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f
7
PROPERTY OP THE
ïinmitvof
i
ARTES SCIENTIA VERITAS
V-
BIBLIOTHEQUE
DE L'ÉCOLE
DES CHARTES
XLII
f
IMPRIMERIE DAUPELEY-GOUVERNEUR, A NOGENT-LE-ROTROU.
BIBLIOTHÈQUE
DK L'ÉCOLE
DES CHARTES
REVUE D'ÉRUDITION
CONSACRÉE SPÉCIALEMENT A L'ÉTUDE DU UOTEN AGE
XLII.
ANNÉE 1881.
PARIS
LIBRAIRIE d'Alphonse PICARD
BUB BONAPARTE, 82.
4884
ROLE
DE LA
CONFRÉRIE DE SAINT-MARTIN
DE CANIGOU.
Les documents du xii° siècle relatifs aux confréries religieuses
sont d'une insigne rareté. Aussi , la Bibliothèque de V École des
chartes s^applaudic-elle de pouvoir faire profiter ses lecteurs d'une
communication de nçtre confrère M. Louis Blancard, qui lui a offert
la chromolithographie ci-jointe, avec le texte ci-dessous reproduit.
U s'agit d'un rouleau de parchemin, dont il ne subsiste plus que
la première bande, longue de 485 millimètres et large de 202. Ce
rouleau était destiné à contenir la charte de fondation et la liste des
membres d^une confrérie établie le 2 avril 4^195, en l'honneur de
saint Martin, dans le monastère de Ganigou, au diocèse d*Elne^ En
tête du rouleau se voit une grande peinture dont le compartiment
supérieur est consacré à la représentation de Notre-Seigneur, entouré
des symboles des quatre évangélistes ; la sainte Vierge et saint Mar-
tin lui montrent les membres de la confrérie, qui remplissent le
compartiment inférieur et qui assistent à la célébration d'une messe,
dans une chapelle de l'abbaye de Ganigou.
Au-dessous de la peinture est transcrite la charte par laquelle
Pierre, abbé de Ganigou, fonde une confrérie, qui a pour but Pen-
tretieh d'une lampe devant l'autel, la célébration de services religieux
et Pinhumation des confrères dans le cimetière de Fabbaye.
1. Le culte dont saint Martin était Tobjet dans l'abbaye de Ganigou n'a pas
échappé aux recherches de notre confrère M. Lecoy de la Marche. Voyez le bel
ouvrage qu'il a publié sous le titre de Saint Martin^ p. 549.
6
Après la charte vient la liste des fidèles qui s'étaient fait affilier
à la confrérie et dont plusieurs avaient eux-mêmes écrit leur nom sur
le rouleau. Ce qui subsiste de la liste peut dater des premières années
du xiu'' siècle; c'est à la même date qu'il convient de rapporter
l'exécution de la peinture et la transcription de la charte.
L'original de ce curieux document appartient à M. Blancard, à qui
il a été donné en 4865 par M. Mouttet.
Creator universorum Dominus ac pius redemtor humani gène-
ris, de sua largus benivolencia, inter cetera pecatorum remédia,
que nobis misericorditer contulit, hune eciam portum salutis ad
quem in necessitatibus tenderemus ostendit, videlicet ut quod per
nos medipsos, obsistentibus pecatis nostris, apud eum obtinere
non possumus, saltim meritis intercessione sanctorum assequi
valeamus. Qua propter, ego Petrus, Dei gracia Canigone abbas,
et omnis conventus ipsius loci, conflsi de misericordia Dei ac
patrocinio beatissimi confessons Christi Martini, et ut isdem pius
confessor indulgenciam pecatorum nostrorum obtineat, hanc
comunitatis confratriam in capella nostri monasterii que sita est
in honore prenominati presulis Martini instituimus, ut, de comuni
oblacione nostrorum sive illorum laicorum qui in hac societate pro
remedio animarum suarum se sociari decreverint, una semper olei
lampas in diebus ac noctibus ante sanctum altare ipsius eclesie
ardeat, ad quam illuminandam in die sollemnitatis beati» Martini
duos denarios unusquisque offerat. Sacerdos vero qui hanc tenuerit
ecclesiam, uno die in omni ebdomada, pro defimtis fratribus
istius confratrie et pro sainte vivorum missam in eodem altare
celebret, et, quando cumque ex jfratribus aliquis obierit, unusquis-
que ceterorum fratrum infra xxx^a dies misam pro eo decantari
faciat. Qui autem ex fratribus ad suum obitum illuc se perduci et
sepelirî mandaverint, ceteri omnes, ad ejus exequias conve-
nientes, prout potuerint cum omni honoriflcentia in cimiterio
monasterii sepeliant. Qiquid vero de jam dicta comunitate dena-
riorum, illuminata, ut dictum est, lampada, superfuerit, ad arbi-
trium sacerdotis et fratrum ipsius ecdesie utiliter in bono expen-
datur. Facta est hec confratria die Sancti Pasche, anno Dominice
incarnacionis m** c** xc** v°. Ad quam co[n]servandam ego jam
dictus abbas [Sancti Martini et postea Goxiani]^ me ipsum
1. Les mots que nous imprimons entre crochets sont une addition marginale.
conscribo : Petrus abbas^. Deinde, ad peticionem ipsorum
fratrum, conscripta sunt hec eorum nomina : Amallus, prior;
BerengarivLS de Ederr^, capellanits ipsius ecclesie; Guil-
lelmus de Vernet ; Amallus de Turre ; Petrus de Aspira ;
Petrus de Trila ; Johannes Nouel ; Benedictus Yla ; Amallus
Caminer^; Raimundus de Aqua Tepida; Guillelmus de Casa
Fabre ; Geraldus de Ederr ; Amallus de Fuliols ; Arnallus de
Rivo; Amallus Bonet; Petrus Benedicti^; Berengarius
Obag ; Bernardus de Astoer et Petrus, frater ejus ; Arnallus
de lia; Amallus de Sancta Pasce, Coadani cam^rarius; Be-
rengarius de Turre, monachus istius loci et Sancti Mikaelis ;
Amalliùs de Vemeto, monacits Sancti Mikaelis; Arnallus
de Palma atque Arnallus de Sancta Pasca, Sancti Mikaelis mona-
chi, et Bernardus de Lac; Arnallus Segui ; Jordanus de Gar-
ros^ ; Bernardus de Sancto Laurencio; Bernardus de Fuliols ;
Petrus Ederr; Guillelmus de Musnestrol; Guillelmus de Barida,
monachus puer; Guillelmus de Ch ; Guillelmus Gard
abbas. A. Todir®.
On savait déjà que Pierre, abbé de Ganigou, dans les dernières années de sa
vie, fut chargé de l'administration du monastère de Saint-Michel de Cuxa ; voy.
GaUia christiana, YI, 1101 et 1111. — U est probable que la charte originale
portait une souscription autographe de l'abbé Pierre, à côté de laquelle un scribe
avait ajouté les mots : Sancti Martini et postea Coxiani,
1. Sur le rôle on a cancellé d'un trait de plume les noms que nous imprimons
en italiques.
2. Dans ce mot, les deux rr sont surmontées de deux accents; il en est de
même dans les mots Turre et Garros.
3. Camin, avec un signe d'abréviation.
4. Ce qui suit a été inscrit après coup sur le rôle original et plusieurs des
noms ajoutés ont tout à fait l'apparence de souscriptions autographes.
5. La fin de ce mot a été surchargée. l\ faut peut-être lire Garrios.
6. La mutilation du rouleau a fait disparaître la fin de cette liste.
UNE
LETTRE INÉDITE D'ALCUIN*
En parcourant à la Bibliothèque nationale la collection Baluze
pour y relever les bulles papales qu'on y trouve en si grand nombre,
je rencontrai à la fin du volume LXIX une lettre d'Âlcuin, dont
Tapparence extérieure suffisait pour frapper mon attention. Cette
lettre occupe, en effet, deux petits lambeaux de parchemin, dans
chacun desquels un relieur a jadis pratiqué quatre entailles pour
consolider et attacher ensemble le dos et les deux plats d^un volume
d'assez petit format (environ 20 centimètres de hauteur). Le manus-
crit d'où proviennent ces deux fragments datait du x^, ou même du
]x<» siècle. Il était à longues lignes et mesurait environ 49 centimètres
de large. Sur le recto, comme sur le verso, il subsiste 24 lignes,
plus ou moins mutilées. En effet, le rapprochement des deux frag-
ments laisse sur toute la longueur une lacune équivalant à deux,
trois ou quatre lettres; de plus, les entailles latérales ont enlevé la
meilleure partie de quatre lignes sur chacune des faces du parchemin.
Le feuillet originad est accompagné d^une transcription faite par
Baluze.
La lettre qu'on va lire ci-dessous ne figure pas dans les Monu-
menta Alcuinianay préparés par M. Jafle et publiés par MM. Wat-
tenbach et Diîmmler ; mais il y en a d'autres qui se rattachent à la
même affaire et qui nous donnent le moyen de la compléter et la
dater exactement.
1. Ce curieux document, avec l'ayant-propos qu'on va lire, a été adressé à la
Bibliothèque de V École des chartes par M. le docteur S. Loewenfeld, qui a
consacré plusieurs mois à i^examen de différentes collections de la Bibliothèque
nationale et qui va enrichir d'un grand nombre d'additions la nouvelle édition
des Begesta pontificum Ramanorum de Jaffé.
Le premier coup d'œil nous enseigne que la lettre en question
appartient aux dernières années du yiii^^ siècle, époque à laquelle
rÉglise chrétienne était fort agitée par les doctrines hérétiques
d'Élipand de Tolède et de Félix d'Urgel * . Dans la première partie du
texte, Alcuin parle en termes généraux de l'adoptianisme, comme on
a appelé le système des deux évoques; il envoie à son nouvel ami
un livre dont le fond est emprunté aux Écritures saintes, comme
« une espèce de consolation » pour les vrais catholiques. Dans la
deuxième partie, il fait mention d'une publication récente qu'il se
propose de réfuter ; il conseille à son ami de faire la même chose et
d'emprunter ses armes aux œuvres des saints Pères. Si nous compa-
rons avec notre lettre celles qui dans l'édition portent les numéros
99 et 400, et qui sont adressées à Gharlemagne, il est évident que
les mêmes motifs ont également provoqué la nôtre et que le mot
a doctor » ne peut signifier que l'évêque d'Urgel, le défenseur scien-
tifique de la doctrine attaquée ^. Il en résulte que la lettre recueillie
par Baluze a été écrite en même temps que les deux autres, c'est-à-
dire entre les mois d^avril et de juin 798.
Il est plus difQcile de déterminer quel est l'ami d^Alcuin auquel
est adressée cette lettre. Pour résoudre cette question délicate, je
rappellerai une autre lettre qu' Alcuin adressa à la même époque
(vers le ^18 juillet 798) au roi des Francs. Nous y lisons ces mots :
(c Sed obsecro, si vestrae placeat pietati, ut exemplarium illius
libelli domno dirigatur apostolico, aliudquoquePaulino patriarchae,
similiter Richbono et Theodulfo episcopis, doctoribus et magistris,
1. Outre les ouvrages relatifs à Thistoire ecclésiastiqae, voyez aussi Monnier,
Alcuin et Charlemagne {2^ éd.), p. 148 et suiv., et Tarticle Alcuin, par Dumm-
ler^ dans VAllgemeine Deutsche Biographie, I, 343.
2. Je me borne à rapprocher les passages suivants :
Mon. Alcuin., n? 99, p. 420 : Nouvelle lettre :
c Nuper mihi venit libellus a Felice c Sed nuper ab eodem dicto doctore
infelice directus. » venit nobis libellus erroris c(alaino)
exaratus. »
et plus loin :
c Hujas vero libri vel magis erroris c Gujus libelli responsionem in aliud
responsionem multa diligentia et plu- tempus volente Deo et vita comité
ribus adjutoribus est consideranda. (distulimus. Tua vero caritas se) testi-
Ego solus non mfficio ad responsio- moniorum telis, quae in sanctorum
nem. Praevideat vero tua sancta pietas Patrum scriptis invenias, confortare et
huic operi tam arduo et necessarîo armare sat(agat), ut communi carita-
adjatores idoneos, etc. » tis labore nomen Domini, etc. »
LES ARCHIVES
DES ETABLISSEMENTS LATINS D'ORIENT
A PROPOS d'une
PUBLICATION DE L'ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME.
Ce n'est point brusquement et sans transition que la domina-
tion latine cessa en Orient et particulièrement en terre sainte.
Après avoir duré près d'un siècle, le royaume de Jérusalem subit
pendant un autre siècle une lente agonie, et ne disparut qu'après
avoir été défendu pied à pied contre les efforts des infidèles.
Les établissements civils, hospitaliers et religieux, qui concen-
traient entre leurs mains une très grande partie de la propriété
foncière du pays, eurent donc tout le temps de prévoir la catas-
trophe finale, et de mettre en sûreté les titres des biens considé-
rables qu'ils possédaient non seulement en Orient, mais dans le
monde chrétien tout entier. Tout en faisant la part des pertes
accidentelles dues aux événements militaires, à la négligence des
détenteurs, à l'action naturelle du temps, nous devrions donc
posséder, en grande partie, ces précieux documents; et pourtant,
jusqu'à ces derniers temps, il ne paraissait nous être parvenu en
ce genre quelestitresdel'Hôpital, le cartulaire du Saint-Sépulcre,
et deux recueils de chartes concernant les biens de l'ordre Teu-
tonique.
Une étude plus attentive de l'histoire intime des institutions
latines en Orient, et, avouons-le aussi, des hasards heureux ont
montré qu'il ne fallait pas borner là nos espérances, et que bien
d'autres documents provenant de terre sainte avaient dû être
transportés en Occident, et avaient pu par conséquent parvenir
jusqu'à nous.
43
S'a est difficile d'établir d'une façon certaine que les rois de
Jérusalem, les princes d'Antiocbe et les autres feudataires de la
terre sainte aient eu des archives régulières, on peut cependant
conjecturer qu'ils n'ont eu aucune raison de ne pas imiter sur ce
point, comme ils le faisaient sur tant d'autres, les usages de
l'Occident. Leurs trésors des chartes ont dû passer en Chypre,
et de là à Venise. Je dois dire cependant que rien ne paraît en
avoir été conservé : il dut y avoir là une cause, peut-être relati-
vement récente, de destruction complète.
Mais il n'en a point été de même des archives des quatre ordres
hospitaliers. Les chevaliers de Saint-Jean ont transporté en temps
utile leurs titres, d'abord à Chypre, puis à Rhodes, puis enfin à
Malte.
J'ai montré ailleurs * que les Teutoniques firent faire en 1277
des vidimus de leurs privilèges pour l'usage de leur grande
commanderie de terre sainte, et emportèrent ensuite les origi-
naux à Venise, que ces originaux y sont encore en partie, tandis
que les archives de la grande commanderie, transférées à leur
tour en Occident, se trouvent moitié à Vienne et moitié à Berlin.
Les titres de Saint-Lazare sont venus en Italie, y existaient
encore au siècle dernier, et nous en possédons des copies mo-
dernes *.
Restent les archives des templiers, sur lesquelles nous n'avons
aucun renseignement, mais par cette seule raison que Ton a tou-
jours apporté plus d'attention au procès et à la condamnation qu'à
l'histoire proprement dite de cet ordre si considérable. Bien que
je n'aie pas encore étudié avec tout le soin qu'elle mérite cette
question intéressante, je ne trouve, à première vue, dans les
annales du Temple, aucun événement qui permette d'affirmer a
priori que les archives de l'ordre aient été détruites en bloc.
Elles peuvent aussi bien se trouver réunies, dans quelque dépôt
ignoré, que dispersées, en Espagne, en Portugal^, à Rome; la
recherche reste ouverte.
1. Bulletin de la Société des antiqtiaires de France, 1877, pp. 61-69 ; cf.
M. Perlbach, Das Haus d. D. 0, zu Venedig [AHpreuss. Monatssckrift, t. XVII,
1880, pp. 269-285).
2. Elles seront publiées par le comte de Marsy, dans le t. II des Archives
de l'Orient latin,
3. On sait que les templiers d'Espagne formèrent l'ordre de Montesa et que
ceux de Portugal devinrent les chevaliers du Christ; voy. A. de Montagnac, Hist.
44
Après les ordres militaires, les patriarcats de Jérusalem et
d*Antioche et les évêchés de terre sainte devaient avoir des
titres, puisqu'ils possédaient, eux aussi, des biens importants. Il
y a, je le crois, peu d'espoir de rien retrouver de ce côté ; les
prises de Jérusalem (1187) et des autres sièges épiscopaux à la
fin du xni® siècle ayant pu amener de la part des musulmans des
mesures violentes, entraînant la destruction de titres qui, du
reste, devenaient désormais inutiles, — la chancellerie épiscopale,
indissolublement liée à Tévêcbé, devant disparaître avec lui. La
plupart des diocèses de Palestine et de Syrie ne semblent pas
d'ailleurs avoir eu, en Occident, de possessions où ils pussent
envoyer d'avance et mettre en sûreté leurs archives. Je viens de
dire la plupart, et voici pourquoi : deux églises de terre sainte,
Nazareth et Bethléem, avaient pu être transportées, pour ainsi
dire de toutes pièces, de l'autre côté de la Méiditerranée, l'une à
Barletta S l'autre à Clamecy *. Les titres écrits prirent-ils part à
cette translation ? je l'ignore pour Barletta ; je crois pouvoir le
conjecturer pour Bethléem. Si les archives orientales de ce der-
nier diocèse ont disparu, ce doit être très postérieurement à leur
translation en Occident; ici donc encore tout espoir n'est pas
perdu.
Au-dessous des évêchés se trouvaient les abbayes ; la première
de toutes, par le nombre et l'importance de ses possessions occi-
dentales, était le Saint-Sépulcre ; nous en avons le Cartulaire^,
le premier des monuments diplomatiques de TOrient latin. Mais,
outre ce cartulaire, le Saint-Sépulcre paraît avoir envoyé ses
titres originaux partie en Pologne* et partie à Pérouse, où ils se
trouvaient encore il y a cent ans à peine* et d'où ils n'ont pu
des templiers (P., 1864, m-12), pp. 269-301. Il est certain que les archives du
Temple ne sont pas à Malte, où cependant elles devraient se trouver, en tant
que titres des propriétés dont les hospitaliers héritèrent des templiers sup-
primés.
1. Voy. Ughelli, Italia sacra, VIT, 769; cette translation a échappé à Féditeur
des Familles d'ouire-mer de Ducange, dans le chapitre qu'il consacre, pp. 759-
763, aux archevêques de Nazareth.
2. M. Chevalier-Lagenissière (HisU de Vévêché de Bethléem, P., 1872, in-^«)
ne donne aucun renseignement particulier sur ce point. Les titres de l'évéché
de Bethléem existaient encore en 1770, époque où les éditeurs du t. XII du
GaU. ckr. en ont publié quelques-uns (Instr., pp. 237-246, 371-375).
3. Publié par M. Ë. de Rozière. Paris, 1849, in-4^
4. Nakielski, Miechovia (Gracovie, 1634, 2 vol. in-f>), I, p. 81.
5. Statuts de Vordre du Saint-Sépulcre (Paris, 1776, in-8^), p. 211.
45
disparaître par voie de destruction; quelque collection privée
d'Italie les détient très certainement.
Après le Saint-Sépulcre, l'abbaye du Temple JDomini^ Notre-
Dame de Josapbat, le Mont Sion, Sainte-Marie Latine, pour ne
parler que des monastères les plus connus, possédaient des biens
et partant des titres : une partie de ces biens était située en Occi-
dent ^ Le transfert des titres a donc été possible, et je suis con-
vaincu qu'il a eu lieu. Pirri ' nous raconte qu'au temps du der-
nier siège de Saint-Jean-d'Âcre les abbés de Josapbat et de la
Latine, voguant de conserve, abordèrent à Messine, apportant
avec eux leurs meubles et leurs trésors. Dans ces trésors devaient
être comprises leurs chartes, puisque nous avons encore celles de
Josapbat, objet de l'importante publication dont je vais parler
tout à Tbeure, et que celles de la Latine existaient en Sicile au
siècle dernier, ainsi que le prouvent les copies modernes que la
bibliothèque de Palerme conserve de quelques-unes d'entre
elles \
Si je ne sais rien des archives du Temple Domini, je puis
affirmer par contre que celles de Mont Sion étaient à Saint-Sam-
son d'Orléans^, et que, « si l'on connaissait exactement ceux des
« monastères occidentaux dont les sanctuaires de terre sainte
« pouvaient réclamer ou le gouvernement ou le patronage, on
« aurait bien des chances de trouver, mêlés aux fonds actuels
« provenant de ces monastères, les titres des maisons-mères
« orientales. »
L'étude de la publication de M. François Delaborde va mettre
hors de doute cette assertion.
1. n en a été de même de plusieurs établissements religieux de l'empire latin
de Constantinople ; de Thospice Saint-Samson de Gonstantinople relevait celui
de Saint-Samson de Douai (Arch. de Fr., S. 5042). L'abbaye de Daphné, en
Grèce, était affiliée à celle de Bellevaux, en Franche-Comté, et ceUe de Civetot,
sur la Propontide, à celle de Gluny.
2. Rochus Pirrus, SicUia sctcra, p. 1131.
3. M. Winkelmann, qui avait signalé (N. Archiv, UI, 638) ces copies comme
se trouvant dans les registres H de la bibl. communale de Palerme, en a tiré
trois documents pour son recueil si important des Acta inedita imperU (Inns-
bruck, 1880, in-8*), pp. 70, 80, 81. J'ai demandé à Palerme qu'on recherchât
les originaux: ma demande est restée sans réponse. A Amalfi se trouvent
quelques pièces relatives à la Latine ; mais proviennent-elles des archives mêmes
de cette abbaye?
4. 0. de Vassal, Recfu sur le collège royal d'Orléans (Orléans, 1863, in-S"*),
pp. 10-21 et Pr. pp. 6-16.
46
Dès 1633, Rocco Pirri avait publié, dans sa Sicilia sacra^,
un certain nombre de pièces relatives à l'abbaye de Notre-Dame
de Josapbat. Ces pièces, comme beaucoup d'autres éparses dans
des recueils d'histoire locale, avaient échappé aux érudits versés
dans les études orientales ; les eussent-ils d'ailleurs remarquées,
ils pouvaient les tenir en suspicion, l'ouvrage de Pirri se distin-
guant par la quantité de &ux audacieux qu'il renferme^. Mais
assez récemment, en classant les fonds d'archives des couvents
supprimés de Messine, le chanoine Carini constata que neuf
volumes factices, formés de documents d'âge difiérent, contenaient
des pièces originales provenant de Notre-Dame de Josapbat, à
la suite de la translation racontée par Pirri. Communiquée à la
Società di storia patria de Sicile, la découverte de M. Carini
fut signalée en 1877 au monde savant par une lettre de ce dernier
au professeur Edouard Winkelmann, de Heidelberg^.
M. François Delaborde, alors membre de l'École française de
Rome, comprenant toute l'importance des documents ainsi ren-
dus à la lumière, se rendit à Palerme pour les étudier : il vient
de les réunir dans un fascicule des publications si intéressantes
qu'à peine fondée notre nouvelle école a entreprises sous la
direction si éclairée et si active de M. A. Geffroy ^.
Je rappellerai que la communauté bénédictine de Notre-Dame
de Josapbat fut établie au lendemain de la conquête franque^
par Godefroi de Bouillon, pour desservir le sanctuaire du tombeau
de la Vierge, et subsista jusqu'en 1187, époque où, fuyant
devant l'occupation sarrasine, elle se réfugia à Tripoli, puis à
1. R. Pirrus, Sicilia sacra, pp. 1134 et s.
2. Voir par exemple le récit circonstancié quil donne (pp. 873-874) de la pre-
mière croisade, avec la biographie d'un faux cardinal-patriarche d'Antioche,
Henri de Mazara ; tout y est fabuleux, y compris de longues citations d'ouvrages
de Léon d'Ostie, de Pascal II, etc., qui n'ont jamais existé, et de nombreux
renvois, sciemment faux, à des livres connus.
3. Archivio siorico sicUiano, II s., III, 1877, pp. 460-478.
4. BibL des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, XIX* fascicule. Chartes
de terre sainte provenant de Vabbaye de Notre-Dame de Josaphat (Paris,
E. Thorin, 1880, iv-153 p. in-S»).
5. Le Com>memoratorium de casis Dei, qui, comme on le sait, est un rapport
adressé de Jérusalem à Gharlemagne, signale la présence à Josaphat de religieux
des deux sexes {lUn, Hieros, latina, I, 302); ils devaient être du rite grec ;
pourtant il ne serait pas impossible qu'il s'y fût établi avant les croisades une
communauté bénédictine. M. Fr. Delaborde (p. 1) me paraît avoir été trop affîr-
malif en rejetant ici le témoignage de Pirri.
47
Acre, et enfin en 1289 au monastère de Sainte-Madeleine de
Messine, qui lui avait été donné en 1113 par Roger II de Sicile *.
Le 30 mars 1392^, le sanctuaire de Notre-Dame de Josaphat,
rendu aux Latins par le sultan d'Egypte, grâce à l'intervention
de la reine Jeanne de Naples ^, passait aux franciscains, qui en
avaient été investis d'avance, sur la demande de Pierre IV, roi
d'Aragon, par Innocent VI et Urbain V^.
C'est donc entre ces deux dates, 1100-1392, qu'est comprise
l'histoire, jusqu'ici fort obscure, de l'abbaye bénédictine de
Josaphat.
M. Delaborde vient l'éclairer d'un jour inattendu par 59pièces,
échelonnées de 1112 à 1289 : il en étudie, dans une préface qui
est la partie principale de son travail, les caractères diplomatiques,
et en fait ressortir l'importance pour la terre sainte : les notes
sont claires et intéressantes; deux fac-similés et une table très
détaillée complètent la publication. C'est, après le Cartulaire
du Saint-Sépulcre et les Tàbulœ de Strehlke, le recueil le plus
considérable que nous possédions pour l'histoire intérieure du
royaume de Jérusalem. De nouveaux noms de personne sont
ajoutés aux listes de Du Cange ; de nouvelles dates s'offrent à la
biographie des personnages déjà connus, et de nouveaux noms
de lieux à la toponomastiquç de la Palestine.
Je ne ferai qu'une réserve^, que M. Delaborde a d'ailleurs
prévue, en ne donnant à son livre que le titre modeste de Chartes
DE TERRE ^Amn^ provenant de V abbaye de Josaphat , au lieu
de Chartes ou Cartulaire de Josaphat, Il a volontairement
laissé de côté, dans les recueils siciliens, toutes les pièces relatives^
1. Charte de Guillaume II (1189), (d. Pirrus, Sic, sacra, p. 1134-1136).
2. Wadding., Ann, minorum, IX, 119; cf. VII, 268.
3. Epistola Johannas (22 mai 1363) (Wadding., Ann, minorum, VII, 167-168).
4. Epist, Innoc, F/ (31 mai \Z&l),Epist. Urbani V (8 nov. 1362) (Wadding.,
VII, 268; VIII, 486-487).
5. Les erreurs échappées à M. Delaborde dans l'établissement des textes Tien-
nent d'être relevées, avec plus de minutie que de bienveillance, par M. Fabbé
U. Chevalier {Bulletin critique d'histoire, 1880, I, 302-306). Je n'ajouterai à cet
errata que la mention de deux fautes d'impression : l'une p. 7, 1. 28, et l'autre
p. 5, 1. 12 (1490 au lieu de 1290); j'exprimerai aussi le regret que M. Fr. Dela-
borde n'ait pas cherché (ne fut-ce que dans la table) à identifier les casaux
dont les chartes lui fournissaient tes noms.
6. C'est à M. Delaborde lui-même que je dois ce renseignement : j'ajouterai
que les registres H de la bibl. communale de Palerme, dont j'ai parlé plus haut,
2
48
aux possessions de Tabbaye en Occident : c'est, selon moi, une
lacune dans son travail, même au point de vue de l'histoire de la
terre sainte. En effet, ces chartes ont été rédigées en faveur
d'abbés de Josaphat ; elles ont eu des témoins venus d'Orient : il
eût Êdlu au moins en donner l'analyse et les souscriptions. J'en
dirai autant de certaines pièces rdatives à l'abbaye et publiées
ailleurs; les relever dans Paoli, Guerra, Wadding, PotthastS
n'eût pas exigé un grand travail. M. Delaborde, qui nous donne
en appendice une charte qui n'est pas inédite *, aurait pu ainsi
grossir cet appendice de documents intéressants qu'il eût été
commode de trouver réunis et qui auraient rendu sa publication
définitive.
Telle qu'elle est, cependant, je le répète, elle constitue une
acquisition très précieuse pour l'histoire de la domination latine
en Orient, et nous devons en exprimer notre gratitude à l'Ecole
de Rome et au jeune et savant éditeur de ces textes précieux.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, d'autres monastères que Josa-
phat ont dû avoir des biens en Occident ; notre ignorance est
absolue à l'endroit de ces biens. Tel prieuré anglais, hollandais
ou espagnol a pu, sans que rien, dans les documents que nous
connaissons, l'indique précisément, ou dépendre d'une abbaye
de terre sainte, ou y être aflSlié, et recevoir dans ses propres
archives celles de cette abbaye. Aujourd'hui, chartes orientales
et titres locaux peuvent dormir pêle-mêle dans quelque dépôt
public, sans que personne y soupçonne l'existence des pièces
venues de terre sainte.
Si donc j'ai fait ressortir ici l'importance de la découverte de
M. Carini et de la pubhcation de M. Delaborde, c'est surtout
dans le but d'éveiller l'attention des érudits étrangers aux
études orientales, et en particulier des archivistes , sur la possi-
bilité et l'intérêt de trouvailles analogues.
Comte Riant.
contiennent des copies des chartes de Josaphat {N. ArcfUv, i. c.) ; il eût peut-
être été bon de les indiquer. Le Mont Cassin conserve peut-être aussi des dona-
tions du XII' siècle faites à l'abbaye de Josaphat; enfin il aurait fallu dire un
mot de Notre-Dame de Josaphat, fondée près de Chartres en 1120 et dont les
cartulaires sont conserrés à la Bibl. nat. sous les n<*' 10102 et 10103 du fonds
latin.
1. M. Rey {Rech. géogr, sur la domination des Latins en Orient, Paris, 1877,
in-8% p. 58-59) a donné les cotes de quatre pièces relatives à Josaphat.
2. Chevalier-Lagenissière, Hist. de Vëv. de Bethléem, p. 64-65.
CATALOGUE DES MANUSCRITS
DE
L'ABBAYE CISTERCIENNE DE LA CHARITE
AU DIOCÈSE DE BESANÇON*.
1 . Cette abbaye possède le Commentaire de saint Augustin sur
les pseaumes, en trois volumes in-folio, ms. en beau parchemin
dont récriture est fort belle ; comme la lecture d'un tel livre est
très utile à la vie solitaire, les anciens religieux de cette maison
s'appliquèrent dans le xn® siècle de l'Eglise à le transcrire et à
en faire cette copie fidelle. On n'y voit point la datte de l'année.
2. Le Commentaire de saint Thomas d'Aquin sur le Cantique
des cantiques écrit sur du vélin faisant un volume in-folio ; il
porte ce titre, « Distinctiones magistri Thome super Cantica canti-
corum », parce qu'en ce temps-là ce saint docteur n'était pas
encore canonisé. Les lettres initiales y sont ornées de fleurs d'or,
qui expriment une belle variété. Vers la fin du xni® siècle, dom
Renaud de Palma, religieux de cette maison, transcrivit ce
livre, en ajoutant ces trois distiques à la fin :
Ad laudem Ghristi dévolus scriba libellum
Finit et exultans nobile claudil opus.
1. Ce catalogue fut rédigé par dom GuiUaume Pinard, bachelier en Sorbonne et
religieux de la Charité, morl en 1766. L'auteur l'adressa le 1" décembre 1757 à
M. Roussel de Bréville, membre de l'Académie de Besançon. Celui-ci le commu-
niqua en 1780 à M. Droz, secrélaire perpétuel de l'Académie de Besançon. Notre
confrère M. Gauthier, archiviste du Doubs, a bien voulu transcrire pour la
Bibliothèque de V École des chartes un document qui ne manque pas d'intérêt,
puisqu'il fait bien connaître une collection dont la plupart des volumes parais-
sent avoir disparu.
20
Alter hic ingenio sudavit, non ego tantum :
Offîcio caiami sit liber iste meus.
Efrjgo rogo, lector, Renaut memor esse mémento,
Hanc sic pro merito redde bénigne vicem.
3. L'Histoire scholastique de Pierre Comestor, ou le Mangeur,
natif de Troyes en Champagne, mort Tan 1198. Cet ouvrage
latin, contenu en deux volumes in-folio, écrits sur vélin ; l'au-
teur étoit chanoine régulier de Saint- Victor-les-Paris. On y voit
son épître dédicatoire au cardinal Guillaume de Champagne,
archevêque de Sens. La beauté de l'écriture fait penser qu'elle
est du XII® siècle.
4. Le livre des Décrétales du pape Grégoire IX, écrit de
même sur parchemin ; la plupart des lettres initiales étant en bel
or, et chaque décret accompagné de gloses ou explications très
diffuses, ce qui fait les pages de quatre colonnes en un volume
in-folio. C'est une compilation de toutes les constitutions pontifi-
cales des prédécesseurs de Grégoire IX, avec les décrets des con-
ciles, faite par les ordres de ce pape par saint Raimond de Pegna-
fort, l'an 1230. Cette collection est la plus autorisée et la plus
universellement reçue, soit dans les tribunaux ecclésiastiques,
soit dans les universités. Elle est divisée en cinq livres, dont le
premier traite des prélats ou sièges ecclésiastiques ; le second des
jugemens civils; le troisième roule sur les affaires ecclésias-
tiques ; le quatrième renferme les causes matrimoniales, et le
cinquième les procédures criminelles. On ne voit pas en quel
temps ce manuscrit latin a été fait.
5. Les Sermons du pape Honorius III, écrits en latin sur vélin,
en un tome in-folio. Ce souverain pontife, ayant été élu l'an 1216,
fit quelque temps après le don d'un volume de ses Sermons au
monastère de Citeaux, en y mettant une lettre à la tête, au lieu
de préface. Ces sermons sont au nombre de soixante-huit, sur
tous les dimanches et fêtes principales de l'année, copiés par dom
Etienne, religieux de cette maison au xm® siècle.
6. Un volume d'opuscules sur parchemin, in-folio, contenant
trente-six discours de saint Bernard, abbé de Clairvaux, sur
divers sujets, et soixante du bienheureux Guérie, abbé d'Igny en
Champagne, de l'ordre de Citeaux, décédé l'an 1157. Cet ouvrage
est dédié à Henry, cardinal de la sainte Église romaine.
7. L'excellent ouvrage des Sentences, dans un volume en vélin,
divisé en quatre livres; les marges en sont ornées de belles
24
figures, et une partie des lettres initiales sont en or, accompagné
d'une variété de personnages et de figures très imités. C'est la
première Somme théologique de Pierre Lombard, ainsi nommé
parce qu'il étoit natif de Novarre en Lombardie, et qui mourut
évêque de Paris en 1164. Le copiste de cet ouvrage est dom
Renaut, religieux de cette abbaye, qui vivoit sur la fin du siècle
suivant. Voici quatre vers qu'il mit sur la fin de ce manuscrit :
Haec tibi, summe Deus, tuus offert scripta Renaudus ;
Si placet oblatum, plus ejus solve reatum.
Qui servare libris pretiosis nescit honorem,
Illius a manibus sit procul iste liber.
8. L'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe, évêque de Césarée en
Palestine, mort l'an 338, ouvrage latin, divisé en dix livres,
renfermé dans un volume en parchemin in-folio. Cette histoire
est si excellente qu'elle a mérité à Eusèbe le titre de père de
l'Histoire ecclésiastique. Le manuscrit est en lettres gothiques si
grossières qu'on peut bien l'atribuer au xrv® siècle.
9. Commentaire ou explication de l'Evangile de l'apôtre saint
Jean , en vingt-un chapitres , écrit sur vélin ; un volume in-
quarto, en latin, mais sans aucun nom d'auteur.
10. Le Traité de l'éducation des princes et des princesses, très
ancien manuscrit latin, en vélin, in-quarto, dédié à la reine Mar-
guerite, épouse de saint Louis, roi de France, par Vincent, dit de
Eeauvais, religieux de l'ordre de saint Dominique, mort en 1264.
11. Un manuscrit latin, grand in-folio, en beau véhn, qui est
le Commentaire de Pierre Lombard, évêque de Paris, sur toutes
les épitres de saint Paul, les lettres initiales de chaque épitre
étant en or, avec des figures d'une grandeur et d'une déhcatesse
achevée. On trouve à la fin quelques opuscules de saint Isidore,
évêque de SéviUe en Espagne au vif siècle, scavoir son Traité des
sinonimes ou des soliloques, et celui des Combats de l'homme au
sujet des vices et des vertus. L'écriture en est si nette et si bien
formée qu'on peut l'attribuer au xtf siècle. Ce hvre nous fut
donné par un M. de Besançon en 1375.
12. Deux volumes in-folio, en vélin, contenant les Morales sur
Job, par saint Grégoire le Grand, divisés en dix livres.
13. Un autre volume in-foUo en beau vélin, contenant les
Homéhes du même pape sur les évangiles des dimanches et des
fêtes principales de l'année, au nombre de quarante. On lit à la
22
fin : « Anno Domini M. CC. LXXXXVI idib. aprilis ita fuit
instructum abbatie de Cbaritate. »
14. Un gros volume in-folio, en vélin, qui renferme les Cent
quarante-quatre épitres ou lettres du grand saint Augustin,
acheté à Besançon en 1375 du sieur Pierre de Villette, noble
citoyen.
15. Quelques Œuvres, dans un volume en vélin, in-4*', du
pape Innocent III, mort en 1216. Acheté à Besançon en 1374.
16. Le Décret de Gratien, sous ce titre : « Concordantia dis-
cordantium canonum », que ce grand homme publia en 1151.
C'est un manuscrit en beau vélin, faisant un grand volume
in-folio.
17. Un grand dictionnaire latin, qui est une explication des
principaux mots de l'Ecriture sainte, des termes des sciences,
etc., sous ce titre: « Elément arium doctrine rudimentalis. » On
y traite des figures des lettres, de leur diversité, de la voix, de
la prononciation, des accens, de Tordre des syllabes, des décli-
naisons, des conjugaisons, de l'orthographe. C'est un très vieux
manuscrit, en beau vélin, gros in-folio, sans nom d'auteur*. On
y lit seulement à la fin : « Liber Sancte Marie de Caritate », ce
qui dénote qu'il a été transcrit par les anciens religieux de cette
maison.
18. Interprétation des termes les plus difflciles de l'Ecriture
sainte, manuscrit latin en vélin, in-folio parvo, sans titre ni
aucun nom d'auteur.
19. La Signification, ou exposition littérale, morale et allégo-
rique des mots principaux de l'Ecriture sainte, manuscrit latin,
en vélin, in-quarto magno ; sans titre ni aucun nom d'auteur.
20. Un vieux manuscrit en vélin, faisant un volume in-quarto,
sous ce titre : « Summa de vitiis capitalibus abreviata », et
ensuite : « Glosule super parabolas Salomonis. » On lit seule-
ment à la fin : « Liber Béate Marie de Caritate », sans nom
d'auteur.
21. « MisceUanea », ou ancien manuscrit en vélin in-folio
contenant le « Polihystor Julii Solini », qui est un recueil des
choses les plus mémorables qu'on voit en divers pays, par Solm,
grammairien latin au u® siècle. L'Oraison de Cicéron « pro
Marco Marcello », celle « pro Quinto Ligario », un autre « pro
1. C'est l'ouvrage de Papias.
!k^
23
rege Dejotaro » ; son livre « de senectute » ; Œuvres différentes
de Sénèque : 1* sur les lettres qu'on a cru qu'il avoit écrites à
l'apôtre saint Paul et qu'il en avoit reçues ; 2** « de remediis for-
tuitorum ad Callionem synonima et differentie artis rhetorice
Ciceronis. »
22. Explication du livre de Daniel, un volume in-quarto,
manuscrit en latin, de saint Jérôme.
23. Explication de l'Evangile de saint Marc, de l'épitre de
saint Jacques, de deux épitres de saint Pierre, de trois de saint
Jean, et de celles de saint Jude; manuscrit très ancien en vélin,
in-quarto, sans nom d'auteur.
24. Les épitres de saint Jérôme, au nombre de cent trente-
cinq, avec six de ses sermons, le premier sur la Nativité de
notre Sauveur, le second sur l'Epiphanie, le troisième sur le
Carême, le quatrième sur la Passion de Notre-Seigneur, le cin-
quième sur le saint jour de Pâques et le sixième sur le psaume
XVn®. Le tout faisant un grand volume latine en vélin. Manus-
crit acheté à Besançon en 1375.
25. Quatre-ving-six Sermons de saint Bernard, abbé de Clair-
vaux, sur le Cantique des cantiques ; manuscrit très ancien, en
vélin, un volume in-folio.
26. Un manuscrit latin, en vélin, in-folio, qui est l'ouvrage
des Origines ou Ethymologies, divisé en vingt livres, de saint Isi-
dore, évêque de Séville en Espagne, mort en 636.
27. Un très précieux manuscrit, en vélin, in-folio, qui est le
Commentaire du vénérable Bède, bénédictin anglois, sur les
épitres de saint Paul ; si l'on excepte l'épitre aux Romains et les
deux aux Corinthiens, toutes les autres y sont expliquées, ce qui
fait un ouvrage d'autant plus rare, plus estimable et plus recher-
ché qu'après celui-ci on ne le trouvera peut-être nulle part en
France, car le Commentaire sur les épitres de saint Paul inséré
parmi les ouvrages de ce grand homme n'est pas de lui, comme
les plus habiles écrivains l'ont fait voir, mais de Florus, diacre
de Lyon. Cependant, quant à l'objet présent, ce n'est pas un
ouvrage travaillé avec beaucoup d'art et d'invention, car c'est
une espèce de recueil de quantité de passages de saint Augustin
qu'il a liés ensemble, quoiqu'il fût un des plus scavans hommes
de son temps. Il mourut en 735.
28. Le Commentaire de saint Augustin sur l'Evangile de saint
Jean, manuscrit latin en vélin, in-folio.
24
S^s l^ Commentaire de saint Jérôme sur le prophète Isaye,
uu wUume in-folio, en beau vélin, transcrit à Tabbayedela Cha-
rité ^ 1370.
iiiK Le Gmimentaire sur les douze petits prophètes, un volume
m^nu^crit en vélin, in-folio, « authore magistro Stephano archi-
t^xi^H^^K) Cantuarie » .
31, Un manuscrit en parchemin, in-quarto magno, contenant
W ^explications difficiles des passages de l'Ancien et du Nouveau
Tt^ktament, tirés des œuvres de saint Grégoire le Grand par
)\il«iinus, disciple de ce saint pape, dans le vi® siècle. Son ouvrage
ânit au livre de TEcclèsiastique, ainsi le second et le troisième
ti^uo nous manquent.
îlîi. Un manuscrit en vélin, grand in-quarto, contenant dix-sept
hiMuélies sur le livre de la Genèse, treize sur l'Exode et seize sur
lo Lovitique, par le grand Origène, mort en 255.
3î^. La première partie de la seconde de la Somme théologique
do saint Thomas d'Aquin ; un volume in-quarto, ms, en beau
vélin, acheté à Paris l'an 1462.
34. La troisième partie de la Somme du même saint, en beau
vélin, mais très mal écrit.
35. Un manuscrit en beau vélin, in-quarto, intitulé : « De offlcio
sacerdotis seu Summa casuum conscientie », composé par Albert
Mandagasino, dit de Bresse, disciple de saint Thomas, et mort
en odeur de sainteté l'an 1314. Cet ouvrage est très rare, n'ayant
pas été imprimé.
36. Un manuscrit en vélin, in-folio parvo, qui contient des
sermons sur les épitres et les évangiles des dimanches de l'année,
par le vénérable Ay mon, religieux de Savigny, ordre de Citeaux,
mort en 1175, copié par dom Etienne au xni® siècle.
37. Un volume in-quarto, manuscrit, en véhn, sous ce titre :
« Capsa factorum et dictorum mirabilium Valerii Maximi. » Cet
ouvrage est curieux et bien écrit. On l'acheta à Paris en 1447.
38. Un Dictionnaire éthimologique des mots latins sous ce
titre : « Derivationes magistri Hugonis de Pisa composita super
septem artibus. » Manuscrit en vélin, grand in-quarto.
39. Le Traité de saint Ambroise sur le pseaume CXVIII avec
les livres sur les Mistères et sur les Sacremens. Un manuscrit
latin in folio, en vélin.
40. Un manuscrit latin sur vélin, in-folio, contenant les cinq
jIj^
25
livres de saint Augustin sur la très sainte Trinité, portant à la
fin : « Liber Sancte Marie de Charitate », livre très vieux.
41 . L'Exameron de saint Ambroise, qui est l'exposition des
œuvres des six jours de la Création, avec deux traités sur le
Paradis et sur Gain et Abel. Un manuscrit latin en vélin,
in-folio.
42. Les Commentaires de saint Jérôme sur les petits prophètes.
Deux volumes manuscrits en vélin, in-folio. Copié à la Charité.
43. Questiones canonice Jacobi. C'est un manuscrit très mal
formé, sur vélin, in-folio.
44. Le Commentaire de saint Thomas sur les livres des Sen-
tences. Manuscrit en vélin, in-folio, très mal écrit. Livre acheté
à
45. Un manuscrit en vélin, in-folio, mais très mal écrit, ayant
pour titre : « Questiones disputate de veritate a Sancto Thoma
Aquinate ». Acheté à Paris l'an 1461.
46. L'ouvrage de saint Augustin intitulé : « De verbis Domini. »
Ce sont des discours sur les principaux actes des apôtres saint
Pierre, saint Paul, Jacques et Jean. Un. volume manuscrit en
vélin, grand in-quarto. Copié à la Charité.
47. La seconde partie des Homélies d'Origène, contenant les
homélies sur les livres de Josué, des Juges, des Rois, du Cantique
des Cantiques, d'Isaye, de Jérémie et d'Ezéchiel. Un volume
manuscrit en vélin, in-folio.
48. Les livres des Dialogues de saint Grégoire, pape ; un
volume manuscrit en vélin, in-quarto.
49. Les livres de saint Augustin « De doctrina christiana », « De
spiritu et littera » et « De pastoribus » . Un manuscrit en vélin
in-quarto.
50. Les Lettres de saint Bernard, deux manuscrits en vélin,
in-quarto.
51. Un manuscrit en vélin, in-quarto, sous ce titre : « De qua-
tuor voluntatibus in Christo », sans nom d'auteur.
52. Un manuscrit en vélin, in-quarto, intitulé : « De virtu-
tibus moralibus et animi presentia », sans nom d'auteur.
53. « Tracta tus de variis conditionibus hominis », un ms. en
vélin, in-quarto; « autore Jeanne Genesio, doctore. »
54. « Vita sancti Gregorii pape, a Joanne diacono »; manus-
crit sur vélin, gros in-octavo.
55. Un manuscrit latin, en vélin, in-quarto, contenant l'His-
26
I^HTd chronologique des choses les plus considérables arrivées
\K>|>uis lorigine du monde jusqu'au xii^ siècle, par Othon, religieux
Aà Morixnond et évêque de Frisinghen ; copié par dom Etienne au
xm"* siècle.
56. Le Pastoral de saint Grégoire le Grand; manuscrit latin,
en un volume sur vélin, in-octavo.
57. Un manuscrit latin en vélin, in-octavo, intitulé : « Liber
sancti Âugustini de sermone Domini in monte. »
58. Le Commentaire de saint Jérôme sur le prophète EzécMel,
écrit sur vélin, in-quarto.
59. Un beau manuscrit en vélin, in-octavo, qui est le traité :
« De regimine principum », composé et dédié à PhiUppe le Bel,
roi de France, par Gilles de Roma, religieux augustin, ensuite
archevêque de Bourges, mort en 1316.
60. « Varie questiones de Scriptura sacra autoritate Patrum
elucidate » ; manuscrit sur vélin, in-octavo, sans aucun nom
d'auteur.
61. « Excerpta ex deânitionibus summorum pontiâcum, conci-
liorum, etc., de flde et jure » ; manuscrit en vélin, in-octavo,
sans nom d'auteur.
62. « Liber de oculo morali », ce qui se rapporte au sens de
l'Ecriture à l'attention et à l'intention; manuscrit en vélin, in-
octavo; sans nom d'auteur^
63. Preuves de la venue du Messie, contre les juifs, par Nico-
las de Lyre, en 1334. Manuscrit latin, sur véhn, in-octavo.
64. « Liber sermonum de misteriis et festis totius anni » ; un
manuscrit sur vélin, in-octavo, sans nom d'auteur.
65. « Compendium Summe theologice sancti Thome Aquina-
tis. » Manuscrit en vélin, in-octavo.
66. « Summa sive tractatus de vitiis et peccatis » ; un manus-
crit en vélin, in-octavo, sans nom d'auteur.
67. Les Livres de phisique d'Aristote; manuscrit latin en
vélin, in-quarto.
68. « De arte rhetorica » ; manuscrit en vélin, in-octavo.
69. « Opéra Virgilii », manuscrit in-octavo, en vélin.
70. « Liber Dioscoridis de plantis et rébus medicis » ; un ma-
nuscrit en vélin, in-octavo.
1 . OuTrage de Pierre de Limoges ; voyez VHistoire littéraire de la F)rance,
t. XXVI, p. 463.
27
71. Un manuscrit en beau vélin, in-folio, contenant les Confé-
rences dé saint Jean Cassien, mort à Marseille Tan 433. L'ouvrage
porte ce titre : « Instituta sanctorum Patrum Eremi > ; copié par
dom Etienne, religieux de cette maison au xuf siècle.
72. La Vie des saints Barlaam et Josaphat, et le livre « De
contemptu mundi » du pape Innocent III , transcrit par dom
Etienne, religieux de cette maison au xm® siècle.
73. La Vie de saint Clément I, pape ; manuscrit en vélin,
in-quarto. Copié par le même religieux.
74. « Miscellanea », ou un ancien manuscrit en vélin, grand
in-folio, qui fait un mélange de diverses pièces, scavoir l'Histoire
des Troyens, par Cornélius Nepos; l'Histoire des Lombards, par-
tagée en six livres, par Paul, diacre d'Aquilée, qui avoit été au
vm® siècle secrétaire de Didier, dernier roi de cette nation ; la
Vie et le martir de saint Thomas, archevêque de Cantorbéry ;
l'Histoire de la translation du corps de saint Etienne, premier
martir ; la Vie et les miracles de saint Léonard ; la vie et les
miracles du bienheureux Pierre, religieux et directeur du mo-
nastère de Jully ; l'Origine de la monarchie françoise.
ÉCRIVAINS DE CETTE PROVINCE.
75. L'abbaye de la Charité possède encore un gros volume
in-quarto, en manuscrit, sur parchemin, contenant quatre-vingt-
six sermons de Jean Allegrin d'AbbeviUe, archevêque de Besançon,
ensuite cardinal, mort en 1237. Ces sermons latins sont des dis-
cours sur la vie et la passion de Notre-Seigneur, sur les devoirs
des prélats, sur les obligations des clercs, sur la vie religieuse,
sur les fêtes de la sainte Vierge, sur la dédicace des églises, et
sur quantité de sujets de morale qu'il traite avec autant de piété
et d'onction que d'esprit et de solidité. On a joint à ces ouvrages
le Commentaire sur le livre de l'Ecclésiastique fait par Hugues de
Saint-Cher, ainsi dit du lieu de sa naissance en Dauphiné, reh-
gieux dominicain et cardinal, décédé à Orvieto en 1263, copié
au xjif siècle par dom Etienne, religieux de la Charité.
76. « Explanatio super 4 libres Regum », un volume in-folio,
manuscrit, en vélin. C'est le Commentaire de dom Angelôme,
religieux bénédictin dans l'abbaye de Luxeul, vers l'an 853. Cet
ouvrage est fort allégorique et mystique. Il ne paroît pas avoir
été jamais imprimé.
QUELQUES
AITOGRAPHES FRANÇAIS
DES ARCHIVES DE VENISE.
Ijh i^reourant les portefeuilles des dépêches écrites à la seigneurie
i« \^^ par les ambassadeurs de la république accrédités auprès
ii^ [fit cour de France, j'ai remarqué quelques belles lettres auto-
ï^r^^^fei^ dont je donne plus loin le texte. Elles méritent toutes de
t^urw dans le musée paléographique et diplomatique que le savant
vliyvcteur des archives de Venise organise en ce moment.
H^ari lY a signé seulement la lettre écrite à l'occasion de la nals-
^tj^iH'O de Gaston d'Orléans, que Brulart de Sillery a contresignée.
Ues autres lettres sont entièrement de la main du signataire, y
ci^nprls Tadresse. Les trois lettres de Richelieu ne se trouvent pas
iten» le recueil de M. Avenel. La lettre de Louis XIY et celle du
^iauphin sont, comme les cachets, Penveloppe et les lacs de soie qui
«uii dépendent, d'une beauté et d'une fraîcheur remarquables.
I.
1608. 25 avril. Fontainebleau.
Henri IV à l'ambassadeur de Venise, à V occasion de la naissance du duc
d'Anjou, depuis duc d'Orléans *.
Monsieur Foscarini. Ayant pieu à Dieu délivrer présentement
la reyne ma femme de sa grossesse, pour la faire accoucher heu-
reusement d'un beau fils, je vous en ay bien voullu advertir, en
1. Filza ou portefeuille 39. La lettre, insérée dans une dépêche de Foecarini
au doge, est fermée par une bande de papier sceUée aux armes de France.
Ce n'est pas la circulaire de la même date que Ton trouve dans le recueU de
M. Berger de Xivrey, t. VII, p. 532.
34
m'en réjouissant avec vous par ceste lettre, m'asseurant que vous
en recevrez tous contentement et consolacion, pour Taffecion que
me portent vos seigneuries et l'inclination que je scay que vous
avez eu particulièrement au bien et prospérité de mes affaires. Et
n'estant la présente pour autre estât, je prie Dieu, Mons. Fosca-
rini, qu'il vous ait en sa sainte et digne garde. Escript à Fontai-
nebleau, le XXV® jour d'avril 1608.
Henry.
Brulart.
Au dos : A Mons^ Foscarini, ambassadeur de la république de
Venize.
II.
1630. 15 janvier. Martigny.
Le cardinal de Richelieu au chevalier Soranzo, ambassadeur de Venise
près la cour de France K
Monsieur,
J'ay reçeu la lettre qu'il vous a pieu m'escripre, et en mesme
temps une aultre de Mons*" le mareschal de Créquy , qui me
mande qu'il luy est arrivé nouvelles certaines que le siège de Man-
toûe est levé et que les Allemands se sont retirez en tel desordre
qu'il n'a tenu qu'à Monsieur de Mantoiie de les deffaire ; qu'il en
a taillé en pièces quelques uns en reprenant Montenare et Cour-
tanton, qui sont deux postes qu'ils youloient garder. Mons*"
d'Avaux m'escript que la sérénissime république se résoudra
d'attacquer quelques lieux qui empeschent la liberté de la com-
munication entre Elle et Monsieur de Mantoiie. Je ne doubte
point qu'elle ne marche de bon pied en ceste occasion. Je ne perds
point de temps à m'acheminer le plus promptement qu'il m'est
possible, pour me rendre en Italie. L'affaire de Monsieur est
accommodée, de sorte qu'il n'y a rien qui puisse divertir l'effect
d'une si puissante armée que celle dont il a pieu au Roy me don-
ner commandement. Voyla le subject qui m'a fait prendre la
plume, et pour vous asseurer que je suis.
Monsieur,
Vostre très affectionné serviteur.
Le cardinal de Richelieu.
A Martigny, ce 15® janvier 1630.
1. Filza 73. Insérée dans la dépêche de Jérôme Soranzo au doge n"* 117 sola;
datée de Roanne le 16 janvier 1629, style de Venise.
32
Au dos: Â Monsieur, Monsieur Zerenzo, ambassadeur
extraord*^ de la sérénissime république de Venise.
m.
1630. 15 mars. Gasalette.
Le cardinal de Richelieu au chevalier Soranzo *.
Monsieur, aiant hier conféré avec M. le prince de Piedmont
chose que j'estime vous devoir communiquer, je vous prie vouloir
prendre la peine de venir coucher à Pianesse, où je vous feray
donner un logis. M. de Montmorancy y est logé. Si quelques
gens de guerre qui y sont empeschent vostre commodité, je les
en feray demain desloger esprès et les feray avancer avecl'avant-
garde, estimant plus vostre contentement que je ne vous puis
dire. C*est,
Monsieur,
Vostre très affectionné serviteur,
Le cardinal db Richelieu.
Cazelette, ce 15® mars 1630.
Au dos : Â Monsieur Zerenzo, ambassadeur de Venise. Â
Turin.
IV.
1630. 22 mars. Pignerol.
Le cardinal à Soranzo >.
Illustrissime et Eccellentissimo Signor,
Ho mandato due volte gentilhuomini per parlare a Vostra
Eccellenza et pregarlo de venir qui. Faccio ancora lo medesimo,
supplicandolo di credere che non andara mai verso persone che
rhonori, lo stimi e Tami più di me, non solamente come amba-
sciatore de la serenissima repubblica, ma anchora per conto délia
sua persona particolare, de la quale io sarô sempre
Affettuosissimo Servitore.
Le cardinal de Richelieu.
Di Pignerol, 22 marzo 1630.
1. Filza 73. Insérée dan& la dépêche n* 146, datée de Pianezza, à Tannée da
roi, le 17 mars 1630.
2. Filza 73. Cette lettre en italien est enUèrement de la main du cardinal,
comme le dit Soranzo, en la transmettant au doge, dans sa dépêche chiffrée n* 152
33
V.
1669. 12 mai. Saint-Germain-en-Laye.
Turenne au doge Dominique Contarini K
A S' Germain, ce 12« mai 1669.
Sérénissime prince,
Je rendrai grâces très humbles à Vostre Sérénité de ce que ma
recommandation a esté de quelque poids près de la S. R. pour les
obliger de prendre à leur service M. le conte de Frontenac, et je
suis bien assuré que je n'aurai point de reproche d'y avoir envoyé
une personne en qui on trouvera tant de bonne calités, et à l'es-
gart de son courage et de sa prudence dans la conduite ordinaire.
Je suplie très humblement Vostre Sérénité que Thnpatience qu'il
a eu d'aller servir ne lui préjudicie point dans une demande très
juste qui est qu'après les généraux de la S. R. il n'obéisse qu'à
Monsieur le marquis de S* André. Qu'elle ait aussi la bonté que
l'argent qu'il a touché pour son voyage ne soit pas préconté sur
ses appointements, et que l'on vueillielui entretenir deux officiers
reformés pour servir près de lui. Ce sont des grâces de l'obliga-
tion desquelles je me chargerai avec beaucoup de plaisir. J'ai
suplié Monsieur l'ambassadeur d'assurer Votre Sérénité que je
m'estimerai très heureux quand je pourrai, par mes respects et
mes services très humbles, faire paroistre à la S. R. la vénération
que j'ai pour elle, et le plaisir que ce me seroit de pouvoir par
quelque moyen contribuer de quelque chose à sa gloire et à l'aug-
mentation de sa grandeur. Faites moi l'honneur de croire que
c'est le souhait bien sincère,
Sérénissime prince,
de votre très humble et très obéissant serviteur.
Turenne.
Au dos : Au sérénissime prince de Venise, etc.
seconda, datée de Pignerol 24 mars 1630 : « H cardinale ha passato meco una
c grande escusatione, per non havermi potuto comunicar le sue rissolutioni
« contro il Duca di Savoia, per esser state improvisissime^ et che due volte ha
c mandato gentilhuomlni espressi per darmene parto ; ma che il Duca impedi
c che non potessero parlar meco ; et per mons** Pancirolo mi ha mandato Pag-
c gionto biglieto, scrilto di sua mano in italiano. »
1. Filza 144. Insérée dans la dépêche n*> 77. La lettre était fermée par des lacs
de soie jaune retenus sous deux cachets de cire rouge aux armes de Turenne.
L'un des cachets a été brisé pour retirer la lettre.
3
34
VI.
1699. 22 mars. Versailles.
Le dauphin au doge ^
Messieurs, pendant tout le temps que le s'' Erizzo, votre ambas-
sadeur auprès du Roi mon Seigneur et Père, a demeuré en cette
cour, il s'est fort bien aquitté des ordres que vous lui aviez donnés
à mon égard, me marquant dans les occasions les sentiments et
l'attachement que vostre république a pour moy. Je lui ay tou-
jours témoigné le gré que je vous en savois et l'estime que j'avois
pour vous, dont il vous aura sans doute rendu conte. Mais j'ay
encore voulu vous en asseurer moy mesme, outre ce que je l'ai
chargé de vous dire de ma part dans son audience de congé. La
dessus je prie Dieu qu'il vous ait, Messieurs, en sa sainte et digne
garde.
Ecrit à Versailles, ce 22« mars 1699.
Votre très affectionné ami
Louis.
Au dos de V enveloppe, de la main du dauphin : k Mes-
sieurs les duc et seigneurie de Venise.
VII.
1699. 27 mars. Versailles.
Louis XIV au doge et à la seigneurie de Venise^.
Messieurs, quoique j'aye chargé le sieur Erizzo votre ambas-
sadeur de vous assurer de mon amitié, je suis bien aise de le faire
encore moy mesme par cette lettre. Je scay quels ont été dans
tous les temps vos sentimens pour la couronne de France ; et les
miens pour vous sont ainsi que vous pouvez le désirer. C'est de
1. Filza 192. Insérée avec ceUe da roi dans la dépêche n' 480 sola et vUima,
La leUre du dauphin était sous une enveloppe scellée d'un cachet sur cire rouge
aux armes du prince.
2. Filza 192. Insérée dans la dépêche d'Ërizzo n" 480 sola et ultimOy datée de
Paris le 7 avril 1699. La lettre du roi est fermée par un lac de soie bleue, scel-
lée de deux cachets en cire rouge aux armes de France. Les cachets sont intacts^
la soie seule ayant élé coupée pour retirer la lettre.
35
quoi je vous prie d'être bien persuadés, et de la sincérité avec
laquelle je suis,
Messieurs,
Votre très affectionné amy.
Louis.
A Versailles, le 27 mars 1699.
Au dos, de la main du roi : A Messieurs les duc et seigneu-
rie de Venise.
L. DE Mas Latrie.
LES ARCHIVES
DU COMTÉ DE LA MARCHE
Il n'est pas, je crois, de province en France sur les annales de
laquelle on soit si mal renseigné que sur celles de la Marche. En
Tan de grâce 1881, il faut se contenter pour l'histoire d'ensemble
de ce pays de la méchante compilation de JouUietton publiée à
Guéret au commencement du siècle*, et les quelques monogra-
phies locales qui ont vu le jour depuis n'apportent qu'un bien
faible contingent de faits nouveaux, si Ton songe à tout ce qui
reste à connaître. A quoi attribuer ce malheureux état de choses ?
Manque d'hommes, dira-t-on. Je le veux bien, mais aussi, mais
surtout manque de documents. Toutes les provinces voisines ont
des fonds d'archives de premier ordre, constitués par les archives
mêmes de leurs souverains féodaux : les archives des sires, comtes,
puis ducs de Bourbonnais étaient à Moulins et sont allées de
là à Paris, où on les trouve aujourd'hui aux Archives nationales;
celles des comtes d' Angoulême ont eu le même sort ; celles des
vicomtes de Limoges, parties probablement de Ségur, ont suivi
un chemin tout difiërent , mais enfin , et c'est là l'essentiel , elles
existent actuellement et appartiennent aux archives départemen-
tales de Pau. Où étaient les archives des comtes de la Marche?
Où sont-elles aujourd'hui? A cette dernière question je réponds
1. Histoire de la Marche et du pays de Combraille, Guéret, 1814-15. 2 vol.
in-8».
37
tout de suite — et plût au ciel que je me trompasse! — elles ne
sont nulle part. A la première je vais tâcher de répondre en pro-
duisant tous les renseignements que j'ai pu me procurer à ce
sujet.
JouUietton dit quelque part en substance que « les premiers
comtes de la Marche avaient leur chambre des comptes à Char-
roux; sous les Lusignans elle était à Angoulême; Philippe le Bel
la supprima et fit transporter les titres à Paris. Sous les Bour-
bons elle était à Moulins. » J'ai retrouvé ce passage tel quel dans
les papiers de Pierre Robert, où JouUietton Ta certainement pris*;
Robert lui-même dit l'avoir tiré d'un ouvrage de Bacquet,
Traité du droit de deshériter, ch. 7. Il mérite d'être discuté,
car il exprime une opinion que l'on serait porté à adopter sans
examen, mais qui ne me paraît pas juste. Je n'insiste pas sur
l'impropriété de l'expression chambre des comptes appliquée
au xiif s. et même à l'époque antérieure; en disant que la
chambre des comptes se trouvait à tel endroit, notre auteur a
voulu sans doute dire que là était le centre de l'administration
féodale et le dépôt des titres. A ce point de vue sa première affir-
mation est exacte : Charroux, berceau de nos premiers comtes,
a dû être très longtemps — plus longtemps même qu'on ne le
croit généralement, comme je le montrerai plus loin — le centre
de leur administration, et n'a jamais cessé de faire partie du
comté de la Marche, quoi qu'en dise M. Deloche^. Mais on sait
que la première maison des comtes de la Marche a abdiqué en
1177, date de la vente du comté à Henri II, roi d'Angleterre, par
le dernier des Aldeberts; or il serait plus que téméraire de
croire que les comtes de la Marche aient eu l'idée de déposer
leurs titres dans un endroit fixe, à une époque où cette idée
n'était pas même encore venue au roi de France.
Passons aux Lusignans. Ont-ils vraiment feit d' Angoulême le
centre de l'administration de leurs deux comtés de la Marche et
d' Angoulême? Il est facile de montrer à quel point cela est
invraisemblable. Hugues IX s'empara du comté de la Marche en
1. Bibl. comm. de PoiUers, coll. Fonteneau, t. XXX, p. 38.
2. Étude sur la géographie historique de la Gaule, dans les Mémoires pré-
sentés par divers savants à VAcad, des inscr. et b.-L, 2* série, IV, p. 302 :
c Après la mort de Sulpice, et sous Boson !•', surnommé le Vieux, la Marche
nous paraît être devenue exclusivement limousine; le canton poitevin de Char-
roux retourna très vraisemblablement au comté de Poitiers, s
38
1199* et le posséda seul jusqu'à sa mort (1219) ; il dut même
accorder un soin particulier à son administration, car c'est lui
qui le premier des comtes de la Marche, en 1211, osa faire
frapper monnaie; Bernard Itier, à qui nous devons ce précieux
renseignement, nous apprend que la nouvelle monnaie fut
frappée à Bellac*, ce qui semblerait indiquer que cette ville
était devenue pour un moment la capitale administrative du
comté. C'est seulement en 1220, par le mariage de Hugues X
avec Isabelle d'Angoulême, que le comté d'Angoulême se trouva
réuni pour de longues années à celui de la Marche. On avouera
que dans ces conditions il semblerait moins étonnant de voir
annexer au comté de la Marche, depuis longtemps dans la maison
deLusignan, l'administration du comté d'Angoulême, que de voir
annexer au comté d'Angoulême, nouveau venu dans les posses-
sions de la famille, l'administration du comté de la Marche. En
réalité les deux administrations durent être indépendantes l'une
de l'autre; on peut en voir une preuve dans le testament de
Hugues X (mars 1243) où il déclare laisser à son fils aîné
« comitatum Marchie, comitatum Engolisme et monetas utrius-
que comitatus^. » Enfin si les archives du comté de la Marche
avaient été transportées à Angoulême, on les retrouverait
aujourd'hui aux Archives nationales dans les Titres d'Angou-
mois; or ces titres renferment bien un assez grand nombre de
pièces qui remontent aux Lusignans, mais toutes se rapportent
au comté d'Angoulême seul, et non à la Marche.
Je regrette, à propos des Lusignans, de ne pouvoir examiner
avec toute l'attention qu'il mérite un important document que
M. Delisle a été le premier à utiliser, le Cartulaire des comtes
de la Marche. L'original était è la chambre des comptes de
1. M. L. Delisle a consacré un excellent mémoire {Bihl. de VÉc, des ch*, 1. 17,
p. 537-545) à rétablir la chronologie des comtes de la Marche de la maison de
Lusignan, pleine des plus grosses erreurs dans VArl de vérifier les dates. La
seule inexactitude que j'y relève est relative à l'avènement de Hugues IX; la
charte de 1190 citée par rillustre savant porte en effet cette date dans une copie
de Dupuy, mais la copie est fautive et la vraie date est 1199. Deux chroniqueurs
indépendants Vun de l'autre, Bernard Itier et Albéric de Troisfontaines, témoi-
gnent que Hugues de Lusignan profita de la mort de Richard Cœur de Lion pour
s'emparer de la Marche, sur laquelle sa famille avait des prétentions depuis plus
d'un siècle.
2. D. Bouquet, XVIII, 227; cf. l'éd. Duplès-Agier, à la date.
3. Layettes du trésor des chartes, tome II, n"* 3049.
39
Paris et a dû périr dans le grand incendie de 1735 ; il n'en existe
plus, à ma connaissance, que deux copies du commencement du
xvni* siècle*. Ce cartulaire semble avoir été rédigé vers la fin
du xm® siècle, car il ne contient pas de pièces postérieures à cette
époque ; les pièces relatives au comté même de la Marche n'y sont
pas en majorité, mais il y en a quelques-unes de très précieuses,
au milieu de documents relatifs aux autres possessions des Lusi-
gnans. Ce mélange semblerait appuyer Tidée que ces puissants
seigneurs féodaux avaient des archives centrales. Mais, avant de
rien affirmer, il faudrait déterminer rigoureusement la date et la
provenance de ce cartulaire ; ce dernier résultat s'obtiendrait , je
crois, assez facilement, si l'on pouvait savoir à quelle époque et
par quelle voie il était entré à la chambre des comptes.
En 1308, à la mort de Gui de Lusignan, Philippe le Bel s'em-
para des comtés de la Marche et d'Angoulême et il sut les
garder, en désintéressant les héritiers plus ou moins directs.
Mais il ne fit pas venir les titres à Paris*, car il ne semble pas
avoir jamais voulu incorporer réellement ces deux comtés au
domaine royal. De 1308 à 1314 il en confia l'administration
à un de ses conseillers, qui appartenait précisément à une famille
de la Marche, Hugues de la Celle : nous avons plusieurs pièces
de ce personnage où il prend la qualité de garde pour le roi des-
dits comtés^. En 1314, peu de temps avant sa mort, Philippe le
Bel donna le comté de la Marche et diverses terres en Poitou à
son plus jeune fils Charles, qui devait être roi lui-même en 1322.
Grâce à cette dernière circonstance, il nous est parvenu, dans les
registres du trésor des chartes et dans ceux du parlement,
1. Bibl. nat., fonds latin, 17089 et 17191.
2. Si les titres avaient été transportés à Paris, ils auraient été incorporés au
trésor des chartes, comme Tavaient été ceux d'Alphonse de Poitiers. Mais on
n'en trouve aucune trace au Trésor; en effet les layettes J 277 {la Marché),
374 (Marche et Angoulême) et 407 {Testaments des Lusignan) représentent, non
pas les archives des comtes de la Marche, mais la partie des archives des rois
de France relative aux comtes de la Marche.
3. Par exemple celle-ci :
c A touz cens qui verront ces présentes letres, Hugues de la Celle, chevaliers
nostre segnor le Roy, garde de par li des contez de la Marche et de Ëngolesme,
salut. Sachent tuit que le xi* jour dou moys de decenbre je recen par la
maien Guillot de Roan à Gharrouz, à heure de tierce, les letres dou roy nostre
segnor sus le fait de la besogne es Lonbart {sic). En tesmoynz de cen j'ay donné
cete letre seeUée de mon seel. Donné à Gharrouz Tan et le jour desus dit. i
(B. nat., Clair., 26, p. 1927.)
40
quelques rares documents sur l'administration de Charles le Bel
comme comte de la Marche, au sujet desquels on me pardonnera
de faire une petite digression, au moins en note. Ces documents
nous révèlent un fait fort intéressant que personne n'a indiqué
jusqu'ici : c'est que Charles le Bel, comme autrefois Alphonse de
Poitiers, avait organisé un parlement dans ses terres, et que ce
parlement siégeait à Charroux*. Lors de l'avènement au trône
du comte de la Marche, son parlement fut supprimé, car nous
voyons se dénouer au parlement de Paris plusieurs affaires
1. Sans rapporter ici toutes les indications qoe j'ai réunies à ce sujet, je me
borne à donner les deux pièces suivantes qui se passent de commentaire :
c Les genz tenanz le Parlement de Mgr. Mgr. le Conte de la Marche à Charros
de par ledit seigneur, à noz amez Robert de Marines, escuier, seneschal de la
Marche, et à Mgr. Hugues de Nedes, clerc, chenoyne d'Angers, salut et dilec-
cion. Comme sur les enquestes faites entre le procureur Mgr. le Conte dessus
dit, d'une part, et le procureur de l'Ospital de Bourguéneo% d'autre, sur les
lieus monstrez pour cause deu boys de Plausonieres , autrement dit de Mont-
bouchier"*^, déliés les boys de Murât, lesquelles enquestes ont esté veues et
regardées en conseil et non pas jugies pour aucunes doubtes, a esté accordé entre
lesdiz procureurs que vous irez auUiz boys et appellerez ceuls qui feront à
appeller et lesdiz procureurs et oerez encores les tesmoings dont nous vous
envoyons les nous qui sont oudictes enquestes sanz reproche et autres tesmoinz
dou païs, proudommes et loiaulx, pour vous aviser et enformer, pour faire bon-
nage et division entre lesdites parties desdiz boys et des leus monstrez, et, vous
avisez et enformez, ferez ledit bonnage et division et métrez bonnes là où vous
verrez qu'elles feront à mettre oudiz leus monstrez et en baudrez à chescune
partie ce que elle en devra avoir, et tendra ferme et estable cen que vous en
aurez fait , et nous mandons à tous à cui peut appartenir que à vous en ce fai-
sant obéissent et entendent diligenment Donné oudit Parlement le lundi après la
Trinité l'an de grâce mil trois cens et vint.
Item unes autres lettres à cestes annexées :
Les maistres tenanz le Parlement de Mgr. Mgr. le Conte de la Marche à Char-
ros de par celui seigneur, à Robert de Marines, escuier, seneschal de la Marche,
saluz. Nous vous mandons que vous la commission autrefoiz faicte à vous et à
Mgr. Hugues de Nede, clerc, chenoyne d'Angers, sur les enquestes faictes entre
le procureur de Mgr. de la Marche, d'une partie, et le procureur de l'Ospital,
d'autre, parmy laquelle ceste présente commission est annexée, mettez à execn-
cion dehue et accomplissiez de point en point selonc la forme et teneur d'icelle.
Donné oudit Parlement le jeudi emprès la feste saint Jehan BapUste l'an de
grâce mil trois cens vint et un.
(Arch. nat., JJ 64, p. 88.)
* Bourganeuf, ch.-l. d'arr., Creuse, = Burguettum Novum; dans le patois
actuel B(mrgouniou,
'*'* Montboucher, canton de Bourganeuf.
41
engagées au parlement de Charroux ^ Il est donc possible que
les registres de ce parlement éphémère aient été transportés
à Paris, d'autant plus que Charles IV semble avoir réelle-
ment incorporé la Marche au domaine royal, avant qu'il ne
songeât à l'échanger pour le comté de Clermont en Beauvaisis
avec Louis de Bourbon*. Pourtant je ne trouve aucune indication,
dans le savant travail de M. Griin sur les archives du parlement,
qui puisse faire naître l'espoir de retrouver un jour aux Archives
nationales ces registres si précieux pour l'histoire et l'adminis-
tra tion de notre province.
J'ai hâte de sortir enfin du terrain des doutes et des probabi-
lités pour arriver aux documents qui font proprement le sujet de
cet article et me permettront de faire succéder des faits précis à
toutes les inductions dont j'ai été forcé de me contenter jusqu'ici.
Je saute donc un siècle et demi et j'arrive à 1475. Or à cette
date les archives du comté de la Marche existaient bel et bien et
ne se trouvaient ni à Angoulême,' ni à Moulins, ni à Charroux,
ni à Bellac, mais au château d'Aubusson. Je n'entreprendrai pas
de dire pourquoi, comment ni depuis quand. Je ferai seulement
remarquer que la vicomte d'Aubusson fut acquise par les comtes
de la Marche vers 1260; que les vicomtes, dont l'origine est au
moins aussi ancienne que celle des comtes de la Marche, devaient
1. Voici deux extraits de pièces qui établissent ce fait :
« [Karolus, Dei gracia, Francorum et Navarre rex ] Lite mota coram lenen-
tibus pro nobis Parlaroentum in comitatu nostro Marchie Inquesta igitur
super hiis, de mandato predictorum Parlamentum Marchie pro nobis tenencium,
vocatis evocandis, per certum commissarium incoacta, et per senescallum Marchie
de mandato curie nostre compléta et perfecta Va diemarcii [1323]. s (Arch.
nat., X 5, fol. 296.)
c [Karolus ] Gum dudum nobis ex parte prions de Chassaigninis in Lemovi-
cinio fuisset denunciatum quod cum ipse prior plures injurias coram tenentes
Parlamentum nostrum Karoli, dum eramus comes Marchie , proposuisset
mandavimus ballivo Alvernie quatinus super predictis veritatem, vocatis evo-
candis, inquireret et quicquid inveniret curie nostre ad judicandum referret
Datum XVIlla die junii [13231. » {Ubi suprà, fol. 331.)
Dans ces deux pièces curia désigne le parlement de Paris.
2. On lit dans une pièce de 1326 : c senescallo Marchie in contrarium
asserente et dicente eos coram ipso ressortir! debere, cum comitatu s ad regem
pervenerit et sibi quodam modo sit unitus » (Arch. nat.. JJ 64, p. 93.) En
outre, pendant tout le règne de Charles IV, le même personnage fut presque
toujours sénéchal de la Marche et du Limousin, avec un lieutenant pour chaque
province.
42
avoir un fonds d'archives très important ; qu'il est donc possible
que peu de temps après cette acquisition, pour des raisons maté-
rielles quelconques, on ait trouvé plus simple de transporter à
Aubusson les archives du comté que de transporter les archives
d'Aubusson dans le heu inconnu où devaient exister les archives
des comtes de la Marche.
Voici maintenant, avec l'exposition des faits auxquels nous
sommes redevables des deux précieux documents que je publie
en appendice, les détails que nous avons sur le dépôt d' Aubusson.
Au cours d'un procès entre Jacques d'Armagnac, comte de la
Marche , et le duc de Bourbon * , le parlement ordonna que le premier
aurait à produire au greffe les originaux de quatre pièces dont il
n'avait fourni que des copies et que le duc de Bourbon prétendait
arguer de faux. Jacques d'Armagnac se trouvait à ce moment
à Cariât, son séjour habituel, où il avait sa bibliothèque* et sans
doute, en dehors des archives de la vicomte de Cariât, les pièces
intéressant ses différentes possessions dont il pouvait avoir le
plus souvent besoin ; il trouva immédiatement trois des originaux
qu'on lui demandait, mais non le quatrième, un accord fait en 1356
entre Louis de Bourbon et son oncle Pierre, comte de Ponthieu^.
Il écrivit alors, le 14 août 1475, au sénéchal et au garde de son
comté de la Marche pour qu'on recherchât la pièce. Sa lettre*
nous apprend que ses archives « de par délia », c'est-à-dire plus
particulièrement du comté de la Marche , se trouvaient au châ-
teau d' Aubusson, et que la garde en était confiée à deux de ses
conseillers, Antoine Alard et Jean Froment. Le sénéchal et son
lieutenant (car tel était le titre officiel du gardé) s'empressèrent
d'obéir à leur suzerain ; à cet effet ils se transportèrent à Aubus-
son, appréhendèrent Jean Froment, châtelain du lieu en même
temps qu'archiviste, et lui commandèrent d'ouvrir la tour du
château où étaient les archives, pour procéder aux recherches
1. Voy. sur ce procès, qui dura fort longtemps, les n<>* 5698, 5706, 5719, 5733,
etc., etc., des Titres de la maison de Bourbon (t. II).
2. Voy. sur sa riche bibliothèque , dont beaucoup de manuscrits et même an
imprimé sont arrivés à la Bibl. nat., la notice de M. L. Delisle, Cabinet des
manuscrits, I, p. 86-91.
3. Cet accord n'existe plus aujourd'hui ni en original ni en copie ; voyez une
pièce du 1"' décembre 1357, qui se rapporte à ce sujet, et la note de HuiUard-
Bréholles {Titres, n» 2755).
4. Appendice, pièce n* 1.
43
qui leur étaient commandées. Là, premier incident. « Depuis
quatre ans en ça, la porte de ladicte tour avoit esté murée, à
l'occasion de certain bastiment que Ton faisoit audit chastel. »
Je ne sais si pendant ces quatre ans Jean Froment et Antoine
Alard avaient touché régulièrement leur traitement d'archiviste ;
il faut avouer du moins que l'accomplissement de leurs fonctions
avait dû être excessivement simplifié par cet état de choses. Mais
les ordres du comte de la Marche étaient formels : on démura la
porte et on pénétra dans l'intérieur de la tour; on ouvrit toutes
les armoires, on visita tous les coffres, on examina toutes les
pièces et l'on ne trouva pas le document cherché. Il ne faut
pas croire cependant que les archives fussent dans l'état de
délabrement et d'abandon que pourrait faire supposer ce murage
de quatre ans. Les notaires qui ont rédigé le procès-verbal de la
visite ne nous apprennent malheureusement pas de combien
d'armoires et de coffres se composait le dépôt; mais ils ne nous
laissent pas ignorer qu'il y avait un inventaire indiquant dans
quelle armoire se trouvaient les documents inventoriés. Cet
inventaire indiquait que la pièce cherchée avait été mise avec
d'autres dans une armoire déterminée, où l'on ne put cependant
pas la trouver. En outre il y avait un second inventaire des
pièces remises le 3 février 1465 à maître Pierre de la Ville,
licencié en lois, pour porter à Paris et servir vraisemblablement
dans le procès intenté par le duc de Bourbon; en marge des
pièces y énumérées, Jean Froment avait eu le soin d'indiquer le jour
où elles avaient été restituées, et la pièce que demandait Jacques
d'Armagnac y figurait précisément, avec cette note : Rendue
lelIP jour d'avril. Van M CCCCLXVII, et la signature
de Jean Froment. Sa disparition paraissait donc inexplicable, et
semblait engager singulièrement la responsabilité de l'archiviste.
Il s'excusa en disant que son collègue, Antoine Alard, alors
absent et qu'on disait être auprès du roi, avait pénétré plusieurs
fois dans le dépôt et devait probablement l'en avoir retirée.
Après avoir remuré soigneusement la porte de la tour, on dressa
un procès-verbal que l'on envoya immédiatement au comte de la
Marche*; celui-ci le produisit en parlement pour s'excuser de ne
pas fournir le quatrième original qu'on lui demandait ; les pièces
de l'afiaire furent communiquées au duc de Bourbon, qui les
1. Appendice, pièce n» 2.
44
garda, et voilà comment elles se trouvent aujourd'hui aux
Archives nationales dans les titres de la maison de Bourbon.
Après la mort de Jacques d'Armagnac, décapité le 4 août
1477, Louis XI fit don de la Marche à sa fille Anne et à son
gendre Pierre de Beaujeu, qui plus tard (1488) y unirent le duché
de Bourbonnais. Eurent-ils alors l'idée de centraliser à Moulins
les archives de la Marche? Voici ce qui dut se passer. Jacques
d'Armagnac avait dans la Marche une chambre des comptes,
qu'il avait été probablement le premier à organiser*; sous Pierre
de Beaujeu elle continua d'abord à fonctionner comme par le
passé*; mais, lorsque ce dernier fut devenu maître du Bour-
bonnais, il dut la supprimer et en transporter les attributions à
la chambre de Moulins, dont l'importance se trouva ainsi singu-
lièrement augmentée. Dès lors les nominations des officiers de la
Marche (sénéchal, châtelains, etc.) furent enregistrées à Moulins
dans les Mémoriatux)^, et les pièces d'administration déposées
aux archives de la chambre : c'est ainsi que nous retrouvons
aujourd'hui dans les titres du Bourbonnais plusieurs pièces
isolées relatives à la Marche (23 mars 1506, ordre de paiement
d'une maison achetée à Guéret pour tenir l'auditoire de la
justice; 11 juin 1511, transaction des prêtres de la communauté
de Beaumont de Felletin avec Anne de France, etc.) et surtout
toute la série des hommages rendus en 1506, pour raison du
comté de la Marche*, à Anne de France à son passage à Bellac
(13-17 juiïlet), au Dorât (19-20) et à Guéret (27 juillet-3 août).
Quant au dépôt d'Aubusson, qui devait surtout contenir des
pièces anciennes peu ou point utiles pour l'administration cou-
rante, on n'y toucha pas. Nous allons en effet le retrouver.
En 1527, maître François Tavel, conseiller du roi au parle-
ment de Paris, fut chargé d'exécuter l'arrêt rendu contre le
connétable de Bourbon et se transporta à cet effet dans les diffé-
rentes terres qui lui avaient appartenu, pour les faire admi-
nistrer désormais au nom de Louise de Savoie, mère du roi. Le
1. Voyez plus loin la note sar Jean de Sainte-Feyre.
2. n y a une pièce du \*' mars 1478, adressée par Pierre de Beaujeu aux gens
des comptes de la Marche {Titres de la maison de BourboUy n" 6675).
3. Ces mémoriaux, transportés à la chambre des comptes de Paris^ ont péri
dans le grand incendie du siècle dernier; heureusement nous avons une table,
qui paraît complète, des actes qu'ils contenaient (Bibi. nat., franc. 22299).
4. Arch. nat., P 452i et 452».
45
volumineux procès-verbal de cette exécution nous a heureusement
été conservé*. Le samedi 12 octobre, François Tavel arriva à
Guéret et se logea à l'hôtellerie où pendait pour enseigne VEscu
de Bourbon, Le mardi suivant nous le voyons demander au
châtelain, Jean de Costes, s'il n'y avait pas à Guéret quelques
« lettres, tiltre^ et enseignemens »; celui-ci répond « qu'ilz
avoient quelques dénommées des flefz dudict conté, et qu'il y
avoit quelques tiltres et lectres au chasteau dCAubusson
touchans et concernans ledict conté de la Haute-Marche
et ses droictz et appartenances, » Voici maintenant des
extraits de la suite du procès -verbal qui nous montreront
comment le commissaire procéda vis-à-vis des tiltres et ensei-
gnemens.
« Fol. 162 r*'. Lesquelz officiers ainsi par nous oïz, avons
ordonné audict de Costes, chastellain, qu'il ait à apporter par
devers nous ce qu'il a des fiefe dudict conté, pour en faire mencion
et description et à l'apres disnée dudict jour avons remis
lesdiz tiltres et enseignemens et nommées de flefz es mainz dudict
chastellain, qui a promis les garder bien et loy animent, iceulx
non communicquer sans ordonnance ou auctorité de justice et les
rendre toutes et quantes fois de la part dudit procureur gênerai
du roy, ou autre ayant cause dudict seigneur, il en sera requis.
Et dudict jour 15® octobre sommes partis de ladicte ville de
Guéret et venuz au giste à Hum*, et le lendemain, 16® dudict
mois, arrivez au disner audict Heu d'Aubusson, où avons faict
mettre par inventaire ce qui a esté trouvé au chasteau dudict
lieu, comme en icellui est contenu, et les pièces, tiltres et ensei-
gnemens de ladicte seigneurie baillez en garde audict Martellade,
procureur audict lieu d'Aubusson, en présence dudict procureur
gênerai de la Marche, qui ont promis comme dessus ; et avons
mandé venir par devers nous les consultz ou cosses dudict lieu,
lesquelz sont venuz en nostre logis ou pend pour enseigne le
Lyon d'or, assavoir Barthélémy Mage, Françoys Thevenyn et
Claude Meillereau, ausquelz avons signiffié nostredicte execu-
cion et faict commandement que doresnavant ilz aient à obéir à
Madame, et sommes venuz au giste à Felletin »
Il est bien regrettable que François Tavel, après avoir fait faire
1. Bibl. nat., Fr. 5110, original signé Tavel.
% Ahun.
46
un inventaire (bien sommaire évidemment) des archives d'Au-
basson, n*ait pas eu Tidée de le faire transcrire dans son procès-
verbal, où nous pourrions le lire aujourd'hui; mais il &ut dire
que rien ne Vy obligeait. A-t-il rapporté cet inventaire avec lui
à Paris? Gela paraît probable. Si, comme il semble naturel, il
l'avait déposé au parlement, peut-être aura-t-on la chance de le
retrouver un jour ou l'autre aux Archives nationales. Espérons.
On sait, grâce à la savante introduction que Huillard-Bréholles
a mise en tête de son inventaire des Titres de la maison de
Bourbon y comment, par lettre du 19 mars 1532, François P'
chargea Jacques Luillier de faire l'inventaire des titres conservés
à la chambre des comptes de Moulins « et autres deppendans
d'icelle » et de transporter ces titres à Paris. On sait aussi com-
ment Jacques Luillier s'acquitta de sa commission à Moulins, à
Yillefranche et à Montbrison. D'Aubusson, il n'est pas question.
Évidemment à Moulins on ignorait l'existence de ce dépôt et on
n'en avisa pas le commissaire du roi.
Le dernier témoignage que j'aie pu recueillir sur les archives
d'Aubusson est celui du notaire Evrard, à qui l'on doit une
Histoire de Vantique ville d'Ahun, écrite vers 1560, et
publiée seulement de nos jours*. « Il appert, dit-il, par les joan-
cartes anciennes qui sont gardées aitœ archives du chas--
teau d'Aubusson que César, dictateur romain, fit édifier
la grande tour quarrée dudit chastel en son nom*. » On ne
s'attendait guère à voir César en cette affaire, et il est clair
que le bonhomme Evrard n'avait jamais mis le nez dans ces
précieuses pancartes. Il faut pourtant lui savoir gré d'en avoir
connu au moins l'existence et de nous en avoir fait part.
Il ne me reste plus qu'à émettre une supposition pour expli-
quer la perte définitive de documents qu'il nous serait aujour-
d'hui si précieux de connaître. Le château d'Aubusson fut
occupé par les protestants dès 1575^ ; il joua un rôle important
1. Publiée en 1857 (Clermont-Ferrand , F. Thibaud, in-12) d'après le ms.
original.
2. Passage cité par M. L. Duval, Esquisses marchoises (Goérel, 1879),
p. 248-9.
3. Voy. un document curieux, daté du 27 octobre 1576, et contenant l'état des
sommes que les contribuables de la région environnante c ont esté contrainctz
payer par force à ceulx de la religion prétendue refformée et autres catholiques
unys et assocyés estans es villes d'Aubusson, Felletin, S^ Léonard et autres
47
dans les guerres de religion qui sévirent avec une violence peu
commune dans la Marche; il dut être plusieurs fois pris et repris.
En faut-il davantage pour supposer avec vraisemblance que c'est
à cette époque orageuse que nos archives ont dû sombrer, sans
qu'on puisse en retrouver aujourd'hui la moindre épave*?
Antoine Thomas.
APPENDICE.
NM.
Garlat, 14 août 1475. — Ordre du comte de la Marche prescrivant de
faire une recherche dans les archives d^Aubusson.
Jaques, duc de Nemours, conte de la Marche, etc., à noz amez et
feaulx conseillers maistres Loys du Puy^, seigneur du Gouldray et
de Bellefaye, seneschal de la Marche, et Jehan de SainctAfeire, dict
Piédîeu^, seigneur dudict lieu et garde dudit conté de la Marche,
chevaliers, salut.
Gomme au procès pendent en la court de Parlement à Paris entre
monseigneur le duc de Bourbon et d'Auvergne, demandeur, d'une
part, et nous, deffendeur, d'autre part, pour raison et à cause de
nostredît conté de la Marche, chastel, cbastellenie, terre et seigneurie
de Montaigu-en-Gombraille que ledit seigneur de Bourbon prétend
a lui appartenir, auquel procès tant a esté procédé que après qu'il
places et chasteaulx forts au païs et élection de la Haute Marche i (Bibl. nat.,
fr. 21424).
1. Le château d'Anbusson fut complètement rasé en 1632 par ordre de Riche-
lieu {Lettres, VII, 997, 17 août); j'ai peine à croire que, si les archives eussent
encore existé à cette époque , on n'eût pris aucun moyen pour en assurer la
conservation. D'ailleurs le fait même de leur existence n'aurait pas échappé à
Pierre Robert.
2. Il était déjà sénéchal de la Marche au moment de la guerre du Bien public,
et en décembre 1466 il fut interrogé dans le procès de Charles de Melun.
3. Jean de Sainte-Feyre était fils de Guillaume Piédieu, et lieutenant du séné-
chal de la Marche depuis 1453 au moins (voy. mes États provinciaux, l, 351).
C'est sans doute son frère, appelé simplement Jean Piédieu , que nous voyons
qualifié, dans un acte du 22 juillet 1468, de c licencié es droits, chantre de
Limoges, président en la Chambre des comptes de Mgr. le duc de Neraoux,
conte de la Marche » (L. Duval, Esquisses marchoises, p. 156), et qui était en
outre prévôt de Moutier-Roseille en 1466 (Bibl. nat., lat. 17118).
48
a reprins le procès pour et au nom de feu monseigneur de Bourbon,
son père, et nous pour et au nom de feu nostre tres-redoubté sei-
gneur et père et nostre tres-redoubtée dame et mère, que Dieu
absueille, après productions faictes audit procès d'ung cousté et
d'autre, par arresl de ladicte cour a esté dit et appoincté que nous
estions contraires à toutes fins et que sur les faiz proposez par nous
et ung chascun de nous ferions fere enquestes, lesquelles rapportées
en ladicte court et productions faictes elle nous feroit droit. Et
depuis ledit de Bourbon a baillé une certaine requeste à ladicte court
donnant entendre que nous avions produict audit procès quatre
lectres plus à plain désignées en ladite requeste, lesquelles, une et
chascune d'icelles, il entend montrer faulses et redarguer de faulx,
en requérant que nous soyons constraings les originaulx d'icelles
mectre devers ladite court, et depuis par icelle lesdites parties oyes
a esté dit et appoincté que en affermant personnellement par ledit
de Bourbon ou son procureur soffisemment fondé et de ce ayant
puissance spéciale lesdictes quatre lectres estre faulces et que faulces
les redargueret et monstreroit, audit cas nous serions tenuz porter
ou fere porter l'original desdites quatre lectres par devers le greffe
de ladite court dedens trois moys après ladite affîrmacion faicte^ et
depuis aucun temps en ça il a fait faire ladite afîirmacion après
laquelle affîrmacion delay nous a esté bailé par ladite cour de icelles
quatre lectres envoyer au greffe de ladite court. Pour fournir auquel
appoinctement nous avons faict et fait fere diligence pour quérir et
faire quérir en noz coffres et autres lieux ou avons acoustumé de
tenir noz lectres et tiltres de noz seigneuries, tant au lieu de Garlat,
ou faisons nostre continuelle résidence, que autres lieux de par deçà,
mais quelque diligence qu'en ayons sceu faire ou faire faire, desdites
quatre lectres n'en avons peu trouver ne recouvrer que les trois, les^
quelles avons envolées au greffe de ladicte court en obtempérant
audict appoinctement d'icelle ; mais la quatriesme que Ten dit estre
un accort fait des Tan m ggg cinquante six entre feu monseigneur
Loys de Bourbon, d'une part, et monseigneur Pierre de Bourbon,
son oncle, conte de Ponthieu, duquel fumes descendus, d'autre
part, sur le fait de son partage de la maison de Bourbon, n'ayons
peu trouver ne recouvrer par deçà, quelque diligence qu'en ayons
peu faire, comme dit est, et pour nous mectre en nostre devoir de
recouvrer ladite lectre et d'icelle fere quérir en nostredit conté de la
Marcbe, en ensuy vaut ledit appoinctement de ladite court, nous vous
mandons et expressément enjoignons que incontinent et sans delay
49
VOUS vous transportés en nostre chastel d'Aubusson, en nostredit
conté de la Marche, auquel lieu avons acoustumé de tenir noz lectres
et Chartres et autres enseignemens appartenant à nostredit conté et
autres noz seigneuries de par délia en la garde de noz amez et feaulx
conseillers maistres Anthoine Alart^, nostre trésorier de la Marche,
Jehan Froment, nostre secrétaire', lesquels ont tenu et tiennent les
clefz des coffres où sont nosdites lectres, Chartres et enseignemens,
et illecques appelez avecques vous deux notaires, après ouverture à
vous faicte par les dessus diz qui en ont la guarde, comme dît est,
voyès et visitez si esdiz coffres se pourra trouver ladite lectre ou
aucuns enseignemens d'icelle, et de la diligence que fait en aurez
nous en certifQez, pour de la diligence par vous et nous faicte en
certiffîer ladite court, pour nous valoir ce que de raison. De ce faire,
leurs circonstances et dependences, vous donnons plein pouvoir et
mandement spécial^ mandons et commandons ausdiz gardes desdites
Chartres et lectres et à tous autres noz justiciers que en ce que dit
est vous obéissent.
Donné à Garlat le xnii^ jour d'aoust Tan mil quatre cent sexante
quinze.
Par monseigneur le duc, messeigneurs les prothonotere de Mons^,
1. Secrétaire de Bernard d'Armagnac dès 1444, 5 juin (Arch. nat., P 13633,
cote 1255), il dut succéder à Jacques de la '^lle yers 1450 comme trésorier de
la Marche. £n 1471 il entra ou chercha à entrer au service du duc de Guyenne,
ce qui indisposa Louis XI contre lui. Il mourut à Guéret en 1475, au retour du
Toyage dont il est question dans la pièce n° 2. Voici sur sa mort les détails que
donne le comte de la Marche lui-même dans une déposition faite au cours de
son procès le 24 déc. 1476 (Bibl. S'o-Geneviève, L 7, fol. 356). « Ou temps d'esté
dernier passé a eu ung an, quant icellui AUard fut retourné en la Marche, il
manda à madame de Nemoux qui lors esloit en la ville d'Ahun, en la Marche*,
que le fait de Mgr. de Nemoux estoit en grant dangier et qu'il y avoit bien
remède et qu'il y avoit beaucoup de choses dont il desiroit advertir lui qui
parle ; par quoy et pour ce que ledit AUart estoit malade et ne povoit aller devers
madicte dame, ledict Allard lui prioit qu'elle lui envoyast son confesseur auquel
il diroit tout ce qu'il savoit. Et incontinent madame de Nemoux envoya son
confesseur devers ledict maistre Anthoine Allard, mais à Teure que le confesseur
arriva, ledict Allard avoit ja perdu la parole et morut incontinent. >
2. Fils d'autre Jean Froment qui avait pris part à l'administration des finances
avec Jean Barton et Jacques de la Ville sous Charles VU, et fut accusé comme
eux de malversations (Arch. nat., P 2848, fol. 38-40).
3. Ce personnage, autant qu'il me souvient, figure dans le procès de Jacques
d'Armagnac, mais je n'ai pas sous la main le moyen de retrouver son nom.
4
50
seneschal de Castres^ seigneur de Juou^, et messire André de
Cauhan, ses conseillers, presens.
B. GUSINET.
{Arch. nal., P 1363», n« 1211.)
No 2.
Aubusson, 2 octobre 1475. — Rapport sur la recherche ordonnée par
le comte de la Marche dans les archives d'Aubusson.
A très hault et puissant prince et nostre redoubté seigneur Mgr. le
duc de Nemours, conte de la Marche, Loys du Puy , chevalier, sg' du
Gouldray, vostre seneschal de la Marche, et Jehan de Sainct-
Affeiran, dit Piédieu, chevalier, garde de la justice de vostredit
conté de la Marche.
Plaise vous sçavoir que nous avons receu vos lectres pactantes
datées du quatorziesme jour d'aoust, Tan mccgglxxv, signées Gusinet,
et scellées de vostre seel, contenans noslre commission, ausquelles
ces présentes sont acthacheez^ par vertu desquelles et en obtempérant
à voz commandemens , le segond jour d'octobre Tan mccgglxxv,
nous transportasmes au lieu, chastel et place d'Aubusson, ouquel
chastel le temps passé voz tiltres et Chartres touchans vostredit
conté ont esté mises en garde et illecques apprehendasmes en
personne Jehan Froment, vostre secrétaire, qui est Tun diceulx
qui a la garde et clefs des coffres ou sont vos tiltres et Chartres
desquelz est faicte mencion en vosdictes lectres, auquel, en
l'absence de Antoine Alart, qui est Tautre d'iceulx qui a la garde
et clefs desdiz coffres, lequel, comme Ton disoit communément,
estoit allé devers le roy, luy fîsmes ostension et lecture de vosdictes
lectres, et, icelies par luy veuhes, luy fismes commandement de par
vous que tantost et sans delay il fist ouverture de la tour ou l'on
disoit lesdiz Chartres et tiltres estre encloux en coffres et armoires,
lequel nous dist et respondit que deppuis quatre ans en ça la porte
de ladicte tour avoit esté murée à Toccasion de certain bastiment
que Ton faîsoit audict chastel, mais que voulantiers la feroit des-
1. Le sénéchal de Castres était Henri de Pompignac , dit Palamede. Bernard
d'Armagnac en avait fait le gouverneur de son fils, auquel il montra un atta-
chement inébranlable. Il fut torturé dans le procès de son maître , mais ne le
chargea pas.
2. Jou-sous-Montjou (Cantal). Il est souvent fait mention de ce personnage
dans le procès de Jacques d'Armagnac.
54
murer, ce qu'il fist, et après luy flsmes commandement de par vous
qu'il nous monstrast et exhibast de par vous toutes les clefs de tous
les coffres et armoires estans dedans ladicte tour ou diceulx nous
fist ouverture pour sçavoir si dedans iceulx coffres et armoires la
lectre dont est faicte mencion en vostredicte commission se pourroit
trouver, lequel nous fist ouverture desdiz cofTres et armoires l'un
emprès l'autre, et visitasmes toutes les lectres estans dedans lesdiz
armoires Tun emprès Pautre et lectres après lectres, mais nous
n'avons en tous lesdiz armoires ne coffres peu trouver ladicte lectre,
jasoit ce que par ung inventoire desdictes lectres nous ayons trouvé
ladicte lectre avoir esté mise autresfois avecques autres en l'un
desdiz armoires, et par ung autre inventoire nous est apparu que
ladicte lectre ensemble plusieurs autres lectres furent receues par
maistre Pierre de la Ville, licencié en loix, pour icelles porter à
Paris, le m® jour de février l'an mil cccc soixante quatre; à la teste
duquel inventoire et mesmement sur l'article faisant mencion de la
réception de ladicte lectre sont escriptz ces motz : Rendue le troi-
siesmejour d'avril l'an m une lxvii, signez après du seing manuel
de Jehan Froment, vostre chastelain, et en autres articles dudict
inventoire faisans mencion d'autres lectres et en aucuns d'iceulx y
sont à la teste desdiz articles: Rendue comme dessus. Par quoy nous
a semblé ledict Jehan Froment et Ânthoine Alard estre chargiez des-
dictes lectres, et lui fismes commandement de rechief que icelles
lectres nous baillast par icelles vous envoyer, lequel nous respondit
que plusieurs fois ledict Alart estoient entrez [sic] dedans et que
véritablement il ne sçavoit que lesdictes lectres estoient devenues,
et après avons fait remurer la porte de ladicte tour ainsi qu'elle
estoit par avant, lesdiz commandemens par nous faitz audict Fro-
ment. Et ce que dit est nous vous certiffions avoir esté fait.
En tesmoing desquelles choses nous avons signé ces présentes de
nos seings manuels et fait signer à maistres Jehan Durand et
Anthoine Buchon, notaires royaulx, à nostre requeste, et sceller de
noz seaulx les an et jour dessus ditz.
Signé
Lois du Put. J. de S. Aff.
Durand. Buchon.
et jadis scellé.
(Môme provenance que le n<* 1.)
BIBLIOGRAPHIE.
Les Officiantes au moyen âge. Étude sur l'organisation^ la compé^-
tence et la procédure des tribunaux ecclésiastiques ordinaires en
France de iiSO à ^328, par Paul Pournibr. Paris, E. Pion, ^880,
in-8^ XXXIV et 329 p.
Le droit canonique ou ecclésiastique était jadis étudié en France avec
plus d'ardeur et de succès que dans les autres parties de l'Europe. Sans
remonter jusqu'à Févéque de Mende, Guillaume Durand, dont le Spécu-
lum juris est le plus vaste et le plus précieux traité de droit canonique
que nous ait laissé le moyen âge, on trouve en France, au xvu« et au
xvin» siècle, les plus savants éditeurs de textes ecclésiastiques et les
canonistes les plus renommés. Ce mouvement s'est arrêté, et, pendant
un siècle, la France n'a produit, dans cet ordre de travaux, que quelques
manuels sans valeur scientifique. L'Allemagne au contraire continuait
Tceuvre abandonnée ; elle entreprenait et menait à bien d'importantes
publications de textes, des recherches approfondies sur l'histoire des
sources, des traités étendus, dont les auteurs mettaient à profit, sans en
informer toujours le lecteur, les travaux oubliés de nos vieux canonistes.
Ces études paraissent aujourd'hui reprendre quelque faveur au milieu
de nous ; un grand nombre de textes ont été réimprimés ; les recueils
périodiques publient de nouveau des articles importants sur des ques-
tions d'histoire du droit canonique et ecclésiastique et il nous sera per-
mis d'ajouter ici que les élèves sortants de l'École des chartes choisissent
parfois des sujets de thèse dans cet ordre d'études. Parmi les travaux de
ce genre qui ont été publiés, on en peut citer qui font autorité auprès
des juges les moins indulgents'*. Il en sera vraisemblablement de môme
de la thèse sur les officialités présentée en 1879 par M. Paul Fournier
et publiée aujourd'hui, avec quelques additions, sous le titre que nous
donnons en tète de cet article.
1. Voy. notamment VEssai historique sur les archidiacres de M. Adrien Gréa^
publié dans la Bibliothèque de l'École des chartes, 3" série, t. II, p. 39 et 215.
53
L'auteur s'est proposé d'étudier la juridiction épiscopale au moyen âge,
et plus spécialement de 1180 à 1328. Pour mieux faire comprendre le
rôle de Toffîcial, à qui cette juridiction est habituellement confiée,
M. Fournier résume, dans une introduction, les traits généraux de
l'organisation et du gouvernement du diocèse, à la fin du xn« siècle.
L'évoque est toujours le chef de la société religieuse dans le territoire
qui lui est confié ; mais son autorité est de plus en plus limitée par les
pouvoirs de son chapitre, qui arrive parfois à échapper à sa juridiction,
et par l'indépendance croissante de ses premiers auxiliaires, les archi-
diacres. Le concile de Trente mettra plus tard un terme à l'abus des
exemptions ; mais dès la fin du xii* siècle les évêques s'efforcent de réta-
blir l'unité de direction et d'autorité dans leur circonscription, en créant
les officiaux, puis les vicaires généraux, et en leur confiant à titre de
délégation toujours révocable les attributions que les archidiacres pré-
tendaient tenir à perpétuité de leur titre même.
Cet aperçu général conduit M. Fournier à étudier, dans une première
partie, l'organisation des of6cialités. Le mot offidalis a plusieurs accep-
tions au xi« et au xii« siècle : il s'entend des religieux chargés des offices
claustraux d'an monastère, des juges séculiers et des clercs qui assis-
taient l'évêque dans l'exercice de son autorité spirituelle. Au xnr siècle,
ce terme prend un sens technique : l'official est alors un clerc qui exerce
par délégation la juridiction spirituelle d'un dignitaire ecclésiastique
dont il tient tous ses pouvoirs. Les évêques commencèrent à se faire
représenter par ces mandataires dans la seconde moitié du xii« siècle ;
cette institution devint générale dans le siècle suivant. Le premier texte
oii le mot offidalis soit employé dans son acception nouvelle paraît être
un canon du concile de Westminster de 1173 (c. 1, Mansi, XXII, 142);
les exemples plus anciens ne paraissent pas bien concluants. En France,
ce fut vraisemblablement l'archevêque de Reims qui, le premier, délé-
gua à un officiai l'exercice de sa juridiction ; dès 1178 ce nouvel agent
du pouvoir épiscopal rédige des actes dans cette ville ainsi qu'à Beau-
vais et à Amiens. Entre 1180 et 1200, on le trouve à Rouen, à Cambrai,
à Noyon, à Chartres, à Troyes, à Avranches, à Bayeux et au Mans,
mais sous les dénominations de ministère ministerialis, procurator epis^
copi. Le terme offidalis n'est d'un usage constant et certain qu'au
xiii« siècle ; en Bretagne, on emploie dans le même sens le mot allocatus,
alloué.
Quelles causes déterminèrent cette création nouvelle? Ce furent
d'abord les empiétements des archidiacres et le désir des évêques de
revendiquer leur droit de juridiction que ces puissants dignitaires con-
fisquaient presque entièrement. Mais ce fut aussi l'introduction, à la fin
du XII* siècle, d'une procédure savante, empruntée en grande partie au
droit de Justinien, qui réclamait pour l'exercice de la juridiction conten-
tieuse un clerc versé dans l'étude des lois civiles et des canons. Aussi
54
les officiaux et le droit romain rencontrèrent-ils les mêmes adversaires :
ces nouveaux juges sont pour Pierre de Blois, l'archidiacre de Bath,
« des vipères d'iniquité, des pasteurs des loups et non des brebis, des
0 éplucheurs de syllabes ; ils surpassent en malice l'aspic et le basilic
c et vendent leur âme au diable... La loi de Justinien est pour les fidèles
c une cause de perversion et les rend fils de l'enfer, i Néanmoins les
conciles de France prescrivaient aux évêques de choisir leurs officiaux
parmi des jurisconsultes éprouvés, qui eussent étudié le droit au moins
pendant cinq ans, et, au xrv« siècle, ces juges sont souvent pourvus de
grades universitaires.
L'official, mandataire de Tévêque, est nommé et révoqué par lui ad
nutum ; il rend la justice gratuitement et ne reçoit de salaire que de
son évêque. Indépendamment de la juridiction contentieuse, il exerce
aussi la juridiction gracieuse, qui sera plus tard remise au vicaire géné-
ral. On distingue, dès le xin« siècle, Voffidal principal, dont le mandat
s'étend à toute la circonscription de son mandant ainsi qu'à Vuniversitas
causarum, et les officiaux forains institués pour une partie du territoire
et pour les affaires les moins importantes. En règle générale il n'y avait
qu'un officiai principal par diocèse ; on en trouve cependant deux dans
quelques provinces, au moins pendant la première moitié du xm* siècle.
L'officiel a de nombreux auxiliaires : un vices gerens, des assesseurs,
un scelleur (sigillator, sigillifer)^ un receptor actorum, un registrator. On
trouve encore auprès des officialités des corporations d'avocats, des pro-
cureurs, des notaires, des tabellions et des agents d'exécution (servientes,
apparitoreSy bedelli, nuncii, executores). A partir du xn* siècle, des pro-
moteurs exercent auprès des cours d'officialité des fonctions analogues
à celles des anciens adores régis, ou gens du roi, dans les juridictions
royales.
Les juges ecclésiastiques avaient siégé pendant longtemps au parvis
de l'église, inter leones. Cet usage fut proscrit au xm« siècle et l'official
tint désormais son tribunal dans une salle du palais de Tévéque appelée
consistorium et quelquefois auditorium.
Tel est l'ordre général de cette première partie, dont nous ne pouvons
donner qu'un aperçu bien insuffisant. Après avoir exposé l'organisation
des officialités, M. Fournier traite de leur compétence. Il détermine
d'abord les règles qui limitent les attributions respectives des cours
ecclésiastiques et des juridictions civiles. Ces règles semblaient ne pou-
voir soulever de difficultés sérieuses dans l'application ; le domaine de
rÉglise et celui de l'État étaient nettement circonscrits ; en matière
mixte le tribunal le plus diligent, ou le premier saisi, était compétent.
Mais il y avait bien loin de la théorie à la pratique : lorsque l'auteur
vient à quitter le terrain des principes pour entrer dans celui des faits,
il se trouve en présence de nombreux conflits entre la juridiction spiri-
^ tuelle et la juridiction temporelle, et il doit en raconter l'histoire.
55
La supériorité de la législation canonique sur les usages suivis
devant les tribunaux séculiers attirait devant les juges ecclésias-
tiques un grand nombre d'affaires qui ne rentraient point dans leurs
attributions. Beaucoup de plaideurs, ceux-là surtout qui, comme les
commerçants, pouvaient avoir de nombreux procès, cherchaient à s'as-
surer d'une manière définitive le privilège du for spirituel en se faisant
passer pour clercs, et la papauté dut multiplier ses efforts pour détruire
ces abus. Lorsque le pouvoir séculier devient plus fort, au xin« siècle,
il s'efforce de regagner le terrain perdu en réorganisant ses justices et
en restreignant, autant qu'il le peut, les juridictions rivales. L'initiative
fut prise par les barons, dont les justices étaient désertées par les bour-
geois et les vilains. En 1205, en 1225, en 1235, les seigneurs du centre
et de l'ouest de la France se coalisent pour obtenir du pape et du roi
que la compétence des juges d'Église soit resserrée dans d'étroites limites.
En 1246, sur les exhortations de Frédéric U, qui les conjure de se
joindre à lui « pour rappeler les clercs à la pauvreté de la primitive
c Église », ils forment une confédération nouvelle, dont les principaux
chefs étaient les anciens alliés du roi d'Angleterre, Pierre Mauclerc, duc
de Bretagne, et Hugues de Lusignan. Le pape et les conciles répondent
à ces attaques par des excommunications ; les clercs forment aussi entre
eux des associations pour se défendre contre les ligues de la noblesse,
et la lutte s'engage sur un grand nombre de points. La royauté cherche
d'abord à garder la neutralité, sans pouvoir toujours empêcher ses baillis
et sénéchaux de prendre parti contre l'Église. Mais, depuis Philippe
le Bel, elle se substitue aux seigneurs et conduit elle-même la campagne
dirigée contre le pouvoir ecclésiastique, en même temps qu'elle s'efforce
de donner à toutes ses juridictions une organisation régulière et une
procédure empruntée, en grande partie, à la procédure des officialités.
Nous ne pouvons suivre M. Fournier dans l'histoire de ces conflits jus-
qu'à l'assemblée de 1329, où les prétentions rivales furent solennellement
discutées ; nous croyons en avoir dit assez pour faire ressortir l'intérêt
de ce chapitre, aussi neuf et aussi original que la partie consacrée à
l'organisation des officialités.
La troisième partie est réservée à la procédure ; le titre I à la procé-
dure civile, le titre U à la procédure criminelle. Dans cette partie tech-
nique, l'auteur a pris surtout pour guide les deux plus illustres cano-
nistes du xm" siècle, Tancrède et Guillaume Durand, sans négliger les
Ordines judiciarii de la même époque et les autres traités contemporains.
Mais il a tiré en outre des décrétales, des décisions des conciles et
synodes, des statuts des Églises, des cartulaires inédits ou imprimés, un
grand nombre de faits et de détails qui donnent du mouvement et de la
vie à des matières naturellement fort arides. Ces deux titres fournissent
tous les éclaircissements dont on peut avoir besoin pour bien comprendre
les nombreux actes d'officialité qui sont conservés dans nos dépôts d'ar-
56
chives ; ils peuvent aussi faciliter Tintelligence des actes des juridictions
civiles dont les styles ont Mt de notables emprunts à la procédure
canonique. Nous les signalerons donc à ce double titre à nos lecteurs,
qui ont pu, du reste, apprécier la netteté d'exposition et la méthode
sévère de M. Foumier dans une Étude sur la diplomatique des actes
passés devant les officialités au moyen âge, précédemment publiée dans
la Bibliothèque de V École desxhartes*. Une partie de cette dissertation,
qui comble heureusement une lacune de nos grands traités de diploma-
tique, forme le premier appendice de Touvrage que nous annonçons
aujourd'hui. Un second appendice donne, pour un certain nombre de
diocèses, l'indication des chartes les plus anciennes qui mentionnent
l'existence d'ofQciaux. Enfin, les derniers appendices contiennent une
sentence rendue par Yves de Chartres, vers l'an 1100, une sentence de
Tofficial de Paris de 1271, et un libellus petitionis de 1251, pièces dont
le rapprochement fait ressortir les changements qui s'étaient produits,
dans la procédure, du xii« au xui* siècle.
Cet aperçu des matières traitées par M. Paul Foumier pourra, nous
l'espérons, donner une idée de l'intérêt du sujet. L'étude approfondie
d'une institution qui a servi de modèle aux juridictions séculières des
siècles suivants, et, sur beaucoup de points, aux législations modernes,
sera très utilement consultée par lés savants qui s'occupent spécialement
du moyen âge ; mais elle méritera aussi la sérieuse attention des juris-
consultes qui recherchent, dans l'histoire du droit, le sens véritable des
règles en vigueur, et des canonistes qui tenteraient, un jour, de prépa-
rer sur les bases solides de la tradition la réorganisation, déjà partielle-
ment essayée, de la juridiction ecclésiastique. Les uns et les autres
trouveront dans ce volume le guide le plus sûr, les recherches les plus
étendues, les faits les mieux établis par des milliers de textes imprimés
ou inédits, et une érudition dont on ne peut bien se rendre compte
qu'en lisant les notes si abondantes et si instructives qui viennent, à
chaque page, justifier les assertions de l'auteur.
E.-J. Tardif.
Notes additionnelles et rectificatives au Gallia christiana, par P. de
Pleury, archiviste de la Charente. Angoulême, in-4®, 72 p.
La mention très honorable accordée par l'Académie des inscriptions
au travail de M. de Fieury est la meilleure attestation de son utilité et
du soin apporté à sa rédaction. On ne saurait trop recommander cet
exemple à l'imitation des archivistes départementaux. Leur situation
les met à même de recueillir dans les documents confiés à leurs soins
1. T. XL, 1879, p. 296 et suivantes.
57
des notions précieases pour rectifier et compléter en bien des détails,
qui ont tous leur valeur, nos grandes collections historiques. M: de
Fleury apporte à cette œuvre commune un contingent assez étendu
concernant les diocèses d'Ângoulôme^ de Sarlat, de Saintes, de Limoges
et de Périgueux. Yeut-il bien nous permettre quelques conseils pour la
suite ou la réimpression de son livre ?
Autant que les ressources littéraires du pays le rendent possible, il ne
faudrait pas, dans les travaux analogues, se borner à rectifier et à com-
pléter ToBuvre des bénédictins ; il serait à désirer que Ton profitât des
faits nouvellement acquis et constatés postérieurement aux travaux de
nos illustres et savants religieux. M. de Fleury est à cet égard quel-
quefois en défaut.
Ainsi, il remarque que les bénédictins ne mentionnent pas Jean U,
évêque d'Angoulôme, avant 1230, sans apporter lui-même une date anté-
rieure pour son épiscopat ; mais Gams cite ce prélat dès 1226. Geoffroy
de Pompadour, mentionné en 1468 seulement par le Gallia, maintenu
jusqu'en 1469 par M. de Fleury, siège encore en 1470 dans le P. Gams.
Jacques Babou de la Bourdaisière est cité dans Gams dès 1528, au lieu
de 1532. Charles de Bony est inscrit par le Gallia en 1574, par M. de
Fleury dès 1572, et par le P. Gams dès 1567. Suivant M. de Fleury
François II du Verdier fut pourvu de Tévêché d'Angoulôme à une date
inconnue, et il mourut peu après le 15 septembre 1753. Gams précise
bien davantage. François II fut pourvu le 16 décembre 1737 ; il mourut
le 21 septembre 1753. La date des bulles de provision de son succes-
seur, Mgr de Broglie, doit être donnée autrement qu'en la vieille forme
du 3 des ides de février 1754.
Enfin, quand, après recherches et réflexion, on adopte une opinion, il
faut agir et écrire en conséquence. M. de Fleury a retrouvé des chartes
qui prolongent Tépiscopat de Robert de Montbron jusqu'en 1267, el
montrent que le prétendu Pierre III doit disparaître des listes d'Angou-
lême. Je ne dis rien de Guillaume m, dont la cause n'est peut-être pas
suffisamment éclaircie ; mais puisque le pseudo-Pierre III de 1266
n'existe plus, quelques égards que l'on doive à l'œuvre des bénédictins,
le chiflre III dans la série des évéques du nom de Pierre doit passer
à Pierre vivant en 1272, que M. de Fleury, par respect pour ses devan-
ciers, continue à appeler Pierre IV.
Pendant qu'il s'occupait du diocèse de Périgueux, M. de Fleury aurait
pu supprimer un Giraudus ou Guiraudus, inscrit au Gallia, en 1331,
comme évêque de Périgueux. Évêque d'Apt en 1330, Giraud passa peu
après au diocèse de Nîmes, dans lequel il mourut en 1337, sans avoir
jamais siégé à Périgueux.
M.-L.
58
Un Ambassadeur libéral soîls Charles IX et Henri III. Ambassades
à Venise d'Arnaud du Février^ d'après sa correspondance inédite
(>i 563->i 567. >i 570-4 582), par Edouard Fei^mt, premier secrétaire
d'ambassade. Paris, Leroux, 4880, \ vol. in-8® de ix-426 p.
Jurisconsulte et diplomate, courtisan et honnête homme, du Ferrier
méritait assurément la savante étude que vient de lui consacrer M. Ed.
Frémy.
Ce n'est point une physionomie vulgaire, celle de ce diplomate qui ose
faire entendre sa pensée quand elle diffère de celle du maître et compte
que sa fidélité éprouvée fera accepter son indépendance. On ne lira pas,
sans concevoir pour son auteur une profonde estime, cette lettre à la
fois si politique, si indignée et si courageuse que l'ambassadeur adresse
de Venise à la reine mère, à la nouvelle du massacre de la Saint-Bar-
thélémy :
c Madame, la vérité est certaine et indubitable que les massacres
« advenus par tout le royaume de France, non seuUement contre le feu
« admirai et autres principaulx chefs de la Religion mais aussy contre
a tant de pauvre peuple innocent, ont si fort esmeu et altéré Thonneur
« de ceulx qui sont, par deçà, affectionnés à vostre couronne, encores
« qu'ils soyent du tout catholiques, qu'ils ne se peuvent contenter
c d'excuse aucune, imputant tout ce qui a esté faict à vous tant seule-
c ment et à Monseigneur d'Anjou. Par le moyen susdict, il s'est osté la
c couronne imperialle, n'ayant auparavant rien tant désiré les Allemands,
c mesmes les protestans, que de le faire Empereur, et de remettre l'Ëm-
€ pire en la Maison de France. Et disoient estre bien informés que ledict
c admirai et aultres ne conspiroient jamais contre Vos Majestés ou
c aucun des vostres, et ne se peuvent assez esmerveiller que, par tel
c moyen, on ait voulu faire si grant tort à Monseigneur et si fort agran-
c dir le Roy d'Espaigne, qui se peult dire aujourd'hui le seul prince de
c la chrestienté qui commande à tous aultres. Et disent encores que,
e pour venir à bout des dicts chefs, il y avoit d'aultres moyens aussy
(C certains et qui n'eussent pas tant offensé les estrangers et donné à
e parler à la postérité... Et combien. Madame, que je ne croye à rien de
« tout ce que dessus, et que je sois certain et assuré de vostre bonne et
« chrestienne intention, toutesfois, craignant que cela ne soit pour
« apporter dommaige à vostre personne, et que quelque meschant et
« malheureux osast tenter contre icelle, dont s'en suivroit l'entière ruyne
c de ce royaume et de moy particulièrement, qui ne dépend que de
« vostre seule grâce et bénignité, je vous ay bien voulu escrire ce que
e dessus, et vous supplier très humblement de vous contregarder plus
« encores que n'avez encores faict, estant (si) fort marry, que je ne puis
€ vifvement vous représenter le malcontentement d'aulcuns désespérés
59
« qui passent par icy, lesquels sont si bien fols et téméraires de dire
€ que vous avez mieulx aimé ruyner le royaume de France en vous
€ vengeant de l'admirai que l'augmenter, et que vous ressentir du mal
« de celuy qui a faict mourir vostre fille. Mais tels et détestables propos,
« qui se disent et escrivent, ne sont que paroles, lesquelles passent
c comme le vent, pourveu que le principal, qui est vostre personne,
e soit conservé, comme il sera, s'il plaist à Dieu, envers lequel les orai-
e sons ne furent jamais si nécessaires qu'elles sont à présent, et mesmes
« à l'endroict de ceulx qui sçavent combien Vostre Majesté est affligée
« d'avoir veu le Roy réduict en telle nécessité qu'il ayt esté contrainct
c de mettre si avant la main au sang de ses subjects, ce qui n'adviendra
« jamais plus, s'il plaist à Dieu » (pp. 160, 161, 162).
Ce document est de premier ordre : il accuse un -art consommé. Du
Ferrier a compris qu'il ne pouvait impunément exprimer son indigna-
tion qu'en inspirant à la reine les plus vives alarmes, qu'en la plongeant
dans la terreur. Je ne m'arrête pas à ce style d'autrefois où le dévoue-
ment et le respect s'allient si noblement à l'expression des sentiments
les plus courageux. La lettre est digne, à cet égard, de toute notre atten-
tion ; mais le trait vraiment original est ailleurs : le diplomate cherche
à se couvrir en jetant l'épouvante au cœur de la femme criminelle d'oii
son sort dépend. Ceci est vu.
M. E. Frémy s'arrête longuement aux détails du drame funeste de la
Saint-Barthélémy : s'il est permis de regretter la confiance qu'il accorde
au récit probablement apocryphe qui a été attribué à Henri III, on ren-
dra certainement hommage au soin pénétrant avec lequel il a étudié
l'aspect diplomatique de l'événement et analysé les mobiles divers qui
inspirèrent les explications contradictoires du roi.
M. Frémy a mis à contribution plusieurs collections de la Bibliothèque
nationale (p. 8, n. 1) ; je regrette qu'il se soit contenté d'indications
générales sans renvois continus aux sources. Je regrette plus vivement
qu'il n'ait pas étudié le rôle de du Ferrier comme représentant du roi
très chrétien auprès du concile de Trente : Du Ferrier s'était prononcé
en plein parlement contre l'application de la peine de mort en matière
religieuse et il avait formulé sa pensée en présence des juges qui livrèrent
au bourreau le conseiller Anne du Bourg pour avoir parlé dans le même
sens. Gomment un esprit aussi sage et aussi modéré que M. Frémy a-t-il
pu se refuser et à nous-mêmes le plaisir délicat de suivre un tel homme
jusqu'au concile ?
L'ouvrage de M. Frémy a donné lieu, dans l'excellent Bulletin critique
de littérature, d'histoire et de théologie *, à quelques observations qui me
paraissent justes : je prends la liberté d'y renvoyer le lecteur. Enfin
certains doutes se sont élevés dans mon esprit au sujet de cet énigma-
1. N- 7, pp. 134, 135.
60
tique Yentenac qui, si j'en crois M. Ed. Frémy (p. 55), se serait impro-
visé, malgré Charles IX, négociateur entre la France et la Turquie et
aurait, de son autorité privée, essayé d'unir ces deux pays dans une
alliance offensive et défensive contre Tltalie et TEspagne. Cest là un
cas psychologique et historique si extraordinaire qu'il me faudrait pour
l'admettre la démonstration la plus rigoureuse. Les désaveux de Charles IX
me touchent médiocrement : je ne puis me défendre d'entrevoir dans
cette affaire un autre secret du roi et de flairer dans Yentenac un de ces
courtiers diplomatiques de second ordre dont un chef d'État ratifie, sui-
vant les circonstances, ou désavoue les négociations.
Je veux, en terminant, remercier M. Ed. Frémy d'avoir fait revivre
un de ces hommes poUtiques oubliés dont le caractère et le courage
civique font partie du patrimoine moral de notre pays.
Paul YlOLLBT.
La Rédaction de la coutume d'Auvergne ^4540, d'après un rôle des
Archives nationales (P >H89), par Maurice Faucon. Clermont-Fer-
rand, 4880, in-8Me 45 p.
Sous ce titre notre confrère M. Maurice Faucon a publié un docu-
ment intéressant, le « roUe de la despance payée pour rédiger les cous-
tumes du pays d'Auvergne par escript, tant bas que hault pays >. Dans
une courte introduction il en a fort bien indiqué le caractère et il a pris
soin d'en signaler lui-même les articles les plus remarquables ou les
plus curieux. li'un de ces articles nous apprend qu'on fit rédiger et relier
six exemplaires de la coutume d'Auvergne, e l'un pour la cour, l'autre au
bailhaige de Montferrand, le tiers à la sénéchaussée d'Auvergne, le quart
à Cusset, le cinquiesme au bailli des Montaignes et le sixiesme es arches
du pays. » M. Maurice Faucon a su retrouver dans les archives du par-
lement l'exemplaire « de la cour i (Arch. nat., X 1& 9218) et il en a
donné une intéressante description. Il ne dit rien des autres, au sujet
desquels quelques renseignements auraient été les bienvenus. Je note
particulièrement cette mention des c arches du pays » : cette institution
d'archives provinciales remonte, comme je l'ai rappelé ailleurs, à une
résolution de 1402 prise par les états provinciaux. On continuait donc
en 1510 à y déposer les documents d'intérêt général : faut-il renoncer
à l'espoir de retrouver un jour ce fonds d'archives si précieux ? Il serait
bien à souhaiter que le classement si désirable des archives commu-
nales de Glermont-Ferrand fût poussé activement et vînt enfin jeter un
peu plus de lumière sur cette question.
Antoine Thomas^-
64
Le Pays boulonnais. Études historiques , par Ernest Dëseille. Paris,
\ 879, in-S^" de glii et 438 p.
Le livre dont nous annonçons ici l'apparition n'est pas une histoire
du Boulonnais. L'auteur a voulu simplement réunir en un seul volume
d'intéressants documents qui étaient restés dispersés jusqu'à présent et
qui gagnent singulièrement à être rapprochés les uns des autres.
Les quelques lieues carrées comprises entre le Galaisis, l'Artois, la
Picardie et la Manche, dont Boulogne est le centre, formaient sous
l'ancien régime un gouvernement général et possédaient, il est vrai, un
assez glorieux passé pour justifier un tel honneur. M. Deseille nous
rappelle tour à tour les hauts faits de ses compatriotes, depuis ces temps
lointains où les antiques Morini se trouvaient aux frontières du monde
jusqu'aux jours héroïques de la guerre de cent ans et jusqu'aux
approches de la révolution.
On ne nous demandera pas d'analyser en détail un livre dont il fau-
drait reproduire la table pour donner une idée exacte des richesses qu'il
renferme. Mentionnons seulement de curieux documents sur Télection
des maires de Boulogne et sur l'organisation municipale de la ville ;
sur la création du siège épiscopal de Boulogne en 1553, quand la ville
de Thérouanne eut été rasée ; sur la fête instituée, au jour de saint
Marc, en souvenir de la rentrée des Boulonnais dans leur cité, après
l'occupation anglaise. Signalons aussi une bonne généalogie des comtes
de Boulogne.
Boulogne était surtout une ville de commerce. Le livre de M. Deseille
abonde en renseignements sur le mouvement de ce port. C'est au
XVIII® siècle qu'il avait pris son plus grand développement, au détriment
des ports d'Étaples, de Wissant et d'Ambleteuse. Il s'y faisait alors
d'importants achats de thé et d'eau-de-vie. La pêche du hareng y était
aussi très florissante. Un fait suffirait à le témoigner : les nombreuses
prestations et redevances qui se faisaient avec ce produit de la mer.
Boulogne envoyait en présent des harengs à la coar, comme d'autres
villes y adressaient des étoffes ou des épices.
Tous ces documents ne voient pas le jour pour la première fois. Bon
nombre avaient été déjà publiés que M. Deseille a empruntés sans scru-
pule aux recueils qui les contenaient ^ Mais son livre renferme assez
de pièces inédites, parmi les plus dignes d'attention, pour mériter à son
auteur la gratitude de ses compatriotes et pour lui assurer une place
honorable à côté des érudits boulonnais. M. Deseille a puisé surtout
aux archives du Pas-de-Calais, dans le trésor des chartes d'Artois. Les
1. Citons en première ligne, parmi ces recueils, le Catalogue des actes de Phi-
Uppe-A'ugfastc^ de notre éminent confrère M. L. Delisle.
62
autres sources d'informations n'ont pas été, du reste, négligées par lui.
Les Archives nationales lui ont fourni, notamment, quelques pièces de
premier ordre. Il avait là pour le guider Tun de ses plus savants compa-
triotes, notre confrère M. E. Dupont, qui connaît si bien l'histoire du
Boulonnais et qui a mis généreusement entre les mains de M. Deseille
les plus beaux documents *.
L'auteur du Pays boulonnais voudra, sans doute, mettre un jour en
œuvre les précieux matériaux qu'il n'a guère fait aujourd'hui que
rassembler un peu au hasard. Quel que soit le plan que M. Deseille
adopte alors, qu'il se décide à écrire l'histoire de sa chère ville natale ^
ou qu'il veuille rédiger méthodiquement le Cartulaire boulonnais qui
reste encore à faire ^, les encouragements ne manqueront pas à son zèle
et à sa persévérance.
P. B.
Souvenirs de la Flandre wallonne. Recherches historiques et choix
de documents relatifs à Douai et aux anciennes provinces du nord
de la France^ publiés som les auspices de la Société d'agriculture,
des sciences et des arts de Douai, par un comité historique et
archéologique. Douai, Crépin, in-8°. T. XVUI, -i878, -i89 p., et
t. XIX, 4879, 207 p. et une planche.
Il y a une vingtaine d'années, quelques archéologues douaisiens se
réunirent pour publier le recueil dont nous avons entre les mains les
18® et 19® volumes. MM. Preux, Brassart et de Ternas en ont été les
principaux rédacteurs et ils y ont inséré un grand nombre de documents
inédits et de communications sur des points d'histoire locale.
L'étude des seigneuries des environs de Douai et des familles qui les
ont possédées a tenu une large place dans ces volumes, et le tome XVUI
est presque entièrement consacré à l'annotation d'un manuscrit de la
Bibliothèque nationale, le Blason de Lalaing, dont il ne comprend pour-
tant qu'une partie. Ce travail, dû, croyons-nous, à M. A. de Ternas,
contient sur les membres de cette célèbre famille de nombreux rensei-
1. Et notamment le compte de 1415-1416 (Ârch. nat., KK 280), à Taide daqnel
M. Deseille a écrit son intéressante étude sur les relations de Boulogne avec les
communes du Nord, lors du désastre d'Azinconrt.
2. L'auteur nous permettrait-il, dans ce cas, de le mettre un peu en défiance
contre les tendances, si excusables d'ailleurs, du patriotisme local, qui lui font
apprécier avec tant d'optimisme dans la présente étude tout le passé de son
cher pays ?
3. M. E. Dupont avait d'abord songé à publier lui-même ce cartulaire. Nous
ne pouvons que regretter que notre confrère ait dû renoncer à ce projet, absorbé
qu'il est par les importantes fonctions qu'il remplit aux Archives nationales.
63
gnements puisés dans les dépôts publics du Nord et de la Belgique. Le
Coup d*œil sur Belleforière (t. XIX, p. 5-84) est un travail du même
genre, renfermant, avec une analyse des titres de cette seigneurie depuis
1076, une généalogie détaillée de la famille de ce nom de 1344 à 1751,
qui, sur un certain nombre de points, apporte des corrections à V Histoire
généalogique du P. Anselme.
La charte relative à la donation faite aux templiers par Baudouin
Brochât d'Henin < est un document important pour Thistoire des ordres
militaires, si Ton peut, ainsi que le propose l'éditeur de ce document,
le faire remonter à 1120. Seulement nous regrettons que M. Brassartait
cru devoir en donner le texte en conservant les abréviations. C'est un
procédé trop souvent employé dans les publications faites en province
et nous ne saurions trop nous associer aux observations que faisait à ce
sujet notre confrère M. Servois dans un récent compte rendu au comité
des sociétés savantes.
Ne pouvant nous arrêter plus longtemps sur les autres travaux que
renferment ces deux volumes, je me bornerai à signaler deux notices
sur Jean Wauquelin, traducteur de Jacques de Guise, et sur Jean de
Magnicourt de Verchin, chroniqueur flamand du xv« siècle, notices inté-
ressantes et rédigées à Taide de documents nouveaux. Une biographie
de M. Auguste Preux termine le dernier de ces volumes et rend un
hommage mérité au fondateur des Souvenirs de la Flandre wallonne.
Comte DE Marsy.
De arte seribendi epistolas apud Gallicos medii œvi scriptores rheto-
resve facultati litterarum Parisiensi thesimproponebat N. Valois.
Paris, A. Picard, 1880, in-8«, 95 p.
Cette thèse n'est pas une dissertation purement académique, mais une
œuvre d'érudition qui mérite, à ce titre, d'être signalée aux lecteurs de
la Bibliothèque. Elle se rattache en outre par certains côtés à la diplo-
matique. L'auteur y décrit les procédés de composition suivis par les
écrivains du moyen âge ; sans doute il se préoccupe surtout des lettres,
mais les préceptes de l'art épistolaire étaient souvent appliqués à la
rédaction des actes. Ne trouve-t-on pas dans des chartes du xn« siècle
des exordes empruntés à l'Écriture sainte et semblables à ceux qu'on
plaçait souvent en tête des lettres ? M. Valois s'est presque exclusive-
ment servi de documents qui ont été jusqu'ici fort peu utilisés pour les
études de diplomatique : ce sont les traités d'art épistolaire et les for-
mulaires; il en signale une vingtaine, presque tous inédits, qui sont
1. Un Seigneur d'Henin-Liétard, bienfaiteur des templiers (tome XIX,
p. 116-138).
64
d'origine française et vont de Tannée 1180 jusqu'à la fin du zv siècle.
Les deux premiers chapitres ne sont qu'une introduction ; le troisième,
consacré à l'enseignement de l'art épistolaire, est un des plus intéres-
sants de tout le travail. Au zii« siècle, cet enseignement n'existait pas
encore. On se formait le style en apprenant par cœur les ouvrages de
Gicéron, ou en transcrivant les lettres d'un écrivain renommé de l'époque;
celles de Hildebert, évéque du Mans, furent longtemps considérées comme
des modèles du genre. Dès le commencement du xiii* siècle, on voit
apparaître des professeurs d'art épistolaire ; les traités sur cette matière,
Dictamina, Summa dictaminis, Àrtes dictandi, se succèdent sans inter-
ruption. La science nouvelle, importée d'Italie, fut accueillie avec tant
de faveur que non seulement les études sérieuses, mais la poésie même
furent délaissées. Cet enthousiasme s'explique moins par l'attrait de la
nouveauté que par les perspectives brillantes qu'on faisait miroiter aux
yeux des étudiants. « L'art épistolaire, écrit l'un d'eux à un de ses amis,
« vous ouvre le palais des rois et vous fait arriver aux plus hautes
c charges de l'Église. » Aussi les maîtres en cet art ne manquent-ils
jamais de faire ressortir les avantages qu'offre cette étude lucrative.
L'enseignement de l'art épistolaire en France a pris naissance dans
les écoles de rhétorique et de grammaire fondées à Orléans par l'évéque
Théodulf ; mais c'est à Meung que cet enseignement a jeté le plus d'éclat.
Les auteurs de Dictamina célèbrent à l'envi dans un langage hyperbolique
l'école de Meung, c cette source vive qui ne tarit jamais et coule d'autant
c plus abondante qu'on y vient puiser en plus grand nombre. » Quel-
quefois leur admiration les conduit à d'étranges méprises : les uns font
de Meung un siège archiépiscopal ; les autres remplacent les mots fons
Magdunum par l'expression bizarre de fons madidus. L'étude de l'art
épistolaire s'était répandue de l'Orléanais dans toute la France ; elle
avait pénétré jusque dans les cloîtres, à Glairvaux notamment. Et cepen-
dant cette extension coïncide avec la décadence de cette branche de la
littérature. On ne trouve plus en effet, au xni* siècle, de collections de
lettres comme on en rencontre tant au xn«. C'était la conséquence
du développement qu'avait pris ce 'genre d'études. La composition d'une
lettre n'étant plus une œuvre d'art, mais une afiaire de routine, les écri-
vains de mérite dédaignèrent de composer des livres de lettres comme
eût pu le faire le premier étudiant venu.
Après avoir décrit les Dictamina qu'il a consultés et en avoir fixé la
date, M. Valois expose les règles contenues dans ces traités, que leurs
auteurs s'eôorcent de rendre aussi intéressants que possible. Ils donnent
pour exemples des lettres qui devaient être d'un usage fréquent, telles
que l'épître d'un étudiant qui demande de l'argent à son père ou à son
oncle, et la réponse du père à son fils. Ils traitent parfois des sujets
étranges : Job écrira à la Fortune pour se plaindre de sa pauvreté ;
l'âme exposera au Créateur ses griefs contre le corps. La lettre du corps
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est suivie d'une réponse du Créateur qui rengage à se corriger, et d'une
réplique du corps qui s'excuse sur sa faiblesse. Ces bizarreries ne sup-
pléent point au manque d'originalité qui est le défaut commun de tous
ces traités. Les auteurs de Diciamina imitent presque toujours leurs
devanciers, qui s'étaient inspirés des ouvrages de Gicéron, de Quintilien
ou d'Isidore de Séville. Ils se bornent souvent à augmenter le nombre
des exemples donnés précédemment ; tout au plus s'efforcent-ils de les
disposer d'une façon quelquefois plus ingénieuse, toujours plus recher-
chée.
Les deux points dont ils se préoccupaient le plus sont la construction
et le nombre oratoire. La première de ces matières est traitée avec un
grand soin dans les Dictamina, On distingue l'ordre naturel et l'ordre
artificiel. L'ordre artificiel est l'objet de prescriptions minutieuses qu'on
trouve appliquées dans les bulles et même dans les chartes du xii* et du
xm« siècle. Voici quelques exemples de cet ordre artificiel. Tantôt on
disposera les mots selon Tordre des cas dans la déclinaison, en plaçant
d'abord le nominatif ou le génitif et en terminant par l'ablatif, comme
dans cette phrase : Trium puerorum laudibus hymnum debitum voce
consona persolvamus. Tantôt on intercalera une préposition, qui régit un
mot accompagné d'un qualificatif, entre le substantif et l'épithète et on
dira : Vado socium ad meum dilectum. Ces transpositions sont parfois
peu heureuses, mais M. Valois va peut-être un peu loin quand il leur
reproche de prêter à l'obscurité. Les constructions recommandées dans
les Dictamina ne nuisent pas en général à la clarté ; il suffit de citer
pour exemple la locution courante : Vestre probitatis fama nostras per-
venit ad aures. Quant au reproche de redondance qu'on a fait aux
maîtres d'art épistolaire, il est plus justifié ; mais on ne saurait les blâ-
mer beaucoup de remplacer les pronoms personnels par ces formules de
politesse : mea parvitas, mea humilitas, ou de multiplier les adverbes
comme sane^ profecto, quidem^ sdlicet, puisqu'ils ne font que se confor-
mer en cela aux préceptes des rhéteurs latins. Du reste ils ne s'abusaient
pas autant qu'on serait tenté de le croire sur la valeur des divers orne-
ments du style ; c'est ainsi que la recherche des désinences semblables,
fort en honneur au xi« et au xu* siècle, était presque complètement
abandonnée au xiv^.
Le nombre oratoire est aussi l'objet de détails minutieux. Les auteurs
de Dictamina en ont emprunté les règles à VOrator de Gicéron et ils les
ont appliquées au style épistolaire, en les modifiant toutefois considé-
rablement. Jusqu'au xu« siècle les écrivains semblent surtout chercher
à flatter l'oreille par un heureux choix de mots. On voit à cette époque
les règles du nombre s'introduire pour la première fois dans la chan-
cellerie pontificale ; elles y ont été depuis toujours observées. On se
préoccupait surtout de la fin des phrases : elles devaient se terminer
par un mot dont la pénultième était brève quand le mot précédent avait
5
66
sa pénultième longue et réciproquement. C'était là le mode grégorien,
le cursus Romane Ecclesie vel Curie qu'enseignaient la plupart des maîtres
d'art épistolaire. On le trouve déjà observé au xn« siècle dans les lettres
de Jean de Salisbury; mais les esprits élevés, tels que saint Bernard et
Pierre le Vénérable, ne s'inquiètent guère du nombre oratoire. C'est au
xm* siècle que le mode grégorien devient d'un usage fréquent ; on le
rencontre alors dans la plupart des lettres et môme dans des actes privés
et des chartes.
Bien que les auteurs de Dictamina français s'inspirent de l'antiquité,
les règles de quantité qu'ils donnent ressemblent bien peu à celles de
la métrique latine. Ils appellent spondée tout dissyllabe, que ce soit un
véritable spondée (prœbê), un pyrrhique (màré)y un ïambe (àmâ) ou un
trochée (Rdmà), Ils entendent par dactyle tout mot de trois syllabes dont
la médiane est brève ; quant aux polyssyllabes, ils les considèrent
comme des dactyles ou des spondées suivant que leur pénultième est
brève ou longue. Cette confusion des brèves et des longues ne pouvait
manquer de choquer Toreille italienne. Aussi trouve-t-on dans les
traités composés en Italie de vives protestations contre la doctrine des
maîtres de l'école d'Orléans ; on leur reproche de créer des spondées et
des dactyles imaginaires et de s'attacher plutôt au nombre et à la place
des syllabes qu'à leur valeur. Les auteurs de Dictamina recommandent
de ne pas accumuler spondées sur spondées, dactyles sur dactyles, mais
de les mélanger agréablement. Il faut se garder de commencer une
phrase par un dactyle, à moins que la phrase précédente ne se termine
par plusieurs spondées, ou qu'il ne s'agisse de mots tels que cetïrum,
igïtur, quoiOam, siquïdem.
M. Valois a eu le mérite de se servir presque exclusivement de textes
peu connus et pour la plupart inédits ; c'est là ce qui fait la grande
valeur de son travail. Il a tiré bon parti des documents nombreux qu'il
a trouvés et il a su exposer des matières fort arides avec autant de
clarté que d'élégance. Sa thèse contient une analyse fort complète et
très instructive des préceptes contenus dans les Dictamina. Si M. Valois
la publie de nouveau en français, comme nous l'espérons, cette forme
nouvelle lui permettra de donner une plus large place aux recherches
critiques sur la date et les auteurs des Dictamina, sur les principaux
maîtres de l'art épistolaire, Bernard de Meung, Transmundus, Pons de
Provence, Antoine Haneron *. On pourrait alors montrer, avec les déve-
loppements nécessaires, l'application des préceptes des Dictamina à la
rédaction des bulles, des chartes et des autres actes privés. Ce serait là
un intéressant chapitre de diplomatique qui ajouterait encore au mérite
du travail de M. Valois.
E.-J. Tardif.
1. Antoine Haneron n'est-il pas l'auteur du Compendium de brevibus epistolis
ad archidiaconum Tornacensem ? Yoy. Pertz, ArchiVy X, p. 552 et 571.
67
Eustache des Champs^ sa vie et ses œuvres, par A. Sârradin. Ver-
sailles, Cerf; Paris, Baudry, 4879, in-8».
Il y a une année que M. Sarradin a soutenu cette thèse de doctorat
devaut la faculté des lettres de Paris. Elle n'a pas gagné en vieillissant.
Nous attendions pour en parler que l'édition d'Eustache des Champs,
entreprise sous les auspices de la Société des anciens textes par M. le
marquis de Queux de Saint-Hilaire, se fût enrichie d'un nouveau volume,
espérant trouver dans les pièces méthodiquement classées ou dans les
notes explicatives une confirmation aux hypothèses personnelles de
M. Sarradin. Il n'en a rien été. L'auteur ne s'est nullement préoccupé
d'établir son étude critique sur des hases sérieuses. Il a pris les éditions
de MM. Grapelet et Tarbé, en a tiré ce qu'elles contenaient sur la vie
du poète, a fait quelques extraits de ballades ou de fabliaux, a interrogé
de loin en loin l'un des mss. de Des Champs qui sont à la Bibliothèque
nationale (fr. 830), et, en y joignant quelques passages de chroniques
relatifs aux mœurs et aux événements généraux, il a composé son livre.
C'est commode et très littéraire ; mais, au milieu des excellentes études
faites chaque jour sur notre vieille littérature, à la veille d^une édition
définitive d'Ëustache des Champs, n'était-on pas en droit d'espérer autre
chose ?
Il est vrai que l'auteur se soucie médiocrement des derniers travaux*.
MM. Tarbé et Crapelet sont pour lui une autorité presque sans appel,
c Même après les publications de MM. Crapelet et Tarbé, est-il écrit
dans l'introduction, il reste quelque chose à prendre dans l'immense
collection de ses œuvres poétiques : erat quod tôlier e velles. » Quelque
chose ? on y pouvait prendre dix volumes in-8», comme le fait à cette
heure M. de Queux de Saint-Hilaire, et à plus forte raison une monogra-
phie bien faite. Or, il est impossible, chez M. Sarradin, de suivre les
principaux traits, les grandes lignes de l'existence du poète champenois.
Nous le voyons marié et père de famille, envoyant son fils en 1395 à
l'université d'Orléans (p. 99), mariant sa fille et la dotant avec un
appoint du duc d'Orléans en 1393 (p. 101), et l'instant d'après nous
remontons au temps où, poète galant, il recueille la succession littéraire
de Guillaume de Machaut (1377). Nous le suivons à l'expédition avortée
de Charles YI contre l'Angleterre en 1386 (ch. X), nous lisons les bal-
lades qu'il compose à cette occasion, nous descendons même aux fian-
çailles de Richard U avec la fille de Charles YI, et deux chapitres plus
1. La bibliographie même da sujet ne lui semble pas très familière. La moitié
da chapitre XIX est consacrée au Traicté de Géia et d^AmpfUtryon, et rien ne
fait supposer que l'auteur connaisse l'édition de cette c comédie » donnée par
M. de Queux de Saint-Hilaire, à la librairie Jouaust, en 1875.
68
loia (ch. XII) nous sommes, sans savoir comment, aux années où Des
Champs était fait châtelain de Fismes (1381) et bailli de Sens (1389).
Nous ne voudrions pas chicaner outre mesure sur la précision histo-
rique de cette œuvre littéraire; mais les premières qualités littéraires ne
sout-elles pas Tordre et la proportion, c qui est tout le discours », et
pout-on voir sans étonnement Tavant-demier chapitre de cet essai con-
Mcré à la ballade avant Des Champs ? Le lecteur devrait-il donc com-
mencer aux dernières pages et feuilleter à rebours conmie dans un livre
arabe?
Tait voir ne sont pas bel à dire,
dit Des Champs, et nous aurions mieux aimé adresser à M. Sarradin
des éloges que des critiques. Celles-ci ne nous empochent point de
rendre justice aux mérites de style du jeune professeur, à son tableau
rapide de la cour de Charles VI, où Michelet a été heureusement mis à
contribution, à ses aperçus sur Féducation littéraire au xiy^ siècle : ici
l'excellent vingt-quatrième volume de VHistoire littéraire laisse des
traces évidentes. Le choix surtout de ce sujet est digne d'éloges ; il
prouve après d'autres que l'université et le doctorat abordent hardiment
les lettres du moyen âge. Longtemps inexploitée, cette mine sera tou-
jours féconde ; espérons que M. Sarradin ne se bornera point à ce pre-
mier essai, qu'il y creusera plus profondément et y saura trouver une
fructueuse revanche.
Maurice Faucon.
Mittheilungen des Instituts fur oesterreichische Geschichtsforsehung,
II. B., i, H. Innsbruck, Wagner, 4881. P. 4 à 176.
Ce fascicule, par lequel s'ouvre la seconde année des Mittheilungen de
l'institut de recherches d'histoire autrichienne à Vienne, contient cinq
articles de fond :
I. Das Registrum Farfense, ein Beitrag zur Rechtsgeschichie der italie-
nischen Urkunde von H. Brunner, M. Brunner, bien connu par ses tra-
vaux sur l'histoire du droit et sur la diplomatique des actes privés, a
soumis à une étude diplomatique et juridique une importante publica-
tion de la Société romaine d'histoire locale, il Regesto di Farfa compilato
da Gregorio di Catino e pubblicato dalla Società romana di storia patria
a cura di I. Giorgi e U. Balzani, vol. Il (seul publié jusqu'ici), Roma, 1879.
Ce volume contient le texte de trois cents chartes, dont la plus récente
est de Tan 857 ; le cartulaire qui nous les a conservées est des dernières
années du xi« siècle. M. Brunner donne un spécimen choisi des princi-
paux faits nouveaux que ces précieux documents apportent tant à l'his-
toire des particularités diplomatiques qu'à l'étude de l'ancien droit
lombard.
69
II. Der Umfang des boehmischen Reiches unter Boleslaw IL Ein Beitrag
zur Kritik der aelteren boehmischen Geschichte von J. Loserth, M. Loserth
fait justice d'une fable acceptée par les historiens, sur la foi du chroni-
queur Gosmas de Prague, qui attribue au duché de Bohême, sous
Boleslas n (967-999), une étendue en dehors de toute vraisemblance ;
la Bohème aurait compris de grandes parties des territoires actuels de
la Silésie, de la Hongrie, de la Galicie et de la Pologne russe. Cette
légende, comme le montre M. Loserth, doit son origine première à des
chartes fausses que Gebhard, évoque de Prague, produisit au synode de
Mayence, en 1086, pour établir ses droits épiscopaux prétendus sur
Olmiitz et la Moravie.
III. Fulda und die goldene Bulle. Von Arnold Busson. M. Busson sou-
tient contre plusieurs auteurs : !<> que, dans les délibérations qui eurent
lieu à Nuremberg en 1355 et 1356 pour préparer la rédaction de la bulle
d'or, l'empereur consulta, non seulement les électeurs, mais aussi les
autres princes ou ordres admis à la diète de l'Empire, au moins pour
celles des dispositions de la bulle qui touchaient ces princes ou ces
ordres ; 2<> qu'en particulier on s'assura le consentement de l'abbé de
Fulda avant d'insérer au chapitre m de la bulle, sur l'ordre de pré-
séance des prélats de l'Empire, une clause contraire aux anciennes pré-
tentions de son abbaye ; 3» que c'est pour acheter ce consentement
qu'un acte du 9 juin 1356 donna à perpétuité à l'abbé de Fulda le titre
d'archichancelier de l'impératrice ou de la reine des Romains, et que
ce titre ne lui appartenait pas et n'existait pas avant cette date.
rV. Die maritime Politik der Habsburger in den Jahren 1625-1628 von
Fr, Mares, IL (Suite d'un travail commencé dans le volume précédent.)
V. Verzeichniss der Kaiserurkunden in den Archiven Veronas. L Von
Karl dem Grossen bis Heinrich IV. Von Carlo Cipolla. Dans cet inventaire
des diplômes impériaux (il aurait fallu ajouter : et royaux) des archives
de Vérone, M. Gipolla indique 82 actes, de 774 à 1096, conservés en
original ou en copie dans divers dépôts. L'inventaire est précédé de
quelques brèves indications sur les dépôts d'archives de Vérone, et suivi
du texte de six actes inédits, de Louis II, septembre 873, de Bérenger,
1" août 905 (deux diplômes du même jour), d'Otton II, 7 mai 983, de
Gonrad II, 24 mai 1027, et de Henri IV, 1077.
Les kleine Mittheilungen sont au nombre de cinq: — l** J. Ficker, Sur
la pose de la première pierre de la cathédrale de Gologne. (Prouve qu'il
n'est pas exact, comme on l'a affirmé dans l'acte officiel dressé à l'occa-
sion de l'achèvement de la cathédrale de Gologne le 15 octobre 1880,
que le roi des Romains Guillaume de Hollande ait été présent à la pose
de la première pierre le 15 août 1248.) — 2o E. v. Ottenthal, la Limite des
langues allemande et romane dans le Vinstgau à la fin du xrv» siècle.
(Une charte de 1394 ou environ prouve qu'alors le roumanche était la
seule langue dans laquelle on fût admis à s'exprimer devant la justice
70
de Glurns en Tyrol ; les plaideurs de langue allemande devaient parler
par interprète. La charte du juge de Glurns qui constate ce principe est
néanmoins rédigée en allemand.) — 3" E. Mûblbacher, la Donation de
Cionstantin dans la chancellerie impériale. (Un registre de la chancellerie
de TEmpire contient des notes de la fin du xy« s., qui expriment des
doutes sur Tauthenticité de la prétendue donation de Rome à TËglise
par l'empereur Constantin le Grand.) — 4* H. Zimerman, Sur l'expédition
des affaires dans la chancellerie impériale au xv« siècle. (Détails sur Ten-
registrement des lettres impériales ou royales. Les registres de la chan-
cellerie de TEmpire, conservés à Vienne, ne commencent qu'en 1400,
mais il y en a eu d'antérieurs, aujourd'hui perdus : en 1422, le roi
Sigismond réclame à Tex-chancelierRahan, évéque de Spire, les registres
du roi Robert, 1400-1410, et de ses prédécesseurs. Un autre acte du
même roi, en 1421, déclare qu'aucune lettre royale n'était scellée avant
d'être enregistrée ; mais, en 1480, une note aux registres de la chan-
cellerie parle de lettres qui ne pouvaient être enregistrées et sur les-
quelles on inscrivait néanmoins la mention fictive : c Registrata. » A la
fin de son article M. Zimerman communique, d'après le même registre
de 1480, la formule d'un chiffre donné à un envoyé impérial pour cor-
respondre avec son gouvernement ; cette formule, telle que nous la
lisons, est peu claire : « Habet et ipse infrascriptam ciferam, sub qua
semper débet litteras ad Suam Gesaream Majestatem scribere, ne a qîio-
quam intelligantur : A, b, c, d, e, f, g, h, i, k, 1, m, n, o, p, q, r, s, t,
V, x, j, y, z litteris permutatis et dictionibus divisis per puncta intra,
sub aut supra posita. » N'y a-t-il rien au registre original qui indique
de quelle façon on devait t permuter » ces lettres? Notons l'emploi du j,
considéré comme une lettre distincte de Vi [?], et placé entre Vx et l'y.) —
50 Julien Havet, Notes manuscrites provenant du monastère de Michels-
berg à Bamberg. (Détails d'histoire locale, xvi« et xvn« s., tirés des gardes
d'un volume de la Bibliothèque nationale de Paris, imprimés, H 2144
réserve.)
La section c Literatur » contient, outre les comptes rendus de livres,
des détails sur les travaux et publications historiques de la Société pour
la connaissance du pays transylvanien, de l'Académie des sciences de
Gracovie et de la commission d'histoire de l'Académie royale des sciences
de Bavière.
Julien Havet.
Manual de paleografia diplomdtica espanola de los siglos XII al
XVII , Método teôrico-pràctico para aprender à leer los documen-
tos espanoles de los siglos XII al XVII^ por D. Jésus McJioz y
RivERO, archivero-bibliotecario y profesor encargado de la asigna-
tura de paleograffa gênerai y crftica en la Escuela superior de
diplomâtica. Obra iltùstrada con 479 Idminas dibujadas por el
74
aulor. Madrid. Imprenta de Moreno y Rojas, 4880, vii-303 pp.,
4 79 planches et 6 pages de tables. Prix : i 2 fr.
L'histoire de la paléographie espagnole a trois périodes. La première
période, dont on ne peut indiquer avec exactitude le point de départ,
est représentée par récriture dite msigothique, dérivée, comme les écri-
tures lombarde et mérovingienne, de la cursive romaine et de quelques
éléments de l'onciale. La seconde, qu'on peut nommer la période frart"
çaise, a une origine révolutionnaire — il s'agit, qu'on se rassure, d'une
révolution de moines — et une durée de quatre siècles et demi au moins,
de l'année 1100 à l'année 1550 environ. Puis vient la troisième période,
qui mériterait, quant à son origine, la dénomination de période italienne.
C'est en effet aux calligraphes Iziar, Madariaga, Francisco de Lucas et
autres, élèves des Italiens Henricis, Tagliente et Palatino, qu'on doit la
formation et la propagation de cette admirable bâtarde espagnole qui se
continue encore après trois siècles de glorieuse existence.
L'ouvrage de don Jésus Munoz y Rivero, professeur de paléographie à
l'École supérieure de diplomatique de Madrid, est consacré à la paléo-
graphie des chartes du xn« au xvii« siècle. Il se compose d'une introduc-
tion historique et théorique distribuée en deux parties de six et onze
chapitres et d'une partie pratique qui consiste dans la reprodaction cal-
cographique et la transcription de cent soixante-seize documents. Gomme
l'auteur compte publier prochainement un second manuel de la paléo-
graphie espagnole des manuscrits et des chartes du v siècle au xii«, il
n'avait pas à s'occuper ici de la matière nationale sur laquelle est venu
se greffer le produit étranger introduit à la fin du xii* siècle par les reli-
gieux français et qui bientôt devait la remplacer complètement ; mais
nous aurions désiré que M. Muâoz délimitât avec plus de précision les
origines du nouveau système et indiquât les dates approximatives de
son application dans les diverses classes de documents et les diverses
provinces d'Espagne soumises à l'influence française. On cite toujours,
et avec raison, sur la substitution de l'écriture française à l'écriture
wisigothique, un passage célèbre de Rodrigue de Tolède, qui, souvent
mal compris, a engendré une erreur grave. Le passage en question se
trouve au chapitre XXIX, livre YI du De rébus Hispanix, Après avoir
mentionné sous l'ère 1117 (année 1079 de J.-C.) la mort de Garcia, roi
de Galice, à Léon, le chroniqueur continue en ces termes : t Et inter-
fuit etiam Renerius, legatus et Romanae Ecclesiae cardinalis ; ibidemque
ceiebrato concilie cum Bernardo Toletano primate, multa de of&ciis
Ecclesiae statuerunt, et etiam de cetero omnes scriptores, omissa littera
Toletana, quam Gulfilas Gothorum episcopus adinvenit, Gallicis litteris
uterentur ^ » Cette allusion à Ulphilas a fait croire à divers auteurs que
1. PP, Toleianomm quolquoi exiant Opéra, Madrid, 1793, tome III, p. 143.
72
Talphabet composé en 370 par cet évêque des Goths et dans lequel entrent,
comme on sait, l'alphabet grec oncial, quelques lettres latines et une
rune, avait été employé et s'était conservé en Espagne jusqu'au concile de
Tolède, qui en^aurait prescrit Tabolition^ M. Munoz, qui sait à quoi
s'en tenir à cet égard, ne traite pas comme il aurait fallu ce passage de
Rodrigue. Il rappelle que l'écriture d'Uiphilas ne dura pas en Espagne
plus longtemps que l'arrianisme (en tant que religion d'État) et que
l'usage qu'on en fit en ce temps même était limité aux livres de liturgie,
les Goths ayant pris l'habitude de rédiger en caractères latins leurs actes
privés 3, et il en conclut que l'opinion de Rodrigue, suivant laquelle
l'écriture ulphilienne a persisté en Espagne jusqu'au xi« siècle, « n'est
pas sûre i et ne résiste pas à la comparaison des caractères de l'alphabet
d'Ulphilas avec les caractères des monuments écrits antérieurement au
règne d'Alphonse VI. C'est trop peu dire. L'opinion de Rodrigue, si on
la prenait à la lettre, serait simplement absurde. Mais doit-on l'entendre
ainsi ? Nous ne le pensons pas. Il est évident que le nom d'Ulphilas n'a
pas, dans le passage de l'historien, le sens qu'on lui a prêté. Au xin' s.,
un prélat, fût-il même archevêque de Tolède, ne pouvait pas se rendre
compte de la vraie origine d'une écriture qu'il ne connaissait plus que
par les vieux livres liturgiques des églises vouées au rite mozarabe ; il
ne pouvait que constater une grande différence entre cette écriture et
celle dont il se servait et qu'il était accoutumé à lire. Or, comme pour
lui et pour tous les hommes de son temps un alphabet devait, ou tom-
ber du ciel, ou être fabriqué de toutes pièces par quelqu'un, rien de
plus naturel que d'attribuer l'écriture de la vieille liturgie nationale à
celui que la tradition désignait comme le créateur de l'alphabet des
Goths. Il n'y a donc que ceci à retenir du passage : un certain temps
après la mort du roi Garcia (vers 1080), un concile réuni à Léon décréta le
remplacement de l'écriture gothique par la lettre française. Est-ce exact?
Là est la question. Sur la réunion du concile et la matière de ses déli-
bérations on n'a d'autres témoignages que celui de Rodrigue, qui n'en
donne pas la date, et celui de Lucas de Tuy, qui le rapporte à l'année 1091 .
Quant aux actes du concile, nul ne les a retrouvés. Aussi plusieurs his-
toriens se sont-ils refusés à admettre cette décision synodale et à y voir
la cause du changement introduit dans l'écriture des pays du nord-ouest
et du nord de l'Espagne. A notre avis, cependant, l'intervention en cette
afiaire d'un concile national ou provincial s'expliquerait bien. Il ne faut
1 . Cette erreur fort répandue et accueillie dans plusieurs livres sérieux, notam-
ment dans la Grammaire des langues romanes de Diez (t. I, p. 93 de la 3*" éd.
allemande), a joué, dit-on, un mauvais tour à un savant suédois en lui faisant
entreprendre un voyage inutile en Espagne.
2. Dans sa paléographie wisigothiqne M. Munoz devra fournir les preuves de
tout ce qu'il avance ici.
73
pas oublier que Tadoption de récriture étrangère est la contre-partie
naturelle, nécessaire de Tadoption de la liturgie romaine, que Gré-
goire VII, aidé de ses légats, de ses moines de Gluny et des influences
françaises de la cour d'Alphonse VI, réussit après plusieurs années de
lutte à implanter en Espagne. Les formulaires du nouveau rite apportés
de France et de Rome commencèrent à être transcrits par ces Glunistes
que la politique de Grégoire, Tappui et les donations d'Alphonse VI
avaient attirés sur le sol de la péninsule, et ces livres furent naturelle-
ment transcrits en lettre française. Le clergé national vit d'abord de
mauvais œil cette transformation qui s'opérait à ses dépens, qui dépouil-
lait le culte de formes consacrées depuis le temps du grand Isidore et
TobUgeait en outre à rapprendre à lire et à écrire sous la direction
d'étrangers. Il y eut de longs tirailletnents. Pour les faire cesser, une
intervention plus ou moins solennelle de Tautorité ecclésiastique a dû
être nécessaire : la décision du concile de Léon rapportée par Rodrigue
n'a donc en soi rien d'invraisemblable, quoi qu'on ne puisse pas affirmer
avec certitude qu'elle ait été prise.
Ainsi la transformation de la liturgie a amené celle de l'écriture. Gela
est vrai pour toutes les parties de l'Espagne chrétienne du xi« siècle,
moins la Gatalogne. Dans le nord et le nord-ouest l'adoption du nou-
veau rite eut lieu à peu près en même temps, de 1071 à 1085 environ.
Dès cette époque les caractères français s'insinuent partout, dans les
livres de contenu sacré ou profane, dans les diplômes des rois, dans les
chartes privées. Naturellement une révolution d'une nature si grave n'a
pas pu s'accomplir en un jour. Tel centre d'activité littéraire, tel scripto-
rium de moines élevés à l'ancienne mode, telle étude de notaire, telle
province même se sont montrés plus ou moins réfractai res à la méthode
étrangère. M. Munoz remarque que même dans les commencements du
xiii« siècle il n'est pas rare de trouver dans les chartes, surtout dans les
chartes de Galice, des vestiges de l'écriture wisigothique. — Nous avons
mis tout à l'heure à part la Gatalogne. Ghacun sait en effet que cette
province, dont les comtes se reconnurent longtemps feudataires des
rois de France et datèrent leurs chartes d'après les années de règne de
ces rois jusqu'à la fin du xu' siècle, dont les évêchés acceptèrent
pendant près de quatre cents ans la suprématie métropolitaine du
siège de Narbonne, chacun sait que la Gatalogne renonça, dès le milieu
du x« siècle, à l'écriture gothique pour prendre celle du pays auquel
l'attachaient tant de liens politiques et religieux, de même qu^elle
donna accès, avant la Gastille, l'Aragon et la Navarre, à la liturgie
romaine, dans ces missels dits mixtes, dont les églises de Vich et d'Urgel
ont conservé jusqu'à nos jours quelques exemplaires ^ M. Mufioz, sans
1. Voir sur ce sujet les intéressantes recherches de Yillanaeva, Viage literario
à las Iglesias de Espana, t. YI, p. 36 et suiv.
74
doate, n'ignore rien de tout cela, et, son Jivre ayant pour point de départ
le XII* siècle, on ne saurait, à la rigueur, lui reprocher de ne pas nous
avoir donné ici Tbistoire de cette écriture française de Catalogne depuis
ses origines. Toutefois, comme Tintention de Fauteur paraît être d'épui-
ser l'histoire de la paléographie espagnole en deux volumes, et comme
son second volume doit être consacré à la seule paléographique wisigo-
thique, on se demande où et quand M. Mufioz compte traiter de récri-
ture française de Catalogne. Cette province est pourtant espagnole au
môme titre que la Castille et la Navarre, sans compter que l'ancien et
long usage de la lettre française au nord -est de la péninsule n'a pas pu
être sans influence sur les pays limitrophes et a sans doute préparé le
terrain aux novateurs du xi« siècle.
Le chapitre II de la première partie traite des caractères de l'écriture
française, de son origine et de son introduction en Espagne. M. Mufioz
décrit exactement la forme de la lettre française au xi<> et au xn« siècle
et il en indique bien l'origine ; mais il n'aurait pas dû écrire (p. 33) :
« cette écriture carlovingienne est celle qui, introduite dans notre
péninsule* à la un du xi* siècle et généralisée au xii*, a reçu, à cause de
son origine^ le nom de française. » L'écriture qui apparaît dans les
livres et les chartes espagnoles de la fin du xi« siècle n'a plus du tout
les caractères de l'écriture carlovingienne, c'est une minuscule à traits
droits, séparés les uns des autres, l'opposé précisément des traits con-
tournés et enchevêtrés de l'époque carlovingienne. Le seul nom qui lui
convienne est celui de minuscule française. Sur l'introduction de cette
minuscule en Espagne M. Munoz cite les paroles de Rodrigue de Tolède
que nous avons rapportées plus haut, puis un passage de VEstoria de
Espana d'Alphonse le Savant, et en troisième lieu un chapitre d'une
traduction en langue vulgaire de la chronique de Rodrigue, c De como
perdieron en Espana la costumbre gética. » De ces trois textes le pre-
mier seul devait être cité. Quant à Alphonse, il a copié Rodrigue ici
comme ailleurs. La troisième citation avait moins encore à figurer en
ce lieu, le chapitre en question n'étant qu'un abrégé mal fait de plu-
sieurs passages du De rébus Hispaniae^. En terminant ce chapitre
M. Munoz déclare exagérés les éloges prodigués par plusieurs de ses
compatriotes à l'écriture wisigothique et déplacées les lamentations qu'ils
font entendre à propos de son abolition. Nous partageons cette manière
de voir. 11 est certain que bien des manuscrits du x« et du xi' siècle
présentent de fort beaux types de littera gothica, mais ce qui nous reste
1. C'est-à-dire dans le nord et le nord-ouest de la péninsule. M. Munoz oublie
encore la Catalogne.
2. Quoi qu'en dise Âraador de los Rios (Historia critica de la literatura espa-
nola, t. III, p. 423 et suiv.), je ne crois pas que Rodrigue ait lui-même tradnit
son ouvrage en langue vulgaire.
75
de chartes de la même époque fait généralement une triste impression.
Or, une écriture que la complication de ses traits rendait impropre aux
transactions sociales ne méritait plus de vivre ; aussi le roi Alphonse et
ses conseillers, en prêtant la main à une si utile réforme, ont-ils bien
mérité de la civilisation.
Les quatre paragraphes du chapitre ni sont consacrés à la diffusion
de récriture française, à son histoire au xii« et au xnp siècle et aux
caractères distinctifs de cette écriture dans les deux classes principales
de chartes royales, les privilégias et les albalaes. Le premier paragraphe,
qui tient une page et demie, ne donne rien de ce que promet son titre.
C'était le lieu de rechercher dans quel genre de documents et dans
quels lieux commence à se montrer le nouveau procédé. La réforme n'a
pu avoir lieu partout en même temps : il y a eu des scribes conserva-
teurs et des scribes progressistes, des monastères et des Églises plus
attachés que d'autres à l'ancien usage. Il est à supposer, comme l'in-
dique d'ailleurs M. Munoz, que ce sont les scribes de la chancellerie
royale qui ont pris la direction du mouvement ; mais tout cela deman-
dait à être établi par de nombreux exemples. Pour dresser le plan géo-
graphique et chronologique de la réforme et nous faire assister à ce
travail lent d'assimilation, il fallait rechercher dans tous les fonds d'ar-
chives accessibles des types de lettre française de la fin du xi' et des
premières années du xii« siècle. Au lieu de cela M. Muîioz nous trans-
porte du premier coup en plein xii® siècle. La première charte de sa
collection, datée de l'an 1134, dénote une main déjà exercée qui n'hésite
plus entre l'ancien et le nouveau système. Combien il eût été intéres-
sant de suivre pas à pas les progrès de la manière française dans ces
chartes, mixtes comme les missels catalans, où deux procédés se rejoignent
et se confondent, où le vieil usage cède sur un point, tient bon sur un
autre, jusqu'à ce qu'il n'ait plus enfin qu'à succomber devant l'envahis-
sement de la méthode étrangère I Sans même sortir de V Archive histô^
rico nacional^ dépôt qui conserve des centaines de pièces de cette époque
de transition et de toutes provenances, M. Munoz aurait facilement pu
illustrer les origines de la seconde époque de la paléographie espagnole.
Est-ce à dire qu'il considère ces années d'hésitation comme appartenant
encore à l'histoire de l'écriture wisigothique ? Mais, à quelque point de
vue qu'on se place, une ligne de démarcation absolue est impossible à
tracer. Tel document mixte, où prédominent encore les éléments wisi-
gothiques, n'en appartient pas moins décidément à la seconde époque,
parce qu'il nous offre les premiers exemples de la substitution d'une
lettre de l'ancien alphabet par un caractère de l'écriture française ou de
toute autre innovation qui marque l'aurore d'une ère nouvelle.
L'histoire de la paléographie espagnole aux xiv«, xv« et xvi' siècles,
qui occupe les chapitres IV et V, est un résumé sans données nouvelles
et sans vues originales des travaux de Burriel et Merino, que liront
76
avec profit les personnes qui n'ont pas à leur disposition la PaUografia
espanola de Terreros et VEscuela paleographica du P. Andres Merino. Le
caractère distinctif de l'écriture espagnole au xrv« siècle est Tarrondisse-
ment des traits. Gomme au xni* siècle, les documents diplomatiques
peuvent être distribués au point de vue paléographique en deux classes.
L'écriture des privilégias perd la rectitude et Tangularité qui la distin-
guaient au siècle précédent et finit par aboutir à la lettre ronde ou de
juros, comme on la désigne dès le commencement du xv* siècle. Dans
les albalctes récriture s'arrondit aussi, s'étrécit, les liaisons augmentent
et se recourbent. On a donné le nom de cortesana à cette écriture par-
venue à son complet développement. Le xv* siècle, à côté des genres
légués par l'époque antérieure et qui se continuent en se gâtant, surtout
l'écriture cortesana, d'où est sorti cet inextricable gribouillage des
notaires et greffiers, surnommé, d'après l'usage qu'on en faisait, escri-
tura procesal, le xv* siècle inaugura encore une troisième forme, la
bâtarde ou italique, que vulgarisèrent en Espagne les documents diplo-
matiques transmis d'Italie ; en particulier les brefs pontificaux. Quant
à la gothique allemande, elle ne figure que pour mémoire dans un traité
de paléographie diplomatique. Peu usitée dans les inscriptions lapidaires
et les manuscrits, c'est à peine si elle apparaît dans les chartes, à titre
ornemental, dans le Noverint ou autres formules initiales.
La grande réforme du xvi« siècle, qui ouvre une troisième période de
la paléographie espagnole, consiste dans l'adoption définitive de la
bâtarde italienne et son application régulière dans certains documents
privés, les lettres missives surtout. Les scribes de la chancellerie royale
continuent à user de la letra cortesana et les notaires de la letra proce-
sada. Au siècle suivant le type cortesano disparaît et fait place à la
bâtarde qui prend de jour en jour plus d'extension. La letra procesada
résiste encore, malgré les malédictions dont l'accablent ses malheureuses
victimes — c cette letra procesada que le diable ne lirait pas », dit
quelque part Saucho à don Quichote — et atteint la dernière limite de
déformation à laquelle notre écriture romaine ait jamais, en aucun pays,
pu aboutir. Ces suites interminables de festons uniformes, qu'on arrive
plutôt à deviner qu'à lire, sont bien nommées letra encadenada (écriture
enchaînée). Enfin il faut noter encore que l'écriture ronde dérivée du
type des privilèges n'a pas disparu, comme semble le croire notre
auteur, avec le xv« siècle : certains documents des xvi* et xvn* siècles,
notamment les cartas de hidalguia, en fournissent encore d'assez beaux
exemples.
M. Munoz parle ensuite des calligraphes des trois derniers siècles et
cite les titres de leurs traités. C'était justice, car ces artistes ont eu, dès
le milieu du xvi« siècle, une grande et salutaire influence sur le déve-
loppement de l'écriture espagnole *.
1. Parmi les traités d'écriture dn xviii' siècle, M. Mnnoz a omis de citer les
77
La seconde paftie de rintroduction théorique du Manual a pour objet
l'analyse détaillée des alphabets, Tétude des abréviations, des remarques
sur l'orthographe et la ponctuation. Les faits énoncés dans ces pages,
fruits d'une pratique journalière et d'une étude consciencieuse des docu-
ments diplomatiques espagnols, nous ont paru généralement exacts ;
mais on conçoit facilement qu'il ne nous a pas été possible de les véri-
fier un par un. Nous nous en tiendrons donc ici à quelques observations
détachées.
A la page 115, M. Munoz a l'air de dire qu'il a été le premier à traduire
la formule abrégée reg. exp. par rege exprimente, et semble en restreindre
l'emploi aux diplômes de Ferdinand III*. Pourtant un de ses collègues
de l'École de diplomatique, don Vicente Vignau, a établi il y a plusieurs
années l'exactitude de cette interprétation en citant tout simplement un
privilège d'Alphonse VIII, de Tan 1203, oiîi la formule est exprimée en
toutes lettres 2.
Dans le chapitre des abréviations par syncope, à quoi servent donc
les tableaux de déclinaison btus, bta, btum, et de conjugaison noio,
notas, notai ? Il n'y a là qu'un fait : la suppression d'une seule lettre
ou d'un groupe de lettres, et on ne voit pas que le procédé soit rendu
plus clair par un tel entassement d'exemples. On eût ici attendu de
l'auteur un exposé des règles de l'abréviation par syncope. En exami-
nant à cet égard un grand nombre de mots, M. Munoz serait facilement
arrivé à faire voir que, dans un vocable composé de telles lettres, c'est
telle lettre ou telle syllabe qui seule peut être syncopée.
P. 151. Parmi les chiffres romains de l'écriture espagnole, il est une
forme assez singulière et qui, croyons-nous^ ne se trouve que là, c'est
rX avec un petit crochet au haut du bras droit qui équivaut à XL.
Cette abréviation ne se présente guère que dans les documents en latin 3.
•
Avisos al maestro de escribir sobre el corte y formacion de las letras, que
serân compréhensibles à los nihos. Madrid, Sancha, 1778, in-S**. Un exemplaire
de ce traité que nous avons acquis à une vente Morante porte au verso du titre
cette indication de la main du fameux Palomares : c El autor de estos Avisos es
el 111"*' Senor Don Pedro Rodriguez Campomanes, del Consejo y Gamara, etc. »
Plus loin, à la p. 5 et en marge d'un passage où il est dit que la formation des
lettres n'est pas une affaire de pure imitation, mais se fonde sur l'analyse des élé-
ments constitutifs de chaque caractère, le même Palomares a protesté comme
suit de sa plus belle écriture : c El que piensa que el arte de escribir es arte de
pura imitacion piensa con juicio y roadurez. La analysis es futll, ridicula y men-
tirosa. No son adraisibles entre sabios calographos los falsos elementos que repro-
duce el autor. t
1. « La interpretacion que nosotros damos à la abrevialura reg. exp. », etc.
2. Indice de los documentos del monasterio de Sahagun, de la ôrden de San
Benito, y glosario y diccUmario geogrâfico de voces sacadas de los mismos,
publicados por el Archiva histôrico nacional. Madrid, 1874, gr. in-8*, p. 605.
3. Dans la Revista de archivoSj biblioiecas y museos (t. II, p. 231), M. Munoz
78
Une autre particularité des chiffres romains espagnols est le signe
employé pour M dès le commencement au moins du zvi* siècle et
nommé, à cause de sa forme, calderon (chaudron) dans la langue des
comptables. La figure qu'en donne M. M. nous semble peu exacte. Il y
a deux sortes de calderones : les uns, qui répondent bien au nom, sont
très évasés et souvent surmontés d'un point ; les autres sont étroits et
longs avec une petite barre transversale qui réunit par le bas les deux
branches ^
Les observations philologiques que comporte un traité de paléogra-
phie sont de nature purement empirique ; il n'y avait donc pas à exiger
de M. MuSoz qu'il expliquât les formes soi-disant irrégulières relevées
par lui dans les documents du xn« au xvii« siècle, il s'agissait pour lui
seulement de constater les différences entre ces formes et le point de
comparaison qu'il a choisi et qui est la langue castillane moderne telle
qu'elle a été codifiée par l'Académie au siècle dernier. Ces observations,
sans utilité pour ceux qui ont quelque pratique des dialectes espagnols
au moyen âge, peuvent rendre des services aux commençants, aussi ne
blâmons-nous pas M. Munoz de les avoir présentées ; seulement il n'aurait
pas dû qualifier ces formes divergentes d' a incorrections t. Une notion
aussi fausse est bien mal venue dans un livre destiné à l'enseignement.
Dans le détail, M. Munoz commet de graves inexactitudes. Dire, par
exemple, que Ve est redoublé dans le mot seello est une hérésie linguis-
tique. Les deux e, loin de constituer un redoublement, représentent les
deux i de sigillum, et le moderne sello est le résultat d'une contraction
de la forme ancienne. Il n'y a pas plus c incorrection » dans une forme
que dans l'autre : ce sont deux étapes d'un développement continu qui
ne s'arrête jamais ; déjà bien des provinces d'Espagne et d'Amérique
n'en sont plus à la forme enregistrée par les dictionnaires, ainsi l'Anda-
lou depuis longtemps prononce seyo.
Dans la partie pratique, M. Munoz donne, comme nous l'avons dit,
des fac-similés calcographiques et la transcription de cent soixante-seize
documents, tirés pour la plupart de VArchivo histôrico nacional : le pre-
mier est daté de l'an 1134, le dernier de l'an 1654. La part de l'auteur
est ici restreinte au strict nécessaire. Point d'analyses sommaires, point
d'indications de provenance. Il a transcrit ces pièces sans y rien changer,
mettant seulement des majuscules aux noms propres de personnes et de
lieux. C'est du moins ce qu'il a voulu faire. Réduit au seul déchiffre-
ment, ce travail de transcription devrait se recommander par une exac-
a justement relevé une grave erreur commise par M. Hubner dans ses Inscrip-
tiones Hispamae christianae pour s'ôtre obstiné à ne pas admettre la valeac de
cet X, que les anciens diplomatistes et épigraphistes espagnols avaient bien
reconnu.
1. Cette seconde forme est celle de la typographie.
79
titude minutieuse ; malheureusement il n'en est pas tout à fait ainsi.
M. Mufioz a trop souvent mal lu, il a omis des mots ou des membres de
phrase, il a parfois introduit dans ses textes une ponctuation que les
originaux n'ont pas, etc. Nous ne nions pas qu'il ne soit facile de com-
mettre des fautes dans un travail de cette nature, mais une attention
très soutenue et, après l'impression, une révision sévère étaient com-
mandées *, car il ne faut pas que l'élève puisse prendre son professeur
en flagrant délit de mauvaise lecture ou de contravention aux règles
posées dans la partie théorique. Voici une petite liste .des fautes que
nous avons trouvées en comparant un certain nombre de transcriptions
avec les fac-similés :
N* I, p. 176, 1. 14 : cunctis, lire ceteris ; — 1. 17 : pourquoi centessima,
septuagessima ? En vertu de quelle règle M. M. redouble-t-il ainsi Vs ?
Cette faute est constante dans presque tous les documents latins. —
L. 25 : inprimus. Plus haut, à la ligne 8, M. M. lit imprimis, et pour-
tant dans les deux cas les deux mots sont exactement écrits de même
(sauf la terminaison), Vi surmonté d'un trait est un peu séparé du jp. Il
faut se décider entre in et im. Si Vi barré devant un p est plus souvent
résolu dans les originaux pai' im que par in, on doit s'en tenir à la pre-
mière forme et Tadopter dans tous les cas semblables, sinon, prendre
l'autre et s'y tenir 2.
N* in, p. 177, 1. 7 : œmplacuit, lire conplacuit, — L. 8 : directis, lire
derectis.
N* rV, p. 178, 1. 22 : qus, M. M. rend ainsi le que dont Ve est cédille,
et pourtant le même e cédille est rendu par e simple dans hec (1. 1) et
que (1. 9).
N VI, p. 180, 1. 2 : quum, lire quoniam. Ceci est une faute d'autant
plus lourde qu'elle a été souvent corrigée et que M. Wattenbach lui a
consacré un passage de son Anleitung zur lateinischen Paléographie
(éd. de 1869, p. 27) 3. — L. 7 : ubicumque, lire ubicuque. — L. 9 :
bauilia, lire baiulia. — L. 10 : ac défendant cum uniuersorum hominum,
lire ac defendam eum u, h. Le sens l'exige et le génitif univers, homi-
num est une traduction littérale de la tournure catalane (la charte est de
Poblet ou des environs) : e défendre lo de lots homens. — L. 15 : octavo
halendarum septembrium, lire octavo kalendas septembris.
1. L'erratum de Tautenr tient déjà deux pages et pourrait être au moins quin-
tuplé comme on va le voir.
2. Dans le n*" II, 1. 12 dn fac-similé, il y a en tontes lettres inprimis et M. M.
lit imprimis. On n'est pas plus inconséquent.
3. € Qm, ç^niam est souvent lu quum par les éditeurs modernes, et pour-
tant celte forme n'a jamais existé au moyen âge ; il faut donc partout la corriger
en quoniam, par ex. dans Hoffmann von Fallersleben, Altdeutsche Handschrif-
ien der Wiener Hofbibl,^ p. 121 : 0 scripior cessa quum manits est tibi fessa,
où la mesure indique déjà la vraie lecture, t
80
N^ XI, p. 183, 1. 6 : in perpetuum, lire imperpetuum. — L. 7 : Gui"
lelmi, lire Guillelmi. — P. 184, 1. 6 : in perpetuum, lire imperpetuum.
— L. 9 : intratibus, lire introitibus, — L. 13 : quadraginta solidos dena^
rios jaquenses, lire q. s. denariorum jaquensium, — L. 19 : et omnibus
et aliis, lire et omnibus aliis.
N» XVn, p. 187, 1. 17 ; fier, lire fer. M. M. a pris la barre de l'/* pour
un t. La forme fier est d'ailleurs grammaticalement impossible. Pour-
quoi des accents sur a (l. 4) et mande (1. 17) ? Ces additions d'accents
sont constantes dans les documents en langue vulgaire.
N^ XIX, p. 188, 1. 2 : filii, lire filu. Cette charte est galicienne, en
outre les n sont ponctués. — L. 8 : avia, lire auia, — L. 10 : doscient€is,
lire doscentos. Il faut ici sous- entendre annos. — L. 11 : nouenta, lire
sesenta^ — decimo quinto, lire quinto decimo, — L. 12 : Qui, lire Que,
Môme faute à la ligne 17. — L. 17 : omis Diaz,
No XX, p. 189, \, b : et omnibus, lire in omnibus. — L, 6 : potueris,
lire pôtueritis. — L. 8 : solidos Legionis, lire solidos legionenses. — L. 10 :
nonagessima, lire sexagesima.
N*» XXIII, p. 190, 1. 6 : iglesa, lire yglesa, — L. 8 : ochante, lire o
chante (en castillan lo plante). — P. 191, l. 1 : d meetade. Dans aucun
cas il ne fallait accentuer a, mais ici moins encore qu'ailleurs, puisque a
est Tarticle féminin. Même faute à la ligne 2. — L. 3 : iglesa, lire yglesa.
— L. 4 : a aconprir, lire a conprir. — L. 6 : furont e testemonias, lire
fur on et testes.
N*» XXXV, p. 200, l. 2 : Calabeçanos, lire Calabaçanos. — L. 3 :
conosco, lire connosco, — L. 10 : desian, lire dezian. Cette faute, que
M. M. a comrAise dans un grand nombre de pièces, étonne de la .part
d'un connaisseur de la paléographie espagnole. Il est certain qu'à la fin
des mots le z se confond facilement avec Vs, certains scribes môme ont
pu prendre l'habitude d'écrire s pour z dans les terminaisons qui, selon
les lois de la phonétique, exigent z ; mais, dans Tintérieur du mot,
la confusion est impossible puisque Vs y est toujours longue, au moins
au xir et au xiii» siècle. Dans la charte qui nous occupe^ nous écririons
môme sans hésiter Royz et non Rois comme M. M. — L. 24 : Juan, lire
Joan, Môme faute 1. 29, tandis qu'aux l. 30 et 31 il écrit Johan. Pour-
quoi?
N» XXXVn, p. 201, 1. 1 : tresentos, lire trezentos. — L. 3 : Martino,
lire Martinno. — P. 202, 1. 1 : moesteiro, lire m^steiro. — L. 11 : derei-
turas, lire : dreituras. — L. H : sueldos, lire soldas. Le galicien ne
connaît pas la diphtongue ue ; — pequenos, lire pequennos. M. M. a très
fréquemment employé n pour nn. — L. 15 : a refazer, lire arrefazer.
Môme faute à la l. 19. — L. 20 : minha, lire minna. La notation nh
pour n mouillée n'apparaît nulle part dans la charte.
Nous pourrions continuer ainsi longtemps, mais ce qui vient d'ôtre
rapporté suffît à montrer que M. Munoz n'a pas pris ce travail de trans-
cription assez au sérieux. Nous n'ajouterons qu'une observation sur la
ponctuation que l'éditeur a appliquée à ces textes. Ce n'est pas la ponc-
tuation des originaux et ce n'est pas non plus une ponctuation réguliè-
rement fondée sur le sens. Là encore M. Munoz n'a pas su se décider.
Pour finir, le manuel de M. Munoz est un livre assurément utile et
qui a coûté du temps et de la peine, mais c'est aussi un livre, comme
on dit, bâclé. Espérons que dans une nouvelle édition l'auteur saura
porter remède aux parties défectueuses de son premier travail.
Alfred Morel-Fatio.
LIVRES NOUVEAUX.
SOMMAIRE DES MATIÈRES.
Sociétés savantes, établissements littéraires, etc. — Académie des
inscriptions et belles-lettres, 182. — Société des études historiques, 69.
— Bibliothèques, 9, 39, iOO. — Musées, 10, 75.
Sciences auxiliaires. — Èpigraphie, 198. — Paléographie, 106, 127,
164. — Diplomatique, 127. — Chronologie, 67. — Bibliographie, 38,
39, 67, 152, 175, 206, 222.
Sources, 87, 117. — Historiens, chroniqueurs, 26, 96, 112, 118, 122,
156, 218, 225, 242. — Mémoires, 18. — Lettres, 1 , 2, 40, 240. — Archives,
76, 78, 119, 120, 125, 146, 196; documents, 3, 41, 72, 102, 255;
registres, 77, 151, 176.
Biographie, généalogie, 137, 146, 158, 234. — Abélard, 71 ; Agricola,
128; Aldobrandini, 41 ; saint Anselme, 192; Arnaud, 129 ; Baduel, 93 ;
il Bassano, 27 ; saint Bernardin de Sienne, 15 ; Besnard, 18; Bourbon,
142 ; Brachet, 22 ; Bruno, 230 ; Calvin, 188 ; Carpas, 155; sainte Cathe-
rine, 162 ; Catherine de Médicis, 40 ; Chantelou, 151 ; Charlemagne,
244 ; Chorier, 48 ; Christophe Colomb, 217 ; Clément V, 37 ; Conan
Mériadec, 211 ; Cessa, 99 ; Dante, 220 ; Duns Scot, 254 ; Elzevir, 39 ;
Épernon, 166 ; Ferrari, 134 ; V. de Gama, 250 ; Gozzadini, 99 ; Gui-
chardin, 96 ; Henri d'Andeli, 111 ; Hostaden, 35 ; Jacqueline de Bavière,
72 ; Jean XXTIT, 99 ; saint Julien de Brioude, 28 ; a Kempis, 233 ; La
Rouvraye, 124 ; Louis XIV, 44 ; Lusignan, 113 ; Machiavel, 134 ; Mac-
Pherson, 5 ; Mancini, 44 ; Marie Stuart, 140 ; saint Martin, 141 ; Massé,
33 ; saint Maurice, 190 ; Montesquieu, 134 ; Palsgrave, 147 ; Pierre II,
comte de Savoie, 172 ; Pierre Lombard, 194 ; Plater, 31 ; Raphaël, 170,
171 ; sainte Reine, 143 ; Reinmar, 30 ; Robert de Durazzo, 49 ; rois
6
82
mages, 109 ; SainUSimon, 213 ; Sanuto, 218; Savoie, 49 ; Sevogel, 249 ;
le Tasse, 2 ; Thurel, 62 ; L. de Vinci, 248 ; Walther v. d. Vogelweide,
30 ; Wettstein, 31 ; Witteisbach, 131, 202, 257 ; Woldemar, 197.
Droit, 77, 172, 173, 187, 200, 227, 232, 238, 247.
Géographie et topoqraphie, 8, 57, 90, 116, 138, 186. — Ethnographie,
256.
Institutions, 32, 200. — Cours, 25, 146. — Seigneuries, 25, 136, 153,
155, 169, 207, 216. — Villes, 14, 16, 19, 59, 68, 86, 110, 184, 195, 224,
258. — Assemblées d*états, 123. — Magistratures, 240. — Ordres, 25,
209. — Corporations, 173, 219. — Tribunaux, 227. — Enseignement,
14, 32, 53, 58, 83, 93, 226. — Hôpitaux, 76. — Armées, 107.
Économie, mœurs, etc. — Faune, 108. — Mœurs, 50, 71. —Supersti-
tions, 203. — Philosophie, 254. — Médecine, 199. — Agriculture, 193.
— Chasse, 150. — Commerce, 3, 193. — Industrie, 191, 206 (cf., à Fali-
néa précédent. Corporations). — Cérémonial, 25, 146, 177.
Religions. — Église catholique, 17 ; littérature théologique, 233 ;
conciles, 71, 236 ; liturgie, 36, 231 ; papauté, 37, 101 ; diocèses, 35, 60,
167, 194, 243 ; paroisses, 178 ; ordres, 92, 138, 209 ; monastères, 46, 119,
151, 192; inquisition, 165; pèlerinages, 81, 161; croisades, 198. —
Catharisme, 165. — Vaudoisie, 129. — Protestantisme, 92, 124, 158,
188, 205.
Archéologie, 10, 20, 45, 46, 63, 74, 98, 115, 133. — Architecture :
135, 179 ; édifices civils, 47, 56, 88, 94, 136, 235 ; édifices militaires,
105; édifices religieux, 55, 61, 64, 80, 85, 91, 174, 178, 189, 246. —
Peinture, dessin, etc., 27, 33, 170, 171, 248 ; vitraux, 91, 137. —Mobi-
lier ecclésiastique, 13, 55, 245. — Blason, 149, 160, 234. — Sphragis-
tique, 21, 151, 152, 223. — Numismatique, 157, 223, 229. —Jeux, 144,
145. — Musique, 231, 252. — Théâtre, 79, 109, 125, 251.
Langues et littératures, 185. — Légendes, 154, 183, 244. — Grec, 100.
— Latin, 29, 109, 178, 233, 244. — Langues romanes : 204 ; espagnol,
109, 150; français, 24, 42, 54, 70, 73, 84, 111, 118, 147, 162, 183, 210,
255 ; italien, 15, 96, 97, 220 ; provençal, 34, 82, 164, 214 ; roumanche
et ladin, 4. — Langues germaniques : 12, 201 ; allemand, 30, 103, 126,
253 ; anglais, 5, 148, 215 ; frison, 104 ; néerlandais, 180, 250, 251 ;
langues Scandinaves, 130, 132. — Irlandais, 5, 121.
SOMMAIRE GÉOGRAPHIQUE.
Allemagne, 7, H, 127, 179, 219, 225, 241. — ■ Alsace-Lorraine : Alsace,
228 ; Lorraine, 43, 181, 255. — Bavière, 77, 131, 202, 205, 219, 221. —
Hambourg, 90. — Hesse, 14. — Prusse : prov. de Hanovre, 110, 200;
de Hesse-Nassau, 39, 87 ; rhénane, 35 ; de Saxe, 128. — Saxe, 208. —
Wurtemberg, 206.
Autriche-Hongrie. — Autriche : Tyrol, 123, 236, 242. - Hongrie :
Transylvanie, 196.
83
&LaiQUE, 57, 61, 63, 229. — Flandres, 26, 122, 246 ; Hainaut, 46, 72,
245;Liège, 57, 119, 178.
Danemark, 197.
Espagne, 63, 100, 142, 187, 195.
Frange, 25, 32, 40, 44, 66, 107, 142, 182, 213, 237, 239. —Auvergne,
167 ; Berry, 175 ; Bretagne, 211 ; Champagne et Brie, 67 ; Dauphiné,
48 ; Limousin, 13 ; Lorraine, 43 ; Normandie, 38, 70, 136 ; Picardie,
152 ; Poitou, 6, 84 ; Provence, 48 ; Sud-Ouest, 59. — Alpes-Maritimes,
82 ; Bouches-du-Rhône, 161 ; Calvados, 159 ; Corse, 226 ; Gôte-d'Or, 9,
10, 23, 120, 143 ; Côtes-du-Nord, 190 ; Dordogne, 21 ; Eure, 20, 111 ; Gard,
28, 46, 81 ; Garonne (Haute-), 36, 195 ; Gironde, 238 ; Ille-et- Vilaine,
62, 184, 189 ; Indre-et-Loire, 151 ; Isère, 224; Loir-et-Cher, 235; Loire
(Haute-), 28; Loiret, 22; Lot-et-Garonne, 8; Maine-et-Loire, 18, 98,
124 ; Manche, 85, 243 ; Marne, 102 ; Meurthe-et-Moselle, 83 ; Meuse,
54 ; Morbihan, 190 ; Nord, 78, 186 (cf. Belgique) ; Oise, 47, 86, 212 ;
Orne, 136 ; Pas-de-Calais, 26, 68, 74, 138 ; Pyrénées (Basses-), 135 ;
Rhône, 58, 176 ; Sarthe, 45, 124, 168 ; Savoie, 172 ; Savoie (Haute-),
158 ; Seine, 55, 56, 70, 79, 116, 125,^139, 193, 194, 227 ; Seine-et-Marne,
64 ; Seine-et-Oise, 55, 146 ; Seine-Inférieure, 38, 192, 216; Somme, 52;
Tam-et-Garonne, 60, 88, 91, 169; Var, 95 ; Yonne, 71, 114.
Grande-Bretagne et Irlande. — Grande-Bretagne, 108. — Angle-
terre : 89, 112, 136, 156 ; Cambridge, 51. - Ecosse, 117, 140, 234. —
Irlande, 5, 121. — Malte, 209.
Grège, 49, 240.
Italie, 49, 53, 65, 75, 99, 172, 174. — Provinces : Alexandrie, 163 ;
Florence, 1, 96; Mantoue, 2; Milan, 258; Naples, 142; Parme, 142;
Pavie, 22, 217; Pise, 1 ; Rome, 105 ; Sienne, 15 ; Trapani, 19 ; Turin,
50, 129 ; Venise, 3, 41, 177, 218, 240 ; Vicence, 27.
Pays-Bas, 63, 24'7. — Frise, 200 ; Overijssel, 76.
Suisse. — Bàle, 31, 115, 160, 249 ; Berne, 106 ; Grisons, 4 ; Saint-
Gall, 222 ; Vaud, 149.
Turquie, 49, 198, 223.
Asie : Chypre, 113, 155. — Afrique, 250. — Amérique, 237.
(Les volumes dont le format n'est pas indiqué sont in-octavo.)
1. Adriani (Marcello), cancelliere délia repubblica fiorentina e dei dieci
di balia. Lettere inédite, intorno air assedio di Pisa, a Nicolô Valori,
commissario al re di Francia per la stessa repubblica, pubblicate per
cura di D. Domenico Barbaran. Padova, tip. del Seminario, 1880. 18 p.
(Per nozze Sommariva-Ferro.)
2. Alcune Lettere inédite del secolo xvi relative a Torquato Tasso e
spigolate neir archivio storico Gonzaga di Mantova. Bassano, tip.
Pozzata, 1880. 15 p. (Per nozze Compostella-Dolfin.)
84
3. Alcuni Documenti de' magistrati délia repubblica veneta in mate-
ria di seta, carta e vini, ora per la prima volta pubblicati da Bemardo
ed Antonio Nodari. Venezia, tip. Gecchini, 1880. In4, 146 p. (Per nozze
Papadopoli-Hellenbach . )
4. Anoeer (Peter Justus). Rhsetoromaniscbe Eiementargrammatik
mit besonderer Berûcksichtigung des ladinischen Dialects in Unterèn-
gadin. Mit einem empfehienden Worte von Prof. Dr. E. Boehmer.
Zurich, OreU FûssU u. Go., 1880. 112 p.
5. Arbois de Jubainville (H. d'). La Littérature ancienne de l'Irlande
et rOssian de Mac-Pherson. Paris. 15 p. (Extrait de la Bibliothèque de
l'École des chartes, t. XXI.)
6. Archives historiques du Poitou. T. IX. Poitiers, impr. Oudin,
1880. Lxxix-408 p.
7. Arnold (Wilhelm). Deutsche Urzeit. Dritte Auflage. Gotha, Fried-
rich Andréas Perthes, 1881. 462 p. 8 m. 40 pf.
8. Atlas cantonal de Lot-et-Garonne : carte du canton de Tonneins,
arrondissement de Marmande, dressée sur les plans d'assemblage du
cadastre pour le service des chemine vicinaux, par L. de Sevin Talive,
agent-voyer en chef. 2« édition, corrigée et mise à jour par M. Later-
rade, ingénieur-voyer en chef. Paris, impr. Lemercier, 1880.
9. AuBERTiN (Gharles). Quelques Renseignements sur la bibliothèque
publique de Beaune. Beaune, 1879. In-12, 44 p.
10. AuBERTiN (Gharles). Quelques Renseignements sur le musée
archéologique de Beaune. Beaune, impr. Batault-Morot. In-12, 130 p.
11. Babsch (Franz). Die alten Germanen in der Universalgeschichte
und ihre Eigenart. Wien, Hoelder, 1880. vi-91 p. 1 fl, 20 kr.
12. BAm)ER (Karl von). Die verbal-abstracta in den germanischen
sprachen ihrer bildung nach dargestellt. Eine von der philosophischen
facultaet der universitaet Heidelberg gekroente preisschrift. Halle, Max
Niemeyer, 1880. 212 p. 5 m.
13. Barbier de Montault (Mgr X.). Les Ostensoirs du xiv* siècle en
Limousin. Tours, impr. Bouserez, 1880. 40 p. (Extr. du Congrès archéo-
logique de France, séances de Vienne, septembre 1879.)
14. Becker (Adalbert). Beitraege zur Geschichte der Frei- und
Reichsstadt Worms und der daselbst seit 1527 errichteten hoeheren
Schulen. Worms, Stem, 1880. In-4, 288 p. 4 m.
15. Bernardino (san) da Siena. Le Prediche volgari dette nella piazza
del Gampo l'anno 1427, ora primamente édite da Luciano Banchi. Vol. I.
Siena, tip. San-Bernardino, 1880. xxvra-388 p. 3 1.
16. Bernier (Théodore). Histoire de la ville de Beaumont. Angre,
l'auteur, 1880. 255 p., 3 planches. 3 fr.
85
17. BfiRTi (J. L.). Ecclesiasticœ historiae Breviarium; auctore Joanne
Laurentio Berti, Florentino, fratre eremita augustiniano. Gontinuatum
usque ad ânnum 1879 a P. Lect. Fr. Thirso Lape25. Editio novissima,
recognita, emendata et praeter isagogen ad sacram geographiam VIII
indicibus chronologicis ad calcem appositis locupletata. Pars prima,
quae complectitur chronologiae rudimenta et quatuordecim priorum
saBculorum synopsim. Pars secunda, quœ complectitur isagogen ad
sacram geographiam et pi-ogreditur usque ad annum vulgaris œrœ mil-
lesimum octingentesimum septuagesimum nonum. Paris, Vives, 1880.
2 vol., xvi-833 p.
18. Besnard. Souvenirs d'un nonagénaire. Mémoires de François-Yves
Besnard, publiés sur le manuscrit autographe par Gélestin Port, avec
2 portraits de Fauteur d'après Bodinier et David d'Angers. Angers,
Lachèse et Dolbeau, le Mans, Pellechat, et Paris, Champion, 1880.
2 vol. , xxn-756 p.
19. Blâsio (Ignazio de). Délia opulenta città di Aicamo. Discorso
storico. Aicamo, tip. Bagolino. In-4. (Paraît tous les quinze jours, par
fascicules de 32 p., à 40 c. le fascicule.)
20. Bordeaux (Raymond). Miscellanées d'archéologie normande rela-
tives au département de l'Eure. Paris, Glaudin. vi-178 p.
21. BosREDON (Ph. de). Sigillographie du Périgord. Périgueux, impr.
Dupont, 1880. In-4, 328 p. et 5 pi. (Publications de la Société histo-
rique et artistique du Périgord, annexe au Bulletin,)
22. Boucher de Molandon. Antoine Brachet, sa famille, sa mort en
1504, son monument funéraire retrouvé en 1879 à Pavie. Orléans, Her-
luison, 1880. 14 p. (Extrait des Bulletins de la Société archéologique et
historique de r Orléanais,)
23. Bourgeois (l'abbé A.). Beire-le-Ghâtel et ses anciens fiefs, histoire,
chronique et légende. Dijon, impr. Darantière. 513 p. et planches.
24. Brachet (Auguste). Dictionnaire étymologique de la langue fran-
çaise. Préface par E. Egger. 10® édition. Paris, Hetzel, 1880. In-12 à
2 col., xx-564 p. 8 fr. 50 c.
25. Brémond d'Ars (Guy de). Les Mécontents de la promotion de
Tordre du Saint-Esprit en 1661. Paris, Dumoulin, 1880. 32 p. (Extrait
de la Bévue historique^ nobiliaire et biographique, 1880.)
26. Brésin, Mannier. Ghroniques de Flandre et d*Artois, par Louis
Brésin. Analyse et extraits pour servir à l'histoire de ces provinces de
1482 à 1560, par E. Mannier. Paris, Dumoulin, vni-334 p.
27. Brillo (Antonio). Jacopo Da-Ponte, detto il Bassano : cennibio-
grafici-critici. Padova, tip. Prosperini, 1880. 24 p. (Per nozze Da Ponte-
De Pollini.)
28. Brydaine (le P.). Vie de saint Julien, martyr de Brioude et patron
86
des paroisses de Ghusclan, la Galmette, Saint-Julien-de-Peyrolas, Vaii-
guières et autres. Nîmes, impr. Jouve, 1880. Ia-12, 24 p.
29. BuDiNSZKY (Alexander). Die Ausbreituug der Uteinischen Sprache
ûber Italien uDd die Provinzen des roemischen Reiches; Berlin,
Wilhelm Hertz, 1881. xn-267 p. 6 m.
30. BuRDACH (Konrad). Reinmar derAlteund WalthervonderVogel-
weide. Ein Beitrag zur Geschichte des Minnesangs. Leipzig, Hirzel,
1880. Yi-234 p. 5 m.
31. BuRGKHARDT (Abei). Bilder aus der Geschichte von Base!. Vlertes
Heft. Félix Plater. Der Rappenkrieg. Johann Rudolf Wettstein auf
dem westfaelischen Friedenscongress. Basel, Félix Schneider, 1881.
118 p.
32. Calendrier historique de renseignement et des institutions de la
France avant la révolution, pour 1881. Paris, Bray et Retaux. 192 p.
à 2 col.
33. Gampardon (Emile). Un Artiste oublié, J.-B. Massé, peintre de
Louis XV, dessinateur, graveur ; documents inédits. Paris, Gharavay,
1880. 302 p.
34. Ganto (el) de la Sibila en lengua de oc. Nogent-le-Rotrou, impr.
Daupeley-Gouverneur. P. 353-365. (Extrait de la Romania, t. IX.)
35. Gardauns (Hermann). Regesten des Koelner Erzbischofs Konrad
von Hostaden (1238-61). (Aus den Annalen des historischen Vereins
fur den Niederrhein Heft 35 besonders abgednickt.) Koeln, Bachem,
1880. 64 p. 1 m.
36. Gables (le R. P.). Mémoire sur le Proprium sanctorum de la
sainte Église de Toulouse, avec la vraie légende des saints et plusieurs
anciens offices. Toulouse, impr. Hébrail et Delpuech. 176 p.
37. Gastelnau d'Essenault (le marquis de). Glément V et ses récents
historiens. Bordeaux, Duthu. 37 p. (Extrait de la Revue catholique de
Bordeaux.)
38. Gatalogue de livres rares et curieux des xv*, xvi* et xvii* s., rela-
tifs principalement à la Normandie ou imprimés dans cette province,
composant une partie de la bibliothèque d'un amateur du Havre, dont
la vente aura lieu les 17 janvier et jours suivants, au Havre. Le Havre,
Junca. 154 p. (1203 numéros.)
39. Gatalogus librorum officinae Elzevirianae. Gatalogue de l'officine
des Elzevier (1628). Reproduction héliographique diaprés l'exemplaire
de la bibliothèque de Francfort-sur-le-Mein, avec une introduction par
Ernest Kelchner. Paris, Baer. vni-16 p.
40. Gatherine de Médigis (Lettres de) publiées par M. le comte Hec-
tor de la Perrière. T. W (1553-1563). Paris, imprimerie nationale, 1880.
In-4 à 2 col., GLXxi-733 p. (Documents inédits sur Thistoire de France.)
87
41. Gérésole (Victor). Di alcune relazioni tra la casa degli Aldobran-
dini e la repubblica di Venezia. Documenti inediti dei rr. archivi di
Stato di Venezia (1588-1617). Venezia, tip. Antonelli, 1880. 80 p. (Per
nozze Papadopoli-Heilenbach.)
42. Gbanson (la) de Roland, poème français du moyen âge, traduit
en vers modernes par Alfred Lehugeur. 2« édition. Paris, Hachette,
1880. In-18, xx-369 p. (Bibliothèque variée.) 3 fr. 50 c.
43. Ghanteau (F. de). Gollections lorraines aux xvi® et xvn« siècles.
Documents conservés à la Bibliothèque nationale, recueillis et annotés.
Nancy, impr. Grépin-Leblond. 80 p. (Extrait des Mémoires de la Société
d'archéologie lorraine, 1880.)
44. Ghantelauze (R.). Louis XIV et Marie Mancini, d'après de nou-
veaux documents. Paris, Didier, 1880. iv-432 p. 7 fr. 50 c.
45. Ghârles (Robert). Guide illustré du touriste au Mans et dans la
Sarthe. Avec dessins pour la plupart de G-. Bouet, inspecteur de la
Société française d'archéologie. Le Mans, Pellechat, 1880. Li-12»
vi-410 p.
46. Gharvet (G.). L'Abbaye de Gendras, notice historique et archéo-
logique, suivie du catalogue analytique des abbés de Gendras. Nîmes,
Gatelan, 1880. §3 p. (Extrait du Bulletin de l'art chrétien.)
47. Ghâteau de Pierrefonds, dessiné d'après nature et lithographie par
Bachelier. Paris, impr. Lemercier, 1880. In-16 obi., 13 p. et 15 pi.
48. Ghorier. Vie d'Artus Prunier de Saint-André, conseiller du roy
en ses conseils d'Ëstat et privé, premier président aux parlements de
Provence et de Dauphiné (1548-1616), d'après un manuscrit inédit de
Nicolas Ghorier (archives de M. le marquis de Virieu), publié, avec
introduction, notes, appendices et la correspondance inédite de Saint-
André, par Alfred Vellot. Ouvrage couronné par l'Académie delphinale
(médaille d'or). Paris, Alphonse Picard, 1880. lxv-390 p. 9 fr.
49. Glaretta (Gaudenzio). Roberto di Durazzo dei Reali di Napoli e
la famiglia di Jacopo di Savoia, principe d'Acaia. Dissertazione storico-
critica, compilata su documenti inediti. Torino, Vigliardi, 1880. 30 p.
(Extrait des Atti délia R. Accademia di Torino, vol. XV.)
50. Glaretta (Gaudenzio). Un Ballo di nobili datosi a Garignano nel
carnevale dei 1524 : schizzo storico di costumi piemontesi dei secolo xvi.
Firenze, tip. délia Gazzetta d^Italia, 1880. 35 p.
51. Glark (J. W.). Gambridge, brief historical and descriptive notes.
With etchings and vignettes by A. Brunet-Debaines, H. Toussaint,
and G. Greux. London, Seeley, 1881. Li-4, 86 p., planches.
52. GoËT (Emile). Notice historique sur Étalon. Péronne, impr. Quen-
tin, 1879. 22 p.
53. Goppi (Ettore). Le Università italiane nel medio evo. 2» edizione
accresciutae corretta. Firenze, tip. dei minori corrigendi, 1880. 323 p. 4 1.
88
54. GosQUiN (Emmanuel). Contes populaires lorrains recueillis dans
un village du Barrois, à Montiër-sur-Saulx (Meuse), avec des remarques.
?• partie. Paris, Vieweg, 1880. P. 289 à 340. (Extrait de la Romania.)
55. ClouRAjoD (Louis). Chandeliers de la chapelle du château d'Ëcouen,
au musée du Louvre. Dessins par Corroyer. Paris. 16 p. avec figures.
(Extrait des Mémoires de la Société nat. des antiquaires de France, t. XL.)
56. CouRAjOD (Louis). La CHieminée de la salle des caryatides au musée
du Louvre. Paris, 1880. 14 p. avec dessins. (Extrait des Mémoires de la
Société de Vhistoire de Paris et de V Ile-de-France, t. VIL Ne se vend pas.)
57. Crousse (Fr.). Cionférences sur les voies de communication de
l'ancien pays de Liège durant le moyen âge et la période moderne.
Bruxelles, 1880. 65 p., 1 pi. (Ministère de la guerre, Communication de
l'institut cartographique militaire, n' 12.)
58. CuissART (E.). L'Enseignement primaire à Lyon et dans la région
lyonnaise avant et après 1789. Paris, Garcet, Nisius et G«, 1880. 42 p.
59. Curie-Seimbres (A.). Essai sur les villes fondées dans le sud-ouest
de la France, aux xm® et xiv* siècles, sous le nom générique de bas-
tides. Toulouse, Privât. 424 p.
60. Baux (l'abbé Camille). Histoire de l'Église de Montauban depuis
les premiers temps jusqu'à nos jours. T. I, n" 11 (de 15i9 à 1556). Mon-
tauban, Georges et Ferrie, 1880. 159 p. et planche. 2 fr. ; pour les
souscripteurs, 1 fr. ; prix de souscription pour l'ouvrage complet (2 voL
d'environ 650 pages chacun, ornés de 6 planches en chromolithographie),
15 fr., payables en trois termes.
61. Debruyn (l'abbé H'). Archéologie religieuse appliquée à nos monu-
ments nationaux. Bruxelles, Bevaux, Muquardt, 1880. 2 vol., xvin-348,
357 p., fig. dans le texte. 15 fr.
62. BEGOBfBE (Lucien). Jean Thurel, épisode du séjour à Rennes du
régiment de Touraine (1788). Rennes, impr. Catel, 1880. 20 p. (Extrait
des Mémoires de la Société archéologique d'Ille-et^ Vilaine, t. XIV.)
63. Behaisnes (le chanoine). L'Espagne a-t-elle exercé une influence
artistique dans les Pays-Bas? étude historique. Lille, impr. Danel,
1880. 25 p.
64. Belaforge (E.). Chapelles du château de Blandy (Seine-et-Marne).
Melun, impr. Brosne, 1880. In-12, 13 p.
65. Bel Giudige (Pasquale). La Storia dei Longobardi e la critica
moderna : rassegna. Milano, Rebeschini, 1880. 28 p. 1 1.
66. Bemolins (Edmond). Histoire de France depuis les premiers temps
jusqu'à nos jours d'après les sources et les travaux récents. T. V (1789
à 1870) : la révolution et les monarchies contemporaines. 3« édition,
revue et augmentée. Paris, Tardieu, 1880. In-18, xvra-388 p.
67. Benis (Auguste). Recherches bibliographiques et historiques sur
89
les almanachs de la Champagne et de la Brie, précédées d'un Essai sur
rhistoire de Talmanach en général, compost, kalendriers, etc. Ghâlons-
sur-Mame, Fauteur, 14, rue Sainte-Croix, et Paris, Menu, 1880. v-59 p.
68. Desghamps de Pas (L.). Histoire de la ville de Saint-Omer depuis
son origine jusqu'en 1870. Arras, Sueur-Charruey. 506 p.
69. Desclosières (J.). Compte rendu des travaux de la Société des
études historiques pendant l'année 1879. Amiens, impr. Delattre-Lenoel,
1880. 15 p. (Extrait de V Investigateur, mai-juin 1880.)
70. Descouverture (la) du style impudique des courtisannes de Nor-
mandie à celles de Paris, envoyée pour estrennes de Tinvention d'une
courtisanne angloise. Rouen, Lemonnyer, 1880. iv-32 p. avec vignettes.
(Curiosités bibliographiques. Copie d'un ouvrage publié à Paris, chez
Nie. Alexandre, 1618.)
71. Deutsgh (S. Martin). Die Synode von Sens 1141 und die Verur-
teilung Abaelards. Eine kirchengeschichtliche Untersuchung. Berlin,
Weidmann, 1880. 54 p.
72. Devillers (Léopold). Particularités curieuses sur Jacqueline,
duchesse de Bavière, comtesse de Hainaut, de Hollande, de Zélande et
dame de Frise, pour le comté de Hainaut, extraites du 2» registre des
consaux, des comptes de la ville de Mons et d'autres mss. Mons, 1880.
Lxin-388 p. (Publication de la Société des bibliophiles belges, séant à
Mons, n*» 7.)
• 73. Dictionnaire historique de la langue française, comprenant l'ori-
gine, les formes diverses, les acceptions successives des mots, avec un
choix d'exemples tirés des écrivains les plus autorisés, publié par l'Aca-
démie française. T. U, 2« partie. Paris, Didot, 1880. In-4 à 2 col.,
p. 201 à 400.
74. Dictionnaire historique et archéologique du Pas-de-CSalais, publié
par la commission départementale des monuments historiques. Arron-
dissement de Boulogne. T. I. Arras, Sueur-Charruey, 1880. 402 p.
75. Documenti inediti per servire alla storia dei musei d'Italia, pub-
blicati per cura del ministère délia pubblica istruzione. Vol. IH. Firenze,
tip. Bencini, 1880. 486 p.
76. DooRNiNCK (J. I. van). Cataiogus der archiven van het Groote
(vroeger Heilige-Geesten-) en Voorster Gasthuis te Deventer. (1267-
1815.) ZwoUe, Tijl, 1880. 920 p. (Non mis dans le commerce.)
77. Drei bayerische Traditionsbûcher aus dem xii. Jahrhundert,
Festschrift zum 700jaehrigen Jubilaeum der Wittelsbacher Thronbe-
sleigung herausgegeben von den Accessisten am kgl. bayerischen allge-
meinen Reichsarchive Hans Petz, Dr. Hermana Grauert, Joh, Mayer-
hofer. Miinchen, Kellerer, 1880. In-4, xxix-208 p. 12 m.
78. DuRiEux (A.). Les Archives communales de Cambrai. (Lu à la
90
réunion des sociétés savantes, à la Sorbonne, le 18 avril 1879.) Lille,
impr. Danel, 1880. 59 p. (Extrait du Bulletin de la commission historique
du Nord, t. XIV.)
79. Du Tbalâoe (Jean-Nicolas). Notes et documents sur Thistoire des
théâtres de Paris au xvn* siècle. Extraits mis en ordre et publiés d'après
le manuscrit original par le bibliophile Jacob [Paul Lacroix], avec une
notice sur le recueil du sieur du Tralage. Paris, librairie des Biblio-
philes, 1880. Li-18, vm-13 p. 5 fr.
80. Église de la Couture. Extérieur de l'abside, par Bonet. Mamers,
impr. Fleury et Dangin, 1880. (Lithographie.)
81. EvERLANQE (l'abbé P. E. d'). Saint-Gilles et son pèlerinage. 5« édi-
tion, illustrée de 69 gravures à Teau-forte et d'une lettre-préface du
comte A. de Pontmartin. Nîmes, impr. Jouve. Li-18, xxxvm-301 p.
20 fr.
82. Exposé d'un système rationnel d'orthographe niçoise, etc. Nice ;
Paris, Champion. 30 p. (PublicsLiiondeVEscolafelibrencadeBellanda, etc.)
83. Favier (J.). Nouvelle Étude sur l'université de Pont-à-Mousson.
Gomment on y devenait maître es arts. Programme des études. Céré-
monial de la collation des grades. Avec 25 .dessins de reliures (aux
armes) des prix décernés aux écoliers. Nancy, Sidot. 68 p.
84. Favre (L.). Supplément aux glossaires du Poitou publiés jusqu'à
ce jour. Niort, impr. Favre. iv-52 p.
85. Féval (Paul). Les Merveilles du Mont-Saint-Michel. Paris, Palmé,
1880. XLiv-3o6 p. et grav. 8 fr.
86. Flammermont (Jules). Histoire des institutions municipales de
Senlis. Paris, Vieweg, 1881. xvi-311 p., 1 planche. (Bibliothèque de
l'École des hautes études, sciences philologiques et historiques, 45* fas-
cicule.)
87. Fontes rerum Nassoicarum. Geschichtsquellen ans Nassau. Gesam-
melt von F. W. E. Roth. Band I. Die Geschichtsquellen des Nieder-
rheingau's. Th. I, Regesten zur Geschichte des Niederrheingaus; Th. II,
Niederrheingauer Urkunden ; Th. III, Sonstige Geschichtsquellen des
Niederrheingau's. Wiesbaden, Limbarth, 1880. 1 t. en 3 vol., xxm-544,
336, xxiv-466 p. 27 m.
88. Frange (Henri de). Maison de ville des Couvertes de Montauban.
Montauban, impr. Forestié, 1880. 14 p. (Exirsit an Bulletin de la Société
archéologique de Tarn-et-Garonne.)
89. Freeman (Edward A.). A Short History of the Norman conquest
of England. Oxford, Clarendon press ; London, Henry Frowde, 1880^
156 p. (Clarendon Press Séries.) 2 s. 6 d.
90. Gaedechens (G. F.). Historische Topographie der Freien und
Hansestadt Hamburg und ihrer naechster Umgebung von der Entsteh-
J
94
ung bis auf die Gegenwart. Mit drei Karten. Zweite unveraenderte
Aùflage. Hamburg, Mauke, 1880. 383 p. et 8 cartes. 10 m.
91. Galabert (Fabbé). L'Église et les vitraux de Gaylus. Montauban,
impr. Forestié, 1880. 24 p. (Extrait du Bulletin de la Société archéol(H
gique de Tarnr-et-Garonne,)
92. Gaudbntius (pater) [Gugqenbichler]. Beitraege zur Kirchenge-
schichte des xvi. uud xvii. Jahrhunderts. Bedeutung und Verdienste des
Franziskaner-Ordens im Kampfe gegen den Protestantismus. I. B.
Bozen, Wohlgemuth, 1880. xx-590 p. 3 fl.
93. Gaufrés (J.). Claude Baduel et la réforme des études au xvi« siècle.
Paris, Hachette, x-354 p.
94. Georqe (G.). De l'habitation dans les temps anciens. Deux cha-
pitres extraits d'un travail de l'auteur sur l'habitation dans tous les temps.
Lyon, impr. Mougin-Rusand, 1880. 41 p. et 1 pi.
95. Germain (L.) et P. Sioalas. A travers Toulon. La ville, ses monu-
ments, l'arsenal. Toulon^ impr. Massone, 1880. 55 p.
96. GiODA (Garlo). Guicciardini e le sue opère inédite. Bologna;
Modena, Zanichelli, 1880. 676 p. 10 1.
97. Gloru (Andréa). Del volgare illustre dal secolo vu fino a Dante.
Studi storici. Venezia, tip. Antonelli, 1880. 136 p.
98. Godard-Faultrier. Rapport sur les fouilles de 1878-1879 à Angers,
place du Ralliement, adressé à la réunion des sociétés savantes à la
Sorbonne. Angers, impr. Lachèse et Dolbeau. 32 p. et 10 pi. (Extrait des
Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts d'Angers, 1880.)
99. Gozzadini (Giovanni). Nanne Gozzadini e Baldassare Gossa poi
Giovanni XXDI. Racconto storico. Bologna, Romagnoli, 1880. 602 p.
et portrait. 6 1. 50 c.
100. Graux (Charles). Essai sur les origines du fonds grec de l'Escu-
rial. Épisode de l'histoire de la renaissance des lettres en Espagne.
Paris, Vieweg. xxxi-529 p. (Bibliothèque de l'École des hautes études,
46« fascicule.)
101. Greqorovius (Ferdinand). Die Grabdenkmaeler der Paepste.
Marksteine der Geschichte des Papsttums. 2* neu umgearbeitete Auflage.
Leipzig, Brockhaus, 1881. xii-231 p. 4 m.
102. Grignon (Louis). Documents inédits pour servir à l'histoire de .
Chàlons (1422-1430). Châlons-sur-Marne, impr. Martin. 39 p. '^-
103. Grimm (Jacob). Geschichte der deutschen sprache. Vierte auflage.
Leipzig, Hirzel, 1880. 2 vol., xvi-726 p. 13 m.
104. Guenther (Curt). Die verba im altostfriesischen. Ein beitrag zu
einer altfriesischen grammatik. Inauguraldissertation zur erlangung der
philosophischen doctorwiirde an der universitaet zu Leipzig. Leipzig,
Woldemar Urban, 1880. 82 p. 2 m.
1^.
92
105. GuGLiELMOTTi (il padre maestro Alberto). Storia delle fortifica-
zioni nella spiaggia romana risarcite ed accresciute dal 1560 al 1570.
Roma, Monaldi, 1880. iii-531 p. 5 1.
106. Haqen. Sollemnia Anniversaria conditae universitatis... indicit
rector et senatus universitatis Bernensis. Inest Hermanni Hageni De
codicis Bernensis n* cix Tironianis disputatio duabus tabulis lithogra-
phica arte depictis adiuta. Bernae, 1880. In-4, 16 p., 2 pi.
107. Hardy (ë.). Origines de la tactique française. (I, sans sous-titre;
n, de Louis XI à Henri lY.) Paris, Dumaine, *1879-1881. 2 vol., 609,
810 p. (Cours spéciaux de la réunion des officiers.)
108. Hartinq (James Ëdmund). British Animais extinct within his-
toric times, v^ith some account of british v^ild v^rhite cattle. With illus-
trations by J. "Wolf, C. Whymper, R. W. Sherwin, and others. Lon-
don, Trùbner, 1880. x-258 p. 14 s.
109. Hartmann (E. A. Martin). Ueber das altspanisclie Dreikoenigs-
spiel, nebst einem Anhang, enthaltend ein bisher ungedrucktes latei-
nisches Dreikoenigsspiel, einen Wiederabdruck des altspanischen
Stûckes, sowie einen Ëxcurs iiber d. Namen d. drei Koenige Gaspar,
Melchior, Baltasar. Inauguraldissertation zur Erlangung der pbiloso-
phischen Doctorwurde an der Universitaet Leipzig. Bautzen, Weller,
1879. 90 p.
110. Hartmann (R.). Geschichte der Residenzstadt Hannover von den
acltesten Zeiten bis auf die Gegenwart. Mit Plaenen und Abbildungen.
Hannover, Ernst Kniep, 1880. 860 p. et planches. 11 m.
111. Henri d'Andeli. Œuvres de Henri d'Andeli, trouvère normand
du xra® s., publiées, avec introduction, variantes, notes et glossaire,
par A. Héron. Rouen, Société rouennaise des bibliophiles. Petit in-4,
cxxi-213 p.
112. Henrigi archidiaconi Huntendunensis Historia 'Anglorum. The
History of the English, by Henry, archdeacon of Huntingdon, from a.
C. 55 to a. D. 1154, in eight books. Edited by Thomas Arnold. London,
Longman, etc., 1879. lxvii-358 p. (Rerum Britannicarum medii œvi
Scriptores, or Ghronicles and memorials of Great Britain and Ireland
during the middle âges.) 10 s.
113. Herquet (Karl). Gyprische Koenigsgestalten des Hanses Lusîgnan.
Halle a. S., Buchhandlung des Waisenhauses, 1881. 182 p., 1 carte.
5 m.
114. Heurley (A.). Avallon ancien et moderne, histoire, description,
topographie et statistique. Avec plans et dessins. Accompagné de
notices historiques sur le bombardement d'Avallon en 1871 et sur réta-
blissement de la compagnie des chevaliers de l'arquebuse, par H. Hérar-
dot, ainsi que d'un poème héroï-comique sur la prise de Saint-Julien,
par Mocquot, dit La Guerre. Avallon, impr. Barré, vi-152 p. et 14 pi.
93
115. Heynb (Moritz). Kunst im Hause. Abbildungen von Gegenstaen-
den aus der mittelalterlichen Sammlung zu Basel. Zeichnungen von
W. Bubeck und G. Voellmy. Basel, Bahnmaier, 1880. In-4, iv-16 p.,
34 planches. 10 fr.
116. Histoire générale de Paris. Atlas des anciens plans de Paris;
reproduction en fac-similé des originaux les plus rares et les plus inté-
ressants pour l'histoire de la topographie parisienne, avec une table
analytique présentant la légende explicative de chaque plan et un appen-
dice consacré aux documents annexes. Paris, imprimerie nationale,
1880. Gr. in-fol., 74 p. et 64 pi.
117. Historians (the) of Scotland. Vol. X : the Book of Pluscarden,
edited by Félix J. H. Skene, vol. II. Edinburgh, William Paterson,
1880. xxxvi-332 p. 14 s.
118. HoRMBL (Hermann). Untersuchung liber die Chronique ascen-
dante und ihren Verfasser. Marburg, Elwert, 1880. 34 p. 1 m.
119. Inventaire analytique et chronologique des archives de l'abbaye
du Val-Saint-Lambert lez Liège, publié par J. G. Schoonbroodt, con-
servateur des archives de PÉtat à Liège. Tome II, chartes et registres.
Liège, Desoer, 1880. In-4, vi-452 p.
120. Inventaire-sommaire des archives du département de la Gôte-
d'Or antérieures à 1790, rédigé par M. Joseph Garnier, archiviste.
Archives civiles, série G. Intendances. T. I. Dijon, impr. Darantière,
1880. Gr. in-4 à 2 col., xxiv.243 p.
121. Irische Texte mit Woerterbuch von Ernst Windisch. Leipzig,
flirzel, 1880. xv-886 p. 24 m.
122. Istore et Groniques de Flandres, d'après les textes de divers
manuscrits, par M. le baron Kervyn de Lettenhove. T. H. Bruxelles,
commission royale d'histoire, 1880. In-4, 699 p. (Gollection de chro-
niques belges inédites, publiées par ordre du gouvernement.)
123. Jabger (Albert). Geschichte der landstaendigen Verfassung
Tirols. I. B. Die Ëntstehung und Ausbildung der socialen Staende und
ihrer Rechtsverhaeltnisse in Tirol von der Voelkerwanderung bis zum
XV. Jahrhundert. Mit Unterstùtzung der kaiserlichen Akademie der
Wissenschaften. Innsbruck, Wagner, 1881. vni-720 p. 6 fl.
124. JouBERT (André). Un Épisode des guerres de religion au Maine
et en Anjou. René de la Rouvraye, dit le Diable de Bressault. Paris,
Gervais, 1880. 16 p. (Extrait du Correspondant.)
125. JuLLiEN (Adolphe). L'Opéra secret au xviii® siècle (1770-1790),
aventures et intrigues secrètes racontées d'après les papiers inédits
conservés aux archives de l'État et de l'Opéra. Paris, Rouveyre, 1880.
268 p. avec frontispice gravé, etc., par Mal val.
126. Junker (der) und der treue Heinrich. Ein Rittermaerchen. Mit
94
Einleitung und Anmerkungen herausgegeben von Karl Kinzel. Berlin,
Weber, 1880. 106 p. 2 m. 40 pf.
127. Kaiserurkmideii in Abbildungen. Herausgegeben Yon H. von
Sybel und Th. Sickel. Erste Liefening. Dreissig Urkunden auf 29
Tafein und drei Bogen Texte. Berlin, Weidmann, 1880. Texte in-4 et
planches in-fol. oblong. 30 m.
128. Kawerau (Gustav). Johann Agricola von Eisleben. Ein Beitrag
zur Reformationsgeschichte. Berlin, Wilhelm Hertz, 1881. xn-358 p.
6 m.
129. Klaiber (Karl Hermann). Henri Arnaud, Pfarrer und Kriegs-
oberster der Waldenser. Ein Lebensbild. Nach den Quellen untersucht
und dargestellt. Mit 12 noch ungedruckten Urkunden. Stuttgart, Stein-
kopf, 1880. 180 p. 2 m. 25 pf.
130. Klogkhoff (Oskar). Smâ bidrag till nordiska literatur-historien
under medeltiden. Upsala, Edquist, 1880. 30 p.
131. Klugkhohn (August). Ueber die wissenschaftlichen und kûnstle-
rischen Bestrebungen Wittelsbach'scher Fursten aus dem Hause Pfalz.
Festrede zur Yorfeier des siebenhundertjaehrigen Regierungsjubilaeums
des bayerischen Herrscherhauses gehalten am 24. Juli 1880 in der Aula
der k. technischen Hochschule. Mûnchen, Theodor Ackermann, 1880.
16 p. 50 pf.
132. KocK (Axel). Bidrag till svensk etymologi. FGrklaring af fom-
svenska lagord. Tvâ uppsatser. Lund, Gleerup, 1880. n-28-27 p.
133. Kraus (Franz Xayer).SynchronistischeTabellenzurchristlichen
Kunstgeschichte. Ein Hûlfsbuch fur Studirende. FreiburgimBreisgau,
Herder, 1880. 280 p. 4 m. 50 pf.
134. La Barre Dupargq (Ed. de). Notes sur Machiavel, Montesquieu
et Ferrari. Évreux, impr. Hérissey. In-18, 146 p.
135. Lacaze (Louis). Recherches sur la ville de Pau. Le portail du
Bâton (l'ancien hôpital et Pancien temple des protestants). Pau, Ribaut.
vn-54 p. (Extrait du Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de
Pau, 2« série, vol. IX.)
136. Laine de Néel (Arsène). Essais historiques sur les vieux châ-
teaux du moyen âge et sur les sires de ces castels qui ont habité la
Normandie et FAngleterre. Faits historiques sur onze communes de
Tarrondissement de Domfront, etc. Mesnil-Hubert (Orne), village de
Lozier, l'auteur. 80 p. et portrait. 90 c.
137. Lasteyrie (Ferdinand de). Les Peintres- verriers étrangers à la
France classés méthodiquement selon les pays et l'époque où ils ont
vécu. Paris, 1880. 70 p. (Extrait des Mémoires de la Société nationale des
antiquaires de France, t. XL.)
138. Lauwereyns de Roosendaele (L. de). Le Procès des jésuites au
95
x-vm» siècle à Saint-Omer (1761-1773). Saint-Omer, impr. Fleury-
Lemaire, 1880. iii-12, 132 p.
139. Lazare (Louis et Félix). Dictionnaire administratif et historique
des rues et monuments de Paris. Livraison 1. Paris, impr. Morris.
16 p. à 2 col.
140. Leader (John Daniel). Mary, queen of Scots, in captivity : a
narrative of events from january, 1569, to december, 1584, whilst
George earl of Shrewsbury was the guardian of the Scottish queen.
Sheffield, Leader, London, George Bell, 1880. xxm-644 p. 1 1. 1 s.
141. Legoy de la Marche (A,). Saint Martin. Tours, Mame. xv-736 p.,
35 planches, etc. 25 fr. ; papier de Hollande, 60 fr.
142. Leheg (Henri). Généalogie des Bourbons de France, d'Espagne,
de Naples et de Parme depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos
jours. Histoire des fiefs qui ont donné leur nom aux différentes branches
de la maison de Bourbon et aux grandes familles nobiliaires de France.
Tableaux synoptiques et chronologiques indiquant la généalogie des
Bourbons. Ghâteauroux, impr. Muret, 1880. Gr. in-4, n-249 p. 10 fr.
143. Lépine (le docteur Frédéric). Découverte du tombeau de sainte
Reine à Alise. Dijon, impr. Jobard, 1880. 19 p. et planche.
144. Linde (A..V. D.). Das erste jartausend der schachlitteratur (850-
1880). Berlin, Julius Springer, 1881. 112 p. 5 m.
145. Linde (A. v. d.). Quellenstudien zur geschichte des schachspiels.
Mit unterstûtzung der koenigl. akademie der wissenschaften zu Berlin.
Berlin, Julius Springer, 1881. vm-412 p. 20 m.
146. Liste des pages du roi de la petite et de la grande écurie (1680-
1765), suivie de la liste des pages des ducs d'Orléans (1721-1729),
publiées d'après les pièces originales du cabinet des titres par le comte
David de Riocourt. Paris, Dumoulin, 1880. 67 p. (Extrait de la Revue
historique et nobiliaire.)
147. Lubtgenau (Franz). Jean Palsgrave und seine Aussprache des
Franzoesischen. Inaugural-Dissertation. Bonn, 1880. 67 p.
148. Maetzner (Eduard). Englische Grammatik. Dritte Auflage.
I. Th. Die Lehre vom Worte. Berlin, Weidmann, 1880. vm-583 p.
11 m.
149. Mandrot (A. de). Armoriai historique du pays de Vaud. 2« édi-
tion, contenant les armes des maisons souveraines qui ont régné sur le
pays, celles des évoques, des prieurs, des baillis, des villes, bourgs, des
dynastes, des familles nobles et des familles notables. Lausanne, Rouge
et Dubois, 1880. In-4, 32 planches, contenant 966 écussons. 30 fr.
150. Manuel (don Juan), el Libre de la caza. Zum Erstenmale heraus-
gegeben von G. Baist. Halle, Max Niemeyer, 1880. vn-208 p. 6 m.
151. Marmoutier. Dom Claude Ghantelou. Cartulaire tourangeau et
96
sceaux des abbés, publiés par Paul Nobilleau. Précédé d'une biographie
de l'auteur, par dom P. Piolin, bénédictin de la congrégation de France.
(1210-1512.) Tours, Guilland-Verger. xcv-214 p.
152. Marsy (le comte de). Bibliographie picarde. 2. Sigillographie.
Amiens, impr. Delattre-Lenoël, 1880. 23 p. (Extrait de la Picardie,
nouvelle série, t. III.)
153. Marsy (le comte de). La Seigneurie d'Houdencourt. Angers,
impr. Lachèse et Dolbeau. 8 p. avec blasons. (Extrait de la Revtte hiS"
torique, nobiliaire et biographique, tome XV, 1880.)
154. Martin (Emst). Zur Gralsage. Untersuchungen. Strassborg,
Trubner, 1880. 48 p. (Quellen und Forschungen zur Sprach- und Gul-
turgeschichte der germanischen Yoelker, XLII.)
155. Mas Latrie (L. de). Les Comtes du Garpas. Nogent-le-Rotrou,
impr. Daupeley-Gouverneur, 1880. 19 p. (Extrait de la Bibliothèque de
l'École des chartes, t. XLL)
156. MATTHiEi Parisibnsis, monacbi Sancti Albani, Ghronica majora.
Edited by Henry Richards Luard. Vol. V. A. D. 1248 to a. D. 1259.
London, Longman, etc., 1880. xxn-748p. (Rerum Britannicarum medii
aevi Scriptores, or Ghronicles and memorials of Great Britain and Ire-
land during the middle âges.) 10 s.
157. Maxe-Werly (L.). Note sur Torigine du gros tournois. Paris,
1880. 32 p. (Extrait des Mémoires de la Société nationale des antiquaires
de France, t. XL.)
158. Mercier (J.). Noms, par paroisses, des chefs de famille du dio-
cèse de Genève ramenés au catholicisme en 1598. Vin. Annecy, impr.
Burdet, 23 p. (Extrait de l'ouvrage : Souvenirs historiques d'Annecy jus-
qu'à la Restauration,)
159. Meriel (Amédée). Notice sur la commune d'Aubigny, canton
nord de Falaise. Bellôme, impr. Ginoux. In-12, 79 p.
160. Meyer-Kraus (B.). Wappenbuch der Stadt Basel. Lieferung 1.
In-4, 10 pi. en couleur et 4 p. 8 fr. (Sera complet en 8 livraisons con-
tenant ensemble environ 960 blasons.)
161. Meynier. Les Anciens Pèlerinages marseillais; leurs origines,
leurs oratoires, leurs chemins. Marseille, impr. Chauffard. 43 p.
162. MiELOT (Jean), l'un des secrétaires de Philippe le Bon, duc de
Bourgogne. Vie de sainte Catherine d'Alexandrie. Texte revu et rap-
proché du français moderne par Marins Sepet. Paris, Hurtrel. 342 p.,
12 chromolithographies, 14 gravures hors texte, 24 gravures dans le
texte et encadrements en couleur. 30 fr. (papier vélin, 60 fr. ; japon,
200 fr.).
163. MiNOQLio (Giovanni), Miscellanea monferratese. Torino, Paravia,
1880. 97 p., 5 planches.
97
164. Mistero (il) provenzale di S. Agnese. Facsimile in eliotipia dell*
unico manoscritto €higiano con prefazione di Ernesto Monaci. Roma,
tipografia Martelli, 1880. In-fol., 8 p., 19 pi. 15 1.
165. MoLiNiER (Charles). Llnquisition dans le midi de la France aux
xm« et xiv« s., étude sur les sources de son histoire. Paris, Fischbacher.
xxvii-488 p.
166. MoNBRisoN (George de). Un gascon du xvi» siècle : le premier
duc d'Épernon. Paris, impr. Ghamerot, 1880. viii-132 p.
167. MoRiN. L'Auvergne chrétienne du i«' siècle à 1880, contenant :
état primitif de cette province ; preuves diverses de son évangélisation
au !«' siècle ; biographie des quatre-vingt-quinze évoques de Glermont,
etc. Par un Auvergnat (Morin), 2^ édition. Artonne, par Aigueperse
(Puy-de-Dôme), Fauteur. 503 p.
168. MouLARD (P.). Chroniques de Sougé-le-Ganelon (Sarthe). Le
Mans, Lebrault, 1880. xxix-387 p. 6 fr.
169. MouLENQ (François). Gorbarieu et ses seigneurs. Montauban,
impr. Forestié. 45 p. (Extrait du Bulletin M la Société archéologique de
Tarn-et-Garonne,)
170. MuNTz (Eugène). Raphaël archéologue et historien d'art. Paris,
impr. Quantin, 1880. 23 p. (Extrait de la Gazette des beaux-arts^ octobre
et novembre 1880.)
171. MuNTZ (Eugène). Raphaël, sa vie, son œuvre et son temps. Ouvrage
contenant 155 reproductions de tableaux ou fac-similés de dessins insérés
dans le texte et 41 pi. tirées à part. Paris, Hachette, 1881. 662 p. 25 fr.
172. Nani (Gesare). Gli Statuti di Pietro II, conte di Savoia. Torino,
1880. In-4, 56 p. (Extrait des Memorie délia R. Accademia délie scienze di
Torino, 2« série, t. XXXII.)
173. Neuburq (G.). Zunftgerichtsbarkeit und Zunftverfassung in der
Zeit vom 13. bis 16. Jahrhundert. Ein Beitrag zur oekonomischen
Geschichte des Mittelalters. Jena, Gustav Fischer, 1880. vi-312 p. 7 m.
174. Norton (Charles Eliot). Historical Studies of church-building in
the middle âges. Venice, Siena, Florence. London, Sampson Low, 1880.
vi-331 p. 15 s.
175. Notice de livres et manuscrits relatifs à l'histoire du Berry, pro-
venant de M. Vermeil, ancien libraire à Bourges, dont la vente aura
lieu le 6 décembre 1880. Paris, Voisin, 1880. 17 p. (100 numéros.)
176. Obituaire de Tabbaye de Saint-Pierre de Lyon, du ix« au xv« s.,
publié d'après le ms. original et annoté par M. G. Guigne. Lyon, Mou-
gin-Rusand. xlu-129 p. (Collection de documents inédits pour servir à
rhistoire des anciennes provinces de Lyonnais, Forez, Beaujolais,
Bresse, Dombes et Bugey. I.)
177. Ordine (V) con il quale entrô in palazzo Tillustrissima madama
7
98
2Ulia Priuli addi 19 settembre 1557 (cerimoniali L, carte 28), pubblicato
da Pittarello Teresa ed Antonio. Padova, Prosperini, 1880. 22 p. (Fer
nozze Papadopoli-Hellenbach.)
178. Origines (les) de l'église de Huy, ouvrage dédié à la Vierge mère
immaculée, sa protectrice, le 4 août 1685. Texte latin, suivi de la tra-
duction française, orné d'une vue de Tancienne église. Liège, Grauthier,
i880. n-63 p.
179. Osthoff's technische Reisebûcher. Norddeutscbland. Unter Mit-
wirkung vieler Fachgenossen mit specieller Angabe der Literatur bear-
beitet von Georg Osthoff. Leipzig, Knapp, 1880. xi-308 p. 5 m.
180. OuDEMANS (A. G.). Bijdrage tôt een middel- en oud Nederlandsch
woordenboek. Uit vêle glossaria en andere bronnen bijeengezameld.
7« deel, T-W. Arnhem, van Marie, 1880. rv-983 p. 7 fl. 75 cents. (Les
tomes I à VU, 1870-1880, 43 fl. 20 cents.)
181. [Paquet (René).] Recherches historiques sur la Grande-Thury,
près Metz (ancien département de la Moselle), par Nérée Quépat. Paris,
Dumoulin. 194 p., 1 planque à l'eau-forte et 9 blasons. .
182. Paris (Gaston). Rapport fait au nom de la commission des anti-
quités de la France sur les ouvrages envoyés au concours de Tannée 1880.
Paris, impr. Didot, 1880. ln-4, 16 p.
183. Paris (Gaston). Sur un épisode d^Aimeri de Narbonne, Paris,
32 p. (Extrait de la Romania^ t. IX.}
184. Paris-Jallobert (l'abbé Paul). Journal historique de Vitré, ou
Documents et notes pour servir à Thistoire de cette ville, accompagnés
de nombreuses listes, de 6 plans et de 3 planches de sceaux. Vitré,
Guays. In-4 à 2 col., xxxvi-600 p.
185. Paul (Hermann). Principien der Sprachgeschichte. Halle, Max
Niemeyer, 1880. vn-288 p. 6 m.
186. Périgot (Gh.). Le Département du Nord, géographie physique,
politique et commerciale, avec une carte du département du Nord.
2« édition, revue et corrigée. Lille, Quarré, et Paris, Delagrave, 1881.
In-12, 64 p.
187. PiDAL (Pedro José), marqués de Pidal. Lecciones sobre la historia
del gobiemo y legislacion de Ëspana (desde los tiempos primidvos hasta
la reconquista) prononciadas en el Ateneo de Madrid en los aîios de 1841
y 1842. Ahora por primera vez dadas à luz. Madrid, imprenta de la
Revista de legislacion, 1880. xxx-312 p. (Biblioteca jundica de autores
espanoles, vol. 6°.)
188. PiERSON (A.). Studiën over Johannes Kalvijn. (1527-1536.)
Amsterdam, van Kampen, 1881. iv-256 p. 2 fl. 75 cents.
189. PiNGzoN DU Sel (Th.). Note relative à la démolition de l'ancienne
égUse de Guignen. Suivie d'une Notice sur l'église de Guignen, par
99
M. Tabbé Brune. Rennes, impr. Gatel, 1880. il p. et 4 pi. (Extrait du
t. XIV des Mémoires de la Société archéologique d'Ille-'et- Vilaine.)
190. Plaine (dom François). Vie de saint Maurice (de Loudéac), abbé
de Langonnet et de Garnoët (1113-1191). Quimperlé, impr. Clairet.
In-18, 73 p.
191. Planet (de). Aperçu historique sur les usines alimentées par la
Garonne à Toulouse. Toulouse, impr. Douladoure-Privat. 26 p. et tableau.
(Extrait des Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles^'
lettres de Toulouse.)
192. PoRÉE (l'abbé). Saint Anselme à Tabbaye du Bec (1060-1092).
Bernay, impr. veuve Lefèvre, 1880. 22 p.
193. Prix du blé à Paris du xrv« au xvui« siècle, d'après les registres
du chapitre de Notre-Dame. Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouver-
neur. 11 p. (Extrait du Bulletin de la Société de Vhistoire de Paris et de
V Ile-de-France, 1880.)
194. Protois (l'abbé Félix). Pierre Lombard, évoque de Paris, dit le
Maître des sentences ; son époque, sa vie, ses écrits, son influence. Paris,
Palmé. 202 p.
195. PuYO (Roberto). Historia civil de la muy noble y muy leal ciudad
de Barbastro, desde los tiempos mas remotos hasta la fecha, dedicada
al M. I. ayuntamiento de la misma. Toulouse, impr. Gibrac, 1880.
Tableau in-plano à 8 col., 1 p.
196. Quellen zur Geschichte Siebenbiirgens aus saechsischen Archi-
ven. I. B., 1. Abth. : Rechnungen aus dem Archiv der Stadt Hermann-
stadt und der saechsischen Nation. Mit Mitteln der saechsischen Univer-
sitaet herausgegeben vom Ausschuss des Vereins fur siebenburgische
Landeskunde. 1. B. Von c. 1380 — 1516. Hermannstadt, Michaelis, 1880.
xx-679 p., 9 planches.
197. Reinhardt (G. E. F.). Valdemar Atterdag og hans Kongegjerning.
Med et Tillseg af hidtil utrykte Diplomer. Kjœbenhavn, Gad, 1880.
xxi-617 p.
198. Riant. Trois Inscriptions relatives à des reliques rapportées de
Gonstantinople par des croisés allemands. Paris, 1880. 22 p. (Extrait des
Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France, t. XL.)
199. Richards (John Morgan). A Ghronology of medicine, ancient,
mediaeval, and modem. Being a historical, an antiquarian, and a curions
survey of the birth and growth of medicine from the earliest times to
the présent day. lUustrated by the typographie etching company. Lon-
don-Paris-Madrid, Baillière, 1880. vui-314 p. 7 s. 6 d.
200. RicHTHOFEN (Karl, Freiherr von). Untersuchungen ùber Friesische
Rechtsgeschichte. Erste Abhandlung. Upstalsbom, Freiheit und Grafen
in Friesland. Theil L Berlin, Wilhelm Hertz, 1880. vii-614 p. 15 m.
400
201. Ries (John). Die Stellung von Subject und Praedicatsverbam im
Hêliand. Nebst einem Anhang metrischer Ëxcurse. Ein Beitrag znr
germanischen Wortstellungslehre. Strassburg, Trùbner, 1880. x-129 p.
(Quellen und Forschungen zur Sprach- und Gulturgeschichte der ger-
manischen Voeiker, XLI.)
202. RocKiNQBR (Ludwig). Die Pflege der Geschichte durch die Wit-
telsbacher. Akademische Festschrift zur Feier des Wittelsbacher-Jubi-
laeums. Mûnchen, im Veriage der k. Akademie, [1880]. In-4, 100-97 p.
7 m.
203. RoGQUÀiN (Félix). Les Sorts des saints ou des apôtres. Paris,
22 p. (Extrait de la Bibliothèque de l'École des chartes, t. XU.)
204. Roman t (le) de la vie des pères hermites (un miracle de Notre-
Dame). Suivi de : Sonnet contenant une recotte d'alchimie, attribué à
Dante et au frère Helyas. Textes édités par Ferdinand Castets. Paris,
Maisonneuve, 1880. 31 p. (Extrait de la Revue des langues romanes.)
205. RoTH (Friedrich). Augsburg's Reformationsgeschichte 1517-1527.
Gekroente Preisschrift. Mûnchen, Theodor Ackermann, 1881. 257 p.
4 m. 80 pf.
206. RoTH (R.). Das Bùchergewerbe in Tubingen vom Jahr 1500 bis
1800. Rede zum Geburtsfest seiner Majestaet des Koenigs am 6 Maerz
1880 gehalten. Tubingen, Laupp, 1880. 55 p. 1 m.
207. RuDEL (Richard). Adelund Demokratie. Ein Beitrag zur (reschichte
des Feudalismus. I. B. Berlin,- Mùnchhoff, s. d. v-525 p. 9 m.
208. RuoE (Sophus). Geschichte des Augustusbades bei Radeberg.
Mit 5 photolithographischen Ansichten. Dresden, Friedr. Axt, 1880.
iv-72 p., 5 pi. 1 m. 50 pf.
209. Ruolo générale del sov. mil. ordine di 8. Giovanni di Gerusa-
lemme ovvero di Malta. Roma, tipografia poliglotta délia S. Gongrega*-
zione di propaganda fide, 1880. v-243 p.
210. Sagettes (les) et ruses d'Amour. Discours où est montré le vrai
moyen de faire les approches et entrer aux plus fortes places de son
empire. Réimpression textuelle sur l'édition de 1599, avec préface par
A. Chassant. Paris, Belin. In-12, iv-94 p.
211. Saint-Luc (T. de), G. L'Histoire de Gonan Mériadec, qui fait le
premier règne de l'histoire générale des souverains de la Bretagne gau-
loise, dite Armorique, avec la première partie des recherches générales
de cette province. Saint-Brieuc, impr. Prud'homme, 1879. In-18, 295 p.
(Réimpression de l'édition de Paris, Galleville, 1664.)
212. Saint-Mars (Henri de). Guide de Beauvais, notice historique,
description des monuments, rues, places, etc. Beauvais, Dupont-Glément,
1880. Li-18, 71 p. 50 cent.
213. Saint-Simon (Fragments inédits de), communiqués à rassemblée
404
générale de la Société de Thistoire de France par M. de Boislisle. Paris,
1880. 28 p. (Extrait de VAnnuaire^bulletin de la Société de Vhistoire de
France,)
214. Salette (Arnaud de). Segond Flouquetot coelhut hens lospsalmes
de David, metutz en rima bernesa per Arnaud de Salette en l'aneia 1583.
Pau, Ribaut. ii-219 p.
215. Sammlung englischer denkmaeler in kritischen ausgaben. Erster
band : jElfrics grammatikund glossar herausgegeben von Julius Zupitza.
Erste abteilung : text und varianten. Berlin, Weidmann, 1880. 322 p.
7 m.
216. Sandrbt (L.). La Seigneurie et les seigneurs de Cany, en Nor-
mandie. Paris, Dumoulin, 1880. 43 p. (Extrait de la Revue historique,
nobiliaire et biographique, 1880.)
217. Sanguinetti (Angelo). Se Cristoforo Colombo abbia studiato
air université di Pavia : memoria. Genova, tip. Schenone, 1880. 17 p.
218. Sanuto (Marine). Gronachetta. Venezia, tip. Visentini, 1880.
vm-238 p. (Per nozze Papadopoli-Hellenbach.)
219. Satzungen hervorragender Handwerkervereinigungen aus der
Zeit vom 15. Jahrhundert bis zur Gegenwart. Zur Illustration des
Innungswesens uberhaupt gesammelt, erlaeutert, durch die epochema-
chenden innerhalb Baierns und des deutschen Reiches im 19. Jh. ùber
den Gegenstand erlassenen gesetzlichen Bestimmungen und das Statut
der osnabrûcker Schuhmacherinnung ergaenzt und mit einem Vor- und
Nacbwort versehen von Dr. J. B. Krallinger. Mùnchen, Max Kellerer,
1880. 106 p. 1 m. 60 pf.
220. ScARTAzziNi (Joh. Andr.). Abhandlungen liber Dante Alighieri.
Frankfurt am Main, Rûtten und Loening, 1880. 243 p. 5 m.
221. Schaepeler (August). Die oberbayerische Landeserhebung im
Jahre 1705. Neue Aufschliisse aus Archivalien zur Geschichte des
spanischen Erbfolgekrieges. Mit einer lithographischen Tafel. Wiirz-
burg, Staudinger, 1880. vii-93 p. 2 m. 40 pf.
222. Scherrer (Gustav). Verzeichniss der Incunabeln der Stiftsbiblio-
thek von St. Gallen. Herausgegeben auf Veranstaltung des katholischen
Administrationsrathes des Kantons St. Gallen. St. Gallen, Huber, 1880.
265-Lxiv p. 12 fr.
223. ScHLUMBERQER (Gustave). Monuments numismatiques et sphragis-
tiques du moyen âge byzantin. Paris, 1880. 20 p. et planche. (Extrait
de la Revue archéologique, octobre 1880.)
224. ScHNEYDER (Pierre). Histoire des antiquités de la ville de Vienne;
manuscrit inédit, publié avec une notice historique et biographique, un
portrait à l'eau-forte, une gravure représentant Vienne romaine, par
E. J. Savigné. Vienne, Savigné. In-12, xxxix-123 p.
402
225. ScHULTE (Aloys). Die sogenannte Ghronik des Heinrich von
Rebdorf. £in Beitrag zur Quellenkunde des xrv. Jahrhunderts. Munster,
Theissing, 1879. 89 p. 1 m. 20 pf.
226. Sghuwsr (C). Quelques Mots sur rinstruction primaire en Corse
avant et depuis 1789. Gorte, impr. Icard-Fournier, 1880. 31 p. (Extrait
du Tavignano, journal de Gorte.)
227. ScHWALBAGH (Theodor). Der Givilprocess des Panser Parlaments
nach dem c Stilus i Du Brueils. Freiburg i. B. und Tubingen, Mohr,
1881. vu-160 p. 4 m.
228. Seinqoerlet (Eugène). L'Alsace française. Strasbourg pendant la
révolution. Paris et Nancy, Berger-Levrault, 1881. xii-364 p. 6 fr.; pa-
pier de Hollande, 12 fr.
229. Serrure (Raymond). Dictionnaire géographique de rhistoire
monétaire belge. Bruxelles, Tauteur, 5, rue Donné, 1880. In-12, n-340 p.,
6 planches. 15 fr.
230. SiGWART (Ghristoph). Die Lebensgescbichte Giordano Bruno's.
Tùbingen, Laupp, 1880. In-4, 41 p. (Verzeichnissder Doctoren welche
die philosophische Facultaet der... Universitaet in Tùbingen... 1879-
1880 ernannt bat.)
231. SiTTARD (Josef). Gompendium der Geschichte der Kirchenmusik
mit besonderer Beriicksichtigung des kirchlichen Gesanges. Yon Am-
brosiuszur Neuzeit. Stuttgart, Levy und MùUer, 1881. vm-237 p. 4 m.
232. SoHM (Rudolph). Fraenkisches Recht und roemiscbes Recht.
Prolegomena zur deutschen Rechtsgeschicbte. Weimar, Hermann
Boehlau, 1880. 84 p. (Abdruck aus der Zeitschrift der Savigny-Stiftung
fur Rechtsgeschichte, I. Band.) 2 m.
233. Spitzen (0. A.). Thomas a Kempis als schrijver der Navolging
van Christus gehandhaafd. Utrecht, Beijers, 1881. iv-247 p., 6 fac-simi-
lés. 3 fl. 50 cents.
234. Stodart (R. R.). Scottish Arms, being a collection of armoriai
bearings, a. D. 1370-1678, reproduced in facsimile from contemporary
manuscripts, with heraldic and genealogical notes. Edinburgh, William
Paterson, 1881. 2 vol. in fol., Tunde xxv p. et pi. A-E et 1-118, l'autre
de 426 p.
235. Storelli (A.). Notice historique et chronologique sur le château
de Ghaumont-sur-Loire, avec 4 grav. à l'eau-forte. Tours, impr. Marne,
1880. In-4, 15 p.
236. Synodi Brixinenses saeculi xv. Primus edidit Dr. G. Bickeli.
Innsbruck, Rauch, 1880. 80 p. 60 kr.
237. Teissier (F.). Les Français au Ganada; historique de cette
ancienne colonie (1562-1763). Limoges et Paris, Ardant, 1880. 143 p.
238. Teissier (Honoré). Traité de la société d'acquêts suivant les
403
principes de Tancienne jurisprudence du parlement de Bordeaux. 2* édi-
tion, revue d'après les manuscrits laissés par l'auteur, annotée et
complétée d'après le code civil, mise au courant de la doctrine et de la
jurisprudence, par P. Deloynes; précédée d'un éloge de M. Teissier,
prononcé le 15 décembre 1864 par M. Ludovic Trairieux. Bordeaux,
Duthu, 1881. XLVi-683 p. 10 fr.
239. Thierry (Augustin). Premier Récit des temps mérovingiens. Avec
6 dessins de J. P. Laurens. Paris, Hachette, 1881. Gr. in-fol., p. 1 à 24.
Hollande, 75 fr.; whatman, 80 fr.; chine, 100 fr.; japon, 120 fr.
240. TiBPOLO (Gian Domenico). Due Lettere a Blanchi Giovini,
24 aprile 1833, sulla competenza del consiglio dei Dieci, e 6 luglio 1834,
suir accusa mossa a quella magistratura di aver oltrepassato le proprie
attribuzioni nel dare le istruzioni secrète al Badoer di cedere Napoli e
Malvasia ; a commento e critica délia Storia délia republica di Venezia
scritta dal Daru. Venezia, tip. Antonelli, 1880. 28 p. (Per nozze Lan-
franchini-Tiepolo.)
241. TiETz (Jul.). Die geschichtliche Entwickelung des deutschen
Nationalbewusstseins. Hannover, Hahn, 1880. 199 p. 2 m.
242. Tirolische geschichtsquellen. II. Ghronik des stiftes Marienberg
verfasst von p. Goswin, prior und hofcaplan. Herausgegeben von^p.
Basilius Schwitzer. Innsbruck, Wagner, 1880. xlv-275 p. 3 fl. 40 kr.
243. TousTAiN DE BiLLY (René). Histoire ecclésiastique du diocèse de
Cou tances. Publiée pour la première fois par François Dolbet. Tome II.
Rouen, Métérie. 403 p. 10 fr. (Publication de la Société de l'histoire de
Normandie.)
244. TuRPiNi Historia Karoli Magni et Rotholandi. Texte revu et
complété d'après sept manuscrits par Ferdinand Caste ts. Montpellier,
Société pour Tétude des langues romanes, et Paris, Maisonneuve, 1880.
xii-96 p. (Société pour l'étude des langue^ romanes, publications spé-
ciales.) 4 fr.
245. Van Bastelaer (D. A.). Étude sur un précieux reliquaire phy-
lactère du XII® siècle, provenant du prieuré de Sart-les-Moines, à Gos-
selies, et probablement originaire de l'abbaye de Lobbes; émail et
dorure sur cuivre bronzé. Anvers, impr. Plasky, 1880. 27 p. et 2 pi.
(Extrait des Annales de l'Académie d^ archéologie.)
246. Van Cadwenberghb (E. F.). L'Église de Notre-Dame de Pamele,
à Audenaerde, et ses restaurateurs. Audenaerde, impr. Bevemaege-
Van Eechaute, 1880. xiv-133 p. 8 fr.
247. Vereeniging tôt uitgave der bronnen van het oude vaderlandsche
recht. Verslagen en mededeelingen. N^I. 'S Gravenhage, Nijhofr,1880.
36 p. 60 cents.
248. Vinci (Léonard de). Les Manuscrits de Léonard de Vinci. Le
404
manuscrit A de la bibliothèque de l'Institut, publié en fac-similés
(procédé Arosa) avec transcription littérale, traduction française, préface
et table méthodique par M. Charles Ravaisson-Mollien. Paris, Quantin,
1880. In-4, 301 p. avec 126 planches. 100 fr.
249. Yisgher-Merian (K.). Henman Sevogel von Basel und sein
Geschlecht. Basel, Schwabe, 1880. In-fol., xvi-121 p.
250. Ylaemisches Tagebuch ûber Yasco da Gama's zweite Reise 1502-
1503. Herausgegeben, ûbersetzt und erlaeutert von H. G. G. Stier.
Braunsebweig, Schwetschke, 1880. 42 p. 1 m. 20 pf.
251. Yloten (J. van). Het Nederlandsche kluchtspel van de 14* tôt de
18« eeuw. 2* vermeederde druk. 2« deel. De zeventiende eeuw. Haarlem,
De Graaff, 1880. 256 p. 2 fl. 40 cents. (Sera complet en trois tomes.)
252. Wanqemann (Otto). Geschichte der Orgel und der Orgelbaukunst
von den ersten Anfaengen bis zur Gegenwart. 2. Auflage. Denunin,
Frantz, 1880. x-559 p. et 58 pi. 15 m.
253. Weinhold (Karl). Kleine mittelhochdeutsche Grammatik. YYien,
BraumùUer, 1881. vii-lOO p. 1 fl.
254. Werner (Karl). Die Scholastik des spaeteren Mittelalters. I. B. :
Johannes Duns Scotus. Wien, BraumûUer, 1881. xvm-514 p. 5 fl.
255. WiEGAND (W.). Charte messine en français de Tannée 1212.
Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouvemeur, 1880. 3 p. (Extrait de
la Bibliothèque de l'École des chartes, t. XLI.)
256. WiETERSHEiM (Eduard von). Geschichte der Yoelkerwanderung.
Zweite vollstaendig umgearbeitete Auflage besorgt von Félix Dahn.
I. B. Mit einer Karte von H. Kiepert. Leipzig, Weigel, 1880. viii-637 p.,
1 carte. 15 m.
257. WiLL(C!omelius).Konrad von Wittelsbach, Cardinal, Erzbischof
von Mainz und von Salzburg, deutscher Reichserzkanzler. Zur Feier
des siebenhundertjaehrigen «hibilaeums des Hanses Wittelsbach. Fest-
schrift des historischen Yereins von Oberpfalz und Regensburg.
Regensburg, New York und Cincinnati, Friedrich Pustet, 1880. vm-
118 p. 1 m. 50 pf.
258. Zerbi (Luigi). Il Cronista monzese : album di reminiscenze patrie
délia città di Monza ed antica sua corte, in continuazione dei già pub-
biicati dal dott. Giovanni Mazzetti. Yol. II. Monza, tip. Gorbetta, 1880.
In-32, 137 p. 1 1.
CHRONIQUE ET MÉLANGES.
Les élèves de TÉcole des chartes ont soutenu leurs thèses le 24 et le
25 janvier 1881. Le rapport suivant, adressé au ministre de l'instruction
publique par M. Delisle, président du conseil de perfectionnement, fait
connaître les sujets choisis par les candidats et résume le jugement
porté par les examinateurs.
Monsieur le ministre.
En vous adressant la liste des élèves de l'École des chartes que le
conseil de perfectionnement a jugés dignes d'obtenir le brevet d'archi-
viste paléographe, je dois vous rendre compte de l'épreuve de la thèse,
dont l'importance augmente d'année en année et qui donne la mesure
exacte de l'instruction, du travail et surtout de la critique des jeunes
gens. Le résultat de l'année 1881 a paru assez satisfaisant : un seul
candidat a dû être ajourné, et, sur les douze thèses que le conseil a
acceptées, trois sont des morceaux remarquables dont la publication
fera honneur à l'École.
M. Omont, dont le travail a été particulièrement distingué, avait
choisi pour sujet de sa thèse la théorie de la ponctuation chez les gram-
mairiens latins de l'antiquité et du moyen âge. Il a jeté beaucoup de
clarté sur des questions fort obscures, et a fait preuve d'une érudition
étendue, d'un jugement sûr et d'une rare expérience bibliographique.
Sa dissertation, toute courte qu'elle est, mérite d'être citée comme
un des meilleurs travaux paléographiques publiés en France depuis un
certain nombre d'années.
Pour composer son Essai sur l'organisation municipale de Toulouse au
moyen âge, M. Grandjean s'est livré à des recherches tout à fait origi-
nales, qui l'ont mis en possession de nombreux documents inédits. Il
a tiré un excellent parti des textes qu'il avait rassemblés et qu'il a tou-
jours interprétés avec beaucoup de sagacité. Le mémoire qu'il nous a
soumis est loin d'être complet; mais il renferme déjà des résultats
considérables et définitifs sur l'histoire des institutions d'une de nos
plus grandes cités du Midi.
Sous ce titre, les Décimes ecclésiastiques au XIII^ siècle, M. Gerbaux a
étudié l'origine et le système des impositions que les gens d'Église
eurent à supporter en France depuis Philippe-Auguste jusqu'à Philippe
le Bel. Il a parfaitement déterminé la nature de ces contributions, les
circonstances qui en amenèrent l'établissement, la façon dont elles
étaient décrétées, assises et levées dans chaque diocèse, et le montant
406
des sommes qu'elles produisaient. Nous avons là, appuyé sur des
preuves solides, un chapitre tout à fait neuf de notre histoire financière.
M. Digard a étudié la puissance paternelle au moyen âge, ptHncipale^
ment aux XllI^ et XIV* siècles et dans les pays de droit coutumier. Sa
thèse est le fruit de recherches méthodiques et considérables, mais qui
cependant n'ont pas été poussées assez loin sur plusieurs points. L'au-
teur devra revoir son travail et discuter à nouveau plusieurs théorîeB
qui ont paru trop absolues.
L'Essai de M. Grassoreille sur Vhistoire politique du chapitre de Notre-
Dame de Paris pendant la domination anglaise (1420-1436) a été princi-
palement rédigé d'après les registres capitulaires déposés aux Archives
nationales. Si les examinateurs ont regretté que le candidat ne se f&t
pas assez pénétré du caractère général de l'époque, ils se sont plu à
constater que les documents avaient été consciencieusement choisis,
qu'ils avaient été exactement analysés et que le récit, combiné avec les
pièces justificatives, formait un tableau fidèle de l'état de Paris pendant
une des périodes les plus tristes de notre histoire.
M. Bénet a entrepris sur les actes des ducs de Normandie une étude à
laquelle il était bien préparé et qui pourra un jour aboutir à des résul-
tats vraiment utiles ; mais le cadre était si étendu qu'aucune partie n'a
pu en être convenablement remplie. La vaste ébauche que M. Bénet a
soumise au conseil atteste un travail excessif, et dénote çà et là une
rare aptitude aux recherches diplomatiques; mais l'auteur devra se
mettre en garde contre une tendance au paradoxe et se livrer préalable-
ment à des observations chronologiques, qui sont ici d'autant pins
nécessaires que la plupart des actes des ducs de Normandie du zi« et
du xii« siècle sont absolument dépourvus de date de temps.
M. Dufresne, dans son Essai sur Vhistoire de la reliure, a montré qu'il
aimait les beaux livres et qu'il savait les examiner en homme de goût
et en archéologue. Nous pouvons espérer qu'il nous donnera une bonne
histoire de la reliure; mais il devra sévèrement contrôler ce qu'on a
écrit sur le sujet et recueillir des textes sans lesquels il ne sortirait pas
du vague et de la confusion qui enveloppe la vie et jusqu'au nom des
grands relieurs et doreurs du xvi« et du xvn« siècle.
M. Welvert a voulu faire connaître les relations du roi de Bohême
Jean de Luxembourg avec la France, C'était une heureuse idée que de
consacrer une monographie à un personnage qui tient une belle place
dans les annales du xiv« siècle et qui est mort si héroïquement au ser-
vice de notre pays. L'auteur est assurément allé plus loin que le doc-
teur J. Schotter, à qui nous devons un très bon ouvrage sur l'histoire
générale de Jean de Luxembourg. M. Welvert a notamment recueilli
des renseignements nouveaux sur l'administration de Jean de Luxem-
bourg pendant sa lieutenance générale en Languedoc. Mais il lui reste
encore beaucoup de détails à étudier, pour mettre suffisamment en relief
407
Tune des plus sympathiques figures de la cour de Philippe de Valois.
En traitant de VafTranchissement et de la condition des a/Tranchis dans
la Gaule franque^ M. Fournier s*est trop exclusivement préoccupé du
côté philosophique et économique de la question. Au lieu de se horner
à examiner successivement les différents modes d'affranchissements
pratiqués au moyen âge, à en rechercher l'origine, à en expliquer le
mécanisme, et à en constater les effets juridiques, il s'est livré à des
considérations sur la marche progressive de la liberté qui ne répondaient
pas à la nature des travaux dont on s'occupe à l'Ecole. Encore ces
considérations ont-elles paru manquer d'exactitude sur plusieurs points,
notamment en ce qui concerne le rôle de l'Église, à laquelle M. Fournier
conteste la grande et légitime part qui lui revient dans l'adoucissement
du sort des esclaves et dans la marche progressive des affranchissements.
UEssai de M. Rébouis sur l'origine et le développement du crédit^ du
change et de l'assurance avant le IV^ siècle a demandé beaucoup de
recherches ; mais l'étendue trop considérable du programme que s'était
tracé l'auteur ne lui a pas permis de traiter convenablement des ques-
tions fort délicates et fort complexes, qu'il lui eût été possible d'appro-
fondir davantage; car sur plusieurs d'entre elles il existe déjà des
ouvrages justement estimés.
Philippe de Navarre, comte de Longueville (1334-1363), que M. Helleu
a pris pour sujet de thèse, est un personnage assez peu intéressant,
mais dont la vie pouvait cependant donner lieu à une étude spéciale.
M. Helleu a combiné assez heureusement les récits des historiens
contemporains, mais, sur plus d'un point, il s'est contenté de consulter
des ouvrages de seconde main, et trop souvent il a négligé les rensei-
gnements qu'il aurait trouvés dans différentes collections de la Biblio-
thèque et des Archives nationales.
Le Coutumier de la vicomte de Dieppe, conservé aux archives de la
Seine-Inférieure, est un des documents les plus précieux qui nous soient
parvenus sur l'histoire du commerce au moyen âge. Il pouvait fournir
la matière d'une très bonne thèse. Les commentaires de M. Goppinger
sur ce document en font assez bien connaître la valeur; mais il sera
indispensable de les revoir et de les compléter, comme aussi d'établir à
nouveau le texte môme du CSoutumier, qui avait été joint à la thèse.
Dans le compte rendu qui précède, j'ai essayé, monsieur le ministre,
de donner une idée sommaire et exacte des travaux que les élèves de
l'École des chartes viennent de soumettre au conseil de perfectionne-
ment. Il y a lieu d'être généralement satisfait du choix des sujets et de
la solidité des résultats.
Le conseil, en tenant compte des thèses et des examens du mois de
juillet, a dressé par oi(dre de mérite la liste suivante des élèves aux-
quels il vous propose de vouloir bien délivrer le brevet d'archiviste
paléographe :
408
MM.
lo Grandjean (Charles-Alfred), né à Langres (Hante-Marne) le 9 sep-
tembre 1857.
2* Omont (Henri- Auguste), né à Évreux (Eure) le 15 septembre 1857.
3» Bénet (Armand-Eugène), né à Évreux (Eure) le 2 septembre 1858.
4« Gerbaux (Fernand), né à Paris le 2 juillet 1857.
5® Digard (Georges- Alfred-Laurent), né à Versailles le 1«' juillet 1856.
6« Grassoreille (Georges -Auguste- Emile), né à Saint-Gyr- l'École
(Seine-et-Oise) le 4 janvier 1860.
7« Rébouis (Jean-Marie-Hippolyte), né à Valence (Tarn-et-Garonne)
le 16 avril 1856.
8« Welvert (Eugène-Nicolas), né à Thionville (Moselle) le 20 mars
1857.
90 Dufresne (Arthur-Henry), né à Paris le 6 février 1858.
lO® Fournier (Pierre- Joseph-Marcel), né à Bordeaux le 13 octobre 1856.
11» Helleu (Joseph-Louis), né à Paris le 13 août 1857.
Et hors concours :
M. Goppinger (Adrien-Jacques-Emmanuel), né à Paris le 24 dé-
cembre 1847, qui ne faisait pas partie de la promotion et avait été
précédemment autorisé par le conseil à présenter sa thèse cette année.
Conformément aux propositions du Gonseil de perfectionnement,
M. le ministre a délivré le brevet d'archiviste paléographe aux élèves
de rÉcole des chartes dont les noms suivent, rangés par ordre de
mérite :
MM. 1. Grandjean.
2. Omont.
3. Bénet.
4. Gerbaux.
5. DlQARD.
6. Grassoreille.
7. Rébouis.
8. Welvert.
9. Dufresne.
10. Fournier.
11. Helleu.
Hors concours : M. Goppinger.
— Ont été promus aux classes suivantes de leur emploi d'archiviste
aux Archives nationales :
2« classe M. Tuetey.
3» classe M. Bruel.
6® classe MM. Teulet et Delaborde.
— Par arrêté du 27 décembre 1880, notre confrère M. Valois a été
nommé archiviste auxiliaire aux Archives nationales.
409
— Par arrêté du 10 janvier 1881, notre confrère M. Deprez a été
nommé bibliothécaire au département des manuscrits de la Biblio-
thèque nationale.
— Par arrêté du 22 janvier 1881, M. Helleu, ancien élève de PÉcoIe
des chartes, a été nommé surnuméraire à la bibliothèque de l'Arsenal.
— Notre confrère M. Junca, rédacteur du National, a été nommé
chevalier de la Légion d'honneur.
— Notre confrère M. Tabbé Paradis, premier vicaire de Saint-Tho-
mas d'Aquin, a été nommé curé de l'église Sainte-Marguerite.
— Le Rapport de la commission des écoles d'Athènes et de Rome sur
les travaux de ces deux écoles pendant Vannée 1880, lu à P Académie
des inscriptions et belles-lettres par M. Léon Heuzey dans les séances
du 17 et du 24 décembre 1880, rend compte en ces termes des travaux
de nos confrères MM. Élie Berger, Paul Durrieu et Antoine Thomas :
f M. Élie Berger avait obtenu de rester à Rome une quatrième année,
pour y terminer un travail d'une grande importance , le dépouillement
et la publication des registres du pape Innocent lY, conservés aux
archives du Vatican. Ceux de nos confrères chargés successivement de
vous présenter, les années précédentes, le rapport de la commission,
s'étaient vus forcés de garder à ce sujet une certaine réserve, pour lais-
ser à l'auteur toute la primeur d'une entreprise scientifique qui n'était
pas encore arrivée à son terme. Aujourd'hui que le premier fascicule
de l'ouvrage de M. Berger est imprimé et que les autres doivent se
succéder très rapidement, nous pouvons proclamer hautement les
mérites d'une publication qui fera grand honneur à l'érudition fran-
çaise. Elle formera trois volumes grand in-4o, qui inaugurent digne-
ment une série nouvelle de mémoires, édités dans ce format par nos
savantes écoles.
« C'est grâce à un labeur infatigable que l'auteur a pu terminer en si
peu d'années cette vaste collection de documents originaux. En effet,
les registres d'Innocent FV ne contiennent pas moins de 8,600 pièces ,
dont 6,000 environ sont inédites; selon l'intérêt qu'elles présentent,
M. Berger les reproduit, tantôt in extenso, tantôt par extraits, parfois il
en donne seulement l'intitulé avec une courte analyse. Dans chaque
volume figureront en outre des dissertations et des monographies,
notamment le Mémoire sur la diplomatique d'Innocent IV, dont la première
moitié a été soumise, l'année dernière, au jugement de l'Académie.
f On comprend l'intérêt d'un recueil de ce genre pour l'histoire , la
chronologie et la géographie du xni« siècle. Ce qu'il ajoute aux données
du Regesta pontificum, de Vltalia sacra, du Gallia christiana, du Monas-
ticon Anglicanum, de VEspana sagrada, est considérable. Il fournira un
grand nombre de renseignements nouveaux sur l'histoire des croisades
et surtout sur la grande lutte entre l'empereur Frédéric II et la papauté.
440
Pour l'histoire de France en particulier, il fera plus complètement con-
naître les rapports du pape avec saint Louis et ses frères, avec la reine
Blanche et le conseil qui dirigea les affaires entre la mort de cette
princesse et le retour du roi, et permettra aussi d'examiner dans quelle
mesure étaient fondées, au temps du concile de Lyon, les doléances dn
clergé de France. Celles de nos provinces qui, au xui* siècle, ne fai-
saient pas encore partie du royaume, comme l'Alsace, occupent une
grande place dans ce travail.
c Grâce au zèle consciencieux de M. Berger, à la disposition claire et
méthodique qu'il a adoptée, à la mesure intelligente qu'il apporte dans
le triage et dans l'analyse des documents par lui dépouillés, FËcole de
Rome aura produit une œuvre que l'un de nos savants confrères, nn
des maîtres de ces études, a jugé d'avance comme l'une des publications
diplomatiques les plus considérables de notre époque
« M. Paul Durrieu s'occupe de l'histoire du moyen âge, et c'est à
Naples qu'il a établi le centre de ses recherches. Son choix est enviable ;
mais ce qui l'a surtout attiré vers cette belle ville, intéressante à tant
de titres, c'est qu'il y retrouvait la France et les traces des expéditions
françaises dans l'Italie méridionale. Ses études de deuxième année ont
porté sur deux sujets distincts, tous les deux se rattachant aux événe-
ments accomplis dans cette région à la fin du xiv« siècle, et auxquels
des Français ont été mêlés. A cet ordre d'idées appartiennent d'abord
deux mémoires déjà imprimés : la Prise d^Arezzo (1384) par Enguer^
rand VII, sire de Coucy, et le Royaume d'Adria (1393-1394). Dans ces
mémoires on peut louer l'emploi judicieux que l'auteur a su faire des
documents inédits trouvés par lui dans les archives de France et
d'Italie.
c Ce sont, en réalité, deux fragments détachés d'un travail d'ensemble
sur les relations de la France avec l'Italie pendant le règne de
Charles VI. L'un montre Enguerrand VII de Coucy passant en Italie
pour aider le duc Louis d'Anjou, prétendant français à la couronne de
Naples. L'autre raconte les intrigues de Jean-Galéas Visconti, seigneur
de Milan, qui aspire à se faire couronner roi d'Italie et qui demande
pour le duc d'Orléans, son gendre, la création d'un royaume formé aux
dépens des États de l'Église. L'intérêt principal de ces études est de
montrer, à sa naissance . la pensée des expéditions et des conquêtes
françaises au delà des Alpes. L'Académie avait permis à l'auteur de
prendre date auprès d'elle pour un sujet autour duquel d'autres érudits
paraissaient s'empresser. C'est pour ne pas être devancé que M. Durrieu
a publié dans la Bibliothèque de V École des chartes et dans la Rwue des
questions historiques les premiers résultats acquis par ses recherches.
« L'autre travail de M. Durrieu nous fait connaître l'organisation de
la chancellerie des princes angevins à Naples. Depuis longtemps, on
savait qu'il existait dans les archives napolitaines une volumineuse
4H
collection de registres renfermant les actes de cette chancellerie du
' xm« au XY« siècle. Mais on ne soupçonnait pas, au moins en France,
avec quel désordre ces registres avaient été constitués, à une époque
relativement moderne, avec les débris des registres primitifs. M. Paul
Durrieu a pris les cinquante-un registres les plus anciens; il les a
étudiés feuillet par feuillet, pour déterminer les éléments dont chacun
d'eux était formé. U a ainsi dégagé de la masse confuse dans laquelle
ils étaient mêlés tous les débris qui subsistent des registres antérieurs
à la mort de Charles I^. En s'aidant des cotes anciennes , des titres
courants, des caractères des écritures et du contenu des actes, il est
arrivé à retrouver, presque toujours avec certitude , la place que ces
innombrables fragments tenaient dans la série des registres originaux.
Il est superflu de faire remarquer combien cette patiente et intelligente
restitution était nécessaire pour tirer parti des milliers d'actes consignés
sur ces fragments et dont beaucoup se rapportent directement et exclu-
sivement à la France. C'est donc un véritable service rendu à l'étude
de notre histoire nationale; renonciation d'un pareil résultat est le
meilleur éloge que nous puissions faire du travail de M. Durrieu , et
c'est déjà une récompense de ses laborieux efforts
« Nous commençons la revue des travaux de première année de
PËcole de Rome par les mémoires de M. Antoine Thomas, qui continue
le grand travail d'analyse et de publication des anciens registres ponti«
ficaux, entrepris par l'École et si heureusement inauguré par M. Berger.
Ce sont les actes de la chancellerie du pape Boniface VUI dont il a
commencé le dépouillement. Il a résumé les premiers résultats de ses
recherches sous le titre de : Notes sur Boniface VIII et le premier registre
de ses bulles. Par des exemples bien choisis il nous fait entrevoir com-
bien sera féconde en révélations nouvelles la publication des bulles et
des lettres de cet illustre pontife. Les extraits qu'il nous donne per-
mettent déjà d'introduire des additions et des rectifications importantes
dans beaucoup d'articles du Gallia christiana et de VHistoire littéraire
de la France.
(c Un second mémoire de M. Thomas est consacré à six manuscrits
de Bernard Gui, conservés au Vatican, et qui doivent s'ajouter aux
cent trente manuscrits du même auteur que notre savant confrère
M. Léopold Delisle a décrits et classés dans le tome XXVII des Notices
et extraits des manuscrits. Plusieurs des manuscrits signalés par M. Tho-
mas ont une réelle importance. L'un d'eux, le n' 705 du fonds de la
Reine, est un exemplaire original. Un autre, le n* 697, du même fonds,
nous fait envisager sous un jour tout à fait nouveau la question des
traductions françaises des ouvrages de Bernard Gui. D'après les com-
paraisons faites par M. Thomas, les trois points suivants paraissent
démontrés : 1* une première traduction des Fleurs des chroniques avait
été exécutée avant l'année 1368, date d'une copie que Charles V s'en
442
fit faire et qui est aujourd'hui à la bibliothèque de la chambre des
députés; 2» en 1369, Charles V fit traduire la Chronique abrégée des
papes et plusieurs autres opuscules historiques, par le carme Jean
Golein, dont le manuscrit original, présenté au roi, forme le n* 697 du
fonds de la Reine au Vatican ; 3* au xiii* siècle fut faite une seconde
traduction des Fleurs des chroniques et de plusieurs autres opnscales de
Bernard Gui, traduction qui nous a été conservée par le manuscrit
français GVII do Turin. Ce sont là des résultats d'un grand intérêt poor
notre histoire littéraire et pour la critique des ouvrages de l'un des plus
notables chroniqueurs du commencement du xrv« siècle. M. Thomas a
joint à son envoi les photographies de deux miniatures , Tune repré-
sentant le roi Jean, l'autre le carme Jean Golein offrant à Charles Y sa
traduction de Bernard Gui. »
— La perte si profondément regrettable que l'érudition française et
les lettres du moyen âge ont faite en la personne de M. Paulin Parie,
décédé le 13 février 1881, sera tout particulièrement ressentie par
rÉcoie des chartes. M. P. Paris, membre de l'Académie des inscrip-
tions et belles-lettres, professeur honoraire au collège de France, con-
servateur adjoint honoraire à la Bibliothèque nationale, était en outre,
depuis 1847, membre du conseil de perfectionnement de l'École des
chartes, et il a prouvé son attachement à l'École par l'assiduité avec
laquelle il a exercé ces fonctions jusqu'à la fin de sa vie. Il avait pris
part encore à l'examen des thèses de sortie qui ont été soutenues en
janvier dernier par les élèves de la promotion de 1881.
La Bibliothèque de l'École des chartes s'honore de compter M. Paulin
Paris au nombre de ses collaborateurs des premières années. Il a donné
à notre recueil les articles suivants :
Notice sur la vie et les ouvrages de Richard de Foumival, Tome II de
la l""» série, 1840-1841, pages 32 à 56.
Redierches sur Ogier le Danois. Tome III, 1841-1842, pages 521 à 538.
La Chanson de Roland (édition de M, Génin), Tome XU, ou II de la
3« série, 1851, pages 297 à 338 et 393 à 414.
M. ALFRED GIRAUD.
La Société de l'École des chartes vient de perdre un de ses membres
les plus distingués en la personne de M. Louis-Alfred Giraud, décédé
à Fontenay-le-Comte (Vendée) le 9 juillet dernier. Né dans la même
ville le 3 août 1827, il avait fait ses études au collège de Pont-Levoy, et,
bientôt élève à la fois de l'École de droit et de l'École des chartes, il
devint docteur en droit en 1852 et reçut le diplôme d'archiviste paléo-
graphe, le premier de sa promotion, le 15 novembre 1853. Il fit paraître
presque en môme temps une savante Dissertation sur le divorce et la sépa'^
U3
ration de corps (Paris, 1852, in-8* de 84 p.). Il se décida alors en faveur
du droit, entra dans la magistrature et fut successivement substitut à
Tours en 1856 , procureur impérial à Gien en 1860 et à Parthenay en
1862, vice-président du tribunal de Blois en 1868 et enfin conseiller à
la cour d'Orléans en 1876. A la fois poète, littérateur et jurisconsulte,
sans parler ici d*un volume de vers , il fît paraître dans divers recueils,
tels que le Bulletin du bibliophile, la Revue des provinces de V Ouest, Bre-
tagne et Poitou, des notices sur des personnages historiques de la Ven-
dée, ainsi que des articles juridiques dans les revues de droit, de 1859
à 1864. En 1869, il donna, sous le titre dHÉléments du droit municipal,
un cours professé par lui à Técole normale de Parthenay, et relatif
principalement à la tenue des registres de Tétat civil. Absorbé par ses
travaux juridiques, notre confrère avait laissé de côté les études de
l'École des chartes ; cependant il a communiqué à notre recueil, sous le
titre de Signatures du roi Jean, une lettre inédite de ce roi adressée à
son fils le dauphin Charles (Bibl. de V École des chartes, XVI® année,
1855, p. 43). Mais il avait conservé de son passage parmi nous le goût
des recherches érudites; aussi il publia en 1877 dans le Correspondant
une étude remarquée sur M^^ de la Vallière et son temps, d'après des
documents inédits. Au moment où la mort est venue Tatteindre, notre
confrère mettait la dernière main à une savante édition des plus belles
poésies de son compatriote Nicolas Rapin. M. Giraud avait été élu
député de la Vendée en 1871 par 54,000 suffrages; il était officier
d'académie et faisait partie depuis 1877 de la Société archéologique et
historique de l'Orléanais. Un ancien président de cette société, M. Bou-
cher de Molandon, lui a consacré une notice pleine d'une émotion sin-
cère, d'où nous avons extrait les détails qui précèdent ^
FUNÉRAILLES DE M. CLAUDE.
M. Claude, bibliothécaire au département des manuscrits de la
Bibliothèque nationale, s'est éteint le 3 février 1881, après une longue
maladie. Les paroles suivantes ont été prononcées sur sa tombe par
M. Léopold Delisle :
Messieurs,
Cette tombe ne doit pas se refermer sans que j'exprime en deux mots
les sentiments que la mort de M. Claude éveille dans Pâme de tous ses
1. M, Alfred Giraud ^ archiviste paléographe et docteur en droit, ancien
député de la Vendée, conseiller à la cour d'appel d'Orléans, membre de la
Société archéologique et historique de l'Orléanais. Notice nécrologique lue en
séance par M. Boucher de Molandon , ancien président de la Société , membre
non-résidant du comité des travaux historiques. Orléans , Herluison , libraire,
1880. In-8% 10 pages.
8
amis de la Bibliothèque nationale. Il y aurait injustice à ne pas dire ici
un dernier adieu à un modeste fonctionnaire qui, pendant de longaes
années, s'est donné tout entier au département des manuscrits, absolu-
ment esclave du devoir et étranger à tout calcul d'ambition.
Charles-Clément Claude, né en 1798, s'était d'abord destiné au bar-
reau ; mais la très solide instruction qu'il avait reçue, un goût prononcé
pour rhistoire et la littérature, une mémoire très sûre, un amour pas-
sionné dos livres et en général de tous les documents du passé, lui
permirent d'aborder, sans trop de désavantage, à l'âge d'environ quar-
rante ans, une carrière à laquelle il regretta toujours de n'avoir pu se
préparer dès la jeunesse en suivant les cours de l'École des chartes.
Attaché en 1834 aux travaux historiques dont M. Guizot avait donné le
plan général et dont le principal atelier était au département des ma-
nuscrits de la Bibliothèque, Claude fut bien vite remarqué et protégé
par l'homme à qui revient en grande partie l'honneur d'avoir restauré
en France les études paléographiques et diplomatiques. Les conseils de
Benjamin Guérard et une collaboration quotidienne avec l'élite des
jeunes archivistes paléographes suffirent pour l'initier en peu de temps
aux plus délicates opérations bibliographiques, comme aux méthodes et
aux procédés de l'érudition. U eut promptement fait ses preuves, et l'ad-
ministration de la Bibliothèque saisit la première occasion qui se pré-
senta de l'attacher au département des manuscrits. U reçut sa nomina-
tion officielle le !«' janvier 1841 ^
A partir de ce jour, il se mit corps et âme au service de l'établissement,
et jamais Tadministration n'eut auxiliaire plus actif, plus vigHant et
plus intègre, pour couper court à des abus dont la gravité ne peut plus,
hélas ! être contestée, depuis qu'on a vérifié les mutilations infligées à
nos collections pour alimenter le commerce des livres imprimés ou ma-
nuscrits et des lettres autographes. Claude comprit l'importance de la
mission qui lui était confiée ; il la remplit avec la plus scrupuleuse
ponctualité, sans jamais s'écarter des convenances hiérarchiques, dont
aucun employé ne fut plus scrupuleux observateur. L'un des premiers,
il entrevit le parti que des malfaiteurs pouvaient tirer du désordre de
certaines collections, de l'absence de cotes et de l'habitude de commu-
niquer des papiers non classés et non reliés. Il n'épargna point sa peine
pour remédier à un tel état de choses. Chargé du service des reliures au
département des manuscrits, il trouva le mal si profond que, pour en
arrêter les progrès, il fallait y apporter au plus vite les remèdes les plus
énergiques.
Maintenant que nous savons comment des coflections précieuses,
1. M. Claude fat nommé surnuméraire, au traitement de 400 francs, le l** jan-
vier 1841 ; employé, au traitement de 1200 francs, le 6 septembre 1844 ; biblio-
thécaire le 28 février 1862.
415
telles que celles de Baluze et de Dupuy, étaient mises en coupes réglées,
nous devons être bien indulgents pour les traces de précipitation que
nous rencontrons çà et là dans la constitution de certains volumes. Le
service du prêt, comme celui de la reliure, fut remis en ordre par
Claude. Nous lui devons encore la tenue régulière des registres d'entrée,
qui, pour les périodes antérieures, présentent tant de lacunes et d'obs-
curités.
Malgré ces occupations multiples, il trouvait encore le temps de
dresser des répertoires et d'aider dans leurs recherches la plupart des
habitués du département des manuscrits. Le service de la Bibliothèque
l'absorbait à ce point qu'il n'eut jamais l'idée d'entreprendre aucun
travail personnel. U connaissait cependant à merveille les ressources
que nos collections offrent aux érudits, et la part qu'il a prise à l'édition
du Cartulaire de Saint^-Bertin prouve qu'il était bien préparé à publier
et à critiquer les textes diplomatiques du moyen âge. Cette aptitude est
encore attestée par les beÛes copies de plusieurs cartulaires de la Cham-
pagne et de la Flandre qu'il a exécutées pour la Bibliothèque, dans les
dernières années de sa vie, quand l'âge avait brisé ses forces, sans
affaiblir son intelligence et sans altérer l'élégante fermeté de son
écriture.
En afErmant que Claude laissera une très honorable trace de son pas-
sage au département des manuscrits, je ne suis pas aveuglé par mon
amitié pour un homme qui m'accueillit cordialement à la Bibliothèque
il y a bientôt trente-cinq ans, qui m'a transmis les plus précieuses tra-
ditions de l'établissement et qui m'a prodigué tant de témoignages du
plus affectueux dévouement. Ce n'est pas en mon nom personnel, c'est
au nom de la Bibliothèque nationale, qu'en lui adressant ici un suprême
adieu, je rends hommage à la droiture de son caractère, à la solidité de
son jugement, à l'étendue de ses connaissances et au nombre des ser-
vices par lui rendus au département des manuscrits.
LES ARCHIVES DU MINISTÈRE DE LA MARINE.
L'article qu'on va lire a été publié par notre confrère M. Jules Flam-
mermont dans la Revue politiqite et littéraire du 19 février 1881 :
Comme les ministères de la guerre et des affaires étrangères, le dépar-
tement de la marine conserve dans son hôtel ses archives anciennes et
modernes. Ce dépôt est aussi riche que les deux autres : on n'y détient pas
seulement les papiers qui concernent l'histoire spéciale de la marine et
des colonies, l'organisation des flottes, la construction des navires, le
recrutement des matelots et des soldats, les guerres maritimes, les
grands voyages d'exploration, la découverte, la colonisation et l'admi-
nistration de nos possessions d'outre-mer; on y garde encore une partie
446
notable de la correspondance des consulats, qui jusqu'à la révolation
ont été rattachés à ce ministère, et bien des pièces relatives aux a£Gure8
intérieures du royaume. C'est donc une mine des plus abondantes en
excellents matériaux pour Thistoire de notre pays, de nos colonies et de
toutes les nations avec lesquelles nous avons eu des guerres maritimes
ou entretenu des relations commerciales.
Gomment se fait-il qu'un dépôt d'une telle importance ait été jusqu'ici
si peu exploré? D*où vient que les historiens en ont si peu profité? Cest
qu'il a toujours été et est encore dans un désordre tel, que les recherches
sérieuses y sont impraticables.
Gomme nos maîtres et la plupart des érudits qui s'occupent des temps
modernes, nous connaissions vaguement cet état de choses lamentable ;
aussi, bien qu'il se trouve dans ces archives un grand nombre de docu-
ments indispensables pour nos études personnelles sur les institutions
de la France avant la révolution, nous hésitions à y risquer des inves-
tigations, quand nous apprîmes tout récemment que le principal auteur
et le plus ardent défenseur de ce système d'obstruction allait être mis
en retraite. U devait, pensions-nous, avoir perdu dès aujourd'hui un
peu de son prestige et de son influence ; reprenant courage, nous solli-
citâmes du ministre l'autorisation d'entrer dans le sanctuaire. M. l'ami-
ral Gloué s'empressa de nous l'accorder, et, quoique sa bienveillance et
son généreux appui nous aient été peu utiles , il nous permettra de lui
en offrir ici nos meilleurs et nos plus sincères remerciements.
Nous entrons; mais, hélas! il nous fallut peu de temps pour recon-
naître que les archives de la marine étaient toujours dans le même état
et qu'à moins d'y consacrer de longues et fréquentes séances pendant
plusieurs années , il serait impossible de trouver dans cet inextricable
chaos les importants documents qui y sont et dont nous regrettons
chaque jour de ne connaître que l'existence.
Le premier soin du chercheur qui s'engage dans un dépôt d'archives
est de solliciter la communication de l'inventaire, guide indispensable
pour se diriger dans ce labyrinthe. Nous avons fait comme tout le monde,
et, plus heureux que beaucoup de nos devanciers, nous avons eu la
bonne fortune d'être adressé à un employé des plus obligeants.
Quel inventaire, grands dieux ! Ces archives qui contiennent plus de
quarante mille articles , tant registres que cartons , savez-vous en com-
bien de pages elles sont écrites? En moins de soixante, petit in-folio,
d'une belle grosse écriture ronde, où les blancs tiennent la plus grande
place I
Dans la galerie B se trouvent conservés 1150 cartons et 1422 volumes,
qui contiennent les papiers de toutes nos colonies , tant de celles que
nous avons perdues que de celles qui nous restent, depuis leur origine
jusqu'à nos jours. Groirait-on que l'inventaire de cette collection si con-
sidérable ne comprend pas plus de trois pages? Mais il y a mieux : dans
U7
la galerie J sont des documents d'une importance capitale , catalogués
ainsi : « Ordres du roi et dépêches des ministres, 1662 à 1789; 641 "volumes.
Cette correspondance, qui commence à la direction des affaires de la
marine par C!olbert, sous le ministère de Hugues de Lionne, est du plus
haut intérêt. » Puis viennent quelques lignes relatives aux travaux de
compilation entrepris autrefois pour fixer les traditions administratives,
et c'est tout! pas d'autre indication utile 1
Attendez ; vous n'êtes pas au bout; il y a mieux encore. Sous ce titre :
Campagnes de 1572 à 1789, on lit ces lignes d'une fantaisie invraisem-
blable :
« La partie la plus brillante des documents correspond naturellement
à l'éclat des hommes qui se sont le plus distingués dans les combats.
Cette partie est celle des ministères de Colbert et de Seignelay.
« A partir des Phélippeaux, la guerre prend une autre allure. La
course est favorisée. La victoire de Velez-Malaga est la dernière bataille
maritime de Louis XIY, malgré les plaintes de Coëtlogon, de d'Estrées
et du comte de Toulouse. Le roi prête alors ses navires, qu'il n'a plus
le moyen d'armer, et c'est la course qui a les honneurs de la fin d'un
règne après lequel le pays surmené semble plus n'avoir qu'un besoin :
celui de retrouver dans la paix des forces et de l'argent.
c Aussi les documents n'ont plus le môme caractère; mais leur inté-
rêt n'a pas cessé pour cela. Seulement il est différend (sic) et souvent
triste. »
Ces phrases vides et déclamatoires continuent pendant deux pages ,
et les pièces ne sont ni analysées, ni comptées, ni numérotées; elles ne
portent même pas l'estampille , elles sont à la merci du premier qui
voudrait s'en emparer ! — Ne riez pas ; il faudrait, au contraire, s'indi-
gner en voyant le dédain avec lequel sont traités les plus chers intérêts
de notre histoire nationale. Ou plutôt faisons appel à l'esprit libéral de
nos amiraux', qui ont tant à cœur la gloire de leurs devanciers et l'hon-
neur de leur noble et périlleuse profession; prions-les de s'unir à nous
pour demander au ministre de mettre un terme au plus tôt à cette
négligence scandaleuse.
Mais il y a une réponse : — A la place d'inventaires manuscrits ou
imprimés, on a des catalogues vivants, qui sont MM. les conservateurs.
Ils connaissent bien leurs archives , ils en possèdent l'inventaire dans
leur mémoire. — En vérité, nous fera-t-on croire qu'il existe un homme
capable d'avoir toujours présente à l'esprit , avec des détails suffisants ,
l'analyse de quarante mille volumes ou cartons? Dans un catalogue
vivant on ne trouve ni le nombre des volumes et des cartons, ni celui
des pièces contenues dans chacun d'eux; sans compter qu'un catalogue
vivant ne se laisse pas facilement feuilleter!
Est-il concevable que la marine, si fière à juste titre de sa comptabi'
lité'matières , tolère un semblable désordre et paraisse attacher à ses
us
véritables titres de noblesse, aux lettres de ses ministres et de ses grands
capitaines, aux documents les plus précieux de son histoire, moins
d'importance qu'aux clous, aux rivets et à tous les autres menus objets
dont on tient dans ses arsenaux des comptes détaillés sur de magnifiques
registres? Notez que le service des archives fait partie de la direction
de la comptabilité, qui est confiée à un inspecteur des finances éminent.
Ciomment les intéresses ont-ils eu Thabilcté de cacher cette situation
déplorable aux ministres et aux directeurs qui depuis trente ans se sont
succédé place de la CSoncorde?
Encore si les registres, si les titres étaient rangés dans un ordre satis-
faisant, il n'y aurait que demi-mal, du moins pour les érudits : ils
pourraient avoir l'espérance de trouver quelques documents en se pro-
menant dans les galeries sous la conduite d'un employé complaisant;
mais il n'en est rien. On voulut bien chercher avec nous, sur les rayons,
les volumes qui pouvaient nous intéresser; mais les découvrir n'était
pas chose facile ou même possible : ni cartons ni volumes ne sont
numérotés, et, si jamais ils ont eu une place assignée, il y a longtemps
qu'ils ne l'ont plus et sont dispersés çà et là. Dans ces derniers temps,
on a voulu classer les pièces conservées en cartons et les faire relier;
mais ce travail a été fait si légèrement et si vite qu'il en est résulté un
fouillis inextricable. Citons un exemple : le fonds de VInde française,
qui ne comprend pas plus de 280 volumes, a environ cinquante cartons
de supplément, pleins de pièces qui n'avaient pas été mises à leur place
avant la reliure, sans compter toutes celles qui ont été disséminées
ailleurs. Là aussi les pièces ne sont pas comptées et les volumes ne
portent aucun numéro d'ordre. M. le conseiller d'État Delarbre, naguère
directeur de la comptabilité, avait compris la nécessité de changer ce
système; il avait chargé un jeune archiviste paléographe des plus dis-
tingués de classer certains fonds et d'en faire l'inventaire détaillé; mais
ce travail était à peine commencé quand M. Delarbre prit un autre
service; aussitôt on s'occupa activement de faire revivre les vieilles
méthodes , c'est-à-dire de s'opposer aux classements et aux inventaires
prescrits par l'ancien directeur et par le règlement.
Il y a, en effet, un règlement de 1862 sur les archives de la marine,
dont un extrait est même affiché dans ce qui forme ici la salle du
public, une chambrette où trois personnes peuvent à peine travailler;
règlement fort sage , comme tous les règlements : il suffirait d'y faire
quelques additions et corrections pour le rendre excellent. Mais il n'a
pas produit les effets qu'en espéraient les auteurs, parce que ceux qui
étaient chargés de l'appliquer avaient tout intérêt à se soustraire à ce
devoir et qu'au-dessus d'eux il n'y avait personne pour les y obliger. Il
existe bien une commission chargée de surveiller le classement et l'in-
ventaire des archives; mais cette commission, présidée par un amiral,
est composée uniquement de marins. C'est sur ce point que devraient
449
porter les premières modifications, car il y a là plus qu'un intérêt
maritime. Le ministère de la marine pourrait suivre l'exemple donné
par le ministère des affaires étrangères et mettre, comme lui, dans sa
commission des archives, des membres du parlement, des historiens et
des archivistes de profession, rompus au métier, à côté des marins et
des administrateurs. Ainsi réorganisée, cette commission proposerait
au ministre les réformes utiles, arrêterait les bases d'un classement
méthodique et rationnel, surveillerait la rédaction des inventaires. Pour
faire de bonne besogne, il suffirait de quelques milliers de francs chaque
année, afin d'augmenter le personnel, tout à fait insuffisant, et de faire
aux employés une situation digne de leurs mérites et de leurs services.
L'inventaire serait publié, s'il y avait lieu. Pour cet objet, les chambres
ne refuseraient pas à M. Pamiral Cloué les crédits supplémentaires
qu'elles ont accordés de si bonne grâce à M. de Freycinet, quand celui-ci
a su imposer l'ouverture des archives du ministère des affaires étran-
gères. N'oublions pas qu'il s'agit de notre histoire coloniale, si intéres-
sante en un moment où la France cherche à se développer pacifique-
ment au dehors.
La lettre suivante, que notre confrère a fait insérer dans le journal
le Siècle^ n^ du jeudi 3 mars 1881, complète les renseignements qui
avaient été publiés par la Revue politique et littéraire.
Monsieur le directeur.
Permettez -moi de vous présenter mes plus chaleureux remercie-
ments pour le bienveillant appui que vous avez bien voulu prêter dans
le Siècle de jeudi à l'article publié par moi dans la Revue politique et
littéraire sur les archives de la marine. Veuillez croire, monsieur le
directeur, que je vous en suis vivement reconnaissant et que je sens
tout le prix de votre concours, qui nous est absolument nécessaire pour
vaincre la résistance désespérée que les bureaux du ministère opposent
à la réforme sollicitée du ministre par tous les érudits et par tous ceux
qui s'intéressent à notre histoire nationale.
Elle est cependant bien modeste, cette réforme, et on ne s'ex-
plique que difficilement les craintes qu'elle inspire. Quoi de plus
simple en effet et de plus logique que d'introduire, dans une commis-
sion destinée à surveiller le classement et l'inventaire de riches archives,
des membres du parlement, des historiens et des archivistes de profes-
sion, à côté des marins, qui aujourd'hui sont seuls chargés de cette
mission et n'ont peut-être pas toutes les connaissances spéciales qu'exige
ce service ?
On sait cependant les effets désastreux qu'a produits ce système. Les
conservateurs, peu gênés par la surveillance de cette commission, qui,
parait-il, ne tient qu'une seule séance chaque année, ont laissé dans le
120
plus grand désordre l'admirable dépôt dont ils avaient la charge et la
direction. Encore anjourd'hoi les documents ne sont pas classéi et les
cartons d'une même série sont dispersés. Il est vrai qne, dans ces der-
nières années, on a réuni et relié ensemble un grand nombre de pièces
et qu'on a formé des milliers de volumes ; mais cette opération s'est
faite si vite et dans do telles conditions, que le remède a de beaucoup
aggravé le mal et qu*il en est résulté une confusion incroyable. Il n'y a
pas d'inventaire où ces titres soient décrits et analysés et oii lenr
nombre soit enregistré. On ne s'est mi^me pas imposé la peine de
donner un numéro d ordre anx volumes et aux cartons et de compter
les pièces contenues dans chacun d'eux, et, comme les documents ne
portent pas l'empreinte du timbre de ces archives, on peut enlever tous
ceux qui ont quelque valeur sans que jamais personne puisse s'en aper-
cevoir. Aussi les voleurs qui ont la spécialité d'exploiter les dépôts
d'archives ont eu beau jeu dans cette collection si riche en titres pré-
cieux, et, comme le disait tout récemment un illustre savant, depuis
Libri jusqu'à nos jours les catalogues d'autographes sont remplis de
documents soustraits aux archives de la marine.
Il est facile de prouver que ce n'est pas là un vain bruit, et nous
pourrions citer de nombreux catalogues qui nous fourniraient des
preuves sans nombre de ce fait scandaleux. Mais je dois au moins dans
cette lettre me borner aux plus frappants et je prendrai seulement les
inventaires des deux collections les plus récentes et les plus impor-
tantes. Gela suffira, je l'espère, monsieur le directeur, pour convaincre
les personnes les plus hostiles à la réforme proposée.
Dans le catalogue de l'incomparable collection d'autographes formée
par M. Benjamin Fillon, il y a toute une série spécialement consacrée aux
navigateurs, qui fut vendue aux enchères à l'hôtel Drouot, en juillet
1878. On y trouve décrites les pièces suivantes, qui, sans aucun doute,
sont indûment sorties des archives de la marine à une époque difficile
à déterminer, mais postérieure à 1837, au moins pour l'une d'elles. Je
copie l'inventaire publié par M. Etienne Gharavay.
« N« 639. — Lapérouse (Jean-François de Galaup, comte de).
< Pièce signée ; à bord de la Boussole^ 28 juillet 1785, une page in-i2
c oblong.
« Visa sur une demande écrite et signée par le chevalier de Glonard.
c Gette pièce est de peu antérieure au départ de l'expédition scientifique
< pendant laquelle Lapérouse et Glonard périrent tous deux. »
f 660. — Bougainviïle (Louis-Antoine de).
a Pièce signée ; à bord de la Boudeuse, 11 décembre 1767, une page
c in-folio ; 2® pièce signée ; à bord de la Boudeuse^ 10 janvier 1769,
« 3/4 de page in-folio.
« Procès- verbaux dressés pendant le voyage de Bougainviïle autour du
c monde, le premier dans le détroit de Magellan, le second dans la rade
124
« du Gap de Bonne-Espérance. La pièce est signée de plusieurs officiers
c de l'expédition. >
« 661. Dumont d'Urville (Jules-Sébastien-Gésar).
ff Proposition d'un officier, d'un dessinateur et d'un secrétaire. Pièce
« autographe signée ; 17 avril 1837, 2 p. in-4o.
« Dumont d'Urville préparait alors sa dernière expédition, qui partit
« de Toulon le 7 septembre suivant. L'officier proposé était Marescot,
c enseigne de vaisseau, qui s'embarqua sur la Zélée ; le dessinateur,
c Ernest- Auguste Goupil , le secrétaire, Casimir Desgraz, qui prirent
« l'un et l'autre place sur V Astrolabe. Au bas se trouve l'approbation de
« l'amiral Rosamel, alors ministre de la marine. >
Il est indéniable que ces trois documents importants ont été dis-
traits des archives de la marine, du fonds intitule : Campagnes^ fonds
qui a été classé et relié de la façon la plus déplorable.
Mais voici une série de curieux exemples, que tous ceux qui le
désireront pourront facilement vérifier :
Le lundi 7 mars et les deux jours suivants, on vendra à la salle
Silvestre l'importante collection d'autographes de feu M. Ghambry
et les pièces seront exposées, du 2 au 4 mars, chez l'expert,
M. E. Gharavay, qui en a dressé le catalogue. Parmi vingt autres
pièces, je choisis les suivantes, qui me paraissent les plus importantes :
« 40. Bart (Jean). Lettre signée à monseigneur... (18 septembre 1695),
t 1 page 1/2 in-4«.
« Compte-rendu du voyage ot. il accompagnait le prince de Gonti qui
c se rendait en Pologne dont il avait été élu roi. >
« 211. M. Duguay-Trouin (René). Lettre autographe signée à mon-
ff seigneur... Brest, 16 décembre 1708, 3 pages in-folio.
a Superbe lettre oi!i il sollicite des grâces pour ses armateurs, qui ont
a subi de grandes pertes. 11 expose ensuite un projet de campagne, mais
« demande le secret. >
< 21 7. Duquesne (Abraham) . Lettre autographe signée à monseigneur. . .
« Le Havre, 17 juin 1670, 2 pages in-4*>.
« Il vient de donner ses avis sur les travaux du port du Havre et il
« va revenir à la cour. »
c 493. Orléans (duc d'). Lettre autographe signée L.-P. Joseph Éga-
t lité, au ministre ; Paris, 31 janvier 1793. 3/4 de p. in-4®.
« Belle lettre de remerciements de l'envoi de son brevet d'amiral des
<c armées navales de la république française. >
« 620. Suffren (Pierre- André, bailli de). Lettre autographe signée à
(C monseigneur...; à bord de la Mignon^ au Pirée, 26 janvier 1775,
c 2 pages 1/4 in-folio.
« Superbe lettre oi!i il rend compte de la mission qui lui avait été
< confiée. >
« 636. Tourville (Anne Hiiarion de Gostentin, marquis de). Lettre
422
c autographe signée a monseigneur..., rade d'Alger, 9 septembre (1682),
« 8 pages in-folio.
(t Pièce historique où il rend compte des opérations devant Alger et
c critique la conduite de Duquesne. Très curieux détails à ce sujet. »
Tous ces documents si importants pour notre histoire ont été
adressés aux ministres de la marine et ont été dérobés aux archives de
ce ministère. Il est facile de s'en assurer par un rapide examen. Par
exemple, nous allons décrire sommairement la lettre de Duguay-Trouin
au ministre Jérôme Phyli peaux de Pontchartrain. Elle porte en tôte le
nom du bureau auquel elle fut renvoyée et le numéro de Tenr^stre-
ment : c Prises n* 35 >, et au dos on lit cette mention : c M. de Riche-
bourg, réponse. » C'est le nom du premier commis chargé par le
ministre de lui fournir des rcnsciguements et de préparer un projet de
réponse. On voit que certainement cette pièce a fait partie du fonds des
prises, qu'elle en a été enlevée par un voleur et qu'elle est ensuite
arrivée plus ou moins directement dans la collection de M. Ghambry.
Si les pièces contenues dans ces riches archives étaient classées,
inventoriées et comptées, les conservateurs auraient les moyens de
découvrir les vols qu'on pourrait commettre dans leur dépôt, et, si les
titres étaient décrits dans un bon inventaire et s'ils portaient une
estampille, on pourrait revendiquer ceux qui auraient été dérobés, quand
ils viendraient à passer en vente.
Aujourd'hui cela est absolument impossible et il est permis de dire
tout haut que les documents les plus précieux pour notre histoire sont
à la merci de tous ceux qui ont accès dans les archives du ministère de
la marine. Par contre, ils sont pour ainsi dire complètement inutiles
aux historiens, car il est impossible de faire des recherches sérieuses
dans ce dépôt, puisqu'il n'est ni inventorié, ni classé.
Vous voyez, monsieur le directeur, qu'il est grand temps qu'une
réforme radicale soit opérée dans ce service si important et que la
presse n'aura jamais donné son concours à une œuvre plus utile et plus
urgente. L'honneur de la France est engagé dans cette question, car
déjà les savants européens n'ont eu que trop d'occasion de se moquer de
nous au sujet des soi-disant historiographes de la marine française.
Aussi j'ai le ferme espoir que M. l'amiral Cloué, éclairé sur la valeur
des objections présentées par les intéressés, triomphera de toutes les
résistances et prendra des mesures pour assurer dans ce beau dépôt un
ordre durable.
Enfin M. Flammermont a fait insérer la note suivante dans la Revue
politique et littéraire du 12 mars :
Rarement article de revue aura atteint son but et obtenu un résultat
utile avec autant de promptitude que celui de M. Jules Flammermont
428
sur les Archives du ministère de la marine, inséré dans notre numéro
du 19 février. M. Flammermont, on s'en souvient, signalait le désordre
extrême qui règne dans ce précieux dépôt, les défectuosités du classe-
ment, les fantaisies de l'inventaire. Il ajoutait que dans Tétat actuel de
cette belle collection les vols les plus considérables pouvaient se com-
mettre impunément. Il exprimait le vœu que le comité des archives de
la marine reçût dans son sein des archivistes et des hommes compé-
tents, sachant ce que c'est que classer, inventorier et garder des docu-
ments. — Le 7 mars dernier, M. l'amiral Cloué annonçait à la com-
mission du budget que « ces archives seraient placées désormais sous
la surveillance de la commission des documents historiques ^ »
Voilà donc un grand pas de fait. U faut dire que notre collaborateur
n'avait pas tardé à prouver que les vols étaient possibles en établissant
qu'il y avait eu des vols commis. Le 3 mars, il adressait au Siècle une
lettre, publiée le lendemain, dans laquelle il désignait nominativement
une série de pièces, des plus importantes, qui avaient été soustraites
aux archives de la marine. Les unes, faisant partie de la collection de
M. Benjamin Fillon, avaient été vendues à l'hôtel Drouot en juillet
1878; les autres, appartenant à la collection Ghambry, étaient à la
veille de figurer dans une vente, les 7, 8 et 9 mars. De celles-ci
M. Flammermont signalait six, dont il donnait la description.
En réponse, la Liberté publia dans son numéro du 5 mars cette note
quasi-officieuse :
c M. Jules Flammermont révélait récemment, dans la Revue politique
et littéraire, l'état de désordre dans lequel se trouvent les archives de la
marine. Il résulte d'une lettre de cet archiviste que ce précieux dépôt
serait mis au pillage par des amateurs qui y prennent à leur gré des
pièces du plus haut intérêt.
t Les révélations faites par M. Flammermont ne sont que trop fon-
dées : des pièces importantes ont disparu des archives de la marine, où
ne régnait pas sans doute le même ordre que l'on trouve dans tous les
autres services de l'administration centrale. La disparition de ces pièces
a vivement impressionné l'honorable ministre de la marine, qui a immé-
diatement nommé une commission pour faire une enquête à ce sujet ;
cette commission fonctionne depuis plusieurs jours, et nos renseigne-
ments nous permettent d'affirmer que des mesures énergiques vont être
prises pour arriver à la découverte de la vérité et surtout à reconnaître
sur qui doit retomber la responsabilité du détournement des auto-
graphes. »
En effet, opposition avait été mise à la vente des pièces indiquées. Il
n'y aurait donc qu'à s'applaudir du résultat qui a immédiatement
1. Voir le procès- ?erbal de cette séance de la commission du budget dans la
République française du mercredi 9 mars.
424
récompensé les offortB de notre collaborateur. Toutefois, si nous nous
félicitons de voir les archives de la marine passer sous la surveillance
de la commission des documents historiques, nous prenons acte avec
un plaisir égal de cette déclaration de M. Tamiral Cloué devant la com-
mission du budget, qu'il allait c préparer une réorganisation du ser-
vice ». C'est un point qui nous parait aussi important que la tutelle de
la commission des documents historiques. Il ne sufQt pas que la haute
surveillance soit mise en des mains compétentes ; il est essentiel qne
les employés des archives soient eux-mêmes compétents et rompus an
métier. Nous croyons que cette nécessité a déjà frappé Tattention de
M. le ministre. Chose singulière ! TÉtat entretient une école spéciale
pour former des archivistes, que souvent il case mal et quelquefois ne
case pas du tout, après qu'ils ont obtenu un diplôme qui est le fruit
de sérieux efforts ; et les ministères n'ont pas toujours soin de confier
à des archivistes paléographes la garde des documents qu'ils possèdent.
La conséquence, la voici : M. Flammermont avait désigné, à titre
d'exemples, six pièces parmi celles qu'annonçait le catalogue de la vente
Chambry : ces six pièces seulement ont été revendiquées par le minis-
tère. D'autres, également importantes, également soustraites à la
marine, ont passé tranquillement dans les mains de nouveaux proprié-
taires. M. Flammermont a pu en sauver une, de ses deniers (une lettre
de Dugommier au citoyen Adct, adjoint au ministre de la marine, en
date du 8 juillet 1793). U était facile, avec le catalogue, de revendiquer
tout ce qui était le bien de l'État. Seulement il fallait s'en aviser ; c'est
ce qu'auraient fait des hommes du métier. Qn voit qu'il y a urgence à
f réorganiser » ce service.
Le Siècle du 20 mars fait connaître la composition de la nouvelle
commission des archives de la marine. Nous y remarquons avec plaisir
le nom d'un de nos confrères. Les membres de la commission sont
aujourd'hui MM. le contre-amiral Périer d'Hauterive, président, Giraud,
commissaire général, CourejoUes, capitaine de frégate, et Didier-Neu-
ville, archiviste paléographe.
FACULTÉ DE DROIT DE PAÏUS.
PRIX DU CONCOURS ROSSI.
En exécution du legs de M°^« la comtesse Rossi, la faculté de droit
de Paris met au concours les questions suivantes pour 1883 :
LÉGISLATION CIVILE. — Exposer^ Comparer et apprécier les règles établies
par le droit romain^ le droit français ancien et moderne et les principales
législations étrangères pour la protection des intérêts moraux et pécU'
425
niaires des mineurs. — Jusqu'à un certain âge, l'homme est incapable,
ou du moins n'est pas pleinement capable de se diriger lui-même et de
pourvoir à la gestion de ses affaires. La législation a dû intervenir sous
un double aspect : — en déterminant l'étendue et les effets de l'inca-
pacité qui résulte, pour le mineur, de la faiblesse de l'âge, — et en
organisant un ensemble de mesures destinées à suppléer à cette inca-
pacité dans le gouvernement de la personne et dans le gouvernement
des biens. — La faculté désire une étude d'histoire du droit et de droit
comparé sur ces deux aspects de la législation relative à la protection
des mineurs. Elle ne demande pas que les concurrents descendent dans
le détail des controverses d'application, mais qu'ils exposent les sys-
tèmes législatifs et les théories juridiques dans leurs données fonda-
mentales, en insistant sur la sécurité plus ou moins grande qui en
résulte pour les intérêts qu'il s'agit de sauvegarder, sur les avantages
ou les inconvénients que peuvent présenter les garanties de divers
ordres imaginées par la loi au profit des mineurs. — L'attention des
concurrents doit se porter d'ailleurs sur tous les mineurs, qu'ils soient
ou non en tutelle.
DRorr CONSTITUTIONNEL. — Du pouvoiv législatif en France depuis Vavè-
nement de Philippe le Bel jusqu'en 1789. — Les concurrents auront à
rechercher à qui appartint en droit, et par qui fut exercé en fait, le pou-
voir législatif depuis l'avènement de Philippe le Bel. Leur attention
devra se porter principalement sur les points suivants : !• Quel était, à
l'avènement de Philippe le Bel, l'autorité attachée aux ordonnances
royales ? quel était le pouvoir des seigneurs en matière législative ?
2" Comment et dans quelle forme se développa l'exercice du pouvoir
législatif par la royauté ? 3" Quels furent les droits reconnus aux états
généraux ou réclamés par eux en matière législative ? dans quelle me-
sure participèrent-ils en fait à l'exercice du pouvoir législatif par la
royauté ? 4® Même question en ce qui concerne les parlements. Les con-
currents auront en outre à étudier la matière des arrêts de règlement.
5° Quelles furent sur le pouvoir législatif les principales théories émises
en France au cours du xvm*» siècle et quels furent les vœux exprimés
dans les cahiers des états généraux de 1789 ?
Les mémoires, écrits en français ou en latin, devront être déposés au
secrétariat de la faculté, au plus tard le 31 mars 1883. Toute personne
est admise à concourir. La valeur de chacun des prix est de 2,000 fr.
Il pourra être accordé des mentions honorables aux mémoires qui
auront le plus approché du prix. Les noms des auteurs qui auront obtenu
des mentions ne seront connus et publiés que sur leur demande.
426
GRAMMAIRE GRECQUE DU IX« SIÈCLE.
IjO manuBcrit latin 528 de la Bibliothèque nationale, qui contient on
grand nombre d^opuscules de diirérents auteurs, a été décrit en détail
par M. Vj. Dûmmlcr dans le Neues Arcfu'v der Gesellschaft ffkr aeUere
deutsche Gcschichtkunde (1878, IV, 404-106). Les poésies de Paul et
Pierre Diacres qui on occupent la plus grande partie viennent d'être
publiées par lo même savant dans les Monumenta GermaniM hisioHea
(Poetarum Latinorum medii acvi I, i, 4880, p. 27 s.). Parmi les opus-
cules encore inédits que renferme ce manuscrit du iz« siècle, j'ai pensé
qu'il n'était peut-être pas inutile de faire connaître une petite gram-
maire grecque, rédigée sous forme de dialogue, et qui se trouve aux
folios 434 v<>-435. C'est un document qui montrera une fois de plus dans
quelle décadence étaient tombées les études grecques en Occident,
malgré leur renaissance momentanée au \iu* siècle.
TI ECTIN DOCTUS.
MEPoc Auru.
TI MEPOC AUrU ESTIN.
ONOMA ECTIN.
IIOCA lUPEQONTE TUTO ONOMATI.
EX.
IIOiA.
IIOIOTIC, CYNCPICIC, GENOC.
APITHMOC, CKEMA, nTHOCIC.
TINOC IlOIOTITOC ECTIN.
IIPOCITOPIKIAC.
TIC BATMOC CINKPICEOC ECTIN.
THETICOC [corrigé en thbtikoc].
CYNKPICEOC BATHMI nOIOCIN.
TRIC.
noioi.
THETIKOC.
CiNKPITIKOC.
YUEPTETIKOC.
TINOC TENOC ECTIN.
APENIKU.
THIAIKON.
UDETÉPU.
KOINON.
HANTOC.
EIIIKOINON.
TINOC PITMOY [corrigé en pithmot].
ENIKU.
nAITHIMIKOCEOC.
TINOC CXEMATOC.
AIIAOY.
CINeETOY.
Quid est doctas.
Pars orationis.
Quae pars orationis est.
Nomen est.
Quot accédant haie nomini.
Sex.
Quae.
Qualitas, conparatio, genus.
Numerus, figura, casas.
Cuius qualitatis est.
Appellatiuae.
Quis grados conparationis est.
Positiuus.
Conparationis gradns quot sont.
Très.
Qui.
Positiaus.
Conparatiuus.
Superlatiuus.
Cuius generis est.
Masculini.
Feminini.
Neutri.
Communis.
Omnis.
Promiscui.
Cuius numeri.
Singularis.
Pluralis.
Cuiu[8] fignrae.
Simplicis.
Gonpositae.
427
TINOC IITHOCEOC.
ONOMACTICI.
TINOC KAICEOC.
EKAINON.
ONOMA, ANTONIMA.
PIMA, EHIPPIMA.
METOXI, CINDECMOC.
nPOTECIC, CKETAIACMOC.
ONOMACTICI.
GENEKI, DOCTIKI.
ETIATIKl.
KAITIKI.
E<^EPETIKI.
nPOTI.
DEOYTBPAC.
TPITIC.
TETAPTIC.
nENTIC.
Cuias casas.
NominaUui.
Guius declinationis.
Déclina.
Nomen, pronomen.
Yerbum, ad?erbiuin.
Participium, coniunctio.
Prepositio, interiectio.
Nominatiuus.
Geniliaus, datiuus.
Accusatiuus.
Yocatiuus.
Ablatiaus.
Primae.
Secundae.
Tertia[e].
Quartoe.
Quintaé.
H. Omont.
MAITRE ARNAULT,
ASTBOLOaUE DE CHARLES YI ET DES DUCS DE BOURGOGNE.
M. Léopold Delisle publiait dans la livraison de novembre-décembre
1880 du Bulletin de la Société de l'histoire de Paris (p. 164), d'après un
manuscrit de Tours (n* 570 du catalogue Dorange), cette épitaphe d'un
astrologue de Charles VI ;
Epitaphium magistri Arnuldi
quondam régis Karolli sexti peritissimi astrologi,
Providus vates dubiis in astris,
Doctor Arnuldus, speculatus olim
Sideris fixi fluidique loges,
Hic jacet, clero lacrimandus omni.
Aureos solis radios relinquens,
Fronte curvata penitus deorsum,
Perdidit lucem, patiens eclipsim
Quam pati solem tociens videbat.
Sexta septembris dédit hune sépulcre,
M quater centum numerando LVXI.
Qui Dei dono pedibus sub altis
Trans caput visos videat planetas .
Il est intéressant de signaler l'existence à la Bibliothèque nationale
d'un manuscrit autographe de ce même astrologue. On lit en tête de ce
manuscrit, n» 7295 du fonds latin, qui contient différents traités de
musique, la note suivante écrite par un contemporain :
428
c Qui quidem liber scribitur manu acutissimi et item diligentissimi
viri magistri Henrici Arnault, ducum Burgundie medici et astrologi
profundissimi, oriundi ab oppido de Z wolis ^ in Germania, qui, domicîlio
in urbe Divionensi electo, plurima instrumenta astrologica construxit,
spocialitcr illud quod in libraria regia faberrime conspicitur extructum
apud Turonas, id tamcn in Castro Blesensi fertur fuisse translatum.
Obiit autem anno Domini 1465, estque sepulchrum ejnsdem in ede
divi Stephani Divionensis, ante sacellum in quo baptismales fontes
constructi sunt, média in area vie majoris. »
Et plus loin (fol. 21) :
c Magister Henricus Arnault, medicus, Alemanus de Zwolis, qui
olim Divione domicilium elegit, superiorem litteram scripsit et hune
librum suo labore compilavit, clams scientia horologiorum,qui, in ede
beati Stephani Divionensis sepultus média navi, plurimum laudis sibi
reliquit. Anno 1460. • (1466?)
On peut également rapprocher do ces documents les quelques mots
que Symon de Phares a consacrés à maître Amault dans son Recueil
des plus célèb7*es astrologues (Bibl. nat., ms. français 1357, fol. 159 y*) :
« 1466. — Maistre Arnoul, duquel maistre Robert Gaguin fait men-
tion en ses Croniques^^ mourut astrologue du roy Charles VU* à Paris
de la grande peste qui fut lors, de laquelle il avoit pronostiqué. Et
mourut en la rue de la Mortellerie près Grève ; et la cause fut pour ce
qu'il alla visiter une grant dame, qui avoit la peste. »
H. Omont.
1. Sans doute Zwolle (Pays-Bas).
2. Voici le passage de la Mer des croniqvst auquel il est fait allusioD :
c Durant lesquelz jours, c'est assavoir l'an de grâce mil ccco. lxyi, très griefve
et horrible pestilence persécuta les Parisiens... De laquelle maladie Amauld,
astrologue de Loys, et plusieurs docteurs en médecine furent estranglez... » (édi-
tion de R. Chaudière, s. d., fol. glzxzy y").
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430
été choisi comme centre d*liabitation par les anciennes races, le
nombre des stations gauloises et romaines de la France serait
plus que doublé. Plus prudent que Dusan, Bosc^ et, h sa suite, de
GaujaP avaient placé la construction du premier château de Najac
vers l'an 1100. Celte date peut être admise, car la plus ancienne
mention d'un seigneur de Najac se trouve dans un acte que dom
Yaissète date d'environ 1109^. Dans cet acte, relatif aux sires de
Penne d'Albigeois, paraît un Pierre de Naiag ^. Un certain Gauz-
bert de Najac, âls ou petit-âls du précédent, est nommé en 1152
et 1162 dans des actes des vicomtes de Carcassonne et d'Albi*.
En 1190, figure dans un acte d'Albi un Pierre de Najac*. En
1208, Guilhem Bernard de Najac assiste à l'engagement du pays
de Laissaguez, consenti à Raimond VI parle comte de Rodez'. Le
même paraît dans plusieurs actes du xiu^ siècle ; vassal du comte
de Toulouse, il s'engage, en 1226, à soutenir Raimond VII dans
sa lutte contre le roi de France et l'Eglise*. Douze ans plus tard
(1238, 23 mai), il figure encore dans un acte intéressant les
vicomtes de Saint-Antonin®.
 cette époque, sans doute à la suite de partages de famille, la
baronnie de Najac était devenue une co-seigneurie. Dans Tacte
de 1226, figure, à côté de Guilhem Bernard, un autre seigneur
nommé Peire Gros. En 1244, plusieurs chevaliers, Guilhem
Gautier de CadoUa, Raimond Bernard de Najac, Garin de Sainte-
Croix, Guiscart Donat de Najac, se portent garants envers Rai-
mond VII de la fidélité d'Uc de Muret, habitant de Najac*®.
1. Mémoires sur le RouerguCf II, p. 98.
2. Études historiques swr le Rouergue, II, p. 52.
3. Histoire de Languedoc, noaveUe édition, t. V, col. 808.
4. Mentionnons ici l'opinion de M. de Barrau {Documents historiques et
généalogiques sut les familles du Rouergue, t. II, pp. 573-74). Cet auteur fait
descendre de ces premiers seigneurs ceux de Savignac, qui, en 1124, contri-
buèrent à la fondation de l'abbaye de Loc-Dieu. Mais, comme il n'a pas jugé à
propos de citer le moindre texte à l'appui de son opinion, nous ne pou?ons que
rindiquer ici pour mémoire.
5. Histoire de Languedoc, nouvelle édition, t. Y, col. 1130 et 1252.
6. Ibid.y t. VIII, col. 408.
7. Ibid., t. VIII, col. 562.
8. Ibid., t. Vlll, col. 863.
9. Archives nationales, Trésor des chartes, J 328, n* 3^ ; Teulet, Layettes^
t. II, 378 a.
10. Archives nationales, Trésor des chartes, J 317, n<* 29; J 320, n« 52 ; Teulet,
t. II, 535-536.
434
En dehors de ces courtes mentions, les actes du temps ne
citent que rarement le nom de notre ville. En 1185, à la suite
des guerres qui ravageaient le pays, elle était tombée entre les
mains du comte de Poitiers, Richard, fils d'Henri II d'Angleterre,
que son allié le roi d'Aragon, AKonse, vint y trouver*. Elle dut
être rendue au comte de Toulouse, quand la paix fut rétablie
entre lui et les princes anglais. C'était dès lors une forteresse
importante, si l'on en juge par les termes de l'acte de 1226, plus
haut indiqué ; aussi le roi Louis IX en exigea-t-il la remise lors
de la paix de Lorris, en 1242, et la fit-il garder pendant plusieurs
années par des hommes d'armes à sa solde. Elle ne fut rendue au
comte Raimond qu'en 1247*.
Dès cette époque, la ville possédait quelques franchises muni-
cipales et était administrée par des consuls. En 1243, ces magis-
trats, au nombre de sept, s'engagent avec tous les habitants à
observer les clauses de la paix de Lorris^ et, en 1249, quatre
consuls et prud'hommes de Najac viennent à Toulouse prêter
serment de fidélité au comte Alfonse devant les commissaires
envoyés par la reine Blanche pour prendre possession de l'héri-
tage de Raimond VIP.
A cette dernière date, en efiet, la ville de Najac était déjà rentrée
en partie dans le domaine direct des comtes de Toulouse. Au mois
de mai 1246, deux des co-seigneurs, Guilhem et Guiral de Cadolla,
avaient vendu leurs droits à Raimond VII, moyennant la somme
de 20,000 sous de Cahors^. Cette cession fut-elle absolument
libre, c'est ce que les événements qui suivirent permettent de
mettre en doute. Mais, volontaire ou non, elle n'en fut pas moins
effective ; à dater de cette année, le comte de Toulouse eut à
Najac un baile chargé de le représenter et d'administrer le
domaine, et ce baile dut empiéter sur les droits des autres co-sei-
gneurs et chercher à amoindrir leur influence®.
1. Histoire de Languedoc, nouirelle édition, t. VI, p. 114; d'après Zurita.
2. Histoire de Languedoc, nouvelle édition, t. VI, p. 752 et 794.
3. Archives nationales, Trésor des chartes, J 306, n*» 83; Teulet^ t. Il, p. 514 a.
4. Histoire de Languedoc, nouvelle édition, t. VIII, col. 1264.
5. Archives nationales, Trésor des chartes, J 322, n"* 66 et 67; Teulet, t. II,
p. 616.
6. En janvier 1249, Raimond VII reçut à Gondom l'hommage de l'un de ses
nouveaux vassaux (Archives nationales, Trésor des chartes, J 314, n"* 41 ; ori-
ginal; Teulet et de Laborde, III, p. 54 b).
432
En dépouillant ainsi les seigneurs de Najac, Raimond YII sui-
yait les règles politiques qu*il semble s*être imposées à partir de
1229. Pour reconstituer son domaine direct, fort diminue par le
traité de Paris, ce prince saisit toutes les occasions d'acquérir
des droits utiles qui se présentèrent, et c*est ainsi qu*il devint
coseigneur d*un grand nombre de villes de ses Etats. Mais, en
agissant ainsi, il mécontentait les nobles, dont l'influence dimi-
nuait d'autant, et c'est ce qui explique en partie les événe-
ments qui suivirent sa mort, arrivée à Millau, le 27 septembre
1249.
On sait par Guillaume de PuilaurensS et les actes du temps
prouvent la véracité de ce chroniqueur, que cette mort prématurée
excita dans tout le Midi les regrets les plus cuisants, regrets qui
se manifestèrent bruyamment sur le passage du corps du prince,
pendant qu'on le transportait à Fontevrault. Chez le peuple, ces
regrets devaient être sincères ; Raimond Vil mort, c'était l'indé-
pendance nationale à jamais perdue, le pays tout entier soumis
à la domination française. Beaucoup de seigneurs partageaient
sansdouteces sentiments, mais d'autres, ceux dont le défunt comte
avait amoindri l'autorité, ne virent dans cet événement qu'une
occasion de reconquérir le terrain perdu. Ce fut surtout dans l'Al-
bigeois et dans le Rouergue que se produisit ce mouvement, assez
timide d'ailleurs, et qui ne dégénéra jamais en révolte ouverte.
Un rapport adressé à Alfonse, en février 1253, par le sénéchal
Jean d'Arcis^ une enquête d'octobre 1251, dont nous publions
des fragments à la suite de cet article, nous montrent les nobles
essayant d'entraver la nouvelle administration, de lui créer des
embarras. Les tenanciers du comte cherchent à s'afiranchir des
redevances qu'ils payaient jadis à Raimond Vil; le comte et
l'évêque de Rodez empiètent chaque jour sur la juridiction, sur
les droits du suzerain, lèvent des quêtes et des tailles dans des
villages dépendant de son domaine ; l'évêque, pour poursuivre
les hérétiques, demande une partie des biens qui seront confis-
qués sur eux; les gens de Figeac font une expédition à main
armée contre un château appartenant à l'abbé de cette viUe ; en
un mot, tout le pays est profondément agité ; les rebelles essayent
1. Historiens de France, t. XX, p. 772.
2. Archives nationales, Trésor des chartes^ J 326, n** 40; Teulet et de Laborde,
III, 581-584.
433
de noircir le sénéchal dans l'esprit d'Alfonse et le représentent
comme un homme avide et vénal*.
Dans TAlbigeois, le nouveau pouvoir n'eut pas moins de peine
à s'établir. Craignant sans doute le comte Alfonse qui, en 1242,
avait durement réprimé la révolte des nobles du ï^oitou, les sei-
gneurs de ce pays essayèrent de se soustraire à son autorité. Le
vulgaire pouvait bien compter vaguement sur une intervention
étrangère, sur celle du roi de Castille ou du roi d'Aragon*, mais
les nobles savaient sans doute qu'il ne fallait rien espérer d'auxi-
liaires aussi éloignés et aussi dangereux, et c'est à la reine
mère qu'ils s'adressèrent, espérant passer directement sous la
domination royale. Les seigneurs de Rabastens, de Caussade, de
Brens, de Najac se réunirent à la Guépie^ et proposèrent d'envoyer
vers la reine Blanche pour demander son intervention. Inutile
d'ajouter que cette tentative, qui paraît en effet avoir eu lieu,
n'eut aucun résultat^.
En prenant part à cette conférence, les seigneurs de Najac
essayaient, par un coup hardi, d'éviter la punition qui les atten-
dait; car c'était eux qui s'étaient le plus signalés dans cette
rébeUion et ils devaient craindre d'autant plus la vengeance
d'AKonse de Poitiers qu'ils avaient commis plus d'excès et d'usur-
pations.
Unjour d'octobre 1249, plusieurs seigneurs du pays, R. B.
de Najac, Isarn de Najac, A. de Montaigut, Guilhem Barasc
étaient réunis à Najac chez un certain B. Amblard, quand arrive
l'un des consuls, Uc Paraire : « Nous sommes tous perdus,
s'écrie-t-il, le seigneur comte est mort. — Impossible, répond
Barasc, le seigneur compte ne peut mourir ainsi. » Emus
pourtant, ils sortent et vont à la tour comtale ; là ils trouvent les
consuls, les nobles et les hommes du château réunis et parlemen-
tant avec le châtelain, Guilhem Raimondin; les mutins, conduits
1. Teulet et de Laborde, Layettes du Trésor des chartes, 111, pp. 581-584. —
Ces accusations eurent pour résultat de faire transférer Jean d'Arcis en Venaissin
(voyez Boutaric, Saint Louis et Alfonse de Poitiers, pp. 168-170); mais elles
deyaient être assez mal fondées, car ses nouveaux administrés n'eurent qu'à se
louer de son désintéressement, désintéressement que rendait encore plus méri-
toire son manque de fortune personnelle (Boutaric, ihid.),
2. Voir l'enquête de 1251.
3. Aveyron, arr. Villefranche.
4. Enquête de 1251.
424
récompensé les efforts de notre collaborateur. Toutefois, si nous nous
félicitons de voir les archives de la marine passer sous la surveillance
de la commission des documents historiques, nous prenons acte avec
un plaisir égal de cette déclaration de M. Tamiral Cloué devant la com-
mission du budget, qu'il allait c préparer une réorganisation du sep-
vice ». C'est un point qui nous parait aussi important que la tutelle de
la commission des documents historiques. Il ne sufQt pas que la haute
surN'eillance soit mise en des mains compétentes ; il est essentiel que
les employés des archives soient eux-mêmes compétents et rompus an
métier. Nous croyons que cette nécessité a déjà frappé l'attention de
M. le ministre. Chose singulière ! TËtat entretient une école spéciale
pour former des archivistes, que souvent il case mal et quelquefois ne
case pas du tout, après qu'ils ont obtenu un diplôme qui est le fruit
de sérieux efforts ; et les ministères n'ont pas toujours soin de confier
à des archivistes paléographes la garde des documents qu'ils possèdent.
La conséquence, la voici : M. Flammermont avait désigné, à titre
d'exemples, six pièces parmi celles qu'annonçait le catalogue de la vente
Chambry : ces six pièces seulement ont été revendiquées par le minis-
tère. D'autres, également importantes, également soustraites à la
marine, ont passé tranquillement dans les mains de nouveaux proprié-
taires. M. Flammermont a pu en sauver une, de ses deniers (une lettre
de Dugommier au citoyen Adct, adjoint au ministre de la marine, en
date du 8 juillet 1793). U était facile, avec le catalogue, de revendiquer
tout ce qui était le bien de l'État. Seulement il fallait s'en aviser ; c'est
ce qu'auraient fait des hommes du métier. Qn voit qu'il y a urgence à
f réorganiser » ce service.
Le Siècle du 20 mars fait connaître la composition de la nouvelle
commission des archives de la marine. Nous y remarquons avec plaisir
le nom d'un de nos confrères. Les membres de la commission sont
aujourd'hui MM. le contre-amiral Péricr d'Hauterive, président, Giraud,
commissaire général, Courejolles, capitaine de frégate, et Didier-Neu-
ville, archiviste paléographe.
FACULTÉ DE DROIT DE PAÏUS.
PRIX DU CONCOURS R0S8I.
En exécution du legs de M°^<> la comtesse Rossi, la faculté de droit
de Paris met au concours les questions suivantes pour 1883 :
LÉGISLATION CIVILE. — Exposer^ Comparer et apprécier les règles établies
par le droit romain^ le droit français ancien et moderne et les principales
législations étrangères pour la protection des intérêts moraux et pécu^
425
niaires des mineurs, — Jusqu'à un certain âge, l'homme est incapable,
ou du moins n'est pas pleinement capable de se diriger lui-même et de
pourvoir à la gestion de ses affaires. La législation a dû intervenir sous
un double aspect : — en déterminant l'étendue et les effets de l'inca-
pacité qui résulte, pour le mineur, de la faiblesse de l'âge, — et en
organisant un ensemble de mesures destinées à suppléer à cette inca-
pacité dans le gouvernement de la personne et dans le gouvernement
des biens. — La faculté désire une étude d'histoire du droit et de droit
comparé sur ces deux aspects de la législation relative à la protection
des mineurs. Elle ne demande pas que les concurrents descendent dans
le détail des controverses d'application, mais qu'ils exposent les sys-
tèmes législatifs et les théories juridiques dans leurs données fonda-
mentales, en insistant sur la sécurité plus ou moins grande qui en
résulte pour les intérêts qu'il s'agit de sauvegarder, sur les avantages
ou les inconvénients que peuvent présenter les garanties de divers
ordres imaginées par la loi au profit des mineurs. — L'attention des
concurrents doit se porter d'ailleurs sur tous les mineurs, qu'ils soient
ou non en tutelle.
DRorr CONSTITUTIONNEL. — Du pouvoiv législatif en France depuis Vavè"
nement de Philippe le Bel jusqu'en 1789. — Les concurrents auront à
rechercher à qui appartint en droit, et par qui fut exercé en fait, le pou-
voir législatif depuis l'avènement de Philippe le Bel. Leur attention
devra se porter principalement sur les points suivants : !• Quel était, à
l'avènement de Philippe le Bel, l'autorité attachée aux ordonnances
royales ? quel était le pouvoir des seigneurs en matière législative ?
2* Gomment et dans quelle forme se développa l'exercice du pouvoir
législatif par la royauté ? 3" Quels furent les droits reconnus aux états
généraux ou réclamés par eux en matière législative ? dans quelle me-
sure participèrent-ils en fait à l'exercice du pouvoir législatif par la
royauté ? 4» Même question en ce qui concerne les parlements. Les con-
currents auront en outre à étudier la matière des arrêts de règlement.
b^ Quelles furent sur le pouvoir législatif les principales théories émises
en France au cours du xvm« siècle et quels furent les vœux exprimés
dans les cahiers des états généraux de 1789 ?
Les mémoires, écrits en français ou en latin, devront être déposés au
secrétariat de la faculté, au plus tard le 31 mars 1883. Toute personne
est admise à concourir. La valeur de chacun des prix est de 2,000 fr.
Il pourra être accordé des mentions honorables aux mémoires qui
auront le plus approché du prix. Les noms des auteurs qui auront obtenu
des mentions ne seront connus et publiés que sur leur demande.
136
eutrer peraonne pendant la nuit. Toutes ces défaites ne rarretent
point; il insiste, à la tin les consuls interviennent et lui font ouvrir
une poterne. Les seigneurs n étaient pas en force; ils n'en conti-
nuent pas moins leurs bravades, refusent toute satisfaction au
sénéchal, déclarent qu'ils n'ouvriront pas à Sicard ALiman, vint-il
seul, un faucon surle poing. Us dui*ent pourtant bientôt céder. Dès
le l''** décembre, les consuls et prud'hommes de Najac prêtaient
serment de fidélité au comte Alfonse à Toulouse', et le 3 janvier
suivant (1250) la tour de Najac ouvrait ses portes, sans coup
férir, à Sicard Alaniau.
Une fois installés dans le pays, Alfonse et ses officiers» qui ne
pouvaient laisser impunies de pareilles usurpations, s'occupèrent
de faire rentrer les seigneurs de Najac dans le devoir. L'enquête
plus haut citée, qui est du mois de juin 1251, prouve que les
poursuites judiciaires et administratives avaient déjà commencé
à ce moment. Elles étaient à peu près terminées au commence-
ment de 1253, date de la lettre de Jean d'Arcis au comte de
Toulouse. Ce dernier document nous apprend que le sénéchal
avait commencé par confisquer les biens de tous les habitants ile
Najac au nom du comte, leurs possesseurs étant tous félons et
traîtres. Pour faire exécuter plus facilement cette décision, il
saisit de Taffaire les tribunaux ecclésiastiques et fit poursuivre
les principaux coupables comme hérétiques. Mais son zèle pour
les intérêts de son maître était tel qu'il dépassa la mesure. L'un
des complices de la révolte de 1249, le consul Uc Paraire, pour-
suivi par la cour de Tévêque de Rodez , faisant fonction d'inqui-
siteur dans son diocèse, fut, il est vrai, déclaré hérétique et livré
au bras séculier, c'est-à-dire au sénéchal, qui le fit aussitôt
brûler et confisqua ses biens valant mille livres tournois*. Mais,
si quelques-uns des principaux habitants de Najac pouvaient
ainsi être poursuivis comme hérétiques, l'orthodoxie de la plupart
des autres devait être bien certaine , et peu après la cour de
révêque montra moins de complaisance pour le sénéchal. Six
1. Histoire de Languedoc, nouvelle édit., t. VIU, col. 1264.
2. Remarquons cependant que Uc Paraire n'était pas le plus coupable et que
tous les témoins cités dans l'enquête de 1251 s'accordent à le représenter comme
jouant surtout le rôle de conciliateur entre les seigneurs et les agents du dernier
comte. En 1277, une partie de ses biens était encore entre les mains du roi;
deux maisons qui lui avaient appartenu furent vendues à cette date par le séné-
chal aux consuls de Najac (CoUect. Doat, vol. 146, f. 60-61).
^37
accusés étaient traduits devant elle; le sénéchal espérait une
condamnation assez forte pour lui permettre de confisquer
leurs biens. Avant de prononcer la sentence, Tévêque, jugeant
sans doute qu'il allait trop loin, voulut lui faire promettre de
rendre une partie de leurs biens aux condamnés ou tout au
moins à leurs enfants. Cet oflScier refusa, et Tévêque se contenta
d'imposer aux inculpés des pénitences légères, n'entraînant pas
la perte des biens. Irrité, le sénéchal met ces derniers sous la
main du comte, en laissant aux condamnés une provision pour
leur subsistance et celle de leur famille. Ces biens, tant meubles
qu'immeubles, valaient mille livres tournois.
Dans cette première circonstance, le sénéchal avait eu à vaincre
les scrupules légitimes de l'évêque et de ses juges ; dans d'autres
cas, il eut à lutter contre les intérêts de l'Eglise. Un certain Bernard
Valier, de Najac, meurt et laisse par testament ses biens, partie à
rÉgUse pour être employés en fondations pieuses, partie au comte.
Ce personnage était bâtard et avait d'ailleurs femme et parents.
Sans tenir compte du testament, le sénéchal fait saisir tous les
biens du défunt en déclarant que, coupable de trahison comme
tous les habitants de Najac, il n'avait pu disposer de ses biens,
qui étaient tombés en commise. Là-dessus réclamations des léga-
taires; le sénéchal finit par proposer au comte de transiger; les
biens du défunt, lui écrit-il, valent environ 10,000 livres tournois ;
les héritiers donneront bien 50 à 60 marcs pour faire reconnaître
la validité du testament. Autre cas : un chevaherde Najac, dont
les biens ont été saisis, meurt et laisse sa fortune à l'Église. Le
sénéchal maintient la saisie : en effet, dit-il, le testateur était
suspect d'hérésie.
Quant aux seigneurs de Najac (domini), instigateurs de la
révolta, le sénéchal fait observer au comte qu'ils ne pourraient
trouver de répondants et qu'il est préférable de composer avec
eux. De même pour le menu peuple de Najac; la crainte de l'in-
quisition, de la vengeance du comte est si grande que de jour
en jour la population diminue, et les intérêts du comte gagne-
raient à s'accorder avec eux touchant le droit de commise; d'ail-
leurs, ajoute le sénéchal, même après la composition, les biens
de la plupart des habitants pourront être attribués au comte,
beaucoup étant hérétiques. Enfin Jean d'Arcis approuve le projet,
conçu par Alfonse, de construire un nouveau château plus fort
que l'ancien et annonce qu'il a déjà rassemblé les matériaux
nécessaires, chaux et pierres, et qu'il a embauché des onvria:^.
ÂlfoDse de Poitiers suivit Tavis de son sénéchal et pardonna
aux habitants de Najac ; ce pardon fut suivi de roctroi d*ime
charte de coutumes datée d'août 1255, que de Gaujal a publiée ^
Nous ne pouvons analyser ici toutes les dispositions de cet acte
important. Notons seulement que, comme la plupart des chartes
accordées aux villes et villages de son domaine par le comte de
Poitiers, celle de Najac ne stipule aucune liberté municipale. La
ville est administrée par le balle du comte qui rend la justice
civile ; c'est lui qui nomme chaque année les consuls, le 2 février,
jour de la Purification, et il peut maintenir les mêmes personnes
dans le consulat plusieurs années de suite. Ces consuls ne pos-
sèdent aucune juridiction civile ou criminelle ; ils n'ont de compé-
tence qu'en matière de voirie; ils peuvent, d'accord avec le baile
du comte, punir ceux qui jettent des immondices dans les rues,
faire réparer les places publiques, les rues de la ville, etc. Les
autres articles de la charte concernent les libertés civiles
accordées aux habitants, les exemptions dont ils jouissent et fixent
les droits de leude dus au comte et les amendes perçues par lui
pour chaque délit.
Cet accord entre le comte Alfonse et les habitants de Najac
n'arrêta pas les poursuites des inquisiteurs. Le sénéchal le faisait
déjà pressentir dans sa lettre de 1253, et c'est à la suite de ces
procédures que fut bâtie l'église de Najac. Le 5 avril 1258, les
inquisiteurs, frères Guillaume-Bernard d'Aix et Rainaud de
Chartres, offrirent aux consuls et prud'hommes de Najac de
remettre aux habitants toutes les pénitences à eux imposées
jusqu'à ce jour pour fait d'hérésie, à condition pour la commu-
nauté de reconstruire, dans les sept ans, l'église paroissiale, sous
l'invocation de saint Jean-Baptiste, l'ancienne étant devenue trop
petite pour la population du bourg. La nouvelle église devra avoir
28 brasses de long, 7 de large et une couverture en pierre. Les
inquisiteurs promirent d'affecter à cette œuvre pie le produit des
amendes par eux imposées à divers habitants de Najac.
Après délibération, les consuls de Najac acceptèrent la propo-
sition, et acte fut rédigé de cet accord quatre jours plus tard
(9 avril 1258)*. Remarquons à ce propos que teUe était en effet
1. T. I, pp. 326-329.
2. Pièces justificaUves, n* II.
439
Thabitude des inquisiteurs; ils imposaient souvent aux villes
hérétiques à titre de pénitence Tobligation de reconstruire leur
église. Dès 1254, Rainaud de Chartres et son collègue Jean de
Saint-Pierre avaient passé un accord semblable avec les habitants
de Lavaur* ; et , en 1271 , un de leurs successeurs , Pons du
Pouget, imposa la même obligation à ceux de Gaillac*.
La construction d'une église était une lourde charge pour une
ville appauvrie et dépeuplée, comme Tétait Najac à cette époque.
Pour permettre à la communauté de remplir ses engagements, les
inquisiteurs, suivant une habitude constante de leur procédure,
commuèrent les peines mineures infligées à certains habitants en
amendes applicables à l'œuvre de la nouvelle église. De ces habi-
tants de Najac, les uns avaient été condamnés à des pèlerinages
aux principaux sanctuaires de France et d'Allemagne, les autres
au voyage d'outre-mer, et la plupart n'avaient point encore rempli
leurs engagements. Les inquisiteurs décidèrent qu'ils auraient à
verser une certaine somme à l'œuvre de l'église, et l'un d'eux,
trop pauvre sans doute pour s'acquitter en argent, fut condamné
à travailler un jour par semaine, sans salaire, au nouvel édifice,
jusqu'à son achèvement. Les consuls de Najac furent chargés de
recevoir les sommes imposées à chacun des pénitents et d'appré-
cier la valeur des preuves fournies par ceux qui prétendraient
avoir accomph leurs pénitences^.
La construction de l'église commença presque immédiatement ;
mais bientôt s'élevèrent à Najac les querelles qui divisaient le menu
peuple et les prud'hommes, dans la plupart des villes du Midi, dès
qu'il s'agissait de répartir une contribution extraordinaire. Le
menu peuple prétendit, comme toujours, qu'il était surchargé par
les bourgeois et que ceux-ci ne payaient pas une somme propor-
tionnée à leurs biens. Après de longues querelles, les deux parties
prirent pour arbitre Barthélemi de Landreville, châtelain de Pui-
celsi et fils de Pierre de Landreville , sénéchal de Rouergue et
d'Albigeois. Ce seigneur, par un jugement arbitral rendu le
15 juin 1262, fixa la somme à payer par plusieurs des opposants,
et décida que la répartition serait faite par les trois prud'hommes
nommés dans l'acte et par les consuls de la ville. Cet accord
1. Histoire de LanguedoCy nouvelle édition, t. V, col. 1538-39.
2. Compayré, Études sur V Albigeois, pp. 377-79.
3. Chartes du 24 et 26 avril 1252. — Pièces justificatives, III et IV.
n'ayant pas entièrement satisfait les parties, elles s adressèrent
l'aimée suivante h Philippe de Boissy , sénéchal de Rouergue, qui»
le 10 juin 1263, confirma la première sentence et décida de plus
que les collecteurs de la taille seraient au nombre de six, qoatre
prud'hommes et deux consuls, et qu'on ferait à cette occasion un
nouveau recensement des biens des habitants de Najac, pour
tenir compte des pertes et des gains faits par chacun d'eux ^
La construction de l'église était dès lors assurée, mais elle
traîna en longueur ci la quittance définitive de l'architecte chargé
de cette œuvre, maître Bérenger Jornet, est datée du 31 no-
vembrel269. Cet acte nous donne le prix des travaux : 31,000 sous
caorsins, prix fait, pour toute l'œuvre, plus 8 livres de caorsins
pour la voûte. Le sou de Cahors valant exactement la moitié du
sou tournois*, nous avons pour l'ensemble des frais un total de
15,580 sous tournois. La valeur du sou tournois était sous saint
Louis, d'après les calculs de M. de Wailly, de 0 fr. 8986; par
suite 15,580 sous tournois = 14,000 fr. 188, valeur intrinsè-
que. Le pouvoir de l'argent étant cinq fois plus fort au xni* siècle
qu'aujourd'hui, la construction de l'église entière coûta environ
70,000 fr. et celle de la voûte 359 fr. 47 c.
Il y a plusieurs remarques à faire sur ces chiflFres. Si l'on sup-
posait que l'architecte, maître Bérenger Jornet, eût, comme un
entrepreneur de nos jours, à payer sur cette somme de 70,000 fr.
la main-d'œuvre et les matériaux, il faudrait admettre que les tra-
vaux de construction étaient beaucoup moins chers au xm* siècle
que de nos jours. Si fruste et si simple qu'elle soit, l'église de Najac
est de grande dimension et aujourd'hui aucun entrepreneur n'ac-
cepterait de construire un monument de cette taille pour une
somme aussi modique. D'autre part, dans un des actes plus haut
analysés, nous voyons les inquisiteurs imposer à un de leurs
pénitents un jour de travail manuel gratuit par semaine pour
l'œuvre de l'église; or, l'intention des frères prêcheurs était
d'aider la commune de Najac à supporter les dépenses de la
construction de la nouvelle église, et, si maître Jornet avait eu à
payer la main-d'œuvre sur les 70,000 francs qui lui furent alloués,
ce serait lui qui eût bénéficié de ces services gratuits. Nous pen-
sons donc que le gros œuvre de l'église, murs, fondations, etc.
1 . Pièces justificatives, V.
2. Texte de 1269, cité par Boutaric [Alfonse de Poitiers, p. 214).
U4
furent construits aux frais de la ville, sous la direction de maître
Jornet, et que les 70,000 francs reçus par celui-ci représentent
ses honoraires, le 5 pour cent des architectes d'aujourd'hui, et le
prix des quelques travaux d'art, sculptures, ornementation, etc.,
qu'il exécuta probablement lui-même. Ajoutons que rien dans
l'église de Najac n'autorise à mettre cet architecte au rang des
grands artistes du xiii® siècle. Originaire du Midi, ainsi que l'in-
dique suflSsamment son nom, il n'avait sans doute pris aucune
leçon des grands architectes gothiques du Nord, et, si l'église
construite par lui est de style français, il ne £aut pas oublier que
l'influence française, prépondérante dans le Languedoc, commen-
çait dès cette époque à faire oublier aux méridionaux leur natio-
nalité. Ce qui s'était passé en politique eut lieu certainement pour
les arts, et dès la fin du xin® siècle l'ancienne architecture romane
du Languedoc comçiençait à faire place au gothique du nord de
la France.
IL
Située sur la rive gauche de l' Aveyron, sur la crête d'un étroit
promontoire qui s'étend de Test à l'ouest, la petite ville de Najac
est défendue par la rivière de trois côtés, au nord, à l'ouest et au
midi. Deux routes y conduisent : l'une bien entretenue et carros-
sable ; l'autre, chemin de mulet taillé dans le roc, était peut-être
au moyen âge la seule qui conduisît au château. Deux ponts sont
jetés sur l' Aveyron à l'ouest et au nord de la ville ; ce dernier,
que l'on trouve en se dirigeant de la station du chemin de fer
vers Najac, a eu le bonheur de ne pas être restauré. Il passe pour
avoir été construit en 1288*. Il est, comme le château de Najac,
bâti en grès rougeâtre ; assez large, il est protégé en amont par
des éperons en angle aigu, en aval il est garni de simples redans
carrés; les arches sont en tiers-point.
Najac se compose de deux parties, la vieille et la nouvelle ville.
La vieille ville est groupée à l'extrémité ouest du promontoire,
autour du château et de l'église; la nouvelle s'est formée peu à
peu sur les bords de la route qui mène au château; c'était ancien-
nement le Favbourg, Aussi n'y a-t-il guère qu'une seule rue à
1. Bosc, Mémoires sur le Rouergue^ l. II, p. 97.
U2
Najac, dont, du haut du donjon, on embrasse facilement la ligne
légènîment sinueuse.
Nous ne croyons pas nuire à la réputation de la ville de Najac
en disant qirelle est peu connue et que jusqu'ici elle n'a reça la
visite que de bien peu d'archéologues ou même de touristes.
Quelques mots dans le procès-verbal du Congrès archéologique
de 1863 s une mention dans les Mémoires de la Société des
lettres de l'Aveyron^, une étude sur le château', voilà tout ce
qui a été écrit sur cette ville. Il y aurait pourtant beaucoup à
dire et surtout sur le château, seul étudié jusqu'ici; mais l'étude
de ce monument serait fort longue et demanderait plus de temps
que nous n'en pouvions consacrer à Najac lors de notre excursion.
Nous ne voulons guère donner ici qu'une description de l'église,
intéressante à plus d*un titre. Cependant qu'on nous permette de
faire une courte digression et de dire d'abord quelques mots des
autres curiosités de Najac.
Tout d'abord, le château. Il a été dans ces dernières années» de
la part de son nouveau propriétaire, l'objet de réparations bien
dirigées qui ont sauvé le donjon d'une ruine imminente ; mais ce
n'est là que partie remise. Espérons qu'il sera bientôt classé
parmi les monuments historiques. II y a vingt ans qu'il devrait
l'être ; on aurait ainsi évité la démolition de la grosse tour carrée,
la partie la plus ancienne du château, et de bien d'autres cons-
tructions qui sont maintenant presque entièrement rasées. Notre
intention n'est pas d'étudier ici ce château ; nous signalerons tou-
tefois en passant une curieuse peinture qui se trouve dans une
des embrasures de la grande salle du premier étage du donjon.
L'auteur de l'article que nous citons plus haut n'a fait que la
mentionner comme « des traces de peintures », et n'y a pas
attaché d'autre importance, remarquant toutefois que là se trou-
vait la chapelle, comme l'indiquent suffisamment et cette
peinture et le lavabo creusé tout à côté dans l'épaisseur de la
muraille.
Cette peinture se trouve dans une des meurtrières ou plutôt
1. Congrès archéologique de 1863, tenu à Rodez, p. 163.
2. Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de VAveyron, t. IV,
1842-1843, p. 597.
3. Par B. Dusan {Revue archéologique du midi de la France^ I, pp. 9-24,
avec planches}.
U3
dans la loge voûtée d*un berceau en tiers-point qui, comme dans
beaucoup d'autres constructions militaires, précède la meurtrière.
Ce premier étage servait de chapelle et c'est évidemment dans ce
réduit qu'était placé l'autel. A la hauteur de l'imposte delà voûte
se trouve une large moulure en quart de cercle. Cette moulure a
reçu pour ornement une peinture blanche sur laquelle se détachent
une bordure rouge sang et des bandes alternativement jaunes et
rouges. Le mur, au-dessous de l'imposte, a reçu une ornementa-
tion différente et qui, à distance, ressemble au vair héraldique;
ce sont des écussons d'environ 14 cent, de haut et de 12 cent, de
large, blancs, se détachant sur un fond gris foncé. Ils sont dis-
posés symétriquement par files de six. La même ornementation se
retrouve à la voûte, mais ici il n'y a plus que quatre écussons
dans chaque file, deux nouvelles bordures ayant occupé une
partie de l'espace disponible : Tune, extérieure, composée d'un
simple listel rouge et jaune ; l'autre, au fond de la niche, com-
posée d'une série de feuilles aiguës inscrites dans des triangles
alternativement blancs et noirs ; les feuilles sont noires, et quand
le triangle est noir elles sont bordées d'une ligne blanche. Le tout
est limité de chaque côté par un listel rouge et jaune.
Sur le mur de fond, dans la partie comprise entre la voûte et
ses impostes, l'artiste a peint son principal sujet. Sur un fond
jaune est dessiné un portique composé de trois arcades en tiers
point, une grande centrale et deux petites latérales. Sous chacune
des arcades latérales est un clerc, debout, tête nue, dans une
attitude d'adoration; tous deux sont vêtus d'un manteau rouge
à capuchon; celui de droite tient un livre fermé, de la main
gauche. Ces deux personnages se détachent sur un fond gris.
Aux pieds du clerc qui se trouve à gauche du spectateur, se voit
un chevalier agenouillé, les mains jointes, vêtu du haubert, une
large épée à la ceinture. Ce personnage est de dimensions très
exiguës. Il y a apparence qu'aux pieds du clerc de droite se trou-
vait un personnage semblable et dans la même attitude ; du moins
certaines traces de peinture noirâtre permettent de le supposer.
Le centre de la composition est occupé par un personnage de
haute taille, assis, vêtu d'une tunique rose pâle et d'un grand
manteau dont on ne voit plus que des vestiges grisâtres. Ce per-
sonnage est couronné et porte les cheveux longs et encadrant les
joues à la mode du xni* et du commencement du xrv* siècle ; mais
l'état de dégradation de la peinture ne permet d'apercevoir aucun
144
vestige du nimbe qui, selon toute vraisemblance, encadrait sa
tête. De la main droite, ramenée à la hauteur du cou, il semble
bénir ; quant à la gauche, elle a complètement disparu.
Quel peut être ce saint couronné? Un nom se présente immé-
diatement à l'esprit, celui de Louis IX. Le style du dessin indique
le commencement du xiv*' siècle et nous nous trouverions là, si
cette conjecture était admise, en face d*une des plus anciennes
représentations de ce saint. Nous donnons cette hypothèse pour
ce qu'elle vaut. Remarqmms toutefois que la dédicace d*une cha-
pelle à saint Louis, dans un château royal, n'aurait rien d'inad-
missible ; il en était de même à Carcassonne , et dans une des
tours de la cité une chapelle lui était consacrée^ Mais ce ne
sont là que des suppositions que l'état de dégradation du monu-
ment ne permet pas de présenter d'une façon plus afSrmative.
Avec le château et l'église, les seules curiosités de Najac sont
une fontaine du xiv® siècle, quelques vestiges des anciens murs et
de vieiUes maisons. Nous parlerons d'abord de la fontaine» qui se
trouve sur une place, à peu près au centre de la ville. Elle fat
signalée à l'attention des archéologues dès 1863, dans une lecture
faite lors du congrès pour la conservation des monuments tenu à
Rodez*. Cette fontaine est curieuse à plus d'un titre. Elle se
compose d'un seul bloc de granit; c'est un dodécagone régulier
dont chaque face extérieure a 90 cent, et chaque face intérieure
75 cent, de large, ce qui donne une épaisseur de 25 cent, et un
périmètre total de 10 mètres 80. La hauteur du bassin est de
65 cent., la profondeur de 50 cent. C'est, on le voit, une masse
assez respectable. Une vasque, montée sur un pied en balustre,
se dresse au milieu du bassin ; mais il faut certainement voir dans
ce récipient de forme disgracieuse une restauration moderne, qui
a dû remplacer une construction ancienne.
Certains archéologues , entre autres Edward Barry , ont, au
dire des gens du pays, prétendu que ce bassin n'était pas en
pierre, mais en béton. Ils se fondaient sur ce que l'on ne trouve
point aux environs de Najac de granit semblable. Ce n'est pas là,
croyons-nous, un argument bien solide. Il est vrai qu'au moyen
âge, à cause de la difficulté des communications, on se servait
plus souvent qu'aujourd'hui des matériaux qu'on avait sous la
1. Mahul, Cartulaire du diocèse de Carcassonne, t. V, pp. 701, 730 et 731.
2. Comptes-rendiAS des séances du congrès archéologique de 1863, p. 163.
a erceptions : près de l'^l
le maison de la fin du xui° siècla ou du
►-«v; le rez-de-chaussée sert aujourd'hui de
; -U: i^-andes arcades en tiers-point, et le premier
^' des fenptres ornées de jolies colonnettes
ktyle rayonnant.
,:.i ;iutrerois plusieurs églises : Saint-Barthélémy,
..;,(( Dliste , Saint-Julien' et une chapelle cons-
_4 Liinetière, sur le versant ouest de la colline,
!.iUil-Jean. De cette dernière, il ne subsiste rien,
^iiiut-JuIien, k moins que cette dernière église
iiiilacement qu'occupa plus tard Saint-Jean,
, lut édifié sur l'emplacement de l'ancienne
.1 -Barthélémy, qui se trouve dans la grand'rue,
iiit-Jean, a élé transformée en grange depuis
'.,t les divisions intérieures qu'on y a pratiquées
isite à peu près impossible. La porte, en cintre
3 ses pieds droits orné de deux colonnettes ; un
■ ]ietite dimension est percé au-dessus de la porte, mais
"■1 ' i-i'i.ine époque postérieure à l'ensemble de la construc-
. i''fvl du reste décoré d'aucune moulure. C'est là tout ce
i--"'.- fie Saint-Barthélémy; nous ne pensons pas que cette
->Ti-iion soit antérieure au iit° siècle, mais ce n'est là qu'une
>uire, car, nous le répétons, il faudrait voir l'intérieur,
e pour le moment.
Vfinns maintenant de l'égUse de Saint-Jean-l'Kvangéliste.
I i'éléve à l'extrémité ouest de Najac, dans une situation
^):iil>arable au point de vue du pittoresque, mais très mal
ptie pour y établir une construction de quelque étendue. Gela
k notre avis, que cette église a été construite sur l'empla-
lent de celle que les inquisiteurs trouvèrent trop mesquine et
p étroite. On s'accommoda wmme on put du terrain que l'on
.josâédait, ce qui força l'architecte à recourir à un certain
uomhre d'artifices.
En effet, le terrain sur lequel est bâti Saint-Jean est incliné du
levant au coacbant, à tel point qu'il existe une diSrence de
1. Voyei TeaM, Lafttiet du Tréior det eharles, II, 269 a (acte du
U Mflt 1234).
448
5 mètres 50 cent, ou 6 mètres entre le niveau du chevet et celai
de la façade ; rinclinaison du nord au midi est encore plus forte :
la différence de niveau est d'au moins 7 à 8 mètres. Dans ces
conditions l'établissement d'une aire plane d'une grande étendue
était difficile. Mais, si Ton dut entasser les matériaux pour rache-
ter ces énormes différences de niveau, on n*eut pas du moins la
peine de creuser profondément les fondations, car on bâtissait
sur le roc vif, comme au château, où la base talutée du donjon
est, en grande partie, taillée dans le rocher même.
Les mêmes ouvriers ont-ils travaillé au château et à l'église,
c'est ce que nous ne saurions dire ; les marques d'assemblage ou
d'ouvriers qui existent au château ont été relevées^ ; nous avons
cherché partout sur les murs de l'église sans rien rencontrer de
semblable. La seule marque que nous ayons trouvée consiste en
une grande fleur de lys gravée sur le flanc nord de l'église, près
de l'angle formé par la façade, mais nous ne saurions dire s'il
faut voir là une marque d'ouvrier ou un graffîio dû à quelque
gamin du moyen âge.
L'église de Saint-Jean est orientée régulièrement, c'est-à-dire
que son chevet fait exactement face au soleil levant. Les maté-
riaux employés sont à peu près les mêmes qu'au château : c'est
un grès des environs de Najac, de couleur rougeâtre, et qui
résiste fort mal à l'action de la pluie. L'appareil est moyen et
assez régulier, au moins en ce qui touche à la hauteur des assises,
car la longueur des pierres varie naturellement beaucoup. La
couche de mortier qui sépare chaque assise est très épaisse, sur-
tout dans les contreforts. L'extérieur n'a pas reçu de crépi ; il
n'en est pas de même à l'intérieur, dont toute la surface est revàtue
d'un badigeon fort épais et du plus mauvais goût.
L'acte du 9 avril 1258 nous donne les dimensions que devait
avoir l'église : 28 brasses de longueur sur 7 de largeur. La lon-
gueur, à l'intérieur, est de 46 mètres, la largeur de 11 mètres
50 cent., et, l'église ayant quatre travées, chacune d'elles est
exactement carrée. En prenant ces dimensions pour base de
l'évaluation delà brasse, on trouve que cette mesure équivalait à
peu près à 1 mètre 642.
La façade n'a rien d'élégant. La porte s'ouvre entre deux
1. Dasan, ut suprà, p. 24.
^49
énormes contreforts qui écrasent complètement le reste de la con-
struction. On y accède par un perron de. trente marches de
construction moderne (il date de 1870). Avant cette époque, on
montait par un escalier tout droit et, paraît-il, fort incommode.
L'espace compris entre les deux contreforts, le mur de face de
réglise et le perron a été utilisé ; on en a fait un porche couvert
d'un toit en appentis que supportent deux colonnes doriques. Ces
colonnes sont une restauration du dernier siècle, peut-être même
plus récente, mais le porche a toujours existé, comme l'indiquent
suffisamment les corbeaux de pierre qui sortent du mur un peu
au-dessous du sommet du toit actuel; lors de la restauration, les
poutres ont été fixées dans le mur de manière à établir le toit
sous un angle plus aigu.
La porte, dont la baie a 2 mètres 25 de large, est percée par
retraite de cintres. Sur les pieds droits se détachent cinq colon-
nettes engagées auxquelles correspondent les moulures rondes
des arcs ; les chapiteaux, fort simple^, sont ornés de crochets.
Au milieu de la façade, au-dessus de la porte, s'ouvre une
large rose à dix compartiments formés par des arcs trilobés,
séparés à leurs extrémités par un quatrefeuille. Cette rose est de
grande dimension. Remarquons en passant que le nombre des
ouvertures destinées à éclairer l'église a été restreint au strict
nécessaire, mais que, par contre, chacune de ces ouvertures a
été largement taillée dans le mur, dont l'épaisseur (1 mètre 50)
défiait toutes chances de ruine. Une petite baie, placée pres-
qu'au faîte du pignon, éclaire les combles et l'extra-dos de la
voûte.
Examinons maintenant les flancs de l'édifice, et d'abord le
flanc nord où se trouve le clocher. Comme sur la façade, nous
nous trouvons en face d'un mur épais que soutiennent de larges
contreforts qui vont en se rétrécissant de la base au sommet au
moyen de talus. Dans le mur de la première et de la quatrième
travée sont percées de larges et hautes fenêtres divisées en deux
lancettes par un meneau central, fortement ébrasées à l'intérieur
et à l'extérieur; nous en reparlerons tout à l'heure, en même
temps que nous décrirons le mode fort rare de clôture dont elles
ofirent un exemple.
A la seconde travée, nous trouvons une porte, précédée d'une
marche qui va d'un contrefort à l'autre, en tout semblable à la
150
porte principale et de mêmes dimensions. Des corbeaux de pierre
indiquent qu'autrefois cette entrée était aussi abritée par un toit
en appentis. Celui qui existe maintenant est de dimensions tout à
fait exiguës et ne peut servir qu'à rejeter les eaux du toit en
dehors de l'aplomb du mur, qui, à cet endroit, est plus épais qpi'à
sa partie supérieure. Au-dessus de cette porte se trouve un Christ
de pierre de très petite dimension (50 ou 60 cent, environ) ; une
pierre saillante lui sert d'auvent. Les pieds sont fixés par d^ix
clous; il est vêtu d'un petit jupon.
Avant de parler du clocher, disons quelques mots d'un édicule
adossé au contrefort qui sépare la première de la seconde travée.
Cet édicule ou plutôt cette niche peut avoir 3 mètres 50 à 4 mètres
de haut ; la largeur en est de 1 mètre 70, la longueur de 2 m . 95 ;
il se termine par un toit à deux rampants qui recouvre un ber-
ceau en tiers-point. L'ouverture est ornée de colonnettes aujour-
d'hui très frustes. A l'intérieur, à droite et à gauche, à 1 m. 60
du sol, se voient deux larges bandeaux couverts de feuillages
assez finement sculptés. Enfin, sur la face, au-dessus de l'ouver-
ture de la voûte, régnait une corniche sculptée, dont une sirène,
tenant ses queues dans ses mains, est à peu près le seul vestige.
Nous avions d'abord pensé que cette niche avait servi de cha-
pelle et devait autrefois contenir quelque statue de saint ; mais,
informations prises auprès des habitants, nous avons appris
qu'elle abritait autrefois le tombeau d'un membre d'une ancienne
famille de Najac, les Puechberdi ou Puechverdi. C'est là tout
ce que nous avons pu savoir au sujet de ce petit monument, qui
peut dater de la fin du xiv® siècle.
Le clocher, placé à la hauteur de la troisième travée, est
encastré entre deux contreforts. Sa base présente la ÉDrme d'un
parallélogramme. Le rez-de-chaussée n'est percé d'aucune baie ;
il est voûté d'ogive et s'ouvre par une arcade surbaissée sur la
nef, formant ainsi l'un des bras du transsept, où. est installé une
chapelle. Le premier étage est éclairé par deux fenêtres sem-
blables à celles de la nef. Une seule ouverture aurait suffi pour
éclairer cet étage, ouvert sur la nef, comme le rez-de-chaussée,
par un arc en tiers-point de toute la largeur de la travée ; mais
l'architecte ayant jugé à propos de couvrir cet étage d'une voûte
d'ogive à deux compartiments, il a été forcé d'ouvrir deux baies
correspondantes à ces deux voûtes; l'ouverture d'une fenêtre
dans la partie centrale du mur aurait compromis la solidité de la
construction. Par surcroît de précaution, à cet endroit, où la force
de poussée se faisait le plus sentir, le mur extérieur, aussi bien
que le mur de la nef, ont été renforcés au moyen de deux espèces
de contreforts en encorbellement. Le premier étage de la tour
monte exactement à la hauteur du mur de la nef et la corniche
ornée de modillons chanfreinés qui se trouve sous la toiture a été
continuée sur ses trois côtés extérieurs. Le deuxième étage est
beaucoup plus bas et se trouve un peu en retraite sur les deux
autres. Le troisième et dernier étage est hexagonal. Le passage
du carré à l'hexagone se fait sans doute au moyen de pendentife,
dont nous n'avons rien à dire, n'ayant pu monter dans le clocher.
Ce troisième étage, plus élevé que le second, est divisé extérieure-
ment en deux parties égales par une sorte de moulure. Dans la
partie la plus élevée de chacune des faces a été percée une fenêtre
géminée à arcade trilobée, surmontée d'une rose engrelée. C'est
à cet étage que sont placées les cloches, ainsi que l'indiquent les
grossiers abat-sons qui enlèvent à ces fenêtres toute leur élégance.
Le toit construit suivant deux angles différents, l'un aigu, l'autre
obtus, est aujourd'hui, comme toute l'église, couvert en ardoise ;
mais c'est là une restauration très récente, et lors de notre séjour
à Najac les amas de vieilles tuiles sepii- cylindriques qui jon-
chaient les abords de l'église indiquaient assez quelle était la
nature de son ancienne couverture.
Nous n'avons pu monter dans le clocher; nous avons pu tou-
tefois nous assurer que l'escalier qui y donne accès est renfermé
dans une fillette carrée placée sur son flanc est. Cet escalier
conduit jusqu'au second étage d'où un degré placé dans la tour
même permet d'arriver aux cloches.
Nous ne donnons point la hauteur exacte du clocher, car nous
n'avions pas sous la main les instruments nécessaires pour l'éva-
luer. Nous pensons toutefois qu'elle ne dépasse pas 28 ou
30 mètres.
De la quatrième travée du nord nous ne dirons rien, si ce
n'est qu'elle est percée d'une large fenêtre comme la première.
Le chevet est plat ; il est percé d'une fenêtre semblable à celles
des flancs et ne présente aucune particularité intéressante.
Passons maintenant au flanc sud. Nous y trouvons deux
travées entièrement semblables avec les mêmes percements que
452
la première et la quatrième travée nord. Mais la troisième travée
offre une particularité. Nous avons dit que la diflérence de niveau
était très sensible entre le flanc nord et le flanc sud ; aussi, quand
on a voulu établir dans la troisième travée du sud une chapelle
latérale, formant un embryon de transsept sy'métrique à la cha-
pelle formée par le rez-de-chaussée de la tour, on a dû cher-
cher à racheter cette difierence de niveau. On a eu recours à un
artifice fort simple : on a bandé entre les deux contreforts un
arc de dimensions telles que son sommet arrivât à la hauteur du
sol de la nef. C'est sur cet arc que l'on a construit la chapelle,
dont le mur est percé de deux fenêtres semblables à celles des
autres travées. Cette disposition existait-elle dans le plan primi-
tif? Sans parler de la (Ûfierence d'épaisseur du mur, beaucoup
plus mince à cet endroit, difierence qui pourrait s'expliquer par
l'intention de charger le moins possible la voûte qui soutenait la
chapelle, l'aspect du mur, des raccords très visibles dans l'appa-
reil prouvent surabondamment que cette chapelle ne date pas
exactement de la même époque que l'ensemble delà construction.
De plus, au lieu de lui donner la même hauteur de voûte qu'à la
nef, on lui en a donné une sensiblement moindre, si sensiblement
que l'on a pu, au-dessus de l'arcade par laquelle la chapelle
s'ouvre sur la nef, percer une fenêtre dont les mauvaises propor-
tions décèlent un remaniement. L'examen des membrures de la
voûte ne peut que nous confirmer dans cette opinion.
La quatrième travée sud n'ofire rien de remarquable. Men-
tionnons seulement l'existence, entre les deux contreforts de cette
travée, de la sacristie, construction très basse et légère qui a dû
subir bien des transformations ; une porte la fait communiquer
avec l'église ; une autre porte, suivie d'un escalier de bois, conduit
dans la rue qui longe l'édifice.
L'intérieur nous présente quatre travées d'égales dimensions
(11 mètres 50 sur 11 mètres 50). Celle du fond, élevée d'une
marche, forme le chœur. Ces quatre travées ont été couvertes de
voûtes d'ogive sur plan carré ; nous en évaluons la hauteur à
17 ou 18 mètres. Les membrures n'ont reçu qu'un appareil-
lage fort simple : dans les trois travées de la nef, elles sont
seulement épannelées; dans celle du chœur, elles sont ornées
d'un tore accompagné de deux scoties. Partout les clés de voûte
sont largement percées. Des colonnettes engagées reçoivent en
■^
453
porte-à-faux, sur un tailloir pentagonal, la retombée des arcs
doubleaux, des ogifs et des formerets. Les chapiteaux sont fort
simples : un simple rang de crochets très peu épanouis. Les
extrémités inférieures des colonnettes sont garnies d'une petite
moulure ronde et d'un cul-de-lampe composé d'une feuille plus
ou moins découpée.
Ce qui nous ferait croire volontiers que la tour (excepté sa
base) et la chapelle du sud ont été ajoutées à l'édifice à une date
postérieure, c'est que les membrures des voûtes, au lieu d'être
aussi simples que dans la nef, nous présentent une figure com-
posée de scoties et d'un tore sur lequel est superposé un réglet.
Il ne faudrait pas toutefois penser que nous voulions rajeunir de
beaucoup ces parties de l'église, mais il nous semble que l'on
pourrait légitimement en reporter la date vers 1290, ce qui les
ferait d'une vingtaine d'années postérieures à l'achèvement de
la nef.
Nous avons dit que le rez-de-chaussée de la tour, transformé
en chapelle, s'ouvrait sur la nef par un arc surbaissé ; le premier
étage, qui sert aujourd'hui de tribune, s'ouvre également par un
grand arc, mais non surbaissé. Les voûtes ont reçu le même
genre de supports que celles de la nef.
L'ouverture sur la nef de la chapelle du sud est un peu difie-
rente. En effet, tandis que dans le rez-de-chaussée et le premier
étage de la tour l'arc naît directement du mur, ici il repose sur
des colonnettes engagées en porte-à-faux, aux chapiteaux sim-
plement épannelés et munis de tailloirs volumineux.
n ne nous reste à parler que des fenêtres ^ et des vitraux qui
les garnissent, ou plutôt de la façon dont ces vitraux sont montés ;
car, pour les vitraux eux-mêmes, il en reste si peu d'anciens
qu'on ne peut les mentionner que pour mémoire.
Les fenêtres sont ébrasées au dedans et au dehors et séparées
en deux lancettes par des meneaux épannelés que surmonte une
rose de petites dimensions et sans aucune moulure. Cette rose est
remplie d'une engrêlure en forme, soit de trèfle, soit de quatre-
feuille. Par une bizarrerie dont on ne connaît que fort peu
d'exemples, ces baies, au lieu de recevoir des verrières occupant
1. Le pavage de l'église a dû être refait à une époque moderne; il se compose
de dalles de petites dimensions; nous n'y avons relevé aucune inscription.
toute la hauteur des lancettes, ont été remplies de plaques de
pierre percées d'ouvertures en trèfles ou en quatrefeuiÛes, super*
posées au nombre de huit. Ce ne sont point des dalles d'une seule
pièce, les grandes dimensions des baies ne l'ayant poiut permis,
ce sont des dalles de différentes grandeurs soigneusement appa-
reillées. Chacune des ouvertures en trèâe ou ea quatrefeuUle a
reçu une garniture de vitraux.
On n'a certainement point, en choisissant ce mode bizarre de
clôture, obéi à un sentiment de recherche, mais on n'a probable-
ment fait que suivre un usage local. On pourrait objecter que ce
mode de remplage n'est peut-être qu'une addition postérieure,
une fantaisie de quelque maçon du pays, car toutes les fenêtres
de l'église ne po^èdent pas cette garniture. £n effet, la fenêtre
qui éclaire le chevet et la petite baie qui est au-dessus du bras
droit du transsept ne l'ont pas. Mais nous pensons que, de
ces deux fenêtres, celle du chevet au moins l'a possédée ; pour
l'autre, nous avons déjà dit que nous croyons voir là des traces
d'un remaniement un peu postérieur à la construction de la nef;
cette fenêtre a si peu de hauteur qu'on a pu y encastrer une
armature en fer, garnie de vitraux, de forme circulaire, qui est
tangente à la fois à la base et aux deux côtés de l'arc qui la
termine ; elle n'a donc pas les proportions des autres fenêtres.
De plus les fenêtres deNajac sont démesurément grandes, comme
le voulait l'emploi d'un pareil système; car il n'entre que fort
peu de jour par chacune des ouvertures en quatrefeuiUe et néan-
moins la dimension des baies a permis de répéter ces ouvertures
tant de fois que l'église est fort bien éclairée.
Ce fait était considéré comme à peu près unique par M. de
Caumont'. VioUet Le Duc* cite les fenêtre de l'église de Fenioux
enSaîntonge, du xn* siècle, comme présentantla même anomalie;
mais les fenêtres de cette dernière ^lise offrent une série de
cercles entrelacés, sculptés sur les dalles, d'un assez beau travail.
Le m6me &it aurait été constaté dans quelques ^lises d'Au-
vergne du XI* siècle. En Espague, à Gijon, nous retrouvons le
même système, et là aussi le dessin est assez compliqué*. A
l. Ci»nBTèi archéologique tte 1863, p. 1fi3,
Z, itmiottiutàn! foùonnc' d'ar<Mteclure, t. V, p. 371.
llUrf, <UMË£ ISaO, l. XXI, p. 68 (figure).
<55
Najac, rien de pareil, le travail est des plus frustes et nous pen-
sons bien être là en face de l'œuvre de Bérenger Jornet^
Tous les vitraux des fenêtres, sauf quelques rares fragments
dans une des lancettes de la seconde fenêtre du flanc droit, sont
modernes. Ce ne sont que des verres de couleur où le vert, le
rouge et le bleu essayent de faire bon ménage sans toujours y
parvenir. Quant aux rares fragments anciens, il serait, croyons-
nous, téméraire de leur assigner une date, tant ils sont de petite
dimension.
La rose de la façade, plus heureuse, a conservé une grande
partie de ses vitraux; mais, par un hasard des plus malencon-
treux, il ont été démontés et, qui plus est, mal remontés; c'est
une véritable scène de carnage : là une tête, ici une jambe, ail-
leurs une main. Malgré leur mauvais état, nous avons cru recon-
naître que ces vitraux doivent être attribués à la première moitié
du XVI® siècle. Quant au sujet, tant que les personnages n'auront
pas retrouvé leurs membres respectife, nous renonçons à deviner
quel il pouvait bien être.
Disons en terminant un mot du mobilier de l'église. On montre
dans la sacristie une croix en vermeil couverte de filigranes et
ornée de verroteries. Le travail en est lourd, assez grossier, les
branches sont terminées par des fleurs de lys. On ne peut
guère en faire remonter la fabrication plus haut que le xv® siècle.
Elle fut, dit-on, donnée à l'égUse de Najac par un seigneur de
Gorbières*. Dans un coin de l'église se trouve relégué un pied de
cierge paschal qui, à notre avis, sans être une œuvre de fer-
ronnerie bien fine, est pour le moins aussi curieux que la croix.
C'est une cage en fer légèrement conique, d'un mètre de haut et
de 35 cent, environ de diamètre. Sur les montants verticaux sont
attachés au moyen de bagues une série de pièces recourbées en
forme de C, qui, par leur répétition, forment un grillage du meil-
leur efiet; une petite porte ornée de la même façon s'ouvre à la
base de la cage et permet de nettoyer la pointe sur laquelle s'im-
1. Nous n'avons pas besoin de rappeler que ce même mode de clôture se
retrouve en Italie dans d'assez nombreuses égUses, en général fort anciennes.
Nous voulons simplement constater son extrême rareté en France.
2. Le château de Gorbières était situé sur l'Aveyron, au-dessus de Najac. Sur
la généalogie de cette famille, voyez de Barrau, Documents historiques et généa-
logiques sur les familles de Rouergue^ t. I, pp. 607-608.
456
plante le cierge. Cet ustensile peut remonter à la fin du xiv*" ou
au commencement du xv* siècle.
C'est tout ce que renferme l'église de Najac ; point de bénitier,
de fonts baptismaux qui méritent d'être mentionnés ; toute cette
partie du mobilier est moderne.
Voilà ce que nous avons recueilli sur Saint-Jean de Najac. Cette
grande église rurale, assez pauvre, pour ne pas dire plus, valait
pourtant, croyons-nous, la peine d'être signalée à l'attention des
archéologues et des historiens : aux uns parce qu'on connaît
exactement la date de sa construction et qu'elle présente plusieurs
particularités intéressantes; aux autres à cause des circonstances
qui se rattachent à sa fondation et qui en font un monument
historique.
• Auguste et Emile Molinier.
{La fin au prochain numéro.)
CATALOGUE
DE LA
BIBLIOTHÈQUE DE UABBÉ ADSON
DE MONTIER-EN-DER
(992)
Les renseignements biographiques que nous possédons sur l'abbé
Adson de Montier-en-Der se réduisent à peu près au seul témoignage
d'un chroniqueur anonyme de la même abbaye, qui écrivait un
demi-siècle après lui ^ Né dans les premières années du x^ siècle, aux
environs de Saint-Claude, Adson fut élevé dans l'abbaye de Luxeull
et devint bientôt écolâtre de Saint-Epvre de Toul. De cette abbaye il
passa dans celle de Montier-en-Der quand un autre moine de Saint-
Epvre, Albéric, y fut appelé comme abbé, et à la mort d'Albéric,
vers 968, il fut élu à sa place. Quelques années après il entreprenait
la conversion d'Hilduin, comte d*Arcis-sur-Aube et frère de Manassé,
évêque de Troyes, qui s'était signalé par ses brigandages. Un pèle-
rinage à Jérusalem fut une des conditions de la pénitence imposée à
Hilduin, et Adson s'offrit à l'accompagner, imitant en cela l'exemple
de saint Bercher, Tun des patrons de Montier-en-Der, qui avait
accompagné de même Waimer, F un des meurtriers de saint Léger.
Us s'embarquèrent vers 992 pour Babylone d'Egypte (le Caire),
mais Adson tomba malade pendant le voyage et mourut en mer.
1. De diversis casibus Dervensis eœnobii et miraeulis S. Bercharii, Mabil-
lon, AA. SS. 0. S, B. II, 849-850.
458
près d'une île que le moine anonyme appelle Astilia*, où il fui
enterré.
Le goût d'Âdson pour les lettres anciennes était déjà connu, et le
catalogue de ses livres, qu'on lira plus loin, ne fera que confirmer
la réputation d'érudit qu'il avait de son temps. Deux lettres de
Gerbert nous montrent le soin qu'il mettait à former une biblio-
thèque, et Tune d'elles, adressée à Tarchevêque de Reims, Adalbéron,
mentionne un ouvrage, l'Histoire de Jules César, qui ne se trouve
point dans la liste des livres qu'Adson possédait au moment de sa
mort*.
L'inventaire de ces livres, dressé par les moines de Montier-en-Der
après le départ de leur abbé pour Jérusalem, nous a été conservé à
la fin d'un martyrologe d'Usuard, dans le ms. latin 5547 de la
Bibliothèque nationale ^. A ne considérer que le nombre des volumes
qui y sont mentionnés, ce catalogue est peu important, mais le genre
des ouvrages, presque tous étrangers à la théologie, et la date à
laquelle il a été rédigé le rendent des plus intéressants. Sur vingl-
trois ouvrages dont il donne le détail, quatorze sont des classiques
ou des commentaires de classiques, et on n'y trouve guère que trois
volumes de théologie pure. Les manuscrits y sont souvent désignés
d'une façon assez sommaire, comme c^est Thabitude dans les an-
ciens catalogues, et il ne sera peut-être pas inutile de faire suivre
la liste des livres d'Adson des quelques notes qu'on trouvera plus
loin.
H. Omont.
1. Les auteurs de l'Histoire littéraire de la France, qui ont consacré une assez
longue notice à la vie et aux œuvres de Tabbé Adson (t. VI, p. 471-492), pensent
qu'il fut enterré à Stampaiia (ou Istampalia), lie de la mer Egée.
2. Gerbert, Œuvres, éd. OUeris, ep. 54; ep. 76, ad Adalberonem Bemorum
archiepiscopum : c Historiam Julii Cœsaris a domino Azone abbate Dervensi ad
rescribendum nobis acquirite. i
3. Il en existe une copie, faite par Mabillon, dans le ms. latin 11902, fol. 281.
— Le martyrologe à la fin duquel a été écrit ce catalogue contient un assez
grand nombre de notes historiques sur Tabbaye de Montier-en-Der, écrites aux
XI* et XII* siècles. Sur l'ayant-demier feuiUet on trouve aussi la liste des livres
qui servaient à la lecture des moines :
c Hi sunt libri coUationum legendi.
c I. Dialogorum. — II. Vitas patrum. — III. Isidorus. — IIII. Ëxameron. —
V. Encheridion. — VI. Ambrosius de sacramen^is. — VII. Johannes Hele-
mosinaris. •— VIII. Pastoralis. — YIIII. Pia ftionachorum coUaNo. —
X. Alcbuinus. »
459
Hii SUNT useri domni abbatis adsonis, quos in arga eius
RBPPERIMW^, POSTQUAm JPSE HIBROSOLIMAm PETIIT.
I. Hisagogae Porphirii.
II. Gathegoriae Aristotelis.
III. Item cathegorioe sanc^i AagusUni.
IIII. Quidam libellas de .x. cathegoriis sine inscriptione.
V. Rethorica Tullii.
VI. Seruiu5 super Virgilium.
[VII-]VIII. Terentii .IF.
VIIII. SeduUu6f .1.
X. Ambrosiu5 de sacramentis.
XI. Vita sanc^i 3ohannis elemosinarii.
XII. Moridach super Donatum.
XIII. Quidam libelliez in quo sunt praetitulati omnes
Terentiani tituli.
XIIII. Expositio super .x. eglogas Virg^7^^, et super
georgica.
1.-2. VIsagoge de Porphyre, E\<Tay(ùyr\ mpi TâvnévTE qpovcov, appelée dans les
éditions E\(Tayuiyr\ sic xàç 'ApicrroTéXQuc xan^yopiaç, titre qui indique mieux le
contenu de Touvrage mais n'est pas celui de l'auteur, et les Catégories (Prxdica-
menta) d'Aristote ont été traduites vers le iy« siècle par Victorinus et Boèce,
d'après Isidore (Origines, II, 25, 26). C'est cette traduction qui a seule été
connue pendant une grande partie du moyen âge.
3. Parmi les œuvres supposées de saint Augustin se trouve un c liber de X.
categoriis i , attribué quelquefois à Yegetius Praetextatus.
4. Ces Catégories anonymes sont peut-être l'œuvre de Jean de Melrose (Joannes
Scotus),
5. Sous le titre de Rhetorica le moyen âge a compris deux ouvrages différents,
dont l'un est de Cicéron, les libri II de inventione (Rhetorica vetera), et l'autre
lui était alors attribué^ les libri IV rhetoricorum ad C. Herennium (Rhetorica
nova), ainsi appelés d'après Tépoque de la vie de Cicéron à laquelle on croyait
qu'ils avaient été composés. On les trouve souvent réunis dans le même manus-
crit sous le titre de Rhetorica vetera et nova,
11. C'est probablement la vie de saint Jean TAumônier, patriarche d'Alexan-
drie (t 676), écrite en grec par LeonUus et traduite par Anastase le Bibliothécaire.
12. On ne trouve mentionné nulle part ce commentateur de Donat Le cata-
logue de l'ancienne bibliothèque de l'abbaye de Saint-Ëpvre de Toul, rédigé au
XI" siècle et publié dans le Neuer literarischer Anzeiger (1807, p. 65-76), donne
le titre d'un commentaire de Donat : c Vuidrac super Donatum, vol. I », qui
pourrait bien être le même que celui de Moridach,
13-14. Ce commentaire anonyme sur Térence parait être celui de Donat. Le
460
XV. Euticius .1.
XVI. Quidam libella* quem Martinellu/w Dominant.
XVII. Glosarius .i. fer alfabetum.
XVIII . Item glosariu5 sup^r Martianum de nuptiis phylolo-
giae.
XVIIII. Beda de metrica ratione.
XX. Historia cuiw^dam Freculfl Luxoviensis.
XXI. Declinationes .1.
XXII. Expositio Haimonis sup^ efistolam Pauli ad Ro-
manos,
XXIII. Excerpta ex libris Pompeii Festi.
suivant sur les églogues et géorgiqoes de Virgile est sans doute celui de Junius
Philargyrius, publié par Fulvius Ursinus à la suite du Kalendarium FamesiOr-
num (Rome, 1587, in-8*), ou celui de Yalerius Probus publié pour la première
fois dans l'édition de Virgile (Venise, 1507, in-fol.).
15. Eutychjus (et non Eutyches) est l'auteur de deux livres De discernendis
conJuraiionibtLSy imprimés dans le Corpus grammaticorum latinorum de Lin-
demann (I, 149-198).
16. On a désigné au moyen âge sous le nom de Martinellus un recueil de diffé-
rents opuscules de Sulpice Sévère concernant saint Martin de Tours, qu'on trouve
ordinairement disposés dans l'ordre suivant : 1* Vie de saint Martin. — V Trois
lettres à Eusèbe, Aurèle et Bassula relatives à saint Martin. — 3* Dialogues en
trois livres sur les vertus de saint Martin. — 4*' Vers et épitaphes en l'honneur
de saint Martin. — On y a joint quelquefois de petits traités de saint Martin ou
de Grégoire de Tours. Les manuscrits latins 5580-5583, du x' siècle, entre autres,
sont des Martinelli. C'est aussi sans doute le même ouvrage que l'on trouve
mentionné, sous le nom de Martinulus, dans le catalogue d'une bibliothèque
indéterminée, écrit au xi* siècle, et qui se lit au fol. 154 v* du manuscrit
latin 943 de la Bibliothèque nationale. Dans le nécrologe de la cathédrale de
Paris (Bibl. nat., ms. latin 5185 c. c], on voit aussi que l'évéque de Paris
Thibaud (f 1157) légua au trésor de la cathédrale c très libros, duos passionales
et unum qui dicitur Martinellus. » Carpentier a identifié à tort ces deux manus-
crits avec la chronique de Martinus Polonus. (Voy. Du Gange, art. Martiniana.)
18. C'est sans doute le commentaire sur Marcianus Capella de Rémi d'Auxerre,
ou bien celui de Jean de Melrose. (Cf. Labbe, Nova Biblioth, mss, librorum,
1653, 4% p. 45.)
20. La Chronique de Fréculphe, évéque de Lisieux {Lexoviensis).
23. L'abrégé de Festus par Paul Diacre.
ÉTUDE SUR LE RYTHME
DES
BULLES PONTIFICALES
La prose d'un grand nombre de bulles pontificales est
rythmée. En d'autres termes, elle vient frapper Toreille, à de
certains intervalles, par le retour de syllabes accentuées, de sons
forts, dont la place et le nombre sont déterminés.
Étudier les lois de ce rythme, plus large que celui de la versi-
fication, bien reconnaissable d'ailleurs, et intéressant au double
point de vue de la littérature et de la diplomatique, tel est l'objet
de ce travail.
On envisagera, d'un côté, la théorie, de l'autre, l'application.
Les règles de nombre, enseignées dans les traités du temps et
exposées selon le langage de l'école, rempliront un premier cha-
pitre ; un second, plus spécialement consacré à la diplomatique
pontificale, montrera dans quelle mesure et à quelle époque ces
préceptes ont été observés dans la chancellerie des papes ^
J'aborde d'autant plus volontiers cette étude, qu'elle me semble
répondre, très incomplètement il est vrai, à un vœu exprimé par
1. Il faudrait également étudier l'application de ces règles dans les chartes et
autres textes où elles furent observées. Ce cadre eût été trop vaste : j'ai dû le
restreindre quant à présent^ souhaitant de pouvoir plus tard revenir sur ce
sujet, et surtout désireux de provoquer d'autres recherches, d'autres études
moins imparfaites.
Je traite ici une matière que je n'avais fait qu'effleurer dans un mémoire,
présenté naguères à la Faculté des lettres, et dont mon confrère et ami,
M. Joseph Tardif, a donné aux lecteurs de la Bibliothèque une trop indulgente
analyse. Je ne saurais mieux faire que de m'associer aux très justes critiques
dont ce travail d'ébauche a été récemment l'objet de la part d'un juge des plus
compétents. (V. Revue critique, 1881, p. 324.)
H2
M. PaulMeyer. Quand parut, en 1868, Y Histoire des doctrines
grammaticales au moyen âge S notre savant confrère fut jus-
tement frappé de l'intérêt qu'offraient certains passages relatifs
au nombre* ; il parla d'un « secours inattendu », que la diploma-
tique pouvait trouver dans ces textes, et réclama, sur ce sujet,
une « étude toute spéciale » : « On comprend, disait-il, de quel
instrument précieux la critique sera pourvue, lorsqu'on aura
déterminé l'époque où le cursus (le rythme prosaïque) se montre
pour la première fois et les combinaisons employées par chaque
auteur 3. »
CHAPITRE PREMIER.
THÉORIE.
§1.
Chez les anciens, le mot cursus s'appliquait parfois aU dis-
cours, pour exprimer l'idée d'un flux de paroles, d'une harangue
débitée d'un trait, sans interruption ni pause : on en pourrait
trouver plus d'un exemple dans Cicéron^, dans Quintilien^.
Tout autre est la métaphore chez les grammairiens du moyen
âge. Le cursus n'est plus la marche accélérée du discours, il
signifie l'harmonieuse succession des phrases, comme si l'habile
agencement des mots selon les règles du rythme donnait à tout le
discours une allure plus vive, et comme si, en bannissant du style
les dissonances, les imperfections de nombre, on lui imprimait,
1. De M. Ch. Thurot. Notices et Extraits, t. XXII, 2« partie.
2. Seconde partie, chap. VII, § x, p. 480-485. Les textes cités sont de Buon-
compagno, de Ponce le Provençal, de Laurent de Rome et de l'auteur du Can-
delabrum.
3. Revtte critique, 1870, p. 220.
4. De Oratore, l, 35 : « Tantus cursus verborum fuit, et sic evolavit oratio,
ut... »
5. Instit. Orat., IX, § 4 : c Sed omnes ii (s. eut. pedes) qui in brèves exci-
dunt minus erunt stabiles, nec alibi fere satis apli, quara ubi cursus orationis
exigitur, et clausulis non intersistitur... Quaedam etiam clausulae sunt claudse
atque pendentes, si relinquantur : sed sequentibus suscipi ac sustineri soient ;
eoque facto, vitiura quod erat in fine continualio emendat : Non vult populus
romanus obsoletis criminibus accusari Verrem : duruni, si desinas; sed quum
est continuatnm ils quae sequuntur, quanquam natura ipsa divisa sint, nova pos-
tulat, inaudita desiderai, salvus est cursus. » Cf. ibid., VIII, proœm., g 27, IX,
? 2, et X, g 7.
463
par là même, un mouvement plus rapide : « Cum artiûcialiter
dictiones locantur, currere sonitu delectabili per aures videntur
cum beneplacito auditorum*. » Un arrangement des mots con-
forme aux règles de l'harmonie, « artificiosadictionum structura»,
s'appelle donc cursus au moyen âge, terme connu dès le xn® s. *,
dont l'usage n'avait peut-être pas encore prévalu, suivant la
remarque de M. Thurot^, au commencement du xin®, mais qui
ne tarda pas à être employé communément dans tous les manuels^.
§2.
Avant de jqous engager, à la suite des professeurs du moyen
âge, dans cette région peu explorée de la grammaire, sachons où
ils veulent nous conduire. Et d'abord, pour qui écrivent-ils leur
théorie du cursus ?
Les traités intitulés JDictamen, Ars dictandi, Summa die-
taminiSy et dans lesquels sont ordinairement énoncés les pré-
ceptes relatifs au nombre, difièrent, on le sait, des traités de rhé-
torique, en ce qu'ils ont pour unique objet l'art d'écrire. Les
genres métrique et rythmique, c'est-à-dire les deux versifications
qui ont subsisté côte à côte pendant toute la durée du moyen âge,
y sont définis en deux mots ; la prose y reçoit seule d'amples
développements. J'emprunte cette expression de « prose » au
« magister in dictamine » : en fait, le maître restreignait beau-
coup plus le cadre de son enseignement et se bornait à exposer
les lois du style épistolaire. Il est bien entendu que diplômes,
chartes, bulles, privilèges, toutes lettres authentiques, en un
1. BuoncompagQO, pass. cité par M. Thurot, op, cit, p. 480.
2. Forma dictandi de Grégoire VIII, Bibl. nat., ms. ialin n* 2820, f» 58 r».
3. Ârgoroent tiré de cette phrase de Buoncompagno : « Appositio, que dicitur
esse artificiosa dictionum structura, ideo a quihusdam cursus vocatur. » Op.
City p. 480.
4. Tel est le sens le plus général du mot cursus. J'avoue cependant que cette
définition ne convient pas également à tous les textes que j'ai sous les yeux. Dans
un passage de M" Gui, qui fut imité ou reproduit par W Guillaume, par Ponce
le Provençal et par l'auteur du Candelabrum (V. M. Thurot, op. cit., p. 480 et
suiv.), le vrai sens de cursus me paraît être la manière dont sont accentués les
mots : c Non enim hos pedes judicamus in prosa juxta metricam rationem, sci-
licet secundum correctionem (^tses ; correptionem) et productionem, ex cursu
vero tantum quem habent dictiones. » Bibl. nat., ms. latin n** 8653, f*" 24 r%
col. 1.
464
mot, rentraient dana ce programme d*études, aussi bien que les
lettres privées. C*est au milieu de dissertations sur l'adresse,
Texorde et autres parties de Tépître, qu'il faut chercher Fenoncé
plus ou moins succinct de la théorie du curstts. Cette circons-
tance seule donnerait à penser que les lois du nombre régissaient
exclusivement le style des lettres et des chartes.
Mais il y a plus : Jean TAnglois, un auteur de la seconde
moitié du xiif siècle, n'attribue qu'à « certains notaires », ou
rédacteurs d'actes, l'habitude d'observer le cursus. Quant aux
autres écrivains, ajoute-t-il (et dans cette dernière catégorie, il
comprend tous les auteurs didactiques, en particulier les rédac-
teurs de Dictamina), s'ils veulent parer leur prose. d'ornements
poétiques, ils usent du style cicéronien, stylo Tulliano, lequel
ne repose nullement sur la cadence^ mais bien sur les figures
de mots et sur les figures de pensées *. Même observation dans
un traité du xv* siècle * : l'emploi du cursus est le privilège des
notaires, notariorum in curiis ; ils rompent avec la tradition
des Quinte-Curce, des Valère-Maxime, des Quintilien et autres
grands prosateurs, dont le style empruntait tout son lustre aux
figures de rhétorique ^. De là aussi la règle nettement affirmée par
un maître qui semble avoir écrit sous le règne de Louis le Hutin^:
1. C'est ainsi, je pense, qn'il faut entendre la phrase un pea obscure de Jean
TAnglois : c In stiio TuUiano non est observanda pedum cadentia, set dictionum
et sententiarum coloratio : quo stilo utuntur vates prosayce scribentes et magis-
tri in scoiasticis Dictaminibus. Hnjusmodi non est assignandum exemplum, quia
quasi curreret in infinitum. » Ludw. Rockinger, Briefsteller und Formelbiicher
des eilften bis vierzehnten Jahrhunderts, dans les Quellen und Ercerterungen
zur bayerischen und deutschen Geschichte, 1863, t. IX, 1'* partie, p. 501.
2. Bibl. nat., ros. latin n" 14175. Parmi les personnages dont l'auteur cite les
noms, se trouve (f' 29) l'électeur de Saxe, Frédéric le Belliqueux, landgrave de
Tburinge et marquis de Misnie (1423-1428).
3. Fol. 18 ¥<" : c Stilli prosayci sunt IV : TuUianus, videlicet quo utuntur
actores prosaïce scribentes, sicut Quintus Ruffus, in Hysioria Alexandri,
Yalerius Maximus, Quinti[li]anus, in Declamationibus suis, et alii quasi infiniti
sunt. Isto autera stilo solum observatur vocum et sententiarum coloratio, que fit
per colores rethoricos : qui, licet necessarii sint dictatori, necnon et scriptori-
bus universis, scripta {sic) sunt volentibus decorare et ornatus jocunditatem
debitam observare... »
4. Il cite les noms de G., connétable de France (= Gaucher de Ghâtillon,
1302-1327), de P., archevêque de Sens (= Philippe, 1309-1316), d'A., cardinal-
évéque d'Albano (= Arnold d'Auch, 1312-1320), de L., roi de France (= Louis X,
1314-1316), et de L., empereur (= Louis V, 1314-1347).
465
au genre épistolaire appartient une langue spéciale, participant à
la fois de la prose et des vers *.
Ainsi donc , en principe*, les chartes et les lettres sont seules
sujettes à se prêter aux combinaisons du cursus ; encore faut-il
excepter la première phrase, celle qui contient le salut, sans
doute parce que les nécessités de la formule et les exigences de la
mode n'y laissaient aucune latitude à la fantaisie du rédacteur.
§3.
Cette première remarque est loin de satisfaire notre curiosité.
Grâce aux Dictamina, la théorie du cursus a pu s'étendre, se
propager et s'appliquer, d'une manière générale, au style des
correspondances et des chartes; mais, à coup sûr, elle n'a pas'
eu tout d'abord cette portée : laite pour une contrée, pour une
chancellerie peut-être, elle a commencé par exercer, dans un
cercle plus restreint, une influence toute locale. C'est le secret
qu'il faudrait maintenant arracher aux professeurs de cursus,
en soumettant leurs traités à un examen minutieux.
Si, comme l'établissent de récents travaux, les Dictamina
ont paru en Italie ^ longtemps avant de se répandre, soit en Alle-
1. Bibl. nât., ms. latin n" 11384, f* 94 r : c In hoc vero dlctamine litterato-
rio, quod nec est ex toto prosaycum, nec ex toto metricum, sed uirumque par-
ticipât... » JDictamen litteratorium a ici le même sens que dictamen litterarum
qui se trouve dans la première phrase de ce traité (f* 91 r).
Cf. M** Ludolfe, qui dit en expliquant Tune des règles du cursus : n Circa
quem finem quid in litteris sit regulariter observandura, hec est régula,
quod... » (Rockinger, Quellen und Erœrterungen, 1. c, p. 370. Cf. une autre
rédaction du même traité dans le ms. latin n* 11385, f* 6 v**, de la Bibliothèque
nationale.)
2. n faut insister sur ces mots en principe; car, en fait, bien des textes
n'appartenant à aucun titre au genre épistolaire et répartis entre les diverses
époques du moyen âge sont soumis aux lois du nombre. Qu'il me suffise de
citer le Dolopathos, dont certaines parties sont rythmées, suivant la très juste
remarque de M. Gaston Paris. {Romania, t. II, 1873, p. 496.)
3. M. Rockinger a publié une curieuse dissertation sur l'enseignement de l'art
épistolaire en Italie : Ueber die Ârs dictandi und die Summae dictaminum in
Italien, vorzugsweise in der Lombardei, vom Ausgange des eilften bis in die
zweite Hœlfte des dreizehnten Jahrhunderts, {Sitzung der historischen Klasse
der Akademie der Wissenschaften vom 19 jœnner 1861, Miinchen, p. 98-151.)
Cf. le très important mémoire de M. Wattenbach, Ueber Briefsteller des Mittel^
allers. {Archiv fur Kunde œsterreich, Geschichtsqv^ellen, t. XIV, p. 29-94.)
I«$
Biaçse. w«tflD Frmoe^ su imianearsitt la rédaction dnpreniier
lP¥!tani/^i. fr&ueaië (je n'en ocomsâs pas (Tantérieiir a« légne de
PiuùffO'Xuçwâje ^ j, IHabe ponâdbdt €t fisait les «eorres <f Avlvr
do ManMIisBaixL ai les àocinDf» proiesBèes sur le strie «pisUn
laire osA f&ssê les flaoots rers la fin du xn*" sîède, par 1211e sorte
d'isTafikni (xmparafale à celle qui s'âcoomplissait. aa nkéme
axnxneaU acms rîTifluenoe de rêoole bcdonaise. et întrcMiBisaît dans
les cours da Nord la légklatiaD de Jnstinkii. il est natorel de
fesijser que la tlièahe da cursus, jointe hal»tuellemeiit aux règles
du fitjle ^istcdaire, eA, comme les manuels de œt art. origi-
naire dUtafie^ GepeDdant ni Aubry', ni Hugues de Bcdogne^
qui éenvait dans le premier quart dn xn* siède, ne font mention
en cursus.
Francfaiisons on intarvaUe de plus de cinquante ans, et nous
trourercpos, pour la première 6»s, l'énonoé des kns rythmiques
dans on fort curieux opuscule intitulé : Forma dictandi quam
Rome notariés instituU rnagisier Albertus, qui et Grego-
rius Vil I papa.
Bien qu'inédit, cet ouTrage n a pcHnt échappé aux redierches
de tcws lés savants : témoins Du Cange ^, Mansi*, MM. Watten-
baeb' et Rockinger*, qui le rangent à sa place parmi les traités
\, Ut premier me parait être VArs dictandi Amrelianensù^ qii!a inipriné
AcKkiiiger. [Op. eii., p. 103-1 14-) Il est suÎTi de très près par le traite dn ms.
latJA tr 994 (^ 30), par le Dictamen de Bernard de Memig, doot WatlenlMch a
dooBé l'analyse {Reise nach OesUrreiek in, den Jahren 1S47, 1848, 1849 :
Pertz, Archiv, t. X, p. 557), par les deax Summar dicUtminis des mss. latins
tt*' 1093 et 14193, par la Summa d/s epistoUs dUtandis de M* Gni (ms. latin
o* 8fô3), et enfin par le Dictamen dn ms. latin n* 8566.
2. Ce fait n'est pas contredit par la présence de trois Orléanais, Jean, GniU
lanme et Robert, dans la chancellerie pontificale, sons les règnes d'Alexandre 111
et Lncias IIL (Mag. Stéphane, abbatis S. Genovefœ Paris, et episcopi Tomae.,
episMœ, éd. Cl. du Molinet, ep. LXV et LXXXV, p. 84 et 126.) Ces notaires
avaient pn étudier la rhétorique dans les célèbres écoles d'Orléans (cf. M. L. De-
lisle : le$ Écoles d'Orléans au xn' et au xm* siède, dans VAnnuaire4mUetin
de la Soc. de VHist. de France, 1869, t. YII, p. 143) ; rien ne prouve qu'ils y
aient appris l'art de rédiger conformément au rythme les lettres pontificales.
3. Rockinger, Quellen v/nd Eroerterungen, 1. c, p. 9-46.
4. Ihid., p. 53 et sniv.
5. Il le cite sous le titre de c liber De stylo Romani dictaminis, çui adseri-
hitur Gregorio VIII papœ. » [Glossarium, v* Dictamen.)
6. Fabricius, Bihl. med. et inf. latinit, Palavii, 1754, t. III, p. 96.
7. Archiv fur Kunde œsterreich. Geschichtsqu., t. XIV, p. 55.
8. c Von ihrem Betriebe beispielsweise an der paebstlichen Curie zeugt ja
467
italiens, mais qui malheureusement n'en connaissaient que le
titre, les uns pour Tavoir lu dans une lettre d'Hugues, religieux
prémontré S les autres pour l'avoir rencontré au tome VII (p. 43)
de VArchiv de Pertz.
Transcrit par un copiste du xii® siècle ^ l'opuscule en ques-
tion occupe le fol. 58 v^ du manuscrit latin n° 2820 à la
Bibliothèque nationale. A en juger par le titre, dont l'écriture est
également du xif siècle, la Fo7^ma dictandi n'est autre que
l'ouvrage, ou plutôt une portion de l'ouvrage, dont Hugues le
Prémontré faisait parvenir un exemplaire à Simon, chanoine de
Saint-Éloi-Fontaine, vers la fin du mois de juin 1218: « Verum,
quoniam nullum oblectamentum meum, quod non participaret
mecum tua dilectio, integrum arbitrarer, compilationem a me
factam et Summam unam a sanctœ recordationis Grego7*io
papa VIII (sicut dicitur) editam de stylo romani dictami-
nis,,. tibi censui transmittendas ^. » Il n'y a, en vérité, aucun
motif d'en suspecter l'authenticité, en présence de deux témoi-
gnages aussi vénérables que celui du manuscrit et celui d'Hugues
le Prémontré, l'un presque contemporain de Grégoire VIII, l'autre
postérieur de trente et un ans à sa mort. Avant son court passage
sur le siège pontifical, Grégoire, alors connu soi;is le nom d'Al-
bert de Morra, était chancelier de l'église romaine, et, comme
tel, expédiait les privilèges des papes Alexandre III, Lucius III,
Urbain III ^ ; de 1178 à 1187, il eut la haute main dans la rédac-
tion des bulles, en sorte que ses fonctions lui faisaient un devoir
d'enseigner aux notaires, ses subordonnés, le style de la cour de
Rome: le ms. latin n° 2820 prouve seulement qu'il ne se bornait
pas à leur adresser des recommandations orales. De cet important
deutlich genug die Formula dictandi quant Romœ notarios docuit magister
Albertus, ç^i et Gregorius VIII papa, naeiuLich im Jahre 1187. > {Ueber die
Ars dictandi und Summae dictaminum in Italien, p. 133.) Cf. QueUen und
Ercerterungen, l. c, p. xxvin.
1. Mansi en fait l'aveu. Du Gange se sert des expressions mêmes d'Hugues le
Prémontré.
2. C'est à torl que VArchiv de Perlz (t. VII, p. 43) indique le ros. 2820 comme
étant tout entier du xit** siècle.
3. Car. Lud. Hugo, Stivaggensis abbas, Sacrce antiquitatis monumenta, Sti-
vagii, 1725, in-fol., t. I, p. 1.
4. Du 22 février 1178 au 22 juiUet 1181, du 28 septembre 1181 au 7 mai 1184,
du 21 décembre de la même année au 11 novembre 1185, enfin du 15 mars 1186
au 13 octobre 1187. (V. Jaflfé, Reg, Pontifie, Romanor,, p. 679, 835, 855.)
468
manuel, sur lequel il me &udra revenir plus d*une fois, je ne
retiens pour le moment que les premiers mots : « Cursus dictami-
nis Romane Curie taliter observandus est » ; ils semblent éta-
blir que les règles de nombre enseignées par le chancelier aux
notaires étaient uniquement applicables au style de la cour
romaine, et ils fournissent, sinon une preuve péremptoire, au
moins le plus fort des arguments en faveur de Torigine romaine
et pontificale du cursus .
Les auteurs de Dictamina sont malheureusement si peu con-
nus que, malgré mon désir de glisser rapidement sur toute
matière autre que le cut^sus, je me vois forcé d'entrer ici dans
quelques détails au sujet de Transmond, le second des dictatores
qui ait, à ma connaissance, énoncé les règles du nombre. Trans-
mondiÂS * , Trasimundus * , TresmundiLS ^, Treimundtis *,
Tramundus ^, telles sont les formes sous lesquelles son nom se
présente au lecteur dans les manuscrits. Le titre de monachtis
Clarœvallensis^, ou même celui d'abba^ Clarœvallis'' Y y
accompagne quelquefois. Il n'a fallu que jeter les yeux sur la liste
connue des abbés de Clairvaux, pour reconnaître l'impossibilité
d'y introduire aucun Transmond^, mais on a généralement
accueilli avec plus de faveur la première hypothèse, et Daunou
a cru devoir accorder à « Traimond ou Trasimond, moine de
Clairvaux, » les honneurs d'une notice spéciale dans l'Histoire
littéraire de la France^, Sans doute, si l'on pouvait considérer
comme l'œuvre du dictator tous les morceaux transcrits ou édi-
tés sous son nom, son titre de moine résidant à Clairvaux sem-
1. Bibl. Mazarioe, ms. n*585, M r.— Bibl. nat., mss. latins n** 13688, t* 133 r*,
et 11867, f* 15 r. — Bibl. de TÂrsenal, ms. n* 1157 (ancien 99), ff. 49 r*, 57 V,
60 V et 137 V. — Ms. de MiddlehUl n« 337.
2. Bibl. de l'École de médec. de MontpeUier, ms. n* 302.
3. Bibl. nat., ms. latin n* 11382, ^ 115 r.
4. Bibl. nat., ms. latin n* 2820, t" 58 r».
5. Bibl. de Troyes, mss. n'** 1531 et 1452.
6. Bibl. de l'École de médec. de MontpeUier, ms. n* 302. — Bibl. de Troyes,
ms. n* 1452.
7. Bibl. nat., ms. latin n* 13688, f^ 133 r*. Dans le ms. n* 1157 de TArsenal,
le scribe da xiy* siècle avait tracé ces mots : c Explicit Somma fratris Tnuns-
mmidi, abbatis Glarevallis. » Le mot abbatis fut rayé peu de temps après et
remplacé par le mot monachi (V. f* 137 V ; cf. f^ 60 v).
8. Fabricios, Biblioth, med. et inf, latinité ▼" Trasimundus; Dannou, Hisl,
lut. de la Fr., t. xrv, p. 395.
9. T. XIV, p. 395 et suiv.
469
blerait assez bien justifié: radjonction du mot frater au nom
de Transmundus dans la dédicace de deux manuscrits S la
répétition fréquente de formules relatives à Tarchevêque de Lyon,
à î'évêque, au doyen et aux chanoines de Langres, aux abbés de
Cîteaux et de Clairvaux*, le caractère tout spécial des lettres
habituellement jointes au Dictamen^, et dont la plupart inté-
ressent Tordre de Cîteaux S cette circonstance enfin que plusieurs
d'entre elles sont écrites au nom des abbés de Clairvaux, Henri
et Pierre, dans les manuscrits consultés par Du Chesne et D. Tis-
sier 5, seraient autant de preuves à l'appui de la thèse adoptée,
après Fabricius, par Daunou et M. Wattenbach^. Mais on sait
combien les manuels de grammaire ont subi au moyen âge de
fréquentes interpolations. L'œuvre de Transmond, en particulier,
1. Ms. de la Mazarine n* 585 (xiii* siècle), f» 1 r, et ms. de l'Arsenal, n* 1157
(xiv* siècle), f» 49 r* : « Dilectissimo amico suo A., frater Transmundus perfec-
tionem operis et sennonis. » Cette phrase est remplacée par la suivante dans le
ms. latin n« 13688 (f» 127 r") de la Bibl. nat. (xni" siècle) : « Dilectissimo amico
suo A., frater R. salutem et perfectionem operis et sermonis; » ce qui a fait
porter l'ouvrage de Transmond, dans le catalogue manuscrit du fonds latin, sous
le titre de Summa dictaminis auctore R. Même incipit dans le ms. de Middlehill
n** 337 (ziY* siècle), qui cependant parait ressembler beaucoup plus au ms. de
TArsenal qu'au ms. latin n« 13688. (V. Perlz, ArchiVy t. VII, p. 952.)
2. Ms. de la Mazarine n** 585; ms. latin n*> 13688; ms. de l'Arsenal n° 1157.
3. Dans la plupart des manuscrits, cet epistolarium suit le dictamen. Il en
était probablement de même dans le ms. latin n*> 11867 (xiv* siècle), provenant
de Saint- Germain-des-Prés, et dont les premiers feuillets, aujourd'hui perdus,
contenaient sans doute le dictamen.
Ces lettres ont été en partie publiées par D. Tissier {Biblioth. Patrum Os-
terciens., in-fol. 1660, t. III, p. 252-270), Du Chesne {Hist. Franc. Scriptores,
t. IV, p. 477-490) et D. Brial. {Rec. des Histor. de Fr.j t. XV, p. 965
et suiv.)
4. Voici le titre de quelques-unes de ces lettres, d'après le ms. de l'Arsenal.
£p. 2 : Conqueritur ordo Cisterciensis domino Pape super quorumdam mali-
gnantium quassatione. — Ep. 5 : Super eodem supplicatio ad Papam. — Ep. 17 :
Ad dominum Papam, pro violenta manuum injectione in fratres Cisterciensis
ordinis. — Ep. 28 : Ad abbatem Cisterciensem litlera doloris et angustie super
interfectione cujusdam abbatis.
5. Du Chesne connaissait deui mss. des lettres de Transmond, qui lui avaient
été communiqués, l'un par Nicolas Camusat, chanoine de Troyes, l'autre par
Claude de La Fons, avocat de Saint-Quentin. D. Tissier a dépouillé trois manus-
crits provenant des abbayes de Clairvaux, des Dunes et de Foigny.
6. Archiv fUr Kunde œsterreich. Geschichtsqu., t. XIV, p. 55. « In dieselbe
Zeit, das Ende des 12. Jahrhunderts, gehœrt die Thaeligkeit des Transmund von
Clairvaux... »
172
dus\ partout accompagné des mots « Sancte Romane Eccletie
notarius* >. Mais ce chancelier, déchargé pour quelques semaines
de ses fonctions, est Albert de Morra . Transmond, qui le remplace,
est un de ces notaires auxquels s'adressait l'auteur de la Forma
dictandi. Le disciple a donc voulu à son tour élever la voix
dans la chancellerie et, à l'exemple de son maître, enseigner le
style de la oiur de Rome^. Il est impossible, on le voit, de trou-
ver deux ouvrages unis par une parenté plus proche, que la
Forma dictandi de Grégoire VIII et le Dictamen de Trans-
mond : les contemporains eux-mêmes ne s'y sont pas trompés,
ils ont considéré ces deux manuels comme inséparables l'un de
l'autre^. Pour nous, qui recherchons l'origine de la théorie du
rythme, nous nous £^citerons de pouvoir rattacher par de tels
liens à la chancellerie pontificale un des plus anciens professeurs
de cursus, auquel la tradition et la forme, peut-être altérée, de
ses ouvrages assignaient une autre patrie, d'autres fonctions, un
autre caractère. Nous n'en serons que plus disposés à faire
remonter jusqu'à Rome la source de tout ce qui s'est dit et ensei-
gné au sujet du nombre.'
Si, postérieurement au xn*^ siècle ^, des auteurs dépourvus de
tout titre officiel*, ou même étrangers à l'Italie, reproduisent les
1. 16 déc 1185. Bullar. Cluniac, p. 88.
2. Ce fait a été releré par les Béo^ctios {Nouveau traité de diplomatique,
t V, p. 277). Cependant Daanoa et les savants modernes semblent béâter à re-
connaître en ce notaire Fantenr des Introductiones dictandi.
3. ( Obserrandum est insaper Romanorum dictaminom stndîosis... » (BibL
nat., ms. latin n** 2820, f* 59 y*.) — Dictatam tibi, carissime, dictatorie institn-
tionis epistolam ynittoqne Romanorum dictaminom formolam copienti. » (Ms. de
la Mazarine n* 585, f* 1 r*, et antres contenant des remaniements dn xm* on dn
xiY* siècle.) — « Et sic terminandos est Tersns orationis, secondnm Romanum
corsnm. • (Cette dernière phrase est emprantée an ms. latin n* 11382, xm* s.,
f* 115 Y* : le Dictamen de Transmond y est rédigé sons une forme que l'on ne
rencontre nnUe part ailleurs.)
4. On se rappelle comme ils sont réunis dans le ms. latin n* 2820, et les
termes dont se sert le copiste pour faire la transition de l'an à l'antre. Hugues,
secrétaire de Tabbé Gerrais de Prëmonlré, les réunissait également dans l'enToi
qu'il faisait au chanoine de Saint-Éloi-Fontaine.
5. En ce qui concerne la France, les règles da cursus ne figurent dans aucun
Dictamen anlérieor à l'an 1200. V. VArs dictandi Aurelianensis, le Dictamen
de Bernard de Meung et les traités contenus dans les mss. latins n** 994, 1093
(ff. 55-73) et 14193.
6. Tel n'est pas M* Richard de Poffi, qui remplissait, en 1255, les fonctions
d'archiviste (scribarius) du pape Alexandre IV. (Y. Pertz, ArehiVy t. V, p. 449.)
473
règles de Grégoire VIII et de Transmond, ils sauront fort bien
indiquer, d'abord par la fidélité de leur copie, mais aussi par des
déclarations expresses, Torigine de leurs théories. C'est dans un
chapitre consacré au privilège pontifical, que M® Gui, un Orléa-
nais de la première moitié du xm® siècle S abordera la question
du rythme*. Laurent de Rome^ et Ponce le Provençal^ se
feront gloire, auprès de leurs élèves de France, d'enseigner
le nombre « juœta stylum Curiœ Romance ^. » L'auteur
du Candelabrum répétera, en Italie, la même profession
de foi ^. Enfin faut-il que le souvenir de Grégoire VIII reste
attaché à celui du cursus^ pour mieux montrer qu'on a tou-
jours et partout vu en lui la plus haute autorité en matière de
Il â reproduit la théorie du cursus dans sa Summa dictaminis secundum Cu-
riam Romanam. (Bibl. nat., ms. latin n" 4166.)
1. M. Delisle, op, cH,, Annuaire-bulletin de la Soc. de VHist deFr,, t. VII,
p. 143.
2. Bibl. nat., ms. latin n» 8653, ^ 24 r», col. 1.
3. Son ouvrage est ainsi intitulé dans le ms. latin n* 14704, ^103 v : Summa
dictaminis, breviter et artificiose composita Parisius per magisirum Lauren-^
cium de civitate Rome, Acquingensis (pour : Aç^ilegensis ?) dyocesis, juxta
stilum Curie Romane et consuetudinem modernomm. Un autre exemplaire du
même ouvrage se trouve dans le ms. latin n" 16253 (fif. 1 et suiv.), où des anno-
tateurs du siècle dernier (et le catalogue ms. du f. latin d'après eux) l'ont mal à
propos confondu avec l'œuvre de Laurent Lombard. (Cf. mss. latins n"* 11414,
f- 15 v% 15015, f 12 v% et 18515, f 30.)
4. Il avait d'abord enseigné dans le midi de la France aux étudiants en Droit
Romain. (V. M. Thurol, op. cit., Notices et Extraits, t. XXII, 2" partie, p. 38.)
Il remania ensuite son traité pour l'accommoder à l'usage des écoliers d'Orléans.
(V. M. Detisle, op. cit.. Annuaire-bulletin de la Soc. de VHist de Fr.^ t. VU,
p. 143 et 150.) L'une des parties de cet ouvrage, VEpistolarium, porte la date de
1252 dans certains mss. (latin n* 8653, f<* 9, de la Bibl. nat., et Arundel n» 760
du Musée britannique), celle de 1259 dans d'autres (latin n* 18595, f> 16;
cf. M. Thurot, op. cit., p. 517). •
5. Ponce le Provençal trace les règles du c cursus Romane ecclesie vel curie. »
(Bibl. nat., ms. lat. n" 18595, f" 11 r».) Cf. le passage cité par M. Tburot {op.
cit., p. 481) : c Pedes autem dictos, secundum cursum Romane curie, taUter
ordinabis. »
6. c Nos vero secundum auctoritatem Romane Curie procedemus, quia stilus
ejus cunctis planior invenitur... Observanto igitur Romanorum dictaminum stu-
diosi... » (M. Thurot, op. cit., p. 483.)
Si le même auteur prétend ensuite établir une distinction entre les théories
romaine et française, nous verrons plus loin qu'il se fonde sur des difiérences
purement imaginaires. (Cf. M. Tburot, op. cit., p. 484.)
476
roxytons : dans les deux cas, la place de l'accent tonique a servi
à les classera
Poursuivons. I^es mêmes auteurs enseignent que tout mono-
syllabe est un demi-spondée ; tout mot de trois syllabes dont
la pénultième est longue, un spondée et demi ; quant aux mots
polysyllabiques, ils se décomposent de la manière suivante : 1® à
la fin du mot, un spondée (les deux dernières syllabes), ou un
dactyle (les trois dernières), suivant que la pénultième est longue
ou brève ; 2® au commencement du mot, un ou plusieurs spondées,
une ou plusieurs fractions de spondées : en effet toutes les syllabes
protoniques sont jointes deux à deux, et chacun de ces groupes
est considéré comme un spondée ; si ces syllabes sont en nombre
impair, elles forment un demi-spondée, un spondée et demi, deux
spondées et demi, etc. *. Exemple : dominatiônem forme trois
spondées, demi nati onem ; misericôrdia forme un spondée et
demi et un dactyle, mi seri cordia.
C'est ici le lieu de rappeler avec quelle autorité M. Gaston
Paris a établi, dans cette revue même, le principe, aujourd'hui
classique, de l'accentuation secondaire. « Il est naturel à la voix
« humaine, disait-il, d'entremêler également les arsis et les
« thesis, les syllabes fortes et les syllabes faibles, les toniques et
« les atones, si bien que l'accent principal d'un mot étant déter-
re miné par les lois qui lui sont propres, la voyelle qui suit ou
« précède immédiatement cet accent est notablement plus faible
« (toniquememt) que la seconde en avant ou en arrière ; en
1. De semblables expressions ont été fussi employées par des auteurs traitant
de la yersification rythmique. Éberhard l'Allemand, dont M. Thurot nous a fait
connaître le LaborinitLs (Comptes-rendus des séances de V Académie des Inscr,
Séance du 30 sept. 1870, p. 265), appelle rythme spondalque celui qui consiste
à composer chaque vers de pieds de deux syllabes dont la première reçoit
l'accent, et rythme lamMque celui suivant lequel chaque vers est composé de
pieds de deux syllabes dont la seconde est accentuée.
2. Ponce le Provençal : « Sciendum est quod monosillaba dictio dimidium facit
spondeum, ut me, te, se, dissillaba vero totum, ut michi, Ubi, sibi. Si yero sit
trissillaba, et penultima producitur, facit spondeum et dimidium, ut magister...
Si vero sit poiisillaba, et penultima producitur, omnes sillabe faciunt spondées
binari numéro disjugate. Si vero corripiatur penultima, très ultime siUabe faciunt,
dactilum, omnes alie faciunt spondeos, ut excommunicatio. » (Passage cité par
M. Thurot, Notices et Extraits, t. XXII, 2« partie, p. 481.) Cf. Jean TAnglois :
(( Spondeus dicilur dictio dissillaba, vel partes poÛssillabe dictionis, cadenles
ad modum spondeorum. » {Quellen und Erœrterungen , t. IX, 1*^ partie,
p. 501.)
477
« d'autres termes, le mouvement rythmique est naturellement
« binaire, et non ternaire. » La première conséquence à déduire
de ce principe était que, parmi les syllabes protoniques, une sur
deux est affectée d'un accent secondaire (v) : dominâtionem.
« On en vient tout naturellement, ajoutait M. Gaston Paris, à
4c assimiler les syllabes qui ont l'accent secondaire à celles qui
« ont Taccent principal *. »
L'étude de la poésie latine au moyen âge, l'examen d'anciens
textes relatifs à la versification rythmique *, la science du plain-
chant^, mieux encore la philologie romane sont venus tour à
tour confirmer une loi, que nul aujourd'hui ne serait bien venu
de contester. De même les dictatures, si on les interrogeait sur
cette particularité, proclameraient l'importance du double accent.
Pourquoi groupent-ils deux à deux les syllabes protoniques,
sinon parce qu'ils ont constaté le mouvement binaire du rythme ?
et par quelle raison comptent-ils un spondée et un dactyle dans
le mot rétinâculum, s'ils n'admettent qu'un accent secondaire
affecte la première syllabe re ? Dans le mot inïmicitiœ, ils pla-
cent les deux accents, comme le veut la règle du mouvement
binaire, sur la seconde et la quatrième syllabe : du même coup,
ils partagent ce mot en trois morceaux, qu'ils appellent un demi-
spondée (i), un spondée {nïmi), et un dactyle {citiœ). C'est en
vertu de la même loi que le monosyllabe est rangé dans la caté-
1. Lettre à M. Léon Gautier sur la versification latine rhythmique, dans la
Bibliothèque de VÉcole des chartes, ô** série, t. U, 1866, p. 584.
2. Ayant troavé dans Éberhard rAUemand le vers
« Crûx ht salas pôpal&rûm »
qualifié de tetraspondalcus, et le vers
« Quà tlnëbâtur sûhdîtàs »
appelé tetralambicus, M. Thurot en a très justement conclu qu'un accent secon-
daire porte sur les premières syllabes des deux mots poptUorum et tenebatur.
(Comptes-rendus de VAcadémie des Inscr., 30 sept. 1870, p. 265.)
3. G. Mantin, dans son Traité de Psalmodie (p. 22 et 23), constatait qu'on ne
doit jamais faire dans le chant deux syllabes brèTes de suite, et accentuait ainsi
MïsêrîcÔrdïâ nïcêssïtâtxbûs,
au grand étonnement de l'abbé Petit, qui supposait ces règles introduites par la
routine et la pratique des lutrins {Dissertation sur la psalmodie et les autres
parties du chant Grégorien, dans leurs rapports avec l'accentuation latine,
Paris, 1855, in-8% p. 75).
12
gorie des demi-spondées; Tantiquité, il est vrai, accentuait,
sauf exception, les monosyllabes, et Alexandre de Yilledieu
répétait encore, conformément à la tradition, qu'un accent aigu
affecte les monosyllabes, excepté les conjonctions et les préposi-
tions ^ Mais, dans la pratique du moyen âge, tout monosyllabe,
même déclinable, perdait son accent, s'il était voisin d'une syl-
labe accentuée, et, au contraire, tout monosyllabe, même indé-
clinable, recevait l'accent, s'il précédait ou suivait une syllabe
non accentuée^. Il en résulte que le monosyllabe était apte à for-
mer tour à tour la première ou la dernière moitié d'un spondée :
dans l'un des cas, il recevait l'accent, dans l'autre, il était atone.
Placé devant un paroxyton de trois syllabes, il s'unissait à la
première syllabe de celui-ci, pour constituer un spondée : es
magîster ; de là vient encore le nom de spondée et demi donné
au trissyllabe paroxyton.
Jusqu'ici la théorie du cursiAS confirme d'une manière frap-
pante la règle du mouvement binaire. Cependant, il faut l'avouer,
les dictatores ne sont pas jusqu'au bout demeurés fidèles à ce
principe, et quand ils arrivent à la fin d'un mot, si ce mot est
proparoxyton, ils n'hésitent pas à glisser rapidement sur les deux
dernières syllabes ^. En d'autres termes, ils ne placent pas d'ac-
cent, même secondaire, sur la finale des proparoxytons. La
phrase Dôminus adjûtor mîserôrum est considérée, dans tous
les manuels, comme se composant d'un dactyle {dôminiis)^ d'un
spondée et demi (adjûtor) et de deux spondées {mîserôrum), au
lieu que, si l'on accentuait la dernière syllabe de dominus aussi
fortement que la première de miserorum, il faudrait compter
en tout cinq spondées : Dominas adjûtor mîserôrum. Les dic-
tatores se séparent ici des poètes rythmiques, qui faisaient por-
1. M. Thiirot, Notices et Extraits, t. XXII, 2« partie, p. 399.
2. Il y a toujours profit à consulter les traités de musique religieuse. D. Ju-
railhac {La science et la pratique du plain-chant, p. 279) donne l'exemple sui-
vant : « Rex nôster non confûndar in aelérnum. »
Cf. M. Gaston Paris, l. c, p. 592 : « Il faut y ajouter le traitement, naturel-
lement assez arbitraire des monosyllabes : ils ont ou n'ont pas l'accent à la
volonté du poëte. »
3. C'est pourquoi Grégoire VIII trouve l'allure de la phrase trop rapide, quand
on y accumule des dactyles; ex. : Négligens fâmulus ûliquis. Si chacun de ces
mots recevait un accent secondaire sur la finale, le dictator ne pourrait se
plaindre c quia nimis sunt veloces. »
479
ter sur la finale des proparoxytons le poids de l'assonance ou de
la rime, ils se séparent également des grammairiens, qui don-
naient au vers
Sôrdibùs immûndus
répithète de trispondatque^. Sans doute, la prose, dont ils fai-
saient leur unique étude, ne comportait pas un rythme aussi
régulier, je dirai même aussi monotone, que certains morceaux
de poésie, et déjà Ton peut pressentir que la beauté du cursics
consiste dans l'emploi successif des mouvements binaire et ter-
naire.
Les termes dont la définition a donné lieu aux précédentes
remarques, et que nous continuerons d'employer, étaient consa-
crés par l'usage presque général des dictamina. Toutefois, pour
ne rien omettre, il convient de mentionner ici quelques expres-
sions plus rares : celle de molosse, s'appliquant au trissyllabe
paroxyton, celle de dispondée , désignant le paroxyton de
quatre syllabes *, les termes de dactyles et de spondées simples
opposées à ceux de dactyles et de spondées complexes ^ ; enfin
les termes génériques de spondée et de dactyle comprenant,
l'un tous les paroxytons, l'autre, tous les proparoxytons, quel
que soit le nombre des syllabes du mot^ Toutes ces locutions
d'ailleurs appartiennent à un même ordre d'idées : elles témoi-
gnent également de l'importance qu'avaient aux yeux des dicta-
tores les lois de l'accentuation.
Chose curieuse 1 l'accentuation est le fondement de la théorie
du cursus j et les termes employés par les maîtres sont presque
1. Comptes-Vendus de V Académie des Inscr., 30 sept. 1870, p. 266.
1. Libellus de dictamine et dictatorio sillogismo. Bibl. nat., ms. latin n° 14357
(ziy' siècle), ^ 123 y% col. 1. — Même traité dans le ms. latin n" 16252
(flf. 29-42).
3. Le spondée complexe est le paroxyton de plus de deux syllabes; le dactyle
complexe est le proparoxyton de plus de trois syllabes. Bibl. nat, ms. latin
n" 1093, f* 81 r**. — Autre rédaction de la même Summa dictaminis dans le ms.
latin n« 15952 (t. f» 91 r).
4. Dictamen contemporain de Louis le Hutin (Bibl. nat., ms. latin n* 11384,
f* 94 r*) : c Oranes dictiones tetrasillabas et polissillabas, scilicet IV sillabarum
vel amplius, quarum penultima brevis, habemus pro dactiiis..., et omnes dic-
tiones IV sillabarum vel amplius, quarum penultima longa, tenemus pro spon-
deis. » En effet, les deux mots polysyllabiques prxterea et vervmptamen sont
un peu plus loin rangés au nombre des dactyles.
480
tûii» emynaién au vocabulaire delà métrique : brèves et longues,
f^poudéim et dactyles reviennent bien plus souvent sous leur
plume, qu'accent grave ou accent aigu K A peine songent-ils à
nom avertir, dans leur langue un peu vague, d'oublier les règles
da quantité : « Non enim hospedes judicamusinprosajuœta
metricam rationem, ex cursu vero tantum guem hahent
dictiones, > C'est à nous de deviner la loi, dont ils semblent
OjOus faire un mystère.
L'un d'eux, qui se distingue par son parti pris de conserver le
langage de la prosodie classique, va même jusqu'à répudier les
expressions dont se servent le plus habituellement ses confirères :
écrivant en Italie, l'auteur du Candelabrum attribue aux Fran-
çais l'invention des dactyles et des spondées « imaginaires » ' ; il
donne à entendre que leur théorie, à laquelle il oppose le style
romain ^, est seule fondée sur l'accentuation, non pas même sur
l'accentuation classique, mais sur « une sorte d'inflexion de voix
dont l'oreille est seule juge et qui se produit par élévation ou par
dépression sur la dernière syllabe des mots *. » Peut-être cet
auteur pourrait-il nous faire douter du principe que nous avons
1. Cependant Buoncompagno : «... in dictionibus quarum penultime acuio
pranunciantur accentu; » el Laurent de Rome : a ... per trissiUabam dictionem,
cujus penultima acuitur, precedentis dictionis penultima similiter acuto accentu
prolata;... penultima acuitur,gravatur.ï) (Passages cités par M. Thurot, Notices
et Extraits, t. XXII, 2* partie, p. 480 et 482.)
Cf. Jean de Sicile : c Tertio decet inspicere quemdam ordinem in accentu sic,
ut non solum ex brevibns, nec tantum ex longis oratio componatur, sed ex utris-
que lepida modulatione compositis videatur duicedo quedam armonica resonare. »
{Rettorica in arte dictandi. Bibl. nat., mss. latins n* 16617, f* 211 r*, et
n* 14174, f 6 r*.)
2. « Aurelianenses enim ordinant dictiones per ymaginarios dactilos et spon-
deos... Cursum vero compositionis docent Galiici observandum per dactilos... »
(Passages cités par M. Thurot, l. c, p. 483.) c Sous la plume de ce Florentin,
ajoute M. Delisle (/. c, p. 143), les expressions styte d'Orléans et style de
France étaient à peu près synonymes. »
3. De même Buoncompagno, au début de son Livre des XII tables, prévient
ses lecteurs qu'il voudrait ramener aux usages suivis par les Pères, par la Coor
romaine et la cour impériale les écrivains qui se laissent séduire par les fausses
et superstitieuses doctrines des Orléanais. (Bibl. nat., ms. latin n** 8654, t 125 r*.
Cf. M. Delisle, L c, p. 143.)
4. V. M. Thurot, /. c, p. 484.
5. « Nec stricte hic accentus accipitur. Sed est accentus hic quedam modula-
tio vocis per elevationem et depressionem super penultima sillabarum facta,
judicio aurium comprobante. » Il est à noter que les eipressions dont se sert
484
constaté de visu, s'il n'enseignait précisément ces doctrines dont
il attribue l'invention aux dictatures de France, et si, par cette
singulière inconséquence, il ne montrait lui-même le peu de fond
que l'on peut faire sur ses imprudentes critiques. Ajoutons que
les mots de dactyle et de spondée sont employés dans leur sens
nouveau par Albert de Morra, et que ce chancelier, de même que
Transmond, de même que l'auteur du Candelàbrum, se fonde
sur l'accentuation.
§5.
Il est temps de chercher à comprendre cette fameuse théorie
du cursus, dont Ponce le Provençal disait qu'elle donne à toute
l'épître une apparence plus décente et plus riche *. Le commen-
cement, le corps et la fin de la phrase vont être tour à tour l'objet
de règles minutieuses.
A. — Du commencement de la phrase, et accessoirement
du commencement du membre de phrase.
Je laisse parler Grégoire VIII.
Cursus dictaminis Romanç Curlç taliter observandus est. Si inci-
pias versum ^ a dictions dissillaba, bene currit dactilus post eam, ut
si dicas : Déus omnium. Si incipias a dictions trissillaba cujus média
sit producta, bens currit post eam dactilus, ut si dicas : Magister
militum, Gavsndum maxims tibi, ns vsl duos, vel plures dactilos
ponas continue, quia nimis sunt veloces, ut : Négligens fdmulus
dliquis, Sed plures spondées bsne potsris continuare , ut : Fidem
sûam suspéctam réddit. Si versurp incipias a dactilo, pone plures
l'auteur pour définir Taccent français (modulatio vocis, devatio, depressiOy ju-
dicium aurium) sont classiques. Cf. Bède, Pierre Hélie, etc. (M. Thurot, /. c, p. 393.)
1. c Ad hoc enim cursus inventus est, ut per eum Tocalium et cujusque Tocis
asperitas evitelur ; et hoc secundum antiquos. (Je pense que ces aniiqui sont les
prosateurs de l'antiquité et du moyen âge, qui, sans s'astreindre aux lois minu-
tieuses du nombre, cherchaient seulement à éviter les hiatus, la cacophonie et
les fautes contre Tharmonie.) Secundum vero modemos, cursus inventus est, ut
per eum coilipetentius et magis ornale clausula et tota epistola proferatur. »
(Passage cité par M. Thurot, /. c, p. 481.)
2. n faut traduire ici versus par phrase ; le mot parait avoir eu ce sens dès
l'époque de Justinien, et il Ta conservé durant tout le moyen âge, notamment
dans l'ouvrage de Pierre Hélie. (M. Thurot, L c, p. 408.)
482
spondeos post dacLilum, ut : Déminus et magister nésier Jhésus
Christus. In medio versu, post punctum, vel post metrum ^, ut ita
dlcam, melius est incipere clausulam a spondeo quam a dactilo, ut
in hoc patet exemplo : împudicç mdtris nequicia t corrûmpit fUiam'
et vixpbtest pudicam fdcere quam habuit impudica ^.
L'auteur, on le voit, n'admet pas sans répugnance l'emploi du
dactyle au commencement des phrases. Il le tolère : 1® à la
première place, avant une série de plusieurs spondées ; 2® à la
seconde, après un paroxyton de deux ou de trois syllabes. Il ne
permet, en aucun cas, de placer de suite plusieurs dactyles, au
lieu qu'il approuve l'accumulation des spondées. Il veut enfin que
tout membre de phrase précédé d'une pause commence par un
spondée plutôt que par un dactyle.
Ces règles ont été ou reproduites ou développées par la plupart
des maîtres qui ont suivi Grégoire VIII, et que je vais passer
rapidement en revue.
Transmond se borne à copier textuellement le morceau que
l'on vient de lire ^ en insistant pour que la phrase ne commence
« presque jamais » par un dactyle ^. M® Guillaume ^, dont l'opi-
nion est partagée par Buoncompagno* et par l'auteur du Cande^
1. Le sens des deux mots puncium et meirum a yarié au moyen Age.
Alexandre de Villediea appelait meirum ce que Pierre Hélie appelait puncium,
et réciproquement. (M. Thurot, /. c, p. 408 et 409.) Ici, ces deux mots me
semblent avoir la même signification que dans Pierre Hélie : puncium est la
suhdistinctio ou le comma d'Isidore de Séville, cette première pause qui inter-
vient avant que la phrase ait un sens complet ; metrum est la m>edia disUnctio
ou colon d'Isidore, c'est-à-dire la pause qui se fait sentir avant la fin de la
phrase, mais quand déjà elle offre un sens satisfaisant.
2. Bibl. nat., ms. latin n» 2820, f> 58 v*.
3. Bibl. Mazarine, ms. n* 585, f* 8 v«; Bibl. nat., ms. latin n* 13688, f* 130 r".
L'emprunt n'est pas seulement évident; il est maladroit; rien, ni dans ce qui
précède, ni dans ce qui suit, ne se rapporte au cursus.
4. Après c Si a dapUlo incipias, i il ajoute : c Quod vix aut nunquam con^
cedo. >
5. c Neque clausula débet incipere a dactilo, sed compluribus spondeis. >
(Passage cité par M. Thurot, /. c, p. 481.)
6. c Immitantes ordinationis artificiose structuram incipiunt a dictionibus tri-
silabis vel quadrisilabis que penultimas habent productas. i (0lbl. nat., ms.
latin n* 8654, f* 2 r*, col. 2.) Sur ce professeur de l'Université de Bologne qui
écrivait au commencement du ziii* siècle, v. Tiraboschi, Storia délia leit. itcU.,
t. IV, p. 463 et suiv. ; Rockinger, Quellen und ErcsTierungen^ t, IX, l'« partie,
p. 117 et suiv. ; M. Thurot, op. cit., p. 36, etc.
483
labrum S ne veut en aucun cas du dactyle initial, mais plusieurs
spondées de suite lui semblent un fort bon début. La même doc^
trine obtient l'assentiment de M® Gui, de Ponce le Provençal, de
l'auteur d'un Bictamen anonyme* : ils ne font exception que
pour des dactyles occupant nécessairement la première place, tels
que les conjonctions itaque, igitur, insuper, scilicet, siqui-
dem^, ideo^y quoniam, ceterum, quominus^, etc. Suivant le
dernier de ces dictatures, une phrase commençant par plusieurs
spondées doit toujours succéder à une phrase se terminant par
un dactyle.
Je ne sais si les maîtres du xm® siècle ont eu d'autre motif que
le respect de la tradition, pour accueillir avec cette faveur una-
nime la théorie de Grégoire VIII ; mais ce que voulait à tout prix
l'auteur de la Forma dictandi, lui-même nous en est garant, c'est
éviter la précipitation : cavendum maxime ! Au moyen âge,
plus encore que dans l'antiquité, l'accentuation était à la fois une
élévation de la voix et un renforcement, un allongement de la
syllabe^. Or, que l'on allonge en l'accentuant la première syllabe
des dactyles Négligens fàmulus àliquis : il sera presque impos-
sible de ne pas prononcer très rapidement les deux dernières ; sur
1. « Nullus autem versus débet dactilo inchoari. Unde non sit incipiens : Lit-
ieras vestre dominationi transmitto. Ad minus est ergo ab uno spondeo et
dimidio clausula inchoanda, ut : Jmplere cupio que jubetis. Si queratur a quot
spondeis ]iceat inchoare, dicimus hoc indeterminatum esse. Quibnsdam tamen
Tidetur non ultra quatuor esse contlnuandos, ut : Daminationem vestram de-
precor, » (M. Thurot, l, c, p. 484.) II faut ajouter que l'auteur du Candela-
brum expose ici la doctrine des Orléanais.
^. Bibl. nat., ms. latin n- 11384.
3. Summa magistri Guidonis : c Item nostrum versum non incipimus a dap-
lilo, nisi ab paucis, ab bis scilicet : igitur, itaque, insuper, siquidem, et simi-
liler ; a spondeis [non] tantum ab uno, sed a pluribus, ut Caritatem vestram
imploro presentibus, et ad minus a spondeo et dimidio : Magister militum,.. »
Bibl. nat., ms. latin n* 8653, ^ 24 r*.
4. Ponce le Provençal : c Debes enim incipere tuam clausulam ab uno spon-
deo el dimidio, vel a pluribus; a dactilo nunquam, nisi sint conjunctiones, ut
ideo, igitur, que, quoniam prepositivi ordinis sunt et locum, quoad hoc, com-
petenter mutare non possunt, clausulam sepe incipiunt. » (M. Thurot, l. c.
p. 481.) — Dans le ms. latin n° 18595 (f* Il r»), Ponce attribue aux « mo-
dernes » l'habitude de placer ainsi certains dactyles au commencement des
phrases.
5. Bibl. nat., ms. latin n* 11384, f" 94 r.
6. M. Thurot, L c, p. 393. Cf. Pierre Hélie, ibid,, p. 396.
h' t^ ' ^HmI/'- Utii" -f* *»\*.tt»»:h^ H'itotJ fl/ftté: nUH c^ïrtaiiK; valeur:
' '1 " ^l'f iiit.^nin- VIII ii|/|^:linf uié iiiyU'. pr^scipit^. Ao COQ-
\iu\r <!'< l'-'l"' (/!'• '>''«( |if/:^^'^l/:'rtiii r/i//l'i';<J'nji «tyllâbes, Détif
'nimitiiii i.| il'.ti^ i;/lliiliiit •;iif i iitif t'ihhi ;i ':!:/;» tij#V«, le début ne
iMiihi|M< m «H <1 iiMihlMif ifi (Ih Kiii^'^^s '' ''" ^-'''^ ^''* 'Tienne si le
•lu* I ) |i )iImi I iH mil- tl<> In |ilinitsii, 111)1 itutttMutUiuwni saivi d'un
imIkui hiitnliii. ili. .i|iiiiHlitiiii lUnmnuH M lèuujister nôster
i^.>,.(i« I /il o^(^ tiii iiMiinniiiiuil (nriuiirn, huccimI» aussitôt le
Il !• .1 |\i.i|i* il 't|uu((ii \\\\\\ lA lo tlaolvtn, tiÙM h In seconde place,
. I (Mi'>.ôiU\ \iuhiuU \i\ u^^lo IrnriH^ par (îiV^goire VIII) d*un
(i((.>ni*u Ao luMi i^ llilui*). \l^^i/ist^''* ntmium^ It^ syllabes
^1 v..ui\u^< • •«Mi\*us%tu>ui uioKsvt a\k\ \\ IIhIk^s atones Uans la pro-
uiutii .1 uu Ui'i.v wMMiuo vtaiiH l'ovoiuplo lie style précipité,
' . './'''X u.(..\ f^Y*>*'^ Pa-.iliv part» le dictcitO'\ qui
iv.U'^a, î \\\..\^^ tu't' 'uUi\o .io U ^»i!ruN^» ot blàiue. par ce motii.
l u , . uv '..u.*».i ivo îuvivkv*, vU'xvitit, M.*ii:ble^t-il. voir d'un aussi
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, u. « -v^A^.tajs. . :• ••«u.-*. 'L«A •^iiÉttt'x Jeu L-Jii^mr
• *<* ... ^^ k> 1 *>.''. !•
485
loces », ils en blâment l'abus et le rapprochement ; ils citent
comme fautive la phrase : « Humiliter pétimits é)us intûitu
misericordie dignémini concéder e », et donnent à entendre que
deux dactyles ne doivent point se suivre sans intervalle. Moins
dangereux et plus rare, l'abus contraire, consistant à accumuler
un -très grand nombre de spondées, n'en rend pas moins la phrase
ultra modum asperam vel nmmm ^copwZo^aw? . Exemple :
« Nôbis sûpplicâmur obsecrântes in virtûie câritâtis, ût ad
nos venir e sine tàrditâte curétis ». Cinq spondées peuvent, à la
rigueur, se succéder sans intervalle : un plus grand nombre nui-
rait à l'harmonie du style : « Pulchrius erit ac elegans dictamen,
si, spondeis ac dactilis intermixtis, trahat exvarietatepulcritudi-
nem. » Le dictator doit trouver cette juste proportion de spon-
dées et de dactyles, qui, en sauvegardant la majesté du rythme,
produira l'élégance par la variété.
Des maîtres plus scrupuleux ne craignirent pas de déterminer
cette proportion. U faut, dirent les uns, employer alternative-
ment un spondée et demi ^t un dactyle*. Ce rythme, répondirent
les autres, est trop rapide ; entre vos dactyles, intercalez trois
spondées ou quatre spondées et demi *. Cependant aucune com-
binaison n'obtint le même degré de faveur que celle qui con-
sistait à séparer les dactyles par deux spondées et demi ; la
Poëtria de Jean l'Anglois nous en fournit un curieux exemple^,
1. Buoncoinpagno s'élève avec force contre cette théorie, sans doute assez
répandue de son temps, dans un passage qui n'a pas été imprimé par M. Roc-
kinger : je le transcris sur le ms. latin n" 8654 de la Bibl. nat. (^ 2 y*") :
(( Quidam nudi grammat|ic]es virtutem reputant incipere a dictione bisillaba
que habeat primam longam et in medletate ponere dictionem que habeat'
penultimam grayem; et ita incipiunt ordinando subsequenter dictiones,... ut in
hoc exemplo : « Toile "siàticum, frater \Ljàrissime, Yade CMniam, jussis ohé-
(Uas... » Item quandoque incipiunt a trisillaba, que habet penultimam acutamet
procedunt hoc modo : « Majestas régla precepit firmiter ut nûllus aûdeat pacis
fédéra violare. i Isti nempe interdum corrumpunt grammaticam, ut cursum
observent; de intelectu quidem et pondère sententiarum non curant, sedadsimi-
litudinem quorumdam vermium nituntur sua stercora cum dubiis glom[er]are. »
2. Summa dictaminis mag. Guillelmi : « Item, si velimus facere cursum in
dictamine, précédant très spondei, vel quatuor et dimidlus, et sequatur dacti-
Ins. 1 (Passage cité par M. Thurot, l, c, p. 481.)
3. « ... Quoniam vero iste stilus, propter sui nobilitatem, apud multos est in
usu, subicitur domesticum exemplum, ut hic, archydiacono excusante se quod
non potest esse in sinodo. » Rockinger, Quellen und Ercertemugerij t. IX,
!'• partie, p. 501.
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Avouons que la prose de cet archidiacre ressemble singulière-
ment à des vers. Chaque phrase, j'allais dire chaque strophe,
est divisée en membres de huit syllabes proparoxytons. Ajoutez-y
l'assonance ou la rime : cette prose deviendra un exemple fort
régulier de versification rythmique.
Les dictatures l'ont si bien compris, qu'un rhéteur anonyme
range cette combinaison parmi les rythmes poétiques : « Imper-
tinentes usurpamus ornatus, dictamina nostra more metrorum
seu rithmorum cursitare sive claudicare cogentes *. . . » Et un
autre ajoute : « Viciosum est dictamen quod versus et rithmos
imitatur*. > Le nom de Style Hilarien, habituellement donné
à cette sorte de rythme^, n'est guère moins significatif: saint
Hilaire de Poitiers, connu, à tort ou à raison, pour avoir intro-
duit les hymnes dans l'Église, était regardé, sur la foi de saint
Jérôme, comme l'auteur d'un grand nombre de poésies ryth-
miques, et entre autres de l'hymne
Primo dierum omnium
Quo mundus exstat conditus...^,
à laquelle on faisait remonter l'origine du style dit « Hilarien » ^.
C'était avouer que le cursus reproduisait sinon l'assonance,
au moins le rythme des vers octosyUabiques. Verrons-nous
dans ceux-ci, comme M. Léon Gautier, un reste dégénéré de
l'ïambique dimètre ^ ? En ce cas, le style Hilarien, qui en dérive.
1. Libdlus de dictamine et dictatorio sillogismo : Bibl. nat, ms. latin
n» 14357, f 124 V, col. 1.
2. Dictamen : Bibl. nat., ms. latin n* 2687, f> 57 y*. Cf. une Rhétorique ano-
nyme : ms. latin n* 14175, f» 18 v.
3. Poêtria de Jean TAnglois, loco dt. ; Rhétorique anonyme, ms. latin n*> 14175,
f 18 v°.
4. Mone l'attribue à saint Grégoire le Grand. {Lateinische Hymnen des Mit-
telalters, Fribourg, 1853, 1. 1, p. 371.)
5. Jean FAnglois : « In stilo Hillariano ponuntur duo spondei et dimidius
spondeus, id est una sillaba, et dactilus. Cujus dictamen est hic : Primo dierum
omnium quo mundus extat conditw,,, £t nota quod hic intelliguntur pedes ut
ante. » Quellen und Erœrterungen, t. IX, 1" partie, p. 501.
Rhétorique anonyme : c Ultimus est stilus Hylarianus, qui tamen magis, ymo
vere spectat ad artem metricam. Ulitur enim Ysarius {lisez : Hilarius) dymetro
ïambico in hoc stilo, ut hic : Primo dierum omni[um], etc, et in multis aliis
ymnis. » Bibl. nat., ms. latin n" 14175, f* 18 ¥*.
6. Cf. M. Léon Gautier, Us épopées françaises^ 1* édition, 1878, l. I, p. 296.
488
marquerait un des plus hauts degrés de corruption auxquels
serait parvenu le vers de huit syllabes. Nul souci de la quantité :
l'ïambe du second pied, qui persistait encore dans l'hymne Primo
diertim omnium, a £ait place à des spondées, à des trochées, à
des pyrrhiques : aux règles antiques, on a substitué de nouveUes
lois fondées sur laccentuation, et tous les mots, sauf le dernier,
doivent être paroxytons ; c'est le même rythme, ou peu s'en fout,
que dans la Vision (T Ansellus Scholasticus^, et dans l'hymne
sur l'antienne Media vita*,
(Ach) hômo, perpénde fràgïlïs
Mortalis et mstdbïlïs
Quôd vitare non pétirïs
Môrtem, quocùmque iërïs ;
Nam aûfert te ssepissïmë^
Dum vfvis WhQntissîmë^
etc.
Eh bien, n'est-il pas curieux d'entendre le nom à^ïambique
dimètre appliqué encore durant le xv® siècle à ce rythme cor-
rompu, comme pour aflSrmer l'origine antique du vers octosylla-
bique et, par suite, du style Hilarien ? La Rhétorique anonyme
du manuscrit latin n** 14175 nous fournit cette preuve singulière,
et tout à fait neuve^ de la persistance avec laquelle les grammai-
riens du moyen âge rattachaient aux mètres antiques la prose
ou la versification rythmique ^.
G. — Delà fin de la phrase ^ et accessoirement de la fin du
membre de phrase.
Grégoire trace les règles suivantes :
Hoc preterea notandum est, quod finales dictiones semper débet
quasi pes dactilus antecurrere. Ipsa autem terminalis dictio totius
versus débet esse tetrasillaba cujus penultima sillaba producatur, ut
hic : ... ad eterna mereamur gaûdïâ pervënirë. Vel possunt esse in
1. Édél. du Méril, Poésies populaires latines antérieures au xii* stôc/e,
p. 200 et suW.
2. Mone, Lateinische Hymnen des Mittetalters, t. I, p. 398.
3. V. le passage cité à la note 5 de la page précédente.
489
fine ipsîus clausulç duc dîssillabç dictiones, qualiacumque sint
earum tempora, ut : ... inhumanitatis est nimiç in kominem àgïrï
nimïs dure. Quandoque etiam monosillaba et trissîUaba dictio, dac-
tilo précédente, fîniunt versum, ita tamen quod média trissillabç sit
producta, verbi gratia : PtUlos fovet et pascit volucriSj dum implu-
mes videtque teneros^ nec a nido permittit egredij donec per se suf~
ficîânt àd vôlàtûm.
Quandoque etiam duc trissillabç terminant versum, ut : .,, peti-
ciones honestas jus et ratio audirï compéllunt. Aliquando tetrasil-
laba cum trisillaba terminât versum, ut : Quicquid adversus eum
proposuiy astruere confidéntër aûdéhôK
Deux terminaisons sont possibles :
1** Un dactyle suivi de deux spondées :
gaûdïâ pervMrë
àgïrï nîmïs dûrï
snfficïânt àd vôlàtûm
et il importe peu que les deux spondées soient représentés par un
seul mot {pirvïnire), par deux dissyllabes {nhnïs dûrï) y par
un monosyllabe suivi d'un trissyllabe {ad vôlàtûm) ^ ou même*
par deux monosyllabes suivis d'un mot de deux syllaljes {prô mï
vôbïs). Toutes les combinaisons sont admissibles, pourvu que le
dernier mot ne soit pas un monosyllabe 3, et qu'on obtienne, en
fin de compte, la terminaison suivante :
2° Un spondée et demi ou deux spondées* suivis d'un autre
spondée et demi :
audirï cômpéllûnt
confidéntïr aûdébô.
On peut même dire d'une manière plus générale, suivant le
1. Bibl. nat., ms. latin n* 2820^ f» 58 y*.
2. C'est par suite d'un oubli que Grégoire passe ce dernier cas sous silence.
Cf. Candelahrum,
3. Cf. Rettorica mag. Johannis de Sicilia in arte dictandi. (Bibl. nat., mss.
laUns, n~ 16617, f» 211 r, et 14174, ^ 6 r.)
4. Grégoire ne dit pas positivement que ces mots de trois ou de quatre syl-
labes doivent être paroxytons; mais cela résulte des exemples qu'il donne, et
surtout des nombreux commentaires dont ce texte a été l'objet.
496
ci^iuDMtnlair^ de Transmond et de tous les grammairieDs postifr-
rHHir» ' : an paroxyton d*un nombre quelconque de sjDabes snm
d*uu spondée et demi« — en ajoutant que ce dernier pied paît
$e ihkxmipoeMT en un nK>nosTllabe suiri d*un dissyllabe* :
prudèMiUr ii caûti.
iVk^ diversee^ combinaisons donnent toutes le résultat soÎTaiit :
••
relW étaient lies deux terminaisons gnâgoriennes. On peut en
$a:Tr^ U tr^ce dans ks Dicia$nina postérieurs et, en premier
tieu. Cia::<$ rvXiTrage de Transmond.
Occ«eoar»iam es: ^ssu^k- Ronianonun dîctaminum stocfiosb, aL
st ^r*;5^'ljubh& .tcfio i'/5;in^cS:o«i:> es£ tînis. ejus penultima prodnca-
VJtr ^^>fC£ ' u:>;:;d^ :n pcYicedKtù d^rtione kaee 5erTi;i« ot in hoc
emr;'ic ^ \flmt ùùt^ss iwrv t%hfiÊi fiemitméimem. ù fw^pmfrimm
^«ff/im: txa.Tx^. 5or^'i;cr ;;l^a:;iI::■r3&2l souii ipsi pr^kuL saim
Vui^aicvormaric ^4 n crrfm.'Ts jjÎbs iecoKw. p:<Br anv«r an
. 4«iPMi. 4ir HmM « Ft: ipiiir r^riM» tnpiK*Jiir nw ooidon.
t rï; lUnnuMiniD^iiir*. -lUli'. iw;. nts.. Imn: t* iiS«4 '^ I ^.
^ TmtKnDHir. ^mmKIr ^Mwcntr nja'mi. 4 U iiBnHfl.i iilmw k
-c /u<!*^. wjwMHim «i. «lîMri. n» iU tTi«i1lal« àwiit dvaiiuUMu» tac te&. aîlK
Ht: ru.U»s WiwwtlHwi^. iUUàl*. vnMiiinitir mulnt ntmnr lipr itimiMimti
491
accentu ; sed dictiones que immédiate ultimas antecedunt penultimas
habent graves, ut in hiis exemplis: ... sânguinï cônsïcràvîi^ ...
côntûltt ChrîstîdnïSj ... bdrbâràs nàtiônïs^ ... contlnûô Dàmiàtàm,
etc.... In tercia varietate^ omnes distinctiones possuntin dictionibus
penultimam producentibusterminari : quandoque in fine distinctionis
ponitur una dictio que habet penultimam gravem, et subsequetur
monosilaba, que precedit trisilabam que penultimam habet acutam,
hoc modo : cupidîtâs nén tëpéscït, Vel quandoque terminant, prece-
dentibus monosilabis, bisilabam dictionem, hoc modo : ... tibi dâbi-
tur et non illï.
In quarta varietate agitur de silabis que penultimas habent pro-
ductas, et in fînibus distincionum ponuntur. Due siquidem penta-
silabe trisilabam precedunt, hoc modo : ... spirituali jocunditâtï
lëtâmur. Item due dictiones sex sillabas continentes trisilabam pre-
cedunt, hoc modo : ... superhabundantes jurisdictiônïs apparent.
Due autem quadrisilabe, hoc modo ... consuetum renovétïs décor cm.
Item pentasilaba, quadrisilaba ettrisilabafaciuntordinationem sono-
ramcum bisilaba, que trisilabam precedit in fine, hoc modo: ...
desiderata, \é[ peroptata, seu votiva pâcë gaûdémûs. Item quadri-
silaba cum duabus trisilabis, hoc modo : ... delictorum caténâ côns-
trlngït. Item, cum quadrisilaba, monosilaba et bisilaba, hoc modo :
..". prudéntïr U càute. Item cum quadrisilaba et trisilaba, hoc
modo : Nichil est in actiônï divisûm, ubi nichil est in voluntàlï
dïvérssUm, Et nota quod in epistolari stillo in pentasilaba et in con-
simili raro vel nunquam clausule finiuntur^..
in quo suum servat caritas intemerata vigorem. Si yero tetrasillaba dictio fini-
tive distinctionis eyenerit finitiya, siqaidem penenltimam [suam ipsa producit,
suam penenltimam] corripiat antecedens : ... Fréquenter exquirit ad dissoluia
iransfugium, qui non hahet in opère perseveraniie fundamentam, » Ms. de ia
Mazarine n- 585, f* 1 r, et Blbl. nal., ms. latin n" 13688, P» 127 r.)
« Et sic terminandus est versus orationis secondum Roraanum cursum, ut, si
trissillaba dictio finem distinctionis occupaverit^ talis sit que penultimam pro-
dncat, ea nimirum ratione in antecedenti ejus servata, ut hic : Nunqvum te
egisse peniteai^ in quo tuis aciibus bonorwm doctrina concordat, Quod si tetra-
sillaba dictio distinctionis evenerit finitiva, siquidem penultimam suam ipsam
produxerit, ipsam penultimam corripiat antecedens, ut hic : Fréquenter querit
ad dissoluta transfugium, qui non hahet in opère perseveraniie flrmamentum. i
(Bibl. nat., ms. latin n» 11382, f» 115 r.)
1. Bibl. nat., ms. latin n* 8654, f* 2 r* et y*. — Buoncompagno a l'art d'em-
brouiller les faits les plus simples; il eût mieux fait de résumer ce dernier para-
graphe en disant : La phrase doit se terminer par un spondée et demi précédé
de plusieurs autres spondées.
492
Cet auteur applic[ue les mêmes règles à la fin de chaque membre
de phrase.
Il faut renoncer à citer les trop nombreux passages relatife aux
terminaisons grégoriennes. Bornons-nous à renvoyer le lecteur
au Candelabrum^, à Guillaume*, à Richard de PoflS^, à Lau-
rent de Rome ^ à Ludolfe de Hildesheim ^ et à leurs imitateurs •,
à Jean l'Anglois', à Guido Faba *, à Jean de Sicile», à YArs et
praticadictandi epistolas^^, au Libellus de dictamine etdic-
tatorio syllogismo ** et à plusieurs autres traités anonymes **.
L'expression de cursiLS velox désigna bientôt la première de
ces terminaisons ( '^- ^'^ '^), peut-être parce que les syllabes atones
y sont ordinairement plus nombreuses que les syllabes accen-
tuées. En même temps, la monotonie qui résulte du rapprochement
de deux paroxytons fit donner à la seconde terminaison ( '" - '-) le
nom de cursus planus ^^.
Quelque faveur qu'aient obtenue ces deux curstcs, ils ne suf-
1. Passages cités par M. Thurot, l, c, p. 483, 484.
2. M** Guillaume avait sans doute en vue la première terminaison Grégorienne,
quand il écrivait ces mots : « Finis vero clausule desinat in duos spondeos. Sunt
enim quatuor sillabe solum quelibet, quod {lisez : quarum) penultima sit lon-
gua, duo spondei, ut cum dicitur ven[er]ari. » (Bibl. nat., ms. latin n*> 16671,
f- 40 T\)
3. Summa éUctaminis secundum Curiam Ramanam. (Bibl. nat., ms. latin
n* 4166, f» 2 V.)
4. Summa dictaminis juxta stUum Curie Romane et consuetudinem moder-
norum. Bibl. nat., mss. latins n" 14704, f* 103 v, et 16253, f« l r.)
5. V. Quellen und EroBrlerungen, t. IX, l'* partie, p. 370.
6. Une imitation de la Summa de Laurent de Rome est la Pratica sive ars
dictaminis in radiée. (Bibl. nat., ms. latin n** 14175, f* 2 v*.) Voir é^lement un
remaniement du traité de Ludolfe. (Bibl. nat., ms. latin n** 11385, ff. 6 r* et sq.)
7. Il ne traite que de la première terminaison. Y. Qtiellen und Erœrierun-
gen, l. c, p. 501.
8. Summa dictaminum, (Bibl. nat., ms. latin n*> 15167, f> 20 v«.)
9. Rettorica mag, Johannis de Sicilia in arte dictandi. (V. Bibl. nat., mss.
latins n" 16617, f 211 V, et 14174, f* 6 t\)
10. Bibl. nat., ms. latin n» 11414, £• 26 V.
11. Bibl. nat., ms. latin n* 14357, f* 123 y*. Au chapitre de la facundia^ il y
est question des deux terminaisons célèbres : pecuniam transmitlatis et expeC'
iatam mittatis, »
12. De dictamine : Bibl. nat., ms. latin n" 11384, f* 94 r». Traité sur Vart
épistolaire : ms. latin n^ 15952, etc.
13. V. Laurent de Rome (Bibl. nat., ms. lat. n« 16253, f* 1 r*) et son imitateur
du ms. latin n« 14175 (f« 2 r). Cf. ms. latin n« 16246 I, ff. 92-94.
493
usaient point à tous les besoins du style épistolaire. Transmond*,
le notaire de la sainte église romaine et le disciple de Gré-
goire VIII, est des premiers à recommander l'usage d'une troi-
sième terminaison, que l'on a décorée des noms de cursus tardus^^
ecclesiasticus^ ou durus*. Elle consistait en un paroxyton
suivi d'un proparoxyton de quatre syllabes ^, ce dernier pouvant
être remplacé par un monosyllabe et un dactyle ^ :
Fit etiam cursiva locutio par tetrassillabam ^ dictionem cujus
penultima corripitur, precedentis dictionis penultima accuto accentu
prolata, ut : Ille certe videtur operdrïjiîsiitïâm. Quod si dictiotetras-
sillaba non occurrat, per precedentem monossillabam [et] însequen-
tem trissillabam potest fieri dictionis tetrassillabe supplementum,
ut : ... tune facta dirigent iîr in éxUûs. Qui cursus ecclesiasticus
appellatur *.
En résumé, la fin des phrases ou des membres de phrase se
prête à trois combinaisons différentes. On peut, pour en conserver
le souvenir mieux gravé dans la mémoire, s'aider des vers de
Ludolfe « :
1. Bibl. nat., mss. latins n" 28?0, f» 59 v, et 13688, f» 127 r». Bibl. Mazarine,
ms. n» 585, f« 1 r*, etc.
2. Lictamen. Bibl. nat., ms. latin n« 16246 I.
3. Laurent de Rome : Bibl. nat., ms. latin n" 16253, f> 1 r.
4. Pratica, sive ars dictaminis in radiée et dispositionis materie in iniel-
lectu (remaniement de la Somme de Laurent de Rome) : Bibl. nat., ms. latin
n« 14175, f» 2 V.
5. Jean l'Anglois se distingue du plus grand nombre des diciatores, en ce
qu^il assigne à ce pfoparoxyton une longueur de trois syllabes. D'autres, parmi
lesquels Guido Faba (Bibl. nat., ms. latin n** 15167, f* 20 y*>), ne se prononcent
point sur la question.
6. V. Candelabrum (M. Thurot, op. cit., p. 483), le ms. latin 16246 I, f» 92,
et la Rhétorique de Jean de Sicile : c Si dictionis penultime sillaba penultima
producalur,... sequi potest dictio quadrissillaba, cujus penultima sit correpta,
ut : Jusii regnum in felicitate percipient, » (Ms. latin n' 16617, f» 211 r*. Cf.
ms. latin n* 14174, f» 6 r-.)
7. Cod, : tretassillabam.
8. Summa dictaminis de Laurent de Rome (Bibl. nat., ms. latin n** 16253,
£• 1 r. Cf. M. Thurot, op, cit., p. 482).
9. Quellen und Erœterungen, t. IX, 1" partie, p. 371. Ces vers sont incom-
plètement reproduits par l'imitateur de Ludolfe du ms. latin n" 11385 (f« 7 r«).
^3
494
Dum trissillabica mediam producere débet,
ut honestas^
In précèdent] longam penultima prebet,
ut comitetur.
Si tetrasillabice penultima longa probatur,
ut intueriy
In precedenti penultima corripiatur,
ut circumstancias.
Si tetrasillabice penultima corripiatur,
uipalpaverit^
In precedenti penultima longa probatur,
ut moderacione.
On peut aussi consulter le tableau suivant :
i... gaûdïà pervënirë,
. . . dgërê nimis dure,
... ^mficiant ad volatum,
... TQspândëât prô më vôbïs.
n , . {,,. conMéntër aûdébo,
CORSUS PLANDS 'v w^J 7
^ \'*' prudent er et cautë,
^ , ,(... operârï jûstitJâm.
^ ^... dirigén/ttr m éxitus.
Quant à remploi de ces terminaisons, plusieurs systèmes sont
en présence. Un dictât or * propose de réserver le cursus veloœ
pour la fin des phrases, et d'employer alternativement, à la fin
des membres de phrase, les cursus planus et tardus^, comme
en poésie l'on croise les rimes masculines et féminines 3. Un
autre * approuve cet emploi du cursus velox, mais recourt inva-
riablement au cursus t ardus pour la fin des ntembres de phrase.
Un troisième 5 termine par le cursus tardus les moindres por-
tions de phrase, celles, par exemple, que nous hésiterions aujour-
1. Bibl. nat., ms. laUn n* 11384.
2. Même recommandation dans le Candelabrum (M. Tharol, op. cit^ p. 483)
et dans le traité de Baoncompagno (c Secunda varietas artificiose ordinationis. »
Bibl. nat., ras. n* 8654, f» 2 r).
3. Appliqué à la fin d'un Ters, le cursits planus donnerait une rime féminine,
le cursus tardris une rime masculine.
4. L'auteur du Candelabrum exposant les règles du style français.
5. Bibl. nat., ms. laUn n« 11414, f* 26 v.
495
d'hui à faire suivre d'une virgule ; à la fin des propositions, il
emploie le cursus plamts^ et le cursus velox pour terminer
toute la phrase. Enfin, suivant une Somme anonyme S la fin
du membre de phrase admet indifiSâremment l'un des trois cur-
sus, mais la phrase elle-même ne peut finir que par une termi-
naison grégorienne. On remarquera que, dans ces divers sys-
tèmes, le cursibs veloœ tient presque toujours la place la plus
honorable ; croyons-en l'auteur d'un Dictamen anonyme, qui
soumet lui-même sa prose aux lois dont il vante l'efficacité :
« Cursus tamen velox majorem ornatum efficit et ideo a dictato-
ribus Q^mmûnitïr àccëptâtûr^. >
Nous aurons achevé d'exposer les règles concernant la fin des
phrases, si nous ajoutons que plusieurs maîtres préfèrent multi-
plier les spondées à la fin de la dernière phrase, sans doute pour
terminer l'épître avec une majestueuse lenteur : un paroxyton
de sept ou huit syllabes leur semble digne d'occuper cette place :
Quod dico cum prima clausula, dico cum reliquîs, excepta ultima,
quam semper necesse est terminare in spondeos, ut si dicam ad
minus in duos. Superius equidem apparent exempla, quod plerum-
que finitur extrema clausula in très spondeos, ut si dicam : Qiiod
scolares dissentiunt^ nos oportet intendere eorum compositions Ple-
rumque Snitur in IV spondeos, ut : Qui presumitis facere contra
ecclesiam, innodamus vos vinculo excommunicationis ^.
Nulle part d'ailleurs on n'observe, mieux que dans les Dicta-
mina, le principe, aussi ancien que la rhétorique^, suivant lequel
la fin des phrases est plus particulièrement soumise aux lois de
l'harmonie. Les règles que nous avons exposées en dernier lieu
1. Seconde Summa dictaminis du ms. latin n* 1093 (ff. 81 1^-82 y*)* Cf. un
remaniement du même traité. (Bibl. nat., ms. latin n" 15952, f* 91 r").
2. Bibl. nat., ms. latin n" 16246 I. Cf. l'imitateur de Ludolfe : c Hi très modi
satis sunt commendati ; secundus tamen laudabilior super omnes, scilicet circums-
tancias intueri, » (Ms. latin n* 11385, f» 7 r*.)
3. Summa magistri Guidonis. (Bibl. nat., ms. latin n" 8653, i** 24 r*.) Y. aussi
Ponce le Proyençal. (Bibl. nat., ms. latin n" 18595, f* 11 r) et le Candelabrum.
(Passage cité par M. Tburot, /. c, p. 485.)
. 4. Cf. Quintilien, Inst, Orat, lib. IX, § 4 : « Magis tamen et desideratur
(numerus) in clausuUs et apparet ; primum quia sensus omnis habet suum finem,
quo a sequentis initio dividatnr; deiude quod aures, continuam Yocem secutae
ductaeque, yelut prono decurrentes orationis flumine, tum magis judicant, cum
ille impetus stetit et intuendi lempus dédit. »
496
prenaient une telle importance, que souvent elles constituaient à
elles seules toute la théorie du cursus : « maxime quod sint plu-
res, qui artiâciosam ordinationem in finibus tantummodo clausu-
larum observant *. » On y voyait, non sans raison, le moyen de
charmer Toreille, plus sensible à Tharmonie au moment où la
voix s'arrête, et l'on se flattait d'obtenir, par le retour fréquent
d'une cadence connue, un effet rythmique comparable à celui de
l'assonance ou de la rime.
§6.
Si répandues qu'aient été les règles du rythme épistolaire, et
si nombreuse la foule de ceux qui les acceptaient sans mot dire,
elles ne laissèrent pas de soulever, dans le camp des dictatures^
une objection, que l'on pourrait faire au même titre à toute tenta-
tive de versification. La recherche de l'harmonie, disait-on, est
incompatible avec la concision et la clarté. Qu'elle rendît en eflfet
beaucoup plus rude la tâche du rédacteur d'épître, cela est trop
évident ; mais s'il plaisait aux notaires de s'astreindre à des lois
plus sévères que celles de la prose courante, s'ils rêvaient de
donner à des actes solennels une forme plus élégante et si, en fait,
ils triomphaient de cette difficulté, on ne peut, par haine fie l'har-
monie, condamner leurs légitimes efforts : c'est du résultat qu'il
faut juger, non du principe.
Buoncompagno avait peut-être constaté parmi ses contempo-
rains l'insuccès de semblables tentatives, quand il revendiquait,
en termes d'ailleurs fort sensés, les droits de la raison :
Gomunem dicionum ordinationem antiquiphy[lo]sophi observabant
quia de intellectu materiali et pondère scentenciarum curabant,
amplius quam de ornatu verborum ; quare ordinabant singulas dic-
tiones, prout eis casualiter occurrebant. Dare igitur sub una forma
certas et necessarias régulas in prosa de datilis et spondeis, prlnci-
piis et flnibus clausularum, née esset doctrina salutifera, sed perpé-
tua confusiodictatorum. Profecto, dum longitudini, brevitati, casibus,
figuris et exornationibus picturatis deservit orator, quod brevi pote-
rat declarare sermone, per diverticula oberrando, confundit... Nimi-
1. Buoncompagno. (Bibl. nat., ms. latin n" 8654, f* 2 r>.]
497
mm qui cursum observât et de intellectu non curât, excolat culicem
et camelum déglutit, aut veniale respuit, et criminale committit^
Toutefois n*est-il pas étrange d'entendre invoquer les anciens
comme adversaires du rythme? Oubliait-on VOrator de Cicéron,
pour ne parler que des latins? et trouvait-on que Probus, Quin-
tilien, Terentianus, Victorinus, Donat, Charisius, Diomède et
tant d'autres n'eussent point suffisamment insisté sur les lois du
nombre oratoire? La vérité est qu'on perdait le souvenir de règles
tombées en désuétude, dont on ne tenait plus aucun compte.
Ouvrez, au chapitre de la « composition », une grammaire
antique : vous y trouverez étudiée avec soin la quantité de cha-
cune des syllabes qui terminent la période oratoire ; mais peu
importe la longueur des mots. Que l'orateur obtienne, d'une
manière quelconque, l'amphibraque ou le double-trochée final : il
s'estimera content. La diversité des pieds dont les rhéteurs anciens
recommandaient l'usage rend même assez difficile l'intelligence
de leur texte pour qui n'est pas versé dans le langage de la pro-
sodie, et il est douteux que les dictatures s'en soient toujours
fait une idée bien nette : possédaient-ils à fond cette leœ metrica,
sans laquelle les règles de Cicéron étaient, suivant l'un d'eux*,
lettres closes ?
Entre le nombre des anciens et le cursus du moyen âge, il y
a la même diflérence qu'entre la versification d'Horace et celle
des chants liturgiques : l'un repose sur la quantité, l'autre est
fondé sur l'accent. Cette dissemblance persiste dans tous les
traités du xnf, du xrv*et du xv® siècle, jusqu'au moment où une
sorte de renaissance, favorable aux idées antiques, fit refleurir
les théories de Cicéron et de Quintilien. Encore faut-il se garder
de confondre avec des manuels de dictatures les Rhétoriques,
où se trouvent énoncées les règles de nombre fondées sur la
quantité ^ : cette innovation n'eut et ne pouvait avoir aucune
influence sur l'enseignement pratique du style épistolaire.
1. Bibl. nat., ms. latin n* 8654, f* 2 r*.
Remarquez que Buoncompagno lui-même observe les règles de la fin des
phrases ; il emploie constamment les terminaisons grégoriennes.
2. Candelabrum : c Tullius per singulorum pedum artificium tradit hanc
doctrinam. Unde sine lege metrica slilum ejus non potest aliquis observare. »
(M. Thurot, op. cit., p. 483.)
3. Rhétorique de M* Pierre de la Hazardière, Bibl. nat., ms. latin n" 7762,
498
Si Ton ne peut faire remonter jusqu'aux grammaires antiques
l'origine du cursics, il serait assez naturel d'en attribuer l'inven-
tion à celui qui en enseigna, le premier^ les principes et donna
son nom au style grégorien. Albert de Morra créa-t-il la théorie
du rythme tout d'une pièce, et ne s'appuya-t-il point sur des tra-
ditions antérieures ? c'est ce que nous examinerons plus à loisir
dans notre prochain chapitre.
Noël Valois.
(A suivre.)
XV* siècle, ff. 19 r'-21 r*. — Rhétorique anonyme, ms. latin n" 16233, xv* siècle,
f^ 128 r. — Rhétorique de Fichet, et autre rhétorique anonyme; ms. latin
n* 7762 A, xv s., f« 77 V et sq.
BIBLIOGRAPHIE.
Catalogue des manuscrits de la bibliothèque municipale de Caen^
précédé d'une notice historique sur la formation de la bibliothèque,
par Gaston Lavallei, bibliothécaire adjoint. Gaen, Le Bianc-
Hardel, 4880. In-8% lxix-274 p. (Tiré à 450 exemplaires.)
Le catalogue des manuscrits de la bibliothèque municipale de Caen,
que vient de publier M. Lavalley, est précédé d'une intéressante notice
sur cette bibliothèque, dont l'histoire commence avec celle de l'ancienne
université de Caen en 1431. D'après un inventaire dressé en 1515, la
bibliothèque de l'université se composait déjà de 278 volumes; un
siècle après, en 1622, elle était ouverte au public; en 1732, elle ne pos-
sédait encore que 657 volumes, quand, à la fin de cette même année,
Guillaume Le Sueur de GoUeville, arrière-petit-fils de l'orientaliste
Samuel Bochart, fit présent à l'université de 2662 volumes, qui prove-
naient de la bibliothèque de son illustre parent; enfin, en 1786, à la
veille de la révolution, le chiffre des volumes de la bibliothèque de
Caen s'élevait à 13,000.
Quant au catalogue des manuscrits lui-même, il se divise en deux
parties : I. Manuscrits relatifs à la Normandie {n®» 1-343). II. Manus-
crits étrangers à la Normandie (n©» 344-522). Parmi les premiers, je
citerai le Recueil des chansons nouvelles du Vau de Vire (u? 289), de Jean
Le Houx, longtemps attribué à Olivier Basselin, et des manuscrits
autographes ou copies de Samuel Bochart (n®» 231-237), d'Antoine
Halley (n»» 228-230), de l'évêque d'Avranches, Huet (n°« 238-250), de
l'abbé de la Rue (n»* 101-120), etc. L'importante collection des papiers
du général Decaen (n' 281) a été également l'objet d'une description
détaillée. La série des manuscrits étrangers à la Normandie est peu
nombreuse et ne contient pas de manuscrits remarquables par leur
ancienneté ou qui méritent une mention particulière. Je noterai seule-
ment qu'on y trouve quelques manuscrits grecs et arabes provenant de
la bibliothèque de Samuel Bochart et plusieurs manuscrits en langue
tamoule.
Dans son catalogue, M. Lavalley a adopté l'ordre méthodique ; sans
200
approuver ce mode de classement pour une bibliothèque de manuscrits,
il faut reconnaître que dans le cas présent il n'offrait pas les inconvé-
nients qu^il aurait eus si on Pavait adopté pour une bibliothèque plus
considérable que celle de Gaen. La même observation peut s'appliquer
aux notices historiques sur les auteurs de manuscrits, que M. Lavalley
a insérées dans son catalogue, et aux renseignements bibliographiques
qui accompagnent les titres d'un certain nombre de manuscrits et sont
quelquefois un peu abondants. A côté de cela il eût été bon de ne
jamais omettre d'indiquer, au moins pour les manuscrits appartenant
au moyen âge, les incipit et desinit des différents opuscules qu'ils con-
tenaient, et M. Lavalley aurait dû toujours reproduire intégralement le
texte des souscriptions et autres notes bibliographiques qui se trouvent
dans plusieurs des manuscrits qu'il a décrits. Le catalogue des manus-
crits de Gaen se termine par deux tables alphabétiques des auteurs et
des anonymes, et un tableau de concordance des cotes anciennes et nou-
velles des manuscrits. Peut-être ei\t-il fallu y ajouter deux tableaux des
manuscrits par provenances et par ordre de dates. A part ces quelques
critiques de détail, je suis heureux d'avoir à signaler le livre de
M. Lavalley, et il serait à souhaiter que nous eussions pour toutes les
bibliothèques des départements un catalogue aussi détaillé et aussi
consciencieusement fait que l'est celui de la bibliothèque municipale de
Gaen.
H. Omont.
La Renaissance en France, par Léon Palustre. 4« livraison, Seine-
el-Marne, Paris, Quantin. In-fol.
Quatre grandes planches représentant la façade de l'église d'Othis,
l'ensemble de la maison dite de François le»- à Paris, la porte du châ-
teau de Nantouillet , l'ancien pavillon du château de Monceaux, et dix
eaux-fortes intercalées dans le texte, donnant les détails les plus inté-
ressants de la maison de François I«' (2 pi.), du château de Nantouillet
(4 pi.), le cloître de Saint-Sauveur à Melun, la façade et les contreforts
de l'église de Brie-Gomte-Robert, enfin une vue des ruines de Monceaux,
constituent l'illustration de cette livraison. La finesse des gravures
signées Sadoux et Lancelol prouve que la pointe des graveurs devient
chaque jour plus habile et plus exercée.
Nous l'avons dit. et nous ne le répéterons plus, l'ouvrage dont
M. Palustre a entrepris la publication restera parmi les plus beaux
livres de notre époque, si féconde cependant en éditions de luxe.
Au surplus, le texte ici n'est pas inférieur, comme cela arrive trop
souvent, à l'illustration. L'auteur est un archéologue qui a fait depuis
longtemps ses preuves, qui a étudié à fond son sujet avant de se lancer
204
dans cette entreprise, qui connaît tous les travaux consacrés à la Renais-
sance française et qui joint enfin à Tétude critique des textes un
examen sévère et judicieux des monuments. Ce n'est pas un mince
mérite, par le temps qui court, de savoir résister à Pentraînement géné-
ral, de réagir contre un engouement aveugle pour tout ce qui porte la
marque ou les apparences du style italien du xv* siècle, pour oser dire
enfin que, sans Tinvasion des sculpteurs ou architectes de la péninsule,
la France se serait parfaitement tirée d'affaire toute seule, et aurait
opéré avec ses propres ressources, dans de bien meilleures conditions,
son évolution architecturale. M. Palustre ne se contente pas de le dire,
il le prouve; grâce aux investigations récentes dans les archives locales,
nous savons maintenant que la plupart de ces admirables châteaux qui
couvraient le sol de Tancienne France, et qui n'ont rien à envier aux
palais trop vantés de Fltalie, sont Tceuvre de modestes grands hommes
qui, tout en se contentant du titre de maçons, avaient souvent bien plus
de science réelle et de véritable goût que ces décorateurs orgueilleux et
vantards d'au delà des monts.
Quand donc se décidera-t-on à reconnaître que notre pays a été aussi
fertile en grands artistes que n'importe quel autre? Et, puisque la mode
est à la création de chaires et d'écoles, quand donc l'Ëtat, si prodigue
aujourd'hui pour tous ceux qui s'attachent à l'art grec, romain ou
oriental, élèvera-t-il une chaire, une seule chaire, à la gloire de l'art
français? Quand aurons-nous, à Paris ou ailleurs, peu importe, une
école d'archéologie française? Il y aurait, ce nous semble, un champ bien
vaste à explorer. Attendra-t-on pour prendre des mesures et s'occuper
de la question que ies derniers vestiges de Part national aient disparu ?
Chaque jour voit périr quelque monument précieux, et cette fois ce
n'est plus l'effervescence des passions politiques qu'on peut accuser de
ces actes de vandalisme, mais le sot caprice d'un possesseur temporaire
ou Tavidité d'un marchand. Voyez plutôt la déplorable aventure du
château de Montai. C'était un trop gros et trop précieux morceau pour
un seul amateur ; on l'a dépecé avec soin et ses lambeaux épars vont
faire la gloire de dix collections. Il n'est que temps d'organiser la
croisade contre les barbares et de défendre contre la rapacité des van-
dales modernes ce qui constitue le patrimoine commun de notre pays.
M. Palustre aura, pour sa part, rendu un grand service en faisant con-
naître par la plume, en même temps que par la gravure, d'intéressants
édifices, quelquefois de véritables chefs-d'œuvre perdus dans de petits
villages isolés et rarement visités. C'est encore un des meilleurs moyens
de défendre les monuments précieux que de les faire admirer et d'en
inspirer par là le respect. L'énumération des planches indique suffisam-
ment les monuments passés en revue dans cette quatrième livraison.
La maison de François I^^ aujourd'hui reconstruite à Paris, sur le
Gours-la-Reine, a été enlevée pierre par pierre, comme on le sait, de la
202
ville de Moret; elle appartenait donc par son origine au département
de Seine-et-Marne, un des plus riches de France autrefois en monu-
ments de la Renaissance, puisqu'il possède les restes encore magnifiques
du château de Nantouillet, les ruines de Monceaux, et avant tout le
château de Fontainebleau. Un monument de Timportance de Fontaine-
bleau, qui résume en lui seul Thistoire de la Renaissance française,
mérite une étude attentive. Aussi M. Palustre ne pouvait-il faire autre-
ment que de lui consacrer une livraison spéciale et de diviser ainsi le
département de Seine-et-Marne en deux parties. La prochaine livraison
sera donc occupée tout entière par le château de Fontainebleau ; ce ne
sera pas la moins intéressante, comme bien on pense, de la collection.
J.-J. GUIPPRBY.
Saint Martin^ par A. Lecot de la Marche, archiviste paléographe,
professeur d'histoire à Tinstitut catholique de Paris. Tours, Mame,
4884. Grand in-8o, xv-735 p.
En écrivant la vie de saint Martin, M., Lecoy de la Marche a eu un
double but : remettre en honneur l'hagiographie en montrant qu'elle
peut être traitée suivant la même méthode historique que la vie des
conquérants et des hommes d'État, et, en second lieu, faire voir le rôle
historique des saints et leur influence au point de vue social. Nul .
exemple n'était meilleur, pour cette double démonstration, que celui de
saint Martin, un des plus grands hommes du iv* siècle, à quelque point
de vue que l'on se place, et celui dont la vie peut le mieux être examinée,
avec la sévérité de la critique, sans rien perdre de sa grandeur. C'est
pourquoi notre confrère nous paraît avoir réussi dans son entreprise.
Inspiré par la pensée que nous venons de faire connaître, M. Lecoy
de la Marche a étudié saint Martin dans sa vie religieuse et dans son
action sur la société, ce qui lui a fourni les deux grandes divisions de
son ouvrage. Dans une première partie, consacrée à la vie terrestre du
saint (et ici on nous permettra de reproduire presque textuellement le
plan de notre confrère), il envisage d'abord l'état de la société gallo-
romaine au moment de l'arrivée du Pannonien Martin dans notre pays,
puis il montre en lui le soldat, le moine, l'évêque, l'apôtre, en suivant
à peu près l'ordre chronologique, « car il a rempli ces divers rôles suc-
cessivement, ou du moins chacun de ces caractères a dominé tour à
tour dans son existence. » La seconde partie renferme l'histoire du
culte de saint Martin, c'est-à-dire, suivant le mot de l'auteur, t sa vie
posthume ». Cette matière, pour être traitée convenablement et sans
répétitions, exige l'ordre méthodique. Après avoir suivi les destinées du
corps, des reliques et du tombeau de l'illustre thaumaturge, l'auteur
nous fait faire « un véritable tour du monde martinien » pour visiter, en
203
France d'abord, puis dans les autres pays d'Europe, en Asie, en Afrique
et jusqu'en Amérique, les plus célèbres sanctuaires consacrés au saint,
puis il termine en étudiant les oeuvres littéraires dont saint Martin a
fourni le sujet depuis le moment de sa mort jusqu'à nos jours, tandis
que les monuments figurés que Part lui a dédiés feront le principal
objet de Pillustration du volume.
Pour composer cet ouvrage, M. Lecoy de la Marche a eu à sa dispo-
sition des sources antiques et dignes de respect, mais qu'il ne s'est pas
astreint cependant à accepter sans contrôle; c'est d'abord, pour la
première partie, Sulpice Sévère, principalement la Vita sancti Martini^
récit contemporain de la plus haute importance, et, pour la seconde
partie, les écrits spéciaux de Grégoire de Tours, le De gloria confessorum
et le De virtutibus sancti Martini^ les principales chroniques de France
ou de l'étranger, les recueils de miracles, les MartinadeSy les délibéra-
tions du chapitre de Saint-Martin de Tours, enfin les chartes et docu-
ments de toute nature conservés aux Archives nationales, aux archives
d'Indre-et-Loire, aux bibliothèques de Paris, de Tours, de Bruxelles,
etc. Mais l'auteur ne s'est pas contenté de ses recherches personnelles
et il a pensé, avec raison, que, pour un saint aussi universellement
honoré, il y avait lieu de faire appel à tous les savants de France et de
l'étranger qui étaient en mesure de fournir quelques renseignements sur
saint Martin et son culte, et il leur a adressé un questionnaire, auquel,
nous dit-il, il a reçu 260 réponses, dont quelques-unes fort importantes.
C'est en puisant à ces sources diverses, et en mêlant heureusement
aux données de l'histoire écrite celles de la littérature et de l'archéo-
logie, en corroborant les récits des historiens par le témoignage d'une
charte ou celui d'un monument, quelquefois même de ses seules ruines,
le tout suivant les règles d'une méthode rigoureuse, que M. licfioy de la
Marche a composé son histoire de saint Martin,
Est-ce à dire qu'il faille s'attendre à trouver dans cet ouvrage des
découvertes nouvelles pour l'histoire du saint ? Est-il même raisonnable
de les demander? Nous ne le pensons pas, car comme le dit notre
confrère : « Après Grégoire de Tours, les éléments historiques de la vie
de saint Martin ne reçoivent plus aucun accroissement » (p. 614). Mais
tout ce qu'une saine et judicieuse interprétation des textes connus, tout
ce qu'une critique ferme et ingénieuse a pu fournir par les rapproche-
ments et les comparaisons pour rectifier les fausses interprétations et
rétablir la vérité de certains faits, l'auteur nous parait l'avoir obtenu.
C'est ainsi qu'il a fixé, avec toute vraisemblance, d'après une com-
munication de l'archiviste de Martinsberg et des textes fort anciens, le
lieu de naissance de saint Martin à Sabarie, en Hongrie, sur le bord de
la rivière Pannosa, à un mille du Mont-Sacré, à l'endroit où s'élève
encore aujourd'hui le monastère de Martinsberg.
Les obscurités et les fables qui enveloppaient depuis le moyen âge la
204
famille du saint ont été dissipées par son nouvel historien ; ses alliances
avec les rois et les princes ont été écartées et la chronologie de l'exis-
tence de saint Martin a été établie d'une façon à peu prés définitive
dans une dissertation spéciale que l'auteur a donnée en appendice.
Désormais on devra admettre que sa naissance eut lieu entre le
8 novembre 316 et le 25 juillet 317, son baptême au printemps de 339,
à l'âge de 22 ans (et non de 18), sa consécration épiscopale en 371, sa
mort enfin le 8 novembre 397 et son ensevelissement le 11 du même mois.
Notre confrère a montré que c'est à Amiens même que saint Martin
reçut le baptême, et près de la ville de Worms que, deux ans après, il
renonça à la carrière militaire en refusant le donativum de l'empereur
et demanda son congé pour embrasser la vie monastique. L'auteur n'a
pas de peine à établir, contre l'opinion de Gervaise, chanoine de Saint-
Martin de Tours, qui écrivait au xvii« siècle, que saint Martin a été
moine et qu'il a conservé les habitudes monastiques, même lorsqu'il fut
devenu évêquc. Sa cellule était située entre l'église épiscopale et la
muraille romaine de Tours, et n'avoisinait pas la basilique de Saint-
Martin, comme l'a cru le regretté Mabiile, dont la méprise sur ce point
a été relevée par M. A. Longnon.
Une inscription déjà publiée par M. Edm. Le Blant a fourni à
M. Lecoy de la Marche une nouvelle preuve du passage de saint Martin
à Vienne et des conversions qu'il y opéra. On savait déjà qu'il avait
attiré à la vie religieuse un illustre sénateur de cette cité, Pontius
Meropius Paulinus, qui devint depuis saint Paulin de Noie. Il faudra
désormais placer à côté de l'ancien consul une humble femme, Fœdula,
qui avait été baptisée par saint Martin lors de son passage à Vienne
vers 388g et qui, étant morte quelques années après, a été enterrée dans
l'église des saints Gervais et Protais, à la fondation de laquelle le saint
avait concouru.
Parmi les pèlerinages au tombeau de saint Martin, notre confrère cite
pour la première fois, d'après une lettre de saint Nizier à Glodosinde,
celui du roi Glovis, qui, étant pris de scrupule au moment de recevoir
le baptême, voulut aller prier d'abord au tombeau de l'apôtre des Gaules.
Une étude attentive des textes et du résultat des fouilles opérées
en 1860 sur l'emplacement de la basilique de Saint-Martin a permis à
M. Lecoy de la Marche de faire une rectification archéologique de quelque
importance. Trompé par certains détails d'un texte qui parle du tom-
beau du saint, notre savant maître M. Quicherat, auteur d'une admi-
rable restitution de la basilique martinienne, s'était figuré ce tombeau
comme une petite chapelle, dans laquelle on pouvait entrer et se tenir
debout. Mais l'habitude où l'on a été, au moins jusqu'au vu« siècle, de
dire la messe sur ce tombeau, les fragments du couvercle que l'on a
retrouvés et quelques autres indices ont servi à M. Lecoy de la Marche
pour établir que ce monument était un tombeau creux couvert d'une
205
table de marbre formant autel, ainsi que cela s'est pratiqué, par
exemple, pour le corps de saint Médard à Soissons, et comme cela se
voit encore dans l'église Saint-Quénin à Yaison.
Notre confrère a démontré, dans le môme chapitre, contrairement à
l'opinion de Mabille, que le corps de saint Martin apporté de Gandes
n'avait pas été enseveli dans un cimetière en dehors de la cité, près
du monastère de Saint-Médard, mais qu'il a toujours reposé dans le
môme endroit oii se sont élevées successivement plusieurs basiliques et
où l'on a retrouvé les restes de son tombeau.
Si de Tarchéologie nous passons à l'histoire littéraire, nous trouvons
à signaler encore quelques points intéressants. Nous voulons parler
d'abord du sermon De combitstione ecclesw B. Martini^ que la Bibliotheca
Cluniacensis a placé le quatrième parmi ceux du saint abbé, et que
VHistoire littéraire a cru devoir rapporter à l'incendie de la basilique
en 903, tandis que M. Hauréau, dans ses Singularités historiques^
p. 172-173, pense qu'il n'a pu être prononcé avant 929. Notre confrère
s'appuyant sur plusieurs passages de ce discours, dans lesquels il est
question de fortifications qui ne peuvent être que celles de Château-
Neuf élevées après l'incendie de 903, et qui n'en ont pas empêché un
nouveau, est d'avis que ce texte vise l'incendie de 997 et que par con-
séquent le sermon a été faussement attribué à saint Odon de Gluny,
mort le 18 novembre 942. Un second point est relatif aux monuments
écrits consacrés au moyen âge à saint Martin. L'auteur nous fait con-
naître deux poèmes latins inédits, composés au xi« siècle, l'un par
Elfrid, archevêque d'York, l'autre par un anonyme, dans lesquels on
trouve une biographie du saint écrite en vers déjà affranchis de la pro-
sodie antique, et affectant une allure plus libre qui favorise l'essor de la
pensée. Enfin, pour terminer avec les œuvres littéraires, nous signale-
rons, après notre confrère, qui en a donné des extraits à l'appendice,
un mystère inédit de la vie de saint Martin, écrit en 1496 par André de
la Vigne, natif de la Rochelle. Tels sont les faits ou les aperçus nou-
veaux les plus saillants que nous avons remarqués dans l'œuvre de
M. Lecoy de la Marche; on voit qu'il a éclairé plus d'un point de la vie
de son personnage et des questions qui se rattachent à son culte.
Mais, pour en revenir aux généralités, nous devons au moins signaler
à nos lecteurs les tableaux animés et quelquefois éloquents que l'au-
teur a placés dans différents chapitres pour peindre le siècle de saint
Martin; tels sont ceux intitulés : la mission de saint Martin, dans
lequel il trace l'état des populations gallo-romaines au point de vue
social et religieux et examine Tinfluence des éléments celtique (encore
si mal connu et souvent exagéré), romain et germanique, qu'il met en
regard de celle du christianisme pour la formation de notre nationalité ;
le monachisme avant saint Martin; la situation des campagnes au
ivû siècle; les rapports de saint Martin avec les grands et sa sage con-
206
daite dans Taffaire des Priscillianistes ; enfin le très curieux chapitre
qui a pour titre : « Influence générale de saint Martin et de son culte »,
où se trouve développé son rôle social comme patron de la France, de
diverses associations et confréries.
M. Lecoy de la Marche n'est pas uniquement un historien ; il est aussi
un archéologue et il Ta fait voir en décrivant avec précision et exacti-
tude non seulement le tomheau et ses accessoires, depuis T humble tombe
de pierre dans laquelle fut déposé par Tévêque Perpétue le cercueil de
saint Martin, jusqu'au monument magnifique élevé au grand thauma-
turge, grâce aux libéralités de Charles YII, et détruit par le prince de
Gondé, non seulement les basiliques successives qui s'élevèrent sur ce
tombeau, mais encore les principales églises de France et de l'étranger
qui furent dédiées à saint Martin. Dans cette partie de son travail, l'au-
teur n'a eu garde d'oublier la restitution de la basilique du v« siècle
opérée par M. Quicherat, comme aussi il nous a fait connaître le plan
de l'église nouvelle que les fidèles de saint Martin se proposent de lui
élever un jour sur les fondations mêmes de l'ancienne. A propos des
restaurations diverses de la basilique, nous signalerons à notre confrère
un texte qui mentionne un don considérable envoyé par l'impératrice
Adélaïde, la femme et la mère d'un empereur : c Ad restaurandum
igitur beatissimi confessoris Ghristi Martini monasterium [Ihironis],
quod non multo ante (997) fuerat igné combustum, destinavit trans-
mittere non modicum argentum et ad honorem altaris partem unici filii
sui Ottonis Augusti clamidis. » Cette citation est tirée de l'ouvrage
d'Odilon, abbé de Cluny, intitulé : EpitaphiumAdalheids (Pertz, Monum.
Germ., Script. IV, 643). N'est-il pas touchant de voir cette mère déposer
la moitié du manteau impérial du fils qu'elle avait perdu sur le tom-
beau de celui qui avait donné la moitié du sien à un pauvre !
Il est encore un chapitre qui touche à l'archéologie, c'est celui qui
est consacré à l'apostolat de saint Martin. Le tracé de l'itinéraire du
saint présentait de grandes difficultés dont M. Lecoy de la Marche s'est
habilement tiré en prenant pour bases de son travail les documents
écrite, les traditions ou légendes et enfin les églises ou monuments;
mais il n'admet pas cependant, comme D. Chamard a cru pouvoir le
faire pour une région restreinte, que toutes les églises, même anciennes,
dédiées à saint Martin, rappellent son passage. Quant aux légendes, l'au-
teur s'est montré très sobre dans leur emploi et ne les a guère accueillies
que comme des indices pouvant mettre sur la trace de certains faits
dont il se trouve des preuves ailleurs.
En résumé, nous devons reconnaître dans ce nouvel ouvrage de
notre confrère, avec ses qualités de composition, un style généralement
pur, d'une clarté toujours égale, et ici plus spécialement chaud et
coloré, comme il convient à quiconque écrit suivant ses convictions
intimes. L'ouvrage se termine par une liste des églises paroissiales de
207
France dédiées à saint Martin, qui montent à près de quatre mille, et
une série fort intéressante d^ pièces justificatives , parmi lesquelles on
remarque le diplôme de saint Etienne, roi de Hongrie, donné en faveur
de Tabbaye de Martinsberg, en 1001, et dont il se trouve dans le volume
(p. 58) un fac-similé, malheureusement trop réduit pour qu'on en puisse
faire Tétude paléographique et diplomatique.
Il ne nous appartient pas d'apprécier dans ce recueil la partie artis-
tique de l'ouvrage, nous dirions volontiers du monument que la maison
Mame a voulu élever à saint Martin, mais nous nous reprocherions de
la passer sous silence. Elle nous parait digne du sujet et de ceux qui
Pont commandée, surtout de celui qui Ta conçue et dirigée, c ce savant
plein de goût et cet ami plein de cœur » , que nous^ n'aurons garde de
révéler malgré lui, et qui n'a jamais mieux réussi. Il a d'ailleurs bien
voulu écrire sur l'illustration de ce volume un appendice qui est une
sorte d'encyclopédie artistique de saint Martin et dans lequel, non
content de donner la clef de l'illustration réalisée, il nous révèle encore
qu'il tenait en réserve une longue liste de monuments figurés et de
vues que, malheureusement pour les lecteurs, il n'a pu utiliser.
A. Bruel.
La Mission apostolique de saint Julien et la tradition de V Église du
Mans avant 4645, par l'abbé C. Pottier. Mamers, Fleury et Dan-
gin, 4880. In-8°, 30 p. (Extrait de la Revue historique et archéo^
logique du Maine^ t. VII, 4880.)
Le mémoire de M. l'abbé Pottier peut être résumé brièvement. L'au-
teur, persuadé que l'Église du Mans remonte au premier siècle, ne
prétend pas formellement établir cette thèse : il s'attache surtout à
démontrer que la tradition du premier siècle est bien antérieure
à 1645 (date de la publication du bréviaire d'Émeric-Marc de la Ferté,
évêque du Mans).
Les faits invoqués sont les suivants :
lo Une feuille intercalée très anciennement dans un. missel du
xi« siècle s'exprime ainsi à propos de saint Julien : inter primos fidei
fundatores... (p. 19). t On aurait tort », d'ailleurs, « de vouloir trop
tirer parti de ces lignes. » En effet!
2° Des textes du xm« siècle affirment que saint Julien a été envoyé
par saint Clément (p. 25).
3» Un bréviaire du xiv« siècle contient la môme affirmation (p. 16,
notes 2, 3).
40 Beaucoup de bréviaires et de documents de date postérieure le
disent aussi.
Quant aux textes réputés les plus anciens, par exemple, les Gestes des
208
évêques du Mans et la Vie de saint Julien, c ils ne seront, écrit M. l'abbé
Pottier, ni présentés, ni défendus ici » (p. 7), parce qu'ils « peuvent
prêter à des controverses sans fin. i Cette réserve prudente enlève
beaucoup d'intérêt à Fopuscule de M. Tabbé Pottier, qui n'invoque
aucune autorité antérieure au xin« s. On peut dire qu'il ne touche pas
à la question de l'apostoiicité en elle-même ; il établit seulement l'exis-
tence de cette opinion historique dans le Maine depuis le xiii« s. ; ce
qui est fort peu de chose en soi, mais veut être noté et dûment cons-
taté.
Je souhaite que M. l'abbé Pottier et ses lecteurs ne se fassent aucune
illusion quant à l'importance des résultats acquis par le mémoire que
je viens de résumer.
M. l'abbé Pottier publie occasionnellement (p. 26) un texte précieux,
Tacte de baptême (et de naissance) du roi de France Jean le Bon.
Si je ne me trompe, la Société historique et archéologique du Maine
n'a point encore été présentée à nos lecteurs. L'opuscule de M. l'abbé
Pottier m'offre l'occasion de leur signaler cette société savante qui,
fondée en 1876, a déjà fait paraître de bons travaux, parmi lesquels il con-
vient de citer : les Sires de Braitel au Maine, du 11^ au II II* siècle, par
Samuel Menjot d'Elbenne, Mamers, 1876; les Chroniques de la paroisse
et du collège de Courdemanche^ au Maine^ par M. l'abbé Robert Charles,
Mamers, 1876; le Maine, l'Anjou et Bussy^' Amhoise (1576-1579), par
Arthur Bertrand; le Duc d'Alençon en Flandre^ 1581, Bois-Dauphin,
1581-1589, Capitulation du Mans, décembre 1589, par Arthur Bertrand,
etc., etc. Ces divers articles font honneur à la Société : ce sont des tra-
vaux sérieux, nourris de faits et qu'on lira toujours avec profit.
Paul ViOLLET.
Les Anciennes Communautés d'arts et de métiers du Havre. Étude
historique, par A. Martin, membre de la société havraise d*études
diverses. Fécamp, 1880. In-12, 236 p.
Le moment est favorable pour parler du nouvel ouvrage de M. A.
Martin. La récente publication de M. Borély sur l'histoire du Havre ^ ;
les démarches si pressantes que poursuit actuellement la ville pour
devenir le chef-lieu d'un nouveau département 3, tout ce concours de
1. M. Fabbé Charles fait un excellent usage des archives anciennes de la
mairie et de la fabrique de Gourdemanche. Il utilise encore les archives de la
fabrique de Bernay dans reicellente petite monographie intitulée : Une Excur-
sion archéologique dans la paroisse de Bernay. Le Mans, impr. Leguicheux-
Gailienne.
2. Voy. l'analyse de cet ouvrage dans la Revue historique de mars-avril 1881.
3. Ces prétentions du Havre, qui remontent, d'après un récent article de
209
circonstances donne, en effet, une réelle actualité à Tapparition du
livre que nous annonçons.
Un autre attrait s'attache à l'étude de M. Martin, c*est de montrer
sur le vif, dans une ville fondée au xvi® siècle, le fonctionnement de
corporations créées presque tout d'un coup. Il est curieux de comparer,
avec ceux des villes voisines, les corps et communautés de la nouvelle
cité François-de-Grâce. Cette comparaison ne peut se faire malheureu-
sement qu'à l'époque la moins intéressante de l'histoire des corporations,
à celle où l'on voit désormais la royauté se servir, pour opprimer le
travail, des institutions qui l'avaient protégé jusque-là. Ce n'est pas
aux habitués de la Bibliothèque de l'École des chartes qu'il convien-
drait de rappeler toute l'importance de la transformation que subit, au
moment de la Renaissance, le régime des corporations. Mais M. Martin
devait, croyons-nous, à ses lecteurs quelques détails sur ce grave épi-
sode de l'histoire industrielle de la France.
Elle est, en effet, bien sommaire, cette première partie, dans laquelle
l'auteur examine successivement tout ce qui touche aux corporations
du Havre en général. Statuts, apprentissage, maîtrise, compagnonnage,
gardes, juridiction, confréries, rien n'est omis d'essentiel, mais rien
n'est traité que d'une façon superficielle ; et M. Martin ne s'arrête qu'un
instant à la réforme de Turgot et aux mesures plus radicales de la révo-
lution. Il signale pourtant, nous relevons ce trait parce qu'il porte sur une
institution peu connue, le développement qu'avaient pris au siècle der-
nier les manufactures royales. C'était un moyen ingénieux de rendre à
l'industrie sa liberté que de la placer sous la seule protection royale,
car on l'affranchissait ainsi, à peu près, de tous statuts, de tous règle-
ments généraux ou locaux.
La seconde partie du livre de M. Martin nous fait passer en revue
toutes les communautés d'arts et métiers du Havre. L'auteur y distingue
les états relatifs à la nourriture, aux vêtements, au travail des métaux,
à l'art de guérir, aux transports, au bâtiment, à la marine et termine
par les professions diverses, faisant en quelques mots substantiels l'his-
torique de chaque communauté et le résumé de ses statuts.
Quelques observations seraient à présenter ici : p. 132, par exemple,
l'auteur s'exprime ainsi : t Depuis l'année 1700, l'exécution des statuts
[des bouchers] demeura de la compétence du bailli ; mais les échevins
eurent la police des boucheries et du marché. » Formulée de la sorte,
l'opinion est trop affirmative; car pendant tout le xvni« siècle des
conflits continuèrent à s'élever, à ce propos, entre le bailliage et la
municipalité. Nous n'en voulons pour preuve que l'arrêt du conseil du
31 juillet 1773, rendu après de longs débats, qui confirmait les officiers
Y Économiste français, à 1837, sont, on le sait, sur le point d'être repoussées
une fois de pins par les pouvoirs publics.
240
municipaux du Havre dans le droit de faire les règlements nécessaires
à la police de la vente de la viande.
Il est ailleurs question (p. 165) d'un arrêt du parlement [de Rouen]
du 30 juillet 1763, relatif à la réunion des marchands drapiers du
Havre avec les merciers. Or il y a dans ce peu de mots une double
erreur : Tarrêt émane du conseil du roi et non du parlement de Rouen;
il est de 1765 et non de 1763.
Ces quelques critiques, qu'on pourrait d'ailleurs multiplier, ne doivent
pas nous empêcher de remarquer ce que renferme d'utile et d'intéressant
le livre de M. Martin. Il faut citer, parmi les pièces les plus instructives,
un état fortprécieux du commerce du Havre en 1773. D'après ce document,
la pêche de la morue à Terre-Neuve rapportait en 1773 environ
300,000 livres par an; les armements maritimes, 2,450,000 livres; les
transports, 50,000 livres; la fabrication des dentelles de fil, 1,500,000
livres, chiffre considérable pour une industrie aujourd'hui disparue.
Il faut mentionner aussi un curieux tableau comparatif des maîtres
ou patrons de la ville du Havre au xvni« siècle et au xix® (en 1879).
Proportionnellement au chiffre respectif de la population à ces deux
époques, le nombre des chefs d'industrie est beaucoup moins considé-
rable aujourd'hui. Sauf quelques exceptions, toutes les professions sem-
blent être en décadence. Il y a, notamment, moins de charpentiers de
navire ^, de cordiers^ de couteliers, de brasseurs, de serruriers, de ton-
neliers. Seuls, les pharmaciens, les orfèvres, les charcutiers et les épi-
ciers sont plus nombreux qu'ils n'étaient jadis.
En somme, on doit remercier M. Martin de l'utile contribution que
son livre apporte à l'histoire de l'industrie française sous l'ancien
régime. Il serait à souhaiter que nos anciennes communautés d'arts et
métiers fussent partout l'objet de semblables travaux.
P. BONNASSIBUX.
Pouillé historique de Varchevêché de Rennes^ par l'abbé Guillotin
DE Gorsojh, chanoine honoraire. Tome P^ Rennes, Fougeray;
Paris, Haton, \ 880. In-8^ 808 p.
Le volume dont nous avons à rendre compte est le tome premier
d'une importante publication relative à l'archevêché actuel de Rennes.
On sait que cet archevêché est de formation récente, ayant été créé par
bulle du pape Pie IX, du 3 janvier 1859, et pourvu de trois sufifragants,
1. Même en tenant compte des grandes modifications des procédés de travail,
la décadence n'est pas moins réelle. On ne construit plus beaucoup de navires
au Havre, et nous ne savons si les récentes mesures votées au parlement en
faveur de la marine marchande suffiront à modifier cet état de choses.
2U
les évéchés de Vannes, de Saint-Brieuc et de Quimper, détachés de la
province ecclésiastique de Tours. L'auteur s'est proposé d'étudier seu-
lement ce qu'il appelle l'archidiocèse de Rennes, qui correspond aux
trois anciens diocèses de Rennes, de Dol et d'Aleth ou de Saint-Malo.
L'ouvrage, qui doit comprendre environ cinq volumes, est divisé en
trois parties : !<> les évéchés; 2* les monastères; 3^ les paroisses. La
première, seule publiée, se partage en deux sections d'étendue inégale,
l'une consacrée aux anciens évéchés de Rennes, Dol et 8aint-Malo,
l'autre à l'archevêché de Rennes. Après avoir dans une rapide intro-
duction indiqué les caractères qui distinguent les diocèses bretons, dont
le plus remarquable est d'avoir conservé, plus longtemps que d'autres,
leurs usages locaux, après avoir esquissé leurs origines et leurs divi-
sions territoriales. Fauteur aborde dans trois livres l'historique et la
description des trois diocèses. Les origines du diocèse, le catalogue de
ses évéques remontant à Tan 439 pour Rennes , à 555 pour Dol, et à
480 pour Saint-Malo ; les droits et les prérogatives de l'évêque et de ses
auxiliaires (vicaires généraux, officiaux, etc.); les dignités de chaque
église (avec la liste des dignitaires, trésoriers, grands-chantres, archi-
diacres, etc.); le chapitre cathédral, avec la liste des chanoines, le per-
sonnel secondaire de l'église cathédrale, et les chapellenies qui y étaient
fondées, la description de la cathédrale; les usages fort curieux de
chaque Église ; enfin les bénéfices, c'est-à-dire le véritable pouillé du
diocèse, sont l'objet d'autant de chapitres dans chacun des trois livres.
Voilà pour la partie ancienne ; pour l'époque moderne, le livre quatrième
est consacré à l'évêché de Rennes, de 1801 à 1859, c'est-à-dire depuis
le rétablissement du culte en France jusqu'à la création de l'archevêché
de Rennes. Ce nouveau diocèse fut composé de 341 paroisses, savoir :
205 provenant de l'ancien diocèse de Rennes, 90 de celui de Saint-
Malo , 38 de celui de Dol , 7 de celui de Vannes , et 1 de celui de
Nantes. C'est exactement le même territoire que celui de l'archevêché
actuel ; le nombre des paroisses diffère seulement un peu à cause de
quelques créations récentes (384 au lieu de 341). On trouvera dans cette
seconde section de la première partie le pouillé de Tarchidiocèse de
Rennes établi sur le même plan que celui des anciens diocèses, l'his-
toire des titulaires du nouveau siège et des principaux dignitaires.
Ayant ainsi fait connaître dans ses grandes lignes le plan de l'auteur,
nous ne pourrons pas, on le comprendra facilement, entrer dans l'ana-
lyse d'un pareil ouvrage, sur lequel nous devons nous contenter de pré-
senter quelques observations. D'abord les longues recherches auxquelles
s'est livré M. Guillotin de Gorson doivent prévenir en sa faveur; les
archives des anciens évéchés et des chapitres de Rennes et de Saint-
Malo à la préfecture d'IUe-et-Vilaine (les archives de l'évêché de Dol
ont disparu en grande partie), la bibliothèque publique, celles du grand
séminaire et de l'Oratoire de Rennes, les archives municipales de la
242
même ville, les archives de la Loire -Inférieure, celles de Maine-et-Loire
et de la Manche, les Archives nationales et la Bibliothèque nationale à
Paris , ont été explorées par lui avec persévérance et avec fruit ; à ces
renseignements il a joint les traditions et les documents qu'il a recueillis
en parcourant tout le diocèse. Toutes ces notions, M. G. de Corson les
a mises en œuvre avec un esprit sage, méthodique et exact; mais cepen-
dant, qu'il nous permette de le lui dire, avec quelques longueurs. Il
nous semble, en ce qui concerne le pouillé proprement dit, avoir accu-
mulé les documents au lieu de les fondre. Ainsi, en prenant pour
exemple le diocèse de Rennes, il nous donne : 1** la liste des paroisses
par doyennés (p. 337) ; 2** un tableau des mêmes paroisses sous les noms
de cures et prieurés, avec les noms des présentateurs (p. 354) ; 3* un
résumé dans Tordre des présentations, ot Ton trouve réunis ensemble
tous les bénéfices auxquels présentait la même personne (p. 361) ;
4" enfin, une autre liste des bénéficiers avec la taxe payée en 1516; et
encore aucune de ces listes n'indique les vocables des églises qu'il faudra
aller chercher probablement dans la troisième partie de l'ouvrage.
N'aurait-il pas pu réunir en un seul tableau les deux premières nomen-
clatures, et peut-être même le compte de décimes ? Tout en gagnant de
la place, il aurait donné plus d'intérêt à ces documents par leur rap-
prochement. L'auteur cite le compte de décimes de 1516 d'après un
manuscrit du fonds Saint-Germain à la Bibliothèque nationale, sans
doute le ms. lat. 12,730, qui est une copie du xvn« siècle ; il paraît
ignorer qu'il existe aux Archives nationales, sous la cote G®, n" 1 à 4,
un recueil de ces comptes de décimes, qui date du xvi* siècle. D'ail-
leurs il a négligé de nous avertir qull traduit ces extraits de comptes
en français et qu'il a changé la disposition du texte pour ranger les
églises dans l'ordre alphabétique.
C'en est assez pour montrer à M. G. de Corson que nous avons
examiné son travail avec le soin qu'il mérite ; nous ne terminerons pas
sans faire connaître à nos lecteurs le plan complet du Pouillé historique,
haiseconde i^aiTiie^'mtiiuiéQ les Monastères, se subdivise également en deux
sections, l'une antérieure, l'autre postérieure à 1790. L'auteur étudiera
les établissements religieux, abbayes, collégiales, prieurés, couvents et
hôpitaux, et donnera l'historique des principaux d'entre eux. Pour
l'époque moderne, il fera connaître également par des notices tous les
monastères et congrégations qui remplacent ceux qui ont été supprimés
en 1790.
Dans une troisième et dernière partie, qui aura pour titre les Paroisses,
M. Guillotin de Corson se propose de présenter, par ordre alphabétique,
sous forme de dictionnaire historique, les 383 paroisses qui forment le
diocèse actuel de Rennes, de faire connaître leurs origines, l'église
qui forme le centre de la paroisse, les pasteurs qui l'ont gouvernée,
en y joignant quelques détails sur les chapelles, sur les confréries et
2^3
enfin sur les monuments religieux de son territoire. Nous ne saurions
trop encourager Fauteur à poursuivre l'exécution de ce vaste ouvrage,
qui, lorsqu*il sera terminé, sera de la plus grande utilité pour tous ceux
qui s'occupent de Thistoire religieuse de la Haute-Bretagne, ancienne
et moderne.
A. Bruel.
Vie d'Artus Prunier de Saint 'André, conseiller du roy en ses con-
seils d' Estât et privée premier président aux parlements de
Provence et de Dauphiné (\ 548-4 6? 6), diaprés un manuscrit inédit
de Nicolas Chorier, publié^ avec introduction^ notes, appendices
et la correspondance inédite de Saint-André, par Alfred Vellot,
avocat. (Ouvrage couronné par TAcadémie delphinale, médaille
d'or.) Paris, Picard, ^(880. In-8°, lxv-390 p., une planche.
Le volume que M. Alfred Vellot vient de livrer à la publicité com-
prend trois parties : 1® un avant-propos, une introduction et des notes,
qui sont à proprement parler la seule partie personnelle au jeune édi-
teur dauphinois; 2° le manuscrit de Ghorier; 3" la correspondance du
président Prunier et des appendices.
Dans un avant-propos de xxv p., M. Vellot explique par quel concours
de circonstances il a été amené à retrouver dans les archives person-
nelles de M. le marquis de Virieu le manuscrit de Ghorier que Ton
croyait perdu, et il s'attache à démontrer que ce document doit être
attribué sans hésitation au célèbre historien du Dauphiné. Ce préambule
est intéressant et M. Vellot aurait dû, ce nous semble, s'en tenir là,
sans avoir l'imprudence de vouloir exposer en quelques pages le rôle des
parlements au xvi® siècle. Outre que ce sujet n'est pas neuf, on ne voit
pas trop comment on peut le restreindre au point de le faire entrer dans
la préface d'une biographie ; c'était difficile : aussi M. Vellot n'y a-t-il
pas réussi. Les considérations solennelles qu'il nous présente sur la
Renaissance, l'essor de l'esprit humain, sont des banalités qui ne nous
apprennent rien de nouveau. Toute cette introduction est un hors-
d'œuvre que l'on pourrait facilement supprimer.
Les notes dont M. Vellot a enrichi le texte de Ghorier sont nombreuses
et intéressantes ; nous regrettons toutefois de constater qu'un trop grand
nombre sont empruntées à la Biographie générale, à la Biographie uni-
verselle, à V Armoriai de La Bâtie et même au Dictionnaire de Bouillet.
Quand on a à sa portée des mines aussi précieuses que les archives de
la chambre des comptes et du parlement de Grenoble, on ne doit pas se
contenter d'ouvrages de quatrième main.
En recourant aux sources originales, M. Vellot aurait évité bien des
erreurs ; nous en relèverons une seule : p. 5, Ghorier dit : « Artus
244
Prunier naquit à Grenoble l'an 1548, et ce fut le môme mois que le roy
Henri n y passa allant en Piémont. » Pour préciser la date de la nais-
sance de son héros, M. Vellot n*a pas trouvé mieux que de consulter
un ouvrage relatif à l'histoire de ... Lyon ; il y a vu que le 31 juillet 1448
le roi traversait Lyon, se rendant en Piémont. De cette simple indica-
tion, M. Yellot conclut que Henri U était à Grenoble dans les premiers
jours d'août. C'est une erreur que M. Vellot aurait évitée s'il eût con-
sulté le registre des délibérations ou conclusions de la ville de Grenoble
pour Tannée 1548 : il y aurait vu que le roi passa à Grenoble le
lundi 10 septembre, non pas en allant, mais en revenant de Piémont,
et qu'une réception solennelle lui fut faite, ce qui explique comment ce
fait était resté gravé dans la mémoire des Grenoblois. Si le caractère
paléographique des documents originaux effrayait M. Vellot, il pouvait
trouver des extraits de ces délibérations dans un article de M. Pilot,
inséré dans V Annuaire de la cour de Grenoble, année 1843, p. 21.
Le nouveau manuscrit de Ghorier ressemble à toutes les œuvres de
cet historien aujourd'hui absolument discrédité ; c'est toujours la même
phraséologie solennelle et pédantesque, où les faits sont exposés sans
ordre, sans dates et sans indication de sources. Le récit, sans cesse
embarrassé par des réflexions banales et puériles, se traîne péniblement :
c'est une rude et indigeste lecture.
Pour apprécier le degré de confiance que mérite l'ouvrage de Ghorier,
il faut se rendre compte des circonstances dans lesquelles il a été com-
posé. Pendant toute sa vie, Ghorier eut à lutter contre de continuels
besoins d'argent : c'est à cette indigence, résultat de son inconduite et
de la mauvaise gestion de ses affaires, qu*il faut attribuer les actes d'in-
délicatesse qui souillent sa mémoire. G' est ainsi qu'il ne craignit pas de
vendre à prix d'argent les cartulaires de Saint-Hugues, qu'il avait volés
dans les archives de l'évêché de Grenoble. Ge commerce déshonnête ne
suffisant pas à lui fournir des ressources, il s'attacha à quelques grands
personnages, parmi lesquels se trouvait le président Prunier de Saint-
André, petit-fils du président Artus Prunier. G'est dans cette situation
d'historiographe gagé que Ghorier composa la vie du grand-père de son
bienfaiteur et qu'il lui remit le manuscrit retrouvé récemment par
M. Alfred Vellot. Il est évident qu'un livre écrit dans de pareilles
conditions ne peut être considéré comme une étude critique.
La correspondance du président Prunier est empruntée à un manus-
crit de la Bibliothèque nationale : elle comprend dix-huit lettres inté-
ressantes. A ces pièces justificatives sont joints des extraits d'ouvrages
imprimés concernant le président et son époque.
En résumé, nous regrettons la publication de ce manuscrit, qui eût pu
dormir encore longtemps dans les archives du château de Virieu sans
que personne songeât à s'en plaindre. En l'état actuel des études his-
toriques, avec les ressources qu'offrent les dépôts d'archives et les biblio-
245
thèques, il y a mieux à faire que d'imprimer la prose pédantesque de
Gliorier ; avec les divers manuscrits de Ghorier, avec la correspondance
signalée par M. Roman, avec les archives publiques et privées,
M. Vellot pouvait nous donner une histoire du président Prunier et de
son époque ; à l'aide des documents qu'il aurait recueillis, il lui aurait
été facile de contrôler les assertions de Ghorier et de présenter au public
une biographie critique au lieu de se faire Pintroducteur d'un panégy-
riste salarié.
H. PRUDH02OfE.
Origine des idées politiques de Rousseau^ par M. Jules Vut, vice-
président de rinstitut genevois. (Extrait du Bulletin de IHnstitut,
t. XXIII.) Genève, imprimerie Ziegler, 4878. In-8% 28 p.
La théorie de la souveraineté du peuple formulée par Rousseau dans
le Contrat social est, pour ainsi dire, un produit abstrait et philoso-
phique né de l'étude de la charte genevoise de Tan 1387. Telle est
la thèse que M. Vuy a développée dans l'intéressant opuscule que
j'analyse.
L'article de la charte des libertés de Genève qui contient en germe
les théories de Rousseau est ainsi conçu dans la traduction française
de 1455 :
« Que, si les dessus ditz citoyens de Genève qui par le temps présent
sont et seront au temps advenir procureurs de la dite cité, des dessus
ditz privilèges et franchises en tous leurs chapitres ou en aulcuns
d'eulx nen usent, que pourtant les ditz citoyens et communité par
l'espace de trente ans, quarante ans, cinquante ans ou plus ne soient
pas perdus [sic, corr. preclus?], ou ne leur puisse encourre prescription
de temps. Et se nous ou nostres officiers qui par le temps advenir
[seront] venoient au contraire en tout ou en partie de ces privilèges,
ou qu'il attentassent de venir au contraire, que pour tant ils ne
deussent ne ne poussent aus ditz citoyens, clercz et communité porter
préjudice quelconque ne alléguer prescription de temps, sinon en tant
qu'il seroit du consentement et voulenté des ditz citoyens de la dite
communité. »
Tout concourt à prouver que cet article d'une charte lue certainement
par Rousseau, citée par lui, a été l'occasion, le point de départ de la
célèbre formule :
« La souveraineté est indivisible, inaliénable et elle réside essentiel-
lement dans tous les membres du corps. »
Je n'ai, pour ma part, nulle objection à faire à la thèse de M. Vuy
et je la crois digne de fixer l'attention de nos lecteurs. Ge travail a été,
246
à TAcadémie des sciences morales et politiques, l'objet d'un rapport
fort remarquable de M. Nourrisson, auquel on fera bien de se reporter*.
Paul ViOLLET.
Pentateuchi Versio Laiina antiquissima e codice Lugdunensi. Version
latine du Pentaieuque antérieure à saint Jérôme^ publiée diaprés
le manuscrit de Lyon, avec des fac-similés, des observations paléo-
graphiques^ philologiques et littéraires sur l'origine et la valeur
de ce texte, par Ulysse Robert. Paris, Didot, 4 884 . In-4°, gxliii-
334 p. et 4 planches.
Le manuscrit qui est l'objet de cette publication forme une partie du
numéro 54 de la bibliothèque publique de Lyon. Dans le catalogue mis
au jour par Delandine en 1812, il porte le numéro 329. Avant la révo-
lution il faisait partie de la bibliothèque du chapitre de Lyon. Les
lecteurs de la Bibliothèque de l'École des chartes connaissent l'histoire de
ce manuscrit, l'acte de vandalisme et le vol partiel dont il a été l'objet,
la merveilleuse découverte que nous devons à la science et au zèle de
M. Léopold Delisle, la restitution qui fait tant d'honneur à lord
Ashburnham^.
La pubh cation de M. Robert se divise en trois parties : 1® une intro-
duction qui expose quel intérêt présente à divers points de vue le texte
du manuscrit; 2* une copie figurée du manuscrit, exécutée en capitales
d'imprimerie, reproduisant les pages, les colonnes, les lignes, laissant les
mots indistincts, conservant les abréviations ; 3* une édition exécutée
suivant le procédé ordinaire, en minuscules, avec séparation des mots,
signes de ponctuation, etc. et texte grec en regard.
L'écriture du manuscrit paraît remonter au sixième siècle ; mais la
version latine que ce manuscrit nous fait connaître doit avoir été faite
vers l'an 300. Le manuscrit grec que l'auteur de cette version avait sous
les yeux contenait des variantes qui ne se trouvent ni dans le codex
Vaticanus, ni dans le codex Alexandrinus, les deux manuscrits les plus
anciens des Septante. Enfin cette version latine n'est pas celle que saint
Augustin a nommée Itala, mais elle paraît avoir été connue de quelques
Pères de l'Église chez qui l'on trouve des citations de la Bible qui
semblent s'y rapporter.
1. Séances et travaux de y Académie des sciences morales et politiques,
compte-rendu par Vergé, t. 110, p. 904 etsuiv.
2. Notice sur un manuscrit de Lyon renfermant une ancienne version latine
inédite de trois livres du Pentateuque^ par M. L. Delisle, Bibliothèque de
VÉcole des chartes^ t. XXXIX (1878), p. 421-431. — Le Pentateuque de Lyon,
par M. Delisle, ibid., t. XLI (1880), p. 304-307.
2n
La publication de ce document présente un grand intérêt au point de
vue de la critique biblique : M. Ulysse Robert fait ressortir cet intérêt
par une étude approfondie. Le codex Lugdunensis est un document paléo-
graphique de premier ordre : M. Ulysse Robert consacre trente pages à
Texamen détaillé des particularités qui le distinguent à ce point de vue.
Mais notre attention a été surtout attirée par la notice grammaticale qui
occupe les pages xli à cxxv de l'introduction. On peut y distinguer
quatre parties consacrées, la première à la phonétique, la seconde à la
morphologie et à la syntaxe, la troisième à la collation du texte latin
avec le texte grec, la quatrième aux mots rares ou nouveaux que ren-
ferme le texte latin. Dans ce savant travail, un des points qui nous a le
plus frappé est le nombre considérable de faits qui, parmi les exemples
'recueillis par l'auteur, expliquent la suppression du futur latin.
Dans la première conjugaison le futur se confond avec le parfait. On
trouve le parfait employé pour le futur dans :
aplicavit
decalvavit
deliberavit
enumeravit
expoliavit
extirpavit
inquinavit
lavavit
liberavit
medullavit
mundavit
ovviavit
propitiavit
purgavit
purificavU
sacrificavit
separavit
suscitavit
terminavit
pour applicabit,
— decalvabit,
— deliberabit,
— enumerabit,
— exspoliabit,
— exstirpabit,
— inquinabit,
— lavabit,
— liberabit,
— meduUabit,
— mundabit,
— obviabit,
— propitiabit,
— purgabit,
— purificabit,
— sacrificabit,
— separabit,
— suscitabit,
— terminabit,
— visitabit.
visitavit —
On trouve le futur employé pour le parfait dans :
consiimabitis pour consuminamstis,
fraudabit —
immutabit —
inchoabit —
inhabitabit —
jurabit —
7nundabit —
orabit —
fraicdavit,
immutavit,
inchoavit,
inhabitavit,
juravit,
mundavit,
oravit.
248
La môme confusion se rencontre dans le verbe eo et dans un verbe
régulier de la 2* conjugaison :
On rencontre le parfait pour le futur :
exivit pour exibit ;
le futur pour le parfait :
introibit pour introivit,
replebit — replevit,
 la troisième conjugaison le présent a été employé pour le futur :
abducis
pour
abduces,
accedis
— ■
accèdes,
accedit
—
accedet,
acceditis
—
accedetis.
antecedit
—
antecedet,
ascendit
—
ascendet.
ascendimus
—
ascendemus,
ascenditis
—
(ucendetis,
aspergU
—
asperges,
adspargit
—
adsperget.
concupiscis
—
concupisces,
confrangit
—
confringet.
constituit
—
constituet,
consumit
—
consumet,
demetitis
—
demetetis,
deprimis
—
déprimes,
descendais
—
descendetis,
discendit
—
descendet,
discendimus
—
descendemus.
dicit
—
dicet.
dicitis
—
dicetiSy
dimittit
—
dimittet,
discendimus
—
discedemus,
disponitis
—
disponetis,
dividis
—
divides,
efpundis
—
effundes.
emimus
—
ememus.
extendit
—
extendet.
extollit
—
extollet.
infundis
—
infundes.
infundit
—
infundet.
inponis
—
impones,
inponit
—
imponet,
mittis
—
mittes,
obliviscitur
—
obliviscetur.
occidis
—
occides.
249
occidit
pour
occidet.
ostendit
—
ostendet,
perditis
—
perdetis,
persequimini
—
persequemini.
ponis
portes.
proficiseitur
—
profidscetur,
proponis
—
propanes,
proponit
—
proponet,
redimis
—
redimes,
reducit
—
reducet.
requieseit
—
requiescet.
résistif
—
resistet,
sercernit
—
secernet,
sinit
—
sinet.
spargit
—
sparget.
subponis
—
supponet,
sumis
—
sumet,
vivit
—
vivet.
a futur pour
le présent :
attinget
pour
attingit,
comedet
—
comedit.
descendet
—
descendit.
dices
—
dicis,
increscet
—
increscit.
inducet
—
indudt.
reddet
—
reddit.
sumet
—
sumit,
tanget
—
tangit,
vivetis
——
vivitis.
La confusion qui s'introduit entre le futur et le parfait de la première
conjugaison est le résultat d'un phénomène phonétique, c'est-à-dire de
l'emploi du v pour le 6, et du b pour le v ; on dit aplicavit pour applicabit,
comme exacervat pour exacerbât dans le codex Lugdunensis, et comme
« avoir » pour habere en français : on dit fraudabit pour fraudavit,
comme albea pour alvea dans le codex Lugdunensis^, et comme « cour-
ber » pour curvare en français.
A la troisième conjugaison la substitution de Vi caractéristique du
présent à Ve caractéristique du futur se justifie également par la pho-
nétique. On dit abducis pour ^abduces comme decim pour decem, adips
pour adeps, discendit pour descendit. C'est de la même façon qu'on se
rend compte de la substitution de Ve caractéristique du futur à Vi du
présent : attinget pour attingit comme carnes pour carnis dans le codex
Lugdunensis, et comme sec pour siccus en français. On peut encore
expliquer par la phonétique fads pour fades, morimur pour morie-
220
mur : i = ie se trouve dans le firet pour fierei du codex Lugdunensis,
Mais ce que la phonétique n'explique plus c'est :
1" conjugaison : extirpât pour extirpabit
— incitât — incitabit
— inquinamini — inquinabimini
— sanctificamini — sanctificabimini
— tribulatis — tribulabitis
2« conjugaison : de lent — delebunt
— exit — exibit
Et réciproquement :
habitabitis pour habitatis
Celui qui a employé ces formes les unes pour les autres ne connais-
sait plus le futur des grammairiens latins et déjà formait le futur à l'aide
de l'infinitif et du verbe auxiliaire habere ; au lieu à'extirpabit, il disait
extirpare habeo, au lieu àHndtaty incitare habeo : le sens d^extirpabit et
àHndtabit, alors tombés en désuétude, lui échappait complètement.
A cet ordre d'idées appartiennent : !<> la confusion du neutre avec le
masculin et avec le féminin ; M. Ulysse Robert en a réuni des exemples
aux pages Lxn, lxv, lxvh de son introduction; 2* l'emploi abusif d'tW,
en français « y », pour eo, et d'ubi, en français « où », pour quo : intra^
bis ibi, « tu y entreras », pour eo intrabis; ubi réfugiât, « oii il se réfu-
gie », pour quo réfugiât, voir p. Lxxv,'etc.
Il serait fort à désirer qu'un texte latin écrit en France à l'époque
mérovingienne et conservé par un ou plusieurs manuscrits du môme
temps fût l'objet d'une publication analogue. Une édition de Grégoire
de Tours, par exemple, faite avec le soin minutieux et l'exactitude
rigoureuse dont M. Ulysse Robert a fait preuve ici, serait un travail
d'une grande utilité pour ceux qui étudient les origines de la langue
française : il serait aussi fort utile pour les historiens qui, reproduisant
en français le texte arrangé d'abord à l'époque carolingienne et en der-
nier lieu par Ruinart, ne se doutent pas des incertitudes que présente
souvent le sens du texte le plus ancien, oii l'on ne peut distinguer les
formes grammaticales du futur de celles du présent et du passé, et oîi
les cas sont souvent employés les uns pour les autres ou plus exacte-
ment ne se distinguent plus, puisque, par exemple, fratris et fratres
peuvent être l'un et l'autre soit un génitif singulier, soit un nominatif,
un accusatif, un datif ou un ablatif pluriel.
Que le désir exprimé ici doive ou non se réaliser, nous remercions
M. Ul. Robert de son intéressante publication, oh il a montré un grand
talent d'éditeur, et qui en même temps, par son exécution typogra-
phique, fait beaucoup d'honneur à la maison Didot.
H. d'Arbois de Jubain ville.
224
LIVRES NOUVEAUX.
SOMMAIRE DES MATIÈRES.
Sciences AUXILIAIRES. — Paléographie, 310, 424. — Diplomatique, 424.
— Bibliographie, 274, 416; manuscrits, 265, 269, 301, 309, 311, 324, 379,
380, 390, 392; imprimés, 269; bibliothèques, 269, 309, 313, 324, 380.
Sources. —Historiens, chroniqueurs, 281, 346, 381, 437. — Mémoires,
journaux, 356. — Lettres, 377, 432. — Archives, 307, 329, 376, 378, 382,
410, 411, 423; documents, 262, 278, 286, 303, 306, 317, 322, 342, 389,
415; cartulaires, 290, 315, 435, 440.
Géographie et topographie, 328, 335, 364, 369, 370, 387, 394, 403,
413, 431.
Biographie et généalogie, 299, 384, 427. — Barbari, 287; Bayard,
343; Beaufort, 393; Berthe de Savoie, 263; Boisjourdan, 354; Brea,
419; Brunel, 405; Gardonnel, 317; Ghalvet, 259; Gharlemagne, 316;
Charles VII, 342; Gino da Pistoia, 298; Cornet, 429; Delfino, 327;
Durer, 287 ; Ébon, 265 ; saint Eucher, 336 ; saint François d'Assise, 295 ;
Gonzaga, 390; Guelfe VI, 260; Henri III, 337; Hincmar, 421; R. de
Houdenc, 441 ; Jeanne d'Arc, 404 ; La Trémoille, Laval, 361 ; Léopold,
duc de Lorraine, 312; Le Tellier, 289; saint Liudger, 437; Louis XI,
342; Mabille de Bellême, 319; Ménard, 291 ; Mirallieti, 419; Montfau-
con, 432; Neufchâtel, 279; Orbec, 409; Orléans, 292; Otton, 383;
Pétrarque, 297 ; Platter, 436 ; Reichersberg, 385 ; Robert de Thorigny ,
381 ; Rougemont, 291 ; Ternes, 333 ; Valois, 345 ; Videl, 294 ; Vienne,
371 ; Wettin, 396.
Droit, 278, 298, 304, 348, 355, 363, 366, 388, 399.
Institutions, 296. — République, 271 ; monarchies, 346; seigneuries,
279, 333, 393. — États généraux, 286. — Villes, 290,314, 350, 400, 408;
hanse, 374. — Armées, guerre, 289, 343, 344, 345, 358, 378. — Finances,
386, 408, 415, 431. — Enseignement, 332, 417, 429. — Commerce et
industrie, 360,401,420.
Sciences. — Philosophie, 347. — Médecine, 401.
Religions. — Bible, 311, 392. — Catholicisme, 285, 385; droit cano-
nique, 421 ; liturgie, 265, 439 ; prédication, 280 ; archevêchés et évêchés,
diocèses, 266, 299, 335; églises et paroisses, 277, 305, 312; ordres régu-
liers, 272, 379; monastères, 265, 270, 276, 331, 340, 341, 350, 372, 373,
381, 407, 435, 440. — Hérésies, 348; guerres de religion, 344, 368.
Archéologie, 273, 285, 323, 330. — Sépultures, 268. — Architecture,
359 ; édifices civils, 302, 303, 340, 362, 406 ; édifices militaires, 278, 397;
222
édifices religieux, 277, 325, 338, 340, 375, 425. — Sculpture, 291. —
Peinture, 419, 427; gravure, 287, 425. — MobiUer, 267, 284, 317, 339.
— Armement, 358 ; blason, 438. — Sphragistique, 310. — Numismatique,
308, 352, 412.
Langues et lfitératures, 264, 274, 351. — Légendes, 313, 320, 321,
339. — Latin, 311, 326, 392, 395. — Langues romanes : catalan, 321;
espagnol, 380; français, 261, 275, 280, 281, 283, 288, 300, 334, 351, 367,
398, 414, 422, 441 ; italien, 274, 288, 320, 430. — Langues germaniques,
349, 365, 394, 426. — Langues celtiques, 282, 353, 434, cf. 439.
SOMMAIRE GÉOGRAPfflQUE.
Allemagne, 383, 387, 394, 424. — Alsace-Lorraine, 399. — Hesse,
352. — Lùbeck, 374. — Prusse, provinces : Hanovre, 264; Hesse-Nassau,
352; Saxe, 269; Westphalie, 315, 437. — Saxe, 3%.
AuTRicHB-HoNQRiB. — Autriche, 378; Moravie, 366; Styrie, 358, 391.
— Hongrie, 264, 438.
Belgique, 273. — Provinces : Anvers, 299; Flandres, 359, 435;
Namur, 290.
Espagne, 388.
Frange, 280, 2%, 303, 308, 337, 343-345, 351, 355, 368, 369, 386. —
Provinces : Anjou, 267; Bretagne, 318, 416, 422; Dauphiné, 259, 323,
371, 412, 413; Franche-Comté, 292, 329; Lorraine, 312, 370; Norman-
die, 286 ; Savoie, 263.— Départements : Aisne, 302, 304 ; Alpes (Hautes-),
293, 341, 342; Alpes-Maritimes, 419, 443; Aube, 331, 393; Aude, 397;
Calvados, 409; Gôte-d'Or, 418; Doubs, 291, 292, 406; Drôme, 285;
Eure, 313; Gard, 335, 401, 436; Gironde, 309; Hérault, 332; Isère, 400,
405; Loire, 330, 384; Loiret, 278, 282, 353; Manche, 381 ; Marne, 265,
268, 373, 421; Mayenne, 354, 361, 362, 376; Meurthe-et-Moselle, 312,
333, 425; Nord, 307; Oise, 372, 431; Orne, 319; Pas-de-Calais, 408;
Rhône, 336, 340, 375, 384, 402, 411; Sarthe, 382; Savoie, 428; Seine,
276, 317, 356; Seine-et-Oise, 360, 431; Seine-Inférieure, 410; Sèvres
(Deux-), 364, 407; Somme, 305, 350; Var, 336 ; Vaucluse, 338; Vienne,
403; Vosges, 270, 279.
Grande-Bretagne et Irlande, 439. — Angleterre, 420, 423. — Ecosse,
415. — Jersey, 322.
Italie, 289, 377. — Provinces : Bergame, 325; Florence, 298; Gônes,
271; Lecce, 266; Mantoue, 390; Padoue, 314, 389; Pérouse, 295; Rome,
273, 274, 324; Turin, 277, 417; Venise, 262, 301, 337.
Luxembourg, 440.
Pays-Bas, 273.
Roumanie, 262.
Suisse. — Fribourg, 363 ; Grisons, 284 ; Neuchâtel, 329.
Orient, 346.
223
259. Aggarias (Joseph). Une Famille parlementaire du Dauphiné.
Notice sur les Ghalvet. Grenoble, impr. Dupont, 1880. 90 p. (Extrait
du Bulletin de r Académie delphinale, 3« série, t. XV.)
260. Adler (S.). Herzog Welf VI und seinSohn. Hannover, Helwing,
1881. iY-160p. 4 m.
261. Albert (Paul). La Littérature française des origines à la fin du
XVI» siècle. 4« édition. Paris, Hachette. In-J8, 432 pages. (Bibliothèque
variée.) 3 fr. 50 c.
262. Alcuni Documenti inediti dell' archivio di Stato di Padova rela-
tivi ad un pietoso episodio del secolo xvr : protagonista un principe
moldavo, teatro dello scioglimento Venezia; pubblicati da Wollemburg
Leone per nozze Mendl-Basevi. Padova, tip. Prosperini. In-4, 23 p.
263. Amobe (A.). Berta di Savoia, impératrice di Germania. Milano,
Ottino, 1881. 57 p. 1 1. 50 c.
264. Analecta ad historiam renascentium in Hungaria litterarum
spectantia. lussu Academiae scientiarum Hungaricae edidit Ëugenius
Abel. Budapestini, in aedibus Academiae, Lipsiae, Brockhaus, 1880.
iv-298 p.
265. AuBERT (Edouard). Manuscrit de Tabbaye d'Hautvillers, dit évan-
géliaire d'Ébon. Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouverneur, 1881.
18 pages. (Extrait des Mémoires de la Société nationale des antiquaires de
France,)
266. Baffi (sac. Luigij. Ricerche sulla origine del fondatore délia
cattedra episcopale di Taranto, ed altro che intéressa la storia délia
medesima Ghiesa. Taranto, Latronico, 1880. 90 p.
267. Barbier de Montault (X.). Description iconographique de
quelques fers à hosties de l'Anjou. Angers, Germain et Grassin. 20 p.
(Extrait de la Revue de V Anjou,)
268. Baye (J. de). Sépultures franques de Joches (Marne). Paris,
Didier. 12 pages, figures et pi. (Extrait de la Revue archéologique,
novembre 1880.)
269. Bech (Fedor). Verzeichniss der alten Handschriften und Drucke
in der Domherren-Bibliothek zu Zeitz aufgestellt und mit einem Vor-
worte zur G^schichte der Bibliothek versehen. Berlin, Weidmann,
1881. In-4, xi-58 p. 5 m.
270. Benoît (A.). Quelques Mots sur les abbayes de Moyenmoutier et
de Senones en 1759. Saint-Dié, impr. Humbert. 6 p. (Extrait du Bulle-
tin de la Société philomathique vosgienne, 1880-1881.)
271. Bent (J, Théodore). Genoa, how the republic rose and fell. With
eighteen illustrations. London, G. Kegan Paul, 1881. xx-420p. 18 s.
224
272. Bérenqibr (dom Th.). Tableau historique du monachisme occi-
dental. Le Mans, impr. Monnoyer. xl-7 p.
273. Bertolotti (A.). Artisti belgi ed olandesi a Roma nei secoli xvi
e XVII. Notizie e documenti raccolti negli archivi romani. Firenze, Gaz-
zetta d'Italia. 429 p.
274. Bibliograiia romana. Notizie délia vita e délie opère degli scrit-
tori romani dal secolo xi hno ai nostri giorni. Vol. I. Roma, tip. Botta,
1880. In-4, GLXxiii-266 p. (Ministero di agricoltura, industria e com-
mercio. Direzione di statistica.)
275. BiscHOFF (Fritz) . Der Gonjunctiv bei Ghrestien. Halle a. S., Max
Niemeyer, s. d. iv-126 p. 3 m. 60 pf.
276. BoNNARDOT (Hippolytc). L'Abbaye royale de Saint-Antoine-des-
Ghamps, de l'ordre deGîteaux. Paris, Didier. 19 p. (Extrait delà Revue
archéologique, décembre 1880.)
277. Bosio (G. T. Antonio). Memorie storico-religiose e di belle arti
del duomo e délie altre chiese di Ghieri, con alcuni disegni. Torino,
libreria San-Giuseppe, 1880. 428 p.
278. Boucher de Molandon. Documents Orléanais du règne de Phi-
lippe-Auguste. Statuts donnés aux tisserands d'Orléans. Limites de la
juridiction de l'évêque d'Orléans à Pithiviers. Enquête sur des droits
d'usage dans la forêt. Le donjon royal, dit la Tour-Neuve ; sa recons-
truction, ses souvenirs. Orléans, Herluison, 1881. 30 p.
279. BouREULLE (de). Les Gomtes de Neufchâtel, seigneurs de Ghâtel-
sur-Moselle et autres lieux (xiv«-xv« siècles). Saint-Dié, impr. Humbert.
15 pages. (Extrait du Bulletin de la Société philomathique vosgienne,
1880-1881.)
280. BouRQAiN (L.). La Ghaire française au xii« siècle, d'après les
manuscrits. Paris, Palmé, 1881. x-399 p.
281. Brantôme (Pierre de Bourdeille, seigneur de). Œuvres complètes.
Publiées d'après les manuscrits, avec variantes et fragments inédits,
pour la Société de l'histoire de France, par Ludovic Lalanne. Tome X.
Opuscules et pièces diverses; lexique; poésies inédites publiées par le
docteur E. Galy. Paris, Loones. 518 p. 9 fr.
282. Breton (the) Glosses at Orléans. Edited by Whitley Stokes. Gal-
cutta, 1880. ix-77 p. (Non mis dans le commerce.)
283. Brunetière (Ferdinand). La Langue et la littérature françaises au
moyen âge. Montpellier, impr. Hamelin. 24 p. (Extrait de la Revue des
langues romanes.)
284. Buchler (Ghristian). Die Kacheloefen in Graubiinden au s dem
XVI. bisxviii. Jahrhundert. Eine kunst- und kulturgeschichtliche Studie,
225
Zurich, Gaesar Schmidt, 1881. Gr. in-4, 44 p., 6 planches en couleur
par G. G. Hofer. 9 fr. 50 c.
285. Bulletin d^histoire ecclésiastique et d'archéologie religieuse du
diocèse de Valence. 1"* année, 1'® livraison, septembre-octobre 1880.
Romans, au secrétariat du comité de rédaction, 48 p. (Paraît tous les
deux mois.) Un an, 3 fr.
286. Cahiers des états de Normandie sous le règne de Henri IV,
documents relatifs à ces assemblées, recueillis et annotés par Gh. de
Robillard de Beaurepaire. Tome I (1589-1601). Rouen, Métérie. 367 p.
(Publications de la Société de l'histoire de Normandie.)
287. Ganditto (le comte A.-E. de). Jacob de Barbari et Albert Durer.
La vie et l'œuvre du Maître au caducée, ses élèves, Durer, Titien,
Marc-Antoine, Mabuse, Marguerite d'Autriche. Catalogue et prix de
ses quarante- trois gravures. Bruxelles, Van Tricht. 583 p. et 2 portraits
12 fr. 50 c.
288. Gantare (el) di Fierabraccia etUliuieri. Italienische Bearbeitung
der chanson de geste Fierabras. Herausgegeben von E. Stengel. Voraus-
geschickt ist eine Abhandlung von G. Buhlmann : Die Gestaltung der
chanson de geste Fierabras im Italienischen. Marburg, Elwert, 1881.
XLni-191 p. (Ausgaben und Abhandlungen aus dem Gebiete der roma-
nischen Philologie. Veroeffentlicht von E. Stengel. II.) 8 m.
289.' Garon (N.-L.). Michel Le Tellier, son administration comme
intendant d'armée en Piémont (1640-1643), manuscrits inédits de la
Bibliothèque nationale, copies du temps. Paris, Pedone-Lauriel. In-18,
GLxix-328 p. 5 fr.
290. Gartulaire de la commune de Dinant, recueilli et annoté par
Stanislas Bormans. Tome II, 1450-1482. Namur, Wesmael-Gharlier.
380 p. (Documents relatifs à l'histoire de la province de Namur, publiés
par ordre du conseil provincial.)
291. Gastan (Auguste). Notice sur les tombeaux des archevêques de
Besançon Thiébaud de Rougemont Bt Quentin Ménard. Besançon,
impr. Dodivers. 19 p. (Extrait des Mémoires de la Société d'émulation du
, Doubs, 12 juillet 1879.)
292. Gastan (Auguste), La Retraite de Gaston d'Orléans en Franche-
Gomté et ses trois séjours à Besançon en 1631 et 1632. Besançon, impr.
Dodivers. 51 p. (Extrait des Mémoires de la Société d'émulation du Doubs,
1877-1879.)
293. Ghabrand (le D'). Les Escoyères en Queyras. Grenoble, Drevet,
1881. In-12, 15 p. (Extrait du journal le Dauphiné.)
294. Ghabrand (le D'). La Famille Videl. G-renoble, impr. Dupont,
1880. 10 p. (Extrait du Bulletin de V Académie delphinale, 3" série, t. XV.)
15
226
295. Ghérancé (le H. P. Léopold de). Saint François d'Assise (1182*
4226). 2« édition, avec portrait. Paris, Poussielgue. In-i8, xix-S32 p.
(Bibliothèque franciscaine.)
296. Ghébuel (A.). Dictionnaire historique des institutions, mœurs et
v, coutumes de la France. 5« édition. Paris, Hachette. 2 vol. in-18 à 2 col.,
LXxvi-568, 709 p. (Histoire universelle, sous la direction de M. V. Dnniy.)
12 fr.
297. Chevalier (Ulysse). François Pétrarque, bio-bibliographie. Mont-
béiiard, impr. Hotlmann. 16 p. (Extrait du Répertoire des sources hisUh-
riques du moyen âge, 4« fascicule.)
298. Ghiappelli (Luigi). Vita e Opère giuridiche di Gino da Pistoia,
con molti documenti inediti. Ricerche. Pistoia, Bracali, 1881. 240 p. 3 1.
299. Glaessens (P.). Histoire des archevêques de Malines. Louvain,
Peeters. 2 vol., 392, 244 p.
300. Gocheris (Hippolyte). Origine et formation de la langue française.
Notions d'étymologie française. Origine et formation des mots, racines,
préfixes et suffixes. (Programme du 2 août 1880. Classes de troisième,
seconde et rhétorique.) Paris, Delagrave. In-12, 394 p.
301. Godex Gumanicus bibliothecœ ad templum Divi Marci Yenetia-
rum. Primum ex intègre edidit, prolegomenis notis et compluribus
glossariis instruxit comes Géza Kuun. Budapestini, editio scient. Aca-
demiae Hung., 1880. gxxxiv-395 p.
302. GoMBiER (A.). Le Palais de justice de Laon. Laon, impr. CSortil-
liot. 43 p.
303. Gomptes des bâtiments du roi sous le règne de Louis XI Y,
publiés par M. Jules Guiffrey. Tome I: Golbert (1664-1680). Paris, impri-
merie nationale. In-4 à 2 col., lxxiv-1533 p. (GoUection de documents
inédits sur Thistoire de France, 3® série, archéologie.)
304. Coutumes et usages des étangs de la Bombes et de la Bresse, par
M. Gh. Rivoire et autres auteurs, réunis, mis en ordre, annotés et
suivis de la bibliographie des étangs et d'un tableau des mesures
locales, par A. Truchelut, expert-géomètre. Bourg, impr. Authier et
Barbier. 172 p. (Publication du comité des géomètres des arrondisse-
ments de Bourg et de Trévoux.)
305. GoYETTE (l'abbé A.). La Paroisse du Saint-Sépulcre d'Abbeviiie,
etc., avec appendices, notes et pièces nombreuses. Abbeviile, impr.
Paillart, 1880. In-18, xxii-557 p.
306. GuissARD (Gh.). Documents inédits sur Abélard, tirés des mss.
de Fieury conservés à la bibliothèque publique d'Orléans. Orléans,
impr. Golas. 47 p.
227
307. Dbhaisnes (C). Inventaire-sommaire des archives communales
de la ville de la Bassée (département du Nord) antérieures à 1790. Lille,
impr. Danel. Gr. in-4 à 2 col., v-109 p.
308. Deloche (M.). Explication d'une formule inscrite sur plusieurs
monnaies mérovingiennes. Paris, Didier, 8 p. (Extrait de la Revue
archéologique, septembre 1880.)
309. DELPrr (Jules). Catalogue des manuscrits de la bibliothèque
municipale de Bordeaux. Tome I. Bordeaux, imprimerie Delmas. In-4,
xxxm-464 p.
310. Demay (G.). La Paléographie des sceaux. Paris, imprimerie
nationale. 77 p. avec figures.
311. Di un codice critico délia Biblia volgata, trascritto nel secolo xii.
Gon fotografie del codice stesso. Palermo, tip. Virzî. 25 p.
312. DiQOT (Paul). Léopold, duc de Lorraine, fondateur de Téglise
Saint-Sébastien de Nancy. Nancy, impr. Grépin-Leblond. In-12, 16 p.
313. DoiNEL (A.). Notice historique sur Alizay (légendes, notes et
statistiques diverses, catalogue de la bibliothèque scolaire). Évreux,
impr. Hérissey. 76 p.
314. DoLFiN (Alvise). Relazione sul capitaneato délia cittàdi Padova,
dal 10 dicembre 1623 al 17 maggio 1625. Padova, tip. Prosperini. 15 p.
(Per nozze Dolfin-Rocchetti.)
315. Dortmunder Urkundenbuch. Bearbeitet von Karl Riibel. Band I.
Erste Haelfte. (N» 1-547.) 899-1340. Dortmund, Koeppen, 1881 . vii-376 p.
9 m.
316. Double (Lucien). L'Empereur Gharlemagne. Paris, Fischbacher.
In-18, xviii-291 p.
317. DouET d'Argq (L.). Inventaire après décès des biens meubles de
M« Pierre Gardonnel, chanoine de Notre-Dame de Paris (1438). Paris.
28 p. (Extrait du tome VII des Mémoires de la Société de l'histoire de
Paris et de l'Ile-de-France. Ne peut être mis en vente.)
318. DupuY (Ant.). Histoire de la réunion de la Bretagne à la France.
Tome II. Paris, Hachette, 1880. 502 p. 7 fr. 50 c.
319. DuvAL (Louis). La Louve d'Alençon. Mabille de Bellôme dans
le roman et dans Thistoire. Alençon, impr. Marchand-Saillant. In-12,
16 p.
320. Eine italienische prosaversion der sieben weisen. Nach einer
Londoner handschrift zum ersten maie herausgegeben von Hermann
Varnhagen. Berlin, Weidmann, 1881. xvi-39 p. 2 m.
321. Eximplis. RecuU de eximplis é miracles, gestes é fabules éaltres
ligendes ordenades per A. B. G., tretes de un manuscrit en pergamî del
'ZtjtTienç^nu^xn del <egie xt. ara per primera volca «stampades. S. L n. d.
' BarcftLrjna. !VM).> .i^ii p. ^ r.
:yr2. Eir>Mite dfi lile de J<*rw»y. !<5*y7. Jacques L Jersey, C. Le Pean*,
lîJ*»). In-L xxxn-[3ô p. (Société jersiaise. Ehiblicatioa 5*.>
.?^^ FLO«iA5-VALLC3fTni. ï^^y^fi^enf» archèoIiDfnqaes fiûtes en Daa-
phiae p^nda^nt l'aanei? 1^TI>. Grenoble, impr. Daponc, 1880. 35 pa^es.
/Extrait di Bulletin 4e l'Aradtmie deiphinale, 3« série, t. XV.)
3^4, FoiCELLA Vincenzo^. Catalofzo dei manoscritti rignardand la
storia di Ho ma che §i a>Q.^rvano neUa biblioleca Vaticana. Vol. II.
Roma, Bocca, Iw). ii6p. 15 I.
3^>. Foft505r lEIiai. ÂppuQti «alla vecchia bosilica di Santa Sfaria.
Ma^giore di Eiergamo. Bergamo. tip. GafTari e Gatti. In-foL, ^ P*ses,
i planches.
3^. Fornr^ATi ( Venanti Honori Clementianii presbyteri Italid Open
poetica. heceosuit et emendavit Fridericos Léo. Berolini. Weidmaiin,
18^1, Ia-4, xxTrn'42T p. iMonnmenta Germaniae historica. Anctorom
aQtiqai£ftimonim tomi IV pars priori 12 m.
327. Frammento di cronaca inedita del sec. xvn relativo al card.
Marco Delfino, pubblicato per nozze Dolfin-Rocchetti. PadoTa, tip.
Prosperini. 12 p.
328. Fbeexax /Edward A.j. The Historical Geography of Europe.
I»ndon, I»Dgmans, 1881. 2 vol., xlii-604, viu p.,LXV cartes. 1 1. 1 s. 6 d.
320. Gauthieb (Jnles). Les Documents franc-comtois des archives de
Neufchàtel fSui.sse). Besancon, impr. Dodivers. 43 p. (Extrait dn Bul'-
Utin de l'Académie de Besançon, 19 décembre 1879.)
330. Geoffray (Stéphane). Iconographie des départements. Documents
ponr ser\'ir à l'histoire et à la connaissance du travail et de la richesse
en France ; fac-similés et reproductions photographiés sur nature et sur
pièces originales inédites (topographie, archéologie, architecture, indus-
trie, arts et métiers, histoire politique et littéraire, religieuse et mili-
taire, portraits, curiosités des collections particulières et publiques, etc.).
Livrai.son 1. Iconographie de la Loire. Fascicule 2. Roanne ancien.
Album n* i. Paris, Geoffray. ln-4, 7 p. et 5 planches dont 1 double.
331. Georges (l'abbé Etienne). Quelques Comtes de Brienne et Tabbaye
de Beaulieu d'après les pièces originales. Troyes, impr. Dufour-Bou-
quot. 23 p. (Extrait de VAnniuiire de l'Aube, année 1880.)
332. Germain (A.). L'École de médecine de Montpellier, ses origines,
sa constitution, son enseignement. Etude historique d'après les docu-
ments originaux. Montpellier, impr. Martel, 1880. In-4, 152 p. (Extrait
des Mémoires de la Société archéologique de Montpellier.)
229
333. Germain (Léon). Recherches historiques sur la seigneurie de
Gons-la-Grranville. Jean I«' de Ternes, sire de Gons (1247-1258). Nancy,
impr. Grépin-Leblond. 32 p. et armoiries.
334. GoDEFROY (Frédéric). Dictionnaire de l'ancienne langue française
et de tous ses dialectes du ix«au xv« siècle, composé d'après le dépouil-
lement de tous les plus importants documents manuscrits ou imprimés
qui se trouvent dans les grandes bibliothèques de la France et de l'Eu-
rope et dans les principales archives départementales, municipales,
hospitalières ou privées. Tome I, fasc. 1-7. Paris, Vieweg, 1880-1881.
In-4 à 2 col., 552 p.
335. GoiFFON (l'abbé). Dictionnaire topographique, statistique et his-
torique du diocèse de Nîmes. Nîmes, Grimaud, Gervais-Bedot, Gatelan.
428 p.
336. GouiLLOuD (le P. André). Saint Eucher, Lérins et TÉglise de
Lyon au v* siècle. Lyon, Briday. x-564 p.
337. Gradbnioo (Pietro). Notizie del passagio per lo Stato veneto di
Enrico III, re di Francia, nelF anno 1574 (da un codice Marciano).
Yenezia. 16 p. (Pubbl. da Ant. Angeli per nozze Buvoli-Tedeschi.)
338. Grand (le) Bénitier de Saint-Agricol à Avignon, lettre à M. Joseph
Seguin, gérant du Bulletin historique, archéologique et artistique de Vau-
cluse, par le marquis de M. Avignon, Seguin. 7 p. (Extrait du Bulletin,
juillet 1880.)
339. GuiFFREY (J.). Note sur une tapisserie représentant Godefroy de
Bouillon et sur les représentations des preux et des preuses au xv« s.
Paris. 14 p. (Extrait des Mémoires de la Société nationale des antiquaires
de France, t. XL.)
340. GuiGUE (G.). Notice historique sur l'hôtel et la prison de Roanne,
le prieuré de Saint-Alban et le palais actuel de Lyon. Lyon, impr.
Mougin-Rusand. 19 p. (Extrait du Moniteur judiciaire, 12 juillet 1880.)
341. Guillaume (Paul). Recherches historiques sur les Hautes-Alpes.
1«* partie. Les maisons religieuses : 1» l'abbaye de Saint-Marcellin
d'Embrun; 2" la Novalaise et ses dépendances alpines. Gap, impr.
Jouglard, 1881. 95 p.
342. Guillaume (Paul). Relations de Louis XI et Charles VUE avec
Gap et Embrun d'après deux documents des archives départementales
des Hautes- Alpes. Paris, Alphonse Picard, 1881. 8 p. (Extrait du Bul-
letin d'histoire ecclésiastique et d*archéologie religieuse des diocèses de
Valence, Gap, Grenoble et Viviers, l***» année, 3« livraison.)
343. Hardy (E.). Bayard (1495-1514). Paris, Dumaine. 183 p., 28fig.
et portrait. (Études militaires historiques.) 4 fr.
V
230
344. Hardy (E.). Les Guerres de religion, de 1562 à 1594. Paris,
Dumaine. 199 p., 29 fig. (Études militaires historiques.) 4 fr.
345. Hardy (E.). Les Valois d'Angoulôme, de 1515 à 1589. Paris,
Dumaine. 466 p., 86 fig. (Études militaires historiques.) 8 fr.
346. Harnagk (Otto). Das karolingische und das byzantinische Reich
in ihren wechselseitigen politischen Beziehungen. Nebst einem Excurs
liber den officiellen oder privaten Ursprung der grossen karolingischen
Annalen. Goettingen, Peppmùller. 104 p. 2 m.
347. Hauréau (B.). Histoire de la philosophie scolastique. Seconde
partie. Paris, Pedone-Lauriel. 2 vol., 463, 495 p.
348. Hayet (Julien). L'Hérésie et le bras séculier au moyen âge
jusqu'au treizième siècle. Paris, Champion, 1881. 67 p. (Extrait de la
Bibliothèque de l'École des chartes, t. XLI, 1880.)
349. Heinemânn (Karl). Ueber das Hrabanische glossar. Halle, Max
Niemeyer, 1881. 92 p. 2 m. 40 pf.
350. Hénocque (Fabbé). Histoire de Tabbaye et de la ville de Saint-
Riquier : les saints, les abbés, le monastère et l'église, la ville et la
commune, etc. Tome I. Paris, Dumoulin. Li-4, xl-568 p. et planches.
(Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie. Documents inédits
concernant la province. Tome IX.)
351. Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par des
religieux bénédictins de la congrégation de Saint-Maur et continué par
des membres de TListitut (Académie des inscriptions et belles-lettres).
Tome XXVHL Suite du xrv^ siècle. Paris, imprimerie nationale. In-4,
xx-516 p.
352. Hoffmeister (Jacob Ghristoph Garl). Historisch-kritische Beschrei-
bung aller bis jetzt bekannt gewordenen hessischen Mïmzen, Medaillen
u. Marken in genealogisch-chronologischer Folge. IV. Band. Hannover,
Garl Meyer, 1880. In-4, xxiv-456 p. 30 m. (On a compris dans ce
volume une réimpression du vol. III, qui avait été tiré à petit nombre.)
353. Irish (the) Passages in the Stowe missal, with some notes on
the Orléans glosses. Edited by Whitley Stokes. Calcutta, 1881. 22 p.
(Non mis dans le commerce.)
354. Jean et Joachim de Boisjourdan (1505-1577). Mamers, impr.
Fleury et Dangin. 16 p.
355. Jobbé-Duval (E.). Étude historique sur la revendication des
meubles en droit français. Paris, Larose, 1880. 254 p.
356. Journal d'un bourgeois de Paris (1405-1449), publié, d'après les
manuscrits de Rome et de Paris, par Alexandre Tuetey. Paris, Cham-
pion, 1881. xLiv-419 p. (Publication de la Société de Thistoire de Paris
et de rile-de-France.)
234
357. Klockhoff (Oskar). Studier ôfver Eufemia Visarnar. Upsala
Universitets Arsskrift, 1881 : Filosofi, Sprâkvetenskap och historiska
Vetenskapen, I. Upsala, 1881. 86 p.
358. Landes-Zeughaus (Das) in Graz. Herausgegeben von der Vor-
stehung des Munzen- und Antiken-Gabinetes am St. L. Johanneum.
Leipzig, Brockhaus, 1880. In-4, v-176-XLvn-151 p., xliii planches. 60 m.
359. Lanqerogk (P.), Hougkb (A. van). Anciennes Gonstructions en
Flandre. Oude Bouwwerken in Vlaanderen. l'« année, l"» et 2* livrai-
sons. Gand, Stepman, 1881. xx planches.
360. Le Gharpentier (H.). Essai historique sur Tancienne corporation
des bouchers de Pontoise. Pon toise, impr. Paris. 27 p.
361. Le Fizelier (Jules). Anne de Laval, princesse de la Trémoille
(1505-1553). Mamers, impr. Fleury et Dangin. 37 p. (Extrait de la
Revue historique et archéologique du Maine, t. VIII, 188().)
362. Lefizelier (Jules). Description de Téglise de Montaudin, canton
de Landivy (Mayenne). Note rédigée pour V Inventaire des richesses d'art.
Laval, impr. Moreau. 5 p. avec un dessin par Dousdebès. (Extrait des
Procès verbaux et documents de la commission historique et archéologique
de la Mayenne.)
363. Lehr (Ernest). La Handfeste de Fribourg-dans-l'IJechtland de
l'an MCCXLix. Lausanne, Benda, 1881. vi-146 p., 1 planche. 8 fr.
364. Lévesque (Louis). Notes sur Saint-Maixent. Le campus Vocla^
densis. Dissertation sur le champ de bataille de 507. Niort, impr.
Robichon, 1880. 35 p. 2 fr.
365. Lexer (Matthias). Mittelhochdeutsches Taschenwoerterbuch mit
grammatischer Einleitung. Zweite Auflage mit Nachtraegen. Leipzig,
Hirzel, 1881. xxin-420 p. 4 m.
366. Libri citationum et sententiarum seu Knihy pûhonné a nâlezové.
Tomus m. Pars altéra. Qua continentur : Pûhony Olomucké 1437-1448.
Edidit Vincentius Brandi. Brunœ, sumptibus deputationis marchionatus
Moraviœ, 1880. P. 425-732.
367. LoisEAu (A.), fiistoire de la langue française, ses origines et son
développement jusqu'à la fin du xvi« siècle. Paris, Thorin. iv-538 p.
368. LoiSELEUR (Jules). Les Nouvelles Gontro verses sur la Saint-Bar-
thélémy. Paris, Germer Baillière. 30 p. (Extrait de la Revue historique,
janvier 1881.)
369. LoNGNON (Auguste). Notes sur la géographie de la Gaule. Nogent- n^
le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouverneur. P. 13-26*
370. Maggiolo (L.). Simples Notes pour servira l'histoire de la carto-
232
graphie en Lorraine du xv* au xix' siècle. Nancy, impr. E^rger-Levrault*
12 p.
371. Maignien (Edmond). Raoul de Vienne, sire de Louppy, gouver-
neur du Dauphiné (oct. 1361-8ept. 1369). Grenoble, impr. Dupont, 1881.
36 pages. (Extrait du Bulletin de l'Académie delphinale, 3' série, t. XVI,
1880.)
372. Malte-Brun (V.-A.). Le Mont Renaud, ancienne chartreuse de
Noyon, dite du Mont Saint-Louis. Notice historique. Paris, Champion.
27 p. et 2 pi.
373. Mancbaux (l'abbé), curé d'Hautvillers. Histoire de l'abbaye et du
village d'Hautvillers. Épernay, impr. Doublât. 3 volumes, vm-615, 599,
637 p.
374. Mantels (WilhelmK Beitraege zur lûbisch - hansischen Gre-
schichte. Ausgewaehlte historische Arbeiten. Jena, Gustav Fischer,
1881. xxxi-391 p., 1 pi. 8 m.
375. Marsy (le comte A. de). La Monographie de la cathédrale de Lyon
par M. L. Bézule. Compte rendu bibliographique. Arras, libr. du Pas-
de-Calais; Paris, Dumoulin. 12 p. (Extrait delà Revue de Vart chrétien.)
376. Martonne (A. de). Rapport sur les archives du département de
la Mayenne, présenté au conseil général (session d'août 1880). Laval,
impr. Moreau. 18 p.
377. Mazzei (ser Lapo), notaro. Lettere a un mercante del secolo xiv,
con altre lettere e document!, per cura di Cesare Gruasti. Firenze, Le
Monnier, 1880. 2 vol. in-16, cxLm-443, 465 p. 8 1.
378. Mittheilungen des k. k. Kriegs-Archivs. Herausgegeben von der
Direction des Kriegs-Archivs. l. Mit zwei Tafeln. Wien, R. v.
Waldheim, 1881. 130 p., 2 cartes. 7 fl.
379. MoLiNiER (Auguste). Description de deux manuscrits contenant
la règle de la militia Passionis Jhesu Christi de Philippe de Mézières.
Gênes, impr. de l'institut royal des sourds-muets, 1881. 32 p. (Extrait
des Archives de l'Orient latin, t. I, p. 335-364.)
380. Morel-Fatio. Catalogue des manuscrits espagnols de la Biblio-
thèque nationale. Livraison 1. Paris, imprimerie nationale. In-4 à 2 col.,
243 p. (Sera complet en 2 livraisons.)
381. MoRLAis (M.). De vita et scriptis Roberti de Torinneio, abbatis
in Monte Sancti Michaelis. Thesim proponebat Redonensi litterarum
facultati. Paris, Thorin. x-91 p.
382. MouLARD (P.)/ Analyse des registres paroissiaux et de l'état civil
de Sougé-le-Ganelon (Sarthe). Le Mans, Lebrault. 80 p. 1 fr. 50 c.
233
383. MuECKE (A.). Kaiser Otto II. undOttoIII. Halle, Buchhandlung
des Waisenhauses, 1881. vi-122 p. (Erzaehlungen aus dem deutschen
Mittelalter. Herausgegeben von Otto Nasemann. VIII.) 1 m. 20 pf.
384. NiBPCE (Léopold). Les Titres de la noblesse ancienne et moderne
du Lyonnais, transcrits sur les registres de la cour d*appel de Lyon
<1808-1858). Lyon, Georg. vm.244 p.
385. NoBBB (Heinr. F. A.). Gerhoh von Reichersberg. Ein Bild aus
dem Leben der Kirche im 12. Jahrhundert. Leipzig, Boehme, 1881.
vni-180 p.
386. f^OEL (Octave). Étude historique sur Torganisation financière de
la France. Paris, Charpentier. In-18, xi-504 p., 2 cartes. (Bibliothèque
Charpentier.) 3 fr. 50 c.
387. Oesterley (Hermann). Historisch-geographisches Woerterbuch
des deutschen Mittelalters. Lief. 1, 2. A-Engabrunn. Gotha, Justus
Perthes, 1881. 160 p. 4 m. 80 pf. (L'ouvrage paraîtra en 12 livraisons
environ, à 2 m. 40 pf., et sera terminé en 1882.)
388. Oliver (Bienvenido). Historia del derecho enCataluna, Mallorca
y Valencia. Côdigo de las costumbres de Tortosa. Tomo IV (y ûltimo).
Madrid, Murillo, 1881. xxiv-574 p. 60 r.
389. Pace (la) del 26 agosto 1157 tra i Monseliciani e i Pernumiani.
Lettera di Andréa Gloria, con documento inedito. Padova, t^rosperini.
23 p. (Per nozze Dolfin-Rocchetti.)
390. Paris (Gaston). Inventaire des manuscrits en langue française
possédés parFrancesco Gonzagal®', capitaine de Mantoue, mort en 1407.
Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouverneur. 18 p. (Extrait de la
Romania, t. IX.)
391. Peinligh (Richard). Chronistische Uebersicht der merkwurdigsten
Naturereignisse, Landplagen und Gulturmomente der Steiermark vom
Jahre 1000 bis 1850. Graz, Leykam-Josefsthal, 1880. 1 tableau in-fol.
piano. 1 fl.
392. Pentateuchi Versio Latina antiquissima e codice Lugdunensi.
Version latine du Pentateuque antérieure à saint Jérôme, publiée d'après
lé ms. de Lyon, avec des fac-similés, des observations paléographiques,
philologiques et littéraires sur l'origine et la valeur de ce texte, par
Ulysse Robert. Paris, Didot, 1881. In-4, cxliv-341 p.
393. Piqeotte (Léon). Les Anciens Seigneurs de Beaufort, aujourd'hui
Montmorency (Aube). Troyes, impr. Dufour-Bouquot. 32 p. (Extrait de
V Annuaire de l'Aube, 1881.)
394. Piper (Paul). Die Verbreitung der deutschen Dialekte bis um
234
datf Jahr 1300. Auf Grund der alten Sprachdenkmaeler bearbeitet
uad kartographisch dargestellt. Mit einer Karte im Maasstabe von
1 : 4,700,000. Zweite Auflage. Lahr, Schaaenburg, 1881. 8 p., 1 carte.
(Extrait de la Zeiischrift pUr unssenschaftliche Géographie de Kettler, I, 4.)
HOpf.
395. Pootae Latini aevi Garolini. Recensuit Ernestus Duemmler.
Tomi I pars prior. Berolini, Weidinann, 1880. In-4, 392 p. (Monumenta
Oermaniae historica.) 10 m.
396. PossE (Otto). Die Markgrafen von Meissen und das Haus WeUin
bis zu Konrad dem Grossen. Mit 4 Stammtafeln und 8 Karten. Leipzig,
Giesecke und Devrient, 1881. xv-464 p. 9 m.
397. PouGHET (J.). Excursion au pic Saint-Loup et aux ruines du
château de Montferrand. Avec une photographie et un croquis de
Montferrand et une coupe de la région de Saint-Loup. Montpellier, impr.
Boehm. 39 p. (Extrait du Bulletin de la Société languedocienne de
géographie, décembre 1880.)
398. Prosaroman (Der) von Joseph von Arimathia. Mit einer Einlei-
tung ueber die handschriftiiche Ueberlieferung herausgegeben von
Georg Weidner. Oppeln, Eugen Franck, 1881. lxv-148 p.
399. Prost (Aug.). Étude sur le régime ancien de la propriété. La
vesture et la prise de ban à Metz. Paris, Larose. 253 p. (Extrait de la
Nouvelle Revue historique de droit français et étranger, 1880.)
400. Prudhomme (A.). Notice historique sur la ville de Bourgoin.
Vienne, Savigné, 1881. 35 p., 1 pi. (Extrait de la Revue du Dauphinê et
du Vivarais, 1880.)
401 . PuECH (le docteur Albert). Les Pharmaciens d'autrefois à Nîmes,
étude historique d'après les documents inédits. Paris, Savy. 180 p.
(Extrait des Mémoires de V Académie de Nimss, 1879.) 4 fr.
402. Raverat (le baron). Notre vieux Lyon. Promenades historiques
et artistiques dans les quartiers de la rive droite de la Saône. Lyon,
impr. Meton. 243 p. 5 fr.
403. Reoet (L.). Dictionnaire topographique du département de la
Vienne, comprenant les noms de Lieu anciens et modernes, rédigé sous
les auspices de la Société des antiquaires de l'Ouest. Paris, imprimerie
nationale. In-4 à 2 col., xxxvi-530 p. (Dictionnaire topographique de la
France.)
404. Renard (Ath.). La Patrie de Jeanne d'Arc. Langres, Dangien.
In-12, 15 p.
405. Revillout (Gh.). Un Voyatgeur dauphinois resté inconnu, Antoine
235
de Brunel, seigneur de Saint-Maurice-en Trievès (1622-1696). Grenoble,
impr. Dupont, 1880. 38 p. (Extrait du Bulletin de VAcadémie delphinale,
3« série, t. XV.)
406. Richard (rabbé). Notice sur le château de Ghauvillers. Besan-
çon, impr. Dodivers. 8 p. (Extrait du Bulletin de l'Académie de Besançon,
16 décembre 1879.)
407. Richard (Alfred). Étude critique sur les origines du monastère
de Saint-Maixent. En quel lieu il a été édifié. Son premier nom. Saint-
Maixent, impr. Reversé. 47 p.
408. Richard (Jules-Marie). Une Conversion de rente à Arras en 1392.
Nogent-le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouverneur, 19 p. (Extrait de la
Bibliothèque de l'École des chartes, t. XLI.)
409. RiouLT DE Neuville (le vicomte L.). Les Barons d^Orbec. Gaen,
Le Blanc-Hardel. In-4, 60 p. (Extrait du 30* volume des Mémoires de la
Société des antiquaires de Normandie,)
410. RoBiLLARD DE Beaurepaire (Gh. oe). Livontaire-sommalre des
archives de la ville de Rouen antérieures à 1790. Série A (1'® série).
Délibérations. Rouen, impr. Lecerf. Gr. in-4 à 2 col., p. 81-240.
411. Rolle (Fortuné). Liventaire-sommaire des archives hospitalières
antérieures à 1790. Ville de Lyon : la Gharité, ou Aumône générale.
T. IV, sériesEàH. Lyon, Brun. Gr. in-4 à 2 col., 566 p.
412. Roman (Joseph). Jetons du Dauphiné. Grenoble, impr. Dupont,
1880. 46 p. (Extrait du Bulletin de VAcadémie delphinale, 3« série,
t. XV.)
413. Roman (Joseph). Recherches sur l'emplacement de la civitas et
de révêché Bigomagensium (province ecclésiastique d'Embrun). Grenoble,
impr. Allier. 55 p.
414. Rothenberg (Ismar). De suffixarum mutationein lingua Franco-
gallica. Dissertatio inauguralis. Berolini, 1880. 92 p.
415. Rotuli scaccarii regum Scotorum. The Exchequer Rolls of Scot-
land edited by George Burnet. Vol. IV. A. D. 1406-1436. Edinburgh,
H. M. gênerai register house, 1880. gcxiv-783 p. (Séries of chronicles
and memorials published by authority of the lords commissioners of
H. M. treasury under the direction of the deputy clerk-register of
Scotland.)
416. Sagher (Frédéric). Bibliographie de la Bretagne, catalogue géné-
ral des ouvrages historiques, littéraires et scientifiques parus sur la
Bretagne, avec la liste des revues publiées en cette province, les prix
approximatifs des volumes rares, etc. Rennes, Plihon. vi-236 p.
236
417. Sassi (Daniele). L'Istnizione pubblica in Torino dal 1300 al 1S80.
Torino, V. Bona. 97 p.
418. Sautereau (P.-B.). Notice historique sur Sombernon. Giteaux,
libr. Saint-Joseph. 216 p.
419. ScHiEFFER (Enrico). Giovanni Mirallieti e Ludovico Brea, pittori
celebri nizzardi del xv» secolo, descritti. Nizza, tip. Yiterbe. In-i8,
32 p.
420. Sghanz (Georg). Englische Handelspolitik gegenEnde des Mittel-
alters mit besonderer Berûcksichtigung des Zeitalters der beiden ersten
Tudors Heinrich Vil. und Heinrich VIII. Gekroente Preisschrift.
Leipzig, Duncker und Humblot, 1881. 2 vol., î:ix-684, xni-672 p. 32 m.
421. Sdralek (Max). Hinkmars von Rheims kanonistisches Gutachten
ûber die Ehescheidung des Koenigs Lothar II. Ein Beitrag zur Kirchen-,
Staats- und Rechts-Geschichte des ix. Jahrhunderts. Freiburg im
Breisgau, Herder, 1881. xi-199 p. 3 m.
422. Sébillot (Paul). Littérature orale de la Haute-Bretagne. Tradi-
tions, légendes, chansons, proverbes, devinettes, superstitions. Paris,
Maisonneuve. In-12, xn-409 p. (Les Littératures populaires de toutes
les nations, tome I«'.)
423. Sélections from the records of the city of Oxford, with extracts
from other documents illustrating the municipal history : Henry VIII.
to Elizabeth, 1509-1583. Edited, by authority of the corporation of
the city of Oxford, by W^illiam H. Turner, under the direction of
Robert S. Hawkins. Oxford and London, Parker, 1880. xl-478 p.
L. 1, 1 s.
424. SiCKEL (Th.). Kaiserurkunden in Abbildungen herausgegeben von
H. V. Sybel und Th. Sickel. Eine Selbstanzeige. Innsbruck, Druck der
Wagner'schen Universitaets-Buchdruckerei , 1881. 23 p. (Extrait des
Mittheilungen des Instituts fur oesterreichische Geschichtsforschung, II,
p. 310-330.)
425. Singulières (les) Merveilles du vieux Nancy. Le portail des
Sœurs grises, gravé par G. Lapaix, d'après une estampe de D. GoUin,
graveur du roi de Pologne, extraite des Mémoires de l'Académie de la
ville neuve de Nancy. Notice par Gh. Gourbe. Nancy, impr. Grépin-
Leblond. In-4, 23 p. et 2 grav. (Extrait du Journal de la Société d'ar--
chéologie lorraine.)
426. Sir Orfes, ein englisches feenmaerchen aus dem mittelalter mit
einleitung und anmerkungen herausgegeben von D"" Oscar Zielke.
Breslau, Koebner, 1880. v-137 p. 4 m.
237
427. SiRET (Adolphe). Dictionnaire historique et raisonné des peintres
de toutes les écoles depuis Torigine de la peinture jusqu'à nos jours.
Contenant : 1° un abrégé de l'histoire de la peinture chez tous les
peuples ; 2® la biographie des peintres par ordre alphabétique avec dési-
gnation d'école; 3' Tindication de leurs tableaux principaux avec dési-
gnation des lieux où ils se trouvent; 4* la caractéristique du style et de
la manière des peintres ; 5« le prix auquel ont été vendus les tableaux
dans les ventes célèbres des trois derniers siècles, y compris le xix«;
6* huit cents monogrammes environ ; 7' les listes chronologiques, par
école, des artistes cités. i'« livr., A-GEN. Louvain, Peeters ; Bruxelles.
192 p. à 2 col. 7 fr. 50 c.
428. SoiRiBR d'Evires (de). Notice historique sur l'organisation de la
justice et de la magistrature en Tarentaise du xii« au xix* siècle. Gham-
béry, impr. Châtelain. 36 p. et planche.
429. Soyez (E.). Nicolas Cornet, grand maître du collège de Navarre,
esquisse biographique. Amiens, Delattre-Lonoel, 1880. In-4, 197 p. et
portrait.
430. Sposalizio (lo) di Flos con Floris : novella cavalleresca inedita
del secolo xv, pubbl. da Zambrini Francesco per nozze Tessier-Bressa-
nin. Imola, tip. Galeati. 18 p.
431. Tableau général de l'élection de Chaumont et Magny en 1772,
publié par Alfred Potiquet. Magny-en-Vexin, Bourgeois. 61 p. et carte.
432. TAinzEY de Larroque (Philippe). De la correspondance inédite
de dom B. de Montfaucon. Paris, Champion, Picard, 1879. 32 pages.
(Extrait de la Revue de Gascogne.)
433. TosELLi (G. B.). Raccolta di vari documenti suUa storia di
Nizza. Nizza, tip. Gauthier. In-18, 200 p.
434. Transactions (the) of the Royal Irish Academy. Irish manu-
script séries. Volume I. Part I. On the calendar of Oegus. By Whitley
Stokes. Dublin, the Academy, 1880. In-4, 41-cccLn p.
435. Trois (les) Cartulaires de la prévôté ou abbaye de Saint-Martin,
à Ypres. Tome I®**. Bruges, impr. De Zuttere-Van Kersschaver. In-4,
424 p. (Publication de la Société d'émulation de la Flandre.)
436. Visite de Thomas Platter à Nîmes et au pont du Gard (févr. 1596),
précédée d'une lettre de M. Jules Bonnet à M. Meynard-Auquier.
Nîmes, Peyrot-Tinel. 16 p. (Extrait des Mémoires de l'Académie de
Nîmes, 1878.)
437. Vitae (Die) sancti Liudgeri. Herausgegeben von D' Wilhelm
Diekamp. Miinster, Theissing, 1881. Gxxii-330p. (Die Geschichtsquellen
.*
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CHRONIQUE ET MÉLAN&ES.
Par arrêté du 2 mai 1881, M. Tardif, professeur de droit du moyen
âge à rÉcole des chartes, est autorisé à se faire suppléer, pendant le
second semestre de l'année scolaire 1880-1881, par M. Paul VioUet,
archiviste paléographe.
— Le 25 mars, notre confrère M. Gaston Paris a été élu, par
TAcadémie des inscriptions et belles-lettres, membre de la commission
de V Histoire littéraire de la France et membre du conseil de perfection-
nement de rÉcole des chartes, en remplacement de M. Paulin Paris.
— Par arrêté du 25 mars, nos confrères MM. Gerbaux et Omont ont
été nommés surnuméraires à la Bibliothèque nationale, le premier au
département des imprimés, le second au département des manuscrits.
— Par arrêté du 19 avril, notre confrère M. Élie Berger a été nommé
archiviste auxiliaire à la section législative et judiciaire des Archives
nationales.
— Notre confrère M. Didier-Neuville a été nommé commis de seconde
classe aux archives du ministère de la marine.
— A l'occasion de la réunion des délégués des sociétés savantes à la
Sorbonne, notre confrère M. Vetault, bibliothécaire de la ville de Rennes,
a été nommé officier d'académie.
— Notre confrère M. Ernest Meunier du Houssoy a été nommé second
secrétaire d'ambassade à la Haye.
SOCIÉTÉ DES ANCIENS TEXTES FRANÇAIS.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE DU 27 DÉCEMBRE 1880.
Discours de M, de Montaiglon, président.
Messieurs,
Le vieux roi de Pologne, prenant un soir congé d'une jeune dame de
sa cour, lui dit, en la quittant, ce très joli mot : Mon chancelier vous dira
le reste, A la fin de la présidence dont vous m'avez honoré, je serais,
dans un autre sens, et sans que nous ayons le moindre chancelier, dis-
posé à reprendre le mot de Stanislas.
Votre secrétaire vous parlera des volumes qui sont prêts, des volumes
qui sont en train, de ceux qui se préparent ; votre trésorier vous pré-
sentera nos comptes et l'état de nos finances, plus prospère qu'en
240
d'autres années. La dépense inteUectuelle et la recette matérielle, sans
laquelle la première est impossible, sont les deux choses intéressantes et
vitales de notre séance annuelle.
Permettez-moi, pour avoir quelque chose à vous dire, de vous rappe-
ler en quelques mots très rapides — comme vous connaissez ces matières,
vous êtes de ceux à qui il suffit d'indiquer, sans insister ni appuyer —
ce que le xvm<* siècle a fait dans le sens de nos études et comment nous
sommes ses continuateurs. Si nous faisons mieux que lui, c'est qu'il
nous a épargné bien des tâtonnements et des essais.
En dehors de la grammaire et de la lexicographie, en dehors des do-
cuments et des chroniques utiles à l'histoire, dont on a commencé à
s'occuper dès le xvi<» siècle, et nous restreignant à l'ancienne poésie, qui
est, sauf exception, ce qui préoccupe la Société des anciens textes, on
n'a commencé qu'au xviii<* siècle à s'y intéresser si peu que ce soit.
Jusque-là le sentiment qui règne est le mépris de tout ce qui n'est pas
tout neuf. C'est là ce qui avait fait qu'une chanson de geste en cinq ou
six mille vers arrivait à en avoir vingt-cinq mille, pour se changer en
un roman en prose, que nous imitons plus tard quand il nous a été pris
par ritalie ou par l'Espagne. L'imprimerie, qui commence par le latin
de la théologie et du droit, ne touche, quand elle arrive au français,
qu'aux derniers contemporains ; et quand, au xvi* siècle, Molinet imprime
le roman de la Rose, et quand Marot lui-même réimprime François
Yillon, c'est en les corrigeant au goût du jour, et ils ne devaient pas
faire autrement. Dans les Recherches de la France d'Etienne Pasquier,
dans le Recueil des origines de la langue et poésie françaises du président
Claude Fauchet, publié en 1781 dans les Bibliothèques françaises de La
Croix du Maine ou d'Antoine du Yerdier, et plus dans celle du premier
que du second, il y a un commencement d'étude curieuse et intelligente
du passé, mais on n'en est pas encore à l'impression des textes.
Pourtant, aux approches du xvu* siècle, en 1594, Antoine Loisel
imprime les vers d'Helinand sur la mort. Plus tard, en 1617, André
Duchesne édite les œuvres d'Alain Chartier, et il n'avait pas tort, au
point de vue de l'histoire plus que de la poésie ; mais, pendant tout le
grand siècle, trois hommes de l'âge précédent Vestent seuls en lumière :
un relativement petit, Clément Marot, à qui La Fontaine, Jean-Baptiste
Rousseau et môme Voltaire doivent quelque chose, et deux autres abso-
lument grands, Montaigne, qui est le maître de Pascal, Rabelais, l'un
des maîtres de La Fontaine et de Molière. Huet, qui lit Rabelais et
l'annote sur les marges de ses exemplaires, Chapelain, Guy Patin lui-
même, qui ne prend Rabelais que par le petit côté, sont les vrais lec-
teurs de ces vieux auteurs démodés, pendant que les Elzévirs en font,
sur beau papier français et avec des caractères exquis, d'ailleurs imités
des impressions lyonnaises des De Tournes, les plus mauvaises éditions
possibles.
244
A la fin du siècle, en 1692, Fontenelle fait un recueil des plus belles
pièces des poètes français depuis Villon, où il n'y a qu'une petite partie
du premier volume qui soit réellement ancienne, mais qui a suscité des
imitations, dont la meilleure est certainement le recueil des Annales
poétiques publié de 1778 à 1788. Il faut tenir en plus haute estime, parce
qu'elle est bien plus ancienne, la collection des anciens poètes français,
publiée en huit volumes, à Paris, par Goustelier, dans les deux années
1723 et 1724, et composée de la Farce de Pathelin, le chef-d'œuvre sans
conteste de notre ancien théâtre comique ; de "Villon, le premier de nos
grands poètes; de Crétin, qui est une curiosité; de Goquillart, qui
est un homme d'esprit ; de Martial d'Auvergne, qui l'est presque au
même degré ; de la Chronique de Faifeu, qui avait pour elle de n'être
connue que par un seul exemplaire, et nous n'en connaissons qu'un de
plus aujourd'hui ; enfin, de Jean Marot, parce qu'il était le père de Clé-
ment. Ce fut pour la régence ce qu'a été bien plus tard la Bibliothèque
elzévirienne, ce qu'est aujourd'hui la Société des anciens textes français.
La Monnoye n'a pas imprimé, et ce ne doit pas être sa faute, tout ce
qu'il a étudié et préparé. C'est notre contemporain, M. Jannet, qui a
imprimé son édition de "Villon; c'est un de nos confrères les plus
regrettés qui a imprimé, en 1873, son édition de Mellin de Saint-
Gelais.
A côté de La Monnoye, dont les notes sont le meilleur de la réim-
pression de La Croix du Maine et de Pu Verdier, il y a Gueulette, qui
a réimprimé, en 1734, le Jehan de Saintré d'Antoine de la Sale ; en
1735, V Histoire de Gérard, comte de Nevers, et d^Euryant de Savoie; il y a
aussi Lenglet du Fresnoy. Il a fait, en 1731, non pas en France, nous
devons en convenir, mais à la Haye, une grande édition en quatre
volumes in-4* de Marot; en 1735, une édition du roman de la Rose. La
réimpression normande des Plaisants Traits de vérité est de 1732 ; les
poésies de Thibaut de Champagne paraissaient en 1742, VOrdene de che^
Valérie en 1759, le Castoiement en 1760. Barbazan et plus tard Le Grand
d'Aussy nous révélaient les fabliaux, pendant que l'abbé Goujet analy-
sait les anciens poètes du xv* et du xvi® siècle, que M. de Paulmy lisait
et faisait lire les vieux livres de son admirable bibliothèque, que le duc
de La Vallière s'occupait de nos mystères et faisait publier la Bibliothèque
du théâtre françois, que Sainte-Palaye travaillait à un Dictionnaire dont
la publication, à son heure, eût été bien précieuse.
Au xix« siècle, c'est à Grenoble, en 1803, que s'impriment pour la
première fois les œuvres de Charles d'Orléans; Méon, qui suivait
l'exemple de Lenglet du Fresnoy et de Barbazan, réimprime le roman
de la Rose, les fabliaux, et a l'honneur d'éditer le premier le roman de
Renart j mais, à part la continuation de V Histoire littéraire, qui n'attei-
gnait pas le grand public (savez-vous si elle l'atteint beaucoup plus
aujourd'hui?), il faut arriver aux travaux de Raynouard et de Fauriel,
46
244
i^es éditions et ses réimpressions. Je ne peux vous en présenter qu'une
énumération rapide et nécessairement incomplète. Chaque nom et
chaque titre demanderaient un développement que vous vous chargerez
de faire vous-mêmes. N'a-t-il pas imprimé Mellin de Saint-Gelais avec
les notes de La Monnoye, la Lyonnaise Louise Labbé, qui a écrit un des
plus beaux sonnets de notre langue, les Rondeaux et Vers d'amour de
Jean Marion, les Vers de Marie de Romieu, les Élégies de Jean Doublet,
un volume de Poésies inédites de Ronsard et ensuite toutes ses œuvres
dans la Bibliottièque elzévirienne, les poésies de Tahureau et de Guy de
Tours, les Bergeries de Vauquelin de la Fresnaye, le Plaisir des champs
de Claude Gauchet, qui est souvent un bien charmant poète, les odes de
Malherbe et, à côté, ce que le législateur du Parnasse eût trouvé au-
dessous des halles, la Fricassée crotestyllonnée, monologue dramatique
normand fait avec des bribes de chansons, de devinettes et de proverbes,
puis François Maynard, les épigrammes inédites de GomÉauld, et une
trilogie de satiriques de la première moitié du xvii« siècle, bien curieux
pour la physionomie de leur temps, Angot, sieur de l'Ësperonniere,
Courval-Sonnet et Du Lorens ?
Voilà tout un ensemble qui est Tœuvre d'un bibliophile érudit.
M. Blanchemain a travaillé jusqu'à la dernière heure. Le hasard m'a
fait, avant sa mort, et comme je demandais de ses nouvelles, lire une
de ses dernières lettres, peut-être la dernière, écrite, d'une main lente
et pénible, à l'éditeur qui imprimait ce qui déjà ne pouvait plus être
qu'une publication posthume. J'ai oublié les termes, mais je suis sûr
du sentiment, qui était exprimé brièvement avec le plus grand calme
et la plus* parfaite simplicité : « C'est certainement la dernière fois que
je puis corriger une épreuve; mon ami, — M. Fertiault, si ma mémoire
me sert bien, — se chargera de voir pour moi les autres épreuves. •
Voilà ce qui est mourir, non pas à la peine, mais sur la brèche, et
ce que nous devons tous nous proposer pour exemple. Quoi que nous
fassions, il faut faire comme lui, aimer ce qu'on aime, — et travailler.
Rapport sur les travaux de la Société des anciens textes français en 1879,
par M. Paul Meyer, secrétaire.
Messieurs,
Lors de notre dernière assemblée générale, le 18 juin de l'an passé,
un volume restait dû aux membres de la Société pour l'exercice de 1878.
Pour celui de 1879, un seul volume avait été publié. Cette année, à
pareille date, l'exercice de 1878 était enfin complet, mais diverses cir-
constances, et notamment l'état de santé de l'éditeur d'Eustache Des-
champs, M. le marquis de Queux de Saint-Hilaire, avaient apporté au
progrès de nos publications un retard en raison duquel l'exercice de 1879
demeurait représenté par un unique ouvrage, le tome I de la Chronique
du Mont Saint'Michel, éditée par M. S. Luce. En cet état de choses, il
245
n'était pas possible de tenir notre assemblée annuelle à l'époque accou-
tumée. La matière eût fait défaut à votre secrétaire, et, les comptes de
1879 étant en suspens, votre trésorier n'aurait pu vous en présenter le
résumé. Le conseil de la Société a donc décidé que la séance générale
serait reportée pour cette fois à la fin de Tannée. Nous espérions qu'à
ce moment, non-seulement l'exercice de 1879, mais encore celui de 1880
seraient clos. Cette espérance, comme vous allez le voir, ne s'est pas
réalisée. L'exercice de 1879 est complet, bien que le dernier des volumes '
qui en font partie ne soit pas encore entre nos mains, mais il s'écoulera
plusieurs semaines avant que nous nous soyons acquittés complètement
envers nos souscripteurs de Tannée courante. Il y a là, de notre part,
un retard auquel nous faisons tous nos efforts pour porter remède, et
qui n'a pas d'autre cause que la difficulté de trouver des éditeurs ayant
tout à la fois la compétence et les loisirs nécessaires pour mener à bonne
fin des éditions telles que nous les entendons, c'est-à-dire exécutées
avec la méttiode et le soin minutieux qu'exige le progrès des études
romanes, et accompagnées de tous les secours qui peuvent faciliter l'in-
telligence d'un vieux texte. Mais le progrès même de ces études, en
même temps qu'il rend la tâche plus difficile, est la preuve que le
nombre de ceux qui les poursuivent va croissant, et par suite nous
pouvons légitimement espérer voir s'agrandir le cercle encore bien res-
treint des personnes à qui votre conseil peut avec sécurité confier le
soin de nos publications. Vous allez voir d'ailleurs, messieurs, que,
depuis Tan dernier, nous sommes loin d'être restés inactifs.
Commençons par le premier en date des ouvrages dont j'ai à vous
entretenir. Cet ouvrage, c'est le Saint Voyage de Jérusalem du seigneur
d'Anglure, édité par MM. Bonnardot et Longnon, et annoncé dès mon
rapport de 1876. C'est un de ces récits qui, intéressant à la fois l'histoire
et les lettres, peuvent plaire à de nombreux lecteurs. La circonstance
qu'il appartient à une époque peu reculée du moyen âge ne le rend pas
moins digne d'attention, si on considère que l'étude de nos vieux
auteurs, poussée depuis quelques années avec tant d'ardeur en France,
en Allemagne et en Italie, s'est principalement portée vers la période la
plus ancienne de notre littérature, de sorte qu'il reste probablement plus
de découvertes à faire pour le xiv« siècle et le xv® que pour les temps
antérieurs. La notice sur Ogier Vin, seigneur d'Anglure, que M. Lon-
gnon a rédigée pour cette édition est une étude biographique complète,
telle que nous ne prétendons pas en donner dans toutes nos publica-
tions, mais que nous nous gardons bien de repousser lorsqu'on nous
l'offre.
, Pour Tannée 1879, nous avons distribué le t. IV des Miracles de Notre
Dame, Commencée en 1876, cette importante publication s'achemine
vers son achèvement avec une parfaite régularité. Nous avons pu en
donner un volume chaque année. Trois autres tomes, dont l'un est sous
246
presse, épuiseront le contenu des deux précieux in-folio qui nous ont
conservé cette collection unique de mystères, oil nous devons chercher
à peu près tout ce qui nous reste du théâtre français à la fin du
xrv^» siècle. Nous nous hâtons d'en terminer l'impression, désireux de
commencer le plus tôt possible deux autres collections également rela-
tives à notre ancien théâtre : le recueil des sotties, farces et moralités,
depuis longtemps annoncé, et un recueil de mystères provençaux, pour
lequel des circonstances particulières ont mis à notre disposition des
éléments absolument nouveaux. Il nous parait difficile de conduire
simultanément deux ou trois publications de cette étendue, qui absorbe-
raient à elles seules nos ressources de chaque année et nous mettraient
dans Timpossibilité de publier les textes complets en un volume dont
plusieurs attendent leur tour depuis longtemps déjà.
Le Mystère du Vieux Testament, dont M. J. de Rothschild a voulu faire
à ses frais la coûteuse et difficile édition, se poursuit avec non moins de
régularité. Le tome II, qui vous a été distribué cette année même, ne
le cède pas en intérêt au tome précédent. Grâce au caractère singulier
de cet ouvrage, qui est l'assemblage d'oeuvres originairement indépen-
dantes, il est possible de couper la publication en morceaux dont cha-
cun, comprenant un petit nombre de mystères, est proportionné à
rétendue d'un de nos volumes. Chacun de ces morceaux, pouvant être
étudié séparément, a sa notice en tête du volume, disposition qui, là où
elle peut être observée, est assurément plus agréable au lecteur que celle
qui consiste à rejeter toute l'introduction à la fin de la publication. La
notice qui précède le t. II étudie, avec une érudition et une critique qui
n'ont plus à être louées ici, les mystères qui continuent l'histoire
sacrée depuis le sacrifice d'Abraham jusqu'au séjour des Israélites en
Egypte. Le troisième volume, dont l'impression est fort avancée, con-
duira le récit jusqu'à Sanson exclusivement. Six volumes en tout seront
nécessaires pour l'accomplissement de ce grand travail, après lequel
notre généreux trésorier nous fait espérer la publication d'autres ou-
vrages du même temps et du même genre.
Il vous est dû encore un volume pour l'année 1879. Ce volume, la
chanson d'Élie de Saint-Gilles, est tiré depuis quelques jours. Le surcroît
de besogne que l'approche du premier de l'an impose aux relieurs ne
nous a pas permis d'obtenir qu'il fût cartonné à temps pour être distri-
bué avant la séance. Il sera entre vos mains le mois prochain. L'ayant
annoncé l'an dernier, je n'ai pas à vous en entretenir cette année. Grâce
aux soins apportés tant par l'éditeur, M. G. Raynaud, le dévoué secrétaire
adjoint de la Société, que par le commissaire responsable, M. G. Paris,
nous avons lieu d'espérer que le texte, l'introduction et le glossaire
donneront toute satisfaction aux philologues ; d'autre part, la collaboration
de M. le professeur Koelbing nous permet de joindre au texte français
à!Élie de Saint-Gilles, tel que le fournit un manuscrit unique provenant
247
de la bibliothèque La Yallière, la traduction d'une vieille saga islan-
daise qui elle-même traduit un texte fort semblable à celui de notre
édition, plus correct cependant sur certains points. Nous avions pensé
joindre à Tédition du texte français une édition du texte islandais, et
M. Koelbing nous avait mis en état de réaliser pleinement l'intention
exprimée à cet égard dans le rapport de l'an dernier. Mais nous n'avons
pas tardé à reconnaître que, sahs parler des difficultés matérielles que
soulèverait l'impression d'un texte islandais dans une imprimerie fran-
çaise, mal outillée pour un travail de ce genre, notre volume aurait
atteint des proportions tout à fait imprévues. D'ailleurs notre Société
ayant pour objet la mise au jour des monuments de notre ancienne
littérature, l'édition d'un texte islandais n'avait pour nous qu'une valeur
accessoire. M. Koelbing, satisfaisant à notre désir, voulut bien réduire
sa collaboration à l'exécution d'une traduction de la saga, et on recon-
naîtra que si cette traduction suffit, elle est du moins un appendice
nécessaire à l'édition du texte français.
Si nous devons regretter de n'avoir pu vous fournir encore aucun des
volumes afférents à l'exercice de 1880, je dois m'empresser d'ajouter que
votre attente ne sera pas de longue durée. Les trois volumes attribués à
cet exercice sont à peu près terminés et vous seront distribués très peu
après VÉlie de Saint-Gilles; ce sont d'abord le t. II des œuvres d'Eustache
Deschamps, puis la Vie de saint Gilles^ et enfin le roman provençal de
Daurel et de Béton.
Le t. II d'Eustache Deschamps, qui est sous presse depuis 1878, n'a
pas été retardé par un autre motif que celui qui a été indiqué au début
de ce rapport, la maladie qui a obligé pendant plusieurs mois notre actif
et dévoué administrateur d'interrompre la publication à laquelle, depuis
plusieurs années, il consacre ses soins. Toutefois, l'impression du volume
est à la veille de s'achever. Vous y trouverez le fac-similé d'une gra-
cieuse miniature oii on a tout lieu de reconnaître le portrait du poète
lui-même; vous y lirez une curieuse notice, due à notre savant confrère
M. S. Luce, sur le scribe qui a exécuté le principal manuscrit de Des-
champs. Dans peu de semaines, il vous sera distribué. M. G. Paris, qui
consacre à notre Société ce que des occupations multiples et absorbantes
lui laissent de ioi^rs, a pu, tout en poussant activement la publication
des Miracles de Notre Dame, conduire bien près de sa fin l'édition de la
Vie de saint Gilles, à laquelle il a travaillé depuis longtemps avec M. le
docteur A. Bos. La longue introduction qui doit précéder ce monument
ancien, et jusqu'ici inconnu, de notre vieille poésie, est en grande part
imprimée. Enfin, pour compléter l'exercice de 1880, nous publierons un
ouvrage dont la valeur dépasse de beaucoup l'étendue, et qu'une circons-
tance singulièrement heureuse nous a permis de faire entrer dans notre
collection. Il y a quelques années notre éminent confrère M. A. -F. Didot,
dont la Société regrette la perte, acquit un manuscrit exécuté dans le
248
midi de la France, qui, tout incomplet qu'il est, — une ancienne pagi-
nation montre qu'il a perdu au début soixante-douze feuillets, — contient
encore une dizaine d'ouvrages à peu près tous inconnus jusqu'à ce jour.
M. Alfred Oidot, qui appartient à la Société à double titre, conune
membre fondateur et comme éditeur, a voulu faire profiter la Société
du trésor littéraire qui lui était échu. Il a mis gracieusement à la dispo-
sition du conseil son manuscrit, avec toute liberté pour en exécuter la
publication. Le conseil a bien voulu confier ce travail à votre secrétaire.
J'ai copié ou fait copier le ms. tout entier. L'une des plus importantes
parmi les compositions qu'il renferme, le mystère de la Passion, rare et
curieux spécimen de l'ancienne littérature dramatique du midi de la
France, a été réservé pour former la tôte du recueil d'anciens mystères
provençaux que nous mettrons sous presse aussitôt que l'édition des
Miracles de Notre Dame sera achevée. Tout le reste du ms. prendra place
dans le volume qui terminera l'exercice de 1880. Le morceau principal
de ce volume, dont l'impression s'achève en ce moment, c'est la chanson
de geste provençale de Daurel et de Béton, dont l'existence n'était con-
nue jusquà ce jour que par une allusion obscure faite par un troubadour
des premières années du xiii« siècle. Cette chanson de geste est jusqu'à
présent le seul spécimen incontestable de cette épopée provençale
toujours cherchée et toujours fugitive. Elle sera accompagnée d'une
analyse très développée et d'un glossaire aussi complet que possible,
afin que notre édition ne soit pas un livre inutile entre les mains de
ceux même des membres de la Société qui n'ont pas fait du provençal
une étude spéciale. Les pièces de moindre importance que renferme le
même ms. seront publiées dans un appendice. Il me parait inutile d'in-
sister sur l'intérêt d'une publication qui sera, dans peu de semaines,
entre vos mains. Qu'il me soit permis cependant, messieurs, de dire en
terminant que, à considérer simplement la valeur de nos textes, et en
gardant, comme il convient, le silence sur notre œuvre personnelle,
nous pouvons dire que si nos volumes ne sont pas toujours prêts à
l'heure dite, ils savent du moins récompenser l'attente.
MONUMENTA GERMANIAE.
La réunion annuelle des directeurs des Monumenta Germaniae a eu
lieu à Berlin du 21 au 23 avril 1881. Nous empruntons au rapport publié
à cette occasion les détails suivants sur l'état des publications.
Volumes publiés par la Société pour la connaissance de l'ancienne
histoire d'Allemagne, depuis le mois d'avril 1880 : — 1° Auctorum anti'
quissimorum tomi IV pars i : Venanti Honori Clementiani Fortunati
opéra poetica. Recensait et emendavit Fridericus Léo. — 2* Scriptorum
iomus XXV. — 3* Einhardi Vita Karoli Magni. Editio quarta. Post
G. H. Pertz recensuit G. Waitz. — 4o Poetae Latini aevi Carolini. Recen-
249
suit Ernestus Dûmmler, Tomi I pars prior. — 5'» Neues Archiv der
Gesellschaft fur aeltere deutsche Geschichtkunde, Band VI.
Volume publié avec Tappui de la Société et en partie d'après ses ma-
tériaux : Acta Imperii inedita seculi XIII. Urkunden und Briefe zur Ge-
schichte des Kaiserreichs und des Koenigreichs Sicilien in den Jahren 1198
bis 1273. Herausgegeben von Eduard Winkelmann.
Volumes en préparation :
Auctores antiquissimi , Jordanis, par Mommsen, sera achevé avant la
fin de Tannée. Les œuvres en prose de Fortunat suivront les œuvres
poétiques ; on y joindra un index pour le tout. Avitus, par Peiper, et
Symmaque, par Seeck, sont commencés d'imprimer; Ausone, par
Schenkl, sera bientôt envoyé à l'impression. M. Liitjohann a collationné
les manuscrits de Sidoine en Angleterre, M. Vogel ceux d'Ennodius à
Rome.
Scriptores. On espère finir cet été le vol. XIII, interrompu quelque
temps par la mort du docteur Heller, qui y publiait VHistoria Remensis
de Flodoard. Ce volume se terminera avec le Chronicon Altinate, publié
par Simonsfeld. Le vol. XIV comprendra les Gesta episcoporum Caméra-
censium récemment retrouvés, Hermann de Tournai et diverses chro-
niques belges, la chronique des évoques de Magdebourg, publiée par
Schum, etc. On donnera en volumes à part, de plus petit format : les
écrits polémiques des xi" et xn" siècles, publiés par Thaner et Bernheim,
les Vies des papes, et plus tard les historiens de la domination normande
dans ritalie méridionale, Amatus, Gaufredus Malaterra, Falco Beneven-
tanus, Hugo Falcandus, etc. Pour faire suite aux chroniques provinciales
et locales allemandes des xii» et xni« siècles, contenues dans le vol. XXV,
on avait pensé d'abord à donner une collection analogue de chroniques
italiennes de cette époque, mais ce projet ne pourra être réalisé avant
longtemps; on s'occupe, en attendant, . de former un recueil d'extraits
des auteurs français et anglais concernant l'histoire de l'Empire, auquel
travaillent MM. A. Molinier, Liebermann et Mau. Le vol. XXVI, par
Holder-Egger, est en grande partie imprimé (jusqu'à la fin du xu® siècle) ;
il contiendra une grande partie de la chronique d% Philippe Mousket,
publiée par Tobler. Les auteurs anglais, par Pauli et Liebermann,
devront être ajournés au volume suivant. — On espère pour le courant
de l'année Grégoire de Tours, par Arndt, qui ouvrira la série spéciale
des Scriptores rerum Merovingicarwn. Cette série contiendra aussi Fré-
dégaire et les Gesta regum Francorum, par Krusch. — Pour le premier
volume des Deutsche Chroniken, la chronique des Empereurs, commen-
cée par le docteur Roediger, sera continuée par le docteur Schroeder.
Sont encore en préparation : Enenkel, par Strauch ; Ottokar, chronique
rimée de Styrie, par Liechtenstein ; chronique de Limbourg, par Wyss.
Leges. On espère bientôt la loi ripuaire, par Sohm ; la loi salique est
pour le moment abandonnée. On a commencé l'impression des capitu-
250
laires, publiés par Boretius, et on va commencer celle des fonnules, par
Zeumer; pour ce dernier recueil, M. Schmitz, de Cologne, a corrigé le
texte des formules de Garpentier, d'après le manuscrit en notes tûro-
niennes de Paris. MM. Maassen et Meyncke continuent de tramller
aux conciles, M. FrensdorfT aux textes de droit municipal.
Diplomata. Douze feuilles des diplômes d'Otton !«', par Sickel, Ublirz
et V. Ottenthal, sont imprimées, et le travail se continue activement. Oa
a retrouvé dans les collections de la Société un calque complet, par feu
Munch, du diplôme suspect d'Otton I*' pour le pape Jean, conservé aux
archives du Vatican. — En dehors de ces publications fiiites aux frais
de la Société, le directeur de la section des Diplomata, M. Sickel, a en-
trepris avec M. de Sybel, à Berlin, l'importante publication des KaisÊT"
urkunden in Âhhildungen; et les matériaux des Monumenta ont été mis
à la disposition de M. Ficker, à Innsbruck, pour la nouvelle édition des
Regesta Imperii de Boehmer.
Epistolae. On compte terminer cette année le premier volume des
lettres des papes publiées d'après les registres du Vatican par le docteur
Rodenberg ; celles d'Honorius lEI sont imprimées, et on a commencé
celles de Grégoire IX. M. Ëwald s'occupe du registre de Grégoire le
Grand et de la nouvelle édition des Regesta pontificum de Jaffé.
Antiquitates. La seconde moitié du premier volume des poètes caro-
lingiens, par Diimmler, est imprimée, sauf les index. M. Baumann
travaille, avec d'autres, à la collection des nécrologes.
LES PAPIERS DE BUCHON.
L'appel suivant a été adressé par M. le comte Riant aux lecteurs du
Philobiblion :
Lorsque Buchon mourut en 1846, il laissait une quantité considérable
de matériaux, amassés par lui dans le cours de ses voyages en Italie et
en Grèce, et le manuscrit des tomes II et suivants de son Histoire des
conquêtes des Français en Grèce, Les livres de Buchon furent vendus en
vente publique : mais le catalogue de cette vente ne comprenait que des
livres courants (à Pexccption d'un exemplaire annoté par lui du Frois-
sart de Dacier). Que sont devenus les papiers ? Ils ont été, suivant les
héritiers de Buchon, déposés dans l'étude de M« Baudier, notaire à
Paris ; mais aujourd'hui ils ne se trouvent aux mains ni de son succes-
seur, M. Lavoignat, ni de son fils, M. le marquis de Groizier. Je serais
très reconnaissant des indications que l'on voudrait bien me fournir sur
le sort de cette précieuse collection.
LE GARTULAIRE DE QUIMPERLÉ.
Le cartulaire de Quimperlé est un des documents dont la perte excite
le plus de regrets en Bretagne. Notre confrère M. Maitre, archiviste de
254
la Loire-Inférieure, espère pouvoir le trouver en Angleterre, dans la
bibliothèque de lord Beaumont, et en rapporter une copie en France. Ce
qui semble justifier cette espérance, c'est que le cartulaire appartenait,
il y a une quarantaine d'années, à M. Thomas Stapleton, dont les livres
et les papiers paraissent être arrivés entre les mains de lord Beaumont.
C'est par le témoignage de Stapleton lui-même que nous savons qu'il
acheta à Paris le cartulaire de Quimperlé. Au milieu des matériaux que
M, Auguste Le Prévost me remit en 1852, quand il voulut bien me
charger de terminer l'édition d'Orderic Vital, se trouvent des notes et
des lettres de Stapleton en réponse aux questions que M. Le Prévost
lui avait adressées sur dififérents passages de cet auteur. L'une des notes
de Stapleton se rapporte au siège de Dol par Guillaume le Conquérant
et au mariage de Constance de Normandie avec Alain Fergant. M. Le
Prévost avait d'abord supposé qu'il y avait eu deux sièges de Dol,
l'un en 1076, l'autre en 1086. — Stapleton repousse cette hypothèse
dans une petite dissertation , qu'il écrivit en 1841 , et qui ne se
recommande pas seulement par les citations empruntées au cartulaire
de Quimperlé :
c ... Je ne crois pas à vos deux sièges de Dol, pour lesquels
il faudrait supposer une identité de circonstances tout à fait mer-
veilleuse. Le siège de Dol est un événement de l'année 1076; nous en
avons la preuve dans une charte du roi Philippe, pour le monastère de
Montier-Neuf à Poitiers, que le roi signa en faisant une croix de sa
propre main, faute de sceau, t propterea quod tune cum magna festina-
tione Pictavim ad Gaufridum, ducem Aquitanorum, venerat, auxilium
ab eo postulaturus contra Guillelmum, regem Anglorum, comitem Nor-
mannorum, qui tune contra nos in Britanniam quoddam oppidum obse-
derat. Acta sunt hœc Pictavis, idibus octobris, anno ab inc. Domini
MLXXVI, regni Philippi régis X Vil. » Dans la chronique de Saint- Aubin
d'Angers, on lit, à l'année 1076 : t Obsidio Dolensis », et dans la petite
chronique de Renaud, archidiacre de Saint-Maurice d'Angers : « Anno
MLXXXVI, in mense septembri, cornes Normannorum, qui et rex
Anglorum, W^illeimus, obsedit in Britanniis castrum quod dicitur
Dolum ; quod cum diu obsedisset, nihil profecit, sed etiam, machinis
suis succensis, ab eo infructuose descessit, defendentibus illud fortibus
Andegavorum militibus^. »
t Commencé en septembre, le siège aura duré jusqu'au 15 octobre,
suivant la charte précitée, qui nous autorise à lire dans la chronique
MLXXVI, et non pas MLXXXVI. Robert du Mont, sous l'année ML XXV,
ajoute cet article à la chronique de Sigebert : a Idem rex Willelmus,
eodem anno, obsedit Dol, civitatem Britanniae ; Britanni vero castellum
i. Voyez l'édition des Chroniques des Églises d'Anjou^ donnée par MM. Mar-
chegay et Mabille, p. 12.
252
tenuerunt, donec rex Francise adveniens liberavit eosV » Que le roi y
soit allé en personne, c'est ce que ne permet pas de révoquer en doute
une charte de Barthélemi, abbé de Marmoutier : c Et factum est hoc in
anno, et in ipsis diebus, quando ibat rex Francise Philippus in Britan-
niam, ad pugnandum contra regem Anglorum, qui ibi obsidebat Dolum
castrum. » Robert du Mont ajoute : « Postea rex Francise et rex Wil-
lelmus concordati sunt. f Dans les chroniques bretonnes, ces faits sont
racontés sous la date de 1076 : « Hoel faciens bella apud comitem Gauf-
fredum, cognomento Granonem, apud castrum Doli, comité Guillermo
Normannorum sibi auxiliante, per xl dies ingeniis ac aliis machinatio-
nibus obsedit, quod minime capere potuit. » Les titres de Saint-Florent
attestent la réunion de ce comte Geoffroi, le bâtard de Rennes, avec
GeofFroi, fils du comte Eudes, et Alain, son frère, depuis comte de
Richmond en Angleterre, à Dol (dom Morice, Preuves, I, 434).
« Le cartulaire de Quimperlé, que je possède moi- môme, Payant
acheté à Paris, renferme des allusions à cette guerre de Bretagne : « Alio
quoque tempore, necessariorum consulatus penuria coarctatus, tribum
Guininini, que [absque] alicujus calumpnia sua erat, idem consul Alanus
Benedicto abbati Sancte Grucis et ejusdem Grucis monachis, tam presen-
tibus quam futuris, cum omnibus suis exactionibus, pro suorum animabus
parentum, in perpetuum dédit. Ut vero hoc donum firmius haberetur,
Benedictus, qui ejusdem monasterii tum existebat abbas, suorum con-
silio monachorum, eidem comiti mille solidos etunum pretiosum equum
tribuit... Alio vero tempore, divina coopérante gratia, cum in comitem
Gauffridum, Eudoni comitis filium, exercitum ducerem, ut me et meos
ab ipsius insidiis atque violentia, que tune imminebat, in ipso itinere
Dominus illesos servaret, et pro animabus parentum meorum, Hoeli
videlicet atque conjugis ejus Hadevis, septem villas quas vulgus Les
Gleruc appellat in augmentum ejusdem abbatie Ghristo Domino et sancte
Cruci ejus, existente in ea eodem abbate Benedicto, imperpetuum
dedi. »
a Ensuite il y a la charte : « De concessione Gonstancie commitisse
super bis villis », donnée à Quimperlé, le !•'• août 1089 : « Do et imper-
petuum Kemperlegiensi monasterio concedo villas quas an te desponsio-
nem meam eidem loco prenominatus dux dederat, scilicet tribum sancti
Guinnini et septem villas quœ vulgo Les Gleruc nominari soient. » Voir
aussi la chronique anglo-saxonne à l'année 1076. C'est dans le cours de
cette même année que le comte Walthéof fut mis à mort, le jour de
sainte PernoUe, 31 mai, après avoir été gardé en prison depuis un an,
du temps que Guillaume repassa en Angleterre, en 1075. De retour en
Normandie, en 1076, le roi vint aider le comte Hoel et son fils Alain
Fergant, et donna sa fille Constance à ce dernier, à Bayeux, selon
1 . Voyez la nouvelle édition de la chronique de Robert de Torigni, t. I, p. 60.
253
Orderic Vital * : « Gonstancia Ferganno, comiti Britannorum, Nanticen-
sis filio, Bajocis data est a pâtre cum ingenti tripudio, qase in Britannia
mortua est sine filio. > — c Hoel, Oei gratia Nannetis cornes, » donna
une maison et une vigne près de l'église de Notre-Dame de Nantes à
l'abbaye de Quimperlé, en 1074, et il avait acquis ce comté en 1054,
selon la chronique de Quimperlé : « MLIIII. Hoel, GornugalliaB cornes,
principatum Nannetensium adipiscitur. » — « Alanus consul, qui et
Gainard, » prit pour femme « Judith, comitissa, filia videlicet Judicaelis
Nannetensium comitis » ; leur fils Uoel hérita du comté de Nantes au
droit de sa mère. En effet, il est bien probable que la fille du roi, Gons-
tance, avait été fiancée en 1076 à Bayeux; mais comme elle n'était pas
d'un âge nubile, elle dut rester chez elle jusqu'en 1087, et ce fut alors
seulement que le mariage fut consommé à Gaen, comme l'indique le
mot copulavit employé par Orderic^. Notre auteur a rapporté d'Alain
Fergant des faits qui s'appliquent au contraire au roi Philippe, et,
n'ayant pas tenu compte des deux cérémonies différentes des fiançailles
et du mariage, il les a confondues, ce qui lui a fait dire que les deux
époux ont vécu ensemble à peu près quinze ans. En 1085, les seigneurs
bretons étaient paisibles possesseurs de leurs terres et seigneuries en
Angleterre ; le Domesday Book le prouve, et je ne connais aucun ancien
historien breton qui parle, soit d'une guerre survenue en 1085 entre le
roi Guillaume et son gendre, soit d'un second siège de Dol. »
M. Le Prévost a tenu compte des observations de Thomas Stapleton
dans la note qu'il a mise, en 1845, au tome III de son édition, au bas
des pages 29 et 30.
L. DfiLISLE.
VIE LATINE DE SAINTE ALPAIS DE GUDOT.
A la fin de Tannée 1878 , M. le curé de Gudot-Sainte-Alpaïs , par
Saint- Julien-du-Sault (Yonne), adressait un appel aux bibliothécaires
de France et de l'étranger pour retrouver une vie latine et française de
sainte Alpais de Gudot (morte en 1211), citée par dom Morin dans son
Histoire générale du pays de Gastinois^. Je crois avoir rencontré, parmi
les manuscrits de la bibliothèque de la ville de Ghartres, un texte de la
vie latine de sainte Alpaïs, dans un manuscrit qui porte le titre suivant :
Visiones mirabiles
£t auditu terribiles
Née tamen incredibiles,
0 lector, hic reperies*,
1. Livre V, édition Le Prévost, l. II, p. 392.
2. Livre IV, édition Le Prévost, t. II, p. 291.
3. Bibliothèque de l'École des chartes, tome XXXIX, 1878, p. 574-575.
4. Ms. reperies hic.
254
Qaas relegendo planes
la melias proficies.
Ce manuscrit, coté 131, et qui provient de l'ancienne abbaye de
Saint- Père, parait avoir été écrit vers la fin du xiii*^ siècle, c'est-à-dire
à une époque presque contemporaine de la rédaction de la vie de sainte
Alpaïs, qui, au témoignage de dom Marin, aurait été composée par
c frère Jehan, de l'ordre des frères mineurs, de la province de Bour-
gongne... environ Tan 1244. •
Le manuscrit commence par le récit des visions d'un jeune novice en
Tan 1196; c'est peut-être la même histoire que celle qui est rapportée
par Mathieu Paris dans son Historia tnajar à l'année 1196; je n'ai pas
eu le loisir d'examiner le manuscrit assez en détail pour pouvoir aujour-
d'hui l'affirmer. Puis vient la vie de sainte Alpaïs, dont voici le début :
« Virgo igitur serenissima in villula quadam que Gudot appellatnr
juxta Scardeas {corrigé au-dessus en Escharleias)... • La vie se termine
par ces mots : c ... sed etsi leti vel tristes fuerint clare et perspica-
citer intueor. Explicit. • Un troisième traité, le Purgatoire de saint
Patrice^ se trouve dans ce manuscrit, et à la fin on a ajouté par erreur
cette note qui se rapporte à la vie de sainte Alpaïs : c Expliciunt
visiones domine de Gudot. » Il faut aussi remarquer un envoi assez
curieux mis par le copiste du manuscrit au bas du premier feuillet :
(( Gamerario salutem. Vobis mitto librum nostrum, quem pridie vobis
promiseram, in quo scriptum est de quodam novicio qui vidit multa,
et de domina de Gudot, et in ultimo Purgatorium sancti Patricii. »
Ge n'est pas le seul manuscrit relatif à sainte Alpaïs qui soit conservé
à la bibliothèque de Ghartres : le manuscrit 51 (Histoire locale) de la
même bibliothèque, intitulé a Apothecarius moralis monasterii Sancti
Pétri », contient des extraits d'une vie de sainte Alpaïs, qui pourraient
bien avoir été copiés sur le manuscrit précédent. Fol. 233 v* — 234 v» :
<( Incipiunt aliqua de visiouibus de domina de Gudot, quse aliter dicitur
sancta Aupes, et primo de vita ipsius virginis. » — Fol. 309 v* : t Inci-
pit praefatio super visionibus domine de Gudot, qusB dicitur sancta
Aupes, aliter Alpaïdes. » — Fol. 319 : « Explicit liber qui dicitur
Apothecarius etc., compilatus anno Domini mccglxxiiio. »
H. Omont.
LA PREMIÈRE ÉDITION DES STATUTS DE PALERME.
Dans le tome XIV du recueil imprimé à Bologne sous le titre de :
// Propugnatore, M. Vito La Mantia, de Palerme, vient de publier
quelques notes intéressantes sur plusieurs incunables de la bibliothèque
de Girgenti, et notamment sur un exemplaire des Statuts de Palerme
imprimés à Palerme en 1478.
Suivant M. Vito La Mantia, on n'avait encore signalé que deux
255
exemplaires de ce livre, Tun à la bibliothèque nationale de Palerme,
Tautre à la bibliothèque de Tuniversité de Cambridge. Le premier
feuillet manque à ces deux exemplaires; il existe dans Texemplaire de
Girgenti, dont M. Vito La Mantia donne une description détaillée. Il
manque à l'exemplaire de Girgenti, comme à ceux de Palerme et de
Cambridge, un dernier feuillet que M. Vito La Mantia suppose avoir
été laissé en blanc.
En annonçant le travail dont il s'agit, nous devons rappeler qu'un
autre exemplaire des Statuts de Palerme avait été mentionné en 1878
par M. Olgar Thierry-Poux, sous le n» 147 de la Notice des livres
exposés à la Bibliothèque nationale dans la galerie Mazarine ; il y est
signalé comme c le seul livre connu imprimé à Palerme, avec date,
au xv« siècle. » Non seulement notre exemplaire contient le premier
feuillet, comme l'exemplaire de Girgenti ; mais il a encore conservé le
dernier, sur lequel rien n'a été imprimé, conmie l'avait judicieusement
supposé M. Vito La Mantia. Au recto de ce feuillet a été ajouté un acte
du 1«' février 1494 par lequel la ville de Palerme atteste l'authenticité
de l'édition :
Universitas felicis urbis Panormi, universis et singulis ofûcialibus et
personis ad quos spectabit et présentes quomodolibet presentari contin-
gent (sic)^ majoribus quidem rev[er]entiam, paribus vero salutem et
animum ad grata paratum. Testimonium veritatis vobis reddimus et
indubiam hdem facimus quod consuetudines scripte felicis urbis Panormi,
copiate in presenti libre, sunt scripte et copiate a consuetudinibus
scrîptis felicis urbis Panormi, conhrmatis per retroprincipes, quibus
cotidie utimur, et sunt in viridi observantia, et in dicto libro nichil est
additum neque diminutum quod non sit in ipsis consuetudinibus de
verbo ad verbum, prout jacent. Et ut omnis dubietas que forte oriri
posset de ipsis consuetudinibus postcagatur {sic)^ présentes nostras
testimoniales litteras heri jussimus, sigillo quo utimur impressione
munitas. Datum in urbe felici Panormi, die primo mensis Februarii,
xin« indictionis, 1494.
S. FARFAG. etc. cur. (?)
Le sceau qui avait été plaqué au bas de ce certificat a disparu, non
sans laisser des traces très visibles.
L. D.
ÉPITAPHES DE PRIEURES DE CHAISE-DIEU (EURE).
Un prieuré conventuel de religieuses de l'ordre de Fontevrault fut
fondé à Chaise-Dieu au xn® siècle ^ On sait fort peu de chose sur son
1. Chaise-Dieu-da-Theil, Eure, arrondissement d'Évrenx, canton de Rugles.
Voyez, pour l'histoire de cette commune, Le Prévost, Mémoires et notes sur le
département de l'Eure (Évreux, 1862, in-8«), tome I, p. 481-482.
256
histoire et la Gallia christtana n'a point donné la liste des prieures qui
s'y sont succédé jusqu'au xviii* siècle. Le texte de ces trois épitaphes,
qui servent aujourd'hui de bordure au trottoir de l'hôtel du Cheval
noir à Bourth (Eure), m'a paru à ce titre digne d'être conservé.
I.
REP0SE-80VSGETÔBEAV
LESGORPSDETRESDEVOTESETR»-
DAMESLA-RmMERESMARGi«DELA-
R0ZIKREQVIDEGEDALE-4DEIVrLAN-
i57lAGEEDE 78ETDEMY- APRES AVOIR-
EXERGELA GHARGEDEPRIEVREDOVZE
ANS f ETDESA-PETITENIEPSE LA-TRES-
(Hauteur, 0"40 ; largeur, 1™14.)
IL
GY GIST-DEV
0 T E DAME
GRISTINE
DE GROIMA
RE PRIEVRE
DE G E A N S
LA QVELLE
DEGEDA LE
15 MAY 1583
HAC : DEVS ABS
OLVAT OFFENS
IS ABLVAT IPSA
C VLPIS - SIT
SVPERIS POST
P I A F A T A
P L A G I S j . ^
(Hauteur, 1™; largeur, 0™35.)
m.
GY-GIST-TRESDE-
AYANT EXERCE-
TOYTESLESGHA
RGES-DE LA-RELI
GIONET-MESME
GELLE-DE-PRIEVR[e]
DEGEDALE-I-IOV[r]
DE-MARS-1646 ////////
AAGEEDE-82A[ns}
ET-DE SA-RELIG[ion]
64 REQVIESG[atJ
IN-PAG[eJ
(Hauteur, 0™70; largeur, 0»45.)
H. Omont.
1 . Ces mots latins forment un distique élégiaque :
Hanc Deus absolvat offensis, abluat ipsa[m]
Gulpis. Sit superis post pia fata plagis.
ÉTUDE SUR LE RYTHME
DES
BULLES PONTIFICALES
CHAPITRE IL
PRATIQUE.
Je ne me permettrais pas de poser une nouvelle règle de diplo-
matique, si je n'avais fait porter mes observations sur plusieurs
milliers de bulles transcrites ou originales. Cependant, comme je
ne prétends point connaître toutes les lettres des papes, les résul-
tats auxquels ces expériences m'ont conduit risquent fort de se
trouver démentis par la découverte de quelque bulle inédite, ou
par l'examen d'une des pièces que j'ai omis de consulter. La
règle demeurera néanmoins, je l'espère. Quelques exceptions que
Ton signale, on n'empêchera pas le cursus de prendre place
parmi les meilleurs éléments de critique, et l'on ne me reprochera
point d'attribuer trop de valeur à des particularités insigni-
fiantes, quand, à l'aide de textes officiels remontant au xif ou au
xnf siècle, j'ai montré l'importance qu'attachait la chancellerie
romaine à la cadence de la phrase.
Le rythme des actes pontificaux, dont il va être question dans
ce deuxième chapitre, est celui dont les règles ont été tracées par
Grégoire VIII et Transmond. La théorie est cependant plus com-
pliquée que la pratique. Ainsi les lois du commencement et du
corps de la phrase fiirent généralement méconnues. Les notaires
ne se faisaient aucun scrupule de multiplier les dactyles à la
suite les uns des autres, et jamais ils ne s'exercèrent au tour de
47
258
force rythmique connu sous le nom de style Hilarien. Restent
la fin des phrases et la fin des membres de phrase.
Certaines parties de la bulle sont naturellement rebelles au
rythme ; je veux parler
l^" de Tadresse et du salut (les dictatures avaient prévu cette
exception *) ;
2° de la date ;
S'^des citations (textes de l'Écriture', paroles rapportées,
phrases détachées d'une lettre ou d'une charte, etc.) ;
4"" des énumérations de biens. Les noms de localités se prêtent
difficilement à des combinaisons rythmiques ; la seule qualité que
l'on exige en ce cas du rédacteur, c'est l'exactitude.
Quant au reste de la bulle, on y peut voir régner le cursus
tardus ('- -'--), le cursus planus ('- -'-) et surtout celui
dont les manuels recommandaient le plus instamment l'usage, le
cursus velox^ ( '^ v», ^w). Mais, pour plus de clarté, je distingue
ici cinq époques.
A. — De la fin du IV* siècle au milieu du VIP.
Déterminer le moment où les rédacteurs de lettres pontificales
ont commencé à faire usage du rythme, est chose à peu près im-
possible. On comprend en efiet qu'il ne soit pas rare, même chez
des auteurs peu soucieux du cursus, particulièrement à l'époque
classique, de rencontrer, à la fin d'une phrase, breviter rés-
pondère. Romani vicerunt, venire desidero, ou toute autre
terminaison rythmique. C'est le rapprochement, l'emploi iré-
quent et à peu près exclusif de ces cadences qui rend sensible
l'efibrt de l'écrivain. Or, qu'est-il arrivé ? on a remarqué l'heu-
reux efiet produit sur l'oreille par certaines finales : elles sont
1. V. plus haut, ch. I, § 2.
2. Les rédacteurs des actes pontificaux ne cherchaient point, suivant le conseil
du frère mineur Astazius (De arte sermocinandi, Bibl. nat., ms. latin n** 15965,
f* 135 r"*), à embellir les textes sacrés : c Verba Scripture Sacre debent esse
ornata et poai curiose, ut alliciant audientes, et ut sint magis solliciti ad audien-
dum et intelligendum eorum informacionem et ad ea avidius retinenda. » (Pass.
cité par M. l'abbé Bourgain, Mém, de la Soc. d'agriculture, sciences et arts
d'Angers, séance du 17 juin 1880.)
3. Bien qu'il soit le plus communément employé, on trouve aussi les deux
autres cursus à la fin des phrases.
259
devenues plus fréquentes ; mais, au Ueu de subir un changement
brusque, la prose s'est acheminée lentement vers l'idéal des dic-
tatures^.
Tout ce que Ton peut diA, c'est que, dans les premières lettres
pontificales qui nous soient parvenues en latin, le nombre des
terminaisons libres dépasse notablement celui des terminaisons
rythmiques. A peine peut-on citer, vers le milieu du rv* siècle,
une épître de Libère, dont le texte présente d'assez nombreux
exemples de cursus veloœ, plantes ou tardus : c'est la lettre
adressée par le pape, en 355, aux évêques exilés de Verceil, de
Milan et de Gagliari*.
Ce qui était alors l'exception devient la règle vers la fin du
siècle. Sous les pontificats de saint Sirice (384-398) et de saint
Anastase P"" (398-401), le rythme de la fin des phrases est géné-
ralement bien observé. On remarque plus de négligence durant
le règne d'Innocent P' (402-417). Mais les lettres des successeurs
de ce pontife jusque vers le milieu du vu® siècle présentent toutes
le même caractère : prédominance du style rythmique; cependant
le rédacteur ne parvient presque jamais à éviter toute faute de
nombre.
B. — Du milieu du VIl^ siècle à la fin du XZ«.
Cette seconde époque marque un mouvement en arrière. Le
cursus y est plus ou moins mal observé, souvent entièrement
méconnu ; rien de si rare qu'une épître, je ne dirai pas complète-
ment, mais à peu près conforme aux règles de l'harmonie.
C. — XIP siècle.
Le xif siècle, au contraire, est une époque où l'on suit le
progrès, pour ainsi dire, d'un pontificat à un autre. Déjà
sensible sous Gélase II (1118-1119), il l'est plus encore sous
1. C'est ce qui rend très difficile de découvrir Porigine première du curstis.
Arnobe, Tertullien semblent bien, en quelques passages, employer avec intention
le cursus; mais ils le méconnaissent si souvent! Saint Cyprien n'en tient nul
compte. Je craindrais de me tromper en me prononçant pour ou contre l'origine
africaine du rythme.
2. Baronius, t. IV, p. 545. J'y relève cependant les terminaisons fautives
gaudium gloriae et dilectio consequeretur.
260
Honorius II (1124-1130) et sous Eugène III (1145-1153). Les
&utes de nombre deyiennent rares à la fin des phrases ; on tend
de plus en plus à employer le cursics à la fin de toutes les propo-
sitions. •
Toutefois, à une époque où le rythme des simples bulles était
porté à une perfection rare, les privilèges, ou grandes bulles,
ofirirent cette particularité d'être rebelles à la mode et de rester
très inférieurs, au point de vue du cursus, aux autres lettres
pontificales. Un exemple rendra sensible cette difierence : dans
sept lettres originales ' d'Anastase IV (1153-1154), je n'ai
relevé que deux fautes graves ; j'en ai compté dix au contraire
dans trois privilèges du même pape *.
On peut juger des progrès du rythme dans les simples lettres
par les changements que subissaient, vers le même temps, cer-
taines formules : par exemple, la clause Nulli ergo, que les
notaires d'Eugène III et d'Anastase IV rédigeaient encore sous
ces formes : « Nulli ergo omnino hominum liceat hanc nostre
constitutionis joa^nam infringere^, Nulli ergo hominum
fas sit hanc nostre conflrmationis paginam ausu temerarêo re-
fringere ^,... » mais que Ton ne tarda pas à modifier conformé-
ment aux lois des cursus tardus et veloœ : « Nulli ergo homi-
num fas sit hanc nostre constitutionis paginam temerario aiÂSU
infHngere, ...» ou : « ... ausu temeri^a^û infringere, ... »
ou bien : « ... hanc nostram confirmationem temere pertur-
bare, ... » ou enfin : « ... hanc paginam nostre coiAvmdiionis
infringere^,,, »
A cette époque, Albert de Morra et Transmond présidaient la
chancellerie des papes ; le cursus régnait à la fin des phrases et
des propositions ; le rythme d'un grand nombre de bulles était
irréprochable. Cependant il restait encore quelques progrès à
faire : sous chacun des papes qui se succédèrent durant cette
seconde moitié du xii* siècle, j'ai relevé, dans des litterœ,
un petit nombre de phrases terminées d'une façon fautive, négli-
gence particulièrement condamnable aux yeux d'un dictator,
1. Arch. oat; Bullaire, L 229, Anastase IV, n~ l, 1 bis, 2, 3, 5, 7 el 10.
2. Ibid., n»' 6, 8 et 9.
3. 8 sept. 1152. Rec, des hist. de FrancCy t. XV, p. 477.
4. 24 oov. 1154. Ibid., p. 655.
5. Ces modifications s'accomplirent dès le pontificat d'Anastase IV. Voy. Arch.
nat., Bullaire, L 229, n" 1, 1 bis, 3, 5 et 7.
264
D. — De H98 à 1288.
Ce que Ton a dit de ravènement d'Innocent III, qu'il ouvrit
« une ère nouvelle pour la chancellerie pontificale * » se trouve
confirmé par l'étude du rythme. Notre quatrième époque, qui
commence en H98, pour se terminer à l'avènement de Nico-
las IV (1288), embrasse une série de quatorze pontificats et une
période de quatre-vingt-dix années, pendant lesquelles aucun
changement appréciable ne modifia la condition du cursus. C'est
une nouvelle preuve à l'appui du fait constaté par les Bénédic-
tins : « Il règne une plus grande uniformité dans les bulles du
xni® siècle que dans celles qui le précédèrent*. »
En deux mots, voici les caractères de cette époque. Les privi-
lèges sont encore rédigés avec une certaine négligence 3. Dans les
litterœ, au contraire, la phrase se termine toujours par l'un
des CURSUS vELOx, PLANUs OU TARDUS (à Cette règle, je ne con-
nais point d'exception^) ; les propositions et les moindres membres
de phrase sont généralement terminés de la même manière ; mais
cette deuxième règle n'est pas rigoureusement obligatoire.
On comprendra mieux à quel degré de perfection était alors
porté le rythme des litterœ, en jetant les yeux sur la bulle sui-
vante d'Innocent III : elle a été transcrite, non sur l'édition de
Du Boulay^, qui fait commettre au notaire d'Innocent plu-
1. Mémoire sur les actes (ff Innocent UI, Bibl. de VÉc. des chartes y 4* série,
t. IV, p. 5.
2. Nouveau traité de diplomatique^ l. V, p. 282.
3. C'est ainsi que plusieurs phrases d'un privilège du 21 mars 1199 se ter-
minent de la manière suivante : c ... vicissitudinis obumbratio. — ... filii ire.
— ... amicis suis, — ... Christi impugnatores. — ... minuere sit licitum. —
... exigere audeat. — ... licenUa pateat. » (Arch. nat., J5wZte<re, L 236, n'24.)
4. On ne peut considérer comme une exception le curieux exemple d'élision
qu'offrent deux bulles d'Innocent 111 (L 236, n" 6; autre bulle du même
carton) : on y lit à la fin d'une phrase laboribu^ esse inscriptum, ce qu'il faut
sans doute prononcer : labôrtbus éss' inscriptûm.
De même, à première vue, l'on serait tenté d'accuser de négligence le rédac-
teur d'une bulle d'Alexandre IV (L 249, n» 63), dont une phrase se termine par
les mots exaciionis fatigare. Un simple coup-d'œil jeté sur les mots qui pré-
cèdent montre que la faute procède du copiste, et qu'il faut lire : « ...vel vos
novis et indebitis exacti(Jnt[6it]5 fâtigârë. »
5. Hist Un. Paris,, t. Il, p. 538.
262
sieurs fautes contre le rythme, mais sur Toriginal, conservé aux
Archives*.
Innocenlius, episcopus, scrvus servorum Dei, dilectis fliiis Virzi-
iiacensi ^ et Sancti Pétri Autisiodorensis abbatibus et^ decano Aure-
lîanensi, salutem et apostoiicam benedictionem.
Accedentibus ad Apostoiicam Sedem dilectis fliiis abbati Sancte
Genovefe et magistro P. de Corbolio yenerdbïlëm frdtrëm néstrûmj
J., Mbainénsëm éplscôpûm, et dilectum filium, G. ^, Sancte Marie in
Aquiro dîàcônûm cirdïndlënif depu/a!;rmîl5 aûdXtbrïs; in quàrûm
présent là prefaYi/s màgistër, pro wenerdbïlï frdtrë néstrdy Parisi^nsF
ïpiscôpô, cujus procurator fuerat 'm^litùtûs, prôpôsûït, quod idem
abbas super possessione juris parrochialis in parrochia ' de Monte
grdvïm ïpiscôpô moléstïàm îngërébàt, cum eam potestatem usque
ad tempora sua Parisi^9i5r5 ëplscdpûs habuerit in parrochiin^s de
Monte ac presbiterum qui éis dïvlnà pro témpdrë mïnïstràbât ; quod^
si esset etiam canônïcûs rigûldrïsj ei ^ curam ^vrdchïë commïttébàt,
et ^ sacerdos, post cnrâm sûscéptâm de mdnû ëpUcôpï^ parrochianos
ad nutum ejus ligabat i^^rz /?r et solvébât^\ et, si quis excommuni-
catus esset ab episcopo vel étïâm ïntërdictûs, presbiter eum non
admittebat dliquâtênûs dd dïvinàj qui etiam benedictidn^^ spdnsd-
rûm, puriflcationes de pdrtû sûrgéntlûm, publicas penitentias non
assumebat sibi nisi de mandato tpiscôpl, spêcUlï ; et, si fôrtë sâcér-
dos talis esset qui divina non posset pôpûlô mïnïstrdre^ ipsius
excessum abbati Sancte Genovefe et fratribus episcôpûs nuntïdbât^
qui, côgnïtâ vêrïtdtë, a.mâtô ïndignô, adanimarum curam recipien-
dam alium episcopo présëntâbànt. Cum érgô nômssïmë pvefdtiis
ëpiscôpûs premonu/s5^/ âbbàtëm, ut capellanos suos qui debebant
]^avrôchïïs désërvirë ad suscipiendam curam animarum episcopo pré-
sëntdrët, hoc se faiCtûriïm rëspôndït et dlîquôs presëntdvit ; sed
requisitus quod presentaret illum qui debebat in prefata de Monte
fdxrôcKîâ désërvirë^ dixit tune éûm non ^ passe propter abséntJàm
1. Bullatre, L 236.
2. Du Boulay : Vizeliacensi.
3. Du B. : Antissiodorensis, abbatibus, F. ,.,.
4. Du B. : G. deest,
5. Du B. : parochialis, parochia.
6. Du B. : et.
7. Du B. : etiam.
8. Du B. : absolvebat.
9. Du B. : nunc.
263
prêséntdrï. Cumque hoc sepius monitus fdcërë non curdrët, episco-
pus pdLTTOchidnïs dï Mdntë sub pena excommunicatidnrs inhihûit^
ne in ecclesia Sancte Genovefe vel andirënt divinà^ vel aliqua rect-
përënt sdcrâméntâ^ nisi ab illo presbitero qui animarum curam ab
episcôpô sûscëpissët ; que sententia in eddëm ëcdésîâ fuit, pv^éntë
pârrâchïâ^ pûhlicë récïtdtâ; eamque parrochianz^ de Monte ^ sicût
sôlébânt^ tdmdïâ* sirvâvérûnt ^ donec, facientibus canonicis Sancte
Genovefe, pôpûlô cônvôcdtô^ in verbo sacerdotis et periculo anime
per yçxitrdbilëm frdtrëm nôstrûm^.,,^ ^ Qpiscôpûm Tôrnàcénsëm^
ipsius ecclesie quôndâm àhhdtëm^ fuit pûblïcë prêdïcàtiim, quod
secure poterant OMdlrë dïvinà^ cum in eos non archiepiscopus , non
episcopus, vel archidiaconus posset excommunicationis vel interdicti
senténttâm prômûlgdrë : sicque ab éïs Indûctï, spiri tua/la rêcëpé-
rUnt, Episcopo ergo, quemadmodum premissum est, spoliato obe-
dientia parrôchJë memôrdtë^ petebat dictûs màgistër ipsî ëpiscôpô
ante omnia quasi possessionem juris parrochi^/f^ rëstitïïl^ adversariis
suis super hiis ^ que adversus eum proponenda ducerent postea *
plewirl^ rispônsûrô^ cum nec ante restitutionem ^ responc^^r? dëbé-
rët didwersdrns spôlîâtûs^ et quod çpiscôpûs Tomâcénsïs et cs.nânici
sipëdictï de premissis excéssJbûs punXréntûr, causa postmodum
coram deleg'^^ïs jâdicibiïs ordine débîtô pêrtràctdndà, in quorum
prëséntXà de jure Parisi^w^Ts ëcclésië plémûs probàrétUr^ quod
impresentiarum, propter probatid/iûw ïnôpXàm, fiëri non vàlébàt.
Ceterum prefatus abbas versa vice nôvâm injûrXâm inferri sibi
per novum episcopâm prôponébât^ asserens ecclesiam sûâm cûm
burgô a primo fiindationis tempore libërâm êxtltissë, nec alicui
umquam in spiritualibus nisi Kotndnô pôntifïcï fuisse sûbjéctâyn^
quod per rescriptum bbnë mëmôrïë Celestini pape, predecessoris
nostri, ad cautelam osténdërë nïtëbdtûr^ qui pie recordationis
Âlexandri, Lûcïï et Clëméntïs, predecQSsôrâm sûôrum^ Romawdrûw
pôntifïcûm^ exempta sëcûtiïs^ ecclesiam prefatam ea inter alia liber-
tdtë dôndvTt^ ut nuUus ipsam, canonicos vel burgum interdicto vel
excommunicationi pôssët sUppônërë^ nisi Sûmmâs Pôntifëx, vel
legatus ab ejus tdtërë dêstmdtiïs; contra quam libertatem pvefdtûs
ëpiscôpus yenirë prësûmëns in alienam messem falcem mittere,
1. Du B. : jamdiu.
2. Du B. : S.
3. Du B. : his.
4. Du B. : postea deest,
5. Du B. : testimonium.
264
i^uod nullus unquam predecessorum suorum (écïrdt^ non ëxpdvXt^
canoiiieuin îpsius ecclesie qui hominibus burgî spiritu(i/Ti mfnls-
frdbât. iil ab eo curam ^nmdrûm rïcipïrït^ sibi pôstûlàns pri-
sinUrï ; (]uod ciim ohiïnérë non pâssët, posl appellationem sol-
loinpniter interpositam et iler arreptum ad Sedem Apostd/Tcim
rcHÏéndU omnes qui in ecclesia Sancte Genovefe missam parro-
chîti/^m aiïdirïnt et communicantes eis excommunicatidnl sûbjéclt ;
cujus (imore motus pâpâliïs, tdnquâm rûdïs^ ex ignorantia vel
huinili^uVe àbstiniïXt ^Xiquàndlû à dîvlnJs; sed, per jam dictumTor-
wixcéHsëm ëpiscôpûm^ olim abbatem ejùsdim ëcclésU^ ilhic pôstmô-
dàm icvëdéntïm^ côgnJtà véritâtï, qui, ^\çm\, jàrls plritûs^ eis OAsi-
rûl/ ïncûntântïr ^ quod senlentia Parisic>wÏ5 ëpiscôpï^ dé quà
prh/nshntls^ tamquam a non suo judice lata, nullius obtinebat rôbd'
r]s llrniifdiëm, ad proprium rediit pôpûliïs sàcîrdôtëm; quem si
oliain ex certa sciew/tJ êvUdssët^ ut sic jure suo eccléslâ prîvàrétûr^
oi non sic posset, sicut nec per colonum domino insdô vél învitd^
|uvjurf/clû//i génërârï ; quoniam, étsï ëpiscôpiïs aliquidjurishaWr?^
U (^ihy quod pénït as nègàbâtUr^ cum ex^ eo quod appellatiJni non
dHUlU^ in légës cômmlsërU^ per eas non debebat restitutionis bene-
flvXûm ôbtïnérë^ quia et^ frustra légës invôcàt qui commiV^z^ m éis;
pn^sertim cum nunquam fûërït dêstïtûtûs; unde restitutionem pétërë
non vâlébàt. Quod autem eadem ecclesia esset in possessione insti-
I KxéndX cânômcum, qui spiritualia^dpû/o mîmstrdrët ^, et quod super
hominibus burgi utramquejurisdictidn^mA^ôdr^^, et predecessorum
ipsius cpiscopi iempôrïbiîs hàbûissët^ paralum se abbas ex habun-
dànti dJcébàt in coniinéntï prôbdrë, Postulabat proinde quicquid^ a
8oped/c^o ëplscôpô de facto fuerat post appellationem ïniQrpâsïtâm
iUtëmptâtûm^ , irritûmjûduân, eumque, ne decetero similia pre-
Kumërët^ cohërcérï^,
Premissis igitur et aliis rationibus per dictos auditores, qui et peti-
tiones et allegationes partium in scripiXs rëddctâs nobis et fratrîbus
nostris prudenter et Méiïtër rêtUlérunt, plémUs întëlléctis^ nos
atlendentes quoniam ex eo solo quod populus dicte pàrrôchïë timoré
hûjûs sënténtU per aliquot dies abstinuit aut^ir^ dïvinà^ nuUam in
1. Du B. : ex deest.
2. Du B. : is.
3. Du B. : ministrabat.
4. Du B. : quidquid.
5. Du B. : attentaium.
6. Du B. : coerceri.
265
eos juris parrochialis possessionem dictus Qpiscdpiïs adquïsivïl, nec
fuit aliquo môdd prôbdtûm quod, eo tempore quo idem ëpiscopûs tulit
sententiam in ipsos, possessionem juris parrochi^//* hàhéret, vei
prius étXdm ^ hàhûUsït^ restitutionem^ ei adjudicare Abjure nëquivï-
mâs^ cum non constiterit eum fuisse dlïqudtënus spolïdtâm. Verum
quia, super aliis que proponebantur ex parte sepedicti Parisi^mi*
ëpiscôpï^ nobis non potuit fiërïplénâ fidës, causam ipsam vobis dûxï-
mus committéndàm^ per apostolica scriptà mandantes^ quatinus, par-
tibus ad vestram ij^reséntUm cônvôcdtïs, si vobis constiterit Parisi^n-
sëm ëpiscôpiim possessionem parrocbialis juris in predicta parrdc^îdi
hâhûissë et ab ea fuisse mjûstë dëjéctûm, eo, sicut juris ordo postulat,
prMtâsristUûtdfdLudïaXisqnQmmquQdûxërïntpropdnéndà^eiqnod
justum fuerit sine appellationis obstdciilô stàtvidtïs^ facientes quod
statueritis per censuram ecclesiasticam firmïtër obsërvdrï. Testes
autem qui nominati fuerint, si se gratia, odio, vel tïmôrë sûblrdxë^
rïnt^j quominus testimonium perAiô^^'w^ verïtdtï, vos ad idper dis-
trictionem ecclesiasticam appellatione v^môtâ côgdtis; nuUis litteris
obstantibus, si que apparuerint prêter assensum partium a Sede
k^ostôlicà împëtrdtë. Quod si omnes hiis ^ exequendis nequivcrl^Is
întëréssë^ tu, fîli abbas Virziliacensis, cum eorum altero ea nichi/d-
minâs êxëqmris,
Datum Laterani, II kalendas junii, pontifîcatus nostri anno secundo.
Cet exemple, choisi entre mille semblables, prouve surabon-
damment que l'application des règles n'était point un effet du
hasard. Qu' est-il besoin de faire remarquer les formes synco-
pées^ ou les interversions^ auxquelles recourt le notaire , bonœ
sonoritatis causa'^'i
1. Du B. : eam prius.
2. Du B. : jurisdictionem.
3. Du B. : substraierint.
4. Du B. : his.
5. c Ab ipsius obedi^n^ta declinarit, ... raiionabiliter promulgarit, » (Bulle
d'Innocent III publ. par M. Delisle, Bibl. de VÉc. des ch., 1873, p. 407.) « Lit-
teras desUnarii, ... aliud emanarit. » (Bulles d'Innocent IV, publ. par M. E.
Berger, Registres d'Innocent JV, n" 78 et 361.)
6. « Ralam et firroam sententiam habituri quam rationabiliter in contradictores
promulgandam duxerit et rébelles. » (BibL de VÉc. des ch.y 1873, p. 407.) « Irri-
tas âecernimtAs et inanes (bulle de Clément IV ; Arch. nal., Bullaire, L 258,
n" 12, 23 ^ipassim).
7. Ainsi s'exprimait Tauteur du Dictamen conservé dans le ms. lat. 8566 A
(f 111).
266
On chercherait vainement, dans les lettres pontificales de cette
époque, une formule qui ne fût point rythmée : « Âuctoritate
fvesentium indulgemxis.,, Auctorita te SedisÂposto^tc^ con/tr-
mamus.., Quare a nobis humiliterposiulabas... Âbsqoe lioen-
tia Sedis Apostolice speciali... Que correctionis et reformationis
officio noveris indigere.., Presentis scripti patroeinto commvr'
nimus,,. Inquisita super premissisdili^en/m^'t?&nïa/^...etc. »
Ces expressions sont de style sous Innocent III et ses succes-
seurs ; il en est de même des clauses Nullis litteris, Quod si
omneSy Testes autem^ et de tant d'autres, dont la formule,
modifiée au commencement du siècle, se conserve désormais,
parce qu'elle sonne agréablement'. Bien difierentes , à ce point
de vue, sont les formules des privilèges, où se font remarquer
les terminaisons Apostolice Sedis av^toritate , aliéna fiat^
paœ Domini nostri Jhesu Christi.
Rien ne prouve que la minute des lettres apostoliques (litterœ
notatœ) fut rédigée sous une forme harmonieuse. Mais on se
représente, au bureau des grosses, les notaires révisant le texte
de la bulle, le développant, le modifiant, intervertissant Tordre
des mots, rejetant au besoin une expression gênante, jusqu'au
moment où l'épître sort de leurs mains métamorphosée grâce
aux cadences dont ils ont su l'embellir. Ils arrivaient souvent
à faire précéder d'un cursits les moindres repos de la voix^.
E. — De 1288 au XV IP siècle.
Sous le pontificat de Nicolas IV (1288-1292), les notaires se
relâchent un peu de leur vigilance. Alors reparaissent des fautes,
inconnues depuis le xu* siècle : non seulement des propositions,
mais des phrases se terminent d'une façon défectueuse, et cela
dans de simples lettres. La voix retombe et s'arrête sur des mots
assemblés au hasard: «... ingressu claustri vel chori inter--
1. Le comparatif est employé ici de préférence aa positif, pour que le double
spondée final soit précédé d'un dactyle.
2. Qne Ton consulte un des nombreux formulaires romains du xiii* siècle,
conservés à la Bibliothèque nationale : on constatera partout Tapplication du
cursus,
3. Ces repos ne sont pas toujours indiqués par une ponctuation dans les expé-
ditions originales. Il arrivait souvent que le grossator plaçait un peu an hasard
le colon et le comma.
267
dicto. — ... ad Sedem Apostolicam référant^. — ... certum
tempus comprehendat^. — ... ad eœprohrantium oppro-
bria^. — Quis igitur de cetero marcebit otio^'i » (ce dernier
exemple est emprunté à une expédition originale). Les notaires
de Bonifece VIII persévèrent dans la même voie, les fautes vont
en se multipliant : « ... a jure intimamus ^. — ... per legatos
vel delegatos ipsius^. » La loi cependant n'est pas abrogée :
moins exactement observée, elle n'en continue pas moins à exer-
cer sur la rédaction des bulles une influence décisive. On ren-
contre fort souvent, à cette époque, des lettres que ne renierait
point un notaire d'Innocent III. En un mot, le xiv® siècle res-
semble beaucoup à la seconde moitié du xii^.
Peu à peu, par suite de ce relâchement, les nuances qui distin-
guaient encore le style des privilèges s'eflacent, et le même rythme
dégénéré s'applique à tous les actes de la chancellerie'.
Ce mouvement s'accentue durant le xv® siècle, on en arrive
parfois à un complet oubli du cursus. J'ai pu relever, dans une
seule bulle de Sixte IV, les terminaisons suivantes : « impen-
damus efficaces, — ... tenoris subsequentis , — ... execu-
tioni demandarentur. — ... eœcommunicati censerentur,
— ... prefati tenerentur ^. »
Au XVI® siècle, le désordre est à son comble. Si l'on trouve
encore assez souvent des actes rédigés suivant les vieilles règles ^,
c'est qu'on respecte religieusement les formules. Mais qu'une
difficulté se présente, qu'un effort soit nécessaire pour conserver
le rythme, c'est alors qu'apparaît la négligence des rédacteurs.
Telle est la persistance des anciennes formules, qu'il ne faudrait
1. Bulle da 12 sept. 1289 (BuUar. rom., p. 61 et 58).
2. Bulle du 17 août 1289 (Ibid,, p. 56).
3. Bulle du !•' août 1291 {Ibid,, p. 66).
4. Bulle du 1" août 1291 (Arch. nat., Bullaire, L 277, n* 50 ; Laog, Hegesta,
t. IV, p. 500, et Pertz, Mon. Germ. htst, scripL, l. XVII, p. 600).
5. Bulle du 8 sept. 1303 {Bullar. Rom., p. 103).
6. Bulle du 19 mai 1296 (Arch. nat., Bullaire, L 280, o« 49 ; RipoUi, Bullar.
ord, Prxd.y t. II, p. 48).
7. Les brefs suivent le sort des autres lettres pontificales.
8. Bulle du 25 juin 1472. (Arch. nat., Bullaire, L 325, n» 3).
9. Voir le bref de Jules II du 5 déc. 1506 (Arch. nat., Bullaire, L 328, n« 10),
la bulle du 26 juillet 1505 (Ibid., n« 4) et ceUe du 20 juillet 1507 (Ibid., n« 8),
ainsi que les bulles de Paul IV du 28 sept. 1556 (L 336) et du 1«' sept. 1557
{Ibid., n* 4).
268
yy.LK «iét/joner, si, encore au xvii* siècle, on remarquait dans
-': ry t/*me de certaines bulles une régularité relative*. D va sans
'Ut*r que II rencontre serait fortuite, et que depuis longtemps la
.' «riiiiissance des lettres antiques a fait tomber dans le discré^t les
'l'xjtrines épistolaires du moyen âge.
iJe la place de V accent dans les actes pontificaux,
I>e soin avec lequel, h certaines époques, les notaires de la
chancellerie observaient le cw^sus, permet de constater comment
ils plaçiiieut Taccent sur les mots latins. C'est le lieu de remar-
quer, une fois de plus, que la règle antique était ramenée à sa
plus simple formule : tout dissyllabe est accentué sur la pénul-
tième, ainsi que tout polysyllabe dont la pénultième est longue ;
au contraire, tout polysyllabe dont la pénultième est brève est
accentué sur l'antépénultième.
Quant aux règles exceptionnelles par lesquelles les anciens
dérogeaient à cette loi, une seule m'a paru conservée. Les ter-
minaisons eœinde commendari^, exinde dispensantes^,
aliuyide assumendos ^, que Ton rencontre dans des lettres de
Grégoire IX ou d'Innocent IV, ne sont point fautives : Priscien
enseignait à accentuer sur l'antépénultième les composés de inde
avec une préposition^, et nous savons par Pierre Hélie^ que Ton
s'appuyait sur l'autorité de ce texte pour accentuer de même
alîunde.
D'ailleurs, je n'ai jamais vu les notaires se méprendre sur la
quantité de la pénultième, erreur qui les eût induits à mal placer
l'accent sur les mots polysyllabiques. Ils avaient, à cet égard,
une érudition sûre et ne commettaient aucune des confusions
dont M. Thurot a relevé des exemples chez les grammairiens du
temps'.
1. V. par exemple une bulle de Grégoire XV du 30 juin 1622 (A. el J. Tardif,
Privil. accordés à la couronne de France par le saint- siège, p. 282).
2. Bulle du 8 déc. 1234 (Bibl. nat., coll. Moreau, ms. n- 1189, f 260-, N. Va-
lois, Guillaume d'Auvergne, p. 368).
3. E. Berger, Registres d'Innocent IV, n» 1652.
4. Ibid., n« 408.
5. Insi. gramm,, XIV, 20.
6. Spéculum de Vincent de Beauvais, cap. CLXll. Cf. M. Thurot, NoU et exir.,
1. c, p. 403.
7. Ibid,, p. 419 et suiv.
269
CONCLUSION.
De V utilité du c\xv%\y&pour la diplomatique pontificale.
Quelle que fût Thabileté des notaires, le cursus contribua sans
doute à pervertir le stjle des bulles, en le rendant prolixe,
contourné, en multipliant les périphrases, »en substituant à Tordre
logique un ordre capricieux. Mais ces défauts, qu'excusait le goût
du temps S étaient largement compensés, aux yeux des chance-
liers, par un double avantage : revêtir l'acte d'une forme har-
monieuse, que nous ne pouvons aujourd'hui apprécier qu'impar-
faitement, et surtout rendre plus difficile la rédaction, par suite
la contrefaçon des bulles. Qui sait si l'on n'a point observé avec
plus de soin le rythme dans les litterœ, précisément parce que
ces actes, dépourvus de souscriptions, de rota, de benevalete,
offraient moins de garanties contre l'habileté des faussaires ?
Toutefois cette précaution eût été plus efficace encore, si la
chancellerie romaine eût gardé le secret du cursus. Il n'en fut
rien : les dictatores se chargèrent de faire connaître dans tous
les pays l'artifice qui donnait au style des bulles une élégance
fort appréciée des contemporains : posséder les règles du cur~
sus de Rome, était pour eux la meilleure des recommandations.
Aussi les notaires d'un grand nombre de cours ecclésiastiques
ou laïques ne tardèrent-ils pas à se conformer de leur mieux, et
parfois avec succès, aux prescriptions d'Albert de Morra. Il en
résulta que le cursus fut également à la portée des faussaires.
En fait, dans bon nombre de bulles fausses, le rythme ne laisse
rien à désirer.
Est-ce à dire que la critique ne puisse tirer aucun parti du
cursus 'pour le discernement des pièces fausses? Je m'explique.
1. Les dictatores enseignaient le moyen de rendre le discours c prolixe », et à
côté de Vordo naturalisa qui n'était autre que Tordre logique, ils plaçaient
ïordo artifLcialis^ consistant en interversions forcées, et auquel ils ne manquaient
point de donner la préférence : c Notandum quod ordo dictatoris duplex est,
scilicet naturalis et artlficialis. Naturalis est, quando res describitur ex ordine,
prout gesta est, et absque omatu. Artilicialis est, quando dictator non servat
debitum ordinem rei geste, sed a medio procedit ad principium et de fine ad
médium et hoc pluribus modis : 1^.. » (Bibl. nat., ms. latin n" 16246 1, f' 9'2. J'ai
imprimé tout ce passage, De arte scribendi episiolaSy p. 65).
»•.*-
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21\
et d'une autre que Ton a voulu attribuer à Boniface VIII S sans
remarquer que les notaires de ce pape ne commettaient que bien
rarement des fautes de cette gravité :
... ingressus interdictus.
... universitatls predictorum.
... mînistrari libère possint.
etc.
S'il s'agit d'une lettre attribuée à l'un des papes du xni® siècle,
depuis Innocent III jusqu'à Honorius IV, la critique pourra se
montrer plus difficile : eue exigera des rédacteurs une application
constante des règles du cursus et considérera comme suspecte
toute lettre dans laquelle une phrase se terminerait d'une façon
défectueuse. A plus forte raison condamnera-t-elle une bulle
attribuée à Innocent IIP dont les terminaisons sont les sui-
vantes :
... litterae signifleantes,
... oculo invigilans,
... cure deputatam,
... personarum conniventia,
... libris obligaverat,
... tenore litterarum,
... voluntate respondentes,
... honesto contingente,
... renunciaverit labori,
... supradicta omnia,
... ad se pertinentibus,
... consensu commendantes.
... consilio factum est,
... auctoritate conformetur.
... rationabilia petentium,
... provisione agitur,
... favore manutenere,
1. « Honestis ac humilibus... » (Ludet^ig, Reliquiae manuscriptomm omnis
xvi diplomaium ac monumentorum ineditorum adhuc, Halae SalicaB, 1737,
m-8% t. XI, p. 613. Cf. Potthast, p. 1975).
2. Bulle du 27 mai 1216 adressée au couvent de Medlich : c Dilectionis ves-
trae nobis... » (Ph. Hueber, Ausiria exarchivis MélUcensib'os illustrata, Lipsiae,
1722, in-f% f- 13. Cf. Potthast, p. 449).
272
. memores existant.
. a^re volentes,
.. providit necessitAti,
... auctoritate confirmantes.
... generare solet,
... sue indulgemus,
... elegit exonerari.
... emergunt casus,
... sufficit caul^la.
... agere presumpserit,
... provisa sunt auferendo,
... auctorilat^ excommunicatus,
... Christi separalus,
... satisfactionem emendaverit,
etc.
\\n\r tlxer la date d'une bulle authentique, le cursus sera
i'iK\>iv dt^ quelque utilité. Ainsi M. Delisle, quand il revendiquait
(K>ur Innocent III des lettres attribuées à Innocent II S aurait pu
lutn* m\ nouvel argument de l'observation du cursus* : il se fon-
vlail 8U1' la mention de l'année du pontificat ; mais supposez que
m»us soyons en présence d'une copie, d'un fragment tronqué,
dont on ait supprimé la date : c'est alors qu'il sera bon de se
r«|>|>t»l<îr que le rythme sous Innocent II (1130-1143) était
uilôriour à celui des bulles d'Innocent III et d'Innocent IV.
Jt) termûierai en faisant observer que, pour la période comprise
ontrt^ 1198 et 1288, le cursus donne le moyen de reconnaître
ftu'iltunent et, pour ainsi dire, du premier coup-d'œil les erreurs
ih^ copie ou les interpolations qui déparent souvent, dans nos
meilleures éditions, le texte d'une lettre apostolique.
Noël Valois.
1. Mémoire sur les actes (TJnnocent ///, l. c, p. 61.
2. V. par exemple les deux lettres imprimées dans la collection des condles
de Ubbe (t. X, col. 968) et dans le Cartul. de N.-D. de Paris, t. III, p. 184.
CHARTES
DE SAINT-MARTIN DE TOURS
COLLATIONNÉES PAR BALUZE
SUR LES ORIGINAUX.
Lorsque feu notre confrère E. Mabille entreprit la restitution
du célèbre cartulaire de Saint-Martin de Tours connu sous le
nom de Pancarte noire ^, il attacha naturellement la plus grande
importance aux copies de la main de Baluze. De tous les érudits
qui ont travaillé dans les archives de Saint-Martin, c'est certai-
nement celui dont les transcriptions ont pour nous le plus de
prix. Toujours faites sur le meilleur des textes qui existaient,
elles témoignent d'un soin extrême, et surtout d'un souci de l'exac-
titude qui permettent de les utiliser presque au même titre que les
textes qu'elles représentent, originaux ou anciennes copies, pour
les études les plus minutieuses. Malheureusement, un certain
nombre des plus anciens diplômes de Saint-Martin ne se retrou-
vaient pas dans ses manuscrits, et les copies de Besly, de dom
Lesueur, de dom Martène ou de dom Housseau qui faisaient seules
connaître ces documents ne laissaient pas que de faire regretter
qu'on n'en eût point de la main de Baluze. Une petite découverte
me permet de combler aujourd'hui une partie de cette lacune.
On sait que les chanoines de Saint-Martin, à l'occasion d'un
interminable procès qu'ils soutinrent contre les archevêques de
Tours au ^ujet de leurs prérogatives, firent imprimer, en 1709,
1. La Pancarte noire de Saint-Martin de Tours, brûlée en 1793, restituée
diaprés les textes imprimés et manuscrits par E. Mabille. Paris el Tours, 1866.
In-S*.
27(5
1. 43, 44, 46, 47, 48, 49, 20.
bunuarum
1. 46el24. Aniliaco
1. 48. Britannorum
1. 24 . habent
1. 26. supplementum
1. 34 . annulo
1. 32. Eneas
Ludovic!
recognovi
l. 34. Id.
Garoli
bunuaria
Aviliaco
Brittanorum
habet
subplementum
anulo
Aeneas
Hiudowici
recognovit et subscripsit
Idus
Karoli.
2° 16 avril 849. — Charles le Chauve confirme les chanoines
de Saint-Martin dans la possession de la villa d*Antogné et fixe à
deux cents le nombre des chanoines {Recueil, p. 3, Mabille,
Index, n<* 51, au 1" mai).
Texte imprimé.
1. 4. Francorumque Aquitano-
rum
1. 6. fidelibusque
1. 4 2. authoritatem
1.46. praedecessorum
1. 27. heri
1. 29. esse perpetuo voluerint
1. 34 . Ludovici
recognovit
1. 32. Gai. maii
Garoli
Foeliciter in Dei nomine.
Corrections de Baluze.
Francorum Aquitanorumque
fîdelibus
auctoritatem
praecessorum
Ghristi
voluerint esse perpetuo
Hiudowici
recognovit et subscripsit
XVI Kal. mai
Karoli
In Dei nomine foeliciter.
Comme on le voit, c'est sur la date que porte la correction la
plus notable; ce diplôme est donc du 16 avril et non du 1^*" mai.
De plus, Baluze a rétabli avant la souscription du chancelier celle
du roi : Signum Caroli gloriosissimi régis, qui manquait dans
le texte imprimé, bien (ju'elle fut annoncée par la formule : manu
nostra propria subterfirmavimus .
«
3° 6 novembre 851 . — Charles le Chauve concède en bénéfice
à Wichardla celle de Sainte-Colombe pour en jouir sa vie durant
{Recueil, p. 5, Mabille, Index, n® 54).
277
Texte imprimé. Corrections de Baluze.
1. 2. irrationabiliterpetitionibus irrationabilibus petitionibus
1. 5. Wiehardus Wichardus
1.2-1. nec nos necnon
1. 22. annulo anulo
l. 23. jussimus concessimus
1. 24. Ludovici Hludowici
recognovi recognovi et subscripsi
1. 25. Indictione... (un blanc tient Indictione XV
la place du chiffre.)
régnante glorioso rege régnante Karolo glorioso rege.
4° 30 janvier 869. — Charles le Chauve prend sous sa protec-
tion les domaines de Leré en Berry et de Marsat en Auvergne
{Recueil, p. 135, Mabille, Index, n<*67).
Texte imprin^.
Corrections de Bal
1. i, Carolus
Karolus
1. 7. Liradus
Leradus
1.-13. agnoscentes
cognoscentes
1. 27. recognovi
recognovi et subscripsi
1. 32. Carolo
Karolo.
Entre la fin de la teneur et la souscription du chancelier,
Baluze a intercalé une souscription de Charles le Chauve : Signum
Karoli gloriosissimi imperatoris, sans mentionner du reste
de monogramme.
Il y a lieu de s'étonner de voir figurer la souscription de
Charles empereur à un diplôme que tous ses éléments chronolo-
giques concourent à dater, sans contestation possible, du 30 jan-
vier 869. Si l'on observe que, contrairement à la règle constante
de la chancellerie de Charles le Chauve, cette souscription du
souverain n'est pas annoncée à la fin de la teneur, on sera con-
vaincu qu'elle n'existait pas sur le diplôme lorsqu'il est sorti de la
chancellerie et qu elle a dû être ajoutée plus tard par quelque igno-
rant qui a risqué de rendre cet acte suspect en voulant le compléter
par une formule qu'il jugeait sans doute indispensable à sa validité.
On peut croire que cette addition n'a pas été faite longtemps après
la date de la délivrance du diplôme et dans tous les cas que les
caractères de cette prétendue souscription étaient assez habile-
278
ment contrefaits, puisqu'elle n'a donné lieu à aucune observation
de la part de BaluzeT, qui l'a transcrite d'dprès l'original.
Nous n'insisterons pas davantage sur les petites améliorations
que les collations de Baluze apportent au texte des documents
publiés dans ce recueil. Il nous suffira d'avoir signalé l'exemplaire
de la Bibliothèque nationale aux futurs éditeurs d'un cartulaire
de Saint-Martin de Tours.
A. GiRY.
INSTRUCTIONS DE FOSCARI
DOGE DE VENISE
AU CONSUL DE LA RÉPUBLIQUE
CHARGÉ DE COMPLLMENTERLE NOUVEAU ROI DE TUNIS
EN 1436.
Fanucci et Antoine Marin pensaient que les Vénitiens et les Tos-
cans fréquentant l'Afrique septentrionale avaient été admis à parti-
ciper aux caravanes commerciales qui pénétraient dans l'intérieur du
pays. J'ai cherché et réussi, je crois, à prouver l'origine et l'erreur
de cette opinion ^ Le conmierce des chrétiens en Afrique fut toujours
essentiellement maritime. Une dépassa guère les ports du littoral, en
faisant une exception, motivée encore plus par des raisons politiques
et religieuses que par des raisons commerciales, pour Tlemcen, Fez
et Maroc. Les conditions des Vénitiens furent à cet égard à peu près
les mêmes que celles des autres nations chrétiennes.
Les Français eurent dès le xiii® siècle des comptoirs ou des consuls
à Tunis, à Bougie et à Geuta. Leur commerce déclina dans le Magreb
comme ailleurs au xiv® et au xv® siècle. Sous Louis XI, il reprit
quelque vie. François I®^ Henri IV et Louis XIII lui donnèrent enfin
une impulsion décisive. De ces règnes réparateurs datent les JS'^aô/w-
sements français dans les États Barbaresques, successivement créés
au Bastion de France, à Bône, à la Galle et à Tîle de Tabarque. Cette
île, qui faisait partie de la Numidie et non de la Proconsulaire,
dépend historiquement de l'Algérie, et aurait dû être rattachée
depuis longtemps à son territoire.
En revenant aux Vénitiens, je dois rappeler que le roi Abou-Omar-
Othman, auquel le doge Foscari envoie ses féhcitations d'heureux
1. Traités entre les Chrétiens et les Arabes d'Afrique au moyen âge. Sup-
plément, p. 17.
280
avènement, accorda à la république, en 4438, un traité confirmant
les avantages reconnus depuis longtemps à ses nationaux dans le
Magreb oriental ^ .
Ce prince était le 26' roi de la dynastie des Hafsides, dont le der-
nier souverain, Mohammed ben Es-Soltan, fut détrôné par les Turcs
en ^1572. Des pachas turcs gouvernèrent depuis lors sans conteste à
Tunis jusqu'en 4664. A cette époque, une grande anarchie bouleversa
le pays et les deys, élevés successivement au pouvoir par la milice,
cherchèrent plusieurs fois à se soustraire à la suzeraineté de Gons-
tantinople.
La Porte parvint néanmoins à faire reconnaître de gré ou de force
le droit supérieur qu'elle avait conquis en 4 572. Elle le perdit en 1 705.
A cette époque s'établit à Tunis, en la personne d'Hassan, ou Hosséin
Bey, fils d'Ali Et Turki, originaire de Candie, une dynastie qui a
possédé la vraie royauté d'une façon héréditaire, manifeste et sdiïso-
lument indépendante. C'est à cette famille qu'appartient Mohammed
Es-Sadoc, au nom de qui la prière publique du vendredi s'est tou-
jours faite dans les mosquées de la Régence. Ce fait seul suffirait à
constater sa souveraineté territoriale.
Si l'on veut voir d'autres témoignages de son indépendance poli-
tique vis-à-vis des prétentions de Constantinople, on n'a qu'à
parcourir dans les recueils de Dumont, de Martens, de Testa et de
M. de Clercq, les traités que cette dynastie a conclus avec les États
étrangers, depuis Taccord de 4708, signé avec la Hollande, jusqu'au
traité de 4802 par lequel M. Devoize, envoyé du premier consul,
obtint le renouvellement du traité conclu avec Louis XV en 4742.
Dans tous ces pactes, le dey ou bey de Tunis traite seul, directement
et souverainement avec les puissances chrétiennes ; dans aucun il
n'est fait une seule fois mention de la Turquie ni du Grand Turc.
L. DE Mas Latrie.
1436.
M. cccc. XXXV. Die tertio Februarii.
Commission
Nos Franciscus Foscari, Dei gratia dux Venetiarum, etc.
1. Traités, p. 250.
2. En marge : Ser Maurus Caravello, sapiens Ordinum,
281
Committimus tibi nobili viro Blancho Delflno, dilecto civi et fideli
nostro ituro consuli nostro Tunisii, quod cum nostris litteris
credulitatis quas tibi dari fecimus ire debeas antequam intres
consulatum ambaxiator ad presentiam serenissimi domini Otte-
men régis Tunisii ; cui, factis salutationibus et generalibus obla-
tionibus, cum verbis pertinentibus et consuetis, debeas celsitu-
dini sue exponere quod dominatio nostra ubi intellexit illustrem
personam suam ad regalem dignitatem digne pervenisse maximam
leticiam habuit, respectu illius summe justicie quam in eo esse
audivimus ; et sicut sibi jam pridem gratulavimus, ita* nunc etiam
te ad suam presentiam misimus ad congratulandum sibi de hujus-
modi prosperis dignitatibus suis que sibi merito a Deo concesse
sunt.
Deinde narrabis ei quod cum illustrissimis dominis regibus
predecessoribus suis bonam pacem et sinceram amiciciam habui-
mus, quam etiam cum excellentia sua habereintendentes in futu-
rum, missimus te ad presentiam suam, ut antiqua pax et sincera
nostra bona amicicia ratificetur et augeatur cum regia altitudine
sua. Et quia multi nostri subditi et fidèles terrarum et locorum
nostrorum et alii multi qui cum nostris navigiis navigabant in
suis terris detinentur captivi, rogabis suam celsitudinem ut sicut
vigore pacis fieri débet et sicut in sua justicia speramus ipsi
captivi Ûbere restituantur; et in hocfacito quicquid boni poteris.
Et si pro ipsis redimendis erit opus pecunia, sumus contenti quod
pro tanto pio opère exequendo possis expendere usque ducatos
decem pro uno quoque eorum, et expendendo tamen minus si
minori quantitate facere poteris.
De parte, omnes alii. De non, i. Non sine, i.
Volumus insuper quod priusquam suscipias oflScium consulatus
exerceas ambaxiatam, et infra duos menses procures apud regem
exequi omnia que tibi velut ambaxiatori nostro exequenda com-
mitimus. In quibus duobus mensibus ire et stare debeas ad expen-
sas nostri communis et possis expendere ducatum unum in die,
sed a duobus mensibus ultra, si non fueris expedictus, stabis
expensis tuis. Declaramus tamen tibi quod illo die quo Tunisium
applicueris incipies lucrari salarium consulatus. Verum tibi
prohibemus facere mercaturam personaliter.
Dari tibi fecimus copiam unius littere quam alias scripsimus
domino Montassar, régi predecessori istius Ottemen, per quam
sicut videbis petimus emendam et refectionem multorum damno-
282
rum et injusticiarum que nostris civibus illate fuerunt scilicet
presertim super causa vivi nobilis Andrée Contareno. Super qua
habita informatione ab eodem et a nostro consule Tunisii in
quibus terminis se reppererit ille casus, volumus quod procurare
et solicitare debeas omni tuo ingenio ut eidem nostro nobili fiât
jus integrum et satisfactio damni sui sicut ex forma pacis fleri
débet. Et hoc ipsum committimus tibi de aliis causis nostrorum
civium in illis litteris nostris ad regem speciâcatis, ut in ipsis
facias quicquid boni poteris.
Dona etiâm que tibi dari fecimus dicto domino régi presentabis
cum verbis pertinentibus et consuetis.
(ArchiY. gènér. de Venise, Senato. MUti, Reg. 59. fol. 141.)
LISTE
DES NOMS D'HOMMES
GRAVÉS SUR LES MONNAIES
DE L'ÉPOQUE MÉROVINGIENNE.
LETTRE A M. D'ARBOIS DE JUBAINVILLE.
Mon cher ami et confrère,
Il existe plusieurs travaux qui traitent des noms propres ger-
maniques de personnes ; J. Grimm en a donné un dans le tome
second de sa Deutsche Grammatik; le plus considérable, dû à
M. Foerstemann, est intitulé : Personen-namen^,
Le livre de ce dernier savant, de même que l'étude de Grimm,
a un caractère général qui embrasse également tous les dialectes
des langues germaniques. Il en résulte un certain vague dans
l'ouvrage assez succinct de Grimm et une véritable confusion
dans celui de M. Foerstemann.
Vous pensez, et je crois que vous avez grandement raison, qu'il
est temps de commencer à étudier chaque dialecte, séparément ;
c'est, du reste, ce qu'ont déjà fait MM. Wackernagel et Cari
1. Les mémoires de M. Bourquelot sur les Noms propres et leur valeur his-
torique au temps. des deux premières races (Mém. de la Soc. des Antiquaires
de France, t. XX VIII) et de M. Edm. Le Blant sur le Rapport de la forme des
noms propres avec la nationalité à V époque mérovingienne (Ibidem), sont à
consulter bien qu4is ne traitent pas directement ia question dont je m'occupe
en ce moment.
281
Meyer, celui-ci pour la langue lombardes celui-là pour la langue
bourguignonne*.
Il vous appartient d'en faire autant pour la langue des Francs,
et je suis très heureux de pouvoir vous fournir, pour ce travail ,
les éléments que peut fournir la numismatique mérovingienne.
Chez les Francs, me dites-vous. Ton distingue deux dialectes,
le mérovingien et le carolingien. Le premier a fourni au français
la plupart des mots d^origine germanique qui n*ont pas subi la
seconde permutation des consonnes : ils ne nous sont guère con-
nus que par des noms propres de personnes et par les termes de
droit que la loi salique conserve dans les gloses malbergiques ;
mais ces gloses ne nous sont parvenues que sous une forme très
altérée, et, d'autre part, les termes de droit — latinisés — con-
tenus dans le texte de la loi salique, ne sont pas très nombreux.
Ce sont donc les noms d'hommes qui forment l'élément le plus
important à l'aide duquel on peut essayer de reconstituer les lois
du dialecte franc que parlaient les Mérovingiens.
Mais, pour que cet instrument de travail soit d'un usage sûr,
il est indispensable de se servir exclusivement de documents écrits
à l'époque mérovingienne; les copies de l'époque carolingienne
substituent déjà une orthographe nouvelle à l'orthographe primi-
tive. L'onomastique mérovingienne ne peut être étudiée que dans
les diplômes originaux, dans les plus anciens manuscrits de Gré-
goire de Tours, de Frédégaire, des Gesta regum Francorum ;
dans les monuments épigraphiques, enfin sur les monnaies, élé-
ment d'information complètement négligé, jusqu'à ce jour, par
les savants qui ont abordé ce sujet. M. Foerstemann lui-même,
dans son volume in-quarto, paraît ignorer qu'à l'époque méro-
vingienne, du milieu du vi® au milieu du vm® siècle, la numisma-
tique franque révèle, sous leur forme contemporaine, plusieurs
centaines de noms d'hommes.
Les monnaies mérovingiennes portent des noms de rois, ceux-ci
relativement assez rares, et des noms de monnayers; l'étude
que vous ferez des noms royaux pourra être d'un grand secours
aux numismatistes pour classer chronologiquement les pièces
1. Sprache und Sprachdenkmœler der Langobarden , un vol. in-S*» (Pader-
born, 1877).
2. Dans un mémoire qui termine le tome I"^ de Touvrage publié en 1868 à
Leipzig sous le titre : Das burgundisch-romanisch Kœnigreich.
285
présentant des vocables de rois homonymes. A cette époque, le
monnayage ne semble pas avoir été, à proprement parler, un
monopole de l'Etat; c'était plutôt une entreprise commerciale
dans laquelle le nom d'un agent accrédité garantissait au public
le poids et l'aloi de la monnaie fabriquée par lui.
Contrairement à l'opinion de plusieurs de mes confrères, je ne
pense pas que le monnayer mérovingien ait été autre chose
qu'un oflScier public d'un rang assez modeste. On a cru, en se
fondant sur certaines homonymies, retrouver sur quelques tiers
de sou les vocables de personnages historiques. Saulcy a proposé
jadis de lire le nom du duc austrasien Gondoald sur un trions
qu'il attribuait à Troucey, près de Toul; aujourd'hui, il est établi
que cette pièce est signée par le monnayer Gundoald (Gvn-
DOALDo M et non pas Gvndoaldox) et qu'elle paraît porter, au
lieu d'un nom de vicus austpasien , celui d'une localité limousine
(Fursac, Creuse) en latin Ferruciacus. C'est encore ce savant
regretté qui a cru retrouver le patrice Mommole à Chalon-sur-
Saône, tandis que Lelewel, dans le même ateher monétaire, pro-
posait le duc Wintrio. Ces deux conjectures ont été admises par
M. le vicomte d'Amécourt qui a, lui-même, donné un assez grand
nombre d'autres assimilations dont la probabilité me semble éga-
lement très contestable. Il faut éviter, dans l'étude des monnaies
franques, de se laisser égarer sur la même fausse route suivie il y
a quelques années à propos de la numismatique gauloise, alors que
l'on voulait y retrouver les noms de tous les chefs mentionnés par
les Commentaires ; il semblait que la plupart des monnaies
gauloises portant des noms d'hommes devaient avoir été frappées
pendant les huit années que durèrent les campagnes des Romains
en Gaule.
Les textes nous apprennent qu'Abbon était orfèvre et dirigeait
la monnaie à Limoges ; jusqu'à ce jour aucun triens de cette ville,
signé de lui, n'a été retrouvé. On ne peut pas le. confondre avec
les monnayers, ses homonymes, dont les noms se lisent sur des
pièces portant en outre le nom de Chalon-sur-Saône et celui de
Daria appartenant à une localité indéterminée.
Il me semble même qu'il n'est permis d'admettre qu'avec la
plus grande réserve la conjecture d'après laquelle saint Eloi
aurait signé des monnaies frappées à Paris et à Marseille. Si le
nom à'Eligius paraissait exclusivement sur des monnaies de
Dagobert P% on pourrait hésiter ; mais on le lit fréquemment,
286
bien que les noms royaux soient rares dans la numismatique
mérovingienne, sur des triens de Clovis II, qui régna de 638 à
656. Saint Eloi ayant été élu évêque de Noyon vers 640, il me
semble difficile d'admettre qu'il ait été monnayer sous Clovis II ;
d'aiUeurs saint Ouën, son ami et son contemporain, à qui
nous devons tant de détails sur sa vie, qui nous parle même de
son habileté dans Tart de Torfèvrerie, ne fait aucune allusion à
la part qu'il aurait prise à la fabrication matérielle des mopnaies
royales.
J'ai cherché à relever tous les noms d'hommes*, d'origine ger-
manique ou latine, fournis par la numismatique mérovingienne;
un certain nombre d'entre eux, inédits jusqu'à ce jour, ont été
lus par moi sur les nombreuses monnaies de la première race de
nos rois, éparses dans les musées et les collections particulières
de l'Europe. Mon catalogue ne sera certainement pas irrépro-
chable; mais, tel que je vous l'offre, il présente la liste la plus
complète qui ait encore été dressée.
Chaque nom d'homme est suivi du nom de lieu gravé sur la
monnaie qui les présente tous deux ; je n'ai pas voulu donner ici
l'assimilation de tous ces noms de lieux avec les formes modernes
qui les représentent aujourd'hui. Ce travail sera le sujet d'un
ouvrage spécial dont je suis loin d'avoir réuni, à cette heure, les
éléments. Tenter dès à présent une pareille tâche serait s'exposer
à des tâtonnements et à des conjectures qui nuiraient à la science
plus qu'ils ne lui serviraient.
On ne trouvera pas, dans cette liste, certains noms qui prove-
naient de mauvaises lectures; quelques-unes des variantes, résul-
tant de la maladresse des monnayers, ne m'ont pas semblé
dignes d'être relatées. Ces maladresses sont dues le plus souvent
à des transpositions ou des substitutions de lettres; par exemple,
à Chalon-sur-Saône, nous lisons Vinitnone, Witirione, Wint-
rio, Witrio qui ne sont que des altérations de Wintrio; à Reims
Filamarius, Filari pour Filumams; à Loco Sancto, Dia-
cioaldio, Daciovaldus, mauvaises formes de Dacoaldu^, Il
faut même remarquer que, dans ce dernier exemple, les trois I
de Diacicoaldio ne sont en réalité que des traits intercalés par
le caprice du monnayer : on en connaît d'autres exemples. En
1. J'ai cru deToir reproduire ces noms au cas grammatical employé par le
graveur. Celle obser?ation est applicable aux noms qui figurent dans ma liste.
287
Velay nous voyons encore Teudulius pour LeudiUfus, Aco-
mare pour Agomare ou Dagomare; en Rouergue, Vanemius
pour Vencemius, Rosoams pour RosoluSy Asrasius pour
AspasiiLSy Telafitis pour Ela/îus. Certains noms ont pu aussi
être mal lus par les premiers observateurs, par exemple : Cha-
riovindu pour Vindochario, TJrosca pour Scauro, etc.
J*espère que la publication que je tente aujourd'hui décidera quel-
ques collectionneurs à faire connaître les noms des monnayers ,
omis dans cette liste, qu'ils connaîtraient par des exemplaires en
leur possession. On éprouve un certain plaisir à venir combler
des lacunes dans un travail imprimé ou même aussi, quelquefois,
lorsqu'une personne s'occupe d'un ouvrage spécial, à conserver
discrètement quelques détails qui l'intéresseraient afin de pouvoir,
le jour où l'ouvrage est imprimé, lui prouver qu'il est incomplet.
Je ne désespère donc pas, dans quelque temps, d'être à même de
donner à cette liste un supplément que je ne pense pas cependant
devoir être bien considérable.
Tout à vous cordialement,
Anatole de Barthélémy.
Abbone, Chalon-sur-Saône, Da-
ria.
Aboleno, Poitiers, Racio domini.
Abolïno, Dinant.
Abvndancïo, ABv?f dantivs , Sila-
niaco,
AcMiGisiLo, Meclisina,
AcoLENO, Blatomo Sci. Mar,
Adaido, Poitiers.
Adalberto, Avranches, Bas ci,
Addolenvs, Toulouse, Blanavia,
Adelbertvs, Maestricht.
Adelemarvs, Tours, Tonetos.
Adeleiho, Mallo campione,
Adeleo, Namur.
Aderico, Iconna.
Adgalovs, Munitaus, Isandone.
Adomaro, Namur.
Adraldvs, Poitiers, Noniron.
Adreberto, Melun.
Adriano, Castroma.
Advs, Cariaco.
Aecivs, Sion.
Aeigobertvs, Paris.
Aegoaldo, Lennacas,
Aegomvndo, Paris.
Aegvlfos, Aegvlfo, BaracillOj
Cella, TidiriciacOj Viriaco,
Aenonvs, Vodincu.
Agadopvs ou Agodopvs, Val-
miollo,
Agennvs, Le Puy.
Agibodio, Balatonno.
Agigino ou Agiliwo, Mayence.
288
Agivlfvs, Avenieco.
Agihichisilo, Medeconno.
Agxvs, Saint-Martin-dCTTours.
Ago, Vendonessa.
Agobardo, Varia,
Agolenvs, Poitiers.
Agomare, Bourges.
Agomares pour Dagomares, Le
Velay.
Agrïgisilo, Vendôme.
AiEMVS, Civit. Rulhenorum?
AïETivs, AiEcivs, Sion.
x\iGANAR!o, Nivialcha.
AiGiMVNDo, Bourges.
AiGOALDO, Rouen, Viurolenius,
AiGVLFvs, Briennon, Cellavicm,
Wagias,
AiRiGVNSo, Sugelione,
AïROENO, Mayence.
AïRVLFo, Binson.
AivLFUs, Verno,
Alacharïo, Meaux.
Alafivs, Baiorate.
Alafredos, Agennapio.
Alalasivs, Bedicco.
Alamonevs?, Cambrai.
Alamvno, Aximaionio,
Alapta, Bordeaux.
Alasivs, Chalon-sur-Saône.
Alchemvndvs, Arras.
Aldegiselo , Saint - Martin - de -
Tours, Nacciocim.
Aldericvs, Uzès.
Aldichïsilo, Glanonno.
Aldoald, Selonaco.
Aldoaldvs, Alsegaudia vie, Cur-
tariu.
Aldoricvs, Daria.
Aldvone pour Valdone, Bonoclo,
Alebodes, Soviliaco?.
Alemvndvs, Vatunaco.
Allacivs, Bayeux.
Allamtivdo, Vatunnaco.
Alligisels, Angers.
Allô, Binson.
Alloni, Angers.
Alloyes, Geus.
Aloviv, Deac vico.
Ambrovld, Virduno.
Ammoneald, Caio.
Aptadlïgil, Nevers.
Anciolvtrïo, Civit, Buthenorum?
Andoaldo, Gaciaco, Marsal.
Angïsiso, Varinnas.
Anglio, Anglo, Wijk-'bij'-Duur-
stede,
Angobrando, Cariaco.
Anicïovaceto, Sicusio.
Animvnevs, Ara.
Ansaricvs, Gentiliaco.
Ansedert ou Ansebert, (Saiga) .
Ansoaldvs, Metz, Maastricht,
Marsal, Ebroceca, Graunanto.
Ansoinavs, Ansoindo, Limoges.
An+.omaro?, Andelot.
Antelinvs, Sens.
Antenor, (Saiga).
Antidivso, Bourges.
Antimi, Tours, Toroni,
Anvrvs, Icetia.
Aonoaldo, Tidiriciaco.
AoNOBODE , Tidiriciaco .
AoNVLFO, Verilodio.
Aragasti, Mediolano,
Arailfvs, Villaus.
Araste, Meiolano, Teudirico.
Arailfvs, Aravlfvs, Le Velay.
Arcvlfvs, Cartinico,
Aribaldo, Poitiers, Biomo.
Aribaldv, Clermont-Ferrand.
Aribodeo, SconaSj Tauriliaco.
Arïgis, Alna vico.
Arigivs, Tausgunnaco.
Arimvndi, Coraria.
289
Ariravdo, Clermont-Ferrand.
Ariyaldo, Reims, Tallende, Co-
rofo^ labolentis, Vienne, Ri<H
mo^ Noiomavo.
Aritindys, Balatonno,
Armichigilys, lacana,
Arnebodb, Paris, Toulouse.
Arnoaldo, Arnoaldys, Paris, Na-
ronno.
Ar^oberto, Poitiers.
Aroberte, Dinant.
Artoyallys, Toul.
Aryaldys^ Vienne.
Aryhordys, Limoges.
AsGAiLAico ou Aschilaico, Tiltt
Castro.
AscARico ou AsGARioco, Limoges,
Saintes, Loco santo.
AsPASiYS, Civit. Buthenorum?,
Uzès.
Atila ou Attila, Vernemito.
Aydaldys, Agmta,
AYDDOLBffo, Toulouse.
Aydebaydes, Arras.
Aydegisilys, Paris, Poitiers, Ga-
varonno, Virduno^ Borgoiano.
Aydemaro, Ambrowic.
Aydemvx^dvs, Vienne.
AvDEN, Nontoccio vico.
Aydeno, Alviaco.
Ayderaptys, Bayeux.
Aydericvs, Ecosilina^ Noviinto
vico.
AvDiciiLVs, Lingue,..
Aydiernys, BellomontCj Orléans.
Aydigisilys, Amiens, Langres,
Interamnis^ Doussais.
Aydiricys, Brioude.
Aydo, Auxerre.
Aydoaldo, Meaux, Soissons, Toul,
Cintiniaco, Scolare mo^ Ca-
ri...ne vie.
Aydobode , nom de lieu à déchif-
frer.
Aydobodo, Analiaco.
Aydolenvs, Poitiers, Troyes.
Aydolfo, Clote.
Aydolinv, Novovico.
Aydomvndvs , Condate ^ Botomo.
Aydoraiv, Poitiers.
Aydorico, Versorodo.
Aydylfvs, Toul, Toulouse, Novio-
mOy Frisia, Novovico.
Ayendo, Poitiers.
Aygemaris, Le Mans.
AvGEMYNDYs, Gontvovaco vico.
AvGivLFYS, Orléans.
AviDio, Aoste.
Ayitvs, Civ. Buthenorum ?, Late
vico.
Ayldolino, Rouen.
Aymengiselys, Latochuncus.
Aynaldo, Caniaviaco.
AvNARDYS, Angers.
Ayneberto, Castro fusi; triens de
Clotaire IV à Embrun ou à
Yverdun.
AvNEGisiLo, Le Vexin.
AvNOALDO, Theodeberciaco.
AvNOBERTVs, Blois, Tobrencia.
Aynvlfo, Avnvlfvs, Ausch, Stras-
bourg, Latona^ Bacio domini,
Turiuronno.
Ayrovio, Avroviys, Madrànas.
AvsoMVNDO, Ciimon ou Mo.neci.
AvsoNis, Aysoniys, Saintes, Ge-
miliaco.
Aystadivs, Chalon-sur-Saône.
AvsTO, Sca ecclesie.
Aystroaldvs, Marsal.
AvsTRODO, Clermont-Ferrand.
AvsTRVLEvs, Autun.
Avtharivs, Aprianco.
49
292
Ghadomari, Tours.
Ghadvlfo, Gbadvlfvs, Brioux;
Teudericiaco, Brionno, Théo-
deberciaco^ Camiliaco.
Ghadvovb, Sacca.,.
Ghagnoaldo, Rouen.
Ghagnomaris, Maastricht.
Ghagobardo, Daria,
Ghaidvlfo, Brioux.
Ghardo, Venetvs,
Gharimvndys, Geniliaco.
GuAROALDo, Daria^ Noviomo.
GhaRëSIGILVS , GUARHISILVS, Am-
boise.
Ghareso, Auxerre.
Charialdvs, Tenganes,
Gharibërtvs rex. Bannassac.
Gharifridvs, Antonnaco.
Gharigis, Ticinaco,
Gharigillo, Noviomo,
Ghariyaldo, Darta.
Gharvaricvs?, Brionna,
Ghelaldo, Rouen.
Gheloaldo, Rouen.
Ghilbbrti, Toroni.
Ghildbertys rex, Arles (pièce
douteuse).
Ghildebertys rex, Metz (pièce
douteuse).
Ghildelnvs, Le Mans.
Ghildiernvs, Masiciaco,
Ghildoleivvs, Bayeux, Pino.
Ghildricvs rex, Marseille.
Ghiscolvs, S*-Jean-de-Maurienne.
Chivinvlfvs, Tulbiaco,
Ghlodovevs REX, Marseille, Paris,
Chalon-sur-Saône.
Ghlodovits, Orléans.
Ghlotarivs REX, Arles, Ghalon-
sur-Saône, Marseille.
Chlothachariys rex , Glotaire III
à Embrun.
Ghlothoyiys rex, le Palais.
Ghrodobbrty, Maastricht
Gharegavciys. Nom de lieu à dé-
chiffrer.
Ghoso, Bordeaux.
Ghrodigisilvs, Anderpus,
GuRODBBERTo, MaastHcht.
Ghrodoladys, Vendeuvre.
GUYDBERTYS, AugCrS.
GuYDEGisiLo, Macediaco.
Ghyldericys, Metz.
GicoALDO, Cainone cas.
Ginsylfo, Mefrovilla, Tidiri-
• ciaco.
GiNYONicYs, Ibcodicis ?
GiRANiYS, Noviomo.
GiRiMOND, nom delieuàdéchlffrer.
Glaro, Cambiaco.
Gleodino, loioastranoec.
Gloato, Lauduno.
Glodoaldvs, Meronno.
Glodoye rex, Tournay ; pièce sus-
pecte.
Glotariys rex. Glotharivs rex,
Marseille, Viviers, Arles, Uzès.
Glyiriacys, Autun.
GoMBOLEPfY, Gahors.
GoNCEsso, Troyes.
GoRBO, Columbareo,
GosRYBET ?, Strasbourg.
Gyggilo ou Rygcilo, Lausanne.
Dabaydes, Ocainoco.
Daccioyellys, Void.
Dagcho, Austa.
Dacuoharo, Pertas.
Dacober, Verdun?
Dacoyaldys, Dagoaldo, Diacioal-
Dio, Locosanto.
Daddoleno, Pauliaco.
Dado, Briotreiie vico.
Dadoleno, Corma.
DiGOBEBTHVs REi, AriBS, Agaune,
Limoges, Viviers, Verdun?.
DlGOBBBTO B.
DiGOBEBTTs rex, Marseille, Cha-
lon-sur-Saône, CanfoHano.
DAfiOHAHKs, Le Puj
DiGOTEB, roi, Marseille.
DiGTLFYS, Donicia vico, Inhvvic-
pontio.
DiGVHAREs, Albice.
Daihtndo, Brica vico.
Daocoltm, Lussalia.
DiovALDO, Racio domini.
Daotildts, Arciaca.
Dabgoleno? Gaciaco.
Dattbmvs, Chalon-sur-Saône.
Datlfo , Limoges , Pauliacum ,
Gauno vico.
DiwiTs, Marsiliaco.
Deobbbits, Civit. Ruthenorum?
Deobbigilo, Deobigisilo, Pati-
gaso.
Debtolenvs, Musicaco.
DionGvs?, Cusiancia.
UiPEHo, Chalon-sur-Saônu.
DisiDEHio, Rouen Icciomo.
DoBALO, BodTicasono.
Uoccio, nïccioBH, Oocio, ;Lyon.
DoDDO, Sitlionanlo ou Nanto-
sitlio.
ïioDO, Ghalon-sur-Saône,Worms,
Verdun ?
DoDONE, Rouen.
DoGOHABTS, Orléans.
DoHABDO, Sanonno.
DoHABicvs , Maastricht , Yver-
dun.
DoiTAHo, Steso.
DoHECisELO, Palaciolo.
DoHECio, Casteliaco.
DoHËBicrs, Yverdun.
Domino, voy. Gomitw?
DoHNOLEfiTS, Palacio.
OoHNOLBnrs, Bodesio.
DoMHOLiin', Matoliaco. .
Do»nAciiiiiTs, Ambaeiaco vie,
DoHMRio, Amimcinco vie.
DoBNECHiLLo, BUUomu.
UoMSTciïs, Grenoble.
DoHNiGisiLo, Tours.
UoMiyrnsriïs, Sesia.
DoHNrro, Dohnitto, Chalon-sur-
Saône, Blois.
DoHNOBEETo, Ketions.
DoHNOLO, DoHNOLvs, ChalOH-sur-
Saône.
DoH^vs, Senlis.
DOHOLEXVS, DOHOLINO, MauTtoco,
Palaciolo, Wijk-bij-Duur-
stede.
DoHOLo, Cisomo, Casl fi., Novo-
vico, Palaciolo.
DôMTLFo, Chalon-sur-Saône. Li-
moges.
DoMTLFïs, Racio xclisie.
DoHNANB, Wijk-bij-Duurstede,
DopOLKNTs, Caresinisi.
UOSLEDENTS, MetZ.
DosoLiHO, Orléans.
Dotimiuants, Veremund.
DoiNori, Camiliaeo.
Dbahvs, Larudrias peut-être At-
lirubrias^
Dbogtebado, Gaciaco, Izernore.
llaor.TBDÀL^'E, Izernore.
UuocTEitEiiivs, Lyon.
llROCTKfilSILÏS , DRTCIIGISILVS ,
Odonio, Étami)es
Dbortoaldïs, Langres.
DarcBEBro, (Saiga).
BeyciaitigIsiitS, Curr/d?
Dbvgoivifo Tricireo?
Dbïctoal&vs, TouI, Baieci.
IIrvctouhiiys, Ëtampes.
294
Dvccio, Lyon?
DvccioNB, Chalon-sur-Saône.
DvMVNEVS, Caronte,
DyNBEaTo, Jublains.
DvTTA, lixvvifos^ Wijk-bij-Duur-
stede.
Ebbone, Exonttj Isandone.
Ebiregisilo. Nom de lieu à dé-
chiffrer.
Eblinivs, Clermont-Ferrand.
Eborino, monnayer de Glovis III.
Ebregisilo, ËBREGisiao, Rennes,
Catolaco^ Saint-Denis.
Ebrigharivs, Le Mans.
EBRiGisiLys,Orléans,Z>onnactaco.
Ebroaldys, AlabOj BrioverOy Cas-
tra vicOy Evira^ Monticlaveti,
Vorolio.
Ebromare, Toulouse, Ampliaco.
Ebrvlfo, Serallo,
Edicisilo, Theodiliaco.
Edohirio, Blois.
Edomnio, Sorte.
Edviadys, Paris.
Ekogittvs, Begekiita,
Ela, Wijk-bij-Duurstede.
Elafivs, Gévaudan.
Elalivs, Soissons.
Elariano, Rezé.
Eldeberti r^x.
Eldecerti, Ghildebert II? à Ja-
vouls.
Elegiio, Saintes.
ËLiGi, Eligio, Eligiys, Elegivs,
Paris, Marseille, Palati.
Ellvto?, Palanioni.
Emmi, Chalon-sur-Saône.
EpfTHivoLOLATHVs, Cmlia,
ËociRiYs, Lyon.
EoDicivs, Eodicvs, Clermont-Fer-
rand.
EoDOMTiHDO, Muntiniaco.
EoDVLFo, MontiniacOj Novoa-
tru.
EoMACiYS, Racio ecclesiae.
EoFfOMio, Teodeberciaco,
EosE?rvs, Eovorigo.
EosKYio, Sagraciaco.
EoTELio, Caronno,
Eperino, Bricciaco,
Erchimgiselo, Avitigadr?,
Erdovldvs pour Ebroaldys?, Cas-
tra,
ËRiGisiLYs pour Charesigilus ,
Amboise.
ËRLoiNvs , Saint - Martin - de -
Tours.
ËRMACHARFVS, TelloO.
ËRMOALDO, Bellomo,
ËRMOBERTO, Roueu, Poîtiers.
Eri^bbbrto, Rouen.
ËRNOALDVS, Ande, . .nul^ Solonaco
vico, Sornegdiano.
ËRPONE, Aoivis.
ËRTO, Vindello,
EscoLARE, Palati.
EspERios, Le Velay.
EsPERivs, Javouls.
Etidio, Lezoux.
ËTTONE, Le Mans, Balatonno.
EvDAST, Novovico,
Eydelenvs, Metz.
Evdevigilenvs? Latiliaco,
EvDocmvs, Vendôme.
EvDOLiNvs, Lyon, Vosonno.
EvGENivs, Uncesia vico.
EvLERivs, Lyon.
Evmolo? Duurstede.
EvPARDVs, Ninua.
EvRicio, Lyon.
Eysebii, Dorovernis.
Fainvlfo, BodesiOy Scarponne.
Falco, Briva.
FiNTi, F*Ti, Marsal,
Faeitoildo, Poitiers, Tidirieiaeo.
FinroLEflo, Fintoliuo, Ardin.
FiTsnsTs, Arles.
FiïNYLFo, Scarpoiine.
FiTSTiHTs, Brioude.
Fedibdo, Ambernac.
Fedsgivs, Curciaco.
Fedolenvs, Le Mans, lana.
Fevtits ? Ducianm.
T'elcharits. Beims.
Felobcits, Sion.
Fetio, Chalon-sur-Saône.
FiDifiiTS, Nantes.
FtLicHiRivs, Reims.
FlUHABlVS, FlUBI, FlUHlKTS,
FiLOMAHos, Reims.
FiiyuAbVs, Reims.
FiHO, Lassone.
IfiRHiNO, Onaciaco.
FiiiHO, ioîcin.
Flaccio, Périgueux.
FuNEGisitTS, Sôa-nno.
Flanihisil, Vosonno.
Flanikys, Grenoble.
Flanvlf?s, Novovico.
Flat-.., Autun.
Flatiantb, Grenoble, Caniunaco.
Flatints, Saint -Jean- de-Mau-
rienne.
Flavlfo, FtiïLFvs, Novovico.
Fledino?, Saintes.
Flodoaldo, Castoriaco, Rivi...
FoRTTNATv, Nantes.
FoRTVNo, Chalon-sur-Saône.
Fraegtseio, Balavo.
FsAGiVLBno, Brioude.
FïAGtTLFTs, Verdun.
Fbaibo, Curbonm).
FiAMELEHO, Brioude.
Fbamicillts, Castrofusi, Tou-
louse, Noioimo.
Franc atbodts, Silviniaco.
Franco, Frangio, Rennes, Nantes,
Bayeux, Cantoano, Cambi-
donno.
Fbancobodts, Ambacia vico, ¥i-
dua vico.
Francolbno, Fbahcolihvs, Vidua.
Francvlfts, Cahors.
Fbando pour Franco, Cambi-
donno.
Fbanigisi pour Flanigisil, V»-
sonno.
Fhansicimts, Vidua.
Fbater:(o , Chalon - sur - Saône ,
Langeais, Saint-Martin -de-
Tours.
Fbatabdo, Curisiaco.
Fredemtniio, Betlofaeto.
Feedevaldvs, Evaunu.
FREoniLDo Toulousp.
Freqoleoou Ledfbedo, Ordorio.
FREnn:MTNDo, Pellolaello?
Fredovald, Condapense.
Fredvihdvs, Spaniaco.
Fbedvlfïs, Bourges, Breciaco,
Anisiaco, Auderici.
Fbeodoleno, Rieodunin.
Fbidegiselïs, Ebroravicus.
F BEDE RICO, Fbidibico, Poitiers,
Viriliaco, Novovico.
Fbido..., Paris.
FimBicvs, Incummonigo.
Fbidbits, racio eclisi.
Fbivcfo, Berecitlo.
Frodelino, Vendogilo.
Ftlcoaldvs , Cantolimete, Me-
lUD.
Ftldoadvs, Alsgauria vico.
GiGOiLDO? Tidiricia.
296
Gaido, Spire.
Gailo? Balla,,. vico.
Gaimodvs, Apraricia,
Gaio, Honore?
Gairechamno , nom de lieu à dé-
chiffrer.
Gaiso, Spire.
Gandvlfvs, Iviaco.
Ganityri , nom de lieu à déter-
miner.
Gaiwolioni, Huy.
Gaxveber ou Gvndebe, Huy.
Gapavgvs, Lausanne.
Garidertvë, Reims.
Garivaldvs, Tallende.
Garo, voy. Gailo?
Garoaldvs, Marsal, Mediano.
Garoaldo? Tidiricia.
Gaygemare, Cologne.
Gavdelinvs, Gauge,
Gavdo, Canseno.
GavdolExWs, Valence.
Ga?ioaldo, Ponteclaviti.
Geldv..vs, Catiriaco,
Geldomvndvs, Trémolo.
Gemellys, monnayer de Dago-
bert III.
GEPfEGisELO, Fursac, Noviomo.
Gembllos , Gemellys , Sanctus
Mariinus.
Genegiselys, Noviomo,
Genardo, Fursac.
GENNAcro, Sesemo.
Gennardys, Besançon.
Gennastes, GEPfNASTis, Brioux.
Genno, Vendôme ?
Gennobaydi, Nigroloto.
GENiYovrvs, Devenetus.
Gennylfys, Troyes.
Genoaldo, Vindello,
Genobavdi, Crisciaco.
Genoberto, Poitiers.
Germano, Germanys,* Médiane
vico,
Geyaldo, Amolante.
Geyemyîtdo, Marseille.
GiBBONEio, Mailaco,
GiBiRiGYS, Toul.
GiNNACio, Nanetago.
Gisco, Munitaus,
GiSELEFfo, Verdun.
GisELo, Toul.
GiSLiMYNDo, Abinio.
GiSLOALDYs, Marsal.
GisoA(ldo) ? Mouzon.
Glavio, Vallaria,
GoGOLAiGO ou GoGOLAiGo, Poiticrs.
GoDOBODE, Curhnacunao.
GoDOFRiDYS, Maastricht.
GoMEGiSELO, Vindigco.
GoMiNO, Alhigiinse.
GoNDERADYS, Mayeucc.
GoNDOBODE, Anauliaco.
GoNDOLENOs, Espanioco,
Gbagys, Sion.
Gratvlfo, Jmciaco,
Gratys, Sion.
Graydylfo, Briuuiri.
Grimbertys, Gem,.,
Gryello, Evira,
Gyarreso, Sens.
Gydymyndys, Meaux.
Gyerda, Turnac,
Gyiliniys, Aoste.
Gyimori, Valiigoli.
Gyiriys, Gyirvs, Lyon.
Gyndebaydos, Izeure.
Gyndeber, Huy.
Gyndenys, Sefiniaco.
Gynderigo, Chartres.
Gynderigys, Lemariaco,
Gyndirigys, Gynnirigo, Corma.
Gyndoaldo, Angers.
Gyndoberti, Corma,
297
Gtndobodes , Matoval , Tidin-
ciaco,
Gyndofwdvs, Dorocas,
GvNDOMARO, Vienne.
GvNDoaiEaB, Missiaco.
GvnîDOVALD, Medianoc,
GvNDVFvs, Coccaco.
Gynsomi, Baie.
GvnTAGHaiM, Sens.
HlBELENYS, Uzès.
Halido, Metz.
HiaoALDTs, Dînant.
Hbldebbrt rex.
Hevdblenys, Metz, Mallo Mati-
riaco.
HiLDBBBaTTS REX, Marseille.
HiLDEBODYS, Petraficta, Pino.
HlLDERICYS REX et HlLDIRIGUS RIX,
Marseille.
HiLDOiLDO, Racio aecclesie?
HtLDOALDTS, Glermont-Ferrand.
HiLDOMAR, Vindiciaco,
HoNORATTs, Bicomago,
Iaco, Iacoti, Iagotb, Orléans,
Chalon-sur-Saône, Viviers.
Iaconte, Silaniaco.
Iaimvndo pour Raimundo ?, Okd~
nucio.
Idigiu, Saraucov?
Idone, Angers.
Idonio, Solnaco,
Idvlfvs, Naix.
Ifiscvs, Wijk-bij-Duurstede.
Iflavitvs, Novo vico,
Ildebody, Pino.
Ilderigo, Aunaco.
Ildiricus rix, Marseille.
Ildomafo, Marcilliaco , Vindi-
ciaco.
Ilirigus rix, Marseille.
loHANms ,
BaS'Por.
Ilomaros pour Filomaros, Reims.
Ilyivs, Gauce...
Ingoaldo, Ariintoma^ inpalatio,
Ingomaro, Poitiers, Inscola, Ise-
laniacOy in palatio,
Inportvpïo, Medolo.
loGVNDVS, Catomario.
loDV, Reims.
lOHANNE , IoHANMES ,
Nantes, Argento,
Campolidi^ Cristoialo^ Teode*-
ber ciaco, Tidiriciaco.
Ipavltts ? Bonelulias.
Irso, Uzerche.
Irvllvs? Irvlfvs, Bruciro.
ISDATEISEL? Avallott.
IsoBAYDi, Balatonno.
IsoR, Toulouse.
IsPERADYs, Rennes.
IsTEPHANvs, Genève.
Itadiys, Chalon-sur-Saône.
Itanti, Gaasan vico.
Iteriys, Saintes.
Itino, Oriaco.
Ivffo, Daernalo.
Iyliano, Vienne.
Iyo, Agiunnis.
Iose, Ivse, Màcon.
Iystino, Aoriaco.
Iystys, Lyon.
Iyyenis, Calacusia.
LaxNdebertys, Cambrai.
Landegisilys, Landigisilvs, Huy.
Landerigo, Draveil, C/flnaco.
Laxdillno, Mallo campione^ vico
Botanis.
Landoaldo, Angers, Metz, Marsal.
Laybodo, Bodricasono.
Laydilfo, racio domini.
Lavnardys, Angers.
LAYPfEG..., Potento.
LifliKflou). Caio.
\tHTin...aa. Sêez.
liiTSAWWi. Bodriemomo, Cam-
bort^tepaço.
Ltrioêon. VeodAine.
I^fsoxiu. Gap.
Lit^oMTm, Conmeoilro, Ria-
laeo.
LtTHonos, Trêves.
LitHTLrrs, !VovovKO.
i^iTujm, Vienne.
Latktfovi, TubimMt.
Lbdectselo, Esantbme.
Ledilew, Artona.
Udoildo, Ambemac, Toiiano
eic?.
LEL0I5TS. Vienne.
Leistbits ou CExsniTs, TKeode-
berciaco.
Lio, Leo«, Arles, Brion»»,
firioui Biaiomayo, Cahors,
Seul, Trnje,*, Wicpo.
LEOBiiEDTS, Novoaieo.
Leoboleno, Vuredo vùo.
Leobtlfts, Catonaco.
Leodaste, Noiordo.
Leodbso . LErtDELiico, Reones.
LEOHiRDo Cesemo.
Leodero ou Letdiho, Ambemac.
LoDEHvs, Limoges.
LEiiDEBuiriïs, Arpacone.
Lbodbsits, Rouen, Jtufico.
LiL(m\i}. i\oH'ii)ieaslra.
Leodo, Uzerche.
LsoDOiLDo, Clote, Tagro.
Lbodogisu.0, Cucciaco, taciveltt-
Leodonardo, Benaias.
Leodonido, Balatedene.
Leodole:io, Medio vico.
Lbodoxabe, Langeais.
Lrodohodo, Uzerche.
LioMinnfs. i
Ijom>tâlm. Pauliaeo.
LsoBTim. Anaco. /.'aftaiùid,
Cambarisi, CitMlùliamo. Porté-
rtteri, 5" Maximim.
Leouuws, Pateno.
L<tiole50, Civùmo ?
l.-i^i.mr In- Aitciaeo,
LiToiBUTO. Aitegamdia vieo.
Lktdeciselo. Rennes.
LETDELI?rT3, Vt«IIIM.
Leti>igisil, Brûmno.
LEfBB^o, Lbtke^s, .Angers, Chm-
riiiaeo, Cltsi, Turturontut.
LfiTitEBicv, Areiaca.
LiTDiHO , VieHna , .Ambemac ,
Santal.
Levdio, Tou).
LEVDoaniDVs. Trémolo.
Letdobibto. Aniaco.
Letdolbio, Paiaeiaeo.
LBTDniiiio, BtUiaeo, Costanea.
Levdotaldo, PatUiaeo.
Letdt, Ivegio.
Letdtlpvs, Avranches, S<Ulo, —
Vmiieiatro, Ivegio, Le Ve-
lay.
Letgctr, Dorteneo.
Let^aidts, Angers.
Letho, If...luoate.
Lethtlfts, Angers.
LHiTDVLFTS, Carictat.
LiBEKiGisiLO, Loliflirchi.
Licinic..., losocos ou Coiioso.
LiDTLFvs, Carlinic, Saintes, Ca-
neli villa.
LioNcivs, Grenoble?
LOBEGISIL, filoiS.
LoDOALDo, Caslariaco.
LoPOLvs, Civil. Ruihenorum ?
LopPTS...
299
Lopvs, Le Mans, Toulouse, Cc^-
ranciaco.
LoTHAViYS BEI, Glotaîrc IV.
Ltcimo..., Juliaco.
Lydo, Toul.
Lydvfo, Sauliaco,
LVDVLFO...
LyGAaaiys, Lyon.
LvLL?8, Ghâlons-sur-Marne.
LvNAOFOvs? Lovenno,
LvoLFRiHNo, MarsaL
Lvppvs, Taurecino.
Lysicamv? Giare.
Maghoaldys, pour Magnoaldys,
Aulun.
Madardys, Anatolo.
Madelino, Bodeisio vico ^ Duur-
sted, Salviaco^ Maastricht.
Maderylfo, Patermu.
Madobodys, Matovallo.
Maelinys, Oxsello.
Maganoive, Maastricht.
Magennys, Le Puy.
Magnidiys, Bourgoin.
Magnoaldo, Magnoaldys, Autun,
Chalon - sur - Saône , Salavo ,
Ardin.
Magnobertou AgivobertM. (saiga) .
Magnoyaldi, Magnoyaldy, Cris»
ciacOj LacciacOy Melun.
Magnylfi, Magnvlfys, Senlis, Poi-
tiers, Preuundasilva.
Magivvs, Gabors, Brinnovaito,
Potincacocas , Vesaronno ,
Toulouse.
Magyno, Vienne.
Mallariys, Lascia.
Mallaste, Bayeux.
Malusti, Bezé.
Mallebodys, Mallobooys, Soliaco
vico?.
Manileobo, Clermont-Perrand.
Manno, Eboficuceius.
Manny, Yvoy-Carignan.
Manoaldy, Toulouse.
Manro ou Manno, loc. indét.
d'Austrasie.
Marcellys, prov. de Beims.
Marcemys, Périgueux.
Marciano, Pauliaco.
Margianys, Albie.
Marco, Gricciati.
Marcoaldo, Sens, Curisiaco.
Marcoyaldo, Amboise.
Marcylfo, Autun, Langres, Meu-
vy, Palaiseau, Voultegon.
Maret, Lyon?
Maretomos, Civit. Ruthenorum?
Margisilo, Alaona^ Aulauna.
Mariaio, Artonaco.
Maridao, Mayence.
Mariniano, Limoges, Racioœccle-
six.
Marivlfys, Brivay Barro Castro^
CartinicOy Cosse ^ Brivate.
Mariys, CastrovicuSy Ambernac.
Marol, Ghalon-sur-Saône.
Martinvs, Mayence, Orléans, An-
gers, Aloiavico ou Javialo.
Mayigino, Lusna.
Mavracharivs, Verdun.
Mavregiselo, Saint-Martin-de-
Tours.
Mavrinos, ArciacaSj Silliaco,
Mavrino, Mavrinvs, Troyes, Or-
léans, SciAvicula,Cael... Cas-
tro vico^ Melun, Tidiriciaco,
Itiherciaco^ Civit. Rutheno»
rum? Silliaco.
Mavritanvs, Arecaliaco.
Mayro, Amrianis ou Amiens,
Giansi cvetate^ Marseille, Vin-
dello.
300
Mavbolenvs, Bordeaux, Scion-
tis cas,
Mavroiyto, Bulbiacurte dôme.
Mavrv, Mavrvs, Tours, Uzerche.
VindeUoj Ambernac.
Maxihinys, Javouls, Bannaciaco.
Maiimo, Glermont-Ferrand.
Maxvmvs, Albinno.
Medegisilo, Vaddonna.
Medeno, Alleco?
Mediolano, 5" Pétri,
Medoaldo, Amiens, Nanciaco,
Medoalpoao, Bettinis.
Medobodvs, LimeriacOjCuiluvico .
Medovaldvs, Amiens.
Medvlfo, Borboney Canetis.
Medvlo, Campotrecio,
Mellione, Le Mans, Clippiaco,
Mellito, Rotomo.
Mellobavdio, Corovio ou Crovio
vico.
Merialdo, Vernemito,
Meris, Neioialo.
Merl, Turturonno.
Merobavde, racio sci, Max, 5**
Maxencio.
Merto, Ptotom civit,
MoBERATo, Botbea,
Moderatvs, Bordeaux, Baracillo,
Brioude, Bolbeam^ racio 5"
Martini,
MoDERicvs, Penobria,
MoDESTO, racio 5" Mar.
MoDRADVS, Baracillo.
MoNOALDo, MoNOALDVS, Le Puy,
Teodeberciaco.
MoNVALDO, Brixis.
MoNWDVS (Monoaldus?) Trêves.
MoRLATEO, Rezé.
MvcNOALDVS pour Magnoaldus,
Autun, Meuvy.
MvDVLENVs, Chalon-sur-Saône.
MvGiSEDvs, MarsaL
MvLDVLv, Marsal.
MvLNOALDO, Adubia vico,
M VMMOLO , MvMMovs , Bo urges,
Chalon-sur-Saône.
MvMOLENo, Gemeliaco.
MvMMOLiNvs, MvMOLiNVs, Bor-
deaux, Troyes.
MvNDERicvs, Sion.
MvnîDO, Mogonn,
MvivDWD, Noviumu.
MvNNVs, Séez, Anisiaco^ Ivoy-
Carignan.
MvNOALDOj Theodeberciaco.
MvNDVADV, Noviumu.
MvDVS, Innise,
MvROLVS, Gaveci.
MvTirrvs, Tours.
Nantaharivs, Mayence.
Nantoald, Loisdanaco,
Narcianv (Marcianos), Albie,
Navgolaico, Le Mans.
Nectardo, Gemeliaco,
Nectarivs , Gemeliaco , Necarne,
Nemfidivs (saiga).
Nenesisilo, Anestolo.
Nebtvno, Chalon-sur-Saône.
Netvlfvs, Roia,
Nevdellivs, Metz.
NicAsio, Sci Mauric.
NicvLFVS, Brionno.
NiDio, Aoste.
NiNCHiNvs, Moutiers-en-Taran-
taise.
NiNO, Muregiunim,
NiviARDos, Périgueux.
NoNi, Metulo.
NoNNiTO, Agen.
NoNNiTvs, Amboise, Combenas,
NoNNvs, Chalon-sur-Saône, Me-
dolOy Toareca,
30^
NvNNVS, Angers.
Obosindvs ou Iobosindvs, rado
domini.
OcovEVS, Mellesinna.
Odenandvs, Marciliac,
OoEaAJXvs, Bordeaux.
Olebmamo, Divivatilacao.
Onemaro, Gjiea.
Oparente, Castrofusci^ Ebore.
Opencio, Juliac villa,
Optatvs, Agen, Aoste, Moutiers-
en-Tarantaise, Saint- Jean-de-
Maurienne, Ledariaco,
Orivio? Munta, Rivarinna,
Ose, Cunseranis.
OsTvs, Fanabii.
Otonevs, Civit, Ruthenorum?
Ottoros ou Rosotto, Térouanne.
Panadivs, Périgueux.
Parente, Castrofm.
Pario, Glermont-Ferrand.
Pascasio, Rezé.
Passincio, Passencio, Ambaciaco,
Paterno, Chalon-sur-Saône.
Patornino, Patvrnin, Amboise.
Patricivs, Apraricia,
Pavlo, Poitiers, Portovidrari,
Peccane, Rotomo.
Pegasvs, Le Mans.
Peonivs, Argento.
Petrvs, Lyon, Uzès.
PiPERONE, Le Vimeu.
Placido, Metolo.
Porto..., Besancon.
Ppro pour PiperOy Le Vimeu.
Precistato, Blois.
Preserivs, Brivate.
Priscvs, Chalon-sur-Saône.
Procolo, Arelenco.
Progomeres, Similiaco,
Prodvlfo, BaldacOj Vegoste villa.
PROTA(sius), Vongo vicus?
Provendo, Poitiers.
Providvs, Oridurcurte,
Provitvro, Barbiaco.
PvLiivvs, Ailirubrias.
Radoaldo, Granno.
Radvlvs, Rennes.
Raedvlfo, Latiliaco.
Ragneharo, Soissons.
Ragnihario, Palati,
Ragnoaldo, Lyon.
Ragnoleno, Castr..^
Ragnolfo, Latiliaco,
Ragnom, Gacia,.,
Ragnvlfvs, Lausanne, Patigaso,
Ragoleno, Cioero vico.
Rainvlfvs, Verdun.
Ramnisilvs, Mâcon.
Ramons, Rilac.
Ratialano? Verdun.
Ratvs, Silanace.
Rebiarobvs?, Trêves.
Redovaldvs, Dolus.
Regnvlf, (saiga du Puy).
Resoaldo ou Tresoaldo, Iloco-
rate, Saviniaco,
RicisiLVs pour Charesigilvs, Am-
boise.
RicoALDVs, Grenoble.
RicoBODO, Turturonno.
RicoMEsios, Alfico.
RiDVLFO, Eburio ?
RiGNicHARi, Coriallo.
RiGNOALD, Chalon-sur-Saône.
RiGOALDi, Noiomavo.
RiGOALDVS, Huy.
RiGOBERTo, Noincu.
RiGOLENO, Iciodoro ?
RiGVLDE, Paris.
RiMOALDVs, Maastricht.
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^LL^^\r PviTtltro.
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Fr'TcLijJ Pauhaco.
>rvi.\Ln5. ATjgtT?, Poi'Jerf.
SrviKîXA i. r iiâjjD-5LLr-Sa':»De.
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>i coi Liio . Sl j- : - J e^n - de - Mau ■
rit'Ij.!.*:
Sii.i-.'Aiii..' Rjuer:.
SiiM vin-f Lf Mal?.
Sii:ri.!;TT- lei -.'U eiï. Marseille.
Viviers^. JaTjLiif. Biinnassac.
Si i-i-. ne T\ 1 1 5 Lff kdv9i.o .
^^t;nl^v^.■\. Lffiii/frf. Lf»s?w»o.
Si^.'àU». S.\îr.: - Jeai! -de-Mau-
Sip.rEiJ'^5 Ti.je:.»if.
Si: :TEl:^^. ?.^r:5 Sens
Si: . ^<l^: . S?:ù:s
S.u:^ R:',:er..
S:l^A^^^ >.\:çs .
S:^*i»: ".^T-.
S:5rï.iî>f Ai^^rrs.
S:^:î^^ I-'f
N^U^^^ S::.î^'ï> •/a.-vja;
S,^\\,' i,\:e*w
SoBELLvs, Bordeaux.
Sfegtitvs. Theodeàerciaco.
Steia^vs, Bordeaux.
SvNNF.uisiL, Masiciaco.
SvNONE, Cologne.
TiHoiHELT, Stagneetiso.
TisioNE, Auierre.
TisoxE, IiMvvo vico.
TissALo 7 Verdun ?
TiTEHiHDvs, Spaniaeo.
Tavldolino, Rouen.
Tavseboii, Neloro.
Tavbecvs, Begorra.
TivRicLiGiLva, Canogaeo.
Tbdegvholvs, Civil. Rut henorum?
Teisnn, Yellino.
Telafivs, voy. Elafius.
Teka, Strasbourg.
Te s ES, CoTttUio.
TEoiiiiLK^o, Carovicus.
Teodenvs, Andernoiny, racio ba-
silici.
Teodericvs, Bordeaux, Teoderi-
ciaco, Viritiaeo.
TsoDiciTS, Clermont-Ferrand.
Teodihico, Viriaco, Pfovovico,
Raciale, TJieodcriciaco.
Teoiuioo, Fursac.
Teodeberto rei, Glermonl-Fer-
rand.
Teodibirthvs rix, Théodebert li.
Teodoleno, Sagraciaco.
Teodoleo (pour Teodeleno), Cor-
TOViCVS.
Tbodorigo, Raciate.
Teodvfos, Atacino.
Tboovlko, Ardin, Caimbarillo ,
Maugonaco, Sovoatru.
TEmB»Rio, Pardueio.
TETDCBARrvs. Tomoco.
Tevdahabio.
Tetdipolënvs, Toulouse.
Tevdeberte, Chalon-sur-Saône.
Tevdecendo, Vienne.
Tevdegisillvs, Metali.
Tevdklitvs, Mouzon.
Tev'dericvs, Maireceasco ?
Tevdegvsolvs, Civil. Rulhen^
rum?
Tevdoaldo, Autun.
Tevdocisdo, Auseno, Wagias?
Tevdohici, roi, Thierry II.
Tevdohares, Mouzon.
Tevdomeris, Silionaco, Voulte-
gon.
Tbvdvlfo, Autun.
TflEDENVS, Metz,
THi;DVLF%'a, Marsal.
Theodebertb, Clermont.
TFEODEGisnvs. Angers.
TuEnuiiBEiiTi REI, ThéodebeFt II.
'rufiUuctlEivo Rieodunin.
Theouoricvs, Metz.
Theothato, Massa ou Masoal
vico.
Thevaldo, Trvetaldo, Jfovovico.
Thevbeicsvs, Metz.
Trevdecisilvs , Thevdecesilvs ,
Metz.
THEvriEBERTi Théodebett I".
Thevueilemvs, Malto Maliriaco.
Trevdelbnvs, Metz.
TdEViiEMVXOVS. Marsal, Mediano.
Thevuehaho Mouzon.
TuEvrosuvO, Mouzon.
Thevosienvs, Mcdlo Saiima.
TiiiUAio Limoges?
Tbivdvlfvs, Marsal.
THRAShMVHuvs, Maastricht.
Thvbvaldo, Novovico.
Tevuegisilo, Macediaco.
Thvodibertvs, Théodebert \".
Tigalioefvs, Julioco.
304
TiNiLA, Genève.
TiLo, Marsal.
TiMiLivoaviTTo, Verdun.
Tina, voy. Tena.
TosTvs, Amiens.
ToTo, Sion, Marsal.
ToTTOLENO, Verdun.
ToTTOs, Ivoy-Carignan.
Tbasoaldvs, Bodesio, Scarponne.
Trasemvndvs, voy. Thrisemvn-
DVS.
Trasvlfo, Mediano.
Trennclfvs, Castra audmini.
TvLLiONE, Namur.
TvTA, Vindonisse.
Vadeleo? Namur.
Vacciovellvs, Void.
Vadeone, Auxerre.
Vadoleno, Aredius,
Vadolenvs, Cocciaco.
Valasivs, Evera,
Valdo, Rialaco^ Loia mco.
Valdoleno, Blote.
Valdovaldvs, Irstacoe,
Valerio, Trusciaco.
Valirino, Genève.
Valorigno, Pauliaco,
Valtechramw, Mediano vico.
Vandeleno, Poniecla,
Vanegiloeo, Savinaco,
Vanimvndvs, Otagius.
Vanodvlfo, Toulouse.
Vappole..., Beturgas.
Vaschwalso, Tila Castro.
Vcoperivs ou Vcoderivs, Corn-
benas,
Vecolevivs, Rennes.
Vencemivs et Vendimivs, Civit.
Ruthenorum?
Verolo, Dorio.
Vggone, Ecalenio.
VicAiNDs, Queudes.
Viliemvndvs, Burbulne.
ViLiOMVD, ViLioMODvs, Nautes.
ViLiorrv, Noitnani,
Villeberto, triens de Glovis III.
ViLLEBODE, Taotun?
ViLLOBERTo, Troyes.
ViLLOMODVs, Brilliaco. •
ViNCEMARvs, Orléans.
ViNDOCHARio , Voduarbilio.
ViNiTRioNE (pour Wintrio), Cha-
lon-sur-Saône.
ViNOALD, Limoges.
ViNovALDVs, Climone,, Cituoni.
Vrsolenvs, Civit, Ruthenorum?
VvADiNGo (saiga).
ViFîVLFYs, Trêves.
VioLiNOO, Orléans.
ViRVALDO, Izernore.
ViRVL..., Stoliaco.
VisiGLOiNO, Noviomago,
ViTALis, Paris, Villa maorin^
Gardus,
ViTALL, Laidios.
ViTALS, Paris.
VrvATVS, Vienna,
VivNo, Chalon-sur-Saône.
Vlceheres, Conserines.
Vloperivs, Combena,
Vlfino, Oriaco,
Vlfino, Paris.
Vlfomere, Avallon.
Vncco, Wijk-bij-Duurstede.
Vncter, Vnicter, S*-Martin-de-
Tours.
Vndenicaco, Verdun.
Vneligiolo, Vellacovico.
VoDOTVs, Toul.
VoiTisv, larto,
Vrbo, Daria,
Vrco? Uzerche.
Vrcolenvs, Pocciaco.
305
VaisoLiNVs, Senlis.
Vrsino, Cariaco.
Vrsio, Brivi^ Brivate.
Vrso, Gemiliaco,
Vrsolbno, Civit. Ruthenorum?,
Cociaco vico.
VvADDONE, Brixis.
VVAECIVELVS, VOy. WiREGISELVS.
VvALDERi..., monnayer de Dago-
bertm.
VvALDO, Burdiaïet, Brixis.
VvALECHBAMNO, Bodiso vico^ Me-
diano vico,
VvALESTO, Eliniac,
VvANDELENO, monnayer de Clo-
taire IV.
VvALivLFVs, Duno,
VvALSo, Orgadoialu.
VvALTECHRAMNVs, Mediauo vico.
VvANDELEGisiLvs, Hcu à déchiffrer.
VvANDELiNO, Cfideciaco.
VvANDiLiivvs, Chalon-sur-Saône.
VvAREGisKLvs, Scarponnc, Bode-
sio vico.
VvARiMVNDVs , Mullo MatHoco .
VvARïVLFO, Bodoureca.
VVARNEGISILVS, BodcsiO.
VvASEWDVS, Matovallo.
VviDDO, Orgatoilo.
VviLLVLFVS, Braia vico.
VvmicARDO , VviNicARio , Huio
vico.
VviNTRio, VviNTRiONE , Chalon-
sur-Saône, Izernore.
VviTiRiONB (pour Wintrio), Cha-
lon-sur-Saône.
VviTA, Tidiriciaco.
VvLFARivs, Paris, Argentao.
VVLFOLENVS, OdOTHO.
VvLTERico, Sarrebourg.
VvNNOALDO, Sodionis.
XoNOFREDVS, Scefleac?
20
BIBLIOGRAPHIE.
Paul Guillaume. Recherches historiques sur les Hautes - Alpes .
\ ""^ partie : Les maisons religieuses. \ ° L abbaye de Saint^Marcel-
lin- d^ Embrun; 2» la Novalaise et ses dépendances alpines,
Paris, Picard. In-8^ 95 p.
M. l'abbé Paul Guillaume, archiviste des Hautes-Alpes, a eu une
heureuse idée lorsqu'il a entrepris la série de Recherches historiques sur
les Hautes-Alpes, dont il vient de donner le premier fascicule renfermant
des notes sur l'abbaye de Saint-Marcellin-d'Embrun et sur la célèbre
abbaye de la Novalaise.
Le seul détail de quelque importance qu'ajoute M. Guillaume aux
faits déjà connus relatifs à Tàbbaye de Saint-Marcel lin, c'est que cette
abbaye était du ix« au xi^ siècle l'église cathédrale d'Embrun : c Ce fait
« peu connu, mais incontestable, dit-il, nous est attesté par les docu-
« ments existant dans l'église d'Angers, au temps de Peiresc, illustre
t savant des xvi«-xvn« siècles, qui a pris soin de les résumer dans ses
t Miscellanea, conservées à la Bibliothèque nationale, à Paris.
t D'après le témoignage de Peiresc que l'on reproduira plus loin tout
« au long, en 1010, Reynaud, évêque d'Angers (976-1010), accompagnait
f en Palestine Foulques Nerra ou Le Noir, comte d'Angers. Arrivé à
€ Embrun, Reynaud y mourut « et y fust enterré, en la cathédralle
t soubs le titre de Sainct Marcelin du costé gauche du grand autel. »
(p. 14.)
Le témoignage de Peiresc a suffi à M. Guillaume, qui ne parait s'être
préoccupé ni de le contrôler ni de rechercher les documents ou plutôt
le document angevin sur lequel il s'est fondé. Il existe pourtant un
texte copié par Baluze en Anjou et imprimé dans le tome XIV de la
Gallia christiana (col. 557 et 558) ; c'est un récit de la mort de l'évéque
Renaud, récit qui paraît contemporain et se termine par une phrase où
Ton pourrait retrouver le modèle de celle de Peiresc : c Ille (il s'agit de
« l'archevêque d'Embrun) adveniens sacerdotalibus sacerdotum exse-
« quiis in ecclesia S. Marcelli martyris, in dextro brachio crucis, sub
« ipso al tari S. Mariae sepelivit »
307
Le mot de c cathédrale » ne s'y trouve pas et ce n'est pas trop
s'avancer que de croire à un simple lapsus de Peiresc.
A la page 6, M. Fabbé Guillaume commet une assez forte erreur en
qualifiant saint Marcellin, mort en 374, de a premier évêque ou mieux
archevêque d'Embrun ». Cette erreur est répétée dans le courant de
l'ouvrage (p. 10, 23, etc.), où les premiers évèques d'Embrun sont tous
décorés à tort du titre d'archevêque. Or, ainsi que le dit M. Longnon
dans son bel ouvrage sur la Géographie de la Gaule au VI^ siècle (p. 184),
le siège d'Embrun a été suffragant de Vienne pendant les premiers
siècles de l'Église ; il l'était encore en 794 lors du concile de Francfort,
et ce n'est qu'en 811 que Gharlemagne, dans son testament, cite
Embrun et Tarentaise parmi les métropoles de l'empire. On peut
s'étonner d'autant plus que M. Guillaume ait commis cette erreur qu'il
cite l'ouvrage de M. Longnon (p. 27, fin de la note 2 de la page 26).
Nous avons malheureusement d'autres preuves que l'auteur lit rare-
ment en entier les ouvrages qu'il cite. Ces preuves, nous allons les
trouver dans le deuxième article, consacré à la Novalaise.
Je relève d'abord dans le sommaire (p. 22) un lapsus calami trop
étrange pour être passé sous silence : M. Guillaume y intitule Récit
inédit d'un chroniqueur deux passages de la chronique de la Novalaise
qu'il déclare, à la page suivante, avoir lus dans le tome IX < des Monu-
menta Germanix, Ce n'est là qu'une inadvertance, je le sais bien ; mais
ce qui est plus grave, c'est que M. Guillaume croit que les œuvres du
chroniqueur de la Novalaise ont été « ignorées jusqu'à ces derniers
temps ». S'il avait lu l'introduction de l'édition qu'il a eue sous les
yeux, il aurait pu voir que ces œuvres avaient été employées dès 1575
par Filiberto Pingone dans son Augusta Taurinorum^ publiées en
grande partie par Duchesne dans ses Scriptores rer. Franc, en 1636,
par Muratori en 1726, que Rochex en a donné de longs extraits dans la
Gloire de la Novalèse publiée en 1726 (ouvrage cité plusieurs fois par
M. Guillaume), etc. Cette lecture aurait pu aussi lui faire éviter l'inexac-
titude que l'on trouve p. 73 : « Pertz lui-même, le dernier éditeur de la
Chronique de la Novalaise, d'ordinaire si exact, si précis » M. Pertz
était bien le directeur des Monumenla Germanix en 1846, mais c'est
M. Bethmann qui a édité le texte en question, ainsi que le prouve la
signature apposée au bas de la préface.
Mais venons-en aux conséquences que M. l'abbé Guillaume tire des
deux passages de la chronique de la Novalaise. Voici ces extraits :
« Valchinus archiepiscopus Ebredunensis, primus noster adjutor et
fundator fuit, avunculus Abbonis. » (Mon, Germ, Sci\, VII, 107.) —
1. C'est le torae IX de la collection entière des Monuments, ou t. VII de la
section des Scriptores.
308
« Abbo testamentum fecit quod Yalchino, arcbiepiscopo Ëbredu-
nensi, cujus nepos ipse fuerat, conscribi fecit. • (Ibid., 79.)
M. Guillaume ajoute que ces paroles lui causèrent, la première fois
qu'il les vit, « une douce et très agréable satisfaction Nous étions
loin de nous attendre à découvrir, du môme coup, le nom du véritable
fondateur de la Novalaise, une preuve solide que ce fondateur était un
archevêque d'Embrun, enfin un archevêque inix)nnu de la plupart des
historiens de l'ancien diocèse d'Embrun. » (p. 23.)
Il est vraiment bien fâcheux que Fauteur n'ait pas lu la note f qui
accompagne le premier de ces passages, et la note a qui accompagne
le second; il aurait pu lire dans Tune comme dans l'autre ces mots :
Ex excerptis Pingonii^ qui ^eussent sans doute poussé à en chercher
Texplication dans Tintroduction. Cette recherche Veut empêché de com-
mettre les erreurs que j'ai déjà signalées et lui en eût épargné de nou-
velles. En effet, la mention Ex excerptis Pingonii veut dire que
M. Bethmann a publié ces passages d'après des extraits de Filiberto
Pingone conservés à Turin et auxquels l'éditeur a eu recours pour res-
tituer les parties du manuscrit original détruites postérieurement à
Pingone. Par suite, M. Guillaume se serait convaincu qu'il ne « décou-
vrait » pas ces passages, qui sont les seuls témoignages d'après lesquels
Pingone a rangé Valchin parmi les évêques d'Embrun.
Valchin ne fut non plus ni un « archevêque d'Embrun •, ni un
c archevêque inconnu de la plupart des historiens de l'ancien diocèse
d'Embrun », car tous les auteurs vraiment autorisés qui ont traité ce
sujet ont pris la peine de prouver que Valchin ne pouvait pas être
évêque d'Embrun lors de la fondation de la Novalaise ; je me permet-
trai de renvoyer M. Guillaume à Lecointe {Ann. eccles,, VI., 430), dont
les arguments tout à fait concluants prouvent que Valchin était alors
évoque de Maurienne ; ces arguments ont été reproduits par les premiers
auteurs de la Gallia christiana (in, 1064) et confirmés par M. Hauréau
(Ibid., XVI, 617).
« Dom Plus Gams, dit M. Guillaume (p. 24), est un des rares écri-
vains qui placent résolument Valchin parmi les archevêques d'Embrun.
Il est indécis seulement sur la date de son épiscopat, qu'il fixe en 740. »
Sans doute ; mais je m^étonne que l'œil de M. Guillaume n'ait pas été
attiré par cette note jointe à la date 740 : Tr. Maurienne, S'il se fût
reporté à la liste des évêques de Maurienne (p. 830), M. Guillaume
aurait vu que le P. Gams fait non moins résolument figurer Valchin
parmi les évêques de ce siège, et cela sous les dates 726-739, c'est-à-
dire à l'époque même de la fondation de la Novalaise et à celle du tes-
tament d'Abbon ! Par conséquent, s'il est certain que Valchin ne pou-
vait être qu'évêque de Maurienne en 726, il est probable qu'il sera
devenu plus tard évêque d'Embrun, et que la chronique de la Novalaise,
309
rédigée trois siècles plus tard, ne l'aura désigné que par son dernier
titre.
Quant au titre de fondateur de la Novalaise donné à Valchin par
M. Guillaume, cet auteur s'appuie pour cela sur le passage déjà cité de
la chronique et sur ce que la charte de constitution, tout en donnant
en apparence le principal rôle au neveu de Valchin, a bien soin de
remarquer, et à plusieurs reprises, qu'Abbon en cette circonstance
n'agit que du conseil et par la volonté de son oncle : t Una cum con-
«r silio domini et in Ghristo patris nostri Walchini episcopi », et
ailleurs : « Pro voluntate domini et in Ghristo patris nostri Walchini. »
(p. 26.)
Je me suis permis de souligner le mot que, parce que l'idée restrictive
qu'il implique ne se trouve pas, ainsi qu'on a pu le voir, dans les
expressions citées, expressions banales d'ailleurs, usitées dans les actes
de ce genre et dont l'importance minime se trouve complètement
annihilée par cette phrase de l'acte de fondation, t Ergo », dit Abbon,
f una cum consensu pontefecum vel clericorum nostrorum Maurien-
natae et Segucinae civitatum, in quibus dicitur nos rectorem esse, insti-
tuit monastheriolo virorum in loco nuncopante Novelicis, in ipso pago
Segucinu, in rem proprietatis nostrx, ex opère nostro, una cum consilio
domino et in Ghristo pâtre nostro Walchini episcopo... » (Gall. Christ,;
XVI, instr., 289). Gomment M. Guillaume, qui a traduit ce passage
(p. 27), a-t-il été plus frappé de ces mots qu'il met en italiques « et ce
du conseil de notre seigneur et père en J.-G. Valchin » que de ceux-ci
qu'il écrit en lettres ordinaires c dans notre domaine et de nos propres
deniers »?
Sans doute le témoignage de la chronique de la Novalaise, bien que
postérieur de trois siècles, n'est pas entièrement à négliger ; mais de là
à dire de» l'opinion fondée sur les termes que nous venons de citer :
« tout cela est plus spécieux que réel », il y a loin, et aucun témoi-
gnage ne vaut celui de l'acte de fondation. D'ailleurs M. Guillaume lui-
mémo cite (p. 29) un passage du testament d' Abbon qui réduit très
exactement la part qu'a prise Valchin dans la fondation de la Novalaise
à la pose de la première pierre et à la direction des travaux de construc-
tion ; c'est seulement après l'achèvement qu'Abbon l'associa à la haute
direction de l'abbaye. Tout ceci, par parenthèse, s'expliquerait diffici-
lement si Valchin eût alors gouverné un diocèse autre que celui oii se
trouvait l'abbaye : « Et placuit michi dum et domnos in Ghristo
pater noster Vualchuni episcopus, ab initio incoationis opère, funda-
mentum çcclesiç Sancto Petro monasterif Novalicis, heredem meam
posuit, et usque ad culminis consummationis fabrica perduxit, et in
omne opère çdifitiorum adjutor et gubernator stetit, ut dum ipse
advixerit, sub suo nomine et gubernatione at nostra commune, ipse
340
monasterius consistere valeat. ? (Gartulaire de Grenoble, p. 46.) Il
est impossible de trouver un texte plus clair.
Après deux chapitres consacrés à Ténumération des possessions
d*Abbon et de ses donations à la Novalaise, chapitres dans lesquels
récrivain reconnaît la difficulté que Ton rencontre à c emplacer • ^ la
plupart des noms de lieux qu'ils renferment, M. Guillaume suppose
que ces immenses domaines avaient été conquis par Abbon sur les fau-
teurs des Sarrasins, et cela du consentement de Charles Martel, heu-
reux de le récompenser de ses services.
Dans le sixième chapitre, notre auteur identifie, non sans raison,
croyons-nous, Ghramlin,évéque intrus d'Embrun, avec le Crammelinus
episcopus du testament d' Abbon. Pourquoi seulement reproche-t-il aux
auteurs de l'ancienne Gallia d'avoir t ignoré l'existence de Ghramlin »
(p. 61) note 1), tandis que ceux-ci ont consacré à cet intrus la note a
de la p. 1064, tome UI? Pourquoi aussi n'exempte-t-il du même reproche
que Mabillon, D. Bouquet, MM. de Ladoucette, Ghériaset Dom Piolin,
alors qu'on trouve Ghramlin nommé par Germon, Bréquigny, Pardessus,
Félibien, Letronne, etc., et en dernier lieu par MM. Tardif (Afon. hist,,
n° 21 et Musée des Arch. nat., n° 15), K.-A.-F. Pertz {Mon, germ,,
Diplom., I, 44) et Hauréau {Gall. christ., XVI, 34 D)?
Enfin, on trouve dans les deux derniers chapitres le récit de la vie de
saint Eldrade, né, comme le prouve M. Guillaume, à Ambel (canton de
Gorps, Isère), et celui de la deuxième invasion des Sarrasins et de la
ruine de la Novalaise, dont les moines se réfugièrent à Turin en 906,
en emportant leurs objets les plus précieux, parmi lesquels six mille
volumes « manuscrits », dit M. Guillaume, de peur que l'on ne s'y
trompe.
Nous espérons que M. l'abbé P. Guillaume tiendra compte dans
l'avenir des observations que nous avons dû lui faire, et surtout qu'il
vérifiera dorénavant avec soin ses renvois et ses citations, car on pour-
rait ajouter d'autres exemples d'inexactitude à ceux que l'on a déjà
signalés ; comment se peut-il en effet que M.* Guillaume nomme (p. 73)
t Rochex, l'historien de la Novalaise {La gloire de la Novalèse^ p. 93),
Pertz 2 lui-même, le dernier éditeur de la Chronique de la Novalaise,
d'ordinaire si exact, si précis » parmi les écrivains qui ont fait
naître saint Eldrade à Boglio, dans le comté de Nice, alors que Rochex
place son lieu de naissance à « Lambelli, soit Lambellées et d'autres
disent Lambées, château fort situé près le fleuve de Deranse ou Dranse »
(p. 90 et 93), et que nous avons vainement cherché, aussi bien à la
1. Voy. p. 37 et 10, etc. Après avoir vainement cherché ce mot étrange dans
le Dictionnaire de l'Académie^ j'ai trouvé dans Littré qu'il avait pour sens :
mettre le sel dans les greniers.
2. Lisez : Bethmann.
3U
page 74, à laquelle M. Guillaume nous renvoie, que dans le reste de
l'édition de Bethmann, la moindre tentative d'identification des noms
de lieu c Ambelli castellum » et « Âmbolia » ? Pourquoi, ce qui est
grave lorsqu'il s'agit d'une citation, remplace- t-il (p. 02) dans un extrait
de la chronique de la Novalaise, les mots « sex mille » par ceux-ci
f 6,000 videlicet sexcenti » ?
Malgré tout cela, l'entreprise de M. l'abbé Guillaume est trop oppor-
tune pour que nous ne souhaitions pas la lui voir continuer, à condi-
tion toutefois qu'il y apporte un peu plus de soin.
H. -François Delaborde.
Notices généalogiques tournaisiennes ^ dressées sur titres^ par le
comte P.-A. du Chastel de la Howardries-Neuvireuil. Tome P^
(Mortagne et Landas; Ablay à Drues.) Tournai, Vasseur-Delmée,
^884. Gr. in-8S 7^3 p.
La Flandre est peut-être le pays où, de tout temps, on a attaché le
plus d'intérêt aux questions généalogiques, et il n'est presque aucune
famille noble ou roturière qui n'ait possédé un de ces livres de raison ,
donnant, souvent pendant trois ou quatre siècles, la filiation et l'indica-
tion des dates de naissance, de mariage et de décès de ses membres,
ainsi que la mention des charges dont chacun d'eux a été revêtu.
Toutefois, beaucoup de ces recueils ont été détruits, d'autres, placés à
la fin de livres de prières, irrégulièrement tenus, et M. le comte P.-A.
du Chastel de la Howardries-Neuvireuil a compris qu'il rendrait un
service à ses compatriotes en leur faisant connaître toutes les filiations
qu'il avait pu établir, à l'aide tant des actes religieux des paroisses de
Tournai que des documents conservés dans différents dépôts de la
Belgique et du nord de la France, et principalement des testaments que
renferment les archives de Tournai.
M. du Chastel ne s'est pas attaché à dresser, quand même, des filia-
tions, et il s'est borné à nous faire connaître tous les éléments que lui
fournissaient les pièces qu'il lui a été donné d'analyser; aussi trouvons-
nous souvent dans ce volume des fragments généalogiques comprenant
cinquante ou cent ans, et, en appendice à l'article consacré à un nom,
les mentions isolées se rapportant à des personnages qu'il n'a pas paru
possible de rattacher d'une manière certaine à tel ou tel rameau. Les
Notices généalogiques tournaisiennes se rapportent à plus de deux cents
familles nobles ou bourgeoises, et, en outre, deux études plus considé-
rables sont consacrées aux maisons de Mortagne et de Landas.
Les liens nombreux qui, de tout temps, ont uni les familles de l'Ar-
tois et des Flandres donnent un intérêt spécial à ce livre pour toutes
les personnes qui s'occupent de recherches historiques sur le nord de la
France ; elles y trouveront de nombreuses indications de nature à pré-
342
ciser les récits des chroniqueurs, ainsi qu'un certain nombre de docu-
ments historiques intéressants, et nous ne pouvons que remercier
M. du Ghastel d'avoir entrepris ce travail considérable, dans lequel il a
eu pour auxiliaire M. Amédée de Ternas, dont la Bibliothèque de
l'École des chartes a plus d'une fois signalé les sérieuses recherches sur
l'histoire des familles du Nord.
Comte DE Marsy.
Société jersiaise. Extente de Vile de Jersey. 4607. Jacques /".
Publication 5"*. Jersey, G. Le Feuvre, 4880. In-4°, xxxii-435 p.
En rendant compte, dans les deux derniers volumes de ce recueil, de
la 3" et de la 4« Publication de la Société jersiaise, j'avais dû formuler
quelques critiques, mais j'exprimais l'espoir que la Société prendrait
bientôt sa revanche par quelque publication importante et digne de
celles qui ont ouvert la série de ses travaux. Cet espoir s'est réalisé.
U Extente de 1607, qui a paru cette année, est un texte intéressant,
étendu et bien publié.
Cette publication fait suite à celle des extentes de 1274 et de 1331,
dont j*ai rendu compte ici-même en 1876 et 1878. L'extente de 1607
est, comme les deux autres, un état des droits et revenus de la cou-
ronne à Jersey, dressé d'après le témoignage des habitants. Ce n'est
pas le dernier document de ce genre : il y en a encore un plus récent,
Textente de 1668, qui est en vigueur aujourd'hui. Les extentes de 1274
et de 1331 étaient en latin, et les éditeurs de la Société jersiaise
avaient jugé utile de donner une traduction française en regard du
texte original ; celle de 1607 étant en anglais, on s'est très justement
contenté d'en publier le texte, qui ne peut offrir de difficulté à aucun
habitant lettré de Jersey.
Il faut louer le soin avec lequel les éditeurs ont rédigé les deux index
placés en tête du volume. Beaucoup de noms de famille paraissent à
plusieurs reprises, dans Fextente, avec des orthographes différentes; on
les a rapprochés et réunis dans l'index sous la forme qui a paru la plus
correcte, en renvoyant de toutes les formes accessoires à l'article prin-
cipal. On a distingué, par un artifice typographique, les mentions rela-
tives aux propriétaires qui possédaient les terres grevées de redevances
au moment même de la rédaction de l'extente, et colles des personnages
qui ne sont désignés que comme ayant possédé ces mêmes terres à une
époque antérieure. On a su reconnaître et rétablir aussi des noms de lieu
passablement défigurés, comuiQ Sherbrook {^p. 17) pour Cherbourg ; mais
on paraît avoir renoncé à identifier les noms de diverses localités de
Bretagne désignées (p. 19} comme produisant des toiles que le commerce
apportait à Jersey ; un ou deux au moins de ces noms, comme Pontivie
(Pontivy) et Vitterie (Vitré), étaient assez aisés à reconnaître. Quelques
343
notes explicatives sur diverses formes insolites ou obscures (p. xxxi),
ainsi que plusieurs rectifications de texte insérées à l'index ou ailleurs,
témoignent encore de l'attention minutieuse que les auteurs de la publi-
cation ont apportée à leur travail.
Julien Havet.
Bulletin delà Société historique et littéraire de Tournai. T. XVIII.
Tournai, typ. veuve H. Gasterman, 4880. In-8*, xn-394 p.
Depuis 1849, la Société historique et littéraire de Tournai a entrepris
la publication d'une double collection de bulletins et de mémoires. Les
premiers comprennent aujourd'hui dix-huit volumes et le chiffre des
volumes de mémoires s'élève à seize. Pendant que les Bulletins ont été
le plus souvent réservés à la publication des procès-verbaux des réu-
nions et à des dissertations, dues pour la plupart à MM. Dumortier, Le
Maistre d'Anstaing, de Nédonchel, Mgr Voisin, les abbés Vos et
Hugues, les Mémoires ont contenu principalement des documents iné-
dits, tels que la Chronique de Hainaut, de Gilbert, publiée par M. de
Godefroy-Ménilglaise (t, XIV et XV), les extraits des Registres des
Consaux de Tournai (t. Vil, VIII), le Kalendrier des guerres de Tournai,
1477-1479 (t. Il), etc. Ce rapide aperçu suffit pour donner une idée de
l'activité des travaux de la Société tournaisienne, sans qu'il soit néces-
saire d'étendre ces citations ; aussi arriverons-nous immédiatement au
tome XVin du Bulletin, que nous avons entre les mains, et qui ne
comprend que deux études.
La première, due à M. le capitaine Déjardin, est un catalogue
détaillé des plans et vues de la ville de Tournai. Ce travail comprend
158 numéros, et, bien qu'il soit le résultat de longues et laborieuses
recherches, nous croyons que l'auteur aurait pu encore en augmenter
le nombre, en parcourant les portefeuilles topographiques du cabinet
des estampes de la Bibliothèque nationale de Paris. 11 ne nous est pas
possible de signaler ici toutes les pièces nouvelles que le dépouillement
de ces volumes aurait pu donner à M. Déjardin, mais nous ne pouvons
passer sous silence un certain nombre de plans dressés par les officiers
des armées de Louis XIV , et qui y sont conservés en originaux,
notamment un plan de 1682, avec légende de 160 numéros, plan vérifié
en 1687 par Dupuis de Mondragon, capitaine, ingénieur ordinaire du
roi à Tournai, un très beau plan sur vélin, lavé, sans légende, à
l'échelle de 300 toises, un autre plan minuscule sur vélin, à la plume,
ainsi qu'une assez grande quantité de plans gravés cirant des variantes
de tirage et des remaniements, soit dans les légendes des descriptions,
soit dans des indications des éditeurs.
M. le capitaine Déjardin paraît disposé à étendre son travail aux
autres villes de Belgique; la partie consacrée à Namur vient de
344
paraître dans les Annales de la Société archéologique de cette ville ^ et
nous croyons qu'il a sous presse un travail semblable pour Liège;
nous pensons qu'il devra, avant de le refondre en un volume, consulter
les planches de la topographie de la Belgique réunies à la Bibliothèque
nationale et qu'il y puisera de nouveaux et précieux renseignements
qui lui permettront de rendre son travail en quelque sorte définitif.
La première partie d'une Bibliographie tournaisienne occupe le reste
du volume (p. 111-383). M. Desmazières y retrace d^abord Thistoire
sommaire de rétablissement de Timprimerie à Tournai, puis il nous
donne la liste des éditeurs, libraires et imprimeurs toumaisiens avec
rindication de leurs publications. Il se propose de conduire ce travail
jusqu'au commencement du xrx* siècle, et les notices qu'il nous donne
dans ce premier travail s'appliquent à vingt-quatre libraires ou impri-
meurs et renferment la description de 683 ouvrages, de 1509 à 1727.
Toutefois, M. Desmazières ne pense pas que Ton puisse faire remonter
à 1509 rétablissement de l'imprimerie à Tournai et il établit que, de
même que le beau Missale insignis Ecclesix Tornacensis qui porte le
nom du libraire toumaisien Antoine du Rieu et l'adresse d'un impri-
meur parisien demeurant m ihco Judeœ juxta Carmelitas, les Statuta
sinodalia promulgués en 1509 et qui portent le nom de du Rieu
(Tornaci. Venafia œmperiuntur in domo Anthonii du Rieu)^ ont été
imprimés également, soit à Paris, soit dans quelque ville du Nord, ce
qui a lieu pour les autres ou\Tages mis en vente par des éditeurs tour-
naisiens pendant tout le cours du xvi« siècle et qui sortent des impri-
meries d'Anvers, de Douai, etc. Jusqu'en 1609, on ne connaît pas de
véritables impressions tournaisiennes, et il n'y avait alors dans cette
ville que Nicolas Laurent, qui paraissait n'imprimer que des livrets
pour apprendre à lire aux enfants et avait recours, pour l'impression des
livres d'église, des ouvrages de piété et de quelques publications admi-
nistratives, aux imprimeurs de Louvain, d'Anvers, de Cambrai et de
Douai. En 1609, un Douaisien, Joseph Duhamel, vint s'établir à Tour-
nai comme imprimeur et y forma avec Charles Martin une association
qui ne dura que peu de temps et à la suite de laquelle ce dernier resta
seul propriétaire de la maison établie à l'enseigne du Saint-Esprit^ rue
de le Thure. Le premier livre sorti des presses de Duhamel et Martin
est la Vie dv bienhevrevx S. Jean de Sahagovne, de l'ordre des eremites
dv P. S. Avgvstin, etc., 1610, petit in-12 de 8 ff., 381 p. et 9 ff. de pri-
vilège et table. Depuis cette époque, la série des imprimeurs tournai-
siens continue sans interruption et cette industrie y a pris aujourd'hui
un assez grand développement, puisque Tournai renferme dix impri-
meries, occupant près de quatre cents ouvriers.
Des fac-similés des marques des éditeurs toumaisiens accompagnent
ce curieux travail de M. Desmazières, qui vient utilement combler une
lacune de l'histoire de l'imprimerie en Belgique. — Comte de Marsy.
315
Les Imprimeurs vendômois et leurs œuvres (45^1 4-4 88^), par le mar-
quis DE RocHAMBBAU. NotÊvelle édition précédée d'une lettre de
M, Paul Lacroix. Paris, Dumoulin, 4884, in-8**, 56 p. et 3 fac-
similés.
Nous sommes heureux d'avoir à signaler la nouvelle édition des
Imprimeurs vendômois que M. le marquis de Rochambeau vient de
publier et dans laquelle il recule de plus d'un siècle Torigine de l'im-
primerie à Vendôme. Jusqu'ici on regardait comme le premier impri-
meur vendômois François de la Saugère, qui publiait en 1629, au
moment de la peste, un livre de circonstance : Alexitère contre la peste,
tiré des plus célèbres médecins, par Florent de la Ghassaingue. Fr. de la
Saugère avait des prédécesseurs, dont M. de Rochambeau a trouvé très
heureusement de remarquables productions. En 1514, un imprimeur de
Tours, Mathieu Latheron, imprimait à Vendôme avec le concours des
Bénédictins de la Trinité et sous les yeux d'André Du Val, prieur du
monastère, un Breviarium monasterii Vindocinensis (in-8®, gothique,
404 feuillets). C'est le plus ancien monument daté de l'imprimerie ven-
dômoise ; on n'en connaît jusqu'ici qu'un seul exemplaire, dont le titre
manque, conservé à la bibliothèque publique du Mans.
Après Mathieu Latheron, un nouvel imprimeur tourangeau, Jean
Rousset, vint s'installer dans le monastère de la Trinité et y imprima
la Messe de- la saincte Lerme de Vendosm^e, suivie du Mistère de la saincte
terme. Le seul exemplaire qu'on connaisse de cette édition est incom-
plet des premiers et derniers feuillets, mais les caractères typographiques
permettent de la rapporter au commencement du xvi« siècle ^ Un peu
plus tard, Jean Rousset imprimait encore à Vendôme, toujours sous
les auspices du prieur André Du Val, un Missale secundum usum sacri
1. J'ai récemment rencontré à la bibliothèque de Chartres (ms. n" 726) la
copie figurée sur vélin d'un incunable vendômois ou tourangeau, que je ne
trouve ni dans les Imprimeurs vendômois ni dans la Typographie en Tou-
raine de M. Cl. de Ris. En voici la description : « f || S'ensuit || le Mistere de
la II Saincte Lerme H comme elle fut appor- 1| tee de Constantinohle || a Uen-
dosme. \\ [Vignette représentant la sainte Larme suspendue dans une ampouUe
rayonnante, soutenue par deux mains sortant d'un nuage.] Fol. 1 v". (D)U
haait et souuerain empire || etc. Fol. 7 v**, slgu. B, ligne 2. nostrum iesum chris-
tum filiam tuum. Qui jj tecam. etc. [Marque à peu près semblable à celle du
titre. L'ampoulle n'est pas soutenue par des mains, mais surmontée d'une cou-
ronne et entourée d'un collier de croix et d'étoiles formant losanges au bas
daquel pend une larme.] C'est une plaquette de 7 feuillets, en caractères
gothiques français, de 27 lignes à la page; la justification du texte est de 122 sur
72 millimètres. Le supplément du Catalogue des manuscrits de la bibliothèque
de Chartres le dit « imprimé à Tours par la veuve Si£Qeau » ; l'imprimé sur
lequel a été faite cette copie daterait, s'il en est ainsi, de 1540 environ.
34(»
Monasterii sanctissimae Trinitatis de Vindovino, etc. (in-fblio, 276 fenii-
let<>, daté de 1530 et orné de 43 gravures sur bois. M. de Rochambean
a donné une description détaillée de ce magnifique incunable vendô-
mois, dont on ne connaît ({ue deux exemplaires, et il a joint à son tra-
va'd des fac-similés réduits du titre ot de deux des gravures, leequek,
malgré leur exactitude, sont loin de rendre la beauté et la finesse des
originaux. Au xvii* siècle, à côté do François de la Saugère, il faut citer
le nom d'un autre imprimeur vendùmois, Sébastien ilyp, qui fonda à
Vendôme une véritable dynastie damprimeurs et auquel on a longtemps
attribué la première édition des Provinciales de Pascal. On trouve enfin
dans ce volume la liste détailb'e des imprimeurs vendômois et de leurs
œuvres jusqu'en 1879. Les descriptions bibliographiques de M. de
Rochambeau sont en général exactes, sauf quelques légères imperfec-
tions, dans la description de la Messe de la saincte Lerme par exemi^e,
qu'il sera facile de faire disparaître dans une prochaine édition ; et nous
ne pouvons mieux reconnaître l'intérêt de ce livre qu'en souhaitant de
voir suivre, par ceux qui s'intéressent à Thistoire des origines de la
typographie dans les différentes villes de France, Texcellent exemple
que vient de leur donner l'auteur des Imprimeurs vendômois.
H. Omont.
Correspondance historique des Bénédictins bretons et autres docu^
inents inédits relatifs à leurs travaux sur V histoire de. Bretagne^
• par A. DE LA BoEDBEiE, In-S"". Paris, Champion, 4884.
M. de la Borderie a écrit, dans ce livre, un des premiers chapitres de
l'histoire des grands travaux des Bénédictins, en France. Naturelle-
ment il a choisi les membres de cet ordre célèbre qui se sont occupés
de la Bretagne et qui ont devancé tous les autres. Nul mieux que notre
confrère n'était plus à même d'entreprendre cette œuvre; ses travaux
personnels, par Térudition et la critique, procèdent de ceux de Fancienne
école bénédictine. La tâche des « ouvriers de l'histoire de Bretagne »
comprenait deux parties bien distinctes ; d'abord les recherches des
documents et l'exploration des chartriers publics et particuliers; ensuite
la construction de Tédifice qui devint l'Histoire de Bretagne,
La première partie de ce travail dura de 1689 à 1696; les savants
chercheurs ont des noms chers à tous ceux qui aiment les travaux
d'histoire : D. Audren, D. Le Gallois, D. Briant, D. Rouzier, D. Veis-
sière, remplacé en 1693 par D. Lobineau.
La seconde partie fut comprise entre 1696 et 1703 avec les mêmes
collaborateurs, sous la direction de D. Lobineau.
C'est le détail de ce travail vraiment immense que M. de la Borderie
fait connaître en publiant la correspondance des Bénédictins complétée
au moyen de documents véritablement curieux. On y trouve les rensei-
3i7
gnements les plus précis, et souvent des anecdotes piquantes, ainsi que
des indications précieuses sur l'existence de pièces d'archives disparues,
ou conservées aujourd'hui par des détenteurs inconnus; quelques-uns
de ceux-ci ignorent probablement la valeur des textes qui reposent dans
quelque coin de leurs manoirs.
Nous signalerons, entre autre détail intéressant, le récit de l'oppo-
sition faite par la maison de Rohan le jour où D. Lobineau remit son
œuvre aux États de Bretagne. Le docte religieux avait fait bon
marché des prétentions des Rohan à une extraction royale ; ceux-ci
réclamèrent, se plaignirent amèrement, protestèrent officiellement et
enfin menacèrent. L*amour-propre nobiliaire devient facilement féroce ;
au xixe siècle, nous en voyons encore quelquefois des exemples. Toute
la colère des Rohan échoua devant la bonne foi des Bénédictins et
rapprobation des États qui donnèrent à D. Lobineau le titre d'historio-
graphe de Bretagne. Quelques années plus tard, l'abbé de Vertot
recommença la lutte avec une certaine violence, mais sans plus de
succès. Après la mort de D. Lobineau, arrivée le 3 juin 1727, la maison
de Rohan chercha à faire oublier l'œuvre du savant bénédictin; elle
patronna une nouvelle édition dans laquelle ses prétentions étaient
appuyées de preuves nombreuses mais très discutables.
Nous faisons des vœux pour que l'exemple de M. de la Borderie soit
suivi dans chacune des provinces dont l'histoire a été l'objet des études
des Bénédictins. Non seulement on apprendra une foule de détails
intéressants sur les travaux delà savante congrégation; mais encore on
trouvera des études inédites qui n'ont pas trouvé place dans ses publi-
cations et l'on aura connaissance de sources historiques et de docu-
ments qui pourront être d'une singulière utilité.
A. DE B.
Études sur le droit celtique. Le Senchv^ Môr, par H. d'Arbois de
JuBAiNViLLE. Paris, Larose, ^88^. In-8% ^08 p. (Extrait de la
Nouvelle Revue historique de droit français et étranger,)
Le Senchus Môr est un traité de jurisprudence écrit en vieil irlandais,
dont le texte embrasse deux volumes et demi des Ancient laws and
Institutes of Ireland.
Ce document n'a point la fraîcheur naïve et barbare de certaines
coutumes du moyen âge. C'est un fruit de la culture celtique et d'une
culture avancée ; c'est un produit savant qui ne se laisse point pénétrer
sans effort et sans peine, même lorsque la difficulté première et tout
extérieure, celle de la langue, a été vaincue.
Il y a longtemps que ce premier rempart est tombé pour notre savant
confrère. Il entreprend aujourd'hui de nous faire avec lui pénétrer
plus avant.
348
Le Senchus Mâr doit remonter à une période antérieure à saint
Patrice, mais il fut révisé sous son influence et probablement par lui-
même (v« siècle). Conservé de mémoire pendant des siècles, le Senchus
Môr fut confié à récriture vers l'an 800 de notre ère, comme un grand
nombre d'autres documents de la littérature irlandaise. Il n'a cessé
depuis lors de s'altérer sous la plume des scribes.
L'histoire sociale, politique et morale de l'Irlande a été traitée dans
les Études sur le droit celtique avec cette simplicité d'exposition à
laquelle M. d'Arbois de Jubainville nous a habitués. J'éprouve pour
ma part un charme extrême à apprendre ainsi facilement tant de
choses neuves de la bouche d'un maître si compétent. Parmi les traits
caractéristiques du régime irlandais, il faut signaler l'existence d'un
lien social d'une extrême importance fondé sur le contrat que les juris-
consultes modernes appellent le cheptel.
Ceux qui ne font pas de la jurisprudence leur étude spéciale, et que
ce mot droit celtique pourrait épouvanter, ne devront point négliger ce
précieux travail. Ils y trouveront une moisson abondante de renseigne-
ments philologiques et littéraires. C'est précisément le caractère propre
de la culture irlandaise de n'avoir pas entièrement dégagé le droit pour
en faire dans l'ensemble des connaissances humaines un domaine tout
à fait à part et isolé. Le jurisconsulte irlandais, le filé, était aussi magi-
cien, chanteur, poète. Des joutes non seulement oratoires, mais poé-
tiques, précédaient parfois les jugements des filé (p. 99). Il nous faut
aujourd'hui, pour comprendre ces personnages complexes, un effort non
moins multiple et non moins varié, qui porte sur la langue, sur l'his-
toire proprement dite et sur l'histoire légendaire, sur les mœurs et sur
le régime économique. C'est une conquête de ce genre que nous offre
M. d'Arbois de Jubainville.
Paul ViOLLET.
Le gouvernement royal et V administration des finances sous Phi-
lippe le Bel et ses trois fils {4285-4328), par A. Voitri, membre
de rinstitut. In-8**, Paris, 4880. — Les monnaies des trois pre-
miers ValoiSy par le même. In-8*'. Paris, 4884.
M. A. Vuitry poursuit le cours de ses importants travaux sur le
régime financier de la France avant 1789. Nous avons parlé, dans un
autre recueil, de l'excellent ouvrage que le savant académicien a con-
sacré à ce sujet pour la période antérieure à Philippe le Bel. Nous nous
proposons ici de dire quelques mots de deux publications qui font suite
à cet ouvrage. La première de ces publications est intitulée : Le gouver-
nement royal et l'administration des finances sous Philippe le Bel et ses
trois fils. M. Vuitry a divisé ce travail en deux chapitres : !• Le gou-
vernement et les dépenses ; 2' l'administration des finances. Cette divi-
349
sion suffit à indiquer la méthode adoptée par l'auteur. M. Vuitry a jugé
qu'avant d'entrer dans la gestion des finances, il devait montrer les
changements introduits à cette époque dans les institutions politiques.
De ces changements, en effet, sont nées des dépenses qui ne sont plus
seulement les dépenses propres du Roi et qui deviennent les dépenses de
l'État, M. Vuitry se trouve ainsi amené à parler d*abord du Grand Con-
seil et du Parlement, issus de Tancienne cour du roi ; il en décrit Torga-
nisation, en marque les attributions ; il montre comment les membres
du Grand Conseil et ceux du Parlement n'étaient déjà plus, comme par
le passé, les vassaux du roi, obligés par la règle des fiefs de faire à leurs
frais le service de cour et qu'ils étaient devenus des fonctionnaires de
l'État touchant des émoluments, des gages comme on disait alors. On
sait que l'administration des provinces ne subit pas la même transfor-
mation que le gouvernement central. Néanmoins, par l'efiacement gra-
duel des communes placées sous la tutelle du roi, par l'institution des
bourgeoisies royales qui concouraient à faire de l'ancienne fédération
des fiefs une société rattachée à un centre unique de juridiction et de
pouvoir, se préparent des changements qui influeront par la suite sur le
régime financier. D^ailleurs les baillis et les sénéchaux, avec leurs
subordonnés hiérarchiques, demeurent les mandataires supérieurs de la
couronne dans les provinces et les ordonnateurs de toutes les dépenses
locales. Après avoir tracé un rapide tableau de l'administration des
provinces, M. Vuitry étudie l'organisation de VHôtel du roi et les ser-
vices qui s'y rattachent. C'est là une des parties les plus attachantes du
travail que nous examinons. L'auteur marque avec soin le nombre des
officiers de l'hôtel ; il en précise les fonctions respectives, en chiffre les
émoluments. Un service qui commence alors à s'instituer, bien qu'il
n'ait encore rien de régulier ni de permanent, c'est celui des relations
extérieures. M. Vuitry mentionne les ambassades, les missions diplo-
matiques qui eurent lieu au temps dont il s'occupe et qui étaient néces-
sairement rétribuées par le trésor royal. Indépendamment des frais que
comportaient ces ambassades, Philippe le Bel tenait à sa solde, par des
pensions, une foule de seigneurs voisins de la France, pour les rendre
favorables à sa politique. M. Vuitry nous apprend aussi comment un
autre service, celui des travaux publics, semble s'établir à cette époque
et comment le principe d'expropriation pour cause d'utilité publique est
dès lors posé et consacré. Il aborde enfin l'organisation du service mili-
taire, indique les modifications qu'elle a subies sous Philippe le Bel et
ses fils et note les dépenses nouvelles qui proviennent de la substitution
naissante des troupes soldées aux armées féodales.
Après avoir exposé ces considérations avec cette clarté qui caractérise
les écrits sortis de sa plume, M. Vuitry examine dans son mécanisme
et ses rouages l'administration générale des finances. Ainsi qu'il le
remarque à juste titre, cette administration, à l'avènement de Philippe
320
le Bel, se confond avec Padministration générale du pays; mais, à la
mort de Charles IV, elle se distingue nettement de la Chambre des
comptes qui la domine et la contrôle. Le savant académicien consacre
une étude particulière à la Chambre des comptes ; il en précise les ori-
gines, en définit les attributions, indique le nombre de ses membres.
C'est sous Philippe le Long et sous Charles IV que la Chambre des
comptes, qui, déjà au temps de Philippe le Bel, tenait une place dis-
tincte à côté du Grand Conseil et du Parlement, acheva 4e s'organiser
et de se constituer. Dès lors les documents abondent, et M. Vuitry fait
ressortir avec soin tout ce qui intéresse cette institution, non seulement
dans les édits spéciaux dont elle a été Tobjet, mais dans les ordonnances
d'un caractère général qui règlent le gouvernement, le pouvoir judiciaire
et la gestion des finances. Comme les membres du Parlement, les mem-
bres de la Chambre des comptes n'avaient déjà presque plus rien de
féodal; c'étaient, à proprement parier, des fonctionnaires publics,
nommés et rétribués par le roi. Le mouvement qui s'opérait dans les
institutions de la monarchie et qui avait conduit la couronne à substi-
tuer la Chambre des comptes à l'ancienne cour féodale du roi, la con-
duisit de même à établir, à Paris, des administrateurs généraux pour le
gouvernement central des finances, et, dans les provinces, des compta-
bles spéciaux pour l'encaissement des deniers et le paiement des
dépenses. Les Trésoriers de France ne furent d'abord que les officiers
préposés par le roi à la garde de son trésor. Mais, dès 1318, une ordon-
nance constate qu'ils sont devenus les chefs réels de l'administration
des finances, avec le concours et la surveillance de la Chambre des
comptes. C'est également une ordonnance de 1320 qui consacre l'insti-
tution des Rec&i)eurs, laquelle n'avait eu jusque-là rien d'uniforme ni de
déterminé. Après avoir défini les attributions respectives des Tréso-
riers de France et des Receveurs, M. Vuitry expose le mode de comp-
tabilité en usage à cette époque. Nous ne saurions trop recommander
ce chapitre à l'attention du lecteur. De nombreux édits furent alors
rendus sur ce sujet. Comme toutes les ordonnances de ce temps, ils
présentent une certaine confusion et se répètent en plus d'un point.
M. Vuitry s'attache à en dégager les données générales ; et, si Ton n'y
rencontre pas, caractérisés par une formule exacte, les principes qui
régissent les comptabilités modernes, on se plaît du moins à en voir
naître et se développer les premiers éléments.
Nous n'avons pas à rappeler au lecteur les désordres causés à cette
époque par les altérations et les variations de la monnaie. Ce fut moins
en diminuant le titre et le poids des espèces monnayées qu'en suréle-
vant au-dessus de sa valeur réelle la valeur légale du numéraire en
circulation, que Philippe le Bel et ses fils avaient altéré et affaibli la
monnaie. Sous les trois premiers Valois, les altérations et les variations
de la monnaie devinrent plus fréquentes et plus considérables; mais
324
elles eurent un caractère tout différent. « On s'aperçut sans doute, écrit
M. Vuitry, qu'en affaiblissant la monnaie de compte par Télévation du
cours des espèces en circulation, le roi partageait avec le public qui les
détenait le bénéfice qu'il entendait se réserver : on commença donc à
procéder tout autrement. Au lieu d'accroître la valeur légale du numé-
raire circulant, on le démonétisa, ou on en régla le cours à un prix tel
qu'il y eut intérêt à le vendre au poids, comme billon, aux hôtels des
monnaies, et le use demanda le bénéfice dont il poursuivait la réalisa-
tion à la fabrication et à l'émission d'espèces nouvelles. Ce système
monétaire fut mis en pratique avec un aveuglement et une exagération
que la grande lutte nationale dont la royauté avait alors à supporter les
nombreuses dépenses ne peut justifier et qui ne firent qu'aggraver les
souffrances et les misères du pays. » A la vérité, cette pratique désas-
treuse ne fut pas continue. Le règne de Philippe de Valois se partage,
à cet égard, en périodes très distinctes. C'est ainsi que, de 1329 à 1337,
ce prince rétablit et maintint la forte monnaie, tandis que, de 1337 à
1343, il ne cessa, par des ordonnances, d'affaiblir la monnaie de compte
en changeant les espèces monnayées. De 1343 à 1346, il revint à la forte
monnaie, mais, de 1346 à 1350, il chercha encore une fois des res-
sources dans de nouvelles altérations. On sait que, si considérables
qu'aient été alors l'affaiblissement et les changements de la monnaie,
ils le furent plus encore durant les dix premières années du règne de
Jean. On sait aussi que les quatre dernières années du règne de
ce prince et les seize années du règne de Charles V furent marquées
par des pratiques toutes contraires : la forte monnaie fut rétablie et
conserva, sans variation sensible, une stabilité qui fait honneur à
la sagesse du prince préposé alors au gouvernement de la France.
Tel est l'objet de la seconde publication de M. Vuitry, intitulée : Les
monnaies sous les trois premiers Valois. L'auteur a divisé ce remarquable
travail en autant de chapitres qu'il y a de périodes distinctes dans le
régime de la monnaie à cette époque troublée. Il a traité cette matière
difficile avec la sûreté d'un écrivain initié par une pratique personnelle
à l'intelligence des affaires, et c'est en toute sécurité que le lecteur peut
accepter les conclusions auxquelles un savoir historique éclairé conduit
M. Vuitry. A côté de détails techniques et dont la précision est si dési-
rable en un pareil sujet, l'auteur n'a point négligé des considérations
d'un autre ordre. Il a recherché les causes des modifications successives
et si nombreuses que présenta alors notre régime monétaire, et, paral-
lèlement à l'histoire particulière des monnaies, on suit l'histoire géné-
rale des faits dont elle est un corollaire. M. Vuitry a terminé ce travail
par une intéressante analyse du célèbre traité d'Oresme. C'est à la fin
de ce traité que se lit cette observation digne de remarque : « J'ai inten-
tion de déclarer que les mutacions précédentes sont contre l'onneur du
roi et préjudicient à la succession royalle... Quiconques voudroient, par
21
322
aucune manière, attraire et induire les seigneurs de France à ce régime
tyrannique, certes ils exposeroient le royaume en grand décriement et
honte et le préparerolent à sa fin... Et pour ce, si la royalle séquelle de
France délinque de sa première vertu, sans nulle doubte elle perdra son
royaume, et sera translaté en autre main, b Certes, après les preuves de
sagesse qu'avait données Charles Y, et lorsque, dans ce traité,
Oresme venait d'exposer les principes qui devaient présider à Tadminia-
tration des monnaies, on ne pouvait s'attendre aux perturbations nou-
velles que le règne de Charles VI réservait encore à la France. Ce sont
ces perturbations, avec les désastres qui en furent l'efiet, que M. Vuitry
nous exposera dans une prochaine publication.
F. R.
Tombeaux de la cathédrale de Rouen^ par feu A. Dbyille.
Troisième édition.., avec trente-six planches de MM. Adeline
Bosredon et Guillaumot...^ revue et publiée avec notes et addi"
lions nombreuses par F. Bouquet y professeur honoraire, Gr. in-4»,
v-328 p. Paris, A. Lévy, \%%\.
Cette troisième édition de Touvrage de M. Deville pourrait à jaste
titre passer pour la première ; les deux autres, publiées. Tune en i833
(in-d*», 282 pages de texte avec dix planches), Tautro en 1837 (avec
quelques pages et deux planches de plus), ne sauraient être comparées
à cette troisième, depuis longtemps préparée par M. Deville, et défini-
tivement mise sur pied et publiée par un ami du mort, M. Bouquet.
A dire vrai, M. Deville n'avait point été le premier, et la préface de
M. Bouquet le reconnaît, à parler des tombeaux de la cathédrale de
Rouen. L'édition de 1668 de VHistoire de Rouen de Farin renferme un
chapitre particulier sur ces sépultures. Les auteurs qui suivirent surent
profiter des premiers essais de Farin pour aller un pea plus loin que
lui, mais sans avoir fait autre chose qu'effleurer le sujet et passer assez
rapidement sur un terrain de pures conjectures. Ils furent d'ailleurs
unanimes à reconnaître combien le champ de leurs découvertes était
borné : cela tenait aux guerres des Huguenots qui avaient beaucoup
détruit, aux déplacements maladroits faits par le clergé de la cathé-
drale^, à une foule de causes qui embrouillaient l'écheveau et dérou-
taient les chercheurs. M. Deville entreprit de combler les lacunes
signalées par Farin et ses successeurs, et pour cela il compulsa tout,
les cartulaires, les archives de la métropole, celles du département,
copiant, annotant, classant. A dater de la dernière édition de son
1. Le clergé d'avant 1789 avait résolu de mettre à sac les anciens monuments,
surtout celles des représentations c qui ne seraient pas décentes ou en parfait
état. 0 (Deville, Tombea'uXy avant- propos, p. 2.)
323
ouvrage, en 1837, il travailla sans relâche à compléter son livre, et
lorsqu'il moUrut, laissant un manuscrit considérable, il se trouva que
le livre était doublé et que les dessins faits par lui étaient au nombre
de près de 100. Malheureusement Fauteur n'avait pu y mettre la der-
nière main et le mettre au niveau des études actuelles, les omissions du
livre publié par M. Bouquet le montrent suffisamment : il y avait à
faire certaines citations indispensables pour que l'ouvrage fût au point,
et l'auteur seul y eût songé.
Le plan de M. Deville est simple. Il donne la liste des personnages
enterrés dans la cathédrale, et s'arrête à ceux pour lesquels il a décou-
vert certains détails d'ensevelissement ou de construction de tombeaux.
Il faut avouer que, malgré ses trouvailles, M. Deville est loin d'avoir
tout identifié. Mais, tel qu'il est, son ouvrage peut passer pour un des
plus complets sur la matière.
Il y a à faire certaines critiques de détails. M. Deville parle assez
longuement de Richard Gœur-de-Lion, dont il découvrit la statue en 1838
dans la cathédrale. Seulement on ne s'explique pas que le dessin gravé
dans son ouvrage soit pris d'après la restauration qui en fut faite par
M. Bouet. On se l'explique d'autant moins que M. Deville cite le dessin
pris par Gaignières antérieurement à l'enfouissement de la statue par
le clergé de la métropole en 1734, et que ce dessin, quoique donnant la
statue du roi à plat, avait l'avantage de reproduire l'ancien socle sur
lequel elle était couchée avec les quatre lions en support. Cette
remarque s'applique aussi au tombeau de Henri le jeune, frère de
Richard. Pour ce dernier, dont la statue nous a été conservée par Gai-
gnières, M. Deville va plus loin, il copie la statue moderne due au
ciseau des sculpteurs rouennais Bouet et Jean, statue essentiellement
différente de pose et de caractère.
Il est vrai que les dessins de Gaignières ne sont point toujours d'une
très grande fidélité. Il semble que le dessinateur du grand collectionneur
ait trop souvent allongé ou raccourci ses personnages. Mais ces fautes
n'emljarrassaient guère M. Viollet Le Duc, qui nous a donné une foule
de choses exquises d'après les plus pitoyables copies de Gaignières.
On ne saurait donc excuser M. Deville et son successeur M. Bouquet
d'avoir si peu consulté les portefeuilles d'Oxford, dont la Bibliothèque
nationale possède aujourd'hui des calques très suffisants. Cette faute a
fait que très souvent M. Deville se lance dans des dissertations que la
simple inspection des dessins de Gaignières eût empêchées. Et puis les
dessins reproduisant les tombeaux y eussent gagné en vérité historique.
Voici par exemple le tombeau de Pierre de Brezé et de Jeanne du Bec-
Crespin : le dessin de M. Deville le rend méconnaissable. Le J. C.
(Jeanne Crespin) devient un P. B. (Pierre Brezé). Les armoiries du
xv« siècle sont sculptées sur lambrequins allemands. Du moment où
M. Deville restituait les statues disparues depuis le xvni« siècle, il eût
324
été de bonne critique de rechercher Taspect du monument primitif, et
cet aspect Gaignières l'avait conservé (collection d'Oxford, t. lY, fol. 8).
Signalons aussi une grosse erreur dans le dessin de la couronne de
Pierre de Brezé, dont M. Deville fait une sorte de toque italienne
(pi. IX).
La partie la plus faible de l'ouvrage de M. Deville est sûrement celle
des dessins et des gravures. Il faut croire que les artistes chargés de
graver ces dessins d'architecture se sont un peu trouvés dépaysés dans
un genre de travail éminemment précis, h' interprétation, pour me servir
d'une expression d'atelier, se fait trop remarquer dans la plupart de ces
reproductions. Il faut bien croire que les dessins de M. Deville n'avaient
ni cette lourdeur ni surtout ce manque de précision (et la précision est
absolument nécessaire en pareil cas). Le moindre procédé Gillot ou
Dujardin eût beaucoup mieux fait Tafifaire. Parmi les gravures les plus
médiocres, on doit citer celle de Claude Groullart (pi. XIÏI) et celle de
sa femme. Au contraire, certaines pierres tombales au trait sont ou
paraissent être d'une assez grande fidélité.
Toutes ces remarques, que Ton pourrait pousser à l'infini, ne
prouvent pas grand'chose contre le livre de M. Deville. Tel qu'il est, il
reste un des meilleurs dans le genre. M. Deville vivait à un temps où,
passé Clouet et Jean Goujon, il n'y avait eu en France ni peintre, ni
sculpteur : ces deux-là avaient tout fait. C'est ce qui explique son hypo-
thèse de Jean Goujon, architecte du monument de Louis de Brezé,
mari de la grand'sénéchaie. Ce sont là des détails. Somme toute, les
Tombeaux de la cathédrale de Rouen sont un livre où l'archéologue a
encore assez à prendre pour ne point trop regretter que les planches
soient pour la plupart en infériorité marquée sur le reste du livre.
Henri Bouchot.
LIVRES NOUVEAUX.
SOMMAIRE DES MATIÈRES.
Sciences auxiliaires. — Bibliographie, 502, 535. — Chronologie, 552.
Sources, 530. — Chroniques, 470, 476, 562. — Lettres, 500, 508. —
Archives, 465. — Documents, cartulaires, 451, 463, 471, 502, 507, 515,
540.
Biographie et généalogie, 469. — Saint Antoine de Padoue, 445;
325
saint Denis, 444; Duranti, 528; Henri IV, 500; La Vallière, 508;
Linange, 558 ; Lusignan, 549 ; Maufras du Ghatelier, 522 ; Médicis, 541 ;
Montpensier, 502 ; Pétrarque, 532 ; Pons, 466 ; saint Privât, 536; Riche-
lieu, 499; saint Sévérien, 536.
Géographie, topographie, 449, 461, 472, 488, 498.
Droit, 455, 458, 462, 475, 480, 482, 490, 495, 538.
Institutions, 542, 543. — Gouvernement royal, 518; administration,
524. — Municipalités, 515, 523, 540, 560. — Justice, 489. — Finances,
474, 515, 540. — Institutions militaires, 468, 516. — Écoles, 492, 521,
553. — Corporations, 555. — Hôpitaux, 471.
Moeurs bt usages, 462, 480. — Agriculture, classes rurales, 458, 482,
491, 539.
Religions. — Judaïsme, 478, 490, 551. — Église catholique, 448,
467, 547; Pères de TÉglise, 526; hagiographie, 444, 445, 536; clergé,
491; évêchés, 469, 479, 536; ordres, 506; monastères, 446, 453, 463,'
507, 510, 544, 545.
Archéologie, 454, 496. — Architecture : édifices civils et militaires,
452, 517; édifices religieux, 450, 503, 511, 512, 544, 546, 563. —
Sculpture, 450. — Peinture, 464. — Vitraux, 501, 561. — Mobilier,
bijoux, 447, 502, 548. — Sphragistique, 481, 519, 531. — Numisma-
tique, 460, 483, 484, 556-559.
Langues et littératures. — Grec, 488. — Latin, 526, 553. — Langues
romanes : espagnol, 473 ; français, 442, 457, 493, 505, 525, 534 ; italien,
486; provençal, 466. — Langues germaniques : allemand, 459; anglais,
527 ; frison, 477.
SOMMAIRE GÉOGRAPHIQUE.
Allemagne, 494, 495, 506, 516, 552. -— Alsace-Lorraine, 484, 504,
537. — Hambourg, 449. — Hesse, 562. — Saxe, 487. — Wurtemberg,
517, 559.
Autriche-Hongrie. — Autriche au-dessous de TEnns, 461 . — Bohême,
487.
Belgique, 458, 482, 560.
Espagne, 490.
France, 467, 474, 488, 518, 520. — Ile-de-France, 524, 525; Lan-
guedoc, 551; Limousin, 445; Lorraine, 442, 483; Normandie, 476,
481; Savoie, 542. — Ain, 451 ; Aisne, 511 ; Ariège, 485, 550; Charente-
Inférieure, 519, 521; Cher, 555; Gorrèze, 489; Gôte-d^Or, 468; Gôtes-
du-Nord, 501 ; Doubs, 464; Drôme, 469; Eure-et-Loir, 456; Finistère,
453; Hérault, 492; Indre, 452; Indre-et-Loire, 540; Jura, 497; Loir-et-
Cher, 546; Loire, 463; Loire-Inférieure, 510; Lot, 472; Lot-et-
Garonne, 475 ; Lozère, 528, 536 ; Marne, 503 ; Mayenne, 498 ; Meurthe-
326
hi Moii(«ll(S &i3, 544; Meuse, 493; Nord, 547; Pas-de-Calais, 509;
|*yi6ttiii'M (llauU^H-), 545; Rhône, 446; Seine, 444, 471 ; Seine-et-Marne,
NH, HïtifiM-ot-Oise, 535; Seine -Inférieure, 496, 507; Somme, 512,
rù\H, Tuni-ot-Garonne, 447, 479, 554; Vaucluse, 470; Yonne, 529.
Umamdk-IIhktaonb bt Irlande. — Iles de la Manche, 533.
Uauu, — Florence, 480, 541, 543; Gaète, 460; Naples, 530; Padoue,
Mti, inw*, 532; Rome, 443, 520.
lUvM'iUs, 458.
l'oHtUOAL, 465.
lif;HtflK, 515, 531.
HfjiMK, 454, 523, 556, 557, 563.
442. Adam (Lucien). Les Patois lorrains. Nancy, Grosjean-Maupin;
J'arië, Maisonneuve. li-460 p. (Publications de l'Académie de Stanis-
443. Adinolfi (Pasquale). Roma nelP età di mezzo, descritta. T. I.
Homa, Bocca, 1881. 445 p. 8 1.
444. Arbellot (Fabbé). Étude sur les origines chrétiennes de la
Oaule. Première partie : saint Denys de Paris. Paris, Haton. 116 p.
445. Arbellot (l'abbé). Notice sur saint Antoine de Padoue en
lâmousin. Limoges, Leblanc ; Paris, Haton. 72 p.
446. Arroy (Bezian). Brève Histoire de l'abbaye de llle-Barbe. Lyon,
Oeorg, 1880. xi-191 p. (Collection lyonnaise, n» 7.)
447. Barbier de Montault (Mgr X.). L'Anneau d'investiture du
musée de Montauban. Montauban, impr. Forestié. 51 p., planche.
(Extrait du Bulletin de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne.)
448. Baronii (Gaesaris S. R. E. cardinalis), Od. Reynaldi et Jac.
Laderchii congregationis Oratorii presbyterorum Annales ecclesiastici,
denuo et accurate excusi. Tomus 35. Summarium générale (1566-1567).
Bar-le-Duc et Paris, libr. de Tœuvre de Saint-Paul. In-4, xix-367 p.
(L'ouvrage formera 37 vol. à 16 fr.)
449. Becker(F. A.). Cuxhavenund das Amt Ritzebûttel. Ein Beitrag
zur Geschichte und Entwickelung des Landes nebst topographischen,
statistischen und chronologisch geordneten Mittheilungen und einer
Karte. Hamburg, Otto Meissner, 1880. xiii-248 p., 1 carte. 3 m. 60 pf.
450. Biais (Emile). Des statues équestres sculptées aux façades de
certaines églises romanes. Angoulème, Goumard. 17 p., planche.
(Extrait du Bulletin de la Société archéologique et historique de la Cha-
rente, 1878-1879.)
451 . Bibliotheca Dumbensis, ou Recueil de chartes, titres et docu-
327
ments relatifs à l'histoire des Dombes. Trévoux, impr. Jeauvin. In-4,
198 p.
452. Blanchetière (M.). Le Donjon de Romefort (Indre). Tours, impr.
Bouserez. il p., planche. (Extrait du Bulletin monumental^ 1880.)
453. Blois (A. de). Notice historique sur la ville de Quimperlé. Suivie
d'une histoire particulière de Tabbaye de Sainte-Croix, d'après le
manuscrit de F. Bonaventure du Plesseix, continuée jusqu'en 1790 et
publiée pour la première fois avec appendice et notes par Fr. Audran.
Quimperlé, Clairet. In-18, 241 p.
454. Bluemner (H.). Die archaeologische Sammlung im eidg. Poly-
technikum zu Zurich. Zurich, Caesar Schmidt. 201 p., 4 pi. 3 fr.
455. BoRCH (Leopold von). Beitraege zur Rechts-Geschichte des
Mittelalters mit besonderer Rùcksicht auf die Ritter und Dienstmannen
fûrstlicher und graBÛicher Herkunft. Nebst einer lithographischen
Tafel : Wandelungen des Querfurter Helmschutzes. Innsbruck, Rauch,
1881.1n.4,87p.
456. Bordas (l'abbé). Histoire du comté de Dunois. Tome II, fasc. 1.
Ghâteaudun, Société dunoise. 128 p.
457. Boucherie (A.). La Langue et la Littérature françaises au moyen
âge (réponse à M. Brunetière). Paris, Maisonneuve. 43 p. (Extrait delà
Revue des langues romanes,)
458. Brants (Victor). Histoire des classes rurales aux Pays-Bas jus-
qu'à la fin du XVIII® siècle. Bruxelles, impr. Hayez. 406 p; (Mémoire
couronné par l'Académie royale de Belgique.)
459. Braune (Wilhelm). Althochdeutsches Lesebuch, zusammenge-
stellt und mit Glossar versehen. Zweite Auflage. Halle, Niemeyer,
1881. vra-228 p. 3 m.
460. Caméra (Matteo). Una Moneta inedita di Gaeta del x secolo.
Napoli, Furchheim. 7 p., 1 pi. 1 1. 50 c.
461. Camesina Ritter von San Vittore (Albert). Urkundliche
Beitraege zur Geschichte Wien's im xvi. Jahrhundert. Mit einem
Stadtplane. Herausgegeben vom Gemeinderathe der kais. koen. Reichs-
haupt-und Residenzstadt Wien. Wien, Alfred Hoelder, 1881. In-4,
x-100 p., plan gr. in-fol. 7 fl.
462. Carré de Busserolle (J.-X.). Les Usages singuliers de la Tou-
raine. N® 1. Le Droit du seigneur. N® 2. Le Chêne de la mariée; le
Banquet de Nivès. Tours, Semeur-Laplaine. 15, 16 p.
463. Cartulaire du prieuré de Saint-Sauveur-en-Rue (Forez), dépen-
dant de l'abbaye de la Chaise-Dieu (1062-1401). Publié avec une notice
historique et des tables par le comte de Charpin-Feugerolles et M. C.
Guigue. Lyon, impr. Perrin. In-4, xxiv-379 p.
464. Castan (Auguste). Le Mot de l'énigme d'un tableau de l'église
32S
de la Vèze, près de Besançon. Besançon, impr. Dodivers. 8 p. (Extrait
des Mémoires de la Société d'émulation du Douhs, 13 mars 1880.)
465. Gatalogo dos pergaminhos do cartorio da universidadede Goimbra.
Goimbra, imprensa da universidade, 1880. 135 p.
466. Ghabaneau (Gamille). Les Troubadours Renaud et Geoffroy de
Pons. Paris, Maisonneuve. 27 p. (Extrait du Courrier littéraire de
V Ouest, 1880.)
467. Ghamard (dom François). Les Origines chrétiennes de la Gaule.
Paris, impr. Levé. 64 p. (Extrait du Correspondant.)
468. Gharmasse (Anatole de). Note sur le passage et le séjour des
grandes compagnies dans la prévôté de Baigneux-les- Juifs en 1364
et 1365. Paris, Ghampion. 11 p. (Extrait des Mémoires de la Société
éduenne, nouv. série, t. IX.)
469. Ghevalier (l'abbé Jules). Actes et Documents pour servira This-
toire des doyens de l'église de Die au xvi« siècle. Montbéliard, impr.
Hoffmann. 12 p. (Extrait du Bulletin d'histoire ecclésiastique et d'ar-
chéologie religieuse du diocèse de Valence, l"*® année, 2« livraison.)
470. Ghronique (la) d'un notaire d'Orange, publiée et annotée par
L. Duhamel. Paris, Ghampion. In-18, 168 p.
471. Gollection de documents pour servir à Thistoire des hôpitaux de
Paris, commencée sous les auspices de M. Michel Moring, continuée
par M. Gharles Quantin, directeur de l'administration générale de Tas-
sistance publique, publiée par M. Brièle, archiviste de l'administration.
Tome I. Délibérations de l'ancien bureau de l'Hôtel -Dieu. Paris,
Picard. In-4, viii-200 p.
472. GoMBARiEu (L.). Dictionnaire des communes du Lot, contenant
la nomenclature des villages, hameaux, châteaux, moulins, métairies,
maisons isolées, etc., et précédé d'une introduction sur le département
du Lot avant et après 1789. Gollaborateurs, MM. A. Gombes, J. Ma-
linowski, A. Sarcos, de la Société des études, et MM. les instituteurs.
Gahors, Laytou. Lxvni-262 p., carte. 5 fr.
473. GoRNu (Jules). Études sur le poème du Gid. Paris. 27 p. (Extrait
de la Ro7nania, t. IX.)
474. GouGNY (G. DE). Gomptes royaux du xvi« siècle. Angers, Ger-
main et Grassin. 7 p. (Extrait de la Revue de V Anjou.)
475. Goutumes de Glermont-Dessus en Agenais (1262), publiées par
Hippolyte Rébouis. Paris, Larose. 51 p. (Extrait de la Nouvelle Revue
historique de droit français et étranger,)
476. Gronicques (les) de Normandie (1223-1453), réimprimées pour la
première fois d'après l'édition rarissime de Guillaume le Talleur
(mai 1487), avec variantes et additions tirées d'autres éditions et de
329
divers manuscrits, et avec une introduction et des notes par A. Hellot.
Rouen, Métérie. xxni-344 p.
477. Cummins (Adiey H.). A Grammar of the old Friesic language.
London, Trûbner, 1881. 75 p. 3 s. 6 d.
478. Darmesteter (James). Coup d'oeil sur l'histoire du peuple juif.
Paris, librairie Nouvelle. 25 p.
479. Daux (l'abbé Camille). Histoire de TÉglise de Montauban, depuis
les premiers temps jusqu'à nos jours. T. I. N®« 1-2. Première période
(46-1317). Montauban, Georges et Ferrie, xv-111 p. et planche. 5 fr.;
pour les souscripteurs, 2 fr. 50 c. (L'ouvrage formera 2 vol. d'environ
650 pages chacun, ornés de 6 planches en chromolithographie. Prix de
la souscription : 15 francs payables en trois termes.)
480. Deliberazione suntuaria del comune di Firenze, del xiii aprile
1439, pubblicata daMorelli Guido per nozze Stefanini-Morelli. Firenze,
tip. deir Arte délia stampa. 16 p.
481. Dbmay (G.). Inventaire des sceaux de la Normandie recueillis
dans les dépôts d'archives, musées et collections particulières des
départements de la Seine-Inférieure, du Calvados, de l'Eure, de la
Manche et de l'Orne, avec une introduction sur la paléographie des
sceaux et 16 planches photoglyptiques. Paris, imprimerie nationale.
In-4, xLiv-438 p.
482. De Potter (Frans), Broeckaert (Jan). Geschiedenis van den
Belgischen boerenstand tôt op het einde der xviii« eeuw. Brussel,
Hayez. in-406 p. (Mémoire couronné par l'Académie royale de Bel-
gique.)
483. Des Robert (Ferdinand). Un Jeton de la chambre des comptes
de Lorraine. Nancy, impr. Crépin-Leblond. In-4, 4 p. avec fig.
484. DiETz (E.). Note sur quelques monnaies du moyen âge trouvées
près de Fouday, au Ban de la Roche (Vosges- Alsace). Saint-Dié, impr.
Humbert. 14 p. (Extrait du Bulletin de la Société philomathique vosgienne,
1880-1881.)
485. DucLOs (H.). Histoire des Ariégeois (comté de Foix et vicomte
de Couserans). De l'esprit et de la force intellectuelle dans l'Ariège et
les Pyrénées centrales. Paris, Didier, xvi-684 p., 3 grav. à l'eau -forte
par Ghauvet.
486. Durante. Il Fiore, poème italien du xiii® siècle, en ccxxxii son-
nets, imité du roman de la Rose. Texte inédit publié avec fac-similé,
introduction et notes par Ferdinand Castets. Montpellier, bureau des
publications de la Société pour l'étude des langues romanes, 1881.
xxrv-184 p.
487. Ermisch (Hubert). Studien zur Geschichte der saechsisch-
boehmischen Beziehungen in den Jahren 1464 bis 1471. Mit urkund-
lichen Beilagen. Dresden, Baensch, 1881. 144 p. 3 m.
330
488. Extraits des auteurs grecs concernant la géographie et rhistoire
des Gaules. Texte et traduction nouvelle publiés pour U Société de
l'histoire de France par Edm. Ck)ugny. Tome III. Paris, Loones. xy-
385 p. 9 fr.
489. Page (René). Une ancienne Justice. La Cour d*appeaux de
Ségur. Limoges, impr. Chapoulaud, 1880. 150 p. (Extrait du Bulletin de
la Société archéologique et historique du Limousin^ t. XXVIU, VI* de la
2« série.)
490. Fernandbz y Gonzalez (Pr.). Instituciones jurfdicas del pneblo
de Israël en los diferentes K<(tados de la penfnsula ihérica desde su
dispersion en tiempo del emperador Hadriano hasta los principios del
siglo XVI. Tomo I. Introduccion histôrico-crîtica. Madrid, 1881. In-4,
xv-346 p.
491. Galabert (l'abbé). Les Prêtres dans les campagnes au moyen
âge. Montauban, impr. Forestié. 17 p. (Extrait du Bulletin de la Société
archéologique de Tarn^et-Garonne.)
492. Germain (A.). Du principe démocratique dans les anciennes
écoles de Montpellier. Montpellier, impr. Boehm, 1881. In-4, 23 p.
(Extrait des Mémoires de l'Académie, etc, de Montpellier, section des
lettres, t. VU, 1881.)
493. Germain (Léon). Deux Chartes du xm* siècle en langue vulgaire,
provenant de Tabbaye de Ghâtilion. (Communication de M. le docteur
Nie. van Werveke, de Tinstitut R. G.-D. de Luxembourg.) Nancy,
impr. Crépin-Leblond. 7 p. (Extrait du Journal de la Société d'archéologie
lorraine, 1881.)
494. GiESBBREGHT (Wilhelm von). Geschichte der deutschen Kaiserzeit.
Erster Band. Grundung des Kaiserthums. Fûnfte Auflage. Mit einer
Uebersichtskarte von H. Kiepert. Braunschweig, Schwetschke, 1881.
xLn-934 p., 1 carte. 15 m.
495. Grimm (Jacob). Deutsche Rechtsalterthûmer. Dritte Ausgabe,
Goettingen, Dieterich, 1881. xxvi-971 p. 12 m.
496. GuÉRODLT (le D' E.). Découvertes archéologiques en 1878 et 1879.
Rouen, impr. dîagniard. 15 p. (Extrait du Bulletin de la commission des
antiquités de la Seines-Inférieure.)
497. GuiLLERMET (F.) et B. Prost. Champagnole et ses environs.
Lons-le-Saunier, impr. Declume. 83 p. et planches. (Extrait des
Mémoires de la Société d'émulation du Jura, 1880.)
498. GuYARD DE LA FossE. Remarques sur les observations de M. Le-
beuf sur les peuples diablintes et leur pays, particulièrement par rap-
port à l'histoire de la ville de Mayenne dans le Bas-Maine, prête à être
mise au jour; suivie d'une réponse de l'abbé Lebeuf, extraite du
Mercure de France. Paris, Mouchet. In-12, 36 p.
499. Hanotaux (Gabriel). Études sur des maximes d'État et des frag-
334
ments politiques inédits du cardinal de Richelieu. Paris, Picard. 48 p.
(Extrait du Compte rendu de l'Académie des sciences morales et poli-
tiques.)
500. Henri IV. Lettres inédites du roi Henri IV à M. de Bellièvre
(1602) publiées d'après le manuscrit de la Bibliothèque nationale par
Eugène Halphen. Nice, Gauthier; Paris, Champion, ix-52 p.
501. HucHER (E.). Le Vitrail absidal de Notre-Dame-de-la-Gour, com-
mune de Lantic (Gôtes-du-Nord). Tours, impr. Bouserez. 11 p. (Extrait
du Bulletin monumental, 1879.)
502. Inventaire des bijoux, vêtements, manuscrits et objets précieux
appartenant à la comtesse de Montpensier (1474), publié par A. de
Boislisle, d'après l'original appartenant à M. le duc de la Trémoille.
Paris. 41 p. (Extrait de VAnnuaire-bulletin de la Société de Vhistoire de
France,)
503. Jadart (H.). Saint-Lié, Villedommange et Jouy (Marne, arr. de
Reims, canton de Ville-en-Tardenois). Reims, impr. Monce, 1881.
16 p. (Extrait des Notices sur les églises du diocèse de Reims, bulletin,
t. XIV.)
504. JoLY. Le Ghâteau de Ray pendant et après les croisades. La
guerre de dix ans dans le pays d'Amont, Lutzelbourg, entre Sarrebourg
et Saverne. Montmédy, impr. Pierrot, vi-57 p.
505. Joufrois, altfranzoesisches Rittergedicht, zum ersten Mal heraus-
gegeben von Konr. Hofmann und Franz Muncker. Halle, Niemeyer,
1880. VIIM34 p. 3 m. 60 pf.
506. KocH (Adolf). Die frùhesten Niederlassungen der Minoriten im
Rheingebiete und ihre Wirkungen auf das kirchliche und politische
Leben. Von der philosophischen Fakultaet der Universitaet Heidelberg
preisgekroente Abhandlung. Leipzig, Duncker und Humblot, 1881.
vm-118 p. 2 m. 80 pf.
507. Laffleur de Kermaingant (P.). Gartulaire de l'abbaye de Saint-
Michel du Tréport (ordre de Saint-Benoît). Paris, impr. Firmin-Didot.
CLxiv-427 p. etatl. de 8 pi. in-fol.
508. Lair (J.). Louise de La Vallière et la jeunesse de Louis XIV,
d'après des documents inédits, avec le texte authentique des lettres de
la duchesse au maréchal de Bellefonds. Paris, Pion, vi-441 p. et 2 por-
traits.
509. Landrin (G.). Histoire d'un petit village (Fouquières-lez-Béthune).
Boulogne-sur-Mer, impr. V® Aigre. 44 p.
510. La Nicollière Teijeiro (S. de). L'Abbaye de Notre-Dame de la
Ghaume, près Machecoul (1055-1792), essai historique. Nantes, impr.
Forest et Grimaud. 71 p., planches. (Extrait du Bulletin de la Société
archéologique de Nantes.)
332
lit. \i\ Phairik (de). Les Églises de rarrondissement de Boissons
i-ldiM^^M rhniuologiquement. Soissons, impr. Michaux, 1880. 40 p.
i\y Lkiiiki' (.\lcius). L'Église de Fourdrinoy, notice archéologiqae.
\ini(MiH, iinpr. Douillet. 16 p. (Extrait du Bulletin de la Société des
antuniaires de Picardie, 1880.)
\\\:\, liKfAUK (Henri). Le Village de Saint^Dizier-lès-Nancy. Nancy,
WiiMUM". Ti p. (Kxtraitdes Mémoires de la Société d'archéologie lorraine,
\HH\.)
Ml liK Pairk (Jacques-Amédée). Annales du pays de Lagny depuis
Ion hMupM l(»R plus reculés jusqu*au 20 septembre 1792. Lagny, Paquier,
IMMO. 2 I. en 1 vol., x-900 p. 15 fr.
.'il II. Libri redituum (Oie) der Stadt Riga. Nach den Originalhand-
nclirirtrii hi^ausgegeben von J. G. L. Napiersky. Leipzig, Duncker
iiiiil lliiMiblot, 1881. xLvn-224 p. 6 m. 40 pf.
■Mli. LiNDT (Karl). Beitraege zur Geschichte des deutschen Kriegsw©-
iimn iii d(;r staufischen Zeit im Anschluss an die Kaempfe zwischen
l'Iiilijip von Schwaben und Otto IV. Tûbinger Inaugural-Dissertation,
h'rnibiirg i. B. und Tûbingen, Mohr, 1881. 72 p. 1 m. 50 pf.
Ii17. fiOEFFLER (Emil V.). Geschichte der Festung Ulm. Mit 29 Holz-
Milinlttcii und 3 lithographischen Plaenen. Ulm, Wohler, 1881. vra-
;iUV p. K m.
!i1H. LuçAY (le comte de). Des origines du pouvoir ministériel en
KrHiH'.n. Les secrétaires d'État depuis leur institution jusqu'à la mort
ilt^ Louis XV. Paris, Société bibliographique, xm-647 p. 10 fr.
MO. Mallat (W.-J.). Sigillographie ecclésiastique de TAngoumois.
ArraH, impr. delà Société du Pas-de-Calais, 1880. 20 p., 2 pi. (Extrait
il(^ la Revue de Vart chrétien.)
f»20. Martens (Wilhelm). Die roemische Frage unter Pippin und
Kiirl dem Groszen. Eine geschichtliche Monographie. Stuttgart, Cotta,
IHHI. xi-379 p. 6 m.
ri21 . Massougnes (Albert de). IjCS Anciennes Écoles diocésaines gra-
tuites à Angoulôme. Angoulème, impr. Baillarger. In-4, 24 p.
522. Maufras du Ghatelier (A.). Archives de la famille Maufras du
(îliatelier (château de Kernuz, près de Pont-Labbé). Notes et souvenirs.
Orléans, impr. Colas. 84 p.
523. Meier (Félix). Geschichte der Gemeinde Wetzikon. Heraus-
gcîgeben von der Lesegesellschaft Oberwetzikon. Ziirich, Hoehr. vi-610 p.
et carte. 5 fr.
524. Mémoires des intendants sur Pétat des généralités, dressés pour
l'instruction du duc de Bourgogne. Tome I : mémoire de la généralité
de Paris, publié par A. M. de Boislisle. Paris, imprimerie nationale.
In-4, xGvi-858 p. (Collection de documents inédits sur l'histoire de
France.)
333
525. Metzke (Erast). Der Dialect von Ile-de-France im xiii. und xiv.
Jahrhundert. I. Theil : Vocalismus. (1. Vocale.) Inaugural-Dissertation.
Breslau, 1880. .35 p.
526. MiQNE (J. P.). Patrologiae Cursus completus, seu Bibliotheca
universalis, etc. Séries latina prior. T. 117 (Haymonis t. II), 121
(Ratramni, -^neae Parisiensis, S. Remigii, etc., etc., opéra omnia), 129
(Anastasius bibliothecarius abbas [t. UI], Stephanus V, Formosus, Ste-
phanus VI, Romanus, pontif. Rom., Erchembertus monach., Angilber-
tusabbas, S.Tutilo monach., etc.), 142 (S. Bruno Herbipolensis episcopus,
S. Odilo abbas Gluniacensis, Berno abbas Augiensis, Gregorius VI,
Glemens VI, Romani pontifices, Rodulphus Glaber, Wippo presbyter,
etc.). Paris, Garnier, 1880-1881. 4 vol., 612, 584, 724, 760 p.
527. Mittelenglische (Das) Poema morale. Im kritischen Text, nach
den sechs vorhandenen Handschriften zum ersten Maie herausgegeben
von Hermann Lewin. Halle, Niemeyer, 1881. 79 p. 2 m.
528. MoNNOT DES Angles (P.). Guillaume Duranti. Aix, Makaire.
14 p. (Extrait de la Revue sextienne.)
529. MoNTAïQLON (Auatole de). Antiquités et Curiosités de la ville de
Sens. Paris, Détaille. 96 p. avec grav. (Extrait de la Gazette des beaux-
arts, 1880.)
530. Monumenta ad Neapolitani ducatus historiam pertinentia, qu8B
partim nunc primum, partim iterum typis vulgantur, cura et studio
Bartholomaei Capasso, cum ejusdem notis ac disserta tionibus. Tomus I.
Neapoli, Furchheim, 1881. Pet. in-fol., xvm-351 p., vn pi. 40 1.
531. NoTTBECK (Eugen von). Siegel aus dem Revaler Rathsarchiv
nebst Sammlung von Wappen der Revaler Rathsfamilien. Lûbeck,
Druckerei von H. G. Rahtgens, 1880. In-4, 62 p., 22 planches. 28 m.
532. Paqanini (Pagano). Délie Relazioni di messer Francesco Petrarca
con Pisa : ragionamento. Pisa, Mariotti, 1881. 66 p. 1 1. 50 c.
533. Pegot-Ogier. Histoire des îles de la Manche, Jersey, Guernesey,
Aurigny, Serck. Paris, Pion, xx-560 p.
534. PizAN (Cristine de). Le Livre du chemin de long estude, publié
pour la première fois diaprés sept manuscrits de Paris, de Bruxelles et
de Berlin par Robert Pùschel. Berlin, Damkhoeler, 1881. xxii-301 p.
6 m.
535. Potiquet (Alfred). Bibliographie du canton de Magny en Vexin.
2« édition. Premier supplément. Magny en Vexin, Bourgeois. 59 p.
536. Pourcher (l'abbé). Saint Sévérien, premier évéque de Mende, et
État du Gévaudan avant et après sa prédication ; suivi de la traduction
des Actes de saint Privât avec le texte en regard. Saint-Martin-de-
Roubaix, Fauteur. In-32, 163 p.
537. Rahlenbeck (Ch.). Metz et Thionville sous Charles- Quint.
Bruxelles, impr. W^eissenbruch. 363 p. 6 fr.
334
v^ H^MON ^iiustavo). Coutumes et Ordonnances et Usages locaux
..c A ^iH^ ((«' IVroime avant 1789. Règlements do police et de justice
r> . 'wr,vilo. IVronue, impr. Quentin. Yni-282 p.
N.^ Uv\N\i. (UK). ^}conomie agricole d'un domaine féodal au xiii* s.
U';î:V«^. lUvid. 53 p. (Extrait des if^motre^ delà Société des antiqiuiires
^ ,v«f»v. \H volume.)
>40 Ht^iittri'K des comptes municipaux de la ville de Tours, publiés
A\\v «olw ol éclaircissements par J. Delaville Le Koux. H. (1367-
<x?^^ ^ roun», Someur-Laplaine; Paris, Picard. 428 p. et planche (Publié
»A« U ShmoIo archéologique de Touraine.)
Ul HuHmlunza délie nozze di Francesco de' Medici con la Tessa
\Uu\vi;U^lini (1433), pubblicata in occasione délie nozze Visibelli-Fedi
,i\ \\UoUmM'i Dante. Firenze, tip. Ricci, 1880. 16 p.
U;' liiNAUUO (G). Le Elezioni aile congregazioni generali nei dominii
^ vN^^uHiivoia lanno 1439 : conferenza tenuta allaSocietà filotecnica di
U»MHo il 13 marzo 1881. Torino, Loescher, 1881. In-12, 38 p. 1 1.
«(.t liiNAUDu (G.). Le Elezioni politiche nella repubblica fiorentina
- AtMio 1V*89 : conferenza tenuta alla Società filotecnica di Torino il
Iv» ^\Mumii> 1881. Torino, Loescher, 1881. In-12, 32 p. 1 1.
\U. HiNQ (le baron de). Anciennes Sépultures de l'abbaye de Beau-
i»«v. d'après les manuscrits inédits de dom Galmet. Avec des notes et
.vidilioti» par M. Paul Delorme. Nancy, impr. Grépin-Leblond. 76 p.
ilv^imit dos Mémoires de la Société d^archéologie lorraine pour 1880.)
:%\l\. HooH (P.). Saint-Lézer, son couvent et la ville d'Orre. Tarbes,
\\\\\\v. Larrieu. Li-16, 32 p.
546. RoGHAMBEAU (le marquis de). L'Église de Lavardin. Tours, impr.
huiiHorez. 31 p. avec figures et planche. (Extrait du Bulletin monwnen-
Irt/. no 4, 1880.)
ri47. RooiE (l'abbé F. -Joseph). Les Origines du christianisme au pays
do liille. Lille, Quarré. 148 p.
548. RoHAULT DE Fleury. Un Tabernacle chrétien du v« siècle. Arras,
impr. de la Société du Pas-de-Galais. 11 p. et planche. (Extrait de la
HcvHC de Vart chrétien, 2« série, t. XIII.)
549. Roux DE LusiGNAN (Jacques). La Vérité sur la famille des Lusi-
ttuan du Levant. A monsieur le comte de Mas Latrie. Paris, impr. Levé,
1881. 56 p.
550. RuMEAu (R.). Notices historiques sur les vingt cantons de TAriège.
Foix, impr. V» Pomiés. In-12, 120 p.
551. Saiqe (Gustave). Les Juifs du Languedoc antérieurement au
XIV» siècle. Paris, Picard, x-388 p. (La première partie est extraite de
la Bibliothèque de V École des chartes, t. XXXIX et XL.)
552. Stieve (Félix). Der Kalenderstreit des 16. Jahrhunderts in
Deutschland. Munchen, Franz, 1880. In4, 98 p. (Extrait des AbJiand^
335
lungen der k. bayerischen Akademie der Wissenschaften, 3« classe,
vol. XV, 3e partie.) 3 m.
553. Straccali (Alfredo). I Goliardi ossia i Glerici vagantes délie
università medievali. Saggio. Firenze, Gazzetta d'Italia, 1880. 96 p.
Biblioteca délia Rivista europea, Rivista internazionale. 1.) 21.
554. Taupjac (L.). Villelongue, judicature, circonscription et ori-
gines. Montauban, impr. Forestié. 32 p. (Extrait du Bulletin de la
Société archéologique de Tarn-et-Garonne,)
555. TouBEAu DE Maisonneuve (E.). Les Anciennes Corporations
ouvrières à Bourges. Gayer des reiglemens et ordonnances sur plusieurs
estats et mestiers de personnes demourantes en la ville et fauxbourgs
de Bourges (1591 à 1633), publié d'après Foriginal conservé aux archives
de la mairie, avec notes et introduction. Bourges, Pigelet et Tardy.
xxix-301 p. et vignettes.
556. Trachsbl (G. F.). Les Monnaies de l'abbaye de Disentis, avec
deux suppléments et vignettes. Lausanne, l'auteur. 10 p. 1 fr. 50 c.
557. Trachsel (G. F.). Monographie der Mùnzen des Gotteshaus-
bundes. Lausanne, l'auteur. 32 p. 2 fr.
558. Trachsel (C. F.). Monographie des monuments numismatiques
des comtes et du prince de Linarge. Lausanne, Fauteur. 46 p. 1 pi.
1 fr. 50 c.
559. Trachsel (G. F.). Die Mùnzen der ehemaligen Reichsstadt
Buchhorn, jetzt Friedrichshafen, am Bodensee. Lausanne, l'auteur.
13 p., pi. 2 fr.
560. Vandbn Peereboom (Alphonse). Ypriana. Notices, études et
documents sur Ypres. Tome IV. Du mouvement communal à Ypres,
esquisses historiques. 1271-1348. Bruges, Aimé de Zuttere. 447 p.
561. Westlake (N. h. J.). A history of design in painted glass.
Vol. I. Gontaining : Part I. From the earliest examples until the end
of the twelfth century. II. Single figures and single compositions of
the thirteenth century. III. Médaillon and grisaille Windows of the
thirteenth century. Londonand Oxford, James Parker, 1881. In-4, iv-
145 p., planches.
562. WicHERT (Th.-F.-A.). Jacob von Mainz, der zeitgenœssische
Historiograph, und das Geschichtswerk des Matthias von Neuenburg.
Nebst Excursen zur Kritik des Nàuclerus. Zur G^schichte und Quellen-
kunden des xrv. Jahrhunderts. Mit einer Beigabe : zehn Kaiserurkunden.
Koenigsberg, Hartung, 1881. x-368 p. 10 m.
563. Zardetti (Otto). « Requies s. Galli » oder geschichtliche
Beleuchtung der Kathedrale des hl. Gallus im Lichte ihrer eigenen
Vergangenheit. Einsiedeln, Benziger. 216 p., planches. 10 fr.; relié,
12 fr. 50 c.
CHRONIQUE ET MÉLANGES.
Le bureau et les commissions de la Société de l'École des chartes ont
été ainsi composés pour l'année 1881-1882 :
Président : M. de Mas Latrie.
Vice-président : M. A. de Barthélémy.
Secrétaire : M. François Delaborde.
Secrétaire-adjoint : M. H. Omont.
Archiviste- trésorier : M. Tuetey.
Commission de publication : membres ordinaires, MM. Delisle, de
Lasteyrie, Ulysse Robert; membres suppléants, MM. Julien Havet,
N. Valois.
Commission de comptabilité : MM. Douët d'Arcq, Dupont, Grarnier.
— La circulaire suivante a été adressée le 25 mai 1881 aux anciens
élèves de l'École des chartes :
Monsieur et cher Confrère,
Le bureau de l'œuvre de secours des anciens élèves de l'École des
chartes a décidé que, chaque année, il serait rendu compte des
ressources de l'association, ainsi que de remploi qui en est fait.
Vous n'ignorez pi^que cette œuvre, fondée le 19 janvier 1875, compte
aujourd'hui six années d'existence. Les premiers adhérents étaient au
nombre de 95, maintenant ils sont 158; mais on peut désirer mieux, en
jetant les yeux sur la liste des archivistes-paléographes et des anciens
élèves de l'Ëcole, qui sont plus de 300.
En 1875, l'association disposait de 200 francs en faveur de deux de
nos confrères; en 1876 et 1877 elle partageait encore 250 francs pour
soulager deux infortunes ; en 1878, les ressources permettaient de con-
sacrer 750 francs à trois confrères dignes d'intérêt; enfin, en 1879 nous
avons employé 800 francs, et en 1880 350 francs.
Le meilleur moyen de vous tenir au courant de Tadministration de
l'œuvre est de mettre sous vos yeux le compte du trésorier approuvé
par le bureau le 19 mai dernier, pour l'exercice 1880-1881.
Recettes,
Rehquats en caisse au 19 mai 1881. . 227 60
Cotisations acquittées 1,381 »»
Arrérages de rentes 48 50
1,657 10
337
Dépenses.
Secours distribués 320 »».
Frais d'administration 77 50
Achat de rente 509 50
907 »»
Reste en caisse : 750 fr. 10.
Cet achat de rente est justifié par l'obligation d'immobiliser les ver-
sements de 100 fr. faits par ceux de nos confrères qui désirent se
libérer de la cotisation annuelle de 5 fr., seul sacrifice que l'œuvre
demande à ses adhérents.
La rentrée des cotisations a lieu exactement; dans ce moment, il y
en a 16 en retard; en revanche, 14 ont été acquittées par antici-
pation.
La cotisation est si faible que, pour ne pas la diminuer par des frais
de recouvrement, il importe que nos confrères veulent bien en envoyer
le montant au trésorier soit par mandat, soit en timbres-poste ; c'est
également au trésorier qu'il y a lieu d'adresser les demandes d'adhé-
sions, ainsi que les renseignements sur les secours à proposer au
bureau.
Veuillez agréer, Monsieur et cher confrère, l'assurance de mon cor-
dial dévouement.
Anatole de Barthélémy,
trésorier
9, rue d'Anjou- Saint" Honoré,
— L'arrêté suivant, en date du 19 mars 1881, a réglé la forme des
examens de l'École des chartes. Il ne s'applique pas aux examens d'en-
trée, qui continueront à être passés conformément à l'arrêté ministériel
du 24 juillet 1872.
Le président du conseil, ministre de l'instruction publique et des
beaux-arts.
Vu l'ordonnance du 22 février 1821, du 16 juillet 1823 et du 11 novembre
1829;
Vu l'arrêté du 18 novembre 1830 ;
Vu l'ordonnance du 31 décembre 1846, art. 5 ;
Vu l'arrêté du 26 mai 1854 ;
Vu l'arrêté du 30 novembre 1865 ;
Vu l'arrêté du 2 février 1866 ;
Vu l'avis du conseil de perfectionnement de l'École nationale des
chartes en date du 10 février 1881,
Arrête :
Article premier. — Les élèves de chacune des années de l'École des
chartes subissent annuellement deux examens : l'un au temps de Pâques,
l'autre à la clôture des cours.
22
338
A la fin de la troisième année, les élèves dont l'aptitude a été cons-
tatée par les deux examens réglementaires sont admis à l'épreuve de la
thèse dans les formes et conditions déterminées par rarrété ministériel
du 2 février. 1866.
Art. 2. — Chacun des deux examens de chaque année porte :
1» Sur la lecture et l'interprétation de documents écrits ;
2<* Sur des questions tirées de la matière des cours.
Art. 3. — L'examen de Pâques est fait par le directeur et les profes-
seurs, auxquels les membres du conseil de perfectionnement sont invités
à s'adjoindre.
Le mode d'examen est déterminé par les examinateurs.
Le résultat de chaque épreuve est exprimé par un chiffre qui n'excé-
dera pas le quart du maximum assigné à l'épreuve correspondante dans
les examens de fin d'année.
Art. 4. — L'examen de fin d'année est fait par le conseil de perfec-
tionnement assisté du corps des professeurs.
Il consiste, pour chacune des promotions, en deux épreuves : Tune
orale, l'autre écrite.
Avant d'y procéder, le conseil s'assure de l'assiduité des élèves aux
leçons des professeurs, d'après le relevé fait sur les registres de présence.
L'exclusion pourra être prononcée contre ceux des élèves dont l'assiduité
n'aurait pas été suffisante.
Art. 5. — L'examen oral consiste, savoir :
Pour les élèves de i^ année,
1* Dans le déchiffrement d'une charte latine et d'une charte fran-
çaise ;
2» Dans la traduction d'une charte latine ;
3* Dans des interrogations sur la chronologie historique et sur la
matière du cours de langues romanes.
Pour les élèves de 2« année,
!• Dans le déchiffrement d'un texte du moyen âge ;
2<* Dans des interrogations sur la matière des cours de diplomatique,
d'histoire des institutions et de classement des archives.
Pour les élèves de 3« année,
l» Dans le déchiffrement d'un texte du moyen âge ;
2' Dans des interrogations sur la matière des cours de droit et d'ar-
chéologie.
Art. 6. — L'examen écrit consiste, savoir :
Pour les élèves de 1" année,
1* Dans la transcription d'un texte latin ;
2» Dans la transcription d'un texte provençal ;
3* Dans la traduction d'un texte latin imprimé ;
339
4* Dans la traduction d'un texte provençal imprimé ;
5" Dans une question tirée du cours de bibliographie.
Pour les élèves de 2« année,
lo Dans la transcription d'un texte du moyen âge ;
2*» Dans la traduction d'un texte latin imprimé ;
3® Dans l'analyse sommaire d'un autre texte imprimé ;
4» Dans une question tirée du cours de diplomatique ;
5* Dans une question tirée du cours d'histoire des institutions.
Pour les élèves de 3« année,
1© Dans la transcription d'un texte du moyen âge ;
2° Dans une question tirée du cours de droit ;
3» Dans une question tirée du cours d'archéologie.
Art. 7. — Les chartes et autres textes qui doivent faire le sujet de
l'examen sont choisis par le directeur et soumis par lui à l'approbation
du conseil de perfectionnement.
Pour l'examen oral et écrit, chaque professeur propose sur les matières
de son cours plusieurs questions, entre lesquelles le conseil fait son
choix.
Abt. 8. — Les chartes, textes et questions destinés à l'épreuve écrite
sont renfermés dans une enveloppe scellée, qui n'est ouverte qu'au
moment de la composition.
Art. 9. — Pour chacune des deux épreuves, le jury se partage en
autant de commissions qu'il y a de matières comprises dans l'examen.
Chaque commission exprime le résultat de l'épreuve qu'elle a jugée
d'après le tarif de points fixé d'avance par le conseil.
Art. 10. — Deux listes distinctes sont dressées par ordre de mérite :
l'une pour l'épreuve écrite et l'autre pour l'épreuve orale.
La première de ces listes est dressée à l'aide des devises, avant l'ou-
verture des enveloppes qui contiennent le nom de chacun des élèves et
la devise qui lui est échue, ainsi qu'il est réglé ci-après par l'art. 17.
Art. 11. — Lorsque les noms des élèves sont substitués aux devises,
les deux listes précédentes sont combinées avec les résultats de l'exa-
men de Pâques pour former la liste définitive qui fixe le rang des élèves
dans chaque promotion, sauf ce qui est prescrit par l'art. 12 § 4, pour
les élèves de 3* année.
En cas d'égalité dans les chiffres obtenus par la combinaison des
listes provisoires, la composition écrite l'emporte sur l'épreuve orale.
Art. 12. — L'aptitude des élèves d'une année à passer aux études de
l'année suivante est décidée à la majorité des voix par le jury, qui
exprime son suffrage en commençant par l'élève placé le dernier sur
la liste définitive.
Si le vote est défavorable à cet élève, la môme question se pose et le
340
vote se renouvelle au sujet de Tavant-dernier, et ainsi de suite en remon-
tant jusqu'à ce qu'on arrive à un élève qui soit déclaré admissible.
Toutefois la nullité ou même Tinsuffisance d'une épreuve peut empê-
cher l'admission d'un élève, quel que soit le rang par lui obtenu.
A l'égard des élèves de 3* année, le vote a uniquement pour objet de
déclarer l'admissibilité à l'épreuve de la thèse et les résultats partiels
ne sont combinés qu'en vue de procéder au vote sur cette question. Ces
résultats sont tenus secrets et réservés pour être combinés plus tard
avec le chiffre à fournir par l'épreuve de la thèse. La liste d'admissi-
bilité à l'épreuve de la thèse est dressée et affichée dans l'ordre alpha-
bétique des noms des élèves.
Art. 13. — A l'épreuve orale les mêmes questions devant être posées
à tous les élèves de chaque promotion, ceux-ci demeurent éloignés de
la salle d'examen et se tiennent dans une pièce qui leur est assignée,
jusqu'au moment où vient leur tour d'être interrogés.
Art. li. — Pour l'épreuve écrite, il est interdit aux élèves de se ser-
vir de livres, de manuscrits, de résumés ou de notes de quelque nature
qu'ils soient.
Ceux qui en ont apporté doivent, dès l'ouverture de la séance, les
remettre au professeur chargé de la surveillance.
Quiconque contrevient à cette disposition est exclu du concours.
Art. 15. — Il est également interdit aux élèves, et sous la même
peine, de communiquer entre eux ou avec qui que ce soit, verbalement
ou par écrit.
Ils ne doivent pas sortir de l'établissement pendant la durée des com-
positions.
Art. 16. — A l'ouverture de la séance et avant de faire connaître
le sujet des compositions, le professeur chargé de la surveillance lit à
haute voix les deux articles précédents.
Il annonce en même temps l'heure à laquelle les compositions devront
être terminées.
Art. 17. — A l'ouverture de la séance, le professeur chargé de la
surveillance remet à chaque élève une enveloppe renfermant un bulle-
tin sur lequel est tracée une devise.
L'élève devra inscrire son nom au-dessous de la devise, puis enfermer
le bulletin dans l'enveloppe.
Il devra inscrire la même devise sur chacun des feuillets qui contien-
dront les différentes parties de sa composition.
L'infraction à ces dispositions entraîne l'exclusion.
Art. 18. — A la clôture de la séance, le professeur surveillant réunit
toutes les compositions sous autant d'enveloppes qu'il y aura eu de
sujets proposés et il scelle immédiatement chacune de ces enveloppes.
Il renferme sous un autre pli, qu'il scelle également, les enveloppes
contenant les noms des élèves.
344
Enfin, il rédige un procès- verbal de la séance, où sont consignés les
noms des élèves présents, Findication de la place occupée par chacun
d'eux aux tables où ils ont été assis, les infractions au règlement qui
auraient été commises et toute autre circonstance qui mériterait d'être
signalée.
Art. 19. — Sont abrogées les dispositions contraires au présent
arrêté.
Paris, le 19 mars 1881.
Signé : Jules Ferry.
EXAMENS DE L'ÉCOLE DES CHARTES.
Ces examens ont eu lieu du 18 au 23 juillet. Ils ont porté sur les
textes et les questions qui suivent.
PREMIÈRE ANNÉE.
Epreuve orale.
l® Charte latine à lire. La pièce soumise aux candidats était un man-
dement de Henri III, roi d'Angleterre, conservé sous la forme d'une
copie contemporaine.
H. Dei gratia etc. vicecomiti Kantie, salutem. Precipimus tibi quod
statim visis litteris istis capias in manum nostram omnes terras illorum
in ballivia tua qui sunt de potestate régis Franco rum, quicunque sint
illi, exceptis viris religiosis; diligenter etiam inquiras per sacramentum
proborum, legalium et discretorum virorum de ballivia tua, per quos rei
Veritas melius sciri poterit, si qui qui hujusmodi terras habuerint in
ballivia tua eas vendiderint vel aliter alienaverint vel viris religiosis
vel alicui alii in fraudem commiserint , ut sic inde fructus vel firmam
occulte recipiant ; illas simili ter capias statim in manum nostram ; dili-
gentem etiam facias inquisitionem per sacramentum predictorum si que
sint escaiete vel maritagia in ballivia tua te latentia que ad nos perti-
neant, et si qua sit alienatio facta in ballivia tua de servitiis nostris de
feodis que de nobis tenentur in capite sine voluntate et confirmatione
nostra; et tam omnes escaietas quam maritagia predicta ad nos perti-
nentia, quam predictas terras de servitiis nostris sic alienatas, in manum
nostram capias. De omnibus etiam premissis, et quid singule terre sic
capte in manum nostram valeant, et quorum fuerint predicte terre, et
nomina villarum in quibus predicte terre sunt, que catalla sint in sin-
gulis terris, sub sigillo tuo et sigillis eorum per quos bec premissa fuerint
inquisita, nos distincte et aperte cum quanta poteris festinatione certi-
fiées*.
2° Les questions de chronologie se rapportaient à la charte précé-
1. Archives nationales ^ K 1201. — L'examen n'a porté que sur la première
partie de la charte. Il en a été de même pour plusieurs autres épreuves.
342
(lente. On a demandé aux èlcvos : A quollp époque on pouvait rap-
porter cette charte? Comment on devait interpréter la formule initiale:
H. Dei gratta etc.? A quel roi do France il était fait allusion dans
la charte, et quelles étaient les dates de son avènement et de sa mort.
3" La charte latine à traduire était emprunti'^ aux Livres des Serfs de
Marmoiitier, publié par M. do (irandmaison (n" xlvii).
4*» Charte franraiso à lire d'après l'orij^inal*.
Je Jehans de la Roiche-, sires de Chastoillon ', fais savoir a touz que
je, considerans les biens fait, amitiés et cortoisies que nobles hous, mes
sires Gautiers de Montbeliart, sires do Montfaucon ^, mes biens amez
sires, m'a fait et faites et fait ancor de jour en jour, en recompensacion
desdiz biens faiz et cortoisies, et en non de pure et de parfa/te donacion
entre vis, ai doné et doin pour moi et pour mes hoirs parmenaublement
au dit mon seigneur (iautier, présent et recevant pour lui et powr ses
hoirs, tel droit et telle raison et action que je hai, puis et doi avoir outre
la rivière de Douf : c'est asavoir dois le leu que l'on dit le gour escu-
mant, et dois anqui en Roiche Pèlerin par sus chastel Urm.'^, et dois
a^qui en Noire Combe antrant danz Valtenoivre ®, et dois anqui en pré
Celaiz, et dois anqui en Roiche Farretain, et dois anqui a la Gharmate,
et dois anqui a la fontcinne Aymory, et dois anqui a la grand baie, dois
la goûte entre les dous laiz que part leaul Jehan de Vallangin^ et la
moie ; et generaument tout ce que je hai, puis et doi avoir outre la dite
rivière de Douf dcdanz les diz termes de lonc et de large, en bois, en
homes, en justises, en seignories, en fiez, en rerehez, en proprietez, en
possessions, sanz ce que je rotien pour moi et pour mes hoirs, que je
pusse faire escloses en Tune rive et eu Tautre de la dite rivière de Douf,
pour faire moliu et raisses, vaniches et batours, se ma voluntez estoit ;
et me suis desveti des dites choses, et le dit mon seignour Gautier an ai
envestu et mis en veraie vunde et corporel possession. Et li hai promis
par ma foi powr moi et pour mes hoirs que je ne vanrai contre ceste
donacion, ne consentirai que autres i viogno. Et rononçois en cest &it
au droit que dit que donacion que soremonte cinc cenz soulz doit estre
insinuée, et a touz autres drois escript et non escript, et e§pecialmant au
1. Dans la copie qui suit, nous avons rempli en italique les abrévialioDSi
certaines d'entre elles pouvant se prêter à plus d'une lecture.
2. La Roche en Montagne, château ruiné situé au-dessus de Saint-Hippoljte-
sur-le-Doubs, arr. de Montbéliard.
3. Chatillon-sous-Maiche, cant. de Saint- Hippolyte-sur-le-Doubs.
4. Montfaucon, canton de Besançon.
5. Vm est surmonté d'un tituliis.
6. P.-é. Vauienaivre, hameau situé en Suisse, sur la rive droite du Donbs»
et dépendant de la commune des Pommerais, arrondissement de Saignelegler,
canton de Berne.
7. Valangin (Suisse), près Neufchâtel.
droit qite dit que gênerai reaonciaucions ne vaut. En lasmoing de cesteB
choses je hai mis mon eeel pandeot en ces latres faites et donéas le
marcredi apree la feste de tons Sainz, l'an de grâce corrant par mil trois
5" Questions snr la matière du cours de langues romanes. Exposer les
forjnes du conditionnel en français et en provengal.
Epreuve écrite.
1° Texte latin à transcrire d'après un fac-similé.
Querete Beati Dyonisii contra Rogerum dominum Roseti,
Primo, facto homagio suo domino abbati, rediens apud Chaursiam,
dominus Hogems instanter petiit ab hominibus ville ut facerent ei flde-
k litatem quam facere non tenentur, nec homines qui in villa Bunt uaquam
1 eam feceruat predecessoribus suis.
Secundo peùit ab eis exercitum et equitaturam, dicens quod eos
Ipoterat dueere in exercitum, equitaturam et lorneamentum, ad que dictl
s dicunt se non leneri, et de hiis duobus minatur hominibus si
■on feceriat.
I Tcrcio, quoil dominus RogeruB et complices sui fregemnt violenter
liin armis festum beati Dyonisii bis : primo cepemnt violenter quemdam
Bercatorem et enm turpiter extraxerunt; secundo ceperunt servi en tes
Bâti Dyonisii in ipso festo, et maie tractaverunt qui dictum festum de
idato ministrorum Sancti Dyonisii gardabaot, cujus festi garda
fccl.at ad Beatum Dyonisium et cujus garda usa est ecclesia sine con-
Tlictione toinporibus retroactis, a. vigilia festi ab hnra meridiei per
1 festum usque ad mediam noctem.
Buarto, iu crastino cepit violenter vadia de mercatoribus qui reman-
iant apud Chanrsiam ut aliquid venderent, qui liberl debebant et
:edere de loco illo, solvendo tonleium minîstris ecclesie,
lod proprium est Beati Dyonisii sine parte alterins.
, quod ponit novum servientem in villa, cum nullum ser-
Lntem habuit ante ea in eadem ; serviens ille cepit violenter pisca-
fes Sancti I^yonisii in aquis Sancti Dyonisii citra metas positae ad
lem territorii castri de Montcornet et de Ohanrsia, in qiiibnE
Lullum us habet.
JSexto, dominus Rogerus violenter fngavit venditores Beati Dyonisii
! nemoribus Beati Dyonisii, in quibus idem Rogerus nuUnm jus
rupit ingénia et asportavit, quod facere non debuit.
1 istis duobuB precedentibus loquitur carta régis Phifippi.
jdmo, ponit contradictum in cbeminis Cbaorsie, super que Dultum
; immo ecclesia per ministros suos a longis temporibus usa
' est pàE^e hoc jure in cbeminis. Quod si aliquis vellet aliqnod asia-
iiiii., K 2045, fonds de Uontbéliard.
344
mentum facere vel haberc in cbemino, impetrabat illud a majore Beati
Dyonisii per censum annuum secundum quantitatem aisiamenti, qui
census est quitus Beati Dyonisii.
Octavo, qùod arrestavit censum qui debetur ecclesie de duabus log^s
que sunt in chemino, quarum census solutus [est] ecclesie sine contra-
dictione per viginti annos et amplius.
Nono, quod, cum homines de Ghaursia ab antiquis temporibus con-
sueverint reddere redditus qui debentur in natali in domo Beati
Dyonisii, et ministri predecessorum domini Rogeri consueverint perci-
pere in eadem domo partem suam reddituum a ministris Sancti Dyonisii,
idem Rogerus défendit quod in domo Sancti Dyonisii non reddantur ab
hominibus, et quod ministri sui a ministris Sancti Dyonisii nunc perci-
piant partem suam; et propter hoc redditus nundum sunt soluti.
Fere omnes iste querele supradicte declarantur per cartam régis
Philippi, que carta non potest nec débet judicari nisi in curia domini
régis ^
2* Texte provençal à transcrire d'après un fac-similé.
ABGDEFGHIKLMNOPQR.
En Gaston, per la gracia de Dieu s vezcoms de Bearn, segnor de
Moncada e de Gastelviel, al noble baron n'Âmanieu de Lebrig, saluz e
amors. Fem vos saber che, chom en Guallard del Soler vengos a nos per
lo mandament de nostre segnor lo rei d'Anglaterra e de nostre segnor
n' Adoard, e de ma dona la reina d'Anglaterra e del cossel d'Anglaterra,
sobre loz combenz del castel de Saut; lo quai lo dit en Guallard dévia
recebre per lor volontat e per la volontat nostra e d'en Gassarnaut de
Navallas, segont la forma che es escriuta enter lor e nos; lo maire els
colomenes e lurs amies, ai si chom vos sabetz, part dret l'an protees ab
de sons altres amies ; e chom aço sia feit en gran dampnage e bergonna
de nostre segnor lo rei, e de nostre segnor n' Adoard e de nos ; e nos
lo nostre dampnage e la nostra bergonna vullam demandar e la lor ad
achels qui aço an feit, nos vos requerim per la segnoria che nos avem
sober vos, e per lo segrament che feit nos avez, e per los combenz che
son enter nos e vos, che vos aço nos ajudez a demandar ab guerra viva,
e chel castel de Gasanava, che vos tiez de nos, nos arredatz, lo die-
menge après la festa de Asention de mai, che sapiaz nos seram aquel
die aparellat de recebre lo castel ; o aço che vos en faraz chens ag fazatz
saber per bostras letras pendenz per lo portador de las letras; e per che
aço aiaz per ferm, nos d'aço avem feit far doas cartas per a. b. c. par-
tidas; la una de las quais nos vos trametem saierada de nostre saiel, en
t. Archives Nationales, S 2200, n* 1. — La charte de Philippe-Auguste à
laquelle il est fait allusion dans cette pièce est celle qui figure au n* 1052 dans
le Catalogue des actes de Philippe-Auguste.
345
retenim a nos l'autra. Aço fo feit a Vasaz, lo dimercles après de la festa
de la Senta Croz de mai, en testimoniage del noble baron mosegner en
Guiraut per la gracia de Dieus coms d'Armagnacb e de Fedençach, e
d'en Guillem segner de Riom, e d'en Doat de Proins maire de Vasaz,
e d'en Bertran de Ladils e d'en Ar. de Ladils e d'en Ramon Marches,
borzes de Bazaz, e d'en Segneron de Maur, e d'en Gassarnaut de Ger-
zerest, e d'en Berengher de Peira-pertusa, e d'en Guallard de Gresi-
gnan, e d'en R. Fuert de Lados cauvers, e d'en Guallard de Faurgas
d'Avueg(?), e d'en Pes del Soler, e d'en Per Bonafes, borzes de Bordel
e de moltz altres, anno Domini MccLvnii*^.
3* Texte latin imprimé à traduire.
Benedictus dei judicio nannetensium episcopus omnibus ea quae in
bac cartula confirmata sunt servantibus salutem et pacem. Contigit
autem me maximam curiam clericorum et monachorum atque laicorum
apud prunniacum in claustro sanctae mariae congregasse et dum ibi
essemus in unum venit ad nos hurvodius presbyter de calvae qui pro-
fessus est se suam hereditatem quam in fruzaio et in calvae alque arton
sub maledicto tenuerat salvatori deo et suis monachis dédisse atque a
monachis in elemosina quoadusque viveret vel ad monachatum venire
vellet récépissé. Quod nos omnes audientes gavisi sumus et assensu
omnium quji aderantde clerico et de hereditate ejus abbatem justinum
et monachos sasivimus atque sub maledicto constrinximus omnes
quicunque aliqua occasione de hoc dono monachos amplius inquietare
scienter présumèrent. Hujus rei testis et defensor sum ego ipse benedictus
episcopus testis. Rivallonus archidiaconus testis. Mainlînidus et tebaldus
decani testes. Johannes canonicus. Algisus capellanus. Morvanus dapifer.
Petrus cimentarius. Justinus abbas qui donum recepit. Helogonus et
moyses testes monachi sancti salvatoris. Sanctimoniales adenor, ama-
billa et amelina testes. Data pruniaco in claustro sanctae mariae anno
ab incarnatione domini mciiii mense julio xyi kal. augusti luna ix
feria v epacta xi indicione m papa paschasio philippo francorum rege
alano et mathia comitibus britanniae. Amen.
4" Texte provençal imprimé à traduire.
Totz temps azir falsedat et engan
Et ab vertat et ab dreg mi capdel
E si per so vauc areire o avan
No m'en rancur ans m'es tôt bon e bel
Quels us dechai lialtatz mantas vetz
Els autres sors engans e mala fes
Mas si tant es qu'om per falsedat mon
D'aquel montar deissen pois en preon.
1. Fac-similé en héliogravure du fonds de l'École, n» 205.
346
Mans baro8 vei en mans locs que i est&n
Plus falsamen que veires en anel
E qui per fis los ten falh atrestan
Gum si un lop vendia per anhel
Quar ilh no son ni de lei ni de pes
Ans foron fag a lei de fais poges
On par la cros e la flors en redon
E no i trob om argent quant lo refon.
Dans Orien entrol solelh colgan
Pas a la gen un covinen novel
Car al leial donarai un bezan
SU desleials mi dona un clavel
Et un marc d'aur donarai al cortes
Sil descauzitz mi dona un tornes
Al vertadier darai d'aur un gran mon
Sim don un uou quec messongiers que i son.
Tota la lei quel plus de las gens an
Escriuri' eu en un petit de pei
En la meitat del polgar de mon guan
Els pros homes paisseria d'un gastel
Car ja pels pros no fora cars coures
Mas si fos hom que los malvatz pagues
Gridar pogratz e no gardessetz on
Venetz manjar li pro homen del mon.
5<> Question tirée du cours de bibliographie.
Qu'est-ce que la Bibliothèque historique de la France? Quelles en sont
les éditions ? Quelles sont les divisions de l'édition la plus usuelle?
DEUXIÈME ANNÉE.
Epreuve orale.
i. Oharto à lire sur l'original.
Univorsis présentes litteras inspecturis, universitas magistronun et
soularium Parisius studentium, salutem in Domino sempitemam. Ut
ait Bonecaf non solum amicicie reddes testimonium, sed etiam yeritati,
et huic consonat verbum Philosofi, primo Ethicorum dicentis qnod
Manctum est prehonorare veritatem. Inde noverint universi quod nos,
lion Molum amicicia moti, sed eciam veritate coacti, verum testimoniom
ptirhibemus quod abbas et conventus Sancti Victoris juxta Parisius,
oniiaiH Huncti Augustini, sunt boni et eciam legittimi scolares Pari-
niauHus in diversis facultatibus, propter quod ipsos et eorom bona sob
347
protectione priviiegiorum nostrorum ponimus et eciam fore pienius
reputamus. In cujus rei testimonium, sigillum universitatis nostre
presentibus litterîs duximus apponendum. Datum Parisius, in nostra
cougregacione général! apud Sanctum Maturinum, die martis post
festum béate Lucie, virginis et martiris, anno Domini millesimo qua-
dringentesimo vicesimo octave. Hébert ^ .
2. Questions de diplomatique.
Quelle interprétation doit-on donner aux formules Datum sub ulmOy
Datum inter leones ?
A quelle époque remonte l'emploi dans la chancellerie royale
des formules : ad perpetuam rei memoriam , — car tel est notre plaisir ?
Quelle est la différence entre les Tituli et les Mandamenta ?
3. Questions d'histoire des institutions.
Quelles attributions les baillis ont-ils perdues du xive au xvi« siècle?
Gomment le département a-t-il été divisé de 1791 à Tan vm inclusi-
vement ?
4. Questions se rattachant au cours de classement d'archives.
Donner une idée sommaire de Thistoire et des travaux du Dépôt de
législation et du Bureau littéraire au xvm® siècle.
Indiquer la nature et la composition des séries G et H des archives
départementales.
Epreuve écrite.
1. Texte à transcrire d'après un fac-similé.
Es plés des prevostés de Blosseville et Seilleron tenus ou dit lieu de
Blosseville par moy Guillaume Terrien, seneschal du lieu pour monsei-
gneur le commandeur de Sainte Waubourg, le mercredi ix« jour de
juillet Tan mil une inixx et trois, se comparu Clément Ganu, prevost du
dit lieu de Seilleron , lequel recorda que, à la requeste de Johannes
Lucas, procureur et receveur de mon dit seigneur, il avoit prins et mis
en la main de la dicte seigneurie par trois dymences tous continus, dont
le derrain fu le xx® jour d'avril derrain passé, à Toye et yssue de la
messe parroissial d'Angiens, les tenemens qui ensuivent, c'est assavoir
la vassourie et tenement aux heirs Jehan Le Fevre et ses sourtenans,
la vassourerie qui fu Richart Nepveu, le tenement Pierres Nugues, le
tenement qui fu Guillaume de Veulles, le tenement Guillemin Asselin,
le tenement Perrin Boullart, le tenement Gardin Brochart, le tenement
Golin Gauviel, le tenement RaouUin d'Outre leaue, et generalment
tous les aultrez tenemens et héritages tenus de mon dit seigneur , tant
pour faulte d'omme, rentes non paiées, estirées (?), reliefz, treiziesmes,
que aultrez drois et devoirs de fieu non fais, en deffendant à tous que
nul ne eu préjudice des dictes prinses n'attempte sur la paine qui au
1. Archives Nationales, L 889, n. 9.
348
cas appartient. Pour quoy fu commandé au dit prevost que les dictes
prinses il mete à execucion et face cueillir les frais et levées des dis
tenemens au prouffit de mon dit seigneur après le temps coustumior
ensuy, ainsi qu'il est acoustumé en tel cas. Donné comme dessus. —
G. Terrien*.
2. Texte latin imprimé à traduire.
In dei nomine ego gaucelmus et fratres mei amaldus catiarmati
achelmus willeimi gonbaldus quoque roberti coram principibus castri
nostri ducti amore dei donamus sancto salvatori et béate fidi glorioss
virgini de conchis atque begoni abbati manachisque ejusdem loci tam
presentibus quam futuris pro redemptione etiam animarum nostraram
illum locum qui vocatur mansirot situm inter mare et stagnum quan-
tum ad nos pertinet et generationem nostram Hoc autem facimus ad
salvetatem et monasterium sub honore dei et béate fidis ibi construen-
dum et ad cunillos etiam per forestem nutriendos sicuti cruces inposite
désignant per circuitum Extra quoque hune terminum damus prsedicto
loco omnem terram arabilem que in tota illa foreste inveniri bona et
poterit ad laborandum et cetera que inde necessaria fuerint ad usus
fratrum ibi deo servientium concedentes etiam pascua porcorum ingénue
et vaccas a paduir per forestem tam in estate quam in hieme. Facta
carta donationis anno ab incarnatione domini mgvhi in festivitate beati
andreae coram principibus patriœ régnante philippo rege francorum
ac domno p. episcopo praesidente pampilonensi aecclesiae et conchensi
monasterio domno begone abbate.
3. Texte du moyen âge imprimé à analyser.
Domni nostri jesu cbristi sacratissime incarnationis anno m» g* lxx^ m'
alexandro papa apostolice sedi présidente domini aldeberti in mima-
tensis episcopi presulatus anno xxii" lodovico francis imperante indic-
tione via yo nonas julii Inter bernardum priorem de coloinnet et g.
cappellanum de marogol facta est transactio talis Materia autem
altercationis que inter illos vertebatur bec erat Ecclesia de coloinnet
décimas de marogol ut suas vendicabat ex adverso autem cappellanus
de marogol décimas lanarum caseorum agnorum ceterarumque carnium
se possedisse atque a multis annis rétro ecclesie de marogol donatas
fuisse affirmabat Auditis itaque hinc inde allegationibus amicabili facta
compositione predicte décime de marogol ecclesie de coloinnet utpote
parrochiali auctorizante domino aldeberto mimatensi adjudicate sunt ita
tamen quod cappellanus de marogol g. videlicet quartam partem deci-
marum in rébus tantum prenominatis in diem vite sue percipere débet
post mortem vero illius bac perceptione nuUum prejudicium générante
1. Archives Nationales, S 5206.
349
quarta pars tribus partibus accédât et ad jus et proprietatem ecclesie de
coloinnet libéra et perpétue mansura perveniat.
4. Question de diplomatique.
Eûumérer les caractères principaux des diplômes des rois capétiens
antérieurs à Pbilippe-Auguste.
5. Questions d'histoire des institutions.
Quelles sont les principales dispositions de la loi du 14 décembre 1789
sur les municipalités ?
Qu'entendait-on par grands jours, juridiction des greniers à sel, bail-
liage de l'artillerie de France ?
TROISIÈME ANNÉE.
Epreuve orale,
1. Charte à lire sur Toriginal.
Juhellus Dei gratia Turonensis archiepiscopus, R. decanus totumque
capitulum Turonense et H. cornes Blesensis, omnibus présentes litteras
inspecturis, salutem in Domino. Gum de assensu et voluntate omnium
nostrum due de novo ecclesie in Biemarcio sint fundate, volumus et
concedimus ut utraque illarum ecclesiarum in decimis de Biemarcio ad
sustentationem presbiterorum ibidem deserviencium in grangiis \el
locis in quibus trahentur dicte décime quindecim libras redditus, vel de
ipso blado usque ad valorem quindecim librarum in mensuratione bladi,
percipiat annuatim, ita quod neutra illarum ultra valorem quindecim
librarum redditus in dictis decimis valeat reclamare. In cujus rei testi-
monium, présentes litteras conscribi fecimus et sigillorum nostrorum
munimine roborari. Actum anno Domini mo ce» xlo secundo, mense
decembri ^
2. Questions de droit.
Qu'est-ce que le terrage ? En quoi se distingue-t-il du cens quant à
la redevance? Quel est le trait caractéristique du terrage dans certaines
provinces ?
Que signifient les expressions domaine direct, domaine utile ?
3. Archéologie.
On a mis sous les yeux des élèves une planche coloriée représentant
un bassin à laver en émail de Limoges du xiii* siècle, en leur deman-
dant quelle était la nature de Fobjet, de quelle fabrique il sortait, quelle
en était la date, en quelle espèce d'émail il était fait, quelle était la diffé-
rence entre l'émail à taille d'épargne et l'émail cloisonné, comment il
fallait blasonner l'écu qui orne le centre du bassin.
Epreuve écrite.
1. Texte à lire d'après l'original.
Viris venerabilibus et discretis abbati et priori Sancte Genovefe et
1. Archives Nationales, K 1207, n. l9.
350
M. decano Sancti Marcelli Parisiensibos, judicibus a domino papa dele-
gatis, presbiter de Gorborosa, salutem, reverenciam et honorem. Noveiit
discrecio vestra quod ego, ad mandatum vestram, ordinacionem et aen-
tenciam arbitrii quam protalerant venerabiles viri £. decanus, N.
cantor, P. succentor Parisienses, in causa que vertebatnr inter capi-
tnlum Béate Marie Parisiensis, ex una parte, et nobiles viros Gnidonem
de Monte Forti, militem, et H. thesaurarinm Beiwacensem, ex altéra,
in ecclesia mea de Gorborosa, nunciavi et pubiicavi, sicnt in litteris
vestris vidi contineri. Actum anno gratie millesimo ggo vicessimo nir ,
die dominica proxima post festum sancte Lucie. Valete in Domino ^
2. Droit.
A quels biens s'applique généralement le droit d'aînesse ? En qnoi
diffèrent la succession aux baronnies et la succession aux autres
fiefs?
Des progrès du droit d'aînesse dans certaines provinces.
3. Archéologie.
Donner la description d'une travée intérieure de Ja nef de la cathé-
drale d'Amiens, du sol à la clef de voûte, ainsi que de la travée de bas
côté attenante.
A la suite des examens ont été admis à passer en 2« année par ordre
de mérite :
MM. 1. Prou.
2. bodgbnot.
3. Brutajls.
4. Laurent.
5. Lazard.
6. Mahon.
7. Lempereur.
8. Go VIL LE.
9. AUBERT.
10. Marais.
11. Hugues.
12. Gagé.
13. GUIGUE.
14. De Gessag.
15. Martin.
16. Roussel.
Hors rang, M. Huet, élève étranger.
Ont été admis à passer en 3« année (ordre de mérite) :
M. 1. Delaghenal.
1. Archives Nationales, S 206, n° 22.
354
MM. 2. Lefèvrb-Pontalis.
3. Alaus.
4. Langloib.
5. Durand.
6. Delongle.
7. BOURBY.
8. GrAILLARD.
9. Lex.
10. Gigile.
11. Martineau.
12. Argëliès.
13. Haumant.
14. De Sainte- Agathe.
15. De Gurzon.
16. Corda.
17. Farges.
Ont été admis à subir l'épreuve de la thèse (ordre alphabétique) :
MM. Berthelé.
De Bourmont.
Dehodenq.
Devèze.
Legestre.
LiBOIS.
MORIS.
— Le 15 juillet, notre confrère M. Léopold Delisle a été élu membre
de la commission de V Histoire littéraire de la France, en remplacement
de M. Littré.
— Nous indiquerons, dans notre prochaine livraison, les récompenses
que plusieurs de nos confrères ont obtenues à différents concours de
r Académie des inscriptions et de l'Académie française.
— Notre confrère M. Bonnardot a été chargé par M. le ministre de
l'instruction publique d'aller copier à Turin un manuscrit du Roman
de Herris de Metz.
— Le Bulletin administratif du ministère de Tinstruction publique
annonce que notre confrère M. Paul Meyer est chargé par le ministre
de rinstruction publique d'une mission dont Tobjet est de rechercher
dans les archives du midi de la France des documents en langue vulgaire.
Il s'agit d'une mission purement gratuite, que notre confrère a sollicitée,
afin d'être plus assuré d'obtenir l'accès de certaines archives , particu-
lièrement des archives communales , qui , par leur nature et leur orga-
nisation, ne sont pas régulièrement ouvertes au public.
— Notre confrère M. Charles Tranchant a été nommé membre du
conseil d'administration de la compagnie des Messageries maritimes.
352
— Le 27 mai, notre confrère M. Jules Soury a reçu le grade de doo
teur ès-lettres, après avoir soutenu ses thèses devant la Faculté des
lettres de Paris.
— Le journal II Bibliofilo, que publie à Florence M. Carlo Lozzi,
annonce, dans son numéro de juin-juillet, que les professeurs Ë. Monaci,
de Rome, et G. Paoli, de Florence, préparent un recueil de fac-similés
de manuscrits analogue aux publications du Palxographical Society et au
Recueil de fac-similés publiés par la Société de V École des chartes, dont le
premier fascicule va bientôt paraître.
UNE NOTE DE COPISTE AU XTV» SIÈCLE.
J'ai rencontré à la Bibliothèque nationale, dans la série des pièces
originales du Cabinet des titres (vol. 1079, n^ 24857,3), une curieuse
note d'un copiste de la Chambre des comptes, Hubert Estienne, qui
vivait à la fin du xiv« siècle. On trouve dans ce document la men-
tion de seize actes copiés en 1383 par Hubert Estienne, qui détaille le
genre des pièces qu'il a transcrites et le nombre des lignes que conte-
nait chacune d'elles. Les prix étaient laissés en blâme; un employé de la
Chambre des comptes, J. -A. Reymondet^ dont la signature se lit au bas
de la pièce, les a ajoutés. Le prix de la copie de ces actes n'était pas
évalué d'après le nombre des lignes, qui sans doute étaient d'inégale
longueur; on voit en effet Estienne écrire dix-neuf lignes pour trois
sous, dix-sept et quinze pour deux sous, dix-sept, onze et dix pour un
sou, onze et dix pour huit deniers, et même, à ce qu'il semble, vingt-
deux lignes pour huit deniers. Une erreur de trois sous est à relever
dans le total de 22 sous 6 deniers ; c'étaient 25 sous 6 deniers que la
Chambre des comptes devait à Hubert Estienne ; celui-ci ne parait pas
avoir réclamé la différence.
H. Omont.
Ce sont les escripiures que je Hubert Estienne ay fait pour le Roy
nostre sire en la Chambre des comptes.
1. Premièrement la copie des instrucions sur le fait
des finances des nouviaux acqués faiz par gens d'esglise
et par gens non nobles, envoiée par nosseigneurs des
comptes au receveur de Pontieu, contenant deux fouil-
liez et demi de papier. iij s. p.
2. Item le double en parchemin contenant un rolle. iij s. p.
3. Item le mandement qui sur ce lui fu envoie, conte-
nant XIX lignes. iij s. p.
4. Item les parties des biens meubles et héritages qui
furent feu Jehan le Balloys, bastart, envolez au bailli
de Costantin, contenans un rolle de parchemin. ij s. vj d.
353
5. Item III lettres royaulx pour les regales d'Aucerre,
de Lisieux et d*Orliens, contenans xxx lignes. iij s. p.
6. Item une autre lettre roial, adreçant au bailli de
Vitry, faisant mencion des biens qui furent à la feue
femme de Jehan Henequin, de Dameri, contenant
XV lignes. ij s. p.
7. Item une autre lettre roial, pour abatre les auvens,
travaux et autres ediffices qui empeschoient le charroy
en la ville de Troyes, ou en faire profit au roy nostre
sire, contenant xvii lignes. ij s. p.
8. Item une à Robert du Hamel, faisant mencion de
faire execucion de n« viiic frans, contenant x lignes. xij d.
9. Item une autre roial, pour faire Tadvocat du Roy à
Troyes, contenant x lignes. xij d.
10. Item une au receveur d'Amiens, pour faire paier
le Roy de ses debtes, contenant xvii lignes. xij d.
11. Item un mandement au receveur de Troies, faisant
mencion de paier le roy de certaines debtes contenues
en un rolle, contenant xi lignes xij d.
12. Item une lettre faisant mencion des engins du Roy
à Narbone et de mettre en estât son hostel, contenant
X lignes. viij d.
13. Item une autre, pour faire un advocat en Gaux,
contenant x lignes. viijd.
14-15. Item deux lettres, l'une au bailli de Roen et
l'autre au bailli de Gaux, faisans mencion de pourveoir
d'un advocat ou bailliage de Gaux, contenans chascune
XI lignes. viijd.
16. Item une lettre, faisant mencion du conte de
Blakenhen, contenant xvii lignes. xij d.
Summa parcium suprascriptarum : xxij s. vj d.
Que summa debetur Huberto Stephani.
Scriptum in Caméra compotorum die XXII^^ maii CGC II 11^^ III^.
J.-A. Reymondeti.
La quelle somme je Hubert dessus dit confesse avoir receue par la
main du viconte de Roen, tesmoing mon signe manuel mis à ceste
cedule.
H. ESTIENNE.
OUVRAGE MANUSGRIT DE TYGHO BRAHE.
Il y a au département des imprimés de la Bibliothèque nationale,
sous la cote V f+ 210 A, trois exemplaires du volume in-folio intitulé :
Tychonis Brahe | astronomie || inslauralsB \\ mechanica. \\ WandeS"
23
354
burgi || anno || g lo lo ne || Cum C(3saris et regum quorundam \\ privù
legiis, La dernière page porte cette souscription : Impressum fVandeS"
burgi || in arce Ranzoviana prope Hamburgum sita, || propria authoris
typographia^ \\ opéra Philippi de Ohr chalcographi \\ Hamburgensis. ||
Ineunte anno uonc. Ces trois exemplaires, recouverts en soie, paraissent
avoir été reliés dans Tatelier typographique du célèbre astronome. Sur
Fun des plats est doré un médaillon qui représente Tycho Brahe, avec
ce distique :
Hic patet exterior Tychonis forma Brahei
Pulchrius eniteat quae latet interior.
De l'autre côté, un médaillon renferme les armes du môme savant,
avec un distique :
Arma, genus, fundi pereunt. Durabile virtus
Et doctrina decus nobilitatis habent.
Les exemplaires ainsi reliés étaient destinés à être offerts en cadeau.
L'un de ceux que la Bibliothèque a recueillis a été présenté à Maurice,
prince d'Orange et de Nassau, et un autre à Wolfgang-Dieterich von
Raitenau, archevêque de Salzbourg. Dans celui-ci, en regard du titre,
se voit une dédicace en vers latins, signée de la main de Tycho
Brahe :
Illustrissimo et reverendissimo principi ac domino domino Wolf-
gango Ttieodorico, archiepiscopo Salisburgensi et sanctse sedis apostolicae
legato, domino suo clementissimo.
Accipe démenti, princeps Volfgange, favore
Organa sidereas apta notare vias.
His ter septenos lustravimus astra per annos,
Sustinuit tan tu m donec Huenna decus.
Ast ubi tam grandes ea parvula ferre triumphos
Amplius haud valuit, fataque versa rétro.
Provida diva poli, cernens instare ruinam,
Transtulit haec alio, quo mage tuta forent.
Indignum reputans sua sacra perire sub Arcto,
Qualia vix alibi splendidus Auster habet.
Ergo ea Gaesaribus nunc consecratque dicatque,
Fulta sub auspiciis, magne Rudolphe, tuis.
lUustrissimae et reverendissimae celsitudinis vestrae
Submisse addictissimus
TYCHO BRAHE.
D. D.
Ces vers contiennent des allusions aux circonstances qui amenèrent
Tycho Brahe à transférer son observatoire de l'île de Hven à
355
Wandsbeck, dans le Holstein, et à accepter le patronage de Tempereur
Rodolphe II.
L'exemplaire destiné à Farchevôque de Salzbourg comprend une partie
manuscrite intitulée : Tychonis Brahe Stellarum octavi orbis inerran-
Hum accurata restitutio. La préface, adressée à Pempereur Rodolphe II,
est ainsi datée : « Dabantur prope Hamburgum, in arce Rantzoviana
Wandessburgo, circa termines Germaniae et Gimbricœ Chersonesi,
anno 1598, postridie calendarum Januarii. » En tête de ce traité est
une pièce de quatorze vers, adressés selon toute apparence à Tarche-
véque de Salzbourg :
Hos quoque stelliferos cape, princeps inclyte, fœtus
Quos operosa diu noxque diesque dédit.
Debuerant equidem quibus orti fulgere in oris,
Et jubar hinc imos spargere ad antipodas.
Ni superis aliter visum qui fata gubernant
Uraniseque aliter, quse sua sacra fovet.
Nescia contemni, fraudari, odia in vida, noxas
Gensurasque rudes sorditiemque pati.
Plurima quaeque alias fanda atque infanda tulisset,
Régna nisi mallet nunc peregrina sequi,
Nec peregrina tamen : cœlum tota undique tellus
Suspicit, flethereis invigilatque viis.
Prosperiora igitur cœlestia numina spontent
Tanta nec ingratis sunt peritura locis.
AGQUISITIONS FAITES PAR LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
A LA TROISIÈME VENTE DE M. DIDOT.
Au moyen d'un crédit supplémentaire, compris dans une loi du
29 juillet 1881, la Bibliothèque nationale a pu acquérir à la vente de la
troisième série de la bibliothèque de M. Didot onze volumes imprimés
et sept manuscrits. M. l'administrateur général de la Bibliothèque a
rendu compte de cette acquisition dans un rapport à M. le Ministre de
l'instruction publique, dont la substance a été insérée au Journal
officiel et auquel nous empruntons les passages suivants :
« Dans ces conditions, nous avons réussi à nous faire adjuger onze
volumes imprimés et sept manuscrits.
€ Deux des ouvrages imprimés se rattachent à notre histoire par les
liens les plus étroits. L'un, intitulé Historia de rege Frantie, est une tra-
gédie latine qui a pour sujet l'expédition de Charles VIII en Italie.
L'auteur, Jacques Locher, Ta composée et fait représenter à l'université
de Fribourg, en présence des marquis de Bade, moins de quatre mois
35IÎ
après la bataille de Foraoae, dont le récit est mis dans la boache d'on
messager véoitien. Est -il besoin de faire observer que les événemoiti
y sont présentés sous le joar le plas défavorable aux Français et de
façon à exalter Torgueil des sujets de Tempereur Maximiiien? — Le
même sentiment a inspiré le petit poème L'Assedio di Pavia,, naïve
expression de l'enthousiasme qu'éveilla en Italie, chez les partisans de
Charles-Quint, la nouvelle de la journée de Pavie. Ce poème, à la soite
duquel est imprimée une sorte de complainte sur la captivité de Fran-
çois I*', eut beaucoup de vogue en Italie ; mais notre Bibliothèque
nationale ne possédait jusqu^à présent aucune des éditions qui en
furent données pour satisfairp la curiosité des populations excitées par
r Empire contre la France.
ff A rhistoire de la littérature française du xvi« siècle appartiennent
trois ouvrages dont nous avions à regretter Tabsence sur nos rayons :
la traduction que Guillaume Michel, de Tours, acheva en 1517 de TAne
doré d'Apulée, — un petit dictionnaire français-latin de Robert Estienne,
et le Parnasse des poètes français par Gilles Corrozet.
« Notre collection des poètes italiens s'est enrichie de deux pièces
assez rares : la nouvelle intitulée Historia di Campriano contadino, et la
première édition des poésies de Michel- Ange.
c Plusieurs lacunes ont pu être comblées dans la série qui chez nous
représente à peu près au complet les annales de l'imprimerie et de la
librairie parisienne. Nous avons recueilli le Juvénal exécuté en 1506 à
Paris dans Tatelier de Josse Bade pour des libraires flamands; une
jolie grammaire grecque imprimée en 1526 chez Gilles de Gourmont;
enfin, deux morceaux de Tœuvre d'un homme encore trop peu connu,
qui a joué Tun des premiers rôles dans le mouvement littéraire et artis-
tique du règne de François I"". Il s'agit de Geofroy Tory, dont les émi-
nents services, comme artiste, comme grammairien et comme impri-
meur, ont été mis en lumière dans une savante monographie publiée
en 1857 et en 1865. L*auteur de cette monographie, Aug. Bernard,
avait alors vainement cherché dans nos bibliothèques publiques deux
des plus curieuses productions de Geofroy Tory : l'opuscule qu'il avait
composé en 1523 sur la mort de sa fille, et la traditbtion qu'il avait fait
paraik-e en 1529 des chroniques du vénitien Egnazio. Nous ne pouvions
pas laisser échapper les exemplaires, jusqu'à: présent uniques, que
M. Didot s'était procurés de ces deux opuscules.
0 Tels sont. Monsieur le Ministre, les onze volumes imprimés que
nous venons d'acquérir à la troisième vente Didot. Mais, c'était princi-
palement en vue des manuscrits que j'avais cru devoir faire un pres-
sant appel à la libéralité des pouvoirs publics. Le résultat n'a pas
trompé notre attente, et, grâce aux subsides que vous avez obtenus,
les collections du département des manuscrits vont s'accroître de sept
volumes, dont plusieurs sont d'une exécution remarquable, mais que
357
nous avions surtout choisis pour la valeur des textes qui y sont con-
tenus.
ff La critique historique aura grand profit à tirer des quatre manus-
crits suivants :
« 1** Un recueil d'histoires et de chroniques, copié au xii® siècle, qui
vient non pas de Saint- Victor-de-Paris, comme on l'avait annoncé,
mais de Fahbaye allemande de Tegernsee, et qui, entre autres compo-
sitions historiques, renferme les œuvres d'Eginhard, du moine de Saint-
Gall et de Robert le Moine.
« 2® Un autre recueil d'histoires et de légendes, copié au xiii» siècle,
probablement dans le nord-est de la France, et renfermant une relation
très précieuse pour l'histoire du règne de saint Louis, dont M. Miller,
membre de l'Institut, a montré l'importance dans un mémoire publié
en 1878».
« 3« L'exemplaire original d'une compilation, encore inédite, que
Geoffroi de Gourion a composée à la fin du xm« siècle dans le monas-
tère de Saint-Pierre-le-Vif à Sens.
€ 4'» Une bonne copie du texte primitif de la Fleur des histoires.de la
terre d*Orient, ouvrage si curieux pour étudier les rapports de la chré-
tienté avec les peuples de l'Asie, et dont l'Académie des inscriptions
prépare une édition.
« D'un autre côté, les savants qui s'occupent de notre ancienne his-
toire littéraire apprendront avec une certaine satisfaction qu'ils vont
pouvoir étudier chez nous :
c 1« Une copie du célèbre poème latin connu sous le titre de Aurora ;
elle renferme plusieurs pièces non encore signalées, qui ajouteront
quelques pages aux annales littéraires de la France du temps de
Philippe- Auguste.
« 2° Un exemplaire indispensable à examiner pour bien comprendre
la composition d'une chronique universelle en français, qui a obtenu le
plus grand succès au xiv^ siècle et qui n'a pas encore été suffisamment
analysée ; cet exemplaire offre, en outre, un intérêt considérable pour
l'histoire des vieilles librairies princières qui ont formé le noyau de la
Bibliothèque nationale.
€ 3o Les règles de la seconde rhétorique, œuvre didactique (U com-
mencement du xv® siècle, qui abonde en renseignements sur les pro-
cédés employés par les poètes français de la seconde période du moyen
âge.
« A ces manuscrits, que nous avons chèrement disputés à nos rivaux,
1. Ce documeat a été publié dans la Bibliothèque de V École des chartes,
année 1878, p. 401 ; voyez le même recueil, année 1879, p. 143. Il a été reconnu,
depuis la publication de ce document, que c'est une œuvre de Gérard de Saint-
Quentin. Histoire littéraire de la France, t. XIX, p. 424.
35X
k «.'/«T^ un \oluinc do modeste apparence, mais dont le contenu est
'..<j.'.;rf3''rit pr^îcieux, un recueil de poésies provençales, copiées au
i:\* ^l^'t'^^i et dont M. Paul Moyer a fait une étude approfondie ^ Les
^giUnU de M. Didot, craignant de voir passer à l'étranger un recueil
ti irrif»/irtant pour la France, n'ont pas voulu qu'il fùt exposé aux hasards
'îi;* i'fi(:Ui»rn,fi ; ils on ont généreusement fait cadeaa à la Bibliothèque
.'lationale [K)ur honorer la mémoire de leur illustre père. •
KXÏ»O8IT10N I)K LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE.
Nom lecteurn savent qu'à la Bibliothèque nationale, plusieurs galeries,
oii^arU'.A an public le mardi et le vendredi de chaque semaine, sont
rj,u*iu:r^u:in k i'exfxjsition d'un choix de livres, manuscrits ou imprimés,
dfï rt'liurfM, de chartcK et d'estampes, qui permettent de suivre l'histoire
tU' IW:riture, de la ty{>ograpliie, et des arts accessoires depuis l'anti-
/|ijjU; jtihqij'aux temps modernes. Une nouvelle édition de la Notice des
h\t^i'X*. <7XpOHi'K vient de paraitre à la fîbrairie Champion^. La portion
f«latJv«î aux livres imprimés, rédigée par M. 0. Thierry-Poux, a reçu
iluMM'A noLabioH additions, sur lesquelles nous devons appeler Patten-
tioo tU-n lf*rieurH de la liibliothcqxte de VÉcole des chartes. C'est ainsi que
l'ufM' iU*M Merles les ))]us importantes, celle des impressions faites au
XV" bi/*cle dans diiTércntes villes de France, s'est accrue de plusieurs
voluiij<)H tout k fuit remarquables.
L'iijiprinieriu a été introduite avant le commencement du xvi<> siècle
dani» iJfio quarantaine de villes françaises. La Bibliothèque nationale
i*Mi arrivée â posséder à peu près sans lacunes la collection des premiers
livnih qui ont été imprimés dans chacune de ces villes. Ils sont réunis
daiis riirjjioire XXI de la Galerie mazarine. En 1878, quand TËxposition
lut orgM Misée, il manquait une dizaine de volumes pour avoir au com-
prit une série qui jette tant de lumière sur les origines, encore obs-
<;ure», de la typographie française. Dans ces dernières années, un
heiireux concours de circonstances a permis à l'administration de la
Hililiothèque nationale de se procurer sept de ces volumes. En voici la
lisU^ :
i. IMIiarii compendium. Lyon, Guillaume Le Roi pour Barthélemi
Buyer. 1473. — Premier livre à date certaine imprimé à Lyon.
La Bibliothèque nationale avait longtemps espéré pouvoir se procurer
[mr voie d'échange un exemplaire de ce livre qui est conservé à la
|. Haut al et Béton ^ chanson de geste provençale, publiée pour la première
ftiik d'uprtê te m», unique appartenant à M. À. Didot j par Paul Meyer.
l'tirii», \HHi). Jn-H* (Collection de la Société des anciens textes français.)
V. UUUwthêque nationale. Imprimés, manuscrits, estampes. Notice des
ufutih luiitiêéê. Paris, Champion. In-12 de 146, 85 et 30 pages.
359
bibliothèque de Niort. Elle aurait voulu faire profiter un établissement
français du sacrifice qu'elle était décidée à s'imposer pour obtenir le
précieux incunable lyonnais. C'est sur un refus réitéré de la ville de
Niort qu'elle est entrée en pourparlers avec la Bibliothèque royale de La
Haye. Elle n'a pas eu d'ailleurs à le regretter : l'exemplaire de La Haye,
qui appartient maintenant à la Bibliothèque nationale, est bien supé-
rieur à celui de Niort.
II. Andrew Barbatiw Repeiitio solemnis ruhricxde fide instrumentorum.
Toulouse. 1476. — Premier livre à date certaine imprimé à Toulouse.
C'était l'exemplaire du docteur Desbarreaux-Bernard, qui avait voulu
en assurer la possession à la Bibliothèque nationale. La veuve de ce
regretté bibliophile et bibliographe s'est empressée de remplir les inten-
tions de son mari.
ni. Missel de Chartres^ imprimé à Chartres, par Jean du Pré, aux
frais du chanoine Pierre Plume, en 1482. — Premier livre à date cer-
taine imprimé à Chartres.
Au moment de la Révolution, il y avait deux exemplaires de ce
livre au chapitre de Chartres : l'un d'eux fut attribué et est resté à la
bibliothèque de la ville de Chartres ; le second, destiné à la Bibliothèque
nationale, fut, par suite d'un malentendu, déposé à la Bibliothèque
mazarine. Un échange a été conclu pour le rendre à sa destination
première.
IV. Missel de Besançon, imprimé à Salins en 1485. — Premier livre à
date certaine imprimé à Salins.
C'était un double de la bibliothèque de Besançon, qui a bien voulu
le céder en échange d'un Missel de Besançon imprimé sur vélin, à
Paris, chez Jean du Pré, en 1497.
V. Guidonis Papas Decisiones. Grenoble, Etienne Foret. 1490. —
Premier livre à date certaine imprimé à Grenoble.
Ce livre a été découvert l'hiver dernier par M. Prud'homme, archi-
viste du département de l'Isère, dans les archives hospitalières de
Grenoble, dont le classement lui a été confié. L'administration hospi-
talière de Grenoble l'a vendu pour un prix fort élevé, eu égard à la
détérioration d'un certain nombre de feuillets.
VI. Bréviaire de Limoges, imprimé à Limoges, par Jean Berton, en
1495. — Premier livre à date certaine imprimé à Limoges.
On ne connaît qu'un exemplaire de ce livre précieux. Il a été long-
temps conservé à la bibliothèque royale de Copenhague, qui a consenti
à s'en dépouiller, en échange d'un beau Missel romain, imprimé sur
vélin, qui était en double à la Bibliothèque nationale.
VIL Guidonis Papa commentaria super statuto Delphinatus. Valence,
Hélie OU veau. 1496. — Premier livre à date certaine imprimé à
Valence.
3K0
O livre a écp c*^p à la Bibliothèque par M. CUndin. libnire, qui
connaît «i bien les antiqnités typoirrap biques et dont le conooura intel*
liïTPnt procure journellement d' utiles accroissements an départonent des
imprim«>9 et à celui des manuscrits.
O n>st pas :w^ulf»ment pour la série des premières impressions firan-
çai.«es que la nouvelle édition de la Notice des objets exposés dans les
galeries de la Bibliothèque nationale permf't de constater de noaTeUes
et imp«jrtantes ai!qui!>itions. Il y en a un certain nombre dans les antres
^ne«. notamment <lans celle des impressions xylographiqoes, dans
celle des livres à âirures et même dans celle des reliures.
Citons seulement deux exemples qui se rattachent aux origines de
1 imprimerie.
Souit le n* 42 bis de l'Exposition <e voit un feuillet de parchemin,
imprimé à deux colonnes avec le caractère qui a servi à Timpression de
la Bible mazarine. Le nombre des lignes, la longueur de la page et la
justification sont exactement les mêmes quA <lans La Bible mazarine. Ce
feuillet contient le commencement des cantiques qui d'ordinaire sont à
la fin des psautiers destinés à un usage liturgique ; on ne connaît pas le
livre dont il a £ait partie. Le mérite d'avoir découvert un aussi curieux
fragment et d'en avoir entrevu l'intérêt revient à M. Roux, avocat,
qui Ta gracieusement cédé à la Bibliothèque, en échange d^un volume
de la Bible imprimée à Mayence en 147*2 par Pierre SchoifTer.
Les auteurs qui ont écrit sur les origines de l'imprimerie ont parlé
plus ou moins longuement d'un livret d'école (Les Distiques de Gaton)
imprimé avec les mêmes caractères que le Spéculum humans salreUiO"
nis, et dont un double feuillet figure parmi les raretés de la bibliothèque
de lord Spencer. Depuis quelques semaines, on peut voir dans la
vitrine XXIX de la Galerie mazarine un exemplaire complet, imprimé
sur vélin, d'un Gaton tout à fait analogue à celui de lord Spencer, c'est-
à-dire imprimé avec les caractères du Spéculum^. L'honneur de décrire
cette pièce précieuse doit être réservé à M. Omont, qui l'a découverte
dans un recueil du département des manuscrits.
1. L'impressioQ de la nouvelle éditioa da livret était terminée quand le Gaton
est venu prendre place dans la vitrine XXIX.
NAJAC EN ROUERGUE
NOTES HISTORIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES
PIECES JUSTIFICATIVES
I.
Enquête sur la révolte de Najac * .
Juin-juillet 1251.
W. Cap de Coia... de extractione scriptorum de domo domini
comitis et asportatione, idem quod proximus, et hoc plus quod in
publico parlamento vidit et audivit quod quedam ex scriptis illis,
videlicet super inquisitione injuriarum, legi fecerunt. Item dixit quod
bajulum non tenebant pro bajulo, nec volebant quod de cetero esset
in domo domini comitis tanquam bajulus, quam dicebant esse suam.
Item dixit quod post obitum domini comitis convenerunt domini et
milites et homines castri ad parlamentum preconizatum, et ibi fece-
runt inter se conjurationem et sacramentum sine bajulo domini
comitis, setipse testis non fecit sacramentum... Item de adventu
senescalli, quando venit de Cordoa de nocte cum plueret, dixit quod
consules volebant sibi aperire portam et domini non permittebant, et
quod fuit extra portam per longam moram, et demum exiverunt ad
eum W. B. et Guiscardus, et rogaverunt eum quod remaneret extra
usque in mane, quia convenerant inter se ut non permitterent ali-
quem de nocte intrare, et ipse noluit adquiescere precibus eorum et
postmodum intravit...
1. Arch. nat., Tr. des chartes, J. 320, n" 74; nous publions des extraits très
étendus de cette enquête, qui remplit un cahier in-4" de 10 feuillets de par-
chemin ; c'est la mise au net de l'enquête, la rédaction définitive des déposi-
tions. Nous ne donnons aucun passage de la première déposition, celle de
Géraud Raimondin, châtelain de Najac pour Raimond VJI, qui a été publiée
in extenso par M. de Laborde, Layettes du Trésor, III, 133-5.
24
362
R. Ugo... de invasione lurris idem quod proximus, et hoc plus
quod dicti domini, presentibus pluribus aliis dominis et militibus et
consulibus et aliis pluribus hominibus de Castro, comminabantur ei
maliciose, dirigendo digitos in faciem ejus, et dicebant quod nisi eam
redderet incontinenti, ipsi caperent eam, et dicebant quod turris non
erat domini comitis, immo eorum, et dominus cornes habebat eam de
comanda eorum. Dicobat etiam quicumque de dominis loqueretur,
quod pro omnibus ioquebatur, et quando ipse testis volebat habere
consUium cum consulibus vel aliis, omnes erant sibi contrarii... Et
alia vice dixit [W. de la Valeta], quod malam fortunam daret Deus
homini qui plangeret mortem comitis exheredatoris... Item dixit
quod domini instituerunt bailivum in Castro, desaiziendo dominuna
comitem et bailivum suum jurisdicione castri.
B. R... dixit quod quando senescallus venit de Gordoa ad portam
castri et fuit sibi ingressus prohibitus, non erat ibi ad portam, quia
de mandato Ugonis Pararii ipse et quidam alii armaverunt se et ive-
runt ad capellam...
W. de Sancto Dionisio... de nomine domini comitis ejecto de pre-
conizatione, idem quod proximus, et fuit preconizacio sine nomine
domini comitis, postquam ipse fuit bajulus, bene per mensemetipse
fecit reduci nomen domini comitis in preconizacione... Item dixit quod
domini et milites et homines castri communiter inlerdixerunt per
terram concorditer, ne comune seu pazagium levaretur ex parte
domini comitis, sicut erat consuetum... Item reversus incontinenti
dixit quod, cum domini et milites et plures alii essent in aula domini
comitis et senescallus reprehenderet eos, quia prohibuerant sibi
portam, dixit R. de Najaco quod plures curialltates erant &cteamore
ipsius senescalli, que de cetero non fièrent nec pro domino nec pro
domina.
Gaillardus Montarsinus... de nuncîatione quam ipse fecit ex parte
senescalli cum litteris de credencia et de responso sibi facto, idem
quod primus, et hoc plus quod sigillatim monuit eos super excessibus
et invasionibus factis. Item de verbis Donati idem quod primus, hoc
excepto quod non audivit quod aliquis contradiceret verbis illis prê-
ter Ugonem Pararium, qui jam surrexerat ad loquendum. Requisitus
de tempore, dixit quod ftiitpost obitum domini comitis, quando cor-
pus suum portabatur per terram... Requisitus dixit se nichil aliud
scire nisi per auditum.
Geraldus Garreria... de invasione turris et clavis... idem quod pri-
mus, et hoc plus quia ipse ascendit superius versus turrim ut defen-
363
deret eam pro domino comité, et habuit super hoc verba contenciosa
cum aliquibus de dominis. Item dixit quod post obitum domini comi-
tis fecerunt inter se conjurationem domini et milites et homines
castri commun! ter, et ipse testis et alii homines castri fuerunt in
illo sacramento, quia domini dabant eis intelligere quod dominus
comes donaverat castrum Barasco, fîlio domini D. Barascii, et quod
dominus comes donaverat totam terram infanti Alfonso Castelle, et
eciam hoc asserebant per sacramentum quod fecerant, dicentes quod
nunquam erat verisimile quod dominus comes dimitteret terram
suam Francigenis quos tantum habebat e^josos. Item dicebant quod
redirent ad dominium régis Francie, ita quod mitterent ei xx marchas
tantum, non quod aliquis reciperetur in castro nomine ipsius nec
intraret castrum, si mitteret pro illis xx marchis. Item dixit quod
Donatus surrexit in illa conjuratione et dixit post sacramentum et
hoc plus, quod si aliquis aliud dominium quereret prêter dominium
Régis, videlicet de xx marchis, quod amitteret caput juxta spatulas,
et Ugo Pararius contradixit ei pro toto Castro, et ipse et alii homines
domini comitis similiter contra dictum Donatum. Item dixit quQfi
domini fréquenter iverunt apud Guipiam ad coUoquium secretum
cum W. P. de Berenis et cum R. de Caussada, Ugone de Roca, B. de
Penna et dominis Rabastencis et specialiter cum Jordano de Rabas-
tencis ; nescit tamen quid agerent, set crédit quod malum procurarent,
et propter hoc W. de Valeta jactavit publiée coram pluribus, sicut
ab eis audivit, ipse tamen non audivit verba jactationis. Item dixit
quod domini prohibuerunt ne bajulus domini comitis reciperet fide-
jussiones. Item dixit quod audivit in platea publiée, quando fecerunt
legi scripta curie, que fuerunt extracta de domo domini comitis. Item
dixit quod domini fecerunt audiri querimonias debitorum per baili-
vum suum, quod non faciebant in vita domini comitis, et adhuc
faciunt idem... Item dixit quod Olricus de Scura et Flotardus de Bar
et Bertrandus de Escura interdixerunt redditus domini comitis, qui
erant extra castrum. Item dixit quod domini et consules prohibue-
runt ne levaretur pazagium ; dixit tamen quod consules plus proces-
serunt quam esset eis dictum, quia consulibus fuerat dictum quod
levatores computarent et acciperent pignora et darent ea ad manu-
levandum... Item dixit quod post obitum domini comitis, dum esset
ille maximus luctus et orribilis dolor per terram communiter, W. de
la Valeta deferebat garlandam in capite et capucium rubeum et cami-
sias sutas cum auro et seta, et crédit quod ipse procurabat totum
malum quod fecerunt domini, et ibat super hiis inspicere auguria,
364
et modo, quando iverunt apud Gorduam ad dominum comitem, ins-
pexît auguria*. Item de verbis que dîxit W. B. contra dominum
comitem, idem quod primus, hoc excepto quod non audivit verba
illa de latratu, et hoc dixit plus quod ipsi (sic) habebat magnas alas,
et quod quidam de consilio domini Sycardi mandaverat ei quod
dominus Sycardus erat venturus ad castrum ad extrahendum obsides,
et verba illa dixit in publico parlamento, et quia P. Ademarus
reprehendebat verba illa, dicens quod ipse aperiret domino Sycardo,
si veniret, et si aliter non posset facere, saltaret de muro extra, W.
B. fuit ei comminatus auferre caput...
Ugo Pararius... dixit quod cum domini dicerent quod aliqui erant
in Castro qui lauzengabant eos cum domino Sycardo, P. Gullabertus
dixit : Ego scio bonum consilium ; vos estis domini castriy fadatis
suspendi très vel IIIP^ de grossioribusy et postea nullus lauzengabit
vos..,
P. Ademarus.. . dixit quod eo tempore, quo dominus comes fuit
mortuus, dictus W. de Valeta deferebat camisiam sutam cum auro
et seta et capucium rubeum et garlandam in capite, et nunquam
magis alacriter iverat ante quam faceret tune... Cum ipse testis dice-
ret quod ipse erat homo domini comitis et juvaret dominum Sycardum
ad intrandum, Gorona et quidam alii clamaverunt contra Ipsum : Et
nos eiceremus vos de castro.
W. de la Valeta... dixit quod bajulus ab inicio dicebat quod nun-
quam redderet clavem, set postea W. Barascus dédit ei pro consilio,
quod redderet eam consulibus nomine domini comitis, si viveret,
quod ipse credebat, et si dominus comes non viveret, teneret illam
pro illo domino qui deberet esse et pro aliis dominis cas tri, qui
habebant ibi partes suas, et bajulus reddidit clavem Ugoni Parario,
qui erat consul, dicens quod pro domino comité reddebat ei clavem,
et R. B. dixit : Et pro nobis aliis dominis^ qui habemus ibi partes
nostras. Et Ugo Pararius dixit quod ipse recipiebat clavem pro
domino comité et pro omnibus qui habebant ibi jus. Item requisitus
si ipse fuit comminatus bajulo vel illi, qui erat in turri pro domino
comité, dixit quod non. Requisitus si domini vel aliquis alius fuerint
comminati bajulo, dixit quod non recordatur, set bene audivit quod
] . Faut-il donner à cette expression le sens habituel d'observer le vol des
oiseaux, ou entendre par là un mode quelconque de divination, par exemple
les sorts des apôtres, dont MM. Rocquain et Ghabaneau viennent de pubUer
un texte en provençal trouvé à Cordes, c'est-à-dire près de Najac ?
365
domini dixerunt bajulo, qui nolebat reddere clavem, quod modis
omnibus redderet eam, quia volebant eam recuperare pro partibus
suis. Item dixit quod post obitum domini comitis fecerunt conjura-
tionem comuniter domini et milites et homines castri, facientes
sacramentum quod tenerent se insimul et custodirent castrum et non
permitterent aliquem intrare, qui posset eis facere vim, et dixit quod
ista intendebant facere maxime propter dominum D. Barasc, quia
dicebatur quod dominus comes donaverat castrum Barasco fîlio ejus.
Item dixit quod Ugo Pararius dixit quando fuit factum juramentum,
quod quicumque vellet procurare aliud dominium, nisi dominos quos
habebant, esset falsus proditor et perjurus, et Donatus tune dixit
quod amitteret caput. Item dixit quod quando forma juramenti reci-
tabatur R° de Gaussada per Ugonem Pararium, ipsemet Ugo dixit :
Et hoc plus quod quicumque quereret aliud dominium^ nisi dominos
quos habemus^ esset falsus proditor et perjurus ; et ipse testis tune
dixit : Immoplus fuit ibi dictum quod amitteret caput ^ et ipse Ugo
Pararius respondit quod nunquam ipse posuerat caput suum in
incursu. Item dixit quod, audito quod dominus comes mandabat res-
titui ea que sine judicio acceperat, domini et ipse testis et consules
et plures alii convenerunt in domo consulum hujus castri, et domini
quesiverunt consilium a consulibus quid facerent de Mis que domi-
nus comes tenebat de juribus eorum. Et Ugo Pararius respondit quod
ipse dabat pro consilio quod Bertrandus de la Escura et W. de la
Valeta acciperent terras, et R. B. domos, et R. de Gaussada ter-
ram uxoris sue, et terram d'en Najac illi quorum debebat esse. Et
W. B. dixit : Et mihi quod consilium datis, si accipiam Guipiam et
Bastidam de Cadoilha, que debent esse mee et consanguineorum
meorum ? Et Ugo Pararius respondit quod non daret eis consilium
super hoc, nisi videret prius car tas eorum. Et tune ipse testis et
R. B. iverunt ad domum quam bajulus tenebat pro domino comité,
et interdixerunt ei ne inde extraheret res que erant in domo, set
bene concesserunt quod inde posset facere sibi necessaria sua. Item
requisitus si interdixerat vineam domini comitis ad vindemiandum,
dixit quod cuidam mulieri sue, nomine Avaissa, que debebat ire ad
vineam vindemiare de mandato bajuli, dixit quod voluntate sua non
iret ad vineam que erat sua. Item dixit R. Ugo : Ego non vado ad
terram vestram aliquid vobis auferre, quare non redditis mihi ea
que dominus comes mihi restituit clam ? Teneo vobis de Deo et anima
domini mei, quod non vindemietis dictam vineam. Et aliter non
acunhtavit eam. Item dixit quod ipse et R. B. fuerunt requisiti a
\
386
tM)iiMulihus, ut non acunhtarent de cetero dictam fineam, ei ipse
iiiU*rdictum non relaxavit nec postea acunhtavit Tineam, nec ftiit
ItM'utui) ciitn bajulo. Ilem requisitus si ipse vel alius fuerint commi-
nali pro faclo domini comilis alicui de suis, respondit quod ipse
fccit majores comminationes que facte fuissent et dixit in carreria
cuidain pro vinea, qui vocatur Cap de Coia : Domine Cap de Cota,
quare non redditis mihi terrant quant dominus meus mihi restitint?
IJiinam essetis inde similis cucurbiie vacue,,,
Sy&'irdus Raimondinus. . . dixit quod dum preco preconizaret, ejecto
iiorriine domini comitis de preconizatione, et Geraldus Raimondini
ri'prc.htmderet super hoc preconem, Ysarnus de Najaco dixit quod
imiKjuam poneretur ibi nomen domini comitis, et si preco hoc faceret,
ipse daret ei de degito (sic) in occulum... Item dixit quod W. de
Valeta, statim quando dominus comes fuit mortuus, fecit fiori cami-
Hiam sutam cum auro et seta ... et ibat cantando, et dixit quod
l)eu.s daret malam fortunam comiti exheredatori et homini qui plan-
geret mortem domini comitis exheredatoris et qui magis plangeret
eurn quam ipse faciebat, et quod nunquam Deus permitteret ipsum
iLcrum vivere, et ista verba dixit pluries. Item dixit quod onmia
mala que fecerunt domini, fecerunt de consilio suo... Item dixit
quod bajulus dominorum post obitum domini comitis cepit recipere
(fuerimonias debitorum contra edictum senescalii, et dixit quod non
dimitteret pro eo, quod non fecerat nec erat consuetum in vita domini
comitis... Item dixit quod post obitum domini comitis fecerunt con-
jurationem omnes communiter, et illud intendebant fèicere, quia daba-
tur eis ad intelligendum quod dominus comes donaverat castrum
iiarasco, filio domini D. Barasc, et ipse testis et quidam alii usque
ad X retinebant in juramento : salvo dominio domini comitis. Item
dixit quod quidam homines de Castro, qui erant domini comitis^
abnegaverunt dominium domini comitis post obitum ejus. Item dixit
quod dum forma sacramenti recitaretur coram pluribus R** de Caus-
sada per Ugonem Pararium, W. de Valeta dixit : Ohlitus estis^ imfno
quicumque procuraret vel consenciat quod de cetero sit in castro
bajulus pro comité vel pro rege, amittat caput^ et dixit circumstan-
tibus : Est ita ? et clamaverunt plures quod sic ; et tune Ugo Para-
rius, remoto capucio, dixit : Mentimini^ quia ego nunquam posui
caput meum in incursum.,. Item dixit quod B. de la Boria dixit
B. Golferio, qui dicebat se esse hominem domini comitis, quia bonum
esset quod eiceretur de castro verberando cum taparellis...
Eodem anno, iiii*^ kalendas julii, apud Gorduam.
367
Donatus de Najaco. . . dixit quod Ugo Pararius, dum scripta discer-
nerentur, quasdam cartas fectas super querimoniis injuriarum
plicavit in manu et retinebat eas, et ipsemet testis accepit quedam de
illis scriptis tangencia factum suum et tenebat in manu subtus gar-
maisiam vel extra, non bene recordatur. Postmodum autem Ugo
Pararius, requisitus ut restitueret scripta illa, restituit, et ipse testis
similiter illa scripta que habebat asportavit ea W. B.... Item dixit
quod R. B. et W. de Valeta acunhtaverunt sive interdixerunt vineam
domini comitis, ne vindemiaretur, et stetit sic interdicta usque
ad circa festum omnium Sanctorum. Item dixit quod circa festum
sancti Micahelis incipiunt vindemiare. Item dixit quod omnes com-
muniter domini... post obitum domini comitis fecerunt conjuratio-
nem, et Ugo Pararius primus fecit sacramentum, et in sacramento
continebatur quod diligerent se invicem et quod non intromitterent
novum dominium in castro sine consensu omnium, et quod non
permitterent aliquem intrare qui posset eis facere vim. Et ipse tes-
tis tune dixit : Et hoc amplius ponatur quod si aliquis vellet intro-
ducere novum dominium sine consilio omnium vel sine consilio
domine Régine, que tenebat locum filiorum suorum, amitteret caput,
Requisitus dixit quod nullus contradixit ei... Item dixit se dixisse
dicto Gaillarde : Quid vultis, non erit hic hajulus pro Alfonso nec
pro domino Sycardo nec pro comité Convenarum, et videbitur (sic)
sibi quod adjecerit sine consilio domine Régine.,,
B. Gaudo... dixit quod Donatus tune dixit coram omnibus Gail-
lardo : Qtie vos débat ez^ nunquam erit hic de cetero hajulus ex parte
Alfonsi vel Sycardi Alamanni, Item dixit Gaillardum dixisse Ugoni
Parario, si Donatus dicebat bec de consilio eorum, respondit Ugo
Pararius quod non, sed per se...
Geraldus de la Boria... dixit quod dum ipse requireret Geraldum
Raimundinum ut sibi faceret solvi debitum a magistro Willelmo ca-
pellano, de quo sibi conquestus fuerat, dixit quod non poterat, quia
domini prohibuerant ei ne de cetero querimonias reciperet nec se
intromitteret...
IIP kalendas julii, apud Corduam.
Ugo Bofatus... dixit quod ipse non interfuit, quando scripta fuerunt
extracta et asportata de domo domini comitis, set bene audivit quando
tractabatur quod scripta baberent domini modis omnibus, et tune
bajulus requisivit ab Ugone Parario quid consulebat ex scriptis illis.
Et Ugo dixit bajulo quod melius quod eis redderet ea, quam si arcam
frangèrent et ea per vim baberent. Et dixit quod domini mala sponte
870
addens quod W. B. dixit quod Sy. Alamanni volebat trahere ostatioos,
et dixit quod Sy. Alamanni erat talis cui non debebat credl oee
debebat abscultari, et cum videret ipsum, dioeret in &cie, quod si
non faceret, reddebat se pro falsiori aiiquo de toto parlan^nto...
Item dixit quod R. de Podio prohibuit R. Johanelli, bagulo domino*
rum, post mortem domini comitis, ex parte dominicomitia qui nune
est, ut non reciperet querimonias vel fidejussiones aut justicias, et
nichilominus bagulus, spreto mandato, recipiebat...
Stephanus de Veterifonte, preco do Najaco... dixit quod Ysarnus
de Najaco et R. B. de Najaco post obitum domini comitis acunbta-
verunt et interdixerunt sibi ne nomen domini comitis poneretin pre-
conizationibus, quod dixit esse obtentum in vita domini comitis, et
quod post prohibitionem preconizavit, pretermisso nomine domini
comitis, non recordatur tamen quociens. Item dixit quod alia vice,
dum vellet preconizare ne deferrentur arma, R. de Najaco dixit sibi
ne preconizaret ex parte domini comitis, quod si faceret, daret sibi
cum culteilo per ventrem ita quod squinas exiret vel amputaret sibi
pedem, et dixit quod non dimitteret arma portare pro aiiquo homine,
et tune idem testis recessit et non fuit ausus preconizare...
Ëodem anno, kalendis julii, apud Gorduam.
P. Guilaberti... dixit quod cum W. B. vel Donatus dioerentin
parlamento publico quod quidam lauzengueiabant eos et castrum,
ipse dixit et respondit : Abscultate^ domini et consules^ castigetis
lauzengatoreSy bene enim potestis eos castigare^ quia bene placet
comunitatij et illud bene vult comunitas,,,
Eodem anno, un nonas julii, apud Auriliacum.
Ysarnus de Najaco... dixit quod propter quasdam injurias et verba
maliciosa quas et que Geraldus Raimondini dicebat sibi, comminatus
fuit ipsi quod verberaret eum, et non pro facto domini comitis. Item
dixit quod W. P. de Berencs et Pilifortis de Rabastenc miserunt ipsi
et aliis dominis de Najaco, ut venirent ad ipsos apud Guipiam locu-
turi , et ipse et quidam alii domini de Najaco iverunt ad eos apud
Guipiam, et dixit eis W. P. quod ipse erat iturus in Pranciam ad
dominam Reginam et rogavit eos ut expectarent eum solummodo per
viii dies, et dixerunt ei quod non poterant, et statim W. B. et qui-
dam alii arripuerunt iter suum. Non fuit alius traclatus ibi factus...
P^8 Donatus... de verbis que W. B. dixit contra dominum Sy.,
dixit se audivisse quod W. B. dixit quod pro velle suo non intraret
castrum, nam si esset intus, plus potestatem haberet ibi eciam solus
cum capa quam ipse W. B...
374
n.
Les consuls et les 'prud'hommes de Najac s'engagent , sur Vordre
des inquisiteurs^ à construire une nouvelle église.
Najac, 5 et 9 avril 1258.
Cum^ Dei providentia fratres ordinis Predicatorum Guillelmus
Bernard! Aquensis et Reginaldus de Carnoto, inquisitores heretice
pravitatis in comitatibus et terris nobilis viri comitis Tholosani auc-
toritate apostolica deputati, ad castrum Najaci inquisitionis causa
déclinassent, anno Domini 4258, nonis aprilis, et ipsi, ecclesie parro-
chialis quantitate inspecta, vidissent ejus capacitatem non suffîcere
ad recipiendum populum dicti loci, rogaverunt salutaribus monitis
inducendo nos consules dicti castri, Bernardum Ramondini, Petrum
de Combellis, Galambrunum Donati, Bernardum Carreira, Petrum
de Gandorio et alios probos homines de Najaco, ut nos, ad honorem
Dei et Matris ejus et sanctorum omnium, precipue beati Johannis
evangeliste, et exaltationem fidei catholice, ibidem de novo construe-
remus ecclesiam, que capax esse posset populi supradicti. Nos igitur
prefati consules et populus dicti castri, ipsorum inquisitorum preci-
bus et monitis libenti animo unanimiter annuentes, promisimus et
obligavimus nos spontanée et specialiter nos PetrusRibeira [sequuntur
LI vel cirdter proborum hominum Najaci nomina)^ pro nobis et toto
populo dicti loci, prefatis inquisitoribus et successoribus eorumdem
qui fuerint pro tempore, quod nos infra septem annos continuos a
presenti pascali tempore numerandos, divino suffragante nobis auxi-
lio, dictam in dicto castro de bonis nostris construemus ecclesiam,
que in longum viginti et octo et in latum septem brachias continebit,
testudine lapidea supertecta. Quam ecclesiam fundare et in ea viri-
liter operari infra Pascha proximo venturum tenemur, sicut inquisi-
toribus promisimus antedictis. Voluimus etiam et consensimus spon-
tanée quod ad hoc faciendum complendumque penitus possemus
compelli per prefatos inquisitores vel successores eorum qui essent
pro tempore, vel etiam per senescallum domini comitis Tholosani
qui tune esset, eorum nos jurisdictioni quantum ad hoc pertinet
voluntarie subponentes. Ipsi vero inquisitores prefati, devotionem
nostram et propositum quantum ad dictum opus habeamus benigno
favore in Domino prosequentes, multiplicem gratiam nobis faciendo,
1. Bibl. nat.^ Collection Doat^ vol. 146, f" 18.
372
remiserunt omnibus habitantibus dictum castrum, qui tune de facto
heresis tenebantur, omnes penilentias sibi pro crimine supradido a
quibuscumque inquisitoribus injunctas actenus vel eliam injungendas
pro culpis, pro quibus antc adventum ipsorum fratrum apud Naja-
cum confessi fueranl inquisitoribus quibuscumque, excepUs visita-
tionibus quas eorum ali(]ui tcnentur faccrc apud Ruthenam semel
vel bis annis singulis, prout in lileris dictorum fratrum sibi conces-
sis plenius continetur. Dederunt insuper in subsidium dicti operis
inquisitores predicti quasdam summas poccunie, (|uas ipsi quibusdam
personis solvendas injunxerant pro recompensatione pcregrinationum
suarum ot dcffectu visitationum quas non fecerant sicut facere
tenebantur. Promisimus eliam et voluimus ut si, quod absit, dictum
opus non perficeretur infra tempus prefixum, saltem quantum ad
pari des et testudinem dicte ecclcsie pertinet, nos teneremur dictis
inquisitoribus vel successoribus eorumdem restituere omnem peccu-
niam quam ad opus dicte ecclesie de mandato eorum recepissent
operarii dicte ecclesie, et possent reduci ad statum pristinum illi
quibus fuerit occasione dicti operis facta gratia de crucibus et peni-
tentiis ab inquisitoribus supradictis, dum tamen eis peccunia quam
dederint sibi fuerit restituta. Hec acta fuerunt apud Najacum, in
aula domini comitis, y^ idus aprilis, anno Domini m** ce** l** viii**, in
presentia et testimonio fratrum ordinis Predicatorum Johannis de
Sancto Benedicto et Johannis de Vivent, Hugonis Juliani, cappellani
deNajaco, Berengarii dePontanis, prioris ejusdem loci, Pétri Sanchas,
cappellani Sancti Juliani, Thome, cappellani Sancti Aniani, Johannis
Torpini, castellani de Najaco, Hugonis de Rupeforti et mei Bernard!
Riperia, publie! notarii de Najaco, qui de mandato utriusque partis
hanc cartam scripsi et signum meum apposui (locus signi).
Et ad majorem roboris firmitatem nos supradicti consules et pre-
fati inquisitores présentera cartam conscribi fecimus et consulatus
et ipsorum sigillorum munimine roborari.
m.
Commutations de peines accordées à des habitants de Najac
par les inquisiteurs.
Toulouse, 24 avril 1258.
Universis ^ Christi fidelibus présentes litteras inspecturis, firatres
1. Bibl. nat., Coll. Doat, y. 146, f* 24. L'original de cette charte existe aux
373
ordinis Predicatorum Guillelmus Bernardi Aquensis et Raginaldus
de Carnoto, inquisitores heretice pravitatis in comitatibus et terris
nobîlis vin comitis Tholosani auctoritateapostolîcadeputati, salutem
in Domino simpilernam. Gum injunctum esset in penitencia pro
crimine heretice pravitatis Bernardo Raimundi Alpati, Deodato Gui-
nabail, Remundo Guillelmo et Petro de Mureto fratribus, Petro
Fabri, Hugoni de Gugoleto, Bernardo Bardet, Raimunde de Romainhac,
Petroniile Tornerie et Petro Imberti, omnibus de Najaco, diocesis
Ruthenensis, quod visitarent quater annuatim cathedralem ecclesiam
Ruthenensem ; eidemque Petro Fabri quod ad monitionem inquisito-
rum ultra mare transiret, ibidem per triennium moraturus ; dicto au-
tem B. Bardet quod iret semel Goioniam, Sanctum Jacobum, Sanctum
Dionisium et ad peregrinationes que minores dicuntur; item Gui-
raldo de la Boria, Willelmo Pelliparii, Durando Fargas, Deodato
Massabou, Bernardo de Favairac, Bernardo Mezi et Willelmo Fabri,
ejusdem loci, quod ter infra certum tempus visitarent dictam eccle-
siam Ruthenensem, eisdemque Durando Fargas et Deodato Massabou
et B. de Favairac, quod quasdam peregrinationes facerent prêter visi-
tationes predictas ; item Bernardo de Garrissolas ejusdem loci, quod
quasdam peregrinationes faceret ; Fine vero uxori Ramundi Audeguer
et Ramunde de Lobateiras, quod semel annuatim visitarent dictam
ecclesiam cathedralem ; Guillelme autem de la Roqueta, quod quater
infra annum visitaret dictam ecclesiam Ruthenensem , et Lumbarde
Gonorta, quod semel ecclesiam visitaret Ruthenensem et quadraginta
solidos Ruthenenses solveret operi claustri ecclesie Ruthenensis 5 Do-
mestice vero de Blas, quod quater in quatuor festivitatibus visitaret
ecclesiam Ruthenensem ; Vitali autem Pelicer , quod infra annum
[semel] ipsam Ruthenensem ecclesiam visitaret ; et Ademare de Gom-
bellis, quod mitteret ecclesiis Béate Marie de Podio, de Ruppe Amato-
ris, de Ruthenis et Sancte Fidis de Gonchis, cuilibet quinque solidos
Ruthen. et operi claustri ecclesie Ruthene viginti solidos ejusdem
monete; Petro Bruguerî vero, quod peregrinationes minores faceret
et quolibet anno bis visitaret ecclesiam Ruthenensem ; Stephano Gar-
rigas autem, quod operaretur offlcio suo sine mercede quadraginta die-
bus in opère alicujus pauperis ecclesie et aliis quadraginta diebus in
opère carcerum mûri, si fièrent apud Ruthenam, et sicut accepimus
operatus fuerit in quadam ecclesia paupere de mandato B. de Gabanis,
Archives de FAveyron, série E, fonds de Najac ; notre confrère M. Estienne,
archiviste du département, nous en a obligeamment fourni une copie.
374
quondam inquisitoris ; item Johanni de Peberaco, quod iret semel ad
Podium, Ruppem Amatoris, SaDctam Fidem de Conehis et Beatam
Mariam Rutheaensem, vel cuilibet dictorum locorum mitteret quin-
que solidos Rulhenensis monele ; Guillelme vero Fabrisse, quod iret .
semel ad Sanctum Jacobum Gompostelle; et Deodatus de Podio
d'Osan et Huga uxor ejus quasdam peregrinationes et visitatioiiea,
Willelmus vero [Garriga] quasdam visitationes facere tenerentur, sicut
predicta omnia in eonim penitencialibus litteris continentur; et
non constat nobis quod predicta compieverint ut debebant vel quod
ab eis fucrint absoluti-, nos, licet gravius merito possemus prooedere
contra ipsos, attendentes tamen quod rigor sit mansuetudine temperan-
dus, presertim cum de ipsorum correctione speremus, prefetos Bernar-
dum Raimundi Alpati, Deodatum Guinabaii, Ramundum, Willehnum
et Petrum de Mureto fratres, Hugonem de Cugoleto, Petrum Fabri,
Bernardum [Bardeti], Petrum Imberti, Ramundam de Romainhac et
Petronillam Torneira a duabus de predictis quatuor visitationibus,
quas apud Ruthenam annuatim facere tenebantur, perpetuo duximus
absolvendos, dictum P. Fabri a transmarino passagio et predictum
B. Bardeti ab injunctis sibi predictis peregrinationibus nicbilominus
absolventes. Injungimus tamen eis et predictis aliis que inferius
subsecuntur, videlicet quod prope dicti undecim teneantur bis anno
quolibet visitare quamdiu vixerint ecclesiam Béate Marie virginis
Ruthenensem, scilicet in festo Purificationis et Nativitatis ipsius Vir-
ginis gloriose, et in recompensationem aliarum duarum visitationum
quas eis remittimus et iilarum quas actenus facere omiserunt et
peregrinationum de quibus eos absolvimus, solvant ad fabricam suc
parrochialis ecclesie summas inferius annotatas, de quibus solvant
medietatem in proximo instanti festo sancti Michaelis et aliam medie-
tatem ab eodem festo in annum, supradictus autem B. Raimundi
XX libras Caturc, Deodatus Guinabail xl solidos Gaturc. ; Ramun-
dus, Guillelmus et Petrus de Mureto fratres, quilibet xv libras
Gaturc. ; Petrus Fabri pro predictis visitatione et passagio l so-
lidos Gaturc.; Hugo de Gugoleto xx solidos, Ramonda de Ro-
mainhac XV libras Gaturc. et Petrus Imberti x sol. Gaturc. ; Ber-
nardus vero Bardet operetur qualibet septimana una die sine
mercede in opère predicte ecclesie quousque ipsa ecdesia sit per-
fecta, Guiraldus de la Boria xl sol., Guillelmus Pellipariixx sol.,
et Durandus Fargas vi libr. Gaturc , Bernardus de Garrissol c sol.
Gaturc, Deodatus Massabou l sol., Bernardus de Favairac c sol.,
Finas A]udegeira l sol., et teneantur semel annuatim in Nativitate
375
béate Marie virgînis Ruthenensem eoclesiam vîsitare ; Ramunda etiam
de Lobateiras det l sol. et eandem visitationem annuatîm facere te-
neatur; Willelma de la Roqueta l soi., Lumbarda Conorta xxx sol.,
Domestica de Blas xv sol., Vitalis Pelicerii x sol., Bernardus Mezi
xxx soi., Willelmus Faber xx sol., Petrus Brugueri x libr. Caturc.
pro peregrinatione et omissione visitationum et pro peregrinatio-
nibus et visitationibus matris sue , sed duas visitationes teneatur
idem P. apud Ruthenam facere annuatim; dictus autem Stepha-
nus Garriga operetur in opère ecclesie Najaci illos xl dies quos
debebat in opère carcerum operari, et ultra donet x sol. Gaturc. operi
ecclesie memorate; Johannes de Peberac det x sol. Caturc, Willehna
Pabrissac sol. Turonensium (sic)^ Deodatus de Podio d'Oson et Huga
uxor ejus xx sol. Gatur.; Willelmus Gairiga xxx sol., sed unam visi-
tatîonem apud Ruthenam in Nativitate beale Marie virginis faciat
annuatim-, Deodatus de Brossac xx solid. Gaturc, Bernardus Gasc
L sol. Gaturc, et Guillelmus del Verdier l sol. Gaturc. Item Pebo-
rac de Voûta et Dulciam uxorem ejus absolvimus ab omnibus que
de heresi suntconfessi, injungentes eis quod dent c sol. Gaturc. operi
ecclesie memorate. Prope dictus autem Willelmus del Verdier unam
visitationem in Nativitate béate Marie virginis annuatim apud Ruthe-
nam facere teneatur. Et sic omnes predictos absolvimus ab omnibus
peregrinationibus et visitationibus et omissione earum, exceptis illis
duabus vel una visitationibus annualibus quas in aliquibus eorum
retinuimus, sicut superius continetur, nihil immutantes in aliis que
ipsis injuncta fiierint in penitencia pro crimine memorato. Verum
cum nonnuUi eorum dicant se peregrinationes vel visitationes fecisse
vel ab eis absolutos fuisse, nos consulibus dicti castri committimus
ut probationes eorum recipiant loco nos tri, ita quod si quis illorum
probaverit se fecisse peregrinationes vel visitationes predictas vel
quod ab eis fuerit absolutus, taxatione immunis remaneat supradicta.
Datum Tholose, viii° kalendas maii, anno Domini m*» cc*> v> octavo.
IV.
Autres commutations de peines accordées par les inquisiteurs,
Toulouse, 26 avril 1258.
Omnibus * Christi fîdelibus présentes litteras inspecturis , fratres
1. Bibl. nat., Coll. Doat, 146, P 22.
376
ordinis Predicatorum Guillelmus Bernardi Aquensis et Reginaldus
do Garnoto, inquisitores heretice pravitatis in comitatibus et terris
nobilis viri comitis Tholosani auctoritate apostolica deputati, salutem
in Domino Jesu Ghristo. Noveritis quodcum injunctum fiiisset inter
cetera in penitenlia pro crimine heretice pravitatis Guillelme de
Cadriu , Raimundo Barravi , Geraldo del Mercadil , Geraldo de
Fontroca, diocesis Ruthenensis , quod eadem Guilleima quinquies,
alii vero predicti quater quolibet anno visitarent cathedralem eocle-
siam de Ruthena, idemque Guiraldus del Mercadil ad Sanctum Jaco*
bum Gompostelle, Sanctum Egidium, Beatam Mariam de Podio, de
Rupe Amatoris^ de Montepessullano et Sanctam Fidem de Gonchis \
diclus autem Geraldus de Fontroca ad Beatam Mariam de Yalleyiridi
et de Rupe Amatoris ire peregre tenerentur, et predicta non comple-
verint, ut debebant-, ipsos ab omnibus predictis peregrinationibus
et visitationibus et delTectibus earumdem duximus penitus absolven-
dos, injungentes els quod quilibet eorum yisitet bis annuatim eccle-
siam Béate Marie virginis de Ruthena, scilicet in Purificatione et
Nativitate ipsius Virginis malris Dei, et dent ad fabricam operis ecde-
sie de Najaco dicta Guilleima decem libras, Raimundus Barravi qua-
tuor libras, Guiraldus del Mercadil et Guiraldus de Fontroca. quilibet
decem libras Ruthenensis monete. Quorum denariorum solvant
medietatem in instanti festo beati Michaelis septembris et aliam
medietatem ab eodem festo in annum. In aliis vero sibi injunctis in
penitentia pro crimine memorato nihil penitus immutamus. Verum
cum dictus Guiraldus del Mercadil asserat se aliquas de peregrina-
tionibus sibi injunctas fecisse, nos consulibus de Najaco committi-
mus, ut ipsius probationes recipiant loco nostri, et si probaverit se
aliquas perfecisse de peregrinationibus supradictis, de taxatione pre-
dicte pecunie sibi facta secundum quod justum ftierit deducatur.
Datum Tholose, vi° kalendas madii, anno Domini m^ cc° l** viip.
V.
Sentence arbitrale touchant la perception de la taille levée pour la
construction de Véylise de Najac,
Najac, 15 juin 1262 et 10 juin 1263.
Gonoguda * causa sia als presens et clara als endevenidors, que
1. Bibl. nat.^ Coll. Doat, v. 146^ f* 29. — Les originaux de cette charte et de
377
com contrastz et dissentios fos entrel comunal major del castel de
Najac d'una part, el comunal menor d'aquel metix castel d^autra,
per raso de las taillas que om fasia et volia far a la messio et a la
despessa de la obra que era commensada de la gleia de Sanch Johan,
ques fa et deu far el davandich castel, et d'aquel contrast et
d'aquela dissentio fos estât faictz adecx (sic) et adordenamentz per lo
senhor Bertolmeu de Landrevila, cavalier, castela de Poigcelsi, fîlh
del senhor P. de Landrevilla, cavalier, que era senescalcs en aquel
temps de Rozergue et d'Albeges, ab cosseil de maestre R. Gapella,
jutgue pel dich senhor senescalc, segon que en unas letras sageladas
del sagel deldich seinhor Bertholomieu, que ténia loc en aquel temps
del davandich senhor senescalc son paire, et del sagel del jutgue
davandich era pleneirament contengut, la ténor de lasqualas cam-
biada de lati en romans es aitals couma se sec après :
Gonosco totz li universi^ que com desacords et controvercia entrel
pobiemenutde Najac fos d'una part els majors deldit castel d'autra,
sober quistas et demandas ques fasio et sero faichas et covenio a far
el castel de Najac per la obra de la gleia de Sanch Johan, en lasqualas
quistas et demandas lo poblemenutz davandigdisio que ero ... moût
agreviatz, et quar sobre la taille, que per la dicha gleia se demandava
nis volia os convenia far, lasdichas partidas entre lor nos podio acordar ,
sotzpausero se a la volontat et a la ordenatio del noble haro senher
Bartholomeu de Landrevilla, cavalier, castella de Pogcelsi, fasens las
vegadas del senher P. de Landrevilla, cavalier, senescalc de Rozergue
et d'Albeges, son paire, loqual davandigs senher Bartholomeus, agut
diligent tractament entre lasdichas partidas, de cosseil de R. Gapella,
jutgue deldit seinhor senescalc et d'autres bos homes deldig castel
acochada deliurantza davant aguda, determenet en atal maneira,
comma se sec la controvercia davantdicha : — En primeira, qu'en
G. Garreira donc et sie tengutz de pagar en calcuna quista ques fara
per occaio de la obra de ladicha gleia el davantdig castel, de qualque
quantitat sia, de quascuna somma de cinquanta livras de Gaorcens
quarante sols de la medicha moneda, en B. R. en Berenguiers fraires
vingt sols, et tôt li altre del davantdig castel que au et possessiso bes
mobles et no moubles ou se mouvens per égal pago a la dicha obra
de la gleia davantdicha en lasdichas cinquanta livras, segon que
l'acte ({ui y est contenu appartenaient en 1864 à feu Bruno Dusan; voyez Ros-
signol, Monographies communales du Tarn y II, 226, note. Le copiste de Doat
a rajeuni quelques mots.
25
37«
mai ou mens li be de lor seran estimais a la valoar dds bes dds
(luvantdigs ficaires B. R. et Berenguiers, entro ad aquels alsquals
lion a[Kiro alcus bes que son dicz et aparo comunalment paapre,
liqual no sio costreig de donar outre très diners ou quatrealapagua
(le ladicha ({uista de las cinquanta livras davantdicbas. Et se oubpe las
cin(|uanta liuras davantdichas de la dicha tailla, quant sera taillada,
y HMnanra aucuna causa, aquo quis remanra sia entrercaig (sic) de caacu
dit la tailla, et que sera laiilatz de totz acfuels que poyraran dal menor
rnlru aldig G. Garreira. Laquala tailla deu esser focha per vos homes
a d'aisso especialamen eslegitz, so es asaber per en Donat, fec en
U. du (]onbellas et per en Ricart, et per les cossols deldig castel.
Liqual totz juraran lizelment adumplir toutas las davandicbas cau-
sas. En testimoni de laquella causa lodich senher Bertholomeus el
davandigs R. Capella a la pagena davantdicha lor sagels apausero.
Aisso fo faich a Najac, xvii*' kalendasjulii^annoDominiii^GC^LX"!!®.
Et cum segon aquest adordenament davantdig fos fâcha après
una tailla el davantdig castel per en Donat et per en B. de Gonbelas
et per en Ricart et per los cossols deldit castel, volgro et consentiro
et autreiero lo senher Philippes de Boissi, cavaliers, senescals de
Rozergue per Tonrable senhor comte de Poitieus et de Tholosa,
(it maestre Hodes de la Motouneira, tenent loc de mosenhor lo davant-
(lich conte el comtat de Tholosa, et fraire R. de Chartres et
fraire Willems B. d'Aiexs, de Tordre dels Predicadors, enqueredor
de la cruel heretgia el comtat de Tholosa tramesi per mossenhor
Tapostoli, que aquella tailla davantdicha, que fâcha era el dich cas-
tel per los davantdigs cossols et per en Donat et per en B. de Gom-
bellas et per en Ricart, sia fâcha per tota hora, aitant quant la obra
de la dicha gleia durara, segon que es escrich es escrichs dels cossols,
ni segon aquels escrihs s'escriura en forma et en carta publica per
la ma de B. Ribeira, notari public de Najac, en aissi : — So es assa-
ber que aquella quantitat que hom voira levar deldig castel a la obra
ni per la obra davantdicha, sia demandada et levada per los dos
cossols deldig castel, sia mai, sia meins, per raso de la davantdicha
tailla que fâcha ni levada es, salv e retengut que sio eslegitz et esta-
blitz quatre prodomes comunals deldit castel, liqual tota hora,
quant se voira levar aicuna quantitat deldit castel per raso de
la obra davantdicha, segon que conoisserio o entendrio a lor leiau-
tatz et a lor segrament, que li be d'alcuna persona deldit castel se
serio cregutz ou melhuratz ou mermaig ou sourdeiat del temps
que l'autra tailla fo faicha entro ad aquel temps en que aquella
379
se volria ievar, posco mermar ou creisser de la tailla d'aquella per-
sona segon lo meilleurier ou pejurier que aura près ni ell y enten-
drio leialment, et que aquel quatre prodhomes davantdig se cambio
cadan, quant li cossol se cambiaran, et que cadan per aquels quatre
que i'Seran sio eslegitz 11 autres quatre que venran après. — Et li
davantdig senhor lo senescals et maestre Hodes et li fraire enqueri-
dor, ab cosseil d'alcus autres prodomes deldig castel, helegiro los
primiers, [que] an per nom P. Ademar et Berengier R. et Bertrand
Gaudo et Bernardo de la Boria. Et en aissi comma davantdig com-
mandero et baillero establit li davantdich senhor lo senescals et
maestre Hodes et li fraire enqueridor que fos faig et tengutz et
gardatz per cascuna de las partz davantdichas, et que neguna no
vengua ni pogues venir encontra. Et se o fazia, quel senescals davant-
digs, 0 aqueil qui serio per lodig senhor comte, o fesesso tener et
gardar a vos et als autres et a cascu fermament, en aissi que o pro-
mes als autres lo senescals davantdichs que o faria tener et gardar
et estar ferm. Et a mai de fermetat et de valor que aio et que posque
aver aquestas causas sobredichas, lo senescals davantdich et maestre
Hodes et lidich fraires enqueridor dovero ne en feiro far la présent
publique carta, et volgro que fos del propi sagel de cascu de lor
sagelada. Mas empero sia saubut que aquest adordenament ni fan ni
entendo a far ne volo que posca far negun prejudici en alcuna causa
ad alcuna de lasdichas partidas en deguna ni per deguna autra
quista ni tailla, mas tant solament ad aquo que per la obra de ladicha
gleia, aitant quant ladicha obra durara, se levaria. Aquests adordena-
ments et aquestas causas davantdichas foro fâchas a Najac, dins la
clausura sobirana del cap del castel, iv^ idus junii, anno Domini
M» cc° Lx° in°, domino Alfonso régnante comité Tholosano, en pre-
sentia et en testimoni de fraire Jaufre de Thomasvila, de Tordre dels
Predicadors, d'en P. Sanchas, capella de Sanct Jolia, d'en Johan
Torpi, castela de Najac, d'en Philip Polier, notari dels enqueridors,
et dels cossols que eran alora de Najac, e per nom d'en B. de Gonbe-
las, de Uc Donat, de G. Ramondi, de P. Ribeira, de B. Marsal et d'en
Uc d'Aradas, et d'autres que no ero cossols, etc., de maestre Berengier
notari, d'en R. Bardet notari, d'en B. Pargas notari, et de ganre (sic)
d'autres dels majors et dels menors deldit castels, qui ero vengutz et
ajustatz per aquest faig soberdig, et de mi B. Ribeira, public notari
de Najac, que de mandament del senhor senescalc soberdich, maestre
Hodes et dels digs fraires enqueridors aquesta carta escrissi et mo
senhal y pauzei.
380
VI.
23 juin 1266.
Littera * Johannis Turpini super custodia casiri de Najaeo.
Alfonsus, fllius régis Fraacie, cornes Pictavie et Tholose, dileeto
et fideli suo Philippe de Boyssyaco, militi , senescallo Ruthenenai ,
salutem et dilectionem. SIgnificamus vobis quod nos castrum nos-
trum de Najaco Johanni Tourpin, latori presencium, tradidimus cus-
todiendum ad gagia quadraginta librarum Turonensium per annum
quamdiu nostre placuerit voluntati, mandantes vobis quatinus dicto J.
dictum castrum cum garnisione ejusdem deliberetis et dictas quadra-
ginta libras Turonensium eidem statutis terminis persoivatis; ac cui-
dam servienti suo in dicto Castro yiii denarios Turonenses de gagiis
per diem dedimus quamdiu placuerit nobis, et dicta gagia servientis
persolvatis castellano predicto. Datum apud Perrolias, die mercurii in
vigilia Nativitatis sancti Johannis Baptiste, anno Domini m* €0** lx« vi*.
Littera^ Bernardi, filii Johannis Turpini, super octo denariis
gagiorum sibi concessis.
Alfonsus, filius régis Francie, cornes Pictavie et Tholose, dileeto
et fideli suo Philippo de Boissy, senescallo Ruthenensi, salutem et
dilectionem. Signiflcamus vobis quod nos Bernardo, fîlio Johannis
Tourpin , castellani nostri in Castro Najaci, dedimus octo denarios
Turonenses de gagiis per diem in dicto Castro Najaci, quamdiu nostre
placuerit voluntati, mandantes vobis quatinus dicta gagia persolvatis
eidem. Datum apud Ferrolias, die mercurii in vigilia Nativitatis sancti
Johannis Baptiste, anno Domini m** €0** lx"® vi*».
VU.
Maître Bérenger Jornet donne quittance de 31160 s, de Cahors reçus
par lui pour la construction de l'église de Najac.
Najac, 31 octobre 1269.
Noverint ^ universi présentes pariter et ftituri , que ieu maestre
Berengier Jornet, de ma serta sciencia et propi volontat, siei et reco-
nosc ab aquest présent carta, et die et autrei et confessi per veritat,
a vos Nue de Gombelas et a vos Bertran Aymh (?) et Guiihem Marti,
en B. Rei, en D. Barta et a vos P. B. Gaudo, cossols de Najac, que
vos, per vos et per tota la universitat deldig castei, avetz a mi pagatz
1. Archives Nationales^ JJ xxiv^, f. 115 y",
2. Ibid.
3. Bibl. nat.. Coll. Doat, v. 146, f* 41.
384
sieys milla sols de Caorcentz et de Rodanes, que ero remazuig quem
deviatz dels trenta un mila sols del pretz faig de la obra de la gleia.
Item encara avetz me pagadas ueyt livras de Caorcentz per la cava
de la gleia, per lo dig qu*en fetz lo senher P. R., jutgue de Rosergue.
Delsquals sieys milla et cent sixante sols que monte tôt, que ici de
vous recebutz contans et entierament, me tieng de vous per ben
pagatz. Item reconosc vos que vostre ancessor cossol, que fo estaig
devant vos, me an pagat et complit per partidas, de que an cartas de
mi, tôt lo sobreplus tro els trente et un milia sols soberdighs de Gaor-
cens, quem deviatz deldig près faig de la gleia. Delsquals trenta un
milla sols me tienh de vos et de vostres ancessors et de la universitat
deldig castel per ben pagatz et per be... ^ et von solvi et von quiti,
vos et vostres ancessors et tôt lo castel, per ara et per tots temps,
renuntians scientalment ad exceptio de non pagada, de non contada,
de non auda, de non presa, de non recebuda pecunia, tota ladicba
soma, et a frau et a bauzia et a tota error de compte, et a totas cartas
qu'en agues de vos, per lasqualz me fossetz tengutz ni obligatz per
raso del pretz faig de la dicha gleia, non contrastan empero la carta
quen es fâcha entre mi et vos de la compositio quen fetz lo senhor
P. R., jutgue del Rozergue, et a tôt dreig escrig et non escrig, et a
tota razo et a tota exceptio gênerai ou especial, cals que fos, per que
ieu ni hom per mi pogues far ni dire ni encontra venir. Horum omnium
sunt testes ex utraque parte rogati G. Garreira, Sicard Ramondi,
P. Amans, Berengier, N. R. de Muret, Nue de Plaseus, Numbert
Amie, et ego B. Domini, publions Najaci notarius, qui de mandato
utriusque partis hanc cartam scripsi et signum meum apposui. Actum
apud Najacum, ii** kalendas novembris, anno Domini m® ce** lx® ix°,
domino Alphonso régnante comité Tholosano.
VUI.
Délai accordé aux habitants de Najacpour clore de murs
leur cimetière.
13 mars 1313.
Vicarii^ générales in spiritualibus et temporalibus reverendi in
Ghristo patris domini P., Dei gratia episcopi Ruthene, ad partes
ultramarinas pro terre sancte negotio apostolice sedis legati, viris
prudentibus et discretis consulibus castri de Naiaco, salutem in
Domino. Gum hoc anno vos et universitas dicti castri, ut intelleximus,
in generali moniti tamen fueritis per religiosos viros visitatores
1. Ici un mot corrompu : aondes,
2. Bibl. nat., CoU. Doat, 146, ^ 67.
382
dlcti domini nostri, ut infra certum tempus cimiterium eoclesie de
Naiaco juxta sinodalem constitutionem clauderetis, vosque, ut dieitur,
propter aliqua ralionabilia hoc facere lam breviter minime valeatis,
ïicet vos juxta ordinationem nostram hoc facere ofTeratis, nos volon-
tés vos prosequi favore gratie specialis, dictam monitionem et ejus
efTectum ex dictis causis justis usque ad instans festum Pentecostes
prorogamus et suspcndimus in his scriptis. Datum Ruthene, sub
sigillo communi vicarie nostre, die mercurii post festum beati Gre-
gorii, anno Domini millesimo trecentesimo duodecimo.
Note additionnelle. — En finissant cet article, il sera peut-
être utile de corriger une ou deux erreurs et de réparer quelques
omissions. L'un des inquisiteurs qui traitèrent avec les habitants
de Najacen 1251 s'appelait Guillelmits Aquensis; nous avons
traduit d'Aiœ, il faut corriger de Daœ dans les Landes. En outre,
on nous fait remarquer que nous nous sommes peut-être trop
avancés en aflBrmant qu'aucun architecte de nos jours ne cons-
truirait une église comme celle de Najac pour la somme payée à
Bérenger Jornet ; pour 70,000 francs un artiste de nos jours
se chargerait, paraît-il, d'élever un monument de cette gran-
deur. Voilà pour les erreurs ; passons aux omissions. Aux actes
dans lesquels le nom de Najac est cité avant 1249, il convient
d'en ajouter deux, indiqués par M. Delisle dans son Catalogiie
des actes de Philippe Auguste, n. 82 et 1298; par l'un, de
février 1182, le roi donne en augment de fief à Raimond V,
comte de Toulouse, le château de Najac; par l'autre, d'août
1211, il reçoit Thommage de deux des seigneurs de ce château,
Raimond Bernard de Najac et Girard de Cadoillia. Enfin,
l'enquête de 1251 a été étudiée il y a quelques années par un
érudit du Midi, M. E. Cabié; son travail, resté manuscrit, pré-
senté à Y Académie des sciences et inscriptions de Toulouse^
a fait l'objet d'un rapport de M. de Clausade {Mémoires de
V Académie, VII, 4, pp. 423-425) ; ce rapport est même extrê-
mement inexact. En outre, M. Cabié a conmiuniqué quelques
fragments de ce texte à M. Q. Compayré, qui les a cités, sans
d'ailleurs en tirer grand parti, dans ses Recherches sur Sicard
d'Alaman (sic), publiées dans les Mémoires de la Société
archéologique du midi de la France, XI, 50-81.
Auguste et Emile Molinikr.
LA FRONTIÈRE D'EMPffiE
DANS L'ARGONNE
ENQUÊTE
FAITE PAR ORDRE DE RODOLPHE DE HABSBOURG
A VERDUN, EN MAI 1288.
Le document qu'on trouvera plus loin a été signalé et brièvement
analysé par dom Galmet\ mais il ne semble pas que personne
en ait encore publié le texte. Il paraît assez intéressant pour
mériter d'être imprimé tout entier. Il touche à une grave et difficile
question de géographie historique, la détermination exacte des limites
du royaume de France et de l'Empire au moyen âge. Il ne faut pas
dédaigner les trop rares documents qui peuvent nous éclairer sur
cette matière obscure.
I.
OCCASION ET OBJET DE l'eNQUÊTE.
Cette pièce se rattache à la querelle qui divisa Thibaud II, comte
de Bar-le-Duc, et Philippe le Bel, roi de France, et qui aboutit, après
la mort de Thibaud, à la soumission de son successeur Henri III et
à la création du « Barrois mouvant ». Il n'est pas nécessaire de
refaire ici en détail l'histoire de cette querelle ^. Il suffit de rappeler
t. Histoire ecclésiastique et civile de Lorraine, t. II, col. 330-331.
2. Voir sur ce sujet Galmet, Hist. eccl. et civ, de Lorraine, II, 328 et suiv.;
L. Delisle, Essai de restitution d'un volume des Olim (dans Bou tarie, Actes du
parlement de Paris, t. 1), n- 642 (p. 406), 744 (p. 430), 788 (p. 439 et note),
847 (p. 448) ; P.-A. Lemaire, Recherches historiques sur l'abbaye et le comté de
Beaulieu-en-Argonne (Bar-le-Duc, 1873, in-8*), p. 39 et mvf,, 207 et suiv.
384
quelques faits. L'abbaye de Beaulieu-en-Argonne * , au diocèse de
Verdun, était sous la garde des comtes de Bar. En 4286, « on ne
scait pas distinctement à propos de quoy », selon les termes de Gal-
met, a TAbbé se brouilla avec Thiébaut II, qui luy fit ressentir les
effets de son indignation. » Le comte fit occuper par ses gens les
villages et les possessions de Tabbaye, saisir ou dévaster ses biens.
a L*Abbé eut recours au Roy Philippe le Bel, et le pria de le protéger.
Le Roy envoya des troupes dans TAbbaye, et dans les terres de sa
dépendance », et commença contre le comte de Bar une poursuite
judiciaire. Thibaud allégua Pincompétence de la justice royale, car,
disait-il, Beaulieu était situé hors du royaume de France, en terre
d'Empire. La cour de parlement ordonna une enquête ; des commis-
saires royaux se rendirent à Sainte-Menehould pour s'informer
auprès des habitants^. Les dépositions des témoins, interrogés en
territoire français et par des commissaires français, furent naturel-
lement favorables aux prétentions du roi de France, et, au parlement
de la Toussaint de Tan 4287, la cour, sur le vu de l'information,
prononça par arrêt que Beaulieu était du royaume :
Gum dubitaretur de garda seu custodia ecclesie Belli Loci in Argonna,
et utrum dicta ecclesia esset si ta infra punctos comitatus Gampanie et
utrum etiam esset sita in regno Francie et de regno : visa informatione
facta super hoc, visum est consiiio quod sit de garda speciali comitis
Gampanie et de garda seu custodia generali domini régis, et quod sit
infra punctos seu termines comitatus Gampanie et infra terminos regni
Francie et de regno 3.
Le comte de Bar, n'acceptant pas cette décision, et voulant, pour
lutter contre le roi de France, s'assurer l'appui au moins moral des
autorités de l'Empire, fit savoir directement ou indirectement au roi
des Romains, Rodolphe de Habsbourg^ , l'entreprise du roi de France ;
Rodolphe invita le comte à l'informer exactement du détail des
faits^. Thibaud assembla à Saint-Mihiel, le 49 février 4288, les prin-
1. Meuse, arrondissement de Bar-le-Duc, canton de Triaucourt.
2. Delisle, n«» 744, p. 430, col. 1.
3. DeUsle, n» 642, p. 406.
4. On sait que Rodolphe de Habsbourg, n'ayant pas été couronné par le pape,
n'a jamais porté que le titre de roi des Romains, quelquefois remplacé dans
l'usage vulgaire par celui de roi d'Allemagne. Beaucoup d'écrivains modernes
lui donnent à tort, ainsi qu'aux autres rois des Romains, le titre d'Empereur.
5. Galmet, II, dxxv-dxxvi.
385
cipaux seigneurs et chevaliers du Barrois, pour le conseiller, suivant
leur devoir féodal -, ils lui donnèrent des lettres, sous leurs sceaux,
par lesquelles ils déclaraient que Beaulieu-en-Argonne était du comté
de Bar et du «royaume d*Allemaigne ^ », que Philippe le Bel usurpait
sur les droits de l'Empire en y envoyant « ses commandemens et ses
sergens pour justicier et pour sergenter », et que le comte ferait
bien de rapporter le tout « audit roy d'AUemangne, parce que li diz
roy d'AUemangne ou autres roys ou Empereurs qui après luy pour-
ront venir n'en puissent repenre le dit comte ny ses hoirs ^ ». D'autre
part, le 3 mars ^288, Thibaud dénonça au chapitre de Verdun (le
siège épiscopal vacant) l'occupation de Beauiieu, en ajoutant qu'il
tenait tous ses droits sur cette abbaye en fief de l'évêque et de TÉglise
de Verdun, et requit le chapitre, comme son seigneur, de l'aider à
en recouvrer la paisible jouissance^ ; ce qui engagea le primicier de
Verdun, garde des biens de l'évêché pendant la vacance, à appeler à
son tour l'attention du roi des Romains sur les usurpations com-
mises au préjudice de PEmpire*. C'est à la suite de toutes ces pro-
testations que Rodolphe se décida à ordonner l'enquête qui fait l'objet
de la présente pubUcation.
Trois commissaires furent chargés de cette enquête-, l'un fut un
clerc de pays wallon, Anselme de Porroie, chanoine de Liège, les
autres deux chevaliers allemands, Hartmann de Ratzenhausen et
Eberhard de Landsberg. Ils furent nommés par des lettres royales,
datées de Kyburg^, le 29 avril -1288, et ainsi conçues :
Rudolfus, Dei gracia, Romanorum rex semper augustus, universis
sacri imperii Romani et precipue dyocesis Virdunensis fidelibus, gra-
tiam suam et omne bonum. Honorabilis vir .. primicerius Ecclesie Vir-
dunensis, qui, sede vacante Virdunensi, custos et gardiator castrorum
existit et episcopatus Virdunensis, per nobilem virum .. de Albo Monte
Nostre Serenitati cum affectu commendabili demonstravit, videlicet,
quod .. rex Francie, regni sui métis et terminis non contentus, civita-
tem Virdunensem et dyocesim, cum quibusdam locis aliis convicinis,
1 . L'un des trois royaumes qui composaient le saint-empire romain ; les deux
autres étaient le royaume d'Arles et de Vienne (ancien royaume de Bourgogne) et
le royaume d'Italie ou de Lombardie : Freeman, Hisiorical Geography of Europe
(London, 1881), p. 148.
2. Galmet, II, dxxv-dxxvii
3. Galmet, II, dxxy.
4. Lettres de Rodolphe du 29 avril 1288, ci-dessous.
5. Suisse, canton de Zurich, district de Pfâffikon.
386
suis finibus et jurisdictioni nititur applicare, gracia cujus devotionis et
fidei plenitudinem discreti viri supradicti .. primicerii siDceriter oom-
mendamus. Et quia Deus super excelsa sublimior dos ad impériale
solium sublimavit, ut menbra Romani imperii suo corpori firmiter
adhereant indecisa, supradictum negotium, ad instantiam predicti pri-
micerii, honorabiii viro Anselme de Porrogia, canonico Leodien8i,*et
strennuis viris Hatmanno de Razenhusen et Eberhardo de Landisperg,
militibus, fidelibus nostris, commisimus efficaciter inquirendum. Qui,
diligenti etstudioso indagine hujus rei edocta veritate, Nostram 8ere-
nitatem lucuientius informabunt. Dat. Kibûrg, iij* kalendas maii,
regni nostri anno quintodecimo ^
Les trois commissaires arrivèrent à Verdun le vendredi 4 4 mai 4 288 ,
avant-veille de la Pentecôte, et y séjournèrent jusqu'au mardi 25 du
même mois, surlendemain de la Trinité. Durant ces douze jours,
ils entendirent quatre-vingt-quatre témoins. Rien ne fait connaître
directement comment et par qui ceux-ci furent choisis ; mais c'étaient
tous des hommes du comte de Bar ou de TÉglise de Verdun, et
l'unanimité avec laquelle ils déposèrent en faveur des prétentions du
comte laisse à penser qu'ils ne parlèrent que par son ordre ou sur
son invitation. Le résultat de l'enquête de Verdun Ait naturellement
contraire de tout point à celui de l'enquête de Sainte-Menehould, et
les commissaires, en retournant auprès du roi leur maître, purent
lui présenter un rapport qui afQrmait, sur toutes les questions
débattues, le bon droit de l'Empire et du comte de Bar, le mauvais
droit du roi de France. Rodolphe sanctionna les conclusions de ce
rapport par des lettres royales, données à Strasbourg, le 42 oc-
tobre 4289, en ces termes :
Rudolfus, Dei gracia, Romanorum rex semper augustus, universis
sacri Romani imperii ûdelibus présentes litteras inspecturis, gratiam
suametomnebonum. Relatibus muitorum, crebrafamaetmultorumque-
rimoniaad Serenitatis Nostre certitudinaliter pervenit auditumquod illu-
stris . . rex Francie terram et partes nostras et sacri Romani imperii subin-
travit, usurpando diversimode sibi bona, jura, obventiones et possessiones
in eisdem. Nos autem bujusmodi relatuum, famé et querimonie, nequic-
quam minus provide facere videremur, certitudinem omnimodam babere
volentes, ad episcopatum Virdunensem viros providos et discrètes, clericos
et laicos, de quorum industria, constancia et puritate &dei obtinuimus
confidentiam plenissimam, misimus, qui facti bujusmodi inquirerent
1 . Vidimus du 21 mars 1295, reproduit dans un vidimus du 6 décembre 1299,
Bibliothèque nationale, manuscrits, collection de Lorraine, vol. 199, pièce 19;
imprimé, Galmet, II, dxxyiii.
387
veritatem. Qui cum, inquisitione clare et mature compléta et in publica
instrumenta redacta, se nostris conspectibus obtulissent, relatibus, famé
et querimonie supradictis veritatem omnimodam invenimus suffragari.
Unde, nolentes ut dicta inquisitio facta oblivioni daretur, sed perpétue
in memoria baberetur, ipsam inquisitionem buic littere annexam
approbamus, ratificamus et testimonio presencium confirmamus. Dat.
Argentine, .iiij". idus octobris, indictione .iij*., anno Domini .M-.GC».
octogesimo nono, regni vero nostri anno septimo decimo ^.
Cette approbation officielle fut à peu près tout ce que le comte de
Bar obtint de Rodolphe; mais lui et son successeur, Henri III,
paraissent y avoir attaché une assez grande importance, car durant
le cours de leur lutte contre Philippe le Bel, qui se prolongea pendant
douze ans, ils demandèrent deux fois la confirmation des lettres de
Rodolphe aux rois élus après lui, Adolphe de Nassau et Albert de
Habsbourg. On a les lettres confirmatives de ces deux princes ^ celles
d'Adolphe sont en date du 2i mars ^295 et celles d'Albert du 6 dé-
cembre -(299. C'est par ces vidimus que le texte des lettres de
Rodolphe, de ^288 et ^289, nous est parvenu^. En ^30^, le comte
Henri lU, vaincu, dut traiter avec le roi de France aux conditions
imposées par celui-ci. Il céda à la France la mouvance de tout ce
qu*il avait à Touest de la Meuse ; c'est ce qu'on a appelé le Barrois
mouvant, pays qui depuis lors a toujours été sous la souveraineté
de la France, bien que les princes qui régnaient sur l'Empire n'en
eussent point ratifié la cession. Il abandonna en même temps le droit
de garde sur l'abbaye de Beaulieu et reconnut ce droit au roi.
L'original du rapport des trois commissaires demeura entre les
mains du comte de Bar. Il passa régulièrement à ses successeurs, et
c'est ainsi qu'il est arrivé, avec les autres titres du trésor des chartes
de Lorraine et de Bar, aux archives du département de Meurthe-et-
Moselle, à Nancy, où il est conservé aujourd'hui.
II.
montfaucon-d'argonne.
Le mandat des commissaires était de s'informer s'il était vrai que
le roi de France entreprît sur les droits de l'Empire, en essayant de
s'attribuer l'autorité sur des parties du territoire impérial. Ce fut la
1. Vidimus du 6 décembre 1299, Bibl. nat. et Galmet, ibid.
2. Bibl. oat. et Galmet, ibid.
388
(|UMklii>n (|U*il8 posèrent aux témoins appelés à Tenquête. La réponse
l\it uniriimlive, et les témoins désignèrent nommément deux points
(lo rKinpIre où le roi de France exerçait, selon eux, un pouvoir
iimirpô : Montfaucon-d'Argonne et Beauiieu-en-Argonne.
Moninruicon-d^ArgonneV bourg sur une hauteur, au nord-ouest de
V(inlu(i, Mn\i de Tancien pagus Dulcomensis ou Dormois^, du dio-
<)^iiii (1^ Iteims et du doyenné de Dun. La seigneurie et la justice du
IhMi nppartenaient à une collégiale qui y était établie sous Tinvoca-
iiort d() mini Germain, et qui avait remplacé une ancienne abbaye ;
|0M (îharioines et leur prévôt tenaient cette seigneurie en fief de
\'hlu\\u^ et de TÉglise de Verdun^, auxquels l'abbaye quMls rempla-
t^aUmi avait été donnée, entre les années 888 et 893, par Ârnoul, roi
iU% (hirmsLïïie * . En outre, le comte de Grand-Pré'* y eut longtemps
flMu droits de chasse, de gîte, de charroi, d'ost, de chevauchée et
tuhum de justice, qu'il tint d'abord du comte de Bar ^ et qu'il lui
vwidlt en ^267^. Ces droits amenèrent des discussions entre le
çAmUi de Bar et le chapitre des chanoines ; un long rôle de déposi-
tions de témoins, conservé aux archives de Meurthe-et-Moselle, est
consacré à la discussion de l'étendue des droits que le comte de
Grand-Pré exerçait à Montfaucon avant la vente consentie par lui au
comte de Bar^. Peut-être ces difficultés furent-elles la cause qui
1. Meuse, arrondissement de Montmédy, chef-lieu de canton.
2. Longnon, Études sur les pagi de la Gaule, 2* partie {Bibliothèque de
l'école des hautes études, 11* fascicule), p. 50 et 53.
3. Ci-dessous, §g 21, 62, 63, 66 ; archives de Meurthe-et-Moselle, trésor des
chartes, layette Bar fiefs I, n** 15.
4. Wassebourg, Antiquités de la Gaule helgique, t. I, f> 174 r.
5. Ardennes, arrondissement de Vouziers, chef-lieu de canton.
6. Aveu de novembre 1260, cartulaire de Bar, Bibliothèque nationale, ms.lat.
1 1853, f» 34 V».
7. Acte du 27 octobre 1267, ibid., f» 35 r* et v.
8. Trésor des chartes de Lorraine, Bar fiefs I, n" 15. Ce rôle ne parle jamais
des droits du comte de Grand-Pré c[u'à l'imparfait : « li cuens de Grant-Prey i
avoit sa justice sus ses homes et ... estoient%m homejustisable... » l\ est donc
postérieur à la vente de 1267, mais de peu d'années apparemment, car il n'y est
jamais question de droits exercés par le comte de Bar lui-même. Les difficultés
auxquelles il a trait se seront sans doute produites au moment où le comte de
Bar aura voulu entrer en possession des droits que lui avait cédés le comte de
Grand-Pré. — Le rôle contient les dépositions de huit habitants de Nantillois
(Meuse, arrondissement de Montmédy, canton de Montfaucon-d'Argonne) ; ces
témoins contredisent, en termes fort vifs, les dépositions données par d'autres
témoins, qui prétendaient restreindre les droits du comte au profit du chapitre.
La pièce n'est qu'une longue suite de démentis : « De ce que Andreus dit que
389
décida le chapitre à chercher une protection au dehors. Le roi de
France devait être tout disposé à saisir Toccasion de mettre sous sa
main le bourg de Montfaucon, position stratégique avancée, qui
dominait la vallée de la Meuse et le territoire de l'Empire, à quelques
lieues seulement de la cité épiscopale de Verdun. Philippe le Hardi
conclut avec les chanoines un acte de « compaingnie », comme rap-
pelle notre texte, c'est-à-dire une association de seigneurie et de
justice. J'aurais voulu retrouver cet acte, auquel il est fait plusieurs
fois allusion dans l'enquête de -(288 ^ -, je l'ai demandé en vain aux
archives nationales, à Paris, et aux archives de la Meuse, à Bar-
le-Duc. Ces établissements possèdent l'un et l'autre des titres
qui proviennent de Montfaucon-d'Argonne, mais l'acte de la
compagnie avec Philippe le Hardi n'y a pu être trouvé, ni en
original ni en copie. H semble pourtant que le texte de cet acte se
soit conservé jusqu'à nos jours, car il est cité à plusieurs reprises
dans le Dictionnaire topographique du département de la Meuse,
sous le nom de « Cession à Philippe le Hardi » et avec la date
de ^272^. Cet accord permit au roi d'envoyer à Montfaucon un
prévôt pour y rendre la justice en son nom^. La nouvelle prévôté
royale fut placée dans le ressort du bailliage de Vermandois ; elle est
mentionnée dans deux arrêts insérés aux Olim et rendus, Tun au
parlement de la Chandeleur en 4274, l'autre à celui de la Pentecôte
en 4284 , qui ont pour objet des plaintes du comte de Bar ou de ses
gens contre deux prévôts de Montfaucon^. Le comte n'avait donc
pas cessé d'être en dijBférend avec les habitants et les autorités de
Montfaucon^, sans doute toujours à propos des droits partiels de sei-
l'esglize de Montfalcon at toule justice ... il ne dit pas voir... Qu'il vit bannir
a la justice de Montfalcon Heibert Tournemine, c'est fauz... Qu'il le vit bannir
depuis X ans ensa, il ce ment... Contre Goulon d'Aspremont , de ce qu'il dit
qu'il at veu veeir la chevalchie au conte et Tost, il ce ment, ausi corn Andreus
ment de ceste choze... » Ces formules reviennent presque à toutes les lignes de
la pièce, qui remplit quatre grandes feuilles de parchemin. 11 serait intéressant
de connaître un peu mieux l'occasion qui a fait rédiger ce curieux document et
la procédure antérieure à laquelle il se réfère.
1. Ci-dessous, §§ 3, 10, ^1, 44, 58, 61.
2. Félix Liénard, Dictionnaire topographique du département de la Meuse^
articles Cuisy, Montfaucon, Septsarges,
3. Enquête, § 1.
4. Les Olim, publiés par Beugnot, t. 11^ p. 57 et 176. Dans le second de ces
arrêts, il s'agit d'un ancien prévôt, qui avait cessé ses fonctions depuis huit ans.
5. C'est ce qui résulte aussi d'une lettre du 24 octobre 1278, par laquelle le
390
gneurie quMl avait acquis sur ce lieu ; mais il ne songeait pas alors
à contester la légitimité du pouvoir qu'y exerçait le roi de France,
puisqu'il portait à la cour même du roi les plaintes qu'il avait à fkire
contre son prévôt. Au reste, à une époque qui n'est pas exactement
déterminée, probablement quelques années avant 4288, la compagnie
entre le roi de France et le chapitre de Montfkucon Ait annulée par
arrêt du parlement ; ce sont deux des témoins de l'enquête qui nous
l'apprennent, sans dire comment, à quel propos ni sur la demande
de qui cette annulation fut prononcée : « Mes sires Eudes ... dit qu'il
vit que ii roy de France ... ne justisoiet au dit leu de Montfalcon ne
as parties par desai entre Montfalcon et Verdun, ne riens n'i avoient
qu'il eust o\ dire ne veu, ains vit que MonfTalcons estoit justicie par
celz de l'Empire, fors puis la compaingnie que li rois de France et li
chenoinne de Montfalcon firent ensemble, la queilz compaingnie par
droit en debatant est alee a niant en la court le roy de France, »
(§ 3, cf. § 64.) Cet arrêt d'annulation, dont il ne nous est parvenu
aucune autre trace, était sans doute enregistré dans ce volume perdu
des Olim^ dont M. Delisle a en grande partie restitué le texte ^
Telle était la situation au moment de l'enquête de Verdun, et l'on
ne voit pas bien à quel propos on fit intervenir le nom de Montfau-
con dans l'affaire qui avait motivé cette enquête. L'annulation de
l'acte d'association de 4272 avait sans doute mis fin à l'exercice de
l'autorité du roi de France à Montfaucon ; en effet, quand un témoin
de l'enquête, signalant l'intervention française en ce lieu, mentionne
notamment l'envoi d'un prévôt royal, il parle au passé : « il dit qu'il
ait veu que li roi de France n'avoient ne signorie ne jostice à Mont-
falcon, et puis at-il veu que li rois i emvoieait un suen prevost por
comte de Nevers prie le roi de lui renvoyer, comme au juge du domicile du
défendeur, une action mobilière portée en parlement contre le comte de Bar par
le chapitre de Montfaucon : « Cum ... Thob., cornes Barren., super mobilibus
et capitalibus a preposito et capitulo ecclesie Montis Falconis coram vobis con-
veniatur vel conveniri speretur et dictus cornes sit cubans et levans seu domi-
cilium habeat in feodo nostro et territorio, propter quod nostre juridicionis est
quantum ad predicta... » (Archives de Meurthe-et-Moselle, trésor des chartes
de Lorraine et de Bar, layette Bar mouvant, n* t4.)
1. Dans Boutaric, Actes du parlement de Paris, t. I. — On trouve dans le
ms. n** 718 de la collection de Lorraine, à la Bibliothèque nationale, f*' 93, 97
et 104 r°% des actes de la cour du prévôt ecclésiastique de Montfaucon, en date
d'avril 1281 et de 1282, sans qu'il soit fait aucune mention d'un prévôt du roi
de France. Ceci peut donner lieu de croire l'annulation de l'accord de 1272 anté-
rieure à 1281.
394
lai josUtîer, li queilz prevos avoit a nom Martin. » (§ 4 .) Aucun des
témoins ne dit positivement qu'au moment même où il parle, le roi
de France occupe Montfaucon et y usurpe le pouvoir.
Ëtait-il vrai, comme le prétend l'enquête, que Montfaucon fût de
l'Empire et que Philippe le Hardi eût commis une usurpation en y
envoyant son prévôt? Il faut distinguer. Montfaucon était de PEmpire,
cela paraît certain. On ne comprendrait pas, autrement, comment le
roi de Germanie Arnoul aurait pu donner ce lieu à l'Église de Verdun,
ainsi qu'on l'a vu plus haut. Un document ancien, qui décrit les
limites du comté épiscopal de Verdun, fait passer ces limites par
Montfaucon, ce qui semble englober ce lieu, au moins en partie,
dans le comté ^ ; or il n'est pas douteux que le comté de Verdun ne
fût fief d'Empire. Enfin, Montfaucon est situé plus à Test que les
lieux de Cierges et Romagnes, au nord, de Gheppy et Varennes, au
sud, que des textes français du xiv® siècle disent expressément in
Imperio^. Il y a donc tout lieu d'admettre les affirmations des
témoins de 4288, quand ils déclarent qu'aucun roi de France, avant
Philippe le Hardi, n'avait exercé d'autorité sur Montfaucon (§§4,3,
40, 24, 44, 58, 64), que ce lieu n'avait pas contribué aux décimes
levés exclusivement en territoire français (§§4, 2, 40, 47, 48), qu'on
n'y avait pas tenu compte des sentences d'interdit prononcées sur la
France {§ 4). Ce qui n'est pas si clair, c'est que l'association du roi
de France avec les chanoines et l'envoi d'un prévôt royal consti-
tuassent, ainsi qu'on le prétend, une entreprise illicite, et un abus
d'autorité. La qualité de roi d'un pays n'excluait pas, dans le régime
1. Ce docoraent, dont la date est incertaine, a été publié par Mabillon, Lthro-
mm de re diplomatica Supplemenium, p. 101, et réimprimé, entre autres, dans
le Dictionnaire topographique du dép, de la Meuse, de M. F. Liénard, p. xu.
Il commence par ces mots : c Virdunensis coDii talus ita in circuitu habetur.
Incipit enim a Leone Montefalconis ... » et finit par ceux-ci : « et inde recta i^ia
usque ad Montemfalconis et usque adLeonem a quo prius incepimus. » Il suffit
des mots usque ad Montemfalconis pour faire voir que la limite passait par
Montfaucon. Quant aux mots Léo Montefalconis, on les a traduits par Lion-
devant-Dun, lieu autrefois dépendant de la collégiale de Montfaucon ; c'est faire
remonter la ligne de frontière bien loin au nord, et Ton ne voit guères comment
elle pourrait revenir de là à Soutry (commune de Sivry-sur-Meuse), dont il
parait être question ensuite. Le leo Montefalconis n^était-il pas plutôt un
lion de pierre établi à Montfaucon même pour marquer la limite ? 11 y avait de
même à Verdun, selon M. Liénard {Dictionnaire, p. 130), un lion de pierre, au
bas d'une des tours de la cathédrale, qui marquait la limite de la juridiction
du chapitre ; on montre aujourd'hui ce lion au musée de Verdun.
2. Varin, Archives administratives de Reims, t. I, p. 1091, 1092, 1097.
392
féodal, le droit de tenir une seigneurie en un autre royaume ; c'est
ainsi que les rois d'Angleterre tinrent longtemps en France le duché
de Normandie et d'autres fiefs, les rois d'Aragon le comté de Barce-
lone, que Philippe le Bel et ses fils tinrent en TËmpire le comté de
Bourgogne. Rien n'empêchait, ce semble, Philippe le Hardi d'acquérir
de même des chanoines de Montfaucon, seigneurs de ce lieu, une
part de leur seigneurie, qu'elle fût de France ou d'Empire. Du
moment qu'il n'y exerçait le pouvoir qu'en vertu d'une association
avec les seigneurs, c'était comme co-seigneur et non comme roi quMl
l'exerçait, et il n'y avait là, au point de vue du droit strict, aucune
intrusion de la souveraineté française en Allemagne.
Trente ans après l'époque qui nous occupe, en novembre -1849,
une nouvelle association de seigneurie et de justice fut conclue entre
le roi de France et le chapitre de Montfaucon * . Il fut convenu que le
chapitre et le roi auraient chacun leur prévôt, que les deux prévôts
rendraient concurremment la justice, que les émoluments et profits
de la seigneurie seraient partagés, etc. Ce second partage fut plus
durable que le premier ; l'état de choses qu'il établit a duré jusqu'à
la révolution ^ ; la suzeraineté de l'Église de Verdun sur Montfkucon
tomba, à ce qu'il semble, en oubli. La prévôté royale de Montfaucon-
d'Argonne dépendait encore au xviii« siècle, comme sous Philippe le
Hardi, du bailliage de Vermandois^.
Relevons encore, avant d'en finir avec Montfaucon, quelques dé-
tails nouveaux qu'apporte, pour l'histoire de cette localité, l'enquête
de \ 288. Nous y apprenons qu'au xiii® siècle, non seulement le pré-
vôt du chapitre tenait sa prévôté en fief de l'évêque de Verdun, mais
encore que l'évêque avait, en vertu de cette tenure, la jouissance et
l'administration de la prévôté lorsque celle-ci était vacante (§§ 62,
63) ; qu'il y avait à Montfaucon une tour forte, qui constituait le corps
1. Copie de 1547, sur papier, aux archives nationales, J 760, n* 41.
2. Les comtes de Bar avaient dû Taccepter ; voir des lettres de la comtesse de
Bar régente (1344-1352), demandant au roi de France des faveurs pour ses sujets
habitant Montfaucon : archives de Meurthe-et-Moselle, trésor des chartes de
Lorraine et de Bar, layette Bar ville et bailliage I, n** 20. En 1346, dans l'un des
textes publiés par Yarin et déjà mentionnés [Arch. admin, de Reims, I, 1093),
Montfaucon est nommé sans la qualification in Imperio, peut-être parce que le
roi y était de fait aussi maître que dans son royaume. Du reste, les rédacteurs
de ces textes ne paraissent pas s'être astreints à donner régulièrement cette qua-
lification à tous les lieux auxquels elle pouvait s'appliquer. '
3. Titres modernes de la collégiale de Saint Germain de Montfaucon, aux
archives de la Meuse.
393
du fief tenu de Tévêque par le prévôt (§ 24) et dont le prévôt devait
en certains cas délivrer les clefs à Tévêque {§ 56) ; que, sous répisco-
pat de Robert de Milan (4 255-'( 27'( ) , cette tour fut attaquée et détruite
par le comte de Grand-Pré^ (§§ 62, 66), que l'évêque la fît refaire
(§§ 59, 62, 66) et dépensa pour cela une somme de trente à quarante
livres (§ 65) ^ enfin, suivant un des témoins, « cil de Montfalcon
doient chascun an a la citei de Verdun une certainne soume d'argent
por paier les waites dou chasteil de Verdun et refaire une partie des
murs dou chasteil de Verdun, et parmi ce il pueent devenir borgois
de Verdun quant il lor plait » (§ 44) .
III.
BEAULIEU-EN-ARGONNE.
Le second lieu d'Empire où le roi de France, selon les témoins de
Tenquête, entrait sans droit et « de novel », c'est celui qui avait fait
l'objet premier du débat, Beaulieu-en-Argonne. On a vu que, l'année
précédente, en -1287, une enquête faite à Sainte-Menehould et un
arrêt rendu en parlement à Paris avaient déclaré que Beaulieu était
du comté de Champagne et du royaume de France ; l'enquête faite à
Verdun en 4288 le déclare au contraire du royaume d'Allemagne çt
de l'Empire. Pour juger qui avait raison, il faudrait pouvoir lire
également les assertions des deux parties et comparer au texte de
l'enquête de Verdun celui de Tenquête de Sainte-Menehould. Peut-
être ne doit-on pas renoncer à tout espoir de retrouver cette dernière.
En attendant ce hasard heureux, on en est réduit, pour juger la
question, à de bien faibles indices.
La première raison alléguée pour prouver que Beaulieu est de
l'Empire, c'est qu'il « siet desai le rui de Byenme devers Verdun,
1. Comparez le passage suivant du rôle des dépositions des habitants de Nan-
tiliois sur les droits du comte de Grand-Pré à Montfaucon, cité plus haut ; je
restitue par conjecture, entre crochets, les mots effacés dans Toriginal : c Item,
de ce qu'il dit qu'onques l'esvesques de Verdun n'anvoiat gens pour [au s def-
fendre, il ce ment], car en icelui tains que li esvesques [de Verdun] envo[iat
gens] a Montfalcon por deffendre la tour, [li cuens de] Grant-Prey avoit bâtant
a la ville de Mont[falcon, et] prist [dous ho]mes en la tour, la envoiiez de par
re8[vesque de] Verdun, [c'est] a savoir mon signor Jehan Rober et mon 8[ignor ...]
Thouain de Verdun, et les [menât ou chastel de Gr]ant-Prey mes sires Jehans
de Cannon. »
2G
394
li queilz rus de Byenrae départ le royaime de l'Empire. » (§ 4 .) L'ar-
gumenl pèche par la base : la Biesme, affluent de droite de TAisne,
coule du sud-est au nord-ouest, et Beaulieu est situé au sud-est de la
source de ce cours d'eau : il n'est donc ni en deçà ni au delà de la
*
rivière. Un autre argument, qui n'est qu'une présomption et non une
certitude, c'est que Beaulieu était du diocèse de Verdun, de l'ancien
pagus Virdunensis : or, s'il y a eu parfois des diocèses et des po^t
partagés entre la France et l'Allemagne (on peut citer pour exemple
le diocèse de Reims et, à ce qu'il semble, le pagus Dulcomensis ou
Dormois), d'autres fois, plus souvent même sans doute, ce sont les
limites des pagi et des diocèses qui ont servi à former celles des
États % et le Verdunois était certainement compris, au moins en
majeure partie, dans l'Empire. Une autre présomption peut être tirée
d'un arrêt du parlement de France, rendu trente an§ après, en 4348,
qui contredit celui de 4287. En 4287, la cour avait décidé à la fois
que Beaulieu était de Champagne et qu'il était de France. En 4348,
le comte de Champagne ayant réclamé la garde de Beaulieu, comme
d'une abbaye sise en son comté, les religieux soutinrent au con-
traire que leur couvent n'était pas situé en Champagne, mais « ultra
terminos comîtatus Campanie versus Verdunum », et la cour, leur
donnant raison, adjugea la garde au roi^. Comme, en 4287, le roi
de France était en même temps comte de Champagne, tandis qu'en
4348 le roi et le comte étaient deux personnages distincts, les deux
décisions se trouvent chacune avoir été rendue au mieux des intérêts
de la couronne; mais c'est la seule ressemblance qu'on puisse trouver
entre elles. Sur le point de savoir si Beaulieu était ou non du comté
de Champagne, la seconde détruit la première ; et celle-ci n'avait
déclaré que Beaulieu était du royaume qu'en déclarant qu'il était
aussi du comté. Si les juges ont été mal informés sur un point, il est
à craindre qu'ils n'aient pas été mieux informés sur l'autre, et l'on
est tenté de penser qu'en réalité, en 4287, Beaulieu n'était ni du
comté ni du royaume. Mais tout cela reste au fond fort incertain.
Les autres arguments mis en avant pour attribuer Beaulieu à
1. Ainsi, en 1290, dans la Thiérache, le c rieu que on appelle le Robissuel »,
c'est-à-dire le haut cours de la Sambre, séparait à la fois c le royaulme de
France de l'Empire et l'evesquiet de Loon et de Gambray. » (Gartulaire de Guise,
à la Bibl. nat., ras. lat. 17777, f' 235 V ; Mallon, Dictionnaire topographique
du département de l'Aisne, p. 254.)
2. Arrêt du 9 août 1318, après enquête : les Olim, publ. parBeugnot, t. llï,
p. 1304-1305.
395
l'Empire sont des affirmations intéressantes à recueillir, mais que
nous ne pouvons contrôler. Les témoins assurent qu'aucun roi de
France, avant Philippe le Bel, n'avait exercé une autorité quelconque
dans l'abbaye ni sur son territoire (§§ 3, ^5, 2^, 40, 44, 47, 58) ;
que le comte de Bar, auquel appartenait jusque-là (ceci n'est pas
douteux) la garde de Beaulieu, tirait du droit de garde celui de fortifier
l'abbaye^ et de s'en servir comme d'une défense pour repousser les
attaques du côté de la Champagne {§§ < , 3, ^0, ^5, 58, 6^ , 63) ; qu'il
tenait cette garde et ces droits en fief de l'évêque de Verdun, qui lui-
même en tenait la mouvance du roi des Romains (§§ 3, 6-1) ; que
Tabbaye avait dû reconnaître la juridiction du comte de Bar et avait
souvent plaidé devant sa cour à Saint-Mihiel, « qui est bien avant en
l'Empire oltre la Mueze par devers Alemengne » (§§ ^8, 22, 37, 42,
47, 58, 6-1) ; que Beaulieu, comme Montfaucon, n'avait jamais con-
tribué aux décimes perçus sur le clergé de France, mais bien aux
subsides levés sur le clergé de l'Empire^ (§§ ^, 2, >! 0, 47, 48, 58) -, que
les habitants de Beaulieu, comme ceux de Montfaucon, étaient tenus
de contribuer aux dépenses des fortifications et de la garde de Ver-
dun, et avaient le droit de se faire recevoir citoyens de cette ville
1. n ne l'avait fortifiée que de palis ; le roi de France, aussitôt qu'il l'eut
entre ses mains, s'empressa de substituer aux remparts de bois des remparts et
des tours de pierre : c Et dit que celle ecglise de Biaulleu, qui fuit fermée de
pelis par les gens de l'Empire contre ces de Ghampengne, li rois de France, sires
de Ghampengne, fait orendroit fermer de pierre contre ces de l'Empire et fait
ovrer et faire aparel por faire iiij tours. » (§ 15.)
2. Ges subsides sont désignés sous le nom de vingtième, qui ferait croire à
une contribution régulière levée par les Empereurs et rois des Romains sur les
églises de leurs États, à l'exemple des décimes français, et fixée à un vingtième
du revenu. Pourtant, grâce à une obligeante communication de M. le professeur
J. Ficker, d'Innsbruck, transmise par M. le D" Miihlbacher, je suis informé
qu'on ne connaît aucune contribution semblable en Allemagne au xiii' siècle.
Est-ce une erreur de notre texte? Ou faut-il y voir la révélation, unique jusqu'à
ce jour* d'une institution qui n'aurait laissé aucune autre trace? — Qu'est-ce aussi
c[ue cette concession de décime et de vingtième qui fut faite à Gambrai, selon
le § 2 de l'enquête? Notre confrère M. Gerbaux, qui a fait des décimes levés en
France au xiii* siècle l'objet de sa thèse de l'école de^ chartes (encore inéxlite),
n'a connaissance d'aucune concession de décime prononcée à Gambrai. — Enfin,
les témoins de l'enquête admettent, comme un fait certain, que les décimes per-
çus par les rois de France n'étaient levés qu'en territoire français. M. Gerbaux
a bien voulu me fournir la preuve qu'au contraire des décimes ont été plusieurs
fois levés par les rois de France, au xiii*' s., sur des Églises étrangères au
royaume, et en particulier sur celle de Verdun. — Je dois me borner ici à signaler
ces diverses difficultés, en laissant à de plus compétents le soin dé les résoudre.
396
quand ils le voulaient (§ 44)^ enfin, que l'abbé de Beaulieu avait
envoyé un clerc pour le représenter au concile national d'Allemagne
assemblé à Wurtzbourg en 4287 * (§ 56).
Par le traité de 4304, le conate Henri III reconnut au roi le droit
de garde sur l'abbaye de Beaulieu. Mais les controverses sur la situa-
tion de celte abbaye ne furent pas éteintes. Elles ont duré jusqu'aux
tenaps modernes. En 4565, la question de savoir si Beaulieu appar-
tenait au roi de France ou au duc de Lorraine fut encore l'objet d'une
enquête, dont le procès-verbal se trouve à Paris aux archives natio-
nales (J760, nM4).
IV.
LA BIESME.
La preuve, selon plusieurs des témoins, que Beaulieu est de l'Em-
pire, c'est qu'il « siet par desai le ru de Byenme devers Verdun » et
que la Biesme « départ le royalme de l'Empire, et est li royalmes de
France par délai le dit ru de Bienme et li Empires par desai le dit
ru devers Verdun » (§§ 4, 3, 30, 40). La première proposition est
erronée, on l'a déjà remarqué : Beaulieu est au-dessus de la source
de la Biesme et n'est ni en deçà ni au delà de ce cours d'eau. La
seconde paraît exacte. Il y a tout lieu de croire qu'en elTet la Biesme,
ou du moins une partie du cours de cette rivière, formait au xiii* siècle
la limite entre la France, qui en occupait la rive gauche, et l'Empire,
qui en occupait la rive droite, comme elle a depuis formé la limite
entre la Champagne et le Glermontois, comme elle la forme aujour-
d'hui entre le département de la Marne et celui de la Meuse. En tout
cas, il ne faut pas nous plaindre que l'on ait insisté longuement,
dans l'enquête de 4288, sur ce point au fond étranger au débat.
Il y a plusieurs renseignements historiques curieux à tirer des argu-
ments apportés par les témoins à l'appui de leurs assertions.
M. Longnon, dans ses éclaircissements sur la carte de la France
en 4259 qu'il a faite pour le Joinville de M. de Wailly 2, a indiqué
la difficulté qu'on éprouve à marquer, pour le milieu du xin« siècle.
1. Labbe, Sacrosancta Conciliaj XI, 1318.
2. Jean, sire de Joinville, Histoire de saint Louis, etc., par M. Natalis de
Wailly, 2- édition (1874), p. 562.
397
la frontière exacte du royaume du côté de la Champagne ; il s'est
décidé, non sans hésitation, à admettre que l'ancien comté d'Astenois
{pagus Stadunensis) , au diocèse de Ghâlons, faisait tout entier partie
de l'Empire. Cette opinion ne peut plus être admise. Le pays d'As-
tenois, dont M. Longnon a si bien établi la véritable situation,
l'étendue et les limites ^ comprenait le territoire des doyennés ecclé-
siastiques de Sainte-Menehould et de Possesse, sur la rive gauche de
la Biesme, qui lui servait de limite au nord-est. Il était donc au delà
de cette rivière par rapport à Verdun, par conséquent en territoire
français, selon le témoignage de l'enquête de 4288, si favorable
pourtant à l'Empire. Parmi les témoins qui furent entendus dans
cette enquête, et qui tous déposèrent contre la France et en faveur
de l'Empire, beaucoup étaient des vieillards en 4288, c'est-à-dire
déjà des hommes faits en 4259, date à laquelle se place M. Longnon ;
si, dans leur jeunesse, la rive gauche de la Biesme avait appartenu
à l'Empire, ils auraient eu soin de le dire. Ils l'attribuent sans hési-
tation à la France ; c'est une preuve suffisante que ce territoire était
compris dans les limites traditionnelles du royaume ^.
La rive droite, d'autre part, était certainement territoire d'Empire.
C'est le pays connu sous le nom de Clermontois, qui appartenait
encore à l'Empire au xvii® siècle et ne fut cédé à la France que
sous Louis XIIP. Les témoins qui déposèrent à Verdun en 4288
1. Longnon, Éludes sur les pagi de la Gaule, 1" partie, l'Astenois, dans la
Bibliothèque de Vécole des hautes études, V fascicule. M. Longnon a définiti-
vement réfuté l'ancienne opinion, fondée sur une fausse étymologie, qui mettait
Stenay dans TAstenois.
2. Pour attribuer TAstenois à l'Empire, M. Longnon s'appuyait sur un docu-
ment du commencement du xiii*" siècle^ qui dit que le comte de Champagne
tenait de l'Empereur deux des principaux châteaux de ce pays, Daropierre et
Possesse. Mais ces deux châteaux sont dans la partie méridionale de TAstenois,
et c'est la partie septentrionale de ce pays qui était limitée à l'est par la Biesme.
On pourrait donc concilier les deux documents en supposant que l'Astenois,
comme le Dormois, était partagé entre le royaume de France et l'Empire, que la
partie nord (Sainte-Menehould) était du royaume, et la partie sud (Dampierre et
Possesse) de TEmpire. Triaucourt, que M. Longnon [Et. sur les pagi, p. 16)
compte au nombre des localités de l'Astenois méridional (doyenné de Possesse),
devait être de l'Empire, à en juger par un passage de la charte donnée à ce lieu
en 1255 : < Si aliquis burgensis de Truaucourt a dicta villa recesserit et in regno
Francie ... morari voluerit ...» (Lemaire, Rech. hist. sur Vabh, et le comté de
Beaulieu-en-Arg., p. 188.)
3. Liénard, Dict. top. du dép. de la Même ; Bruzen de la Martinière, Grand
Dictionnaire géographique, t. II, p. 419-420. Une des principales villes du Cler-
398
eurent donc raison de dire que la Biesme marquait la limite entre le
royaume de France, d'une part, et le royaume d'Allemagne et le
saint-empire romain, de l'autre.
On ne pouvait traverser la rivière sans passer d'un État dans
l'autre. De là plusieurs conséquences, que les témoins indiquent,
comme autant d'arguments à l'appui de leurs dires.
Par exemple, tout habitant de l'une ou l'autre des deux rives de la
Biesme qui passait la rivière pour aller s'établir de l'autre côté, dans
le pays voisin, était par là même délié de la sujétion à son ancien
seigneur et pouvait se choisir un seigneur nouveau, à songré ^ mais,
par là même aussi, il perdait ses remenances^ c'est-à-dire tous les
biens, meubles ou immeubles, qu'il laissait au lieu d'où il partait :
a Se aucuns homs ou borgois qui estoit demorans desai le ru de
Byeme devers Verdun alat demorer oultre le dit ru en Ghampengne
ou roialme de France, il faisoit signor de cui qu'il voloit, mais cil
qui ensi s'en aloit perdoit moble et heritaige qu'il avoit au leu dont
il estoit partis, et en teil manière at-on usei de ces qui venoient de
par délai le dit ru de Byeme demorer par desai le dit ru de Byeme
devers Verdun, et est por la raison de ce qu'il aloient dou roialme
d'Alemengne et de l'Empire ou roialme de France et en Ghampengne
et dou roialme de France et de Ghampengne ou roialme d'Alemengne
et en l'Empire, en passant le dit ru. » (§ 3, cf. §§ 22, 30, 50, 60, 6^.)
L'existence de cette coutume est confirmée par d'autres textes du
xiii<ï siècle -, elle s'appliquait, du reste, non seulement aux hommes
qui passaient de l'Empire en France, mais aussi à ceux qui, sans
sortir de l'Empire, quittaient le domaine de leur seigneur pour s'éta-
blir dans une cité privilégiée, comme Metz ou Verdun. Ainsi une
charte d'affranchissement donnée aux habitants de Triaucourt^
par l'abbé de Beaulieu-en-Argonne, en 4255, porte « quod, si aliquis
burgensis de Truaucourt a dicta villa recesserit et in regno Francie
vel in partibus Gampanie vel in Metensi sive Virdunensi civitatibus
morari voluerit, tota remanentia sua nostra erit, et quicumque fuerit
abbas Belli Loci de dicta remanentia suam faciet voluntatem ^. » La
même clause se retrouve, mais avec une modification qui en atténue
montois et des premières qu'on rencontre sur la rive droite de la Biesme,
Varennes-en-Argonne, est eipressément marquée in Imperio dans un texte rédigé
en France en 1346 (Varin, Arch. adm. de Reims, I, 1097). Sur Clermont, cf.
ci-dessous, g 21.
1. Meuse, arrondissement de Bar-le-Duc, chef-lieu de canton.
2. Lemaire, Rech. hist. sur Vahb. et le comté de Beaulieu-en'Arg., p. 188.
399
notablement la rigueur, dans la charte de franchise de Varennes-en-
Argonne, donnée par le comte de Bar en 4243 : « ... Seaulcun bour-
geois de Varennes s'en alloit on royaume ou que s'en fust allé a
Metz ou a Verdun, il y convenroit que, dedans Tan et ung jour qu'il
en seroit allé, ait vendu ou donné a bourgeois ou bourgeoise de
la ville sa remenance ... et se il ne l'avoit fait dedans le termine
devant dit elle sera en ma main ^ »
De même, une exécution légale commencée d'un côté de la Biesme
.ne pouvait se continuer de l'autre. Les seigneurs de la rive droite qui
possédaient des bois ou des terres sur la rive gauche ne pouvaient
faire amener chez eux les bêtes ou autres gages que leurs agents au
delà de la frontière saisissaient en punition de quelque délit forestier :
« Et dit que li abbaie de la Ghallaide^ si at bois et altres terre par
délai celui ru de Byeme en parties de Ghampengne et i ont pris sovent
li moinne de la Ghallaide pennies, por meffais que on lor avoit fait,
et amennoient celle pennie aucune fois a la Ghallaide, qui est par
desai le dit ru de Byeme devers Verdun en parties de l'Empire : li
sergent de Ghampengne lor ont tous jours deffendu et deffendent que
il teilz pennies, prises oultre le dit ru de Byeme en Ghampengne, ne
menessent a la Ghallaide ne en altres parties par desai le dit ru de
Bieme devers Verdun, por ce que les parties par desai le dit ru de
Byeme devers Verdun sont de l'Empire. » (§ 40.)
Toutefois, les deux rives de la Biesme n'étaient pas sans relations
judiciaires l'une avec l'autre. Il y avait des plaids où ceux du côté de
France et ceux du côté d'Empire pouvaient vider leurs différends
par-devant la justice. L'enquête de 4 288 nous révèle l'existence de
ces plaids qu'on pourrait appeler internationaux. Ils ne se tenaient ni
en France ni dans l'Empire, car les habitants de chacun des deux
États auraient pu refuser d'aller plaider dans l'autre ; la justice sié-
geait entre les deux rives de la Biesme, sur un pont. « Et at-on tous
jours tenu les plais et les estaus sus le dit ru, au pont c'on dit Ver-
denois, des entreprises qui ont estei faites de ces qui sont par desai
le dit ru, qui sont de l'Empire, et de ces qui sont par délai le dit ru,
qui sont dou roialme de France, si com en leu qu'il at tous jours oï
dire qui départ le royalme de France et l'Empire ...»(§ 4 , cf. §§ 40,
24, 30, 44, 47.) Le pont où se tenaient ces plaids était appelé lepont
1. Calmet, Hist., II, gdlyiii.
2. Lachalade, Meuse, arrondissement de Verdun, canton de Varennes-en-
Àrgonne.
400
Verdunois^ sans doute parce qu'il donnait entrée de l'Aslenois dans
le comté de Verdun ou l'ancien pagus Verdunensis, Il était situé, dit
un témoin, non loin de Lachalade (« au pont Verdenois deleis la
Ghallaide », %2i). L'ancienne voie romaine de Reims à Verdun pas-
sait la Biesme à un kilomètre environ au sud de Lachalade ^ ; elle est
encore visible sur les deux rives, mais elle est maintenant interrom-
pue par le cours de Teau ; on peut supposer que le pont Verdunois
lui servait autrefois de passage et se trouvait à l'intersection de cette
voie et de la Biesme. Cette justice mitoyenne entre deux souveraine-
tés indépendantes est un fait curieux à noter pour l'histoire des ins-
titutions. Il est à regretter qu'aucun des témoins entendus dans l'en-
quête n'ait jugé à propos de dire au nom de quel seigneur ou de
quelle autorité siégeait la cour du pont Verdunois. C'est un point
qu'il est difficile de suppléer par conjecture; il serait encore plus
difficile de comprendre comment les plaids auraient pu être tenus
sans que ce fût au nom d'un seigneur quelconque. Peut-être y
avait-il à ces plaids à la fois des représentants du comte de Cham-
pagne et du comte de Bar, seigneurs immédiats des deux territoires
riverains (§40).
La rive droite de la Biesme dépendant de l'Empire, les ordonnances
législatives des rois de France n'y étaient pas applicables : les témoins
de l'enquête ne manquent pas de marquer expressément ce point
(§§ 3, 45, 22, 44, 50). L'un d'eux donne pour exemple les prohibi-
tions de tournois édictées par divers rois de France : a De tous cou-
mandemens qui sont fait et qu'il at veu faire ou roialme de France
et oï dire que on at fait, il ne furent onques tenu par desai le dit ru
de Byeme devers Verdun ne n'i obeïst-on onques, por ce qu'il sont
et estoient de l'Empire, si comme des deffenses qui ont estei faites
en France des chevaliers qui n'alassent mie as tornois et d'altres
deffenses asseis. » (§ 45.) Des interdictions de ce genre avaient été
prononcées en effet en 4260 et en 4280, comme Ta constaté Du
Gange 2. Un autre témoin reproche à Philippe le Bel d'avoir, sur ce
point comme sur d'autres, excédé les limites de son autorité. Une
ordonnance de Philippe III, du 34 mars 4277, qui nous est parvenue,
avait prohibé l'exportation de diverses marchandises, notamment
des laines, hors du royaume de France ^. Philippe IV, pour mieux
1. Voy. la carte de France du dépôt de la guerre, au 80000% feuille 35.
2. Glossarium med. et inf. latin., éd. Henschel, t. VII, DissertationSj p. 27,
col. 2.
3. Ordonnances des r, de Fr., t. XI, p. 353 : c II a esté ordené et commandé
404
assurer Texécution de cet ordre, envoya ses sergents y tenir la main
jusqu'au delà de la frontière française, et fît saisir en territoire
d'Empire les laines exportées en contrebande : « Et dit que li rois de
France puis dous ans en ensai at envoiei ses gens par desai le dit ru
devers Verdun por sergenter et por faire coumandemens, especial-
ment sergens qu'il at envoiei por deffendre que on ne mengne lainnes
dou roialme en l'Empire, et sont venu icil sergent jusques a Verdun
a trois lewes ^ , a dous, a demi lewe, et pris lainnes et arestees. »
(§ 44.) Il avait même tenté, dit-on, de se faire livrer par les Verdu-
nois un habitant de leur ville, dont il voulait faire justice, comme
d'un de ses sujets : « Et dit que li baillis de Ghaumont, sergens le
roy de France, at estei a Verdun dous fois por faire ses enquestes, et
at mandei li rois de France as citains de Verdun que il délivrassent
j lor citain au bailli de Ghaumont por justicier et porpugnir. » (Ibid.)
Ces affirmations n'ont rien que de conforme à la réputation de Phi-
lippe le Bel, qui a toujours passé pour avoir été un souverain plus
entreprenant que scrupuleux. On reconnaît, au contraire, l'esprit de
modération et de stricte équité de Louis IX dans un trait rapporté
tout au début de l'enquête par le premier témoin entendu : « Et dit
encor que por j fait qui fuit fais saenarrier de son temps, de l^avesque
Guillaume de Mes, li enqueror le roy de France, qui trovarent que .
li feiis avoit estei fais par desai le dit ru de Byeme devers Verdun, le
reportarent au roy de France, por la queil chose li dis rois de France
ne se mellat puis dou fait, por ce que on avoit trovei qu'il avoit estei
fais en l'Empire ... » (§4.) Le prélat dont il s'agit ici, Guillaume de
Trainel, fut évêque de Metz depuis le commencement de Tan 4264
jusqu'en 4269. Le « fait » en question est sans doute quelque épisode
de ses démêlés et de ses guerres avec le comte de Bar et le duc de
Lorraine, qui remplirent la plus grande partie de son épiscopat ^.
La Biesme séparant à la fois deux souverainetés, la France et
l'Empire, et deux grandes seigneuries, le comté de Champagne et
celui de Bar-le-Duc, il n'est pas étonnant que deux coutumes diffé-
rentes fussent en vigueur sur les deux rives. Un témoin signale cette
diversité de coutumes et en donne un exemple frappant tiré du droit
criminel. Du côté allemand, sur la rive droite de la Biesme, l'ancien
pour le commun proufit du royaume de France que l'en ne traie nulles laines
hors d'icelluy royaume, ne blé ne nulle autre manière de grain, ne vin autresit. »
1. C'est-à-dire jusqu'à 3 lieues de Verdun. Ce sens paraît préférable à celui
qu'on obtiendrait en mettant une virgule après Verdun.
2. Gallia christiaiia^ t. XIII, col. 763.
402
usage germanique de la vengeance privée s'était conservé : si un
meurtre était commis, c'était aux parents ou amis de la victime d'en
poursuivre eux-mêmes la vengeance en faisant la guerre au meur-
trier, à leurs risques et périls ; le seigneur justicier laissait faire sans
intervenir, se bornant à imposer au coupable une amende en argent.
Du côté de France au contraire, en Champagne, la coutume avait
fait des progrès et n'en était plus à cette barbarie primitive ; le sei-
gneur justicier devait châtier le coupable, dont les biens et la vie
étaient à sa discrétion, et les particuliers n^avaient à se mêler de
rien : « Et dit encor que par délai le dit ru de Byeme ou roialme de
France la coustume est teile, que cil qui occist home est en la main
le signor, cors et avoirs, et n'en demande-on riens les amis, et par
desai le dit ru de Byeme devers Verdun en l'Empire qui occist home
il est quites au signor parmi certainne soume d'argent et at la werre
as amis. » (§ 45.) Ce double renseignement est à noter pour l'histoire
du droit coutumier ^
La propriété du lit et des eaux de la Biesme était sans doute par-
tagée par moitié entre les deux souverainetés riveraines. Ce partage
entraînait celui du droit de pêche : « Cil de desai le dit ru de Byeme
par devers Verdun peichent ou dit ru de Byeme en la moitiei par
devers aus, por ce qu'il sont de l'Empire, et cil de par délai le dit ru
peichent en l'autre moitiei par devers aus , por ce qu'il sont dou
royalme de France. » (§ 40.) Les ponts aussi appartenaient pour
moitié à la France et pour moitié à l'Empire, et chaque rive respec-
tait les droits de l'autre, assure-t-on, même en temps de guerre :
« Quant werre at estei entre ces de Ghampengne et le conte de
Bar, cil de Ghampengne les pons fais sor le dit ru de Bienme
deffîrent plusors fois la moitiei par devers aus, et l'autre moitiei
par desai devers Verdun lassoient entière, por ce que elle estoit de
l'Empire. » (§ 4.)
1. Sur l'usage de la guerre privée en Verdunois, comparez des lettres du
15 juillet 1269 (cartulaire de Bar, Bibl. nat., ms. lai. 11853, f» 74 v) : t No»
Robers ... evesques de Verdun ... recognissons que de la mort Jaquemet de
Vignuelles ... nos devons faire pais tenir de nos et de nos houmes et des amins
le mort envers mon signor Renaut de Bar et ces homes... » — l\ n'était pas
nécessaire d*ailleurs de sortir de France pour trouver des pays où cet usage
existât et fût autorisé par le droit ; nous voyons dans Beaumanoir, par exemple,
que c coustume suefre les guerres en Biavoisis entre les gentix homes »
(éd. Beugnot, t. II, p. 354). La coutume de Champagne, qui interdit les guerres
privées, marque donc un progrès exceptionnel sur les mœurs de Tépoque.
403
V.
LE TEXTE DE l'ENQUÊTE.
Le texte de l'enquête de 4 288 nous a été conservé de deux façons,
par le document original et par une copie du xv« siècle. Celle-ci est
utile pour combler quelques lacunes que l'original présente aujour-
d'hui.
La copie, que j'ai seul connue d'abord et d'après laquelle j'avais
songé à publier le document à défaut de l'original, se trouve au
tome II du grand cartulaire de Bar sur papier conservé aujourd'hui
à la Bibliothèque nationale (collection de Lorraine, vol. 749, f** 22
à 27). Elle a été faite avec peu de soin et n'aurait fourni à elle seule
qu'un assez mauvais texte. J'ai dû la connaissance de l'original à
M. H. Lepage, archiviste du département de Meurthe-et-Moselle, qui
a mis la plus grande obligeance à le rechercher pour moi, à m'en
faire connaître la découverte et ensuite à me le communiquer pen-
dant un court séjour à Nancy.
Le document est coté : a Layette Bar mouvant, n** 45. » Il se
compose de neuf feuilles de parchemin. Les six premières sont de
grande dimension et toutes d'une main ; les trois dernières sont beau-
coup plus petites et d'une main différente. Celui qui a écrit les six
premières feuilles a mis en tête de chacune, en guise de pagination,
une des lettres majuscules A, B, C, D, E, F, et en tête de la pre-
mière des petites feuilles la lettre minuscule a. Au milieu de la feuille F ,
on remarque un blanc dans lequel ont été écrits les mots : Usque hue;
le point où le texte reprend, après ce blanc, est marqué d'un petit b.
Gela paraît signifier que le texte des trois petites feuilles a doit s'in-
tercaler au point où s'interrompt celui de la feuille F, aux mots
Usque hue, et avant la partie marquée h, qui forme la fin de la
pièce; en effet, la formule finale et la date se trouvent à la fin de
cette dernière partie, au bas de F. C'est l'ordre qui a été suivi ci-
dessous dans l'impression du documenta
Les neuf feuilles sont liées ensemble du bas par trois doubles
1 . Le texte des trois petites feuilles a forme ci-après les g§ 62 à 66, et celui
de la partie h de la feuille F le § 67. Le copiste du cartulaire de Bar a copié
les feuilles dans l'ordre où elles se présentent, sans tenir compte des lettres de
renvoi ; il en résulte que dans sa copie la date se trouve au milieu du texte.
404
queues de parchemin, qui portent les sceaux, assez mal conservés,
des trois commissaires royaux. Le premier de ces sceaux est de cire
verte, de forme ovate -, on voit dans le champ deux oiseaux et une
fleur, et autour du champ la légende : S. ANSELMIDEP....GIACAN
LEODIEN.. [Sigillum Anselmi de P[orro]gia, canonici Leodiensis).
Le second sceau, triangulaire, de cire brune, porte un écu coupé,
dans lequel on distingue (au 4) un mont, en allemand Berg^ armes
parlantes d'Eberhard de Landsberg; il ne reste de la légende que
les lettres ...HARDL..LÂDBERG... ([Sigillum Eber]hardi [de]
LandberCj [militis?]). Enfin le troisième sceau est rond, de cire
brune -, on y voit un écu couché, à une fasce, surmonté d'un cimier
indistinct et de deux coquilles, et on lit autour du sceau : ...HAR
DE..AGENHVS... ([Sigillum] Har[tmanni] de [R]acenhus[en]).
Il y a, d'un bout à l'autre de la pièce, d'assez nombreuses correc-
tions, surtout des additions entre les lignes, parfois des ratures.
Quelques passages, altérés par l'humidité, sont devenus illisibles.
C'est pour combler ces lacunes, d'ailleurs peu nombreuses et tou-
jours très courtes, qu'il a fallu recourir à la copie du cartulaire de
Bar. Les passages publiés d'après cette copie sont imprimés entre
crochets.
L'enquête est divisée en paragraphes dans l'original même. Cette
division a été conservée ; un numéro d'ordre a été ajouté, entre cro-
chets, en tête de chaque paragraphe.
Pour conserver au document sa valeur comme texte de langue,
il a paru nécessaire de distinguer par un signe matériel ce qui,
dans l'original, se trouvait écrit en toutes lettres, et ce qui n'y
était représenté qu'implicitement, à l'aide des signes d'abréviation
usités au moyen âge. L'exemple de cette précaution indispensable
a été donné par M. N. de Wailly dans sa Notice sur les actes en
langue vulgaire du Xllb s, contenus dans la collection de Lorraine^ \
il a été imité peu après par le ministère de l'intérieur, dans la pu-
blication du Musée des archives départementales. Le texte suivant
est établi selon le même procédé que ceux qui ont été donnés dans
ces deux recueils * toutes les lettres, syllabes ou parties de mots qui
ne sont indiquées dans le manuscrit que par une abréviation ont été
imprimées en italiques. Il n'a été fait exception à cette règle que
pour les passages tirés de la copie du cartulaire de Bar, où l'ortho-
1 , Notices et Extraits des manuscrits^ t. XXVIII, 2" partie, 1878.
405
graphe a toujours été profondément altérée par le copiste, et pour
le texte latin inséré au § 67.
Julien Ha VET.
A très noble prince no^^re très chier signor R. , par la grâce de
Deu, roy des Romains, Ancelz de Porroie, chenoinnes [de l'Ec-
cleise de Liège], Evrars de Landisperc et Hertemans de Lante-
cenchoze, chevalier, ses clers et sui feable, révérence et honor.
[Sire, comme nous eussienjs [de] yos commandement et receues
sor ce vos lettres, des queilz li ténors si est telle : « Rudolphus,
etc. » ; item : « Rudolphu[s, etc.* » ; savoir iaiso]ns a V[ostre]
Hautesse que nos, en Tan de grâce mil ij^ iiij^x et oyt, le venredi
devant Penthecoste*, en proppre persone veinimes a la citei de
Verdun, qui est de v[ostre reaulme, por £ai]re et [por acomplir]
ce dont chergiei nos aviez selonc la fourme et la tenour des lettres
desor dite[s, et oïmes lai dilige]m<?nt les [tesmoingnaigesj dont li
nom et les dépositions sont ci desoz contenues, li queil, jurei et
diligem[ent examinei, destrent par] lor [sairement] en la manière
ci-apres dite.
[1] Premiers, frères Jehans de Deu-en-Savengne 3, pr[estes
de Tordre dou Vaul]-des-[E]sco[liers, anciens] prodom de Teage
de Ix ans, qui at demorei ou pais xl ans ou plus, ens[i comme
il le dit, dit] par son sarement, sor ce requis, que li roys de
France par ses sergens entre et at entr[ei de novel en Tem-
pir]e d'Alemengne en plusors leus, ensi com il Tat veu et oï
dire. Requis ou sont li leu ou [il ait entrei et entre e]nsi
com il at desu dit, il dit : A Montfalcon. Requis comment il le
savoit, il dit qu'il [ait veu que li roi d]e France n'avoient ne
signorie ne jostice a Montfalcon, et puis at-il veu que [li rois i
emvoieait un suen prevo]st por lai jostitier, li queilz prevos avoit
a nom Martin. Et dit encor que bi[en appert que li dicte] ville de
Montfalcon soit de l'Empire, quar, toutes les fois que on at don-
nei disime ou [reaulme de] France, cil de Montfalcon n'en ont
point paiei, por ce que il n'estoient mie ne sont dou dit royal[me
1. L'une des deux lettres ici indiquées est sans doute la commission en date
du 29 avril 1288, rapportée ci-dessus, § 1. Je ne sais ce que pouvait être Pautre.
2. Le 14 mai 1288.
3. Prieuré de l'ordre du Val-des-ÉcoIiers, aujourd'hui Dieu- s'en-Sou vienne,
ferme, Meuse, arr. Bar-le-Duc, cant. Vaubecourt, comm. Louppy-le-Château«
406
de France] ; et, quant on ai donnei vintimie en l'Empire, dl de
Montfalcon Font paiei, por la raison de ce qu'il estoient et sont
de TEmpire ; et si at oï dire plusors fois que, quant on at cessei
de faire le devin ofice ou roialme de France por aucuns me&is,
({ue on ne cessoit mie en Teoglise de Mont&lcon, por ce qu'il
estoient et sont de l'Empire. Et dit encor par son sarement que
li dis rois de France at entrei et entre de noveil a Biaulleu, qui
est de l'aveschiei de Verdun, et en la terre de BiauUeu, qui sont
de l'Empire, et dit qu'il le seit par les raisons desor dites. Et dit
encor que bien apert que Beilleus est de l'Empire, quar elle siet
par desai le rui de Byenme devers Verdun, li queilz rus de
Byenme départ le royalme de l'Empire, et est li royalmes de
France par délai le dit ru de Bienme et li Empires par desai le
dit ru devers Verdun, et ensi l'at-il tous jours oï dire ; et atr-on
tous jours tenu les plais et les estaus sus le dit ru, au pont c*on
dit Verdenois, des entreprises qui ont estei faites de ces qui sont
par desai le dit ru, qui sont de l'Empire, et de ces qui sont par
délai le dit ru, qui sont dou roialme de France, si com en leu
qu'il at tous jours oï dire qui départ le royalme de France et l'Em-
pire, en la manière desor dite. Et dit encor que Beilleus est de
l'aveschiei de Verdun, et suelt-on dire coumunement que ce est la
chambre Tavesque de Verdun, et li evesque de Verdun ont tous
jours repris et doient repenre toute lor temporalitei douroy d'Ale-
mengne ou de TEmperour, li queilz temporaliteis de l'esveschiei de
Verdun dure jusques a celui ru que on apelle Bienme, ensi com
ilTat tous jours oï dire. Et dit encor que li cuens de Bar, en
wardant et en deffendant l'aveschiei de Verdun et la temporali-
tei de l'aveschiei, at de son temps fermeie l'ecglise de Beilleu
contre ces de Champenpne, et defifermei quant il li plout, et
pluso[rs {suppléer Ms) tenu] leans ses warnisons contre ces de
Champ^npn^. Et dit que plusors fois les at-il defifendu en marche
contre ces [de Champegne], ensi com il l'at oï dire. Et dit encor
que por j fait qui fuit fais saenarrier de son temps, de ra[vesque]
Guillaume de Mes, li enqueror le roy de France, qui trovarent
que li fais avoit êstei fais par desai le dit ru de Byeme devers
Verdun, le reportarent au roy de France, por la queil diose li
dis rois de France ne se mellat puis dou feit, por ce que on avoit
trovei qu'il avoit estei fais en l'Empire, ensi com il Tat oï dire.
Et dit encor que, quant werre at estei entre ces de Champen^rne
et le conte de Bar, cil de Ghampenpwe les pons fais sor le dit ru
407
de Bienme deflSrent plusors fois la moitiei par devers aus, et
l'autre moitiei par desai devers Verdun lassoient entière, por
ce qwe elle estoit de l'Empire. Et dit encor qwe, jai soit ce c{ue
la (Ûte ecglise de Beilleu et la terre de Beilleu qui est desai le dit
ru de Bienme devers Verdun soient de l'Empire, li rois de France
de novel at mis son sergent en Tecglise de Beilleu, qui justice et
fait coumandemews en la dite ecglise de Beilleu et en la terre par
desai le dit ru de Bienme, qui est de l'Empire. Et dit par son
saremewt que de toutes les choses desor dites est-il cowmune
renoumee et coumxxne voix en celles parties et en leus prochiens,
et que ce qu'il en at dit se n'est ne por amor ne por hayne ne
por profit qu'il ne altres en atende, mais que por loialtei et
veritei.
[2] Mes sires Wautiers de Fou S prestez, del'eage de Iviij ans,
si com il dit, chapellain^ l'avesque de Toul et chapellains de
Hams ^, dit par son sarement ce que frères Jehans, iQsmognaiges
desor noumeis, dit. Et dit encor qu'il fuit a Kambrai, ou li disi-
mes fuit mis en tout le royalme de France et li vintimes en l'Em-
pire : cil de Beilleu e^ cil de Montfalcon ne paarent que le vintime,
por ce qu'il estoient et sont de l'Empire.
[3] Mes sires Eudes, chei;ah*ers, de l'eage de Ixx ans, sires de
Sorcey^ en partie, ie^mognaiges jureis et requis se li rois de
France et ses gens entrent et sont entrei en parties dou roialme
d'Alemengne et en l'Empire, dit par son sairement : Oïl ; requis
en queilz parties, dit : A Montfalcon et en parties de Montfal-
con ; et dit qu'il vit que li roy de France, par ealz ne par altres
en lor nom, ne justisoiet au dit leu de Montfalcon ne as parties
par desai entre Montfalcon et Verdun, ne riens n'i a voient qu'il
eust oï dire ne veu, ains vit que Monffalcons estoit justicie par
celz de l'Empire, fors puis la compaingnie que li rois de France
et li chenoinne de Montfalcon firent ensemble, la queilz com-
paingnie par droit en debatant est alee a niant en la court le roy
de France. Requis se en altres parties il est entreis ne entre, dit
que oïl. Requis en queilz parties, dit que en labbaie de Beilleu,
en la terre et ens appendises par desai le ru de Byeme devers
Verdun. Requis coument il le seit qwe la dite abbaie de Beilleu,
1. Foug, Meurthe-et-Moselle, arr. Toul, cant. Toul-Nord.
2. Hans, Marne, arr. et cant. Sainte-Menehould ?
3. Sorcy, Meuse, arr. Commercy, cant. Void.
408
li terre et les appendises desor dites soient dou roialme d'Ale-
mengne et de rËmpire, dit, par ce que li dis rus de Byeme départ
le roialme de France et le roialme d'Alemengne et TEmpire, ensi
com li dis rus se porte, et est li roialmes d'Alemengne et l'Em-
pires par desai le dit ru de Byeme devers Verdun, ^^ li roialmes
de France par délai le dit ru ; ensi Tat-il tous jours oï dire et
apris de ses devantriens. Et dit encor qu'il at veu user de son
temps et at oï dire de ses devantriens que, se aucuns homs ou
borgois qui estoit demorans desai le ru de Byeme devers Verdun
alat demorer oultre le dit ru en Champenpne ou roialme de
France, il faisoit signor de cui qu'il voloit, mais cil qui ensi s'en
aloit pe/'doit moble et heritaige qu'il avoit au leu dont il estoit
partis ; et en teil manière at-on usei de ces qui vendent de par
délai le dit ru de Byeme demorer par desai le dit ru de Byeme
devers Verdun ; et est por la raison de ce qu'il aloient dou
roialme d'Alemengne et de l'Empire ou roialme de France et en
Champewpne et dou roialme de France et de Ch^mçengne ou
roialme d'Alemengne et en l'Empire, en passant le dit ru. Et dit
que ces choses sont notoires en parties desor dites, et eoumune
renoumee en est. Et dit encor par son sarement que l[i] d[ict]e
abbaie de Beilleu siet par desai le dit ru de Byeime devers Verdun,
et qu'il l'at veu, de tant de temps com sovenir li puet, le conte de
Bar defifendre contre ces de Champenpne et fermer contre ces de
Chdim^engneet defifendre coumewardains, e^ ce tient-il del'avesque
de Verdun, et l'avesque de Verdun dou roy d'Alemengne. Requis
coument il le seit, dit, par ce que li evesque de Verdun prennent
lor regale dou roy d'Alemengne, et ensi l'at-il tous jours oï dire,
et coumune renoumee en est en parties desor dites. Et dit encor
par son sarement que il ne vit ne oit dire de tout son temps que
cil de Champenpne ne li rois de France justissassent ne feissent
sergenteir a Biaulleu ne as villes ne as appendises de la dite
abbaie qui sont desai le dit ru de Byeme devers Verdun, fors que
puis trois ans en ensai, que li rois de France at mis sa main et
ses wardes a la dite abbaie de Beilleu par sa volentei et encor
les i tient. Et dit encor par son sarement que se li rois de France
faisoit aucun cot^mandement en roialme de France, cil qui demo-
roient par desai le dit ru de Byeme devers Verdun n'obeïrent
onques as dis couraandemens, ne requis ne contraint n'en furent
ne mis a raison, ains ont fait le contraire, sens débat, et Mi
contre les dis coumandeme??s, por raison de ce qu'il se tenoient
409
et tiennent dou roialme et de l'empire d' Alemengne et tous jours
s'en sont tenu. Et dit par son sare[ment que] de toutes les choses
desor dites est-il coumune renoumee et coumunne voix en celles
parties et en leus proch[iens, et que ce qu'il en ait] dit se n'est
ne por amor ne por hayne ne por profist qu'il ne altres en attende,
mais que por loialtei et veritei.
[4] Mes sires Phelippes, chevaliers, de l'eage de 1 ans, sires de
Sorcei en partie, tesmognaiges jureiz et requis sor les choses
desor [dictes, dit par] son sarement ce meemeque mes sives Eudes
desor dis at dit, et concordat a lui dou tout.
[5] Mes sires Giles de Lomchamp S chevaliers, de l'eage de
Iv ans, iesmogriaiges jureiz et requis sor les choses desor dites,
dit par son sarement ce meeme que mes sires Eudes de Sorcei
desor dis at dit, et concordat a lui dou tout.
[6] Mes sires Hues Boudes, chevaliers, de l'eaige de 1 ans,
iesmognaiges jurez et requis sor les choses desor dites, dit par
son sarement ce meime que mes sires Eudes de Sorcei desor dis
at dit, et concordat a lui dou tout.
[7] Mes sires Jehans de Mereival *, chevaliers, de l'eage de
Ix ans, tesmognaipe^ jureis et re[quis sur les] choses desor dites,
dit par son sarement ce meimes que mes sires Eudes de Sorcei
desor dis at dit, et concordat dou tout a l[ui].
[8] Mes sires Jaiques, sires de Rampont^, chevaliers, de l'eage
de Ix ans, iesmognaiges jureis et [requis*so]r les choses desor
dites, dit par son sarement ce meimes que mes sires Eudes de
Sorcei desor dis at dit, et concordat dou tout a lui.
[9] Mes sires Thierris, chevaliers, sires de Nueville^, tesmo-
gnaiges jureis et requis sor les choses desor dites, dit par son
sarement ce meimes que mes sires Eudes de Sorcei desor dis at
dit, et concordat dou tout a lui.
[10] Frères Rogiers, abbes de la Chaillaide^, de l'ordre de
Citialz, prestes, de l'eage de Ixv ans, iesmognaiges jureis,
1. Longcharops, arr. Commercy, cant. Pierrefitte.
2. Merauvaux, arr. Verdun, cant. Fresnes-en-Woëvre, comm. Villers-sous-
Bonchamp ?
3. Rampont, arr. Verdun, cant. Souilly.
4. Neuyilie-en- Verdunois , arr. Gommercy, cant. Pierrefitte; Neuville-sur-
Ornain, arr. Bar-le-Duc, cant. Revigny ; ou Neuville, arr. Verdun, tant. Charny,
comm. Champneuville ?
5. Lacbalade, arr. Verdun, cant. Varennes-en-Argonne.
27
440
requis par son sarem^nt se li rois de France et sui sergent entrent
ne sont entrei de noveil en Tempire d*Alemengne, dit par son
sarement : OH. Beqt^is en queilz parties de TEmpire, il dit : A
Montfalcon. Requis coument il seit que Montfalcons soit de l'Em-
pire, il dit qu^, ansois ({ue li cbapistres de Montfalcon feist corn-
paingnie au voy de France, li rois de France n'avoit riens a
Montfelcon, ne n'i avoit sergentei ne justiciei par lui ne par
aultrui. Et dit par son sarement, dou disime qui at estei paies ou
roialme de France et dou vintinme qui at estei paies en l'Empire,
c'est asavoir a Beilleu et a Montfalcon, qui ont paiei le vintinme,
por la raison de ce qu'il estoient et sont de l'Empire, ce que frères
Jehans de Deu-en-Sovengne, premiers tesmognatpe^, en at dit ;
et dit que ensi l'at-il oï dire. Requis se li rois de France entre
en l'Empire en altres parties que a Montfalcon, il dit : Oïl, a
Biaulleu-en-Argonne. Requis comment il seit que Biaulleus soit
de l'Empire, il dit , par ce que Biaulleus siet par desai le ru de
Bjeme devers Verdun, li queilz rus départ le roialme de l'Em-
pire ; et en dit ce que frères Jehans, premiers tesmognaipe^, en
at dit, fors que tant que li estaul qui ont estei tenu sor celui ru
ont estei tenu entre ces de la contei de Bar et ces de la contei de
Champenpne, la queilz conteis de Bar, en tant com elle est par
desai le dit ru de Bieme, est de l'Empire : et ensi l'at-il tous jours
oï dire. De toutes altres choses s'acorde-il a frère Jehan , pre-
mier tes[moingnaige dessus dit]. Et dit que quant li cuens de
Bar fermât la dite ecglise de Beilleu contre ces de Champenpne,
ensi comme il l'at oï [dire, ce fut por] defifendre sa terre, qu'il
tient de Tavesque de Verdun, qui siet par desai le dit ru devers
Verdun. Dou [fait de l'evesque] Guillaume de Mes ne seit-il riens.
Et dit que li abbaie de la Challaide si at bois et altres terre par
délai celui ru de Byeme en parties de Ghampenpne et i ont pris
sovent li moiwne de la Challaide pennies, por meffais que on lor
avoit fait, et amennoient celle pennie aucune fois a la Challaide,
qui est par desai le dit ru de Byeme devers Verdun en parties
de TEmpire : li sergent de Champenpne lor ont tous jours deffendu
et deflfendent que il teUz pennies, prises oultre le dit ru de Byeme
en Champenpwe, ne menessent a la Challaide ne en altres par-
ties par desai le dit ru de Bieme devers Verdun, por ce que les
parties par desai le dit ru de Byeme devers Verdun sont de
l'Empire. Et dit par son sarement que de toutes les choses desor
dites est-il coumune renoumee et coumune voix en celles par-
AU
ties et en leus prochiens, et que ce qu'il en at dit se n'est ne por
amor ne por hayne ne por proflst qu'il ne altres en attende, maïs
que por loialtei et v^ritei.
[11] Dans Jaiques, prestes, de Teage de 1 ans, de celle meime
abbaie, tesmognaiges jureis, requis par son sarement, s'acorde
en toutes choses a frère Rogier, son abbei, desor dit.
[12] Dans Martins, prestez, de l'eage de xlv ans, de celle
meime abbaie, iesmognaiges jureis, requis par son sarement,
s'acorde en totes choses a frère Rogier, son abbei, desor dit.
[13] Dans Jehans de Roie, prestez, do l'eage de 1y ans, de celle
meimes abbaie, iesmognaiges jureiz, requis par son saremewt,
s'acorde en toutes choses a frère Rogier, son abbei, desor dit.
[14] Dans Esteves de Bar, prestes, de l'eage delxans, de celle
meimes abbaie, tesmognaipe^ jureis, requis par son sarement,
s'acorde en toutes choses a frère Rogier, son abbei, desor dit.
[15] Miles, escuiers, voez de Menoncort* en la terre de
Biaulleu et homs l'abbei de Beilleu, iesmognaiges jurez, requis
par son sarement se li rois de France par lui ne par ses gens
entre ne at entrei en l'Empire, dit : Oïl. Requis coument il le
seit, il dit qu'il ne vit onques ne oït dire que rois de France
entrast ne envoiat por sergenter par desai le ru de Byeime devers
Verdun, fors puis dous ans en ensai, que li rois de France at
envoiei ses gens en l'abbaie de Biaulleu et en la terre de BiauUeu
qui est desai le dit ru de Bieme devers Verdun , qui justicent en
la dite abbaie et en la dite terre et font cowmandemews. Et dit
qu'il at veu sovent defifendre de par le conte de Bar la dite abbaie
de Biaulleu et la terre qui est par desai le dit ru devers Verdun
encontre ces de Ghampenpne, et dit qu'il vit le dit conte de Bar
fermer Biaulleu contre ces de Champenpne et tenir ses gens
leans en deffendant la dite abbaie de Biaulleu contre ces de Cham-
penpne. Et dit que celle ecglise de Biaulleu, qui fuit fermée de
pelis par les gens de l'Empire contre ces de Champenpne, h rois
de France, sire^ de Champenpne, fait orendroit fermer de pierre
contre ces de l'Empire et fait ovrer et faire aparel poï* faire iiij
tours. Et dit encor que par délai le dit ru de Byeme ou roialme
de France la coustume est telle, que cil qui occist home est en la
main le signor, cors et avoirs, et n'en demande-on riens les
amis, et par desai le dit ru de Byeme devers Verdun en l'Em-
1. Menon'^ourt, arr. Bar-le-Duc, cant. et comm. Triaucourt.
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pire qui occist home il est quites au signor parmi certaimie
soume d'argent et at la werre as amis. Et dit que, de tous cou-
mandem^ns qui sont fait et qu'il at veu faire ou roialme de France
et oï dire que on at fait, il ne furent onques tenu par* desai le dit
ru de Byeme devers Verdun ne n'i obeïst-on onques, por ce
qu'il sont et estoient de l'Empire, si comme des deffenses qui ont
estei faites en France des chevaliers qui n'alassent mie as tor-
nois et d'altres deffenses asseis. JSt dit encor que cil dou roialme
par délai Bieme ne soffrirent onques ne volrent soffrir que gaige
qui fuissent pris ou roialme de France par délai le dit ru de
Byeme fuissent aportei par desai le dit ru devers Verdun en
l'Empire ; et autreteil, des waiges qui ont estei pris par desai le
dit ru devers Verdun, on n'at mie soffert qu'il aient estei portei
par délai le dit ru ou roialme de France. De ces qui perdent lor
remenances en passant le dit ru por ce qu'il vont de l'Empire ou
roialme de France et dou roialme de France en l'Empire, dit-il ce
que mes sires Eudes de Sorcei, chevaliers^ tesmognaiges desor
dis, en at dit. Et dit par son sarement que de toutes les choses
desor dites est-il cowmune renoumee en icelles parties, et ce
qu'il en at dit il at dit il l'at dit {sic) por pure veritei tant sole-
ment
[161 Estevenins, sires de CoMmenieresS escuiers, tesmo-
gnaiges jureiSj requis par son sarement, s'acorde en toutes
choses a Milet, voey de Menoncort, tesmognat^rg desor dit.
[17] Hussons, sires de Marre*, escuiers, tesmognat^e^ jur^'^,
requis par son sarement, s'acorde en toutes choses a Milet, voey
de Menoncort, tesmognai^^e desor dit.
[18] Symonnins de Mogneiville^ escuiers, tesmognati/^f
jureis, requis par son sarement, s'acorde en toutes choses a
[Milet, voey de Menoncourtj, iesmognaige desor dit ; et dit, plus,
que il at plusors fois veu l'abbei de Biaulleu ajomer aTinstanoes
de div^'ses gen[s ad essises a] Saint-Mihie/ *, qui est molt avant
en l'Empire, de far le conte de Bar, et pladoier devant le dit
conte.
[19] Jacoumins d' Avoucourt ^, escuiers, tesmognat^e^ jureis,
1. Cornières, arr. Verdun, cant. Chamy.
2. Marre, arr. Venlnn, cant. Chamj.
3. MognéTîUe, arr. Bar-le-Duc, canL ReTignj..
A. Saint-Mibiel. arr. Commercy, ch.-l. de canton.
5. ATocourt, arr. Verdun, cant. Varennes>en-Ar;gonne.
443
requis par son sarement, s'acorde en toutes choses a Milet, voe[y
de Menoncourt], et a Symonnin de Mogneiville, tesmognaiges
desor dis.
[20] Jacowmès, fik TErmite, de Sathenay S escuiers , tesmo-
gnaiges, requis par son sarement, s'acorde en toutes choses a
Milet, voei de Menoncort, et a Symonnin de Mogneiville, tes-
mognaiges desor dis.
[21] Frères Herbers, abbes de Saint-Poul de Verdun, prestes,
de Tordre de Preimoust[re]i, de Teage de 1 ans , tesmognaiges
jureis, requis par son sarement, dit qu'il croit que li roys Phe-
lipes, peires a cestu roy de France, fuit li premiers rois
de France qui se entremit de garder generalment et espe-
cialment la terre de Tabbaie d[e Montfaulcon*], se il ne fuit
Impereires et roys de France. Item, que ce que li cuens
de Bar tient a la dite abbaie de Montfalcon, [il le d]oit
[t]enir en fiez et en homaige de Tavesque de Verdun, et Cler-
mont * et la chastellerie ausi, et li evesques de Verdun les [d]oi[t]
tenir en fiei et en homaige dou roy d' Alemengne et de TEmperour .
Item dit que U prevos de Monfalcon doit tenir ses temporaliteis
de Taveschiei de Verdun et li at veu faire homaige a Tevesque ou
au chapistre de Verdun, et l'avesque requerre a lui que il denou-
mast son fiei, et il dit qu'il en tenoit la tour de Montfalcon ; requis
se il en tenoit plus, il dit qu'il s'en aviserat. Item dit que li droit
estaul entre l'avesque de Verdun et le conte de Champengrne,
entre la citei de Verdun et le dit conte de Champew^rne, entre la
chastellerie de Clermont et le dit conte de Champengrne, sont au
pont Verdenois deleis la Challaide. Item dit que li roys de France
qui maintenant est est li premiers roys de France qui se soit en-
tremis de garder generalment ne especialment Tabbaie de Biaul-
leu-en-Argonne. Item dit que li peires cestui roy et cist roys de
France sont li premier roy de France qui se sont entremis de
faire sergenter en la terre de l'abbaie de Montfalcon ne en la terre
de l'abbaie de Biaulleu ne en la terre de l'aveschiei de Verdun,
se il ne furent roy de France et Imperor. Item dit que li evesques
de Verdun doit tenir en fiei et en homaige dou roy d'Alemengne
et de l'Emperor la citei de Verdun et la terre de l'aveschiei de
1. Stenay, arr. Montmédy, ch.-l. de canton.
1. Le cartulaire de Bar porte : la terre de Belleu de Montfaulcon.
3. Clermont-en-Argonne, arr. Verdun, ch.-l. de canton.
4M
Verdun, et at veu que la justice temporelz ne li flei de raveschiei
de Verdun ne les clers * de la dite citey ne ont estei delivrei as
evesques qui ont estei de son temps, c'est-à-dire a trois evesques
trespasseis ', tant qu'il horent moustrei au chapistre de Verdun
^^ a la citei les lettres dou roy d' Alemengne de lor r^ales. Et ces
choses desor dites ne dit-il ({U£ por loialtei et vmtei.
[22] Mes sires Jehans de Ronne ^, chevaliers, tesmognatpe^
jureis, requis par son sarement, dit ce que mes sires Eudes de
Sorcei, cheî;alters, tesmognai^^e^ devant noumeis, at dit, et
s'acorde dou tout a lui. Et dit encor qu'il at veu plusors fois
l'abbei de Biaulleu ajor[ner de par le] conte de Bar a Saint-
Wihiel as assises a requeste de partie, li queilz ville de Saint-
Wîhiel est molt avant en l'Empire, et [les ait veu] et 6i pladoier
devant le dit conte et en sa cort et oï jugement por lui et contre
lui. Dou r[u de Bienme qui] départ leroialme de France de l'Em-
pire, des remenances que cil qui ont passei le dit ru on per[dues
p]or ce qu'il aloient dou roialme de France en l'Empire et de
l'Empire ou roialme de France, des coumandemens qui ont estei
feit ou roialme de France qui ne furent onques tenu par desai le
dit ru de Byeme devers Verdun por ce qu'il sont de l'Empire, et
des sergens le roy de France qui de novel sont venu par desai le
dit ru de Byeme devers Verdun por jostitiere^ por faire couman-
demens, dit-il tout ce que mes sire^ Eudes de Sorcei, chevaliers,
desor dis, ait dit. Et dit par son sarement qwe tout ce at-il veu
et que de tout ce est-il cowmune renoumee, et que les choses
desor dites il ne dit ne por amor ne por hayne ne por profist qu'il
ne altres en atende, mais que por loialtei et veritei.
[23] Baldoins de Noiers^, escuiers, tesmognaf^^e^ jureis,
requis par son sarement, s'acorde en toutes choses a mon signer
Jehan de Bonne, cheî^ak'er, tesmognafg^e desor dit.
[24] Hues de Noiers, escuiers, tesmognafgre^ jureis, requis par
son sarement, s'acorde en toutes choses a mon signer Jehan de
Bonne, cheî^ak'er, iesmognaige desor dit.
[25] Willaumes de Beilrain ^, escuiers, tesmognat^^e^ jureis,
1 . Les clefs.
2. Ulric de Saraay, 1271-1273; Gérard de Grandson, 1275-1278; Henri III de
Grandson, 1278-1286.
3. Rosnes, arr. Bar-le-Duc, cant. Vavincourt.
4. Noyers, arr. Bar-le-Duc, cant. Vaubecourl.
5. Belrain, arr. Gommercy, cant. Pierrefilte.
4^5
requis par son sarement, s*acorde en toutes choses a mon signor
Jehan de Bonne, chevalier, iesmognaige desor dit.
[26] Savaris de Beilrain, escuiers, tesmognaf^^e^jureis, requis
par son sarement, s'acorde en toutes choses a mon signor Jehan
de Ronne, ch^ali^r, tesmognaig^^ desor dit.
[27] Mes sires Gerars, chevaliers, sires de LouppeiS tesmo-
gnaiges jureis, requis par son sarem^nt, s'acorde en toutes
choses a mon signor Jehan de Ronne, chevalier, iesmognaige
desor dit.
[28] Mes sires Reniers, chevaliers, sires de Crewe*, tesmo-
gnaiges jureis, requis par son sarem^nt, s'acorde en toutes
choses a mon signor Jehan de Ronne, chevalier, iesmognaige
desor dit.
[29] Mes sires Phelippes, chastellains de Bar, chevalier, tes-
mognaiges jureis, requis par son sarement, s'acorde en toutes
choses a ce que mes sires Eudes de Sorcei, chevaliers, tesmo-
gnaiges desor dit, a dit.
[30] Mes sires Orris de Champion ^, ch^i;ah*^rs, iesmognaiges
jureis, requis par son sarement, s'acorde en toutes choses a
mon signor Jehan de Ronne, chevalier, iesmognaige desor dit.
Et dit encor qu'il at estei presens plusors fois sus le ru de Byeme
as estaus ou par jugement cil qui avoient passei le dit ru de
Bieme ont perdu lor remenances, por ce que li dis rus départ le
royalme de France de l'Empire , et en passant celui ru il aloient
dou roialme de France en l'Empire et de l'Empire ou roialme de
France.
[31] Mes sires Ralz de Hannonville^, chevaliers, de Teage de
Ixx ans, iesmognaiges jureis, requis par son sarement, s'acorde
en toutes choses a mon signor Orri de Champion, chevalier, ies-
mognaige desor dit. Et dit encor par son sarement que onques
ce ne fuit fait, que il sache ne il l'oïst dire, que li rois de France
passassent le dit ru de Byeme en justisant ne que il feissent ser-
genter ne justicier, fors que de novel : et ce que li dis rois de
France en fait et fait feire, il le fait par sa volentei et par sa
force.
1. Louppy-le-Cbàteau, arr. Bar-le-Duc, cant. Vaubecourt.
2. Creue, arr. Gommercy, cant Vigneulles-lez-HaUonchâtel.
3. Champion, arr. Verdun, cant. Fresnes-en-Wo€vre.
4. Hannon ville, arr. Verdun, cant. Fresnes-en-Woôvre.
446
[32] Dagars de Danlouf^ escuiers, tesmognatp^^ jur^t^,
requis par son sarem^nt, s*acorde en toutes choses a mon signcnr
Orri de Champion et a mon signor Raul de Hannonville, cheva-
liers, tesmogwai^re^ desor dis.
[33] Hussons de Saint-Andreu*, escuiers, tesmognatpre^jurei»,
requis par son sarement, s'acorde en toutes choses a mon signor
Orri de Champion et a mon signor Raul de Hannonville, àievor-
h'ers, tesmognai^^e^ desor dis.
[34] Mes sires JofiFroisde Nueville^, chet?ahers, tesmognai^e^
jureis, requis par son sarement, s'acorde en toutes choses a mon
signor Jehan de Ronne, ohevalieT, tesmognaip^e desor dit.
[35] Hazars de Sathenay^, escuiers, tesmognaip^e^ jureis,
requis par son saremewt, s'acorde en toutes choses a mon signor
Jehan de Ronne, cheyaher, iesmo^naige desor dit.
[36] Ogiers de Donnevou^, escuiers, tesmognaig^e^ jureis,
requis par son sarement, s'acorde en toutes choses a mon signor
Jehan de Ronne, chevalier, tesmognai^e desor dit.
[37] IVIes sire5 Rohers, chei;ak'ers, sires de Watronville*, tes-
mognaiges jureis, requis par son sarement, s'acorde a mon
signor Jehan de Ronne, chevalier, tesmognaig^e desor dit. Et
dit encor qu'il at estei plusors fois a Saint-MihtW, qui est bien
avant en l'Empire oltre la Mueze par devers Alemengne, ou cil
de Biaulleu, ajornei par devant le conte de Bar as assises, pla-
dioent par devant le dit conte en demandant a altrui et en aus
deffendent.
1. Damloup, air. Verdun, cant. Étain.
2. Saint-André, arr. Verdun, cant. Souilly.
3. Voy. ci-dessus, § 9, note 4.
4. Stenay, arr. Montmédy, ch.-l. de canton. Le i'^ septembre 1280, une sen-
tence arbitrale fut rendue entre l'abbé du monastère bénédictin de Bucilly
(Aisne, arr. Vervins, cant. Hirson) et «c Jehan dit Hasart de Sethenay, escuier, »
avoué du même monastère, au sujet de leurs droits respectifs sur la ville et le
territoire de Bucilly. Dans deux autres actes relatifs à cette affaire, du 25 no-
vembre 1278 et du !•' septembre 1280, le même personnage est appelé simple-
ment < Hasars de Sethenay i ou < de Setenay i, sans indication du nom de
Jean. (Cartulaire de Bucilly, Bibl. nat., ms. lat. 10121, f" 45 v% 87 r« et v.)
5. Dannevoux, arr. Montmédy, cant. Montfaucon-d'Argonne. Une belle pierre
tombale, du xiii« s., à ce qu'il semble, conservée aujourd'hui dans l'église de
Lachalâde, porte gravée en creux la ligure d'un chevalier, en haubert, avec
cette inscription : CIGIST • MESIRE • OGIERS • CHLRS ] SIRES • DE
DONEUOU • PROIEZ ' FOR LUI.
6. Walronville, arr. Verdun, cant. Fresnes-en-Woëvre.
447
[38]Erars de Betoncort*, escuiers, tesmognaigesjuveis, requis
par son sarem^nt, s'acorde en toutes choses a mon signor Robert
de Wantronville, chevàiievy iesmognaige desordit.
[39] Willaumes, dis K Moinnes, de Villers ^ escuiers, tesmo-
gnaiges jureis, requis par son sarement, s'acorde en toutes
choses a mon signor Robert de Wantronville, chevalier, tesmo-
gnaige desor dit.
[40] Frères Pierres, prioursde Beilchamp ^, prestes, de l'ordre
dou Vaul-des-Escoliers, tesmogwazgr^^ jureis, requis par son sa-
remeniy dit que BiauUeus est de l'Empire, et i at veu de noveil
les sergens le roy de France justicier et faire cowmandemens.
JEt dit que li rus de Byeme départ le roialme de France de l'Em-
pire, si com il at tous jours oï dire et tous jours at estei li comune
renoumee dou pais. Et dit encor que cil de desai le dit ru de
Byeme par devers Verdun peichent ou dit ru de Byeme en la
moitiei par devers aus, por ce qu'il sont de l'Empire, et cil de
par délai le dit ru peichent en l'autre moitiei par devers aus,
por ce qu'il sont dou royalme de France. Et dit de Montfalcon
par son sarement ce que frères Jehans de Deu-en-Souvengne.,
premiers tesmognae^^e^, en at dit, ensi com il l'at oï dire.
[41] Frères Richars, prestes, moines de celui meimes leu et
de celui ordre, iesmognaiges jureis, requis par son sarement,
s'acorde dou tout en toutes choses a frère Pierre, priour de Beil-
champ, tesmognai^^e dessus dit. Et dit qu'il at veu les sergens le
roy de France de noveil sergenter par desai Beilleu devers Ver-
dun et faire coumandemens.
[42] Frères Jehans, prestes, moinnes de celui meimes leu et
de celui ordre, tesmognaiges jureis, requis par son sarement,
s'acorde en toutes choses a frère Pierre, priour de Beilchamp,
iearaognaige desor dit. Et dit qu'il at veu l'abbei de Biaulleu as
assises a Saint-Mihiel ajornei par devant le conte de Bar et pla-
doier par devant lui.
[43] Frères Ogiers, prestes, moinnes de celui meimes leu et
de celui ordre, tesmognae^^e^ jureis, requis par son sarement,
s'acorde en toutes choses a fi^ere Pierre, priour de Beilchamp,
tesmognaz^^e desor dit.
1. Béthincourt, arr. Verdun, cant. Charny.
2. ViUers-Ies-Moines, arr. Verdun, cant. et comm. Charny ?
3. Prieuré de l'ordre du Val-des-Écoliers, aujourd'hui Beauchamp, arr. Verdun,
cant. et comm. Glermont-en-Argonne.
448
[44] Richars li Grenetiers, citains de Verdun et doiens de
Verdun, iesmognaiges jurais, requis par son sarement, ^t
que li citeis de Verdun ne li citain de Verdun ne sont de riens
sougist au roy de France, ne onques ne furent, ne onques ne
obéirent a lui ne a ses devantriens, ains ont tous jours obeï et
doient obeïr a Tavesque de Verdun et a TEmperor ou au roy
d'Alemengne, des queilz li evesque de Verdun ont tous jours
repris et doient repenre lor temporalitei toute. Et bien li sou-
vient que, por aucuns bestens qu'il ont eu aucune fois, il ont
envoiei a secours a TEmpereror {sic) et au roi d'Alemengne, et
envoiat li rois d'Alemengne ses lettres au duc de Lorraine por
aus deffendre. Et dit qu'il ont tous jors eu estalz a ces de Cham-
fengne sor le ru de Byeme, qui départ le roialme de France de
l'Empire, ensi com il tous jours ont usei et di dire. Et dit que li
rois de France puis dous ans en ensai at envoiei ses gens par
desai le dit ru devers Verdun por sergenter et por faire couman-
demens, especialmewt sergens qu'il at envoiei por deffendre que
on ne mengne lainnes dou roialme en l'Empire, et sont venu icil
sergent jusques a Verdun a trois lewes, a dous, a demi lewe, et
pris lainnes et arestees. Et dit que li baillis de Chaumont, ser-
gens le roy de France, at estei a Verdun dous fois por feire ses
enquestes, et at mandei li rois de France as citains de Verdun
que il délivrassent j lor citain au bailli de Chaumont por justicier
et por pugnir. Et dit par son sarement que li rois de France les
grieve en faisant les choses desor dites et qu'il ne puet ne ne doit
faire les choses desor dites, si com il croit. Et dit encor que cil
de Biaulleu et cil de Montfalcon doient chascun an a la citei de
Verdun une certainne soume d'argent por paier les waites dou
chasteil de Verdun et refaire une partie des murs dou chasteil
de Verdun, et parmi ce il pueent devenir borgois de Verdun
quant il lor plait. Et dit encor qu'il ne vit onques ne oït dire que
li rois de France envoiassent sergenter ne justissassent a Mont-
falcon, fors que puis la compaingnie que il firent au roy de
France, ne a Biaulleu, ausi fors que puis dous ans en ensai. Et
dit par son sarement que ce qu'il dit il le dit por veritei tant
solement.
[45] Pierre Bénite, citains de Verdun, et tuit li altre citain de
Verdun ci-apr^s dit, iesmognaige jurei et requis par lor sare-
ment chascuns par lui, s'acordent dou tout en tout a Rechart
Grenetier, tesmognai^r^ desor dit; c'est asavoir : Gosses de
449
Saus, Goilars d'Estain, Jaques li Bues, Richiers de Mes, JofiFrois
Haicfiks, Wauteres Pogues, Perrignons Arnolz, Jaques li Hun-
greis, Jacowmins Chines, Guios de NeuiUei, Jehans Chapons,
Jenessons Migaus, Jaiques li Bergiers, Nicoles Baudesons, Hen-
riès d'Amaiville, Nicoles Galians , Jacowmès Aubrions , Erars
dou Mont-Saint- Venne.
[46] Mes sires Witiers de Vignueles S chevaliers, en Teaige
de Ix ans, iesmognaiges jureis, requis par son sarement,
s'acorde en toutes choses a mon signor Eudon de Sorcei, cheva-
lier, tesmognaige desor dit.
[47] Frères Dominikes, priours des frères precheors de Ver-
dun, de Teage de 1 ans, iesmognaiges jureis, requis par son
sarement, dit que il ne vit onques ne oït dire que li roy de France,
par aus ne par les lor, entrassent onques en Tabbaie de Biaulleu
ne en la terre de la dite abbaie qui est par desai le ru de Byeme
devers Verdun, fors que de noveil temps. Et dit que la dite abbaie
et la terre qui est par desai le dit ru de Bieme devers Verdun
sont de l'Empire, si com il le croit fermement et Fat tous jours
oï dire, et dit que de ce est-il cowmune renoumee. Et dit encor
que [quant on ait mis] le disime ou roialme de France et le vin-
tinme en l'Empire, li abbaie de Biaulleu et li ecglise de Montfal-
con ont [paie le vinteinme] et n'ont mie paiei le disime, por ce
qu'il estoient et sont de l'Empire, ensi com il l'at tous jours oï
dire, et de ce est-[il commune renommée]. Et dit encor qu'il at
estei aucune fois presens avec le conte de Bar sus le ru de Byeime
au pont c'om dit [Verdenois, li quels] rus de Byeme, ensi com
on dit de tous jours et ensi com il l'at oï dire, est bonne a la queile
cil qui sont dou roialme de France et cil qui sont de l'Empire
suelent venir pladoier, au queil pont sor le dit ru il at veu les
gens le dit conte de Bar et les gens de la contei de Champengrne
qui pladooient entre aus des entreprises qui avoient estei faites
d'une part et d'altre. Et dit encor qu'U at estei presens ou l'abbes
de Biaulleu et aucun moinne de la dite abbaie avec lui firent
amende au conte de Bar sor ce que, a une journée a la queile il
furent devant le dit conte a Saint-Mihiei, il refusarent a penre
droit en la court le dit conte et devant lui. Et dit encor qu'il n'oïst
onques dire ne ne vit ne ne croit que li sergent le roy de France
venissent par desai le dit ru de Byeme vers Verdun sergenter ne
1. VigneuUes-lez-Hattonchâtel, arr. Gommercy, ch.-l. de canton.
420
iusticier, fors que de novel. Et dit par son saremewt que de ce
est-il coumune renowmee et que ce qu'il en dit il dist por loialtei
et por veritei.
[48] Mes sires Nicoles Verdeneis, prêtes, seellerres de la court
le pr^ost de la t/lagàeleine de Verdun, tesmognaiges jureis,
reauis par son sarem^wt, dit que, toutes les fois que on at paiei
deisime ou altre soume d'argent, cil de Biaulleu, li cors de l'ab-
baie et li t^re qui sont de Taveschiei de Verdun ont tous jours
paiei a Verdun et por la raison de l'Empire, et dit que il meeimes
en at estei plusors fois receverres. Et dit encor que en celle
manière at paiei a Verdun por raison de l'Empire li terre de
Montfnlcon qui est en l'aveschiei de Verdun. Et ce dit-il por
loialtei ^^ por veritei.
[49] Mes sires Nicoles de Clostre, prestes, de Teaige de Ix ans,
tesmognaiges iuveis, requis par son sarem^nt, s'acorde en toutes
choses a mon signor Nicole Verdeneil, iesmognaige desor dit,
[50] Mes sires Hues Bekars de MarzeiS chevaliers, tesmo-
çrnaiges jureis, requis par son sarement, dit que cil qui ont
passei le ru de Byeme ont p^rdu lor remenances, por ce que on
disoit coumunemeni que il aloient dou roialme de France en
l'Empire et de l'Empire ou roialme de France en passant le dit
ru. Et dit que cil qui sont par desai le dit ru devers V^dun
n'obeïrent onques a commandement que on feist ou roialme de
France, ains ont tous jours usei et fait le contraire pasiblement.
Et dit que onques il ne vit ne oït dire que sergent le roy de
France venissent sergenter ne faire commandement par desai le
dit ru de Byeme devers Verdun, fors que novellement. Et dit
que de ce est-il commune renommée, et que [ce] qu'il en dit il dit
por loialtei et por veritei.
[51] Mes sires Jaiques li Periers, chevaliers, tesmognaiges
jureis, requis par son sarement, s'acorde en toutes choses a mon
signor Hue Bekart de Marzei, chevalier, tesmognaz^^e desor dit.
[52] Mes sires Nicoles de Comenieres^ chevaliers, tesmo-
gnaiges jureis, requis par son sarement, s'acorde en toutes
chose {sic) a mon signor Hue Bekart de Marzei, chevalier, tes-
mognaige desor dit.
1. Maizey, arr. Gommercy, cant. Saint- Mihiel.
2. Cumières, arr. Verdun, cant. Charny.
424
[53] Mes sires Albers d'Orne S chevaliers, ^smognaiges
jureis, requis par son sarement, s'acorde en toutes choses a mon
signor Hue Bekart deMarzei, chevalier, iesmognaige desor dit.
[54] Mes sires Richiers, prevos de la Msigàeleine de Verdun,
prestes, tesmognai^^e^ jureis, requis par son sarement, s'acorde
en toutes choses a mon signor l^icole Verdeneil, tesmognai^^e
desor dit. Et dit encor qu'il at estei a BiauUeu et veu que li
moinne de BiauUeu rendirent les cleirs * de l'abbaie de Biaulleu a
l'avesque de Verdun. JSt dit par son sarement que il ne vit
onques ne oït dire que li rois de France envoiat justicier ne ser-
genter en ces parties si près de Verdun com il fait hores. Et dit
par son sa rement que de ce est-il coumxme renoumee.
[55] Li archediacres Renars, archediacres en l'Ecglise de
Verdun, tesmognai^^e^ jureis, requis par sonsarement, s'acorde
en toutes choses au prevost de la Magàeleine, iesmognaige
desor dit.
[56] Mes sires Jaiques de Bormont, chenoinnes de Verdun,
prestes, tesmognaip'e^ jureis, requis par sonsaremewt, s'acorde
en toutes choses au prevost de la Magàeleine, iesmognaige
desor dit. Et dit encor que il vit que cil de Montfalcon delivra-
rent les clers ^ de la tour de Montfalcon a l'avesque de Verdun.
Et at veu que au concile qui fiiit assembleis a Wirceborc de par
le légat d'Alemengne, ou tuit li prélat de l'Empire furent man-
dei, li abbes de Belleu i envoiat por lui, por ce qu'il estoit et est
de l'Empire. Et dit par son sarement que de ce est-il coumune
renowmee, et que ce dist-il por veritei tansoloment.
[57] Mes sire^ Thomas de Saint-Mihie^, prestes, chenoinnes de
Verdun, tesmognaiges jureis, requis par son sarement, s'acorde
en totes choses a mon signor Jaique de Bormont, chenomne de
Verdun, iesmognaige desor dit.
[58] Mes sires Hues, prestez, de l'eaige de xl ans, cureis
d'Arembeicort ^, tesmognai^^es jureis, requis par son sarement
se onques il oït dire ne vit que rois de France eust ses wardes en
l'abbaie de Beilleu ne feist warder ne sergenter en la terre de
Beilleu, dit que onques mais ne l'oïst dire ne vit, mais at souvent
oï dire que li abbaie estoit en la warde le conte de Bar, et at
1. Ornes, arr. Verdun, cant Ghamy.
2 et 3. Les clefs.
4. Rembercourt-aux-Pots, arr. Bar-le-Duc, cant. Yaubecourt.
422
V6U que li dis cuens de Bar defifendoit la dite abbaie et la terre de
Tabbaie contre ces de Champ^n^n^, et at veu l'abbei ajourner a
instance d'altrui en l'osteil le dit conte de Bar a Saint-Miht^/ et
respondre et deffendre contre altrui as assises le dit conte de Bar
a Saint-Mibte^ ; et at oï dire, par ces qui paiei l'ont, que^ cpiant
on at mis disime ou vintinme en l'aveschiei de Verdun, cil de
Biaulleu l'ont paiei et paient, et procurations quant legalzat
estei envoies en TEmpire. Des estalz et des remenances dit-il ce
que mes sir^^ Eudes de Sorcei, chevaliers, \j&smognaiges desor
dis, at dit. Requis se il seit que li rois de France ait nulles s^no-
ries a Montfalcon ne en la terre de Montfalcon, dit qu'il at oï
dire que onques nul roy de France, devant la compaingnie que
li chenoinne de Montfalcon firent au roy de France, le peire cestui
roy qui hore est, n'avoient eu segnorie ne cotemandement a la
dite Montfialcon ne en la terre de la dite Montfalcon, et at veu
qu'il n'i cowmandoient ne sergentoient. Et dit que onques mais
il ne vit ne oït dire que rois de France envoiast en l'aveschiei de
Verdun por faire enqueste ne por sergenter ne por faire couman-
dem^nt. Et de ce est-il commune renotemee, et ce qu'il en dit il
le dit por loialtei et por v^ritei.
[59] Mes sires Nicoles, prêtes d'Auzeiville*, de l'eaige de
Ixiij ans, iesmognaiges jureis, requis par son sarement, s'acorde
en toutes choses a mon signor Huon, curei d'Ârembeicort, preste,
tesmognai^^e dessus dit. Et dit encor qu'il at veu le prevost de
Montfalcon repenre de trois evesques de Verdun la tour de Mont-
falcon, et at veu que h evesques de Verdun fist refaire l[a tour],
et l'argent en paait et fist paier li dis evesques; et de tout ce est-
il cowmune renowmee, etc.
[60] Mes sires Jehans de BauzeisS chevalierSy de l'eaige de
Iv ans, iesmognaiges jureis, requis par son sârement, s'acorde
en toutes choses a mon signor Eudon de Sorcei, chevalier y tes-
mognaiges dessus dit. Et dit encor que ses peires et il ont joï des
remenances de lor homes demorans desai le ru de Bieme devers
Verdun, quant il aloient demorer oultre le ru de Byeme en
Champengrne.
[61] Mes sires Thiebaus, doiens de Bar, prestes, de l'eaige
de xlvj ans, tesmognai^^e^ jureis, requis par son sarement se H
1. Auzéville^ arr. Verdun, cant. Clermonl-en-Argonne.
2. Beauzée, arr. Bar-le-Duc, cant. Triaucourt.
423
rois de France entre ne est entreis en parties de TEmpire, dit
que dû, si com il croit. Requis en queil leu, dit : A Montfalcon et
en partie de la terre de Montfalcon. Et dit que il ne vit onques
que Toy de France, par ans ne par autrui en lor nom, entrassent
ne eussent segnorie a Montfalcon ne en partie de la terre de
Montfalcon, fors puis la compaingnie que li chenomn^ de Mont-
Mcon firent au peire cestui roy de France qui hores est, la queilz
compaingnie par droit en debatant est alee a niant en Tosteil le roy
de France. Requis se en altres parties il est entreis ne entre, dit
que oïl. Requis en queilz parties, dit que en Tabbaie de Biaulleu,
en la terre et ens appendises par desai le ru de Byeme devers
Verdun. Requit comneni il le seit, dit, a ce que il ne vit onques
ne oït dire que rois de France ne altre de par lui justissassent
riens desai le ru de Byeme devers Verdun, fors que de trois ans
en ensai, que li roys de France at envoiei a BeiUeu ses sergens
por sergenter, et at oï dire communément que li dis rus de Byeme
départ le royalme de France de l'Empire. Et dit encor par son
sarement que l'abbaie de Beilleu siet par desai le ru de Byeme
devers Verdun et qu'il Tat veu, de tant de temps com sovenir li
puet, le conte de Bar defiendre contre ces de Champengrne, comme
wardain de la dite abbaie de Byaulleu et de la terre de Biaulleu
desai le dit ru de Byeme devers Verdun : et ce tient li cuens de
Bar de l'avesque de Verdun, si com il Tat oï recognoistre le dit
conte, et Tavesques de Verdun le tient dou roy d'Alemengne, si
com il Tat oï dire et ensi com il le croit. Et dit encor qu'il at seu
et entendu que li abbes et li covens de Byaulleu ensemble et li
abbei par aus ont estei ajomei as assises a Saint-Mihie^, qui est
uns chasteilz molt avant en l'Empire, et pladoier en Tosteil le
conte de Bar a la dite Saint-Mihie^, et ont pris droit d'autrui et
fait droit a aultrui par devant le dit conte et par devant ses gens
ou par devant son leu-tenant. Requis coument il le seit, il dit
qu'il i at estei presens et fait les aires * dou pladoier et des juge-
mens por aus et contre aus et escripst de sa proppre main, et en
garde encor plusors procurations que li dit abbei et couvens ont
envoiei por aus en la court le conte. Et dit encors qu'il at veu
1. Ce sont les pièces écrites de la procédure, appelées aussi en vieux français
erremens ; Yoy. Du Gange, éd. Henschel, srramenta*, et Beaumanoir, éd. Beu-
gnot, 1. 1, p. 30. Le copiste du cartulaire de Bar a écrit arreis (arrêts), qui fausse
le sens.
424
que Tabbes de Biaulleu por lui et por son couvent emendat au
conte et donnât seurtei de Tamende au conte, de ce qu'il et II
procuror de son couvent en avoient portei le droit de Tosteille dit
conte en pladoiant a la dite Saint-Miht^/. Et at encor entendu
que, se aucuns demorans desai le dit ru de Byeme devers Verdun
passoit le dit ru de Bieme por demorer délai le dit ru en Cham-
fengne, il perdoit moble et heritaige qu'il avoit au leu dont il se
partoit, et en semblant manière cil qui se partoit de délai le dit
ru, qui venoit demoreir desai le dit ru dev^>'s Verdun, perdoit
moble et heritaige qu'il avoit par delà au leu dont il se partoit,
por ce qu'il aloient dou roialme de France et de Champengne en
l'Empire et de l'Empire ou roialme de France et de {sic, lisez en)
Champengne y en passant le dit ru. Et des choses dessus dites
est-il cowmune renoumee en celles parties, et ce qu'il en dit dit-il
por loialtei et por veritei.
[62] Heibers * dis Journeie, bourjois de Verdun, temognages
jureis et requis sor toutes ces chouses devant dite, a lui luies et
diligentment expouseies, se concorde en toutes chouses et pa?*
toutes chouses a Richart lou Grenetier, bourjois de Verdun,
temounage desour dit ; ce ajoustei que il dit lui avoir veu que
quant li prevos defifaloit a Montfaucon et li prev^oteis de Mont-
faucon vagueive, li eveques de Verdun, tant com sires souverains
ains temporeis chouses, envoat ses sergens a Montfaucon, et
demoroient en la mason le prevot de Montfaucon, et wardoient
et defifendoient la ville et la prevotei de Montfaucon toute, en
non dou dit eveque de Verdun et pour lui, tant com pour signour
souverain eins temporeis chouses, dou queil eveque tuit li prevot
Montfaucon et toute la prevotei tienent en fiel et en homage. Et
c'est veu que li coins de Grant-Prei* une faee vint devant la ville
de Montfaucon aveuc grant gent et asit la dite ville et destruit la
tour de la dite ville, la quelle li eveques de Verdun, tant com
sires souverains, fist refaire et edifieier de son argent. Requis, li
dis temounages qui parolle, de queil aage qu'il soit, il dit qu'il
est de l'âge de Ixx ans. Requis ce par grâce, par haine ou par
pour, par proiere ou par louier il depouse ce, il dit que non,
mais seulement pour la veritei dire et pour wardeir son sarment.
1. Les cinq paragraphes suivants sont écrits à part et d'une autre main (Yoy.
ci-dessus, § V).
2. Grand-Pré, Ardennes, arr. Vouziers, ch.-l. de canton.
425
[63] Bouxès de Ghatencourt, de Taage de Ix ans , temounages
jureis et reqteis sor toutes ces chouse devant dites, a lui lues
et diligentment expouseies, qu'il en sache, dit ce meimes que
Heibers Journeie, ces contemounages devant dis, etcece (sic) con-
corde a lui en toutes chouses et par toutes chouses ; ce ajoustei
qu'il meimes temounages qui parolle fut envoies aveuc autres
sergens, de par Teveque de Verdun, tant com signour souverain,
la prevotei de Montfaucon vagant, a wardeir, deffendre et gou-
Yemeir les dites ville et prevotei de Montfaucon, et fut en la dite
waurde aveuc les autres sergens en la mazon lou prevost de
Montfeucon par seix semainnes. Et dit aincor qu'il ait adès veu
lou conte de Bar wardeir et deffendre la beie de Bel-Leu aveuc
les terres de la dite ebbaie qui sunt de desé lou ruxel de Bieme
devers Verdun. Et dit qwe ne par grâce ne par haine ne par
pour, par prière, par loier ou par amours il ne depouse ce, mais
pour la pure veritei a dire.
[64] Bertinnas de Betincourt, del'eage de Ix ans, tesmoignages
jureis et requis sor toutes les chouses desor dites, a lui lu lues {sic)
et diligenment exposeies, il s'acorde en toutes chouses a Boxât
de Chatencort, son contesmoignage desor dit. Et dit que ce qu'il
ait deposei il l'a depousei seulement pour veritei dire.
[65] Colins de Betincourt, freires le dit Beirtinat, de l'eage de
1 ans, tesmoigna^re^ jureis et requis sor toutes les chouses desor
dites, il se concorde a Heibert dit Journeie. Et dit encor qu'il
ait veut paier l'argent de par mon signer Bobert, qui fut esveques
de Verdun *, pour reedeficier la tour de Montfalcon, trente ou
quarante livres.
[66] Mes sires Nicoles de Belrain, chancelliers de Verdun, de
l'aige de sexante ans, temoigna^^e^ jurés et requis sor toutes les
chouzes desour dites, il s'acorde de tout en tout a mon signour
Oude de Sorcey, chevalier, son témoignante desor dit. Et dit
aincor que il at veu que li evesques de Verdun, qui avoit a nom
Raulz de Torote*, deffendit la ville de Montfaucon, si com sires
sevriens en temporeis chouzes, a contre le conte de Grant-Prei.
Et se veist aincor que Jehans, prevost de Montfaucon, reprist la
tour de Montfacon en homage de cinc evesques de Verdun, et que
1. Robert de Milan, évéque de Verdun de 1255 à 1271.
2. Raoul de Torote, évêque de Verdun de la fin de Tannée 1224 au 21 avril
1245. A sa mort, messire Nicolas de Belrain était âgé de 17 ans au plus.
28
426
li dis evesques Raulz la dite tour feist refaire de ces propres
deniers quant elle fut destrute de par le dit conte de Grant-Preî.
Et de toutes ces chozes est coumune renoumeie, et dit que ces
chouzes ai-il deposei fOur leautei et pour veritei.
[67] Encor nos, Ancelz, Evrars et Hertemans desor dit, avons
veu lettres dont la ténors est telle * :
In nomine sancte et individue Trinitatis. Fredericus, divina fayente
clementia, Romanorum imperator augustus, Alberto, dilecto et fideli
suc, Yirdunensi episcopo, suisque successoribus imperpetuum. Ante-
cessores nostri reges et imperatores Ecclesiarum rectoribus , archiepi-
scopis, episcopis, abbatibus et ceteris preiatis ob eorum devotionis et
fidelitatis insigne meritum bona data dare consuerunt et ab omni pra-
vorum hominum incursione non tantum eos, sed et eorum possessiones
imperiali protectione deffensare. Recolentes igitur ex anteactis episco-
porum Yirdunensium ^ ad antecessores nostros in diversis rerum et
temporum varietatibus memoranda obsequia, tuam quoque personam
constanter in nostra fidelitate perseverare cognoscentes, precibus tuis
justis permoti, ad impetranda que volueris inclinamur. Beneficium
itaque comittatus et marchie, quod recolende memorie Otto, Romano-
rum imperator augustus, Hemmony, Yirdunensi episcopo, et successo-
ribus ejus et per eum Yirdunensi Ecclesie quondam donavit, nos,
eodem spiritu et eadem firmitate constante, tibi Ecclesieque Yirdunensi
ac tuis posteris confîrmamus, eodem etiam jure et forma donationis
valiturum, prout a prefato imperatore Ottone jam dicto antecessori tuo
Heimmoni et ceteris episcopis in processu temporis nomen et dignita-
tem episcopalem subituris dignoscitur esse prestitutum, videlicet ut
tu et tui successores liberam in perpetuum habeatis potestatem eumdem
comittatum in usus Ecclesie tenendi, comitem eligendi, absque uUo
hereditario jure ponendi, habendi, seu quicquid libuerit faciendi,
atque modis omnibus disponendi. Bannum, teloneum, monetam et di-
strictum civitatis in omnibus causis criminalibus et civilibus pleno jure
tibi et successoribus tuis habenda concedimus, Yaldentiam quoque
castrum^ cum advocatia et banno, et curiam que Molendinum dicitur*
1. Le diplôme suivant a été publié d'après l'original par Mabillon, Librorum
de re diplomatica Supplementum (1704, in-fol.), p. 100. Le texte de Mabillon
ne présente avec celui-ci que des différences d'orthographe.
2. Mabillon : Yirdunensium episcoporum.
3. Yeldenz^ siège d'un ancien comté, aujourd'hui Prusse rhénane, régence de
Trêves, cercle de Bernkastel. La chronologie historique des comtes de Yeldenz
a été donnée dans le supplément de VArt de vérifier les dates. Ce lieu et les
quatre suivants étaient encore tenus en fief de Tévéque de Yerdun en 1509
(Roussel, HisL eccL et civ. de Verdun, nouvelle édition, preuves, p. xcv).
4. Miihlheim, près Yeldenz, mêmes régence et cercle.
427
cum suis pertinentiis, Wolferi Villare^ cum advocatia et banno et ceteris
pertinentiis, Bemondulam * cum banno et advocatia et suis pertinentiis,
curiam Sancti Medardi ^ cum banno et advocatia et suis pertinentiis,
curiam Juppilie * cum banno et advocatia et suis pertinentiis, fundum
Juveniacensis abbatie^* cum banno et advocatia et suis pertinentiis,
castrum Deus-le-Wart ® cum banno et advocatia, bannum et advoca-
tiam de Monte Sancti Vitoni ^, fundum ecclesie Sancti Germani Mon-
tiffalconis^cum banno elwidvocatia et suis pertinentiis, castrumWantron-
nisville^,Viennam castrum^®, Glaromontem castrum<<,Dunum castrum^^
cum foresto, Mirualt castrum ^^^ Septiniacum**,Hatonis Castrum *s cum
foresto, Sampigniacum castrum *6 : et, si quando tibi et terre tue neces-
sarium fore perspexeris aliud presidium, auctoritatis nostre concessione
construere liceat infra termines tuos. Ut autem hujus nostre confirma-
tionis statu tum omni evo inviolabile permaneat, banc inde cartam
conscribi et nostra aurea bulla insigniri jussimus, manuque propria
corroborantes ydoneos testes qui présentes aderant subnotari fecimus,
quorum nomina bec sunt : Burchardus Argentinensis episcopus,
Orclebus Basiliensis episcopus, Stephanus Metensis episcopus, Henricus
Tullensis episcopus, Helolphus Marbaccensis abbas, Bartholphus dux,
Matheus dux Lothoringie, Otto Palatinus comes, comes Rodulphus,
comes Ulricus, marchio Hermannus, comes Warnerus, comes Theode-
ricus, Symon comes, Gonrardus comes, et multi iiobiles. Signum
domni Frederici, Romanorum imperatoris augusti.
Ego cancellarius Reinaldus, vice Arnaldi Maguntini archiepiscopi
et archicancellarii, recognovi.
1. Wolfersweiler, Oldenbourg, principauté de Birkenfeld, office de Nohfelden.
2. Bemueld en 1509 (Roussel, L c); fiaumholder, Prusse, régence de Trêves,
cercle de Sanct Wendel?
3. Medard, Prusse, régence de Coblenz, cercle de Meisenheim?
4. Jupille, Belgique, prov., arr. et cant. Liège.
5. Juvigny-sur-Loison, Meuse, arr. et cant. Montmédy.
6. Dieulouard, Meurltie-et-Moselle, arr. Nancy, cant. Pont-à-Mousson.
7. Le Mont-Saint-Vanne, arr., cant. et coram. Verdun.
8. Montfaucon-d'Argonne, arr. Montmédy, ch.-l. de canton.
9. Watronville, arr. Verdun, cant. Fresnes-en-Woëvre.
10. Vienne-le- Château, Marne, arr. Sainte-Menehould, cant. Ville-sur- Tourbe.
11. Clermont-en-Argonne, arr. Verdun, ch.-l. de canton.
12. Dun-sur-Meuse, arr. Montmédy, ch.-l. de canton.
13. Mureau ou Muraut, arr. Montmédy, cant. et comm. Damvillers, ou Mur-
vaux, arr. Montmédy, cant. Dun-sur-Meuse ? (Liénard, DicU top, du dép. de
la Meuse, p. 163, col. 1.)
14. Stenay, arr. Montmédy, ch.-l. de canton ? (/6trf., p. 230, col. 1.)
15. Hattonchâtel, arr. Commercy, cant. Vigneulles-lez-Hattonchâtel.
16. Sampigny, arr. Commercy, cant. Pierrefitte.
428
Datum Golambarie, sexto decimo kai. septembris, anno dominice
incarnationis Mill* G* L* yj% indictione quarta, régnante domino Fre-
derico, Romanonim imperatore gloriosissimo augusto, anno regni ejas
quarto, imperii vero secundo ^
En tesmognaige de la queil chose, nos, Âncelz, Hartemans et
Evrars desour dit, avons mis nos saels en tesmognage de veriiei
en cest présent escrit, l'an de grâce M. GGi qieatre vins et eut,
le mardi après la Trinitei *.
1. Colmar (Haute-Alsace), 17 août 1156. — Le monogramme de Temperear
Frédéric I*' est figuré en marge des souscriptions.
2. Le 25 mai 1288. Voir ci-dessos, 2 V, la description des trois sceaux.
POÈME ANONYME
SUR LES
LETTRES DE L'ALPHABET
On doit à un poète inconnu, très probablement anglais, qui vécut
à répoque de la renaissance carolingienne ^ un petit poème latin sur
Talphabet, composé d'une série de tristiques exprimant sous une
forme énigmatique, visiblement imitée d'Ausone^ et de Symphosius',
les différentes propriétés des lettres. Plusieurs manuscrits nous ont
conservé le texte de ce petit poème ; deux se trouvent à Paris à la
Bibliothèque nationale [lat, 2773 et 500^), on en conserve un autre
dans la bibliothèque publique de Chartres (n'* 55), un quatrième est
à Leyde parmi les mss. de Vossius (q, 33).
Tous ces mss. datent du x* siècle ^ deux présentent le poème sans
aucun titre, le ms. de Paris 2773 (P), fol. i 08 1;° et le ms. de Chartres
(C), fol, i ; dans le ms. de Paris 500>l (A), foL 23, on trouve le titre :
a Versus cujusdam Scothi de AB; » dans le ms. de Leyde (F), fol. \ 76,
cet autre titre : « Incipiunt versus cujusdam Scotti de alfabeto. »
Dans tous ces mss. la disposition des vers est identique et en regard
de chaque tristique se trouve la lettre de l'alphabet correspondante.
Seul le ms. de Chartres ajoute à la suite de ce poème un commen-
taire contemporain avec le titre : « Incipit expositio prescripti
alfabeti*. » Ce commentaire, qui ne nous apprend rien sur Fauteur
du poème, est malheureusement incomplet et s'arrête à la lettre R.
1. C'est sans cloute l'œuTre d'un de ces savants des derniers temps de la
renaissance carolingienne devenus plus soucieux de paraître hellénistes que de
l'être réellement, si l'on en juge par certains passages de son poème.
2. Yoy. Ausonii, Edyllia, n. 348, de literis monosyllabis graecis ac latinis,
(éd. Valpy), t. II, p. 557-61 et t. III, p. 1203-1206.
3. Voy. Symphosii Aenigmata (Riese, AnthoL lat-^ 286).
4. M. R. de Mianville, conservateur de la bibliothèque de Chartres, a bien
voulu revoir sur le ms. le texte de ce commentaire.
430
^ ïfts ie Paris 2778 présente une autre particularité, c'est Taddi-
jvv ;*f \ ,ïv*:t<iuq >*ers (v. 64-88) pour les deux seules lettres Y et Z
iv ^ii^ îfe* \ingt-un tristiques consacrés aux différentes lettres
^ ,0"4Ktbei- l-a disproportion qui existe entre cette dernière partie
A. ï\y«ïO ^ ^^ première doit la faire regarder comme une addition
vT*ïW<^ à la rédaction primitive, et c'est sans doute là la raison de
,'a':i$M^M\ ^ie ces vers par les copistes des mss. de Paris 500^ et de
, .>xvV. i>u\-ci en effet à la suite du poème ont laissé un espace
)i^;v U'uiw trentaine de lignes, espace qui serait trop petit pour con-
l^^^u« otmnnentaire et dont on peut s'expliquer ainsi l'existence.
s,'\^ wTs d'ailleurs paraissent inédits, sauf les douze premiers (v. 64-
>> oui» iuîprimés sous le nom de Virgile dans les premières éditions
^v ^v |HH^lo, ont figuré depuis dans les différentes éditions de l'An-
^j^^^jo latine* et sont maintenant attribués à un poète inconnu,
UAxuuinus ou Maximianus -. On fait d'ordinaire honneur à Pythagore
yjo Sc^tnos d'avoir le premier regardé la lettre Y comme le symbole
4^H U vie humaine ^ ; c'est certainement une comparaison qui appar-
„tv*U î^ l'antiquité : on la trouve en effet exprimée dans Perse*.
tVvangile de saint Matthieu^ présente une idée analogue ; aisément
Adoptée par les chrétiens, Lactance l'a reproduite et développée dans
^^n Institution chrétienne^ y et pendant tout le moyen âge elle fut
irtV^ répandue^.
Lo poème sur les lettres de l'alphabet a déjà été publié par Lucien
l. Burraann, V, 140 ; Meyer, 1076 ; Riese, 632.
♦2. Riese a publié ces quelques vers d'après les deux mss. latins 8069 et 8093
y\i\ la Bibliothèque nationale, dont l'un porte en titre : Max,, et l'autre : De Y
Uitera.
3. Une note dans un ms. latin de la Bibliothèque nationale, n** 12277, fol. 172,
du xn° siècle, l'expose en quelques mots : « Pitagoras Y descripsit ad similitu-
dinem humane vite, eu jus prior pars infantia, transacta infantia, vel dextram
sequitur homo, id est virtutes, vel sinistram, id est vitia. » Comparez l'apologue
de Prodicus, Hercule sollicité par le vice et la vertu, dans les Mémorables de
Xénophon, et aussi Virgile, Enéide^ VI, 540-543.
4. Perse, Sat., UI, 56. .
5. Cf. Matth,, Vil, 13, 14.
6. Lactance, Instii. Christ., VI, 3. Il existe une édition très rare de ces quel-
ques vers avec un commentaire extrait de Lactance par un écrivain picard, Jean
Cruceus (Delacroix ou Lacroix ?) ; en voici le titre : Littera Pythagorae 7, cum
divina L. Lactantii Coelii Firmiani explanatione, Lugduni, apud Seb. Gry-
phium, 1536, in- 8% 22 et (iv) pages.
7. Vincent de Beauvais n'omet point de la citer dans son Spéculum Bociru
nalCy II, 6.
43^
MùUer d'après le seul ms. deLeyde^ Mais les commentateurs ou
éditeurs, qu'ils soient du x« ou du xix* siècle, n'ont pas toujours été
heureux dans l'interprétation de ces vers. A côté d'explications satis-
faisantes et fort plausibles le commentaire du manuscrit de Chartres
en présente de tout à fait inadmissibles* ou n'en présente point du
tout quand le texte l'embarrasse ^. Par contre l'éditeur donne plusieurs
fois des interprétations qui pour être plus savantes ne sont pas tou-
jours meilleures'*, et il n'a connu ni le commentaire du x« siècle, ni
le ms. de Paris qui complète le poème; c'est là ce qui pourra justi-
fier la présente édition.
H. Omont.
VERSUS CUIUSDAM SCOTI DE ALPHABETO^
A.
Principium vocis veterumque inventia prima,
Nomen habens Domini sum felix voce pelasga,
Exsecrantis item dira interjectio dicor.
B.
Principium libri, mutis caput aller et ordo,
5 Tertia felicis vere sum sylîaba semper,
Si me graece legas viridi tum nascor in horto.
G.
Principium caeli, primis et luna flguris.
Et me clerus amat, legeris si graece latinis,
Littera sum terrae pedibus perscripta quaternis.
1. Dans le Rheinisches mbsewm fur Philologie, 1865, t. XX, p. 357-365 et
640 ; c'est d'après cette édition que sont données les Yariantes dn ms. de Leyde.
2. Voy. aux vers 11 et 25.
3. Cf. vers 35, 36, 42, 44 et 45.
4. Voyez entre autres les notes aux vers 8, 9, 10, 31 et 40.
5. CP sine titulo, A Vbrsus cuiusdam Scothi db AB, F Inoipiunt vbrsus
CUIUSDAM SCOTTI DB ALFABBTO.
i, AV mira.
3. PA Execrantis, P dura.
6. V tumtum, C orto, P Littera greca manens viridi quoque nascor in borto.
7. V et lanae et luna.
8. P relegas si greca, PA V latinus.
432
D.
10 Ablati casus vox sum et pars septima linguae,
Omnipotentis habens nomen us bannita juncta,
Sum médium mille et veterum mala nota deorum.
E.
Pars ego mutarum vere vocalis habebor,
Altéra deceptae quondam sum syllaba matris,
15 Pars quoque sum plena et vocis pars quinta latinae.
F.
Semisonus dicor liquidis ut muta ministro,
Nescio quid causae est cur me sic odit hebraeus,
Nox périt et tenebrae si me de flumine tollas.
G.
Si solam légères tune clarus Caesar haberer,
20 Si duplicem legeris romanus praesul habebor,
Post me quinta sonat parvum vocalis in ore.
H.
Nomen habens vacuum fragilem deporto figuram,
Non nisi per versus in me manet ulla potestas,
Hoc tantum valui linguis spiramina ferre.
I.
25 Sum numerus primus, juvenum contentio magna,
Spreta figura mihi est etiam, sed mira potestas.
Me tamen haud Dominus voluit de lege perire.
11. il OmnipoteDs, corr. Omnipotentis, F Omnitenens-banita. MueUereonJ.
habeo nomen cnm sibila juncta.
12. A F omis, mala, M. conj. som.
13. PAV mntornm.
15. PA V Tocis quinta.
16. F semisonos, P Uqnidns.
17. P causa, CAV Hebrèus odit.
19. il F legeris, P recites, C Cesas, A F habebor, P Caesar dams habdMH'.
20. C légères, P û Tero duplicem r. p. honoras.
23. P Talet, F facoltas.
24. P sp. gesto.
27- Ne.
433
K.
Dux ego per priscos primae vocalis habebar,
Meque meo penitus pepulerunt jure moderni,
30 Nunc caput Afrorum merui vel mensis haberi.
L.
Si me graece legas totum sine sorde videbis,
Nec frustra quoniam per carmina saepe liquesco,
Sed tamen agricola in curvo me vertice portât.
M.
In metris jugiter cum sim vocalibus esca,
35 Suadeo de musis tollas me non génitrice,
Ne atra figura tuos tenebris offuscet ocellos.
N.
Vox sum certa sonans, qua res monstratur adesse,
Tollere me multi quaerunt de nomine frustra,
Vim quoque sic solitam Pythio de carminé perdens.
0.
40 Littera saepe choris en sum signata canentum,
Curro vias multas, manibus sed fixa manebo,
Perque meam forraam saeclorum vertitur ordo.
P.
Me sine nulla potest hominum concordia cerni,
Nota potentis eram plebis perscripta columnis,
28. CPAV primos prime.
29. iiFpellerunt.
30. C Afirorom.
31. P greca 1. totam s. sorte corr. sorde.
34. C sum convocalibus esca.
35. CA V genitricis. P ne tollas me genetricem.
36. V Neutra. C oscuret.
37. A quia, C abesse.
39. PC Pithio AV Phiteo, M, coiy. mitto, P pendens corr. perdens.
40. PV chori sensum, A choris sensum, M, conj, choris en sum.
41. C menebo.
42. A sœculorum.
44. P potens, A pontificis.
434
45 Sic quoque nota fui patrain bis scripta priorum.
Q.
Sola mihi virtus vocalem vincere quintam,
Qua sine non nascor, ego banc occido ne&nde,
Quapropter juste memet sprevere quaternae.
R.
Est nomen durum sed virtus durior illo,
r>() Idcirco placuit me non mollire Camenis,
Nota tamen fueram populi vincentis et orbem.
S.
Nota fui patrum proprie et virtutis in odis,
Sed modo jam melius Domini sum nota secunda,
Et me Phoebus amat posuitque in origine lucis.
T.
55 Angélus assignat poni me in fironte gementum,
Cetera turba neci misère dum tota dabatur,
Deprecor, haec legitans, proprio me nomine signa.
V.
Forma manet semper virtus mihi sed variatur,
Utraque sum vere nullo discrimine formae,
60 Nec me graecus habet scriptam sed me duo complent.
X.
Forma mihi simplex, sed certe dupla potestas,
45. P nata ~ piorum.
46. P Solam michi. M, conj. iungere, A quartan.
47. P sed hanc.
48. P justa — spevere, CAV respuere.
50. C me, nâ.
51. il futurus populi, P populi fueram. A orbe, C urbem.
52. P patriœ, V propie.
53. C omis. sum.
54. P sub ordine ducis. AV in ordine lucis. M, conj, in cardine.
55. P assignat (vel hortatur), CAV en voluit.
56. P daretur.
57. PC Te precor.
435
Aère me puro perscribit penna volantis,
Per me saepe patet numerus de lege sacratus.
Y.
Littera sum Samii discrimine secta bicorni
65 Humanae vitae videor praeferre figuram,
Nam via virtutis dextrum petit ardùa callem
Difficilemque aditum primo spectantibus offert,
Sed requiem praebet fessis in vertice summo.
Molle ostentat iter via lata, sed ultima meta
70 Praecipitat captos, volvitque per aspera saxa.
Quisquis enim duros casus virtutis amore
Vicerit, ille sibi laudem decusque parabit,
At qui desidiam luxumque sequetur inertem
Dum fugit oppositos incauta mente labores
75 Turpis inopsque simul miserabile transiget aevum.
I quoque majorum quondam servata vetustas
Augusti ad tempus pro me scribebat ubique,
Inter vocales a doctis censeor esse
'EXXyjvixwv causa X^ywv quibus utitur omnis
80 Qui fari gestit latialiter atque diserte.
Z.
Sumpsit ab antigraphis Augusti tempore graecis
Me florens studiis romana peritia claris.
Propter graeca quidem scrÂenda vocabula mille
Ante mei t67C(p geminas SS scribere docti,
85 Sumque duplex et inest alia mihi dupla potestas
62. P perscripsit.
63. P sub lege. — Cetera desiderantur in CA V ; apud C vero sequitur :
Incipit expositio prescripti alfabeti.
64. (B. V, 140; M. 1076; R. 632) Riese : Maximini de Y littera. Littera
Pythagorae.
65. Riese : speciem praeferre videtar.
69. Riese : via laeva.
72. Riese : laudemque.
74. P fugis.
79. P eaaenikL -Aora.
80. P latialiter, id est latine — diserte, id est facunde.
84. P topo, id est voco — docta.
85. P aliam michi.
436
Nam cum correptam vocalem sector in una
Parte, modo brevior, rursus producor, ut optât
Carminé quisque suo vates, quod pangere certat.
INaPIT EXPOSITIO PRESŒIPTI ALF ABETI.
A.
1. Principium vocis, id est quia infans mox ut nascitur
prima voce dicit A. Veterumque inventio prima^ hoc est quia
A littera prima litterarum inventa est, et ideo prima scribitur in
alphabeto^ — 2. Nomen habens Domini 5. /*. t?. p., id est
quia apud Pelasgos, hoc est Grsecos, Alpha appellatur A, et in
apocalipsi Johannis Dominus dicit : Ego sum A et û »*.* — 3.
Eœsecrantis item d, i. d., hoc est quia interdum A interjectio
est exsecrantis, sicut habens in propheta : « Et dixi A, A, A,
domine Deus^ ».
B.
4. Principium libri , id est libri Psahnorum, primus psal-
mus incipit a littera B^; item prologus evangelii : « Beatissimo
pape Damaso^ ». — Mutis caput^ quia in ordine alphabeti
secundum locum tenet. — 5. Tercia felicis v. s. s. s,, quia in
trisyllabo nomine quod est Beatics prima syllaba sonum B habet.
— 6. Si me grœce legas v. t. n. i A., quia B littera apud Gre-
cos appellatur BetUy quo nomine, hoc est jB^^a, vocatur qusedam
herba quae in horto nascitur ^.
1. «A. àXçaTcapocTb aX<ptù to eupCoxo), s^ aÙToO yà^ eupéÔY) xa\ ta Xonzk (ixof.x'^lOLi »
Moschopulus, apud Stephani Thés, Graecae ling. c Quare prima ex Utteris est A ?
Quia dicitur primus de nominibus hominum Adam et in anima et in angelo qui
fuit ante saecula. » Keil. Gramm. lai, suppl., p. 302.
2. Apoc., I, 8; 21, 6 ; 22, 13.
3. lerem.j I, 6 ; 14, 13 ; Ezech,, 4, 14 ; 20, 49.
4. « Beatus vir qui non abiity etc. > C'est aussi la première lettre de pi^oc,
et de Bresith, nom hébreu de la Genèse.
5. (c Novwn, opus facere me cogis, etc. >
6. Cf. Spnphosii xnigma, 42.
437
C.
7. Principium cœli, quia C littera prima est in nomine
celi. — Primis et lunafiguris, quia nova luna, primis diebus
velnoctibus similitudinem C litterse habet. — 8. Et me clerus
amatl, s. g. L, quia Greci pro C habent K litteram, quae grece
dicitur Kappa, apudLatinos vero cappa est quedam vestis quam
clerici induere soient maxime pro pluvia. — 9. Littera sum
terre p. p. q., quia vestigia pedum equi in terra similitudinem
C litterae latinae exprimunt.
D.
10. Ablati casus voœ sum et pars septima linguœ, hoc
est De prepositio casus ablativi sonum D littere habet, et ipsa
prepositio septima pars est in ordine octo partium orationis;
orationem vero linguam vocat, quia in illa constat omnis locutio
humane linguse. — 11. Omnipotentis nomen habens us ban-
nita juncta, hoc est cum nominaveris D litteram, si subjunxeris
us syllabam dixistis Deus, Bannita vero grece dicitur syllaba^
— 12. Sum médium mille , quia D littera significat in numéro
quingentos. — Et veterum mala nota deorum, hoc est apud
antiques D littera sola scripta significabat demonem sive diabo-
lum, aliquando propriis nominibus idolorum prseposita significabat
Deum.
E.
13. Pars ego mut arum, quia mute litterîe in sonum E
desinunt, ut be, ce, de, ge, pe, te, exceptis tribus ha, ka, quu,
— Vere vocalis habebor, quia E littera vocalis est. — 14.
Altéra deceptœ q.- s. s, m,, hoc est in nomine Evae prima
syllaba est. — 15. Pars quoque sum plena, quia E prepositio
intégra pars orationis est. — Et vocis pars q. L, quia una est
ex quinque vocalibus litteris latinis.
F.
16. Semisonus dicor, quia semivocalis est. — Liquidis
1. On trouve dans le Vocabulaire d'Uguccione : c Bannita, siUaba, id est
conglutinatio litterarum. > Bibl. nat. ms. latin 7626, fol. 32, avec les variantes :
c Banita » et c Banniata » dans les mss. 7624, fol. 12 v* et 7622, fol. 13 v^ Ge
mot a aussi été employé dans le même sens par Abbon, dans son poème de
Bellis Paris., Bouquet, VIII, 3.
438
tU m. m., hoc est sicut una ex mutis litteris ; ita F semivocalis
praeposita liquidis L, R fecit communem syllabam. — 17. Nescio
quid causœ est c. m. s. E. o., quia apud Ebreos F littera non
est*. — 18. Noœ périt e. t. s. m. d. f. t., hoc est si de nomine
quod est Flumen F tuleris Lumen erit.
G.
19. Si solàm légères i, c, C. h. — 20. Si duplicefH
légères r, p, h., hoc est si unam litteram G. scribitur signiflcat
Gaium Cesarem , si vero duplex GG scribitur signiflcat Grego-
rium papain. — 21. Post me quinta s. p v. t. o., hoc est
U post G scripta non habet plénum vocalis sonum, ut lingua,
pinguis, sanguis.
22. Nomen habens vacuum, hoc est quia non habet potes-
tatem consonantis. — Fragilem d. f., quia in duas figuras,
id est dasian l et psilen l^ solvitur. — 23. Non nisi per
versus in m. v. u, p., id est quia nisi communem syllabam
fecerit non servat vim consonantis. — 24. Hoc tantum valui
L s. f,yid est aspirationem tantum facit vocalibus et quibusdam
consonantibus.
I.
25. Sum numerus primics, quia in numéro I littera
signiflcat unum. — Juvenum contentio magna, id est quia I
littera similitudinem habet virgae, juvenes autem ludentes soient
uti virga pro gladio scutumque tenentes duellium simulare^. —
26. Spreta mihi figura est eiiam, id est quia omnibus litteris
minorem flguram habet. — Sed mirapotestas, quia et vocalis
est et pro duplici consonante fungitur. — 27. Me tamen haud
Dominus voluit d. L p., hoc est quod Dominus in evangelio
secundum Mattheum dicit : « Iota unum aut unus apex non pre-
teribit a lege donec omnia flant ^. »
1. Ce son n'existe point dans la langue hébraïque, la lettre qui s'en rapproche
le plus est le Pe = p ou ph.
2. Cod., N.
3. Les esprits rude (Sa(Tt3) et doux ((|/iX6v) sont ainsi figurés dans les anciens
mss. grecs jusqu'au ix* siècle et leur origine paraît être celle que leur donne le
conunentaire.
4. La véritable explication semble devoir être cherchée moins loin. — Ausone
{EdyLy 348, v. 7) disait : « Littera sum iotae similis, vox plena Jubens, L »
5. Maith., 5, 18.
439
K.
28. Duco ego per primos p. v, h., hoc quia antiqui K
scribebantubicumque A sequeretur, ut kaput, karo, kanis, kanus,
et cetera. — 29. Meque (vel dé) meo p. p. i m., id est quia
moderni C scribunt pro K. — 30. Nunc caput Affrorum m, v,
m. A., hoc est quia Kartago et Kalendae tantum nunc scribuntur
per K, et Kartago est metropolis Affricse, Kalende vero initium
mensis ^
L.
31. Si me grece legas t. s, s, v., id est quia L littera
Lauta dicitur apud Grecos^. — 32. Nec frustra q. p. c. s, L,
id est quia communem syllabam facit in métro. — 33. Sed tamen
agricola i. c. m. v. p., hoc est quia faix et alia quaedam rustica
ferramenta similitudinem habent L litter».
M.
34. In metris jugiter c. s. v. e,, id est quia in metris
per synalipham^ sepe absumitur cum prsecedente vocali. — 35.
Suadeo de musis t, m. n. g. — 36. Ne atra f. 1. 1, o. o.^,
N.
37. Vox sum sonans certa q. r, m. a., id est quia cum
N littera sola nominatur tune in voce sonat En, quod est adver-
bium demonstrandi ut : « En illum quem queris ». — 38. Tôl-
ière me m. q, d. n. /*., id est Noraen, si primam litteram sit
Omen quod quaerentibus una res est. — 39. Vim quoque sic
solitam p. d. c. p., hoc est quia sepe liquescit in carminibus
Apollinis, qui Pithius dicitur, nam apud Grecos sepe liquescit N
littera, sicut apud Latinos L et R^.
1. c Majores nostri quotienscumque A sequebatur per K scribebant..., modo
non scribuntur nisi duo admodum verba Kartago et Kalendae, » Pompeii,
Commenium; Keil, V, 110. Cf. Auson, Edyl. 348, v. 20 : « Haec tribus in Latio
tantum addita nominibus K. »
2. On trouve dans beaucoup d'alphabets grecs écrits au moyen âge par des
Occidentaux le nom de lauta donné au A ; voyez entre autres les mss. latins de
la BibL nat. n<" 14194, fol. 96 v% et 17168, fol. 159, tous deux du xii* siècle.
3. Synalèphe, êlision.
4. Mater, — ater.
5. c Apud Graecos omnes quidem liquescunt, apud Latinos duae fréquenter L
440
0.
40. Littera sepe choris e. s. s. c, id est quia chorus
canentium similitudinem habet 0 littere*. — 4i. Curro vias
multas, hoc est rota plaustri similis est huic littere.
P.
43. Me sine n. p. h. c. c, hoc est sine P littera Pax non
potest dici, et sine pace non erit concordia hominum. — 44. Nota
potentis e, p.p. c*.
Q.
46. Sola mihi virtus v. v. q., id est hanc vim habet Q
littera ut ante U tantum scribatur. — 47. Qua sine n. n. e.,
id est quia nunquam Q scribitur nisi semper U sequatur. —
Hanc occido nefande^ id est quia U perdit naturalem sonum
précédente Q littera. — 48. Quapropter i. m. r. g., hoc est
quia Q littera nunquam scribitur ante aliquam vocalem nisi U
intersit.
R.
49. Est durum nomen, id est durum sonum habet in
nomine. — Sed virtus duriorillo. — 50. Idcirco placuit m.
n. m. c, id est quia in métro sepe solet liquescere. — 51 Nota
tamen fueram p. v. e. u., hoc est ubi una R littera sola scri-
bitur significat Romanos, vel Romani. — Le commentaire finit
brusquement dans le ms. de Chartres à la fin de la lettre R; les
quelques notes complémentaires qui suivent étaient nécessaires,
il est seulement à regretter qu'elles n'aient pu apporter une expli-
cation désirable sur tous les points du texte.
S.
Vers 52. Est-ce une allusion, pour la seconde partie de ce
vers, à la lettre Ô qui se trouve dans quelques anciens mss. à
la place de TO accentué dont il est ici question note 1? — V. 53.
Allusion à l'abréviation bien connue de Deus = DS. — V. 54.
Dans le mot Sol.
et R. M vero nunquam apud Latinos liquescit nisi in graecis nominibus, N vero
rare. » Porapeii, Commentum; Keil, V, 109.
1. Ne serait-ce point plutôt que Texclamation G est fréquemment marquée
d'un accent aigu dans les anciens mss. liturgiques?
2. Dans la célèbre formule S. P. Q. R. Voyez aussi le vers 52. PP. abréviation
redoublée de pater pour désigner les sénateurs patres.
44^
T.
V. 55. Ezechiel, 9, 4. C'est un passage de la Bible fréquem-
ment reproduit dans les émaux au moyen âge ; on peut voir
notamment cette scène figurée sur un émail du xif siècle conservé
au Musée du Louvre {D. 61). D y en a une autre représentation
sur la couverture d'un livre d'oflSces conservé dans le trésor de la
cathédrale de Sens (voy. Gazette des Beaiuv-Arôs, 1880, n** 1).
Citons enfin un petit poème du xm^ siècle sur le même sujet dans
le ms. latin de la Bibl. nat., n° 1737, fol. 144 v°.
V.
V. 58. « V vocalis est et consonans in alia hora. » Keil,
Gramm. lat,^ suppl. p. 305.
X. .
V. 61. « Sed hoc interest inter Z et X quod X nostra semper
duplex et pro duabus consonantibus habetur , Z non, sed aliquando
pro duplici, aliquando pro simplici. » Pompeii Commentum;
Keil, V, 111. — V. 63. Allusion aux dix commandements.
Y.
V. 76. Les deux lettres grecques Y et Z ne firent qu'assez tard
partie de l'alphabet latin : « Y vero et Z graecae sunt : sed etiam
apud nos sic habentur, quem ad modum apud Graecos, id est Y
pro vocali, Z pro duplici. » Pompeii Commentum; Keil, V,
110-111.
Z.
V. 85. « Z apud nos et longa et brevis est, apud Graecos
duplex, id est longa, apud nos ita est, duplex, ut ^ Mezentii
ducis exuvias »; simplex, ut « nemorosa Zacyntos ». Cledonii
ilr5;Keil, V, 28.
29
LE MISSEL
DU CARDINAL DE TOURNAI
A LA BIBLIOTHÈQUE DE SIENNE*.
Quand on s'est longtemps extasié devant les miniatures ita-
liennes du xv"" siècle, dont les tons d'azur et d'amarante semblent
empruntés au crépuscule du paradis, on éprouve une sensation par-
ticulière à se trouver subitement en face des enluminures finement
réalistes de l'école flamande. D'une part, comme dans les suaves
peintures de fra Angelico, tout semble transfiguré par la lumière
céleste ; d'autre part, au contraire, chaque détail est calqué sur
nature et toute figure est un portrait. Là, vous êtes sous le
charme d*une sorte de mélodie religieuse, aux accents uniformé-
ment purs ; ici, vous goûtez le plaisir d'une harmonie surabon-
damment variée et féconde en pittoresques surprises.
Cette impression fut celle que je ressentis, le 22 septembre 1880,
lors de ma première visite à la bibliothèque communale de Sienne.
Je revenais de la fameuse librairie du Dôme de cette ville ; j'y
avais admiré de nombreux graduels ou antiphonaires du xv® s.,
enluminés par Girolamo de Crémone et autres miniaturistes, ses
contemporains *, et je ne pensais pas rencontrer à Sienne aucun
produit du même ordre dérivant d'une autre source d'inspiration :
aussi ma surprise fut-elle grande en apercevant dans une vitrine
d'exposition de la bibliothèque de Sienne la miniature principale
1. Cette notice a été communiquée à TAcadémie des inscriptions et belles- lettres
dans la séance du 21 octobre 1881.
2. Miniature dei libri corali délia metropolitana senese, da Carlo e Gaetano
MiLANESi e Carlo Fini, di Siena : Vite de* pittori di G. Vasari, édit. Le Motif
nier, vol. VI, 1850, p. 211-242.
443
d'un manuscrit du xv« siècle, essentiellement flamand. Pour un
Bourguignon de la Comté, province dont l'histoire est si intime-
ment associée à celle des Pays-Bas, un tel manuscrit souriait
comme la figure d'un compatriote. J'eus donc la tentation de con-
verser avec ce volume, et toutes les facilités me furent accordées
à cet égard par M. le docteur Fortunato Donati, conservateur
du dépôt, et par son aimable adjoint, M. le docteur Martini.
I.
Ce manuscrit est un missel du format grand in-4<^ (307 milli-
mètres sur 225), composé de 417 feuillets de parchemin choisi.
L'écriture est une gothique de moyenne grosseur, disposée sur
deux colonnes : les préfaces et le canon de la messe sont à longues
lignes et en plus gros caractères. Le texte proprement dit débute
par ces mots : « Incipit Missale secundum consuetudinem Curie
Romane. » L'examen du calendrier montre que ce missel n'ap-
partient pas seulement à la liturgie romaine, mais encore à la
spécialité franciscaine de cette liturgie. En effet, on y a inscrit
en caractères rouges, comme les noms des fêtes de précepte,
toutes les solennités particulières à l'ordre séraphique : stigmati-
sation de saint François, dédicaces des basiliques franciscaines,
translations des reliques de saint François, de sainte Claire, de
saint Antoine de Padoue, de saint Louis de Toulouse, etc.
Le velours bleu de la reliure actuelle est moderne; mais chacun
des plats possède son armature primitive, c'est-à-dire des coins
ornés de caractères gothiques* et une bossette centrale, le tout en
cuivre doré.
Par le caractère de sa riche ornementation, ce missel appar-
tient à la famille des manuscrits flamands de la seconde moitié du
XV® siècle, l'époque par excellence des habiles miniaturistes. En
effet, a pu écrire le savant abbé Dehaisnes, « le xv® siècle offre
tous les caractères de la seconde moitié du xrv*, mais avec beau-
coup plus de vérité, d'élévation et de fini... Si l'on entre dans
l'examen des détails, l'on admirera bien plus encore le talent des
1. Ces caractères se Usent ainsi : RUO'IAM'MAR'ADD. Serait-ce une maxime
exprimant confiance en la protection de la Vierge Marie ? « Ruo, jam Maria
adducit. »
iiiiniaturitfte» du x^** siècle : les veux, lescbeTeoxet les moindres
ûccideutb dti la peau, les plis et les noanoes des étoffes, les reflets
deti vase» d'or et d'argent, les fleurs microscopiques des paysages,
la transpareace et le chatoiemeiit de la lomière dans les loûxtaiiis,
tout est traité avec une délicatesse, un fini, une minotiease pié-
ci;^iou qui n'appartient qu'aux artistes de la Flandre. Jamais les
ix^j'dures n'ont rien offert d'aussi splendide que ces larges enca-
dre/jieutis fond jaune {pointillé d'or, avec leurs chenilles, leurs
papillons et leurs paons, avec leurs fraises, leurs roses et leurs
[x^ns^^y avr^c leurs rinceaux façon camaïeu, ornés de glands et
dii feuilles de chêne, qui entourent ordinahrement des armcHries,
'les 'ievij^s ou de gracieuses vignettes ^ »
lii'ins la flore ornementale de notre missel, c'est la pensée qui
«iornine : elle r^t le symbole d'une devise, bonne pensée', qui se
trouve, et sriuvent h plusieurs reprises, sur chacune des nom-
tireuses pages munies d'encadrements. Tantôt cette devise ressort
en caractêrtis gothiques noirs sur un papier déroulé, tantôt elle
hrille t^n Ifittres romaines d'or sur un cartouche couleur de
pourpre, quelquefois elle n'est représentée que par les initiales
n. 1*. dans l'intérieur d'une lettrine. Aussi fréquemment qu'elle,
itpparaisHent doux écussons blasonnés : l'un, qui est surmonté de
la volute d'une crosse épiscopale, porte, sur champ d'azur, deux
(ïlels d'oi* posées en pal, adossées, les anneaux pommelés et entre-
ludm ; l'autre présente, en champ d'azur semé de fleurs de lys d'or
sans nombre, une tour d'argent crénelée, maçonnée de sable, de
laquelle sortent à droite et à gauche deux crosses épiscopales de
gueules.
Aucune hésitation n'est possible sur l'interprétation de ces
deux écussons : l'un renferme les armoiries de la famille bour-
guignonntî de (Jugny, l'autre celle de l'évêché de Tournai^. Or,
l'tivvy ile Clutçny ayant été évêque de Tournai de 1474 à 1483,
nt la (îoiifectioa de notre manuscrit ne pouvant appartenir qu'à
(iette période, il y a certitude absolue que la bibliothèque de
Sienne possède le missel de Ferry de Clugny. Une note manus-
lîi'ite, placée dans le volume, indique vaguement cette origine :
t. L'abbê UKUAisNiss, i)0 Vari chrttien en Flandre, 1860, in-S*, p. 65 et 66.
'i. Uu«)lquefuU isonnu i*anîikk.
a. l'ies armoiries tigur«)ui tiur U Vue de Tournai, gravée pour U Deseripêion
U(ui k'ay^-Has du ((Uiouauuin.
445
elle dit que ce travail d'enluminure fiit fait par les ordres de
Ferry de Monthelon, français, protonotaire du pape Pie II,- de
l'ordre bénédictin de Cluny, mort cardinal en 1483. « Partout,
ajoute cette note, on lit sa devise Bonne Pensée, et auprès d'eUe
récusson d'un abbé de la Tour*. » Ces indications traditionnelles
avaient grand besoin d'être réformées. Monthelon était bien un
fief appartenant à la famille de Clugny ; mais jamais l'évêque de
Tournai ne s'en intitula seigneur, et aucune désignation n'était
moins que celle-là de nature à le faire reconnaître. Quant à son
vrai nom de famille, l'auteur de la note en a fait le qualificatif
monacal d'un ordre auquel Ferry de Clugny n'appartenait point ;
car s'il gouverna plusieurs abbayes, ce fut à titre de commenda-
taire et nullement comme abbé régulier. Il était enfin tout à fait
étrange de voir les armoiries de l'évêché de Tournai présentées
comme celles d'un abbé imaginaire du nom de La Tour.
Une seule miniature de pleine page existe dans le manuscrit* :
elle vient après le calendrier et les règles liturgiques, pour servir
de frontispice au missel proprement dit. On y voit un évêque en
costume pontifical, agenouillé devant la Vierge qui lui apparaît.
La Vierge, tenant l'Enfent Jésus sur ses genoux, est assise sur
un trône en bois richement sculpté. Dans un pan d'étofie, qui fait
baldaquin au-dessus du trône, trois anges exécutent un concert
avec une trompette, une harpe et un triangle : les extrémités de
la draperie sont retenues par deux anges qui semblent chanter.
Derrière l'évêque, un ange est debout, qui fournit un appui à la
crosse engagée dans le bras droit du prélat : un autre ange, qui
voltige, tient de la main droite l'écusson des Clugny et de la main
gauche une crosse épiscopale. A la gauche de la Vierge, trois
petits enfants de chœur s'unissent au concert des anges : l'un, qui
est assis par terre, tient un rôle de parchemin sur lequel on lit,
avec notation musicale, les premiers mots de l'antienne Regina
1 . « Pienissimo di dettagliati lavori fatto fare da mons. Federigo di Monte-
Leone^ francese, protonotario di Pio 11^ dell'ordine di Cluny, morto cardinale di
S. Ciiiesa nel 1483.
< Per ogni lato, e il suo motto Bonne Pensée, e presso rarme di un abate
de la Tour. Vivacissimo è il colorito delJe figure, ma scorretto ne è il disegno. »
2. M. RoBiT, percepteur à Fontaine-sur-Saône, a fait faire une reproduction
photographique de cette miniature, dans l'intérêt d'un travail historique qu'il
prépare sur Ferry de Clugny. Je me suis utilement servi, pour ma description,
d'une épreuve qu'il a bien voulu m'oflfrir de cette photographie.
446
eœii ktiare ; on antre, qui est à genoux, bat la ineame en
regardant le parchemin : on troisième» qui est debout, aoooni-
pagne ses deux amis en jouant de la mandoline. Ces trois eD£mts
de dueiir fonnent on gronpe extrêmement graoeox- La scène se
passe âOQs un porcbed*architectiireet en regard d*an pittoresque
château, dont la porte est sormontée d*ane niche englobant une
^tne de la Vierge. Au-dessus de Tune des arcatures du potcfae,
on Toit. â rintêrieur et dans Tombre, une rosace dcxit le eenfene
est un êcusson portant un cheTron que truis petits motifs aocmn-
pagnent. C¥. le prédécesseur immédiat de Fernr sur le siège de
ToumaL Guillaume Fillastre, grand bâtisseurs arait dans ses
ara3oiri€s un chevron accompagné de trois meriettes '. Le minia-
turiste a donc touIu représenter ici un bâtiment OHistruit par le
prédécesseur Je Ferrr de Qunj. et le château pJacé en Im» dut
rappeler la physionomie d'une maiscMi de plaisance des éréqoes
de Tournai au xr* siéde.
Toute cette miniature a été traitée avec la sràce naïve et la
merveilleuse ânesse qui donnent tant de prix aux oeuvres des Van
Evck et des Memling. L'image de la Vierge a souffert de rfanmi-
ditê, mais celle de l'évéque est absolument intacte. Cest la figure
d'un homme encore jeune^ à la carnation fluette, aux traits fins
et distin^és. avant Tceil bleu et les cheveux châtains. On a donc
ainsi le portrait authentique de Fi^ry de Qugnj, exécuté par un
miniaturiste de pr«nier ordre.
En dehors de ce principal tableau, le manuscrit r»ifenne des
miniatures de moindre importance. Telles sont, pour chacun des
mois du calendrier. Timage d*un signe du zodiaque et cdle d'une
scène des occupations rurales. Dix-huit miniatures, qui ne
dépassent pas la largeur d'une colonne du texte, marquant les
offices des principales fêtes : cdle qui représente TÂssomption de
la Vierge est particulièrement ra»lieuse ; on 7 voit, dans le loin-
tain terrestre, les clochers et les tours d'une cité flamande, sans
aucun doute de Tournai, la ville épiscopale de Ferrv de Qugnj.
n.
Ferry de Glugn v appartenait à Fune de ces fiaimilles de récente
1. Gazst, Bistmrt ecdtsiastîqme da Pa^fs-Bas ; WAumts, art. FiUmstn de
U Bioçntpkie natiomaU de Be^giqne (t Vil, coL 61-70).
2. G. DiMAT, Incemtaire des seemut de r Artois, s* ^10.
447
noblesse, dont les ducs de Bourgogne de la maison de Valois
utilisèrent Tintelligence et les richesses pour dompter la turbu-
lente ambition de leurs grands vassaux. Originaires d'Autun, les
Clugny furent naturellement dans la clientèle de leurs compa-
triotes les Rolin, tout puissants à la cour de Philippe le Bon.
Ferry fit ses études dans les principales universités de l'Itahe, et
il revint de Bologne avec le grade de docteur es droits. Le duc
Philippe le prit en gré et le délégua, en 1456, pour coopérer, au
nom du clergé, à la rédaction des coutumes du duché de Bour-
gogne. Il fut bientôt détourné de cette tâche par des missions
diplomatiques que le même prince l'envoya remplir auprès des
papes CaÛxte III et Pie IL Charles le Téméraire, à son tour,
l'employa comme négociateur de ses traités avec le roi de France
Louis XI, et ce monarque n'hésita pas, en 1474, à approuver,
comme suzerain, la promotion de Ferry au siège épiscopal de
Tournai. De son côté, le duc de Bourgogne l'avait fait chancelier
de la Toison d'or, et il le désignait bientôt après pour présider,
en l'absence du chancelier, le grand conseil de Malines. A la suite
de la catastrophe de Nancy, l'évêque de Tournai resta courageu-
sement fidèle à l'héritière de la maison de Bourgogne; ce fut lui
qui bénit le mariage de cette princesse avec l'héritier du trône
impérial et qui administra le baptême au prince PhiUppe, leur
premier né. Créé cardinal-prêtre du titre de Saint-Vital, le
15 mai 1480, il substitua le pape Sixte IV comme parrain de
l'archiduchesse Marguerite, la fiiture souveraine des Pays-Bas
et de la Franche-Comté. Il partit pour Rome au printemps de
l'année 1482 et y mourut subitement le 7 octobre de l'année sui-
vante *. On l'inhuma dans le chœur de l'église de Sainte-Marie-
du-Peuple, où existe encore sa tombe qui n'est qu'une simple
dalle de marbre blanc avec épitaphe et armoiries *.
1. Un excellent résumé des faits et gestes de Ferry de Clugny, par M. Emile
DB BoROHaRAYE, a paru, sous forme d'article, dans la Biographie nationale de
Belgique, t. vn (1880), col. 41-44.
2. Cette dalle a 1 mètre 97 centimètres de haut sur 77 centimètres de large.
La moitié supérieure est occupée par un écusson paré du chapeau cardinalice.
L'écusson est écartelé : au premier et au quatrième quartier sont les deux clefs
adossées et posées en pal des Clugny ; au deuxième et au troisième, il y a trois
fleurs de lis, lesquelles, d'après M. Harold db Fontenay, représenteraient les
armoiries des Menneserre, alliés aux Clugny. La moitié inférieure de la dalle
448
III.
Cette sépulture ne répondait pas à l'idée que Ferry avait tou-
jours eue de reposer dans le pays de ses origines. Â cet effet, il
avait obtenu, dès 1465, l'autorisation de se faire bâtir une cha-
pelle funéraire dans la cathédrale d*Âutun. Devenu évêque, il
s'était plu à embellir cette construction : aussi avait-elle le sur-
nom de Chapelle dorée. Il reste encore quelque chose des pein-
tures qui en décoraient les murailles, et, comme sur le missel de
la bibliothèque de Sienne, on y lit cette devise souvent répétée :
PENSBE BONNE BONNE PEI^SEE.
Une inscription qui accompagne les peintures donne à Ferry
la qualité d'évêque, sans mentionner encore son titre de cardinal :
donc la décoration de la chapelle doit être considérée comme pos-
térieure à 1474 et antérieure à 1480*. C'est également dans ces
sept années que se place la production du missel, car aucun des
insignes de la dignité cardinalice n'y accompagne l'image et les
armoiries du prélat. Toutefois, le caractère liturgique de ce livre
témoigne du désir qu'avait l'évêque de Tournai de revêtir la
pourpre romaine : en effet, s'il adopta le rite ifranciscain pour la
est remplie par une épitaphe dont voici exactement la disposition et le texte :
HIC lACET DFERRICVS
DE CLVNIACO NATIONE
BVRGVNDVSIVRIS VTRI
VSQ.DOCTOR TITVU
SANCTI VITALIS PRES
BYTER CARDINALIS EPI
SCOPVS TORNACEN QVI
OBIIT DIE MARTIS VII
OCTOBR ANNO SALVTIS
MCCCCLXXXIII
ORATE DEVM PRO SALVTE
ANIME EIVS
Je dois un bon dessin de cette tombe à la gracieuse obligeance de mon com-
patriote le R. P. Joseph Laurençot, S. J.
1. Ces indications concernant la Chapelle dorée de la cathédrale d'Autun sont
empruntées à ÏÉpigraphie auiunoise de mon savant confrère M. Harold. db
FoNTENAY : Mémoires de la Société Édvsnne, nouvelle série, t. VII, 1878,
p. 226-232.
449
confection de son missel, ce ne put être qu'avec Tintention de
faire sa cour à l'ancien général des Cordeliers qui était devenu
pape sous le nom de Sixte IV. Au point de vue de ce caractère
liturgique, aussi bien que sous le rapport du style des illustra-
tions, le missel conservé à Sienne est une sorte de frère jumeau du
bréviaire Grimani, cette merveille de l'art flamand que Ton
admire à Venise*.
On sait les noms des trois principaux artistes qui ont collaboré
au célèbre bréviaire. Mais faudra-t-il renoncer à connaître le
nom de Fauteur très méritant des miniatures de notre missel ?
Nous pensons avoir repéré à cet égard une indication de quelque
valeur. Dans l'un des angles inférieurs de la grande miniature, on
voit une lettre M majuscule sur l'un des carreaux émaillés qui
forment parquet. Aucune lettre ne figurant sur les autres car-
reaux, il y a lieu de considérer ce signe isolé comme une signa-
ture d'artiste. Or, il se trouve que le miniaturiste en renom dans
les Flandres, à l'époque où fut fait notre missel, avait précisément
la lettre M pour initiale de son nom de famille. C'était Simon
Marmion, de Valenciennes, qui avait exécuté, entre les années
1467 et 1470, un merveilleux livre d'heures à l'usage des opu-
lents ducs de Bourgogne. Durant ce travail, c'est-à-dire le
27 avril 1468, il s'était fait recevoir franc-maître dans la corpo-
ration des peintres, sculpteurs et enlumineurs de Tournai. Son
talent s'appliquait surtout à la décoration des livres : aussi les
comptes des ducs de Bourgogne l'appellent-ils escripvain, et le
poète Jean Lemaire lui décerne-t-il le titre de prince d* enlumi-
nure. Dans son épitaphe rimée, le poète Jean Molinet lui fait
dire :
J^ay décoré, par art et sens acquis,
Livres, tableaux, chappelles et autels.
Simon Marmion mourut le 25 décembre 1489, neuf ans après
la dernière date possible de la confection du missel qui nous
occupe *. Il y aurait bien, on le voit, quelques motifs d'attribuer
* 1. Voir la publication intitulée : Fac-similé des miniatures contenues dans le
Bréviaire Grimani conservé à la bibliothèque de Saint-Marc, exécuté en pho-
tographie, par Antoine Psbini, avec explication de François Zanotto et un
texte français de L. db Mas Latrie; Venise, 1880, in-4».
2. Tout ce qui concerne Simon Marmion se trouve exposé dans l'Histoire de
la peinture flam^ande de M. Alfred Michikls, t. III, p. 374-387.
450
les miniatures de ce livre au prince d'enluminure qui, dès 1468,
s*était enrôlé dans les maîtres peintres de la ville de Tournai.
Quoi qu*il en soit de cette attribution conjecturale, mais vrai-
semblable, il est certain que la décoration de notre missel procède
d*un miniaturiste de la contrée dont Tournai était le principal
centre artistique. Le plus éminent des peintres de cette viÛe,
Rogier van der Weyden, mort en 1464, avait été déjà encouragé
par un évêque de Tournai, Jean Chevrot, originaire de Poligny,
en Franche-Comté. Son triptyque des Sept Sacrements^ Tune
des perles du musée d'Anvers, porte en effet, plusieurs fois répé-
tées, les armes de Jean Chevrot mises en regard de celles de
révêché de Tournai ^ L'auteur des bordures du missel de Sienne
s'était évidemment inspiré de cet exemple.
Comment ce beau volume est-il arrivé à la bibliothèque com-
munale de Sienne ? Tout ce que Ton sait à cet égard, c'est que,
dans la bibliothèque de l'université de Sienne, il faisait partie du
groupe des livres ayant appartenu au pape Pie n et à d'autres
membres de la famille des Piccolomini *. Or, Ferry de Clugny,
envoyé comme ambassadeur auprès du pape Pie II, avait néces-
sairement connu le neveu de ce pontife, François Piccolomini,
que Ton appelait le cardinal de Sienne. Devenu cardinal lui-
même, il le retrouva comme collègue, et leurs relations ne purent
manquer d'être très suivies. Le cardinal de Sienne aura tenu sans
doute à posséder un souvenir du cardinal de Tournai, et la famille
de Clugny se sera fait un devoir de lui céder le précieux missel.
Tout porte donc à croire que la bibliothèque communale de Sienne
doit ce volume aux relations de Ferry de Clugny avec l'illustre
Siennois qui fut pape pendant vingt-sept jours sous le nom de
Pie m.
Auguste Castan.
1. Alfred MicHiELS, Hist. de la peinture flamande, t. III, p. 50-54.
2. < Quando e corne questo codice perrenisse alla Biblioteca , s'ignora,
essendo certo che esso vi si trovava insieme con gli altri messaU già appartenati
a Pio II e ad altri Piccolomini, un secolo fû, quando cioè la Biblioteca era unita
air Università, alla quale apparteneva. » (Lettre de M. le docteur F. Donati :
1«' janvier 1881.)
BIBLIOGRAPHIE.
Essai sur les villes fondées dans le sud-ouest de la France aux
XIII® et XIV* siècles sous le nom générique de bastides, par
M. A. Curie-Seimbres. Toulouse, 4880. In-8°, 424 p.
Ce volume est la seconde édition d'un ouvrage publié sous le même
titre, il y a bientôt dix ans, dans les Mémoires de la Société archéologique
du midi de la France^. En terminant ce premier travail, Tauteur écri-
vait : < La suite de cet essai doit comprendre : 1* l'histoire originaire
< de chaque bastide, province par province; 2* le texte des documents
a inédits relatifs à ces fondations et l'indication des ouvrages oii se
< trouvent ceux déjà imprimés. >
En rééditant son œuvre incontestablement améliorée, M. Curie Seim-
bres n'a tenu qu'une partie de ses promesses. S'il y a joint ce qu'il
appelle < l'histoire originaire > des bastides, il a cru pouvoir supprimer
les documents, qu'il promet du reste de publier dans une nouvelle
édition, si son étude, dit-il, obtient la faveur du public. L'accueil
qu'elle a déjà reçu et le témoignage flatteur qui lui a été donné au con-
cours des antiquités nationales doivent être garants que d'ores et déjà
l'auteur songe à cette édition nouvelle. On doit espérer qu'il y join-
dra cette fois ses documents, mais je voudrais de plus que, repre-
nant son travail en sous-œuvre, il fît quelque effort pour le mieux
mettre au courant de la science, le corriger et le compléter, en portant
ses investigations sur un certain nombre de points qu'il a eu le tort de
ne pas aborder. Je suppose en effet que, malgré les louanges complai-
santes que M. Curie a jugé bon d'imprimer en tête de son livre, en
manière d'introduction, il ne se dissimule pas qu'il est loin d'avoir
épuisé la matière, et que l'accueil fait à son ouvrage est dû plus à l'in-
térêt du sujet qu'à la façon dont il a su le traiter.
Quoi qu'il en soit, M. Curie a, l'un des premiers, essayé une étude
1. T. X, 1872-1873.
452
d'ensemble sur un snjet difficile; c'est nne honorable tentative; je me
propose d'indiquer ici quelques-unes des améliorations dont elle est
encore susceptible.
J'insiste tout d'abord sur la nécessité, dans un ouvrage de cette nature,
de donner des documents, d'autant plus que l'auteur ne me paraît pas
attacher à leur publication assez d'importance, persuadé qu'il est d'en
avoir extrait dans son œuvre toute la substance. Tout au plus semble-t-il
croire qu'on pourrait désirer les trouver pour une vérification : « Les
< sources, dit-il, ayant été pour chaque ville indiquées avec le plus grand
a soin, cela peut suffire à ceux qui désireraient retrouver les textes >
(p. 418). Cette phrase donne à penser que M. Curie ne se doute pas que
la publication des coutumes, qui constituent la plupart des documents
auxquels il fait allusion, doive être autre chose que l'impression
des premières copies venues, qu'il faille une méthode pour en établir le
texte, des recherches et des comparaisons minutieuses pour retrouver
les plus anciennes rédactions de chacune d'elles et les publier en donnant
en note ou autrement l'indication des modifications dont elles ont été
l'objet dans les différentes villes qui les ont reçues. Des indications de
sources, même exactes, ne sauraient donc de bien loin suppléer à une
bonne publication. Mais, à dire vrai, j'avoue que quand, après avoir lu
d'un bout à l'autre le livre de M. Curie, j'ai vu, à la dernière page, qu'il
se piquait d'avoir indiqué ses sources < avec le plus grand soin •, je n'ai
pu m'empécher de trouver la prétention tout à fait étonnante. Il fant
citer quelques exemples de cette prétendue précision. M. Curie dit
que les deux bastides de Mirande et de Pavie ont été bâties à la
même époque, et voici la preuve qu'il en donne : c Miranda aedificata
una cum Papia, dit le père Montgaillard • (p. 288). Quel est ce père
Montgailiard? Que vaut son affirmation? Dans quel ouvrage l'a-t-il
émise? M. Curie n'en dit rien. Plus loin, il parle d'une ville qui s'était
formée auprès de l'abbaye de Simorre ; c s'il faut s'en rapporter à une
« relation de son cartulaire, dit-il, cette ville aurait été incendiée vers
« la moitié du xn« siècle • (p. 299). Au lecteur de savoir ce qu'est et
011 se trouve ce cartulaire de Simorre. P. 307, il décrit avec assez de
détails les fortifications de la bastide de Trie : quatre tours carrées,
onze tours rondes, des remparts, des fossés, etc. ; on serait aise de con-
naître la source de ces renseignements ou de savoir si c'est là une
description de visu. P. 321, il rapporte à 1256 la fondation de Yidalos
(C d'après les témoignages des historiens du Bigorre ». P. 349, parlant
de Montréjeau, il raconte qu'Ëustache de Beaumarchais lui octroya les
« franchises et coutumes ordinaires », qu'elles furent « modifiées en
< 1425 et disposées en 228 articles >, sans indiquer aucune source. De
même à propos de Valentine, dont les coutumes sont, dit-il, de 1287
(p. 351) ; de même encore pour la Bastide-Glermont, dont le pariage se
trouve t parmi les pièces d'un procès que le procureur du roi intenta.
453
f en 1560, à l'abbé des Feuillants » (p. 352). Llsle d'Albi dut, dit-il,
sa fondation à Fun des derniers comtes de Toulouse « suivant d'anciens
f manuscrits conservés dans ses archives » (p. 397). Les faits relatifs
à Saint-8ulpice-la-Pointe sont t révélés par des lettres de 1248... con-
« servées dans la Saune de Tlsle » (p. 399). Enfin, à propos de la
bastide de Saint-Urcisse et de quelques autres, M. Curie se contente de
dire que « M. Rossignol en a éclairé l'origine par la production de leurs
« titres » (p. 406). Si, à ces exemples, qu'on pourrait multiplier,
j'ajoute que, même lorsqu'il cite un volume du Trésor des chartes ou de
la collection Doat, M. Curie indique rarement le n- de la pièce ou le
folio du registre, j'aurai montré suffisamment quel est son système de
références pour être en droit de substituer à son affirmation l'affirmation
contraire et n'être pas taxé de sévérité en disant que ses citations sont
faites d'un bout à l'autre de son livre avec une telle négligence que c'est
tout un travail que de remonter à ses sources.
Ceci dit, je reconnais avec empressement que M. Curie s'est livré à
un travail considérable : ses recherches n'ont pas porté sur moins de
266 bastides ; il est vrai qu'il en est un grand nombre pour lesquelles
tous ses renseignements se réduisent à une simple mention ; j'ajoute
qu'il aurait pu, sans grand'peine, beaucoup augmenter le nombre de
celles sur lesquelles on peut trouver des renseignements, et qu'il a
ignoré d'importants documents relatifs à plusieurs des bastides dont il
a parlé. Il est loin d'avoir recueilli toutes les pièces contenues dans les
registres du Trésor des chartes, il ne paraît pas avoir connu, bien qu'il
les cite dans la première partie de son livre, les copies faites en Angle-
terre pour Bréquigny (aujourd'hui à la Bibliothèque nationale dans la
collection Moreau) et qui, surtout pour les bastides anglaises, lui eussent
fourni des renseignements nombreux et précieux. Parmi les bastides
importantes qu'il n'a pas même nommées, je ne citerai comme exemple
que celles de Bourret, la Peyrouse près Lourdes, Mimizan-en-Born,
Montolieu, Ribouisse, Villeneuve-d'Aveyron, sur lesquelles des docu-
ments importants et caractéristiques ont été déjà publiés. Toutefois les
documents connus de M. Curie suffisaient pour renseigner à peu près
sur tout ce qui touche les bastides. Voyons le parti qu'il en a tiré.
M. Curie n'a voulu étudier, le titre qu'il a choisi l'indique, que les
villes fondées au xni« et au xiv« siècle. Pourtant il dit, dès les pre-
mières lignes, que, le mouvement qu'il étudie ayant eu < dans le passé
< ses racines et sa préparation nécessaire >, il juge indispensable d'en
étudier les origines. L'intention était bonne assurément, mais au lieu
de s'appliquer à rechercher ces origines, comme il semblait le pro-
mettre, M. Curie s'est perdu dans des considérations générales sur la
féodalité et la révolution communale qui ont le double tort d'être sans
lien avec son sujet et surtout d'être fausses de tout point. L'origine ro-
maine, qu'on a encore coutume d'attribuer au régime municipal du
454
moyen âge, ne suffit pas à M. Curie, c'est à une époque antérieure à la
conquête romaine qu'il prétend faire remonter l'organisation municipale
des grandes villes du Midi. U croit, de plus, que le régime municipal
dont elles jouirent pendant la domination romaine s'y perpétua ; il veut
que, grâce à ce régime, elles soient toujours restées indépendantes de la
féodalité * qui, dans le Midi, aurait négligé les villes pour n'aflecter que
les campagnes ; il pense enfin qu'il s'y conservait une < tradition libé-
c raie et démocratique » (p. 33), « un esprit égalitaire et démocratique »
(p. 27). Autant de mots, autant d'erreurs.
Si l'opinion qui rattache le régime municipal du moyen âge à celui de
l'époque romaine compte encore aujourd'hui des partisans, il n'est du
moins personne qui puisse soutenir sérieusement que les villes soient
restées à l'abri du régime féodal ; il n'est pas une seule ville ancienne
pour laquelle on ne puisse, à l'aide de documents catégoriques, prouver
absolument le contraire. Et quant au caractère du régime communal
des grandes cités du moyen âge, il était, on le sait, essentiellement
aristocratique, il favorisait l'indépendance et la liberté de la ville, mais
ne dotait pas les habitants d'un prétendu régime égalitaire et démocra-
tique tout à fait étranger aux mœurs d'alors.
M. Curie ne rend pas mieux compte de la division des villes en cité
et en bourg. Il croit que la fondation des bourgs fut provoquée par je ne
sais quelle tendance a des populations suburbicaires > à participer aux
avantages des cités. Il fait du titre de citoyen une prérogative comportant
toujours des privilèges, des droits, des avantages particuliers, sans
s'apercevoir que le terme de civis désigne généralement l'habitant de la
civitas, celui de burgensis, l'habitant du burgus, celui de vicinus, l'habi-
tant du vicus ou de la villa^, et que souvent le bourg jouissait de
franchises qui lui étaient enviées par la cité.
M. Curie confond sous la môme dénomination de < villes parasites ou
villes d'accession », qu'il nomme ainsi pour les distinguer des villes
neuves ou bastides dont il s'occupe exclusivement, les agglomérations
qui se sont formées autour des châteaux et des monastères et celles qui
se sont établies sur les terrains d'asile. C'est faire à la fois une confusion
et une distinction non justifiée. Ce nom de villes parasites ou d'acces-
sion ne peut s'appliquer qu'à celles dont les habitations se sont peu à
peu groupées autour d'un château ou d'une abbaye. Ces bourgades
ne datent pas seulement, conmie le prétend M. Curie, du xi« ou du
1. « Ces villes, dit-il, remplirent un rôle considérable, celni de sauver^ comme
l'arche de la figure biblique, au milieu du déluge féodal, les traditions d'indé-
pendance et de dignité humaine et ce vieux dépôt du régime municipal dont
elles allaient devenir les initiatrices. >
2. Ailleurs, M. C. dit â tort que c'est « le fait de la mitoyenneté qui a intnn
duit dans la langue l'expression vkintu pour désigner les bourgeois. »
455
xn* siècle, elles sont, pour la plupart, aussi anciennes que le château
ou que le monastère qui les a créées, et, n'en déplaise à M. Curie qui
prétend que les Normands ont respecté les campagnes pour ne dévaster
que les villes (p. 40), les invasions normandes et sarrasines ont active-
ment contribué à concentrer, sous la protection des châteaux et des
abbayes, les populations rurales.
Au contraire, les villes dont la fondation émane de l'initiative d'un sei-
gneur, celles qui ont eu pour origine l'ouverture d'un asile et la publica-
tion d'une charte de peuplement, même si l'emplacement s'en trouvait au-
près d'un château, d'un couvent ou même d'une autre ville préexistante,
sont des villes neuves. La proximité du château ou du couvent ne
saurait leur donner un caractère particulier ; leurs privilèges et leurs
coutumes sont analogues ou semblables à ceux des villes que M. Curie
veut, à l'exclusion de toutes les autres, nommer des villes neuves. Celles
en particulier qui ont été bâties sur des terrains d'asile ont tellement
tous les caractères des villes neuves qu'on se demande si M. Curie, en
voulant, en dépit de leur origine, les confondre avec les villes d'acces-
sion, n'a pas eu pour seul but de ne pas s'en occuper dans son livre.
Elles eussent, en effet, singulièrement dérangé ses théories.
Pour lui, le mouvement de création des bastides se circonscrit dans
une période d'une centaine d'années (1250-1350), et il faut l'attribuer,
en très grande partie, à Tinfluence française. C'est, à mon sens, com-
plètement en méconnaître l'origine, l'étendue et l'importance. M. Curie
a écrit que beaucoup de bastides sont dues « à l'initiative des grandes
< maisons religieuses, — mais il y a à remarquer, ajoute-t-ii, que cette
« bonne volonté ne se déclara qu'à partir de l'établissement dans nos
« contrées de l'autorité monarchique. » Tout au contraire, les plus
anciennes villes neuves sont l'œuvre des grandes abbayes; ce furent
elles qui, grâce aux immunités dont jouissaient leurs possessions, grâce
au droit d'asile^ grâce aux prescriptions des conciles relatives à la paix
de Dieu, qui assuraient à leurs domaines une sécurité relative, furent
amenées, et cela dès le xi» siècle, à ouvrir les premiers asiles, pour
peupler leurs terres, pour fixer une partie de la population nomade très
nombreuse alors, pour faire défricher et mettre en culture quelques-unes
de leurs possessions, et par là augmenter leurs revenus. On rencontre
dans les cartulaires de fréquents exemples d'abbaye qui construisent
une église sur un emplacement choisi et jusqu'alors à peu près désert,
divisent le terrain en lots à distribuer aux nouveaux arrivants, leur
garantissent certains privilèges, et fondent ainsi les premières villes
neuves dans des conditions tout à fait identiques à celles qui se
rencontrèrent plus tard. Ces bourgades, qu'on a nommées des Sauvetés
{Salvetates), furent extrêmement nombreuses; il n'est guère de cartu-
laires d'abbayes méridionales qui ne nous aient conservé, avec de
nombreuses mentions de sauvetés, les coutumes qui furent données
456
à quelques-unes. Licairac, vers 1055, Lavaur, entre 1060 et 1065,
Saint-Michel de Mont-Saboth, vers 1073, Gieurac, en 1074, Goueilles,
entre 1073 et 1087, Berat et Gog-Mortat, entre 1080 et 1084, Tau-
riac, vers 1087, Marestang, en 1108, Gassagnes, avant 1111, Gastel-
Mauron, en 1111, Malesagne, vers 1115, pour ne citer que quelques-
unes de celles sur lesquelles des documents explicites nous sont parvenus,
furent des sauvetés fondées par des abbayes dans les conditions que nous
venons d'indiquer.
Les seigneurs n'ont pas tardé à suivre Pexemple que leur donnaient
les monastères et à ouvrir, eux aussi, sur leurs domaines et dans le même
but, des lieux d'asile. M. Gurie prétend que la chose fut extrêmement
rare, parce qu'il croit que les seigneurs n'en avaient pas le droit, et que
ces fondations furent toujours et partout une réaction contre la féodalité.
Vraie pour le xiii« siècle, cette proposition ne l'est pas pour répoqpie précé-
dente. Dès 1121, Guillaume IX, comte de Poitiers, ouvrait à côté de la
ville de Bayonne, sur le terrain situé entre la Nive et l'Adour, un véritable
lieu d'asile, et, quelques années plus tard, son fils, Guillaume X, peuplait
la Rochelle de la même manière. Les nombreuses Carias pueblas onpo-
pulaciones de l' Aragon et de la Navarre, les nombreuses villes portant
encore les noms caractéristiques de Sauveterre, Gastelnau, la Salvetat,
Villeneuve, fondées par les ducs d'Aquitaine, les comtes de Toulouse,
les comtes de Foix, de Périgord, de Bigorre et leurs vassaux, témoignent
que ce ne sont pas là des exemples isolés. Raimond VII, Alfonse de
Poitiers et les rois d'Angleterre, chacun dans leurs domaines, ne firent,
on le voit, que suivre et généraliser une pratique très ancienne. Depuis
les premières paroisses instituées par des monastères qui les dotaient du
droit d'asile jusqu'aux bastides construites par les officiers royaux, la
tradition n'a jamais subi d'interruption. En ne parlant que des dernières,
M. Gurie s'est complètement mépris sur leur origine.
Ge qui est incontestable, c'est que la fondation de villes nouvelles fut
Tun des principaux moyens de gouvernement employé par Alfonse de
Poitiers dans ses États. Il y trouvait de nombreux avantages : augmenter
ses revenus, peupler ses domaines, réagir contre La féodalité, îadre con-
currence aux grandes villes d'ancienne fondation, attribuer au tiers état,
en même temps que la sécurité, la dose exacte de liberté qu'il jugeait utile
de lui laisser^ établir une véritable ligne de défense pour protéger ses
frontières en les garnissant d'une ceinture de villes peuplées des mé-
contents des pays limitrophes, etc. N'est-il pas puéril après cela de venir
contester que les créations de villes soient dues à l'initiative d' Alfonse
pour les attribuer exclusivement à ses officiers ? M. Gurie insiste, à
diverses reprises, sur cette distinction subtile. Alfonse de Poitiers,
dit-iK < fut constamment éloigné de ces États •, donc on ne saurait lui
attribuer ces fondations (p. 46K II en est de même plus tard des bastides
cx)N'ales^ dont la fondation ne saurait, suivant lui^ être attribuée aux rois
437
de France. Il va jusqu'à écrire que « rien n'autorise à penser qu'ils aient
« prêté à ce fait une attention directe personnelle » (p. 60). Il est vrai
que plus loin, se fondant sur ce principe, qu'il suppose « incontestable »,
que c partout les monarchies se sont appuyées sur les castes aristocra-
f tiques » (p. 63), il conteste que la politique royale ait jamais songé à
s'appuyer sur le tiers état pour combattre la féodalité. Tout cela est tel-
lement contraire aux faits historiques les mieux établis que je me gar-
derai d'en entreprendre la réfutation^.
Si M. Curie, dont les recherches ont, comme on voit, porté en grande
partie sur les villes fondées dans le Midi par les offlciers d'Alfonse de
Poitiers, avait connu ce qui a été déjà écrit sur ce prince ou consulté les
sources encore inédites de son histoire, il n'aurait point parlé ainsi de
sa politique. Je ne lui reprocherai pas de n'avoir pas cité le très remar-
quable mémoire sur l'administration de saint Louis et d'Alfonse en
Languedoc que M. A. Molinier a joint au t. VII de la nouvelle édition
de V Histoire de Languedoc des Bénédictins, non plus qu'aucun des nom-
breux documents que le même éditeur a publiés dans le t. VIII; ces
volumes ont paru à la même époque que l'ouvrage de M. Curie; mais je
m'étonne qu'il n'ait pas songé à consulter un ouvrage devenu classique
sur la matière, je veux dire le livre de Boutaric sur Saint Louis et
Alfonse de Poitiers. L'un ou l'autre de ces ouvrages lui eût montré
combien peu d'initiative le roi et surtout le comte de Poitiers laissaient
à leurs officiers, et il se fût rendu compte que la' centralisation adminis-
trative était telle au xm* siècle qu'il était dès lors impossible à un fonc-
tionnaire de fonder la moindre bourgade sans le consentement du roi.
S'il eût étudié le chapitre sur les Rapports d'Alfonse avec le tiers état^ l'un
des meilleurs du livre de Boutaric, il eût trouvé sur ce point, et sur tous
les sujets de ses recherches, une foule de questions résolues ou posées
de nature à modifier profondément ses conclusions, sans parler de nom-
breuses indications de documents, dont quelques-uns publiés depuis par
M. Molinier, où il eût pu poursuivre des recherches fructueuses.
Pour parler, du reste, de la politique suivie par Alfonse de Poitiers
avec le tiers état et des villes fondées par lui en particulier, il eût été
nécessaire de parler de tous ses États et non pas seulement du Langue-
doc. C'est en Auvergne, par exemple, que M. Curie eût trouvé peut-être
les faits les plus curieux et dans tous les cas plusieurs types des privi-
lèges de bourgeoisie qui furent attribués aux bastides. Et, puisque
j'en viens à parler des limites géographiques adoptées par M. Curie,
il y a lieu d'examiner ce que signifie l'expression de sud-ouest de la
France qu'il a employée pour déterminer la région sur laquelle ont
1. Ailleurs, M. Curie prétend qu'au xiii" siècle « l'impôt n'existait pas encore >,
et que c le Trésor royal ne s'alimentait qu'au moyen des revenus du domaine >
(p. 95).
30
458
porté ses étiules. N'a-t-on pas le droit de s'étonner d^ trooTer com-
pris à la (bis le Vivarais ei le Périgord, el d'en Toir ezdnre FAn-
Yergne et le Poitou? J'ajoate que les sénéchaossées de Nîmes el de
Ileaacaire ne sont représentées dans le lirre de M. Carie que par
quelques bastides, alors qn'en réalité elles n'en ont pas compté on moins
grand nombre que les autres circonscriptions.
L'on des plus intéressants chapitres de ce liTre est cehii qni est
relatif aux pariages. Il est remarquable en effet qn'nn grand nombre
de bastides ont été fondées à la suite d'an contrat d'association de ce
genre. Là anssi, M. Curie s'est mépris sur le caractère de ces actes. U
rapproche sans ancune raison le contrat de pariage de l'ancienne neom--
mtndatio avec laquelle il n'a aucun rapport, ce dont il se serait gardé
s'il avait pris la peine de constater qne les pins anciens actes de ce
genre sont simplement destinés à régler l'exercice de droits de co-sei-
gnenrie sur un domaine indivis. Selon lui, t le contrat de paréage
f n'apparaît pas avant le xii* siècle et s'efface avec le xv* siècle > ; c'est
nne double erreur. Même dans le cas spécial de pariage pour la fonda-
tion d'une ville, on en rencontre dés le xi« siècle. Dans un grand nombre
des Salvetates fondées alors, le terrain a été fourni par un seigneur laïque
à un monastère, à condition d'y établir une paroisse, d'y ouvrir un asile
et sous la réserve de certains droits. N'est-ce pas exactement le contrat
du XIII* siècle, avec cette seule différence, mais caractéristique, qu'au
XI* siècle c'est le monastère qui, pouvant assurer la sécurité, acquiert
le terrain pour fonder la ville, tandis qu'au xni* siècle c'est le roi ou le
comte qui établit des villes privii^iées sur des terrains fournis par les
abbayes ? Les contrats de pariage n'ont pas disparu avec le xv« siècle,
comme le croit M. Curie ; ils ont été sans doute moins nombreux lorsque
cessa le mouvement de fondation des villes, mais on en rencontre encore
jusqu'au xviii« siècle, et j'en ai précisément un sous les yeux, daté du
iO septembre 1767, passé entre le roi et le duc de Blacas, pour l'exercice
de la juridiction dans la ville d'Aups*.
En même temps que des pariages, M. Curie a parlé des pactes d'union
à la couronne et du désir qu'avaient les villes d'être ainsi rattachées au
domaine. Je m'étonne que ses recherches ne l'aient pas conduit à obser-
ver que dans les États d'Alfonse les villes neuves n'étaient pas soumises
à la juridiction du baile dans la circonscription duquel elles se trou-
vaient, mais qu'elles formaient, pour ainsi dire, toutes ensemble, une
baille spéciale, administrée par le lieutenant du sénéchal.
L'analyse des privilèges des bastides qui suit le chapitre sur les pa-
riages n'est pas mieux conduite; là encore, M. Curie n'a pas vu ce
qu'il y avait à faire. Il a pris à tort et à travers, dans les coutumes des
villes neuves, des dispositions qu'il commente et en arrive à décrire
l. Arch. nat., E 2436.
459
ainsi une bastide composite qui n'a jamais existé. Je n'insisterai pas sur
les commentaires qu'il donne à ces coutumes, un grand nombre dénote
qu'il n'en a pas toujours compris les dispositions; je n'en veux citer
qu'un exemple : le droit de se marier librement, reconnu aux habitants
par la plupart des privilèges des bastides, n'a rien de commun avec le
droit de marquette.
M. Curie n'a pas été sans remarquer, et il l'a dit parfois incidemment,
que chaque ville neuve n'avait pas reçu une charte de coutume particu-
lière, mais que la plupart de leurs privilèges avaient été copiés les uns
sur les autres. Il ne fallait pas se contenter de cette remarque générale,
mais répartir en quelques classes tous les privilèges, remonter pour cha-
cun au type primitif et noter les modifications qu'ils avaient peu à peu
subies. Cette méthode, que je recommandais au début de cet article
pour l'édition de textes de coutumes, eût été certainement féconde pour
l'étude de l'organisation et de la condition des bastides; elle eût permis
de substituer à l'analyse vague, aux notions incertaines et inexactes
qu'on trouve dans ce chapitre, des explications et des notions précises.
Les bornes d'un compte rendu ne me permettent pas de poursuivre
davantage la critique des opinions de M. Curie. Je dois, à regret, me
borner à dire que, sur l'origine des biens communaux, sur la condition
des habitants qui ont peuplé les bastides, sur le lotissement des terres,
sur la construction des villes, il n'a pas eu de notions plus exactes que
sur tout le reste. Tout le chapitre relatif à l'architecture fourmille d'er-
reurs qu'il serait trop long de relever. M. Curie, qui ne sait guère
d'histoire, sait encore moins d'archéologie, et peu s'en faut qu'il ne fasse
de l'art gothique « en harmonie parfaite avec l'effusion de joie des
« groupes urbains en possession de leur indépendance » une consé-
quence de la création des bastides. Selon lui, « l'église, dans chacune
f de ces villes, fut le monument chargé d'attester la vie libre et homo-
« gène, l'existence politique. » De quelque manière qu'on cherche à
interpréter cette proposition, il faut reconnaître qu'elle ne repose sur
aucune preuve.
Un mot encore du style de l'ouvrage ; il est loin d'être clair, et l'ex-
pression, si recherchée qu'elle soit, n'est que rarement précise. On se
demande, par exemple, comment Vextrados d'une voûte a pu « recevoir
« des dispositions propres à la manœuvre des mangonneaux » (p. 187).
M. Curie écrit que le pays de Rivière « était une sorte de réseau admi-
f nistratif composé de villes et de villages placés sur divers points »
(p. 300) ; que « l'origine d'Eymet paraît s'évincer sûrement de quelques
f documents postérieurs » (p. 200). C'est là une expression fréquente.
Ailleurs il dit c le point mitoyen de la place » (p. 178) pour le milieu.
Il faut arrêter ici ces observations, dont l'intérêt du sujet traité par
M. Curie fera, je l'espère, excuser la longueur. Si étendues qu'aient été
ses recherches, on doit constater que son livre est loin d'être suffisant
460
pour faire connaître ce sujet complexe. Faute d'avoir eu une habitude
suffisante de manier les textes, faute d'avoir eu de l'histoire une con-
naissance approfondie, faute d'avoir fait porter ses investigations sur ce
qu'on pourrait appeler les alentours de son sujet, M. Curie, dont les
intentions méritent toutes les louanges, s'est trompé sur les questions
d'origine, et n'a eu ni vues justes, ni notions exactes sur l'histoire de
la fondation des bastides du Midi, qu'il s'était proposé de raconter. De
plus, l'absence de tout document empêchera que jamais cet ouvrage soit
d'une grande utilité, à tel point que s'il me fallait indiquer oii il est
possible de trouver aujourd'hui des renseignements exacts sur le sujet
traité par M. Curie, je renverrais non pas à son livre, mais aux quelques
pages si justes et si pleines de faits malgré leur sobriété que M. A. Mo-
linier a consacrées aux villes neuves dans son mémoire sur Alfonse de
Poitiers.
A. Giav.
Cartulaire de l'abbaye bénédictine de Notre-Dame et Saint^Jean-
Baptiste de Chalais, au diocèse de Grenoble y par Em. Ptlot de
Thobey. Grenoble, Maisonville, ^879. In-S**, ^28 pages.
Le cartulaire de l'abbaye de Chalais comprend cinquante-cinq pièces,
qui vont du commencement du xii« siècle au commencement du xrv«.
11 a été formé de pièces originales, de vidimus ou de pièces déjà impri-
mées que l'éditeur a reproduites avec toutes leurs fautes. En cela, il a
fait preuve de conscience et d'exactitude; il serait injuste de l'en blâmer.
Mais, pour montrer qu'il a bien lu et bien compris ses textes, il aurait
dû donner en note les bonnes leçons ou les corrections à proposer. Par
exemple, les mots induhitantur huic transcripto tradatur, qui ne signi-
fient rien, se trouvent au moins deux fois, pp. 26 et 35. M. Pilot de Thorey
n'aurait-il pas bien fait d'indiquer en note qu'au lieu de cette lecture
fautive, il aurait fallu indubitanUr huic transcripto credatur? De môme,
p. 39, au lieu de sacrilegii erimus, il aurait dû corriger sacrilegii crimen; .
p. 29, parmi les souscriptions d'une bulle d'Innocent II, on voit des
fautes comme celles-ci : sancti Cruels, sancti Praxedis, in Lelio monte,
pour sancte Crucis, sancte Praxedis, in Celio monte, fautes qui ne sont
certainement pas imputables à M. Pilot de Thorey, mais nous avons le
droit de lui demander pourquoi il n'a pas cru devoir s'acquitter jusqu'au
bout de sa tâche d'éditeur habile et honnête en faisant des corrections
dont la nécessité s'impose. Le nombre en est grand. Je lui reprocherai
aussi de n'avoir pas toujours suffisamment fait usage de la ponctuation
forte ou demi-forte, dans plusieurs chartes, comme la première et la
deuxième, par exemple, dont le texte est peu clair par lui-même et au-
rait donc besoin d'être bien ponctué pour être intelligible. La publica-
tion est précédée d'une courte mais substantielle introduction, dans
464
laquelle sont relevées les particularités paléographiques et diplomatiques.
M. Pilot de Thorey y a consigné ce que son texte a pu lui fournir d'ob-
servations de toutes sortes; il y a apporté beaucoup de minutie, peut-être
trop pour les résultats auxquels il est arrivé. — P. 5, M. Pilot de
Thorey se sert du mot cotatures, que je vois pour la première fois.
Ulysse Robert.
Cartulaire et Histoire de Vahbaye de Notre-Dame de Baugency^
ordre de Saint- Augustin^ publiés^ d'après l'original et le manuscrit
de A. Duchalais^ par G. Vigivat. Orléans, Herluison, 4879. In-4**,
Lxni-528 pages.
M. Vignat a été archiviste adjoint du Loiret ; il a suivi pendant quel-
que temps les cours de TÉcole des chartes ; il s'est préparé, par une
étude approfondie des modèles du genre, à la publication du cartulaire
de Baugency. Il s'est acquitté de cette tâche à son honneur. L'Acadé-
mie des inscriptions et belles-lettres le lui a prouvé, en lui décernant
une mention honorable au . dernier concours des Antiquités de la
France.
Le cartulaire de Baugency est conservé aux archives du Loiret. Il
comprend 174 chartes, qui vont de 1104 à 1316, un relevé des revenus
de l'abbaye, des droits perçus par elle le jour de la foire de la Quasi-
modo, la table des chartes et un catalogue de la bibliothèque, dont
M. Vignat a publié le texte à part. M. Vignat a donné en tête de ce
cartulaire une Introduction bien étudiée, très complète, qui renferme
comme la quintessence cfes chartes. C'est ainsi qu'il consacre une série
de chapitres aux actes en langue vulgaire, avec une liste des mots dont
la forme diffère de celle des mots correspondants du français moderne
aux noms de lieux et de personnes, à l'état du sol et des personnes, aux
écoles de Baugency, à la foire de la Quasimodo, au catalogue de la
bibliothèque, aux abbés et aux seigneurs de Baugency. Ajoutez à cela
une table des chartes par ordre chronologique, un index des noms de
personnes et de lieux et l'édition d'une histoire de Baugency, d'après une
copie qui en avait été faite par notre confrère M. Duchalais.
Bien que le livre de M. Vignat dénote beaucoup de soin et de travail,
il n'est cependant pas de tous points irréprochable. Je me suis imposé
la tâche de lire cent pages du texte; j'y ai relevé un certain nombre
d'inexactitudes, qui ne sont peut-être que des fautes typographiques.
Exemple : p. 9, Jehan Cassine Laine pour Jehan Cassine Vaine; p. 18,
pro decem solidos pour pro decem solidis; p. 28, munimem pour muni"
men ; p. 33, asseverunt pour asseverant ou asseverarunt ; p. 45, renondens
pour renuncians; p. 55, obligens pour obligans; p. 57, auditis radonibus
que pour auditis radonibus quas; p. 68, librum pour liberum; p. 69,
apud Aurelianis; p. 69, didos decanum et capitulum Turonense, quand
462
la logique exige Turonenses; p. 100, concilio pour conj»7to. M. Vigoat
écrit Notre Dante, chacun, quand il faudrait Nostre Dame, chascun. La
ponctuation n'est pas toujours régulière ; enfin il y a manque de mé-
thode et d'uniformité dans remploi des lettres majuscules dans les noms
ethniques.
Ulysse Robert.
Cartulaire de l'abbaye de Saint-Michel du Tréport {ordre de saint
Benoît], par P. Lafflkur de KERMinGiNT. Paris, Didot, 4880. In-4®,
cLx-425 pages, el album in-fol. de 7 planches photogravées.
Comme M. Vignat, M. de Kermaingant a suivi les cours de l'École
des chartes ; comme lui il a mérité et obtenu, pour son Cartulaire du
Tréport, une mention honorable au concours des Antiquités de la France.
Au point de vue de Texactitude du texte, le Cartulaire du Tréport rem-
porte sur celui de Baugency; les fautes de lecture y sont moins nom-
breuses et il se recommande par plus de méthode. Mais Tlntroduction
n'est pas aussi complète que celle de M. Vignat. Ainsi, on peut regretter
que M. de Kermaingant, à côté d'une histoire très intéressante et très
complète de l'abbaye du Tréport, trop complète même pour la partie
qui va depuis la réforme, n^ait rien dit de la condition des personnes,
qu'il n'ait pas parlé des professions ou métiers dont les chartes font
mention, des monnaies, des mesures, etc., qu'il n'ait pas donné la signi-
fication de certains mots s'appliquant aux droits, revenus, etc. Gela eût
été d'autant plus facile que ces observations ne pouvaient être en grand
nombre ; et elles auraient avantageusement remplacé la digression sur
les ordres monastiques qui occupe les pp. lix-lxfv de l'Introduction.
Parce que le texte du Cartulaire du Tréport m'a paru édité avec le
plus grand soin, j'ai collationné minutieusement quelques chartes sur
les fac-similés et les originaux, avec le désir secret, — que M. de Ker-
maingant me pardonne, — d'y trouver des fautes. Mon désir, je Tavone,
a été déçu, car c'est à peine si j'ai rencontré un petit nombre d'inexac-
titudes. Voici les plus graves : p. 1, vigenti pour viginti; p. 33, Grimotl
])0ur Griinolt; p. 34, ortos pour hortos; avant garbas, il faut que au lien
de quoque; au lieu de Willelmi Ru fi, il faut Wilelmi Ru fi; p. 35, au lieu
de Lamberti, il faut Lantberti; p. 80, au lieu de ausque, il ÎRui usqtte,Va
est exponctué; pp. 31 et suiv., n** ix, les e cédilles qui sont dans l'ori-
ginal n'ont pas été rendus soit par l'e cédille, soit par l'a?. C'est le
reproche le plus sérieux qui puisse être adressé à M. de Kermaingant.
Mais il mérite des éloges pour les nombreuses notes historiques et
géographiques, pour les identifications des noms de lieux et pour les
tables qui enrichissent et suivent le texte. Ce dont M. de Kermaingant
doit surtout être félicité, c'est d'avoir ou l'idée de donner, avec son beau
volume, l'album, qui est en même temps un travail d'art et une preuve
463
de bon goût. M. de Kermaingant a trop bien débuté dans la carrière de
rérudition pour s'arrêter en si belle voie.
Ulysse Robert.
Histoire de la langue et de la littérature françaises au moyen âge,
d'après les travaux les plus récents, par M. Charles Aubertin.
Paris, Belin, >l876-^878. 2 vol. in-8^ Ym-58^, vi-585 pages.
Le premier volume de cet ouvrage est vieux de cinq ans, le second de
trois. En dépit de ces dates éloignées, le lecteur ne nous saura pas mau-
vais gré d'appeler son attention sur un livre qui, pour ne pas être actuel,
n'en est pas moins digne d'intérêt. L'ouvrage de M. Aubertin est, comme
du reste l'indique son titre, un résumé des derniers travaux sur la langue
et la littérature françaises du moyen âge ; Fauteur a puisé indifféremment
à toutes les sources qu'il a rencontrées, mais on peut lai reprocher de
n'avoir pas toujours fait un choix et surtout de ne pas avoir assez pro-
portionné la place qu'il donne à tel ou tel genre littéraire à la valeur
réelle de ce genre pour les gens du moyen âge et pour nous.
La partie la plus faible de l'ouvrage de M. Aubertin est certainement
la première, celle qui est relative aux Origines et à la foi^mation de la
langue française ; on sent que sur ce terrain l'auteur manque de prépa-
ration suffisante. Un exemple suffira : M. Aubertin prétend (t. I, p. 81)
qu'au cas sujet féminin pluriel « l'ancien français écrivait et prononçait
li femme (feminœ) » ; tout le monde sait qu'aux deux cas du pluriel
féminin, on a toujours dit les femmes, comme si le nominatif pluriel
latin était feminas, semblable à l'accusatif.
La deuxième partie se divise en trois c époques ». Les deux premières
sont consacrées, l'une à la poésie épique et à la poésie lyrique, l'autre à
la poésie dramatique. Les nombreux travaux qui ont été faits sur ces
sujets permettent à M. Aubertin de s'étendre sur des matières dont la
dernière, la poésie dramatique, ne touche que fort peu au moyen âge.
La troisième < époque », qui commence le second volume, s'applique à
la poésie satirique. Le chapitre des fabliaux y est trop écourté. Ces
fabliaux, qui seuls au xni« siècle représentent la gaieté et la bonne hu-
meur françaises et qui, avec les chansons de geste, ont porté à l'étranger
le renom de notre littérature, semblent effaroucher M. Aubertin, qui se
contente de résumer, en l'abrégeant considérablement, l'article de Victor
Le Clerc dans V Histoire littéraire.
Même concision pour ce qui regarde la poésie morale et didactique,
si riche et si fertile. Il est vrai qu'en ces matières M. Aubertin avait peu
de devanciers, mais c'était, nous semble-t-il, une raison de plus pour lui
de posséder toute la bibliographie de son sujet. Jean Priorat entre
autres, que M. Aubertin ne connaît que de nom, a été l'objet, il y a six
ou sept ans, dans la Bibliothèque de l'École d-es chartes, de deux notices,
464
où MM. U. Robert et A. Gastan ont donné des renseignements aussi
précis que complets sur le poète bisontin. Il est regrettable que M. Au-
bertin ait ignoré ces notices.
Meilleur est le chapitre suivant (le premier de la troisième partie) ,
relatif aux historiens Villehardouin, Joinville, Froissart, Gomines et
autres. Vient après le chapitre des orateurs, des orateurs sacrés sar-
tout, auxquels M. Aubertin consacre de longues pages. Un dernier
chapitre, qui à l'inverse du précédent pourrait être allongé, s'applique
aux romanciers, aux moralistes et aux traducteurs.
Ce résumé rapide de l'ouvrage de M. Aubertin ne permet certaine-
ment pas de le juger, mais il suffit à en donner une idée. Malgré des
erreurs, des omissions, des appréciations contre lesquelles il faut parfois
se tenir en garde, ce livre est un manuel utile, bien supérieur, comme
histoire générale mais abrégée de l'ancienne littérature française, à tout
ce qui a été fait jusqu'ici.
Gaston RAYNAm).
Histoire du théâtre en France. — Les Mystères, par L. PrnT de
JcLLEViLLE. Pafis, Hachctte, 4880. 2 vol. in-8**, 457, 648 pages.
Prix n 5 fr.
Les deux volumes de M. Petit de JuUeville ne sont que la première
partie d'une Histoire du théâtre en France, qui en comprendra deux
autres : le Théâtre comique au moyen âge, et le Théâtre au temps de la
Renaissance. Le tome premier contient Thistoire générale des mystères ;
le tome second renferme : \^ l'histoire des représentations; 2<> le cata-
logue des mystères; S^la liste des ouvrages à consulter; 4* un glossaire.
Get ouvrage, on le voit, est un corpus de tout ce qui est relatif aux
mystères, et M. Petit de JuUeville a mis à profit à cette occasion la plu-
part des livres qui traitent de notre ancienne littérature dramatique. On
peut dire qu'il a certainement réussi dans son œuvre ; et ces deux gros
volumes épuisent pour longtemps le sujet. Passons -les rapidement
en vue.
Après avoir esquissé l'origine liturgique du théâtre en France, Fau-
teur aborde l'étude du drame au xii<> et au xiii* siècle ; Jean Bodel, entre
autres écrivains de cette époque, fournit la matière d'un intéressant
chapitre, où, comparant les procédés dont le trouvère s'est servi pour
écrire son Jeu Saint Nicolas et ceux auxquels a recours Técole roman-
tique moderne, M. Petit de JuUeville en vient à les identifier. Nous
passons ensuite au théâtre du xiv« siècle, représenté par une série de
Miracles de Nostre Dame, dont la Société des anciens textes français pour-
suit régulièrement et courageusement la publication. Nous arrivons enfin
aux mystères du xv« et du xvt« siècle, qui sont comme résumés dans le
fameux Mystère de l'Ancien Testament, que publie le baron James de
465
Rothschild, et dans le Mystère de la Passion de Jean Michel. Toute la
fin du premier volume est appliquée à étudier les cycles dramatiques des
mystères, la composition, le style, les auteurs de ces œuvres, etc. Un
chapitre tout entier est consacré aux Confrères de la Passion, puis nous
assistons à la décadence et en 1548 à la chute de cette littérature qui a
duré un siècle.
Le second volume est une sorte de mémento commode, oiï les rensei-
gnements les plus complets nous sont donnés sur l'ensemble de la litté-
rature dramatique en France jusqu'à la Renaissance. C'est d'abord une
liste chronologique de trois cents représentations de mystères ou pièces
analogues, jouées en France entre 1290 et 1603. Vient ensuite l'analyse
de toutes ces pièces depuis le xii« jusqu^au xvi« siècle. Cette partie, la
plus importante du volume, est nourrie de faits, bourrée de citations et
détaillée de telle sorte qu'elle peut dispenser dans certains cas de con-
sulter les manuscrits ou les éditions des mystères analysés ; quelques
pages aussi sont réservées aux pièces aujourd'hui perdues, dont M. Petit
de JuUeville a retrouvé la mention et dont il aurait pu citer un plus grand
nombre. Le volume est terminé par un glossaire, donnant l'explication des
mots cités dans tout l'ouvrage. Nous relevons dans ce glossaire certaines
fautes qui nous ont frappé : pour dire amen signifie non pas pour dire
vrai, mais pour en finir; — claimer est une grosse erreur phonétique
pour clamer : la forme daim, visée par le glossaire, répond au latin
clâmo ot l'accent tonique n'a pas la même place que dans clamâre; —
dans le vers Si sentiras ja outre vin, outre vin n'a pas un sens spécial :
ce vers est complété par le précédent, goûte seulement ce vin du bout de-
la langue, et tu en sentiras la saveur outre la langue, c'est-à-dire ju5gu'au
fond de la gorge; — souffrete signifie non pas souffrance, mais manque,
pauvreté; — veil a le sens de volonté, désir, et non de vœu, etc.
L'ouvrage de M. Petit de JuUeville est recommandable à tous égards ;
les personnes qui s'occupent spécialement de littérature dramatique
pourront peut-être constater certaines lacunes qu'une lecture plus éten-
due aurait sans doute fait disparaître, mais ne montrons pas plus d'exi-
gence que l'auteur lui-même qui, dans son introduction, est allé
au devant de cette critique, et, pour nous en tenir aux limites de cette
revue, espérons dans le plus bref délai possible l'apparition de l'histoire
du théâtre comique en France.
Gaston Raynaud.
Des origines du pouvoir ministériel en France, Les Secrétaires d'État
depuis leur institution jttsqu' à la mort de Louis XV, par le comte
DE LuçAY, ancien maître des requêtes au conseil d'Etat, membre
du Comité des travaux historiques et des sociétés savantes. Paris,
librairie de la Société bibliographique, ^884. In-8°, vin-648 pages.
Lorsque le chancelier, devenu chef de la justice, prit une part réelle
I<4
ui ^miToroenniit dn royaume, il dm ibazidt}aner Les décals du
;utJU iux àercs-otitaires piao» 3ogs «» ordres. Ces ausdesces ftactiaft-
iMirtnk pour lurs iimples »*xpt?dicit>r. r.ai nés, étaient a^f^f^ii^ à vne
>rttUiite ; àe leurs raim de^vaiieot àorûr. socs le aom de «créfeûfes
iittàuoK ei des .«nmmanti.MTiàmt* poîs scos ceioL de iecretaiRs dfÉkat^
.e«- l'uiurs cheé» du ^roc^ememecî. SoÏTre linsi ^^isqne dans les leipe
uioùenM» uue insticaùoc (pi a <es radoes dans le oumn. ige» en etot-
iier !ei^ irmâà}nzia£ioas. oocL^ler les Tbdes '^:ii xçmnaoL les dires Ai
«(fcp>i de Pîiilippe le BeL «le Fiorimi^oai Roôervc ec cetni-d de Colbert,
de Louvoisv de CboLseu!. c -esc réponiire li Imniér? sur une boone pertie
de l'suitniaistracioa : je diraU ToLûctiier?, ior :oc:e I administniioa, si
deux ^mads services, la 'û<ti-ie ec les Inances, a'etaienc restés de fioat
U)uip$ eu dehors des aorlbcâocs les «cr*tair!» d'Efiac Qoanii de pins oa
uo cnùuc pas d*étecdr» «es recnercaeg jostp'azx insôczicuQS mâsiiieSy
;eUes que le conseil l'Eue 'paiid oc ^aise îarzemeat aux dépôts de la
HibUothèque, des Arciii'ai nasionales et des ziinistères. et quand svr-
:oui ou joint an ^aTc•L^ de M. de Ln^ray eet;e experieoee des afbîrcs, si
uùle pour donner i la :.irjgne la prëcison sdecôiqTie des termes. Foo-
vm^j^e si consdenciecsement éiah<<re cerise de preoire place paimi les
meilleurs instruments de sraTail.
Je ^i^alerai secletnen:, dazs le prpgrier diapicze*. plnsieius points
sur lesquels je désirerais voir fantecr s'expliquer aTec pics de netteté
daus une seconde édition. Le rèsieinen: du 1* avril 1>17 parie de Fias-
sislance au Conseil «les «ipiarr? secnKaines des commantiemente et des
duances. M. de Lcçay n'a:£adie-t-Ll pas troc d'importaoœ à ce détail?
« Ce Conseil, dit-il p. 15-. était :o=iocrs Le 'lentre unique d*où partait
et où venait aboutir le rzKKZTecsent zoa^errhaseLifial : ausi la &Tear
d'<>tn» admis dans son sein, que les secrétaires des commandemaits
venaient d'obtenir, peut-eile être considérée comme %m fkit d'iule phu
(ft>»Hdf «iwçwiof Km" Id^r azeni" que le rèsdemect même du !• arnl. »
S'iî y a là quelque innovation, pourquoi M. de Loçay ccnstate-t-îl, à la
p. l:î, que déjà, socs le reçue de François I», oes secrétaires assistaient
au Conseil, senaien: no:e ce ses décisions et les expediiient ensuite f
Ce droit d'entrer au Conseil est conirmê non seul-îment par les rèçle-
monts de IScO. de lôôô et de I5ô7, ion: parte M. deLu-^ay p. l*», mais
oucore par ceux du 11 janvier lôTO et d:: tO janvier l>Si>. (Arch. nat.,
KK 6^5, ff SO et 113,
Suivant M, de l.ui:ay ,p. IS', les secreaiires d*È:aî auraient rédigé et
exjHHiie, jusqu'en LV>4, ;es dêlibèraàons du Conseil des ùnanoes : alors
I. lA pren\i^w |>4rt»e du Inviil de M, de L*çAy * para. 3 y a dè}à fort loag-
lom|v<. iUns U »mi^ **jtf4inf«^ ir» tin^s -h^Hne» ^ tinÊmftr. Je se penaeltrai
aV\|»rim<*r U» tv^t aue M. de Ui\%à> a wt pa MeCti^ à pwit, duis ces quatre
467
seulement cette charge aurait été confiée à des secrétaires spéciaux. On
peut, je crois, préciser davantage. Dès 1560 (règlement du 21 décembre,
Bibl. nat., ms. fr. 7496, f* 204 V), je trouve deux secrétaires d'État,
a ordonnés pour le faict des finances », qui entrent, et sans doute
tiennent la plume, aux séances du conseil privé où se traite particu-
lièrement des finances; les autres secrétaires d'État ont leur entrée à
ces séances, comme à toutes celles du Conseil privé. L'année suivante
(règlement de mai 1561, L. Paris, Négoc, sous le règne de François 11^
p. 868), les attributions de ces divers fonctionnaires sont encore mieux
délimitées. L'entrée à toutes les séances du Conseil privé, même à celles
des parties, est accordée sans restriction aux « secrétaires des finances » ;
quatre d'entre eux, Larred, Marchaumont, Du Boys et Dolu, servent
par quartier au Conseil, et sont chargés de faire les c expéditions con-
cernans le faict des finances ^ » De l'assistance des secrétaires d'État
aux séances du Conseil privé, il n'est plus question; mais ils peuvent
entrer dans la chambre ou dans le cabinet du roi et de la reine-mère,
c'est-à-dire au Conseil des affaires. Ces dispositions sont confirmées par
le règlement du 23 octobre 1563. (Bibl. nat., ms. fr. 5905, f» 79 v«.) A
partir de 1578, au plus tard (v. le règlement du 11 août, Girard et Joly,
t. I, p. 623), le service du Conseil, désormais nommé Conseil d^État^ est
organisé comme il suit : le résultat est rédigé par le secrétaire des
finances en quartier, apporté, dès le lendemain de la séance, au secré-
taire d'État en mois et par lui lu au roi ; celui-ci le signe, le secrétaire
d'État le contre-signe, après .quoi seulement il est loisible d'en délivrer
des expéditions; ce soin appartient aux secrétaires des finances, pour
toute matière de finances, aux secrétaires d'État, pour les réponses aux
cahiers des provinces, pour les commissions en matière d'impôt et,
d'une manière générale, pour tout ce qui concerne le gouvernement de
l'État. Je ne fais que noter les faits principaux sommairement; mais
dans les règlements du 31 mai 1582, et dans celui du 16 août 1588, les
détails abondent; on y voit notamment que les secrétaires d'État écri-
vaient en marge du résultat les observations royales, qu'ils devaient
conserver le souvenir de certaines décisions du Conseil, pour t en res-
pondre à Sa Majesté, quant il escherra », et qu'ils expédiaient toujours
directement les commandements du roi. Il faudrait également mettre à
profit les renseignements fournis par Marillac dans le fameux Traité du
Conseil, qui, grâce aux soins de MM. Aucoc et Moranvillé, ne restera
1. Il résulte aussi d'un arrêt du 13 octobre 1563 (Bibl. nat., ms. fr. 5905,
f* 81 r*), que les édits et lettres patentes commandés par le roi, de son propre
mouvement ou d'après l'avis du conseil^ étaient expédiés par les secrétaires des
finances, quand il s'agissait d'une matière financière, et, dans les autres cas, par
les secrétaires d'État.
468
plus longtemps inédit. (Voyez notamment Arch. nat., KK 626, ff. 46
et suiv.)
M. de Luçay a publié plusieurs départements des pays et provinces
entre les secrétaires d'Ëtat. Ces sortes de règlements ont été sans cesse
renouvelés, et il serait à peu près impossible aujourd'hui d'en dresser
la liste complète. Je transcris néanmoins, d'après le ms. fr. 16227, p. 11,
celui du 31 mai 1582, qui a échappé à M. de Luçay. Fait après la mort
du baron de Sauves, ce département correspond à celui des intendants
des finances et des conseillers d'État en quartier.
c DEPARTEMENT DU QUARTIKR DE HIT, JUIN6, JUILLET ET AOUST 1582,
DE MM. DU CONSEIL d'EsTAT ET DES SECRE'tAIRES d'EsTAT ET INTEN-
DANS DES FINANCES.
M. DE ViLLEROY :
Languedoc, Daulphiné, marquisat de Saluées, Provence, Lyonnois,
Forestz, BeaujoUois, hauite et basse Marche, Guyenne et Poictou.
M. Brulart :
Bourgogne, Ghampaigne et Brie, Picardye, Metz et pays Messin et
Berry.
M. PiNART :
Paris, Isle de France, Normandie, Bretaigne, Orléans, pays Ghartrain,
Blaizois, le Mayne, Touraine, Loudunoys, Anjou, Auvergne hault et
bas pays, Bourbonnoys et Nyvernois. »
La plus grande partie du livre de M. de Luçay se rapporte à une
époque trop récente pour faire l'objet d'un compte rendu détaillé dans
une revue telle que la nôtre. Nous ne pouvions cependant laisser pas-
ser, sans le signaler, un des plus savants ouvrages qui aient été écrits
sur Tadministration publique en France.
Noël Valois.
LIVRES NOUVEAUX.
SOMMAIRE DES MATIERES.
Sciences auxiliaires. — Épigraphie, 647. — Paléographie, 582, 597.
— Bibliographie, 597, 600; typographie, 694.
Sources. — Ghroniques, 568, 623. — Lettres, 643. — Archives, 567,
578, 638, 670, 684, 687 ; pièces d'archives, cartulaires, 599, 660, 677, 688.
469
Biographie et généalogie. — Abélard, 689; Alexandre V, 668;
AUighieri, 575, 576, 678 ; Anselme de Mauny, 573 ; saint Bernard, 689;
Bernard, comte d'Anhalt, duc de Saxe, 604 ; Bonfils, 570 ; saint Boni-
face, 608 ; saint Clair, 657 ; Gourson, 664 ; P. Damien, 618 ; Du Bourg,
601 ; Éméric et saint Etienne de Hongrie, 623 ; Gaïx, 579 ; Gunther,
620; Lapeyrouse, 570 ; Lusignan, 642 ; Mesmes, 609 ; MûUenheim, 564 ;
Papin, 574; Petrucci, 694; Plantigny, 693; sainte Reine, 617, 662;
Robert d'Uzès, 672 ; sainte Scholastique, 636 ; Vaudémont, 613.
GÉOGRAPmB, 590, 635, 675, 681.
Droit, 607, 624, 663, 665, 683.
Institutions. — Gouvernement, 594, 639 ; finances, 646, 696 ; domaine,
611 ; cours, 655. — Communes, 628. — Corporations, 588, 644 ; hôpi-
taux, 567, 589; enseignement, 572; exercices militaires, 632, 649;
télégraphie, 661.
Moeurs et usages^ 614.
Religions, — Catholicisme : histoire de TÉglise, 585, 612, 626, 631,
653, 689; Pères, 645; conciles, 668 ; papauté, 575, 668, 673 ; diocèses,
568, 585, 672 ; ordres, 619, 682 ; monastères, 622, 656, 658 ; usages
religieux, 610, 636, 637. — Vaudoisie, 652. — Judaïsme, 669.
Archéologie, 585, 627, 635, 641, 648, 675. — Architecture, 633, 667 ;
édifices religieux, 564, 587, 589, 593, 598, 606, 647, 650. — Sphragis-
tique, 695. — Numismatique, 604. — Musique, 583, 694.
Langues et littératures. — Grec, 666. — Latin, 620. — Français,
565, 602, 607, 663, 686; italien, 569, 575, 576, 651, 678 ; provençal, 596,
685. — Irlandais, 615, 697; breton, 605. — Langues germaniques, 676;
allemand, 678, 679 ; anglais, 571; norois, 602,603. — Hébreu, 669.
SOMMAIRE GÉOGRAPHIQUE.
Allemagne, 577, 611, 649, 671, 698. — Alsace, 564, 644. — Anhalt,
604. — Prusse, 621, 627, 660, 688. — Saxe, 604.
Autriche-Hongrie, 623, 647.
Belgique, 593, 628, 692.
Frange, 607, 625, 643, 646, 663, 696. — Aquitaine, 654 ; Bourgogne,
655; Bretagne, 629, 657, 664; Dauphiné, 585; Franche-Comté, 589;
Lorraine, 613; Normandie, 680; Picardie, 600; Savoie, 682, 690. —
Ain, 584 ; Aisne, 573, 595, 625 ; Allier, 590 ; Hautes-Alpes, 585, 619 ;
Ardèche, 585, 587 ; Ardennes, 610, 628, 695 ; Calvados, 632; Charente-
Inférieure, 599; Côte-d'Or, 617, 662 ; Creuse, 684; Drôme, 585; Eure-
et-Loir, 567 ; Gers, 658 ; Hérault, 568, 681 ; Isère, 585, 592, 630 ;
Haute-Loire, 674; Loire-Inférieure, 640; Lot-et-Garonne, 675 ; Manche,
634 ; Marne, 637 ; Meuse, 580, 581, 635, 636 ; Nord, 594 ; Pas-de-Calais,
633 ; Puy-de-Dôme, 616 ; Rhône, 650, 693 ; Seine, 597 ; Seine-et-Oise,
470
598, 622, 641; Somme, 691; Tarn, 579; Vaucluse, 572, 59!, 672;
Vosges, 659 ; Yonne, 656.
Grande-Bretagne, 612, 664.
Italie, 682. — Piémont, 578, 690; Rome, 575, 589; Toscane, 661;
Vénétie, 588, 639, 643.
Pays-Bas, 665, 687.
Russie, 586.
Scandinaves (pays), 648.
Suisse, 652.
Orient, 566, 642, 666, 670, 677, 680.
564. Alte (Das) Bethaus AUerheiligen zu Strassburg im Elsass nnd
Regesten zur Familiengeschichte der Freihcrren von Mûllenheim.
Strassburg, Schultz, 1880. 60 p. , 4 planches. 3 m.
565. Altfranzoesische Bibliothek herausgegeben von I> Wendelin
Foerster. IV. B. Lothringischer Psalter (bibl. Mazarine, n® 798). Alt-
franzoesische Uebersetzung des xiv. Jahrhunderts mit einer grammati-
schen Einleitung, enthaltend die Grundzûge der Grammatik des
altlothringischen Dialects, und einem Glossar zum ersten Mal heraus-
gegeben von Friedrich Apfelstedt. Heilbronn, Henninger, 1881. Lxm-
177 p. 6 m.
566. Angiolbllo (Francesco). Come Tanno 1468 io Franc, et Gio.
Maria mio fratello degli Anzolelli Vicentini partimmo da Vicenza a' dl
5 agosto per lo viaggio di Negroponte et quello che ne incontra fino
alla ritornata. Pubblicato da A. Capparozzo per nozze Lampertico-Balbi.
Vicenza, tip. Staider. 46 p.
567. Archives de la maison-Dieu de Ghâteaudun, transcrites et placées
par ordre chronologique par Aug. de Belfort, précédées d'une introduc-
tion par M. Lucien Merlet. Paris, Société française de numismatique
et d'archéologie ; Ghâteaudun, Pouillier-Vaudegraine. xli-293 p.
568. Arnaud de Verdale. Gatalogus episcoporum Magalonensium.
Édition d'après les manuscrits, avec traduction française, notice biogra-
phique et littéraire, pièces justificatives, etc., par A. Germain. Mont-
pellier, impr. Martel, 1881. In-4, 420 p.
569. Atti (gli) più antichi del martirio di san Felice, vescovo délia
città di Spello. Volgarizzamento del buon secolo délia nostra lingua,
iilustrato e pubblicato per cura di Giuseppe Fratini. Foligno, tip. Sga-
riglia. 21 p.
570. Auriag (d') et Gastan. Généalogie des familles de Lapeyrouse et
de Bonfils. Revue et augmentée d'après de nouveaux documents par
M. le comte de Lapeyrouse de Bonfils. Marseille, impr. Jouve. 100 p.
47^
571. Bârbour's des schottischen Nationaldichters Legendensammlung
nebst den Fragmenten seines Trojanerkrieges. Zum ersten Mal heraus-
gegeben und kritisch bearbeitet von G. Horstmann. I. B. Heilbronn,
Henninger, 1881. xi-247 p. 8 m.
572. Bardinet (Léon). Universitatis Avenionensis historica Âdumbra-
tio. Limoges, impr. Ducourteux. 109 p. (Thèse pour le doctorat, pré-
sentée à la faculté des lettres d'Aix-en-Provence.)
573. Batteux (F.). Découverte des restes d'Anselme de Mauny,
évoque de Laon de 1215 à 1238, et pair de France. Paris, impr. Soussens.
13 p.
574. Belton (Louis) et Fernand Bournon. La Famille de Denis Papin,
d'après des documents inédits, avec un tableau généalogique. Blois,
impr. Marchand. 36 p.
575. Berardinblli (P. F.). IlDominio temporale dei papi nel concetto
politico di Dante Allîghieri. Gon appendice. Modena, tip. dell' Imm,
Goncezione. 431 p. 4 1.
576. Bergmann (Frédéric). Dante, sa vie et ses œuvres. Deuxième
édition augmentée. Strasbourg, Bull, 1881. xm-376 p. 6 m.
577. Besse (P.). Geschichte der Deutschen bis zur hoechsten Macht-
entfaltung des roemisch- deutschen Kaiserthums unter Heinrich m.
Leipzig, Webel, 1881. xvi-584 p.
578. BiANGHi (Nicomede). Le Garte degli archivi piemontesi, politici,
amministrativi, giudiziari, finanziari, comunali, ecclesiastici e di enti
morali, indicate. Torino, Bocca, 1881. xxxix-568 p.
579. Blay de Gaïx (G. de). Études historiques sur les seigneurs et
barons de Gaïx, près Gastres (Tarn), avec quelques détails sur les bâti-
ments du château de Gaïx, sur la juridiction et les autres droits de la
seigneurie, etc. Montauban, impr. Forestié. 240 p., 3 planches.
580. BoNNABELLE (CL). Notcs sur Ligny-en-Barrois, pour faire suite
à l'étude sur les seigneurs de Ligny. Bar- le -Duc, impr. Contant-
Laguerre. 80 p. (Extrait des Mémoires de la Société des lettres, sciences et
arts de Bar-le-Duc, 1881.)
581. BoNNABELLB (Gl.). Notico sur Lachaussée, canton de VigneuUes,
arrondissement de Gommercy (Meuse). Bar-le-Duc, impr. Gontant-
Laguerre. 27 p. et planche. (Extrait des Mémoires de la Société des lettres,
sciences et arts de Bar-le-Duc, 1881.)
582. BouRMONT (A. DE). Lecture et Transcription des vieilles écritures,
manuel de paléographie des xvi®, xvii® et xvni® siècles, composé de
pièces extraites des collections publiques et particulières, et destiné aux
instituteurs. \^^ livraison, fasc. 1. Gaen, Le Blanc -Hardel ; Paris,
Picard. In-foL, 12 p. et 5 pi. de fac-similés héliographiques. La livrai-
son, 25 fr.; pour les souscripteurs, 20 fr.
472
583. Brambagh (W.). Das Tonsystem und die Tonarten des christli-
chen Abendlandes im Mittelalter, ihre Beziehungen zur griechisch-
roemischen Musik und ihre Entwicklung bis auf die Schule Gkiido's
\on Arezzo. Mit einer Wiederherstellung der Musiktheorie Bemo's von
der Reichenau nach einer Karlsruher Handschrift. Leipzig, Teubner,
1881. iv-53 p. 1 m. 60 pf.
584. Brossard (J.)- Notice sur Torganisation territoriale et Padminis-
tration religieuse, militaire, judiciaire, financière et provinciale des
anciennes provinces de Bresse, du Bugey, de la Dombes et du pays de
Gex sous Tancienne monarchie (vers 1765). Matériaux recueillis par J.
Brossard, archiviste de TAin. Bourg, impr. Authier et Barbier. 55 p.
585. Bulletin d'histoire ecclésiastique et d'archéologie religieuse des
diocèses de Valence, Gap, Grenoble et Viviers, l"^ année. Romans, au
secrétariat du comité de rédaction. 224 p.
586. BuLMERiNGQ (de). Le Passé de la Russie depuis les temps les
plus reculés jusqu'à la paix de San-Stefano, 1878. Bruxelles, Glaassen.
In-18, 333 p., 3 tabl. et une carte. 3 fr. 50 c.
587. Ganadd (l'abbé). Bas-relief du chœur de l'église de Gravières
(Ardèche). Nîmes, impr. Jouve. In-4, 14 p. (Extrait du Bulletin du
comité de l'art chrétien, n® 9.)
588. Gapitoli delP arte délia lana in Pordenone, 1516-1529. Torino,
tip. Bona. 25 p. (Per nozze Kechler-Rossi.)
589. Gastan (Auguste). La Confrérie, l'Église et l'Hôpital de Saint-
Claude des Bourguignons de la Franche-Comté à Rome ; notice histo-
rique, suivie de documents. Besançon, Marion, Morel et G" ; Paris,
Champion. 94 p. (Extrait des Mémoires de la Société d'émulation du
Doubs, 1880.)
590. Ghazauo. Dictionnaire des noms de lieux habités du département
de TAllier. Moulins, impr. Desrosiers, iv-283 p.
591. Clément (Fabbé J.). Orange et le mouvement intellectuel au
moyen âge. \^ partie. Avignon, impr. Aubanel. 63 p.
592. Clerc-Jacquier (J.). Histoire de Moirans (Isère), sous les
Romains, sous les Dauphins et les nouveaux régimes, etc. 3* édition,
augmentée. Grenoble, Drevet. 167 p. (Bibliothèque historique du Dau-
phiné.) 2 fr.
593. Cloquet (L.). Monographie de Téglise paroissiale de Saint-
Jacques, à Tournai. Bruges, Desclée-Debrouwer. 409 p. avec fig. et pi.
10 fr.
594. Collection de pièces rares relatives à l'histoire de Lille. Les
Gouverneurs de Lille du xm* au xviir siècle. Les Intendants de
Flandre, xvii« et xvm« siècles. Lille, impr. Lefebvre-Ducrocq. Petit
in-12, 49 p.
473
595. GoRLiEU (le D' A.). Histoire de Charly-su r-Marne. Avec cartes
et dessins de MM. Adolphe, Varin et Pille. Paris, Champion, vra-296 p.
7 fr. 50 G.
596. Daurel et Béton, chanson de geste provençale, publiée pour la
première fois, d'après le manuscrit unique appartenant à M. A. Didot,
par Paul Meyer. Paris, Firmin-Didot. cxx-115 p. (Publication de la
Société des anciens textes français.)
597. Delisle (Léopold). Le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque
nationale. Étude sur la formation de ce dépôt, comprenant les éléments
d'une histoire de la calligraphie, de la miniature, de la reliure et du
commerce des livres à Paris avant l'invention de Timprimerie. T. III
et table de planches d'écritures anciennes. Paris, imprimerie nationale.
In-4, vni-531, xiv p. (Histoire générale de Paris.)
598. Dion (A. de). Église de Montfort-FAmaury (Seine-et-Oise), avec
la description de ses vitraux. Bar-le-Duc, impr. Philipona. 52 p.
(Extrait de VAlmanach montfortois pour 1881.)
599. Documents inédits sur la ville de Pons, ses institutions et ses
sires, publiés par Georges Musset. I. Paris, impr. Texier. 385 p. (Extrait
des Archives historiques de la Saintonge et de VAunis, t. IX.)
600. Dramard (E.). Bibliographie géographique et historique de la
Picardie , ou Catalogue raisonne des ouvrages tant imprimés que
manuscrits, titres, pièces et documents de toute nature relatifs à la
géographie et à l'histoire de cette province. Tome I. Paris, Dumoulin,
Aubry. xxni-494 p.
601. Du Bourg (Henry). Recherches sur la maison du Bourg. 2« par-
tie. Toulouse, impr. Rivière. 127 p.
602. Élie de Saint-Gille, chanson de geste, publiée, avec introduc-
tion, glossaire et index, par Gaston Raynaud. Accompagnée de la
rédaction norwégienne, traduite par Eugène Koelbing. Paris, Firmin-
Didot. xLni-211 pages. (Publication de la Société des anciens textes
français.)
603. Elis saga ok Rosamundu. Mit einleitung, deutscher iibersetzung
und anmerkungen zum ersten mal herausgegeben von Eugen Koelbing.
Heilbronn, Henninger, 1881. xli-217 p. 8 m. 50 pf.
604. Elze (Theodor). Die Miinzen Bemhards Grafen von Anhalt,
Herzogs von Sachsen. Zweites Heft : Die Bracteaten Bemhards als
Herzogs von Sachsen. 1180-J212. Berlin, Mittler, 1881. In-4, 51 pages,
5 pi. 6 m.
605. Ernault (Emile). De la méthode à suivre dans l'étude philolo-
gique du breton. Saint-Brieuc, Prud'homme. 15 p. (Extrait des Mémoires
de l^ Association bretonne.)
31
474
606. ËsQuiK. Note sur une cuve baptismale en plomb. Toulouse,
impr. Douladoure-Privat. il p. et planche. (Extrait des Mémoires de
V Académie des sciences, inscriptions et belles-Uttres de Toulouse.)
607. Établissements (les) de saint Louis, accompagnés des textes pri-
mitifs et de textes dérivés, avec une introduction et des notes, publiés
pour la Société de Thistoire de France par Paul Viollet. T. H. Texte
des Établissements. Paris, Loones. 545 p.
608. Fischer (Otto). Bonifatius, der Apostel der Deutschen. Nach den
Quellen dargestellt. Leipzig, Weigel, 1881. vii-295 p. 6 m.
609. Fremy (Edouard). La Vie publique et privée d'un homme d'État
au xvi« siècle : Henri de Mesmes, seigneur de Roissy et de Malassise,
d'après ses mémoires. Paris, Gers^ais. 52 p. (Extrait du Correspondant.]
610. Fressencourt (le père Félix), S. J. Note historique sur les pèle-
rinages de Sainte-Olive et de Sainte-Libérite à Ghaumont-Porcien.
Paris, impr. Goupy et Jourdan. 16 p. avec 1 vignette.
611. Frey (Garl). Die Schicksale des koeniglichen Gutes in Deutsch-
land unter den letzten Staufern seitKoenig Philipp. Berlin, Herz, 1881.
321 p. 6 m.
612. Gascoiqne. Loci eLibro veritatum. Passages selected from Gas-
coigne's theological dictionary illustrating the condition of Ghurch and
State, 1403-1458. With an introduction by James E. Thorold Rogers.
Oxford, Glarendon press; London, Frowde, 1881. In-4, xc-254 pages.
10 s. 6 d.
613. Germain (Léon). Recherches historiques sur les comtes de Vau-
démont. Ferry I®"* de Lorraine, comte de Vaudémont (1393-1415).
Nancy, impr. Crépi n-Leblond. 86 p. avec armes et sceaux.
614. Gilbert (Emile). Essai historique sur les talismans dans l'anti-
quité, le moyen âge et les temps modernes. Paris, Savy. 89 p.
615. Glossae Hibernicae e codicibus Wirziburgensi Carolisruhensi
aliis. Adiuvante Academiae regiae Berolinensis liberalitate edidit
Heinricus Zimmer. Accedit spécimen scripturae e codice Wirzibur-
gensi. Berolini, Weidmann, 1881. Lix-288p., 1 pi. 8 m.
616. GoMOT (H.). Histoire du château féodal de Tournoël (en Au-
vergne). Glermont-Ferrand, impr. Mont-Louis, vii-229 p.
617. Grignard (l'abbé F.). La Vie de sainte Reine d'Alise, précédée
d'études critiques sur ses actes et ses historiens et suivie de nombreuses
recherches sur ses reliques, ses miracles et son culte. Édition enrichie
de pièces justificatives rares ou inédites, et ornée de plusieurs gravures.
Dijon, Grigne; Paris, Picard, 1881. xvi-507 p.
618. Guerrier (L.). DePetro Damiano Ostiensi episcopo Romanaeque
475
Ecclesiae cardinali apud Parisiensem litterarum facultatem disputabat.
Orléans, Herluison. vii-99 p.
619. Guillaume (Fabbé P.). Origine des chevaliers de Malte et Rôle
des donations de la commanderie de Gap (xi-xii« siècles). Paris,
Alphonse Picard, 1881. 34 p. (ExiTdiii du Bulletin d'histoire ecclésias^
tique et d'archéologie religieuse des diocèses de Valence, Gap, Grenoble et
Viviers, 1'® année.)
620. GuNTHERUs Parisiensis. Solimarius. Edidit Guillelmus Watten-
bach. Gênes, 1881. 13 p. (Extrait des Archives de VOrient latin, t. I.)
621. Heidemann (Julius). Die Mark Brandenburg unter Jobst von
Maehren. Berlin, Weber, 1881. vin-260 p. 5 m.
622. Hérard. Exposition rétrospective de Versailles. Recherches
archéologiques sur les abbayes de l'ancien diocèse de Paris. IV. Port-
Royal-des-Ghamps. Paris, Champion. 46 p.
623. Historiae Hungaricae Fontes domestici. Pars prima : scriptores.
Vita sanctorum Stephani régis et Emerici ducis. Ad fidem codicum
seculi xu, xni et xv recensuit, nonnulla eiusdem aetatis monumenta
disquisitionesque criticas adiecit M. Florianus. Lipsiae, Brockhaus,
1881. In-4, iv-237 p.
624. JoBBÊ-DuvAL (E.). Étude historique sur la revendication des
meubles en droit français. Paris, Larose. 254 p.
625. JoFFROY (H.). Dissertation sur le traité de paix de Grépy du
18 septembre 1544. Soissons, impr. Michaut, 1881. 43 p.
626. JuNGMANN (Bern.). Dissertationes selectae in historiam ecclesias-
ticam. T. II. Brugis, Beyaert-Defoort. 464 p. 10 fr.
627. Kunst- (Die) und Geschichts-Denkmaeler der Provinz Westfa-
len. Herausgegeben vom Westfaelischen Provinzial-Verein fur Ge-
^chichte und Kunst. Stûck I : Die Kunst- und Geschichts-Denkmaeler
des Kreises Hamm. Im Auftrage der Commission zur Erforschung der
provinzialen Kunst- und Geschichtsdenkmaeler bearbeitet von D' J. B.
Nordhoff. Leipzig, Seemann, 1881. In-4, vn-146 p. et planches. 12 m.
628. KuRTH(G.). La Loi de Beaumont en Belgique. Bruxelles, Hayez,
1881. 50 p.
629. La Borderie (Arthur de). Galerie bretonne, historique et litté-
raire. Rennes, Plihon. In-12, vi-351 p. et gravure.
630. Lagier (l'abbé A.). Notes historiques sur Tréminis (Isère). Gre-
noble, impr. Baratier et Dardelet. In-12, 105 p.
631. Langen (Joseph). Geschichte der roemischen Kirche bis zum
Pontifikate Leo's I. Quellenmaessig dargestellt. Bonn, Cohen, 1881.
xii-873 p. 15 m.
476
032. La VALLEY (Gaston). Les Compagnies du papeguay, particulière-
ment à Caen. Ktude historique sur les sociétés de tir avant la révolu-
tion. Paris, Dentu, s. d. Li-iS, 214 p.
633. Le Gentil (E.). La Porte Ronville, porta Rotundae Villae. Avec
une zincographie par J. Boutr}* et une gravure sur pierre. Arras, Sueur-
Charruey. 40 p.
634. Le Vaillant de Folleville (Charles). Notes historiques sur la
paroisse et commune d*EtienviUe, contenant divers renseignements
inédits sur plusieurs anciennes familles et seigneuries du Gotentin.
Valognes, Martin. In- 12, ii-388 p.
635. LiÉNARD (Félix). Archéologie de la Meuse. Description des voies
anciennes (^i des monuments aux époques celtique et gallo-romaine.
Tuine L Partie sud du département. Verdun, Laurent. Gr. in-4,
vii-r25 p., 41 planches. (Puhlication de la Société philomathique de
Verilun.)
636. LoisoN il'abbé F.-A.l. Sainte Scholastique, son histoire, ses
reliques et son pèlerinage à Juvigny-les-Dames (Meuse). Bar-le-Duc,
impr. de l'œuvre de Saint-Paul. Li-i8, 192 p.
637. LucoT (le chanoine). La Procession des châsses à Châlons le
lundi et le mardi de la Pentecôte. Origine, caractère et cérémonial de
cette procession, d'après les documents du xii«-xvui* siècle conservés à
la Bibliothè«{ue nationale de Paris, etc., et publiés pour la première
fois avec notes et traduction. Chàlons, impr. Martin. 107 p.
638. LusTRO (Giacomo du. Degli archivii : ricerche archeologiche-
storiche-critiche-diplomatiche. Napoli, De Angelis, 1880. 100 p. 2 1.
639. Magistrat! deila spettabile città di Vicenza e del suo territorio
ai tempi délia repubblica. Vicenza, tip. Paroni. Li-4» 40 p. (Fer nosze
Lampertico-Baibi . )
640. Maillard (£.). Histoire d'Ancenis et de ses barons. 2* édidon,
revue et augmentée. Nantes, impr. Forest et Grimaud. 719 p.
641. Marv>uis (Léon). Les Ruesd'Étampesetses monuments^ bisUnze.
archéologie, chronique, géographie, biographie et bibliographie, avec
documents inédits, cartes et ligures, pouvant servir de supplémfint asx
Antiquités de la cille et du duché (fÉtampes de dom Bazile Fleurean. Avec
préface par V.-A. Malte-Brun. Étampes, Brière. vn-434 p.
64^. Mas Latrie (L. de). Généalogie des rois de Chypre de la ftinilk
de Lusignan. Venise, impr. Visentini, 1881. 51 p» et i tahleui. (Extnft
de l'Àrchivio ceneto,)
643. Mas Latrie (L. de). Quelques Autographes firançus des vdàm
de Venise. Nogent-le-Rotrou, impr. Oaupeley-GouYermeiir. 6 p. (1
do la Bibliothèque de VÉcole des chartes, t. XLII, 1881.)
W ■- J*»-' '.^
477
644. Meyer (Hans). Die Strassburger Goldschmiedezunft von ihrem
Entstehen bis 1681. Urkunden und Darstellung. Ein Beitrag zur
Gewerbegeschichte des Mittelalters. Leipzig, Duncker und Humblot,
1881. xii-224 p. (Staats- und social wissenschaftliche Forschungen.
Herausgegeben von Gustav Schmoller. III. Band. Heft 2.) 6 m.
645. MiGNE (J.-P.). Patrologiae Cursus completus, etc. Séries Latina
prior, etc. T. 156 : ven. Guibertus, abbas S. Mariae de Novigento.
Paris, Garnier, 1880. 634 p.
646. MoNTEiL (A. -Alexis). Histoire financière de la France depuis les
premiers temps de la monarchie jusqu'à nos jours. Avec introduction,
supplément et notes par Charles Louandre. Limoges, Barbou. 364 p. et
8 planches.
647. Monumenta sepulchralia eorumque epitaphia in collegiata
ecclesia B. M. Virginis Claustroneoburgi. Edidit Ubaldus Kostersitz.
ViennaB, ex typographia caesarea regia aulica et imperiali, 1881. In-4,
xv-317 p. et planches.
648. MuELLER(Sophus). Die Thier-Ornamentik im Norden. Ursprung,
Entwicklung und Verhaeltniss derselben zu gleichzeitigen Stilarten.
Archaeologische Untersuchung. Aus dem Daenischen ùbersetzt von
J. Mestorf. Hamburg, 0. Meissner, 1881. vm-191 p., 2 planches. 5 m.
649. NiEDNER (Félix). Das deutsche turnier im xn. und xm. jahrhun-
dert. Berlin, Weidmann, 1881. 90 p. 2 m.
650. NiEPCE (Léopold). Les Monuments d'art de la primàtiale de
Lyon, détruits ou aliénés pendant l'occupation protestante en 1562.
Lyon, Georg. 106 p.
651. NuRSio TiMiDEO (Franc). Dialogo in volgare veronese del
secolo XV, da un antico ms. délia biblioteca nazionale di Firenze,
pubbl. da G. B. Carlo Giuliari per nozze Sparavieri-Rezzonico. Verona,
tip. Vianini. In-4, xvm p.
652. OcHSENBEiN (G. F.). Aus dem schweizerischen Volksleben des
XV. Jahrhunderts. Der Inquisitionsprozess wider die Waldenser zu
Freiburg i. U. im Jahr 1430, nach Akten dargestellt. Bern, Dalp.
xi-410 p. 6 fr.
653. Pelesz (Julian). Geschichte der Union der ruthenischen Kirche
mit Rom von den aeltesten Zeiten bis auf die Gegenwart. Mit oberhirt-
licher Bewilligung. Wûrzburg, Woerl, 1881. 2 vol., 640, xxiv-1095 p.
18 m.
654. Perrodd (C). Des origines du premier duché d'Aquitaine. Paris,
Hachette. 291 p.
655. Picard (Etienne). La Vénerie et la Fauconnerie des ducs de
Bourgogne, d'après des documents inédits. Paris, Champion. 132 p. et
478
planches. (Extrait des Mémoires de la Société éduenne, nouvelle série,
t. IX.)
656. PissiER (rabbé). Essai historique sur le prieuré de PEnfourchure
(ordre de Grandmont), d'après des documents inédits. Sens, Duchemin.
70 p. (Extrait du Bulletin de la Société archéologique de Sens,)
657. Plaine (dom François). L'Apostolat de saint Clairet les Origines
chrétiennes de i'Armorique. Saint-Brieuc, Prud'homme. 39 p. (Extrait
des Mémoires de V Association bretonne, 1880.)
658. Pliedx (Amable). Histoire de Tabbaye de Saint-Pierre de Con-
dom depuis son origine jusqu'à sa transformation en évôché (1011?-
1317). Auch, impr. Foix. 125 p.
659. Pognon (P.). Ollainville, notice historique. Neufchâteau, impr.
V* Kienné. 16 p.
660. Pommerellisches Urkundenbuch. Herausgegeben vom West-
preussischen Geschichtsverein. Bearbeitet von D' M. Perlbach. Erste
Abtheilung. Danzig, 1881. ln-4, vi-322 p. 12 m.
661. Prowisione degli anziani di Pisa ai 4 april 1349, che approva
certi segnali proposti dai rettori pisani in Lucca per comunicare dalla
torre del (Derruglio ai ballatoio del palazzo degli anziani medesimi.
Pubbl. da L. Tanfani-Gentofanti per nozze Morosoli-Gioli. Pisa, tip.
Vannucchi. 13 p.
662. QuiLLOT (l'abbé). Sainte Reine d'Alise. Études sur sa vie, les
actes de son martyre et son culte. Avec dessins de M. le docteur Lépine.
Gîtaux, librairie Saint-Joseph; Paris, Haton. In-18jésus, 335 p.
663. Ragueau (François). Glossaire du droit françois, contenant l'ex-
plication des mots difficiles qui se trouvent dans les ordonnances des
roys de France, dans le? coustumes du royaume, dans les anciens
arrests et les anciens titres, par François Ragueau, lieutenant du bail-
liage de Berry au siège de Mehun et docteur régent en droit de l'uni-
versité de Bourges; revu, corrigé, augmenté de mots et de notes, et
remis dans un meilleur ordre par Eusèbe de Laurière, avocat au
parlement de Paris. Nouvelle édition, avec additions d'anciens mots,
suivie du Glossaire du code féodal, publié par L. Favre, et d'une intro-
duction sur le droit coutumier. Fascicule 1. Paris, Champion. In4 à
2 col., p. 1 à 56. Le fascicule, 3 fr.; pour les souscripteurs, 2 fr. (L'ou-
vrage formera un volume d'environ 600 pages, publié en 10 fascicules.)
664. Recherches historiques sur la maison de Gourson, en Bretagne
et en Angleterre, depuis 1066 jusqu'à 1881, avec cartes, dessins divers
et pièces justificatives. Beauvais, typ. de G. Moisand, 1881. Lni-4,
xii-168 pages.
665. Rechtsbronnen der stad Zutphen van het begin der 14« tôt de
479
tweede helft der i6« eeuw. Uitgegeven door M' G. Pijnacker Hordijk.
'S Gravenhage, Nijhoff. xxvii-i64 p. (Werken der vereeniging tôt uit-
gave der bronnen van het oude vaderlandsche recht, gevestigd te
Utrecht, !• reeks, n» 2.) 3 fl. 50 cents.
666. Recueil des historiens des croisades, publié par les soins de
TAcadémie des inscriptions et belles-lettres. Historiens grecs, tome II.
Paris, imprimerie nationale. In-fol., vm-882 p.
667. Redtenbagher (Rudolf). Leitfaden zum Studium der mittelalter-
lichen Baukunst. Formenlehre der deutschen und franzoesischen
Baukunst des romanischen und gothischen Stiles auf Grundlage ihrer
historischen Entwickelung. Mit 544 Figuren und 4 Tafeln Abbildungen.
Leipzig, Weigel, 1881. xx-274 p. 8 m.
668. Réniéris (Marc). Études historiques. Le pape grec Alexandre V.
Byzance et le concile de Bâle. Athènes ; Paris, Leroux. 190 p. ^portrait.
669. Réponses faites par de célèbres rabbins français et lorrains du xi.
et xn. siècle, publiées d'après un manuscrit et accompagnées d'un com-
mentaire et d'une préface par Joël Millier. Vienne, 1881. xl-61-60 p.
(En hébreu.) 3 fr.
670. Riant. Les Archives des établissements latins d*Orient, à propos
d'une publication de Técole française de Rome. Nogent-le-Rotrou, impr.
Daupeley-Gouverneur. 8 p. (Extrait de la Bibliothèque de VÉcole des
chartes, t. XLII, 1881.)
671 . RicHTER (Gustav). Zeittafeln der deutschen Geschichte im Mit-
telalter von der Gnindung des fraenkischen Reichs bis zum Ausgang
der Hohenstaufen mit durchgaengiger Erlaeuterung aus den Quellen.
Fiir den Gebrauch an hoeheren Unterrichtsanstalten und zum Selbst-
studium bearbeitet. Halle, Bu chhandlung des Waisenhauses, 1881. In-4,
xiv-174 p. 4 m. 50 pf.
672. Robert d'Uzès, évoque d'Avignon (xm« siècle). Nîmes, impr.
Jouve. 8 p. (Extrait du Bulletin du comité de l'art chrétien ^ n" 8.)
673. RocQUAiN (Félix). La Papauté au moyen âge. Nicolas I®', Gré-
goire VII, Innocent III, Boniface VIII. Études sur le pouvoir pontifical.
Paris, Didier, xii-393 p. 7 fr. 50 c.
674. Saint-Ferréol (Amédée). Notices historiques sur la ville de
Brioude. Tome II. Brioude, Ghouvet. 239 p. 2 fr.
675. Samazeutlh (J.-F.). Dictionnaire géographique, historique et
archéologique de Tarrondissement de Nérac. Édition nouvelle, com-
plétée sur le manuscrit de l'auteur, publiée sous la direction et avec les
notes de M. Faugère-Dubourg, maire de Nérac, et précédée d'une notice
historique de M. A. Magen. Nérac, Durey. xxxvui-707 p.
676. Sammlung kurzer grammatiken germanischer dialecte. Heraus-
480
gegeben von Wilhelm Braune. I, Gotische grammatik mit einigen
lesestùcken und wortverzeichnis von Wilhelm Braune. H, Mittelhoch-
deutsche grammatik von Hermann Paul, flalle, Niemeyer, 1880-1881.
2 vol., vii-119, vm-70 p. 2 m., 1 m. 20 pf .
677. Sarageno (Filippo). Regesto dei principi di casa di Acaja, 1295-
1418, tratto dai conti di tesoreria. Torino, stamp. reale di I. Vigliardi.
195 p.
678. ScARTAzzu<i (G. A.). Dante in Germania : storia letteraria e
bibliografia dantesca alemanna. Parte !&. Storia critica délia letteratura
dantesca alemanna dal secolo xiv sino ai nostri giorni. Milano, Hoepli.
In-4, 312 p. 10 1.
679. Schlesische Denkmaeler des deutschen schrifttums im mittel-
alter herausgegeben von D' Paul Pietsch. I. Trebnitzer psalmen
herausgegeben von Paul Pietsch. Breslau, Wilhelm Koebner, 1881.
cxii-136 p. 6 m. 40 pf.
680. ScHLUMBERGER (G.)- Deux Chefs normands des armées byzantines
au xi« siècle. Paris. 15 p., 2 fig. de sceaux. (Extrait de la Revue hislo^
rique,)
681. SouPAiRAC (Fabbé V.). Nouveau petit Dictionnaire géographique
et historique du département de THérault et du diocèse de Montpellier
(Agde, Béziers, Lodève et 8aint-Pons-de-Thomières). Montpellier,
Martel. 121 p. et carte. 2 fr.
682. Statuti antichi inediti e Statut! recenti delF ordine supremo
délia SS. Annunziata con notizie storiche relative al medesimo pubbli-
cati dal barone Gaudenzio Claretta. Torino, Candeletti, 1881. In-4,
84 p. 5 1.
683. Thévenin (Marcel). Contributions à l'histoire du droit germanique.
Paris, Larose, 1880. 79 p. (Extrait de la Nouvelle Revue historique de
droit français et étranger.)
684. Thomas (Antoine). Les Archives du comté de la Marche. Nogent-
le-Rotrou, impr. Daupeley-Gouverneur. 15 p. (Extrait de Ia Bibliothèque
de r École des chartes, t. XLII, 1881.)
685. Thomas (Antoine). La Chirurgie de Roger de Parme en vers
provençaux. Notice sur un manuscrit de la bibliothèque de Bologne.
Nogent-le-Rotrou , impr. Daupeley-Gouverneur. 12 p. (Extrait de la
Romania, t. X.)
686. Thurot (Charles). De la prononciation française depuis le com-
mencement du XVI* siècle, d'après les témoignages des grammairiens.
Tome I. Paris, imprimerie nationale, civ-568 p.
687. UiTTERDijK (J. Nanninga). Register van charters en bescheiden
in het oude archief van Kampen. 5« deel. Supplément op de vier eerste
484
deelen van 1300-1610. Kampen, Laurens van Hulst. viii-310 p. (Non
mis dans le commerce.)
688. Urkundenbuch der Stadt Hildesheim. Im Auftrage des Magistrats
zu Hildesheim herausgegeben von D' Richard Doebner. Von c. 996
bis 1346. ffildesheim, Gerstenberg, 1881. vm-650 p. 14 m.
689. Vacandard (l'abbé). Abélard, sa lutte avec saint Bernard, sa
doctrine, sa méthode. Paris, Roger et Ghernoviz, 1881. 481 p.
690. Vaccarone (Louis). Le Pertuis du Viso, étude historique d'après
des documents inédits conservés aux archives nationales de Turin.
Turin, Casanova, 1881. 127 p.
691. Vallois (G.). Péronne, son origine et ses développements.
Péronne, impr. Quentin, 1880. xii-289 p. et planches.
692. Vander Kindere (L.). Du rôle de la tradition dans l'histoire de
Belgique. Discours. Bruxelles, Mayolez. 29 p.
693. Varax (Paul de). Le Fief de Plantigny, ses seigneurs et leurs
alliances. Lyon, impr. Mougin-Rusand. 23 p.
694. Vernarecci (Aug.). Ottaviano de' Petrucci da Fossombrone,
inventore dei tipi mobili metallici délia musica nel sec. xv. Fossom-
brone, il municipio. 174 p. 2 1. 50 c.
695. Vincent (H.). Les Sceaux communaux de Manre, canton de
Monthois (Ardennes). Reims, Deligne et Renard; Paris, Menu. 13 p.
avec figures. (Extrait des Travaux de l'Académie nationale de Reims,
t. LXVm.)
696. VuiTRY (Ad.). Les Monnaies sous les trois premiers Valois (1328-
1380). Paris. 144 p. (Extrait du Compte rendu de l'Académie des sciences
morales et politiques.)
697. Zimmer (Heinrich). Keltische Studien. Erstes Heft : Irische
Texte mit Woerterbuch von E. Windisch. Berlin, Weidmann, 1881.
143 p. 3 m.
698. Zimmerische chronik herausgegeben von Karl August Barack.
Zweite verbesserte auflage. I. Freiburg i. B. und Tiibingen, Mohr,
1881. vm.631 p. 15 m.
CHRONIQUE ET MÉLANGES.
— Depuis la publication de notre dernière livraison, la Société de
l'École des chartes a fait deux pertes sensibles.
Uun de nos plus anciens et plus sympathiques confrères^ M. Floquet,
correspondant de TAcadémie des inscriptions, s'est éteint, le 3 août, à
Tâge de quatre-vingt-quatre ans. Il n'est pas nécessaire de rappeler ici
la profonde estime que M. Floquet, Tune des gloires de l'ancienne École
des chartes, s'était conciliée autant par la noblesse de son caractère que
par le mérite de travaux tels que V Histoire du parlement de Normandie
et les Étitdes sur la vie de Bossuet.
Le 20 octobre, une mort prématurée nous a enlevé M. Edouard Gar-
nier, sous-chef de section aux Archives nationales. Il servait cet éta-
blissement avec un grand dévouement depuis le 27 janvier 1852, et
notre Société, dont il fut longtemps le trésorier, lui a des obligations
particulières. — Les paroles suivantes ont été prononcées sur la tombe
de notre confrère par M. de Mas Latrie, président de la Société :
Messieurs,
Nous ne pouvons nous séparer du confrère excellent que nous per-
dons sans rappeler au bord de sa tombe, si inopinément ouverte, ce
qu'il a été pour nous.
C'est du membre de la Société des anciens élèves de l'École des chartes
que je veux seulement parler, de celui qui pendant de nombreuses
années a bien voulu, avec un zèle, une exactitude, une aptitude sans
égales, remplir chez nous les fonctions si importantes d'archiviste-
trésorier.
Tout ne se borne pas, dans cette charge utile, à une simple manu-
tention de deniers. Sans manquer aux bons rapports de la confraternité,
le trésorier doit veiller à ne laisser s'amoindrir en rien les ressources
de l'association; dans notre modeste contentieux, son avis est toujours
écouté et prépondérant pour concerter les mesures nécessaires à la
meilleure exécution du recueil et à la conservation du patrimoine
social.
Avec quelle sollicitude, avec quelle prévoyance, quelle constance
infatigable et toujours mesurée, M. Garnier suffisait à ces devoirs
multiples, quelquefois délicats, nous le savons tous. Une part hono-
rable du succès de notre association et de notre œuvre lui revient assu-
483
rément, et celui de nos confrères qui a pu lui serrer la main quelques
instants avant sa mort, en le lui disant, a été l'interprète de nos senti-
ments et de notre gratitude.
Il s'est éteint bien vite, non sans avoir beaucoup souffert, mais
résigné, calme, voyant approcher la mort sans crainte, heureux, disait-
il avec une juste fierté, d*avoir été toute sa vie un honnête homme,
plein de confiance dans la bonté de cette Providence éternelle, dont il
n'avait jamais douté.
— Par décret du 20 août 1881, notre confrère M. Héron de Villefosse,
attaché à la conservation des antiques au musée du Louvre, a été
nommé conservateur adjoint du département des antiquités grecques et
romaines.
— Par arrêté ministériel du 30 septembre 1881 , nos confrères MM. Roy,
Giry et Hatiotaux ont été autorisés à prendre le titre de maîtres de con-
férences à rÉcole pratique des hautes études.
— Par arrêté du 5 octobre 1881, notre confrère M. Grandjean a été
nommé membre de l'École française de Rome.
— Par arrêté préfectoral du 3 septembre 1881, notre confrère M. Be-
nêt a été nommé archiviste du département de Saône-et-Loire, en
remplacement de M. Michon, décédé.
— Par arrêté préfectoral du 17 octobre 1881, M. Joseph Berthelé a
été nommé archiviste du département des Deux-Sèvres.
— Un prix de la fondation Archon-Despérouses a été décerné par
l'Académie française à notre confrère M. Ludovic Lalanne. Le secrétaire
perpétuel de l'Académie apprécie dans les termes suivants l'ouvrage
couronné : Lexique des œuvres de Brantôme.
« Parmi les ouvrages présentés cette année, en petit nombre, au con-
cours fondé par M. Archon-Despérouses, l'Académie en a distingué
trois, qu'elle récompense, sans les confondre, pour des mérites divers et
dans des proportions très différentes.
« En première ligne, un prix de deux mille cinq cents francs est
décerné à M. Ludovic Lalanne pour le très curieux et très savant
lexique qu'il vient de publier, à la suite de sa nouvelle édition des
œuvres de Brantôme. Brantôme n'était pas seulement un homme d'es-
prit qui, usant des libertés d'une langue encore imparfaite, la pliait à
ses besoins, sans hésiter à créer des mots et des tours de phrases pour
rendre ses idées à son goût et à sa manière ; il a de plus ce mérite de
nous initier au langage des gens parmi lesquels il a passé sa vie et dont
il a raconté les aventures. Sous l'influence des reines venues de l'Italie
et de l'Espagne, la cour s'était mise alors à parler un langage mêlé d'es-
pagnol et d'italien qui contrastait fort avec la langue du peuple, avec
celle des savants surtout. C'est cette langue bigarrée et singulière que
484
parlait volontiers Brantôme et que nous fait mieux connaître aujour-
d'hui le lexique de M. Lalanne.
c En le récompensant pour cet excellent travail, TAcadémie voudrait
encourager M. Ludovic Lalanne à composer un nouveau lexique que,
depuis longtemps, il prépare, nous le savons, et qui ne nous serait pas
moins précieux, sur la langue du xvi« siècle. »
— La faculté de droit de Paris avait proposé, pour le concours de 1881
(fondation du comte Hossi), le sujet suivant :
Étudier, dans les diverses œnstitutions de VEurope et dans les constitua
lions des États-Unis, la division du pouvoir législatif en deux chambres,
et rechercher quelles ont été les attnbutions et l'influence de chacune d* elles,
La faculté remet ce sujet au concours pour Tannée 1883. Le prix est
porté de 2,000 à 4,000 francs. Les mémoires, écrits en français ou en
latin, devront être déposés au secrétariat de la faculté au plus tard le
31 mars 1883.
— Notre confrère M. d'Arbois de Jubainville, qui vient d'explorer les
bibliothèques de TAngleterre et de Tlrlande, vent bien nous informer
que les manuscrits irlandais dont il a constaté la mention sur diffé-
rents catalogues y sont au nombre de 915, savoir :
A l'Académie royale d'Irlande 632
Au Musée britannique 167
Au collège de la Trinité de Dublin 55
Chez lord Ashburnham (fonds Stowe) 39
A la Bodléienne 12
Au couvent des Franciscains à Dublin 8
A l'université de Cambridge 2
915
DONATION FAITE A LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
PAR M. PAUL-ÉMILE GIRAUD<.
De toutes les grandes collections de livres manuscrits ou imprimés,
formées en France au moyen âge et dans les temps modernes, il en est
peu qui ne soient représentées à la Bibliothèque nationale par des mor-
ceaux importants qui rappellent le nom et attestent le goût des biblio-
philes les plus érudits et les plus délicats. Pour une notable partie, c'est
par suite de donations que ces respectables débris sont venus trouver un
inviolable asile dans un établissement oîi de tous les points de l'Europe
1. Cette notice a para au Journal officiel du 13 septembre 1881, sous la forme
d'un rapport adressé par M. Léopold Delisle à M. le ministre de l'instruction
publique et des beaux-arts.
485
se donnent rendez-vous les amis des lettres, des sciences et des arts. Il
y a là un ensemble de nobles traditions qui n'ont jamais été interrom-
pues, et qui, Dieu merci, ne sont pas à la veille de s'éteindre. Je ne
parle pas seulement des riches cabinets, comme ceux du cardinal de
Bourbon, des frères Dupuy, du comte de Béthune et de Gaston, duc
d'Orléans, qui sont arrivés tout entiers à la Bibliothèque du roi et qui
ont si largement contribué à en asseoir la réputation sur des bases iné-
branlables.
A côté de ces grands fondateurs doivent être cités des bienfaiteurs
plus modestes, mais non moins méritants, qui, par d'intelligentes dona-
tions, se sont créé des droits à la reconnaissance publique. Tels sont
ceux qui, pour combler des lacunes dans les collections nationales, ont
assuré à la Bibliothèque la possession de séries d'ouvrages, ou même
simplement de volumes isolés, souvent uniques et toujours très rares,
qu'ils ont eu la bonne fortune de se procurer et dont ils ont reconnu et
parfois démontré l'importance.
C'est ainsi que le regretté Benjamin Fillon, dans son avant-dernière
visite à la Bibliothèque nationale, nous laissa un petit volume, au pre-
mier abord tout à fait insignifiant, mais sur le titre duquel il avait
découvert la signature, jusqu'alors inconnue, du célèbre graveur Marc-
Antoine Raimondi ^
A peu près en même temps, M. Guillaume Guizot nous offrait le plus
rare des ouvrages de la bibliothèque de son illustre père : un recueil de
documents très précieux pour l'histoire diplomatique du règne de
Louis XIV, dont aucun autre exemplaire n'existe sans doute en France ;
il est intitulé : « Négociations de M. le comte d'Avaux en Irlande,
1689-1690. » C'est un volume in-octavo de 13 et 756 pages, dont l'ori-
gine est ainsi indiquée par une note autographe de M. Guizot : « Ce
volume m'a été donné par lord Aberdeen, qui en avait fait faire le
travail par son fils Arthur Gordon, alors âgé de seize ans. Il n'en a été
tiré que dix exemplaires. Haddo-House, 13 août 1858. »
Tout récemment, un amateur anglais, M. le docteur Samuel Cromp-
ton, de Manchester 2, nous adressait un bel exemplaire du Strabon de
1620, relié aux armes et au chiffre de Louis XIII, en y joignant une
lettre qui augmentait encore le prix du cadeau : « J'ai l'honneur, écri-
vait-il le 7 juillet 1881, de vous envoyer un exemplaire du Strabon de
1620, au chiffre de Louis XIII, pour être déposé à la Bibliothèque
1. Voyez à ce sujet une notice de M. Fillon, intitulée : Nouveaux Documents
sur Marc 'Antoine Raimondi, Paris, 1880, in-4*. Extrait de la Gazette des
beaux-arts.
2. Le même amateur a donné en 1880 à l'observatoire de Paris une photo-
graphie et une aquarelle du portrait authentique de Tycho-Brahé, qu'il possède
dans son cabinet.
486
nationale. Je regrette beaucoup que la reliare, jadis si magnifique, ait
tant souffert ; mais j'espère qu*un de vos relieurs si habiles pourra lui
rendre un peu de son premier éclat. Je vous assure, monsieur, qu'il me
fait grand plaisir de rendre à la France cet intéressant exemplaire d'an
livre dont Pimprimerie et l'érudition française doivent s'enorgueillir
avec tant de raison. »
n y a quelques jours, en passant à Gaen, je recevais de M. Ghâtel,
archiviste du Calvados, un livret gothique de six feuillets in-quarto,
imprimé sur vélin, à Rouen selon toute apparence, vers l'année 1510,
et contenant différentes pièces relatives à l'histoire de l'ordre des Frères
mineurs ^
Ces exemples, dont il serait facile de multiplier le nombre, font voir
comment des bibliophiles, sans diminuer sensiblement la valeur de leurs
collections, peuvent en détacher des volumes qui figurent sur les rayons
de la Bibliothèque nationale avec autant d'honneur pour le donateur
que de profit pour le public.
Au moyen âge, certains statuts synodaux recommandaient aux fidèles
de ne pas faire leur testament sans y consigner un legs de quelques
deniers pour l'œuvre de la cathédrale du diocèse. Pourquoi nos biblio-
philes ne se feraient-ils pas une obligation de laisser à la métropole des
bibliothèques françaises un volume choisi dans leurs cabinets, parmi
les livres dont l'équivalent n'existerait pas dans les collections natio-
nales ? Ne serait-ce pas un excellent moyen d'associer le souvenir de
leurs noms, de leurs goûts et de leurs travaux à l'existence d'un dépôt
cher aux lettrés du monde entier ?
Une telle pratique finirait par donner des résultats considérables. Que
serait-ce si, de temps à autre, la Bibliothèque recevait des séries for-
mées avec une préoccupation particulière et en vue d'une étude déter-
minée, ou bien encore si elle était mise à môme de prélever dans de
riches collections les articles qu'elle aurait des raisons spéciales de con-
voiter ?
Dans ce dernier ordre d'idées, un bel exemple fut donné, il y a plus
d'un siècle, par Camille Falconet, qui, au mois de décembre 1742,
a supplia le roi d'accepter tous les livres de son cabinet qui ne se trou-
veroient pas dans la bibliothèque de 8a Majesté, ne s'en réservant que
l'usage pendant sa vie. »
Une pensée analogue est venue tout dernièrement à l'esprit d'un
homme dont les travaux historiques ont obtenu un légitime succès et
dont la longue carrière a été remplie de bonnes actions de toute espèce.
M. Paul-Émile Giraud, ancien député de la Drôme, auteur d'une His-
toire de Romans 2 couronnée en 1867 par l'Académie des inscriptions et
1. Ce livret forme aujourd'hui le n" 2858 de la série des vélins.
2. Essai historique sur Vabhaye de SainUBarnard et sur la viUe de Romans.
487
belles-lettres, a mis plus d'un demi-siècle à former une bibliothèque qui
a été le charme de sa vie, et qui, après lui avoir fourni les principaux
éléments de ses compositions historiques, a été le premier atelier dans
lequel s'est exercé Tun des bibliographes les plus érudits de notre
époque, M. Tabbé Ulysse Chevalier.
C'est à cette bibliothèque qu'on doit la conservation d'un texte fonda-
mental pour l'histoire du Dauphiné : le cartulaire de Saint- André-le-
Bas de Yienne, dont l'original a été détruit, le 5 janvier 1854, dans
l'incendie de la bibliothèque de Yienne, mais dont M. Giraud avait eu
l'heureuse idée de faire exécuter une copie complète, qu'il collationna
lui-même et qui a permis à M. l'abbé Ulysse Chevalier d'en donner une
très bonne édition en 1869^
Il y a bientôt trente ans que j'eus l'honneur et l'avantage d'être mis
en rapport avec M. Giraud par son collègue et ami Auguste Le Prévost.
Depuis lors il m'a été donné d'entretenir avec lui une correspondance
dont j'ai tiré le plus grand profit. Au mois de juillet dernier, il voulut
bien m'informer qu'il avait recueilli . deux exemplaires du bréviaire
imprimé à Lyon en 1612 pour l'église de Saint-Barnard de Romans, et
qu'il mettait à ma disposition le meilleur de ces exemplaires, si,
comme il le croyait, ce livre manquait à la série liturgique de la Biblio-
thèque nationale.
En acceptant avec empressement une aussi gracieuse proposition, j'eus
l'occasion de signaler à M. Giraud certaines lacunes dans les collections
de la Bibliothèque et de l'entretenir des ressources que présente, pour
combler ces lacunes, l'examen des collections provinciales. Par le retour
du courrier je recevais, avec le bréviaire de 1612, un beau registre
in-folio, contenant le catalogue de la bibliothèque de M. Giraud.
Il serait difficile de dire avec quel intérêt , mon collègue M. Thierry-
Poux et moi, nous lûmes ce catalogue, aussi curieux par la qualité des
livres mentionnés que par l'originalité des notes et des appréciations du
collectionneur. A chaque page nous y trouvions l'empreinte d'une véri-
table expérience bibliographique, et comme le reflet d'une vie consacrée
à l'histoire et aux progrès moraux et économiques d'une partie du Dau-
phiné ^.
Première et deuxième partie. Paris, Louis Perrin. 1856 et 1866. Quatre volumes
in-8% auxquels s'ajoute un volume supplémentaire, imprimé à Lyon en 1869 :
Complément textuel du Cartulaire, faisant suite aux preuves de la première
et de la deuxième partie.
1. Cartulaire de V abbaye Saint^André-le-Bas de Vienne y publié par l'abbé
G.-U.-J. Chevalier. Vienne et Lyon, 1869. In-8'' de xliii, 368 et 44 pages. •
2. Nous avons un résumé de cette vie, tracé avec une touchante simplicité,
dans le volume intitulé la Correspondance de M, Paul-Emile Giraud, ancien
député de la Drame, avec quelques hommes de lettres, précédée de sa biogra-
phie, Lyon, 1872. In-8".
488
Mais, en dépouillant ce catalogué, nous nous préoccupions avant tout
d'y relever les principaux articles pour nous assurer si la Bibliothèque
nationale en possédait l'équivalent. En dernière analyse, M. Thierry
dressa une liste d'une quarantaine d'ouvrages dont Tacquisition lui sem-
blait plus particulièrement désirable. Je transmis cette liste à M. Giraud,'
avec la pensée que cet amateur, aussi généreux qu'éclairé, songerait à
nous léguer plusieurs des volumes dont je lui donnais Tindication. Mon
ambition ne pouvait pas aller au delà. Quelle ne fut donc pas ma sur-
prise en ouvrant une lettre, datée du 9 août, dans laquelle M. Giraud
s'exprime ainsi :
« Votre lettre du 26 juillet dernier m'informe que vous et M. Thierry
vous avez passé ces jours derniers à lire attentivement mon catalogue
et à le comparer avec vos collections. Il est résulté de ce travail une
liste d'une quarantaine d'articles, dont la possession, dites-vous, est
éminemment désirable pour la Bibliothèque nationale. C'est une série à
laquelle vous paraissez attacher une grande importance. C'est un motif
pour moi de faire tout mon possible pour réaliser au plus tôt vos espé-
rances. Aussi, au lieu de renvoyer à l'avenir la jouissance de la Biblio-
thèque nationale, comme j'en avais le projet, en lui léguant après moi
la liste que vous avez dressée, je me décide à lui en faire don immédia-
tement... Pour l'exécution de ce plan, je me suis servi de la liste des
ouvrages que vous avez dressée. J'ai réuni de la sorte tous les volumes
qui y sont compris. Je les ai fait placer dans une caisse, en les entou-
rant de toutes les précautions convenables, et je vous les ai adressés. »
La caisse ainsi annoncée arrivait à la Bibliothèque nationale le
11 août. Elle contenait tous les ouvrages choisis par M. Thierry, et
dont voici la liste ^ :
I. Albert. — Histoire géographique, naturelle, ecclésiastique et civile
du diocèse d'Embrun, par M. *** bachelier en droit canonique et civil
de la Faculté de Paris et docteur en théologie. Tome I. 1783. In-8*.
Histoire ecclésiastique du diocèse d'Embrun, pour servir de continua-
tion à l'Histoire générale du diocèse, par M. *** bachelier en droit...
1783. In-8*.
La Bibliothèque nationale n'en avait qu'un exemplaire incomplet.
II. Alexis de Saint-Lo (Le P.). — Relation du voyage du Cap- Vert,
fait par le R. P. Alexis de Saint Lo et P. Bernardin de Renouard, ca-
puchins. Rouen, David Ferrand. 1637. In-8*.
Fait partie d'an recueil qui a appartenu au président François Gourrean et
qui contient, en oatre, les denx ouvrages suivants :
Histoire du cardinal Ximenès. Paris, Joseph Bouillerot. 1631. In-8*.
1. Il n'a paru au Journal officiel qu'un abrégé de cette liste.
489
La république des Suisses... descrite en latin par Josias Simler de
Zurich et nouvellement mise en françois. Pour Antoine Ghupin et
François Le Preux. 1577. In-8'.
m. Anianus (Magister). — Gompotus manualis magistri Aniani, cum
familiarissimo Jacobi Mars! Delphinatis commentario, cumque magistri
Nicolai Bonespei kalendario, et cerei paschalis tabula, aliisque multîs
pro ipsius noticia conducibilibus, nuper editus. Yenalis est in aedibus
m. Nicolai de Barra, sub signe divi Joannis Baptistae, e regione collegii
Longobardorum.
(A la fin :) Impressum est Parrhisiis, in œdibus m. Nicolai de Barra,
octavo idus Martias 1519. Li-4\
IV. Avignon. — Statuts de la cité d'Avignon, avec la convention
d^celle, en latin et françois... En Avignon, de l'imprimerie de J. Bra-
mereau. 1617. Li-4".
V. Boule (Gabriel). — Histoire naturelle ou relation exacte du vent
particulier de la ville de Nyons en Dauphiné, dit le Vent de Saint-Gé-
sarée d'Arles et vulgairement le Pontias, en laquelle sont insérées
plusieurs Remarques curieuses de la Géographie et de l'Histoire ecclé-
siastique, civile et naturelle, et notamment diverses Merveilles de
certains vents topiques et régionaux cy devant inconnues. Par Gabriel
Boule, marseillois, conseiller et historiographe du roy. A Orange, par
Edouard Raban, imprimeur et libraire de Son Altesse, de la ville et
université. 1647. In-8».
VI. Ghambellan (David). — Pia religiosa meditatio in sanctam Jesu
Ghristi crucem et ejus vulnera. — IXevTixXaeiiioç. hoc est quinque planctus
peccatricis animae pœnitentis. — Docta et pia meditatio in psalmum L...
et in psalmum GI... — Divinum officium de sacrosanctis Domini nostri
Jesu Ghristi plagis. Parisiis, excudebat Petrus Galterus pro Glaudio
Garamontio. 1545. In-16.
L'épître à Mathieu de Longaejoue, évéque de Soissons, que Claude Gara-
mond a mise en tête de ce volume, contient de précieux détails sur
David Chambellan, sur Jean de Gagny et principalement sur Claude
Garamond lui-même. On y voit comment Garamond fut conduit à graver
les types italiques qui ont servi à l'impression de ce volume. — A la suite
se trouve relié :
Juvenci Hispani presbyteri Historia evangelica versu heroico des-
cripta... Parisiis, excudebat Petrus Galterus pro Jeanne Barbaeo et
Glaudio Garamontio. 1545. In-16.
Vn. Chartreux (Ordre des). — Praxis juris cartusiani in judiciis
reddendis et poenis imponendis ex statu tis desumpti, cum forma proce-
dendî juridice in ordine nostro juxta usus ab antiquis observâtes. Gor-
reriœ CartusiaB, per Glaudium Favre, typographum et bibliopolam
Gratianopolitanum. 1695. In-8*.
32
490
VIII. Commîmes (Phil. de). — Gronicque et histoire faicte et composée
par feu messire Philippe de Ck)mmine8... Imprimé en mars l'an 1539.
On les vend a Paris... par Alain Lottroian. In-8*.
IX. GosTE (Hilarion de). — Les éloges de nos rois, et des enfans de
France qui ont esté dauâns de Viennois, comtes de Valentinois et de
Diois..., avec des remarques curieuses du pais et de la noblesse de
Daufîné... par F. Hilarion de Goste, religieux de Tordre des Minimes.
Paris, chez Sebastien Gramoisy. 1643. In-4*.
Avec les deux suppléments, Tun de 7 et l'autre de 27 pages; le second
manquait à l'exemplaire de la Bibliothèque nationale.
Exemplaire donné en prix, en 1741, au collège de La Marche à Paris
(collegium Marchiano- Winvillsum),
X. Dauphiné (Gommunautés villageoises du). — [Recueil de neuf
pièces in-8', dont la date est comprise entre les années 1607-1611, tou-
chant les dettes des communautés villageoises du Dauphiné, savoir :]
1. Arrests du roy en son conseil privé faicts pour le soulagement des
communautez villageoises et particuliers habitans d'icelles, de la province
de Daulphiné, avec les mémoires, instructions, arrests et reglemens,
sur lesquels Sa Majesté veut qu'il soit procédé à vérification... A la
poursuitte et instance du sieur Glaude Brosse, syndic des dictes com-
munautez, contre les créanciers d'icelles. A Lyon, et se vendent à
Grenoble, en la boutique d'Ambroise Jaquemet, en la rue du
Palais. 1607.
2. Arrest du roy, donné en son Gonseil privé le 17 juin 1608... (pour
le payement des dettes des communautés). A Lyon, pour Ambroise
Jaquemet, libraire... à Grenoble. 1608.
3. Gayer présenté au roy par sieur Glaude Brosse, scindic des com-
munautez villageoises de Daulphiné, contenant plusieurs plaintes et
doléances des dictes communautez, respondu au Gonseil d'estat de Sa
Majesté le 23 aoust 1608. A Lyon, et se vendent à Grenoble, en la bou-
tique d'Ambroise Jaquemet. 1609.
4. Arrest donné par le Roy en son Gonseil le dernier jour de septembre
1610 (touchant les dettes des communautés).
5. Arrest de Sa Majesté, donné en son Gonseil d'estat, le dernier jour
de septembre 1610..., avec l'arrest de la cour de parlement du dit pays
(de Dauphiné) du 29« janvier 1611, portant que le dit arrest seroit leu,
publié et enregistré. Le tout obtenu à la poursuitte du sieur Glaude
Brosse, sindic des communautez villageoises du dict pays. A Grenoble,
par Guillaume Verdier. 1611.
6. Arrest et règlement faict en présence de monseigneur le mareschal
de Lesdiguières par Messieurs les commissaires députez par Sa Majesté
à la veriffication et réduction des debtes des communautez villageoises
de Daulphiné... Imprimé à Grenoble par Guillaume Verdier... 1611,
494
7. Stil et règlement dressé par la cour de parlement de Daulphiné
sous le bon plaisir du roy, pour estre suivy et observé par les commis-
saires qu'elle a députez à la verifûcation des debtes des communautés
villageoises et par les parties procedans par devant les dicts com-
missaires.
8. Arrest de la cour pour le despartement de messieurs les commis-
saires députez à la veriffication des debtes des communautez de ce
pays publiés {sic) en parlement le 8 aoust 1611.
9. Patantes de Sa Majesté concernant les debtes contractées au temps
de l'affoiblissement des monnoyes. (5 décembre 1609.)
XI. Dauphiné (Communautés villageoises du). — [Recueil de vingt
pièces in-4% dont la date est comprise entre les années 1634 et 1648,
touchant principalement les tailles et les dettes des communautés villa-
geoises du Dauphiné, savoir :]
1 . Très humbles remonstrances au roy par les gens du tiers estât du
Dauphiné, contre les deux premiers ordres et officiers de la mesme pro-
vince. A Paris. 1634.
2. Arrest du conseil d'estat du roy portant règlement entre les ordres
de la province de Dauphiné, sur la réalité des tailles, du dernier may
1634. A Paris, chez Jacques Dugast. 1634.
3. Arrest du Conseil d'estat du roy, donné en exécution et interpré-
tation du règlement faict par Sa Majesté le dernier jour de may 1634...
Ensemble la lettre que le sieur Brosse, sindic des communautez villa-
geoises de Dauphiné, a escrite à ceux de son Ordre, sur le sujet du
présent arrest. A Vienne... 1636.
4. Arrests du Conseil d'estat du roy pour l'augmentation de la portion
congrue des curez de la province de Dauphiné jusqu'à 200 livres, du
28 juin 1636... (Autres arrêts du dit Conseil relatifs aux tailles, au port
de l'arquebuse et à la chasse, et à l'établissement des commissaires et
séquestres des biens saisis, tous du même jour.) A Vienne, par Aymé
Pansard... 1636.
5. (Arrêt du Conseil d'état pour la surséance du paiement des dettes
des villes et communautés de Dauphiné. 7 juin 1636.)
6. Arrests du Conseil d'estat du roy extraicts aux originaux. A Vienne,
par Aymé Pansard... 1637. (1. Arrêt du 8 juin 1636 pour le syndic des
communautés villageoises de la province de Dauphiné. — 2. Arrêt
du 30 août 1636 pour les faussonnages. — 3. Arrêt du 20 décembre 1636
interdisant les assemblées de l'ordre de la noblesse. — 4. Arrêt du 31 dé-
cembre 1636, portant décharge des cottes de certains condamnés. —
5. Arrêt du 21 février 1637 déboutant les récusations proposées contre
monseigneur de Talon.)
7. Arrests du Conseil d'estat du roy, du 31 mars 1637, pour le loge-
ment et payement des gens de guerre, et continuation de la sursoyance
492
des debtes dos communautez de la province de Dauphiné, pour deux
années.
8. Arrest du Conseil d'estat de Sa Majesté contenant que les qualifi-
cations et quittances de ban et arrière ban ne pourront servir de tiltre
à ceux qui se prétendent nobles... 23 mai 1637.
9. (Arrêt du Conseil d'état du 23 avril 1637 autorisant les receveurs
particuliers des élections à remettre certaines cottes au receveur géné-
ral de la province.)
10. (Arrêt du 22 août 1637 au sujet des assemblées des nobles de la
province.)
11. (Arrêt du 29 août 1637 pour la surséance des dettes des commu-
nautés.)
12. (Arrêt du 25 août 1635 pour le paiement des tailles dues par les
officiers du parlement de Grenoble, etc.)
13. (Ordonnance de Tintendant Jacques Talon pour le paiement des
dites tailles. 7 août 1635.)
14. Arrest et règlement du Conseil d'estat du roy sur les différens
des trois ordres de la province de Dauphiné, du 6 avril 1639.
15. (Arrêt du 24 octobre 1639 portant règlement pour la levée des
tailles en Dauphiné.)
16. (Arrêt du 2 avril 1648 pour assujettir à la taille tous les héritages
possédés par personnes taillables jusqu'au l»' mai 1635, etc.)
17. Modelle qui doit estre observé en chacune communauté pour
attester des biens acquis en la province de Dauphiné.
18. (Arrêt du 5 juin 1647 pour les dettes des communautés du Dau-
phiné.)
19. (Arrêts pour les dettes des communautés. 25 juin 1636, 26 mars
1639, 28 septembre 1639, 31 mars 1640.)
20. (Arrêt du 11 août 1646 pour la vérification et réduction des dettes
des communautés.)
21. (Arrêts pour le paiement des dettes des communautés, et pour le
rachat et réduction des rentes en grain. 11 mars 1648.)
Xn. Dauphiné (Cour des aides de). — Recueil contenant :
1. Le stil de la cour des aydes et finances de Dauphiné, séante à
Vienne, avec le règlement de la dite cour du 13 mars 1640 sur la forme
de rimposition et levée des tailles de la dite province. Seconde édition.
Vienne, Claude Baudrand. 1656. In-8».
2. Règlement faict par la cour des aydes et finances de Dauphiné...
publié en l'audience, le 13 mars 1640. Vienne, Claude Baudrand. 1656.
In-8%
3. Abrégé du stil de la cour des aydes et finances de Dauphiné.
Vienne, Claude Baudrand. 1656. In-8".
493
XIII. DiCTYS. — Trojana historia Dyctys Gretensis. Sans lieu ni date.
[Cologne, Uiric Zell.] In-4». (N» 6154 de Hain.)
XIV. Du PuY (Charles). — Discours en forme de cantique sur la vie
et mort de Charles du Puy, seigneur de Monthrun et de Ferrassières,
gentilhomme daulphinois, bon serviteur de Dieu et de la couronne de
France, faict par B. D. L. R. D. Imprimé Tan de Christ 1576. In-8» de
16 feuillets.
XY. École d'amour. — L'escole d'amour ou les héros docteurs, par
M. D. L. C. Grenoble, Robert Philippes. 1665.
Ce titre est en tète d'un cahier de six feuillets, contenant une épître de
R. Philippes au comte de Sault et un sonnet de C. de Mallesalz. Après
ce cahier vient le titre véritable et original :
L'escole d'amour, ou les héros docteurs, par M. D. L. G. A Paris,
par la Société des imprimeurs et libraires du Palais. 1665. In-12.
L'ancien catalogue manuscrit de la Bibliothèque nationale, où cet ouvrage
est porté au nombre des desiderata, l'attribue à Alluis.
XVI. Extrait de plusieurs saints docteurs. — Extraict de plusieurs
sainctz Docteurs, propositions, dictz et sentences, contenant les grâces,
fruictz, profitz, utilitez, louanges du très sainct et digne sacrement de
l'autel. Paris, pour Pierre CorbauU. In-8".
Au bas de la première page du second cahier, à gauche de la signature B,
se lisent les mots : Suffrages. Picar,
Ce livre d'église, en français, imprimé en caractères gothiques, contient,
entre autres morceaux :
L'Office de Nostre Dame de Pitié. (Cahier D.)
Manière de bien vivre dévotement et salutairement par chacun jour
pour hommes et femmes de moyen estât, composée par maistre Jean
Gantin, docteur en théologie. (Cahier E.)
Cy commence une petite instruction et manière de vivre pour une
femme séculière... A Paris, pour Pierre Gorbault. (Cahier F.)
S'ensuyvent plusieurs dévotes oraisons et méditations sur la mort et
passion de Nostre Seigneur Jésus Christ... A Paris, pour Pierre Gor-
bault. (Cahier J.)
Le voyage et oraisons du mont de Calvaire de Romans en Daulphiné
fort dévot et contemplatif ^. (Cahiers J et K.)
Le salut de la Vierge Marie, lequel se chante communément au des-
sous de la saincte chapelle à Paris. (Cahier L.)
1 . Opuscule de dévotion composé à l'occasion du chemin de la croix qui fut
établi à Romans vers Tannée 1516, époque à laquelle deux cordeliers, Ange de
Linx, de Beauvais, et Laurens Morelli, de Saint-Jean de Maurienne, « ont dict
en preschant en la chaire de vérité la dicte ville de Romans estre semblable à la
cité de Hierusalem. » — Voyez plus bas, n* XXII.
494
S viiiiuyvent les quinze etTusions du sang de nostre Sauveur et re-
dttiapleui* Jésus Christ... A P&ris, par Thomas Sevestre pour Pierre
(!urbault (oahier ^).
1^ vie do madame saiacte Marguerite vierge et martyre, avec son an-
iieuue et oraison. (Cahier A.)
KVil. Flore et Bla>'chefleub. — L'Histoire amoureuse de Flores et
Ulauchetleur s'amye, avec la complainte que fait un amant contre
Amour ot sa Dame, le tout mis d'espagnol en françois, par maître
Jaquos Vincent, aumônier de monsieur le conte d^Ân^niien. A Paris,
du riuiprimerie de Michel Fezandat, au Mont Sainct Hilaire, à Fhostel
d'Albret. 1554. In-8.
La seconde partie du volume est intitulée :
La complainte et avis que fait Luzindaro, prince d'^Ethiopie, à ren-
contre d'Amour et d'une dame, continuée jusques à leur fin, mise de
grec en castillan, puis translatée en français, par Jaques Vincent du
Crest Arnauld en Daulphiné, aumônier de monsieur le conte d'Anguien.
A Paris. 1554.
XVIIL Grenoble (Pénitents blancs de). — Statuts, reiglemens et
ordonnances des frères pénitens blancs de la ville de Grenoble, fondez
à rinstar de ceux de la grande société de Nostre Dame du Confidon de
Rome. A Grenoble, chez Pierre Verdier, imprimeur du Roy. 1632.
In-8-.
XIX. Grenoble (Statuts synodaux de). — Constitutiones synodales a
R. in Christo P. et D. domino L. Alamando, Dei et Sanctae Romane
ecclesis gratia episcopo et principe Gratianopolitano, instaurât». Lug-
duni, venundantur apud Joannem Martin, bibliopolam, in vico Palatii.
1548. In-8*.
(A la fin :) Impressum Lugduni, apud Dionysium Herssum typogra-
phum, anno Domini 1548.
XX. GuÉRiN DE Montglave. — Histoiro du noble preux et vaillant
Guerin de Montglave, lequel fît en son temps plusieurs illustres Mets
d'armes, aussi des grands et merveiilleux combats que firent Robastre et
Perdigon, pour secourir Guerin et ses enfans. A Lyon, par Benoist
Rigaud. 1585. Li-8'.
XXI. Heures. — Grandes Heures de Simon Vostre. t Ces présentes
heures à Tusaige de Romme sont au long sans requérir, et ont esté
faictes pour Symon Vostre, libraire, demourant à Paris, à la rue Neuve
Nostre Dame, à leuseigne sainct Jehan l'evangeliste, par Philippe
Pigouchet. » Vers Tannée 1502. In-S' sur vélin.
Ces Heures doivent être rangées parmi les chefs-d'œuvre de Pigouchet.
L'exemplaire de M. Giraud est admirablement conservé; les gravures y
sont restées en noir ; la reliure en velours rouge est garnie de fermoirs et
495
de coins en argent ciselé; sur les plaqnes qui ornent le milieu des deux
plats se voient les armes du cardinal Georges d'Armagnac, l'un des prélats
français du zyi* siècle qui ont rendu le plus de services aux lettres et
aux arts.
XXII. Instruction (Petite). — Cy commence une petite instruction
et manière de vivre pour une femme séculière... Imprimée à Troyes,
chez Jean Le Coq. — S'ensuyt une dévote méditation sur la mort et
passion de Nostre Sauveur et rédempteur Jesu Christ... — Le voyage et
oraisons du mont de Calvaire de Romans en Dauphiné. — Extraict de
plusieurs sainctz docteurs... contenans les grâces, fruicts, profits, uti-
litez et louanges du sainct et digne sacrement de l'autel... — In-8'.
Ce livre de dévotion contient une partie des morceaux renfermés dans le
volume qui est enregistré ci-dessus sous le n** XVL
XXIII. Jeanne d'Arc. — Jeanne d'Arc natifve de Vaucouleur en
Lorraine dite la Pucelle d'Orléans. A Troyes, chez Edme Briden, au
nom de Jésus. 1621. In-8".
(A la fin :) Achevé d'imprimer le 15 juillet 1622 en la maison de Edme
Briden, libraire et imprimeur, en la rue Nostre Dame, au nom de
Jésus, à Troyes.
Ce volume comprend : 1*> Histoire de la pucelle d'Orléans; 2** Histoire du
siège qui fut mis par les Anglois devant la ville d'Orléans...; 3" Antiquité
de la ville d'Orléans et choses plus notables d'icelle, fidèlement recueillie
des cosmographes et historiens qui en ont escrit, par Léon Trippault.
Exemplaire de Secousse.
XXIV. La Rivière (Louis de). — Histoire de la vie et mœurs de
Marie Tessonnière, native de Valance en Dauphiné, composée et divi-
sée en quatre livres, par le R. P. Louys de La Rivière, minime théolo-
gien... Lyon, Claude Prost. 1650. In-4».
XXY. LoNGUEiL (Christophe de). — Clarissimi oratoris, bonarum
artium cultoris, ac juris et legum doctoris locupletissimi, hac nostra
tempestate memoria, eloquutione triumque linguarum peritia singula-
ris, ac illustrissimi principis Augulismensis aulici, domini Christofori
a Longolio panegyricus in civilis sapientie laudem, dum prolytharum
infulis, apud Delphinates, in florenti et famoso Valentino gynnasio per
magnificum senatorem dominum Philippum Decium donaretur... —
(A la fin :) Ut complurimorum morem gereret voluntati, sua impensa
presentem panegyricum in formis redigendum curavit Yalentie dominus
Ludovicus Olivelli, universitatis ejusdem bibliopola juratus, octavo
nonatô septembris, anno Domini mil. vc. Xini — In-4' de 12 feuillets.
XXVI. Pape (Gui). — Consilia domini Guidonis Pape cum reperto-
rio. Lugduni, in officina calcographica Joannis Crespin, alias du Carre.
1533, mensis februarii die 11. In-8'.
XXVII. Papç (Gui). — Decisiones parlamenti dalphinalis Grationo-
496
polis, per quondam eximium juris utriusque doctorem dominum Gui-
donem Pape... [una cum additionibus... Anthonii Rambaudi et Johannis
de Gradibus.] Lugduoi, Jacobus Myt. 1516, die 4 meDsis Aprilîs. In-4*.
XXVIII. PoNTAYMERi (A. de). — La cité de Montelimar, ou les trois
prinses d'icelle, composées et rédigées en sept livres par A. de Pontay-
meri, seigneur de Foucheran. 1591. Petit in-4\
Ce poème est dédié à monseigneur Desdigoières.
XXIX. Romans (Bréviaire de l'église de). 1518.
Le premier feaillet de ce précieux volume, qui devait contenir un titre, a
disparu et a été remplacé par un feuillet sur lequel une main du xyii* ou
du XVIII* siècle a tracé, en noir et en rouge, le titre suivant : c Breviarium
ecclesiœ S. Barnardi de Romanis, impressum Meymanis. M.D.xvm. »
Ce bréviaire^ de format in- 16, se compose d'un cahier préliminaire signé +,
qui contient le calendrier, et d'une série de cahiers signés a-zz, compre-
nant au moins 554 feuillets, numérotés de i à ggggcliiii. A la suite du
calendrier, on y trouve :
1* (fol. i) le psautier, suivi des litanies et des hymnes, c In nomine Domini
nostri Jesu Christi incipit breviarium seu ordo dicendi horas ad usum
insignis ecclesie collégiale Beati Barnardi de Romanis sacrosancte Romane
ecclesie immédiate subjecte, ab eodem sancto Bamardo Viennensi archie-
piscopo in honorem sanctorum apostolorum Pétri et Pauli necnon sancto-
rum Severini, Ëxuperii et Feliciani in ipsa quiescentium fundate. »
2° (fol. Gvii) le propre du temps, précédé de cette rubrique, en tête de la
seconde colonne du fol. cvi : c in Christi nomine. Amen. Incipit Brevia-
rium secundum usum insignis ecclesie collégiale beati Barnardi de Romanis
in Viennensi diocesi site. Sabbato ante primam dominicam adventus
Domini ad vesperas antiphone et psalmi feriales. Capitulum. »
3** (fol. cGGLxi) le propre des saints, avec cette rubrique imprimée sur le
feuillet précédent : c Incipiunt festivitates sanctorum per anni circu-
lum... »
4** (fol. cGGCG xxxiii verso) le commun des saints : « Incipit commune
sanctorum officia propria non habentium. »
Le dernier feuillet de Teiemplaire est signé zz ii et numéroté ggogg liiii; il
est probable qu'il devait être suivi de plusieurs feuillets dont la perte nous
prive de la souscription finale.
L'impression est en caractères gothiques, en rouge et en noir, sur deux co-
lonnes, à 32 lignes par colonne. L^office de chacune des principales fêtes
est orné d'une gravure et d'un encadrement. Il convient de remarquer
l'image de saint Barnard qui occupe la moitié du fol. ggglxxxvi recto.
Un second exemplaire de ce Bréviaire, possédé par M. l'abbé Ulysse Cheva-
lier^, est également incomplet des derniers feuillets, mais ii contient, en
caractères manuscrits, du xvii* ou du commencement du xviii" siècle,
la copie de la souscription par laquelle se terminait le Bréviaire, et qui
est ainsi conçue :
1. M. l'abbé Chevalier a donné en 1865 la description de cet exemplaire,
dans le Bulletin du bibliophile, série XYI, p. 395-398.
497
Breviarium ad usum insigûis et collégiale ecclesie sancti Barnardi de
Romanis, sancte Romane ecclesie immédiate subjecte, finit féliciter. Et
quia breviaria dicte ecclesie nunquam alias fuerunt impressa, atten-
dentes egregii \enerandique patres domini de capitulo dicte ecclesie
quod tam ex indebita ordinatione breviariorum per pridem ad manum
scriptorum quam ex discrepantiis antiquarum rubricarum officium de-
bito modo dici non poterat, presertim ab eis quos ex justa causa dictam
ecciesiam absentare contingit, deputaverunt egregios^ et venerabiles
viros dominos Antonium de Plastro, canonicum et claverium, Guigo-
nem Reymondi, tbesaurarium, Karolum de Arzago bebdomadarium et
subcabiscolum, Humbertum Miihardi, Guillermum Alexi, et Antonium
Guififredi, presbiteros incorporatos et ab infantia in dicta ecclesia nutri-
tos, ad tollendum errores et discrepantias declarandumque ea que prius
dubia videbantur, qui sagaci indagine opus hoc correxerunt. Fuit autem
incepta impressio in dicto oppido de Romanis, et finita in loco de
Meymanis, in domo prefati domini Reymondi, sumptibus prefati vene-
rabilis capituli, arte vero et industria honorabilis viri Joannis Bellon,
civis Valentie 2, impressoris, anno incarnate deitatis millesimo quingen-
tesimo decimo octavo, die 7» Julii.
Il résulte de cette souscription que rimprimeur Jean Bellon, de Valence,
fut appelé à Romans pour Imprimer un bréviaire à Tusage du chapitre de
Saint-Barnard, qu'il en commença Timpression dans la ville même de
Romans et qu'il la termina le 7 juillet 1518 à Meymans', dans une maison
appartenant à Guigne Reymond, trésorier de Téglise de Saint-Barnard.
M. Giraud suppose, avec beaucoup de vraisemblance, que Jean Bellon,
chassé de Romans par l'invasion de la peste, acheva son travail dans un
domaine rural où avait dû se réfugier une partie du chapitre. — Cette
hypothèse se trouve confirmée par la souscription d'un Missel de Meissen,
qu'a bien youlu me signaler M. James Weale et qui nous apprend com-
ment révéque Jean de Salhausen fit imprimer ce livre : «... per indus-
trium Conradum Kachelofen, hujus impressorie artis magistrum, oppidi-
que Lipsensis concivem, in oppido eodem inchoari atque grassante pestifero
morbo in oppido Freiberg perfici et féliciter finiri procuravit, die lune
mensis Novembris noua 1495*. »
XXX. Romans (Second bréviaire de). — Breviarium ad usum insignis
et collegiatae ecclesiœ Beati Barnardi de Romanis. Lugduni, sumptibus
Guillielmi Linocerii. 1612. In-16. — (A la fin :) Impressum Lugduni,
1. La copie porte egregium.
1. Dans la copie, on lit en toutes lettres Valentiœ.
3. Meymans est aujourd'hui une dépendance de la commune de Beauregard
(Orôme), arr. de Valence, cant. Bourg-de-Péage.
4. Panzer, Annales iypographici, t. I, p. 4S3, et Hain, Repertorium, t. III,
p. 432, n« 11327.
498
in typographia Joannis Poyet, civis Lugdunensis, anno a partu Virgi-
nis 1612, die duodecima mensis Aprilis.
XXXI. Saillans (Gaspar de). — Premier livre de Gaspar de Saillans,
gentilhomme citoyen de Valance en Dauphiné... A Lyon, par Jacques
de la Planche. 1569. In-8*.
c Ce premier [livre] est divisé jen Irois parties, la première desquelles est
da mariage de Tauteur avec damoiselle Loyse de Bourges, lyonnaise; la
seconde de leurs fiansailles, et la troisième de leurs nopces; et y sont
aucunes lettres missives familièrement escrittes au vray. » (Extrait de la
Déclaration mise en tète de l'ouvrage.)
XXXII. Saint-Marcellin (Style de). — Stylus curiae majoris Vien-
nesii et Valentinesii ballivatusque sive praefecturae Sammarcellinensis,
cum notis Glaudii de La Grange, in eadem curia supprœfecti... Lugduni,
apud Benedictum Rigaudum. 1581. In-8'.
Exemplaire qui fut offert en 1605 par Scipion Guilliet à Arthur de Lyonne.
XXXIII. Sottie. — Sottie à dix personnages jouée à Genève en la
place du Molard, le dimanche des Bordes, l'an 1523. A Lyon, par Pierre
Rigaud. In-8*. — (Réimpression.)
XXXIV. Sydrach. — Le livre que Sydrach philosophe a fait, lequel
livre est la Fontaine de toutes sciences, imprimé à Valence, Tan 1513,
et le 25 d'aost. Marque de Jehan Belon. In-4«.
XXXV. Theramo (Jacobus de). — Processus Luciferi contra Jhesum
coram judice Salomone.
Impression gothique, à deux colonnes, 41 lignes à la colonne. Sans chiffre^
réclame, ni signature. In-folio. Maroquin rouge. Exemplaire de Girardot
de Préfond. N* 649 de Boulourlin.
XXXVI. [Thyard (Pontus de)]. — Erreurs amoureuses. A Paris, par
la veufve Guillaume le Bret, au Clos Bruneau, à renseigne de la Corne
de Cerf. 1554. In-16.
(La seconde partie du volume est intitulée :) Continuation des erreurs
amoureuses, avec un chant en faveur de quelques excellens poètes de
ce tems. 1554.
(A la fin :| Imprimé à Paris, par Jehan Langlois, pour la veufve
Guillaume le Bret, au Gloz Bruneau, à l'enseigne de la Corne de Cerf,
le cinqiesme jour de janvier 1554.
La continuation des Erreurs amoureuses est d'Antoine Du Moulin. — Exem-
plaire relié aux armes de Madame de Pompadour.
XXXVn. TiBULLE. — Clarissimorum poetarum Tihulli, Catulli et
Propertii, cum eorum vita, opéra Regii Lepidi accuratissime impressa,
auctoribus Prospère Odoardo et Alberto Mazali Regiensibus, anno sa-
lutis 1481, 19 kalendas Octobris. In-folio. (Panzer, t. Il, p. 392, n* 2.)
XXXVni. TouRNON. — La triomphante entrée de noble et très
499
illustre dame madame Magdeleine de La Rochefocaud, espouse de hault
et puissant seigneur messire Just Loys de Tournon, seigneur et baron
du dict lieu, comte de Roussillon, etc., faicte en la ville et université
de Tournon, le dimenche vingt quatriesme du moys d'avril 1583. A
Lyon, par Jean Pillehotte, à l'enseigne du Jésus. 1583. Petit in-8'.
Manquent le premier et le dernier feuillet du cahier A. — L'auteur du re-
cueil est Honoré d'Urfé, chevalier de Malte.
XXXIX. TuRRB Gremata (Jo. de). — Johannis de Turre Gremata,
cardinalis Sancti Sixti vulgariter nuncupati, explanatio in psalterium.
Per Johannem Schiissler, civem Aug., impressa, anno Domini 1472,
pridie nonas mayas. La-folio. (N" 15696 de Hain.)
Du même ouvrage la Bibliothèqae nationale possédait déjà quinze antres
éditions du xv* siècle.
Les livres donnés par M. Giraud resteront réunis en un seul groupe,
ce qui n'empêchera pas d'inscrire chacun d'eux à la place qui lui con-
vient dans nos différents catalogues ou répertoires. Ils seront mis à part
dans une armoire de la Réserve, avec une inscription qui rappellera le
nom du bienfaiteur à qui nous sommes redevables d'un tel acte de
libéralité.
P. S. — Au moment môme où les pages qu'on vient de lire étaient
publiées dans le Journal officiel, M. Giraud mettait le comble à ses
générosités en offrant quatre volumes précieux au département des ma-
nuscrits, savoir :
I. Bréviaire de l'église de Saint-Barnard de Romans, comprenant :
1« (fol. B) un calendrier, dont le premier feuillet, consacré aux mois
de janvier et février, a disparu à peu près complètement, il est précédé
(fol. A verso) d'un avertissement sur la manière de trouver les jours de
nouvelle lune.
2® (fol. 1) le psautier, dont les deux premiers feuillets ont été arra-
chés.
S» (fol. 92 vo) le propre du temps. « Sequitur officium adventus
Domini... »
4® (fol. 265) le propre des saints, c Incipit sancturiale, seu ordo officii
de sanctis per circulum anni observandum. »
5^ (fol. 395) le commun, c Incipit commune sanctorum. » A la fin de
cette partie, le copiste a mis (fol. 416 verso) cette souscription : « Gest
breviere fut acommencé l'an de grâce mille 1111^ LXXXI, et le premier
jour d'avril, par Estienne de l'Isle, et fut fine le dit breviere le xx^ jour
de septembre et Tan dessus dit. » — A la suite (fol. 417) a été ajouté
l'office de la Visitation.
Volume sur parchemin, de 423 feuillets, cotés a-h et i-cccc xx, plus un
500
feuillet zTii bis: manqaent les feuillets 1, 2, 7^ 8, 263 et 264; les feuillets
17 et 17 bis ont été refaits; les feuillets B et 17 bis sont mutilés. 195 mil-
limètres sur 133. Écriture sur deux colonnes, de Tannée 1481, comme
porte la souscription du fol. 416 verso, de laquelle il résulte que le
copiste a mis cinq mois et demi pour transcrire un bréviaire complet,
d'environ 424 feuillets.
II. Recueil des privilèges du Dauphiné, consistant principalement en
lettres émanées des rois de France et des dauphins, au xiv* et au
xv« siècle.
Volume sur parchemin de 88 feuillets, plus cinq feuillets préliminaires
cotés A-B. 248 millimètres sur 108. Écriture de la seconde moitié du
XY* siècle. Lettres ornées et enluminées au commencement des principales
pièces. L'H initial de la première pièce (fol. 1) nous offre un dauphin avec
une fleur de lis couronnée.
III. Compte de la dépense et de la recette faite au nom du chapitre et
de la ville de Romans en 1509, pour la composition, la mise en scène
et la représentation du jeu des trois martyrs, saint Severin, saint
Exupère et saint Phelixien.
Cahier de 58 feuillets de papier. 290 millimètres sur 205. A la suite sont
reliés (fol. 61-80) des notes et extraits relatifs à ce compte, qui a fourni
à M. P. £. Giraud la matière d'une fort intéressante publication : Compo-
sition, mise en scène et représentation du Mystère des trois Doms joué
à Romans les 27, 28 et 29 mai aux fêles de Pentecôte de Van 1509.
Lyon, L. Perrin. 1848. In-8".
IV. « Testament de noble et puissant seigneur messire Aymar Rival,
seigneur de la Rivallière, Blagnieu et Lieudieu, chevallier et consei-
ller du roy. » 16 juillet 1567. (L'endroit où se trouve la date du tes-
tament a été endommagé ; on ne lit plus de cette date que : l'an mil
cinq centz ante et sept, le seziesme jour du moys de juillet.) — Expé-
dition authentique, datée du 13 mars 1574.
Cahier de 13 feuillets de papier. 280 millimètres sur 200. — Un archiviste
du xviu* siècle a mis sur la couverture de ce cahier la date : 15 mars 1567
et la cote n* 773.
A la suite sont reliés 34 feuillets (17-50), sur lesquels sont différentes notes
de M. Giraud relatives à Aymar Rival ou à la famille de ce personnage.
On peut voir à ce sujet Topuscule de M. Giraud intitulé Aymar du Rivait
et sa famille... Lyon, L. Perrin. 1849. In 8*.
Je ne puis mieux terminer cette notice qu'en insérant ici un passage
de la lettre que M. Giraud m'écrivait le 20 octobre 1881, à propos du
rapport imprimé dans le Journal officiel :
c Je serai heureux, disait-il, si le rôle brillant que vous avez bien
voulu m'y donner peut engager quelques amateurs de province, posses-
seurs de bibliothèques locales, à vous communiquer leurs catalogues,
aûu de vous éclairer sur l'existence de livres que la Bibliothèque natio-
504
nale ne possède pas et qu'elle aurait cependant intérêt à connaître et à
posséder. C'est le moyen de rendre de plus en plus national un établis-
sement qui doit être le grand dépôt des produits de Tintelligence et de
Tactivité littéraire de tous les enfants de la France.
f Vous pouvez me citer en exemple : car, aujourd'hui, malgré le léger
sacrifice que j'ai fait de quelques volumes, dont je jouis encore, puis-
qu'ils sont placés sous mon nom à la Bibliothèque nationale, ma propre
bibliothèque, grâce à votre participation, a plus de prix à mes yeux. »
L. D.
SÉANCES DE LA SORBONNE.
M. le ministre de l'instruction publique a adressé aux sociétés savantes
le programme suivant des questions que le comité des travaux histo-
riques k jugé à propos de recommander d'une façon particulière à leur
attention, en vue des réunions qui, suivant l'usage, auront lieu à la
Sorbonne, au printemps de l'année 1882.
l» Faire connaître les récentes découvertes de monnaies gauloises ;
2* Étudier les questions relatives aux camps à murs vitrifiés ; s'atta-
cher principalement à en déterminer la date;
3<» Déterminer, en s'appuyant sur les inscriptions, les caractères de
la sculpture de figures et d'ornements dans les monuments romains du
midi de la Gaule ;
4® Signaler et expliquer les inscriptions de l'antiquité trouvées en
France dans ces dernières années;
5» Signaler et expliquer les inscriptions du moyen âge trouvées en
France dans ces dernières années ;
6« Quels sont les monuments et les produits de l'art ou de l'industrie,
principalement ceux dont la date est certaine, qui peuvent servir à fixer
les caractères de l'art mérovingien et de l'art carlovingien ?
7" Signaler les caractères de l'architecture française du xi« siècle,
d'après les monuments dont la date peut être fixée à l'aide de textes
contemporains ;
8" Faire connaître les systèmes d'après lesquels a été fixé le com-
mencement de l'année, au moyen âge, dans les différentes régions de la
France ;
9* Faire connaître, d'après des documents authentiques, l'origine,
l'objet et le développement des pèlerinages antérieurs au xvi* siècle;
10* Faire connaître l'organisation des corporations de métiers en
France avant le xvi« siècle ;
!!• Étudier les procès-verbaux des réformateurs des coutumes au
XV* et au xvi« siècle; y rechercher l'état de la législation et les progrès
déjà réalisés à l'époque où ont pris fin les guerres avec les Anglais. —
Dresser d'après ces procès-verbaux la statistique des bénéfices ecclésias-
tiques et des seigneuries laïques existant au xvi« siècle;
5n
t:^- Mettre" en lumière lef docomfnts historiqtieE qui font oomiiitre
letat i)e 1 iustrucuî^n phmurees Fnnœ avant 1789;
K^* Si^Ddder et apjtf^wier k» documenu relatifs anx assemblées pro-
\inoiâl«k!^ du leœjvs^ ie U^ui» XM, qui n'ont pas encore été mis en
œu\n^ par k« lùsUMÎec»;
1 1* Kx}Hk!»er, v)>»*yV*vi$ W te.\iM et 1» monuments:. Tétat de Timagerie
pi^pulaire eu FVau.v. 4:\;eneureiaeiit i la fin du mn* siècle;
15' h^ai des ^iMiw'ôè^^^el^ ^uSli^ises et des musées d'antiquités dans
lo» de^varleiueuu — Mee^uivt» priitptf >xi7 que œç établissements contri-
buent auisî eibcavVSB^n; ^;*je x^^ibùe au développement des tnTanx
historiques et ârcbé^vK^v|ue».
Fv>HMVLKS INEDITES DU IX» SIÈCLE.
Le mAUU»vTàt Uùu >tS ie i«ft BL^^'ôè^:ie ^a&onale lanc. S.-liartîal
Uô, Ht^^iu» ic(«L i du L\' 9^<«vue« '{tl: ."vctiect diffimots poèoies de
l'époque odiv^liu^ieuuse.» e?^i.<>^ a;Ltr«» jei> orttk de Pierre et Pianl
Diacre», a ew Uecrii en deuil p^ir M. B^;.nr.i — A'^rr. X. 24T, n. 2J,
et (»lus ivvvmaiem^ i'i^^vs le» ^>&?s i»? M. WarvfrhaÉK^. par IL Daenin-
ler^ ^-\Vit« ircàtv. 1\\ 1>4\ O siiTar.: pciajîî en œtaîe HSKps nne
formule de lettre tmiîscrL'rf s^ir le 5>L If f r* de » aûar^jicriL nais six
autres forniuîes^ oJran: en iniêr^ pi::* zjaiii que ceîîe çzZ k pcblîee,
lui ont éc.'&appé. Ces formules, oopl^es ssr ]e UA. ihi.pecvm^^^moafer
comme le reste du manascrit an iz« ciéde. H. O.
l. Precellentissimo reçallque soiîo sablimal^ illi, Ch^issîaaîsâmo
régi, ilU exiguus onmitim Cbiisti tf^norum, orator rester, is Dooizqo
aetemam salotem.
IL Inlastrissimo ac ^loriosiif«imo et a nobîs summa com reverentia
recolendo domno tï/t, eximio dud, ilU Tilissimus omnium serras
Ghristi servorum, in Ihmiuo saJutem. Fer présentes apioes vestrae s{i>-
riae humiliter nuf^fiertirti presumimus. obsecrantes ut ad banc nostram
humillimam petîtiancaUm pias aures accomodare digneris, quoniam
multa violentia patimur a gastaldio vestro illo. His expletis Deum celi
petimus, qui te nobis incolomem conservare dignetur.
IIL Viro giorioso et a nobis summo cum studio caritatis recolendo
illi, ille, ultlmus omnium Chrinti servorum, salutem in Domino. Per
presentem epistolam vestrae innotescimus caritati eo quod valde nos
1. IL Duemroler en a donné un fac-similé à la fin de la seconde partie du
tome I de ses Poetae Laiini aevi Carolini, L'abbé Lebeof avait aossi connu ce
manuscrit, d'après lequel il a publié entre autres dans ses Dissertations sur l'his-
toire de Parii (I, 416-419) une formule de lettre de Gharlemagne à un arcbe-
vôque relalive à rinstruction de son clergé, réimprimée dans le Recueil des
historienif de France, y, 850, et dans Jaffé, Monumenia Carolina, p. 369.
503
molestare videtur missus vester * ille et opprime! hominem 2. His
ezpletis optamus te bene valere in Domino.
IV. Reverentissimo ac venerabili et a nobis summa cum reverentia
recolendo domno illi, episcopo, ille, uitimus omnium Christi servorum,
aeternam in Domino salutem. Per présentes apices vestrae^ innotescimus
ahnitati de causa illa. De cetero Deus omnium qui te nobis conservare
dignetur incolomem piissimum pastorem.
V. Domino mihique reverentissimo ac summo studio amoris reco-
lendo abbati illi, ille^ unus ex pusiilis ovibus creditis, optabilem salu-
tem in Domino. Per présentes syllabas humiliter obsecrare presumo ut
pias aures ad nostram petitiunculam inclinare digneris.
YI. Dilectissimo domno mihique amabili fratri illi, ille, proprius
sodalis tuus, salutem. in Domino. Gognoscas carissime quia nobis.
Vn*. Illi germano carissimo, pariter mihi consanguinitate corporis
animoque conjuncto, ille exiguus. Gognita tua, germane dulcissime,
sospitate, valde gavisus sum, sed illud me amplius laetificavit quod te ad
artem (apicem ?) artis poeticae conscendere dixisti. De viro sane illo meo,
ut narras, omonimo, licet tu de eo bona loquaris, alii tamen mihi de
ipso diversa dixerunt, tamen ob tuae postulationis intentum, obsecrabo
pro te proque illo beatissimum martyrem Dyonisium.
Versus.
Interdico tibi per Ghristi nomen Hiesu,
Romane juvenis contemptor atque proterve,
Ne prius accipias Gererem seu dona Liei,
Quam mihi versiculos hodie descripseris ipse.
RIGHARD DE SAINT-LAURENT
ET LE
LIBER DE LAUDIBUS BEÂTjE MARIjE.
Richard de Saint-Laurent, qui fut, au milieu du xiii« siècle, chanoine,
archidiacre et pénitencier de Téglise de Rouen, est-il Fauteur du Liber
de laudibus heatx Maria ? Labbe, Du Gange, Oudin, dom Pommeraye,
dans son Histoire de V église cathédrale de Rouen (1686, in-4o, p. 283-4),
Daunou, dans V Histoire littéraire de la France (XIX, 23-27), le lui attri-
buaient, tout en faisant quelques réserves, justifiées par les manuscrits
du Liber de laudibus beatx Maria (Douai, ms. 387 ; Troyes, mss. 828 et
1743 ; Lambecius, II, vni, 38), dont aucun ne présente le nom de
1. Le ms. porte smr précédé d'un blanc de quatre lettres.
2. Le ms. donne hom,
3. Ms. vestras.
4. Publié par M. Duemmler, Neues Archiv, lY, 104-5.
504
Richard de Saint-Laurent. Récemment, M. l'abbé Dehaisne (Catalogue
général des manuscrits des départements^ tome VI, Douai, p. 218-21) a
dissipé à peu près tous les doutes qui pouvaient encore subsister sur
l'attribution de ce livre à Richard de Saint-Laurent ; un dernier docu-
ment, qu'on n'a point encore utilisé, je crois, doit le lui faire définiti-
vement attribuer. C'est une pierre tombale, qui paraît dater de la fin
du xin« siècle, et se trouve aujourd*hui dressée dans Tune des chapelles
latérales de gauche de l'église du Grand-Andely (Eure). Autrefois,
retournée, elle servait de seuil à Tune des portes du chœur, après avoir
été employée comme table d'autel. Cette pierre tombale est divisée en
deux compartiments : dans la partie supérieure le sculpteur a représenté
la Vierge assise tenant un lis(?) d'une main, et le Christ enfant sur son
bras ; dans le compartiment inférieur, tourné vers la gauche, un prêtre,
revêtu de la chasuble, avec le manipule, est à genoux, levant la tête et
les mains jointes, dans l'attitude de la prière, devant lui un calice est
posé sur un autel. Ces figures sont placées chacune sous une arcade
trilobée, sur laquelle a été gravée une inscription en l'honneur de la
Vierge, aujourd'hui presque entièrement disparue ^ Il n'en a heureu-
sement pas été de môme d'une autre inscription disposée sur quatre
lignes verticales dans l'espace réservé entre le personnage agenouillé
et le pilier droit de l'arcade trilobée. Cette inscription a été publiée,
il y a une douzaine d'années , dans un recueil tiré à petit nombre,
les Pierres tombales du département de VEure, recueillies et dessinées
par M. L.-T. Corde (Évreux, 1869, in-4o), mais le fac-similé lithogra-
phique est inexact et le dessinateur a omis un mot capital, hujus, dans
l'inscription, qui doit être restituée ainsi :
t HIC : lACET : MAGISTcr: RICA
RBus : De i JiCO ; LAVRENTIO ] DE
CANM5 RYius :^CE i Qui ; COPILAVtt : LIBRV
De : LAVDIBW5 : BE j MARIE i ORATE j Pro f EO
Le texte de cette épitaphe, inconnue jusqu'ici, est décisif, et le Liber
de laudibus heatœ Marix est bien l'œuvre de Richard de Saint-Laurent,
doyen du chapitre d'Andely, dont l'archevêque de Rouen, Eude Rigaud,
disait le 3 octobre 1254 ^ : c Visitavimus capitulum Andeliacense...
Magister Ricardus non residet in ecclesia, licet teneatur, nisi fuerit in
scholis vel in peregrinacione, nec est scolaris, nec in peregrinacione. »
H. 0.
1. Comparez pour cette disposition la miniatare qui se trouve en tète du Liber
de virtutibus de Richard de S. -Laurent dans le ms. 174 de Saint-Omer, xiii* s.
2. Regestrum visiiationumy éd. Bonnin, p. 188.
LES MIRACLES
DE
NOTRE-DAME DE CHARTRES
TEXTE LATIN INÉDIT.
Les amateurs et les érudîts connaissent le beau volume publié
en 4 855 par M. G. Duplessis sous le titre de : le Livre des miracles
de Notre-Dame de Chartres^ écrit en vers au XIII^ siècle par Jehan
Le Marchant. L'auteur de cet ouvrage en vers français, Jean Le
Marchant, qui écrivait en 4262, déclare avoir traduit un livre latin
conservé de son temps dans le trésor de la cathédrale de Chartres ;
ce livre a disparu, et Tœuvre à laquelle fait allusion Jean Le Marchant
semblait perdue, lorsque M. Léopold Delisle voulut bien me signaler
le manuscrit du Vatican, coté Regina 339, comme devant contenir le
texte latin inédit des Miracles de Notre-Dame de Chartres, Cette
indication, empruntée à une notice de M. le D"* Reifferscheid, était
exacte, et c'est grâce à elle que je puis donner ci-dessous ce texte
important, qui voit ici le jour pour la première fois.
La publication de M. G. Duplessis a sufQsamment fait ressortir
l'intérêt général des miracles de Chartres, comme des autres recueils
analogues, pour qu'il soit inutile de revenir sur ce sujet. Je dirai
seulement un mot de deux points pour lesquels la possession du
texte latin original offre un intérêt particulier.
Une triadition locale, sinon très ancienne, au moins très profondé-
ment enracinée à Chartres, voulait que la cathédrale actuelle remontât
à l'année 4020. MM. Rossard de Mianville et Chasles, dans une dis-
sertation publiée à la fln de l'édition de Jean Le Marchant, ont mon-
tré qu'il n'en était rien, et que l'édifice actuel avait été construit à la
33
m^nÂMMm r^> h^y^sodie 4j4iil hk fid^jfKL tes if «su!
f»!9t^i!s«At 4e p<MY4>ir fe réfo^r |Mir ce pssaae i ^IwripifBH
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ffiMirUf^ emm eccUêUi ^UurwÂemm lit idmêjwmm
tnli fumet ineendw aUvoMUtla... «Hle^ans. s* 1 .
LnusUnsr de^. MiraeU$ o'a pas eu. OMiiDe s» traàwanpr
faunU/m 4e m; wHnimr, et il nous est liquossâde de ^jgpgJBnr z.
itSIeo^ à ee lujet. Il parie de Chartres en hoœiK fn
fef, miraeie II ; </tfr/t Cam/jium teniens ... tii/«r
f<?^ttr;, et il rappelle une parole qu'il y avait
4V^ fftï Hftyirtm : il ne mmïA^. paj^ Umû^ois aToîr été im
laire du ^rarid ineendie de II1I4. (Jn serait assez porté à Toir «■ In
un elian//fr^ de la cathédrale, si un passage nlndîqiiaît plalât
HitffUrUiimi HU cii^r^é rét^lier (mir XVII : Aor eogmmaÊms ma
mcerdffU.., ffui et in iptf) anno aceepU haMumreiiçkmig]. Liiodes
m\r44:Ut% rapfKiftés étant de 1206 (miracle XXVI, larédxlîoB ât
IVnivraKe <Mi être prif^térieure à cette date; noais je ne Poê pas
de raison fptmr lai taira descendre beaucoup plus bas, et Too peot
a()proxiniativement la rapporter à Tannée 4210.
l^e mH« liegina 339 a été décrit par Bethmann^ et plus oMn^iMe-
ment par M, KelfTerscheid ^ : il n'y a donc qu'à renvoyer à kors
d/tsr;rifitions. Je rappellerai toutefois que c'est un recudl fectioe de
fr;igmentH de manuscrits, et que les feuillets 55-69, qui contiennent
noH Miracle» j mni U)ut à fait étrangers aux feuillets précédents. Os
CilHuiiînt partie autrefois d'un manuscrit de Fabbaye des Vaux-de-
(jiîrrml, et une noU;, en belle écriture du xiii* siècle, qui se trouve
au f" 6i) V, nous donncî le sommaire de ce manuscrit : Liber Sancte
Marie de Sarnaio, Quicumque eum furatus fuerit anathema sit.
Amen. In eo continentur hii lihri : Quartus liber sententiarum —
De Hacrameniis Ëcclesie — Aurea gemma Bernardini — De erudi"
tione diclaminis — Opus magistri Bernardi Silvestris — Furta
modernorum Laiinorum in unitate Trinitatis — Proverbia aucto^
rum pluriorum — Miracula Béate Marie Virginis in Carnotensi
ecolesia facia vel ad laudem ipsius alibi patrata et ibi scripto man-
data.
1. Archiv do Pertz, t. XII.
2. BibLpatrum latin, italica, 1, 408-410.
507
L'écriture, du milieu du xiii® siècle, est assez soignée, maïs les
étourderies du scribe n'en sont pas moins nombreuses : je me suis
appliqué autant que possible à les corriger.
Comme notre manuscrit n'a ni titre général ni rubriques pour
chaque miracle, voici la table des vingt-sept miracles qu'il contient.
J'emprunte les rubriques au ms. de Jean Le Marchant, qui a un peu
bouleversé l'ordre du texte latin, et je donne la concordance.
On remarquera que les miracles français 27, 29, 30, 34 et 32 ne
figurent pas dans le texte latin et proviennent d'une source diffé-
rente.
Prologue.
L De l'arsure de l'iglise de Chartres et comment li legas sarmona
aus gens de la ville (Jean Le Marchant, n** 3) .
IL De l'enfant à cui N. D. rendi la parole et la langue (J. L. M.
nM).
III. D 'un miracle qui avint aus gens de Chetiau Landum (Ib. , n** 4 0) .
IV. D'un miracle qui avint aus gens de Peviers en Gatinais (Ib.,
V. D'un miracle qui avint aus gens de Boneval (Ib., n® 42).
VI. D'un valet de Paleîseul que N. D. resuscita de mort à vie (Ib.,
no 43).
VIL C'est le miracle de Guillaume que N. D. guéri de routure (Ib.,
n« U).
VIII. D'un valet de Corbeville qui fti guéri de sa plaie (Ib., n^ 45).
IX. D'un autre miracle qui avint as gens de Batilly en Gatinais
(Ib., nM6).
X. Dou miracle qui avint aus bons Bretons de Chartres (Ib. , n® 4 7) .
XI. Comment N. D. descendi en l'iglise de Chartres un samedi
àseir (Ib., n* 48).
XII. D'un enfant naié qui fu resuscité à Soilli (Ib., n® 49).
XIII. Des deux compagnons dont l'un fu gari et l'autre non ; l'un
estoit aveugle et Tautre muet (Ib., n«> 20).
XIV. Dou chevalier qui fu sauvé de mort à vie por ce qu'il avoit
vestue une des chemises de Chartres (Ib., n^ 24).
XV. Dou chevalier que N. D. garda de noyer et délivra de ses
enemis (Ib., n° 22).
XVI. Dou valet anglais qui dona son fermail à l'église de Chartres
feire (Ib., n«23).
XVII. D'une famé à cui il mesavint por ce qu'el fila un samedi à
seîr (Ib., n° 25).
508
XYIIL De Gondree et comment N. D. se apela dame de Chartres
{Ib.,nM).
XIX. Dou valet qui avoit non Benoait (Ib., n» 2).
XX. Dou pèlerin que N. D. délivra de prison (D)., n* 24).
XXI. De la femme de Prunei que N. D. guéri (Ib., n® 5).
XXII. D'un enfant de Ghamblé que N. D. resoucita de mort à vie
{Ib.,n«6).
XXIII. D'une meschine de S* Prest que N. D. resuscita de mort à
vie (Ib., no 7).
XXIV. D'un enfant de Blevi qui fu naié (Ib., n« 8).
XXV. D'un enfant de Berchieres que N. D. resuscita de mort à vie
(Ib., n« 9).
XXVI. D'un vilein qui saiet s'avoine à la feste de S* Germein à
Sors (Ib.,n^26).
XXVII. Conmient la cité de Chartres fu délivrée de ses anemis par
la seinte chemise de Chartres.
[Mi7*acula B. Marie Virginis in Carnotensi ecclesia
facta, vel ad laudem ipsius alibi patrata et ibi scripto
mandata.]
Cum plerosque notarios et scriptorum quam plurimos sepissime
videam vana quedam ac prorsus inutilia litteris exarare et que
memoria vel relatu indigna sunt tanquam memoranda describere,
honestius michi visum est et utilius mirabilia quedam ac memo-
rabilia Dei opéra, que ad laudem et gloriam nominis sui ac glo-
riose genitricis sue in ecclesia Carnotensi palam exercere dignatus
est, ad memoriam reducere et ad ea fideliter describenda, prout
videndo et audiendo cognovi, animum simul et calamum appli-
care. Sane licet a quibusdam presumptionis vel arrogantie videar
merito posse redargui, eo quod, eloquentibus et peritis super hoc
onmino silentibus, ea scribere solus ipse temptaverim, nichilo-
minus tamen quorumdam fidelium ad hoc me solicitantium non
tam me dilectio quam devotio compulit, presertim cum sacro-
sancta evangelia et prophetarum eloquia simpUci et inculte ser-
mone digesta fu[er]i[n]t, et in talibus etiam scriptoris fides ac
diligentia magis quam eloquentia laudanda sit.
I. Anno igitur ab incarnatione Domini M° C° nonagesimo
quarto, cum ecclesia Carnotensis IIP idus junii mirabili ac mise-
509
rabili fuisset incendio devastata, [ita] ut conquassatis etdissolutis
postmodum parietibus et in terram prostratis, necessarium foret
eam a fiindamentis reparari et novam denuo edificari ecclesiam,
tandem pia Dei genitrix ac perpétua virgo Maria, que se urbis et
ecclesie dominam Carnotensis multis pridem miraculis quibusdam
fidelibus visibiliter apparendo et coUoquendo fuerat protestata,
manifestis iterum rerum indiciis et multis miraculorum argumen-
tis 'id ipsum declarare dignata est cunctis liquide et evidenter,
ostendens quod locum illum, quasi singulariter diligeret *■ ac pre-
cipue, et eamdem ecclesiam tanquam spéciale domicilium sibi
elegerat^ in terris. Nec mirum sane si eam pre ceteris diligat eccle- ,
siis, que tanto dilectionis sue ab antique pignore insignita est,
illa videlicet insigni et sacrosancta camisia, quam eadem virgo '
dum Dei filium suo gestaret in utero induit, et quam ipsa in puer-
perio, juxta multorum assercionem fidelium, circa renés beatis-
simos dicitur habuisse. Verum in primis arbitrer mémorandum
quod omnes Ca[r]notenses tam clerici quam laici, quorum domos
et universa pêne mobilia supradictum concremarat incendium,
destruccionem adeo deplorabant ecclesie, ut de dampnis propriis
nullam prorsus facerent mentionera, summam infortunii, immo
totum infortunium reputantes quod aulam béate Virginis, specia-
lem urbis gloriam, tocius regionis spéculum, domum orationis
incomparabilem peccatis suis exigentibus miseri et infelices ami-
serant. Unde factum est ut quidam Romane ecclesie cardinalis et
apostolice sedis legatus, Melior nomine, qui provida Dei et geni-
tricis ipsius dispensatione presens aderat et casum tam mirabilem
propriis conspexerat oculis, ita ut maximo conpateretur aflFectu,
convocatis ad se episcopo et canonicis divine animadversionis
vindictam et a quanta cecidissent gloria plenius ostenderet, et eos
postmodum ad penitenciam provocans eorumdem animes suis
sermocinationibus emolliret. Episcepus igitur et canonici (et)
Melioris exhortaciene(m) in meliora conversi, partem reddituum
suerum non modicam per triennium conferendam ad reparationem
ejus ecclesie absque ulla contradictione concesserunt. Sane popu-
lus j[v**) Carnotensis, cum sacrosanctum Béate Marie scrinium ob
timorem incendii in locum secretierem delatum diebus aliquot non
vidisset, dolore incredibili ac merore confectus est, indignum
1. Ms. : ostenderet.
2. Ms. : eligeret.
540
judicans urbis vel ecclesie edificia restaorari, si tam preciosam
tbessaurum, immo tocius civitatis gloriam perdidisset. Tandem
die quodam sollenni, cum ex mandato cleri universus populos ad
locum in quo ecclesia fuerat convenisset et prolatum ex ^ cripta
scrinium supradictum, episcopo et decano iUud undique circon-
ferentibus, prospexissent, quanias laudis et exultationis voces
ediderint, quantas Deo ac gloriose genitrici- sue egerint gracias,
non est facile dictu. Universi nempe et singuli tanta leticia repleti
sunt ut pre gaudio inestimabili omnium in lacrimas oculi solve-
rentur, et in terram prostrati Deum dévote et suppliciter adora-
rent, qui thessaurum incomparabilem, quo civitas celebris habe-
batur, sub tanto eis incendie consenravit. Nec pretereundum est
quod cum scrinium sepefatum in inferiorem' criptam, cujus
introitum laudabilis antiquorum providentia altari Béate Marie
proximum fecerat, tempore incendii a quibusdam fuisset delatum
et ibidem inclusi flagrante jam incendio regredi non auderent, ita
demum a mortis periculo sub béate Marie protectione salvati sunt,
quod hostium quoddam ferreum quo cripte superficies tegebatur
nec lignorum ardentium et ex alto cadentium ruina quassavit nec
liquefacti plumbi distillatio penetravit nec carbonum desuper
ardentium congeries violavit. Cumque post tanti ardorem incendii
sani et incolumes regressi fuissent, qui fumo jam vel calore nimio
putabantur extincti, omnes qui aderant tanto repleti sunt gaudio,
ut pie collacrimantes eis tanquam a mortuis resui^entibus con-
gauderent, et viso genitricis Dei miraculoprimamdesolationissue
consolationem acciperent, liberatorem ac salvatorem omnium
collaudantes qui Noe condam de aquis diluvii, Jonam de profundo
maris, Danielem de lacu leonum, pueros de camino ignis et hos
tandem famulos suos de tanto ac tali incendio liberavit et conser-
vavit illesos. Exillarato igitur post tantum merorem Carnotensi
populo et de restauratione ecclesie ultra quam credi posset solli-
cito, cum post ruinam parietum superius memoratam novam edi-
ficari ecclesiam nécessitas inperaret, tandem plaustris * ad attra-
hendos lapides preparatis, omnes se invicem invitant pariter et
hortantur ut quicquid^ ad hujus operis fabricam necessarium
1. Afj. ; est.
2. Afs. ; inferioram.
3. Ms, : pluastriB.
4. Ms. : quicquic
putant, vel artifices fleri precipiunt, incunctanter parent et absque
dilatione perficiant *. Verum ad tanti structuram operis laicorum
munera vel a[u]xilia nequaquam sufficerent nisi (ut) episcopus et
canonici tantam, ut supra dictum est, ex propriis redditibus tribus
annis pecuniam contulissent ; quod siquidem, transa(u)cto eodem
triennio, omnibus manifestum apparuit, cum omnis subito pecu-
nia defecisset, ita ut qui preerant operi quod daretur operariis
non haberent, aut quid dari posset de cetero non vidèrent.
Memini vero quemdam eo temporis articulo nescio quo prophecie
spiritu dixisse(t) quod prius deficerent marsupia quam* nummi
ad opus Carnotensis ecclesie necessarii. Quid plura? humano
penitus déficiente a[u]xilio, cum necessarium (56 *) esset adesse
di^inum, beata Dei genitrix novam et incomparabilem ecclesiam
sfbi volens fabricari ad facienda ibideni miracula, ejusdem filii
sii potentiam meritis suis et precibus incitavit, et ut major illuc
oncursus fieret populorum, novum quoddam et a multis rétro
temporibus inauditum miraculum cunctis primitus palam et evi-
danter ostendit, quatinus miraculi novitas longe lateque per totam
dflFunderet[ur] Galliam et sequentibus miraculis fides posset faci-
liusadhiberi. Quocirca indignum reor et incongruum, etsi multa
ticeam, illud sub silentio preterire ^ presertim cum idem miracu-
lum ceteris premineat et quasi sydus exercituum inter cetera
jplendidius elucescat.
II. Quidam igitur puerulus dum adhuc in etate tenera consti-
;utus et verbis puerilibus et jocosis mentis sue simplicitatem
)stendens in Pertico moraretur, accidit ut militem quemdam
crudelem et acerrimum cum quadam puella secretius loqui et
eam lascivius amplexari conspiceret ; verum cum eadem puella,
et patris sui austeritatem et dicti pueri garrulitatem plurimum
reformidans, militi vehementius intimaret quod res hujuscemodi
posset a pâtre suo de facili puero révélante cognosci, miles eun-
dem puerum in loca secretiora fraudulenter et maliciose pertrac-
tum sua adeo circumvenitmalicia, quod ipsum in terra resupinum
jacere, oculos claudere et ore aperto linguam trahere persuasit,
et sic eidem puero, partem lingue precidens non modicam,
loquendi usum eripuit, ita quod fari de cetero nisi virtute divina
1. Ms, : parant... perficiunt.
2. Ms, : quod.
3. Af5. : preteriit.
512
non posset : quod siquidem eo disponente vel permittente factum
fuisse arbitror, qui cecum a nativiiate ideo cecum frustus (?) est,
ut Dei opéra manifestarentur in illo. Predictus itaque puerulus,
per impii militis violentiam mutus effectus, dum Camotum
veniens ut pupillus et pauper hostiatim et publiée mendicaret, et
inter nos aliquandiu conversatus ita jam notus haberetur ut michi
sepius et quam pluribus aliis, quare mutus esset scire volentibus,
particulam lingue quam habebat ostenderet, tandem die quodam
sollenni, tercia scilicet feria post diem Paschequiproxime fuerat
celebratusS dum ante altare sacrosancte Yirginis cum multis
aliis tam civibus quam peregrinis suplex astaret, respexit in
eum pia misericordie mater, et loquendi usum, quem ex lingue
mutilatione perdiderat, ei contra naturam restituit, ita ut lingoa
adhuc mutilata ipse nichilominus in vocem laudis et exultatioiis
aperte loqnendo prorumperet et, quod mirabilius est, recte et sd
plénum verba formaret^ admirantibus cunctis qui eum noverait
et pre gaudio flentibus et gloriose Virgini gratias referentibus,
quod tam manifestum, tam insigne miraculum âdelibus suis es-
bere dignata sit et evidentibus signis ostendere, quod meriis
ipsius et precibus fldem ac devotionem eorum Christus ex alo
prospexit. Audita igitur tanta novitate miraculi, tota civitis
commotaest et gaudio et exultatione repleta, sed cum, universB
illuc undique concurrentibus, predictus puer multitudinem popui
ferre non posset, tandem in eminenti loco super gradum ligneum*
et capsam beati Leobini, juxta(v°) truncum oblationum, quasi ai
spectaculum, immo ad miraculum positus est, ubi recta et aperti
pronontiatione ad opus ecclesie genitricis Dei^ cunctos invitani
multa et a multis oblationum bénéficia impetrare promeruit. Post
aliquanti vero temporis intervallum, pia Dei mater eidem mira-
culo majoris miraculi claritatem adjecit, quod et fidem recte cre-
dentium amplius roboraret et detractoribus vel incredulis majus
confusionis scandalum generaret. Subsequenti nocte die Pente-
costes, novum et omni dignum admiratione miraculum in memo-
rato puero et in eadem ecclesia manus Omnipotentis exercuit,
quod hora illa in qua Spiritus Sanctus super discipulos in igneis
linguis aparuit, omnibus tam clericis quam laicis qui ibidem ade-
1; Ms. : quod... celebratum.
2. Ms. : UgQum.
3. Ms. : sui
*^
5^3
rant evidenter innotuit. Sicut enim divine majestatis potentia
olim in die Pentecostes apostoloruni linguas sanctum de celis
emittendo spiritum innovavit et ad predicandum Christi evan-
gelium spiritaliter informa vit, ita (ut) in die Pentecostes memo-
rati linguam pueri, quam hactenus reintegrare distulerat, nove
carnis immissione supplevit et ad enarrandam Dei et genitricis
ipsius potentiam mirabiliter reparando restituit, quatinus iUi tam
preclaro miraculo, quod in Apostolis exibuerat, possethocrectius
conformari et assimilari miraculum. Omutescant ergo Judei,
heretici conticescant et qui sanctorum soient deprecare miracula
contradicere et obloqui jam désistant, presertira cum hujus rei
tanti et tôt idonei testes existant et idem puer in quo geminatum
constat fuisse miraculum adhuc inter nos habitet, inter nos con-
versetur et genitricis Dei clementiam atque potentiam sui nobis
cotidie presentia representet. Hoc sane miraculo aliisque quam
plurimis misericordie mater locum prius celebrem multo amplius
celebriorem effecit. Surdis siquidem auditum, cecis visum, mutis
loquelam, claudis gressum ibidem restitui vidimus, multos quoque
a doloribus, langoribus et variis infirmitatibus curatos prospexi-
mus ; quidam * etiam dum carceribus tenerentur inclusi et conpe-
dibus vel cathenis aut ceteris nexibus ferreis astricti dominam
Carnotensis ecclesie devotius invocando liberati sunt, qui postea
ad eandem ecclesiam venientes vincula ferrea quibus alligati fue-
rant attulerunt et obtulerunt *. Audita denique fama et per regio-
nes finitimas circumquaque diffusa, multi ad eundem locum e
diversis partibus confluxerunt, plau[s]tris siquidem et aliis vehi-
culorum generibus frumentum, vinum, ferrum et multa hujus-
modi ad ecclesie fabricam utilia vel neccessaria attrahentes,
nichilominus tamen calices, cifos argentées et alia preciosa dona-
ria déférentes pariter et offerentes. Pernoctabat autem quam plu-
rimis noctibus foris in claustro — non enim omnes infra ambi-
tum ecclesie poterant contineri— peregrinorum maxima multitude,
ita quod clerici qui ad matutinos surrexerant claustrum ingredi
pre multi tudine populi non valebant. Videres preterea sacerdotes
cum suis plebibus adventantes noctis ibidem vigilias observare et
una cum clericis pariter advenientibus psalmos, hymnes et cetera
cantica spiritualia in honorem et laudem (57 * ) gloriose Virginis
1. Ms. : quid.
2. Ms* : obstulerunt.
altJH vocibus deeantare. Hoc autem fidem precipue omnium et
devotionem augebat, quod in^eorum conspectibus crebro miracula
contingebant, prestante hoc domino Jhesu Christo ad laudem et
gloriam genitricis sue, que cum eo vivit et régnât in secula secu-
lorum amen.
III. Aliud quoque miraculum ceteris omnibus meo preferendum
jadicio,sicutnunc primum ad memoriam reduco, ita nunc primum
refero, quod in primis quidem référendum esset, si juxta miracu-
lorum dignitatem in eorum descriptione ordo congruus servaretur.
Memorato siquidem tempore, quo Dei genitricis opérante clementia
multi et innumerabiles populi ad Carnotensem ecclesiam plurima
déférentes munera conâuebant, contigit ut populus cujusdam
castri in Wastinensi territorio siti, quod Castrum Nantonis*
apellatur, tam viri scilicet quam mulieres, tam nobiles quam
innobiles, caritatis igné succensi, et quorumdam âdelium ammo-
nicione premoniti, plaustrum quoddam frumento decenter et suffi-
cienter honeratum humiliter et dévote trahentes, ad ejusdem
ecclesie limina visitanda pergerent, cumque jam in partes Camo-
tensis diocesis devenissent et quidam ex ipsis Carnotum se in
crastino venturos proponerent, alii vero et laboris difficultatem
et longioris vie spacium attendentes hoc minime fieri posse asse-
rerent, factum est ut quidam circonspecti et providi panes et
cetera sibi quocunque diverterent necessaria emerent, alii vero
minus super hoc solliciti de crastino non cogitarent. Sequenti
itaque die, mane ad plaustri funes sua religantes coUaria tota die
cum labore nimis et sudore traxerunt et cum sol jam ad occasum
vergeret et inclinaretur dies, ad locum satis solitarium, quiCan-
turana dicitur, vix tandem pervenerunt. Qui ergo panes et alia
sibi necessaria emerant valde de sua provisione letati sunt ; qui
vero minus providi que vel a quibus emerent invenire non pote-
rant plurimum contristati sunt ; sed illis sua temporaUs provi-
dencia profuit, istis vero Dei et genitricis clementia in tanta
necessitate non defuit. Fuerunt namque felices in populo illo qui
panes habebant in sacculis absconditos quos precio V^« solido-
rum emerant ; hii autem, cum vidèrent partem populi non mini-
mam esurire, pietate commoti panes quos habebant eodem precio*
1. Afs. ; iri.
2. Chàteau-Landon (Seine-et-Marne).
3. Ms. : prédis.
quo empti fOerunt ceperunt tnrbe esurienti vénales esponere,
quod siquidem majoris pietatis indicium fuit guam si eis pro nihilo
aliaa eosdem panes apponerent. AttendensigiturglorioseVirginis
filius veudenûum pietatem et fatigate plebis miseratus esuriem,
quoddam iûsolitum et insigne miraculum dignatus est inter eos
operari de celis, quod condam inter discipulos operatus est dum
conversaretur in terris. Sicut enim olim in deserto Vl"» panes
sua benedictione multiplieans ex eisdem panibus Vl"« mlLa homi-
num satiavit, ita panes in sacculis positos sua dignatus est ad
honorem matris multtplicare potentîa, ut tôt in eisdem sacculis
invenirentur panes quot exurienti populo sufficere viderentur.
Admirantes ergo panum piissimi venditores super sigoo quod
viderant et pecuniam quam inde receperant numerantes, apertis-
sime cognoverunt ex yenditione illa .xl. solidos sibi obvenisse et
nuUum fere ex numéro panum quos emerant defuisse. Illi nimi-
rum homines cum universo populo adœirandam Dei et matris
ipsiua clementiam simul et potentJam enarrarent, omnes simul
gaudio (v°) et exultations repleti sunt ac largitori bonoruœ
omnium, qui facitmirabilia magna solus, nec non et gloriose geni-
tricis sue gracias egerunt. Patet igitur ex presenti miraculo
quanta dilectione pia Domini mater ecclesiam diligat Camotensem,
que benefactoribus ejusdem ecclesie non solum consueta et usi-
tata Jmpendit bénéficia, verum et insolita' et inusitata ejus ali-
quando exibet filio suo, prout ipsa vult et quando vult antiqua
brachii sui miracula suscitante.
IV. ContigiteodemteniporeinAurelian[ensi]diocesi[quod]habi-
fatores cujusdam castri quodPiverium apellatur*, tam derici quam
laici, plaustrum ingens et robustis[8]imum honeratum frumento,
quod ipsi propriis expensis fabricari fecerant, ad spiritualem
sancte Dei genitricis basîlicam, ecclesiam scilicet Camotensem,
unanimiter et dévote traientes, sancte peregrinationia iter arri-
perent et ipso itinere prope castrum quod Puisatum' dlcitur
transitum facerent. Exeuntibus de Castro illo ad spectaculum
plurimis et in occursum bominum plaustrum supradictum trahen-
tium venientibus, postquam iUos pre labore et estu nimio fatigatos
et desudantes viderunt, pietate commotiobnixius n^averunt qua-
1. fia. : inaolitata.
1. Pithiiien (Loiret).
3.1/e Poùet (Eue^M^iirii).
546
tinus ad horam sibi parcentes aliquantulum a labore désistèrent
et ipsis modo supervenientibus collaria commodarent. Quod illi
audientes facere noluerunt, immo ut dicitur, aliquantulum indi-
gnati sunt, putantes se tam pie peregrinationis fiructum amittere
si alios vel ad modicum hujus vie et laboris socios paterentur
existere. Yidentes igitur qui advenerant bominum transeuntium
tam in labore quam in proposito perseverantiam, obnixius roga-
verunt quatinus ab ipsis saltem plénum vino dolium ad extin-
guendum sitis ardorem accipere dignarentur. Quod cum peregrini
béate Marie concédèrent, statim homines de Puisato, qui ad pri-
mam peticionem passi fuerant repulsam, letiores effecti in castel-
lum redeunt et plénum optimo vino dolium cum gaudio et exulta-
tione pertrahentes eisdem oflFerunt et conferunt peregrinis.
Currentes igitur cum desiderio et leticia peregrini, qui sitis nimium
patiebantur ardore[m], ad dolium, et vinum sapore suavissimum,
colore subtilissimum, tam ciâs argenteis quam vasis vitreis hau-
rientes sine delectu, sine ordine, sine personarum acceptione
bibunt omnes et rebibunt et ex utraque parte dolium perforantes
ac vinum in dolio omnimodis elicere moUentes, demum ebibendo
totum exauriunt, solis quidem sed non totis fecibus vix tandem
in dolio relictis. Quo facto repositis ac reflxis in dolium clepsedris,
eis qui vinum contulerant benedicentes abierunt. Sed qui olim
idriam farinule et lechitum olei non est passus imminui, cumpau-
per vidua famis tempore prophetam esurientem ex sua sustentasse!
innopia, sibi et filio suo subtrahens et homini Dei largiter erogans
illud paupertatis sue modicum quod habebât, ipse idem dolium
vacuatum sua statim virtute vino meliori replevit, cujus scilicet
dolii liquor peregrinis gloriose Virginis ex habundantissima can-
tate totus jam fuerat erogatus. Quid plura? Cum vellent vacuum
reportare dolium qui plénum advexerant et ponderosum sentirent
quod levissimum estimabant, admirantes plurimum et per supe-
rioris apercionem forarainisintrospicientes vini liquorem purissimi
intus redundare conspiciunt, odorem etiam suavissimum suis
naribus referentem. Admirantes itaque viso miraculo et primo
quid facerent esitantes, tandem peregrinos ad se nutibus et (f 58*)
clamoribus revocatos ad tanti spectaculum miraculi redire com-
pellunt. Parit igitur novum vinum, immo miraculi novitas novam
leticiam ; accedunt omnes rursus ad dolium, sacrum poculum
libaturi, non de vitis olim germine, sed solaDei gracia noviter et
mirabiliter procreatum. Extrahunt vinum novum in calices et
547
dégustant non avidiussed devotius quam solebant ; laudant omnes
saporis dulcedinem, colorem singuli admirantur, nec jam tantum
illud pro potu quantum pro medicina salutis accipiunt. Nam et
plerisque infirmis hujus sacri libamen poculi multorum testimonio
novimus profuisse. Exultant igitur viso sancte Dei genitricis ^
miraculo homines de Piverio, et quod devocius inceperunt cum
majori devocione perflciunt.
V. Contigit eo tempore ut homines Bonevallis ^ ad predictam
ecclesiam plaustrum traherent calce viva in sacculis reposita
honeratum. Unde cum post aeris serenitatem densatis subito
nubibus et pluvia desuper inminente celi faciès obscurior apareret
et dicti homines longius a villa remoti plaustrum sub tecto non
possent abscondere, tandem nubium densitate in ^ pluviam reso-
luta, tanta imbrium copia subsecuta est ut eisdem hominibus, quo-
cumque poterant ad latitandum fugientibus, plurimum nocuisset,
et ipsi plaustrum et omnia que in ipso erant se crederent amisisse.
Redeunte tandem sereno e latebris exierunt, et redeuntes visu
antequam ad plaustrum accédèrent perceperunt plaustrum, cal-
cem et cetera omnia in eo statu in quo ea relinquerant perman-
sisse, ipsum quoque plaustrum, quod dictu mirabile est, visum
fuit per se de loco ad locum nescio cujus virtutis impulsu tercio
cpmmoveri. Cum autem propius accessi[s]sent, saccos viderunt
siccissimos et nullis signis agnoscere potuerunt quod illos velulla
pluvie gutula tetigisset. Ille enim quiex^ intemerato virginis utero
sine matris (in)corruptione incorruptus exivit, ipse matri sue
munera destinata inviolata et intégra conserva vit. Quedam quo-
que mulier que per unius anni spacium adeo debilis fuerat et
contracta, ut utriusque pedis careret officio, dicto plaustro super-
posita, tandem virtute et clementia béate Virginis pristine saluti°
restituta est. Hiis tribus miraculis homines Bonevallis plurimum
letiflcati, gloriose Carnoti domine gracias egerunt, majori devo-
tionis studio quod inceperant adimplentes.
VI. In Parisiensi diocesi, apud villam que Palatiolum^apellatur,
1. Ms. : exultavit... genitrix.
2. Bonneval (Eure-et-Loir).
3. Ms, : et.
4. Ms, : in.
5. Ms. : salutati.
6. Palaiseau (Seine-et-Oise).
un
aecidit ot miles quidam, firmitatis gnsdem ville ^<^»w«^»m«.
sviim pargari iaceret qui el profioidissîmos erai el materia lapidea
àh iiùo tuque ad sommom circumquaque iiuiraUis. Cmii ergo
qaiddm jinenis, Goilldmos Domine, intns ad pargandim pateiim
àeêCfaofïîêêei, rapradicta maœria sobîio dissotnta et infénas pro-
hrfmB exi, Admirantur audita mina plnrimi et ad pateam prc^ios
accH^tes^ damant et assemnt WiDelnram procnl dnfaio inie-
fiiM^, Accarrii tandem mater exsangois et attonita, aed gloriose
(UsrwAx domine filinm oommendans eam derotnis inTocat, qoatî-
mm éàfsm Uiio mo in presenti pericolo sua dignetnr pîetate soo-
^^mrtsTH ; onde pmdkiu% miles mm tam de dampno proprio qoam
4^ MfrUijareùiM contristatos ad Uberandmn pateam et joreoem
0ç%U^y!;fiAma qoantamconqœ potait operam dédit, sedrixtriam
Ammm «paeio i«tad potait adimpleri. Com aatem die toxâa oon-
iHWwm^n^> operi oferarii operam darent éL ad inferiora patei
Am^jnnÀMât» rocem W. sobtus latitantis aodirent, et admirati
mfd fAurimum et letati. Gloriosa siqoidem Camoti domina, (y*)
^$ yr^inm Willelmom mater oommendaTerat, eam a mortis
f0c^nUp Ufh WfAfp eripuit. Com maceria predicta modosapradicto
/hâÊ^A^w^^ittr fit rwareif ita genitrids Dd demoitia jaTooem ocmi-
M^* ^d iïUimmf qood quidam lapis, magnus qaidem et latissimos,
^i/«r f0âj^ MfrrtiésMf uiique ad jorenem perrenijne non potait, sed
U44tm i^ t^UA * Lsiitiidioem oceupavit, ot Willehnam sobtos lati-
f4^i4f<^ ^fàkjfêif^il et ruentem dâmper maceriam retineret. Reta-
^. é(if'^4M j^Mm UU$m jofeois qood dum ibidem foisset ahsconditas,
4^ ti^ é4r f(^Ui^cm i[mluM graciai et pietas illum consolata est, ut
^^ #/ f^^m di^um itpatb nullam gravem esuriem, nollam sitis
j^f^^i^f unilmu filgorem, nullam soi corporis lesionem, nollam
f^m^héé n^uiir^ liujmtmodum. Quis ergo dubitet beatam ibi
;^,W4^ f4^tif^u$, (im mb tanta ^ ruina lapidum ita snum serraYit
/^^>^>|t|t i4iétfêUilum, ut nec etiam unius ictu lapillali qoatere-
^tf^4 ^^f^fé4m ili^/(M^Juveni« cum a terre sinu in que absconditos
f^^M- 4^ i^fin \i\mfHim axiret, Jone quidem, immo illi qui per
l^/^^4m i^H^'i^U^ii ^f' r(Môntum ad hoc, si auderem dicere, compa-
^;^^ . /CtVMJ t^ui^ fftmrHcUme et leticia a parentibus et amids
^■^if^'^,\^ é/mmUna, ({uï ftd bujus rei spectaculum et miraculum
549
advenerant, susceptus est, ac si eum vidèrent vere a mortuis sur-
rexisse. Veniens inde Carnotum juvenis memoratus liberatrici
sue gracias egit et completum in se ipso miraculum non sine
multorum testimonio enarravit.
VIL Oportet etiam quoddam me commemorare miraculum
quod sub silentio preterissem nisi quidam qui mecum hoc noverat
iîlud me scribere compulisset. Vidimus siquidem et agnovimus
hominem, Willelmum nomine, pauperem quoque et etate senem,
nondum tamen curvum senie, sed morbo graviore curvatum ita
ut se aliquando erigere ^ non valeret. Gravissima etiam inflrmi-
tate, quam rupturam nominant, adeo laborabat ut divaricatis
semper cruribus* innixus baculo tarde et pedetentim vix posset
incedere. Eum tamen ire cotidie ad ecclesiam ob petendas elemo-
sinas et vite subsidia ea que cohiberi vix potest et legem non
habet necessitatis angustia compellebat. Is igitur eum videret
singulis fere diebus signa et mirabilia in Carnotensi ecclesia eve-
nire, lacrimari cepit et matrem misericordie sepius et devotius
invocare et attentius exorare, ut que peregrinis et advenis multa
prestabat bénéficia sibi tanquam bene cognito et domestico sua
dignaretur clementia sanitatis remedium impertiri. Respexit eum
mater misericordie et erexit et sic eum a ruptura et omni prorsus
infirmitate curavit, ut erectus et alacer et membris omnibus inco-
lumis tanquam robustus juvenis appareret. Gaudet universa civi-
tas hoc viso tam celebri miraculo et exultât dicentibus hoc uni-
versis de eo, quod de illo condam qui a Petro et Johanne curatus
fuerat dicebatur : « Nonne hic est qui sedebat et manducabat ? »
Unde eum eo tempore multi débiles et infirmi causa recuperande
salutis in Carnotensi ecclesia morarentur et ibi etiam morarentur
(5ic)ingrabatis, noluit predictusGuillelmus inderecedere,beneficii
quidem a pia Domini matre accepti nunquam deinceps inmemor,
nunquam ingratus, ut gloriose Virginis jugiter in ecclesia deser-
viret eorumdem infirmorum curam excepit quibus ut erat vultu
benignus et mente benignior cotidiano victu necessaria quandiu
postea vixit diligenter et soUicite ab omnibus perquirebat et que-
sita eisdem (f^ 59*) infirmis fldeUter erogabat.
VIII . Occurrit memorie memorabile quoddam miraculum quod
sub silentio preterire indignum est. Cum habitatores castri cujus-
1. Ms, : eligere.
2. Ms, : curribus.
524
l>us>iuiu ab aqua festinant trahere, licet ipsum adhoc virere cre-
dm'v uuu présumant. Ultimos ad dominam rumor yenit, et non-
Uata apiritalis morte filioli non minus quam de naturalis fllii
iuU^ritu contristatur. Currit itaque piissima domina et festinat
videre corpus submersi pueruli, gloriosam Camoti dominam
lacrimosis precibus invocans et exorans quatinus spiritalem sibi
restituât fiiium ; vovet etiam se deinceps ad ipsius ecclesiam Car-
notensem annis yenturam (v^) singulis si eum viventem receperit.
Jubet igitur domina puerum elevatis pedibus et demisso in terram
capite ore aperto aliquandiu suspensum teneri ; quod cum lactum
fuisset tantus de yentrfs alyeolo emanayit riyulus ut yix credi,
sicut ipsa asserit domina, potuisset tantum aque in tam paryo
yasculo contineri. Quid plura ? reyiyiscit puer et loquitur et non
tam parentibus suis, ut estimo, quam pie et fldeli deyotioni
domine sanus et incoluminis redditur. Ipsa enim piissima ipsius
centurionis pro sainte senri Deum exorantis deyotionem imitata
est, cujus scilicet centurionis fldes, pietas et deyotio in eyangelio
plurimum a Domino laudata est. Gaudet igitur et exultât nobilis
et piissima domina pro reddito sibi puero, et yoti sui non imme-
mor singulis annis cum gratiarum accione et muneribus ecclesiam
yisitat Camotensem.
XIII. Referente quodam egregio milite, Willermo scilicet de
Soldeio S et quibusdam amicis suis id ipsum protestantibus, nobis
yeraciter intimatum est in ejusdem militis patria duos homines
extitisse*, unum quidem qui erat scurra yagus et garrulus et
loquax et albuginem habens in oculo ita quod illo oculo yidere
non posset ; alterum yero qui linguam habebat adeo mutilatam ut
ex necessitate quasi mutus existeret, auditu siquidem nichilomi-
nus integro permanente; unde iUe loquax et garrulus cum
audisset quod in ecclesia Camotensi lingua fuisset cuidam puero
restituta et de die in diem miraculorum fema crebesceret, prefe-
tum mutum sepius inyitayit ut ad ecclesiam iUam simul pergerent
menbrorum suorum restitutionem petituri, et ea que dicebantur
mirabilia probaturi. Sane quod iste jocose etludendo dixerat, alter
deyote et simpliciter intellexit, iturum se illuc invitanti garrulo
signis et nutibus repromittens, sed soli Deo deyotionis sue et fidei
confitens pietatem. Veniunt itaque Carnotum loquens et mutus,
1. Souday (Loir-et-Cher).
2. Ms. : esUtisse.
525
invitans pari ter et invita tus, pares quidem itinere sed dispares
volontate, socii in via, sed in fide dissimiles, Venit enim invi-
tans garrulus ut miraculorum fama[m] quam audierat implora-
ret ; venit invitatus simplex et humilis ut quod fldeliter petebat
acciperet. Veniens itaque predictus scurra Carnotum non statim
cum socio ad ecclesiam voluit proficisci, sed audiens quod Car-
noti vina purissima et liquidissima venderentur more solito
tabernam intravit, ' plus de hauriendis vini poculis quam de
videndis vel audiendis béate Marie miraculis cogitans et sollicitus.
Verum alter, scilicet mutus supradictus, flde et devotione pres-
tantior statim ad ecclesiam ire, regnum Dei primum querere et
gloriose Virginis misericordiam implorare preelegit. Intrat igitur
ecclesiam béate Dei genitricis et orat, si non ore, tamen corde,
si non voce, tamen effectu, si non aperta locutione, occulta tamen
et simplici mentis devotione, et qui nec verba replicat nec ser-
mones multiplicat ut impetret quod precatur\ hic sola mente
supplicat et exaudiri meretur. Accedit deinde adaltare Béate Vir-
ginis et more peregrinorum illuc venientium sub scrinio sacro-
sancto humiliato capite et corde pertransit. Mutus itaque jam non
mutus sed eloquens, cum divinam sibi primo sensis[s]et adesse pre-
sentiam repletus gaudio inestimabili in vocem laudis et exultationis
aperte loquendoperrupit, sed vocem illam tanta cordis amaritudo
subsecuta est, ut statim ab ecclesia cogeretur exire, timens ne ama-
ritudo illa vomitum provocaret. Sane quidam qui eum noverat et
vocem loquentis audierat plurimum admiratus est et cum ab eccle-
sia ipsum videret exire subsecutus est eùm et interrogavit quid
haberet. Ille vero post modicum temporis intervallum respondit
se magnam cordis amaritudinem habuisse cum virtus divina os
ejus carne replevisset ideoque ab ecclesia recessise, ne locum
tam sanctum tam venerabilem evomendo* poUueret. Extrac-
tam itaque linguam nova carne ad plénum et mirabiliter
reformatam apertius demonstravit et revertens continue ad
ecclesiam letus et eloquens sanatrici sue gracias egit. Pulsatis
denique pro miraculi novitate campanis et multis undique ad
predictam ecclesiam concurrentibus , memoratus scurra de
taberna exiens una cum ceteris ad ecclesiam cucurit et divine
signa potentie in prefato socio suo manifeste cognoscens, cepit
1 . Ms, : et impetret quod precetur.
2. Ms. : evomando.
526
tandem quod jejunus illuc cum eo non venit penitere et ebrietatis
magis, ut reor, quam devotionis lacrimas * fùndere ac gloriosam
Virginem verbis quidem habundans sed fide vacuus* sero et
incassum cum hujusmodi lacrimis et ineptis precibus exorare.
Quippe probatum est in hiis duobus quantum valeat apud Deum
conscientia bona et âdes non ficta et quod sine fide placere Deo
impossibile est. Ex hiis igitur duobus non immerito beata Maria
unum elegit, alterum reprobavit, elegit mutum humilem et ei
linguam cum sermone restituit , reprobavit garrulum cunctato-
rem^ et ei quod petierat dare noluit; elegit mutum et sanavit
tanquam ei diceret : « Fides tua te salvum fecit » ; reprobavit
alterum tanquam ipsi diceret : « Vade rétro sathana, non tempta-
bis dominam tuam, matrem Domini Dei tui. »
XIV. Illud quoque miraculum non indignum est scribere quod
in partibus Aquitanie contigisse certissimum est. Cum miles qui-
dam capitales quorumdam inimicicias pertimescens orationis
causa deillis partibus ad Carnotensem veniret ecclesiam, et sicut
mos est peregrinis illuc advenientibus sub scrinio béate Virginis
humilia to corde et incHnato capite devotiuspertransiret, contigit
ut quasdam camisias quas ex industria secum distulerat pia
intentione et simplici devotione illi sacrosancto scrinio admoveret
spem scilicet bonam et firmam fldeli mente concipiens quod sano-
tificata et intemerabilis et omni lorica prestantior foret illa
camisia que ad intemerate Virginis scrinium quod sacrosanctam
ejus camisiam continet aliquando fuisset apposita. Reversus
itaque miles in patriam cepit illis assidue uti camisiis et ne hos-
tibus gladiis posset aliquando penetrari semper earum aliqua
tanquam lorica vestitus incedere. Sane cum die quadam compo-
sitis contra eum insidiis idem miles in hostium cuneos incidisset
et ita fuisset artatus quod nuUa vi, nuUo ingenio posset eorum
manus eflSgere, licet ipse cujusdam viri nobilissimi a quo nuper
secesserat^ conductum haberet, hostes tamen nichilominus eum
invadere presumpserunt. Armati igitur contra inermem protinus
irruentes corpus ejus lanceis transverberare conati^ sunt quasi de
1. Ms. : locrimas.
2. Ms, : vacuis.
3. Ms, : compta torem.
4. Ms. : concesserat.
5. Ms. : cognati.
527
ipsius interitu jam securi et voluntatis sue propositum perfecisse
gaudentes ; verum loricam fldei ferri acies penetrare non potuit,
ictus lancearura subtilis camisia tanquara niurus igneus reppulit
et inter hostium arma furentium illesus permansit et integer qui
vitam deberet amittere lorica etiam duplici loricatus. Hostes
igitur nichil proficientes vel perficientes insaniunt et tandem
déficientes arma proiciunt. Subridet miles intrepidus, admirantes
eos et stupefactos alloquitur stultos reputans et insanos qui suis
incassum gladiis loricam béate Marie penetrare nituntur. Decla-
rato eis demum miraculo, qui prius vindictam exercere voluerant
ad misericordiam inflectuntur, qui ad iniquitatem manus suas
extenderant veniam supplicanti non denegant, nec solum ignos-
cere satagunt, sed et ignosci sibi humiliter postulant, eo quod in
eum arma commoverant qui béate Marie fuerit protectione
munitus. Sic itaque duplicato miraculo miles inermis persequen-
tium gladios integer illesusque sustinuit et sola Dei genitricis
opérante clementia mirabiliter amicos habere promeruit qui ei
paulo ante fuerant inimici.
XV. Ceterum huic similenolo [omittere] miraculum. Cum inter
Montorium* et Lavardinum* ludo sive studio militari, quod tor-
neamentum vulgo dicitur, miles quidam armatis et confligentibus
ex utraque parte militibus interesset, accidit ut quidam eum
capere et captum detinere desiderans equo^ illius injectis manibus
frenum violenter eriperet, sed cum dictus miles evadere cupiens
equm calcaribus instantissime perurgeret, cepit equs, qui fero-
cissimus erat et velocissimus, versus quodam fluvium profundis-
simum cursu precipiti iter suum dirigere, ita ut eidem militi majus
jam videretur periculum imminere quam si captus fuisset ab hos-
tibus. Cumque miles equm infrenem et validum nullo modo
retinere valeret vel ab incepto cursu reflectere et jam proximum
immineret periculum, cepit idem miles gloriosam Carnoti domi-
nam devocius invocare quatinus ei in presenti neccessitate
succurreret, vovens etiam quod ecclesiam Carnotensem cum
graciarum actione et muneribus visitaret si eum ab imminenti
periculo sua dignaretur clementia liberare. Miserata est militis
misericordie mater et maxillis equi continue potentie sue frenum
1. MoDtoire (Loi r-el- Cher).
2. Lavardin (Sarthe).
3. Ms. : a quo.
528
imposuit. Stâtim igitur equs mirabiliter refirenatas et tanquam
asîna Balaam modum et causam sue^ refrenationis intelligens
substitit et reflexo postmodum in contrarium cursu* velocis-
sime rediens, predictum militem non tam ab imminenti mortis
periculo quam ab adverse partis militibus eom capere et detinere
Yolentibus, opérante genitricis Dei clementia simul et imperante
potentia, libéra vit.
XVI. Indignum est etiam illud preclarum, illud insigne mira-
culum sub modio ponere, cujus exemplo pia et misericordie libe-
ralis mater ab illecebrosis mulierum amoribus abstinere nos
edocet et ad soi potius amorem castissimum admonet et invitât.
Eo siquidem tempore quo canonici Carnotenses post combuste
desolacionem ecclesie suos per quasdam provintias mittere nuntios
decreveruat ad reparationem ecclesie cum quibusdam capsulis et
sanctorum reliquiis fidelium bénéficia queritantes, contigit ut
quidam scolaris Anglicus, Londoniensis urbis indigena, a scolis
rediens quandam intraret ecclesiam in qua predicte noncius
questum faciens super memorato iDcendio et dampnis que^ inde
vénérant universis sermone adeo miserabili loquebatur ut omni-
bus qui aderant ad pietatem commotis lacrimas a plurimis
extorqueret, quo ab ipsis facilius oblacionum munera ad que
potissimum anhelabat postmodum impetraret. Cumque jam
universi mira et ingeniosa sermocinantis deyicti facondia ad
sanctorum reliquas quas idem sermocinator eis exibebat accédè-
rent largius et devotius oblaturi, prefatus scolaris qui aderat
maximam offerendi voluntatem concepit, sed hujus bone voluntatis
effectumamor cujusdem mulieris impedivit. Nichil siquidem quod
offerre posset secum habebat prêter monile seu flrmale aureum
quod ita carum habebat ut pro quaconque necessitatis angustia
iUud^ vendere vel expendere nullatenus sustineret, eo quod amice
sue illud destinaverat et réserva verat conferendum. Unde factum
est ut ipse sibimet quodam modo discors existeret et inter virtu-
tem et vicium ejus animus huic modo illi consentiens anceps
plurimum et a[n]xius fluctuaret. Suadebat enim mentis devotio et
ceterorum fidelium qui aderant non tam monebatur quam move-
1. Ms. : sine.
2. Ms. : in contrario cursum.
3. Ms. : qua.
4. Ms. : illa.
529
batur exemple quatinus idem monile sancte Dei genitrici offerendo
conferret ; persuadebat e contra feminei amoris viciosa et carnalis
afifectio ne ad sinum predulcis amasie manu vacua remearet.
Gogitabat etiam quod si monile predictum offerret, sermocinator
forsitan illud ad Carnotensem ecclesiam non deferret sed in usus
proprios aut etiam alienos turpiter et inhoneste transferret, et
sic hujus oblacio muneris nicbil utilitatis aut premii eidem ecclesie
vel ipsi offerenti conferret. E contrario noverat quod si quid
oculo simplici, id est pie intentionis intuitu, faceret, ipsa pia
intentio totum corpus operis lucidum et commendabiie redderet
et ipse fructum pii operis ex aliène pravitatis vicio nequaquam
admitteret. Meditabatur preterea quod monile oblatum forte de
cetero non videret, sue vero collatum amasie ad coUum ejus
dependere multociens cerneret et sic S illud non habendo, eo
quodammodo non careret. Videbatur enim contra quod sicut
nemo mittens manum ad aratrum et respiciens rétro aptus est
regno Dei, ita nemo mittens manum ad marsupium pro ^ facienda
elemosina et eam avare retrahens, sicut ipse jam multociens
fecerat, regno Dei esset idoneus. Cumque in hune modum amor
et ratio in uno eodemque homine conflictu inter se mirabili
decertarent, ipse tandem judex in causa propria constitutus
cedendum censuit racioni et bone voluntatis propositum sequi
postposita amoris insania preelegit, memor siquidem illius verbi
dominici quod regnimi scÛicet celorum vim patitur et violent!
rapiunt illud, tandem sibi ipsi vim intulit, memoratum monile
quod amasie sue destinaverat que Maria proprio nomine vocaba-
tur e marsupii sui fundo protulit et meliori Marie cum summa
devotione non sine lacrimis obtulit, Zacheo quidem et vidue que
duo minuta misit in gazofilatium non immerito^comparabilis, sed
Zacheo quidem devotior quia totum tessaurum suum una simul
oblatione Deo et genitrici sue devotissimecontulit. Egressus vero
ab urbe Suessonica in qua hujusmodi oblationem fecerat, cum ad
partes maritimas transfretare cupiens accessis[s]et, contigit ut ad
domum cujusdam patrifamilias qui filias habebat pulcherrimas
hospitandi causa diverteret. Videns autem paterfamÛias clericum
etate juniorem, vultu et statura corporis elegantem, eum in
1. Ms» ;sil illud non babunde.
1. Ms. : quod.
3. Ms, : immemor.
530
domum suam recipere noluit, dicens quod filiabus suis talem
exibere hospitem non auderet ; permisit tameo ut sub tecto gra-
nice sue in qua farragines suas habebat repositas nocte illa solus
hospitaretur, si vellet. Quod siquidem dericus pro tempore
gratum habuit, eo quod aliud hospicium de Cacili reperire non
posset. Hospitatus itaque nocte illa solus in granica, cum cena
modica suam releyaret esuriem et mesticia tandem et lassitudine
pergravatus super farraginem obdormisset, accidit ut circa
medie noctis tempus evigilans claritatem magnam de celo des-
cendere et totara subito granicam imraenso perfundi lumine
prospexisset, tresquoque venerabiles dominas vultibus et cultibus
nitidissimas ante suam vidit astare presentiam, quarum una
statura procerior, vulti speciosior, cultu insignior videbatur, que
propius accedens ad clericum cepit eum blande et liberaliter
alloqui et ut a corde suo omnem prorsus amoveret tristiciam
verbis dulcibus et consola toriis exortari. Cumque ille stupefactus
plurimum miraretur, « Ne timeas, inquit domina illa ; ego sum
Maria, amica tua, Jhesu Christi mater et filia, cujus amorem
alteri amasie Marie pretulisti, cui monile aureum quod illi Marie
dare proposueras contulisti, unde et amore meo frui in sempiter-
num meruisti ; quamobrem ad te venire, te visitare, te alloqui,
te ut amicum meum karissimum premonere decrevi*, quatinus
te michi de cetero fidelem et castiun amatorem exibeas, ne cum
in Anglia reversus fueris ad camales concupiscentias et inmun-
dicias revertaris; sed ut meo amori possis vacare liberius et
impudica mulierum consortia declinare, ad locum quamcitius
secretiorem te transferas ubi vitam valeas ducere solitariam et
adventus mei sepius consolatione letari. Ibi enim te visitabo, ibi
te consolabor et amoris nostri vinculum nulla deinceps poterit
occasione dissolvi. Et ut ista visio non tibi vanitatis somnium
aut illusio fantastica videatur, ecce tui pignus amoris quod gesto,
ecce illud monile aureum quod nuper in urbe Suessionica contu-
listi circa pectus meum et videre poteris et recognoscere. » Quod
cum ille dÛigentius fuisset intuitus et ita verum esse sicut beata
Maria dixerat signo evidenti et manifeste comperisset indicio,
jam de visione securus et gaudens gloriose Yirgini gratias egit et
ejus se deinceps pariturum imperio fideliter repromisit. Liberalis
deinceps et piissima Domini mater suo valedicens et benedicens
t. Ms, : decleni.
534
amico disparuit et ipsum penitus consolatum et in castitatis
amore, spreta jamet abjecta omni carnali concupiscentia, solida-
tum et spiritus sancti igné succensum dereliquit. Cum igitur
idem clericus transfretando in Angliam propere et pro[sJpere
devenisset, parentibus et amicis quantocius visitatis, in secretis-
simam maris insulam omnes seculi ponpas et carnales illecebras
fugiendo secessit, ubi vitam ducens angelicam spiritalibus potius
epulis quam cibo corporali sustentari ac refici ac béate Marie
visitatione simul et allocutione, sicut ipsa predixerat, meruit
sepissime relevari. Quo conperto miraculo R. Anglorum rex
ecclesiam Carnotensem in majori veneratione deinceps habuit, et
licet adversus illustrem Francorum regem P. discordiam et
guerrara haberet perpetuam, nichilominustamenpredictenoncios
ecclesie in terram suam bénigne suscipiens, capsam quamdam
quam secum deferebant die quadam alter David se ipsum humi-
lians propriis humeris humiliter detulit et eos ubicunque velleut
per totam terram suam liberos et securos ire permisit. Ipse vero
postmodum Adelicie sorori sue, comitisse Blesensi, prescriptum
miraculum retulit et eadem nobilis ac venerabilis comitissa idem
miraculum publicari dignissimum multis postea fldelibus enar-
ravit.
XVII. Est villa quedam justa vicum qui dicitur Bonavallis in
qua est quedam capella que pertinet ad parrochiam ecclesie alte-
rius ville ad quam veniebat sacerdos statutis diebus ad celebranda
divina. In ea quedam mulier manebat que de opère coli et lane
vivebat.Contigitautem die quadam sabbatipostvesperas, cumcon-
sideraret opus suum tocius septimane, vidit* minus babere quam
solebat et lanam remansisse ex qua posset perlBcere quod deerat;
cogitabat ergo ut perflceret, sed nesciebat quando, quia sabbatum
erat et propter honorem béate Virginis non audebat. Insuper
crastina die esset dominica dies in qua minus licebat ; postdomi-
nicam autem non posset quia summo mane in die lune opus
suum vendere oporteret et si ita venderet, videbatur ei quod
magnum dampnum incurreret. Hec secum cogitabat, volebat et
non volebat; volebat propter dampnum, non volebat propter
peccatum : ita temptabatur et contraria erat sibi ipsi. Sed tan-
dem victa a temptacione, magis timens hominem quam Deum, ne
videretur ab aliquo, serena nocte, luna lucescente, omnibus dor-
i. Ms. : inde.
332
mientibus secreto loco exivit in orto juxta domum, accepit colum
et perfecit quod temptatio prava suadebat, tamen semper habens
in mente quod esset grande peccatum et contra honorem gloriose
virginis. Cum autem omnia perfecisset et voluisset surgere ut
iret quiescere, subito sensit manura suam dexteram esse dau-
sam, et nullum sentiens dolorem mirabatur; volebat aperire
manum sed non poterat; stupefacta autem et perterrita ultra
quam dici potest vim cum altéra manu faciebat, sed nil proficere
poterat quia ita firraiter digiti palme adheserant quasi totum
contiguum esset. Quid diceret, quid ageret non habebat ; mira-
batur valde, nesciens causam rei ; dubitabat enim an hoc esset ex
divina vindicta an ex infirmitate aliqua. Sic transiit noctem illam
insomnem. Venit dominica dies ; sepe manum suam aspiciebat,
sepe aperire temptabat : nulla arte, nullo conamine hoc facere
poterat, nec tamen malum, ansietatem, infirmitatem, dolorem
aliquem sentiebat. Hoc autem nulli manifestare voluit ; erubes-
cebat enim alicui revelare, spem semper habens recuperande
sanitatis. Sic transiit illa dies, transiit et nox. Secunda autem feria
summo mane secundum consuetudinem venerunt vicine, voca-
verunt eam ut secum veniret [ad] mercatum. lUa excusavit se et
noluit venire, alteri earum tradens quod factura erat ; et cum
esset dies in se reversa dixit : « Quid est quod ago ? Quid expecto?
quare taceo ? quare non vocifero ? possum diu occultare mirabilia
Dei ? si non voluntaria profero S ipse veUm nolim malum meum
omnibus mauifestabit. Si^ non videt homo, in me videt Deus ; si
non scit vicinus, non nescit Dominus ; si percussit me Dominus,
nonne merui ? Certe merito hoc patior , addo etiam peccatum
peccato, peccatum scilicet taciturnitatis peccato maie opéra tionis.
Nonne et ita semper erit ? Vivam ita in eternum si Dominus vult
opus suum manifestare? Quomodo possum contradicere ? Certe
revelabo ; sed cui ? nonne Domino ; immo Domino, quia ejus
vicario, id estsacerdoti meo, suum est pro me, suum est me con-
sulere ; ipse accepit a Domino curam et potestatem corporis et
anime mee. Utrumque est in causa : anima propter peccatum
quod perpetravi, corpus propter infirmitatem quam sustineo. »
In hec verba exivit a domo circonspiciens undique et ecce vidit
a longe presbiterum venientem et dixit : « Benedictus Dominus
1. Ms. : prodero.
2. Ms. : sed non uidr h^.
533
ipse qui dédit michi infirmitatem ; ipse ministrat michi unde
possim recuperare sanitatem. A modo si tacuero non habeo excus-
sationem ; certe revelabo ei omnia et ibo ei obviam ut secretius
possim ei aperire conscientiam meam, » et exivit aliquantulum
extra villam et obviavit sacerdoti et salutaverunt se invicem, et
interrogavit eam sacerdos de statu suo. Illa autem erubescens
non indicavit ei, locuti sunt aliéna et sic intraverunt villam ;
separati sunt alter ab altero ; fecit presbiter quod quesierat.
Intérim illa secum : « Ha ! michi quid accidit ! ego miserrima !
quare non indicâvi cor meum presbitero, immo Domino qui novit
omnia ante quam fiant, et si novit omnia futura, nonne cognovit
et facta ? certe quia non indicâvi presbitero, Dominus indicabit
populo, quia non ostendi uni, Deus ostendet pluribus ; non erubui
peccare et erubesco emendare : sentie infirmitatem et non quero
medicinam. Ne deterius michi continguat, ibo iterum ad eum,
non celabo ei quicquam et si erubuero a modo confiteri, scio quia
abjecit me Dominus et non sum digna misericordia, quia non vult
recipere conifessionem meam; tradita sum in manus Inimici. » Et
ita factum est. Exivit in via postquam non dubitabat presbiterum
redire ; venit presbiter ; illa iterum erubuit confiteri ; ivit pres-
biter(i) ad locum suum ; illa remansit confusa et quasi desperans
intravit in domum suam et ecce in ipso introitu aggravata est
manus Domini super eam, quia dolor percussit eam in manu quam
aperire non poterat que semper crescebat sine cessatione, nec
tamen tune aïicui manifestavit, sed facto vespere jam pre multi-
tudine doloris se non poterat continere, gemere cepit et non
valons sustinere, cepit cla'mare. Venerunt vicini, afiuerunt multi
nescientes causam clamoris mirabantur ; illa pre pudore non pro-
ferens verbum ostendit manum. Patefacta sunt omnia, mirati
sunt universi ; consilium querebant quid esset facturum, dixerunt
a Domino a[u]xilium esse querendum. Duxerunt ergo eam ad
ecclesiam, asperserunt eam aqua benedicta, bajulaverunt ei cru-
cem et etiam pissidem ubi erat corpus Domini, sed nil profece-
runt. Dixit eis quedam mulier hoc non esse faciendum absque
assensu presbiteri, sed ab eo querendum esse consilium. « Susti-
neamus, inquit, usque ad mane ; nox enim est, et cras erit festum
sancte Agnetis ; novi presbiterum cras esse venturum ad cele-
branda divina misteria in honore béate virginis et ipse ostendet
quid nos oporteat facere ». Concesserunt omnes et recesserunt.
Noctem illam damans et ejulans duxit Ula infelicissima mulier
534
iawiUKtfc«c, ivj^ûerxa;» ;idveQtum sacerdotis. Facta est (lies cras-
:ca. ra.: >av^r:cjk .ntravit capellam, pulsavit campanam ; illa
^u. t»." * -uiMiu :axi6.^ exultavit gaudio ut videretur ei in multum
. V» «»»c .vuimittutiuk Omnes viri et mulieres qui erant in villa
.(Il «jw^'.trM lia venerunt ad ecclesiam, ostenderunt sacerdoti
».». trfc^^. wn^^^ruut ei ordinem rei. Miratus sacerdos consu-
i -u^ .^»? oraûduiu et a Deo esse querendum auxilium ; cele-
t,*. . a* ..:J. i/"ttionuit populum utorarent, oravitet ipseproea
^ v^iiiiattt. lUa autem orans et gemens, trahens ab alto suspi-
.^i . X '. ta^H'tt* *iH»ni in Domino. Post mi[s]sam vocavit eam saceiv
v.'v .i\^i^^^^.^ . * l'imichi videtur, peccatum est in causa, et cessante
*mnV5 OiAiwa* av^îsiibit effectus ; dele ergo peccatum per contri-
^ .iv*« . j^T vvnfessioneni , per satisfactionem et cum lacrimis
.%..♦ iu»<iiia a>i\lis. > lUa autem cum vera cordis contricione et
.^i.* '.îKt'uiunnun effusione penitens confessa est ei orania peccata
«K .*^i :ii^uK»riaui poterat reducere cum magna devotione. Post
,v\k»^>*iv*«<'»" sacerdos injuuxit ei penitentiam in qua contineba-
i.« .(UvkI siugulis annis semel in anno in aliqua festiyitatum béate
\;<i4\> \ii>;iuisad ecclesiam ejus Carnotensem peregre proflsce-
v<'i«' » «»ï ttmnter precepit quatinus hanc peregriuationem
,vu»i vKViwione remota inciperet in festo Purificationis proximo
Uiiiiv, Ula se devotissime promisit* observaturam omnia que
hW\>«\U« Jixtîrat, et quepropenitentia dabatpro voto accipiebat,
KV ot Hlia majora promittens. Tune absolvit eam et vocati sunt
^miu^y* {\\\\ nderant ; et omnibus videntibus posuit manum mulieris
yh«u>^ui in manu sua et signavit et aspersit aqua benedicta et
V\x«N^t digitos unum post alterum ac si nunquam ibi fuisset
.U^sl^ul infirinitatis aut doloris. Illa gaudens aperuit manum et
sUM^iti rlausit et aperuit et hoc multociens iteravit et facta est
^>àh illa* liora et deinceps sana et incolumis, et omnes qui aderant
hsH' vitiniiles gratias Deo dederunt et gloriose Yirgini, laudantes
^i| tiiinodicontes Deum qui est benedictus in secula seculorum,
^\\m\, Mirabilibus mirabiliora succedunt; nam huic divine
vk|H»rnlioni non defuit crudelis invidia diaboli. Advenit festivitas
Purlllcationis, affuit et unica temptatio demonis. Mulierprope-
iHilutl ut proflcisceret, temptatio admonebat ut remaneret. Dixit
|. Afâ. : pcrmisit.
'I Mm. : alla.
535
enim: ^cHiems* est asperior solito, via longua, diesbrevis, dieta
gravis ; insuper quod modo non potes, poteris in Annuntiatione,
nam presbiter dixit : « Singulis annis semel in anno in aliqua festi-
vitatumproficisceris » ; quod ergo modo nonfacis, in festo Annun-
tiationis vel Assumptionis poteris recuperare. » Illa infelicissima
mulier huic adquiescens consilio, succumbens temptationi, victa
ab Inimico remansit. Transiit festivitas et facta est dies crastina.
Venit sacerdos et vidit mulierem et dixit : « Quando venisti Car-
notum ? Fuisti ad ecclesiam Virginis ? Reddidisti gratias Deo et
Virgini sicut debuisti ? » Illa confusa erubuit et respondit non,
sed hoc perficeret in die Annuntiationis ; et presbiter : « Infelix,
quomodo decepta es? cujus consilio hoc fecisti? Heu! misera,
quomodo tam cito facta es immemor tui, oblita benelBcii accepti,
prevaricatrix mandatorum Dei, transgressa votum, inobediens
preceptis ? si bene novi opéra Dei et gloriose Virginis quam des-
pexisti, non diu inpune feres. Sed modo sit sicut Domino pla-
cuerit ; tamen indulgeat tibi Dominus. » His dictis recessit et illa
confusa et perterrita ivit in domum suam. Transacta^ autem hora
unius diei percussa est a planta pedis usque ad verticem plaga
pessima et horribili et cecidit super terram quasi mortua spumans
et damans ululatu magno et terribili et amisit omnem virtutem
menbrorum et virtutem V^"® sensuum, et turaescebant menbra
ejus vehementer et factum est corpus ejus ultra quam dici potest
turgidumet inflatum, et cutis erat nigra et lucens et nichil vivi-
dum apparebat in ea, excepte quod de ore ejus exibat anelitus,
sed fetidus. Sic permansit duobus diebus et duabus noctibus et
non manducavit neque bibit. Sacerdos autem et omnes qui [erant]
in villa a majore usque ad minimum singulis diebus hoc videntes
et condolentes ei orabant semper ad Dominum pro ea. In die
autem tercia veniens presbiter, sicut heri et nudius tercius, cum
multis visitare illam, deprecabatur Dominum utsifieriposset sine
confessione non decederet, et spem habens in Domino vocavit eam,
rogans ut loqueretur ei. lUa autem gemens et suspirans ad vocem
sacerdotis exclama vit : « Domine Deus, miserere mei ; gloriosa
virgo, miserere mei. » Tune sacerdos gaudens admonebat ut con-
flteretur Domino peccata sua. Illa autem facto parvo spacio con-
1. ilfs. ; hiens.
2. Ms. : transaucta.
536
fessa est coram omnibus omDia peccata sua, et cum presbiter
absolvisset eam et benedixisset ei et omnes respondissent Amen S
quod dictu mirabile videtur, in momento, in ictu oculi pristine
restituta est sanitati quasi nuUam uoquam sensisset lesionem, et
ipsa stupe£acta et quasi a gravi sompno evigilans supplicabat
sacerdoti quid esset agendum. Ipse autem dixit vero corde et
siraplici redderet gratias Deo et proficiscendum esse Camoti ad
ecclesiam béate virginis Marie et preci[pie]bat ei ut de cetero sine
defectu perficeret quicquid prius sibi injunctum fuerat, ne déte-
nus contingeret ei, quod illa omnibus diebus vite sue quibus
supervixit adimplevit. Erant autem omnes qui aderant mirantes
et benedicentes Deum in omnibus que viderant. Hoc autem cogno-
vimus ab ipso sacerdote referente et testimonio perhibente in
omnibus que viderat et audierat, qui et in ipso anno accepit habi-
tum religionis. In hac autem muliere quinque miracula possumus
considerare : primo propter peccatum prave actionis miraculum
manus clause ; secundo propter peccatum tacitumitatis miracu-
lum in dolore manus ; tertio propter virtutem vere confessionis
miraculum [in] sanitate manus ; quarto propter peccatum negli-
gentie et inobedientie miraculum pessime plage tocius corporis ;
quinto propter virtutem oracionis et confessionis miraculum
inopinate et momentanée salutis corporis et anime. Benedictus
Deus per omnia secula seculorum, Amen.
XVIII. Unum refero miraculum cujus simile utrum legerim
auditum aut visum in preteritis seculis nescio. Mulier quidam
nomine Gondrada virum habens nomine Teodoricum, comma-
nen[s] in riparia ultra Axonem fluvium qui preterlabitur urbem
Suessonicam, de villa que dicitur Audiginicurtis *, in ter ceteros
quorum menbra ignis ille judicialis depascebat venerat ad eccle-
siam béate et gloriose semperque virginis Marie, genitricis Dei
et domini nostri Jhesu Christi, opem flagitans medicinalis gratie
per eandem matrem misericordie. Invaserat enim idem ignis
faciem et ora mulieris predicte et jam cum horrore intuentium
quicquid carnulente cartilaginis in naso ejus prominebat et
labium superius quod naso subjacet usque ad maxillares et gin-
givas molares erat ignis tabificus depopulans turpaverat. Quid
plura? Misericordiam postulavit et obtinuit et extinctus est a
1 . MSo : amem.
% Audigaecourt (Aisne).
537
facie ejus vastator ignis. Sed quia générale erat et publicum
quasi minus miraculum computatur. Nam majora secuntur et
virtus inusitata in eadem persona celebrata. I[n]terim licet bene-
ficio gracie caruerit tanto dolore non tamen evasit visionis hor-
rorem, misericordiam et judicium tuum circonferens. Domine.
Omni ergo occursanti jam molesta et odiosa fiebat et coacta est
redire ad suos ut gratia consanguinitatis temperaret importabi-
lem ejus conversationem. Sed et hoc modo parum profecit ; omni-
bus erat gravis ad videndum. Compulsa est ergo prêter oculos
totam faciem madenti panniculo velare, nec tali aminiculo vix
aliquid profecit quo excusare odium et nauseam vel beneficio
humanitatis et consanguinitatis valeret. Quid faceret? quo se
conferret ? A quorum conversatione non abiceretur que suorum
et domesticorum odio et maledictis jam respergebatur. Sic ergo
omni nécessita te circumclusa, omni humana ope desperata uti-
lius subit consilium et copiosius occurrit auxilium et jam friges-
centem fugientemque fidem culpat, [culpat] se ipsam quod velud
inmemorprioris beneficii copiosam in misericordia matrem mise-
ricordie, id est Christi genitricem Mariam, per oblivionem velud
posthabuit. Re divina igitur, fide et spe, velud armis accincta in
crastino iterum parât proficisci ad memoriam béate et gloriose
virginis que est in urbe Suessonica. Confecta itaque pro sua
paupertate candela(m) quam ofiFerret, itum est dormitum. Eadem
nocte maturius evigilans et solicita quamcicius elucesceret,
memor sponsionis sue ac propositi, nimium* prolixas noctes, ut
pote ante equinoctium vernale, queritur. Tune sentit laxatum
fluitare panniculum quem ori suo obdiderat ; quem dum restrin-
gere sursumque reducere nititur et parum proficit coacta est
circumjacentium implorare a[u]xilium ; dumque morant sompno
vel frigore tardi illa nichilominus querit lucernam accendi et
a[u]xilium sibi ferri, cum i[n]terim sensit camem sub digitis et
panniculo pressam mollescere et nesciebat quia caro est nasi et
labii reformati ; sed dum sepius reducit pannum sepiusque per
idem attrectat creaturam noviter plasmatam, « Deus, inquit, et
sancta Maria adjuval Deus, sanctaMaria, adjuval D.S.M. adjuva! »
Tune beata Virgo ei apparuit, cui ipsa voce pre gaudio trepidanti
dixit : « 0 domina misericordie et propitiationis, quem laudabo facti
hu jus auctorem ?» * Ad hoc mater misericordie : « Fidelibus
1. Ms. : nimirum.
35
538
annuntiabis quod Domina Carnotensis hoc fecit. » Unde palet eam
spéciale domicilium in terris apud Camotum el^isse. Ad qoam
voce[m] torbati et excita ti maturius inferunt lumen; tuncvero
noYum plasma pignusque redivive resurrectionis in naso et in
labio^ ejus reformatis stupent reformatum, et ât gaudium quasi
reduce vita ex mortuis. In crastino candelam pro gratiarum
actione oblatura proficiscitur ad urbem quam in aliis votis desti-
naverat. Quid mirum si tune recens recognoscentibus se fecit
miraculum? que in tota vita sua circonferens tantam Dei miseri-
cordiam testimonium gratie divine publiée exibuit. Yidimus eam
et nos et in restauratione beneôcii in nullo prorsus detrimentum
patiebatur ; sed similis erat carni relique caro recens nisi quia
diligenter intuentibus lucidior videbatur. Ardor igitur fervensque
âdes populorum non erubescebat nasum et ora illius osculari
quasi quod modo recenter manibus ipsius Dei esset âctum.
XIX. Adolescens quidam, Benedictus nomine, annorum fere
sexdecim de plèbe genitus Mondeville*, in pago Dunetensi^ apud
villam Roboretum* aliéna conductus agebat servitia, qui jubente
ruricola cui se locaverat serviturum festo sancte Agathe mane
exiit ad stipulas rostro congregandas. Tracto labore usque ad
meridiem, rostro de manibus laxato humi, ecce subitummonstrum,
ignis rostrum circumcirca corripit repentinus ; quod intuens puer
rostrum resumit, manum raptim^ perducens ut ignem excuteret,
ac manum simul cum rostro pestis invadit et adurit edaciter.
Violentiam autem sentiens ustionis monstroque attonitus clamo-
ribus cepit agitari. In primis autem clamoribus banc vocem se
meminit et memorat divino edidisse auspicio : « Sancta Maria Car-
noti succure, adjuva, miserere! » Nec mora, clamoribus agitati
de agris et domiciliis concurrunt plures ; intuentes admirantur et
stupent rostrum in carbones et cinerem jam resolvi et in manu
pueri ustionem sevire. Quem etiam jam tune stupidum et mente
captum agnoscitur . Dolor enim corporis exterior et horror monstri
menti interius inflixerant lesionem et vigorem rationis hebetarat
fetor intolerabilis, quem ex bis etiam qui postaccurrerant quidam
1. Ms. : labis.
2. Monde?ille (Seine-et-Oise).
3. Ms. : Tunetensi.
4. RouTray-Saint-Denis (Eure-et-Loir).
5. Ms. : raplum.
539
nocuisse sunt experti, perdito per aliquot dies edendi appetitu.
Domum ille defertur et ad memoriam béate Marie in ecclesia dicte
ville pro eo orationes et cereus offeruntur. Mansit autem sic a
sabbato usque in sequentem feriam quartam. Ea vero die sub
diluculo vise sunt illi due forme mulierum astitisse speciositatis
immense dispares : quantitate majorem et vultu nobiliorem
agnoscebat Dei genitricem Virginem Mariam; alteram vero
beatam Âgatham altissime Domine devota supplicatione sic
dicentem : « Ecce hic est pro quo efflagito qui a die sollenpnitatis
mee quam opère profanabat taies sustinet cruciatus; tu, domina,
mater es pietatis et misericordie, pênes te omnis virtus et gratia
sanitatum, tu opère prestas universis, miserere, succurre et
sana ; prosit ei quod te invocavit, quod memoriam tui nominis
corde et ore tenuit. » Et domina ad eam : « Quare non protinus
cucurrit ad ecclesiam meam Camotensem ? lUuc debuit veniam
quesisse, ubi postulationes exaudio peccatorum. » Et beata
Âgatha : « Assit, queso, facultas et ibit, et liceat quod omissum
est adimplere ». Tune puer ut meminit hec paucis interjecit :
« Et hic tu, domina, potes subvenire. » Gui Domina : « Vade,
puer, vade Carnotum, ubi volo exorari; cito tibi erit ut ire
possis. » In his verbis disparuit utraque et relinquerunt puero
post se benedictionem salutis. Continue namque iUi reddita est
sanitas mentis et dolor mittigatur usture. Nec mora, quidam de
propinquis eorum qui hune de eo casum audierant intrat cum
véhicule, quo ille depositus et delà tus ad ecclesiam Garnotensem
visas gratiarum actiones Deo festinat reddere et béate Marie
liberatrici sue cujus semper florent virtutes et magnalia largiente
Domino.
XX. Huic etiam opusculo miraculum quoddam insereredignis-
simum est , quod in Aquitanie partibus contigisse probabilium
personarum veridica relatione cognovi. Cum enim quidem pater-
familias, dives quidem sed timoratus ac Deum diligens, Garno-
tensem ecclesiam speciali quodam devotionis afiFectu diligeret, ita
ut eam annis singulis visitare et ad illuminationem ejusdem
ecclesie lampadum cadum olei nitidissimi illuc secum déferre
decrevisset ex veto, contigit ut exorta inter regem Francorum
et Anglorum, regem Anglie scilicet et Aquitanie ducem,
discordia et guerra maxima, votum suum adimplere tam uxoris
sue quam amicorum persuasionibus aliquandiu distulisset.
Verum cum inter memoratos principes guerra diutius perduraret
540
et de die in diem nova discordie semina puUularent, cepit eum
tacite iûtra semetipsum propria conscientia diutius accusare et
anime sue detrimentum c[uod ipse amplius formidare debuerat
dampnis temporalibus et periculo corporis quod hactenus perti-
muerat compensare. Sed cum timorem hujusmodi a corde illius
timor Dei et béate Marie reverentia reppulissent, ipse tandem.
Yotum suum adimplere festinans in tante perturbationis tempore
invitis et renitentibus amicis^ sancte nichilominus peregrinationis
iter arripuit, se ipsum et sua omnia divine disposicioni et béate
Marie protectioni committens, lucrum etiam reputans non mini-
mum si hujus occasione itineris dampna vel injurias seu aliquas
animi corporis ve moles tias sustineret. Cumque idem paterfamilias
a patriis ônibus jam fuisset egressus et ad terrarum illarum
metuenda conânia in quibus majora viatoribus imminebant
pericula devenisset, incidit in predones qui non solum despolia-
verunt eum, verum etiam equo suo et universisquesecumdeferebat
ablatis ipsum postea in carcerem retruserunt ut pro sui redemp-
tione corporis quantamcumque possent ab eo pecuniam extorquè-
rent. Sane cum in eodem carcere multi alii tenerentur captivi et
redemptionis atque libéra tionis eorum terminus advenisset, cepit
dictus peregrinus amplius contristari et lacrimosis vocibus
vehementer cordis sui dolorem exprimere, eo quod solus ipse
relinquendus esset in carcere omni prorsus auxilio, consilio et
solatio destitutus. Verum appropinquante termine quo memorati
captivi liberati debebant exire de carcere, misericordie mater
peregrinum suum omni humano destitutum auxilio non deseruit,
sed eum in carcere visitare et consolari dignata est. Ei namque
noctis tempore per visionem apparens, post multa Mande conso-
lationis alloquia, ipsum diligenter premonuit ut in die sequenti
cum captivis egredi nuUatenus formidaret e carcere, de sua
scilicet non minus quam ceteri liberatione securus. Hujus itaque
visionis certitudine roboratus et in Domino plurimum confortatus,
dum sequenti die demissa in carcere scala ad ceterorum libera-
tionem captivorum ipse cum eis scalam ascendere voluisset,
videntes hoc ceteri qui redemptionis ejus nuUam audierant prorsus
mentionem et idcirco* eum delirare credentes aliquantulum obsti-
terunt, dicentes majus ei periculum et graviorem imminere
miseriam, si posset in hoc a custodibus carceris deprehendi, eo
1. Ms. : icirco.
544
quod reprehensus denuo retruderetur in carcerem. Sed cum idem
peregrinus memorate visionis modum eis et seriem retulisset, quod
ei primo * pie negaverant postmodum piissime concesserunt eum
siquidem una cum ipsis egredi cum timoré et patientia sustinentes
et sub silentio rei exitum expectantes. Ceterum beata Maria
promissionis sue non immemor ne ille a custodibus posset depre-
hendi eflfecit, et sic eum clementer simul et potenter tam a carcere
quam ab ipsis custodibus liberavit. Adcessit ad hoc quoddam
majus et amplius admirandum miraculum. Cum enim memoratus
peregrinus a custodibus carceris libère recessisset, equum suum
quem sine spe recuperationis amisisse credebat extra domum
carceris stratum obtime et paratum invenit, et cadum olei quem
secum detulerat ad sellam ejusdem equi absque ulla ipsius olei
diminutione positum et apte religatum aspexit. Egressus ergo de
carcere peregrinus in quo jam octo diebus jacuerat et recuperatis
mirabiliter omnibus que amiserat, vehementer obstupuit, primo
quidem ad beati Pétri similitudinem de carcere per angelum
liberati hec omnia per visionem estimans se vidisse ; sed cum
ipse reversus Dei genitricem hec et * majora posse facere plenius
advertisset sui nimirum virtute et potentia filii qui eundem
Petrum in carcere cathenatum et a multis militibus multipliciter
observatum mirabiliter liberavit, ipse tandem Deo et gloriose
Virgini, ut pote liberatrici sue, gratias agens, iter iterum sue
peregrinationis arripuit. Qui tune ad ecclesiam veniens Carno-
tensem et singulis deinceps annis quandiu vixit multis in eadem
ecclesia supradicta omnia que sibi contigerat enarravit. His et
aliis démentie et potentie sue beneficiis gloriosa Carnotensis
ecclesie Domina peregrinorum ad eandem ecclesiam venientium
animos allicit et ut annis singulis ad ejusdem ecclesie fabricam
sua transmittant vel déférant munera eorum cordibus inspirare
non desinit.
XXI. Si quorumdam gesta mortalium sacris memorata codi-
cibus aliquando legimus et in sancta [non]nunquam ecclesia
publice recitamus, mirum non est si divine potestatis magnalia
que in ecclesia Carnotensi vel favore ejusdem ecclesie ad honorem
genitricis sue Dei filius mirabiliter operari dignatus est fideliter
et studiose describere vel aliis jam descripta studiosi légère sata-
1. Ms. : prime.
2. Ms. : ad.
542
gimos. Qaanto enim divina potentia fragilitate preœllit hamane,
tanto Dei opéra humanis actibus excellentiora sont et parhenni
magis mémorise commendanda. Unde supradictis genitricis Dei
miraculis dignam arbitror alia quedam memorabilia subjungere
quonim eisi aliqua Tisus experientia non a^noTi, prc^1>riiam
iamen personarum relatione Teridica didici, qnamm sdliœi
testimonio sicut credere dignam est, iia fidem non adhibane prorsos
est indignum et impiam. Eo igitur tempore quo in ecclfflia Car-
notensi nora, ut supradictum est, miracula pululabant, amtigit
ut in ipso miracolonun primordio apud rillam in Camotensi
territorio sitam, que Pmnerium^ dicitur, quod quedam mulier
etate quidem juvencula sed Tiro jam matrimonio copulata, tan-
tam 5ui corporis inârmitatem et debilitatem incumeret ut pedum
pn^rsas ac manuum usus ei et officium negaretur ; cumque per
unios anni spacium Tel eo amplius in lecto eghtudinis jacuissel,
^et^ nulla ei pn>rsus humana medicina pn)âo»>et, sed et medioorum
auxilia paupertaUs inopia decegaret, ad piam Dranini matrem,
que se omnibus dexote et humiliter invocantibus pnesto est, preœs
suas et tolum meiitis sue couTei^t afiectum, nc-men ejus jugiter
inTocans et opem ab ea efflagitans salutarem. Unde mater mise-
nci>niie, que suam pre céleris TÎrtutibus humilitatem Domino
plaKMiisse Tarifs suis aperte commémorât, ancillam humikm
quam &n? jam omnes desspexerant non despexit, sed ad cjns preces
adirés s;3e pieiatis incbnans, nocturne Tisioms eam allocutioiie
pKiDOiiuit ut ad eodesiam Camotenââm se deierri quantoàos*
pcoperaret, salutem oorporis inte^errimam, si hoc ùcetei et toto
cooie cr^def^, reprvHDoittens. Leta igitur de superae tocîs pro-
mîssùiie xaber, cnm a tîto sao deferri se ad predictam eorlfsLam
iisipeCnsset et die quadam sabbatî defenentium auxiliîs sostentata
ai akîie béate Vin^icis propius acosssisset ac cnm summa dero-
t:h: w et fiiucia qucd sil^ prvMuissum nieiat humililer postolasset,
àxa ssilKSo saiia et ii.'columis menbns omnibus eâecta est et omnîs
ab eoL jarLpcr eTannît, ut nuHa prorsiiis in ea inârmiîatîs xestigia
n^^^nenaat. C^Qcd sàquidcm pia dispei^satioiie matnem Domini
fecbse cr>eiies)dus: e^^ xii pnecîcle iiâulieri donec ad suam déferre-
tsar eicdesiaizi saniîatîs ocKailefT^e ngsûedium dîstulissiet, quatmos
sid&oet id miracakm piuhbus im^Hesœret et ejusdem eodesie
3.
543
fabrica, cuijam humanum non sufficiebat auxilium, majusinde
emolumentum acciperet. Sane cum prefata mulier sanam se et
incolumem persensisset, ut supra summos pedum articules erecta
manus suas ad celum et brachia, cunctis qui aderant admirantibus
et pre gaudio flentibus, elevasset, cepit una cum eis Deo gratias
[reddere] et beatam Dei genitricem, que juxta promissionem
suam omnia compleverat, piis vocibus collaudare. Huic siquidem
miraculo ego ipse cum ceteris hoc spectantibus presens interfui
et tam ab ipsa muliere quam ab eis qui eam adduxerant rei veri-
tatem diligentius et plenius audivi et didici.
XXII. Accidit eo tempore apud villam episcopique Chambleium*
apellatur quoddam mémorandum et insigne miraculum. Quedam
namque mulier infantulam suam adhuc in cunabulo yagientem
domi reliquerat et eam cuidam juvencule custodiendam tradiderat.
Sed cum eadem juvencula vagitus infantie diutius tolerare non
posset, fragmentum vasis vitrei in manu infantule posuit, quati-
nus puerilem animum circa hoc so[lli]citum redderet et sic eam
suis vagitibus et ploratibus vitri perlucidi attractatione simul et
admiratione compesceret. Unde infantulaquodmanutenebatpost
modum in ore suo posuit et sic tandem vitrum intra parvi guttu-
ris angustias prolapsum est et receptum, quod spiritum infantule
miserabiliter intercepsit, ita ut jam mortua videretur. Sane custos
infantule cum ei succurrere nuUa tenus potuisset, vehementer
expavit et cum eam vidisset exanimem cum clamore et fletu
nimio voces miserabiles edidit. Cuncurrentibus itaque ad clamo-
rem vicinis occurrit tandem et mater, dominam Carnotensis
ecclesie devocius invocans et ei sepius suam commendans filiam ;
at cum illam clausis oculis nichil sentientem , exanguem penitus
ac velud exanimem reperisset, ipsa nichilominus recepta in bra-
chiis filia, cum ea spe et fiducia quam matrem Domini prius
invocando conceperat ad ecclesiam Carnotensem iter arripuit,
amicis tamen et vicinis contradicentibus et parandas pociusfuneri
exequias decernentibus. Sed eorum incredulitas ita confusa est
et^ fides adeo materna prevaluit, quam in evangeliis multociens
legitur profuisse, ut in ipso itinere matri filia sana et incolumis
redderetur. Sanguis enim ab infantino gutture cum quodam
impetu violenter erumpens, duos ex se per os infantule emisit
1. Ghambly (Oise).
2. Ms. : ul.
544
radios, in quorum secundo predictum fragmentum illud emis[s]um
est noQ modicum, quod ego et multi alii oculis nostris yidimus et
manibus contractaTimus et quod adhuc in ecclesia Carnotensi ad
monimentum miraculi reservatum est. Cucurrit igitur ad eandem
ecclesiam mater cum gaudio et exultatione ad quam prius cum
merore et lacrimis properabat, viventem filiam secum déferons et
béate Dei genitrici eam ofiFerens que^ prius velud mortua, immo
ut arbitror, vere mortua, ferebatur ac pro restituta sibi fllia gra-
tias referons , quam sibi reddendam prius devotissime preca-
batur.
XXIII. Contigit etiam eo tempore in quadam villa, que a
sancti Prisci nomine appellationem sortita est*, quod dum quedam
mulier domi secum pervulam habens filiam, textrino operi, quod
exercere noverat, operara daret, filia matre ignorante domum
exivit et paululum inde progressa in quoddam fossatum aqua
plénum casu miserabili decidit [et] summersa est. Postmodum
vero una ex vicinis mulieribus justa fossatum pertransiens et
pueUulam intus submersam aspiciens more muliebri vocem
extulit cum clamore, ad extrahendum inde corpus puellule non
solum matrem miserrimam verum tam vicinos^ quam vicinas
mulieres convocavit. Adcurrit igitur mater ad clamorem exangui
similis et attonita, beatam Mariam Carnoti dominam clamosis et
lacrim[os]is vocibus memorans et exorans quatinus filiam suam
sibi redderet et a mortis periculo eam liberaret. Extractam
itaque ab aqua filiam licet mater velud exanimem nec jam ullo
végéta tam spiritu recepisset, ipsa tamen de béate Marie clementia,
cui eam commendaverat, non diffidens ad spiritalem ipsius basili-
eam, ecclesiam scilicet Carnotensem, dictam filiam cum omnifes-
tinatione detulit, multis quidem eam comitantibus sed de salute
puelle quam vere mortuam estimabant omnino desperantibus.
Cumque mater ante altare sacrosancte Virginis nate corpus
exanime posuisset et ab ea reddi sibi filiam miserandis vocibus
postularet, tandem mater misericordie tanquam materno dolori
compatiens preces illius exaudire dignata est. Nam aque plurimum
quod per os puellule in ventrem ipsius cum tanta intravera[t]
habundantia, ut vitam ipsius extinxisse non immerito crederetur.
1. Ms, : qui.
2. Saint-Prix (Seine-et-Oise).
3. Ms. : uicinis.
545
ab intimis erumpens visceribus per foramen quo intraverat exiit
et sic puella post modicum temporis intervallum quasi redeunte
spiritu vegetata oculis ad videndum apertis, ceterisque menbris
ad sua oflBcia restitutis, resuscitata potius quam a mortis periculo
liberata est.
XXIV. Illud quoque miraculum quod in Genomanensi diocesi
contigit apud villam que dicitur Blevia^ non minus ad memoriam
reducendum est. Quedam mulier, filium habens parvulum qui
nundum quartum etatis sue annum compleverat, cum die quodam
pro agendis negotiis suis relicto filio suo pergeret et ad ripam
cujusdam aque veniens fluitantes in eadem aqua panniculos
cerneret, porrecto in aqua baculo quem habebat, eosdem ad se
panniculos attrahere conata^ est, sed cum eos movere pre nimio
pondère non valeret, admirans plurimum quid lateret in pannis,
quod per se non potuit alieno eflfecit auxilio. Extractis itaque de
aqua revolutisque panniculis faciem pueri quem peperat et viven-
tem domi relinquerat recognovit, cumque submersi vultum
pueruli diligentius fuisset intuita et materni doloris gladius ejus
animam pertransisset, in se tandem reversa gloriosam Carnoti
dominam que tune temporis in eadem urbe tôt et tantis miraculis
suam illustrabat ecclesiam ut sibi fllium redderet exoravit, vovit
etiam se ad domum propriam nuUatenus reversuram donec ad
domum béate Virginis, ecclesiam scilicet Carnotensem filium
detulisset. Dum ergo ad eandem properaret ecclesiam miseri-
cordie mater materne anxietatis miseriam miserando respexit ;
aque etenim rivulus qui per os puérile intraverat et ventris vas-
culum ita repleverat, ut vitalem videretur spiritum extinxisse, ab
internis visceribus quasi cum violentia quadam erunpens per oris
hostium totus exiliit et sic nutu et clementia béate Virginis puer
velud resumpto spiritu reviviscens, sicut vite ita pristini sanitati
plenissime restitutus est. Gaudet viso miraculo mater jam letior
et exultât, ceptum iter non deserit, sed festinat adimplere quod
voverat, quia quod voluerat impetravit. Que igitur prius ibat
etflebat, ad ecclesiam genitricis Dei veniens cum gaudio et exul-
ta tione pervenit portans manipulum suum, scilicet filium, et glo-
riose Garnoti domine gratias referens et quid sibi contigerit
cum multorum testimonio palam omnibus innotescens.
1. Blève (Sarthe).
2. Ms» : cognata.
54 (>
XXV. Référendum quoque illud arbitrer miraculum quod eo
tempore in villa quadam béate Marie quam Bercherias ^ nominant
contigisse certissimum est. Quedam namque mulier cum ad
agenda negotia sua ire disponeret, filiam parvulam quam habebat
adhuc in cunabulo vagientem sub alterius âlie majoris natu cus-
todia derelinquit ; cumque illa mulier a domo sua fuisset egressa
que ab aliis prefate ville non modico erat interstitio separata et
solas domi filias reliquisset, ecce quidem in specie humana mire
magnitudinis , cesarie et vultu horribilis, nigerrimus Éacie sed
dentés habens nigriores, in domo illa subito apparuit. Quem cum
major natu puellula respexisset valde exorruit et tam domo quam
sorore sua quam primum potuit derelicta damans et tremefacta
prosiluit. Mater vero rediens cum filiam extra domum flentem et
attonitam prospexiset et quare domum et sororem reliquisset
requisisset ab ea pari ter et audisset, statim materni timoris aculeo
perforata gloriosam Carnoti dominam invocavit et ei juniorem
filiam commendavit, vovens etiam quod si filiam suam salvam
reciperet ad ecclesiam Carnotensem eam absque dilatione deferret.
Ad domum ergo suam cum clamore et festinatione veniens cum ad
cunabulum nate quod jam comburi videbatur propius accederet,
stramen et panniculos circa nates illius combustos repperit, sed
pia Dei genitrix commendatam sibi filiam ita conservavit illesam,
ut nuUum prorsus adustionis signum tenerrimo corporeappareret.
Exhilarante itaque viso miraculo post tristiciam mater, ad pre-
fatam ecclesiam sicut voverat cum amicis et vicinis mulieribus ei
congratulantibus venil, filiam suam cum ejus cunabulo deferens
et gloriose Virgini que illam potestate diaboli potenter et de-
menter ereptam illesam etiam ab igné serv avérât gratiasreferens;
ad monimentum quoque miraculi semiustum cunabulum dereliquit,
quod in eadem ecclesia aliquanto tempore vidimus reservari.
XXVI. Omnipotentis Dei misericordia inenarrabilis qui pro re-
para tione generis humani proprium filium crucis patibulum susti-
nere [voluit], sicut scriptum est : « Proprio filio nonpepercit Deus
sed pro nobis omnibus tradidit illum » , considerans fragilitatem gen-
tium nostri temporis adeo frigescere in caritate sanctissime fidei*
catholice, quod introduci possit elegantissime^ et ad memoriam
1. Berchères (Eure-et-Loir).
2. Ms. : fide.
3. Ms, : eligantissime.
547
revocari illud psalmiste : « Dominus respexit super fllios hominum
ut videat si est intelligens aut requirens Deum; omnesdeclinave-
runt simul, inutiles facti sunt, non est qui £aciat bonum, non est
usque adunum » , frigida hominum corda per gratiam sancti spiritus
et virtutem miraculorum ad ardorem dilectionis ipsius dignata
est revocare, sua manifestans miracula, non tantum in prelatis
ecclesie, ut in beato Thoma Cantuariensi archiepiscopo et aliis
multis, non tantum in rege Ânglie Henrico et âliis ejus et aliis
principibus quam plurimum, non tantum in mediocribus personis,
ut in sancto Willelmo de Ponte Isare et aliis, quos* dinumerare
longum esset et difficile, sed etiam in omnibus ultime estimationis,
scilicet in pauperibus terrarum cultoribus, ubi manerat in eternum
sermoille : « Quia quosdedistimichi non perdam exeisquemquam. »
Accidit enim anno gratie m® cc° vi® mense julio, in die sollemp-
nitatis sancti Germani episcopi et confessoris, in parrochia de
Soors* villa distante^ ab urbe Carnotensi per nn millaria, quod
quidam Willelmus de Lavardin dictus secabat avenam suam
a summo mane usque ad boram nonam, paupertate ad hoc ipsum
compellente. Quidam autem ejusdem parrochiani ecclesie trans-
euntes dixerunt : « Willelme, qua temeritate ductus secas in
festo sancti nostri? Nonne audisti dominica* nuper preterita quod
presbiter noster sub interminatione excommunicationis inhibuit
ne quis parrochianus ecclesie nostre operaretur die isto? » Quibus
ille ait : « Si tantam potestatem haberet sanctus Germanus
quantam prédicat presbiter noster in ecclesia nostra, manifestaret
illam super me et super alios parrochianos suos. » Illi vero hoc
audito abierunt, quibus abeuntibus, cepit cor ejus frigescere et
simul omnia menbra ejus turbata sunt et viscera commota,
nec multo post ventum est ad ultimum manipulum et cum temp-
taret falciculam de manu dextra, manipulum autem de sinistra,
sicut consuererat, deponere, adeo tenaciter adhesit dextra falci-
cule, sinistra vero manipule mirum in modum quod nullo modo
potuit alterum ab altero per aliquem quantumcunque fortem
separari, licet multi multociens attemptassent. Conturbatus
igitur et conterritus confugit Willelmus ad ecclesiam sancti Ger-
1. Ms. : quem.
2. Sours (Eure-et-Loir).
3. Ms, : uille distantis.
4. Ms, : domenica.
548
mani; pulsatis campanis convenit multitudo damantium et
dicentium : « Salus et honor sancto nostro Germano ! » et ceperunt
universi cum cordis contritione et efifusione lacrimarum in
habundantia orare Deum et gloriosam ipsius matrem et sanctum
Germanum et omnes sanctos Dei ut a tanti vinculi nodo posset
W. liberationem promereri et perseverarunt die illa et nocte
sequenti usque in diem crastinam ; mane autem £acto celebrata
missa clerici dicte ecclesie et paiTOchiani tam masculi quam
femine et multi alii adduxerunt ligatum ad cathedralem ecclesiam,
coDstanter asserentes : « Ex quo transibit subtiis scrinium in quo
reposita est sanctissima camisia béate Yirginis, incontinenti
liberatus abibit. » Cum autem accessisset ad altare ma jus ecclesie
Carûotensis et ipsum multociens cum gemitu et fletu deosculatus
fuisset, Hecdum misericordie salvatoris assecutus fuisset effectum
et universi tam clerici quam laici flexis genibus cum multo fletu
clamarent pro ipso ad Dominum et beatam Virginem nec exaudi-
rentur, exaltaverunt omnes voces suas clamantes et dicentes :
« Mittatur sub scrinium in quo reposita est sanctissima camisia
gloriose genitricis Dei », et factum est ita. Cum autem longo tem-
poris spatio moram faciente eo sub scrinio ipso ad ultimum
pertransisset nec adhuc liberationis gratia descendisset super
eum, factus est quasi in extasi et agonia et quasi in desperationem
versus, cepitque clamare voce magna : « Si quidam bonitate sua
confidens est hic qui Deum omnipotentem confldenter rogare
audeat, oret pro peccatore isto qui pro peccato suo ita miserabi-
liter ligatus est sicut omnibus circonstantibus manifeste patet. »
Erant enim digiti manuum ipsius inflati supra modum et nigri
vehementer et quod est mirabUe dictu sed mirabilius visu,
dominus Willelmus de Coleteinvill[a], canonicus Camotensis,
vir religiosus ac timens Deum at plures alii coram altari béate
Marie in conspectu omnium qui aderant pluries temptaverunt
utrum etiam unam spicam de manipulo possent avellere, sed
nullatenus potuerunt. Dum autem et ipse et omnes qui aderant
pre dolore et desperatione stupefacti continuissent ora sua, excla-
ma vit diaconus de Soors, Gilo nomine, alta voce: «Omnes parro-
chiani et parrochiane sancti Germani de Soors qui ad hanc
sanctam ecclesiam corde contricto et humiliato venistis in spe
liberationis hominis hujus, ut cum gaudio et exultatione ad propria
redire valeatis, de misericordia Domini non diflSdatis, quoniam
misericordia Domini manet in etemum justa illud psalmiste :
549
Misericordias Domini in eternum cantabo, sed eamus confidenter
ad locum ubi reponuntur oblationes fidelium ad hujus bassilice
reparationem et nos reponamus ibi spem nostraïQ. » Perrexerunt
igitur univers! ante scrinium sancti Leobini et prostrati in ter-
rain flendo, gemendo, clamando ad Dominum et ejus gloriosam
genitricem et sanctum Germanum et sanctum Leobinum et
beatum Thomam martirem , de cujus sanguine portiuncula erat
ibi et cultellus ipsius, et omnes sanctos Dei ut manifestaretur
gratia Dei in homine illo. Apprehendit autem custos dictarum
reliquiarum dictum cultellum et tetigit cum eo manum dextram
persone mi[se]rabilis cui adheserat falcicula, ad cujus tactum
soluti* sunt digiti manus adherentis [fal]cicule, quo viso clama-
verunt universi : « Gloria in excelsis Deo I » Similiter ad tactum
ejusdem cultelli soluta est manus sinistra a manipulo. Pulsatis
igitur campanis corda universorura replet letitia inestimabilis ;
reddiderunt laudes Deo et béate Virgini et omnibus sanctis ejus
et reversi sunt presbiteri, diaconi, et parrochiani.
XXVn. Anno Domini D. CCGG° XII°, Karoloffli[o]Hludoviei
Balbi régnante in Francia, quid per béate Marie Virginis suflfra-
gium in Rollonem et Nortmannos actum sit scribere curavimus.
Ille etenim tota pêne Gallia et maxime circa maritima grassatus,
cum nichil furenti obsisteret eo quod Gallicus ensis Nortmannicis
bipennibus cederet, solita rabia FranciamusqueadStanpasmissis
bac illacque exercitibus demolitur. Postremo Garnotenam urbem
obsidione circumdat, quam machinis et tormentis acriter impu-
gnaret. Gives attoniti nec animis nec armis nec mûris confisi,
Béate Marie auxilium implorant camisiamque gloriosissime Vir-
ginis quam a Gonstantinopoli ibi allatam unus ex Karolis, qui
Calvus dictus est, ibi posuerat, super propugnacula in modum
vexilli ventis exponunt. Hostis visam ridere et in eam permane
sagittas moliri et dirigere, sed mox Dei ultione Nortmanni cecati
nec rétro ferre pedem nec ultra tendere valuere. Id oppidanicum
episcopo suo Antelmo letis animis conspicati, interulam béate Vir-
ginis secum pro defensione portantes precipitatis saltibus egressi
sunt multaque cède Normannorum quantum fortuna aspirabat
gaudium satiarunt suum. Tandem Richardus dux Burgundinorum
cum exercitu Francorum ex inopinato superveniens super eos
irruit et stragem non minimam (f^ 69 * ) de Normannicis fecit.
1. M$, : solliciti.
550
Yidens autem Rollo se suosque in extremo mortis, decrevit ad
horam hostibus cedere c[uam cam suorum detrimento pugnare et
provido consilio, tion timida ignavia, declinavit a certamine. Et
sic evasit Rollo cum cedem militibus (sic) quem sue fidei Deus
reservabat et apud Luxovium se recepit. Quedam vero pars
exercitus sui Francis persequentibus recedens, incujusdam mon-
tis cacumen subiit. Ebaltis autem, Pictavensis cornes, tarde ad
prelium veniens, comperit paganos montis excelsa occupasse, quos
illico persequens ejus ardua militibus, ne efiugerent, cinxit, sed
noctis medio Nortmanni per Francorum castra violenter erum-
pentes vite dispendium evaserunt. Porro Franci fecto diluculo
paganos evasisse cognoscentes citatis equis calcaribus eos insequi
ceperunt, quos repertos expugnare non audentes eo quod ex ani-
malium cadaveribus sanguine cruentatis in modum castri se
munissent, nuUa re pro spe acta citius refugerunt, Nortmannis
ita se liberantibus ducemque suum apud Luxovium gaudenter
repetentibus.
Antoine Thomas.
NOTES
DE
PALÉOGRAPHIE GRECQUE
A PROPOS
D'UN LIVRE RÉCENT DE M. GARDTHAUSEN^
Depuis la Palœographia Grœca de Bernard de Montfaucon,
qui a paru en 1708, jusqu'aulivre deM. Gardthausen, aucun travail
d'ensemble n'a été publié sur la Paléographie grecque. Montfau-
con a été le créateur de cette science, comme Mabillon l'avait été
de la Paléographie latine, et son traité, de même que le De re
diplomaticay est un ouvrage capital, qui n'a point encore
été surpassé. Villoison dans son Apollonii sophistœ leœicon
(Paris, 1773), puis dans ses Anecdota grœca (Venise, 1781),
Bast dans sa Commentatio palaeographica , imprimée à la
suite de l'édition de Grégoire de Corinthe (Leipzig, 1811), ont
donné un certain nombre de remarques paléographiques,
mais sans avoir l'ambition de publier un traité complet sur la
matière; récemment enfin, M. Wattenbach a fait paraître la
seconde édition de son Anleitung zur griechischen Palaeo-
graphie (Leipzig, 1877) ; c'est un manuel assez complet et fort
commode, qu'on ne saurait trop recommander pour initier aux
éléments de la paléographie grecque. Je ne parle point des difie-
rents travaux qui ont paru sur des points isolés de la paléogra-
phie grecque et dont M. Gardthausen a donné une énumération
1. Griechische Palaeographie , von V. Gardthausen. Leipzig, Teubner,
1879. In-8% xvi-472 p. et 12 planches.
552
au commencement de son volume ; je noterai cependant dans cette
lisieVEpitome graecae palaeographiae, auctoreR. P. D. Gre-
gorio Placentinio (Romae, 1735, in-4®), que M. Gardthausen cite,
mais qu'il paraît avoir négligé de consulter. Cet Epitome^ dont
les exemplaires sont assez rares, et qui passe à juste titre pour
un abrégé servile de Montfaucon, contient des notices intéres-
santes sur les manuscrits de Grottaferrata ; je les ai utilisées dans
la liste de copistes qu'on trouvera plus loin ; c'est en effet la seule
partie de la Griechische Palaeographie sur laquelle je compte
insister particulièrement.
Le premier livre de la Paléographie grecque de M. Gardthau-
sen traite des matières subjectives de l'écriture : métal, papyrus,
parchemin, papier de coton, papier, de la forme des manuscrits,
de leur reliure, des instruments de l'écriture, de l'encre et des
ornements des manuscrits. Dans le chapitre relatif à la forme des
manuscrits, je ferai remarquer que (p. 59) le rouleau Paris
Suppl. 577 ne contient pas une liturgie de S. Jacques, mais de
S. Jean Chrysostome ; d'un autre côté, le manuscrit Paris
Suppl. 612, daté de 1164, n'est point un rouleau contenant une
liturgie, mais un codex qui renferme les évangiles, avec un com-
mentaire extrait des SS. Pères {catena). A la fin de ce chapitre
on trouve aussi inexactement transcrite, d'après la Poliorcétique
des Grecs (Paris, 1867), une note relative à la reMure du ma-
nuscrit Paris Suppl. 607 ; au lieu de : (Poliorcet, p. xv :)
Aou)taç OuepovevffYjç iXXrjYaTop Xr^6popo[x, on lit dans le manuscrit :
Auxaç KwpovevŒYjç iXXiQYaTop XY)6popu[jL BuSevoiç aw 5.
Le second livre est consacré à l'histoire de l'écriture* : his-
toire des alphabets, disposition de l'écriture : monocondyles,
monogrammes, acrostiches, sticho et colométrie. L'auteur étudie
ensuite les différents genres d'écriture dans les inscriptions, les
papyrus et les manuscrits en parchemin ou papier ; onciale et
petite onciale, et différentes sortes de cursive et de minuscule.
Un chapitre est consacré à la tachygraphie, dont M. Gardthau-
sen avait déjà fait une étude spéciale dans les Sitzungsberichte
1. On peut consnlter pour cette seconde partie du livre de M. Gardthausen,
qui traite de l'écriture, deux très importants articles de M. Ch. Graux, parus
dans le Journal des Savants, avril et mai 1881. — Une critique détaillée de la
Griechische Palaeographie a été faite par M. R. Foersler dans les Nette Jahr*
Hcher fUr Philologie, 1880, p. 49 ss.
553
d. k. sàchsischen Gesellschaft der Wissenckaften ; à côté de
lui, M. Gitlbauer a publié récemment Die TJeberreste griechi-
se fier Tachy graphie im codex Vaticanus graecus 1809, dans
les Denkschriften de l'Académie de Vienne (sect. de philologie,
t. XXVIII, 1878, m-A^'Y. Vient ensuite l'étude de la cryptogra-
phie et un important chapitre contenant une liste des abréviations
grecques. Dans cette liste malheureusement les abréviations ont
été figurées à l'aide de caractères typographiques, au lieu d*être
reproduites en fac-similés, et le plus souvent ces caractères sont
impuissants à rendre la physionomie des abréviations. Le second
livre se termine par deux chapitres sur les chifires et sur les
accessoires de l'écriture, ponctuation, esprits et accents, notes
musicales.
Le troisième et dernier livre traite des copistes des manuscrits.
A la difiérence des manuscrits latins, dont quelques-uns seule-
ment sont datés ou portent un nom de copiste, un assez grand
nombre de manuscrits grecs contiennent le plus souvent Tune et
l'autre de ces indications. Montfaucon avait le premier donné une
liste alphabétique des copistes, à la suite de son énumération des
souscriptions des manuscrits datés. Cette liste, qui va jusqu'en
1600, complétée par E. G. Vogel dans le Serapeum (1844, V,
247), a été augmentée dans des proportions considérables par
M. Gardthausen, auquel on doit aussi une deuxième liste des
manuscrits par ordre de dates. Cette seconde liste, en tête de
laquelle se place le Psautier grec (n. 2) de la bibliothèque de
l'Arsenal, écrit par Sedulius Scotus vers 818, s'arrête à l'année
1500 ; elle remplace la suite chronologique des souscriptions de
manuscrits données in-extenso par Montfaucon, et qui, si
M. Gardthausen avait suivi le même plan, auraient grossi outre
mesure son troisième livre. Si ces listes sont encore loin d'être
complètes, — M. Gardthausen n'a point eu d'ailleurs cette pré-
tention, — elles constituent un très réel progrès sur celles de
Montfaucon et de Vogel ; quelques inexactitudes cependant les
déparent ; je signalerai les suivantes, dont certaines ont déjà été
relevées par M. Foerster ; mais avec les nouvelles listes de
copistes et de manuscrits datés, que l'on trouvera plus bas, on
1. Je signalerai aussi le récent ouvrage du D*^ 0. Lehmann, Die tàchygra-
phischen AbkUrzungen der griechischen Handschriften (Leipzig, Teubner,
1880, in-8«).
36
554
aura ainsi un complément, bien loin d'être encore définitif,
des listes de la Griechische Palaeographie.
Page 321, l'évangile de saint Luc grec-arabe, écrit par
Euphemius et daté de 1043, forme aujourd'hui le n. 911 du
Supplément grec de Paris; — p. 322, Georgius Lecapenus
n'est point un copiste, c'est le grammairien grec du xiv® siècle;
— p. 327 et 362 , le manuscrit copié en 1485 par Jean Rhosus
l'a été réeUement en 1475, voy. p. 362, 1. 11 ; — p. 330, Martin
a écrit quelques vers en l'honneur de Charles le Chauve dans le
glossaire grec-latin conservé à la bibliothèque de Laon, sous le
jf 444 ; — p. 348, le Nomocanon de l'an 1104 a été écrit par Joan-
nesàla demande de Nicolaus; — p. 331 et348, le manuscrit daté de
1117 et écrit par Michael l'a été réellement par Theophanes et
date de 1017 ; — p. 332 et 338, Sophianos Melissenos, de Crète
et Michael Sophianos, de Chio, sont deux copistes différents ; —
p. 339 et 347, le manuscrit de Gênes, écrit par Théodore et daté
de 1075, (olim Missionariorum Urbanorum,) contient les
Proverbes, l'Ecclésiastique et le Cantique des Cantiques avec
commentaires extraits des Pères ; — p. 354, le cod. Barocc.
156, daté de 1345 est le même que le précédent daté avec raison
de 1344 (non 1345) ; — p. 352, le manuscrit de Paris 708 daté
de 1306 est le même que celui daté avec raison de 1396 (non
1306) ; — p. 357, Laur. 55?, Erotemata, a. 1414, est le même
que Laur. 55, 7, daté réellement de 1314 et écrit par Théodore ;
— p. 358. Laur. 79, 1, de 1431, est le même manuscrit que
celui désigné exactement deux hgnes plus bas Laur. 69, 1.
A la suite de deux chapitres consacrés à l'étude des souscriptions et
aux copistes des manuscrits se trouve une liste des plus importants
catalogues imprimés de manuscrits grecs *, puis une foule de détails
techniques relatifs à l'étude des manuscrits : modèle de description
d'un manuscrit, notes sur les collations, les reproductions de
manuscrits, etc. Le volume se termine enfin par des tables chro-
nologiques très commodes à consulter et par un index général.
S'il n'a point jusqu'ici été question des planches qui accom-
pagnent, au nombre de douze, l'ouvrage de M. Gardthausen,
c'est qu'elles ne se composent que de tables d'alphabets des diffé-
rents genres d'écriture, des ligatures et d'un tableau des signes
1. n y faat ajouter la publication récente du Cataiogus eodd. Hblioiheeae
Universitatis R, ScienUarum BudapesUnensis (Budapest, 1881, in-8*}-
555
tachygraphiques ; l'auteur renvoie, il est vrai (p. 14-18), aux
publications de fac-similés de manuscrits faites par la PcUaeO"
graphical Society, par M. Wattenbach, etc., mais le lecteur
ne peut point toujours avoir ces recueils sous la main et quelques
planches de fac-similés bien choisis devaient former un complé-
ment indispensable de la Griechische Palaeographie.
En résumé, tandis que la Paléographie grecque de Montfau-
con a été le fruit d'une étude approfondie que le savant bénédic-
tin avait faite des manuscrits grecs pendant plus de quinze ans, le
livre de M. Gardthausen a été composé beaucoup plus vite ; et je
ne crois point être téméraire en supposant qu'il a été rédigé plu-
tôt d'après des sources imprimées qu'à la suite d'une étude nou-
velle des manuscrits. Ces deux ouvrages ont par suite les défauts
de leurs qualités : la Paléographie de Montfaucon, aujourd'hui
inexacte sur plusieurs points de détail, est et restera fondamen-
tale ijuant à la doctrine générale; la Paléographie de M. Gard-
thausen, qui marque un très réel progrès, forme plutôt un résumé
de la science paléographique actuelle qu'un traité vraiment ori-
ginal.
SUPPLEMENT
AUX LISTES DES COPISTES ET DES MANUSCRITS DATES
DE LA Griechische Palaeographie,
COPISTES ^
Agathemerus : Lexicon etc. s. XV. Vatican. U^0.
* Andréas Darmarius : Leonis et Basilii naumachica, Venetiis,
a. ^573. Cf. Paris. Suppl. 529. — Je. Tzetzae scholia in An-
tholog., a. ^579. Paris. Suppl. 3^6. — Andronicus, (s. a.). Cf.
Paris. Suppl. 529.
* Angélus Bep-f/jî^toç : Heronis spiritalia, Parisiis, a. ^554. Cf. Paris.
Suppl. 528. — S. Gregorius Nyssenus, a. ^559. Paris. Suppl. U9.
*Angelus Politianus : CoUectio epigrammatum, s. XVI. Vatican.
-1373.
1. L'astérisque désigne les copistes qui figurent déjà dans la iistedeM. Gardt-
hausen, mais dont des manuscrits nouveaux sont signalés.
556
*AjiU>niu8 Damilas Cretensis : Lycophronis Alexandra, a. 4479
Alexandrin. 47.
Aristobulus Apostolides, filius Michael : Epistolae Hich. AposUdii,
s. XV. Paris. SuppL 204.
Alhanasius hieromonacbus : Evangelia, a. 4497. Grottaferrata
(p. 63) *.
^Constaotinus Lascaris : Epistolae variorum, Mediolani et Messanae,
a. 4462-4463. Vatican. 4353.
*Gonstantinus Palaeocappa : Barlaam Calaber, (Paris, c. 4547).
Paris. Suppl. 4. — Aristoxeni elem. harmon. Paris. Suppl. 460.
— Liturgia. Paris. Suppl. 303.
Gonstantinus Mavromatius : Cylile et Dimne, a. 4586. Paris. Suppl.
692.
Corainus : Theocriti carmina etc., a. 4496. Vatican. 4379.
Gyriacus presb. et monachus : Evangelia, a. 994. Grottaferrata
(p. 68).
^CyriUus Naupactius : Menaeum, Vatopedi, a. 4549. Paris. SuppL
704.
David monachus : nias, s. XV. Paris. Suppl. 444.
Eustathius hierodiaconns : Pseudo-Gallisthenes, a. 4567. Paris.
Suppl. 443.
^Eulhymius (?) monachus : Metaphrasta, a. 4055. Paris. 4499.
Galaction Hagiopetrites : Fragmenta historica, a. 4298. Paris.
Suppl. 684.
*Georgius Hermonymus (?) : Galeni ars parva, s. XYI. Paris. Suppl.
542.
*Georgius Pappadopulus : Dionys. Areopagita, a. 4420. Laur. Y,
26.
^Gregorius monachus : Thomas Aquinas, a. 4432. Taurin. XXm.
b. V. 3.
Joannes, in mon. S. Sabae : Paradisus, a. 993. Paris. 4598.
Joannes Damascenus Goronensis : Joannes Guropalata, a. 4557.
Paris. Suppl. 305.
1. Qrottaforrata « Epiiome graecae palaeographiae,,.,, anctore R. P. D.
Qrogorio Placentinio hieromonacho Cryptoferratensi. — Rom», 1735, iii-4*. Les
tiinnuscrUA ainsi désignés se trouTaient dans la bibliothèque do monastère de
Urotlttforratu.
557
Joannes 'Oxpii^oTebç Zwbç : Lexicon lat.-graec, a. ^439. Paris.
SuppL >I92.
* Joannes Rhosus : cod. G. 4, s. XV. Grottaferrata (p. 68).
"^ Joannes de Santa Maura : Eumathius Macremb., Romae, 4589.
Paris. Suppl. 457.
*Joasaph (Joannes) Gantacuzenus : Joannes Gantacuzenus, a. 4370-
4375. Paris. 4242.
Leontius hierodiaconus : S. Maximus, Gonstantinop., a. 4584. Paris.
Suppl. 456.
Lucas, praef. monast. S. Zachariae in Mercurio : S. Maximus, a. a.
992. Grottaferrata (Mfc. Bibl. bibl. mss. I, 499).
Nicolaus archidiaconus : Enchiridion legum, a. 4405. Paris. Suppl.
482.
Nicolaus Eparchus : Theod. Prodromi grammatica, a. 4484. Paris.
Suppl. 262.
* Nicolaus Nancelius Noviodunensis : Gicero, de amicitia, a. 4 574 .
Paris. Suppl. 476.
Nilus monachus : S. Dorotheus, a. 965. Grottaferrata (p. 84).
Nipho hieromonachus Siculus : Psalterium, a. 4329. Grottaferrata
(p. 69).
Paleganus, fîlius Pelegrini : Homerus etc., a. 4204* Palatin. 45.
*Paulus : [S. Dorotheus, a. 965.] Grottaferrata (p. 86).
Petrus calligraphus : Rituale, s. XI. Grottaferrata (p. 4^).
*Rhomaeus, abbas monast. S. Benedicti : Evangelia graeco-lat.,
a. 4294 (non 4497). Barberin V, 37 (44). (Gardthausen, BencA^e
d» k, saechs. Gesellsch. d. Wiss. zu Leipzig, 4880, p. 74).
Sophronius hieromonachus : Menologium, a. 4404. Grottaferrata
(p. 68).
Symeon : cod. G. 2. (s. a.). — Symeon hieromonachus : cod. B.
43 (s. a.). Grottaferrata (p. 70 et 62).
Theodorus notarius : Isocrates, a. 4063. Vatican. 65.
TheodorusMeli.... : Oppianus, s. XIV. Vatican. 922.
*Theopemptuslector : N. Test., a. 4086, (non 4045). Paris. 223.
*Theophanes monachus : Greg. Naz., a. 4047. Paris 529.
Theophylactus calligraphus : Hirmologium, a. 4232. Grottaferrata
(p. 64).
Trophimus philosophus rhetor : Didymus, [a. 4097 (?)] s. XIII.
Vatican. 32.
558
Valerianus, Albini fllîus, Foroliviensis : Palladius, Yenetiis, a.
4540. Philipps, 4525, (Meerm. 245). Daremberg, Notices des
mss. medic.^ p. 436 (non 4440).
Zacharides, [* Zacharopulus] : Philostrati vitae, s. XV, Palatin.
432.
MANUSCMTS DATÉS.
Grottafenrata (p. 84) : S. Dorotheus, a. 965, scr. Nilus et Paulus
monachi.
Ibid. (p. 68) : Evangelia, a. 994, scr. Cyriacus presbyter et mona-
chus.
Ibid. (ap. Mfc. Bibl. bibl. mss. I, 499) : S. Maximus, a. a. 992,
scr. Lucas, praef. monast. s. Zachariae.
Paris. 4598 : Paradisus, a. 993, scr. Joannes, in mon. S. Sabae.
Paris. 529 : Greg. Naz., a. 4047, scr. Theophanes monachus.
Paris. Suppl. 343 : Psalterimn, c. a. 4026.
Paris. Suppl. 905 : Lectionarium, a. 4055.
Vatican. 65 : Isocrates, a. 4063, scr. Theodorus notarius.
Paris. 223 : N. Test., a. 4086 (non 4045), scr. Theopemptus lector.
Vatican. 32 : Didymus, [a. 4097?], scr. Trophimus philosophas
rhetor.
Grottaferrata (p. 68) : Menologium, a. 4404, scr. Sophronius hiero-
monachus.
Paris. Suppl. 482 : Enchiridion legum, a. 4405, scr. Nicolaus
archidiaconus.
Grottaferrata (p. 63) ; Evangelia, a. 4497, scr. Athanasius hiero-
monachus.
Palatin. 45 : Homerus etc., a. 4204, scr. Paleganus, fllius Pele-
grini.
Grottaferrata (p. 64) : Hirmologium, a. 4232, scr. Theophylactus
calligraphus.
Barberin. V, 37 (44) : Evangelia graeco-lat., a. 4294 (non 4497),
scr. Rhomaeus, abbas S. Benedicti. (Gardth.)
P. 2572 : Manuel Moschopulus, a. 4296 (non 4396), scr. Georgius
sacerdos. (Gardth.)
Paris. Suppl. 684 : Fragmenta historica, a 4298, scr. Galaction
Hagiopetrites.
559
Grottaferrata (p. 70) : Typicon S. Bartholomaei, a. ^300.
Ibid. (p. 69) : Psalterium, a. ^329, scr. Nipho, hieromonachus
Siculus.
Matr. N. 75. Sophocles, a. 4333 (non 4348), scr. Georgius Cinna-
mus. (Gardih.)
Paris. Suppl. 484 : Matthaeus Blastaris, a. 4389.
Paris. Suppl. 494 : Paulus Aegineta, c. 4449.
Laur. V, 26 : Dionysius Areopagita, a. 4420, scr. Georgius Pappa-
dopulus.
Taurin. XXIII, b. V, 3. Thomas Aquinas, a. 4432, scr. Gregorius
monachus.
Paris. Suppl. 492 : Lexiconlat.-graec, a. 4439, scr. Joannes 'Oipt-
[LOiùq Z(i)bç.
Paris. Suppl. 496 : Theodorus Gaza, a. 4450.
Vatican. 4353 : Epistolae variorum, a. 4462-4463, scr. Constanti-
nus Lascaris.
Alexandrin. 47 : Lycophronis Alexandra, a. 4479, scr. Antonius
Damilas.
Paris. Suppl. 262 : Th. Prodromi grammatica, a. 4484, scr. Nico-
laus Eparchus.
Vatican. 4379 : Theocriti carmina, etc., a 4496, scr. Corainus.
H. Omont.
DE LA FORMULE
CAR TEL EST NOTRE PLAISIR
DANS LA COANCELLERIE FRANÇAISE
La phrase suivante se trouve à la page 640 du tome I*' de la
3* édition de VArt de vénfier les Dates : < François I** est
* l'auteur de la formule : Car tel est notre bon plaisir ^ qui
« s'emploie dans la plupart des Édits ou Lettres royaux. »
Ainsi, dans la pensée des auteurs de ce magnifique ouvrage
resté un chef-d'œuvre encore inimité, la formule du Bon plaisir a
sanctionné la plupart des actes royaux de Tancienne monarchie
depuis le temps du roi François P' jusqu'à la fin du xvnT s.
Et cette formule blessante, et justement décriée, se retrouverait
non seulement au bas des simples Lettres patentes constatant
des actes de la juridiction gracieuse et bienveillante, telles que les
anoblissements et les concessions de titres nobiliaires, attribut
exclusif et bien légitime delà souveraineté. Elle aurait été inscrite
aussi au bas des actes les plus graves, les plus solennels^ de
l'objet le plus général et d'un intérêt public, car l'expression de
Lettres Royaux désigne les Edits, les Ordonnances et les Décla-
rations, c'est-à-dire les Lois mêmes de l'Etat.
En lisant ime pareille énonciation, sortie de la plume de
savants généralement si exacts, si soigneux d'assurer sur les
preuves leurs moindres assertions, comment ne pas croire et
affirmer, sans autre vérification, que la plupart des Edits et des
Lettres patentes rendus par le roi Louis XVI en l'an de grâce
1783 et autres années de son règne portaient en efiet à la fia
cette déclaration restrictive en même temps que confirmative :
Car tel est notre bot^ plaisir. Comment ne pas excuser de très
savants auteurs et après eux la foule des écrivains et du public
564
d'avoir répété, avec ou sans mauvaise intention, que la formule
la plus chère et la plus caractéristique de l'ancienne monarchie
était celle du Bon plaisir, celle qu'aimaient à employer offi-
ciellement les rois en parlant à la nation :
Car tel est notre bon plaisir.
Je ne fais pas ici de l'histoire ; je m'occupe d'un simple détail
de Diplomatique. Mais je vérifie mes textes et je pense qu'il n'est
pas nécessaire d'insister pour montrer la difierence profonde qui
existe dans la lettre et dans la portée de ces deux formules : Car
tel est notre bon plaisir, et Car tel est notre plaisir.
Car tel est notre plaisir signifie, Car telle est notre vo-
lonté; pas autre chose. Et c'est déjà beaucoup, et même trop,
j'en conviens, que les anciens rois aient pu énoncer de sem-
blables principes dans les Edits et dans ;les Ordonnances géné-
rales. U y aurait néanmoins bien des explications à donner.
Chaque temps a son droit pubhc et il faut placer toutes choses
sous cette lumière , si on veut les juger équitablement. Mais
encore une fois restons en dehors du domaine historique.
Plaisir, dans la phrase citée, a simplement, je le répète, le
sens de volonté. Comme le mot plaire dans cette locution :
Vous plaît-il de venir ici? signifie voulez-vous venir ici? La
formule : Car tel est notre bon plaisir implique au contraire
une idée choquante de caprice et de pur arbitraire. Tolérable, mais
encore bien hautaine, dans les concessions émanant de la pure
bonté royale, comme les anoblissements, elle serait outrageante
et monstrueuse, ailleurs qu'en Turquie, dans les actes du gou-
vernement général et de la politique de l'État.
Or, en revenant à renonciation de l'ilr^ de vérifier les dates
qui englobe tous ces actes dans ses expressions depuis les Edits
jusqu'aux simples Lettres patentes, je dois dire, après sérieuse
et ample vérification, que je la trouve absolument dénuée de fonde-
ment, pour les uns comme pour les autres, sans aucune excep-
tion, aucune. Ce point vaut, peut-être, la peine d'être rapidement
constaté.
J'ai consulté, à plusieurs reprises, depuis plusieurs années,
tous les recueils d'édits et d'ordonnances du règne de Louis XVI
et des règnes avoisinants. Les textes imprimés ne sont que la
moindre partie de l'ensemble. J'ai interrogé à différentes époques.
562
non pas en totalité (je n*ai pas cette prétention), mais à des dates
très variées et très diverses, les innombrables séries d'édits, de
déclarations , d'ordonnances et de lettres patentes manuscrites
que renferment nos collections, dans les archives des grandes
cours judiciaires et des anciennes administrations : le Parlement,
la Chambre des Comptes, la Cour des Monnaies, la Cour des
Aides, le Bureau des Finances, la Connétablie, les Eaux et
Forêts, la Maison du Roi.
Nulle part, jamais, pas une seule fois dans cette recherche
poursuivie depuis longtemps, je n'ai trouvé la formule : Car tel
est notre bon plaisir. C'est toujours : Car tel est notre plat--
sir y qui est écrit partout ; quelquefois, mais très rarement : Car
tel est, etc. avec une abréviation facile à remplir.
Je n'ignore pas que beaucoup de lettres patentes d'anoblisse-
ment et autres lettres patentes, des ordonnances et des édits,
même, ont été imprimés par des biographes, des généalogistes et
autres érudits avec la formule du Bon plaisir. Mais je récuse
absolument tous ces documents sans exception. Je les tiens
tous pour fautifs et erronés en ce point. Pas un de ceux que j'ai
pu vérifier sur l'original n'est sorti avantageusement de l'épreuve
du colla tionnement. Tous ont un vice et une tache à cet endroit
dans les clauses finales, et j'en ai vu qui ont étéUvrés à l'impres-
sion par les savants les plus autorisés et les plus scrupuleux. Soit
inattention momentanée, soit empire d'une idée préconçue, ils
ont écrit, eux ou leurs secrétaires. Car tel est notre bon plaisiry
quand l'original porte manifestement : Car tel est notre plai-
sir ou, très exceptionnellement, l'abréviation : Car tel est, etc.
Ce que je viens de dire de Louis XVI, je le répète des actes de
Louis XV et de Louis XIV.
Richelieu a-t-il fait parler Louis XIII autrement que n'a parlé
son fils, et dans le sens indiqué par l'assertion des Bénédictins ?
Pas le moins du monde, et pas plus dans les grandes ordonnances
que dans les patentes des concessions gracieuses. Si sa chancel-
lerie n'emploie pas toujours la formule : Car tel est notre plai-
sir, la clause qui la remplace : Car ainsi nous plaist il être
fait, a la même valeur et la même signification.
Sous Henri IV, Henri III, Charles IX, François II et son père
Henri II, les usages de la chancellerie restent les mêmes. Un
grand nombre de lettres royaux, patentes, déclarations, ordon-
nances, édits portent cette clause avant la date et l'annonce du
563
sceau : Car tel est nostre plaisir^ moins souvent : Car ainsi
nous plaist ; jamais : Car tel est nostre bon plaisir.
Nous arrivons au règne de François P'. En dehors des recueils
imprimés, nous avons aux archives un grand nombre d'actes de
toutes sortes rédigés par la chancellerie sous le règne de ce
prince. Cinq registres^ renferment les « Ordonnances, Edits,
« Déclarations et Lettres patentes », enregistrés au Parlement
de 1515 à 1547. Trente registres originaux de la chancellerie
même, aujourd'hui au Trésor des chartes, conservent les trans-
criptions officielles des actes de 1522 à 1547 *.
On en trouve également dans les mémoriaux de la Chambre
des Comptes, dans les registres des autres cours judiciaires, et
dans les divers fonds précédemment indiqués, à l'exception de la
Maison du Roi, dont la série des Patentes ne commence qu'au
règne de Henri IV. Les recherches faites dans ces diverses col-
lections nous amènent à un résultat analogue à celui que fournit
l'examen des actes des derniers Valois et du premier règne de la
maison de Bourbon. La clause : Car ainsi nous plaist reste bien
plus fréquente encore sous François P"^ qu'elle ne l'est sous ses
successeurs. La chancellerie emploie très souvent la formule :
Car tel est nostre plaisir ^ et jamais celle du Bon plaisir.
On a imprimé à Paris, la première année du règne de Fran-
çois P', le grant stille et prothocolle de la chancellerie de
France^. Les modèles donnés dans ce recueil sont naturellement
sans date et sans noms. Je remarque en outre que la formule de
déclaration y est toujours abrégée, et toujours indiquée par ces
premiers mots : Car ainsi^ etc. mots qu'il faut évidemment com-
pléter par ceux-ci, Car ainsi nous plaist, ou Car ainsi nous
plaist il estre fait, ou bien encore plus explétivement, ce que
l'on trouve quelquefois : Car ainsi nous plaist il et voulions
estre faict, de nostre certaine science, plaine puissance,
propre mouvement et auctorité royal, nonobstant, etc.
De ces dernières observations, il ne faudrait pas conclure que
la formule Car tel est nostre plaisir fût inusitée à la chancelle-
rie royale avant François P'. Nous la retrouvons en effet dans
1. Xi A 8611 et saiyants.
2. JJ. 236 à 257».
3. Petit vol. m-4*>, gothiqae, achevé d'imprimé pour Galiot Dupré, le 18 jaii<
vier 1514. (v. s.)
564
la grande collection imprimée des Ordonnances des Rois, sous les
r^es de Louis XII et de Charles Vin, alternant avec la
clause: Car ainsi nous plaist il estre fait. Le roi Charles Vni,
dont une ordonnance du 12 mai 1497 porte ces mots : Car tel
est nostre plaisir, serait donc peut-être Tauteur de cette for-
mule célèbre, dont je n*ai pas trouvé d'exemple avant son
règne.
En résumé et pour terminer, de l'ensemble de vérifications
auxquelles je me suis livré et que je viens de rappeler sommaire-
ment, on peut conclure, je crois, sans hésitation, que jamais et
dans aucun de ses actes la chancellerie de l'ancien régime n*a
employé la formule du Bon plaisir. S'il est étonnant que les
savants auteurs de VArt de vérifier les dates aient dit le con-
traire, il 7 a quelque chose de plus surprenant encore.
En 1804, lors du rétablissement de la forme monarchique en
France, quelle fut la formule de confirmation adoptée par la
chancellerie impériale dans les lettres patentes? On ne le croi-
rait pas, si les quinze volumes de la transcription officielle des
lettres patentes de 1808 à 1814, existant aux Archives natio-
nales ^ et les mille expéditions qui en ont été délivrées n'étaient
là pour le prouver.
Ce fut la clause : Car tel est notre bon plaisir.
La Restauration n'eut garde d'abandonner la formule, sans
soupçonner peu^-être l'innovation, dont la chancellerie impériale
elle-même n'avait pas eu davantage, croyons-nous, conscience.
Mal lui en prit. Sur ce thème, on l'a criblée de lardons qui ont
fini par lui faire perdre la tête.
En bonne justice, il eût fallu viser plus loin et plus juste.
Mais on eût blessé le héros, alors si populaire.
L. DE Mas Latrie.
1. B. VI. 276-290.
BIBLIOGRAPHIE.
G. MoLiNiER. L'Inquisition dans le midi de la France au Xllfi et
au XIV'' siècle. Étude sur les sources de son histoire. Paris,
Sandoz et Fischbacher, 4880. In-8o, xxii-483 p.
De fratre Guillelmo Pelisso veterrimo inquisitionis historico disse-
ruit Garolus Molinier. Accessit ejusdem fratris chronicon e Car-
cassonensi codice nunc primum omni ex parte editum, Lutetiae
Parisiorum, G. Fischbacher, mdccclxxx. In-8o, Lxxvin-76 p.
Les titres des ouvrages que nous venons de transcrire sont ceux des
deux thèses pour le doctorat, présentées par M. Charles Molinier à la
faculté des lettres de Paris. Ces deux thèses roulent sur un même
sujet, qui est une étude sur les sources de l'histoire de Tinquisition
dans le midi de la France de 1216 à 1323.
Les sources de cette histoire étaient jusqu'ici assez mal connues , et
surtout d'une façon très incomplète. Bien que les archives de l'inquisi-
tion toulousaine aient été fort maltraitées, il nous en reste encore çà et
là, à Toulouse même, à Glermont, à Paris, d'importants débris. Avant
d'aborder toute étude sérieuse sur l'histoire , sur la procédure inquisi-
toriale, il faut donc connaître exactement ces documents anciens,
savoir quelle en est l'origine, ce qu'ils contiennent, ce qu'ils apprennent
de nouveau. Tel est le but que s'est proposé M. Molinier ; il a voulu se
borner c à une sorte de catalogue et d'analyse de ces documents origi-
naux, sans prétendre en tirer une histoire proprement dite de l'inqui-
sition ^ » Il n'étudie pas les origines de l'inquisition; il ne remonte pas
plus haut que l'année 1216, où l'ordre des Dominicains est confirmé par
Honorius UI, et ne descend pas plus bas que 1323 , année où Bernard
Gui c clôt la série de ses grands actes de foi, les plus solennels de l'his-
toire de l'inquisition, et assurément les derniers de cette importance
qu'ait vus le Midi » (p. xvi).
1. M. Molinier avertit en outre que son travail ne portera c que sur les
documents contenus dans les bibliothèques ou archives de France. » Il pense
d'ailleurs que ces établissements « possèdent à peu de chose près toutes les
sources ayant trait à l'inquisition méridionale dans le premier siècle de son
existence. »
566
M. Molinier divise les documents d'inquisition en documents déjà
publiés et en documents encore inédits. Cette division se comprend,
puisque le présent travail porte avant tout sur les textes inédits. Quant
à ces derniers, était-il utile , était-il même logique de les répartir en
deux subdivisions : copies et originaux proprement dits ? Sans doute
les copies ont moins de valeur que les originaux ; il est fort à craindre
qu'elles soient incorrectes, et elles donnent plus de soucis à Téditeor
chargé de les publier ; mais, si on leur demande seulement des rensei-
gnements sur l'histoire , la législation , la procédure , la biographie de
tel inquisiteur ou de tel hérétique, et si d autre part aucun soupçon ne
peut s'élever sur leur authenticité , en quoi la copie aurait-elle moins
d'importance que l'original perdu ? M. Molinier publie la chronique de
Guillem Pelisson d'après une copie manuscrite de Carcassonne; ne pou-
vons-nous, en toute sécurité de conscience, utiliser son texte, avant
même que M. Tabbé Douais^ ait publié un nouveau texte de cette chro-
nique d'après l'original conservé aux archives d'Avignon ? Le registre
des sentences de l'inquisition de Toulouse est perdu. Limborch l'avait
eu quatre ans entre les mains ; nous n'avons plus que le texte publié
par lui ; ce texte « n'en demeure pas moins, — c'est M. Molinier qui
parle (p. 7), — de la plus haute valeur 3. t Cette distinction fâcheuse en-
traîne des conséquences regrettables : ainsi le manuscrit de la Biblio-*
thèque nationale, n» 12856, a été copié sur les registres originaux en
parchemin de l'inquisition d'Albi ; or nous avons conservé une partie
de ces registres originaux ; elle forme le ms. 11847 de la Bibliothèq[ue
nationale; mais le ms. 12856 est étudié p. 33, et le ms. 11847 p. 79 et
suivantes. Enfin nous ne saisissons pas bien les raisons qui ont guidé
M. Molinier dans le classement des originaux proprement dits ; c'est
ainsi qu'il étudie successivement : les sentences de Bernard de Caux et
de Jean de Saint-Pierre, 1246-1248 (deuxième partie, chap. !•'); le
procès de l'inquisition d'Albi, 1299-1300 (chap. Il); le registre deGeof-
froi d'Ablis, 1308-1309 (chap. III); les enquêtes de Bernard de Caux et
de Jean de Saint-Pierre, 1245-1246 (chap. IV) ; la Practica de B. Gui,
début du XIV® siècle (chap. V) ; le registre de l'inquisition de Toulouse,
1254-1256 (chap. VI); le registre du greffier du tribunal de l'inquisition
de Carcassonne, 1250-1258 (troisième partie, chap. I*'). Il eût été infini-
ment préférable, à notre avis, de renoncer à ces divisions, à ces classi-
fications arbitraires ; il eût fallu suivre l'ordre chronologique , sans
s'inquiéter de savoir si tel document nous est parvenu sous forme de
1. Voyez la Retme des questions historiques, 1" octobre 1881, p. 409, note 5.
Nous reviendrons plus loin sur cet article.
2. A la page précédente, il est vrai, M. Molinier disait qne ce fait que Fori-
ginal est perdu enlève aux sentences de Limborch < quelque chose de leur
valeur t (cf. p. 23).
567
copie ou dans Toriginal. Nous aurions suivi ainsi pas à pas Thistoire et
les progrès de Tinquisition. Pour la biographie du ministre P. Autier,
par exemple, nous n'aurions pas eu besoin de recourir de la page 143 à
la page 109, ni, pour celle de l'inquisiteur Bernard de Caux, de la page
57 à la page 192. De même nous aurions mieux compris le dévelop-
pement progressif de la procédure inquisitoriale, et, après avoir assisté
aux enquêtes de Bernard de Caux en 1245-1246 , aux procès entamés à
Toulouse et à Garcassonne de 1250 à 1258, puis à Albi en 1299 et 1300
et par devant Geoffroi d'Ablis en 1308-1309, nous aurions été tout à fait
préparés à l'étude de la Practica de Bernard Gui , qui donne la théorie
et comme le dernier mot des formes employées par les dominicains du
Midi pour instruire les procès, juger les accusés, condamner les
coupables.
Nous voudrions présenter à M. Molinier une dernière critique. Il se
défend à plusieurs reprises de faire autre chose qu'une étude, qu'une
bibliographie raisonnée des sources ; mais le très vif intérêt des docu-
ments qu'il analyse l'entraîne forcément à sortir du cadre qu'il s'est
tracé. Désireux , et à bon droit , de montrer à combien de titres divers
ces documents doivent intéresser l'histoire , il ne se contente pas d'une
sèche nomenclature de faits et de dates, il extrait des textes qu'il a sous
les yeux une foule de renseignements curieux sur les personnages qui
se trouvent mêlés à l'histoire de l'inquisition, sur l'état moral, social ou
religieux du Midi après la conquête française, sur la procédure inquisi-
toriale. Ce dernier point surtout l'occupe. Sans doute il n'a pas la
prétention, comme il le déclare à plusieurs reprises (p. ex. p. 367),
de nous présenter un tableau complet de cette procédure , mais il est
évident, à lire son livre, ou même la table, très détaillée d'ailleurs et très
utile, que c'est pour l'histoire de cette procédure que les documents
analysés par lui fournissent les indications les plus précieuses. Aussi con-
sacre-t-il toute la troisième partie de son ouvrage au registre du greffier
du tribunal de Garcassonne, et près de 150 pages (p. 311 à 453) à la
procédure suivie devant ce tribunal. Ge n'est pas nous qui nous plain-
drons de cette large place donnée à un sujet que M. Molinier déclarait
ne vouloir toucher qu'au passage, sans le traiter à fond ; mais ici encore
nous avons été frappé du défaut de méthode. Il n'est pas un des docu-
ments analysés par lui qui n'apporte des traits particuliers à ce tableau
de la procédure inquisitoriale; il les relève d'ailleurs avec autant de
soin que d'intelligence lorsqu'il étudie chacun de ces documents. Qu'en
résulte-t-il ? G'est que, pendant toute la première moitié de son ouvrage,
nous recueillons chez lui les éléments épars d'une étude générale sur
cette procédure; et qu'à la fin il nous donne cette étude générale d'après
un seul document. N'eût-il pas mieux valu, soit renoncer à cette étude
générale que M. Molinier déclare lui-môme prématurée, soit en prendre
bravement son parti , et consacrer un chapitre entier à l'étude de la
procédure telle qu'elle reMort de tous les doenmoils analysés ? M. Moli-
nier semble d'aillears aToir senti ci et là (p. 63 , i04, 428) FinoonTé-
nient de sa méthode ; on ne foit pas toojoors très bien ni ce qu'il ireat
faire, ni ce qu'il ne Teot pas.
Ces critiques sont après tout de pure forme, une question, jusqu'à
on certain point secondaire, d'arrangement. Le livre de M. Molinier
n'en a pas moins une importance tonte particulière; il est de ceux qui
ouvrent aux historiens de nouvelles voies, en leur indiquant des docu-
ments mal explorés encore, ou même inconnus, sur une des plus grosses
questions qui intéressent l'histoire religieuse au moyen âge. D nous sera
facile de justifier cet éloge, qui n'a rien de banal, en analysant rapide
ment à notre tour, et d'après son livre, les textes qu'il nous fidt
connaître. Ces textes sont moins nombreux encore qu'impwtants ; ils
n'épuisent pas d'ailleurs la matière : dans un récent article publié par
la Revue des questions historiques (i" oct. 1881), M. l'abbé Douais, qui
s'est fait récemment connaître en publiant le premier volume d'une
Histoire des Albigeois ^ a repris la question traitée par M. Molinier, et a
indiqué plusieurs documents qui avaient échappé à ce dernier; nous les
indiquerons à leur place >. Nous ne parlerons pas des documents
imprimés, dont M. Molinier nous donne, au chapitre I*' de la l** partie,
une énumération qui semble bien être complète'; nous nous attachons
seulement à ceux qui sont restés manuscrits.
La collection Doat, conservée à la Bibliothèque nationale, est, on le
sait, une mine inépuisable de documents relatifs à l'histoire du Midi,
ou plus précisément du Languedoc. Dix-sept volumes de cette collection
ont été analysés par M. Molinier (p. 34 et suiv.); nous n'en noterons
ici que deux, les tomes XXXVI et XXX Vn. €e dernier contient,
entre autres textes précieux, la Disputatio inter catholicum et paterinum
hereticum, composée sans doute par Grégoire de Florence, évêque de
Fano, mort en 1240; la Summa de catharis et leonistis, écrite en 1250,
par l'inquisiteur R. Sacconi, de Plaisance, sorte de manuel destiné aux
juges d'inquisition ; ce qui augmente encore le prix de cet ouvrage,
c'est que l'auteur avait lui-même avant sa conversion fait partie de la
1. M. Douais, dans l'article auquel nous renvoyons, suit Tordre chronologique;
il a parfaitement raison. Il remonte à Tannée 1160, où TËglise commence sérieu-
sement et avec méthode à rechercher les hérétiqnes. Il semble reprocher à
M. Molinier d'avoir omis cette étude préliminaire; mais chacun est maître de
limiter le champ de ses travaux.
2. M. Douais reproche à M. Molinier (p. 416) de n'avoir pas indiqué le très
curieux Débat d'Jzarn et de Sicart de Figueiras, publié par M. Paul Meyer
dans VAnntuiire» Bulletin de la Société de Vhistoire de France pour 1879 ; ce
reproche n'est nullement fondé , car la thèse de M. Molinier était déjà entière-
ment imprimée quand parut ce Débat.
569
secte cathare (p. 38; cf. p. 263, note); enfin des extraits du De
septem donis Spiritus Sancti, composé par Etienne de Bourbon ou de
Belle ville.
On peut placer après ces textes la chronique de Guillem Pélisson.
Pélisson, né à Toulouse, où il mourut en 1268, a écrit le récit des évé-
nements auxquels il a été mêlé de 1229 à 1237. Cette chronique (je suis
ici M. Douais, mieux informé que M. Molinier) a été insérée au
XIV» siècle par Bernard Gui dans l'histoire des couvents de son ordre ;
« c'est ainsi qu'elle est parvenue jusqu'à nous. L'exemplaire conservé
à la bibliothèque d'Avignon est le seul qui nous reste; cette copie fut
exécutée sous les yeux ou tout au moins du temps de Bernard Gui. La
bibliothèque de Garcassonne possède, sous le n' 6449, une autre copie
de la chronique, mais elle est récente, fautive, d'une main peu expéri-
mentée. C'est cette copie que M. C. Molinier a éditée ^... •
Les enquêtes de Bernard de Caux et de Jean de Saint-Pierre, 1245-
1246 , contenues dans le manuscrit 155, 1'® série, de la bibliothèque de
la ville de Toulouse (Molinier, p. 163 et suiv.); c'est une transcription
faite sur les registres originaux des notaires de l'inquisition ; ce manus-
crit contient des détails infinis pour l'histoire des doctrines albigeoises,
pour la filiation des familles hérétiques, etc.^.
Les sentences de Bernard de Caux et de Jean de Saint-Pierre, 1246-
1248, dans le ms. 9992 du fonds latin de la Bibliothèque nationale
(Molinier, p. 55 et s.). C'est un fragment qui contient les fol. cli à clxii
ayant appartenu sans doute à un des registres originaux de Toulouse
(voyez p. 59). Ces sentences sont des actes de foi ou sermons publics
prononcés dans des assemblées solennelles composées du haut clergé de
Toulouse ou des environs, en présence de dignitaires laïques, de mem-
bres du chapitre et du peuple. Il nous montre la justice inquisitoriale
à ses débuts.
Le registre de l'inquisition de Toulouse, 1254, 1256, provenant des
archives départementales de Toulouse; il se compose de cinq feuilles
doubles, soit dix feuillets, qui servaient de couverture à divers registres
du contrôle des exploits datés de 1674 et de 1675; inutile d'ajouter que
ces cinq feuilles ne se suivent pas (Molinier, p. 237 et suiv.). Ce manus-
crit a beaucoup de points de ressemblance avec celui de Toulouse n® 155,
dont nous avons parlé plus haut. Il donne de très curieux détails sur
le missionnaire cathare Guillem Fournier, de Toulouse, et sur ses
1. Revue des qtiestions historiques, p. 409. — Voyez aussi p. 413, où M. Douais
mentionne des pièces relatives à un procès de canonisation des inquisiteurs tués
à Avignonet en 1242, d'après les archives de la Haute-Garonne.
2. A cette même époque, qui est celle du concile de Lyon, a rapport le Débat
d'Izarn et de Sicart de Figueiras, dont nous parlions plus haut.
37
570
r<»UtiOQ8 avec des exilés du Languedoc et avec Févôque cathare
Vivent (p. 255).
lie registre du greffier du tribunal de l'inquisition de Garcassonne,
t2r>0-t258, aujourd'hui conservé à la bibliothèque de la ville de Gler-
niont, no 136 a du catalogue général (Molinier, p. 261 et suiv.)*. C'est
le plus important des recueils étudiés par M. Molinier, aussi a-t-il pris
soin de l'analyser dans le plus grand détail; il en tire tout un exposé
abondant (sinon complet) de la procédure inquisitoriale ; il étudie succes-
iiivement les juges, les procédures, la pénalité, et, comme nous le
disions plus haut, il ne consacre à cette partie pas moins de 150 pages
nourries de faits.
Entre le précédent registre et le manuscrit latin 11847, qui contient
les procès de l'inquisition d'Albi, en 1299 et en 1300, la collection Doat
sert d'intermédiaire: le tome XKI contient les sentences prononcées par
le célèbre inquisiteur Guiiiem Arnaud, de 1235 à 1237; les tomes XXII,
XXIV et XXV, des interrogatoires faits par les inquisiteurs de Tou-
louse, de 1243 à 1279; les tomes XXIII et XXVI », des dépositions
tirées des archives de l'inquisition de Garcassonne, de 1244 à 1290; le
tome XXXI, des pièces diverses relatives aux persécutions contre les
hérétiques, de 1209 à 1265; les tomes XXXII à XXXV, des docu-
ments relatifs aux croyances albigeoises, de 1265 à 1636. (Voyez Moli-
nier, p. 34'.)
Le manuscrit latin de la Bibliothèque nationale n» 12856, dont nous
avons déjà parlé, contient des interrogatoires se rapportant à deux
époques : 1* de 1285' à 1287; 2* de 1299 à 1303. Ges pièces ont été
copiées sur les registres originaux de l'inquisition d'Albi. Nous avons
la bonne fortune de pouvoir contrôler la seconde partie sur un débris
1 . Une reprodaction photographique de ce manuscrit, déposée à la Bibliothèque
nationale, nouv. acq. lat., n* 139, porte le titre de Registre de l'inquisition de
Garcassonne, 1249-1257; voyez Douais, p. 426. — P. 432, M. Douais men-
tionne un manuscrit relatif à la même époque, que M. Molinier n'a pas connu ;
il appartient en effet à M. L. Bonnet, de Béziers. Il se compose seulement de
2 feuillets qui paraissent appartenir au môme manuscrit que le n" 155 de
Toulouse.
2. Dans ce tome XXYI, on trouve les traces d'un complot tramé vers l'an 1283
par les consuls de Garcassonne et un certain nombre d'ecclésiastiques de cette
ville, pour mettre le feu aux archives de l'inquisition (voyez Molinier, p. 35 et
note).
3. P. 161, note, M. Molinier mentionne encore, mais sans y insister, le ma-
nuscrit lat. 11013 de la Bibliothèque nationale, qui contient une enquête exécutée,
de 1259 à 1262, par les clercs de saint Louis, sur les demandes d'anciens pros-
crits qui réclamaient la restitution de biens auparavant confisqués. Ce manuscrit
intéresse surtout les personnes compromises dans l'hérésie albigeoise dans la
première partie du xiii*' siècle.
574
de ces registres mômes, qui forme aujourd'hui le n« 11747 du même
fonds (Molinier, p. 33, 79 et suiv.). Ce dernier manuscrit contient le
résumé de vingt-huit séances tenues pour la plupart dans le palais de
l'évêque d'Albi , Bernard de Gastanet , entre le 2 décembre 1299 et le
30 mars 1300 , sans compter une liste des individus nommés par les
accusés et une liste des prévenus.
Le registre de Geo£froi d'Âblis, 1308-1309, d'après le manuscrit latin
de la Bibliothèque nationale, n<> 4269 (Molinier, p. 107 et suiv.). Cest
une minute originale d'interrogatoires d'hérétiques; on y voit figurer
d'importants personnages , entre autres ce missionnaire albigeois dont
nous parlions plus haut, P. Autier. — Le manuscrit 11848 du même
fonds, qui est une copie du xvii^ siècle, contient les procédures et juge-
ments qui composent les Actes de foi publiés par Limborch (Molinier,
p. 31). — Enfin le manuscrit latin 4270 est aussi une copie du xvii® siècle,
faite par ordre de Baluze, d'après un manuscrit de l'inquisition de Gar-
cassonne. Il est relatif au procès de Bernard Délicieux ; M. Hauréau l'a
mis largement à profit dans sa curieuse étude sur ce fougueux francis-
cain (Molinier, p. 29).
G'est encore la collection Doat qui nous fournit les pièces les plus
récentes de celles qu'étudie M. Molinier : les tomes XXVII et XXVIU
contiennent des sentences prononcées par les inquisiteurs de 1318 à 1329;
les tomes XXIX et XXX des formules de lettres, de sentences et actes
du xiv^ siècle (Molinier, p. 35). Ges deux derniers tomes ne sont, en
somme, pas autre chose, à quelques variantes près, que la fameuse
Practica de Bernard Gui.
Gette Practica^ M. Molinier lui consacre tout le chapitre V de la
deuxième partie (p. 197-233). G'est à coup sûr un des textes les plus
importants pour l'histoire de l'inquisition; M. Molinier le montre fort
bien par l'analyse qu'il fait du livre, et en le comparant au Directorium
inquisitorum de l'inquisiteur catalan Nicolas Eymeric (p. 221). Bernard
Gui s'y peint lui-même avec beaucoup de vie , et le portrait que nous
pouvons nous faire de sa personne nous le représente comme le type de
l'inquisiteur.
Nous sommes arrivé au terme de ce long résumé. On nous en par-
donnera peut-être l'étendue à cause de l'importance du sujet. Ajoutons
que les analyses de l'auteur sont aussi précises qu'abondantes , qu'elles
révèlent un érudit exercé et un esprit vraiment critique. Malgré les
imperfections que nous avons signalées, malgré les lacunes que d'autres
ont en partie déjà comblées ^, son livre n'en est pas moins appelé à
rendre de réels services à l'historien, au canoniste, au biographe; on ne
pourra plus désormais étudier la fin de la persécution albigeoise, ni les
1. Nous le répétons, l'article de M. Douais doit être sans cesse rapproché du
livre de M. Molinier ; il y ajoute quelques traits nouveaux.
>-2
■i«
: :n^t>. sar.* recjurir d'aix>rd à son travail,
.'tr-'ùH"- :-- M. M'*li:.ier publie le? textes même
.L-^ : T^^: iczizLe une dette qu'il a contractée
G. BiMONT.
r^mt^atttn^' -» ^^o**"^ r-ir LeoH PiLrsTRK. IIluMrations sous la
.-.^':»* S:;*'.-!. — «.inquieine lixraison : Ile-^fe-France
. ..... — > \.f r.:e livrai-uu. jinMiiiore du lome II : Ile-
^ ^ .- ^ .:>f-v.-.».r<" . l*aris, (JuiMlin. ISSI. in-fol.
: .> i-.i.s ••onsacn» 'd\^\ ijuain- pr»'mière> livraisons
-v?- 7. «s d:*:"'n?»» di» revenir surdos points precédem-
. ,. \.> {'■.■:«\:rs savent q::»* ra'.:t»"'ur de la Henaîssancf
- . . \. .:':' ru il i: ion ri dt» co-r.jréteDce les artistes français
.. ' A.oUizIe ijui attribue aux maîtres italiens, archi-
-^ .» >.-.;'. i'teiirs, pres-ju»» tnus les monuments remar-
\ ' >:t\'.o a laisses sur nùtn» sul. Nous avons constaté
V À v.".e oiude ajipriifuniiit^ des textes. M. Palustre arrive
v, .'.trt^r, a\ei' preuves à Tappui, Tinanitê des anciennes
X .- . .■.'.■, :s:îoe commise envers nos trrands artistes français.
^ 1 1 .' . :î .ivaii encore rencontre une occasion aussi belle qne
,\ '.i\ raisons qui viennent de paraître, de détruire des
V X X v'....i;:vs et de remettre nos modestes architectes à la place
i Aiî'î.eui. Il s'ajîit en elTet ici de deux des plus importantes
L » • c .'.^^ •A>va!es du xvi« siècle : les châteaux de Fontainebleau et
\,»^oi ^*l^.'lo/Af^7M^ de l'École des chartes, aonéc 1879, p. 483-487, et
- \,'ii) 1.1 li^t«^ dos gravures comprises dans ces deux livraisons ; nous fai-
,»^«.« |M\s<^loi il'uiio cnùi l'indication des eaux-fortes tirées hors texte. Les
«. ..\vii M«nl, iiiuiiuo uouft l'avons fait renian]uer déjà, imprimées sur le papier
.„Mii«^ du itdiinio ot non ooiUvs après le tirage :
l'iihfuitnit' ttvnnson (tout entière relative à Fontainebleau) :
I cliiiiiiiiii'i' ili' la ii.ille de bal, tête de page, gr. par M. Sadoux.
.> ri.iii lin lii.UiMu (Ml l^Ttî. d'après Ducerceau.
I «iiiillit ilri IMuN. ^r. par M. Sadoux.
I ) (iiiii lii* la l'oulaine, iticm.
I 1*111 lo ihi pavillitn des Aumôniers, idem.
II |.ii ri'ihihle, fi/r';/i.
I / I.II 'Kiilo dit hal, itirm.
M \li'iiilit ilr la ( liaiM'ilo Saint-Saturnin, idem.
Il piMillitii ilo la porto IKmv, gr. (ur M. Boulard fils.
m Mt^iiiti paolloii. cote do la cour ovale, gr. par le même.
573
A force de rapprocher les dates, de comparer les édifices de la même
époque élevés dans une môme province, de compulser les docu-
ments originaux, M. Palustre est parvenu à établir que Sébastien Serlio
n'avait point travaillé aux constructions du palais favori de Fran-
çois I". Il a fait mieux encore : grâce à sa connaissance approfondie
des lieux et des monuments du temps dont il s'occupe, il arrive à
déterminer la part prise par chacun de nos architectes français aux
diverses parties du château. C'est ainsi que, d'après les Comptes, Pierre
Ghambige aurait érigé les bâtiments de la cour du Cheval -Blanc,
Gilles le Breton, le plus occupé de tous les habiles hommes qui ont
travaillé à Fontainebleau sous le règne de François !<", aurait fait cons-
truire le péristyle de la cour Ovale > Tabside de la chapelle de Saint-
Saturnin et aurait élevé les murs de la salle de bal, non terminée au
moment de sa mort. Vers 4552, Le Breton meurt et est remplacé par
Philibert de l'Orme, qui termine la salle de bal ou galerie Henri H, en
substituant un plafond à compartiments à la voûte d'arête projetée par
son devancier, et qui construit l'escalier monumental de la cour du
Cheval-Blanc, détruit sous Louis XHI et remplacé par celui qu'on voit
aujourd'hui. Enfin, l'architecte dé Henri il a pour successeur Pierre
Girard, dit Castoret, qui semble avoir dirigé tous les travaux exécutés
-j- 11. Décoration de la galerie de François I*', gr. par M. Sadoox.
12. Boiseries de la galerie de Fonlainebleau, idem.
13. Porte de l'hôtel de Ferrare, idem.
14. Chapiteaux du péristyle, idem.
Sixième livraison :
1. Dessus de porte à Téglise de Monlfort-rAmaury, gr. par M. Sadoux.
2. Partie intérieure de l'église du Mesnil-Aubry, idem.
3. Transept de l'église de Magny, idem.
f 4. Eglise de Yetheuil, idem.
f 5. Ëglise du Belloy, idem.
6. Fonts baptismaux de Magny, idem.
7. Statue d'Anne de Montmorency, gr. par M. Ganjean.
8. Colonne de Henri III, érigée à Saint-Cloud, en 1594, gr. par M. Sadoux.
f 9. Vase du cœur de François l" à Saint-Denis, gr. par M. Gaujean.
10. Plan du château de Saint-Germain-en-Laye, gr. par M. Sadoux.
11. Plan du château de la Muette, idem.
12. Cheminée du château de Villeroy, idem.
-J- 13. Écouen. Péristyle de la cour, idem.
14. Plan du château d'Écoaen, idem,
-{-15. Écouen. Façade des terrasses, idem,
16. Tribune de la chapelle d'Éconen, idem.
17. Carrelage du château d'Êcouen, idem.
18. Cheminée d'Omerville, idem.
19. Fontaine de Mantes, idem,
20. Chapiteau de Téglise de Saint-Maclou à Pontoise, idem.
* •»♦*
574
9-Vi«f»vrU tt «I (^rlth IX. Boof Ourlet IX, lei tnTmx eoat sas-
y .Mt9f«4 irr4^ff*'jiM^ #ii«fiM( 4« llcDri IV, OU piQtS»u le guide qui permetuit
» . »if^'f«( »A# llf«y««i «unée ptr année Tenant à manquer ai 1570, on
1.^ M If ^f/i^f/ féH k peti prè». ruriei oonstroctions de la fin dn xn« siède.
i^,f ^A4Mi, i^^* im^ttftiM. puisque nous possédons encore le Tolome le
,.».f4 u4fi^f*lMiii pf/ur rhifUiire du palais, celui qui comprend tontes
l\A f\k^uk»f^ 4m i^nsi^^f/iê I*' et de Henri IL M. Palustre, prenant soo-
'^,KéH.»K44**chi i partie les divers historiens du châtean, les gourmande
i, iMi; fi$**é/it 4h u'usoït pas su lire dans les textes publiés, il y a trente
Hh*, p^ M- i^. de I^aborde; nous nous contenterons de donner ici la
i^itt^iHè^^t 4m la thèse soutenue avec une grande autorité par notre
UiitUt^lMh t Ainsi, s'écrie-t-il , durant trente-huit ans, de 1528 à
y lU//; ^^h\ii^fr»i et la truelle ne cessèrent pour ainsi dire pas de fono-
V i4*mtmr k Kontaînehleau ; mais les Comptes, qui, presque jour par
f p/«4r; mMU font asMister au développement du château, n'ont conservé
V ]i: mmitiuir d'aucun architecte italien. Serlio, à qui Ton faisait hon-
« ^mur tU la majeure partie des constructions, n'est nommé nulle part,
V tii verjtiihlemerit il serait bien difficile de lui donner môme une petite
M itii^ui au iiiliiou des maîtres français, qui ne semblent pas avoir été
f d)tf|iOtiés à s'incliner devant sa compétence. Sur le terrain de l'archi-
(t Uiciui'^f nos pères sentaient assez leur force pour ne pas céder faci-
I Umnutf ot Hans doute ils se jugeaient fort bien capables de présider
M A U nou voile évolution »
H'U rufuse aux ôtrangors toute immixtion dans la direction des b&tî-
mmi*, «'il rcwondifiuo pour Pierre Ghambige Tinvention du style dit
iiiii(li|uo ot Ma promiôre application à la grotte des Pins, M. Palustre
rtituHMiult ploinomont tout ce que la décoration intérieure des apparte-
iHt^nlM cil (hm galorioH do Fontainebleau doit aux Italiens. Encore
fiiU-il rontnnpior avec raison que, si les maîtres venus d'au-delà des
inoiiUi avninnt la suprême direction do la peinture et de la sculpture,
ptirnil loi» nombreux et habiles artistes chargés d'exécuter et souvent
(l'lt)l(«rpr(Mor Unxn conooptious se remarquent bien des noms français,
«miout. parmi Ion «ctilptours en stuc ou en bois de la galerie de Fran-
ICu Mouuui^^ il n'oxi^torait à Fontainebleau, diaprés M. Palustre, qu'un
i^olmutillou du ndvoir^fairo do So.rlio : la porte de Thôtel de Ferrare.
r.0ii0M^ uho |>«\ri^illo conc^H^tion n^ost pas propre à donner une haute
ht(^f> du mli^nt do «on autmir.
I .VxAUton «>onikACh^ au chAuviu do Fontainebleau prend, on le voit, par
U urtioro )nf^)\lo du ««ujou )vir roriginalitè des aperçus, par la nouveauté
don oonolM^iouMx uno imi^^ruiui^^ capitale,
»lo hv^i'OMoiNii «oulomont qui!^ lautour^ faisant un si fréquent et si
Imbtlo uiif^^o do«k f\im|vfA< f^>x MUm^nts, n'ait pas trouvé le moyen de
lOHdiv i|Mo^oo |Min j^ Aihlnft FolibitMi IhiMuma^ reconnaissant que
575
nous lui devons pour nous avoir conservé ce texte précieux. Bien des
personnes ignorent encore, M. de Laborde ne le dit pas, que les
Comptes du xvi*» siècle ne nous ont été conservés que dans une trans-
cription analytique faite pour l'usage d'André Félibien. Les originaux
paraissent à jamais perdus. Il serait prudent d'avertir le public, comme
je Tai fait dans la préface de la publication laissée inachevée par
M. de Laborde et terminée par M. de Montaiglon et par moi.
Cette précaution nous paraît d'autant plus nécessaire que l'historien
qui a eu les registres originaux entre les mains, qui a fait faire l'analyse
abrégée que nous possédon's, n'en attribue pas moins à certains Italiens
des châteaux dont le constructeur est indiqué tout au long dans les
Comptes. C'est ainsi qu'il fait honneur à Serlio du château de Saint-
Germain, comme le remarque M. Palustre, tandis que les Comptes
nous donnent le nom des véritables architectes : Pierre Chambige et,
après lui, Guillaume Guillain et Jehan Langeois.
Il convient donc d'employer les documents fournis par les Comptes,
imparfaitement conservés et souvent dénaturés par le copiste du
xvn^ siècle, avec une certaine circonspection. M. Palustre le sait d'ail-
leurs aussi bien que personne. Aussi â-t-il continuellement recours à
l'autorité de Vasari, de Ducerceau, de Philibert de l'Orme et autres
écrivains contemporains, pour combattre les erreurs de ses prédéces-
seurs. Seuls, les Comptes des bâtiments ne sont ni assez clairs dans
leur rédaction, ni assez authentiques dans leur forme, pour permettre
de contredire à une tradition qui remonte à plusieurs siècles.
Si la première des deux livraisons que nous examinons en ce moment,
consacrée à un seul édifice, le plus considérable, il est vrai, de la Renais-
sance française, permettait à l'auteur de longues discussions, la seconde
au contraire traite d'un si grand nombre de monuments et d'objets
difTérents que nous aurons peine à en donner seulement une énuméra-
tion complète.
Cest d'abord tout un groupe de petites églises de village situées au
nord de Paris dans une même contrée, et construites ou plutôt rema-
niées et décorées sous l'influence, sinon sous la direction, de l'archi-
tecte de Chantilly et d'Écouen. M. Palustre retrouve en effet les signes
caractéristiques du style de Jean Bullant dans l'église de Montmorency,
dans la façade de celle du Belloy, érigée vers 1540, dans celle de Sar-
celles (1535), dans Içs contre-forts de Villiers-le-Bel, qui portent les dates
de 1545 et 1550, dans la façade de l'église de Saint-Damien, àLuzarches,
et aussi dans l'église de Goussain ville, construite en 1559, dans celle de
ris le- Adam, achevée en 1567, celle de Maffliers (dont le chœur date
seul de la Renaissance), et celle du Mesnil-Aubry, datée de 1582.
L'église de Saint-Maclou, à Pontoise, appartient à une autre école.
Un acte récemment publié a établi qu'un certain Pierre Lemercier fut
chargé, en 1562, de terminer la tour. M. Palustre déduit avec vraisem-
566
M. Molinier divise les documents d'inquisition en documents déjà
publiés et en documents encore inédits. Cette division se comprend,
puisque le présent travail porte avant tout sur les textes inédits. Quant
à ces derniers, était-il utile , était-il même logique de les répartir en
deux subdivisions : copies et originaux proprement dits ? Sans doute
les copies ont moins de valeur que les originaux ; il est fort à craindre
qu'elles soient incorrectes, et elles donnent plus de soucis à l'éditeur
chargé de les publier ; mais, si on leur demande seulement des rensei-
gnements sur l'histoire , la législation , la procédure , la biographie de
tel inquisiteur ou de tel hérétique, et si d'autre part aucun soupçon ne
peut s'élever sur leur authenticité , en quoi la copie aurait-elle moins
d'importance que Toriginal perdu ? M. Molinier pul)lie la chronique de
Guillem Pelisson d'après une copie manuscrite de Garcassonne ; ne pou-
vons-nous , en toute sécurité de conscience , utiliser son texte , avant
même que M. Tabbé Douais^ ait publié un nouveau texte de cette chro-
nique d'après l'original conservé aux archives d'Avignon? Le registre
des sentences de l'inquisition de Toulouse est perdu. Limborch l'avait
eu quatre ans entre les mains ; nous n'avons plus que le texte pubUé
par lui ; ce texte a n'en demeure pas moins, — c'est M. Molinier qui
parle (p. 7), — de la plus haute valeur^, t Cette distinction fâcheuse en-
traîne des conséquences regrettables : ainsi le manuscrit de la Biblio-
thèque nationale, n» 12856, a été copié sur les registres originaux en
parchemin de l'inquisition d'Albi ; or nous avons conservé une partie
de ces registres originaux ; elle forme le ms. H847 de la Bibliothèque
nationale; mais le ms. 12856 est étudié p. 33, et le ms. 11847 p. 79 et
suivantes. Enfin nous ne saisissons pas bien les raisons qui ont guidé
M. Molinier dans le classement des originaux proprement dits ; c'est
ainsi qu'il étudie successivement : les sentences de Bernard de Caux et
de Jean de Saint-Pierre, 1246-1248 (deuxième partie, chap. I"); le
procès de l'inquisition d'Albi, 1299-1300 (chap. Il); le registre deGeof-
froi d'Ablis, 1308-1309 (chap. III); les enquêtes de Bernard de Caux et
de Jean de Saint-Pierre, 1245-1246 (chap. IV) ; la Practica de B. Gui,
début du XIV® siècle (chap. Y) ; le registre de l'inquisition de Toulouse,
1254-1256 (chap. VI); le registre du greffier du tribunal de l'inquisition
de Garcassonne, 1250-1258 (troisième partie, chap. I®»"). Il eût été infini-
ment préférable, à notre avis, de renoncer à ces divisions, à ces classi-
fications arbitraires ; il eût fallu suivre l'ordre chronologique , sans
s'inquiéter de savoir si tel document nous est parvenu sous forme de
1. Voyez la Revtie des questions historiques, \" octobre 1881, p. 409, note 5.
Nous reviendrons plus loin sur cet article.
2. A la page précédente, il est vrai, M. Molinier disait qne ce fait qne l'ori-
ginal est perdu enlève aux sentences de Limborch < quelque chose de leur
valeur » (cf. p. 23).
567
copie ou dans Toriginal. Nous aurions suivi ainsi pas à pas Thistoire et
les progrès de Tinquisition. Pour la biographie du ministre P. Autier,
par exemple, nous n'aurions pas eu besoin de recourir de la page 143 à
la page 109, ni, pour celle de l'inquisiteur Bernard de Gaux, de la page
57 à la page 192. De même nous aurions mieux compris le dévelop-
pement progressif de la procédure inquisitoriale, et, après avoir assisté
aux enquêtes de Bernard de Gaux en 1245-1246, aux procès entamés à
Toulouse et à Garcassonne de 1250 à 1258, puis à Albi en 1299 et 1300
et par devant Geoffroi d'Ablis en 1308-1309, nous aurions été tout à fait
préparés à Tétude de la Practica de Bernard Gui , qui donne la théorie
et comme le dernier mot des formes employées par les dominicains du
Midi pour instruire les procès, juger les accusés, condamner les
coupables.
Nous voudrions présenter à M. Molinier une dernière critique. Il se
défend à plusieurs reprises de faire autre chose qu'une étude, qu'une
bibliographie raisonnée des sources ; mais le très vif intérêt des docu-
ments qu'il analyse Tentraîne forcément à sortir du cadre qu'il s'est
tracé. Désireux , et à bon droit , de montrer à combien de titres divers
ces documents doivent intéresser l'histoire , il ne se contente pas d'une
sèche nomenclature de faits et de dates, il extrait des textes qu'il a sous
les yeux une foule de renseignements curieux sur les personnages qui
se trouvent mêlés à l'histoire de l'inquisition, sur l'état moral, social ou
religieux du Midi après la conquête française, sur la procédure inquisi-
toriale. Ge dernier point surtout l'occupe. Sans doute il n'a pas la
prétention, comme il le déclare à plusieurs reprises (p. ex. p. 367),
de nous présenter un tableau complet de cette procédure, mais il est
évident, à lire son livre, ou même la table, très détaillée d'ailleurs et très
utile, que c'est pour l'histoire de cette procédure que les documents
anal3rsés par lui fournissent les indications les plus précieuses. Aussi con-
sacre-t-il toute la troisième partie de son ouvrage au registre du greffier
du tribunal de Garcassonne, et près de 150 pages (p. 311 à 453) à la
procédure suivie devant ce tribunal. Ge n'est pas nous qui nous plain-
drons de cette large place donnée à un sujet que M. Molinier déclarait
ne vouloir toucher qu'au passage, sans le traiter à fond ; mais ici encore
nous avons été frappé du défaut de méthode. Il n'est pas un des docu-
ments analysés par lui qui n'apporte des traits particuliers à ce tableau
de la procédure inquisitoriale; il les relève d'ailleurs avec autant de
soin que d'intelligence lorsqu'il étudie chacun de ces documents. Qu'en
résulte-t-il ? G'est que, pendant toute la première moitié de son ouvrage,
nous recueillons chez lui les éléments épars d'une étude générale sur
cette procédure; et qu'à la fin il nous donne cette étude générale d'après
un seul document. N'eût-il pas mieux valu, soit renoncer à cette étude
générale que M. Molinier déclare lui-môme prématurée, soit en prendre
bravement son parti , et consacrer un chapitre entier à l'étude de la
568
procédare telle qu'elle ressort de tous les documents analysés ? M. Moli-
nier semble d'ailleurs avoir senti çà et là (p. 63 , 104, 428) l'inconvé-
nient de sa méthode ; on ne voit pas toujours très bien ni ce qu'il veut
faire, ni ce qu'il ne veut pas.
Ces critiques sont après tout de pure forme, une question, jusqu'à
un certain point secondaire, d'arrangement. Le livre de M. Molinier
n'en a pas moins une importance toute particulière; il est de ceux qui
ouvrent aux historiens de nouvelles voies, en leur indiquant des docu-
ments mal explorés encore, ou même inconnus, sur une des plus grosses
questions qui intéressent l'histoire religieuse au moyen âge. D nous sera
facile de justifier cet éloge, qui n'a rien de banal , en analysant rapide-
ment à notre tour, et d'après son livre, les textes qu'il nous fait
connaître. Ces textes sont moins nombreux encore qu'importants ; ils
n'épuisent pas d'ailleurs la matière : dans un récent article publié par
la Revue des questions historiques (!«' oct. 1881), M. l'abbé Douais, qui
s'est fait récemment connaître en publiant le premier volume d'une
Histoire des Albigeois^ a repris la question traitée par M. Molinier, et a
indiqué plusieurs documents qui avaient échappé à ce dernier; nous les
indiquerons à leur place ^ Nous ne parlerons pas des documents
imprimés, dont M. Molinier nous donne, au chapitre I*' de la 1'* partie,
une énumération qui semble bien être complète ^ ; nous nous attachons
seulement à ceux qui sont restés manuscrits.
La collection Ooat, conservée à la Bibliothèque nationale, est, on le
sait, une mine inépuisable de documents relatifs à l'histoire du Midi,
ou plus précisément du Languedoc. Dix-sept volumes de cette collection
ont été analysés par M. Molinier (p. 34 et suiv.); nous n'en noterons
ici que deux, les tomes XXXVI et XXX Vn. €e dernier contient,
entre autres textes précieux, la Disputatio inter catholicum et paterinum
hereticum, composée sans doute par Grégoire de Florence, évoque de
Fano, mort en 1240 ; la Summa de catharis et leonistis, écrite en 1250,
par l'inquisiteur R. Sacconi, de Plaisance, sorte de manuel destiné aux
juges d'inquisition; ce qui augmente encore le prix de cet ouvrage,
c'est que l'auteur avait lui-même avant sa conversion fait partie de la
1. M. Douais, dans Tarticle auquel nous renvoyons, suit Tordre chronologique;
il a parfaitement raison. Il remonte à Tannée 1160, où l'Ëglise commence sérieu-
sement et avec méthode à rechercher les hérétiques. Il semble reprocher à
M. Molinier d'avoir omis cette étude préliminaire; mais chacun est maître de
limiter le champ de ses travaux.
2. M. Douais reproche à M. Molinier (p. 416) de n'avoir pas indiqué le très
curieux Débat d'Izarn et de Sicart de Figueiras, publié par M. Paul Meyer
dans V Annuaire- Bulletin de la Société de l'histoire de France pour 1879; ce
reproche n'est nullement fondé , car la thèse de M. Molinier était déjà entière-
ment imprimée quand parut ce Débat,
569
secte cathare (p. 38; cf. p. 263, note); enfin des extraits du De
septem donis Spiritus Sancti, composé par Etienne de Bourbon ou de
Belle ville.
On peut placer après ces textes la chronique de Guillem Pélisson.
Pélisson, né à Toulouse, où il mourut en 1268, a écrit le récit des évé-
nements auxquels il a été mêlé de 1229 à 1237. Cette chronique (je suis
ici M. Douais, mieux informé que M. Molinier) a été insérée au
XIV* siècle par Bernard Gui dans l'histoire des couvents de son ordre ;
« c'est ainsi qu'elle est parvenue jusqu'à nous. L'exemplaire conservé
à la bibliothèque d'Avignon est le seul qui nous reste; cette copie fut
exécutée sous les yeux ou tout au moins du temps de Bernard Gui. La
bibliothèque de Garcassonne possède, sous le n* 6449, une autre copie
de la chronique, mais elle est récente, fautive, d'une main peu expéri-
mentée. C'est cette copie que M. C. Molinier a éditée ^.. •
Les enquêtes de Bernard de Caux et de Jean de Saint-Pierre, 1245-
1246, contenues dans le manuscrit 155, l'® série, de la bibliothèque de
la ville de Toulouse (Molinier, p. 163 et suiv.); c'est une transcription
faite sur les registres originaux des notaires de l'inquisition ; ce manus-
crit contient des détails infinis pour l'histoire des doctrines albigeoises,
pour la filiation des familles hérétiques, etc.^.
Les sentences de Bernard de Caux et de Jean de Saint-Pierre , 1246-
1248, dans le ms. 9992 du fonds latin de la Bibliothèque nationale
(Molinier, p. 55 et s.). C'est un fragment qui contient les fol. cli à CLxn
ayant appartenu sans doute à un des registres originaux de Toulouse
(voyez p. 59). Ces sentences sont des actes de foi ou sermons publics
prononcés dans des assemblées solennelles composées du haut clergé de
Toulouse ou des environs, en présence de dignitaires laïques, de mem-
bres du chapitre et du peuple. Il nous montre la justice inquisitoriale
à ses débuts.
Le registre de l'inquisition de Toulouse, 1254, 1256, provenant des
archives départementales de Toulouse; il se compose de cinq feuilles
doubles, soit dix feuillets, qui servaient de couverture à divers registres
du contrôle des exploits datés de 1674 et de 1675; inutile d'ajouter que
ces cinq feuilles ne se suivent pas (Molinier, p. 237 et suiv.). Ce manus-
crit a beaucoup de points de ressemblance avec celui de Toulouse n® 155,
dont nous avons parlé plus haut. Il donne de très curieux détails sur
le missionnaire cathare Guillem Fournier, de Toulouse, et sur ses
1. Revue des qtiestions historiques, p. 409. — Voyez aussi p. 413, où M. Douais
mentionne des pièces relatives à un procès de canonisation des inquisiteurs tués
à Avignonet en 1242, d'après les archives de la Haute-Garonne.
2. A cette même époque, qui est celle du concile de Lyon, a rapport le Débat
d'Izarn et de Sicart de Figueiras, dont nous parlions plus haut.
37
582
c i*Earope, t au dire de ceux qui l'ont connfie. Le charmant et sérieux
Tolame que loi a consacré M. Bonnassieox en assure pour toujours le
souvenir.
Les soins donnés à Pimpression, les nombreuses planches jointes à
l'ouvrage sont le digne complément du mérite de la rédaction;
Les Origines de Vimprimerie à Tours (4467-4550), contenant la
nomenclature des imprimeurs depuis la fin du XV* siècle jusqu'en
4850, par le docteur E. Giiuudbt. Tours, impr. Rouillé-Ladeyèze;
Paris, Picard, 4884. In-8*, yiii-432 pages.
Le bel et intéressant ouvrage que M. le docteur Giraudet a consacré
aux origines de Timprimerie à Tours comprend huit chapitres, dont la
plupart se font remarquer par la nouveauté et la sûreté des informa-
tions.
Dans le premier chapitre, l'auteur essaie d'établir que Nicolas Jenson
aurait imprimé à Tours en 1467 un livret de François Fiorio terminé
par cette souscription : c Ëditus in domo Guillermi.Archîepiscopi
Turonensis, anno Domini millesimo quadringentesimo sexagesimo
septimo, pridie kalendas Januarii. i Mais il est démontré depuis long-
temps que cette souscription se rapporte à un exemplaire manuscrit,
d'oii elle est passée dans les différentes éditions de l'opuscule de
Fr. Fiorio. L'édition dont on a voulu faire honneur à la ville de Tours,
et dont la Bibliothèque nationale possède un exemplaire (réserve Y^
66), a été faite à Paris, vers Tannée 1475, dans l'atelier de Pierre Gsesa-
ris et de Jean Stoll. Cette attribution, qui est déjà consignée dans le
Repertorium de Hain (t. Il, p. 395, n* 7192), est indiscutable.
Dans le chapitre ii sont des détails précis sur deux œuvres attribuées,
avec quelque vraisemblance, à une succursale que la maison parisienne
de Jean Dupré aurait établie à Tours : un livre sur les états de Tours,
qu'on doit rapporter à l'année 1484, et un missel portant la souscrip-
tion : c Impressum est hoc missale Turon. Anno Domini mgggglxxxv. t
Le chapitre m, consacré à Simon Porcellet, fournit de très précieux
renseignements sur le bréviaire que ledit Simon Porcellet acheva
d'imprimer en 1494 pour le chapitre de Saint-Martin de Tours.
M. Giraudet a eu la bonne fortune de pouvoir publier quatre articles,
jusqu'à présent inédits, des registres capitulaires de Saint-Martin de
Tours, relatifs à l'impression du bréviaire.
Dans le chapitre iv, relatif à Mathieu Latheron, nous avons remar-
qué, outre la description des principaux livres exécutés par cet impri-
meur, le texte de deux actes notariés, dont le second, en date du
31 mai 1522, nous fait connaître à quelles conditions les héritiers de
feu Mathieu Latheron cédèrent un certain nombre de livres liturgiques
à Charles de Bougne, libraire d'Angers.
583
Le chapitre y nous fait connaître les travaux de Mathieu Ghercelé,
dont la biographie se trouve également éclairée par plusieurs actes nota-
riés. — Vient ensuite le chapitre de Jean Rousset. Nous y avons
remarqué un contrat de Tannée 1547, qui mérite d'être cité textuelle-
ment, tant il renferme de renseignements sur l'état du matériel typo-
graphique au milieu du xvi« siècle :
« Le deuxième jour de juillet, Tan 1547, en>la court du roy nostre
sire à Tours, par devant moy, Barthélémy Terreau, notaire royal, hono-
rable homme Jehan Rousset, marchand imprimeur et libraire^ demeu-
rant en ceste ville de Tours, paroisse de Sainct Vincent, lequel volon-
tairement a recogneu et confessé par ces présentes avoir faict vendicion
à honorable homme Jehan Lambert, maistre ouvrier en drap de soye,
des meubles que s'enssuit :
a lo La fonte de Messel, texte et glose, poisant 400 livres d'estaing et
de plomb ;
f 2» La fonte du Bourgeoys, texte et glose, poisant 300 livres ;
<f 3o La fonte du Romain, avec les grosses capitales, poisant 200
livres ;
f 4* La fonte du Gros canon et de la notte, avec les reglets, poisant
300 livres ;
f 5" Les histoires de cuyvre, tant la monture que les histoires
grandes en cuyvre, et aussi plusieurs vignettes montées en plomb et
estaing ; le tout montant à 1500 livres poisant ;
« 6* Une presse de cuyvre et fer, avec deux châssis et autres ustan-
ciles d'imprimerye ;
« 7* Un pot de fer à faire l'encre ;
« 8* Cinq cens rudimens de Pelisson, en pappier, non reliez, estans
en la boutique.
« Le tout pour et moyennant la principale somme de 350 livres.
« Faict et passé à Tours, en l'estude du dict notaire, etc. »
Nous ne voyons rien à signaler dans Fappendice, qui a pour sujet la
vie de Nicolas Jenson, de Christophe Plantin et de Guillaume Rouillé,
ni dans la liste des imprimeurs établis à Tours depuis le xv* siècle jus-
qu'en 1850.
Mittheilungen des Instituts fur oesterreichische Geschichtsforschung.
IL B., 2., 3., 4. H. Innsbruck, Wagner, ^SS-I. In-8%p. n7-672.
Voici le sommaire très succinct des matières contenues dans les trois
derniers cahiers de cette revue, qui complètent la seconde année (1881).
Julius Ficker, Neue Beitrâge zur Urkundenlehre , II (p. 177-221).
Nouvelles observations, principalement sur les erreurs qui peuvent se
trouver dans Tindication des témoins, à la fin des actes impériaux. Ces
584
erreurs donnent très rarement le droit de suspecter Tauthenticité des
actes.
P. Schweitzer, Ueher dos sogennante Formelbuch Albrechts I (p. 223-
264). Étude sur les sources de ce recueil, concluant à Pauthenticité des
actes d'Albert qui s'y trouvent.
Th. Sickel , Erklàrung anomaler Datirungsformeln in den Diplomen
Otto 1 (p. 265-280). Les anomalies qu'on remarque dans les formules de
date de plusieurs diplômes d'Otton I"' ne s'expliquent pas toutes par les
mêmes causes. Les unes tiennent aux habitudes différentes des fonc-
tionnaires qui se sont succédé dans la chancellerie d'Otton, les autres
à de purs hasards. Les bons notaires dataient presque toujours réguliè-
rement.
Max Lehrs, Zu Diirers Studium nach der Antike, ein Nachtrag zu dem
Aufsatze von Franz Wickhoff (p. 281-286). Sur l'étude qu'A. Durer a
faite des monuments de l'art antique. Plusieurs gravures dans le texte.
Kleine Mittheilungen (p. 287-309). — G. v. Buchwald, sur la procé-
dure des jugements de Dieu. Trois formules pour la bénédiction des
objets qui servaient aux épreuves. — Gesare Paoli, un document sur
la chancellerie italienne de Henri VII (1310). — E. Mùhlbacher, sur
l'histoire du roi d'Italie Bernard, petit-fils de Charlemagne. — A. Kâ-
rolyi, la capture de l'électeur Jean-Frédéric de Saxe à la bataille de
Mùhlberg.
J. Loserth, Die Herrschaft der Langobarden in Bôhmen, Mdhren und
Rugiland, ein Beitrag zur Frage iXher den Zeitpunkt der Einwanderung
der Baiern (p. 353-364). Recherches sur les invasions en Bohême et
dans les pays voisins, au v« et au vi« siècle.
Alfons Huber, Beitrâge zur âlteren Geschichte Oesterreichs (p, 365-388).
L'auteur étudie successivement : l*» la frontière des pays bavarois et
lombard ou de l'Allemagne et de l'Italie sur la rive droite de TAdige ;
2° l'étendue de la Grande-Moravie du côté du sud-est ; 3* l'origine
et 4" la généalogie des marquis ou margraves d'Autriche ; 5* l'étendue
du royaume de Bohême sous Boleslas II.
Jaroslav Goll, Der Fûrstentag zu Tribur und Oppenheim (1076), ein
Beitrag zur Kritik der Quellen (p. 389-399).
S. Laschitzer, Die Verordnungen liber die Bibliotheken und Archive der
aufgehobenen Klôster in Oesterreich (p. 401-440). Étude des prescrip-
tions édictées en Autriche, à partir de 1773, sur les bibliothèques et
archives des maisons religieuses supprimées.
August V. Jaksch, Unedirte Diplôme : I, aus Arezzo und Novara
(p. 441-454). Texte de deux diplômes de Louis le Débonnaire pour
Arezzo, de 819. Analyse de dix-sept diplômes divers, pour l'Italie, de
840 à 919.
Kleine Mittheilungen (p. 455-460). — J. Ficker, trousseau et mobi*
lier d'une mariée dans la Pouille au xii® siècle. Curieux document, pro-
585
venant de la terre de Bari et daté de mai 1184. Nombreux termes
techniques, souvent obscurs. — K. Schalk, les partis à Vienne à la fin
du XIV* siècle. — M. Thausing, le cadavre de Charles-Quint. Détails
sur Touverture du cercueil de Tempereur, à PEscurial, en 1870.
Julius Ficker, Konradins Marsch zum palentinischen Felde (p. 513-
550, carte). Étude importante sur la bataille des campi Palentini ou de
Tagliacozzo, oii Charles d'Anjou défit Conradin de Hohenstaufen, le
23 août 1268, et sur les faits qui avaient immédiatement précédé la
bataille. M. Ficker s'est attaché à résoudre dans le plus grand détail les
questions topographiques relatives à ces événements.
E. V. Ottenthal, Die âltesten Rechnungsbûcher der Herren von Schlan-
dersberg (p. 551-614). Extraits des livres de compte d'une famille sei-
gneuriale du Tyrol au xiv« et au xv* siècle. Détails sur le prix des
denrées, des objets mobiliers, les conditions de la vie, etc.
Kleine Mitiheilungen (p. 615-631). — H. Zimerman, falsification d'une
bulle du pape Innocent YtU par un escroc grec, en Italie, en 1488. —
C. Paoli, la réforme du calendrier au concile de Latran en 1516. Pièce
relative à un projet de Léon X, qui n'aboutit pas.
Julien Havbt.
Lecture et Transcription des vieilles écritures. Manuel de paléogra-
phie des XVPj XVII*, XVIIb siècles, composé de pièces extraites
des collections publiques et particulières et destiné aux institu-
teurs^ par A. DE BooRMONT, élève de l'École des chartes, chargé du
cours de paléographie à l'École normale primaire du Calvados.
Caen, Le Blanc- Hardel -, Paris, Picard, \%%\, In-folio oblong.'
Un élève de l'École des chartes, avant même d'avoir obtenu son
brevet d'archiviste-paléographe, a conçu le projet d'initier les institu-
teurs à la lecture des parchemins et des papiers des derniers siècles qui
se trouvent encore en grand nombre dans les mairies , dans les sacris-
ties ou les presbytères et même dans beaucoup de maisons des moindres
villages. Avec un zèle qui ne saurait être trop loué et qui, du reste, a
été récompensé par le succès, il a montré que ce projet n'avait rien de
chitnérique , et les résultats obtenus par lui dans le département du
Calvados sont de nature à encourager ceux qui voudraient généraliser
l'expérience. Il n'y avait d'ailleurs là qu'un retour aux anciennes pra-
tiques : nous nous rappelons encore bien le temps où les enfants des
écoles primaires étaient exercés à la lecture des contrats.
Le recueil qu'a formé M. de Bourmont facilitera singulièrement la
tâche de ceux qui voudront marcher sur ses traces. On y trouve, en
effet, le fac-similé héliographique de dix-neuf morceaux qui repré-
sentent très convenablement les principaux genres d'écriture employés
en France dans les actes des trois derniers siècles. A ces fac-similés,
38
586
dont le nom de Dujardin garantit la rigoureuse exactitude, sont
jointes des transcriptions, avec des remarques sur les abréviations les
plus usuelles.
A l'aide du recueil de M. de Bourmont, rien ne sera plus aisé que de
s'exercer à la lecture des écritures du xvi«, du xvn« et du xvm« siècle.
Nous devons donc féliciter le jeune auteur, et nous applaudir du ré-
sultat probable de son entreprise : en vulgarisant l'art de déchiffrer les
anciens documents, il aura contribué à les faire respecter et à en assurer
la conservation.
L. D.
»«oo<
LIVRES NOUVEAUX.
SOMMAIRE DES MATIÈRES.
Sciences AuxniiAraEs et sources. — Paléographie, 708. — Bibliothè-
ques, 727. -- Archives, 734, 735, 773, 785. -— Gartulaires et documents,
714, 719, 774, 783, 784.
Biographie et généalogie, 730, 739. — César, 737 ; Clément V, 787 ;
Contarini, 760; Ebner, 778; Gontran, 717; Henri VH, 763, 787;
Noerdlingen, 778; Zaehringen, 786.
Géographie, topographie, 745.
Droit, 705, 728, 741, 762, 771, 775.
Institutions. — Monarchie, 779. — Administration, finances, 719,
765. —Seigneuries, fiefs, 739, 741, 745, 755, 767. — Villes, communes,
747, 749, 754, 756, 761, 766, 771. — Corporations, 775.
Moeurs, usages, 751. — Sciences, instruction, 710, 755, 757.
Religions, 745. — Catholicisme, 709, 729, 750; papauté, 787; diocèses,
753; paroisses, églises, 714, 746; ordres, 769, 774; monastères, 712,
738, 740, 742, 758, 770, 783. — Judaïsme, 705. — Croisades, 700, 780.
Archéologie, 706, 718, 752. — Architecture : édifices civils et militaires,
711, 748, 777; édifices religieux, 722, 726, 733; sépultures, 736. —
Sculpture, 716. ~ Peinture, 715, 726, 763. — Mobilier, costume,
732, 733.
Langues et littératures, 769. — Latin, 709, 750. — Langues ro-
manes : catalan, 721 ; français, 707, 731 , 737, 759, 781; italien, 713;
provençal , 744 , 782. — Langues germaniques : allemand , 699 , 730 ,
743; anglais, 723, 768; norois, 772. — Langues celtiques, 701, 702.
587
SOMMAIRE GÉOGRAPHIQUE.
Allemagne, 763, 776, 779, 787. —.Bade, 786. — Bavière, 754. —
Prusse, 741, 758, 770.
Autriche-Hongrie, 769. — Autriche, 703, 719. — Hongrie, 766.
Belgique, 714, 715, 724, 731, 761, 783.
France, 718.— Bourgogne, 717; 724; Bretagne, 702; Gascogne, 744;
Limousin, 700; Provence, 746. — Ain, 753; Gorrèze, 745; Gôte-d'Or,
748; Drôme, 711; Eure-et-Loir, 722; Finistère, 727, 740; Loir-et-Cher,
777; Loiret, 736; Lot, 745, 746; Maine-et-Loire, 742; Marne, 726, 757;
Mayenne, 739; Meurthe-et-Moselle, 735; Meuse, 757; Nord, 720, 733,
755; Pyrénées-Orientales, 721;Sarthe, 716, 732, 734; Seine-Inférieure,
752; Tarn, 765; Vaucluse, 782; Vosges, 712; Yonne, 738.
Grande -Bretagne -et -Irlande. — Angleterre, 723, 768, 785. —
Irlande, 701.
Italie, 762, 763, 767. — Lombardie, 706, 756, 764; Piémont, 704,
774; Rome, 706; Vénétie, 725,751, 773, 775. — Sicile, 771.
Norwège, 772.
Pays-Bas, 715.
Suisse, 749, 784.
Orient, 700, 780.
699. Alte hoch- und niederdeutscheVolkslieder mit Abhandlung und
Anmerkungen herausgegeben von Ludwig Uhland. Zweite unveraen-
derte Auflage. I. B. : Liedersammlung in fùnf Bûchern. Stuttgart,
Gotta, 1881. 842 p. 10 m.
700. Arbellot (Fabbé). Les Ghevaliers limousins à la première croi-
sade (1096-1102). Paris, Haton. 72 p.
701. Arbois de Jubainville (H. d'). L'Alphabet irlandais primitif et
le dieu Ogmios. Paris , imprimerie nationale. 7 p. (Extrait des Comptes
rendus de V Académie des inscriptions et belles-lettres. )
702. Arbois de Jubainville (H. d'). Études grammaticales sur les
langues celtiques, 1'® partie: introduction; phonétique et dérivation
bretonnes. Paris, Vieweg. xv-122 p.
703. Archivio storico per Trieste, Fis tria ed il Trentino , diretto da
S. Morpurgo ed A. Zenatti. Vol. I, fasc. 1\ Roma, agosto 1881. Par
an, 8 1.
704. Bacgo (Placido). Genni storici su Avigliana e Susa. Vol. I. Susa,
tip. Gatti. 103 p. 2 1.
705. Benoit-Lévy (Edmond). Étude historique et juridique sur le
588
serment more Judaico, Paris, Cotillon. 16 p. (Extrait de VVnivers Uraé'
lite.) 1 fr.
706. Bbrtolotti (A.). Artisti lombardi a Roma nei secoli xv, xvi e
x\ii. Studi e ricerche negli archivi romani. Milano, Hoepli, 1881. 2 vol.,
vn-383, 387 p. 8 l.
707. Boucherie (A.). Additions au dictionnaire de Littré (lexicologie
botanique), d'après le De œmpositione medicamentorum de Bernard
Dessen (1556). Paris, Maisonneuve. 34 p.
708. BouGHBT (Gh.). De la transcription des chartes et des manus-
crits. Vendôme, typ. Lemercier, 1881 . 23 p. (Extrait du Bulletin de la
Société archéologiqiie, scientifique et littéraire du Vendâmois.)
709. BouRQAiN (L.). Les Sermons latins rimes au moyen âge. Angers,
impr. Lachèse et Dolbeau. 17 p. (Extrait des Mémoires de la Société
d'agriculture^ sciences et arts d'Angers,)
710. Brants (Victor). L'Économie sociale au moyen âge. Coup d'œil
sur les débuts de la science économique dans les écoles françaises aux
xni* et xrv« siècles. Louvain, Peeters. 87 p. 1 fr. 50 c.
711. Brun- Durand (J.). La Ville de Grest (Drôme), sa tour et ses
illustrations, résumé historique. Vienne, Savigné. 12 p., planche.
(Extrait de la Revue du Dauphiné et du Vivarais.)
712. Galmet (dom A.). Histoire de l'abbaye de Senones. Texte inédit,
transcrit, etc., par F. Dinago. Livraisons 4 et 5 (fin). Saint-Dié, Ëpinal
et Nancy. P. 241-440. (Publication des œuvres inédites de dom A. Gal-
met.)
713. Gardugci (Giosuè). La Poesia barbara nei secoli xy e xvi.
Bologna, Zanichelli. iv-483 p. 5 L; édition de luxe, 30 1.
714. Gartulaire de Tancienne église collégiale de Notre-Dame, à
Gourtrai, publié, sous les auspices de l'administration communale de
cette ville, par Gharles Mussely et Emile Molitor. Gand, impr. Annout-
Braeckman. In-4, vi-434 p. 20 fr.
715. Gasati (G.-Gharles). Petits Musées de Hollande et grands Pein-
tres ignorés. Exposition archéologique de Bruxelles (1880). Paris , Di-
dier. 53 p.
716. Gharles (Pabbé Robert). Un Diptyque d'ivoire du xrv« siècle,
provenant de la Ferté-Bernard (Sarthe). Le Mans, Pellechat. 14 p. et
pi. (Extrait de la Revue historique et archéologique du Maine, t. VHI.)
717. Glarin (A.). Histoire épisodique de Bourgogne. Avec une intro-
duction par M. P. Mignard. Tome I. Gontran (vi« siècle). Dijon, impr.
Marchand, xvi-267 p., gravure. 3 fr. 50 c.
718. Gongrès archéologique de France. 47« session. Séances géné-
rales tenues à Arras en 1880 par la Société française d'archéologie
589
pour la conservation et la description des monuments. Paris, Champion.
L-573 p.
719. Decem Registra censuum Bohemica compilata aetate bellum
Husiticum praecedente. Deset urbârû Seskych z doby przed vâlkami
husitskymi. K vydânî upravil Josef Emler. Y Praze, nâkladem Krâl.
ieské Spolecnosti nauk, 1881. xii-436 p.
720. Demeunynck (A.). Petite Chronique lilloise , faits mémorables,
curieux et intéressants des xvi®, xvn® et xvm« siècles, recueillis dans
des manuscrits du temps, rédigés et mis en ordre. Lille, impr. Lefebvre-
Ducrocq. vin- 17 p.
721. Documents sur la langue catalane des anciens comtés de Rous-
sillon et de Cerdagne, publiés par B.-J. Alart. Paris, Maisonneuve.
235 p. (Extrait de la Revue des langues romanes.)
722. Durand (Paul). Monographie de Notre-Dame de Chartres. Expli-
cation des planches. Paris, imprimerie nationale. In -4, xii-182p.
(Collection de documents inédits sur l'histoire de France.)
723. EiNENKEL (Eugen). Ueber die Verfasser einiger neuangelsaechsi-
schen Schriften. Leipzig, Fock, 1881. 132 p. 3 m. 50 pf.
724. EsTRUP (H.-Fr.-J.). Liégeois et Bourguignons en 1468. Étude
historique , d'après les rapports du légat Onufrius. Traduction du da-
nois , publiée , avec une introduction , par Stanislas Bormans. Liège.
Lvm-115 p. (Publication de la Société des bibliophiles liégeois, n» 24.)
725. Fabri (Felice) da Ulma. Descrizione di Venezia nel mcdlxxxvhi.
Venezia, tip. deir Ancora. 117 p. (Publié par Domenico Zasso.)
726. Fanart (Ij.-S.). Notice historique sijr un tableau appartenant à
la basilique de Saint-Remy de Reims et sur la chapelle pontificale qui
y est représentée. Reims, impr. Monce. 94 p.
727. Fleury (E.). Catalogue méthodique de la bibliothèque commu-
nale de Brest. Tome I, contenant la théologie et la jurisprudence.
Brest, impr. Gadreau. GLxvin-428 p.
728. Frauenstaedt ( Paul ). Blutrache und Todtschlagsiihne im
deutschen Mittelalter. Studien zur deutschen Kultur- und Rechtsge-
schichte. Leipzig, Duncker et Humblot, 1881. xi-250 p. 5 m.
729. Gass (W.). Geschichte der christlichen Ethik. I. B. Bis zur
Reformation. Berlin, Reimer, 1881. xvm-458 p. 7 m.
730. ÏÏEINTZE (Albert). Die deutschen Familien-Namen geschichtlich,
geographisch , sprachlich. Halle a. S., Buchhandlung des Waisen-
hauses, 1882. viii-227 p. 4 m. 50 pf.
731. Herbomez (Armand d*). Étude sur le dialecte du Tournaisis au
xiii« siècle , d'après les chartes de Tournay . Tournai , typ. Casterman ,
1881. 160 p. (Extrait des Mémoires de la Société historique.)
590
'5sl. 'dteiUÉitai ^Bli^eèii!!^. De ImiX celtique à Tépoque mèroTingiimiift, à
x^;4ife4ft>u i««K 4(çr«i>»$ méroyingieimes du musée arehéologiqiie da
>ÉàM»^ U' >Uitoî^. )laoLnover. W p. avec fig. (Extrait de la Jkvtie histo^
i^«Mr ^ u^^^M^iiffÊÊ du JfotiM, t. Vni.)
\\^ lii>i«Hi(suLr^ du mobilier de Téglise Notre-Dame à Douai (1421),
.A.a^( ieë^ wbix^ de la ville, avec notes et introduction, par Jules
L«^^4iX l>Miiù^ impr. Crépin. 16 p. (Extrait des Souvenirs de la Flmndre
^«M^w«^> u \XJ)* ^ fr. 50 c.
\t«. luv0ttUiin>-sommaire des archives départementales de la Sarthe
ui^^H^ar^ ^ 17^^ rédigé par MM. A. Bellee et V. Duchemin , archi-
\4*w^ Ajvàiv^îij ecclésiastiques. Série H, i»* partie, n*» i-1000. Tome HI.
W H«uiGs impr. Monnoyer. In-4, 426 p.
\<^ lu\«H)tUire-sommaire des archives départementales de Meurthe-
.^*>i<.>*i>il*> duwrieures à 1790, rédigé par M. Henri Lepage, archiviste.
Vi>;tu\^ ecclésiastiques. Série G; série H, n*** là 1692. Tome FV,
> yk,jau*>» Nancy, impr. Gollin. In-4, xxivra-187 p.
?K^. J.\iutY (L.K Une Tombe du irv» siècle à Saint-Euverte. Orléans,
bà^luis»>tt. 12 p., fig. (Extrait des Mémoires de la Société arduoloçique et
W^WNi^Mt^ de rOrléanais,)
1^7. Jkham de Tum, li Hystore de Julius Gesar. Eine altfranioesische
lù'Adohlxing in Prosa. Zum ersten Mal herausgegeben von D^ F. Sette-
^^t. Halle, Niemeyer, 1881. ixxiv-271 p. 9 m.
73{^. Job» (Fabbé). Histoire du prieuré de Jully-les-Noimains, avec
l^<)c^ justificatives. Paris, Bray et Retaux, vm-448 p.
T^, JouBERT (André). Ramefort de Gennes et ses seigneurs au
\v« i^ècle , d après les archives inédites du château de la Sionnière.
Mamers, impr. Fleury et Dangin. 23 p. ^Extrait de la Bévue historique
$i i^txhéoloçique du Maine^ t. VUI.)
740. Le Duc (dom Placide). Histoire de Tabbaye de Sainte-Croix de
^uimperlé. Publiée pour la première fois d après le manuscrit de
Tauteur, suivie de pièces justificatives et accompagnée de notes, par
H,-F, Le Men. Quimperié, Clairet. 671 p.
741. Lehns- und Besitiurkunden Schlesiens und seiner einxelnen
Furstenthûmer im Mittelalter. Herausgegeben von I> C Grûnhagen
und D» H. Markgraf. L Th. Leipxig, Hirzel, 1881. xi-o55 p. (Publica-
tionen ans den k. preussischen Staatsarchiven. VU. B.) 12 m.
742. L^EsroraBEiixox \le comte Régis de). Notice sur le prieuré delà
Papillaye en Anjou. Nantes, impr. Forest et Grimaud. 11p. (Extrait
du Bulletin de la Société archéologique de Santés^ t. XIX.)
743. LccxiG ^Franx). Bilder lur Geschichte der deutsdien Sprache.
Paderborn. Schoeningh» 1881. x490 p. 6 m.
594
744. LucHAiRB (Achille). Recueil de textes de Tancien dialecte gascon,
d'après des documents antérieurs au xyi* siècle, suivi d'un glossaire.
Paris, Maisonneuve. xvi-208 p.
745. Marche (l'abbé B.-A.). Catholicisme et Calvinisme : la Vicomte
de Turenne et ses principales villes, Beaulieu, Argentat, Saint -Céré,
Martel. Tulle, impr, Grauffon. 515 p., 7 grav., carte et armoiries de la
vicomte. 7 fr. 50 c.
746. Martel (le R. P.). Étude historique sur Foratoire de Notre-
Dame de Grâces, en Provence. Paris, Téqui. In- 12, 344 p.
747. Massabie (l'abbé B.). Origine et ancienne constitution de la
commune de Figeac. Tulle, impr. Mazeyrie. In-12, 79 p.
748. Massicot (A.). Le Manoir de Posanges (Gôte-d'Or), au point de
vue de l'architecture militaire et de la fortification du xv* siècle. Semur,
impr. Lenoir. 15 p.
749. Meier (Félix). Geschichte der Gemeinde Wetzikon. Heraus-
gegeben von der Lesegesellschaft Oberwetzikon. Zurich, Hoehr, 1881.
vi-610 p., 1 carte.
750. MiGNE (J.-P.). Patrologiae Cursus completus, etc. Séries Latina
prior, etc. T. 151. B. Urbanus II papa; saeculi xi auctores incerti anni
et scripta âSéoiroTa; monumenta liturgica; monumenta diplomatica; ad
saBcula IX et X appendices. Paris, Garnier. 748 p.
751. MoLMENTi (P. G.). La Vie privée à Venise depuis les premiers
temps jusqu'à la chute de la république. Ouvrage couronné par l'ins-
titut royal des sciences, des lettres et des arts de Venise. Venise,
Ongania, 1882. xni-555 p.
752. Notice sur Cauville (Seine -Inférieure), situation, étymologie,
antiquités romaines, relations avec l'abbaye de Montivilliers, familles
seigneuriales, etc. Le Havre, impr. Lepelletier. 50 p. avec planche.
753. Nyd (l'abbé L.-M.). Recherches sur les origines du siège épis-
copal et du diocèse de Belley. 1»« partie. Bourg, impr. Villefranche.
91p.
754. Oegg (Joseph Anton). Entwicklungsgeschichte der Stadt Wûrz-
burg. Mit Bev^illigung des Ëigenthûmers des Manuscriptes, des histo-
rischen Vereins von Unterfranken und Aschaffenburg , herausgegeben
und mit einer Einleitung, Anmerkungen und einem Register versehen
von D*" August Schaeffler. Wùrzburg, Woerl, 1881. 480 p.
755. Pierret (Calixte). L'Ancienne Terre franche et baronnie
d'Etrœungt en Hainaut. i^ partie. Notice historique et statistique sur
l'état ancien et moderne de l'instruction et de l'éducation chez les
habitants du bourg d'Etrœungt et de la contrée environnante. Avesnes,
Eliet-Lacroix ; Fourmies, Bachy. 185 p. 4 fr.; papier de luxe, 5 fr.
592
756. Provera (Antonio). I Gomuni délia Lombard la. Note storiche,
archeologiche e statistiche. Mortara, tip. Botto. 171 p. 1 1. 50 c.
757. PuisBux (l'abbé). L'Instruction primaire dans le diocèse ancien
de Ghâlons-sur-Marne avant 1789. Gbâlons-sur-Marne , impr. Martin.
Yi-78 p.
758. Pyl (Theodor). Geschichte des Gistertienserklosters Eldena im
Zusammenhange mit der Stadt und Universitaet Greifswald. Greifs-
wald, Bindeward, J 880-1882. 2 vol., XYi-825p., 2 planches. 12 m.
759. Rabelais (François). Les Œuvres, etc. , accompagnées d'une
notice, etc., par Gh. Marty-Laveaux. Tome FV. Paris, Lemaire. 411p.
10 fr.
760. Regesten und Briefe des Gardinals Gasparo Gontarini. (1483-
1542.) Herausgegeben von. D' Fr. Dittrich. Braunsberg, Huye, 1881.
vni-407 p. 7 m. 50 pf.
761. Rembry-Barth. Histoire de Menin, d'après les documents
authentiques. Bruxelles, Gailliard. 4 vol. , viii-680, 523, 515,477 p.,
8 plans et vues. 30 fr.
762. Rinaldi (Antonio). Il Gomune e la Proyincia nella storia del
dritto italiano. Studii. Potenza, tip. Magaldi e délia Ratta. 373 p. 5 1.
763. Romfahrt (Die) Kaiser Heinrich's Vil. im Bildercyclus des
Godex Balduini Trevirensis herausgegeben von der Direktion der k.
preussischen Staatsarchive. Erlaeuternder Text bearbeitet (unter Benut-
zung des literarischen Nachlasses von L. v. Eltester) von D' Georg
Irmer. Berlin, Weidmann, 1881. In-4, xii-120p., 39 planches. 45 m.
764. RosA (Gabriele). La Talle Gamonica nella storia. Breno, tip.
Venturini. 205 p. 3 1.
765. Rossignol (Éiie-A.-J.). Assemblée du diocèse de Lavaur. Paris,
Dumoulin. 103 p.
766. Salzer (Johann Michael). Der koenigl. freie Markt Birthaelm
in Siebenbùrgen. Ein Beitrag zur Geschichte der Siebenbiirger Sachsen.
Wien, Graeser, 1881. xvi-751 p., 8 planches.
767. Santamaria (Nicola). I Feudi, il diritto feudale e la loro storia
neir Italia méridionale. Napoli, Marghieri, 1881. 429 p. (Biblioteca
délie scienze giuridiche e sociali, vol. XXXVIII.) 7 1.
768. ScHipPER (J.). Englische Metrik in historischer und systemati-
scher Entwickelung dargestellt. I. Th. Altenglische Metrik. Bonn,
Strauss, 1881. xxvii-565p. 13 m. 50 pf.
769. Scriptores ordinis 8. Benedicti qui 1750-1880 fuerunt in im-
perio Austriaco-Hungarico. Vindobonae, Woerl, 1881. In-4, cix-600 p.
593
770. Sello (G.)- Lehnin. Beitraege zur Geschichte von Kloster und
Amt. Berlin, Lehmann, J881. v-262 p. 4 m.
771. Siciliens mittelalterliche Stadtrechte nach alten Drucken und
Handschriften mit einer Einleitung herausgegeben und dem Inhalte
nach systematisch dargestellt von Wilhelm von Brùnneck. Halle,
Niemeyer, 1881. lxix.231-385 p. 20 m.
772. Spéculum regale. Ein altnorwegischer Dialog nach God. Arna-
magn. 243 fol. B und den aeltesten Fragmenten herausgegeben von D"^
Oscar Brenner. Mùnchen, Kaiser, 1881. xvi-2d2 p.
773. Statistica degli archivii délia regione veneta. Venezia, Naratovich,
1880-1881. 3 vol., civ-480, 561, 296 p.
774. Statu ti (gli) délia società militare subalpina del Fiore delF anno
1342, pubblicati con proemio storico da Gaudenzio Glaretta. Torino,
Loescher. 23 p. (Extrait des Atti delV Accademia délie scienze di
Torino,)
775. Statuti friulani. Il dazio dei panni e Tarte délia lana in Udine
dal 1324 al 1368 ; documenti editi per cura di Antonino di Prampero.
Udine, tip. Doretti. 33 p. (Per nozze Rossi-Rechler.)
776. Steindorff (Ernst). Jahrbûcher des deutschen Reichs unter
Heinrich III. II. Band. Leipzig, Dunckerund Humblot, 1881. ix-553 p.
(Jahrbûcher der deutschen Geschichte.) 12 m.
777. Storelli (A.). Notice historique et chronologique sur le châ-
teau de Ghambord, avec plusieurs gravures à Teau-forte. Paris, Baschet.
In4, 12 p., 4 pi.
778. Straugh (Philipp). Margaretha Ebner und Heinrich von Noerd-
lingen. Ein Beitrag zur Geschichte der deutschen Mystik. Freiburg
i. B. und Tûbingen, Mohr, 1882. gvi-415 p.
779. Sybel (Heinrich von). Entstehung des deutschen Koenigthums.
Zweite, umgearbeitete Auflage. Frankfurt a. M., Rûtten und Loening,
1881. 498 p. 10 m.
780. Sybel (Heinrich von). Geschichte des ersten Kreuzzuges. Zweite,
neu bearbeitete Auflage. Leipzig, Fleischer, 1881. vra-468 p. 10 m.
781. Thibaut (messire), li Romanz de la Poire. Erotisch-allegorisches
Gedicht aus dem xm. Jahrhundert nach den Handschriften der Bibl.
nat. zu Paris zum ersten Maie herausgegeben von Friedrich Stehlich.
Halle, Max Niemeyer, 1881. 136 p. 4 m.
782. Traduction des Psaumes de la pénitence en vers provençaux,
publiée pour la première fois, d'après le manuscrit d'Avignon, par
Gamille Ghabanneau. Paris, Maisonneuve. 40 p. (Extrait de la Revue
des langues romanes.)
594
783. Trois (les) Gartulaires do la prévôté ou abbaye de Saint-Martin,
à Ypres. Tome H. Bruges. In-4, p. 425-924. (Publication de la Société
d'émulation de la Flandre.)
784. Urkundenbuch der Landschaft Basel. Herausgegeben von Hein-
rich Boos. I. Theil : 708-1370. Basel, Detloff, 1881. xii-399 p.
785. Warner (George F.). Catalogue of the manuscripts and muni-
ments of Alleyn's collège of God's Giftat Dulwich. (London*) Longmans,
1881. LV-388 p.
786. Weech (Friedricb von). Die Zaehringer in Baden. lUustrirt von
Hermann Goetz. Karlsruhe, Braun, 1881. In- 4, 84 p., 10 planches.
8 m.
787. Wenck (Garl). Glemens V. und Heinrich Vil. Die Anfaenge
des franzoesischen Papstthums. Ëin Beitrag zur Geschichte des xiv.
Jahrhunderts. Halle, Niemeyer, 1882. x-183 p. 5 m.
CHRONIQUE ET MÉLANGES.
Le ministre de l'instruction publique et des cultes ,
Vu Tarrôté du 24 juillet 1871,
Vu la liste des candidats présentés par le conseil de perfectionne-
ment de rÉcole des chartes à la suite de l'examen d'entrée,
Arrête :
Sont nommés élèves de l'École des chartes , dans Tordre de mérite
suivant, les candidats ci-après désignés, savoir :
1. DuvERNOY (Émile-Eugène), né à Nancy le 25 juillet 1861.
2. MiLLOT (Etienne -Ernest), né à Vendeuvre - sur - Barse (Aube) le
11 novembre 1859.
3. Baudon de Mon y (Charles- Adolphe-Joseph- Vincent-de-Paul), né à
Paris le 15 juin 1862.
4. Langlois (Charles-Victor), né à Rouen le 26 mai 1863.
5. AuvRAY (Louis -Henri -Lucien), né à Orléans (Loiret) le 28 fé-
vrier 1860.
6. Lefèvre-Pontalis (Eugène- Amédée), né à Paris le 12 février 1862.
7. Grand (Ernest-Daniel), né à Paris le 12 mars 1861.
8. Prunière (Jean), né à Brassaget, commune de Brassac (Puy-de-
Dôme) le 9 mai 1858.
9. Jordan (Marie- Joseph-È tienne-Camille) , né à Chalon-sur-Saône
le 28 juin 1863.
10. Marlet (Jules-Émile-Léon), né à Orléans (Loiret) le 31 mars 1862.
11. Perret (Paul-Michel), né à Lyon le 24 juin 1861.
12. Funck-Brentano (Jacques -Chrétien- François -Séraphicus), né à
Munsbach, commune de Schuttrange, canton de Luxembourg (grand-
duché de Luxembourg), le 15 juin 1862.
13. Leqrand (Léon-Frédéric) , né à Saint-Pierre-lez-Nemours (Seine-
et-Marne) le 5 juillet 1861.
14. TissiER (Jean- Joseph), né à Auch (Gers) le 8 mai 1859.
15. Cadier (Pierre-Léon), né à Pau (Basses-Pyrénées) le 17 avril 1862.
16. Barroux (Léon-Marius), né à Paris le 10 décembre 1862.
17. Casis (Marie- Joseph- André), né à Paris le 16 avril 1861.
18. Dupond (Jean-Alfred-Berthe), né à Paris le 19 août 1861.
19. DuNOYER DE Ségonzac ( Jacqucs- Joseph-François-Gastou) , né à
Garennac (Lot) le 31 décembre 1863.
596
20. Stbin (Frédéric- Alexandre-Henri), né à Pierry (Marne) le 28 fé-
vrier 1862.
Fait à Paris, le 26 novembre 1881.
Signé : P. Bbrt.
— M. Bruel a été élu membre de la commission de comptabilité de
la Société de TÉcole des chartes, en remplacement de M. Gamier,
décédé.
— Nos confrères MM. Beauquier, Louis Passy et Camille Pelletan
ont été élus membres de la chambre des députés.
— Notre confrère M. Saige a été nommé surintendant des archives,
bibliothèque^ et musées de la principauté de Monaco.
— Par arrêté du 18 octobre 1881, notre confrère M. Antoine Thomas
a été nommé maître de conférences de langues et littératures romanes à
la faculté des lettres de Toulouse.
— • Par arrêté du 29 octobre, notre confrère M. Gasati a été nommé
ofQcier d'académie.
— Par arrêté du 10 novembre, notre confrère M. Léon Gautier a été
nommé sous-chef de la section du secrétariat aux Archives nationales,
en remplacement de M. Ed. Garnier, décédé.
A la même date, notre confrère M. Élie Berger, archiviste auxi-
liaire à la section judiciaire, a été nommé archiviste de sixième
classe.
— Par arrêté du 19 novembre, notre confrère M. Auguste Himly a été
nommé, pour cinq ans, doyen de la faculté des lettres de Paris, en rem-
placement de M. Wallon, nommé doyen honoraire.
— Par arrêté du 28 novembre, le ministre de l'instruction publique
a institué une commission chargée de préparer la publication des docu-
ments relatifs à l'histoire de Tinstruction publique pendant la période
de 1789 à 1808. Nos confrères MM. Charavay, L. Delisle, G. Pelletan, J.
Quicherat, F. Rocquain et de Rozière font partie de cette commission.
— Par arrêté du 30 novembre, notre confrère M. Jules Soury a été
chargé d'une conférence d'histoire des doctrines psychologiques près
l'École pratique des hautes études.
— Par arrêté du 5 décembre , notre confrère M. Giry a été chargé,
pour Tannée scolaire 1881-1882, d'une conférence élémentaire de paléo-
graphie, diplomatique et chronologie à la faculté des lettres de Paris.
— Par décret du 13 décembre, notre confrère M. Jules Quicherat a
été nommé vice-président de la commission des monuments histo-
riques.
— Par décret du 15 décembre 1881 , notre confrère M. Gauwès a été
nommé professeur d'histoire du droit romain et du droit français à la
faculté de droit de Paris.
597
— Par arrêté du 18 décembre, notre confrère M. Hanotaux, commis
principal à la direction des affaires politiques et des archives du minis-
tère des affaires étrangères, a été nommé sous-chef du cabinet du
ministre des affaires étrangères.
— Par décrets du 31 décembre , nos confrères M. Célestin Port et
M. Auguste Himly ont été nommés officiers de la Légion d'honneur.
— Par décret en date du 2 janvier 1882, notre confrère M. d'Arbois
de Jubainville a été nommé professeur titulaire de la chaire de celtique
créée au collège de France.
— Dans un de nos prochains cahiers , nous publierons une notice sur
la vie et les travaux de notre regretté confrère M. Rédet, décédé à
Poitiers le 30 septembre dernier.
— La séance publique annuelle de l'Académie des inscriptions et
belles-lettres a eu lieu le 18 novembre 1881. Nous extrayons du dis-
cours du président, M. Pavet de Gourteille, les passages relatifs à plu-
sieurs de nos confrères.
c Le plus important de tous nos concours, celui des antiquités natio-
nales, est très satisfaisant dans son ensemble, et son savant rapporteur
n'a été que notre fidèle interprète lorsqu'il a dit : « Le concours de 1881
« n'est inférieur à aucun de ceux qui l'ont précédé, et le souhait que
« nous avons à former, c'est que ceux qui le suivront lui ressemblent. »
En effet, trente-cinq auteurs y ont pris part et la qualité des envois
n'était pas inférieure à la quantité, à tel point que nous avons jugé
impossible de borner au nombre réglementaire de trois les médailles à
décerner et que nous avons regretté de ne pouvoir dépasser le chiffre
de six mentions honorables, fixé par un usage dont on a pu apprécier
les effets salutaires.
« La première médaille a été décernée à M. Fournier, professeur à la
faculté de droit de Grenoble, pour son beau travail sur les Officiantes
au moyen âge. Initié par le doctorat et l'agrégation à la science du droit,
qui fait trop souvent défaut aux historiens , familiarisé par l'enseigne-
ment de l'École des chartes avec cet art de trouver, de lire et d'inter-
préter les textes anciens, inconnu à beaucoup de juristes, doué d'un
esprit clair, rigoureux et sagace, M. Fournier a construit son livre sur
un très bon plan et l'a exécuté avec autant de compétence que de
méthode. Tout en y signalant quelques lacunes , nous n'hésitons pas à
dire que c'est un des travaux les plus importants et les plus louables
qui depuis longtemps aient été envoyés à ce concours
c M. Thomas a mérité la troisième médaille par son ouvrage sur les
États provinciaux de la France centrale sous le règne de Charles VIL
C'est une étude complète et consciencieuse d'un sujet bien déterminé,
faite à l'aide de documents inédits. Ces assemblées provinciales, qui ont
joué un rôle important dans la vie de notre pays, étaient fort peu con-
598
nues jusqu'à ce jour; c'est à peine si nos historiens les mentionnent, et
les documents qui les concernent sont encore enfouis dans les archives.
M. Thomas a très hien établi leurs attributions tant politiques qn'admi-
nistratives et législatives. Il nous présente Thistoire rapide de leurs
sessions et y joint des notices biographiques intéressantes et tout à fait
neuves sur les commissaires du roi accrédités près d'elles.
a M. Tuetey, auquel l'Académie, avec l'autorisation du ministre de
l'instruction publique, a décerné une médaille supplémentaire, s'est
signalé par la publication de deux ouvrages intéressants : le premier.
Testaments enregistrés au parlement de Paris sous le règne de Charles VIF;
le second. Journal d'un bourgeois de Paris ^ de 1405 à 1449, qpi'il croit
pouvoir attribuer à Jean Ghuffart, chanoine de Notre-Dame. Tous les
deux sont remplis de renseignements précieux et authentiques sur les
mœurs de ce temps et les personnages qui y jouent un rôle ; tous deux
se font remarquer par beaucoup de travail et de critique.
c Nous aurions voulu pouvoir attribuer une distinction semblable à
plus d'un des ouvrages auxquels nous accordons des mentions hono-
rables. Le premier est le livre de M. Valois sur Guillaume d^ Auvergne,
évêque de Paris, dont la partie biographique nous offre un certain
nombre de faits nouveaux et intéressants puisés aux sources origi-
nales
c Nous avons attribué la quatrième mention à M. Joûon des Lon-
grays pour son édition de la Chanson de geste d'Aquin ou la Conquête
de la Petite-Bretagne. La tâche était difficile à remplir. Le savant édi-
teur s'en est acquitté heureusement quant à la partie historique et
géographique, particulièrement intéressante pour un Breton; mais il
s'est montré moins compétent dans la solution des questions purement
philologiques
(C L'Académie, comme je le disais tout à l'heure, regrette vivement
de ne pouvoir multiplier le nombre de ces mentions, car elle aurait
voulu distinguer les utiles travaux de M. Maître sur V Assistance
publique dans la Loire-Inférieure ; mais il faut savoir se borner,
dans l'intérêt même des concurrents , des vainqueurs qui ont mérité
d'être cités entre tous et de leurs rivaux moins heureux qui seront lau-
réats à leur tour
c Les prix Gobert, destinés à récompenser le travail le plus savant et
le plus profond sur Vhistoire de France et les études qui s'y rattachent,
continuent à entretenir une émulation qui s'affirme chaque fois par des
travaux d'une importance considérable. Les concurrents ne nous ont
pas fait défaut cette année et l'Académie ne s'est prononcée entre eux
qu'après une longue et sérieuse discussion Le second prix a été
attribué à M. Alexandre Bruel pour son Recueil des chartes de l'abbaye
de Cluny (t. I et II, Paris, 1876-1881). De longues années d'un labeur
continu ont été nécessaires pour mener à bonne fin les deux volumes
599
que M. Bruel a soumis au concours ; il les a accompagnés d'un mémoire,
fruit d'une patiente et solide érudition, qui justifie et explique la mé-
thode chronologique suivie par l'auteur. Si des circonstances indépen-
dantes de sa volonté n'avaient empêché M. Bruel de faire paraître
immédiatement l'introduction historique et géographique, complément
nécessaire de ses recherches, il eût été fondé à disputer le premier rang
à son rival
« L'Académie a décerné le prix La Fons-Mélicocq à M. Flammer-
mont pour son Histoire des institutions municipales de Sentis, ouvrage
rempli de renseignements et de documents puisés aux sources origi-
nales, en grande partie inédits et exposés avec méthode et clarté
€ Six concurrents se disputaient le prix Brunet. La victoire est
restée à M. Auguste Molinier, pour sa Bibliographie du Languedoc,
travail très recommandahle à tous égards et où le savant auteur, qui
est parfaitement maître de son sujet, a consigné les renseignements
les plus précieux
c Les Écoles d'Athènes et de Rome, ces deux filles de prédilection
de l'Académie, continuent à se montrer dignes de l'intérêt que nous
leur portons L'École de Rome ne s'est pas montrée moins laborieuse
que sa sœur aînée M. Thomas a fourni deux excellents mémoires :
Francesco da Barbarino, étude sur une source nouvelle de l'histoire de la
littérature provençale, et Nouvelles Recherches sur TEntréb de Spagne,
chanson de geste franco-'italienne M. Faucon, occupé à l'analyse et à
la copie des registres de Boniface YIII, en a tiré un très curieux épi-
sode de l'histoire de Verdun, sous ce titre : Boniface VIII et la Commune
de Verdun Jaloux de fournir à l'École de Rome, dont il est le direc-
teur, un organe de publicité régulière et fréquente, notre savant con-
frère M. Geffroy est parvenu à fonder un nouveau recueil, les Mélanges
d'archéologie et d'histoire, qui s'impriment à Rome et qui paraîtront
chaque année en quatre ou cinq fascicules accompagnés de planches.
M. Geffroy a été aidé, dans cette difficile entreprise , par le concours
du ministre de l'instruction publique et par celui de quelques particu-
liers, dont le patriotisme aussi libéral qu'éclairé a voulu constituer, par
voie de donations, une caisse de l'École française de Rome. Si cette caisse
dispose déjà d'un capital de 40,000 francs, mis au service de la science,
elle le doit à la générosité de MM. Engel-Dolfus, Steinbach, deux
Alsaciens à qui rien de ce qui touche la grandeur morale de la France
n'est étranger, Durrieu, Delaville le Roux, Monbinne et Edmond de
Rothschild »
Dans l'annonce des concours dont les termes expirent en 1883 et
1884, nous relevons, en dehors des concours permanents, tels que les
antiquités de la France, les prix Gobert, etc., les deux sujets suivants,
mis au concours pour les prix Bordin à décerner en 1883 :
!• Étude sur les opérations de change, de crédit et d'assurance prati"
600
quées par les commerçants et banquiers français ou résidant dans les
limites de la France actuelle avant le IV* siècle.
2* Étudier à l'aide des documents d'archives et de testes littéraires le
dialecte parlé à Paris et dans l'Ile-^-France jusqu'à V avènement des Fa-
lois. Comparer ce dialecte, d'après les résultats obtenus, à la langue fran"
çaise littéraire, et rechercher jusqu'à quel point le dialecte parisien était
considéré au m^oyen âge comme la langue littéraire de la France..
Chacun de ces prix est de la valeur de trois mille francs.
Les mémoires, écrits en français ou en latin, devront être déposés an
secrétariat de Tlnstitut le 31 décembre 4882. Ils porteront une épigraphe
ou devise, répétée dans un billet cacheté qui contiendra le nom de Tau-
teur. Les concurrents sont prévenus que tous ceux qui se feraient
connaître seront exclus du concours.
— Par une circulaire datée d'octobre 1881 , M. Victor Advielle, offi-
cier d'académie, 3, rue Guénégaud, fait appel dans les termes suivants
aux érudits des diverses régions, afin d'obtenir des renseignements
pour un ouvrage qu'il prépare :
c Je commence l'impression de mon Histoire de l'ordre hospitalier de
Saint'Antoine-de- Viennois et de ses commanderies et prieurés.
c Dans le désir de rendre ce livre aussi complet que possible, je viens
solliciter de votre bonté la communication des documents qui peuvent
exister dans votre région, et qui m'auraient échappé, et l'indication de
tous les lieux qui ont conservé le souvenir de saint Antoine, ermite, et
de l'ordre des Antonins.
tt Je vous saurai un gré infini de ce que vous voudrez bien me trans-
mettre et vous en remercie d'avance très sincèrement. »
Cette circulaire est accompagnée d'un questionnaire ainsi conçu :
f 1* Quelles sont les églises, les chapelles, les pèlerinages, de votre
région, qui sont placés sous le vocable de saint Antoine, ermite ? — En
faire l'historique. — Y trouve-t-on des vitraux représentant le saint ?
— Avec quels attributs ? (En dire la date et fournir un croquis, si mau-
vais qu'il soit.)
c 2* Possède-t-on des reliques, des statues anciennes , des images et
des médailles de saint Antoine ?
c ^<* Quels sont les ouvrages et les articles de journaux qui ont été
consacrés dans le pays à l'ordre et au saint ?
a 4* Conserve-t-on dans les musées et les bibliothèques des statues
et des vies manuscrites du saint, des papiers sur Tordre, etc.?
c 5* Les chants et récits légendaires, les proverbes en l'hoonear
de saint Antoine , méritent d'être recueillis. — Nous en transmettre le
texte.
« 6° Connaît -on des portraits des généraux ou des religieux de
l'ordre ?
601
« 7* Trouve-t-on dans votre région des clochettes marquées du T des
antonins? Les décrire (joindre un dessin, s'il est possible).
« 8* A-t-on conservé des sceaux de l'ordre? En fournir une empreinte
ou au moins une description.
« 9- S'il existe dans votre localité une église , une chapelle ou un
pèlerinage, sous le vocable de saint Antoine, ermite, je vous prie de
m'en fournir la notice détaillée.
« 10- Je suis disposé à acquérir tous objets quelconques se rattachant
à l'ordre hospitalier de Saint- Antoine-de- Viennois (livres , manuscrits ,
parchemins, sceaux, statuettes, etc.). — Je vous serai particulièrement
obligé de me procurer quelques images populaires et médailles de piété,
à Teffigie de saint Antoine. »
L'ouvrage est publié par M. Guitton-Talamel , imprimeur à Aix-en-
Provence.
RÈGLES POUR LA RÉDACTION DES CATALOGUES
ADOPTÉES PAR l'aSSOCIATION DES BIBLIOTHÉCAIRES DU ROYAUME-UNI.
L'Association des bibliothécaires du royaume uni de Grande-Bre-
tagne-et-Irlande, dans la quatrième séance de son assemblée générale
annuelle, à Londres, le 16 septembre 1881, a adopté un corps de règles
pour la rédaction des catalogues de bibliothèque (Cataloguing Rules of
the Library Association of the United Kingdom). Le texte de ce règle-
ment a été publié dans les Monthly Notes of the Library Association
ofthe United Kingdom, vol. II, n" 10 (15 octobre 1881), p. 81. Nous en
donnons ici la traduction à titre de renseignement.
TITRE.
1 . On transcrira exactement le grand titre du livre, sans corriger,
traduire ni modifier quoi que ce soit. Toutefois, on pourra supprimer
les épigraphes, répétitions et développements inutiles de toute nature;
on indiquera les suppressions par un groupe de trois points (...). 11
n'est pas nécessaire de reproduire rigoureusement la disposition typo-
graphique et la ponctuation du titre.
2. Si un livre est particulièrement précieux par son ancienneté ou
sa rareté, on pourra en reproduire le titre in-extenso, avec la ponctua-
tion exacte.
3. En anglais, on mettra une majuscule initiale :
Aux noms propres qui désignent des personnes, personnifications,
lieux, corps, événements célèbres ou époques ;
Aux adjectifs et autres mots dérivés des noms propres, quand ils
ont un rapport direct à la personne, au lieu, etc., désignés par ces noms;
39
602
Au premUir mot de tout titre d'ouvrage cité;
Amv tUreit d^bonneur, quand ils tiennent lieu d'un nom propre (par
#tM»fl^>k»i Barl of Derby; mais John Stanley, earl of Derby),
4 iMnit les langues étrangères, on suivra, en ce qui concerne les
mAJun^ules, Tusage de chaque pays.
fh Ka cas de doute, on évitera les majuscules.
NOMBRE DE VOLUMES, FORMAT, LIEU, DATE, ETC.
a, Après le titre, on indiquera, dans Tordre suivant (les indications
m italiques sont facultatives) :
a, — L'édition, suivant l'indication portée au grand titre ;
h, — Le nombre de volumes, s'il y en a plus d'un ;
0, — S'il n'y a qu^un volume, on indiquera le nombre de pages,
en donnant le chifpre de chaque pagination et en réunissant les chiffres
de» diverses paginations au moyen du signe + ; le mêm^ signe, placé à
la suite des chiffres, indiquera des feuillets non paginés (autres que des
pages d'annonces) ;
d. — Le nombre des illustrations, cartes ou portraits hors texte;
e, — Le format ;
f. — Le lieu de publication, le lieu dHmpression, s'il est différent du
lieu de publication, et le nom du libraire-éditeur;
g, — L'année, telle qu'elle est indiquée au grand titre, mais en
chiiTres arabes ; si on sait que la publication ait eu lieu réellement en
une autre année, on pourra ajouter l'indication de celles-ci, entre
crochets.
LANQUB DU TITRE ET DE l' ADRESSE.
7. On donnera ces indications de titre et d'adresse, autant que pos-
sible, dans la langue du titre ; toutes modifications ou additions seront
placées entre crochets.
TABLES BT NOTES.
8. On donnera, s'il y a lieu, la table des volumes.
9. On mettra, s'il le faut, des notes, soit d'explication ou d'éclaircis-
soment, soit pour signaler des particularités bibliographiques et autres
(y compris los défauts). Les tables et notes seront en petit texte.
TÉTBS d'article.
On inscrira les livres :
10. Au nom do famille de l'auteur, s'il est indiqué au grand titre
ou dI on lo connait sûrement de quelque autre façon ; le prénom sera
pluctH outrt> |varixnUièses après le nom ; tout nom qui ne se trouvera pas
dAUM lo Hvns ni dans une éiliiion postérieure du môme livre, sera placé
m\x^ i^iH)o,luH(), ot tout ouvrage anonyme sera accompagné de Tabrévia-
603
11. Aux initiales du nom de l'auteur, si ces initiales seules sont con-
nues ; la dernière initiale sera placée la première ;
12. Au pseudonyme de l'auteur, en renvoyant du pseudonyme au
vrai nom, si on le sait;
13. Pour les articles de collections, au nom de l'éditeur et au titre
de la collection, chaque article étant en même temps catalogué à part;
14. Au nom des pays, villes, sociétés, etc., sous le patronage des-
quels les ouvrages sont publiés;
15. Pour les périodiques, au premier mot du titre (l'article excepté) ;
16. Pour les anonymes, au principal mot du titre qui indique le
sujet; les autres mots importants pourront donner lieu à des renvois.
17. On inscrira les commentaires accompagnant le texte et les traduc-
tions au même nom ou mot que l'original, les commentaires sans le
texte au nom du commentateur.
18. La Bible et toute partie de la Bible (y compris les apocryphes), en
quelque langue que ce soit, seront cataloguées au mot Bible ; sous ce
mot, les différentes parties seront classées selon Tordre de la ver-
sion autorisée; les textes polyglottes et originaux seront placés les pre-
miers, puis les traductions anglaises, puis les autres versions, dans
Tordre alphabétique des noms des langues.
19. Le Talmud et le Koran, ainsi que toute partie de ces livres,
seront portés à ces deux mots.
20. Les livres sacrés des autres religions seront portés aux titres sous
lesquels ils sont généralement connus ; on renverra des noms des édi-
teurs, traducteurs, etc., à ces titres.
21. Les livres d'office et de prière employés par une communauté
religieuse quelconque seront portés au mot Liturgies^ avec un sous-titre
indiquant la communauté religieuse.
22. Si un livre a plus d'un auteur ou éditeur, on l'inscrira au nom
mentionné le premier dans le titre, et aux autres noms on mettra des
renvois.
23. On pourra ajouter entre crochets les noms de traducteurs, de
commentateurs, d'éditeurs ou d'auteurs de préfaces non indiqués au
grand titre ; on fera un renvoi de chacun de ces noms à Tarticle prin-
cipal.
24. Dans une thèse académique, celui qui répond ou soutient la
thèse sera présumé en être l'auteur, à moins qu'on n'ait des motifs cer-
tains de Tattribuer au président.
25. Les comptes rendus de procès civils seront portés au nom de la
partie nommée la première sur le grand titre ; les comptes rendus de
procès criminels ou d'actions intentées à l'instance de la couronne, au
nom de l'inculpé ou du défendeur; les procédures d'amirauté, au nom
du navire qu'elles concernent.
26. Les catalogues seront portés au nom de l'établissement ou du
604
propriétaire de la collection ; au nom du rédacteur, on mettra un renvoi.
27. Les nobles seront inscrits à leur titre, à moins qu'ils ne soiept
plus connus sous leur nom de famille; dans ce dernier cas, on fera un
renvoi du titre au nom.
28. Les dignitaires ecclésiastiques, autres que les papes et les princes
souverains, seront inscrits à leur nom de famille, auquel on ajoutera
l'indication de leur plus haut titre; si, dans le livre, ils sont désignés
sous un autre titre, on fera un renvoi de ce titre au nom de famille.
29. Toute personne généralement connue sous un prénom sera ins-
crite à ce prénom ; pour les souverains, les papes, les princes régnants,
les écrivains orientaux, les religieux et les personnes canonisées, on
écrira le prénom sous la forme usitée en anglais.
30. Pour les femmes mariées ou autres personnes qui auront changé
de nom, on prendra le nom le plus connu, et on fera un renvoi du nom
porté en dernier au plus connu.
31. En tête des articles, on écrira les noms des auteurs au long, chacun
dans sa langue. Si un auteur est généralement connu sous un nom
latin ou latinisé, on l'inscrira sous ce nom, en ajoutant le nom
vulgaire à la suite du premier article inscrit, et on fera un renvoi de
la forme vulgaire à la forme latine.
32. En anglais et en français, les noms de famille commençant par
une particule (excepté en français de et d^) seront classés à la parti-
cule ; dans les autres langues, ces noms seront classés au mot suivant.
33. Les noms de famille composés seront classés, en anglais, au
dernier nom ; dans les autres langues, au premier nom. Dans tous les
cas, on fera des renvois.
34. Si un auteur a été connu sous plusieurs noms, on inscrira ses
œuvres à Fun de ces noms, et à chaque autre nom on mettra un renvoi.
35. Les sociétés seront portées au premier mot de leur titre officiel
(l'article excepté) ; les autres noms sous lesquels elles pourraient être
connues, ai?isi que ceux des localités où elles ont leur siège, donneront
lieu à des renvois.
DISPOSITIONS DIVERSES.
36. On ne répétera pas les têtes d'article; un guillemet ou un
tiret tiendra lieu de la tête d'article ou du titre qui précède. Un tiret
après un chiffre indiquera une série non terminée.
37. Dans le classement des articles, un nom de famille seul passera
avant le même nom accompagné d'indications plus complètes; parmi
les prénoms, les simples initiales passeront avant les prénoms exprimés
au long et commençant par les mêmes initiales.
38. On classera les abréviations M* ou Me, S., St., Ste., Messrs,,
Mr., Mrs., comme les expressions entières, Mac, Sanctus, Saint, Sainte,
Messieurs, Mister, Mistress,
605
39. Les différents ouvrages d'un même auteur se classeront comme
suit :
a, — Œuvres complètes ;
h. — Collections partielles ;
c. — Ouvrages isolés, dans Tordre alphabétique du premier mot
des titres (Tarticle excepté).
On placera les traductions à la suite des originaux, par ordre alpha-
bétique de langues.
40. Pour les biographies, on fera un renvoi du nom de la personne
qui fait l'objet de la biographie à celui de l'auteur.
41. On suivra pour le classement l'ordre de l'alphabet anglais.
42. Les têtes d'article composées de plusieurs mots seront classées
d'après le premier mot considéré isolément.
43. On mettra les noms de personne avant les noms de lieu homo-
nymes.
44. Les titres en caractères étrangers pourront être remplacés par
une transcription.
45. En allemand, â^ o, û seront classés comme ae, oc, ue,
46. On emploiera les chiffres arabes de préférence aux chiffres
romains ; toutefois, on pourra exprimer en chiffres romains le nombre
qui suit le nom d'un souverain, d'un prince ou d'un pape, ou le numéro
d'un volume, suivi d'un numéro de page.
47. On ajoutera des qualifications pour distinguer les auteurs de
même nom.
48. Si un titre de rang ou de profession fait partie de la désigna-
tion habituelle d'un auteur, on pourra l'inscrire avec le nom entête
de l'article.
49. Si un livre est écrit en plusieurs langues et qu'il n'en soit pas
fait mention au grand titre, on ajoutera l'indication de ces langues.
LES MALVERSATIONS
A LA BIBLIOTHÈQUE VITTORIO-EMMANUELE A ROME ^.
Il est rare que l'attention du monde savant soit aussi vivement excitée
qu'elle l'a été par la découverte des détournements considérables com-
mis au préjudice de la nouvelle bibliothèque Victor-Emmanuel. Car
ceux dont se sont rendus coupables Libri en France, Bruno Lindner à
Leipzig et Aloïs Pichler à Saint-Pétersbourg ne sont pas comparables
à ce qui s'est fait à Rome. Que certains érudits, sans complices, et
1 . Nous reproduisons la traduction que la Revue internationale de V ensei-
gnement (tome II, n" 10, 15 octobre 1881) a donnée, sous ce titre, d'un article
du D' Ernest Kelchner, inséré dans le Journal de Francfort.
606
poussés par le désir d'enrichir leurs propres collections, mettent la main
sur la propriété publique, c'est moins grave que de voir le personnel
d'une bibliothèque s'associer pour commettre un vol avec une maison
de librairie connue. Quant au nombre et à l'importance des livres
détournés, il n'y a pas lieu de chercher de comparaison ; on peut affir-
mer en toute sécurité qu'on n'a jamais rien vu de pareil.
La commission nommée pour soumettre les faits à un examen appro-
fondi était composée de MM. Giovanni Baccelli, conseiller à la cour
d'appel, Luigi Pigorini, professeur, Francesco de Rengis, député, Giu-
seppe Gostetti, chef de division au ministère de l'instruction publique,
et Gremona, sénateur, commissaire royal. Après un travail long et
difficile, elle a terminé et soumis au ministère un volumineux rapport
qui éclaire toute l'histoire de la bibliothèque Vittorio-Emmanuele et
malheureusement met aussi en lumière l'incapacité mélangée de
corruption du personnel administratif italien. Ge rapport, qui n'était
pas destiné à la publicité, a cependant été communiqué à quelques
feuilles officieuses, et l'une d'elles a rendu service au monde en le
publiant dans son entier.
Avec l'aide de cet intéressant rapport, nous allons essayer d'exposer
les points principaux de cette énorme friponnerie.
On sait qu'en 1873 toutes les bibliothèques des couvents de Rome
furent déclarées propriétés de l'État et qu'un décret royal du 13 jan-
vier 1875 les fondit en une seule bibliothèque nationale. Soixante- trois
bibliothèques furent ainsi réunies et tous les livres dont elles se com-
posaient furent déposés au premier et au second étage du collegium
Romanum. La nouvelle fondation reçut le nom de biblioteca Vittorio
Emmanuele, Le ministre de l'instruction publique, Ruggero Bonghi,
avait lui-même donné le plan et veillé aux détails de l'organisation :
au bout d'un an de travaux préparatoires, on crut être assez prêt, et la
bibliothèque fut ouverte le 14 mars 1876, solennellement. Le ministre
fut comblé d'éloges; mais, quelques jours après, il tomba avec ses col-
lègues et fit place à un autre. La bibliothèque échappa dès lors à sa
direction, et l'administration nouvelle ne la tracassa pas, car elle pas-
sait pour être dans un ordre parfait. G'est alors que survinrent de diffé-
rents côtés des dénonciations; on entendit dire, timidement d'abord,
puis ensuite à haute voix, que les collections de la bibliothèque, au lieu
d'augmenter, diminuaient de jour en jour. La presse se fit l'écho de ces
bruits et réclama des éclaircissements : enfin le ministre de l'instruc-
tion publique, de Sanctis, se vit forcé d'aborder l'affaire et confia le
soin de faire une enquête à la commission dont nous avons plus haut
nommé les membres.
Gette commission eut à lutter contre les plus grandes difficultés. Le
préfet de la bibliothèque, le cav. Gastellani, et le bibliothécaire, baron
Podesta, n'étaient pas en état de fournir un tableau exact des anciennes
607
bibliothèques réunies dans le dépôt dont ils avaient la garde : ils n'en
savaient môme pas le nombre, et encore bien moins celui des volumes
que cette réunion avait entassés. Les catalogues de chacune de ces biblio-
thèques manquaient presque tous et les deux ou trois qu'on avait
étaient devenus tout à fait inutilisables. Jusqu'au catalogue, excellem-
ment fait, des 80,000 volumes environ dont se composait la bibliothèque
du collegium Romanum, noyau de la collection nouvelle, avait disparu.
Les pièces constatant la livraison des différentes bibliothèques ne se
trouvaient plus ; d'où l'impossibilité de connaître le nombre de volumes
entré par cette voie.
Le préfet *Gastellani exhiba bien à la commission un inventaire, mais
incomplet, et par conséquent inutile. L'examen du catalogue sur fiches
prouva qu'un nombre énorme de livres n'avaient jamais été catalogués,
et en revanche quantité de fiches constataient l'existence d'ouvrages qui
manquaient sur les rayons; de A à M, il y en avait quatre mille; et il
était à supposer, en outre, que dans bien des cas livre et carte man-
quaient de compagnie. Il faut remarquer que les trois salles contenant
les livres les plus rares et les plus précieux, ainsi que toute la section
des manuscrits, n'avaient pas encore été entamées par le travail de
l'inventaire. Quant aux nouvelles acquisitions, la moitié seulement était
cataloguée. Dans ces conditions, les catalogues n'offraient absolument
aucun secours à l'enquête ; il était impossible d'arriver avec leur aide
à constater le nombre des livres manquants.
Outre cela, dans toutes les cellules, tous les débarras et même tous
les corridors des premier et second étages gisaient entassés des livres,
des manuscrits, des autographes de cardinaux, d'évêques, et dans des
conditions qui semblaient faites exprès pour donner toutes facilités aux
voleurs. Toutes les clefs de ces deux étages restaient jour et nuit entre
les mains des gens de service ; dans un corridor du premier étage, dont
tous les coins étaient bondés de livres de toute sorte, habitait, isolée
seulement par une mince cloison, la nombreuse famille du concierge ;
et, pour compléter, la commission fit au même lieu la découverte d'une
porte secrète et d'un escalier particulier. Le préfet Gastellani avoua
avec candeur qu'on avait pu certainement enlever par là beaucoup de
livres sans qu'il en eût la moindre connaissance, mais il dit que c'était
par la volonté du ministre que les choses étaient arrangées ainsi.
En 1878, Podesta fut nommé directeur de la bibliothèque. Il crut avoir
trouvé la cause du désordre, et que le mal provenait de ce que les livres
étaient rangés d'après leur contenu. Il proposa qu'à l'avenir ils le fussent
d'après leur format, pour remédier ainsi au désordre qui allait croissant.
A cette époque entra à la bibliothèque un nouveau personnage, du nom
de Bartolmei, ancien moine, qui paraît avoir aimé le désordre pour lui-
même, avoir trouvé le bonheur dans la confusion et s'être donné pour
tâche de l'augmenter. Tous les vides qu'il voyait sur les rayons, il les
608
remplissait avec des volumes pris au hasard dans le tas voisin. Selon
son expression, il parquait ensemble sues et boves, sans faire la moindre
différence entre un livre et un autre. Il convint plus tard que ces vides
avaient pour cause les vols fréquents, que certainement, on finit par en
avoir la preuve, il favorisait en personne. Tout allait naturellement de
mal en pis, et, pour améliorer dans une certaine mesure l'état des choses,
on rappela Gastellani à son poste. U commença à nouveau à faire dresser
un inventaire de la bibliothèque : mais, comme on ne cessait pas, au
contraire, de se plaindre du chaos qui y régnait, on nomma, pour
changer ce chaos en ordre, une commission dont faisaient partie, entre
autres, quatre bibliothécaires. Dès que cette commission eut pris con-
naissance de la situation, elle demanda, ce qui lui fut accordé, la fer-
meture immédiate de la bibliothèque. Mais Gastellani n'avait pas été
de cet avis, il se dépêcha de finir son inventaire et écrivit, le 14 sep-
tembre 1879, au ministre que son travail était terminé et que la
réouverture de la bibliothèque était maintenant sans inconvénients. Il
obtint ce qu'il voulait, mais son affirmation n'était pas la vérité, car des
salles entières, pleines de livres, ne figuraient pas dans son inventaire.
Quand on lui en fit plus tard le reproche, il s'excusa en disant : a Mon
inventaire était fini, mais il n'était pas clos, i
Quant à la façon dont ce soi-disant inventaire avait été exécuté, on
peut en juger par ce fait que dans les livres anglais le titre de l'ouvrage
était pris pour le nom de l'écrivain, que Eljusdem était souvent donné
comme nom d'auteur, etc., etc. Au cours de la révision qui fut entreprise
plus tard, on trouva environ cinquante mille fiches dont les livres avaient
entièrement disparu. Le prêt des livres donna lieu aux manquements
les plus graves ; jamais on ne jugea nécessaire de se faire donner un reçu
des livres prêtés. On envoyait chez les personnages haut placés les
ouvrages qu'ils demandaient, sans s'assurer et sans avoir la preuve
qu'ils les avaient reçus, et, comme les volumes n'étaient pas timbrés,
il devenait impossible de constater avec certitude la propriété de la
bibliothèque.
Il est arrivé de cette façon qu'un très grand nombre de livres ont dis-
paru sans laisser de trace. Les employés faisaient ce qu'ils voulaient et
s'inquiétaient peu ou plutôt ne s'inquiétaient pas du tout d'un règlement
qui n'existait que sur le papier. Les mêmes abus se produisirent dans
la réception des bibliothèques, des dons, etc., etc. En 1878, comme en
fait foi un catalogue représenté, dix-neuf ouvrages d'importance ont dû
entrer, venant de la bibliothèque du Gesù ; on n'en a retrouvé qu'un, le
BuUarium franciscanum. A la bibliothèque du professeur Valenziani,
achetée par PÉtat, il ne manquait que 173 numéros. Mais ce sont les
échanges avec la librairie Bocca, à Rome, qui donnèrent lieu aux plus
grosses déprédations.
A la fin de 1877, un érudit trouva à Florence, dans la boutique d'un
609
marchand de saucisses et de fromages, une immense quantité de par-
chemins et de livres rares et précieux, entre autres il Processo degli untori
di Milano : c'est un ouvrage d'une grande rareté et d'un haut intérêt,
qui traite de la peste de Florence, au temps de saint Charles Borromée,
et dont il n*y a que deux exemplaires connus, encore Tun des deux
est-il incomplet.
Cet incident attira l'attention de la commission, elle chercha à se
l'expliquer. Gastellani, interrogé, répondit : c Un jour, le ministre Bonghi
me fit venir et me fit savoir que le libraire Bocca lui avait proposé de
fournir la bibliothèque de livres modernes, si on voulait lui céder en
échange les ouvrages théologiques qu'elle pouvait posséder en double;
et il me chargea de dresser une liste et des doubles de théologie, et des
œuvres modernes qu'il paraissait désirable d'acquérir. » L'échangu fut
consenti par le ministre, et accompli, mais comment? Gastellani livra
les livres à Bocca, sans dresser ni faire approuver la liste en question.
Et, cependant, il s'agissait là de collections théologiques d'une grande
valeur, les Bollandistes, Baronius, Wadding, et beaucoup d'autres
aussi importantes.
Mais qui fit le choix? C'est Bocca qui nous dira la vérité. Il raconte
tout à fait naïvement qu'il allait lui-même dans la bibliothèque et qu'il
y choisissait les doubles à enlever. Et ce n'étaient pas les plus mauvais
exemplaires, car, pour plus de commodité, il prenait dans l'ancienne et
célèbre bibliothèque du collegium Romanum^ qui était parfaitement
rangée, encore en place, et devait former dans son intégrité le noyau de
la nouvelle bibliothèque.
L'opération s'étendit à une telle quantité de volumes qu'on fut forcé
de les emporter à pleins tombereaux. C'est même cela qui donna l'éveil
sur les fraudes et finit, après trop longtemps , par les faire découvrir.
M. Correa, chef de division au ministère de l'instruction publique, rap-
porte ainsi l'incident : t Un jour, en 1875, je passais par hasard devant
la grande porte du collegium Bomanum^ quand je vis sous la voûte deux
grandes voitures pleines de livres et une troisième qu'on était en train
de charger. Étonné, j'entrai et demandai qui avait donné l'ordre d'em-
porter les livres et pour quelle destination. On me répondit qu'ils
allaient à la reliure, ce qui me parut peu croyable, car ils étaient déjà
reliés. J'insistai donc, et j'appris que c'était sur les ordres de Castellani
que ces gens, appartenant à la librairie Bocca, y emportaient ces
volumes. Ne pouvant croire ni à la légalité ni à la vérité du fait ainsi
présenté, je fis suspendre le transport, puis j'allai trouver Gastellani et
lui parlai de ce que je venais de voir. Il convint du fait et ajouta qu'il
avait l'agrément du ministre pour ces échanges. Comme je lui faisais
remarquer que cette autorisation ne pouvait avoir été donnée, puisqu'elle
était en contradiction formelle avec le règlement, qu'on devait au moins
attendre que l'inventaire fût terminé et la bibliothèque réouverte, il
640
laissa voir un certain embarras et fît décharger et rentrer les liyres en
question. «Peu s à ce sujet une conversation avec le ministre lui-môme,
qui me dit qu'il avait à la vérité parlé d'échanges avec Gastellani, mais
que ce dernier avait, à ce qu'il semblait, interprété trop largement ses
paroles. »
Malgré cette découverte, les mômes livres n'en furent pas moins plus
tard livrés à Bocca; on les compta seulement 400 francs de plus.
Mais au moins Bocca a-t-il fourni à la bibliothèque les livres qu'elle
demandait comme compensation? Par malheur, la conmiission a trouvé
le contraire ; car, dans les comptes de cette maison de librairie, on voit
que les ouvrages désignés par Gastellani comme objet d'échanges ont
été payés à Bocca argent comptant. Mais le plus piquant de l'affaire, c'est
que la bibliothèque fut plus tard forcée d'acheter de Bocca huit volumes
du Baronius, édition de Lucques, parce que le sien n'était pas complet :
or, on avait livré au même Bocca un grand nombre de volumes de
Baronius comme doubles ; la bibliothèque du collegium Romanum
possédait un exemplaire complet de l'édition ci-dessus, et, quand (m
vint à examiner les huit volumes récemment acquis, on s'aperçut que
quatre d'entre eux étaient sortis de la bibliothèque Vittorio-Emmanuele,
où ils rentraient. La même chose arriva pour quelques volumes du
Wadding, qu'on fut forcé de racheter quelques centaines de francs,
après qu'on en eut laissé emporter par Bocca environ une quaran-
taine.
Mais c'est en 1876 que se passèrent les faits les plus déplorables. Cest
alors que cet honorable libraire acheta les livres au poids, à raison de
quarante francs le quintal. Encore, pour obtenir ce prix, la bibliothèque
devait-elle ajouter un Ungarelli, un Moroni et quelques exemplaires de
Garucci. Quand le Moroni et le Garucd manquaient, le quintal n'était
plus payé que vingt-cinq francs. Get arrangement avait été proposé par
Bocca dans une lettre qui porte en marge une approbation autographe
de M. Bonghi, ministre de l'instruction publique. G'était apparemment
correct, dit ironiquement la commission , puisque le ministre l'autori-
sait. Il y a quatre de ces ventes au poids dont on n'a pu retrouver La
trace; pour 3,654 francs, Bocca enlevait 10,892 kilogrammes de livres;
cela peut donner une idée approximative de la masse de volumes qui
ont disparu rien que de cette façon. Des témoins oculaires ont raocmté
que les hommes de peine de la librairie entraient avec leurs sacs dans
les salles de théologie , qu on ouvrait pour eux , et les remplissaient
eux-mêmes; pendant qu'on affirmait que le triage était fût à loisir par
des gens compétents.
Enfin, on employa un moyen beaucoup plus simple; on Tendit les
livres au poids du papier^ comme maculature, et ce à pleines voitures.
Là non plus^ on ne se donna pas la peine de choisir. Un jour, un visi-
leur, le cav. Gorvisieri, entre dans une salk où 1? sol ^ait coavmt de
6U
soi-disant vieux papier, il se baisse et trouve que cette couche de raacu-
lature était formée de fragments d'incunables. Il ramasse une feuille et
voit avec stupéfaction que c'est l'édition originale de la lettre de Chrisi-
tophe Colomb sur la découverte de l'Amérique. Au même instant
entraient Gastellani et Podesta; Gorvisieri leur demanda si ce tas de
papier était pour être jeté; et, sur leur réponse affirmative, il prit
quelques feuilles qu'il agita au-dessus de sa tête en s'écriant : c CSes
chiffons de papier-là valent trois mille francs !» Il a été établi que les
garçons de la bibliothèque, pour augmenter la masse du vieux papier,
qui était pour eux, déchiraient tout simplement les premiers livres
venus et les jetaient au tas. Chez Buonajusi, le marchand de fromages
de Florence, on a trouvé une grande quantité de livres qui lui sont
venus de cette façon. Il y en avait de très précieux, qui venaient presque
tous de la bibliothèque du collegium Romanum. La bibliothèque de
Florence y acheta six mille ouvrages, et ceux-là au moins furent sauvés
de la destruction. Plus tard, le libraire Menozzi, à Florence, acheta au
même marchand de fromages une grande quantité de livres, et l'enquête
a malheureusement établi, là aussi, que la bibliothèque Vittorio-Emma-
nuele lui en avait racheté qui étaient siens et avaient été vendus
comme vieux papier.
Il y a eu aussi des vols purs et simples. C'est par cette voie qu'a dis-
paru le Canina, gli Edifizi aniichi di Roma^ six volumes in-folio, qu'on
a pu consulter jusqu'en 1878 et qui a disparu depuis. En 1877, Bocca
présentait une facture de 25,000 francs, qu'on allait payer en vieux
livres, quand le ministre d'alors s'y opposa et donna l'ordre que les
doubles désignés pour cet échange fussent vendus aux enchères
publiques. On en imprima le catalogue, cela coûta 8,000 francs, et la
vente n'eut jamais li^u. Il a été établi qu'une grande partie des livres
qu'il aurait fallu produire avaient disparu. Dans les acquisitions, l'ordre
était le même. L'examen des factures de Bocca, d'un total de 70,000 francs,
a donné le résultat suivant : sur 1,590 articles, 540 n'avaient pas été
catalogués, 192 avaient été portés et payés deux fois, et 120 n'ont pas
pu se retrouver dans toute la bibliothèque. Sur 538 ouvrages livrés par
Loescher, 267 n'étaient pas enregistrés, 47 ne se retrouvaient pas.
La commission termine ici son rapport, en déplorant que des mains
indignes aient si longtemps disposé des trésors de la science, pour les
exploiter sans plus de scrupule ni de soin que ne font les chiffonniers
avec leur marchandise.
Les coupables sont déshonorés, peut-être la justice leur réserve-t-elle
d'autres châtiments ; mais cela ne réparera pas le mal fait à la science.
Il ne s'agit pas ici de centaines ou de milliers de volumes ; c'est par
centaines de mille qu'il faut compter; et on a choisi dans le meilleur.
Aussi un cri de douleur a-t-il retenti dans tout le monde savant, et il
n'est, hélas ! que trop déplorablement motivé.
642
LA FRONTIÈRE D'EMPIRE DANS UARGONNE.
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
P. 383, note 2, ajouter aux ouvrages indiqués V Histoire de Verdun et
du pays verdunois, par feu l'abbé Clouët (Verdun, 1867-1870, 3 vol.
in-8'). — Je dois à M. Paul Meyer la connaissance de ce livre, que
j'avais eu le tort de négliger d'abord, et où j'ai trouvé, sur son indica-
tion, plusieurs renseignements utiles.
P. 385, ligne 4 du bas du texte, sur les mots nobilem virum .. de Albo
Monte, ajouter en note : Henri de Blamont, frère du primicier ou prin-
cier do Verdun, Thomas de Blamont (Clouët, t. m, p. 9). — Blamont,
Meurthe-et-Moselle, arrondissement de Lunéville, chef-lieu de canton.
P. 389, lignes 8 à 18. — L'abbé Clouët, t. II, p. 487, mentionne et
reproduit en partie l'acte de compagnie des chanoines de Montfaucon-
d'Argonne avec Philippe le Hardi , pour le partage de la seigneurie et
de la justice de ce lieu et des environs. Il ne dit pas où il avait vu cette
pièce, qui ne se retrouve aujourd'hui ni aux archives nationales ni aux
archives de la Meuse. La date exacte de cet accord est le mardi après
la Circoncision, l'an 1272, c'est-à-dire le 5 janvier 1273, nouveau style.
Voici l'extrait donné par Clouët : t Omnibus , etc. , Fulco et Acelinus
canonici et procuratores Johannis prepositi, Nicolai decani totiusque
capituli ecclesie Montisfalconis, Remensis diocesis... Excellent! ssimum
dominum nostrum Ph. Dei gratia Francorum regem associamus me-
dietati omnium possessionum, jurium, justitiarum nostrarum, videlicet
in villis de Montefalconis , de Chesserges, de Cuisiaco, de Grericort, de
Duyllancort, de Ceri, de Espenonville , de Gennes*, in hominibus,
terragiis, pratis , aquis, furnis, molendinis factis et faciendis, in villis
edificandis et in omnibus accrescentiis que fient de cetero in terra no-
stra... Actum Parisiis, die Martis post Gircumcisionem Domini, anno
ejusdem millesimo ducentesimo septuagesimo secundo, b On trouvera
également dans Clouët, t. III, p. 221, l'acte de renouvellement delà
compagnie entre le roi et Montfaucon, en novembre 1319 (ci-dessus,
p. 392).
P. 391, ligne 13. — Montfaucon est mentionné dans le partage du
royaume de Lothaire entre Charles le Chauve et Louis le Germanique,
on 870 {Monumenta Gennaniae, legum t. I, p. 517). Il appartenait donc
alors à ce royaume et non à celui de France. Cest un motif de plus
d'attribuer ce lieu, pour les siècles suivants, à TEmpire.
1. MontfaucoD-d*ArgonDe, Mease, arr. de Montmédy, cbef-Ueo de caakMi:
Seplsarges, Cuisy, Gercourl-et-Drillancoiirl , Cierges , Épinonville el Gesses,
coramuDes du rantan de MantfaocoQ-d'Argonne.
...■?■ ."■■
643
Pages 391 (note 2), 392 (note 2, ligne 5) et 398 (note de la page pré-
cédente, ligne 3), au lieu de I, lire II.
P. 400, ligne 2, au lieu de Verdunensis, lire Virdunensis.
P. 400, lignes 4 à 9. — Comparez Glouët, t. Il, p. 241 : t On remarquait
encore, comme singularité topographique de cet endroit (Lachalade),
que les diocèses de Verdun, de Reims et de Ghâlons confinaient, à dix
pas de l'abbaye , à Tun de ces petits ponts que Ton appelait autrefois
Planchettes. »
P. 401 , lignes 3 à 14, et p. 418, lignes 14 à 24. — L'assertion du
témoin Richard le Grenetier, doyen de Verdun, au sujet des sergents
français envoyés t pour défendre qu'on ne mène laines du royaume en
l'Empire » , des enquêtes faites à Verdun par un bailli français et de
Tordre du roi de France, enjoignant aux Verdunois de livrer à ses
agents « un de leurs citoyens, pour justicier et pour punir, » est con-
firmée de tout point par deux arrêts du parlement, retrouvés par
M. Delisle et insérés dans son Essai de restitution d'un volume des Olim.
Le premier de ces arrêts , rendu au parlement de l'Epiphanie en 1278
(nouveau style), ne nous est connu que par une analyse du xvi® siècle :
f Les bourgeoys de Verdun en Lorraine respondent en parlement a la
vefve feu Philippes le Glox, bourgeoise du roy à Sens, et sont condamnés
pour prise et arrest de laines faictz audict Verdun, qui est estrange. »
(Boutaric, Actes du parlement de Paris, t. I, p. 348, n* 310.) Le second,
du terme de la Toussaint de l'an 1287, nous est parvenu intégrale-
ment : € Per inquestam super hoc factam probata est injuria illata
servientibus lanarum ab aliquibus de Verduno, propter quod mandatum
est rectoribus Verduni ut tradant Parium Gelium (variante : Golcum)
civem suum curie nostre seu gentibus domini régis puniendum, et
primicerio Verduni, tenenti locum episcopi sede vacante, ut faciat
emendari prisiam dictorum servientium per gentes suas et detencionem
eorum in Castro de Thom in carcere, quod castrum est episcopale^. »
(Ibid., p. 409, n» 662.)
Julien Ha VET.
VENTE DE LA BIBLIOTHÈQUE 8UNDERLAND.
On vient de vendre à Londres la première partie de la magnifique
bibliothèque du château de Blenheim, appartenant au duc de Marl-
borough. Gette bibliothèque célèbre, généralement connue sous le nom
1. Il s'agit probablement d'Hattonchàtel (Meuse, arr. de Commercy, canton
de Yigneuiles), où les évéques de Verdun avaient une forteresse importante et le
siège principal de leur justice (Liénard, Dictionnaire topog^raphique du dépar*
tement de la Meuse, p. 104).
6U
de bibliothèque Sanderland , parce qu'elle a été formée par Charles
Spencer, comte de Sunderland, mort en 1722, occupe une immense salle
construite tout exprès dans Taile gauche du vaste palais que le parle-
ment offrit, en témoignage de la reconnaissance publique, à John
Churchill, après sa victoire sur les troupes franco-bavaroises, près de
Blenheim , en Bavière. Elle renferme des ouvrages de la plus grande
valeur et est une des plus considérables qui existe.
Pendant les premières adjudications, qui viennent de durer dix jours,
plusieurs milliers de volumes ont été vendus et ont réalisé des prix
fabuleux, entre autres les suivants : le Roman du roi Arthus et des com-
pagnons de la table ronde, manuscrit sur vélin, 12,750 fr.; le Décaméron,
de Boccace, portant la date de 1471, première édition avec date, 14,625 fr. ;
De la ruine des nobles liommeset feinines, 13,000 fr.; une copie d'Augustin,
De civitate Dei, 1475, imprimé sur vélin et enluminé, 25,000 fr. ; une
Bible latine en deux volumes, la première Bible imprimée avec date et
enluminée, 40,000 fr.
Le Ëritish Muséum a fait Tacquisition d'un certain nombre des raretés
que vient de disperser le marteau du commissaire-priseur. Le Times
cite : des éditions d'Ésope ; VEstat de V Eglise et de la colonie française
dans la Nouvelle-France, par Jean, évéque de Québec, 1688; des Gior-
dano Bruno ; l'édition milanaise de 1478 des Commentaires de César.
La vente de la première partie de la bibliothèque Sunderland a pro-
duit 484,425 fr.
La seconde partie doit être vendue au mois d'avril.
{Chronique du Journal général de Vimprimerie
et la librairie, 24 décembre 1881.)
TABLE.
Pages
Rôle de la confrérie de Saint-Martin de Ganigou, par Louis
Blancard (avec un fac-similé) 5
Une lettre inédite d'Alcuin, communication de M. le D'
S. Loewenfeld 8
Les archives des établissements latins d'Orient, à propos
d'une publication de l'École française de Rome, par le comte
Riant, de l'Institut * 13
Catalogue des manuscrits de Tabbaye cistercienne de la
Charité, au diocèse de Besançon, par dom Guillaume Pinard,
publié par J. Gauthier 19
Quelques autographes français des archives de Venise , par
L. de Mas Latrie 30
Les archives du comté de la Marche, par Antoine Thomas . 36
Najac en Rouergue, notes historiques et archéologiques, par
Auguste et Emile Molinier 128, 361
Catalogue de la bibliothèque de l'abbé Adson de Montier-
en-Der (992), publié par H. Omont 157
Étude sur le rythme des bulles pontificales, par Noël Valois 161, 257
Chartes de Saint-Martin de Tours, coUationnées par Baluze
sur les originaux, par A. Giry 273
Listructions de Foscari, doge de Venise, au consul de la
république chargé de complimenter le nouveau roi de Tunis
en 1436, par L. de Mas Latrie 279
Liste des noms d'hommes gravés sur le^ monnaies de
l'époque mérovingienne, lettre à M. d'Arbois de Jubainville,
646
par An. de Barthélémy 283
La frontière d'Empire dans TArgonne; enquête faite par
ordre de Rodolphe de Habsbourg, à Verdun, en mai 1288; par
Julien Havet 383, 612
Poème anonyme sur les lettres de l'alphabet, publié par
H. Omont . 429
Le missel du cardinal de Tournai, à la bibliothèque de
Sienne , par Auguste Gastan 442
Les Miracles de Notre-Dame de Chartres, texte latin inédit,
publié par Antoine Thomas 505
Notes de paléographie grecque, à propos d'un livre récent de
M. Gardthausen, par H. Omont 551
De la formule c Car tel est notre plaisir » dans la chancel-
lerie française, par L. de Mas Latrie 560
OUVRAGES ANALYSÉS
DANS LE BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Arbois de Jubainville (H. d'), Études sur le droit celtique : le
Senchus Môr (compte rendu par Paul Viollet) 317
Audertin (Charles), Histoire de la langue et de la littérature
françaises au moyen âge (Gaston Raynaud) 463
BoNNASSiEux (Pierre), le Château de Clagny et M*^^ de Mon-
tespan 581
BouRMONT (A. de). Lecture et Transcription des vieilles écri^
tures, manuel de paléographie des xvi«, xvii«, xvm« siècles
(L. Delisle) 585
Bulletin de la Société historique et littéraire de Tournai,
tome XVIII (A. de Marsy) 313
Ghorier (Nicolas), Vie d'Artus Prunier de Saint-André, publ.
par A. Vellot (H. Prudhomme) 213
Gurie-Seimbres (A.), Essai sur les villes fondées dans le sud^
ouest de la France aux xm« et xiv® siècles sous le nom générique
de bastides (A. Giry) 451
Deseille (Ernest), le Pays boulonnais, études historiques
(P. Bonnassieux) 61
Deville (A.), Tombe^iux de la cathédrale de Rouen, 3« édition,
par F. Bouquet (Henri Bouchot) 322
Du Chastel de la Howardries-Neitn'ireuil (le comte P.-A.),
Notices généalogiques tournaisiennes, dressées sur titres, tome I«*
(A. de Marsy) 311
Faucon (Maurice), la Rédaction de la coutume d'Auvergne en
1510, d'après un rôle des Archives na/iona/M (Antoine Thomas). 60
6^7
Flammermont (Jules), Histoire des institutions municipales de
Sentis (Julien Havet) 579
, Fleury (P. de), Notes additionnelles et rectificatives au Gallia
christiana (L. de Mas Latrie) 56
FouRNiER (Paul), les Officiantes au moyen âge (E.-J. Tardif). 52
Frémy (Edouard), Un Ambassadeur libéral sous Charles IX et
Henri III, ambassades à Venise d'Arnaud du Ferrier (Paul
Viollet) 58
GiRAUDET (E.), les Origines de l'imprimerie à Tours. . . . 582
Guillaume (Paul), Recherches historiques sur les Hautes^Alpes
(H. -François Delaborde) 306
GuiLLOTiN DE GoRSON (l'abbé). Fouillé historique de V arche-
vêché de Rennes (A. Bruel) 210
La Borderie (A. de), Correspondance historique des bénédic-
tins bretons (A. de Barthélémy) 316
Lapfleur de Kermaingant (P.), Gartulaire de l'abbaye de Saint'
Michel du Tréport (Ulysse Robert) 462
Lavalley (Gaston), Catalogue des manuscrits de la bibliothèque
municipale de Caen (H. Omont) 199
Lecoy de la Marche (A.), Saint Martin (A. Bruel) .... 202
Leroux (Alfred), Notice historique sur Vhâpital de Magnac"
Laval en Basse-Marche (Julien Havet) 581
Luçay (le comte de) , Des origines du pouvoir ministériel en
France : les Secrétaires d'État, depuis leur institution jusqu'à la
mort de Louis XIV (Noël Valois) 465
Martin (A.), les Anciennes Communautés d'arts et de métiers
du Havre (P. Bonnassieux) 208
Mittheilungen des Instituts fUr oesterreichische Geschichtsfor-
schung, II (Julien Havet) 68, 583
Molinier (G.), l'Inquisition dans le midi de la France au xni®
et au XIV® siècle, De fratre Guillelmo Pelisso veterrimo inquisi-
tionis historico (G. Bemont) 565
Munoz Y RivERO (Jésus), Manual de paleografta diplomâtica
espanola de los siglos xn al xvii (Alfred Morel-Fatio) . ... 70
Palustre (Léon), la Renaissance en France (J.-J. Guiffrey). 200, 572
Petit de Julleville (L.), Histoire du théâtre en France: les
ilf2/5^ére5 (Gaston Raynaud) 464
Pilot de Thorey, Cartulaire de l'abbaye bénédictine de Notre-
Dame et Saint- Jean-Baptiste de Chalais (Ulysse Robert). . . 460
Pottier (Fabbé G.), la Mission apostolique de saint Julien et
la Tradition de V Église du Mans avant 1645 (Paul Viollet). . 207
Robert (Ulysse), Pentateuchi Versio Latina antiquissirna e
codice Lugdunensi (H. d'Arbois de Jubainville) 216
40
648
RoGHAMBBAu (le marquis de), les Imprimeurs vendômois
(H. Omont) 315
Sarradin (A.), Eustache des Champs, sa vie el ses cmvres (Mau-
rice Faucon) 67
Société jersiaise, publication 5« : Extente de Vile de Jersey,
1607 (Julien Havet) 312
Souvenirs de la Flandre wallonne, tome XVIII (A. de Marsy). 62
Valois (N.), De arte scribendi epistolas apud Gallicos medii
awt scriptores rhetoresve (E.-J. TardiO 63
VroNAT (G.), Cartulaireet Histoire de Vabhaye de Notre-Dame
de Baugency (Ulysse Robert) 461
Vditry (A.), le Gouvernement royal et l'Administration des
finances sous Philippe le Bel et ses trois fils, les Monnaies des
trois premiers Valois (F. Rocquain) 318
VuY (Jules), Origine des idées politiques de Rousseau (Paul
Viollet) 215
Livres nouveaux, par Julien Havet. . . . 81, 221, 324, 468, 586
CHRONIQUE.
ÉCOLE DES CHARTES ET SOCIÉTÉ DE L*ÉGOLE DES CHARTES.
Thèses de l'École des chartes, rapport de M. Delisle, président du
conseil de perfectionnement, et délivrance des brevets d'archiviste
paléographe, 105. — Arrêté ministériel du 19 mars 1881, qui règle la
forme des examens de l'École des chartes, 337. — Examens de TÉcole
des chartes (juillet 1881), 341. — Nomination des élèves de première
année (arrêté du 26 novembre 1881), 595. — M. Paulin Paris, membre
du conseil de perfectionnement de l'École des chartes, décédé, 112;
remplacé par M. Gaston Paris, 239. — M. Tardif, professeur de droit du
moyen âge à l'École des chartes, suppléé par M. Viollet, 239.
Bureau et commissions de la Société de l'École des chartes pour
1881-1882, 336, 596. — Œuvre de secours des anciens élèves de l'École
des chartes, 336.
M. d'Arbois de Jubainville communique une note sur les manuscrits
irlandais conservés en Angleterre et en Irlande, 484; professeur au
collège de France, 597. — M. de Barthélémy, vice-président de la Société
de l'École des chartes, 336 ; trésorier de l'œuvre de secours des anciens
élèves de l'École des chartes, rend compte de l'état et de remploi des
fonds, 336. — M. Beauquier, député, 596. — M. Bénet, archiviste
paléographe, 108; sa thèse, 106; archiviste de Saône-et>-Loire, 483. —
M. Élie Berger, membre de l'École française de Rome , ses travaux,
109; archiviste auxiliaire aux Archives nationales, 239; archiviste aux
Archives nationales, 596. — M. Berthelé, élève de l'École des chartes,
6^9
archiviste des Deux-Sèvres, 483. — M. Bonnardot, chargé de mission
à Turin, 351. — M. Bruel, archiviste de troisième classe aux Archives
nationales, 108; membre de la commission de comptabilité dé la Société
de l'École des chartes , 596 ; lauréat de TAcadémie des inscriptions et
belles-lettres (second prix Gober t), 598. — M. Gasati, officier d'académie,
596. — M. Gauwès, professeur à la faculté de droit de Paris, 596. —
M. Charavay, membre de la commission chargée de préparer la publi-
cation des documents relatifs à l'histoire de l'instruction publique de
1789 à 1808, 596. — M. Goppinger, archiviste paléographe, 108; sa
thèse, 107. — M. H.-François Delaborde, archiviste de sixième classe
aux Archives nationales, 108; secrétaire de la Société de l'École des
chartes, 336. — M. Delaville Le Roulx : sa donation à l'École française
de Rome, 599. — M. Delisle : son rapport sur les thèses de l'École des
chartes, 105; ses paroles aux funérailles de M. Claude, 113; membre de
la commission de publication de la Bibliothèque de V École des chartes,
336; membre de la commission de V Histoire littéraire de la France, 351 ;
son rapport sur la donation faite à la Bibliothèque nationale par
M. Paul-Émile Giraud, 484 ; membre de la commission chargée de pré-
parer la publication des documents relatifs à l'histoire de l'instruction
publique de 1789 à 1808, 596. — M. Deprez, bibliothécaire à la Biblio-
thèque nationale, 109. — M. Didier-Neuville, commis de seconde classe
aux archives du ministère de la marine, 239. — M. Digard, archiviste
paléographe, 108; sa thèse, 106. — M. Douët d'Arcq, membre de la
commission de comptabilité de la Société de l'École des chartes, 336.-^
M. Dufresne, archiviste paléographe, 108; sa thèse, 106. — M. Dupont,
membre de la commission de comptabilité de la Société de l'École des
chartes, 336. — M. Durrieu, membre de l'École française de Rome, ses
travaux, 110 ; sa donation à l'École française de Rome, 599. — M. Mau-
rice Faucon, membre de l'Ecole française de Rome, ses travaux, 599.
— M. Flammermont, lauréat de l'Académie des inscriptions et belles-
lettres (prix La Fons-Mélicocq), 599. — M. Floquet, décédé le 3 août 1881,
482. — M. Marcel Fournier, archiviste paléographe, 108; sa thèse, 107.
— M. Paul Fournier, médaillé au concours des antiquités de la France,
597. — M. Garnier, membre de la commission de comptabilité de la
Société de l'École des chartes , 336; décédé le 20 octobre 1881 , 482. --
M. Léon Gautier, sous-chef de section aux Archives nationales, 596. —
M. Gerbaux, archiviste paléographe, 108; sa thèse ,105; surnuméraire
à la Bibliothèque nationale, 239. — M. A. Giraud, décédé le 9 juillet
1880, 112. — M. Giry, maître de conférences à l'École pratique des
hautes études, 483 ; chargé d'une conférence élémentaire de paléographie,
diplomatique et chronologie , à la faculté des lettres de Paris , 596. —
M. Grandjean, archiviste paléographe, 108; sa thèse, 105; membre de
l'École française de Rome, 483. — M. Grassoreille , archiviste paléo-
graphe, 108; sa thèse, 106. — M. Hanotaux, maître de conférences à
620
rËcole pratique des hautes études, 483 ; sous-chef du cabinet du ministre
des affaires étrangères, 597. — M. Julien Havet, membre suppléant de
la commission de publication de la Bibliothèque de VÉcole des chartes,
356. — M. Helleu, archiviste paléographe, 108; sa thèse, 107; surnu-
méraire à la bibliothèque de TArsenal, 109. — M. Héron de Villefosse,
conservateur-adjoint du département des antiquités grecques et romaines,
au musée du Louvre, 483. — M. Himly, doyen de la faculté des lettres
de Pari*, 596; officier de la Légion d'honneur, 597. — M. Joûon des
Longrays obtient une mention honorable au concours des antiquités de
la France, 598. — M. Junca, chevalier de la Légion d'honneur, 109. —
M. Ludovic Lalanne, lauréat de l'Académie française (prix Archon-Des-
pérouses), 483.— M. deLasteyrie, membre de la commission de publication
de la Bibliothèque de l'École des cfiartes, 336. — M. Maître, mentionné dans
le discours du président de l'Académie des inscriptions et belles-lettres,
598. — M. de Mas Latrie, président de la Société de TÉcole des chartes,
336 ; ses paroles sur la tombe de M. Garnier, 482. — M. Meunier du
Houssoy, second secrétaire d'ambassade à la Haye, 239. — M. Paul Meyer :
son rapport sur les travaux de la Société des anciens textes français,
244; chargé d'une mission gratuite dans le midi de la France, 351. —
M. Auguste Molinier, lauréat de l'Académie des inscriptions et belles-
lettres (prix Brunet) , 599. — M. de Montaiglon : son discours à la
Société des anciens textes français, 239. — M. Omont, archiviste paléo-
graphe, 108; sa thèse, 105; surnuméraire à la Bibliothèque nationale,
239; secrétaire-adjoint de la Société de TÉcole des chartes, 336. —
M. Pabbé Paradis, curé de l'église Sainte-Marguerite, 109. — M. Gaston
Paris, membre de la commission de V Histoire littéraire de la France et du
conseil de perfectionnement de PÉcole des chartes, 239. — M. Louis
Passy, député, 596. — M. Camille Pelletan, député, 596; membre de la
commission chargée de préparer la publication des documents relatifs à
l'histoire de l'instruction publique de 1789 à 1808, 596. — M. Gélestin
Port, officier de la Légion d'honneur, 597. — M. J. Quicherat, membre
de la commission chargée de préparer la publication des documents
relatifs à l'histoire de l'instruction publique de 1789 à 1808, 596 ; vice-
président de la commission des monuments historiques, 596. —
M. Rébouis, archiviste paléographe, 108; sa thèse, 107. — M. Rédet,
décédé le 30 septembre 1881, 597. — M. Ulysse Robert, membre de la
commission de publication de la Bibliothèque de l'École des chartes, 336.
— M. F. Rocquain, membre de la commission chargée de préparer la
publication des documents relatifs à l'histoire de l'instruction publique
de 1789 à 1808, 596. — M. Roy, maître de conférences à TÉcole pra-
tique des hautes études, 483. — M. de Rozière, membre de la commis-
sion chargée de préparer la publication des documents relatifs à l'histoire
de l'instruction publique de 1789 à 1808, 596. — M. Saige, surintendant
des archives, bibliothèque et musée de la principauté de Monaco, 596,.
624
— M. Jules Soury, docteur es lettres, 352; chargé d'une conférence
d'histoire des doctrines psychologiques, près l'École pratique des hautes
études, 596. — M. Adolphe Tardif, professeur à l'École des chartes, sup-
pléé, 238. — M. Teulet, archiviste de sixième classe aux Archives
nationales, 108. — M. Antoine Thomas, membre de l'École française
de Rome, ses travaux, 111, 599; maître de conférences à la faculté des
lettres <ie Toulouse, 596; médaillé au concours des antiquités de la
France, 597. — M. Tranchant, membre du conseil d'administration de
la compagnie des messageries maritimes, 351. — M. Tuetey, archiviste
de seconde classe aux Archives nationales, 108 ; archiviste- trésorier de
la Société de l'École des chartes, 336 ; médaillé au concours des anti-
quités de la France, 598. — M. Noël Valois, archiviste auxiliaire aux
Archives nationales, 108; membre suppléant de la commission de publi-
cation de la Bibliothèque de l'École des chartes, 336 ; obtient une mention
honorable au concours des antiquités de la France, 598. — M. Yétault,
officier d'académie, 239. — M. Viollet, professeur suppléant à l'École
des chartes, 239. — M. Welvert, archiviste paléographe, 108; sa
thèse, 106.
ARCHIVES ET BIBLIOTHÈQUES.
Archives, bibliothèque et musée de la principauté de Monaco :
M. Saige, surintendant, 596.
Archives nationales ; promotion de MM. Tuetey, Bruel , Teulet et
Delaborde, 108; M. Valois, archiviste auxiliaire, 108; M. Berger, archi-
viste auxiliaire, 239, archiviste, 596; M. Garnier, sous-chef de la sec-
tion du secrétariat, décédé, 482, remplacé par M. Gautier, 596. — Les
archives du ministère de la marine, par Jules Flammermont, 115;
M. Didier-Neuville, commis de seconde classe aux archives du minis-
tère de la marine, 239. — Archives départementales et communales du
midi de la France, mission gratuite confiée à M. Paul Meyer, 351. —
Archives de Saône-et-Loire : M. Bénet, archiviste, 483. — Archives
des Deux-Sèvres : M. Berthelé, archiviste, 483.
Bibliothèque nationale : acquisitions faites à la troisième vente de
M. Didot, 355; exposition de la Bibliothèque nationale, 358; donation
de M. Paul-Émile Giraud, rapport de M. Delisle, 484 ; département des
imprimés, M. Gerbaux, surnuméraire, 239; statuts de Palerme,
imprimés au xv« siècle, 254; ouvrage de Tycho Brahe (V ff 210 a),
353; département des . manuscrits, M. Deprez, bibliothécaire, 109;
funérailles de M. Claude, 113; M. Omont, surnuméraire, 239; manus-
crit latin 528, 502. — Bibliothèque de l'Arsenal : M. Helleu, surnumé-
raire, 109. — Bibliothèque de Chartres : manuscrits relatifs à sainte
Alpaïs de Cudot, 253. — Règles pour la rédaction des catalogues de
bibliothèque, adoptées par l'Association des bibliothécaires du Royaume-
622
Uni, 601. — Bibliothèques d'Angleterre et d'Irlande, manuscrits irlan-
dais, 484. — Vente de la bibliothèque Sunderland, 613. — Les malver-
sations à la bibliothèque Vittorio-Emmanuele à Rome, 605. — Biblio-
thèque de Turin : manuscrit du roman de Hervis de Metz, 351.
COMPAGNIES SAVANTES.
Académie française : prix Archon-Despérouses, décerné à M. Ludovic
Lalanne, 483. — Académie des inscriptions et belles-lettres : rapport
de M. Heuzey sur les travaux des Écoles françaises d'Athènes et de
Rome en 1880, 109; MM. Gaston Paris et Delisle, membres de la com-
mission de V Histoire littéraire de la France, 239, 351; séance publique
annuelle (18 novembre 1881), 597 ; sujets de prix mis au concours pour
1883, 599. — Programme des questions à discuter à la réunion des
sociétés savantes, à la Sorbonne, en 1882, 501. — Société des anciens
textes français, assemblée générale annuelle du 27 décembre 1880, 239.
— Commission chargée de préparer la publication des documents
relatifs à l'histoire de l'instruction publique de 1789 à 1808, 596. —
Réunion annuelle des directeurs des Monumenta Germaniae (21-23 avril
1881), 248.
FAITS DEVERS ET MÉLANGES.
Faculté de droit de Paris, concours Rossi, 124, 484. — Grammaire
grecque du ix« siècle, publiée par H. Omont, 126. — Maître Amault,
astrologue de Charles VI et des ducs de Bourgogne, par H. Omont, 127,
— Les papiers de Buchon, 250. — Le cartulaire de Quimperlé, par
Th. Stapleton et L. Delisle, 250. — Vie latine de sainte Alpaïs de Cudot,
par H. Omont, 253. — La première édition des statuts de Palerme, par
L. Delisle, 254. — Épitaphes de prieures de Chaise-Dieu (Eure), par
H. Omont, 255. — Publication de fac-similés, projetée par MM. E. Mo-
naci et C. Paoli, 352. — Une note de copiste au xiv® siècle, par H. Omont,
352. — Ouvrage manuscrit de Tycho Brahe, 353. — Formules inédites
du IX® siècle, par H. Omont, 502. — Richard de Saint-Laurent et le
Liber de laudibus beatœ Mariœ, par H. Omont, 503. — Circulaire de
M. Victor Advielle, demandant des renseignements pour une Histoire
de l'ordre hospitalier de Saint- Antoine''de''Viennois, de ses commanderies
et prieurés, 600.
LISTE DES SOUSGRIPTEUBS
▲ LA
BIBLIOTHÈQUE DE L'ÉCOLE DES CHARTES»
POUR l'année 1881.
■o
Le ministre de rinstniction pu-
blique et des beaux-arts.
Le garde des sceaux, ministre de
la justice.
Académie (l') des inscriptions et
BELLES-LETTRES, à Paris.
— IMPÉRIALE DES SCIENCES
(classe philosophico- histo-
rique), à Vienne.
— ROYALE DES LiNCEi, à Rome.
Archives (les) de Genève.
— de Toscane, à Florence.
— départementales de l*A-
VEYBON, à Rodez.
DES Bouchbs-du-Rhône, à
Marseille.
DU DouBS, à Besançon.
DE l'Indre, à Ghâteauroux.
DU Loiret, à Orléans.
DU Nord, à Lille.
DU Puy-de-Dôme, à Gler-
mont-Ferrand.
DBS Deux-Sèvres, à Niort.
DU Tarn, à Albi.
DU Var, à Draguignan.
DE LA Vendée, à la Roche-
sur- Yon.
DES Vosges, à Épinal.
— municipales, à Marseille.
— nationales, à Paris.
Ateneo barcelones, à Barcelone.
Bénédictins (les RR. PP.), à 80-
lesmes (Sarthe).
Bibliographie (la) de la France,
journal général de Timprimerie
et de la librairie, à Paris.
Bibliothèque (la) cantonale, à
Lausanne.
— CENTRALE, à Bukarest.
• — DE l'Arsenal, à Paris.
— de l'École Sainte-Gene-
viève, à Paris.
— DE l'Institut catholique, à
Lille.
à Lyon.
— DE l'Ordre des Avocats,
à Paris.
— de l'Université de France,
à la Sorbonne, à Paris.
— de l'Université d'Innsbruck.
— DE l'Université de Pise.
— DE LA Chambre des députés,
à Paris.
— de la Cour d'appel, à Pa-
ris.
— DE LA Faculté de droit, à
Lyon.
à Paris.
à Toulouse.
— DE LA VILLE d'ArRAS.
DE BaYEUX.
DE BaYONNE.
DE Boulogne-sur-Mer.
1. Ceux de messieurs les souscripteurs dont les noms seraient mal orthogra-
phiés, les titres omis ou inexactement imprimés, sont instamment priés de vou-
loir bien adresser leurs réclamations à M. Alphonse PICARD, libraire de la
Société de l'École des chartes, rue Bonaparte, 82, à Paris, afin que les mêmes
fautes ne puissent se reproduire dans la quarante- troisième liste de nos sous-
cripteurs, qui sera publiée, suivant l'usage, à la fin du prochain volume de la
BibliothèqTie.
«26
* Chauffier (Fabbé) , secrétaire de
révêché, à Vannes.
Chauffour (J.), avocat, à Colmar.
Ghaverondier (Aug.) , archiviste,
à 8aint-Ëtienne.
Cherbulikz, libraire^ à Genève.
Chevalier (Fabbé), a Romans.
*Glairefond, à Moulins.
Claude, bibliothécaire au dépar-
tement des manuscrits de la
Bibliothèque nationale, à Paris.
*Clédat, professeur à la Faculté
des lettres, à Lyon.
Clemm, libraire, à G and.
*CoGHEKis, inspecteur général, à
Paris.
CoNCHON, à Lyon.
CoNDAMiN (le aocteur), à Lyon.
CoNTET, libraire, à Paris (7 ex.).
* Couard-Luys, archiviste de TOise,
à Beauvais.
*CouRAJOD (L.), conservateur-ad-
ioint au musée du Louvre, à
i^aris.
*CouRAYE DU Parc, à Paris.
Courbet, à Paris.
CouRCEL (Yalentin de), à Paris.
Coussemaker (Ignace de), à Bail-
leul (Nord).
Cressag, à Cahors.
* Cucheval-Clarigny, conservateur
à la bibliothèque Sainte-Gene-
viève, à Paris.
CuMONT (le comte de) , à Sillé-le-
Guillaume (Sarthe).
Daguin, avocat, à Paris.
*Daiquson (Maurice), juge, à Châ-
teauroux.
Dalloz (P.), député, à Paris.
Danzas (le R. p.), dominicain, à
Lyon.
Darcel (Alfred), directeur de la
manufacture des Gobelins, à
Paris.
*Dareste (Ant.-Cléophas), ancien
recteur de l'Académie de Lyon,
à Paris.
* Dareste (Rodolphe) , membre de
l'Institut, conseiller à la Cour
de cassation, à Paris.
* David (Louis), conseiller maître
à la Clour des comptes, à Paris.
Dkcq et DuHENT , libraires , à
Bruxelles (2 ex.).
Dedion, à Montfort-l'Amaury.
Defrémery, membre de l'Institut,
à Paris.
Dehaisnes (l'abbé) , archiviste du
Nord, à Lille.
^Dblaborde (H. -François), archi-
viste aux AjTchives nationales,
à Paris.
* Delà VILLE Le Roulx, archiviste
aux Archives nationales, à
Paris.
*DELisLE(L.),membrederinstitut,
administrateur général direc-
teur de la Bibliothèque natio-
nale, à Paris.
Deloghe, membre de l'Institut, à
Paris.
*Deloyb (A.), conservateur du
musée Calvet, à Avignon.
Delpech (Henri), à Montpellier.
^Demaison (Louis), à Reims.
*Demante (Gabriel) , professeur à
la Faculté de droit, à Paris.
Denis (Pabbé), à Meaux.
Depoin, à Pon toise.
*Deprez, bibliothécaire au dépar-
tement des manuscrits de la
Bibliothèque nationale, à Paris.
*DESjARDm8, chef du bureau des
archives au ministère de l'in-
térieur, à Paris.
Desnoyers (Jules), membre de
l'Institut, bibliothécaire du Mu-
séum d'histoire naturelle, à
Paris.
* Dolbet, archiviste de la Manche,
à Saint-Lô.
DoRANGB, conservateur de la bi-
bliothèque de Tours.
*DouET d'Arcq, chef de section
aux Archives nationales, à
Paris.
DouvRE , ancien juge de paix^ à
Rouen.
Drême, premier président de la
Cour (rappel, à Agen.
* Dubois (Gaston), à Paris.
DuBOYs (Emile) , avocat, à Paris.
*DucHEMiN, archiviste de la Sarthe,
au Mans.
"DucHÊNE, a Baugé (Maine-et-
Loire).
*Dufour (Th.), directeur des Ar-
chives du canton, à Genève.
*Dufourmantellb, archiviste delà
Corse, à Ajaccio.
627
DuMesnil, conseiller d'État, à
Paris.
DuMOLARO, à Milan.
Dumoulin, libraire, à Paris.
*Duplès-Agtbr (Henri), à Ver-
sailles.
* Dupont (Edmond), chef de sec-
tion aux Archives nationales,
à Paris.
Durand et Pedonb-Lauriel, li-
braires, à Paris.
DuRiER, archiviste des Hautes-
Pyrénées, à Tarbes.
*DuRRiEu, attaché à la conserva-
lion des peintures au njusée du
Louvre, à Paris.
DuRUY, membre de l'Institut , à
Paris.
*DuvAL (Louis), archiviste de
l'Orne, à Alençon.
Dybwad, à Christiania.
Egger, membre de l'Institut,
professeur à la Faculté des let-
tres , à Paris.
EsNAULT (Fabbé), au Mans.
Faesy, libraire, à Vienne (Au-
triche).
*Fagniez (Gust.), à Meudon.
*Fanjoux, directeur de la Société
des forges et chantiers de la
Méditerranée, à Paris.
Fanna (le R. P. Fidèle de), à
Turin.
* Faucon (Maurice), membre de
l'École française de Rome.
*Faugeron , docteur es lettres,
journaliste, à Angers.
*Favre (Camille), archiviste, à
Genève.
*Finot, archiviste, à Vesoul.
Flach (Jacques), à Paris.
"Flamare (de), archiviste des
Alpes-Maritimes, à Nice.
* Flammermont , archiviste de la
ville de Senlis, à Chantilly.
* Fleury (de), archiviste de la Cha-
rente, à Àngouléme.
*Floquet (A.), à Paris.
"Flourac (Léon), archiviste des
Basses-Pyrénées, à Pau.
*FONTENAY (H. de), à AutUU.
*FouRNiER (Paul),professeur agrégé
à la Faculté de droit, à Gre-
noble.
Fournier-Latouraille, avoué, à
Brioude.
Franck (Félix), à Paris.
* François Saint-Maur, président
de chambre à la Cour d'appel,
à Pau.
Fromann, libraire, à Jena.
*FuRGEOT, archiviste aux Archives
nationales, à Paris.
Gap (Lucien), instituteur, à Roaix
(Vaucluse).
*Gardet, avocat, à Paris.
*Garnier (E.), sous-chef de sec-
tion aux Archives nationales,
à Paris.
Garnier, libraire, au Rio de Ja-
neiro.
Gatteyrias, à Paris.
Gauban (Oct.), avocat, officier
d'académie, à la Réole (Gi-
ronde).
*GAUTmER (Jules), archiviste du
Doubs, à Besançon.
Gauthier , libraire , à Moscou
(3 ex.).
* Gautier (Léon), sous-chef de sec-
tion aux Archives nationales,
professeur à l'École des chartes,
a Paris.
Gay, à Paris.
Genouille, ancien professeur au
collège Stanislas, à Paris.
* Gerbaux, auxiliaire aux Archives
nationales, à Paris.
Germain, doyen de la Faculté des
lettres, à Montpellier.
*Giraud (Al.), conseiller à la Cour
d'appel, à Orléans.
Giraud (P.-E.), ancien député, à
Romans.
*Giry (A.), secrétaire de l'École
des chartes, à Paris.
Gloria, juge suppléant, à Mâcon.
*GossiN (L.), sous-chef de bureau
au chemin de fer d'Orléans, à
Paris.
*GouGET, archiviste de la Gironde
à Bordeaux.
GouRGAULT (le comte de), à Mé-
zières.
*Grandmaison (Charles de), archi-
viste d'Indre-et-Loire, à Tours.
Grandval (le marquis de), corres-
pondant du ministère de Tins-
628
iruoiioii publiquA, à Saint-De-
lèiit-MiiiMixicuUoH (Caivado.'').
^VU\aiH»Hfc:iLi.K. archiviste de TAU
Uot\ a Mtiuiin».
MUUA (l'abbé A.), vicaire général,
a Hàiiit(^laude(Jura).
OnoiJUAN, libraire, à Nancy.
Uh'ËHiN (Paul), arctiiviste aux Ar-
ctiivoié nationales, à Paris.
M^iit^kittAMU (F,), membre de Tlns-
tllul, & l'aris,
Mhiii^i^HKV (JuleH), archiviste aux
ArrJiives nationales, à Paris.
MhiMi^Aitfi (P.|, bibliothécaire, à
liijon.
•iiuKiiJK (M. 'Cl, archiviste en chef
il 11 département du Rhône et
(\t*. la ville de Lyon.
(ifjnxAL'ME (l'abbé), archiviste, à
Gap,
'(iuif^MOTO. employé au bureau
dm archives du ministère de
l'intérieur, à Paris.
Qvy/J^y (le R. P.), bibliothécaire
des Pères Jésuites, à Toulouse.
Hachbttb, libraire, à Paris.
Hahn (Alex.), à Luzarches(Seine-
et-Oise).
Uaskler, libraire, à Kiel.
*Havet (Julien), employé à la Bi-
bliothèque nationale, à Paris.
Hbinbichs, libraire, à Leipzig.
•IIelleu (Joseph), à Paris.
Henneguy, à Paris.
*Herbomez (A. D*), à Paris.
IlèRicouRT (le comte d'), consul
de France, à Stuttgart.
Herluison, libraire, a Orléans.
*Hervieu, sous-préfet, à Avallon.
Hbude-Lepine, à Montfort-TA-
maury.
*lIiMLY (A.), doyen de la Faculté
doH lettres, à Paris.
Hinojosa (don Ed.), à Madrid.
Jacom, conservateur du musée, à
Bar-le-Duc.
*JouoN (Frédéric), à Rennes.
Jourdain, membre de Tlnstitut,
à Paris.
Juno-Treuttel , libraire, à Paris
(13 ex.).
*Kaulek (J.), attaché aux archives
du département des affaires
étrangères.
Kemmingk, libraire, à Utrecht.
*Kerdrel (Audren de), eénatenr,
à Versailles.
Kermaiugaict (de), à Paris.
Kgehlee, libraire, à Leipzig.
*KoHLER (Gh.), à Paris.
Kraxers, libraire, à Rotterdam.
Kruger, chez Hartgé et Lesoudié.
Kyxmel (N.), libraire, à Kiev
(2 ex.).
* La.borde (le marquis Joseph de),
archiviste aux Archives natio-
nales, à Paris.
*La Bordbrie (Arthur de), ancien
député à l'Assemblée nationale,
à Vitré (Ille-et- Vilaine).
*Lagabane (Léon), professeur-di-
recteur honoraire de TÉcole des
chartes, à Paris.
Laghenal, à Brioude.
Laghesnais (de), au château de
Lasalle.
La Cour de la Puabdière (L. de),
archiviste de l'Hérault, à Mont-
pellier.
Laferrière (le comte DE),à Athis
(Orne).
*Lair , directeur de la Gompa^ie
des entrepôts et magasins géné-
raux, à Paris.
*Lalannb (Lud. )^ sous-bibliothé-
caire de l'Institut, à Paris.
Lambert-Lassus, à Versailles.
Lasgombe (A.), au Puy.
"Ijasteyrie (Robert de), professeur
à rÉcole des chartes, à Paris.
* Laudy , archiviste aux Archives
nationales, à Paris.
Lauqardière (de), conseiller à la
Cour d'appel, à Bourges.
Laurent, élève de l'École des
chartes, à Paris.
La Villegille (de), secrétaire ho-
noraire du Comité des travaux
historiques, à Paris.
*LeBEURiER (l'abbé), ancien archi-
viste, à Évreux.
*Legaron, employé à la Biblio-
thèque nationale, à Paris.
* Legoy de la Marche , archiviste
aux Archives nationales, à
Paris.
Lefèvre, homme de lettres, à
Paris.
*Lefèvrb (A.), à Paris.
Lbfèvrb-Pontalts, à Paris.
629
*Lbpoullon, avoué, à Paris.
Legoyt, aucien chef de division
au ministère des travaux pu-
blics, à Paris.
Legros fils, à Fécamp.
*Lelong, avocat, à Angers.
Le Mire (Noël), avocat, à Mire-
vant.
Lemoigne, libraire, à Paris (6 ex.).
*Lbmonnier (H.), professeur d'his-
toire à rÉcoIe des beaux-arts,
à Paris.
Léotard, sous-bibliothécaire de
la ville de Montpellier.
*L'Épinois (H. de), à Limeray
(Indre-et-Loire).
Lepitre (l'abbé), à Langres.
Le Queu d'Entremeuse, à Nantes.
Leroux (Ernest), libraire, à Paris.
"Leroux, archiviste de la Haute-
Vienne, à Limoges.
Le Soudier, à Paris (6 ex.).
*Lespinasse (René de), à Paris.
Lévis-Mirepoix (le duc de), au châ-
teau de Léran.
Liénard, à Verdun -sur-Meuse.
Limminghe (le comte de), au châ-
teau de (jesves (Belgique).
LiTTRÉ, membre de llnstitut, à
Paris.
LoEB (Isidore), à Paris.
LooNES, libraire, à Paris.
LoRENz (0.), libraire, à Paris.
*LucE (Siméon), archiviste aux
Archives nationales, à Paris.
LusTRAc (Ad. de), au château de
Lias ((xers).
" Maître (L.), archiviste, à Nantes.
*Mandrot^ à Paris.
Mantz, libraire, à Vienne (Au-
triche).
*Marghegay (P.), aux Roches-Ba-
ritaud (Vendée).
Mahcus, libraire, à Bonn.
Marion (J.), à Paris.
*Marsy (Arthur de), conservateur
du musée, à Gompiègne.
* Martin (Henry), à la Bibliothèque
de rArsenal, à Paris.
*Marty-Laveaux (Gh.), à Paris.
Masqué, ancien notaire, au Havre.
"Mas Latrie (R. de) , chef de sec-
tion aux Archives nationales,
à Paris.
*Mas Latrie (René de), chef de
bureau au ministère de l'ins-
truction publique, à Paris.
Masson, à Amiens.
*Maulde (de), sous-préfet en non-
activité.
Maury (Alfred), membre de l'Ins-
titut, directeur général des Ar-
chives nationales, à Paris.
Mayolez, libraire, à Bruxelles.
Meilheurat ( V. ) , à Montcom-
broux (Allier).
Ménadier, sénateur, à Versailles.
Menjot-d'Elbenne, à Paris.
Mercier, archiviste du Var, à
Draguignan.
Métérie, libraire, à Rouen.
* Meunier (Ern.), à Paris.
Mévil (M"»* Sainte-Marie), à Paris.
*Meyer (Paul), professeur au Gol-
lège de France, à Paris.
Michel, directeur de l'enregis-
trement, à Périgueux.
MiGNET, secrétaire perpétuel de
l'Académie des sciences mora-
les et politiques, à Paris.
MiLLARD, curé, à Somsois (Marne).
MiLLESGAMPS (G.), à Paris.
MiTSDORFFER, libraire, à Munster.
MiOTAT, à Paris.
MoiNDROT, libraire, à Romorantin.
* Mo LARD ( Fr. ) , archiviste de
l'Yonne, à Auxerre.
*MoLiNiER (Auguste), employé à la
bibliothèque Mazarine, à Paris.
* MoLiNiER (Emile), attaché au mu-
sée du Louvre, à Paris.
MoNLÉON (de), à Menton.
MoNOD (Gabriel), à Paris.
* Mont AIGLON (A. de), professeur à
l'École des chartes, à Paris.
Morand, juge honoraire, à Bou-
logne-su r-Mer.
MoRÉ (M™«), libraire, à Paris
(4 ex.).
*Morel-Fatio, chargé de cours à
l'École préparatoire à l'ensei-
gnement supérieur des lettres,
à Alger.
*Morelot (l'abbé), à Dijon.
*Mortet, archiviste de l'Aude, à
Garcassonne.
MuLÇAY, libraire, à Ghalon-sur-
Saône.
Mulot, libraire, à Paris.
630
MuQUARDT, libraire , à Bruxelles
(2 ex.).
*Neuvillb (Didier), à Paris.
NiJHOFF, libraire, à la Haye.
* Normand (Jacques), à Paris.
Olivjer (£m.), à la Société géné-
rale, à Lyon.
*Omont, à Paris.
Ongania et G»«, à Venise.
* Paillard, ancien préfet, à Charly,
près Cluny.
*Pajot (Léon), à Paris.
Pallier, à Paris.
Paoli (Gesare), archiviste, à Flo-
rence.
* Paradis (labbé Aug.), à Paris.
Pardini, libraire, à Gzernowilz.
Parent de Rozan, à Paris.
*Parfouru, archiviste du Gers, à
Auch.
Paris (Paulin), membre de l'Ins-
titut, à Paris.
* Paris (Gaston), membre de l'Ins-
titut, professeur au Collège de
France, à Paris.
*Pasquier, archiviste de l'Ariège,
à Foix.
*Passy (Louis), député, à Paris.
Peabody, à New- York.
*Pégoul (A.-L.), à Draveil.
*Pélicier (J.), professeur d'his-
toire au lycée de Pontivy.
Pelletan, sénateur, à Paris.
*Pelletan (Camille), député, à
Paris.
Pelliot (Ch.), à Paris.
*Périn (Jules), avocat, docteur en
droit, à Paris.
Perret, élève de l'Ecole des char-
tes, à Paris.
Ppeifer (F.), libraire, à Budapest.
Picard, à Paris.
Picot, à Paris.
Pontmartin (de), aux Angles
(Gard) .
PoRÉE (Uabbé), curé de Bournain-
ville.
PoRQUET, libraire, à Paris.
*PoRT (Célestin), archiviste de
Maine-et-Loire , correspondant
de rinstitutj à Angers.
PoTTiER (Pabbe), au Mans.
*PouGiN (P.), à P^ris.
Prévost, substitut, à Évreux.
*Prost (jBernard), rédacteur au
ministère de l'intérieur, à Paris.
* Prudhomme, archiviste de l'Isère,
à Grenoble.
Quantin, imprimeur, à Paris.
Quarré, libraire, à Lille.
*QuiCHERAT (Jules), directeur de
l'École des chartes, à Paris.
QuiCHERAT (Louis), membre de
l'Institut, à Paris.
Raqdenet (Octave), à Orléans.
Rancogne (Pierre de), à Angou-
lème.
Ratyé (G.), au château d'Escanin
(Bouches-du-Rhône) .
*Raunié, à Paris.
*Raynaud (Gaston), employé à la
Bibliothèque nationale*, a Paris .
*Redet (X.-L.), à Poitiers.
Reinwald, libraire, à Paris (6 ex.).
"Rendu (Armand), archiviste de la
Somme, à Amiens.
*Reynaud (F.), archiviste adjoint
des Bouches-du-Rhône, à Mar-
seille.
Riant (le comte), membre de l'Ins-
titut, à Paris.
* Richard (Alfred), archiviste, à
Poitiers.
* Richard (J.-M.), à Laval.
RiCHEMOND (de) , archiviste de la
Charente-Inrérieure , à la Ro-
chelle.
*RiCHOu, conservateur de la biblio-
thèque de la Cour de cassation,
à Paris.
*RiPERT-MoNCLAR (François, mar-
quis de), consul à Florence.
RiSTELHUBER (P.), à Strasbourg.
*RiVAiN, archiviste aux archives
nationales, à Paris.
* Robert (Ulysse), employé à la
Bibliothèque nationale, à Paris.
*ROBILLARD DE BeAUREPAIRE (Ch.
de), archiviste de la Seine-In-
férieure^orrespondant de l'Ins-
titut, à Rouen.
Rochambeau (le marquis de), à
Rochambeau, près Vendôme.
*RocQUAiN (F.), sous-chef de sec-
tion aux Archives nationales,
à Paris.
*RosENzwEiG (Louis), archiviste du
Morbihan, à Vannes.
RosEROT, archiviste adjoint, à
Troyes.