du  x*  siècle  ^  deux  présentent  le  poème  sans 
aucun  titre,  le  ms.  de  Paris  2773  (P),  fol.  i  08 1;°  et  le  ms.  de  Chartres 
(C),  fol,  i  ;  dans  le  ms.  de  Paris  500>l  (A),  foL  23,  on  trouve  le  titre  : 
a  Versus  cujusdam  Scothi  de  AB;  »  dans  le  ms.  de  Leyde  (F),  fol.  \  76, 
cet  autre  titre  :  «  Incipiunt  versus  cujusdam  Scotti  de  alfabeto.  » 
Dans  tous  ces  mss.  la  disposition  des  vers  est  identique  et  en  regard 
de  chaque  tristique  se  trouve  la  lettre  de  l'alphabet  correspondante. 
Seul  le  ms.  de  Chartres  ajoute  à  la  suite  de  ce  poème  un  commen- 
taire contemporain  avec  le  titre  :  «  Incipit  expositio  prescripti 
alfabeti*.  »  Ce  commentaire,  qui  ne  nous  apprend  rien  sur  Fauteur 
du  poème,  est  malheureusement  incomplet  et  s'arrête  à  la  lettre  R. 

1.  C'est  sans  cloute  l'œuTre  d'un  de  ces  savants  des  derniers  temps  de  la 
renaissance  carolingienne  devenus  plus  soucieux  de  paraître  hellénistes  que  de 
l'être  réellement,  si  l'on  en  juge  par  certains  passages  de  son  poème. 

2.  Yoy.  Ausonii,  Edyllia,  n.  348,  de  literis  monosyllabis  graecis  ac  latinis, 
(éd.  Valpy),  t.  II,  p.  557-61  et  t.  III,  p.  1203-1206. 

3.  Voy.  Symphosii  Aenigmata  (Riese,  AnthoL  lat-^  286). 

4.  M.  R.  de  Mianville,  conservateur  de  la  bibliothèque  de  Chartres,  a  bien 
voulu  revoir  sur  le  ms.  le  texte  de  ce  commentaire. 


430 

^  ïfts  ie  Paris  2778  présente  une  autre  particularité,  c'est  Taddi- 
jvv  ;*f  \  ,ïv*:t<iuq  >*ers  (v.  64-88)  pour  les  deux  seules  lettres  Y  et  Z 

iv  ^ii^  îfe*  \ingt-un  tristiques  consacrés  aux  différentes  lettres 
^  ,0"4Ktbei-  l-a  disproportion  qui  existe  entre  cette  dernière  partie 
A.  ï\y«ïO  ^  ^^  première  doit  la  faire  regarder  comme  une  addition 
vT*ïW<^  à  la  rédaction  primitive,  et  c'est  sans  doute  là  la  raison  de 

,'a':i$M^M\  ^ie  ces  vers  par  les  copistes  des  mss.  de  Paris  500^  et  de 
,  .>xvV.  i>u\-ci  en  effet  à  la  suite  du  poème  ont  laissé  un  espace 
)i^;v  U'uiw  trentaine  de  lignes,  espace  qui  serait  trop  petit  pour  con- 
l^^^u«  otmnnentaire  et  dont  on  peut  s'expliquer  ainsi  l'existence. 
s,'\^  wTs  d'ailleurs  paraissent  inédits,  sauf  les  douze  premiers  (v.  64- 
>>  oui»  iuîprimés  sous  le  nom  de  Virgile  dans  les  premières  éditions 
^v  ^v  |HH^lo,  ont  figuré  depuis  dans  les  différentes  éditions  de  l'An- 
^j^^^jo  latine*  et  sont  maintenant  attribués  à  un  poète  inconnu, 
UAxuuinus  ou  Maximianus  -.  On  fait  d'ordinaire  honneur  à  Pythagore 
yjo  Sc^tnos  d'avoir  le  premier  regardé  la  lettre  Y  comme  le  symbole 
4^H  U  vie  humaine  ^  ;  c'est  certainement  une  comparaison  qui  appar- 
„tv*U  î^  l'antiquité  :  on  la  trouve  en  effet  exprimée  dans  Perse*. 
tVvangile  de  saint  Matthieu^  présente  une  idée  analogue  ;  aisément 
Adoptée  par  les  chrétiens,  Lactance  l'a  reproduite  et  développée  dans 
^^n  Institution  chrétienne^ y  et  pendant  tout  le  moyen  âge  elle  fut 
irtV^  répandue^. 

Lo  poème  sur  les  lettres  de  l'alphabet  a  déjà  été  publié  par  Lucien 


l.  Burraann,  V,  140  ;  Meyer,  1076  ;  Riese,  632. 

♦2.  Riese  a  publié  ces  quelques  vers  d'après  les  deux  mss.  latins  8069  et  8093 
y\i\  la  Bibliothèque  nationale,  dont  l'un  porte  en  titre  :  Max,,  et  l'autre  :  De  Y 
Uitera. 

3.  Une  note  dans  un  ms.  latin  de  la  Bibliothèque  nationale,  n**  12277,  fol.  172, 
du  xn°  siècle,  l'expose  en  quelques  mots  :  «  Pitagoras  Y  descripsit  ad  similitu- 
dinem  humane  vite,  eu  jus  prior  pars  infantia,  transacta  infantia,  vel  dextram 
sequitur  homo,  id  est  virtutes,  vel  sinistram,  id  est  vitia.  »  Comparez  l'apologue 
de  Prodicus,  Hercule  sollicité  par  le  vice  et  la  vertu,  dans  les  Mémorables  de 
Xénophon,  et  aussi  Virgile,  Enéide^  VI,  540-543. 

4.  Perse,  Sat.,  UI,  56.        . 

5.  Cf.  Matth,,  Vil,  13,  14. 

6.  Lactance,  Instii.  Christ.,  VI,  3.  Il  existe  une  édition  très  rare  de  ces  quel- 
ques vers  avec  un  commentaire  extrait  de  Lactance  par  un  écrivain  picard,  Jean 
Cruceus  (Delacroix  ou  Lacroix  ?)  ;  en  voici  le  titre  :  Littera  Pythagorae  7,  cum 
divina  L.  Lactantii  Coelii  Firmiani  explanatione,  Lugduni,  apud  Seb.  Gry- 
phium,  1536,  in- 8%  22  et  (iv)  pages. 

7.  Vincent  de  Beauvais  n'omet  point  de  la  citer  dans  son  Spéculum  Bociru 
nalCy  II,  6. 


43^ 

MùUer  d'après  le  seul  ms.  deLeyde^  Mais  les  commentateurs  ou 
éditeurs,  qu'ils  soient  du  x«  ou  du  xix*  siècle,  n'ont  pas  toujours  été 
heureux  dans  l'interprétation  de  ces  vers.  A  côté  d'explications  satis- 
faisantes et  fort  plausibles  le  commentaire  du  manuscrit  de  Chartres 
en  présente  de  tout  à  fait  inadmissibles*  ou  n'en  présente  point  du 
tout  quand  le  texte  l'embarrasse  ^.  Par  contre  l'éditeur  donne  plusieurs 
fois  des  interprétations  qui  pour  être  plus  savantes  ne  sont  pas  tou- 
jours meilleures'*,  et  il  n'a  connu  ni  le  commentaire  du  x«  siècle,  ni 
le  ms.  de  Paris  qui  complète  le  poème;  c'est  là  ce  qui  pourra  justi- 
fier la  présente  édition. 

H.  Omont. 


VERSUS  CUIUSDAM  SCOTI  DE  ALPHABETO^ 

A. 

Principium  vocis  veterumque  inventia  prima, 
Nomen  habens  Domini  sum  felix  voce  pelasga, 
Exsecrantis  item  dira  interjectio  dicor. 

B. 

Principium  libri,  mutis  caput  aller  et  ordo, 
5  Tertia  felicis  vere  sum  sylîaba  semper, 
Si  me  graece  legas  viridi  tum  nascor  in  horto. 

G. 

Principium  caeli,  primis  et  luna  flguris. 
Et  me  clerus  amat,  legeris  si  graece  latinis, 
Littera  sum  terrae  pedibus  perscripta  quaternis. 

1.  Dans  le  Rheinisches  mbsewm  fur  Philologie,  1865,  t.  XX,  p.  357-365  et 
640  ;  c'est  d'après  cette  édition  que  sont  données  les  Yariantes  dn  ms.  de  Leyde. 

2.  Voy.  aux  vers  11  et  25. 

3.  Cf.  vers  35,  36,  42,  44  et  45. 

4.  Voyez  entre  autres  les  notes  aux  vers  8,  9,  10,  31  et  40. 

5.  CP  sine  titulo,  A  Vbrsus  cuiusdam  Scothi  db  AB,  F  Inoipiunt  vbrsus 

CUIUSDAM  SCOTTI  DB  ALFABBTO. 

i,  AV  mira. 

3.  PA  Execrantis,  P  dura. 

6.  V  tumtum,  C  orto,  P  Littera  greca  manens  viridi  quoque  nascor  in  borto. 

7.  V  et  lanae  et  luna. 

8.  P  relegas  si  greca,  PA  V  latinus. 


432 

D. 

10  Ablati  casus  vox  sum  et  pars  septima  linguae, 
Omnipotentis  habens  nomen  us  bannita  juncta, 
Sum  médium  mille  et  veterum  mala  nota  deorum. 

E. 

Pars  ego  mutarum  vere  vocalis  habebor, 
Altéra  deceptae  quondam  sum  syllaba  matris, 
15  Pars  quoque  sum  plena  et  vocis  pars  quinta  latinae. 

F. 

Semisonus  dicor  liquidis  ut  muta  ministro, 
Nescio  quid  causae  est  cur  me  sic  odit  hebraeus, 
Nox  périt  et  tenebrae  si  me  de  flumine  tollas. 

G. 

Si  solam  légères  tune  clarus  Caesar  haberer, 
20  Si  duplicem  legeris  romanus  praesul  habebor, 
Post  me  quinta  sonat  parvum  vocalis  in  ore. 

H. 

Nomen  habens  vacuum  fragilem  deporto  figuram, 
Non  nisi  per  versus  in  me  manet  ulla  potestas, 
Hoc  tantum  valui  linguis  spiramina  ferre. 

I. 

25  Sum  numerus  primus,  juvenum  contentio  magna, 
Spreta  figura  mihi  est  etiam,  sed  mira  potestas. 
Me  tamen  haud  Dominus  voluit  de  lege  perire. 


11.  il  OmnipoteDs,  corr.  Omnipotentis,  F  Omnitenens-banita.  MueUereonJ. 
habeo  nomen  cnm  sibila  juncta. 

12.  A  F  omis,  mala,  M.  conj.  som. 

13.  PAV  mntornm. 

15.  PA  V  Tocis  quinta. 

16.  F  semisonos,  P  Uqnidns. 

17.  P  causa,  CAV  Hebrèus  odit. 

19.  il  F  legeris,  P  recites,  C  Cesas,  A  F  habebor,  P  Caesar  dams  habdMH'. 

20.  C  légères,  P  û  Tero  duplicem  r.  p.  honoras. 

23.  P  Talet,  F  facoltas. 

24.  P  sp.  gesto. 
27-  Ne. 


433 

K. 

Dux  ego  per  priscos  primae  vocalis  habebar, 
Meque  meo  penitus  pepulerunt  jure  moderni, 
30  Nunc  caput  Afrorum  merui  vel  mensis  haberi. 

L. 

Si  me  graece  legas  totum  sine  sorde  videbis, 
Nec  frustra  quoniam  per  carmina  saepe  liquesco, 
Sed  tamen  agricola  in  curvo  me  vertice  portât. 

M. 

In  metris  jugiter  cum  sim  vocalibus  esca, 
35  Suadeo  de  musis  tollas  me  non  génitrice, 
Ne  atra  figura  tuos  tenebris  offuscet  ocellos. 

N. 

Vox  sum  certa  sonans,  qua  res  monstratur  adesse, 
Tollere  me  multi  quaerunt  de  nomine  frustra, 
Vim  quoque  sic  solitam  Pythio  de  carminé  perdens. 

0. 

40  Littera  saepe  choris  en  sum  signata  canentum, 
Curro  vias  multas,  manibus  sed  fixa  manebo, 
Perque  meam  forraam  saeclorum  vertitur  ordo. 

P. 

Me  sine  nulla  potest  hominum  concordia  cerni, 
Nota  potentis  eram  plebis  perscripta  columnis, 

28.  CPAV  primos  prime. 

29.  iiFpellerunt. 

30.  C  Afirorom. 

31.  P  greca  1.  totam  s.  sorte  corr.  sorde. 

34.  C  sum  convocalibus  esca. 

35.  CA  V  genitricis.  P  ne  tollas  me  genetricem. 

36.  V  Neutra.  C  oscuret. 

37.  A  quia,  C  abesse. 

39.  PC  Pithio  AV  Phiteo,  M,  coiy.  mitto,  P  pendens  corr.  perdens. 

40.  PV  chori  sensum,  A  choris  sensum,  M,  conj,  choris  en  sum. 

41.  C  menebo. 

42.  A  sœculorum. 

44.  P  potens,  A  pontificis. 


434 

45  Sic  quoque  nota  fui  patrain  bis  scripta  priorum. 

Q. 

Sola  mihi  virtus  vocalem  vincere  quintam, 
Qua  sine  non  nascor,  ego  banc  occido  ne&nde, 
Quapropter  juste  memet  sprevere  quaternae. 

R. 

Est  nomen  durum  sed  virtus  durior  illo, 
r>()  Idcirco  placuit  me  non  mollire  Camenis, 
Nota  tamen  fueram  populi  vincentis  et  orbem. 

S. 

Nota  fui  patrum  proprie  et  virtutis  in  odis, 
Sed  modo  jam  melius  Domini  sum  nota  secunda, 
Et  me  Phoebus  amat  posuitque  in  origine  lucis. 

T. 

55  Angélus  assignat  poni  me  in  fironte  gementum, 
Cetera  turba  neci  misère  dum  tota  dabatur, 
Deprecor,  haec  legitans,  proprio  me  nomine  signa. 

V. 

Forma  manet  semper  virtus  mihi  sed  variatur, 
Utraque  sum  vere  nullo  discrimine  formae, 
60  Nec  me  graecus  habet  scriptam  sed  me  duo  complent. 

X. 

Forma  mihi  simplex,  sed  certe  dupla  potestas, 


45.  P  nata  ~  piorum. 

46.  P  Solam  michi.  M,  conj.  iungere,  A  quartan. 

47.  P  sed  hanc. 

48.  P  justa  —  spevere,  CAV  respuere. 

50.  C  me,  nâ. 

51.  il  futurus  populi,  P  populi  fueram.  A  orbe,  C  urbem. 

52.  P  patriœ,  V  propie. 

53.  C  omis.  sum. 

54.  P  sub  ordine  ducis.  AV  in  ordine  lucis.  M,  conj,  in  cardine. 

55.  P  assignat  (vel  hortatur),  CAV  en  voluit. 

56.  P  daretur. 

57.  PC  Te  precor. 


435 

Aère  me  puro  perscribit  penna  volantis, 
Per  me  saepe  patet  numerus  de  lege  sacratus. 

Y. 

Littera  sum  Samii  discrimine  secta  bicorni 

65  Humanae  vitae  videor  praeferre  figuram, 
Nam  via  virtutis  dextrum  petit  ardùa  callem 
Difficilemque  aditum  primo  spectantibus  offert, 
Sed  requiem  praebet  fessis  in  vertice  summo. 
Molle  ostentat  iter  via  lata,  sed  ultima  meta 

70  Praecipitat  captos,  volvitque  per  aspera  saxa. 
Quisquis  enim  duros  casus  virtutis  amore 
Vicerit,  ille  sibi  laudem  decusque  parabit, 
At  qui  desidiam  luxumque  sequetur  inertem 
Dum  fugit  oppositos  incauta  mente  labores 

75  Turpis  inopsque  simul  miserabile  transiget  aevum. 
I  quoque  majorum  quondam  servata  vetustas 
Augusti  ad  tempus  pro  me  scribebat  ubique, 
Inter  vocales  a  doctis  censeor  esse 
'EXXyjvixwv  causa  X^ywv  quibus  utitur  omnis 

80  Qui  fari  gestit  latialiter  atque  diserte. 

Z. 

Sumpsit  ab  antigraphis  Augusti  tempore  graecis 
Me  florens  studiis  romana  peritia  claris. 
Propter  graeca  quidem  scrÂenda  vocabula  mille 
Ante  mei  t67C(p  geminas  SS  scribere  docti, 
85  Sumque  duplex  et  inest  alia  mihi  dupla  potestas 

62.  P  perscripsit. 

63.  P  sub  lege.  —  Cetera  desiderantur  in  CA  V  ;  apud  C  vero  sequitur  : 
Incipit  expositio  prescripti  alfabeti. 

64.  (B.  V,  140;  M.  1076;  R.  632)  Riese  :  Maximini  de  Y    littera.  Littera 
Pythagorae. 

65.  Riese  :  speciem  praeferre  videtar. 
69.  Riese  :  via  laeva. 

72.  Riese  :  laudemque. 
74.  P  fugis. 

79.  P  eaaenikL  -Aora. 

80.  P  latialiter,  id  est  latine  —  diserte,  id  est  facunde. 

84.  P  topo,  id  est  voco  —  docta. 

85.  P  aliam  michi. 


436 


Nam  cum  correptam  vocalem  sector  in  una 
Parte,  modo  brevior,  rursus  producor,  ut  optât 
Carminé  quisque  suo  vates,  quod  pangere  certat. 


INaPIT  EXPOSITIO  PRESŒIPTI  ALF ABETI. 


A. 

1.  Principium  vocis,  id  est  quia  infans  mox  ut  nascitur 
prima  voce  dicit  A.  Veterumque  inventio  prima^  hoc  est  quia 
A  littera  prima  litterarum  inventa  est,  et  ideo  prima  scribitur  in 
alphabeto^  —  2.  Nomen  habens  Domini  5.  /*.  t?.  p.,  id  est 
quia  apud  Pelasgos,  hoc  est  Grsecos,  Alpha  appellatur  A,  et  in 
apocalipsi  Johannis  Dominus  dicit  :  Ego  sum  A  et  û  »*.* —  3. 
Eœsecrantis  item  d,  i.  d.,  hoc  est  quia  interdum  A  interjectio 
est  exsecrantis,  sicut  habens  in  propheta  :  «  Et  dixi  A,  A,  A, 
domine  Deus^  ». 

B. 

4.  Principium  libri ,  id  est  libri  Psahnorum,  primus  psal- 
mus  incipit  a  littera  B^;  item  prologus  evangelii  :  «  Beatissimo 
pape  Damaso^  ».  —  Mutis  caput^  quia  in  ordine  alphabeti 
secundum  locum  tenet.  —  5.  Tercia  felicis  v.  s.  s.  s,,  quia  in 
trisyllabo  nomine  quod  est  Beatics  prima  syllaba  sonum  B  habet. 
—  6.  Si  me  grœce  legas  v.  t.  n.  i  A.,  quia  B  littera  apud  Gre- 
cos  appellatur  BetUy  quo  nomine,  hoc  est  jB^^a,  vocatur  qusedam 
herba  quae  in  horto  nascitur  ^. 


1.  «A.  àXçaTcapocTb  aX<ptù  to  eupCoxo),  s^  aÙToO  yà^  eupéÔY)  xa\  ta  Xonzk  (ixof.x'^lOLi  » 
Moschopulus,  apud  Stephani  Thés,  Graecae  ling.  c  Quare  prima  ex  Utteris  est  A  ? 
Quia  dicitur  primus  de  nominibus  hominum  Adam  et  in  anima  et  in  angelo  qui 
fuit  ante  saecula.  »  Keil.  Gramm.  lai,  suppl.,  p.  302. 

2.  Apoc.,  I,  8;  21,  6  ;  22,  13. 

3.  lerem.j  I,  6  ;  14,  13  ;  Ezech,,  4,  14  ;  20,  49. 

4.  «  Beatus  vir  qui  non  abiity  etc.  >  C'est  aussi  la  première  lettre  de  pi^oc, 
et  de  Bresith,  nom  hébreu  de  la  Genèse. 

5.  (c  Novwn,  opus  facere  me  cogis,  etc.  > 

6.  Cf.  Spnphosii  xnigma,  42. 


437 
C. 

7.  Principium  cœli,  quia  C  littera  prima  est  in  nomine 
celi.  —  Primis  et  lunafiguris,  quia  nova  luna,  primis  diebus 
velnoctibus  similitudinem  C  litterse  habet.  —  8.  Et  me  clerus 
amatl,  s.  g.  L,  quia  Greci  pro  C  habent  K  litteram,  quae  grece 
dicitur  Kappa,  apudLatinos  vero  cappa  est  quedam  vestis  quam 
clerici  induere  soient  maxime  pro  pluvia.  —  9.  Littera  sum 
terre  p.  p.  q.,  quia  vestigia  pedum  equi  in  terra  similitudinem 
C  litterae  latinae  exprimunt. 

D. 

10.  Ablati  casus  voœ  sum  et  pars  septima  linguœ,  hoc 
est  De  prepositio  casus  ablativi  sonum  D  littere  habet,  et  ipsa 
prepositio  septima  pars  est  in  ordine  octo  partium  orationis; 
orationem  vero  linguam  vocat,  quia  in  illa  constat  omnis  locutio 
humane  linguse.  —  11.  Omnipotentis  nomen  habens  us  ban- 
nita  juncta,  hoc  est  cum  nominaveris  D  litteram,  si  subjunxeris 
us  syllabam  dixistis  Deus,  Bannita  vero  grece  dicitur  syllaba^ 

—  12.  Sum  médium  mille  ,  quia  D  littera  significat  in  numéro 
quingentos.  —  Et  veterum  mala  nota  deorum,  hoc  est  apud 
antiques  D  littera  sola  scripta  significabat  demonem  sive  diabo- 
lum,  aliquando  propriis  nominibus  idolorum  prseposita  significabat 
Deum. 

E. 

13.  Pars  ego  mut  arum,  quia  mute  litterîe  in  sonum  E 
desinunt,  ut  be,  ce,  de,  ge,  pe,  te,  exceptis  tribus  ha,  ka,  quu, 

—  Vere  vocalis  habebor,  quia  E  littera  vocalis  est.  —  14. 
Altéra  deceptœ  q.- s.  s,  m,,  hoc  est  in  nomine  Evae  prima 
syllaba  est.  —  15.  Pars  quoque  sum  plena,  quia  E  prepositio 
intégra  pars  orationis  est.  —  Et  vocis pars  q.  L,  quia  una  est 
ex  quinque  vocalibus  litteris  latinis. 

F. 
16.  Semisonus  dicor,  quia  semivocalis  est.  —  Liquidis 

1.  On  trouve  dans  le  Vocabulaire  d'Uguccione  :  c  Bannita,  siUaba,  id  est 
conglutinatio  litterarum.  >  Bibl.  nat.  ms.  latin  7626,  fol.  32,  avec  les  variantes  : 
c  Banita  »  et  c  Banniata  »  dans  les  mss.  7624,  fol.  12  v*  et  7622,  fol.  13  v^  Ge 
mot  a  aussi  été  employé  dans  le  même  sens  par  Abbon,  dans  son  poème  de 
Bellis  Paris.,  Bouquet,  VIII,  3. 


438 

tU  m.  m.,  hoc  est  sicut  una  ex  mutis  litteris  ;  ita  F  semivocalis 
praeposita  liquidis  L,  R  fecit  communem  syllabam.  — 17.  Nescio 
quid  causœ  est  c.  m.  s.  E.  o.,  quia  apud  Ebreos  F  littera  non 
est*.  —  18.  Noœ périt  e.  t.  s.  m.  d.  f.  t.,  hoc  est  si  de  nomine 
quod  est  Flumen  F  tuleris  Lumen  erit. 

G. 

19.  Si  solàm  légères  i,  c,  C.  h.  —  20.  Si  duplicefH 
légères  r,  p,  h.,  hoc  est  si  unam  litteram  G.  scribitur  signiflcat 
Gaium  Cesarem ,  si  vero  duplex  GG  scribitur  signiflcat  Grego- 
rium  papain.  —  21.  Post  me  quinta  s.  p  v.  t.  o.,  hoc  est 
U  post  G  scripta  non  habet  plénum  vocalis  sonum,  ut  lingua, 
pinguis,  sanguis. 

22.  Nomen  habens  vacuum,  hoc  est  quia  non  habet  potes- 
tatem  consonantis.  —  Fragilem  d.  f.,  quia  in  duas  figuras, 
id  est  dasian  l  et  psilen  l^  solvitur.  —  23.  Non  nisi  per 
versus  in  m.  v.  u,  p.,  id  est  quia  nisi  communem  syllabam 
fecerit  non  servat  vim  consonantis.  —  24.  Hoc  tantum  valui 
L  s.  f,yid  est  aspirationem  tantum  facit  vocalibus  et  quibusdam 
consonantibus. 

I. 

25.  Sum  numerus  primics,  quia  in  numéro  I  littera 
signiflcat  unum.  —  Juvenum  contentio  magna,  id  est  quia  I 
littera  similitudinem  habet  virgae,  juvenes  autem  ludentes  soient 
uti  virga  pro  gladio  scutumque  tenentes  duellium  simulare^.  — 
26.  Spreta  mihi  figura  est  eiiam,  id  est  quia  omnibus  litteris 
minorem  flguram  habet.  —  Sed  mirapotestas,  quia  et  vocalis 
est  et  pro  duplici  consonante  fungitur.  —  27.  Me  tamen  haud 
Dominus  voluit  d.  L  p.,  hoc  est  quod  Dominus  in  evangelio 
secundum  Mattheum  dicit  :  «  Iota  unum  aut  unus  apex  non  pre- 
teribit  a  lege  donec  omnia  flant  ^.  » 

1.  Ce  son  n'existe  point  dans  la  langue  hébraïque,  la  lettre  qui  s'en  rapproche 
le  plus  est  le  Pe  =  p  ou  ph. 

2.  Cod.,  N. 

3.  Les  esprits  rude  (Sa(Tt3)  et  doux  ((|/iX6v)  sont  ainsi  figurés  dans  les  anciens 
mss.  grecs  jusqu'au  ix*  siècle  et  leur  origine  paraît  être  celle  que  leur  donne  le 
conunentaire. 

4.  La  véritable  explication  semble  devoir  être  cherchée  moins  loin.  —  Ausone 
{EdyLy  348,  v.  7)  disait  :  «  Littera  sum  iotae  similis,  vox  plena  Jubens,  L  » 

5.  Maith.,  5, 18. 


439 

K. 

28.  Duco  ego  per  primos  p.  v,  h.,  hoc  quia  antiqui  K 
scribebantubicumque  A  sequeretur,  ut kaput,  karo,  kanis,  kanus, 
et  cetera.  —  29.  Meque  (vel  dé)  meo  p.  p.  i  m.,  id  est  quia 
moderni  C  scribunt  pro  K.  —  30.  Nunc  caput  Affrorum  m,  v, 
m.  A.,  hoc  est  quia  Kartago  et  Kalendae  tantum  nunc  scribuntur 
per  K,  et  Kartago  est  metropolis  Affricse,  Kalende  vero  initium 
mensis  ^ 

L. 

31.  Si  me  grece  legas  t.  s,  s,  v.,  id  est  quia  L  littera 
Lauta  dicitur  apud  Grecos^.  —  32.  Nec  frustra  q.  p.  c.  s,  L, 
id  est  quia  communem  syllabam  facit  in  métro.  —  33.  Sed  tamen 
agricola  i.  c.  m.  v.  p.,  hoc  est  quia  faix  et  alia  quaedam  rustica 
ferramenta  similitudinem  habent  L  litter». 

M. 

34.  In  metris  jugiter  c.  s.  v.  e,,  id  est  quia  in  metris 
per  synalipham^  sepe  absumitur  cum  prsecedente  vocali.  —  35. 
Suadeo  de  musis  t,  m.  n.  g.  —  36.  Ne  atra  f.  1. 1,  o.  o.^, 

N. 

37.  Vox  sum  sonans  certa  q.  r,  m.  a.,  id  est  quia  cum 
N  littera  sola  nominatur  tune  in  voce  sonat  En,  quod  est  adver- 
bium  demonstrandi  ut  :  «  En  illum  quem  queris  ».  —  38.  Tôl- 
ière me  m.  q,  d.  n.  /*.,  id  est  Noraen,  si  primam  litteram  sit 
Omen  quod  quaerentibus  una  res  est.  —  39.  Vim  quoque  sic 
solitam  p.  d.  c.  p.,  hoc  est  quia  sepe  liquescit  in  carminibus 
Apollinis,  qui  Pithius  dicitur,  nam  apud  Grecos  sepe  liquescit  N 
littera,  sicut  apud  Latinos  L  et  R^. 


1.  c  Majores  nostri  quotienscumque  A  sequebatur  per  K  scribebant...,  modo 
non  scribuntur  nisi  duo  admodum  verba  Kartago  et  Kalendae,  »  Pompeii, 
Commenium;  Keil,  V,  110.  Cf.  Auson,  Edyl.  348,  v.  20  :  «  Haec  tribus  in  Latio 
tantum  addita  nominibus  K.  » 

2.  On  trouve  dans  beaucoup  d'alphabets  grecs  écrits  au  moyen  âge  par  des 
Occidentaux  le  nom  de  lauta  donné  au  A  ;  voyez  entre  autres  les  mss.  latins  de 
la  BibL  nat.  n<"  14194,  fol.  96  v%  et  17168,  fol.  159,  tous  deux  du  xii*  siècle. 

3.  Synalèphe,  êlision. 

4.  Mater,  —  ater. 

5.  c  Apud  Graecos  omnes  quidem  liquescunt,  apud  Latinos  duae  fréquenter  L 


440 

0. 

40.  Littera  sepe  choris  e.  s.  s.  c,  id  est  quia  chorus 
canentium  similitudinem  habet  0  littere*.  —  4i.  Curro  vias 
multas,  hoc  est  rota  plaustri  similis  est  huic  littere. 

P. 

43.  Me  sine  n.  p.  h.  c.  c,  hoc  est  sine  P  littera  Pax  non 
potest  dici,  et  sine  pace  non  erit  concordia  hominum.  —  44.  Nota 
potentis  e,  p.p.  c*. 

Q. 

46.  Sola  mihi  virtus  v.  v.  q.,  id  est  hanc  vim  habet  Q 
littera  ut  ante  U  tantum  scribatur.  —  47.  Qua  sine  n.  n.  e., 
id  est  quia  nunquam  Q  scribitur  nisi  semper  U  sequatur.  — 
Hanc  occido  nefande^  id  est  quia  U  perdit  naturalem  sonum 
précédente  Q  littera.  —  48.  Quapropter  i.  m.  r.  g.,  hoc  est 
quia  Q  littera  nunquam  scribitur  ante  aliquam  vocalem  nisi  U 
intersit. 

R. 

49.  Est  durum  nomen,  id  est  durum  sonum  habet  in 
nomine.  —  Sed  virtus  duriorillo.  —  50.  Idcirco placuit  m. 
n.  m.  c,  id  est  quia  in  métro  sepe  solet  liquescere.  —  51  Nota 
tamen  fueram  p.  v.  e.  u.,  hoc  est  ubi  una  R  littera  sola  scri- 
bitur significat  Romanos,  vel  Romani.  —  Le  commentaire  finit 
brusquement  dans  le  ms.  de  Chartres  à  la  fin  de  la  lettre  R;  les 
quelques  notes  complémentaires  qui  suivent  étaient  nécessaires, 
il  est  seulement  à  regretter  qu'elles  n'aient  pu  apporter  une  expli- 
cation désirable  sur  tous  les  points  du  texte. 

S. 

Vers  52.  Est-ce  une  allusion,  pour  la  seconde  partie  de  ce 
vers,  à  la  lettre  Ô  qui  se  trouve  dans  quelques  anciens  mss.  à 
la  place  de  TO  accentué  dont  il  est  ici  question  note  1?  —  V.  53. 
Allusion  à  l'abréviation  bien  connue  de  Deus  =  DS.  —  V.  54. 
Dans  le  mot  Sol. 

et  R.  M  vero  nunquam  apud  Latinos  liquescit  nisi  in  graecis  nominibus,  N  vero 
rare.  »  Porapeii,  Commentum;  Keil,  V,  109. 

1.  Ne  serait-ce  point  plutôt  que  Texclamation  G  est  fréquemment  marquée 
d'un  accent  aigu  dans  les  anciens  mss.  liturgiques? 

2.  Dans  la  célèbre  formule  S.  P.  Q.  R.  Voyez  aussi  le  vers  52.  PP.  abréviation 
redoublée  de  pater  pour  désigner  les  sénateurs  patres. 


44^ 

T. 

V.  55.  Ezechiel,  9,  4.  C'est  un  passage  de  la  Bible  fréquem- 
ment reproduit  dans  les  émaux  au  moyen  âge  ;  on  peut  voir 
notamment  cette  scène  figurée  sur  un  émail  du  xif  siècle  conservé 
au  Musée  du  Louvre  {D.  61).  D  y  en  a  une  autre  représentation 
sur  la  couverture  d'un  livre  d'oflSces  conservé  dans  le  trésor  de  la 
cathédrale  de  Sens  (voy.  Gazette  des  Beaiuv-Arôs,  1880,  n**  1). 
Citons  enfin  un  petit  poème  du  xm^  siècle  sur  le  même  sujet  dans 
le  ms.  latin  de  la  Bibl.  nat.,  n°  1737,  fol.  144  v°. 

V. 

V.  58.  «  V  vocalis  est  et  consonans  in  alia  hora.  »  Keil, 
Gramm.  lat,^  suppl.  p.  305. 

X.   . 

V.  61.  «  Sed  hoc  interest  inter  Z  et  X  quod  X  nostra  semper 
duplex  et  pro  duabus  consonantibus  habetur ,  Z  non,  sed  aliquando 
pro  duplici,  aliquando  pro  simplici.  »  Pompeii  Commentum; 
Keil,  V,  111.  —  V.  63.  Allusion  aux  dix  commandements. 

Y. 

V.  76.  Les  deux  lettres  grecques  Y  et  Z  ne  firent  qu'assez  tard 
partie  de  l'alphabet  latin  :  «  Y  vero  et  Z  graecae  sunt  :  sed  etiam 
apud  nos  sic  habentur,  quem  ad  modum  apud  Graecos,  id  est  Y 
pro  vocali,  Z  pro  duplici.  »  Pompeii  Commentum;  Keil,  V, 
110-111. 

Z. 

V.  85.  «  Z  apud  nos  et  longa  et  brevis  est,  apud  Graecos 
duplex,  id  est  longa,  apud  nos  ita  est,  duplex,  ut  ^  Mezentii 
ducis  exuvias  »;  simplex,  ut  «  nemorosa  Zacyntos  ».  Cledonii 
ilr5;Keil,  V,  28. 


29 


LE  MISSEL 


DU  CARDINAL   DE  TOURNAI 


A  LA  BIBLIOTHÈQUE  DE  SIENNE*. 


Quand  on  s'est  longtemps  extasié  devant  les  miniatures  ita- 
liennes du  xv""  siècle,  dont  les  tons  d'azur  et  d'amarante  semblent 
empruntés  au  crépuscule  du  paradis,  on  éprouve  une  sensation  par- 
ticulière à  se  trouver  subitement  en  face  des  enluminures  finement 
réalistes  de  l'école  flamande.  D'une  part,  comme  dans  les  suaves 
peintures  de  fra  Angelico,  tout  semble  transfiguré  par  la  lumière 
céleste  ;  d'autre  part,  au  contraire,  chaque  détail  est  calqué  sur 
nature  et  toute  figure  est  un  portrait.  Là,  vous  êtes  sous  le 
charme  d*une  sorte  de  mélodie  religieuse,  aux  accents  uniformé- 
ment purs  ;  ici,  vous  goûtez  le  plaisir  d'une  harmonie  surabon- 
damment variée  et  féconde  en  pittoresques  surprises. 

Cette  impression  fut  celle  que  je  ressentis,  le  22  septembre  1880, 
lors  de  ma  première  visite  à  la  bibliothèque  communale  de  Sienne. 
Je  revenais  de  la  fameuse  librairie  du  Dôme  de  cette  ville  ;  j'y 
avais  admiré  de  nombreux  graduels  ou  antiphonaires  du  xv®  s., 
enluminés  par  Girolamo  de  Crémone  et  autres  miniaturistes,  ses 
contemporains  *,  et  je  ne  pensais  pas  rencontrer  à  Sienne  aucun 
produit  du  même  ordre  dérivant  d'une  autre  source  d'inspiration  : 
aussi  ma  surprise  fut-elle  grande  en  apercevant  dans  une  vitrine 
d'exposition  de  la  bibliothèque  de  Sienne  la  miniature  principale 


1.  Cette  notice  a  été  communiquée  à  TAcadémie  des  inscriptions  et  belles- lettres 
dans  la  séance  du  21  octobre  1881. 

2.  Miniature  dei  libri  corali  délia  metropolitana  senese,  da  Carlo  e  Gaetano 
MiLANESi  e  Carlo  Fini,  di  Siena  :  Vite  de*  pittori  di  G.  Vasari,  édit.  Le  Motif 
nier,  vol.  VI,  1850,  p.  211-242. 


443 

d'un  manuscrit  du  xv«  siècle,  essentiellement  flamand.  Pour  un 
Bourguignon  de  la  Comté,  province  dont  l'histoire  est  si  intime- 
ment associée  à  celle  des  Pays-Bas,  un  tel  manuscrit  souriait 
comme  la  figure  d'un  compatriote.  J'eus  donc  la  tentation  de  con- 
verser avec  ce  volume,  et  toutes  les  facilités  me  furent  accordées 
à  cet  égard  par  M.  le  docteur  Fortunato  Donati,  conservateur 
du  dépôt,  et  par  son  aimable  adjoint,  M.  le  docteur  Martini. 


I. 


Ce  manuscrit  est  un  missel  du  format  grand  in-4<^  (307  milli- 
mètres sur  225),  composé  de  417  feuillets  de  parchemin  choisi. 
L'écriture  est  une  gothique  de  moyenne  grosseur,  disposée  sur 
deux  colonnes  :  les  préfaces  et  le  canon  de  la  messe  sont  à  longues 
lignes  et  en  plus  gros  caractères.  Le  texte  proprement  dit  débute 
par  ces  mots  :  «  Incipit  Missale  secundum  consuetudinem  Curie 
Romane.  »  L'examen  du  calendrier  montre  que  ce  missel  n'ap- 
partient pas  seulement  à  la  liturgie  romaine,  mais  encore  à  la 
spécialité  franciscaine  de  cette  liturgie.  En  effet,  on  y  a  inscrit 
en  caractères  rouges,  comme  les  noms  des  fêtes  de  précepte, 
toutes  les  solennités  particulières  à  l'ordre  séraphique  :  stigmati- 
sation de  saint  François,  dédicaces  des  basiliques  franciscaines, 
translations  des  reliques  de  saint  François,  de  sainte  Claire,  de 
saint  Antoine  de  Padoue,  de  saint  Louis  de  Toulouse,  etc. 

Le  velours  bleu  de  la  reliure  actuelle  est  moderne;  mais  chacun 
des  plats  possède  son  armature  primitive,  c'est-à-dire  des  coins 
ornés  de  caractères  gothiques*  et  une  bossette  centrale,  le  tout  en 
cuivre  doré. 

Par  le  caractère  de  sa  riche  ornementation,  ce  missel  appar- 
tient à  la  famille  des  manuscrits  flamands  de  la  seconde  moitié  du 
XV®  siècle,  l'époque  par  excellence  des  habiles  miniaturistes.  En 
effet,  a  pu  écrire  le  savant  abbé  Dehaisnes,  «  le  xv®  siècle  offre 
tous  les  caractères  de  la  seconde  moitié  du  xrv*,  mais  avec  beau- 
coup plus  de  vérité,  d'élévation  et  de  fini...  Si  l'on  entre  dans 
l'examen  des  détails,  l'on  admirera  bien  plus  encore  le  talent  des 


1.  Ces  caractères  se  Usent  ainsi  :  RUO'IAM'MAR'ADD.  Serait-ce  une  maxime 
exprimant  confiance  en  la  protection  de  la  Vierge  Marie  ?  «  Ruo,  jam  Maria 
adducit.  » 


iiiiniaturitfte»  du  x^**  siècle  :  les  veux,  lescbeTeoxet  les  moindres 
ûccideutb  dti  la  peau,  les  plis  et  les  noanoes  des  étoffes,  les  reflets 
deti  vase»  d'or  et  d'argent,  les  fleurs  microscopiques  des  paysages, 
la  transpareace  et  le  chatoiemeiit  de  la  lomière  dans  les  loûxtaiiis, 
tout  est  traité  avec  une  délicatesse,  un  fini,  une  minotiease  pié- 
ci;^iou  qui  n'appartient  qu'aux  artistes  de  la  Flandre.  Jamais  les 
ix^j'dures  n'ont  rien  offert  d'aussi  splendide  que  ces  larges  enca- 
dre/jieutis  fond  jaune  {pointillé  d'or,  avec  leurs  chenilles,  leurs 
papillons  et  leurs  paons,  avec  leurs  fraises,  leurs  roses  et  leurs 
[x^ns^^y  avr^c  leurs  rinceaux  façon  camaïeu,  ornés  de  glands  et 
dii  feuilles  de  chêne,  qui  entourent  ordinahrement  des  armcHries, 
'les  'ievij^s  ou  de  gracieuses  vignettes  ^  » 

lii'ins  la  flore  ornementale  de  notre  missel,  c'est  la  pensée  qui 
«iornine  :  elle  r^t  le  symbole  d'une  devise,  bonne  pensée',  qui  se 
trouve,  et  sriuvent  h  plusieurs  reprises,  sur  chacune  des  nom- 
tireuses  pages  munies  d'encadrements.  Tantôt  cette  devise  ressort 
en  caractêrtis  gothiques  noirs  sur  un  papier  déroulé,  tantôt  elle 
hrille  t^n  Ifittres  romaines  d'or  sur  un  cartouche  couleur  de 
pourpre,  quelquefois  elle  n'est  représentée  que  par  les  initiales 
n.  1*.  dans  l'intérieur  d'une  lettrine.  Aussi  fréquemment  qu'elle, 
itpparaisHent  doux  écussons  blasonnés  :  l'un,  qui  est  surmonté  de 
la  volute  d'une  crosse  épiscopale,  porte,  sur  champ  d'azur,  deux 
(ïlels  d'oi*  posées  en  pal,  adossées,  les  anneaux  pommelés  et  entre- 
ludm  ;  l'autre  présente,  en  champ  d'azur  semé  de  fleurs  de  lys  d'or 
sans  nombre,  une  tour  d'argent  crénelée,  maçonnée  de  sable,  de 
laquelle  sortent  à  droite  et  à  gauche  deux  crosses  épiscopales  de 
gueules. 

Aucune  hésitation  n'est  possible  sur  l'interprétation  de  ces 
deux  écussons  :  l'un  renferme  les  armoiries  de  la  famille  bour- 
guignonntî  de  (Jugny,  l'autre  celle  de  l'évêché  de  Tournai^.  Or, 
l'tivvy  ile  Clutçny  ayant  été  évêque  de  Tournai  de  1474  à  1483, 
nt  la  (îoiifectioa  de  notre  manuscrit  ne  pouvant  appartenir  qu'à 
(iette  période,  il  y  a  certitude  absolue  que  la  bibliothèque  de 
Sienne  possède  le  missel  de  Ferry  de  Clugny.  Une  note  manus- 
lîi'ite,  placée  dans  le  volume,  indique  vaguement  cette  origine  : 


t.  L'abbê  UKUAisNiss,  i)0  Vari  chrttien  en  Flandre,  1860,  in-S*,  p.  65  et  66. 
'i.  Uu«)lquefuU  isonnu  i*anîikk. 

a.  l'ies  armoiries  tigur«)ui  tiur  U  Vue  de  Tournai,  gravée  pour  U  Deseripêion 
U(ui  k'ay^-Has  du  ((Uiouauuin. 


445 

elle  dit  que  ce  travail  d'enluminure  fiit  fait  par  les  ordres  de 
Ferry  de  Monthelon,  français,  protonotaire  du  pape  Pie  II,- de 
l'ordre  bénédictin  de  Cluny,  mort  cardinal  en  1483.  «  Partout, 
ajoute  cette  note,  on  lit  sa  devise  Bonne  Pensée,  et  auprès  d'eUe 
récusson  d'un  abbé  de  la  Tour*.  »  Ces  indications  traditionnelles 
avaient  grand  besoin  d'être  réformées.  Monthelon  était  bien  un 
fief  appartenant  à  la  famille  de  Clugny  ;  mais  jamais  l'évêque  de 
Tournai  ne  s'en  intitula  seigneur,  et  aucune  désignation  n'était 
moins  que  celle-là  de  nature  à  le  faire  reconnaître.  Quant  à  son 
vrai  nom  de  famille,  l'auteur  de  la  note  en  a  fait  le  qualificatif 
monacal  d'un  ordre  auquel  Ferry  de  Clugny  n'appartenait  point  ; 
car  s'il  gouverna  plusieurs  abbayes,  ce  fut  à  titre  de  commenda- 
taire  et  nullement  comme  abbé  régulier.  Il  était  enfin  tout  à  fait 
étrange  de  voir  les  armoiries  de  l'évêché  de  Tournai  présentées 
comme  celles  d'un  abbé  imaginaire  du  nom  de  La  Tour. 

Une  seule  miniature  de  pleine  page  existe  dans  le  manuscrit*  : 
elle  vient  après  le  calendrier  et  les  règles  liturgiques,  pour  servir 
de  frontispice  au  missel  proprement  dit.  On  y  voit  un  évêque  en 
costume  pontifical,  agenouillé  devant  la  Vierge  qui  lui  apparaît. 
La  Vierge,  tenant  l'Enfent  Jésus  sur  ses  genoux,  est  assise  sur 
un  trône  en  bois  richement  sculpté.  Dans  un  pan  d'étofie,  qui  fait 
baldaquin  au-dessus  du  trône,  trois  anges  exécutent  un  concert 
avec  une  trompette,  une  harpe  et  un  triangle  :  les  extrémités  de 
la  draperie  sont  retenues  par  deux  anges  qui  semblent  chanter. 
Derrière  l'évêque,  un  ange  est  debout,  qui  fournit  un  appui  à  la 
crosse  engagée  dans  le  bras  droit  du  prélat  :  un  autre  ange,  qui 
voltige,  tient  de  la  main  droite  l'écusson  des  Clugny  et  de  la  main 
gauche  une  crosse  épiscopale.  A  la  gauche  de  la  Vierge,  trois 
petits  enfants  de  chœur  s'unissent  au  concert  des  anges  :  l'un,  qui 
est  assis  par  terre,  tient  un  rôle  de  parchemin  sur  lequel  on  lit, 
avec  notation  musicale,  les  premiers  mots  de  l'antienne  Regina 


1 .  «  Pienissimo  di  dettagliati  lavori  fatto  fare  da  mons.  Federigo  di  Monte- 
Leone^  francese,  protonotario  di  Pio  11^  dell'ordine  di  Cluny,  morto  cardinale  di 
S.  Ciiiesa  nel  1483. 

<  Per  ogni  lato,  e  il  suo  motto  Bonne  Pensée,  e  presso  rarme  di  un  abate 
de  la  Tour.  Vivacissimo  è  il  colorito  delJe  figure,  ma  scorretto  ne  è  il  disegno.  » 

2.  M.  RoBiT,  percepteur  à  Fontaine-sur-Saône,  a  fait  faire  une  reproduction 
photographique  de  cette  miniature,  dans  l'intérêt  d'un  travail  historique  qu'il 
prépare  sur  Ferry  de  Clugny.  Je  me  suis  utilement  servi,  pour  ma  description, 
d'une  épreuve  qu'il  a  bien  voulu  m'oflfrir  de  cette  photographie. 


446 

eœii  ktiare  ;  on  antre,  qui  est  à  genoux,  bat  la  ineame  en 
regardant  le  parchemin  :  on  troisième»  qui  est  debout,  aoooni- 
pagne  ses  deux  amis  en  jouant  de  la  mandoline.  Ces  trois  eD£mts 
de  dueiir  fonnent  on  gronpe  extrêmement  graoeox-  La  scène  se 
passe  âOQs  un  porcbed*architectiireet  en  regard  d*an  pittoresque 
château,  dont  la  porte  est  sormontée  d*ane  niche  englobant  une 
^tne  de  la  Vierge.  Au-dessus  de  Tune  des  arcatures  du  potcfae, 
on  Toit.  â  rintêrieur  et  dans  Tombre,  une  rosace  dcxit  le  eenfene 
est  un  êcusson  portant  un  cheTron  que  truis  petits  motifs  aocmn- 
pagnent.  C¥.  le  prédécesseur  immédiat  de  Fernr  sur  le  siège  de 
ToumaL  Guillaume  Fillastre,  grand  bâtisseurs  arait  dans  ses 
ara3oiri€s  un  chevron  accompagné  de  trois  meriettes  '.  Le  minia- 
turiste a  donc  touIu  représenter  ici  un  bâtiment  OHistruit  par  le 
prédécesseur  Je  Ferrr  de  Qunj.  et  le  château  pJacé  en  Im»  dut 
rappeler  la  physionomie  d'une  maiscMi  de  plaisance  des  éréqoes 
de  Tournai  au  xr*  siéde. 

Toute  cette  miniature  a  été  traitée  avec  la  sràce  naïve  et  la 
merveilleuse  ânesse  qui  donnent  tant  de  prix  aux  oeuvres  des  Van 
Evck  et  des  Memling.  L'image  de  la  Vierge  a  souffert  de  rfanmi- 
ditê,  mais  celle  de  l'évéque  est  absolument  intacte.  Cest  la  figure 
d'un  homme  encore  jeune^  à  la  carnation  fluette,  aux  traits  fins 
et  distin^és.  avant  Tceil  bleu  et  les  cheveux  châtains.  On  a  donc 
ainsi  le  portrait  authentique  de  Fi^ry  de  Qugnj,  exécuté  par  un 
miniaturiste  de  pr«nier  ordre. 

En  dehors  de  ce  principal  tableau,  le  manuscrit  r»ifenne  des 
miniatures  de  moindre  importance.  Telles  sont,  pour  chacun  des 
mois  du  calendrier.  Timage  d*un  signe  du  zodiaque  et  cdle  d'une 
scène  des  occupations  rurales.  Dix-huit  miniatures,  qui  ne 
dépassent  pas  la  largeur  d'une  colonne  du  texte,  marquant  les 
offices  des  principales  fêtes  :  cdle  qui  représente  TÂssomption  de 
la  Vierge  est  particulièrement  ra»lieuse  ;  on  7  voit,  dans  le  loin- 
tain terrestre,  les  clochers  et  les  tours  d'une  cité  flamande,  sans 
aucun  doute  de  Tournai,  la  ville  épiscopale  de  Ferrv  de  Qugnj. 

n. 

Ferry  de  Glugn  v  appartenait  à  Fune  de  ces  fiaimilles  de  récente 

1.  Gazst,  Bistmrt  ecdtsiastîqme  da  Pa^fs-Bas  ;  WAumts,  art.  FiUmstn  de 
U  Bioçntpkie  natiomaU  de  Be^giqne  (t  Vil,  coL  61-70). 

2.  G.  DiMAT,  Incemtaire  des  seemut  de  r Artois,  s*  ^10. 


447 

noblesse,  dont  les  ducs  de  Bourgogne  de  la  maison  de  Valois 
utilisèrent  Tintelligence  et  les  richesses  pour  dompter  la  turbu- 
lente ambition  de  leurs  grands  vassaux.  Originaires  d'Autun,  les 
Clugny  furent  naturellement  dans  la  clientèle  de  leurs  compa- 
triotes les  Rolin,  tout  puissants  à  la  cour  de  Philippe  le  Bon. 
Ferry  fit  ses  études  dans  les  principales  universités  de  l'Itahe,  et 
il  revint  de  Bologne  avec  le  grade  de  docteur  es  droits.  Le  duc 
Philippe  le  prit  en  gré  et  le  délégua,  en  1456,  pour  coopérer,  au 
nom  du  clergé,  à  la  rédaction  des  coutumes  du  duché  de  Bour- 
gogne. Il  fut  bientôt  détourné  de  cette  tâche  par  des  missions 
diplomatiques  que  le  même  prince  l'envoya  remplir  auprès  des 
papes  CaÛxte  III  et  Pie  IL  Charles  le  Téméraire,  à  son  tour, 
l'employa  comme  négociateur  de  ses  traités  avec  le  roi  de  France 
Louis  XI,  et  ce  monarque  n'hésita  pas,  en  1474,  à  approuver, 
comme  suzerain,  la  promotion  de  Ferry  au  siège  épiscopal  de 
Tournai.  De  son  côté,  le  duc  de  Bourgogne  l'avait  fait  chancelier 
de  la  Toison  d'or,  et  il  le  désignait  bientôt  après  pour  présider, 
en  l'absence  du  chancelier,  le  grand  conseil  de  Malines.  A  la  suite 
de  la  catastrophe  de  Nancy,  l'évêque  de  Tournai  resta  courageu- 
sement fidèle  à  l'héritière  de  la  maison  de  Bourgogne;  ce  fut  lui 
qui  bénit  le  mariage  de  cette  princesse  avec  l'héritier  du  trône 
impérial  et  qui  administra  le  baptême  au  prince  PhiUppe,  leur 
premier  né.  Créé  cardinal-prêtre  du  titre  de  Saint-Vital,  le 
15  mai  1480,  il  substitua  le  pape  Sixte  IV  comme  parrain  de 
l'archiduchesse  Marguerite,  la  fiiture  souveraine  des  Pays-Bas 
et  de  la  Franche-Comté.  Il  partit  pour  Rome  au  printemps  de 
l'année  1482  et  y  mourut  subitement  le  7  octobre  de  l'année  sui- 
vante *.  On  l'inhuma  dans  le  chœur  de  l'église  de  Sainte-Marie- 
du-Peuple,  où  existe  encore  sa  tombe  qui  n'est  qu'une  simple 
dalle  de  marbre  blanc  avec  épitaphe  et  armoiries  *. 


1.  Un  excellent  résumé  des  faits  et  gestes  de  Ferry  de  Clugny,  par  M.  Emile 
DB  BoROHaRAYE,  a  paru,  sous  forme  d'article,  dans  la  Biographie  nationale  de 
Belgique,  t.  vn  (1880),  col.  41-44. 

2.  Cette  dalle  a  1  mètre  97  centimètres  de  haut  sur  77  centimètres  de  large. 
La  moitié  supérieure  est  occupée  par  un  écusson  paré  du  chapeau  cardinalice. 
L'écusson  est  écartelé  :  au  premier  et  au  quatrième  quartier  sont  les  deux  clefs 
adossées  et  posées  en  pal  des  Clugny  ;  au  deuxième  et  au  troisième,  il  y  a  trois 
fleurs  de  lis,  lesquelles,  d'après  M.  Harold  db  Fontenay,  représenteraient  les 
armoiries  des  Menneserre,  alliés  aux  Clugny.  La  moitié  inférieure  de  la  dalle 


448 


III. 

Cette  sépulture  ne  répondait  pas  à  l'idée  que  Ferry  avait  tou- 
jours eue  de  reposer  dans  le  pays  de  ses  origines.  Â  cet  effet,  il 
avait  obtenu,  dès  1465,  l'autorisation  de  se  faire  bâtir  une  cha- 
pelle funéraire  dans  la  cathédrale  d*Âutun.  Devenu  évêque,  il 
s'était  plu  à  embellir  cette  construction  :  aussi  avait-elle  le  sur- 
nom de  Chapelle  dorée.  Il  reste  encore  quelque  chose  des  pein- 
tures qui  en  décoraient  les  murailles,  et,  comme  sur  le  missel  de 
la  bibliothèque  de  Sienne,  on  y  lit  cette  devise  souvent  répétée  : 

PENSBE  BONNE  BONNE  PEI^SEE. 

Une  inscription  qui  accompagne  les  peintures  donne  à  Ferry 
la  qualité  d'évêque,  sans  mentionner  encore  son  titre  de  cardinal  : 
donc  la  décoration  de  la  chapelle  doit  être  considérée  comme  pos- 
térieure à  1474  et  antérieure  à  1480*.  C'est  également  dans  ces 
sept  années  que  se  place  la  production  du  missel,  car  aucun  des 
insignes  de  la  dignité  cardinalice  n'y  accompagne  l'image  et  les 
armoiries  du  prélat.  Toutefois,  le  caractère  liturgique  de  ce  livre 
témoigne  du  désir  qu'avait  l'évêque  de  Tournai  de  revêtir  la 
pourpre  romaine  :  en  effet,  s'il  adopta  le  rite  ifranciscain  pour  la 

est  remplie  par  une  épitaphe  dont  voici  exactement  la  disposition  et  le  texte  : 

HIC  lACET  DFERRICVS 

DE  CLVNIACO  NATIONE 

BVRGVNDVSIVRIS  VTRI 

VSQ.DOCTOR  TITVU 

SANCTI  VITALIS  PRES 

BYTER  CARDINALIS  EPI 

SCOPVS  TORNACEN  QVI 

OBIIT  DIE  MARTIS  VII 

OCTOBR  ANNO  SALVTIS 
MCCCCLXXXIII 

ORATE  DEVM  PRO  SALVTE 

ANIME  EIVS 
Je  dois  un  bon  dessin  de  cette  tombe  à  la  gracieuse  obligeance  de  mon  com- 
patriote le  R.  P.  Joseph  Laurençot,  S.  J. 

1.  Ces  indications  concernant  la  Chapelle  dorée  de  la  cathédrale  d'Autun  sont 
empruntées  à  ÏÉpigraphie  auiunoise  de  mon  savant  confrère  M.  Harold.  db 
FoNTENAY  :  Mémoires  de  la  Société  Édvsnne,  nouvelle  série,  t.  VII,  1878, 
p.  226-232. 


449 

confection  de  son  missel,  ce  ne  put  être  qu'avec  Tintention  de 
faire  sa  cour  à  l'ancien  général  des  Cordeliers  qui  était  devenu 
pape  sous  le  nom  de  Sixte  IV.  Au  point  de  vue  de  ce  caractère 
liturgique,  aussi  bien  que  sous  le  rapport  du  style  des  illustra- 
tions, le  missel  conservé  à  Sienne  est  une  sorte  de  frère  jumeau  du 
bréviaire  Grimani,  cette  merveille  de  l'art  flamand  que  Ton 
admire  à  Venise*. 

On  sait  les  noms  des  trois  principaux  artistes  qui  ont  collaboré 
au  célèbre  bréviaire.  Mais  faudra-t-il  renoncer  à  connaître  le 
nom  de  Fauteur  très  méritant  des  miniatures  de  notre  missel  ? 
Nous  pensons  avoir  repéré  à  cet  égard  une  indication  de  quelque 
valeur.  Dans  l'un  des  angles  inférieurs  de  la  grande  miniature,  on 
voit  une  lettre  M  majuscule  sur  l'un  des  carreaux  émaillés  qui 
forment  parquet.  Aucune  lettre  ne  figurant  sur  les  autres  car- 
reaux, il  y  a  lieu  de  considérer  ce  signe  isolé  comme  une  signa- 
ture d'artiste.  Or,  il  se  trouve  que  le  miniaturiste  en  renom  dans 
les  Flandres,  à  l'époque  où  fut  fait  notre  missel,  avait  précisément 
la  lettre  M  pour  initiale  de  son  nom  de  famille.  C'était  Simon 
Marmion,  de  Valenciennes,  qui  avait  exécuté,  entre  les  années 
1467  et  1470,  un  merveilleux  livre  d'heures  à  l'usage  des  opu- 
lents ducs  de  Bourgogne.  Durant  ce  travail,  c'est-à-dire  le 
27  avril  1468,  il  s'était  fait  recevoir  franc-maître  dans  la  corpo- 
ration des  peintres,  sculpteurs  et  enlumineurs  de  Tournai.  Son 
talent  s'appliquait  surtout  à  la  décoration  des  livres  :  aussi  les 
comptes  des  ducs  de  Bourgogne  l'appellent-ils  escripvain,  et  le 
poète  Jean  Lemaire  lui  décerne-t-il  le  titre  de  prince  d* enlumi- 
nure. Dans  son  épitaphe  rimée,  le  poète  Jean  Molinet  lui  fait 
dire  : 

J^ay  décoré,  par  art  et  sens  acquis, 
Livres,  tableaux,  chappelles  et  autels. 

Simon  Marmion  mourut  le  25  décembre  1489,  neuf  ans  après 
la  dernière  date  possible  de  la  confection  du  missel  qui  nous 
occupe  *.  Il  y  aurait  bien,  on  le  voit,  quelques  motifs  d'attribuer 


*  1.  Voir  la  publication  intitulée  :  Fac-similé  des  miniatures  contenues  dans  le 
Bréviaire  Grimani  conservé  à  la  bibliothèque  de  Saint-Marc,  exécuté  en  pho- 
tographie, par  Antoine  Psbini,  avec  explication  de  François  Zanotto  et  un 
texte  français  de  L.  db  Mas  Latrie;  Venise,  1880,  in-4». 

2.  Tout  ce  qui  concerne  Simon  Marmion  se  trouve  exposé  dans  l'Histoire  de 
la  peinture  flam^ande  de  M.  Alfred  Michikls,  t.  III,  p.  374-387. 


450 

les  miniatures  de  ce  livre  au  prince  d'enluminure  qui,  dès  1468, 
s*était  enrôlé  dans  les  maîtres  peintres  de  la  ville  de  Tournai. 

Quoi  qu*il  en  soit  de  cette  attribution  conjecturale,  mais  vrai- 
semblable, il  est  certain  que  la  décoration  de  notre  missel  procède 
d*un  miniaturiste  de  la  contrée  dont  Tournai  était  le  principal 
centre  artistique.  Le  plus  éminent  des  peintres  de  cette  viÛe, 
Rogier  van  der  Weyden,  mort  en  1464,  avait  été  déjà  encouragé 
par  un  évêque  de  Tournai,  Jean  Chevrot,  originaire  de  Poligny, 
en  Franche-Comté.  Son  triptyque  des  Sept  Sacrements^  Tune 
des  perles  du  musée  d'Anvers,  porte  en  effet,  plusieurs  fois  répé- 
tées, les  armes  de  Jean  Chevrot  mises  en  regard  de  celles  de 
révêché  de  Tournai  ^  L'auteur  des  bordures  du  missel  de  Sienne 
s'était  évidemment  inspiré  de  cet  exemple. 

Comment  ce  beau  volume  est-il  arrivé  à  la  bibliothèque  com- 
munale de  Sienne  ?  Tout  ce  que  Ton  sait  à  cet  égard,  c'est  que, 
dans  la  bibliothèque  de  l'université  de  Sienne,  il  faisait  partie  du 
groupe  des  livres  ayant  appartenu  au  pape  Pie  n  et  à  d'autres 
membres  de  la  famille  des  Piccolomini  *.  Or,  Ferry  de  Clugny, 
envoyé  comme  ambassadeur  auprès  du  pape  Pie  II,  avait  néces- 
sairement connu  le  neveu  de  ce  pontife,  François  Piccolomini, 
que  Ton  appelait  le  cardinal  de  Sienne.  Devenu  cardinal  lui- 
même,  il  le  retrouva  comme  collègue,  et  leurs  relations  ne  purent 
manquer  d'être  très  suivies.  Le  cardinal  de  Sienne  aura  tenu  sans 
doute  à  posséder  un  souvenir  du  cardinal  de  Tournai,  et  la  famille 
de  Clugny  se  sera  fait  un  devoir  de  lui  céder  le  précieux  missel. 
Tout  porte  donc  à  croire  que  la  bibliothèque  communale  de  Sienne 
doit  ce  volume  aux  relations  de  Ferry  de  Clugny  avec  l'illustre 
Siennois  qui  fut  pape  pendant  vingt-sept  jours  sous  le  nom  de 
Pie  m. 

Auguste  Castan. 

1.  Alfred  MicHiELS,  Hist.  de  la  peinture  flamande,  t.  III,  p.  50-54. 

2.  <  Quando  e  corne  questo  codice  perrenisse  alla  Biblioteca ,  s'ignora, 
essendo  certo  che  esso  vi  si  trovava  insieme  con  gli  altri  messaU  già  appartenati 
a  Pio  II  e  ad  altri  Piccolomini,  un  secolo  fû,  quando  cioè  la  Biblioteca  era  unita 
air  Università,  alla  quale  apparteneva.  »  (Lettre  de  M.  le  docteur  F.  Donati  : 
1«'  janvier  1881.) 


BIBLIOGRAPHIE. 


Essai  sur  les  villes  fondées  dans  le  sud-ouest  de  la  France  aux 
XIII®  et  XIV*  siècles  sous  le  nom  générique  de  bastides,  par 
M.  A.  Curie-Seimbres.  Toulouse,  4880.  In-8°,  424  p. 

Ce  volume  est  la  seconde  édition  d'un  ouvrage  publié  sous  le  même 
titre,  il  y  a  bientôt  dix  ans,  dans  les  Mémoires  de  la  Société  archéologique 
du  midi  de  la  France^.  En  terminant  ce  premier  travail,  Tauteur  écri- 
vait :  <  La  suite  de  cet  essai  doit  comprendre  :  1*  l'histoire  originaire 

<  de  chaque  bastide,  province  par  province;  2*  le  texte  des  documents 
a  inédits  relatifs  à  ces  fondations  et  l'indication  des  ouvrages  oii  se 

<  trouvent  ceux  déjà  imprimés.  > 

En  rééditant  son  œuvre  incontestablement  améliorée,  M.  Curie  Seim- 
bres  n'a  tenu  qu'une  partie  de  ses  promesses.  S'il  y  a  joint  ce  qu'il 
appelle  <  l'histoire  originaire  >  des  bastides,  il  a  cru  pouvoir  supprimer 
les  documents,  qu'il  promet  du  reste  de  publier  dans  une  nouvelle 
édition,  si  son  étude,  dit-il,  obtient  la  faveur  du  public.  L'accueil 
qu'elle  a  déjà  reçu  et  le  témoignage  flatteur  qui  lui  a  été  donné  au  con- 
cours des  antiquités  nationales  doivent  être  garants  que  d'ores  et  déjà 
l'auteur  songe  à  cette  édition  nouvelle.  On  doit  espérer  qu'il  y  join- 
dra cette  fois  ses  documents,  mais  je  voudrais  de  plus  que,  repre- 
nant son  travail  en  sous-œuvre,  il  fît  quelque  effort  pour  le  mieux 
mettre  au  courant  de  la  science,  le  corriger  et  le  compléter,  en  portant 
ses  investigations  sur  un  certain  nombre  de  points  qu'il  a  eu  le  tort  de 
ne  pas  aborder.  Je  suppose  en  effet  que,  malgré  les  louanges  complai- 
santes que  M.  Curie  a  jugé  bon  d'imprimer  en  tête  de  son  livre,  en 
manière  d'introduction,  il  ne  se  dissimule  pas  qu'il  est  loin  d'avoir 
épuisé  la  matière,  et  que  l'accueil  fait  à  son  ouvrage  est  dû  plus  à  l'in- 
térêt du  sujet  qu'à  la  façon  dont  il  a  su  le  traiter. 

Quoi  qu'il  en  soit,  M.  Curie  a,  l'un  des  premiers,  essayé  une  étude 


1.  T.  X,  1872-1873. 


452 

d'ensemble  sur  un  snjet  difficile;  c'est  nne  honorable  tentative;  je  me 
propose  d'indiquer  ici  quelques-unes  des  améliorations  dont  elle  est 
encore  susceptible. 

J'insiste  tout  d'abord  sur  la  nécessité,  dans  un  ouvrage  de  cette  nature, 
de  donner  des  documents,  d'autant  plus  que  l'auteur  ne  me  paraît  pas 
attacher  à  leur  publication  assez  d'importance,  persuadé  qu'il  est  d'en 
avoir  extrait  dans  son  œuvre  toute  la  substance.  Tout  au  plus  semble-t-il 
croire  qu'on  pourrait  désirer  les  trouver  pour  une  vérification  :  «  Les 

<  sources,  dit-il,  ayant  été  pour  chaque  ville  indiquées  avec  le  plus  grand 
a  soin,  cela  peut  suffire  à  ceux  qui  désireraient  retrouver  les  textes  > 
(p.  418).  Cette  phrase  donne  à  penser  que  M.  Curie  ne  se  doute  pas  que 
la  publication  des  coutumes,  qui  constituent  la  plupart  des  documents 
auxquels  il  fait  allusion,  doive  être  autre  chose  que  l'impression 
des  premières  copies  venues,  qu'il  faille  une  méthode  pour  en  établir  le 
texte,  des  recherches  et  des  comparaisons  minutieuses  pour  retrouver 
les  plus  anciennes  rédactions  de  chacune  d'elles  et  les  publier  en  donnant 
en  note  ou  autrement  l'indication  des  modifications  dont  elles  ont  été 
l'objet  dans  les  différentes  villes  qui  les  ont  reçues.  Des  indications  de 
sources,  même  exactes,  ne  sauraient  donc  de  bien  loin  suppléer  à  une 
bonne  publication.  Mais,  à  dire  vrai,  j'avoue  que  quand,  après  avoir  lu 
d'un  bout  à  l'autre  le  livre  de  M.  Curie,  j'ai  vu,  à  la  dernière  page,  qu'il 
se  piquait  d'avoir  indiqué  ses  sources  <  avec  le  plus  grand  soin  •,  je  n'ai 
pu  m'empécher  de  trouver  la  prétention  tout  à  fait  étonnante.  Il  fant 
citer  quelques  exemples  de  cette  prétendue  précision.  M.  Curie  dit 
que  les  deux  bastides  de  Mirande  et  de  Pavie  ont  été  bâties  à  la 
même  époque,  et  voici  la  preuve  qu'il  en  donne  :  c  Miranda  aedificata 
una  cum  Papia,  dit  le  père  Montgaillard  •  (p.  288).  Quel  est  ce  père 
Montgailiard?  Que  vaut  son  affirmation?  Dans  quel  ouvrage  l'a-t-il 
émise?  M.  Curie  n'en  dit  rien.  Plus  loin,  il  parle  d'une  ville  qui  s'était 
formée  auprès  de  l'abbaye  de  Simorre  ;  c  s'il  faut  s'en  rapporter  à  une 
«  relation  de  son  cartulaire,  dit-il,  cette  ville  aurait  été  incendiée  vers 
«  la  moitié  du  xn«  siècle  •  (p.  299).  Au  lecteur  de  savoir  ce  qu'est  et 
011  se  trouve  ce  cartulaire  de  Simorre.  P.  307,  il  décrit  avec  assez  de 
détails  les  fortifications  de  la  bastide  de  Trie  :  quatre  tours  carrées, 
onze  tours  rondes,  des  remparts,  des  fossés,  etc.  ;  on  serait  aise  de  con- 
naître la  source  de  ces  renseignements  ou  de  savoir  si  c'est  là  une 
description  de  visu.  P.  321,  il  rapporte  à  1256  la  fondation  de  Yidalos 
(C  d'après  les  témoignages  des  historiens  du  Bigorre  ».  P.  349,  parlant 
de  Montréjeau,  il  raconte  qu'Ëustache  de  Beaumarchais  lui  octroya  les 
«  franchises  et  coutumes  ordinaires  »,  qu'elles  furent  «  modifiées  en 

<  1425  et  disposées  en  228  articles  >,  sans  indiquer  aucune  source.  De 
même  à  propos  de  Valentine,  dont  les  coutumes  sont,  dit-il,  de  1287 
(p.  351)  ;  de  même  encore  pour  la  Bastide-Glermont,  dont  le  pariage  se 
trouve  t  parmi  les  pièces  d'un  procès  que  le  procureur  du  roi  intenta. 


453 

f  en  1560,  à  l'abbé  des  Feuillants  »  (p.  352).  Llsle  d'Albi  dut,  dit-il, 
sa  fondation  à  Fun  des  derniers  comtes  de  Toulouse  «  suivant  d'anciens 
f  manuscrits  conservés  dans  ses  archives  »  (p.  397).  Les  faits  relatifs 
à  Saint-8ulpice-la-Pointe  sont  t  révélés  par  des  lettres  de  1248...  con- 
«  servées  dans  la  Saune  de  Tlsle  »  (p.  399).  Enfin,  à  propos  de  la 
bastide  de  Saint-Urcisse  et  de  quelques  autres,  M.  Curie  se  contente  de 
dire  que  «  M.  Rossignol  en  a  éclairé  l'origine  par  la  production  de  leurs 
«  titres  »  (p.  406).  Si,  à  ces  exemples,  qu'on  pourrait  multiplier, 
j'ajoute  que,  même  lorsqu'il  cite  un  volume  du  Trésor  des  chartes  ou  de 
la  collection  Doat,  M.  Curie  indique  rarement  le  n-  de  la  pièce  ou  le 
folio  du  registre,  j'aurai  montré  suffisamment  quel  est  son  système  de 
références  pour  être  en  droit  de  substituer  à  son  affirmation  l'affirmation 
contraire  et  n'être  pas  taxé  de  sévérité  en  disant  que  ses  citations  sont 
faites  d'un  bout  à  l'autre  de  son  livre  avec  une  telle  négligence  que  c'est 
tout  un  travail  que  de  remonter  à  ses  sources. 

Ceci  dit,  je  reconnais  avec  empressement  que  M.  Curie  s'est  livré  à 
un  travail  considérable  :  ses  recherches  n'ont  pas  porté  sur  moins  de 
266  bastides  ;  il  est  vrai  qu'il  en  est  un  grand  nombre  pour  lesquelles 
tous  ses  renseignements  se  réduisent  à  une  simple  mention  ;  j'ajoute 
qu'il  aurait  pu,  sans  grand'peine,  beaucoup  augmenter  le  nombre  de 
celles  sur  lesquelles  on  peut  trouver  des  renseignements,  et  qu'il  a 
ignoré  d'importants  documents  relatifs  à  plusieurs  des  bastides  dont  il 
a  parlé.  Il  est  loin  d'avoir  recueilli  toutes  les  pièces  contenues  dans  les 
registres  du  Trésor  des  chartes,  il  ne  paraît  pas  avoir  connu,  bien  qu'il 
les  cite  dans  la  première  partie  de  son  livre,  les  copies  faites  en  Angle- 
terre pour  Bréquigny  (aujourd'hui  à  la  Bibliothèque  nationale  dans  la 
collection  Moreau)  et  qui,  surtout  pour  les  bastides  anglaises,  lui  eussent 
fourni  des  renseignements  nombreux  et  précieux.  Parmi  les  bastides 
importantes  qu'il  n'a  pas  même  nommées,  je  ne  citerai  comme  exemple 
que  celles  de  Bourret,  la  Peyrouse  près  Lourdes,  Mimizan-en-Born, 
Montolieu,  Ribouisse,  Villeneuve-d'Aveyron,  sur  lesquelles  des  docu- 
ments importants  et  caractéristiques  ont  été  déjà  publiés.  Toutefois  les 
documents  connus  de  M.  Curie  suffisaient  pour  renseigner  à  peu  près 
sur  tout  ce  qui  touche  les  bastides.  Voyons  le  parti  qu'il  en  a  tiré. 

M.  Curie  n'a  voulu  étudier,  le  titre  qu'il  a  choisi  l'indique,  que  les 
villes  fondées  au  xni«  et  au  xiv«  siècle.  Pourtant  il  dit,  dès  les  pre- 
mières lignes,  que,  le  mouvement  qu'il  étudie  ayant  eu  <  dans  le  passé 
<  ses  racines  et  sa  préparation  nécessaire  >,  il  juge  indispensable  d'en 
étudier  les  origines.  L'intention  était  bonne  assurément,  mais  au  lieu 
de  s'appliquer  à  rechercher  ces  origines,  comme  il  semblait  le  pro- 
mettre, M.  Curie  s'est  perdu  dans  des  considérations  générales  sur  la 
féodalité  et  la  révolution  communale  qui  ont  le  double  tort  d'être  sans 
lien  avec  son  sujet  et  surtout  d'être  fausses  de  tout  point.  L'origine  ro- 
maine, qu'on  a  encore  coutume  d'attribuer  au  régime  municipal  du 


454 

moyen  âge,  ne  suffit  pas  à  M.  Curie,  c'est  à  une  époque  antérieure  à  la 
conquête  romaine  qu'il  prétend  faire  remonter  l'organisation  municipale 
des  grandes  villes  du  Midi.  U  croit,  de  plus,  que  le  régime  municipal 
dont  elles  jouirent  pendant  la  domination  romaine  s'y  perpétua  ;  il  veut 
que,  grâce  à  ce  régime,  elles  soient  toujours  restées  indépendantes  de  la 
féodalité  *  qui,  dans  le  Midi,  aurait  négligé  les  villes  pour  n'aflecter  que 
les  campagnes  ;  il  pense  enfin  qu'il  s'y  conservait  une  <  tradition  libé- 
c  raie  et  démocratique  »  (p.  33),  «  un  esprit  égalitaire  et  démocratique  » 
(p.  27).  Autant  de  mots,  autant  d'erreurs. 

Si  l'opinion  qui  rattache  le  régime  municipal  du  moyen  âge  à  celui  de 
l'époque  romaine  compte  encore  aujourd'hui  des  partisans,  il  n'est  du 
moins  personne  qui  puisse  soutenir  sérieusement  que  les  villes  soient 
restées  à  l'abri  du  régime  féodal  ;  il  n'est  pas  une  seule  ville  ancienne 
pour  laquelle  on  ne  puisse,  à  l'aide  de  documents  catégoriques,  prouver 
absolument  le  contraire.  Et  quant  au  caractère  du  régime  communal 
des  grandes  cités  du  moyen  âge,  il  était,  on  le  sait,  essentiellement 
aristocratique,  il  favorisait  l'indépendance  et  la  liberté  de  la  ville,  mais 
ne  dotait  pas  les  habitants  d'un  prétendu  régime  égalitaire  et  démocra- 
tique tout  à  fait  étranger  aux  mœurs  d'alors. 

M.  Curie  ne  rend  pas  mieux  compte  de  la  division  des  villes  en  cité 
et  en  bourg.  Il  croit  que  la  fondation  des  bourgs  fut  provoquée  par  je  ne 
sais  quelle  tendance  a  des  populations  suburbicaires  >  à  participer  aux 
avantages  des  cités.  Il  fait  du  titre  de  citoyen  une  prérogative  comportant 
toujours  des  privilèges,  des  droits,  des  avantages  particuliers,  sans 
s'apercevoir  que  le  terme  de  civis  désigne  généralement  l'habitant  de  la 
civitas,  celui  de  burgensis,  l'habitant  du  burgus,  celui  de  vicinus,  l'habi- 
tant du  vicus  ou  de  la  villa^,  et  que  souvent  le  bourg  jouissait  de 
franchises  qui  lui  étaient  enviées  par  la  cité. 

M.  Curie  confond  sous  la  môme  dénomination  de  <  villes  parasites  ou 
villes  d'accession  »,  qu'il  nomme  ainsi  pour  les  distinguer  des  villes 
neuves  ou  bastides  dont  il  s'occupe  exclusivement,  les  agglomérations 
qui  se  sont  formées  autour  des  châteaux  et  des  monastères  et  celles  qui 
se  sont  établies  sur  les  terrains  d'asile.  C'est  faire  à  la  fois  une  confusion 
et  une  distinction  non  justifiée.  Ce  nom  de  villes  parasites  ou  d'acces- 
sion ne  peut  s'appliquer  qu'à  celles  dont  les  habitations  se  sont  peu  à 
peu  groupées  autour  d'un  château  ou  d'une  abbaye.  Ces  bourgades 
ne  datent  pas  seulement,  conmie  le  prétend  M.  Curie,  du  xi«  ou  du 

1.  «  Ces  villes,  dit-il,  remplirent  un  rôle  considérable,  celni  de  sauver^  comme 
l'arche  de  la  figure  biblique,  au  milieu  du  déluge  féodal,  les  traditions  d'indé- 
pendance et  de  dignité  humaine  et  ce  vieux  dépôt  du  régime  municipal  dont 
elles  allaient  devenir  les  initiatrices.  > 

2.  Ailleurs,  M.  C.  dit  â  tort  que  c'est  «  le  fait  de  la  mitoyenneté  qui  a  intnn 
duit  dans  la  langue  l'expression  vkintu  pour  désigner  les  bourgeois.  » 


455 

xn*  siècle,  elles  sont,  pour  la  plupart,  aussi  anciennes  que  le  château 
ou  que  le  monastère  qui  les  a  créées,  et,  n'en  déplaise  à  M.  Curie  qui 
prétend  que  les  Normands  ont  respecté  les  campagnes  pour  ne  dévaster 
que  les  villes  (p.  40),  les  invasions  normandes  et  sarrasines  ont  active- 
ment contribué  à  concentrer,  sous  la  protection  des  châteaux  et  des 
abbayes,  les  populations  rurales. 

Au  contraire,  les  villes  dont  la  fondation  émane  de  l'initiative  d'un  sei- 
gneur, celles  qui  ont  eu  pour  origine  l'ouverture  d'un  asile  et  la  publica- 
tion d'une  charte  de  peuplement,  même  si  l'emplacement  s'en  trouvait  au- 
près d'un  château,  d'un  couvent  ou  même  d'une  autre  ville  préexistante, 
sont  des  villes  neuves.  La  proximité  du  château  ou  du  couvent  ne 
saurait  leur  donner  un  caractère  particulier  ;  leurs  privilèges  et  leurs 
coutumes  sont  analogues  ou  semblables  à  ceux  des  villes  que  M.  Curie 
veut,  à  l'exclusion  de  toutes  les  autres,  nommer  des  villes  neuves.  Celles 
en  particulier  qui  ont  été  bâties  sur  des  terrains  d'asile  ont  tellement 
tous  les  caractères  des  villes  neuves  qu'on  se  demande  si  M.  Curie,  en 
voulant,  en  dépit  de  leur  origine,  les  confondre  avec  les  villes  d'acces- 
sion, n'a  pas  eu  pour  seul  but  de  ne  pas  s'en  occuper  dans  son  livre. 
Elles  eussent,  en  effet,  singulièrement  dérangé  ses  théories. 

Pour  lui,  le  mouvement  de  création  des  bastides  se  circonscrit  dans 
une  période  d'une  centaine  d'années  (1250-1350),  et  il  faut  l'attribuer, 
en  très  grande  partie,  à  Tinfluence  française.  C'est,  à  mon  sens,  com- 
plètement en  méconnaître  l'origine,  l'étendue  et  l'importance.  M.  Curie 
a  écrit  que  beaucoup  de  bastides  sont  dues  «  à  l'initiative  des  grandes 
<  maisons  religieuses,  — mais  il  y  a  à  remarquer,  ajoute-t-ii,  que  cette 
«  bonne  volonté  ne  se  déclara  qu'à  partir  de  l'établissement  dans  nos 
«  contrées  de  l'autorité  monarchique.  »  Tout  au  contraire,  les  plus 
anciennes  villes  neuves  sont  l'œuvre  des  grandes  abbayes;  ce  furent 
elles  qui,  grâce  aux  immunités  dont  jouissaient  leurs  possessions,  grâce 
au  droit  d'asile^  grâce  aux  prescriptions  des  conciles  relatives  à  la  paix 
de  Dieu,  qui  assuraient  à  leurs  domaines  une  sécurité  relative,  furent 
amenées,  et  cela  dès  le  xi»  siècle,  à  ouvrir  les  premiers  asiles,  pour 
peupler  leurs  terres,  pour  fixer  une  partie  de  la  population  nomade  très 
nombreuse  alors,  pour  faire  défricher  et  mettre  en  culture  quelques-unes 
de  leurs  possessions,  et  par  là  augmenter  leurs  revenus.  On  rencontre 
dans  les  cartulaires  de  fréquents  exemples  d'abbaye  qui  construisent 
une  église  sur  un  emplacement  choisi  et  jusqu'alors  à  peu  près  désert, 
divisent  le  terrain  en  lots  à  distribuer  aux  nouveaux  arrivants,  leur 
garantissent  certains  privilèges,  et  fondent  ainsi  les  premières  villes 
neuves  dans  des  conditions  tout  à  fait  identiques  à  celles  qui  se 
rencontrèrent  plus  tard.  Ces  bourgades,  qu'on  a  nommées  des  Sauvetés 
{Salvetates),  furent  extrêmement  nombreuses;  il  n'est  guère  de  cartu- 
laires d'abbayes  méridionales  qui  ne  nous  aient  conservé,  avec  de 
nombreuses  mentions  de  sauvetés,  les  coutumes  qui  furent  données 


456 

à  quelques-unes.  Licairac,  vers  1055,  Lavaur,  entre  1060  et  1065, 
Saint-Michel  de  Mont-Saboth,  vers  1073,  Gieurac,  en  1074,  Goueilles, 
entre  1073  et  1087,  Berat  et  Gog-Mortat,  entre  1080  et  1084,  Tau- 
riac,  vers  1087,  Marestang,  en  1108,  Gassagnes,  avant  1111,  Gastel- 
Mauron,  en  1111,  Malesagne,  vers  1115,  pour  ne  citer  que  quelques- 
unes  de  celles  sur  lesquelles  des  documents  explicites  nous  sont  parvenus, 
furent  des  sauvetés  fondées  par  des  abbayes  dans  les  conditions  que  nous 
venons  d'indiquer. 

Les  seigneurs  n'ont  pas  tardé  à  suivre  Pexemple  que  leur  donnaient 
les  monastères  et  à  ouvrir,  eux  aussi,  sur  leurs  domaines  et  dans  le  même 
but,  des  lieux  d'asile.  M.  Gurie  prétend  que  la  chose  fut  extrêmement 
rare,  parce  qu'il  croit  que  les  seigneurs  n'en  avaient  pas  le  droit,  et  que 
ces  fondations  furent  toujours  et  partout  une  réaction  contre  la  féodalité. 
Vraie  pour  le  xiii«  siècle,  cette  proposition  ne  l'est  pas  pour  répoqpie  précé- 
dente. Dès  1121,  Guillaume  IX,  comte  de  Poitiers,  ouvrait  à  côté  de  la 
ville  de  Bayonne,  sur  le  terrain  situé  entre  la  Nive  et  l'Adour,  un  véritable 
lieu  d'asile,  et,  quelques  années  plus  tard,  son  fils,  Guillaume  X,  peuplait 
la  Rochelle  de  la  même  manière.  Les  nombreuses  Carias  pueblas  onpo- 
pulaciones  de  l' Aragon  et  de  la  Navarre,  les  nombreuses  villes  portant 
encore  les  noms  caractéristiques  de  Sauveterre,  Gastelnau,  la  Salvetat, 
Villeneuve,  fondées  par  les  ducs  d'Aquitaine,  les  comtes  de  Toulouse, 
les  comtes  de  Foix,  de  Périgord,  de  Bigorre  et  leurs  vassaux,  témoignent 
que  ce  ne  sont  pas  là  des  exemples  isolés.  Raimond  VII,  Alfonse  de 
Poitiers  et  les  rois  d'Angleterre,  chacun  dans  leurs  domaines,  ne  firent, 
on  le  voit,  que  suivre  et  généraliser  une  pratique  très  ancienne.  Depuis 
les  premières  paroisses  instituées  par  des  monastères  qui  les  dotaient  du 
droit  d'asile  jusqu'aux  bastides  construites  par  les  officiers  royaux,  la 
tradition  n'a  jamais  subi  d'interruption.  En  ne  parlant  que  des  dernières, 
M.  Gurie  s'est  complètement  mépris  sur  leur  origine. 

Ge  qui  est  incontestable,  c'est  que  la  fondation  de  villes  nouvelles  fut 
Tun  des  principaux  moyens  de  gouvernement  employé  par  Alfonse  de 
Poitiers  dans  ses  États.  Il  y  trouvait  de  nombreux  avantages  :  augmenter 
ses  revenus,  peupler  ses  domaines,  réagir  contre  La  féodalité,  îadre  con- 
currence aux  grandes  villes  d'ancienne  fondation,  attribuer  au  tiers  état, 
en  même  temps  que  la  sécurité,  la  dose  exacte  de  liberté  qu'il  jugeait  utile 
de  lui  laisser^  établir  une  véritable  ligne  de  défense  pour  protéger  ses 
frontières  en  les  garnissant  d'une  ceinture  de  villes  peuplées  des  mé- 
contents des  pays  limitrophes,  etc.  N'est-il  pas  puéril  après  cela  de  venir 
contester  que  les  créations  de  villes  soient  dues  à  l'initiative  d' Alfonse 
pour  les  attribuer  exclusivement  à  ses  officiers  ?  M.  Gurie  insiste,  à 
diverses  reprises,  sur  cette  distinction  subtile.  Alfonse  de  Poitiers, 
dit-iK  <  fut  constamment  éloigné  de  ces  États  •,  donc  on  ne  saurait  lui 
attribuer  ces  fondations  (p.  46K  II  en  est  de  même  plus  tard  des  bastides 
cx)N'ales^  dont  la  fondation  ne  saurait,  suivant  lui^  être  attribuée  aux  rois 


437 

de  France.  Il  va  jusqu'à  écrire  que  «  rien  n'autorise  à  penser  qu'ils  aient 
«  prêté  à  ce  fait  une  attention  directe  personnelle  »  (p.  60).  Il  est  vrai 
que  plus  loin,  se  fondant  sur  ce  principe,  qu'il  suppose  «  incontestable  », 
que  c  partout  les  monarchies  se  sont  appuyées  sur  les  castes  aristocra- 
f  tiques  »  (p.  63),  il  conteste  que  la  politique  royale  ait  jamais  songé  à 
s'appuyer  sur  le  tiers  état  pour  combattre  la  féodalité.  Tout  cela  est  tel- 
lement contraire  aux  faits  historiques  les  mieux  établis  que  je  me  gar- 
derai d'en  entreprendre  la  réfutation^. 

Si  M.  Curie,  dont  les  recherches  ont,  comme  on  voit,  porté  en  grande 
partie  sur  les  villes  fondées  dans  le  Midi  par  les  offlciers  d'Alfonse  de 
Poitiers,  avait  connu  ce  qui  a  été  déjà  écrit  sur  ce  prince  ou  consulté  les 
sources  encore  inédites  de  son  histoire,  il  n'aurait  point  parlé  ainsi  de 
sa  politique.  Je  ne  lui  reprocherai  pas  de  n'avoir  pas  cité  le  très  remar- 
quable mémoire  sur  l'administration  de  saint  Louis  et  d'Alfonse  en 
Languedoc  que  M.  A.  Molinier  a  joint  au  t.  VII  de  la  nouvelle  édition 
de  V Histoire  de  Languedoc  des  Bénédictins,  non  plus  qu'aucun  des  nom- 
breux documents  que  le  même  éditeur  a  publiés  dans  le  t.  VIII;  ces 
volumes  ont  paru  à  la  même  époque  que  l'ouvrage  de  M.  Curie;  mais  je 
m'étonne  qu'il  n'ait  pas  songé  à  consulter  un  ouvrage  devenu  classique 
sur  la  matière,  je  veux  dire  le  livre  de  Boutaric  sur  Saint  Louis  et 
Alfonse  de  Poitiers.  L'un  ou  l'autre  de  ces  ouvrages  lui  eût  montré 
combien  peu  d'initiative  le  roi  et  surtout  le  comte  de  Poitiers  laissaient 
à  leurs  officiers,  et  il  se  fût  rendu  compte  que  la'  centralisation  adminis- 
trative était  telle  au  xm*  siècle  qu'il  était  dès  lors  impossible  à  un  fonc- 
tionnaire de  fonder  la  moindre  bourgade  sans  le  consentement  du  roi. 
S'il  eût  étudié  le  chapitre  sur  les  Rapports  d'Alfonse  avec  le  tiers  état^  l'un 
des  meilleurs  du  livre  de  Boutaric,  il  eût  trouvé  sur  ce  point,  et  sur  tous 
les  sujets  de  ses  recherches,  une  foule  de  questions  résolues  ou  posées 
de  nature  à  modifier  profondément  ses  conclusions,  sans  parler  de  nom- 
breuses indications  de  documents,  dont  quelques-uns  publiés  depuis  par 
M.  Molinier,  où  il  eût  pu  poursuivre  des  recherches  fructueuses. 

Pour  parler,  du  reste,  de  la  politique  suivie  par  Alfonse  de  Poitiers 
avec  le  tiers  état  et  des  villes  fondées  par  lui  en  particulier,  il  eût  été 
nécessaire  de  parler  de  tous  ses  États  et  non  pas  seulement  du  Langue- 
doc. C'est  en  Auvergne,  par  exemple,  que  M.  Curie  eût  trouvé  peut-être 
les  faits  les  plus  curieux  et  dans  tous  les  cas  plusieurs  types  des  privi- 
lèges de  bourgeoisie  qui  furent  attribués  aux  bastides.  Et,  puisque 
j'en  viens  à  parler  des  limites  géographiques  adoptées  par  M.  Curie, 
il  y  a  lieu  d'examiner  ce  que  signifie  l'expression  de  sud-ouest  de  la 
France  qu'il  a  employée  pour  déterminer  la  région  sur  laquelle  ont 

1.  Ailleurs,  M.  Curie  prétend  qu'au  xiii"  siècle  «  l'impôt  n'existait  pas  encore  >, 
et  que  c  le  Trésor  royal  ne  s'alimentait  qu'au  moyen  des  revenus  du  domaine  > 
(p.  95). 

30 


458 

porté  ses  étiules.  N'a-t-on  pas  le  droit  de  s'étonner  d^  trooTer  com- 
pris à  la  (bis  le  Vivarais  ei  le  Périgord,  el  d'en  Toir  ezdnre  FAn- 
Yergne  et  le  Poitou?  J'ajoate  que  les  sénéchaossées  de  Nîmes  el  de 
Ileaacaire  ne  sont  représentées  dans  le  lirre  de  M.  Carie  que  par 
quelques  bastides,  alors  qn'en  réalité  elles  n'en  ont  pas  compté  on  moins 
grand  nombre  que  les  autres  circonscriptions. 

L'on  des  plus  intéressants  chapitres  de  ce  liTre  est  cehii  qni  est 
relatif  aux  pariages.  Il  est  remarquable  en  effet  qn'nn  grand  nombre 
de  bastides  ont  été  fondées  à  la  suite  d'an  contrat  d'association  de  ce 
genre.  Là  anssi,  M.  Curie  s'est  mépris  sur  le  caractère  de  ces  actes.  U 
rapproche  sans  ancune  raison  le  contrat  de  pariage  de  l'ancienne  neom-- 
mtndatio  avec  laquelle  il  n'a  aucun  rapport,  ce  dont  il  se  serait  gardé 
s'il  avait  pris  la  peine  de  constater  qne  les  pins  anciens  actes  de  ce 
genre  sont  simplement  destinés  à  régler  l'exercice  de  droits  de  co-sei- 
gnenrie  sur  un  domaine  indivis.  Selon  lui,  t  le  contrat  de  paréage 
f  n'apparaît  pas  avant  le  xii*  siècle  et  s'efface  avec  le  xv*  siècle  >  ;  c'est 
nne  double  erreur.  Même  dans  le  cas  spécial  de  pariage  pour  la  fonda- 
tion d'une  ville,  on  en  rencontre  dés  le  xi«  siècle.  Dans  un  grand  nombre 
des  Salvetates  fondées  alors,  le  terrain  a  été  fourni  par  un  seigneur  laïque 
à  un  monastère,  à  condition  d'y  établir  une  paroisse,  d'y  ouvrir  un  asile 
et  sous  la  réserve  de  certains  droits.  N'est-ce  pas  exactement  le  contrat 
du  XIII*  siècle,  avec  cette  seule  différence,  mais  caractéristique,  qu'au 
XI*  siècle  c'est  le  monastère  qui,  pouvant  assurer  la  sécurité,  acquiert 
le  terrain  pour  fonder  la  ville,  tandis  qu'au  xni*  siècle  c'est  le  roi  ou  le 
comte  qui  établit  des  villes  privii^iées  sur  des  terrains  fournis  par  les 
abbayes  ?  Les  contrats  de  pariage  n'ont  pas  disparu  avec  le  xv«  siècle, 
comme  le  croit  M.  Curie  ;  ils  ont  été  sans  doute  moins  nombreux  lorsque 
cessa  le  mouvement  de  fondation  des  villes,  mais  on  en  rencontre  encore 
jusqu'au  xviii«  siècle,  et  j'en  ai  précisément  un  sous  les  yeux,  daté  du 
iO  septembre  1767,  passé  entre  le  roi  et  le  duc  de  Blacas,  pour  l'exercice 
de  la  juridiction  dans  la  ville  d'Aups*. 

En  même  temps  que  des  pariages,  M.  Curie  a  parlé  des  pactes  d'union 
à  la  couronne  et  du  désir  qu'avaient  les  villes  d'être  ainsi  rattachées  au 
domaine.  Je  m'étonne  que  ses  recherches  ne  l'aient  pas  conduit  à  obser- 
ver que  dans  les  États  d'Alfonse  les  villes  neuves  n'étaient  pas  soumises 
à  la  juridiction  du  baile  dans  la  circonscription  duquel  elles  se  trou- 
vaient, mais  qu'elles  formaient,  pour  ainsi  dire,  toutes  ensemble,  une 
baille  spéciale,  administrée  par  le  lieutenant  du  sénéchal. 

L'analyse  des  privilèges  des  bastides  qui  suit  le  chapitre  sur  les  pa- 
riages n'est  pas  mieux  conduite;  là  encore,  M.  Curie  n'a  pas  vu  ce 
qu'il  y  avait  à  faire.  Il  a  pris  à  tort  et  à  travers,  dans  les  coutumes  des 
villes  neuves,  des  dispositions  qu'il  commente  et  en  arrive  à  décrire 

l.  Arch.  nat.,  E  2436. 


459 

ainsi  une  bastide  composite  qui  n'a  jamais  existé.  Je  n'insisterai  pas  sur 
les  commentaires  qu'il  donne  à  ces  coutumes,  un  grand  nombre  dénote 
qu'il  n'en  a  pas  toujours  compris  les  dispositions;  je  n'en  veux  citer 
qu'un  exemple  :  le  droit  de  se  marier  librement,  reconnu  aux  habitants 
par  la  plupart  des  privilèges  des  bastides,  n'a  rien  de  commun  avec  le 
droit  de  marquette. 

M.  Curie  n'a  pas  été  sans  remarquer,  et  il  l'a  dit  parfois  incidemment, 
que  chaque  ville  neuve  n'avait  pas  reçu  une  charte  de  coutume  particu- 
lière, mais  que  la  plupart  de  leurs  privilèges  avaient  été  copiés  les  uns 
sur  les  autres.  Il  ne  fallait  pas  se  contenter  de  cette  remarque  générale, 
mais  répartir  en  quelques  classes  tous  les  privilèges,  remonter  pour  cha- 
cun au  type  primitif  et  noter  les  modifications  qu'ils  avaient  peu  à  peu 
subies.  Cette  méthode,  que  je  recommandais  au  début  de  cet  article 
pour  l'édition  de  textes  de  coutumes,  eût  été  certainement  féconde  pour 
l'étude  de  l'organisation  et  de  la  condition  des  bastides;  elle  eût  permis 
de  substituer  à  l'analyse  vague,  aux  notions  incertaines  et  inexactes 
qu'on  trouve  dans  ce  chapitre,  des  explications  et  des  notions  précises. 

Les  bornes  d'un  compte  rendu  ne  me  permettent  pas  de  poursuivre 
davantage  la  critique  des  opinions  de  M.  Curie.  Je  dois,  à  regret,  me 
borner  à  dire  que,  sur  l'origine  des  biens  communaux,  sur  la  condition 
des  habitants  qui  ont  peuplé  les  bastides,  sur  le  lotissement  des  terres, 
sur  la  construction  des  villes,  il  n'a  pas  eu  de  notions  plus  exactes  que 
sur  tout  le  reste.  Tout  le  chapitre  relatif  à  l'architecture  fourmille  d'er- 
reurs qu'il  serait  trop  long  de  relever.  M.  Curie,  qui  ne  sait  guère 
d'histoire,  sait  encore  moins  d'archéologie,  et  peu  s'en  faut  qu'il  ne  fasse 
de  l'art  gothique  «  en  harmonie  parfaite  avec  l'effusion  de  joie  des 
«  groupes  urbains  en  possession  de  leur  indépendance  »  une  consé- 
quence de  la  création  des  bastides.  Selon  lui,  «  l'église,  dans  chacune 
f  de  ces  villes,  fut  le  monument  chargé  d'attester  la  vie  libre  et  homo- 
«  gène,  l'existence  politique.  »  De  quelque  manière  qu'on  cherche  à 
interpréter  cette  proposition,  il  faut  reconnaître  qu'elle  ne  repose  sur 
aucune  preuve. 

Un  mot  encore  du  style  de  l'ouvrage  ;  il  est  loin  d'être  clair,  et  l'ex- 
pression, si  recherchée  qu'elle  soit,  n'est  que  rarement  précise.  On  se 
demande,  par  exemple,  comment  Vextrados  d'une  voûte  a  pu  «  recevoir 
«  des  dispositions  propres  à  la  manœuvre  des  mangonneaux  »  (p.  187). 
M.  Curie  écrit  que  le  pays  de  Rivière  «  était  une  sorte  de  réseau  admi- 
f  nistratif  composé  de  villes  et  de  villages  placés  sur  divers  points  » 
(p.  300)  ;  que  «  l'origine  d'Eymet  paraît  s'évincer  sûrement  de  quelques 
f  documents  postérieurs  »  (p.  200).  C'est  là  une  expression  fréquente. 
Ailleurs  il  dit  c  le  point  mitoyen  de  la  place  »  (p.  178)  pour  le  milieu. 

Il  faut  arrêter  ici  ces  observations,  dont  l'intérêt  du  sujet  traité  par 
M.  Curie  fera,  je  l'espère,  excuser  la  longueur.  Si  étendues  qu'aient  été 
ses  recherches,  on  doit  constater  que  son  livre  est  loin  d'être  suffisant 


460 

pour  faire  connaître  ce  sujet  complexe.  Faute  d'avoir  eu  une  habitude 
suffisante  de  manier  les  textes,  faute  d'avoir  eu  de  l'histoire  une  con- 
naissance approfondie,  faute  d'avoir  fait  porter  ses  investigations  sur  ce 
qu'on  pourrait  appeler  les  alentours  de  son  sujet,  M.  Curie,  dont  les 
intentions  méritent  toutes  les  louanges,  s'est  trompé  sur  les  questions 
d'origine,  et  n'a  eu  ni  vues  justes,  ni  notions  exactes  sur  l'histoire  de 
la  fondation  des  bastides  du  Midi,  qu'il  s'était  proposé  de  raconter.  De 
plus,  l'absence  de  tout  document  empêchera  que  jamais  cet  ouvrage  soit 
d'une  grande  utilité,  à  tel  point  que  s'il  me  fallait  indiquer  oii  il  est 
possible  de  trouver  aujourd'hui  des  renseignements  exacts  sur  le  sujet 
traité  par  M.  Curie,  je  renverrais  non  pas  à  son  livre,  mais  aux  quelques 
pages  si  justes  et  si  pleines  de  faits  malgré  leur  sobriété  que  M.  A.  Mo- 
linier  a  consacrées  aux  villes  neuves  dans  son  mémoire  sur  Alfonse  de 
Poitiers. 

A.  Giav. 

Cartulaire  de  l'abbaye  bénédictine  de  Notre-Dame  et  Saint^Jean- 
Baptiste  de  Chalais,  au  diocèse  de  Grenoble  y  par  Em.  Ptlot  de 
Thobey.  Grenoble,  Maisonville,  ^879.  In-S**,  ^28  pages. 

Le  cartulaire  de  l'abbaye  de  Chalais  comprend  cinquante-cinq  pièces, 
qui  vont  du  commencement  du  xii«  siècle  au  commencement  du  xrv«. 
11  a  été  formé  de  pièces  originales,  de  vidimus  ou  de  pièces  déjà  impri- 
mées que  l'éditeur  a  reproduites  avec  toutes  leurs  fautes.  En  cela,  il  a 
fait  preuve  de  conscience  et  d'exactitude;  il  serait  injuste  de  l'en  blâmer. 
Mais,  pour  montrer  qu'il  a  bien  lu  et  bien  compris  ses  textes,  il  aurait 
dû  donner  en  note  les  bonnes  leçons  ou  les  corrections  à  proposer.  Par 
exemple,  les  mots  induhitantur  huic  transcripto  tradatur,  qui  ne  signi- 
fient rien,  se  trouvent  au  moins  deux  fois,  pp.  26  et  35.  M.  Pilot  de  Thorey 
n'aurait-il  pas  bien  fait  d'indiquer  en  note  qu'au  lieu  de  cette  lecture 
fautive,  il  aurait  fallu  indubitanUr  huic  transcripto  credatur?  De  môme, 
p.  39,  au  lieu  de  sacrilegii  erimus,  il  aurait  dû  corriger  sacrilegii  crimen; . 
p.  29,  parmi  les  souscriptions  d'une  bulle  d'Innocent  II,  on  voit  des 
fautes  comme  celles-ci  :  sancti  Cruels,  sancti  Praxedis,  in  Lelio  monte, 
pour  sancte  Crucis,  sancte  Praxedis,  in  Celio  monte,  fautes  qui  ne  sont 
certainement  pas  imputables  à  M.  Pilot  de  Thorey,  mais  nous  avons  le 
droit  de  lui  demander  pourquoi  il  n'a  pas  cru  devoir  s'acquitter  jusqu'au 
bout  de  sa  tâche  d'éditeur  habile  et  honnête  en  faisant  des  corrections 
dont  la  nécessité  s'impose.  Le  nombre  en  est  grand.  Je  lui  reprocherai 
aussi  de  n'avoir  pas  toujours  suffisamment  fait  usage  de  la  ponctuation 
forte  ou  demi-forte,  dans  plusieurs  chartes,  comme  la  première  et  la 
deuxième,  par  exemple,  dont  le  texte  est  peu  clair  par  lui-même  et  au- 
rait donc  besoin  d'être  bien  ponctué  pour  être  intelligible.  La  publica- 
tion est  précédée  d'une  courte  mais  substantielle  introduction,  dans 


464 

laquelle  sont  relevées  les  particularités  paléographiques  et  diplomatiques. 
M.  Pilot  de  Thorey  y  a  consigné  ce  que  son  texte  a  pu  lui  fournir  d'ob- 
servations de  toutes  sortes;  il  y  a  apporté  beaucoup  de  minutie,  peut-être 
trop  pour  les  résultats  auxquels  il  est  arrivé.  —  P.  5,  M.  Pilot  de 
Thorey  se  sert  du  mot  cotatures,  que  je  vois  pour  la  première  fois. 

Ulysse  Robert. 

Cartulaire  et  Histoire  de  Vahbaye  de  Notre-Dame  de  Baugency^ 
ordre  de  Saint- Augustin^  publiés^  d'après  l'original  et  le  manuscrit 
de  A.  Duchalais^  par  G.  Vigivat.  Orléans,  Herluison,  4879.  In-4**, 
Lxni-528  pages. 

M.  Vignat  a  été  archiviste  adjoint  du  Loiret  ;  il  a  suivi  pendant  quel- 
que temps  les  cours  de  TÉcole  des  chartes  ;  il  s'est  préparé,  par  une 
étude  approfondie  des  modèles  du  genre,  à  la  publication  du  cartulaire 
de  Baugency.  Il  s'est  acquitté  de  cette  tâche  à  son  honneur.  L'Acadé- 
mie des  inscriptions  et  belles-lettres  le  lui  a  prouvé,  en  lui  décernant 
une  mention  honorable  au  .  dernier  concours  des  Antiquités  de  la 
France. 

Le  cartulaire  de  Baugency  est  conservé  aux  archives  du  Loiret.  Il 
comprend  174  chartes,  qui  vont  de  1104  à  1316,  un  relevé  des  revenus 
de  l'abbaye,  des  droits  perçus  par  elle  le  jour  de  la  foire  de  la  Quasi- 
modo,  la  table  des  chartes  et  un  catalogue  de  la  bibliothèque,  dont 
M.  Vignat  a  publié  le  texte  à  part.  M.  Vignat  a  donné  en  tête  de  ce 
cartulaire  une  Introduction  bien  étudiée,  très  complète,  qui  renferme 
comme  la  quintessence  cfes  chartes.  C'est  ainsi  qu'il  consacre  une  série 
de  chapitres  aux  actes  en  langue  vulgaire,  avec  une  liste  des  mots  dont 
la  forme  diffère  de  celle  des  mots  correspondants  du  français  moderne 
aux  noms  de  lieux  et  de  personnes,  à  l'état  du  sol  et  des  personnes,  aux 
écoles  de  Baugency,  à  la  foire  de  la  Quasimodo,  au  catalogue  de  la 
bibliothèque,  aux  abbés  et  aux  seigneurs  de  Baugency.  Ajoutez  à  cela 
une  table  des  chartes  par  ordre  chronologique,  un  index  des  noms  de 
personnes  et  de  lieux  et  l'édition  d'une  histoire  de  Baugency,  d'après  une 
copie  qui  en  avait  été  faite  par  notre  confrère  M.  Duchalais. 

Bien  que  le  livre  de  M.  Vignat  dénote  beaucoup  de  soin  et  de  travail, 
il  n'est  cependant  pas  de  tous  points  irréprochable.  Je  me  suis  imposé 
la  tâche  de  lire  cent  pages  du  texte;  j'y  ai  relevé  un  certain  nombre 
d'inexactitudes,  qui  ne  sont  peut-être  que  des  fautes  typographiques. 
Exemple  :  p.  9,  Jehan  Cassine  Laine  pour  Jehan  Cassine  Vaine;  p.  18, 
pro  decem  solidos  pour  pro  decem  solidis;  p.  28,  munimem  pour  muni" 
men  ;  p.  33,  asseverunt  pour  asseverant  ou  asseverarunt  ;  p.  45,  renondens 
pour  renuncians;  p.  55,  obligens  pour  obligans;  p.  57,  auditis  radonibus 
que  pour  auditis  radonibus  quas;  p.  68,  librum  pour  liberum;  p.  69, 
apud  Aurelianis;  p.  69,  didos  decanum  et  capitulum  Turonense,  quand 


462 

la  logique  exige  Turonenses;  p.  100,  concilio  pour  conj»7to.  M.  Vigoat 
écrit  Notre  Dante,  chacun,  quand  il  faudrait  Nostre  Dame,  chascun.  La 
ponctuation  n'est  pas  toujours  régulière  ;  enfin  il  y  a  manque  de  mé- 
thode et  d'uniformité  dans  remploi  des  lettres  majuscules  dans  les  noms 
ethniques. 

Ulysse  Robert. 

Cartulaire  de  l'abbaye  de  Saint-Michel  du  Tréport  {ordre  de  saint 
Benoît],  par  P.  Lafflkur  de  KERMinGiNT.  Paris,  Didot,  4880.  In-4®, 
cLx-425  pages,  el  album  in-fol.  de  7  planches  photogravées. 

Comme  M.  Vignat,  M.  de  Kermaingant  a  suivi  les  cours  de  l'École 
des  chartes  ;  comme  lui  il  a  mérité  et  obtenu,  pour  son  Cartulaire  du 
Tréport,  une  mention  honorable  au  concours  des  Antiquités  de  la  France. 
Au  point  de  vue  de  Texactitude  du  texte,  le  Cartulaire  du  Tréport  rem- 
porte sur  celui  de  Baugency;  les  fautes  de  lecture  y  sont  moins  nom- 
breuses et  il  se  recommande  par  plus  de  méthode.  Mais  Tlntroduction 
n'est  pas  aussi  complète  que  celle  de  M.  Vignat.  Ainsi,  on  peut  regretter 
que  M.  de  Kermaingant,  à  côté  d'une  histoire  très  intéressante  et  très 
complète  de  l'abbaye  du  Tréport,  trop  complète  même  pour  la  partie 
qui  va  depuis  la  réforme,  n^ait  rien  dit  de  la  condition  des  personnes, 
qu'il  n'ait  pas  parlé  des  professions  ou  métiers  dont  les  chartes  font 
mention,  des  monnaies,  des  mesures,  etc.,  qu'il  n'ait  pas  donné  la  signi- 
fication de  certains  mots  s'appliquant  aux  droits,  revenus,  etc.  Gela  eût 
été  d'autant  plus  facile  que  ces  observations  ne  pouvaient  être  en  grand 
nombre  ;  et  elles  auraient  avantageusement  remplacé  la  digression  sur 
les  ordres  monastiques  qui  occupe  les  pp.  lix-lxfv  de  l'Introduction. 

Parce  que  le  texte  du  Cartulaire  du  Tréport  m'a  paru  édité  avec  le 
plus  grand  soin,  j'ai  collationné  minutieusement  quelques  chartes  sur 
les  fac-similés  et  les  originaux,  avec  le  désir  secret,  —  que  M.  de  Ker- 
maingant me  pardonne,  —  d'y  trouver  des  fautes.  Mon  désir,  je  Tavone, 
a  été  déçu,  car  c'est  à  peine  si  j'ai  rencontré  un  petit  nombre  d'inexac- 
titudes. Voici  les  plus  graves  :  p.  1,  vigenti  pour  viginti;  p.  33,  Grimotl 
])0ur  Griinolt;  p.  34,  ortos  pour  hortos;  avant  garbas,  il  faut  que  au  lien 
de  quoque;  au  lieu  de  Willelmi  Ru  fi,  il  faut  Wilelmi  Ru  fi;  p.  35,  au  lieu 
de  Lamberti,  il  faut  Lantberti;  p.  80,  au  lieu  de  ausque,  il  ÎRui usqtte,Va 
est  exponctué;  pp.  31  et  suiv.,  n**  ix,  les  e  cédilles  qui  sont  dans  l'ori- 
ginal n'ont  pas  été  rendus  soit  par  l'e  cédille,  soit  par  l'a?.  C'est  le 
reproche  le  plus  sérieux  qui  puisse  être  adressé  à  M.  de  Kermaingant. 

Mais  il  mérite  des  éloges  pour  les  nombreuses  notes  historiques  et 
géographiques,  pour  les  identifications  des  noms  de  lieux  et  pour  les 
tables  qui  enrichissent  et  suivent  le  texte.  Ce  dont  M.  de  Kermaingant 
doit  surtout  être  félicité,  c'est  d'avoir  ou  l'idée  de  donner,  avec  son  beau 
volume,  l'album,  qui  est  en  même  temps  un  travail  d'art  et  une  preuve 


463 

de  bon  goût.  M.  de  Kermaingant  a  trop  bien  débuté  dans  la  carrière  de 
rérudition  pour  s'arrêter  en  si  belle  voie. 

Ulysse  Robert. 

Histoire  de  la  langue  et  de  la  littérature  françaises  au  moyen  âge, 
d'après  les  travaux  les  plus  récents,  par  M.  Charles  Aubertin. 
Paris,  Belin,  >l876-^878.  2  vol.  in-8^  Ym-58^,  vi-585  pages. 

Le  premier  volume  de  cet  ouvrage  est  vieux  de  cinq  ans,  le  second  de 
trois.  En  dépit  de  ces  dates  éloignées,  le  lecteur  ne  nous  saura  pas  mau- 
vais gré  d'appeler  son  attention  sur  un  livre  qui,  pour  ne  pas  être  actuel, 
n'en  est  pas  moins  digne  d'intérêt.  L'ouvrage  de  M.  Aubertin  est,  comme 
du  reste  l'indique  son  titre,  un  résumé  des  derniers  travaux  sur  la  langue 
et  la  littérature  françaises  du  moyen  âge  ;  Fauteur  a  puisé  indifféremment 
à  toutes  les  sources  qu'il  a  rencontrées,  mais  on  peut  lai  reprocher  de 
n'avoir  pas  toujours  fait  un  choix  et  surtout  de  ne  pas  avoir  assez  pro- 
portionné la  place  qu'il  donne  à  tel  ou  tel  genre  littéraire  à  la  valeur 
réelle  de  ce  genre  pour  les  gens  du  moyen  âge  et  pour  nous. 

La  partie  la  plus  faible  de  l'ouvrage  de  M.  Aubertin  est  certainement 
la  première,  celle  qui  est  relative  aux  Origines  et  à  la  foi^mation  de  la 
langue  française  ;  on  sent  que  sur  ce  terrain  l'auteur  manque  de  prépa- 
ration suffisante.  Un  exemple  suffira  :  M.  Aubertin  prétend  (t.  I,  p.  81) 
qu'au  cas  sujet  féminin  pluriel  «  l'ancien  français  écrivait  et  prononçait 
li  femme  (feminœ)  »  ;  tout  le  monde  sait  qu'aux  deux  cas  du  pluriel 
féminin,  on  a  toujours  dit  les  femmes,  comme  si  le  nominatif  pluriel 
latin  était  feminas,  semblable  à  l'accusatif. 

La  deuxième  partie  se  divise  en  trois  c  époques  ».  Les  deux  premières 
sont  consacrées,  l'une  à  la  poésie  épique  et  à  la  poésie  lyrique,  l'autre  à 
la  poésie  dramatique.  Les  nombreux  travaux  qui  ont  été  faits  sur  ces 
sujets  permettent  à  M.  Aubertin  de  s'étendre  sur  des  matières  dont  la 
dernière,  la  poésie  dramatique,  ne  touche  que  fort  peu  au  moyen  âge. 
La  troisième  <  époque  »,  qui  commence  le  second  volume,  s'applique  à 
la  poésie  satirique.  Le  chapitre  des  fabliaux  y  est  trop  écourté.  Ces 
fabliaux,  qui  seuls  au  xni«  siècle  représentent  la  gaieté  et  la  bonne  hu- 
meur françaises  et  qui,  avec  les  chansons  de  geste,  ont  porté  à  l'étranger 
le  renom  de  notre  littérature,  semblent  effaroucher  M.  Aubertin,  qui  se 
contente  de  résumer,  en  l'abrégeant  considérablement,  l'article  de  Victor 
Le  Clerc  dans  V Histoire  littéraire. 

Même  concision  pour  ce  qui  regarde  la  poésie  morale  et  didactique, 
si  riche  et  si  fertile.  Il  est  vrai  qu'en  ces  matières  M.  Aubertin  avait  peu 
de  devanciers,  mais  c'était,  nous  semble-t-il,  une  raison  de  plus  pour  lui 
de  posséder  toute  la  bibliographie  de  son  sujet.  Jean  Priorat  entre 
autres,  que  M.  Aubertin  ne  connaît  que  de  nom,  a  été  l'objet,  il  y  a  six 
ou  sept  ans,  dans  la  Bibliothèque  de  l'École  d-es  chartes,  de  deux  notices, 


464 

où  MM.  U.  Robert  et  A.  Gastan  ont  donné  des  renseignements  aussi 
précis  que  complets  sur  le  poète  bisontin.  Il  est  regrettable  que  M.  Au- 
bertin  ait  ignoré  ces  notices. 

Meilleur  est  le  chapitre  suivant  (le  premier  de  la  troisième  partie) , 
relatif  aux  historiens  Villehardouin,  Joinville,  Froissart,  Gomines  et 
autres.  Vient  après  le  chapitre  des  orateurs,  des  orateurs  sacrés  sar- 
tout,  auxquels  M.  Aubertin  consacre  de  longues  pages.  Un  dernier 
chapitre,  qui  à  l'inverse  du  précédent  pourrait  être  allongé,  s'applique 
aux  romanciers,  aux  moralistes  et  aux  traducteurs. 

Ce  résumé  rapide  de  l'ouvrage  de  M.  Aubertin  ne  permet  certaine- 
ment pas  de  le  juger,  mais  il  suffit  à  en  donner  une  idée.  Malgré  des 
erreurs,  des  omissions,  des  appréciations  contre  lesquelles  il  faut  parfois 
se  tenir  en  garde,  ce  livre  est  un  manuel  utile,  bien  supérieur,  comme 
histoire  générale  mais  abrégée  de  l'ancienne  littérature  française,  à  tout 

ce  qui  a  été  fait  jusqu'ici. 

Gaston  RAYNAm). 

Histoire  du  théâtre  en  France.  —  Les  Mystères,  par  L.  PrnT  de 
JcLLEViLLE.  Pafis,  Hachctte,  4880.  2  vol.  in-8**,  457,  648  pages. 
Prix  n  5  fr. 

Les  deux  volumes  de  M.  Petit  de  JuUeville  ne  sont  que  la  première 
partie  d'une  Histoire  du  théâtre  en  France,  qui  en  comprendra  deux 
autres  :  le  Théâtre  comique  au  moyen  âge,  et  le  Théâtre  au  temps  de  la 
Renaissance.  Le  tome  premier  contient  Thistoire  générale  des  mystères  ; 
le  tome  second  renferme  :  \^  l'histoire  des  représentations;  2<>  le  cata- 
logue des  mystères;  S^la  liste  des  ouvrages  à  consulter;  4*  un  glossaire. 

Get  ouvrage,  on  le  voit,  est  un  corpus  de  tout  ce  qui  est  relatif  aux 
mystères,  et  M.  Petit  de  JuUeville  a  mis  à  profit  à  cette  occasion  la  plu- 
part des  livres  qui  traitent  de  notre  ancienne  littérature  dramatique.  On 
peut  dire  qu'il  a  certainement  réussi  dans  son  œuvre  ;  et  ces  deux  gros 
volumes  épuisent  pour  longtemps  le  sujet.  Passons -les  rapidement 
en  vue. 

Après  avoir  esquissé  l'origine  liturgique  du  théâtre  en  France,  Fau- 
teur aborde  l'étude  du  drame  au  xii<>  et  au  xiii*  siècle  ;  Jean  Bodel,  entre 
autres  écrivains  de  cette  époque,  fournit  la  matière  d'un  intéressant 
chapitre,  où,  comparant  les  procédés  dont  le  trouvère  s'est  servi  pour 
écrire  son  Jeu  Saint  Nicolas  et  ceux  auxquels  a  recours  Técole  roman- 
tique moderne,  M.  Petit  de  JuUeville  en  vient  à  les  identifier.  Nous 
passons  ensuite  au  théâtre  du  xiv«  siècle,  représenté  par  une  série  de 
Miracles  de  Nostre  Dame,  dont  la  Société  des  anciens  textes  français  pour- 
suit régulièrement  et  courageusement  la  publication.  Nous  arrivons  enfin 
aux  mystères  du  xv«  et  du  xvt«  siècle,  qui  sont  comme  résumés  dans  le 
fameux  Mystère  de  l'Ancien  Testament,  que  publie  le  baron  James  de 


465 

Rothschild,  et  dans  le  Mystère  de  la  Passion  de  Jean  Michel.  Toute  la 
fin  du  premier  volume  est  appliquée  à  étudier  les  cycles  dramatiques  des 
mystères,  la  composition,  le  style,  les  auteurs  de  ces  œuvres,  etc.  Un 
chapitre  tout  entier  est  consacré  aux  Confrères  de  la  Passion,  puis  nous 
assistons  à  la  décadence  et  en  1548  à  la  chute  de  cette  littérature  qui  a 
duré  un  siècle. 

Le  second  volume  est  une  sorte  de  mémento  commode,  oiï  les  rensei- 
gnements les  plus  complets  nous  sont  donnés  sur  l'ensemble  de  la  litté- 
rature dramatique  en  France  jusqu'à  la  Renaissance.  C'est  d'abord  une 
liste  chronologique  de  trois  cents  représentations  de  mystères  ou  pièces 
analogues,  jouées  en  France  entre  1290  et  1603.  Vient  ensuite  l'analyse 
de  toutes  ces  pièces  depuis  le  xii«  jusqu^au  xvi«  siècle.  Cette  partie,  la 
plus  importante  du  volume,  est  nourrie  de  faits,  bourrée  de  citations  et 
détaillée  de  telle  sorte  qu'elle  peut  dispenser  dans  certains  cas  de  con- 
sulter les  manuscrits  ou  les  éditions  des  mystères  analysés  ;  quelques 
pages  aussi  sont  réservées  aux  pièces  aujourd'hui  perdues,  dont  M.  Petit 
de  JuUeville  a  retrouvé  la  mention  et  dont  il  aurait  pu  citer  un  plus  grand 
nombre.  Le  volume  est  terminé  par  un  glossaire,  donnant  l'explication  des 
mots  cités  dans  tout  l'ouvrage.  Nous  relevons  dans  ce  glossaire  certaines 
fautes  qui  nous  ont  frappé  :  pour  dire  amen  signifie  non  pas  pour  dire 
vrai,  mais  pour  en  finir;  —  claimer  est  une  grosse  erreur  phonétique 
pour  clamer  :  la  forme  daim,  visée  par  le  glossaire,  répond  au  latin 
clâmo  ot  l'accent  tonique  n'a  pas  la  même  place  que  dans  clamâre;  — 
dans  le  vers  Si  sentiras  ja  outre  vin,  outre  vin  n'a  pas  un  sens  spécial  : 
ce  vers  est  complété  par  le  précédent,  goûte  seulement  ce  vin  du  bout  de- 
la  langue,  et  tu  en  sentiras  la  saveur  outre  la  langue,  c'est-à-dire  ju5gu'au 
fond  de  la  gorge;  —  souffrete  signifie  non  pas  souffrance,  mais  manque, 
pauvreté;  —  veil  a  le  sens  de  volonté,  désir,  et  non  de  vœu,  etc. 

L'ouvrage  de  M.  Petit  de  JuUeville  est  recommandable  à  tous  égards  ; 
les  personnes  qui  s'occupent  spécialement  de  littérature  dramatique 
pourront  peut-être  constater  certaines  lacunes  qu'une  lecture  plus  éten- 
due aurait  sans  doute  fait  disparaître,  mais  ne  montrons  pas  plus  d'exi- 
gence que  l'auteur  lui-même  qui,  dans  son  introduction,  est  allé 
au  devant  de  cette  critique,  et,  pour  nous  en  tenir  aux  limites  de  cette 
revue,  espérons  dans  le  plus  bref  délai  possible  l'apparition  de  l'histoire 

du  théâtre  comique  en  France. 

Gaston  Raynaud. 

Des  origines  du  pouvoir  ministériel  en  France,  Les  Secrétaires  d'État 
depuis  leur  institution  jttsqu' à  la  mort  de  Louis  XV,  par  le  comte 
DE  LuçAY,  ancien  maître  des  requêtes  au  conseil  d'Etat,  membre 
du  Comité  des  travaux  historiques  et  des  sociétés  savantes.  Paris, 
librairie  de  la  Société  bibliographique,  ^884.  In-8°,  vin-648  pages. 

Lorsque  le  chancelier,  devenu  chef  de  la  justice,  prit  une  part  réelle 


I<4 

ui  ^miToroenniit  dn  royaume,  il  dm  ibazidt}aner  Les  décals  du 
;utJU  iux  àercs-otitaires  piao»  3ogs  «»  ordres.  Ces  ausdesces  ftactiaft- 
iMirtnk  pour  lurs  iimples  »*xpt?dicit>r.  r.ai  nés,  étaient  a^f^f^ii^  à  vne 
>rttUiite  ;  àe  leurs  raim  de^vaiieot  àorûr.  socs  le  aom  de  «créfeûfes 
iittàuoK  ei  des  .«nmmanti.MTiàmt*  poîs  scos  ceioL  de  iecretaiRs  dfÉkat^ 
.e«-  l'uiurs  cheé»  du  ^roc^ememecî.  SoÏTre  linsi  ^^isqne  dans  les  leipe 
uioùenM»  uue  insticaùoc  (pi  a  <es  radoes  dans  le  oumn.  ige»  en  etot- 
iier  !ei^  irmâà}nzia£ioas.  oocL^ler  les  Tbdes  '^:ii  xçmnaoL  les  dires  Ai 
«(fcp>i  de  Pîiilippe  le  BeL  «le  Fiorimi^oai  Roôervc  ec  cetni-d  de  Colbert, 
de  Louvoisv  de  CboLseu!.  c  -esc  réponiire  li  Imniér?  sur  une  boone  pertie 
de  l'suitniaistracioa  :  je  diraU  ToLûctiier?,  ior  :oc:e  I  administniioa,  si 
deux  ^mads  services,  la  'û<ti-ie  ec  les  Inances,  a'etaienc  restés  de  fioat 
U)uip$  eu  dehors  des  aorlbcâocs  les  «cr*tair!»  d'Efiac  Qoanii  de  pins  oa 
uo  cnùuc  pas  d*étecdr»  «es  recnercaeg  jostp'azx  insôczicuQS  mâsiiieSy 
;eUes  que  le  conseil  l'Eue  'paiid  oc  ^aise  îarzemeat  aux  dépôts  de  la 
HibUothèque,  des  Arciii'ai  nasionales  et  des  ziinistères.  et  quand  svr- 
:oui  ou  joint  an  ^aTc•L^  de  M.  de  Ln^ray  eet;e  experieoee  des  afbîrcs,  si 
uùle  pour  donner  i  la  :.irjgne  la  prëcison  sdecôiqTie  des  termes.  Foo- 
vm^j^e  si  consdenciecsement  éiah<<re  cerise  de  preoire  place  paimi  les 
meilleurs  instruments  de  sraTail. 

Je  ^i^alerai  secletnen:,  dazs  le  prpgrier  diapicze*.  plnsieius  points 
sur  lesquels  je  désirerais  voir  fantecr  s'expliquer  aTec  pics  de  netteté 
daus  une  seconde  édition.  Le  rèsieinen:  du  1*  avril  1>17  parie  de  Fias- 
sislance  au  Conseil  «les  «ipiarr?  secnKaines  des  commantiemente  et  des 
duances.  M.  de  Lcçay  n'a:£adie-t-Ll  pas  troc  d'importaoœ  à  ce  détail? 
«  Ce  Conseil,  dit-il  p.  15-.  était  :o=iocrs  Le  'lentre  unique  d*où  partait 
et  où  venait  aboutir  le  rzKKZTecsent  zoa^errhaseLifial  :  ausi  la  &Tear 
d'<>tn»  admis  dans  son  sein,  que  les  secrétaires  des  commandemaits 
venaient  d'obtenir,  peut-eile  être  considérée  comme  %m  fkit  d'iule  phu 
(ft>»Hdf  «iwçwiof  Km"  Id^r  azeni"  que  le  rèsdemect  même  du  !•  arnl.  » 
S'iî  y  a  là  quelque  innovation,  pourquoi  M.  de  Loçay  ccnstate-t-îl,  à  la 
p.  l:î,  que  déjà,  socs  le  reçue  de  François  I»,  oes  secrétaires  assistaient 
au  Conseil,  senaien:  no:e  ce  ses  décisions  et  les  expediiient  ensuite  f 
Ce  droit  d'entrer  au  Conseil  est  conirmê  non  seul-îment  par  les  rèçle- 
monts  de  IScO.  de  lôôô  et  de  I5ô7,  ion:  parte  M.  deLu-^ay  p.  l*»,  mais 
oucore  par  ceux  du  11  janvier  lôTO  et  d::  tO  janvier  l>Si>.  (Arch.  nat., 
KK  6^5,  ff  SO  et  113, 

Suivant  M,  de  l.ui:ay  ,p.  IS',  les  secreaiires  d*È:aî  auraient  rédigé  et 
exjHHiie,  jusqu'en  LV>4,  ;es  dêlibèraàons  du  Conseil  des  ùnanoes  :  alors 

I.  lA  pren\i^w  |>4rt»e  du  Inviil  de  M,  de  L*çAy  *  para.  3  y  a  dè}à  fort  loag- 
lom|v<.  iUns  U  »mi^  **jtf4inf«^  ir»  tin^s  -h^Hne»  ^  tinÊmftr.  Je  se  penaeltrai 
aV\|»rim<*r  U»  tv^t  aue  M.  de  Ui\%à>  a  wt  pa  MeCti^  à  pwit,  duis  ces  quatre 


467 

seulement  cette  charge  aurait  été  confiée  à  des  secrétaires  spéciaux.  On 
peut,  je  crois,  préciser  davantage.  Dès  1560  (règlement  du  21  décembre, 
Bibl.  nat.,  ms.  fr.  7496,  f*  204  V),  je  trouve  deux  secrétaires  d'État, 
a  ordonnés  pour  le  faict  des  finances  »,  qui  entrent,  et  sans  doute 
tiennent  la  plume,  aux  séances  du  conseil  privé  où  se  traite  particu- 
lièrement des  finances;  les  autres  secrétaires  d'État  ont  leur  entrée  à 
ces  séances,  comme  à  toutes  celles  du  Conseil  privé.  L'année  suivante 
(règlement  de  mai  1561,  L.  Paris,  Négoc,  sous  le  règne  de  François  11^ 
p.  868),  les  attributions  de  ces  divers  fonctionnaires  sont  encore  mieux 
délimitées.  L'entrée  à  toutes  les  séances  du  Conseil  privé,  même  à  celles 
des  parties,  est  accordée  sans  restriction  aux  «  secrétaires  des  finances  »  ; 
quatre  d'entre  eux,  Larred,  Marchaumont,  Du  Boys  et  Dolu,  servent 
par  quartier  au  Conseil,  et  sont  chargés  de  faire  les  c  expéditions  con- 
cernans  le  faict  des  finances  ^  »  De  l'assistance  des  secrétaires  d'État 
aux  séances  du  Conseil  privé,  il  n'est  plus  question;  mais  ils  peuvent 
entrer  dans  la  chambre  ou  dans  le  cabinet  du  roi  et  de  la  reine-mère, 
c'est-à-dire  au  Conseil  des  affaires.  Ces  dispositions  sont  confirmées  par 
le  règlement  du  23  octobre  1563.  (Bibl.  nat.,  ms.  fr.  5905,  f»  79  v«.)  A 
partir  de  1578,  au  plus  tard  (v.  le  règlement  du  11  août,  Girard  et  Joly, 
t.  I,  p.  623),  le  service  du  Conseil,  désormais  nommé  Conseil  d^État^  est 
organisé  comme  il  suit  :  le  résultat  est  rédigé  par  le  secrétaire  des 
finances  en  quartier,  apporté,  dès  le  lendemain  de  la  séance,  au  secré- 
taire d'État  en  mois  et  par  lui  lu  au  roi  ;  celui-ci  le  signe,  le  secrétaire 
d'État  le  contre-signe,  après  .quoi  seulement  il  est  loisible  d'en  délivrer 
des  expéditions;  ce  soin  appartient  aux  secrétaires  des  finances,  pour 
toute  matière  de  finances,  aux  secrétaires  d'État,  pour  les  réponses  aux 
cahiers  des  provinces,  pour  les  commissions  en  matière  d'impôt  et, 
d'une  manière  générale,  pour  tout  ce  qui  concerne  le  gouvernement  de 
l'État.  Je  ne  fais  que  noter  les  faits  principaux  sommairement;  mais 
dans  les  règlements  du  31  mai  1582,  et  dans  celui  du  16  août  1588,  les 
détails  abondent;  on  y  voit  notamment  que  les  secrétaires  d'État  écri- 
vaient en  marge  du  résultat  les  observations  royales,  qu'ils  devaient 
conserver  le  souvenir  de  certaines  décisions  du  Conseil,  pour  t  en  res- 
pondre  à  Sa  Majesté,  quant  il  escherra  »,  et  qu'ils  expédiaient  toujours 
directement  les  commandements  du  roi.  Il  faudrait  également  mettre  à 
profit  les  renseignements  fournis  par  Marillac  dans  le  fameux  Traité  du 
Conseil,  qui,  grâce  aux  soins  de  MM.  Aucoc  et  Moranvillé,  ne  restera 


1.  Il  résulte  aussi  d'un  arrêt  du  13  octobre  1563  (Bibl.  nat.,  ms.  fr.  5905, 
f*  81  r*),  que  les  édits  et  lettres  patentes  commandés  par  le  roi,  de  son  propre 
mouvement  ou  d'après  l'avis  du  conseil^  étaient  expédiés  par  les  secrétaires  des 
finances,  quand  il  s'agissait  d'une  matière  financière,  et,  dans  les  autres  cas,  par 
les  secrétaires  d'État. 


468 

plus  longtemps  inédit.  (Voyez  notamment  Arch.  nat.,  KK  626,  ff.  46 
et  suiv.) 

M.  de  Luçay  a  publié  plusieurs  départements  des  pays  et  provinces 
entre  les  secrétaires  d'Ëtat.  Ces  sortes  de  règlements  ont  été  sans  cesse 
renouvelés,  et  il  serait  à  peu  près  impossible  aujourd'hui  d'en  dresser 
la  liste  complète.  Je  transcris  néanmoins,  d'après  le  ms.  fr.  16227,  p.  11, 
celui  du  31  mai  1582,  qui  a  échappé  à  M.  de  Luçay.  Fait  après  la  mort 
du  baron  de  Sauves,  ce  département  correspond  à  celui  des  intendants 
des  finances  et  des  conseillers  d'État  en  quartier. 

c  DEPARTEMENT  DU  QUARTIKR  DE  HIT,  JUIN6,  JUILLET  ET  AOUST  1582, 
DE  MM.  DU  CONSEIL  d'EsTAT  ET  DES  SECRE'tAIRES  d'EsTAT  ET  INTEN- 
DANS   DES   FINANCES. 

M.  DE  ViLLEROY  : 

Languedoc,  Daulphiné,  marquisat  de  Saluées,  Provence,  Lyonnois, 
Forestz,  BeaujoUois,  hauite  et  basse  Marche,  Guyenne  et  Poictou. 

M.  Brulart  : 
Bourgogne,  Ghampaigne  et  Brie,  Picardye,  Metz  et  pays  Messin  et 
Berry. 

M.  PiNART  : 

Paris,  Isle  de  France,  Normandie,  Bretaigne,  Orléans,  pays  Ghartrain, 
Blaizois,  le  Mayne,  Touraine,  Loudunoys,  Anjou,  Auvergne  hault  et 
bas  pays,  Bourbonnoys  et  Nyvernois.  » 

La  plus  grande  partie  du  livre  de  M.  de  Luçay  se  rapporte  à  une 
époque  trop  récente  pour  faire  l'objet  d'un  compte  rendu  détaillé  dans 
une  revue  telle  que  la  nôtre.  Nous  ne  pouvions  cependant  laisser  pas- 
ser, sans  le  signaler,  un  des  plus  savants  ouvrages  qui  aient  été  écrits 

sur  Tadministration  publique  en  France. 

Noël  Valois. 


LIVRES   NOUVEAUX. 


SOMMAIRE  DES  MATIERES. 

Sciences  auxiliaires.  —  Épigraphie,  647.  —  Paléographie,  582,  597. 
—  Bibliographie,  597,  600;  typographie,  694. 

Sources.  —  Ghroniques,  568,  623.  —  Lettres,  643.  —  Archives,  567, 
578,  638,  670, 684,  687  ;  pièces  d'archives,  cartulaires,  599,  660, 677,  688. 


469 

Biographie  et  généalogie.  —  Abélard,  689;  Alexandre  V,  668; 
AUighieri,  575,  576,  678  ;  Anselme  de  Mauny,  573  ;  saint  Bernard,  689; 
Bernard,  comte  d'Anhalt,  duc  de  Saxe,  604  ;  Bonfils,  570  ;  saint  Boni- 
face,  608  ;  saint  Clair,  657  ;  Gourson,  664  ;  P.  Damien,  618  ;  Du  Bourg, 
601  ;  Éméric  et  saint  Etienne  de  Hongrie,  623  ;  Gaïx,  579  ;  Gunther, 
620;  Lapeyrouse,  570  ;  Lusignan,  642  ;  Mesmes,  609  ;  MûUenheim,  564  ; 
Papin,  574;  Petrucci,  694;  Plantigny,  693;  sainte  Reine,  617,  662; 
Robert  d'Uzès,  672  ;  sainte  Scholastique,  636  ;  Vaudémont,  613. 

GÉOGRAPmB,  590,  635,  675,  681. 

Droit,  607,  624,  663,  665,  683. 

Institutions.  —  Gouvernement,  594, 639  ;  finances,  646,  696  ;  domaine, 
611  ;  cours,  655.  —  Communes,  628.  —  Corporations,  588,  644  ;  hôpi- 
taux, 567,  589;  enseignement,  572;  exercices  militaires,  632,  649; 
télégraphie,  661. 

Moeurs  et  usages^  614. 

Religions,  —  Catholicisme  :  histoire  de  TÉglise,  585,  612,  626,  631, 
653,  689;  Pères,  645;  conciles,  668  ;  papauté,  575,  668,  673  ;  diocèses, 
568,  585,  672  ;  ordres,  619,  682  ;  monastères,  622,  656,  658  ;  usages 
religieux,  610,  636,  637.  —  Vaudoisie,  652.  —  Judaïsme,  669. 

Archéologie,  585,  627,  635,  641,  648,  675.  —  Architecture,  633,  667  ; 
édifices  religieux,  564,  587,  589,  593,  598,  606,  647,  650.  —  Sphragis- 
tique,  695.  —  Numismatique,  604.  —  Musique,  583,  694. 

Langues  et  littératures.  —  Grec,  666.  —  Latin,  620.  —  Français, 
565,  602,  607,  663,  686;  italien,  569,  575, 576,  651,  678  ;  provençal,  596, 
685.  —  Irlandais,  615,  697;  breton,  605.  — Langues  germaniques,  676; 
allemand,  678,  679  ;  anglais,  571;  norois,  602,603.  —  Hébreu,  669. 

SOMMAIRE  GÉOGRAPHIQUE. 

Allemagne,  577,  611,  649,  671,  698.  —  Alsace,  564,  644.  —  Anhalt, 
604.  —  Prusse,  621,  627,  660,  688.  —  Saxe,  604. 

Autriche-Hongrie,  623,  647. 

Belgique,  593,  628,  692. 

Frange,  607,  625,  643,  646, 663,  696.  —  Aquitaine,  654  ;  Bourgogne, 
655;  Bretagne,  629,  657,  664;  Dauphiné,  585;  Franche-Comté,  589; 
Lorraine,  613;  Normandie,  680;  Picardie,  600;  Savoie,  682,  690.  — 
Ain,  584  ;  Aisne,  573,  595,  625  ;  Allier,  590  ;  Hautes-Alpes,  585,  619  ; 
Ardèche,  585,  587  ;  Ardennes,  610,  628,  695  ;  Calvados,  632;  Charente- 
Inférieure,  599;  Côte-d'Or,  617,  662  ;  Creuse,  684;  Drôme,  585;  Eure- 
et-Loir,  567  ;  Gers,  658  ;  Hérault,  568,  681  ;  Isère,  585,  592,  630  ; 
Haute-Loire,  674;  Loire-Inférieure,  640;  Lot-et-Garonne,  675  ;  Manche, 
634  ;  Marne,  637  ;  Meuse,  580,  581,  635,  636  ;  Nord,  594  ;  Pas-de-Calais, 
633  ;  Puy-de-Dôme,  616  ;  Rhône,  650,  693  ;  Seine,  597  ;  Seine-et-Oise, 


470 

598,  622,  641;  Somme,  691;  Tarn,  579;  Vaucluse,  572,  59!,  672; 
Vosges,  659  ;  Yonne,  656. 

Grande-Bretagne,  612,  664. 

Italie,  682.  —  Piémont,  578,  690;  Rome,  575,  589;  Toscane,  661; 
Vénétie,  588,  639,  643. 

Pays-Bas,  665,  687. 

Russie,  586. 

Scandinaves  (pays),  648. 

Suisse,  652. 

Orient,  566,  642,  666,  670,  677,  680. 


564.  Alte  (Das)  Bethaus  AUerheiligen  zu  Strassburg  im  Elsass  nnd 
Regesten  zur  Familiengeschichte  der  Freihcrren  von  Mûllenheim. 
Strassburg,  Schultz,  1880.  60  p. ,  4  planches.  3  m. 

565.  Altfranzoesische  Bibliothek  herausgegeben  von  I>  Wendelin 
Foerster.  IV.  B.  Lothringischer  Psalter  (bibl.  Mazarine,  n®  798).  Alt- 
franzoesische Uebersetzung  des  xiv.  Jahrhunderts  mit  einer  grammati- 
schen  Einleitung,  enthaltend  die  Grundzûge  der  Grammatik  des 
altlothringischen  Dialects,  und  einem  Glossar  zum  ersten  Mal  heraus- 
gegeben von  Friedrich  Apfelstedt.  Heilbronn,  Henninger,  1881.  Lxm- 
177  p.  6  m. 

566.  Angiolbllo  (Francesco).  Come  Tanno  1468  io  Franc,  et  Gio. 
Maria  mio  fratello  degli  Anzolelli  Vicentini  partimmo  da  Vicenza  a'  dl 
5  agosto  per  lo  viaggio  di  Negroponte  et  quello  che  ne  incontra  fino 
alla  ritornata.  Pubblicato  da  A.  Capparozzo  per  nozze  Lampertico-Balbi. 
Vicenza,  tip.  Staider.  46  p. 

567.  Archives  de  la  maison-Dieu  de  Ghâteaudun,  transcrites  et  placées 
par  ordre  chronologique  par  Aug.  de  Belfort,  précédées  d'une  introduc- 
tion par  M.  Lucien  Merlet.  Paris,  Société  française  de  numismatique 
et  d'archéologie  ;  Ghâteaudun,  Pouillier-Vaudegraine.  xli-293  p. 

568.  Arnaud  de  Verdale.  Gatalogus  episcoporum  Magalonensium. 
Édition  d'après  les  manuscrits,  avec  traduction  française,  notice  biogra- 
phique et  littéraire,  pièces  justificatives,  etc.,  par  A.  Germain.  Mont- 
pellier, impr.  Martel,  1881.  In-4,  420  p. 

569.  Atti  (gli)  più  antichi  del  martirio  di  san  Felice,  vescovo  délia 
città  di  Spello.  Volgarizzamento  del  buon  secolo  délia  nostra  lingua, 
iilustrato  e  pubblicato  per  cura  di  Giuseppe  Fratini.  Foligno,  tip.  Sga- 
riglia.  21  p. 

570.  Auriag  (d')  et  Gastan.  Généalogie  des  familles  de  Lapeyrouse  et 
de  Bonfils.  Revue  et  augmentée  d'après  de  nouveaux  documents  par 
M.  le  comte  de  Lapeyrouse  de  Bonfils.  Marseille,  impr.  Jouve.  100  p. 


47^ 

571.  Bârbour's  des  schottischen  Nationaldichters  Legendensammlung 
nebst  den  Fragmenten  seines  Trojanerkrieges.  Zum  ersten  Mal  heraus- 
gegeben  und  kritisch  bearbeitet  von  G.  Horstmann.  I.  B.  Heilbronn, 
Henninger,  1881.  xi-247  p.  8  m. 

572.  Bardinet  (Léon).  Universitatis  Avenionensis  historica  Âdumbra- 
tio.  Limoges,  impr.  Ducourteux.  109  p.  (Thèse  pour  le  doctorat,  pré- 
sentée à  la  faculté  des  lettres  d'Aix-en-Provence.) 

573.  Batteux  (F.).  Découverte  des  restes  d'Anselme  de  Mauny, 
évoque  de  Laon  de  1215  à  1238,  et  pair  de  France.  Paris,  impr.  Soussens. 
13  p. 

574.  Belton  (Louis)  et  Fernand  Bournon.  La  Famille  de  Denis  Papin, 
d'après  des  documents  inédits,  avec  un  tableau  généalogique.  Blois, 
impr.  Marchand.  36  p. 

575.  Berardinblli  (P.  F.).  IlDominio  temporale  dei  papi  nel  concetto 
politico  di  Dante  Allîghieri.  Gon  appendice.  Modena,  tip.  dell'  Imm, 
Goncezione.  431  p.  4  1. 

576.  Bergmann  (Frédéric).  Dante,  sa  vie  et  ses  œuvres.  Deuxième 
édition  augmentée.  Strasbourg,  Bull,  1881.  xm-376  p.  6  m. 

577.  Besse  (P.).  Geschichte  der  Deutschen  bis  zur  hoechsten  Macht- 
entfaltung  des  roemisch- deutschen  Kaiserthums  unter  Heinrich  m. 
Leipzig,  Webel,  1881.  xvi-584  p. 

578.  BiANGHi  (Nicomede).  Le  Garte  degli  archivi  piemontesi,  politici, 
amministrativi,  giudiziari,  finanziari,  comunali,  ecclesiastici  e  di  enti 
morali,  indicate.  Torino,  Bocca,  1881.  xxxix-568  p. 

579.  Blay  de  Gaïx  (G.  de).  Études  historiques  sur  les  seigneurs  et 
barons  de  Gaïx,  près  Gastres  (Tarn),  avec  quelques  détails  sur  les  bâti- 
ments du  château  de  Gaïx,  sur  la  juridiction  et  les  autres  droits  de  la 
seigneurie,  etc.  Montauban,  impr.  Forestié.  240  p.,  3  planches. 

580.  BoNNABELLE  (CL).  Notcs  sur  Ligny-en-Barrois,  pour  faire  suite 
à  l'étude  sur  les  seigneurs  de  Ligny.  Bar- le -Duc,  impr.  Contant- 
Laguerre.  80  p.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  des  lettres,  sciences  et 
arts  de  Bar-le-Duc,  1881.) 

581.  BoNNABELLB  (Gl.).  Notico  sur  Lachaussée,  canton  de  VigneuUes, 
arrondissement  de  Gommercy  (Meuse).  Bar-le-Duc,  impr.  Gontant- 
Laguerre.  27  p.  et  planche.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  des  lettres, 
sciences  et  arts  de  Bar-le-Duc,  1881.) 

582.  BouRMONT  (A.  DE).  Lecture  et  Transcription  des  vieilles  écritures, 
manuel  de  paléographie  des  xvi®,  xvii®  et  xvni®  siècles,  composé  de 
pièces  extraites  des  collections  publiques  et  particulières,  et  destiné  aux 
instituteurs.  \^^  livraison,  fasc.  1.  Gaen,  Le  Blanc -Hardel  ;  Paris, 
Picard.  In-foL,  12  p.  et  5  pi.  de  fac-similés  héliographiques.  La  livrai- 
son, 25  fr.;  pour  les  souscripteurs,  20  fr. 


472 

583.  Brambagh  (W.).  Das  Tonsystem  und  die  Tonarten  des  christli- 
chen  Abendlandes  im  Mittelalter,  ihre  Beziehungen  zur  griechisch- 
roemischen  Musik  und  ihre  Entwicklung  bis  auf  die  Schule  Gkiido's 
\on  Arezzo.  Mit  einer  Wiederherstellung  der  Musiktheorie  Bemo's  von 
der  Reichenau  nach  einer  Karlsruher  Handschrift.  Leipzig,  Teubner, 
1881.  iv-53  p.  1  m.  60  pf. 

584.  Brossard  (J.)-  Notice  sur  Torganisation  territoriale  et  Padminis- 
tration  religieuse,  militaire,  judiciaire,  financière  et  provinciale  des 
anciennes  provinces  de  Bresse,  du  Bugey,  de  la  Dombes  et  du  pays  de 
Gex  sous  Tancienne  monarchie  (vers  1765).  Matériaux  recueillis  par  J. 
Brossard,  archiviste  de  TAin.  Bourg,  impr.  Authier  et  Barbier.  55  p. 

585.  Bulletin  d'histoire  ecclésiastique  et  d'archéologie  religieuse  des 
diocèses  de  Valence,  Gap,  Grenoble  et  Viviers,  l"^  année.  Romans,  au 
secrétariat  du  comité  de  rédaction.  224  p. 

586.  BuLMERiNGQ  (de).  Le  Passé  de  la  Russie  depuis  les  temps  les 
plus  reculés  jusqu'à  la  paix  de  San-Stefano,  1878.  Bruxelles,  Glaassen. 
In-18,  333  p.,  3  tabl.  et  une  carte.  3  fr.  50  c. 

587.  Ganadd  (l'abbé).  Bas-relief  du  chœur  de  l'église  de  Gravières 
(Ardèche).  Nîmes,  impr.  Jouve.  In-4,  14  p.  (Extrait  du  Bulletin  du 
comité  de  l'art  chrétien,  n®  9.) 

588.  Gapitoli  delP  arte  délia  lana  in  Pordenone,  1516-1529.  Torino, 
tip.  Bona.  25  p.  (Per  nozze  Kechler-Rossi.) 

589.  Gastan  (Auguste).  La  Confrérie,  l'Église  et  l'Hôpital  de  Saint- 
Claude  des  Bourguignons  de  la  Franche-Comté  à  Rome  ;  notice  histo- 
rique, suivie  de  documents.  Besançon,  Marion,  Morel  et  G"  ;  Paris, 
Champion.  94  p.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  d'émulation  du 
Doubs,  1880.) 

590.  Ghazauo.  Dictionnaire  des  noms  de  lieux  habités  du  département 
de  TAllier.  Moulins,  impr.  Desrosiers,  iv-283  p. 

591.  Clément  (Fabbé  J.).  Orange  et  le  mouvement  intellectuel  au 
moyen  âge.  \^  partie.  Avignon,  impr.  Aubanel.  63  p. 

592.  Clerc-Jacquier  (J.).  Histoire  de  Moirans  (Isère),  sous  les 
Romains,  sous  les  Dauphins  et  les  nouveaux  régimes,  etc.  3*  édition, 
augmentée.  Grenoble,  Drevet.  167  p.  (Bibliothèque  historique  du  Dau- 
phiné.)  2  fr. 

593.  Cloquet  (L.).  Monographie  de  Téglise  paroissiale  de  Saint- 
Jacques,  à  Tournai.  Bruges,  Desclée-Debrouwer.  409  p.  avec  fig.  et  pi. 
10  fr. 

594.  Collection  de  pièces  rares  relatives  à  l'histoire  de  Lille.  Les 
Gouverneurs  de  Lille  du  xm*  au  xviir  siècle.  Les  Intendants  de 
Flandre,  xvii«  et  xvm«  siècles.  Lille,  impr.  Lefebvre-Ducrocq.  Petit 
in-12,  49  p. 


473 

595.  GoRLiEU  (le  D'  A.).  Histoire  de  Charly-su r-Marne.  Avec  cartes 
et  dessins  de  MM.  Adolphe,  Varin  et  Pille.  Paris,  Champion,  vra-296  p. 
7  fr.  50  G. 

596.  Daurel  et  Béton,  chanson  de  geste  provençale,  publiée  pour  la 
première  fois,  d'après  le  manuscrit  unique  appartenant  à  M.  A.  Didot, 
par  Paul  Meyer.  Paris,  Firmin-Didot.  cxx-115  p.  (Publication  de  la 
Société  des  anciens  textes  français.) 

597.  Delisle  (Léopold).  Le  Cabinet  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque 
nationale.  Étude  sur  la  formation  de  ce  dépôt,  comprenant  les  éléments 
d'une  histoire  de  la  calligraphie,  de  la  miniature,  de  la  reliure  et  du 
commerce  des  livres  à  Paris  avant  l'invention  de  Timprimerie.  T.  III 
et  table  de  planches  d'écritures  anciennes.  Paris,  imprimerie  nationale. 
In-4,  vni-531,  xiv  p.  (Histoire  générale  de  Paris.) 

598.  Dion  (A.  de).  Église  de  Montfort-FAmaury  (Seine-et-Oise),  avec 
la  description  de  ses  vitraux.  Bar-le-Duc,  impr.  Philipona.  52  p. 
(Extrait  de  VAlmanach  montfortois  pour  1881.) 

599.  Documents  inédits  sur  la  ville  de  Pons,  ses  institutions  et  ses 
sires,  publiés  par  Georges  Musset.  I.  Paris,  impr.  Texier.  385  p.  (Extrait 
des  Archives  historiques  de  la  Saintonge  et  de  VAunis,  t.  IX.) 

600.  Dramard  (E.).  Bibliographie  géographique  et  historique  de  la 
Picardie ,  ou  Catalogue  raisonne  des  ouvrages  tant  imprimés  que 
manuscrits,  titres,  pièces  et  documents  de  toute  nature  relatifs  à  la 
géographie  et  à  l'histoire  de  cette  province.  Tome  I.  Paris,  Dumoulin, 
Aubry.  xxni-494  p. 

601.  Du  Bourg  (Henry).  Recherches  sur  la  maison  du  Bourg.  2«  par- 
tie. Toulouse,  impr.  Rivière.  127  p. 

602.  Élie  de  Saint-Gille,  chanson  de  geste,  publiée,  avec  introduc- 
tion, glossaire  et  index,  par  Gaston  Raynaud.  Accompagnée  de  la 
rédaction  norwégienne,  traduite  par  Eugène  Koelbing.  Paris,  Firmin- 
Didot.  xLni-211  pages.  (Publication  de  la  Société  des  anciens  textes 
français.) 

603.  Elis  saga  ok  Rosamundu.  Mit  einleitung,  deutscher  iibersetzung 
und  anmerkungen  zum  ersten  mal  herausgegeben  von  Eugen  Koelbing. 
Heilbronn,  Henninger,  1881.  xli-217  p.  8  m.  50  pf. 

604.  Elze  (Theodor).  Die  Miinzen  Bemhards  Grafen  von  Anhalt, 
Herzogs  von  Sachsen.  Zweites  Heft  :  Die  Bracteaten  Bemhards  als 
Herzogs  von  Sachsen.  1180-J212.  Berlin,  Mittler,  1881.  In-4,  51  pages, 
5  pi.  6  m. 

605.  Ernault  (Emile).  De  la  méthode  à  suivre  dans  l'étude  philolo- 
gique du  breton.  Saint-Brieuc,  Prud'homme.  15  p.  (Extrait  des  Mémoires 
de  l^ Association  bretonne.) 

31 


474 

606.  ËsQuiK.  Note  sur  une  cuve  baptismale  en  plomb.  Toulouse, 
impr.  Douladoure-Privat.  il  p.  et  planche.  (Extrait  des  Mémoires  de 
V Académie  des  sciences,  inscriptions  et  belles-Uttres  de  Toulouse.) 

607.  Établissements  (les)  de  saint  Louis,  accompagnés  des  textes  pri- 
mitifs et  de  textes  dérivés,  avec  une  introduction  et  des  notes,  publiés 
pour  la  Société  de  Thistoire  de  France  par  Paul  Viollet.  T.  H.  Texte 
des  Établissements.  Paris,  Loones.  545  p. 

608.  Fischer  (Otto).  Bonifatius,  der  Apostel  der  Deutschen.  Nach  den 
Quellen  dargestellt.  Leipzig,  Weigel,  1881.  vii-295  p.  6  m. 

609.  Fremy  (Edouard).  La  Vie  publique  et  privée  d'un  homme  d'État 
au  xvi«  siècle  :  Henri  de  Mesmes,  seigneur  de  Roissy  et  de  Malassise, 
d'après  ses  mémoires.  Paris,  Gers^ais.  52  p.  (Extrait  du  Correspondant.] 

610.  Fressencourt  (le  père  Félix),  S.  J.  Note  historique  sur  les  pèle- 
rinages de  Sainte-Olive  et  de  Sainte-Libérite  à  Ghaumont-Porcien. 
Paris,  impr.  Goupy  et  Jourdan.  16  p.  avec  1  vignette. 

611.  Frey  (Garl).  Die  Schicksale  des  koeniglichen  Gutes  in  Deutsch- 
land  unter  den  letzten  Staufern  seitKoenig  Philipp.  Berlin,  Herz,  1881. 
321  p.  6  m. 

612.  Gascoiqne.  Loci  eLibro  veritatum.  Passages  selected  from  Gas- 
coigne's  theological  dictionary  illustrating  the  condition  of  Ghurch  and 
State,  1403-1458.  With  an  introduction  by  James  E.  Thorold  Rogers. 
Oxford,  Glarendon  press;  London,  Frowde,  1881.  In-4,  xc-254  pages. 
10  s.  6  d. 

613.  Germain  (Léon).  Recherches  historiques  sur  les  comtes  de  Vau- 
démont.  Ferry  I®"*  de  Lorraine,  comte  de  Vaudémont  (1393-1415). 
Nancy,  impr.  Crépi n-Leblond.  86  p.  avec  armes  et  sceaux. 

614.  Gilbert  (Emile).  Essai  historique  sur  les  talismans  dans  l'anti- 
quité, le  moyen  âge  et  les  temps  modernes.  Paris,  Savy.  89  p. 

615.  Glossae  Hibernicae  e  codicibus  Wirziburgensi  Carolisruhensi 
aliis.  Adiuvante  Academiae  regiae  Berolinensis  liberalitate  edidit 
Heinricus  Zimmer.  Accedit  spécimen  scripturae  e  codice  Wirzibur- 
gensi. Berolini,  Weidmann,  1881.  Lix-288p.,  1  pi.  8  m. 

616.  GoMOT  (H.).  Histoire  du  château  féodal  de  Tournoël  (en  Au- 
vergne). Glermont-Ferrand,  impr.  Mont-Louis,  vii-229  p. 

617.  Grignard  (l'abbé  F.).  La  Vie  de  sainte  Reine  d'Alise,  précédée 
d'études  critiques  sur  ses  actes  et  ses  historiens  et  suivie  de  nombreuses 
recherches  sur  ses  reliques,  ses  miracles  et  son  culte.  Édition  enrichie 
de  pièces  justificatives  rares  ou  inédites,  et  ornée  de  plusieurs  gravures. 
Dijon,  Grigne;  Paris,  Picard,  1881.  xvi-507  p. 

618.  Guerrier  (L.).  DePetro  Damiano  Ostiensi  episcopo  Romanaeque 


475 

Ecclesiae  cardinali  apud  Parisiensem  litterarum  facultatem  disputabat. 
Orléans,  Herluison.  vii-99  p. 

619.  Guillaume  (Fabbé  P.).  Origine  des  chevaliers  de  Malte  et  Rôle 
des  donations  de  la  commanderie  de  Gap  (xi-xii«  siècles).  Paris, 
Alphonse  Picard,  1881.  34  p.  (ExiTdiii  du  Bulletin  d'histoire  ecclésias^ 
tique  et  d'archéologie  religieuse  des  diocèses  de  Valence,  Gap,  Grenoble  et 
Viviers,  1'®  année.) 

620.  GuNTHERUs  Parisiensis.  Solimarius.  Edidit  Guillelmus  Watten- 
bach.  Gênes,  1881.  13  p.  (Extrait  des  Archives  de  VOrient  latin,  t.  I.) 

621.  Heidemann  (Julius).  Die  Mark  Brandenburg  unter  Jobst  von 
Maehren.  Berlin,  Weber,  1881.  vin-260  p.  5  m. 

622.  Hérard.  Exposition  rétrospective  de  Versailles.  Recherches 
archéologiques  sur  les  abbayes  de  l'ancien  diocèse  de  Paris.  IV.  Port- 
Royal-des-Ghamps.  Paris,  Champion.  46  p. 

623.  Historiae  Hungaricae  Fontes  domestici.  Pars  prima  :  scriptores. 
Vita  sanctorum  Stephani  régis  et  Emerici  ducis.  Ad  fidem  codicum 
seculi  xu,  xni  et  xv  recensuit,  nonnulla  eiusdem  aetatis  monumenta 
disquisitionesque  criticas  adiecit  M.  Florianus.  Lipsiae,  Brockhaus, 
1881.  In-4,  iv-237  p. 

624.  JoBBÊ-DuvAL  (E.).  Étude  historique  sur  la  revendication  des 
meubles  en  droit  français.  Paris,  Larose.  254  p. 

625.  JoFFROY  (H.).  Dissertation  sur  le  traité  de  paix  de  Grépy  du 
18  septembre  1544.  Soissons,  impr.  Michaut,  1881.  43  p. 

626.  JuNGMANN  (Bern.).  Dissertationes  selectae  in  historiam  ecclesias- 
ticam.  T.  II.  Brugis,  Beyaert-Defoort.  464  p.  10  fr. 

627.  Kunst-  (Die)  und  Geschichts-Denkmaeler  der  Provinz  Westfa- 
len.  Herausgegeben  vom  Westfaelischen  Provinzial-Verein  fur  Ge- 
^chichte  und  Kunst.  Stûck  I  :  Die  Kunst-  und  Geschichts-Denkmaeler 
des  Kreises  Hamm.  Im  Auftrage  der  Commission  zur  Erforschung  der 
provinzialen  Kunst-  und  Geschichtsdenkmaeler  bearbeitet  von  D'  J.  B. 
Nordhoff.  Leipzig,  Seemann,  1881.  In-4,  vn-146  p.  et  planches.  12  m. 

628.  KuRTH(G.).  La  Loi  de  Beaumont  en  Belgique.  Bruxelles,  Hayez, 
1881.  50  p. 

629.  La  Borderie  (Arthur  de).  Galerie  bretonne,  historique  et  litté- 
raire. Rennes,  Plihon.  In-12,  vi-351  p.  et  gravure. 

630.  Lagier  (l'abbé  A.).  Notes  historiques  sur  Tréminis  (Isère).  Gre- 
noble, impr.  Baratier  et  Dardelet.  In-12,  105  p. 

631.  Langen  (Joseph).  Geschichte  der  roemischen  Kirche  bis  zum 
Pontifikate  Leo's  I.  Quellenmaessig  dargestellt.  Bonn,  Cohen,  1881. 
xii-873  p.  15  m. 


476 

032.  La  VALLEY  (Gaston).  Les  Compagnies  du  papeguay,  particulière- 
ment à  Caen.  Ktude  historique  sur  les  sociétés  de  tir  avant  la  révolu- 
tion. Paris,  Dentu,  s.  d.  Li-iS,  214  p. 

633.  Le  Gentil  (E.).  La  Porte  Ronville,  porta  Rotundae  Villae.  Avec 
une  zincographie  par  J.  Boutr}*  et  une  gravure  sur  pierre.  Arras,  Sueur- 
Charruey.  40  p. 

634.  Le  Vaillant  de  Folleville  (Charles).  Notes  historiques  sur  la 
paroisse  et  commune  d*EtienviUe,  contenant  divers  renseignements 
inédits  sur  plusieurs  anciennes  familles  et  seigneuries  du  Gotentin. 
Valognes,  Martin.  In- 12,  ii-388  p. 

635.  LiÉNARD  (Félix).  Archéologie  de  la  Meuse.  Description  des  voies 
anciennes  (^i  des  monuments  aux  époques  celtique  et  gallo-romaine. 
Tuine  L  Partie  sud  du  département.  Verdun,  Laurent.  Gr.  in-4, 
vii-r25  p.,  41  planches.  (Puhlication  de  la  Société  philomathique  de 
Verilun.) 

636.  LoisoN  il'abbé  F.-A.l.  Sainte  Scholastique,  son  histoire,  ses 
reliques  et  son  pèlerinage  à  Juvigny-les-Dames  (Meuse).  Bar-le-Duc, 
impr.  de  l'œuvre  de  Saint-Paul.  Li-i8,  192  p. 

637.  LucoT  (le  chanoine).  La  Procession  des  châsses  à  Châlons  le 
lundi  et  le  mardi  de  la  Pentecôte.  Origine,  caractère  et  cérémonial  de 
cette  procession,  d'après  les  documents  du  xii«-xvui*  siècle  conservés  à 
la  Bibliothè«{ue  nationale  de  Paris,  etc.,  et  publiés  pour  la  première 
fois  avec  notes  et  traduction.  Chàlons,  impr.  Martin.  107  p. 

638.  LusTRO  (Giacomo  du.  Degli  archivii  :  ricerche  archeologiche- 
storiche-critiche-diplomatiche.  Napoli,  De  Angelis,  1880.  100  p.  2  1. 

639.  Magistrat!  deila  spettabile  città  di  Vicenza  e  del  suo  territorio 
ai  tempi  délia  repubblica.  Vicenza,  tip.  Paroni.  Li-4»  40  p.  (Fer  nosze 
Lampertico-Baibi .  ) 

640.  Maillard  (£.).  Histoire  d'Ancenis  et  de  ses  barons.  2*  édidon, 
revue  et  augmentée.  Nantes,  impr.  Forest  et  Grimaud.  719  p. 

641.  Marv>uis  (Léon).  Les  Ruesd'Étampesetses  monuments^  bisUnze. 
archéologie,  chronique,  géographie,  biographie  et  bibliographie,  avec 
documents  inédits,  cartes  et  ligures,  pouvant  servir  de  supplémfint  asx 
Antiquités  de  la  cille  et  du  duché  (fÉtampes  de  dom  Bazile  Fleurean.  Avec 
préface  par  V.-A.  Malte-Brun.  Étampes,  Brière.  vn-434  p. 

64^.  Mas  Latrie  (L.  de).  Généalogie  des  rois  de  Chypre  de  la  ftinilk 
de  Lusignan.  Venise,  impr.  Visentini,  1881.  51  p»  et  i  tahleui.  (Extnft 

de  l'Àrchivio  ceneto,) 

643.  Mas  Latrie  (L.  de).  Quelques  Autographes  firançus  des  vdàm 
de  Venise.  Nogent-le-Rotrou,  impr.  Oaupeley-GouYermeiir.  6  p.  (1 
do  la  Bibliothèque  de  VÉcole  des  chartes,  t.  XLII,  1881.) 


W  ■- J*»-'  '.^ 


477 

644.  Meyer  (Hans).  Die  Strassburger  Goldschmiedezunft  von  ihrem 
Entstehen  bis  1681.  Urkunden  und  Darstellung.  Ein  Beitrag  zur 
Gewerbegeschichte  des  Mittelalters.  Leipzig,  Duncker  und  Humblot, 
1881.  xii-224  p.  (Staats-  und  social wissenschaftliche  Forschungen. 
Herausgegeben  von  Gustav  Schmoller.  III.  Band.  Heft  2.)  6  m. 

645.  MiGNE  (J.-P.).  Patrologiae  Cursus  completus,  etc.  Séries  Latina 
prior,  etc.  T.  156  :  ven.  Guibertus,  abbas  S.  Mariae  de  Novigento. 
Paris,  Garnier,  1880.  634  p. 

646.  MoNTEiL  (A. -Alexis).  Histoire  financière  de  la  France  depuis  les 
premiers  temps  de  la  monarchie  jusqu'à  nos  jours.  Avec  introduction, 
supplément  et  notes  par  Charles  Louandre.  Limoges,  Barbou.  364  p.  et 
8  planches. 

647.  Monumenta  sepulchralia  eorumque  epitaphia  in  collegiata 
ecclesia  B.  M.  Virginis  Claustroneoburgi.  Edidit  Ubaldus  Kostersitz. 
ViennaB,  ex  typographia  caesarea  regia  aulica  et  imperiali,  1881.  In-4, 
xv-317  p.  et  planches. 

648.  MuELLER(Sophus).  Die  Thier-Ornamentik  im  Norden.  Ursprung, 
Entwicklung  und  Verhaeltniss  derselben  zu  gleichzeitigen  Stilarten. 
Archaeologische  Untersuchung.  Aus  dem  Daenischen  ùbersetzt  von 
J.  Mestorf.  Hamburg,  0.  Meissner,  1881.  vm-191  p.,  2  planches.  5  m. 

649.  NiEDNER  (Félix).  Das  deutsche  turnier  im  xn.  und  xm.  jahrhun- 
dert.  Berlin,  Weidmann,  1881.  90  p.  2  m. 

650.  NiEPCE  (Léopold).  Les  Monuments  d'art  de  la  primàtiale  de 
Lyon,  détruits  ou  aliénés  pendant  l'occupation  protestante  en  1562. 
Lyon,  Georg.  106  p. 

651.  NuRSio  TiMiDEO  (Franc).  Dialogo  in  volgare  veronese  del 
secolo  XV,  da  un  antico  ms.  délia  biblioteca  nazionale  di  Firenze, 
pubbl.  da  G.  B.  Carlo  Giuliari  per  nozze  Sparavieri-Rezzonico.  Verona, 
tip.  Vianini.  In-4,  xvm  p. 

652.  OcHSENBEiN  (G.  F.).  Aus  dem  schweizerischen  Volksleben  des 
XV.  Jahrhunderts.  Der  Inquisitionsprozess  wider  die  Waldenser  zu 
Freiburg  i.  U.  im  Jahr  1430,  nach  Akten  dargestellt.  Bern,  Dalp. 
xi-410  p.  6  fr. 

653.  Pelesz  (Julian).  Geschichte  der  Union  der  ruthenischen  Kirche 
mit  Rom  von  den  aeltesten  Zeiten  bis  auf  die  Gegenwart.  Mit  oberhirt- 
licher  Bewilligung.  Wûrzburg,  Woerl,  1881.  2  vol.,  640,  xxiv-1095  p. 
18  m. 

654.  Perrodd  (C).  Des  origines  du  premier  duché  d'Aquitaine.  Paris, 
Hachette.  291  p. 

655.  Picard  (Etienne).  La  Vénerie  et  la  Fauconnerie  des  ducs  de 
Bourgogne,  d'après  des  documents  inédits.  Paris,  Champion.  132  p.  et 


478 

planches.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  éduenne,  nouvelle  série, 

t.  IX.) 

656.  PissiER  (rabbé).  Essai  historique  sur  le  prieuré  de  PEnfourchure 
(ordre  de  Grandmont),  d'après  des  documents  inédits.  Sens,  Duchemin. 
70  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Sens,) 

657.  Plaine  (dom  François).  L'Apostolat  de  saint  Clairet  les  Origines 
chrétiennes  de  i'Armorique.  Saint-Brieuc,  Prud'homme.  39  p.  (Extrait 
des  Mémoires  de  V Association  bretonne,  1880.) 

658.  Pliedx  (Amable).  Histoire  de  Tabbaye  de  Saint-Pierre  de  Con- 
dom  depuis  son  origine  jusqu'à  sa  transformation  en  évôché  (1011?- 
1317).  Auch,  impr.  Foix.  125  p. 

659.  Pognon  (P.).  Ollainville,  notice  historique.  Neufchâteau,  impr. 
V*  Kienné.  16  p. 

660.  Pommerellisches  Urkundenbuch.  Herausgegeben  vom  West- 
preussischen  Geschichtsverein.  Bearbeitet  von  D'  M.  Perlbach.  Erste 
Abtheilung.  Danzig,  1881.  ln-4,  vi-322  p.  12  m. 

661.  Prowisione  degli  anziani  di  Pisa  ai  4  april  1349,  che  approva 
certi  segnali  proposti  dai  rettori  pisani  in  Lucca  per  comunicare  dalla 
torre  del  (Derruglio  ai  ballatoio  del  palazzo  degli  anziani  medesimi. 
Pubbl.  da  L.  Tanfani-Gentofanti  per  nozze  Morosoli-Gioli.  Pisa,  tip. 
Vannucchi.  13  p. 

662.  QuiLLOT  (l'abbé).  Sainte  Reine  d'Alise.  Études  sur  sa  vie,  les 
actes  de  son  martyre  et  son  culte.  Avec  dessins  de  M.  le  docteur  Lépine. 
Gîtaux,  librairie  Saint-Joseph;  Paris,  Haton.  In-18jésus,  335  p. 

663.  Ragueau  (François).  Glossaire  du  droit  françois,  contenant  l'ex- 
plication des  mots  difficiles  qui  se  trouvent  dans  les  ordonnances  des 
roys  de  France,  dans  le?  coustumes  du  royaume,  dans  les  anciens 
arrests  et  les  anciens  titres,  par  François  Ragueau,  lieutenant  du  bail- 
liage de  Berry  au  siège  de  Mehun  et  docteur  régent  en  droit  de  l'uni- 
versité de  Bourges;  revu,  corrigé,  augmenté  de  mots  et  de  notes,  et 
remis  dans  un  meilleur  ordre  par  Eusèbe  de  Laurière,  avocat  au 
parlement  de  Paris.  Nouvelle  édition,  avec  additions  d'anciens  mots, 
suivie  du  Glossaire  du  code  féodal,  publié  par  L.  Favre,  et  d'une  intro- 
duction sur  le  droit  coutumier.  Fascicule  1.  Paris,  Champion.  In4  à 
2  col.,  p.  1  à  56.  Le  fascicule,  3  fr.;  pour  les  souscripteurs,  2  fr.  (L'ou- 
vrage formera  un  volume  d'environ  600  pages,  publié  en  10  fascicules.) 

664.  Recherches  historiques  sur  la  maison  de  Gourson,  en  Bretagne 
et  en  Angleterre,  depuis  1066  jusqu'à  1881,  avec  cartes,  dessins  divers 
et  pièces  justificatives.  Beauvais,  typ.  de  G.  Moisand,  1881.  Lni-4, 
xii-168  pages. 

665.  Rechtsbronnen  der  stad  Zutphen  van  het  begin  der  14«  tôt  de 


479 

tweede  helft  der  i6«  eeuw.  Uitgegeven  door  M'  G.  Pijnacker  Hordijk. 
'S  Gravenhage,  Nijhoff.  xxvii-i64  p.  (Werken  der  vereeniging  tôt  uit- 
gave  der  bronnen  van  het  oude  vaderlandsche  recht,  gevestigd  te 
Utrecht,  !•  reeks,  n»  2.)  3  fl.  50  cents. 

666.  Recueil  des  historiens  des  croisades,  publié  par  les  soins  de 
TAcadémie  des  inscriptions  et  belles-lettres.  Historiens  grecs,  tome  II. 
Paris,  imprimerie  nationale.  In-fol.,  vm-882  p. 

667.  Redtenbagher  (Rudolf).  Leitfaden  zum  Studium  der  mittelalter- 
lichen  Baukunst.  Formenlehre  der  deutschen  und  franzoesischen 
Baukunst  des  romanischen  und  gothischen  Stiles  auf  Grundlage  ihrer 
historischen  Entwickelung.  Mit  544  Figuren  und  4  Tafeln  Abbildungen. 
Leipzig,  Weigel,  1881.  xx-274  p.  8  m. 

668.  Réniéris  (Marc).  Études  historiques.  Le  pape  grec  Alexandre  V. 
Byzance  et  le  concile  de  Bâle.  Athènes  ;  Paris,  Leroux.  190  p. ^portrait. 

669.  Réponses  faites  par  de  célèbres  rabbins  français  et  lorrains  du  xi. 
et  xn.  siècle,  publiées  d'après  un  manuscrit  et  accompagnées  d'un  com- 
mentaire et  d'une  préface  par  Joël  Millier.  Vienne,  1881.  xl-61-60  p. 
(En  hébreu.)  3  fr. 

670.  Riant.  Les  Archives  des  établissements  latins  d*Orient,  à  propos 
d'une  publication  de  Técole  française  de  Rome.  Nogent-le-Rotrou,  impr. 
Daupeley-Gouverneur.  8  p.  (Extrait  de  la  Bibliothèque  de  VÉcole  des 
chartes,  t.  XLII,  1881.) 

671 .  RicHTER  (Gustav).  Zeittafeln  der  deutschen  Geschichte  im  Mit- 
telalter  von  der  Gnindung  des  fraenkischen  Reichs  bis  zum  Ausgang 
der  Hohenstaufen  mit  durchgaengiger  Erlaeuterung  aus  den  Quellen. 
Fiir  den  Gebrauch  an  hoeheren  Unterrichtsanstalten  und  zum  Selbst- 
studium  bearbeitet.  Halle,  Bu chhandlung  des  Waisenhauses,  1881.  In-4, 
xiv-174  p.  4  m.  50  pf. 

672.  Robert  d'Uzès,  évoque  d'Avignon  (xm«  siècle).  Nîmes,  impr. 
Jouve.  8  p.  (Extrait  du  Bulletin  du  comité  de  l'art  chrétien ^  n"  8.) 

673.  RocQUAiN  (Félix).  La  Papauté  au  moyen  âge.  Nicolas  I®',  Gré- 
goire VII,  Innocent  III,  Boniface  VIII.  Études  sur  le  pouvoir  pontifical. 
Paris,  Didier,  xii-393  p.  7  fr.  50  c. 

674.  Saint-Ferréol  (Amédée).  Notices  historiques  sur  la  ville  de 
Brioude.  Tome  II.  Brioude,  Ghouvet.  239  p.  2  fr. 

675.  Samazeutlh  (J.-F.).  Dictionnaire  géographique,  historique  et 
archéologique  de  Tarrondissement  de  Nérac.  Édition  nouvelle,  com- 
plétée sur  le  manuscrit  de  l'auteur,  publiée  sous  la  direction  et  avec  les 
notes  de  M.  Faugère-Dubourg,  maire  de  Nérac,  et  précédée  d'une  notice 
historique  de  M.  A.  Magen.  Nérac,  Durey.  xxxvui-707  p. 

676.  Sammlung  kurzer  grammatiken  germanischer  dialecte.  Heraus- 


480 

gegeben  von  Wilhelm  Braune.  I,  Gotische  grammatik  mit  einigen 
lesestùcken  und  wortverzeichnis  von  Wilhelm  Braune.  H,  Mittelhoch- 
deutsche  grammatik  von  Hermann  Paul,  flalle,  Niemeyer,  1880-1881. 
2  vol.,  vii-119,  vm-70  p.  2  m.,  1  m.  20  pf . 

677.  Sarageno  (Filippo).  Regesto  dei  principi  di  casa  di  Acaja,  1295- 
1418,  tratto  dai  conti  di  tesoreria.  Torino,  stamp.  reale  di  I.  Vigliardi. 
195  p. 

678.  ScARTAzzu<i  (G.  A.).  Dante  in  Germania  :  storia  letteraria  e 
bibliografia  dantesca  alemanna.  Parte  !&.  Storia  critica  délia  letteratura 
dantesca  alemanna  dal  secolo  xiv  sino  ai  nostri  giorni.  Milano,  Hoepli. 
In-4,  312  p.  10  1. 

679.  Schlesische  Denkmaeler  des  deutschen  schrifttums  im  mittel- 
alter  herausgegeben  von  D'  Paul  Pietsch.  I.  Trebnitzer  psalmen 
herausgegeben  von  Paul  Pietsch.  Breslau,  Wilhelm  Koebner,  1881. 
cxii-136  p.  6  m.  40  pf. 

680.  ScHLUMBERGER  (G.)-  Deux  Chefs  normands  des  armées  byzantines 
au  xi«  siècle.  Paris.  15  p.,  2  fig.  de  sceaux.  (Extrait  de  la  Revue  hislo^ 
rique,) 

681.  SouPAiRAC  (Fabbé  V.).  Nouveau  petit  Dictionnaire  géographique 
et  historique  du  département  de  THérault  et  du  diocèse  de  Montpellier 
(Agde,  Béziers,  Lodève  et  8aint-Pons-de-Thomières).  Montpellier, 
Martel.  121  p.  et  carte.  2  fr. 

682.  Statuti  antichi  inediti  e  Statut!  recenti  delF  ordine  supremo 
délia  SS.  Annunziata  con  notizie  storiche  relative  al  medesimo  pubbli- 
cati  dal  barone  Gaudenzio  Claretta.  Torino,  Candeletti,  1881.  In-4, 
84  p.  5  1. 

683.  Thévenin  (Marcel).  Contributions  à  l'histoire  du  droit  germanique. 
Paris,  Larose,  1880.  79  p.  (Extrait  de  la  Nouvelle  Revue  historique  de 
droit  français  et  étranger.) 

684.  Thomas  (Antoine).  Les  Archives  du  comté  de  la  Marche.  Nogent- 
le-Rotrou,  impr.  Daupeley-Gouverneur.  15  p.  (Extrait  de  Ia  Bibliothèque 
de  r École  des  chartes,  t.  XLII,  1881.) 

685.  Thomas  (Antoine).  La  Chirurgie  de  Roger  de  Parme  en  vers 
provençaux.  Notice  sur  un  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Bologne. 
Nogent-le-Rotrou ,  impr.  Daupeley-Gouverneur.  12  p.  (Extrait  de  la 
Romania,  t.  X.) 

686.  Thurot  (Charles).  De  la  prononciation  française  depuis  le  com- 
mencement du  XVI*  siècle,  d'après  les  témoignages  des  grammairiens. 
Tome  I.  Paris,  imprimerie  nationale,  civ-568  p. 

687.  UiTTERDijK  (J.  Nanninga).  Register  van  charters  en  bescheiden 
in  het  oude  archief  van  Kampen.  5«  deel.  Supplément  op  de  vier  eerste 


484 

deelen  van  1300-1610.  Kampen,  Laurens  van  Hulst.  viii-310  p.   (Non 
mis  dans  le  commerce.) 

688.  Urkundenbuch  der  Stadt  Hildesheim.  Im  Auftrage  des  Magistrats 
zu  Hildesheim  herausgegeben  von  D'  Richard  Doebner.  Von  c.  996 
bis  1346.  ffildesheim,  Gerstenberg,  1881.  vm-650  p.  14  m. 

689.  Vacandard  (l'abbé).  Abélard,  sa  lutte  avec  saint  Bernard,  sa 
doctrine,  sa  méthode.  Paris,  Roger  et  Ghernoviz,  1881.  481  p. 

690.  Vaccarone  (Louis).  Le  Pertuis  du  Viso,  étude  historique  d'après 
des  documents  inédits  conservés  aux  archives  nationales  de  Turin. 
Turin,  Casanova,  1881.  127  p. 

691.  Vallois  (G.).  Péronne,  son  origine  et  ses  développements. 
Péronne,  impr.  Quentin,  1880.  xii-289  p.  et  planches. 

692.  Vander  Kindere  (L.).  Du  rôle  de  la  tradition  dans  l'histoire  de 
Belgique.  Discours.  Bruxelles,  Mayolez.  29  p. 

693.  Varax  (Paul  de).  Le  Fief  de  Plantigny,  ses  seigneurs  et  leurs 
alliances.  Lyon,  impr.  Mougin-Rusand.  23  p. 

694.  Vernarecci  (Aug.).  Ottaviano  de'  Petrucci  da  Fossombrone, 
inventore  dei  tipi  mobili  metallici  délia  musica  nel  sec.  xv.  Fossom- 
brone, il  municipio.  174  p.  2  1.  50  c. 

695.  Vincent  (H.).  Les  Sceaux  communaux  de  Manre,  canton  de 
Monthois  (Ardennes).  Reims,  Deligne  et  Renard;  Paris,  Menu.  13  p. 
avec  figures.  (Extrait  des  Travaux  de  l'Académie  nationale  de  Reims, 
t.  LXVm.) 

696.  VuiTRY  (Ad.).  Les  Monnaies  sous  les  trois  premiers  Valois  (1328- 
1380).  Paris.  144  p.  (Extrait  du  Compte  rendu  de  l'Académie  des  sciences 
morales  et  politiques.) 

697.  Zimmer  (Heinrich).  Keltische  Studien.  Erstes  Heft  :  Irische 
Texte  mit  Woerterbuch  von  E.  Windisch.  Berlin,  Weidmann,  1881. 
143  p.  3  m. 

698.  Zimmerische  chronik  herausgegeben  von  Karl  August  Barack. 
Zweite  verbesserte  auflage.  I.  Freiburg  i.  B.  und  Tiibingen,  Mohr, 
1881.  vm.631  p.  15  m. 


CHRONIQUE  ET  MÉLANGES. 


—  Depuis  la  publication  de  notre  dernière  livraison,  la  Société  de 
l'École  des  chartes  a  fait  deux  pertes  sensibles. 

Uun  de  nos  plus  anciens  et  plus  sympathiques  confrères^  M.  Floquet, 
correspondant  de  TAcadémie  des  inscriptions,  s'est  éteint,  le  3  août,  à 
Tâge  de  quatre-vingt-quatre  ans.  Il  n'est  pas  nécessaire  de  rappeler  ici 
la  profonde  estime  que  M.  Floquet,  Tune  des  gloires  de  l'ancienne  École 
des  chartes,  s'était  conciliée  autant  par  la  noblesse  de  son  caractère  que 
par  le  mérite  de  travaux  tels  que  V Histoire  du  parlement  de  Normandie 
et  les  Étitdes  sur  la  vie  de  Bossuet. 

Le  20  octobre,  une  mort  prématurée  nous  a  enlevé  M.  Edouard  Gar- 
nier,  sous-chef  de  section  aux  Archives  nationales.  Il  servait  cet  éta- 
blissement avec  un  grand  dévouement  depuis  le  27  janvier  1852,  et 
notre  Société,  dont  il  fut  longtemps  le  trésorier,  lui  a  des  obligations 
particulières.  —  Les  paroles  suivantes  ont  été  prononcées  sur  la  tombe 
de  notre  confrère  par  M.  de  Mas  Latrie,  président  de  la  Société  : 

Messieurs, 

Nous  ne  pouvons  nous  séparer  du  confrère  excellent  que  nous  per- 
dons sans  rappeler  au  bord  de  sa  tombe,  si  inopinément  ouverte,  ce 
qu'il  a  été  pour  nous. 

C'est  du  membre  de  la  Société  des  anciens  élèves  de  l'École  des  chartes 
que  je  veux  seulement  parler,  de  celui  qui  pendant  de  nombreuses 
années  a  bien  voulu,  avec  un  zèle,  une  exactitude,  une  aptitude  sans 
égales,  remplir  chez  nous  les  fonctions  si  importantes  d'archiviste- 
trésorier. 

Tout  ne  se  borne  pas,  dans  cette  charge  utile,  à  une  simple  manu- 
tention de  deniers.  Sans  manquer  aux  bons  rapports  de  la  confraternité, 
le  trésorier  doit  veiller  à  ne  laisser  s'amoindrir  en  rien  les  ressources 
de  l'association;  dans  notre  modeste  contentieux,  son  avis  est  toujours 
écouté  et  prépondérant  pour  concerter  les  mesures  nécessaires  à  la 
meilleure  exécution  du  recueil  et  à  la  conservation  du  patrimoine 
social. 

Avec  quelle  sollicitude,  avec  quelle  prévoyance,  quelle  constance 
infatigable  et  toujours  mesurée,  M.  Garnier  suffisait  à  ces  devoirs 
multiples,  quelquefois  délicats,  nous  le  savons  tous.  Une  part  hono- 
rable du  succès  de  notre  association  et  de  notre  œuvre  lui  revient  assu- 


483 

rément,  et  celui  de  nos  confrères  qui  a  pu  lui  serrer  la  main  quelques 
instants  avant  sa  mort,  en  le  lui  disant,  a  été  l'interprète  de  nos  senti- 
ments et  de  notre  gratitude. 

Il  s'est  éteint  bien  vite,  non  sans  avoir  beaucoup  souffert,  mais 
résigné,  calme,  voyant  approcher  la  mort  sans  crainte,  heureux,  disait- 
il  avec  une  juste  fierté,  d*avoir  été  toute  sa  vie  un  honnête  homme, 
plein  de  confiance  dans  la  bonté  de  cette  Providence  éternelle,  dont  il 
n'avait  jamais  douté. 

—  Par  décret  du  20  août  1881,  notre  confrère  M.  Héron  de  Villefosse, 
attaché  à  la  conservation  des  antiques  au  musée  du  Louvre,  a  été 
nommé  conservateur  adjoint  du  département  des  antiquités  grecques  et 
romaines. 

—  Par  arrêté  ministériel  du  30  septembre  1881 ,  nos  confrères  MM.  Roy, 
Giry  et  Hatiotaux  ont  été  autorisés  à  prendre  le  titre  de  maîtres  de  con- 
férences à  rÉcole  pratique  des  hautes  études. 

—  Par  arrêté  du  5  octobre  1881,  notre  confrère  M.  Grandjean  a  été 
nommé  membre  de  l'École  française  de  Rome. 

—  Par  arrêté  préfectoral  du  3  septembre  1881,  notre  confrère  M.  Be- 
nêt a  été  nommé  archiviste  du  département  de  Saône-et-Loire,  en 
remplacement  de  M.  Michon,  décédé. 

—  Par  arrêté  préfectoral  du  17  octobre  1881,  M.  Joseph  Berthelé  a 
été  nommé  archiviste  du  département  des  Deux-Sèvres. 

—  Un  prix  de  la  fondation  Archon-Despérouses  a  été  décerné  par 
l'Académie  française  à  notre  confrère  M.  Ludovic  Lalanne.  Le  secrétaire 
perpétuel  de  l'Académie  apprécie  dans  les  termes  suivants  l'ouvrage 
couronné  :  Lexique  des  œuvres  de  Brantôme. 

«  Parmi  les  ouvrages  présentés  cette  année,  en  petit  nombre,  au  con- 
cours fondé  par  M.  Archon-Despérouses,  l'Académie  en  a  distingué 
trois,  qu'elle  récompense,  sans  les  confondre,  pour  des  mérites  divers  et 
dans  des  proportions  très  différentes. 

«  En  première  ligne,  un  prix  de  deux  mille  cinq  cents  francs  est 
décerné  à  M.  Ludovic  Lalanne  pour  le  très  curieux  et  très  savant 
lexique  qu'il  vient  de  publier,  à  la  suite  de  sa  nouvelle  édition  des 
œuvres  de  Brantôme.  Brantôme  n'était  pas  seulement  un  homme  d'es- 
prit qui,  usant  des  libertés  d'une  langue  encore  imparfaite,  la  pliait  à 
ses  besoins,  sans  hésiter  à  créer  des  mots  et  des  tours  de  phrases  pour 
rendre  ses  idées  à  son  goût  et  à  sa  manière  ;  il  a  de  plus  ce  mérite  de 
nous  initier  au  langage  des  gens  parmi  lesquels  il  a  passé  sa  vie  et  dont 
il  a  raconté  les  aventures.  Sous  l'influence  des  reines  venues  de  l'Italie 
et  de  l'Espagne,  la  cour  s'était  mise  alors  à  parler  un  langage  mêlé  d'es- 
pagnol et  d'italien  qui  contrastait  fort  avec  la  langue  du  peuple,  avec 
celle  des  savants  surtout.  C'est  cette  langue  bigarrée  et  singulière  que 


484 

parlait  volontiers  Brantôme  et  que  nous  fait  mieux  connaître  aujour- 
d'hui le  lexique  de  M.  Lalanne. 

c  En  le  récompensant  pour  cet  excellent  travail,  TAcadémie  voudrait 
encourager  M.  Ludovic  Lalanne  à  composer  un  nouveau  lexique  que, 
depuis  longtemps,  il  prépare,  nous  le  savons,  et  qui  ne  nous  serait  pas 
moins  précieux,  sur  la  langue  du  xvi«  siècle.  » 

—  La  faculté  de  droit  de  Paris  avait  proposé,  pour  le  concours  de  1881 
(fondation  du  comte  Hossi),  le  sujet  suivant  : 

Étudier,  dans  les  diverses  œnstitutions  de  VEurope  et  dans  les  constitua 
lions  des  États-Unis,  la  division  du  pouvoir  législatif  en  deux  chambres, 
et  rechercher  quelles  ont  été  les  attnbutions  et  l'influence  de  chacune  d* elles, 

La  faculté  remet  ce  sujet  au  concours  pour  Tannée  1883.  Le  prix  est 
porté  de  2,000  à  4,000  francs.  Les  mémoires,  écrits  en  français  ou  en 
latin,  devront  être  déposés  au  secrétariat  de  la  faculté  au  plus  tard  le 
31  mars  1883. 

—  Notre  confrère  M.  d'Arbois  de  Jubainville,  qui  vient  d'explorer  les 
bibliothèques  de  TAngleterre  et  de  Tlrlande,  vent  bien  nous  informer 
que  les  manuscrits  irlandais  dont  il  a  constaté  la  mention  sur  diffé- 
rents catalogues  y  sont  au  nombre  de  915,  savoir  : 

A  l'Académie  royale  d'Irlande 632 

Au  Musée  britannique 167 

Au  collège  de  la  Trinité  de  Dublin 55 

Chez  lord  Ashburnham  (fonds  Stowe) 39 

A  la  Bodléienne 12 

Au  couvent  des  Franciscains  à  Dublin 8 

A  l'université  de  Cambridge 2 

915 

DONATION  FAITE  A  LA  BIBLIOTHÈQUE  NATIONALE 
PAR  M.  PAUL-ÉMILE  GIRAUD<. 

De  toutes  les  grandes  collections  de  livres  manuscrits  ou  imprimés, 
formées  en  France  au  moyen  âge  et  dans  les  temps  modernes,  il  en  est 
peu  qui  ne  soient  représentées  à  la  Bibliothèque  nationale  par  des  mor- 
ceaux importants  qui  rappellent  le  nom  et  attestent  le  goût  des  biblio- 
philes les  plus  érudits  et  les  plus  délicats.  Pour  une  notable  partie,  c'est 
par  suite  de  donations  que  ces  respectables  débris  sont  venus  trouver  un 
inviolable  asile  dans  un  établissement  oîi  de  tous  les  points  de  l'Europe 

1.  Cette  notice  a  para  au  Journal  officiel  du  13  septembre  1881,  sous  la  forme 
d'un  rapport  adressé  par  M.  Léopold  Delisle  à  M.  le  ministre  de  l'instruction 
publique  et  des  beaux-arts. 


485 

se  donnent  rendez-vous  les  amis  des  lettres,  des  sciences  et  des  arts.  Il 
y  a  là  un  ensemble  de  nobles  traditions  qui  n'ont  jamais  été  interrom- 
pues, et  qui,  Dieu  merci,  ne  sont  pas  à  la  veille  de  s'éteindre.  Je  ne 
parle  pas  seulement  des  riches  cabinets,  comme  ceux  du  cardinal  de 
Bourbon,  des  frères  Dupuy,  du  comte  de  Béthune  et  de  Gaston,  duc 
d'Orléans,  qui  sont  arrivés  tout  entiers  à  la  Bibliothèque  du  roi  et  qui 
ont  si  largement  contribué  à  en  asseoir  la  réputation  sur  des  bases  iné- 
branlables. 

A  côté  de  ces  grands  fondateurs  doivent  être  cités  des  bienfaiteurs 
plus  modestes,  mais  non  moins  méritants,  qui,  par  d'intelligentes  dona- 
tions, se  sont  créé  des  droits  à  la  reconnaissance  publique.  Tels  sont 
ceux  qui,  pour  combler  des  lacunes  dans  les  collections  nationales,  ont 
assuré  à  la  Bibliothèque  la  possession  de  séries  d'ouvrages,  ou  même 
simplement  de  volumes  isolés,  souvent  uniques  et  toujours  très  rares, 
qu'ils  ont  eu  la  bonne  fortune  de  se  procurer  et  dont  ils  ont  reconnu  et 
parfois  démontré  l'importance. 

C'est  ainsi  que  le  regretté  Benjamin  Fillon,  dans  son  avant-dernière 
visite  à  la  Bibliothèque  nationale,  nous  laissa  un  petit  volume,  au  pre- 
mier abord  tout  à  fait  insignifiant,  mais  sur  le  titre  duquel  il  avait 
découvert  la  signature,  jusqu'alors  inconnue,  du  célèbre  graveur  Marc- 
Antoine  Raimondi  ^ 

A  peu  près  en  même  temps,  M.  Guillaume  Guizot  nous  offrait  le  plus 
rare  des  ouvrages  de  la  bibliothèque  de  son  illustre  père  :  un  recueil  de 
documents  très  précieux  pour  l'histoire  diplomatique  du  règne  de 
Louis  XIV,  dont  aucun  autre  exemplaire  n'existe  sans  doute  en  France  ; 
il  est  intitulé  :  «  Négociations  de  M.  le  comte  d'Avaux  en  Irlande, 
1689-1690.  »  C'est  un  volume  in-octavo  de  13  et  756  pages,  dont  l'ori- 
gine est  ainsi  indiquée  par  une  note  autographe  de  M.  Guizot  :  «  Ce 
volume  m'a  été  donné  par  lord  Aberdeen,  qui  en  avait  fait  faire  le 
travail  par  son  fils  Arthur  Gordon,  alors  âgé  de  seize  ans.  Il  n'en  a  été 
tiré  que  dix  exemplaires.  Haddo-House,  13  août  1858.  » 

Tout  récemment,  un  amateur  anglais,  M.  le  docteur  Samuel  Cromp- 
ton,  de  Manchester  2,  nous  adressait  un  bel  exemplaire  du  Strabon  de 
1620,  relié  aux  armes  et  au  chiffre  de  Louis  XIII,  en  y  joignant  une 
lettre  qui  augmentait  encore  le  prix  du  cadeau  :  «  J'ai  l'honneur,  écri- 
vait-il le  7  juillet  1881,  de  vous  envoyer  un  exemplaire  du  Strabon  de 
1620,  au  chiffre  de  Louis  XIII,  pour  être  déposé  à  la  Bibliothèque 

1.  Voyez  à  ce  sujet  une  notice  de  M.  Fillon,  intitulée  :  Nouveaux  Documents 
sur  Marc 'Antoine  Raimondi,  Paris,  1880,  in-4*.  Extrait  de  la  Gazette  des 
beaux-arts. 

2.  Le  même  amateur  a  donné  en  1880  à  l'observatoire  de  Paris  une  photo- 
graphie et  une  aquarelle  du  portrait  authentique  de  Tycho-Brahé,  qu'il  possède 
dans  son  cabinet. 


486 

nationale.  Je  regrette  beaucoup  que  la  reliare,  jadis  si  magnifique,  ait 
tant  souffert  ;  mais  j'espère  qu*un  de  vos  relieurs  si  habiles  pourra  lui 
rendre  un  peu  de  son  premier  éclat.  Je  vous  assure,  monsieur,  qu'il  me 
fait  grand  plaisir  de  rendre  à  la  France  cet  intéressant  exemplaire  d'an 
livre  dont  Pimprimerie  et  l'érudition  française  doivent  s'enorgueillir 
avec  tant  de  raison.  » 

n  y  a  quelques  jours,  en  passant  à  Gaen,  je  recevais  de  M.  Ghâtel, 
archiviste  du  Calvados,  un  livret  gothique  de  six  feuillets  in-quarto, 
imprimé  sur  vélin,  à  Rouen  selon  toute  apparence,  vers  l'année  1510, 
et  contenant  différentes  pièces  relatives  à  l'histoire  de  l'ordre  des  Frères 
mineurs  ^ 

Ces  exemples,  dont  il  serait  facile  de  multiplier  le  nombre,  font  voir 
comment  des  bibliophiles,  sans  diminuer  sensiblement  la  valeur  de  leurs 
collections,  peuvent  en  détacher  des  volumes  qui  figurent  sur  les  rayons 
de  la  Bibliothèque  nationale  avec  autant  d'honneur  pour  le  donateur 
que  de  profit  pour  le  public. 

Au  moyen  âge,  certains  statuts  synodaux  recommandaient  aux  fidèles 
de  ne  pas  faire  leur  testament  sans  y  consigner  un  legs  de  quelques 
deniers  pour  l'œuvre  de  la  cathédrale  du  diocèse.  Pourquoi  nos  biblio- 
philes ne  se  feraient-ils  pas  une  obligation  de  laisser  à  la  métropole  des 
bibliothèques  françaises  un  volume  choisi  dans  leurs  cabinets,  parmi 
les  livres  dont  l'équivalent  n'existerait  pas  dans  les  collections  natio- 
nales ?  Ne  serait-ce  pas  un  excellent  moyen  d'associer  le  souvenir  de 
leurs  noms,  de  leurs  goûts  et  de  leurs  travaux  à  l'existence  d'un  dépôt 
cher  aux  lettrés  du  monde  entier  ? 

Une  telle  pratique  finirait  par  donner  des  résultats  considérables.  Que 
serait-ce  si,  de  temps  à  autre,  la  Bibliothèque  recevait  des  séries  for- 
mées avec  une  préoccupation  particulière  et  en  vue  d'une  étude  déter- 
minée, ou  bien  encore  si  elle  était  mise  à  môme  de  prélever  dans  de 
riches  collections  les  articles  qu'elle  aurait  des  raisons  spéciales  de  con- 
voiter ? 

Dans  ce  dernier  ordre  d'idées,  un  bel  exemple  fut  donné,  il  y  a  plus 
d'un  siècle,  par  Camille  Falconet,  qui,  au  mois  de  décembre  1742, 
a  supplia  le  roi  d'accepter  tous  les  livres  de  son  cabinet  qui  ne  se  trou- 
veroient  pas  dans  la  bibliothèque  de  8a  Majesté,  ne  s'en  réservant  que 
l'usage  pendant  sa  vie.  » 

Une  pensée  analogue  est  venue  tout  dernièrement  à  l'esprit  d'un 
homme  dont  les  travaux  historiques  ont  obtenu  un  légitime  succès  et 
dont  la  longue  carrière  a  été  remplie  de  bonnes  actions  de  toute  espèce. 
M.  Paul-Émile  Giraud,  ancien  député  de  la  Drôme,  auteur  d'une  His- 
toire de  Romans  2  couronnée  en  1867  par  l'Académie  des  inscriptions  et 

1.  Ce  livret  forme  aujourd'hui  le  n"  2858  de  la  série  des  vélins. 

2.  Essai  historique  sur  Vabhaye  de  SainUBarnard  et  sur  la  viUe  de  Romans. 


487 

belles-lettres,  a  mis  plus  d'un  demi-siècle  à  former  une  bibliothèque  qui 
a  été  le  charme  de  sa  vie,  et  qui,  après  lui  avoir  fourni  les  principaux 
éléments  de  ses  compositions  historiques,  a  été  le  premier  atelier  dans 
lequel  s'est  exercé  Tun  des  bibliographes  les  plus  érudits  de  notre 
époque,  M.  Tabbé  Ulysse  Chevalier. 

C'est  à  cette  bibliothèque  qu'on  doit  la  conservation  d'un  texte  fonda- 
mental pour  l'histoire  du  Dauphiné  :  le  cartulaire  de  Saint- André-le- 
Bas  de  Yienne,  dont  l'original  a  été  détruit,  le  5  janvier  1854,  dans 
l'incendie  de  la  bibliothèque  de  Yienne,  mais  dont  M.  Giraud  avait  eu 
l'heureuse  idée  de  faire  exécuter  une  copie  complète,  qu'il  collationna 
lui-même  et  qui  a  permis  à  M.  l'abbé  Ulysse  Chevalier  d'en  donner  une 
très  bonne  édition  en  1869^ 

Il  y  a  bientôt  trente  ans  que  j'eus  l'honneur  et  l'avantage  d'être  mis 
en  rapport  avec  M.  Giraud  par  son  collègue  et  ami  Auguste  Le  Prévost. 
Depuis  lors  il  m'a  été  donné  d'entretenir  avec  lui  une  correspondance 
dont  j'ai  tiré  le  plus  grand  profit.  Au  mois  de  juillet  dernier,  il  voulut 
bien  m'informer  qu'il  avait  recueilli .  deux  exemplaires  du  bréviaire 
imprimé  à  Lyon  en  1612  pour  l'église  de  Saint-Barnard  de  Romans,  et 
qu'il  mettait  à  ma  disposition  le  meilleur  de  ces  exemplaires,  si, 
comme  il  le  croyait,  ce  livre  manquait  à  la  série  liturgique  de  la  Biblio- 
thèque nationale. 

En  acceptant  avec  empressement  une  aussi  gracieuse  proposition,  j'eus 
l'occasion  de  signaler  à  M.  Giraud  certaines  lacunes  dans  les  collections 
de  la  Bibliothèque  et  de  l'entretenir  des  ressources  que  présente,  pour 
combler  ces  lacunes,  l'examen  des  collections  provinciales.  Par  le  retour 
du  courrier  je  recevais,  avec  le  bréviaire  de  1612,  un  beau  registre 
in-folio,  contenant  le  catalogue  de  la  bibliothèque  de  M.  Giraud. 

Il  serait  difficile  de  dire  avec  quel  intérêt ,  mon  collègue  M.  Thierry- 
Poux  et  moi,  nous  lûmes  ce  catalogue,  aussi  curieux  par  la  qualité  des 
livres  mentionnés  que  par  l'originalité  des  notes  et  des  appréciations  du 
collectionneur.  A  chaque  page  nous  y  trouvions  l'empreinte  d'une  véri- 
table expérience  bibliographique,  et  comme  le  reflet  d'une  vie  consacrée 
à  l'histoire  et  aux  progrès  moraux  et  économiques  d'une  partie  du  Dau- 
phiné ^. 

Première  et  deuxième  partie.  Paris,  Louis  Perrin.  1856  et  1866.  Quatre  volumes 
in-8%  auxquels  s'ajoute  un  volume  supplémentaire,  imprimé  à  Lyon  en  1869  : 
Complément  textuel  du  Cartulaire,  faisant  suite  aux  preuves  de  la  première 
et  de  la  deuxième  partie. 

1.  Cartulaire  de  V  abbaye  Saint^André-le-Bas  de  Vienne  y  publié  par  l'abbé 
G.-U.-J.  Chevalier.  Vienne  et  Lyon,  1869.  In-8''  de  xliii,  368  et  44  pages.    • 

2.  Nous  avons  un  résumé  de  cette  vie,  tracé  avec  une  touchante  simplicité, 
dans  le  volume  intitulé  la  Correspondance  de  M,  Paul-Emile  Giraud,  ancien 
député  de  la  Drame,  avec  quelques  hommes  de  lettres,  précédée  de  sa  biogra- 
phie,  Lyon,  1872.  In-8". 


488 

Mais,  en  dépouillant  ce  catalogué,  nous  nous  préoccupions  avant  tout 
d'y  relever  les  principaux  articles  pour  nous  assurer  si  la  Bibliothèque 
nationale  en  possédait  l'équivalent.  En  dernière  analyse,  M.  Thierry 
dressa  une  liste  d'une  quarantaine  d'ouvrages  dont  Tacquisition  lui  sem- 
blait plus  particulièrement  désirable.  Je  transmis  cette  liste  à  M.  Giraud,' 
avec  la  pensée  que  cet  amateur,  aussi  généreux  qu'éclairé,  songerait  à 
nous  léguer  plusieurs  des  volumes  dont  je  lui  donnais  Tindication.  Mon 
ambition  ne  pouvait  pas  aller  au  delà.  Quelle  ne  fut  donc  pas  ma  sur- 
prise en  ouvrant  une  lettre,  datée  du  9  août,  dans  laquelle  M.  Giraud 
s'exprime  ainsi  : 

«  Votre  lettre  du  26  juillet  dernier  m'informe  que  vous  et  M.  Thierry 
vous  avez  passé  ces  jours  derniers  à  lire  attentivement  mon  catalogue 
et  à  le  comparer  avec  vos  collections.  Il  est  résulté  de  ce  travail  une 
liste  d'une  quarantaine  d'articles,  dont  la  possession,  dites-vous,  est 
éminemment  désirable  pour  la  Bibliothèque  nationale.  C'est  une  série  à 
laquelle  vous  paraissez  attacher  une  grande  importance.  C'est  un  motif 
pour  moi  de  faire  tout  mon  possible  pour  réaliser  au  plus  tôt  vos  espé- 
rances. Aussi,  au  lieu  de  renvoyer  à  l'avenir  la  jouissance  de  la  Biblio- 
thèque nationale,  comme  j'en  avais  le  projet,  en  lui  léguant  après  moi 
la  liste  que  vous  avez  dressée,  je  me  décide  à  lui  en  faire  don  immédia- 
tement... Pour  l'exécution  de  ce  plan,  je  me  suis  servi  de  la  liste  des 
ouvrages  que  vous  avez  dressée.  J'ai  réuni  de  la  sorte  tous  les  volumes 
qui  y  sont  compris.  Je  les  ai  fait  placer  dans  une  caisse,  en  les  entou- 
rant de  toutes  les  précautions  convenables,  et  je  vous  les  ai  adressés.  » 

La  caisse  ainsi  annoncée  arrivait  à  la  Bibliothèque  nationale  le 
11  août.  Elle  contenait  tous  les  ouvrages  choisis  par  M.  Thierry,  et 
dont  voici  la  liste  ^  : 

I.  Albert.  —  Histoire  géographique,  naturelle,  ecclésiastique  et  civile 
du  diocèse  d'Embrun,  par  M.  ***  bachelier  en  droit  canonique  et  civil 
de  la  Faculté  de  Paris  et  docteur  en  théologie.  Tome  I.  1783.  In-8*. 

Histoire  ecclésiastique  du  diocèse  d'Embrun,  pour  servir  de  continua- 
tion à  l'Histoire  générale  du  diocèse,  par  M.  ***  bachelier  en  droit... 
1783.  In-8*. 

La  Bibliothèque  nationale  n'en  avait  qu'un  exemplaire  incomplet. 

II.  Alexis  de  Saint-Lo  (Le  P.).  —  Relation  du  voyage  du  Cap- Vert, 
fait  par  le  R.  P.  Alexis  de  Saint  Lo  et  P.  Bernardin  de  Renouard,  ca- 
puchins.  Rouen,  David  Ferrand.  1637.  In-8*. 

Fait  partie  d'an  recueil  qui  a  appartenu  au  président  François  Gourrean  et 
qui  contient,  en  oatre,  les  denx  ouvrages  suivants  : 

Histoire  du  cardinal  Ximenès.  Paris,  Joseph  Bouillerot.  1631.  In-8*. 
1.  Il  n'a  paru  au  Journal  officiel  qu'un  abrégé  de  cette  liste. 


489 

La  république  des  Suisses...  descrite  en  latin  par  Josias  Simler  de 
Zurich  et  nouvellement  mise  en  françois.  Pour  Antoine  Ghupin  et 
François  Le  Preux.  1577.  In-8'. 

m.  Anianus  (Magister).  —  Gompotus  manualis  magistri  Aniani,  cum 
familiarissimo  Jacobi  Mars!  Delphinatis  commentario,  cumque  magistri 
Nicolai  Bonespei  kalendario,  et  cerei  paschalis  tabula,  aliisque  multîs 
pro  ipsius  noticia  conducibilibus,  nuper  editus.  Yenalis  est  in  aedibus 
m.  Nicolai  de  Barra,  sub  signe  divi  Joannis  Baptistae,  e  regione  collegii 
Longobardorum. 

(A  la  fin  :)  Impressum  est  Parrhisiis,  in  œdibus  m.  Nicolai  de  Barra, 
octavo  idus  Martias  1519.  Li-4\ 

IV.  Avignon.  —  Statuts  de  la  cité  d'Avignon,  avec  la  convention 
d^celle,  en  latin  et  françois...  En  Avignon,  de  l'imprimerie  de  J.  Bra- 
mereau.  1617.  Li-4". 

V.  Boule  (Gabriel).  —  Histoire  naturelle  ou  relation  exacte  du  vent 
particulier  de  la  ville  de  Nyons  en  Dauphiné,  dit  le  Vent  de  Saint-Gé- 
sarée  d'Arles  et  vulgairement  le  Pontias,  en  laquelle  sont  insérées 
plusieurs  Remarques  curieuses  de  la  Géographie  et  de  l'Histoire  ecclé- 
siastique, civile  et  naturelle,  et  notamment  diverses  Merveilles  de 
certains  vents  topiques  et  régionaux  cy  devant  inconnues.  Par  Gabriel 
Boule,  marseillois,  conseiller  et  historiographe  du  roy.  A  Orange,  par 
Edouard  Raban,  imprimeur  et  libraire  de  Son  Altesse,  de  la  ville  et 
université.  1647.  In-8». 

VI.  Ghambellan  (David).  —  Pia  religiosa  meditatio  in  sanctam  Jesu 
Ghristi  crucem  et  ejus  vulnera.  —  IXevTixXaeiiioç.  hoc  est  quinque  planctus 
peccatricis  animae  pœnitentis.  —  Docta  et  pia  meditatio  in  psalmum  L... 
et  in  psalmum  GI...  —  Divinum  officium  de  sacrosanctis  Domini nostri 
Jesu  Ghristi  plagis.  Parisiis,  excudebat  Petrus  Galterus  pro  Glaudio 
Garamontio.  1545.  In-16. 

L'épître  à  Mathieu  de  Longaejoue,  évéque  de  Soissons,  que  Claude  Gara- 
mond  a  mise  en  tête  de  ce  volume,  contient  de  précieux  détails  sur 
David  Chambellan,  sur  Jean  de  Gagny  et  principalement  sur  Claude 
Garamond  lui-même.  On  y  voit  comment  Garamond  fut  conduit  à  graver 
les  types  italiques  qui  ont  servi  à  l'impression  de  ce  volume.  — A  la  suite 
se  trouve  relié  : 

Juvenci  Hispani  presbyteri  Historia  evangelica  versu  heroico  des- 
cripta...  Parisiis,  excudebat  Petrus  Galterus  pro  Jeanne  Barbaeo  et 
Glaudio  Garamontio.  1545.  In-16. 

Vn.  Chartreux  (Ordre  des).  —  Praxis  juris  cartusiani  in  judiciis 
reddendis  et  poenis  imponendis  ex  statu tis  desumpti,  cum  forma  proce- 
dendî  juridice  in  ordine  nostro  juxta  usus  ab  antiquis  observâtes.  Gor- 
reriœ  CartusiaB,  per  Glaudium  Favre,  typographum  et  bibliopolam 
Gratianopolitanum.  1695.  In-8*. 

32 


490 

VIII.  Commîmes  (Phil.  de).  —  Gronicque  et  histoire  faicte  et  composée 
par  feu  messire  Philippe  de  Ck)mmine8...  Imprimé  en  mars  l'an  1539. 
On  les  vend  a  Paris...  par  Alain  Lottroian.  In-8*. 

IX.  GosTE  (Hilarion  de).  —  Les  éloges  de  nos  rois,  et  des  enfans  de 
France  qui  ont  esté  dauâns  de  Viennois,  comtes  de  Valentinois  et  de 
Diois...,  avec  des  remarques  curieuses  du  pais  et  de  la  noblesse  de 
Daufîné...  par  F.  Hilarion  de  Goste,  religieux  de  Tordre  des  Minimes. 
Paris,  chez  Sebastien  Gramoisy.  1643.  In-4*. 

Avec  les  deux  suppléments,  Tun  de  7  et  l'autre  de  27  pages;  le  second 
manquait  à  l'exemplaire  de  la  Bibliothèque  nationale. 

Exemplaire  donné  en  prix,  en  1741,  au  collège  de  La  Marche  à  Paris 
(collegium  Marchiano-  Winvillsum), 

X.  Dauphiné  (Gommunautés  villageoises  du).  —  [Recueil  de  neuf 
pièces  in-8',  dont  la  date  est  comprise  entre  les  années  1607-1611,  tou- 
chant les  dettes  des  communautés  villageoises  du  Dauphiné,  savoir  :] 

1.  Arrests  du  roy  en  son  conseil  privé  faicts  pour  le  soulagement  des 
communautez  villageoises  et  particuliers  habitans  d'icelles,  de  la  province 
de  Daulphiné,  avec  les  mémoires,  instructions,  arrests  et  reglemens, 
sur  lesquels  Sa  Majesté  veut  qu'il  soit  procédé  à  vérification...  A  la 
poursuitte  et  instance  du  sieur  Glaude  Brosse,  syndic  des  dictes  com- 
munautez, contre  les  créanciers  d'icelles.  A  Lyon,  et  se  vendent  à 
Grenoble,  en  la  boutique  d'Ambroise  Jaquemet,  en  la  rue  du 
Palais.  1607. 

2.  Arrest  du  roy,  donné  en  son  Gonseil  privé  le  17  juin  1608...  (pour 
le  payement  des  dettes  des  communautés).  A  Lyon,  pour  Ambroise 
Jaquemet,  libraire...  à  Grenoble.  1608. 

3.  Gayer  présenté  au  roy  par  sieur  Glaude  Brosse,  scindic  des  com- 
munautez villageoises  de  Daulphiné,  contenant  plusieurs  plaintes  et 
doléances  des  dictes  communautez,  respondu  au  Gonseil  d'estat  de  Sa 
Majesté  le  23  aoust  1608.  A  Lyon,  et  se  vendent  à  Grenoble,  en  la  bou- 
tique d'Ambroise  Jaquemet.  1609. 

4.  Arrest  donné  par  le  Roy  en  son  Gonseil  le  dernier  jour  de  septembre 
1610  (touchant  les  dettes  des  communautés). 

5.  Arrest  de  Sa  Majesté,  donné  en  son  Gonseil  d'estat,  le  dernier  jour 
de  septembre  1610...,  avec  l'arrest  de  la  cour  de  parlement  du  dit  pays 
(de  Dauphiné)  du  29«  janvier  1611,  portant  que  le  dit  arrest  seroit  leu, 
publié  et  enregistré.  Le  tout  obtenu  à  la  poursuitte  du  sieur  Glaude 
Brosse,  sindic  des  communautez  villageoises  du  dict  pays.  A  Grenoble, 
par  Guillaume  Verdier.  1611. 

6.  Arrest  et  règlement  faict  en  présence  de  monseigneur  le  mareschal 
de  Lesdiguières  par  Messieurs  les  commissaires  députez  par  Sa  Majesté 
à  la  veriffication  et  réduction  des  debtes  des  communautez  villageoises 
de  Daulphiné...  Imprimé  à  Grenoble  par  Guillaume  Verdier...  1611, 


494 

7.  Stil  et  règlement  dressé  par  la  cour  de  parlement  de  Daulphiné 
sous  le  bon  plaisir  du  roy,  pour  estre  suivy  et  observé  par  les  commis- 
saires qu'elle  a  députez  à  la  verifûcation  des  debtes  des  communautés 
villageoises  et  par  les  parties  procedans  par  devant  les  dicts  com- 
missaires. 

8.  Arrest  de  la  cour  pour  le  despartement  de  messieurs  les  commis- 
saires députez  à  la  veriffication  des  debtes  des  communautez  de  ce 
pays  publiés  {sic)  en  parlement  le  8  aoust  1611. 

9.  Patantes  de  Sa  Majesté  concernant  les  debtes  contractées  au  temps 
de  l'affoiblissement  des  monnoyes.  (5  décembre  1609.) 

XI.  Dauphiné  (Communautés  villageoises  du).  —  [Recueil  de  vingt 
pièces  in-4%  dont  la  date  est  comprise  entre  les  années  1634  et  1648, 
touchant  principalement  les  tailles  et  les  dettes  des  communautés  villa- 
geoises du  Dauphiné,  savoir  :] 

1 .  Très  humbles  remonstrances  au  roy  par  les  gens  du  tiers  estât  du 
Dauphiné,  contre  les  deux  premiers  ordres  et  officiers  de  la  mesme  pro- 
vince. A  Paris.  1634. 

2.  Arrest  du  conseil  d'estat  du  roy  portant  règlement  entre  les  ordres 
de  la  province  de  Dauphiné,  sur  la  réalité  des  tailles,  du  dernier  may 
1634.  A  Paris,  chez  Jacques  Dugast.  1634. 

3.  Arrest  du  Conseil  d'estat  du  roy,  donné  en  exécution  et  interpré- 
tation du  règlement  faict  par  Sa  Majesté  le  dernier  jour  de  may  1634... 
Ensemble  la  lettre  que  le  sieur  Brosse,  sindic  des  communautez  villa- 
geoises de  Dauphiné,  a  escrite  à  ceux  de  son  Ordre,  sur  le  sujet  du 
présent  arrest.  A  Vienne...  1636. 

4.  Arrests  du  Conseil  d'estat  du  roy  pour  l'augmentation  de  la  portion 
congrue  des  curez  de  la  province  de  Dauphiné  jusqu'à  200  livres,  du 
28  juin  1636...  (Autres  arrêts  du  dit  Conseil  relatifs  aux  tailles,  au  port 
de  l'arquebuse  et  à  la  chasse,  et  à  l'établissement  des  commissaires  et 
séquestres  des  biens  saisis,  tous  du  même  jour.)  A  Vienne,  par  Aymé 
Pansard...  1636. 

5.  (Arrêt  du  Conseil  d'état  pour  la  surséance  du  paiement  des  dettes 
des  villes  et  communautés  de  Dauphiné.  7  juin  1636.) 

6.  Arrests  du  Conseil  d'estat  du  roy  extraicts  aux  originaux.  A  Vienne, 
par  Aymé  Pansard...  1637.  (1.  Arrêt  du  8  juin  1636  pour  le  syndic  des 
communautés  villageoises  de  la  province  de  Dauphiné.  —  2.  Arrêt 
du  30  août  1636  pour  les  faussonnages.  —  3.  Arrêt  du  20  décembre  1636 
interdisant  les  assemblées  de  l'ordre  de  la  noblesse.  —  4.  Arrêt  du  31  dé- 
cembre 1636,  portant  décharge  des  cottes  de  certains  condamnés.  — 
5.  Arrêt  du  21  février  1637  déboutant  les  récusations  proposées  contre 
monseigneur  de  Talon.) 

7.  Arrests  du  Conseil  d'estat  du  roy,  du  31  mars  1637,  pour  le  loge- 
ment et  payement  des  gens  de  guerre,  et  continuation  de  la  sursoyance 


492 

des  debtes  dos  communautez  de  la  province  de  Dauphiné,  pour  deux 
années. 

8.  Arrest  du  Conseil  d'estat  de  Sa  Majesté  contenant  que  les  qualifi- 
cations et  quittances  de  ban  et  arrière  ban  ne  pourront  servir  de  tiltre 
à  ceux  qui  se  prétendent  nobles...  23  mai  1637. 

9.  (Arrêt  du  Conseil  d'état  du  23  avril  1637  autorisant  les  receveurs 
particuliers  des  élections  à  remettre  certaines  cottes  au  receveur  géné- 
ral de  la  province.) 

10.  (Arrêt  du  22  août  1637  au  sujet  des  assemblées  des  nobles  de  la 
province.) 

11.  (Arrêt  du  29  août  1637  pour  la  surséance  des  dettes  des  commu- 
nautés.) 

12.  (Arrêt  du  25  août  1635  pour  le  paiement  des  tailles  dues  par  les 
officiers  du  parlement  de  Grenoble,  etc.) 

13.  (Ordonnance  de  Tintendant  Jacques  Talon  pour  le  paiement  des 
dites  tailles.  7  août  1635.) 

14.  Arrest  et  règlement  du  Conseil  d'estat  du  roy  sur  les  différens 
des  trois  ordres  de  la  province  de  Dauphiné,  du  6  avril  1639. 

15.  (Arrêt  du  24  octobre  1639  portant  règlement  pour  la  levée  des 
tailles  en  Dauphiné.) 

16.  (Arrêt  du  2  avril  1648  pour  assujettir  à  la  taille  tous  les  héritages 
possédés  par  personnes  taillables  jusqu'au  l»'  mai  1635,  etc.) 

17.  Modelle  qui  doit  estre  observé  en  chacune  communauté  pour 
attester  des  biens  acquis  en  la  province  de  Dauphiné. 

18.  (Arrêt  du  5  juin  1647  pour  les  dettes  des  communautés  du  Dau- 
phiné.) 

19.  (Arrêts  pour  les  dettes  des  communautés.  25  juin  1636,  26  mars 
1639,  28  septembre  1639,  31  mars  1640.) 

20.  (Arrêt  du  11  août  1646  pour  la  vérification  et  réduction  des  dettes 
des  communautés.) 

21.  (Arrêts  pour  le  paiement  des  dettes  des  communautés,  et  pour  le 
rachat  et  réduction  des  rentes  en  grain.  11  mars  1648.) 

Xn.  Dauphiné  (Cour  des  aides  de).  —  Recueil  contenant  : 

1.  Le  stil  de  la  cour  des  aydes  et  finances  de  Dauphiné,  séante  à 
Vienne,  avec  le  règlement  de  la  dite  cour  du  13  mars  1640  sur  la  forme 
de  rimposition  et  levée  des  tailles  de  la  dite  province.  Seconde  édition. 
Vienne,  Claude  Baudrand.  1656.  In-8». 

2.  Règlement  faict  par  la  cour  des  aydes  et  finances  de  Dauphiné... 
publié  en  l'audience,  le  13  mars  1640.  Vienne,  Claude  Baudrand.  1656. 
In-8% 

3.  Abrégé  du  stil  de  la  cour  des  aydes  et  finances  de  Dauphiné. 
Vienne,  Claude  Baudrand.  1656.  In-8". 


493 

XIII.  DiCTYS.  —  Trojana  historia  Dyctys  Gretensis.  Sans  lieu  ni  date. 
[Cologne,  Uiric  Zell.]  In-4».  (N»  6154  de  Hain.) 

XIV.  Du  PuY  (Charles).  —  Discours  en  forme  de  cantique  sur  la  vie 
et  mort  de  Charles  du  Puy,  seigneur  de  Monthrun  et  de  Ferrassières, 
gentilhomme  daulphinois,  bon  serviteur  de  Dieu  et  de  la  couronne  de 
France,  faict  par  B.  D.  L.  R.  D.  Imprimé  Tan  de  Christ  1576.  In-8»  de 
16  feuillets. 

XY.  École  d'amour.  —  L'escole  d'amour  ou  les  héros  docteurs,  par 
M.  D.  L.  C.  Grenoble,  Robert  Philippes.  1665. 

Ce  titre  est  en  tète  d'un  cahier  de  six  feuillets,  contenant  une  épître  de 
R.  Philippes  au  comte  de  Sault  et  un  sonnet  de  C.  de  Mallesalz.  Après 
ce  cahier  vient  le  titre  véritable  et  original  : 

L'escole  d'amour,  ou  les  héros  docteurs,  par  M.  D.  L.  G.  A  Paris, 
par  la  Société  des  imprimeurs  et  libraires  du  Palais.  1665.  In-12. 

L'ancien  catalogue  manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale,  où  cet  ouvrage 
est  porté  au  nombre  des  desiderata,  l'attribue  à  Alluis. 

XVI.  Extrait  de  plusieurs  saints  docteurs.  —  Extraict  de  plusieurs 
sainctz  Docteurs,  propositions,  dictz  et  sentences,  contenant  les  grâces, 
fruictz,  profitz,  utilitez,  louanges  du  très  sainct  et  digne  sacrement  de 
l'autel.  Paris,  pour  Pierre  CorbauU.  In-8". 

Au  bas  de  la  première  page  du  second  cahier,  à  gauche  de  la  signature  B, 

se  lisent  les  mots  :  Suffrages.  Picar, 
Ce  livre  d'église,  en  français,  imprimé  en  caractères  gothiques,  contient, 

entre  autres  morceaux  : 

L'Office  de  Nostre  Dame  de  Pitié.  (Cahier  D.) 

Manière  de  bien  vivre  dévotement  et  salutairement  par  chacun  jour 
pour  hommes  et  femmes  de  moyen  estât,  composée  par  maistre  Jean 
Gantin,  docteur  en  théologie.  (Cahier  E.) 

Cy  commence  une  petite  instruction  et  manière  de  vivre  pour  une 
femme  séculière...  A  Paris,  pour  Pierre  Gorbault.  (Cahier  F.) 

S'ensuyvent  plusieurs  dévotes  oraisons  et  méditations  sur  la  mort  et 
passion  de  Nostre  Seigneur  Jésus  Christ...  A  Paris,  pour  Pierre  Gor- 
bault. (Cahier  J.) 

Le  voyage  et  oraisons  du  mont  de  Calvaire  de  Romans  en  Daulphiné 
fort  dévot  et  contemplatif  ^.  (Cahiers  J  et  K.) 

Le  salut  de  la  Vierge  Marie,  lequel  se  chante  communément  au  des- 
sous de  la  saincte  chapelle  à  Paris.  (Cahier  L.) 

1 .  Opuscule  de  dévotion  composé  à  l'occasion  du  chemin  de  la  croix  qui  fut 
établi  à  Romans  vers  Tannée  1516,  époque  à  laquelle  deux  cordeliers,  Ange  de 
Linx,  de  Beauvais,  et  Laurens  Morelli,  de  Saint-Jean  de  Maurienne,  «  ont  dict 
en  preschant  en  la  chaire  de  vérité  la  dicte  ville  de  Romans  estre  semblable  à  la 
cité  de  Hierusalem.  »  —  Voyez  plus  bas,  n*  XXII. 


494 

S  viiiiuyvent  les  quinze  etTusions  du  sang  de  nostre  Sauveur  et  re- 
dttiapleui*  Jésus  Christ...  A  P&ris,  par  Thomas  Sevestre  pour  Pierre 
(!urbault  (oahier  ^). 

1^  vie  do  madame  saiacte  Marguerite  vierge  et  martyre,  avec  son  an- 
iieuue  et  oraison.  (Cahier  A.) 

KVil.  Flore  et  Bla>'chefleub.  —  L'Histoire  amoureuse  de  Flores  et 
Ulauchetleur  s'amye,  avec  la  complainte  que  fait  un  amant  contre 
Amour  ot  sa  Dame,  le  tout  mis  d'espagnol  en  françois,  par  maître 
Jaquos  Vincent,  aumônier  de  monsieur  le  conte  d^Ân^niien.  A  Paris, 
du  riuiprimerie  de  Michel  Fezandat,  au  Mont  Sainct  Hilaire,  à  Fhostel 
d'Albret.  1554.  In-8. 

La  seconde  partie  du  volume  est  intitulée  : 

La  complainte  et  avis  que  fait  Luzindaro,  prince  d'^Ethiopie,  à  ren- 
contre d'Amour  et  d'une  dame,  continuée  jusques  à  leur  fin,  mise  de 
grec  en  castillan,  puis  translatée  en  français,  par  Jaques  Vincent  du 
Crest  Arnauld  en  Daulphiné,  aumônier  de  monsieur  le  conte  d'Anguien. 
A  Paris.  1554. 

XVIIL  Grenoble  (Pénitents  blancs  de).  —  Statuts,  reiglemens  et 
ordonnances  des  frères  pénitens  blancs  de  la  ville  de  Grenoble,  fondez 
à  rinstar  de  ceux  de  la  grande  société  de  Nostre  Dame  du  Confidon  de 
Rome.  A  Grenoble,  chez  Pierre  Verdier,  imprimeur  du  Roy.  1632. 
In-8-. 

XIX.  Grenoble  (Statuts  synodaux  de).  —  Constitutiones  synodales  a 
R.  in  Christo  P.  et  D.  domino  L.  Alamando,  Dei  et  Sanctae  Romane 
ecclesis  gratia  episcopo  et  principe  Gratianopolitano,  instaurât».  Lug- 
duni,  venundantur  apud  Joannem  Martin,  bibliopolam,  in  vico  Palatii. 
1548.  In-8*. 

(A  la  fin  :)  Impressum  Lugduni,  apud  Dionysium  Herssum  typogra- 
phum,  anno  Domini  1548. 

XX.  GuÉRiN  DE  Montglave.  —  Histoiro  du  noble  preux  et  vaillant 
Guerin  de  Montglave,  lequel  fît  en  son  temps  plusieurs  illustres  Mets 
d'armes,  aussi  des  grands  et  merveiilleux  combats  que  firent  Robastre  et 
Perdigon,  pour  secourir  Guerin  et  ses  enfans.  A  Lyon,  par  Benoist 
Rigaud.  1585.  Li-8'. 

XXI.  Heures.  —  Grandes  Heures  de  Simon  Vostre.  t  Ces  présentes 
heures  à  Tusaige  de  Romme  sont  au  long  sans  requérir,  et  ont  esté 
faictes  pour  Symon  Vostre,  libraire,  demourant  à  Paris,  à  la  rue  Neuve 
Nostre  Dame,  à  leuseigne  sainct  Jehan  l'evangeliste,  par  Philippe 
Pigouchet.  »  Vers  Tannée  1502.  In-S'  sur  vélin. 

Ces  Heures  doivent  être  rangées  parmi  les  chefs-d'œuvre  de  Pigouchet. 
L'exemplaire  de  M.  Giraud  est  admirablement  conservé;  les  gravures  y 
sont  restées  en  noir  ;  la  reliure  en  velours  rouge  est  garnie  de  fermoirs  et 


495 

de  coins  en  argent  ciselé;  sur  les  plaqnes  qui  ornent  le  milieu  des  deux 
plats  se  voient  les  armes  du  cardinal  Georges  d'Armagnac,  l'un  des  prélats 
français  du  zyi*  siècle  qui  ont  rendu  le  plus  de  services  aux  lettres  et 
aux  arts. 

XXII.  Instruction  (Petite).  —  Cy  commence  une  petite  instruction 
et  manière  de  vivre  pour  une  femme  séculière...  Imprimée  à  Troyes, 
chez  Jean  Le  Coq.  —  S'ensuyt  une  dévote  méditation  sur  la  mort  et 
passion  de  Nostre  Sauveur  et  rédempteur  Jesu  Christ...  — Le  voyage  et 
oraisons  du  mont  de  Calvaire  de  Romans  en  Dauphiné.  —  Extraict  de 
plusieurs  sainctz  docteurs...  contenans  les  grâces,  fruicts,  profits,  uti- 
litez  et  louanges  du  sainct  et  digne  sacrement  de  l'autel...  —  In-8'. 

Ce  livre  de  dévotion  contient  une  partie  des  morceaux  renfermés  dans  le 
volume  qui  est  enregistré  ci-dessus  sous  le  n**  XVL 

XXIII.  Jeanne  d'Arc.  —  Jeanne  d'Arc  natifve  de  Vaucouleur  en 
Lorraine  dite  la  Pucelle  d'Orléans.  A  Troyes,  chez  Edme  Briden,  au 
nom  de  Jésus.  1621.  In-8". 

(A  la  fin  :)  Achevé  d'imprimer  le  15  juillet  1622  en  la  maison  de  Edme 
Briden,  libraire  et  imprimeur,  en  la  rue  Nostre  Dame,  au  nom  de 
Jésus,  à  Troyes. 

Ce  volume  comprend  :  1*>  Histoire  de  la  pucelle  d'Orléans;  2**  Histoire  du 
siège  qui  fut  mis  par  les  Anglois  devant  la  ville  d'Orléans...;  3"  Antiquité 
de  la  ville  d'Orléans  et  choses  plus  notables  d'icelle,  fidèlement  recueillie 
des  cosmographes  et  historiens  qui  en  ont  escrit,  par  Léon  Trippault. 

Exemplaire  de  Secousse. 

XXIV.  La  Rivière  (Louis  de).  —  Histoire  de  la  vie  et  mœurs  de 
Marie  Tessonnière,  native  de  Valance  en  Dauphiné,  composée  et  divi- 
sée en  quatre  livres,  par  le  R.  P.  Louys  de  La  Rivière,  minime  théolo- 
gien... Lyon,  Claude  Prost.  1650.  In-4». 

XXY.  LoNGUEiL  (Christophe  de).  —  Clarissimi  oratoris,  bonarum 
artium  cultoris,  ac  juris  et  legum  doctoris  locupletissimi,  hac  nostra 
tempestate  memoria,  eloquutione  triumque  linguarum  peritia  singula- 
ris,  ac  illustrissimi  principis  Augulismensis  aulici,  domini  Christofori 
a  Longolio  panegyricus  in  civilis  sapientie  laudem,  dum  prolytharum 
infulis,  apud  Delphinates,  in  florenti  et  famoso  Valentino  gynnasio  per 
magnificum  senatorem  dominum  Philippum  Decium  donaretur...  — 
(A  la  fin  :)  Ut  complurimorum  morem  gereret  voluntati,  sua  impensa 
presentem  panegyricum  in  formis  redigendum  curavit  Yalentie  dominus 
Ludovicus  Olivelli,  universitatis  ejusdem  bibliopola  juratus,  octavo 
nonatô  septembris,  anno  Domini  mil.  vc.  Xini   —  In-4' de  12  feuillets. 

XXVI.  Pape  (Gui).  —  Consilia  domini  Guidonis  Pape  cum  reperto- 
rio.  Lugduni,  in  officina  calcographica  Joannis  Crespin,  alias  du  Carre. 
1533,  mensis  februarii  die  11.  In-8'. 

XXVII.  Papç  (Gui).  —  Decisiones  parlamenti  dalphinalis  Grationo- 


496 

polis,  per  quondam  eximium  juris  utriusque  doctorem  dominum  Gui- 
donem  Pape...  [una  cum  additionibus...  Anthonii  Rambaudi  et  Johannis 
de  Gradibus.]  Lugduoi,  Jacobus  Myt.  1516,  die  4  meDsis  Aprilîs.  In-4*. 

XXVIII.  PoNTAYMERi  (A.  de).  —  La  cité  de  Montelimar,  ou  les  trois 
prinses  d'icelle,  composées  et  rédigées  en  sept  livres  par  A.  de  Pontay- 
meri,  seigneur  de  Foucheran.  1591.  Petit  in-4\ 

Ce  poème  est  dédié  à  monseigneur  Desdigoières. 

XXIX.  Romans  (Bréviaire  de  l'église  de).  1518. 

Le  premier  feaillet  de  ce  précieux  volume,  qui  devait  contenir  un  titre,  a 
disparu  et  a  été  remplacé  par  un  feuillet  sur  lequel  une  main  du  xyii*  ou 
du  XVIII*  siècle  a  tracé,  en  noir  et  en  rouge,  le  titre  suivant  :  c  Breviarium 
ecclesiœ  S.  Barnardi  de  Romanis,  impressum  Meymanis.  M.D.xvm.  » 

Ce  bréviaire^  de  format  in- 16,  se  compose  d'un  cahier  préliminaire  signé +, 
qui  contient  le  calendrier,  et  d'une  série  de  cahiers  signés  a-zz,  compre- 
nant au  moins  554  feuillets,  numérotés  de  i  à  ggggcliiii.  A  la  suite  du 
calendrier,  on  y  trouve  : 

1*  (fol.  i)  le  psautier,  suivi  des  litanies  et  des  hymnes,  c  In  nomine  Domini 
nostri  Jesu  Christi  incipit  breviarium  seu  ordo  dicendi  horas  ad  usum 
insignis  ecclesie  collégiale  Beati  Barnardi  de  Romanis  sacrosancte  Romane 
ecclesie  immédiate  subjecte,  ab  eodem  sancto  Bamardo  Viennensi  archie- 
piscopo  in  honorem  sanctorum  apostolorum  Pétri  et  Pauli  necnon  sancto- 
rum  Severini,  Ëxuperii  et  Feliciani  in  ipsa  quiescentium  fundate.  » 

2°  (fol.  Gvii)  le  propre  du  temps,  précédé  de  cette  rubrique,  en  tête  de  la 
seconde  colonne  du  fol.  cvi  :  c  in  Christi  nomine.  Amen.  Incipit  Brevia- 
rium secundum  usum  insignis  ecclesie  collégiale  beati  Barnardi  de  Romanis 
in  Viennensi  diocesi  site.  Sabbato  ante  primam  dominicam  adventus 
Domini  ad  vesperas  antiphone  et  psalmi  feriales.  Capitulum.  » 

3**  (fol.  cGGLxi)  le  propre  des  saints,  avec  cette  rubrique  imprimée  sur  le 
feuillet  précédent  :  c  Incipiunt  festivitates  sanctorum  per  anni  circu- 
lum...  » 

4**  (fol.  cGGCG  xxxiii  verso)  le  commun  des  saints  :  «  Incipit  commune 
sanctorum  officia  propria  non  habentium.  » 

Le  dernier  feuillet  de  Teiemplaire  est  signé  zz  ii  et  numéroté  ggogg  liiii;  il 
est  probable  qu'il  devait  être  suivi  de  plusieurs  feuillets  dont  la  perte  nous 
prive  de  la  souscription  finale. 

L'impression  est  en  caractères  gothiques,  en  rouge  et  en  noir,  sur  deux  co- 
lonnes, à  32  lignes  par  colonne.  L^office  de  chacune  des  principales  fêtes 
est  orné  d'une  gravure  et  d'un  encadrement.  Il  convient  de  remarquer 
l'image  de  saint  Barnard  qui  occupe  la  moitié  du  fol.  ggglxxxvi  recto. 

Un  second  exemplaire  de  ce  Bréviaire,  possédé  par  M.  l'abbé  Ulysse  Cheva- 
lier^, est  également  incomplet  des  derniers  feuillets,  mais  ii  contient,  en 
caractères  manuscrits,  du  xvii*  ou  du  commencement  du  xviii"  siècle, 
la  copie  de  la  souscription  par  laquelle  se  terminait  le  Bréviaire,  et  qui 
est  ainsi  conçue  : 

1.  M.  l'abbé  Chevalier  a  donné  en  1865  la  description  de  cet  exemplaire, 
dans  le  Bulletin  du  bibliophile,  série  XYI,  p.  395-398. 


497 

Breviarium  ad  usum  insigûis  et  collégiale  ecclesie  sancti  Barnardi  de 
Romanis,  sancte  Romane  ecclesie  immédiate  subjecte,  finit  féliciter.  Et 
quia  breviaria  dicte  ecclesie  nunquam  alias  fuerunt  impressa,  atten- 
dentes  egregii  \enerandique  patres  domini  de  capitulo  dicte  ecclesie 
quod  tam  ex  indebita  ordinatione  breviariorum  per  pridem  ad  manum 
scriptorum  quam  ex  discrepantiis  antiquarum  rubricarum  officium  de- 
bito  modo  dici  non  poterat,  presertim  ab  eis  quos  ex  justa  causa  dictam 
ecciesiam  absentare  contingit,  deputaverunt  egregios^  et  venerabiles 
viros  dominos  Antonium  de  Plastro,  canonicum  et  claverium,  Guigo- 
nem  Reymondi,  tbesaurarium,  Karolum  de  Arzago  bebdomadarium  et 
subcabiscolum,  Humbertum  Miihardi,  Guillermum  Alexi,  et  Antonium 
Guififredi,  presbiteros  incorporatos  et  ab  infantia  in  dicta  ecclesia  nutri- 
tos,  ad  tollendum  errores  et  discrepantias  declarandumque  ea  que  prius 
dubia  videbantur,  qui  sagaci  indagine  opus  hoc  correxerunt.  Fuit  autem 
incepta  impressio  in  dicto  oppido  de  Romanis,  et  finita  in  loco  de 
Meymanis,  in  domo  prefati  domini  Reymondi,  sumptibus  prefati  vene- 
rabilis  capituli,  arte  vero  et  industria  honorabilis  viri  Joannis  Bellon, 
civis  Valentie  2,  impressoris,  anno  incarnate  deitatis  millesimo  quingen- 
tesimo  decimo  octavo,  die  7»  Julii. 

Il  résulte  de  cette  souscription  que  rimprimeur  Jean  Bellon,  de  Valence, 
fut  appelé  à  Romans  pour  Imprimer  un  bréviaire  à  Tusage  du  chapitre  de 
Saint-Barnard,  qu'il  en  commença  Timpression  dans  la  ville  même  de 
Romans  et  qu'il  la  termina  le  7  juillet  1518  à  Meymans',  dans  une  maison 
appartenant  à  Guigne  Reymond,  trésorier  de  Téglise  de  Saint-Barnard. 
M.  Giraud  suppose,  avec  beaucoup  de  vraisemblance,  que  Jean  Bellon, 
chassé  de  Romans  par  l'invasion  de  la  peste,  acheva  son  travail  dans  un 
domaine  rural  où  avait  dû  se  réfugier  une  partie  du  chapitre.  —  Cette 
hypothèse  se  trouve  confirmée  par  la  souscription  d'un  Missel  de  Meissen, 
qu'a  bien  youlu  me  signaler  M.  James  Weale  et  qui  nous  apprend  com- 
ment révéque  Jean  de  Salhausen  fit  imprimer  ce  livre  :  «...  per  indus- 
trium  Conradum  Kachelofen,  hujus  impressorie  artis  magistrum,  oppidi- 
que  Lipsensis  concivem,  in  oppido  eodem  inchoari  atque  grassante  pestifero 
morbo  in  oppido  Freiberg  perfici  et  féliciter  finiri  procuravit,  die  lune 
mensis  Novembris  noua  1495*.  » 

XXX.  Romans  (Second  bréviaire  de).  —  Breviarium  ad  usum  insignis 
et  collegiatae  ecclesiœ  Beati  Barnardi  de  Romanis.  Lugduni,  sumptibus 
Guillielmi  Linocerii.  1612.  In-16.  —  (A  la  fin  :)  Impressum  Lugduni, 


1.  La  copie  porte  egregium. 

1.  Dans  la  copie,  on  lit  en  toutes  lettres  Valentiœ. 

3.  Meymans  est  aujourd'hui  une  dépendance  de  la  commune  de  Beauregard 
(Orôme),  arr.  de  Valence,  cant.  Bourg-de-Péage. 

4.  Panzer,  Annales  iypographici,  t.  I,  p.  4S3,  et  Hain,  Repertorium,  t.  III, 
p.  432,  n«  11327. 


498 

in  typographia  Joannis  Poyet,  civis  Lugdunensis,  anno  a  partu  Virgi- 
nis  1612,  die  duodecima  mensis  Aprilis. 

XXXI.  Saillans  (Gaspar  de).  —  Premier  livre  de  Gaspar  de  Saillans, 
gentilhomme  citoyen  de  Valance  en  Dauphiné...  A  Lyon,  par  Jacques 
de  la  Planche.  1569.  In-8*. 

c  Ce  premier  [livre]  est  divisé  jen  Irois  parties,  la  première  desquelles  est 
da  mariage  de  Tauteur  avec  damoiselle  Loyse  de  Bourges,  lyonnaise;  la 
seconde  de  leurs  fiansailles,  et  la  troisième  de  leurs  nopces;  et  y  sont 
aucunes  lettres  missives  familièrement  escrittes  au  vray.  »  (Extrait  de  la 
Déclaration  mise  en  tète  de  l'ouvrage.) 

XXXII.  Saint-Marcellin  (Style  de).  —  Stylus  curiae  majoris  Vien- 
nesii  et  Valentinesii  ballivatusque  sive  praefecturae  Sammarcellinensis, 
cum  notis  Glaudii  de  La  Grange,  in  eadem  curia  supprœfecti...  Lugduni, 
apud  Benedictum  Rigaudum.  1581.  In-8'. 

Exemplaire  qui  fut  offert  en  1605  par  Scipion  Guilliet  à  Arthur  de  Lyonne. 

XXXIII.  Sottie.  —  Sottie  à  dix  personnages  jouée  à  Genève  en  la 
place  du  Molard,  le  dimanche  des  Bordes,  l'an  1523.  A  Lyon,  par  Pierre 
Rigaud.  In-8*.  —  (Réimpression.) 

XXXIV.  Sydrach.  —  Le  livre  que  Sydrach  philosophe  a  fait,  lequel 
livre  est  la  Fontaine  de  toutes  sciences,  imprimé  à  Valence,  Tan  1513, 
et  le  25  d'aost.  Marque  de  Jehan  Belon.  In-4«. 

XXXV.  Theramo  (Jacobus  de).  —  Processus  Luciferi  contra  Jhesum 
coram  judice  Salomone. 

Impression  gothique,  à  deux  colonnes,  41  lignes  à  la  colonne.  Sans  chiffre^ 
réclame,  ni  signature.  In-folio.  Maroquin  rouge.  Exemplaire  de  Girardot 
de  Préfond.  N*  649  de  Boulourlin. 

XXXVI.  [Thyard  (Pontus  de)].  —  Erreurs  amoureuses.  A  Paris,  par 
la  veufve  Guillaume  le  Bret,  au  Clos  Bruneau,  à  renseigne  de  la  Corne 
de  Cerf.  1554.  In-16. 

(La  seconde  partie  du  volume  est  intitulée  :)  Continuation  des  erreurs 
amoureuses,  avec  un  chant  en  faveur  de  quelques  excellens  poètes  de 
ce  tems.  1554. 

(A  la  fin  :|  Imprimé  à  Paris,  par  Jehan  Langlois,  pour  la  veufve 
Guillaume  le  Bret,  au  Gloz  Bruneau,  à  l'enseigne  de  la  Corne  de  Cerf, 
le  cinqiesme  jour  de  janvier  1554. 

La  continuation  des  Erreurs  amoureuses  est  d'Antoine  Du  Moulin.  —  Exem- 
plaire relié  aux  armes  de  Madame  de  Pompadour. 

XXXVn.  TiBULLE.  —  Clarissimorum  poetarum  Tihulli,  Catulli  et 
Propertii,  cum  eorum  vita,  opéra  Regii  Lepidi  accuratissime  impressa, 
auctoribus  Prospère  Odoardo  et  Alberto  Mazali  Regiensibus,  anno  sa- 
lutis  1481,  19  kalendas  Octobris.  In-folio.  (Panzer,  t.  Il,  p.  392,  n*  2.) 

XXXVni.   TouRNON.   —  La  triomphante  entrée  de  noble  et  très 


499 

illustre  dame  madame  Magdeleine  de  La  Rochefocaud,  espouse  de  hault 
et  puissant  seigneur  messire  Just  Loys  de  Tournon,  seigneur  et  baron 
du  dict  lieu,  comte  de  Roussillon,  etc.,  faicte  en  la  ville  et  université 
de  Tournon,  le  dimenche  vingt  quatriesme  du  moys  d'avril  1583.  A 
Lyon,  par  Jean  Pillehotte,  à  l'enseigne  du  Jésus.  1583.  Petit  in-8'. 

Manquent  le  premier  et  le  dernier  feuillet  du  cahier  A.  —  L'auteur  du  re- 
cueil est  Honoré  d'Urfé,  chevalier  de  Malte. 

XXXIX.  TuRRB  Gremata  (Jo.  de).  —  Johannis  de  Turre  Gremata, 
cardinalis  Sancti  Sixti  vulgariter  nuncupati,  explanatio  in  psalterium. 
Per  Johannem  Schiissler,  civem  Aug.,  impressa,  anno  Domini  1472, 
pridie  nonas  mayas.  La-folio.  (N"  15696  de  Hain.) 

Du  même  ouvrage  la  Bibliothèqae  nationale  possédait  déjà  quinze  antres 
éditions  du  xv*  siècle. 

Les  livres  donnés  par  M.  Giraud  resteront  réunis  en  un  seul  groupe, 
ce  qui  n'empêchera  pas  d'inscrire  chacun  d'eux  à  la  place  qui  lui  con- 
vient dans  nos  différents  catalogues  ou  répertoires.  Ils  seront  mis  à  part 
dans  une  armoire  de  la  Réserve,  avec  une  inscription  qui  rappellera  le 
nom  du  bienfaiteur  à  qui  nous  sommes  redevables  d'un  tel  acte  de 
libéralité. 

P.  S.  —  Au  moment  môme  où  les  pages  qu'on  vient  de  lire  étaient 
publiées  dans  le  Journal  officiel,  M.  Giraud  mettait  le  comble  à  ses 
générosités  en  offrant  quatre  volumes  précieux  au  département  des  ma- 
nuscrits, savoir  : 

I.  Bréviaire  de  l'église  de  Saint-Barnard  de  Romans,  comprenant  : 

1«  (fol.  B)  un  calendrier,  dont  le  premier  feuillet,  consacré  aux  mois 
de  janvier  et  février,  a  disparu  à  peu  près  complètement,  il  est  précédé 
(fol.  A  verso)  d'un  avertissement  sur  la  manière  de  trouver  les  jours  de 
nouvelle  lune. 

2®  (fol.  1)  le  psautier,  dont  les  deux  premiers  feuillets  ont  été  arra- 
chés. 

S»  (fol.  92  vo)  le  propre  du  temps.  «  Sequitur  officium  adventus 
Domini...  » 

4®  (fol.  265)  le  propre  des  saints,  c  Incipit  sancturiale,  seu  ordo  officii 
de  sanctis  per  circulum  anni  observandum.  » 

5^  (fol.  395)  le  commun,  c  Incipit  commune  sanctorum.  »  A  la  fin  de 
cette  partie,  le  copiste  a  mis  (fol.  416  verso)  cette  souscription  :  «  Gest 
breviere  fut  acommencé  l'an  de  grâce  mille  1111^  LXXXI,  et  le  premier 
jour  d'avril,  par  Estienne  de  l'Isle,  et  fut  fine  le  dit  breviere  le  xx^  jour 
de  septembre  et  Tan  dessus  dit.  »  —  A  la  suite  (fol.  417)  a  été  ajouté 
l'office  de  la  Visitation. 

Volume  sur  parchemin,  de  423  feuillets,  cotés  a-h  et  i-cccc  xx,  plus  un 


500 

feuillet  zTii  bis:  manqaent  les  feuillets  1,  2,  7^  8,  263  et  264;  les  feuillets 
17  et  17  bis  ont  été  refaits;  les  feuillets  B  et  17  bis  sont  mutilés.  195  mil- 
limètres sur  133.  Écriture  sur  deux  colonnes,  de  Tannée  1481,  comme 
porte  la  souscription  du  fol.  416  verso,  de  laquelle  il  résulte  que  le 
copiste  a  mis  cinq  mois  et  demi  pour  transcrire  un  bréviaire  complet, 
d'environ  424  feuillets. 

II.  Recueil  des  privilèges  du  Dauphiné,  consistant  principalement  en 
lettres  émanées  des  rois  de  France  et  des  dauphins,  au  xiv*  et  au 
xv«  siècle. 

Volume  sur  parchemin  de  88  feuillets,  plus  cinq  feuillets  préliminaires 
cotés  A-B.  248  millimètres  sur  108.  Écriture  de  la  seconde  moitié  du 
XY*  siècle.  Lettres  ornées  et  enluminées  au  commencement  des  principales 
pièces.  L'H  initial  de  la  première  pièce  (fol.  1)  nous  offre  un  dauphin  avec 
une  fleur  de  lis  couronnée. 

III.  Compte  de  la  dépense  et  de  la  recette  faite  au  nom  du  chapitre  et 
de  la  ville  de  Romans  en  1509,  pour  la  composition,  la  mise  en  scène 
et  la  représentation  du  jeu  des  trois  martyrs,  saint  Severin,  saint 
Exupère  et  saint  Phelixien. 

Cahier  de  58  feuillets  de  papier.  290  millimètres  sur  205.  A  la  suite  sont 
reliés  (fol.  61-80)  des  notes  et  extraits  relatifs  à  ce  compte,  qui  a  fourni 
à  M.  P.  £.  Giraud  la  matière  d'une  fort  intéressante  publication  :  Compo- 
sition, mise  en  scène  et  représentation  du  Mystère  des  trois  Doms  joué 
à  Romans  les  27,  28  et  29  mai  aux  fêles  de  Pentecôte  de  Van  1509. 
Lyon,  L.  Perrin.  1848.  In-8". 

IV.  «  Testament  de  noble  et  puissant  seigneur  messire  Aymar  Rival, 
seigneur  de  la  Rivallière,  Blagnieu  et  Lieudieu,  chevallier  et  consei- 
ller du  roy.  »  16  juillet  1567.  (L'endroit  où  se  trouve  la  date  du  tes- 
tament a  été  endommagé  ;  on  ne  lit  plus  de  cette  date  que  :  l'an  mil 
cinq  centz ante  et  sept,  le  seziesme  jour  du  moys  de  juillet.)  —  Expé- 
dition authentique,  datée  du  13  mars  1574. 

Cahier  de  13  feuillets  de  papier.  280  millimètres  sur  200.  —  Un  archiviste 

du  xviu*  siècle  a  mis  sur  la  couverture  de  ce  cahier  la  date  :  15  mars  1567 

et  la  cote  n*  773. 
A  la  suite  sont  reliés  34  feuillets  (17-50),  sur  lesquels  sont  différentes  notes 

de  M.  Giraud  relatives  à  Aymar  Rival  ou  à  la  famille  de  ce  personnage. 

On  peut  voir  à  ce  sujet  Topuscule  de  M.  Giraud  intitulé  Aymar  du  Rivait 

et  sa  famille...  Lyon,  L.  Perrin.  1849.  In  8*. 

Je  ne  puis  mieux  terminer  cette  notice  qu'en  insérant  ici  un  passage 
de  la  lettre  que  M.  Giraud  m'écrivait  le  20  octobre  1881,  à  propos  du 
rapport  imprimé  dans  le  Journal  officiel  : 

c  Je  serai  heureux,  disait-il,  si  le  rôle  brillant  que  vous  avez  bien 
voulu  m'y  donner  peut  engager  quelques  amateurs  de  province,  posses- 
seurs de  bibliothèques  locales,  à  vous  communiquer  leurs  catalogues, 
aûu  de  vous  éclairer  sur  l'existence  de  livres  que  la  Bibliothèque  natio- 


504 

nale  ne  possède  pas  et  qu'elle  aurait  cependant  intérêt  à  connaître  et  à 
posséder.  C'est  le  moyen  de  rendre  de  plus  en  plus  national  un  établis- 
sement qui  doit  être  le  grand  dépôt  des  produits  de  Tintelligence  et  de 
Tactivité  littéraire  de  tous  les  enfants  de  la  France. 

f  Vous  pouvez  me  citer  en  exemple  :  car,  aujourd'hui,  malgré  le  léger 
sacrifice  que  j'ai  fait  de  quelques  volumes,  dont  je  jouis  encore,  puis- 
qu'ils sont  placés  sous  mon  nom  à  la  Bibliothèque  nationale,  ma  propre 
bibliothèque,  grâce  à  votre  participation,  a  plus  de  prix  à  mes  yeux.  » 

L.  D. 

SÉANCES  DE  LA  SORBONNE. 

M.  le  ministre  de  l'instruction  publique  a  adressé  aux  sociétés  savantes 
le  programme  suivant  des  questions  que  le  comité  des  travaux  histo- 
riques k  jugé  à  propos  de  recommander  d'une  façon  particulière  à  leur 
attention,  en  vue  des  réunions  qui,  suivant  l'usage,  auront  lieu  à  la 
Sorbonne,  au  printemps  de  l'année  1882. 

l»  Faire  connaître  les  récentes  découvertes  de  monnaies  gauloises  ; 

2*  Étudier  les  questions  relatives  aux  camps  à  murs  vitrifiés  ;  s'atta- 
cher principalement  à  en  déterminer  la  date; 

3<»  Déterminer,  en  s'appuyant  sur  les  inscriptions,  les  caractères  de 
la  sculpture  de  figures  et  d'ornements  dans  les  monuments  romains  du 
midi  de  la  Gaule  ; 

4®  Signaler  et  expliquer  les  inscriptions  de  l'antiquité  trouvées  en 
France  dans  ces  dernières  années; 

5»  Signaler  et  expliquer  les  inscriptions  du  moyen  âge  trouvées  en 
France  dans  ces  dernières  années  ; 

6«  Quels  sont  les  monuments  et  les  produits  de  l'art  ou  de  l'industrie, 
principalement  ceux  dont  la  date  est  certaine,  qui  peuvent  servir  à  fixer 
les  caractères  de  l'art  mérovingien  et  de  l'art  carlovingien  ? 

7"  Signaler  les  caractères  de  l'architecture  française  du  xi«  siècle, 
d'après  les  monuments  dont  la  date  peut  être  fixée  à  l'aide  de  textes 
contemporains  ; 

8"  Faire  connaître  les  systèmes  d'après  lesquels  a  été  fixé  le  com- 
mencement de  l'année,  au  moyen  âge,  dans  les  différentes  régions  de  la 
France  ; 

9*  Faire  connaître,  d'après  des  documents  authentiques,  l'origine, 
l'objet  et  le  développement  des  pèlerinages  antérieurs  au  xvi*  siècle; 

10*  Faire  connaître  l'organisation  des  corporations  de  métiers  en 
France  avant  le  xvi«  siècle  ; 

!!•  Étudier  les  procès-verbaux  des  réformateurs  des  coutumes  au 
XV*  et  au  xvi«  siècle;  y  rechercher  l'état  de  la  législation  et  les  progrès 
déjà  réalisés  à  l'époque  où  ont  pris  fin  les  guerres  avec  les  Anglais.  — 
Dresser  d'après  ces  procès-verbaux  la  statistique  des  bénéfices  ecclésias- 
tiques et  des  seigneuries  laïques  existant  au  xvi«  siècle; 


5n 

t:^-  Mettre"  en  lumière  lef  docomfnts  historiqtieE  qui  font  oomiiitre 
letat  i)e  1  iustrucuî^n  phmurees  Fnnœ  avant  1789; 

K^*  Si^Ddder  et  apjtf^wier  k»  documenu  relatifs  anx  assemblées  pro- 
\inoiâl«k!^  du  leœjvs^  ie  U^ui»  XM,  qui  n'ont  pas  encore  été  mis  en 
œu\n^  par  k«  lùsUMÎec»; 

1 1*  Kx}Hk!»er,  v)>»*yV*vi$  W  te.\iM  et  1»  monuments:.  Tétat  de  Timagerie 
pi^pulaire  eu  FVau.v.  4:\;eneureiaeiit  i  la  fin  du  mn*  siècle; 

15'  h^ai  des  ^iMiw'ôè^^^el^  ^uSli^ises  et  des  musées  d'antiquités  dans 
lo»  de^varleiueuu  —  Mee^uivt»  priitptf  >xi7  que  œç  établissements  contri- 
buent auisî  eibcavVSB^n;  ^;*je  x^^ibùe  au  développement  des  tnTanx 
historiques  et  ârcbé^vK^v|ue». 

Fv>HMVLKS  INEDITES  DU  IX»  SIÈCLE. 


Le  mAUU»vTàt  Uùu  >tS  ie  i«ft  BL^^'ôè^:ie  ^a&onale  lanc.  S.-liartîal 
Uô,  Ht^^iu»  ic(«L  i  du  L\'  9^<«vue«  '{tl:  ."vctiect  diffimots  poèoies  de 
l'époque  odiv^liu^ieuuse.»  e?^i.<>^  a;Ltr«»  jei>  orttk  de  Pierre  et  Pianl 
Diacre»,  a  ew  Uecrii  en  deuil  p^ir  M.  B^;.nr.i —  A'^rr.  X.  24T,  n.  2J, 
et  (»lus  ivvvmaiem^  i'i^^vs  le»  ^>&?s  i»?  M.  WarvfrhaÉK^.  par  IL  Daenin- 
ler^  ^-\Vit«  ircàtv.  1\\  1>4\  O  siiTar.:  pciajîî  en  œtaîe  HSKps  nne 
formule  de  lettre  tmiîscrL'rf  s^ir  le  5>L  If  f  r*  de  »  aûar^jicriL  nais  six 
autres  forniuîes^  oJran:  en  iniêr^  pi::*  zjaiii  que  ceîîe  çzZ  k  pcblîee, 
lui  ont  éc.'&appé.  Ces  formules,  oopl^es  ssr  ]e  UA.  ihi.pecvm^^^moafer 
comme  le  reste  du  manascrit  an  iz«  ciéde.  H.  O. 

l.  Precellentissimo  reçallque  soiîo  sablimal^  illi,  Ch^issîaaîsâmo 
régi,  ilU  exiguus  onmitim  Cbiisti  tf^norum,  orator  rester,  is  Dooizqo 
aetemam  salotem. 

IL  Inlastrissimo  ac  ^loriosiif«imo  et  a  nobîs  summa  com  reverentia 
recolendo  domno  tï/t,  eximio  dud,  ilU  Tilissimus  omnium  serras 
Ghristi  servorum,  in  Ihmiuo  saJutem.  Fer  présentes  apioes  vestrae  s{i>- 
riae  humiliter  nuf^fiertirti  presumimus.  obsecrantes  ut  ad  banc  nostram 
humillimam  petîtiancaUm  pias  aures  accomodare  digneris,  quoniam 
multa  violentia  patimur  a  gastaldio  vestro  illo.  His  expletis  Deum  celi 
petimus,  qui  te  nobis  incolomem  conservare  dignetur. 

IIL  Viro  giorioso  et  a  nobis  summo  cum  studio  caritatis  recolendo 
illi,  ille,  ultlmus  omnium  Chrinti  servorum,  salutem  in  Domino.  Per 
presentem  epistolam  vestrae  innotescimus  caritati  eo  quod  valde  nos 

1.  IL  Duemroler  en  a  donné  un  fac-similé  à  la  fin  de  la  seconde  partie  du 
tome  I  de  ses  Poetae  Laiini  aevi  Carolini,  L'abbé  Lebeof  avait  aossi  connu  ce 
manuscrit,  d'après  lequel  il  a  publié  entre  autres  dans  ses  Dissertations  sur  l'his- 
toire de  Parii  (I,  416-419)  une  formule  de  lettre  de  Gharlemagne  à  un  arcbe- 
vôque  relalive  à  rinstruction  de  son  clergé,  réimprimée  dans  le  Recueil  des 
historienif  de  France,  y,  850,  et  dans  Jaffé,  Monumenia  Carolina,  p.  369. 


503 

molestare  videtur  missus  vester  *  ille  et  opprime!  hominem  2.  His 
ezpletis  optamus  te  bene  valere  in  Domino. 

IV.  Reverentissimo  ac  venerabili  et  a  nobis  summa  cum  reverentia 
recolendo  domno  illi,  episcopo,  ille,  uitimus  omnium  Christi  servorum, 
aeternam  in  Domino  salutem.  Per  présentes  apices  vestrae^  innotescimus 
ahnitati  de  causa  illa.  De  cetero  Deus  omnium  qui  te  nobis  conservare 
dignetur  incolomem  piissimum  pastorem. 

V.  Domino  mihique  reverentissimo  ac  summo  studio  amoris  reco- 
lendo abbati  illi,  ille^  unus  ex  pusiilis  ovibus  creditis,  optabilem  salu- 
tem in  Domino.  Per  présentes  syllabas  humiliter  obsecrare  presumo  ut 
pias  aures  ad  nostram  petitiunculam  inclinare  digneris. 

YI.  Dilectissimo  domno  mihique  amabili  fratri  illi,  ille,  proprius 
sodalis  tuus,  salutem.  in  Domino.  Gognoscas  carissime  quia  nobis. 

Vn*.  Illi  germano  carissimo,  pariter  mihi  consanguinitate  corporis 
animoque  conjuncto,  ille  exiguus.  Gognita  tua,  germane  dulcissime, 
sospitate,  valde  gavisus  sum,  sed  illud  me  amplius  laetificavit  quod  te  ad 
artem  (apicem  ?)  artis  poeticae  conscendere  dixisti.  De  viro  sane  illo  meo, 
ut  narras,  omonimo,  licet  tu  de  eo  bona  loquaris,  alii  tamen  mihi  de 
ipso  diversa  dixerunt,  tamen  ob  tuae  postulationis  intentum,  obsecrabo 
pro  te  proque  illo  beatissimum  martyrem  Dyonisium. 

Versus. 

Interdico  tibi  per  Ghristi  nomen  Hiesu, 
Romane  juvenis  contemptor  atque  proterve, 
Ne  prius  accipias  Gererem  seu  dona  Liei, 
Quam  mihi  versiculos  hodie  descripseris  ipse. 

RIGHARD  DE  SAINT-LAURENT 

ET  LE 

LIBER    DE    LAUDIBUS    BEÂTjE    MARIjE. 

Richard  de  Saint-Laurent,  qui  fut,  au  milieu  du  xiii«  siècle,  chanoine, 
archidiacre  et  pénitencier  de  Téglise  de  Rouen,  est-il  Fauteur  du  Liber 
de  laudibus  heatx  Maria  ?  Labbe,  Du  Gange,  Oudin,  dom  Pommeraye, 
dans  son  Histoire  de  V église  cathédrale  de  Rouen  (1686,  in-4o,  p.  283-4), 
Daunou,  dans  V Histoire  littéraire  de  la  France  (XIX,  23-27),  le  lui  attri- 
buaient, tout  en  faisant  quelques  réserves,  justifiées  par  les  manuscrits 
du  Liber  de  laudibus  beatx  Maria  (Douai,  ms.  387  ;  Troyes,  mss.  828  et 
1743  ;  Lambecius,  II,  vni,  38),  dont  aucun  ne  présente  le  nom  de 

1.  Le  ms.  porte  smr  précédé  d'un  blanc  de  quatre  lettres. 

2.  Le  ms.  donne  hom, 

3.  Ms.  vestras. 

4.  Publié  par  M.  Duemmler,  Neues  Archiv,  lY,  104-5. 


504 

Richard  de  Saint-Laurent.  Récemment,  M.  l'abbé  Dehaisne  (Catalogue 
général  des  manuscrits  des  départements^  tome  VI,  Douai,  p.  218-21)  a 
dissipé  à  peu  près  tous  les  doutes  qui  pouvaient  encore  subsister  sur 
l'attribution  de  ce  livre  à  Richard  de  Saint-Laurent  ;  un  dernier  docu- 
ment, qu'on  n'a  point  encore  utilisé,  je  crois,  doit  le  lui  faire  définiti- 
vement attribuer.  C'est  une  pierre  tombale,  qui  paraît  dater  de  la  fin 
du  xin«  siècle,  et  se  trouve  aujourd*hui  dressée  dans  Tune  des  chapelles 
latérales  de  gauche  de  l'église  du  Grand-Andely  (Eure).  Autrefois, 
retournée,  elle  servait  de  seuil  à  Tune  des  portes  du  chœur,  après  avoir 
été  employée  comme  table  d'autel.  Cette  pierre  tombale  est  divisée  en 
deux  compartiments  :  dans  la  partie  supérieure  le  sculpteur  a  représenté 
la  Vierge  assise  tenant  un  lis(?)  d'une  main,  et  le  Christ  enfant  sur  son 
bras  ;  dans  le  compartiment  inférieur,  tourné  vers  la  gauche,  un  prêtre, 
revêtu  de  la  chasuble,  avec  le  manipule,  est  à  genoux,  levant  la  tête  et 
les  mains  jointes,  dans  l'attitude  de  la  prière,  devant  lui  un  calice  est 
posé  sur  un  autel.  Ces  figures  sont  placées  chacune  sous  une  arcade 
trilobée,  sur  laquelle  a  été  gravée  une  inscription  en  l'honneur  de  la 
Vierge,  aujourd'hui  presque  entièrement  disparue  ^  Il  n'en  a  heureu- 
sement pas  été  de  môme  d'une  autre  inscription  disposée  sur  quatre 
lignes  verticales  dans  l'espace  réservé  entre  le  personnage  agenouillé 
et  le  pilier  droit  de  l'arcade  trilobée.  Cette  inscription  a  été  publiée, 
il  y  a  une  douzaine  d'années ,  dans  un  recueil  tiré  à  petit  nombre, 
les  Pierres  tombales  du  département  de  VEure,  recueillies  et  dessinées 
par  M.  L.-T.  Corde  (Évreux,  1869,  in-4o),  mais  le  fac-similé  lithogra- 
phique est  inexact  et  le  dessinateur  a  omis  un  mot  capital,  hujus,  dans 
l'inscription,  qui  doit  être  restituée  ainsi  : 

t  HIC   :   lACET   :    MAGISTcr:    RICA 

RBus   :   De    i  JiCO    ;    LAVRENTIO    ]   DE 

CANM5  RYius  :^CE  i  Qui  ;  COPILAVtt  :  LIBRV 

De  :  LAVDIBW5  :  BE  j  MARIE  i  ORATE  j  Pro  f  EO 

Le  texte  de  cette  épitaphe,  inconnue  jusqu'ici,  est  décisif,  et  le  Liber 
de  laudibus  heatœ  Marix  est  bien  l'œuvre  de  Richard  de  Saint-Laurent, 
doyen  du  chapitre  d'Andely,  dont  l'archevêque  de  Rouen,  Eude  Rigaud, 
disait  le  3  octobre  1254  ^  :  c  Visitavimus  capitulum  Andeliacense... 
Magister  Ricardus  non  residet  in  ecclesia,  licet  teneatur,  nisi  fuerit  in 
scholis  vel  in  peregrinacione,  nec  est  scolaris,  nec  in  peregrinacione.  » 

H.  0. 

1.  Comparez  pour  cette  disposition  la  miniatare  qui  se  trouve  en  tète  du  Liber 
de  virtutibus  de  Richard  de  S. -Laurent  dans  le  ms.  174  de  Saint-Omer,  xiii*  s. 

2.  Regestrum  visiiationumy  éd.  Bonnin,  p.  188. 


LES  MIRACLES 


DE 


NOTRE-DAME  DE  CHARTRES 


TEXTE  LATIN  INÉDIT. 


Les  amateurs  et  les  érudîts  connaissent  le  beau  volume  publié 
en  4  855  par  M.  G.  Duplessis  sous  le  titre  de  :  le  Livre  des  miracles 
de  Notre-Dame  de  Chartres^  écrit  en  vers  au  XIII^  siècle  par  Jehan 
Le  Marchant.  L'auteur  de  cet  ouvrage  en  vers  français,  Jean  Le 
Marchant,  qui  écrivait  en  4262,  déclare  avoir  traduit  un  livre  latin 
conservé  de  son  temps  dans  le  trésor  de  la  cathédrale  de  Chartres  ; 
ce  livre  a  disparu,  et  Tœuvre  à  laquelle  fait  allusion  Jean  Le  Marchant 
semblait  perdue,  lorsque  M.  Léopold  Delisle  voulut  bien  me  signaler 
le  manuscrit  du  Vatican,  coté  Regina  339,  comme  devant  contenir  le 
texte  latin  inédit  des  Miracles  de  Notre-Dame  de  Chartres,  Cette 
indication,  empruntée  à  une  notice  de  M.  le  D"*  Reifferscheid,  était 
exacte,  et  c'est  grâce  à  elle  que  je  puis  donner  ci-dessous  ce  texte 
important,  qui  voit  ici  le  jour  pour  la  première  fois. 

La  publication  de  M.  G.  Duplessis  a  sufQsamment  fait  ressortir 
l'intérêt  général  des  miracles  de  Chartres,  comme  des  autres  recueils 
analogues,  pour  qu'il  soit  inutile  de  revenir  sur  ce  sujet.  Je  dirai 
seulement  un  mot  de  deux  points  pour  lesquels  la  possession  du 
texte  latin  original  offre  un  intérêt  particulier. 

Une  triadition  locale,  sinon  très  ancienne,  au  moins  très  profondé- 
ment enracinée  à  Chartres,  voulait  que  la  cathédrale  actuelle  remontât 
à  l'année  4020.  MM.  Rossard  de  Mianville  et  Chasles,  dans  une  dis- 
sertation publiée  à  la  fln  de  l'édition  de  Jean  Le  Marchant,  ont  mon- 
tré qu'il  n'en  était  rien,  et  que  l'édifice  actuel  avait  été  construit  à  la 

33 


m^nÂMMm  r^>  h^y^sodie  4j4iil  hk  fid^jfKL  tes  if  «su! 

f»!9t^i!s«At  4e  p<MY4>ir  fe  réfo^r  |Mir ce pssaae  i ^IwripifBH 
^M  lit  6sa$3k  r^v^  '.  wtmo  th  tsumnMwmt  DmÊà 
ffiMirUf^  emm  eccUêUi  ^UurwÂemm  lit  idmêjwmm 
tnli  fumet  ineendw  aUvoMUtla...  «Hle^ans.  s*  1 . 

LnusUnsr  de^.  MiraeU$  o'a  pas  eu.  OMiiDe  s»  traàwanpr 
faunU/m  4e  m;  wHnimr,  et  il  nous  est  liquossâde  de  ^jgpgJBnr  z. 
itSIeo^  à  ee  lujet.  Il  parie  de  Chartres  en  hoœiK  fn 
fef,  miraeie  II  ;  </tfr/t  Cam/jium  teniens  ...  tii/«r 
f<?^ttr;,  et  il  rappelle  une  parole  qu'il  y  avait 
4V^  fftï  Hftyirtm  :  il  ne  mmïA^.  paj^  Umû^ois  aToîr  été  im 
laire  du  ^rarid  ineendie  de  II1I4.  (Jn  serait  assez  porté  à  Toir  «■  In 
un  elian//fr^  de  la  cathédrale,  si  un  passage  nlndîqiiaît  plalât 
HitffUrUiimi  HU  cii^r^é  rét^lier  (mir  XVII  :  Aor  eogmmaÊms  ma 
mcerdffU..,  ffui  et  in  iptf)  anno  aceepU  haMumreiiçkmig].  Liiodes 
m\r44:Ut%  rapfKiftés  étant  de  1206  (miracle  XXVI,  larédxlîoB  ât 
IVnivraKe  <Mi  être  prif^térieure  à  cette  date;  noais  je  ne  Poê  pas 
de  raison  fptmr  lai  taira  descendre  beaucoup  plus  bas,  et  Too  peot 
a()proxiniativement  la  rapporter  à  Tannée  4210. 

l^e  mH«  liegina  339  a  été  décrit  par  Bethmann^  et  plus  oMn^iMe- 
ment  par  M,  KelfTerscheid  ^  :  il  n'y  a  donc  qu'à  renvoyer  à  kors 
d/tsr;rifitions.  Je  rappellerai  toutefois  que  c'est  un  recudl  fectioe  de 
fr;igmentH  de  manuscrits,  et  que  les  feuillets  55-69,  qui  contiennent 
noH  Miracle» j  mni  U)ut  à  fait  étrangers  aux  feuillets  précédents.  Os 
CilHuiiînt  partie  autrefois  d'un  manuscrit  de  Fabbaye  des  Vaux-de- 
(jiîrrml,  et  une  noU;,  en  belle  écriture  du  xiii*  siècle,  qui  se  trouve 
au  f"  6i)  V,  nous  donncî  le  sommaire  de  ce  manuscrit  :  Liber  Sancte 
Marie  de  Sarnaio,  Quicumque  eum  furatus  fuerit  anathema  sit. 
Amen.  In  eo  continentur  hii  lihri  :  Quartus  liber  sententiarum  — 
De  Hacrameniis  Ëcclesie  —  Aurea  gemma  Bernardini  —  De  erudi" 
tione  diclaminis  —  Opus  magistri  Bernardi  Silvestris  —  Furta 
modernorum  Laiinorum  in  unitate  Trinitatis  —  Proverbia  aucto^ 
rum  pluriorum  —  Miracula  Béate  Marie  Virginis  in  Carnotensi 
ecolesia  facia  vel  ad  laudem  ipsius  alibi  patrata  et  ibi  scripto  man- 
data. 


1.  Archiv  do  Pertz,  t.  XII. 

2.  BibLpatrum  latin,  italica,  1,  408-410. 


507 

L'écriture,  du  milieu  du  xiii®  siècle,  est  assez  soignée,  maïs  les 
étourderies  du  scribe  n'en  sont  pas  moins  nombreuses  :  je  me  suis 
appliqué  autant  que  possible  à  les  corriger. 

Comme  notre  manuscrit  n'a  ni  titre  général  ni  rubriques  pour 
chaque  miracle,  voici  la  table  des  vingt-sept  miracles  qu'il  contient. 
J'emprunte  les  rubriques  au  ms.  de  Jean  Le  Marchant,  qui  a  un  peu 
bouleversé  l'ordre  du  texte  latin,  et  je  donne  la  concordance. 

On  remarquera  que  les  miracles  français  27,  29,  30,  34  et  32  ne 
figurent  pas  dans  le  texte  latin  et  proviennent  d'une  source  diffé- 
rente. 

Prologue. 

L  De  l'arsure  de  l'iglise  de  Chartres  et  comment  li  legas  sarmona 
aus  gens  de  la  ville  (Jean  Le  Marchant,  n**  3) . 

IL  De  l'enfant  à  cui  N.  D.  rendi  la  parole  et  la  langue  (J.  L.  M. 
nM). 

III.  D 'un  miracle  qui  avint  aus  gens  de  Chetiau  Landum  (Ib. ,  n**  4  0) . 

IV.  D'un  miracle  qui  avint  aus  gens  de  Peviers  en  Gatinais  (Ib., 

V.  D'un  miracle  qui  avint  aus  gens  de  Boneval  (Ib.,  n®  42). 

VI.  D'un  valet  de  Paleîseul  que  N.  D.  resuscita  de  mort  à  vie  (Ib., 
no  43). 

VIL  C'est  le  miracle  de  Guillaume  que  N.  D.  guéri  de  routure  (Ib., 
n«  U). 

VIII.  D'un  valet  de  Corbeville  qui  fti  guéri  de  sa  plaie  (Ib.,  n^  45). 

IX.  D'un  autre  miracle  qui  avint  as  gens  de  Batilly  en  Gatinais 
(Ib.,  nM6). 

X.  Dou  miracle  qui  avint  aus  bons  Bretons  de  Chartres  (Ib. ,  n®  4  7) . 

XI.  Comment  N.  D.  descendi  en  l'iglise  de  Chartres  un  samedi 
àseir  (Ib.,  n*  48). 

XII.  D'un  enfant  naié  qui  fu  resuscité  à  Soilli  (Ib.,  n®  49). 

XIII.  Des  deux  compagnons  dont  l'un  fu  gari  et  l'autre  non  ;  l'un 
estoit  aveugle  et  Tautre  muet  (Ib.,  n«>  20). 

XIV.  Dou  chevalier  qui  fu  sauvé  de  mort  à  vie  por  ce  qu'il  avoit 
vestue  une  des  chemises  de  Chartres  (Ib.,  n^  24). 

XV.  Dou  chevalier  que  N.  D.  garda  de  noyer  et  délivra  de  ses 
enemis  (Ib.,  n°  22). 

XVI.  Dou  valet  anglais  qui  dona  son  fermail  à  l'église  de  Chartres 
feire  (Ib.,  n«23). 

XVII.  D'une  famé  à  cui  il  mesavint  por  ce  qu'el  fila  un  samedi  à 
seîr  (Ib.,  n°  25). 


508 

XYIIL  De  Gondree  et  comment  N.  D.  se  apela  dame  de  Chartres 
{Ib.,nM). 

XIX.  Dou  valet  qui  avoit  non  Benoait  (Ib.,  n»  2). 

XX.  Dou  pèlerin  que  N.  D.  délivra  de  prison  (D).,  n*  24). 

XXI.  De  la  femme  de  Prunei  que  N.  D.  guéri  (Ib.,  n®  5). 

XXII.  D'un  enfant  de  Ghamblé  que  N.  D.  resoucita  de  mort  à  vie 
{Ib.,n«6). 

XXIII.  D'une  meschine  de  S*  Prest  que  N.  D.  resuscita  de  mort  à 
vie  (Ib.,  no  7). 

XXIV.  D'un  enfant  de  Blevi  qui  fu  naié  (Ib.,  n«  8). 

XXV.  D'un  enfant  de  Berchieres  que  N.  D.  resuscita  de  mort  à  vie 
(Ib.,  n«  9). 

XXVI.  D'un  vilein  qui  saiet  s'avoine  à  la  feste  de  S*  Germein  à 
Sors  (Ib.,n^26). 

XXVII.  Conmient  la  cité  de  Chartres  fu  délivrée  de  ses  anemis  par 
la  seinte  chemise  de  Chartres. 


[Mi7*acula  B.  Marie  Virginis  in  Carnotensi  ecclesia 
facta,  vel  ad  laudem  ipsius  alibi  patrata  et  ibi  scripto 
mandata.] 

Cum  plerosque  notarios  et  scriptorum  quam  plurimos  sepissime 
videam  vana  quedam  ac  prorsus  inutilia  litteris  exarare  et  que 
memoria  vel  relatu  indigna  sunt  tanquam  memoranda  describere, 
honestius  michi  visum  est  et  utilius  mirabilia  quedam  ac  memo- 
rabilia  Dei  opéra,  que  ad  laudem  et  gloriam  nominis  sui  ac  glo- 
riose  genitricis  sue  in  ecclesia  Carnotensi  palam  exercere  dignatus 
est,  ad  memoriam  reducere  et  ad  ea  fideliter  describenda,  prout 
videndo  et  audiendo  cognovi,  animum  simul  et  calamum  appli- 
care.  Sane  licet  a  quibusdam  presumptionis  vel  arrogantie  videar 
merito  posse  redargui,  eo  quod,  eloquentibus  et  peritis  super  hoc 
onmino  silentibus,  ea  scribere  solus  ipse  temptaverim,  nichilo- 
minus  tamen  quorumdam  fidelium  ad  hoc  me  solicitantium  non 
tam  me  dilectio  quam  devotio  compulit,  presertim  cum  sacro- 
sancta  evangelia  et  prophetarum  eloquia  simpUci  et  inculte  ser- 
mone  digesta  fu[er]i[n]t,  et  in  talibus  etiam  scriptoris  fides  ac 
diligentia  magis  quam  eloquentia  laudanda  sit. 

I.  Anno  igitur  ab  incarnatione  Domini  M°  C°  nonagesimo 
quarto,  cum  ecclesia  Carnotensis  IIP  idus  junii  mirabili  ac  mise- 


509 

rabili  fuisset  incendio  devastata,  [ita]  ut  conquassatis  etdissolutis 
postmodum  parietibus  et  in  terram  prostratis,  necessarium  foret 
eam  a  fiindamentis  reparari  et  novam  denuo  edificari  ecclesiam, 
tandem  pia  Dei  genitrix  ac  perpétua  virgo  Maria,  que  se  urbis  et 
ecclesie  dominam  Carnotensis  multis  pridem  miraculis  quibusdam 
fidelibus  visibiliter  apparendo  et  coUoquendo  fuerat  protestata, 
manifestis  iterum  rerum  indiciis  et  multis  miraculorum  argumen- 
tis  'id  ipsum  declarare  dignata  est  cunctis  liquide  et  evidenter, 
ostendens  quod  locum  illum,  quasi  singulariter  diligeret  *■  ac  pre- 
cipue,  et  eamdem  ecclesiam  tanquam  spéciale  domicilium  sibi 
elegerat^  in  terris.  Nec  mirum  sane  si  eam  pre  ceteris  diligat  eccle-  , 
siis,  que  tanto  dilectionis  sue  ab  antique  pignore  insignita  est, 
illa  videlicet  insigni  et  sacrosancta  camisia,  quam  eadem  virgo  ' 
dum  Dei  filium  suo  gestaret  in  utero  induit,  et  quam  ipsa  in  puer- 
perio,  juxta  multorum  assercionem  fidelium,  circa  renés  beatis- 
simos  dicitur  habuisse.  Verum  in  primis  arbitrer  mémorandum 
quod  omnes  Ca[r]notenses  tam  clerici  quam  laici,  quorum  domos 
et  universa  pêne  mobilia  supradictum  concremarat  incendium, 
destruccionem  adeo  deplorabant  ecclesie,  ut  de  dampnis  propriis 
nullam  prorsus  facerent  mentionera,  summam  infortunii,  immo 
totum  infortunium  reputantes  quod  aulam  béate  Virginis,  specia- 
lem  urbis  gloriam,  tocius  regionis  spéculum,  domum  orationis 
incomparabilem  peccatis  suis  exigentibus  miseri  et  infelices  ami- 
serant.  Unde  factum  est  ut  quidam  Romane  ecclesie  cardinalis  et 
apostolice  sedis  legatus,  Melior  nomine,  qui  provida  Dei  et  geni- 
tricis  ipsius  dispensatione  presens  aderat  et  casum  tam  mirabilem 
propriis  conspexerat  oculis,  ita  ut  maximo  conpateretur  aflFectu, 
convocatis  ad  se  episcopo  et  canonicis  divine  animadversionis 
vindictam  et  a  quanta  cecidissent  gloria  plenius  ostenderet,  et  eos 
postmodum  ad  penitenciam  provocans  eorumdem  animes  suis 
sermocinationibus  emolliret.  Episcepus  igitur  et  canonici  (et) 
Melioris  exhortaciene(m)  in  meliora  conversi,  partem  reddituum 
suerum  non  modicam  per  triennium  conferendam  ad  reparationem 
ejus  ecclesie  absque  ulla  contradictione  concesserunt.  Sane  popu- 
lus  j[v**)  Carnotensis,  cum  sacrosanctum  Béate  Marie  scrinium  ob 
timorem  incendii  in  locum  secretierem  delatum  diebus  aliquot  non 
vidisset,  dolore  incredibili  ac  merore  confectus  est,  indignum 

1.  Ms.  :  ostenderet. 

2.  Ms.  :  eligeret. 


540 

judicans  urbis  vel  ecclesie  edificia  restaorari,  si  tam  preciosam 
tbessaurum,  immo  tocius  civitatis  gloriam  perdidisset.  Tandem 
die  quodam  sollenni,  cum  ex  mandato  cleri  universus  populos  ad 
locum  in  quo  ecclesia  fuerat  convenisset  et  prolatum  ex  ^  cripta 
scrinium  supradictum,  episcopo  et  decano  iUud  undique  circon- 
ferentibus,  prospexissent,  quanias  laudis  et  exultationis  voces 
ediderint,  quantas  Deo  ac  gloriose  genitrici-  sue  egerint  gracias, 
non  est  facile  dictu.  Universi  nempe  et  singuli  tanta  leticia  repleti 
sunt  ut  pre  gaudio  inestimabili  omnium  in  lacrimas  oculi  solve- 
rentur,  et  in  terram  prostrati  Deum  dévote  et  suppliciter  adora- 
rent,  qui  thessaurum  incomparabilem,  quo  civitas  celebris  habe- 
batur,  sub  tanto  eis  incendie  consenravit.  Nec  pretereundum  est 
quod  cum  scrinium  sepefatum  in  inferiorem'  criptam,  cujus 
introitum  laudabilis  antiquorum  providentia  altari  Béate  Marie 
proximum  fecerat,  tempore  incendii  a  quibusdam  fuisset  delatum 
et  ibidem  inclusi  flagrante  jam  incendio  regredi  non  auderent,  ita 
demum  a  mortis  periculo  sub  béate  Marie  protectione  salvati  sunt, 
quod  hostium  quoddam  ferreum  quo  cripte  superficies  tegebatur 
nec  lignorum  ardentium  et  ex  alto  cadentium  ruina  quassavit  nec 
liquefacti  plumbi  distillatio  penetravit  nec  carbonum  desuper 
ardentium  congeries  violavit.  Cumque  post  tanti  ardorem  incendii 
sani  et  incolumes  regressi  fuissent,  qui  fumo  jam  vel  calore  nimio 
putabantur  extincti,  omnes  qui  aderant  tanto  repleti  sunt  gaudio, 
ut  pie  collacrimantes  eis  tanquam  a  mortuis  resui^entibus  con- 
gauderent,  et  viso  genitricis  Dei  miraculoprimamdesolationissue 
consolationem  acciperent,  liberatorem  ac  salvatorem  omnium 
collaudantes  qui  Noe  condam  de  aquis  diluvii,  Jonam  de  profundo 
maris,  Danielem  de  lacu  leonum,  pueros  de  camino  ignis  et  hos 
tandem  famulos  suos  de  tanto  ac  tali  incendio  liberavit  et  conser- 
vavit  illesos.  Exillarato  igitur  post  tantum  merorem  Carnotensi 
populo  et  de  restauratione  ecclesie  ultra  quam  credi  posset  solli- 
cito,  cum  post  ruinam  parietum  superius  memoratam  novam  edi- 
ficari  ecclesiam  nécessitas  inperaret,  tandem  plaustris  *  ad  attra- 
hendos  lapides  preparatis,  omnes  se  invicem  invitant  pariter  et 
hortantur  ut  quicquid^  ad  hujus  operis  fabricam  necessarium 


1.  Afj.  ;  est. 

2.  Afs.  ;  inferioram. 

3.  Ms,  :  pluastriB. 

4.  Ms.  :  quicquic 


putant,  vel  artifices  fleri  precipiunt,  incunctanter  parent  et  absque 
dilatione  perficiant  *.  Verum  ad  tanti  structuram  operis  laicorum 
munera  vel  a[u]xilia  nequaquam  sufficerent  nisi  (ut)  episcopus  et 
canonici  tantam,  ut  supra  dictum  est,  ex  propriis  redditibus  tribus 
annis  pecuniam  contulissent  ;  quod  siquidem,  transa(u)cto  eodem 
triennio,  omnibus  manifestum  apparuit,  cum  omnis  subito  pecu- 
nia  defecisset,  ita  ut  qui  preerant  operi  quod  daretur  operariis 
non  haberent,  aut  quid  dari  posset  de  cetero  non  vidèrent. 
Memini  vero  quemdam  eo  temporis  articulo  nescio  quo  prophecie 
spiritu  dixisse(t)  quod  prius  deficerent  marsupia  quam*  nummi 
ad  opus  Carnotensis  ecclesie  necessarii.  Quid  plura?  humano 
penitus  déficiente  a[u]xilio,  cum  necessarium  (56  *)  esset  adesse 
di^inum,  beata  Dei  genitrix  novam  et  incomparabilem  ecclesiam 
sfbi  volens  fabricari  ad  facienda  ibideni  miracula,  ejusdem  filii 
sii  potentiam  meritis  suis  et  precibus  incitavit,  et  ut  major  illuc 
oncursus  fieret  populorum,  novum  quoddam  et  a  multis  rétro 
temporibus  inauditum  miraculum  cunctis  primitus  palam  et  evi- 
danter  ostendit,  quatinus  miraculi  novitas  longe  lateque  per  totam 
dflFunderet[ur]  Galliam  et  sequentibus  miraculis  fides  posset  faci- 
liusadhiberi.  Quocirca  indignum  reor  et  incongruum,  etsi  multa 
ticeam,  illud  sub  silentio  preterire  ^  presertim  cum  idem  miracu- 
lum ceteris  premineat  et  quasi  sydus  exercituum  inter  cetera 
jplendidius  elucescat. 

II.  Quidam  igitur  puerulus  dum  adhuc  in  etate  tenera  consti- 
;utus  et  verbis  puerilibus  et  jocosis  mentis  sue  simplicitatem 
)stendens  in  Pertico  moraretur,  accidit  ut  militem  quemdam 
crudelem  et  acerrimum  cum  quadam  puella  secretius  loqui  et 
eam  lascivius  amplexari  conspiceret  ;  verum  cum  eadem  puella, 
et  patris  sui  austeritatem  et  dicti  pueri  garrulitatem  plurimum 
reformidans,  militi  vehementius  intimaret  quod  res  hujuscemodi 
posset  a  pâtre  suo  de  facili  puero  révélante  cognosci,  miles  eun- 
dem  puerum  in  loca  secretiora  fraudulenter  et  maliciose  pertrac- 
tum  sua  adeo  circumvenitmalicia,  quod  ipsum  in  terra  resupinum 
jacere,  oculos  claudere  et  ore  aperto  linguam  trahere  persuasit, 
et  sic  eidem  puero,  partem  lingue  precidens  non  modicam, 
loquendi  usum  eripuit,  ita  quod  fari  de  cetero  nisi  virtute  divina 

1.  Ms,  :  parant...  perficiunt. 

2.  Ms,  :  quod. 

3.  Af5.  :  preteriit. 


512 

non  posset  :  quod  siquidem  eo  disponente  vel  permittente  factum 
fuisse  arbitror,  qui  cecum  a  nativiiate  ideo  cecum  frustus  (?)  est, 
ut  Dei  opéra  manifestarentur  in  illo.  Predictus  itaque  puerulus, 
per  impii  militis  violentiam  mutus  effectus,  dum  Camotum 
veniens  ut  pupillus  et  pauper  hostiatim  et  publiée  mendicaret,  et 
inter  nos  aliquandiu  conversatus  ita  jam  notus  haberetur  ut  michi 
sepius  et  quam  pluribus  aliis,  quare  mutus  esset  scire  volentibus, 
particulam  lingue  quam  habebat  ostenderet,  tandem  die  quodam 
sollenni,  tercia  scilicet  feria  post  diem  Paschequiproxime  fuerat 
celebratusS  dum  ante  altare  sacrosancte  Yirginis  cum  multis 
aliis  tam  civibus  quam  peregrinis  suplex  astaret,  respexit  in 
eum  pia  misericordie  mater,  et  loquendi  usum,  quem  ex  lingue 
mutilatione  perdiderat,  ei  contra  naturam  restituit,  ita  ut  lingoa 
adhuc  mutilata  ipse  nichilominus  in  vocem  laudis  et  exultatioiis 
aperte  loqnendo  prorumperet  et,  quod  mirabilius  est,  recte  et  sd 
plénum  verba  formaret^  admirantibus  cunctis  qui  eum  noverait 
et  pre  gaudio  flentibus  et  gloriose  Virgini  gratias  referentibus, 
quod  tam  manifestum,  tam  insigne  miraculum  âdelibus  suis  es- 
bere  dignata  sit  et  evidentibus  signis  ostendere,  quod  meriis 
ipsius  et  precibus  fldem  ac  devotionem  eorum  Christus  ex  alo 
prospexit.  Audita  igitur  tanta  novitate  miraculi,  tota  civitis 
commotaest  et  gaudio  et  exultatione  repleta,  sed  cum,  universB 
illuc  undique  concurrentibus,  predictus  puer  multitudinem  popui 
ferre  non  posset,  tandem  in  eminenti  loco  super  gradum  ligneum* 
et  capsam  beati  Leobini,  juxta(v°)  truncum  oblationum,  quasi  ai 
spectaculum,  immo  ad  miraculum  positus  est,  ubi  recta  et  aperti 
pronontiatione  ad  opus  ecclesie  genitricis  Dei^  cunctos  invitani 
multa  et  a  multis  oblationum  bénéficia  impetrare  promeruit.  Post 
aliquanti  vero  temporis  intervallum,  pia  Dei  mater  eidem  mira- 
culo  majoris  miraculi  claritatem  adjecit,  quod  et  fidem  recte  cre- 
dentium  amplius  roboraret  et  detractoribus  vel  incredulis  majus 
confusionis  scandalum  generaret.  Subsequenti  nocte  die  Pente- 
costes,  novum  et  omni  dignum  admiratione  miraculum  in  memo- 
rato  puero  et  in  eadem  ecclesia  manus  Omnipotentis  exercuit, 
quod  hora  illa  in  qua  Spiritus  Sanctus  super  discipulos  in  igneis 
linguis  aparuit,  omnibus  tam  clericis  quam  laicis  qui  ibidem  ade- 


1;  Ms.  :  quod...  celebratum. 

2.  Ms.  :  UgQum. 

3.  Ms.  :  sui 


*^ 


5^3 

rant  evidenter  innotuit.  Sicut  enim  divine  majestatis  potentia 
olim  in  die  Pentecostes  apostoloruni  linguas  sanctum  de  celis 
emittendo  spiritum  innovavit  et  ad  predicandum  Christi  evan- 
gelium  spiritaliter  informa  vit,  ita  (ut)  in  die  Pentecostes  memo- 
rati  linguam  pueri,  quam  hactenus  reintegrare  distulerat,  nove 
carnis  immissione  supplevit  et  ad  enarrandam  Dei  et  genitricis 
ipsius  potentiam  mirabiliter  reparando  restituit,  quatinus  iUi  tam 
preclaro  miraculo,  quod  in  Apostolis  exibuerat,  possethocrectius 
conformari  et  assimilari  miraculum.  Omutescant  ergo  Judei, 
heretici  conticescant  et  qui  sanctorum  soient  deprecare  miracula 
contradicere  et  obloqui  jam  désistant,  presertira  cum  hujus  rei 
tanti  et  tôt  idonei  testes  existant  et  idem  puer  in  quo  geminatum 
constat  fuisse  miraculum  adhuc  inter  nos  habitet,  inter  nos  con- 
versetur  et  genitricis  Dei  clementiam  atque  potentiam  sui  nobis 
cotidie  presentia  representet.  Hoc  sane  miraculo  aliisque  quam 
plurimis  misericordie  mater  locum  prius  celebrem  multo  amplius 
celebriorem  effecit.  Surdis  siquidem  auditum,  cecis  visum,  mutis 
loquelam,  claudis  gressum  ibidem  restitui  vidimus,  multos  quoque 
a  doloribus,  langoribus  et  variis  infirmitatibus  curatos  prospexi- 
mus  ;  quidam  *  etiam  dum  carceribus  tenerentur  inclusi  et  conpe- 
dibus  vel  cathenis  aut  ceteris  nexibus  ferreis  astricti  dominam 
Carnotensis  ecclesie  devotius  invocando  liberati  sunt,  qui  postea 
ad  eandem  ecclesiam  venientes  vincula  ferrea  quibus  alligati  fue- 
rant  attulerunt  et  obtulerunt  *.  Audita  denique  fama  et  per  regio- 
nes  finitimas  circumquaque  diffusa,  multi  ad  eundem  locum  e 
diversis  partibus  confluxerunt,  plau[s]tris  siquidem  et  aliis  vehi- 
culorum  generibus  frumentum,  vinum,  ferrum  et  multa  hujus- 
modi  ad  ecclesie  fabricam  utilia  vel  neccessaria  attrahentes, 
nichilominus  tamen  calices,  cifos  argentées  et  alia  preciosa  dona- 
ria  déférentes  pariter  et  offerentes.  Pernoctabat  autem  quam  plu- 
rimis noctibus  foris  in  claustro  —  non  enim  omnes  infra  ambi- 
tum  ecclesie  poterant  contineri— peregrinorum  maxima  multitude, 
ita  quod  clerici  qui  ad  matutinos  surrexerant  claustrum  ingredi 
pre  multi tudine  populi  non  valebant.  Videres  preterea  sacerdotes 
cum  suis  plebibus  adventantes  noctis  ibidem  vigilias  observare  et 
una  cum  clericis  pariter  advenientibus  psalmos,  hymnes  et  cetera 
cantica  spiritualia  in  honorem  et  laudem  (57  *  )  gloriose  Virginis 

1.  Ms.  :  quid. 

2.  Ms*  :  obstulerunt. 


altJH  vocibus  deeantare.  Hoc  autem  fidem  precipue  omnium  et 
devotionem  augebat,  quod  in^eorum  conspectibus  crebro  miracula 
contingebant,  prestante  hoc  domino  Jhesu  Christo  ad  laudem  et 
gloriam  genitricis  sue,  que  cum  eo  vivit  et  régnât  in  secula  secu- 
lorum  amen. 

III.  Aliud  quoque  miraculum  ceteris  omnibus  meo  preferendum 
jadicio,sicutnunc  primum  ad  memoriam  reduco,  ita  nunc  primum 
refero,  quod  in  primis  quidem  référendum  esset,  si  juxta  miracu- 
lorum  dignitatem  in  eorum  descriptione  ordo  congruus  servaretur. 
Memorato  siquidem  tempore,  quo  Dei  genitricis  opérante  clementia 
multi  et  innumerabiles  populi  ad  Carnotensem  ecclesiam  plurima 
déférentes  munera  conâuebant,  contigit  ut  populus  cujusdam 
castri  in  Wastinensi  territorio  siti,  quod  Castrum  Nantonis* 
apellatur,  tam  viri  scilicet  quam  mulieres,  tam  nobiles  quam 
innobiles,  caritatis  igné  succensi,  et  quorumdam  âdelium  ammo- 
nicione  premoniti,  plaustrum  quoddam  frumento  decenter  et  suffi- 
cienter  honeratum  humiliter  et  dévote  trahentes,  ad  ejusdem 
ecclesie  limina  visitanda  pergerent,  cumque  jam  in  partes  Camo- 
tensis  diocesis  devenissent  et  quidam  ex  ipsis  Carnotum  se  in 
crastino  venturos  proponerent,  alii  vero  et  laboris  difficultatem 
et  longioris  vie  spacium  attendentes  hoc  minime  fieri  posse  asse- 
rerent,  factum  est  ut  quidam  circonspecti  et  providi  panes  et 
cetera  sibi  quocunque  diverterent  necessaria  emerent,  alii  vero 
minus  super  hoc  solliciti  de  crastino  non  cogitarent.  Sequenti 
itaque  die,  mane  ad  plaustri  funes  sua  religantes  coUaria  tota  die 
cum  labore  nimis  et  sudore  traxerunt  et  cum  sol  jam  ad  occasum 
vergeret  et  inclinaretur  dies,  ad  locum  satis  solitarium,  quiCan- 
turana  dicitur,  vix  tandem  pervenerunt.  Qui  ergo  panes  et  alia 
sibi  necessaria  emerant  valde  de  sua  provisione  letati  sunt  ;  qui 
vero  minus  providi  que  vel  a  quibus  emerent  invenire  non  pote- 
rant  plurimum  contristati  sunt  ;  sed  illis  sua  temporaUs  provi- 
dencia  profuit,  istis  vero  Dei  et  genitricis  clementia  in  tanta 
necessitate  non  defuit.  Fuerunt  namque  felices  in  populo  illo  qui 
panes  habebant  in  sacculis  absconditos  quos  precio  V^«  solido- 
rum  emerant  ;  hii  autem,  cum  vidèrent  partem  populi  non  mini- 
mam  esurire,  pietate  commoti  panes  quos  habebant  eodem  precio* 


1.  Afs.  ;  iri. 

2.  Chàteau-Landon  (Seine-et-Marne). 

3.  Ms.  :  prédis. 


quo  empti  fOerunt  ceperunt  tnrbe  esurienti  vénales  esponere, 
quod  siquidem  majoris  pietatis  indicium  fuit  guam  si  eis  pro  nihilo 
aliaa  eosdem  panes  apponerent.  AttendensigiturglorioseVirginis 
filius  veudenûum  pietatem  et  fatigate  plebis  miseratus  esuriem, 
quoddam  iûsolitum  et  insigne  miraculum  dignatus  est  inter  eos 
operari  de  celis,  quod  condam  inter  discipulos  operatus  est  dum 
conversaretur  in  terris.  Sicut  enim  olim  in  deserto  Vl"»  panes 
sua  benedictione  multiplieans  ex  eisdem  panibus  Vl"«  mlLa  homi- 
num  satiavit,  ita  panes  in  sacculis  positos  sua  dignatus  est  ad 
honorem  matris  multtplicare  potentîa,  ut  tôt  in  eisdem  sacculis 
invenirentur  panes  quot  exurienti  populo  sufficere  viderentur. 
Admirantes  ergo  panum  piissimi  venditores  super  sigoo  quod 
viderant  et  pecuniam  quam  inde  receperant  numerantes,  apertis- 
sime  cognoverunt  ex  yenditione  illa  .xl.  solidos  sibi  obvenisse  et 
nuUum  fere  ex  numéro  panum  quos  emerant  defuisse.  Illi  nimi- 
rum  homines  cum  universo  populo  adœirandam  Dei  et  matris 
ipsiua  clementiam  simul  et  potentJam  enarrarent,  omnes  simul 
gaudio  (v°)  et  exultations  repleti  sunt  ac  largitori  bonoruœ 
omnium,  qui  facitmirabilia  magna  solus,  nec  non  et  gloriose  geni- 
tricis  sue  gracias  egerunt.  Patet  igitur  ex  presenti  miraculo 
quanta  dilectione  pia  Domini  mater  ecclesiam  diligat  Camotensem, 
que  benefactoribus  ejusdem  ecclesie  non  solum  consueta  et  usi- 
tata  Jmpendit  bénéficia,  verum  et  insolita'  et  inusitata  ejus  ali- 
quando  exibet  filio  suo,  prout  ipsa  vult  et  quando  vult  antiqua 
brachii  sui  miracula  suscitante. 

IV.  ContigiteodemteniporeinAurelian[ensi]diocesi[quod]habi- 
fatores  cujusdam  castri  quodPiverium  apellatur*,  tam  derici  quam 
laici,  plaustrum  ingens  et  robustis[8]imum  honeratum  frumento, 
quod  ipsi  propriis  expensis  fabricari  fecerant,  ad  spiritualem 
sancte  Dei  genitricis  basîlicam,  ecclesiam  scilicet  Camotensem, 
unanimiter  et  dévote  traientes,  sancte  peregrinationia  iter  arri- 
perent  et  ipso  itinere  prope  castrum  quod  Puisatum'  dlcitur 
transitum  facerent.  Exeuntibus  de  Castro  illo  ad  spectaculum 
plurimis  et  in  occursum  bominum  plaustrum  supradictum  trahen- 
tium  venientibus,  postquam  iUos  pre  labore  et  estu  nimio  fatigatos 
et  desudantes  viderunt,  pietate  commotiobnixius  n^averunt  qua- 

1.  fia.  :  inaolitata. 
1.  Pithiiien  (Loiret). 
3.1/e  Poùet  (Eue^M^iirii). 


546 

tinus  ad  horam  sibi  parcentes  aliquantulum  a  labore  désistèrent 
et  ipsis  modo  supervenientibus  collaria  commodarent.  Quod  illi 
audientes  facere  noluerunt,  immo  ut  dicitur,  aliquantulum  indi- 
gnati  sunt,  putantes  se  tam  pie  peregrinationis  fiructum  amittere 
si  alios  vel  ad  modicum  hujus  vie  et  laboris  socios  paterentur 
existere.  Yidentes  igitur  qui  advenerant  bominum  transeuntium 
tam  in  labore  quam  in  proposito  perseverantiam,  obnixius  roga- 
verunt  quatinus  ab  ipsis  saltem  plénum  vino  dolium  ad  extin- 
guendum  sitis  ardorem  accipere  dignarentur.  Quod  cum  peregrini 
béate  Marie  concédèrent,  statim  homines  de  Puisato,  qui  ad  pri- 
mam  peticionem  passi  fuerant  repulsam,  letiores  effecti  in  castel- 
lum  redeunt  et  plénum  optimo  vino  dolium  cum  gaudio  et  exulta- 
tione  pertrahentes  eisdem  oflFerunt  et  conferunt  peregrinis. 
Currentes  igitur  cum  desiderio  et  leticia  peregrini,  qui  sitis  nimium 
patiebantur  ardore[m],  ad  dolium,  et  vinum  sapore  suavissimum, 
colore  subtilissimum,  tam  ciâs  argenteis  quam  vasis  vitreis  hau- 
rientes  sine  delectu,  sine  ordine,  sine  personarum  acceptione 
bibunt  omnes  et  rebibunt  et  ex  utraque  parte  dolium  perforantes 
ac  vinum  in  dolio  omnimodis  elicere  moUentes,  demum  ebibendo 
totum  exauriunt,  solis  quidem  sed  non  totis  fecibus  vix  tandem 
in  dolio  relictis.  Quo  facto  repositis  ac  reflxis  in  dolium  clepsedris, 
eis  qui  vinum  contulerant  benedicentes  abierunt.  Sed  qui  olim 
idriam  farinule  et  lechitum  olei  non  est  passus  imminui,  cumpau- 
per  vidua  famis  tempore  prophetam  esurientem  ex  sua  sustentasse! 
innopia,  sibi  et  filio  suo  subtrahens  et  homini  Dei  largiter  erogans 
illud  paupertatis  sue  modicum  quod  habebât,  ipse  idem  dolium 
vacuatum  sua  statim  virtute  vino  meliori  replevit,  cujus  scilicet 
dolii  liquor  peregrinis  gloriose  Virginis  ex  habundantissima  can- 
tate totus  jam  fuerat  erogatus.  Quid  plura?  Cum  vellent  vacuum 
reportare  dolium  qui  plénum  advexerant  et  ponderosum  sentirent 
quod  levissimum  estimabant,  admirantes  plurimum  et  per  supe- 
rioris  apercionem  forarainisintrospicientes  vini  liquorem  purissimi 
intus  redundare  conspiciunt,  odorem  etiam  suavissimum  suis 
naribus  referentem.  Admirantes  itaque  viso  miraculo  et  primo 
quid  facerent  esitantes,  tandem  peregrinos  ad  se  nutibus  et  (f  58*) 
clamoribus  revocatos  ad  tanti  spectaculum  miraculi  redire  com- 
pellunt.  Parit  igitur  novum  vinum,  immo  miraculi  novitas  novam 
leticiam  ;  accedunt  omnes  rursus  ad  dolium,  sacrum  poculum 
libaturi,  non  de  vitis  olim  germine,  sed  solaDei  gracia  noviter  et 
mirabiliter  procreatum.  Extrahunt  vinum  novum  in  calices  et 


547 

dégustant  non  avidiussed  devotius  quam  solebant  ;  laudant  omnes 
saporis  dulcedinem,  colorem  singuli  admirantur,  nec  jam  tantum 
illud  pro  potu  quantum  pro  medicina  salutis  accipiunt.  Nam  et 
plerisque  infirmis  hujus  sacri  libamen  poculi  multorum  testimonio 
novimus  profuisse.  Exultant  igitur  viso  sancte  Dei  genitricis  ^ 
miraculo  homines  de  Piverio,  et  quod  devocius  inceperunt  cum 
majori  devocione  perflciunt. 

V.  Contigit  eo  tempore  ut  homines  Bonevallis  ^  ad  predictam 
ecclesiam  plaustrum  traherent  calce  viva  in  sacculis  reposita 
honeratum.  Unde  cum  post  aeris  serenitatem  densatis  subito 
nubibus  et  pluvia  desuper  inminente  celi  faciès  obscurior  apareret 
et  dicti  homines  longius  a  villa  remoti  plaustrum  sub  tecto  non 
possent  abscondere,  tandem  nubium  densitate  in  ^  pluviam  reso- 
luta,  tanta  imbrium  copia  subsecuta  est  ut  eisdem  hominibus,  quo- 
cumque  poterant  ad  latitandum  fugientibus,  plurimum  nocuisset, 
et  ipsi  plaustrum  et  omnia  que  in  ipso  erant  se  crederent  amisisse. 
Redeunte  tandem  sereno  e  latebris  exierunt,  et  redeuntes  visu 
antequam  ad  plaustrum  accédèrent  perceperunt  plaustrum,  cal- 
cem  et  cetera  omnia  in  eo  statu  in  quo  ea  relinquerant  perman- 
sisse,  ipsum  quoque  plaustrum,  quod  dictu  mirabile  est,  visum 
fuit  per  se  de  loco  ad  locum  nescio  cujus  virtutis  impulsu  tercio 
cpmmoveri.  Cum  autem  propius  accessi[s]sent,  saccos  viderunt 
siccissimos  et  nullis  signis  agnoscere  potuerunt  quod  illos  velulla 
pluvie  gutula  tetigisset.  Ille  enim  quiex^  intemerato  virginis  utero 
sine  matris  (in)corruptione  incorruptus  exivit,  ipse  matri  sue 
munera  destinata  inviolata  et  intégra  conserva  vit.  Quedam  quo- 
que mulier  que  per  unius  anni  spacium  adeo  debilis  fuerat  et 
contracta,  ut  utriusque  pedis  careret  officio,  dicto  plaustro  super- 
posita,  tandem  virtute  et  clementia  béate  Virginis  pristine  saluti° 
restituta  est.  Hiis  tribus  miraculis  homines  Bonevallis  plurimum 
letiflcati,  gloriose  Carnoti  domine  gracias  egerunt,  majori  devo- 
tionis  studio  quod  inceperant  adimplentes. 

VI.  In  Parisiensi  diocesi,  apud  villam  que  Palatiolum^apellatur, 


1.  Ms.  :  exultavit...  genitrix. 

2.  Bonneval  (Eure-et-Loir). 

3.  Ms,  :  et. 

4.  Ms,  :  in. 

5.  Ms.  :  salutati. 

6.  Palaiseau  (Seine-et-Oise). 


un 

aecidit  ot  miles  quidam,  firmitatis  gnsdem  ville  ^<^»w«^»m«. 
sviim  pargari  iaceret  qui  el  profioidissîmos  erai  el  materia  lapidea 
àh  iiùo  tuque  ad  sommom  circumquaque  iiuiraUis.  Cmii  ergo 
qaiddm  jinenis,  Goilldmos  Domine,  intns ad  pargandim pateiim 
àeêCfaofïîêêei,  rapradicta  maœria  sobîio  dissotnta  et  infénas  pro- 
hrfmB  exi,  Admirantur  audita  mina  plnrimi  et  ad  pateam  prc^ios 
accH^tes^  damant  et  assemnt  WiDelnram  procnl  dnfaio  inie- 
fiiM^,  Accarrii  tandem  mater  exsangois  et  attonita,  aed  gloriose 
(UsrwAx  domine  filinm  oommendans  eam  derotnis  inTocat,  qoatî- 
mm  éàfsm  Uiio  mo  in  presenti  pericolo  sua  dignetnr  pîetate  soo- 
^^mrtsTH  ;  onde  pmdkiu%  miles  mm  tam  de  dampno  proprio  qoam 
4^  MfrUijareùiM  contristatos  ad  Uberandmn  pateam  et  joreoem 
0ç%U^y!;fiAma  qoantamconqœ  potait  operam  dédit,  sedrixtriam 
Ammm  «paeio  i«tad  potait  adimpleri.  Com  aatem  die  toxâa  oon- 
iHWwm^n^>  operi  oferarii  operam  darent  éL  ad  inferiora  patei 
Am^jnnÀMât»  rocem  W.  sobtus  latitantis  aodirent,  et  admirati 
mfd  fAurimum  et  letati.  Gloriosa  siqoidem  Camoti  domina,  (y*) 
^$  yr^inm  Willelmom  mater  oommendaTerat,  eam  a  mortis 
f0c^nUp  Ufh  WfAfp  eripuit.  Com  maceria  predicta  modosapradicto 
/hâÊ^A^w^^ittr  fit  rwareif  ita  genitrids  Dd  demoitia  jaTooem  ocmi- 
M^*  ^d  iïUimmf  qood  quidam  lapis,  magnus  qaidem  et latissimos, 
^i/«r  f0âj^  MfrrtiésMf  uiique  ad  jorenem  perrenijne  non  potait,  sed 
U44tm  i^  t^UA  *  Lsiitiidioem  oceupavit,  ot  Willehnam  sobtos  lati- 
f4^i4f<^  ^fàkjfêif^il  et  ruentem  dâmper  maceriam  retineret.  Reta- 
^.  é(if'^4M  j^Mm  UU$m  jofeois  qood  dum  ibidem  foisset  ahsconditas, 
4^  ti^  é4r  f(^Ui^cm  i[mluM  graciai  et  pietas  illum  consolata  est,  ut 
^^  #/  f^^m  di^um  itpatb  nullam  gravem  esuriem,  nollam  sitis 
j^f^^i^f  unilmu  filgorem,  nullam  soi  corporis  lesionem,  nollam 
f^m^héé  n^uiir^  liujmtmodum.  Quis  ergo  dubitet  beatam  ibi 
;^,W4^  f4^tif^u$,  (im  mb  tanta  ^  ruina  lapidum  ita  snum  serraYit 
/^^>^>|t|t  i4iétfêUilum,  ut  nec  etiam  unius  ictu  lapillali  qoatere- 
^tf^4  ^^f^fé4m  ili^/(M^Juveni«  cum  a  terre  sinu  in  que  absconditos 
f^^M-  4^  i^fin  \i\mfHim  axiret,  Jone  quidem,  immo  illi  qui  per 
l^/^^4m  i^H^'i^U^ii  ^f'  r(Môntum  ad  hoc,  si  auderem  dicere,  compa- 
^;^^ .  /CtVMJ  t^ui^  fftmrHcUme  et  leticia  a  parentibus  et  amids 
^■^if^'^,\^  é/mmUna,  ({uï  ftd  bujus  rei  spectaculum  et  miraculum 


549 

advenerant,  susceptus  est,  ac  si  eum  vidèrent  vere  a  mortuis  sur- 
rexisse.  Veniens  inde  Carnotum  juvenis  memoratus  liberatrici 
sue  gracias  egit  et  completum  in  se  ipso  miraculum  non  sine 
multorum  testimonio  enarravit. 

VIL  Oportet  etiam  quoddam  me  commemorare  miraculum 
quod  sub  silentio  preterissem  nisi  quidam  qui  mecum  hoc  noverat 
iîlud  me  scribere  compulisset.  Vidimus  siquidem  et  agnovimus 
hominem,  Willelmum  nomine,  pauperem  quoque  et  etate  senem, 
nondum  tamen  curvum  senie,  sed  morbo  graviore  curvatum  ita 
ut  se  aliquando  erigere  ^  non  valeret.  Gravissima  etiam  inflrmi- 
tate,  quam  rupturam  nominant,  adeo  laborabat  ut  divaricatis 
semper  cruribus*  innixus  baculo  tarde  et  pedetentim  vix  posset 
incedere.  Eum  tamen  ire  cotidie  ad  ecclesiam  ob  petendas  elemo- 
sinas  et  vite  subsidia  ea  que  cohiberi  vix  potest  et  legem  non 
habet  necessitatis  angustia  compellebat.  Is  igitur  eum  videret 
singulis  fere  diebus  signa  et  mirabilia  in  Carnotensi  ecclesia  eve- 
nire,  lacrimari  cepit  et  matrem  misericordie  sepius  et  devotius 
invocare  et  attentius  exorare,  ut  que  peregrinis  et  advenis  multa 
prestabat  bénéficia  sibi  tanquam  bene  cognito  et  domestico  sua 
dignaretur  clementia  sanitatis  remedium  impertiri.  Respexit  eum 
mater  misericordie  et  erexit  et  sic  eum  a  ruptura  et  omni  prorsus 
infirmitate  curavit,  ut  erectus  et  alacer  et  membris  omnibus  inco- 
lumis  tanquam  robustus  juvenis  appareret.  Gaudet  universa  civi- 
tas  hoc  viso  tam  celebri  miraculo  et  exultât  dicentibus  hoc  uni- 
versis  de  eo,  quod  de  illo  condam  qui  a  Petro  et  Johanne  curatus 
fuerat  dicebatur  :  «  Nonne  hic  est  qui  sedebat  et  manducabat  ?  » 
Unde  eum  eo  tempore  multi  débiles  et  infirmi  causa  recuperande 
salutis  in  Carnotensi  ecclesia  morarentur  et  ibi  etiam  morarentur 
(5ic)ingrabatis,  noluit  predictusGuillelmus  inderecedere,beneficii 
quidem  a  pia  Domini  matre  accepti  nunquam  deinceps  inmemor, 
nunquam  ingratus,  ut  gloriose  Virginis  jugiter  in  ecclesia  deser- 
viret  eorumdem  infirmorum  curam  excepit  quibus  ut  erat  vultu 
benignus  et  mente  benignior  cotidiano  victu  necessaria  quandiu 
postea  vixit  diligenter  et  soUicite  ab  omnibus  perquirebat  et  que- 
sita  eisdem  (f^  59*)  infirmis  fldeUter  erogabat. 

VIII .  Occurrit  memorie  memorabile  quoddam  miraculum  quod 
sub  silentio  preterire  indignum  est.  Cum  habitatores  castri  cujus- 

1.  Ms,  :  eligere. 

2.  Ms,  :  curribus. 


524 

l>us>iuiu  ab  aqua  festinant  trahere,  licet  ipsum  adhoc  virere  cre- 
dm'v  uuu  présumant.  Ultimos  ad  dominam  rumor  yenit,  et  non- 
Uata  apiritalis  morte  filioli  non  minus  quam  de  naturalis  fllii 
iuU^ritu  contristatur.  Currit  itaque  piissima  domina  et  festinat 
videre  corpus  submersi  pueruli,  gloriosam  Camoti  dominam 
lacrimosis  precibus  invocans  et  exorans  quatinus  spiritalem  sibi 
restituât  fiiium  ;  vovet  etiam  se  deinceps  ad  ipsius  ecclesiam  Car- 
notensem  annis  yenturam  (v^)  singulis  si  eum  viventem  receperit. 
Jubet  igitur  domina  puerum  elevatis  pedibus  et  demisso  in  terram 
capite  ore  aperto  aliquandiu  suspensum  teneri  ;  quod  cum  lactum 
fuisset  tantus  de  yentrfs  alyeolo  emanayit  riyulus  ut  yix  credi, 
sicut  ipsa  asserit  domina,  potuisset  tantum  aque  in  tam  paryo 
yasculo  contineri.  Quid  plura  ?  reyiyiscit  puer  et  loquitur  et  non 
tam  parentibus  suis,  ut  estimo,  quam  pie  et  fldeli  deyotioni 
domine  sanus  et  incoluminis  redditur.  Ipsa  enim  piissima  ipsius 
centurionis  pro  sainte  senri  Deum  exorantis  deyotionem  imitata 
est,  cujus  scilicet  centurionis  fldes,  pietas  et  deyotio  in  eyangelio 
plurimum  a  Domino  laudata  est.  Gaudet  igitur  et  exultât  nobilis 
et  piissima  domina  pro  reddito  sibi  puero,  et  yoti  sui  non  imme- 
mor  singulis  annis  cum  gratiarum  accione  et  muneribus  ecclesiam 
yisitat  Camotensem. 

XIII.  Referente  quodam  egregio  milite,  Willermo  scilicet  de 
Soldeio  S  et  quibusdam  amicis  suis  id  ipsum  protestantibus,  nobis 
yeraciter  intimatum  est  in  ejusdem  militis  patria  duos  homines 
extitisse*,  unum  quidem  qui  erat  scurra  yagus  et  garrulus  et 
loquax  et  albuginem  habens  in  oculo  ita  quod  illo  oculo  yidere 
non  posset  ;  alterum  yero  qui  linguam  habebat  adeo  mutilatam  ut 
ex  necessitate  quasi  mutus  existeret,  auditu  siquidem  nichilomi- 
nus  integro  permanente;  unde  iUe  loquax  et  garrulus  cum 
audisset  quod  in  ecclesia  Camotensi  lingua  fuisset  cuidam  puero 
restituta  et  de  die  in  diem  miraculorum  fema  crebesceret,  prefe- 
tum  mutum  sepius  inyitayit  ut  ad  ecclesiam  iUam  simul  pergerent 
menbrorum  suorum  restitutionem  petituri,  et  ea  que  dicebantur 
mirabilia  probaturi.  Sane  quod  iste  jocose  etludendo  dixerat,  alter 
deyote  et  simpliciter  intellexit,  iturum  se  illuc  invitanti  garrulo 
signis  et  nutibus  repromittens,  sed  soli  Deo  deyotionis  sue  et  fidei 
confitens  pietatem.  Veniunt  itaque  Carnotum  loquens  et  mutus, 

1.  Souday  (Loir-et-Cher). 

2.  Ms.  :  esUtisse. 


525 

invitans  pari  ter  et  invita  tus,  pares  quidem  itinere  sed  dispares 
volontate,  socii  in  via,  sed  in  fide  dissimiles,  Venit  enim  invi- 
tans garrulus  ut  miraculorum  fama[m]  quam  audierat  implora- 
ret  ;  venit  invitatus  simplex  et  humilis  ut  quod  fldeliter  petebat 
acciperet.  Veniens  itaque  predictus  scurra  Carnotum  non  statim 
cum  socio  ad  ecclesiam  voluit  proficisci,  sed  audiens  quod  Car- 
noti  vina  purissima  et  liquidissima  venderentur  more  solito 
tabernam  intravit,  '  plus  de  hauriendis  vini  poculis  quam  de 
videndis  vel  audiendis  béate  Marie  miraculis  cogitans  et  sollicitus. 
Verum  alter,  scilicet  mutus  supradictus,  flde  et  devotione  pres- 
tantior  statim  ad  ecclesiam  ire,  regnum  Dei  primum  querere  et 
gloriose  Virginis  misericordiam  implorare  preelegit.  Intrat  igitur 
ecclesiam  béate  Dei  genitricis  et  orat,  si  non  ore,  tamen  corde, 
si  non  voce,  tamen  effectu,  si  non  aperta  locutione,  occulta  tamen 
et  simplici  mentis  devotione,  et  qui  nec  verba  replicat  nec  ser- 
mones  multiplicat  ut  impetret  quod  precatur\  hic  sola  mente 
supplicat  et  exaudiri  meretur.  Accedit  deinde  adaltare  Béate  Vir- 
ginis et  more  peregrinorum  illuc  venientium  sub  scrinio  sacro- 
sancto  humiliato  capite  et  corde  pertransit.  Mutus  itaque  jam  non 
mutus  sed  eloquens,  cum  divinam  sibi  primo  sensis[s]et  adesse  pre- 
sentiam  repletus  gaudio  inestimabili  in  vocem  laudis  et  exultationis 
aperte  loquendoperrupit,  sed  vocem  illam  tanta  cordis  amaritudo 
subsecuta  est,  ut  statim  ab  ecclesia  cogeretur  exire,  timens  ne  ama- 
ritudo illa  vomitum  provocaret.  Sane  quidam  qui  eum  noverat  et 
vocem  loquentis  audierat  plurimum  admiratus  est  et  cum  ab  eccle- 
sia ipsum  videret  exire  subsecutus  est  eùm  et  interrogavit  quid 
haberet.  Ille  vero  post  modicum  temporis  intervallum  respondit 
se  magnam  cordis  amaritudinem  habuisse  cum  virtus  divina  os 
ejus  carne  replevisset  ideoque  ab  ecclesia  recessise,  ne  locum 
tam  sanctum  tam  venerabilem  evomendo*  poUueret.  Extrac- 
tam  itaque  linguam  nova  carne  ad  plénum  et  mirabiliter 
reformatam  apertius  demonstravit  et  revertens  continue  ad 
ecclesiam  letus  et  eloquens  sanatrici  sue  gracias  egit.  Pulsatis 
denique  pro  miraculi  novitate  campanis  et  multis  undique  ad 
predictam  ecclesiam  concurrentibus ,  memoratus  scurra  de 
taberna  exiens  una  cum  ceteris  ad  ecclesiam  cucurit  et  divine 
signa  potentie  in  prefato  socio  suo  manifeste  cognoscens,  cepit 

1 .  Ms,  :  et  impetret  quod  precetur. 

2.  Ms.  :  evomando. 


526 

tandem  quod  jejunus  illuc  cum  eo  non  venit  penitere  et  ebrietatis 
magis,  ut  reor,  quam  devotionis  lacrimas  *  fùndere  ac  gloriosam 
Virginem  verbis  quidem  habundans  sed  fide  vacuus*  sero  et 
incassum  cum  hujusmodi  lacrimis  et  ineptis  precibus  exorare. 
Quippe  probatum  est  in  hiis  duobus  quantum  valeat  apud  Deum 
conscientia  bona  et  âdes  non  ficta  et  quod  sine  fide  placere  Deo 
impossibile  est.  Ex  hiis  igitur  duobus  non  immerito  beata  Maria 
unum  elegit,  alterum  reprobavit,  elegit  mutum  humilem  et  ei 
linguam  cum  sermone  restituit ,  reprobavit  garrulum  cunctato- 
rem^  et  ei  quod  petierat  dare  noluit;  elegit  mutum  et  sanavit 
tanquam  ei  diceret  :  «  Fides  tua  te  salvum  fecit  »  ;  reprobavit 
alterum  tanquam  ipsi  diceret  :  «  Vade  rétro  sathana,  non  tempta- 
bis  dominam  tuam,  matrem  Domini  Dei  tui.  » 

XIV.  Illud  quoque  miraculum  non  indignum  est  scribere  quod 
in  partibus  Aquitanie  contigisse  certissimum  est.  Cum  miles  qui- 
dam capitales  quorumdam  inimicicias  pertimescens  orationis 
causa  deillis  partibus  ad  Carnotensem  veniret  ecclesiam,  et  sicut 
mos  est  peregrinis  illuc  advenientibus  sub  scrinio  béate  Virginis 
humilia to  corde  et  incHnato  capite  devotiuspertransiret,  contigit 
ut  quasdam  camisias  quas  ex  industria  secum  distulerat  pia 
intentione  et  simplici  devotione  illi  sacrosancto  scrinio  admoveret 
spem  scilicet  bonam  et  firmam  fldeli  mente  concipiens  quod  sano- 
tificata  et  intemerabilis  et  omni  lorica  prestantior  foret  illa 
camisia  que  ad  intemerate  Virginis  scrinium  quod  sacrosanctam 
ejus  camisiam  continet  aliquando  fuisset  apposita.  Reversus 
itaque  miles  in  patriam  cepit  illis  assidue  uti  camisiis  et  ne  hos- 
tibus  gladiis  posset  aliquando  penetrari  semper  earum  aliqua 
tanquam  lorica  vestitus  incedere.  Sane  cum  die  quadam  compo- 
sitis  contra  eum  insidiis  idem  miles  in  hostium  cuneos  incidisset 
et  ita  fuisset  artatus  quod  nuUa  vi,  nuUo  ingenio  posset  eorum 
manus  eflSgere,  licet  ipse  cujusdam  viri  nobilissimi  a  quo  nuper 
secesserat^  conductum  haberet,  hostes  tamen  nichilominus  eum 
invadere  presumpserunt.  Armati  igitur  contra  inermem  protinus 
irruentes  corpus  ejus  lanceis  transverberare  conati^  sunt  quasi  de 


1.  Ms.  :  locrimas. 

2.  Ms,  :  vacuis. 

3.  Ms,  :  compta torem. 

4.  Ms.  :  concesserat. 

5.  Ms.  :  cognati. 


527 

ipsius  interitu  jam  securi  et  voluntatis  sue  propositum  perfecisse 
gaudentes  ;  verum  loricam  fldei  ferri  acies  penetrare  non  potuit, 
ictus  lancearura  subtilis  camisia  tanquara  niurus  igneus  reppulit 
et  inter  hostium  arma  furentium  illesus  permansit  et  integer  qui 
vitam  deberet  amittere  lorica  etiam  duplici  loricatus.  Hostes 
igitur  nichil  proficientes  vel  perficientes  insaniunt  et  tandem 
déficientes  arma  proiciunt.  Subridet  miles  intrepidus,  admirantes 
eos  et  stupefactos  alloquitur  stultos  reputans  et  insanos  qui  suis 
incassum  gladiis  loricam  béate  Marie  penetrare  nituntur.  Decla- 
rato  eis  demum  miraculo,  qui  prius  vindictam  exercere  voluerant 
ad  misericordiam  inflectuntur,  qui  ad  iniquitatem  manus  suas 
extenderant  veniam  supplicanti  non  denegant,  nec  solum  ignos- 
cere  satagunt,  sed  et  ignosci  sibi  humiliter  postulant,  eo  quod  in 
eum  arma  commoverant  qui  béate  Marie  fuerit  protectione 
munitus.  Sic  itaque  duplicato  miraculo  miles  inermis  persequen- 
tium  gladios  integer  illesusque  sustinuit  et  sola  Dei  genitricis 
opérante  clementia  mirabiliter  amicos  habere  promeruit  qui  ei 
paulo  ante  fuerant  inimici. 

XV.  Ceterum  huic  similenolo  [omittere]  miraculum.  Cum  inter 
Montorium*  et  Lavardinum*  ludo  sive  studio  militari,  quod  tor- 
neamentum  vulgo  dicitur,  miles  quidam  armatis  et  confligentibus 
ex  utraque  parte  militibus  interesset,  accidit  ut  quidam  eum 
capere  et  captum  detinere  desiderans  equo^  illius  injectis  manibus 
frenum  violenter  eriperet,  sed  cum  dictus  miles  evadere  cupiens 
equm  calcaribus  instantissime  perurgeret,  cepit  equs,  qui  fero- 
cissimus  erat  et  velocissimus,  versus  quodam  fluvium  profundis- 
simum  cursu  precipiti  iter  suum  dirigere,  ita  ut  eidem  militi  majus 
jam  videretur  periculum  imminere  quam  si  captus  fuisset  ab  hos- 
tibus.  Cumque  miles  equm  infrenem  et  validum  nullo  modo 
retinere  valeret  vel  ab  incepto  cursu  reflectere  et  jam  proximum 
immineret  periculum,  cepit  idem  miles  gloriosam  Carnoti  domi- 
nam  devocius  invocare  quatinus  ei  in  presenti  neccessitate 
succurreret,  vovens  etiam  quod  ecclesiam  Carnotensem  cum 
graciarum  actione  et  muneribus  visitaret  si  eum  ab  imminenti 
periculo  sua  dignaretur  clementia  liberare.  Miserata  est  militis 
misericordie  mater  et  maxillis  equi  continue  potentie  sue  frenum 


1.  MoDtoire  (Loi r-el- Cher). 

2.  Lavardin  (Sarthe). 

3.  Ms.  :  a  quo. 


528 

imposuit.  Stâtim  igitur  equs  mirabiliter  refirenatas  et  tanquam 
asîna  Balaam  modum  et  causam  sue^  refrenationis  intelligens 
substitit  et  reflexo  postmodum  in  contrarium  cursu*  velocis- 
sime  rediens,  predictum  militem  non  tam  ab  imminenti  mortis 
periculo  quam  ab  adverse  partis  militibus  eom  capere  et  detinere 
Yolentibus,  opérante  genitricis  Dei  clementia  simul  et  imperante 
potentia,  libéra  vit. 

XVI.  Indignum  est  etiam  illud  preclarum,  illud  insigne  mira- 
culum  sub  modio  ponere,  cujus  exemplo  pia  et  misericordie  libe- 
ralis  mater  ab  illecebrosis  mulierum  amoribus  abstinere  nos 
edocet  et  ad  soi  potius  amorem  castissimum  admonet  et  invitât. 
Eo  siquidem  tempore  quo  canonici  Carnotenses  post  combuste 
desolacionem  ecclesie  suos  per  quasdam  provintias  mittere  nuntios 
decreveruat  ad  reparationem  ecclesie  cum  quibusdam  capsulis  et 
sanctorum  reliquiis  fidelium  bénéficia  queritantes,  contigit  ut 
quidam  scolaris  Anglicus,  Londoniensis  urbis  indigena,  a  scolis 
rediens  quandam  intraret  ecclesiam  in  qua  predicte  noncius 
questum  faciens  super  memorato  iDcendio  et  dampnis  que^  inde 
vénérant  universis  sermone  adeo  miserabili  loquebatur  ut  omni- 
bus qui  aderant  ad  pietatem  commotis  lacrimas  a  plurimis 
extorqueret,  quo  ab  ipsis  facilius  oblacionum  munera  ad  que 
potissimum  anhelabat  postmodum  impetraret.  Cumque  jam 
universi  mira  et  ingeniosa  sermocinantis  deyicti  facondia  ad 
sanctorum  reliquas  quas  idem  sermocinator  eis  exibebat  accédè- 
rent largius  et  devotius  oblaturi,  prefatus  scolaris  qui  aderat 
maximam  offerendi  voluntatem  concepit,  sed  hujus  bone  voluntatis 
effectumamor  cujusdem  mulieris  impedivit.  Nichil  siquidem  quod 
offerre  posset  secum  habebat  prêter  monile  seu  flrmale  aureum 
quod  ita  carum  habebat  ut  pro  quaconque  necessitatis  angustia 
iUud^  vendere  vel  expendere  nullatenus  sustineret,  eo  quod  amice 
sue  illud  destinaverat  et  réserva verat  conferendum.  Unde  factum 
est  ut  ipse  sibimet  quodam  modo  discors  existeret  et  inter  virtu- 
tem  et  vicium  ejus  animus  huic  modo  illi  consentiens  anceps 
plurimum  et  a[n]xius  fluctuaret.  Suadebat  enim  mentis  devotio  et 
ceterorum  fidelium  qui  aderant  non  tam  monebatur  quam  move- 


1.  Ms.  :  sine. 

2.  Ms.  :  in  contrario  cursum. 

3.  Ms.  :  qua. 

4.  Ms.  :  illa. 


529 

batur  exemple  quatinus  idem  monile  sancte  Dei  genitrici  offerendo 
conferret  ;  persuadebat  e  contra  feminei  amoris  viciosa  et  carnalis 
afifectio  ne  ad  sinum  predulcis  amasie  manu  vacua  remearet. 
Gogitabat  etiam  quod  si  monile  predictum  offerret,  sermocinator 
forsitan  illud  ad  Carnotensem  ecclesiam  non  deferret  sed  in  usus 
proprios  aut  etiam  alienos  turpiter  et  inhoneste  transferret,  et 
sic  hujus  oblacio  muneris  nicbil  utilitatis  aut  premii  eidem  ecclesie 
vel  ipsi  offerenti  conferret.  E  contrario  noverat  quod  si  quid 
oculo  simplici,  id  est  pie  intentionis  intuitu,  faceret,  ipsa  pia 
intentio  totum  corpus  operis  lucidum  et  commendabiie  redderet 
et  ipse  fructum  pii  operis  ex  aliène  pravitatis  vicio  nequaquam 
admitteret.  Meditabatur  preterea  quod  monile  oblatum  forte  de 
cetero  non  videret,  sue  vero  collatum  amasie  ad  coUum  ejus 
dependere  multociens  cerneret  et  sic  S  illud  non  habendo,  eo 
quodammodo  non  careret.  Videbatur  enim  contra  quod  sicut 
nemo  mittens  manum  ad  aratrum  et  respiciens  rétro  aptus  est 
regno  Dei,  ita  nemo  mittens  manum  ad  marsupium  pro  ^  facienda 
elemosina  et  eam  avare  retrahens,  sicut  ipse  jam  multociens 
fecerat,  regno  Dei  esset  idoneus.  Cumque  in  hune  modum  amor 
et  ratio  in  uno  eodemque  homine  conflictu  inter  se  mirabili 
decertarent,  ipse  tandem  judex  in  causa  propria  constitutus 
cedendum  censuit  racioni  et  bone  voluntatis  propositum  sequi 
postposita  amoris  insania  preelegit,  memor  siquidem  illius  verbi 
dominici  quod  regnimi  scÛicet  celorum  vim  patitur  et  violent! 
rapiunt  illud,  tandem  sibi  ipsi  vim  intulit,  memoratum  monile 
quod  amasie  sue  destinaverat  que  Maria  proprio  nomine  vocaba- 
tur  e  marsupii  sui  fundo  protulit  et  meliori  Marie  cum  summa 
devotione  non  sine  lacrimis  obtulit,  Zacheo  quidem  et  vidue  que 
duo  minuta  misit  in  gazofilatium  non  immerito^comparabilis,  sed 
Zacheo  quidem  devotior  quia  totum  tessaurum  suum  una  simul 
oblatione  Deo  et  genitrici  sue  devotissimecontulit.  Egressus  vero 
ab  urbe  Suessonica  in  qua  hujusmodi  oblationem  fecerat,  cum  ad 
partes  maritimas  transfretare  cupiens  accessis[s]et,  contigit  ut  ad 
domum  cujusdam  patrifamilias  qui  filias  habebat  pulcherrimas 
hospitandi  causa  diverteret.  Videns  autem  paterfamÛias  clericum 
etate  juniorem,  vultu  et  statura  corporis  elegantem,  eum  in 

1.  Ms»  ;sil  illud  non  babunde. 
1.  Ms.  :  quod. 
3.  Ms,  :  immemor. 


530 

domum  suam  recipere  noluit,  dicens  quod  filiabus  suis  talem 
exibere  hospitem  non  auderet  ;  permisit  tameo  ut  sub  tecto  gra- 
nice  sue  in  qua  farragines  suas  habebat  repositas  nocte  illa  solus 
hospitaretur,  si  vellet.  Quod  siquidem  dericus  pro  tempore 
gratum  habuit,  eo  quod  aliud  hospicium  de  Cacili  reperire  non 
posset.  Hospitatus  itaque  nocte  illa  solus  in  granica,  cum  cena 
modica  suam  releyaret  esuriem  et  mesticia  tandem  et  lassitudine 
pergravatus  super  farraginem  obdormisset,  accidit  ut  circa 
medie  noctis  tempus  evigilans  claritatem  magnam  de  celo  des- 
cendere  et  totara  subito  granicam  imraenso  perfundi  lumine 
prospexisset,  tresquoque  venerabiles  dominas  vultibus  et  cultibus 
nitidissimas  ante  suam  vidit  astare  presentiam,  quarum  una 
statura  procerior,  vulti  speciosior,  cultu  insignior  videbatur,  que 
propius  accedens  ad  clericum  cepit  eum  blande  et  liberaliter 
alloqui  et  ut  a  corde  suo  omnem  prorsus  amoveret  tristiciam 
verbis  dulcibus  et  consola toriis  exortari.  Cumque  ille  stupefactus 
plurimum  miraretur,  «  Ne  timeas,  inquit  domina  illa  ;  ego  sum 
Maria,  amica  tua,  Jhesu  Christi  mater  et  filia,  cujus  amorem 
alteri  amasie  Marie  pretulisti,  cui  monile  aureum  quod  illi  Marie 
dare  proposueras  contulisti,  unde  et  amore  meo  frui  in  sempiter- 
num  meruisti  ;  quamobrem  ad  te  venire,  te  visitare,  te  alloqui, 
te  ut  amicum  meum  karissimum  premonere  decrevi*,  quatinus 
te  michi  de  cetero  fidelem  et  castiun  amatorem  exibeas,  ne  cum 
in  Anglia  reversus  fueris  ad  camales  concupiscentias  et  inmun- 
dicias  revertaris;  sed  ut  meo  amori  possis  vacare  liberius  et 
impudica  mulierum  consortia  declinare,  ad  locum  quamcitius 
secretiorem  te  transferas  ubi  vitam  valeas  ducere  solitariam  et 
adventus  mei  sepius  consolatione  letari.  Ibi  enim  te  visitabo,  ibi 
te  consolabor  et  amoris  nostri  vinculum  nulla  deinceps  poterit 
occasione  dissolvi.  Et  ut  ista  visio  non  tibi  vanitatis  somnium 
aut  illusio  fantastica  videatur,  ecce  tui  pignus  amoris  quod  gesto, 
ecce  illud  monile  aureum  quod  nuper  in  urbe  Suessionica  contu- 
listi circa  pectus  meum  et  videre  poteris  et  recognoscere.  »  Quod 
cum  ille  dÛigentius  fuisset  intuitus  et  ita  verum  esse  sicut  beata 
Maria  dixerat  signo  evidenti  et  manifeste  comperisset  indicio, 
jam  de  visione  securus  et  gaudens  gloriose  Yirgini  gratias  egit  et 
ejus  se  deinceps  pariturum  imperio  fideliter  repromisit.  Liberalis 
deinceps  et  piissima  Domini  mater  suo  valedicens  et  benedicens 

t.  Ms,  :  decleni. 


534 

amico  disparuit  et  ipsum  penitus  consolatum  et  in  castitatis 
amore,  spreta  jamet  abjecta  omni  carnali  concupiscentia,  solida- 
tum  et  spiritus  sancti  igné  succensum  dereliquit.  Cum  igitur 
idem  clericus  transfretando  in  Angliam  propere  et  pro[sJpere 
devenisset,  parentibus  et  amicis  quantocius  visitatis,  in  secretis- 
simam  maris  insulam  omnes  seculi  ponpas  et  carnales  illecebras 
fugiendo  secessit,  ubi  vitam  ducens  angelicam  spiritalibus  potius 
epulis  quam  cibo  corporali  sustentari  ac  refici  ac  béate  Marie 
visitatione  simul  et  allocutione,  sicut  ipsa  predixerat,  meruit 
sepissime  relevari.  Quo  conperto  miraculo  R.  Anglorum  rex 
ecclesiam  Carnotensem  in  majori  veneratione  deinceps  habuit,  et 
licet  adversus  illustrem  Francorum  regem  P.  discordiam  et 
guerrara  haberet  perpetuam,  nichilominustamenpredictenoncios 
ecclesie  in  terram  suam  bénigne  suscipiens,  capsam  quamdam 
quam  secum  deferebant  die  quadam  alter  David  se  ipsum  humi- 
lians  propriis  humeris  humiliter  detulit  et  eos  ubicunque  velleut 
per  totam  terram  suam  liberos  et  securos  ire  permisit.  Ipse  vero 
postmodum  Adelicie  sorori  sue,  comitisse  Blesensi,  prescriptum 
miraculum  retulit  et  eadem  nobilis  ac  venerabilis  comitissa  idem 
miraculum  publicari  dignissimum  multis  postea  fldelibus  enar- 
ravit. 

XVII.  Est  villa  quedam  justa  vicum  qui  dicitur  Bonavallis  in 
qua  est  quedam  capella  que  pertinet  ad  parrochiam  ecclesie  alte- 
rius  ville  ad  quam  veniebat  sacerdos  statutis  diebus  ad  celebranda 
divina.  In  ea  quedam  mulier  manebat  que  de  opère  coli  et  lane 
vivebat.Contigitautem  die  quadam  sabbatipostvesperas,  cumcon- 
sideraret  opus  suum  tocius  septimane,  vidit*  minus  babere  quam 
solebat  et  lanam  remansisse  ex  qua  posset  perlBcere  quod  deerat; 
cogitabat  ergo  ut  perflceret,  sed  nesciebat  quando,  quia  sabbatum 
erat  et  propter  honorem  béate  Virginis  non  audebat.  Insuper 
crastina  die  esset  dominica  dies  in  qua  minus  licebat  ;  postdomi- 
nicam  autem  non  posset  quia  summo  mane  in  die  lune  opus 
suum  vendere  oporteret  et  si  ita  venderet,  videbatur  ei  quod 
magnum  dampnum  incurreret.  Hec  secum  cogitabat,  volebat  et 
non  volebat;  volebat  propter  dampnum,  non  volebat  propter 
peccatum  :  ita  temptabatur  et  contraria  erat  sibi  ipsi.  Sed  tan- 
dem victa  a  temptacione,  magis  timens  hominem  quam  Deum,  ne 
videretur  ab  aliquo,  serena  nocte,  luna  lucescente,  omnibus  dor- 

i.  Ms.  :  inde. 


332 

mientibus  secreto  loco  exivit  in  orto  juxta  domum,  accepit  colum 
et  perfecit  quod  temptatio  prava  suadebat,  tamen  semper  habens 
in  mente  quod  esset  grande  peccatum  et  contra  honorem  gloriose 
virginis.  Cum  autem  omnia  perfecisset  et  voluisset  surgere  ut 
iret  quiescere,  subito  sensit  manura  suam  dexteram  esse  dau- 
sam,  et  nullum  sentiens  dolorem  mirabatur;  volebat  aperire 
manum  sed  non  poterat;  stupefacta  autem  et  perterrita  ultra 
quam  dici  potest  vim  cum  altéra  manu  faciebat,  sed  nil  proficere 
poterat  quia  ita  firraiter  digiti  palme  adheserant  quasi  totum 
contiguum  esset.  Quid  diceret,  quid  ageret  non  habebat  ;  mira- 
batur valde,  nesciens  causam  rei  ;  dubitabat  enim  an  hoc  esset  ex 
divina  vindicta  an  ex  infirmitate  aliqua.  Sic  transiit  noctem  illam 
insomnem.  Venit  dominica  dies  ;  sepe  manum  suam  aspiciebat, 
sepe  aperire  temptabat  :  nulla  arte,  nullo  conamine  hoc  facere 
poterat,  nec  tamen  malum,  ansietatem,  infirmitatem,  dolorem 
aliquem  sentiebat.  Hoc  autem  nulli  manifestare  voluit  ;  erubes- 
cebat  enim  alicui  revelare,  spem  semper  habens  recuperande 
sanitatis.  Sic  transiit  illa  dies,  transiit  et  nox.  Secunda  autem  feria 
summo  mane  secundum  consuetudinem  venerunt  vicine,  voca- 
verunt  eam  ut  secum  veniret  [ad]  mercatum.  lUa  excusavit  se  et 
noluit  venire,  alteri  earum  tradens  quod  factura  erat  ;  et  cum 
esset  dies  in  se  reversa  dixit  :  «  Quid  est  quod  ago  ?  Quid  expecto? 
quare  taceo  ?  quare  non  vocifero  ?  possum  diu  occultare  mirabilia 
Dei  ?  si  non  voluntaria  profero  S  ipse  veUm  nolim  malum  meum 
omnibus  mauifestabit.  Si^  non  videt  homo,  in  me  videt  Deus  ;  si 
non  scit  vicinus,  non  nescit  Dominus  ;  si  percussit  me  Dominus, 
nonne  merui  ?  Certe  merito  hoc  patior ,  addo  etiam  peccatum 
peccato,  peccatum  scilicet  taciturnitatis  peccato  maie  opéra tionis. 
Nonne  et  ita  semper  erit  ?  Vivam  ita  in  eternum  si  Dominus  vult 
opus  suum  manifestare?  Quomodo  possum  contradicere ?  Certe 
revelabo  ;  sed  cui  ?  nonne  Domino  ;  immo  Domino,  quia  ejus 
vicario,  id  estsacerdoti  meo,  suum  est  pro  me,  suum  est  me  con- 
sulere  ;  ipse  accepit  a  Domino  curam  et  potestatem  corporis  et 
anime  mee.  Utrumque  est  in  causa  :  anima  propter  peccatum 
quod  perpetravi,  corpus  propter  infirmitatem  quam  sustineo.  » 
In  hec  verba  exivit  a  domo  circonspiciens  undique  et  ecce  vidit 
a  longe  presbiterum  venientem  et  dixit  :  «  Benedictus  Dominus 

1.  Ms.  :  prodero. 

2.  Ms.  :  sed  non  uidr  h^. 


533 

ipse  qui  dédit  michi  infirmitatem  ;  ipse  ministrat  michi  unde 
possim  recuperare  sanitatem.  A  modo  si  tacuero  non  habeo  excus- 
sationem  ;  certe  revelabo  ei  omnia  et  ibo  ei  obviam  ut  secretius 
possim  ei  aperire  conscientiam  meam,  »  et  exivit  aliquantulum 
extra  villam  et  obviavit  sacerdoti  et  salutaverunt  se  invicem,  et 
interrogavit  eam  sacerdos  de  statu  suo.  Illa  autem  erubescens 
non  indicavit  ei,  locuti  sunt  aliéna  et  sic  intraverunt  villam  ; 
separati  sunt  alter  ab  altero  ;  fecit  presbiter  quod  quesierat. 
Intérim  illa  secum  :  «  Ha  !  michi  quid  accidit  !  ego  miserrima  ! 
quare  non  indicâvi  cor  meum  presbitero,  immo  Domino  qui  novit 
omnia  ante  quam  fiant,  et  si  novit  omnia  futura,  nonne  cognovit 
et  facta  ?  certe  quia  non  indicâvi  presbitero,  Dominus  indicabit 
populo,  quia  non  ostendi  uni,  Deus  ostendet  pluribus  ;  non  erubui 
peccare  et  erubesco  emendare  :  sentie  infirmitatem  et  non  quero 
medicinam.  Ne  deterius  michi  continguat,  ibo  iterum  ad  eum, 
non  celabo  ei  quicquam  et  si  erubuero  a  modo  confiteri,  scio  quia 
abjecit  me  Dominus  et  non  sum  digna  misericordia,  quia  non  vult 
recipere  conifessionem  meam;  tradita  sum  in  manus  Inimici.  »  Et 
ita  factum  est.  Exivit  in  via  postquam  non  dubitabat  presbiterum 
redire  ;  venit  presbiter  ;  illa  iterum  erubuit  confiteri  ;  ivit  pres- 
biter(i)  ad  locum  suum  ;  illa  remansit  confusa  et  quasi  desperans 
intravit  in  domum  suam  et  ecce  in  ipso  introitu  aggravata  est 
manus  Domini  super  eam,  quia  dolor  percussit  eam  in  manu  quam 
aperire  non  poterat  que  semper  crescebat  sine  cessatione,  nec 
tamen  tune  aïicui  manifestavit,  sed  facto  vespere  jam  pre  multi- 
tudine  doloris  se  non  poterat  continere,  gemere  cepit  et  non 
valons  sustinere,  cepit  cla'mare.  Venerunt  vicini,  afiuerunt  multi 
nescientes  causam  clamoris  mirabantur  ;  illa  pre  pudore  non  pro- 
ferens  verbum  ostendit  manum.  Patefacta  sunt  omnia,  mirati 
sunt  universi  ;  consilium  querebant  quid  esset  facturum,  dixerunt 
a  Domino  a[u]xilium  esse  querendum.  Duxerunt  ergo  eam  ad 
ecclesiam,  asperserunt  eam  aqua  benedicta,  bajulaverunt  ei  cru- 
cem  et  etiam  pissidem  ubi  erat  corpus  Domini,  sed  nil  profece- 
runt.  Dixit  eis  quedam  mulier  hoc  non  esse  faciendum  absque 
assensu  presbiteri,  sed  ab  eo  querendum  esse  consilium.  «  Susti- 
neamus,  inquit,  usque  ad  mane  ;  nox  enim  est,  et  cras  erit  festum 
sancte  Agnetis  ;  novi  presbiterum  cras  esse  venturum  ad  cele- 
branda  divina  misteria  in  honore  béate  virginis  et  ipse  ostendet 
quid  nos  oporteat  facere  ».  Concesserunt  omnes  et  recesserunt. 
Noctem  illam  damans  et  ejulans  duxit  Ula  infelicissima  mulier 


534 

iawiUKtfc«c,  ivj^ûerxa;»  ;idveQtum  sacerdotis.  Facta  est  (lies  cras- 
:ca.    ra.:  >av^r:cjk  .ntravit  capellam,  pulsavit  campanam  ;  illa 
^u.  t»."    *  -uiMiu  :axi6.^  exultavit  gaudio  ut  videretur  ei  in  multum 
.  V»    «»»c  .vuimittutiuk  Omnes  viri  et  mulieres  qui  erant  in  villa 
.(Il   «jw^'.trM    lia  venerunt  ad  ecclesiam,  ostenderunt  sacerdoti 
».».  trfc^^.  wn^^^ruut  ei  ordinem  rei.  Miratus  sacerdos  consu- 
i  -u^  .^»?  oraûduiu  et  a  Deo  esse  querendum  auxilium  ;  cele- 
t,*.  .  a*  ..:J.  i/"ttionuit  populum  utorarent,  oravitet  ipseproea 
^    v^iiiiattt.  lUa  autem  orans  et  gemens,  trahens  ab  alto  suspi- 
.^i .  X  '.  ta^H'tt*  *iH»ni  in  Domino.  Post  mi[s]sam  vocavit  eam saceiv 
v.'v  .i\^i^^^^.^ .  *  l'imichi  videtur,  peccatum  est  in  causa,  et  cessante 
*mnV5  OiAiwa*  av^îsiibit  effectus  ;  dele  ergo  peccatum  per  contri- 
^  .iv*« .  j^T  vvnfessioneni ,  per  satisfactionem  et  cum  lacrimis 
.%..♦   iu»<iiia  a>i\lis.  >  lUa  autem  cum  vera  cordis  contricione  et 
.^i.*  '.îKt'uiunnun  effusione  penitens  confessa  est  ei  orania  peccata 
«K  .*^i  :ii^uK»riaui  poterat  reducere  cum  magna  devotione.  Post 
,v\k»^>*iv*«<'»"  sacerdos  injuuxit  ei  penitentiam  in  qua  contineba- 
i.«  .(UvkI  siugulis  annis  semel  in  anno  in  aliqua  festiyitatum  béate 
\;<i4\>  \ii>;iuisad  ecclesiam  ejus  Carnotensem  peregre  proflsce- 
v<'i«'  »  «»ï  ttmnter  precepit  quatinus  hanc  peregriuationem 
,vu»i  vKViwione  remota  inciperet  in  festo  Purificationis  proximo 
Uiiiiv,   Ula  se  devotissime  promisit*  observaturam  omnia  que 
hW\>«\U«  Jixtîrat,  et  quepropenitentia  dabatpro  voto  accipiebat, 
KV  ot  Hlia  majora  promittens.  Tune  absolvit  eam  et  vocati  sunt 
^miu^y*  {\\\\  nderant  ;  et  omnibus  videntibus  posuit  manum  mulieris 
yh«u>^ui  in  manu  sua  et  signavit  et  aspersit  aqua  benedicta  et 
V\x«N^t  digitos  unum  post  alterum  ac  si  nunquam  ibi  fuisset 
.U^sl^ul  infirinitatis  aut  doloris.  Illa  gaudens  aperuit  manum  et 
sUM^iti  rlausit  et  aperuit  et  hoc  multociens  iteravit  et  facta  est 
^>àh  illa*  liora  et  deinceps  sana  et  incolumis,  et  omnes  qui  aderant 
hsH'  vitiniiles  gratias  Deo  dederunt  et  gloriose  Yirgini,  laudantes 
^i|  tiiinodicontes  Deum  qui  est  benedictus  in  secula  seculorum, 
^\\m\,    Mirabilibus   mirabiliora    succedunt;    nam  huic  divine 
vk|H»rnlioni  non  defuit  crudelis  invidia  diaboli.  Advenit  festivitas 
Purlllcationis,  affuit  et  unica  temptatio  demonis.  Mulierprope- 
iHilutl  ut  proflcisceret,  temptatio  admonebat  ut  remaneret.  Dixit 


|.  Afâ.  :  pcrmisit. 
'I   Mm.  :  alla. 


535 

enim:  ^cHiems*  est  asperior  solito,  via  longua,  diesbrevis,  dieta 
gravis  ;  insuper  quod  modo  non  potes,  poteris  in  Annuntiatione, 
nam  presbiter  dixit  :  «  Singulis  annis  semel  in  anno  in  aliqua  festi- 
vitatumproficisceris  »  ;  quod ergo modo  nonfacis,  in  festo  Annun- 
tiationis  vel  Assumptionis  poteris  recuperare.  »  Illa  infelicissima 
mulier  huic  adquiescens  consilio,  succumbens  temptationi,  victa 
ab  Inimico  remansit.  Transiit  festivitas  et  facta  est  dies  crastina. 
Venit  sacerdos  et  vidit  mulierem  et  dixit  :  «  Quando  venisti  Car- 
notum  ?  Fuisti  ad  ecclesiam  Virginis  ?  Reddidisti  gratias  Deo  et 
Virgini  sicut  debuisti  ?  »  Illa  confusa  erubuit  et  respondit  non, 
sed  hoc  perficeret  in  die  Annuntiationis  ;  et  presbiter  :  «  Infelix, 
quomodo  decepta  es?  cujus  consilio  hoc  fecisti?  Heu!  misera, 
quomodo  tam  cito  facta  es  immemor  tui,  oblita  benelBcii  accepti, 
prevaricatrix  mandatorum  Dei,  transgressa  votum,  inobediens 
preceptis  ?  si  bene  novi  opéra  Dei  et  gloriose  Virginis  quam  des- 
pexisti,  non  diu  inpune  feres.  Sed  modo  sit  sicut  Domino  pla- 
cuerit  ;  tamen  indulgeat  tibi  Dominus.  »  His  dictis  recessit  et  illa 
confusa  et  perterrita  ivit  in  domum  suam.  Transacta^  autem  hora 
unius  diei  percussa  est  a  planta  pedis  usque  ad  verticem  plaga 
pessima  et  horribili  et  cecidit  super  terram  quasi  mortua  spumans 
et  damans  ululatu  magno  et  terribili  et  amisit  omnem  virtutem 
menbrorum  et  virtutem  V^"®  sensuum,  et  turaescebant  menbra 
ejus  vehementer  et  factum  est  corpus  ejus  ultra  quam  dici  potest 
turgidumet  inflatum,  et  cutis  erat  nigra  et  lucens  et  nichil  vivi- 
dum  apparebat  in  ea,  excepte  quod  de  ore  ejus  exibat  anelitus, 
sed  fetidus.  Sic  permansit  duobus  diebus  et  duabus  noctibus  et 
non  manducavit  neque  bibit.  Sacerdos  autem  et  omnes  qui  [erant] 
in  villa  a  majore  usque  ad  minimum  singulis  diebus  hoc  videntes 
et  condolentes  ei  orabant  semper  ad  Dominum  pro  ea.  In  die 
autem  tercia  veniens  presbiter,  sicut  heri  et  nudius  tercius,  cum 
multis  visitare  illam,  deprecabatur  Dominum  utsifieriposset  sine 
confessione  non  decederet,  et  spem  habens  in  Domino  vocavit  eam, 
rogans  ut  loqueretur  ei.  lUa  autem  gemens  et  suspirans  ad  vocem 
sacerdotis  exclama  vit  :  «  Domine  Deus,  miserere  mei  ;  gloriosa 
virgo,  miserere  mei.  »  Tune  sacerdos  gaudens  admonebat  ut  con- 
flteretur  Domino  peccata  sua.  Illa  autem  facto  parvo  spacio  con- 


1.  ilfs.  ;  hiens. 

2.  Ms.  :  transaucta. 


536 

fessa  est  coram  omnibus  omDia  peccata  sua,  et  cum  presbiter 
absolvisset  eam  et  benedixisset  ei  et  omnes  respondissent  Amen  S 
quod  dictu  mirabile  videtur,  in  momento,  in  ictu  oculi  pristine 
restituta  est  sanitati  quasi  nuUam  uoquam  sensisset  lesionem,  et 
ipsa  stupe£acta  et  quasi  a  gravi  sompno  evigilans  supplicabat 
sacerdoti  quid  esset  agendum.  Ipse  autem  dixit  vero  corde  et 
siraplici  redderet  gratias  Deo  et  proficiscendum  esse  Camoti  ad 
ecclesiam  béate  virginis  Marie  et  preci[pie]bat  ei  ut  de  cetero  sine 
defectu  perficeret  quicquid  prius  sibi  injunctum  fuerat,  ne  déte- 
nus contingeret  ei,  quod  illa  omnibus  diebus  vite  sue  quibus 
supervixit  adimplevit.  Erant  autem  omnes  qui  aderant  mirantes 
et  benedicentes  Deum  in  omnibus  que  viderant.  Hoc  autem  cogno- 
vimus  ab  ipso  sacerdote  referente  et  testimonio  perhibente  in 
omnibus  que  viderat  et  audierat,  qui  et  in  ipso  anno  accepit  habi- 
tum  religionis.  In  hac  autem  muliere  quinque  miracula  possumus 
considerare  :  primo  propter  peccatum  prave  actionis  miraculum 
manus  clause  ;  secundo  propter  peccatum  tacitumitatis  miracu- 
lum in  dolore  manus  ;  tertio  propter  virtutem  vere  confessionis 
miraculum  [in]  sanitate  manus  ;  quarto  propter  peccatum  negli- 
gentie  et  inobedientie  miraculum  pessime  plage  tocius  corporis  ; 
quinto  propter  virtutem  oracionis  et  confessionis  miraculum 
inopinate  et  momentanée  salutis  corporis  et  anime.  Benedictus 
Deus  per  omnia  secula  seculorum,  Amen. 

XVIII.  Unum  refero  miraculum  cujus  simile  utrum  legerim 
auditum  aut  visum  in  preteritis  seculis  nescio.  Mulier  quidam 
nomine  Gondrada  virum  habens  nomine  Teodoricum,  comma- 
nen[s]  in  riparia  ultra  Axonem  fluvium  qui  preterlabitur  urbem 
Suessonicam,  de  villa  que  dicitur  Audiginicurtis  *,  in  ter  ceteros 
quorum  menbra  ignis  ille  judicialis  depascebat  venerat  ad  eccle- 
siam béate  et  gloriose  semperque  virginis  Marie,  genitricis  Dei 
et  domini  nostri  Jhesu  Christi,  opem  flagitans  medicinalis  gratie 
per  eandem  matrem  misericordie.  Invaserat  enim  idem  ignis 
faciem  et  ora  mulieris  predicte  et  jam  cum  horrore  intuentium 
quicquid  carnulente  cartilaginis  in  naso  ejus  prominebat  et 
labium  superius  quod  naso  subjacet  usque  ad  maxillares  et  gin- 
givas  molares  erat  ignis  tabificus  depopulans  turpaverat.  Quid 
plura?  Misericordiam  postulavit  et  obtinuit  et  extinctus  est  a 

1 .  MSo  :  amem. 

%  Audigaecourt  (Aisne). 


537 

facie  ejus  vastator  ignis.  Sed  quia  générale  erat  et  publicum 
quasi  minus  miraculum  computatur.  Nam  majora  secuntur  et 
virtus  inusitata  in  eadem  persona  celebrata.  I[n]terim  licet  bene- 
ficio  gracie  caruerit  tanto  dolore  non  tamen  evasit  visionis  hor- 
rorem,  misericordiam  et  judicium  tuum  circonferens.  Domine. 
Omni  ergo  occursanti  jam  molesta  et  odiosa  fiebat  et  coacta  est 
redire  ad  suos  ut  gratia  consanguinitatis  temperaret  importabi- 
lem  ejus  conversationem.  Sed  et  hoc  modo  parum  profecit  ;  omni- 
bus erat  gravis  ad  videndum.  Compulsa  est  ergo  prêter  oculos 
totam  faciem  madenti  panniculo  velare,  nec  tali  aminiculo  vix 
aliquid  profecit  quo  excusare  odium  et  nauseam  vel  beneficio 
humanitatis  et  consanguinitatis  valeret.  Quid  faceret?  quo  se 
conferret  ?  A  quorum  conversatione  non  abiceretur  que  suorum 
et  domesticorum  odio  et  maledictis  jam  respergebatur.  Sic  ergo 
omni  nécessita  te  circumclusa,  omni  humana  ope  desperata  uti- 
lius  subit  consilium  et  copiosius  occurrit  auxilium  et  jam  friges- 
centem  fugientemque  fidem  culpat,  [culpat]  se  ipsam  quod  velud 
inmemorprioris  beneficii  copiosam  in  misericordia  matrem  mise- 
ricordie,  id  est  Christi  genitricem  Mariam,  per  oblivionem  velud 
posthabuit.  Re  divina  igitur,  fide  et  spe,  velud  armis  accincta  in 
crastino  iterum  parât  proficisci  ad  memoriam  béate  et  gloriose 
virginis  que  est  in  urbe  Suessonica.  Confecta  itaque  pro  sua 
paupertate  candela(m)  quam  ofiFerret,  itum  est  dormitum.  Eadem 
nocte  maturius  evigilans  et  solicita  quamcicius  elucesceret, 
memor  sponsionis  sue  ac  propositi,  nimium*  prolixas  noctes,  ut 
pote  ante  equinoctium  vernale,  queritur.  Tune  sentit  laxatum 
fluitare  panniculum  quem  ori  suo  obdiderat  ;  quem  dum  restrin- 
gere  sursumque  reducere  nititur  et  parum  proficit  coacta  est 
circumjacentium  implorare  a[u]xilium  ;  dumque  morant  sompno 
vel  frigore  tardi  illa  nichilominus  querit  lucernam  accendi  et 
a[u]xilium  sibi  ferri,  cum  i[n]terim  sensit  camem  sub  digitis  et 
panniculo  pressam  mollescere  et  nesciebat  quia  caro  est  nasi  et 
labii  reformati  ;  sed  dum  sepius  reducit  pannum  sepiusque  per 
idem  attrectat  creaturam  noviter  plasmatam,  «  Deus,  inquit,  et 
sancta  Maria  adjuval  Deus,  sanctaMaria,  adjuval  D.S.M.  adjuva!  » 
Tune  beata  Virgo  ei  apparuit,  cui  ipsa  voce  pre  gaudio  trepidanti 
dixit  :  «  0  domina  misericordie  et  propitiationis,  quem  laudabo  facti 
hu  jus  auctorem  ?»  *  Ad  hoc  mater  misericordie  :   «  Fidelibus 

1.  Ms.  :  nimirum. 

35 


538 

annuntiabis  quod  Domina  Carnotensis  hoc  fecit.  »  Unde  palet  eam 
spéciale  domicilium  in  terris  apud  Camotum  el^isse.  Ad  qoam 
voce[m]  torbati  et  excita ti  maturius  inferunt  lumen;  tuncvero 
noYum  plasma  pignusque  redivive  resurrectionis  in  naso  et  in 
labio^  ejus  reformatis  stupent  reformatum,  et  ât  gaudium  quasi 
reduce  vita  ex  mortuis.  In  crastino  candelam  pro  gratiarum 
actione  oblatura  proficiscitur  ad  urbem  quam  in  aliis  votis  desti- 
naverat.  Quid  mirum  si  tune  recens  recognoscentibus  se  fecit 
miraculum?  que  in  tota  vita  sua  circonferens  tantam  Dei  miseri- 
cordiam  testimonium  gratie  divine  publiée  exibuit.  Yidimus  eam 
et  nos  et  in  restauratione  beneôcii  in  nullo  prorsus  detrimentum 
patiebatur  ;  sed  similis  erat  carni  relique  caro  recens  nisi  quia 
diligenter  intuentibus  lucidior  videbatur.  Ardor  igitur  fervensque 
âdes  populorum  non  erubescebat  nasum  et  ora  illius  osculari 
quasi  quod  modo  recenter  manibus  ipsius  Dei  esset  âctum. 

XIX.  Adolescens  quidam,  Benedictus  nomine,  annorum  fere 
sexdecim  de  plèbe  genitus  Mondeville*,  in  pago  Dunetensi^  apud 
villam  Roboretum*  aliéna  conductus  agebat  servitia,  qui  jubente 
ruricola  cui  se  locaverat  serviturum  festo  sancte  Agathe  mane 
exiit  ad  stipulas  rostro  congregandas.  Tracto  labore  usque  ad 
meridiem,  rostro  de  manibus  laxato  humi,  ecce  subitummonstrum, 
ignis  rostrum  circumcirca  corripit  repentinus  ;  quod  intuens  puer 
rostrum  resumit,  manum  raptim^  perducens  ut  ignem  excuteret, 
ac  manum  simul  cum  rostro  pestis  invadit  et  adurit  edaciter. 
Violentiam  autem  sentiens  ustionis  monstroque  attonitus  clamo- 
ribus  cepit  agitari.  In  primis  autem  clamoribus  banc  vocem  se 
meminit  et  memorat  divino  edidisse  auspicio  :  «  Sancta  Maria  Car- 
noti  succure,  adjuva,  miserere!  »  Nec  mora,  clamoribus  agitati 
de  agris  et  domiciliis  concurrunt  plures  ;  intuentes  admirantur  et 
stupent  rostrum  in  carbones  et  cinerem  jam  resolvi  et  in  manu 
pueri  ustionem  sevire.  Quem  etiam  jam  tune  stupidum  et  mente 
captum  agnoscitur .  Dolor  enim  corporis  exterior  et  horror  monstri 
menti  interius  inflixerant  lesionem  et  vigorem  rationis  hebetarat 
fetor  intolerabilis,  quem  ex  bis  etiam  qui  postaccurrerant  quidam 


1.  Ms.  :  labis. 

2.  Monde?ille  (Seine-et-Oise). 

3.  Ms.  :  Tunetensi. 

4.  RouTray-Saint-Denis  (Eure-et-Loir). 

5.  Ms.  :  raplum. 


539 

nocuisse  sunt  experti,  perdito  per  aliquot  dies  edendi  appetitu. 
Domum  ille  defertur  et  ad  memoriam  béate  Marie  in  ecclesia  dicte 
ville  pro  eo  orationes  et  cereus  offeruntur.  Mansit  autem  sic  a 
sabbato  usque  in  sequentem  feriam  quartam.  Ea  vero  die  sub 
diluculo  vise  sunt  illi  due  forme  mulierum  astitisse  speciositatis 
immense  dispares  :  quantitate  majorem  et  vultu  nobiliorem 
agnoscebat  Dei  genitricem  Virginem  Mariam;  alteram  vero 
beatam  Âgatham  altissime  Domine  devota  supplicatione  sic 
dicentem  :  «  Ecce  hic  est  pro  quo  efflagito  qui  a  die  sollenpnitatis 
mee  quam  opère  profanabat  taies  sustinet  cruciatus;  tu,  domina, 
mater  es  pietatis  et  misericordie,  pênes  te  omnis  virtus  et  gratia 
sanitatum,  tu  opère  prestas  universis,  miserere,  succurre  et 
sana  ;  prosit  ei  quod  te  invocavit,  quod  memoriam  tui  nominis 
corde  et  ore  tenuit.  »  Et  domina  ad  eam  :  «  Quare  non  protinus 
cucurrit  ad  ecclesiam  meam  Camotensem  ?  lUuc  debuit  veniam 
quesisse,  ubi  postulationes  exaudio  peccatorum.  »  Et  beata 
Âgatha  :  «  Assit,  queso,  facultas  et  ibit,  et  liceat  quod  omissum 
est  adimplere  ».  Tune  puer  ut  meminit  hec  paucis  interjecit  : 
«  Et  hic  tu,  domina,  potes  subvenire.  »  Gui  Domina  :  «  Vade, 
puer,  vade  Carnotum,  ubi  volo  exorari;  cito  tibi  erit  ut  ire 
possis.  »  In  his  verbis  disparuit  utraque  et  relinquerunt  puero 
post  se  benedictionem  salutis.  Continue  namque  iUi  reddita  est 
sanitas  mentis  et  dolor  mittigatur  usture.  Nec  mora,  quidam  de 
propinquis  eorum  qui  hune  de  eo  casum  audierant  intrat  cum 
véhicule,  quo  ille  depositus  et  delà  tus  ad  ecclesiam  Garnotensem 
visas  gratiarum  actiones  Deo  festinat  reddere  et  béate  Marie 
liberatrici  sue  cujus  semper  florent  virtutes  et  magnalia  largiente 
Domino. 

XX.  Huic  etiam  opusculo  miraculum  quoddam  insereredignis- 
simum  est ,  quod  in  Aquitanie  partibus  contigisse  probabilium 
personarum  veridica  relatione  cognovi.  Cum  enim  quidem  pater- 
familias,  dives  quidem  sed  timoratus  ac  Deum  diligens,  Garno- 
tensem ecclesiam  speciali  quodam  devotionis  afiFectu  diligeret,  ita 
ut  eam  annis  singulis  visitare  et  ad  illuminationem  ejusdem 
ecclesie  lampadum  cadum  olei  nitidissimi  illuc  secum  déferre 
decrevisset  ex  veto,  contigit  ut  exorta  inter  regem  Francorum 
et  Anglorum,  regem  Anglie  scilicet  et  Aquitanie  ducem, 
discordia  et  guerra  maxima,  votum  suum  adimplere  tam  uxoris 
sue  quam  amicorum  persuasionibus  aliquandiu  distulisset. 
Verum  cum  inter  memoratos  principes  guerra  diutius  perduraret 


540 

et  de  die  in  diem  nova  discordie  semina  puUularent,  cepit  eum 
tacite  iûtra  semetipsum  propria  conscientia  diutius  accusare  et 
anime  sue  detrimentum  c[uod  ipse  amplius  formidare  debuerat 
dampnis  temporalibus  et  periculo  corporis  quod  hactenus  perti- 
muerat  compensare.  Sed  cum  timorem  hujusmodi  a  corde  illius 
timor  Dei  et  béate  Marie  reverentia  reppulissent,  ipse  tandem. 
Yotum  suum  adimplere  festinans  in  tante  perturbationis  tempore 
invitis  et  renitentibus  amicis^  sancte  nichilominus  peregrinationis 
iter  arripuit,  se  ipsum  et  sua  omnia  divine  disposicioni  et  béate 
Marie  protectioni  committens,  lucrum  etiam  reputans  non  mini- 
mum si  hujus  occasione  itineris  dampna  vel  injurias  seu  aliquas 
animi  corporis ve  moles tias  sustineret.  Cumque  idem  paterfamilias 
a  patriis  ônibus  jam  fuisset  egressus  et  ad  terrarum  illarum 
metuenda  conânia  in  quibus  majora  viatoribus  imminebant 
pericula  devenisset,  incidit  in  predones  qui  non  solum  despolia- 
verunt  eum,  verum  etiam  equo  suo  et  universisquesecumdeferebat 
ablatis  ipsum  postea  in  carcerem  retruserunt  ut  pro  sui  redemp- 
tione  corporis  quantamcumque  possent  ab  eo  pecuniam  extorquè- 
rent. Sane  cum  in  eodem  carcere  multi  alii  tenerentur  captivi  et 
redemptionis  atque  libéra tionis  eorum  terminus  advenisset,  cepit 
dictus  peregrinus  amplius  contristari  et  lacrimosis  vocibus 
vehementer  cordis  sui  dolorem  exprimere,  eo  quod  solus  ipse 
relinquendus  esset  in  carcere  omni  prorsus  auxilio,  consilio  et 
solatio  destitutus.  Verum  appropinquante  termine  quo  memorati 
captivi  liberati  debebant  exire  de  carcere,  misericordie  mater 
peregrinum  suum  omni  humano  destitutum  auxilio  non  deseruit, 
sed  eum  in  carcere  visitare  et  consolari  dignata  est.  Ei  namque 
noctis  tempore  per  visionem  apparens,  post  multa  Mande  conso- 
lationis  alloquia,  ipsum  diligenter  premonuit  ut  in  die  sequenti 
cum  captivis  egredi  nuUatenus  formidaret  e  carcere,  de  sua 
scilicet  non  minus  quam  ceteri  liberatione  securus.  Hujus  itaque 
visionis  certitudine  roboratus  et  in  Domino  plurimum  confortatus, 
dum  sequenti  die  demissa  in  carcere  scala  ad  ceterorum  libera- 
tionem  captivorum  ipse  cum  eis  scalam  ascendere  voluisset, 
videntes  hoc  ceteri  qui  redemptionis  ejus  nuUam  audierant  prorsus 
mentionem  et  idcirco*  eum  delirare  credentes  aliquantulum  obsti- 
terunt,  dicentes  majus  ei  periculum  et  graviorem  imminere 
miseriam,  si  posset  in  hoc  a  custodibus  carceris  deprehendi,  eo 

1.  Ms.  :  icirco. 


544 

quod  reprehensus  denuo  retruderetur  in  carcerem.  Sed  cum  idem 
peregrinus  memorate  visionis  modum  eis  et  seriem  retulisset,  quod 
ei  primo  *  pie  negaverant  postmodum  piissime  concesserunt  eum 
siquidem  una  cum  ipsis  egredi  cum  timoré  et  patientia  sustinentes 
et  sub  silentio  rei  exitum  expectantes.  Ceterum  beata  Maria 
promissionis  sue  non  immemor  ne  ille  a  custodibus  posset  depre- 
hendi  eflfecit,  et  sic  eum  clementer  simul  et  potenter  tam  a  carcere 
quam  ab  ipsis  custodibus  liberavit.  Adcessit  ad  hoc  quoddam 
majus  et  amplius  admirandum  miraculum.  Cum  enim  memoratus 
peregrinus  a  custodibus  carceris  libère  recessisset,  equum  suum 
quem  sine  spe  recuperationis  amisisse  credebat  extra  domum 
carceris  stratum  obtime  et  paratum  invenit,  et  cadum  olei  quem 
secum  detulerat  ad  sellam  ejusdem  equi  absque  ulla  ipsius  olei 
diminutione  positum  et  apte  religatum  aspexit.  Egressus  ergo  de 
carcere  peregrinus  in  quo  jam  octo  diebus  jacuerat  et  recuperatis 
mirabiliter  omnibus  que  amiserat,  vehementer  obstupuit,  primo 
quidem  ad  beati  Pétri  similitudinem  de  carcere  per  angelum 
liberati  hec  omnia  per  visionem  estimans  se  vidisse  ;  sed  cum 
ipse  reversus  Dei  genitricem  hec  et  *  majora  posse  facere  plenius 
advertisset  sui  nimirum  virtute  et  potentia  filii  qui  eundem 
Petrum  in  carcere  cathenatum  et  a  multis  militibus  multipliciter 
observatum  mirabiliter  liberavit,  ipse  tandem  Deo  et  gloriose 
Virgini,  ut  pote  liberatrici  sue,  gratias  agens,  iter  iterum  sue 
peregrinationis  arripuit.  Qui  tune  ad  ecclesiam  veniens  Carno- 
tensem  et  singulis  deinceps  annis  quandiu  vixit  multis  in  eadem 
ecclesia  supradicta  omnia  que  sibi  contigerat  enarravit.  His  et 
aliis  démentie  et  potentie  sue  beneficiis  gloriosa  Carnotensis 
ecclesie  Domina  peregrinorum  ad  eandem  ecclesiam  venientium 
animos  allicit  et  ut  annis  singulis  ad  ejusdem  ecclesie  fabricam 
sua  transmittant  vel  déférant  munera  eorum  cordibus  inspirare 
non  desinit. 

XXI.  Si  quorumdam  gesta  mortalium  sacris  memorata  codi- 
cibus  aliquando  legimus  et  in  sancta  [non]nunquam  ecclesia 
publice  recitamus,  mirum  non  est  si  divine  potestatis  magnalia 
que  in  ecclesia  Carnotensi  vel  favore  ejusdem  ecclesie  ad  honorem 
genitricis  sue  Dei  filius  mirabiliter  operari  dignatus  est  fideliter 
et  studiose  describere  vel  aliis  jam  descripta  studiosi  légère  sata- 

1.  Ms.  :  prime. 

2.  Ms.  :  ad. 


542 

gimos.  Qaanto  enim  divina  potentia  fragilitate  preœllit  hamane, 
tanto  Dei  opéra  humanis  actibus  excellentiora  sont  et  parhenni 
magis  mémorise  commendanda.  Unde  supradictis  genitricis  Dei 
miraculis  dignam  arbitror  alia  quedam  memorabilia  subjungere 
quonim  eisi  aliqua  Tisus  experientia  non  a^noTi,  prc^1>riiam 
iamen  personarum  relatione  Teridica  didici,  qnamm  sdliœi 
testimonio  sicut  credere  dignam  est,  iia  fidem  non  adhibane  prorsos 
est  indignum  et  impiam.  Eo  igitur  tempore  quo  in  ecclfflia  Car- 
notensi  nora,  ut  supradictum  est,  miracula  pululabant,  amtigit 
ut  in  ipso  miracolonun  primordio  apud  rillam  in  Camotensi 
territorio  sitam,  que  Pmnerium^  dicitur,  quod  quedam  mulier 
etate  quidem  juvencula  sed  Tiro  jam  matrimonio  copulata,  tan- 
tam  5ui  corporis  inârmitatem  et  debilitatem  incumeret  ut  pedum 
pn^rsas  ac  manuum  usus  ei  et  officium  negaretur  ;  cumque  per 
unios  anni  spacium  Tel  eo  amplius  in  lecto  eghtudinis  jacuissel, 
^et^  nulla  ei  pn>rsus  humana  medicina  pn)âo»>et,  sed  et  medioorum 
auxilia  paupertaUs  inopia  decegaret,  ad  piam  Dranini  matrem, 
que  se  omnibus  dexote  et  humiliter  invocantibus  pnesto  est,  preœs 
suas  et  tolum  meiitis  sue  couTei^t  afiectum,  nc-men  ejus  jugiter 
inTocans  et  opem  ab  ea  efflagitans  salutarem.  Unde  mater  mise- 
nci>niie,  que  suam  pre  céleris  TÎrtutibus  humilitatem  Domino 
plaKMiisse  Tarifs  suis  aperte  commémorât,  ancillam  humikm 
quam  &n?  jam  omnes  desspexerant  non  despexit,  sed  ad  cjns  preces 
adirés  s;3e  pieiatis  incbnans,  nocturne  Tisioms  eam  allocutioiie 
pKiDOiiuit  ut  ad  eodesiam  Camotenââm  se  deierri  quantoàos* 
pcoperaret,  salutem  oorporis  inte^errimam,  si  hoc  ùcetei  et  toto 
cooie  cr^def^,  reprvHDoittens.  Leta  igitur  de  superae  tocîs  pro- 
mîssùiie  xaber,  cnm  a  tîto  sao  deferri  se  ad  predictam  eorlfsLam 
iisipeCnsset  et  die  quadam  sabbatî  defenentium  auxiliîs  sostentata 
ai  akîie  béate  Vin^icis  propius  acosssisset  ac  cnm  summa  dero- 
t:h: w  et  fiiucia  qucd  sil^  prvMuissum  nieiat  humililer  postolasset, 
àxa  ssilKSo  saiia  et  ii.'columis  menbns  omnibus  eâecta  est  et  omnîs 
ab  eoL  jarLpcr  eTannît,  ut  nuHa  prorsiiis  in  ea  inârmiîatîs  xestigia 
n^^^nenaat.  C^Qcd  sàquidcm  pia  dispei^satioiie  matnem  Domini 
fecbse  cr>eiies)dus:  e^^  xii  pnecîcle  iiâulieri  donec  ad  suam  déferre- 
tsar  eicdesiaizi  saniîatîs  ocKailefT^e  ngsûedium  dîstulissiet,  quatmos 
sid&oet  id  miracakm  piuhbus  im^Hesœret  et  ejusdem  eodesie 


3. 


543 

fabrica,  cuijam  humanum  non  sufficiebat  auxilium,  majusinde 
emolumentum  acciperet.  Sane  cum  prefata  mulier  sanam  se  et 
incolumem  persensisset,  ut  supra  summos  pedum  articules  erecta 
manus  suas  ad  celum  et  brachia,  cunctis  qui  aderant  admirantibus 
et  pre  gaudio  flentibus,  elevasset,  cepit  una  cum  eis  Deo  gratias 
[reddere]  et  beatam  Dei  genitricem,  que  juxta  promissionem 
suam  omnia  compleverat,  piis  vocibus  collaudare.  Huic  siquidem 
miraculo  ego  ipse  cum  ceteris  hoc  spectantibus  presens  interfui 
et  tam  ab  ipsa  muliere  quam  ab  eis  qui  eam  adduxerant  rei  veri- 
tatem  diligentius  et  plenius  audivi  et  didici. 

XXII.  Accidit  eo  tempore  apud  villam  episcopique  Chambleium* 
apellatur  quoddam  mémorandum  et  insigne  miraculum.  Quedam 
namque  mulier  infantulam  suam  adhuc  in  cunabulo  yagientem 
domi  reliquerat  et  eam  cuidam  juvencule  custodiendam  tradiderat. 
Sed  cum  eadem  juvencula  vagitus  infantie  diutius  tolerare  non 
posset,  fragmentum  vasis  vitrei  in  manu  infantule  posuit,  quati- 
nus  puerilem  animum  circa  hoc  so[lli]citum  redderet  et  sic  eam 
suis  vagitibus  et  ploratibus  vitri  perlucidi  attractatione  simul  et 
admiratione  compesceret.  Unde  infantulaquodmanutenebatpost 
modum  in  ore  suo  posuit  et  sic  tandem  vitrum  intra  parvi  guttu- 
ris  angustias  prolapsum  est  et  receptum,  quod  spiritum  infantule 
miserabiliter  intercepsit,  ita  ut  jam  mortua  videretur.  Sane  custos 
infantule  cum  ei  succurrere  nuUa tenus  potuisset,  vehementer 
expavit  et  cum  eam  vidisset  exanimem  cum  clamore  et  fletu 
nimio  voces  miserabiles  edidit.  Cuncurrentibus  itaque  ad  clamo- 
rem  vicinis  occurrit  tandem  et  mater,  dominam  Carnotensis 
ecclesie  devocius  invocans  et  ei  sepius  suam  commendans  filiam  ; 
at  cum  illam  clausis  oculis  nichil  sentientem ,  exanguem  penitus 
ac  velud  exanimem  reperisset,  ipsa  nichilominus  recepta  in  bra- 
chiis  filia,  cum  ea  spe  et  fiducia  quam  matrem  Domini  prius 
invocando  conceperat  ad  ecclesiam  Carnotensem  iter  arripuit, 
amicis  tamen  et  vicinis  contradicentibus  et  parandas  pociusfuneri 
exequias  decernentibus.  Sed  eorum  incredulitas  ita  confusa  est 
et^  fides  adeo  materna  prevaluit,  quam  in  evangeliis  multociens 
legitur  profuisse,  ut  in  ipso  itinere  matri  filia  sana  et  incolumis 
redderetur.  Sanguis  enim  ab  infantino  gutture  cum  quodam 
impetu  violenter  erumpens,  duos  ex  se  per  os  infantule  emisit 

1.  Ghambly  (Oise). 

2.  Ms.  :  ul. 


544 

radios,  in  quorum  secundo  predictum  fragmentum  illud  emis[s]um 
est  noQ  modicum,  quod  ego  et  multi  alii  oculis  nostris  yidimus  et 
manibus  contractaTimus  et  quod  adhuc  in  ecclesia  Carnotensi  ad 
monimentum  miraculi  reservatum  est.  Cucurrit  igitur  ad  eandem 
ecclesiam  mater  cum  gaudio  et  exultatione  ad  quam  prius  cum 
merore  et  lacrimis  properabat,  viventem  filiam  secum  déferons  et 
béate  Dei  genitrici  eam  ofiFerens  que^  prius  velud  mortua,  immo 
ut  arbitror,  vere  mortua,  ferebatur  ac  pro  restituta  sibi  fllia  gra- 
tias  referons ,  quam  sibi  reddendam  prius  devotissime  preca- 
batur. 

XXIII.  Contigit  etiam  eo  tempore  in  quadam  villa,  que  a 
sancti  Prisci  nomine  appellationem  sortita  est*,  quod  dum  quedam 
mulier  domi  secum  pervulam  habens  filiam,  textrino  operi,  quod 
exercere  noverat,  operara  daret,  filia  matre  ignorante  domum 
exivit  et  paululum  inde  progressa  in  quoddam  fossatum  aqua 
plénum  casu  miserabili  decidit  [et]  summersa  est.  Postmodum 
vero  una  ex  vicinis  mulieribus  justa  fossatum  pertransiens  et 
pueUulam  intus  submersam  aspiciens  more  muliebri  vocem 
extulit  cum  clamore,  ad  extrahendum  inde  corpus  puellule  non 
solum  matrem  miserrimam  verum  tam  vicinos^  quam  vicinas 
mulieres  convocavit.  Adcurrit  igitur  mater  ad  clamorem  exangui 
similis  et  attonita,  beatam  Mariam  Carnoti  dominam  clamosis  et 
lacrim[os]is  vocibus  memorans  et  exorans  quatinus  filiam  suam 
sibi  redderet  et  a  mortis  periculo  eam  liberaret.  Extractam 
itaque  ab  aqua  filiam  licet  mater  velud  exanimem  nec  jam  ullo 
végéta  tam  spiritu  recepisset,  ipsa  tamen  de  béate  Marie  clementia, 
cui  eam  commendaverat,  non  diffidens  ad  spiritalem  ipsius  basili- 
eam,  ecclesiam  scilicet  Carnotensem,  dictam  filiam  cum  omnifes- 
tinatione  detulit,  multis  quidem  eam  comitantibus  sed  de  salute 
puelle  quam  vere  mortuam  estimabant  omnino  desperantibus. 
Cumque  mater  ante  altare  sacrosancte  Virginis  nate  corpus 
exanime  posuisset  et  ab  ea  reddi  sibi  filiam  miserandis  vocibus 
postularet,  tandem  mater  misericordie  tanquam  materno  dolori 
compatiens  preces  illius  exaudire  dignata  est.  Nam  aque  plurimum 
quod  per  os  puellule  in  ventrem  ipsius  cum  tanta  intravera[t] 
habundantia,  ut  vitam  ipsius  extinxisse  non  immerito  crederetur. 


1.  Ms,  :  qui. 

2.  Saint-Prix  (Seine-et-Oise). 

3.  Ms.  :  uicinis. 


545 

ab  intimis  erumpens  visceribus  per  foramen  quo  intraverat  exiit 
et  sic  puella  post  modicum  temporis  intervallum  quasi  redeunte 
spiritu  vegetata  oculis  ad  videndum  apertis,  ceterisque  menbris 
ad  sua  oflBcia  restitutis,  resuscitata  potius  quam  a  mortis  periculo 
liberata  est. 

XXIV.  Illud  quoque  miraculum  quod  in  Genomanensi  diocesi 
contigit  apud  villam  que  dicitur  Blevia^  non  minus  ad  memoriam 
reducendum  est.  Quedam  mulier,  filium  habens  parvulum  qui 
nundum  quartum  etatis  sue  annum  compleverat,  cum  die  quodam 
pro  agendis  negotiis  suis  relicto  filio  suo  pergeret  et  ad  ripam 
cujusdam  aque  veniens  fluitantes  in  eadem  aqua  panniculos 
cerneret,  porrecto  in  aqua  baculo  quem  habebat,  eosdem  ad  se 
panniculos  attrahere  conata^  est,  sed  cum  eos  movere  pre  nimio 
pondère  non  valeret,  admirans  plurimum  quid  lateret  in  pannis, 
quod  per  se  non  potuit  alieno  eflfecit  auxilio.  Extractis  itaque  de 
aqua  revolutisque  panniculis  faciem  pueri  quem  peperat  et  viven- 
tem  domi  relinquerat  recognovit,  cumque  submersi  vultum 
pueruli  diligentius  fuisset  intuita  et  materni  doloris  gladius  ejus 
animam  pertransisset,  in  se  tandem  reversa  gloriosam  Carnoti 
dominam  que  tune  temporis  in  eadem  urbe  tôt  et  tantis  miraculis 
suam  illustrabat  ecclesiam  ut  sibi  fllium  redderet  exoravit,  vovit 
etiam  se  ad  domum  propriam  nuUatenus  reversuram  donec  ad 
domum  béate  Virginis,  ecclesiam  scilicet  Carnotensem  filium 
detulisset.  Dum  ergo  ad  eandem  properaret  ecclesiam  miseri- 
cordie  mater  materne  anxietatis  miseriam  miserando  respexit  ; 
aque  etenim  rivulus  qui  per  os  puérile  intraverat  et  ventris  vas- 
culum  ita  repleverat,  ut  vitalem  videretur  spiritum  extinxisse,  ab 
internis  visceribus  quasi  cum  violentia  quadam  erunpens  per  oris 
hostium  totus  exiliit  et  sic  nutu  et  clementia  béate  Virginis  puer 
velud  resumpto  spiritu  reviviscens,  sicut  vite  ita  pristini  sanitati 
plenissime  restitutus  est.  Gaudet  viso  miraculo  mater  jam  letior 
et  exultât,  ceptum  iter  non  deserit,  sed  festinat  adimplere  quod 
voverat,  quia  quod  voluerat  impetravit.  Que  igitur  prius  ibat 
etflebat,  ad  ecclesiam  genitricis  Dei  veniens  cum  gaudio  et  exul- 
ta tione  pervenit  portans  manipulum  suum,  scilicet  filium,  et  glo- 
riose  Garnoti  domine  gratias  referens  et  quid  sibi  contigerit 
cum  multorum  testimonio  palam  omnibus  innotescens. 

1.  Blève  (Sarthe). 

2.  Ms»  :  cognata. 


54  (> 

XXV.  Référendum  quoque  illud  arbitrer  miraculum  quod  eo 
tempore  in  villa  quadam  béate  Marie  quam  Bercherias  ^  nominant 
contigisse  certissimum  est.  Quedam  namque  mulier  cum  ad 
agenda  negotia  sua  ire  disponeret,  filiam  parvulam  quam  habebat 
adhuc  in  cunabulo  vagientem  sub  alterius  âlie  majoris  natu  cus- 
todia  derelinquit  ;  cumque  illa  mulier  a  domo  sua  fuisset  egressa 
que  ab  aliis  prefate  ville  non  modico  erat  interstitio  separata  et 
solas  domi  filias  reliquisset,  ecce  quidem  in  specie  humana  mire 
magnitudinis ,  cesarie  et  vultu  horribilis,  nigerrimus  Éacie  sed 
dentés  habens  nigriores,  in  domo  illa  subito  apparuit.  Quem  cum 
major  natu  puellula  respexisset  valde  exorruit  et  tam  domo  quam 
sorore  sua  quam  primum  potuit  derelicta  damans  et  tremefacta 
prosiluit.  Mater  vero  rediens  cum  filiam  extra  domum  flentem  et 
attonitam  prospexiset  et  quare  domum  et  sororem  reliquisset 
requisisset  ab  ea  pari  ter  et  audisset,  statim  materni  timoris  aculeo 
perforata  gloriosam  Carnoti  dominam  invocavit  et  ei  juniorem 
filiam  commendavit,  vovens  etiam  quod  si  filiam  suam  salvam 
reciperet  ad  ecclesiam  Carnotensem  eam  absque  dilatione  deferret. 
Ad  domum  ergo  suam  cum  clamore  et  festinatione  veniens  cum  ad 
cunabulum  nate  quod  jam  comburi  videbatur  propius  accederet, 
stramen  et  panniculos  circa  nates  illius  combustos  repperit,  sed 
pia  Dei  genitrix  commendatam  sibi  filiam  ita  conservavit  illesam, 
ut  nuUum  prorsus  adustionis  signum  tenerrimo  corporeappareret. 
Exhilarante  itaque  viso  miraculo  post  tristiciam  mater,  ad  pre- 
fatam  ecclesiam  sicut  voverat  cum  amicis  et  vicinis  mulieribus  ei 
congratulantibus  venil,  filiam  suam  cum  ejus  cunabulo  deferens 
et  gloriose  Virgini  que  illam  potestate  diaboli  potenter  et  de- 
menter  ereptam  illesam  etiam  ab  igné  serv avérât  gratiasreferens; 
ad  monimentum  quoque  miraculi  semiustum  cunabulum  dereliquit, 
quod  in  eadem  ecclesia  aliquanto  tempore  vidimus  reservari. 

XXVI.  Omnipotentis  Dei  misericordia  inenarrabilis  qui  pro  re- 
para tione  generis  humani  proprium  filium  crucis  patibulum  susti- 
nere  [voluit],  sicut  scriptum  est  :  «  Proprio  filio  nonpepercit  Deus 
sed  pro  nobis  omnibus  tradidit  illum  » ,  considerans  fragilitatem  gen- 
tium  nostri  temporis  adeo  frigescere  in  caritate  sanctissime  fidei* 
catholice,  quod  introduci  possit  elegantissime^  et  ad  memoriam 


1.  Berchères  (Eure-et-Loir). 

2.  Ms.  :  fide. 

3.  Ms,  :  eligantissime. 


547 

revocari  illud  psalmiste  :  «  Dominus  respexit  super  fllios  hominum 
ut  videat  si  est  intelligens  aut  requirens  Deum;  omnesdeclinave- 
runt  simul,  inutiles  facti  sunt,  non  est  qui  £aciat  bonum,  non  est 
usque  adunum  » ,  frigida  hominum  corda  per  gratiam  sancti  spiritus 
et  virtutem  miraculorum  ad  ardorem  dilectionis  ipsius  dignata 
est  revocare,  sua  manifestans  miracula,  non  tantum  in  prelatis 
ecclesie,  ut  in  beato  Thoma  Cantuariensi  archiepiscopo  et  aliis 
multis,  non  tantum  in  rege  Ânglie  Henrico  et  âliis  ejus  et  aliis 
principibus  quam  plurimum,  non  tantum  in  mediocribus  personis, 
ut  in  sancto  Willelmo  de  Ponte  Isare  et  aliis,  quos*  dinumerare 
longum  esset  et  difficile,  sed  etiam  in  omnibus  ultime  estimationis, 
scilicet  in  pauperibus  terrarum  cultoribus,  ubi  manerat  in  eternum 
sermoille  :  «  Quia  quosdedistimichi  non perdam  exeisquemquam.  » 
Accidit  enim  anno  gratie  m®  cc°  vi®  mense  julio,  in  die  sollemp- 
nitatis  sancti  Germani  episcopi  et  confessoris,  in  parrochia  de 
Soors*  villa  distante^  ab  urbe  Carnotensi  per  nn  millaria,  quod 
quidam  Willelmus  de  Lavardin  dictus  secabat  avenam  suam 
a  summo  mane  usque  ad  boram  nonam,  paupertate  ad  hoc  ipsum 
compellente.  Quidam  autem  ejusdem  parrochiani  ecclesie  trans- 
euntes  dixerunt  :  «  Willelme,  qua  temeritate  ductus  secas  in 
festo  sancti  nostri?  Nonne  audisti  dominica*  nuper  preterita  quod 
presbiter  noster  sub  interminatione  excommunicationis  inhibuit 
ne  quis  parrochianus  ecclesie  nostre  operaretur  die  isto?  »  Quibus 
ille  ait  :  «  Si  tantam  potestatem  haberet  sanctus  Germanus 
quantam  prédicat  presbiter  noster  in  ecclesia  nostra,  manifestaret 
illam  super  me  et  super  alios  parrochianos  suos.  »  Illi  vero  hoc 
audito  abierunt,  quibus  abeuntibus,  cepit  cor  ejus  frigescere  et 
simul  omnia  menbra  ejus  turbata  sunt  et  viscera  commota, 
nec  multo  post  ventum  est  ad  ultimum  manipulum  et  cum  temp- 
taret  falciculam  de  manu  dextra,  manipulum  autem  de  sinistra, 
sicut  consuererat,  deponere,  adeo  tenaciter  adhesit  dextra  falci- 
cule,  sinistra  vero  manipule  mirum  in  modum  quod  nullo  modo 
potuit  alterum  ab  altero  per  aliquem  quantumcunque  fortem 
separari,  licet  multi  multociens  attemptassent.  Conturbatus 
igitur  et  conterritus  confugit  Willelmus  ad  ecclesiam  sancti  Ger- 


1.  Ms.  :  quem. 

2.  Sours  (Eure-et-Loir). 

3.  Ms,  :  uille  distantis. 

4.  Ms,  :  domenica. 


548 

mani;  pulsatis  campanis  convenit  multitudo  damantium  et 
dicentium  :  «  Salus  et  honor  sancto  nostro  Germano  !  »  et  ceperunt 
universi  cum  cordis  contritione  et  efifusione  lacrimarum  in 
habundantia  orare  Deum  et  gloriosam  ipsius  matrem  et  sanctum 
Germanum  et  omnes  sanctos  Dei  ut  a  tanti  vinculi  nodo  posset 
W.  liberationem  promereri  et  perseverarunt  die  illa  et  nocte 
sequenti  usque  in  diem  crastinam  ;  mane  autem  £acto  celebrata 
missa  clerici  dicte  ecclesie  et  paiTOchiani  tam  masculi  quam 
femine  et  multi  alii  adduxerunt  ligatum  ad  cathedralem  ecclesiam, 
coDstanter  asserentes  :  «  Ex  quo  transibit  subtiis  scrinium  in  quo 
reposita  est  sanctissima  camisia  béate  Yirginis,  incontinenti 
liberatus  abibit.  »  Cum  autem  accessisset  ad  altare  ma  jus  ecclesie 
Carûotensis  et  ipsum  multociens  cum  gemitu  et  fletu  deosculatus 
fuisset,  Hecdum  misericordie  salvatoris  assecutus  fuisset  effectum 
et  universi  tam  clerici  quam  laici  flexis  genibus  cum  multo  fletu 
clamarent  pro  ipso  ad  Dominum  et  beatam  Virginem  nec  exaudi- 
rentur,  exaltaverunt  omnes  voces  suas  clamantes  et  dicentes  : 
«  Mittatur  sub  scrinium  in  quo  reposita  est  sanctissima  camisia 
gloriose  genitricis  Dei  »,  et  factum  est  ita.  Cum  autem  longo  tem- 
poris  spatio  moram  faciente  eo  sub  scrinio  ipso  ad  ultimum 
pertransisset  nec  adhuc  liberationis  gratia  descendisset  super 
eum,  factus  est  quasi  in  extasi  et  agonia  et  quasi  in  desperationem 
versus,  cepitque  clamare  voce  magna  :  «  Si  quidam  bonitate  sua 
confidens  est  hic  qui  Deum  omnipotentem  confldenter  rogare 
audeat,  oret  pro  peccatore  isto  qui  pro  peccato  suo  ita  miserabi- 
liter  ligatus  est  sicut  omnibus  circonstantibus  manifeste  patet.  » 
Erant  enim  digiti  manuum  ipsius  inflati  supra  modum  et  nigri 
vehementer  et  quod  est  mirabUe  dictu  sed  mirabilius  visu, 
dominus  Willelmus  de  Coleteinvill[a],  canonicus  Camotensis, 
vir  religiosus  ac  timens  Deum  at  plures  alii  coram  altari  béate 
Marie  in  conspectu  omnium  qui  aderant  pluries  temptaverunt 
utrum  etiam  unam  spicam  de  manipulo  possent  avellere,  sed 
nullatenus  potuerunt.  Dum  autem  et  ipse  et  omnes  qui  aderant 
pre  dolore  et  desperatione  stupefacti  continuissent  ora  sua,  excla- 
ma vit  diaconus de  Soors,  Gilo nomine,  alta  voce:  «Omnes parro- 
chiani  et  parrochiane  sancti  Germani  de  Soors  qui  ad  hanc 
sanctam  ecclesiam  corde  contricto  et  humiliato  venistis  in  spe 
liberationis  hominis  hujus,  ut  cum  gaudio  et  exultatione  ad  propria 
redire  valeatis,  de  misericordia  Domini  non  diflSdatis,  quoniam 
misericordia  Domini  manet  in  etemum  justa  illud  psalmiste  : 


549 

Misericordias  Domini  in  eternum  cantabo,  sed  eamus  confidenter 
ad  locum  ubi  reponuntur  oblationes  fidelium  ad  hujus  bassilice 
reparationem  et  nos  reponamus  ibi  spem  nostraïQ.  »  Perrexerunt 
igitur  univers!  ante  scrinium  sancti  Leobini  et  prostrati  in  ter- 
rain flendo,  gemendo,  clamando  ad  Dominum  et  ejus  gloriosam 
genitricem  et  sanctum  Germanum  et  sanctum  Leobinum  et 
beatum  Thomam  martirem ,  de  cujus  sanguine  portiuncula  erat 
ibi  et  cultellus  ipsius,  et  omnes  sanctos  Dei  ut  manifestaretur 
gratia  Dei  in  homine  illo.  Apprehendit  autem  custos  dictarum 
reliquiarum  dictum  cultellum  et  tetigit  cum  eo  manum  dextram 
persone  mi[se]rabilis  cui  adheserat  falcicula,  ad  cujus  tactum 
soluti*  sunt  digiti  manus  adherentis  [fal]cicule,  quo  viso  clama- 
verunt  universi  :  «  Gloria  in  excelsis  Deo  I  »  Similiter  ad  tactum 
ejusdem  cultelli  soluta  est  manus  sinistra  a  manipulo.  Pulsatis 
igitur  campanis  corda  universorura  replet  letitia  inestimabilis  ; 
reddiderunt  laudes  Deo  et  béate  Virgini  et  omnibus  sanctis  ejus 
et  reversi  sunt  presbiteri,  diaconi,  et  parrochiani. 

XXVn.  Anno  Domini  D.  CCGG°  XII°,  Karoloffli[o]Hludoviei 
Balbi  régnante  in  Francia,  quid  per  béate  Marie  Virginis  suflfra- 
gium  in  Rollonem  et  Nortmannos  actum  sit  scribere  curavimus. 
Ille  etenim  tota  pêne  Gallia  et  maxime  circa  maritima  grassatus, 
cum  nichil  furenti  obsisteret  eo  quod  Gallicus  ensis  Nortmannicis 
bipennibus  cederet,  solita  rabia  FranciamusqueadStanpasmissis 
bac  illacque  exercitibus  demolitur.  Postremo  Garnotenam  urbem 
obsidione  circumdat,  quam  machinis  et  tormentis  acriter  impu- 
gnaret.  Gives  attoniti  nec  animis  nec  armis  nec  mûris  confisi, 
Béate  Marie  auxilium  implorant  camisiamque  gloriosissime  Vir- 
ginis quam  a  Gonstantinopoli  ibi  allatam  unus  ex  Karolis,  qui 
Calvus  dictus  est,  ibi  posuerat,  super  propugnacula  in  modum 
vexilli  ventis  exponunt.  Hostis  visam  ridere  et  in  eam  permane 
sagittas  moliri  et  dirigere,  sed  mox  Dei  ultione  Nortmanni  cecati 
nec  rétro  ferre  pedem  nec  ultra  tendere  valuere.  Id  oppidanicum 
episcopo  suo  Antelmo  letis  animis  conspicati,  interulam  béate  Vir- 
ginis secum  pro  defensione  portantes  precipitatis  saltibus  egressi 
sunt  multaque  cède  Normannorum  quantum  fortuna  aspirabat 
gaudium  satiarunt  suum.  Tandem  Richardus  dux  Burgundinorum 
cum  exercitu  Francorum  ex  inopinato  superveniens  super  eos 
irruit  et  stragem  non  minimam  (f^  69  *  )  de  Normannicis  fecit. 

1.  M$,  :  solliciti. 


550 

Yidens  autem  Rollo  se  suosque  in  extremo  mortis,  decrevit  ad 
horam  hostibus  cedere  c[uam  cam  suorum  detrimento  pugnare  et 
provido  consilio,  tion  timida  ignavia,  declinavit  a  certamine.  Et 
sic  evasit  Rollo  cum  cedem  militibus  (sic)  quem  sue  fidei  Deus 
reservabat  et  apud  Luxovium  se  recepit.  Quedam  vero  pars 
exercitus  sui  Francis  persequentibus  recedens,  incujusdam  mon- 
tis  cacumen  subiit.  Ebaltis  autem,  Pictavensis  cornes,  tarde  ad 
prelium  veniens,  comperit  paganos  montis  excelsa  occupasse,  quos 
illico  persequens  ejus  ardua  militibus,  ne  efiugerent,  cinxit,  sed 
noctis  medio  Nortmanni  per  Francorum  castra  violenter  erum- 
pentes  vite  dispendium  evaserunt.  Porro  Franci  fecto  diluculo 
paganos  evasisse  cognoscentes  citatis  equis  calcaribus  eos  insequi 
ceperunt,  quos  repertos  expugnare  non  audentes  eo  quod  ex  ani- 
malium  cadaveribus  sanguine  cruentatis  in  modum  castri  se 
munissent,  nuUa  re  pro  spe  acta  citius  refugerunt,  Nortmannis 
ita  se  liberantibus  ducemque  suum  apud  Luxovium  gaudenter 
repetentibus. 

Antoine  Thomas. 


NOTES 


DE 


PALÉOGRAPHIE  GRECQUE 

A  PROPOS 
D'UN  LIVRE  RÉCENT  DE  M.  GARDTHAUSEN^ 


Depuis  la  Palœographia  Grœca  de  Bernard  de  Montfaucon, 
qui  a  paru  en  1708,  jusqu'aulivre  deM.  Gardthausen,  aucun  travail 
d'ensemble  n'a  été  publié  sur  la  Paléographie  grecque.  Montfau- 
con a  été  le  créateur  de  cette  science,  comme  Mabillon  l'avait  été 
de  la  Paléographie  latine,  et  son  traité,  de  même  que  le  De  re 
diplomaticay  est  un  ouvrage  capital,  qui  n'a  point  encore 
été  surpassé.  Villoison  dans  son  Apollonii  sophistœ  leœicon 
(Paris,  1773),  puis  dans  ses  Anecdota  grœca  (Venise,  1781), 
Bast  dans  sa  Commentatio  palaeographica ,  imprimée  à  la 
suite  de  l'édition  de  Grégoire  de  Corinthe  (Leipzig,  1811),  ont 
donné  un  certain  nombre  de  remarques  paléographiques, 
mais  sans  avoir  l'ambition  de  publier  un  traité  complet  sur  la 
matière;  récemment  enfin,  M.  Wattenbach  a  fait  paraître  la 
seconde  édition  de  son  Anleitung  zur  griechischen  Palaeo- 
graphie  (Leipzig,  1877)  ;  c'est  un  manuel  assez  complet  et  fort 
commode,  qu'on  ne  saurait  trop  recommander  pour  initier  aux 
éléments  de  la  paléographie  grecque.  Je  ne  parle  point  des  difie- 
rents  travaux  qui  ont  paru  sur  des  points  isolés  de  la  paléogra- 
phie grecque  et  dont  M.  Gardthausen  a  donné  une  énumération 

1.  Griechische  Palaeographie ,  von  V.  Gardthausen.  Leipzig,  Teubner, 
1879.  In-8%  xvi-472  p.  et  12  planches. 


552 

au  commencement  de  son  volume  ;  je  noterai  cependant  dans  cette 
lisieVEpitome  graecae  palaeographiae,  auctoreR.  P.  D.  Gre- 
gorio  Placentinio  (Romae,  1735,  in-4®),  que  M.  Gardthausen  cite, 
mais  qu'il  paraît  avoir  négligé  de  consulter.  Cet  Epitome^  dont 
les  exemplaires  sont  assez  rares,  et  qui  passe  à  juste  titre  pour 
un  abrégé  servile  de  Montfaucon,  contient  des  notices  intéres- 
santes sur  les  manuscrits  de  Grottaferrata  ;  je  les  ai  utilisées  dans 
la  liste  de  copistes  qu'on  trouvera  plus  loin  ;  c'est  en  effet  la  seule 
partie  de  la  Griechische  Palaeographie  sur  laquelle  je  compte 
insister  particulièrement. 

Le  premier  livre  de  la  Paléographie  grecque  de  M.  Gardthau- 
sen traite  des  matières  subjectives  de  l'écriture  :  métal,  papyrus, 
parchemin,  papier  de  coton,  papier,  de  la  forme  des  manuscrits, 
de  leur  reliure,  des  instruments  de  l'écriture,  de  l'encre  et  des 
ornements  des  manuscrits.  Dans  le  chapitre  relatif  à  la  forme  des 
manuscrits,  je  ferai  remarquer  que  (p.  59)  le  rouleau  Paris 
Suppl.  577  ne  contient  pas  une  liturgie  de  S.  Jacques,  mais  de 
S.  Jean  Chrysostome  ;  d'un  autre  côté,  le  manuscrit  Paris 
Suppl.  612,  daté  de  1164,  n'est  point  un  rouleau  contenant  une 
liturgie,  mais  un  codex  qui  renferme  les  évangiles,  avec  un  com- 
mentaire extrait  des  SS.  Pères  {catena).  A  la  fin  de  ce  chapitre 
on  trouve  aussi  inexactement  transcrite,  d'après  la  Poliorcétique 
des  Grecs  (Paris,  1867),  une  note  relative  à  la  reMure  du  ma- 
nuscrit Paris  Suppl.  607  ;  au  lieu  de  :  (Poliorcet,  p.  xv  :) 
Aou)taç  OuepovevffYjç  iXXrjYaTop  Xr^6popo[x,  on  lit  dans  le  manuscrit  : 
Auxaç  KwpovevŒYjç  iXXiQYaTop  XY)6popu[jL  BuSevoiç  aw 5. 

Le  second  livre  est  consacré  à  l'histoire  de  l'écriture*  :  his- 
toire des  alphabets,  disposition  de  l'écriture  :  monocondyles, 
monogrammes,  acrostiches,  sticho  et  colométrie.  L'auteur  étudie 
ensuite  les  différents  genres  d'écriture  dans  les  inscriptions,  les 
papyrus  et  les  manuscrits  en  parchemin  ou  papier  ;  onciale  et 
petite  onciale,  et  différentes  sortes  de  cursive  et  de  minuscule. 
Un  chapitre  est  consacré  à  la  tachygraphie,  dont  M.  Gardthau- 
sen avait  déjà  fait  une  étude  spéciale  dans  les  Sitzungsberichte 


1.  On  peut  consnlter  pour  cette  seconde  partie  du  livre  de  M.  Gardthausen, 
qui  traite  de  l'écriture,  deux  très  importants  articles  de  M.  Ch.  Graux,  parus 
dans  le  Journal  des  Savants,  avril  et  mai  1881.  —  Une  critique  détaillée  de  la 
Griechische  Palaeographie  a  été  faite  par  M.  R.  Foersler  dans  les  Nette  Jahr* 
Hcher  fUr  Philologie,  1880,  p.  49  ss. 


553 

d.  k.  sàchsischen  Gesellschaft  der  Wissenckaften  ;  à  côté  de 
lui,  M.  Gitlbauer  a  publié  récemment  Die  TJeberreste  griechi- 
se  fier  Tachy graphie  im  codex  Vaticanus  graecus  1809,  dans 
les  Denkschriften  de  l'Académie  de  Vienne  (sect.  de  philologie, 
t.  XXVIII,  1878,  m-A^'Y.  Vient  ensuite  l'étude  de  la  cryptogra- 
phie et  un  important  chapitre  contenant  une  liste  des  abréviations 
grecques.  Dans  cette  liste  malheureusement  les  abréviations  ont 
été  figurées  à  l'aide  de  caractères  typographiques,  au  lieu  d*être 
reproduites  en  fac-similés,  et  le  plus  souvent  ces  caractères  sont 
impuissants  à  rendre  la  physionomie  des  abréviations.  Le  second 
livre  se  termine  par  deux  chapitres  sur  les  chifires  et  sur  les 
accessoires  de  l'écriture,  ponctuation,  esprits  et  accents,  notes 
musicales. 

Le  troisième  et  dernier  livre  traite  des  copistes  des  manuscrits. 
A  la  difiérence  des  manuscrits  latins,  dont  quelques-uns  seule- 
ment sont  datés  ou  portent  un  nom  de  copiste,  un  assez  grand 
nombre  de  manuscrits  grecs  contiennent  le  plus  souvent  Tune  et 
l'autre  de  ces  indications.  Montfaucon  avait  le  premier  donné  une 
liste  alphabétique  des  copistes,  à  la  suite  de  son  énumération  des 
souscriptions  des  manuscrits  datés.  Cette  liste,  qui  va  jusqu'en 
1600,  complétée  par  E.  G.  Vogel  dans  le  Serapeum  (1844,  V, 
247),  a  été  augmentée  dans  des  proportions  considérables  par 
M.  Gardthausen,  auquel  on  doit  aussi  une  deuxième  liste  des 
manuscrits  par  ordre  de  dates.  Cette  seconde  liste,  en  tête  de 
laquelle  se  place  le  Psautier  grec  (n.  2)  de  la  bibliothèque  de 
l'Arsenal,  écrit  par  Sedulius  Scotus  vers  818,  s'arrête  à  l'année 
1500  ;  elle  remplace  la  suite  chronologique  des  souscriptions  de 
manuscrits  données  in-extenso  par  Montfaucon,  et  qui,  si 
M.  Gardthausen  avait  suivi  le  même  plan,  auraient  grossi  outre 
mesure  son  troisième  livre.  Si  ces  listes  sont  encore  loin  d'être 
complètes,  —  M.  Gardthausen  n'a  point  eu  d'ailleurs  cette  pré- 
tention, —  elles  constituent  un  très  réel  progrès  sur  celles  de 
Montfaucon  et  de  Vogel  ;  quelques  inexactitudes  cependant  les 
déparent  ;  je  signalerai  les  suivantes,  dont  certaines  ont  déjà  été 
relevées  par  M.  Foerster  ;  mais  avec  les  nouvelles  listes  de 
copistes  et  de  manuscrits  datés,  que  l'on  trouvera  plus  bas,  on 


1.  Je  signalerai  aussi  le  récent  ouvrage  du  D*^  0.  Lehmann,  Die  tàchygra- 
phischen  AbkUrzungen  der  griechischen  Handschriften  (Leipzig,  Teubner, 
1880,  in-8«). 

36 


554 

aura  ainsi  un  complément,  bien  loin  d'être  encore  définitif, 
des  listes  de  la  Griechische  Palaeographie. 

Page  321,  l'évangile  de  saint  Luc  grec-arabe,  écrit  par 
Euphemius  et  daté  de  1043,  forme  aujourd'hui  le  n.  911  du 
Supplément  grec  de  Paris;  —  p.  322,  Georgius  Lecapenus 
n'est  point  un  copiste,  c'est  le  grammairien  grec  du  xiv®  siècle; 

—  p.  327  et  362 ,  le  manuscrit  copié  en  1485  par  Jean  Rhosus 
l'a  été  réeUement  en  1475,  voy.  p.  362, 1. 11  ;  —  p.  330,  Martin 
a  écrit  quelques  vers  en  l'honneur  de  Charles  le  Chauve  dans  le 
glossaire  grec-latin  conservé  à  la  bibliothèque  de  Laon,  sous  le 
jf  444  ;  —  p.  348,  le  Nomocanon  de  l'an  1104  a  été  écrit  par  Joan- 
nesàla  demande  de Nicolaus;  — p.  331  et348,  le  manuscrit  daté  de 
1117  et  écrit  par  Michael  l'a  été  réellement  par  Theophanes  et 
date  de  1017  ;  —  p.  332 et  338,  Sophianos  Melissenos,  de  Crète 
et  Michael  Sophianos,  de  Chio,  sont  deux  copistes  différents  ;  — 
p.  339  et  347,  le  manuscrit  de  Gênes,  écrit  par  Théodore  et  daté 
de  1075,  (olim  Missionariorum  Urbanorum,)  contient  les 
Proverbes,  l'Ecclésiastique  et  le  Cantique  des  Cantiques  avec 
commentaires  extraits  des  Pères  ;  —  p.  354,  le  cod.  Barocc. 
156,  daté  de  1345  est  le  même  que  le  précédent  daté  avec  raison 
de  1344  (non  1345)  ;  —  p.  352,  le  manuscrit  de  Paris  708  daté 
de  1306  est  le  même  que  celui  daté  avec  raison  de  1396  (non 
1306)  ;  —  p.  357,  Laur.  55?,  Erotemata,  a.  1414,  est  le  même 
que  Laur.  55,  7,  daté  réellement  de  1314  et  écrit  par  Théodore  ; 

—  p.  358.  Laur.  79,  1,  de  1431,  est  le  même  manuscrit  que 
celui  désigné  exactement  deux  hgnes  plus  bas  Laur.  69,  1. 

A  la  suite  de  deux  chapitres  consacrés  à  l'étude  des  souscriptions  et 
aux  copistes  des  manuscrits  se  trouve  une  liste  des  plus  importants 
catalogues  imprimés  de  manuscrits  grecs  *,  puis  une  foule  de  détails 
techniques  relatifs  à  l'étude  des  manuscrits  :  modèle  de  description 
d'un  manuscrit,  notes  sur  les  collations,  les  reproductions  de 
manuscrits,  etc.  Le  volume  se  termine  enfin  par  des  tables  chro- 
nologiques très  commodes  à  consulter  et  par  un  index  général. 
S'il  n'a  point  jusqu'ici  été  question  des  planches  qui  accom- 
pagnent, au  nombre  de  douze,  l'ouvrage  de  M.  Gardthausen, 
c'est  qu'elles  ne  se  composent  que  de  tables  d'alphabets  des  diffé- 
rents genres  d'écriture,  des  ligatures  et  d'un  tableau  des  signes 

1.  n  y  faat  ajouter  la  publication  récente  du  Cataiogus  eodd.  Hblioiheeae 
Universitatis  R,  ScienUarum  BudapesUnensis  (Budapest,  1881,  in-8*}- 


555 

tachygraphiques  ;  l'auteur  renvoie,  il  est  vrai  (p.  14-18),  aux 
publications  de  fac-similés  de  manuscrits  faites  par  la  PcUaeO" 
graphical  Society,  par  M.  Wattenbach,  etc.,  mais  le  lecteur 
ne  peut  point  toujours  avoir  ces  recueils  sous  la  main  et  quelques 
planches  de  fac-similés  bien  choisis  devaient  former  un  complé- 
ment indispensable  de  la  Griechische  Palaeographie. 

En  résumé,  tandis  que  la  Paléographie  grecque  de  Montfau- 
con  a  été  le  fruit  d'une  étude  approfondie  que  le  savant  bénédic- 
tin avait  faite  des  manuscrits  grecs  pendant  plus  de  quinze  ans,  le 
livre  de  M.  Gardthausen  a  été  composé  beaucoup  plus  vite  ;  et  je 
ne  crois  point  être  téméraire  en  supposant  qu'il  a  été  rédigé  plu- 
tôt d'après  des  sources  imprimées  qu'à  la  suite  d'une  étude  nou- 
velle des  manuscrits.  Ces  deux  ouvrages  ont  par  suite  les  défauts 
de  leurs  qualités  :  la  Paléographie  de  Montfaucon,  aujourd'hui 
inexacte  sur  plusieurs  points  de  détail,  est  et  restera  fondamen- 
tale ijuant  à  la  doctrine  générale;  la  Paléographie  de  M.  Gard- 
thausen, qui  marque  un  très  réel  progrès,  forme  plutôt  un  résumé 
de  la  science  paléographique  actuelle  qu'un  traité  vraiment  ori- 
ginal. 


SUPPLEMENT 

AUX    LISTES   DES   COPISTES    ET   DES   MANUSCRITS    DATES 

DE  LA  Griechische  Palaeographie, 

COPISTES  ^ 

Agathemerus  :  Lexicon  etc.  s.  XV.  Vatican.  U^0. 

*  Andréas  Darmarius  :   Leonis  et  Basilii  naumachica,  Venetiis, 

a.  ^573.  Cf.  Paris.  Suppl.  529.  —  Je.  Tzetzae  scholia  in  An- 
tholog.,  a.  ^579.  Paris.  Suppl.  3^6.  —  Andronicus,  (s.  a.).  Cf. 
Paris.  Suppl.  529. 

*  Angélus  Bep-f/jî^toç  :  Heronis  spiritalia,  Parisiis,  a.  ^554.  Cf.  Paris. 

Suppl.  528.  —  S.  Gregorius  Nyssenus,  a.  ^559.  Paris.  Suppl.  U9. 
*Angelus  Politianus  :  CoUectio  epigrammatum,  s.  XVI.  Vatican. 
-1373. 

1.  L'astérisque  désigne  les  copistes  qui  figurent  déjà  dans  la  iistedeM.  Gardt- 
hausen, mais  dont  des  manuscrits  nouveaux  sont  signalés. 


556 

*AjiU>niu8  Damilas  Cretensis  :  Lycophronis  Alexandra,  a.  4479 
Alexandrin.  47. 

Aristobulus  Apostolides,  filius  Michael  :  Epistolae  Hich.  AposUdii, 
s.  XV.  Paris.  SuppL  204. 

Alhanasius  hieromonacbus  :  Evangelia,  a.  4497.  Grottaferrata 
(p.  63)  *. 

^Constaotinus  Lascaris  :  Epistolae  variorum,  Mediolani  et  Messanae, 

a.  4462-4463.  Vatican.  4353. 

*Gonstantinus  Palaeocappa  :  Barlaam  Calaber,  (Paris,  c.  4547). 
Paris.  Suppl.  4.  —  Aristoxeni  elem.  harmon.  Paris.  Suppl.  460. 
—  Liturgia.  Paris.  Suppl.  303. 

Gonstantinus  Mavromatius  :  Cylile  et  Dimne,  a.  4586.  Paris.  Suppl. 
692. 

Corainus  :  Theocriti  carmina  etc.,  a.  4496.  Vatican.  4379. 

Gyriacus  presb.  et  monachus  :  Evangelia,  a.  994.  Grottaferrata 

(p.  68). 

^CyriUus  Naupactius  :  Menaeum,  Vatopedi,  a.  4549.  Paris.  SuppL 
704. 
David  monachus  :  nias,  s.  XV.  Paris.  Suppl.  444. 
Eustathius  hierodiaconns  :   Pseudo-Gallisthenes,  a.  4567.  Paris. 
Suppl.  443. 
^Eulhymius  (?)  monachus  :  Metaphrasta,  a.  4055.  Paris.  4499. 
Galaction  Hagiopetrites  :  Fragmenta  historica,  a.   4298.  Paris. 
Suppl.  684. 
*Georgius  Hermonymus  (?)  :  Galeni  ars  parva,  s.  XYI.  Paris.  Suppl. 
542. 

*Georgius  Pappadopulus  :  Dionys.  Areopagita,  a.  4420.  Laur.  Y, 

26. 
^Gregorius  monachus  :  Thomas  Aquinas,  a.  4432.  Taurin.  XXm. 

b.  V.  3. 

Joannes,  in  mon.  S.  Sabae  :  Paradisus,  a.  993.  Paris.  4598. 
Joannes  Damascenus  Goronensis  :  Joannes  Guropalata,  a.  4557. 
Paris.  Suppl.  305. 


1.  Qrottaforrata  «  Epiiome  graecae  palaeographiae,,.,,  anctore  R.  P.  D. 
Qrogorio  Placentinio  hieromonacho  Cryptoferratensi.  —  Rom»,  1735,  iii-4*.  Les 
tiinnuscrUA  ainsi  désignés  se  trouTaient  dans  la  bibliothèque  do  monastère  de 
Urotlttforratu. 


557 

Joannes  'Oxpii^oTebç  Zwbç  :  Lexicon  lat.-graec,  a.  ^439.  Paris. 
SuppL  >I92. 

*  Joannes  Rhosus  :  cod.  G.  4,  s.  XV.  Grottaferrata  (p.  68). 

"^ Joannes  de  Santa  Maura  :  Eumathius  Macremb.,  Romae,  4589. 

Paris.  Suppl.  457. 
*Joasaph  (Joannes)  Gantacuzenus  :  Joannes  Gantacuzenus,  a.  4370- 
4375.  Paris.  4242. 
Leontius  hierodiaconus  :  S.  Maximus,  Gonstantinop.,  a.  4584.  Paris. 

Suppl.  456. 
Lucas,  praef.  monast.  S.  Zachariae  in  Mercurio  :  S.  Maximus,  a.  a. 
992.  Grottaferrata  (Mfc.  Bibl.  bibl.  mss.  I,  499). 

Nicolaus  archidiaconus  :  Enchiridion  legum,  a.  4405.  Paris.  Suppl. 

482. 
Nicolaus  Eparchus  :  Theod.  Prodromi  grammatica,  a.  4484.  Paris. 

Suppl.  262. 

*  Nicolaus  Nancelius  Noviodunensis  :  Gicero,  de  amicitia,  a.  4  574 . 

Paris.  Suppl.  476. 
Nilus  monachus  :  S.  Dorotheus,  a.  965.  Grottaferrata  (p.  84). 
Nipho  hieromonachus  Siculus  :  Psalterium,  a.  4329.  Grottaferrata 

(p.  69). 
Paleganus,  fîlius  Pelegrini  :  Homerus  etc.,  a.  4204*  Palatin.  45. 
*Paulus  :  [S.  Dorotheus,  a.  965.]  Grottaferrata  (p.  86). 
Petrus  calligraphus  :  Rituale,  s.  XI.  Grottaferrata  (p.  4^). 
*Rhomaeus,  abbas  monast.  S.  Benedicti  :  Evangelia  graeco-lat., 

a.  4294  (non  4497).  Barberin  V,  37  (44).  (Gardthausen,  BencA^e 

d»  k,  saechs.  Gesellsch.  d.  Wiss.  zu  Leipzig,  4880,  p.  74). 
Sophronius  hieromonachus  :  Menologium,  a.  4404.  Grottaferrata 

(p.  68). 
Symeon  :  cod.  G.  2.  (s.  a.).  —  Symeon  hieromonachus  :  cod.  B. 

43  (s.  a.).  Grottaferrata  (p.  70  et  62). 
Theodorus  notarius  :  Isocrates,  a.  4063.  Vatican.  65. 
TheodorusMeli....  :  Oppianus,  s.  XIV.  Vatican.  922. 
*Theopemptuslector  :  N.  Test.,  a.  4086,  (non  4045).  Paris.  223. 
*Theophanes  monachus  :  Greg.  Naz.,  a.  4047.  Paris  529. 
Theophylactus  calligraphus  :  Hirmologium,  a.  4232.  Grottaferrata 

(p.  64). 
Trophimus  philosophus  rhetor  :  Didymus,  [a.  4097  (?)]  s.  XIII. 

Vatican.  32. 


558 

Valerianus,  Albini  fllîus,  Foroliviensis  :  Palladius,  Yenetiis,  a. 

4540.  Philipps,  4525,  (Meerm.  245).  Daremberg,  Notices  des 

mss.  medic.^  p.  436  (non  4440). 
Zacharides,  [*  Zacharopulus]  :  Philostrati  vitae,  s.  XV,  Palatin. 

432. 

MANUSCMTS  DATÉS. 

Grottafenrata  (p.  84)  :  S.  Dorotheus,  a.  965,  scr.  Nilus  et  Paulus 
monachi. 

Ibid.  (p.  68)  :  Evangelia,  a.  994,  scr.  Cyriacus  presbyter  et  mona- 
chus. 

Ibid.  (ap.  Mfc.  Bibl.  bibl.  mss.  I,  499)  :  S.  Maximus,  a.  a.  992, 

scr.  Lucas,  praef.  monast.  s.  Zachariae. 
Paris.  4598  :  Paradisus,  a.  993,  scr.  Joannes,  in  mon.  S.  Sabae. 
Paris.  529  :  Greg.  Naz.,  a.  4047,  scr.  Theophanes  monachus. 
Paris.  Suppl.  343  :  Psalterimn,  c.  a.  4026. 
Paris.  Suppl.  905  :  Lectionarium,  a.  4055. 
Vatican.  65  :  Isocrates,  a.  4063,  scr.  Theodorus  notarius. 
Paris.  223  :  N.  Test.,  a.  4086  (non  4045),  scr.  Theopemptus  lector. 
Vatican.  32  :  Didymus,  [a.  4097?],  scr.  Trophimus  philosophas 

rhetor. 
Grottaferrata  (p.  68)  :  Menologium,  a.  4404,  scr.  Sophronius  hiero- 

monachus. 
Paris.   Suppl.  482  :  Enchiridion  legum,  a.  4405,  scr.  Nicolaus 

archidiaconus. 
Grottaferrata  (p.  63)  ;  Evangelia,  a.  4497,  scr.  Athanasius  hiero- 

monachus. 

Palatin.  45  :  Homerus  etc.,  a.  4204,  scr.  Paleganus,  fllius  Pele- 

grini. 

Grottaferrata  (p.  64)  :  Hirmologium,  a.  4232,  scr.  Theophylactus 

calligraphus. 
Barberin.  V,  37  (44)  :  Evangelia  graeco-lat.,  a.  4294  (non  4497), 

scr.  Rhomaeus,  abbas  S.  Benedicti.  (Gardth.) 

P.  2572  :  Manuel  Moschopulus,  a.  4296  (non  4396),  scr.  Georgius 

sacerdos.  (Gardth.) 
Paris.  Suppl.  684  :  Fragmenta  historica,  a  4298,  scr.  Galaction 

Hagiopetrites. 


559 

Grottaferrata  (p.  70)  :  Typicon  S.  Bartholomaei,  a.  ^300. 

Ibid.  (p.  69)  :  Psalterium,  a.  ^329,  scr.  Nipho,  hieromonachus 

Siculus. 
Matr.  N.  75.  Sophocles,  a.  4333  (non  4348),  scr.  Georgius  Cinna- 

mus.  (Gardih.) 
Paris.  Suppl.  484  :  Matthaeus  Blastaris,  a.  4389. 
Paris.  Suppl.  494  :  Paulus  Aegineta,  c.  4449. 

Laur.  V,  26  :  Dionysius  Areopagita,  a.  4420,  scr.  Georgius  Pappa- 

dopulus. 
Taurin.  XXIII,  b.  V,  3.  Thomas  Aquinas,  a.  4432,  scr.  Gregorius 

monachus. 

Paris.  Suppl.  492  :  Lexiconlat.-graec,  a.  4439,  scr.  Joannes  'Oipt- 

[LOiùq  Z(i)bç. 
Paris.  Suppl.  496  :  Theodorus  Gaza,  a.  4450. 
Vatican.  4353  :  Epistolae  variorum,  a.  4462-4463,  scr.  Constanti- 

nus  Lascaris. 
Alexandrin.  47  :  Lycophronis  Alexandra,  a.  4479,  scr.  Antonius 

Damilas. 
Paris.  Suppl.  262  :  Th.  Prodromi  grammatica,  a.  4484,  scr.  Nico- 

laus  Eparchus. 
Vatican.  4379  :  Theocriti  carmina,  etc.,  a  4496,  scr.  Corainus. 

H.  Omont. 


DE  LA  FORMULE 


CAR  TEL  EST  NOTRE  PLAISIR 


DANS  LA  COANCELLERIE  FRANÇAISE 


La  phrase  suivante  se  trouve  à  la  page  640  du  tome  I*'  de  la 
3*  édition  de  VArt  de  vénfier  les  Dates  :  <  François  I**  est 
*  l'auteur  de  la  formule  :  Car  tel  est  notre  bon  plaisir  ^  qui 
«  s'emploie  dans  la  plupart  des  Édits  ou  Lettres  royaux.  » 

Ainsi,  dans  la  pensée  des  auteurs  de  ce  magnifique  ouvrage 
resté  un  chef-d'œuvre  encore  inimité,  la  formule  du  Bon  plaisir  a 
sanctionné  la  plupart  des  actes  royaux  de  Tancienne  monarchie 
depuis  le  temps  du  roi  François  P'  jusqu'à  la  fin  du  xvnT  s. 
Et  cette  formule  blessante,  et  justement  décriée,  se  retrouverait 
non  seulement  au  bas  des  simples  Lettres  patentes  constatant 
des  actes  de  la  juridiction  gracieuse  et  bienveillante,  telles  que  les 
anoblissements  et  les  concessions  de  titres  nobiliaires,  attribut 
exclusif  et  bien  légitime  delà  souveraineté.  Elle  aurait  été  inscrite 
aussi  au  bas  des  actes  les  plus  graves,  les  plus  solennels^  de 
l'objet  le  plus  général  et  d'un  intérêt  public,  car  l'expression  de 
Lettres  Royaux  désigne  les  Edits,  les  Ordonnances  et  les  Décla- 
rations, c'est-à-dire  les  Lois  mêmes  de  l'Etat. 

En  lisant  ime  pareille  énonciation,  sortie  de  la  plume  de 
savants  généralement  si  exacts,  si  soigneux  d'assurer  sur  les 
preuves  leurs  moindres  assertions,  comment  ne  pas  croire  et 
affirmer,  sans  autre  vérification,  que  la  plupart  des  Edits  et  des 
Lettres  patentes  rendus  par  le  roi  Louis  XVI  en  l'an  de  grâce 
1783  et  autres  années  de  son  règne  portaient  en  efiet  à  la  fia 
cette  déclaration  restrictive  en  même  temps  que  confirmative  : 
Car  tel  est  notre  bot^  plaisir.  Comment  ne  pas  excuser  de  très 
savants  auteurs  et  après  eux  la  foule  des  écrivains  et  du  public 


564 

d'avoir  répété,  avec  ou  sans  mauvaise  intention,  que  la  formule 
la  plus  chère  et  la  plus  caractéristique  de  l'ancienne  monarchie 
était  celle  du  Bon  plaisir,  celle  qu'aimaient  à  employer  offi- 
ciellement les  rois  en  parlant  à  la  nation  : 

Car  tel  est  notre  bon  plaisir. 

Je  ne  fais  pas  ici  de  l'histoire  ;  je  m'occupe  d'un  simple  détail 
de  Diplomatique.  Mais  je  vérifie  mes  textes  et  je  pense  qu'il  n'est 
pas  nécessaire  d'insister  pour  montrer  la  difierence  profonde  qui 
existe  dans  la  lettre  et  dans  la  portée  de  ces  deux  formules  :  Car 
tel  est  notre  bon  plaisir,  et  Car  tel  est  notre  plaisir. 

Car  tel  est  notre  plaisir  signifie,  Car  telle  est  notre  vo- 
lonté; pas  autre  chose.  Et  c'est  déjà  beaucoup,  et  même  trop, 
j'en  conviens,  que  les  anciens  rois  aient  pu  énoncer  de  sem- 
blables principes  dans  les  Edits  et  dans  ;les  Ordonnances  géné- 
rales. U  y  aurait  néanmoins  bien  des  explications  à  donner. 
Chaque  temps  a  son  droit  pubhc  et  il  faut  placer  toutes  choses 
sous  cette  lumière ,  si  on  veut  les  juger  équitablement.  Mais 
encore  une  fois  restons  en  dehors  du  domaine  historique. 

Plaisir,  dans  la  phrase  citée,  a  simplement,  je  le  répète,  le 
sens  de  volonté.  Comme  le  mot  plaire  dans  cette  locution  : 
Vous  plaît-il  de  venir  ici?  signifie  voulez-vous  venir  ici?  La 
formule  :  Car  tel  est  notre  bon  plaisir  implique  au  contraire 
une  idée  choquante  de  caprice  et  de  pur  arbitraire.  Tolérable,  mais 
encore  bien  hautaine,  dans  les  concessions  émanant  de  la  pure 
bonté  royale,  comme  les  anoblissements,  elle  serait  outrageante 
et  monstrueuse,  ailleurs  qu'en  Turquie,  dans  les  actes  du  gou- 
vernement général  et  de  la  politique  de  l'État. 

Or,  en  revenant  à  renonciation  de  l'ilr^  de  vérifier  les  dates 
qui  englobe  tous  ces  actes  dans  ses  expressions  depuis  les  Edits 
jusqu'aux  simples  Lettres  patentes,  je  dois  dire,  après  sérieuse 
et  ample  vérification,  que  je  la  trouve  absolument  dénuée  de  fonde- 
ment, pour  les  uns  comme  pour  les  autres,  sans  aucune  excep- 
tion, aucune.  Ce  point  vaut,  peut-être,  la  peine  d'être  rapidement 
constaté. 

J'ai  consulté,  à  plusieurs  reprises,  depuis  plusieurs  années, 
tous  les  recueils  d'édits  et  d'ordonnances  du  règne  de  Louis  XVI 
et  des  règnes  avoisinants.  Les  textes  imprimés  ne  sont  que  la 
moindre  partie  de  l'ensemble.  J'ai  interrogé  à  différentes  époques. 


562 

non  pas  en  totalité  (je  n*ai  pas  cette  prétention),  mais  à  des  dates 
très  variées  et  très  diverses,  les  innombrables  séries  d'édits,  de 
déclarations ,  d'ordonnances  et  de  lettres  patentes  manuscrites 
que  renferment  nos  collections,  dans  les  archives  des  grandes 
cours  judiciaires  et  des  anciennes  administrations  :  le  Parlement, 
la  Chambre  des  Comptes,  la  Cour  des  Monnaies,  la  Cour  des 
Aides,  le  Bureau  des  Finances,  la  Connétablie,  les  Eaux  et 
Forêts,  la  Maison  du  Roi. 

Nulle  part,  jamais,  pas  une  seule  fois  dans  cette  recherche 
poursuivie  depuis  longtemps,  je  n'ai  trouvé  la  formule  :  Car  tel 
est  notre  bon  plaisir.  C'est  toujours  :  Car  tel  est  notre  plat-- 
sir  y  qui  est  écrit  partout  ;  quelquefois,  mais  très  rarement  :  Car 
tel  est,  etc.  avec  une  abréviation  facile  à  remplir. 

Je  n'ignore  pas  que  beaucoup  de  lettres  patentes  d'anoblisse- 
ment et  autres  lettres  patentes,  des  ordonnances  et  des  édits, 
même,  ont  été  imprimés  par  des  biographes,  des  généalogistes  et 
autres  érudits  avec  la  formule  du  Bon  plaisir.  Mais  je  récuse 
absolument  tous  ces  documents  sans  exception.  Je  les  tiens 
tous  pour  fautifs  et  erronés  en  ce  point.  Pas  un  de  ceux  que  j'ai 
pu  vérifier  sur  l'original  n'est  sorti  avantageusement  de  l'épreuve 
du  colla tionnement.  Tous  ont  un  vice  et  une  tache  à  cet  endroit 
dans  les  clauses  finales,  et  j'en  ai  vu  qui  ont  étéUvrés  à  l'impres- 
sion par  les  savants  les  plus  autorisés  et  les  plus  scrupuleux.  Soit 
inattention  momentanée,  soit  empire  d'une  idée  préconçue,  ils 
ont  écrit,  eux  ou  leurs  secrétaires.  Car  tel  est  notre  bon  plaisiry 
quand  l'original  porte  manifestement  :  Car  tel  est  notre  plai- 
sir ou,  très  exceptionnellement,  l'abréviation  :  Car  tel  est,  etc. 

Ce  que  je  viens  de  dire  de  Louis  XVI,  je  le  répète  des  actes  de 
Louis  XV  et  de  Louis  XIV. 

Richelieu  a-t-il  fait  parler  Louis  XIII  autrement  que  n'a  parlé 
son  fils,  et  dans  le  sens  indiqué  par  l'assertion  des  Bénédictins  ? 
Pas  le  moins  du  monde,  et  pas  plus  dans  les  grandes  ordonnances 
que  dans  les  patentes  des  concessions  gracieuses.  Si  sa  chancel- 
lerie n'emploie  pas  toujours  la  formule  :  Car  tel  est  notre  plai- 
sir,  la  clause  qui  la  remplace  :  Car  ainsi  nous  plaist  il  être 
fait,  a  la  même  valeur  et  la  même  signification. 

Sous  Henri  IV,  Henri  III,  Charles  IX,  François  II  et  son  père 
Henri  II,  les  usages  de  la  chancellerie  restent  les  mêmes.  Un 
grand  nombre  de  lettres  royaux,  patentes,  déclarations,  ordon- 
nances, édits  portent  cette  clause  avant  la  date  et  l'annonce  du 


563 

sceau  :  Car  tel  est  nostre  plaisir^  moins  souvent  :  Car  ainsi 
nous  plaist  ;  jamais  :  Car  tel  est  nostre  bon  plaisir. 

Nous  arrivons  au  règne  de  François  P'.  En  dehors  des  recueils 
imprimés,  nous  avons  aux  archives  un  grand  nombre  d'actes  de 
toutes  sortes  rédigés  par  la  chancellerie  sous  le  règne  de  ce 
prince.  Cinq  registres^  renferment  les  «  Ordonnances,  Edits, 
«  Déclarations  et  Lettres  patentes  »,  enregistrés  au  Parlement 
de  1515  à  1547.  Trente  registres  originaux  de  la  chancellerie 
même,  aujourd'hui  au  Trésor  des  chartes,  conservent  les  trans- 
criptions officielles  des  actes  de  1522  à  1547  *. 

On  en  trouve  également  dans  les  mémoriaux  de  la  Chambre 
des  Comptes,  dans  les  registres  des  autres  cours  judiciaires,  et 
dans  les  divers  fonds  précédemment  indiqués,  à  l'exception  de  la 
Maison  du  Roi,  dont  la  série  des  Patentes  ne  commence  qu'au 
règne  de  Henri  IV.  Les  recherches  faites  dans  ces  diverses  col- 
lections nous  amènent  à  un  résultat  analogue  à  celui  que  fournit 
l'examen  des  actes  des  derniers  Valois  et  du  premier  règne  de  la 
maison  de  Bourbon.  La  clause  :  Car  ainsi  nous  plaist  reste  bien 
plus  fréquente  encore  sous  François  P"^  qu'elle  ne  l'est  sous  ses 
successeurs.  La  chancellerie  emploie  très  souvent  la  formule  : 
Car  tel  est  nostre  plaisir ^  et  jamais  celle  du  Bon  plaisir. 

On  a  imprimé  à  Paris,  la  première  année  du  règne  de  Fran- 
çois P',  le  grant  stille  et  prothocolle  de  la  chancellerie  de 
France^.  Les  modèles  donnés  dans  ce  recueil  sont  naturellement 
sans  date  et  sans  noms.  Je  remarque  en  outre  que  la  formule  de 
déclaration  y  est  toujours  abrégée,  et  toujours  indiquée  par  ces 
premiers  mots  :  Car  ainsi^  etc.  mots  qu'il  faut  évidemment  com- 
pléter par  ceux-ci,  Car  ainsi  nous  plaist,  ou  Car  ainsi  nous 
plaist  il  estre  fait,  ou  bien  encore  plus  explétivement,  ce  que 
l'on  trouve  quelquefois  :  Car  ainsi  nous  plaist  il  et  voulions 
estre  faict,  de  nostre  certaine  science,  plaine  puissance, 
propre  mouvement  et  auctorité  royal,  nonobstant,  etc. 

De  ces  dernières  observations,  il  ne  faudrait  pas  conclure  que 
la  formule  Car  tel  est  nostre  plaisir  fût  inusitée  à  la  chancelle- 
rie royale  avant  François  P'.  Nous  la  retrouvons  en  effet  dans 


1.  Xi  A  8611  et  saiyants. 

2.  JJ.  236  à  257». 

3.  Petit  vol.  m-4*>,  gothiqae,  achevé  d'imprimé  pour  Galiot  Dupré,  le  18  jaii< 
vier  1514.  (v.  s.) 


564 

la  grande  collection  imprimée  des  Ordonnances  des  Rois,  sous  les 
r^es  de  Louis  XII  et  de  Charles  Vin,  alternant  avec  la 
clause:  Car  ainsi  nous  plaist  il  estre  fait.  Le  roi  Charles  Vni, 
dont  une  ordonnance  du  12  mai  1497  porte  ces  mots  :  Car  tel 
est  nostre  plaisir,  serait  donc  peut-être  Tauteur  de  cette  for- 
mule célèbre,  dont  je  n*ai  pas  trouvé  d'exemple  avant  son 
règne. 

En  résumé  et  pour  terminer,  de  l'ensemble  de  vérifications 
auxquelles  je  me  suis  livré  et  que  je  viens  de  rappeler  sommaire- 
ment, on  peut  conclure,  je  crois,  sans  hésitation,  que  jamais  et 
dans  aucun  de  ses  actes  la  chancellerie  de  l'ancien  régime  n*a 
employé  la  formule  du  Bon  plaisir.  S'il  est  étonnant  que  les 
savants  auteurs  de  VArt  de  vérifier  les  dates  aient  dit  le  con- 
traire, il  7  a  quelque  chose  de  plus  surprenant  encore. 

En  1804,  lors  du  rétablissement  de  la  forme  monarchique  en 
France,  quelle  fut  la  formule  de  confirmation  adoptée  par  la 
chancellerie  impériale  dans  les  lettres  patentes?  On  ne  le  croi- 
rait pas,  si  les  quinze  volumes  de  la  transcription  officielle  des 
lettres  patentes  de  1808  à  1814,  existant  aux  Archives  natio- 
nales ^  et  les  mille  expéditions  qui  en  ont  été  délivrées  n'étaient 
là  pour  le  prouver. 

Ce  fut  la  clause  :  Car  tel  est  notre  bon  plaisir. 

La  Restauration  n'eut  garde  d'abandonner  la  formule,  sans 
soupçonner  peu^-être  l'innovation,  dont  la  chancellerie  impériale 
elle-même  n'avait  pas  eu  davantage,  croyons-nous,  conscience. 

Mal  lui  en  prit.  Sur  ce  thème,  on  l'a  criblée  de  lardons  qui  ont 
fini  par  lui  faire  perdre  la  tête. 

En  bonne  justice,  il  eût  fallu  viser  plus  loin  et  plus  juste. 
Mais  on  eût  blessé  le  héros,  alors  si  populaire. 

L.  DE  Mas  Latrie. 

1.  B.  VI.  276-290. 


BIBLIOGRAPHIE. 


G.  MoLiNiER.  L'Inquisition  dans  le  midi  de  la  France  au  Xllfi  et 
au  XIV''  siècle.  Étude  sur  les  sources  de  son  histoire.  Paris, 
Sandoz  et  Fischbacher,  4880.  In-8o,  xxii-483  p. 

De  fratre  Guillelmo  Pelisso  veterrimo  inquisitionis  historico  disse- 
ruit  Garolus  Molinier.  Accessit  ejusdem  fratris  chronicon  e  Car- 
cassonensi  codice  nunc  primum  omni  ex  parte  editum,  Lutetiae 
Parisiorum,  G.  Fischbacher,  mdccclxxx.  In-8o,  Lxxvin-76  p. 

Les  titres  des  ouvrages  que  nous  venons  de  transcrire  sont  ceux  des 
deux  thèses  pour  le  doctorat,  présentées  par  M.  Charles  Molinier  à  la 
faculté  des  lettres  de  Paris.  Ces  deux  thèses  roulent  sur  un  même 
sujet,  qui  est  une  étude  sur  les  sources  de  l'histoire  de  Tinquisition 
dans  le  midi  de  la  France  de  1216  à  1323. 

Les  sources  de  cette  histoire  étaient  jusqu'ici  assez  mal  connues ,  et 
surtout  d'une  façon  très  incomplète.  Bien  que  les  archives  de  l'inquisi- 
tion toulousaine  aient  été  fort  maltraitées,  il  nous  en  reste  encore  çà  et 
là,  à  Toulouse  même,  à  Glermont,  à  Paris,  d'importants  débris.  Avant 
d'aborder  toute  étude  sérieuse  sur  l'histoire ,  sur  la  procédure  inquisi- 
toriale,  il  faut  donc  connaître  exactement  ces  documents  anciens, 
savoir  quelle  en  est  l'origine,  ce  qu'ils  contiennent,  ce  qu'ils  apprennent 
de  nouveau.  Tel  est  le  but  que  s'est  proposé  M.  Molinier  ;  il  a  voulu  se 
borner  c  à  une  sorte  de  catalogue  et  d'analyse  de  ces  documents  origi- 
naux, sans  prétendre  en  tirer  une  histoire  proprement  dite  de  l'inqui- 
sition ^  »  Il  n'étudie  pas  les  origines  de  l'inquisition;  il  ne  remonte  pas 
plus  haut  que  l'année  1216,  où  l'ordre  des  Dominicains  est  confirmé  par 
Honorius  UI,  et  ne  descend  pas  plus  bas  que  1323 ,  année  où  Bernard 
Gui  c  clôt  la  série  de  ses  grands  actes  de  foi,  les  plus  solennels  de  l'his- 
toire de  l'inquisition,  et  assurément  les  derniers  de  cette  importance 
qu'ait  vus  le  Midi  »  (p.  xvi). 

1.  M.  Molinier  avertit  en  outre  que  son  travail  ne  portera  c  que  sur  les 
documents  contenus  dans  les  bibliothèques  ou  archives  de  France.  »  Il  pense 
d'ailleurs  que  ces  établissements  «  possèdent  à  peu  de  chose  près  toutes  les 
sources  ayant  trait  à  l'inquisition  méridionale  dans  le  premier  siècle  de  son 
existence.  » 


566 

M.  Molinier  divise  les  documents  d'inquisition  en  documents  déjà 
publiés  et  en  documents  encore  inédits.  Cette  division  se  comprend, 
puisque  le  présent  travail  porte  avant  tout  sur  les  textes  inédits.  Quant 
à  ces  derniers,  était-il  utile ,  était-il  même  logique  de  les  répartir  en 
deux  subdivisions  :  copies  et  originaux  proprement  dits  ?  Sans  doute 
les  copies  ont  moins  de  valeur  que  les  originaux  ;  il  est  fort  à  craindre 
qu'elles  soient  incorrectes,  et  elles  donnent  plus  de  soucis  à  Téditeor 
chargé  de  les  publier  ;  mais,  si  on  leur  demande  seulement  des  rensei- 
gnements sur  l'histoire ,  la  législation ,  la  procédure ,  la  biographie  de 
tel  inquisiteur  ou  de  tel  hérétique,  et  si  d  autre  part  aucun  soupçon  ne 
peut  s'élever  sur  leur  authenticité ,  en  quoi  la  copie  aurait-elle  moins 
d'importance  que  l'original  perdu  ?  M.  Molinier  publie  la  chronique  de 
Guillem  Pelisson  d'après  une  copie  manuscrite  de  Carcassonne;  ne  pou- 
vons-nous, en  toute  sécurité  de  conscience,  utiliser  son  texte,  avant 
même  que  M.  Tabbé  Douais^  ait  publié  un  nouveau  texte  de  cette  chro- 
nique d'après  l'original  conservé  aux  archives  d'Avignon  ?  Le  registre 
des  sentences  de  l'inquisition  de  Toulouse  est  perdu.  Limborch  l'avait 
eu  quatre  ans  entre  les  mains  ;  nous  n'avons  plus  que  le  texte  publié 
par  lui  ;  ce  texte  «  n'en  demeure  pas  moins,  —  c'est  M.  Molinier  qui 
parle  (p.  7),  —  de  la  plus  haute  valeur  3.  t  Cette  distinction  fâcheuse  en- 
traîne des  conséquences  regrettables  :  ainsi  le  manuscrit  de  la  Biblio-* 
thèque  nationale,  n»  12856,  a  été  copié  sur  les  registres  originaux  en 
parchemin  de  l'inquisition  d'Albi  ;  or  nous  avons  conservé  une  partie 
de  ces  registres  originaux  ;  elle  forme  le  ms.  11847  de  la  Bibliothèq[ue 
nationale;  mais  le  ms.  12856  est  étudié  p.  33,  et  le  ms.  11847  p.  79  et 
suivantes.  Enfin  nous  ne  saisissons  pas  bien  les  raisons  qui  ont  guidé 
M.  Molinier  dans  le  classement  des  originaux  proprement  dits  ;  c'est 
ainsi  qu'il  étudie  successivement  :  les  sentences  de  Bernard  de  Caux  et 
de  Jean  de  Saint-Pierre,  1246-1248  (deuxième  partie,  chap.  !•');  le 
procès  de  l'inquisition  d'Albi,  1299-1300  (chap.  Il);  le  registre  deGeof- 
froi  d'Ablis,  1308-1309  (chap.  III);  les  enquêtes  de  Bernard  de  Caux  et 
de  Jean  de  Saint-Pierre,  1245-1246  (chap.  IV)  ;  la  Practica  de  B.  Gui, 
début  du  XIV®  siècle  (chap.  V)  ;  le  registre  de  l'inquisition  de  Toulouse, 
1254-1256  (chap.  VI);  le  registre  du  greffier  du  tribunal  de  l'inquisition 
de  Carcassonne,  1250-1258  (troisième  partie,  chap.  I*').  Il  eût  été  infini- 
ment préférable,  à  notre  avis,  de  renoncer  à  ces  divisions,  à  ces  classi- 
fications arbitraires  ;  il  eût  fallu  suivre  l'ordre  chronologique ,  sans 
s'inquiéter  de  savoir  si  tel  document  nous  est  parvenu  sous  forme  de 

1.  Voyez  la  Retme  des  questions  historiques,  1"  octobre  1881,  p.  409,  note  5. 
Nous  reviendrons  plus  loin  sur  cet  article. 

2.  A  la  page  précédente,  il  est  vrai,  M.  Molinier  disait  qne  ce  fait  que  Fori- 
ginal  est  perdu  enlève  aux  sentences  de  Limborch  <  quelque  chose  de  leur 

valeur  t  (cf.  p.  23). 


567 

copie  ou  dans  Toriginal.  Nous  aurions  suivi  ainsi  pas  à  pas  Thistoire  et 
les  progrès  de  Tinquisition.  Pour  la  biographie  du  ministre  P.  Autier, 
par  exemple,  nous  n'aurions  pas  eu  besoin  de  recourir  de  la  page  143  à 
la  page  109,  ni,  pour  celle  de  l'inquisiteur  Bernard  de  Caux,  de  la  page 
57  à  la  page  192.  De  même  nous  aurions  mieux  compris  le  dévelop- 
pement progressif  de  la  procédure  inquisitoriale,  et,  après  avoir  assisté 
aux  enquêtes  de  Bernard  de  Caux  en  1245-1246 ,  aux  procès  entamés  à 
Toulouse  et  à  Garcassonne  de  1250  à  1258,  puis  à  Albi  en  1299  et  1300 
et  par  devant  Geoffroi  d'Ablis  en  1308-1309,  nous  aurions  été  tout  à  fait 
préparés  à  l'étude  de  la  Practica  de  Bernard  Gui ,  qui  donne  la  théorie 
et  comme  le  dernier  mot  des  formes  employées  par  les  dominicains  du 
Midi  pour  instruire  les  procès,  juger  les  accusés,  condamner  les 
coupables. 

Nous  voudrions  présenter  à  M.  Molinier  une  dernière  critique.  Il  se 
défend  à  plusieurs  reprises  de  faire  autre  chose  qu'une  étude,  qu'une 
bibliographie  raisonnée  des  sources  ;  mais  le  très  vif  intérêt  des  docu- 
ments qu'il  analyse  l'entraîne  forcément  à  sortir  du  cadre  qu'il  s'est 
tracé.  Désireux ,  et  à  bon  droit ,  de  montrer  à  combien  de  titres  divers 
ces  documents  doivent  intéresser  l'histoire ,  il  ne  se  contente  pas  d'une 
sèche  nomenclature  de  faits  et  de  dates,  il  extrait  des  textes  qu'il  a  sous 
les  yeux  une  foule  de  renseignements  curieux  sur  les  personnages  qui 
se  trouvent  mêlés  à  l'histoire  de  l'inquisition,  sur  l'état  moral,  social  ou 
religieux  du  Midi  après  la  conquête  française,  sur  la  procédure  inquisi- 
toriale. Ce  dernier  point  surtout  l'occupe.  Sans  doute  il  n'a  pas  la 
prétention,  comme  il  le  déclare  à  plusieurs  reprises  (p.  ex.  p.  367), 
de  nous  présenter  un  tableau  complet  de  cette  procédure ,  mais  il  est 
évident,  à  lire  son  livre,  ou  même  la  table,  très  détaillée  d'ailleurs  et  très 
utile,  que  c'est  pour  l'histoire  de  cette  procédure  que  les  documents 
analysés  par  lui  fournissent  les  indications  les  plus  précieuses.  Aussi  con- 
sacre-t-il  toute  la  troisième  partie  de  son  ouvrage  au  registre  du  greffier 
du  tribunal  de  Garcassonne,  et  près  de  150  pages  (p.  311  à  453)  à  la 
procédure  suivie  devant  ce  tribunal.  Ge  n'est  pas  nous  qui  nous  plain- 
drons de  cette  large  place  donnée  à  un  sujet  que  M.  Molinier  déclarait 
ne  vouloir  toucher  qu'au  passage,  sans  le  traiter  à  fond  ;  mais  ici  encore 
nous  avons  été  frappé  du  défaut  de  méthode.  Il  n'est  pas  un  des  docu- 
ments analysés  par  lui  qui  n'apporte  des  traits  particuliers  à  ce  tableau 
de  la  procédure  inquisitoriale;  il  les  relève  d'ailleurs  avec  autant  de 
soin  que  d'intelligence  lorsqu'il  étudie  chacun  de  ces  documents.  Qu'en 
résulte-t-il  ?  G'est  que,  pendant  toute  la  première  moitié  de  son  ouvrage, 
nous  recueillons  chez  lui  les  éléments  épars  d'une  étude  générale  sur 
cette  procédure;  et  qu'à  la  fin  il  nous  donne  cette  étude  générale  d'après 
un  seul  document.  N'eût-il  pas  mieux  valu,  soit  renoncer  à  cette  étude 
générale  que  M.  Molinier  déclare  lui-môme  prématurée,  soit  en  prendre 
bravement  son  parti ,  et  consacrer  un  chapitre  entier  à  l'étude  de  la 


procédure  telle  qu'elle  reMort  de  tous  les  doenmoils  analysés  ?  M.  Moli- 
nier  semble  d'aillears  aToir  senti  ci  et  là  (p.  63 ,  i04,  428)  FinoonTé- 
nient  de  sa  méthode  ;  on  ne  foit  pas  toojoors  très  bien  ni  ce  qu'il  ireat 
faire,  ni  ce  qu'il  ne  Teot  pas. 

Ces  critiques  sont  après  tout  de  pure  forme,  une  question,  jusqu'à 
on  certain  point  secondaire,  d'arrangement.  Le  livre  de  M.  Molinier 
n'en  a  pas  moins  une  importance  tonte  particulière;  il  est  de  ceux  qui 
ouvrent  aux  historiens  de  nouvelles  voies,  en  leur  indiquant  des  docu- 
ments mal  explorés  encore,  ou  même  inconnus,  sur  une  des  plus  grosses 
questions  qui  intéressent  l'histoire  religieuse  au  moyen  âge.  D  nous  sera 
facile  de  justifier  cet  éloge,  qui  n'a  rien  de  banal,  en  analysant  rapide 
ment  à  notre  tour,  et  d'après  son  livre,  les  textes  qu'il  nous  fidt 
connaître.  Ces  textes  sont  moins  nombreux  encore  qu'impwtants  ;  ils 
n'épuisent  pas  d'ailleurs  la  matière  :  dans  un  récent  article  publié  par 
la  Revue  des  questions  historiques  (i"  oct.  1881),  M.  l'abbé  Douais,  qui 
s'est  fait  récemment  connaître  en  publiant  le  premier  volume  d'une 
Histoire  des  Albigeois ^  a  repris  la  question  traitée  par  M.  Molinier,  et  a 
indiqué  plusieurs  documents  qui  avaient  échappé  à  ce  dernier;  nous  les 
indiquerons  à  leur  place  >.  Nous  ne  parlerons  pas  des  documents 
imprimés,  dont  M.  Molinier  nous  donne,  au  chapitre  I*'  de  la  l**  partie, 
une  énumération  qui  semble  bien  être  complète';  nous  nous  attachons 
seulement  à  ceux  qui  sont  restés  manuscrits. 

La  collection  Doat,  conservée  à  la  Bibliothèque  nationale,  est,  on  le 
sait,  une  mine  inépuisable  de  documents  relatifs  à  l'histoire  du  Midi, 
ou  plus  précisément  du  Languedoc.  Dix-sept  volumes  de  cette  collection 
ont  été  analysés  par  M.  Molinier  (p.  34  et  suiv.);  nous  n'en  noterons 
ici  que  deux,  les  tomes  XXXVI  et  XXX Vn.  €e  dernier  contient, 
entre  autres  textes  précieux,  la  Disputatio  inter  catholicum  et  paterinum 
hereticum,  composée  sans  doute  par  Grégoire  de  Florence,  évêque  de 
Fano,  mort  en  1240;  la  Summa  de  catharis  et  leonistis,  écrite  en  1250, 
par  l'inquisiteur  R.  Sacconi,  de  Plaisance,  sorte  de  manuel  destiné  aux 
juges  d'inquisition  ;  ce  qui  augmente  encore  le  prix  de  cet  ouvrage, 
c'est  que  l'auteur  avait  lui-même  avant  sa  conversion  fait  partie  de  la 


1.  M.  Douais,  dans  l'article  auquel  nous  renvoyons,  suit  Tordre  chronologique; 
il  a  parfaitement  raison.  Il  remonte  à  Tannée  1160,  où  TËglise  commence  sérieu- 
sement et  avec  méthode  à  rechercher  les  hérétiqnes.  Il  semble  reprocher  à 
M.  Molinier  d'avoir  omis  cette  étude  préliminaire;  mais  chacun  est  maître  de 
limiter  le  champ  de  ses  travaux. 

2.  M.  Douais  reproche  à  M.  Molinier  (p.  416)  de  n'avoir  pas  indiqué  le  très 
curieux  Débat  d'Jzarn  et  de  Sicart  de  Figueiras,  publié  par  M.  Paul  Meyer 
dans  VAnntuiire» Bulletin  de  la  Société  de  Vhistoire  de  France  pour  1879  ;  ce 
reproche  n'est  nullement  fondé ,  car  la  thèse  de  M.  Molinier  était  déjà  entière- 
ment imprimée  quand  parut  ce  Débat. 


569 

secte  cathare  (p.  38;  cf.  p.  263,  note);  enfin  des  extraits  du  De 
septem  donis  Spiritus  Sancti,  composé  par  Etienne  de  Bourbon  ou  de 
Belle  ville. 

On  peut  placer  après  ces  textes  la  chronique  de  Guillem  Pélisson. 
Pélisson,  né  à  Toulouse,  où  il  mourut  en  1268,  a  écrit  le  récit  des  évé- 
nements auxquels  il  a  été  mêlé  de  1229  à  1237.  Cette  chronique  (je  suis 
ici  M.  Douais,  mieux  informé  que  M.  Molinier)  a  été  insérée  au 
XIV»  siècle  par  Bernard  Gui  dans  l'histoire  des  couvents  de  son  ordre  ; 
«  c'est  ainsi  qu'elle  est  parvenue  jusqu'à  nous.  L'exemplaire  conservé 
à  la  bibliothèque  d'Avignon  est  le  seul  qui  nous  reste;  cette  copie  fut 
exécutée  sous  les  yeux  ou  tout  au  moins  du  temps  de  Bernard  Gui.  La 
bibliothèque  de  Garcassonne  possède,  sous  le  n'  6449,  une  autre  copie 
de  la  chronique,  mais  elle  est  récente,  fautive,  d'une  main  peu  expéri- 
mentée. C'est  cette  copie  que  M.  C.  Molinier  a  éditée ^...  • 

Les  enquêtes  de  Bernard  de  Caux  et  de  Jean  de  Saint-Pierre,  1245- 
1246 ,  contenues  dans  le  manuscrit  155,  1'®  série,  de  la  bibliothèque  de 
la  ville  de  Toulouse  (Molinier,  p.  163  et  suiv.);  c'est  une  transcription 
faite  sur  les  registres  originaux  des  notaires  de  l'inquisition  ;  ce  manus- 
crit contient  des  détails  infinis  pour  l'histoire  des  doctrines  albigeoises, 
pour  la  filiation  des  familles  hérétiques,  etc.^. 

Les  sentences  de  Bernard  de  Caux  et  de  Jean  de  Saint-Pierre,  1246- 
1248,  dans  le  ms.  9992  du  fonds  latin  de  la  Bibliothèque  nationale 
(Molinier, p.  55  et  s.).  C'est  un  fragment  qui  contient  les  fol.  cli  à  clxii 
ayant  appartenu  sans  doute  à  un  des  registres  originaux  de  Toulouse 
(voyez  p.  59).  Ces  sentences  sont  des  actes  de  foi  ou  sermons  publics 
prononcés  dans  des  assemblées  solennelles  composées  du  haut  clergé  de 
Toulouse  ou  des  environs,  en  présence  de  dignitaires  laïques,  de  mem- 
bres du  chapitre  et  du  peuple.  Il  nous  montre  la  justice  inquisitoriale 
à  ses  débuts. 

Le  registre  de  l'inquisition  de  Toulouse,  1254,  1256,  provenant  des 
archives  départementales  de  Toulouse;  il  se  compose  de  cinq  feuilles 
doubles,  soit  dix  feuillets,  qui  servaient  de  couverture  à  divers  registres 
du  contrôle  des  exploits  datés  de  1674  et  de  1675;  inutile  d'ajouter  que 
ces  cinq  feuilles  ne  se  suivent  pas  (Molinier,  p.  237  et  suiv.).  Ce  manus- 
crit a  beaucoup  de  points  de  ressemblance  avec  celui  de  Toulouse  n®  155, 
dont  nous  avons  parlé  plus  haut.  Il  donne  de  très  curieux  détails  sur 
le  missionnaire  cathare  Guillem  Fournier,   de  Toulouse,  et  sur  ses 


1.  Revue  des  qtiestions  historiques,  p.  409. — Voyez  aussi  p.  413,  où  M.  Douais 
mentionne  des  pièces  relatives  à  un  procès  de  canonisation  des  inquisiteurs  tués 
à  Avignonet  en  1242,  d'après  les  archives  de  la  Haute-Garonne. 

2.  A  cette  même  époque,  qui  est  celle  du  concile  de  Lyon,  a  rapport  le  Débat 
d'Izarn  et  de  Sicart  de  Figueiras,  dont  nous  parlions  plus  haut. 

37 


570 

r<»UtiOQ8  avec  des  exilés  du  Languedoc  et  avec  Févôque  cathare 
Vivent  (p.  255). 

lie  registre  du  greffier  du  tribunal  de  l'inquisition  de  Garcassonne, 
t2r>0-t258,  aujourd'hui  conservé  à  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Gler- 
niont,  no  136  a  du  catalogue  général  (Molinier,  p.  261  et  suiv.)*.  C'est 
le  plus  important  des  recueils  étudiés  par  M.  Molinier,  aussi  a-t-il  pris 
soin  de  l'analyser  dans  le  plus  grand  détail;  il  en  tire  tout  un  exposé 
abondant  (sinon  complet)  de  la  procédure  inquisitoriale  ;  il  étudie  succes- 
iiivement  les  juges,  les  procédures,  la  pénalité,  et,  comme  nous  le 
disions  plus  haut,  il  ne  consacre  à  cette  partie  pas  moins  de  150  pages 
nourries  de  faits. 

Entre  le  précédent  registre  et  le  manuscrit  latin  11847,  qui  contient 
les  procès  de  l'inquisition  d'Albi,  en  1299  et  en  1300,  la  collection  Doat 
sert  d'intermédiaire:  le  tome  XKI  contient  les  sentences  prononcées  par 
le  célèbre  inquisiteur  Guiiiem  Arnaud,  de  1235  à  1237;  les  tomes  XXII, 
XXIV  et  XXV,  des  interrogatoires  faits  par  les  inquisiteurs  de  Tou- 
louse, de  1243  à  1279;  les  tomes  XXIII  et  XXVI  »,  des  dépositions 
tirées  des  archives  de  l'inquisition  de  Garcassonne,  de  1244  à  1290;  le 
tome  XXXI,  des  pièces  diverses  relatives  aux  persécutions  contre  les 
hérétiques,  de  1209  à  1265;  les  tomes  XXXII  à  XXXV,  des  docu- 
ments relatifs  aux  croyances  albigeoises,  de  1265  à  1636.  (Voyez  Moli- 
nier, p.  34'.) 

Le  manuscrit  latin  de  la  Bibliothèque  nationale  n»  12856,  dont  nous 
avons  déjà  parlé,  contient  des  interrogatoires  se  rapportant  à  deux 
époques  :  1*  de  1285'  à  1287;  2*  de  1299  à  1303.  Ges  pièces  ont  été 
copiées  sur  les  registres  originaux  de  l'inquisition  d'Albi.  Nous  avons 
la  bonne  fortune  de  pouvoir  contrôler  la  seconde  partie  sur  un  débris 

1 .  Une  reprodaction  photographique  de  ce  manuscrit,  déposée  à  la  Bibliothèque 
nationale,  nouv.  acq.  lat.,  n*  139,  porte  le  titre  de  Registre  de  l'inquisition  de 
Garcassonne,  1249-1257;  voyez  Douais,  p.  426.  —  P.  432,  M.  Douais  men- 
tionne un  manuscrit  relatif  à  la  même  époque,  que  M.  Molinier  n'a  pas  connu  ; 
il  appartient  en  effet  à  M.  L.  Bonnet,  de  Béziers.  Il  se  compose  seulement  de 
2  feuillets  qui  paraissent  appartenir  au  môme  manuscrit  que  le  n"  155  de 
Toulouse. 

2.  Dans  ce  tome  XXYI,  on  trouve  les  traces  d'un  complot  tramé  vers  l'an  1283 
par  les  consuls  de  Garcassonne  et  un  certain  nombre  d'ecclésiastiques  de  cette 
ville,  pour  mettre  le  feu  aux  archives  de  l'inquisition  (voyez  Molinier,  p.  35  et 
note). 

3.  P.  161,  note,  M.  Molinier  mentionne  encore,  mais  sans  y  insister,  le  ma- 
nuscrit lat.  11013  de  la  Bibliothèque  nationale,  qui  contient  une  enquête  exécutée, 
de  1259  à  1262,  par  les  clercs  de  saint  Louis,  sur  les  demandes  d'anciens  pros- 
crits qui  réclamaient  la  restitution  de  biens  auparavant  confisqués.  Ce  manuscrit 
intéresse  surtout  les  personnes  compromises  dans  l'hérésie  albigeoise  dans  la 
première  partie  du  xiii*'  siècle. 


574 

de  ces  registres  mômes,  qui  forme  aujourd'hui  le  n«  11747  du  même 
fonds  (Molinier,  p.  33,  79  et  suiv.).  Ce  dernier  manuscrit  contient  le 
résumé  de  vingt-huit  séances  tenues  pour  la  plupart  dans  le  palais  de 
l'évêque  d'Albi ,  Bernard  de  Gastanet ,  entre  le  2  décembre  1299  et  le 
30  mars  1300 ,  sans  compter  une  liste  des  individus  nommés  par  les 
accusés  et  une  liste  des  prévenus. 

Le  registre  de  Geo£froi  d'Âblis,  1308-1309,  d'après  le  manuscrit  latin 
de  la  Bibliothèque  nationale,  n<>  4269  (Molinier,  p.  107  et  suiv.).  Cest 
une  minute  originale  d'interrogatoires  d'hérétiques;  on  y  voit  figurer 
d'importants  personnages ,  entre  autres  ce  missionnaire  albigeois  dont 
nous  parlions  plus  haut,  P.  Autier.  —  Le  manuscrit  11848  du  même 
fonds,  qui  est  une  copie  du  xvii^  siècle,  contient  les  procédures  et  juge- 
ments qui  composent  les  Actes  de  foi  publiés  par  Limborch  (Molinier, 
p.  31).  —  Enfin  le  manuscrit  latin  4270  est  aussi  une  copie  du  xvii®  siècle, 
faite  par  ordre  de  Baluze,  d'après  un  manuscrit  de  l'inquisition  de  Gar- 
cassonne.  Il  est  relatif  au  procès  de  Bernard  Délicieux  ;  M.  Hauréau  l'a 
mis  largement  à  profit  dans  sa  curieuse  étude  sur  ce  fougueux  francis- 
cain (Molinier,  p.  29). 

G'est  encore  la  collection  Doat  qui  nous  fournit  les  pièces  les  plus 
récentes  de  celles  qu'étudie  M.  Molinier  :  les  tomes  XXVII  et  XXVIU 
contiennent  des  sentences  prononcées  par  les  inquisiteurs  de  1318  à  1329; 
les  tomes  XXIX  et  XXX  des  formules  de  lettres,  de  sentences  et  actes 
du  xiv^  siècle  (Molinier,  p.  35).  Ges  deux  derniers  tomes  ne  sont,  en 
somme,  pas  autre  chose,  à  quelques  variantes  près,  que  la  fameuse 
Practica  de  Bernard  Gui. 

Gette  Practica^  M.  Molinier  lui  consacre  tout  le  chapitre  V  de  la 
deuxième  partie  (p.  197-233).  G'est  à  coup  sûr  un  des  textes  les  plus 
importants  pour  l'histoire  de  l'inquisition;  M.  Molinier  le  montre  fort 
bien  par  l'analyse  qu'il  fait  du  livre,  et  en  le  comparant  au  Directorium 
inquisitorum  de  l'inquisiteur  catalan  Nicolas  Eymeric  (p.  221).  Bernard 
Gui  s'y  peint  lui-même  avec  beaucoup  de  vie ,  et  le  portrait  que  nous 
pouvons  nous  faire  de  sa  personne  nous  le  représente  comme  le  type  de 
l'inquisiteur. 

Nous  sommes  arrivé  au  terme  de  ce  long  résumé.  On  nous  en  par- 
donnera peut-être  l'étendue  à  cause  de  l'importance  du  sujet.  Ajoutons 
que  les  analyses  de  l'auteur  sont  aussi  précises  qu'abondantes ,  qu'elles 
révèlent  un  érudit  exercé  et  un  esprit  vraiment  critique.  Malgré  les 
imperfections  que  nous  avons  signalées,  malgré  les  lacunes  que  d'autres 
ont  en  partie  déjà  comblées  ^,  son  livre  n'en  est  pas  moins  appelé  à 
rendre  de  réels  services  à  l'historien,  au  canoniste,  au  biographe;  on  ne 
pourra  plus  désormais  étudier  la  fin  de  la  persécution  albigeoise,  ni  les 

1.  Nous  le  répétons,  l'article  de  M.  Douais  doit  être  sans  cesse  rapproché  du 
livre  de  M.  Molinier  ;  il  y  ajoute  quelques  traits  nouveaux. 


>-2 


■i« 


:  :n^t>.  sar.*  recjurir  d'aix>rd  à  son  travail, 
.'tr-'ùH"-  :--  M.  M'*li:.ier  publie  le?  textes  même 
.L-^    :  T^^:  iczizLe  une  dette  qu'il  a  contractée 

G.  BiMONT. 


r^mt^atttn^'  -»  ^^o**"^    r-ir  LeoH  PiLrsTRK.  IIluMrations  sous  la 

.-.^':»*  S:;*'.-!. —  «.inquieine  lixraison  :  Ile-^fe-France 

.  .....     —  >  \.f r.:e  livrai-uu.  jinMiiiore  du  lome  II  :  Ile- 

^  ^  .-   ^  .:>f-v.-.».r<" .  l*aris,  (JuiMlin.  ISSI.  in-fol. 

:    .>  i-.i.s  ••onsacn»  'd\^\  ijuain-  pr»'mière>  livraisons 

-v?-  7. «s  d:*:"'n?»»  di»  revenir  surdos  points  precédem- 

.     ,.        \.>    {'■.■:«\:rs  savent    q::»*   ra'.:t»"'ur   de    la    Henaîssancf 

-  . .  \.       .:':' ru  il  i:  ion  ri  dt»  co-r.jréteDce  les  artistes  français 

..  '  A.oUizIe  ijui  attribue  aux  maîtres  italiens,  archi- 

-^   .»  >.-.;'. i'teiirs,  pres-ju»»  tnus  les  monuments  remar- 

\    '  >:t\'.o  a  laisses  sur  nùtn»  sul.  Nous  avons  constaté 

V  À  v.".e  oiude  ajipriifuniiit^  des  textes.  M.  Palustre  arrive 

v,  .'.trt^r,  a\ei'  preuves  à  Tappui,  Tinanitê  des  anciennes 

X  .-    .  .■.'.■, :s:îoe  commise  envers  nos  trrands  artistes  français. 

^    1 1  .'   .  :î  .ivaii  encore  rencontre  une  occasion  aussi  belle  qne 

,\    '.i\ raisons   qui  viennent  de  paraître,  de  détruire  des 

V  X  X  v'....i;:vs  et  de  remettre  nos  modestes  architectes  à  la  place 

i  Aiî'î.eui.  Il  s'ajîit  en  elTet  ici  de  deux  des  plus  importantes 

L    »  •  c   .'.^^  •A>va!es  du  xvi«  siècle  :  les  châteaux  de  Fontainebleau  et 


\,»^oi   ^*l^.'lo/Af^7M^  de  l'École  des  chartes,  aonéc  1879,  p.  483-487,  et 

-  \,'ii)  1.1  li^t«^  dos  gravures  comprises  dans  ces  deux  livraisons  ;  nous  fai- 
,»^«.«  |M\s<^loi  il'uiio  cnùi  l'indication  des  eaux-fortes  tirées  hors  texte.  Les 
«. ..\vii  M«nl,  iiiuiiuo  uouft  l'avons  fait  renian]uer  déjà,  imprimées  sur  le  papier 
.„Mii«^  du  itdiinio  ot  non  ooiUvs  après  le  tirage  : 

l'iihfuitnit'  ttvnnson  (tout  entière  relative  à  Fontainebleau)  : 

I    cliiiiiiiiii'i'  ili'  la  ii.ille  de  bal,  tête  de  page,  gr.  par  M.  Sadoux. 

.>    ri.iii  lin  lii.UiMu  (Ml  l^Ttî.  d'après  Ducerceau. 

I  «iiiillit  ilri  IMuN.  ^r.  par  M.  Sadoux. 
I     )    (iiiii  lii*  la  l'oulaine,  iticm. 

I    1*111  lo  ihi  pavillitn  des  Aumôniers,  idem. 

II  |.ii  ri'ihihle,  fi/r';/i. 

I     /  I.II  'Kiilo  dit  hal,  itirm. 

M  \li'iiilit  ilr  la  (  liaiM'ilo  Saint-Saturnin,  idem. 

Il  piMillitii  ilo  la  porto  IKmv,  gr.  (ur  M.  Boulard  fils. 

m  Mt^iiiti  paolloii.  cote  do  la  cour  ovale,  gr.  par  le  même. 


573 

A  force  de  rapprocher  les  dates,  de  comparer  les  édifices  de  la  même 
époque  élevés  dans  une  môme  province,  de  compulser  les  docu- 
ments originaux,  M.  Palustre  est  parvenu  à  établir  que  Sébastien  Serlio 
n'avait  point  travaillé  aux  constructions  du  palais  favori  de  Fran- 
çois I".  Il  a  fait  mieux  encore  :  grâce  à  sa  connaissance  approfondie 
des  lieux  et  des  monuments  du  temps  dont  il  s'occupe,  il  arrive  à 
déterminer  la  part  prise  par  chacun  de  nos  architectes  français  aux 
diverses  parties  du  château.  C'est  ainsi  que,  d'après  les  Comptes,  Pierre 
Ghambige  aurait  érigé  les  bâtiments  de  la  cour  du  Cheval -Blanc, 
Gilles  le  Breton,  le  plus  occupé  de  tous  les  habiles  hommes  qui  ont 
travaillé  à  Fontainebleau  sous  le  règne  de  François  !<",  aurait  fait  cons- 
truire le  péristyle  de  la  cour  Ovale  >  Tabside  de  la  chapelle  de  Saint- 
Saturnin  et  aurait  élevé  les  murs  de  la  salle  de  bal,  non  terminée  au 
moment  de  sa  mort.  Vers  4552,  Le  Breton  meurt  et  est  remplacé  par 
Philibert  de  l'Orme,  qui  termine  la  salle  de  bal  ou  galerie  Henri  H,  en 
substituant  un  plafond  à  compartiments  à  la  voûte  d'arête  projetée  par 
son  devancier,  et  qui  construit  l'escalier  monumental  de  la  cour  du 
Cheval-Blanc,  détruit  sous  Louis  XHI  et  remplacé  par  celui  qu'on  voit 
aujourd'hui.  Enfin,  l'architecte  dé  Henri  il  a  pour  successeur  Pierre 
Girard,  dit  Castoret,  qui  semble  avoir  dirigé  tous  les  travaux  exécutés 

-j- 11.  Décoration  de  la  galerie  de  François  I*',  gr.  par  M.  Sadoox. 

12.  Boiseries  de  la  galerie  de  Fonlainebleau,  idem. 

13.  Porte  de  l'hôtel  de  Ferrare,  idem. 

14.  Chapiteaux  du  péristyle,  idem. 

Sixième  livraison  : 

1.  Dessus  de  porte  à  Téglise  de  Monlfort-rAmaury,  gr.  par  M.  Sadoux. 

2.  Partie  intérieure  de  l'église  du  Mesnil-Aubry,  idem. 

3.  Transept  de  l'église  de  Magny,  idem. 
f  4.  Eglise  de  Yetheuil,  idem. 

f  5.  Ëglise  du  Belloy,  idem. 

6.  Fonts  baptismaux  de  Magny,  idem. 

7.  Statue  d'Anne  de  Montmorency,  gr.  par  M.  Ganjean. 

8.  Colonne  de  Henri  III,  érigée  à  Saint-Cloud,  en  1594,  gr.  par  M.  Sadoux. 
f  9.  Vase  du  cœur  de  François  l"  à  Saint-Denis,  gr.  par  M.  Gaujean. 

10.  Plan  du  château  de  Saint-Germain-en-Laye,  gr.  par  M.  Sadoux. 

11.  Plan  du  château  de  la  Muette,  idem. 

12.  Cheminée  du  château  de  Villeroy,  idem. 
-J- 13.  Écouen.  Péristyle  de  la  cour,  idem. 

14.  Plan  du  château  d'Écoaen,  idem, 
-{-15.  Écouen.  Façade  des  terrasses,  idem, 

16.  Tribune  de  la  chapelle  d'Éconen,  idem. 

17.  Carrelage  du  château  d'Êcouen,  idem. 

18.  Cheminée  d'Omerville,  idem. 

19.  Fontaine  de  Mantes,  idem, 

20.  Chapiteau  de  Téglise  de  Saint-Maclou  à  Pontoise,  idem. 


*  •»♦* 


574 

9-Vi«f»vrU  tt  «I  (^rlth  IX.  Boof  Ourlet  IX,  lei  tnTmx  eoat  sas- 
y  .Mt9f«4  irr4^ff*'jiM^  #ii«fiM(  4«  llcDri  IV,  OU  piQtS»u  le  guide  qui  permetuit 
» .  »if^'f«(  »A#  llf«y««i  «unée  ptr  année  Tenant  à  manquer  ai  1570,  on 
1.^  M  If  ^f/i^f/  féH  k  peti  prè».  ruriei  oonstroctions  de  la  fin  dn  xn«  siède. 
i^,f  ^A4Mi,  i^^*  im^ttftiM.  puisque  nous  possédons  encore  le  Tolome  le 
,.».f4  u4fi^f*lMiii  pf/ur  rhifUiire  du  palais,  celui  qui  comprend  tontes 
l\A  f\k^uk»f^  4m  i^nsi^^f/iê  I*'  et  de  Henri  IL  M.  Palustre,  prenant  soo- 
'^,KéH.»K44**chi  i  partie  les  divers  historiens  du  châtean,  les  gourmande 
i,  iMi;  fi$**é/it  4h  u'usoït  pas  su  lire  dans  les  textes  publiés,  il  y  a  trente 
Hh*,  p^  M-  i^.  de  I^aborde;  nous  nous  contenterons  de  donner  ici  la 
i^itt^iHè^^t  4m  la  thèse  soutenue  avec  une  grande  autorité  par  notre 
UiitUt^lMh  t  Ainsi,  s'écrie-t-il ,  durant  trente-huit  ans,  de  1528  à 
y  lU//;  ^^h\ii^fr»i  et  la  truelle  ne  cessèrent  pour  ainsi  dire  pas  de  fono- 

V  i4*mtmr  k  Kontaînehleau  ;  mais  les  Comptes,  qui,  presque  jour  par 
f  p/«4r;  mMU  font  asMister  au  développement  du  château,  n'ont  conservé 

V  ]i:  mmitiuir  d'aucun  architecte  italien.  Serlio,  à  qui  Ton  faisait  hon- 
«  ^mur  tU  la  majeure  partie  des  constructions,  n'est  nommé  nulle  part, 

V  tii  verjtiihlemerit  il  serait  bien  difficile  de  lui  donner  môme  une  petite 
M  itii^ui  au  iiiliiou  des  maîtres  français,  qui  ne  semblent  pas  avoir  été 
f  d)tf|iOtiés  à  s'incliner  devant  sa  compétence.  Sur  le  terrain  de  l'archi- 
(t  Uiciui'^f  nos  pères  sentaient  assez  leur  force  pour  ne  pas  céder  faci- 
I  Umnutf  ot  Hans  doute  ils  se  jugeaient  fort  bien  capables  de  présider 
M  A  U  nou voile  évolution » 

H'U  rufuse  aux  ôtrangors  toute  immixtion  dans  la  direction  des  b&tî- 
mmi*,  «'il  rcwondifiuo  pour  Pierre  Ghambige  Tinvention  du  style  dit 
iiiii(li|uo  ot  Ma  promiôre  application  à  la  grotte  des  Pins,  M.  Palustre 
rtituHMiult  ploinomont  tout  ce  que  la  décoration  intérieure  des  apparte- 
iHt^nlM  cil  (hm  galorioH  do  Fontainebleau  doit  aux  Italiens.  Encore 
fiiU-il  rontnnpior  avec  raison  que,  si  les  maîtres  venus  d'au-delà  des 
inoiiUi  avninnt  la  suprême  direction  do  la  peinture  et  de  la  sculpture, 
ptirnil  loi»  nombreux  et  habiles  artistes  chargés  d'exécuter  et  souvent 
(l'lt)l(«rpr(Mor  Unxn  conooptious  se  remarquent  bien  des  noms  français, 
«miout.  parmi  Ion  «ctilptours  en  stuc  ou  en  bois  de  la  galerie  de  Fran- 

ICu  Mouuui^^  il  n'oxi^torait  à  Fontainebleau,  diaprés  M.  Palustre,  qu'un 
i^olmutillou  du  ndvoir^fairo  do  So.rlio  :  la  porte  de  Thôtel  de  Ferrare. 
r.0ii0M^  uho  |>«\ri^illo  conc^H^tion  n^ost  pas  propre  à  donner  une  haute 
ht(^f>  du  mli^nt  do  «on  autmir. 

I  .VxAUton  «>onikACh^  au  chAuviu  do  Fontainebleau  prend,  on  le  voit,  par 
U  urtioro  )nf^)\lo  du  ««ujou  )vir  roriginalitè  des  aperçus,  par  la  nouveauté 
don  oonolM^iouMx  uno  imi^^ruiui^^  capitale, 

»lo  hv^i'OMoiNii  «oulomont  qui!^  lautour^  faisant  un  si  fréquent  et  si 
Imbtlo  uiif^^o  do«k  f\im|vfA<  f^>x  MUm^nts,  n'ait  pas  trouvé  le  moyen  de 
lOHdiv  i|Mo^oo  |Min  j^  Aihlnft  FolibitMi   IhiMuma^  reconnaissant  que 


575 

nous  lui  devons  pour  nous  avoir  conservé  ce  texte  précieux.  Bien  des 
personnes  ignorent  encore,  M.  de  Laborde  ne  le  dit  pas,  que  les 
Comptes  du  xvi*»  siècle  ne  nous  ont  été  conservés  que  dans  une  trans- 
cription analytique  faite  pour  l'usage  d'André  Félibien.  Les  originaux 
paraissent  à  jamais  perdus.  Il  serait  prudent  d'avertir  le  public,  comme 
je  Tai  fait  dans  la  préface  de  la  publication  laissée  inachevée  par 
M.  de  Laborde  et  terminée  par  M.  de  Montaiglon  et  par  moi. 

Cette  précaution  nous  paraît  d'autant  plus  nécessaire  que  l'historien 
qui  a  eu  les  registres  originaux  entre  les  mains,  qui  a  fait  faire  l'analyse 
abrégée  que  nous  possédon's,  n'en  attribue  pas  moins  à  certains  Italiens 
des  châteaux  dont  le  constructeur  est  indiqué  tout  au  long  dans  les 
Comptes.  C'est  ainsi  qu'il  fait  honneur  à  Serlio  du  château  de  Saint- 
Germain,  comme  le  remarque  M.  Palustre,  tandis  que  les  Comptes 
nous  donnent  le  nom  des  véritables  architectes  :  Pierre  Chambige  et, 
après  lui,  Guillaume  Guillain  et  Jehan  Langeois. 

Il  convient  donc  d'employer  les  documents  fournis  par  les  Comptes, 
imparfaitement  conservés  et  souvent  dénaturés  par  le  copiste  du 
xvn^  siècle,  avec  une  certaine  circonspection.  M.  Palustre  le  sait  d'ail- 
leurs aussi  bien  que  personne.  Aussi  â-t-il  continuellement  recours  à 
l'autorité  de  Vasari,  de  Ducerceau,  de  Philibert  de  l'Orme  et  autres 
écrivains  contemporains,  pour  combattre  les  erreurs  de  ses  prédéces- 
seurs. Seuls,  les  Comptes  des  bâtiments  ne  sont  ni  assez  clairs  dans 
leur  rédaction,  ni  assez  authentiques  dans  leur  forme,  pour  permettre 
de  contredire  à  une  tradition  qui  remonte  à  plusieurs  siècles. 

Si  la  première  des  deux  livraisons  que  nous  examinons  en  ce  moment, 
consacrée  à  un  seul  édifice,  le  plus  considérable,  il  est  vrai,  de  la  Renais- 
sance française,  permettait  à  l'auteur  de  longues  discussions,  la  seconde 
au  contraire  traite  d'un  si  grand  nombre  de  monuments  et  d'objets 
difTérents  que  nous  aurons  peine  à  en  donner  seulement  une  énuméra- 
tion  complète. 

Cest  d'abord  tout  un  groupe  de  petites  églises  de  village  situées  au 
nord  de  Paris  dans  une  même  contrée,  et  construites  ou  plutôt  rema- 
niées et  décorées  sous  l'influence,  sinon  sous  la  direction,  de  l'archi- 
tecte de  Chantilly  et  d'Écouen.  M.  Palustre  retrouve  en  effet  les  signes 
caractéristiques  du  style  de  Jean  Bullant  dans  l'église  de  Montmorency, 
dans  la  façade  de  celle  du  Belloy,  érigée  vers  1540,  dans  celle  de  Sar- 
celles (1535),  dans  Içs  contre-forts  de  Villiers-le-Bel,  qui  portent  les  dates 
de  1545  et  1550,  dans  la  façade  de  l'église  de  Saint-Damien,  àLuzarches, 
et  aussi  dans  l'église  de  Goussain ville,  construite  en  1559,  dans  celle  de 
ris  le- Adam,  achevée  en  1567,  celle  de  Maffliers  (dont  le  chœur  date 
seul  de  la  Renaissance),  et  celle  du  Mesnil-Aubry,  datée  de  1582. 

L'église  de  Saint-Maclou,  à  Pontoise,  appartient  à  une  autre  école. 
Un  acte  récemment  publié  a  établi  qu'un  certain  Pierre  Lemercier  fut 
chargé,  en  1562,  de  terminer  la  tour.  M.  Palustre  déduit  avec  vraisem- 


566 

M.  Molinier  divise  les  documents  d'inquisition  en  documents  déjà 
publiés  et  en  documents  encore  inédits.  Cette  division  se  comprend, 
puisque  le  présent  travail  porte  avant  tout  sur  les  textes  inédits.  Quant 
à  ces  derniers,  était-il  utile ,  était-il  même  logique  de  les  répartir  en 
deux  subdivisions  :  copies  et  originaux  proprement  dits  ?  Sans  doute 
les  copies  ont  moins  de  valeur  que  les  originaux  ;  il  est  fort  à  craindre 
qu'elles  soient  incorrectes,  et  elles  donnent  plus  de  soucis  à  l'éditeur 
chargé  de  les  publier  ;  mais,  si  on  leur  demande  seulement  des  rensei- 
gnements sur  l'histoire ,  la  législation ,  la  procédure ,  la  biographie  de 
tel  inquisiteur  ou  de  tel  hérétique,  et  si  d'autre  part  aucun  soupçon  ne 
peut  s'élever  sur  leur  authenticité ,  en  quoi  la  copie  aurait-elle  moins 
d'importance  que  Toriginal  perdu  ?  M.  Molinier  pul)lie  la  chronique  de 
Guillem  Pelisson  d'après  une  copie  manuscrite  de  Garcassonne  ;  ne  pou- 
vons-nous ,  en  toute  sécurité  de  conscience ,  utiliser  son  texte ,  avant 
même  que  M.  Tabbé  Douais^  ait  publié  un  nouveau  texte  de  cette  chro- 
nique d'après  l'original  conservé  aux  archives  d'Avignon?  Le  registre 
des  sentences  de  l'inquisition  de  Toulouse  est  perdu.  Limborch  l'avait 
eu  quatre  ans  entre  les  mains  ;  nous  n'avons  plus  que  le  texte  pubUé 
par  lui  ;  ce  texte  a  n'en  demeure  pas  moins,  —  c'est  M.  Molinier  qui 
parle  (p.  7),  —  de  la  plus  haute  valeur^,  t  Cette  distinction  fâcheuse  en- 
traîne des  conséquences  regrettables  :  ainsi  le  manuscrit  de  la  Biblio- 
thèque nationale,  n»  12856,  a  été  copié  sur  les  registres  originaux  en 
parchemin  de  l'inquisition  d'Albi  ;  or  nous  avons  conservé  une  partie 
de  ces  registres  originaux  ;  elle  forme  le  ms.  H847  de  la  Bibliothèque 
nationale;  mais  le  ms.  12856  est  étudié  p.  33,  et  le  ms.  11847  p.  79  et 
suivantes.  Enfin  nous  ne  saisissons  pas  bien  les  raisons  qui  ont  guidé 
M.  Molinier  dans  le  classement  des  originaux  proprement  dits  ;  c'est 
ainsi  qu'il  étudie  successivement  :  les  sentences  de  Bernard  de  Caux  et 
de  Jean  de  Saint-Pierre,  1246-1248  (deuxième  partie,  chap.  I");  le 
procès  de  l'inquisition  d'Albi,  1299-1300  (chap.  Il);  le  registre  deGeof- 
froi  d'Ablis,  1308-1309  (chap.  III);  les  enquêtes  de  Bernard  de  Caux  et 
de  Jean  de  Saint-Pierre,  1245-1246  (chap.  IV)  ;  la  Practica  de  B.  Gui, 
début  du  XIV®  siècle  (chap.  Y)  ;  le  registre  de  l'inquisition  de  Toulouse, 
1254-1256  (chap.  VI);  le  registre  du  greffier  du  tribunal  de  l'inquisition 
de  Garcassonne,  1250-1258  (troisième  partie,  chap.  I®»").  Il  eût  été  infini- 
ment préférable,  à  notre  avis,  de  renoncer  à  ces  divisions,  à  ces  classi- 
fications arbitraires  ;  il  eût  fallu  suivre  l'ordre  chronologique ,  sans 
s'inquiéter  de  savoir  si  tel  document  nous  est  parvenu  sous  forme  de 

1.  Voyez  la  Revtie  des  questions  historiques,  \"  octobre  1881,  p.  409,  note  5. 
Nous  reviendrons  plus  loin  sur  cet  article. 

2.  A  la  page  précédente,  il  est  vrai,  M.  Molinier  disait  qne  ce  fait  qne  l'ori- 
ginal est  perdu  enlève  aux  sentences  de  Limborch  <  quelque  chose  de  leur 
valeur  »  (cf.  p.  23). 


567 

copie  ou  dans  Toriginal.  Nous  aurions  suivi  ainsi  pas  à  pas  Thistoire  et 
les  progrès  de  Tinquisition.  Pour  la  biographie  du  ministre  P.  Autier, 
par  exemple,  nous  n'aurions  pas  eu  besoin  de  recourir  de  la  page  143  à 
la  page  109,  ni,  pour  celle  de  l'inquisiteur  Bernard  de  Gaux,  de  la  page 
57  à  la  page  192.  De  même  nous  aurions  mieux  compris  le  dévelop- 
pement progressif  de  la  procédure  inquisitoriale,  et,  après  avoir  assisté 
aux  enquêtes  de  Bernard  de  Gaux  en  1245-1246,  aux  procès  entamés  à 
Toulouse  et  à  Garcassonne  de  1250  à  1258,  puis  à  Albi  en  1299  et  1300 
et  par  devant  Geoffroi  d'Ablis  en  1308-1309,  nous  aurions  été  tout  à  fait 
préparés  à  Tétude  de  la  Practica  de  Bernard  Gui ,  qui  donne  la  théorie 
et  comme  le  dernier  mot  des  formes  employées  par  les  dominicains  du 
Midi  pour  instruire  les  procès,  juger  les  accusés,  condamner  les 
coupables. 

Nous  voudrions  présenter  à  M.  Molinier  une  dernière  critique.  Il  se 
défend  à  plusieurs  reprises  de  faire  autre  chose  qu'une  étude,  qu'une 
bibliographie  raisonnée  des  sources  ;  mais  le  très  vif  intérêt  des  docu- 
ments qu'il  analyse  Tentraîne  forcément  à  sortir  du  cadre  qu'il  s'est 
tracé.  Désireux ,  et  à  bon  droit ,  de  montrer  à  combien  de  titres  divers 
ces  documents  doivent  intéresser  l'histoire ,  il  ne  se  contente  pas  d'une 
sèche  nomenclature  de  faits  et  de  dates,  il  extrait  des  textes  qu'il  a  sous 
les  yeux  une  foule  de  renseignements  curieux  sur  les  personnages  qui 
se  trouvent  mêlés  à  l'histoire  de  l'inquisition,  sur  l'état  moral,  social  ou 
religieux  du  Midi  après  la  conquête  française,  sur  la  procédure  inquisi- 
toriale. Ge  dernier  point  surtout  l'occupe.  Sans  doute  il  n'a  pas  la 
prétention,  comme  il  le  déclare  à  plusieurs  reprises  (p.  ex.  p.  367), 
de  nous  présenter  un  tableau  complet  de  cette  procédure,  mais  il  est 
évident,  à  lire  son  livre,  ou  même  la  table,  très  détaillée  d'ailleurs  et  très 
utile,  que  c'est  pour  l'histoire  de  cette  procédure  que  les  documents 
anal3rsés  par  lui  fournissent  les  indications  les  plus  précieuses.  Aussi  con- 
sacre-t-il  toute  la  troisième  partie  de  son  ouvrage  au  registre  du  greffier 
du  tribunal  de  Garcassonne,  et  près  de  150  pages  (p.  311  à  453)  à  la 
procédure  suivie  devant  ce  tribunal.  Ge  n'est  pas  nous  qui  nous  plain- 
drons de  cette  large  place  donnée  à  un  sujet  que  M.  Molinier  déclarait 
ne  vouloir  toucher  qu'au  passage,  sans  le  traiter  à  fond  ;  mais  ici  encore 
nous  avons  été  frappé  du  défaut  de  méthode.  Il  n'est  pas  un  des  docu- 
ments analysés  par  lui  qui  n'apporte  des  traits  particuliers  à  ce  tableau 
de  la  procédure  inquisitoriale;  il  les  relève  d'ailleurs  avec  autant  de 
soin  que  d'intelligence  lorsqu'il  étudie  chacun  de  ces  documents.  Qu'en 
résulte-t-il  ?  G'est  que,  pendant  toute  la  première  moitié  de  son  ouvrage, 
nous  recueillons  chez  lui  les  éléments  épars  d'une  étude  générale  sur 
cette  procédure;  et  qu'à  la  fin  il  nous  donne  cette  étude  générale  d'après 
un  seul  document.  N'eût-il  pas  mieux  valu,  soit  renoncer  à  cette  étude 
générale  que  M.  Molinier  déclare  lui-môme  prématurée,  soit  en  prendre 
bravement  son  parti ,  et  consacrer  un  chapitre  entier  à  l'étude  de  la 


568 

procédare  telle  qu'elle  ressort  de  tous  les  documents  analysés  ?  M.  Moli- 
nier  semble  d'ailleurs  avoir  senti  çà  et  là  (p.  63 ,  104,  428)  l'inconvé- 
nient de  sa  méthode  ;  on  ne  voit  pas  toujours  très  bien  ni  ce  qu'il  veut 
faire,  ni  ce  qu'il  ne  veut  pas. 

Ces  critiques  sont  après  tout  de  pure  forme,  une  question,  jusqu'à 
un  certain  point  secondaire,  d'arrangement.  Le  livre  de  M.  Molinier 
n'en  a  pas  moins  une  importance  toute  particulière;  il  est  de  ceux  qui 
ouvrent  aux  historiens  de  nouvelles  voies,  en  leur  indiquant  des  docu- 
ments mal  explorés  encore,  ou  même  inconnus,  sur  une  des  plus  grosses 
questions  qui  intéressent  l'histoire  religieuse  au  moyen  âge.  D  nous  sera 
facile  de  justifier  cet  éloge,  qui  n'a  rien  de  banal ,  en  analysant  rapide- 
ment  à  notre  tour,  et  d'après  son  livre,  les  textes  qu'il  nous  fait 
connaître.  Ces  textes  sont  moins  nombreux  encore  qu'importants  ;  ils 
n'épuisent  pas  d'ailleurs  la  matière  :  dans  un  récent  article  publié  par 
la  Revue  des  questions  historiques  (!«'  oct.  1881),  M.  l'abbé  Douais,  qui 
s'est  fait  récemment  connaître  en  publiant  le  premier  volume  d'une 
Histoire  des  Albigeois^  a  repris  la  question  traitée  par  M.  Molinier,  et  a 
indiqué  plusieurs  documents  qui  avaient  échappé  à  ce  dernier;  nous  les 
indiquerons  à  leur  place  ^  Nous  ne  parlerons  pas  des  documents 
imprimés,  dont  M.  Molinier  nous  donne,  au  chapitre  I*'  de  la  1'*  partie, 
une  énumération  qui  semble  bien  être  complète  ^  ;  nous  nous  attachons 
seulement  à  ceux  qui  sont  restés  manuscrits. 

La  collection  Ooat,  conservée  à  la  Bibliothèque  nationale,  est,  on  le 
sait,  une  mine  inépuisable  de  documents  relatifs  à  l'histoire  du  Midi, 
ou  plus  précisément  du  Languedoc.  Dix-sept  volumes  de  cette  collection 
ont  été  analysés  par  M.  Molinier  (p.  34  et  suiv.);  nous  n'en  noterons 
ici  que  deux,  les  tomes  XXXVI  et  XXX Vn.  €e  dernier  contient, 
entre  autres  textes  précieux,  la  Disputatio  inter  catholicum  et  paterinum 
hereticum,  composée  sans  doute  par  Grégoire  de  Florence,  évoque  de 
Fano,  mort  en  1240  ;  la  Summa  de  catharis  et  leonistis,  écrite  en  1250, 
par  l'inquisiteur  R.  Sacconi,  de  Plaisance,  sorte  de  manuel  destiné  aux 
juges  d'inquisition;  ce  qui  augmente  encore  le  prix  de  cet  ouvrage, 
c'est  que  l'auteur  avait  lui-même  avant  sa  conversion  fait  partie  de  la 


1.  M.  Douais,  dans  Tarticle  auquel  nous  renvoyons,  suit  Tordre  chronologique; 
il  a  parfaitement  raison.  Il  remonte  à  Tannée  1160,  où  l'Ëglise  commence  sérieu- 
sement et  avec  méthode  à  rechercher  les  hérétiques.  Il  semble  reprocher  à 
M.  Molinier  d'avoir  omis  cette  étude  préliminaire;  mais  chacun  est  maître  de 
limiter  le  champ  de  ses  travaux. 

2.  M.  Douais  reproche  à  M.  Molinier  (p.  416)  de  n'avoir  pas  indiqué  le  très 
curieux  Débat  d'Izarn  et  de  Sicart  de  Figueiras,  publié  par  M.  Paul  Meyer 
dans  V  Annuaire- Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  de  France  pour  1879;  ce 
reproche  n'est  nullement  fondé ,  car  la  thèse  de  M.  Molinier  était  déjà  entière- 
ment imprimée  quand  parut  ce  Débat, 


569 

secte  cathare  (p.  38;  cf.  p.  263,  note);  enfin  des  extraits  du  De 
septem  donis  Spiritus  Sancti,  composé  par  Etienne  de  Bourbon  ou  de 
Belle  ville. 

On  peut  placer  après  ces  textes  la  chronique  de  Guillem  Pélisson. 
Pélisson,  né  à  Toulouse,  où  il  mourut  en  1268,  a  écrit  le  récit  des  évé- 
nements auxquels  il  a  été  mêlé  de  1229  à  1237.  Cette  chronique  (je  suis 
ici  M.  Douais,  mieux  informé  que  M.  Molinier)  a  été  insérée  au 
XIV*  siècle  par  Bernard  Gui  dans  l'histoire  des  couvents  de  son  ordre  ; 
«  c'est  ainsi  qu'elle  est  parvenue  jusqu'à  nous.  L'exemplaire  conservé 
à  la  bibliothèque  d'Avignon  est  le  seul  qui  nous  reste;  cette  copie  fut 
exécutée  sous  les  yeux  ou  tout  au  moins  du  temps  de  Bernard  Gui.  La 
bibliothèque  de  Garcassonne  possède,  sous  le  n*  6449,  une  autre  copie 
de  la  chronique,  mais  elle  est  récente,  fautive,  d'une  main  peu  expéri- 
mentée. C'est  cette  copie  que  M.  C.  Molinier  a  éditée ^..  • 

Les  enquêtes  de  Bernard  de  Caux  et  de  Jean  de  Saint-Pierre,  1245- 
1246,  contenues  dans  le  manuscrit  155,  l'®  série,  de  la  bibliothèque  de 
la  ville  de  Toulouse  (Molinier,  p.  163  et  suiv.);  c'est  une  transcription 
faite  sur  les  registres  originaux  des  notaires  de  l'inquisition  ;  ce  manus- 
crit contient  des  détails  infinis  pour  l'histoire  des  doctrines  albigeoises, 
pour  la  filiation  des  familles  hérétiques,  etc.^. 

Les  sentences  de  Bernard  de  Caux  et  de  Jean  de  Saint-Pierre ,  1246- 
1248,  dans  le  ms.  9992  du  fonds  latin  de  la  Bibliothèque  nationale 
(Molinier,  p.  55  et  s.).  C'est  un  fragment  qui  contient  les  fol.  cli  à  CLxn 
ayant  appartenu  sans  doute  à  un  des  registres  originaux  de  Toulouse 
(voyez  p.  59).  Ces  sentences  sont  des  actes  de  foi  ou  sermons  publics 
prononcés  dans  des  assemblées  solennelles  composées  du  haut  clergé  de 
Toulouse  ou  des  environs,  en  présence  de  dignitaires  laïques,  de  mem- 
bres du  chapitre  et  du  peuple.  Il  nous  montre  la  justice  inquisitoriale 
à  ses  débuts. 

Le  registre  de  l'inquisition  de  Toulouse,  1254,  1256,  provenant  des 
archives  départementales  de  Toulouse;  il  se  compose  de  cinq  feuilles 
doubles,  soit  dix  feuillets,  qui  servaient  de  couverture  à  divers  registres 
du  contrôle  des  exploits  datés  de  1674  et  de  1675;  inutile  d'ajouter  que 
ces  cinq  feuilles  ne  se  suivent  pas  (Molinier,  p.  237  et  suiv.).  Ce  manus- 
crit a  beaucoup  de  points  de  ressemblance  avec  celui  de  Toulouse  n®  155, 
dont  nous  avons  parlé  plus  haut.  Il  donne  de  très  curieux  détails  sur 
le  missionnaire  cathare  Guillem  Fournier,   de  Toulouse,  et  sur  ses 


1.  Revue  des  qtiestions  historiques,  p.  409. — Voyez  aussi  p.  413,  où  M.  Douais 
mentionne  des  pièces  relatives  à  un  procès  de  canonisation  des  inquisiteurs  tués 
à  Avignonet  en  1242,  d'après  les  archives  de  la  Haute-Garonne. 

2.  A  cette  même  époque,  qui  est  celle  du  concile  de  Lyon,  a  rapport  le  Débat 
d'Izarn  et  de  Sicart  de  Figueiras,  dont  nous  parlions  plus  haut. 

37 


582 

c  i*Earope,  t  au  dire  de  ceux  qui  l'ont  connfie.  Le  charmant  et  sérieux 
Tolame  que  loi  a  consacré  M.  Bonnassieox  en  assure  pour  toujours  le 
souvenir. 

Les  soins  donnés  à  Pimpression,  les  nombreuses  planches  jointes  à 
l'ouvrage  sont  le  digne  complément  du  mérite  de  la  rédaction; 

Les  Origines  de  Vimprimerie  à  Tours  (4467-4550),  contenant  la 
nomenclature  des  imprimeurs  depuis  la  fin  du  XV*  siècle  jusqu'en 
4850,  par  le  docteur  E.  Giiuudbt.  Tours,  impr.  Rouillé-Ladeyèze; 
Paris,  Picard,  4884.  In-8*,  yiii-432  pages. 

Le  bel  et  intéressant  ouvrage  que  M.  le  docteur  Giraudet  a  consacré 
aux  origines  de  Timprimerie  à  Tours  comprend  huit  chapitres,  dont  la 
plupart  se  font  remarquer  par  la  nouveauté  et  la  sûreté  des  informa- 
tions. 

Dans  le  premier  chapitre,  l'auteur  essaie  d'établir  que  Nicolas  Jenson 
aurait  imprimé  à  Tours  en  1467  un  livret  de  François  Fiorio  terminé 
par  cette  souscription  :  c  Ëditus  in  domo  Guillermi.Archîepiscopi 
Turonensis,  anno  Domini  millesimo  quadringentesimo  sexagesimo 
septimo,  pridie  kalendas  Januarii.  i  Mais  il  est  démontré  depuis  long- 
temps que  cette  souscription  se  rapporte  à  un  exemplaire  manuscrit, 
d'oii  elle  est  passée  dans  les  différentes  éditions  de  l'opuscule  de 
Fr.  Fiorio.  L'édition  dont  on  a  voulu  faire  honneur  à  la  ville  de  Tours, 
et  dont  la  Bibliothèque  nationale  possède  un  exemplaire  (réserve  Y^ 
66),  a  été  faite  à  Paris,  vers  Tannée  1475,  dans  l'atelier  de  Pierre  Gsesa- 
ris  et  de  Jean  Stoll.  Cette  attribution,  qui  est  déjà  consignée  dans  le 
Repertorium  de  Hain  (t.  Il,  p.  395,  n*  7192),  est  indiscutable. 

Dans  le  chapitre  ii  sont  des  détails  précis  sur  deux  œuvres  attribuées, 
avec  quelque  vraisemblance,  à  une  succursale  que  la  maison  parisienne 
de  Jean  Dupré  aurait  établie  à  Tours  :  un  livre  sur  les  états  de  Tours, 
qu'on  doit  rapporter  à  l'année  1484,  et  un  missel  portant  la  souscrip- 
tion :  c  Impressum  est  hoc  missale  Turon.  Anno  Domini  mgggglxxxv.  t 

Le  chapitre  m,  consacré  à  Simon  Porcellet,  fournit  de  très  précieux 
renseignements  sur  le  bréviaire  que  ledit  Simon  Porcellet  acheva 
d'imprimer  en  1494  pour  le  chapitre  de  Saint-Martin  de  Tours. 
M.  Giraudet  a  eu  la  bonne  fortune  de  pouvoir  publier  quatre  articles, 
jusqu'à  présent  inédits,  des  registres  capitulaires  de  Saint-Martin  de 
Tours,  relatifs  à  l'impression  du  bréviaire. 

Dans  le  chapitre  iv,  relatif  à  Mathieu  Latheron,  nous  avons  remar- 
qué, outre  la  description  des  principaux  livres  exécutés  par  cet  impri- 
meur, le  texte  de  deux  actes  notariés,  dont  le  second,  en  date  du 
31  mai  1522,  nous  fait  connaître  à  quelles  conditions  les  héritiers  de 
feu  Mathieu  Latheron  cédèrent  un  certain  nombre  de  livres  liturgiques 
à  Charles  de  Bougne,  libraire  d'Angers. 


583 

Le  chapitre  y  nous  fait  connaître  les  travaux  de  Mathieu  Ghercelé, 
dont  la  biographie  se  trouve  également  éclairée  par  plusieurs  actes  nota- 
riés. —  Vient  ensuite  le  chapitre  de  Jean  Rousset.  Nous  y  avons 
remarqué  un  contrat  de  Tannée  1547,  qui  mérite  d'être  cité  textuelle- 
ment, tant  il  renferme  de  renseignements  sur  l'état  du  matériel  typo- 
graphique au  milieu  du  xvi«  siècle  : 

«  Le  deuxième  jour  de  juillet,  Tan  1547,  en>la  court  du  roy  nostre 
sire  à  Tours,  par  devant  moy,  Barthélémy  Terreau,  notaire  royal,  hono- 
rable homme  Jehan  Rousset,  marchand  imprimeur  et  libraire^  demeu- 
rant en  ceste  ville  de  Tours,  paroisse  de  Sainct  Vincent,  lequel  volon- 
tairement a  recogneu  et  confessé  par  ces  présentes  avoir  faict  vendicion 
à  honorable  homme  Jehan  Lambert,  maistre  ouvrier  en  drap  de  soye, 
des  meubles  que  s'enssuit  : 

a  lo  La  fonte  de  Messel,  texte  et  glose,  poisant  400  livres  d'estaing  et 
de  plomb  ; 

f  2»  La  fonte  du  Bourgeoys,  texte  et  glose,  poisant  300  livres  ; 

<f  3o  La  fonte  du  Romain,  avec  les  grosses  capitales,  poisant  200 
livres  ; 

f  4*  La  fonte  du  Gros  canon  et  de  la  notte,  avec  les  reglets,  poisant 
300  livres  ; 

f  5"  Les  histoires  de  cuyvre,  tant  la  monture  que  les  histoires 
grandes  en  cuyvre,  et  aussi  plusieurs  vignettes  montées  en  plomb  et 
estaing  ;  le  tout  montant  à  1500  livres  poisant  ; 

«  6*  Une  presse  de  cuyvre  et  fer,  avec  deux  châssis  et  autres  ustan- 
ciles  d'imprimerye  ; 

«  7*  Un  pot  de  fer  à  faire  l'encre  ; 

«  8*  Cinq  cens  rudimens  de  Pelisson,  en  pappier,  non  reliez,  estans 
en  la  boutique. 

«  Le  tout  pour  et  moyennant  la  principale  somme  de  350  livres. 

«  Faict  et  passé  à  Tours,  en  l'estude  du  dict  notaire,  etc.  » 

Nous  ne  voyons  rien  à  signaler  dans  Fappendice,  qui  a  pour  sujet  la 
vie  de  Nicolas  Jenson,  de  Christophe  Plantin  et  de  Guillaume  Rouillé, 
ni  dans  la  liste  des  imprimeurs  établis  à  Tours  depuis  le  xv*  siècle  jus- 
qu'en 1850. 


Mittheilungen  des  Instituts  fur  oesterreichische  Geschichtsforschung. 
IL  B.,  2.,  3.,  4.  H.  Innsbruck,  Wagner,  ^SS-I.  In-8%p.  n7-672. 

Voici  le  sommaire  très  succinct  des  matières  contenues  dans  les  trois 
derniers  cahiers  de  cette  revue,  qui  complètent  la  seconde  année  (1881). 

Julius  Ficker,  Neue  Beitrâge  zur  Urkundenlehre ,  II  (p.  177-221). 
Nouvelles  observations,  principalement  sur  les  erreurs  qui  peuvent  se 
trouver  dans  Tindication  des  témoins,  à  la  fin  des  actes  impériaux.  Ces 


584 

erreurs  donnent  très  rarement  le  droit  de  suspecter  Tauthenticité  des 
actes. 

P.  Schweitzer,  Ueher  dos  sogennante  Formelbuch  Albrechts  I  (p.  223- 
264).  Étude  sur  les  sources  de  ce  recueil,  concluant  à  Pauthenticité  des 
actes  d'Albert  qui  s'y  trouvent. 

Th.  Sickel ,  Erklàrung  anomaler  Datirungsformeln  in  den  Diplomen 
Otto  1  (p.  265-280).  Les  anomalies  qu'on  remarque  dans  les  formules  de 
date  de  plusieurs  diplômes  d'Otton  I"'  ne  s'expliquent  pas  toutes  par  les 
mêmes  causes.  Les  unes  tiennent  aux  habitudes  différentes  des  fonc- 
tionnaires qui  se  sont  succédé  dans  la  chancellerie  d'Otton,  les  autres 
à  de  purs  hasards.  Les  bons  notaires  dataient  presque  toujours  réguliè- 
rement. 

Max  Lehrs,  Zu  Diirers  Studium  nach  der  Antike,  ein  Nachtrag  zu  dem 
Aufsatze  von  Franz  Wickhoff  (p.  281-286).  Sur  l'étude  qu'A.  Durer  a 
faite  des  monuments  de  l'art  antique.  Plusieurs  gravures  dans  le  texte. 

Kleine  Mittheilungen  (p.  287-309).  —  G.  v.  Buchwald,  sur  la  procé- 
dure des  jugements  de  Dieu.  Trois  formules  pour  la  bénédiction  des 
objets  qui  servaient  aux  épreuves.  —  Gesare  Paoli,  un  document  sur 
la  chancellerie  italienne  de  Henri  VII  (1310).  —  E.  Mùhlbacher,  sur 
l'histoire  du  roi  d'Italie  Bernard,  petit-fils  de  Charlemagne.  —  A.  Kâ- 
rolyi,  la  capture  de  l'électeur  Jean-Frédéric  de  Saxe  à  la  bataille  de 
Mùhlberg. 

J.  Loserth,  Die  Herrschaft  der  Langobarden  in  Bôhmen,  Mdhren  und 
Rugiland,  ein  Beitrag  zur  Frage  iXher  den  Zeitpunkt  der  Einwanderung 
der  Baiern  (p.  353-364).  Recherches  sur  les  invasions  en  Bohême  et 
dans  les  pays  voisins,  au  v«  et  au  vi«  siècle. 

Alfons  Huber,  Beitrâge  zur  âlteren  Geschichte  Oesterreichs  (p,  365-388). 
L'auteur  étudie  successivement  :  l*»  la  frontière  des  pays  bavarois  et 
lombard  ou  de  l'Allemagne  et  de  l'Italie  sur  la  rive  droite  de  TAdige  ; 
2°  l'étendue  de  la  Grande-Moravie  du  côté  du  sud-est  ;  3*  l'origine 
et  4"  la  généalogie  des  marquis  ou  margraves  d'Autriche  ;  5*  l'étendue 
du  royaume  de  Bohême  sous  Boleslas  II. 

Jaroslav  Goll,  Der  Fûrstentag  zu  Tribur  und  Oppenheim  (1076),  ein 
Beitrag  zur  Kritik  der  Quellen  (p.  389-399). 

S.  Laschitzer,  Die  Verordnungen  liber  die  Bibliotheken  und  Archive  der 
aufgehobenen  Klôster  in  Oesterreich  (p.  401-440).  Étude  des  prescrip- 
tions édictées  en  Autriche,  à  partir  de  1773,  sur  les  bibliothèques  et 
archives  des  maisons  religieuses  supprimées. 

August  V.  Jaksch,  Unedirte  Diplôme  :  I,  aus  Arezzo  und  Novara 
(p.  441-454).  Texte  de  deux  diplômes  de  Louis  le  Débonnaire  pour 
Arezzo,  de  819.  Analyse  de  dix-sept  diplômes  divers,  pour  l'Italie,  de 
840  à  919. 

Kleine  Mittheilungen  (p.  455-460).  —  J.  Ficker,  trousseau  et  mobi* 
lier  d'une  mariée  dans  la  Pouille  au  xii®  siècle.  Curieux  document,  pro- 


585 

venant  de  la  terre  de  Bari  et  daté  de  mai  1184.  Nombreux  termes 
techniques,  souvent  obscurs.  —  K.  Schalk,  les  partis  à  Vienne  à  la  fin 
du  XIV*  siècle.  —  M.  Thausing,  le  cadavre  de  Charles-Quint.  Détails 
sur  Touverture  du  cercueil  de  Tempereur,  à  PEscurial,  en  1870. 

Julius  Ficker,  Konradins  Marsch  zum  palentinischen  Felde  (p.  513- 
550,  carte).  Étude  importante  sur  la  bataille  des  campi  Palentini  ou  de 
Tagliacozzo,  oii  Charles  d'Anjou  défit  Conradin  de  Hohenstaufen,  le 
23  août  1268,  et  sur  les  faits  qui  avaient  immédiatement  précédé  la 
bataille.  M.  Ficker  s'est  attaché  à  résoudre  dans  le  plus  grand  détail  les 
questions  topographiques  relatives  à  ces  événements. 

E.  V.  Ottenthal,  Die  âltesten  Rechnungsbûcher  der  Herren  von  Schlan- 
dersberg  (p.  551-614).  Extraits  des  livres  de  compte  d'une  famille  sei- 
gneuriale du  Tyrol  au  xiv«  et  au  xv*  siècle.  Détails  sur  le  prix  des 
denrées,  des  objets  mobiliers,  les  conditions  de  la  vie,  etc. 

Kleine  Mitiheilungen  (p.  615-631).  — H.  Zimerman,  falsification  d'une 
bulle  du  pape  Innocent  YtU  par  un  escroc  grec,  en  Italie,  en  1488.  — 
C.  Paoli,  la  réforme  du  calendrier  au  concile  de  Latran  en  1516.  Pièce 
relative  à  un  projet  de  Léon  X,  qui  n'aboutit  pas. 

Julien  Havbt. 

Lecture  et  Transcription  des  vieilles  écritures.  Manuel  de  paléogra- 
phie des  XVPj  XVII*,  XVIIb  siècles,  composé  de  pièces  extraites 
des  collections  publiques  et  particulières  et  destiné  aux  institu- 
teurs^ par  A.  DE  BooRMONT,  élève  de  l'École  des  chartes,  chargé  du 
cours  de  paléographie  à  l'École  normale  primaire  du  Calvados. 
Caen,  Le  Blanc- Hardel -,  Paris,  Picard,  \%%\,  In-folio  oblong.' 

Un  élève  de  l'École  des  chartes,  avant  même  d'avoir  obtenu  son 
brevet  d'archiviste-paléographe,  a  conçu  le  projet  d'initier  les  institu- 
teurs à  la  lecture  des  parchemins  et  des  papiers  des  derniers  siècles  qui 
se  trouvent  encore  en  grand  nombre  dans  les  mairies ,  dans  les  sacris- 
ties ou  les  presbytères  et  même  dans  beaucoup  de  maisons  des  moindres 
villages.  Avec  un  zèle  qui  ne  saurait  être  trop  loué  et  qui,  du  reste,  a 
été  récompensé  par  le  succès,  il  a  montré  que  ce  projet  n'avait  rien  de 
chitnérique ,  et  les  résultats  obtenus  par  lui  dans  le  département  du 
Calvados  sont  de  nature  à  encourager  ceux  qui  voudraient  généraliser 
l'expérience.  Il  n'y  avait  d'ailleurs  là  qu'un  retour  aux  anciennes  pra- 
tiques :  nous  nous  rappelons  encore  bien  le  temps  où  les  enfants  des 
écoles  primaires  étaient  exercés  à  la  lecture  des  contrats. 

Le  recueil  qu'a  formé  M.  de  Bourmont  facilitera  singulièrement  la 
tâche  de  ceux  qui  voudront  marcher  sur  ses  traces.  On  y  trouve,  en 
effet,  le  fac-similé  héliographique  de  dix-neuf  morceaux  qui  repré- 
sentent très  convenablement  les  principaux  genres  d'écriture  employés 
en  France  dans  les  actes  des  trois  derniers  siècles.  A  ces  fac-similés, 

38 


586 

dont  le  nom  de  Dujardin  garantit  la  rigoureuse  exactitude,  sont 
jointes  des  transcriptions,  avec  des  remarques  sur  les  abréviations  les 
plus  usuelles. 

A  l'aide  du  recueil  de  M.  de  Bourmont,  rien  ne  sera  plus  aisé  que  de 
s'exercer  à  la  lecture  des  écritures  du  xvi«,  du  xvn«  et  du  xvm«  siècle. 
Nous  devons  donc  féliciter  le  jeune  auteur,  et  nous  applaudir  du  ré- 
sultat probable  de  son  entreprise  :  en  vulgarisant  l'art  de  déchiffrer  les 
anciens  documents,  il  aura  contribué  à  les  faire  respecter  et  à  en  assurer 
la  conservation. 

L.  D. 


»«oo< 


LIVRES   NOUVEAUX. 

SOMMAIRE  DES  MATIÈRES. 

Sciences  AuxniiAraEs  et  sources.  —  Paléographie,  708.  —  Bibliothè- 
ques, 727. -- Archives,  734,  735,  773,  785. -— Gartulaires  et  documents, 
714,  719,  774,  783,  784. 

Biographie  et  généalogie,  730,  739.  —  César,  737  ;  Clément  V,  787  ; 
Contarini,  760;  Ebner,  778;  Gontran,  717;  Henri  VH,  763,  787; 
Noerdlingen,  778;  Zaehringen,  786. 

Géographie,  topographie,  745. 

Droit,  705,  728,  741,  762,  771,  775. 

Institutions.  —  Monarchie,  779.  —  Administration,  finances,  719, 
765.  —Seigneuries,  fiefs,  739,  741,  745,  755,  767.  —  Villes,  communes, 
747,  749,  754,  756,  761,  766,  771.  —  Corporations,  775. 

Moeurs,  usages,  751.  —  Sciences,  instruction,  710,  755,  757. 

Religions,  745.  —  Catholicisme,  709,  729,  750;  papauté,  787;  diocèses, 
753;  paroisses,  églises,  714,  746;  ordres,  769,  774;  monastères,  712, 
738,  740,  742,  758,  770,  783.  —  Judaïsme,  705.  —  Croisades,  700,  780. 

Archéologie,  706, 718,  752. — Architecture  :  édifices  civils  et  militaires, 
711,  748,  777;  édifices  religieux,  722,  726,  733;  sépultures,  736.  — 
Sculpture,  716.  ~  Peinture,  715,  726,  763.  —  Mobilier,  costume, 
732,  733. 

Langues  et  littératures,  769.  —  Latin,  709,  750.  —  Langues  ro- 
manes :  catalan,  721  ;  français,  707,  731 ,  737,  759,  781;  italien,  713; 
provençal ,  744 ,  782.  —  Langues  germaniques  :  allemand ,  699 ,  730 , 
743;  anglais,  723,  768;  norois,  772.  —  Langues  celtiques,  701,  702. 


587 


SOMMAIRE  GÉOGRAPHIQUE. 

Allemagne,  763,  776,  779,  787.  —.Bade,  786.  —  Bavière,  754.  — 
Prusse,  741,  758,  770. 

Autriche-Hongrie,  769.  —  Autriche,  703,  719.  —  Hongrie,  766. 

Belgique,  714,  715,  724,  731,  761,  783. 

France,  718.—  Bourgogne,  717;  724;  Bretagne,  702;  Gascogne,  744; 
Limousin,  700;  Provence,  746.  —  Ain,  753;  Gorrèze,  745;  Gôte-d'Or, 
748;  Drôme,  711;  Eure-et-Loir,  722;  Finistère,  727,  740;  Loir-et-Cher, 
777;  Loiret,  736;  Lot,  745,  746;  Maine-et-Loire,  742;  Marne,  726,  757; 
Mayenne,  739;  Meurthe-et-Moselle,  735;  Meuse,  757;  Nord,  720,  733, 
755;  Pyrénées-Orientales,  721;Sarthe,  716,  732,  734;  Seine-Inférieure, 
752;  Tarn,  765;  Vaucluse,  782;  Vosges,  712;  Yonne,  738. 

Grande -Bretagne -et -Irlande.  —  Angleterre,  723,  768,  785.  — 
Irlande,  701. 

Italie,  762,  763,  767.  —  Lombardie,  706,  756,  764;  Piémont,  704, 
774;  Rome,  706;  Vénétie,  725,751,  773,  775.  —  Sicile,  771. 

Norwège,  772. 

Pays-Bas,  715. 

Suisse,  749,  784. 

Orient,  700,  780. 


699.  Alte  hoch-  und  niederdeutscheVolkslieder  mit  Abhandlung  und 
Anmerkungen  herausgegeben  von  Ludwig  Uhland.  Zweite  unveraen- 
derte  Auflage.  I.  B.  :  Liedersammlung  in  fùnf  Bûchern.  Stuttgart, 
Gotta,  1881.  842  p.  10  m. 

700.  Arbellot  (Fabbé).  Les  Ghevaliers  limousins  à  la  première  croi- 
sade (1096-1102).  Paris,  Haton.  72  p. 

701.  Arbois  de  Jubainville  (H.  d').  L'Alphabet  irlandais  primitif  et 
le  dieu  Ogmios.  Paris ,  imprimerie  nationale.  7  p.  (Extrait  des  Comptes 
rendus  de  V Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. ) 

702.  Arbois  de  Jubainville  (H.  d').  Études  grammaticales  sur  les 
langues  celtiques,  1'®  partie:  introduction;  phonétique  et  dérivation 
bretonnes.  Paris,  Vieweg.  xv-122  p. 

703.  Archivio  storico  per  Trieste,  Fis  tria  ed  il  Trentino ,  diretto  da 
S.  Morpurgo  ed  A.  Zenatti.  Vol.  I,  fasc.  1\  Roma,  agosto  1881.  Par 
an,  8  1. 

704.  Bacgo  (Placido).  Genni  storici  su  Avigliana  e  Susa.  Vol.  I.  Susa, 
tip.  Gatti.  103  p.  2  1. 

705.  Benoit-Lévy  (Edmond).  Étude  historique  et  juridique  sur  le 


588 

serment  more  Judaico,  Paris,  Cotillon.  16  p.  (Extrait  de  VVnivers  Uraé' 
lite.)  1  fr. 

706.  Bbrtolotti  (A.).  Artisti  lombardi  a  Roma  nei  secoli  xv,  xvi  e 
x\ii.  Studi  e  ricerche  negli  archivi  romani.  Milano,  Hoepli,  1881. 2  vol., 
vn-383,  387  p.  8  l. 

707.  Boucherie  (A.).  Additions  au  dictionnaire  de  Littré  (lexicologie 
botanique),  d'après  le  De  œmpositione  medicamentorum  de  Bernard 
Dessen  (1556).  Paris,  Maisonneuve.  34  p. 

708.  BouGHBT  (Gh.).  De  la  transcription  des  chartes  et  des  manus- 
crits. Vendôme,  typ.  Lemercier,  1881 .  23  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  la 
Société  archéologiqiie,  scientifique  et  littéraire  du  Vendâmois.) 

709.  BouRQAiN  (L.).  Les  Sermons  latins  rimes  au  moyen  âge.  Angers, 
impr.  Lachèse  et  Dolbeau.  17  p.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société 
d'agriculture^  sciences  et  arts  d'Angers,) 

710.  Brants  (Victor).  L'Économie  sociale  au  moyen  âge.  Coup  d'œil 
sur  les  débuts  de  la  science  économique  dans  les  écoles  françaises  aux 
xni*  et  xrv«  siècles.  Louvain,  Peeters.  87  p.  1  fr.  50  c. 

711.  Brun- Durand  (J.).  La  Ville  de  Grest  (Drôme),  sa  tour  et  ses 
illustrations,  résumé  historique.  Vienne,  Savigné.  12  p.,  planche. 
(Extrait  de  la  Revue  du  Dauphiné  et  du  Vivarais.) 

712.  Galmet  (dom  A.).  Histoire  de  l'abbaye  de  Senones.  Texte  inédit, 
transcrit,  etc.,  par  F.  Dinago.  Livraisons  4  et  5  (fin).  Saint-Dié,  Ëpinal 
et  Nancy.  P.  241-440.  (Publication  des  œuvres  inédites  de  dom  A.  Gal- 
met.) 

713.  Gardugci  (Giosuè).  La  Poesia  barbara  nei  secoli  xy  e  xvi. 
Bologna,  Zanichelli.  iv-483  p.  5  L;  édition  de  luxe,  30  1. 

714.  Gartulaire  de  Tancienne  église  collégiale  de  Notre-Dame,  à 
Gourtrai,  publié,  sous  les  auspices  de  l'administration  communale  de 
cette  ville,  par  Gharles  Mussely  et  Emile  Molitor.  Gand,  impr.  Annout- 
Braeckman.  In-4,  vi-434  p.  20  fr. 

715.  Gasati  (G.-Gharles).  Petits  Musées  de  Hollande  et  grands  Pein- 
tres ignorés.  Exposition  archéologique  de  Bruxelles  (1880).  Paris ,  Di- 
dier. 53  p. 

716.  Gharles  (Pabbé  Robert).  Un  Diptyque  d'ivoire  du  xrv«  siècle, 
provenant  de  la  Ferté-Bernard  (Sarthe).  Le  Mans,  Pellechat.  14  p.  et 
pi.  (Extrait  de  la  Revue  historique  et  archéologique  du  Maine,  t.  VHI.) 

717.  Glarin  (A.).  Histoire  épisodique  de  Bourgogne.  Avec  une  intro- 
duction par  M.  P.  Mignard.  Tome  I.  Gontran  (vi«  siècle).  Dijon,  impr. 
Marchand,  xvi-267  p.,  gravure.  3  fr.  50  c. 

718.  Gongrès  archéologique  de  France.  47«  session.  Séances  géné- 
rales tenues  à  Arras  en  1880  par  la  Société  française  d'archéologie 


589 

pour  la  conservation  et  la  description  des  monuments.  Paris,  Champion. 
L-573  p. 

719.  Decem  Registra  censuum  Bohemica  compilata  aetate  bellum 
Husiticum  praecedente.  Deset  urbârû  Seskych  z  doby  przed  vâlkami 
husitskymi.  K  vydânî  upravil  Josef  Emler.  Y  Praze,  nâkladem  Krâl. 
ieské  Spolecnosti  nauk,  1881.  xii-436  p. 

720.  Demeunynck  (A.).  Petite  Chronique  lilloise ,  faits  mémorables, 
curieux  et  intéressants  des  xvi®,  xvn®  et  xvm«  siècles,  recueillis  dans 
des  manuscrits  du  temps,  rédigés  et  mis  en  ordre.  Lille,  impr.  Lefebvre- 
Ducrocq.  vin- 17  p. 

721.  Documents  sur  la  langue  catalane  des  anciens  comtés  de  Rous- 
sillon  et  de  Cerdagne,  publiés  par  B.-J.  Alart.  Paris,  Maisonneuve. 
235  p.  (Extrait  de  la  Revue  des  langues  romanes.) 

722.  Durand  (Paul).  Monographie  de  Notre-Dame  de  Chartres.  Expli- 
cation des  planches.  Paris,  imprimerie  nationale.  In -4,  xii-182p. 
(Collection  de  documents  inédits  sur  l'histoire  de  France.) 

723.  EiNENKEL  (Eugen).  Ueber  die  Verfasser  einiger  neuangelsaechsi- 
schen  Schriften.  Leipzig,  Fock,  1881.  132  p.  3  m.  50  pf. 

724.  EsTRUP  (H.-Fr.-J.).  Liégeois  et  Bourguignons  en  1468.  Étude 
historique ,  d'après  les  rapports  du  légat  Onufrius.  Traduction  du  da- 
nois ,  publiée ,  avec  une  introduction ,  par  Stanislas  Bormans.  Liège. 
Lvm-115  p.  (Publication  de  la  Société  des  bibliophiles  liégeois,  n»  24.) 

725.  Fabri  (Felice)  da  Ulma.  Descrizione  di  Venezia  nel  mcdlxxxvhi. 
Venezia,  tip.  deir  Ancora.  117  p.  (Publié  par  Domenico  Zasso.) 

726.  Fanart  (Ij.-S.).  Notice  historique  sijr  un  tableau  appartenant  à 
la  basilique  de  Saint-Remy  de  Reims  et  sur  la  chapelle  pontificale  qui 
y  est  représentée.  Reims,  impr.  Monce.  94  p. 

727.  Fleury  (E.).  Catalogue  méthodique  de  la  bibliothèque  commu- 
nale de  Brest.  Tome  I,  contenant  la  théologie  et  la  jurisprudence. 
Brest,  impr.  Gadreau.  GLxvin-428  p. 

728.  Frauenstaedt  (  Paul  ).  Blutrache  und  Todtschlagsiihne  im 
deutschen  Mittelalter.  Studien  zur  deutschen  Kultur-  und  Rechtsge- 
schichte.  Leipzig,  Duncker  et  Humblot,  1881.  xi-250  p.  5  m. 

729.  Gass  (W.).  Geschichte  der  christlichen  Ethik.  I.  B.  Bis  zur 
Reformation.  Berlin,  Reimer,  1881.  xvm-458  p.  7  m. 

730.  ÏÏEINTZE  (Albert).  Die  deutschen  Familien-Namen  geschichtlich, 
geographisch ,  sprachlich.  Halle  a.  S.,  Buchhandlung  des  Waisen- 
hauses,  1882.  viii-227  p.  4  m.  50  pf. 

731.  Herbomez  (Armand  d*).  Étude  sur  le  dialecte  du  Tournaisis  au 
xiii«  siècle ,  d'après  les  chartes  de  Tournay .  Tournai ,  typ.  Casterman , 
1881.  160  p.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  historique.) 


590 

'5sl.  'dteiUÉitai  ^Bli^eèii!!^.  De  ImiX  celtique  à  Tépoque  mèroTingiimiift,  à 
x^;4ife4ft>u  i««K  4(çr«i>»$  méroyingieimes  du   musée  arehéologiqiie  da 
>ÉàM»^  U'  >Uitoî^.  )laoLnover.  W  p.  avec  fig.  (Extrait  de  la  Jkvtie  histo^ 
i^«Mr  ^  u^^^M^iiffÊÊ  du  JfotiM,  t.  Vni.) 

\\^  lii>i«Hi(suLr^  du  mobilier  de  Téglise  Notre-Dame  à  Douai  (1421), 
.A.a^(  ieë^  wbix^  de  la  ville,  avec  notes  et  introduction,  par  Jules 
L«^^4iX  l>Miiù^  impr.  Crépin.  16  p.  (Extrait  des  Souvenirs  de  la  Flmndre 
^«M^w«^>  u  \XJ)*  ^  fr.  50  c. 

\t«.  luv0ttUiin>-sommaire  des  archives  départementales  de  la  Sarthe 
ui^^H^ar^  ^  17^^  rédigé  par  MM.  A.  Bellee  et  V.  Duchemin ,  archi- 
\4*w^  Ajvàiv^îij  ecclésiastiques.  Série  H,  i»*  partie,  n*»  i-1000.  Tome  HI. 
W  H«uiGs  impr.  Monnoyer.  In-4,  426  p. 

\<^  lu\«H)tUire-sommaire  des  archives  départementales  de  Meurthe- 
.^*>i<.>*i>il*>  duwrieures  à  1790,  rédigé  par  M.  Henri  Lepage,  archiviste. 
Vi>;tu\^  ecclésiastiques.  Série  G;  série  H,  n***  là  1692.  Tome  FV, 
>  yk,jau*>»  Nancy,  impr.  Gollin.  In-4,  xxivra-187  p. 

?K^.  J.\iutY  (L.K  Une  Tombe  du  irv»  siècle  à  Saint-Euverte.  Orléans, 
bà^luis»>tt.  12  p.,  fig.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  arduoloçique  et 
W^WNi^Mt^  de  rOrléanais,) 

1^7.  Jkham  de  Tum,  li  Hystore  de  Julius  Gesar.  Eine  altfranioesische 
lù'Adohlxing  in  Prosa.  Zum  ersten  Mal  herausgegeben  von  D^  F.  Sette- 
^^t.  Halle,  Niemeyer,  1881.  ixxiv-271  p.  9  m. 

73{^.  Job»  (Fabbé).  Histoire  du  prieuré  de  Jully-les-Noimains,  avec 
l^<)c^  justificatives.  Paris,  Bray  et  Retaux,  vm-448  p. 

T^,  JouBERT  (André).  Ramefort  de  Gennes  et  ses  seigneurs  au 
\v«  i^ècle ,  d  après  les  archives  inédites  du  château  de  la  Sionnière. 
Mamers,  impr.  Fleury  et  Dangin.  23  p.  ^Extrait  de  la  Bévue  historique 
$i  i^txhéoloçique  du  Maine^  t.  VUI.) 

740.  Le  Duc  (dom  Placide).  Histoire  de  Tabbaye  de  Sainte-Croix  de 
^uimperlé.  Publiée  pour  la  première  fois  d  après  le  manuscrit  de 
Tauteur,  suivie  de  pièces  justificatives  et  accompagnée  de  notes,  par 
H,-F,  Le  Men.  Quimperié,  Clairet.  671  p. 

741.  Lehns-  und  Besitiurkunden  Schlesiens  und  seiner  einxelnen 
Furstenthûmer  im  Mittelalter.  Herausgegeben  von  I>  C  Grûnhagen 
und  D»  H.  Markgraf.  L  Th.  Leipxig,  Hirzel,  1881.  xi-o55  p.  (Publica- 
tionen  ans  den  k.  preussischen  Staatsarchiven.  VU.  B.)  12  m. 

742.  L^EsroraBEiixox  \le  comte  Régis  de).  Notice  sur  le  prieuré  delà 
Papillaye  en  Anjou.  Nantes,  impr.  Forest  et  Grimaud.  11p.  (Extrait 
du  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Santés^  t.  XIX.) 

743.  LccxiG  ^Franx).  Bilder  lur  Geschichte  der  deutsdien  Sprache. 
Paderborn.  Schoeningh»  1881.  x490  p.  6  m. 


594 

744.  LucHAiRB  (Achille).  Recueil  de  textes  de  Tancien  dialecte  gascon, 
d'après  des  documents  antérieurs  au  xyi*  siècle,  suivi  d'un  glossaire. 
Paris,  Maisonneuve.  xvi-208  p. 

745.  Marche  (l'abbé  B.-A.).  Catholicisme  et  Calvinisme  :  la  Vicomte 
de  Turenne  et  ses  principales  villes,  Beaulieu,  Argentat,  Saint -Céré, 
Martel.  Tulle,  impr,  Grauffon.  515  p.,  7  grav.,  carte  et  armoiries  de  la 
vicomte.  7  fr.  50  c. 

746.  Martel  (le  R.  P.).  Étude  historique  sur  Foratoire  de  Notre- 
Dame  de  Grâces,  en  Provence.  Paris,  Téqui.  In- 12,  344  p. 

747.  Massabie  (l'abbé  B.).  Origine  et  ancienne  constitution  de  la 
commune  de  Figeac.  Tulle,  impr.  Mazeyrie.  In-12,  79  p. 

748.  Massicot  (A.).  Le  Manoir  de  Posanges  (Gôte-d'Or),  au  point  de 
vue  de  l'architecture  militaire  et  de  la  fortification  du  xv*  siècle.  Semur, 
impr.  Lenoir.  15  p. 

749.  Meier  (Félix).  Geschichte  der  Gemeinde  Wetzikon.  Heraus- 
gegeben  von  der  Lesegesellschaft  Oberwetzikon.  Zurich,  Hoehr,  1881. 
vi-610  p.,  1  carte. 

750.  MiGNE  (J.-P.).  Patrologiae  Cursus  completus,  etc.  Séries  Latina 
prior,  etc.  T.  151.  B.  Urbanus  II  papa;  saeculi  xi  auctores  incerti  anni 
et  scripta  âSéoiroTa;  monumenta  liturgica;  monumenta  diplomatica;  ad 
saBcula  IX  et  X  appendices.  Paris,  Garnier.  748  p. 

751.  MoLMENTi  (P.  G.).  La  Vie  privée  à  Venise  depuis  les  premiers 
temps  jusqu'à  la  chute  de  la  république.  Ouvrage  couronné  par  l'ins- 
titut royal  des  sciences,  des  lettres  et  des  arts  de  Venise.  Venise, 
Ongania,  1882.  xni-555  p. 

752.  Notice  sur  Cauville  (Seine -Inférieure),  situation,  étymologie, 
antiquités  romaines,  relations  avec  l'abbaye  de  Montivilliers,  familles 
seigneuriales,  etc.  Le  Havre,  impr.  Lepelletier.  50  p.  avec  planche. 

753.  Nyd  (l'abbé  L.-M.).  Recherches  sur  les  origines  du  siège  épis- 
copal  et  du  diocèse  de  Belley.  1»«  partie.  Bourg,  impr.  Villefranche. 
91p. 

754.  Oegg  (Joseph  Anton).  Entwicklungsgeschichte  der  Stadt  Wûrz- 
burg.  Mit  Bev^illigung  des  Ëigenthûmers  des  Manuscriptes,  des  histo- 
rischen  Vereins  von  Unterfranken  und  Aschaffenburg ,  herausgegeben 
und  mit  einer  Einleitung,  Anmerkungen  und  einem  Register  versehen 
von  D*"  August  Schaeffler.  Wùrzburg,  Woerl,  1881.  480  p. 

755.  Pierret  (Calixte).  L'Ancienne  Terre  franche  et  baronnie 
d'Etrœungt  en  Hainaut.  i^  partie.  Notice  historique  et  statistique  sur 
l'état  ancien  et  moderne  de  l'instruction  et  de  l'éducation  chez  les 
habitants  du  bourg  d'Etrœungt  et  de  la  contrée  environnante.  Avesnes, 
Eliet-Lacroix ;  Fourmies,  Bachy.  185  p.  4  fr.;  papier  de  luxe,  5  fr. 


592 

756.  Provera  (Antonio).  I  Gomuni  délia  Lombard  la.  Note  storiche, 
archeologiche  e  statistiche.  Mortara,  tip.  Botto.  171  p.  1  1.  50  c. 

757.  PuisBux  (l'abbé).  L'Instruction  primaire  dans  le  diocèse  ancien 
de  Ghâlons-sur-Marne  avant  1789.  Gbâlons-sur-Marne ,  impr.  Martin. 
Yi-78  p. 

758.  Pyl  (Theodor).  Geschichte  des  Gistertienserklosters  Eldena  im 
Zusammenhange  mit  der  Stadt  und  Universitaet  Greifswald.  Greifs- 
wald,  Bindeward,  J 880-1882.  2  vol.,  XYi-825p.,  2  planches.  12  m. 

759.  Rabelais  (François).  Les  Œuvres,  etc. ,  accompagnées  d'une 
notice,  etc.,  par  Gh.  Marty-Laveaux.  Tome  FV.  Paris,  Lemaire.  411p. 
10  fr. 

760.  Regesten  und  Briefe  des  Gardinals  Gasparo  Gontarini.  (1483- 
1542.)  Herausgegeben  von.  D'  Fr.  Dittrich.  Braunsberg,  Huye,  1881. 
vni-407  p.  7  m.  50  pf. 

761.  Rembry-Barth.  Histoire  de  Menin,  d'après  les  documents 
authentiques.  Bruxelles,  Gailliard.  4  vol. ,  viii-680,  523,  515,477  p., 
8  plans  et  vues.  30  fr. 

762.  Rinaldi  (Antonio).  Il  Gomune  e  la  Proyincia  nella  storia  del 
dritto  italiano.  Studii.  Potenza,  tip.  Magaldi  e  délia  Ratta.  373  p.  5  1. 

763.  Romfahrt  (Die)  Kaiser  Heinrich's  Vil.  im  Bildercyclus  des 
Godex  Balduini  Trevirensis  herausgegeben  von  der  Direktion  der  k. 
preussischen  Staatsarchive.  Erlaeuternder  Text  bearbeitet  (unter  Benut- 
zung  des  literarischen  Nachlasses  von  L.  v.  Eltester)  von  D'  Georg 
Irmer.  Berlin,  Weidmann,  1881.  In-4,  xii-120p.,  39  planches.  45  m. 

764.  RosA  (Gabriele).  La  Talle  Gamonica  nella  storia.  Breno,  tip. 
Venturini.  205  p.  3  1. 

765.  Rossignol  (Éiie-A.-J.).  Assemblée  du  diocèse  de  Lavaur.  Paris, 
Dumoulin.  103  p. 

766.  Salzer  (Johann  Michael).  Der  koenigl.  freie  Markt  Birthaelm 
in  Siebenbùrgen.  Ein  Beitrag  zur  Geschichte  der  Siebenbiirger  Sachsen. 
Wien,  Graeser,  1881.  xvi-751  p.,  8  planches. 

767.  Santamaria  (Nicola).  I  Feudi,  il  diritto  feudale  e  la  loro  storia 
neir  Italia  méridionale.  Napoli,  Marghieri,  1881.  429  p.  (Biblioteca 
délie  scienze  giuridiche  e  sociali,  vol.  XXXVIII.)  7  1. 

768.  ScHipPER  (J.).  Englische  Metrik  in  historischer  und  systemati- 
scher  Entwickelung  dargestellt.  I.  Th.  Altenglische  Metrik.  Bonn, 
Strauss,  1881.  xxvii-565p.  13  m.  50  pf. 

769.  Scriptores  ordinis  8.  Benedicti  qui  1750-1880  fuerunt  in  im- 
perio  Austriaco-Hungarico.  Vindobonae,  Woerl,  1881.  In-4,  cix-600  p. 


593 

770.  Sello  (G.)-  Lehnin.  Beitraege  zur  Geschichte  von  Kloster  und 
Amt.  Berlin,  Lehmann,  J881.  v-262  p.  4  m. 

771.  Siciliens  mittelalterliche  Stadtrechte  nach  alten  Drucken  und 
Handschriften  mit  einer  Einleitung  herausgegeben  und  dem  Inhalte 
nach  systematisch  dargestellt  von  Wilhelm  von  Brùnneck.  Halle, 
Niemeyer,  1881.  lxix.231-385  p.  20  m. 

772.  Spéculum  regale.  Ein  altnorwegischer  Dialog  nach  God.  Arna- 
magn.  243  fol.  B  und  den  aeltesten  Fragmenten  herausgegeben  von  D"^ 
Oscar  Brenner.  Mùnchen,  Kaiser,  1881.  xvi-2d2  p. 

773.  Statistica  degli  archivii  délia  regione  veneta.  Venezia,  Naratovich, 
1880-1881.  3  vol.,  civ-480,  561,  296  p. 

774.  Statu ti  (gli)  délia  società  militare  subalpina  del  Fiore  delF  anno 
1342,  pubblicati  con  proemio  storico  da  Gaudenzio  Glaretta.  Torino, 
Loescher.  23  p.  (Extrait  des  Atti  delV  Accademia  délie  scienze  di 
Torino,) 

775.  Statuti  friulani.  Il  dazio  dei  panni  e  Tarte  délia  lana  in  Udine 
dal  1324  al  1368  ;  documenti  editi  per  cura  di  Antonino  di  Prampero. 
Udine,  tip.  Doretti.  33  p.  (Per  nozze  Rossi-Rechler.) 

776.  Steindorff  (Ernst).  Jahrbûcher  des  deutschen  Reichs  unter 
Heinrich  III.  II.  Band.  Leipzig,  Dunckerund  Humblot,  1881.  ix-553  p. 
(Jahrbûcher  der  deutschen  Geschichte.)  12  m. 

777.  Storelli  (A.).  Notice  historique  et  chronologique  sur  le  châ- 
teau de  Ghambord,  avec  plusieurs  gravures  à  Teau-forte.  Paris,  Baschet. 
In4,  12  p.,  4  pi. 

778.  Straugh  (Philipp).  Margaretha  Ebner  und  Heinrich  von  Noerd- 
lingen.  Ein  Beitrag  zur  Geschichte  der  deutschen  Mystik.  Freiburg 
i.  B.  und  Tûbingen,  Mohr,  1882.  gvi-415  p. 

779.  Sybel  (Heinrich  von).  Entstehung  des  deutschen  Koenigthums. 
Zweite,  umgearbeitete  Auflage.  Frankfurt  a.  M.,  Rûtten  und  Loening, 
1881.  498  p.  10  m. 

780.  Sybel  (Heinrich  von).  Geschichte  des  ersten  Kreuzzuges.  Zweite, 
neu  bearbeitete  Auflage.  Leipzig,  Fleischer,  1881.  vra-468  p.  10  m. 

781.  Thibaut  (messire),  li  Romanz  de  la  Poire.  Erotisch-allegorisches 
Gedicht  aus  dem  xm.  Jahrhundert  nach  den  Handschriften  der  Bibl. 
nat.  zu  Paris  zum  ersten  Maie  herausgegeben  von  Friedrich  Stehlich. 
Halle,  Max  Niemeyer,  1881.  136  p.  4  m. 

782.  Traduction  des  Psaumes  de  la  pénitence  en  vers  provençaux, 
publiée  pour  la  première  fois,  d'après  le  manuscrit  d'Avignon,  par 
Gamille  Ghabanneau.  Paris,  Maisonneuve.  40  p.  (Extrait  de  la  Revue 
des  langues  romanes.) 


594 

783.  Trois  (les)  Gartulaires  do  la  prévôté  ou  abbaye  de  Saint-Martin, 
à  Ypres.  Tome  H.  Bruges.  In-4,  p.  425-924.  (Publication  de  la  Société 
d'émulation  de  la  Flandre.) 

784.  Urkundenbuch  der  Landschaft  Basel.  Herausgegeben  von  Hein- 
rich  Boos.  I.  Theil  :  708-1370.  Basel,  Detloff,  1881.  xii-399  p. 

785.  Warner  (George  F.).  Catalogue  of  the  manuscripts  and  muni- 
ments  of  Alleyn's  collège  of  God's  Giftat  Dulwich.  (London*)  Longmans, 
1881.  LV-388  p. 

786.  Weech  (Friedricb  von).  Die  Zaehringer  in  Baden.  lUustrirt  von 
Hermann  Goetz.  Karlsruhe,  Braun,  1881.  In- 4,  84  p.,  10  planches. 
8  m. 

787.  Wenck  (Garl).  Glemens  V.  und  Heinrich  Vil.  Die  Anfaenge 
des  franzoesischen  Papstthums.  Ëin  Beitrag  zur  Geschichte  des  xiv. 
Jahrhunderts.  Halle,  Niemeyer,  1882.  x-183  p.  5  m. 


CHRONIQUE  ET  MÉLANGES. 


Le  ministre  de  l'instruction  publique  et  des  cultes , 
Vu  Tarrôté  du  24  juillet  1871, 

Vu  la  liste  des  candidats  présentés  par  le  conseil  de  perfectionne- 
ment de  rÉcole  des  chartes  à  la  suite  de  l'examen  d'entrée, 

Arrête  : 

Sont  nommés  élèves  de  l'École  des  chartes ,  dans  Tordre  de  mérite 
suivant,  les  candidats  ci-après  désignés,  savoir  : 

1.  DuvERNOY  (Émile-Eugène),  né  à  Nancy  le  25  juillet  1861. 

2.  MiLLOT  (Etienne -Ernest),  né  à  Vendeuvre  -  sur  -  Barse  (Aube)  le 
11  novembre  1859. 

3.  Baudon  de  Mon  y  (Charles- Adolphe-Joseph- Vincent-de-Paul),  né  à 
Paris  le  15  juin  1862. 

4.  Langlois  (Charles-Victor),  né  à  Rouen  le  26  mai  1863. 

5.  AuvRAY  (Louis -Henri -Lucien),  né  à  Orléans  (Loiret)  le  28  fé- 
vrier 1860. 

6.  Lefèvre-Pontalis  (Eugène- Amédée),  né  à  Paris  le  12  février  1862. 

7.  Grand  (Ernest-Daniel),  né  à  Paris  le  12  mars  1861. 

8.  Prunière  (Jean),  né  à  Brassaget,  commune  de  Brassac  (Puy-de- 
Dôme)  le  9  mai  1858. 

9.  Jordan  (Marie- Joseph-È tienne-Camille) ,  né  à  Chalon-sur-Saône 
le  28  juin  1863. 

10.  Marlet  (Jules-Émile-Léon),  né  à  Orléans  (Loiret)  le  31  mars  1862. 

11.  Perret  (Paul-Michel),  né  à  Lyon  le  24  juin  1861. 

12.  Funck-Brentano  (Jacques -Chrétien- François -Séraphicus),  né  à 
Munsbach,  commune  de  Schuttrange,  canton  de  Luxembourg  (grand- 
duché  de  Luxembourg),  le  15  juin  1862. 

13.  Leqrand  (Léon-Frédéric) ,  né  à  Saint-Pierre-lez-Nemours  (Seine- 
et-Marne)  le  5  juillet  1861. 

14.  TissiER  (Jean- Joseph),  né  à  Auch  (Gers)  le  8  mai  1859. 

15.  Cadier  (Pierre-Léon),  né  à  Pau  (Basses-Pyrénées)  le  17  avril  1862. 

16.  Barroux  (Léon-Marius),  né  à  Paris  le  10  décembre  1862. 

17.  Casis  (Marie- Joseph- André),  né  à  Paris  le  16  avril  1861. 

18.  Dupond  (Jean-Alfred-Berthe),  né  à  Paris  le  19  août  1861. 

19.  DuNOYER  DE  Ségonzac  (  Jacqucs- Joseph-François-Gastou) ,  né  à 
Garennac  (Lot)  le  31  décembre  1863. 


596 

20.  Stbin  (Frédéric- Alexandre-Henri),  né  à  Pierry  (Marne)  le  28  fé- 
vrier 1862. 

Fait  à  Paris,  le  26  novembre  1881. 

Signé  :  P.  Bbrt. 

—  M.  Bruel  a  été  élu  membre  de  la  commission  de  comptabilité  de 
la  Société  de  TÉcole  des  chartes,  en  remplacement  de  M.  Gamier, 
décédé. 

—  Nos  confrères  MM.  Beauquier,  Louis  Passy  et  Camille  Pelletan 
ont  été  élus  membres  de  la  chambre  des  députés. 

—  Notre  confrère  M.  Saige  a  été  nommé  surintendant  des  archives, 
bibliothèque^  et  musées  de  la  principauté  de  Monaco. 

—  Par  arrêté  du  18  octobre  1881,  notre  confrère  M.  Antoine  Thomas 
a  été  nommé  maître  de  conférences  de  langues  et  littératures  romanes  à 
la  faculté  des  lettres  de  Toulouse. 

— •  Par  arrêté  du  29  octobre,  notre  confrère  M.  Gasati  a  été  nommé 
ofQcier  d'académie. 

—  Par  arrêté  du  10  novembre,  notre  confrère  M.  Léon  Gautier  a  été 
nommé  sous-chef  de  la  section  du  secrétariat  aux  Archives  nationales, 
en  remplacement  de  M.  Ed.  Garnier,  décédé. 

A  la  même  date,  notre  confrère  M.  Élie  Berger,  archiviste  auxi- 
liaire à  la  section  judiciaire,  a  été  nommé  archiviste  de  sixième 
classe. 

—  Par  arrêté  du  19  novembre,  notre  confrère  M.  Auguste  Himly  a  été 
nommé,  pour  cinq  ans,  doyen  de  la  faculté  des  lettres  de  Paris,  en  rem- 
placement de  M.  Wallon,  nommé  doyen  honoraire. 

—  Par  arrêté  du  28  novembre,  le  ministre  de  l'instruction  publique 
a  institué  une  commission  chargée  de  préparer  la  publication  des  docu- 
ments relatifs  à  l'histoire  de  Tinstruction  publique  pendant  la  période 
de  1789  à  1808.  Nos  confrères  MM.  Charavay,  L.  Delisle,  G.  Pelletan,  J. 
Quicherat,  F.  Rocquain  et  de  Rozière  font  partie  de  cette  commission. 

—  Par  arrêté  du  30  novembre,  notre  confrère  M.  Jules  Soury  a  été 
chargé  d'une  conférence  d'histoire  des  doctrines  psychologiques  près 
l'École  pratique  des  hautes  études. 

—  Par  arrêté  du  5  décembre ,  notre  confrère  M.  Giry  a  été  chargé, 
pour  Tannée  scolaire  1881-1882,  d'une  conférence  élémentaire  de  paléo- 
graphie, diplomatique  et  chronologie  à  la  faculté  des  lettres  de  Paris. 

—  Par  décret  du  13  décembre,  notre  confrère  M.  Jules  Quicherat  a 
été  nommé  vice-président  de  la  commission  des  monuments  histo- 
riques. 

—  Par  décret  du  15  décembre  1881 ,  notre  confrère  M.  Gauwès  a  été 
nommé  professeur  d'histoire  du  droit  romain  et  du  droit  français  à  la 
faculté  de  droit  de  Paris. 


597 

—  Par  arrêté  du  18  décembre,  notre  confrère  M.  Hanotaux,  commis 
principal  à  la  direction  des  affaires  politiques  et  des  archives  du  minis- 
tère des  affaires  étrangères,  a  été  nommé  sous-chef  du  cabinet  du 
ministre  des  affaires  étrangères. 

—  Par  décrets  du  31  décembre ,  nos  confrères  M.  Célestin  Port  et 
M.  Auguste  Himly  ont  été  nommés  officiers  de  la  Légion  d'honneur. 

—  Par  décret  en  date  du  2  janvier  1882,  notre  confrère  M.  d'Arbois 
de  Jubainville  a  été  nommé  professeur  titulaire  de  la  chaire  de  celtique 
créée  au  collège  de  France. 

—  Dans  un  de  nos  prochains  cahiers ,  nous  publierons  une  notice  sur 
la  vie  et  les  travaux  de  notre  regretté  confrère  M.  Rédet,  décédé  à 
Poitiers  le  30  septembre  dernier. 

—  La  séance  publique  annuelle  de  l'Académie  des  inscriptions  et 
belles-lettres  a  eu  lieu  le  18  novembre  1881.  Nous  extrayons  du  dis- 
cours du  président,  M.  Pavet  de  Gourteille,  les  passages  relatifs  à  plu- 
sieurs de  nos  confrères. 

c  Le  plus  important  de  tous  nos  concours,  celui  des  antiquités  natio- 
nales, est  très  satisfaisant  dans  son  ensemble,  et  son  savant  rapporteur 
n'a  été  que  notre  fidèle  interprète  lorsqu'il  a  dit  :  «  Le  concours  de  1881 
«  n'est  inférieur  à  aucun  de  ceux  qui  l'ont  précédé,  et  le  souhait  que 
«  nous  avons  à  former,  c'est  que  ceux  qui  le  suivront  lui  ressemblent.  » 
En  effet,  trente-cinq  auteurs  y  ont  pris  part  et  la  qualité  des  envois 
n'était  pas  inférieure  à  la  quantité,  à  tel  point  que  nous  avons  jugé 
impossible  de  borner  au  nombre  réglementaire  de  trois  les  médailles  à 
décerner  et  que  nous  avons  regretté  de  ne  pouvoir  dépasser  le  chiffre 
de  six  mentions  honorables,  fixé  par  un  usage  dont  on  a  pu  apprécier 
les  effets  salutaires. 

«  La  première  médaille  a  été  décernée  à  M.  Fournier,  professeur  à  la 
faculté  de  droit  de  Grenoble,  pour  son  beau  travail  sur  les  Officiantes 
au  moyen  âge.  Initié  par  le  doctorat  et  l'agrégation  à  la  science  du  droit, 
qui  fait  trop  souvent  défaut  aux  historiens ,  familiarisé  par  l'enseigne- 
ment de  l'École  des  chartes  avec  cet  art  de  trouver,  de  lire  et  d'inter- 
préter les  textes  anciens,  inconnu  à  beaucoup  de  juristes,  doué  d'un 
esprit  clair,  rigoureux  et  sagace,  M.  Fournier  a  construit  son  livre  sur 
un  très  bon  plan  et  l'a  exécuté  avec  autant  de  compétence  que  de 
méthode.  Tout  en  y  signalant  quelques  lacunes ,  nous  n'hésitons  pas  à 
dire  que  c'est  un  des  travaux  les  plus  importants  et  les  plus  louables 
qui  depuis  longtemps  aient  été  envoyés  à  ce  concours 

c  M.  Thomas  a  mérité  la  troisième  médaille  par  son  ouvrage  sur  les 
États  provinciaux  de  la  France  centrale  sous  le  règne  de  Charles  VIL 
C'est  une  étude  complète  et  consciencieuse  d'un  sujet  bien  déterminé, 
faite  à  l'aide  de  documents  inédits.  Ces  assemblées  provinciales,  qui  ont 
joué  un  rôle  important  dans  la  vie  de  notre  pays,  étaient  fort  peu  con- 


598 

nues  jusqu'à  ce  jour;  c'est  à  peine  si  nos  historiens  les  mentionnent,  et 
les  documents  qui  les  concernent  sont  encore  enfouis  dans  les  archives. 
M.  Thomas  a  très  hien  établi  leurs  attributions  tant  politiques  qn'admi- 
nistratives  et  législatives.  Il  nous  présente  Thistoire  rapide  de  leurs 
sessions  et  y  joint  des  notices  biographiques  intéressantes  et  tout  à  fait 
neuves  sur  les  commissaires  du  roi  accrédités  près  d'elles. 

a  M.  Tuetey,  auquel  l'Académie,  avec  l'autorisation  du  ministre  de 
l'instruction  publique,  a  décerné  une  médaille  supplémentaire,  s'est 
signalé  par  la  publication  de  deux  ouvrages  intéressants  :  le  premier. 
Testaments  enregistrés  au  parlement  de  Paris  sous  le  règne  de  Charles  VIF; 
le  second.  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris ^  de  1405  à  1449,  qpi'il  croit 
pouvoir  attribuer  à  Jean  Ghuffart,  chanoine  de  Notre-Dame.  Tous  les 
deux  sont  remplis  de  renseignements  précieux  et  authentiques  sur  les 
mœurs  de  ce  temps  et  les  personnages  qui  y  jouent  un  rôle  ;  tous  deux 
se  font  remarquer  par  beaucoup  de  travail  et  de  critique. 

c  Nous  aurions  voulu  pouvoir  attribuer  une  distinction  semblable  à 
plus  d'un  des  ouvrages  auxquels  nous  accordons  des  mentions  hono- 
rables. Le  premier  est  le  livre  de  M.  Valois  sur  Guillaume  d^ Auvergne, 
évêque  de  Paris,  dont  la  partie  biographique  nous  offre  un  certain 
nombre  de  faits  nouveaux  et  intéressants  puisés  aux  sources  origi- 
nales  

c  Nous  avons  attribué  la  quatrième  mention  à  M.  Joûon  des  Lon- 
grays  pour  son  édition  de  la  Chanson  de  geste  d'Aquin  ou  la  Conquête 
de  la  Petite-Bretagne.  La  tâche  était  difficile  à  remplir.  Le  savant  édi- 
teur s'en  est  acquitté  heureusement  quant  à  la  partie  historique  et 
géographique,  particulièrement  intéressante  pour  un  Breton;  mais  il 
s'est  montré  moins  compétent  dans  la  solution  des  questions  purement 
philologiques 

(C  L'Académie,  comme  je  le  disais  tout  à  l'heure,  regrette  vivement 
de  ne  pouvoir  multiplier  le  nombre  de  ces  mentions,  car  elle  aurait 

voulu  distinguer les  utiles  travaux  de  M.  Maître  sur  V Assistance 

publique  dans  la  Loire-Inférieure ;  mais  il  faut  savoir  se  borner, 

dans  l'intérêt  même  des  concurrents ,  des  vainqueurs  qui  ont  mérité 
d'être  cités  entre  tous  et  de  leurs  rivaux  moins  heureux  qui  seront  lau- 
réats à  leur  tour 

c  Les  prix  Gobert,  destinés  à  récompenser  le  travail  le  plus  savant  et 
le  plus  profond  sur  Vhistoire  de  France  et  les  études  qui  s'y  rattachent, 
continuent  à  entretenir  une  émulation  qui  s'affirme  chaque  fois  par  des 
travaux  d'une  importance  considérable.  Les  concurrents  ne  nous  ont 
pas  fait  défaut  cette  année  et  l'Académie  ne  s'est  prononcée  entre  eux 

qu'après  une  longue  et  sérieuse  discussion Le  second  prix  a  été 

attribué  à  M.  Alexandre  Bruel  pour  son  Recueil  des  chartes  de  l'abbaye 
de  Cluny  (t.  I  et  II,  Paris,  1876-1881).  De  longues  années  d'un  labeur 
continu  ont  été  nécessaires  pour  mener  à  bonne  fin  les  deux  volumes 


599 

que  M.  Bruel  a  soumis  au  concours  ;  il  les  a  accompagnés  d'un  mémoire, 
fruit  d'une  patiente  et  solide  érudition,  qui  justifie  et  explique  la  mé- 
thode chronologique  suivie  par  l'auteur.  Si  des  circonstances  indépen- 
dantes de  sa  volonté  n'avaient  empêché  M.  Bruel  de  faire  paraître 
immédiatement  l'introduction  historique  et  géographique,  complément 
nécessaire  de  ses  recherches,  il  eût  été  fondé  à  disputer  le  premier  rang 
à  son  rival 

«  L'Académie  a  décerné  le  prix  La  Fons-Mélicocq  à  M.  Flammer- 
mont  pour  son  Histoire  des  institutions  municipales  de  Sentis,  ouvrage 
rempli  de  renseignements  et  de  documents  puisés  aux  sources  origi- 
nales, en  grande  partie  inédits  et  exposés  avec  méthode  et  clarté 

€  Six  concurrents  se  disputaient  le  prix  Brunet.  La  victoire  est 
restée  à  M.  Auguste  Molinier,  pour  sa  Bibliographie  du  Languedoc, 
travail  très  recommandahle  à  tous  égards  et  où  le  savant  auteur,  qui 
est  parfaitement  maître  de  son  sujet,  a  consigné  les  renseignements 
les  plus  précieux 

c  Les  Écoles  d'Athènes  et  de  Rome,  ces  deux  filles  de  prédilection 
de  l'Académie,  continuent  à  se  montrer  dignes  de  l'intérêt  que  nous 

leur  portons L'École  de  Rome  ne  s'est  pas  montrée  moins  laborieuse 

que  sa  sœur  aînée M.  Thomas  a  fourni  deux  excellents  mémoires  : 

Francesco  da  Barbarino,  étude  sur  une  source  nouvelle  de  l'histoire  de  la 
littérature  provençale,  et  Nouvelles  Recherches  sur  TEntréb  de  Spagne, 

chanson  de  geste  franco-'italienne M.  Faucon,  occupé  à  l'analyse  et  à 

la  copie  des  registres  de  Boniface  YIII,  en  a  tiré  un  très  curieux  épi- 
sode de  l'histoire  de  Verdun,  sous  ce  titre  :  Boniface  VIII  et  la  Commune 
de  Verdun Jaloux  de  fournir  à  l'École  de  Rome,  dont  il  est  le  direc- 
teur, un  organe  de  publicité  régulière  et  fréquente,  notre  savant  con- 
frère M.  Geffroy  est  parvenu  à  fonder  un  nouveau  recueil,  les  Mélanges 
d'archéologie  et  d'histoire,  qui  s'impriment  à  Rome  et  qui  paraîtront 
chaque  année  en  quatre  ou  cinq  fascicules  accompagnés  de  planches. 
M.  Geffroy  a  été  aidé,  dans  cette  difficile  entreprise ,  par  le  concours 
du  ministre  de  l'instruction  publique  et  par  celui  de  quelques  particu- 
liers, dont  le  patriotisme  aussi  libéral  qu'éclairé  a  voulu  constituer,  par 
voie  de  donations,  une  caisse  de  l'École  française  de  Rome.  Si  cette  caisse 
dispose  déjà  d'un  capital  de  40,000  francs,  mis  au  service  de  la  science, 
elle  le  doit  à  la  générosité  de  MM.  Engel-Dolfus,  Steinbach,  deux 
Alsaciens  à  qui  rien  de  ce  qui  touche  la  grandeur  morale  de  la  France 
n'est  étranger,  Durrieu,  Delaville  le  Roux,  Monbinne  et  Edmond  de 
Rothschild » 

Dans  l'annonce  des  concours  dont  les  termes  expirent  en  1883  et 
1884,  nous  relevons,  en  dehors  des  concours  permanents,  tels  que  les 
antiquités  de  la  France,  les  prix  Gobert,  etc.,  les  deux  sujets  suivants, 
mis  au  concours  pour  les  prix  Bordin  à  décerner  en  1883  : 

!•  Étude  sur  les  opérations  de  change,  de  crédit  et  d'assurance  prati" 


600 

quées  par  les  commerçants  et  banquiers  français  ou  résidant  dans  les 
limites  de  la  France  actuelle  avant  le  IV*  siècle. 

2*  Étudier  à  l'aide  des  documents  d'archives  et  de  testes  littéraires  le 
dialecte  parlé  à  Paris  et  dans  l'Ile-^-France  jusqu'à  V avènement  des  Fa- 
lois.  Comparer  ce  dialecte,  d'après  les  résultats  obtenus,  à  la  langue  fran" 
çaise  littéraire,  et  rechercher  jusqu'à  quel  point  le  dialecte  parisien  était 
considéré  au  m^oyen  âge  comme  la  langue  littéraire  de  la  France.. 

Chacun  de  ces  prix  est  de  la  valeur  de  trois  mille  francs. 

Les  mémoires,  écrits  en  français  ou  en  latin,  devront  être  déposés  an 
secrétariat  de  Tlnstitut  le  31  décembre  4882.  Ils  porteront  une  épigraphe 
ou  devise,  répétée  dans  un  billet  cacheté  qui  contiendra  le  nom  de  Tau- 
teur.  Les  concurrents  sont  prévenus  que  tous  ceux  qui  se  feraient 
connaître  seront  exclus  du  concours. 

—  Par  une  circulaire  datée  d'octobre  1881 ,  M.  Victor  Advielle,  offi- 
cier d'académie,  3,  rue  Guénégaud,  fait  appel  dans  les  termes  suivants 
aux  érudits  des  diverses  régions,  afin  d'obtenir  des  renseignements 
pour  un  ouvrage  qu'il  prépare  : 

c  Je  commence  l'impression  de  mon  Histoire  de  l'ordre  hospitalier  de 
Saint'Antoine-de-  Viennois  et  de  ses  commanderies  et  prieurés. 

c  Dans  le  désir  de  rendre  ce  livre  aussi  complet  que  possible,  je  viens 
solliciter  de  votre  bonté  la  communication  des  documents  qui  peuvent 
exister  dans  votre  région,  et  qui  m'auraient  échappé,  et  l'indication  de 
tous  les  lieux  qui  ont  conservé  le  souvenir  de  saint  Antoine,  ermite,  et 
de  l'ordre  des  Antonins. 

tt  Je  vous  saurai  un  gré  infini  de  ce  que  vous  voudrez  bien  me  trans- 
mettre et  vous  en  remercie  d'avance  très  sincèrement.  » 

Cette  circulaire  est  accompagnée  d'un  questionnaire  ainsi  conçu  : 

f  1*  Quelles  sont  les  églises,  les  chapelles,  les  pèlerinages,  de  votre 
région,  qui  sont  placés  sous  le  vocable  de  saint  Antoine,  ermite  ? —  En 
faire  l'historique.  —  Y  trouve-t-on  des  vitraux  représentant  le  saint  ? 
—  Avec  quels  attributs  ?  (En  dire  la  date  et  fournir  un  croquis,  si  mau- 
vais qu'il  soit.) 

c  2*  Possède-t-on  des  reliques,  des  statues  anciennes ,  des  images  et 
des  médailles  de  saint  Antoine  ? 

c  ^<*  Quels  sont  les  ouvrages  et  les  articles  de  journaux  qui  ont  été 
consacrés  dans  le  pays  à  l'ordre  et  au  saint  ? 

a  4*  Conserve-t-on  dans  les  musées  et  les  bibliothèques  des  statues 
et  des  vies  manuscrites  du  saint,  des  papiers  sur  Tordre,  etc.? 

c  5*  Les  chants  et  récits  légendaires,  les  proverbes  en  l'hoonear 
de  saint  Antoine ,  méritent  d'être  recueillis.  —  Nous  en  transmettre  le 
texte. 

«  6°  Connaît -on  des  portraits  des  généraux  ou  des  religieux  de 
l'ordre  ? 


601 

«  7*  Trouve-t-on  dans  votre  région  des  clochettes  marquées  du  T  des 
antonins?  Les  décrire  (joindre  un  dessin,  s'il  est  possible). 

«  8*  A-t-on  conservé  des  sceaux  de  l'ordre?  En  fournir  une  empreinte 
ou  au  moins  une  description. 

«  9-  S'il  existe  dans  votre  localité  une  église ,  une  chapelle  ou  un 
pèlerinage,  sous  le  vocable  de  saint  Antoine,  ermite,  je  vous  prie  de 
m'en  fournir  la  notice  détaillée. 

«  10-  Je  suis  disposé  à  acquérir  tous  objets  quelconques  se  rattachant 
à  l'ordre  hospitalier  de  Saint- Antoine-de- Viennois  (livres ,  manuscrits , 
parchemins,  sceaux,  statuettes,  etc.).  —  Je  vous  serai  particulièrement 
obligé  de  me  procurer  quelques  images  populaires  et  médailles  de  piété, 
à  Teffigie  de  saint  Antoine.  » 

L'ouvrage  est  publié  par  M.  Guitton-Talamel ,  imprimeur  à  Aix-en- 
Provence. 


RÈGLES  POUR  LA  RÉDACTION  DES  CATALOGUES 

ADOPTÉES  PAR  l'aSSOCIATION  DES   BIBLIOTHÉCAIRES   DU  ROYAUME-UNI. 

L'Association  des  bibliothécaires  du  royaume  uni  de  Grande-Bre- 
tagne-et-Irlande,  dans  la  quatrième  séance  de  son  assemblée  générale 
annuelle,  à  Londres,  le  16  septembre  1881,  a  adopté  un  corps  de  règles 
pour  la  rédaction  des  catalogues  de  bibliothèque  (Cataloguing  Rules  of 
the  Library  Association  of  the  United  Kingdom).  Le  texte  de  ce  règle- 
ment a  été  publié  dans  les  Monthly  Notes  of  the  Library  Association 
ofthe  United  Kingdom,  vol.  II,  n"  10  (15  octobre  1881),  p.  81.  Nous  en 
donnons  ici  la  traduction  à  titre  de  renseignement. 

TITRE. 

1 .  On  transcrira  exactement  le  grand  titre  du  livre,  sans  corriger, 
traduire  ni  modifier  quoi  que  ce  soit.  Toutefois,  on  pourra  supprimer 
les  épigraphes,  répétitions  et  développements  inutiles  de  toute  nature; 
on  indiquera  les  suppressions  par  un  groupe  de  trois  points  (...).  11 
n'est  pas  nécessaire  de  reproduire  rigoureusement  la  disposition  typo- 
graphique et  la  ponctuation  du  titre. 

2.  Si  un  livre  est  particulièrement  précieux  par  son  ancienneté  ou 
sa  rareté,  on  pourra  en  reproduire  le  titre  in-extenso,  avec  la  ponctua- 
tion exacte. 

3.  En  anglais,  on  mettra  une  majuscule  initiale  : 

Aux  noms  propres  qui  désignent  des  personnes,  personnifications, 
lieux,  corps,  événements  célèbres  ou  époques  ; 

Aux  adjectifs  et  autres  mots  dérivés  des  noms  propres,  quand  ils 
ont  un  rapport  direct  à  la  personne,  au  lieu,  etc.,  désignés  par  ces  noms; 

39 


602 

Au  premUir  mot  de  tout  titre  d'ouvrage  cité; 

Amv  tUreit  d^bonneur,  quand  ils  tiennent  lieu  d'un  nom  propre  (par 
#tM»fl^>k»i  Barl  of  Derby;  mais  John  Stanley,  earl  of  Derby), 

4  iMnit  les  langues  étrangères,  on  suivra,  en  ce  qui  concerne  les 
mAJun^ules,  Tusage  de  chaque  pays. 

fh  Ka  cas  de  doute,  on  évitera  les  majuscules. 

NOMBRE   DE  VOLUMES,   FORMAT,   LIEU,  DATE,  ETC. 

a,  Après  le  titre,  on  indiquera,  dans  Tordre  suivant  (les  indications 
m  italiques  sont  facultatives)  : 

a,  —  L'édition,  suivant  l'indication  portée  au  grand  titre  ; 

h,  —  Le  nombre  de  volumes,  s'il  y  en  a  plus  d'un  ; 

0,  —  S'il  n'y  a  qu^un  volume,  on  indiquera  le  nombre  de  pages, 
en  donnant  le  chifpre  de  chaque  pagination  et  en  réunissant  les  chiffres 
de»  diverses  paginations  au  moyen  du  signe  +  ;  le  mêm^  signe,  placé  à 
la  suite  des  chiffres,  indiquera  des  feuillets  non  paginés  (autres  que  des 
pages  d'annonces)  ; 

d.  —  Le  nombre  des  illustrations,  cartes  ou  portraits  hors  texte; 

e,  —  Le  format  ; 

f.  —  Le  lieu  de  publication,  le  lieu  dHmpression,  s'il  est  différent  du 
lieu  de  publication,  et  le  nom  du  libraire-éditeur; 

g,  —  L'année,  telle  qu'elle  est  indiquée  au  grand  titre,  mais  en 
chiiTres  arabes  ;  si  on  sait  que  la  publication  ait  eu  lieu  réellement  en 
une  autre  année,  on  pourra  ajouter  l'indication  de  celles-ci,  entre 
crochets. 

LANQUB  DU  TITRE  ET  DE  l' ADRESSE. 

7.  On  donnera  ces  indications  de  titre  et  d'adresse,  autant  que  pos- 
sible, dans  la  langue  du  titre  ;  toutes  modifications  ou  additions  seront 
placées  entre  crochets. 

TABLES  BT  NOTES. 

8.  On  donnera,  s'il  y  a  lieu,  la  table  des  volumes. 

9.  On  mettra,  s'il  le  faut,  des  notes,  soit  d'explication  ou  d'éclaircis- 
soment,  soit  pour  signaler  des  particularités  bibliographiques  et  autres 
(y  compris  los  défauts).  Les  tables  et  notes  seront  en  petit  texte. 

TÉTBS  d'article. 

On  inscrira  les  livres  : 

10.  Au  nom  do  famille  de  l'auteur,  s'il  est  indiqué  au  grand  titre 
ou  dI  on  lo  connait  sûrement  de  quelque  autre  façon  ;  le  prénom  sera 
pluctH  outrt>  |varixnUièses  après  le  nom  ;  tout  nom  qui  ne  se  trouvera  pas 
dAUM  lo  Hvns  ni  dans  une  éiliiion  postérieure  du  môme  livre,  sera  placé 
m\x^  i^iH)o,luH(),  ot  tout  ouvrage  anonyme  sera  accompagné  de  Tabrévia- 


603 

11.  Aux  initiales  du  nom  de  l'auteur,  si  ces  initiales  seules  sont  con- 
nues ;  la  dernière  initiale  sera  placée  la  première  ; 

12.  Au  pseudonyme  de  l'auteur,  en  renvoyant  du  pseudonyme  au 
vrai  nom,  si  on  le  sait; 

13.  Pour  les  articles  de  collections,  au  nom  de  l'éditeur  et  au  titre 
de  la  collection,  chaque  article  étant  en  même  temps  catalogué  à  part; 

14.  Au  nom  des  pays,  villes,  sociétés,  etc.,  sous  le  patronage  des- 
quels les  ouvrages  sont  publiés; 

15.  Pour  les  périodiques,  au  premier  mot  du  titre  (l'article  excepté)  ; 

16.  Pour  les  anonymes,  au  principal  mot  du  titre  qui  indique  le 
sujet;  les  autres  mots  importants  pourront  donner  lieu  à  des  renvois. 

17.  On  inscrira  les  commentaires  accompagnant  le  texte  et  les  traduc- 
tions au  même  nom  ou  mot  que  l'original,  les  commentaires  sans  le 
texte  au  nom  du  commentateur. 

18.  La  Bible  et  toute  partie  de  la  Bible  (y  compris  les  apocryphes),  en 
quelque  langue  que  ce  soit,  seront  cataloguées  au  mot  Bible  ;  sous  ce 
mot,  les  différentes  parties  seront  classées  selon  Tordre  de  la  ver- 
sion autorisée;  les  textes  polyglottes  et  originaux  seront  placés  les  pre- 
miers, puis  les  traductions  anglaises,  puis  les  autres  versions,  dans 
Tordre  alphabétique  des  noms  des  langues. 

19.  Le  Talmud  et  le  Koran,  ainsi  que  toute  partie  de  ces  livres, 
seront  portés  à  ces  deux  mots. 

20.  Les  livres  sacrés  des  autres  religions  seront  portés  aux  titres  sous 
lesquels  ils  sont  généralement  connus  ;  on  renverra  des  noms  des  édi- 
teurs, traducteurs,  etc.,  à  ces  titres. 

21.  Les  livres  d'office  et  de  prière  employés  par  une  communauté 
religieuse  quelconque  seront  portés  au  mot  Liturgies^  avec  un  sous-titre 
indiquant  la  communauté  religieuse. 

22.  Si  un  livre  a  plus  d'un  auteur  ou  éditeur,  on  l'inscrira  au  nom 
mentionné  le  premier  dans  le  titre,  et  aux  autres  noms  on  mettra  des 
renvois. 

23.  On  pourra  ajouter  entre  crochets  les  noms  de  traducteurs,  de 
commentateurs,  d'éditeurs  ou  d'auteurs  de  préfaces  non  indiqués  au 
grand  titre  ;  on  fera  un  renvoi  de  chacun  de  ces  noms  à  Tarticle  prin- 
cipal. 

24.  Dans  une  thèse  académique,  celui  qui  répond  ou  soutient  la 
thèse  sera  présumé  en  être  l'auteur,  à  moins  qu'on  n'ait  des  motifs  cer- 
tains de  Tattribuer  au  président. 

25.  Les  comptes  rendus  de  procès  civils  seront  portés  au  nom  de  la 
partie  nommée  la  première  sur  le  grand  titre  ;  les  comptes  rendus  de 
procès  criminels  ou  d'actions  intentées  à  l'instance  de  la  couronne,  au 
nom  de  l'inculpé  ou  du  défendeur;  les  procédures  d'amirauté,  au  nom 
du  navire  qu'elles  concernent. 

26.  Les  catalogues  seront  portés  au  nom  de  l'établissement  ou  du 


604 

propriétaire  de  la  collection  ;  au  nom  du  rédacteur,  on  mettra  un  renvoi. 

27.  Les  nobles  seront  inscrits  à  leur  titre,  à  moins  qu'ils  ne  soiept 
plus  connus  sous  leur  nom  de  famille;  dans  ce  dernier  cas,  on  fera  un 
renvoi  du  titre  au  nom. 

28.  Les  dignitaires  ecclésiastiques,  autres  que  les  papes  et  les  princes 
souverains,  seront  inscrits  à  leur  nom  de  famille,  auquel  on  ajoutera 
l'indication  de  leur  plus  haut  titre;  si,  dans  le  livre,  ils  sont  désignés 
sous  un  autre  titre,  on  fera  un  renvoi  de  ce  titre  au  nom  de  famille. 

29.  Toute  personne  généralement  connue  sous  un  prénom  sera  ins- 
crite à  ce  prénom  ;  pour  les  souverains,  les  papes,  les  princes  régnants, 
les  écrivains  orientaux,  les  religieux  et  les  personnes  canonisées,  on 
écrira  le  prénom  sous  la  forme  usitée  en  anglais. 

30.  Pour  les  femmes  mariées  ou  autres  personnes  qui  auront  changé 
de  nom,  on  prendra  le  nom  le  plus  connu,  et  on  fera  un  renvoi  du  nom 
porté  en  dernier  au  plus  connu. 

31.  En  tête  des  articles,  on  écrira  les  noms  des  auteurs  au  long,  chacun 
dans  sa  langue.  Si  un  auteur  est  généralement  connu  sous  un  nom 
latin  ou  latinisé,  on  l'inscrira  sous  ce  nom,  en  ajoutant  le  nom 
vulgaire  à  la  suite  du  premier  article  inscrit,  et  on  fera  un  renvoi  de 
la  forme  vulgaire  à  la  forme  latine. 

32.  En  anglais  et  en  français,  les  noms  de  famille  commençant  par 
une  particule  (excepté  en  français  de  et  d^)  seront  classés  à  la  parti- 
cule ;  dans  les  autres  langues,  ces  noms  seront  classés  au  mot  suivant. 

33.  Les  noms  de  famille  composés  seront  classés,  en  anglais,  au 
dernier  nom  ;  dans  les  autres  langues,  au  premier  nom.  Dans  tous  les 
cas,  on  fera  des  renvois. 

34.  Si  un  auteur  a  été  connu  sous  plusieurs  noms,  on  inscrira  ses 
œuvres  à  Fun  de  ces  noms,  et  à  chaque  autre  nom  on  mettra  un  renvoi. 

35.  Les  sociétés  seront  portées  au  premier  mot  de  leur  titre  officiel 
(l'article  excepté)  ;  les  autres  noms  sous  lesquels  elles  pourraient  être 
connues,  ai?isi  que  ceux  des  localités  où  elles  ont  leur  siège,  donneront 
lieu  à  des  renvois. 

DISPOSITIONS   DIVERSES. 

36.  On  ne  répétera  pas  les  têtes  d'article;  un  guillemet  ou  un 
tiret  tiendra  lieu  de  la  tête  d'article  ou  du  titre  qui  précède.  Un  tiret 
après  un  chiffre  indiquera  une  série  non  terminée. 

37.  Dans  le  classement  des  articles,  un  nom  de  famille  seul  passera 
avant  le  même  nom  accompagné  d'indications  plus  complètes;  parmi 
les  prénoms,  les  simples  initiales  passeront  avant  les  prénoms  exprimés 
au  long  et  commençant  par  les  mêmes  initiales. 

38.  On  classera  les  abréviations  M*  ou  Me,  S.,  St.,  Ste.,  Messrs,, 
Mr.,  Mrs.,  comme  les  expressions  entières,  Mac,  Sanctus,  Saint,  Sainte, 
Messieurs,  Mister,  Mistress, 


605 

39.  Les  différents  ouvrages  d'un  même  auteur  se  classeront  comme 
suit  : 

a,  —  Œuvres  complètes  ; 
h.  —  Collections  partielles  ; 

c.  —  Ouvrages  isolés,  dans  Tordre  alphabétique  du  premier  mot 
des  titres  (Tarticle  excepté). 

On  placera  les  traductions  à  la  suite  des  originaux,  par  ordre  alpha- 
bétique de  langues. 

40.  Pour  les  biographies,  on  fera  un  renvoi  du  nom  de  la  personne 
qui  fait  l'objet  de  la  biographie  à  celui  de  l'auteur. 

41.  On  suivra  pour  le  classement  l'ordre  de  l'alphabet  anglais. 

42.  Les  têtes  d'article  composées  de  plusieurs  mots  seront  classées 
d'après  le  premier  mot  considéré  isolément. 

43.  On  mettra  les  noms  de  personne  avant  les  noms  de  lieu  homo- 
nymes. 

44.  Les  titres  en  caractères  étrangers  pourront  être  remplacés  par 
une  transcription. 

45.  En  allemand,  â^  o,  û  seront  classés  comme  ae,  oc,  ue, 

46.  On  emploiera  les  chiffres  arabes  de  préférence  aux  chiffres 
romains  ;  toutefois,  on  pourra  exprimer  en  chiffres  romains  le  nombre 
qui  suit  le  nom  d'un  souverain,  d'un  prince  ou  d'un  pape,  ou  le  numéro 
d'un  volume,  suivi  d'un  numéro  de  page. 

47.  On  ajoutera  des  qualifications  pour  distinguer  les  auteurs  de 
même  nom. 

48.  Si  un  titre  de  rang  ou  de  profession  fait  partie  de  la  désigna- 
tion habituelle  d'un  auteur,  on  pourra  l'inscrire  avec  le  nom  entête 
de  l'article. 

49.  Si  un  livre  est  écrit  en  plusieurs  langues  et  qu'il  n'en  soit  pas 
fait  mention  au  grand  titre,  on  ajoutera  l'indication  de  ces  langues. 

LES  MALVERSATIONS 
A  LA  BIBLIOTHÈQUE  VITTORIO-EMMANUELE  A  ROME  ^. 

Il  est  rare  que  l'attention  du  monde  savant  soit  aussi  vivement  excitée 
qu'elle  l'a  été  par  la  découverte  des  détournements  considérables  com- 
mis au  préjudice  de  la  nouvelle  bibliothèque  Victor-Emmanuel.  Car 
ceux  dont  se  sont  rendus  coupables  Libri  en  France,  Bruno  Lindner  à 
Leipzig  et  Aloïs  Pichler  à  Saint-Pétersbourg  ne  sont  pas  comparables 
à  ce  qui  s'est  fait  à  Rome.  Que  certains  érudits,  sans  complices,  et 

1 .  Nous  reproduisons  la  traduction  que  la  Revue  internationale  de  V ensei- 
gnement (tome  II,  n"  10,  15  octobre  1881)  a  donnée,  sous  ce  titre,  d'un  article 
du  D'  Ernest  Kelchner,  inséré  dans  le  Journal  de  Francfort. 


606 

poussés  par  le  désir  d'enrichir  leurs  propres  collections,  mettent  la  main 
sur  la  propriété  publique,  c'est  moins  grave  que  de  voir  le  personnel 
d'une  bibliothèque  s'associer  pour  commettre  un  vol  avec  une  maison 
de  librairie  connue.  Quant  au  nombre  et  à  l'importance  des  livres 
détournés,  il  n'y  a  pas  lieu  de  chercher  de  comparaison  ;  on  peut  affir- 
mer en  toute  sécurité  qu'on  n'a  jamais  rien  vu  de  pareil. 

La  commission  nommée  pour  soumettre  les  faits  à  un  examen  appro- 
fondi était  composée  de  MM.  Giovanni  Baccelli,  conseiller  à  la  cour 
d'appel,  Luigi  Pigorini,  professeur,  Francesco  de  Rengis,  député,  Giu- 
seppe  Gostetti,  chef  de  division  au  ministère  de  l'instruction  publique, 
et  Gremona,  sénateur,  commissaire  royal.  Après  un  travail  long  et 
difficile,  elle  a  terminé  et  soumis  au  ministère  un  volumineux  rapport 
qui  éclaire  toute  l'histoire  de  la  bibliothèque  Vittorio-Emmanuele  et 
malheureusement  met  aussi  en  lumière  l'incapacité  mélangée  de 
corruption  du  personnel  administratif  italien.  Ge  rapport,  qui  n'était 
pas  destiné  à  la  publicité,  a  cependant  été  communiqué  à  quelques 
feuilles  officieuses,  et  l'une  d'elles  a  rendu  service  au  monde  en  le 
publiant  dans  son  entier. 

Avec  l'aide  de  cet  intéressant  rapport,  nous  allons  essayer  d'exposer 
les  points  principaux  de  cette  énorme  friponnerie. 

On  sait  qu'en  1873  toutes  les  bibliothèques  des  couvents  de  Rome 
furent  déclarées  propriétés  de  l'État  et  qu'un  décret  royal  du  13  jan- 
vier 1875  les  fondit  en  une  seule  bibliothèque  nationale.  Soixante- trois 
bibliothèques  furent  ainsi  réunies  et  tous  les  livres  dont  elles  se  com- 
posaient furent  déposés  au  premier  et  au  second  étage  du  collegium 
Romanum.  La  nouvelle  fondation  reçut  le  nom  de  biblioteca  Vittorio 
Emmanuele,  Le  ministre  de  l'instruction  publique,  Ruggero  Bonghi, 
avait  lui-même  donné  le  plan  et  veillé  aux  détails  de  l'organisation  : 
au  bout  d'un  an  de  travaux  préparatoires,  on  crut  être  assez  prêt,  et  la 
bibliothèque  fut  ouverte  le  14  mars  1876,  solennellement.  Le  ministre 
fut  comblé  d'éloges;  mais,  quelques  jours  après,  il  tomba  avec  ses  col- 
lègues et  fit  place  à  un  autre.  La  bibliothèque  échappa  dès  lors  à  sa 
direction,  et  l'administration  nouvelle  ne  la  tracassa  pas,  car  elle  pas- 
sait pour  être  dans  un  ordre  parfait.  G'est  alors  que  survinrent  de  diffé- 
rents côtés  des  dénonciations;  on  entendit  dire,  timidement  d'abord, 
puis  ensuite  à  haute  voix,  que  les  collections  de  la  bibliothèque,  au  lieu 
d'augmenter,  diminuaient  de  jour  en  jour.  La  presse  se  fit  l'écho  de  ces 
bruits  et  réclama  des  éclaircissements  :  enfin  le  ministre  de  l'instruc- 
tion publique,  de  Sanctis,  se  vit  forcé  d'aborder  l'affaire  et  confia  le 
soin  de  faire  une  enquête  à  la  commission  dont  nous  avons  plus  haut 
nommé  les  membres. 

Gette  commission  eut  à  lutter  contre  les  plus  grandes  difficultés.  Le 
préfet  de  la  bibliothèque,  le  cav.  Gastellani,  et  le  bibliothécaire,  baron 
Podesta,  n'étaient  pas  en  état  de  fournir  un  tableau  exact  des  anciennes 


607 

bibliothèques  réunies  dans  le  dépôt  dont  ils  avaient  la  garde  :  ils  n'en 
savaient  môme  pas  le  nombre,  et  encore  bien  moins  celui  des  volumes 
que  cette  réunion  avait  entassés.  Les  catalogues  de  chacune  de  ces  biblio- 
thèques manquaient  presque  tous  et  les  deux  ou  trois  qu'on  avait 
étaient  devenus  tout  à  fait  inutilisables.  Jusqu'au  catalogue,  excellem- 
ment fait,  des  80,000  volumes  environ  dont  se  composait  la  bibliothèque 
du  collegium  Romanum,  noyau  de  la  collection  nouvelle,  avait  disparu. 
Les  pièces  constatant  la  livraison  des  différentes  bibliothèques  ne  se 
trouvaient  plus  ;  d'où  l'impossibilité  de  connaître  le  nombre  de  volumes 
entré  par  cette  voie. 

Le  préfet *Gastellani  exhiba  bien  à  la  commission  un  inventaire,  mais 
incomplet,  et  par  conséquent  inutile.  L'examen  du  catalogue  sur  fiches 
prouva  qu'un  nombre  énorme  de  livres  n'avaient  jamais  été  catalogués, 
et  en  revanche  quantité  de  fiches  constataient  l'existence  d'ouvrages  qui 
manquaient  sur  les  rayons;  de  A  à  M,  il  y  en  avait  quatre  mille;  et  il 
était  à  supposer,  en  outre,  que  dans  bien  des  cas  livre  et  carte  man- 
quaient de  compagnie.  Il  faut  remarquer  que  les  trois  salles  contenant 
les  livres  les  plus  rares  et  les  plus  précieux,  ainsi  que  toute  la  section 
des  manuscrits,  n'avaient  pas  encore  été  entamées  par  le  travail  de 
l'inventaire.  Quant  aux  nouvelles  acquisitions,  la  moitié  seulement  était 
cataloguée.  Dans  ces  conditions,  les  catalogues  n'offraient  absolument 
aucun  secours  à  l'enquête  ;  il  était  impossible  d'arriver  avec  leur  aide 
à  constater  le  nombre  des  livres  manquants. 

Outre  cela,  dans  toutes  les  cellules,  tous  les  débarras  et  même  tous 
les  corridors  des  premier  et  second  étages  gisaient  entassés  des  livres, 
des  manuscrits,  des  autographes  de  cardinaux,  d'évêques,  et  dans  des 
conditions  qui  semblaient  faites  exprès  pour  donner  toutes  facilités  aux 
voleurs.  Toutes  les  clefs  de  ces  deux  étages  restaient  jour  et  nuit  entre 
les  mains  des  gens  de  service  ;  dans  un  corridor  du  premier  étage,  dont 
tous  les  coins  étaient  bondés  de  livres  de  toute  sorte,  habitait,  isolée 
seulement  par  une  mince  cloison,  la  nombreuse  famille  du  concierge  ; 
et,  pour  compléter,  la  commission  fit  au  même  lieu  la  découverte  d'une 
porte  secrète  et  d'un  escalier  particulier.  Le  préfet  Gastellani  avoua 
avec  candeur  qu'on  avait  pu  certainement  enlever  par  là  beaucoup  de 
livres  sans  qu'il  en  eût  la  moindre  connaissance,  mais  il  dit  que  c'était 
par  la  volonté  du  ministre  que  les  choses  étaient  arrangées  ainsi. 

En  1878,  Podesta  fut  nommé  directeur  de  la  bibliothèque.  Il  crut  avoir 
trouvé  la  cause  du  désordre,  et  que  le  mal  provenait  de  ce  que  les  livres 
étaient  rangés  d'après  leur  contenu.  Il  proposa  qu'à  l'avenir  ils  le  fussent 
d'après  leur  format,  pour  remédier  ainsi  au  désordre  qui  allait  croissant. 
A  cette  époque  entra  à  la  bibliothèque  un  nouveau  personnage,  du  nom 
de  Bartolmei,  ancien  moine,  qui  paraît  avoir  aimé  le  désordre  pour  lui- 
même,  avoir  trouvé  le  bonheur  dans  la  confusion  et  s'être  donné  pour 
tâche  de  l'augmenter.  Tous  les  vides  qu'il  voyait  sur  les  rayons,  il  les 


608 

remplissait  avec  des  volumes  pris  au  hasard  dans  le  tas  voisin.  Selon 
son  expression,  il  parquait  ensemble  sues  et  boves,  sans  faire  la  moindre 
différence  entre  un  livre  et  un  autre.  Il  convint  plus  tard  que  ces  vides 
avaient  pour  cause  les  vols  fréquents,  que  certainement,  on  finit  par  en 
avoir  la  preuve,  il  favorisait  en  personne.  Tout  allait  naturellement  de 
mal  en  pis,  et,  pour  améliorer  dans  une  certaine  mesure  l'état  des  choses, 
on  rappela  Gastellani  à  son  poste.  U  commença  à  nouveau  à  faire  dresser 
un  inventaire  de  la  bibliothèque  :  mais,  comme  on  ne  cessait  pas,  au 
contraire,  de  se  plaindre  du  chaos  qui  y  régnait,  on  nomma,  pour 
changer  ce  chaos  en  ordre,  une  commission  dont  faisaient  partie,  entre 
autres,  quatre  bibliothécaires.  Dès  que  cette  commission  eut  pris  con- 
naissance de  la  situation,  elle  demanda,  ce  qui  lui  fut  accordé,  la  fer- 
meture immédiate  de  la  bibliothèque.  Mais  Gastellani  n'avait  pas  été 
de  cet  avis,  il  se  dépêcha  de  finir  son  inventaire  et  écrivit,  le  14  sep- 
tembre 1879,  au  ministre  que  son  travail  était  terminé  et  que  la 
réouverture  de  la  bibliothèque  était  maintenant  sans  inconvénients.  Il 
obtint  ce  qu'il  voulait,  mais  son  affirmation  n'était  pas  la  vérité,  car  des 
salles  entières,  pleines  de  livres,  ne  figuraient  pas  dans  son  inventaire. 
Quand  on  lui  en  fit  plus  tard  le  reproche,  il  s'excusa  en  disant  :  a  Mon 
inventaire  était  fini,  mais  il  n'était  pas  clos,  i 

Quant  à  la  façon  dont  ce  soi-disant  inventaire  avait  été  exécuté,  on 
peut  en  juger  par  ce  fait  que  dans  les  livres  anglais  le  titre  de  l'ouvrage 
était  pris  pour  le  nom  de  l'écrivain,  que  Eljusdem  était  souvent  donné 
comme  nom  d'auteur,  etc.,  etc.  Au  cours  de  la  révision  qui  fut  entreprise 
plus  tard,  on  trouva  environ  cinquante  mille  fiches  dont  les  livres  avaient 
entièrement  disparu.  Le  prêt  des  livres  donna  lieu  aux  manquements 
les  plus  graves  ;  jamais  on  ne  jugea  nécessaire  de  se  faire  donner  un  reçu 
des  livres  prêtés.  On  envoyait  chez  les  personnages  haut  placés  les 
ouvrages  qu'ils  demandaient,  sans  s'assurer  et  sans  avoir  la  preuve 
qu'ils  les  avaient  reçus,  et,  comme  les  volumes  n'étaient  pas  timbrés, 
il  devenait  impossible  de  constater  avec  certitude  la  propriété  de  la 
bibliothèque. 

Il  est  arrivé  de  cette  façon  qu'un  très  grand  nombre  de  livres  ont  dis- 
paru sans  laisser  de  trace.  Les  employés  faisaient  ce  qu'ils  voulaient  et 
s'inquiétaient  peu  ou  plutôt  ne  s'inquiétaient  pas  du  tout  d'un  règlement 
qui  n'existait  que  sur  le  papier.  Les  mêmes  abus  se  produisirent  dans 
la  réception  des  bibliothèques,  des  dons,  etc.,  etc.  En  1878,  comme  en 
fait  foi  un  catalogue  représenté,  dix-neuf  ouvrages  d'importance  ont  dû 
entrer,  venant  de  la  bibliothèque  du  Gesù  ;  on  n'en  a  retrouvé  qu'un,  le 
BuUarium  franciscanum.  A  la  bibliothèque  du  professeur  Valenziani, 
achetée  par  PÉtat,  il  ne  manquait  que  173  numéros.  Mais  ce  sont  les 
échanges  avec  la  librairie  Bocca,  à  Rome,  qui  donnèrent  lieu  aux  plus 
grosses  déprédations. 

A  la  fin  de  1877,  un  érudit  trouva  à  Florence,  dans  la  boutique  d'un 


609 

marchand  de  saucisses  et  de  fromages,  une  immense  quantité  de  par- 
chemins et  de  livres  rares  et  précieux,  entre  autres  il  Processo  degli  untori 
di  Milano  :  c'est  un  ouvrage  d'une  grande  rareté  et  d'un  haut  intérêt, 
qui  traite  de  la  peste  de  Florence,  au  temps  de  saint  Charles  Borromée, 
et  dont  il  n*y  a  que  deux  exemplaires  connus,  encore  Tun  des  deux 
est-il  incomplet. 

Cet  incident  attira  l'attention  de  la  commission,  elle  chercha  à  se 
l'expliquer.  Gastellani,  interrogé,  répondit  :  c  Un  jour,  le  ministre  Bonghi 
me  fit  venir  et  me  fit  savoir  que  le  libraire  Bocca  lui  avait  proposé  de 
fournir  la  bibliothèque  de  livres  modernes,  si  on  voulait  lui  céder  en 
échange  les  ouvrages  théologiques  qu'elle  pouvait  posséder  en  double; 
et  il  me  chargea  de  dresser  une  liste  et  des  doubles  de  théologie,  et  des 
œuvres  modernes  qu'il  paraissait  désirable  d'acquérir.  »  L'échangu  fut 
consenti  par  le  ministre,  et  accompli,  mais  comment?  Gastellani  livra 
les  livres  à  Bocca,  sans  dresser  ni  faire  approuver  la  liste  en  question. 
Et,  cependant,  il  s'agissait  là  de  collections  théologiques  d'une  grande 
valeur,  les  Bollandistes,  Baronius,  Wadding,  et  beaucoup  d'autres 
aussi  importantes. 

Mais  qui  fit  le  choix?  C'est  Bocca  qui  nous  dira  la  vérité.  Il  raconte 
tout  à  fait  naïvement  qu'il  allait  lui-même  dans  la  bibliothèque  et  qu'il 
y  choisissait  les  doubles  à  enlever.  Et  ce  n'étaient  pas  les  plus  mauvais 
exemplaires,  car,  pour  plus  de  commodité,  il  prenait  dans  l'ancienne  et 
célèbre  bibliothèque  du  collegium  Romanum^  qui  était  parfaitement 
rangée,  encore  en  place,  et  devait  former  dans  son  intégrité  le  noyau  de 
la  nouvelle  bibliothèque. 

L'opération  s'étendit  à  une  telle  quantité  de  volumes  qu'on  fut  forcé 
de  les  emporter  à  pleins  tombereaux.  C'est  même  cela  qui  donna  l'éveil 
sur  les  fraudes  et  finit,  après  trop  longtemps ,  par  les  faire  découvrir. 
M.  Correa,  chef  de  division  au  ministère  de  l'instruction  publique,  rap- 
porte ainsi  l'incident  :  t  Un  jour,  en  1875,  je  passais  par  hasard  devant 
la  grande  porte  du  collegium  Bomanum^  quand  je  vis  sous  la  voûte  deux 
grandes  voitures  pleines  de  livres  et  une  troisième  qu'on  était  en  train 
de  charger.  Étonné,  j'entrai  et  demandai  qui  avait  donné  l'ordre  d'em- 
porter les  livres  et  pour  quelle  destination.  On  me  répondit  qu'ils 
allaient  à  la  reliure,  ce  qui  me  parut  peu  croyable,  car  ils  étaient  déjà 
reliés.  J'insistai  donc,  et  j'appris  que  c'était  sur  les  ordres  de  Castellani 
que  ces  gens,  appartenant  à  la  librairie  Bocca,  y  emportaient  ces 
volumes.  Ne  pouvant  croire  ni  à  la  légalité  ni  à  la  vérité  du  fait  ainsi 
présenté,  je  fis  suspendre  le  transport,  puis  j'allai  trouver  Gastellani  et 
lui  parlai  de  ce  que  je  venais  de  voir.  Il  convint  du  fait  et  ajouta  qu'il 
avait  l'agrément  du  ministre  pour  ces  échanges.  Comme  je  lui  faisais 
remarquer  que  cette  autorisation  ne  pouvait  avoir  été  donnée,  puisqu'elle 
était  en  contradiction  formelle  avec  le  règlement,  qu'on  devait  au  moins 
attendre  que  l'inventaire  fût  terminé  et  la  bibliothèque  réouverte,  il 


640 

laissa  voir  un  certain  embarras  et  fît  décharger  et  rentrer  les  liyres  en 
question.  «Peu s  à  ce  sujet  une  conversation  avec  le  ministre  lui-môme, 
qui  me  dit  qu'il  avait  à  la  vérité  parlé  d'échanges  avec  Gastellani,  mais 
que  ce  dernier  avait,  à  ce  qu'il  semblait,  interprété  trop  largement  ses 
paroles.  » 

Malgré  cette  découverte,  les  mômes  livres  n'en  furent  pas  moins  plus 
tard  livrés  à  Bocca;  on  les  compta  seulement  400  francs  de  plus. 

Mais  au  moins  Bocca  a-t-il  fourni  à  la  bibliothèque  les  livres  qu'elle 
demandait  comme  compensation?  Par  malheur,  la conmiission  a  trouvé 
le  contraire  ;  car,  dans  les  comptes  de  cette  maison  de  librairie,  on  voit 
que  les  ouvrages  désignés  par  Gastellani  comme  objet  d'échanges  ont 
été  payés  à  Bocca  argent  comptant.  Mais  le  plus  piquant  de  l'affaire,  c'est 
que  la  bibliothèque  fut  plus  tard  forcée  d'acheter  de  Bocca  huit  volumes 
du  Baronius,  édition  de  Lucques,  parce  que  le  sien  n'était  pas  complet  : 
or,  on  avait  livré  au  même  Bocca  un  grand  nombre  de  volumes  de 
Baronius  comme  doubles  ;  la  bibliothèque  du  collegium  Romanum 
possédait  un  exemplaire  complet  de  l'édition  ci-dessus,  et,  quand  (m 
vint  à  examiner  les  huit  volumes  récemment  acquis,  on  s'aperçut  que 
quatre  d'entre  eux  étaient  sortis  de  la  bibliothèque  Vittorio-Emmanuele, 
où  ils  rentraient.  La  même  chose  arriva  pour  quelques  volumes  du 
Wadding,  qu'on  fut  forcé  de  racheter  quelques  centaines  de  francs, 
après  qu'on  en  eut  laissé  emporter  par  Bocca  environ  une  quaran- 
taine. 

Mais  c'est  en  1876  que  se  passèrent  les  faits  les  plus  déplorables.  Cest 
alors  que  cet  honorable  libraire  acheta  les  livres  au  poids,  à  raison  de 
quarante  francs  le  quintal.  Encore,  pour  obtenir  ce  prix,  la  bibliothèque 
devait-elle  ajouter  un  Ungarelli,  un  Moroni  et  quelques  exemplaires  de 
Garucci.  Quand  le  Moroni  et  le  Garucd  manquaient,  le  quintal  n'était 
plus  payé  que  vingt-cinq  francs.  Get  arrangement  avait  été  proposé  par 
Bocca  dans  une  lettre  qui  porte  en  marge  une  approbation  autographe 
de  M.  Bonghi,  ministre  de  l'instruction  publique.  G'était  apparemment 
correct,  dit  ironiquement  la  commission ,  puisque  le  ministre  l'autori- 
sait. Il  y  a  quatre  de  ces  ventes  au  poids  dont  on  n'a  pu  retrouver  La 
trace;  pour  3,654  francs,  Bocca  enlevait  10,892  kilogrammes  de  livres; 
cela  peut  donner  une  idée  approximative  de  la  masse  de  volumes  qui 
ont  disparu  rien  que  de  cette  façon.  Des  témoins  oculaires  ont  raocmté 
que  les  hommes  de  peine  de  la  librairie  entraient  avec  leurs  sacs  dans 
les  salles  de  théologie ,  qu  on  ouvrait  pour  eux ,  et  les  remplissaient 
eux-mêmes;  pendant  qu'on  affirmait  que  le  triage  était  fût  à  loisir  par 
des  gens  compétents. 

Enfin,  on  employa  un  moyen  beaucoup  plus  simple;  on  Tendit  les 
livres  au  poids  du  papier^  comme  maculature,  et  ce  à  pleines  voitures. 
Là  non  plus^  on  ne  se  donna  pas  la  peine  de  choisir.  Un  jour,  un  visi- 
leur,  le  cav.  Gorvisieri,  entre  dans  une  salk  où  1?  sol  ^ait  coavmt  de 


6U 

soi-disant  vieux  papier,  il  se  baisse  et  trouve  que  cette  couche  de  raacu- 
lature  était  formée  de  fragments  d'incunables.  Il  ramasse  une  feuille  et 
voit  avec  stupéfaction  que  c'est  l'édition  originale  de  la  lettre  de  Chrisi- 
tophe  Colomb  sur  la  découverte  de  l'Amérique.  Au  même  instant 
entraient  Gastellani  et  Podesta;  Gorvisieri  leur  demanda  si  ce  tas  de 
papier  était  pour  être  jeté;  et,  sur  leur  réponse  affirmative,  il  prit 
quelques  feuilles  qu'il  agita  au-dessus  de  sa  tête  en  s'écriant  :  c  CSes 
chiffons  de  papier-là  valent  trois  mille  francs  !»  Il  a  été  établi  que  les 
garçons  de  la  bibliothèque,  pour  augmenter  la  masse  du  vieux  papier, 
qui  était  pour  eux,  déchiraient  tout  simplement  les  premiers  livres 
venus  et  les  jetaient  au  tas.  Chez  Buonajusi,  le  marchand  de  fromages 
de  Florence,  on  a  trouvé  une  grande  quantité  de  livres  qui  lui  sont 
venus  de  cette  façon.  Il  y  en  avait  de  très  précieux,  qui  venaient  presque 
tous  de  la  bibliothèque  du  collegium  Romanum.  La  bibliothèque  de 
Florence  y  acheta  six  mille  ouvrages,  et  ceux-là  au  moins  furent  sauvés 
de  la  destruction.  Plus  tard,  le  libraire  Menozzi,  à  Florence,  acheta  au 
même  marchand  de  fromages  une  grande  quantité  de  livres,  et  l'enquête 
a  malheureusement  établi,  là  aussi,  que  la  bibliothèque  Vittorio-Emma- 
nuele  lui  en  avait  racheté  qui  étaient  siens  et  avaient  été  vendus 
comme  vieux  papier. 

Il  y  a  eu  aussi  des  vols  purs  et  simples.  C'est  par  cette  voie  qu'a  dis- 
paru le  Canina,  gli  Edifizi  aniichi  di  Roma^  six  volumes  in-folio,  qu'on 
a  pu  consulter  jusqu'en  1878  et  qui  a  disparu  depuis.  En  1877,  Bocca 
présentait  une  facture  de  25,000  francs,  qu'on  allait  payer  en  vieux 
livres,  quand  le  ministre  d'alors  s'y  opposa  et  donna  l'ordre  que  les 
doubles  désignés  pour  cet  échange  fussent  vendus  aux  enchères 
publiques.  On  en  imprima  le  catalogue,  cela  coûta  8,000  francs,  et  la 
vente  n'eut  jamais  li^u.  Il  a  été  établi  qu'une  grande  partie  des  livres 
qu'il  aurait  fallu  produire  avaient  disparu.  Dans  les  acquisitions,  l'ordre 
était  le  même.  L'examen  des  factures  de  Bocca,  d'un  total  de  70,000  francs, 
a  donné  le  résultat  suivant  :  sur  1,590  articles,  540  n'avaient  pas  été 
catalogués,  192  avaient  été  portés  et  payés  deux  fois,  et  120  n'ont  pas 
pu  se  retrouver  dans  toute  la  bibliothèque.  Sur  538  ouvrages  livrés  par 
Loescher,  267  n'étaient  pas  enregistrés,  47  ne  se  retrouvaient  pas. 

La  commission  termine  ici  son  rapport,  en  déplorant  que  des  mains 
indignes  aient  si  longtemps  disposé  des  trésors  de  la  science,  pour  les 
exploiter  sans  plus  de  scrupule  ni  de  soin  que  ne  font  les  chiffonniers 
avec  leur  marchandise. 

Les  coupables  sont  déshonorés,  peut-être  la  justice  leur  réserve-t-elle 
d'autres  châtiments  ;  mais  cela  ne  réparera  pas  le  mal  fait  à  la  science. 
Il  ne  s'agit  pas  ici  de  centaines  ou  de  milliers  de  volumes  ;  c'est  par 
centaines  de  mille  qu'il  faut  compter;  et  on  a  choisi  dans  le  meilleur. 
Aussi  un  cri  de  douleur  a-t-il  retenti  dans  tout  le  monde  savant,  et  il 
n'est,  hélas  !  que  trop  déplorablement  motivé. 


642 
LA  FRONTIÈRE  D'EMPIRE  DANS  UARGONNE. 

ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 

P.  383,  note  2,  ajouter  aux  ouvrages  indiqués  V Histoire  de  Verdun  et 
du  pays  verdunois,  par  feu  l'abbé  Clouët  (Verdun,  1867-1870,  3  vol. 
in-8').  —  Je  dois  à  M.  Paul  Meyer  la  connaissance  de  ce  livre,  que 
j'avais  eu  le  tort  de  négliger  d'abord,  et  où  j'ai  trouvé,  sur  son  indica- 
tion, plusieurs  renseignements  utiles. 

P.  385,  ligne  4  du  bas  du  texte,  sur  les  mots  nobilem  virum  ..  de  Albo 
Monte,  ajouter  en  note  :  Henri  de  Blamont,  frère  du  primicier  ou  prin- 
cier do  Verdun,  Thomas  de  Blamont  (Clouët,  t.  m,  p.  9).  —  Blamont, 
Meurthe-et-Moselle,  arrondissement  de  Lunéville,  chef-lieu  de  canton. 

P.  389,  lignes  8  à  18.  —  L'abbé  Clouët,  t.  II,  p.  487,  mentionne  et 
reproduit  en  partie  l'acte  de  compagnie  des  chanoines  de  Montfaucon- 
d'Argonne  avec  Philippe  le  Hardi ,  pour  le  partage  de  la  seigneurie  et 
de  la  justice  de  ce  lieu  et  des  environs.  Il  ne  dit  pas  où  il  avait  vu  cette 
pièce,  qui  ne  se  retrouve  aujourd'hui  ni  aux  archives  nationales  ni  aux 
archives  de  la  Meuse.  La  date  exacte  de  cet  accord  est  le  mardi  après 
la  Circoncision,  l'an  1272,  c'est-à-dire  le  5  janvier  1273,  nouveau  style. 
Voici  l'extrait  donné  par  Clouët  :  t  Omnibus ,  etc. ,  Fulco  et  Acelinus 
canonici  et  procuratores  Johannis  prepositi,  Nicolai  decani  totiusque 
capituli  ecclesie  Montisfalconis,  Remensis  diocesis...  Excellent! ssimum 
dominum  nostrum  Ph.  Dei  gratia  Francorum  regem  associamus  me- 
dietati  omnium  possessionum,  jurium,  justitiarum  nostrarum,  videlicet 
in  villis  de  Montefalconis ,  de  Chesserges,  de  Cuisiaco,  de  Grericort,  de 
Duyllancort,  de  Ceri,  de  Espenonville ,  de  Gennes*,  in  hominibus, 
terragiis,  pratis  ,  aquis,  furnis,  molendinis  factis  et  faciendis,  in  villis 
edificandis  et  in  omnibus  accrescentiis  que  fient  de  cetero  in  terra  no- 
stra...  Actum  Parisiis,  die  Martis  post  Gircumcisionem  Domini,  anno 
ejusdem  millesimo  ducentesimo  septuagesimo  secundo,  b  On  trouvera 
également  dans  Clouët,  t.  III,  p.  221,  l'acte  de  renouvellement  delà 
compagnie  entre  le  roi  et  Montfaucon,  en  novembre  1319  (ci-dessus, 
p.  392). 

P.  391,  ligne  13.  —  Montfaucon  est  mentionné  dans  le  partage  du 
royaume  de  Lothaire  entre  Charles  le  Chauve  et  Louis  le  Germanique, 
on  870  {Monumenta  Gennaniae,  legum  t.  I,  p.  517).  Il  appartenait  donc 
alors  à  ce  royaume  et  non  à  celui  de  France.  Cest  un  motif  de  plus 
d'attribuer  ce  lieu,  pour  les  siècles  suivants,  à  TEmpire. 

1.  MontfaucoD-d*ArgonDe,  Mease,  arr.  de  Montmédy,  cbef-Ueo  de  caakMi: 
Seplsarges,  Cuisy,  Gercourl-et-Drillancoiirl ,  Cierges ,  Épinonville  el  Gesses, 
coramuDes  du  rantan  de  MantfaocoQ-d'Argonne. 


...■?■  ."■■ 


643 

Pages  391  (note  2),  392  (note  2,  ligne  5)  et  398  (note  de  la  page  pré- 
cédente, ligne  3),  au  lieu  de  I,  lire  II. 

P.  400,  ligne  2,  au  lieu  de  Verdunensis,  lire  Virdunensis. 

P.  400,  lignes  4  à  9.  —  Comparez  Glouët,  t.  Il,  p.  241  :  t  On  remarquait 
encore,  comme  singularité  topographique  de  cet  endroit  (Lachalade), 
que  les  diocèses  de  Verdun,  de  Reims  et  de  Ghâlons  confinaient,  à  dix 
pas  de  l'abbaye ,  à  Tun  de  ces  petits  ponts  que  Ton  appelait  autrefois 
Planchettes.  » 

P.  401 ,  lignes  3  à  14,  et  p.  418,  lignes  14  à  24.  —  L'assertion  du 
témoin  Richard  le  Grenetier,  doyen  de  Verdun,  au  sujet  des  sergents 
français  envoyés  t  pour  défendre  qu'on  ne  mène  laines  du  royaume  en 
l'Empire  » ,  des  enquêtes  faites  à  Verdun  par  un  bailli  français  et  de 
Tordre  du  roi  de  France,  enjoignant  aux  Verdunois  de  livrer  à  ses 
agents  «  un  de  leurs  citoyens,  pour  justicier  et  pour  punir,  »  est  con- 
firmée de  tout  point  par  deux  arrêts  du  parlement,  retrouvés  par 
M.  Delisle  et  insérés  dans  son  Essai  de  restitution  d'un  volume  des  Olim. 
Le  premier  de  ces  arrêts ,  rendu  au  parlement  de  l'Epiphanie  en  1278 
(nouveau  style),  ne  nous  est  connu  que  par  une  analyse  du  xvi®  siècle  : 
f  Les  bourgeoys  de  Verdun  en  Lorraine  respondent  en  parlement  a  la 
vefve  feu  Philippes  le  Glox,  bourgeoise  du  roy  à  Sens,  et  sont  condamnés 
pour  prise  et  arrest  de  laines  faictz  audict  Verdun,  qui  est  estrange.  » 
(Boutaric,  Actes  du  parlement  de  Paris,  t.  I,  p.  348,  n*  310.)  Le  second, 
du  terme  de  la  Toussaint  de  l'an  1287,  nous  est  parvenu  intégrale- 
ment :  €  Per  inquestam  super  hoc  factam  probata  est  injuria  illata 
servientibus  lanarum  ab  aliquibus  de  Verduno,  propter  quod  mandatum 
est  rectoribus  Verduni  ut  tradant  Parium  Gelium  (variante  :  Golcum) 
civem  suum  curie  nostre  seu  gentibus  domini  régis  puniendum,  et 
primicerio  Verduni,  tenenti  locum  episcopi  sede  vacante,  ut  faciat 
emendari  prisiam  dictorum  servientium  per  gentes  suas  et  detencionem 
eorum  in  Castro  de  Thom  in  carcere,  quod  castrum  est  episcopale^.  » 
(Ibid.,  p.  409,  n»  662.) 

Julien  Ha  VET. 

VENTE  DE  LA  BIBLIOTHÈQUE  8UNDERLAND. 

On  vient  de  vendre  à  Londres  la  première  partie  de  la  magnifique 
bibliothèque  du  château  de  Blenheim,  appartenant  au  duc  de  Marl- 
borough.  Gette  bibliothèque  célèbre,  généralement  connue  sous  le  nom 


1.  Il  s'agit  probablement  d'Hattonchàtel  (Meuse,  arr.  de  Commercy,  canton 
de  Yigneuiles),  où  les  évéques  de  Verdun  avaient  une  forteresse  importante  et  le 
siège  principal  de  leur  justice  (Liénard,  Dictionnaire  topog^raphique  du  dépar* 
tement  de  la  Meuse,  p.  104). 


6U 

de  bibliothèque  Sanderland ,  parce  qu'elle  a  été  formée  par  Charles 
Spencer,  comte  de  Sunderland,  mort  en  1722,  occupe  une  immense  salle 
construite  tout  exprès  dans  Taile  gauche  du  vaste  palais  que  le  parle- 
ment offrit,  en  témoignage  de  la  reconnaissance  publique,  à  John 
Churchill,  après  sa  victoire  sur  les  troupes  franco-bavaroises,  près  de 
Blenheim ,  en  Bavière.  Elle  renferme  des  ouvrages  de  la  plus  grande 
valeur  et  est  une  des  plus  considérables  qui  existe. 

Pendant  les  premières  adjudications,  qui  viennent  de  durer  dix  jours, 
plusieurs  milliers  de  volumes  ont  été  vendus  et  ont  réalisé  des  prix 
fabuleux,  entre  autres  les  suivants  :  le  Roman  du  roi  Arthus  et  des  com- 
pagnons de  la  table  ronde,  manuscrit  sur  vélin,  12,750  fr.;  le  Décaméron, 
de  Boccace,  portant  la  date  de  1471,  première  édition  avec  date,  14,625  fr.  ; 
De  la  ruine  des  nobles  liommeset  feinines,  13,000  fr.;  une  copie  d'Augustin, 
De  civitate  Dei,  1475,  imprimé  sur  vélin  et  enluminé,  25,000  fr. ;  une 
Bible  latine  en  deux  volumes,  la  première  Bible  imprimée  avec  date  et 
enluminée,  40,000  fr. 

Le  Ëritish  Muséum  a  fait  Tacquisition  d'un  certain  nombre  des  raretés 
que  vient  de  disperser  le  marteau  du  commissaire-priseur.  Le  Times 
cite  :  des  éditions  d'Ésope  ;  VEstat  de  V Eglise  et  de  la  colonie  française 
dans  la  Nouvelle-France,  par  Jean,  évéque  de  Québec,  1688;  des  Gior- 
dano  Bruno  ;  l'édition  milanaise  de  1478  des  Commentaires  de  César. 

La  vente  de  la  première  partie  de  la  bibliothèque  Sunderland  a  pro- 
duit 484,425  fr. 

La  seconde  partie  doit  être  vendue  au  mois  d'avril. 

{Chronique  du  Journal  général  de  Vimprimerie 
et  la  librairie,  24  décembre  1881.) 


TABLE. 


Pages 
Rôle  de  la  confrérie  de  Saint-Martin  de  Ganigou,  par  Louis 

Blancard  (avec  un  fac-similé) 5 

Une  lettre  inédite  d'Alcuin,  communication  de  M.  le  D' 
S.  Loewenfeld 8 

Les  archives  des  établissements  latins  d'Orient,  à  propos 
d'une  publication  de  l'École  française  de  Rome,  par  le  comte 
Riant,  de  l'Institut * 13 

Catalogue  des  manuscrits  de  Tabbaye  cistercienne  de  la 
Charité,  au  diocèse  de  Besançon,  par  dom  Guillaume  Pinard, 
publié  par  J.  Gauthier 19 

Quelques  autographes  français  des  archives  de  Venise ,  par 
L.  de  Mas  Latrie 30 

Les  archives  du  comté  de  la  Marche,  par  Antoine  Thomas  .  36 

Najac  en  Rouergue,  notes  historiques  et  archéologiques,  par 
Auguste  et  Emile  Molinier 128,  361 

Catalogue  de  la  bibliothèque  de  l'abbé  Adson  de  Montier- 
en-Der  (992),  publié  par  H.  Omont 157 

Étude  sur  le  rythme  des  bulles  pontificales,  par  Noël  Valois  161,  257 

Chartes  de  Saint-Martin  de  Tours,  coUationnées  par  Baluze 
sur  les  originaux,  par  A.  Giry 273 

Listructions  de  Foscari,  doge  de  Venise,  au  consul  de  la 
république  chargé  de  complimenter  le  nouveau  roi  de  Tunis 
en  1436,  par  L.  de  Mas  Latrie 279 

Liste  des  noms  d'hommes  gravés  sur  le^  monnaies  de 
l'époque  mérovingienne,  lettre  à  M.  d'Arbois  de  Jubainville, 


646 

par  An.  de  Barthélémy 283 

La  frontière  d'Empire  dans  TArgonne;  enquête  faite  par 
ordre  de  Rodolphe  de  Habsbourg,  à  Verdun,  en  mai  1288;  par 
Julien  Havet 383, 612 

Poème  anonyme  sur  les  lettres  de  l'alphabet,  publié  par 
H.  Omont   . 429 

Le  missel  du  cardinal  de  Tournai,  à  la  bibliothèque  de 
Sienne ,  par  Auguste  Gastan 442 

Les  Miracles  de  Notre-Dame  de  Chartres,  texte  latin  inédit, 
publié  par  Antoine  Thomas 505 

Notes  de  paléographie  grecque,  à  propos  d'un  livre  récent  de 
M.  Gardthausen,  par  H.  Omont 551 

De  la  formule  c  Car  tel  est  notre  plaisir  »  dans  la  chancel- 
lerie française,  par  L.  de  Mas  Latrie 560 


OUVRAGES  ANALYSÉS 

DANS    LE    BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

Arbois  de  Jubainville  (H.  d'),  Études  sur  le  droit  celtique  :  le 
Senchus  Môr  (compte  rendu  par  Paul  Viollet) 317 

Audertin  (Charles),  Histoire  de  la  langue  et  de  la  littérature 
françaises  au  moyen  âge  (Gaston  Raynaud) 463 

BoNNASSiEux  (Pierre),  le  Château  de  Clagny  et  M*^^  de  Mon- 
tespan 581 

BouRMONT  (A.  de).  Lecture  et  Transcription  des  vieilles  écri^ 
tures,  manuel  de  paléographie  des  xvi«,  xvii«,  xvm«  siècles 
(L.  Delisle) 585 

Bulletin  de  la  Société  historique  et  littéraire  de  Tournai, 
tome  XVIII  (A.  de  Marsy) 313 

Ghorier  (Nicolas),  Vie  d'Artus  Prunier  de  Saint-André,  publ. 
par  A.  Vellot  (H.  Prudhomme) 213 

Gurie-Seimbres  (A.),  Essai  sur  les  villes  fondées  dans  le  sud^ 
ouest  de  la  France  aux  xm«  et  xiv®  siècles  sous  le  nom  générique 
de  bastides  (A.  Giry) 451 

Deseille  (Ernest),  le  Pays  boulonnais,  études  historiques 
(P.  Bonnassieux) 61 

Deville  (A.),  Tombe^iux  de  la  cathédrale  de  Rouen,  3«  édition, 
par  F.  Bouquet  (Henri  Bouchot) 322 

Du  Chastel  de  la  Howardries-Neitn'ireuil  (le  comte  P.-A.), 
Notices  généalogiques  tournaisiennes,  dressées  sur  titres,  tome  I«* 
(A.  de  Marsy) 311 

Faucon  (Maurice),  la  Rédaction  de  la  coutume  d'Auvergne  en 
1510,  d'après  un  rôle  des  Archives  na/iona/M  (Antoine  Thomas).  60 


6^7 

Flammermont  (Jules),  Histoire  des  institutions  municipales  de 
Sentis  (Julien  Havet) 579 

,  Fleury  (P.  de),  Notes  additionnelles  et  rectificatives  au  Gallia 

christiana  (L.  de  Mas  Latrie) 56 

FouRNiER  (Paul),  les  Officiantes  au  moyen  âge  (E.-J.  Tardif).  52 

Frémy  (Edouard),  Un  Ambassadeur  libéral  sous  Charles  IX  et 
Henri  III,  ambassades  à  Venise  d'Arnaud  du  Ferrier  (Paul 
Viollet) 58 

GiRAUDET  (E.),  les  Origines  de  l'imprimerie  à  Tours.     .     .     .  582 

Guillaume  (Paul),  Recherches  historiques  sur  les  Hautes^Alpes 
(H. -François  Delaborde) 306 

GuiLLOTiN  DE  GoRSON  (l'abbé).  Fouillé  historique  de  V arche- 
vêché  de  Rennes  (A.  Bruel) 210 

La  Borderie  (A.  de),  Correspondance  historique  des  bénédic- 
tins bretons  (A.  de  Barthélémy) 316 

Lapfleur  de  Kermaingant  (P.),  Gartulaire  de  l'abbaye  de  Saint' 
Michel  du  Tréport  (Ulysse  Robert) 462 

Lavalley  (Gaston),  Catalogue  des  manuscrits  de  la  bibliothèque 
municipale  de  Caen  (H.  Omont) 199 

Lecoy  de  la  Marche  (A.),  Saint  Martin  (A.  Bruel) ....  202 

Leroux  (Alfred),  Notice  historique  sur  Vhâpital  de  Magnac" 
Laval  en  Basse-Marche  (Julien  Havet) 581 

Luçay  (le  comte  de)  ,  Des  origines  du  pouvoir  ministériel  en 
France  :  les  Secrétaires  d'État,  depuis  leur  institution  jusqu'à  la 
mort  de  Louis  XIV  (Noël  Valois) 465 

Martin  (A.),  les  Anciennes  Communautés  d'arts  et  de  métiers 
du  Havre  (P.  Bonnassieux) 208 

Mittheilungen  des  Instituts  fUr  oesterreichische  Geschichtsfor- 
schung,  II  (Julien  Havet) 68,  583 

Molinier  (G.),  l'Inquisition  dans  le  midi  de  la  France  au  xni® 
et  au  XIV®  siècle,  De  fratre  Guillelmo  Pelisso  veterrimo  inquisi- 
tionis  historico  (G.  Bemont) 565 

Munoz  Y  RivERO  (Jésus),  Manual  de  paleografta  diplomâtica 
espanola  de  los  siglos  xn  al  xvii  (Alfred  Morel-Fatio) .     ...  70 

Palustre  (Léon),  la  Renaissance  en  France  (J.-J.  Guiffrey).    200,  572 

Petit  de  Julleville  (L.),  Histoire  du  théâtre  en  France:  les 
ilf2/5^ére5  (Gaston  Raynaud) 464 

Pilot  de  Thorey,  Cartulaire  de  l'abbaye  bénédictine  de  Notre- 
Dame  et  Saint- Jean-Baptiste  de  Chalais  (Ulysse  Robert).    .     .  460 

Pottier  (Fabbé  G.),  la  Mission  apostolique  de  saint  Julien  et 
la  Tradition  de  V Église  du  Mans  avant  1645  (Paul  Viollet).     .  207 

Robert  (Ulysse),  Pentateuchi  Versio  Latina  antiquissirna  e 

codice  Lugdunensi  (H.  d'Arbois  de  Jubainville) 216 

40 


648 

RoGHAMBBAu  (le  marquis  de),  les  Imprimeurs  vendômois 
(H.  Omont) 315 

Sarradin  (A.),  Eustache  des  Champs,  sa  vie  el  ses  cmvres  (Mau- 
rice Faucon) 67 

Société  jersiaise,  publication  5«  :  Extente  de  Vile  de  Jersey, 
1607  (Julien  Havet) 312 

Souvenirs  de  la  Flandre  wallonne,  tome  XVIII  (A.  de  Marsy).  62 

Valois  (N.),  De  arte  scribendi  epistolas  apud  Gallicos  medii 
awt  scriptores  rhetoresve  (E.-J.  TardiO 63 

VroNAT  (G.),  Cartulaireet  Histoire  de  Vabhaye  de  Notre-Dame 
de  Baugency  (Ulysse  Robert) 461 

Vditry  (A.),  le  Gouvernement  royal  et  l'Administration  des 
finances  sous  Philippe  le  Bel  et  ses  trois  fils,  les  Monnaies  des 
trois  premiers  Valois  (F.  Rocquain) 318 

VuY  (Jules),  Origine  des  idées  politiques  de  Rousseau  (Paul 
Viollet) 215 

Livres  nouveaux,  par  Julien  Havet.    .    .    .    81,  221,  324,  468,  586 

CHRONIQUE. 

ÉCOLE   DES  CHARTES   ET   SOCIÉTÉ   DE   L*ÉGOLE  DES  CHARTES. 

Thèses  de  l'École  des  chartes,  rapport  de  M.  Delisle,  président  du 
conseil  de  perfectionnement,  et  délivrance  des  brevets  d'archiviste 
paléographe,  105.  —  Arrêté  ministériel  du  19  mars  1881,  qui  règle  la 
forme  des  examens  de  l'École  des  chartes,  337.  —  Examens  de  TÉcole 
des  chartes  (juillet  1881),  341.  — Nomination  des  élèves  de  première 
année  (arrêté  du  26  novembre  1881),  595.  — M.  Paulin  Paris,  membre 
du  conseil  de  perfectionnement  de  l'École  des  chartes,  décédé,  112; 
remplacé  par  M.  Gaston  Paris,  239.  —  M.  Tardif,  professeur  de  droit  du 
moyen  âge  à  l'École  des  chartes,  suppléé  par  M.  Viollet,  239. 

Bureau  et  commissions  de  la  Société  de  l'École  des  chartes  pour 
1881-1882,  336,  596.  —  Œuvre  de  secours  des  anciens  élèves  de  l'École 
des  chartes,  336. 

M.  d'Arbois  de  Jubainville  communique  une  note  sur  les  manuscrits 
irlandais  conservés  en  Angleterre  et  en  Irlande,  484;  professeur  au 
collège  de  France,  597.  —  M.  de  Barthélémy,  vice-président  de  la  Société 
de  l'École  des  chartes,  336  ;  trésorier  de  l'œuvre  de  secours  des  anciens 
élèves  de  l'École  des  chartes,  rend  compte  de  l'état  et  de  remploi  des 
fonds,  336.  —  M.  Beauquier,  député,  596.  —  M.  Bénet,  archiviste 
paléographe,  108;  sa  thèse,  106;  archiviste  de  Saône-et>-Loire,  483.  — 
M.  Élie  Berger,  membre  de  l'École  française  de  Rome ,  ses  travaux, 
109;  archiviste  auxiliaire  aux  Archives  nationales,  239;  archiviste  aux 
Archives  nationales,  596.  —  M.  Berthelé,  élève  de  l'École  des  chartes, 


6^9 

archiviste  des  Deux-Sèvres,  483.  —  M.  Bonnardot,  chargé  de  mission 
à  Turin,  351.  —  M.  Bruel,  archiviste  de  troisième  classe  aux  Archives 
nationales,  108;  membre  de  la  commission  de  comptabilité  dé  la  Société 
de  l'École  des  chartes ,  596  ;  lauréat  de  TAcadémie  des  inscriptions  et 
belles-lettres  (second  prix  Gober t),  598.  —  M.  Gasati,  officier  d'académie, 

596.  —  M.  Gauwès,  professeur  à  la  faculté  de  droit  de  Paris,  596.  — 
M.  Charavay,  membre  de  la  commission  chargée  de  préparer  la  publi- 
cation des  documents  relatifs  à  l'histoire  de  l'instruction  publique  de 
1789  à  1808,  596.  —  M.  Goppinger,  archiviste  paléographe,  108;  sa 
thèse,  107.  —  M.  H.-François  Delaborde,  archiviste  de  sixième  classe 
aux  Archives  nationales,  108;  secrétaire  de  la  Société  de  l'École  des 
chartes,  336.  —  M.  Delaville  Le  Roulx  :  sa  donation  à  l'École  française 
de  Rome,  599.  —  M.  Delisle  :  son  rapport  sur  les  thèses  de  l'École  des 
chartes,  105;  ses  paroles  aux  funérailles  de  M.  Claude,  113;  membre  de 
la  commission  de  publication  de  la  Bibliothèque  de  V École  des  chartes, 
336;  membre  de  la  commission  de  V Histoire  littéraire  de  la  France,  351  ; 
son  rapport  sur  la  donation  faite  à  la  Bibliothèque  nationale  par 
M.  Paul-Émile  Giraud,  484  ;  membre  de  la  commission  chargée  de  pré- 
parer la  publication  des  documents  relatifs  à  l'histoire  de  l'instruction 
publique  de  1789  à  1808,  596.  —  M.  Deprez,  bibliothécaire  à  la  Biblio- 
thèque nationale,  109.  —  M.  Didier-Neuville,  commis  de  seconde  classe 
aux  archives  du  ministère  de  la  marine,  239.  —  M.  Digard,  archiviste 
paléographe,  108;  sa  thèse,  106.  —  M.  Douët  d'Arcq,  membre  de  la 
commission  de  comptabilité  de  la  Société  de  l'École  des  chartes,  336.-^ 
M.  Dufresne,  archiviste  paléographe,  108;  sa  thèse,  106.  — M.  Dupont, 
membre  de  la  commission  de  comptabilité  de  la  Société  de  l'École  des 
chartes,  336.  —  M.  Durrieu,  membre  de  l'École  française  de  Rome,  ses 
travaux,  110  ;  sa  donation  à  l'École  française  de  Rome,  599.  —  M.  Mau- 
rice  Faucon,  membre  de  l'Ecole  française  de  Rome,  ses  travaux,  599. 

—  M.  Flammermont,  lauréat  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres  (prix  La  Fons-Mélicocq),  599. — M.  Floquet,  décédé  le  3  août  1881, 
482. —  M.  Marcel  Fournier,  archiviste  paléographe,  108;  sa  thèse,  107. 

—  M.  Paul  Fournier,  médaillé  au  concours  des  antiquités  de  la  France, 

597.  —  M.  Garnier,  membre  de  la  commission  de  comptabilité  de  la 
Société  de  l'École  des  chartes ,  336;  décédé  le  20  octobre  1881 ,  482.  -- 
M.  Léon  Gautier,  sous-chef  de  section  aux  Archives  nationales,  596.  — 
M.  Gerbaux,  archiviste  paléographe,  108;  sa  thèse  ,105;  surnuméraire 
à  la  Bibliothèque  nationale,  239.  —  M.  A.  Giraud,  décédé  le  9  juillet 
1880,  112.  —  M.  Giry,  maître  de  conférences  à  l'École  pratique  des 
hautes  études,  483  ;  chargé  d'une  conférence  élémentaire  de  paléographie, 
diplomatique  et  chronologie ,  à  la  faculté  des  lettres  de  Paris ,  596.  — 
M.  Grandjean,  archiviste  paléographe,  108;  sa  thèse,  105;  membre  de 
l'École  française  de  Rome,  483.  —  M.  Grassoreille ,  archiviste  paléo- 
graphe, 108;  sa  thèse,  106.  —  M.  Hanotaux,  maître  de  conférences  à 


620 

rËcole  pratique  des  hautes  études,  483  ;  sous-chef  du  cabinet  du  ministre 
des  affaires  étrangères,  597.  —  M.  Julien  Havet,  membre  suppléant  de 
la  commission  de  publication  de  la  Bibliothèque  de  VÉcole  des  chartes, 
356.  —  M.  Helleu,  archiviste  paléographe,  108;  sa  thèse,  107;  surnu- 
méraire à  la  bibliothèque  de  TArsenal,  109.  —  M.  Héron  de  Villefosse, 
conservateur-adjoint  du  département  des  antiquités  grecques  et  romaines, 
au  musée  du  Louvre,  483.  —  M.  Himly,  doyen  de  la  faculté  des  lettres 
de  Pari*,  596;  officier  de  la  Légion  d'honneur,  597.  —  M.  Joûon  des 
Longrays  obtient  une  mention  honorable  au  concours  des  antiquités  de 
la  France,  598.  —  M.  Junca,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  109.  — 
M.  Ludovic  Lalanne,  lauréat  de  l'Académie  française  (prix  Archon-Des- 
pérouses),  483.— M.  deLasteyrie,  membre  de  la  commission  de  publication 
de  la  Bibliothèque  de  l'École  des  cfiartes,  336.  —  M.  Maître,  mentionné  dans 
le  discours  du  président  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres, 
598.  — M.  de  Mas  Latrie,  président  de  la  Société  de  TÉcole  des  chartes, 
336  ;  ses  paroles  sur  la  tombe  de  M.  Garnier,  482.  —  M.  Meunier  du 
Houssoy,  second  secrétaire  d'ambassade  à  la  Haye,  239. — M.  Paul  Meyer  : 
son  rapport  sur  les  travaux  de  la  Société  des  anciens  textes  français, 
244;  chargé  d'une  mission  gratuite  dans  le  midi  de  la  France,  351.  — 
M.  Auguste  Molinier,  lauréat  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres  (prix  Brunet) ,  599.  —  M.  de  Montaiglon  :  son  discours  à  la 
Société  des  anciens  textes  français,  239.  —  M.  Omont,  archiviste  paléo- 
graphe, 108;  sa  thèse,  105;  surnuméraire  à  la  Bibliothèque  nationale, 
239;  secrétaire-adjoint  de  la  Société  de  TÉcole  des  chartes,  336.  — 
M.  Pabbé  Paradis,  curé  de  l'église  Sainte-Marguerite,  109.  —  M.  Gaston 
Paris,  membre  de  la  commission  de  V Histoire  littéraire  de  la  France  et  du 
conseil  de  perfectionnement  de  PÉcole  des  chartes,  239.  —  M.  Louis 
Passy,  député,  596.  —  M.  Camille  Pelletan,  député,  596;  membre  de  la 
commission  chargée  de  préparer  la  publication  des  documents  relatifs  à 
l'histoire  de  l'instruction  publique  de  1789  à  1808,  596.  —  M.  Gélestin 
Port,  officier  de  la  Légion  d'honneur,  597.  —  M.  J.  Quicherat,  membre 
de  la  commission  chargée  de  préparer  la  publication  des  documents 
relatifs  à  l'histoire  de  l'instruction  publique  de  1789  à  1808,  596  ;  vice- 
président  de   la   commission   des   monuments   historiques,   596.   — 
M.  Rébouis,  archiviste  paléographe,  108;  sa  thèse,  107.  —  M.  Rédet, 
décédé  le  30  septembre  1881,  597.  —  M.  Ulysse  Robert,  membre  de  la 
commission  de  publication  de  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  336. 
—  M.  F.  Rocquain,  membre  de  la  commission  chargée  de  préparer  la 
publication  des  documents  relatifs  à  l'histoire  de  l'instruction  publique 
de  1789  à  1808,  596.  —  M.  Roy,  maître  de  conférences  à  TÉcole  pra- 
tique des  hautes  études,  483.  —  M.  de  Rozière,  membre  de  la  commis- 
sion chargée  de  préparer  la  publication  des  documents  relatifs  à  l'histoire 
de  l'instruction  publique  de  1789  à  1808,  596.  — M.  Saige,  surintendant 
des  archives,  bibliothèque  et  musée  de  la  principauté  de  Monaco,  596,. 


624 

—  M.  Jules  Soury,  docteur  es  lettres,  352;  chargé  d'une  conférence 
d'histoire  des  doctrines  psychologiques,  près  l'École  pratique  des  hautes 
études,  596.  —  M.  Adolphe  Tardif,  professeur  à  l'École  des  chartes,  sup- 
pléé, 238.  —  M.  Teulet,  archiviste  de  sixième  classe  aux  Archives 
nationales,  108.  —  M.  Antoine  Thomas,  membre  de  l'École  française 
de  Rome,  ses  travaux,  111,  599;  maître  de  conférences  à  la  faculté  des 
lettres  <ie  Toulouse,  596;  médaillé  au  concours  des  antiquités  de  la 
France,  597.  —  M.  Tranchant,  membre  du  conseil  d'administration  de 
la  compagnie  des  messageries  maritimes,  351.  —  M.  Tuetey,  archiviste 
de  seconde  classe  aux  Archives  nationales,  108  ;  archiviste- trésorier  de 
la  Société  de  l'École  des  chartes,  336  ;  médaillé  au  concours  des  anti- 
quités de  la  France,  598.  —  M.  Noël  Valois,  archiviste  auxiliaire  aux 
Archives  nationales,  108;  membre  suppléant  de  la  commission  de  publi- 
cation de  la  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  336  ;  obtient  une  mention 
honorable  au  concours  des  antiquités  de  la  France,  598.  —  M.  Yétault, 
officier  d'académie,  239.  —  M.  Viollet,  professeur  suppléant  à  l'École 
des  chartes,  239.  —  M.  Welvert,  archiviste  paléographe,  108;  sa 
thèse,  106. 

ARCHIVES   ET   BIBLIOTHÈQUES. 

Archives,  bibliothèque  et  musée  de  la  principauté  de  Monaco  : 
M.  Saige,  surintendant,  596. 

Archives  nationales  ;  promotion  de  MM.  Tuetey,  Bruel ,  Teulet  et 
Delaborde,  108;  M.  Valois,  archiviste  auxiliaire,  108;  M.  Berger,  archi- 
viste auxiliaire,  239,  archiviste,  596;  M.  Garnier,  sous-chef  de  la  sec- 
tion du  secrétariat,  décédé,  482,  remplacé  par  M.  Gautier,  596.  —  Les 
archives  du  ministère  de  la  marine,  par  Jules  Flammermont,  115; 
M.  Didier-Neuville,  commis  de  seconde  classe  aux  archives  du  minis- 
tère de  la  marine,  239.  —  Archives  départementales  et  communales  du 
midi  de  la  France,  mission  gratuite  confiée  à  M.  Paul  Meyer,  351.  — 
Archives  de  Saône-et-Loire  :  M.  Bénet,  archiviste,  483.  —  Archives 
des  Deux-Sèvres  :  M.  Berthelé,  archiviste,  483. 

Bibliothèque  nationale  :  acquisitions  faites  à  la  troisième  vente  de 
M.  Didot,  355;  exposition  de  la  Bibliothèque  nationale,  358;  donation 
de  M.  Paul-Émile  Giraud,  rapport  de  M.  Delisle,  484  ;  département  des 
imprimés,  M.  Gerbaux,  surnuméraire,  239;  statuts  de  Palerme, 
imprimés  au  xv«  siècle,  254;  ouvrage  de  Tycho  Brahe  (V  ff  210  a), 
353;  département  des .  manuscrits,  M.  Deprez,  bibliothécaire,  109; 
funérailles  de  M.  Claude,  113;  M.  Omont,  surnuméraire,  239;  manus- 
crit latin  528,  502. —  Bibliothèque  de  l'Arsenal  :  M.  Helleu,  surnumé- 
raire, 109.  —  Bibliothèque  de  Chartres  :  manuscrits  relatifs  à  sainte 
Alpaïs  de  Cudot,  253.  —  Règles  pour  la  rédaction  des  catalogues  de 
bibliothèque,  adoptées  par  l'Association  des  bibliothécaires  du  Royaume- 


622 

Uni,  601.  —  Bibliothèques  d'Angleterre  et  d'Irlande,  manuscrits  irlan- 
dais, 484.  —  Vente  de  la  bibliothèque  Sunderland,  613.  — Les  malver- 
sations à  la  bibliothèque  Vittorio-Emmanuele  à  Rome,  605.  —  Biblio- 
thèque de  Turin  :  manuscrit  du  roman  de  Hervis  de  Metz,  351. 

COMPAGNIES   SAVANTES. 

Académie  française  :  prix  Archon-Despérouses,  décerné  à  M.  Ludovic 
Lalanne,  483.  —  Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  :  rapport 
de  M.  Heuzey  sur  les  travaux  des  Écoles  françaises  d'Athènes  et  de 
Rome  en  1880,  109;  MM.  Gaston  Paris  et  Delisle,  membres  de  la  com- 
mission de  V Histoire  littéraire  de  la  France,  239,  351;  séance  publique 
annuelle  (18  novembre  1881),  597  ;  sujets  de  prix  mis  au  concours  pour 
1883,  599.  —  Programme  des  questions  à  discuter  à  la  réunion  des 
sociétés  savantes,  à  la  Sorbonne,  en  1882,  501.  —  Société  des  anciens 
textes  français,  assemblée  générale  annuelle  du  27  décembre  1880,  239. 

—  Commission  chargée  de  préparer  la  publication  des  documents 
relatifs  à  l'histoire  de  l'instruction  publique  de  1789  à  1808,  596.  — 
Réunion  annuelle  des  directeurs  des  Monumenta  Germaniae  (21-23  avril 
1881),  248. 

FAITS  DEVERS  ET  MÉLANGES. 

Faculté  de  droit  de  Paris,  concours  Rossi,  124,  484.  —  Grammaire 
grecque  du  ix«  siècle,  publiée  par  H.  Omont,  126.  —  Maître  Amault, 
astrologue  de  Charles  VI  et  des  ducs  de  Bourgogne,  par  H.  Omont,  127, 

—  Les  papiers  de  Buchon,  250.  —  Le  cartulaire  de  Quimperlé,  par 
Th.  Stapleton  et  L.  Delisle,  250.  —  Vie  latine  de  sainte  Alpaïs  de  Cudot, 
par  H.  Omont,  253.  —  La  première  édition  des  statuts  de  Palerme,  par 
L.  Delisle,  254.  —  Épitaphes  de  prieures  de  Chaise-Dieu  (Eure),  par 
H.  Omont,  255.  —  Publication  de  fac-similés,  projetée  par  MM.  E.  Mo- 
naci  et  C.  Paoli,  352.  —  Une  note  de  copiste  au  xiv®  siècle,  par  H.  Omont, 
352.  —  Ouvrage  manuscrit  de  Tycho  Brahe,  353.  —  Formules  inédites 
du  IX®  siècle,  par  H.  Omont,  502.  —  Richard  de  Saint-Laurent  et  le 
Liber  de  laudibus  beatœ  Mariœ,  par  H.  Omont,  503.  —  Circulaire  de 
M.  Victor  Advielle,  demandant  des  renseignements  pour  une  Histoire 
de  l'ordre  hospitalier  de  Saint- Antoine''de''Viennois,  de  ses  commanderies 
et  prieurés,  600. 


LISTE  DES  SOUSGRIPTEUBS 


▲  LA 


BIBLIOTHÈQUE  DE  L'ÉCOLE  DES  CHARTES» 

POUR  l'année  1881. 


■o 


Le  ministre  de  rinstniction  pu- 
blique et  des  beaux-arts. 

Le  garde  des  sceaux,  ministre  de 
la  justice. 

Académie  (l')   des  inscriptions  et 

BELLES-LETTRES,  à  Paris. 
—         IMPÉRIALE        DES        SCIENCES 

(classe   philosophico- histo- 
rique), à  Vienne. 

—  ROYALE  DES  LiNCEi,  à  Rome. 
Archives  (les)  de  Genève. 

—  de  Toscane,  à  Florence. 

—  départementales  de  l*A- 
VEYBON,  à  Rodez. 

DES  Bouchbs-du-Rhône,  à 

Marseille. 

DU  DouBS,  à  Besançon. 

DE  l'Indre,  à  Ghâteauroux. 

DU  Loiret,  à  Orléans. 

DU  Nord,  à  Lille. 

DU  Puy-de-Dôme,  à  Gler- 

mont-Ferrand. 

DBS  Deux-Sèvres,  à  Niort. 

DU  Tarn,  à  Albi. 

DU  Var,  à  Draguignan. 

DE  LA  Vendée,  à  la  Roche- 
sur- Yon. 

DES  Vosges,  à  Épinal. 

—  municipales,  à  Marseille. 

—  nationales,  à  Paris. 
Ateneo  barcelones,  à  Barcelone. 


Bénédictins  (les  RR.  PP.),  à  80- 
lesmes  (Sarthe). 

Bibliographie  (la)  de  la  France, 
journal  général  de  Timprimerie 
et  de  la  librairie,  à  Paris. 

Bibliothèque  (la)  cantonale,  à 
Lausanne. 

—  CENTRALE,  à  Bukarest. 
• —      DE  l'Arsenal,  à  Paris. 

—  de  l'École   Sainte-Gene- 
viève, à  Paris. 

—  DE  l'Institut  catholique,  à 
Lille. 

à  Lyon. 

—  DE  l'Ordre  des  Avocats, 
à  Paris. 

—  de  l'Université  de  France, 
à  la  Sorbonne,  à  Paris. 

—  de  l'Université  d'Innsbruck. 

—  DE  l'Université  de  Pise. 

—  DE  LA  Chambre  des  députés, 
à  Paris. 

—  de  la  Cour  d'appel,  à  Pa- 
ris. 

—  DE  LA  Faculté  de  droit,  à 
Lyon. 

à  Paris. 

à  Toulouse. 

—         DE  LA  VILLE  d'ArRAS. 

DE  BaYEUX. 

DE  BaYONNE. 

DE  Boulogne-sur-Mer. 


1.  Ceux  de  messieurs  les  souscripteurs  dont  les  noms  seraient  mal  orthogra- 
phiés, les  titres  omis  ou  inexactement  imprimés,  sont  instamment  priés  de  vou- 
loir bien  adresser  leurs  réclamations  à  M.  Alphonse  PICARD,  libraire  de  la 
Société  de  l'École  des  chartes,  rue  Bonaparte,  82,  à  Paris,  afin  que  les  mêmes 
fautes  ne  puissent  se  reproduire  dans  la  quarante- troisième  liste  de  nos  sous- 
cripteurs, qui  sera  publiée,  suivant  l'usage,  à  la  fin  du  prochain  volume  de  la 
BibliothèqTie. 


«26 


*  Chauffier  (Fabbé) ,  secrétaire  de 

révêché,  à  Vannes. 

Chauffour  (J.),  avocat,  à  Colmar. 

Ghaverondier  (Aug.) ,  archiviste, 
à  8aint-Ëtienne. 

Cherbulikz,  libraire^  à  Genève. 

Chevalier  (Fabbé),  a  Romans. 
*Glairefond,  à  Moulins. 

Claude,  bibliothécaire  au  dépar- 
tement des  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  nationale,  à  Paris. 
*Clédat,  professeur  à  la  Faculté 
des  lettres,  à  Lyon. 

Clemm,  libraire,  à  G  and. 
*CoGHEKis,  inspecteur  général,  à 
Paris. 

CoNCHON,  à  Lyon. 

CoNDAMiN  (le  aocteur),  à  Lyon. 

CoNTET,  libraire,  à  Paris  (7  ex.). 

*  Couard-Luys,  archiviste  de  TOise, 

à  Beauvais. 
*CouRAJOD  (L.),  conservateur-ad- 

ioint  au   musée  du  Louvre,  à 
i^aris. 
*CouRAYE  DU  Parc,  à  Paris. 
Courbet,  à  Paris. 
CouRCEL  (Yalentin  de),  à  Paris. 
Coussemaker  (Ignace  de),  à  Bail- 

leul  (Nord). 
Cressag,  à  Cahors. 

*  Cucheval-Clarigny,  conservateur 

à  la  bibliothèque  Sainte-Gene- 
viève, à  Paris. 
CuMONT  (le  comte  de)  ,  à  Sillé-le- 

Guillaume  (Sarthe). 
Daguin,  avocat,  à  Paris. 
*Daiquson  (Maurice),  juge,  à  Châ- 

teauroux. 
Dalloz  (P.),  député,  à  Paris. 
Danzas  (le  R.  p.),  dominicain,  à 

Lyon. 
Darcel  (Alfred),  directeur  de  la 

manufacture  des   Gobelins,   à 

Paris. 
*Dareste  (Ant.-Cléophas),  ancien 

recteur  de  l'Académie  de  Lyon, 

à  Paris. 

*  Dareste  (Rodolphe) ,  membre  de 

l'Institut,  conseiller  à  la  Cour 
de  cassation,  à  Paris. 

*  David  (Louis),  conseiller  maître 

à  la  Clour  des  comptes,  à  Paris. 
Dkcq    et    DuHENT ,    libraires ,  à 

Bruxelles  (2  ex.). 
Dedion,  à  Montfort-l'Amaury. 


Defrémery,  membre  de  l'Institut, 

à  Paris. 
Dehaisnes  (l'abbé) ,  archiviste  du 

Nord,  à  Lille. 
^Dblaborde  (H. -François),  archi- 
viste aux  AjTchives  nationales, 
à  Paris. 

*  Delà  VILLE  Le  Roulx,  archiviste 

aux    Archives    nationales,    à 
Paris. 

*DELisLE(L.),membrederinstitut, 
administrateur  général  direc- 
teur de  la  Bibliothèque  natio- 
nale, à  Paris. 
Deloghe,  membre  de  l'Institut,  à 
Paris. 

*Deloyb  (A.),   conservateur  du 

musée  Calvet,  à  Avignon. 
Delpech  (Henri),  à  Montpellier. 

^Demaison  (Louis),  à  Reims. 

*Demante  (Gabriel) ,  professeur  à 

la  Faculté  de  droit,  à  Paris. 
Denis  (Pabbé),  à  Meaux. 
Depoin,  à  Pon toise. 

*Deprez,  bibliothécaire  au  dépar- 
tement des  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  nationale,  à  Paris. 

*DESjARDm8,  chef  du  bureau  des 
archives  au  ministère  de  l'in- 
térieur, à  Paris. 
Desnoyers  (Jules),  membre  de 
l'Institut,  bibliothécaire  du  Mu- 
séum d'histoire  naturelle,  à 
Paris. 

*  Dolbet,  archiviste  de  la  Manche, 

à  Saint-Lô. 

DoRANGB,  conservateur  de  la  bi- 
bliothèque de  Tours. 
*DouET  d'Arcq,  chef  de  section 
aux    Archives    nationales,    à 
Paris. 

DouvRE ,  ancien  juge  de  paix^  à 
Rouen. 

Drême,  premier  président  de  la 
Cour  (rappel,  à  Agen. 

*  Dubois  (Gaston),  à  Paris. 
DuBOYs  (Emile) ,  avocat,  à  Paris. 

*DucHEMiN,  archiviste  de  la  Sarthe, 
au  Mans. 

"DucHÊNE,  a  Baugé  (Maine-et- 
Loire). 

*Dufour  (Th.),  directeur  des  Ar- 
chives du  canton,  à  Genève. 

*Dufourmantellb,  archiviste  delà 
Corse,  à  Ajaccio. 


627 


DuMesnil,  conseiller  d'État,  à 
Paris. 

DuMOLARO,  à  Milan. 

Dumoulin,  libraire,  à  Paris. 
*Duplès-Agtbr    (Henri),   à   Ver- 
sailles. 

*  Dupont  (Edmond),  chef  de  sec- 

tion aux  Archives  nationales, 
à  Paris. 

Durand  et  Pedonb-Lauriel,  li- 
braires, à  Paris. 

DuRiER,  archiviste  des  Hautes- 
Pyrénées,  à  Tarbes. 
*DuRRiEu,  attaché  à  la  conserva- 
lion  des  peintures  au  njusée  du 
Louvre,  à  Paris. 

DuRUY,  membre  de  l'Institut ,  à 

Paris. 
*DuvAL   (Louis),    archiviste    de 
l'Orne,  à  Alençon. 

Dybwad,  à  Christiania. 

Egger,  membre  de  l'Institut, 
professeur  à  la  Faculté  des  let- 
tres ,  à  Paris. 

EsNAULT  (Fabbé),  au  Mans. 

Faesy,  libraire,  à  Vienne  (Au- 
triche). 
*Fagniez  (Gust.),  à  Meudon. 
*Fanjoux,  directeur  de  la  Société 
des  forges  et  chantiers  de  la 
Méditerranée,  à  Paris. 

Fanna  (le  R.  P.  Fidèle  de),  à 
Turin. 

*  Faucon   (Maurice),   membre   de 

l'École  française  de  Rome. 
*Faugeron  ,   docteur    es    lettres, 

journaliste,  à  Angers. 
*Favre   (Camille),   archiviste,   à 

Genève. 
*Finot,  archiviste,  à  Vesoul. 
Flach  (Jacques),  à  Paris. 
"Flamare    (de),    archiviste    des 

Alpes-Maritimes,  à  Nice. 

*  Flammermont  ,   archiviste   de  la 

ville  de  Senlis,  à  Chantilly. 

*  Fleury  (de),  archiviste  de  la  Cha- 

rente, à  Àngouléme. 
*Floquet  (A.),  à  Paris. 
"Flourac   (Léon),   archiviste  des 

Basses-Pyrénées,  à  Pau. 

*FONTENAY  (H.  de),  à  AutUU. 

*FouRNiER  (Paul),professeur  agrégé 
à  la  Faculté  de  droit,  à  Gre- 
noble. 


Fournier-Latouraille,  avoué,  à 

Brioude. 
Franck  (Félix),  à  Paris. 

*  François  Saint-Maur,  président 

de  chambre  à  la  Cour  d'appel, 
à  Pau. 

Fromann,  libraire,  à  Jena. 
*FuRGEOT,  archiviste  aux  Archives 
nationales,  à  Paris. 

Gap  (Lucien),  instituteur,  à  Roaix 
(Vaucluse). 
*Gardet,  avocat,  à  Paris. 
*Garnier  (E.),  sous-chef  de  sec- 
tion aux  Archives  nationales, 
à  Paris. 

Garnier,  libraire,  au  Rio  de  Ja- 
neiro. 

Gatteyrias,  à  Paris. 

Gauban   (Oct.),    avocat,   officier 
d'académie,  à  la  Réole  (Gi- 
ronde). 
*GAUTmER  (Jules),  archiviste  du 
Doubs,  à  Besançon. 

Gauthier  ,    libraire ,   à    Moscou 
(3  ex.). 

*  Gautier  (Léon),  sous-chef  de  sec- 

tion aux  Archives  nationales, 

professeur  à  l'École  des  chartes, 

a  Paris. 
Gay,  à  Paris. 
Genouille,  ancien  professeur  au 

collège  Stanislas,  à  Paris. 

*  Gerbaux,  auxiliaire  aux  Archives 

nationales,  à  Paris. 
Germain,  doyen  de  la  Faculté  des 
lettres,  à  Montpellier. 
*Giraud  (Al.),  conseiller  à  la  Cour 
d'appel,  à  Orléans. 

Giraud  (P.-E.),  ancien  député,  à 

Romans. 
*Giry  (A.),  secrétaire  de  l'École 

des  chartes,  à  Paris. 

Gloria,  juge  suppléant,  à  Mâcon. 

*GossiN  (L.),  sous-chef  de  bureau 

au  chemin  de  fer  d'Orléans,  à 

Paris. 

*GouGET,  archiviste  de  la  Gironde 

à  Bordeaux. 
GouRGAULT  (le  comte  de),  à  Mé- 
zières. 

*Grandmaison  (Charles  de),  archi- 
viste d'Indre-et-Loire,  à  Tours. 
Grandval  (le  marquis  de),  corres- 
pondant du  ministère  de  Tins- 


628 


iruoiioii  publiquA,  à  Saint-De- 
lèiit-MiiiMixicuUoH  (Caivado.''). 
^VU\aiH»Hfc:iLi.K.  archiviste  de  TAU 

Uot\  a  Mtiuiin». 
MUUA  (l'abbé  A.),  vicaire  général, 

a  Hàiiit(^laude(Jura). 
OnoiJUAN,  libraire,  à  Nancy. 
Uh'ËHiN  (Paul),  arctiiviste aux  Ar- 

ctiivoié  nationales,  à  Paris. 
M^iit^kittAMU  (F,),  membre  de  Tlns- 

tllul,  &  l'aris, 
Mhiii^i^HKV  (JuleH),  archiviste  aux 

ArrJiives  nationales,  à  Paris. 
MhiMi^Aitfi  (P.|,  bibliothécaire,  à 

liijon. 
•iiuKiiJK  (M. 'Cl,  archiviste  en  chef 
il  11  département  du  Rhône  et 
(\t*.  la  ville  de  Lyon. 
(ifjnxAL'ME  (l'abbé),  archiviste,  à 

Gap, 
'(iuif^MOTO.   employé   au    bureau 
dm  archives  du  ministère  de 
l'intérieur,  à  Paris. 
Qvy/J^y  (le  R.  P.),  bibliothécaire 
des  Pères  Jésuites,  à  Toulouse. 
Hachbttb,  libraire,  à  Paris. 
Hahn  (Alex.),  à  Luzarches(Seine- 

et-Oise). 
Uaskler,  libraire,  à  Kiel. 
*Havet  (Julien),  employé  à  la  Bi- 
bliothèque nationale,  à  Paris. 
Hbinbichs,  libraire,  à  Leipzig. 
•IIelleu  (Joseph),  à  Paris. 
Henneguy,  à  Paris. 
*Herbomez  (A.  D*),  à  Paris. 
IlèRicouRT  (le  comte  d'),  consul 

de  France,  à  Stuttgart. 
Herluison,  libraire,  a  Orléans. 
*Hervieu,  sous-préfet,  à  Avallon. 
Hbude-Lepine,  à  Montfort-TA- 
maury. 
*lIiMLY  (A.),  doyen  de  la  Faculté 
doH  lettres,  à  Paris. 
Hinojosa  (don  Ed.),  à  Madrid. 
Jacom,  conservateur  du  musée,  à 

Bar-le-Duc. 
*JouoN  (Frédéric),  à  Rennes. 
Jourdain,  membre  de  Tlnstitut, 

à  Paris. 
Juno-Treuttel ,  libraire,  à  Paris 

(13  ex.). 
*Kaulek  (J.),  attaché  aux  archives 
du   département    des    affaires 
étrangères. 
Kemmingk,  libraire,  à  Utrecht. 


*Kerdrel  (Audren  de),  eénatenr, 

à  Versailles. 
Kermaiugaict  (de),  à  Paris. 
Kgehlee,  libraire,  à  Leipzig. 
*KoHLER  (Gh.),  à  Paris. 
Kraxers,  libraire,  à  Rotterdam. 
Kruger,  chez  Hartgé  et  Lesoudié. 
Kyxmel   (N.),    libraire,   à   Kiev 
(2  ex.). 

*  La.borde  (le  marquis  Joseph  de), 

archiviste  aux  Archives  natio- 
nales, à  Paris. 
*La  Bordbrie  (Arthur  de),  ancien 
député  à  l'Assemblée  nationale, 
à  Vitré  (Ille-et- Vilaine). 
*Lagabane  (Léon),  professeur-di- 
recteur honoraire  de  TÉcole  des 
chartes,  à  Paris. 

Laghenal,  à  Brioude. 

Laghesnais  (de),  au  château  de 
Lasalle. 

La  Cour  de  la  Puabdière  (L.  de), 
archiviste  de  l'Hérault,  à  Mont- 
pellier. 

Laferrière  (le  comte  DE),à  Athis 

(Orne). 
*Lair  ,  directeur  de  la  Gompa^ie 
des  entrepôts  et  magasins  géné- 
raux, à  Paris. 
*Lalannb  (Lud.  )^  sous-bibliothé- 
caire de  l'Institut,  à  Paris. 

Lambert-Lassus,  à  Versailles. 

Lasgombe  (A.),  au  Puy. 
"Ijasteyrie  (Robert  de),  professeur 
à  rÉcole  des  chartes,  à  Paris. 

*  Laudy  ,  archiviste  aux  Archives 

nationales,  à  Paris. 

Lauqardière  (de),  conseiller  à  la 
Cour  d'appel,  à  Bourges. 

Laurent,  élève  de  l'École  des 
chartes,  à  Paris. 

La  Villegille  (de),  secrétaire  ho- 
noraire du  Comité  des  travaux 
historiques,  à  Paris. 
*LeBEURiER  (l'abbé),  ancien  archi- 
viste, à  Évreux. 
*Legaron,  employé  à  la  Biblio- 
thèque nationale,  à  Paris. 

*  Legoy  de  la  Marche  ,  archiviste 

aux    Archives    nationales,    à 
Paris. 
Lefèvre,  homme   de   lettres,   à 

Paris. 
*Lefèvrb  (A.),  à  Paris. 
Lbfèvrb-Pontalts,  à  Paris. 


629 


*Lbpoullon,  avoué,  à  Paris. 
Legoyt,  aucien  chef  de  division 
au  ministère  des  travaux  pu- 
blics, à  Paris. 
Legros  fils,  à  Fécamp. 
*Lelong,  avocat,  à  Angers. 
Le  Mire  (Noël),  avocat,  à  Mire- 

vant. 
Lemoigne,  libraire,  à  Paris  (6  ex.). 
*Lbmonnier  (H.),  professeur  d'his- 
toire à  rÉcoIe  des  beaux-arts, 
à  Paris. 
Léotard,  sous-bibliothécaire  de 

la  ville  de  Montpellier. 
*L'Épinois  (H.   de),   à  Limeray 

(Indre-et-Loire). 
Lepitre  (l'abbé),  à  Langres. 
Le  Queu  d'Entremeuse,  à  Nantes. 
Leroux  (Ernest),  libraire,  à  Paris. 
"Leroux,  archiviste  de  la  Haute- 
Vienne,  à  Limoges. 
Le  Soudier,  à  Paris  (6  ex.). 
*Lespinasse  (René  de),  à  Paris. 
Lévis-Mirepoix  (le  duc  de),  au  châ- 
teau de  Léran. 
Liénard,  à  Verdun -sur-Meuse. 
Limminghe  (le  comte  de),  au  châ- 
teau de  (jesves  (Belgique). 
LiTTRÉ,  membre  de  llnstitut,  à 

Paris. 
LoEB  (Isidore),  à  Paris. 
LooNES,  libraire,  à  Paris. 
LoRENz  (0.),  libraire,  à  Paris. 
*LucE   (Siméon),   archiviste   aux 

Archives  nationales,  à  Paris. 
LusTRAc  (Ad.  de),  au  château  de 

Lias  ((xers). 
"  Maître  (L.),  archiviste,  à  Nantes. 
*Mandrot^  à  Paris. 
Mantz,  libraire,  à  Vienne  (Au- 
triche). 
*Marghegay  (P.),  aux  Roches-Ba- 

ritaud  (Vendée). 
Mahcus,  libraire,  à  Bonn. 
Marion  (J.),  à  Paris. 
*Marsy  (Arthur  de),  conservateur 

du  musée,  à  Gompiègne. 
*  Martin  (Henry),  à  la  Bibliothèque 

de  rArsenal,  à  Paris. 
*Marty-Laveaux  (Gh.),  à  Paris. 
Masqué,  ancien  notaire,  au  Havre. 
"Mas  Latrie  (R.  de)  ,  chef  de  sec- 
tion aux  Archives  nationales, 
à  Paris. 
*Mas  Latrie  (René  de),  chef  de 


bureau  au  ministère  de  l'ins- 
truction publique,  à  Paris. 

Masson,  à  Amiens. 
*Maulde  (de),  sous-préfet  en  non- 
activité. 

Maury  (Alfred),  membre  de  l'Ins- 
titut, directeur  général  des  Ar- 
chives nationales,  à  Paris. 

Mayolez,  libraire,  à  Bruxelles. 

Meilheurat  (  V.  ) ,  à  Montcom- 
broux  (Allier). 

Ménadier,  sénateur,  à  Versailles. 

Menjot-d'Elbenne,  à  Paris. 

Mercier,  archiviste  du  Var,  à 
Draguignan. 

Métérie,  libraire,  à  Rouen. 

*  Meunier  (Ern.),  à  Paris. 
Mévil  (M"»*  Sainte-Marie),  à  Paris. 

*Meyer  (Paul),  professeur  au  Gol- 
lège  de  France,  à  Paris. 

Michel,  directeur  de  l'enregis- 
trement, à  Périgueux. 

MiGNET,  secrétaire  perpétuel  de 
l'Académie  des  sciences  mora- 
les et  politiques,  à  Paris. 

MiLLARD,  curé,  à  Somsois  (Marne). 

MiLLESGAMPS  (G.),  à  Paris. 

MiTSDORFFER,  libraire,  à  Munster. 

MiOTAT,  à  Paris. 

MoiNDROT,  libraire,  à  Romorantin. 

*  Mo  LARD     (  Fr.  ) ,    archiviste    de 

l'Yonne,  à  Auxerre. 
*MoLiNiER  (Auguste),  employé  à  la 
bibliothèque  Mazarine,  à  Paris. 

*  MoLiNiER  (Emile),  attaché  au  mu- 

sée du  Louvre,  à  Paris. 
MoNLÉON  (de),  à  Menton. 
MoNOD  (Gabriel),  à  Paris. 

*  Mont  AIGLON  (A.  de),  professeur  à 

l'École  des  chartes,  à  Paris. 

Morand,  juge  honoraire,  à  Bou- 
logne-su r-Mer. 

MoRÉ  (M™«),  libraire,  à  Paris 

(4  ex.). 
*Morel-Fatio,  chargé  de  cours  à 
l'École  préparatoire  à  l'ensei- 
gnement supérieur  des  lettres, 
à  Alger. 
*Morelot  (l'abbé),  à  Dijon. 
*Mortet,  archiviste  de  l'Aude,  à 
Garcassonne. 

MuLÇAY,  libraire,  à  Ghalon-sur- 
Saône. 

Mulot,  libraire,  à  Paris. 


630 


MuQUARDT,  libraire ,  à  Bruxelles 
(2  ex.). 
*Neuvillb  (Didier),  à  Paris. 
NiJHOFF,  libraire,  à  la  Haye. 

*  Normand  (Jacques),  à  Paris. 
Olivjer  (£m.),  à  la  Société  géné- 
rale, à  Lyon. 

*Omont,  à  Paris. 
Ongania  et  G»«,  à  Venise. 

*  Paillard,  ancien  préfet,  à  Charly, 

près  Cluny. 
*Pajot  (Léon),  à  Paris. 

Pallier,  à  Paris. 

Paoli  (Gesare),  archiviste,  à  Flo- 
rence. 

*  Paradis  (labbé  Aug.), à  Paris. 
Pardini,  libraire,  à  Gzernowilz. 
Parent  de  Rozan,  à  Paris. 

*Parfouru,  archiviste  du  Gers,  à 

Auch. 
Paris  (Paulin),  membre  de  l'Ins- 
titut, à  Paris. 

*  Paris  (Gaston),  membre  de  l'Ins- 

titut, professeur  au  Collège  de 
France,  à  Paris. 
*Pasquier,  archiviste  de  l'Ariège, 

à  Foix. 
*Passy  (Louis),  député,  à  Paris. 
Peabody,  à  New- York. 
*Pégoul  (A.-L.),  à  Draveil. 
*Pélicier   (J.),   professeur   d'his- 
toire au  lycée  de  Pontivy. 
Pelletan,  sénateur,  à  Paris. 
*Pelletan  (Camille),   député,   à 

Paris. 
Pelliot  (Ch.),  à  Paris. 
*Périn  (Jules),  avocat,  docteur  en 

droit,  à  Paris. 
Perret,  élève  de  l'Ecole  des  char- 
tes, à  Paris. 
Ppeifer  (F.),  libraire,  à  Budapest. 
Picard,  à  Paris. 
Picot,  à  Paris. 
Pontmartin    (de),   aux    Angles 

(Gard) . 
PoRÉE  (Uabbé),  curé  de  Bournain- 

ville. 
PoRQUET,  libraire,  à  Paris. 
*PoRT   (Célestin),   archiviste    de 
Maine-et-Loire ,  correspondant 
de  rinstitutj  à  Angers. 
PoTTiER  (Pabbe),  au  Mans. 
*PouGiN  (P.),  à  P^ris. 
Prévost,  substitut,  à  Évreux. 
*Prost  (jBernard),   rédacteur  au 


ministère  de  l'intérieur,  à  Paris. 

*  Prudhomme,  archiviste  de  l'Isère, 

à  Grenoble. 
Quantin,  imprimeur,  à  Paris. 
Quarré,  libraire,  à  Lille. 
*QuiCHERAT  (Jules),  directeur  de 

l'École  des  chartes,  à  Paris. 
QuiCHERAT   (Louis),   membre   de 

l'Institut,  à  Paris. 
Raqdenet  (Octave),  à  Orléans. 
Rancogne  (Pierre  de),  à  Angou- 

lème. 
Ratyé  (G.),  au  château  d'Escanin 
(Bouches-du-Rhône) . 
*Raunié,  à  Paris. 
*Raynaud  (Gaston),  employé  à  la 
Bibliothèque  nationale*,  a  Paris . 
*Redet  (X.-L.),  à  Poitiers. 
Reinwald,  libraire,  à  Paris  (6  ex.). 
"Rendu  (Armand),  archiviste  de  la 

Somme,  à  Amiens. 
*Reynaud  (F.),  archiviste  adjoint 
des  Bouches-du-Rhône,  à  Mar- 
seille. 
Riant  (le  comte),  membre  de  l'Ins- 
titut, à  Paris. 

*  Richard   (Alfred),    archiviste,  à 

Poitiers. 

*  Richard  (J.-M.),  à  Laval. 
RiCHEMOND  (de)  ,  archiviste  de  la 

Charente-Inrérieure ,  à  la  Ro- 
chelle. 

*RiCHOu,  conservateur  de  la  biblio- 
thèque de  la  Cour  de  cassation, 
à  Paris. 

*RiPERT-MoNCLAR  (François,  mar- 
quis de),  consul  à  Florence. 
RiSTELHUBER  (P.),  à  Strasbourg. 

*RiVAiN,  archiviste  aux  archives 
nationales,  à  Paris. 

*  Robert  (Ulysse),  employé  à  la 

Bibliothèque  nationale,  à  Paris. 

*ROBILLARD    DE   BeAUREPAIRE     (Ch. 

de),  archiviste  de  la  Seine-In- 
férieure^orrespondant  de  l'Ins- 
titut, à  Rouen. 
Rochambeau  (le  marquis  de),  à 
Rochambeau,  près  Vendôme. 

*RocQUAiN  (F.),  sous-chef  de  sec- 
tion aux  Archives  nationales, 
à  Paris. 

*RosENzwEiG  (Louis),  archiviste  du 

Morbihan,  à  Vannes. 
RosEROT,  archiviste    adjoint,    à 
Troyes.