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THE MALAN LIBEART
PRESENTED
BY THE REV. S. C. MALAN, D.D.,
VICAR OF BROADWINDSORy
January, 1886.
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BIBLIOTHEQUE
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DICTIONNAIRE
U NIVER SE L,
CoNTENAN T tout cc qui fait connoître
les peuples de V Orient; leurs Hijloires &
Traditionsy tant fabuleufes que véritables; Uurs
Religions & leurs Secles; leurs Gouvernemensy
Loix:, Politique , Mœurs , Coutumes ; & les
'Révolutions de leurs Empires ^ &c.
Par m. D'Herbelot.
NouvelU Edition , réduite & nugmentée^par M, D.,, ,'
Membre de plujîeur^ Académies,
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TOME CINQUIEME.
, A PARIS,
Chez Moutard , Imprimeur-Libraire dô la ReiKE ,
de Madame, & de Madame Comteffe d'Artois,
rue des Mathuriris, Hôtel de Cluni.
M. DCC. LX XXIII.
Avec Approbatioa & Privilège du Roi.
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BIBLIOTHEQUE
ORIENTALE,
G» ta»-
R.
lABBAN &RABBANI. Ce mot , qui cft
Hébreu & qui fignifie notre Maître^ eft auffi en
«fage parmi les Arabes Mufulmans , qui donnent
ce titre à Ebn Abbas qu'ils appellent le grand
Rabban.
Faêl Iflbuf , ancien Doifteur , Philofopha 8c
Médecin , qui vivoit avant le Mahometifme , eft
suffi qualifié Rabban.
Les Murulmahs appellent auffi Rabbanioun &
HahbaniaR ceux qui parmi leurs Dodeurs paf-'
fëntpour les plus fpirituets & les plus dévots.
RACAH. Villede l'Iraque Babylonienne oh
Chaldée, que quelques-uns mettent en Méfo-
potamie , fituée à 7} degrés 1 5 minutes de Mogi-
tude, & à 3(1 degrés de latitude leptentrionale.
C'eft la même qui a été appelée AraSa , 6!q\
ctoit natif AI Baihani , c»leore Agronome , qui
Tomt V. A
à . BiBLIOT HEQUé
cft ordinairement noipimé par les Latins Alhd^
tegnius Araélenjis.
Le Khalife Al Mamon ne paflbit Jamais par
cette ville , parce qu*on lui avoit pre'dit qu'il tle-
Voit mourir, fuivant fon horofcope , à Racah.
Mais il arriva que ce Khalife étant campé^ur les
bords d'une fontaine , qui eft la fource de' la ri-
vière de Bedidoun , près de la ville de Tharfe ea
Cilicie , il demanda à un Grec qui étoit prifonw
nier de guerre dans fon armée , quel ëtoit le nonai
de cette fontaine. Le Grec lui ayant dit que le*
Î;ens du pays Tappeloient Racah _, la fièvre , qui
ui étoit venue un peu auparavant , poul* avoir
mangé des .dattes fraîches & h\x trop d eau de
cette fontaine , redoubla auflî-tôt. Ce Khalife ,
qui étoit grand Aftrologue , confidér?|nt que le
lieu & Je temps s'accordoient parfaitement avec
la prédiction qui lui avoit été faite , crut que
rheure de fa mort étoit fort proche ; ce qui fe
vérifia par TefFet^ Tan 218 de THégire^ félon le
rapport du Tarikh Al Abbas, qui eft THiftoire
des Abbaffides.
RADHI BILLA BEN MOCTADER. C'eflr
le nom du dixième Khalife de la race des Abbaf^
fides ; il étoit fils du Khalife Mocîlader , & fut
tiré de la prifon où fon oncle , le Khalife Caher,
Tavoit fait mettre , pour être placé fur le trône
après la dépofirion du même Caher , qui arriva .
l\an 3'22 de THégire. ^
Ce Khalife aimoît à rendre là juftice & à
faire du bien. Mais \\ fut entièrement gou-
verné par ceux qui pofledoient alors la charge
d*Emir Al Omara , qui avoit alors beaucoup de
'Orientale: j,
apport à celle de nos Maires du Palais en France.
Carte charge de Commandant des Comman-
dans , car c eft ce que fignifie le titre à'Emîr Al
Omara , do^noit à celui qui la pofledoit, l'admi-
niftration des affaires de la Milice & le ma-
niement des finances, de forte que les Vifirs'
n avoient alors prefque aucune autorité.
Radhi ne laifla pas cependant de donner cette
charge de Vifir àEbn Moclah , perfonnage qui.
s eft rendu fi célèbre par l'invention des nou-
veaux caractères Arabes dont l'on ufe encore
aujourd'hui. Mais comme il avoit l'efprit fort
brouillon , le Khalife fut obligé de la Itri ôter} il
la lui rendit néanmoins quelque temps après ^ à
caufe de fon habileté.
Raïk , qui poffédoit alors la charge d'Emir Al
Omara , & qui gouvernoit par conféquent. l'Etat,
s'accommoda. Tan 315 delHegire, avec Abou
Thalier , Prince des Carmathes , peuples qui mo'*
lefloient depuis long-temps les Etats du Khalife ,
& particulièrement l'Arabie , a un tel point que
le pèlerinage de la Mecque en avoit été inter-
rompu. Raïk s'accordant avec Abou Thaher,
engagea le Khalife à payer tous les ans cinquante
mille dinars d'or aux Carmathes ; moyennant
cette fomme , les caravanes 'Ats Pèlerins de là
Mecque pourroient marcher en toute fureté.
L'an 3 26 de THégire ,'Ebn Moclah , qui âvoit
e'té rétabli, comme nous avons vu , dans la charge
de Vifir , ne voulant plus vivre dans la dépen-
dance de Raïk, entreprit de le dëpofTéder de fa
charge , & de là faire donner par le Khalife à
lahkem le Turc, autrefois efclave de Mardavige ,
Aij
/ .
V
».
, ■■ -■
/ V
> «
4; Bibliothèque
Boi de'Dilem , qu'il avoîc tué de fa propre maifl i
pour envahir fes Etats.
Le Vifir e'crivit pour cet efFet , de la part da
Khalife Radhi , une lettre à Iakhem , pour lui
faire favoir qu'il écoit temps qu'il s'approchât de
Bagdet y pour délivrer le Khalifat de la tyrannie
de Raïk , & pour occuper fa place. Mais cette
lettre ayant été interceptée , Raïk fit favoir au
Khalife la trahifon du Yifir , oui avoit écrit ï fon
infçu & contre fes ordres à Iakhem. Le Vifir nia
d*abord le fait s mais il fut convaincu par fa pro-
pre lettre , & Radhi l'ayant fait mettre en pri-
fon & fait faire fon procès , Ebn Moclah fut
condamné par fes Juges à avoir la main droite
coupée , pour avoir commis une fi grande fauf--
fêté. Ebn Moclah fe récria fort , lorfqu on lui
prononça fa fentence , fur ce que l'on coupoit la
main à un homme qui étoit l'inventeur des plus
beaux caractères qui euffent jamais été vus juf-.
u alors, & qui avoit copié plufieurs exemplaires
e l'Alcoran qui paflbient pour des chef-d'œu-
vres de l'Art d'écrire. Mais comme il ne fe con-
tentoit pas de fe plaindre , & qu'il s'emporta en
paroles injurieufes contre fes Juges , contre Raïk
'& contre le Khalife même , on ne lui coupa pas
feulement la main droite , mais encore la langue.
Iakhem cependant ne perdit point l'occafion
^ui lui avoil été offerte par la trahifon du Vifir :
il s'avança vers la ville de Bagdet , & s'en rendit
maître en peu de tepips. Raïk fut ainfî obligé
de prendre la fuite , & d'abandonner la charge
d'Emir Al Omara entre les mains d'Iakhem.
j^adhi ne gagna rien à ce changement i| & vécue
3
•
Orientale. y
dans la dépendance & fans aucune autorité, juf-
qu'en Tan 3 2^ de l'Hégire , qu'il mourut d ny-
dropifie.
Ben Schohnah remarque , en Tannée 325 de
l'Hégire , que la charge de Vifirfuc entièrement
aboJk dans le Mufulmanifme , fous le Khalifat
de Radhi,' & que le pouvoir des Khalifes ,
«tnfi que leur Etat , fut reflerré dans la ville de
Bagdec & dans fes dépendances, les Emirs Al
Omara s'étant emparés de toute l'autorité, juf-
qu'à créer & dépofer les Khalifes comme bon
leur fembloic.
Les provinces du Khalifat étoient tellement
partagées entre divers Princes , que le Khalife ne
pofledoîc plus qu'une efpece de prééminence en
dignité, qui regardoit plus la Religion que le
Gouvernement politique.
Les villes de Baflbrah & de Coufah , avec le
refte de 1 Irak Arabique, étoient entre les mains
de Raîk.
* La Perfe , proprement dite , étoît pofledée par
Amadaldoulat, Prince & Chef de la dynaftie des
Bouides, qui tenoit foh (iége royal dans la ville
de Schiraz .
L'Irak Perfîenne, appelée autrement Geèal,
3ruieftla partie montueufe de la Perfe, &Ie pays
es anciens Parthes , reconnoijfToit pour Maître
Roknaldoulat, frère d' Amadaldoulat , qui faifoic
fa réiîdence à Ifpahan.
MoniTai avec loutj^ la Méfopotamie avoit pour
Princes les Hamadanites , c'eft-à-dire les^ Sultans
de la race de Hamadan.
L'Egypte & la Syrie n'obéiflbient plus aux
Khalifes , mais feulement à Mohammed;, ûh de
A iii
6 BrBLIOTHEQUE
Tagafch , furnommé Akfchid , que les mêmes
Khalifes en avoient fait autrefois fimplement
Gouverneur.
L'Afrique avoit été fubjuguée par les Farhî-
mîtes , qui en avoient chaflé les Aglabites , Gou-
^verneurs de ce pays pour les Khalife;^. Caifem ,
fils d Obtïdallah Al Mahadi , en éioit pour lors
le maître , & (qs fuccefl^urs fondèrent un nou-
veau Khalifat en Egypte.
L'Efpagne avoit pour lors Nafler de la race
des Ommiades , qui portoit le titre à*Emir AL^
moumenin ou de Khalife,
Les provinces de Khorafan , & cejle de Maoua-
rannahar ^ qui eft la Trahfoxane, étoient fous la
domination de Nafler, fils d*Amed , de ladynaf-
tie des Samanides.
Les provinces de Thabareftan , de Giorgian ,
, de Mazanderan , avoient des Rois ae là première
dynaftie des Dilemites.
Et enfin les provinces de Babreïn , & d'Iéma^
jnah dans T Arabie, étoient pofledées par déi
Carmathes. / r. ^ \
Voilà rëtat dans lequel fe trouvoit le grand Em-
pire des Mufulmans ou des Arabes , fous le Kha*»
îifat de Radhi. Il eft vrai que dans tous ces grands
Etats , oa y a révéré d abord le nom du Khalife,
qui étoit publié dans, toutes les mofquées, &
gravé fur les monnoies. Mais il arriva peu à peu
que lès Princes particuliers de ces provinces ne
regardèrent plus le Khalîfô que comme le grand
Iman,. ou Souverain Pontife de la Religion des
Mufulmans , qui ne s'in^éroit plus qu'à (faire la
prière publique, & à décider quelque point de
4rQit , & qui ne jûuîjfToit que d'uA é(at fçrt tiorxié.
Orientale. - 7
Il eft vrai auffi que ces mêmes Khalifes , dans la
fuite des temps, fecouerent le joug de ces Emirs;
mais leur Etat demeura toujours depuis ce temps-
là très - médiocre , jufqua la venue des Mogôls
ou Tartares ; qui abolirent entièrement le Kha-
lifat.
Radhi eut pour fucceffeur au Khalifat , Ibra-
him Abou Ishak , dit MoàafiBillah^ fon frère ,
qu'Iahkem le Turc fit placer fur le trône , Tan
319 de l'He'gire, qui eft de J. C. 940.
RADHIATÀLDIN ou RADHIATED-
DIN. C eft le nom d'une Princefle , fille d'Ilet-
mifch , laquelle fut élevée fur le trône de Dehli
«ux Indes , après que fon frère, nommé Firom^^
Schah , en eut été dépoffédé i caufe de fes dé-
bauches.
Cette Sultane , ou Reine, gouverna avec tant
de prudence fes Etats, qu'elle fe fit également
aimer de fes fujets & craindre par fes voifîns , &
qu'elle furpafla en gloire & en réputation tous
ks autres Princes de fa famille. Elle portait or-
dinairement le Tag ou la couronne fur la tête ;
elle avoit le vifage voilé , comme les autres
femmes du pays, & ne le découvroit que lorf-
quelle moritoit fur fon trône, pour y donner k^^
audiences publiques, & pour y rendre la juftice à
{qs fujets.
Lan (337 de THégîre , cette Princefle ayant
entrepris de faire la guerre à un Roi des Indes ,
fon voifin , que Ion noramoit Malek Al louiiia ,
& s'étant déjà mifè en campagne , les principaux
Chefs de fes troupes , qui étoient de nation Tur-
que , fe révoltèrent contre elle , & s étant faifii
Air
8 BtBLIOTHEQUE
de fa perfonne , renfermèrent dans un château
nommé Harmend.
Le Roi des Indes , à qui Radhîat eddin avoit
déclaré la guerre , ayant appris cette aventure y
& fâchant que Baharamfchah , frère de laPrin-
cefle , auteur de cette conjuration , avoit pris ik
place , voulue , d'ennemi qu'il étoit , devenir foa
proteâeur.
Pour cet effet , il fit d'ahord invertir le châ-
teau de Harmend où elle étoit prifonniere , &
après Tavoir force , il délivra la Princeflè &
1 epoufa folennellement , après quoi il la conduiiît
\ la tête de fon armée, droit à Dehlii, à deflein
de la rétablir fur fon trône.
Baharamfchah voulant d'un autre côté fe main»
tenir , à quel prix que ce fût , dans la pofleflîont
de la couronne quil avoir ufurpée, leva une puiC-
fante armée , laquelle , après plusieurs combats
opiniâtres de part & d'autre, demeura enfin vie-
torieufe. Le Roi 6ç la Sultane furent donc obli-
gés de prendre la fuite , & de fe réfugier dans
des Etats bien éloignés de la ville de Dehli ; &
ce fut dans cette retraite que quelques Indiens
Idolâtre!; , qui couroient la campagne , les ayant
rencontrés fans \ts connoître , les maflacrereot
tous deux.
Mirkhond dit que cette Sultane avoit changé
fon nom féminin deRadhiat eddin j en celui de
Gaiaîh eddin , qui eft mafculin , pour acquérir
plus d autorité fur fes peuples.
R AFHEDI , ou , comme on le prononce vul-
gairement , RAFAZI. Ce mot fignifie la même
chofe que Schîi ou Schiâi^ c'eft-à-dire un Héré-
Orientale. 9
tlqae de la Seéle de ceux qu,i ne reconnoiiîènt
point Aboubekr, Omar ni Othman pour lëgi*
times Khalifes ou Vicaires de Mahomet , mais
qui foutiennent au contraire qu Ali & Tes defcen*
dans en lirae direde , font fes véritables héri*-
tiers & légitimes fuccefleurs.
RAHAM. C'eft le nom propre de celui que
les Arabes ont furnommé Bakhtalnajfar , & les
Hébreux Nebucadnetfar , que les Septante ont
exprime par le mot de Nabuchodono^or.
Les Hiftoriens de Perfe font ce perfonnage
Lieutenant-Général des armées de Lohorasb ,
Roi de la féconde dynaftie de Perfe, & écrivent
que ce fut par le commandement & fous les or-
dres de ce Prince qu'il fit la guerre aux JMÎfs ,
& qu'il prit la ville de Jérufalem.
RAHOUM. Mar Rahoum. Les Arabes ap^i
yelient ainfî celui que nous nommons S. Jean
'Aumônier , Patriarche d'Alexandrie. On le
trouve auffi fouvent nommé par les Orientaux ^
lohanna Al Rahoum.
9
RAHOUN. Nom d'une montngne très-haute
qui eft dans Tifle de Serendib ou Ceïlan; elle eft
éloignée de deux ou trois journées de la mer. Les
Arabes appellent ain(i la montagne que les Por-
tugais , lans leur Navigation aux Indes Orien-
tales , reconnoiâent de fort loin en mer , & à
laquelle ils ont donné le nom de Pico de Adam^
la Montagne d'Adam , k caufe de la Tradition
générale des Orientaux , qui veulent qu'Adam ait
10 Bibliothèque
été cnfeveli fur cette montagne, où il fut relè-
gue, après avoir ctë chaffë du Paradis terreftre.
Les mêmes Orientaux croient que le Paradis
terreftre ëtoit dans la même ifle de Serendib.
Cependant les Mufulmans veulent que ce Para-
dis ne fut pas terreftre , mais élevé dans un des
fept cieux , & que ce fut de ce ciel. qu'Adam fut
précipité dans cette ifle ,' où il mourut après
avoir f^it ua pèlerinage en Arabie y où il vifica les
lieu deftiné pour la conftruéiioa du temple de la
Mecque.
RAI. C'eftainfî oue Ton appelle aux Indes un
Roi ou un Prince Idolâtre de cette nation. Les
Perfans les appellent au plurier Raïan , & nos
Voyageurs les appellent communément Raïas
& Ragias.
Raïpour ou Raïapour fignifie , en Indien , la
ville royale & capitale où quelque Prince In-
dien fait fa réfîdence.
RAMAC ouRAMAK. Nom d'une ifle de k
mer d'Oman, ceft-k-dire de l'Océan Erhiopique
ou Oriental ; dont les habitans font nommés par
les Perfans, Sermahi, Tête de poijfon^ à caufe
qu'ils ont, félon quelques-uns , la tête femblable
à celle des poiflpns ; mais, félon les autres, à
cau(e qu'ils n'ont point d'autre nourriture que
celle qu'ils tirent des poiflons. Ce font apparem-
ment ceux que les Anciens ont appelés? 7cÂ/Aj/t>-
phages\ peuples extrêmement farouches , & qui
Il ope aucun commerce avec les autres hommes,
qu'il> prennent auflî pour des poiflons, puifquils
l^s mangent quand ils (ombent entre leurs maias.,
Vi
Orientale. h
Ce fut dans cette iile que le Roman intitula
Houjchenk Nameh\ dit qu'aborda Khofroufchir ,
Général des ar;nées de Houfchenk , fécond Roi
de Perfe , de la première race ou dynaftie nom-
mée des Pifchdadiens , & qu'il exécuta les grands
exploits fabuleux qui y font racontés fort au
long. •
RAMADHAN. Nom du neuvième mois de
Vannée Arabique. Ce mot fîgnifie proprement
en Arabe , une chaleur qui confuny , ce qui fait
croire que ce mois tomboit autrefois toujours en
été , & qu'il ne rouloit point par toutes les fai*-
fons de 1 année, comme il fait aujourd'hui ; que
Tannée des Arabes & de tous les Mabométans
«ft purement lunaire.
Ceft ce mois , dans lequel Mahomet a com^
mandé l'obicrvance d'un jeûne très-rigoureux ,
qui confifte à s abftenir de fcoire , de manger &
ce coucher avec fa femme chaque; jour, depuis^ le
lever du foleil jufqn'à ce que les étoiles paroif-
fent ; & ce jeûne eft d'une fi étroite obligation ,
que nul ouvrier ou artifan n'en eft exempt., &
que les malades même qui ne le peuvent pas
obferver , doivent jeûner un autre mois entier,
après qu'ils ont recouvré leur fanté , ainfi que les
voyageurs & les foldats qui font, en campagne.
Ce mois de Ramadhan eft beaucoup révéré par
les Mufulmans , non feulement à caufe de ce
jeûne folennel , mais encore parce que la Leïlat
alcadr , la Nuit de la puifTa/ice , tombe dans c^e
inême mois.
ÏIAMIN» C eft k nom d'mx Roi qui régnoif
XÈ Bibliothèque
en Khorafan , du temps de Narfi Ben Gudars^^
ancien Roi de Perfe.
RAMLAH. Ville du pays que les Arabes ap-
pellent Falajlin , qui eu la Paleftine , fîtuée à
une petite journée de Jérufalem. Les Muful-
ifians révèrent, aflez près de ce lieu , le tombeau
de Locman , furnommé Al Hakim le Sage , auffi
bien que les fépulcres de foixante dix Prophètes
qu'ils croient y être enterrés, C'eft cette même
ville q^e no% Voyageurs appellent Rama^ par où
pafTent les pèlerins qui débarquent à Jafa pour
aller à Jérufalem.
R ASCHED BEN MOSTARSCHED. Ceft
Rafched Billah , trentième Khalife de la Maifon
iles Abbailîdes , qui fuccéda à fon père Moftarf-
ched. Tan 519 de THégire.
L'an 5JO de la même Hégire, Maffôud, Sul-
tan de la première dynaflie des Selgiucidës, ayant
envoyé demander à Rafched la fomme d'argent
que Moftarfched avoit promis de lui faire payer
tous les ans , ce Khalife fut fi fort irrité de cette
demande , que fe voyant foutenn par les habi^
tans de Ba^et ^ il réifolut de chafler hors de lai
ville tous les parens & 4omeiliques de Maffôud
qui s'y trouvoient.
Il arriva hcureufement pour ce Khalife , que
Daoud Ben Mahmoud , qui étoit auffi de la
même race , mais d'une autre branche ennemie
de celle de MafTôud , lui amena des troupes.
Le Khalife fe trouvant fortifié par ce fccours ,
fe crut obligé, par reconnoiflance ^ de donner à
Daoud le tit^'e de Sultan^ & de faire publier foa
Oriental E. ij
nom dans les xnofquëes en la place de celui de
Maffôud.
Maâoud n'eut pas plus tôt appris la nouvelle de
ce changement , qu'il s'approcha de la ville de
Bagdet avec des forces confîdërables , & la tint
aifiégée pendant cinq jours. Le Khalife , qui fe.
vit prefle dans fa capitale , fongea à fe fauver d^
bonne heure , & il trouva le chemin ouvert du
côté de Naharvan , où le Sultan avoit fait feinte
d'aller pour ouvrir ce paflage.
>Rafched fe re'fugia dans la ville de Mouflâl;
mais comme il ne s'y tenoit pas en fureté y il
prit la réfolution d'en fortir, & pendant qu'il
cfaerchoit ailleurs un afile , il fut tué par des af-
faifins ^ après un peu plus d'un an de règne. 11
eut pour fucceifeur fon oncle Al Moélafi Leem-»
riilah 9 fils de Mofledhaher.
RASCHID BEN EDRIS- C'eft le nom du
dixième Prince de là dynaftie des Al Mohades.
RASCHID THABIB. Surnom de FadhlaÛ
lah Ben Omadeddin Abil Khaïr , Ben Ali. Ce
perfonnaee , qui étoit Médecin de profeifion ,
devint Vifir d'Algiaptou ou Olgiaptou, Empe-
reur des Mogols ou Tartares de la race de Gin-«
ehizkhan, & lui dédia fon Ouvrage, intitulé
Mag'màu Al Rafchid'iah , qui eft dans la Biblio«i
theque du Roi, n^. i. Ce même Auteur a com^
^fé aufli une Hiftoire générale. fous le titre
de Giamê altaouarihh,
Rafchid Thabib porte aufîî le nom de Khoua-
eh Rafchid , ôc fut , après la mort d'Algiaptou ,
ifir d' Aboufaïd fon fuccefieur ^ qui le in mourir.
^
'^4 B I B t I O r H E Q U E
RASSAb. Lieu d obfervation. Obfervatoîre.
L* Auteur du Lebtarikh écrit , que Caïcaous II ^
Roi de la féconde dynaftie de Perfe , fit conf-
truire deux obfervatoires , l'un à Babel ou Baby-
lone fur TEuphrate , & lautre fur le Tigré dans
le lieu où la ville de Bagdet a été depuis bâtie*
Csïcaous fut depuis imite par Noufchirvan ,
Roi de la quatrième dynaftie , qui eft celle des
Khofroës de Perfe, & plufieurs autres Princes de
rOrient en ont bâti en divers endroits de l'Afie ,
avant le Mahométifme.
Les Khalifes AbbaiHdes Al Manfor & Al Ma-
mon, qui ont cultive particulièrement la Science
des Aftres , en ont fait conftruire dans l'Iraque
& dans le Khorafan. Et les Selgiwcides , qui fe
rendirent enfuite les. maîtres de prefque toute
l'Afie , en élevèrent auffi dans les villes de Ha-
madan & de Reï , où Malek Schah , furnommé
Gelnleddin , fit obferver diligemment le point
des ëquinoxes , & réforma lancien Calendrier des
Perfans , nommé Je^digirdique , & en inftitua
un nouveau , que l'on appela de fon nom le
Gelaléen,
Enfin les Tartares mêmes de la dynaftie des
Gingbizkhamens , fous Holagou , en firent bâtir
un à Maragab , où les Tables Ilekbaniennes de
Nafiireddin Al Thouflî furent dreflees ; & Ulug
Beg , petit-fils de Tamerlan , fut le fondateur
de rObfervatoîre de Samarcande , où ce Prince
fit examiner les Tables de Naffireddin , & publia
les fiennes particulières.
RASSOUL & RESSOUL. Ce mot , qui fipni^
fie proprement en Arabe un Meffàgeiy& un Ea-
Ô R t t !f T A t E; if
toyé, eft appliqué , particuliéremenc par les Mu-
fulmans , à Mahomet , qu'ils nomment Rajfoul
Allah ^ V Envoyé de Dieu ^ & abfolument Al
Rajfoul y V Envoyé y pour le diftinguer des autres
Prophètes ou Envoyés de Dieu , qu'ils appellent
Morfel aufîngulier, Mor/eloun au nominatif plu<»
rier , & Mor/elin dans les cas obliques.
• L'on trouve , entre ïes titres de Mahomet ,
ceux de Reïs alkauneïn & de Seïd Al Morfelin ,
c'eft à-dire de Chef des créatures Sl de Seigneur
des Envoyés.
Bani Raflbul , les fils de l'Envoyé ou la pofté-
rité de Mahomet. Il y a eu des Princes ou Sul-
tans dans riémen , qui ont porté ce titre.
RAVENDIAH. G'eft le nom d une Seiftc
d'Impies ou Hérétiques, quiadmettoientla tena-
foukhiah ou métempfycofe, & qui croyoient oa
faifoîent femblant de croire que refprit ou
l'ame de Mahomet, ou de quelque ancien Pro-r
phete , avoir paiTé dans la perfonne d'Abou
Giâfar AI Manlor, fécond Khalife de la race des
Abbaffides, & lui vouloient , pour cette raifon ,
rendre des honneurs divins , en faifanx des pro-
cédons autour de fon palais , femblables a celles'
qui fe pratiquent autour du temple de la Mec-
que , & que les Mufulmans appellent Athouafi
Cette feéle dégénéra enfin en une faélion fédi-
tieufe & dangereufe , que ce même Khalife fut
obligé d'exterminer.
RAZECAH. Nom d'une Idole des Adites ;
ancienne tribu des Arabes, qui eft du nombre de
celles qu'ils appellent perdues. Ces Idolâtres Tin^
%6 BtBLIOTH E Q U K
voquoîent pour obtenir les chofes néceflaires S
lentreiien de la vie.
RAZI. Ce mot, qui eft TappcIIatif d^ Rcï,
£gnijBe celui qui eft natif ou originaire dune ville
de riraque Perfienne nommée Reï.
L'Iman Farkhreddin Mohammed Ben Omar
Ben Kaiib Beï Al Temimi Al Bekri fut auiS
fumothmé Al Ra^iy parce ^qu'il prit naiflànce
dans cette ville , quoiqu'il fût originaire du Tha-
bareftan , ce qui lui fait auifi donner par quel-
ques-uns le furnom de Thabavejîani,
Ebn Athir dit qu'il-naquit l'an 543 de THe'-
[ire , & qu'il devint un des plus grands Douleurs
le la Seâe Schafeïenne \ car il avoit ajoute la
connoiifance des fciences étrangères à celles du
Mahométifme ; & prêchoit fort ëloquemment en
Arabe & en Perfien.
Ces grandes qualités lui acquirent la faveur de
plufieurs Princes , & particulièrement celle de
Gaiatheddin^, Sultan de la dynaftie des Gaurides^
qui fonda un collège particulier pour lui dans la
ville de Herat en Khorafan , où ayant établi un
jour une difpute folennelle entre lui & le Cadhi
Abdalmegid , la ville de Herat & tout le pays fu-
rent furie point de fe foulever à cette occafîon.
La caufe du trouble qui arriva , fut qu'Abdal-^
megid , qui ëtoit de la Seâe des Këramiens ,
fens attachés fuperftitieufement \ la leure de
Alcoran, & qui admettent en Dieu h^ attrir
buts de Tagiaffoûm & de Tafchbiah , c eff-à-
dire 5 de corporéité & de reflèmblance, ayant été
confondu dans la difpute par Fakhreddin Razi,
ce Cadhi , qui étoit fupporté par Dhiaeddin ,
coufin
: <>R I e NT A L E. ^ if
tsaùn du Sultan, prit occâfion de le calomnier
au fujet de :1a religion, & de le faire pafTer
auprès du Sqjfan pour un Philofoplie, ceft-à-
dire , félon k langage des Alcoraniftes , pour un
imijie.
Le Sultianne laiilà pas néanmoins de lai con-
tinuer fa pro^c^ipn : mais Abdalmegid , gui
s etoit déclare' ouvertement (on ennemi , prê^^
chartt un jour au peuple , dit avec véhé-
mence, qu'il falloit bien fe garder de croire ni
de dire autre cliofe que. çè qui avoit été révélé
parDieu au Prophète, & tranfmis par tradition du
Prophète jufqu aux premiers Doéleurs du Mu-
fulmanifme ; que la Philofophie d'Ariftote ,
d'Avicenne , '& d'Al Farabius écpienc des pièges
dans la Religion Mufulraàne qu'il falloir foigneu-
fement éviter, & enfin que c'étoit pour en avoir
voulu renverfer les principes, qu'il s'étoit attiré
Ja colère & les injures de Razi., ; '
Abdalmegid, après avoir appuyé fortement
tout ce qu'il difoit , finit fon f<^rnton,par d^ê
larmes qu'il répandit en abondance , &qwi exci-
tèrent tous fes auditeurs k pleurer; de forte qu'ani-
més du zèle que ce Doéleur leur avpk'infpiré ,
ils allèrent, en grand tumulte , au palais de Ga^-
theddin , & obiigerent ce Prince à chafler Rmi
de leur ville.
Le SulcaÀ fâtisfit pour un temps la pafffion de
ce peujile , & rappela cependant l)ientôf^a;près
Razi, qui mourut dans Hérat Tan 606 de J'Hé^
gire;
Les principaux Ouvrages de l'ImanTakhreddia
font : • .1 r
Erfchaâ . alnadhar ela. lathaïf alafrar',\ J^tro^
Tome F. B
x% Bibliothèque
duSioH dans les Myjieres Us plus fubiils pour
les gens d'efvrit , où ce Docteur recherche de«
xaifons philoiophiques pour preuver & pour ex-
pliquer les Principes du Mufulmanifnie.
Mohajfel alfakar eft un Livre de Métaphy-
^que & de Théologie fcholaftiaue, qui a été com-
menté par plufieurs Auteurs. Il eft dans la Bi«
biotheque du Roi , n", 93 1.
OJfoul eddin , les Principes de la Foi^ eft auflî
lin oe fes Livres, divifé en cinquante queftions
qui regardent également la Philofophie & la
Théologie. La première eft contre réternité du
Monde, par où il paroit que cet Auteur n-étoit
J)as fî Ariftotélicien que fes ennemis le vooloient
aire croire pour le decréditer. Ce Livre eft dans
la Bibliothèque du Roi, n^. 620.
Il y a un Livre intitulé Ekthiarat al nagiow'
miahj des Eleélions Afironomiques ; & un autre
qui porte le titre HiArbaïn fi Offoul eddin , qui
font attribués âuffi à ce même Dodeur, comm«
un autre Ouvrage intitulé Aiahfoul.
REDEFR^ANS ou REDEFRIS. De quelîe
manière que ce mot s- écrive ou fe prononce , les
Arabes s CH fervent pour exprimer le Roi de
France , & principalement Saint Louis , qui ûi
la guerre en Egypte.
Ce Prince attaqua la ville de Damiette Tan
de THégire 647 , de J. C. 1 349. Al Malek Al
Saleh , fils de Malek Al Kamel , de la Race des
Jobites ,*c eft- à-dire des fuccefleurs de Saladin.,
qui étoit Roi d'Egypte , affiégeoit pour lors la
ville de Hems ou Emeflê en Syrie. Auffi-tôt que
ce Sultan eut appris le débarquement de Saine
Ô R I E N T À L ÉV iÇ
êJbms , il courut au fecours de Damiette : maîii
itcant tombé malade en chemin , il reçut la nou*
Yelle de fa prife , &, fit peiidre cinquante des prin-
cipaux Officiers de la gârnifon , qui àvoient aban-
donné la ville & lui apportoient la nouvelle de
ik perte.
Al Malek AI Saléh. mourut le lendemain de
l'exécution de ces Officiel^, & Al Malék AI
'Moâddham lui a^ant fuccédé , Saint Louis quitta
Damiette ^ & paflà avec fon armée un bras- du
aW qui fépare dette ville davec telle de Màn^
ibunrh.
Le Suttan Al Moâddha«i , qui fut le dernier
Roi d'Ëgjpte de là racé des Aïoubites ou Jo-
iites , vint au devant des François, dont l'armée
fouâProit beaucoup par lia difene des vivres. Là
bataille fut engagée , & le combat fut fort opi-
niâtre de pan & d autre : mais enfin lès Fran^
çois furent défaits , & le Roi avec fes frères ,
& plnfiears grands Seigneurs de fa Cour, de^
sneurerent prifonniers entre les maitos des £gyp^
tiens.
Dans ces entrefaites, les Màmèlucs ou Ef-
claves affranchis , qui avoknt toutes les forces
d'Egypte entre leurs mains, fe défirent de leur
Sulun ^ &. élevèrent fur le trône Azzeddin Ibek^^
premier Sultan des Mam^lùcs en Egypte y & ce
tut avec ce Prince que Saint Louis négocia fa
liberté & celle de fes frères , qu'il obtint enfin
moyehnam la reftitution de Damiette & le paye«
ment d'un million de dinars ou écus d or.
Saint Louis , après avoir obtenu fa liberté ,
quitta la ville de Uamiette, & vint , avec le dé-
kis d€ fon arméç > çn la ville de Ptolemaïde ;
Bij
âO B I B L î O T H E Q U B
appelle autrefois Acco & Acca , & maîntè^
nant Saint Jean d'Acre; & ce fut pendant le
féjour qu'il fit en cette ville , qu'il pourvut à la
confervation des places qui reftoient aux Chré-
tiens dans la Syrie, & qu'il fit rebâtir la ville do
Cëfarée , où il mit de nouveaux habitans.
Ben Schohnah écrit que Saint Louis fut mis
prifonnier à la garde de Fakhreddin Ren Loc-
xnan , premier Secrétaire d'Etat du Sultan Moâd-
dham , qui lui fit rendre tous les honneurs dus.
a la majefte d'un fi grand Roi, & qu'il f«t délivré
l'an 648 de THégire, un an après fa defcente en
Egypte.
On ne put pas cependant empèciier <fue les
Arabes ne fifTent des vers en dérifion^de la nar-
tion Françoife, qui avoir fi mal réuifi xlansfon
«ntreprife ; & le megié Auteur récite teux que
compofa Gemaleddin Ben. Mathrouh, dans.lefr-
quels i s'adrefl^nt aux François, il leur dix :At ira
JMeJran tabla ghi rncilhha , tahfeb enn .al^omt
belthubl riah ; s> li:)rfque vous êtes veinis en ce
pays-ci , vous croyiez le prendre avec la flûte &
le tambourin. L'on peut remarquer en cet en-
droit que l'ufage deJa flût^ & du. tambourin
dont les Provençaux fe fervent encore aujour-
'hui, le même homme jouant de l'un & de
l'autre en même temps )étQit en vogue dès ce
temps-là.
Les Mufulmans difent dans leurs Hiftoires , que
les. François eurent trente mille hommes de tués
dans la bataille de Mànfourah; mais un de leurs*
Poètes écri; que Khamfoun al fan la tara man--
hem , gaïr katil an ejfir giarïh , » de cinquante
mille hommes , vpqs ii'ea voyez aucun qui jie
i
Orientale; sî
fût tue ou prifonnîer blefle <ç. II n'en reffa toute-
fois que très-peu dans lefclavage; car les Egyp*
tiens fe firent un honneur de les bien traiter.
L'on peutauffi obferver en cet endroit, que la
Langue que Ion nomme aujourd'hui fur la mer
Me'diterranée & dans la Turquie le petit Franc ^
& qui eft compofe'e d'Italien , d'EfpagnoI & de
Provençal, étoit déjà en ufage dans le Levant;
car dans les vers que nous avons cités , les Fran-
çois ne .font pas^-nommés. -Fr^/zAj ou Francs ;
mais Franjîs , ce qui vient du mot Italien Fran-
cefe\ & Redefrans eft pris de Re di Francia
dans la même langue.
REGEB. C eft le nom du troifîeme mois de
Tannée Arabique, qui étoit réputé facré par les .
anciens Arabes du Gentilifme , 6c dans lequel il
étoit défendu de faire la guerre. Ebn Tholon a
compofé un Livrie intitule AJfouerataldkeheb fi
ma ravafi Regeb^ les Bracelets d'or fur tout
ce qui a été rapporté dans VHijloire touchant le
mois de Régeb.
Ce mot, qui fignifie rèfpeâé ^ honoré^ eft
auffi le nom de pluneurs perfonnages. Ebn Regeb
eft le furnom de Zeïneddin Abdalrahman Ben
Ahmed, qui mourut Tan 795 de THégire. C'eft
l'Auteur d'un Livre intitulé EJîegna belcoran y
dans lequel il prétend prouver que le feul Alcoran
fuffit pour toute leélure à un bon Mufulman. Il
y a auffi un autre Ouvrage de cet Auteur, qui
n'eft proprement qu'un Scharh ou Commentaire
fur le Livre intitulé Arbaïn mokhtarat fil hag\
les quarante Traditions choifies touchant le pé^
lerincge de la Mecque-, .- — •
B iij
r
Ji* Bibliothèque
REIS & RAIS. Ce mot -Arabe , qui fîgnîfie
Çropremenc un Chef^ k prend ordinairement en
i'urquie po^r un Commandant de nier ; car c'efl?
wS, que 1 on qualiiie un Capitaine de vaifleati
ou de galère. Capoudan Reïs cft le titre que le*
Turcs donnent au Pilote royal de la flotte, qui
porte auffi le titre de Heï^ Bafchi &. dcPap.
cha ki!(i.
Reïs Al Kottah , que l'on appelle ordînaîre-i
ment à Çonftanrinople Reïs kitab , le Chef des:
Ecrivains , eft proprement le Secrétaire d*Etat ,
qui reçoit Ça ipxi figne les dépâches. On l'appelle
auffi fouvent Reïs Efendi.
RESCHIDI. Nom que porte ordinairement
Befchideddin A'bdalgelil, Poëtè Perfien, natif de
Balkhe , Tune des quatre villes capitales de la
grande provi^ice du Khorafan. 11 defcendoit en
ligne dircéle d'Omar, troifienie Khalife des Mur
fvilmans ; ce qui lui faifoit au^ porter le furnom
pu titre d'Omari.
Ce Poëte vivoit fous le règne d'Aifiz , fils de
Cothbeddin Mohammed Khouarezni Schah , qui
tient le rang de fécond ou troifieme Sultan des
Khouarezmiens. Il a mérité les épithetes de Sage
& de Difcrèt parmi tous les autres de fa profef-
fîon , à caufe que fa Poéfie étoit chafte & pieufe,
contre la coutume des Poètes de fon fiecle, qui
inêloient toujours dans leurs Poéiies quelques
traits cpntre la Religion & contre les. bonnes
mœurs.
Anvari , Poëte de grande autorité parn^i leiî
Perfans , a fait 1 éloge de Relchidi , dans lequel
i!L fç vante d'être I« |>reffiier qui ait châtiç 11
Orientale; %f
ie Perfienne, & que Refchidi l'a parfaite-
ment imite en cela ; & il le compare ï un peigne
d'ivoire , qui démêle les touffes de cheveux les
dIus mêlées , ^ die qu'il a attaché la corde des
bonnes mœurs à fon arc^ & qu'il a fu par-là
adreâèr toujours fes fleclfes au out qu'il s'étoit
propofé ^ & il conclut fon éloge par un fouhait
qu'il fait , que la mémoire de ce Poëte vive tant
que le monde fera compofé des quatre élémens
Sx. des fept cieux.
L'Auteur de fa vie raconte que ce Poëte ayant
iété furpris un jour avec une des femmes du férail
d'Atfiz y Roi de Khouarezm, & qu'ayant été con-«
duits fun & l'autre devant ce Prince,, il fut û troublé
de cet accident , qu'il en perdit entièrement Vcù
prit : mais ce trouble s'étant diffipé quelque tempf
après , il fit des vers qui appaiferent la colère au;
Prince, lequel ayant appris d'ailleurs que cette
femme, nommée Mâandariy étoit également
ëprife de fon côté , la lui donna en mariage , &
les rendit tous deux heureux.
Un autre jour que Refchidi difputoit avec Ufi
autre Poëte en préfence du Sultan, qui zffem^
bloit fouvent une Académie de gens d'efprit pour
L tenir des conférences de Doctrine & de Belles-
ettres , il fe rencontra qu'il y avoit une, ceri-
toîre mife entre ces deux diiputans ; ce qui ût
«fue le Sultan, voulant railler Refchidi qui étoit
fort petit , commanda que Ton ôtât cette écri-
toire, afin qu'il pût voir celui q^i étoit derrière-
Refchidi , piqué de ce«e raillerie » fe leva auffi*
tèt , & dit ce mot des Arabes^ i Almarro marrom
beafgarihi , calbihi v lejfanihi ; » L'homme n eft
àornoie qw mr les deux plus petites parties de
BÎY
*
14 Bibliothèque
fon corps , qui font fon cœur & fa langue. C&',
fut cependant depuis cette rencontre que ReC-
chidi porta le furnom de Vathouath ou àHiron-n
de Ile , que le Sultan lui donna a cauf<s de fa pe.ti->
teflè & de fon babil. ♦
Ce Poète mourut fort âgé ; car* il furvécut à
Atfîz y & compofa même une .Ele'gie fur fa
mort : il étoit encore vivant fur la fin du règne
de Sultanfchah, fils ^11 Arflan-& petit -fils
d'Atfiz. Son corps fut enterré dans la ville de
Giorgianiah. Il a laiifé plus de douze mille de
ies vers en langue Perfienne , & en a compofé
Îluiîeurs en Arabe. On a auffi de lui un Art
Wtique y intitulé Hadaïk aljilir , les Jardins en^
chantés y & une Tradudion en vers Perfiens des
cent Apophtegmes dAli, qui font nommés Sad
Kelemeh.
Il s'en fallut peu qu'il n'arrivât à ce Poëte une
très-fâcheufe aventure : car, s étant trouvé en-
ftrmé avec Atfiz fon maîfre dans le cbàteatt
nommé He^aresby que le Sultan Sangiar le Sel-
glucide affiégeoit , Anvari , autre Poète Perfîen
duquel on a déjà parlé , qui étoit dans le camp
de Sangiar, fit un quatrain contre Atfiz qui
paflbît alors pour rebelle , & Tattacha à une
flèche qu'il fit tirer dans le château. Refchidi,
qui le lut, y répondit auffi- tôt par un Diftique
fort iiijurieux au Sultan Sangiar , & le fit pafler
par la même voie dans fon camp.
. Sangiar fut tellement irrité de la hardiefle du
Poëte , qu'il protefta que s'il tomboit vif entre
fc& mains , il le feroit tailler en fept pièces , &
il arriva qix ^tûz ayant été contraint, après un
long fiége , d!abatidonner ce château & de
Orientale. mj
prendre la fuite, Refchidi demeura derrière, &
tomba entre les mains des foldats de Sangiar.
Quoique Refchidi eût pîufieurs amis à la Cour
de Sangiar, il eût e'të traita fuivant la menace
du Sultan , nul d'etitr'eux n'ofant parler en fa
faveur, à la réferve d'un feul qui eut la har-
die/îè de lui dire quune hirondelle, c'eft ainfi
qu'on appeloit Refchidi , étoit un fi petit oifeau ,
qu'il feroit fort difficile de la divifer en fept
parts, & qu'il lui ferabloit fuffifant de la mettre
en deux. Ce tour agréable du difcours de l'ami
de Refchidi plut tellement au Sultan qui eioit
pour lors à table & en belle humeur, outre que
ce Prince ëtoit bon de fon naturel ôc aimoic
k plaifanterie , qu'il accorda auïïi-tôt la vie à
Refchidi, qui fut depuis ce temps^là de fes meil-
leurs amis.
. REZK ALLAH. Ce mot, qui fignifie en
Arabe les biens & la fubfiftance journalière que
Ja Providence divine a deftinës & affignés à
chaque homme en particulier, eft auffi le nom
d'un Aftrologue d'Egypte , furnommé Al Nakhas ,
qui vivoit vers l'an 5 lo de l'Hëgire, fous le Kha-
lifat de Moftadher f^tn Moktadhi TAbbaffidie.
Cet Aftrologue palfoit alors pour Je plus ha-
bile & le maître de tous ceux de fa profeffion ;
& 1 on raconte de lui , qu'ayant été confulté par
une Dame de qualité fur fon horofcope , il s'ap-
pliqua fort férieufement à y travailler, & que
la Dame ne lui ayant donné pour toute réconi-
penfe qu'une fort petite pièce de monnoie ,
î'Aftrologue lui dit qu'il voyoit dans fon horof-
cope quelque difette d'argent j à quoi la, Damé
«6 B I B -L 'I O T H E Q U E
lui ayant reparti qu'il a voit fort bien rencontre J
& VÂftrologue'lui demandant de fon côté quell^.
fomme elle avoit perdue, elle lui donna pour
fon dernier payement cette réponfe : », Je n'aî
fait autre perle que celle de la pièce que je vous
|i donnée «.
RIAN BEN VALID. Ceft le nom du Pha-*
raon qui reçut le Patriarche Jacob avec fa famille
çn Egypte. Les Mufulmans difent qu il fut con-
verti à la Foi Mufulmane par le Patriarches
Jofeph, , ^
ROC AIL BEN ADAM. Voici un fïs
d'Adam que l'Ecriture Sainte ne reconnoxt point.
Rocaïl , f(çlon la Tradition fabuleufe des Mu-
fulmans , étoit le frère puîné du Patriarche Seth,
& pofTédoit les Sciences les plu«s élevées & les
plus cachées. 11 étoit doué d*un efprit fi vif & fî
pénétran.t, qu'il paroiflbit tenir plus de lange que
de l'homme^
Surkhrage , qui était un puiffant Dive ott
Géant, vivoit en ce temps-là, & commandoît
abfoluxnent dans toute l'étendue du mont Caf ,
que les Mufulmans croient être une chaîne oii
ceinture de montagnes qui entourent toute la
terre. '
Ce Géant pria Seth de lui envoyer Rocaïl foii
frère pour l'aider à gouverner fes Etats, & pour
tenir en bride fes fujets. Seth lui accorda fa de-
mande, & Rocaïl devint ainfi U Vifir.ou pre-»
jnier Miniftre de Surkhrage dans la montagne
de Caf , où, après avoir gouverné pendant plu-*
iieurs années ou fiecles, & conttoiuàjat> ou paf
O R I E N T A L i; $f
révélation divine, ou par les principes des Sciences
feeretes qu'il poflëaoit , que le temps de fa
mort approchoit, il p^rU à Surkhrage en ces
termes 2
» Je fuis fur le point de pafTer en l'autre vie :
mais avant de vous quitter^ je veux vous laiiTer
quelque ouvrage infigne de mes mains, dont la
mémoire fe eonferve & me faffe vivre long-
temps après ma mort «.
L'effet fuivit ces paroles : car Rocaïl fit bâtir
on palais & un fépulcre d'une AriiéXurt û ma-
gnifique , & avec tant d'artifice, que l'on y voyoit
un très -r grand nombre de ftatues de différens
métaux faites par Art talifmanique , lefquelles
opéroient, par des reflbrts fecrets, ce que tout
le monde auroit cru fe faire par des hommes
vivans.
ROCNEDDIN BEN SCHAMSEDDIN.
C'eft le nom du fécond Prince de la dynaftie
des Molouk Kurt , que quelques-uns appellent
auffi S chamfeddin fécond du nom. Ce Prince ob-
tint d'Abkakhan, Empereur des Mogois , le gou-
vernement de la ville de Hcrat , qu'il remit ^
après la mort de ce Prince, k Alaeddin, & fe
retira dans le château nommé Khaffar j où il
vécut paifiblement, fans pouvoir en être dépof-
fédé par Argounkhan , fuccefféur d'Abkakhan ,
)ufqu'à la vingt-^quatrieme année de fon règne y
qu'il mourut.
Rocnedin mourut l'an 679 de THégire , & eut
pour fucceilêur Fakhreddin fan frère.
RQCÎ^EPDIN KURSCHAH. C cft le hui-
^8 Bibliothèque
lieme & le dernier Prince de la dynaftie def
Kmaéliens de l'Iran oit de la Perfe. Il étoit fils
d*Alaeddin Mohammed , auquel il fuccéda : mais
fon règne fut de peu de durée; carà peine avoit-^
il re'gné un an que Holagoukhah , Général des
Mogols , llactaqua/l'an de l'Hcgire 654, dans fon
château de Maïmoun. '
^ Rocnedàin ne fe fentant pas aflez fort pour
réfifter à la puifTance des Mogols ou <Tartares ,
remit fa place 6c fa perfonne entre les mains
de Holagou : mais ce Capitaine l'envoya à Man-»
goukhan , Empereur des Mogols , qui étoit pour
lors dans le Khathaï; & à peine fut-il arrivé dans
la province Tranfoxanc , qu'il fut mis à mort par
ordre de Mangoukhan.
Les Hiftoriens Orientaux remarquent que ce
fut dans cette même année que le fameux châ-
teau d*Almout , qui étoit le fiége principal des
Ifmaéliens de Perfe , & qui avoir été bâti ïan
246 de l'Hégire par Haflan fils de Zeïd, de la'
race de HoufTaïn fils d*Ali , fut pris , & que la
dynaftie de ces impies & hérétiques , nommés
JjmaélUns y fut abolie, ne reftant plus entre les
mains de ces gens-Ik que les deux châteaux , nom-
més Kudkueh & lemfer y qui furent auffi forcés
dans la fuite par les Mogols.
ROCNEDDOULAT ou ROKNALDOU-
LAT. C eft le nom ou plutôt le furnom du
fécond fils de Buiah. II devoit fa fortune à fon
frère aîné Amadaldoulat , qui letablit Roi ou Sul*
tan dans Tlraque Perfienne, dont la ville d'if-
pahan étoit pour lors la capitale.
Ce Prince eut trois enfans , dont laîné , nommé
• Orienta le. ' 19^
'Adkadaldoulat j fut déclaré héritier & fuccef-;
fcur par Amadaldau'ht fon oncle, qui étoit mort
fans enfans.
* Cette fucceffion, qUi regardoit principalement
la province de P^fe^ proprement dire, fut caufe
qae Rocneddoulat n eut pas plus tôt appris la
mort de fon frère , qu il fe tranfporta à Sehiraz-,
Çtii'-en étoit la capitale, pour pretidi*e pofleffiqn
dé cet Etat au nom de" fon fils.
' Rocneddoulat eut d abord pi ufîeiirs' guerres k
foutenir contre les-Safeins SaraanidësYiqui poffé-^
doient alors le Khorafan & plufîeûfà autjes pro-
vinces voifiiies : mais la paix s'élarft' -enfin con-
cîiie avec eux',* Rdcnèddoulat demeura pâifible
poffefleur dîé fef^ jprù|>f^s Etâts'^& de ceuxd*Ad--
hadaldoulat fon'hh. . • - ^
Ces guerres ét/ah^ëires jetant ïihîèsV ce Sultan
cut^dcs affairés 4omelftiqaes qui loî^ii^nt beau-
toup plus fâcbéufes i' car Adbàdaldoulat , fon fils
aîné, ayant dépouillé fon coufiri-géfitlàîn, nommé
A^<ildôulat y fils de 'Moêzzalddulat , troiïieme
fils de Buiah, il en témoigna fôn- mécontente-
ment , & fit marcher fes troupe'^ contre fon
propre fils. Le fils, de fon côté /vint- au devant
du père avec une armée plus fprte que la fîenne,
& l'obligea ainfi de retourner à Ifpabap.
Adhadaldoulat, qui* n'en vouldit^â^-à fori père
ni à fes Etats j virit auffi-tôt Ic'trduver & lui
fit des excufes fur ce qui s'étoit paffé',"iqui con*
lentererït fi fort le bonhomÎBe Rocnèdâoulat, qui
avoit déjà atteint 1 agç de quatre-^ing'^s^àns^ qu'il
confenrit de le retenir- auprès' de fti^pérfbnrfe jufc
^ua (a njort.' * • . - .- * v ..^
La mort de Rocneddoulat n'arriva cef^dabk
JQ BlîiLtOTHEQUÊ
que dix ans après^ Tan de l'Hégire 366, qui fbt
le quarante-quacrieme de Ton regnè^ &le quaué**
vingt- dixième de foii âgek
Ce Sultan eut la répucatiôh d'avoir été , étn-»
dant tout fon règne, humain, jufte &. libéral. Si
il lai/Ta trois enfans entre lefquels il partagea
tous fes Etats. ...
Il donna à fon aine Adnadaldoulat les pfo-»
vinces de Fars ou Perfe proprement dite^ de
Khouziftan ou Suiîane, d'Âhuaz^ qui fait partie
de la Chaldée ^ & de Kerman , qui eft la Gara-*
manie Perfienne.
Le fecend ,' nommé Fakhraldoulat^ eut pouf
fon partage le Gehal ou Ifdque Perfienne, pajs
des anciens Parthes ^ avec les . provinces de Ha-
madan & de Reï, qui font partie de TAflyrie ^
îivcc le Thabareft^n , qui eft i Hyrcanie.
Pour le tf^ifieme^ xiomvçké Mouïadaldoulat ^
il n*eut de ion père que la ville royale dlfpahah
avec fes dépenoances , & Biocnaldoulat ordonna
dans (on tefiament, que les deux puînés recon-
noîtroient toujours leur aîné pour Chef & pour
Souverain en quelque manière de toute la Mai^
fon des Bouïdes.
RÔCÔUÔ ALCAOUSAG', la Cavalcade du
vieillard fans barbe. C'eft le nom d'une fête que
les anciens Perfans célébroient à la fin de rhiver^
dans laquelle un vieillard chauve & fans poil ^
monté fur un âne , & tenant en Tune de fes
mains un corbeau , couroit par la ville & par les
places , en frappant d'une baguette tous ceux
qu*il rencontroifk Cette mafcarade repréfentoit
IHivcr,
Orientai E. 31
ItODOS. Ceft nie & la ville de Rhodes.
Cette île fut prife par Khofroès Parviz Ben
Hormouz , qui eft le grand Khofroès , .fils de
Hormizdas , affez connu dans nos Hiffoires par
la conquête quil fit de la Terre. Sainte dans la
quinzième année de rèmpire dHëracHus. Cette
même île a été affiégée plufieurs fois par lei
Arabes. Amédée , furnommé le Verd , Comte
de Savoie , la défendit itnè fois contre ces Infi-
dèles ^ & en remporta la Croix blanche en
champ rouge , que les Chevaliers lui donnèrent ^
& que les Ducs de Savoie partent encore au-i
jourd^hui dans^. leurs armes ^ avec le mot' do
FERT. _
L'an 885 de l'Hégire, Mahomet II, Sultan
des Turcs, fit affiéger la ville de Rhodes , Ôc y
perdit trente mille hommes pendant lefiége quil
fut obligé de Jevèr; mais enfin Soliman, Sultan
de la même dynafliç , l'emporta Tan 929 de
THégire , qui eft de J. C. 152a.
ROHBAN. Ceft le plurier de Raheb , qui
fe prend fouvént z\\ fingulier pour fignifier un
homme qui craint Dieu , & en particulier pour
un Moine ou .Religieux Chrétien, engage par
des vœux au fervice de Dieu : car quoique les
Mufulmans aient pljjfieurs Sofis ou Derviches ,
qui font des des efpéces de Religieux parmi eux^
néanmoins ils n'en ont point qui fdient attachés
à aucun Ordre ou profefîion par des vœux. Ils
ont même une Tradition qui porte que la roh-^
banidê fil eflam , >} il tiy a point de profeflîon
monaftique dans le Mufulmanifme «.
he^ Mufttlmanv donaent ordinairement le nom
ji B I. B .1 I o T lï ï: Q V E
de Rohban à tous ces faints Perfonnages qui
yivoient retirés dans les provinces qu'ils fubju-
guoient au commencement du Miifulmanîfme",
parce qu'ils les confidéroierrt avec -rai fon comme
ides Religieux'oorAnjichorete^ Chrétiens. • '-
' Akhbdr Al • Rohban belaitnam. Ce font lèi
yfies des anciens Pères, :> -^ î
' - . .... : . . —.
- ROKH. Ce mot %nifie dans la langue des
anciens Perfans un vaillant homme qui cherché
ides aventures de guerre ^ un Héfos , & ce qu'ori
appeloit .auttefdis dans nos Romans un Pnu±
& un Chevalier errant, C'^ft d'oii~ vient le nbni
de Roch dans les échecs , dont le jeu eft venu
de Perfe parmi nous. Les Efpagnols l'appel-
lent El Rocc'o , & les Italiens Rocca ; & parce
que ce mot Italien fignifieauflî une roche & une
fortereffe , nous avons donné le nom de Tcuir
dans notre jeu des échecs à cette pièce.
Genk doua^deh Rokh, La Guerre des douze
Rokhs ou Héros. C'eft le nom qui a été donné
i un fameux combat qui fe fit entre* douze Ira-
niens ou Perlans, & autant de Touranièns où
Turcs., qui kivoienît'été çhoîfis erttre le$ plus bta*
ves des deux armées de Caïkhofrbu Roi de Perfê^
& d'Afrafiab* Roi du Turqueftàn , pour décider
du fort de. ces deux nations; & ce fut dans cô
combat que U vâleujr inyihcîbje de Rdftam em^
porta toute Lt gloire & tout lavîantage du'côtë
des Perfans. ' - . : •/ *^, . ^ • • .;
1. r» . r« ^ f »\
- ROSCHD. Abaul Vàîjd Moliamme* BeÀ
Ahmed, appela ■cOrn'mufi'érncnt Ehn Rcfclïâ.ifeA
celui que nous appelons &tAimTktttiè\\x'Av&rci^s^
Orienta -L "t. j f
a caufe que lés Juifs l'ont nunnmé dans* Teurf
Livres & dans leurs Traductions Aben^ ou Aver^
Rofched. ..*..,
Ce Perfonnage, qui a pafle poiir iin des plus
habiles Docteurs en Philofophie & en Médecine
que les Arabes aient eus, étoit natif de Cordoue
en Espagne, & il mourut l'art de IHcgire 595,
qui eft de J..C.'i 198.
Averroès eft le premier qui ait traduit Ariftote
de Grec en Arabe, avant que les Juifs en euf-
fent fait leur veifion, & nous n'avons en lonp-' ^
temps d'autre texte d'Ariftote que celui de. \v
verfion latine, qui fut faite fur la verfion Ara-
bique de ce grand Philqfophe , qui y a ajouté
enfuira de fort amples Commentaires, dont'
Saint Thomas & les autres Scholaftiques fe fontr*
fervis avant que les originaux Grecs d'Ariftote ^
&de fes Commentateurs nous euffent été connus.
ROSTAM ou RUSTEM , que les Perfans
appel/ent auflî Rojiam Dajlan ^ c'eft à-dire le
Rojtam deS'HiJlolres fabuleufes ^ & RoJlam^Za^
beli y parce qu'il étoit originaire & Gouverneur
du pays de Zableftan.
Ce Perfonnage eft le plus grand & le plus
fameux des Héros de la Perfe. Il étoit fils de
Zal ou Zalzer , & petit-fils de Sam fils de Ne-^
riman.. Les Perfans , pour lui donner une ori'.
gine encore plu^ noble , difenr qu'il defcendoit
de Mamoun fils de Benjamin fils du Patriarche
Jacob.
• Ses plus grands faits d'armes font la délivrance
de Caï Caous II, Roi de la dynaftie des Caïa-
nîdes, qu'il tira des prifons de Zoukaga^ar Koi
Tome V. If*
;4 Bibliothèque
d'Arabie, '& celle de Siavéfch fon fils, qu'il gn.^
rantit des embûches que lui avoir dreflees Sau-
dabah fa belle-mere.
Il vengea enfuite la mort de Siavéfch , qui
4voit été tue dans le Turqueftan , en pillant &
ravageant mille parafanges , ou deux mille lieues
de ce pays^là , & en faifant mourir Saudabah , qui
avoic accufë fàuifement Siavéfch d'avoir attenté
à fa pudicité.
Le même Roftam défit enfuite à plate cou«-
ture Afrafiab Rbi du Turqueftan , quoiqu'il eût
pint à fes Turcs les troupes innombrables da
naï ou Roi des Indes , & celles du Khakan ou
Roi du Khathaï , qu'il fit £bn prifonnicr, & con-
traignit Afrafiab d accepter la paix aux cbndi^
lions qu'il lui offrit.
Cependant Caïcaous n'ëtant pas content de cet
accord , Roftam tomba dans fa difgrace , & fut
obligé de fe retirer dans le 'Segeftan & dans le
Zableftan, où, s'étant cantonné, il refufa d'embraf-
fer la Religion de Zoroaftre ou le Magifme , que
le Roi Caïcaous lui avoit fait propofer.
Caïcaous ayant appris la réfiftance que Roftam
faifoit à fes ordres, lui envoya fon fils Asfendiar
pour le porter à l'obéifiànce. Asfendiar eut plu^
iieurs conférences fur ce fujet avec Roftam, dans
lefquelles ne pouvant rien obtenir de lui par fes
difcours , il fallut terminer cette atfi&ire par un
combat fingulier. Ce fameux duel d' Asfendiar &
de Roftam dura deux jours , & les Romans de
FOrient font pleins des faits d'armes extraordi-
naires de ces deux Héros. Mais Asfendiar
y fuccomba enfin , ayant reçu un coup de
raieau de la main de Roftam , qui s'était ap«
O k 1 t N T A LE» j^
perçu qu'Asfendiar avoit un charme contre lei
flèches.
La valeur & là bravoure de Roflam fit d*Às*
fendiar font encore aujourd'hui , parmi les Orien-
taux, l'exemple & le modèle de la vertu milî-
t^re : les plus grands Rois de TOriedt ne de*
dafg^nent pas d'être compares à ces deux Hëroâ>
de même que , parmi nous , les noms iAlexan-^
dre & de Céfar font employés quand il s'agit de
louer les vertus militaires de nos rrinces.
Ces Hifloires fabuleufes d'Asfendiar & de Roi[l
tam ont été rejetées & réprouvées par Maho-
met , à caufe de la comparaifon que les Arabes en
faifoient avec celles qu'il leur racontoit ; car fei
Auditeurs lui difoient fouvent , eue les Hiiloires
que Nafler leur avoit apportées ae Perfe étoient
beaucoup plus belles.
Le furnom de Htmten , c'eft-îl-dîre un autre
Joi-même ^ fut donné à Roflam pa/1Caïcaou$ ,
avant qu'il fût tombé dans fa difgracé. Il y a ce-
pendant des Auteurs qui lifent Tchoumten , qui
ngnifie , difent-ils , en Peifîen , corps de bronze*
Mais il y a apparence que le premier mot eft plut
correél que lé fécond.
La mort de Roftam arriva par les -embûches
que lui dreffa Bahaman £ls d'Asfendiai:*
ROSTAM BEG ou ROSTAM MIRZA,
C*eft le nom d'un iîls de Macfoud fils de Haf-
fan B^ , dit HafTaa Al Thaouil ou Uzun Hai*-^
fan , que nous appelons ordinairement U^unt
Caffan.
Ce Prince efl le cinquième Sultan de la dy«
naflie des Turcomans du Mguton Blanc . qui
C.. • •
1^ B 1 B L ï O T H E Q ir E
s'ëtoît faifi de la ville de Tauris , dès le règne it
{on prédécefleur coufin-germain Baïfangor , fils
;de Jacob , & petit-fils de HafTan Beg , .& y déli-
vra les deux enfans de Scheikh Haïdar, qui J
ëtoient prifonniers.
Ces deux enfans de Haïdar étoient AU Mirzâ ,
que Ton nommoit auflî Ali Pacha , & fon frerô
Ifmaël, qui fut nommé depuis Schah Ifmaël &
Ifmaël Sofi. Roftam Beg prit Ali , qui étoit
l'aîné , avec lui , pour faire la guerre à Baifangor ,
qui s'étoit retiré , après la prife de Tauris , dans
Berdâa. Ce fut. dans la plaine de cette ville qu'il
fe donna un très-rude combat entre ces deux
Princes. Baïfangor y fur tué , & Ali Mifza , qui
avoit 'eu grande- part à la vifloire, obtint aifé-
Xnent de Roftam la permiffion de retourner à Ar-
debil , fon pays natal & celui de toute fa fa-
mille , d'où il avoit été tiré avec fon frère.
Roftam^eg n'eut pas plus tôt accordé ce con^é
à Ali Mirzâ , qu'il s'^n repentit , & qu'il marcha
à la têie de fon armée v«s la ville d'Ardebïl ,
Sour fe rendre maître ie la perfonne d'Ali &
e celie d'Ifmaël fon frère. Ces deux frere«
donnèrent bataille à Roftam Beg. Ils furent ce-
pendant tous deux vaincus. Ali Mirza , l'aîné , y
fut tué ; mais Ifmaël , le plus jeune , fut afïez
heureux pour fe fauver dans la province de Ghi-
lati , où ceux qui y gouvernoient pouriors lui
donnèrent une fijpuiflanîe protection , qu'il ne
fut pas poffible à Roftam Beg de le tirer de leurs
mains. C'eft ce même Ifmaël qui fut depuis
le Fondateur de la dynaftie des Haïdarieos ou
Sofis , qui régnent encore aujourd'hui en Perfe.
L ajft 902 de l'Hégire , Ahmed Beg , i^g
I
i
V
O R ï 1 N T A L î. J-y
d'Ogourlu , autre petit-fils d'Uzuni Caflan , yint
à Tauris pour attaquer fpn cojufîn-pèrmain Rof-
tam 5 qui avoit autrefois chaiTé auffi Baïfangor ,
qui étoit aufli (on coufin-geripain. Roftam vint
au devaat d'Ahmed , & lui livra bataille : mais
ayant été défait, il fut contraint de fuir dans le
Gurgiftan ou Géorgie , où il fut tué , après avoir
régné cinq ans & nx mois , félon Khondemir.
Ce fut Ahmed Beg Ben Ogourlu ; fort vain-,
queur , qui lui fuccéda dans les Etats que les
Princes de la famille du Mouton Blanc pofle-^
doicnt , Tan 904 de THégire, félon Giannabi.
ROSTAMFEROXHZ AD. Nom du Générât
de l'armée des Perfans , qui perdit la bataille de»
Cadefie , Tan 1 5 de THégire , fous le règne d'Iez-
' degird* dernier Roi des dynafties de, rerfe qui
ont précédé le Mahométifme^ & fous le Khali*-,
fat d-Omar, premier d\k nom»
ROSTAMJAH & BANOU ROSTAM. La»
dynaftie des Roftamites. C eft le nom d'une fa-^
mille qui régna en Afrique environ cent trente
ans, & qui finit avec celle des Aglabites fous.
Obeïdallah , dit Al Mahadi , qui fe rendit maître
ajbfolu de ce pays-là.
Ces deux ramilles des Roftamites & des Agla-
bites tiroient leur origine de deux Gouverneurs ,
que les Khalifes Abbàilides avoient envoyés pour
commander dans cette province.
ROUH ALLAH. L'Efprît de Dieu. Ceft
Tcpithete que les Mufulmans donnent à Jé-^
ii)s - Cbrift . fuivant ce que- Mahomet dit luî^
Cuj
j8 BiBtioTirrQUÉ
xnéme dans fon Alcoran , où il ne fe contente
pas de dire , en parlant de J. C. & de fa Naif^
fance , que Dieu , Alcâho be Miriam y Immijît
illum in Mariam ^ » le tranfmic & Tincorpora
dans Marie «. Mais il ajoute encore que Jefus-
Chrift cft lui-même lEfprit de Dieu; Vahou
Rouh allah • termes dont les anciens Pères Grecs
& Saint Chryfoftome , entre les autres , s eft fervî
pour exprimer le Verbe de Dieu.
Rouhallah eft auflî le furnom d* Ahmed , dit
Ben Rouhallat , fils de Rouhallah , qui mdtiruc
Tan 1 099 de THégire , & qui a ëcrit un Com-
mentaire fur les . Anouar Al Beïdhaoui , qui eft
une Expofition de TAlcoran , faite par le Doc*
teur Beïdaoui«
ROUI ZEMIN.Cemot^quifignifie enPerfîen
le vifage contre terre , eft la formule- dobt on
fe fert en Pcrfe , dans les lettres que Ton écrit
au Roi , pour exprimer le refpeél qu'on lui doit,
& ce que l'on pratiqueroit , ielon la coutume , ii
Ton étoit admis à fon audience.
Cette même ce'rémonie s'appelle auffi, dans la
même langue , Pabous , le baifer des pieds , pa-
roles que les Turcs ont empruntées , & qu'ils
appellent auffi Khahi paï\ qui Signifient dans la
même langue Perfienne, la pouffiere des pieds.
ROUM. C'eft le nom que les Arabes & autres
Orientaux ont donné aux pays & aux peuples
que les Romains , & enfuite les Grecs & les
Turcs ont fournis à leur obéi/Tance.
Il faut pourtant diflinguer.les deux fignifica*
tiens que ce mot peut avoir j car, outre celle-
Pi
O R t E N T A L E. J^
générale, de laqueUe on vient de parler , Ëbn
Al Ouardî, dans fa Géographie intitulée Kheri-
• dat Alâ^iaib^ en donne une particulière : if
dit que le ^ays de Roum commence à î'Océàrt
Atlantique ou Occidental , & comprend le
pays de Gialaleca , la Galice ; Andalous , l'Efpa-
gnc ; Afranffiah , la France ; Roumîah , TltaHe ;
Nemfiah , i Xllemagne j Leh & Tcheh , la Po-
logne & la Bohême \ Inkitar, TAiigleterre ; Ma-
[iar , la Hongrie , jufqu a Conftantinople & au
^ont Euxin , par où il joint le pays de Secalebah
ou flaves & Efclavons, qui confinent avec les
Ruffes ou Mofcovitcs ; & enfin, le pays dit en-
core plus proprement Roum, Romaniah & Rou-
ïuîlian , qiii eft la Thrace & la Grèce d'au-
jourd'hui.
Ce même Auteur, qui écrivoit Tan 3S5 de
rHégite, qui eft de J: C. 995, dèt que l'Empire
des Romains , dont Conftantinople étoît la capi-^
taie , comprenoit dans fon étendue plufîeufâ na-
tions de différentes langues , qui ne reconnoif-
foient ga'un feulChef & Empereur, par oti il
paroîc qu'il entend parler feulement ae TEuropé^
& des Chrétiefts.
LAuteur du Matfahat alardh, TEtendue de la:
terre, écrit dans le fécond Traité de fa Géo-
graphie, que le pays de Roum, dans lequel iî
comprend feulement une partie de TAfie Mi-
neure , a à fon occident Knalig Al Conftantini ^
le canal de la hier Noire ; \ fon niidi BeUd
Scham & Bèlad Gezirah , qui font la Syrie' , là
Méfopotamie , Arminiah ou TArméniè ; au le-
vant & au feptentrion , Belad Kurg , qui eft 11
Géorgie^ & feahr Bontos,.le Pôrrt Euxiff ; &
C iv
^40 BlBLlOTftEQVlf
qu'au milieu de ce pays de Roum eft Oebal.
Carmen , la montagne de Caranianie , c'eft-k-
dire Iç mont Taurus , qù habitent plufieurs fa-
milles Turques & Turcomanes, dont la chaîne
3 étend depuis Tharfou» , qui eft Tharfe en Cili-
cie, jufqu'à rHellefpont. Et c'eft dans ce pays
4e Roum très proprement dit que régnoient les
Sultans de la dynafiie des Selgiucides, appelés par>
les Arabes Selagekah Roum ^ les Selgiucides de
Boum , & d'où Tes Turcs Ottomans, qui régnent
aujourd hui à Conftantinople , ont pris leur ori-
gine , ce qui fait que Jes Perfans & les M^ols
aux Indes appellent les Turcs encore aujour^ai
Houmi ^
Les Auteurs Mufulmans difent que Roum ,
qui a donné le nom à ce pays-là étoit un des
çnfans d Aïs , qui eft Ef;^ii ou Edom ; ce qui fait
dii'e à Hamdi Tchelcbi dans fon Hiftoire de Jo-
ieph ^ de ZuTikha, e'crire en Turc, que Dieu
donna plufieurs enfans à Efau, & qu'il y en eut
un d'entre eux, nommé Roum, qui a douné^fon
nom à tous les Roumilar , c'eft-à-dire à tous les
Grecs &. Romains, & que les Princes^ fouve-
rains de ces nations ont porté le (itre de CaiaJ^
y^fr^/f > c'eft-à-dire , de Céfars,
Cette dçfcerdince ou généalogie tirée" d!Efaiîy
jn*t;ft p. s dç l'invention des Mufulmans ; ce font
les Juifs les p»emiers qui l'ont fabricjuée en '
hainç (îe Chréritns; carjls leur. ont donné le
nom à'ifavites ow. à^fldomites\ & ont porté
Itur*; biofphêmes |uTqu'à di^re que lame d'Efaii
ou 'c:THom éioit pafîee en la p^rfonne de
Jefij^-Oi.'ift.
JLes Arabes appelle;it ordinairemenç les Greci
Orientale. 41
& les Romains Bani Asfar^ les, Enfans ou la
Pojiérité du Blond ^ mot qui eft tiré de la fîgni*
Êcatioh Hébraïque d'Edom.
On peut ajouter ici que les Orientaux, & par-
ticulièrement les plus favans, diftinguent entre
les anciens Grecs qui avoient. leurs ijois ou leur
gouvernement panicuîier, & ceux qui ont été
joints & fournis à TEmpirè Romain : car ils
appellent le- premiers lounan , loues , de Javan ,
& i\% donnent à ceux-ci le nom de Rcum.
R OU MI AH. Ceft ainfî que les Arabes
appellent la ville de Rome, qu'ils di.fent avoir
été bàiie par Roumioùs, qui eft Romulus, fuc-
ceifeur de Latinous , un des defcendans d'Edom
ou d Efaii.
Les Orientaux croieht ^ en fuivant la Tradi-
tion des Juifs , que les d:fcendans d Efaii ou les
Edomites & Idume'ens pafTerent en Grèce, &
de là en Italie du temps d'Abdon , Juge des
J/raçlites.
Quelques-uns d'entre eux veulent que Vefpa-
fien y & par conféquent Titus fon fils , était de
la race de Zepho fils d'Eliphaz fils d'Efalu
Mais c'eft une rêverie des Rabbins, qui^veulent
appliquer toutes les prophéties qui parlent de
la deftrucîîion d'Edo^ ou des Iduméens , à la
ruine totale de la ville de Rome. C'eft ce qui fait
oue les inémes Juifs appellent l'Empire Romain
oc tous les Etats qui en ont été depuis démem-
brés, Malcbut Edonij le Règne ou le Royaume.
des Iduméens ; & qu'ils nomment auflî l'état
malheureux dans lequel ils fe trouvent aujour-^
4huiparmi les Chrétiens ^ la Captivité d* EdovK
42 Bibliothèque
Les Chrétiens Orientaux marquent la fonda-
tion de Rome fous le règne d'Ezéchias Roi des
Juifs, ^ quoique , félon h plus véritable chrono-
logie , elle tombe fous le règne de Jotbafn , la
première année de la feptieme Olympiade , plu$
de trente ans avant le règne d'Ezéchias.
Il y a encore un autre Roumiah, qui eft la
nouvelle ville d'Antioche , que Khofroës , dit
Noufchirvan ^Roi de Perfe, fit bâtir auprès ^e la
ville deMadaïn> & qu'il peupla des. habitans de
lancienne ville d'Antioche , qu il avoit prifç &
dëfolée.
ROUS. Nom du huitième fils de Japhet, fils
de Noé , duquel la Ruflîe, que nous appelons
aujourd'hui Mojcovie , a pris fon nom.
Mirkhond écrit , tîans la Généalogie qu'il nous
a donnée des Mogols , ancêtres de Ginghizkban ,
que Rous étoit d'une humeur bien^ oppofée à
celle de fon frère Khozar : car celui-ci , qui avoit
en partage la grande campagne de Kipchak, qui
s*étend au deflus de Ta mer Cafpienne , au delà
du fleuve Etel ou Volga , étoit d'une humeur
fort paifible , au lieu que Rous étoit d'un natu-
rel fort inquiet & turbulent. En effet , celui-ci ^
ui pofîedoit les terres d'en deçà de l'EteF, fai-
ble fouvent des courfes au delà de te fleuve , fur
celles des Khozariens ; en forte que Khozar fut
obligé, pour vivre en paix avec fon frere\ de lui'
céder toutes les ifles de ce grand fleuve qui fe
décharge dans h mer de Khozar y que nous ap-
pelons Cafpienne.
Rous fit femer dans toutes ces ifles le bled
que nons appelons de Turquie , & que les Turci
?<
Orientale. 43
appellent encore aujourd'hui en leur langue du
nom de Rous & Boulgar , ôc fit publier dans fes
Etats des loix fort iniques , auxquelles il obligea
tous fes fujets de fe foumcttre ; & une, entre les
autres, qui ôtoit aux enfans mâles la fucceilîon
aux biens de leurs pères , laquelle il tranfmit aux
filles , & il introduifit la coutume de mettre une
epée à la main des garçons , auffi-tôt qu'ils étoient
en âge de la porter, & de leur dire ces paroles ;
* Voici votre héritage «.
PI ufieurs confondent les peuples, appelés Rous
avec les Bulgares. Mais Ebn Al Vardi écrit
que ce font deux nations différentes, & que les
Bous chaflerent les Bulgares, s'établirent dans la
Mœfie , que Ton appelle encore aujourd'hui
Bulgarie ^ dont la capitale eft la ville de Sofiah,
qui eft préfentement , avec tout le pays de Bul-
gares, fujette aux Turcs.
Les Rous oiu Ru/Tes avoient dès auparavant,
favoir, Tan 329 de 1 Hégire , attaqué Conflan*
tinople , fous le Khalifat de Moàlafi , & fous
TEmpire de FJomanus. Nos Hiftoriens les appel-
lent ordinairement Bulgares, Mais ils furent vi-
vement repoufles, & enfuire défaits. Enfin, ces
mêmes Rufles ou Bulgares furent contraints par
l'Empereur Bafile , Tan 379 de l'Hégire , qui eft
de J. C. 989 , de faire la paix avec les Grecs , &
cet Empereur donna fa propre fœur, en mariage
à leur Roi^ qui emhrafTa , lui Se toute fa nation ,
. la Religion Chrétienne.
Ebn Al Vardi dit que Jes RuiTes font un^t
nation, ençathàat men AI Turc^ qui eft féparée
de celle des Turcs Orientaux , & qui habitent
entre les pays de Roum & de Khozar , confinant
+4 BlBtlOTIIEQUE
avec les Boulgars & le Secaleba , qui font les
Bulgares & les Efclavons » qui habitoient autre-
fois le loii^ des rivages de l'Erel ou du Vulja.
Et ce même Auteur ajoute , que c'eft cette même
nation qui porie le nom de Benageca, d'où les
Tjriircs'du JJudziak ont peut-être auffi prit,
leur nom.
Orientale.
^ A^-^eJéé €^
45
s A AD AL MOLK AL AOUGI. Ceft le .
xiom d'un Vifir de Mohammed Ben Malek
Schah , Sultan de la race des Selgiueides , lequel
fut mis à mort pour avoir voulu faire empoilon-
ner fon jmaître.
•
SAAD BEN MOZAFFER ou MODHAF-
FEKEDDIN, & SAAD BEN ZENGHI. Ceft -
Je nom d'un Prince de la dynaftie des Atabekhs ^
de riran où de la Perfe, auquel Sâdi Al Schî-
razi a dédié fon Guliftan. Ce Prince a voit e'të
Aiabek ou Gouverneur du Sultan Sangiarje Sel-
giDcide , & devim enfuite Roi de Schiraz & de
la province de Perfe proprement dite.
SAADEDDIN BEN HASSAN. Ceft le
nom du plus célèbre & du plus éloquent de$
Hiftoriens Turcs; il fut Précepteur du Sultan
' Morad Ben Selim ou Amurat troifieme du nom,
&. parvint depuis à la' charge de Moufti. On Rap-
pelle ordinairement -ST/zi^z/jg^A ou Khogîa Efendl^
& il a compoféen langue lurquefque , d'un ftyle
nès-élée^ant , le Livre intitulé Tag'al Taouarihh
ou al Tevarihh , comme le prononcent les Turcs ,
qui eft une Hiftoire des Sultans Orbmanides ,
depuis la fondation de leur ^dynaftie jufqu'à Soli-
man premier du nom.
SAADEDDIN. Surnom de Maffôad Beii
Ali Al Abeheri. Ce perfonnage écoit en grande
46 Bibliothèque
cftime auprès de Tagafch ou Togufch khan,
Suîran de la dynaftiedes Khouarezmiens.
Ce Sultan le donna pour Vifir à Cothbeddîir
Mohammed, (on fils , qu'il envoyoit gouverner
la province de Khorafan fous fes ordres , & lui
donna enfuice la même charge auprès d'AIifchalt,
vui àç fes autres enfans, auquel il avoit confié le
Gouvernement du Gebal ou Iraque P«irfienne-
Ce Vifir , à caufe de fes grandes qualités^
mérita de porter le titre de ce fameux Vifir de
Malekfchah , qui eft ordinairement qualifié du
nom de Nadham Al Molk ^ ou Ne^am El Mulk ,
quifignifie le plus grand ornement de TEtat. Il
fe déclara ennemi capital des Ifmaéliens , c efî-à-
direde ces Impies qui occupoient plufieurs châ-
teaux très-forts dans l'Iraque Perfienne , & il
porta le Sultan Tagafch à. employer toute fa
puiiîance pour les exterminer.
Ces Ifmaéliens , qui croient tous dévoués
à leur Chef pour entreprendre les aélions les
plus hardies , ayant été inforqiés de la mauvaife
volonté du Vifir à leur égard , ne manquèrent
pas de chercher Toccafion de fe défaire de lui.
Ils envoyèrent , pour cet effet , un de ceux que
les Perfans appellent Fidaïan, que nous nomme-
rions AJfaJffins , qui vint fe loger auprès du palais
du Vifir Sâadeddin , pour y attendre quelque con-
joncture favorable i fon pernicieux deffein.
) Il arriva , peu de temps après , que le Vifir
ayant deux ennemis à la Cour qui lui rendoient
.de très-mauvais offices auprès du Sultan , eut
affez de crédit pour les perdre dans l'efprit du
prince , & obtint de lui le pouvoir d'informer
contre eux &' de \t% juger lui-même. II ne lui
Orientale. 47
fut pas diiîicile de trouver ie quoi les condam--
ner^ & il en faifoit faire rexëcution lui-même,
lorfque cet Aifaffin caché, qui épioit depuis long-
temps cette occafion , fe jeta tout dtrn coup fur
lui, & le fie tortiber mort aux pieds de ceux qu'il
avoit deftinés au fupplice.
Kfaondemir fit le Nighiariftan, qui rapportent
cette hiftoire , difent que dans cette rencontre ,
ce mot des Arabes fut vérifié : Sirro men catli
cation , » le meurtre eft toujours caché dans le
meurtre même«.
SAADI & SADI. C'eft le nom du plus cé-
lèbre Auteur des Perfans. Il eft ordinairement
nommé Scheïkh Mojlehedin Sâadi Al Schiraii^
& il porte le furnom de Schira^i , parce qu'il
naquit dans la ville de Schitaz , capitale de la
frovince de Perfe proprement dite, lan 571 de
Hégire.
Ce Perfonnage , qui menoît une vie 4^ Dervi-
che & de Solitaire, en païïà la plus grande partie
en voyages. ' Il fut fait efclave par les Francs
dans la Terre- Sajnie, & travailla en cette qua-
lité aux fortifications de Tripoli. Un Marchand
d'Alep le racheta de cette captivité pour le prix
de dix écus dox, & lui en donna cent autres
pour la dot de fa fi^llê qu il lui fit époufer. Maii
cette femme lui donna tant de peines , qu il n*a
Su s'empêcher d'en faire connoitre fon chagrin
ans fes Ouvrages, & particulièrement dans foa
Guliftan.
Sadi compofa 5 partie en profe & partie en vers,
ion Livre irkûwxïé'GuttJian.^ Tan 656 d« rHégire ,
4* BifiLIOTHEOUf
année fatale au Khalifat , & quelque temps aprèf
il publia fon Buftan , qui eft tout en vers, aufiî
bien qu'un autre de fe«î Ouvrages , qui porte le
titre de Molamâat. On remarquera ici feule-»
ment , que le mot de Guliftan ngnifie propre-
ment en langue Perfienne un Jardin ou Par-
terre de fleurs , & que celui de Boftan fe prend
pour un Jardin de fruits, & pour celui de Mo-
lamâat ; il fignifie en Arabe, des étincelles , des
rayons & des échantillons.
Lamâi , dans fon Defter Lathaïf , rapporte une'
aventure qui arriva^ à Sadi pendant qu'il voya-
geoit dans fa jeunefîè en habit de Derviche. Il fe
trouva un' jour fortuitement dans le bain avec un
des plus célèbres Poètes de fon temps, nommé
Hemam Al Tabriii , fans fe connuîue lun l'au-
tre. Hemam ayant appris de Sàdi qu'il étoit na-r
tif de Schiraz , & lui ayant au/îi déclaré fon
propre pays natal, qui étoit la ville de Tabriz oii
Tauris , voulut le railler fur ce qu il avoit la tête
chauve, défaut que Ton impute ordinairement
aux gens de Schiraz; & lui préfenta une tafîe*
renverfée , en lui difant ces paroles : » D'où
vient que les Schiraziens ont la tête faite comme
cette tafle » ? Sâdi lui montra auffi-tôt l'ouver-
ture de celle qu*il tenoit en main , & lui de-
manda paf dérifion , pourquoi lés Taurides ref-
fembloient à ce qu'il lui montroit.
Sâdi vécut jufqu à l'âge de cent vingt ans., &
mourut l'an ^91 de l'Hégire. Il fe ^ante , dans
•fon Guliffian , d'avoir eu pour maître Schehabed^
din dans la ville de Bagdet.
. S-àBA ou S^BL Les Sabiens difent que Saba
ou
Oriental E. 49
MiSabi y duquel ils prétendent tirer leur origine ,
ëtoit petit-fils d'Enoch. .Mais les MufulmAns
difent, plus conformément à la Tradiiion Hé-
braïque , que Saba ou Seba étoit fils de Cahtaa
Ou loi^an , & petit-fils du Patriarche Heber ,
qu'ils appellent communément Houd , & ils
ajoutent qu'il fut Roi de Tlémen.
Les mêmes Mufulmans ou Arabes écrivent
que Cabtan ou lQ<51:an paiTa de la Chaldée en
Arabie avec fes enfans Hadharmout y appelés par
les Hébreux Ha!(ermavet ^ Sebar^ Ophir & Kha-
vïlah , & qu'il fut le premier père ou Patriarche
de la nation des Arabes , qui peuplèrent non
feulement les provinces comprifes fous le noin
& Arabie , mais encore celles de TEthiopie lit-
torale ou maritime,
Cahtan ou Io(3:an eut cependant pn fils aîné,
nommé lârab ou làrob , qui donna fon nom à
toute l'Arabie en général , au lieu que Saba &
Hadharmout ne laiflerent le leur qu*à cette^par-
tie de l'Arabie, que les Arabes appellent lémen,
& que nous nommons V Arabie Heureufe , qui
furpafle en grandeur^ toutes les autres provinces
Arabiques , telles que font celles de Hegiaz ,
Hagiar , Midian , Negef , &c.
Il eft bon de remarquer ici que TEcriture-
Sainte , en parlant des enfans de lodan ou Jec-
tan , dans le chapitre 10 de la Genefe, fait bien
mention d'un laré & d'un lobab , ainfi que
d*Ophîr , de Hadharmout , aue la Vulgate ap-
pelle Haiarmot , & de Heviia , qui eft le Kha-
vila des Arabes ; mais elle ne parle point d'Iàrab
ou lârob, qui a été inventé par les Arabes ^ &
Tom^V. D
50 BiBLlOTHÏQUE
peut-être forme des deux noms àlarakh , qui
eft laré , & de lobab.
Saba a dotin^ fon nom aux Sabéens , peuple
de l'Arabie , aflèz connu des Grecs & des Latins.
C'ëtoit chez eux qu'on recueilloit le meilleur
encens de tout ce pâys-là , comme Ton fait en-
xort aujourd'hui ^ & principalement dans le ter-
roir de la ville de Mareb , que Ton prétesd être
la même que Saba avoit fonde'e. En effet , le»
Ge'ographes Orientaux difent tous unanifhement
que la ville de Mareb s appeloit autrefois Saba ^
& qu'elle étoit dans les anciens temps la capi*
taie de tout le pays dlëmen, de même que celle
de Sanâa , où les Tobâïs ou Rois de l'Arabie
Heureufe faifoient leur rëfidence ordinaire ,
l'ëtoit au commencement du Mufulmanifme.
Ceft de cette ville de Saba que Balkis , que
TEcriture-Sainte appelle la Reine de Saba^îot'
tit pour venir voir Salonjon. Mais elle eft pr#-
fentement tellement détruite , que la mémoire
de fon nom s'eft à peine confervee dans l' Aralwe.'
Edriffî écrit que la ville de Mareb a porté
non feulement le nom de Saba, mais encore
celui de Hadkermoîit , & qu'elle étoit bâtie à
trois journées de la ville de Sanâa, à l'orient de
la ville d'Aden.
SABAS. Les Arabes ^ tant Chrétiens que Mu-
fulmans, appellent Anba Saba^ celui que nous
appelons orclinairement Saint Sabas , Moine &
Abbé de la Paleftiné , qui vivoit du temps des
Einpereurs Anaftale, Juftin & Juftinien.
Ce faim homme fut envoyé par EHe, Patriar-
'ché de Jérufalem , à l'Empereur Anaïîafe > qui
O R ï E K T A L E* 51
etort Eutychien , pour le ramener à la Foi Ca^
fJiolique. Le Patriarche EUe le qualifie ^ dans les
Lettres de créance. qu*il lui donna pour l'Empe-
reur ^ V e^vc-elhm Homme Sabas , qui a converti
ut» déferts en villes , & qui eft l'être le plus lumir
Aïeux de la Palefline.
L Empereur reçut fort mal d*abord Saint
Sabas , auquel on avoit déjà même refufë len*
trée du palais y à caufe de Ton méchant habit.
Maïs ce rrince Tayant enfuite écouté ^ (t rendit
à fes. remontrances , retourna à la Foi ortho*
doxf ^ & traita ù bien Saint Sabas , qu*il voulut
f avoir auprès de luiper>dant une année entière^
après quoi il le congédia , & lui ût donner de
groflès fommes , poUr bâtir des monafteres dans
la Faleftine.
Saint Sabas avoit acquis une fi haute réputa-»-
tion dans tout TEmpire , que 1 Empereur Jufti»
tiien , x^i fuccéda , après Jufîia^ à I Empereur
Anaftafe, remit, à fa prière , le tribut de ia Palef*
tine , dont les peuples avoient foutfiirl beaucoup
des ravagei que les Juifs Samaritains avoienc
faits dans tout le pays. Il obtint encore du même
Empereur des lommes Confidérables pour rér
tablir les églifes qui avoient été démoJies , &
pour achever la confirudion de celles qui avoienC
été commencées.
L'on donne ordinairement à Saine Sabas le
titre èi Abbé du Monafiere nommé Saïk alg^did^
le nouveau Saïk: c*eà le lieu où ce faim homme
mourut âgé de quatre-vingt-quatorze ans, fous le
règne du même Empereur Juilinien»
Le Duché de Saint SfdMi^^ ou la Mont^gnt
Noire , qui eft proprement la Boffine fupérieure ,
Dij
5^ B I B L I O T H E Q U K
eft appelé aujourd'hui par Jes Turcs iiitft
4jue par les Efclavons, Hergegovina & Her^e^
govina. Cette province fut cônquife par Maho*
met II , Sultan des Turcs; & un des enfans du
dernier Duc de Saint Sabas s'ëtant fait Turc >
ëpoufa une jBUe de Bajazet II. C'eft celui que
les Annales Turquefques appellent Ahmed Her*
gek Ogli , qui fut tué dans une bataille que
Selim, premier du nom, donna au Sultan des
Mamelucs d'Egypte.
SABELLIOUS ou SABALIOUS. Ceft le
nom d'un Héréfiarque que quelques Hiftoriens
Orientaux difent avoir été Evêque de Libye , &
quelques autres un fimple Prêtre de Conftanti-
nople. Cet Hérétique nioit la Trinité, & foute-
noit que les trois Perfonnes reconnues & ado-
rées par les Catholiques , n'étoient autre chofe que
TExiftencé, la Sageflè & la Vie , attributs pure-
ment relatifs, qui ne confiituoient pas des per-
fonnes différentes.
Cette héréfie de Sabellius a été embraflee par
plufieurs Mahométans ^ qui foutiennent qu'il n y
a point d'attributs diftingqés, ni virtuellement ,
ni formellement dans la Divinité , & que 0ieii
ne fubfifte point par fon Exiftence , ne vit point
par fa Vie , & n'eft point fage par fa Sagelïe ;
mais qu'il fubfîfte , qu'il eft fage , & qu'il vit par
fa propre eflènce.
La perfonne & l'opinion de cet Héréfîarque ,
qui vivpit fous les Empereurs Gallus & Yolu-
fianus, furent condamnées dans le fécond Concile
de Conftantinople, tenafous Théodofe le Grande
Orientale. 5j*>
SABI , dont le plurîer «ft Sabiah & Sabioun y
& Sabah en Arabe , & Sabian en Perfien. C eft
le nom que Ton donne, non pas à une nation^
telle qu'eft celle des Sabe'eifs en Arabie, mais à
une neligion particulière à ceux qui en fotit
profeffion.
Il n'eft pas bien certain en quai confifte prin-
cipalement la Religion des Sabiens ; car les fen«
timens des Orientaux font fort diffêrens fur ce
fujet , & nous .verrons dans la fuite de ce titre
ce que Ben Schohnah en a recueilli de plus par-
ticulier. Mais il eft très- confiant que cette Reli-
gion eft une des trois auxquelles Mahomet a
donné des fauf-conduits , & ^ pour aipfi dire , fa ,
proteélion dansrl^Alcoran. —
Ces trois Religions font le Judaïfme , le Chrif-
tianifme & le Sabiifme : Mahomet les ref-
peélew, parce que ceux qui en font profcflîon
prétendent avoir des Livres attribués à. dea Pa-
triarches & à des Prophètes que Mahomet &
les Mufulmans xecoitnoiflent. Il faut, néceiTai-
rement diftinguer ces Sabiens d avet les Mages y
quoique plufieurs les confondent ; car Mahomet
û a point laifle la liberté d^ çonfcicnce à ceux-qi^
a c^ufe du faux culte qu'il^ xendoient an Ij'eu^
non piûs qu'aux autres IdtoUtres.
Houffaïn Vâez dit dans fa . paraphrafe Per^
fienne , fur ces mots du chapitre 2 de TAlcpran.:
V alladin hadou v Al NaJ/ara , v Al Sahiîn\
i & pour ce qui regarde les, Juifs ,. les Chré-
tiens ficles Sabiens, otc. «? , que les Sabiens font
ceux qui ont une Religion mêlée de diverfes ob-
fervances tirées du Judaïfme , du Chrfftianifme
oa du Mahométifme^ quils honorent & adorent
/
5V B I B i f è T H E Q tf E ,
pour amfî dir^ , les Ariges j qu'ils Hfent le Livre
des Pfeaumes de David, cjue les M.Mfulmans ap-
pellent ^eft<?wry;-& qu'ils le tournent ^çh priant,,
tanrô^t du côté du midi , & tantôt dç celui du
feptentrion^ C« même Auteur ajouté , que plu-
fîeurs "eftiment. qu'ils font Sadduce'ens, ceft-à-
dire , qu'ils ne croient point qu'il y ait une autre
vie après celle-ci y & qu'ils rendent même un
culte particulier aux Aftres.
Il eft vrai que ces Sabiens ont tiré plufîeurs
èbfervances de la Religion Chrétienne ; car ils
ont une efpece de baptême , & ont beaucoup de
vénération pour Saint Jean Baptifte^ duquel ils
fe difent Difciples ; &, en effet, ils fe qualifient
du titre de Menddi lahia > qui fîgnifie en leur
Tangue y qui eft prefque toute Chaldaïque ou
Syrienne» les Difciples de faint Jean Baptifte^
Le^ Chrétiens du Levant , ainfî que les Voya-
geurs, ne font point difficulté de les appeler le*
-Ckrétiens de Saint Jeaji^ quoiqu'ils ne foieht rien
lîToiTïs y & que leur baptême foit tout à fait illu-
îoire.
Ces Sabiens ne lîfent pa^ feulement le 21ehour^
'«0U les Pfeaumes de David, majs ils ont encore
'«n hivre quils actribuet^r à Adam y & qu'ils re-
gardent comme leirr Bible , dont les caraéleres
font tout à fait particuliers , maif> dont la langue
eft.pVefque entièrement Chaldaïcfue.
Voyons maintenant ce que feen Schohuah a
en de ph-.s pfécis touchant cette Stré^e des Sa-
' Èjens,. quil appelle Sirian ,. c'eft à-dire Chal-
déen5 ou Syriens^ Jî dit d^ïbord' que ces
gens la font les d^'fcendans de la plus ancienne
iia.Uo.n du monde, & qu'ils parlent encore auî*
Orientale. 55
jourd'hui , au moins dans leurs Livres , h langue
jl^'Adam & (es enfans ont pariée i qu'ils tien-
nent leur Religion & leur Loi de ochçïth &
id'Edris , qui font les Patriarchîes Seth & Enoch,
dont ils prétendent avoir encore aujourd hui les
Livres, qui font pleins d'inftrudions morales pour
fuir le vice & pratiquer la vertu.
Les Sabiens , dit le même Auteur , prient Dieu
fept fois par jour : car , entre les cinq prières
qu'ils font aux mêmes heures que les Muf^Imans
obferveht ^ ils en font une au point du jour , & une
Septième après la fixieme heure de la nuit , 6c
ils font , dit-il , ces priereç avec une application
fi férieufe & fi fervente, qu'ils n'y mêlent au-
cune autre aélion.
Ils jeûnent pendant le cours entier d unç lune^
depuis le lever jufçu au coucher du foleil , fans
manger ni boire chofe quelconque , Ôc termi-
zuînt toujours leur jeune à Tentréc que fait le
foleil dans le figne du Bclier , qui çfl jufiement
l'équinoxe du printepips. .
Ils honoreiît le temple de la Mecque, & ils
ont Jbeaucoup de reiped pour les pyramides
d Egypte , parce qu'ils croient que Sahi y fils
d'Edris ou d'Enoch , eft enterré dans la troi-
fieme. Mais leur principal pèlerinage fe fait à un
lieu proche de la ville de Harran , qui eft l'an-
cienne Carrce y en Méfopotamie , que quelques-
uns croient erre celui de la naiflance d Abraham ,
ou au moins le lieu d'où il partit pour pafleravec
toute fa famille dans la Paleftine. Quelques-uns
veulent auflî que les Sabiens refpe6lent particu-
Jiérement ce liculà , à caufe de Sabi Ben Mari ,
qui vivoit du temps d'Abraham , duquel ils tireni:
D ir
t
56 B I B I I O T H E Q tr B
lus probablement leur nom , & peut-être lenf
eligion y que de Sabi Ben Edris , c*eft- à-dire fils
d'Ehoch, qui vivoit avant le Déluge,
Ben H.tzem dit que la Religion des Sabiens
a e'té non feulement la première & la plus an-
cienne , mais encore la feule Religion ivt
monde , jufqu*au temps d'Abraham , duquel
toutes les autres Religions font defcenduef«
Schehereftani écrit que la différence qu'il y a
entre les Sabiens & les Mufulmans , eft , que les
premiers donnent , entre les créatures , la préfé»
rence aux Efprits , fa voir, aux Anges & aux In-
telligences motrices de TUnivers ^ & que les
derniers la donnent' au corps & à la matière^
c'eft-à-dire aux hommes, tels que font les Patriar-
ches & les Prophètes.
Ebn Khalecan écrit dans la Vie d'Ibrahim AI
Sabi , que les Sabiens ne font pas les Difciples
de Zoroaftre , que Ton appelle communément
les Mages' ou les Adorateurs du Feu, mais qu'its
font auflî anciens qu'eux, & que les uns & les
autres prétendent tirer leur origine d'Ibrahim y
furnommé Zerda/cht^ qu'ils confondent avec le
Patriarche Abraham. Mais le même Auteur
ajoute que le mot de Sabi ^klon la véritable
notion de la langue Arabique , fîgnifie celui qui
a abandonné la Religion de fes p<;res, & qui s en
eft fait une toute particulière. C'eft pourquoi les
Coraïfchitesappeloient par dérifîon Mahomet leur
concitoyen, Sabi ou Sabien, parce qu'il avoit
abandonné leur Religion, ôc qu'ilenvouloit éta-
blir une nouvelle*
La fignification de ce mot de Sabi eft fî fort
en ufage parmi les Arabes^ qu'ils difent dans
-X
,t) R I £ N T A L E. 57
tonte leurHiftoire, que les anciens Perfes, Chal-
déens ou Aflyriens , Grecs , Egyptiens & In-
diens , étôient tous Sabiens avant qu'ils euflent
embraffé le Judaïfme , le Chriftiànifme ou le Ma-
Kométifme; &. les Chrétiens "Orientaux ne font
point difficulté de dire que le grand Conf-
tantin quitta la Religion des Sabiens pour prendre
celle des Chrétiens.
Il y a eu plufieurs Auteurs Arabes, parmi les
Mahométans , qui ont porté le furnom de Sahi^
comme Aboul' Ola , Sinan , Thabet Ben Corrah ,
& plufieurs autres.
SABI. C'eft le furnom d*un perfonnage illuftre
qui fut Secrétaire des dépêcnes fous les Kha- '
lifes Abbaffides Moéîafi & Mothî, au temps que
Moézzaldoulat , Sultan de la dynaftie des Boui-
des , adminiftroit les affaires du Khalifat. Son
nom entier eft Ibrahim Ben Helal Ben Zaha^
roun Ben Habboun Al Harrani Al Sabi,
Il étoit natif de la ville de Harran en Méfo-
potamie , d'où la plupart des Dodeurs Sabiens
font fortis, & fut fi confiant dans fa Religion,
qu'il refufa toujours les grands préfens qu'Azzal-
doulat, Sultan de la même dynaftie des Bouides,
lui offrit pour l'attirer /au Mufulmanifme. Il ne
laiflbit pas cependant de jeûner avec les Muful-
mans pendant le mois de Ramadhan, & il avoic
appris par cœur TAlcoran tout entier, dont il
cite fouvent des paflàges dans les Livres qu'il a
compofés.
Nous avons de lui un gros recueil de fes Ou-
vrages auquel il donna le titre de Divan , & qu'il
publia Tan 349 de rHégirci
5 8 B I B L I O T H E Q 'U B
Il compofa auffi, Tan J71 de IHégire', une
Hiftoire aflez ample de la Maifon des Bpuides^,
qui porte le titre de Al Tagi, & mourut dajis la^
ville de Bagdet , âgé de foixante & onze ans, Tan
de la même Hégire 3 84.
Le Scherif Radhi l'ayant loué publiquement
après fa mort dans un Poëme intitulé Daliah^
piufieurs trouvèrent mauvais qu'un Scherif, c'eft-
à-dire, un homme de la race de Mahomet, qui
devoit être par conféquent plus attaché. à fa Loii
eût cependant donné de fi grands éloges à un
infidèle : mais ce Scherif répondit à ceux qui lé
])lâmoient ) quil n'avoit loué que la vertu & la
doélnne , & non pa,s la Religion de ce Per-
fonnage.
Quelques-uns nomment cet k\xtenr Ishak Ben
Ibrahim ^ & donnent à fon Hiftoire des Bouides
le titre de Tag almillah & Tag' Al Dileirûah.
L*on a encore une Hiftoire des Vifirs de ce
même Auteur : elle eft intitulée Akbar Al
Oua^ara.
SADIAIL SADIEL. Ceft le nom d'un
Ange qui gouverne le troifieme ciel , & ceft Iq
même qui affermit la terre , laquelle feroit daiîs
un mouvement continuel, s'il ne metcoit le pied
deCus ^ félon la rêverie des Mufulmans.
SADR & SEDR. Ceft le nom d'un arbre qui
crpîi dans le Paradis terreftrc, fur lequel les
tables de la Loi de Moïfe étoient ^écrites, ÏQ\vn
la Tradition des Mufulmans, qui difoient que
ceft une efpece de Lot , que le? Arabes appel-
lent auffi Sadrah ou Sedrak^
O R I E N T A t r. 59
SAED IeN TOUMA. C'eft le nom d'un
Médecin Chrétien qui fut favori & coniSdent du
Khalife NafTer TAbbaffide , qui lui donnoit fon
argent à garder, li fut tué par la jaloufie d'une
femme & d'un eunuque qui abufoient de la Signa-
ture du Khalife, Tan 620 de l'Hégire.
SAFFAH* Ce mot fignifie proprement en
Arabe celui qui répand le ïang.
C eft le furnom d'Abdallah Mohammed , que
l'on appelle ordinairement Aboul' Abbas Saffah^
premier Khalife de la race des Abbafîides, qui
commença à régner Tan 132, &. qui mourut
Tan 1 36 de PH^gii'e, âgé feulement à^e rrente-
deux ans, dontil jer? régna quatre & neuf mois,
fclon la Chronique 4e Thabari.
Khondemir lui en d^nne quarante-deux , &
Ben Schohnah trente-trois : mais tous convîen-
lient qu'il mourut 4& H petite vérole, 6c que fon
règne ne dura pas cinq ans.
Ce Prince a eu pour fuccefleurs trente-fept
Khâjifes de fa famille qi^i qnt régné pendant
l'efpace dç 5x4 ans, depuis qu'il fu| falué &
proclamé dans la ville impériale de Çoufah , qui
avoif toujours confervé la prééminence de ce
litre y quoique les Khalifes Ommiades fiifent leur
demeure en Syrie.
• Ce ^ Khalife parut dans la mofquéé wêtu de
noir , où d'abord on prononça le Khotbah , qui
eft une efpece de prône ou de fèrmon, en fa pré-
fcncej & après que la prière fut finie, il fit,
foutenu qu'il étoit fur le trône, par fes oncles &
par fes frères , une harangue fort éloquente , que fe
6o Bibliothèque
jeuneflè & fâ bonne mine firent ap^au£r p<t
tous ceux qni réeouterent. . •
Auffi-tôt qu Abour Abbas Saffah eut pris le
' gouvernement de l'Empire, il difpoia avec une
autorité fouveraine de toutes les charges & de tous •
les emplois ^ & les partagea dans fa famille qui
étoit fort nombreufe, & envoya un de fesonclèss^
nommé comme lui Abdallah, contre Marvan ^
dernier Khalife des Ommiades.
Abdallah défît dans la Syrie à plate couture
le Khalife Marvan , & prit enfuite par force la
ville de Damas, qui étoit pour lors le fiëge Avt
Khalifatj il obligea, par cette prife, Marvan
d'abandonner la Syrie & de le réfugier en
Egypte ; mais Saleh , qui étoit aufîî oncle d'A—
boul* Abbas, le pourfuivit fr chaudement, qu'il
ne lui laifTa pas le temps de s'y fortifier, &
lui livra enfin un fecona combat, ou il perdic
la vie.
L'Hifloire Perfienne, intitulée Binakiti^ la
Struélure ou la Conjiruâtion du monde y porte
qu*AbdalIah Aboul* Alii|bas fut furnommé Saffah ^
à caufe qu'il n'obtint la pofTeffion paifiblé da
Khalifat qu'après une très -grande efFufion de
(ang ; car on fit en effet un mafîàcre épouvan-
table des Ommiades. & de leurs adhérens & dé'^
pendans dans toote l'étendue de l'Empire des
Khaîifes, fans compter ceux qui furent tués dan«
Tes batailles données fur TEuphrate , près de Da-
jiias, & en Egypte.
L'Auteur du Livre intitulé Tecat raouat^lts
Relations les plus fidèles & les plus cenaines^y
rapporte que ce premier Khalife de la Maifon
des Abbaffides fe confidérant un . jour dans^ un
O R r E N T AL E. 6l
^miroir , & fe voyant dans la fleur de Ton âge ,
dît à Dieu ces paroles : » Seigneur , je ne vous
dirai pas ce que Soliman , fils d'Abda^malek ,
Khalife de la Maifon des Ommiades , avoit cou-
<tcime de dire : Arm Al Malek alfchab^ Je fuis
le Roi & le Prince de la JeuneiTe ; mais je vous
prierai feulement de me conferver là vie pour
vous fervir^ & de ne me faire part d'aucun autre
bien que celui de la fan té.
Il n'eut pas plus tôt fini ces paroles, qu'il en-«
tendit un des efclaves de fon antichambre qui
difoit à fon camarade : » Â ce que je vois , la
différence qu'il y a entre ton âge & le miea
n'eft que de cii?q jours ^. Le Khalife, qui
entendit ces paroles, en fut auffi vivement tou-'
ché que s'il éjât entendu le Décret de Dieu
qui fixât le terme de fa vie ; Se il arriva en
«fet qu'ayant été attaqué peu de temps après de
la petite vérole,, cette maladie l'emporta deux
mois & cinq jours après avoir entendu les paroles
de cet efclave.
*
SAFI. Ceraot, qui fîgnifie en Arabe Choiji^
& duquel le nom de Mojlaf defcend , eft de-
venu le titre ou furnom que les Mufulmans
donnent à Adam, qui fut choifi de Dieu pour être
le chef & le premier père de tous les hommes ; &
le nom de Mojlaf a j qui en defcend , eft auflî lé
titre que les mêmes donnent à Mahomet , qu'ils
jregardent comme le fécond Adam & le reftai^-»
rateuf du genre humain.
SAFI ou SEFL Scheïk Safi ou Sefi. C'eft le
Aom d'im Perfpnnage qui s'eft rendu célèbre
Bibliothèque
par fa poftérité. Il prétendoit defcendre d'Alî
gendre de Mahomet , S; demeurait dans la ville
a*Ardebil,en la province d'Adherbigian, en répu-
tation de faintetë , au temps que lamerlan défie
Bajazid Ildirim, qui efi Bajazet premier du nom.
Sultan des Turcs.
Tamerlan avoit une fi grande vénération pour
ce Scheïkh, qu'il délivra en faconfidération tous les
prifonniers qu'il avoit faits dans 1 Afie Mineure , &
quil Avoitréfolude faire mourir dans une occafion
remarquable pour laquelle il les réferroit. Tous
ces gens , qui dévoient leur vie &- leur liberté
au Scheïkh , conferverent pour lui une très-
grande reconnoilîlmce , 8c cultivèrent fon amitié
par de grands préfens qu'ils lui envoyoient , &,
par de fréquentes vifites qu'ils lui rendoient; en
forte que ion crédit augmentant tous les jours<,
il laiffa des enfans qui devinrent fort puiffans;
& Giuneïd , fon arrière-petit- fils, qui vivoit fous
Gehan Schah, fils de Gara Jofef le Turcoman^
commença déjà à donner de la jaloqfie auxPrinces
fes voifins.
C eft de ce Scheïkh Sefi que defcendent en
ligne direde les Rois qui régnent aujourd'hui en
Perfe.
. , ^ •
SAFI. Schah Safi ou Sefi. Ceft le nonti du
huitième Roi de Perfe , lequdl fuccéda à Schah
^bbas fon aïeul , Tan 10^9 de l'Hégire , qui eft
At J. C. 161,9. Ce. Prince > qui fe nommoir,
avant que de régner, Schahin Miri^a , prit à
fon couronnement le nom de Sefi ^ que fon
rere, qui rte régna pas, avoit pof*te. il mourut
an 10^2 de l'Hégire^ qui «â de J. C .16411;^
O ïl T i: N T A L t. tfj
& etie pour fucceifeur Ton fîls Schah Abbas fé-
cond du nom.
SAFIOUN. C'éft le nom que lés Mufulmans
donnent au grand- père du Prophète Schoâib^
qui eft Jethro , beau-pere de Moïfe.
SAFOURA. Les Mufulmans appellei^it ainfi
Sepborah , femme de Moïfe, qu'ils difent avoir
ëte Zingienne de nation , & dont ils font ainfi h
généalogie.
' Safourah , fille de Scboâïb ou Jetbro , (îont le
père étoit Haguel le Madianite , que quelques-
uns ont nommé aufli Safioùn. Raguel étoit fils
de Dadan , & celui-ci de Iakfchân , fils d'Abraham
& de Kenturah , qui eft la Cechurah des Hé-
breux , que les Arabes difent avoir été d'origine
Turquefque.
SAHEB. Ce mot, qui fignîfie en Arabe and
& compagnon , ducjuel celui de Mojffaheb , qui
^gnifie ami ^favori & confident^ eft dérivé, fut
érigé en titre de charge par Fakhraldoulat , Sul-
tan de la dynaftie des Bouides , en faveur d'Aboui
CafTem Ben Ebad fon Vifîr, & ce titre paflk
enfuite aux autres qui lui fuccéderent dans cette
charge.
Il faut remarquer auffi que le. mot de Saheli
ne fignifie pas feulement un flmz\ mais qu*îl a
encore la fignification de maître^ ii auteur ^ & de
fojfejfeur de quelque chofe.
SAHEB BEN EÊAD. C'eft le nom fous
lequel Aboul Caflem Ifmaëï Cafi eft le plus
\
44 Bibliothèque
connu* Ce Perfonnage , qui ëroit natif, feloir
quelques-uns, de la ville de Reï; mais, félon le'
lëntiment le plus commun , de celle dlfpahan »
fut Vifir & premier Miniftre de Mouiadaldoulat
Sultan de la dynadie des Bouides.
' Ce Prince étant mort fans enfans , Ifmael Cafi
appela à fa fucceifion Fakhraldôulat , frère du
défunt , qui étoit pour lors réfugié dans la pro-
vince de Khorafan , qui fut d abord publié &
reconnu pour Sultan dans tous les États que
Mouïad avoit pofledés.
Fakhraldôulat , pour reconnoître le grand fer-
vice qu Ifmael Cafi Bén Ebad lui avoit rendu ,
ne le confirma pas feulement dans la charge de
Vifîr, il lui confia encore le gouvernement entier
de fes Etats , & l'honora du titre de Saheb ,
S[ue Ton a déjà dit fignifier compagnon & ami', de
orte que ce Vifir fut toujours appelé depuis ce
temps-là Saheb Ben Ebad^ & que ceux qui lui
fnccéderent dans fa charge continuèrent à porter
la même qualité.
Ce Vifir étoit très-fage & très-favant; ou
dit que fa bibliothèque étoit fi nombreufe, qu'il
cmployoit quatre cents chameaux pour la porter
dans les voyages qu'il faifoit. Il compofa même
quelques Livres , particulièrement un fur l'Arc
Poétique , intitulé Ecjidà fil Oroudh.
II mourut l'an de THégire 385 , après avoir
gouverné dix-huit anS; & donné en mourant
des confeils très-falutaires à fon Prince , comme
Ton peut voir dans le titre du Sultan Fakhral-
dôulat ; & tous les peuples de la Perfe eureat
une fi grande vénération pour lui après fa morc^
que lorfqu'on le tranfpoita hors de ik maifon y
' les
Orientale. 65
lès plus grands de l*Etat fe profternoient devant
fon cercueil , & qu'on le tint en dépôt fufpendu
dans la grande mofquee de la ville de Reî juf-
qu'à ce qu'il fut porté à celle dlfpahan , où il
avoir choifi fa fépulture.
Saheb Ben Ebad a toujours paflë dans la Perfe
pour avoir été le Vifir fans pareil , & pour uft
Miniftre incomparable , à câufe de toutes les
grandes qualités quil po/Tédoit. Ceft le témoin
gna^^e qu'en rendent les Hiftoriens Mirkhon4
& Khondemir , & TAuteur du Tarikh Khozideh.
Le Nighiariftan rapporte un quatrain Perfîen qui
fut fait pour lui fervir d'épitaphe, lequel porte
que ce Miniftre étoit net de toute corruption ;
qu'il s e'toit rendu l'ami & le proteéleur de tous
les gens de bien ; & enfin que fon nom feroit le
plus grand ornement de l'Hiftoire des hommes
îlluftres.
Ben Sclîolinaîi ; qui convient avec tous les
autres Hiftoriens des éloges qui furent donnés à
ce Miniftre , dit qu'il puflédoit trois grandes qua-
lités; favoir, la fagefle , la fcience , & une gran-
deur d'ame qui le portoit à entreprendre tou-
jours les plus belles adions; & il écrit que le
nom de oaheb Iwi fut donné particulièrement à
caufe de l'àmitié très -étroite qu'il avoit con-
traiîlée avec Ebn Amid, Il marque auiîî l'année
de fk nailîànce dvns l'an 336 de l'Hégire, & celle
de fa ttaort en 383", & lui ôte ainfî deux années
de vie, que les autres Hiftoriens lui donnent;
Caheri Al Sebti a comppfé un Livre fur ceux
qui ont porté le furnom de Saheb , & il a donné
h fon Ouvrage le titre XMah almedhaheb fi
man iothlac dlaihi efm Al Saheb.
Tomt V. E
j6Ç Bibliotheq u e
SAHEB ASSA ou SAHEB AL ASSÀ , le
' Maître de la verge. C'eft le titre que les
Mufulmans donnent ordinairement à Moïfe y
comme ils donnent à Jonas celui de Saheb Al
.Noun , c eft-à-dire le Maître ou Y Homme dwL
poiffon.
SAHEB KERAN ou SAHEB KERANAT ,
ie Maître des grandes conjonctions des planè-
tes, ou le Maître & le PoÉTefTeur des Cornes ou
Parties principales du Monde. Ceft le titre qtie
Jes Orientaux, Arabes, Perfiens 6c Turcs odt
donné à Timurlenk , gue nous appelons Tanier^
lan , ce grand Conquérant , qui a tant fait parler
de lui fur la fin du huitième fîecle de THégire ,
qui eftle quatorzième de Jéfus-Chrift.
L'origine de ce titre peut fe tirer, ou des
grandes conj.onélions 4es principales planètes ,
dans lefquelles les Agronomes prétendent quç îp.s
fondations des plus grands Empires ont été' hU^Sy
ou bien dans une autre i^gnification du mût 4e
Kern , des quatre principales Parties du Monde j
lavoir, rOrient, l'Occident, le Septentrion &
le Midi , où les grands Conquérans ont porte
leurs armes vî<3:oriei4fes : car c*eft ainfi que les
,Orie;itaux ont furnommé Alexandre le Gx^nd ,
Dhoul ou Zoul karneïn^ U Maître des deua:
Cornes du Monde , qui font le Levant $(, ïp
Couchant.
SAHERAH ou SAHERAT , &SAHOUR.
Ceft aiq6 quç les Arabes Mufulmani ajppellenc
tme des croûtes ou furfaces du globe de la terre.
%
O R I E N T A i, C. ,6j
qui eft au deflbus de celle qui«ft foulée & battne
par les hommes & par les animaux , & c'eft
cette furface intérieure que Dieu a deftinée pour
? f*"*i- ^« J"? «™«nt dernier à la fin du monde .
lelon la Tradjtipû des Mufulmans.
>
SAID. Aboji lahia Ben Sâïd Ben Caïs Ben
Ainrçu, furnpmmé 41 Anfari 6c Al Medeni
» caufe qu'il te natif de Alfdine, & du nom-
i>re ou de 1| fawjjle de ceux qui reçurent ou pro-
' tegerent Mahomet , Jorfque , cha^e de la Mec-
que , il le réff^ pn cette ville.-
Ce Perfonnage fut difcipje d^. Docaeur Ben
MaleU. & imître de l'ln>an Malek Ben An» ,
^het d une de? qjiaîre Seéies r«çues dans Je Md-
lulmaniJro^., & courut 1!^ de l'Hégire 14 j. :
r^^^Mf ^^^è^^^^i furnommé^/
Cadha. Ç. eft Ig vpp table nom, d'Obeïdallah , qui
fcfit 9uali%^e.Mahadi oukeiiedieo Afrique,
& qui fuj le premier Fondateur de la dynaffie
ilesKhahfe^ F^thinjitps en Afrique. ■ .,
Ce furent les Abbafli4pj , 4* «nn^mis ,. qui
dete/rçrent fon venwblf nom . pour prou^r
qu il n rftoit pcnflt dp k Bçe d'AJi , dyquej ii fe
glonfioit de defcendre.
SAID ÇEIf^ATOg. .Ç'eft Je i,pm de celui
que les Chrçtjgm Oripofau^ o/jt jippejé Evtl-
,hous , QU £//:W, p^E/Mçus , a, :t,a-
Seureux!" ■ ' ^^ "^ ' ^ ^"* ^^"^*
Ce Perfonnage étoit natjf .d« Fufthath ou da
M« , oc Médecin de profeiSon , & fut fait Pa-
/
68 , Bibliothèque
vtfiafche d'Alexandrie , la pfemiefe'^annéeNïu
K4îaJifat de Caher TAbbaffide , l'an ^^ii^ ^e rtft-
gire , qui tombe fur la 649 de'Dijàtlétien , ' 6c
de Jéfus-Chrift 951: . ::
Comme ce Patriarche ^toît^Meïcbite » cVit-
k-dire Catholique., il ^«c. beaucoup iç ^én^élés
avec fes Dioce'ftins V qui etoieht 'là pîupâVt 4^-.
. cobites : mais Akhfchid, qui gouvernoit pour lors
l'Egypte en Souverain , exiçea d*ëuk de fi gfoflf^s
fommes d'argent, & leur fat'foufTrrr^xant d ava-
nies y 4\\ïil les mit- d'accord avec leur Patriarche ,
& les fit aflemWer dans là ménie églife.
Nousàvonè de ce Psjtriarche une Hiftoire gé-
, nérale depuis là Cre'ation du Monde ' jufqu'^n
l'an 325 de l'He'gire,, fous le Kh.alifat dé Radhi
TAbbaffide. Elle eft intitulée NadhmaMdudRîr,
Fil ou Filé de perles. Sçldenus 8c Pocokiiis iious
:ont donné cette Hiftoire avec une* V^rfion La-
tine , fous le titre des Annales 4'Eàtychius, \
Ebn Oflaïbeâ écrit , dans fonHiftoire des Me-
j&cins , que Sâïd Ebn Batrikh ëtoît excellent
dans la Médecine j taiît théorique que praticjue,
& qu'ilacompôfé un Ouvrage dé ^ette Science^
•intitulé Ketab'fil Thebby &. un autre, intitule
JCâtabJïl gadel heïn iilmokhahfv'Ài'Nafranîy
qui eft une Difpute entre uri Chrétien & uîi
Mécréant. , -^ r .»
. . H dit âuffi qu'Ébn- BatHkh fut fait Patriarche
J'an '321 de l'Hégire, étant èg^^de foixante ans ,
qu'il tint le fiége /ept àn« fie, dèriit^î: & hidiirut
1 an ,3 â t'y ce ^ui - eff confilrrnré jpar Giéorge Ebn
Amid, dans fon Tarikh AlMoflemin,, dansi'ànr
aiée'jiS de THégirie. ■
SAID.MalekAlSaiJ, le Roi heureux. Ceft
la tîtfiB d*E$keird«r, pcïc;3e Matek AI Sateb
Schehab^din , & fr^e d'Ifla ; furnommé Ma^
lek.Al Dhakery.qm.ont étexbas trois Sultans de
Mardis dâtia la .Méfopotàmie.
SAID. AboudSaid. G'eft le nom de deux
grands Princes Mogols. fit». Tartarres ; l'un de la .
race de Ginghizhhan , & laucre de celle dé
Tamerlan. *. .
Abou Sâïd ^iL aufH lenomdxm Prim:e des^^
Cannât hes« . ^ .
SAIEG. Ebn AlSaïeg ,. le Fils de rOrfé-
vre. C eft le furnom que Ton donne ordinaire-
ment il Aboubekr Mohammed Ben Bagiah . le
plus fubtil de tous les Philofophes Arabes.- lia'
beaucoup travaille fur Ariftote ; car il ëtoit de la -
Sede Péripatéticienne ; & fes Ouvrages , qui ont
été traduits en Latin, ont été fort connus par
S. Thomas & par d autres anciens Théologiens
Scholaftiques*
Son nom dtJE'i» Bagiah a été premièrement
corrompu par les Juifs aEfpagne en celui à!Abeit
& Aven Bageh-^ fie par fucceffion de temps , en
celui diAven Paeé.; ôc ç'eft fous ce nom qu'il
eil cité dans les (Sluvres de Saine Thofnas.
Cette corruption s eft faite de la même façon
dans les noms à' Ebn Rochd âc à! Ebn Sina , qui
ont ^té appelés d*abord en Efpagne Aben fit^
Aven Hochd fie Sina , fie enfuite Averroès fie
Avicenna*
..Ebn AI Saïeg ou Ebn Bagiah mourut à*\xn
ppifon qui lui, fut donné Tan 525 ou 5J} de^
i'Hégire ^ filon Ebn Khaîecan, lequrl rapporte
E iij
^ I
70 Bibliothèque
le tëmbignagé que ce Philofophe rendit ixx Livre i
intitulé Eknouan alfafa ^ en difant qne c étoic i
rOuvrage de gens quinayoîeni point de principes^.
Novaïri dit qu*£bn Saïeg étoit Vtfir ou pre- l
mier Miniftre de Ziadath alkh , dernier Prince '\
de la dynaftie des Agiabices , qUi fut extermine
par le Mahadi en Afriqiie.
S AIF. Ce mot , qui iTgnifie en général urfe
épée, a tant de fynonymes dans^la langue Ars«-
bique , qu'il y a un Auteur , nommé Moham-^
med Ben Ali Al Httaouï , qui a compofé un
Ouvrage particulier, qu'il a intitulé Èfma Al
$aïf^ des Noms de VEptt.
Ces Arabes ont un proverbe fort uiïté entre ^
eux., & qu'ils mettent foùVent eh prarique : Al
Saïf V aljenan ïafàlàn malâ ïafàl alhorhan.
"$> L'épée & la lance, c'eft-à-dire , le^ armes font
plus décisives que les raifons 4C.
Entre les épées les plus fameofes de TOrîent ,
celle d'Ali , nommée Dhoulfaccdr ^ fait le plut
de bruit parmi les Mufulmans. £lle lui avoit
été donnée par Mahomet : mais il faut voir fur
ce fujet THifloire de Dhoulfaccar , que les Turcs
appellent ordinairement Zulficat,
Celle de Mâdi Carb s'eft rendue auffi fort té-
lebre chez les anciens Arabes.
Samfatnah cft auifi le nom à'vir\t épée d'ex-
cellente trempe, avec laquelle le Khalife Haioun
Al Rafchid railla & coupa les tances les plus
fines dont l'Empereur Grec lui avoit fait p'rttfenr.
L'on peut voir adflî dans le titré de Mota-
vakkel j une épée qui fut achetée itx niille dinars
ou fequins d'or par ;ce Khalife ^ qui \é mit entre
O K lE n r M t M^ jï
fes mains ée Bagher le Turc , & de laquelle ce*
Khalife fut lai-méme tué.
SAIF* Ben Dbîizen. Cefl le nom d'un Roi'
de riéme» ou Arabie Meureufe >. dç la dyfiaftie
des Himiarires«*
Le Roi Ton pere^ nommé Dh(n^ Iz^n^ qnv
ëtoir Chrétien , fut dépouillé de fes États par
Abrahah, Roi d'Ethiopie ; qui voulbit lui ravir
fa femme , P^nceflé o une rare beauté , & fe
réfiigia auprès de FEmperéur Çrec. Mais ce
Prince refufant de le fecourir, il fe crut obligé^
de ]e quitter , & d*aller chercher dn fecours dans
la Cour du Roi de Perfe.
Noufchirvan , qui régnoîc pour lors , étoit oc-
ctipé dans (Fautres guerres ,: qui ne hii permirent
pas d'entreprendre le rétablifTement de Dhoir
izen ^ qui demeura cependant en Perfe ^ où il
n^ourut, & hi^aun fils nôixané Saïf, duquel il
efl ici quefHon,
Saïf ^ fils de Dhou Izen , fût enfin rétabli par
les Perfans , défit Mafrouk , fils d'Abrahah noi
d'Ethiopie, & chafià entièrement les Abiilîns
de toute TArabie. Ceci arriva un peu avant la
naiflànce de Mâhemei, félon le rapport de Berv
Khouand Schah , & de Khondemir dans la Vie*
de Mahonoer.
Abdalmôal écrit , dans fk Géographie , en par<i
hiimjie la i411e de Gimien Ethiopie , queles^Roir
des AbiiSns qui rigntÀeht de fon temps eit
Ethiopie y tifment leur origine de Saïr Bem
Dhi Izen.
Le nom de Dhou lien cft le même que Dhf:
J^en. C'eil la dtffiîrence des cas qui rend ctik^
E in
I
7i ' Bibliothèque
deux noms difiëxnblaUes ; car le premier èft aa '
nominatif; & le fécond au génitif.
S AIFALDIN ou SEIFEDDIN B^N ALA-
EDOIN. Le mot de Saïfaldin ,jquiiignifie l'Epee
de la Foi & de Ja Religion , eft le nom ou fur-
nOm du fécond Sultan: de la race- des Gaorides.
Ilfuccëda àfon père Alaeddin , étant encore fort
jeune; & Khondemir dit qu'il étoit très-bien
fait de corps & d*efprit , de forte qu'il fit régner
avec lui la Religion & la Juftice^ & ne lui donne
qu'une année de règne.
Le même Auteur écrit, qu'il eut à foutenîr
une guerre fâcheufe dans le cœur de fes Etats ,
contre un dçs plus puiiTans Seigneurs de fon,
royaume , nommé AboulAbbas Gauri^ qui étoit
dé fa famille : car ce Seigneur s'étant mis è la
tête d'un grand nombre de féditieux , lui livra
plufieurs combats , & le tua enfin de fa propre
main.
Ce Sultan cependant avoit déclaré ayant la
mort , pour fucceflèur , Gaïatheddin , fon coufin—
germain , qui étoit fils de Sam> frère d' Alaeddin
Gehanfouz.
L*Auteur du Lebtarikh donne à ce Prince le
nom & furnom de Mohammed Saifaldoulat ,
Ben Alaeddin HaJ/an , Ben Houjfain , Ben .
Snm , & le fait régner fept années, à la fin def-
qaelles il mourut , après avoir retiré U ville de. ,
Éalkhe , capitale du Xhorafan , des- mains du
Sultan Sangiar le Selgiucide , VdiXi ^Q THé-
gire 558,
SAIFALDOULAT ou SEIFALDOUL AT, •
O R I E N T A i- E. 7}
Ceft le furnom d'Aboul HaiTan Ali Ben Abdal-
Fah, Ben Hamadan , Prince d'Alep, & enfùite
de Damas, & d'une grande partie de la Sycie ,
& d'Arme'nie, & de la Cilicie.
11 n y a jamais eu aucun Prince dans le Mu-
fulmanifme y û vous en exceptez les Khalifes ,
qui ait eu un plus grand concours de Gens de
Lettres a. fa Cour : car il les protégea fi haute-
ment, & les combla de tant de grâces , que les
plus habiles gens de fon fiecle fe firent honneur
oetre a les gagesi^
Les plus illuflres d*entre ces Savans furent les
excellens Poètes Aboul Thaïeb , dit Al Mota-
nabbiy Aboul Farag' Al Khaledî , & Aboul Fârag\
furnommé Riga , 6c le grand Philofophe Abou
Nafr Al Farabi , qui fut fon maître dans la
Mufique.
Ce Prince fut lui-même Savant & très-bon
Poète , & n etoit pas moins vaillant , jufte &
libéral; car il fit long temps la guerre aux Grecs,
qu'il défit en plufienrs occafions , & les chaflà de
plufieurs provinces qu'il joignit à fes Etats.
L'on dit que ce Sultan fit ramafTer foigneufe-
ment la pouflîere qui s'étoit attachée à fes habits
dans les expéditions qu'il fit pour étendre le Mu-
fulmanifme ; croyant que ces guerres étoienç
toutes faintes à fon égard , il fit former de toute
cette pouflîere une maifc en forme de brique, &
il ordonna qu'elle fût mife fous fa téçe , lorfqu il
feroit couché dans fon tombeau.
Cette action fuperftitieufe , que Snïfildoulat
pratiqua , a depuis été imitée par plufieurs autres
princes , qui fe font fait un grand mérite des
guerres qu'ils faifoient aux Infidèles , comme
74 BïBLIOtHÈQUE
d une chofe qui leur étoit recommandée precî^
iement dans TAlcoran.
Saïf aldoulat mourut à Tâge it cihqnante-troîs^
ou cinquante-cinq ans , félon quelques-uns ^ Tan
3 56 de l'Hégire , fous le Khalifat de Mothî Lil-
lah rAbbaiSde, & fut enterré dans la ville de
Miafarekin. Son fils, nommé Al Emir Scherif^,
lui fuccéda , & reçut du Khalife le furnom de
Sàad aldoulat, qui fignifie le bonheur de l'Etat^
de même que fon perè avoit reçu le fien , qui
fignifie 1 epée & la défenfe du même Etat.
SAIFALLAH , TEpée de Dieu. C'eft le fur-
nom ou plutôt le titré qu'Aboubekr &Omar^
premiers Khalifes des Mufulmans , donnèrent à
iChâled Bèn Valid, qui avoit gagné tant de ba-:
tailles & pris tant de villes en Arabie & en Sjrrie».
tant fur les Arabes que fur les Grecs.
SAIN. Ceft le nom d'un Perfonn^ge qui fut
d'abord Lieutenant de l'Emir Gioubàn ou Tcho-
ban , & enfuite Vifîr d'un Empereur des Mo-
gôls de la race de Ginghizkhan , nommé Abow
ôaid Ben Al Giaptou. Ce Safri ayant piayé d'in-
gratitude Tchoban , fon premier Maître , fat
puni de mortr
SAKHRAT , nom de la mofquée que les
Mahomctans bâtirent après la prife dé Jérufa-
lem, fur les anciens fondemens du Temple de
Salomon , & fur la pierre , où Ton difoit que
Jfacob avoit parlé à Dieu, &.que les Mahomé-
tans croient êtc^e celle que ce Patriarche nomma
la Porte dû Ciel y après la vidon qu'ily âvoûeue-
Orientale. 75
Les Chrëriens , après aVoir repris Jérufalem
fur les Mahomëtans , plantèrent une croix dorée
fur le faite de ce temple : mais Saladin , qui re-
prit cette ville fur eux , la ût ôter.
SALAH AL NABI , Saleh le Prophète. C'eft
ainfi que les Arabes appellent le Patriarche Sa-
leh , fils d'Arphaxad , & père de Heber.
Les Muiulnians difent que le Prophète Saleh
fut envoyé de Diçu au Peuple de la Tribu de
Themud , qui habitoit dans la partie de TArabie
nommée Hagr^ qui eft Y Arabie Pierreufe-^ mais
qu'il y fut fort mal reçu , comme l'on verra dans
la fuite.
Les Themudites JMcendoient de Themoud ^
fils d'Amer fils d*Aram , & frère d'Arphaxad ^
& ont donné le nom aux habitans de l'Arabie
Pierreufe , que Ton appelle auflî Caoum Salah ,
le Peuple de Saleh ; & c*eft cette mêm* pro-
vince qui s étend entre celles de Hegiaz en Ara-
bie & la Syrie, où la ville dé HagV , mot qui
fignifie pierre , & que nos Géographes ont ap-
pelée Petra deferti j étoit fituée.
Si nous voulons fuivre la généalogie que le
Tarikh Mbntekheb nous donne de Saleh , ce
Patri.irche étoit fils d'Afaph fils de Caflekh fils
de Haver fils' de Khaber ou Heber fils de The-
mud fils d*Aram fils de Sarti qui eft Sem fils de
Nouh qr.i eft Noé , Ce qui ne s'accorde pas avec
ceux qui fuîvent le Texte Hébreu , félon
leçîiel Saleh étoit fils d'Arphaxad & pérè de
Hf:ber.
Cependant le femîrhe'flt du Tarikh Mome-
l;heb nous fait cdnnoittè' ^ôe ce Saleh, àonf les
76 BiBLIOTHE Q,U E
Mwfulmans parlent ^ &* duquel il eft.içi gu^flionr,
eft beaucoup plus i:e'cent que le Patriarche Salch y,
qui ëtpit véritableiTient fils d'Arphaxad 61s de
Sem fils de Noé.
Saleh , félon lé mênae Auteur, prouva fa mif-
fion & vérifia fa prophétie par le inirtclc cçl&-
tant qu'il fit, lorfqu'à fa feuie parole une^xoche
s'entr ouvrit , & fit fortir par fon ouverture la
femelle d un chameau ^ qui fe délivra auffi-tôt
de fon petit. Mais les Themudites demeuranc
opiniâtres dans leur infidélité , au lieu de fe ren-
dre aux paroles & au miracle de leur Prophète ^
firent mourir la' chamelle , qui leur reprochoic
par fa préfence leur dureté. Ce fut ce qui attira
fur eux la vengeance divine ucar Gabriel fut en-
vpyé expreffément de Dîçu pour punir leur
chme , & cet Ange fie parut pas plus tôt parnù
eux , qu'il les frappa tous d'une plaie mprtelle ,
à la réferve d'un petit nombre qui avoit re*
connu le Prophète, & qui le fuivit dans la re-
traite qu'il fit au territoire de la Mecque , eu il
finit fes jours»
Quelques-uns v^eulent^ dit le même Auteur^
que le Prophète Saleh paffa de la Mecque en
Paleflinc , & qu'il y foit enterré,
HouiTaïn Vâez , Interprète de l'Alcoran ,. pa-
ràphrafant le chapitre intitulé A*raf^ dans lequel
Mahomet décrit l'Hiftoire de Saleh & desThç-
mudites , dit les paroles fuivantes.
Le Prophète Saleh ayant reçu Tordre de. Dieu
d annoncer fa parole aux Themudites , fe tranf-
porta au milieu de cette Tribu des Arabes, pour
y accomplir fa miffion. Ces peuples Idolâtres ne
i eurent pas pks tôt oUi parler de lunité de Dieuj^
Orientale. ^y
qu'ils lui démanderent/un miraGle qui autoridt
fes paroleS;^ '&, lui dirent ehfin^dans un certain
jour : » C'éft" demain iine dé nos grandes Fctes ;
dans laquelle nous parel^ons nos Idoles pour les
porter en'carhpagae : trouvez vous parmi nous;
car, après les avoir invoquées^ fi nous obtenons
d elles nos demandes , nous les reconnpîtrpns
lowjouTs pbur nos Dieux : mais s'il arrive le con-
traire , & que Vouis , en invoquant ce Dieu feul
& unique que vous noiïs prêchez, vous pouVc^z
opérer par fà* puiflance quelque chofe de ^tzxA
'& d'e^ttraordinaîre que nos Dieux ne puiflént
pas feire , nous ci'oirons en lui & a vos pa-
roles «.
Le Prt)pnete s'étant trouvé parmi Içs The-
mudites à cette fête , fut téntoiri ou peut-être
la caufederimpuiflànce de leur3 Dieux,, lèfquels
furent fourds à toutes leurs' demandes :, 8ç.ce,ftit
aîôrs que.Giondaâ Ben 'A mroù , un de leujrs
Princes ,. dit à Sa|eh : ^ Si vous voule:? qv|e,,noys
croyons enceDieii que vous nou$ prêchiez;, f^iif s
fortir de cette roche qui èft devant nous ,* urje
chamelle d'une telle taille &^d!un tel poil, gpî
foit pleine & ^rêtc a mettre bas fon pQ.yUii;^:
car fi Yous nous (faites* vpir cç njiira^lç;, jj^jY^o^s
jure , au nom de tput mon peuple , que nous
embrafferons tous la Religion que vous profeiTeci,
& abandonnerons entièrement le culte de nos
Idoles <c. '.„!.. ;; : ,
Le Prophète Saleh n'ciit pas plustpt entendra
les paroles de Giondaâ , qu*il fit fes prières ^ fes
athouafs ou ifadons autour de.la,roch^.,qui conî-
mença \ frémir & fit entexidreun W ffW%-
ble à celui dés chameaux, après quof elle "s^en-
yS Bibliothèque
tr ouvtit ^ & jeta hors de fon fein une chamelle
celle que Ton lui avoic demandée.
Giondaà , touche de la vue d'un fi grand mira-
cle ) fie auili- tôt fa profeifion de foi entre les
mains du Prophète ; mais il ne fut pas fuivi des
fîens, comme ^lavoir cru. Le Prophète cepén-
' danc ne fe rebuta point de I opiniâtreté de ce
peuple , & efpéroit toujours de les gagner : c'eft
pourquoi il leur commanda de la part de Dieu ,
de laiffer paitre librement dans leurs pâturages
cette chamelle mir^culeufe avec fpp ppulain ) &
de lui fournir de i eau de leirrsçîuits pour Tabreu-
ver, & enfin les menaça que s'ils n'en avoient
' foin ) &L que fi elle mouroic par leur na^^ligence
ou pat l,|eur artifice , ils at tirproient fur eux la ^na*
lédiétion de iDieu, qui feroit caufe die leur ruine
totale.
» Dieu voiiloif , dît ce même Paraphrafte,
Sue CES animaux refiaflènt parmi les 'jThemu-
ites pour un témoignage éclatant de fa puiflance,
& pour un reproche continuel de J "infidélité de
• ce peuple : car Iç Prophète Saleh continuoijt tou-
jours les prédications , & leur repréfentoîç la pu-
^ nitiph dés Adites leurs vpifïps, lefquels avQÎent
été e?:terininés entièrement pour uçe rébellion
femblbUe à la leur ^c.
M^is toutes ces remqntrances^^ menaces du
Prophète n'ainollireiit point leur dureté , .& ne
les détournèrent point de leur mauvais deflein ;
car ils cpntinuerent à perfécuter tous ceux oui
donnoient créance aux paroles de Saleh , & fe
platgnoient hautement que la chamelle & Ton
petit éppuvantojent leurs animaux lorfqu ils paif-
ipienc^ 6c tariffoient leurs puits en buvant. I^c
O Jl î E N T A L E. ^ 79
enfin , pour comble de leur impiété » ils coupe-
renc les jarrets à ces anim4.ux , & les firent
mourir. '
Les Themudites, non côntens d*avoif com-
mis un fi grand attentat , infulterent encore le
Prophète , en lui difant : » Eh bien » Prophète !
où font tes menaces , & que nous eft-il arrive
de mal pour t avoir àéfohéil II nous paroit juC-
qulci , que tu n'es quVn impofteur & un fau^f:
Prophète 4X : & ce fut ce dernier outrage fait k
Saieh , qui irrita tellement C)ieu , qu'il fufcita un
tremblement de terre £1 violent , que touf lef
Themudites Idolâtres furent riénverfés mort» 1%
face contre terre dans leurs prQpre^ maifons^
fuivant ces paroles du Texte Arabique de l'Ai-
coran , dans le chapitre Araf : Faakhathom al^
ragiafah faasbahou fi darefiem gidthemin.
S AL AH .&SALEH. Ifmaël Ben Noureddin^
furnommé Al Malek Aï SaUH , après la mort
de fon père Noureddin ^ auquel ilTucceda à 1 âge
d onze ans , dans les Rt)yaumes de Syrie , de
Méfopotamie & d'Egypte. Saladin , qui ëtoit
créature de fon père, te reconnut pour quelque
temps ; mais il le dépouilla bientôt après de
Us Etats.
SALAH SCHEHABï:DDIN AH3V4ÈD;
C'eft U nom âiî' 'û\i d'Al M^le^ Al Sard Es-
kender, & petït-ûU d'Al MaJ^^.Al Saleh Al
Scbehid.
Ce Prince fuf fait Gouverneur de la ville &
château àè j^ardin en Méfopotamie , par IfTa Al
I
%o Bibliothèque
Malek Al Dhaher , fon oncle , lorfqu'il fut atta-
qué par Tamerlan.
SALAH ou SALEH. Al Malek Al Saieh
Aioub. C'eft le nom du fils de Malek Al Kiamel ^
3m fut le pe'nultieme Roi d'Egypte de la race
es Aïoubites & de la poftérité de Saladin.
* Ce Prince acheta des Tartares ou Môgolsplu-
fieurs jeunes Efclaves de la province du Tur-
queftan , & en conipofa une nouvelle milice , qui
s eft rendue fameufe dans la fuite fous le nom de
Mamelucs^ & qui fut caufc de la ruine entière
de là maifon & de la famille de ce Sultan ; car
ce Priiice n'ayant laifle , après fa mort, qu'un fils
ftommé' Bornan Schàh , qui régna fous le titre
êi Al Malek Al Mdââinam^ ces mêmes Marne-
lues fe malTacrerent , après qu'il eut régne' feule-
ment deux mois , & s'emparèrent de la cou-
ronne d'Egypte, > • '
. Ben Schohnali dit qu'Ai Malek Al Saleh bâtiç
une ville , qu'il nomma de. fon nom Salehiak ,
dans un endroit de l'Egypte, propr,e à la chafTe ^
qu'il aimoit beaucoup ; & une maifon de plai-
fance , qu'il nomma Kebafch , entre le vieux &
Je nouveau Caire. . . •
Le même Auteur rapporte que ce Prince ne
parloit en cpmpagnie que pour répondre à ceux
qQiluiparloieot ,. $c jamais en interrogeant.
Ce fut ce même Prince qui perdit la ville de,
Damiette , lorfqu'elle fut prife par Saîot Louis ,
l'an 647 de l'Hégire , & qui mourût peu de .
temps après d'une gangrené qui lui furvint. La
ville de Damiette étoit demeurée, jufqu'à ce que
Saint Louis lâ reprit , entre les mains des Ma-^ ,
melucf
r
\
O R I E R T A L E, Ri
nielucs , depuis Tan 6i8 de THëgire, dans la*
quelle Al Maick AI Kiamel^ père de ce Prince-
ci , lavoit ôteVaux Francs.
<
S AL AH BEN ABDALLAH ; nom d'un
Prince d^" la race des Alides , qui régnoitTan 510
de THegire , dans le pays des Nègres, & qui re-
connoiifoit cependant les Khalifes Abbaifides/
Ce fut un des defcendans de ceSalah, qui bâtit
un château dans la ville de Ganah , au delà de
la ligne ëquinoxiale.
SALAHEDDIN lOSEPH BEN AIOUB
BÈN SCHADI. Ceft le nom du grand Saladin,
qui étoit Curde d'origine , & qui vint avec fon
oncle Schirgoueh au fervice de Noureddin Zen*
ghi , Prince d'Halep , de Damas , & de plufieurs
autres pays & villes de la Syrie & de la Méfo-
potamie ; les Hiftoriens des guerres queles Francs
ont faites dans la Terre -Sainte, appellent c#
Prince Norandin.
Saladin & fon oncle Schirgoueh acquirent une
frande réputation dans les armes , & Adhad ,
Lhalife des Fathimites en Egypte , ayant de-
mandé à Noureddin du fecours contre les Francs >
ce Prince crut ne pouvoir pas mettre à la tête de
l'armée qu'il envoyoit en Egypte , de meilleurs
Chefs que ces deux Capitaines Curdes. Mais les
troupes de Noureddin ne furent. pas plus tôt en
marche , que le Khalife fe repentît d avoir attiré
chez lui des forces plus puiiTantes que lesfîennes,
& aima mieux s'accommoder avec les Francs ,
que de perdre toute fon autorité, que Noured-
din & Saladia vou}oi€nt ufurper.
Tome V. F / .
tl BlËLtOTBEQ^tTE
Le Khalife fut cependant enfin obligé de ioth^
ner à Saladin la charge de Vifir &. de Général
ile fes armées « avec le titre de Malek Al Najfer «
^qui figniôe le Prince Viélorieux : mais Saladin
reconnut fort mal Thonneur & la grâce que le
Khalife lui faifoit ; car il dépofléda , dès l'an 56^
tle l'Hégire, qui eft de J. C. 1170^ tous les
juges & Gouverneurs dE^ypte qui faifoient
Îirofeifion de la te&t d'A4î, dont le Khalife étoit
e Chef.
L'an 567 de l'Hégire , Saladin fit fupprimér ,
yar ordre de Noureadin , qu'il reconnoi^oit en*
core pour fon Maître ^le nom du Khalife Adhad^
dans toutes les mofquées de TEgypte , & fit pu-
blier en fa place celui de Moftadni, trente-troi*
{îeme Khalife de la race des Abbailidés, qui
iîégeoit à Bagdet. Ce grand changement £e fit fi
pVomptement & avec fi peu*de bruit, dit Bea
Schohnah , que le Khalife Adhad n'en fut pa»
^<nême la nouvelle; car il étoit pour lors attaqué
d^une mâladie'qui l'emporta bientôt après, dans
la niême année 5^57 de l'Hégire.
Le Khalife ne fut pas plus tôt expiré , que S^^
ladin s'empara aufli-tôt du palais impérial ^ &
des jtréfors que les Khalifes y avoient amafiei
pendant le cours de plufieurs années que le com*-
merce des Indes s'étoit toujours fait uniquement
dans TEgypte, Ebn Athir dit j qu entre les fom»-
mes immenfes & les joyaux d'un prix ineftima-*
ble que Ton trouva dans ces tréfors , il y avoit
un rubis qui pefoit dix-fept drachmes Arabiques,
c'eft-à-dire près d'une once & demie ; car l'once
eft de douze drachmes Arabiques ^ & non pas
de huit drachmes Attiquesj comme partni lea
Grecs & les Latins.
t) & iJÉ N T À L fe: î)
Saia^tt fe trouvanc alors mattre abfdlu dans
l'Egypte» crut n'avoir plus befoin de la protec-^
tion dé Noureddin ^ & qu'il pouv<iJ^C régner fou*^
verainement & indépendamment de quelque autre
Prince que ce fûc. Il voulut ^ pour cet eâfet , ga^
gner entièrement les efprits & les cqéurs des
Egyptiens; ce qu'il ne pouvoit faire ^ tant qu'ils
conferveroient de l'afFeétion pour Ali > pour fa
famille & pour fa doélrine : c èft pourquoi il éta^
blit d'abord |>lu{îeur$ collèges & pld^eurs fëmi«^
naires , dans lefquels on devoit enfeigneir une
dodrine tout à fait oppofée à celle des Alides ,
& il fit bâtir, l'an ^6^ de l'Hégire^ dans la ville
du Caire ^ un collège magnifique , homme Al
Madraffah Al Sc/mftah , dans lequel on dévoie
enfeigner la Théologie & la Jurifprudence Mu-^
fulmane , fuivant les principes & les conclufionj
de riman Schafêi , qui eft le Chef d'une des qua^
tre Seûes eftimées les plus Orthodoxes parmi
les Mufulmans.
Les Eji^yptiens , ijui ne }>ouvoient pis fe dé^
|)ouiller il aifément des fentimens dont ils étoient
imbus depuis deux ou trois iiecles ^ entreprirent
de relever le Khalifat des Fathiihites, ât de fup^
primer eniiérement l'autorité des Abbaffides^
£ouf ce qui concernoit la Religion eh Egypte.
s élevèrent , pour cet effets iur le trône dés
Khalifes AihaifaK Ben Ali Al leméni , natif de
riémen ou Arabie Heureufe , qui étoit très-bon
Poéce. Mais les affaires de ce nouveau Khalife
n'eurent point de fuccès ; car il fut peu fuivi , â&
obligé enfin de s'abdiquer lui-même. '
Le Sultan Noureddin Mahmoud iBen Zenghi,
auquel Saladin devoit toute fa fortune ^ étanc
«4 6 r B L ï b f tt te Q fe E
mort dans la même année ^69 , & foh firs Al
Malek Al Saleli Ifmaël lui ayant fuccéde à l*âgé
d'onze ans , Saladin fit d'abord publier le nom
de ce Prince^ dans les mofquées : mais la foiblefle
de fon âge Texpofant aux infultes de fes voifins ,
Saladin s'empnra , Tan 570, des villes de Damas
& de Hems , &vint Taffiëger, Tan 571 , dans
la <riHe d'Alep , de laquelle il fut cependant
obligé de fe retirer par la vigoureufe défenfe de
fes habita qp»
L'an 579 , Saladin vînt, pour la féconde fois ,
aflî<*ger Alep, & s'en rendit le maître au mois
de Sefer^ Omadeddin Zenghî, fils de Nout*ed-
din , qui en étoît le Souverain, ayant capitule,
& s'éta u retiré dans les autres terres qu'il pof-
fédoit en Méfopotamie, dont Nifibe ëtoit alors
la capitale.
Mohieddin , Cadhi de Damas , qui fit alors un
Poëme à la louange de Saladin fur la prifc d'A-
Icp , dit , par un enthoufiafme poe'tique , que Yon
trut dès lors être une prophétie: FatahiomHa''
laban helfaif fi fefer f Mobafcheran be fotquh
al Cbds fi Regel ; c'eft un Diftique Arabe , qui
ïîgnifie : » Vous avez pris Alep dans le mois
de Sefer , & je vous annonce la conquête de
Jérufalem dans lé mois de Regeb <c. En effet , il
arriva que Saladin prit;^ fur les Chrétiens la ville
de Jérufalem dans ce mêrhe mois de Regeb; mais
ce ne fut* que quatre ans après , dans l'an 583
de THégire. - \ . x
L*an 581 Saladin aflîégea Moful,.OLi l'Ata-
bek Azzeddin coinmandoit : mais ayant voulu
'détourner le fl^ve du Tigre de là villç , par un au-
'tre canal qu'il faifoit ouvrir du côté de Ninive , &
/
Oriental*. 9f
yojznt que ce fiëge trainoit en longueur par la
vigoureufc defenfe des affiëgés , il alla cependanc
fe faifir de la ville de Miafarekin où Schah Air-
nxen commandoic , & retourna auâi-côc aprèsi
devant Moful , où , quoiqu'il ne pût pas entrer >
il obligea cependant TAtabek Azzeddin de faire
proclamer fon nom dans les mofquees de Moful
6c de toutes fes dépendances , &4'y faire baftr^
la monnoie à fon coin»
Saladin retourna, aprè« cette expçditloo, dans la,
ville de Damas , dans le deîTein d'y préparer toutes.
les chofes néçeflaires pour faire le fiëge de Jéru-
falem, qu'il mëditoic depuis longf-temps : mais
une maladie fore dangereufe l'ayant faifî en che«
min , le réduire en peu de temps aux dernières
Qzcrëmiiës. Dans cette con jonélure , Mohanv»
m^ed , fils de Schirgoueh fon coufin , commença
à faire agir fes partifans dans la ville de Damas,*
pour être en état de monter fiir le trâ/ie aufH^tôc
après la more de Saladin^ Celui-ci fut averti , pen<«.
dant fa maladie , des meoëçs d,e fon coufin , Se
il ne fut pas plus, tôt en cpnvalefcence , qi^
rori trouva Mohammed mort dans fa maifon ^ '
fans que Ton pût favoir la caufe de cet accident :,
Qiais le bruit fe répandit auiE-tdt y qu'il avoit été
empoifonné par les gens du Sultan.
Khondemir & Ben. Sqhohnah, defquels on
tire la plupart des chofe^ que, l'on trouvera ici
fur Saladin , ne s'accordent pas avec AbouU
farage fur les ctrconftances du fiëge de Mpful
& de plufieurs autres adions de ce Conque^
rant. C'eft ce qu'il eft eflentiel de remarquer,
afin que cett,e différence ne c{;ioque pas le Lçc^
ié B î B L I 0 T H ï ^ U E
L'an 58} de THëgire , Saladin mit fur pteJ
une puifuinte armée contre les Francs ou Chré-
tiens , & vint d'abord attaquer la ville de Tibé-«
riade , oui commandoit un Comte de la nation
des Francs. Les Princes Chrétiens de la Syrie ^
entre lefquels étoient le Roi de Jërufalem , le
Grand-Maître des Templiers & le Grand-Maî-
tre des Hofpitaliers , fe mirent en devoir de fe-^
courir cette place; Saladin leur livra bataille ^ &
l'emporta fur eux une viéloire fignalée , dans la-.
Juelle il fit un très-grand nombre de prifonniers
e marque, Guy de Lufignan , Roi de Jërufar
Iem,.& le Grand-Maître des Templiers furenç
de ce n'ombre , & il fut aifé , après cette défaite ^
au Sultan Saladin de s'emparer de la plus grande
partie des villes & châteaux que les Chrétiens
po^doîent , tant fur la mer que dans le^ mon-^
tagnes,
Saladin reçut le Roi de Jérufàlem , fon pri^
' fonnier, fous une tente magnifique qu'il fit dref<^
fer éxpriçs pour cette cérémonie , 6c le fit af-
feoir à fon côté. Le Roi , qui avoit auprès dç
lui Bornos , Seigneur de la ville de Crac , capi-^
taie de l'Arabie rétréç , demandai boire : on lui
apporta de leau fraîche , qu'il but ; mais Borncrs
voulant bx>ire après le Roi, Saladin s^y oppofa»
6c dit au Roi : » Je ne permettrai point que ce
méchant homme boive ^n ma préfence ; car je ne
veux point lui faire de quartier ; & s'approchanç
du même Bornos : » Tu fais fort bien /lui dit-
ild'un ton de colère, que tu n'as jamais ufé
4aucune forte d'honnêteté envers les Muful-r
inans : tu as fait même une entreprife facrilége
fw: U^ villeç ftçre'w d« h Meç(jue ^ de Uér
O R T 1 .N T A t E. i^
l enfin tu as toujours ufë envers moi d'une
maniera toute contraire k celle que j'ai pratiquée
jofquici envers toi c(. Et il n'eut pas plus tôt
achevé ces paroles , que , tirant le fabre qu'il por-*
toit ^il lui coupa la tête de fa propre main. Cette
aâion étonna beaucoup le Roi , & lui donna
même quelque crainte; mais Saladin le raifura,
en hii donnant fa parole royale qu'il ne couroic
aucun danger. En effet , ce Sultan le traita tou-
jours fort honnêtement jufqu a ce qu'il eut re«
couvre fa liberté.
Le fruit de la viéloire que Saladin remporta^
ne fut pas feulement la ville & le château de
Tibériade; car ce Sultan paiTant de la Galilée
dans la Samarie , fe rendit maître de Naploi^e
& de Sebafte , qui font Sichem & Samarie , villes
bâties Tune fort proche de l'autre ; & gagnant
de là la côte maritime , il pénétra jufque dans
la Judée ou Paleftine y & prit par force on par
compoficion les villes d'Acca ou Saint -Jeatt
d'Acre , qui eft l'ancienne Ptolemaïde ,* de
Seïde ) de Barut , d' Afcaione j de Gazah & de
Ramlah.
Ce fut dans Ramlah , qui n'eft éloignée de
Jérufalem que d'une très-petite journée de che*
min , qu'il difpofa toutes chofes pour le fiége de
cette importante place , qui étoit la ville royale
& capitale de tous les Etats que les Chrétiens
rofledoient en Syrie. Ce Sultan commença de
attaquer dans la même année 583 de l'Hégire ^
& y fit donner plufieurs aiTauts avec tant de vi-
gueur ; qu^il obligea en peu de temps les affiégés
de demander à capituler,
La défenfe vigoureufe que les Chrétieiis
Fiv:
8t BlBLfOT,9EQUE
Avoiént faîte, en foutenant & repouflatit vail-r
lammént les fréquens ailaurs des Mufuirnahs -»
leur faifoit efpérer une bonne compofition : mais
Saladin répondit aux Députés qu'ils lui avoiéat
envoyés , qu'il vouloir prendre leur ville par force,
de même qu'ils Tavoient prife autrefois fur les
Mufulmans. Cette réponfe dû Sultan fit que les
Chrétiens fe voyant réduits à cette extrémité,
réfolurent de vendre bien cher à Saladin leur vie
& leur liberté.
Cette réfolution des affiégés , qui fut fuîvie
par des adions de la plus granoe valeur » fit
connoitre au Sultan qu'il nauroit pas û bon
marché d'eux qu'il avoit cru au commencement
4# fiége , & l'obligea enfin dç confentir à leur
donner des articles fur lefquels ils pouvoienc
traiter.
Le principal de tous fut, que die tous lés ha-
bitans de Jérufalem , chaque homme payeroic
dix écus d'or pour fon rachat , chaque femme
en payeroit cinq, que l'on en donneroit deux
pour chaque enfant , & que tous ceux qui ne
pourroient pas payer cettes fomnie , detrieurfr-
j^oient efclaves du vainqueur. Le traité ayant été
figné de part & d'autre , Saladin entra trionir
pnant dans la Sainte & Noble Ville y car c'eft
ainfi que les Mufulmans qualifient Jérufalem, en
l'appelant en leur langue Cods Sckerifs ; Sl cette
entrée fe fit le Ven'dredi dix-feptierpe du mois
,de Regeb, Tan 58} de l'Hégire, qui fut le fé-
cond dOdobre de l'an Il^7 de J. C. , après
quatorze jours de fiége , & les Chrétiens en foç-
tirent, après l'avoir pofledée pendant Tefpace die
au^tre-vingt-huit s^a^^
Orientale. 89
Ben Schohnah remarque qu'il s excita un très-
grand tumulte dans la ville , lorfque les Muful-
jnans enlevèrent Ja croix dorée , qui étoit plantée
au haut du temple appelé «SrtÀÂrar,^ que les Mu-
fulmans avoient fait autrefois bâtir; mais que
SaJadin Tappaifa par fa prudence , & fit que les
Mufulmàns vécurent fort paifiblement avec les
•Qîrétiens jufqu'à ce qu'ils eurent abandonné* la
ville.
Lan 585 de THégire, les Chrétiens fortis de
Jérufalem , qui s'étoient retirés dans la ville de
Tyr, reçurent un grand fécours des Princes de
l'Europe, & mirent fur pied une très-groflë
armée toute compofée de gens qui portôient ^ à
ce que dit Ben Schohnah, Sourat Al Maffih,
Ja figure du Meffie , par ou il entend l'image
de la Croix. Ils vinrent d'abord mettre le fiége
devant la ville de Saint-Jean d*Acre , où Saladin
vint auflî-tôt les aifiéger dans leur camp.
Ce Sultan ne put pas cependant fecourîr la
place , & eut le déplaifir de la voir prendre à
la vue : mais ce qui le toucha beaucoup davan^
tage, fut que les Chrétiens, qui avoient reçu les
Mufulmahs affiégés à Compofition , ne laifferent
pas de tuer, ou de faire prifonniers tous ceux
qu'ils trouvèrent dans la ville.
Cette viéîoire, qui arriva Tan 587 de THe-
gire , enfla le cœut des Chrétiens , & leur fit
entreprendre dans la même année les fiéges de
jCéfarée & de Jafa , qu'ils emportèrent , no-
nobftant tous les grands efforts que fit Saladin
pour fecourir ce^ deux villes. Ainfi ce Sul-
tan , voyant qu'il ne pouvoit pas refifter aux
forces des Chrétiens^ prit le parti de fai:(e dé-
çô Bibliothèque
molir lui-même les villes d'Afcalone & de Ratn«
lah , & 6t fortifier autant qu'il put la ville de
Jérufalem.
Dans la même année 587, les Mufulmans
traitement <f accord avec tes Chrétiens , & il fut
propofé, entre les articles du traité, que Malek
Al Adel 5 frère de Saladin , épouferoit la fœur
du Roi d'Angleterre > qui étoit Richard, que Ben '
Schohnah appelle Malek Al Anketar ; qu'en
faveur de ce mariage, Saladin donneroic à fon
frère le royaume de Jérufalem , & que la Reine
fa femme auroit pour dot la ville de Ptole-*
maïde ou Saint-Jean d'Acre : mais les Evéques
Chrétiens ne voulurent confentir à ce mariage,
qu'à condition que le frère de Saladin renonceroit
au Mufulmanifme & fe ferpit baptifer.
Les Mufulmans refufant d'acquiefcer auffî de
leur côté à cette condition , le traité traîna en
longueur j pendant tout ce temps-là, lès Chré«
tiens & les Mufulmans firent entre eux beaucoup
de jeux & de combats de barrière & de têtes ,
qui furent fuivis de feftins & de rcjouîlîknces ,
lefquelles lièrent une û grande amitié entre les
lins & les autres, que, quoique le traité du ma-
riage n'eut pas fou effet > on y conclut cepen-
dant une trêve de trois ans & trois mois entre
les deux partis. ^
Dans c^ traité de trêve ^ qui fut conclu Tan
58S de l'Hégire, Ben Schohnah remarque que
ni le Roi d* Angleterre , ni Saladin ne jurèrent
point , & donnèrent feulement leur main : maisi
tous les autres Princes Chrétiens, dun côté, &
de l'autre , tous les frères & enfans dé Saladin.
jurèrent dç robfervei: inviolablcmeut. Ce traite
Orientale, 91
Îortoît que les villes de 'Saint-Jean d'Acre , dç
afFa , de Céfarée , d'Arfof & d'Anka demeu-i
reroîent avec toutes leurs dépendances entre
les mains des Francs ; que la ville de Jérufa--
lem, avec fon territoire, appartiendroit à Sa-
ladin & aux fîens , & que les villes d*Afcaione
^ de Ramiah demeureroient démolies comnie
elles étoient.
L'an 5 ^9 , Saladin mourut d'une maladie aiguë
ôxi de phthifîe dans le ^château de la viile de
Damas oî| il fut inhume , âgé de cinquante^
fept ans ; car il étoit né Tan 532, dans la ville
de Takrit en Méfopotamie. Il avoit régné en-
viron vingt- quatre ans en Egypte, & environ
dix-neuf en Syrie,
Ce Sultan fut tellement regretté des fîens ^
q'U y eut un deuil public à fa mort dans tous
es Etats. Malek Al Afdhal , fon fils aîné , qui
lui fuccéda en Syrie, reçut pendant trois jours
les complimens de condoléance , & donna avis
fl? fon aécès à fes frères , Malek Al Aziz , qui
gouvernoit TEgypte , à Malek Al Dhaher , dit
auiîî Al Cr^fz 5 qui commandoit dans Alep , & à
■fon oncle Malek Al Adel , qui faifoit fa réfidence
dans la ville de Crac en Arabie.
Tous ces Princes aiSfterent aux funérailles de
Sabdin, pendant lefquelles la fœur de ce Sultan,
nommée Sittah Alfçham , diftribua aux pauvVes
de très-grandes fommes de fes propres deniers:
car SaladiQ n'avoit laiifê dans fan tréfor que qua-
rante-fept drachmes d*argent de tous les revenus
qu'ir recueillait de fesEcats, & Ton ne trouva
pas d^ns tous (es coffres une feule pièce d'or, ni
KUCUQ tûçuble précieux.
?.
9» Bibliothèque
Le Secrétaire de xe Sultan, nommé Omaét
Al Kateb , qui a écrit fa vie , enchérit beaucoup
fur ce que Ben Schohnah & les autres Hifto-
rieniî ont dit de ce grand Prince : car en parlant
de fa libéralité , il dit que dans le temps qu'il
eampoit autour de Tarméc des Chrétiens qui
affiegeoient la vilie de Ptolemaïde, il donna jus-
qu'à douze mille chevaux de prix de fes écuries
à fes Officiers & à fes amis , fans conîpter cçux
' qui ne mériroient pas d'être couchés fur lés
rôles de fa niaifon , $l qu'il ne s'en réfervoit ja-p
mais qu'un , duquel il fe fervoit ordinairement :
car la coutume de ce Prince étoit de ne garder
jamais rien pour le lendemain, & de donner
tout ce qu'il étoit en fon pouvoir de donner.
Ce même Auteur ajoute, en parlant de fk
piété, qu'il étoit fi religieux qu'il n'avoit jamais
différé le temps que les Mufulmans. deftinent à
la prière , & qu'il la faifoit toujours dans^ l'aiTem-
blée publique , même dans la mofquée , s'il s'en
trouvoit une dans le lieu où il étoit ; que f^s
mœcirs étoient fans reproche ; qu'il diffimuloic
& pardonnoit aiférfient les fautes de fçs amis &;
de fes doraeftiques , & gardoit une trçs-grandcr
honnêteté & civilité dans la converfation.
Omad Al Kateb déplore la mort de ce Prince
dans une Elégie Arabique , dont voici le fens :
^ Il eft mort enfin , ce Roi des hommes les plus
braves & les plus généreux ; & il eft mort de
même que ceux qui ont été les plus illuftres &
les plus glorieux entre les Princes. Les^graces
& les bienfaits ont ceffé avec lui , fie les injuf-^
tices fe font multipliées après lui. Le Monde a
fait la plus grande perte quil pouvotc faifCn
O R I K N T A L £• 9J
^dHqu^îl a été prive , par la mort de ce Mo-
narque^ de fon plus bel ornement, & la Reli--
gion Mufulraane s eft obfcurcie depuis que cette
' grande lumière a été éclipfée; & enfin TEtat ne
hiic plus que chanceler depuis qu'il manque de
cet appui «.
"Ebn Al Athîr rapporte que Saladin ayant
Bi%rîé , un peu avant fa mort, une de fe$ nièces
à Caïflàr Schab , Prince de la Maifon des Selgiu-
cidès, mit pied à terre en prenant congé de ce
nouvel époux j & que lorfqu'il remonta à che-
val, ce Prince lui tint rétrier, & qu'Aladin >
Prince de la Maifon des Zenghis, lui accom-
moda fes habits après qu il fut monté. - Un de
ceux qui étoient préfens à cette cérémonie, dit,
félon le rapport du même Auteur, comme par
m efprit prophéfique : » Tu ne vivras, pas long-
temps , ô fils de Job ! c*eft ainfi qu'il nommoit
Saladin s & tu dois bientôt finir tes jours , puif-
quun des Princes Selgiucides, ïorkebhajie met
à cheval, &au*un autre de^la Maifon des Zen-
ghis , lojlah thiaheha , accommode tes habits <c.
Ce pronoftic fut accompli , Se dans la perfonne
de Saladin, & dans fa famille : car ce Sultan mou-
rut peu de temps après , & fa famille fut fort
jnaltraitée par les Selgiucides de la Natolie , &
■rétabHe par les Atabeks de la famille de Zenghi ,
ce que Its deux mots Arabes Rakab & Salah
enferment dans leur fignification.
Ben Schohnah remarqué , entre les aélions de
piété de ce Sultan , la vifite religieufe qu'il fit
en retournant d'Alép à Damas , du fépulcre
d'Omar Ben Abdalaziz , Khalife de la Maifon
.lies Ommiades , qui étoit mort en réputation de
?.
^4 fiiftLtOtâËQ V t
iainteté, & duquel les Abba^ides , qui firéiit
déterrer fi inhumainement tous les Princes Om-*
miades, avoient refpeâé le tombeau ^ & fait auM
mention d'un pèlerinage que le mêitie Prince f],c
au fépulcre d*Abou Zakaria Al Magrebi , qui
paiTe dans la Syrie, parmi les Mufulmans, pour
un Saint à miracles* Le même Auteur dit ^
u'après qu'il eut (atisfait à toutes ces dévotions ,
es principaux Courtifans lui confeillerent de li-»
cencier Tes troupes , pour leur donh^r du repos ^
après tant de fatigues militaires qu'il leur avoit
fait fupporter pour exécuter (es grandes & glo-"
rieufes entreprifes } mais il leur répondit ces mots i
Alûmr cajjir v alagel gaïf mamoun ; » La vie cfl
courte , & fon terme efl incertain ^ y par lef--
quelled paroles il leur vouloit faire entendre qu'il
falloir toujours travailler pendant le peu de temps
qui lui reftoit à vivre.
Le même Auteur que l'on vient de citer ^
traite aflez au long des defcendans de Saladin ^
& démêle la fucceffion des Princes de la Maifoil
des Jobites en la manière fuivarite.
. Saladiti laifla dix-fept enfans mâlé's j & une
feule fille , qui fut mariée a Malek Al Kiamcl ^
fils de Malek Al Adel, frère de Saladin, éc qui
étoit par conféquent fon coufin-germain.
Malek Al Ardai , de qui le nom propre ëtoit
Noureddin Ali , étoit l'aîné de tous fes frères ^
& eut pour fon partage les royaumes de Da-
nias , ae Jérufalenl , & de la Baâè-^'Syrie oU
Cœlé-Syrie.
Malek Al Azîz Othmah , quoique puînç, fut
le mieui partagé ; car il eut l'Egypte entière.
Malek Al Dhaher Gaïathedoin , qui ^otit
.Orientale* 95
tiifi le titre de Ga^i ou de Conquérant , régna
dans Alep & dans toute la Haute -Syrie qui
dépendoit de cette capitale.
Nous ne trouvons , dit ce même Auteur , que
ces trois enfans de Saladin qui aient partagé fa
fucceffion; car fes autres Etats demeurèrent entre
les mains de fes frères , de fes neveux , & de fes
coufins, qui les poiTédoient déjà, & relevoient
cependant de ces trois Princes fes enfans , qui
établirent trois Dynafties ou Principautés fépa-«>
rées en Egypte > dans la BaiTe-Syrie & Palefline
dont Damas étoit la capitale , & la Haute*Syrie
qui dépendoit d*AIep.
Saladin avoit eu plufieurs frères : Schirgoueh,
duquel il faut voir le titre , mourut avant lui ^
& Malek Al Adel Aboubekr lui furvécut, &
demeura en poflèffion de la fortereâ*e de Crac ^
que fon frère lui avoit confiée. Mais ayant com-
ploté, Tan 59X de THégire, avec Aziz qui ré-
gnoit en Egypte , contre Afdbal qui commandoit
a Damas, ce Prince-ci, qui étoit Tainé de Sa-«
ladin , fut dépouillé de fes Etats par fon oncle
& par fon frère puiné , & fut obligé de fe re^
tirer à Sarkhod , après quoi le même Malek Al
Adel demeura par la cêfîîon d'Aziz' fon neveu ,
maître de Damas & de Jérufalem , & prit, Tan
!;93 de THégire, la ville dloppé ou de Jafa fur
es Chrétiens.
Malek Al Afdhal fe voyant ainfi dépouillé
par fon frère & par fon oncle , écrivit en vers
(car il étoit bon Ppête) au Khalife Nafler l'Ab-
bailîde une lettre dont le fens étoit : » Mon
Seigneur , vous favez qu* Aboubekr & Othman
âterent par violence à AU le Khalifat qui lui
/
^6 Bibliothèque
apparcènoit après la mort de Mahomet fon béta«
père ; voyez donc h fatalité du nom d*Ali , puif-
qu'à moi qui porte ce nom , Othman mon frère ^
& Aboubekr mon oncle, m'ont fait la même
injuftice <c. Le Khalife Naffer ayant reçu cette
lettre, répondit auffi en vers à ce Prince : » Ali
fut privé injuftemeht de fon droit , parce qu il
ne trouva point alors dans Médine de Nafil-r ,
c'eft-à-dire de Protecteur. Mais ayez bgn cou-
rage; car ils rendront bientôt leur compte , &
vous trouverez en ma perfonne , moi qui fuis
Nafler , toute forte de fecours & de protec-
tion «. **
En effet , l'an 595 , Malek AI Aziz mourut
en Egypte , & les Egyptiens appelèrent Malek
Al Afdhal , fon frère aîné , pour lui fuccéder ;
mais Tan 596/, Malek Al Adel vint affiéger
Afdhal dans la ville du Caire , ^ il ne Ht la
paix avec fon neveu , qu*a condition qu*il lui ce-
deroit l'Egypte , & qu'il fe contenteroit de quel-,
oues villes de la Syrie qu on lui donneroit en
échange.
Lan 597, Malek Al Afdhal fe joignit a Malek
Al Dhaher, fon autre frère , & ils vinrent èn-
femble affiéger la ville de Damas, que Malek Al
Adèl, leur oncle, pofledoit. Mais ce fiége ne
leur ayant pas réuffi , les neveux firent leur paix
avec leur oncle , & retournèrent chacun cbez eux,
Afdhal à Schumifchat ou Samofate, Dhaher en
Alep ; & la ville de Damas demeura à Malek
Al Adel.
L'an 599, Malek Al Adel entra avec fon fils
Malek Al Afchraf MouiTa dans I4 Méfopota-
mie, $c affiégea, mais en vain., la forte place de
Mardin j
Orientale. 97
lAàràin; mais il prie, en Tan 606 , la ville de NU
iibe. Ce fut en ce temps-ci que les Mogols com-
mencèrent à dorlner Tépouvante fur le Tigre &
fur TEuphrare.
L'an 613, Malek Al Dhaher , troifîeme fils
deSala^din , mourut, & laiffk pour fucceifeuf dans
Âlep , Malek Al Aziz Mohammed , à 1 âge de
trois ans.
L'an 6 1 5 > Malek Al Adel Aboubckr , frère
de Saladin , a qui ce Sultan n'avoir laiiTé que les
villes de Crac & de Schoubek, mourut en pof-
ieffion de TEgypte & d'une grande partie de la
Syrie &• de la Mefopotamie , après un règne de
dix -huit ans , 8c laiffa plufîeurs enfans entre une
partie defqueU il partagea fes Etats.
Malek Al Kiamel, laine de tous, eut l'Egypte;
Malek Al Moâddham eut Damas, Jérusalem,
& fes dépendances.
Malek Al Afchraf r^gna en Mefopotamie, &
eut Roha ou Edefle pour la ville capitale de fon
Etat.
Malek Al Modhaffci;, Schchabeddin rëgna k
Miafarekin.
Malek AI Aouhad Nag'meddin Aïoub ou Job^
k Akhlath.
Malek Al Afad, à' Giabar.
Malek Al Aziz, à Banias ou Paneas.
Malek AI Salah où Al Saieh Ifmâêl, à Bofra«
Malek Al Adel laiffa encore plufieurs autres
de fes enfans qui demeurèrent fans Etats. Il y
en a quatre que les Hiftoriens nomment; favoir.,
Malek Al Faïedh, Malek Al Amgiad, Màiek
Al Afdhal , & Malek Al Caher.
L'an 6ii ie THégire, Malek Al Kiamel;fil$
To7m V. G . *
rx
5? Bibliothèque
de Malck Al Adel Roi d'Egypte, reprit la ville
de Damiette fur les Francs , qui lavoient poiTédëé
près de deux ans.
L'an 6n , Malek Al Afdhal Ali, fils aîné de
baladin, qui fut chafle fucjefîîvement dés royau-
mes de Damas & (iEgypte , mourut dans Sa-
«lofate, feule ville qui lui reftoit de fes Etats*
L'an (î^4, Malek Al Moâddham Ifla , fils de
Malek Al Adel , mourut dans fès Etats de Damas
& de Jerufalera, &. laiflâ pour fuccefleur Malek
-Al Naffer SalahedJîn Daoud fon fils.
L'an 6i5, Malek Al Kiamel ,*quî e'toit entré
en jouiflance d une partie des Etats dte Mal^ Al
Moàddham après la mort de ce Prince , ce'da là
ville de Jérufalem , qui lui étoit échue , aux
Chrétiens.
L'an 627, Gelaleddin Mankberni, Sultan dès
Khouarezmiens , ayant affiégé & pris la ville
d'A^hlah , où deux frères de Malek AI Afchràf ,
iils de Maîek^Al Adel, & frères de Malek Al
Kiamel , etoient enfermés avec Ibek affranchi
d'Afchraf, ce Sultan vint avec une pûiiîànte
^rmçe au deyant de Gelaleddin qui sâvançoit
vers la Syrie , lui donna conîbat , & remporta
une vicîloire qui le remit auffi- tôt en pofTéîSbri
de la ville d'Akhlat & des autres terres que les
Khouarezmiens avoient envahies. C'éft ce inême
Malek Al Afchraf qui fe vantoit à Gelaleddin
d'avoir dans fon armée deux mille Cavaliers qui
.écoieiît tous fes frères, fés enfahs ou (es paréns .
:£aiit. la famille des Aioubites ou Jobites s'étôit
multipliée.
. IJm 634, Malek AI Aziz, fils de Malek Al
Dhaher Al Gazi, fils de Saladin^ Sukan d*AIep ,
O R L E N T A L Ç. 99
finit Tes jours , & eut pour fucce^eur Malek AI
Nafiêr Salaheddin fon Âls, le dernier des Sultans
de la Maifon des Aïoubites, qui fut tué l'an ^58
de THégire , par Holagou , deux ans après la prife
de Bagdet.
L'an 6}5 , Malek Al AfcKraf & Malek Al
Kiamel , tous deux fils de Maîek Al Adel , mou-
rurent y le premier à Damas , & le fécond en
Egypte.
Lan 647 , Malek Al Saleh , qui avoit fuccédé
à fon perè dahs le Royaume d'Egypte, aiîîégea
la ville de Hems ou Emefle en Syrie; mais il
S[uitta bientôt fon entreprife , lorfqu'il apprit que
es Francs étoient devant Damiette. Il retourna
en Egypte dans le temps même qye Saine
Louis s'ëtoit rendu maître de cette place , &
mourut dans la même année. Malek Al Moâd*
dham fon fils lui fuccéda ; mais il fut entière-
ment gouverné par Schagr Al Dorr fa mère,
1&. dans la dépendance d Âzzeddin Ibek le Tur-
coman.
L'an 648 , Saint Louis , après la prife de Da«
miette , battit les Egyptiens ,-& fut enfuite en-
tièrement défait auprès de la ville de Manfourab ,
fur un des bras du Nil, où il fut enfermé. Malek
Ai Moâddham f.qui le fit prifonnier , ayant fait
quelque temps après la paix avec lui^ contre Favis
des Mamelucs, ceux-ci fe révoltèrent contre
lui , & l'obligèrent de s enfuir dans une tour de
bpis qui étoit bâtie fur le bord du Nil Ceux qui
le pourfuivoient mirent le feu à la tour , âc
contraignirent ainfi ce Sultan de fe jeter dans
Teau , où il fut tué à coups de flèches.
Azzeddin Ibek le Turcoman fut élevé alors
Gij
ïoo Bibliothèque
fur le trône par les Mamelqcs , & ratifia le traité
que Moâddnam avoit fait avec Saint Louis , qui
recouvra ainfî fa liberté ; & Schagr' Al Dorr ,
mère de Moâddham , qui vouloit toujours gou-
verner, ayant e'të menacée par Ibek, le prévint, &^
le fit mourir. Mais elle fut bientôt punie de ce
meurtre par les Mamelucs , lefquels , après l'avoir
fait mourir, élevèrent à la place d'ibek, fur le trône
d'Egypte, un de leur corps, nommé Cothcu^.^
auquel ils donnèrent le nom & lé titre de Malek
AlModhaffer.
Pendant ces tumultes d'Egypte , Malek AI
NalTer , fils de Malek Al Aziz , qui régnoit tou-
. jours dans Alep , s'approcha de Damas , dont
on lui ouvrit les portes ; il fut même appelé
pour régner en Egypte ; mais les Mamelucs , qui
étoient les plus forts , l'obligèrent à s'en re-
tourner.
L'an 658 , Holagou leXârtare|s'étant rendu
maître de la Syrie, Al Maîek Al Nafîer abandonna
Alep, & s'enfuyoit avec toute fa famille dans le
défert de Crac en Arabie ; maisJCetboga , un des
Chefs.de l'armée des Tartarcs , l'ayant enlevé &.
envoyé à Holagou , ce Tartare le reçut fort bien ;
cependant il le fit mourir lui & fon frère Malek Al
Dhaher , après qu'il eut appris que Ketboga avoit
été défait par Cuthouz Sultan d'Egypte,
Ce fuMans la même année que la ville d'Alep
fut prîfe par Holagou, & au même temps que
Malek Al Afchraf fut aflîégé , pris & tué dans
la ville de Miafàrekin par les Tartares,
On a cru ne pouvoir mie^x placer tous ces
defcendarrs de la pôftérité de Saladin , que dans
Je titre même de ce Prince ; & l'on a jugé à pro-
/
/
Oriental e. ioi
pos d'en parler an peu plus au long, & (Ten dé-
mêler plus exâdlement les noms & les états , â
canfe du grand rapport que ces Princes ont eu
avec les Chrétiens , qui faifoient alors , dans le
temps des Croifades , la guerre en Orient.
Il rêfte cependant encore a dire quelque chofe
de Saladin ; car plufieurs Auteurs ont fait des
remarques particulières fur la fortune & fur les
mœurs de ce isfrand Conquérant.
Ebn Athir écrit que Saladin , après avoir con-
quis fur les Francs le fort château de Panias , dans
la Haute Galilée ,, & l'avoir pourvu de vivres , de
munitions , & d'une bonne garnifon , quitta ce-
pays , & fe tranfporta de ]à à Damas , qui étoit
pour lors la capitale de toute la Syrie. Jl porta
dans fon voyage , à fon doigt, ce rubis d'un ^ grand
prix, qu'il avoit trouvé dansées tréfors du Knalife
Adbadh. Ce rubis lui tomba du doigt dans un che-
min couvert de brouflailles &de halliers fbrtépaisv
&ilnes*apperçut de cette perte qu^étant déjà bien
éloigné du lieu où il croyoit l'avoir perdu. Il en*
voya quelques-uns de fes domeftiques au lieu qu'i^
leur marqua , Se ils l'y trouvèrent à point nommé ^
contre l'attente de tous fes Courtifans, qui tire-^
rent de cette heureufe rencontre vn pronoftic
afluré de la fortune inféparable de toutes les en*-
trepriles de ce Sultan.
Entre les aéîions de juftîce & de piété de Sa-^
ladin , Khondemir remarque la punition du.Doc-
teur Schehabeddin Af Schaharouardi , lequel ^.
donnant tfop de liberté à fon efprit , étoit tombé
dans de grandes extravagances aufujet de la Re-^-
ligio».
Giii
toj Bibliothèque
Le même Auteur dit que Saladin ctoit mont^
au degré de puiifance auquel il étoit arrivé , par
tous les degreV des vertus & des charges militai^
tes ; car il étoit déjà maître abfolu de TEgyptc ^
lorfque Malck AlNafler Noureddin Bert Zenghi^
Sultan d'Alep , lui ëcrivoît encore comme à fim,
fujet ; & la modeftie de Saladin étoit fi grande y
jqu*il fe qualifîoit encore le Sipahfalar, le Com^
mandant des armées de ce Sultan , & qu'après Ùt
mort , il reconnut encore pour fon hnaitre^ Ma-
lek Ai Saieh Ifmaël , fils de Noureddin , quoi-
que beaucoup déchu de la puiâance de foa
père.
Les Hifloriens Mufulmans s'attachent beau-
coup plus à louer la ji^ice , la libéralité , la dou«
ceur , l'humilité & la patience de Saladin , que
fes vertus militaires, aui ont d'ailleurs a^Tez éclaté
dans toute la durée de fon règne ; en forte que
Noureddin & lui tiennent auilî bien parmi les
Mufulmans * le rang de Saints , que celui des
plus grands Monarques &des plus vaillans Guer->
riers. Auifî il fe trouve des Auteurs qui ont écrit
conjointement la vie de ces deux grands Princes.
Abou Abdallah Mohammed, furnommé Omad
Al Kateb Al Esfdhani , natif d'ispahan » qui
avoit été Secrétaire des Commandemens de ce
Prince, a compofé en fept volumes une Hifloire
intitulée Al bark Al Schartii^ la Splendeur &
V Ornement de la Syrie , où il décrit fort ample-
ment toutes les grandes aérions de ces deux
Princes. Cet Auteur mourut Tan 597 de THé-
gire.
Joufouf ou Jofef Ben Tangri Vîrdi , que les
Arabes nomment Tangribardi , a écrit , aans le
Orientale. lOf
iroiiieme volume Je fon Hîftôire , la vie de ces
deux Princes , & a donné à fon Ouvrage le titre
de Nogioum alraherahfi molonk Mejr v Al Cà^
herah , Us Etoiles bridantes de VEgyfte & dw
Caire,
Le DÎA^an de Gallânî, qui eft dans- la Bibliothè-
que du Roi , num. 1071 , a été fait tout entier h
la louange de Saladin.
Scbahabeddin Abdalrahman Ben Ifmaël , conni»
fous le t>oin à'Abou Schamak Al Deme/chki , qui
moaruc l'an 6<^5 de l'Hégire, avoit déjà fait>.
avant Tangri Virdi , une Hiiîoire particulière de
Noureddin & de Salaheddin , fous le titre de
Arhar alraoudkateïnfi ahJibaral daQulatein yles
Fleurs des deux Jardins ou Parurres^fur iHiJ^
taire dts deua: reines.
SALAHEDDIN BEN AZIZ BEN DHA^
HER. C'eft baladin , fécond du nom , arrîere-
pettt-fiU du grand Saladin , qui fut Sultan d'Alep ^
mais dépouillé , &, quelque temps après , tué j^Iai*
658 de l'Hégire, par Holagou. Ce Sultan a été
le dernier de là poflérké de Saladin.
SAL AMESCH: Nom du fixieme Sultan de U
dynaftie des Màmeïucs , furnommés B<iharites^
ou Turcorrtans en E^pte , qui fut furnommé
AI Malek Al Adel Badreddin. H fuccéda , 3
l'âge de fept ans & quelques mois , à fon frère-
Al Malek Al Sâïd Mohammed Barkah ou Bara-
kah khan , & ne régna que quatre ou cinq mois^
car il. fut dépoifédé l'an 678 de l'Hégire, félon.
Macrizi, , . '
G iv
10+ Bibliothèque
6ALB & SALIB. Ce mot Arabe , qui figtii-
.fie la Croix , fignifie indifFe'remment toutes for-
tes dinfirumens patibulaires. Les Chrétiens s'en
fervent feulement pour exprimer la Croix de
Notre-Seigneur Jéfus-Chrift. Us appellent jiïd
Al Salïb , la Fête de TExaltaiion de, la Croix ,
&i'Saliout , le Vendredi -Saint , auquel N. S. a
étémiis en Croix. Les Mahométans appellent or-
dinairement les Chrétiens croifës , qui leur fai-
foient la guerre , Ashab Al Salit , les Gens de
la Croix , de même qu'ils donnent le nom d'^i-
hab alfil , les gens de TEléphant , aux Abyffins
3ui amenèrent la Mecque , fous la conduite
'Abrahah leur Prince, avant le Mahométifme.
Les mêmes Mahométans , en parlant dés con-
quêtes que leurs Princes ont faites fur les Chré^
tiens, difentfouvent , dans leurs Hiftoires, qu'ils
ont exterminé de leur pays Nacous v Salib , les
Cloches 8c les Croix.
Après que Saladin eut pris Jérufalem Air les
Chrétiens , il s'éleva un grand tumulte dans cette
ville , au fujet de la Croix dorée que les Muful-
mans enlevèrent du faîte du Temple nommé
Sakhra y bâti autrefois par les Mufulmans , que
les Chrétiens y avôient planté : car ceux-ci , quoi-
que vaincus, ne voulurent jamais permettre que
cette Croix demeurât entre les mains des Muful-
mans , de peur qu'ils ne la profanafTent , & Sa-
ladin confentit enfin qu'elle leur fût rendue.
SALEMAH. Nom d'une idole que les Adî-
tes, p€iuple d'une ancienne Tribu des Arabes^
qui fut exterminée , invoquoient pqur obtenir la
confervation de leu/fanté.
\
Orientale. 105
SALGAR. C'eft celui qui a donné (oh nom à
la première branche de la dynaftie des Atabeks
de Perfe. On l'appelle ordinairement Moi'haf-'
fereddin Salgar ben Maoudoud , qui commença
de régner en Perfe fous TEmpire du Sultan Maf-
fôùd le Selgiucide.
SALGARSCHAH. Surnom de ModhafFered-
din Aboubekr , feptieme Prince des Atabeks de
Perfe , de la brancne des Salgariens. Il ëtoic fils
de Cotlou khan Ben Sâad Ben Zenghi. 11 fut le
plus eftimé Prince de fon temps, tant pour la.
juftice qu'il rendoit exactement à its fujets , que
pour fa fcience & fon efprit. Comme il protégea
&favorîfa extrêmement les Gens de Lettres, coqs
les plus favans hommes de fon temps^ vinrent à
fa Cour , & ce fut à lui que le fameux Sâadi dé-
dia fon Guliftan. Ce Prince mourut Tan de l'Hé-
gire ^58, dans la ville de Schiraz, fa capitale , &
eut pour fucce^eur Mohammed Schah fon fils ,
Îrui tint une conduite toute oppofée à celle de
on père , & ne régna que huit mois.
SALM. Nom du fils de Feridoun , Roi de
Perfe de la première dynaftie nommée des '
Pifchdadiens. Ce Prince reçut de fon père, en
partage, la partie de fes Etats qui s*étendoit de-
puis 1 Euphrare jufque dans l'Occident. Quelques-
uns l'appellent Salim.
SALMANASSAR. Les Hiftoriens Arabes ap-
pellent ainfi un Roi de MouiTal ou Moful & de
Méfopotamie, que nous appelons ordinairement *
Salmanafar Roi d'Aflyrie , & ils écrivent qu'il
\
ïo(5 Bibliothèque
affiégea la ville de Samarie pendant trois 2ms , aa
bout defquels il s'en rendit le maître , fit prifon-
nier le Roi Ofée , qqi avoit re'gnë (êpt ans ^ &r
^tranfporta les dix Tribus du Royaume dlfraël a
Mouflal , Amida & Babylone.
Ces Hîftoriens , comme Ebn Batrik & autres^
ne s'accordent pas avec l'Ecriture Sainte, oîi nous
trouvons dans le dix-feptieme chapitre du qua-
trième Livre des Rois , qu*Ofee avoit régné neuf
ans , & que les dix Tribus d'Ifraël , après avoir
été conduites en Aflyrie , furent transportées dans^
le pays des Medes.
SALSABIL ou SALSEBIL. Nom d'un fleuve
du Paradis des Mufulmans.
SALSAIL. Nom d'un Ange qui gouverne le
quatrième Ciel, félon l'Auteur du Mircat allogat,
SALUA ou SALVA. Nous lifons dans le fé-
cond chapitre de l'Alcoran , intitulé Bakrah , ces-
paroles ^u Mahomet fait dire à Dieu , en parlant
aux Juifs : V an^alna âlaïkom almann v Al Sa^
lua : » Nous vous avons envoyéJa Manne & le
Salva «.Houflaïn Vâez dit fur ce texte, que le raof
Arabe Salva répond à l'Hébreu Selav , que la
plupart des Interprètes ont traduit des Cailles^
& qu'il fîgnifie auffi du miel.
L'Airteur du Taffir almonir , qui eft un corn-
fnentaire des plus eftimés fur l'Alcoran , dit que
la plupart des Interprètes expliquent ce mot de
Salua y par celui de Sumani ^ qui eft plus ufîté_
par les Arabes , pour jfîgnifier une Caille^ que les
Perfans appellent auffi Samanah : cependant c'efl
OUIEfVTALE. ÎO7
on otfeaa particulier de riémen ou Arabie Heu-
reufe^, plus gros qu'un moineau , & plus petit
qu'un pieeon , qui n'a ni nerfs > ni os , ni veines ,
& dont le chant eft fort agréable.
Le aième Auteur ajoute enfuite , que la Pro-
vidence divine ât fouffler un venta impétueux,
qu'il rompit les ailes de cette efpece doifeaux,
qui fondoient comme une nuée fort épaifie dans
le camp des Ifraélites, qui les prenoient aifémenc
& les riiangeoient avec la manne.
SAM BEN NOUH. Sem fils de Noé. Le
Tarikh Montekheb dit que l'on appelle ordinai-
rement le Patriarche Sem Aboul' Arab , le Père
des Arabes ^ à caufe.que les Arabes font de fa
lignée , & que tous les Prophètes , Arab v Agent ^
tatit Arabes que Barbares ; defcendent de lui.
Les Arabes ont coutume de nommer ^g-em^^
tous ceux qui ne font pas de leur nation , de
même que les Grecs & les Latins ont appelé les
Nations qui leur étoient étrangères , les Bar-*
tares.
Ceux qui ont écrit l'Hiftoire des anciens Rois
de Perfe , font partagés fur- la généalogie de
Caiumarrath ; car les uns le font régner avant
le Déluge, & le font contemporain de Seth.
Les autres difent que s'il n*eft pas le premier
Adam , il eft au moins le fécond , titre que les
Arabes donnent ordinairement à Noé. Mais ceux
J[ui font les plus raifonnables y & qui ont été
uivis par Mirkhond & par Khondemir , fe
contentent de dire qu'il étoit desenfins de Sem ,
& qu'il a régné le premier après ]e Déluge , fans
préjudicier néanmoins à Nemrod , que les bons
\
io8 Bibliothèque
Mufulmans , qui fe conforment aux Tracfmoiril
Juives , reconnoiflent pour le premier Fondateur
de la dynaftie des Chaldéens & Aflyriens.
SAM & SÀM SOUVAR. Le Caherman Na-
meh dit que Sam étoît fils de Caherman , fur-
nommé Catel le Conquérant ^ & ajoute quon lui
donna même le titre de Caherman thani , le fé-
cond Caherman , à caufe de fa grande valeur.
Bourage , furnommë Al Hahim , ceft-à-dire,
le Sage ou le Philofophe ^ qui fit Thorofcope de
Sam , lui donna le furnom de Div^ mot qui figni-
fie en Langue Perfienne un Géant.
Le Thamurath Nameh dit que Sam porta auflî
le furnom de Neriman , qui fignifie le Preùàr ,
& celui de Souvar , qui fignifie un Cavalier ou
Dompteur de chevaux ; cette dernière épithete lui
eft demeure'e , comme inféparable de fon nom,
à caufe que ce He'ros étant entre' urt jour^rmé
dans Tifle de Darem , que Ion tenoit inaccefliblè,
à caufe des animaux & des monftres terribles qui
s y trouvoient ; il en dompta la plus grande par-
tie , & fur-tout celui que Ton eftimoit être le plus
farouche , nommé Soham,
Ce furieux animal fut nommé Soham , à caufe
qu'il éroit de la couleur & de la nature du fer :
malgré cela , Sam fut fi bien le dompter & Tap-
privoifer , qu'il s'en fervit enfin de monture , &
en fit , pour ainfi dire, félon cette htftoire fabu-
leufe , fon cheval de bataille , dans toutes les
puerres qu*il entreprît contre les Dives ou Géans.
Et parce qie fes ennemis , auxquels il avpit im-
primé une grande terreur de fon nom , avoîent
accoutumé de <iire lorfqu'ils le voyolent àppro-
Orientale. 109
cher d'eux : Inek Sàm Soham Souvar : » Voici
Sam monté fur fon Soham <( ; le nom de Souvar
lui demeura. «
Sam Nerinam fut General des armées de Feri-
doun Roi de la première dynaftie de Perfe ; &.
ce fuc fous les ordres de ce Prince qu'il fit la
guerre à Cous , furnommé Fil Dendan , Dent
d'Eléphant , & le fournit enfin à recevoir fa loi.
L'Auteur du Leb Tarikh écrit que Manouge-
her y fucceiîèur de Feridoun , & huitième Koi.
de la dynaftie des Pifchdadiens; déclara Sam foa*
Lîeutenant-^Général dans toute l'étendue de fes
Etats , & qu'il lui donna le titre de Pehlovani.
dou Gehan , Héros des deux Mondes , & qui
mourut fous le r^gne d'Afrafiab , neuvième Roi
de la même dynaftie.
C eft ce même Sam Neriman , fil$ de Caherman
Catel 5 qui fuc père de Zalzer & aïeul de Roftam;
Les Hiftoriens de Perfe difeni que Sam fit ex--
pofer (on fils Zalzer , qui ëtoit venu au monde
tout couvert de poil blond & doré, auilî-tôt après*
ià naiiTance; mais qu'ayant été tooché-de pitié,,
il le fit chercher & élever auprès de lui.
SAM BEN SOURI. Khondenfir rapporte ,
dans ia dynaftie des Gaurides , que Feridoun , Roi.
de Perfe , de la dynaftie des Pifchdadiens , après
avoir défait le Tyran Zhohak , qui avoit ufurpé
la couronne de Perfe , laifla vivre fes enfans &
defcendans , & que ceux-^ci fe retirèrent dans les
montagnes de Gour , où ils établirent une Prin-
cipauté qui demeura dans leur famille jufques*
au temps de Mahmoud Ben Sebekt^ghin ', Fon^
dateur de la dynaftie des Gazaevides«
tïo Bibliothèque
La poftërité de Zhohak eue plufieiirs Princes
qui fuccéderent les uns aux autres , jufqu'à Mo-
hammed Ben Souri , lequel fut défait par Mah-
moud & mourut prifonnier de ce Sultan , Tan
401 de l'Hégire.
Le petit-fils de Mohammed Ben Souri fe fauva
des mains de Mahmoud ^ & fe réfugia aux Indes,
«'attacha au fervice d'un Pagode pour pouvoir
fubfifter , & eut un 61s nommé Sam Ben Souri ^
lequel continua l'exercice de fon père , & amaflk
quelques biens, avec lefquels il réfolut de retour^
ner en fon pays natal , car il avoit toujours con«
fervé dans fon cœur la foi Mufulmane , nonohf-
tant le culte extérieur qu'il rendoit & qu'il faifoit
Dendre aux Idoles des Indiens. Les Arabes dtfenc
au fujet d'une pareille réfolution à celle de Sam :
Hobb alvathah men aliman , )^ que l'amour- de
la Patrie fe conferve ordinairement, & fe réveille
par l'attache que l'on a pour fa Religion <(.
Sam employa donc l'argent qu'il avoit amafle^
en marchandifes , pour aller négocier en fon pays »
Çl s'embarqua ^ pour cet effet , avec toute fa fa-
mille , dans un port des Indes j mais fa navigation
lie fut pas heureufe ; car une rude tempête ayant
f;ait brif^r fon vaiffeau contre les rochers, il rut ,
lui & les fiens , avec tout ce qu'il pofledoit , à la
réferve d'un feul de fes enfans , englouti dans les
eaux.
Ce fils , qui échappa du naufrage , portoit le
nom de Houffaïn Ben Sam , & eut une aventure*
bien extraordinaire ; car, ayant atteint heureu-
ièment le bout d'une planche qui flotfoit en mer ,
il fut bien furpris quand il vit qu'il avoit pour
compagnon un ugre qu^ s'étoic jeté du vaiâeau
Orientale. m
dans la mer , & qui foutenoit l'autre bout de fa
planche. Houilaïn demeura trois jours en mer avec
ce tigre , avant de pouvoir gagner terre , & ils
n y furent pas plus tôt abordés , que le tigre ,
dont il craignoit la cruauté & la faim , fauta fur
la rivé , & gagna , avec une vîtefle incroyable ,
la forêt qui n'en étoit pas éloignée.
SAMABED. Nom du quatrième volume entre
les quatre que les Indiens regardent comme facrés ,
& dans lelquels leur Théologie & leur Philofo-
phiela plus fubtile font renfermées. Ces quatre
volumes, qui portent chacun le nom Je ffed ou
Beth , compofent TAnbcrkend ou Anberkent.
SAMAN. Nom de celui duquel la famille & la
dynafiie des Samanides tirent leur.origine. On ne
fait point le nom du père de ce perfonnage. Les
Hiftoriens difent feulement qu il defcendoit de
Baharam Tehoubin.ou Gioubin ,'Roi de la qua-
trième dynaftie de Perfe , dite des Sajfanides.
Mais il y. a apparence que cette généalogie a été
faite après lelévaiion de fcs enfans.
On convient cependant que le père de Saman
éroit conducteur de chameaux de fa profeffion ,
& que fon fils exerça auflî quelque temps le «lêmé
métier ; mais que fon courage le porta enfin à le
Suitter & à prendre l'exercice des armes , dont
fît le premier apprentiiTage parmi des Voleurs,
& devint en fort peu de temps leur Chef.
Afl?d > fils de oaman , quitta la vie infâme de
(on père , & éleva honnêtement fes en£ans \ en
Cbrte qu'il les rendit , par la bonne éducatioi;^
qu'il leur donna , dignes des premiers emplois
m Bibliothèque
militaires de TEtat des Khalifes. Le Khalife Al
Mamon , fepiieme des Abbaffides, fut le premier
aui les avança , & Motâmed , le quinzième ,
onna a Nafler , fils d'Ahmed & petit-fils dAflad
Ben Saman , en Tan i6i de l'Hégire , Je Gou-
vernement de la grande Province de Mauaral-,
nahar ou Tranfoxane.
Enfin , Tan 279 , Ifmaêl , frère de Nafler , au-
torifé de ce Gouvernement, s'en rendit le maître
abfolu , auffi bien que de plufieurs autres Pro- ,
vinces, & fonda ainfi un puiffant Etat ou Dynaf-
tie , qui a potté le nom de Samanïdes.
SAMANIAH. Daoulat Al Samanïah. L'Ëtat,
la principauté , la dynaftie & famille régnante
des Samanides. Il faut voir d'abord ce que l'on a
déjà dit de Saman.
Khondemir a dit qu'Aflad, fils de Saman , vînt
s'établir dans la ville de Merou en Khorafan avec
fes quatre enfans , nommés Nouh ^ Ahmed ,
lahia & Elle , fous le règne du Khalife Aima-
mon. Ce même Khalife ayant donnée le Gouver-
nement de la province de Khorafan à Gaflan^
lui recommanda les ehfans d'Aflad , comme gens
de mérite , & cette recommandation fit que ce
Gouverneur leur donna de l'emploi , & qu'il en-
voya Nouh , l'aîné des quatre rreres , à Samar-
cande, Ahmed à Farganah , & lahia à Schafch
& Ouroufchnah , toutes villes delà Tranfoxane,
pour y commander : car pour E!ie , le dernier
jAts quatre frères, îl le retint auprès de fa per- •
fonne , 6l lui confia le Gouvernement particu-
lier de Ja ville de Herat, une des quatre capitales
du Khorafan.
Ces
^
Orientale. iij
Ces quatre frtres , enfans d* Affâd fils de Saman ,
Técurent pendant quelque temps en aïïez bonne
intelligence entre eux^ Mais chacun d'eux en par*
ticulier étant devenu fort puiilknt , la jaloufie les
défunit & donna lieu à une guerre /Duverce entre
eux y jufqu'à ce qulfmaël , fils d'Ahmed , dont
la valeur & l'ambition écoient extraordinaires ,
fe rendit maître de toute fa famille , & s éleva
enfin jufqu'à la fouveraineté.
L'Auteur du Lebtarikh e'crit que la dynaftie
des Samanides commença après l'extindion de
celle des Soffarides, c'eft- à-dire que la maifon
de Saman fuccéda à tous les Etats que polTédoic \
celle de Leïth , & qu'elle jouit de la fouverai-
neté pendant cent dix ans , fous neuf Princes ,
compris dans un diftiqqe ; favoir , un Ifmaël ,
un Ahmed & un Nafler , deux Nouh , deux Ab->
dalmalek & deux Manfors ; il faut remarquer
cependant que les noms des Princes de cette dy-
naftie ne font pas mis dans . ce dildique dans
l'ordre qu'ils ont régné.
Le Tarikh Ai Saman , qui eft THiftoire de la
maifon de Saman ^ nous donne le catalogue des
Princes de cette dynaftie dans Tordre qui fuit:
Ifoiaël , furnommé Samani^ régna fept ans &
deux mois.
Le fécond , Ahmed , fils dlfmaêl , régna cinq
ans & quatre mois.
Le troifieme , Nafler , fils d'Ahmed , régna
trente ans & trois mois.
Le quatrième, Nouh ou Noé, fils de NaiTcr
premier du nom , régna douze ans.
Tome V. H^.
ti4 Bibliothèque
Le cinquième, Abdalmalek , fils de Nou|^^
régna fept ans &.fix mois,
Le (îxieme , Manfor , fils d*AbdaImalek pre-
ïnier du nom > régna onze ans.
Le feptienie , Nouh, fils de Manfôr II du
ïiom , régna vingt-deux ans. " :
Le huitième , Manfor II du ùoiï), y fils de
JNouh y régna un an & fept mois.
Le neuvième, Abrdalmalek.II du nom, fils de
^ouh fécond du nom & frère de Manfor II ^
régna huit mois & dix-fept jours.
La durée de xcs règnes ne s'accorde pas aveçr
les cent deux ans.ôc fix mois que ce même Au-
teur donne à cette dyhaftie , & moins encore
avec le Lebtarikh , qui lui en donne cent dix :
mais cette différence vient de ce que l'on ne
compte le règne dlfmaël que depuis qu'il fut
reconnu par le Khalife , quoique fa puiffance &
fon autorité abfolue euflent cominencé long-
temps auparavant.
Ben Schohnah fixe la fin de la dynafîié des
Samanides dans Tan 3 R8 de THégîre , & die
«qa'Ifmaël Samani ayant commencé à régner Tan
2(9i , la durée de cette dynaitîe a été die cent
vingt-huit ans : il ajoute que ces. Princes ^ qui
ont ^ré la plupart vaillans , magnanimes , lîbe^
raux , grands amateurs 4e la juftice & des Gens
de Lettres , pofledoient , outre la Ti^anfoxane.^
prefqtie tous les pays qui font aujourd'hui çom*
pris tous l'Empire des Perfes , & enfin , que ce
fut Mahmoud, fils de Sebekteghin, qui sem--
para de leurs Etats, defquels, en y joignant le
degefi^m & une partie des Indes , il compofa c^
Orientale. nj
grand corps de TEmpire des Gaznevides , qu'il
l^ouyerna long-temps fous le fîmple titre d'Emiç
Âdoulac, avant qu'il prie celui de Sultan.
L'Auteur du Tarikh Al Saman , qui tire rori-
gine d'Ifmaël Samani de Bahratn Tchoubin |
ancien Roi de Perfe , décrit ainfi la généalogie
de ce Prince. Ifmaël • fîls d'Ahmed nls d' Auad
fils de Saman fil5 de Haddas fils de Haman fils de
Thaliari fils de Bahram : mais cette eénëalo^i»
êft fort incertaine, comme on l'a déjà dit ci^
déflhs..
SAMARI & SAMERI; nom d'un de5 prin-;
Ctpaux Chefs des Ifraëlites dans le défert» auquel
Ton attribue la fabrique du Veau d'or^ Les Ara-
bes le furnomment Al Kharaïthi^ le Tourneur.
SAMERAH. Al Samerah & Ahel Samerali.
C*ef1: ainfi que les Arabes appellent les Samari-
tains , quoiqu'ils nomment ordinairement la vilic:
de Samari Schemrin Se Schemroun , noms plus
conformes à l'Hébreu.
La Chronique Samaritaine , intitulée Tarikh
Samari y porte que les Samaritains fe féparerenr
des autres Juifs après la mort de Samfon , font
la Judicature du Pontife Eli , parce que , difent*
ils , ce fut alors que la préfenee & la grâce du
Seigneur, qu'ils appellent Rïdhat & Redhouan^'
fc retira d'eux , & que les ténèbres prirent
la place de la lumière , & couvrirent tous ceux
qui étoienc dans la Terre-Sainte, excepté de
ceux qui fe retirèrent pour lors au mont de G^**
rîzim , où ils eurent toujours depuis ce tempslà
des Prêtres , & dans la fuite des temps , dçs Roif
3:
ïl6 B I B L I O T H p Q V «
particuliers auî les gouvernèrent. Ces mêmes Sa-
maritains dilcnt que Samuel ëtoit Magicien , 8c
e tous (es fucceâèurs ont été des ApoÂatr
u Judaîfme. '
Ebii Batrikh dit qu'Amri bâtit une ville de
fon nom fur le mont Samer ^ & la nomma Sa--
marie y où il régna fis ans , aprèç en avoir déjà!
régné fix autres dans la ville de Thirfa.
: L'Hiftoire de la captivité de cette nation eft
ficonnue par les Livres Saints , que Tonfe coDrr,
tentera de dire ici que les Samaritains ne recon^.
noiflent que les cinq Livres de la Loi de Moîfe ,
parce que le Prêtre Ozias , appelé >par quelques-*
uns houn , que Salmanafar avoit envoyé pour les
înftruire , ne leur enfcigna autre chofe que ce.
qui étoit contenu dans ces cinq Livres, lis font
cependant devenus fi groiïîers , qu'ils admettent
aujourdhui la corporéité en Dieu, commie les
Malîométans le leur reprocbent, -^
Hircan , Roi & Pontife des Juifs , ruina en-^,
tîérenient Samarie , fous le règne de Ptoîpmee,
dit Evergétes ; maïs elle fut rebâtie par Herodj&,
Îui lui donna le nom de Néapolis & de Sébajfe.
Tcft celle que les Arabes appellent aujourd'hui
Naèolos , & que nous nommons ordinairement
Naploùje.
Les Samaritains fe firent autrefois un Roi dans
la ville de Naploufe^ & tuèrent un grand nom-'
bre de Chrétiens , fous TEmpire de Zenon : mais
ce Prince les châtia févérement , & fit mourir
leur Roi. Les mêmes fe fouleverent encore fous
l'Empire de Juftinièn , brûlèrent les églifes de
h Terre-Sainte , maflàcrerent un grand ncMnbre
de Chrétiens , & entre autres TEvêque de Na-
O R I £ K t A L I. ji;t
pToafe', & leur fureur alla fi loin , que l'Empe^
neur Juftinien y envoya des troupes réglées ,
qui exterminèrent la plus grande partie de ce»
rebelles.
SAMGIOUR ; nom dune ffimille qui a
comniandé ou régné long-temps daas le Knora-
£an , & qui a été beaucoup louée par le Poëte
Aboul Farah. Ce fut le Sultan Mahmoud 6e»
Sebekteghin qui défit le dernier Prince de cette
famille.
SAMHAIL; nom dun Ange qui gouverne
le fixieme ciel-, félon les rêverie) des Muful-*
mans.
SAMSAKHAN ; nom d'un pays peu connu ^
où régnoit un Prince qui avoit une fille ^ que
Roflam , qui la vit ^ la chafie , foubaita d'avoir »
& époufa. Il eut d'elle un fils nommé Sohrab ,
félon le rapport du Lebtarikh dans la Vie de
Caicaous , Roi de la féconde dynaflie de Perfe*
SAMSAM&SAMSAMAH. Ccraotfignifie
en Arabe en général une épée fort tranchante &.
qui ne plie point , & c'efl en particulier le nom
de celle d'un Arabe nommé Àmrou Ben Mâad^
3ui vint par fucceffion de temps entre les mains
u Khalife Haroun AI Rafchid , & qui eft peut-
être la même que le Khalife Motavakkel acheta
fi cher.
SAMSAMALDOULAT. Le,Samfam ou
l'Epée de l'Etat. C'eft le titre qu« P^''^^ le fe-
H u>
Il8 B î B L IprkEQUE
cond ^Is d'Adhadalctoulat , Sultan de la dpaâie
des Bouides.
Ce Prince avoît deux frères , dont l'aîné por-
toit le nom de Scharfaldùulat ^ & le cadet celui
AtBéhaaldoulat. Il fuccéda cependant àfon père
dans la diraité d'Emir Al Omara ou Lieutenants-
Général des Khalifes dans Bagdet; mais il en fut
dépouillé, après quatre ans & demi 9 P^r fon
frère aine y qui le fit en même temps fon pri-*
fonnier.
Cet aine , nommé , comme nous avons déjà
Ait r Scharfaldoulat , étant mort peu de temps
après , Bahaaldoulat , le cadet des trois frères ,
prit la place de fon aine : mais Samfamaldoulat,
qui s*étoit fauve de fa prifon , ayant mis fur pied
une armée, vint {^attaquer , & lui livra plufieurs
tombais , qui lobligerent à la fin d'entendre k
la paix qui fe fit entre eux avec les conditions
fuivantes:
La Province de Fars , qui eft la Perfe propre-
ment dite , avec celle q Aragian , demeura ea^
propre à Samfamaldoulat ; &, celle du Khouzif-
tan , qui eft la Sufiane , avec Tlraque Arabique
ou Cnaldee ^ de laquelle Bagdet étoit la capi-
tale , refterent avec la charge & dignité d'Emir
AI Omara à Bahaaldoulat.
Toutes ces chofes s'étpient paflees depuis l'an
jya de THégire , auquel Adhadhaldoulat étoit
mort, jufqu en Tan 385 que les fix enfans d*Az^
zaldoulat Bakhthiar , qui avoient été enfermés ,
après la mort de leur père , par Adhadhaldoulat ,
fe fauverent de leur prifon , & fe mirent en cam-
pagne contre Samfamaldoulat , qu'ils préten-
doient avoir ufurpé des Etats qui leur apparte-
O R I E N T A L K. llj
jioîent. Mais ces ûx Princes ne furent pas heureux
dans leur entreprife; car Abou AK, fils d*Oftail
Hormouz, Général de !$amramaldouIat , les àéûlt
dans une rencomre qu il eue avec evx , & les fie
tous ûx prifonniers.
Ce Sultan ayant entre fes i&ains//les ûx pri*
fonniers que fon Général lui avoit envoyés , en
.fit mourir deux , & envoya lès quatre autres dan»
un château , où il les fît garder très-étroicement :
xnais cette exécution caufa la rupture de la paix
Î[ui avoit été conclue entre les deux frères ; de
orte qu'Abou Ali , Général de Samfamaldoulat
l'aîné , marcha avec une puiiTante armée contre
jBahaaldoulat le cadet, & il remporta de fi grande
avantages fur lui , qu'il lui laiflà peu d*efpérance
de conferver fes ITtats , lorfque l'on apprit la;^
nouvelle que Samfamaldoulat avoit été tué par
un de {e9 quatre frères prifonniers , qui avoit ^té^
tiré de priibn par la milice , mutinée faute d&
paye.
Ce fils d'AzzaldouIat Bakhtiar portoit le non
A* Abou Najfer , & fit fon coup à une lieue de
la ville de Scbiraz , Tan j88 de iHégire , aprè»
que Samfamaldoulat eut régné neuf ans ât huit
mois en Perfe.
SANAÂ , ville capitale de l'Iémeh ou Arabie
Heureuff , dont les Rois portent le nom de
Taia ou Tçbâï ^ {nuée dans le premier climat y,
au 77^ degré de longitude, & au 14* degré 30 mi-
nutes de laikude feptentrionale, félon lesTaJides^
Arabiques de Naflîr eddin & d'Ulug Beg.
Cette ville eft d'une fort grande étendue , &
t une place ou marché dan» lequel il fe fait o»
Hiv
i20 BiB LIOTHEQUE
très-gfrand nëgoce. San terroir eft arrofc de plu-
fieurs rui/Teaux , & couvert d'arbres de plufieurs
efpeces. L air y éft fort tempéré , & les jours &
les nuits y font à peu près d une même longueur.
II s'eleve au milieu de la ville une colline que
l'on nomme Gamihan^ qui s'eft rendue fameufe
à caufe du palais des Tobâïs du des Rois du
pays , & d un temple qui y fut bâti par émula-
tion & par oppofition à celui de la Mecque. ,
La ville de Sanâa a été long-temps fujette aux
Rois d'Ethiopie , ainfî que la plus grande partie
de r Arabie , & il y a apparence que ce temple,
oppofé à celui de la Mecque, étoit une églife d^
Cmrétiens , dont l'Arabie étoit alors remplie.
Abrahah , furnommé Al Afchram , qui affiégea
la Mecque avec fes éléphans un peu avant la
naiifance de Mahomet \ commandoit dans Sanâa
de la part du Negiafchi ; car c'cft ainfi que les
Arabes appellent le Roi dXthiopie , que ceux
du pays nomment en leur langue Negoufcho\ &
îl eut , après fa mort défafti;eufe , pour fuccef-
feuf , fon fils Mafrouk , qui fut défait par Sakï
Dbou Izen , foutenu des troupes du Koi de
Perfe, qui remonta ainfi fur le trône de fes an-.
cétres, dont il avoit été chaiTc,
La ville de Sanâa, félon le Géographe Perfien ,
eft très-ancienne, très-riche & très-peuplée, &
r/eft éluignée de la ville de Zebid ou Zibit que
de I j2 milles, & 104 de celle d'Aden. Le même
Auteur dit que fes hâbitans font un plus grand
négoce d'argent que de marchandifes , & qu'ils
font ufiiriçrs.
SANAHEGIAH ; nom d'une dynaftie d'Ara-
Orientale, tu
l>es ,qui régnèrent en Efpagne , dans la province
de Grenade, & gui prit fin Tan 482 de THegire.
SANARI AH ; nom d'un pays que nous ap*
pelons aujourd'hui Severie ou Zuerie , qui eft
vtr% les embouchures du Danube. L'Empereur
Heraclius obtint des fecours du Roi ou Prince de
ce pays-là , contre Khofroès Parviz. Roi de
Perfe , & les Zueriens le fervirent fi bien , qu'il
accorda à leur Prince le privilège de s'aiieoir dans
les affemblëes de la Cour Impériale. Ce privi-
lège a fait appeler le Prince de ce pays-là Malek
Al Korji^ le Prince du Trône ou du Siég^^ au
rapport d'Ebn fiatrik.
SANCOURTEGHIN s nom d'un des enfant
de Soliman Schah , lequel s'en retourna en Perfe
avec fon frère Ghiundogli , après que leur père
fefut noyé dans l'Eu phrate.
SANGIAKBEG, Seigneur de Bannière. C'eft
chez les Turcs ce que nous appelions ancienne-
ment en France un Chevalier Èanneret^ qui por-*
toit I étendard , fous lequel tous les Gentilshoni>»
mes qui relevoient de fon fief, ëtoient obligés de
fe ranger pour aller à la guerre.
Tout l'Empire des Ottomans eft divifé en
Sangiaks ou Bannières^ fous lefquels tous ceux
qui poilêdent des timars font obligés de fe ren-
dre quand il faut marcher pour quelque expédi-
tion ; & tous ces Sangiaks , que Ton appelle auffi
Begs & Sangiak Begs , font commandés par un
Beglerbeg , mot qui i^gnifie le Seigneur des Sei^
114 Bibliothèque
gnears , on le Commandant^ de tous les San-
eiaks otr Bannières ) & c'efl ce Beglerbeg que
Ion appelle ordinairement le Bâcha ou Gouver^
neur de la Province»
Les Sultans Ottomans donnoient autrefois h
leurs enfans, de ces Sangiaks ou petits Gouver-
neurs fubalternes dans la Natolie.
SANGIAR. Môezzeddin Aboul Hareth San-
riar. Sixième Sultan de la première branche des
delgiucides. Il étoit fils de Malekfchah , £c gou-
verna pendant vingt années la grande province
de Kborafan , fous les règnes de Barkiarok &
de Mohammed^ fes frères, qui fuccéderent l'un^
à l'autre.
Après la mort de Mohammed , Tan 501 de
l'Héjfire ) Sangiar s'empara de tous les Etats de
fbn frert , & marcha avec une puiifante armée
vers la province de i'Iraque Perfienne, où fon
neveu , nommé Mahmoud , fils de Mohammed ,
avoir pris le titre de *$*z//r^rn , comme prétendant
fuccéder k fon père. Il fe donna unç très-grande
bataille entre l'oncle & le neveu , dans laquelle
ce dernier fut défait & contraint de fe retirer
dans le château de Saveh , place très*forte &
très importante.
Mahmoud voyant fes affaires entièrement rui-*
nées , fut obligé de demander ia paix à fon oncle ,
& envoya pour cet effet fon Vifir, nommé
Kemaleddin Ali , homme fort éloquent , au Sul*
tan Sangiar, pour traiter d accommodement; &
ce Vifîr mania cette affaire avec tant d'adreffe^
qo*il en remporta le fuccès que fon Maître fe
promettoit.
ORIÏlIfTALl^ laj
Le Traité de paix écant conclu entre ces deux
Princes, Mahmoud vint trouver Sangiar, fon on-
cle , 6c en fut fi bien reçu , qu'il obtint de lui
rinveftiture de la province dlraque , avec les
conditions fuivantes ; favoir , que dans les prières
pabliques de la mofquée, le nom de Sangiar
prëcéderoit toujours celui de Mahmoud; que ce
Prince ri'auroit point de quatrième voile ou por-
tière dans fes appartemens; que Ton ne fonne-
roit point la trompette lorfqu'il arriveroit dans
fon palais , ni lorfqu'il en fortiroit ; & enfin , qu'il
maintiendroit dans fes Etats les Officiers que
Sangiar , fon oncle ,.y avoir établis.
Mahmoud , obligé de recevoir avec recon-'
sof^nce toutes ces conditions que Sangiar lui
avoir impofées , réfolut de paffer fon temps
a la chafîe, fans fe mêler d aucunes affaires;
& Ton rapporte de lui , que fon équipage de
chaffeétoit fi magnifique, quil entreienoit qua-
tre cents limiers & lévriers , qui pcrrtoient cha-
cun un collier 6c une couverture brodée 4'or &
de perles.
L'an de THégire 52.4 le Sultan Sangiar paffa
le Gihon , & entra armé dans le Mauaralnahar
ou Province Tranfoxane , pour réduire à fon
obéi/Tance Ahmed , fils de Soliman , Gouverneur
de Samarcande , qui vouloir trancher du Souve-
rain , & refufoit de lui paver le tribut ordinaire.
II affiégea ce Gouverneui#ans fa ville , & l'obli-
gea , par la force de fés armes, de fe rendre 9
compofition. Sangiar lui donna la vie , & fe con-
tenta de lui ôter fon gouvernement, qu'il donna
à un de fes Efclaves : mais ce Gouverneur ayant
trouvé le moyen de rentrer dans les bonnes grâces
Ï24 Bibliothèque
du Sultan, il fut rétabli peu de temps après
en avoir été dépouillé.
L'an 530 , Baharam Schali , Sultan de la dy-
naftie des Gaznevidcs , duquel le royaume s'éten-
doit bien avant dans les Indes > & qui ne régno^C
?ue par la faveur & fous la proteaion que les
elgiucides lui donnoient , ayant voulu fecouer
le joug ; attira fur fes Etats les forces du Sultan.
Mais comme il fe fentit tro^ foible pour réfif-
ter à fa puiflance , il envoya auffi-tôt des Am-
baiTadéurs au Sultan , qui lui portèrent le tribut
ordinaire , & qui lui rendirent la foi & hom-
mage qui lui étoient dus de h part de leur
Maître.
L'an 535 , la ville de Samarcande s'étant ré-
voltée contre Sangiar , pendant que le Gouver-
neur , qui Y commandoit de fa part , étoit alité
dune paralyfie & hors d'état d'agir, .ce Sultan
vint mettre le fiege devant cette importante ville,
qui le foutint pendant ûx mois entiers , au bouc
defquels elle fut enfin obligée de fe rendre à
compofltion. Le Sultan ufa de fa clémence or-
dinaire envers fes habitans, & 6ta le gou-
vernement à celui qui ne pouvoit pas faire
les fonctions de fa charge , pour le donner à
fon fils.
Pendant le féjour que le Sultan Sangiar fit i
Samarcande , il fut ^llicité par quelques Sei-
gneurs de fa Cour , oe porter fes armes contre
Gurgiasb, Roi du pays nommé Cara Cathdi j
c'eft-à-dire le Caihaî Noir , province aind dite ,
à caufe de l'épaiflear de fes forêts & de la pro-
fondeur de fes vallées, qui la rendent fombre &
obfcure. Il fe rendit aux inftances de (ts cour-
Or I k n t al e;. itj
tifàns , qiii loi faifoient énviTager une grande
gloire dans la conquête d'un pays qui paroifibit
comme inacçeffible , & fit marcher fon armée
de ce cotë'-là : mais Gurgiasb vint au devant de
lui avec la fienne , & tailla en pièces trente
mille hommes des troupes du Sultan ^enleva tous
fes équipages , & fe rendit maître de tout /on
haram ou ferrail , dans lequel étoit la Reine Tar^
khan Khatoun , la première de fes femmes ; qui
demeura prifonniere des Cai-a Cathaïeiis/. ;;\.
Le Sultan Sangiar ne put prendre d autre
parti dans cette déroute >qq^ de choifîi: trois cents
des plus braves de fon armée » & de paifer au
milieu de fes ennemis» pour gagner la viile de
Termed, où il arriva fêujemient avec doute ou
quinze de fes gens qui lui refîerent. Les fuyards
s étant' raiT^inblés dans cette même ville, il re-
cueillit les débris de fon armée, traverfa le Gîhon^
fie revint- en Khorafan , tout confus d'avoir en-^
trepris une affaire qui lui av^it û mal rm&n. Ett
effets cette déroute lui fit perdre dans J^efprit des
peuples Topinion qu'Us avoient que fes arme&
étoient invincibles , & do;îna fujet au Poëte Ee-
rid eddin , fumommé Al.Kiateb , de compofer
des vers pour le confoler^une fi grande perte.
Ce Poe^e lui dit : » Grànjd Roi , votre lance a
jufqu'ici redrefie un monde entier, & votre épee
vbus a vençé pendant quarante ans de tous jvos
ennemis : è vous avez maintenant éprouvé queU
Îue revers , confidérez qu'il vient de la part di»
liel , & confolez-^vous en faifant réfiexion qu'il
n y a que Dieu feul qui fubfifte toujours dans le
même état.
Cependant la réputation de ce grand Monar^
126 BXBLIOTHEQOE
que fe rétablit bien tôt après , par ta vi&oire
fignal^e qu'il remporta Tan de i Hégire 544 ,
fur HouiTaïn Gehanfôuz , Sultan de la dynaftie
des Gaurides , qui ëtoit entré à matn armée dans
la provin;:e de Khorafan , k deflein de s'en ren-
dre maître ; car ayant fait marcher fes troupes
de ce côté-^ , il défit k plate couture Hou^în
avec fon Général , nommé Ali Tchèteri^ & les
fit tous deu)c prifonniers.
Ali Tcheteri , qui étoit né fujet dé Sangiar ,
& qui avoit été autrefois comblé de fes bienfaits,
fut puni de mort à caufe de fon infidélité & de
fon ingmtitude j mais Houifaïn fut renvoyé peu
de temps après dans le pays de Gàur , pour le
gouverner fous Taucorité de Sangiar. '
L'an 548 de l'Hégire, Sangiar fe porta aflèai
inalheureofement , contre fa propre inclination ,
à vouloir châtier les Tutcomans, qui refufoient
de payer le tribut ordinaire de moutons > auquel
lis etoient obligés : car il fut défait avec toute
fon armée , & tait priforinier par cette canaille,
au grand déshonneur de toute la maifon de Sel-
gionk , qui étoit fi fort révérée parmi toiles les
nations Turquefques.
. Ces Turcomans ne fâchant que faire de la
Berfonne d'un fi grand Prince , le plaçoîent pen-
dant le jour fur un trône y ôc Tenfermoîent la
Buit dans une cage de fer. Ce Prince paifa ainfi
quatre années dans cette captivité ; iavoîf jnf-
<^'en Tan 5 51 , auquel la Sultane Tarkhan Kha-
loun , qui gouvernoit fes Etats, -vint à mourir:
car ce fut alors qu'il penfa tout de bon à fe ti-
rer des rnains des Turcomans, & confia fori fe^
œt à un dç U^ confidens , nommé Emir Eiias ,
Orientale. 117
oui en conduifîc lentreprife avec beaucoup
d'adrefle.
Emir Elias }ia une intelligence avec le Gou-
▼cfticur de Termed , ville Stuëe fur le fleuve
.Gihon , qui fit tenir des bateaux tout prêts fur
cette rivière , dans le temps que Sangiar dévoie
arriver, en chaiTant, jufque fur fes bords. Le
Gouverneur de Termed , nommé Emir Ahmed
Comag' , reçut & régala magnifiquement le Sul-
tan auifî-tôt qu'il fut arrivé à ion château, &
aflembla le plus qu'il put de troupes , pour lef-
corter jufqu à ia ville de Merou , ville capitale
du Khorafan , où il faifoit ordinairement fon
féjoar.
Le Sultan Sangiar trouva la ville de Merou ,
. & tout le refte du pays par où il pailâ, en fi mau-
vais état , à caufe des courfes que les Turcomans
y avoient faites pendant fon abfence , qu'il tomba
dans une profonde mélancolie^ & enfuite dans
une maladie dont il mourut l'an de l'Hégire 551.
L'Auteur du Nighiariflan rapporte un difti*
que fait fur la mort de ce Sultan , qu'il dit être
arrivée par une colique compliquée avec un dé-
voiement) dans lequel Tannée de fa mort eft
marquée par des lettres numériques , qui font
allufion de Merou à Merev : car les mots de
Schah Merev font juftement le nombre de 55^ >
dans laquelle année le Sultan Sangiar mourut
dans la ville de Merou* ,
Tous les Hiftoriens Orientaux louent la vt-
leur , la juftice & la magnanimité & bonté du
Sultan Sangiar ; & , pour en donner des témoi-
gnages confians & certains , ils écrivent que ce
Prince fut tellement aimé 6c refpei^é de (es fu«
liS Bibliothèque
'^et;s, que Von continua, une année entière ^près
la mort, de publier fon nom dans les mofquees^
comme s*il eût été encore vivant & régnant. Qn
le furnomma auflî Eskender thani , U Jkcond,
Alexandre ., & font nom même de Sangiar a
pafTé pour celui ^Alexandre dans fa poftérité.
Le Poëte Perfien , nommé Selman , a fait en.
pïufieurs de fes Ouvrages , Télojge du Sultan,
Sangiar , & quelques Hiftorienç remarquent,
que ce fut Sangiar qui établit Sâad Ben Zenghi ,
qui avoit été fon Gouverneur , Lieutenant-Gé-
néral de tous fes Etats, fous le nom SAtabek ,
qui devint enfuîte celui d'une dignité & d'une
dynaftié nommée des Atabeks.
.Le Sultan Sangiar vivoit avec une telle aiajgni-*
ficence , que Cothbeddin , fondateur de la dy-^
naftie des Khouarezmieris , venoit faire auprès
de lui fa chargé de Thafchtdar ou de Grand
Echanfon pendant une année, & fe faifoit rele-
ver Tannée fuîvante par Atfiz fon fils , & que la
grande province de Khouarezm étoit afHgnée à
ces Seigneurs , pour les gages & penilions de leur
charge,
Magaiatheddin Aboul Caflem Mahmoud , fils
de Mohammed fils de Melek Schah , fuccéda à
fon oncle dans la même année que Sangiar mou-
rut , félon le Leb Tarikh. Cependant Khonde-
mir dit que Mahmoud , fils de la fœur de Sangiar,
régna cinq ans dans le Khorafan après fa mort.
"SANGIAR MIRZA ; nom du fils de Mirza
Ahmed , fils de Mirza Baiera fils de Mirza Omar
Scheïkh fils de Tamerlan. Ce Prince avoit été
i^l gouverneur de la province de Fars par le
Sultan
r
I Orientale. fz9
I Sultan Babor ou Baber , d'où ayant été cliaCé
Îar Gehanfchah le Turcotnan, il obtint du même
Eabor le gouvernement des villes dé Makhan &
de Merou : mais ce Sultan étant mort , le SnU
tan Abou Sâïd , qui lui fuccéda , après avoir dé-
fait plufieurs de fes parens & compétiteurs , at«
taquaauiE Sangiar,qui périt dans la bataille qu'il
donna , accompagné des Sultans Alaaldoulat &
d'Ibrahim fon fils, Tan 863 de l'Hégire.
SAOUDABAH & SAOUDAVAH ; nom
de la fille de Dhoul Zogar , Roi d'Arabie , qui
fut la féconde femme de Caïcaous , Roi de Perfe
de la féconde dynâftie dire des Caïanides. Cette
Princefle étant ainfi devenue la marâtre ou belle-
mere de Siavefch , fils du premier lie de Caïcaous ,
accufa fauffement auprès du Roi fon mari, ce
Prince d'avoir attenté fur fa pudicité , parce qu'il
avoît refufc de confentir à (ts mauvais deflîîins.
Cette calomnie fut caufe que Caïcaous exila
fon fils : mais le crime de la belle-mere ayant été
enfin découvert , Roftam vengea l'innocence du
fils par la mort qu'il fit fouffrir a cette marâtre.
SAOUIROS y nom d'un Patriarche d'Antio-
che, qui fuccéda par la violence de l'Empereur
Anailafe au Patriarche Flavien qui avoit été
relégué. Ce . Sévère , qui pafle pour un grand
Héréfiarque parmi les Catholiques, anathéma*
tifa le Coiicile de Chalcédoine , & foutint hau-
tement l'Héréfie d'Eutyche & de Diofcore , &
Sublia qu'il n'y avoit dans la facrée perfonne de
éfuS'Chrift qu'une nature, une perionne &une
irolonté , qui réfultoit des deux natures divine &
f.
Tonu Y, I
ijo Bibliothèque
liumaine , fans mélange , ni confufîon , ni cor?
ruption , de même que la nature de Thonime
réfulte des deux fubflances de i ame & du corps ,
fans que la matière fe change en forme , ni la
forme en matière.
Sëvere fut le maître de ce Jacques , qui prêcha
rEutychiânifme dans la Syrie & dans la Méfo-
potamie > où fes fe<5laceurs ont pris le nom de
Jacobites , c'eft-à-dire de Difciples de Jacques^
SAR ; titre que portoient autrefois les Prin-
ces de Giorgian. C'eft un diminutif de Caïflar.
Ce mot , quand il eft Perficn ^ entre en compo-
fition de plufîeurs autres, à la fin defquels il fe
joint , & fîgnifie , pour l'ordinaire , le prix & la
reflemblance de quelque chofe , comme Ambar^
Jar y femblable à lambre & auffi précieux que
l'ambre gris.
SARA ; nom de la fille du Patriarche Tha-
reh & de Tahouiah ou Tohaouit qui n'étoit
que fa féconde femme ; car fa première sappe-
loit lounah , & fut mère d'Abraham félon Ebn
Batrik.
Sara , femme d'Abraham , étoit fille de Na-
khor & petite-fille de Thareh , & par confé-
quent nièce de ce Patriarche.'
SARBEDAR & SARBEDARIOUN ; nom
d'une dynaftie de douze Princes , qui ont régné
dans la ville de Sebzvar en Khoraian , & dans
plufîeurs autres qu'ils conquirent, pendant l'ef*
pace feulement de treoce-çinq années.
O R I E NT ALI. 131
L'origine de ce nom , qui eft PeVfien , vient
de ce que le premier de cette famille ou dynaflic
f voit ramafle plufieurs gens fans aveu , qui exci-
tèrent une grande fe'diiion contre le Gouverneur
de cette province , &. attachèrent , pour iignal de
leur révolte , plufieurs bonnets ou turbans aux
fourches publiques, ce qui eft exprime par le
mot Perfien compofc Serbcdar^ quifignifie djBS
têtes fur la potence.
Le premier qui s'empara du commandement
Parmi ces feditieux , & qui prit la qualité de
rince ou d'Emir , fe nommoit Abdalrazzak Ben
Fadhlallah Al Bafcht^ni , natif dç Sebzvar , lequel
commença à faire du bruit Tan de THe'gire 7^7 ,
auffi-tôt après la mort d*Abou Sâid Ben Algiap--
tou, Sultan ou Empereur des Mogols & Tar-
tares ;.car ce fut juftemei^f après le décès de ce
Prince , que le grand Empire ou dynaftie des
Cinghizkbaniens c^ommença à tomber par la divi-
fion des Princes de cette maifon , Abou Sâïd
n'ayant point laifTé d enfans pour y fuccéder. , '
Abdalrazzak ne régna que fept mois , fous le
fimple titre ai Emir. \
Le fécond Prince des Sarbedariensfut Khoua-
geh ou Cogiah Vagiheddin MaiTôud , qui régna
fis ans quatre mois.
Le troifieme , Agah Mohammed Timur , qui
n'étoit point.de la racç d* Abdalrazzak Al Bai-
chtini , régna deux ans & deux mois.
Le quatrième ^ Ghelou Asfendiar, un an &
nn mois. • .
Le cinquième ,, Khogiah Schamseddin Afdhal ,
fils de Fadhlallah Al Biafchtini , premier Prince
de cette dynaftie, & fr«re de \agiheddin, qui
lij
1J2 Bibliothèque
~€n fut le fécond , régna fept mois , & laiila le
t:ommandeinent à fon neveu.
Le fîxieme , Khoungeh Ali Schams eddin ,
régna quatre ans & neuf mois.
Le feptieme , Emir Khogiah lahia Ben Haï-
dar AI Iverabi^ quatre ans & huit mois.
Le huitième, Khogiah Zeineddin Thaher Ben
fiaidar Al Kerabi , régna un an.
Le neuvième , Pahalavan Haïdar Caflab , le
Soucher, un an & un mois.
Le dixième, Khogiah Lutfallah Ben Vagih-
eddin MafTôud, régna un an & trois mois.
L onzième, Pahalavan Haifan Al Damagani,
«quatre ans & quatre mois.
Le douzième , Khogiah Abi Mouïad. Ce der-
nier Prince des Sarbedariens s'attacha \ Tamer-
îan , Tan 781 de THeigire , lorfquece Conquérant
entra vidlorieux dans la province de Khorafan ,
& il demeura toujours auprès de fa perfonne juf-"
-qu'en l'an 788 qu'il mourut.
Ce Khogiah Ali Mouiad fut fort eftimé pen-
tiantfa vie, & acquit beaucoup de crédit auprès
de Tamerlan , qui fe fervoit fouvent de fes con-
feils. Il portoit grand refpeâ ayx Do($leurs de
fa Loi , &panit:uliérement à ceux qui étoient de
la race de Mahomet & d'Ali , en quoi il écoit fi
fuperAitieux , que l'on dit qu'il tenoic tous les
foirs & tous les matins un cheval tout prêt à
monter , pour aller au devant du Mahadi , le
douzième Iman de cette race.
Le calcul que l'on a fait ici des années & des
règnes des Sarbedariens, eft félon Khondemir
& félon l'Auteur du Nighiariftan ; car l'Auteur
du Lebtarikh doime quatorze ans (le plus à la
O II ï E N T A L E. ijî
àarée de cette dynaftie , & diffère même ea
quelque chofe fur leur fucceflîon.
SARCUTNA BEGHI > nom de la nièce oa
petite-fîlle d'Avenkkhan , que Ion nomme auiS
Ong khan j qui eft le ve'ritable Précre Jea»
dont Marc Paul a parié.* Elle étoit Chre'tienne ,
ainfî que fon oncle ou fon aïeul , & fut mariée
à Tuli , fils aîné de Ginghirichan , & gouverna
les Etats de fon mari , gui mourut pendant la
vie de Ginghizkhan fon père. Cette Princefle
ëroit très-attachée à fa Religion , & honoroit
beaucoup les Evêques, félonie rapport d'Âhoul
Farage, dans la dynaftie des MogoFs.
Ce mot de Beghi , qui fe donnoit cBez les
Mogols & Tartares aux Reines , a été changé en
celui de Begum^ que les Perfiens donnent aU'-
jourd'hui à leurs Reines^, Scfignifie proprement
Madame^
tSARDINIAH r îa SardaiVne. Cette ifle fut
conquife par les Arabes , fous le commande-*
ment de Moiiffa Ben Naffir , Gouverneur de
l'Afrique , Tan 92 de THégire, qui fut la même
année que Ben Tharek fit fa defcente en Efpa-^
gne , ou il avoit été envoyé par le même Mouffa..
Novaïri rapporte que les Arabes firent un
très-grand butin dans cette ifle ; car un de leurs
Nageurs pu Plongeons trouva une grande fomme
d'argent^ qui avait été jetée dans la mer,& uit
de leurs foldats tirant fa flèche fur un pigeon qui
ctoit dans le lambris de la grande églife > décou-
vrit un fort grand tréfor qui y etoit caclié^&
le même Auteur ajoute que les Mudilmans , re?-
/
ÎJ4 Bibliothèque
tournant chargés de tant de richefles en leur
Fays , périrent tous en mer , & que ce verfet de
Afcdran , Alla garacahomfaïàrefou akkerhom ,
» Dieu les noya , & leur fit trouver la tnort dans
les eaux«, fut vérifié en cette ocçafïon , auffi
bien qu'en la perfonne de Pharaon & des Egyp-
tiens , qui jpourfuivoient les Ifraélites au travers
de la mer Rougé.
Cette conquête de la Sardaigne fut faite fous
le Khalifat de Valid , le fixieme des Om-
miades.
S AROUIN ou S ARVIN ; nom d un des en-
fans d*Orthogrul, qui fut par conféquent frère
d'Othman , Fondateur de la dynaftîe des Sultans
Othrnanides; les Turcs le nomment au^SaougL
Ce fut lui qui fut envoyé par fort père au Sukan
Alâeddin le Selgiucide, pour obtenir de lui quel-
que lieu dans fes Etats, où il pût s'établir.
Le Tarikh Al Othman dit qu'Orthogrul ne
demandoit à Alaeddin que Bir Jergighaz , un
très-perit lieu , & nous voyons aujourd'hui que
ce petit lieu a eu, dans la fuite des temps , une
grande étendue.
g
SASSAN ; nom du père d'Ardeschir Babe-
an , premier Roi de la quatrième dynaftie de
erfe , furnommée Saffantan ou des Saffanides.
Ce Saflan, quoiqu'il tirât fon origine d'un au-
tre Saflan, fils de Bahaman Asfenaiar, fîxieme
Roi de la féconde dynafîie de Perfe / nommée
Cafatilan ou des Caïanldes. , étoit réduit néan-
moins à une condicion bafTe & fervile : car il étoit
devenu le Pâtre des troupeaux de Babek, homme
Orientale. ^35
ricltt & pmâant è^ns la Perfe. II fut cependant
aflez heureux dans fa condition ; car il gagna fi
Jbien les bonnes grâces de fon Maître , qu'il
époufa fa propre fîlle , & en eut un fils nomme
Arieschir j qui prit le furnom de fon aïeul ma-
ternel Babek , & fut appelé Babegan.
Le Lebtarikh néanmoins diffère de Khonde-
mir, -en ce qu'il fait defcendre §aflan, non de
Bahaman Asfendiar , mais de Baharam , un des
Rois dé la troisième dynaftie de Perfe, qui poir-
tent le nom de Molouf ^Thaouaif.
SASSANIAN, les Saffaniens ou Saflanides^
C*eft ainfi que les Perfans nomment les Rois de
leur quatrième dynaftie, auxquels ils ont donné
auffi le furnom ou le titre de Khofrévian ^ parce
qulls prenoient le litre de Khofrev ou Khqfrou;.
& ce font les mêmes que les Arabes appellent^
Akajferah y du nom fingulier de Kifra , qu'iU
ont employé au. lieu du mot Perfien Khofrev.
Nous-pourrions les appeler les Khofroès^ quoi-
que pour l'ordinaire nous ne donnions ce no'm-
là qu'à celui de cette race qui a eu le plus d'af-
faires avec l'Empereur Héraclius.
Le Lebtarikh comrpte trente Se un. Rois de
cette dynaftie, quoiqu'il n'en nomme que trente ^
& lui donne cinq cents ans de durée : mais le
Tarikh Kbozideh & Khondemir ne donnent à
cette dynaftie qiie quatre cent trente & un an»
de durée , dans Tordre qui fuit.
Le premier Roi & le Fondateur de cette dy-
naftie eft ArdefcKir , dit Ben Bahek ou Babe^
gcin , comme l'on a vu ci-deflus , quoiqu'il fût
véritablement fils de SaiTan , qui régna quatorze
liv
Ijff BiBLIOtHEQ ^t
ans depuis qu'il Te fat défait d'Ardevan , dernier
Roi de la troifîeme dynailie.
Le fécond , Schabour Ben Ardefchir , qui r^gna
trente & un ans.
Le troifîeme ; Hormouz Ben Schabour, r^^a
auflî trente & un ans.
Le quatrième , Baharam Ben Hormouz ^ régna
trois ans & trpis mois.*
Le cinquième, Baharam Ben Baharam , rëgna
foizante & dix ans.
Le iîxieme , Baharam Ben Baharam Ben Ba-
haram , régna treize ans & quatre mois.
Le feptieme , Narfî Ben Baharam , Nariis fils
de Baharam , fécond du nom ^ régna neuf ans.
Le huitième , Hormouz Ben Nariis , régna fepc
ans & cinq mois.
Le neuvième , Schabour Dhoulaktaf , régna
foixante & douze ans.
Le dixième , Ardefchir , oncle maternel de
Schabour ) félon le Tharikh khozideh, ou petit*
fils de Hormouz Ben Narfi , félon le Tharikh
Thabari , régna quatre ans.
L'onzième^ Schabour Ben Schabour Dhou«-
Iakthaf , régna près de cinq ans.
Le douzième , Baharam Ben Schabour , dit
Kerman Schah , régna treize ans.
Le treizième, Jezdegcrd Al Athim, le Mé-
chant , Ben Baharam , régna vingt & un ans.
Le quatorzième , Baharam Gour Ben Jezde-
gcrd, régna vingt-trois ans.
Le quinzième, JezdegerdBen Baharam Gour,
réçna dix-huit an^.
Le feizieme, Hormouz Ben JtzdegerJ , régna
un an.
Orientale; t)7
Le dix-feptieme , Firouz , frère de Horniouz ,
régna vingt-huit ou trente ans.
Le dix-* huitième, Baiafch Ben Firouz, régna
un peu moins de quatorze ans.
Le dix-neuvieme , Cobad Ben Firouz, régna
quarante-trois ans.
Le vingtième , Anoufchimn ou Noufchirvan
Ben Cobad, le plus ^rand Prince de toute cette
dynaflie , régna quarante-huit ans.
Le vingt & unième , Hormouz Ben Nooi^
chirvan , régna douze ans.
Le vingt-deuxième , Khofrou Parviz Ben Hor»
mouz , régna trente-huit ans.
Le vîngi-troifîeme , Schirouieh Ben Khofroa
Parviz régna fix ou huit mois. La tradition des
Orientaux eft que lek Princes parricides, tels
qu'étoit ce Schirouieh ou Siroés , ne furvivent
que fix mois à leurs pères.
Le vingt-quatrième, Ardefchîr Ben Schirouieh,
régna un an & ûx mois.
Le vingt-cinquième, Scheheriar, qui n'étoic
pas de la race royale , régna deux ans & vingt
jours.
Le vingt-fixieme , Touran Dokt Benat Khof-
rou Parviz , fille de Khofroès fiirnommé Parvi^^
ne régna au plus que deux mois.
Le vinÊ;t-feptieme , Azurmi Dokt, fœur de
Touran Dokt , régna un an & quatre mois.
Le vihgt-huitieme , Farakhzad Ben Khofi*ou ,
ne régna qu'un mois. Quelques-uns le font régner
avant fa fœur Azurmi DoKt.
Le vingt-neuvième, Jezdegerd Ben Scheheriar
•Ben Khofi-ou Parviz , dernier Roi de cette dy-
naftie , qui pafla depuis en celle des Arabes &
V
ijS Bibliothèque
Mufulmans , régna vingt ans , félon le Tariklt
ou Hiftoire de Hamzah Ben Houifaïn Esfahani ,
dont il en paita quatre étant fugitif!
Cette lifte des Saflanides eft prife de Khon-
demir , qui ne fait mention que de vingt-neuf
Rois de cette dynaftie, parce qu'il omet Baharatn
Tchoubin , qui n e^jt qu un rebelle & un ufur-
jpateur de la Couronne de Perfe^ Le Lebtarikh
cependant le place au. rang des Rois entre Hçr-
mouz Ben Noufchirvan & Khofrou Parviz , fils
de Hormouz.
' 'Quelques Hiftoriens comptent cette dynaftie
des Sa/Tanides pour la cinquième de Perfe , parce
iju'ils divifent la troisième , qui èft celle des Mo-
îoukThaouaif ouRoisdes nations, en deux bran-
ches, fa voir , celle des Afcaniens & celle des
Afchganiens.
. Aboulfarage écrit que cette quatrième dynaftie
des anciens Rois de Perfe commença la troifieme ^
année de Tempire . d'Alexandre , fils de Mamée,
la 541^ des années. 4* Alexandre le Grand, félon
le calcul des Syriens , & qu'elle a duré 418 ans,
jufqu*au Mahométifme. Nos Hiftoriens , cbmme
Dion & autres , marquent qu'Artaxerxe , qui èft
TArdeichir Fondateur de cette dynaftie, défit &
tua Artaban, qui eft TArdevan des Perfans, Tan
d'Alexandre ou des Séleucides 541 , qui corref-^
pond à Tan 229 de J. C, & au 981* de la fon-
dation de Rome, qui eft juftement le temps au-
quel Dion finit fon Hiftoire.
SATI BEGHI ou BEGUM ; nom de I»
fœur d'Abou Saïd Ben Aigiaprou» Empereur des
f
Mogols , mariée à TEmir Groban, qui tvn de
cette Prînceiîe un fils nommé Gialair,
SAZ. Les Turcs appellent asnfi les Saxons ,
& particuliérenient ceux qui habitent dans les
(epc villes de laTranfilva«ie où Charlcmagne les
envoya & en fit des colpnies.
Ce font ces fept villes Saxones qui ont donné
\t la Tranfilvanie le nom Allemand de Sieben^
Burgeriy & le nom Latin de Septem Caflrefijis.
Resio,
Ces Saz ou Saxons fe mêlèrent avec les Se-
cirlès , qtie plufleurs appellent Sicules ^ naciofi
ori^nairedu pays, & ont.form^ le peuple t[uè
nous appelons aujourd'hui les Trànjîlvdins.
SCHAB; nom dune bfa'nche ou famille de
la Tribu dé Hamadan^ de. laquelle Amer Al
Coufi , furnomraié Al Schabi-^ étoit iflii.
SCHij^BATH ; no*i d'un mois du Calendrier
des Syro-Macëdoniens, qui corrçfpond à notre
moi* de Févricjr.-'^'Les; Arabc$ appellent ce Ca-
lendrier TarikkRoumijle Calendrier des Grecs,
Dans ce Calendrier, le fécond. jour de ce mois
y cft marqué pour celui de la fête que les
Arabes appellent Aïd Schéma : c'eft la Chande-
leur. Le feptieme jour du mréme mois y eft ap-
pelé Soconth gioumrat aoUel*^ la première extinc^
don du tijon. Le quatorzième eft la féconde
extin<5lion du tifon , & la troifieme tombe dans
le vingt-unième du même mois , & pafTe pour la
fin de rhiver.
Le vingt- fixieme du même mois de Schabath
t4d BiBLrOVHEQVE
commence le premier jour des fept que ks
appellent Aiam âgiomi^ les jours de la Vieille ,
3ui s'ëcendent dans les premiers jours du mois
'Adhar , qui eft notre mois de Mars.
SCHABOUR j nom commun ^ plufieurs Rois
de Perfe, que les Grecs (l les Latins ont appelé
Sapçres. Ce mot iîgniiie en langue Perfienne
Fils de Roi ; car c eâ le même que Schahpouf
& Schahpor.
SCHABOUR BEN ASCHEK BEN DARA,
Sapor premier du nom, âls d'Afchek.fils de
Darius. C'eft le troifieme Roi de Perfe de la
dynaftie des Afclikamenss qui fuccéda à fon frère
Afchek fécond du nom. Il fut furnommé Padi/-
chahi Buiurk , le Grand Roi, a caufe des fré-
quentes viAoires qu'il remporta fur les Grecs,
c'eft-à-dire fur les Macédoniens, fucceflèurs
d'Alexandre en Afîe, que nous appelons les J/-
leucides , & reporta en rerfe les trëfors qu'Alexan-
dre le Grand en avoir autrefois enlevés. ,
Ce Prince régna quinze ans, & lailSâ poitr
fucceCeur Baharam , que le Lebtarikh appelle
fils de Balas fils de Sapor fils d' Afchek.
SCABOUR BEN ARDESCHIR BABE-
GAN, Sapor fécond du nom, fils d'Ardefchir
Babegan ; nom du fécond Roi de Perfe de la
quatrième dynaftie, nommée des Sajfaniens ou
des Khofiroes , qui fut élevé à Tinfçu de fon
père, & reconnu de Ilû dans le jeu du mail à
cheval.
Aboulfarage met la première année du règne
Orientale. 141
de ce Prince dans la première de Tempire de
Philippe : mais Agathias la place fous 1 empire
de Gordien , l'an de J. C. 242. £bn fiatrik met
la mort de Sapor , qui régna trente ans après fon
père , fous 1 empire de Maximin y & lie l'année
dix-feptieme de Ton règne avec l'année de la mort
d'Héliogabale > & le commencement d'Alexandre
Sévère.
Le Lebtarikb donne trente & un ans & quel-
ques mois de règne à Schabour , & dit qu'il réta-
blit la ville de Nifchabour en Khorafan , qui
avoit été bâtie par Thamurath & ruinée par
Alexandre le Grand , & il fit conilruire dans
toute refendue de fes Etats plufîeurs autres villes
& bourgades , auxquelles il donna fon nom, dont
l'une des principales eft celle de Giondi Scha-
bour dans le Knouziftan ; qui eft la Sufiane des
Anciens.
Le même Auteur ajoute que l'on voyoit autre-
fois dans une grotte , proche de la ville de Nif-
chabour, une ftatue de pierre qui repréfentoit ce
Prince , & que cette ftatue s elevoit au milieu
de plufîeurs autres de la même matière, en forme
de colonne.
Le Géographe Perfîen écrit que dans la ville
-de Schoufter ou Tofter, capitale de la Sufiane ,
il y a une digue ou levée fort haute & fort
épaifiè , que l'on dit avoir été faite par Tordre
de Sapor pour foutenir les eaux de la rivière qui
y paile.
C'eft ce même Sapor qui a beaucoup affoibli
l'Empire Romain ; car il faccagea & ruina preC-
gue entièrement les provinces de Méfopoiamie^
de Syrie & de Cilicie , & vainquit, enfin VEjjor
142 Bibliothèque
pereur Valericn , qa il fit foh prifonniér & auquel
il ne vouloil jamais rendre la liberté, Nas Hifto-
riens difenc mèni« jqti'il le ût mourir cruellement;
mais les Orientaux les plus anciens n'en font
aucune mention.
Ce Sapor autoit pouffé encore bien plus loin
fes vi^oires contre les' Romains, fi Odenat» Roi
des Palmyreniens , qui fe fie proclamer dans la
fuite Empereur Romain , n*eut arrêté fes con-
quêtes , & ne Teût obligé de faircj fa paix avec
l'Empereur Aui'elien. Il mourut enfin l'an 272
de J. C. , laifîânt pour fuccefTeur fon fils Hor-
môuz , que les Grecs & les Latins ont appelé
Hormiidas.
- Abôulfarage écrit , on ne fait fous la foi de quel
Auteur, qu'Aurelien donna fa propre fille en ma-
riage à Sapor , & qu il fit bâtir la ville de Giondi
Schabour en fa faveur. -
SCHABOUR BEN HORMOUZ BEN
NARSI BEN BAHAR AM , Saoor , troifieme
du nom, fils de Hormouz fils de Narfes, fils de
Varanes , qui fut furnommé Dhouladaf, neu-
vième Roi de Perfe de la quatrième dynaflie -, .
dite des Saffantdes ou des Khofroès.
Ce Prince fut Roi avant que de naître ; car
fon père Hormouz ayant laifTé la Reine fa femme
grofîe , les Seigneurs de Perfe réfoiurent entre
eux de reconnoître pour Roi ce qu'elle dévoie
•nfanter.
La Reine accoucha quatre jours après la mort
de Hormouz, & fon fils , auquel on donna le
nom de Sapôr , fut porté aufîî-tôt fur le trône ^
jau haut duquel on fufpeadit la couronne royale ^
\
r
Orientale. 14)
que Tenfant ne pouvoit pas encore porter.
Avant que ce petit Prince fût forti de 1 en-
fance j Thaïr , Roi des Arabes y entrajivec une
puifTante armée dans la Perfe , prit & faccagea
la ville royale & capitale , & fit prifonnier la
foeur de Hormouz, tante de Sapor.
Les Arabes eurent bon marché des Perfans
Îendant la minorité du jeune Sapor. Mais ce
Wnce n'eut pas plus tôt atteint les premières
années de fon adolefcence , qu'il entreprit dé fe
venger des Arabes , qui s etoient fi cruellement
prévalus de fa faibleiTe. Il alla attaquer d'abord
jThaïr dans une de fes plus fortes places , & il
eut le bonheur de Vy furprendre , par la trahifon
de Malekah ^ fœur de Tnaïr , qui lui en ouvrit
fecrétement la porte.
Sapor s'étant rendu maître de la perfonne de
Thaïr & des principaux Chefs de fon armée ,
les fit tous paffer au fil de l'épée ; & non con-
tent de cette exécution , il exerça fa vengeance fur
tout le plat-pays de l'Iémen , où il fit mourir un
nombre infini d'Arabes , & caifer l'épaule à tous
ceux qu'il laiifa en vie , & qu'il jugeoit capables
de lui pouvoir faire la guerre.
La plupart des Hiftoriehs Orientaux écrivent
que ce fut au fujet de cette dernière adion que
l'on donna à Sapor le furnoni de Dhoulaéiaf :
cependant TAuteur du Lebtarikh dit que, ce
Prince fut furnommé , non pas Dhoulaéiaf, qui
fignifie aux Epaules , mais Dhouldcnaj ^ mpt
qui fignifie aux Ailes , à caufe de la proteélion
qu'il donna aux Arabes après qu'il leur eut ao
cordé la paix ; & il raconte k ce fujet l'hiftoire
ûiivante :
144 Bibliothèque
Malek Ben Nàffer , un des Ancêtres de Ma-
homet , étant venu en qualité d'Ambafladeur de
fà Nation à la Cour de Sapor , pour tâcher
d'appaifer la colère de ce Prince , qui faifoic
faire une fi grande boucherie des Arabes , &
lui demandant pourquoi il ufoit de tant de cruauté
à leur égard , il lui répondit qu'il avoit appris
de fes Aftrologues f qu'il devoit naître parmi
leur Nation un Perfonnage qui devoit un jour
renverfer la Monarchie des Perfes , & qu'il pre-
nait d'avance toute la vengeance qu'il pou-
voit. / '' ' >
M^lek Ben Nafler dît a Sapor , qu'il ne fal-
loit pas croire comme des oracles , les prédic-
tions des Aftrologues , qui font fi accoutumés
à mentir ; mais que , quand bien même ils
auroient dit la vérité , il lui fembloit qu'il érbit
de la prudence des Perfes d'en agir avec plus
de douceur envers des gens qu'il croyoit devoir
être un jour leurs maîtres. Sapor fuivit le con-
(eil de Maiek , & empêcha que Ton ne pafsât
outre à l'exécution qu'il avoit commandée fut
toute la Nation des Arabe». Il arriva même ,
depuis ce temps-là , que Sapor les prit fous fa
proteélion particulière , & les favorifa toujours;;
& c'eft de là que les Arabes , en reconnoiiîànce
de la douceur avec laquelle il les trairoit , le pro-
clamèrent Dhoulàcnaf , c'eft-à-dire , leur Pro-
teéleur.
Sapor ayant voulu un jour s'informer par lui-
même de l'état de TEmpire Romain , fe hafarda
d'aller à Conftantinople , & de s y cacher foos
la forme d'un AmbaÀàdeur : mais il y fut bien-
tôt reconnu & fait prifonnier. Cet accident fut
très-fûnefte
Orientale. t'^$
tiès-funefte à la Perte ; car l^s Grec» ou Ro«
mains s'emparèrent , pendant fa captivité , d'une
grande partie des provinces de (tè Etats.
Il eue cependant le J>onheur de gagner , pen*
dant fa prifon , les bonnes grâces. d une des Mai«^
trèfles de TEmpereur, qui parvint ^ par fes ani«
£ces , ï lui procurer (a liberté , en lui enfei-*
gnant le moyen de s'échapper , & en lui -promec*
tant de lui lervir de guide> En effet , Sapor fe
fauva avec cette ûlle , & il ne s arrêta poin.t >
)ufqu*à ce quHI fût arrivé en un lieu proche de
la ville de Cazvin ou Cazbin en Médie , qui
n etoic pas encore bâtie , où il y avoit un Ora-
toire , nommé en ce temps-»U Soumâak leidan
Perêjiij qui fervoitaux Mages ou aux Chrétiens ^
& que l'on appelle aujourd'hui Sckabouran , à
caufe €fu'il s'y arrêta»
Ce Prince ayant appris ) du Gardien de cet Ora-
toire» rétat dans leauel la Perfe fe tcouvoit alors /
prit il bien fes meiures , qu'amailànt peu après
des troupes de plufîeurs endroits , il attaqua il-
k propos l'Empereur des Romains , qu'ii déûc.
entiér^ement fon armée auprès de Babylone , fit
on grand nombre de prifonniers , & recouvra
tous fes Etats en fort peu de temps.
La ville de Cazvin doit fon origine à Sapor ;
car ce Prince , après avoir chafle les Ronjiains.
de la Perfe , & fe reflbuvenant que c'étoit à
Schabouran quil avoit fait le premier projet du
recouvrement de la Perfe , réfoluc d'y bâtir une
ville 9 qui porta le nom de Caivin ; & ce fuc
pendant la conftruâion de cette ville , que lea
Di^emites fes voidns vouloieiic empêcher qu'il
Tome V^ K
14$ Ib I A L t O t R Ë Q O S
fe déterminât à fair^ la guerre à ces peopleâ.^
& les fournit entièrement à fon obéi/Tance. .
Le même Prince rebâtit aaffi l'ancienne :viIlQ
llç Sous ou Schoufchter dans le Kbou;tiftan | & lâ
nomma de Ton nom Kfiauat Schubour, Cette ville
a porté auffi le nom de Cvrkh. . -
' Sapor Dboulaâaf vécut & régna foixante &
douze ans ; car les années de fon règne s accor-n
Sent parfaitement avec celles de fa vie ; il laiiia
pour fucceilênr Sapor foii fils , crui fut pendant
quelque temps Xpus la tutelle a un Ardefchir ,
que plufieurs comptent pour le. dixième Roi de
cette dynaf^e; "^^
Nos Hiftoriens marquent le coi^mencement.
du règne de ce Sapor Tan 16 d^ .Dioclétien ou
de TEre des Màrcyrs , dans les commencemens
du règne du grand Conftantin , Tan 3O5) de J. C,
& fa fin fous TEmpereur Théedoii; y lan 4!AIe<«
Sandre 6<}X ^ qui eft de J. C. )8<>. Le gr^nd
Conftantin mourut à Nicomédie , krfqu il fe
préparoit Ik hii faire la guerre , Tan de J. G. 535,
après que Sapor eut en vain aâiégé la ville de
Mifibe & facdagé la Méfopotamie«
Cependant Sapor attaqua derecUef Nifibe, fo^j^i
TEmpereur .Confiance , f^ns aucun fuccès \ mais^
il défit l'Empereur Julien TApoilat, Tan de J. C.
175 , fit la paix enfuite avec iovien ^ duquel il
reçut la ville dé Nifibe, d où les Chrétiens furent
tranfportés à Amida du Caraëmit. Il défit encore
1 Empereur Valens) & moufui: feus rEmpire de.
Graiien.
SCHABOyH'BEN SCHABÔUR. Sapor ^
tJ Ji t fe îff t À L fe. ÏJf^.
^^trièmè du nom ^ fils de Sapor aax Epaulies ^
onzième Roi de Perife de la dynaftie des daifani^
des y qui ne fuccéda jpa^ immëdiacenient à fon
piere ; car Ardéfchif /fon oncle ^ qae les Hifto-^
riens difent aToir été freré utérin de Schaboué
Dhoalaâaf , gouverna pendant lefpace de douze
ans ; de forte que r«n ne donne k ce dernier
Sapbr que cinq années & quatre mois de iregne: ^
Nos Miftoriens difent que ce Sapor epvoyl
dès Âmbaiiadeliri demander là paijic bu grand
Théodofe, qui la lut accorda ^^ & 1 entretint pent
dant foti règne.
Ge Prirtce eut pour fuccéfleur Baharant , que
hos Hiftôriéns appellent Vardnes & Vararanesi
/
SCHABOUR. Il y â eu un Roi d- Arménie qui
S porté ce nom , & qui régnoit fous le Khalitac
de Moavîe ^ prettiîer Khalife dé la race de*
Oiifimtade^ > & de TËmpereur Gonflantih jfils
dHcraclius.
iSCHABdURÀBAI) , ville dé Sapon Qâel^
qués-uns appellent ce lieu Sàïràbai ^'qui eft
proche de jérufàlenl , & dans lequel Efdràs mou^
i-ut & rèâafcka 5 fiitVanc la tiradicioA Mahomé-
tane; (.
SCHÀPUKIAM , îé Plaifir & lé Défir. Cti
hiot Periien , qui eft coihpofé dé deut autrer,
ëft lé nom 4i*iifrte province fabuteufe du paya de
Giniîiftah , que ')ei' Romans Orientaux difent
éfrfe peuplée de Dives i8c de Péris.. Céft un pays
non moins fabuleux que la province, de Schad-v
team. Nous poumon^ l'appeler U R^aumt dki
Kij
i^S Bibliothèque
Féts y comme X Empire des Génies , ou encore
mieux , en fuivanc fa ptopre fignification , VtPayt
de Cocagne.
La ville capitale de ce pays imaginaire porte
le nom de Ghevher abad en langue Perjfienn^,
nom qui figtafie la Ville des Joyaux <^q\x Mehe^
Un & Manan , qui étoient de îefpece des Péris
ou bons Génies , r^n'oient au temps de Caher-
man.
Ces deux Bois Péris ou Fées » qui étoient tho*-
kftés par les Dives ou Démon») qui leur faifoienp-
continuellement une cruelle guerre , ayan^t appris
que ce Héros étoit à la Cour de Schelan Roi
d'une autre province du Ginniftan , implorèrent
fon fecours contre de fî fâcheux voiiins , & Ca-
iierman ayant acquiefcé à leur prière , exécuta
tians cette, occafton les grands exploits qui (bnt
décrits amplement dans Te Gaherman Namefa.
SCHAFE* ; nom d'un des aïeuls du fameux
Doéleur Schafci , qui defcendoit en ligne direde
d'Abdalmothleb^ aïeul de Mahomet. Vcye^ le
jfitre qui fuit.
- SCHAFEl. Sofnom d'Aboa Abdallah ;Mo-
hammed Ben Edris , ainfi furnommé de SchafS,
un de fes Ancêtres ^ qui defcendoit d'Abdalmo^
rtfaleb, aïeul de Mahomet. Ceft cette origine
3ui fait que Ton donne à ce Doâeur le titre
*Iman AL Mothltbi j auiS 'l>ie:« jjwe. celui de
: A'ref Billah ^ Savant en Dieu. .
Schafèi naquit à Gazah, ville de Paleftine , vers
Tan 1 50 de l'Hégire ; il vitit/à 3agdet Tan 1 95^
& iit le pélermage de k Mçc^Me « d'où étant de
O m î E * T À.L JE; 1^9
xetoar Tan 198 , il en forât pour pafTer ctt
Egypte , où il entendit Malék Ben Ans , céleJ>re
Iman & Doâeur , &. mourut dans le même
pays Tan 104. , âgé de cinquante-quatre ans.
• Ce Doâéur cft le premier, qjii ait écrit de la
Janfprudence parmi les Mahomëtans ^ & qui
compofa un Livre iur les Oiioal ou Fondemens
da Mufulmanifnie , dans lequel tout le Droit ^
tant civil que^ canonique des MahomécaqSy eft
compris.. . , ' -
On a de lui encore. un Livre intitulé Sonan^
ficuti autre qui porte le titre de M&fnad y ijui
traite de la même matière ; fa doélrine eft
tellement at^torifée parmi Ijes Mufulmans Ortho^
doxe$) que Saladia fonda an collège dans la
ville du Caire , dans lequel ^il.étoîc défendu d'en
cnfeimer utue aiitre. Il y a eu cependant quelques-
uns^ (k fe» envieux qui lui ont préféré le Doâeuf
Abou Hamed Ahmed.
La . mofquée magnifique , accompagnée d'uii
collège^ qui fut bâtie 4ans la ville de Herat;ea
KhoraiTan , jpiir Gditàth eddfn , Sultan desGauri-^
des ^ fut aftsSée aux! DoxSeurs de la Sede dé
Schafêi ; & l'Auteur du Lebab écrit que tous les
D^eurs de la vi)le de Farab ou Fariab > daha
la Tranfoxane y' étoient toos/Sçhafeïens de
Sdéïie. ; .
Il y a une Hiftoire de ces Doél^urs , Seâa-»
teurs de Schafêi , qui porte le titre de Thabacat
Al . Sckafèïdi ^ où « ils foiit rangés en ' diverfes
claies.
. Quant aux TradjtJons Mufulmiines , Ton dît
Î[jie Schafêi le$ reçut de Malek Be>î Ans, & (ju'il
es tranfmit à Zohari : car il eft important parmi
K iij
i^ B I "33 IL 1 O 7 H E 'Q II E
ks Mahomëtiœ. de ravoir le canal par lequel lei
Trtdicions qui ûrent leur fource de leur Prop^et^^
ibnjr yenuies jufqu'à eux.
SCHAGIA' & SCHEGIA. Schah Schegîa ,
le Roi courareux. Ceft le titre de-Gelateddin |
Îuatrieme Sultan de la dynaftiedesModhaffériens^
1 étoit fils de Mobarezeddin Mohammed Mod*
h^ff^ï, & il $'accor4Ja avec Tes deiix frères, Scfaafh
Mahmoud & Schah Solchan , pour emprifcmnev
](sur père , dont ils craignoient la colère.
' Sçnah Schegiâ fut cependant ' i|n * très-grand
Prince , & h eut point de part k koutr^ge- que
jSchah Solthan ât à fon père en ie privant de la
vue. Il vëcut cinquante • trbii^aiis, en- ft^gnii
vingt-fix, &itulttrut l'an S/^^j'Hègire.
Ce Prince etoit fort (ayant , & avoit la mé-i
moire a heureufe v qu'il récitait (m le 4:hamp^ juf-^
qu'à huit diftigues Arabiques $c Fer6en5,qii*il «âfvttft
entendus une f^^is , & l'on dit nfémt qu*îl-a tomr
pofé quelques Poéiîes qui ont) été >eftim;ëes^ I{
eut pour fuc^eCeu'r Schah Mâhm0udÇothbe4<iin,
fon frère, qui s'éioit révokétomFeilui& avoit
itë obligé de s enfuir auprès du Sdtan Avis , qui
lui donna fa fille en mariai^e/le renvoya à tÇpa*
hkn , & le-remit'en pofiei&on de Scfairaz.
Ce Sultan eft appelé plus fpuvcnt Schah Schih
gra ^ Schah Sçhugiâ { qa^ Schah Schagit, '
SCHAGR ALDORR ou ^SCHAGI AR AT ,
& SCHEQERET ALDORR , femine oa cpiit
çubine d'Al Malèk Al Saieh , pénultième Sultaii
^e la dynaftie dç< A^oubit^ u:u'Rqîs dç la faimilç
de Saladxn, . \r 'T.
O RI E TT T A l e: ^51
Celte Princ^iTe, qui étoiz Turçue pu Grecque
âe nation ^ et oit douée d'une rare beauté & d'un
grand courage. Elle eut un fils , furnommé Al
JMnlek Al Mcàdiham y qui fut le dernier des
Sultans Aioabites, & époufa Azzeddm Ibek le
Xurcoman , avec lequel elle gouvernoit entière-
ment l'Etat de ion fiis. Mais ce fils étant mort^
& Azzeddin ayant été proclamé Sultan par les
Mamelucs» SchagValdofr , qui vooloit toujours
régner, entreprit fur la vie de ion nouveau marf,
diiquel elle fe jelfiâoît, 6c te £t mourir , après fiit
^u fept ans de regfie;
Les Mameluc^ , qui avoient exécuté le mau-^
vais defiein de Schag'raldorr , ne pouvant plus-,
-àleurtaur^fouffiiir le gouvernement d'une femme
qui commandoit fous le nom d'un fils qu'elle
'•♦oit eu d'Azzedâin Ibek , qui n etoit encpre
qu'un enfant^ fe défirent aufH d'elle, dépoferent
eec enfant , & élurent pour Sultan un de leur
nàcion , nommé Cothoui , qui prit le titre di^
Mahk AI Modhaffir^ Vm de IHégire ^57.
^ ••
SÇHAH. Ce^not fe prend auffî fouvent poUr
le Roi du jeu des échecs , qui nous eft venu de
J^erfe , 8ç des Indes dans la Pcrfe.
Les Arabes , qui ont pris ce nom des Perfans,
^pfeur fisfnîfier qu'il ne faut jamais méprifer la foi-
bleiïe cte fon ennemfi^ difent , en forme de pro-
verbe : Farohba ma camarat au eofnàrat beUei'^
dah alfchah. ït\Jn toîon embârrafle & emporta
. fottvent le Roi des échecs «c.
Les mêmes Arabes difent , aînfi que les Fer-
ians : Schah mat , pour exprimer ce que les
Italiens appelliçnt ôcc^cço v\atto » & nous autres ^
Kir
15a B\ R L I O.T H E.O V E
Echec & mat , façons de parler prtfes des langues
Orientales.
SCHAH COULI 5 ncfm d'un perfonnage qife
lesTurcs appeleor ordinairement «yc/k^/>/lan CpfiU^
Ce premier mot fignifie YEfclave du Schtih où
Roi de Perfe > & le fécond fignifie YE/çlave on
Serviteur du Diable.
Cet homoie étoic un Sofi, du nomlnre des
Difciples & Seélateurs de Scheikh Haïdar, père
de Scnah Ifmaët , Roi de Perfe y qui fe tint cach^
fept ans entiers dans une grotte , où il fe faifcôc
Yoir à peu de.gens^ éc'parut enfuite tout d'un coup
en public ^ conviant les Peuples à emhrafTer fci
Seâé Haïdarii^nne ou Soôenoe > & les excitant à
la re'volie^
Scliah Couli: ayant fn ft faire fuivre^ par im
grand nombre de gens f^ns aveu , groâit in/^n.
iiblement {qs trompes , & fe faifit cCAxtaliah ou
Satalie dans la Pan^philie^ province de TA^ie
Mineure, ville qui eft à la tête du gojfe qui
porte fon nom. II fe fortifia de plus en plus dans
cette ville , & ofa faire tète aux forces que le
Bâcha de Natolie envoya contre lui.
Quelque temps après » Caraghuz ^Beglerbeg i/s
Natolie, marcha avec une armeede troupes réglées
contre ce rebelle^ qui devenoit tous les jours pWs
pttiffant; mais il eut le malheur detre battu & faic
prifonnier par Sçhah Couli, qui le fit empaler
îan 5^15 de ^'H4gire, pendant que. Bajazet fecoad
ëtoit occupe à faire rebâtir Conftantinople , qu'.uA
tremblement de^ terre avoit preique renverfée.
Schab Couli continuant toujours fes.progF^
contre k% Tnxç^ % r^dloiç. d^ grand? fetïWfis, 4
O R I.E W TîA^LiE. '. IJ}
Schnh Ifmaël Roi de Perfrv mais ,^ comme il
donnait une tr(^ grande licence à fes foidats ^
& qu'il faccagea une - riche caravane , donc il
malTacra cou^ les Marchands ,& que Schah If-
maël fe trouva intérefle dans cette affaire , cer
Prince lui ôta le cominandement de fes croupes,
& le fit purtir de mort.auiHrtôt quHl put lavoir
entre 'fes mains , & rë^aifiC e;n efçlavage la plai
grande paiitiè des foldat^ qui lavoient fuivi, .
SCHAHÀNSCHAH , Rm des Roi?. JCfft Ù
titre ou furnomde Babaram , &k de BaWram fila
de Scbabour,,Roi de Perfe, qui ne réjprria que
quatre mois, & qui eut pour fucceflèur Narfi',
ion frère y qui régna neuf ans,^
Les noms de Schahenfchah & de Schahinf-
cliah fo^t dérivés de celui+civ&c je ne. fais pas
|>ourquoi Khondemir. dit , dajns la Vie dé ce ijà*
iiaram fécond , que ce nîi)t;.4eî S chahenfchak
fignifie Nikoukiar , c'cft-à-dire , Bienfaifaïu.
SCHAHENSCHAH &SCHAHINSCHAH.
Ebn Amid écrit qu'Adhàd aldoulac, fils de Rok-
naldoulat , Sultan de la Maifpn des fiouides » fut
déclare le premier Schahenfchah Aâdham. Malek
AI Molcuk ., le graâd IJU>i..des Rois , par Thâi
Lillah , Khalife de la Maifon des Abbailides , l'an
}(j8 da THégire.
Le méniQ Auteur dît.aufli que le Khalife
Caiem Beemrjllah^ KMif<B<les Abbaffî4es , ajoutai
le titre de Schahenfchah, à ceux que -pôrtoit Ge-
lalaldoulat ) Sultan. 4< la même dynailie da
Souid^K
IJ^f B I B L I O 'T H E Q » E
SCHA*teEHAN , le R^vàu Monde. Ce4
le titre ou furnom du Sultan iCothbeddîft , fils
dçGelaleddin Soïourgatmifèh, qui éft le huitième
& lé dernier de la dy/iaftie des Carakfcathaïens ^
cjui orrt régne dans le Kerman en Perfe. Ce
TPrihce fut chaiTé de fes Etats par Qazatifchan ^
Empereur des Mo^gols ôcTartares de ta race de
Ginghizkhan; & vécut en l^ommé privé Sans la
ville dè'Sthiraz pérfd'ant tjueiqûe tèmp5f. CôAmé
il étoit fort riche , il obunt aifement dans la
fuite le gouvernehiâii; HWvfe* tille , I(fc e^t'une
^Ue^nommée^MakhdôumSéhah^ qui» fut femnte
de Mobareacddin , Sultan de la dynàflîe ' des
.ModhafFëriens, & mcre des Sultans Schah Sche-i
eiâ & Schah Mahmoud ; Sultans • de. la même
qynauie. - * , ' • • ' >?<..= .
G? Sdtahgehâiv atoit commencé à Tégner Tau
70} de l Hégire i & ne régna que jj^efidanrdeuX
ians & quelques mbiff; *
SCHAHGEHAN, furnoni du Sultan Çoroun
<)tt Corëuin , qui en peut-être le fnêirfé ^neGa-.
inofan , filé de Sr:hah Selira , furnom méGeéd/i*-
ghir , ifik d* Akbar , Empereur i4^ Moçôh dam
les Iridès 11 eft le ilkiemè depuis Tamerlan ; &
•defcend de la branche de Miranfiôliahv traificme
4ili de^ce* Canquér^ht ^ ^ laîné des d'eux qui lui
furvécurent, car Schahrokhne fut que fôn cadet ^
Miranfchah eut Wodr fils Mirzà Mohammed
Sultan ) |>ere du SuPtart Aboufàid. Aboufâid eut
pour iîls Omar Schéikh ; c«ltti-ci Babor , père
de Humaioun pem d'^AÎ^fear* .
^çhahgehan commença à régner daps les Ini^i
.Fan 'de l'Hï^gire ^037 , qui eft d^ J, C. i^iy ,
^linnée de la (non de Gehangbir , fcm père ; car
4on neVeu iip pçrca la CQUfpnne ^ue pendiint
.' . * I ■
SCHAHIN MIRZAi nom du fils de Schah
.Abbas , premier du nom , qUi fut nommé énfuice
iSchah Séfi y lorfquHl régira en Perfe 0|>;è5 jta
mon de fon pcre , Tan de l'HégiiPe 10 j^ , x[û\
.:çft Tan téaj dé J. C.
Le règne de ce Prince fut de douze ans ^ c^î"
-il mourut en 1642 , & latflà .pojur fuççeflèurfini
,^\s Schah AJ}i)a$ , iecond du fiom, >
• • I
SCHAHKEVHERAN , SCHAHGUHB-
RAN & SÇàAHGEVflEîlAN , le Roi des
* /oyaux, ou ia Remç des Pierres ptëcieufes. C'éft
atnfi que- les Perfaris appellent une piètre pré-r
cieufé , dont ils difent que le* TCirtus font (i ex-
traordinaires , quVlïes parôîflent fabuleufès.
' 'L'Auteur du Kaouam almulk dit que cette
pierre a une vertu mAgn.eciqiTe , pat laquelle
"elle attire les autres pie.rre5 précieufes, de même
'çuel.âîîiianti*çtir^le fer; &il raconte que KKof-
roès Pârviz^ Roi de Perfe' de la quatrième dy-
iiartie dite 'dei\Sàj[faTuSey' y ayant perdu une
))agu€ de très-g^rànd prix .,' qui éioit tombée darïs
la riVieïe ^ù Tigré , plrè3 du lieu oîi la vflîe
^é Bagdet a été depuis fcâtie% îHa recoiivrâ par
le moyeti de cette pierre , qùil fit attacher au
1[)out d[*unè corde ^ & j)i9nger dans l'eau de îa
même rivierç. * •' •
}1 fem]ble qaç le Mabizer, poifîon d or, foit cette
Ï56 B I B L I O T ME QV t
même pierre que Ton dit fe trouver fur hs bords
de la mer d'Oman , qui eft TOcëan Arabiqui» &
Indique, & de laquelle les gens (du paysfe fervent
pour pêcher d'autres pierres précieufes qui £e trou*
yenc en abondance dans cette mer.
SCHAHMANSOR BEN MODHAFFER.
Ce Prince , qui étoii neveu de Schah Schefi:iâ
Roi de Perfe, eft le cinquième Sultan de la dy-
liaftie des Modhaffëriens, Il fit h guerre à Ali
Zeinalabedin , qui avoit fuccédé à fon père Schah
Schegià , & le fit fon prifonnier. Celui-ci cepeiH
dant ayant été tiré de prifon par fes anniis , donna
un fécond combat à Scnah Manfor , & fut encore
-vaincu.
Schah Manfor fit priver de la voe ZeînaU-
bedin , & fe rendit maître de la ville de Schi-
raz , l'an 790 de l'He'gire. Mais, lan 795 ,
Tamerlan , qui s etoit déjà rendu maître d'ifpa-
han y vint ïy attaquer. Ce Sultan fut aflez brave
pour lui.livrer bataille ^&. il le ble/Ta même dans
e combat. Mais enfin il fut accablé par le
grand nombre des Turcs & Tartares de 1 armée
de Tacqerlan , & fut obligé , après avoir reçu
plufieurs bleflures, de fe retirer vers Schiraz.
,Ce fut dans cette retraite qu'un des Offciers
de Mirza Schahrokh, fils de Tamçr^an., qui îe
. pourfuivoit , le reayerfa par terre & lui aonoa
le coup de la mort. La dynaftie ^es Modhaffë-
riens s'éteignit avec lui ; car Omadeddjn Alwned
& Schah lahia , que Ton met au nombre des
Çuîtans ModhaÔëriens , périrent à peu près dans
la même année.
i
r
O R I E N T A L E. IJjr
SCHAHMODAFFER ; nom du fils aînë de
Schah Mohammed Ben Modhaffer , Fondateur
de la dynafiie des Modhaflfériens. Ce Prince
mourut avant fon père ; mais il laiiTa un iils^
nommé Schah Manfor , qui fut le cinquième
Sultan de cette dynafiie.
SCHAHMOHAMMED BEN MODHAF-
FER. C'eft le premier Suhan de la dynaftie dès
Modhafférieçs. Il a porté auilî le furnom de.
Mobare^eddin ^ & fut fait; d abord Gouverneur
de la ville dlezd en Khprafan par Aboufaîd ,
Sultan des Mogols ou Tartares , lap 718 de
THégire.
L'an 7:29^ ce Prince, après avoir défait eirr
plufieurs combats les Nikoudariens , monta à un
fort haut degré de puiiTance , & époufa la fiile
4u Sultan des Carakhatbaiiens^ nommé Cothbed^
din ^ fils de Soïourgatmirçb , furnomitié Schah^
gehan. Il fe fit enfin Souverain après la morc
ÀVL Sultan Aboufaîd , l'an 741 , & régna oy gou*
verna quarante-deux ans y vingt-deux à lezd ^
ireîfse dans le Kermaci , & fept en Perfe*
SCHAHMUHUREH , la Pierre Royale ^
nom d'une pierre que Ion trouve dans la tête
de rOuren Bad , efpece de griffon , ou plutâ^t
d'aigle royale , qui ne fe voit q^ie dans les mon-
tagnes Hyperboréennes y que les Orientaux ap^*
pellent la Montagne de Càf.
lut Roman Turc & Perfieu , intitulé Tkdmu*
rat h Nameh , dit que cette .pierre a plufieurs ex-
cellentes qualités & propriétés ; car fi quelqu'un
la porte far foi y il n'y a,au.cj(in.aj(iinial venimeux
i5* Ô i B L t d t rf i $ 1/ fe
qui oft tn appirochier ; & que fi quelqu'un ivôH
été empoifonrté du plus mortel pdîfôn qui foit
fur la lerrc , le- poids d'une drachme'de cette
pierre , mife en «poudre & avalée ^ le guétiroic-
en un inftant.
SCHâHROkM ËEMàDIR & SCHAH^
hOKH MIRZA. Oft le rrom do quatHeme,
fils deTàmerlan ^ quî lui donna le nom de Sckah^
rokh y à caufe qu*it reçut la nouvelle \ie la naif-
fance de te Pririce dans le tethps qu'il jouoit
aux échecs , & qli'il avdït fait le coup que !é?s*
Perfàns appellent Schahrokh , qui eft teriqùe lé
Roc , que nous appelons la Tour , & que quel-
ques-uns veulent être le Chevaliei* , a dohtié échec
àù Roi;
Ge fut aum pOùr cette i'âîfori qu'il doiiha le
jfroth de Schnhrakhiak à 1^ ville que Mohattirtiéd
Ben Gehanghii-j fon petit-fils , faifolt bâtir par
Ibn ordre fur la rivière de Khogehd , que les
Arabes appellent Sihoriy & que les Anciens ont
tiommée laxànés,: ' * -
Schalirokh fuccpda àfoh pert Tanlerlan T^it
iBo7 de THégirç ^ &. fit la guerre prefque P^rt-
darrt toute fa vie à'Càrà Jaufouf , Prinfce Tura
comart de |a dynaflie dû Mouton Noir j & à
fes deux enfans ^ & mdurut l\n 850 de la même
Hégire , après un régné dé quafenre-trois ans ^
à rage de folxante-onze ans ôU environ ^ dani
}a ville d? Reï. ' •
Ge Printeiiè' $ erf pas tetidii moins célébré
par fa jufticè^ o^r fa -piété / & par fa libéralité^
que par fon courage & fes autres vertus mili^
uïtés : car , après âtoir défait Qrftrois^ éom^ats
Or 1 è » * A i t. i t5§»
dîfSérens Gara» Joufouf , il cémbactit & ydiriquic
encore Gehanfchah & Ëskender , fes ,enfafîs ,
après la mon de leur père. II rendit cependant
quelque temps après la province d'Âdherbigiaii
à Gehanfchah , qu'il fit (on tributaire y & iaiflft
Eskender. fugitif & eri-ant de province en pro<*
vince. - ' _ ^ -
II. rétablit y Tan 8i8 de TM^gire , la fameufet
forteréflè ou château .de h ville de Herat, que
Ton nomme Ishtiareâdin , que fon père avoir
autrefois détriiite , & employa fept mille hom-^
mes, qtt*il paya de fes deniers, pour enperfec*
tionner les Ouvrages. Il fit rebâtir auiS ^ noa
feulement les murailles de la ville de Herat ^
mais encore celles de la ville de Meroa ,. qui
n avoient point été relevées depuis la ruine qu etl«
avoir foufferte dans Tirruption de GinghfZ«
khan«
Les enfa^ de Schahrokh font Ulug Beg , fonr
aine, qui eut le Mauaralnahar ou province Tran-*.
ibxane avec le Turqueftan à gouverner.
Le fécond , Aboul Feth Ibrahim ^ qui gouverna
la Pcrfe, du vivant de fon père , pendam Tef-
pace de vingt ans, & moutut Tan 8j^8 , douze,
ans avant la mort de fon pfre. Ce Prince laîffa
dans la vilIe-de Schiraz plusieurs Ouvrages qut
ont confervë fa mémoire , & entre autres , un.
fameuxi'Madrafââh ou Collège , qui porta le nom»
de Dar alfafa^ Maifon de joie fit de plaifir. On
a de ce Prince plufieufs petits Poëraes & Inf-
crxptians de^fa façon > & ce fat \ lui que Schar-»'
feddin Ali lezdi, qui palTe pour le plus éloquent
des Hlftoriens de Perfe, dédia le LiVrc intitulé
Dafêro^ \LafiiT Nanieh , Livre des Viéloires.,/
I^ B I B L I O T ir £ Q tf £
l'Uifloire de Tamerkn, qui) aroit compofé« par
fon ordte, Tan 8a8 ie ïHégne*
Le croifieme dès enfans de Scbahrokh fut
nommé Mir^a Bàifaniar ou Baïfangor ^ qui
mourut auffi du vivant dô fon père ^ Tan 837 de
l'Hégire, un an avant la mort de ftm frere/Ibra-
him. Ce Prince laifTa trois enfans , Mirza Ala-*
âldoulat, Sultan Mohammed Mirza , peredla*
dighiaf , & Mirza Babor Aboul Ca^em , qu'il
ne faut pas confondre avec un autre Babor, £is
d*Omar fchekh , & petit^^fils d'Aboufaïd, Toua
ces Princes ont régné féparé^ment qu conjoin-
tement , & fe font fait les uns aux autres de
cruelles guerres.
Le quacrieme fils de Schahrokh fur Soïourgat-
mifcb , qui commandoit de la part de fon père
dans le Fays de Gaznah & aux Indes. <Ce Prince
mourut l'an de l'Hégire 830, avant la more de
fes deux autres frères, pendant la vie & le règne de
Scbahrokb fon père.
Le cinquième & dernier fils de Schahrokh \
dont les Hiftoriens faflènt mention , '^^^ Mirza
Mohatnhied Giouki ^ qui mourut Tan 84^ de
l'Hégire , deux ans avant la mort de fon pete.
L'on peut remarquer ici, que Mirza Kbalil
Sultan, fils de Miranfchah, troifiemefils de Ta-
merlan , qui avoit fuivi fon aïeul dans fon expé«
dition du Khataï , & qui fe trouva préfent à fa
mort , arrivée Fan 807 de THégîre , dans la ville
d*Otrar , s'empara aufîî-tôc des Provinces Tran-
foxanes & du Turqueftan , & que Schahrokh ,
fon oncle , le confirma' dans cette- poâèffion. Il
arriva cependant qu'un des Seigneurs de fa Cour,
nommé - Houjfaïn Khoudaïdad , s*étan.t révolté
quatre
r
Or I e k t a l e. ' 161
qiutre ans après , fe faiiît de fa perfonne & le
tint prifonnier , & appela le Roi des Mogpis ,
nemmé Schamâ gehan , pour prendre pofleffioit
de fes Ekats ; mais ce Prince punie le traicre d<
fa dëfeiîtion , & envoya fa rête au Sultan Schah-
jrokh.
Schahrokh arriva auifi- tôt après, cette exécu-
tion dans le Mauaf aljaahar ., & reçut les hom-
mages de Khalil,.qui avoir ^recouvré fa liberté.
Il le traita fort honnêtement , âc lui donna les
Provinces de llraque periienne & de l'Adher-
bigian , en échange des Provinces Tranfoxanes^
defqueiles il inveftit Ulug Beg ^ fon âls aiué.
L'Hiftoire de Schahrokh eft û pleine de belles
aâions & de grands événemens , qu'il faut avoir
recours au Livrp intitulé Mathlà MfadeïH , com««
pofë par Abdalrazsak Ben Gelaleddin Ishalc Al
Samarkand!, mort l'an 8&0 de THégire , qui eft
une Hiftoire complète de la Vie de ce Prince &
4e fes enfans ,' fufqu en Tan $75 , qui eft le com-
mencement du règne du SuItM.Houâàïn Mitza^
$is.de Mirza Manfour fils' de Mirza Baïkra filf
de Mirza Omar Scheïkh fils de Tamerlan*
Le titre de cette H^ftc^^efignifie^à la lettre
YA/ctndant bu YHorqfcope des deua: heureufcs
PlaneteSy/avoir Jupiter Sl Vénus^ï Auteur faifanc
allufion au furnom iiAbouSaïdy Heureux^ qui
S f toit Schahrokh , & au titre tle Saheb Keran ^
aître & Dominateur des Conjonûions j qui
était hérédiuire dans la famille de Schahrokh» . '
\*
SCH AHSCHEGIA & SCH AH SCHUGIA ï
furnom d' Aboul Faouaris Gejaleddin fécond ,
fils de Mohamnlfd Ben.Modhaffer Mobamzed.^*
Tome F. ' ' L
w
i6ii Bibliothèque
din , Fondateur dé la djnaflie des MadhafféneUi*
Ge Prince , qui fuccéda à fan père > devint
Sultan & maître abfolu , non feulement de la
province de Perfe , mais encore de llraque Vef-^
tienne, & acquit une grande réputation de jjaf*
tice & de valeur» Il protégeoit les Gens de
Lettres, avec lefquels il àvoit de fréquentes con-
férences , comme étaftt lui-même tres-favant &
fort bon' Poëte. Selman Saouaei , un des plus
filuftres Poètes de ce tempé-là , devint un de fes
meilleurs amis. L'on dit qu'il étoit attaqué d'une
maladie que les Arabes appellent Giou bakar ,
Faim de hauf^ de même que les Grecs Tappel*
lent Boulimia , & que nous nommons Faim
canine,
" Schah fchecîà régna vingt-iîx ans ; tl mourut
Tan j%6 de FHégire j & laifia pour fùccefieur
Ali Zein alâbedin , fon âls. '
SCHAHUZBEK , le Roi des U^teks. Cet
le même que Schaïbek , qui prétèndoit defcen^
dre de la race de Ginghizkhan^ & qui fie h
guerre à Abou Sâid , ûh d*Algiaplo«. Ce Prince
régnoit pour lors dans la campagne ou défert
nommé Uefcht kepckdh , & pénétra fofque dans
le Khoraian & autres provinces* de Perfe.
SCHAHVELI ; nom d'un Prince qui con^r
mahdoit dans le Mazanderan du temps de Ta^
meilan, & qui- fut défait &'hié' par ce Con^
♦ * » » »
schaïbek KHANî nom d'bn Piittce de îâ
race de Gioi%i'ou Tôuicht , û\% aîné de Gin-
O R t 1 N T A t 1. ' I^)
gfallskham II ëtoit £ls de Boudak, SuUan qui
rëgnoit dans le pay^desUzbeks, ceft- à-dire dans
)a grande campagne no'mmée D^cht kapchak
oa kipchak ^ au dejfTus de la mer Cafpienne , en
tirant vers le fepcentrion & le couchant»
Schaîl}ek pafla avec une puifTante armée dan^
les Provinces Tranfoxancs 5 l'an 900 de THégire »
& de ïk dans le Khorafan , & £e rendit en qua-»-
tre ans entièrement maître de ces grands Pays,,
où il ré£;na l'efpace de douze ans, depuis l'an
904 juiquen 91^, tant en l'un qu en l'autre.
L'an 913, il entra dans le Khorafan , où il
battit Badi alzaman , âls aine du Sultan Houf-
iaïn ) fils de Manfour fils de Baïkra , qui étoic
mort dès Tan 911 , 6c .le pourfuivic jufque dans
riraque Perfienne.
Ce Prince eut recours a Schah Ifmaël Sofi ^
^ui le reçut fort bien , & marcha lui-même avec
toute» fes forces contre Schaïbek. Ifmaël le
trouva campé auprès de la ville de Merou , lui
Jonna bataille , & le fit périr Tan 916 de
mégire.
Schaïbek Khan eut pour fucceiTeur Coufchangi
Khan , qui étoit le plus noble & le plus puiiTanc
Seigneur des Princes Uzb^ks^ & régna vingt-
huit ans. Ce fut fous le règne de ce Prince que
Mir Babor & Ahmed Esfanani vinrent, Tan 5^j 8 ,
fur le fleuve Gihon ou Oxus , & le paflerenc^
Mirza Babor , qui régnoit fur les confins de l'In-
doftan , ayant joint fes troupes avec les leurs ,
cette entreprife leur réuiSt fort bien d'abord , ca?:
ils pillèrent tout le pays de Carfchi , & ils fé
feroient rendus maîtres de la Tranfoxane , û le
Sultan des Uzbeks ne fe fût pas avancé contre
Lij
1^4 Bibliothèque
eux', & ne les eût obikés de retourner dans le
Khorafan, Tan 93^ de 1 Hégire, auquel mourut
le même Sultan Coufchangi.
Abou Saïd , fils de Coufchangi , régna parmi
les Uzbeks quatre ans , après la mort de fon
père.
' Abid <)u Obeïd Khan , fils de Mahmoud , cou-
'fin de Schaïbek Khan , régna dans la Tran-
foxane, après la mort d'Abou Saïd, environ huit
ans , & mourut Tan 946 dans la ville de Bokhara ,
après avoir fait pluneurs irruptions dans le Kho-
rafan , & fatigué beaucoup les Gouverneurs '&
les Généraux d'armée de ochah Ifmaël Sofi.
Abdallah Khan , fils d'Eskander fils de Gia-
bek , ne régna dans la Tranfoxane que fîx mois
ou environ , après la mort d'Obeïd Khan , &
mourut Tan 947.
Abdallathif Khan , fils de Coufchangi , fuccéda
à Abdallah , Tan 948 de THégire , & règne
encore à préfent, dit l'Auteur du Lebtarikh ,
fous le règne de Schah Thamâsb , fils d'ifmaël
Sofi.
L'on a trouvé à propos de mettre ici ces fuc-
ceifeurs de Schaïbek , dont l'Hiftoire doniie beau-
coup d'éclairciflemeht à celle des derniers enfans
de Tamerlan , & aux premiers Rois de la dynaf-
tie qui règne aujourd'hui en Perfe. L'on trouve
idans quelques Hiftoriens, que Schah Ifmaël ayant
défait & tué Schaïbek , fils d'Uzbek Khan , qui eft
peut-être le même que Boudak Khan, fit faire du
crâne de ce Prince une tafle , qu'il enrichit d'or &
de pierreries , dans laquelle il avoit coiitume de
boire; C'eft ce même Ifmaël qui , quatre ou cinq
ans après, l'an 910 de l'Hégire, fut vaincu & dé-
r
y O .R I K N T A L E. I %
&tt 11 plate couture par Çelim premier du nom y
Sultan des. Ochmsnides. , ,
• SCHALM; L* Auteur du Mîrcat dit que la ville
de Jérufàlem s'appelle ainfi en Hébfeu. Cet Aur-
leur confond ce nom avec celui de *y^/em, qui
e& lancien nom de la ville de Jérufàlem , du
Ton prétend que régnoit , peu de temps après le
Déluge , Mélchifedek , que plnfieurs ont cru" être
le même jque.Sém ou un de fes enfans, qui efb
appelé dans rEcriture Roi de Salem. [
/-8CHAM. Sclihm Ben Nouh. C'eft ainfi que
les Syriens appellent Sem , fils de Noé , quils
difent avoir donné fon nom à la Syrie ; mais foa
nom le plus ordinaire, en Arabe , eft Sam. '
<
SCHAM & SCHAMAH. .C eft le nom que
les Arabes , & après eux les Perfaris & les Turcs ^
donnent aux pays que nous appelons la Syrie
la oone.
Les Géographj^s Orientaux donnent diverfes
étymologiès a ^ce nom ; car., les uns dtfe.nt que
h$ Arabes lappellent ainfi , à caufe quelle. eft à
leur gauche vers le, fcptentrion , de même que
riémen eft ï leur droite : oar ces deux mots ,
lémen fit, Schâm^ figniiîcint en Arabe la dhiu
& la gauche y & ils difçnt ordinairement Scha-
matan v.IoniQà^an ^ ppur dire à droite & à
gauche.
Les autres veulent que le.mot de Scham foit le
planer de Schdfnah ,. qui fignifie en Arabe ja même[
chofe que Khal % un poireau bUnc ., rouge ou noir ,
L 11)
7S6 BiBLtâTHfeQUZ
qui s eleve fur k peau , & que l'on appelle tinfi fs
Syrie , à caufe qu elle eft couverte ëe^plufieurs
collines qui ont ces différentes couleurs.
Les mêmes Géographes divifent la Sytie en
cinq quartiers principaux » dont Kennaflerin eft
le premier ; le fécond eft celui de Hems eu
Emeilè ^ le troifieme celui de Damas; le qua-«
trieme eft Arden , le pays du Jourdain ou la Ga-
lilée ; & le cinquième eft Falaflhin ou la Pales-
tine. Ces cinq quartiers s'étendent , félon leur
rang , du feptentHon au midi^ & font bornés à
Torient par TEuphrate , & au couchant par la
mer Méditerranée. * ^
La longueur de toute la Syrie , félon l'Auteur
du Meflahat alardh , qui eft le Géographe Per-t
fien , eft de vingt-cinq journées ; mais la largeur
eft fort inégale ; car où elle eft la plus large , elle
n'en a que dix. . . - •-
La ville capitale' de toute la Syrie eft Damas,
que l'on appelle Scham^ du nom général de fa
province , auffi ibien que Demejckk , qui eft foa
nom particulier.
Les Arabes appellent Bahr Al Scham ou
Bahr Al Schami la mer de Syrie ôû de Damas ^^
ce que nous appelons la nier' Méditerranée , qu'ils
difent commencer à l'Océan Atlantique , qu'ils
appellent Bahr Al Modhallam , la mer téné^
Irreufe ou inconnue ^tn un détroit qu'ils nomment
Bahr Al Zohakj & à une ifle qu'ils nomment
Genrat altarik , c eft-à-dire au Détroit d^ Gi-i
braLtar^ & lui donnent onze cent trente-fix pa-
rafanges de longueur jufqu'à fa partie la plus
orientale , qu'ils fixent à Souidiah , qui eft appa.-*
yçmment la viiJe de Saïde oa Sidon. Cette m^ .
0^ Il r s N T A I^ C. l6f
îtm^ ffai neft pat peuxréire calculée exadle-
2iienc ^ -eft tirée au Scherif Al Edriilî.
Ce inéme Auteur dit que la mer de Syrie ou h
Méditerranée a à fa droite la partie la plus fep-
tentrionale' de T Afrique , qu'il appelle Magreh
Al Acfa ; lextrémite du Couchant , qui eft la
Mauritanie 9 tSc enfuite le pays de Berber , la Bar« ,
barie , puis le Magreb Al AouiTath^ le Couchant
qu FArrique du. milieu ; puis le pays nommé
Afrikiah , qui eft Y Afrique proprement dire.
Après ce pays fuit, toujours à la droite ^ celui
qu'il appelle Vadi Al Remel y la Vallée ou la
Campagne des Sablons , qui eft la Tripolitaine
& le pays des Syrtes , & après celui de Ëarca &
de Loubiah , qui eft le pays de Barca » & la Pen-^
tapole jufqu en Alexandrie , d où cette mer , après
avoir reçu toutes les eaux du Nil , touche les
extrémités du Tiah ^ qui eft le défert que les
Ifiraélites ont traverfé , & s'étend enfuite jufqu'à
la côte de Syrie. C'eft là que comnience le côté
gauche , ou ^ pour mieux dire, feptentrional de la
mer Méditerranée , qui fuit les côtes de la Na-
lolie jufqn'à l'Archipel, & de là par l'HelIef-^
pont., ^ue les Arabes appellent X/ra//^ Al Cqf-
thantkinij qui eft le. oofphore de la Thrace^
par ovk elle fe joint aCi Bontos ou Bahrbontos ^
qui eft le Pont-Euxin ^ & retournant , pour ainfî
dire , par les côtes de Grèce ^^fe prolonge dans
le Khalig^Al Benadaki^qui eft la. mer Adria-
tique ou Golfe de Yenife , & de là s'étend en
Sicile 5 en Italie ^ & fur les côtes de France juf-»
qu'au Gebel Al Bornât , qui font les monts Pyré«
nées • & re^CHurne par les côtes de l'Andalous
oa Éfpa^) aux deux ifles de Tarik & de
Liv
l6S BlBLIOTHEQtTE
Hadhrali y- où elle a pris fon 'comtMnoemenr.
Le Géographe Perfieii dit que la ville la plus
renommée de toute la Syrie eft celle de Beïth AI
Mokaddes , la Ville Sainte , c*eft-à-dire Jérafe-
lem, fi tuée dans un pays mont «eux, dans la*.
quelle il y a un temple nommé Mafgei Al Acfày
3ui efl le plus grand qui fe voie dan& toute réten**
ue du Mufulmanifme.
Le temple de Saint Jean-Baptiile de Damas ,
que les Arabes appellent Ma/ged lahia , eft le
plus confidérable de toute la Syrie , après celui*
de Jérufalem. Valid , fils d* Abdalïnalek , Kha-»
life de la race des Ommiades , y fit élever un
ddme magnifique , qui donne fon nom à ce tem-*
pie ; car on l'appelle ordinairement C(?Wûr allât ^
& il raccompagna de plufieurs autres plus pe-*-
tits , qui portent le nom , Tun de Cobbat MérAg.^\
le Dôme de l'AJcenJîon^ceû'-ï^'àire de la motwée*
de Mahomet au Çiel; un ^xxtrtàe Cobbat, Ma^
hajcher\ Dôme de la Réfurreâton des Morts ^ &
un troifieme qu'il nomma Cobbat Miran. ,.• le
Dôme ou la Chamelle de la Balance^ c eu-à-dire.
du Jucrement final. .-;..:
Les Orientaux comptent, entre les lieux: les.
plus délicieux du monde , quïls appellent les
quatre Paradis de V A{i&^ G août hat ôckam ^ la.
Vallée ou la Plaine de Damas , quoique le JGéo*-
graphePerfien dife que lair de la Syrie n'y eft pas
lain , & qu'il caufe des maladies; & les fables des
Mahométans mettent le Paradis & le Jardin déli-
cieux d'Aram ou dlrem dans Ja Syrie , oui ils
prétendent quj* ScKedad la bâti.
Les Chrétiens -Orientaux ont auffi parmi eux ,
nnt Tradition , qu'Adam a été créé dans-la Syrie
O R I E If T A L E. 169
& proche de Damas , ^ forme d'une terre rouge
qui s'y trouve , laquelle ils ont peut-être cru
avoir, été plus propre à fairç 4e la chair : il y en
a même phafieurs qui ne font point de difficulté
d'affurer que le Paradis terreftre y avoit été
planté , ce Qu'ils ont peut- être. tiré de la Tradi-
tion fabule u(e du Jardin de Schedad.
Vakedi a fait un Livre fur la conquête que les
Mofulmans firent de la Syrie fur les Grecs > &
lai a donné le titre àefâth Ai Scham. Ebn Sad-
dad a compofé une Hiftoire complète du roém^
pays , & Scharfeddin Naffir allah Ben Mblta#
kem Al Tanoukki Al Hâlabi en a auffi caihpofé
un fur : les excellencek du même pays^ fous, le
titre icadh alvafuan ^fhihilat Al S chant. Cet
Oavrtigfe eft eti trois, volumes , & a été fait en-
viron fan 670 de l'Hégire. - - . "j
• Il n'y a prefque aucune ville de la Syrie., .qui
n'airf^on Hiftoire pamcûHere^
<j «
SÇHAMALG,4.NI ; fu^-nora d'un fameux Im^
Eofteur nommé Môfinmmed'^tjùi étoit natif d'une
ourgade nommée Schamalgan , fituée entre les
villes de Goufah & de BaiTorah.
Cet homn>e fut Auteurd'une Se<3é qui' rôu-
lolt entièrement fur la métempfycofe , quer les
Arabes appellent Al\ TannqfoukkiaB i mais, il
n'enfeignoit pas feulemefit^la trânfmigratiicui de(
âmes ; car il admettait auffi une communication j
& , pour ainfi dire , tr&ns^fiôn des mêmes âmes
les unes aux autres.
Il çomtnehça.pi^r abolir toute forte de culte
Jivin , foie légitime , foie fuperfU.tieux , & ap«
t
,5> ^
170 B I B L'I 0 T R E Q^ Û E
prouvoit toutes les conjonélioiis charnelles^ &
snême les plus abominables , ce que les Arabe»
appellent Ahahat ûlforoug' men dkoui alarhdmi,
& , pour comble d'im{Hété , il foiuenotc que
t'étoit par ces moyens exëctaUês t}ue les plu»
avanc^'s en connoi^ïknces comtnumquoient leur»
lumières aux moih» parfaits ; de forte çiii aCu*^
TfÂt que tous' ceux qui ne vouloient pas fouiFrir
cette communication de lumière , revîenâroiest ^
après leur mort , itïie autre fois au monde , pour
expier leurs fautes dans une féconde révolutiO]^
àe fîecles.
Ebn Mocla, Vifîr de Ràdhi, vingtième Kha-
life de la race des Abbaffides , £t faire le:ptocè$ k
ce fëduéleur ; qui fut Condamné par Iti Do6leur$
de la Loi k être ))endu & brûle , ce qui fut exé»
çuté Tande THégire jaz.
Ben Schohnah , en parlant de cet împofteur^
dit que la Se£ié des Illanûnés a pris fon ariginir
de lui parmi les Mufulmans , & que le principe
ott'fondament principal de leurs erreurs eioic
EUi/i âimofadhel ia^kab. almafdhoul kïoulag' fibi
alnour,
^ SCHAMMiLKI ou MULKI , la poflêffion
de la Tilie de Damas & de fes dépendances. Le
Tarikh Montckheb & Je Leb Tarikh difeni qge
Eîrefch -y c*eft-à*dire Cjrrus , premier Roi de
Perfe ^ donna au Prophète Daniel la pofleffîon de
la ville de Damas & de fes dépendances.
SCHAMOUIL: C'eft le nom Afibe du Vtor
pheteSamuek • . . * ^
Orientale. 171
SCHAMPADISCHAHI , le ilôi de Syrie.
Les Hiflioriens Mahométans donnent ce titre-auiç
Empereurs de Conftantinople , qui étoient mai-*
ti-es de la Syrie avant qu'ils en euflent été dé-
pouillés par les Mufulinans , de forte que Schant,
Padifchani eft ordinairement expliqué chez eux.
par celui de Caîflar , qui eft Célar.
SCHAMSEDDIN^ furnom dlîetmifch, ûh
de Fakre'ddin : il avoir été' autrefois efclave de
Schehabeddin , Sultan de la première branche de
la dynaftie desCJaurides , & il devint Sultan dans
la féconde branche de la même dynaftie des pro-
vinces de Bamiah Tokhareft.an) Badkhfchan &
de Schaganian,
SCHAMSEDDIN BEN ABOUBEKR
CURT» C'eft le petit-fils de Rocneddin Curt ^
qui defcehdoit de TEmir Azzcddih Omar AI
Marghinani , & qui b'rétehdoit tirer fon origine
de Gaiatheddii^i Mohammed, Sultan des (xau-
rides. C'cft le premier Prince de la dynaftie qui
porte le nom, de Molouk Çurt.
Quelques Àuteui:s , comme le Scheïkh FadheL
Sadr Scherif At Bokhari , homme très-fayant ^
qui mourut Tan 745 de rHégiré ^ a beaucoup
loué rEmir Azzeddin Al Gauri dans fes vers , &.
dit que le Sultâri Gaiatliéddin lui domia le gou-^
vemement de là ville de Herat & de fe^ dépen-
dances, & que celui-^ci donna là forterefTe & une
girtie de la province de Gaur à Schamfeddin
.. . < • •
urt, *
Schamfeddin ûjcceda ,k fon aïeul Rocneddin
^n$ le goûvértiement du ' ^Horafan , Tan G\i
i/i Bibliothèque
de TH^gire , & fat confirmé dans fon emplo£
par Ginghizkhan. 11 augmenta beaucoup fa
puifTance & fon autorité fous les Empereurs Mo-
gols'Holagou , Abka & Barak , dcfquels il^toic
vaifal , & mourut enfin à leur (Jour dans la ville
de Tauris Tan 6^6 ; car Abka Khan / ou plutôt
fon Vifir Khôgiab Schamfeddin , qui commen-
çoit à fe défief de lui , ly retint. Il eut cepen-
dant pour fucceffeurRocneddin, fon iîls,.qui prit
Ï2i ville de Candahar , & mourut fous rÊmpire
d'Argounkhan Tan de l!Hégîre <>79..
Pakhreddin , autre fils de Schamfeddin , eft
compté pour le troifieme des Princes de cette
dynaftie , quoiqii'il foît mort avaiit fon frère
Rocneddin , & tju'il n'ait furvécu k ;fon père
qu'environ deux ans ; car il mourut l'ah 677.
Gaîa theddin^l le dernier des «afans de Schamfed*
din qui eft le quatrième Prince de cette dynaftie,
ftit Confirmé par Al Giaptou Khan , Empe-
reur des Mogols , dans le commandement qu'il
avoit^ des. pays, dç Gaur ^ jufqaaux confins des
pfOTïnces qui font fur le fleuve Sindou Indu«.
Ce Prince mourut Tan 719 de rHégirej àlai'^
quatre enfans ^ fàvoîr, Schàmfeadin qui4,ui
niccéda & fut le cinquienie Prince de cette dy-
i!^ie , Hafedh , Hounaïn , & Baker. Ce Scham-
feddin, que Ton peut appeler fécond du nom.
dans cette dynaftie , étoit lavant & vaillant ; mais
n aima le vin avec tant d'excès ^ qu'il abrégea
Beaucoup fa vie , & iie régna que dix mois ^
prefque toujours ivre , après fon père Gaïa-
theddin. Sa mbrt tofiibe dans Tannée 730 de
l'HeVire. ,
- Malek Hafedh flécond fils de Gaïatheddin ^ ,
O r' I E NT' a' t Ê. I7J
fut le Cxieme Prince de cette dynaftîe , & fuc-
cëda à fon frère dans le royaume de Herat &
de Gaur. Ce Prince ,' qui étoit très-bien fart de
fa perfonne , &' qui favoit écrire en perfe<îlion , ^
n ayant pas l'art de bien gouverner , fut tue par
'quelques Gauriens , fes pareils & fes fujets, au
fortir du château de Herat , nommé Ekhtiared"
dîn, Van 731 dé THégire. .|
Moêzzeddin Houlïaïn , troifieme fils de Gaïa-
tlieddin , eft le feptieme Sultan de cette dynaftie :
il fuccéda à fon trere Hafedh , & pofleda toutes
les qualités d'un grand Prince. Sâadeddin Tak-
tazani , homme le plus doc^e de fon fiecle , lui
dédia un de fes Ouvrages^ dans lequel il fait
fon éloge.
Abou Saïd , Empereur des Mogols , n'ayant
laiifé après lui dans la Perfe aucun rrince qui fe
fît craindre, Moêzeddin fe rendit beaucoup plus
confîdérable qu'il n'étoît ; car il trancha alors
plus ouvertement du Souverain , & fit publier
ion nom dans les mofquées :\il fit û bien par fa
frudence & par fa valeur , que la plupart des
'rinces , fes voifins , lui rendirent hommage &
fe déclarèrent fes vadaux.
L'an740. de l'Hégire, TEmir Vaegih eddiii
Maflôud, de là race & dynaftie desSârbedariens,
ayant joint fes forces à celles de Haifan Giouri,
attaquèrent Moêzeddin avec trente mille hom-
mes ; mais ce Sultan les défit entièrement , &
ôta la vie au Scheïkh Haflan Giouri. \
L'an 752 , l'Emir Cazg^ft , qui pofledoit le$ '
Provinces Tranfoxanes , vint aifiéger Moêzzed-
din dans la ville de Herat ^ & l'obligea enfin ,
apfès plufieurs combats ^ à lui demander la paix ,
174 StELtO-TltEQUI
& i lui promettre de fe rendre dans un ^n k £i
Coqr pour lui rendre hommage : depuis ce temps-
là , U's affaires de ce Sultan allerçnc de mal en
1ns , car les Gaurides élevèrent fur le trône Ma-
ek Baker , fon fere cadet ^ & Tobligerent de fe
renfernier dans une place jufqu'en Fan 75 j qu*il
fut oblige d'aller trouver TEmir Cazgan.
LEmir Cazgan reçut Moêzzeddin avec beau**
tonp de civilité, lui fit beaucoup d'honneurs , &
lui dit en Tabordant : » Bons ennemis & bons
amis <<. Cependant quelques Seigneurs de la Cour
4é Cazgan ayant comploté de fe défaire de Moéz-*
zeddin, TEmir Cazgan lui garda inviolablemenC
fa parole , &c , pour le garantir entièrement des
embûches de fes ennemis , le renvoya bien ac-*
compagne dans le Khorafad , où il ne fut pa»
plus tôt arrivé , qu'il fe rendit maître de la per-
ibnne de Baker fon frère , & le tint prîfonnier.
Ce Sultan rentra ainfi en poCef&on de fa ville
capitale de Herat & de tous fes Etats , & régna
derechef jufqu'en. l'an 771 de l'Hégire.
Malek Gaïatheddin , fils de Moêzzeddin » hui-
tième & dernier Prince de cette dynaftie , fuc-
céda à fon père : il réprit k ville de Nifchabour ,
que les Sarbedarie«sr lui avoient enlevée : mais
Tamerlan , qui avoir fuccédé à l'Emir Cazgan
depuis douze ans dans la poCeifion de toutes les
Provinces Tranfoxanes , ayant enyoyé l'ordre à
ce Prince de le venir trouver ^ & ôaïathéddin
ayant refufé de lui obéiir , ce Conquérant entra ,
l'an 785 de l'Hégire , dans le Khorafan , prit par
force la ville de Herat, & fit prifonhier Gaïa-
theddin avec fon fils Mohammed, qui furent mis
à mon par fes ordj^es. Ainfi finit la famille &
J .. ^ * 9 M à «
H î « R T Al 1. ir$
là ^jrnaftie des Rois Cnrts , qui a?oit dure environ
cent trente années.
SCHAMSEDDÎN, Khogîali Schamfeddu^
Afdhal , fils de Fadhlallab &, frère de deux de
iês prédéceflèurs , faroir, Abdalrazzak & Vagih-*
eddin. C'eft le cinquième Prince de la djnaftie
des Sarbedariens , lequel ne commanda que fix
mois , & abandonna fes Etats , à condition qu'il
rece?/oit du tréfor royal > à certains temps, qua-*
tre charges de foie , & en remit la ponei&on à
«m autre Schamfeddin Khogiah Ali , Tan de
THc'gire 749.
SCHAMSEDDIN KHOGIAH ALI. C'effc
le fixieme Prince de la'dynaftie des Sarbeda-
riens. Ce Prince pofféda tous les Etats de Vagi-
beddin Maifôud, & régla û bien toutes chofes
dans la ville de Sebzvar , que la juftice y fut
ezadement obfervëe , le négoce rétabli , & la
manufaélnre des foies conduite à fa perfection.
L'on remarque que fous fon règne aucun de
fes fujets n'ofoit prononcer feulement le non^
du vin , on d aucune autre boiiTon qui pût eni«
ner^ fit qu'il fit jeter vives cinq cents femmes
publiques dans des puits. Sa févéritë dans l'exer-
cice de la ^uftice ëtoit fi grande , que tous ceux
qu'il appeloit it fa Cour mfoient leur teftament
avant que de fe préfenter devant Inî : car il fa-
voit reconnoitre un homme coupable entré mille
autres.
Il fe rendit enfin fi odieux aux plus Grands
ic fa Cour, qu'un nommé Haïdar^ Boucher de
fa profeâion, fut fuborné &^ tua dans foA
176 BlSX.ÎOTHËQUE
château de Sebzvar, après cinq ans ou enviros
de règne, l'an 35} de l'Hégire.
Ce même Boucher, qui tua Schamfeddin , régna
depuis dans la même dynaftie des Sarbedariens ,
fous le nom de Pahalavan Haïdar Cajfab ^ &
en fut le neuvième Prince.
SCHAMSEDDIN ; nom du Chef ou Préfi-
dent du Divan d'Ahmed , Sultan des Mogols dt
la race de Ginghizkhan. Cette qualité de Chef
du Divan étoit fupérieure a celle de Vifir. C^écoic
un homme fage & vénérable , qui avoir gouverné
long-temps avec approbation l'Etat, des Mogols:
cependant Argoim Khan ne laiila pas de le faire
mourir Tan 68 3 de l'Hégire , après avoir tiré de lui
de très'fifrandes fommes , fur le foupçon qu'i^euc
que ce Miniflre avoit empoifonné Abka Khan
fon père.
SCHAMSEDDIN AL FAKHOURI ; nom
dun vénérable Scheïkh qui demeuroit dans Ja
ville de Cafch au delà du Gihon , lequel fut con-
ûilté par Tameïlan fur le fuccès de fes entre-
prifes , & qui lui promit le fecours de fes prières
& de celles des fîens, pour lui procurer tous les
avantages qu'il fouhaitoit d'obtenir.
SCHAMSEDDIN KHOSROU SCHAH s
nom d'un grand Philofophe qui vivoit à Damas.
L on dit que le Sultan Al Makk .Al NaiTer
Daoud , Roi de Syrie , de la race des Aïou-
bites / alloit chez ce iDoéteur à pied pour fe
faire expliquer le Livre d'Eba Sina , intitulé
Oioun alhèkmat-, les Sources de la Sxigejfe ou
dt'
\
Orientale. tff
de la PhilofophUy & que ce Prince portoic lui»
inéme ce Livre fous fon bras*, comme font ki
écoliers» : .' \
SCHi^NKAL & SCHANGAL , ancien Rdi
du Turqueftan, qui joignit (es troupes. à. celljâi
d'Afrafiab contre Caïknofrou Roi de Perfe de
la féconde dynaftie nomtnrëe dés Cdïanides: '
SCHAR & SCHAH SCHAR ; c*eft le titi»
des anciens Rois du Gurgiftan ou Géorgie ^ qui
femble être une allufion à celui de Cefc^r , è^
même que le Czar des Mofcovites, ^ui.fe )jj:sh
nonce Cfchar.
«
SCHARAB; ce motfignifie.généraUmentéli
Arabe toutes fortes de breuvages , & éa p'arur
culier le vin, qui cft le meilleur .de,.;tous les
bremrages. Cependant les mêmes Arabes >, vou-
lant exprimer plus précifémem cette liqiueur,
lappellerit Scharab almofukher , la Pettion quf
enivre^ nom quils donnent également .^,t pu cei
les autres liqueurs qui ca^fent de letourdiiTemeilf
& dé l'ivrefïè ; c eft ainfi queb mot «SzVera^dâf^
FEcriture , doic s entebdre. -, j ;;[
Les Mufulnlians donnent aaiii pltiiiei}rs Mtjifs
métapbo^iqoes au vifi, & il y en' a qui for^c ^(f^
fupe'fftrtiedx pçm ne- vouloir pas le nomilier par
fon véritable nom, qui eft Khamr & Nebidh.i
& il ^ a eu des Princes pai^mi eux qui ont même
défendu , pav des Loix expi-eâès , de. k proc
noncer.
Les deux principaux- noms allégoriques du.viii^
chesi- les Mufulm»ns , font Omm algtnahet , \fk
TomeV. . M
i7S Bibliothèque
Mère de corruption ; ÀJ)^ Abou , & 0mm alkha^
rabat ; leau , le Père & la Mère de dejlruâion
0 de ruines.
Les mots de Syrop & de Sorbet ou Schorbet^
donc nous nous (ervons , font tires du mot Arabe
Scharab.
SCHARAKIA; nom du père d'Ozaïr Al
Nabi, c'eft-à-dire du Prophète Efdras , félon le
Tarikh Montckheb. Le quatrième Livre apo*
cryphe d'Efdras fait ce Prophète fils de Sareh :
mais c*eft le Sarahia des Hébreux , d'où le nom
Arabe de Scharakhia a été formé.
SCHARFALDOULAT ; nom du fils aJne'
d*Adhadaldoulat, petit-fils de Buiah. Ce Sultan,
de la dynaftie des Bouides , avoic pour nom
propre celui de Schir & de Schir^adj qui fîgni*
fient en Perfien Lion & engendré d'un Liqn^
Scbarfaidoulat avoir deux autres frères, nom-
més Samfamaldoulat & Bakaaldoulat, qui ont
aufiî tous deux régné. Auffitôt qu'il eut appris
dans la province de Kerman, où il commandoit,
la mort de fon père Adhadaldoulat , qui arrum
Tan 372 de l'Hégire, il courut à la ville de
Schiraz, & y prit pofTeiiîon du royaume de Perfe.
Mais cet Etat ne fatisfaifant pas a/Ièz fon ambi--
tion , il penfa auffi-tôt à fe préparer pour en-
vahir ceux de fes frères.
L*an 377 , Scharfaldoulat commença la guerre
contre fon frère Samfamaldoulat, qui avoit eu
de fon père pour partage la province dite
Ahvaz & riraque Arabique , & 1 e rendit maî-
tre > dans la même année, de l'importante ville
r
Orientale. 179
ie Bafiora , qui étoic la capitale de tout ce
pays-lk.
L'an 378^ après avoir réduit ces provinces à
ion obëi^ance » il tourna du côte de Bagdet, où
Samfamaldoulat poifédoit la charge d'Emir Al
Ornera ou de Lieutenant-Général du Khalife.
Celui-ci ne fe trouvant pas aflez fort pour réfîf^
ter à la puiâànce de fon frère aine y prit le parti
de l'aller trouver, & d'implorer fa clémence.
Scharfaldoulat en ufa avec beaucoup de du^
reté envers fofi frère ; car il l'envoya prifonniér
en Perfe., & entra enfuite triomphant dans la
ville de Bagdet , où il prit poffeiîîon de la charge
de fon frère ^ & s'empara dé toute l'autorité des
Khalifes , qui n'avoient pour lors que le nom de
Princes^ & auxquels les Sultans n'avoient laiâe
qu'un peu d*honneur extérieur , que l'on rendoit
encore à leur dignité, plutôt par. devoir de Re-
ligion , que par refpeél ou par crainte de leur
puiflance.
Ce Prince ne jouit pas cependant long-temps
de fon ufurpation ; car il mourut dès Tan de
THéffire J79 i un an t après fon entrée dans
Bagdet.
^CHARTHONI AH ; mot corrompu du Grec
fcuf4Tû9U^ c'efl-à-dire» l'impofition des mains
Îui fe fait dans TOrdinaiion des Evéques, des
^rêtres & autres Miniftres de l'Eglife.
Cette impoiition des mains ayant été mife en
commerce , & étant devenue , pour ainfi dire ,
vénale parmi les Orientaux, le mot de Schartho-
niah a pris la lignification de l'argent que l'on
donnoit auxXvêques ou aux Patriarches pour la
Mij
iSd Bibliothèque
recevoir d eux. C eft , en un mot , ce que nous
appelons la Simonie»
Ebn Amid dit que Pbilopofius , Patriarche
d* Alexandrie , qui fiégeoit l'an )7i deTHëgire,
fous le Khalifat d'Aziz le Fathimite , aimoit l'ar-
fent , & qu'il exigeoit la Scharthoniah , que fon
Wdeceffeur avoit abolie. Ce Préd^cciTeur étoît
Efraem , qui diflribuoit tout fon bien aux pau-
vres.
SCHASBAN ^ nom d une bourgade de la
Province de Mazanderan , de laquelle ëtoit natif
Aboubekr Al Schasbani ^ vaillant homme , qui
. fut Tun des trois qui donnèrent le plus de peine
à Tamerlan , & qui fatiguèrent fes troupes da-
vantage , lorfqu'il fie fon irruption en Perfe.
SCHEBIB BEN ZEID; c'eft le nom d'un
des plus vaillans hommes que les Arabes aient
eus louB le règne des Ommiades. Ce^rfonnage
fe mit à la tête des Révoltes fous le Khalitac
d'Abdal Malek , fils de Marvan, & livra plufieurs
combats à Hegiage , autre grand Capitaine , Goit-
verneur de la province d'Iraque.
L'on dit que Schebib combattoit toujours fes
ennemis avec un nombre inégal de troupes , &
qu'il ne craignoit point dVtaquer di» nrille che-
vaux, lorfqu'il n'en avoit que n^ille ; & cepen-
dant fon Hiftoire porte ; qu'il ne fut jamais battu
qu'en une feule rencontre , qui fut celle dans la-*
. f uelle il perdis la vie.
Cette dernière rencontre fut auprès du fleure
Sarfar , dans la Syrie , où Schebib ayant voulu le
paâèr dans un efquif lorfqu'jl ëtoit* enfié &
Orientale. i8i
iébotàé extraordinairement , il y tomba tout
arme , & ne put jamais être fauv^ , quoiqu'il
rtviitt pSLt trois fois au deifus de l'eau ; & ion
rapporte que chaque fois qu'il revenoit , on lui
entendoit parler de Dieu ; & qu'à la dernière ,
il prononça ces paroles : » Tel eft le Décret du
Tout-Puiflant «.
Le corps de Schebib ayant été repêché , il fut
ouvert , & on lui trouva le cœur auffi folide &
auffi dur qu'une pierre : la nouvelle de fa
mort ayant été portée à fa mère , elle ne vou-
lut jamais la croire , jufqu'à ce qu'on^lui eut dit
qu'il étoit péri dans Teau ; car alors elle com-
mença à pleurer , & dit , que lorfqu'elle avoît
accouché de lui , elle avoit vu en fonge foriir une
grande flamme de fes entrailles , & qu'elle con-
noiflbit pour lors qu'il n'y avoit que l'eau qui
pût éteindre un û grand feu.
Khondemir & TAuteur du Nigfciariftan rap-
portent tous deux rfaiftoire de ce (onge , & écri-
vent que la mort de Schebib arriva l'an de l'Hé-
gire 77.
SCHEDAD BEN AD BEN AMLAK BEN
HAM. Schedad fils d'Ad fiîs d'Amalek fils de
Chatn fils deNoé. Ce Perfo:i:inge fabuleux vivoit
& régnoit en Arabie , félon les anciennes Hif-
toires de l'Orient ,* du temps de Giamfchid Roi
de Perfe de la première dynaftie, dite des P'ifch'*
èadiens ; & l'Auteur du Tartkh Khozideh écrit ,
«e ce fut lui qui envoya Zhohak pour le défaire
e Giamfchid qui lui faifoit la guerrt;.
Les mêmes rliftoirês lui donnent deux cent
Miii
1
ï8a BïB|LÎOTHEQUE
f oixante ans de règne , & trois cents k un frère
qu'il avoir , nommé Schedid.
Le Tarikh Montekheb veut que Schedad &
Schedid aient vécu du temps du Prophète Houd ,
qui eft le Patriarche Heber des Hébreux , &
qu'ils aient été enveloppés dans la ruine des
Adites , qui arriva fous ce Patriarche , comme
on le peut voir dans Ton titre & dans celui d*Ad.
Il ajoute que Schedad bâtit dans la Syrie une
ville qu'il nomma Gennet , Paradis^ laquelle
difparut aui&-tôt après que fon Fondateur eut été
exterminé avec touis fes fujets. C'eft cette même
ville qui paroît quelquefois , félon la Mytholo-
gie des Mufulmans, qui lappellent Haram &
Hirem,
SCHEGIA KAHENAH; nom d un Pro^
phete ou Grand - Prêtre fameux , qui vivoit
en Syrie du temps d'Abdalmoihleb père de
Mahomet. Ce Prophète fut confulté par Abdal-
mochlefa y fur le vœu qu'il a voit fait de facrifier
fon fils.
SCHEHABEDDIN BEN SAM; notn du
Îruatrieme Sultan de la dynaftie des Gaurides^
tere de Gaîatheddin fon prédécelTeur , qui laf •
focia à l'Empire , & auquel il fuccéda ; il régna
feul , après fa mort , pendant l'efpace de quatre
ans.
L'an 571 de l'Hégire , Schehabeddin conquit^
du vivant de fon frère, les Royaumes de Multan
& de Deheli , que nous appelons aujourd'hui
JDelli aux Indes ; & ce fut dans ce dernier qu'il
établit Cotheddin Ibek , qui avoit été autrefois
r
O 11 I 1 W T A L F. ;i8)
fon efclave , & qui écoit monté par dçgrës aux
plus grandes charges de fa' Cour. é
Dans le temps que Gaïatlieddin étoit à l'ex-r
trëmité de fa vie , Schehabeddin , fon frère , fe
trouvoit entre les villes de Thous & de Sarakhs
en Khorafan ) oh il gagnoit toujours de gros
avantages fur les Selgiucides qui sVtoient ein«-
parés de la plus grande partie de cette Provincei
Mais il n'eut pas plus lôi apnris des nouvelles
certaines de la mort de fon frère , qu'il tourna
bride vers la ville de Badghis , & marcha de li
à grandes journées jufqu'à Caznah, ville capitale
de l'Empire des Gaurides.
Il ne rut pas plus tôt arrivé en cette ville , qu'il
apprit que Mohammed Khouarezm Schah , ^onC
' la puiilance croifïbit de jour en jour , muguetoit
fes Etats. Il crut donc être obligé de s'oppofer
aux deifeins ambitieux de ce Prince , &. marcha ^
pour cet effet , à la tâte d'une puiifâfite armée ,
- vers le pays de Khouar6zm. Cette entreprife
cependant ne lui réuilit pas ; car fon armée fut
défaite par celle de Mohatnmed ; & il ie trouva
contraint de faire fa retraite en fon pays de Za-
bleftan , & d'y demeurer paifîble pendant queU
Îue temps y pour réparer les pertes qu'il avoi{
aites.
Schehabeddin ne négligea cependant rien de
ce qui étoit néceifaire pour mettre fur pied une
nouvelle armée qui devoit être plus forte que
la première , pour arrêter les progrès des armes
des Khouarezmiens ; & il étoit prêt à fe mettre
en marche pour les aller trouver , lorfqu'une ré-
volte , furvcnue dans le pays de Gioud , l'arrêta
tout court. Ce pays de Gioud eft une longue
M ir
\
(hftîaè tle montapfne^' qui fe pfoI<|ngent le long
dss provinces de Gaur & de Zableilan j dont les
avenues font fore difEciles.
c. C« Sultan crut donc être oblige de pacifier
Je dedans de fes Ecats y avant que dentrer ^ani
une guerre écraogere. Il vola , poMr ain/î dire ^
4»»mre . ces révoltés , qu'il furprit dan^ les prer
ipieis mouvemens de leur fëdition ; Çl , avant
^!ii$ fe;fufltnt préparés à foucenir U choc df
iîaa armes ^ il leur fît fentir la pefanteur de foA
Juras , tant par la punition de leurs Chefs , que
fîar un .grand niaââcr<^ qu'il fie faire des plus mur
tins de ce pays-Ih; &. iîretournoit vainqueur &
fcontçnt de îo^ -expedicion dans fa ville royale
3de»C^znah , lorfqu étant arrivé à Dehiek , il fut
aâaffîaé par un Indien Idolâtre , qui s ecoit àé^
voué pour faire ce coup > Tan 6oa dç l'Hégire,
^gé da.foixante-cle^jjt ani>.
, - L/Autenr du Lebtarikh dit que ce Prince
porta le.ftirnom dAhu Modhaffer^ cefl-à-dire,
idè Conqiùérani y & -qu'il fut tué dans le temps
qu il fûii^i!c fa. prière. Ce n\ême Auteur lui donne
«pour fuccefleur MahniQud , fils de Gaïatheddin
Mohammed, qui étoit par conféqjpeç.t fon ne-»
yeu, leqVfcl régna fepx ans après lui, & fut 1^
cinquième & dernier des Sultans Gaurides..
' L'Auneur du Livre intitulé Thabacdt , qui
yivoit fous le règne de ce Sultan , écrit qu'il
mvoit/paffe la plus grande partie de fa vie a faire
Ja guerre aux Indes , d'où il avoit tiré d^ û grands^
$pefors , que fa fille unique , demandant un JQui;
à Khogiah Ifmaël qvû avoit la garde 4<3s pierre?
ries, dé fon père , à q:uoi pouvoit iiionter leur
nombre & leur valeur , cet Ifrnaël lui dit ; H y
V
ï
Orientale. 185
I dans le trefor du Si{lt«n votre père trois
mille livres pefant de diamans ; jugez par-là du
rcfte.
. Ce Sultan n'ayant pas laiifë dautres enfans
|u*une feule filLp, donna fujet à un Foëte Perfien
le dire, qu'il ne falloit pas s'ëconner qu'iln'eut
point d'enfans mâles , parce que le ciel , qui
K>ule depuis long- temps fur nos têtes ^ n'avoit
ramais pu rien produire de femblable à lui.
Comme il fentoit beaucoup lui-même ce défaut
d enfans mâles , il s'appliqua à faire élever un
grand nombre defclaves Turcs, defquels il pré-
voit un foin extraordinaire , les regardant comme
fes propres enfans ; & il difoic à ce fujet , que
les autres' Princes fe glorifioient d'en avoir beaa*-
coup , quoique le nombre néanmoins n'en fût
• jamais fort grand ; mais que pour lui , il fe pou-
voit vanter d'en avoir plufieurs milliers , entre
lefquels il trouveroit dç$ fuccefleurs oui régne-
roient après lui en différentes province y & per-«
pétueroient la mémoire de fon nom,. ^
En effet , Tag Ildiz , NalFer eddin ,. Kothbed-
dîn Ibek , qui régnèrent, le premier dans Gaz-
nah, le fécond dans le Multan, & le troifieme
«'dans Delli , étoient de ce nombre , auffi bien que
plufieurs autres qui occupèrent quelques-unes
des différentes provinces de 1 Empire des Gauri-
des , tels qu'ont été Aramfchah , Cobah , Ilet<i-
mifch , &c.
SCHEHER ALSABR ou SCHAHAR AL^
SABR , le Mois de la Patience. C eft ainfi que
les Mufulmans jippeUent le mois ou la lune dç
l86 BiBtIOTHEQUE*
Ramadhan , pendant laquelle ils obfervent un.
jeûne folennel.
Schahar^ en arabe, fignifie proprement la Lune y
(l leur année , qui eft purement lunaire , con-i
tient dotize lunes , que nous appelons ordinaire-*
ment mois , & n'eft par conféquent que de 5 5 4
jours.
Afchhur ou Schohouralhiâloumat ; les quatre
Lunes connues. Ce font celles 41e Moharram y
de Regeb , de Dhoulkadah , & Dhoulhegiah ;
& on les appelle connues ou célèbres , a caufe
qu'il étoit défendu aux anciens Arabes , avant le
Mufulmanifme , de fe faire la guerre les unt
aux autres pendant ces quatre lunes ou mois de
1» t
année.
il faut remarquer ici que les Arabes pronon-
cent ordinairemens Schahar , quand ce* mot figni-
fie un mois , & que les Perfans & les Turcs le
prononcent Scheher. Cependant le mot de Sche^
hery duquel on a parlé , fignifie, en Perfan & en
Turc, uue Ville,
SCHEHERIAR; nom du dix -huitième fiîs
die Khofrou Parviz , qui fe fauva de la cruauté
de Siroés qui fit maflacrer dix-fept autres de fes
frères. Ce Prince ne régna point ; mais il fut
père d'Iezdegerd , dernier Roi de Perfe de 11
dynaftie des Chofroès ou Safiânides.
SGHEHERIAR ; nom d'un Général des ar-
mées de Perfe contre les Grecs. Ce Seigneur
ayant trouvé mauvais qne Ton eût mis fur le
trône Ardefchir , fils de Siroés > qui n'ctoit en-
f
Orientale. tty
core qu*un enfant de fept ans, fans fa participa-
non ', marcha avec fon armée veVs la ville de
Madaïn , dont il fe rendit le maître , aufG bien-
que de la perfonne du petit Ardefchir , qu'il fit
mourir.
Après cet attentat , Scheriar ufurpa la Cou-
ronne de Perfe ; mais il n'en put jouir que deux
ans ; car , comme il n'ëtoit pas de la Famille
Royale , les Grands du Royaume fe défirent de
lui , à la follicitation de TourandokHt , fiille de
Khofrou Parviz & fœur de Schironieb,
SCHEHERVERDI ou SCHAHARVAR-
Dl ; c eft le furnom de Schehabeddin lahia Ben
Geïfch ou Habefch , lequel eft aufH connu fous
le titre de Scheïkh Maàoul , le Doâieur tué , k
caufe qu'il fut puni de mort , par le comman-
dement de Saladin , pour avoir été plus attaché
à la Philofophie qu'à la Religion.
L'Auteur du Nighiariftan rapporte que Sche-
herverdi n'étoit pas feulement attaché à la Phi-
lofophie , mais qu'il avoit auili appris la^ théorie
& la pratique de la Magie naturelle & peut-être
auifi fuperftitieufe , que les Arabes appellent
Schâbeaat Çc Simla \ & il raconte que ce Doc-
teur , voyageant avec fes amis , rencontra un
Turcoman qui conduifoit un troupeau de mou-
tons , & qu'ayant voulu en acheter un , pour
lequel il offrit dix drachmes d'argent , le Tur-
coman refufa de le lui vendre à fi bon marché.
Schehervçrdi dit alors à fes camarades : Em-
portons le mouton , & marchons toujours ; car
je faurai bien contenter ce Turcoman. 11 com-
mença donc à l'entretenÂr )de plufieurs cbofes ,
iSf. B If I. I O T H E Q V £
& puis touc-k-coup il le quitta , & fe mit à cou-
rir avec fon mouton. Cependant le Turcoman ,
qui ne voulait pas le perdre , fe mit à courir
après le Do<5teur , l'arrêta par le bras , en lui
difant qu il ne le lâcheroit point qu'il n'eût été
payé.
Le Doéleur ayant enfuite fait quelque réûC^
tance contre le Turcoman qui le tenoit arrêté ,
celui-ci lui tirant le bras avec effort , fut furpris de
voir ce bras détaché lui demeurer dans la main.
Ce pauvre homme fut fi effrayé de cet accident,que
croyant avoir tué ou au moins eAropié un homme ,
il commença à fuir de toute fa force , & ne parla
plus de lui faire payer fon mouton.
Scheherverdi ne laifla pas cependant de re-
joindre fa compagnie avec fon bras fàin & en-
tier y & contenta le Turcoman de la manière
qu'il lui plut.
*
. SCHEIDAH ; nom d'un fils d' Afrafiab , qui
fut défait & tué par Caïkhofrou III , Roi de
Perfe , des Caïanides , dans la province * de
JLhouarezm.
SCHEIKH ; ce mot ne fignifie pasrfeulement
en Arabe un Vieillard , mais encore un Prince ,
& un DûSeur célèbre , & Chef de quelque
collège ou communauté religieufe.
SCHEIKHALESLAM ; le Vieillard ou le
Chef de la Loi. C'efi le titre que Ton donne or-
dinairement'à un grand Iman ou à unMouphti^
qui eft proprement le Pontife de la Loi & de
la Religion Mufulmane. Toutes les grandes villes
Orientale. 1J9
ou métropoles an Mufulmanifme avoient autre-
fois des Imans qui portorent ce titre , ainfî
que celui de Mouphti , quoiqu'aujourd'hui il n y
ait chez les Turcs que celui de Conftantinople
qui porte par préférence ce titre.
SCHEIKH ALGEBAL ; le Vieillard de la
Montagne ou le Prince des Afiaifins , comme
Aos Hiftoriens des guerres faintes Tappellent.
C'efl le Prince ou Sultan des Ifmaéliens de llraque
Perfienne , que les Mufulmans appellent Mola--
hedah , impies &, fchifmatiques , dont les fujets
fe dévouoient pour aflàffiner ceux que leurPrindc
tenoit pour fes ennemis.
SCHEIKH ALMAHMOUDI AL DHA-
HERI y c eft le nom du même Prince , que
l'on appeloit autrement Àl Malek Al Mouiai
Abou NaJJer ^ quatrième Sultan àt% Mamelucs
dç la féconde dynaftie , nommée des CircaJJiejis
en Egypte. Il eft ainfi nommé , à caufe qu'il
avoit été efclave d'un homme particulier, nomnié
Mahmoud, & qu'il le fut enfuice du Sultan
Malek Al Dhaner Barkok. Ce. Prince régna
huit ans & cinq mois , & mourut l'an 82-4 de
l'Hégire.
SCHEIKH ALMORSELIN ; îe^ Vieillard
ou le Chef & le Prince de tous ceux qui ont
été envoyés de Dieu pour prêcher la Foi & h
pénitence à divers Peuples. Ceft Tépithete ique
hs Mufulmans donnent à Noé qui prêcha à' tout
le Monde entier. • •
zpo Bibliothèque
SCHEIKH ALOSSOULI; le Maître ^e
ceux qui ont enfeigné les principes & les fon-^
démens de la Loi , que les Mufulmans appel*
lent OJfoul. C'eft le titre que Ton donne ordi-
nairement à Abotil Haifan Adib.
»
SCHEIKH AVIS ou VEIS ; nom d un Prince
ou Sultan de la dynaflie ou famille des Ilkhaniens,
qui tiroit fon origine de Ginghizkhan par Hola«
gou , furnommé Jlkhan.
SCHEIKHEIN ; les deux Vieillards ou les
deux Princes. Titre que l'on donne aux deux pre*
miers Khalifes , Abou Bekr & Omar.
SCHEIT. Les Arabes donnent ce nom à
celui que nous appelons le Patriarche Setky
£ls d'Adam , duquel font defcendus ceux qui
.font nommés dans la Genefe les Enfans de
Dieu.
Les Miifulmans tiennent , par une Tradition
fabuleufe , que ces Enfans de Dieu , qui font
appelés dans le Texte facré Bené Elohim ,
étoient des créatures d'une efpece particulière
entre les hommes & les Anges. Quelques-uns
les appellent Bani algiann , & difent qu'ils fai^
foient profeilîon de la Religion de Seth , & fai«
foient uue guerre continuelle aux Dives ou
Géans , enfans de Cabil , que nous appelons
Caïnites ou Dejcendans de Caïn.
La Loi du Patriarche Seth , que les MufuU
mans mettent au nombre des Enbia ou Prophè-
tes , étoit comprife dans uu Livre qui portoit
(
Orientale. i^r
fon nom , & aue Ton appelle Sefer Scheïth ,
Livre à peu près auiS authentique que ceux que
Ton attribue à Adam , à Enoch , & à Abraham.
Mais il faut que Seth ait eu un Livre \ car fans
cela les Mufulmans ne le reconnoîtroient pas pour
Prophète. Il faut cependant remarquer que les plus
habiles entre les Mufulmans entendent par ces,
Livres des anciens Patriarches, les révélations
quils ont reçues de Dieu pour autorifer leur
miffion.
Nous trouYons, dans les Hiftoires fabuleufes
de Caîoumarrath » de Thamurath , de Houf-
chenk^ & de Caherman , que les Ginn & Péri ,
3ui font ces Bani algian ou Enfans de Giann ,
efcendans de Seth , defquels on a parlé ci-def-
fus , font ordinairement ce jurement : Scheïth
nabi Scherthak itcban , » P<ur la Loi véritable du
Prophète Seth «. Et nous lifons dans le Caïou--
marrath Nameh , ou Hiftoire de Caîoumarrath ,
qu'un vénérable vieillard lui parle en ces termes:
^ Nous fommes à préfent dans le fîecle de Scheïth;
allez trouver ce Prophète, & embraifez la Loi
qu'il vous enfeiffçera «.
CaïoumarratQ demanda \ ce vieillard en quelle
partie du Monde demçtiroit ce Prophète , & la
réponfe fut, qu'il faifoit fa réfidence au milieu
de la terre habitable qù la maifon de Dieu fe
trouvoit , & où fon temple devoit être bâti. L'00
doit remarquer ici que. cette maifon de Dieu
eft le Beïth allah , que les j^lufulmans difenc
être defcejidue du Ciel lorfque Dieu reçut Adam
à pénitence & qu'il fe réconcilia avec lui , &i
Q\x\i c'eft à l'inftar de cette maifon , qui étoiç
auoe ôruélurfî & d'une matière miraculeufe»
/ .
/
l^$ BiBtiOfHÈQUB
qu'Abraham & Ifinaël en bâtirent une de pierre
dans la Mecque , qui porte le même nom dé
Beït allah.
Pour ce qui cft du temple qui devoit être bâti
^àns ce milieu de la terre habitable , c'eft ce
que les Mufulmans mêmes appellent Beît al-
mocaddes ^ c*éft-à-dire le Temple de J érujahm ;
& cette tradition, que ce temple feroit bâti au
milieu de la terre , n'eft point particulière aux
Mufulmans : car les anciens Chrétiens, & encore
aujourd'hui tous les Orientaux » l'ont reçue &
approuvée , fondés fur ces paroles du Prophète »
^ que Dieu a opéré le falut des hommes au mi*
Keu de la terre «.
Nous trouvons dans la même Hiftoire de Caïôu*
marrath , que le Patriarche Seth , après avoir vi-
fîté le fépulcre d'Adam & cette maifon de Diça
dont on a parlé , paiTa dans la province d'Iénieft
ou Arabie Heureufe , & y Bâtit la ville que Von
appelle encore aujourd'hui de fon nom Médinai
Al Scheïth , la ville de Seth , & Medînat Al
lemen j la ville capitale de l'Iemen.
Le Caherman Nameh dit qpe le Dive od
Géant , nommé Doudafch , s'aTiacha au fervicc
3u Patriarche Seth , & fit la guerre avec lui aux
cnfans de Cabil , qui font les Caïnites, & que
ce même Patriarche envoya fon frère, nommé
Roulihaïlj pour gouverner fes peuples qui habi-
toient fiir la montagne de Caf. ,
SCHEITHAN. Ce mot Arabe , qui eft pris
de l'Hébreu Schathan , fignîfie non feulement le
diable ; mais encore un ferpent , un homnie fiet
& fupérbe. Les Mufulmany, -pour eipfînïeè
plus
r
I U R i fe N t À L fe. i9)
' Jwus particulièrement celui d'entre les Diabiei
^ae nous appelons Lucifer , outre fon nom par^
ticulier à*Eblisy l'appellent encore Scheïthan al^ \
ragim^y le Démon lapidé ^ ou phuôt chcijfé à ^
coups ae pierres ^ & lui donnent ce titrie de /?a-
gim ^ pour faire entendre qu'il faut repouiïer avec
violence les tentations qu'il nous fuggere.
Les Mufulmans ne Jjrortoncent jamais le mot
de Scheïthan^ quils n'ajoutent auffi-tôt Nâoudh
billah^ ^Dieu nous en préferve «; & nonobstant
cela, il y a eu des Perfonnages nârmi eux qui -
ont porté ce noni) qui leur eft aemeurë quoi-
qu'il leur eût été donné par ihjure ou par fobri-»
quet, comme il a été' donné dans <e derniei*
temps à Un Ibrâhitn, que Ton appeloit Scheïthan
Pacha.
a doélrine des Mùlulman«, plu-
fieurs fortes ou efpeces de Démons * les uns font
appelés Ginn bi Péri , qui font ceux que nous
appelons les Efprits follets & les rùs-, les au-*
très Tecouiriy qui font les Parques des Païens,
^ui prëfîdent au deftin des hommes. Il y a de .
plus les Dives ,. que quelques - mis confondent
avec les Géans , quoiqu'ils ne foient pas de Tef-
pecc des liommes» Il y a encore les Gbul &
Afriet,qui font les Medufes, les Empufes, les
Furies éc les Spe^res des'My thologifles ; & enfin
les pires àe tous font Scheïthan &. les Schàïathin^
Satan &. les Sâtatis , qui font Lucifer & toute
la troupe infernale.
SCHENKNAK. GVft un des noms que Jes
Arabes donnent au Prince des Démons.
Tome K N
194 Bibliothèque
SCHERA ; Ahel Al Schera , un Membre dftt
Confeil. C'eft ainfî que les premiers MufulmanS
appélerenc un des fix Perfonnages que le Khalife
Omsr nomma avant fa mort , dans le nombre
dcfquels on devoir élire fon fuccefTeur. Ces ûx
Perfonnages e'toient Ali, Ochman, Sâïd, Abdal-
raliman , Thalha & Zobeïr.
SCHERIF. Ce mot Arabe, qui fîgnîfîe en gé-
néral noble ou élevé en naiflance ou en dignité,
eft une épithete ou titre particulier que portent
ceux qui defcendent de Mahomet par Ali foa
-gendre, & par Fathime fa fille. Ces gens-là pren-
nent ai/f5 le titre dEmir & de Seïd ^ ,qui figni"
"fient Prince & Seigneur ^ & ils portent par-tout
le turban vert, pour fe diflinguer des autres Mu-
fulmans , qui le portent blanc.
Plufîeurs de ces Scherifs ont régné & établi
des dynafties particulières en Afrique. Les Edrif-
^fites étoient Scherifs , & la race qui règne au-
jourd'hui à Fez & à Maroc porte auffi le nom
de Scherif.
11 y a eu auflî autrefois des Scherifs à la
Mecque & à Médine , qui fé font même quel-
quefois fait la guerre les uns aux autres ; & le
Sultan des Turcs, qui eft maître de toute l'Ara-
bie, leur laiffe quelque efpece de fouveraineté ,
fe' contentant feulement du titre de H ami Al
Harameïn , Proteéleur des deux' villes facréts ,
ç'eft-à-dire de Médine & de la Mecque.
SCHERIF AL EDRISSI. C'eft le furnom
de Mohammed Ben Mohammed , Prince de la
r
Orientale. i^^
dynaftie des Edriilices, lequel ayant été chaâë
avec toute fa famille par Mahadi le Fathîmite ^
qui fe rendit maître de toute TAfrique Litto-
rale, qui eft en deçà du fleuve Niger, fut
obligé de fe réfugier auprès de Roger Roi de
Sicile.
Ce Sclierif, qui ëtoit fort gavant, fabriqua un
gltibe tcrreftre d argent pour ce Prince , fur le-
quel il-avoit fait graver en Arabe tout ce qu'il
avoit pu favoir des pays qui pour lors etoient
connus ; il compofa enfuite une Géographie
fort ample ) intitulée Na^ehat ou No^enat al^
mofchrak.
Hagi Khalfa donne à ce Scberîf , dans ia Bî-^
bliotneique intitulée Ktfchf aldhonoun j le fur-
nom ^Askili & de Sakefiy le Sicilien^ à caufe
qxi'il compofa fon Livre pour Raggiâr Al Afraiigi
Saheb Askiliah , c'eft-à-dire, pour Roger, le
Franc, Maître ou Roi de la Sicile, & il remar-
que que le feul défaut de cette Géographie efl
que ni Jes longitudes ni les latitudes n'y font pas
inarquées; il ajoute que cet Ouvrage a été abrégé
par quelques Auteurs.
SCHIAH & SCHI AT. Ce mot Arabe fignifie
en général une troupe , un jparti & une faâioa
de gens confédérés , & qui font une fede parti-
culière en matière de Religion.
Les Mufulmans orthodoxes, qui donnent le
hom de Sunniah à leur Religion , donnent celui
de Schiàh à la Seâe de ceux qui fe difeht par-
tifans d'Ali , & qui ont quelques obfervances ,
cérémonies & croyances particulières.
Schiâhi & Schîi eft celui qui eft oppofé aâ
Nij
i
If 6 BiBLIOTUKQVE
Sunni ; & la différence qu'il y a encre ce^ àeuX
fortes de perfonnes confiée eiTentielkment en
ce que les premiers croient & profeilènt que le
ibuverain Imamat , dignité qui comprend toute
Tautorité fpirttucUe & temporelle fur les Muful-
ùians, appartient de droit divin à Ali & à feft
defcendans. . "
Les Perfans font Scliîites , & les Turcs font
Sunnites : mais cette différence de partis qui eft
aujourd'hui entre ces deux nations ^ a commencé
âès Tannée 36} de rHégire, fous le Khalifat de
MotKî Lillah l'Abbaffide : car ce fut pour lors
que les Schiites fe rangèrent du parti des SuU
tans de la race des fiouides , & les Sunnites pri-
rent celui des Turcs , qui étoienc alors très-puif*
fans dans la Cour des Khalifes^ & ce furent
enfin les divifions &, les diffentions de ces deux
partis qui furent la caufe de la ruine de Bagdet
(8c du Klialifat des Mufulmans , comme Ton peut
voir dans le titre de Moflâdhem , dernier Kha*
Jife des Abbaffides,
'Les Schiites ou Secîlâtèars d'Ali n'appelkn^
pas leur'Secîle Al Schïât^ nom qu'ils croient leur
être injurieux ; mais ils Iiii donnent le titre ma-
nifîque d*^/aJe//ar , c'efl-à-dire la Seûc des
tjfes.
Ces Schiites font encore divifés entre eux en
cinq Se^es différentes. Les Keifabiens , qui en
font une, ont des fentimens fort extravâgans. Ils
croient qu'Ali étoit plus qu homme > & que le
Maîiadi vit encore. Ils comptent auffî la defcen*
dance des doi^ze ïmans de la poftérité d'Ali
d'une manière différente : car les uns s'attachent
ï la branche de Haifan , fils aîné d'Ali , & les
pni
lu
O H î E N T À l E. Tff
tutres i celle de Hôuflaïn, qui éioit fon caflet^
Il y en a même qui onc iuivi le parti de Mo*
hammed Ben Hanifiah, qui étoit aufli fils d'Ali ^
mais d'une autre lemme cjue Faihiniah fiHe de
Malit>met. Les uns ont pris le parti du Màhadî
rAfricam, Fondateur de la dynaftîedès Khalifes
Fathimiies d'Egypte , qut font Ifes Ifmaélieiifc
d'Aftiqu* ^ & ks autres ont pris celui des Ifmaë-
liens ae Hraque Perfîènne , dont Ist dynaUie di
^rîs fon origine de HafTan Satah..
Les Perlaus d'aujourd'hui font dé fa Se<3e'
Hailiarienne , parce qu'Ifmaël Sofi , Fondateur
de k dynaftîe qui regîije aujourd'hui en- Perfe j
€toit fits de Scheïkh Haïdar, arriere-petit-fils
de Scheilth Sofi , qui préiendoit defceadrc aufli
d'Ali.
Piufieurs Schiîtes croient ta Tenafoukhîalt ^
qui eft la Métcmpfycofe, Se la Huloubiat , qui eft
«ne communication de l efprit de fainteté qui fe
tranfhiet de Tun > l'autre; & enfin ces' cinq
principales Seules des Scbiites font comme cinq
arbres qui fo diyifent en foixante & dix bran-
ches. Cependant iîs conviennent tous en- ce
£ oint 5 qui.coi^fiAek regarder les Khalifes Abou»
ekr, Omar & Othman, que les Sannires oi»
Orthodoxes révèrent beaucou-p, comme des ufur«
pateurs du Khalifat & de l'autorité fuprème dans^
le Mufolmanifme, qui devoir, félon eux, paiTef
knmëdi^tement dé Mahomet k AH , qui ne fut
cependant que le quatrième Khalife.
C'cft par Fa même raifon qu'ils déteftent là:
mémoire dés Khalifes Ommiades , qui ftrenr
mourir Houffaîn fils d'Ali, duquel ils déplorent:
encore tous ks ans l^^mort , & rejettent aufli le&
TWT • • •
Nui
i^S Bibliothèque
Khalifes Abbailides^ quoique parens de Mahom^
comme Hafchemites , parce qu'ils ne defcendoient
pas d*Ali.
SCHIAR. C'eil le nom que les anciens
Arabes idolâtres donnoiet^t au jour du Sabbat :
mais Schiâr , ëcric avec un aïn, eft le nom de la
marque que les Chrétiens & les Juifs furent
obligés de porter pour être diftingués des Mufui^
mans.
SCHID y furnom de Gem ou Giam , Roi de
Perfe de la première dynaftie, que l'on nomme
ainfi d*un nom compofé Giamjchid. Ce furnom ,
qui fignifie le Soleil dans lancienne langue des
Jperfans , fut donné à ce Prince à caufe de f^
beauté. Les Perfans modernes appellent le Soleil
Khourjchid,
' Schidvefch , Semblable au Soleil , eft , dans la
même langue , le nom du fils de Gudarz^ ancien
Héros de .la Perfe.
SCHIMAOUN SIDDIK , Simeon , que Ion
furnomme ordinairement le Jujie ^ comme s'il
étoit furnomme Sadik. Mais les Arabes lui don-
nent le titre de Siddik , qui fignifie celui qui
vérifie £c qui confirme la vérité de quelque
fait.
Le Tarikh Montekheb , qui fait mention de
ce Pierfonnage , en ajoutant à fon nom la bénér
diélion ordinaire qui fe donne aux Prophètes , &
ui eft comprife dans ces mots âhhi aljalatn y
it qu'il étoit de la race d'Aaron & de la branche
du Prophète Jérémie, & que les Fidèles ou
3
O R I E N T A L E; ^ I yj
MufulmaAs de ion temps le reconnoiffaient pour
leur Chef.
11 n y a point de dpute que cet Auteur n*en-
tende ici le faint Perfonnage Siinéon , qui reçut
Jcfus-Chrift entre fcs bras , lorfque la Sainte
Vierge fa mère le préfenra au temple ;" & les
Mufulmans lui donnent le titre de Siddik , parce
qu'il porta témoignage de la venue du véricable
Mefîîe, dans la perfonne de Jcfus, fils de Marie ^
que tous les Mufulmans font obligés de recevoir
pour tel.
Deïr Schimàoun , le Monaftere de Saint Si-*
méon. Il ^ a un fameux monaflere qui porte ce
nom auprès de la ville de Moàrrâh, dans le ter-
roir de la ville de Hems ou» Emefle en Syrie ,
& ce fut en ce lieu qu*Omar Ben Abdalâziz^
Khalife de la race des Ommiades y fut enterré.
SCHIRANSCHAH; nom du frère de Khond
Rocneddin Khonrfcbah , dernier Prince de la
féconde branche des Ifmaéliens dans le Khouef*
can ou- Gebal , qui eft l'Iraque Perfienne. Il fut
envoyé par fon frère avec trois cents chevaux
Îiour amufer Holagou : mais fon ilratagême ne
ui réudit pas; car Rocneddin fut obligé de fe
rendre^ avec toutes fes places ^ entre les mainte
de Holagou.
SCHIR AZ ; nom d'une grande villp , capîtaîe
de la province que ks Orientaux appellent Fars^
qui eft la Perfe proprement dite, ou la véritable
Pcrfe, de laquelle les Perfans & peul-être les
Parthes ont pris leur nom.
Cette ville eft fituée fous la longitude de j^y
N iv
$oo Bibliothèque
degrés 35 minutes, & fous les 29 dégrés jéi
minutes de latitude feptentrionale , félon la plu-»
part des Géographes , & cependant les Tables
de Naflîreddin & d'Ulug Beg lui donner^t 8»
degrés de longitude 5 ce qui vient de la pofiiion
du premier Méridien, que ces deux Auteurs re-
culent plus avant vers Torient, Elle n eft pas
ancienne ; car elle n a été bâtie qu au temps du
Mufu'manifme , par Mohammed Ben Caflem
Ben Ocaïl , caufin-germain de Hëgiage; en forte
que le temps de fa fondation nç toixibe que fous
la dynaftie des Ommiades.
Schiraz , félon tous les Géographes Orienlau»,
eft abondante en eaux vives qui arrofent fes jar-*
dins, & a un^ rivière nommée Bendemir^ qui
fut rendue navigable & mifc en canal par Adha^
dalddulat , Sultan de la dynaflie des Bouides ,
& qui peut-être eft le Choafpes des Anciens ^
ou au moins qui mêle fes eaux avec celui-ci ^
avant que de fe décharger dans le golfe Perfique.
Plusieurs cortfondent cette ville avec Iftekhar,
qui eft l'ancienne Perfépolis , qui n en eft pas
éloignée ; mais il y a plus d apparence que la
ville de Schiraz foit Fancienne Cyropolis > pays
natal du grand Cyrus, & qu'elle ^ été depuis ré-
parée des ruines de P^erfépolis.
Le mot de Schiraz^cn Arabe, dont le pfuri^
eft Schirazfz , fig^ifie proprement du lait épaiflî
& preffé > duquel on a tiré'fe Sérum ou petit-
Jait \ & c'eft de là peut-être que le nom de h
ville de Schiraz a été pris , à eaufe q^t {on ter-
ToiF eft prefque tout couvert de pâturages , &
abondant par conféquent en toutes fortes d€ laî-
ta|«s^ Cej^nd^nt les Perfeu» a^odtra^^ veuiçat
\
Orientale. 201
que le nom de Schira^ lui air été donné à caufe
que Hemtchcu Schirhemeh Scheï kih deran mia-^
verend mi Khoured , ^ cette ville confume & dé-
vore comme un lion , qui s'appelle Schir en Per-
fien, tout ce que Von y apporte^ ce qu'ili difcnt
pour faire entendre la multitude, & peut-être
encore le bon appétit de fes habitans.
11 y a dans cette ville plufieurs mofquées .aflcz
belles, & quelques palais ou niaifons affcz bien
bâties , ce qui n'eft pas ordinaire en Perfe , où
les maifons ne font prefque toutes faites que de
torchis, les Perfans préférant k propreté & les
ornemens à la folidité & à- la durée de leurs bâ-
rimens. Mais dans Schiraz la plupart des maifons
font faites de brigues cuites au foleii , & par
conféquent plus folides.
L*air de cette ville, & fes eauK qui la ren*
dent recommandable , font que fes habitans font
blancs & bien faits , deués de beaucoup d'efprit ,
& naturellement éloquens.
Les chiens de Schiraz font fort eflimés; & la
plante ou racine aromate. nommée ordinairernent
Cojlus Arabicus , qui eft amere , & qui approche
fort du gingembre , croît en abondance dans fon
terroir.
Les Sultans Bouides , qui commandoient en
Perfe au temps des Khalifes Abbaffidçs de Bag-
à^i^ ont fait de cette vîîle Se de celle d'ifpahan,
en divers temps, la capitale de leurs Etats. Les
Atabeks lont auffi lonç-twiips pofledée en titre
de Gouvernement , & en quelque forte de Souve*
raineté fous les Sultans Selgiucides , & fous les
Khouarezmiens.
Lé$ MoçoU ou Tartarea de Genghizkhao s'en
{
lot Bibliothèque
rendirent les maîtres, & l'ont tenue jufqu'aa
Sultan Âbou Saïd, après la mort duquel les Mo*
dhafFëriens,qui n*en étoient que les Gouyemeurs^
en devinrent les maîtres abfolus.
Les Princes de cette dynaftie, nommés i/^7-
hare^eidin Al Modhaffer ^ fes ehfans, S chah
Manfour & Schah Schegià , & fon petit-fils
Zinalabtdin, l'ont pofledée jufqu'au temps de
Tamerlan, qui s'en rendit enfin le maître, &
extermina. entièrement la famille ou dynaftie des
ModhaiFériens,
Les Princes oM Sultans Turcomans de la fa-
mille du Mouton noir chaiTerent de Schiraz &
de toute la Perfe les enfans de Tamerlan ; &
Uzun HaiTan, Chef de la^ famille ou dynaflie
des Turcomans du Mouton blanc , en dépouilla
la poilérité de Cara loufouf , & s'en rendit le
maître.
Scbiraz eft aujourd'hui fujette au Roi de Perfe*
Elle pafTe pour la féconde ville de fon Empire,
& le Khan ou Gouverneur qui y commande, eft
ordinairement le plus puifTant de fa Cour, &
fe vante de pouvoir mettre fur pied cinquante
mille chevaux.
Les Perfans citent ordinairement ce difiique
à la louange de leur ville : Tchih Mefr v tchih
Scham V tchih Berr Bahr, Hemeh rujiaïend v
Schirà^i fchehr. y> Qu'eft-^ce que le Caire , &
qu'eft-ce que Damas, & qu'eft-ce que les autres
villes, foit de terre ou de mer? Elles ne font
toutes que des villages, & Schiraz feule mérite
de porter le nom de ville «.
Les murailles de Schiraz que Vpn voit aujour*
d'hui , & qui ne font pas achevées par-tout > ont
r
Orientale. ao}
été bâties par Hafî'an Al Thaouil, que les Turcs
nommant Uiun HaJJan , & nos Hiftoriens
U^um CaJ/ariy Chef ou Sultan des Turconians
de la dyxiaftie du Mouton blanc : car ce Prince
étant pafle Tan 874 de THëgire , vint à Schiraz,
où Abou Jofcf Mirza , fils de Gehanfchah ^
Prince Turcôman de la race du Mouton noir,
faifoit fa réfîdence, & l'ayant prife par force,
il en donna le gouvernernent à fon fécond fils
Sultan Khalil , comme il avoit donné celui dlf-
pahan k fon aîné Mohammed Ogou ri u.
Le tour de ces murailles, bâties par Uziim
Caflan , peut être environ de neuf milles : car
cette vilJe a trois milles de longueur du fud-efV
au nord-oueft , & n'en a pas moins de largeur.
SCHIRGOUEH ou SCHIRKOUEH. Ce
mot , qui fignifie .en Perfien le lion de la mon-
tagne , de même qu'AfTad algebal en Arabe , eiT:
le nom du frère d'Aïoub & de loncle de Sa--
ladin.
Schirgoueh & Aïoub étoîent tous deux en-
fans de Schadhi, & étoient Curdes d'origine»
& d'une race nommée paripi eux Al Raouadiah
& Ravendiah^ félon le rapport d'Ebn Al Athir.
Ces deux enfans de Schadhi étant venus dans
la province de Tlraque Babylonienne , fe mi-p
rent au fervice de Baharouz , Lieutenant ou Gou<-
verneur de la ville de Bagdet pour les Sultans
SeJgiucides. Baharouz ayant reconnu beaucoup
de valeur & d'habileté dans ces deux frères, les
envoya dans le château de Takric pour le garder.
Mais Schirgoueh ayant tué un homme dans Q.Qiie
place, les deuxfrere^en furent cbadés, & obligés
â04 BlBLIOTKEQUi:
de quitter le pays pour chercher ailleurs leur
fortune.
Ils vinrent trouver d'abord TAtabek Oma-
deddin Zlenghi , qui commandoit dans MoufTal ,
le fervirent pendant quelque temps , & paf-
ferent de là à la Cour de Noureddin Zenghi ^
Sultan de Damas , d'Alep, & d une grande partie
de la Syrie.
Ce Sultan leur donna de l'emploi , & mît Schir-
goueh à la tcte d'une armée qui devoit pafler en
Egypte à la foliicitacion d'Adhcd , onzième Kha*
lire des Fatbimites, qui ne pouvok fouffrir da**
vantage la grande autorité que Schnvcr , fon Vifir^
avoir prife dans fes Etats.
Schirgoueh exécuta parfaitement les ordres de
Noureddin fon maître ; car il défit & tua dç fa
propre main Schaver > en forte que le Khalife ^
pour reconnottre le fervice -que ce grand Capt-
taine lui avoit rendu , ki donna le furnonx
HAJJad eddirt , le Lion êe la Foi ou de la Reli^
gion^ le titre de Malek Al Manfour ^ Roi vic-
torieux , & la charge à! Emir atgioujch ou Ge-
néralijjîme de fes armées ; & Schirgoueh ufa R
bien de fon pouvoir, quêtant mort peu après ^
Tan 564 de THégire, le Khalife Adhed pria
Noureddin de lui donner Jofef, fils d'Aîfoub, qui
étoit auprès de lui , pour remplir h place de foir
oncle.
Ce Jofef , furnomn^ Salahediîn, ayant été
élevé par le Khalife au commandement général
de toute l'Egypte , & orné du titre de Malefc
Al Nafler, écrivit d'abord à Noûreddfn^qu'avec
toutes les dignités & les charges dont le Khakfe
lavoit gratifié^ il ne fe regardok que coiamtt
O R I E N T A L I» 20$
■fon Lieutenant en Egypte , & le pria de lui
envoyer fon père Aïoub ou Job , avec toute fa
famille. C'eft ce Perfonnage que nous connoiffons
fous le nom du grand Saladin , qui fe rendit
non feulement Souverain dans l'Egypte , maî$
qui dépouilla encore les enfans de?]oureddin dei
Etats qu'ils poflëdoient en Syrie & en Méfo-t
potamie.
SCHIRIN. Ce mot, qui fignifie en langue
Perfienne doux & agréable, eft le nom d'une
Dame fort connue dans TOricni par les Romans
de Khofrou & de Schirin , & de Schirin & de
Ferhad , où leurs amours &. leurs aventures font
de'crites%
Il y en a plufieurs qui croient que Schirin a
été la femme de Khofrou Parvîz Roi de Perfe ,
qui étoit Chrétienne & fille de l'Empereur
Grec Maurice , que quelques-uns nomment
Marie, & d'autres Irène , dont le nom , ainfi que
celui de S-erena , fe rapportent affez à celui de
Schirin^ car les Orientaux ont coutume d'ac-
commoder les noms étrangers des perfonnes &
4es lieux avec d'autres noms qui fignifient queU
que cbofe qui leur eft plus connu en leur
lîMigue.
L'Hifloire de Jofeph & de Zoulikhah , qui eft
vn autre Roman non moins fameux que celui
de Khofrou & de Schirin , eft d'une composition
beaucoup plus moderne , quoique THiftoire en
foit beaucoup plus ancienne : car l'Auteur de
ce dernier Ouvrage dit , en faifant l'éloge de
l'Amour , que c'eft lui qui Lebi Schirin befche-
kerri^ biku/ihad^ DU $1 Perviii berd v gian li
2o6 Bibliothèque
Ferhad; » en ouvrant les lèvres, la bouche dt
Schirin a ravi le cœur 8c emporté Tefprit de
Khofrou & de Ferhad «.
SCHIRIN; nom de la fœur de Marié la
Cophte ou l'Egyptienne , une des femmes de
Mahomet , qui fut renvoyée , après k mort de
Mahomet , avec fa fœur en Alexandrie. 11 y a
grande apparence que ces deux femmes étoienc
Chrétiennes.
SCHIROUIEH ; nom d uii Roi de Perfe de
la quatrième dynaftie, nommée des Sajfanides ,
que nos Hiftoriens appellent Siroès.
. Son nom propre étoit Cobad^ & il étoit fils
de Khofrou Parviz , auquel il fuccéda après que
les Grands du royaume Teurenr dépofledé &
emprifonné. Il commença fon règne par une
a6lion exécrable, ceft-à-dire par un parricide^
qu'il commit à la follicitation des perfonnes qui
avoient ôté la liberté à fon père , & qui en ap->
préhendoient le rétour fur fon trône.
Pour exécuter cette méchante aélion, Schi-
rouieh poufîa Mihir Hormouz , fils de Mardan
Schah , duquel Parviz avoit fait mourir le père,
à tirer vengeance de cette mort. Mihir Hor-
mouz , autorifé par ce Prince , ne manqua pas
de fe tranfporter auffi-tôt dans la prifon où Parviz
ctoit enfermé ; & ce Prince ne l'eut pas plus tôt
apperçu , qu'il lui dit fièrement : » J'ai fait au-
trefois mourir votre père , & je ne tiens pas pour
légitime le fils qui ne tue pas le meurtrier' de
fon père , quand il eft en pouvoir de le faire « ;
£c il n eut pas plus tôt achevé ces paroles ^ que
Orientale. 207
Mîhir Horxnouz mit le fabre à la main & lui
6tk la vie.
Mihir Hormouz , après avoir fait cette exë->
cution , vint en rendre compte à Schirouieh , &
lui rapporta les mêmes paroles que Ton père lui
avoic dites avant qu'il le tuât; & Schirouieh le$
ayant entendues « ne lui dit fur l'heure autre
chofe : mais après avoir fait faire de fomptueufes
funérailles k fon père, il 6t mourir auilî-tâc
Mihir Horjnouz, en lui repérant les mêmes pa-
roles que Parviz avoit prononcées avant fa mort,
& qu'il lui avoit rapportées trop fidèlement.
Schirouieh ajouta à fon parricide le maifacre
de dix-fept de (ts frères s car de dix-huit qu'ils
étoient , il n y en eut qu'un feul qui fe fauva.
Celle cruelle aélîon lui attira des reproches fan-
glans de la part de fes fœurs , lefquels , joints aux
remords dune confcience bourrelée , lui cauferent
une maladie 1 dojot la malignité l'emporta en peu
de temps ^ après un règne fort court ; car les
Hiftoriens ne le font aller tout au plus que juf-
qu a huit mois ; il y en a même quelques-uns qui
ne lui en donnent que fix.
La mort de Khofrou Parviz eft rapportée ,
avec d'autres circonftances , dans le Rapudhac
almenadir de Ben Schohnah ; car cet Auteur
écrit que Schirouieh ayant fait venir fon père en
fa préfence , lui dit ces paroles : » Ne vous éton-
nez pas fi je vous ôte la vie , je ne fais que vous
imiter dans cette acftion , puifque vous l'avez ôtée
autrefois i votre pere«^ & qu'il n'eut pas plus
tôt fini ce difcours , qu'il commanda à un de (es
Officiers, de le tuer.
Aboulfarage & £bn Amid écrivent tous deux
1
Èot Bibliothèque
dans la Vie de M oncafTer , que ce Khalife , ^ûl
eft Tonzieme de la race des Abbaffides , ayant
fait tuer Motavakkel , fonpere, par des Turcs ^
tous fes fujets difoient unanimement que fon
règne ne dureroit pas plus que celui de Siruès
qui avoit tué le fien. Peu après qu il eut commis,
ce parricide , ayant fait déployer devant lui fes
tapifTefies, on en tendit une qui repréfentoit un
Prince à cheval avec la couronne en tête , autour
duquel il y avoir un grand cercle avec une inf-
cription en caraéleres Perfiens.
Le Khalife ayant fait venir un Interprète
Perfien pour lui expliquer cette infcription , cet
homme ne l'eut pas plus tôt lue» qu'il changea de
couleur & lui dit que ce netoit qu'une clianfon
Perfienne : le Khalife cependant roulant en fa*-
voir le fens , llnterprete lui répondit qu'il n'y en
avoit aucun : mais tnûn fe trouvant preiTé &.
menacé par le Khalife y il lui expliqua les paroles
Perfiennes, dont le fens étoit tel\* » Je fuis
Schirouieh , fils de Chofroès , qui ai fait tuer
mon père ^ & qui n*ai joui de fa couronne que
pendant fix mois «.
Ce dix-huitieme frère de Siroès , qui échappa
à fa cruauté , portoit le nom de Scheheriar^ le-
Îuel demeura caché dans la ville d'iftekhar ou
^erfépolis, & ne parvint point à la couronne de
Perfe : mais fon fils , nommé leide^ird , fut le
dernier Roi de cette dynaftie des SafTanides ou
Chofroès, qui finit Tan i6 de l'Hégire , & paffa
des Perfans aux Arabes fous le Khalifat d Omar.
Siroès laifla un fils âgé de fept ans , nommé
Ardefchir ou Artaxerxe , qui fut dépouillé par
Scheheriar , Général des armées de Perfe.
Eba
O R î l: N T A L t. I09
Ebn Bâtrîk raconte dans le fecend Tome de
fon Hiftoire, intitulée Nadlim algiauhar ^ que
Khofrou Parviz ayant été détrôné pourfesmau-*
vaifes mœurs , après trente-huit années de règne ,
dont les dernières furent maiheureufes , ochl-
rouieh , fon fils aine , iflu de Marie , fille de
l'Empereur Maurice , ût mourir dix-huit de fes
frères qui lui étoient contraires , & que la caufe
de cptte divifion venoit particulièrement au fujet
de la Religion , & parce que Khofrou Parviz
avoit attiré ï la Perfe tous les malheurs qu'elle
fonffroit, en voulant venger la mort de TEmpe*
renr Maurice , fon beau-pere, que Phocas avoit
fait mourir.
Le même Auteur écrit que Schirouieh fut un
Prince fort jufté , & qu il mourut de la pefte ,
après huit mois de règne avec fon père Khofrou
Parviz , qui avoit été dépofé , & il ne. fait aucune
mention du parricide dont les autres Hiftoriens
accufent ce Prince.
SCHIRZAD. Zaïrac Ben Schirzad;nom d*un
Turc de nation , qui fuccéda à la charge qu avoit
Tozun auprès du Khalife Moftacfi. Ce Turc
gouverna & administra le Khalifat û tyrannique-
ment , qu'il n'en put jouir que peu de mois^ &
Ïue les Bouides fe rendirent maîtres de la ville de
tagdet.
SCHQAIB ; nom de celui qui eft appelé dans
TEcriture-^Sainte Jethro & Haguel.
Les Mufulmam mettent Schôaïb ou Jethro
au nombre des Prophètes , & difent qu'il fut en*
voyé de Dieu au peuple de Midian , c'eft-h-dire
Tome V. O
Aïo Bibliothèque
aux Madianites fes compatriotes , pour les reti-
rer de Tidolâtrie , & pour leur prêcher l'unicë
de Dieu.
Le Tarikh Moncekheb le fait fils de Mikil on
Michaël qui étoir fils deTaskhir , & ajoute que
celui-ci ëtoit fils de Midian » qui a donné (on
nom à cette nation des Arabes que nous appe-
lons Madianites.
Il eft parlé de ce Prophète dans un chapitre
4e TAlcoran , intitulé Araf^ dans lequel il eft
ait qu'il fit des miracles pour prouver fa mifiion ^
fansquil foit parlé daucun en particulier :. mais
l'Auteur du Livre intitulé Aiât Baherat , les
Signes manifejles ou les Miracles éclat ans , eti
rapporte néanmoins un; favoir, que, Jorfquece
Prophète vouloit monter fur le haut dune mon-
taene pour y faire fa prière , cette montagne
s'aoaiiToit pour lui en rendre la montée plus
facile.
Houlîâïn Vaêz , oui a paraphrafé & commenté
le chapitre Araf , dit que ce Prophète ne tra-
vailla pas feulement k enfeigner la Foi Muful-
mane aux Madianites , en quoi il fit quelques
progrès , mais qu'il s'appliqua auffi à leur faire
perare l'habitude des vices qui régn oient le plitt
parmi eux. Us étoient tous la plupart grands
voleurs , car ils avoient deux fortes de poids &
de mefures , ayant accoutumé d'acheter avec U
grande & de vendre avec la petite : c'eft pour-
quoi il leur difoit fouvent ; de la part de Dieu ,
ce qui eft couché dans le chapitre qui a été cité
& qui fert maintenant de Loi aux Mufulmans :
Faaoufou alkil v almi^an via tahkhajfou alnass
afchiahom : » Ayez des mefures & MsbalaQoci
Orientale. jm
I joftes ^ & ne fraudez perfonne de ce qui lui
! appartient <(. T '
Outre rinjuftîce que commettoît ce peuple
^xi& le négoce & dans le commerce , il y avoit
parmi eux un grand nombre de Bandouliers qui
voloient fur les grands chemins , & ôtoient aux
gens la liberté d aller & venir pour vaquer à leurs
affaires , & particulièrement à ceux qui fréquen-^
toient la maifon du Prophète pour être innruit$
de la véritable Religion , & ils pouffèrent fi avant
leur infolence , qu'ils menacèrent Schôaïb de le
cliâi7<sr lui & fes difciples hors de leur pays, s'ili
ne rentroient tous dans la Loi ^ ou , pour mieu3C
dire , dans Timpietë de leurs pères.
Cette infolence outrée des Madianîtes obli-p
Îea enfin la Jufiice divine de faire un exemple
e ces impies , & dentbyer expreflement Ga*»
briel , lequel , avec une voix tonnante & par un
cri effroyable , excita un tremblement de terre
ui les fit tous périr , à la réferve de Schôaïb fift
!e ceux qui faifoient profeffîon du Mululma-
nifme.
Ce fut après cette punition que Schôaïb quitta
le pays & alla trouver Moïfe fon gendre , comme
il cft rapporté dans la Genefe , qui ne fait pas
cependant mention du châtiment des Madianites,
L'Auteur du Lcblarikh dit que ce fut fous le
règne de Manougeher, Roi de Perfe de la pre-
mière dynaftie , que ce Prophète, qui étoit de
la race d,'lfmaël , rut envoyé de Oi(^u au peuple
de Midian, propre fils du même Ifmâël ,,& que
ce fut lui qui donna à Moïfe ^ fon gendre, la verge
avec laquelle ilexploita de fi grands miracles ; âc
rnân , que c« Schpaïb ^ qui porte le titre de iC/uu
Oij
i
^11 B I B L I O T H £*Q V E
€hib altnhia , eft fe feul Prophète avec Maho-
met 5 & que les Arabes aient eus , qui ne ipnc
point de la race de' Jacob. , .
Les Mufulmans donnent le titre de Khqthib
nlenbia^ qui fîgnifie le Prédicateur dfis Pro-
phètes , à Jethro , k caufe des inftruélions qu^il
donna à Moïfe & à Aaron , & cela eft fondé fur
ce que TEcriture-Sainte dit que Jethro. donna
à Moïfe des aviijjour bien gouverner les Uraé*
Jites , & que ce Prophète les fuivit.
SCHOADA; les Martyrs. Ceft le pluriel
Arabe de Schehïd.
Les Mahométans donnent le nom de Schehiâ
pu Martyr ^ non feulement à ceux qui ont perdu
ia vie pour la défenfe des vérités prétendues que
le Mufulmanifme enfeigne , mais encore à ceux
qui. ont été tués , ou qui font morts dans les
£uerres que les. Mufulmans (ont obligés de faire
a tous ceux qu ils appellent Infidèles.
Tarikh Al Schohada ; TEre ou TEpoque des
Martyrs. C'eft ainfi que les Chrétiens Orien-
taux » & particulièrement lés Cophtes , appellent
d^ans leur Calendrier ce que les Latins ont nommé
XEre de Dioclétien , à caufe qu elle commence
la dix-neuf ou vingtième année de Dioclétien ,
dans laquelle cet Empereur fit mourir, dans la
feule Egypte , quarante-quatre mille Chrétiens ,
& en contraignit un nombre infini de fuir & de
fe retirer dans les déferts de TAfie & de l'Afrique.
Les plus exads Chronologiftes néanmoins
fixent le commencement de TEre des Martyrs
dans la première année du règne de Dioclétien >
qui eft la ^S^ de J. C. , dans laquelle TEmpe-
f
I
Orientale. sij
îtur Carus mourut, & Numerien , fon fils ^
fot tuë.
SCHOOUBIAH ; nom d'une SecSe qui s'eft
élevée dans le Mufulmanifme. La créance que
ceux de cette Secfte profeiTent , eft que Ton ne
doit point préférer les Sunnites aux Schiites ou
Rafadhites ; c eft-à-dire les Orthodoxes aux Hé-
térodoxes , & ils regardent les uns & les autres éga-
lementpourdesbonsMufulmans. Cependant ils ne
font confîdérés par les Schiites, que pour des Gen*
tils ou Païens, iuivant lafignifieation de leur nom.
Il y a plufieurs Mufulmans qui font ptofeAion
de cette Seéle , mais fecrétement.
SEBEKTEGHIN; nom turc d'un Perfon-
nage qui portoit encore le nom Mufulman de
Naffêreddin : il étoit Turc de nation , ou du
nombre des EfcUves d'Alpteghin, Général dei
années du Sultan Nouh le Samanide , & Gou-
verneur pour lui dans la province de Gaznali.
• Alpreghin trouva tant de belles qualités iians
Sebekteghin fon efclave , qu*après Tavoir affran-
chi , il l'avança dans les premières charges de la
miliee, & découvrant en^fa perfoime de jour en
jour de plus grands talent , & n'ayant point den-'
fans , il le fit héritier de tous fes grands biens.
Sebekteghin , après la mort de fon Mnîtr€>
qui arriva Tan de l'Hégire 365 , n entra pas feu-
ment en poffê/îîon de fes grands biens, mais s'em-
para encore de fa charge, que le Sultan Nf)uh lui
confirma , & tous .les Grands de la province de
Gaznah le reconnurent pour leur Chef, & poug
le très-digne fucceffeur d'Alpteghin.
?,
it4 fiiBLlÔTHCQtJt
Il s'acquitta /i bien de cette charge , en faisant
pratiquer une difcipline très-exaéle à fes troupes ^
ue les peuples demeurèrent très-contens de
on gouvernement; & il gagna tellement le cœuir
des Officiers par fa libéralité) qu'il fe rendit en
peu de temps abfolu dans tous les £tats du Su!-*
tan. Il força même par fa valeur plusieurs places
qui refufoient de le reconnoitre , & ayant ainfi
pacifié les provinces , il porta fes armes dans l'In-
doftan, Tan 367 de l'Hcgire, & fît la guerre k
plufieurs Raïas ou Prindes des Indes, qu*il con-
traignit d embraifer le Mufulmanifme , & de
changer leurs temples en mofqùées , après quoi
il retourna triompnant dans la ville de Gaznab«
Ces viéïoires, qu'il remporta dans les Indes,
lui acquirent un û grand nom , que le Sultan
Npuh , fils de Manfor , le laiïToit agir par-tout
en Souverain , & l'appela enfin à fon ùcours ,
{plutôt comme Allié que comme fujet , contre
e Roi de Turqrueflan , qui menaçoit les provinces
£ tuées au delà du Gihon , qui étoient du domaine
des Samanides , & faifoit même des courfes ju£«
que dans le Khorafari.
Sebekteghin rendit de fort bonne grâce ce kr-*
tlce au Sultan ; car il employa toutes fes forces
contre les Turcs , qu'il rompit en plusieurs ren^
contres , & les obligea , après plufieurs combats^
de fe retirer avec beaucoup de honte & de perte
dans leur propre pays : & ce fut après cette
grande expédition , que Sebekteghin étant venu
dans la ville de 6alkhe pour fe dëlailèr de fes
grands travaux & prendre quelque repos | y
trouva la fin de fa vie , l'an j 87 de l'Hégire.
L'Auceur du Giaiâé alhekaïàt rapporte que
O IL ï Ê N T A t «. iJf
ll^mir Naflereddin Sebekteghin dormant pen-*
dant le jour fur foa eftrade , vit en fonge , dès
Tan 361 de THégire, un arbre qui fortoit de fort
foyer -^ qui , félon la coutume du pays ', était au
xnilieu de la chambre : cet arbre croiiTânt &
s'ëievant infenfîblement , étendit fes branches par
toute la chambre ) & les pouffant au travers des
fenêtres , en couvrit enfin entièrement toute la
maifon^
Sebekteghin étant réveillé , rcpaflbit dans foif
efprit ce fonge qui rinquiétoit , lorfqu on lui ap<-
porta la nouvelle de la nai^ance d'un âls; & cette
nouvelle lui donna tant de joie , qu'il s'écria s
Mahmoud alibdda Majfoud alintiha, » Glo-
rieux commencement qui fera couronné d'une
heureufe fin «.
Ces deux mots , Mahmoud & Majfoud , qui
Signifient en Arabe Louable & Fortuné ^ GJo'^
rieux & Heureux^ furent les noms que fes en-
. fans portèrent.
Un Poëte Perfien dit fur la mort de Sebekte-
ghin y faifant réflexton fur le fuccefTeur qu'il laif-
loit après lui : 'P Lorfque vous êtes arrivé au bouc
du portique ) &. que vous penfez y prendre quel^
que repos , vous trouvez un arc de triomphe
3ui vous dit : Levez*-vous , & venez me confr-»
érer <(. Le Poète entend par ce portique au
galerie , la vie & les grandes actions de Sebek'*
teghin \ fie par l'arc de triomphe , les guerres &
les viâoires de Mahmoud fon fils.
Les paroles que Sebekteghin prononça , firent
que l'on donna k l'enfant qui venoit de naître le
nom de Mahmoud , & que le fils du même Mah-
moud fut dans la fuite nommé Majfoud.
Oiv
^l6 BlBLIi^THEQUE
Mahmoud fut ce grand Prince qui fonda là,
dynxiftie ou 1 Empire des Gaznevides , & Ion
peut dire de lui & de Maifôud fon fils qui lui
luccéda , que ces deux Sultans , félon la fignifi-
cation du fonge de leur père , couvrirent de l'om-
bre de leur puiflànce &. rnirent fous leur protec-
tion la plus grande partie des peuples de TAfie.
Le Poète Fcrdoufli y parlant du grand Monar-
que Mahmoud fils de Sebekteghin , dit que la
juftice de ce Prince a fait en forte que le loup &
' l'agneau venoient s abreuver enfemble dans fes
Etats , & que Ton y voyoit avec admiration que
les enfans qui ëtoient ericore à la mamelle
n'avoient pas plus tôt fucé le lait de leur mère ,
qu'ils oavroient la bouche pour prononcer le
nom de Mahmoud,
11 faut remarquer dans ces vers , que ce que le
Poète dit* du loup & de Tagneau eft pris de ce
que les Prophètes ont prédit du temps & du
règne du Meflîe , & que le nom de Mahmoud
que Ig% enfans prononçoient , fignifie auffi en
Arabe, qu'ils étoient fatisfaits & contens après
avoir pris le lait de leur mère,
SEBGAH , Teinture ; Sebgatallah , la Tein-
ture de Dieu. C'eft ainfi que Mahomet appelle
le baptême des Chrétiens dans fon Alcoran, &
cela , parce qiie de fon temps les Chrétiens bap-^
tifoient leurs enfans par intinéîion , & non par
afperfion , comme on le pratique aujourd'hui ^
c'eft-â-dire en les plongeant dans l'eau jufque
par-de/Tus la tête , co qui a du rapport à la ma-*
»iere dont on fe fert pour teindre les ëtoiFes.
Le même Mahomet ne pouvant fouffrir le
Orientale. ai/
reprocîie que les Chrétiens lui faifoienc fur ce
qu'il avoir abrogé le baptême , quoiqu'il portât
dailieurs un grand refpecfl en apparence à tout
ce que les anciens Chrétiens pratiquoienc , fe fait
faire lui-même cette objeélion parles Chrétiens ,
&. leur répond que la véritable teinture de Dieu,
ccft-à-dire le véritable baptême, n'eft autre que
la grâce qu'il fait aux Mufulmans ou à fes Fi-
dèles en leur donnant la Foi.
Il faut remarquer cependant que les Arabes
appellent en leur langue le Baptême des Chré*
tiens Al Mâmoudian , & que les Turcs & les
Perfans le nomment Mavtous & Vaftis , mots
corrompus du Grec, •
SEBTH. Ce mot Arabe, qui eft tiré de l'Hé-
breu Schebdth , iîgnifie proprement une Tribu du
Peuple Juif , de même que Cabilah fignifie une
Tribu des Arabes : car ceux-ci prétendent que
les enfans d'Ifmaël furent les Patriarches & Au-
teurs de leurs Tribus , 4e même que les enfans
de Jacob l'ont été de celles des Juifs.
. Aboulasbath ; le Père des Tribus. C'eft le titre
ou furnoin que les Mufulmans donnent au Pa-
triarche Jacob ; & lorfqu'ils parlent du Peuple
Juif, captif dans l'Egypte ou errant dans Je dé-
fère , ils l'appellent ordinairement du nom èiAs^
bath , qui eft le pluriel de Stbth.
SEBTI ; furnom d'un Jofeph Ben lahia Bea
Ishak A^ Mogrebi Al Sebti , Médecin Juif, na-
tif de la ville de Sebtah ou Ceuta , qui mourut
Tan (J13 de l'Hérire. Ce toit un très- grand Phi-
lofophe y lequel val obligé de quitter TEfpagne^
1
il8 BllLIOttiEQUE
à caufe de la violence que Ton faifoit alors k cevoÉ
Ae^ fa Religion , pour leur faire embrafler le Mu-f
fulmanifme. Il vint en Egypte & pafia de là
en Âlep , où il fut Médecin du Sultan Al
Dhaher.
L'on rapporte de lui , qu'ayant promis à un
Cadhi , nomme Ahram , qui e'toit de fes plus in-
times amis , de le venir vifiter après fa mort , &
ayant tiré de fon ami une promefife réciproque
de fa part , il fut deux ans , après fa mort, fans le
vifiter ; mais au bout de ce temps-là te Cadhi le vit
en fonge pendant la nuit , & lui reprocha d'avoir
manqué à fa parole ; fur quoi le Juif le prit par
la main & là lui preffa , en difant : » Ce qui
étoit univerfel s'eft réuni à l'univerfel , & ce qui
croit particulier cft demeure avec le particulier « :
façon de parler philofoghique , par laquelle il
vouloit lui marquer letat des âmes après la mort 7
mais il y a grande apparence que ce fonge n'étoic
qu'une expreffion ou imagination fondée fur \ç
feniiment & l'opinion particulière de ce Cadhi.
. SECLAB ; nom du fécond fils de Japhet y
lequel s'appliqua, plus que fes ijiutres frères, à
bâtjr des maifons & àe$ villes , à caufe du grand
nombre de fes enfans.
Les defcendans de Seclab s'étant beaucoup muU
tipliés, demandèrent aux enfans de Rous, qui font
lesRufles ou Ruffiens, des terres poury habiter; &
ceux-ci les leur ayant refufées , ils s'adreiTerent à
ceux de Khozar & de Gomarî^ qui leur firent le
même refus , de forte qu'ils furent obligés d'jr
entrer par force i mais enfin tous leurs voifîns
l'étant bandés & ligués contre eux, & fe voyant
f
O R I £ N t A L E. ii9
cba/n^s de tous côtés, i)s furent contraints daller
habiter dans un pays fort froid , au delà du fep-
tieme climat.
Mirkhond , qui parle de ces peuples dans la
Généalogie de Ginghizkhan , dit que les Secla-
bes habitent encore aujourd'hui dans les pays
Hyper borée ns, où ils font obligés de fe retirer
fous terre pendant la rigueur de 1 hiver. Ces
peuples font apparemment ceux que nous appe*
Ions aujourd'hui les Samojedes & les Lapons.
Le même Auteur dit que Seclab eut un fils,
dont la mère mourut en accouchant de lui ; en
forte que Ton fut obligé de le nourrir du lait
â*une levrette , & que cette nourriture fit que
cet enfant étant parvenu à un âge plus avancé,
fautoit & couroit avec une légèreté & une vîteiTe
merveilleufes , qualités qui demeurèrent particu-
lières à toute fa lignée.
SECLABI. Les Hiftoriens Orientaux nom-
ment ainfi un Efclavon qui a pris naiffance , non
pas dans ces pays du Nord dont Ton vient de
parler dans le titre précédent , mais dan.s celui
que nous appelons aujourd'hui VEfclavonie & la
Bulgarie , qui font la Méfie des Anciens, & ils
étendent même ce nom jufqu'à la Thraçe & aux
pays les plusfeptentrionaux de la Grèce. Ceftce
qui fait qu'ils appellent dans leurs Hiftoires l'Empe-
reur Bafile le Macédonien , Bafilious Al SeclabL
Les Turcs appellent aujourd'hui les Efclavons
qui ont envahi des terres de la Pannonie entre
les fleuves du Drave & de la Save , Bofchnak ,
à caufe de la Boffine ou Bofnie qui y eft corn-
j>rife} £i quelquefois siuûArnaut, qui eil néan*
220 Bibliothèque
moins le nom particulier qu'ils donnent aux
Albanois.
On appelle aujourd'hui en Hongrie Rafciens ,
les Peuples de rÉfclavonie & de la Servie ; naais
Îour cette dernière province , les Turcs l'appel-
ent en particulier Sirf Vilaïeti.
SEDD ALARAB ; la Levée des Arabes.
Cette levée étoit dans le pays de Hadharmouth ^
. c'eft-k-dire dans TAdramyttene , petite province
de riémen ou Arabie Heureufe : eHe fut faite
anciennement par les Arabes avant leur difper-
fion , entre la ville de Hadarmout & celle de
Saba , pour féparer ce canton , qui eft le plus
beau de l'Arabie , d'avec fes voifins qui y fai-
foient fouvent des courfes. Il en eft fait fouveni
mention dans THiftoire des guerres d^s Arabes
avant le Mahométifme»
Il y a une autre ligne en Arabie , que Maho-
met fit faire pour feparer le terroir de Médine
de celui de la Mecque , incontinent après fa fuirez
mais cette ligne de féppration n*eft pas ordinaire*
ment appelée du nom de Sedd ^ mais de celui de
Khandak , qui ûgniûç Jbjfé ou tranchée , & ce
fut là que fe donna un grand combat entre
Mahomet & les Médinois d'un côté, & les Co-
raïfchites & les Juifs de l'autre , dans la cinquième
année de THégire,
^SEDD lAGIOUG^ V MAGÏOUG'; la le-
vée , le rempart ou le mur de Goç & de Ma-
gog. C'eft cet ouvrage tant vanté dans les Hif-
loires de TOnent , dont la coniciuétion eft
Attribuée à £ska.nder ou Ale^a^dre , noa pas ï ^
r
O R I £ N T A L i; JJt
Alexandre , fils de Philippe , que nous appelons
îe Grand , mais à un autre que les Orientaux
furnomment Dhoul Carneïn^ qui eft beaucoup
plus ancien que le Macédonien , & que les Per-
fans croient avoir été le même que .Giamfchid ,
quatrième Roi de la première dynaftic.
Ce mur de Gog oc Magog fut bâti par qc
Prince, que les mêmes Perlans cf oient avoir été
Monarque de toute la terre habitable , pour ref-
ferrcr les nations Hyperboréennes au delà du
Caucafe , cntrt le Pont-Euxin & la mer Caf- '
pienne , & pour les ^empêcher de faire des in-
cursions dans le milieu de TAfie.
L'on dit auffi que Noufchirvan fit continuer
ou rép^irer ce grand ouvrage , comme l'on peut
voir dans fon titre particulier.
Quelques Hiftoriens de l'Orient reculent cette
muraille de Gog & de Magog au delà de la mer
Cafpienne en tirant vers Torient , de forte que
Ton pourroir croire que c'eft la même qui fépare
la Chine d'avec les Mogols & Tartares. , ^
SEDOUM & SEDOUMAH. C eft aî'nîS
que les Arabes appellent la ville de Sodçme ea
Judée, dont le peuple eft ordinairement nommé
par les Mufulmans Caoum Louth , h Peuple dç
Loth , parce que ce Prophète , fuivant eux ,
leur fut envoyé de la part de Dieu , pour les
convertir à la Foi & les détourner du crime ,
que les mêmes Mufulmans appellent Fâai Cabihj
la vilaine aéiion.
Cette ville &les quatre autres qui étoient dans
fon voifinage , font appelées par les Mufulmans
Al Motaficdt ^ les Villes renver/eej , à câufe
111 B I BLIOTHEQUE
2ue l'Ange Gabriel , envoyé exprefTëment de
)ieu pour punir leur crime , les renverfa avec
tous leurs habicans fens deiTus defTous , &. les ût
ainû périr tous.
SEFAT ALLAH ; les Attributs de Dieu. II
y a parmi les Mufulmans plusieurs Seules qui
ont aes fentîmens bien différens fur les attributs
de Dieu ^ & il y en a une particulière qui porte
le nom à* Al Stfatioun , comme qui diroit les
Attributaires ^ qui diftinguenries attributs d'avec
l'eflence divine , .& parmi ceux-ci il y en a
même qui lui donnent un corps ; & ce font
ceux-là que les mêmes Mufulmans appellent
Magiajfemioun.
Ceux qui paflent pour s'éloigner davantage du
fentiment des Chrétiens , rejettent toute forte
d'attributs, tant les Nationaux , qui font les Per-
, fonnes divines , que les effenliels , & qui foutien*
Ment que Dieu neft point jufte par fa juftice,
ni favant par fa fcience , mais par fa pure & fim-
ple eflence , contre le fentiment de plwfieurs
autres qui diflinguent formellement , comme
font les Scotiltes parmi nous , les mêmes attri-
buts entre eux , & qui difent que Dieu eft jufte
Î>arfa juftice, favant par fa fcience, vivaru par
a vie , & non pas par fon eflence.
Toute la Théologie Scholaftique des MufuU
xnans , que Ton appelle parmi eux Elm alkelam ,
eft pleine de ces difputes ; Ton en peut voir des
échantillons en cet Ouvrage dans les titres des
Afcha riens, des Kéramiens , des Nodhamiens &
dei Motazales.
£
Orientale. 22}
SEGELMESSAH ; ville du pays que les Arabes
appellent Ma^reb Al Akf a ^V extrémité de VAfrU
?me ou àe L'Occident. C'cft ce que nous appelons
a Mauritanie : elle eft fitue'e dans le lecond
climat, fous le 37^ degré de longitude, & 31 de-
grés 30 minutes de latitude feptentrionale.
Cette ville fepare lepays<desMagrebins,c'eft-
kr*dire des Arabes d'Afrique d'avec celui des Ne-
«es , que les mêmes Arabes appellent Al Mou^
dan : elle a une fort grande rivière qui pafle le
long de fes murailles , & qui prend fa fource dans
les montagnes qui la couvrent du côté du le-
vant & du midi ; & plu(ieur$ ruiifeaux , fur le
bord defquels il y a plufîeurs jardins , que l'on
• trouve en fortant de les portes.
Le Géographe Perfien écrit que la ville de
Segelmeffe a huit portes , au fortir defquelles il
y a des promenades très-agréables & un terroir
abondant en toutes fortes fie fruits , ce qui eft
fort Tirt dans tout le refte du pays , qui eft fur
les confins du défert que les Arabes appellent
Mabdra ^ & que c'eft de cette ville que les Nègres
tirent les feuls fruits qu'ils aient.
L'on compte , depuis Segelmeflè jufqu'aux
villes de Tekrodr fit de Selah ," fituées fur le
fleuve Niger , quarante journées de chemin ^ &
autant juiqu'à l'ifle nommée Ulil^ qui eft proche
de l'embouchure du même fleuve , & Ton ne
peut faire ce trajet qu en portant fa provifion
d'eau ; car l'on n'en trouve point dans tout le
Sahara.
Ce fut la ville de SegelmeiTe que les Mara«^
bouts ou Al Moravides eurent pour le premier
ûége de leur Dynaftie ou Empire l qu'ils éten-
1
a24 B^IBLIOTHEQOE
dirent depuis ce lieu-la jufque fur lea bords cfe
Jamer Atlantique, & enfuite du côte de laMé-
diterrarie'e , & bien avant dans rEfpagrïe.
Là puiflance des Faihimites , qui régnèrent
dans toute TAfrique Occidentale , & qui fondè-
rent le Khalifat d'Egypte , prit (es commence-
mens dans la même ville y car ce fut dans Se-
gelmefle qu'Obeïdallah fut premièrement reconnu
pour Je Mahadi ou Mehedi , c'eft-à-dire le Cbef
fouverain & le Direéleur général de tous les
Mufulmans.
SEGESTAN & SIGISTAN ; nom d'un pays
qui a la province de Khorafan à fon occident , le
Makran à fon orient , le défert de Fars à fon
midi , & les Indes au feptentrion : fon terroir eft
fort uni , & porte beaucoup de palmiers ; maïs
il eft fi expofé aux vents , que les fables couvrent
des maifons & des villages.
Les mines d or du pays de Segeftan font fi
abondantes, que, fi Ton en veut croire ce que
les Hiftoriens difent dans la vie de Mahmoud
fils de Sebekteghin , Tor y fort de terre & pou£e
des branches , comme s'il étoit végétal.
Les principales villes de ce pays font Boft,
Corfiat & Zereng*, qui ont porté de grands
Hommes dans. la Littérature ; car le Poëte fiofh
y étoit né ; & plufieurs perfonaages , qui font
furnommés Seg\i & Segejiani , en font fortis.
Le pays de Segeftan , que Ton. appelle auffi
Sijian & Nimrou!( , c eft -à -dire le pays du
Midi^ a été autrefois habité par plufieurs Rois de
Perfe de la première dynaftie des "Pifchdadiens ,
comme de Giamfchid , avant qu'il eut bâti la villt
d'Eftekhar ^
O E I E N T A li E* U2$
d'Eftekhar , de Manugeher & de Naudhen
Le Géographe Perfien place le pays de Segef-
tan entre le Thokhareftan ; le Khorafan & le
Sind , qui eft la partie des Indes au deçà du fleuve
Indus , & lui donne encore à fon orient le pays
de Gour, & au delà de Gour celui de Raver.
C'eft aufÏÏ dans le même pays que Roftam ,
ce grand Héros de k Perfe , faifoic fon féjour
ordinaire j car il le t^oic en apanage des Rois
dç Perfe , & il n'en fortoit que pour marcher à
la tête des armées contre Afrafiab & les Turcs ,
leurs ennemis.
HoufTaïn Schah fut dépouillé de cet Etat»
dont il s'étoit emparé, par Khalil Hindougheh>
Général des armées de Mirza Aboul Caifem Ba-
bor ; car Tamerlan , fon aïeul , s ecoic ret>^u mai^
trc de cet Etat, & en avoir entiérenient^ruiné
.la ville capitale , à laquelle Ahmed Arabfchah
doi^ne aufïî le même nom Ad^SegeJian.
SEGIADAH eu SEGIADEH. Ce mot Ara-
be, qui fignifie la même chofe ique Sogioud^
c eft-à-dire l'adoration que Ton doit à Dieu , ,
figniâe auflî ~en particulier un petit tapis ou riatte
de joncs, que les Mufulmans portent toujours
avec eux , pour's'en fervir en fojfme d'agenouiU
loir pour faire les cinq prières, auxquelles ils font
obligés de fatisfaire chaque jour , fçlon leur Loi.
Sâdi dit , dans la préface de fon Boflan , que
Dieu a étendu la terre fur les eaux , comme un
tapis , pour fervir aux gens de bien de Segiadeh ,
pouf y faire leurs adorations, c'eft-à-dire, que
toute la terre , que les MufuIUfians croient être ,
fufpendue fur les eaux ^ auffi bien que le trône de
Tom Y. P
xt6 Bibliothèque
Dieu , doit fervir aux gens (|e bien , d*objet , de
fujet & de lieu propre puur ladorer & pour le
prier, ~
SEHELAN ; nom d'un Monarque du Gin--
niftan , qui eft le pays fabuleux des Ginns , des
Dives & des Péris , auprès duquel Caherman ,
furnommé Catel^ c'eft-à-^re le Conquérant ^àe*
xneura long - temps & 4fonna une infinité de
{)reuves de fa valeur , comme il eft décrit fort au
ong d^ns le Caherynan Nameh.
L'on dit en Orient , être tranfporté en Gi»-
nîftan , pour exprimer ce que. nous dirions en
François être porté en Féerie , comme par-
lent nos anciensilomans; car toutes les fiéiions
& rêveries qui -le trouvent dans ces Ouvrages ,
font prifes., comme on Ta déjà remarqué, des
*^omans & Hiftoires fabuleufes des Orientaux.
SEHELAN ou SEHILAN; Ebn Sehilan.
C'eft le nom d*un Vifîr de Solthan aldoulai ,
Prince de la famille ou dynaftie des Bouides , qui
jeta les femences d'une grande divifion entre lui
& fon frère Mofchrefaldoulat.
SEHR ou SIHR. Ce mot fignifie en Arabe
la Magie. Il y a parmi les Orientaux plufieurs
Livres qui traitent de cet Art pernicieux & dé.-
fendu , tels que font Idhah albefathin , Boghiat
' alfaffed v mathlab alcajfed âla tharik Ibram , &
•plufieurs autres, dont le plus dangereux eft celuiqui
. porte le titre à Ejiigdab aluns alarouah alginn
V alfcheiathin^ l'Art de faire fervir les Hommes^
les Efprits oit Anges ) les Follets & les Dé-
Oriental K. < 22J
mons à ce que Von veut. Il y a auilî la Magie des
Nabarhëens & des Indiens , &c.
SEID. Ce mat Arabe , qui' fîgnifîe propre-
ment Seigneur, eft devenu le titre des Chefs de
famille de la poftërité d'Ali.
SEID AL HAIV^ADANl j titre que çor-
toit Alaaldoulat, Prince de la famille de ria-
madan.
SEID ALTHAIFAT ; le Seigneur ou le
Prince de la Nation» C'eft le titre qui a été donne
à Gioneïd , qui paffe pour le plus grand Contem-
platif des Mufulmans.
SEIDANI ; les deux Seigneurs, C eft ainfî
que les Mufulmans , & principalement les AJides
ou Schiites, appellent, par honneur, les deux
âls d*Ali , Hanan ou HaiTain.
SEIDRAH ; nom d'une tribu , ou ^ comme
les Portugais les appellent , d une claiTe particu-
lière des Indiens.
SELGItJK ; Perfonnage qui a donné fon nom
aux Selgiucides , duquel nous verrons plus bas
lorigine.
SELGIUKI i un homme de la famille de
Sclgiuk. Le pluriel de çfi mot Arabe eft Selgiu-
kioun & Selagecah , & en Ferfien Selgiiukian ,
les Selgiucides. ^
Selgiak, félon TAuteur du Lebtarikh^ tiroic
P ï)
128 Bibliothèque
fon origine en ligne dire Ae & mafculine , d*Afra-
fiab , Hoi de Touran ou du Turqueflan y qui fit
une fi longue guerre aux Rois de Perfe de la pre-
mière dynaftie ; & ceux qui ont fait la Généa-
logie de la Maifon des Selgiucides , cotnptent
expreflement Selgiuk pour le trente-quatrième
des defcendans de ce Prince.
Le même Auteur dit que Selgiuk eut quatre
enfans mâles , nommés Micaïl\ Ifraêl , AïouJ/a
& Jounos , qui devinrent tous quatre très-puif-
fans en amis , & très-riches en terres & en trou-
peaux , & qu'ils vinrent du Tturqueftan dans la
Tranfoxane ; pour y chercher des pâturages plus
abondansque les leurs, Tan 375 de l'Hégire.
Ils s'arrêtèrent d'abord fur les confins de Bo-
khara & de Samarcande , villes principales de
cette province ■ mais ils demandèrent bientôt
après à Mahmoud, premier Sultan de la dynaftie
des Gaznevides , la permiffion de pafler le fleuve
Amou ou Gihon , qui eft TOxus , oc d'entrer ainfi
dans la province de Khorafan , dont ce Sultan
étoit le maître.
Arflan Giazeb , Gouverneur de la ville de
Thous en Khorafan pour le Sultan Mahmoud ,
ëtoit d'avis que l'on leur refufât le pafTage , de
crainte que ces quatre familles des cnrans de
Selgiuk , qui étoient déjà afl'ez nombreuses , n en
atciraifent encore d'autres : mais le Sultan , qui
préfumoit trop de fa puiflance, rejeta ce confeil,
& accorda aux Selgiucides le palîàge' qu'ils lui
demandoient, & leur permit de s'établir aux en-
virons des villes de Neflà & de Bavurd.
. Micaïl ou Michel , Taîné des quatre frères ,
ayoit deux fils mâles ; favoir , Thogrul Beg &
Orientale. 2-29
Giaitr Beg. Ces deux enfans fe firent les Chefs
de cette Colonie > & la groilîrent fi fort en peu
de temps par le paffage continuel des Turcs qui
fe joignoient à eux, que les peuples du Khorafan
commencèrent à craindre pour leur fureté , &
fongerent à fe défaire de ces nouveaux hôtes,
qu'ils regardoient comme de dangereux voifîns.
Le Sultan Mahmoud étant mort , fon fils
Maffôud, qui lui fuccéda, ayant reçu plufieurs
plaintes de la part de fes fujets contre les Sel-
giucides , fe mit en devoir de les éloigner de fes
£tats ; mais , comme il ne le fit pas d'abord avec
vigueur ,' il trouva des gens qui ne fe congé-
dioient pas û aifément , & qui oppoferent une
armée à la fiienne, quand il voulut les chafTer
par force.
Ce Sultan , qui faifoit pour lors la guerre dans
les Indes, fut bien plus iurpris, quand il apprit
que le Général de l'armée qu'il avoit envoyée
contre eux , avoit été battu ; il fe crut obligé de
venir en perfonne pour les cha/fer entièrement
du Khorafan ; mais cette féconde expédition ne
lui ayant pas mieux réuiH que la première , la
vi(3oire que les Selgiucides remportèrent leur
acquit une fi haute réputation dans YAfie , 5c
une fi grande puiifance dans le Khorafan , que
Thogrul Beg , fils de Michel , fe fit couronner
en qualité de Sultan dans la ville de Nifchabour,,
qui étoit pour lors la capitale de cette pro--
vin ce.
Khondemîr rapporte beaucoup plus dîftinéle-
ment que l'Auteur du Lebtarikh , Torigine des
Selgiucides^ & voici ce qu'il en dit:
Selgiuk étoit fils de Decak, Officier principal
P iij
jjo Bibliothèque
de Bigou , Prince ou Sultan de cette race Xur-
quefque qui habitoit dans la campagne de Kho-
zar ou de Kepchak, au deflus de la merCafpienne.
Ces Turcs font les Khozariens , que les Hifto-
riens Grecs & Latins , qui parlent des guerres de
TEmpereur Héraclius & de Khofroès , appellent
jir ariens.
Decak, entre ceux de fa nation , ëtoit un Per-
fonnage fort renommé pour fa fagefle & pour fa
bravoure extraordinaire, en forte qu*on lui a voit
donné même le furnom de Ta^ialig^ mot qui
fignifie dans la langue de ces peuples un arc
fort Se dur à manier. Il laifla après fa mort un
fi!s en bas âge , nommé Selgiuk^ que le
Sultan Bigou prit foin de faire élever , ne dou-
tant point qu'il né devînt avec le temps un fort
brave homme , puifqu'il étoit forti d'un tel père,
& lui donna dès-lors le titre ou furnom de Baf'
fafchi , qui fignifie Chefoxx Capitaine,
Selgiuk s'avança en âge , & fut comblé de
grâces & de faveurs de la part du Sultan : il s'ou-
blia cependant de telle forte , qu'il perdit le ref-
fedl qu'il lui devoit ; car il entra un jour dans
appartement fecret de fon palais , qui lui devoit
être inviolable, & voulut voir fés femmes & fes
cnfans,
Bigou ayant appris cette aéïion infolente , mé-
ditoit d'en prendre une vengeance fignalée ; mais
Selgiuk s'étant apperçu du mauvais deffein qu'il
avoit contre lui , fongea de bonne heure à éviter
fa. colère ; il plia promptement bagage avec tout
ce qu'il put ramafTer d'amis & de gens attachés
t fa Maifon , & tira du côté de Samarcande.
Ih on tiçnt que cç fut aux çnvirgns de cette ville
Orientale. ijr
qu*il s'établit, & que lui & les iiens embrafTe-'
xent la Religion Mufulmaiie.
Les premiers fondemens que Selgiuk jeta de
fa grandeur , après qu'il eut augnfientë le nombre
de fes troupes , furent^des efcarmojuches conti-
nuelles qu'il iit avec Belilkhan , Gouverneur de
la ville de Samarcande , qui vouloit l'éloigner de
fon voifinage , & un avantage confidërabie qu'il
remporta enfin fur lui , par une embufcade qu'il
lai dreffa : l'entreprife en fut fi bien conduite &
le fuccèsfi heufeuX; qu'il acquft une très-grande
réputation dans toutle pays , & eut enfin la bar-
diefle de fe prcfenter devant la ville de Bokhara,
où il fut très-bien reçu.
Selgiuk eut quatre enfans mâles , comme l'on
a déjà vu : mais Khondemir appelle le dernier
BigOH , & non pas lounos , & dit que Micaïl
mourut fort jeune ; & laiifa deux fils nommés
Mohammed & Daoui j qui font les mêmes que
Thogrul Beg & Giafef Beg. Selgiuk prit grand
foin de l'éducation de fes deux petits-fils , & les
déclara par fon teftament les feuls héritiers de
tous fes biens , & de fon Etat qui étoit encore
naifiant.
Ces deux jeunes Princes ayant atteint l'âge de
porter les armes , joignirent tant d'adrefle & de
conduite à leur vvaleur , qu'ils étendii^ent beau-
coup en fort peu de temps ce petit Etat , par la
défaite de plufieurs Princes de la Tranfoxane
qui fe foumirent à leur obéifiance : & le bruit
de leurs armes & de leurs vidoires fignalécs étant
venu jufqu'aux oreilles de ce grand Conquérant »
Mahmoud fils de Sebekteghin , ce Sultan leur
dépêcha un Exprès , pour les conviçr d'envoyer
Piv
jja Bibliothèque
quelque hoipme dé confiance auprès de lui ;
avec qui il put traiter d'une affaire importante.
Ifraël > oncle des deux jeunes Princes , s'ofifnt
d*aller trouver le Sultan , pour négocier avec lui,
& il fut reçu de ce Prince avec tant de civilité
& d'honneurs , qu'il eut fujet d'abord d'être très-
content de Ton Ambailade. Mais le Sultan ayant
demandé un jour combien il lui pourroit fournir
de troupes , en cas qu'il en eût befoin , IfraéLlui
fit une réponfe qui Talarma fi fort , qu'il crut de-
voir fe faifir de fa perfonne & le retenir pri-
fonnier.
. Ifraël tenoit un arc & deux flèches entre fes
inains, lorfque le Sultan lui fit cette demande;
& il lui répondit fur le champ : » Si vous en-
voyiez , Seigneur , une des flèches que je tiens
dans ma main dans notre camp, l'on feroit partir
incontinent cinquante mille chevaux pour votre
fervice; âc le Sultan lui ayant demandé encore
combien de gens il pourroit tirer de leur nation ,
s'il en avoit befoin d'un plus grand nombre,
Ifraël lui répartit que , s'il envoyoit Tautre flè-
che qu'il portoit en main , à TOrdou de Bilkhan,
il pouvoit s'aflurer fur cinquante mille autres.
Alors Mahmoud voulant poufler la chofe jufqu'où
elle pouvoit aller , infifla encore : il lui demanda
enfin de combien de fes gths il pourroit faire
état , s'il fe trouvoit preffé par la néceffité de fes
affaires. Ifraël lui préfenta fon arc, & lui dit
d'un ton ferme : » Si vous envoyez cet arc en
Tuiqueftan , vous en aurez jufqu'à deux ceni:
mille qui viendront à votre fecours «.
Ce difcours épouvanta fi fort te Sultan , que
de crainte qu'Xfraël n'envoyât che^ lui quelqu'une
O R I X N T A L E. 13J
de fes flèches , & ne fît inonder fes Etats par une
armée de Turcs , iJ prit la réfolution de le faire
conduire prifonnier dans un château , où il finit
ùk -vie.
Quelques Hiftoriens ont écrit que' le Sultan
IVf ahmoud fit paiTer les Selgiucides au deçà du
Gihon , pour fe faifir des grandes riche/Tes qu'ils
avoient amafiees par ^le pillage des meilleures
villes de la Tranfoxane : mais Mirkhond ^flure
que les Selgiucides ne payèrent le Gihon , pour
entrer dans Khorafan , que fous le règne du Sul-
tan MafTôud fils de Maknioud, & que Moham-
med , dit Thogrul Beg , & Daoud , nommé au-
trement Giafer Beg , furent les Chefs de cette
expédition.
Ce mêmeHiftorien dit de plus, que ces deux
Capitaines , après avoir pafle ce fleuve , s'arrê-
tèrent dans' le terroir desr villes de Nefla 6c de
Baourd , d'où ils envoyèrent un Exprès au Sul-
tan Mailoud y pour lui demander des quartiers ,
& lui jurer obëiflance & fidélité de leur part;
mais que MaiTôud reçut fort mal cet AmbaiTa-
deur ^ & lui dit , entre plufieurs autres paroles
défobligeantes , que cette race ou famille de Sel-
giuk n'étoit pas fur fes, Me'moires , quoiqu'il fût
lui-même de race Turque, étant petit-fils de Se-
bekteghin , & devant ainfi être bien informé de
toutes les Familles & Maifons illuftres de cette
Nation.
Auffi-tôt que les Selgiucides eurent appris de
leur Ambafladcur le mauvais accueil que le Sultan
lui avoir fait , & le mépris qu il avoit témoigné
de leur famille , ils ne manquèrent pas de fe pré-
parer à la guerre, qu ils roy oient bien que Mat*
1J4 Bibliothèque
fôud leur vouloit faire, & ils la foatinrent fî bien,
qu'après avoir remporté plufîeurs victoires fur Je$
armées des Gaznevides , ils fe trouvèrent enfin
en paifible pofleflîon de toute la grande province
de Khorafan , qu'ils joignirent dès- lors à la Tran-
foxane , & fondèrent ainfi cette grande Monar-
chie qui s étendit peu à peu dans toute l'Afie.
Ben Schohnah , qui rapporte en abrégé lori-
gine de la Maifon des Selgiucides , fait mention
de quelques cîrconft^nces particulières, qu'il ne
fera pas inutile de rapporter ici. Il dit que Sel-
giuk étoit fils de Dokak ou Dokmak , ipot qui
fîe;nific en Langue Turque un marteau, que les
Turcs prononcent aujourd'hui Tokmak, Ce Sel-
giuk fe trouvant chef d'une des principales fa-
milles du Turqueftan , & ayant toujours une
grande fuite de parens & de gens attachés à fon
lervice , le Roi du Turqueftan prit jaloufie de la
trop grande autorité qu'il s'etoit acquife , &
l'obligea de fortir de fes Etats & de fe retirer
dans Je pays des Mufulmans , où il prit leur
Religion.
Selgiuk s'établît d'abord en un lieu nommé
Gioud ^ qui étoit des dépendances de la ville de
Bokhara dans la Tranfôxane , d'où il faifoit avec
fes gens des courfes continuelles fur les Infi-
dèles , c'eft-à-dire fur les Turcs qui n'étoient
{)as Mahométans , & il les fatigua pendant tout
e cours de fa vie , qui fut très-longue ; car il vé-
cut jufqu'à l'âge de cent fept ans.
Le même Auteur ne donne que trpis enfansk
Selgiuk , quoique les Hiftorien$ Perfiens , tous
unanimement , lui en donnent quatre. Ces trois
cnfans , félon Ben Schohnah , font Alp-Arflani
Orientale. ij5
Micaël & Moufla. Micaël mourut en Tran-
fôxane , dans la guerre qu'il faifoit aux Infidèles;
c'eft pourquoi il efl qualifié , dans la Généalogie
des Selgiucides , du titre de Schehidy c eft-k-dire
de Martyr , & laiiîa auffi trois enfans ; fa voir ,
lebegoUjThogrul Beg, & Daoud. Ce dernier eft
le même que Giafer Beg : & Thogrul Beg fut
le premier de cett« famille qui fut falué & cou-
ronné Sultan dans la ville de Nifchabour, capi-
tale du Khorafan, l'an 419 de l'Hégire.
L'Auteur du Nighiariftan écrit que la race Tur-
quefque , dite des Selgiucides , defcend des anciens
1 urcemans , & nomme le lieu où Ifraél difoit
que Ton pouvoit envoyer une de fes flèches , Bel^
gian 5 que les autres Auteurs appellent Bilkhan ,
& ajoute que le même Ifraël fut conduit prifon-
nier dans le château .de Calengiar , où il depieura
enfermé pendant fept ans avant fa mort.
Ebn Amid raconte auilî l'origine des Selgiu-
cides , 9vec quelques circonftances particulières ,
dans fon Tarikh Al Moflemin : mais, comme
cet Ouvrage eft imprimé & traduit fous le nom
de VHijloire Saracénique , on fe contentera d'y
renvoyer le Leéleur.
Mais l'orx ne peut pas fe difpenfer de remar-
quer que Mirkhond dit , dans la Généalogie de
Ginghizkban, que les Selgiucides étoiei>tde racé
Mogolienne , & defcendoient de Bouskin Salegi,
fils d'Alankavahj né d'une façon miraculeufe.
Il dit de plus que les Selgiucides , après avoir
conquis la Tranfoxane & le Khouarezm , palTe-
rent dans le Khorafan fous MaiTôud fils ae Se-
bçkteghin , l'an 424 de THégire,
y^
Ij6 B I B L I O T H E Q r E
L'Empire de ces Princes s'étendoic , fous le
règne du Sultan Malekfcbah , depuis Antakiab
luiqu'à Urkend , c'eft-à-dire depuis la ville d*An-
tioche en Syrie jufqu a Urkend en Turqueftan ;
ce qui doit s'entendre cependant de la feule dy-
naftie des Selgiucides de l'Iran : car celle dés Sel-
giucides de Roum porta les limites de fon Em-
pire depuis Alep jufqu'ailez près de Conftanti-*
i)opIe;& ceux qui ont été nommés les Selgiucides
de Kerman y ont pofîedé les provinces de la Perfé
qui s entendent jufqu aux rivages du fleuve Sind,
qui eft rindus.
SELGIUKIAN en Perfien , & Selgiukioun
ouSelagekah en Arabe. Ce font les Selgiucides,
comme Ton a déjk remarqué, que tous les Orien-
taux partagent en trois dynafties contemporaines
& non fucceffives, qui ont régné plus ou moins
dans TAfie; fa voir, ceux dlran , ceux de Kerman
& ceux de Roum.
SELGIUKIAN IRAN ; les Selgiucides de
llran ou de la Perfe.
L'Auteur du Nigliiarîftan donne à cette dy-
naftie quatorze Princes , & fixe fon commence-
ment en Tan 429 de l'Hégire , & termine fa
durée , qu'il dit avoir été de i^i ans, dans la 59}*
année de la même Hégire , ce qui efl conforme
a Khondemir & au Lebtarikh : il eft vrai que
celui-ci met la fin du règne de Thogrul , fils
d'Arflan , dernier Sultan de cette dynaflie , l'an
590 de l'Hégire; mais.Katib ou Kiatib ZadeF,
dit Hagi Khalfah y dans fon Ouvrage intitule
O R r E N T A L E. 257
Takouim Al Tavarikh , dit que cette dynaftie a
ea quinze Sultans , qui ont commencé à régner
Tan 43 2 , & fini en 590 de l'Hégire , & ne lui
donne que 158 ans de durée. L'on fuivra ici,
dans la luccemon de ces Princes , ce que Khon-
demir & le Nigfaiariftan.en ont écrit.
Le premier Prince de cette dynaftie eft Roc^
neddin ^ Abou Thaleb Mohammed , dit Thogr ul
Beg , fils de Michel fils de Selgiouk , qui a régné
vingt-fix ans.
Le fécond , Abou Schegiâ Mohammed , dit
Alp-Arflan , fils de Giafer Beg & neveu de Tho*
grul Beg , a régné neuf ans & fix mois.
Le troifieme , Moêzeddin Aboul Fath , dit
Malekfchah fils d' Alp-Arflan , a régné vingt ans.
Le quatrième , Rocneddin Aboul ModhaâFer
Caflèm , dit Barkiarok , fils de Malekfchah ^ a
régné douze ans.
Le cinquième , Gaïatheddin Abou Schegii
Mohammed , fils de Malekfchah & frère de
Barkiarok ^ a régné treize ans & fix mois.
Le fixieme , Moêzeddin Borhan , dit Sangiar ,
fils de Malekfchah & frère des Sultans précé-
àens , Bakiarok & Mohammed , a régné quarante
ans & quatre mois.
Le feptieme , Mogaïetheddin Mahmoud Ben
Mohammed , petit-fils de Malekfchah , a régné
treize ans & deux mois.
Le huitième , Rocneddin Thogrul Ben Mo-
hammed , petit-fils de Malekfchah & frère de
Mahmoud fon prédécefleur , a régné trois ans &
• deux mois.
Le neuvième , Gaïatheddin MaiTôud Ben Mo*
hammed , petit-fils de Malekfchah & frère de
a}i Bibliothèque
ThogruI fon predëceflèur, a régné dix-huit ans
& ûx mois.
Le dixième , Mogaïetheddin Malekfchah Ben
Mohammed & petit-^fiU de Malekfchah premier
du nom , car celui-ci eft le fécond , a régné au
plus quatre mois. Quelques-uns le font fils de
Mahmoud & non pas de Mohammed , ce qui eil
plus juAe;car il fucçeda^ félon Khondemir, à
fon oncle paternel Maifôud Ben Mohammed*
L onzième , Gaïatheddin Mohammed Ben
Mahmoud, a régné fept ans.
Le -douzième , Moêzeddin Caflem Ben Mo-
hammed Ben Malekfchah , dit Soliman fchah ,
a régné environ fix mois.
Le treizième , Aboul ModhafFer Zeïneddin ,
dit Arflan , fils de ThogruI fils de Mohammed fils
de M&lekfchah, a régné quinze ans ou environ
dit Khondemir , & félon le Nighiariftan , quinze
ans huit mois & quatre jours.
Le quatorzième, Rocneddin Caflem, dit Tho-
gruI Ben Arflan , fuccéda à fon père » & régna
dix-huit ans dix mois & demi.
L'Auteur du Lebtarikh lui donne environ
ving- neuf ans, & dit qu'il mourut l'an 590 de
l'Hégirç , & quil fut défait & tué par Tacafch
oii Tekefch , Sultan des Khouarezmiens , qui
termina ainfl cette dyhaflie des Selgiucides de
riran , & s'empara de leurs Etats.
SELGIUKIAN KERMAN ; les Selgiucides
du Kerman , qui efl la Caramanie Periîenne.
^ Tous les Hifloriens conviennent que cette dy-
naflie commença Tan 433 , & finit Tan 583 de
l'Hégire , 6c qu'elle a eu onze Princes , qui 00c
r
Orientale. i}^
régné pendant refpace de cent cinquante ans.
Le premier Sultan de cette dynaftie eft Caderd
ou.Cadherd, qui e'toit fils de Giafer Beg , frère
cadet deThogrul , & par conféquer\t fils, comme
lui, de Michel, & pecit-fils de Selgiuk: il a régné
trente-deux ans.
Le fécond eft Solthan fchah , fils de Caderd ,
qui a régné douze ans. v
Le troifieme , Touran fchah , fils de Caderd ,
qui a régné treize ans & fix mois.
Le quatrième , Iran fchah , fils de Touran
fcbah , a régné cinq ans..
Le cinquième , Aruan fchah , fils de Kerman
fchah , qui n'a pas régné , & qui étoit néanmoins
fils de Caderd , a régné quarante-deux ans.
Le {ixieme , Mogaïetheddin Mohammed , fila
d'ArHan fchah, a régné quatorze ans. Quelques*
uns lui donnent le nom de Touran fchah. .
Le feptieme , Mohieddin Thogrul fchah , fils
de Mohammed. Ce Prince ayant eu plufieurs
guerres avec Beheram fchah , Arflan fchah &
Touran fchah pendant Tefpace de vingt ans , il
eft difficile de fixer 1^ durée de fon règne : le
Nighiariftan lui donne cependant douze ans.
Le huitième, le neuvième, le dixième & lon^
zieme font Arflan fchah Ben Thogrul fchah,
Beheram fchah fils de Thogrul fchah , Touran
fchah Ben Thogrul fchah , & Mohammed fchah
Ben Beheram fchah Ben Thogrul fchah , tous
enfans ou neveux de Thogrul fchah , & ont des
règnes fi confus les uns avec les autres , qu'il n'y
a que Touran fchah auquel on puiiTe ailigner huit
années : c'eft pourquoi T Auteur du Takouim ^
Tavarikfa ne compte que nçuf Sultans dans ceice
1
«40 BlBLIÔttlEQÛET
djHiaftie. Aînfi Malek Dinar , qui étoit de lâ rzcè
d'Ali , s étant rendu maitre du Kerman l'an 5^3
de l'Hëgire , félon le Tarikh Khozideh & félon
Khondemir , la dynaftie des Selgiucides de Ker-
man , que l'on nomme auffi des Caderdiens ,
prit fin.
SELGIUKIAN ROUM , les Selgiucides de
Roum. C'eft le nom de la troifieme dynaftie qui
a régné dans le pays de Roum , c'eft-à-dire des
Romains , ou plutôt des Grecs , dont les Empe*-
reurs prenoient la qualité d Empereurs des Rch-
mains ; & c eft rette partie de TAfie que nous
appelons aujourd'hui YAJte Mineure ou la iVa-
tolie.
Cette dynaftie commença l'an 480 ^ & finit
Tan 700 de THégire ; de forte qu'elle a duré 220
ans fous quinze Sultans^ & cela félon le fenti^
ment commun des Hiftoriens Orientaux. Cepen-
dant r Auteur du Takhouim Al Tavarikh met
fon commencement en 477 , & lui donne par
conféquenM2 5 ans de durée.
I^e premier Sultan de cette dynaftie fut Soli-
man , fils de Coutoulmifch fils d'Ifraël fils de
Selgiouk , qui commença fon règne l'an 480 , &
mourut l'an 500 de THégire , après avoir régné
vingt ans.
Le fécond ^ Daoud , dit Kilig' Arjlan Ben
Soliman , a régné , félon Khondemir , dix-huit
ans ; & félon le Nighiariftan , quatre ans feu-
lement.
Le troifieme , MalTôud , fils de Kîlig' Arflan ,
a régné dix-neuf ans.
Le quatrième , Kilig' Arilan Ben Maflâud ^ a
^ régné ,
O R i E N T A L E. 1+î
r^gne ^ félon Khondemir , èàx ans , & felôn le
Nighiariftan , vingt.
Le cinquième, Rocneddin Soliman Ben Kilig'
Arflan^ a régné vingt-quatre ans , & fut long-
temps en divifîon • avec fon frère Gaïatheddin
CaÎKhofrou , qui fe fournit enfin à lui»
Le fixieme , Azzeddin Kilig Arflan ^ fils de
SoKman, qui, n'étant encore qu'enfant , fut in*
continent dépouillé par fon oncle Gaïatheddin
Çaîkhofrou.
Le feptieme , Gaïatheddin Cailchofrou régna
pendant ûx ans , après avoir dépouillé fon neveu ,
& fut défait par ce même neven , qui avoit été
délivré de prilon.
Le huitième , Azzeddin Caicaous , fils de
Gaïatheddin Caïkhofrou , régna un an feulement
après fon père.
Le neuvième y Alaeddin Caïcobad) fils de Cai-*
khofrou & frère dé Caîcaous > a régné vingt-
ûx ans.
Le dixième , Gaïatheddin Caïkhofrou Ben
Caïcobad , qui eft le fécond de ce nom , a régné
l\pit ans.
L onzième ^ Rocneddin Soliman Ben Can
khofrou , qui eft le fecotid du nom , a régné
vingt ans.
Le douzième y 'Caïkhofrou Ben Soliman , qui
fuccéda à fon père étant encore enfant , a régné
dt^'^huit ans.
< Le oreizieme , Gaïatheddin MafTàud Ben Cai-
caous Ben Caïkhofrou. Celui-ci étant mort Tan
€S^ , fon neveu Caïcobad lui fuccéda. Le Ni-
ghiariflan compte ce Prince pour le quatorzième ,
TomiV. Q
ia4â B I fi L I O t H E Q tf E
J&. marque Caïcobad pçur le quinzième & le
dernier de cette dynaftie.
Le quatorzième ou le quinzième, félon le
^ighiariftan , cft Caïcobad Ben Fèramorg' Ben
Caïcaous ., qui fur mis fur le trône des Selgiacidet
par Gazan khan Empereur des Mogols : mais
Vêtant révolté quelque temps après , Gazan non
feulemenx le ât tuer , mais^xtermina encore tout
jce qui reftoit de la race des Selgiucides ; & ce
fut de cette manière que finit la dynaftie des
JSelgiucides de Roum , lan 700 de THégire.
Il y a au fujet de cette dynaftie une grande
:difréreni:e pour les noms & pour la fuite entre
Khondemir & ie Nighiariftan«
L'on, remarquera ici feulement en général,
touchant Içs Selgiucides de llran , que fous le
règne de Thogrul Ben Arflan , avant qu'il eqt étt
défait' par Tacafch , Ton ne croyoit pas qu'il p4t
^élever une puiiTance pareille à la leur dans toute
rAfîe : cependant cette grande puiiTânce tomba
<outd'tin coup parles intrigues de 4'Atabek Ki*
lig' Ebnaig ^ qui furent caufe de la dilgrace de
xiiogrul : ôc à 1 égard de ceux de Roum , Alae^«
4iin Caïcobad fut celui qui porta leur grandeur
lau plus haut point où elle pût arriver ; & an au-
<re Caïcobad, qui s'étoit attiré mal à propos
lindigfiation des Empereurs Mogols ou Tartares,
fut cavdfe de leur dernière ruine.
L'on ajoutera auffi , que Moftafa Hagi Khal-
ikh , farnommé Kiatib ^adéh j fait mention
d'une quatrieme'dynafiie des Selgiucides, qui ont
jrégné dans la ville d'Alep 6c autres lieux de
laSyrie« Il dit qu'elle fut fondée l'an 471 de
O R I X, JN T A L £. 1^:
l'Hégire, par Takafch Al Selgiouki, & qu'elle
finie au bout de quarante ans , l'an 511 de la
même Hégire , par la mort du Sultan Moham-
med Al Selgiouki.
SELIM , Schah Selim. C*eft le nom du fils
d'Akbar,fils d'Humaioun , Roi des Indes ^ que
nous appelons le Mogol : il fuccéda à fon perç p
& prit le furnom de Gehanghir ^ Tan de THégire
984., de J. C, 1576. Ce Gehanghir fut père de
Schahgehan ^ autrement nommé Sultan Kko"
roum ^ & celui«ci père d'Avrenkzcïd , que qcifelr
ques Voyageurs appellent , par corruption , Oran*
^sb & Orangéb.
SELIM KHAN BEN BAIAZID KHAN.
X^éû Selim premier du nom, neuvième Sultan
âe la dynaftie des Ottomans , que quelques-uns
comptent lonzieme , en mettant Soliman &
Moiifia, enfans de Bajazet premier du nom, au
nombre des Sultans. *
Il étoit fils de Bajazet fécond du nom, &
naquit Tan 877 de l'Hégire, de J. C. 1471, dans
la ville d'Amafie en Natolie. Il commença fon
règne âgé de plus de quarante ans „ Tan 91S de
l'Hégire, après avoir, par la faveur des Janif-
faîres, contraint fon père de defcendre du trône
pour l'y faire monter. Le prétexte de fa rébel-
lion contre fon père, fut la crainte qu'il eut qu'il
ne Jui préférât Ahmed fon frère.
Ce Prince vint k ConAantinopIe par la mer
Noire , Sl donna bataille à fon père dans la cam-
pagne de Zorli ou Tchourlou , dans la Thracc
144 Bibliothèque
ou Romelie , dans laquelle il fut défait , & eut
même beaucoup de peine k fe fauver par là
fuite juiqu'à Cafa da£s la Crirnëe* Nonobftant
cette déroute , il . fut û bien cabaler & gagner
l'amitié des Janiifaires , que Bajazet fon père
fut obligé de quitter Conftantinople / & de fe
retirer à Dimotiche, qui étoit lé lieu de fa naif^
fance : mais il ne put pas y arriver; car il mourut
eiî chemin , du poifon que Selim fon fils lui fit
donner , félon la créance commune.
Les Mufulmans n écrivent rien de cette aéHon
déteftable. 11 n'y a que les Hiftoriens Chrétiens
qui écrivent que Selim fit donner de la poudre
de diamant à fon père par un Médecin Juif, au-
quel il fit couper auffi-tôt la tête.
Selim fongea , dès le commencement de fon
règne , à fe, défaire d'Ahmed & de Corcut , fes
deux frères, qui lui avoient paru être fes compé*
titeurs à TEmpire. Il ne put néanmoins avoir
entre fes mains Ahmed que l'an 910, en l'atti*»
rant hoh des lieux forts de la Caramanie ôti il.
fe tenoit cache, par de faulTes lettres dans lef-
Îuelles on lui promettoit l'Empire; car pour
^orcut , qui n'etoit point armé , il lui fut fort
aifé de s'en délivrer.
Selim , après ^voir pacifié le dedans de fes
Etats, pen(a férieufement à faire la guerre au
dehors , & à faire éclorre les grands defleins qu'il
avoit formés depuis long «temps, de renverfer
la nuisance des Rois de Perfe & des Sultans
^'Egypte.'
Schah Ifmaël Sofi, Fondateur de la dynaffie
des Rois qui régnent aujourd'hui en Perfe, avoit
fait de fi grands progrès d'ans TAfie, qu'il n'y
Or I e n t a L E. ^45
IToit que la puiflance des Ottomans qui pût bois
ntt fes conquêtes. Sçhah Hmaël ëtoit déjà dans
rArméfiie : Selim vint au devant de lui , le
;trouva dans la plaine de Gialderan , & lui livra
cette fameufe Bataille ou Selitn remporta une
vicftoire fignalée , qui obligea Ifmaél de fe fauver
dans la ville de Tauris , & de là jufqu'à Sul-
tanie, laiflànt pluiieurs provinces de les Etats
en proie au vainqueur.
Selim , après cette viéloire , fe fit ouvrir les
portes de la ville de Tauris , d où il enleva tous
les Artifans , qu'il fit paffer à Conftantinople ;
& il avoit deiTein d'hiverner avçc Ton armée à
Carabag, ville des dépendances de Tauris , pour
achever fa conquête & chaflêr entièrement If-
maél de la Perfe, û les JaniiTaires , qui fe muti^
nerent , ne leuifent obligé de retourner en Na-
tolie, & de s'arrêter dâiTs la ville d'Amafie, >
Ce fut dans cette ville que Selim irrité fit
mourir plqfieurs Bacl^as qu'il cmt avoir été les
auteurs de cette rébellion » après quoi il retourna ^
l'an 921 de THégire, dans la ville de Conftan*
tinople , pour fe préparer à une féconde expé-*
dition qu'il difoit vouloir entreprendre contre
Schah Ifmaël :||piais le véritable deifein de ce
Prince étoit d'attaquer le Sultan d'Egypte & de
Syrie ^ qu'il fa voit avoir fait une ligue étroite avec
le Perfan.
En eflPet , Selim pafla la mer dès l'année fui-
vante, qui fut l'an 922 de l'Hégire > traverfa la
Natolie, & tourna tout à coup lur les terres de
ce Sultan. Ce Prince ||^ui portoit le nom de
Canfou Gauri^ que mk Hiftoriens appellent
Camp/on y vint en perfonne au devant aeSdim
Qiij
1
l
146 B I B L I O T M C <7 IT e
& lui donna bataille : mais l'ayant perdae y &
fe retirant néanmoins encore avec des troupes
confidérables ^ il eut le malheur d*ètre ëcrafé
fous les chevaux des fuyards , & donna 4iinfi Ik
fon vainaueur lentrëe dans la Syrie, qu'il n'eue
pas grande peine de conquérir après cette àé^
route.
Selim attaqua & prit auiS-tôc la ville d'Alep, &
eu de temps après celle de Damas , d*OLi il vifita
es Lieux faint^ de Jérufalem , & difpofa enfuite
toutes cbofes pour fe mettre en état de pafièr en
Egypte & de combattre Thomam Baï, qui avoic
été élu Sultan par les Mamelucs après la mort de
Canfou.
L'an 913 de l'Hégire , Selim fe rendit maître
du Caire en Egypre, & défit par deux fois l'ar*
tnée de Thomam Baï , qui ne put échapper par
fa fuite, ni éviter la colère du Sultan, duquel il
avoit fait tuer par deux fois les Ambaffadeurs :
car Sclim l'ayant ^ntrc fes mains, le fit pendre
a une des portes du Caire , en punition de fa
perfidie.
Selim, après cette grande conquête, dans la-
quelle il fut fécondé & fervi très-utilement par
îe fameux Sinan Bâcha, divi||^rEgypte & la
Syrie en plusieurs Sangiaks ou Bannières > ièlon
la coutume des Turcs , & retourna glorieux &
triomphant à Conftantinople avec le dernier Kha-
life de la féconde dynaftie des Abbaffides, qai
tenoient leur fiége en Egypte , auquel il affign-a
une penfîon journalière pour fa dépenfe.
Selim Khan pofledd| de très-belles qualités;
car, outre la valeur ^Ril poCédoit a un û haut
.poi«t & qu'il a fait paroitre dans toutes les
Oriental t; tif'
entrepri{ès militaires, il pofledoic aufH toutes les'
Sciences eftimées par lés Mufulnrans. II étoit
très-favant en Arabe , en Pcrflen & en Turc y
& Ton a de- très-beaur vers de fa conrpofition.-
II tomba malade fur le chemin dé Conftariti-^
noplc ï Andrinople, & mourut jwftement dans
le Heu où il avoit donné bataille à fon père Ba-
jazet, Tan 926^ de rHégire,de~J. C. ^5 19, après^^
un i^egne de huit ans & huit mois, 8^ hiffa, pour*
fucceueur fon fils 3oliman« dont le nom n*efV
pas moins célèbre parmi les Turcs que celui de
fon père. ^
Lon peut mettre encore entre les conquêtes
de Selim, celle qu'il fit de riëmen ou Arabie
Heureùfe , fous la conduite de Sînan Pacha, quî^
a été décrite par Cbthbeddin Al Mekki dans le:
Livre intitulé Bark Al Icmani
SELIM KHAN BEN SOLIMAN KHAN.
Ceft Selim II , fils de Soliman ,. onzième ou^
treizième Sultan, qui fuccéda à fon père à Tâge
de quarante-deur ans , Tan 974 de lîHégire. Il
continua pendant quefque temps la |;tierre que
fon père faifoit en Hongrie lorfqu if mourut' :
mais enfin il fit la mïx avec TEImperear Màzi->
milien , l'an 975^ de THégire^ aux conditions que
chacun retiendroic de fon c6té ce^ qu'il avoit oc^
cupé;
L'an 977, il fit aifiéger la ville de Nicofie,
capitale de TUe de Chypre, & s'en rendit le^
maître , & celle de Famagoufte en 979 ; & ce
fût par cette conquête que toute l'île de Chypre
tmnba* fous fon obéifTance.
Cependant ce fotdans cette même année 5^7?^
Qi^
^4^ BijpLIOTKEiQtlE
que Selim perdit la fameufe bataille de Lepante :
mais Tan 9S1 /il reprit en Afrique la Goulette,
dont les Efpagnols s*étoient emparés , & les
cliafTa d'Afrique y oh ils bâtiflbient une nouvelle
jtfortereife entre Tunis & la Goulette.
Ce Prince mourut de débaucbe Tan 98a de
l'Hegire, qui eft de J. C. 1574, & laiffa pour
fucceiTeur Morad Khan fon fils , qui eft Amurac
troifieme du nom.
SELMAN ; Abou Abdallah Selman Al Farfi ^
appelé auili Selman Al Kkaïr. C*efi le nom
dun Affranchi de Mahomet, qui étoit Perfien
de nation. L'on dit qu'il étoit Chrétien, qu'il avoir
lu les Livres Saints oc qu'il ayoit beaucoup voyagé : .
cependant il fut des premiers & des plus con-,
fioerables entre les Mufnlmans ; en forte que
quelques-uns difent de lui que bana alejlam ^
c'eft-k-dire que^'eft lui qui a bâti le Mufulma-
nifme.
Il y a dansyla Vie de Mahomet , que dans la
journée du Khandak , c'eft-à-dire du Foffe ou de,
la Tranchée, Mahomet ayant affigne quarante
braffes de terrain à creufer pour chaque dixaine.
d*hommes , chacun vouloit avoir Selman de fon,
côté , k caufe de fa vigueur, & les ^gicif^ de la,
Mecque d'un. coté, & les auxiliaires de Médine
de Tautre , étant divifés fur fon fujct , Ma-
homet prononça ces paroles : Selman menna
nhel q^lbeït , » Selman eft k nous'fic de notre
Maifon «, & il ajouta même : V hou ahed aU
ladhin efchtacat alaïhem al^innaz^ » & il eft un
de ceux que le Paradis àivxt <c , c*cft-à-dire du
nombre des Prédçftinés.
r
Orientale. 549
L'Auteur dïi Raondhat alakliiar rapporte que
Selman mourut dans la ville de Madaïn, capi-
tale de la Perfe , de laquelle Omar lavoît fait
Gouverneur Tan j 5 de THe'gire , à l'âge de deux
cent cinquante ans.
Le même Auteur ajoute qu'il vivoît du tra-
vail de fes mains , & qu'il donnoit le furplus
de ce qu'il gagnoit aux pauvres. Abou Horaïrah
& Ans Ben Malek, deux Perfonnages de grande
autorité fur les Traditions , avqient reçu les
'^ leurs de Selman , & Selman immédiatement de
Mahomet.
SEMAK; nom d'une corifiellation que les
Arabes appellent encore avec une ëpithete par-
ticulière^ Al Semak Al Rame h , c*eft-à-dire le
Semak qui porte une lance. Ç'eft ce que les Grecs
& les Latins appellent Aréiurus. Il y a auâi
un autre Semak auquel on donne Tëpithete de
Aâ^al , c'eft-à-dire Dé/armé', & c'eft ce que nous
appelons Spica Virginis^ & auffi en Arabe Sun^
bulah.
Il y a une Tradition que Mabomet a dite
de lui : Vacada valudto fil Semak ; » Je fuis né
fous le Semak <( , c'eft-à-dire fous l'épi de la
Vierge ; car les Mufulmans difent que les fignes
de la Vierge & de la Balance , qu'ils appellent
Sunbulah & Mi^an , font l'horofcope des Pro-^
phetes.
Ces deux Semak font appelés par les Aftro*-.
nomes Arabes Al Samacani , & plusieurs dei
nôtres leur donnent le nom de Pied du lion.
SEMENDOUN ; nom d'un Dive ou Géant
M^o Bibliothèque
défait par Caïoumarrath , premier Roi de Pèrfk^
Ceft le Briarée des Grecs j car les Romans
Orientaux difént qail ëtoit armé de plufieur»^
bras, & ils lui en donnent jufqa à cenç & un.
•
SEMIREM & SEMREM^c'eff Sëmframis^
dont le nom n eâ point înconmi aux Hiiloriens
Orientaux.
SENAN BEN AHMED BEN THOLON;
nom d'un Prince de la dynaflie des Tholonides-»
qui régnèrent en Egypte fous le Kbalifat des
Abbaâîdes. II avoit accédé à fes nereux ; mais^
. il fut le dernier de f& race.
• SENAN BEN ULVAN; nom du Pharaon
ou Roi d'Egypte qui régnoit du temps que le
Patriarche Abraham vint avec Sarah en ce pays-
là , félon le Tarikh Montekhcb.
SENAN ou SINAN AL NISCHABOURI;
nom d'un Impofleur qui fe fit fuivre dans la pro-
vince de Khorafan, & ramaffa une troupe de
vagabonds & gens fans aveu qui fe révoltèrent
contre le Khalife Abou Giafar AI Manfpr, Cet
homme , qui étoit Mage de Religion , eut la har-
diefle de fe préfenter en bataille rangée contre
Giamhour , Général d'Al Manfor : mais il fut
défait lui & les ûens ; & fa Se£ie y qui étoit le
Magifme , entièrement abolie dans tout le Kho**
rafan.
^ SEN ASCHERIVA y nom Arabe dé celui que
1
I
1
r o
[ O H 1 É N T A L r; 151
les Juifs appellent Sennacherib , Roi des Afly*
riens , qui leur fit la guerre.
Les Hiftoriens Arabes le^ nomment auflî Siaf^
ferneva ^ & TAuteur du Raoudhat alkobab die
qu'il étoit des defcendans d'Efaii , & qu'il avoit
foufFert pendant fa vie de très-grandes calamité'^.
Khondemir rapporte que l'an 18 de 1 Hégire,
ibus le Kbalifât d'Omar, pendant la conquête
que les Mufulmans faifoient de la Syrie, &
dans un temps que la pefte y rëgnoit , Ton trouva
dans un fépulcre fouterrain le corps de Senna-
kerib affis fur une chaire dor, avec une infcrip-
tion en caracfleres Syriens ou Chaldaïques , dont
le fens étoit v » Le plus grand mal qui arrive
aux hommes , eft l'oubli de la mort , & celui du
compte qu'ils doivent rendre à Dieu de leurs
allions, quoique les fépulcres de leurs parens &
amis qui \ts environnent les avertirent de ce»
deux chofes ^.
SENHARIB , Sennacherib, que les Orientaux
appellent Roi de Moujfal ; c'eft le même que
îe Roi d'Aflyrie , de qui Tarmée fut défaite par
TAnge Exterminateur fous le Roi Eréchias, &
qui tue tué par fes deux enfâns dans la ville de
rlinive.
Ces deux enfâns font nommés par Ebn Batrik
An^armelakh , ou plutôt An^arMaleh^ & Straf-
fera. Le nom de ce dernier approche fort de
celui de Sïajjerneva , nom que Xoïi donne k fon
père.
L'on trouve un Roi d'Arménie dô ce même
nom qui attira dans fes Etats Coftha Ben Lou-*
cah 5 Philofoplie Chrétien , natif de la ville de
M^t Bibliothèque
Bâlbek^ qui vivoit fous le Khalifat de Môtanie<t
Baïah rAbbaâidc.
SENNAMAR ; nom d un célèbre ArcJiite<île
qm bâtit deux palais ou châteaux qui ont paifé
chez les Arabes pour être du norï\bre de ces ou-
Tragcs que Ton appelle les Miracles du Monde^
Les noms de ces deux châteaux font Sedir &
Kkaouarnaky qui furent bâtis pour Nôman Al
Aôuar, dixième Roi des Arabes de la dynaftie
de ceux qui rëgnoient à Hirah; & Ton rap-
porte que l'artifice de ces bâtimens étoit û
grand, qu'une feule pierre en lieit tome la firuc-
f ure , & que la couleur des pierres de leurs
murailles changeoit plufieurs fois dans le même
four.
Les Hiftoriens Arabes difent que Nôman fit
de très-riches preTens ï cet Archite<5le , ppur le
réeompenfer de fon travail j mais qu'après avoir
coniidéré que cet homme en pouvoit bâtir de
Semblables à fes ennemis, & craignant même,
qu'il ne leut découvrît la pierre qui ëtoit la clef
de tout le bâtiment, il le fit précipiter du haut
du donjon dans le fofle.
Khondemir *écrft dans la Vie de Baharam
Gour Roi de Perfe, pour l'éducation duquel
Kôman avoit.fait bâtir un de fes châteaux, que
Sennamar ^ après avoir reçu de û riches préfens
de Nôman , s avifa de dire que s*il avoit cru tirer,
de ce Prince une auffi grande récompenfe de fon
ouvrage , il lui auroit fait encore quelque chofe
de plus beau , & que cette fotte vanité de l'Ar-
chitedle fut caufe de fon malheur.
r
Orientale; i^l
SER APERDEH ; le Voile ou la Courtine du
Palais on du Sérail ; c eft ce que nous appelons
ordinairement une Portière , c eft-à-dire la pièce
d'ëtofFç que 'l'on met au devant des portes des
appartemens des Grands. ^
L'ufaçe de ces portières a pafle de l'Orient en
Italie , & de Tltalie jufqu a nous. L'Auteur du
Lebtarikh écrit que Lohorasb , quatrième Roi de
Perfe de la féconde dynaftie nommée des Caza-'
nidesy ayant accordé aux grands Officiers de £a
Mai(bn & de fes armées le privilège de donner
leurs audiences aifis fur des trônes ou fîéges d'or ,
s'étoit réfervé à lui feul le droit du Seraperdeh ^
c'eft-à-dire , d'avoir devant fon trône un rideau
ou portière qui le couvroit aux yeux de fes
fujets , pour les tenir dans un plus grand refpeél
& vénération de Ta perfonne.
4
SERF & SIRF ; nom d'une nation que le»
Latins ont appelée Servi, Serbie Sorçibi & Zirfiz
nous l'appelons Serviens & Rqfciens. Ces peu-
ples habitent mainteâant dans la Moeiie fupé-
rieure , dans le pays des anciens Triballes ; mais
ils font venus des Palus Méotides y & ont eu peii*
dant un long temps des Princes qui portoient le
litre de Dejpotes , mot Grec qui fîgnifie Ample-
ment Seigneurs. Ils ont pénétré autrefois jufaue
dans la Luface & dans la Mifnie ; provinces des'
Saxons en Allemagne , & firent des entreprifes
jufque dans la Thrace , où ils tentèrent de re-
prendre Andrinople , fous Morad Gazi , qui eft
Amurat premier, Sultan des Turcs, Tan y 6"^ de.
THégire : mais ils furent défaits , & le lieu de
leur défaite conferve encore jufqu'aujourd'hui le
9^4 BlfilIOTMEQT^e
Bom de Sirf Singouniy nom qui fîgnifie dans k
Lanque Turquefque la déroute des Strvitns.
SERGIOUS , Sergîus. Les Arabes ^ les Pcr*
fans & les Turcs nomment le plus fouvenc eir
leur langue Sarkis ou Sarghis , celui que nous
nommons "Sergius , & il n*y a guère que les Chré-
tiens Orientaux qui appellent ainfi le Saint Mar«
tyr de ce nom , comme auiS ceux qui l'ont porté
après lu^ ; car ils nomment ainii Sergius , Pa-»
triarche de Conftantinople , Auteur de la Seâe
des Monothelites , fous l'Empereur Juftinien ;
£c Sergius , natif de Ras Alain , Jacobite ci|e pro«
feflîon , qui a traduit en Langue Syriaque plu-
fieurs Livres Grecs , fuivant le témoignage a A-^
boulfarage , & compofé un Livre de Logique ea
Langue Syriaque , lelon Ebéd lefu.
SERIR ALDEHEB , le Trône d or ; nom
6*un pays ou province qui s'étend entre le Pont
Euxin &. la mer Cafpienne , où eft fituée la ville
de Derbend , que les Ti|fcs appellent Démit
Cnpif la Porte de fer.
La raifon qui a fait donner k nom de Trène
d'or à cette, province , vient de ce que Noufchir-
van Kefra, Roi de Perfe de la quatrième dynaf-
tie , nommée des S ajfaniens ou des Khofroès ,
^yant fait achever la grande muraille, commen-
cée par Alexandre le &and , qui féparoit les peu*
pies Septentrionaux de Khozar & de Kip-Chak»
qui font les Scythes Hyperboréens, d'avec les pro-
vinces du refte de l'Afie , y établit un Marz^-
ban , c'eft*à-dire un Gouverneur de la Marche
on Frontière , auquel il accorda le pririlége d&
5
Orientale. , 255
^arfleoir fur un trône d'of , en çonfidération de
i*ini porta nce du pofie qu'il gardoit.
Cette muraille , dbnt il eft ici parlé , eft la
même que. celle qui eft nommée Sedd lagioug'
V Jdagiouff' , dont Ton peut voir le titre un peu
Jus mut : elle fut bâtie dans les ouvertures &
étroits du mont Caucafe , lieux que les Per-
£ans ont accoutumé d'appeler Derbend^des Bar^
rieres , & les Turcs , Demir Capi y des Portes
de fen.
Ebn Scholmali dit que Marvan , furnomm^
Hemar j conquit ce pays-là , Tan î 1 1 de THé-
gire , fous le Khalifat de Hefçham , dixième Kha-^
ïïfe dé la race des Ommiâdes , & s'avança bien
avant dans le pays de Khozar : Khondemir écrie
aufîî la même chofe. Cette province fait au-^^
loui-d'hûi partie du Schirvan ou Médie , & ap*
partient au Roi de Perfe.
SERMENR AI. On appelle ainfî vulgaire,
ment une ville de llraque Arabique , qui eft
l'Aflyrie & la Chaldée , que Ton devroit nom-
mer Sermenraa où Serramenraa , mot colïipofé
de trois , quifignifie celui qui la voit fe réjouir.
Cette ville eft fituée fur la rive orientale du
Tigre, & a de longitude 72 degrés 30 minutes
& 34 degrés de latitude feptentrionale , dans le
quatrième climat ^ félon les Tables Arabiques»
JUes uns difenÇ qu'elle s^appeloit autrefois Semi^
r^Â, ville bâtie parSchabour Dhoulaktaf; mats
Khondemir n'eft pas de ce fentiment ; car il dit
dans la Vie de MotaiTem , huitième Khalife de la
race des Abbaffides , que ce Prince ayant une
forte inclitvition pottc les jeunes Efelaves Turçii
â$6 BlBITOtHEQUE
en fit acheter un très-grand nombre, qui rempli-
rent en peu de temps toute la ville de Bagdet.
Les habitans de Bagdet fe plaignirent au Kha-
life de rififolence de cette nouvelle milice , &
déclarèrent aiTez , par leurs fréquentes émotions ,
qu'ils ne la pouvoient plus foufFrir. Ceci fut
caufe que Motaflem^ qui afFe(îïionnoit fort (a
nouvelle milice , prit la rëfolurion de bâtir une
nouvelle ville , dans laquelle il feroit fa réfidence
ordinaire , & y vivroit en repos avec fes Turcs,
à Tabri des féditions dont il étoit fatigué dans
Bagdet.
Il choifît pour cet effet un lieu , nomm^ Ctf-
ihoul , éloigné environ de diji: ou douze lieues de
Bagdet , & y fit bâtir , Tan 1 20 de THégire , une
ville qu'il nommd, S atrtar a j que Von appela
auffi Asker , à caufe du camp de la milice Tur-
quefque qu'il y établit. C eft de cette nomina-
tion que les derniers Imans de la race d'Ali font
furnommés Askeri , à caufe , ou de la naiflance
qu'ils y prirent , ou de leurs fepulcres qui y font;
c'eft mm cette même ville d' Asker ou de Ser-
inenrai que le Mahadi eft caché, & d'où il doit
fortir à la fin des temps , félon le fentiment des
Schiites ou Sénateurs d'Ali.
Le Khalife Motavakkel quitta la ville de Ser-
menrai , & transporta le fîége du Khalifat en la
ville de Giafarian , qu'il a voit fait bâtir : mais
MontaiTer fon fils , ^ui lui fuccéd^, retourna à
Sermenrai.
SILENCAI & SILOUK ; nom de la pre-
miere vill« ou habitation du Turqueftan , ou liak,
fils
\
Orientale. 15^
fils de Turc fils de Japhet , faifoir fa demeure
avec fon perC; félon Emir Khouand fchah.
STMEAN AL SADIK, Simëon le Jufte. Le
Tarikh Montekheb fait ce perfonnage fuccef-
feur d'Ozaïr ou Efdras , dans la prédication de la
Loi de Dieu.
Ebn Batrik dit que Siméon le Jufte, qui reçut
Jéfus-Chrift entre fes bras , étoit Tun des fep-
tante Interprètes de la Loi , & que Dieu lui avoic
prolongé la vie , parce qu il avoit peine à acquief-
cer aux prophéties qui regardoient le Meffie,
SIMEAN AL HABIS, Siméon le Reclus.
C'cft Saint Siméon , que tous les Arabes ont fur-
nommé Saleh alôntoud^ & les Grecs le Stylite^
parce qu'il demeuroit dans une cabane décou-
verte , faite en forme de chaire à prêcher , pofée
fur une colonne : cette colonne étoit pofée dans
le territoire d'Antioche , dans un lieu élevé , qui
l>orne la plaine d'Antioche du côté de l'Orient^
& que l'on appelle Al Gehal Al Moâgeb. Il
Tivoic fous l'Empire de Marcien.
«
SIMIA ; c*eft le nom que les Arabes donnent
à une partie de la Chimie , prife dans fa plus
ample fignification ; car Chimie , ou Kimia »
comme l'appellent les Arabes , vient du mot
Grec ;k;«'/«« , & celui-ci de z^f^^^ qui fignifieyic ,
& fait affez voir que la Chimie proprement dite,
ne s'exerce que fur les fucs &. fur les effences
des plantes , & que c'eft par extenfion qu'elle
comprend la préparation 4e8 minéraux & des'
Tome V. ' R
15S Bibliothèque
métaux, que les Arabes appellent d'un nom par-»
ticulier , Simia.
L'oririne du mot Simia fe prend des mots
Arabes oam &»Samar, qui fignifient les veines
d'or & d'argent qui fe trouvent dans les mines;
& les Orientaux , auffi bien que les Grecs , eji
attribuent l'invention à Ammontus , que les Ara*
bes appellent Ammonious , de même que la Chi-
mie proprement dite , à Chiron le Centaure
Précepteur & Gouverneur d'Achille. '
Lorfque les Arabes & autres Orientaux parlent
^e la Chimie en général , & des merveilleux
effets qu elle produit , ils joignent toujours ces
deux mots de Kimia & de Simia , pour corn-
, prendre toutes les opérations que Ton fait par le
moyen du feu , tant fur les animaux & fur les
plantes , que furies métaux, & les minéraux.
Il y a cependant parmi les Arabes un autre
Art, qu'ils nomment auffi Simia , qui ne s'exerce
pas fur les minéraux, mais qui a pour fujçt les
noms & les nombres , defquels on tire une efpece
de divination , de la même manière que Ton en
tire une autre des points & des lignes , par te
moyen de la Géomancie; & cette efpece de Si-
mia tire ion origine & fa dénomination du mot
Arabe Sim &il/m^ qui figniâe un Nom.
Cette fcience des Noms en général va bien
plus avant, parce qu'elle enferme auâî celle des
Noms des Efprits , iSc de leur invocation; & dans
le Livre intitulé Ketab alanouar^ le Livre des
Lumières , Ton trouve vingt-huit alphabets de la
Simie , qui fervent à faire des talifmans , pour
attirer les Efprits & leurs vertus, & en faire divers
. ttfages fuperâiûtux ; de forte que l'on déânit
Orientale.
*S9
cette fcience ; Elm alaroudh aUlcuiah v eflenraL
caouahaleemefaâhha} » L'Art de connoîrre les
tipnts fuperieurs , & de faire defcendre jufqu'à
nous leurs vertus , pour en tirer ce que nous dé-
Sr""V ^"l ,/"'^*^ ^" '»■<>'« P""es , qui font.
Tarçî , Thelfem , & Salliamous. ^
^L'on trouve dans la Bibliothèque du Roi
j" lV^} ""L'/re. intitulé Scheraftn Al Hen-
diahfi elm Al Simia ; & au n*'. 1004, le cint
quieme Traité du Livre intitulé Cabs aîanouar
vgiamê alafmr.Ce font proprement deux Livres
de Theurgie , ou d'invocation des Efprits.
SIMORG. Ce mot Perfien fignifie propre-
ment cet oifeau fabuleux que nous appelons Grif-
fon, & qui nous eft vertu de l'Orient ; car les
Juifs font mention dans le Thalmud , d'un oifeau
aïonftrueux , qu'ils nomment lukhneh & Ben
lukhneh, duquel les Rabins racontent-mille ex-
travagances , & les Mahométans difent que le
Siraorg fe trouve dans la montagne de Càf.
Sâdi, Auteur férieux qui a compofé le Boftan
dit cependant, en voulant louer la providence & la
hberalité magnifique de Dieu envers fes créatures,
• dans la préface de cet Ouvrage, que Dieu a dreflë
une table d une fi grande étendue pour la nour-
riture & pour la confervatict" de toutes (ts créa-
turcs , que le Simorg trouve dans le mont de Caf
de quoi fe repaître fuffifamment , quoiqu'il fpit
d'une monftrueufe & épouvantable grandeur.
_ SIMORG ANKA-, c'eft le même oifeau que
Simorg. Les Orientaux difent dans leurs Ro-
quas , que cet oileau merveilleux eft raifonnable ,
R i)
^6o Bibliothèque
car il parle à ceux qui Tinterrogent ; & dali9
le CaTiêrman Namch ou Hiftoire de Caherman >
nous lifons le difcours qu'il tint à ce Héros ,
dans lequel il dît qu il a vécu dans plufieurs révo-
lutions de fîecles & de créatures , qui font paf-
fées avant le fiecle d'Adam« >
SIN. Les Arabes appellent ainfi ce que nous
appelons la Chine , & c eft de là que les Latins
appellent les Chinois Since &, Sinarum Regio ,
le J^ays de la Chine : mais les Perfans, & autres
Orientaux Tappellcnt Tchin, & difent que ce
pays a tiré fon nom d*un des fils de Japhet.
Tchin ou Sin étoit le fils aine de JapheC
£ls de Noé , & fut le plus habile de tous fes .
frères , auflî eut-il le meilleur partage ; car fon
père lui donna pour héritage le grand pays qui a
tiré fon nom de lui , & que nous appelons au-^
j^urd'hui la Chine.
Ce fut lui qui cnfeigna à fes enfans la Pein-
ture & la Sculpture , & TArt de jpréparer la foie
pour en faire plufieurs fortes detofFes ,^ en un
inot., Ton pret^end que la plus grande partie des
ouvrages qui font encore aujourdhui en vogue
dans la Chine, &. dont tous les Etrangers font fi
grand état , font de fon invention.
Tchin eut pourfils aine Matchin, dont on a déjà
pftrlé, &il fufSra de direici que les Orientaux, en
parlant de la Chine en général , Tappellent Tchin
&.Matchin^ de même que, pour exprimer la Tar-
tarie entière , ils fe fervent des termes d'/n^/oi/^'
& Magioug' , qui font le Gog & Magog dé
|*£critiire Sainte. Il y a pourtant des Geogra*
O R r 1 N T A i: ir, m6%
jpîies mii prétendent quil faut entendre par le
mot Tchin , la Chine feptentrionale , que pla-
ceurs croient être la même que le Khatha ou Kha-
thaï ; & par celui de Matchin , la Chine méri-
3îonale , en y comprenant la Çochinchine , le
Tunquin & le Rojaunie d'Anan avec ceux de
Siam & de Pegu.
La Chine feptentrîohale efl: encore appelée
par les Orientaux le Khotan , 8c la Tartarie plus
fcptentrîonale^ lé Car a Khotan , le Khotan Nolr^
à caufe dé TépailTear de fes forêts , & de l'air né-
buleux & chargé de frimas qui la couvrent.
'Les anciennes Hiftoires de Perfe difent que
Feridoun , Roi de la première dynaftîe nom mée
xîes Pifchdaiiens , donna en partage à fon fils
( Tour) la Chine & le Turqueftan , & le qualifia
dt| titre de Fagfour^ qui eft demeuré hérédi-
taire aux Rois de ce pays-lk , comme celui de
Pharaon k ceux d'Egypte.
' Ebn Al Ouardi écrit dans (on Livre intitulé
Kheridat alâgiaïb y que félon le rapport d'Abou
Ishak Ibrahim , furnommé Al Hageb , la largeur
«du pays de la Chine , à la prendre depuis Ten^
. trée du Golfe de Bengale jufqa aux pays des Mu-
fulmans dans le Mavaralnahar ^ a trois m^ois de
chemin d'étendue, & que fa longueur doit fê
prendre depuis l'Océan oriental julqu'en deçà du
'Thobut ou Thehet , ce qui fait quatre mois entiers
de chemin. Cet Abou Ishak, qu'on nomme en^
core Ebn Al Mefkin Al Farji , & qui étoic un
"des premiers O/ficiers d'un Roi de la Chine fous
la dynaftie des Princes de la Maifon de Gln-
ghizkhan , rapporta à fon Maître , que dans
tout le pays de la Chine, non plus qu'aux Indes
Ku)
^6t BiBLIOTHEQUB
par où il revint , il n aroit trouvé ni figues , ni
raifins, ni olives.
Le même Auteur , auffi bien que le Gcogra-
plie Perfien , dit que la ville de Khancou eft la
capitale du pays , &, que c'eft là que le Fagfoar
fait fa refidcnce : il nomme pourtant encore une
autre ville confidérable dans ce pays-là , appelée
St'ihangiou & Zitoun^ que d'autres Auteurs veu-
lent être la ville royale ; & le Scherif Al Edrifi
^::rit que Khancou 6c Giancou font les princi—
jpales villes de la Chine, auflî bien que celle qnïl
appelle Loukin. Mais Aboulfeda dit qu'il y a vé-
ritablement plufieurs grandes villes dans ce pays-
là ; mais que leurs noms n'ëtoient pas encore
venus à fa connoiflance , non plus qu'à celle des
Géographes Arabes qui l'avoient précédé.
Lon trouve cependant dans les Tables Géo-
graphiques de Naifireddin & d Ulug Beg la ville
de Pangiou , comme le fitfge royal des Rois de la
Chine, fous la longitude de 130 degrés, & 24
degrés 15 minutes de latitude leptentrionale; &
le même Aboulfeda , que Ton vient de citer,
met Khanbaieg dans le pays de Khatha , qui efî
la Chine feptentrionale , fous les 144 ou 145 de-
grés de longitude, & fous les }5 ou 36 degrés
de latitude feptentrionale.
L'Emir Khouand fchah dit , dans la Généa-
logie de Ginghizkhan, qu'il y avoit un Roi de la
race deTatar, qui régnoit dans la Chine au temps
d'Ogouzkhan , & que le Khakan , Roi du Kka*
tha ou Chine feptentrionale , joignit î^s troupes
à celles d'ATrafijb , contre Caïkhofrou Roi de
Perfe. Les mêmes Chinois fecoururent auffi Gaï-
doukhan contre les peuples nommés Gialaïr.
Orïektali. 26f
Ce grand pays fut envahi par les Mogols ou
Tartarcs de Ginghizkhan , lous Coblaï Câan.
Ginghizkhan & fes fuccefleurs Coblaï Càan ,
Arik Bouga , fon frère Barakkhan & autres , le
poflederent jufqu environ Tan 700 de l'Hégire,
qui cft de J. C. ijoo.
Les Arabes appellent en leur langue Sauani ,
les vafesde porcelaine , mot qui eft dérivé de Sin :
mais les Turcs , outre le i>om de Tchini , qu'ils
leur donnent, les appellent encore Fagfouri^
mot tiré de celui de Fagfour j qui eft le titre
des Rois de la Chine. ^
A cet article trop court fur une matière auflt
importante, nous avons cru devoir réunir la re-
lation qui fuit. Les détails qu'elle contient feront
certainement plaifir aux Leéleurs.
Description de la Chine.
Quand on confidere ( dit un Voyageur ) k
multitude innombrable deshabitans de la Chine»
fes richefles immenfes , fon abondante fer-
tilité, & fur -tout la fagéfle de fon Gouver-
nement, c'eft à ju (le titre qu'on lui donne un des
premiers rangs entre les Empires de l'Univers^
L'Hifloire populaire de cette vafte Monarchie
cfi hors de toute vraifemblance , pour ne pas dire
mariifeftement faufle , puifqu'elle compte plus
de quarante mille ans depuis fa Tondation . Il eft
vrai qu'il ny a point de peuple plus ancien, ni
peut-être fi ancien dans le Monde; car le temps^
ie plus reculé , marqué dans la Vulgate , fufîît?
st peine pour fixer la chronologie des Chinoisi fifci
Riy
iS^ B I B L,I O T H E Q U E
ce que leurs Savans en difent eft foutenu par den
circonftances fi apparentes , & confirme par une
Tradition fi généralement reçue parmi eux, qu'on
y pafleroit pour ridicule & pour un incrédule
obftiné j fi l'on vouloit feulement le révoquer en
doute. Cependant , malgré la prétendue certi-
tude de ces Savans , ils ne s'accordent pas tout-à-
fait fur l'antiquité de leur nation , les uns lui
donnant quatre mille quatre-vingt-huit ans , & les
autres quatre mille fix cent quatre-vingt; plu-
fieurs enfin, par des raifons anez probables, la
font remonter encore fix cents ans plus haut.
Quoique ces différences paroiflent fenfibles ,
• l'on ne doit point s'en étonner , ni s'y arrê-
ter , îorfqu'on fait attention au peu de con-
formité qui fe trouve auflî entre, nos Auteurs
Européens qui ont traité de la Chronologie. On
fait qu'il y a plus de foixante-quinzc opinions
touchant le calcul des années depuis la création
du Monde jufqu'à la venue de Jéfus-Chrift, 8c
que routes ces opinions renferment une diffé-
rence de plus de trois mille ans; puifque la pre-
mière , qui eft du Kabi Nahaflbn , en compte
3740 /& la dernière, d'Alphonfe le; Sage , Roi
de Caftille ; 6984.
Pour donner une vraie époque , ou du moins
une époque vraifemblable , à rétabliffement de
l'Empire de la Chine ; un homme de probité &
d'érudition, qui y a fait un féjour déplus de qua-
rante ans, &qupa débrouillé ce chaos autant qu'il
lui a été poflîble , a affuré en avoir fait une Difler-
tation en latin , dans laquelle il prouve la véri-
table origine de cet Empire , fon gouverne-
ment y ôcc. Comme il a donné les Mémoires ,
O R I E N T il L E. 265
£vtr lefquels il a travaille > on va tâcher d*en faire
le précis , en commençant par la généalogie da
Roi Je<ftan. Elle eft tirée exaélement des An-
nales Chînoifes, & conforme à l'Ecriture Sainte
jufqu'à Heber , père de ce Je6lan.
C*eft donc par une étude recherchée des HiC-
toriens Chinois, & de leurs anciennes Chroniques,
qu'on a pu apprendre que le Roi Jeélan , appelé
dans leur langue Yao ou Yao-tang^ a été le Fon-
dateur de ce grand Empire. Ils difent que ce
Prince partit Tan 171 après le Déluge, du camp
de Sennahar , où avoit été la tour de Babel , &
qu'il habita pendant cinquante ans depuis Cang-
kiu jufqu'au mont Hoa , lieux qui paroiflenc ré-
pondre au Mefla & à la montagne orientale
Séphar , & qui , fuivant l'Ecriture Sainte, furent
la première habitation de ce fécond fils d'Heber :
enfin il quitta ce pofte & arriva à la Chine onze
.ans après, avec fa nombreufe colonie, ayant pris
. fa route par la province feptentrionale de Changfi^
où il trouva , aufli bien que dans un pays plat ,
tirant plus fur le midi, une vafte étendue d'eau ,
3ue leur Hiftoire nomme Hong-choui , c*eft-à-
ire eaux du Déluge, & que ce Prince fit écou-
. 1er dans la mer par plufieurs canaux , auxquels
on travailla pendant rêfpace de treize ans.
• Sur les montagnes qui environnoiént ce pays,
on ne voyoit que des ferpens &.des bètes. féroces
qui dévorèrent plufieurs de ces nouveaux hôtes.
Tout autre que Jeélan fe feroit rebuté à la. vue
de ces affreux objets ; mais, plein d'un courage
héroïque , il ranima les plus timides", & mettant
lui-même la main à Tœuvre , pendant que d'un
^&6 Bibliothèque
autre côté Ton cvacuoit les eaux , il mît le feo
par toutes ces montagnes , pour en exterminer
ces animaux fauvages; il fit défricher les terres,
(8c les fit enfemencer : enfin , à force de travail ^
on fit paroiire au bout de quelques années des
xnaifons & des villes dans toute cette longue
étendue de pays.
Pour ne pas être accablé du fardeau ifnmpnfe
des affaires de ce naiffànt Empire, il s'aflbcia,
pour le gouverner , un perfonnage d'un rare mé-
rite , nommé Yu , & enfuite Chun. Aidé de ce
grand homme , il mit tout en bon ordre , créa
des charges , fixa fa Couf , choisît fes Officiers ^
& partagea ce vafte domaine en neuf diftriéls^
où il établit autant de Gouverneurs, fe réfervant
un tribut annuel proportionnée la bonté de cha-
que territoire. Enfin toutes chofe« furent fi bien
ordonnées, que fes Réglemens & fes Loix, qui
fubfiftent encore , ont fait jufqu'aujourd'hui le
bonheur & la tranquillité de ces peuples , & Tad-
miration des Etrangers.
Le règne d*Yao-je(3an , depuis fon départ de
Senna'ar jufqu'à fa mort , a duré cent & un ans ,
foixante-un hors de la Chine, & quarante de- *
puis fon arrivée dans le royaume. Chun régna
après lui cinquante & un ans , ce qui fait q i pour
Je règne alternïtif de ces deux Princes, Yao fut
fi content des belles qualités de Chun , que de
fon premier Miniftre, il en fit fon gendre &fon
collègue, en rélevant hii-même au trône de fon
vivant , & le préférant à tous fes fils ; parce qu*il
ne reconnut en aucun iVeux aflez de vertu , ni
aflez de capacité, pour pouvoir continuer & faire
fubfifter fes admirables établiflemens. Iv événe-
Orientale. 267
ment confirma ce jufte choix , & Chun gouverna
avec tant de bonté , de fermeté &. de l'agefTe , ^
qu'il pafîe encore dans la nation pour le plus
•grand Empereur & le plus parfait qu'il y ait en
après Yao. Une des cîiofes qui lui attira le plus
d eftime , c eft que , fuivant l'exemple de fon prç-
déceflêur , il eut plus d*égard à la félicité de fe$
fujet^ qu'à la proximité de fon fang. H préféra
donc à fon fils aîné Chang-kiun , pour lui fuccë-
der à la couronne , le grand Yu, non n>oins cé-
lèbre par fes vertus éminentes > que pour avoir
{►réfidé à l'évacuation des eaux, &en avoir achevé
e grand & pénible ouvrage, C'eft lui qui fut. le
Chef delà première Famille Royale nommée iîiV.
Il auroit bien voulu imiter fes deux illuftres pré-
décç fleurs , en remettant au plus digftc les rêne^
de f Empire ; mais le fentiment des Grands &
du Peuple prévalut , en le rendant héréditaire ,
par U crainte qu'ils eurent qu'une éledion qui
auroit toujours été arbitraire ^ ne vînt enfin à
caufer des miirmures & des troubles capables
d'ébranler ou de bouleverfer même ce qui étoit
iS bien affermi. ,
L'on ne peut pas dire au jufte. le nombre des
Princes que cette première famille ou dynaffie \
comme notre Auteur l'appelle ^. a mis confécuti-r
vement fur le trône, l'ordre de la fucçeflîon en
ayant été plufieurs fois interrompu par quelques
rebelles : mais il eft certain quelle n'a fub*
(îfté que 259 ans, au. lieu de 439 ,que le com-
put vulgaire lui attribue, par une addition qui
paroît faite à deffei.n d'une triple révolution de
Ion cycle fexagénaire , ç'eft- à-dire <le i%o ans.
Les preuves qu'en donnent d« favans Auteurs
! /
Mêi Bibliothèque
Cbinois, font très-plaufibles^ par rapport k de cer--»
^/ taîns ëvénemens , dont les circonftances font par-
faitement conformes avec celles que nous liions
dans la Vulgate. Cette erreur de calcul a telle-
ment dérange' la chronologie Chinoife , que les
Miffionnaires Européens n'ont pu jufqu'ici rc-
connoicre la véritable origine de l'Empire , de
crainte qa'en avouant le Roi Yao pour fon Fon-
dateur , comme il Teft en effet , ils ne fuflent
obligés de le faire noyer dans les eaux du Dé-
luge dix ans avant fon élection ou fon départ
your la Chine : c'eft pourquoi ils ont dû aban-
donner la Vulgate , & avoir recours aux Sep-
tante , pour trouver , à la faveur de leur comput
âlongé, quelque Prince plus ancien , qu'ils ont
fait le prétendu Fondateur de cette nation s &
cela faeite d*un examen fuffifant , s étant cpnten-
•*és de chercher ce Prince entre ceux dont les
-Annales Chinoifes parlent confufément depuis le
premier homme,
' La féconde dynaftie qui a fuîvî immédiate-
ment celle des Hia , s'eft nommée Chang , & a
"duré 644 ans fous vingt-huit Princes conlecatifs.
L'Empereur Tchin-tang , furnommé X Homme
fârfait y en fut le Chef, & parvint à l'Empiré
Ja tnême année que le Patriarche Jacob entra en
Egypte, qui étok là féconde de la famine uni^
verfelle de fept ans. L'Hiftoire Chinoife en fait
intention j de même que l'Ecriture Sainte , & la
place auffi dans ie même temps, favoir , jSz ans
•après le Déluge.
La troifieme dynaftie^ appelée Tckeou y pen-
dant 876 ans quelle a duré , a eu trente-fept
Rois j dont Vou-vang fut le premier, ayant defaii
F
Orientale. 169
le cru«l & débordé Tchepu , dernier Prince de
la dynaflie précédente. Depuis ce temps^là juf-
quà la naiflance de Jéfus-Chrift , il s'eft écoulé
146 ans , le fixjeme du rçgne de TEmpereur
Han-geai-ii : & epfin depuis cçtte fainte & heu-
reufe époque, nous en comptons 1728: d où il
refaite que TEmpire de la Chine ayant com-
mencé 230 ans apr^s le "Déluge , le 1886 da
Monde félon la Vulgate, a jufquà préfent trois
mille huit cent quarante-'cinq années d'antiquité,
comme on le voit par cette fupputation.
Le règne des deux premiers Rois/ Ans.
Yao & Chun a été de . .. ' . 91
La première dynaftie a duré . '. . 259
La féconde .....*'•.. 6^44
La troifieme . 876
Depuis ce temps à J. C. il s eft pafle 246
JEt depuis Jféfus-Chrift . . • . 1728
3845
Pendant; cette Jpngue fuite dannées ,on a tou-
jours vu la même forme de gouvernement dans
la Chine , & rien ne s y eft changé que les habil-
lemens , quoique les Tartares Occidentaux &
Orientaux y aient fait deux invafions 3 la pre--
miere Tan iz8o, qui a duré jufqu'en 137} ; la
féconde en Tan 1643 ^ & quicpntinue encore.
On a aiTez bien débattu Terreur pppulaire tou-^.
chant l'antiquité de la Chine \ on va maintenant
fixer fa (i^uation & fon étendue.
Les Géographes parlent diverfement.de Tune
& de l'autre : mais fans s'arrêter à rapporter leurs
dijîerens fentimens , ce qui feroit fort inutile , gn
\
^7o Bibliothèque
peut aiTurer , après les obfervations elaéles faites
en dernier lieu , qu'elle eft fituée depuis le vingt-
deuxième degré de laùtude ieptentrionale , )u(^
qu*au quarante-unième , & depuis le cent vingt-
cinquième degré de longitude jufqu'au cent
cinquai^tieme , c'eft à^dire quelle a 380 lieues
marines ou d'une lîeure de chemin , du midi au
feptentrion j & 500 lieues de l'orient ï Tocci*'
dent , en comptant vingt lieues pour un degré.
On y joint la Tartarie Orientale, qui fait auffi
partie de TEmpire Tartare-Chinois , depuis lex-
trémité de la fameufe muraille jufqu'au quarante-*
neuvième degré de latitude ; ce font encore neuf
^ dix degrés : de forte que tout ce terrein repré-
fente à\peu près un carré long de deux mille cent
foixante lieues de circuit; encore ny a-t-on pas
compris les ifles de Formofe , Hainam , Tfang-
quoe ) Theoucham , & quelque5' autres moins
confidérables , qui toutes enfemblc feroient un
fort grand royaume j non plus que la grande pro-
vince de Leaotong, quieft au delà de la longue
muraille , &. non 'en deçà , comme les Géogra-
phes l'ont ci-devant placée. Pour ce qui eu de
Tunquin , de Siam , & de la prefqu'ifle de
Corée , quoique ces Etats foient tributaires de
l'Empereur , ils ont cependant chacun leur gou-
vernement particulier , &: font tres-différens de
la Chine , foit qu on regarde la fertilité des terres ^
la beauté & la grahaeur des villes ; /oit qu'on
fafle attention à 1 efprit y à la religion & aux
mœurs des habitans ; auffi ibrit-ils fort méprifés
par les Chinois, qui les tmtent de barbaies , &
ne veulent point s allier avec eux', non plus
^'avec les autres Indiens , de peur ^ue ce xaé^
Orientale. lyi
lange ne les faife dégénérer de leur, ancienne
nobleife-
L'Empire de la Chine eft divifé en quinze
provinces , qu'on pourroic appeler autant de
royaumes. Les ûx premières , vers le fep-
tcntrion., que les Tartarés connoiflent fous le
nom de Catay , font Pekeli , Changfi ; Chengfi ,
Xantung , Honan , & Sout-Chouen. Mangy
étoit autrefois le nom de la partie méridionale
de la Chine. Elle eft divifée aujourd'hui en neuf
provinces, favoir, Houquam , Nanking , Che-
xiam , Kiamfi , Fokien , Quangtong , Quamfi ,
Yunnan , & Kouei-tcheou.
Ces quinze provinces contiennent cent cin-
quante cinq villes principales , treize cent douze
cités ou villes du fécond ordre, & deux mille
trois cent cinquante-fept bourgs militaires ou
places d*armes. Il n y a pas beaucoup de diffé-
rence entre les villes & les cités , eu égard à leur
grandeur , puifqu'il fc trouve des cités auflî gran-
des que des villes , & même plus : c'eft la jûrif-
diélion des Gouverneurs qui les diftingue. Ceux
des villes font fubordonnés aux Vice-Rois des .
provinces , & les cités leur font foumifes. Les
bourgs ne différent des villes & des cités que
* parce qu'ils ne font point ferries de murailles ,
& qu'ils ont une garnifon qui demeure avec les
bpurgeois. Les villes, en Langue Chinoife, fe
nomment Foîi , les cités Tcheou , & les bourgs
HUn. II y en a d'une auffi grande étendue que
des cités.
Il n'cft pas croyable combien tout ce pays eft
peuplé : quand on eft fur les grands chemins , on
diroû que ce font des armées ambulantes : c'eft
J7^ Bibliothèque
comme fi Ton voyoit continuellement de nos
foires ou de nos procciîîons. Les Portugais en
étoienc fi étonnés , lorfqu ils entrèrent la pre-
mière fois dans la Chine , qu'ils demaVidoient û
les femmes y faifoient . des douzaines d'enfans à
la fois. On compte plus de dix millions cenc
vingt-huit mille lept cent quatre-vingt-dix fa-
milles , fans comprendre les Princes du fang y
les Miniftres de l'Empire , les Seigneurs , les
O/Sciers tant de police que militaires y les Bonzes
ou Sacrificateurs , les Eunuques , les femmes &
les enfans. Le nombre des hommes du commun
peuple , au defTus de Tâge de vingt ans , le monte
a cinquante-huit millions neuf cent feize mille
huit cents , outre une prodigicufe quantité de gens
Îrui virent dans les vaifTeaux & les barques, de
açon que Teau y paroît auiîi peuplée que la terre.
L'on ne doit donc pas tant fe récrier , quand on
aflure qu'il y a plus de deux cent millions d'ames
à la Chine; ce qui eft fort aifé à fuppdter par la
taille & la capitation , outre que chaque père de
famille eft obligé , fuivant les Loix , de mettre
unécriteau fur la porte de fa maifon , qui dénote
le nombre & la qualité de ceux qui demeurent
chez lui. Il y a même des Tifangs ou dixai- •
niers , commis pour tenir chacun le rôle de dix
familles. '
Ce qui contribue beaucoup à cette multitude
d'habitans , c*eft que tout le monde veut fe ma-
rier, à la réferve de quelques Bonzes , & de ceux
que la mifere réduit. à garder le célibat malgré
eux : d'ailleurs, comme ni la guerre ni la pefle ne
défolent pointées contrées, oc que les hommes^
outre leur femme légitiiae , ont autant de conçu-
biens
I
O 11 î t N t A L «* i7J
l^nes tju'ils veulent f on y peuple dune iî étrange
manière, qu'on ne voit plus aucun lieu, fût'-il
encre des rochers & des montagnes , qui ne foit
habite & cultiva»
L'on ne peut difconvenir que la Chine ne foi*
digne d*adaiiration à plufieurs égards ^ mais on
penfe que fa politique & la forme de fon goa-«
vernement la fendent encore plus recomman-*
dable. Oh a déjà dit qu'on. eh avoit lobligatioa
à Jeéîan & à Chun , fes deux premiers Rois«
Voici comme ils s'y prirent.
Après avoir partagé en neuf ordres les Offi-»
ciers de robe ou Mandarins lettrés , ainii qu'on
les nomme ^ ii& jugèrent à propos de diftinguef
leurs rangs & leurs qualités par différens habits
& par diverfes figures fymboliques , chaque ordrtt
ayant pour fon fymbole un oifeau , comme la
cigogne , l'aigle 5 le paon ^ Sud Enfuite ils fixe-*
rent fîx ordres d'Officiers d epée ou Mandarins
d'armes^ à qui ils donnèrent pour marques dâ
diflinc^ion , des figures de bétes fa nvages , telles
que le lion , le tigre ^ le léopard , &c* Ce.s ré-
glemens furent religieufement obfervés jiifqu'à
Tinvafîon des Tartares , qui en furent û cnarmés
Îu'ils les adoptèrent avec plaifir ; & tous ces
)fficier$ portent encore , aux jours de cérémo-
nie , fur la poitrine & fur le dos^ en deux car--
touches carrés brodes d'or 6l de foie > les figures»
de ces oifeaux & de ces quadrupèdes. Ils obH<^.
gèrent feulement leurs nouveaux fujets de fé
couper les cheveux & de porter l'habit Tar-
tare : mais ils eurent plus d'égard pour les fem-
mes Chinoifes que pour les hommes , en leuf
lai^ant leurs habits & leurs parures» q^ui différent
*7f BiBLîOTHE q \J E
kaiRoap des hsbitlemens des femmes Tartarfê»
Cependant, comme elles gardent toutes entre
«llesia même fubordination que leurs, maris
fardent entre eux, elles ont aufiî fur leurs habits
ss mêmes fymboks de leur différente qualité.
Ootre celte marque en broderie dont on vient
de parler, tous ks Mandarins portent à leur
bonnet & à leur ceinture des pierres précieufes
3111 dëfignent auffi les difFérens ordres par ieut
iverfité : mais Its Mandarins lettrés des trois
premiers ordres , & les Mandarins d*arm'es des
f|uatre premiers , fe diftinguent encore par des
robes enrichies de figures de dragons à trois oii
quatre ongles ; ce qui eft une marque très-ho*
Aorable , parce que TEmpereur a auifi le dragon
peur fon figue fymbplique , avec cette difFëreneé
qu'ii le porte à cinq ongles; & cette diilin^ott
tfk fi iacrëe , que' perfonne dans fes Etats n ofe-
foii; s'en fervir ^ ni même le faire peindfe ou feu*^
lement crayonner^ fans un ordre ou permifEon
çxprefle de ce Monarqire.
Il y a de plus une autre fubordination entré
tous ces Mandarins de lettrts & d'armes, chacuri
^tant encore diftingué en deux degrés : de forte
q»eil parlant j par exemple , d'un Mandarin du
Suatrieme ordre ,, an die : » IJti tel eft Mandarin
tt premier ou du fécond degré dta quatrième
ûpApc ^. Tous ces ordres & ces degrés differens
né font pas attachés aux charges , mais aux per*
fonnes qui le» jpMedent , parce qu'on n'a égard
en cela q»au leul mérite & aux fervices ren-
dus à ÏEtstt. H eft Vrai que l'on proportionne
«rdinaireH}en4f Tordre' & le degré k la dignité
4es «harge^ ; mais l'Empereur élevé fouvent au
O fe I E N T A L E. 27J
Mandarinat du premier ou fécond oi-dre un
Officier qui me'riie récompenfe, & dont l'em-
ploi eft peu confidératle. C eft par cette exade
& merveilleufe fubordination , & par l'autorité
abfolue du Souverain y que fe conferve cette heu-
reufe tranquillité dans la Chine.
Pour eW donner une connoiffance encore plus
précîfe y il convient d'entrer dans un plus grana
détail.
L*on compte dans PeKng i capitale de ce
vafte Empire , jufqu'à douze Cours fouveraines
qui s'étendent fur toutes les provinces; favoir^
fix de Mandarins lettrés , que l'on appelle Leoh
pou , c'eft-à-dire les fix Cours , & cinq de Man-
darixis d'armes, nommées Oufou^ qui {îgnifie7ex
cinq Clajfes,
La douzième , ou pour mieux dire la pre-
mière, qui a la fupériorité fur toutes les autres^
forme les deux Confeils de l'Empereur, donc
l'un eft extraordinaire, compofé des Princes du
fang^ l'autre ordinaire, dans lequel entrent les
Miniftres d'Etat, qu'on nomme Calaos ictH
comme une efpece de Parlement qui juge de
toutes les caufes d appel , qui examine toutes les
grandes affaires, qui en fait rdpport à l'Empereur,
& qui en reçoit les dernières' réfolutions. Ce
Tribunal qu'on ay'pelle Nui-yuen , la Cour du
dedans^ parce quM fe tient au dedans du palais ,^
comprend trois claffei de Mandarins. La pre-
mière eft celle des Colaos , (rni font tous Manda*
rins du premier ordre ; le nombre n'en eft point
limité ; il y en a ordinairement cinq ou ftx , l'un
defquels a le titre de Préfîdent, que Ion nomme
Ciam-ciu} c'eft comme le premier Miniftre de
S» • '
2^6 BlBLIOTHEQ^UE
rEmpîre, Dans la féconde clafle, font les Matt%
darihs du premier & du fécond ordre , en qua-
lité d'Âïïeileurs des Colaos ; on les nomme Ta--
hio'Jfee ou Magiflrats d'une capacité reconnue.
La troifieme clafle , appelée Tchong-chu^co ,
Ecole des Mandarins , eft celle des Secrétaires
de l'Empereur, qui font ordinairemen#des Man-
darins du quatrième^ du cinquième & du fixieme
ordre. Voici les noms & les fondions de ceux
qui compofent les ûx Cours de Mandarins let-
trés;
I . Le Lii-pou a rinfpecHion fur tous les Man-
darins de TEmpire , pourvoit ï leurs charges , en
les donnant ou les ôtant félon qu'il le trouve
i propos.
1. Le Hou-pou a la furincendance des finances
& des tributs qui fe lèvent dans tout l'Empire.
} . Le Lu-pou conferve les anciennes coutumes,
les rites & cérémonies de l'Etat , & dirige tout
ce qui a rapport à la Religion, les Sciences,
les Arts & les affaires étrangères.
4. Le Ping-pou étend fa jurifdidion fouveraine
fur les troupes & les Officiers qui les comman-
dent, & a foin des armes.
5. Le Hing-pou juge fouverainement Us cri-
minels.
6. Le Cong-pou a la furintendance générale
des bâtimens royaux & autres ouvrages publics ,
& de la Marine.
Ces fix Cours ont chacune un Préfîdent '&
deux Affefleurs. Le Préfîdent eft un Mandarin
du premier degré du fécond ordre , & les Atref-
feurs font du piremier degré du troifieme ordre.
Chaque Tribunal renferme encore fTufieurs autres
O R r E N T A L E. z^f
Chambres, compofées d'un Prëfîdent & de douze
à quinze Confeillers , félon la multitude des
affaires, dont les plus importantes font toujours
renvoyées en dernier reflbrt à la première Cham-
bre. On compte jufqu'à quarante-quatre de cesr
Tribunaux fubaltemes. Le Tribunal des finances^
& celui des caufes criminelles ont chacun vingt-*
quatre ConfeiUers. '^
Pour empêcher que des Cours auffi puiiîantes^
que celles-Ê ne donnent atteinte à Tautoritë dtf
Prince, ou ne trament quelque ehoft contre fes
intérêts , il éfl: ftatué que îes matières de leurs
jurifdiétions foient tellement partage'es qu'ils
aient tous befoin les uns des autres : de. façon
qu'il n y a point d'affaire de confëquence dans
*J'Etat, qui ne foit relative h plufieurs de ces
Mandarins , & quelquefois à tous enfemble.
Outre cela , l'on a encore établi dans chaque
Cour un fefpeéleur, qu'on nemme C^/i , qui
examine tout ce qui s'y paflè , pour en avertir
fecréiement l'Empereur , ou même publique-
ment, b>rfqu*un ou plufieurs Membres ont com-
mis quelque faute ou quelque injuftice. Ces fortes
d''Offiders obligent auffi les Princes à fe tenir
fur leurs gardes , & l'Empereur v[\km^ , s'il en-
treprend quelque chofe contre les Loix fonda-
mentales de l'Etat, parce qu'alors les Colaosonc
Ift liberté de le fupplier, par des remontrances
refpe<ftueufes , d^ ne point fortir de fon devoir,
ni de fe rendre indigne par-là du rang fuprâme
auquel il efl élevé.
Voilà quel étoit le nombre des Mand'arins
Chinois; mais depuis que les Tartares fe font
Tendus inFaitres de la Cbine , ob las a doublés^
r\ • • «
XfrS Bibliothèque
eAiTjettant dans'. chaque Tribunal autant de Tar-
tarçs gue de Chinois • ainfî , au lieu d'un Prëiî-
dent & de deux Aflefleurs quil y avoit dans cha-
cune des fix Copies,, il, y a aujourd'hui deux Pre-
iÇdens & quatre A^ff^tSeurs mirpartis des deux
i^ations, & de même dans tous les Tribunaux fubal-
ternes. Ç'eft un trait de politique du Conqué-
rant Tartare , pour accoutumer fes premiers
iîyets aux manières 4e. U Chine , fans donner dit
^content^menrt aux: féconds ; ce quiferoit arrivé
s'il les eût exclus des -emplois.
Lps ,,çinq Cours fouyeraines des^ Mandarins
d'arnaes font ;
La; première ^i^'Heou-'fçu^ de Y Arrrerfng^rde.
^rlLfi feqonde, TJa-Jhu^.de YAiUrgfuche. .
: la^ xroiûemep Yeau'jfhu y ài^ V Aile dtoi te. •
La quatrième^ ÏVi^«j':/^î' 1 du Corps de ka^
taille. , •. '
La cinquième^. TJmn-fçuyà^ V Afk^nt-^garde. .
Dans ces Cours pp Mandarins, rqjlw^ires, il j
a , comme dans cejlets des Lettre's ^ un Prefident
& deux Affefleurs , qui font tous da premier
& du fécond degré du premier ordre ; ce font
pour la plupart des gt^nds Seigneurs , qui com*
mandent aux Officiers de h Cour & aux Soldats,
Ce font ces cinq clafTes qui forment le Tri-
bunal fuprême'appelë Yong-tching-fou ^ do|it le
Chef eft un des plus puiffans Seigneurs de l'Em-
pire 5 parce que fon autorité s e'tend générale-
ment fur tous les Officiers &. fur tous les Soldats,
tant de la Cour que des provinces.
Outr^ ces douze Cours fouveraines qpi fe
tiennent à Peking, les quinze provinces de r£m--
pire ont au£ cbaçi^pe la leur > qqî a |a iwm^
: O Si I E K'T A LtEl . %ff
tendance ftir les Tribuoaux fttl>a)renic9. En' par-
lant avec certitude du détail du gouvernemetit
de QuaRg->con , on pourra ju^er de celisS des aticréi
provinces > parce' qu'il eft parrtout w^iiforme*: H
ik'y a que la quantité :d'0&:iczs:^ui.efl plus' ou
irtoins grande , félon rétendue de leurs départe-
mens.. Commençons par k lifte général des Man*
darins lettrés, &l k fon<^ion d*ufi ctiacùn» : .
Le premier s'appelle Tfongtow, c'eft le Gé^
nëral-Commahdant de la part de l'En^ereur da:n^
les deux provinces ^e Quangrton &. Quang^âi
II eft 2L\x& le Receveur-* Général des denierf
royaux qui s y perçoivent fur le fel > & dont il
rend compté au Houpou à Peking^; il a 'pourra
garde & à fa difpofition cinq mille hommei de
troupes avec un Brigadier , quatre. Colonels ^
cinq Lieutenant-Colonels , dix Capitaines & vingt
Licutenans. S^rëAdenceordinaire'eft'Ia ville. ot
Tchao-quibç, diftante de vingt lieia^-ule celle
de Quang-tott^ où *û fe rend lorfque-destifiFairBS
importantes Ty appellent. r . "'
Le fécond, Fou-yuen, ou Vice-Roi de la proî-
vince, eft en même temps le Liencenant^Gé^
néral de Police & ReceveuniGénéra! des Douxw
nés ^ tant de mer que de terre : il: ^ff paréiHe^
menf comptable au Houpoli.. Sa ^ardé eft de
trois mille hommes , avec un Ëkîgadîer , deux
Colonels y trois Lieutenans-Coloneis^ ûx Capi»
taines, & dou^e Lieutenans. Sa réfîdence eu à
Quang-ton.
Le troifieme eft Ta-tchu-cao ^ le Grand-Pré*
/îdent de Texanien qui fe fait tous les trois ans
à Quang'tong pour les Bacheliers de la Province
qui afpkent au degré de Licencié Kiûqîn^ Ceux
Siv
-ri
$9q B I B L I O T H E Q U E
qui Tobtiennent vont enfuire à Peking , pouir
être admis au Doctorat Tfinfe. Ce 'grand Mar»^
darin eft choifi & envoyé par l'Empereur même
entre les preniiers Do(3eurs du collège impé-
rial , & I examen fini , iL s'en retourne à la.
Cour.
Le quatrième , Hio-yuen , Prefident abfolu k
Texamen qui fe tient deux fois eh trois ans k
Quangton & dans chaque ville du premier ordre
de la province ; une fois pour les compoiîtions
des Bacheliers , fie deux fois pour celles de6 Af-
pirans au Baccalauréat , que ce même Prefident
accorde aux plus' dignes , & dont le nombre eft
limité pour chaque ville. Ce grand Mandarin ,
moindre que le précédent, eft auffi envoyé de la
Cour , & choifi parmi les Douleurs du collé]
impérial par l'Empereur, & s'en retourne
même après les trois ans achevés.
^..'Hieanefl'plus important ni plus étroitement
obfervé que ces examens : c'eô par les compo^
fitions qu'on juge de la capacité des fujets , qui
font enfermés dans des cellules , &. ne peuvent
«voir , pendant ce temps-là , aucune communica-
tion au dehors , étant foigneufement gardés par
des furveillans fidèles , que Ton empêche, autant
qu'il eft poflîble , de fe laifler corrompre? Les
Sortes, font mêmes fcellées du fceau du Vice-
loi. Il ne leur 4^ft pas permis d'avoir aucun Livre
ni d'autres papiers que celui dont ils ont befoin
pour leurs compofitiops. L'on a foin de leur four**
4iir tout ce qui leur eft néceffaire , alimens , bou^
gîe , &c. aux dépens de l'Empereur.
Comme il y a deux fortes de dignités , dont
ïvin^ &'9cquiert par la Scieneç des Lettres ( Vên^
Orientale. zit
guàn) j & l'autre par celle des armes (Oz/-*
quàn ), il y a de même deux fortes d'examens à
uibir par ceux qui afpirent à Tune ou à l'autre ;
& les deux grands Mandarins Examinateurs y
donnent toute leur attention avec la dernière ri-
gueur, fans acception des perfonnes, & n'ont
égard qu'au mérite des Candidats : il leur eft
défendu ï eux-mêmes de parler k qui que ce*
foit, auffi long-temps qu'ils font dans cette fonc-
tion. Cependant, quoiqn'ils doivent s'attendre à
une mort certaine s'ils font convaincus de pré-
Tarication , il s'en trouve quelquefois d'aflez mal-
heureux pour fe laifler gagner par argent avant
Su'ils foient arrivés dans la province. On leur
onne certains fijçnes ou marques pour recon*
noitre les comportions de ceux que l'on eft con-
venu de favorifer. Mais il eft toujours vrai de
dire que la tranfgreffion des Loix ne diminue
rien de leur beauté.
Après avoir examiné & nommé, tant les Ba-
cheliers . que les Licenciés pour les Lettres ,
comme la partie la plus eftimée & la plus ho-
norable , on procède enfuite à l'examen des
armes. Il confifte premièrement à voir fi les
Candidats favent bien monter à cheval, courir à
toute bride fans tomber , l'exercice du manège ,
tirer de Tare à pied ferme & au galop , &, at- ^
teindre ainfi droit au but. En fécond lieu , on
examine s'ils peuvent faire fans faute un difcours
fimple, mais bien Vaifonné, fur telle matière
qu'on leur propofe qui ait quelque rapport à TArt
militaire.
Avec tout cela , ils n'en font dîvs meilleurs
foldats, On a remarqué que dans tes, occafions ,
ziz Bibliothèque
qui â la vérité ne font pas fréquentes j ils fan^
4enc avec impétuoficé fur l'ennemi, & fans au-
cun ordre y .& qu'après cette première fougue >
ils courent tous à la débandade , fans que toute
riiabileté des Généraux puîâe les retenir & les
ramener au combat» On conte que les Tartates
occidentaux ^ pour fe moquer des Chinois , difent
XÊiun cheval de Tartarie qui hennit, eft capable
oe mettre en fuite toute la cavalerie Chinoife.
Cette raillerie , avant la conquête de 1 643 , étoit
fondée non feulement fur la mollefiè & la pol-*
tronnerie des Chinois ; mais encore fur le na-
turel de leur^ chevaux, qui ne pouvoient fouffrir
alors la vue ni le feul benniiTement des chevaux
Tartare».
Les difcours ou compoiitions pour Texaineii
4es armes, font toujours fimples,. comme on
Tient de dire : mais ceux des Lettrés doivent
être plus figurés &» plus fleuris. Le bon gouver-
Rément & la morale en font la matière , qui fe
tire d ordinaire de quelque beau paiîàge, mais
difficile, de leurs anciens Livres claffiques. L'exa-
men achevé , les nouveaux Licenciés, vont , la
Î^Iupart la même année , à Peking pour fe pré-
enter au Doéîorat ; & fi quelques-uns ne font
pas en état de fupporter les frais du voyage »
Ton ne manque jamais d y pourvoir , afin que la
pauvreté ne foit point un obftacle au mérite,
& que l'Etat ne foit pas privé de bons Offi-
tiers. Dès quils font D6(3eurs, on les pré*
fente au Souverain , qui , donnant aux trois pre-
miers , ou des couronnes , ou d^autres préfens
honorables, les diftingûe par-là fur tous les au-
tres 2 & les élevé tous hieiUoc après à diâci-encts
Orientale. aSj
dignités , chacun félon fes vertus & fes talens.
Il en chpifît que!ques-un3 des plus capables entre
les Lettrés feulement, pour leur faire fubir un
nouvel examen dont il fe charge quelquefois lui-
même , & les agréger au collège impérial en
qualité de Hanlin-yuen , pour lemploi des exa-
mens triennaux, & remplir les premières charges
de l'Empire. Ceux des Licencies qui fe de'ficnt
d'eux-mêmes, ou qui nont pas aflèz d'ambition
povr afpirer au grîde de Dodeur^ fe retirent
chez eux pour y vivre honorablement , ou par-
viennent à des emplois par quelque puifTante
prptedtion , dont ils n'auroient . pas befoin
s'ils éipient DçcSeurs. Mais dès qu'ils font
en charge , foit Docteurs ou Licenciés , ils ne
peuvent plus fe relâcher de Tétude , étant obli-
ges-, dans le temps qu'ils y fongent le moins, de
comparoître encore aux examens. Ils font même
févérement punis s'ils ont oublié quelque chofe,
6c fontauffi très-bien récompenfés, s'ils ont fait
de nouveaux progrès.
On retire plus d'un avantage d'une zniR fage
politique, i®. Lajeuneffe» occupée fans relâche
dès l'âge de fix ans, n'a guère le temps de fe
corrompre par la débauche. 2®. Un efprit cul-
tivé par Tétude d[es Sciences , fe forme & fe polit»
3^. Les charges étant remplies par d'habiles
gens , on prévient les maux & les inconvéniens
fâcheux qui naifleht de l'ignorance & du déré*
g]ement« 4^. Puifque les charges ne fe donnent
qu'au mérite , l'Empereur peut les ôter , dès
qu'on fe rend indigne par des- bévues ou des
abus groffiers ; & perfcnne n'eft en droit de s'en
plaindre , comme on pre^^^jj^jj l'être fi ces
184 Bibliothèque
charges étoient vénales. N a-c-on pas vu qae cette
vénalité) jointe à une trop grande indulgence
pour ceux dont largcnt fait tout le mérite per-
lonnel , a toujours été fatale au bonheur du
peuple & au fervîce du Maître î Le cinquième
avantage d'une continuelle application à 1 étude,
n'eft pas moins confidérable que les précédens ;
car, comme on ne connoit point à la Chitie de
noble/Te héréditaire , qu'il n'y a que ceux qui
poâedent actuellement les charges qui foient ré«
putes pour nobles , & que les enfans d'un iire-
mier Miniftre ^ d'un Vice -Roi ou d'un Gou-
verneur de province, ont leur fortune à faire de
même que les moindres roturiers, il faut nécef-
fairement qu'ils foient héritiers de la vertu & de
la capacité de leurs pères , s'ils veulent hériter
auffi de leurs dignité,s, & du rang qu'ils ont
tenu)
Le cinquième Mandarin de Lettres réfide à
Quang-ton, & fe nomme Pout^hing-fe, Ceft
l'Intendant de la province & le Grand Tréforier
Gu Receveur-Général des impots qui î!y lèvent
fur les terres, tous les ans, pour l'Empereur.
Chaque Gouverneur de ville eft oblige , fous
peine d'être cafle, de ^ lui faire tenir régulière-
ment ceux de fon diftricîl ; & fe Tréforier les
ayant raflemblés, envoie le tout au Hou-pou à
Peking, après en avoir retenu ce qu'il faut pour
payer les charges de la province. La levée de
ces deniers fe fait dans un très^bon- ordre , auiS
bien que ceux des douanes , de la taille , de la
gabelle , &c. On ne voit point là , comme
ailleurs, cette cohorte de Partifans, de Sous^
Fermiers, ^ de Commis brutaux » qui foulent
O R t E K t A L È; iSj
le peuple^par des exactions injuftes & odieufes.
On fait la mefure de toutes les terres , & ce
qu'elles rapportent j on fait le nombre des fa-
milles & les facultés de chacune , & tout ce que
l'Empereur doit retirer de la capitation. Chaque
particulier eft obligé de porter fa contribution
aux Officiers commis à cet effet : fi quelqu'un y
manque., on ne veut point le ruiner par des
amendes ; mais on le met en prifon , & on lui
donne de temps en temps la baflonnade jufqu a
ce qu'il ait fatisfait.
Le fixieme Mandarin réfîde auffi à Quang-ton:
c'eft le Gan-teha-fe j Grand Juge criminel pour
les caufes capitales ou dignes de mort. Il envoie
le jugement qu'il a rendu k la cinquième Cour
fouveraine à Peking, laquelle, après l'avoir exa-
miné, en fait le rapport klEmpereurjôc ce Prince
ratifie la Sentence, la commue, ou fait grâce au
criminel.
Il eft très-rare d'y voir des Juges dont on cor-^
rompe l'intégrité , parce que leur conduite &
les plaintes du peuple y font examinées avec
l'attention la plus fcrupuieufe & la plus rigide ;
& fi quelque Mandarin eft convaincu d'injumce^
il eft condamné à perdre la vie , ou fa charge
tout au moins, & déclaré inhabile à en pofieder
jamais aucune. Tous les procès s'y jugent gratis;
les Juges civils &. autres, ayant ,des appointe-
mens fuffifans, n'ofent rien exiger des Par-
ties. L'on n'y connoît par conféquent ni les
épices, ni les honoraires, ni les falaires : les
pauvres peuvent y pourfuivre leurs droits fans
crainte d'être opprimés par des adverfaires trop
iS6 Bibliothèque
puiâins. . Mais ce qu'on ne peut approuver 9
c'eft qu'une infinité de gens à gages fe préfen-
tent pour fubir le châtiment d'un coupable qui
n'a pas mérité la mort , & dont ils elcamotent
l'individu en prenant fubtilement fa place. On
M fe fcroit jamais imaginé qu'il y eût dans le
inonde des hommes aflez malheureux pour ne
vivre que de coups de bâton. La chofe eft d'au-
tant plus furprenante, que la baftonnade des
Chinois étant extrêmement rude , un fêul coup
peut aflbmmer fon homme. Elle fe fait en frap-
pant à toute force fur les fefîes avec de groffes
cannes de bois de bamboucq. Ce fut un Empe-
reur nommé Venins qui fubftitua ce genre de
fUpplicé à un autre beaucoup plus cruel , qui
éloit de couper les criminels par morceaux.
Le feptieme Mandarin fe nomme Yen-tao ;
c'eft rintendant-Général de la Gabelle du fcl »
dont il eft comptable au Tfc^ng-tou , de même
que du nombre de chevaux qu'il entretient dans
divers endfdits murés , pour la remonte de la
cavalerie. II a pareillement l'Intendance géné-
rale, fur les barques & fur les gtains que la pro-
vince doit fournir chaque année à l'Empereur^
tant pour k fùbfiftânée de fes troupes & de i^s
tribunaux , que pour remplir les magafins aux-*
queU on a recours en temps de difette & de
cherté : il en rend compte au Pou-ching-fe , &
celui*-€i au Fou-yuen. Ces troik charge? , réu-
nies en lui feul à Quang-ton , font partagi^es dans
\tt autres provinces à trois Mandarins.
Le huitième eft le Taoyé ^ autrement Tuen-
Siun-tao , qui a l'autorité , l'intendance & l'inf-
l^eéiion générale , mais fubalterne , en ce qui
j-»- - *.^^>^j. .
N
Orientale. 2»
fe^râe la police fur deux villes du premier ordre;
favoîr , fur celle où il rcfide , à Quang-ton , 8c
for celle qui en eft la plus voifîne.
Le neuvième éft un Colonel-Major, nomme
Tching'cheou. II prëfide à la garde des portes &
des remparts de la ville , & y fait fa réfidence ^
ayant fous lui un Lieutenant-Colonel , deux Ca-
pitaines , & quatre Lieutenans,
Le dixième eft lé Gouverneur General de
Police dans Quang-ton, & autres moindres villes
de fa dépendance : on le nomme Tchi-fou,
Le onzième eft le Gouverneur General en
fécond de cette capitale & des villes qui en de-
pendent : il s'appelle Eut-fou ou TongchL
Le douzième Sa-fou ou Tong-pouou , c'eft
le troifieme Gouverneur. Ces deux derniers font
proprement les Afleffeurs du Tchi-fou , avec qui
ils partagent le foin des affeires du Gouverne-
ment, & lui en rendent compte.
Le treizième, nommé Tchi-hien , çftle Gouver-
neur particulier de la ville. Il y en a deux dans cette
capitale ; & chacun a fes Officiers fubalternes :
fon pouvoir, fubordonnéà celui du Gouverneur-
Génëral , ne s'e'tend que dans la ville & fa ban-
lieue. Il en eft de même des Gouverneurs des
autres petites villes. Safonclion principale, outre
la décifîon des caufes, eft de recueillir les de-
aiers royaux de fon diéïriél.
Le quatorzième eft lallefleur du précèdent
pour les caufes qu'il lui donne à examiner. Son
nom eft Eulyâ ou Hlen-tching.
Le quinzième, S an y a ou Tckupo^ eft fpé-
cîalement commis pour le mefurage <k. la recette
4u riz que le territoire , de la ville doit fournir à
lâS B I ft i t d t H Ë Q tr e
l'Empereur , & doit le tenir prêt pour la vîfite
que le fécond Gouverneur-^Gcnéral fait dans Ici
villes de fa dépendance*
Le feizieme , qu'on nomme Sé-yà ou Tien-fe^
cft le Lieutenant de Police pour le mexiu peu-
ple. Tous les petits différends, querelles & bat-
teries font de fon reffort. Ces trois dernier^
Officiers dépendent immédiatement du Gouver-
neur particulier , & ont chacun leur tribunal
fubordonné au fien.
Outre ces feize Officiers ou Mandarins de
Police , il y en a encore j)lufîeurs autres dans cette
(Capitale & les autres villes du premier ordre.
Les principaux , qui vont prefque de pair avec le
Tchi'hyen , font Mandarins de Lettres. Il y en
a quatre à Quang-ton , deux généraux & dèiKt
particuliers : ceux-là s'appellent Fou-hio , &
ttnX'tx Hien-hio , dii nom propre de leur palais
collégial : l'un , fupérievir & général ; & l'autre,
inférieur & particulier. L'autorité des deux pre-
miers s'étend généralement fur tous les Bache-
liers & Etudians de cette ville r mais celle des
deux féconds n'efl: que fur les feuls Etudians &
Bacheliers de chaque territoire des deux villes on
bien. Ce font eux qui ont la charge & le foin
û'inftruire & de châtier même les Bacheliers ; &
de préparer & conduire les Etudians aux exa-
mens que font , pour le Baccalauréat , les deux
Gouverneurs, général & particulier de la ville ,
& enfuite le Doéleur Examinateur envoyé de
la Cour.
Le Gauverneur-Général de Quang-ton & de
foute autre ville du premier ordre, a encore k
fon fervice deux autres petits Mandarins , dont
le
O R I E N T A L ï. 289
le premier s'appelle Tchaomo ^ Examinateur
fpécial des caules & affaires qu'on lui apporte de
dehors pour être jugées par le Gouverneur: le
fécond , King-lié-fé ^ eft Ion rapporteur particu-
lier fur l'état & la nature de chacune de ces
affaires.
LeTi-tang , qui eft le maître du Bureau des
poftes ^ vient enfuiie fur les rangs. Il eft ordinai-
rement Lieutenant-Colonel , ou du moins Capi-
taine par brevet. Les poftes font réglées à
peu près comme en Europe. A chaque pierre ou
borne , qui contient dix ftades Çhinoifes ou une
lieue de France , il y a des Courriers qui font
une* diligence incroyable : & à chaque huitième
pierre, il y a des maifons royales & publiques,
nommées Cungqùon & Yeli , où logent les Offi-
ciers de diftinélion , qui y font reçus aux dépens dé
l'Empereur : ils y trouvent des voitures prêtes fie
toutes fortes' de commodités ; ils doivent avoir
pour cela des lettres de pofte , que les anciens
Komains appeloient Diplomdta ou Eveâiones.
Ces poftes n'ont été établies que pour les affaires
publiques & le fervice du Souverain j c'eft pour-
quoi il en fait fcul tout.e la dépènfe , & entre-
tient un grand nombre de chevaux : mais les
particuliers ne laifTent pas d'en profiter auffi, en
donnant une très-petite rétribution au Ti-tang ^
& leurs dépêches font très -exactement rendues*
Après cet Officier , l'on en compte cinq au-
tres de moindre dignité , qui font :
Choui-eo-fe, Receveur des droits fur certaines
denrées particulières , fur les boutiques des Mar-
chands , fur les terres & les endroits de la ville
Tome K. T
1
aço Bibliothèque
qui relèvent de quelque droit feigneurial ap^af-
tenant à l'Empereur.
Ho po-fo, Lieutenant du Port, lequel a înt
peélion & autorité fur les barques.
Se-yo-fe , Grand-Geolier ou Garde général
des prifons.
Siun-kien , Lieutenant de Police & Jug^e dans
un gros bourg , & dans tout autre grand abord,
pour les caufes qui regardent le commerce par
eau , comme à Fauchan > au voifinage de Quang-
ton , &c.
Ye-tchin , Lieutenant d'un bourg ou d'une
cité , où font les écuries des chevaux qu'on y
entretient pour }a cavalerie & pour les pofte^.
Tous ces Mandarins ont encore dans la ville
& dans les villages plusieurs Maîtres de Quar-
tier , conftitués de leur part pour veiller à tout
ce qui fe paile , afin que , fur leur rapport , ils
puiiTent avec plus de facilité & d'exaélitude j
Î>ourvoir par eux-mêmes , & maintenir par- tout
e bon ordre & la tranquillité ; ce qui fait l'objet
principal du Gouvernement de la Chine : c'eft
auifi ce qu'on a tâché , par ce détail ^ de faire
connoître. On ne fait , après cela , comment on
peut avancer que la Jurilprudence , la Police &
toutes les Loix de la Chine ont quelque chofe
de groffier & de barbare , qui demanclcroît une
bonne réformation. C'eft pourtant ce que Ion
fait dire à un Voyageur , & pour plus de fînga-
larité , à un Voyageur Mofcovite.
Après le dénombrement des Officiers de Po-
lice dans la province Quang-ton , qui eft le
même , comme on a dit « dans toutes les autres^
Orientale. i^t
vient celui des Officiers Militaires Tartares &
Chinois.
Le premier Officier Tartare, qui eft le Géné-
ral , s'appelle TJiang-hiun : il commande cinq
^ mille hommes , deux mille Tartares & crois mille
Chinois , annexés à leurs bannières , dont les
tjuatre premières portent chacune la fîmple coup-
leur jaune , bleue , rouge & blanche ; les quatre
autres font bordées oiverfement d'une de ces
quatre couleurs.
Le fécond T(?tt-ron^, fan Lîeutenartt- Général.
II y en a deux dans cette ville , Tun de la gauche ,
& l'autre de la droite. La gauche eft le côté le
plus honorable chez les Tartaces. Chacun d'eux
commande mille hommes effeélifs. Dans la plu-
part des autres provinces, le TJiang'-kiun a quatre
Lieutenans-Généraux : le premier pour l'avant-
garde , le fécond pour l'aile gauche , le troiiîeme
pour la droite , & le quatrième pour l'arriére-
garde , avec une augmentation proportionnée de
troupes.
Le trôifieme Officier s'appelle Cou^chan , Me&
tre de camp /ou Colonel : il y en a huit; quatre
de la gauche , & autant de la droite.
Le quatrième eft le Tfang-ling , Lieutenant*
Colonel de cavalerie : il y en a pareillement huit
pour la gauche & la droite^
Le cinquième* eft Capitaine d'une compagnie
ie cavalerie , compofée de 50 maîtres : on le
nomme Fanv-yu : il y en a vingt de la droite ^
& vingt de la gauche ; chacun en conduit cinq :
ce font deux mille hommes en tout , non com-
pris les Officiers.
1^1 Bibliothèque
Le fixieme, nomme Hiào-hi-hlào y eft Lieu-
tenant de cavalerie : il y en a autant que de Ca-
pitaines , & ranges de la même manière.
Ces Officiers ou Mandarins d'armes portent
tous la marque fpéciale de leur dignité : il y a
encore par compagnie cinq Dëcurions ou Cor-
netes , nommés Pe-che^coUy qui font à la tête de
chaque ligne , compofée de dix maîtres. Ils por-
^tenrfur le dos un petit étendard, & tirent la
double paye d'un Cavalier.
Le Lieutenant-Gcnéral Ghinoîë , incorporé
aux Tartares , fe tient toujours au corps de ba-
taille , & s'appelle le Tchong-ldûn. II a trois
mille hommes ibas fon. commandement, prefque
toute infanterie, tant Archers que Mouf^^etaires,
partagés en trois régimens , dont les Colonels fe
nomment Yeou-kié , & ont chacun trois Lieu-
tenans-Colonels , CAgc>z^-p(7ei , ceux-ci deux Car
Îitaines , TJieri'tJong , & chaque Capitaine deux
^â-tfong , c eft-à-dire deux Lieutenans.
Le premier Officier de la Milice Chinoife
s'appeHe Ti-tou j ceft le Commandant-Général
des troujpes ' dans chaque province. Celui de
Quang-ton ne réfide point dans la métropole oîï'
fe tient le Général Tartare ; mais a Hoei-tchou ,
ville dû premier ordre , plus voifine>de la mer &
de la province de Pokiéri. 11 a fous fes ordres
cinq mille hommes de troupes*; mille de cava-
lerie & quatre mille d'infanterie ; cinq Ciç^lgnels ,
dont celui du milieu eft Brigadier par brevet;
tinq Lieutenans<-Colonels , dix Capitaines &
virtgt Lieutenans.
£e fécond eft le Ttong^ping^ Lieutenant-Gé-
Orientale. 49J
nëral : il commande trois mille hommes , diftri-
bués fous trois Colonels , qui ont , comme ci-
deifus , leurs Officiers fubalternes. Il s'en trouve
fix dans cette province.
Le troifieme eft Maréchal de Camp , qu*on
nomme Foû-r/tang : il y en a douze.
Le quatrième , dont il y en a auffi douze , eft
le TJaTtg-tJïang , ou Brigadier.
Le cinquième , qui eft Colonel , fe nomme
Yeoû'kie : fon régiment .eft compofé de mille
hommes , deux cents cavaliers , & huit cents
fantaftîns. *
Le fixiemç eft le Cheou-poei 5 Lieutenant-
Colonel : il fuit immédiatement fon Colonel à la
tête de ces mille hommes , qu'il commande auiîî
dans le lieu de fa réfidence , foit que le Colonel
s'y trouve ou non.
Le feptieme eft le TJing-rfong , Capitaine
d'une compagnie de cinq cents hommes , dont la
cinquième partie font cavaliers^ & les quatre au-
tres piétons : chaque Capitaine a fous lui deux
Lieurenans.
Le huitième , Pa-rjong , Lieutenant d'une com-
pagnie , qui a auffi un^certain nombre d'hommes
fous fes ordres.
Les Chinois n'ont point d'Enfeignes; ce font
de fîmples foldats , choifî^ entre les plus tobuftes^
qui portent les drapeaux.
Il y a encore dans la* Milice Chinoife des Bas-
Officiers nommés Pe-tfong , Centeniers qui font
à,la tête de cent foldats , & qui ont double paye.
Il fe trouveroic dans cette province trenie-fu
294 Bibliothèque
mille hommes de troupes , s'ils ëtoieHC corn-*
plets.
Pour le Tfong-tou , Commandant-Général . . 5000
Pour le Tfîang-kiun, Général Tartarc .... 5000
Pour le Ti-tou, Général Chinois 5000
Pour les fixTfong-ping» ouLieuten. Généraux 18000
Pour le Foû*yûen, le Vice-Roi 3000
» m
I^OOO
Mais on y tolère quantité de Paifevolans , juf-
2ul deux cents ou environ fur mille , dont les
)fiîciers Chinois s'approprient la paye , & la par-
tagent entre eux félon leur rang , ce qui fait que
le nombre ne païïe guère les 3 0000.
Le Général Tartare feul tient fes troupes dans
le lieu de fa rëddence , qui efl comme une ville
féparëe & environnée de murailles dans Ten-
ceinte même de la plupart des villes capitales.'
Les Généraux Chinois divifent les leurs dans
toutes les villes & places de la province. Celle
de' Quang-ton contient dix villes du premier
ordre, neuf du fécond, & foixante-quatorze du
troifieme : cependant , comme il y en a de ce
troifîeme ordre qui font compliquées dans celles
du premier & du fécond , on n'y compte en tout
que foixante-quatorze villes murées, qui^fuivanc
l'importance de chacune , ont toutes une garni->
fon fufHfante pour contenir le peuple dans le
devoir.
Le nombre des familles de cette province,
félon la fupputation la plus récente , eft de
483 }(>o« Celui des hommes , fans y comprendre
f
DltlENTALE, «çy
les femmes , ni les cnfans au deflbus de vingt
ans , eft de 1978000 & au delà ; & c eft une des
moindres des quinze provinces ; auifi les tailles y
font-elles proportionnées , ne portant que cinq
cent quatre mille taëls en argent ; le taél peut
valoir un ducaton de Flandres ou deux florins &
demi d'Allemagne^ C'eft peu de chofe en corn-
paraifon des autres provinces, dont il y a telle
ville , par exemple Sout-cheou, dans celle de
Nanking^qui paye, pour la taille annuelle, deux
millions cinq cent deux mille neuf cents taëls.
Une différence fi confidérable ne provient pas
feulement de la petite étendue de Quang-ton ;
mais c'eft qu'il y a beaucoup plus d'eau &. de
montagnes que dans plufieurs autres provinces y
& que fon terroir , trop voifin de la mer & des
côtes , n*en eft pas, à beaucoup près , fi bon ni fi
fertile.
La taille fur le riz monte par année à un mil-
lion dîx-fept mille feptcent foixante-douze muids
ou boiâeaux : c eft de cette taille & de celle en
argent qu'on fournit à la nourriture & aux ap-
pointemens de TEtat civil & militaire. Les droits
far le fel rapportent 91 120 taëls par an , & ceux
de la douane de mer & de terre 43000.
Tels font les revenus fixés dans cette • pro-
vince pour l'Empereur : le furplus , fi ce Prince
ne l'exige , refte ordinairement dans les mains
des Receveurs , qui s'en enrichiffent fouvent aux
dépens du peuple, car on eft homme par-tout;
& l'intérêt domineroit à la Chine encore plus
qu'ailleurs, fi les Colis ou Infpecflcûrs , dont on a
parlé , ne tenoient tous ces Mandarins dans k
Tiv
2g6 B I B -L î O T H E Q U K
crainte , & ne mettoient un (rein à leur infa-
tiable cupidité.
Par le produit de la feule province de Quang-
ton, Ton ne peut guère fe former une idée com-
plette des richeffès de toute la Monarchie , ni
des revenus de l'Empereur : on en jugera du
rnoins par la petite déduction qu'on va en
donner , & fur laquelle on peut véritableAieiit
compter.
Si la richefle d'un royaume confiée dans
Tabondance des chofes nécefTaires à la vie , &
de celles qui contribuent à la rendre commode
& brillante i fi elle confiftedans la grande éten-
due du commerce , & dans les trélors que l'on
tire de la terre; la Chine l'emporte certaine-
ment fur tous les pays du Monde : tous ces
avantages s y trouvent dans un degré éminent.
Des grains de toutes les efpeces , de fort bons
légumes en quantité; des fruits excellens, t'outes
fortes de bétail, la volaille & le gibier à foifon ;
le fel , le fucre , les épice} ; différentes fortes de
vins d« riz très -délicats, plus nourriiîàns, &
moins nuifibles que ceux de la vigne, quand on
en ufe plus que modérément ; enfin la boi/To.n
commune du thé qui eft très-falûbre : voilà ce
que Ig Chine produit pour la nourriture.
Pour les habillemens , elle fournit toutes fortes
de toiles de chanvre & de coton , toutes fortes
d'étoffes de foie & de laine, & différentes peaux
qui fervent de fourrures , fuivant la diverfité des
lieux & des faifons. Les gens aifés y font logés
très-commodément & très-proprement : le ver-
nis , la peinture & la dorure y brillent par-tout ,
/
Orientale. 297
non feulement dans les meubles , mais jufque^
dans les moindres uftenfiles de ménage. Lon
ne voit pas, à la vërité, tant d'éclat parmi le
commun peuple; mais il y a peu de particuliers
qui, outre leur appartement intérieur, n aient
une falle féparée & bien ornée, pour y recevoir
& traiter leurs ^mis; car ce feroit une grande
impoliceife parmi eux de les introduire dans leurs
chambres à coucher, ou dans les appartemens
des femmes.
- Quant au commerce de la Chine , il n'eft pas
feulement d'un avantage infini , il y eft même
abfolument neceifaire, & s'il venoit à manquer,
tout périroit : auiîî y eft-il univerfel , chacun
s'en mêle , & prefque tous les Mandarins don-
nent leur argent à des Négocians pour le mettre
a profit, fur>tout à ceux qui vont à Siam, à
Batavia, aux Manilles, à Formofe, & autres
endroit^ de leur voifinage. Ils y portent la por-
celaine , les ouvrages vernifles , les drogues , le
fucre , le riz, &c. d'où ils ne rapportent que;, de
largent, fi l'on en excepte ceux de Batavia, qui
ont foin de le garder pojsr être envoyé en Eu-
rope, &^qui ne trafiquent qu'en échange contre
d'autres marchandiies.
Le commerce le plus confidérable des Chi-
nois eft leur commerce interne. Toutes les ri-
vières, tous les canaux, font toujours chargés de
banques qui tranfportent continuellement d'une
province à l'autre les marchandifes qui leur con-
viennent réciproquement, & fe communiquent
ainfi chacune leurs richefles. Celle de Quang-
toa a le fucre en partage ; ceik de Chekiam la
298 Bibliothèque
foie; Nanquing , les plus beaux ouvrages en ver^
nis , porcelaine , foie , & d autres matières ;
Chang-fi & Ching-fi fourniflent les chevaux, les
chameaux., les mulets , &. les fourrures; ces deux
dernières provinces font encore abondantes en
fer : celles de Leaotong & de Junnan donnenC
de l'or en quantité. Il y a auflî plufîeurs mines
d'argent dans divers endroits, d'où l'on tire tou-
jours quelque chofe, malgré la défenfe de les
ouvrir. Fokien produit le thé, Houquam le riz^
& ainfî des autres.
La monnoie qui a cours à la Chine n'eft que
de cuivre mélangé , de la couleur & de la gran-
deur de nos fous à peu près. Ils ont au milieu
un petit trou carré; on les enfile par milliefs
dans une ficelle , à laquelle on fait un nœud à
chaque centaine. Mille de ces pièces font éva-
luées à une demi-pifiole dEfpagne. Jamais l'on
n'a permis de battre de la monnoie d or ou d'ar*
gent , afin de prévenir les tromperies ordinaires
de la nation , qui eft extrêmement avide du gain.
L'or y pafle pour marchandife ; on en acheté
avec de l'argent, fur lequel il y a ordinairement
trente à quarante pour cent de profit. JL'un &
l'autre fe reçoivent au poids , & les Marchands
ont tous de petites balances de poche & des ci-
feaux faits exprès pour couper l'argent.
Les Chinois connoiiTent parfaitement la pu-
reté de ces deux métaux. Ils divifent l'argent en
cent parties, & ne le reçoivent point dans le
commerce à plus bas titre que (quatre-vingt ; on
funit même ceux qui s'en fervent. Les ëcus de
rance & les ducatons de Flandres y font far le
Orientale. 299
pied de quatre-vingt-treize , c'eft-à-dire que fur
cent onces il n y' a que pour quatre-vingt-treize
d*argent fin.
Quoique chacun foit maître de Ton bien y
l'Empereur peut y mettre de nouveaux impôts ,
s'il le trouve convenir pour les befoins de l'Etat;
mais cela n'arrive que fort rarement. Souvent
même Ton exempte de la taille une ou deux
provinces, fur-tout quand il furvient une ftérilité
air de grandes maladies parmi le peuple. Le fe-
cours que les pauvres reçoivent alors eft très-
ci»n£dérable ; on leur diftribue la quantité de
grains qu'ils ont befôin pour fubfifter & pour
eûfemencer les terres. L'Empereur en fait rem-
plir des magafins tous lés trois ou quatre ans ,
& pendant la difette , il le fait vendre à un
prix ii bas , qa on en a quatre mefures pour la
même valeur que les particuliers en vendent une
feule.
C eft pour ces occasions *& pour le foulage-
ment continuel des pauvres , qu'il y a toujours
plufieurs millions fur l'état ordinaire de la mai-
îbn de l'Empereur. 11 eft vrai que les revenus de
ce Prince font tels, que toutes ces libéralités, qui
n'ont que la politique pour objet, n'y font pas
une diminution fort fenfîble.
La taille annuelle fur les terres eft d'environ
cent cinquante millions de taëls, ou cinq cent
vingt -cinq millions de florins, monnoie cou-
rante de Flandres. Les douanes, la gabelle fur le
fel , le loyer des maifons appartenantes à l'Em-
pereur , & la coupe des bois , montent auffi ex-
trêmement haut; le tout enfemble peut aller \
joo Bibliothèque
fept cent millions de florins. Qu'on ajoute à
cette fomme prodigieufe d'argent ce que Ton
paye encore en différentes denrées. La taille feule
fur le riz fournit par an plus de 4500000 facs ,
contenant chacun cent vingt-cinq livres, que l'on
tranfporte des provinces méridionales à Peking,
par un fameux canal, fur plus de 9000 vaifleaux
chargés au jufte de 500 facs chacun. Voici le
dérail de ces denrées. •
Quarante-trois millions trois cent vingt-huit
mille huit cent trente-quatre facs de riz, de fro-
ment & de mijlet, ces derniers pefant chacun
cerit vingt livres.
Un million trois cent quinze mille neuf cent
trente-fept pains de fel'de cinquante livres.
Deux cent dix mille quatre cent foixante &
dix facs de fèves de cent vingt livres.
Vingt-deux millions cinq cent quatre-vingt-
dix-huit mille cinq cent quatre-vingt-trois bottes
de paille de riz pour*les chevaux.
Un million fix cent-cinquante-cinq mille qua-
tre cent trente-deux pièces de damas.
Quatre cent foixante -fîx mille deux cent
foixante & dix pièces d'étoffe de foie plus lé-
gère, comme taffetas, &c.
Trois cent quatre-vingt-treize mille quatre
cent quatre-vingt pièces de toile de coton.
Cinq cent foixante mille deux cent quatre-
vingt pièces de toile de chanvre.
Deux cent foixante & douze mille quatre-
vingt-treize livres pefant de foie crue.
Quatre cent foixante mille deux cent dix-fept
iie coton cru.
O R I E N T A l i: Jôl
Quatre-vingt-quatorze ^mille fept cent trente-
fept livres docre.
£t deux cent cinquante* huit livres de ver-
millon pur.
Toutes ces denrées , jointes à plufîeurs autres
de moindre coniidération & évaluées au plus
vU prit, produifent encore au moins quarante
millions de taëls] de, forte que ce neÛ point
exagérer fi l'on dit que les revenus de 1 Empe-
reur pailènt les deux millions quatre cent mille
florins par jour. Non , ce n eft point exagérer :
que feroit-ce , fi dans ce jufte dénombrement
des parties , 1 on n avoit pas oublié la capi-
tatton?
Marco Polo de Venife , le plus ancien Voya-
geur de l'Europe à la Chine , & le premier qui
en ait écrit avec connoifTance, ne parle auifi de
ces revenus que par centaines de millions. Il eft
vrai que fon Hiftoire étoit autrefois fort fuf-
pe<5le pour les chofes merveilleufes & incroya-
bles quelle contenoit, & qu'on l'a furnommé
MeJJer Marco Millioni ; mais on lui a rendu
juftice dans la fuite , & un femblable fobriquet
n'eft plus à craindre après les témoignages des
Pères Trigault , Martini , Navarette , & de plu-
fieurs autres, qui conviennent tous du tréfor pro-
digieux de l'Empereur de la Chine.
* Malgré tout ce qu'on dit a la louange des Chi-
nois touchant leur politique & leur gouverne-
ment , malgré leur extrême application à étudier
toute leur vie , malgré les examens rigoureux
auxquels ils font aflujettis pour fe mettre & fe
midatemr en place , hoiis ne voyons point qu'ils
J62 B r B t I O T H E Q U 6
aient eu de grands Miniftres d*Etat, ni de granJs
Clercs dans les Sciences, qui font pirvenues à un
auffi haut deg^ré de perfe<?l:ion que dans l'Europe.
Et comment pourroient-ils s'y rendre habiles ?
Leur langue eft fi difficile & fi défecîlueufe ,
qu'ils doivent en faire leur principale étude. Ils
n'ont point de fimples lettres, comme les Hé-
breux , les Grecs & les Latins : ils ont autant
de figures que de mots , qui font prefque tous
monofyllabes. On en fixe le nombre à (eize
cents ; mais un feul mot peut fignificr plus de
vingt chofes différentes , félon la diverfité des
fons qu'on leur donne , c'eft-à-dire que leur lan-
gage eft une efpece de Mufiqug beaucoup plus
diveffifiée que les récitatifs des Opéra Italiens;
encore n'y a-t-il que les concitoyens qui puiflènc
s'entendre entre eux , car chaque province &
même chaque ville a fon idiome, ou, pour mieux
dire , fes tons particuliers. Il n'eft point de lan-
gue plus remplie d'équivoques que la Chinoife ;
de forte qu'on ne^ peut écrire ce qu'un autre
prononce, ni comprendre la lecture d'un Livre,
a moins qu'on n'ait auffi le même Livre devant
les yçux. Un homme aura beau parler avec
toute la précifion & toute l'exaditude poffibles ,
il eft quelquefois obligé de répéter ce qu'il a dit ^
& même de l'écrire , pour fe faire bien en-
tendre. Outre ces feize cents mots , qui peuvent
avoir plus de trente-deux mille fignifications , ils
ont encore une infinité d'autres caraélerés ou
figures qui correfpondent aux différentes for-
mules ou dicSlions dont on fe fert pour s'expri-
mer. La plus longue vie d'un homme ae fuifit
Orientale; joj
point pour apprendre diflinélement tous ces ca*
raéleres : aufn perfonne n eft-il mis au nombre
fies Savans ^ ^uil n'en fâche pour le moins
foixante & dix ou quatre-vingt mille. On peut
donc leur appliquer férieufement ce qu'on dit
en raillant dans une Comédie : C'eJlunDoâeur
qui fait lire & écrire. S'en trouve-t-il qui con-
noid^nt plus qu'un autre les rites , les coutumes
£c les maximes politiques ? ce font alors leurs
Coryphées & leurs Héros.
Pour ce qui eft des Sciences , quelques Per-
fonnages de confidëration difent qu'il ne faut
pas s^\n rapporter aux éloges qu'on a prodigués
trop inconfîdérément aux Chinois. Rien n'eft
£lus pitoyable , difent-ils ; que leur Philofophie. '
£s fables mêmes fur lefquelles ils ont formé
leurs faux principes, ne font point de leur in-
vention, & il eft aiTez apparent qu'elles font
paâees jufqu'à eux par le commerce des Perfans
& des Indiens.
Toute leur capacité dans la Médecine fe ré-
duit à favoir tâter le pouls dans plusieurs en-
droits , & à connoître certains fimples avec lef««
quels on prétend qu ils font des cures admirables;
xnais les plus fauvages Américains en favent plus
qu'eux là-deflus.
On fait pofitivement aujourd'hui qiA^lIe étoit
lem: ignorance dans rAftronomie , la Géogra-«
phie , & les autres parties des Mathématiques.
Ce n'eft que depuis environ cent ans qu'on avoit
commencé de les vanter extraordinairement fur
ces Sciences, la modeftie de quelques Miifion*
naires leur ayant cédé chrétiennement ce qui
304 B I B L I O T H E Q U E
n'ëtoit dû qu'à leur propre travail & à leur (avoir
particulier.
L'on attribue encore aux Chinois plu/îeurs
belles inventions, comme la Boulîblc, FArt de
naviguer , l'Imprimerie , la poudre à canon ,
r Artillerie ) & autres : mais tout cela eft fort fu-
jet à conteftation. Il ne fcroit pas même diffi-
cile de détruire ce faux préjugé, en fàifant voir
qu'ils ont appris ces chofes des Etrangers, &
plufîeurs autres qu'ik ignoroient auparavant,
^u oh leur donne les louanges qu'ils méritent^
pour ce qu'ils ont cfFedivement inventé & cul-
tivé , comme leur encre , le vernis , & la por-
celaine; mais qu'on s'en tiienne là , & qu'au pré-
{"udice des autres peuples, on ne leur fafTe pas
lonneur des inventions qui ne leur appartien*
Tient point. Sans entrer dans les vues de ces
Pariégyriftes outrés , il eft certain que l'air de
confiance avec lequel ils parlent de l'ancienne
origine ôc de la fcience univerfelle des Chinois ,
lie peut fervir qu'à répandre de rbbfcurité dans
i'Hiftoiré profane, à faire douter de l'autorité de
l'Ecriture Sainte, & à rendre encore plus fiere
la plus orgueilleufe de toutes les nations.
' On nous faura gré fans doute de joindre à la
Relation ^uenpus venons de crvfçrire, lelVlonu-
înent fuivanh *
MONUMENT
O K t Ë ft TA L 1* 30J
g I I il
M O N U ME N T
bE LA Religion Chrétienne^
Trouvé par hq/ard dans la ville de Si-ngnan^
fu^ méttopolè de la Province de OLenfi en
Chine ^ par M. CLAUDE VliDELOU ^
Evéque de Claudiopolis (i.)»
■^— — »— II' * I I II II I . I 1^ I I t ai II I w^i— ^— — iO
(t) ÙÀciARATioir pjE lAvtàur^
. li y à long-temps que j'ai fait laTraduâîon de ce Monu,<*
«tient, & que je l'ai fait pafTer en Europe 5 j'euvoyai pout
lors roriginal ihcme^ ians en gardée copie. Il n'eft pa<
besoin d'avcràr ici que l'dn doit s>n tenir à cette préfcnce
Vcrfiom» fi en quelque endroit elle île s*accorde pas avec
l'autre. Au refte, j'ai cru qu'il étoit inutile de faire obferver
ce qui dans ce Monument regatde la Religion Chrétienne»
parce qu'on l'y voit clairement , & que chacun peut Tob-»
lerver par fbi-mémc, que les myfteres de la Trinité & de
l'Incarnation faucent aux yeux, mixiho & Ëloka montrent
ouvertement le Me0ie & le vrai Dieu« On y voit tuffi les
coutumes & les traditions de l'Eglife Orieatale. Il paroic
qu'ils n'oâtent le facriâce qu'une feule fois la fcmaine ; ils
cnreigncnt plus d'une fois que les fufFtagfcs des vivant
font utiles aux morts 5 ils font vcùir de la Perfe les Rpi^
Ma^es. Si quelques termes Chinois of&nfcnt les oreilles
dés Européens, il fa.ut le pardonner à l'Auteur, qui fans
doute étoit Chinois > car, conime il recherchpit moins (dans
fon ftylc) l'éloquence des Philofophés que les eïpreffions
pompeufes des Bonzes, il eût été côntramt d'employer dc5
métaphores très-^dureS & des termes moins propres» J'ai
traduit nôt à mot, à l'exception de très- peu de termes, qui
ne pouvoient être rendus que par une longue circonlocu*
non , au lieu defquels j'ai employé des ietmes qui appro-
thoient le plus dn fens.
" Nota. Cldi/Lde Vifieiott a achevé cetu Verfion (platine)
mn'commencemeitt'dc tannéi l'^i^^
tonu K, V
306 B I B L I O T M E. Q V K
EL O G E,
* *
JL/c Ift Religion admirable qui coule & qui
marche dan^ le Royaume du milieu, compofe
par Khim-fim, Bonze du cempte de Taçin^ &
|;rayé fur une pierre.
Certes vriaiment celui qui, perpétuelle-
ment vrai , folitaire , premier du premier , &
fans origine , profondément intetligej;it , vuide ,
-dernier du dernier, & exiftant par excellence ,
tient Taxe myftique^ & en opèrent , convertie
(le néant en êfre) & par fa dignité primitivt
confère l'excellence à tou& les Saints , n'eft-ce
as le corps excellent de notre feule Unité-trine^
e véritable Seigneur fans origine Oioho \
i
Il a formé une croix potir déterminer I«i
quatre parties (du Monde) : il a fondu le rent
primogene , & 4 engendré deux matières. Le
vutde ténébreux a été changé , & le Gel & h
Terre ont paru à découvert. Le foleil ât U
lune ont fait leurs révolutions > & le jour & la
iiuit ont été faits. Par fon travail , il a achevé
dix mille cbofes ; mais en formant les premiers
hommes , il les gratifia d'une concorde intiiM
intérieure. Il leur ordonna de veiller à la fàretd
d'une mer de converfions. (Leur) parfaite fit
primogene nature étoit vuide & non pleine»
( Leur ) cœur fimple & pur étoit originelles^
ment fans défirs & fans appétitti Maû ayrèi
■ iJi.fl y-ffi „ i' ■■■■■»>.■■ y «■ >■■!■■ ■^■M*1<»iit«fc<W»M^|
PARAPHRASÉ DE rÈLÔGE.
JL^Ë la Religion Chtétieûfie qui fleurit âanâ
l'Empire de ta Chine ^ compofé par Kim-^im^
Mon^ du temple de Taçin^ &graviijur ttfu tabli
Cm TtE jukfiançt > qui éft pifpùtelUmn^
^itaitr 6 Jmh , qui dt touii (têrnité e<x:iji4 pat
9iU*-mime ^ ^^^ pcitt^ de commewep^ent j^.qul
tfl in^o^ipréhenfîkUm^fkt intelligente & exempté
4e t0ute erreur Sf de tçut vice ; quifubfifte éter^^
pçUemfihf p^r txiceilenfif, i qni pat/^ pidjfmct
i'^^ffhh ^ cré4 ^Jàit de rien toutes ^hqfes ; qui
for Z« io/m^i^Hicmcfi de fa gloire printfigene ,
t^wf&Pt Veo^^lUrKe à tous Us Saints, i n efl-eé
P^ lnJ^l>fiA^^^ excellerue de notre utiiqi^e Tri-*
nité ^ le véritable Seigneur Élohat
jP«r quatre bandis ,, en forme 4f ctoioçiy il 4
i0krmi k^ quatre parties du M^rvle^ fypar^tà
4$ Monde entier. JJe la, tpatiere premete ^ comi^Jj/t
Jeté^ ^f Ointe , il a forgé les, deu^ n^aiieres ;. les
efpaces videos du Monde çhangeam d'^-f tj^m^
devenus pleins ^ & le Ciel & la Terre ont ét^jor'*
mis. Ir^efoleil & la lune ont fait leurs révolu^
tions ; (/ la nuit ù le jour ont été faits. Comme
un ouvrier, il a fait toutes chofes : mais quand
il forma les premiers hommes , il leur, donna la
jujiiee originelle , fy l^ Ç^^'^jf à l^ga,tde. d'une
m€¥ 4f conv^rjion^ ^ q dk-à-^iïte ^ i tov^nfirleut
poflérité à toute foj^fe, }e vextu^. l^. nature par^
faite Ç( grinwgêf^ ((^i. premiers hommes émt
Vij
/
jo8 B I B L r a T H E Q U E
que Sothan eut rëpandu les menfonges , en tp*
pliquant fon fard , il fouilla le pur & le net.
Il inféra YégaMté ie grandeur dans le miliev
de ce vrai-ci, & mit en pièces Tidentité obf^
cure dans l'intérieur de ce faux-la. C eft pour*
quoi trois cent foizante-cinq Seâes, fe prêtant
1 épaule ( les unes aux autres ) y formèrent une
chaîne ; elles tifTurent à Fenvi des filets de loix.
Les unes indiquèrent les créatures pour dépo-^
fer le Vénérable : les autres évacuèrent 1 être
Îiour fubmerger les deux. D'autres , en priant ,
acrî6erent pour extorquer la félicité. D'autres
firent parade du bien pour tromper les hommes.
X'examen & la follicitude en travaillant tra^
vaillerent. L'afFei6lion pour le bienfait étant éii
efclavage fut captive. Toujours fiottans , ils
B'ohrinrent rien; le bouilli tourna en rôti. Ils
augmentèrent les ténèbres j ils perdirent la voie;
long - temps égarés , ils ne yevenoient point.
Alors notre Unité-trine fit part de fon corps i
l'admiràblement honorable Mixi*ho,
Se recueillant, il cacha la véritable Majeflé;
il fe préfenta aux homiries femblable à l'homme.
Le Ciel , joyeux de fa naiffance , publia la fé-
licitation. Une femme ( vierge ) enfanta le Saint
O R T C N T JL L E. ' 309
ride de toute erreur & de tout vice , & non pleine
de Joi-même , ni enflé d'orgueil. Leur cœur^fim^
fie & net , étoit origineuerhent exempt de toute
jcupidité. Mais après que Sathan eut feméf^i
erreurs ^^ il Jçuilla de fon fond leur s moeurs pures
fy fans mélange.
. Il introduifit , comme véritable ^ V opinion qui
'identifie tmfes. chofes & qui les rappelle toute»
n une feule. Il voulut qu on -tînt pour faxiffe la
sreffemhlance cachée : de la un grand nonihre de
'S^âes s' épaulant & s' enchaînant tes unes les
iautres ^^commencèrent à fe répandre. Toutes à
l'envi tiffurent des filets de religions pourfuf-*
prendre les hommes. Les unes mirent les créa^
fures à Ja place du fouverain Dieu; les autres
nièrent qu'il y eût quelque chofe d'exiftant , &
xtnéantirtni mètne Les deux matières. D'autres
inftituerent toute forte defacrifiçes pour évoquer
la félicité, ji d'autres firent paroître une vaine
é/ientat:ii>n de, vertu , pour tourner les hommes à
ia partie Qppofée , qui eji l'orgueil. Ils tourment
terent l'ejjprit de foins & d'inquiétudes ; ils tin^
rent toujours captive^ les affeâions qui fe tour^
\npient aux premiers biens : allant à tâtons p
comme des aveugles ^ ils n atteignirent rien : le
mal alla en^ empirant. Parmi tant de ténèbres
ijs perdirent la wie : s' étant égarés long-- temps ,
ils ne pouvoient. plus revenir : alors notre Trinité
communiqua fa.fubflance à l'admirable & hono^
fable MeJRe.
- Qr le mèJJ^e cacha profondémentfa véritable^
Hfajeflé^ &fe montra en forme humaine parmt
. Ies0ommes'. -D^sjinges célefies publièrent à fa
^aiJTance ( des. concerts ) de congratulation. Unù
VU)
<|tO B I B L f o r H X Q' U E
4ftnt Taçin ; one coirftellatkm téminible iflN
nonça ^le Foriuné.
Pofii contempla ik ikinileve pour apporter te
tribut* ill a mitoirdi ^s Lok 'andreitnes. Âe^ ^^
tsours ^is ipar ^gMjuBVve 'Samt» ; îl a i^gl^^i
Ïiar de grands avis, les familles Se 'îe^ «utMiinei,
1 a iimitiiie^ >Siiî^n^ Vefpric ^r de liJAité;*
«rine, ^one noun^Ie ilcligk^fi qui ^ife fe Vépâftil
(>omt en irasoles. Il % ^nné il^èti^è dû bto mùi^
}>ar la vérîtabie Foi* Il t deeeiwiné les mefnw
tes -àtt huic limites ; H a :Cofrv<rd ^ta pdûSéfe
Cnite «nvérîtafble (fc fradiche). il a owvm ht
j^opte ^e$ trois vordmaifes ; il ^^oifve^t la i4èi&
it^int la imort. li Ji foCpenda }e ^oliil adfdi^
r^ble j^ pour J^rJEer tla mvitbii ^i téflebie^, Aloït
lesmertfo&gai des Oembffô furent entiéi^efti^nt
détraits. Il m cnnduit i la taoA ia karc^aid wi^
féricordieme y ^oçr molnt«r au palais de h ïfi^
miei^e. Mon «ies êtitet ^onrenant riiildli|èni:^
f^reiH pkinêment fnin(f»srtés, Oento fiw»& af^
faire étam achevée , il imymt eft JDflein mW daM
le yrsA. Yittgt de fept 3LiiYes dés Eoi'kàrds ont
été laijfëd, U a ët^AïSfi hi conveffidn prâwc^éft^i
{)our lâcher le report ^e rivff^rlhgttnoe, Da loi
ave avec leau &^ie verit;.eHejewlev^ kilteurt
flottantes:, & netrcrô te vttîde blmcbi Le fcM
eft me crcdkçai &ft4 les .quait^re illûftrés , foM
les unir iàm eihpécfceineDr, Ffappavrt fâf M
bois ^ elle fait retentir âne voîx^.de.é))ïlritë &^
bonté. Adorant (vers) TOrient «5^ ^^^ ^*
chemin de la vfc & de fa çîoife. tllfe C0i^ve
des cliewux^ par oh rfle (nooire qù\llë sVA^
ploie aax chotes ^xiémxar». Elit tOîHd le lift^
imt, par aà#9m^«it4-6«^>U« a'I i^lërk^Hl^i^itl
r
on t ï » t kit. jii
Vierge enfknta le Saint dans Tà^in. Une étoile
admirable injlruifit de cette heureufe ^Nativité.
La Perfe j contemplant fa fplendeur , vint
'pttfer le tribut. Le MeJJie a entièrement accom^
pu les Loix anciennes des 24 Livres du vieux
Tejlament y écrits phr les Saints : il a donné des
préceptes illujires pour la Conduite des familles
€f le gouvernement des royaumes : il a injiitné
Mine nouvelle Religion conformément aux mœurs
pures de la Trinité, & fans aucun appareil dé
dijcours : il a réglé V exercice de toutes fortes dé
l^ertus fur le prototype de la véritable Foi : il a
donné à tout le monde les règles qu*il doitfuivre :
il a affiné (par Art Chimique ) le monde cor--
rompu j & l a purgé de lôkte écume : // a ouvert
la porte des trois principaux devoirs , '& de tentes
les devoirs dé la vie humaine ^ pour en laijjer
V entrée aux hc^mes : il a ouvert ie chemin de
la vie ^O il a éteint la mort : il a élevé le foleit
admirable de l'intelligence , pour brifer le palais
de ténèbres. Alors certes les menfonges des Dé"
mons furent entièrement abolis : il a mené j à
force de rame , la barque de miféricorde , pour
monter aux palais lumineux. Alors feulement
le genre humain y fut tranfporté. Après avoir
achevé une fi pénible affaire , il monta au ciel en
plein midi il nous a été laxffé vingt fept Livres
d'écritures de V Evangile : il a développé la force
fouveraine de la Grâce dans les converfions , afin
d'encourager les hommes. Cette Religion ufe du
Baptême de Veau & de l'efprit , par lequel toute
vanité efi effacée^ les cœurs font purifiés & de-
viennent nets de tout vice & blanchis de vertu.
Pour étendard elle tient la croix , afin de lier
V if
}ij B I. JB *.J[ <) T H € Q3r Ê
aucune affcflion ( maûvaife ). Elle fi'entretiéftf
point d'efclaves r elle s'égale & en honneurs &
•n baiTeilê aux hommes ; elle n'accumule ni
biens ni richefles ; apurement elle nous les aban-
donne. Le jeûne eft parfait alors qu'il foumet
lefprit, ou oien fa folidûé confifte.dans la tran-
quillité & l'attention. Adorant fept fois , ils
louent; & font d'un grand fecours auxvivans Çc
aux morts. Le feptienve jour ils offrent une fois^
furifient le cœur., .& retournent k la fimplicit^»
^a véritable & perpétuelle fagefle. eft excel-
lente & difficile à nommer. Son mérite & foa
vfage éclatans brillent vivement^ On la nomme
par force Religion admirable ; mais la dodrine
lans le Saint ne s'étend point; la Saint fans la
doârine ne devient pas grand. La doctrine 8ç
le Saint ^tant d'accord (comme un roulea^u),
toutf la terre devient ornée & brillante.
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tnfemhle tous ^ les hommes de la terre ^ & les
unir entre euxjans aucun empêchement. Frap-*
fantjiir un bois {pour appeler à l'églije) , elle
fait au peuple des Jermons pleins de charité 6r
de bonté. Elle adore Dieu j la face tournée vers
V Orient , pour énvifager le chemin de Ja vie &
de la gloire. (Ses Prêtres ) confervent des che-^
veua: autour de la tête j pour donner à connoitre
qu'ils Je dejiinent aux devoirs externes ; mais
ils en rafent le fommet , pour connoitre eux-'
mêmes qu'ils doivent retrancher de leur cœur
toute mçiuvaife^ affeàion : ils n'ont point d'ef
claves ^ pour montrer qu'ils veulent être égaux
a tous les hommes^ ù n'être fupérieurs à per^-
fonne.: ils n acquièrent ni biens ni richejfes ,
pour faire vçir qu'ils les cèdent volontairement
aux autres. Ils penfent que le jeûne^ n'eji par*
fait que- quand ilfoumet l'efpnt , ou du moins
ils croient^que fa principale vertu confijle en ce
qu'il apporte le ^r§pi^^ ù la vigilance : ils ado*
rent fept fois par jour ^ & récitent dévotement
des prières , par léfquelles ils foulagent les W-
vans & les morts. Chaque feptieme jour ils offrent
une feule fois ( le Sacrifice) , &s'étantainjipuri'-'
fié le caiir , Us retournent à'iafitnplicité au pu-
reté première. On nç peut donner de, nom à la
véritable & éternelle Sagejfe , à caufe de fort
excellence : cependant y eu égard à f on mérite &
à fon ufage merv^iUeufement éclatant , on la
nomme , par force ^ /aReligion adiairable. Certes
la véritable fageffe • m s' étend pas bien loin fans
lefecours du oaint .; & le Saint jfans la véri^
table fageffe , n'ejl pas grand. Mais quand la
véritable, doérine Q le Saint s'uniu'ent mu-'
^14 B I % L t 0 T H t Q V E
L'Elmperèin: Thairçom a illiïfir^ k
il a ouvert ia hévoiucion , & a gouverna très*
faintemertt les homnief». Un homme d'une vêrto
éclatante, nommé Olopen ^ fat originaire du
royaume de Taçin. llobferva les nilees bleues ,
& porta les véritables Ecritures ; if fit attenticm
aux règles des vents , pour ci^verfer le tlifficile
& ie périlleux. L'an neuviéhie de Chim-icuaRs
ii arrira à C%am-n|an. L'Empereur ordonna à
Fam-hiven-Hra , Miniftre de l'Empii^) d'aller
â la tête d*un grand cortège diM ie fauxbout^
occidental, -& rencontrant leflouveau venu, de
l'amener au palais. Il tradmfit i^s Ecritures dans
la falle des tîVfes. La porte où il i eft pas per-
mis d'entrer écoota la doArine , & comprit à
fond la droite ànitë i il ordonna f^^ialement
de la publier & livrer. L'an éoutieme de Chim-
kuan , au feptieme mois» en automne, il âc ua
Edit en ces termes :
» La doélrine n*a point de nom détermina,
le Saint n-a point dé (ubftani>ê de'terminée; il
înftitue les Religtons feloii îes pays, & paft
en foule tùus les hommes dam là barque. Olo»-
pen , du royaume de Taçîn ^ & d'une grande
vertu , prenant les écritiires & les images , eft
venu les offrir dans la Cour {uprême. JEn cxa-
ïnînant refprit de cette Religion , elle eft myf-
térieùfe , excellente , paiiible. En contemplant
fon primogene vénérable^ â produit le parf^H
O R T E W T A L e; jïj
tneUêment^ rouu hterre ériîitd'un très^and
De cette manière-^ Tàl^um-ven-ftoant-ti a
^ndé une nouvelh 'dynaflié ; il n goMerné les
hommes fagtfnent (^fi^hntefnent. Soû'sfon rèpiËy
vint de Taçin un homme d'une grande venu ^
Jfiontmé Olopett* Contemplant le <iel pour diri*-
Ïerjk route ^ il apporta avec bii les véritable^
"écritures. Ayant égard aux faifons des vents ^
il traverja d'une ccurfe rapide un chemin diffi,^
cile & périlleux, La neuvième année de Chirn^
kuan (6^^ de J, C) , il arriva à Cham-ngan ^
ville impériale aujourd'hui nommée Si-ngan-fu*
L'Empereur envoya a fa rencontre^ aufauxbonrg
occidental , Fam-hiven-lim , MinUlre de l'Em^
pire , avec grand appareil. Il {Jit ) traduire en
Chinois lesjaintes Ecritures dans la Biblicthe-^
que Impériale. La Cour de l'Empereur le quef-
tionna beaucoup fur la Religion , & comprit à
fond qu'elle ^toit véritahle ù botme. L'Èmpe^
retir ordonna fpécialement qu'elle fût publiée &
divulguée. L'an dow^itme de Chim-kuan (658
de J. C ) > lafèptiefne lune ^ en automne^ l'Em^
pereur fit cet Edit : *
3> La S^gejfe n'a ancvn nom détermina , les
Saints n'ont aucun étmfixï , nuli^ forme cer^
(aine ; ils injS:i tuent les fUligions félon l^ génie
des pays & dxs peupiis , pout fecourir générales
ment tous les hommes, ifn homme d'une grandi
vertu j nommé Olopen , originaire de Tacin , a
apporté de loin des écritures &^'des images , Ù
efl venu les offrir dans mafuprême Cour, Si l'on
examine avec foin l'efprit & le but de cette Re^
iîghni on U tr&uHm rern^lie di^m^fieres ex^ln
}t6 Bibliothèque
& établit le néc^^aire. Ce <lifcours eft exempt
d'un importun verbiage. La raifon met en oubli
la naiTe; elle amené les chofes à bon porc : elle
eft utile aux hommes ; elle doit être publiée par
toute la terre. Que ceux qui font en charge
conftruifent fans délai dans le canton nommé
Y-nien , de la ville impériale y un temple dn
royaume de Taçin , & y faflent paifer vingt-ua
^nzes «.
La vertu du vénérable Chea s'étant étcJrite^
le chariot bleu paiîa dans TOccidént. La fageâe
du grand Tbam étant venue à briller , le vent
admirable .a fottiBé dans TOrient. Il ordonna i
ceux qui étoient en charge de prendre un por?
trait fidèle dé TEmpereur ,. pour en faire peindre
un femblable fur la muraille du temple. La
l>eauté célefte répandant lecl^t des couleurs ,
(.rendit ) ladmirable porte brillante & fleurie.
Les faints veftiges (firent) monter le bonheur ^
&. donnerèiit perpétuellement de l'éclat aux
mondes réguliers..
i >
\. Suivant les Cartes & les Annotationi de h
7
Orientale/' ^ty^
ïens 9 & adonnée à ia paix & àla tranquillité.
Si Von ccnjidere attentivement le premier Sou* •
vtrain quelle propoje d^ adorer & révérer , cejl
l'Auteur de tout bien .& VInJiituteur de tout et
Îui eji nécejfaire pour obtenir la félicité. Cette
Religion bannit entièrement de/es difcours tout
, ennuyeux verbiage & toute affeâiation de grands
mots. Sa Doârine admet toute imperjeélion ^
jfour la conduire à la perfeclion ; mais la perfec'*
lion étant acquife ^ Vimperfeâion ejl oubliée^
comme un pécheur oublie fa naJJe , après avoir
pris le poijfon. Elle ejl profitable aux affaires ^
& utile aux hommes. Il efi expédient qu'elle
fieuriffe dans tout le monde. Que les Omciers^
que ceci regarde ^ confiruifent ^ fans différer^ un
temple à la Religion du royaume de Taçin^ dans
le quartier de la ville nommé Y-nim-fam , c'e/?-
à-'dire Jufticc tranquille ; & qu'ils j^ commettent
vingt -un Bonnes pour profejffer cet injiitut ^.
Après que la vertu de La vénérable dynaftie
Cheu eut péri , Laokium vaffa dans l'Occident^
.Après que la fageffe de la grande dynafiie des
Tham a brillé j les mœurs admirables de la Rô^.
ligion Chrétienne font venues dans VOrierit^
L'Empereur ordonnd aujji aux Officiers , à qui
tela regardoit , défaire peindre f on portrait jitr
la muraille du temple '^ conforme à l'original.
La beauté du vifage célejle répandit fon éclat
de toutes parts , & donna du lujire à la porte
admirable , c' efi- à-- dire à la Religion Chré-"
tienne. Ce monument du faint Empereur fut fa^
vorable & fortuné, & rempUt le monde d une
fplendeur perpétuelle.
Suivant Us Cartes & les Defcriptions géo^
)t9 B I B LtÛ¥REQV£
Viépon ocdAukubt , & les Hiftoires & CoflM
oiencaîres è9% dynafties Han & Vei , le royaiH
me de Taçin-embniflè^ du edté du Midi, la mtf
de Corail. Au Scptentrioa , il eft ttfmitië par tes
montagnes de» chofes précîeufes. Du côté de
rOccident , il regarde le pays des immoriels &
h for^ des âeurs. Vers lÛrieDC, ii reçoîc le
leent petpë^uel & Teau foible. Son terrein pro*
duic de la toile quon lave au feu , du v&rfum
qui rappelle l'ame y des pierres dç lune mllaii-
tes , des pierres qui brillent la nuk. Il tie s f
commet, par coutume ;^ni aCaffinat ni vols. Lei
hommes j vivent en joie & en paht. Il n'y a
point d'antre loi que là loi admirable. On ne
crée Roi qi»t celui qui en a lei vertus. Les li-
mites du pays font amples & valles. Les cho-
ies qui regardent l'ornement , y abondent » j
éclatent.
Kao-f um , grand Empereur , a pu refpe^iueiH
fement fuivre fes aïeux. En bume<ftanc ^ il co*
lora le vrai vénérable , & établit des temples
admirables dans toutes les provinces. Exaltant
de nouveau Olopen , il le fit fouverain Krardiea
du, royaume de la grande Loi. La Loi fe répan-
dit dans les dix voies. Le royaunae fut enrickt
d*un grand bonheur. Les temples remplirent cent
villes ; les familles furent enrichies de TadiiiiraUe
•féUcité.
O R I E N Ta L % 3lf
graphiques d$§, pays occidental y comme aujji
fuivcuit les Livres hijioriq^ues des dynafties des
Han & des Ve'i j, le royaume de T(tçin domine du
coté du Midi à la mer de C^fCiil : il eji term^iné
au Septentrion par les montagnes de, toutes chofesi
précieufes* Il regarde du cçté de l'Qccident U
Jejour des hommes immortels & la fo^ét des
fleurs : il reçoit y du ç$té de V Orient ^ le vem
p€rpétuel & Veaufoible, La terre du royaume
de Taçin produit de VAsbefie ; du baume , de l^
toile qu'on nettoie en la jetant tkufeu , des pierre f
précieufes , brillantes comme la Lune y des pierres
qui brillent la nuit. La Nation ne connaît ni le
larcin , ni le brigandage. Les peuples jouiffent
d'une paix & d une tianquillité parfaites. Au--
€une autre Religion n'y eji àdmije que la Reli^^
gion Chrétienne. Le royaume n'eji déféré quik
celui qui en eft digne : les limites de l'Empire
font très-étendues. Tout ce qui peut contribuer à
quelque efpece d'ornement que ce puijfe être j s y
trouve en abondance»
Kao-^um , grand Empereur , imita refptc--
tueufemjent fes aïeux : il illujlra ^ par une nou^
velle augmentation de lumière , la Religion du»
vénérable 0 vrai Dieu , Ofit 4lev4r j dans toutes
les provinces , des temples admirables eu chré^
tiens. De plus , à l'exemple defofi père j il éleva
Olopen en dignité , Ù l honora du titre de Voior
tife de lâ Reugion gardienne du Royaume, Z>4
Religion fe répandit dans les dix provinces ^
cejl-à'dire toutes lesprovinces de l'Empire. La,
prqfpérité de l'Etat fleurit m^rv'^illeufement. Les
temples remplirent toutes les villes ; fy les fa^
milles furent c^mkléei d'uMfiUwé admirable
eu chrétienne.
1
'J2Ô B I B L I O T ME Q U £
- Aux ans de Xim-lii (^98 oU 699 ), les en-
fans de Xe employèrent la force , & ( firent ).
rejaillir leur bouche dans 1 orientale Cheu. Sous
ia fin de Sien-thien (Tan 711), des Lettres
inférieurs raillèrent , diffamèrent , mépriferent
& calomnièrent étrangement dans Toccidencale
Hao. Il y eut Lo-han , Chef des Bonzes , Kii-
lie, d'une grande vertu, & Kuei-fiu de Kin*fam>
Bonzes extraordinairement illoftres ; ils relevè-
rent enfemble le cable myflique ^ & relièrent
unanimement le nœud rompu.
Hiuen-çum , Empereur d'une haute ù^effe 1
ordonna k Nim-kue, & aux autres quatre Kois^
é*aller en perfonne au toit de la félicité ^ &
d'élever fermement l'autel du temple. La pou-
tre de la Loi, courbée pendant quelque temps,
fut élevée de nouveau. La pierre de la t)oc--
trine, penchée pendant un temps, fut redrcflee
&^remife à plomb. Au commencement de Thien-
pao , il ordonna à Kao-lii-fu , grand Général
ies armées , de porter les portraits des cinq
Saints , &, les dépofant, de les placer dans le
temple« Il donna cent pièces de foie , & o£frir,
prenant part à la joie, les portraits éclatans. Il
Sous
O R I £ N T A L s. jit
Sous l'Impératrice Vu-^heu , régnant fous lé
tare de Xim-lii ( Van 698 ou 699 de J. C. ) ,
les Seélateurs' de Fo ou de la Religion des
Bombes -hocham , ùniffant leurs forces , lâchèrent
la bride à leur langue dans la ville impériale *
nommée Loyam ( aujourd'hui Honan-fu , ville
de la province Honan). Sous la fin du règne
d*Hiven-çum , fous le titne de Sien-thien ( Van
y 11 de J. C.) , des lettres du bas .ordre diffa^
nièrent extrêmement la Religion Chrétienne,
Dans l'occidentale Hao , ville de la province
de Xenfi j autrefois le fiége de V Empereur Uu-
nam fjituée à l occident de Singdnfu )j il y eut
quelques perfonnes , favoir , Lohan , Chef des
Bonnes ^(^Kii-lie j doué d'une grande venu ^
& avec eux Kin-fam (^peut-être originaire du
quartier de la ville impériale , nommé Kin^fam^
à caufe de l'or)^ Kuei-Jiu^ Bonnes extrêmement
illujires , qui joignant leurs forces en/emblcj re-
levèrent la Religion abattue ^ & renouèrent ( la
Religion ) déchirée. . , ' *
Hiuen-çum , Empereur d'une grande fagefe^
ordonna à Nim-kue & à quatre autres Rois.^
d'aller en perfonne vifiter l'églife des Chrétiens ,*
& d'.avoirfoin qu'on y fît lefervice divin. Alors
la Religion , qui. avoit été opprimée pendant
quelque temps , commença de nouveau àfe rele^
ver ; & cette même Religion j qui pendant ce
temps 'là avoit été courbée , fut redfejfée comme
auparavant. Le même Empereur Hiuen-çum ,
commençant à régner fous le titre de Thien^pap,
ordonna aji GénéraliJJîme des armées j nommé
Kao-lii-fu [fameux Eunuque de ce temps-là ) ,
de placer dans l'églife les portraits des cinq^
Tome V. X
jiJ[ BfBLIOTHEQUl
fut permis de faifir les mouftaches du dragon;
Îuoiqu'ëloignëes , & l'arc & répéc. Les cornes
u foleil répandirent la lumière 'fur les c^'lefles
vifages dt huit dixièmes de pied.
La troifieme année ( 744)9 il J eut un Bonse
Kii-ho du royaume de Taçin, (qui) obfêrvant
les étoiles, tendit à la converfion, {&) regardant
le foleil , ( vint ) faluer l'Honorable. .
L'Honorable ordonna au Bonze Lo-ban, aa
Bonze Pu-Iun & aux autres, en tout fept, de
travailler avec Kii-ho , d'une grande vertu , au
mérite & à la vertu dans le palais de Him-khim.
Alors le Ciel écrivit fur la tablette du temple.
Le front porta l'écriture du dragon. Les orne-
ments précieux brillèrent vivement. Les nuées
de cinabre refplendirent avec éclat. La tablette
clairvoyante dilata Te vnide : montant & oppri*
mant , elle toucha le foleil. Les dons gracieux
font comparés à la hauteur extrême du mont
méridional ; les bienfaits înondans égalent la
profondeur de la mer Orientale. La fageffe
prouve tout.; ce qu'elle prouve peut être nom-
mé. Le Saint fait tout ; ce qu'il fait peut itxt
f ufclié.
O R I ï N T A L !• fX$'
Saints ( Empereurs Jès prédecejfeurs ) , 0 à' offrit
en même temps un préfent de cent pièces de Joie.
Kao-lii-Ju apporta rejpeébieujement les portj^aits
des fages Empereurs \ & quoiqt^e ces* Empe*
reurs eujfent déjà été enlevés au ctelpar des Urof^
gens , il fut pourtant permis de regarder & de
toucher l'es monumens de leur fàuvenir. Leur bel
air brilla vivement dans leurs portraits , Ù il
fut accordé de contempler depuis leurs v^ages
célefies.
La troifieme année de Cfiim-kuan (744 dé^.
J, C. ) , ity eut un Bortre du royaume de Taçin^
nommé Kii-ho^ quijfur Vobfervation des étoiles ^^
dreffa fa route vers la Chine ^ ou Vattiroit la
force & l'efficace de la vertu de rEmpzreur^pour
la converjîon des étrangers , &j fur Vafpeél du •
foleil y vint '{à la Chine )faluer V Empereur,
L'Empereur ordonna au Bpn^ Lo-han j au
Bon^e Pu'lun , & à cinq autres Bonnes j d'offrir
enfemhle avec Kii-ho les facrifices Chrétiens
dans le palais de Him-khim ( c'efi-à-dirè de Va
Félicitation exaltée ). Alors le célejle Empe-*
reiir fit fufpendre une infcription , écrite de fa
^ain j à la porte de Véglife. L^ front de la
tablette fufpendue porta tes caraâeres tracés de '
la main du Dragon j c'ejl-a-dirè de l'Empereur.
Les ornémens de la tablette précieufe j où l'in/^
.crîption et oit gravée y brillèrent d'un é^tai mer^*
vetlleux. La lumière qu'ils élançoient de toutes ,
parts J obfcureiffoit les nuées rouges ù élevées
au haut des airs. La tablette ^ écrite parle 'clair-»
314 Bibliothèque
•
V
L'Empereur Su-çum , orne , illuftrc , élen
pavement des temples admirables dans Lim^ou
& dans d'autres villes , cinq en tout. Le bien
primogene eut du renfort; & llieureux fortuné
fut ouvert. Une grande félicitation parut ^ &
Taugufie établifTement fut affermi.
L'Empereur Taî-çum , civil & guerrier y en
déployant, étendit la fainte révolution. En fer^
viteur^ il fervit la tranquillité. Toujçurs à la
defcente de l'heure de la nativité , 0 donnoit
libéralement du patfum célefte , pour faire foV
. veriir du mérite parfait. Il diftribuoit des viandes
impériales , pour illuftrer la multitude admirable.
Certes le Ciel mit en ufage une belle utilité:
c'eft pourquoi il peut produire amplement. Le.
Saint fe fert du primogene confubftancié s cefl
* jpourquoi il peut régler & éleven
Orientale. 525
€onferés par V Empereur Hiuençum à la Keligion
Chrétienne ^ font comparables en hauteur aux
montagnes méridionales ( ainji nommées j parce
çtc^ elles Jontjîtuées au midi de la ville impériale de
Sî^Hgan-fu ). Les bienfaits qu'il a répandus fur
elle fans bornes j égalent la profondeur de la mer
Orientale, Lafageffe approuve tout; ce qu'elle
approuve peut être nommé. Les Saints font tout j
ce qu'ils font peut être laiffe à la pofiérité,
L'Empereur Su-fum j orné de toutes fortes-
de vertu & defagejje j bâtit à grands frais des
é^lifes Chrétiennes dans la ville de Lim-ou &
aans quatre autres villes (^jituées toutes aux
limites feptentrionales de la province de Xenji) ;
il y fut entraîné par le bien primo gène, La voie
( qui mené ) à la félicité ^ fut amplement ou-'
verte. Une grande profpérité furvint ^ & l'Em^
pire fut de nouveau rétabli,
Tai-çum-hoam-ti j c'ejl-à-dire l'Empereur
Tai-çum y doué de toutes les vertus civiles 6?
ntilit aires j agrandit confidérablement l'Empire
rétabli. Il s'adonna uniquement au repos (j ci Iw
tranquillité. Tous les ans ^ an. jour de, la Nati-
vité de J. C. J il donnoit àVEglife des parfum^
célefles y pour faire fouvenir qu'il avoit bien géré
les affaires & les avait conduites à la fin déjirée,:
il dijiribuoit à la multitude Chrétienne. j' des
viandes impériales pour la^ rendre remarquable
( & célébrer}. Certes le ciel efi. tout entièrement
occupé à conférer une belle utilité : c' eji pourquoi
il peut par-tout produire^ Çf conferver les chpfes.
' Les Saints, fe rendent propre & comme ejfen-
tielle cette vertu primogene qu'a, le ciel pour
produire les chofes ; ce^ pourquoi ils peuvent
* * X il}
\
y
fi6 B I i i î O T H É Q U E
2 _
Nôtre Ehipereur ( Te-çum ) ëtablfflànt h
ihediocrîte , lain't , divin , civil & guerrier , a
déploya uhe forme oéluplç de gouvernement ,
Î" our éloigner les oWcurs & âvaÂcer les clairs.
1 applanic neiif genres , afiil certes de fenou-
veller.lc commandement admirable. Par la con*
verfion, il pénètre la railbn myftérieufe. En
priant, il^na pas un cœur rougiflânt. Quand on
parvient au carré , an grand & au vuidè , il eft
attentif à vaquer uniquement . au repos , & à
avoir de l'indulgence ; a étendre fa bonté y à fou-
lager toutes les miferes , & à couvrir par un
bon prêt tous les hommes; c*eft par notre grand
*defîein de travailler, de reparer; çeft par le-
chelle de notre conduite & notre progrès k pui-
fer : mais de faire que les vents & les pluies
arrivent à propos; que ce qui ell fous le Ciel
foit' paifible ; que les hommes puîflent être ran-
-gés, & les chofes être propres; que fes vivans
puiïïènt être dans l'abondance , & les morts
être dans la jo^e; que le fon réponde à la pen-
fée naiïïante , •& qu'uhe âffeâidri auffi-tôt pro-
duite foit parfaite par elle-même ; cela appar-
tient au mérite '& a l'ufage du puiflant emploi
de nos forces kdmirarbîes. Le fioîftzè Y-fu , grand
biènfâîtèùr , vfetu d*unë Belle roire bleuâtre ,
^Vktrd i :briTfa*nte ^aye , & tout ^ la fois Lieute-
nrant du Ct)itim'îrWàaht général de 5t)-'fôm , cepen-
dant infpecSèiîr de la CoUr au dedà'rfs 3u pz\^h,
& gratiné d'u)rb robe ^de Bdniiie 'bleue , eft pai-
fible & bierffa^nt. 11 . pratique lià^fémerh la
itiidlrine éc6trt<?è, 11 'é& vefaw à 'Omm-hh f «
Orientale. . 5.^7
gouverner & élever les peuples j leur cammuni"
quer tout bien ^ & détourner d'eux tout mal.
JL^Ernpereur Te-çum ^ aujourd'hui régnant ^
affermwant la jujle médiocrité^ f^^^^^ divin &
doué des vertus civiles & militaires j a répandu
de toutes parts toutes les maximes d*un excel-r "
lent Gouvernement, y par le/quelles lès bons font
appelés aux charges de la République, & les m/-
chans en font privés. Il a^ cultivé ouvertement les
neuf vertus , c'efi-à^-dire toutes les vertus impé-
finies , afin certes de renouveller cet ordre admi-^
rable du Ciel , par lequel l'es Empires font
conférés ^ & pour offurer une durée perpétuelle a
• V Empire , -depuis peu rétabli. La force qui eji
en lui pour convertir les peuples , participe à in
raifon incompréhenfible ^ & lui eft entièrement
conforme. Lorfquil adrejfe fes, vœux ( a Dieu ) ,
il ne trouve rien dans fon cœur dont il puijjefe
repentir. Or ^ que l'on parvienne jufque là ; que
par une incroyable fermeté & grandeur d'ame ,
le cœur f oit exempt de toute contagion de vices
& d'erreurs ; que , quoiqu'on vaque uniquement
au repos ^ on cultive pourtant avec foin la charité
envers les autres ( ne les regardant pas autre--
ment quefoi-méme); que par une bonté mater-^
nelle onfubvienne aux miferes des peuples ; que
tous les hommes foient à couvert fous l'étendue
d'une clémence qui pardonne hs 'injures & les
offenfes : tout cela certes doit être imputé a notre
grande prudence , par laquelle nous nous parons
nous-mêmes de toutes fortes de vertus , & dé
notre diligence non interrompue , par laquelle
nous montons comme par les degrés d'une. échelle^
dtnous nouf .Ûevons peuÀ£M .ejiMnut^ çpmnô
X iv ~"
fiS Bibliothèque
fort loin , à favoir , de la ville de Vam-clie-
chim. II furpaâbit en induftrie les trois dynaf*
fies. Il eft dix fois intègre dans la tradition des
Arts. Au commencement , il s'acquitta de (on
devoir dans la Cour dé^ Cinabre. En effet , il
glorifia fon nom dans le pavillon du Roi.
/
Kao-çu-y , Préfîdent de la Cour Miniftëriale ,
Roi de la ville de Fen^yam, fut au commence^
Orientale. 'jif
-par la corde dont lefceau ejl tiré du puits ( EJl-ce
que l'Auteur étoit dans l'erreur de Pelage ) / •
Mais défaire que les vents & les pluies viennent
au temps qu'il faut j que toute la terre jouijje
du repos , que les hommes perjifient çonjlammènt
chacun dam fon grade ù J a fonction 3 & les l
thofes dans leur état Ù condition propre; que les
vivahs puijfent être fiorijfans & les morts être
contens ; que j dès qu'on a conçu un dejfein j. le ' !
fuccès y réponde ciufji promptement que le fon \
répond , à la percujjion ; que les affeSions nées *
Jubitement y foient tout aujjî-tot & comme natu-*
Tellement pures elles-mêmes : tout cela efl le
mérite & l'effet des forces & de V efficacité puif-
fante de notre Religion Chrétienne. Yfu , grand
bienfaiteur de la Religion & tout à la fois
Grand de la Cour ^ Ajjeffiur du Vice-Rot de
Sofam (grande contrée aufeptentrionde lapro--
vinae de Xenji )j & InfpeSeur du palais j à qui
l'Empereur a fait préfent d'une robe de Reli^
gieua:^ de couleur bleue-clair , ejl un hommt^de
mœurs douces & d'un efprit porté à faire toute
forte de bmns, Auffi-tôt qu'il eut reçu da^s fon
cœur la véritable doSrine , // la mit fans cejje
en ifage. Il ejl venu h la Chine d'un pays loin--
tain j f avoir y de la ville de Vam-xe-chim ; il
furpaffé en indujlrie tous ceux qui ont fleuri fous
les trois premières dynafties : lia une très-parr
faite intelligence des Arts & des ^Sciences, Au
commencement , lorf qu'il travailloit à la Cour j
il rendit d'exeèlUns fervices à l'Etat, :& s'ac-
quit une très'haute ejlime auprès de l'Empereur.
Kao'çu-y ^ premier Préfident de la Cour Mi-
nijiériale ( c'était alors la premier^ charge d$ la
«
^jo * Bibliothèque
ment Genëraliffi.ne des armées à So-fani. Su*^
çum voulut qu'il raccompagnât bien loin; quoi-
3u*il fût reçu familièrement dans la chambre
u lit, il n'étoit pas plus différent que s'il n'eût
été qu'un fimple folaat. U ëtoit les ongles & .
les dents de la République » & les oreilles & les
yeux des armées.^ Il eut la force de diftribuer fa
lolde , fes préfens ^ & n'accamula point dahs (a
maifon.
II offrit des verres Lin-ngen ; îl étendit des
tapis d'or Çu-kii. Quelquefois il* laifToit les vieux
temples comme ils étoient auparavant ; quel*
queroi« il agrandit de neuf les palais de la Loi.
II rehauifa les portiques, & orna les toits en
manière d'un faifan qui vole. Outre cela , il
•rendoit fervice ï la porté a<dfliirable< Il s'appuyoit
fur la vcharité ; il diftribuoit Tutilitàl Tous les
«ns il afiembloit les Bonzes & les Difciples de^
quatre temples. II fervoit avec ardeur ; il four-
niflbit, proprement & apprêtoit pendant cinq
dixaines de jours. Ceux qui avoient faim venoient»
i8c il les nourriflbit ; eeux qui avoient froid
venoient >& il les vêtoit. Il foignoit les jndades
-& les ranimoit. Il enterroit les morts , ^ les
' mettoit en paix. Jamais il ne s eft ouï tant de
belles cbofes parmi les Ta-.fo du pur devoir.
Les Lettrés admirables, vêtus de blanc, vxuent
ï ptéfent ces ^hommes^là ; Àh t'^mpr^^m iê
ORÎÉNt*Alt/. jVir
Chine ^j & Roi dé la ville de Fen-yam ^ étùit
au commencement Généralijfjime des troupes dans
So'fam, , c' efi-à- dire dans la contrée 0 là région
JeptentrionaLe, L'Empereur Su-çumje Vàyocia
pour compagnon d'une longue marche ; mais ^^
quoique par une faveur Jinguliere H fut^ admis
yhmiUérement dans la chambre de V Empereur ,
il ne fe comportoit pourtant pas autrement que
s* il eût toujours refié au pavillon du camp. Il
tenoit Ueii à l'Empereur ôu-çum de protedeiir &
de défenfeur ^ Cf aux troupes d'Infpeàeur 6r
d'Interprète. Il r^ahdit libéralement les pen^
Jions & les largejjes dont l'Empereur le com^^
blcït amplement ^ & n'accumulott rien dans fa
Tnafon, /
// offroit des vafes de verre Ltn-ngen ^ c'e/?-^-
âire du bienfait prêt afe répandre ^ & des tapis
dorés Cu-kii j c'eji-à-dirt j rejetant le repos. Ou
il ccnfervoit les vieilles égliifes dans leur ancien
état J ou bien il augmentoit leur bâtiment. Il éle^
voit à une plus grande hauteur leur toit & leurs
portiques ^ & les emiellijjhit j de façon que ces
édifices étoient femblables à des faifans qui dé-*
ploient leurs ailes pour voler. Outre cela^ il mon-
tra par toute forte de bons offices fon refpeà pour
. la Religion Chrétienne : il étoit ajfîdu aux exer^
cices de charité j & prodigue dans lu difiribn-
iion des aumônes : il rajfefnbloit tous des ans les
'Bonnes & les Chrétiens dès quatre -Eglifes "^ S
léurfervoit avec drdtur -& d^ ^opos'Mltbéfé^'^
^ntets' nets & propres , '& il cdriiinîtàit ^etVe 'feftS-
ralité pendant cinquante jours ' de fuift : ildcffr-
noit à manger à ceux qui^avoi^rft^fffi ; ihrevétàk
ceux qui étoient nus ; il fournijft^k^es YàH^i
JJt- BlBLI*DTHEQUE*
graver un grand MonuQient; pour donner vent *
leur.heureufe fplendeur. Le difcours dit ce qui
fuit : •
Le véritable Seigneur eft fans principe; il
eft ëterneliemenc pur & folitaire ; il a été le^
{premier Auteur. Il a fabriqué & converti, fondé
a terre & établi le ciel. Divifant fon corps ^
il' eft venu au blonde. Secourant, il a, fans ré-
ferve, (tout) pafle dans la barque. En montant de
|our, les ténèbres ont été éteintes. II a déclaré
tout ce qui eft vrai & myftérieux.
- L'illuftre & civil Empereur a furpaffé en fa-
gefle les Empereurs paifés. Au temps favorable»
il rangea ce qui éioit troublé. Le ciel fut am-
plifié , & la terre étendue» La célèbre Religion
admirable dit de retourner à notre Tham. 11
traduifit les Ecritures , bâtit des temples ,- & paflà
dans la barque les vivans & les morts. Cent fé-
licités s^eleverent à la fois. Dix mille royaumes
furent pacifiés.
■ Orientale: 3 j j
ûua: malades, & leur procuroit la famé: il pre-
nait foin d'enjevelir les morts j & de leur accor^
der le repos. On n'a pas ouï dire jufqu à préfent
qu'une vertu Ji éclatante ait brillé dans les
Tha-Jo même^ ces hommes qui s'adonnent Ji
religieïijement'à rendre de bons offices. Les Prê-
tres Chrétiens , vêtus de blanc j voient à. préfent
de leurs propres yeux tant deji grands hommes.;
Auffî ils gravent une Infcription fur cette grande
pierre , pour faire connoître leur excellente gloire
à la Pojîérité. Or voici ce que dit V Infcription :
Le véritable Seigneur de toutes chofès n'a
point de principe ; il jouit perpétuellement de fa
propre ejfence pure , Ùfefuffifant a elle-même :
il a donné commencement ^à toutes chofes , & il
a fabriqué le Monde', par une converjion admi-
rable du néant ( à l'être). Il a fondé la terre &
établi le ciel. Par la communication de fon *
Ej/ence & la dijlinûion des perfonnes , // a paru
homme parmi les hommes : il les a fauves , & ,
traverfant les fleuves des miferes , il les a tous
menés , fans réfirve ^ au rivage de la félicité. Le
Soleil de J,uftice montant en haut , a chaffé les
ténèbres. Il a révélé & démontré tous les vérita-
blés myfieres.
, L'Empereur Thai-çum , tout brillant de ma-
jejié , a étéfupérieur en fagejje aux Empereurs
fes devanciers ( comme le chapeau Veft à V égard
de la tête). Profitant de l'occajîon qui s'offrit ,
il appaifa les troubles de l'Empire. Ilfembla
qu'il avoit amplifié le ciel ntême y la terre même,
& ainfi le Monde entier. Sous fon règne , la très^
illuftre Religion des Chrétiens pénétra dans notre
Empire de la CUm, qui pour lors étoitfow U
5j4 B r B L I O T H E Q V B
• •
Kao^um continua Tes aïeux ; de nouveaux
éâifices des toits purs ; les paUis de la concorde
furent amplifiés fpIendideiBènt ; ils femptirei^c
de tous côtés le pays du n^ilieu. La véritable
dodrine fin publiée clairement. Les Souve-
rains de la Loi furent créés dans les formes*
Les hpmmes poiTéd^rent la joie & la tranquil'*
lité. Les chofes furent exemptes de calamités &
de miteres.
»
Hiuen-çuni ouvrit la faintetc ; il ^'employa à
parer le yér^table endrpir. L^ tablette impériale
répandit fa fpleiideur, i Ja célefte infcription
)>p\h merve)lLsufement. ly'augufte tablette ref*
plendit av^c écjat; touje la terre révéra haute-
ment ; toutes i^s afiaji^eç furenjt en paix y \w
hommes s'appuyèrent fur la félicitation.
Su-çuoa ^ en venant , fut de retour ; la céleâe
Majefté avôit mené* loin le c^iariot; le. faint fo-
Jeil déploya fa vive lumier^. Le vent fortuné
J^aJfyg la nuit; Ig. /^'lij^é jj^nt /dans l^-augujÇe
O R I E N T A L !• J)5
domination de la dynajiie des Tham, Les Livres
Canoniques (de cette Religion) Jurent traduits
en Chinois, On lui éleva des temples ; cejl ainfi
que par Ja charité, comme par un navire ^ elle
mena au ciel les vivans & tes morts. Avec elle
vint en abondance toute forte de félicité,; & toute
la terre. jouit après d'une paix & d'une tran-*
quillité parfaites.
L^ Empereur Kao-^çum marcha exaélementfur
les traces de fes aïeux ; il bâtit de nouvelles
é^lifes. Pdf fes foins j les temples conf acres à
JDieu brillèrent merveilleufement & remplirent
tout V Empire de la Chine. Sous fort règne , la
fageffe fut publiée par-tout , & de côté& a autre j
& de plus , il créa dans les formes des Pontifes
de la Religion : après cela^ les hommes eurenc
l'efprit joyeux & 'content^ & les chofes furent
exemptes de calamités &' de miferes.
L* Empereur Hiuen-çum s'ouvrit une voie à la
fainteté , & cultiva férieufement la véritable &
droite fagejfe. L' Itifcriptton impériale {qu'il eut
foin dejaire appendre au front ijpice de réglife )
jeta de l'éclat de tous cotés. Les cara3eres ,
tracés de fa main célejle , brillerez merveilleu-^
fement, & l'augufte tablette brilla d'un rif
éclat ; c'ejl pourquoi toute la terre eut un très^
^and rejpeâ pour la Religion. Toutes les af-
faires firent parfaitement bien gérées & admi^
nijlrées ; & la félicité provenant de la Religion
fut profitable au genre humain.
Su-çum ayant recouvré l'Empire j retourna
dans ia ville impériale. Sa célefle majejlé avoit
conduit au loinfon chariot ; mais il darda de
tous côtés les rayons de fa fainteté^ femblablesà
jj6 Bibliothèque
maifon. La vapeur monftrueufe dit adieu poW
toujours. II arrêta le bouillminement , fit ceiier
la pouffiere , & rendit grand notre pays.
Taî-çum fut pieux & jufte ; il étoît feiïiblable
en vertu au ciel & à la ^erre. Il ouvrit & ac-
commoda ; il produifit & perfe(3ionffa. Les cho-^
fes tirèrent une I^elle utilité. Il brûloit du parfum
pour annoncer le mérite. (Il profitoit ) de la
charité pour faire des largefles. La vallée -'de
l'Orient vint (faluer) la Majefté. Le trou de la^
lune fut entièrement réuni.
'V
Kien-chum a affermi la médiocrité , & mai^
trifé les extrémite's; & certainement il a orné
la brillante vertu. Par la guerre , il a fait trem-
bler les quatre obfcurs. Par Tornement, il a net-
toyé dix mille contrées. (Comme) un flambeau,
il a porté {fa lumière) fur les (mijeres ) cachées
des hommes. ( Comme ) un miroir , il a con-
templé les couleurs; des chofes. Mundum illu-
minavitj reffîifcitavitque. Centum Barbçtris dédit
leges. La lextuple union a clairement repris li-
gueur. Cent Barbares ont tiré un exemplaire.
A la raifon certainement ample Hui l La ré-
ponfe certeîs prefTée étant nommée , eu par force
appelée Hui 1 & interprétée Unité-trine. Le
ceu^
/
- P K I £ W T À.L.E. }J7
innrx d^J^léL Jl balaja . comme un v^nt for^
tUfié , la mît, i(£> la, rébellion : il rétabftt, dans
Joft augufie mdifoH Vheurtuf/^ paj^ej^^ondi HEm*
Jùulevoit par^tout la pouffiere : enfin iijbnda de
no&peau notre Empire Chinois.
L'Empereur Tai-'çumfut pienx & jufte; Ja
v^rtu égaloit celle du ciel & de la terre : il
avança ce qU*it a¥(ni camm^nçéy df acheva ce
qu'il avpit avancé, Enfi^ .touja^es choses re^ureM
de lui de grands avantqûes^/, II, offrit d^s\ par-
^ms % vour4^ertir j^udj avait bien géré h$,jy^
Jfkirts. il{y)jai^noit lackariU^ pour rimmu
jfes lièéraUtés. t^MS Us Barbares de l orient',
Jtûfipis ieJa,ma}eAé^ vinrent le trouver ; toute^
les Nations de i Occident Je rendirent ^upr^
de lui.
L' Empereur Te-fum ^ auftyurd'hui rég^Amfùu$
tiere d^ Kiin^chum ^ u cuhivd la v^rtUifia*-
furjelleme^finfi^ en Wifans mélar^e d'pftcfm
rice , ni d'aucune erreur j & H^^'ifi do^i' ué,
nouvel éclat ^ar Us vertus ù Us Jcwces qu il
s*^Jl acquifes. Par fa vertu militaire il a porté
n la crainte & au rejfpeÛ tout ce qui ejt contenu
nu dedans des quatre mers. Par fa vertu paci'*
fique il a rendu toute tu r/if^ nette , comme une
£att pure or tranquille^ Il découvre par la lu'*
mîerejitfon efprit Us mferes cachées des peit'»
pl€s j fir les foulage. V«lut in fpeculo deieéta
cernebat omnia ; totum reiTufcitavic orbem.
Cunéli Barbari tegulam vivendi )sicc^perunr. La
Tome y. Y /
/
3)t B t B,L î t) t M K Q itJ E
Souverain peut faire Hui ! Lé fbjet peut puHîef j
il dreâe cette magnifique pierre , nui ! pour cé-
lébrer le primogene fortuné»
Cette pierre a ^té établie & âoeifêé lâ fé-
conde année de Kien-<:hum , de \/l grande dy«
tiaftie des Tham » Jupiter étant' dans ço-ngo , Je
feptieme jour de la lune dite Tar-^au , jour dei
grands luminaires brillans eh bon ordres En ce
temps-là, le Bonze Nim-^zu, Seigneur de la
Loi ; gouvernoit la multitude ^Aiirable de h.
contrée Orientales . ^
Liù-fîeu-yen , Confeiller du Palais , auparavant
du Confeil de Guerre du grand Prévôt de la
Yille de Tai-cheu , a écrit^^
4. .»■
F I N.
J
3 IJ R î « N « A LE; i *Jî^
SagkJ^ ou i^ Religion Chrétienne ejt certaine^
jfnent grande: iù elle op^e au^Jî-tot des mer^
^teilles dans' le cwur humam;^ Comme elle ne peut
'être nommée > on jejt forcé dé lui donner , pat
r interprétation j le nom de la Trinité. Cêji eer*
vainement aux Rois à bien faire ; & ceji aux
Jujets a publier à la poftérite le bien quils*^ oui
yiiit. C eji pourquoi nous élevons cette illûflrè
pierre^ pour célébrer l'état heureux &Jl6ri^ant
Ou les affaires font à pré/ènt. »
La féconde année de V Empereur Te-çurti y de
la grande dynafiie des Tham^ régnant fous le
titre de Kien'<num ( Van 781 deJ.C.)j Jupiter
étant dans ço^ngo y ç'e/i-^à-dire dans le.figne
. Yen f car le caraâlere ae cette année étoit ^oin^-^
y eu dans le ftyle fexagénaire j le feptieme joî^r
de la lune dite Tai-çeu ( c'ejl la première
lune ) ; auquel temps le Bon^ej nommé Nim-xu*,
Pontife de la Religion Chrétienne dans la corC^
trie Orientale.
Liu-fieU'^en , Cônfeiller du Palais ^ aupara^
vont membre du Confeil de Guerre du grand
Prévôt de la ville de Tai-cheu ( & ainfi Manda-^
rin du feptieme ordre ) , a ajouté cette In/crip^
tion à la pierre. ^
FIN,
yij
.|4t B I. » (.I97XCQVS
ify a te long d un bord de h pierre , & au
Bas de la même pierre « des caraderes Syriac^es'^
dont on (reuc voir 1 mterpréranon dans le fixieme
chapitre de la première Partie Je la Chine illuf*
tré€ du P. Kirchen . ^ .
Les Peifonntges nommes dans TOuvrage Ibnt
SJi^fieùrs MiConnaires Syriens ; ^ rinfcriptîon.
u bu contient la date du moirament « le nom.
& le titre de ceux qui Tont fait élever , avec
auelques autres noms de Miffionnaires & leurs
ignitéi.
0 B $ Ë R VA TJONS.
L* Auteur de l'Infcription vîvoît du temps de.
la dynafiie de« Tham , & il dëclare avoir tiré
des Hiftoîrès des djn^fties des Han & des Vei fa
Defcription du royaume de Taçin ; c'eft pouri-
quoi il eft néceiTaire d^ repréfenter i^i ce quife
trouve contenu dans les Ucrcriptions géogra-
phiques de ces crois-dynafties.
lExtraît du Chapitre ^S , feuille neuvième des
Traditions des derniers -Han du Royaume de
^ Ta^m.
Le royaume de Taçin eft auffi nommé Likien
(ou peut-^être Vighien ) j & comme il eft fitué ï
loccidert de la mer y on le homme auffi ï Occi-
dent de la mer. Les limites de ce royaume sHîten-
dent de tous côtés à plufîeurs centaines de lieues.
On y compte plus de 400 villes : quelquei
dixaines de petits royaumes lui font fournis. Les
villes font ceintes de murs de pierre. ^On trouve
T- ©ru 1 1 * T là ite; f4f
de toas côtes des tnaifons établies poar les' Coûiv'
mrs : tops ces ëdiâces font enduits de blane/
La terre produit des pins , est cyprès , & toutes
forces d arbres & de plaAi^i. Les ptîrples s^âd'ôn*;
nent Beaùcoilp à TAgriculture }' ils font vic^kns^
à planter & à* fepie^r ) ils âcVent des rers à fbie^
& des mûriiers. r.tous anc k t&ce rafée. Leurs '
habits font piàgnifiques &' rteievës en braderie; ^^
Leurs voitures font des calèches, des chariots &^
de petits chars couverts* d'un parafol manc.^
Quand ils fartent éd leurs liiatfons , oa qu'As y
rentrent,^onbat lest^mbouh &ton port^ quitte'
fortes de ten dards.
La ville' royale >i plus dé dit^lieu^« de tour J
Dans cette ville le Roi a cinq palais y diftans Turi'
de l'autre d'une lieue.^ Les qobnnes de toutes les*
matfons font de cfiftal : toas les Vafés dans )e&^
quels on ferc à minger^ font delà même ma*
tiere. Le Roirchknge tous les jours de palais, -&
ne retourne que le ^ctnquiera^e jour à celui* qu'-il^
vient de q^itccr^ (Qaand il (bit)^l, un de' fes
O/fiâers a toujùujrs ordre de porter a^ fac âc def>
fttivre fon char.: ceux qui pour lors om affaire^
au Roi , jettent leur requête dans Je fac. Le Roi , *
de retour à fon palais ^ prend, contiolâànce de
leur caufe & rend juftice aux Sopplians. Chac^tf
genre d'afFairea fan tribunal , & toutes les |»ro-^'
cédures fefont par écrit. Le Rûi & trente Gé^
néraux s'aflemÛenfarU Gonfeil toutes lé«s fois
qu'il s*agit des affaires de la République. Le Roi
ti'eft pas perpétuel. On^éiit Roi celui d'entre
eux qui dk le plus ëminent en ûgeiTe : que û
l'Empire, fe trouve affligé par îles calamités
& des prpdigei v oi^ û les vent» & les ptuilM^
Yiij
ky^ B til tL4 t) T H EiÇCd E
viennent hors de . fàifon , on râé^ïÀ^Iedè celui-Hi
& on lui en fubftkue un autre : celui qui eft dé-
poiiedë obëic yobfliâejrs. , & !ne fornore jamais
micune plainte.* Les .genar du-^pa^r) fimb tous'de-
Iviute flâture. &;d*im' naturel li ni '(^e niveau ) &:
àfoif { à plonib ):^ V^S-à^lire; squHs fônt bons ,
faiiilef, pteio) diirdroiitare & de .probité, & en
cela non difFerens des Chinois : c'^ft pourquoi ils
om acquis coAnmtinément le > nom de Taçinj
cleft^-idire de grande Chin€.' . • ■' j '
vL^ tèttt produit; de For, dé Fargem^.& grand
Dpiin^é 4e woCe^ adnnîrables & prëcieufes. 11 s'y
trouve des pierres qui brillent la tauit , des pierres:
brillantes comiinebi libie/desctnrnes de certains
Rhiàocéro« i^ommc^f iEffrayeurJ des poules , da«
cp.ilail j de Vaoibre<'^uné , du verre '^ du corail
nôi# y . dû cinabre . (< ou verrtiillon ) ,' rdès pierres
bieufs & vert 'de! mer\ des toiles tiSuès d'or &
])i;odées de couleur^ des tapisfdé mêihe façon ,
4es .étoffes d'on ; tiâb ferré , de 1 or réduit en
x^alfle douce Si jnolte pqur la^omre , de la toile
q\Aon lave .au feuc'Oiitre cela y il,y^a une autife
forte de toile d'un tiiîii très-délié:/ que quelques-
u;is apurent- être, rdffue de la laine la plus fine*
orjl brebis aquatiques , pt^ 4e la ibie des vers à
fciie (àuvîiges. ( A 1 égard des ! parfums ) , aprèl
avoir mêle enfemhle toutes foj^ces d'aromates ,
ils e.li tirent au feti un' fuc que* les ' Chinois ^p^-
pellent Suho, En général , tout ce qui fe trouve
de .précieuxi&. d'admirable dans les royaumes
étrangers fe tiriai. jde oe royaume. On y bat de la
monnoie d'or & d'argent: dixjécns d'argent va-«
lent un écu dor/ . Ils commercent par mer avec
h$ royaumes de N|;ân-ûi ( l'A^T^e^} ^ $t d&
^ .C Jl I I « T AI.!. '. iï|
!riiîen"îqhp;( ll^^^e Orientale } : ils gagnei^t às^m
ce cdminefce dix pour up. t-es gcn$ à,\x pay«
^nr Ilmples & droits; ih n*oxit pas deux piif
dbms le icaainiercje. Les grains., fe vendent *toti-
|ours chez eux ï vil prix , & il y a abondamment
.^€S fonds^pour l'utilité publique.
- Lqrfque les. Ambaffaaeur^ des royaumes voî^
lins arrivant, aux limites .de l'Empire ^ on leur
fournit desc voitures pour fe rendre à la ville
royale : y étant arrivés , w l?«r donne un qer*
-cain nombre deciis d'çr.A^®^^ P*^"*^ jeur.dc*
penfe. Les Rois de Taçin ont, touiaurs eu deffeia
<Ie communiqnf r avec ies Chinois- par A^mbafla^
deurs.; naais les Àiïyrie^is ,. qui faifoient lecom^
inerce .dela/oi^ avec Les. Chinois , fernierenî:
loigneufement je chemin d^ la Chine a.içt gen*
de Taçin., afin ^'ils n'y puflent pjénétrer. iEn%
la neuvième a^née*de Han-huanti, régnant ioiff
le titre de. Y^u^hU ( .c eft4-dire J'^aa de gîr^içç
a 66 ) ^ fe ^fn .de Taçin ,.; nommé Ngar^-iffiun^
envoya des vi4^nl)aâàdeurs qui , ayan( travec/eîa
faer au. delà du «rpyauqie Je-nah>( Çamboye )^
offrirent (i^rÊmpexeur d^ ht ^Çhine ) des dents
d'élépli^t^ 4®$ cornas, j^e Rhinocéros ^^ & d^$
écailles de tqrtue ; 6c ce fut fop^ la première foîf
^ueii ces pépies oommûniqueji^eAt avec les Çhi^
Khois, Dan^ie Mémoire où fe,,tribuc étoit enre««
giflré , jSi^ 4^n? le tribut m%n,e.^:il n'y avoit rien
ii^ f^jéçief^^ fSfi, à admirable ;, ce^ qui fit douiçer Àp^
leur rapport ( ou , comme dauti^ft le 4jfenc^
on crut qu'ils avoient dérobé le plus beau du tri-«
bujr)* (j^aeharae«-uns difont quà l'occident du
royaume de Taçin , il fe trouve auprès de la ré-.
^ipq ,q/u :SÇfid«'*j[ U Déefle ).;Si-^vani.mu , &;di4
' * Yiv ' "
fcât^ B fn Lit) 4- H * '<i[h e
lietr iix Te foleil fe couche, IVau fdîbfe & les
Tikbieï tq niants , ce qui eft dîfFërent de ce* que
ïroiis'écrivoni ici. ...:*::
^ f)iht lès tenip'sfprécédehs^ tous îes" Ambafla-
•Bciirs^ envoyés par fa xlynalHe' Hâii',^ ri 'a lioiexit
pas au de}k du royaume Ukho (* ou'^U^'Ichô yî-
"iafn) > doà'^îls.retxxurnoienc.a la' CWhe : ceft
pptir^oî ils neparvénoietupas fulqu-au royaume
9e Thiao-ehi; Voici encore' ce q'ii oh raconte :
Ofrpiiis le royatime/dç Ngàn-fii^^h mer -eft en-
W(>n|iée de la terre. Eii toiimaTrr!a*:mcr du cote
€lt feptçntrioTii V oti'ah-ire à i'occident de- la mer^
■&"dci Ilf au rôyauiiie dé'Taçin. €e royaume eft
très peupîé ; oh y ttoirve des maifons' de lieue eA
'lîeué V lès pofjles font ^tabîi^s d^ trois lieues en
troft îietïes. OÀ îîy ti'àînt'a la vérité ni larrons
W' vo'leùrs ; miis'iPy alhêauqotrp de tigres & de
fibiis^qi^i guettent fes'.' v.oyageul^ pour leurdon-
ïr*t'^ tiib(t ;'ce qui fait qije , s'ils ne voyagent ?a
odombredè cent & plus ^ munis chaton de toutes
<Ofbés d'armes ,' iJs'cîévîènnent îâ* proîè dés bétes
tferôpes/ Quclquiès-itns *difent' qit^îl. y a ûh pont
^QÎartif de quelqi^es; djiàines dé I^ùès de large,
ïîi' moyen' duquel on ^ut trà^erfet- H'^er ytti
içj Septentrion: Au ipeue, toutes les relions totf-
chartt les chofçs mervçilJeufes &"e>fffak>rdinaire5\
iiis pierres précfêttfês & les autres ënèfts de cette
i\atare qui naiffent dâtis îes^rôy^tinici étrangers,
font- la plupah faùfies ; ceft pôurqifot noui lei
ftkfibns tous filenc^. , ' - ^ ^ -
' ^ « •
. ÏNT£RPRÉT4tI0N.
' L'Abrégé hiâorique de la dynaflieVci dit
• Or t fe t» t a l'eI ^ j4J
ce tful fuit ; » Le royaume de-Tàçin cft rempli
de Bateleurs & Enchanteurs qtii- jettent des
flammes par la bouche, fe lient et fé' délient, Si
font' d'un faut douze pas ; cettai^émént léù^
àdfl^dSe n'eft pas ordinaire «. -^'^ '/
'Ejctrait du 'Chvpitré neuvième ^ fiuûle i6 des
Traditions des derniers VU*
- Le royaume de Taçin eft auffî' nommé Likieii.
La ^Ule royale- s'appelle Ngan-Jtii elle eft à
looo iieues dédiftancèôt a roccidènt du royaume
de T,hîao-chi ( c'eft peut-être l'Egypte)yun goifè
de la mer entre deux. Elle eft^*èloignéé de j9^o
lieues de Tai (ville Chinoife). Ce golfe de mer
s'étend au c^e de Tâçin de là inéme h^tniere
que le golfe deî mw^ qui eft entre* la Chii\y& la
Corée , & trej'deux gotfes' font i ràppofive Tiift
de4^aiKré , T^iA tô'itrhé vers IWiént . Vautre vers
i ûccidenr; ce qui forts douté* eft tin^ effet rat*
^nn<î deia NatuîFé. Le royaumede Tâçin a 606
itetiès en touc^^èns^; il eft (îtué eiitre deux mcrsf.
IvéS> liatûr^^i dit ^àyéfotit umé &^dr(ût4; leuri
iiiaii9f» foat'dH^ôf<^s eomthe^ (Wh eiel plein)
d'élëifes ( clcft-i-dire iV^e lé'peuple y éft notn-
l>re««, & qcie les Villes & lès bourgs font fré^
3uens ), La ville Mykie éft' diviféê tt\ clrfq villes ;
ôntichacune a une dèfài-^Iieue èh tout fèns; ainfi
la ville entière* a ûx lieues de tour. Dans la ville
(iu milieti tA^fyèéè le^palais royal: Dana chacun^
des autres quatre vitles iréfident huit Grands Oifi-
ciers ^ qbi de lï préfiflènt aux quatre parties du
royaume ; & dàhslii ville du milieu , il y a auili
hiuk tutre s <ïrands qui préfidenr aux quatre
Îille^» 4eiiX;farjph9çune. .Lpf rqufiU'agît de 4eUi
^ %^ n^ .ce: ^regarde I^^ ^M^ dft
gu.'ïtre. xjylej^i^^j^^einblent diey^nj le Roi, pouf
réfôuaré ce qii on à, ^ /aire^^ Jk-fftir?: ei^«
exécuter. Le Roi vifite le royaume' tous les trois
f^s vpouc,$'ep(n]erir des ii>o^r5*4p ^upl^*. Si
quelqu'un â^^^çftndapîfi^ ^'^P^tpar un Juge, il
s adreilè au Koi ; )e Roi remet la connoiuance
de la çauÇç (w.§ran#,(ïHi^éftli«ft# ae^« Jar-
îi<î du royauroç, Srle Jugi^.a péclp^é Jégéreliieml
ïl en eft (eu\^gRt regrî^
Ja faute eftjg^içvfi iljefii.phflie d^ i<m emploii
^ Je %)1 qr4y^^)^uffi':jjoi^9s^}^^
4ih aupre,'^B^ek3fa(pl^çs,,i : -y;,, ^ \ ]
celle. de$ Chfijpi^^ c'eft ,p«j»qw»i\e# n^xi^m
ctcaijgeresrjjjeijri, Qflt dojwà lBpnWi.4«-;ïVifil
çn toutes foçtô$,d0iiFa^r)5:> ^p;iî>A*S»^i«n
.vre. Le peHpJg leiî.imjiiftr^ip^ ^, yigUAOt, dani
î^ ci^tprft 4^^ff«r^E:4ftfc4^»S3«-foû^<VRiBr
jrouTÇ ^bof]da9Kn€[nt;^n& ^f^^^JP^ des ûii$r«^
X précieufes) d^h^îfcgfï^^'tl^^'^ àfiçco^âil ji^
des tprtues '^^41^^09 V de$4?))^«au;(ji^r%ncs \qsim
îioirs , des pk/r^ft^^lataçc^Sa 4^i^r5^es;qu^
lent la nuirdu^j^é qui rpg^r^ ftèW»J« ini^i &
i orient (lefpd-eft)^ Jls.opç:aiMQ|tt)fçce ai&eçtlii
*rumkin^ ^If PôîÇi^e^rp^nf ^ulg^^S^fij^i?^ 4e w
(ceft-à-dii:e;parje fleuvôHCpii-î^aîptiÎB )e Peg»),
arec Yi-çheju. ^ . yB«n-<^l»nii>;lfri{^%.Chi«i^^'df
la provioçe Yunf^am. lU }( ^Lji^mH^^MfVVéàà
fifùafittté ie éioki extraoràiÊiiiYt^.AYocciAent
mVa mer qui eû'otdi^titilé pài*- rapport à Taçin ,
il y a un fleuve Hjtrf^oule vers^fe fud-otreft. A*'
l^cçident dé ce fleuve il y a des'tttofntag^nes , les?
Unes bor^alei/'Jej^àlufres iuftraïes 4 à 1 occident?
rfefquelfes fe «oâte feau rouge. 4 1 ocddent i&
V^ù& rouge- # y^ a nn mont, appelé ' Mont àes^
Pierres précieufes r à roccidenfd'é ce mon€
s^eleve un autre' ment habite par Si-Vam-mu
( cVft-à^ire lîf rhere du Roi' Occidental ). Son-
palais eft de: pierres précieufes. ï *-
' En partant des li4»ires ocG^éYftales'de Ngan-i^
iii { que je Jf rois être k Syrie ;ott TAiîyrie ) , &
x^oyant Je riVage^^e la rnèr^'^dn^péut' parvenir*
àt Taçin , ap^ès avôlf fait quatre milte lieues^ &*
jî^liis de chemin. Là,' le foleil, Jaf iia^e, lés étoiles^
îfes conftellâtions pàroîffent eh même ordre &
ficuation qu'à Ja Chine, Àinfi lèi'Hiftoires pre^*
céderftes ( c'éft-à-dirô celles des Wàn ) fe lont;
bien éloignées» dé la vérité, lorfqu elles ont mar^
qfué que le lieu o& j6;fQleil fe dôticlie étoit éloi-»-'
gné de dix Ueués ( co*tige':è dW a 06 journées/);
de chemia ûu rbyaunie'de Tbiao*chi , vers Yot'^
cidënt. ■ -'■*•■ •;.'.■,■.■■..•'..
Eàe'frait du Chapitre 14Ç, page i 6 dés Tfaditiotïî-
réglées de VHiftoire de ïaDynajiiëTluim.' ^
• Le royaume de Fu-Kn eft celui-là' mèmfe tpé
1 on nommpît ândennement Tai^n. Il eft fitué
au bord de la mer occidentale ; e eft pourquoi on
r<û]>peIoit aufll Hâï-Ji ( c eft-à-dire XOccidenf -
de la mer ) : il eft à 1 occident du royaume Xen»
li a ve(s l'aquilon ( n0rd-nord*tft ) le peuple T«^
J4* B I «ni. J O T « J£ :C ^ £
kive ( Trtrcy) , oomoië Khojaa ( <m KhhaJJaa ) ;
la mer le ^aignç. à loccident , (Uôs une diftance
Àrale de Idriistifi & 4e roccident , à lendroic où
cftiicuëe la.:viÛe dç Chi-fan* 11 eft limitrophe
de la Pofu ( la Perfe ). Lf .pay^.a. jooa lieues à
chacun de fes quatre côtés : on yrcqmpte 400
▼illes â; i\n çtiiliiop^defoldats. De mille en milJe
5|a$ il y a une i^aifqn ^ âç;dç trois en trois mai*
ons ceil la po^lé. Quelques dixaioes de petirs
ipyaumcs:iu.tA>rt£?ft>wi|i*s ; -ceujic qui font venus
à noire tonnoiflance s'appellent Ç^t-fan & L^»
Jm. Le roy^tmle^'de Cee-fan eft précifëment à
1 aquilon de- l^uï^Xe r0yale> t^ous ignorons de
combiea il. en eft.diftant. Après, dett;iç cen^s lieues
de chçminVc^'S:! orient, 00 parvient au royaume
de Lurfen: L'enceinte de la' ville royale eft bâde
àt pierres s ^lle a huit lieues de tour. La pgrte
orientale a; iq toifes ( Deçemp^da ) de hauteur ;
(put le tôur;4e la porte efl. couvert don Dans
la viiJe il y. a trois palais , dpnt t(>/ites les portes
imerieure6/c>fî{t g^nëes de pierres précieufes d'une
pande bçauië. hvt centra. des portes. du milieu
dX rufpervdue uqç. grande balance d*or , fur \t
fléau de laquelle il y a une ftatue humaine d*or|
portant fur fa rête douze petits globes du même
i/fétsX , qui tQifibent d'eux-mêmes tour a tour^
d une heuVek l'autre. Les colonnes d^ ces palais
font de turquolfe ; les lambris , de criftal de roche
& de verneii'leà poutres, 4© bbis-^odoriférant ; le
liancher 04 parquet , d'or , & les portes , d'ivoire.
Douze pi'if^Gipaux Miniftres font, chargés, du
gouvernement de l'Etat. Le Roi , qpand il fort,
e^^ accompagné :d!un OjfEcier qui porte un fac
djns lequel il jefse Içs requêtes que Ton pré*
Q R' I 1 K T A t É. - }49
iéfite ta Roi. Le Roi , de rétour à fon palais ^
prend lui-même connoiiTance de$ caufe5. Quand
il furvient de erandes calamités ou des prodiges ,
on dépofe aum-tôc le Roi , & Von met le plus
fage à fa plaxre. Le bonnet du Roi reHèmble aux
ailes d'un oifeau , & il eft tout couvert de pierres
λrëcieufes : l'habit royal eft ou d*un tilTu d'or
iir foie , ou relevé en broderie de couleur. Les
pans du devant de l'habit tombent chacun de foti
cote , & l'un ne croife pas fur l'autre. Le Rot
eft aifis fur un lit de fleurs : il aâ fon c6cé mt
oifeau vert , femblable à une oie. Si les viandes
que Ton préfente au Roi font empoifonnées ^
Ipifeau jette auilî-tât un cri. Ils n'ont aucune
maifon couverte de tuiles cuites ; mais, au lieu de.
tuiles , ils fe fervent d*Éne certaine pierre blanche»
extrêmement dure & polie , comme une pierre
iirécieufe. Pendant les chaleurs, ils conduifènt
esearux, par des tuyaux cachés , jufque furie plus
haïut étage des maifons , & ils fe procurent da
vent par artifice. Les hommes ont la tête rafée,
& portent des habits ou robes brodées en coih
leur, de manière pourtant que l'épaule droite fe
trouve découverte. C eft pourquoi ils fe couvrent
les épaules d'un petit manteau. Leurs voitures
font des calèches, des chariots fit de petits chars
coaverts d'un parafol blanc : quand ils fortent de
leHrs maifons , ou qu'ils y rentrent, on éleye les
drapeaux & étendards , & on bat les tambours.
Les femmes portent des coiffures d'un tifTu d or
fur foie. Les fujets dont les biens montent à
plufieurs fois tocx)0 écus, c'efl-^à-^dire les Séna->
leurs , font Magiftrats du premier ordre.
lues gea» de ce royaume aiment le viif^ ils ft
1
I
I
plaifent ï mander du pain cuû )ufqufà ât|e àfffi^
çhé. Il j^g gr^nd nombre de Bateleiirs qui. p^tH
vent jeter du feu de leur vifage, faire couler doi
fleuves & des lacs de leurs mainl , faire fortit
des étendards & des javelots de leur bouche , &
fecouer dea perles & des pierres précieufes <Ie
leurs pieds élevés. Il y a auilî de très-habilea
Médecins qui peuvent guérir les taies des yeû%
en tirant des vers du cerveau qu*ils découvrent*
Le pays fournit abondamment de l'or , de l'ar^»
;ent y des difques qui brillent la nuit , des pierres
grillantes comme la lune ,■ de gr^nde^ coquilles ^
des conques d'albâtre » de T^^athe , du Munan 5
àes plumes bleues de pan & de martinets ( Çyp^'
Jelorum)^ &L de l'ambre jaune. Ils font, avec
|a iaine de brebis aquatiqiiçs , de la toile que
nous nommons Hai'ji--pu ^ c eft-Ȉ-^ire toile Ji
la mer d^ Occident. Il fe trouve dans la mer Tifle
de Corail. Les pêcheurs jettent de leurs. grands
navires des filets de fer juiqu au fond.de la mer,
pour enlever le corail ; au commencement le
. corail nait fur de grandes roches y il eft alors
blanc comme un champignon ; au bout d'un an
il devient rouffatre; au bout de trois ans il de*
vient rouge : fes rameaut âcfes nœuds font em«
brouillés & croifés ; il croit à la hauteur de trois
ou quatre pieds : on Tarrache radicalement avec
Je fil de fer, & quand on l'a enlevé dans le nar
vire, on le.rctire du filet. S'il nef( pas cueilli en
fon temps , il fe pourrit auiîi-tôt. Dans la met
Occidentale il y a un marché où les vendeurs &
les acheteur^ ne fe voient pas les uns les autres.
On dépofe le prix^^ cOté de ce qu'on veut
acheteit Ce iUaroié s appeUe U Marché des J^i-
\
Ont:'! m w T À.'L-ïJ ^i J51
fnbns ou J^i Génits. Au royaume ^eTaçin ii y
a un animal nommé Çati^ il eft de U grandeur
d'un chien , mais furieux , dangei^eûx & fort»
Dans la partie fepcentrionale du royaume il fe
croave un agneau qui.naic de la terre ; il eft atta-
dné k la terre par re ndmbril : fi<on lui coupé le'
fiombril; l'agneau meurt in\manqiiablement. Le»
naturels du pays , moatés fur des thevaux , armés
de toutes pièces ,- courent çà &'là en' battant desf
tambours pour l*épouv(anter. L*âgneau etfrayé
rompt lui-même fon nombrit^ & fur le champ
il cherche les pâturages & les eaux, fans pour-'
tant s'attrouper a^vec les autres^ L'an 17 dé
Chim^kua ( 643 de J. C. )^ le Roi de Taçin ^
nommé Poto-^lii , envoya ( à la Chine )des Am-
bafladeurs qui apportèrent du verre rouge &
des pierres lazuli vertes (peut-être- des éme-*
raudes ). L'Empereur ordonna qu'on leur fit des
préfens. • ' • . . . - -/ 1
Les peuples Taxe (les Arabes ) étoient deve-
nus puiilans. Le Roi ( des Arabes ) envoya le
Génëraliffinfie de fes. troupes ) nommé Moyi , por«
ter h guerre au royaume de Taçtn« Le Roi de
Fulin fit la. paix , & fe déclara auA-tôt vaâal
des Arabes. Depuîs^l'année Kien-fam ( 666 de
J. C. ) jafqu'àU'ahnée Taço(^rot ) , il vint à la
Chiné deux Ambaflades avec' des préfens. La
feptieme année de Khai-yven ( 718- de J. C. ) ,
des AmbafTadeurs de Taçin vinrent arvec le Gé^
néralif&me du royaume de Tuhôlo (royaume du
ILhotafan ) , 8k omirent à l'Empereur des lions
^des chèvres intelligentes. Du royaume de
Fulin, en traverfant les fables,- on parvient ,
après deux çeocs lieues de chemin , au royaume
1
95^ B I J X'i O T M SQ t E
4e Molin &• à celui de Laopeffii. Les pevplirs
de ces deux royaumes foot noirs & féroces ; la
terre exhale des vapeurs malignes ; elle ne pro-*
diHt ni plantes y ni arbres , ni grains ^ les chevaut
(e nourrirent de poisons , & les hommes de
humam : or Les numams font des jujubes de
Perfe ( ou des dattes ). Ces. neuples n'ont pcbii
honte de l'incefte , en auoi ils font les plus im«
pudens de tous les Barbares. Ils pregnnent euxr
mêmes le titre de Çin. Le Roi oc les fujeis fè-i
tent chaque feptieme jour, & ne font ce jour^ià
ni contrat ni commerce; ils pailènt la nuit cn^
tiere à boire enfemble. Jufquici c*eft ce que
difent les Hiftoires Chinolfes.
. J'ajoute ici quelques fables que TAuteur de
THidoire des derniers Han a rejetëes avec rai^
fon : je les tire de la Relation des royaumes
étrangers , publiée autrefois, par Kham-xi. Dans
la grande Çin , les murs des villes font de criftal
de couleur de pourpré, & les maifons font bâ-
ties de çrîAaux de toutes fortes de couleurs
( cela déiigne les marbres ). Les j^ens du pays
font induftrieux & ingénieux; ils iavent^im de
tranfmuer les métaux ; la monnoie eft par-tout
en ufage. Les maifpns des Grands ( félon le té-
moignage de Chinnan dans fa Chorographie )
font, de criftal , les murailles de verre , if. let
planchers de criftal auffi. Dàm la mer nommée
Sie 3 il y a une île appelée Siâiao. Dans cette
Ile il croit uil arbre dont Técorce senleve Thiver,
De cette écorce on fait du- fil , de ce fil on fait
de la toile, & de cette toile, d'tm tiiTu très^£ii|
on fait des ferviettes. Cette toile difere fenle-
tnent par fa couleur de k notre ^i^ qui eft iddée
O 11 I Ë N T A L Èi J 51
£&. faite avec de lortie non piquante; car elle
a moins de blancheur , & fa couleur tire un peu
fur la cendre. Lorfque les ferviettes font fales ^
on ne les nettoie pas dans l'eau ^ mais dans le
feu, d*où on les retire faines, blanches &
nettes. C'eft de là que les Chinois lès ont nom-
mées Seu-ho-huan , c*efl-à-dire toile qui. Je lavé
au feu.
La Ge'ographie univerfelle dit ce qui fuit i
» Le royaume des Pigméçs eft fîtué au fud de .
la grande Çin. Dès que ces peuples font par*»
venus à la hauteur de. trois pieds , ils s'appliquent
au labourage) & pendant qu'ils y font occupes^
ils font dans une crainte extrême d'être enlevés
6c dévorés par les grues^ Les habitans de la
grande Çin leur foUrniffent du fecours. Les Piga
mées font troglodytes, c'eft-à-dire qu'ils habitenC
des cavernes'^.
La Relation des royaumes étrangers dit * * Il
y a trois royaumes dans le Monde qui abondent
en trois chofes , chacun la fienne. Le royaume
de la Chine abonde en hommes, le royaume dé
Taçin en chofes précieufes , & le royaume de
Tayvechi, c'eft-a-dire le grand Yve-chi, c eft le
Khorafan & l'Ushek , en chevaujc. Je ferois trott
long û je voulois trarifcrire tout. Ceci doit fuf-
fîre pour que Ton puiflè , à travers toutes cel
fables , reconnoître la magnificence Romaine.
Je ne puis m'empècher d'admirer ici comment
des nations auiîî éloignées entre elles que le font
les Européens & les Chinois, & encore plus
éloignées lune & l'autre du vrai ^ aient pu sac*
corder entièrement dans le fabuleuse. Les ChifldU •
ont leurs Pigmées Qu'ils placent ^ comme aOd< §
Tome Vi %
J54 Bibliothèque
en difierens lieux. J'ai lu des HijRoires Chinoifes
qui, autant que Ton peut conjeélurer par l'iti-
néraire , les placent dans la Laponie. Ils ont
leurs Amazones , qu'ils afTurent être placées au
fleuve Thermodoon ( car ils les font voifines de
l'Empire de Conftantinople & de TAflyrie), &
même ils prétendent que le fleuve qui coule
dans leur pays, eft cette eau débile dont ils font
tant de contes fabule\ix , quoique les uns la pla-
cent d'un côté , les autres d'un autre , félon la
variété des opinions. Enfin les Chinois ont leurs
Cynocéphales dans la Tartarie orientale, & beau-
- coup d'autres chofes de ce genre femblables àax
nôtres «•
SINA & SINAI} nom de la montagne que
les Arabes appellent Thour &i Thour Sina; c'eô
le JTiont Sinaï. Les mêmes Arabes l'appellent
auffi quelquefois Sinein , qui eft le duel de Sina,
ce qui veut dire les deux Sinaï, à caufe que
cette, montagne a deux croupes féparées, fa voir,
celle de Horeb & celle de Sina.
Cette montagne , qui eft fîtuée entre l'Arabie
& la Syrie , a Ion pied fur les bords de la mer
Rouge , où il y a encore aujourd'hui une bour-
fade , nommée Thour , que nous appelons le
"hor y du nom de la montagne, & qui commu-
nique fon nom au golfe Arabique , qui eft fou-
vent nommé par les Orientaux la mer de Thor^
auffi bien que la mer de Sués, à caufe d'une autre
petite ville qui n'en eft pas éloignée, & qui eft
aujourd'hui plus confidérée que celle de Thor,
a caufe de fon port.
Le mont Sinaï eft célébré par les Mufulmans
Orientale; j55
comme la plus noble de toutes les montagnes^
fit ils ont pour elle un refpedl particulier , à
caufe de la Loi de Dieu qui y fut promulguée.
Il y a fur cette montagne un monaftere ha-
bité par des Moines Grecs , qui n'avoient autre-
fois qu'une tour bâtie auprès du buifTon ardent
de Moïfc. Ces Moines (e trouvant expofés aux
courfes des Arabes , qui mangoient chez eux tout
ce qu'ils trouvoient ae provifions, & même jus-
qu'au pain confacré de l'Euchariftie , prièrent
l'Empereur Juftinien de leur faire bâtir un mo-
naftere-bien fermé, qui les mît à l'abri des in-
fultes des Arabes. L'Empereur leur accorda leur
demande ; mais Ton dit qu'il fit mourir TArchi-
teéle qui avoit choifi ce lieu pour le monaftere ,
à caufe de la proximité du buiflbn ardent, & pour
la commodité de l'eau.
L'on a donné a ce monaftere & à la mon-
tagne même, le norh de Sainte Catherine j à
caufe d'une Tradition reçue dans le pays, que
le corps de cette Sainte y avoit été tranfporté
par les Anges.
SINA. Abou Ali Houffaïn Ben Abdallah Ben
Sina Al Scheïkh Al Reïs; c'eft le nom d'un
grand Philofliphé & Médecin que les Muful-
mans appellent ordinairement Ebn Sina j les
Juifs Arabifans Aben Sina j & nous autres Avi--
cenne, Iknaquit dansla ville de Bokhara , en la
province Tranfoxane , l'an de l'Hégire J/o, &
mourut dans la ville de Hamadan , Tan 428, à
l'âge de cinquante-huit ans.
Ben Schohnah écrit qu'Avicenne avoit étudié
dès Vâçe de dix ans les Elémens d'Euclide &
L
jjtf Bibliothèque
rAlmagefie de Ptolémée, & qu'il n*en employa
que huit à apprendre la Médecine, à lire tous
les Auteurs qutavoient écrit avant lui fur cet
Art. Mais , entre tous les Doéleurs dont il avoit
lu les Ouvrages , il ne regardoit qu'Ai Farabi
pour (on Maître. C'eft pourquoi Al Gazali , dans
Ion Livre intitulé Monkhed men aldhelal^ c'eft-
à-dire le Préfervatif de l'erreur^ accufe égale*
ment AI Farabi & £bn Sina d'être tombés dam
Timpiété , pour s'être plus attachés à fuivre les
opinions des Philofophes que les principes & les
maximes de TAIcoran. Le même Ben Schohnah
cependant dit que plusieurs Dodeurs Mufulmans
ont foutenu qu Avicenne étoit rentré fur la fin
de fa vie dans le bon chemin.
L'Auteur du Nighiariftan rapporte que HAzh*
moud , fils de Sebekteehin y premier Sultan de
la dynaftie des Gaznevides , ayant appris qu'il y
avoit à la Cour de Mamon ) Roi de Khouarezm,
plufieurs perfonnes de mérite qui étoient diftin-
guées en diverfes fortes de Sciences , parmi lef-
Ïuelles Abou Ali Ebn Sina fe trouvoit , ce
Vince eut la curiofité de les voir , & dépêcha
Î^our cet effet plufieurs Courriers à Mamon pour
e prier de les faire paiTer en Khorafan auprès
de lui. ji
Plufieurs de ces Doéleurs acquiefcerent aux
volontés du Sultan : mais Avicenne refufa tou-
jours conftamment d'aller le trouver. Il fallut
cependant qu'il quittât la Cour de Mamon , &
qu'il partît avec les autrçs : mais au lieu de
prendre la route du Khorafan , fl prit celle du
Giorgian.
Le Sultan Mahmoud ne voyant point paroltre
Orienta le. 557
a fa Cour Avicenne avec les autres, & étant Fort
irrité de fon refus , envoya des portraits crayon-^
nés de ce Philofopheen divers endroits, pour le
faire arrêter fur les chemins , en cas qu'il fût re-
connu : mais ce fut en vain ; car il étoit déjà ar--
rivé dans le caravanfera ou hôtellerie publique
de la ville de Giorgian , où il faifoit des cures
admirables.
Cabous, qui régnoît pour lors dans le pays de
Giorgian , ayant appris des nouvelles d'un in-
connu (jui exerçoit la Médecine avec tant de
fucccs, le fit appeler pour vifiter itn de fes ne-
veux qu'il aimoit extrêmement, & qui étoît poUr
lors attaqué d'une maladie qu'aucun Médecin
du pays n avoit pu connoître. Avicenne n'eut pas
plus tôt touché le pouls du malade, & confi-
déré fon urine , qu'il jugea que fa maladie étoit
caufée par un amour exceffif qu'il cachoit dans
fon cœur , & qu'il n'ofoit déclarer au Roi foa
oncle. Pour: s'en éclaircir davantage ^ pendant
qu'il étudioit ie pouls de f©n . naalàde ^ il fit ap-
peler le Concierge du pakts/^'& ie pria de lui
nommer tobsr les quartiers & tous les apparte-
mens de cette belle maifort, & il s'apperçuc,
lorfqu'il en nomma un certain en partîcuHer ^
d'une. plus grande émotion dahs fon malade , &
!$'étant fait enfuite nomjner toutes les pèrfonnes
du même appartement y le pouls du malade,. qui
entendit le nom d'une de ces pèrfonnes , fit un
battement û extraordinaire , qu* Avicenne ne
douta plus que ce ne fût l'amour de cette per-
sonne qui avoit réduit le malade k Vextréxnité oi^
il fe tcQUYoit , & dit que Timiiivie cemtidepQur
Z« • •
U]
j5* Bibliothèque
le guérir, ëtoit de lui donner la perfonne quil
aimoit.
Câbous ëtant averti de cette découverte , eut
Ja curiofité de voir le Médecin de ion neveu;
& comme il avoit reçu un de ces portraits que '
le Sultan Mahmoud avoit envoyés de tous cô-
tés, il le reconnut auflî-tôt pouf ce qu'il étoit,
& lui fit beaucoup de careffes & de préfens,
/ans. lobliger d'aller trouver le Sultan Mah-
moud.
Le même Auteur du Nighiariftan dit auffi que
ce Philofophe ayatit publié fon Livre intitulé
Ketab almanthek ^ Ouvrage de Métaphyfique &
de Logique , les Savans de la ville de Schiraz , qni
le- lurent avec beaucoup d'application, firent un
ReQiieil des difficultés ou objeélions qu'on pou-
vait propofer contre la doélrine d'Avicenne,
. &.le lui envoyèrent à Ifpahan, où il faifoit pour
lors fa réfidcnce.
^ Aboul Caflèm Kermani, qui s'étoit chargé de
le porter, n'étant arrivé dans la ville que uir le
foir, entra en coirverfacion avec . Avicenne , &
demeura avec lui affez avant dans la nuit. Avi-
cenne s'étant rétiré enfuite, prie la TeTolution de
répondre aux objeélions des Schiraziens avant
. que de prendre fon repos , & travailla tout le
* refte de la nuit avec tant d'application à cette
réponfe , qu'il la mit entre les mains d'Aboal
* Caflèm dès le lendemain de grand matin , & lui
dit agréablement, : » Je me" fuis liâié die faire
réponfe, pour ne pas faire attendre Je Courriers.
Les Doéieurs de Schiraz furent fî fatisfaits des
réponfes d*Ayicenhè à leurs objections, & telle-
Orientale. 55^;
ment furpris de la diligence a^ec laquelle il lèf
a voit faîtes , qu'ils augmentèrent la bonne opi-
nion & la haute eftime qu'ils avoient de fa ca-
pactte.
On ne trouve point ceîtç. réponfê dans la.
compilation qui.ia été faite des (Euvres d'Avis
cenne, imprimée» à Rome dans l'Imprimerie d«
Médicis. Le Traité de Logique c^mv eft compris^
paroît n'être qu'un abrégé de'.rOuvrage entier
qu'Avicenne avoit compofe fiir èejte , matière. '
Avicenne a écrit lui-même fa vie; mais le
Doéleur Giorgiani nous l'a donnée beaucoup
plus ample. Il dit qu'Ebn Sina fut fait premier
Médecin, & enfuite Vifif.de Mng'daldoulat;^
Sultan de la race des Bouides ; mais qu'il fut dé-
pouillé de la même charge, parce qu'il étoit fort
adonné au vin & aux femmes. II fut^ fur la fia
de fes jours , fort maltraité dé la fortune , &
obligé de changer fouvent de lieu ôc de demeure
pour fe mettre en fureté. Il eut auffi plufîeurs
maladies , & particulièrement la colique ; en
forte qu'un Poëce qui fit fon épitaphe , a dit
que fes Livres de Sagefle ou de Philofophie ne
lui avoient pas enfeigné les bonnes moeurs , ni
fes Livres de Médecine l'art de conferver fa
fanté.
Le grand Ouvrage d'Avicefine cft le Livre qui
porte le nom de Canoun ^ fur lequel prefque
tous les Médecins qui l'ont fuivi ont travaillé*
»
SINAN AL MAGIOUSCHI, Sinan le Mage;.
nom d'un Perfonnage qui fe fit Chef de parti dans
la province deKhorafaR, auffi- tôt qu'il eut appris
Ziiv
3t)0 Bibliothèque
que Iç Khalife Abou Giafar Al Manfor avoir
fait tuer Abou Moflem fon ami.
"irfe trouva en fort peu de temps k la tête de
cent mille hommes ^ qui faifoient prefque tous
profciîîon du Magifme, ancienne Religion des
Perfes , ou de la TenafToukhiah , SecSe d'Aboii
Moflem , qui eft proprement la Me'tempfycofe
Il battit avec fes troupes toutes les forces que les
Gouverneurs & Officiers du Khalife lui oppofe^
refit dans le Khorafan , Si, fe rendit maître de la
Ville de Hérat,
' Mais cet homme ayant eu la témérité de fe
préfentèr en bataille, avec fes troupes râmaflees ,
devant Tarmée aguerrie & difciplinée que le
Khalife Al Manfor avoit donnée à Giamhour
lîenMorad pour réduire ce rebelle à la raifon, il
fut entièrement défait, & perdit les grands tréfors
qu'Abou Moflem avoit laifles après fa mort , &
dont il s'étoit emparé.
Après cette déroute, Sinan fut contraint de
fuir dans le Thabareftan , & d'implorer la pro-
tection d'Azbeïd, Prince de ce pays-là : mais il
jr trouva fa mort; car Azbeïd lui fit couper la
tête , & l'envoya auflî-tôt au Khalife. Khonde^
mir met ccttç aélion en Tan 157 de l'Hégire.
SINAN PASCHA, Sinan BalTa; nom d'un
Général d'armée de Selim fécond du nom , Sul-
tan des Turcs, qui gagn^ une grande bataille
contre les Mamelucs a Egypte , auprès de la ville
de Gazah en Syrie, & qui fut tué dans celle
que Selim donn^ çn perfonne \ ^ ga^na contre
Tbemaw Baï, /
r
Orientale, 361
SINAN PÀSCHA, Sinan BaiTa; nom d'un
grand Vifir d'Amurat rroifieme du nom, Sultan
des Turcs, qui reprit Tunis & la Goulette fuir
les Efpagnols. Il étoit Renégat & Florentin de
nation , ou , félon quelques-uns , Milanois, de la
Maifon des Vifconti. Il fut dépofledé de fft
charge de grand Vifir, pour avoir mal réuiîî dans •
la guerre qu'il fit contre Mohammed Khoda-
h/endeh, Roi de Perfe , & pour avoir repféfenté
au Sultan fon Mairre, qu'il falloit oppofer un
Sultan à un autre Sultan , c'eft-à-dire qu'il devoit
marcher lui-même en perfonne à la tête de (ts
armées,
SINOUD & SINOD. Les Turcs fe fervent
de ce mot ^ qu'ils ont pris des Grecs, pour figni-
fier un Concile ou Synode des Chrétiens.
SOCRATH & SOCRATHIS , Socrate. Les
Arabes font ce . Philofophe le Chef de la Sede
de ceux qu'ils appellent Elahioun ou Divins j
à caufe qu'il fut le Maître de Platon , & celui-ci
d'Ariftote , qui pafTent chez eux pour être les
premiers qui ont reconnu un premier Moteur,
&L une feule Divinité qui gouverne toutes chofes.
Mohammed Al Gazali , dans, fon Livre intitulé
Monhed aldhalal , a cru que ces Philofophes ,
auffi bien que les Docteurs Mufulmàns qui les
ont fuivis , comme Al Fariabi Ebn Bagiah , Ebn
Rofchd, Ebn Sina , que nous appelons ordinai-
rement Al Farabius Av^n Pace^ Averroes &
Avicenne j ont eu des principes fort contraires à
ceux du Mufulmanifme.
Khondemir ^ rAttteur du Xebùrikh écrivent ,
j6i BiBLIOTHEQUX
?ue Socrate étoit contemporain de Giamasb Al
Iakim ^.Giamasb le Sage 6u le Phîlofophe , frère
de Lohorasb , quatrième Roi de Perfe de la fé-
conde dynaftie, dite des Caïanïdes : mais Aboul-
farage dit q^ il vivoit fous Arfes , fils d'Ocl^us ,
qui eft Ardefchir ou Artaxerxc troifieme du nom,
Roi de la même dynaftie.
«
• SOFFAR & SUFFAR. Ce mot, qui fignific
en Arabe , un Ouvrier en cuivre ou un Chau-
dronnier, eft devenu le furnom d'Aboul Caffem
Al Hanefi, Docteur de la Sefle Hanifiennci
Auteur d'un Livre intitulé OJfoul altauhid. des
Points capitaux' qui établijfent l'unité de Dieu,
C'eft auffi le iurnom d'Abou Giâfar , dit AI
SofFar, Perfonnage réputé Saint par les Muful-
mans.
Mais le plus illuftre de ceux qui ont porté le
furnom àeSqffary a été Laïthou Leïcs , qui avoit
été Chaudronnier de fa profeflion , & qui fut
père d*Iacoub & d*Amrou , & Fondateur d'une
dynaftie qui a porté le nom de Soffariens- ou
Sqffarides.'
Cette dynaftie commença , félon Khondemir
& r Auteur du Lebtarikh, Tan 259 de l'Hégire,
& n'a duré que trente -quatre ans, félon les
mêmes Auteurs, qui la font finir par Temprî-
fonnementdeThaher, troifieme Prince de cette
dynaftie, l'an' 293 de la même Hégire.
Mais Kiatibzadeh; dit Hagi Khalfah, met le
commencement de cette dynaftie Tan "148, &ft
fin l'an 305 de l'Hégire; & lui donne ainfî cin-
quante-fept ans de durée.
Ce qui eft certain , c'eft qu'elle commençi
O R I E N T A L i:. J6^J
par rextînflion de celle des Thaëhriens ou Tha-
hërides , & qu'elle a eu trois Princes qui fe
font fucceffivement fignalés dans TAfie , ayant
conquis & pofledé les provinces de Kliorafan ,
de Thabareuan & dé Segeftan , & tenu le fiége
de leur Etat dans les villes de Merou & de Nif-
chabour. n
Il cft auifi confiant que cette dynaftie fut dé-
truite par celle des Samanides, qui s'empara de
fes Etats, & qui devint encore beaucoup plus '
puiidante dans la fuite des temps : car Ifmaël
Al Samani défit Thaher, troifieme & dernier
Prince des SofFarides', le fit prifçnnier, & l'en-
voya au Khalife Modafi Biliah, dix-feptieme dc5
Abbaffides.
Ces Sôffarîdes font auflî fouvent appelés par
les Hiftoriens Orientaux Banou Ldithy les £n-
fans de Laïth»
SOFI. Ce mot fignifie proprement en Arabe
un homme vêtu de laine , & qui ne porte point
de foie fur lui , félon lorigine que quelques-àns
lui donnent de fof o\x fouf^ qui fignifie de la
laine : mais il y a plus d'apparence que ce mot
vient du Grec Sd^t^; car il fe prend chez les
Mufulmans pour un Sage ou un rhilofophe qui
vit féparé & retiré des chofes du monde , par
une e(pece de profeffion religieufe.
Le mot de Sofi fe prend en Perfc pour un
Religieux Mufulman , qui porte auflî le nom. de
Derviche , c eft-à-dire de Pauvre , ainfi qu'en
Turquie & en Perfe : les Arabes fe fervent
du mot Fakir , dans la même fignification ; •
}64 Bibliothèque
c'eft le furnom que les Sofis ou Derviches portent
dans les Indes.
Cependant lès Sofis femblent marquer un
Ordre particdlier de ces Religieux Mufulmans y
qui font profeffion d'une vie plus régulière &
plus contemolative que le confunun des Derviches.
En effet y il fe trouve beaucoup de ces gens-là qui
ont écrit des Livres de fpiritualîté, de dévotion
& de contemplation, lefquels portent en général
le titre de TeJJaouf, c eft-à-dire de la Vie /pi-
rituelle.
Les ancêtres de la race qui règne aujourd'hui
•en Perfe , tels que font Scheïkh Sefi & Scheîkh
Haïdar, ont porté le furnom de Sofi; & Schah
Ifmacl , fils de ce dernier , qui eft fortî de la
vie privée, & qui a le premier jeté les fonde-
•mexis d^ cette Djnaftie ou Monarchie , retint
ce furnom , & le faifoit appeler Ifmaïl Soft.
C*eft de là que plufieurs de nos Hiftoriens & de
nos Voyageurs donnent le nom de Sophi & de
Grand Sophi aux Rois de Perfe.
SOGD ) la Sôgde ou la Sogdiane ; c*eft le
nom que porte la plaine ou vallée au milieu de
laquelle la ville de Samarcande, capitale de la
Tranfoxàne , eft fituée ; & il n y a point de
doute que ce ne foie la Sogdiane des Anciens.
Les Orientaux difent que cette plaine ou vallée
eft un des quatre paradis , ou lieux les plus déli-
cieux du Monde , auftî bien que la plaine &.la
vallée de Damas en Syrie , qui porte le nom
de Gauihah , & ils lui donnent huit journées
d'étendue , favoir , depuis les confins de Bq-
khara jufqii'aux confins ide Bôtam ou Botom,
O R I E K T A L E, }^5
villes principales de la même province Tran^^
foxané. Ce qui rend cette plaine fi agréable ^
c eft qu elle eft de tous les côtés couverte , ou
de jardins pleins de fruits d une variété & d une
beauté admirables , ou de terres labourées & de
pâturages toujours verts, parce que fon terroir
cft par- tout arrofé d'eaux vives & courantes ^
Î[ui viennent toutes d'une rivière principale &
ort gro^Te, nommée Caï j qui coule au milieu
de cette plaine. Ajoutez à ceci un nombre in--
fini de petites villes & de bourgades qui font
toutes très-peuplées , & dont les habitans font
très - indufirieux , & foigneux de cultiver leur
terroir.
Toutes ces eaux du terroir de Samarcande, &
celles du terroir de Bokhara prennent leur fource
dans la montagne de Botom, félon Ebn Hau-
kal , & le même Auteur dit que les villes de
Debouffiah , de Cofchaniah & d'Afchtican font
fituées dans la Sogde , & qu il y a auffi une fort
groflè bourgade & très-peuplée, nommée Khof-
choufagan^ que Ton appelle en Arabe Ras' al-
cantharahy la Tête du Pont.
SOHAM ; nom d*un animal terrible que Sam
Neriman , fils de Caherman Catel , dompta , &
duquel il fe fervit comme d'un cheval de bataille
dans toutes les guerres quil fit aux Géans. Cet
anim^, qui avoit la tête femblable \ celle d un
cheval , & tout fon corps pareil à celui d'un dra*
on , dont la couleur paroiffoit être celle d'un fer
uifant, avoit huit pieds de longueur, & quatre
yeux à la tête.
Cet animal fabuleux , dont il eft beaucoup
f.
}66 BlBlTOTHEQVE
parlé dans le Thamurath Nameh , fat trouvé par
Sam dans File de Darem qu'il avoit rendue inac-
ceffible , & donna lieu de donner le furnom &
le titre de Sam Soham Souvar à ce Héros.
C'eft de ces fortes de montures des anciens
Héros de l'Orient , que nos Romans ont pris leurs
Hippogrifes & leurs Andriagues , fur lefquels
leurs Chevaliers ont exécuté & mis à fin des
entreprifes fi merveilleufes , telles qu'ils nous les
repréfentent. Et le mot di Andriagues pourroit
bien être dérivé des Eg'deha des Orientaux, qai
fienifient en leurs langues des Dragons , des
Chimères & des Pégajes.
SOHR AB ; nom du fils de Roftam ou Ruf-
tem , qui naquit de la fille du Roi de Samfegan ,
que ce Héros époufa. Roftam fon père le mena
avec lui à la guerre contre Afrafiab, Roi du Tur-
queftan , & le tua malbeureufenlent fans y
penfer. . • _
SOIOURGATMISCH; nôtn d'un Prince de
la race de Ginghizkhan , que Tamerlan établit
pour Sultan dans les provinces de Khorafan &
de Mavaralnahar, en la place du Sultan Houflàïn,
iffu de la même race , qu'il avoit fait mourir l'an
7*71 de l'Hégire.
La poftérité de Ginghizkhan avoit confervé
jufqu'alors, elle feule, le privilège de porter le
litre de Khan & de Sultan , de forte que Ta-
merlan n ofa pas prendre ce titre, tant qu'il y
eut quelqu'un de cette race en vie , & il ne te
qualifioit que Vijir ou Lieutenant-Général de
ces Princes^^ quoiqu'il fût' maître abfolu dans les
O R I ir H T À L e; J67
tats dont ils portoient feulement le titre, & ce
ne fut qu'après Yextinéïion de cette race Gîn-
gliizkhanienne, que Tamerlan prit la qualité de
Alaître & de Souverain dans les provinces Tran-
fbxanes , & autres qui dépendoient de ces Sul-
tans imaginaires. Cela arriva, par la mort de
Soïourgatmifch , qui demeura fort peu de temps
fur le trône.
SOIOURGATMISCH BEN COTHBED-
DIN j nom du cinquième Prince des Carakha-
taïens , qui port oit le titre de Sultan Gelaleddin,
auoiqu'iî dépendît d'Argoun Khan , Empereur
es Mogols. Il régna affez paifiblement environ
neuf ans dans le Kerman ;,car il avoir époufé la
filie de Mangou Tebar , fils de Holagou. Mais
«nfîn Khangiatou le dépouilla, & l'obligea de
mener une vie privée Tan 6^2 de THégire.
SOLIMAN BEN DAOUD ; Salomon , fils
de David. Le Tarikh Montekheb & la plupart
des, autres Hiftoriens Orientaux écrivent que ce
Prince monta fur le trône après la mort de fon
père , lorfqu'il n'avoit encore atteint que Tâge de
douze ans , & que Dieu foumit à fon Empire
non feulement les hommes , mais encore les ef-
prits bons & mauvais, les oifeaux & les vents ,
& qu'il employa fept années"^ entières à bâtir le
temple de Jérufalem- Le même Auteur le fait
contemporain de Caïcaous , fécond Roi de Perfe,
de la dynaftie appelée des Caïaniens ou Caïanides.
Les mêmes Hiftoriens racontent mille chofes
fabuleufes de Tanneau de Salomon , par le moyen
duquel ce Prince prenant le bain , & ayant quitte
f6S B I B L t O t H E Q tj £
cet anneau , il lui fut dérobé par une Furie m*
femalé , qui le jeta dans la men
Salomon demeurant ainfi privé de cet anneau ,
s'abftint pendant quarante jours de nc^onter fur
fon trône, comme Te trouvant dépourvu des lu-
mières qui lui étoient néceflaires pour bien gou-
verner ; mais enfin il le recouvra par le moyen
d^un poiflbn que Ton fervit fur fa table.
Il feroit ennuyeux de rapporter tout <le que
ces Hiftoriens difcnt de la magnificence du trône
de Salomon , fur lequel les oifeaux voltigeoient
inceffamment, pendant qu'il y écoitaffis,pour lui
Irrocurer de l'ombre & lui fervir de dais ou de pavil-
on ) & autour duquel il y avoit à la droite douze
mille fiéges d'or pour les Patriarches & pour les
Prophètes; & à la gauche, douze mille autres d'ar-
gent , pour les Sages & pour les Doéleurs qui
affiftoient k fes jugemens. L'on fe contentera de
rapporter ici feulement quelques circonftances
de fa vie & de fon règne, tirées de l'Alcoran &
de fes Interprètes*
L'on trouve dans le chapitre de l'Alcoran,
intitulé Anam , les paroles luivantes : Vatbàou
ma tatlou al Schiathin àla Maiek Soliman :
y^ Les Juifs ont fuivi ce que les Démons ou les
Magiciens, leurs fuppôts, ont lu & enfeigné au
temps & fous le règne de Salomon «.
Houffaïn Vaéz paraphrafe âc explique ce testte
en la manière fuivante t » Les Démons ennemis
de Salomon publièrent des Livres pleins de fu-
perftitions mêlées avec les cérémonies facrées de
la Religion & du facerdoce des Juifs , & ils firent
entendre aux ignorans , que Salomon fe fervoit
de ces Livres pouf y puifet les connoifiances
qu'il
Oriental £• ^éf^
t^ail avoît j & pour gouverner fes peuples. Salo*
mon s'étant fait apporter tous ces Livres , dont
il avoit fait faire une exaéle recherche, les en-
ferma fous la clef, dans un coffre qu'il fit enter^
rer fous fon, trône même , afin qu aucun ne 3*ea
pût fervir.
H arriva cependant, après la mort de ce Prince^
que les Démons ou lès Magiciens tirèrent ces
mêmes Livres du lieu où ils étoient , & les ré-«
pandirent parmi les Juifs , comme étant les vé-
ritables Livres que Salomon avoit compofés, ce
qui a fait croire à plufieurs , que ce fage Roi en
étoit TAuteur, & qu'il avoit été grand Magi-i
cien : mais l'Alcoran le juftific de cette calomnie^
en ajoutant ces paroles : V ma cafar Soliman v
laken Al Schiathin cafar ou ïoâllemou alnof
alfehr : » Salomon n'eu point tombé dans Tîm-»
piété i maisg^e font les' Démons & les Magi-
ciens infidèles & impies , qui ont epfeigné au3S
hommes là magie & les fortiléges ^.
Nous voyons clairement par les Commentaire^
Ae l'Alcoran , que la Clavicule de Salomon , de
laquelle Agrippa & quelques autres Auteurs des
Sciences occultes parlent , n'eft pas une inven-
tion de nos temps , & que l'empire que Salomon
a eu fur le$ Démons , félon la tradition di^s Ha-
bins ) a donné lieu aux gens fuperftitieux de
cous les fîecles fuivans , de lui attribuer ces fortes
de Livres qui enfeignenc mille fauiletés , qu'ils
prétendent pouvoir fervir à ceux qui veulénç
avoir commerce avec les puiffancçs tépébrçufei
de l'Enfer.
Moufla Ben Abi Ifmaël Ben Haffan , fur^
jiommé Al Mpujpdi ^ 440$ fçA JJ.vre inil(q]4
JquuV, Ai
^yo Bibliothèque
Omm aîmoncathàîn j rapporte une tradition ,
qui eft la douzième , en ces termes : Ma taraka
abdjcheïan men aldonia illa ataho Allah khaï-^
ran menho v afihal : y L*homme ne quitte ja-
mais aucune chofe de ce mondé en vuç de Dieu ,
que le Seigneur ne lui en rende une beaucoup
meilleure « : & il raconte fur ce fujet , que
Salomon exerçant un jour fes chevaux à la cam^
pagne , & Theure de la prière du foir étant ve-
nue , il defcendit auiE-tôt de fon cheval , & ne
voulut pas permettre que Ton employât ce
temps-là à le mener à l'ëcurie , non plus que tous
les autres \ en forte qu'il les abandonna , comme
n'ayant plus de Maîtres , & étant deftinés pour
le fervice de Dieu : c'eft ce que les Arabes ap^
pellent Rebathfifehil Allah.
Ce fut alors que Dieu , pour récompenfer ce
Prince de fa fidélité & de fon obé^/Tance ^ lui
envoya un vent doux & agréable , mais fort , qui
le porta depuis ce temps-là par-tout ou il vouloit
aller , fans qu'il eût befoin de cheval.
Salomon paiTe chez tous les Orientaux pour
avoir été je Monarque univerfel de toute la
Terre > de telle forte que ceux qui admettent des
différentes générations & révolutions de fiecles ,
dans lefquels le Monde a été peuplé & gouverné
par d'^autres créatures que les hommes avant la
création d*Adam , donnent le titre & le nom de
Soliman aux Monarques, qui lés ont commandés.
On parlera un peu plus bas de ces Solimans.
On donne à Salomon pour Vifir, comme par-
lent les Orientaux , c'eft-à-dire pour fon premier •
Miniftre d'Etat, Aflaf , duquel il eft parlé dans
les Livres Saints ; & auquel David a adreifé plu- .
Orientale, 371
fieurs de fcs Pfeauines , comme il paroît dan$
leurs titres; & Emadi, Poëte Perfîeni dit que
fon anneau tant vanté , par le moyen duquel il
gouvernoit fon Empire , n'étoit autre chôfe que
la fagefle que Dieu lui avoit donnée, dont cet
anneau étoit le fymbolé. Il y a cependant plu-
fieurs Rabins qui foutiennent que Salomon voyoit
dans la pierre enchafleé dans cette bague, toutes -
les choies qu'il défiroit favoir ; de même que le
gr^nd Pontife voyoit dans TUrim fit le Thum-
mim de ion peéloral , qui et oit auffi de deux
pierres précieufcs, ce qu'il défiroit apprendre dç
la part de Dieu.
il y a chez les Orientaux un Livre fàmedx ,
qui contient l'Hiftoire de Salomon en vers , com«
pofée par l'illuftre Poëte Perfien nommé F^r-
doujji. Cette Hiftoire porte le nom de Soliman
Nameh , & T Auteur du Caherman & du Tha-
murath Nameh la cite en plufieurs endroits de ;
fes Ecrits fabuleux , qui font plutôt des Romans
que des Hiftoires véritables. Les Perfans & les
Turcs ont plufieurs Hiftoires de Salomon ça ,
profe & en vers. Il y a un Soliman Nameh écrit
en Turc, par Ishak Btn Ibrahim Al Ufcoubi : un
autre de Saèdeddin Ben HaiTan , Précepteur de
Sultan Morad , troifiçme du nom. Ces deux Ou-
vrages font en profe : il y en a deux autres en
vers , l'un compofé par Ahmed Al Kermani > qui
mourut l'an 845 de l'Hégire , 6t l'autre par'
Schamfeddin Ahmed Al Sivaill : il y en a auâi
plufieurs en Perfien, & entre autres un qui
contient mille cinq cent foixante & onze dif«
tiques.
Tout ce que nous trouvons écrit dans les Ljivres
A a i j
17^ BlBLÏOTHlQUÏ
Orientaux , touchant les aidions merveilleufes &
Teinpire univerfei de Salomon fur les hommes
& fur les démons , a pour fondement ce que
TEcriture dit de la fa^eiTe admirable , du trône
& des richeflès de ce Monarque.
Je ne fais fur quel fondement Aboulfaragc,
Auteur Chrétien , dit que Salomon écoic de la
Se(51e d'Émpedocle , qui eft celle que les Arabes
appellent Deherit , & allègue fon Ecclëfiaftique
pour te'moignagc de ce qu'il avance : car c'eft Tac*
cufer en quelaue façon d'impiété & d*|jchéifme^
ce qui vient de ce que cet Auteur n'a pas bien
compris le fens des paroles de Salomon , que no»
Interprètes ont fort bien développé.
Cette grande puiffance & cette fagefle admi-
rable de Salomon ont donné fujet aux Orientaur
de donner fon nom à tous les grands Princes
qu'ils ont cru avoir pofledé l'Empire univerfei àp
toute la Terre j & nous voyons dans le Thah-
murath Nameh, que le Div ou Géant, nommé
jirgenk , fe plaint du Démon , qui lui avoit pro-
mis de le faire le Solimaii de fon fiecle , & qui
cependant ne lui avoit pu procurer la victoire
contre Thahmurath : & le même Argenk dit ,
entre autres reproches qu'il lui fait , qu'il lui
avoit manqué de pâirole , & qu'il ne lui avoit pas
ttris entre les mains l'anneau au Patriarche Jared^
fils de Mahalcl , cin<}uieme Soliman ou Monar-
que univerfei de la Terre depuis Adam.
Mais les rêveries de* Orientaux vont bien plus
loin; car leurs Mythologues aflurent qu'il y a eu
quarante Solimans ou Monarques univerfels de la
Terre , qui ont régné fuccfeilîvemènt pendant Je
MHrs d'un j^raiid nombre de fiecles avant la créa-
v«
O R T K H T A t «. 37l
tîon d^Adam : & Simorganka y ce Dit , quiavoit
la figure d'un oifeau , dit à Thahmurath qu'il avoit
fervi un pareil nombre de ces Solimans , que
quelques Auteurs font monter jufqu au nombre
de foixante-douze. \
Tous ces Monarques Pr^ada mites comman-
doient chacun à des créatures de ion efpece ^
qui étoient différentes de celles de lapouérité
d'Adam, quoiqu'elles fuffent raifonnables comme
les hommes , félon le rapport que Simorganka fit ^
à Thahmurath ; & ce Div ajAita qu'il en de-
■voit naître encore un autre de la lignée d'Adam ^
qui les furpafleroit tous en majefté & en puif-
fance , apxès lequel il n'en paroîtroit plus aucun
autre fur la Terre. L'on peut entrevoir dans là
fond de cette fable , quelques rayons de la vé-*
rite des prophéties qui ont marqué la venue du
Meffie.
L'on voyoit dam la galerie d'Argenk , qui
régnoit dans les montagnes de Caf au temps de
Thahmurath , les ftatues de ces foixante-aouze
Solimans I & des tableaux des créaçur^es qui leur
ëcoient foumifes, & on y remarquok par-tout
des figures fort diffemblables de celles des hom-
mes 'j car Tes uns avoient plufieurs têtes y les au«
très plufieurs bras , & quelques-uns paroiflbient
compofés de plufieurs corps : les tètes étoient
auffi fort extraordinaires ; ciar les unes reflem-
bloient à celles des éléphans y des bufles & de$
fangliers , & les autres avoient encore quelque
chofe de plus monftrueux«
Entre tous ces Soliman» ou Monarques uni-»
terfels du Monde ^r- l^s plus renommés font Soli-»^
A a iiî
374 BiSLIOTHEQUE
man Hiàc , Soliman Raad , Soliman Daki ^ SoH«
man Imlak , Soliman Schadi , Soliman Virani ,
Soliman Bottaki , Soliman Tchaghi , & enfin le
Soliman dit Gian Ben Gian^ qui rëgaa dans
le Monde immédiatement avant la création
d'Adam.
Le Caïumarratn Nameh dit que tous ces Soli-
mans poiTédoient de père en fils un bouclier ,
dont ils fe fervoient dans les guerres qu'ils fai-
foient continuellement aux Démons^ ïeurs enne-
mis capitaux. Solimaii TchagW le laîfla à Gian
Ben Gian , qu^ui fucce'da , & celui-ci le tranf-
mit à Adam , qui mourut dans Tifle de Serandib
aux Indes ; & Caïumarrath y premier Roi de
rOrient , voyageant en ces pays-là , &. Tayant
ieureufement trouvé , s'en fervit , & lé laifla de-
puis à fon fil« Houfchenk, qui lui fuccéda.
C eft ce même bouclier, dont ThahmuratB,
qui en avoit hérité, fe fervit pour combattre non
feulement les Démons , mais encore les Dives
qui étoient rcftés des générations précédentes,
& qui faifoient leur retraite dans les fameufes
montagnes de Caf , & qui lui fit remporter le
titre glorieux de Div bend^ qui fignifie le Vain"
queur & le Dompteur des Géans & des Démons.
La ville de Canoun ou Fanoun étoit la capi-
tale de ces gratids Monarques , où le Géant
HufTam dit à Caïumarrath , qu*il avoit fervi pen-
dant fa vie , qui étoit pour lors de trois mille
ans , fous trois Solimans difFérens.
On lit dans le Caherman Nameh , que Caker-
man Catel , en cherchant des aventures dans le
pays de Schadookiam , trouva une colonne de
mzxhr^ d'une grandeur & d une groâeur extraor-
Orientale. 575
clinaîre, pofée fur une bafe qui portoît une inf-
cription gravée en caractères Bialbaniques , qui
nous font prëfentement inconnus, mais que l'oil
dëchifFroit au temps de Gahentian : le fens en
ëtoit : » Je fuis Soliman Hakkî , le Monarque
de mon fiecle , qtii ai fait la guerre arec le puif-^
fant Dive ou Géant nommé Anthaloûs.
L'Hiftoire de Soliman Hakki porte que ce
Monarque ayant défait en pîufîeurs rencontres
ce Géant , qui s eîoit fouvcnt révolté contre lui ,
& layant entre fes mains , voulut le faire mou-
rir ; irais qu'il ne put jamais en venir à bout.
Il confulta là-deflus les Tacouin , qui font les
Parques ou les Fées qui règlent le deftin des
hommes , & elles lui repondirent que la victoire
entière de ce Géant étoit réfervée à un autre
Soliman de la poftérité d*Adam y lequel devoit le
ïoumettre à fon obéifTance, & le punir de mort^
en cas quil refusât de lui rendre hommage.
Il eft parlé de Soliman Tchaghi dans le litre
de Surkrajf' ; & de Soliman Ben Gian dans celui
de Gian. On ajoutera feulemem ici, que cts^ SoU-
mans avoient encore , outre le bouclier dont on
a parlé, le Tig atefch, Tépée foudroyante , &
le Gebeh , ou cuiraiTe, qui les rendoient vî<3o.-
rieux dans tous les combats qu'ils livraient aux
JDémons. •
SOLIMAN BEN ABDALMALEK , nom
du feptieme Khalife de la Race des Ommiades.
Il fut le fécond des quatre enfans d'Abdalmakk,
qui régnèrent après leur père. Il fuccéda à fou
frère aîné Valid, Tan 9^ de l'Hégire, & régna
A a iv
)70 B I B t 1 0 T K i ^ V JT
feulement deux ans & huit mois ; car il mottraf
en l'an 99 de la même Hégire.
Ben Schohnah écrit que Soliman étoit dans la
ville de Ramtah, ou Ramah, lorfqu'i] apprit la
mort de Valid fon frère , & qu'il vint âum-tôt à
Damas prendre poflef&on du Khalifat. II 4it peu
de féjour en cette ville ; car y ayant pour lors
une greffe guerre ouverte entre les Knalîfcs &
les Grecs ^ il fit marcher incontinent fon armée à
Mag' Dabek , & envoya de là fon frcre , nommé
JMcJlemah^ attaquer la ville de Conilantinople,
qui demeura aiCégée jufqu'à fa mort.
Ebn Aroid écrit, dans fon Hiftoire, qne l'Em-
pereur Philippe , il veut dire Phiîippique., qui ^
ctoit Maronite , c'eft-à-dire Monornelite , ré-
gnoit du temps de ce Khalife , & ainfî Gonftanti^
nople auroit été affiégée fous fon règne. Cepen-
dant ce ne fut que fous TEmpire d'Artemius que
Moflemah fit ce fiége.
Khondemir dit que ce Khalife charma tout le
îrionde par fon éloquence , dans la première ha-
rangue qu'il fit après fon élévation au Khalifat^
& qu*it mit dans toutes les provinces de bons
Gouverneurs à la place de ceux que Valid foa
frère avoit établis, qui ne refpiroient tous que
le fang & Toppreffion des peuples. Ce fut auffi
fous Je Khalifat de ce Prince , qu'Iezid fils de
Mahaleb , un des plus grands Capitaines du Mu-
fulmanifme, conquit les provinces de Giore;ian
& de Thabareftan , qui font proprement rtiyf-»
canie des Anciens.
Soliman porta quelque temps le furnom
i^Abou Aïoub^ parce qu'il étoit père dun fils
quiportoit le nom diAioub ou deJ^^. Mais ce ôU
0 R î ï w T A i :«; 57f
^tantmort avant lui^ on lui donna quelqae temp»
après , à la place de ce furnom , le glorieux titre
de Meftah alkhaïr^ qui fignifie la clef du bien
ou de la bonté , à caufe quii avoit ouvert,
pendant fon règne , les portes des prifons à
tous les mifërables , & fait du bien à tous Tes
fujets.
Maïs une des plus belles acSlions & des plus
utiles à TEtat que fit Soliman avant fa mort, fut
de déclarer pour fon fuccefîeur Omar Ben Ab-
dalâziz , le meilleur Prince & le plus faint dVntri
tous les Khalifes. Cette déclaration fe fit en la
manière fuivante.
Soliman étant au Ut de la mort y fit appeler
Ragia fon Vifir , & lui fit écrire , que fa dernière
volonté étoit qu'Omar Ben Abdalâziz , qui
n*étoit que fon coufin-germain , lui fuccédât , à
condition néanmoins qu'il appelleroit à fa fuc-
ceâîon lèzid fils d'Abdalmalek , fon propre frère.
Après que cet écrit fut dreffé & cacheté , Soli-
man commanda à fon Vifir d*aiTèmbler les plus
grands Seigneurs de la Cour, & de leur taire
jurer qu'ils reconnoîtroient , après fa mort, celui
qui étoit marqué dans fon teftament.
Cet ordre du Khalife fut ponfluellement exé-
cuté; car tous ces Seigneurs vinrent en perfonne
au chevet de fon lit , & lui confirmèrent ce
qu'ils ivoient Juré & attefté par écrit. Omar,
fils d'Abdalaziz , qui étoit du nombre de ces Sei-
gneurs, ayant rencontré, peu de temps après,
Kagia, lui dit avec beaucoup de naïveté : » Si
. vous favcz quel eft celui que le Khalife a défigné
pour fon fucceffèur , vous pouvez me le dire ^
car je fais que la fucceâton ne me regarde pas ,
} fr* « 1
^7* Bibliothèque
& je ferois fort aife de me conjouîr avec cehi ^
fur qui elle doit tomber.
Ragia , homme prudent , s'excufa de lui révé«
1er ce fecret , & auffi-tot que le Khalife fut dé-
cédé , il fit une nouvelle aiTemblée des mêmes
Seigneurs , & leur fit réitérer le jurement qu'ils
avoient fait^ de reéonnoître pour Khalife celui
que Soliman avoit nommé dans fon papier ; &
cette cérémonie s'étant paffée fans aucune con-
tradi(3ion ou difpute , il ouvrit auffi-tôt le pa-
pier , & proclama Omar Ben Abdalaziz pour
Khalife.
Ce fut fous ce Khalife que commença la for--
tune de la -Maifon des Barmecides ; car Giaftf
Al Barmeki fut de fes principaux Confeillers , &
celui qui lui confeilla de faire battre fa monnoie
de meilleur alloi , & à plus haut titre que celle
qui avoit été battue fous le règne d'Abdalmalek
fon père 3 de forte que le meilleur or & le meil-
leur argent monnoyé qui ait eu cours depuis ce
temps-là, fut appelé Giaf arien.
Ce même Giafar ayant paru un jour devant le
Khalife Soliman , ce Prince s apperçut > par le
battement de deux pierres qu'il porcoit en guifc
de bracelets , qu'il avoit du poifon fur lui , & li
en avoit en effet dans le pommeau de fon épée;
& fur cette aventure , Habib Al Saïr Gelali ra-
conte que Soliman ayant fait voir à Giafar le
Barmecide ce bracelet dont les pierres avoient
fine vertu fi meryeilleufé , lui demanda s'il avoit
jamais rien vu ou entendu de femblable. Giafar
lui répondit que, fe trouvant à la Cour du Prince
de la ville de Nekhfcheb fur le fleuve Gihoni
il avoit vu une pierre dont la vertu lui paroiâbit
.Orientale, j79
encore plus admirable ; car ce Prince ayant laiiTé
tomber de fon doigt, dans le fleuve, une bague
où il y avoit un rubis de très-grand prix , il n en
témoigna aucun chagrin , & dit k ceux qui étoient
autour de lui, qu'ils ne s'en mifTent point en
peine , parce qu'ils la verroient bientôt à fon doigt
comme auparavant: alors ce Prince feât apporter
une caâette , où il confervoitce qu'il avoit dé plus
précieux, & en tira un joyau , fait en forme a un
poiflbn d or , qu'il fit jeter dans le même fleuve ,
& un moment après on vit reparôître fur l'eau
ce même poiflbn avec la bague que l'on croyoit
perdue.
Ce récit donna k Soliman une fi grande curio**
fité de voir ce joyau , qu'il dépêcha en même
temps un Exprès au Prince de Nekhfcheb , afin
qu'il lui envoyât ce poiflbn d'or , pour en faire
Texpérience.
Le Géographe Perfien écrit que Soliman , fils
d'Abdalmalek , bâtit la ville de Ramlah , ou
Bama en Paleffîne : mais il ne la fit que fortifier
contre les Arabes de l'Iraque , qui faifoient dès
ce temps-là de fréquentes courfes dans la Terre^
Sainte.
Voyez ta demande que ce Khalife fit à Abou
Hazem , & la réponfc de ce Scheïkh , dans le
titre d'Abou Hazem : voyez auflî dans celui
d'Omar Ben Abdalaziz , ce qu'il lui die dans un
pèlerinage de la Mecque , qu'ih firent de com-
pagnie. •
Ce Khalife mourut à Marg* Dabek, auprès de
la ville de Kennaflerin en Syrie , d'un mal de côté ,
félon quelques-uns ; & félon les autres , d'une
indigeftion ; car il étoit très-grand mangevi juf-
1
ito BlBLÎOTHEQtTK
que-U que l'on dit qu'après avoir mangé le ma^ ,
tin en fon particulier trois agneaux rôtis , il ne
laiflbit pas de diner en public & de tenir table :
il ]r en a même qui difent qu'il mangeoit jufqu'k
cent livres de viandes en un jour.
II eut pour fuccefleur Omar Bén Abdalazîx
fon coufîn germain , qui commença fon règne
Van 99 de THégire.
SOLIMAN BEN AL HAKEM ; c'eft le
nom du neveu de Hefcham II du nom , qui fe
révolta contre fon oncle , l'an 40o*de l'Hégire,
fe fit proclamer Khalife à Cordoue en Efpagne ,
& fe ht furnommer Mofiâïn BiLlah. II fit long-
temps la guerre à fon oncle , & enfin le dépof*
féda , & fut l'onzième Khalife des Omtniades
en Efpagne ; mais il fut tué enfin par Ali Ebn
Hamid , qui lui fuccéda.
Ben Schohnah appelle celui-ci Ebn Hamoui
^^ Ebn Hamoudakj & dit, que ce Perfonnage
prétendoit dcfcendre en ligne droite d'Ali , m
côté de Haifan fon fils aîné , & qu'il fit mourir
Soliman & extermina 1^ plus grande partie de
fa famille, Tan 407 de l'Hégire. Ainfi finit pour
lors, fous 'ce Khalife , la dynaflie des Ommiades
qui régnoient en Efpagne , & les Alides prirent
leur place, jufqu'en Tan 411 , auquel temps les
Ommiades remontèrent fur le tràne.
SOLIMAN BEN COTOULMISCH, so»
du Fondateur de la troifieme dynaftie des Sel-
gîucîdes , que Ton appelle les Selgiucides de
Koum, Ce Soliman écoit fils dé Gotoulmifchi
éls' dlfjcael fils de Selgiouk*
O R I E N TA L 1. 3*1
.. Hamdallah Al Meftoufi , Auteur du Tarikh
Khozideh , dit que Malek Schah > troifieme Sultan
de la première branche des Selgiucides , ayant
appris la mort de l'Empereur des Grecs , envoya
Soliman , fils de Cotoulmifch ^ faire la guerre aux
Grecs dans la Natolie.
Ce Prince y fit des conquêtes , & s y ëiablic
entièrement Tan 480 de l'Hégire , & y mourut
dans Tan 500 , après y avoir régné vingt ans,
JI laiifapour fuccefleur Daoud fon fils, qui ea
régna dix-huit.
SOLIMAN BEN KILIG'ARSLAN; c'eô
Soliman fécond du nom , cinquième Sultan de
la dynaftie des Selgiucides de Roum ou de Na-
telie. Ce Prince eut de grands démêlés avec
Gaïatheddin Caïkhofrou , fon frère : mais enfin la
pâix s'étai^t conclue entre ces deux Princes, Soli-^
man régna paifîblement Tefpace de vingt-quatre
ans , & mourut Tan 6oi de l'Hégire, Ce Sultan
porte auffi le furnom de Rocneddln : il eut pour
fucceflèur fon fils , nommé Kilig* Arjlan , &
furnommé Aneddin , qui n'étuit encore qu'ug^
citfant. .
S9LIMAN BEN CAIKHOSROU ,;nom
du dixième Sultan des Selgiucides de la troifieme
dynaftie , appelée de Roum. Il porcoic le furnom
dé Rokneddin , & avoit un frère nommé Alaed^
dm Caïcobad.
Soliman envoya fon itcrt auprès du Caan des
Mogoh y & il fut négocier avec tant d^adreffe
les affaires des Selgiucides en cette Cour , qu'il
ac^it les bonnes grâces de ce Prloce/ôc retourna
j8j Bibliothèque
auprès de Soliman fon frère avec des pouvoirs fi
amples , qu'il lui donna beaucoup de jaloufiè.
Enfin , Soliman fe voyant prefque dépouille de
toute fon autorité par Alaeddin 'Caïcobad , prit
la rcfolution de fe défaire de lui » &fubordonna
un des fiens qui 1 empoifonna.
Abaka Khan , ou Caan , Sultan des Mogols
bu Tartares , ayant appris le mauvais tour que
Soliman avoit joué à fon frère , le fit traiter de
la même manière , après qu'il eut régné vingt
ans. Sa mort arriva Tan 6^64 de l'Hégire , & il
lailTa pour fucceifeur Caïkhofrou fon fils , qui fut
confitmé dans la fucceâion par le même Abaka
Khan.
SOLIMAN , Soliman Schah ; c'eft le nom du
premier Chef & Fondateur de la Maifon des
Ottomans , qui eft fort connu par les Hifto-
riens Turcs.
Tous ces Auteurs. difênt que ce Perfonnage,
Îuils prétendent être defcendu de la famille
)guzienne , qui étoit fort illuftre parmi les Mo-
gols , partit de Mahan , ville du Khorafan , où il
«ommandoit , pour éviter la première fureur des
armes de Ginchizkhan , Tan 611 dt THégire , &
vint jufque mr rjEuphrate , pour pailer dans
TAfie-Mineure.
Ces mêmes Auteurs conviennent tous du mal-
heur qui arriva à ce Seigneur en traverfant Œu-
phrare , car il s'y noya. 11 avoit trois enfans ,
jjommés Sancou ^enghi , Ghun dogdi , & Or-
zhogrul: Les deux premiers retournèrent en Perfc
après la mort de leur père , & Orthogrul de-
meura en deçà de l'fluphrate avec fes enfans'^
O It I E If T A L 1. 58}
dôtit Othman ëtoit laîoë. C'eft celui-ci qui eft
proprement le Fondateur de la dynaftie des Oth-
manides ou Ottomans , qui ont tiré leur nonx
de lui.
Soliman Schah , félon Saêdeddin , Auteur du
Ta g' Al Taouarikh , defcendoit de Caïkhan , qui
paffa de Mahan à Akhlath , du temps de Gin-
fhizkhan. Cet Auteur dit qu'il fe noya dans ,
Euphrate vis-k-vis du château de Khaïbar ou
Giaïbar , auprès duquel il fut enterré , en un lieu
qui porte encore aujourd'hui le nom de Maiar
dhi Turk.
Le Tarikh Othmani dît que Soliman Schah
s'arrêta quelque temps dans la ville d'Arzengian
ou Erzengian en Arménie , avant que d'entrer
en Natolie; & que voulant paifer TEuphratè à
cheval en un lieu où il jcroyoit qu'il y eût un
gu.é, il le pouffa fi vigoureufement , qu'après plu-
fïeurs efforts qu'il fît , il fut enfin fubmergé.
Il y a un autre Soliman Schah , qu'Ahmed Btn
Arablchah dit avoir été un des plu^ braves & dé-
terminés Officiers de l'armée de Tamerlan»
SOLIMAN BEN ORKHAN GAZI , nom
de Soliman fils d'Orkhan , dit le Conquérant ,
fécond Sultan de la dynaftie des Othmanides,
Ce Perfonnage efl le premier des Turcs Otto-
mans qui ait paffé fur des radeaux d'Afie en
Europe.
Son premier trajet fe fit de nuit avec foixânte-
dix ou quatre-vingts des plus braves qu'il avoit
choifis dans fes troup^es, avec lefquels il furpric
la ville de Gc menik. Après cette expédition, il
en ât paffer deux cents autres ; qui furent fuivis
5*4 Bibliothèque
4 un plu3 grand nombre, & prit la ville de GaI-«
Hpoli Tan 758 de l'He'eire , & e'tablit aûifi les
premiers Turcs dans la Grèce.
Ce Prince ne jouit pas long-temps ni de fa
conquête , ni même de la vie ; car Tannée fui-
vante, qui étoit 759 de la même Hégire , il
tomba de cheval en chaiTant un lièvre, &c fe tua
deux mois avant la mort d Otkhan fon père.
Les Annales Turquefques donnent à ce Prince
la qualité de Pafcha , à caufe qu'Orkhan , fon
père , lui avoit donné le gouvernement ou Paf-
chalik , comme les Turcs l'appellent , de la ville
dlfoik ou Nicéc en Bithynie , de même que
celui de Pruffe ou de Brouflah à Amurat, fon
cadet. Soliman Pafcha étoi^ deftiné pour fuccé-^
dcr à fon'pere ; mais ne lui ayant pas furvécu,
Morad Khan Gazi , qui eft Amurat premier da
nom , fon frère puîné , devint le troifieme Sultan
de la Race Ottomane.
SOLIMAN BEN BAIAZID , Soliman, fils
de Bajazet , dit Ildirim Khan ; c'eft Soliman
premier du nom , que quelques Hiftoriens Turcs
ne mettent pas au nombre des Sultans , quoiqu'il
fût l'ainé des cinq enfans que laiffa Bajazet pre-
mier du nom , & qu'il fût reconnu par fes frères.
Il fut falué Enipereur à Andrznople, & régna
l'efpace de fept années , jufqu'à ce que fes débau-
ches furent caufe que fes troupes l'abandonnè-
rent , & que fes frères Mourfa & Mohammed
prirent chacun le titre de Sultan. Il fut tué en
fuyant par des payfans , que MouiTa fit brûler
#vec leur village entier, Tan 8i j dôTHégire.
Ce fut hx qui commença le bâtiment de la
grandi
:• 0:r-I E N T-AlL^B. J^S^
^ande mbfqoée d- Andrmopte , &.1I eut pour fuo-
ce^Teur-ibtt frt;*e Mouffa , queMdKamroed, fon
frère, qui depieuroit à Amafifr dans h Nawlie-,
ne laiifla pas^ jk>ng'>t«tnps.en rej^os. '
Ce Soliman eft ie . cinquième Sultan des Oth-
manidés, ôtMoaiTa, fon frère :; qui ne .régna
que trois an» & demi , le fixiem». Le Satan
Mohammed , qui eft le feptieme , ayant de'faft
fon frère MonCah, teâk ïéul le njahre , &rë-
Quejaupérunscooiptenfce Sulwn Mahamwaï,
aui eft Je premier du.nbni, jponr le cinquienM»
etEmpweuris Ottomfançy&.ne c«mptent.point
lès regoes.nj de Saliman; premier , ni de Mçuflà.
Cependant. Baîazet /lew p^e.» étant mort "l'an
S05 de l'Hëgire , & ne faifant commencer le
règne de Mohammed qu'en 8 1 6 . l'on voit claf-
.rement que les onze ans d'interrègne qu'il y a
entre ces deux époques , doivent être affignés
aux fept ans & quelques mois du règne de'SoH-
man, & -aux trois & demide cejuide Moxtffii.
SOLIMAN BEN ARTAK; noni d'un Prîrtàî
de la Mvfon d'Artak ou d*Qrtok, qui fcrévolta
convtt fon perë,'(S: qui fut puni de fa rebeHipîj r
car fon père lui fit arracîber les yeux & couder
la lançue, l'anode l'Hégire 515 : quelques-uns
J appellent Bïti Jhga^i Ben -AnaL^ ; *
, * I • >
SPLI|*AN BEN KHALED , nom dun
Vifir d •Abi>u Giafar A] Manfof , fecond Khalife
de la Race des Abbaffîde$^ a
SOLIMAN BEN HESCHAMj ceft le non!
ïwiw V, B b
586 Bibliothèque
d'un fils da Kllalife Hefckam , fils d' Abdalinft-
lek, de la Maifim des Ommiades. Il fe révolu
contre Manran Ben Mohammed , dernier Kha-
life de cette dynaftie , & alla trouver l'Iman
•Ibrahim , dé la famille d'Abbas ^ & lui préfenta
Abou Moflem , qui fut le premier & le pins
.'grand promoteur du Khalifat des Abbaffides.
SOLIMAN BEN CX)THAIR, nom dun
Perfonnage qui fut un des premiers à reconnottrç
î*Iman Ibranim, fils de Slphainmed , petit-fils
d'Abbas, pour le .feul , véritable & légitime
Iman du Mufulmanifme , & qui lui fournit , con'*
jointement avec quelques-uns de fes :amis , de
'grandes fommes <te deniers , & àts meubles
précieux.
- SOLIMAN BEN GIAN, nom àuh Monar-
que Préadamite. -
• ' SOLIMAN BOUAKI, nom d'un Monarque
Pr^ad^inice.
» < «
SOLIMAN DAKI , nom d'un Monarque
Préadamite.
SOLIMAN KHAN BEN SELIM KHANj
c'eft le grand Soliman , qui eft le premier ou le
fécond du nom, Telbn les divers leritimens des
Hiftôriens , dont on a parlé dans le titre de
' Soliman Ben Baiazid»
Ce Prince naquit Tan 900 de l'Hégire , qui eft
Je commencement dti dixième âecle de TEre
Or I e n t a l e. • 3 87
Mahomëtane , & les Nlufulmaiis remarquent
fuT le fujet de fa naiflânce , qu'il y a un Hadich
ou Tradition de leur Prophète , qui porte que
Dieu envoie > au commencement de chaque ue-
cle ^ quelque Perfonnage qui remet en vigueur
la Loi Mutulmane : Man ioJfahhUh adih alom*
mat dinha*
Il fucceda à Sultan Selim Khan , fils de Baja-
zet fon père, & commença à régner l'an. 5^26
de THégire, âgé de vingt-fept ans j & dès l'année
fuivante il marcha en Hongrie y où il prit les
Tildes de Sabas & de Belgrade dans la même
année fur Louis II , Roi de Hongrie.
. L'an 02 S-, il fe. prépara aufiégede Rhodes»
dont il te rendit maître Tannée fuivante 929 >&
cette expédition ne fut pas fi-tôt finie , qu*il re-
tourna k Conflantinople pour fe préparer à la
Î[uerre de Hongrie, qu'une fédition des Janif-w
aires l'obligea à faire plus tôt qu'il ne penfoit. .
L'an 93 ^, Soliman défit en bataille rangée
Louis II du nom , Roi de Hongrie , dans la plaine
de Mohatz , où ce jeune Roi , qui n'avoit pas.
encore atteint l'âge de vingtruti ans, étant tombé
armé , comip,e il étoit , de ion cheval dans un
marais, j fut étouffé; & Soliman ayant marché
après fa fiâoirevers Bude, capitale de cette pro^-
vince , cette ville lui ouvrit fes portes dans la
même aimée.
L'an 935, Soliman étant venu derechef en^
Hongrie^, confirma Jean de Zapoglia , Comte de
Cepufe , Prince de Tranfilvanie dans le royaume
de Hongrie. C'efl celui que les Turcs appellent
Erdel Biuii , c*efl-àrdire le Ban ou Vaivode de.
TranJitvanU y qut les Hongrois. avoient élu pouf
B b i j
))S 'Bibliothèque
Roi , contre les prétentions de l'Empereur Fçr«
^nand , £ls 4e Mazimilien & frère de Charles-
Qainc.
Ce nouveau Roi , qui fe fournit entièrement
aux volontés de Soliman , fut caufe que ce Su{«
tant s'engagea tëmërairemeht l entreprendre ,
^n la même ahnée , dans une faifbn trop avan-
cée , le ^ége de Vienne «n Autriche , que les
Turcs appellent Betch ou Fetch ■: Soliman Fat-
taqua vigoufeufement pendant vingt jours ; mais
la rigueur du froid 1 obUeea enfin d*en lever le
^ége ^ le 14 Oéïobre de fan de J. C. 1529, qui
irëpond au 935 de rHé|ire.
L an 940 9 Soliman nt venir \ Gonifantinople
Khaïi^ddin , feitieux Pirate , qui nous eft plus
connu fous le nom de Borherouffe , lequel s etoit
peu auparavant emparé d'Alger & de Tunis , &
le fit fon Capoudan Pafcha,'ceft-à-diré l'Amiral
Je fa flotte. Cet Amiral reprit , dès la même
-année , toutes les places dont les 'Chrétiens^
Vétoient emparés dans la Morée^ pendant que
^oEman faifoit la guerre en Hongrie.
L'an 941 , Soltinafl£;t la guerre ^Schah Tha-*
masb , Roi de PeflfeVpt-it le^ villes de Tauris &
4e Bagdet fur lui, & 1 dbligea de fiiir bien avant
dans ion pays , après quoi il revint fe déla&r à
Conftantinoplé Tàii 94Ï,& la même année il fit
mourir Ibrahim Pacha « fon grand VSir & ion
Lan 943 ,quieft l'an 1537 de J. C. , Charles-
Qttint prit Tunis , après afoir défait l'armée na*
vtle 4e Soliinah y conkmantîée par Khafrecldtn
Barberoufle. Mais le même Capitaine défit , I an
945 1 ^^ ^^'^^ âlEipaf ne , commandée par An-^
O Jl I E !r T A L E. ji^
été Ooria. L'an 94^ , il prit fur les EfpagnoU
Caftelnovo, dans la Dalmatîe.
L*an 94.8, Soliman étant retotirné en Hongrie ,
fecotirt Bude , que rEmpereor Ferdinand affié»^
geoit, & défait larmëe impériale ; & l'an 950^.
il prit Gran ou Strigonie , & Albe Royale.
L'an 95^9 Soliman perdit la ville de Mahadie
en Afrique) & Dorgouth, que nous appôlons.
Drasut , qui avoit fuccédé à Kfaaïreddin Barbe*
roune , mort Tan 955, fut Battu |»af André Do*
ria ; & l'an 957 , ayant tenté inutilement avee
fa flotte , commandée par Snan Pafcha , de pref>
dre la. ville de Malte , il la fit paCei? en Afri--
que , & fe fendit maître de Tripoli.
L an ^6 2 y Soliman fit aifiiéger Zigbet par AK Paf-
cha j qtû fut contraint d'en abandonner le fiége».
L'an 971, ce Sultan fit attaquer une autre rois
rifle de Malte par Pîr Ali l^afcha , Général de-
là mer, que^lon appeloit autrement Ulii£ Ali^
parce qu'il étoit Renégat Calabrois. Ce Général
prit le château de Saint-Hermès ,. appelé vulgai^
rement Saint-Elme ; mais ayant demeuré inuti-^
lement quatre mois devant la ville y, & voyant
approcher l'hiver , il fe retira honteufement avec
perte de vingt-trois mille hommes des Ciens y *&.
ne ptit faire autre chofe que de s'emparer de ïiile
de Cbio dais fon retour à Conftantinople.
L'an 97; de l'Hégire,^ Soliman repafla en Hon*-
frie, & fit lui-même en per£bnne le fiége dç
rîghet , où commandoit Nicolas , Comte de
.Serin. Il prit cette ville , quoique vaillammenc
défendue par fon Gouverneur : mais il y mou-
rut dans fon camp. Tan 974, âgé de foiàcante-qua-
torze ans ^ & la quarante-huitie^ne ou quarante^
Bhiij
j^a Bibliothèque
neuvième année de fon règne , félon les Auteurs
Turcs : mais , félon nos Hiftoriens , il mourut
l'an 156e» de Notre-Seigneur, le 4 du mois de
Septembre , âgé de foixanterfeize ans , dont il en
^voit régné quarante &. fix mois. Sa mort fut
cachée aflèz long-temps ; en force que Selim ,
fon fils , eut le temps a en être averti , &. de ve-
nir de Magniifah ou de Magnefie j dont il étoit
Sangiak , à Conftantinople.
Soliman paCe parmi les Turcs pour le plus
grand I^rince dé la Race Ottomane qu'ils aient
eu jufqu a préfent ; car , outre les vertus mili^
tàires qu'il pofledoit en un haut degré , il ëtoit
encore très-favant en Arabe , en Perfien & en
Turc : on dit même qu'il favoit aufiî le Grec ,
& qu'il avoit fait traduire plusieurs de nos Livres'
en langue Turquefque , & entre autres les Com-
mentaires de Céfar, L'Auteur de la Verfion Tur^
quefque du Livre intitulé Anouar Sehaïli y qui
lui eft dédié , dit , pour faire l'éloge de ce Sûl-p
tan : Mokhareb memalek Angarous j Mqfakker
Ge^irat Rodons , Calé calaàt Beligrad^ Fâteh
Medinat Bagdad ^ Caher Caherman Bogdan y
Cathê thogdt Afrang' v Alaman : » C eft lui
qui a faccagé & ruine la Hongrie , qui a pris par
force l'ifle de Rhodes , qui a renverfé la fortercfie
de Belgrade , emporté la ville de fttgdad , qui a
vaincu le Valaque & le Moldave , & taillé en
pièces les Rois Francs & Allemands «.
SOLIMAN KHAN BEN IBKAHIM KHAN;.
c'eft Soliman II pu III du nom , fils d'Ibrahim ,
qMi fut élevé fur le trpne après la dépofitiçn de
fpn frej-e aîné , jVIabpmçî qu-atrieRje, Il a peu
Orientale. 391
tëcu , & eut pour fucceifeur Ton autre frère ,
nommé Ahmed , fécond du nom , lequel auffi y
après un règne fort court , eut pour fuccefleur le
Sultan Muftapka II du nom , fils de Maho^
met IV , qui eft monté fur le trône dans la pré-
fiante année, qui eft l'an 1107 de rHégire, &
1695 de J,C.
r
SOLIMAN IMLAK, riom dun Monarque;
Préadamite.
SOLIMAN HIAT, nom dun des Monar-
ques Préadaraites.
SOLIMAN RAAD , nom d'un Monarc(ue
Pféadamite.
SOLIMAN SCHADI , nom d'un Monarque
IVéadaûiitç.
SOLIMAN SCHAH BEN MOHAMMED;
nom d un Sultan de la dynaftie des Selgiucides
dé riran , qui porta le furriom de Moêneddin ,
& commença à régner Tan 5 5 5 de THiégire ,
après la mort de Mohammed , fils de Mahmoud
fils de Malek Schah fon neveu. II ne régna pas
un an entier ; car Khondemir ilé lui donne tout
au plus que fix mois de règne ,' & il écrit qu'il
mourut en 556 : îl eut pour fucceflcur Arflan, /
Ben Thogrul , fumommé Aboul Modhaffcr.
SOLIMAN TCHAÇHI , nom d'yn Moiwir^
que Pré^^damite»
V
l^j Bibliothèque
SOLIMAN TCHELEBI ; c eft le nom que
portoic Soliman , £1$ aine de Baïazid Ildirim 9
pendant la vie de foo .père , âvan4^ qu'il régnât
feus le nont de Soliman ^ premier 4.\i nom.
SOLIMAN VIRANI, nom dim Monarque
^Prëadamite.
SOLOUN , nom de Solon ^ un des fepc Sages
de la Grèce. Les Arabes parlent de lui comme
d'un grand Philofophe moral , qui a compofé
plujfieurs Ouvrages remplis de maximes & de
lentences qui fervent à la conduite de la vie^ &
qui inftruifent dans la pratique de la vertu. Us
lui attribuent auiH des vers, par lefquels il excita
le courage de Tes Citoyens pour combattre vail-
lamment contre leurs ennemis.
Les mêrties Auteurs le font aïeul maternel de
Platon , & ajoutent qu'il avoit fait le voyage
d'Egypte , & qu'étant retourné à Athènes fon
pays, il fut obligé de le quitter, à cauiè de la
perfécution que lui fit un des Tyrans de cette
ville ; en forte qu'il mourut en exil âgé de quatre-
vingt-fept ans.
»
SOLTHAN. Ce mot /qui eft communia la
langue Chaldaïque & à l'Arabique , & qui fîgnifîe
Seigneur j Roi 8c Maître, eft devenu le titre
de plufîeurs Princes dans l'Afie & en Afrique,
& le nom propre auffi de quelques particuliers.
Son plurier Arabe eft Salathin ; ainfi l'on dit
Salathin Selgiouk , pojir exprimer le? Selgîucides.
On dit que Khalaf, fils d'Ahmed, Ambaffk-
dear du Khalife auprès de Mahmoud Ben Sebek«
. O Rîï E N T A.;L li ;. fj)
teghin > fut le firemier qui donna à t;e Prince le
titre.de Sclthan, qiii lui plut fi fort, qu'il le
porta toujours depuis. En eâfet,. on trouve tou-
jours ce Prince qualifié & appelé par les Hiftor
riens Solthan Mahmoud. . . , .
C'eft aui& de /ce mot qu'eft venu par corrup*-
tien celui.de Soldant Ae Soudan youe nos His-
toriens donnent aux Princes Mameluqs qui oiit
régné en Egypte; &. nous. appelons encore au-
jourd'hui rÈmpereur des Turcs, qui règne à
Conftantinople, Z^ Sultan ^ de même que l'on
donne le titre de Schak au Roi de Perfe , & de
Khan ou Khakàn aux Princes Tartares.
Ce font donc les Princes de la dynafiie des
Gaznevides, fucceâeurs de Mahmoud, qui ont
Ïorté les prentiers le titre de Sultan : car les
^rinces des dynafties précédente^, comme lés
Thahériens, les SofFafiens & les Samanides, ne
portoient que le titre à' Emir, qui fignifie Com^-
mandant; & les Princes des dynafties qui ont
fuccédé à celle des Gaznevides, tels que font les
-Selgiucides , les Khomrezmiens ; &c. :ont tous
pris la qualité de Sultan.
Les Bouides, qui ne portoienc au- commence**
ment que le titre i*Emir, prirent peu à peu auifi
celui de Sultan j qaoîqu'alors ils ne le portafiênt
pas fimulemenc & absolument, mais avec quel-
Î[iie . addition , comme Solthan aldoulat ^ qui
ignifie le Sultan de l'Etat.
SOLTHAN \ ALDOULAT ; titre ou fur-
nom du fils ain^ de Baha Aldoulat , Prince de la
^ynafiiè des Bouidès , qui étoit âls d'Adhad Al-
4oaUt.
SoIthan.Alâookt avoit deux frères , dont Tini
portoit le' no mt de Gelai Aldoalat , & tous ces
trois Princret tiennent rang dam la dynaftte des
Bouides. Il ëjcoit dans la ville d'Aragîan lorfque
fon père Bah^ Âldoulat mourut dans la Feiîe^
ou il fégnoit > & vint , aufii-tôt après qti'il eut
-reçu la nouvelle de fa mort , en la Yxiie de
:Schiraz , ^ont prendre pofTeiBon de la eba<r
roone de rerfe; ^ pour contenter fes deux fre^
res ) il envoya ^elal Aldoalat commander de ià
part dans la ville de Bafrab^ou Baâbrah , & dans
toute riraque Babylonienne ou Arabique, qui
eft la Chaldée ^ & donna auifi le gouvernement
de la province de Kermanà Mafcnraf Aldoulat ,
fon autre frère.
Mais.oe cadet ne demeura pas long- temps
dans Tobeiflance, en forte que Solthan Aldoalat,
fon frère , fut obligé de le réduire par la force
de fes arnâes à la raifon. La paix fe 6t enén
entre ces deux^ frères Tan 409 de THëgire, à
condition néanmoins que Mafchraf Aldoulat re-
tiendroit une partie, du Kerman en pleine fou-»-
veraineté, & qu*il feroit hommage & prêteront
le ferment de fidélité pour, les .autres Etats qu'il
tenoit de lui.
Cette paix ne dura cependant que )ufqu en
l'an 41 1 de l'Hégire : car la guerre fe ralluma
dans cette même anfiée entre les deux frères ,
& la paix ne put fe faire entre eux qu a con»
dition que Mafchraf Aldoulat feroit déclaré Lieu-
tenant-Général de fon frefô Solthan Aldoulat dans
riraque Arabique, fans qu'il put fe mêler en
aucune manière des affaires de 3a Perfe ni de l'A-
huaz , & que ni l'uii ni l'autre de ces deux Sut
• O R t E » T A t E. Î95
tans ne pourrait prendre pour Vifîr Ben Sahe^
lan , qui ëtoit l'auteur de leur divifion , & qui
a voit fomenté la guerre entre eux.
Cette paix ne dura pas plus lon^-temps en
fon entier q^e la précédente : "car Solthan Al-
doulat ne fut pas plus tôt entré' dans la pro««
vince d^Ahua:^ & dans la ville de Tofter » capî->
tàle du Kbouzifian , qui eft l'ancienne Sufîane ^
qu'il déclara Ebn Sanelan , qui étoit le prin*
cipal fujet de leurs différends , pour fon Vifir ;
& Mafchraf , irrité de cette infradlion du traité
qu'il avoit fait avec fon frère , prit auffî-tôt Ic^
armes, & lui fît la guerre jufqu en Tan 41 3*
Cette giierre fut fort avantageufeà Maichraf;
car enfin , par le trgité qui la finit , il demeura
feul maître abfolu de llraque Arabique, & Soir
than Aldoulat fut obligé de fe contenter de la
province de Fàrs & de celle de ,Kcrman , où il
vécut paifiblement jufqu'en Tan 41 j de THégirej^
qu'il finit fes jours dans la ville de Schiraz^ après
un règne de douze, ans & quatre mois.
L'Auteur du LebtariHb écrit, que. ce Princa
mourut Tan de l'Hégire 41 6 , ou , felôn un autre
exemplaire , Tan 414^ auflî bien que fon frère ,
que cet Auteur nomme $cbarf Aldoulat. Mais
la Chronique de cet Auteur y eft fort embrouil-
lée , p4rticuliérement dans cette dynaftie des
èouides ; ce qui pçut être arrivé par la diverïité
des exemplaires,
Solthan Aldpulat eut pour fucce^Teur Gelai
Aldoulat, fon autre^frere , qui régna jufqu'en Taa
^e IHégire 43 5 > ^y^Pt fucçédé ^u^ à fon frçrç
Mafchraf ÂWbuljt,
19^ Bibliothèque
SOLTHAN SCHAH BEN CADERD ç
c'eft le fécond Sultan de k féconde djrnaftie de»
Selgiucides nommée du Kerman j qui régna
dans la Caramanie Perfiertne , fous lautorité de
Mdlek Schab , . fon .coufin-germain , troisième
Sultan de la première dynaftie des mêmes Sel*
glucides.
Le reçne de ce Prince , félon Khondemîr, ne
fut que de deux années, étant mort Tan 467, &
Caderd fon père en 465.
Mais le Tarikh Khozideh , cité par le même
Khondemir, lui donne douze ans ae règne , qui
finit Tfin 477*
\
\ SOLTHAN SCHAH BEN IL ARSLAN;
,c*eft le quatrième Sultan des Khouarezmiens , qui
fuccéda à fon père II Arflan Tan de THégire
f 67, Il étôit en fort bas âge ; de forte que Me-
ikah Tarkhan fa mère , qui en avoit la 'tutele ^
gouvernoit abfolument fes Etats \ & l'on die que
cette PrinceiTe lavoit fait régner au préjudice
de fon frère aîné Tagafch ou Tekefch , pour pou-
voir régner elle feule fous le nom d un jeune
enfant.
' Tagafch, foii. frère aîné, qui demeuroit dans
la province de Khofafan , dont il étoit Gouver-
neur, ayant appris que fon cadet étoit monté fur
le trône par les intrigues de fa mère , au préju-
dice de fes propres droits, écrivit à fon fi-ere
une lettre qu'il lui envoya par un Exprès ^ par
laquelle il lui demandoit part dans la fucceffion
dll Arflan îeur père. Mais Soltban Schah, qui
âvoit les principale» forces de TEtat entre fe^
mains , lui fit réponfe en vers Perfiens fort f⻫
O RIE N T A L E. 59^
farons , dans leicfuels il loi difoit , ' entre autres
chofes, que l'affaire qu'ils avoiem entre eux ne
Revoit pas fè vider par des leores ni par des
€ouîTiers, mais qu& le fart dé^rai'mesladeroit
Seulement décidtr : -In^iâbé rtjifl v ttÀmeh iét^.
neàied kiter t Slcfmnjchir âouroukk kiàr ïekrouUk
koned. Ce dftfnie'r *ers fignifie à la lettre*, que
iepée à deux faces bu i deux tranchans, don^
lieroit à leur affaire là feule face qti'elle devoît
avoir, - . ^ .;-•.* . ,:^
Tagafch ayant teçu cette dépêche de la part
de fon frerë ; rComm^nda à ' un ide fes enfana
noinmié Melik Schak ^ qui âToit beailcoup d'e£^
prit , de re'pondre aufH en vers à fon oncle , di
il le fit en termes dont le fens eft ; » Vous pof»
fédez de grands^ tréfors, & taai je n'ai qu une
bonne épéé. Vous 'logez dans'ttn luperbe palais^)
& vous campez fous aes t^tes ng^âgnifiques ; pour
moi, jenaîquun cheval 6cle champ de bataille:
mais û vous ymilëz que notre' di^rénd fe ter*
mine fans gueit^e^ contràtez^voUis^dU' Kho^arezm^
& laiflêz-moi le Khcrrafan f . ' ^
Solthan Schah répliqua à fon riêveu d'une ma*^
niere qui ôta toute éfpérance à Tagâfch de poi*i
voir terminer amiftblement leiflr différend, Ceffi
poul-qtioi celuî^ci-fe prépara à la guerre , quoiqii*
le plus foible , & a]>pela k fon tecouirs le Khanl;
eu Caracathaï, c'efl^à-dire le Khàndes gràndt
Tartàrès, & lui promît , eft cas qu'il devînt maître'
da KboUarezm , ^u*il lui payeroit tous les ans ijlli^
gros tribut.' » "' ? * . ■ »*..:: m
Le Tartare envoya une puîfTante armée ai?
fecours de Tagafch, fous la conduite de fon
propre gfenlre ^ nommé Caramatà. Cette arm^.
\
J9$ B I B L I O T HîE QUE
jointe aux trpupes que Tagafch put ramafi*er ;
encra dans le Khouarezm fans reuftance Fan de
rHégiré ,^iSi^ & contraignit Solthan Schah d'à*
bandonner fon pays & de fe < réfugier^ à Nifcha^
bour, de forte qoe Tagafch fe trouva d'abord en
^ofleilîon de la couronne de (es peices. Soltban
dchab cependant. ne laiffa pa5^ avec le fecours
de fes.voiiins, 4e. continuer affez long-temps la
Suerre contre (on frère. Mais il ne. put jamais-^
epuis ce temps -là, rentrer dans le Khou&T
rezm , & il fut obligé de fe contenter de régner
(^n Kborafàn jufquen Tan 589^ quil mourut,
laiiTant Tagauh fon frère en, poâeiSon de tous
fes £tatt. .
SOiMEIRAH.; c^eft ]e nom d*une montagne
que les anciens lodiens ont ih^giné être au ron
Ueu de la terre, derrière laquelle ils croyoient
que le foleil fe cachoit lorfqu'il fe couchoit.
. Les Mufulmans groffiers , 6t..parrticuliërement
ceux qui f)e fanteat de. la Géographie que ce qui
regarde feulement leur pays , ont imaginé aufB
une autre, mi^ntagtne , à laquelle ils donnent le
nom de Çqf. Mais au lieu de la placer au.mi^
Keu de la terre, comme le^ Indie.ns , ils en font
çpmm^ une^ ^ ceinture de toiit . . Ift globe ter-
seftre, & ib.diCént fouvent, 'principalement dans
Jjeurs^Hiftoisesjfabuleufes & rojnanefques , que
Ie-fpl^il:rltar4j|jtijiu travers des ouvertures du mont
4e Caf V 4^ q^il fe cacha derrière la même
montagne ; pour exprimer fon lever & fon cou*
cher.
t kO^
30NNAH w , SUNNAH. |Ce mot Ar^he
Hgnifie proprement ce que les Hëhiein; app^H)
lent Mifchnah^ la feconoe Loi oir:ia:i*ài .otate J)
qui n'a point été écrite par le Lëgiflateur , & qui
eft feulement t!rëe de ée qu'il a^dit ba fait^ '&
eonfervée par tradition de maki: en inaiii par dieS
peirfonnes autoriféeSi. ,^'ri
Xe plurfer de ce noifn eft S&Aak-^'Suniti;^
plulieurs Docteurs Mufàlmans oAt donhé et tiifiS*
k des Ouvrages dans lefquels ils- ont ramafTé^toui
ce. qui efl; obligatoire & de précepte dans la Loi
Mululmane , quoiqu'il ne ioit pas expreflemënc
commandé dans l'Alcoran. - • * • p • 'l
Cependant il lîe faiit point confondre cette
Sonnah & ces Sonan . avec ce que les •MuTùf*^'
mans appellent Haiîth & Haundiiîf-: car les
Madith ouHaiiadîtli ne fofit qde dès récits hifto-
riques dont la tradition n eft pi^s fi aiithentiqde/
Mais, la Surinali eft.de précepte ^'cèjm^e' oh Yi
Aé]ï dît, 8c fert'de règle &* de'difci^Uhe aux
*Mufulmans. Néanmoins ces ^ de UÏ''<iH6ïes fonÊ
fouvent confondues . dans les Oiivra"*^'^ des Mk-^
Iiométans ; caf îî y en a plufienr^ qui portènï
le titre de Sonen^ ocqui ne contiennent qùeidè?
Hadilk ' - ■ i' ^ ^-^î
i«
1 . •
\ /^SpRAï|;* nbm^ue les Mufulmans donnenV
à un temple bu maifon carré y côaftruit paf
Adam au 'liw..m.éaie, où Abi;aham bâtit depùîî
le .temple dé li Mecque,
mSOUAA} 'iioa d^une^ Idole qoe.les MufùIiL
Hi^ti$ difent ^^y^t ét^ adorée dè^ .^ ^?<^ps ^^
Patriarche; N{>é av^t Je déluge / fy, ^^ la fui^
■"> 1
400 BtBXtOTBEQUE
des temps -mr les Arabes de It Tribu nommée
des Hûdeaiur.
* SOUAR; 'Ce mot Arabe eft k plurier de
Soiirat , qui fignifie Imagt & Figure. Les dure*
tiens Orientaux appellent en Arabe le cuké de9
Imac^es qui a fait tant de bruit autrefois en Orient,
SjQgioui alfouar^ & THéréfie des Iconochrftes
Enkiar al Souar.. •
^ ~*
. SOUMENAT; nom d'une ville des Indes
fituée au delà du^ fleuve Indus , fous les io6 de-
grés de longitude, & 17 de latitude fepten*
trionale.
• Cette pofition rdjpoiid juftemeijit à celle de la
ville de Vifapeur, capitale du royatime^e Decan :
car le 106 degré oe NaiEreddin & d'Ulug Beg
cft le* 1 1 6^ des Géographes, mpderfies.
La ville de Soumenat a donné le nom k ur^
frande province, qui fut^conquife Tan 410 de«
Hégire , par Mahmoud , ^Is de Sebektegbin ,
premier Sultan des^ Gazpçvides ; ^ & parce .que
ce pays étoit. rempli de cbofes jrai:es &, curieu*
fes, ce Conquérant y voulut' féjburner jpen4ant
une année entière , & l'on dit même qu'il eût
deflèin d'y. tranfporter le fiége de fon Ennpife,
2ui étoit établi dans la ville' de ' (jâznm^ ou
raznan. .
Pendant le temps que Mahmoud demeura
dans cette ville , on voulut lui faire voir ce qu'il .
y. avait de ^plus confîdérable , & pour cet effet
On le cohdujfir S-^kà. danè titi temple des In-
diens, au milieu duquel on voyoit une Idole
fufpenduè éil l'âir j & cèttaiHe il la regardoit
avec
O r' ï E ISf TA L ï. 401
avec admiration , les plus habiles de ceux qui
écoient auprès de lui , lui firent entendre que
cette Idole étoit de fer^ & que les marailles de
ce temple étant couvertes d aimant , il étoit fort
naturel que la Aatue , attirée également de tous
côtés par la vertu magnétique de ces murailles,
demeurât ainfi fufpendue en lair. Il arriva en
eflfet que le Sultan Mahmoud ayant ordonné la
démolition de ce temjple, un dé fes côrés ne fut
pas plus tôt abattu ) que 1 Idole fut brifée parle
commandement du même Sultan.
Cette Idole étoit différente de celle qui por-
toit le nom de Sanam Soumenar, ï Idole de
Soumenat ^ qui étoit l'objet de l'adoration & du
culte de tous les Indiens , qui y fai(oient de fré-
quens pèlerinages ; car celle:^.ci étoit de pierre
& d'unie énorme hauteur^ quoiqu'elle eut la
moitié du corps fous terre ; & c eft du nom de
cette Idole que la ville & la province avoient
tiré le leur , félon le rapport de Khondemir &
du Nighiariftan.
L'Auteur du Giam^alhakaïat dit que Ion fit
voir dans ce même pays au Sultan Mahmoud
une mine d'or^fi abondante ,. que ce métal pouf-
Toit hors de terre , & se'tendoît ep diverfes bran-
ches j comme s'il eût été végétal. Dans ce même
lieu , ce Sultan apprit que ^ Ja mi des rubis
iiauts en couleur , appelés vulgairement efcarbou^
des y qu'il cherchoit, ne fe trovivoiç. point dans
le continent des Indes; mais, quelle étoit dans
l'ifle de Serandib , que nous appelons aujourd'hui
Ztïlan.
• • ■ ■
Tome V. C <?
Bibliothèque
SOUR. Les Arabes appellent ainfi. la ville «le
Xyr, que les Hébreux prononcent Tfour. C'eft
une ville maritime du pays de Scham ou de Sy-
rie , que les Tables Arabiques placent fous le 68*
degré 30 minutes de longitude, & fous le ji*
degré 40 minutes de latitude feptentrionale , dans
le troifieme climat.
Cette ville fut prife par les Francs Tan 581
de VHégire , & ce fut en vain que Saladin s'ef-
força de la reprendre fur eux Tan ^83. Mais le
Sultan des Mamelucs d'Egypte 1 ayant depuis
reprife , elle fut entièrement démolie , & elle
ne s*eft point relevée de fes ruines depuis ce
temps-là,
SOUR ASRAFIL. Les Arabes appellent ainfi
la trompette de l'Ange nommé par eux AJrafilj
au fon de laquelle tous les morts doivent refluf-
citer pour paroitre au dernier Jugement.
SOURI , furnom de Sam , fils de Houflâïn ,
Fondateur de la dynaftie des Gaurides. Ils font
tous deux furnommés Ben Souri.
SOUZENI, furnom d'un Poëte Perfien,
noitimé Schamfeddin Mohammed , natif de la
ville de Samarcande , & qui tiroit fon origine de
Selman F?rfi , un des premiers compagnons &
'aflbciés de Mahomet.. Il y a néanmoins des Au-
teurs qui le font natif de la ville de Nekhfcheb,
:& qui difent qu'après avoir fait fes études dans
la ville de Bokhara , il en étoit parti pour s'éta-
J)lir daas celle de Samarcande , où il mourut ^
O K î E K T À 1 ï. 4Ô);
âe quatre-vingts ans ^ Tan 569 de FH^gîre. Ce
Poëie eft fouvent appelé Hakim Sou^eni,
Ce Poëtc avoit 1 efprit très--vif , oc étoit pajf
conféquenc très-agréable , & très-bien reçu danà
les compagnies ^ &. particulièrement dans celles
de divertiuèmens & de débauchés ; car c étoit là
principalement qu'il faifoit paroîcre Ton bel ef^
prît , auilî bien que dans les difpuces fréquentes
qu'il avoit avec ceux de fa profemon, qui donnée
rent lieu aux reparties ingénie ufes qu'il faifoit eli
vers fur le champ.
On dit que ce Poëte porta le furnom de SoUr
^eni , qui ngnifîe en Perfîen Faijeur d'aiguilles ,
à caiife qu'il apprit ce métier pour avoir plus
d'accès auprès d'une fille qu'il aimoit^ en faifant
le débit de fa marchandife : mais enfin il quitta
tous ces amufemens & fes débauches ^ pour fe
. donner entièrement a la piété , fous la conduite
de Thenaï ou Tfenaï & dlhagi , Dodeurs célè-
bres de ce témps-là.
Il commença cette nouvelle vie par le pèle-
rinage de la Mecque , qu'il ût , félon le rapport
de fon Hifterien , avec une fort grandç dévotion ,
& continua à faire pénitence de tous fes excès,
dont il a voulu dçnner un témoignage authen-
tique par un Divan ^ qui contient près de huit
mille vers , où il emploie tout ce qu'il y a de
plus pathétique & de plus touchant à pleuret
les péchés.
Uon rapporte même qu*il apparut après fa
inort à un de fes amis , & qu'il lui dit que Dieu
les lui avoit pardonnes , en vue d*un diilique qu'il
avoit compofé dans la plus grande ferveur de fa
dévotion. Il dit à Dieu dans ce diftique : » Jd
' Ccij
404 B I B 'L I Ô t M 'E\ t E
Vous préfente , Seieneur, quatre chofes qui né
fe trouvent point dans vos tréfors , le néant ,
l'indigence, fe péch^, & le regret «. Tchar tchi^
àveraeh em ïa Rabb , Kih aer Ken^'tou nijl u
Nifti , vehaget , veû:(r , ugunah vèrdenem.
Rouhi , Difciplé de ce Poëte , fit un quatrain
pour pleurer la mort de fon Maître , dans lequel
il fait allufion k fon furnoni de Sou^eni y & dit :
» Que chaque poil de hs paupières eft devena
une aiguille dans fes yeux , depuis qu'il ne le voit
plus , & chaque poil de tout fon corps une
pointe dans fa chair , depuis qu'il l'a perdu ; &
qu'enfin depuis qu'il ne le poflede plus , le Ciel
n'a pour lui que des traits de colère & de ven-
geance.
Entre les reparties ingénieufes de Souzeni , le
Defter lathaïf rapporte celle-ci : Un Poëte*,
homme Hakim Lamâï , buvant une certaine
boiflbn fort chaude avec lui , lui dit en plaifan-
tant : 9 Ces. eaux foufrées & brûlantes ( les
Mufulmans les appellent Hâmim & Gujac)
qu'on te fera boire bientôt dans TEnfer , feront
* encore beaucoup plus chaudes «. Souzeni repar-
tit aufli-tôt : )9^ Je n'aurai aldrs qu'à lire un de
tes vers , & elles devietidront aum froides que la
glace «.
Le Poëte Faclhlî , qui ëtoït fort laid de vîfage,
entrant un jour dans une aifemblée de Poètes ,
trouva Souizeni , qui avoit alors le vifage fort en-
flammé , au fujet d'une difpute qu'il avoit eue
avec un de Jfes Collègues , oc lui demanda avec
ctonnement, d'où venôit que fon vifage étôitfi
fort changé f ' Souzeni , ému d une demande fi
brusque > lui répondit : » C'eft qu auffi-tôc que
1
, O R I E N T A L I.; ifOJ
fe TOUS ai apperçu ^ le fouvenir de mes péchés
ma caufé une extrême confufion , & ma fait
toagir; & Fadhii lui demandant pourquoi le^
fouvenir de fes péchés lui étoit venu en le voyant?
y J ai craint , répliqua Souzeni , que Dieu , pour
me punir y ne me fit auifi laid que vous <i.
Gelali , autre Poëte Perfien^ qui avoit le iiez
fort long , fe plaignit un jour à Souzeni de ce
qu'il lui avoit donné dans un de fes Ouvrages le
iobriquet de Kker ferkhom Khaneh ^ VAne d&
la Cave , c*eft-à-dire l'inftrument qui fert à faire
^cfcendre les pièces de vin à la cave , que
nous appelons , par ane autre métaphore y un
Poulain , & ajouta à fa plainte y que pour lui
il n'ëtoit point vindicatif , & qu'il favoic fuppor-
tcr les injures fans reflèntiment. Souzeni lui re-
partit agréablement, que cette difpoiîtion de fon
eiprit paroiflbit aflezraux yeux de tout le monde »
puifqu'il pprtoit patiemment depuis quarante ans
un nez aufll long & auffî incotnmode que 1^
fîen ) & fit quelque temps après un quatrain fur
ce fujet : )^ Votre nez, d*une longueur déme-
furce , eft à charge à un chacun , parce que vous
voulez le mettre p^-tout fans difcrétion y & je
fais de bonne part, que, quan^ vous vous prof-
ternez , c eft moins pour fatisfaire au?' devoir de
la Religion y que pour vous décharger du poid^
de ce nez y qui vous efl devenu infupportable ^
auifi biçn qu aux autres <^
SURKHRAG*^, nom d'un Dîve ou Géant ^
Î[ui n*étoit point de la race des j^omn^es , ni de
a poftérité d'Adam : car , félon le Thamuraib
Nameh ^ il commandoit les années de Solima»
Ce )i^
4o6 Bibliothèque
Tchaghi ) qui régnoit dans le Monde avant le
temps de Gian Ben Gian , qui lui fuccéda , &
Îui régna fept mille ans , pendant que toute li
^rreétoit entre les mains des Dives ou des Ginn.
Ces Dives ou Ginn n'étoien^ point de purs
Efprits ; car ils avoient des corps , & ëtoient fu-
jets à la mort comme les hommes ; & ce fat
après la mort de Gian Ben Gian, auquel on
attribue la conftruélion des pjus anciennes pyra-
mides d Egypte , que Dieu , irrité contre ces
Dives , à caufe de leurs fréquentes rebellions,
réfolut de donner le Monde à gouverner à une
autre efpece de créatures. Il créa pour cet tStt
Adam , & commanda à ce qui refioit de ces
Dives ou Ginn dans le Monde , de fe foumet*
tre à lui.
Eblis j le Chef des Ginn , & celui que nous
appelons Lucifer , refufa de fe foumettre à Adam,
comme l'on petit voir dans fon titre particulier.
Mais Surkhrag' , duquel nous parlons , obéit à
Dieu , & rendit (on hommage à ce premier père
des hommes ] il embraffa même fa Religion &
fa Loi, & le défendit toujours contre les infultes
de ces Ginn , qui étoient par leur défobéiCance
devenus Diables , auffi bien qiiEblis leur Chef.
Après la mort d'Adam , 5épth fon fils étant
devenu le Monarque des hommes & le fouve-
rain Pontife de la Loi de Dieu , Surkhrag' , imbu
des inftrudions qu'il avoit reçues d'Adam , n'eut
pas de peine à fe ranger à fon fervice , &. à faire
profeffion de fa Religion ; & ce fut au tempsde
ce Patriarche , ^ue Caïumarrath , premier Roi de
rOrient , commença à régner dans l'Iran.
Sarkhrag , qui régnoit alors dans la montagne
Orientale. '40f
de Caf, entretint toujours bonne correfpondance
avec Caïumarrath , auiK bien qu'avec Seth , &
empêcha que fos Aijets les Dives , qui l'avoienc
fuivi , Se. qui a'étoient pas devenus Diables
comme ceux du parti d'Eblh , & qui cependant
ne valoient guère mieux, ne Us moleftaflent , ni
eux , ni leuri fujets. Il fit pTus ; car il pria Seth
de lui donner Rokhaïl , furnommé Ben Aiam >
fils d'Adam , homme grand & verfé dans toutes
fortes de Sciences , pour gouverner fous lui fes
Etats , & faire la fonoion de fon premier Minîftre.
CciT
4oS Bibliothèque
T
^
ABICOUN , mot Arabe corrompu du mot
Grec Typiccn. Ceft ainfi que les Chrétiens
Orientaux , tels qu'Ebn Batrik & autres , ap-
pellent la Règle que Mar Saba , ou Saint Sabas »
donna à fes Moines.
TABIR & TABIR ALROUI AH ; l'Expli-
cation des fonges. Les Mufulmàns font fort fu-
Ferflitieux fur le fujet des fonges; ceft pourquoi
on trouve parmi eux un grand nombre de Livres
qui traitent de leur explication.
Ils attribuent plufieurs de ces Traites aux an*
ciens Philofophes , comme à Platon , k AriAote ,
à Euclide & à Galien , & il y en a même un qui
porte le titre à'OJfoul Danialj comme fi le Pro-
phète Daniel en étoit TAuteur.
TABOUT. Ce mot Arabe fignifie propre-
ment un cofTre de bois , & fe prend dans fon
ufage le plus ordinaire, pour la bière d'un mort.
Cependant les Mufulmàns donnent auffi ce nom
k l'arche d'alliance des IfraëHtes , fabriquée par
Moïfe , à laquelle ils donnent encore un nom
plus relevé, en l'appelant fouvent Cobbat ali^a-
man , ï Arche du temps , nom par lequel ils ont
voulu traduire le mot He'breux Aron haêdat ,
qui fignifie Y Arche du témoignage ^ à caufe que
le mot Edah peut fignifier également le temps
& le te'moîgnage.
Lt^ Mufulmàns difent que cette arche fut en-
Orientale. 409
voyee toute faite de la part de Dieu à Adam , &.
qu elle avoit été tranfmife de main en main &
de Patriarches en Patriarches jufqa*à Moïfe» Ils
difent auflî que les portraits de tous les Pro-
plietes qui dévoient paroitre dans la fuite des
temps , y étoient çoniervés.
TABRIZ ^ nom d'une ville que nous appe-
lons vulgairement Tauris j capitale de la pro-
vince d'Adherbigian , qui fait partie de Tancienne
Médie. Les Tables Arabiques de Naffireddin &
d'UUig Beg lui donnent %i degrés de longitude
& 38 degrés de latitude feptentrionale.
L'on attribue la fondation de cette ville à Ze-
bcidah , femme de Haroun Al Rafchid , cin-
quième Khalife de la Race des Abbailides , qui la
fit bâtir Tan de l'Hégire 175.
L'an 244 de la même Hégire , fous le Khali-
fat de Motavakkel^ le dixième des Abbaffides^
un tremblement de terre ^ qui fut général dans
toute TAfie , la ruina prefque entièrement : mais
elle fut rétablie fous le règne du même Khalife.
Sous le règne de Caïm , vingt-fixieme .Kha-
life de la Race des Abbaffides , Ahoyi Thaher ,
célèbre Aftronome de Schiraz , fe trouvant dans
la ville de Tauris, en dreflk l'horofcope, & prédit
que le Vendredi, quatrième jour du mois nommé
S qfar ou Sefer par les Arabes , Tan 4i } de THé-
gire , entre l'heure de vêpres & celle du coucher^
un autre tremblement de terre la devoir ruinci:
entièrement.
Ce funefte accident arriva à point nommé ^
fuivant la prédiélion d'Abou Thaher, & fes habi-
ans furent enfevelis dans fes ruines au nombre
/
4IO Bibliothèque
de plus de quarante mille ; car il n*y eut que
ceux qui ea étoient fortis fur la foi de TAflro-
logue , qui échappèrent à ce grand malheur.
Le même Abou Thaher a laiiTé par écrit j
dans fon Sefer Nameh ou Itinéraire , qu'ayant
choifi, l'an 435 de l'Hégire, un temps propre
pour rebâtir cette ville , & pris lafcendant da
Icorpien pour en jeter les premiers fondemens ,
il dit aux habitans : » Je vous réponds préfen*
tement du tremblement de terre , mais non pas
de l'inondation ^. En efFet l'Auteur du Nighia-^
rifian , qui a édrit après l'an 810 de THégire »
remarque que la ville de Tauris n'avoit fouffert
jufqu'à fon temps aucun tremblement de terré
considérable depuis fon rétabliflèment de Tan
4J4 0U 455.
L'an 795 de l'Hégire, Tamerlan prit 8t fac-
cagea la ville de Tauris fur le Sultan Ahmed
Ben Scheïkh Avis , de la race & dynaftie nom-
mée Ilekhanienne , qui l'avqit abandonnée , fur
la nouvelle qu'il avoit eue que Tamerlan s'eit
approchôit.
Cette même ville fut auffi prife par Soliman y
l'an 955 de THégire, furSchah Thamasb, Roî
de Perfc, qui en avoit fait jufque-là fa ville ca-
pitale, & qui fut obligé par cette prife de tran&
férer fon fiége royal dans la ville de Cazbin.
L'aa 991 , Morad Ben Selim , qui eft Amurac
troificme , Sultan des Turcs , reprit la même
ville que Soliman avoit abandonnée , Se le Oéné-*
rai de fon armée , ' nommé Ùfman Pafcha , y fit
fortifier le château avec une fî grande diligence y
ue Mohammed Khodabendeh , TAveugle , Roi
c Perfe , après avoir battu les Turcs , ne pNt
3:
Orientale. 4x1
jamais néanmoins s'en rendre le maître , & fat
obligé de la laiiTer entre leurs mains: mais les
Perlans s'en étant rendus depuis les maîtres , y
font demeurés paifibles , en vertu des traités
qu ils ont faits avec les Turcs. Nos Voyageurs
modernes parlent fi amplement de la ville de /
Tauris dans leurs Itinéraires , qu'il n'eft pas be«
foin d en dire ici davantage.
TACALHAIM ANOUT , mot Ethiopien ;
?ui (ignifie , félon l'Interprétation des Arabes
chrétiens , Ferdous Althalouth , le Paradis de la
Trinité. Ce mot eft devenu le nom propre d un
faint Ferfonnage , Père ou Abbé aes Moines
Abiffins.
Il étoit Juif d'origine , & defcendoît , félon la
Tradition des Abimns , de Sadok , le grand Prê-
tre , qui vivoit du temps de David & de Salo-
mon , & il fe joignit avec Salamah , Evêque ^
envoyé par Saine Athanafe en Ethiopie, pour
enfeigner à ces peuples la néceilité du baptême;
car jufqu'à ce temps-là , les Ethiopiens n'avoient
pratiqué que la circoncifion.
La Vie de ce Saint fut envoyée à Gabriel,
quatre-vingt-quinzième Patriarche d'Alexandrie,
par Claudious Roi des Abiflins , & elle fe trouve
dans la Bibliothèque du Roi , n^. y ^6 , fous le
titre de Saïrat Al Ab Al Thaoubani Tacalhaï-
manout.
On fait la fête de ce Saint dans TEgHfe des*'
Cophtes en Egypte , le 24 du mois de Mefri ,
Îui correfpond au mois d'Août du Calendrier
ulien.
411 , Bibliothèque
TACASCH, TEKESCH & TOCUSCH
KHAN ; c eft le nom ou furnom d*Alaeddin Ben
Il Arflan , frère aîné de Soithan Schah.
Ce Prince eft le cinquième Sultan de la dj«
naftie des Khouarezmiens , & celui dont la va-
leur, la juftice ^ la libéralité méritèrent les éloges
que tons les Poètes lui donnèrent* Refchidi, entre
autres , lui adreiTa ce quatrain , qui efl plutôt une
inftruÂion qu'une louange ; car il Ini dit que
fon aïeul ayant , par fa Sévérité , exterminé de
feâ Etats l'in juftice , & fon nere ayant réparé,
Ear fon équité & par fa modération , routes les
rechès & refermé toutes les plaies que le règne
S recèdent avoit ouvertes, il falloit qu'il confia
érât quelle vertu il vouleit faire éclater pen-
dant le fîen , qui fût digne de la grande puif-
fance que Dieu lui avoit donnée.
L'an 3 8^ de l'Hégire , Tacafch , qui fouÔroit
impatiemment qne fon cadet occupât le trône
des Khouarezmiens , fur lequel il avoit de juftes
prétentions , comme étant l'aîné , entreprit la
conquête du Khorafan. Soithan Schah , au lieu
de s'oppofer à l'armée de fon frère , crut qu'il lai
ét.oit plus avantageux d^entrer d'un autre côté
dans la même province , & que cette diver£on
l'obligeroît à quitter fon entreprife.
Le même Soithan Schah repaya enfuite da
Khorafan en Khouarezm , & vint mettre le fiége
devant la capitale de cette province , qui s'étoic
*vdéclarée en faveur de fon frère : mais les habitans
We cette ville, qui étoît très-peuplée , s'étonnè-
rent û peu de le voir fous leurs murailles , qu'ils
tinrent toujours leurs portes ouvertes en fa pré-
fence ; de forte qu'ayant reçu aufti l'avÀ que
Oriental e. 41 j
Tacafch , fon frère , ravageoiit fous tes dehors de
la ville de Merou , qui ëcoic pour lors la capitale.
du Khorafaft, & qu'il fe prëparoit à en faire le
ûége , il quitta celui de Kbouarezm , qu'il aroic
commencé ; & prenant feulement avec lui cinq
cents cavaliers choifis encre les plus braves de
fon armée , il vint en Kkorafan , & paiTant, à la
faveur de la nuit , au milieu dé Y^ritiée de fott
frère , entra hetir eufement dans Merou : il releva
ainfî le courage des habitans, qui ëtoient dëjà
fore confiâmes *paf les attaques de Tacafch &
par fon abfence.
Tacafch ayant appris que fon frère ëtoît entré
dans Merou , leva auffi-tôt le piquet j & tourna
bride du côte de Schadbag , qu'il aâiëgea dans les
formes. Sangiar Schah , qui commandoit dans
<:ette place , fe défendit vaillamment pendant
^eux mois entiers ; mais enfin il fut obligé de
fe racheter lui & fa place , pat une grofle fomme
d'argent qu'il promit â Tacafch , lequel fe retira
en 'même temps dans le Khouarezm, & remit
fon entreprife fur le Khorafan à un temps plus
favorable.
Ce Prince ne fut pas plus tôt arifivédâns fea
Etats , qu'il envoya quelques-uns defes principaux
Officiers à Schadbag, pour traiter de la paix avec
fon frère , & pour recevoir du Gouverneur la fom-
me qui lui avoit été pronlife : iifiais Sangiar lui man-
qua de parole , & retint prifonniers les Ambaifa-
deurs , qui ne recouvrèrent leur liberté qu'ftprès
que la paix fut conclue entre les deux frètes*
Cette paix fut de peu de durée ; car dès l'an
583, Tacafch Khan ne pouvant tirer raifon ^ ni
' 4e fon frère , ni de Sangiar ^hah qui étoitfoa
414 Bibliothèque
b«au-frere , vint aifiéger de nouveau la ville & le
château de Schadbag , où Menkeli Beg , le pins
riche Seigneur du pays j fe trouvoit enfermé
avec Sangiar Schah. Tacafch mena ce âëge fore
vivement ^ de forte que ces deux Seigneurs fe
trouvant fort prefles , furent obligés davoir re-
cours à la médiation des Imans de la Se<5le d'Ali,
qui avoient pour lors une grande autorité dans
le pays , pour obtenir une bonne compofition.
Les articles de la capitulation que Tacafch
leur accorda , portoient, entre autres chofes , que
la place demeureroit en fon entier fous fon obéif-
fance , & les habitans confervés dans la poflèf-
fion de tous leurs biens & franchifes. Sangiar
Schah devoit recevoir de Tacafch, fon beau-frere^
toutes fortes de bons traitemens. Mais pour Men-
keli Beg , qui avoit confeillé à Sangiar Schah
dl'ufer envers Tacafch de mauvaife f^i , & qui
d'ailleurs n'avoit amaifé fes grands biens que par
les grandes extorfions qu'il avoit faites fur les
peuples du Khorafan, il devoit être obligé da
rendre compte du maniement des finances qu'il
avoit eu.
Cette capitulation ayant été fîgnée de part &
d'autre ) on mit auffi-tôt Menkeli Beg entre les
mains d'une Chambre de Juftice , qui fut com-
posée des /principaux Officiers du pays , & ces
. Commiflaires, après l'avoir examiné, queftionné
. & condamné à de grofles amendes , le renvoyè-
rent au jugement du fouverain Iman Fakhreddin
Ben Abdalàziz , qui le condamna à mort , en ré-
- paration du meurtre qu'il avoit autrefois commis
,en la perfonne de l'iman Abou Sâid , fon fils.
Après la prife de la ville de Schadbag , Tacafch
Or t en T Al 1; 4T5
conquît tout le pays jufqu'à la ville de Nifcha-
bour , dont il fe fendit auflî le maître. Il y éta-
blit pour Gouverneur Malek Scbah , fon fils , &
ayant pacifié toutes chofes dans le Khorafan , il
reprit la route du Khouarezm.
. L'an 588 de l'Hégire, Tacafch fut obligé de
marcher à la tête de ion armée vers Tlraque Per-
fienne , en faveur de TAtabekKezd Kizil Arflan ^
fils d'Ildighiz , qui s'étoit brouillé avec Thogruï ,
Sultan des Selgiucides : mais il ne fut pas plus
tôt arrivé dans ilraquç, qu'il trouva la paix faite
entre ces deux Princes. Cette nouvelle le furpric
fort, car il prétendoit tirer quelque avantage de
'la divifion furvènue entre eux : c'eft ce qui le
porta , afin que fon voyage ne lui fût pas entiè-
rement inutile , à, fe faifîr , en paflant , de la ville
de.Reï & du château de Tabrek , & dy laifler
des troupes fous 1^ commandement de Tamgag%
un des principaux Officiers de fon arinée , avant
que de retourner en Khoiiarezm.
L'année fuivante , Tacafch marcha derechef vers
Je Khorafan, pour terminer de noijiveaux dif-
férends qu'il avoit avec Soltan Schah , fon freré ^
au fujet des limites de leurs Etats , & il ne fut
pas plus tôt arrivé dans le territoire de la vill«
d'Abiurd , que le Gouverneur de cette place
& de toute la province de Sarakhs , qui faifoît
partie des Etats de Solthan fchah , vint au devant
de lui, lui prêta ferment de fidélité, & le porta
à faire diligence , pour furprendre fon frère avant
[u'il pût fe mettre en défenfe. Mais k nouvelle
le fa mort étant arrivée dans cette conjoncture ,
Tacafch fe rendit , fans coup férir, maître abfolu
de toute la grande province du Khorafan.
a;
4ï6 B I B L I O TU FT Q tl E
Tacafch fe trouvant ainfi en pleine {K>flè£oji
de tous les Etats que fes pères avoient pofledés ,
fous le nom & le titre des Sultans Khouarez*
miens , voulut donner le gouvernement des pro-
vinces de Sarakhs & de Merou à Mohammed
Cothbeddin , fon fils : mais Malekfchah , frère
de Mohammed , qui avoit reçu de fon père celui
de Nilchâbôur, le lui demanda, & 1 obtint en
remettant le fîen à fon frère Mohammed : nniis,
quelque temps après , Mohammed vQuIdat s'at-
tacher à là perfonne de fon père , abandonna fon
gouvernement à Malek Schah, qui devint par
cette démiflîon Gouverneur de tout le Khorafan,
fous les ordres de Tacafch.
L'an 590 le Sultan Tacafch ayant appris la
mort de Tamgag , quil avoit laiffé pour Com-
mandant dam la ville de Reï & dans le fort châ-
' teau de Tabrek , & que . Thogrul , le Selgiu-
cide, avoit , après fa mort, rompu le traité qu'ils
avoient fait enfemble, entra dans Tlraquc Per-
lîenne avec une puiflànte armée, défit le Sultan
Thogrul en bataille rangée , & joignit à fes Etats
tout ce que ce Sultan poifédoît er\ Afie. Ce fut
aînfi que finît la dynaftie des Selgiucides de
riran , par la défaite & par la mort de Thogrul
Ben Arflan, qui en fut le dernier Sultan.
Tacafch', après avoir fait cette grande con-
quête , donâa le gouvernement dlfpahan k Ki-
ligh, dit Inang ou Enbaneg' , fils de l'Atabek
Ildighiz , avec lequel il avôit toujours entretenu
Une étroite intelligence contre les Sultans SeU
glucides de l'Iran r mais il donna le gouverne-
ment de toutes les autres villes diè Ilraque, dont
Rej[ étoit pour lors la câpit<ile , à fon troifîeme
fils.
O R I E I^ T A t 1. 417
fils , nommé lounoskhan j & alla paiTer l'hi-
ver dans le Khouarezm , qu'il regardoîc toujours
comme le fiege royal de fon Empire.
Mais aufn^tôt que le printemps fut venu , quel*
ques mouvemens que le Khan de Saganak avoic
£iics dans la Tranfoxane , l'obligèrent de fe met-
tre en campagne. Ce Khan nVut pas plus tôt.
tfppris la marche de Tacafch , qu'il vint en per-
fonne au devant de lui pour obtenir la paix : le
Sultan la lui accorda à la prière des principaux
Seigneurs de fa Cour , & rfevint auflî-tôc fur fes ,
pas dans fa capitale.
Dan^Jemême temps ^ MalekSchah étant. vcmi.
à la Cour de fon père ; & ay^nt laiifé Arilah
Schah , fon âls, pour commander dans le Kho-
rafan pendant fon abfence , Sangiar Schah^ beau-*
frère du Sultan , duquel il a déjà été parlé , fol-
lidté par quelques efprits brouillons fy, féditieux,
de profiter de cette occafion, & d'occuper une
place qui fembloit être vacante par l'abfence d«
MalekSchah , entra malheure ufe ment dans une
cabale , qui tramoit une conjuration dangereufe
contre le Sultan. Mais , à peine avoit-il donné
fon confentement à ces fadtieux , que Tacafch ,
qui en avoit été averti, lui; manda de le venir
trouver en diligence.
Sangiar Schah , qui n'avoit encore rien entrer
pris , & qui par conféquexit n'appréhpndoit rien ,
obéit ponéluellement aux ordres qu'il avoit reçus
de la part- du Sultan : mais il ne fut pas plus tôt
arrivé à fa Cour, qu on lui fit perdre la vueA la
liberté y &. l'on fit avorter :par ce moyen tous fes
deiîeins. Ileftvrai queTacafoh lui rendit, quelque
temps après , fa liberté;^.à la pnere de fa foeauu: ,.
TcmcK. Dd
3
4t8 BlBLIOTREQI^K
que Sangiar Schah avoit époufée ; mais il fut
obligé de fe contenter des groiTes penfîons que
le Sultan lui faifoit payer , pour le confoler dans
fa difgrace.
Il arriva auifi prefoue dans le même temps ,
a lounos Khan , fils de Tacafch , qui comman-
oit pour lui dans Tlraque, tomba malade, &
ne pouvant trouver aucun fouWement à fon mal
dans la ville de Reï , où il faiioit fa réfidence ,
il prit la rëfolution de changer d*air , & paâk
f^our cet effet d^ns la province de Khorafan.
1 lailia , en partant ^ pour fon Lieutenant dans
cette province , Miagen , fur lequel il fe confioit
beaucoup, mais qui étoit ennemi fecret dlnang'
r Atabek , Gouverneui* dlfpahan & confident du
Sultan Tacafch.
lounos Khan ne fut pas plus tôt hors de fon
gouvernement de Tlraque , que le Khalife Naf-
1er , qui fouffroit avec peine que les Khooarez-
miens s'approchafiènt fi fort de fes Etats,' envoya
fes ordres à Ben CaiTab , fon Vifir , d entrer avec
une forte armée fur les terres dlounos khan.
L' Atabek Kiligh Inang' , qui ëtoit des meilleors
amis & des plus fidèles ferviteurs de Tacafch y
n'eut pas plus tôt iippris le mouvement de l'ar*
mée du Khalife , qu'il marcha en perfonne , &
joignit fes troupes à celles de Miagen , pour dë«
fendre Tlraque contre Tinvafion de Ben Cafilib.
Mais l'armée de l'Atabek ne fut pas plus tôt
jointe à celle des Khouarezmiens , que Miagen ,
piqué de jaloufie , fe faifit de fa perfonne & lui
fit couper la tête , qu'il envoya auffi-tôt à Ta-
cafch, en lui faifant favoir qu'il avoit été obligé
dei faire faire cette exécution ^ parce qu'il avoic
ÔitÉNtAtï. 4t^
découvert qu'il ti'ahiffbit fon parti , & qu*il étoit
d'intelligence avec le Khalife.
. Tacafch reconnut bientôt l'artifice de Miagen ,
& commença à craindre que ce General ne le
trahit lui-même : cependant il ne fit rien paroi-*
tre pour lors qui pût faire croire à Miagen qu'il
le tenoit pour fufpedl : mais il partit en grande
diligence pour venir combattre Ben CaiTab , le-
quel mourut jugement dans le temps que la
bataille fe devoit donner entre Tarmëe du Kha^.
life & celle des Khouarezmienâ*
La mort.de Ben CafTab n'empêcha pas qu'elle
ne fût donnée ; car Ton tint fa mort fi fecrete
dans l'armée du Khalife » que Tacafch même
nen eut aucun aviS; & qu'il ne l'apprit qu'après
lavoir défait ; & cette vidoîre, que Tacafch.
remporta , obligea le Khalife NafTer d'entrer en
compoiicion avec lui ^ & de le laifTer paifible
potfefleur d^ l'Iraque. Mais avant que de retirer .
les troupe» du pays ^ il voulut avoir h tête de
Ben CaiTab , qu'il envoya ert Khouarezm pouc
trophée de fa yiétoire ^ &. il dépoiféda enfuité
Miagen de fon gouvernement^ pour avoir fait
niourir fans fujet TAtabek fon ami Ce même
Miaget; ayant voulu quelque temps après remiuer .
dans llraque , on fe faifit de fa perfonne & on
liii âr paifer le refte de fa vie en prifon^
L'an de VHégire 59.3 > Malek Schaii , fiU de
Ticafcli , Gouverneur en chef de tout le Khora^
fan ^ étant mort ^ Tacafch pourvut fon autre iils
Mohammed Cothbeddin de ce gouvernement ,
' fit lui donna pour fbn- Vifîr Saéz eddin Mafibùd ,
qui fut furnommé Naiharti Al Molk > auât bien .
Ddij
^20 BlBLIOTHEQ.UE
que le fameux Vifir dç Malek Schah le Sel-
giuctde.
La viéloîre que Tacafch avoit remportée fur
Tarmée du Khalife , lui donna occafion de purger
la province d'Adherbigian d'une partie ae ces
Ifmaélîens ou Aflaflîns, qui y occupoient plu-
fieurs châteaux & places fortes : il les chaflk
d'abord du château nommé Arjlan kufchaï , &
les contraignit de fe réfugier dans celui de Calâac
Almour , qui iion leur principale forterefle ^ qu'il
né trouva pas à propos d'attaquer j & donna ,
avant que de partir, le gouvernement dé Tlraque
Perfïenne à un troifieme de fe$ enfahs , nommé
Tageddin Ali Schah. "^ ^ * •'
' Ce Sultan ayant appris depuis, que le Vifir
Nadham Almolk , qu'il avoit donné àfon fils pour
Chef de fes confeils , avoit été tué par ces mêmes
Ifmaéliens ou Aflaffins qui faifoiem leur retraite
dans le château de Tarfchiz , il envoya fes ordres
à Cothbeddin Mohammed, fon fils, Gouver-
neur du Khorafan , d'en faire le fiége *& d'exter-
nliner entièrement la race de ces hrigands ; &
Mohammed alloit k cette expédition y lorfqu'il
arriva que le vafc d'eau , duquel il fe fervbit pou^
faire fes ablutions j s'étant caffé^de lui-même , il
en tira un fi mauvais augure , qu'il fut perfuadé
que quelque grand malheur lui devoit arriver.
En effet, ce Prince apprit pre(que en même temps *
la mort de Tacafch , fon père, qui étoit mon
d'une efquinancie dans le Khouarezm , après^
avoir régné l'efpace de vingt-huit ans , félon
Khondemir.
L'Auteur du Lebtarikh lui donne :fix mois de
plus de règne ; mais l'Auteur du Nigbiuriftan ne
Orientale. 421
lui donne que dix - huit an$ en tout , parce
3u'il ne compte les années de fon règne que
epuis la mort de Soltan Schah , fon fr^re ,
avec lequel il difputa pendant ûx années entières
la fouveraineté , jufquen Tan 589 de THegire ,
dans lequel ce Prince mourut , & laifTa ainfi Ta-
cafch Monarque abfolu de TEtat des Khoua-
rezmiens*
Le même Auteur du Nighiariftan rapporte
que Tacafch étant un jour en converfation avec
Kemaleddin Ifmaël , un des plus grands Dodïeurs
& Poètes de ce temps-là , & ami intime du Sul-
tan Thogrul, qu'il avoit vaincu , il lui dit qu'il
s'étonnoit beaucoup comment ce Sultan , qui avoit
acquis une û grande réputation de bravoure ',
n'avoit pas pu foutenir le premier choc de fes
armes ? Kemaleddin lui répondit fur le champ
5ar ce diftique tiré du Schah Nameh de Fer-
ouffi : Zipijen fo'{oun boud haman btrour :
Huner àïb kerded tchon berghefcht hour : » Piaman
fut vaincu par Pigen , quoiqu'il le furpaflat en.
forces , parce que la vertu devient toujours foi-
' ble , quand la fortune l'abandonne «.
Le même Kemaleddin a fait un Poëme en^
tîer à la louange de Tacafch , & il fut fuivi Se
imité par un autre Poëte non moins célèbre ,
nommé Khacani., Ces deux Poètes , après avoir
dit que ce grand Roi avoit eu en même temps la
fortune de Feridoun & les vertus d'Alexandre
le Grand , s'adreiTent au ciel & lui^ demandent :
» Quelle efpérance pouvoit-il y avoir de trouver
un Monarque qui pût élever une auifi grande
puiffance que celle des Selgiucides y que Tacafcb
avoit renverfée par la défaite de Thogrul « l Et
DdiU
3
422 Bibliothèque
ils difent que le Ciel leur répondit : » Ne foyct
plus en peine, car voici celui que vous cherchez,
c'eft Tacafch lui-même qui portera la gloire de la
Religion & de l'Etat des Mufulmans au plus
haut point d'élévation qu elle puifle arriver. Ré-
jouiifez-vous de la bonne nouvelle que je vous
donne , le Kouarezmien a conquis les deux Ira-
?fues & le Khorafan^. Le croiflant , qui eft arboré
ur le haut de fes pavillons , a déjà reçu Thom-
inage des plus grands Princes de la Terre ; & le
tranchant de fon épée a plus fournis de peuples
ue Salumon , ce monarque univerfel , n*avqit
e fujets.
Il faut voir^ le titre de Thogrul Ben Arflan ,
dernier Sultan des Selgiucides de Tlran.
Le Sultan Tacafch , que l'on appelle encore
Tacafch Khan y mourut Tan 597 de l'Hégire,
dans un lieu nommé Tchah Arab , le Puits ^des
Arabes , fur les confins du Khouarezm , & laifia
pour fucceiffeur Cothbeddin Mohammed, fon fils,
?ue Ginghizkhan rendit un des plus malheureux
'rinces de l'Aifie ; car ce fut fous lui que la mo-
narchie des Khouarezmiens tomba ^ de même
^ue celle des Selgiucides étoit tombée fous les
armes de Tacafch , fon père.
TACASCHTEGHIN , nom d'un Prince de
la dynaftie des Atabeks de Pcrfe , qui donna
refuge & protedion à Barkiarok , Sultan de la
race des Selgiucides , contre fa belIe-merc Tar-
khan Katoufli.
TACOUIN & TECVIN. Ce mot Arabe
figpifie profjrement faire être ^ ou faire arriver ,
O R I 1 N T A L E/ 41 J
& les mêmes Arabes emploient ce mot pour ex-
5 rimer ce que les Mytnologiftes appellent les
^arques y les FéeSj les Sibylles & les Pythonif--
Jts ; & quoique les Mahomëtans ne reconnoif-
ient point les divinités fabuleufes , ni les oracles
des Païens, ils ne laiiTent pas de s'accommoder
de certaines fables fort anciennes, qui établiifent
ces Tacouin , comme des créatures qui ren-
doient autrefois des oracles , & qui fecouroient
les hommes contre les Démons.
Le Caherman Nameh , Livre qui contient
prefque toute la Mythologie des Orientaux , porte
que ces Tacouin , qui ont la forme & la figure
humaine, font douées d'une grande beauté & ont:
des ailes , de forte qu'elles font à peu près telles
que nous repréfentons les Anges. Il fait mention
d'une , entre les autres , dont le nom étoit Scha^
ma? , laquelle , avec fix autres de fes compagnes ,
avoit la garde de Sagfagan ^ ce fameux Géant à'
quatre têtes , que Caherman vainquit par le fe-
cours qu'elles lui donnèrent.
L'on trouve auffi dans le même Livre , que
Soliman Hakki , un de ces Monarques univerfels
de toute la Terre & Préadamites , dont il eft
parlé dans le titre de Soliman , confultoit fou-
vent ces Tacouin , lorfqu'il fe trouvoit dans quel-
que perplexité^, & qu'il tiroit toujours par les
oracles qu elles lui rendoient , des avis très-falu-^
taires pour fa conduite.
T AFSÏR. Ce mot Arabe, qui fignifie propre-
snent explication & éclairciflement , fe prend
ordinair-emeat par les Mufulmans^ pour un Corn-»
menuire^^fpl^Alcoran* Ils oni une infinité de
Ddix
4^4 B ï « L I O T H E <? ir E
ces Ouvrages , qui fc nomment au plurier Taf^
Jirat , & leurs Auteurs Mafferourij & en conf*
trucSlion Mofftrin.
Le Moulla Aboul Khaïr a fait un fort gros
Ouvrage, dans lequel il a rangé en diverfes ciaifes
tous ces Commentateurs , &. la intitule Tabacat
Al Mofferin.
Les principaux Auteurs de ces Commentaires
font premièrement les premiers Compagnons de
Mahomet, qui font nommés Sahaba, favoir, les
quatre premiers Khalifes , £bn Maifoûd , £bn
Abbas , Ebn Kâab, Zeïd Ben Thabetv, Abou
MouiTa Al Afchari , Abdallah Ben Giobaïr, Uns
ou Ans Ben Malek , Abou Horaïrah , Giaber ,
Abdallah Ben Omar , & Amroû Ben Al As.
Ceux qui ont fuivi ces Sahaba ou Compagnons
de Mahomet , font nommés par les Mufulmans
Tabdïn ^ les Suivans ; & les premiers d'entre
ceux-ci font les Compagnons d'Ebn Abbas , ^
enfuite les Dodleucs de la Mecque , dont le
nombre eft trop grand pQur être ici rapporté*
Ce$ Commentateurs ont été fuivis par un très-
grand nombre d'autres : mais comme leurs Ou-
vrages ont été publiés fous des titres particuliers ,
il faut voir les principaux , chacun en fon lieu
dans cet Ouvrage.
TAG\ Ce mot Perfien fignifie en général
un bonnet , & en particulier une couronne.
Schah Ifmaël , qui inventa une forte de coiffure
particulière pour fa milice, qùfrfut af^eUeKe^el
bafch , les Têtes rouges , & qui la porta lui-
même en l'honneur des douze Imans , qu'il pré-
tendait être ies ancêtres , eft l'Auteur du Tag oa
O R I E N T A L l. 4^5
Âe la couronne que les Rois de Perfe portent
encore aujourd'hui.
TAG' MEHAL , la Couronne du palais; nom
de la Reine , femme de Schahgehan , Sultan des
Indes , que nous appelons le Mogol. Cette Dame ,
qui ëtoit douée a une grande beauté, fut aimée
jufqu'à la folie de fon mari , qu elle gouvernoit
entièrement. Ce Prince lui a fait bâtir un mau«
folée magnifique auprès de la ville d'Agra.
TAC HAIDARIAH & AL SOFIAH, le
bonnet de Haïdar & des Sofis. Quelques Auteurs
Perfiens , comme Ebn louflbuf & Al Gianabi ,
veulent que Haïdar , père de Schah Ifmaël , ait
été l'Auteur du Tag ou du Bonnet rouge , fait
de douze pièces ou bandes , k l'honneur des douze
Imans. Mais Khondemir en attribue la première
infiitution \ Schah Ifmaël : cependant le Tag' a
toujours été donné par anticipation aux plus an-
ciens Rois de Perfe , & Ion peut voir que dans
les titres de Caïcaous & de Roftam , les feuls
Rois en Perfe pouvoient porter le Tag d or , &
que ce fut par un grand privilège que le Roi Caï-
caous l'accorda à Roftam : mais cela vient de ce
que le mot de Tag* fignifie généralement en
langue Perfientre , une couronne ou un diadème.
Le Tarikh Khofideh porte , que Caïumarrath
fut le premier qui conquit des provinces , qui
rendit fon nom célèbre par fes vicîloires , qui
monta fur un trône , & qui porta le Tag' ; il
ajouté auffi , qii'il ne manqua pas auflî-tôt d'im-
pofer.des tributs fur les peuples; & il cite le$
vers du Scha'h Naméh ^ où il eft dit de ce pre-*
%i6 B vu liotheqUe
mier Roî de Perfe ou de l'Orient ; Tchou hénif-
chifcht ber takht nihad tag : Biendakht e^mard
diJican Kharag. Emir Khoand Schah dit que le
Tag eft Igiadi Caïiimarrath , c'eft-à-dire, del'in-
vencion de Caïumarrath.
TAG' ALMOLK , nom ou furnom d'un Vifir,
Srui écoic auflî furnommë Al CamL Malek
chah , troifieme Sultan des Selgiucides de l'Iran
ou de Perfe , le donna pour fucceflèur à Nadham
Almolk , qu'il avoit dépofé. C ecoit un grand
Perfonnage , digne de la place qu'il tenoit , s'il
n'eût pas fait aiTailîner fon prédéceflèur , homme
de très-grand mérite,
TAGEK , la petite Couronne. Les Perfans
appellent ainfi une efpece de Lot & de Jujubier
blanc ) auquel ils donnent encore le titre à*j4i^ad-
dirakth , d'ofl nous avons forme le, nom cor-
rompu i'Aredarac. Le fruit de cet arbre étant
propre à faire des grains de chapelet , eft appelé
ar les Italiens Alhero de Paternojlriy & il fem-
le que les Perfans , qui fe fervent » auffi bien
que les autres Mufulmans , d'une efpece de cha-
pelet , aient donné à cet arbre le nom de Tagek
a ce fujet.
On peut dire ici en pailànt y que les Maho*
métans appellent en Arabe cette efpece de cha-
pelet , dont ils fe fervent , Tasbih , mot qui
iignifie louange , à caufe qu'à chaque grain de ce
chapelet qu'ils touchent , ils louent Dieu en pro«
nonçant quelqu'un de fes attributs : c'eft ce qui
fait que les Turcs donnent aufli à l'Azad-dirakht
le nom de. TesbiA Agagi , X Arbre du Chapelet.
i
O R .1 » N T A L ï. 417
, TAGIALLÀ. Les Chrétiens Orientaux ap?
peïlent ainfi en Arabe la Manifeftation ou Trans-
figuration , comme nous Tappelens ,^de N. S,
Jéfus-Chrift. Elle, êft marque'e le fîxieme du
mois Ah^ns le Calendrier des Syriens , ou plu-
tôt Syrd-Màcédonien , ce qui correfpond parfai-
tement au fîxieme jour de notre mois d^Août^
auquel nous célébrons cette fête. Les Egyp-
tiens la célèbrent , dans TEglifé d'Alexandrie , le
treizième du mois de Mefri .auquel fut prononcé
le Difcours de Saint Epnrem , dont on va
parler.
TAGIASSOUD. Ce mot , qui fignifie pro-
prement en Arabe Incorporation & Corporéité ,
eft différemment appliqué par les Mufulmans &
par les Chrétiens : car les Mufulmans entendent
par ce mot la Corporéité que plufîeurs d'entre
eux , & particulièrement les Motazales , attri-
i>uent à Dieu , & qui efl réfutée par les plus
doé^es & orthodoxes.
Mais les Chrétiens appliquent ce mot au divin
Myfiere de llncarnation du Verbe , & il y a un
Livre dans la Bibliothèque du Roi , n°. 79 i »
compofé par Al Ab alcadis Anba Daoud , c efl-
à-dire, par le Saint Père Patriarche David, qui efl
intitulé Giaouab àla Al Tagiajfoud Al MaJJîh.
Ce Livre efl une Réponfe faite à quelques
Doreurs Mufulmans y qui impugnoient Tlncar*
nation de N. S. , & Ton peut dire avec vérité ,
que ce Myfiere n a pas paru fî incroyable à dIu-
iîeurs Mululmans; car, parmi ceux qui ont admis
la corporéité en Dieu , plufîeurs ont cru que
Dieu fe pouvoit manifeiler en corps & en chair ^
^
4l* BiBLÏ OTh E Q Û E
& il y à eu même des .Schiites ou Seélateurs
d'Ali qui ont avancé que Dieu s'ëtoit uni au
corps & à la perfonne d'Ali/
TAMIM ou TAM AM AL DARI ; nom
d'un des Sahaba ou Compagnons de Mahomet,
Çui fut tranfporté miraculeuiement dans une des
ifles de TOcéan , où il vit des ckofes merveil-
leufes. II y a une Hîftoire fabuleufe de tout ce
2«e ce Perfonnage vit dans cette ifle , dans la Bi-
liotheque du noi , fans n*^ , fous le titre de
Kejfat Tamim Al Dar ou Al Dari.
Dans le Livre intitulé Raoudhat alakhiar, il
eft rapporté que ce Tamim Al Dari étoit fils
d'Aous fils de Kharegiak, & furoommé Abon
Rakiahj parce qu'il n'avoit qu'une fille nom-
mée Rakiah. Cet homme, fe fit Mqfulman entre
les mains de Mahomet., & établit fa demeuri?
à Médine , où il refta jufqu après, là mort d*Oth<*
man , troifieme Khalife : car alors il >pafla de
Médine à Damas, & y mourut Tan 40 de THé-
Tamim eft celui qui a rapporté l'Hiftoire de
l'Ante-chrift , telle qu'il l'avoit entendue de la
bouche de Mahomet : Ton dit aulfi qu'il eft le
premier qui ait allumé des lampes dans la mof-
quée i & il étoit fi dévot , qu'il avoit récité l'Al-
coran tout entier profterné en terre fans fe re-
lever, en quoi il a été imité par Sâïd Ben Gebir
Othman , Ben Ofan & Abou Hanifah. On dit
auiH de lui , qu'en récitant T Alcoran , il pafibit
quelquefois une nuit entière à répéter un feui
Tcrfct,
Orientale; 4J9
TAMIM, Ben Tamim, Abou Tamim; fur*
nom de Moêzz Ledinillah , premier KhaKfe
d*Egypte de la race des Fathiilnkes. Ce Tamim ,
61s de Moêzz , ou un autre de mé^e nom , de-*
meura Seigneur de Caïroan en Afrique, après
que Moèzz en fui parti pour aller prendre pof-
leffion de l'Egypte.
TAMIMI , fornom d'Al>ou Afma Ibrahim •
Ben lezid Al Coufi-, dit Tabai^ parce qu'il étoit
du nombre des Doéteurs qui ont fuivi immédia-*
tement les Sahaba, c eft-à-dire les Compagnons'
ou les Contemporains de Mahomet.
Ce Perlbnnagef et oit favant , & d'une vie tfes-
auftere ; car Aâmafch rapporte de lui, que pen-
ibnt les trente nuits du Ramadhan, il n'avoit
mange qu'un grain de raifin chaque nuit, & que
lorfqu'il pribit , il demeuroit tellement immo-
bile , que les oifeaux* s arrêtoient fur lui , comme
fur une pièce de bois. Il mourut dans les pri-
fons de Hegiage, Gouverneur de llràque , l'an
92 de rHégire. \
T A N G R I. Les Turcs , • tant Orientaux
qu'Occidentaux , appellent ainfi Dieu , en ajoû^
tant les bénédiâions & louanges ordinaires que*
les Arabes ijoutient à ceux èi Allah &'de Hakk;
car ils difent Tangri taàla^ auffi hitn qCkAllak'
taàla & Hakk taàla ^ le Dieu haut & la Sou-^
veraine Vérité. C eflr- de là qu€ fe forme le nom
à&-Tangrivirii^
TANGRI. Ceft âinfi que tes Hiftoritùi*
Oiienanx appelleetTancrede, -Prince d'Antiochs
'4}Q B I B XXOTITEQUE
qui prit les villes dé Thàrfe , d'Adena & de He{^
naJakrad , le château des Curàes, Tan 503 de
l'Hégire. 11 eft aiTez.connu: dans nos Hiftoriens
des guerres faintes.
TANGRIVIRDI ; mot quiiîgnifie propre-
ment en Turc Dieu a donné ou • Dieur-donné,
Les Arabes ont auflîce nom propre, favoîr, celui
de Hebatallah & Athiatallah ^ & les Perfatis,
Khodaïdad dans la même iignificaiion y & .de«
vient un nom propre auili bien que chez les La-
tins , Deufdedit. & Adeodatus..
TAOURAT , TAOURl ATs les Turcs pro-
noncent Tevrat & Tevriet,.' Qe- mol eft pris de
THëbreu Torat j qui fîgni6e feulement les cinq
Livres de la Loi. Les . Mufulmans difent que
ç*eft le Livre que Dieu envoya oâla alkelim
MouJJa , c eft-à-dire l'Ancien Teftament que
Dieu ré vélanàMoïfe,. écrit en langue Hébraïque,
Livre qui a été altéré & corrompu par les Juifs |
particulièrement en ce qui regarde les voyelles
qui fervent à la prononciation des mots. C'efl*
là le fentiment des Mufulmàns ^ qui a été re-
cueilli de plufieurs Auteurs Arabes par Hagt
Khalfah,
Le même Auteur dit qu'il .y. a, trois exem-
plaires 4e l'Ancien Teftament. Le premier eft
celui qp'il appelle, Tacurat al/abâïn ; ^eft la
yerfion, des Septante, &.c!eft.i:ex.0xetnplaifc
qui a été depuis traduit en Syriaque &;ea
Arabe.
..Le fécond cft celui qu il appelle iftTGjArAac \^Z
lahaud, l'Exemplaire des Juîf9 ^ qiii 5a commun/
O R I l N T A L I. 4Jt
aux Caraïtes '& aux Rabbàniftes , c eft-k-dire à
ceux qui reçoivent les vingt-deux Livres entiers
qui fe trouvent aujourd'hui dans le Canon des
ïiëbreux.
Le troifieme eft le Noskhat al Samerat ^
l'Exemplaire des Samaritains, qui ne contient
que le Pentateuque ou les cinq Livres de la Loi,
11 dit enfuite que l'Exemplaire des Septante
contient trente-fîx Livres, & qu'il a ëte\traduit
de l'Hébreu en Grec par feptante ai deux Doc-
teurs qu'u|^ Roi d'Egypte demanda au Pontife
des Juifs , & qu'il fit enfermer féparément dans
des cellules , pour travailler à cette Verfion , lef-
?uels ëtant d'accord , compoferent cet Ouvrage.
Teft une fable qu il a tirée d'Abdias.
Il ajoute que l'on ne trouve point dans ce Livrç .
autre chofe , fînoa l'unité de Dieu , & qu'il n'y
a pas un précepte qui oblige les Juifs ni à la
prière , ni au jeûne , ni à la diilribution d'une
partie de leurs biens aux pauvres , ni au péleri-
nage de Jérufalem ,.ce qui eft très-faux; & que
Ton n'y trouve pas aucun endroit où il foit parlé
de l'autre vie , ni de la réfurrecîlion , ni du Para-
dis, ni de l'Enfer; que cela vient peut être de
ce que les Juifs ont corrompu leurs Exem-
plaires; ce qui a donné lieu à quelques, Muful-
xnans modernes de compofer des Livres fous le
titre de AJf allàffil fi tahrim alnacl men at^
Taouratv al Engilj pour prouver qu'il eft défendu
aux Mufulmans de traduire ou de citer aucune
chofe du Taourat & de lEngil , c'eft-à-dire de
l'Ancien & du Nouveau Teftament ^ tels qu'ils
font aujourd'hui entre. les mains des Juifs & des.
Chrétiens,
4)^ Bibliothèque
Il rapporte ï ce fujet une Tradition reçue de
Mahomet, qui porte : » Qu^nd ceux qui ont des
Livres vous les prëfentent, n'y ajoutez point foi,
& ne les rejettez pas auffi ; mais dites feule-
ment : Nous croyons en Dieu, en fes Livres , &
en fes Envoyés ^, Fala tajjadelacoukom v takei"
hebouhoTTi v coulou , amanna billa. v Cozobihi ,
V roffolihi.
UAuteur du Livre intitule Erfchad alcdffed
écrit que les Juifs font divifés en plufieurs Sec-
tes; mais qu'il y en a trois principales entre
toutefs les autres , qui font les jRabbanioun ^ les
Caraoun iSt les Samerioun^ .c'efl>à-dire les Rab-
baniftes , les Caraïtes & les Samaritains , & que
toutes trois conviennent en ce qu'ils reçoivent
tous égalenient les Prophéties de Moïfe:,d'Aaron
& de Jofué , & lés Loix que ces Prophètes ont
Subliées ; & quoique leursf $3templaires foient
rfférens , qu'ils en tirent cependant fix 'cent*
treize préceptes d obligation, dont il y en a deux
cent quarante -huit amrmatifs-, par rapport au
iDeme nombre de membres qui compofent \é
corps humain, & trois cent <bixante--cinqnéga»--
tifs , autant qu'jl y a de jours dans Tannée fo-
laire.
Les Juifs rendent la raifôrv pour laquelle \q^
négatifs excédent en nombre les affirmatifs, & ils
difent que les Mufulmans ont tiré d'eux légalité
bat alhaoua àla althebiât alhafchariah^ à caufe,
dîfent-ils, quéla concupifcence l'emporte au de/Tus
de Tinclination naturelle.
Les Caraïtes & les Samaritains: différent des
Rabbaniftes , en' ce qu'ils ne reçoivent' des vingt-
deux Livres de TAncien Teftament que les cinq.
Livres
O R î t N Tf A I E» 4j j
Livres de Moïfe , & qu'ils ne reconnoiflent que
trois Prophètes, fa voir , Moïfe , Aaron & Jofue'*
Ces Samaritains ont compofë plufieurs Ouvrages
fur la Loi Mofaïque.
Mohadhebeddin louffouf Ben Abi Sâïd Al Sa-
merij qui mourut l'an 624 de l'Hëgire, nous en
a donné un. Cet Auteur étoit Médecin de Da*
mas, & devint Vifîr du Sultan Al Malek Al
Amgiadj de la dynaftie ou race des Aioubites»
L'Auteur du Livre intitulé Oioun alenba j fait
mention de cet Ouvrage.
Il y a encore un autre Commentaire fur le
Taourat, compofé par le Scheïkh Sadacah ou
Sedecias Ben Mangiah AI Sameri, qui mourut
dans la ville de Harran en Méfopotaraie, environ
l'an 6%o de l'Hégire.
TAOURAT^ AL GINGHIZKHANIAT ,
la Loi de Ginghizkhan. C eft ce que les Mogols
& Tartares appellent en leur langue lajfa. Cette
Loi contient plufieurs préceptes généraux en
forme d'06lalogue ou de Décalogue , félon lef-
quels les Mogols & Tartares furent obliges de
vivre au temps de Ginghizkhan. Mais fes fuccef-
feurs y en ont ajouté beaucoup, d'autres pour la
police & le gouvernement de leurs Etats ; car
ceux de Ginghizkhan , hors quelques-uns qui re-
gardoient la difcipline militaire ^ ne'toient pro-
prement que des maximes générales conformes
E la Loi- naturelle , qui établiiToient Tunité de
Dieu, & banniffoient entièrement toute forte
d'idolâtrie. • '
Il faut cependant rémarquer ici que la Reli-
gion Chrétienne étoit beiaucoup répandue dans
Tomt V. E e
4j4 Bibliothèque
la Tarcarie du temps de Ginghizkhan ; car
Avenk Khan , que Marc Paul Vénitien appelle
Ong Khan ^ Souverain dans la Tribu de Keril,
tjui occupoit une grande partie de la Tartarie
Orientale, étoit Chre'tien, auffi bien que fa fille
^ue Ginghizkhan époufa; & qu'il eft fouvent
parlé de Princes , de Princefles , & d'Evêques
Chrétiens , dans les expéditions militaires que fic
ce grand Conquérant , auffi bien que fes fuccef-
feurs , qui n embraflerent que fort tard le Maho-
snétifme.
T A R I K H. Ce mot Arabe fîgnîfie pro-
prement la date de l'année d^ns laquelle
q'uelque aélion s'efl paflëe. Il fe prend auffi
pour une façon particulière de compter \ts aa-
nées ; de forte que , par exemple , le Tarikh
Farfi , le Tarikh Khatnaï , le Tarikh Arabi ou
Heg ri , &c. font la manière dont les Perfans ,
les Khataïens , les Arabes , &c. ont accoutumé
4e marquer leurs années ; c'eft ce que nous ap-
pelons Ertj du Latin Aëra. Ainfi nous difons
Y Ere des Perfans , Y Ere des Khataïens y YEr^
des Arabes j &c. & la première de toutes ces
années d'où Y on commence à compter , félon le
ilyle de ces nations différentes, qui s'appelle
parmi nous £pogrwe , porte auffi parmi les Arabes
le nom de Tarikh -, & les Annales, les Hiftoires
& les Tables Chronologiques n'ont point chez
eux d'autre nom ; à moins que les Auteurs ne
leur en donnent quelque particulier.
Ben Schohnah die, dans la première année
de l'Hégire , que le mot de Tarikh eft nouveau
dans la langue Arabique , & qu'il a .été corrompu
RIENTÀLE. 4^5
du mot Perfien Mahrou^j qui fignifie Un Ca-^
lendrier j & il ajoute que Maïmon , fils de Ma-
harati) dit qu'Omar, fécond Khalife, ayant à
iî^er une expédition, fit a/Iembler les plus cons-
idérables d'entre les Compagnons de Mahomet,
& les confuka fur la date qu'il y devoit mettre ,
& que Harmozan , un des plus nobles & des
plus favans d entre les Perfes , qui avoit em-
bralTé le Mufulmanifme , fe trouva dans cette
aâèmblée , & fut d'avis que Ton dreflat un Mah*
rou!^ ou Calendrier ^ dont le commencement fe-
roit fixé dans Tannée «de k fuite de Mahomet
de la Mecque , & de fon arrivée à Médine ; &
c'eft ce qui fut appelé depuis Tarikh Al He'grij
que nous nommons ïEre ou les années de rHé--
gire.
. Ahmed Ben Ali, dit Al Monagem TA^ro-
nome, a fait un Livre dont le titre eft Albeian
an Tarikh Jeni al^èman alâlem âlafebil alko-* '
giat V alborhan : Ea:plication de la Chronolagit
Jelon laquelle les Eres & les Jppoques princi^
pales du Monde Jhnt démontrées.
TARIKH ARABI & AL HEG RI , 1 Ere
Arabique & les années de THégire» Cette Ere
ou Epoque dont tous les Mufulmans, dé quelque
nation qu'ils foient^fe font fervis & fe fervent
encore aujourd'hui , commence , félon eux , le
premier jour de la lune de Moharrem ; la cin*
quieme Férié , ou^ félon nos Ghronologiftes, la
fixieme , qui correfpond au quinzième de Juillet,
prenant le coromencement.de cette lune depuis
le foleil couché du même jour de l'an 6ii de
Jéfus-Chirift.
4^6 BxBLrotHEQOE
TARIKH FARSI, rEre Perfierme ; c'eft
celle que nous appelons ordinairement le^digir-'
dique. Nos meilleurs Chronologiftes marquent
le commencement de cette Ere au feîzieme de
Juin 5 troifieme Férié de Tan 6^2 de Jéfus-Chrift,
& Tan I 379 de Nabonaflar : mais les Arabes ne
la commencent que la trente-deuxième de THé-
gire , qui eft l'an 651 de Notre-Seigneur, 1400
de Nabonaflar. Hagi Khalfah eft de ce fentiment ;
car il met dans Tan 31 de la même Hégire»
Encaradh Deviez Sajfanian bemnâouli le^de-
gird j la fin de la dynaiKe des SaiTanides , qui
font la quatrième des Rois de Perfe & des Khof-
roès, par la mort violente d'Iezdegird ; & dans
Tannée fuivante, qui eft la trente-deuxième, il
marque Ibtidaï tarikhfurs cadïm , le commen-
cement de l'ancienne Ere de Perfe.
TARIKH KHATHA V IGOUR , l'Ere des
Khathaïens & Iguriens. Ulug Beg nous a donne
une connoiflance aflèz exaéle de cette Ere ; &
comme ce qu'il en a dit a été publié fie tra-
duit en Latin par Gravius , Ton n en dira rien ici
de plus particulier.
L'on remarquera feulement que comme les
Mogols & les Tartares , qui font les mêmes que les
Khathaïens & les Iguriens dXJlug Beg, ont des
C}xles duodenaires d années, auxquels ils don-
nent le nom de difFérèns animaux , comme du
porc y de la poule , du ferpent , &c. il y a eu
quelques Auteurs qui ont cru que Tannée de
1 éléphant , dans laquelle Mahomet naquit , eft
une année pareille à celle des Mogols ; & cepen-
dant cette afinée de réléphant n'eft autre que
O R I E N T À L C: 45f
celle clans laquelle Abrahah , Roi d'Ethiopie »
vint affiéger la Mecque avec un grand nombre
d*éiéphans, qui navoient pas été vus jufqu alors
en Arabie.
TARIKH GEL ALI & TARIKH M ALEKI,
l'Ere Gélaléenne ou l'Ere Royale. Cette Ere
5 rend Ton nom de Gélaleddin Malek Schah ,.âls
'Alp Arflan, troifieme Sultan de la première
dynaflie des Selgiucides , & commence la pre-
xniere Férié du cinquième de la lune de Schaban y
l'an 4^8 de THégire. 11 y a pourtant des Auteurs
Arabes qui Bxent fon commencement dans la
cinquième Férié , dixième jour de la lune de
Ramadhan, Tan 471 de la même Hégire.
Nos Chronologiftes fuivent cette dernière
date , & marquent fon commencement à Téqui-
noxe du printemps , qui arriva le quatorzième
Mars de Tan 1 079 de Jéfus-Chrift , dans laquelle
année finlfloit le troifieme Juillet , cinquienie
Férié, Tan 476 de THégire ; car Tan 472 com-
mença le 4 Juillet , cinquième Férié de la même
année.
TARIKH ROUMI , l'Ere Grecque ; c'eft
ainfi que les Arabes appellent TEre des années
d'Alexandre. Elle commence , félon eux auiîi
lien que félon nous , douze ans après la mort
d'Alexandre le Grand. C'éft cette même Ere
que noos appelons Y Ere des "Seleucides^ à caufe
qu'elle commence dans la' première année du
règne de Seleucus Nicator , Roi de Syrie , de
Chaldée , de Méfopotamie , & de Perfe. Les
Arabes , auffi bien que nos Aftronomes & tons \t^
Eeu)
%)i B I B L I O T H E Q U li
plus anciens Auteurs , fixent le commencement
de cette Ere le fixieme Septembre , cinquième
Férié , Tan 3 i o avant Jéfus-iL^hrift.
TARIKH ALCHOADA , TEre des Mar^
tyrs ; G eft ainfi que les Chrétiens d*Egypte ont
appelé celle que nous appelons de Dioclétien t
elle commence Tan 284 de Jéfus-Chrift, à la
mort de Numérianus & à la première année de
Dioclétien. Il eft vrai cependant que la grande
perfécution que Dioclétien fit aux Chrétiens , &
qui fut fi fanglante en Egypte , ne fut publiée
que dans la vingtième année du règne de cet
Empereur II n*y a que les Chrétiens d'Egypte,
que Ton appelle aujourd'hui Cophtes _, qui fe fer-
vent de cette Ere. Mais les Chrétiens Occiden-
taux fe font toujours fervis de celle de Dioclé-
tien , qui commence la première année de fon
règne jufqu à Denis le Petit , Abbé Romain qui
introduifit le premier la mariere de compter nos
aiipées depuis la naiifaace de Jéfus-Chrift, ce
qu'il fit en Tan 526.
TARIKH TURKT , VEre des Turcs. Il faut
fous-entendre Orientaux, & fou§ ce mot font
compris les Khathaïens & les Iguriens, dont il a
déjà été parlé.
Après avoir parlé de Tarikh dans la fignifi-
câtîon d'Ere , d'Epoque & de Chronologie», il
refte à voir une partie des Livres qui traitent
d'Annales & d Hiftoires fous ce même titre ; car
il faudra chercher les mêmes Annales & Hif-
toires qui portent un autre nom que celui de
Tarikh chacun dans It^t titre particulier, tels
r
Orientale. 4?^
^e font, par exemple, Akhbar, Athar, Kiflat,
Seïrat, Soïar, &c.
TASHIF V TAHARIF : de k Correaion
& de la Corruption des Livres , & particulière^
ment de ceux qui paflent pour facrés.: c'eft un
Ouvrage d*Aboul Fath Otliman Ben IfTa AI Ba-
^ lathi , mort 1 an 600 de THégire.
Les M ufulmans n'ont rien tant à reprocher ,
mais fans raifon , aux Juifs & aux Chrétiens , que
la corruption de leurs Livres ; c'eft ce qu'ils ap-
pellent Taharif^ à caufe que Mahomet dit en
plusieurs endroits de TAlcoran , en parlant fur-
tout des Juifs , ïohrafoun alhetab. Mais ce faux
Prophète avance cette impoflure fans aucun fon-
dement, puifque les Juifs ont toujours eu juf-
qu'ici les mêmes Exemplaires ; & les plus habiles
Mufulmans confefTent que , s'il y a eu quelque
altération dans ces Livres , c'a été au fujet des
vojelles que l'on a quelquefois marquées & pro-
noncées diâ^emment. Cependant c'eft prefque
fur ce fondement mal établi que le Mahomé-
tifme eft pofé : car Mahomet , qui a entièrement
altère & corrompu prefque toutes les chofes de
l'Ancien Teftament dans fon Alcoran , a fu per-
suader à fes Seélateurs , qu'il n'y a rien d'au*-
thentique dans l'Ancien ni dans le Nouveau
Teftament, que ce qu^il en a inféré dans fon
Livre.
tASSARRUF BELESM ALAADHAM ,
l'emploi & l'ufage du nom de Dieu. Les Mu^
fulmans difent que c'eft une fcience qui fait une
partie daTafikic'eft-à^ire, des Commentaires-
Eeiv
.\
440 Bibliothèque
de TAlcoran , & qu'il n'y a^ proprement que les
Patriarches , les. Prophètes & les Saines , capa-
bles de cette fcience;
TATAR & TATARKHAN , nom dun fiJs
dllingeh Khan , cinquième Roi du Turqueflan ,
de la poftéritë de Turk fils de Japhet : il vint
au monde avec fon jumeau , nomme Mogul ou
Mogol f & ces deux frères fondèrent deux grands
Empires , fameux dans TOrient, lefquels par la
fuite des temps fe réunirent en un feul. C eft
donc de ces deux frères que les noms de Tartarts
& de Mogols ont pris leur origine. L'on a parlé
ailleurs des Mogols ; & pour ce qui regarde les
Tartares , Ton rapportera ici leur dynaftie en^
tiere , telle' que Mirkhond nous Ta donnée.
Le premier eft TartarKhan, fils d*llingehKhan;
le fécond Boukah Khan, fils de Tatar Khan; le
troifieme , Bilingeh Khan ; le quatrième , Iflali
Khan ; le cinquième , Akfur Khan ; le fixieme »
Ordou Khan ; lé feptieme , Sounig' ofi Sidig* Khan.
Ces fept Princes Tartares avec Ilingeh Khan , le
Chef de leur origine, font une dynaftie de huit
grands Rois, dont on a<:onfervé feulement la mé-
moire dans le Turqueftan ; car après la mort de
Sounig , les guerres civiles & étrangères qui fur-
vinrent , diviferent tellement cette nation de Tar-
tares , que leur grand Empire fut entièrement
aboli ;^ quoique les Familles Tartares fubfîfta^nt
toujours féparées des autres nations Turqueiques
de rOrient.
Il faut remarquer ici , que les peuples que nous
appelons Mogols & Tartares, font tous com*
pris par les Auteurs Orientaux fous le nom
O.R T E N T A l É. 441e
iJAtrak , c eft-à-dire de Tuf es ; car le mot Atrak
eft le plurier Arabe du mot Turk. Voyez le titre
Turk ; nous y avons rapporté tout ce qui regarde
les Tartares,
Aujourd'hui Ton donne chez les Turcs le nom
de Tatar Kkan au Sultan , qui commande les
petits Tartares de la Crimée , & Yon appelle
leur dynaftie ou principauté Tatar Khaniah ,
dans laquelle la famille de Gheraï, que nous ap-
pelons ordinairement Gerey^ eft auffi célèbre que
celle d'Othman parmi les Turcs.
*
TATARGIOU & TATARGIUK KHAN,
nom dun Prince des petits Tartares , c'eft-à-
dire de ceux qui font au deffus de la mer Noire ,
& en tirant vers la mer Cafpienne , qui fit la
guerre à Aladin , Sultan des Selgiucides. Ce fut
cette guerre qui obligea Aladin de donner a
Orthogrul , père d'Othman , Fondateur de la
Monarchie Ottomane , la garde des provinces de
la Natolie^ les plus expofées aux courfes de ce
Tartares
TATHLITH : les Mufulmans appellent ainfî
la Trinité des Chrétiens , qu'ils n entendent pas;
car ils croient que nous admettons trois fubf-
tances différentes dans la Divinité.
TEBET, TOB AT, TOBUT & TONBUT :
nom d'un pays qui a la Chine à fon orient , les
Indes à fon midi , & du côté de l'occident & du
feptenf rion , les pays Turcs , appelés Ke^elgeh ,
& Tagaiga^ ou Tamgai.
Ce pays de Tebet, au rapport d'Ebn Al Ouardi,
^
^'i^ BibliotheqT^e
a un Roi particulier , que Ton dit être de la î*aC6
des anciens Rois de i'Ié^en ou Arabie Heu-
reufe , qui portoient le titre de Tobâi ; & le
même Auteur dit que c'eft de Tebet que l'on
apporte le plus excellent mufc de FOrient , que
Ton appelle en Arabe, en Perfien & en Turc,
Mifk Tobat , félon TAuteur du Mircat.
TENCU. Les Arabes écrivent que c eft le
nom que les Chinois donnent à leur Monarque.
II eft vrai que les mêmes Chinois rappellehc
aujourd'hui Tiencu , c'eft-à-dire le Fils du Cielj
& Hoan^i^ mot qui fignifie jaune ou terreftre,
pour le diftinguer de Xang-ti', qui fignifie l'Em-
pereur du Ciel ou le Ciel même : car les Chinois
n'ont point d*autre nom , pour exprimer le nom
de Dieu , que celui du Ciel.
TERIAK , la Thériaque. Les Arabes ont pris
ce mot des Grecs ; & leurs Hiftoriens , aufS bien
que ceux de la Perfe , difent que la compofltion
de la Thériaque eft de l'invention de Feridoun ,
ancien Roi de Perfe de la première dynaftie,
nommée des Pifchdadiens. •
Les mêmes Arabes difent que la plus excel-
lente Thériaque de l'Orient eft celle de la pro-
vince dlraque ou de Bagdet , qui en eft la capi-
tale s & Ton raconte que le Khalife Motaouak-
kel en avoit de fi exquife , qu'il faifoit mordre
exprès des gens par des vipères , pour les guérir
fur le champ ; 6c cette Thériaque de Baedec eft
réputée fi fouveraine contre les morfures de toates
fortes de bêtes venimeufes , qu'il y a un proverbe
pn Perfe pour fignifier qu'un remède ou un fe«
Orientale; 4431^
cours vient trop tard , qui porte ; >r C'eft faire
venir de la Thériaque de Tlraque <ç.
Comme ce mot de Teriak ne fignifie pas fen-
lement chez les Orientaux cette compofition
particulière à laquelle nous donnons ce nom,
mais encore un antidote en général , il y a quel-
ques Livres qui portent ce titre.
TERIAK ALMOHEBBIN, l'Antidote des
Amans ; titre d'un Livre compofé par Hafedh Al
OuaiTethi , natif ' de la ville de Vaflethe fur
le Tigre.
;
TERIAK LEAHEL ALESTEHKAK , An-
tidote pour ceux qui recherchent la vérité : c'eft
le titre d'un Livre Perfien compofé par Giami ,
dans lequel il y a quarante Hadits ou Récits, au
bout de chacun defquels ce Poète a ajouté une
Stance en langue Perfienne.
TESSEFIN ou TASSEFIN : ce nom de Tef^
Jefin ou Tajfefin tft tellement corrompu dans les
Exemplaires^Orientaux , qu'on le trouve fouvent
écrit dans les mêmes Exemplaires , en difFérens
endroits , Bafchkekin^ Ta/chkekin&i Nafchkehin.
Teffefin Ben Ali Ben louffouf Ben TefTefîn
iuccéda à fon père dans le grand Empire des
Al Moravides, que les Arabes appellent Mola-*
themiah & Morabethah , tant au deçà qu'au delà
de la mer , c'eft-à-dire en Efpagne & en Afrique.
Mais comme il étoit Prince de peu de valeur,
il fut dépouillé de la plus grande partie de fes
Etats par Abdalmoumen , Cfhcfôc Fondateur de
la dynaftie des Almohides , Tan 5 39 de l'Hégire,
444 Bibliothèque
THABARESTAN , nom d'un pays qui con-
fine du côté du couchant aux provinces de Oilem
& de Ghilan , qui s^étendenc Tune & l'autre le
long de la mer Cafpienne , à laquelle elles ont
communiqué leur nom y de même que le Tha-
bareftan j car on appelle cette mer en Perfien
indifféremment Mer de Dilerrij Mer de Ghilan^
& Mer de Thahareftan.
Du côté do^ levant , le Thabareftan a le Gior-
gian ; au feptentrion , la mer Cafpienne ; & au
midi , une partie du Khorafan & une partie de
riraque Perfienne ou de la Haute-Perfe.
On dit que. ce pays a pris fon nom du mot de
Teber ou Thabar, qui fignifie en Perfien une
cognée , à caufe que ceux qui y voyagent y doi-
vent toujours avoir une cognée à la main , pour
fe faire chemin dans les bois , dont il eft prefque
tout couvert.
On n y feme que du riz , qui y vient fort bien ,
à caufe des eaux qui font abondantes au milieu
de fes fqrêts : mais , d'un autre cpté , ces eaux
rendent le pays maUfain^ ce qui n'empêche pour-
tant pas qu'il ne foit fort habité y à caufe de la
jurande quantité de foies dont on y fait la récolte.
Les maifons n'y font pas magnifiques , car la
plupart font bâties Amplement de bois ou de
cannes.
Les Hiftoriens Perfans écrivent que Thaha-r
murath , troifieme Roi de Perfe de la première
race., eft le premier qui a fait cultiver le Thaba-
reftan , dont la pofttion convient fort biea k
l'Hyrcanie des Anciens.
THABARL Abou Giâfar Mohammed Bes
Orientale. 44J
Gîarîr ou Gioraïr Ben lezîd Ben Khaled Al
Thabari , nom du plus fameux de tous les Per-
fonnages qui ont pris naifTance dans le Thaba-
reftan , par THiftoire ge'nérale , depuis la créa-
tion du Monde jufquau temps auquel il vivoit,
qu'il mit au jour.
Il naquit à Amol , ville du Thabarcftan , Tan
114 de rHégire; & après avoir vécu environ
quatre-vingt-nx ans , il mourut à Bagdet , Tan
} ïo de la même Hégire , dans une fi grande ré-
putation, quil fut enterré dans fa propre mai-
lon , qui devint par-là comme confacree , parce
qu'outre que les Maliométans regardent les cime^
tieres comme des lieux inviolables, ils ont en-
core une vénération particulière pour les fépul-
cres de leurs Doélears qui font morts en odeur
de fainteté, & ils, y vont en pèlerinage faire leurs
prières, pour demander à Dieu leurs befoins par
leur interceffion. Quelques Auteurs ont écrit
qu'il étoit mort en Egypte^ mais fans en apporter
aucune bonne preuve.
Thabari , car il eft cité très-fouvent fous ce
feul nom , a été dans le Mufulmanifme un Doc-*
teur qui a également excellé d^ns l'explication
de l'AIcoran , dans les Traditions , dans le Droit
& dans THiftoire , & il a écrit des Ouvrages en
toutes ces matières; de forte qu'Abou Ishak Al
Schirazi, dans fon Livre des Clafles des Jurif-r
confultes , le met au rang des plus célèbres dans
cette profeffion.
Le plus eftimé de fes Ouvrages eft fa Chro-
nique ou Hiftoire. Ce font particulièrement les
Perflens qui la citent fous ce dernier titre. Il
44^ Bibliothèque
l'a commencée à la création du Monde > & Ta
continuée jufqu en l'an joo ou 301 de THcgire,
huit ans avant qu'il mourût.
On remarquera ici que ce Vifir n a pas feule-
ment traduit le texte de Thabari ; mais qu'il y
a encore ajouté tout ce qu'il a cru pouvoir l'en-
richir ; & ce font pour la plupart des remarques
& des faits qu'il a tirés , comme il le dit lui-
même dans fa Préface , des Livres des Aftrono* |
mes & des HiAoriens des Ghebres ou anciens
Perfans Adorateurs du Feu, des Juifs & des
Mufulriians; de forte que cette tradudion eft
beaucoup plus curieufe que le texte Arabique.
Des deux parties qui compofent l'Hiftoire d«
Thabari, dont la première contient l'Hiftoire
ancienne avant la venue de Mahomet, & la fé-
conde, ce qui s'eft paifé jufqu'au temps auquel
TAuieur vivoit , on n'a connoiflance que de celle-
ci , par l'extrait qu'en a fait Ebn Al Amid qu Er-
►enius a traduit en latin , fous le titre d'Hiftoire
iaracénique, & Ebn Al Amid l'acontinuée jufqu a
fon fiecle , fans abandonner fa méthode d'écrire
en abrégé.
Ebn Khaleca^ , en parlant de Thabari, écrie
qu il eft fidèle & exa«îx dans ce qu'il rapporte ,
éc que fon Hiftoire eft la plus fincere entre toutes
les autres.
Ben Schohnah remarque qu'on impute à cet
Hiftoriographe d'avoir été Rafadbi ou Hétéro-
doxe , parce que dans un de ces Ouvrages où il
parle aes fentimens différens des Doâeurs , il
ne fait point mention d'Ahmed, fils de Hanbal,
qui eft cependant un des quatre principaux Doc«
O R I E N T A L «: 44j^
teurs des Mahomëtans réputés Orthodoxes; &
il prétend que la raifon du filence de Thabari
eft que Hanbal n'ctoit pas fcriptural, ceft-à-dire
attache à la lettre dé TAlcoran^ mais feulement
traditionnaire.
Saouli ) dans la Préface du Lirre intitule Divan
Abdallah j qui fe trouve dans la Bibliothèque du
Roi , n^. 1 1 62 , & qui eft l'Ouvrage du Khalife
Môtaz Billah; qui s'appeloit Abdallah avant que
de parvenir à cette dignité , remarque que Tha-
bari avoit prédit que ce Khalife nen jouiroît pas
long-temps; en effet, il n'en jouit que pendant
quelques heures.
s.
THABATHEBA, Bani Thabatheba; nom
d'une dynaftie de Princes defcendans d'Ali > qui
ont régné à Coufah & dans l'Iémen du temps
2ue les Fathimites étoient maitres de l'Egypte,
oïouthi en fait mention k la fin du Tarikh Al
Kholafa , qui eft l'Hiftoire des Khalifes.
THÀBET; nom d*un des fils dlfmaël , lequel
fuccéda k la fouveraineté de la Mecque & de
fon Temple , appelé Kâbah y après la mort de
ion père,
THABET BEN CORRAH BEN HA-
ROUN AL SABl AL HARRANI ; nom d'un
grand Médecin , d'un excellent Mathématicien ,
& d un Philofophe très-célebre. C eft celui que
les Européens appellent Thebit : il étoit Sabiende
Religion , de laquelle il eft parlé dans le titre
fie Sabi. Son pays étoit Harran , ville de Méfo-*
potamiè» qui ift Tanciepiie Carm^^QÙ Abra<*
44^ Bibliothèque
ham partit pour venir en Paleftine : il y étoïC
né Tan 121 de i'Hëgire , '& il y mourut Tan 2ÎS,
Il a été chéri particulièrement par le Khalife
Motâdhed , qui Tavoit mis au nombre de fes AU
trologues , pour lavoir auprès de lui : mais
comme- il favoit encore toute autre chofe que
TAftrologie, comme les autres parties des Ma-
thématiques , la Philofophie & la Médecine , ce
Khalife étoit p!us fouvenc avec lui qu'avec fon
Miniflre , s'entretenant & riant enfemble fami-
lièrement. 11 a écrit fur les Sphériques de Théo-
dofe, &fait une nouvelle Traduélion d'EucIide;
il a auf& écrit en langue Syriaque touchant la
Religion des Sabiens , dont il faifoit profeffîon ,
& y a traité de leurs Conflitutions , des Précep-
tes qu'ils doivent obferver, de leurs Coutumes ^
de leur manière d*enfevclir & dcnterrer les
morts , de ce qui eft pur & de ce qui ne l'efl
point , des animaux qui font propres à leurs faeri-
£ces, & de ceux qui ne le font pas , des temps
3ui font deftinés à la prière , & des lectures qu'ils
oivent faire en priant.
THABET BEN SENAN BEN THABET ;
nom du petit-fils de Thabet Ben Corrah , men*-
tionné dans l'article précédent , lequel a été auifi
habile que fon grand-pere dans les mêmes Scien-
ces. Il a été Médecin de l'Hôpital de la ville de
Bagdet, & il a écrit une Hiftoire de fon temps,
depuis environ Tan 190 de l'Hégire jufqu'en l'an
3 60 qu'il mourut. Aboulfarage en parle comme
d'un Ouvrage très-excellent, dans lequel cet Au-
«^teur fait mention d'un grand nombre de faits re«
marquables ^ quine fe trouvent point ailleurs.
TABREK ;
Orientale. 44^
TABREK ; nom d'un fort château de Tlraque
t^erfique , que Tacafch , Roi de Khouarezm , prit
£ur Thogrui fils d'Arflan , dernier Roi Selgiu-
dde de la dynaftie de Perfe.
, THAG; nom d*une place forte du Segeftan^
qui fut prife par Mahmoud Sebekteghin , Fon-
dateur de la jlynaftie des Gaznevides dans le
Khorafan & dans les Indes.
THAC ; mot qui fignirie la même chofe que
Otac, tente ou pavillon royal des Mogols. Les
Turcs fe fervent encore aujourd'hui du mot Orak^
pour û^niûcjt le pavillon de leur Sultan^
THAFAG' ; nom d'un GouverneutMes con-
quêtes que Tacafch , Roi de Khouarezm , avoic
faites dans Tlraqué Perfiquc fur Thogrui , fiU^
d'Arflan , qui le fit prifonnier ^ le punit.
THAGRI-BERDI ; c eft la même chofe que
Tangri-virdi en Turc, Dieu Ta donné , Deus
dédit : nom d'un Gouverneur d'Alep & de fes
dépendances, établi Tan 797 de l'Hégire, parle
Sukan Barkok, & qui fut Général 'd armée en
Egypte , l'an 799 de la même Hégire.
THAGRI-TH AG ou TH AGRI-DAG , poui»
Tangri-dag en Turc , montagne de Dieu; nom
de lâ montagne fur laquelle on tient que l'arche
de Noé s'arrêta après le Déluge.
THAHAMASB ou THAMMASB j nom au
père de Zou oU Zab, dixième Roi de Perfe, de
Tome V. F f
450 Bibliothèque
la première race nommée des Pifchdadiens, II
étoit fils de Manougeher. '
THAHAMASB ou SCHAH THAMASB;
nom d'un Roi de Perfe de la race Haïdarienne ,
qui y règne encore aujourd'hui. Il étoit fils dlf*
maël Sofi : c'eft^ celui que Ton. nomme vul-
gairement S chah Thamas. Il commença a régner
1 an 930 de l'Hégire , & mourut Tan 98} , après
un règne de cinquante-trois ans. Il laifla deux
fils , qui régnèrent fous deux • Scliah Ifmaël , &
Mohammed Kliodabendeh, TAveugle,
Schah Thamasb eut plufîeurs guerres dans le
Khorafan contre lesUzbeks ; mais celle qu'il eut
contre Soliman Empereur des Turcs ^ rut plus
confidérable. Soliman étant allé Tattaquer Tan
9<|.i ) pendant qu'une autre guerre Toccupoit
dans le Khorafan , il fut obligé de venir à lui ;
mais il évita d'en venir aux mains > à caufe de la
grofle artillerie dont Soliman éroit muni. Mais
ayant fu qu'après, avçir pris la ville de Taurîs,
^ il s'étoit retiré , & qu'il étoit k Cara-Emit , il
attaqua fon Dundar, c eft-àdire Ton arriere-garde,
qui étoit de dix-fept mille hommes , qu'il avoic
laiffée derrière , fuivant la coutume des Turcs ,
pour n'être pas furpris ; il la défit , & reprit la
ville de Tauris. Mais Soliman étant retourné ,
il fuit devant lui , & ruina fon pro{>re pays , afin
de n'être pas pourfuîvi,
Schach Thamasb fut empoifonné par uoe de
fes femmes , mère du Prince Haïdar , qu'elle
avoit eu de lui , & qu'elle vouloit mettre fur le
trône •aprè> fa mort. Mais Haïdar étant entré
dans les tréfors de ' iba père ^ ùl fœur Yj fit tuer
P k t Je N t A L E* 451
Î>àr ^es gens qu'elle avoit fubornés pour lui ôiet
a vie.
THAHAMt'RATH; nom du troifieme Mo-
inarque dePerfe ,de la dynaftie des Pifchdadiens*
Selon quelques Hiftoriens , il etoic fils d Anu-
gihan fils de Martakend fils de Houfchenk , &
jfelon d'autres, fils de Leïlan Schah fils d'un autre
Thahamurath qui ne régna point , fit qui éioit
fils de Siamek fils de Caî'umarrath. 11 y a aufH
des Auteurs qui le font fik de Houfchenk fou
prédëcciîêur.
. Thahamurath eut deux furnoms j le premier
cft Beniavend , c*eft-à-dire ^ en Perfien , arme de
toutes pièces, à caufe qu'il fut l'inventeur des
armes complètes: fie le fécond, Div-bend^ le
vainqueur ou dompteur des Dives ou Géans ,
efpeccs de créatures entre Thomme fie le démon ^
félon la Mythologie des Perfans , que ce Prince ,
qui avoit accoutumé .de les combattre , renfer-
moit dans des grottqs fouterraines , lorfqu'il les
avoit vaincus. Il a été' aulîi appelé Pelielevan
JZartian ^ It Héros defonjieclej fie Sahab^kerarij
le Maure de Uheureuje Conjonction des Pla^
neies , titre qui a été renouvelé depuis dans la
perfonne de Tamerlan.
On attribue à Thahamurath la. fondation de
ieptprincipalcs villes des deux provinces qui por-»
.tent le nom Alraque ^ de Y Arabique ôc de U
f^erftque. Babylone ôc Ninive font les plus con*
fiderables de la première , ôc Ifpahan de la fe-j
ponde. H laifla à fes fu jets upe hberté entière de
C9n/ciencç ^ de forte que fous fon regj^ie', que
Ffij
45^ Bibliothèque
quelques Hiftoriens marquent du temps des Pa-
triarches Seth & Enoc , avant le Déluge , Ylda^
latrie s'étendit & fe multiplia dans tout l'Orient.
Cette époque de Tldolâtrie eft aflez conforme
à celle que les Juifs & plufîeurs Chrétiens lui
donnent , fondés fur ce pafl'age de la Genefe ,
où il eft dit , félon le Texte Hébreu , du temps
du Patriarche Enoc : Tune ihcœptum ejl invocare
in nomine Domini.
Cependant Thahamurath aimoit tellement fes
peuples , qu'une grande famine étant furvenue
en Perfe , il ordonna que les riches fe conten-
taflent d'un feul repas par jour , & qu'ils diftri-
bua/Tent aux pauvres , pour leur fubfiftance , celui
qu'ils fe retranchoient. Il leur en donna lui-
même l'exemple , & il reçut de grandes louanges
d'avoir trouve un moyen qui conferva la vie aux
uns , & qui entretint la vie aux autres. On ne
doute point , difent les Hiftoriens de Perfe , que
le jeûne qui a depuis été inftitué dans plnfieurs
Religions , n'ait pris de là Ton origine.
Outre les villes que ce Prince fit bâtir dans
riraque , celle dç Mcrou , Tune des quatre que
la province de Khorafan rcconnoît pour avoir été
fes capitales & les fiéges de fes anciens Rois,
prétend que Thahamurath eft fon Fondateur, &
même qu'il y a fait un aflez long féjour. Celle
d'Amida en Méfopotamie , que l'on appelle au-
jourd'hui Diarbekr & Cara^emit , font auâi re-
monter leur antiquité jufqu'à ce Prince : mais
ces origines ne parôiflent pas moins fabuleufes
que les expéditions militaires du même Prince ,
dont il y a un volume entier, qui porte le titre
O 11 I E If T A L E.. 45)
de Thahamurath Nameh , Hijloire de Tha^
hamurath.
On pourroic fort bien pafler fous filence toutes
ces prouefles , fi Ton n avoit en vue que la vérité
de IHiftoire. Mais comme la Mythologie des
Perfans a été jufquà préfent afiez peu connue ^
pendant que celle des Grecs a rempli tous nos
Livres, on en donnera ici quelque échantillon.
Dans le temps que Thahamurath régnoit, il
y avoit une efpece de créatures qui avoient gou-
verné le Monàe avant le fiecle d'Adam , mais qui
ëtoient pour lors confinées dans la montagne de
Caf. Les Arabes appellent ces créatures, du nom
de Ginn , & les Perfiens de celui de Dives , 6c
ce font les mêmes que les Grecs ont appelée
Démons : cependant elles ne laiflent pas d'être
confondues avec les Géans , defguels l'Ecriture
Î^arle dans le premier âge du Monde , & dont
es Mythologues Grecs ont fait prefque une Hif-
toire luivie.
Le pays que ces créatures habitoient du temps
de Thahamurath , s'appelle Ginnijlan , c'eft-à-
dire le Royaume des Ginn , lequel a la même
étendue que la montagne de Caf, qui fait une
ceinture autour de la terre , & qui embrafTe éga-
lement l'orient -, l'occident , le feptentrion &
le midi. -
Thahamurath fut tranfporté dans ces régions
imaginaires , ce que nos anciens Romans diroient
en Féerie , pour dire dans le pays des Fées , par
un oifeau admirable , que les Arabes appellent
par excellence le grand Oifeau , & les Perfans y
Simorg y Anka , «. Simorg Anka , comme q[ui
F f iij
454 Bibliothèque
diroic le Griffon merveilleux . En effet , fuîvant
les Orientaux , c'eft un oifeau fort extraordi-
naire ; car il eft raifenttabte ,. il parle toutes forfes
de langues, & il eft capablede Religion , comme
nous le verrons bientôt. En \m mot , c'eft^ une
Fe'e qui a la figure d'un oifeaii.
Le Caherman Namch rapporté que Simorg
Anka e'tant interrogé fur fon âge , répondit :
f> Ce monde eft fort ancien , car il s eft déjà
trouva fept fois rempli de créatures , & fept fois
entièrement vide de toutes fortes d'animaux. Le
iiecle d'Adam , dans lequel nous fommes , doit
durer fept mille ans y qui font un grand cycle
d'années, & j'ai déjà vu douze de ces révolu-
tions , fans que je fâche combien il m'en refte
à voir.
Le même Livre nous apprend que Simorg
Anka étoit grand ami de la race d*Adam , & en-
nemi capital des Dives ou Démons. Il avoit
connu ce premier père des hommes , lui avoit
juré fidélité, & faifoit profeffion du même culte
[u'il rendoit à Thâ\x : il prédit à Thahamurath
à Caherman tout ce qui devoit leur arriver »
& en leur promettant de les fervir dans toutes
leurs entreprifes , il arracha de fon fein. quelques
plumes, dont il leur fit préfent. Thahamurath
mit ces plumes à foncafque, &, à fon exemple,
les plus grands Guerriers qui font fuivi , fe ibnt
toujours fervi de cette forte de parure pour leurs
armes.
Pour dire encore quelque chofe de plus par-
ticulier touchant Simorg Anka , il fut toujours
inviolable daas ks combats qu'il livra lui feul aux
Orientale. 455
Démons, & tous les Héros qu'il favorifa rem-*
portèrent aufli par fon mbjen de grands avan-
tages fur eux : on lient même qu'avec fes propres
forces il pouvoit exterminer cette race , mais
que quelque ordre fecret de Dieu len empê-
choit.
Thahamurath ayant donc e'té tranfporté à U
montagne de Caf , fecourut les Péris contre les
Dives , c'eft-à-dire les bons Démons contre les
mauvais y car il y avoit une guerre perpétuelle
entre ces deux nations.
Argenk, fameux Géant, voyant que les Péris
avoient de grands avantages fur lui & fur fes
gens par le lecours de Thahamurath, envoya k
jfhahàmurath une ambafTade (oiennelle pour lui
demander la paix. Le Chef de l'ambaffade était
Imlan , qui abandonna le parti des Dives pour
fe donner à Thahamurath & fuivre fa fortune ;
fie par la venu de fon art talifmanifque fit
magique , il fit de fi grandes chofes , que Tha-
hamurath fe rendit maître de la montagne enr
tîere de Caf , en domptant non feulement Ar-
genk , mais encore un Géant plus terrible que
lui , nommé Demrufch.
Demrufch, comme le Cacus des Latins, avoit
fa retraite dans une caverne au milieu d'un tréfor
immenfe, qu'il avoit amaifé du butin de la Perfc
fi& des Indes, où il faifoit des courfe^ très-frér
. quentes. Il avoit même enlevé Mergian Péri ,
Mergiane la Fée , qu'il tenoit prifonniere dans
fon antre : c'étoit un exploit digne de la valeur
de Thahamurath , que d'entreprendre la défaite
de ce monftre, qui défoloit fes provinces. II l'at*
taqua donc avec toutes fes forces , le détit, 6; £(
Ff ir
45^ Bibliothèque
rendit maître de fes fort?. Ainfî , ayant mis Mer-»
gîane en liberté , cette Fée l'engagea k une nou-
velle guerre contre Houdkonz, autre Géant, fon
ennemi. Ce fut dans cette querelle que le ^rand
Thahamuratb trouva la fin de fes viÂoires & de
fa vie , en laiïïant à fes fucceffèurs le modèle d'ua
Monarque incomparable.
Il y a une tradition félon laquelle on tient que
te Prince fut le premier qui fit cultiver le riz ,
& nourrir des vers à foie d^ns la province de
Tlîâbareftan.
THAHER BEN HOSSAIN BEN MAS-
SAB, Thaher, fils de HofTaïn fils de Maffâbj
nom du Général des troupes d'A! Mamon ,
avant qu'il fût Khalife, lorfqu'il faifoit fon fëjour
dans le Khorafan , où il avoit une autorité ab-
folue & indépendante, fuivant le teftament de
Haroun Al Rafchid fon père. Mais Amin , fon
frère , qui avoit fuccédé au Khalifat , ayant pris
quelque ombrage de fes démarches & de fa con-
duite , lui déclara la guerre , ce qui l'obligea de
fe mettre auifi-tôt en campagne , & de donner
le commandement de fon armée à Thaher.
Thaher gagna une grande bataille contre les
Généraux d'Amin , & par cette vidoire il acquit
le titre de Khalife à Al Mamon , fon Maître,
dans, toute 1 étendue d« fes Etats &: de fon Gou*
vernement. En pourfuivant toujours les enne-»
mis, il s'approcha de Bagdet , & y affiégea Amin ,
[u'il fit tuer quelque temps après par fes g-ens ;
e forte que Mamon fuccéda à fon frère & jouit
leinement du Khalifat. Mais comme ce Kha-*
itf(^ ^^yçit pri$ Içs s^içix\es contre fan frère qqe
O R I E N T A L EV 4^7
pour reponflêr la force par la force , & nulle-
ment 'aans Tintention de le détrôner ni de Ini
ôter la vie , il ne voyoit jamais Thaher depuis
ce temps-là , qu'il ne verfât des larmes en le
regardant comme l'auteur de fa mort.
Thaher étant un jour entré dans la chambre
du Khalife, & s étant apperçu de fes larmes , il
en demanda la caufe à un de fes amis , qui ne la
lui cacha point. Sur ce récit, croyant qu'il n'y
avoit point de fureté pour lui à la Cour , il de-
roanda à s*en retirer, & afin de le faire hono-*
rablement , il fit inÂance pour obtenir le gou-
vernement de la province de Khorafan , qu'Ai
Mamon lui accorda d'autant plus volontiers , que
fa préfence ne lui donneroit plus occafion de
renouveler fa douleur. Il la lui donna même
avec une autorité fi grande , que ce fut plutôt â
titre de principauté que de gouvernement, afin
êe lui mieux marquer fa reconnoiflance du feir-»
vice qu'il avoit reçu de lui.
Thaher étant arrivé dans le Khorafan, & ayant
pris pofi'effion du gouvernement*, s'y comporta
d une manière qui fit bientôt paroitre que le
foupçon qu'il avoit conçu de l'intention du Kha-
life contre lui, prévaloir dans fon efprit aux obli*
gâtions de fon devoir. Enfin il leva le mafque
entièrement , & fe déclara Maitre âc Prince ab«-
folu de ce pays-là , qu'il érigea en principauté »
au milieu des Etats du Khalife , pour lui & pour
fes héritiers , qui formèrent la dynailie des Tha«
hériens ou Thahérites , ainfi appelés de fon nom.
Il étoit ce que les Latins ont appelé Ambi-
^exter , c'eft-à-dire qu*il faifoit de la main gau-
che les mêmes fonélions que de la main droite ;
45* Bibliothèque
£c cela donna lieu à ce diftique , qui fut fait fur
lui : la dha alïemintin airt uahedho : Nokfan
ain V iemin ^adhp ,. qui fignifie qu'il avoit une
main de plus & un œil de moins. C'eft pour
cela qu'il fut furnommé en Arabe Dhoul-iemi-'
neïn^j Ambidexter ^ ou ayant deua: mains
droites. •
L'Auteur du Lebtarikh parle d*une autre ma-
nière du fujec pour lequel il- fut appelé de ce
furnom. 11 dit qu*Al Mamon leluiavoit donne, à
caufe qu'il lui avoit proeuré le Khalifai par la mort
d'Amin , ou, fuivant le fentiment d'autres Au-
teurs , fur ce qu*en faifant reconnoître Tlman
Ali Ridha pour Khalife , par ordre d'Al Mamon,
& en lui prêtant ferment en cette qualité , il lui
dit : >> Ma main droite a mis Mamon fur le
trône , & ma gauche fait la même chofe pour un
Imarv tel que vous l'êtes ; à quoi Ali Ridha ré-
pliqua : )> \Jnt main gauche , qui élevé un Iman
lur le trône , peut s'appeler la main droite <c.
Le même Auteur remarque encore que, lorf-
que le Khalife Al Mamon abandonna volontaire-
ment le Khorafan à Thaher , avec la grande au*
torité qui a été marquée ^ Fadhel Ben Saiah , Vifir
du Khalife , très-fa van t dans T Aflrologie , fit Tho-
rofcope de Thaher dans le même moment ; &
après avoir bien confidéré le thème de fa naif-
fance avec celui de fon élévatioa , il lui dit:
ï^evài tou bethalai beflehem kih ta carih fchaji
Jal ora kejfi netuPaned kefchoud : i> J*ai joint en-
femble votre étendard avec votre afcendant, &
je vois que jufqu'au terme d'environ foixante ans,
perfonne ne pourra l'abattre «c. En effet il arriva
que cette principauté ^ défignée par l'étendard ,
"ORIENTALE. 45^
demeura dans la famille de Thaher , tout le
temps qui avoir été marqué par le Vifir.
AToccafion de 1 étendard dont il eft ici parlé,
il-eft bon de remarquer en paiTant, que le mot
A*lem fignifie généralement en Arabe une cn-
fèigne , & plus particulièrement un drapeaa
d'infanterie , qui eft plus grand que celui de la
cavalerie, qui s'appelle Leva : ainfi Mir Leva,-
en Perfien & en Turc , fignifie le Guidon ou la-
Cornette blanche de la cavalerie ; car parmi eux
il n'y a point de diftinélion entre la gendar-
merie & la cavalerie légère. Mir Leva iignifie
même cliez.eux un Gouverneur, à caufe qu'il
commande toute la cavalerie de fa province^ qui
eft obligée de fe rendre fous Tétendard qui lui a
été donné, comme la lïiarque de fa dignité,
lorfqu elle eft appelée.
C eft de là auffi que, parmi le^ Orientaux , le
Guidon ou la Cornette eft la marque du com-
iTiiindemént , & les Khalifes avoient coutume
de renvoyer aux Princes ,. qui avoient une auto-
rité abfolue dans les provinces du Rhalifat, pat
leur aveu . & fous leur efpece de fouverai-
necé : car c*étoit un hommage lige que ces
Princes rendoient aux Khalifes , lorfqu'ils recer
voient de leur part Tétendard accompaOTe de
leurs Lettres-Patentes . confirmatives de leur
dignité , & Ton en trouve un très-grand nombre
d'exemples dans leurs Hiftoires , où l'on remar-
que qu'ils leur envoyoient auffi quelquefois une
vefte, un fabre, & d'autres marques d'honneur.
.Aujourd'hui l'Empereur des Turcs envoie ordi-
nairement une vefte & un fabre aux Princes fes
fcudatdrês.
'46o ÊIBLIOTHEQITE
Ainfi , comme il paroic dans l'endroit du Leb*
tarikh rapporté 'ci- deâiis , le mot de Leva (e
prend fouvent pour le commandement abfolu.
Pour revenir à Thaher , il fut le premier
qui ofa faire fupprimer le nom du Khalife dans
le Khothbah ou Prâne du Vendredi dans les
mofquées ; mais les Auteurs ont remarqué , qu il
n'eut pas plus tôt fait cette aiflion, qu'une fièvre
violente le faifit , dont il mourut l'an 256 de
l'Hégire , de J. C, 870 , après avoir régné un an
& demi , en laiâânt Thalelih y fon fils , pour fuc-
ceiTeur.
On ne dit rien ici de la bravoure ni de la
magnanimité de Thaher, qui fut le plus grand
Capitaine de fon temps , parce que l'on en a
parlé fu^amment ailleurs.
THAHER BEN ABDALLAH, Thaher fiîs
d'Abdallah ; nom du quatrième Prince, jk fécond
du nom de la dynaftie des Thahérites ou fuc-
cefleurs de Thaher fils de Hoflaïn , qui en fut
le Fondateur , comme il a été marqué dans l'ar-
ticle précédent. Il fuccéda à fon père A'bdallah^
& reçut du Khalife Vathek la Patente & l'Eten-
dard , pour lui marquer qu'il étoit fon vaflkl.
Il régna en boit Prince , & gouverna fes peuples
avec beaucoup de fageCe 1 efpace de dix -huit
ans , & mourut l'an 278 de l'Hégire.
THAHER BEN MOHAMMED , Thaher
fils de Mohammed; nom du troifieme & dernier
prince de la dynaftie des Soffarides ou de la fa-
mille & poftéricé de Leïth. Il étoit petit-fils
Orientale. 461
«d* Amrou Leïth , qui fut vaincu & fait prifonnier
par Ifmaël le Samanide.
Après la déroute de fon grand-pere , Thaher
fe retira dans la province de Segeftan ; où , du
confentement générai , il fut reconnu Roi &
TucceiTeur légitime du même Amrou. Mais Ifmaël
le Samanide ne le laiilàpas jouir long-temps de fa
dignité , car il alla l'attaquer dans cette province ;
& non feulement il battit fes troupes , mais il
le fit auffi prifonnier & l'envoya au Khalife.
Il régna une année feulement , & la àynaûie
prit an en fa perfonne l'an 290 ou 293 de THé*
gire , fous le Khalifat de Moktafi : néanmoins
fa poftérité dura encore quelque temps; mais
aucun de fes defcendans n'a régné.
THAHERIOUN,les Thahériens ou lesTha-
hérites ; nom d'une famille ou dynaftie de Prin-
ces qui ont régné dans le Khorafan , laquelle a
tiré fon nom & fon origine de Thaher, fils de
Hoiîàïn" fils de Maflab , furnommé ^l Khou!(âî
& Dhoul'iemineïn , V Ambidextre,
Cette dynaftie eft la première qui s'eft élevée
dans le Mqfulmanifme , fous l'Empire des Kha-
lifes. Elle prit fon commencement l'an ^55 de
l'Hégire, fous le règne du Khalife Al Mamon ,
&, elle a duré cinquante-flx ans , fous cinq Rois
ou Princes , compris dans ce quatrain , en vers"
Perfien : Der Khorajfan ^edl Maffâb /chah :
Thaher V Thalehah boud Abdallah : Ba^ Tha--
her^ dighier Mohammed dan : Khi 0 be làkoub
Aad tahht kulah : )^ Les Rois de la Maifon de
Mafiab , qui ont régné dans le Khorafan , font
Thaher Thalehah , Abdallah » Thaher fécond du
46t >BrBLroTilÈQtJÈ
nom , & Mohammed , qui cédafon trône & fit
couronne à Iakoub , fi!s de Leïth, Fondateur de
la dynaftie des SofFarides «.
«
thaï , nom d'une Tribu parmi les Arabes ,
de laquelle deux grands hommes font fortis;
Hatem Thaï & Abou Temam.
THAIBILLAH ABDALKERIM BEN
MOTHl . BILLAH ; nom du vingt-quairieme
Khalife de la Maifon des Abbaftdes y lequel fuc-
céda au Khalifat par Tabdication de fon père
Môihi en fa faveur, Tan 36} de THégire , de
J. C. 973.
La première année de fon règne, la Miiice
Turquefque de Bagdet eut des oifferends avec
Ezzaldoulat , Prince de la race des Bouides , qui
avoir toute 1 autorité du Khalife en main. Ces
cens s étant mutinés contre^lui , il fut contraint
de fortir de la ville & de fe retirer à Vaffeth , d'oii
il envoya demander du fecours à Adhad Aldou-
lat, fon coufin , qui régnoit en Perle.
Cependant les Turcs, avec le Khalife à leur
tête , le pourfuivirent &. lui livrèrent plufiears
-combats , dont ils remportèrent toujours lavaii-
rage ; de forte qu^Ezzaldouiat fut obligé de paf-
fer'dans Tlraque Perfienne, pour joindre le fe-
cours que ion coufin lui amenoiten perfonne.
Après la jon<5lion des deux armées. Tan 3(>4,
les Turcs , qui ne crurent pas pouvoir paroitre
en campagne , fe retirèrent à Bagdet ; mais voyant
^ue les deux Princes s'en approchoient clans la
-réfolution d^affiéger la ville , *& ne jugeant pas
y* être en fureté , ils ^abandonnèrent , de
Orientale.' 465
même que le Khalife , qui ne laiifa pas de tenir
ferme après leur retraite. Néanmoins, parce qu'il
n'avoit pas aflez de forces pour leur réfifter,iJ
fut obligé de leur ouvrir les portes après quelque
réfift^ynce. Les Princes Bouides lui rendirent
toutes fortes d'honneurs , &. il leur en fit récipro-
quement; & Adhad Aldoulat, après avoir rétabli
fon coufindans l'autorité de Lieutenant-Général
du Khalifat, retourna en fon royaume de Perfe.
L'an ■}66 , Adhad. Aldoulat & E'zz-Aldoulac
s'étant brouillés enfemble , fe mirent en cam-
pagne & donnèrent plufieurs combats, qui furent
û défavantageux à E'zz-Aldoulat , qu'à la fin il
fuccomba , & qu'il fut obligé , l'an 367 , de quit-
ter Bagdet & de fe retirer en Syrie. 11 y amaila
de nouvelles troupes , & reprit le chemin de Bag-
det. Adhad Aldoulat,, qui étoit attentif à toutes
fes démarches, étant parti de Bagdet dès la pre-
mière nouvelle qu'il eut de fa marche , alla au
devant de lui jufqu'à Tekrit , où les deux armées
combattirent ; mais la fortune fut encore û con-
traire à E'zz-Aldoulat , qu'il fut pris & tué.
Adhad Aldoulat demeura ainfi le* maître dans
Bagdet, &il mourut Tan 372 , lai^ant Samfam
Aldoulat, fon fils , pour fuccefleur.
Mais Samfam Aldoulat ne jouit pa^ long-temp$
du commandement ; car Scherf Aldoulat , fon
frère, lui ôtala liberté, & le tint dans une étroite
λrifon , après l'avoir dépouillé de tous fes bieng.
1 obtint enfuite du Khalife Thaï coii$ les hon-
neurs qu'il défiroit, & gouverna ie^khalifat juf-^
qu'en l'année 379 qu'il mourut.
Baha Aldoulat , rrere de Scherf Aldoulat, qui
fut appelé «à la même dignité & aux mêmes
464 BlbLrDTHEQÙE
honneurs ^ n'en ufa pas û bien avec le Khalife
que fes^ frères en avoient ufé; car Tan j8i , pouflë
par une grande avidité de fe mettre en pofîcffion
de fes biens , fans en avoir demandé permiifion,
comme lui & fes prédéceâeurs avoient coutume
de le faire, il entra dans fa chambre accompa-
gné de quelques Dilemites , gens de fa nation.
Le Khalife , qui crut qu'ils venoient le faiuer j fit
aiTeoir Baha Aldoulat , & tendit fa main pour la
donner à baifer aux autres r mais ceux-ci l'ayant
pris par les bras & par les pieds , le tranfporte-
rent dans un autre appartement , où il fut retenu
prifonnier.
En même temps , Baha Aldoulat fe faifit de
tous les tréfors qui lui avoient fervi de motif pour
faire ce coup , & dépêcha un Exprès à Ahmed,
fils d'Ishak petit-fils du Khalife Modader y pour
le faire venir prendre la place de Thaï. Ce Prince
vint , & Baha Aldoulat l'ayant mis fur le trône
du Khalifat, il prit le nom de Cader y & régna
i la place de Thaï, qui fut réduit à la vie privée.
Le Tarikh Khozideh remarque même qu'il vécut
encore long-temps après avoir été dépofé , &
qu'il converfoit ordinairement avec Cader : il
mourut à l'âge de foixante-neuf ans , après en
avoir régné dix-fept & neuf mois.
THAIR , nom d'un Roi des Arabes , contre
lequel Sapor , Roi de Perfe , furnommé Dhcu^
laktafy nt la guerre , & qail fit mourir par la
trahifon de Melakah , fa propre fœur ou plutôt
fa propre fille , fuivant un Exemplaire du Leb-
tarikh fort côrreél.
THALEBI.
O H I E K T À L t. 465
THALEBI, ïflâ Ben Aboa Thaleb; furnom
de Mohammed Ben Ibrahim Thabatheba, qui
fe fouleva pendant le règne du Khalife Al Ma-
mon , Tan 199 de THégire ; & ceux qui fuivirenc
fon partie prirent de lui le nom de Thaltbites*
Pour lui, il s'appela TAû/eôi ^ d'Abou Thaleb^
père d' AU , duquel il defcendoit
THALECAN ; nom d une ville voifîne de
celle de Balkh dans le Khorafan , laquelle fut
prife par Ginghizkhân , l'an 61 8 de l'Hégire , &
fes habitans furent alors toiis tués pu faits efclaves.
Ginghizkhan partit enfuitc de cet endroit pout
aller par la province de Caboul > attaquer Saaded>
din qui étoit campé fur le fleuve Indus*
THALEHAH BEN THAHER ; nom du
fécond Prince de la dynaftie des Thàherites , qui
fuccéda à fon père Thaher Al Khouzâi , à la fuc-
cei&onâu royaume de Khorafan, qu'il vehoit de
fonder, ave^ d'autant plus de droit, qu'il y. fut
confirmé par le Khalife Al Mamon*
Il y eut à réduire un, rebelle nommé Hamiàh ,
qui prit les armes contre lui dans la province de
Siftan à la tête d'un aâez grand nombre de gens
qui le fuivirent ; mais il l'eut bientôt défaif.
Il n'éùt pas le même bonheur contre les >ré-
voltés de la ville deNifchabour; car il fut tué
dans la guerre qu'il leur fit, Tan zij de l'Hégire,
après avoir régné fix ans & quelques mois.
L'Auteur du Lebtarikh lui donne pour fûccef-
feur un autre Thalehah, qui étoit fon fils; mais
Khondemir ni les autres. Hiftoriens ne fon^
TomeV. G g
/
f^% B I B L I OT M Eî(? U E
point mention de ce Prince ^ & lui donnent pour
lucceâeur Abdallah ^ fen frere^uinë>
TH ALES ; nom du premier des Philofoplies
Grecs , lequel ; (èlon Aboulfarage , ayok appris
Ja Philofophie des Egyptiens , qui lavoient tirée
des Chaldéens. Il vivoit du temps d'Achaz , fils
de Joatham Roi de Jûda y félon Èufebe y cité par
le même Aboulfarage.
Le même Auteur ajoute , que la première
preuve que Thaïes donna de la fcience, après
fon retour d'Egypte à Milet , fut la prédic-
•tion d'une ëclipfe , qui arriva au jour 8c à
l'heure qu'il avoit marqué; ce qui lui acquît une
grande réputation , & lui attira beaucoup de Dif-
ciples dans la Philofophie ; car avant lui les
Grecs étoient comme les Arabes ; ils ne s'étoient
attachés qu'à cultiver leur langue par la Poéfie
St par l'Eloquence , & pari étude de la Gram-
maire, & toute leur Philofophie fe bornoit à
jfcduire la morale en proverbes.
Thaïes eft auffi le premier qui a foutena
rAi;ro/<«T«» )C*eft-à-dire , qu'ily a quelque chofe
qui exifte , fans avoir eu befoîn , pour exifter ,
du miniftere d'aucune caufe ; dogme qui fut fuivi
par les Indiens^
: THALOUT BEN KISSAI, Thalout , fils de
Kîflaï; nom ou furnôm que Mahomet, dans (on
Alcoran, & généralement tous les MufuImanS|
donnent à Saiil, premier Roi des Ifraélites, qu'ils
appellent auifî Schaoul^ mais moins ordinaire-
ment. Le mot de Thalout tire fon origine du
verbe Thdlj qui lignifie , entre autres iîgnifica-
,0 R I È N t A L Éé 4^7
tîons , erre plus grand qu'un autre , à caufe que
Saiil furpaflbic tous les autres Ifràélites en gran-
deur , & que ce fut particulièrement pour cette
raîfon qu'il fut choifî pour être leur Roi*
Ceft dans le chapitre de TAlcoran intitulé
Bacrat , où il eft parlé de Saiil en ces termes î
V cal lahom nahihom 3 Enna Allah cad baâth
lakom Thalout : » Et leur Prophète leur dit ;
Dieu vous a envoyé Thalout pour régner parmi
vous <(. Les Mufulmans commentent ce pacage
de la manière qui fuiL
Afchmouil , c'eft-à-dire Samuel ^ ayant de-*
mandé à Dieu , de la part des Ifraélites , un Roi
pour les gouverner, Dieu lui envoya un vafe pleiii
d'huile , Cûrnu olei , comme il eft porté dans le.
premier Livre des Rois , & une verge ou bâton ^
& lui révéla que de tous ceux qui viendroient
chez lui , celui en la préfence duquel l'huile
bbuilliroit dani Ton vafe , & dont la ftature feroit
égale à fon bâton ^ avoit été deftiné par lui -pour
être leur Roi* ■ /
Samuel ayant fait favoît aux Ifraélites ce que
Dieu avoit deftiné touchant ce qu'ils fouhai-
toient , les plus grands Seigneurs d'entre eux ne
manquèrent pas de venir en foule chez lui j mai»
le miracle de l'huile ne s opéroit point, & la rrte-*
fure du bâton ne s'accordoit point avec la ftature
d'aucun d'eux. Saul , qui n'étoit qu'un porteur
d'eau ou qu'un fimple Corroyeur de fon métier ^
& que Ton furnommoit Thalout ^ comme on â
înârqué ci-deffus \ à caufe de la grandeur de fa
taille^ étant arrivé dans la maifon du Prophète
après les autres , la fainte huile commença à
Ggij
468 ^ Bibliothèque
bouillonner; & lalona^ueur du bâton fe tfoun
parfaitement jufte à fa nauteur.
A ces marques les principaux Ifraëlires, qui
Î^rétendoieht à la royauté , dirent : Anna ïekoun
aho almolk âla'ina v nahna àhàk belmolk menho
y lam ïoutafaat men aimai t » Comment cet
homme fera-t-il notre Roi , lui qui n'a point de
bien ï Nous Tommes plus propres que lui i être
élevés à cette dignité «.
Les Interprètes de TAlcoran écrivent que les
Ifraélites qui proférèrent ces paroles, étoient de
la Tribu de Juda, 6c qu'ils ajoutèrent : » Nous
fommes de la Tribu à laquelle la dignité rpyale
& le don de Prophétie ont été promis , & Saiil
eft de la Tribu de Benjamin , qui n a point de
part ni à l'un ni à Vautre de ces privilèges : de
plus il gagne fa vie dans l'exercice d'un métier
fort vil , & il n'a pas de bien ; comment pourra-*
t-il fontenir la dépenfe d'une maifon royale , &
fournir aux firais de la ^erre que nous allons
entréprendre contre les Philiftins ?
Mais Samuel leur répliqUa , delà part de Dieu :
Enna allah ajtafaïaho alaïkom v ^adako baj^
zhatan alêlm v algzJJtTti y v allah iouti molko
man ïefcha : » C'eft le Seigneur qui Ta choiii
pour votre Roi , & qui par cohféquent l'a pourvu
de toutes les qualités de l'efprit & du corps »
nëceiTaires pour bien gouverner. Elnfin c'eft Diea
qui difpofe des royaumes en faveur de qui il lui
plaît «.
Les Interprètes difent auifi que Saiil étoit un
très^bel homme , & qu'il paiToit les autres Iftaé*
)ires de toute la tête; & qu'enfin , fuivant ce
diftique d'^un Poète Perfan : Mulk-deh v mulk^
O R I EN T A L B. 4^9^
Jitcn ofifpis i R$k gi^ behukmefch neierd hih>
^hkes ; >► Dieu donne & ôte les royaumes
comme il lui plaît ^ & perfonne ne peut pr^ten-
4re au commandement fur les peuples ^ tans fon:
ojrdre exprès. ^
Samuel établit donc SaUl Roi àes Ifraélltes y
iuivant la volonté de Dieu ,^ mais ce peuple ^ qui
faifoit toujours difficulté de le fçconnoître, de-
manda à San^el un figne ou un miracle , par
lequel Dieu leur manifeftàt fa volonté expreile ^
fans quoi ik nl^ lui obéiroient pas. Samuel leur
jrépx>ndit i £nna aïat molkilii m iatikom alta-
bout fihi fakina'ê m&nrabbekom v baktat me^nmçk
tarak alTruôi^a v alharoun ytahmeloka almalai"
kat : » Voici le iigne de fa royauté :. L'arcfe^ da
Sdgneqr »fiir laqi^elle Éa Majefté repofe > & àAi\^
Jaqiielte (bût renfermées Je3 chofes. que Moife 4c.
Aaron y o:^t laiâees , viendra à vous portée par l<^s.
Anges* ^
Les Interpreies , ^x^ Alcftv^t cette arche, v
«irapporteni cpie.c*étou un ço^Fre^ , autour duquel
Jcs portraits de toi^ le^ Patriarches étoientgrj-
vës , & fur laquÉ^Ue la Sakioàt >^quefes Hél^rt^iix.
^pelleat Schekimih du mênie nonky ç*eft-.à'dire,
la Mafefté A^ Diieu, r^pofqit.
Cependant les Mufulmana difet^t: que le mot
As Sehinah fignifile Taskin Khater, ce qui met
. lefpric; en repos; ce qui arrivoit aux Ifraélites
toutes le:S fois qu'ils penfoient q,ue Dieu habi^
toit parmi eujf. Ils difent encore que la Sakinah
étoit plus particulièrement un Chérubin ; de qui
les yeux, femblables à deux lampes, étoient fi
éclatans , que perfonne ne pou voit fixer la vue
(or eux^ 11$ QAi: a.uiS une tradition prife à^%.
^^ • • •
Gg 1»)
\fO B I B L I O T H E Q » E
Hébreux , qui porte que la tête de ce Chérubin
éioit femblablé a celle d'un homme , qu'il avoît
deux ailes , & qu'au temps de guerre il fortok
de l'arche fous la forme d'un veut très-impé^
tueux qui fondoit fur les ennemis des Ifraëlites ,
& qui les défaifoit entièrement; &c*eft pour cela
qu ils faifoient toujours marcher l'arelie' d'alliance
'\ la tête de leur armée.
On gardéicd^ns' cette arche la verge de Moïfe,
»Ia tiare pontificale d'Aaron , un vâfe plein de
'la manne qui ét'oit tbmbee dans le" défert, & un
morceau du bois , nommé Atouah , qui avoic
*}iSouci les eaux fâlées de Mara.
• L'arche ayant été prife par les Philiftins , &
'leur caufant beaucoup de maux, ils réfolurent de
l'enfevelir fous un fumier : mais Dieu envoya
fes Anges , qui l'enlevèrent de ce Heu-là & k
rapportèrent dans lé camp des Ifràélites , pour
maj-que de la volonté^ de Dieu fur le choix de
^la perfonrie'dé Saill pour régnéK
HoufTaïn Vaèz remarque , fur le dernier paf-
fage de l'Alcoran , cité ci-déflus^, que le mot de
^Al ne flgnifié pas j' en-cet endroi t., maifon ou fa-
rtille ; mais-qu'il dt^figne la perfonne même; ce
qu'il prouve par un endroit de rAlcoran , bu
''Al Ibrahim fighifie Abraham niême, & dans la
■^Tradition on dit : Mézamir AlDaofid,pour figni-
fier les Pfeaumes db David même; & non pas
' ceux de fa famille. 11 eft pourtant cettain ,qu'en tre
les Pfeaumes de David il y en- à pïufieUrs qui
ont été compofés par les fiens.
- *
THAMANIN; nom d'une, bourgade fituée
«u |>ied des. monts de Giouda ou Qordiens ^ quQ
Orientale. 471
I^oé fiab'ta. après le Déinge, à laquelle ce nom
a été donné , à caufe des huit perfonnes qtii for^^
tirent de larche. Elle porte auffi. le npm dé
' > . . »
THAMESTIOUS , Themiftius , de qui loA
a dès Ouvrages en grec. Aboulfara^e parle de
hii en ces termes : » Themiftius , Secrétaire^ de
Julien r-Apoftat, étok un Philofophe célèbre de
fbn temps : ila commenter plufieurs Livrer d'AdC
tote , & compofé pour l'Empereur Julien un
Livre du gouvernement de TEtat; il lui a auffi
àdreCé une lettre , par laquelle il le difluade de
iriecuter lés Chrétiens , en Itii marquant que
4et^ a pour agréaWe dêtre adoré en diverfes
îmanieres , & qu'il y a trois cents Sedjes. diffé-p»
Tentes de Philofophes ; & cela fit qu'il cefladei
les persécuter comme auparavant.
"•-'- -i ^ •'. .«.
THAMCrAC^ & TAMG AG' ; nom d'une
Tribu & d'un pays des Turcs Orientaux ou Tar-
tares. Aboulfeda écrit que ce pays eft celui de
Khatha ou Khatftaï, & que ceux qui y ont voyagé
"idifent que ?e grand mur qui enferme leur pays
& leurs villes , dont il met Thamgag' pour la ca-
pitale y a vingt-trois journées de longueur de
Torient à l'occident : il fait mention de ce mur ,
en parlant dé la ville de Khanbàlik ou Khanba-
lek, qjue nous appelons Cambabi,
Maïs tous les Hiftbrîens & tous îes Géogra*
phes Orientaux aiTurent que Thamgag' eft un
pays & un peuple de la race de ceux qu'ils ap,-
pelkivt ^rraA , qui. font les Turcs qui habitent
Gg^iv
47* Bibliothèque
au delà du fleuve Sihon ou laxarces, tant k l'orient
qu'au feptentrion,
THAMOUD ; nom du Chçf d'une des an*»
ciennes Tribus des Arabes , du nombre de celles
qui fontpéries , rùivanc le témoignage d'AbouU
faragc. Ceux de cette Tribu qui vinrent après
lui , furent appelés Caufn Tkamoud , h PeupU
de Thamoua; & depuis Caurn Salth , le Peuple
dâ Saleh , à caufe que , félon l'Alcoran , le Pro-
phète Saieh leur fut envoyé de la part de Dieu ,
pour leur prêcher le cuked'un feul £)ieu. Saleh,
pouf fatislaire à la demande qu'ils lui firent d*un9
marque par laquelle iU puÂent être aCurés do
fâ miifion , fit fortir d un rochèf unç chao^elle
vivante , à laquelle ils cpuper^nt l.es quâa0
jambes. , , . .
Le peuple ^ Tlmiim^d ^ccupoit le pays df
Hagiar , qui eft TArabie Pétrée , fituée entre Iç
pays de Higiaz & la Syrie.
THANOUIATj ceux qui foutiennent les
deux principes , le bien & le mal ; les Arabes
appellent <te ce nom les Mages ^ Us Ma^
nichéeus.
THAOUAIF, Molouk Thaouaïf, Rois de
plufieurs nations ou de races différentes. Les Per-.
lans appellent de ce nom les Succefleurs d* Ale-
xandre le Grand ^ lequel , félon eux , diftribua
avant fa mort les Etats qu'il poffédoit en Afie ,
aux principaux Capitaines qui i'avoient fervi dans
fes conquêtes.
Les Hifioriem de Perfe écrivent que les
Oriental «• 47)
!Prince6 qni partagèrent fe$ Etats , montoient au
nombre ie foixante-^douze , & iU veulent que
celui qui commanda dans la Perfe après Alexan*
dre , ait été nommé Abjlhahafch •, mais il faut
peut-être lire Antakhafch , & ce pourroit être
Antiochus ; car il eft certain que ce nom-là eft
corrompu, de quelque mot Grec*
L'Auteur du Lebtarikh établit trois dynafties
de ces Rois , qui régnèrent en Perfe après la mort
d'Alexandre. La première eft celle qui prit fon
origine d'Antakhafch , qui ne régna que quatre
ans; mais il ne fait pas mention de Tes fuccef-
feurs, parce qu'ils éfiCMient Grecs. Les deux autres
dynafties comprennent les Rois naturels du payS|
iefquels régnèrent dans les parties lés plus orien-
tales & les plus feptentrionales de la Perfe .» du
temps des Séleucides , que les Latinjs ont continsr
ibu« les noms de Pertkes 6c à*Arfaçides,
La première de ces dynafties porte le nom
d'AJchÀanian ou Jfchhuiiens y àcaufed'Afchk
ou Afchek qui en a e'té le Fondateur, & qui. a
eu fept autres Rois pour fuccefleurs ; favoir ,
Afcbek fécond du nom , fon fîls , Schabour ou
Sapor , Beheram , Bêlas , Firouz , Ardevan . qui
eu Artaban , & Kfaofrou ou Khofroèsi
La féconde eft celle des Afchganian ou Afch-
ganiens, qui prend fon origine d'Afchag, qui eut
pour fucceffèurs Khofrou , Qudarz , Narii ou
^Narfes, Narfes fécond du nom, fils du premier,
Ardevan preniisr & Ardevan fécond du nom.
L'Auteur du Tarikh Montekheb ne fau qu'une
dynaftie de ces dei|x / dont il namme le Fonda-
teur A/chkan. En effet , il eft aflez probable que
les Afchkaniens. &^ les Afcbganien» font les
4^4 BrBLIOTHEQUE
mêmes ; car , quoiqu'il y ait une différence d*écr!^
ture , qui cependant eft fort légère , néanmoins
-il eft certain que ces deux noms fe peuvent pro-
noncer en Perfien de la^ même manière. Quoi
qu'il en foit, ces Princes ont régné refpace de
crois cent dix^huit ans , jufqu'à Ardefchir ou Ar-
taxerxes, premier Roi de la quatrième dynaftie>
' appelée des Sajfanides ou des Khcfroès,
. TH AOURI , Abou Abdallah Sofian Ben Saïd
Ben Mafrouk Ben Habib Al Thaouri Al Koufi;
nom d'un des fix Chefs de Seéles reconnues Or-
' thodoxes par les Mufulmans. Ces (ix Chefs font
Abou Hanifah , Schafêï, Hanbal , Malek , Soâan
Al Thaouri, & Daoud Al Esfahani. Quelques-
uns font auffî Dhah^r Chef d'une autre Seâe
Orthodoxe..
Al Thaouri eft mort Tan ï6i de l'Hégire, &
les Auteurs Mufulmans {apportent plufieurs de
fes parole^ remarquables & de fes> (ientences
' morales.
*
THARABQLOS SCHAM, TripoK de Syrie.
Les Arabes ont ainfl corrompu en leur langue
le nom de cette ville , du Grec T^l^^xts. Aboul-
farag6,qui en parle fous ce inême nom, remarque
qu'elle fut prifé par les Francs , c'eft^à-dire par
ïes Croifés , l'an 505. de THegire, qui eft de Jéius-^
Chrift 1109.
Selon Aboulfeda , elle fut reprife fur les^mêmies
' Francs , par Kelaoun , feptieme Roi d'Egypte
de la dynaftie des Baharites , l'an 6B8 de la même
Hégire, qui eft.de J. C. 1289; & Saladin , ni
aucuA autre avant lui , a avait ofé l'attaquer. IL h
Orientale; 47J
démolît , & il en bâtit une autre un peu éloi-
gnée de la mer, & c'eft la ville de Tripoli, qui
lubfîfte aujourd'hui au pied du mont Liban.
. THARABOLOS GARB, Tripoli du Cou-
cîiant : ceû Tripoli de Barbarie , que les Che^
valiers de Malte poffe'doient lorfquelle fut
prife fur eux par Sinan Pafcha avec Dragut^
après avoir manqué de prendre Malte , qu'il
^ïvoit aiiiégée par ordre du grand Soliman. Cette
prife de Tripoli arriva Tan 957 de l'Hégire, &
de J. C. Tan 1550, & le Sangiak ou le Gouver-r
nement en fut donné ï Dragut.
THAREK BEN ZIAD ; nom du Général
d'armée qui conquit l'Efpagne fous le Khalifac
de Valid , fils d'A'bdalmalek , fixieme Khalife de
la Maifon des Omraiades, Tan ^^2 de l'Hégire/,
dans le même temps que Mou^a , fils de Naffir ^,
conquit la Sardai^^ne.
C eft de ce T^harek que la ville & le détroit
dé Gibraltar ont tiré leur nom : car les Arabe$
appellent cette ville. G^ieZ ou Gebal altharek^
éi^Ge^irat altharek , IJIe x)u prefquljle de Tha^
rek , où commence Tembouchurti du Détroit
que les Arabes a^ppellent communément Bab
al^okak^ la .Porte du chemin.
• THASME ; nom d'un fils de Lud & petit-fiU
•de Sem , qui a été le Chef d'une des ancieniies
Tribus des Arabej:,: qui furent; éteintes longr-
'temps' avant 1^ venue de Mahomet. Quand les
^rsbfis veulent parkr de chofes fort anciennes
^ dont on p'a prefque point de mémoire , ils fe
47^ BlBJLÎOT»|S^T»E
fervent de ce proverbe : Ahadith Tkajht v ak^
lamha : » Ce Tant des complet Si, 4^1^ rêveries dit
lexnps de Tha£ine <i* . .
THEODOROUS on THAODOROUS ;
nom d un gr4!nd Phiiofophe:, Mathématicien &
Médecin , natif de la ville d'Antioche» Cbrétieii
Jacobite de religion , lequel , outre la langue
Arabique , poiTédoic encore les langues Syriaque
& Latine. Il alla d^abord à la Cour d'Alaeddin^
Sultan des Selgiucides dans la Natolie^ pour tâ*«
cher dedevêffir Ton Médecin ; mats ce Sultan lu^
l'ayant pas reçu avec le bon accueil qml atten^
doit , il pafla en Arménie , à celle de Conftan-
tin y père du Aoi Haïtem. Il n*y trouva pas en-
core tout l'agrément quil avoit efpéré, ce qui
l'obligea d'ailer trouver l'Empereur Latin db
jConftantinople , k la fuite d'un AnaJui&deur^
L'Empereur ne le reçut pas feulement avec touie
la fatisfa(flion qu'il pduvoit fouhaiterj, il le com-v
bU encore de bienfaits , & lui donnA même le
revenu d'un» petite ville nommée Camahiah ^
& de Tes dépendances. Quoiqu'il fik fort aife»
néanmoins le défir de revoir fa patrie 6c Tes amis
lui fit prendre la réfohiiion d'y retourner :,il prit
fon~ temps pour s'embarquer pendant que l'Em-
pereur étoit allé à une expédition y mais ayant
fait voile , il fut accueilli d un vent contraire ,
qui le contraignit d'aller prendre port à ane ville
où l'Empereur fe trouvait : alors labpnte v plu-
tôt que la crainte de paroîcre devant lui , après
s'être éloigné fans en avoir demandé la permif«
iion , fit qu'il prit du poifon , dont il mourut.,
O II î It H T A L «. 47^
THEOtJDOUSIOUS ou THAOtlDOU-
SIOUS ; nom que les Auteurs Arabes donnent
BU grand Théadafe ^ âc entré autres Ebn Batrik
dans Tes Annales.
THIB Dû TflAIËB , Ahmed Ben Mokm-
med Ben Marvah Ben Al Thib ou Al Thaïeb Al
Sarakhjfi ; nom d'un fameux Pbilofophe Muful-
man , très-doéle dans les Sciences des Arabes ^
lequel a compofé plufienrs beaux Ouvrages fur
différentes fortes de Sciences. Comme il avoit
de grandes coinnoi^ahte^ & qu'il étoit très-élo-
quent dans fes difcours ^ il fuc d'abord Pré-
cepteur du Khalife Motâded , & enfuite il devin^
fî familier avec lui , que le Khalife non feule**
ment le faifort boire & manger à fa table , mais
encore qu'il lui cOnfioic fes ficrets. Ebn Al Thib
^yant eu l'imprudence de révéler un de fes fcr
crets , ce Khalife le fit mourir.
THIB oû THAIEB , Aboulfarag Abdallah
Ebn Al Thib dti Tfeaiieb Al Eraki; nom àun
grand Philofophfe Métaphyficien & Médeci».
<Juelques-uns l'ont ftccufé d'avoir été trop long
-dans fes expli^cûtidns , & particulièrement un
Juif qui n'avoir pfts un grand génie , & qui
Te contentoit dfe lire Avicenne. Maià Gema«
leddin Al Kofti a fait fon apologie en difant^
qu'il avoit rétabli bô'aûcoup de dhofe* dans le^
"ociences qui avoient été abandonnées , & qu'il
^voît rendu intelligible ce qui ne l'ëtoit pas. Il a
cnfeigné la Métaphyfique pendant vingt ans^
■'avec tant d'application & de fatigue , qâ ilen con*
traéla wne maladie dont ii m^wna l'^n +35 dt
47* Bibliothèque
l'Hégire. Il a eu beaucoup de Difciples , qu! ont
été de grands perfonnages après lui , & entre au*
très AT Mokhtar Ebn AI H^Can , £bn Abdoun »
furnom'mé Ebn Botlan.
*
THOGR AI ; mot Arabe forrtié de celiiî de
Thogra, & celui-ci fignihant le parafe ^ qui ren-
ferme le nom & les titres des Princes Mahomé->-
tans , que Ton met ordinairement au haut de
leurs Patentes; Thograïfignifie celui qui fait bieil
former un tel parafe , ou même celui qui a la
charge de Tappofer au haut de ces Patentes. En
Tun ou en lautre fens , il fert de furnom aux
Perfonnages defquels il eft parlé dans les titres
iuivans*
THOGR AI , Mouîad Eddîn Abouîfmaïl Ben
A!li Ben Mohammed Ben A'bdalfamad Rafchid
Eddiil , Al Esfahani , Al Thograï; nom d'un per-
fonnage très-iliuflre de fon temps , tant par its
^Ouvrages en vers & en profè ^ que par Tamitié
des Selgiucides , dont il a été honoré , & par les
.charges qu'il a exercées dans leurs Etats^
' Ben Schohnah, en parlant de lui, écrit qu'il
eut dabord de 4 emploi à la Cour de Malek
.Schah, fils d'Alp Arflan, de la race des Selgiu-
cides, 6c que le Sultan MaiTôud , de la même
Maifpn , le fit fon Vifir ; mais que ce Prince
ayant été défait dans un combat par fon {r^rt
Mahmoud, Thograï, car c'eft ainfi qu'on lap-
peloit communément , fut fait prifonnier &
pierdit ainii la tête. En le faifant mourir, le Sul,-
tftn Mahmoud allégua pour caufe, qu'il avoit
reconnu que c etoit un infidèle âc up impie.
O R 1 E N T A t E. "" 47^
Il y a un Divan ou Recueil de fe$ Poéfies , 6&
on Poème célèbre ^ intitulé Lamiat alâgem , à
caufe que la dernière confonne de chaque rime
eft un lam ou une L. Pocokius Ta traduit en La-
tin : il eft auffi Auteur d un Livre écrit en profe,
dont le titre eft Erfchad alnoulad , quilemble
être un Traité de TEducation dés enfaus.
Thograï fut mis à mort Tan 5 1 3 de THégîre ,
ce qui lui a fait -donner les tijtres à^Iman Al
Schehid^ c*eft*-k-dire , Ylman Martyr-, car ceux
que les Princes Mufulmans font mourir , font
appelés Martyrs,
L'Auteur du Rabi alabrar lui donne les titres
de Kethïr alfadhlj abondant ou riche en Vertus.
& en belles qualités , qui eft ce que les Italiens
appellent virtuofo ; lathif althebà ^ naturelle-
ment agréable & faifant bon accueil à tout le
monde ; Faiek ahel àfrho fil nadhm v alnathr^
le plus excellent Ecrivain de fon fiecle en vers
& en profe.
THOGRUL BEN ARSLAN ; nom du der-
nier Sultan des Selgiucides qui ait régné danir
riraque Perfique , & qui ait réfidé en la ville
royale de Hamadan : il fuccéda à fon père Arflan ,
& gouverna affez heurcufement fes Etats , fous
la direélion de fon oncle maternel, le vaillant
Mohammed , fils d' Atabek Ildighiz.
' Au commencement de fon règne, Badangiar
attaqua la province d'Adherbigian , & Moham-
med, fils de Thogrul fils du Sultan Mohammed^
attaqua VIraque : mais cette guerre ne dura pas
long-temps ; car Mohammed , fils d'Ildighiz^
avec' fon frerç Kizil' Arflan , vinrent tous deux à
4Sd BlSLIOflflQtTE
la tète À'une puiiTante armée , & rangèrent hiëtu»
tôt fes ennemis à laraifon, qu'ils obligèrent de
demander ta paix.
En la dixième annëe de Ton fegne , qui fut
l'an 581 de THégire ^ il y eut un^ de ces grandes
conjonélions des ièpt planètes , qui arrivent très«
rarement , laquelle fe £t au troi/îeme degré de
la Balance , qui «ft un figne aémn , fuivant la
doârine de rÂftroIogie juaiciaire.
Tous les Aftrologues de ce temps-là, & entre
autres Anuari , furnomméHaA/m« le Philq/bpkcj
jugèrent que des vents fi violens dévoient (ouf-
fier cetre annëe-lk, & qu'il devoit y avoir des
ouragans fi terribles , que la plupart des maifons
en feroient reiiverfëes & les montagnes fecouées.
Ces pronoftics firent même que plufieurs pré-
parèrent des lieux fouterrains pour leur retraite,
& potir fe garantir de fi horribles tempêtes. Ce-*
pendant) dans tout le temps marqué, il ne fouffla
aucun vent qui ait empêché les payfans de battre
& de vanner leur grain en pleine campagne.
' La faiHëté de Cette prédiâion donna occafion
lunPoëte Perfien de fiire ce quatrain fur Anuari s
Kuft Anuari kife^Jebei baahaifakht : Virart
Jcheved émaret y kuhfar v berteri : Der rou^
hoktn V n€ve!(idejl hiich bad : la Mor/el alriak
tou dani neh Anuttri ; c*eft*-à-dîre, )^ Anuari a dit
que la violence des vents devoit renverfer les
maifons & les montagnes : mais il ne fouffla
^as le moindi^ vent le jour qu'il avoit marqué.
Seigneur ; qui commandez aux yents^ & qui les
mvoyez cotn«ne lion vous femble^ c'eft vous qui
favez cescho&s, & non pas Anuari <(,
Mais, quoiqu'alors les Aflrologues aient été
convaincus
Orientale. 4J1
convaincus de menfonge à 1 égard des vents,
néanmoins;, du confentemenc unanime de cous
les Hiftoriens , il eft certain que ce fut eti cette
xnéme année qu'une tempête bien plus terrible
& bien plus effroyable qu'aucune que les vents
les plus impétueux aient jamais excitée , s éleva
dans les climats du Nord. Ce fut l'irruption de
Cringhizkhan & de {qs Mogols ou Tartares, dans
les provinces d'Iran, Ce grand orage vint fohdre
d*abord fur le Khouarezm , & après il s'étendit
fur toute YAûe , comme on peut le voir dans le
titre de Ginghizkhan.
En cette même annë^, mourut TAtabek Mo-
4iammed, fils dlldighiz, ce qui caufa de la divi*
iion entre le Sultan & le père du mort, nommé
Ki^il Arjlan Atabek. Ce Seigneur ambitieux
voulant dîfpofer de toutes chofes fans recevoir
lés ordres du Sultan^ lui donna beaucoup d'om-
brage ainfi qu'à toute la Cour; en forte que
s'appercevant lui-même que le Sultan n étoit
pas content de lui , il voulut lé prévenir , de
s'avança tout d'un coup avec une grande armée
yers Hamadan. Thogrul , qui n'avoit pas alors
auprès de lui de^ forces capables de réfifter à
ce rebelle , prit le parti de fe fauver le mieux
qu'il put.
. Kizil Arflan entra dans Hamadan , où per-
fonne ne lui fit réfiftance; & après y avoir de-
meuré quelques jours, content d'avoi^ fait cette^
infutte au Sultan , il fe retira chez lui dans TAd-
herbîgian.
Après le départ de l'Atabek , Thogrul rentra
dans fa capitale. Mais voici un autre piége que
JLizil Arflan lui tendit : il fufcita plusieurs Sei-
Tomi y. H h
4^1 Bibliothèque .
gneurs de Tlraqué qui n etoient pas contens dft
lui, & les attira à fon parti. II leur pierfuada
enfuiie d'envoyer a la Gour du Sultan des gens
qui lui fiifenc favoir de leur part le dëplaifiir
qu'ils avoient de tout ce 4ui s'étoit paffé , avec
ardre de lui témoigner qu'ils étoient près de
lui en demander pardon 4 s'il avoit a/Tez de bonté
pour le leur accorder. Thogrul reçut cette foa-
mii&on fore agréablement, & leur donna pout
k^ recevoir un jour qu'il devoir jouer au maii
à cbeVal dans; la grande place de la ville. Le^
Seigneurs ne manquèrent pas de fe préfent«
detaht lui : Màiis au lîeu de lui demander pardon,
comme ils étoieftt les plus forts , ils fe fai-*
firent de fa perfonne , & i emprifonnerent danè
fe chât^u fori nommé Calàat alnagiou , Je Chùr
tenu du Refuge.
Auffi-tôt que cette entreprife fut exécutée ^
Kizil Arflan partie de TAdherbigian &, vint à
Hamadan. Son deflèin étoit de mettre fur It
tTÔne y à la place die Thogrul ^ le Prince San-
giar; fik du feu Soliman Scbab : mais il lui vint
nouvelle de Bagdet ^ quje le M^àlife ayant appris
ce qui s etoit peffé au fujct de Thogrul , avoit
dit : » L'Atabek a. un beau . prétexte de fe faire
Sultan lui-même «. Ces paroles du Khalife le dé-
terminèrent abfoluthent k prendre <:êtte qualité,
& il fit graver fon nom fur la mônnode d'or àt
d'argent.
Cfette entrleprife fit hien changer de face à
fes affaires ; car Fakhreddin Coutlouk , f&n ne-
veu^ & plufietirs autres gi'atids Seigneurs de l'Etat,
ne purent fouflvir cette ufufpHtion fans jaloufie,
chacun d'eux 9'eftiniant po«t le mofau m& di^no
Or I e n t a l e. 48J ^
jde ce rang que lui : c eft ce- qui les fit conjurer
tous unanimement contre fa perfonne ; ôc après
l'avoir fait tuer , ils partagèrent entre eux les
Etats de ThogruL
Dans ce même temps , le Sultan Thogrul fe
faùva de fa prifon par les intrigues de HoiTam
Eddin , Général de fes troupes , lequel ayanc
l^eaucoup de gens dévoués encore au Sultan , lui
en avoit facilité les moyens. Auili-tôt qu'il fut
^n Iil>erté , il fit battre la caiife , & mit fur pied ,
«n très-peu de temps ^ une armée avec laquelle
û défit les rebelle^ & les punit de leuc révolte
comme ils le méritoient. Cette vidoire rétablit
entièrement fes ajSFaires , & le remit en un état
auffi fioriiTant quHl eût jamais été.
.L'an 588 de l'Hégire, Firnab, mère de Kut-
luk ou K^outlouk Ebnaïg* ^ & femme du défunf
Atabek Mohammed Ben Ildighi:^ , follicitéc par
fon fils, entreprit dempoifonner le Sultan, EUç
€n avoit toute la commodité , parce qu elle de-
meuroit dans le Harem ou Sérail fecret de {t$
femmes : mais Thogrul en fut averti , & il I9
prévint ; car il lui fit prendre à elle - même Iç
poifon quelle avoit préparé pour lui , dont ellf
mourut au/&-tôt. Il fit enfuite arrêter Koutlouk,
& il auroit par ce moyen mis fa vie en aflii-
^ance, s il n'eût pas ufé de trop de clémence en-
vers fon prifonnier ; car la jiberté qu'il lui donna
fut cauiie de tous les mau^ qui lui arrivèrent
depuis.
En eflfet , auffi-tôt que cet ingrat f^t forti de
Ja prifon ^ il ne fe fervit de fa liberté que pour
^avtr]a vie & la couronne au Sultari* Il entretint
Âts intelligences fecretes avec Takafch ^oi de
Hhij
4^4 B I 1 L I O TH E Q U E
Khouarezm , & le porta à la conquête de l'Iràgne •
Perfiqiie. Takafch vint efFeéîivenFient, & joignit
fes troupes, aux fiennes. Us a/ïîégerent enfemble
le château de Thabrek, & le prirent. Mais Ta-*
kafchf après avoir demeuré quelque temps aux
environs de Rcï, ne voulut pas attendre la venue-
du Sultan, & il fe retira après avoir laiiTë Thà--
fag' pour gouverner & confervér fes nouvelles
conquêtes.
• L*an 589 de THe'gîre, Thogrul reprit le châ-'
teau de Thabrek & tout ce aue Takafch avoir
tnvahi fur lui. U fit aujiî Thanig' prifonnier, &
le fit punir.
L'aw 590, Koutlouk agiflânt de concert avec
Tâkafch, leva une puiflante armée, & vint cam-
per dans riraque. Thogrul alla incontinent à lui^
oc après la défaite de les troupes & favoir. mis
en déroute , il l'obligea de fe retirer en Khoua-
rezm aia'près de Takafch.
Alors le Sultan^ Thogrul croyant être délivré
de tous fes ennemis , s'abandonna, avec tous les
iexcès itnagînables , aux plaifîrs des femmes & ï
la débauche du vin. Cependant on lui vint dire
que Takafch lèvoît de nouveau une groffe armée
^ui pburroit bien venir fondre fur l'iraque : mais
enivré de la profperité de fes armes , & endormi
au milieu des délices , il ne profita point de cet
avis, & il continua fes débauches à un tel
point, que les Grands de fa Cour, irrités de
voir de fa part une négligence û grande des
aâkires de fes Etats, écrivirent k Takafch, &
lui mandèrent de fe hâter, en Taflurant qu'il fur^
Srehdroit aifenient Thogrul au milieu de fes
éfordres. •
^ Orientale. 485
.' " Takafclî ne méprifa point cet avis , Se il fit
une diligence Ci grande , qu'il arriva aux portes
^e Reï pendant que le Sultan étoît encore noyé
dans le vin. Le Sultan fe reveillant en cet état,
ne laifla pas de marcher à la tête de fes troupes,
en pouflànt vers les ennemis & en prononçant
ces vers tirés du Schah Nameh : Tchou ^an
lefchkerkefch berk hajlkerd : Rokh namdaran
,nia vahejcht deri : Men e^kor^ iek ^okbom
herdafchtem : Srpahra hemçin giaii beku^nfch-^
jtem : Khoroufchi Khoroufchidem e^ pufcht pn :
Kih tchon ajjïa fchud perijchan ^emim : c'eft-*
à-dire , » Auffi-tôt que de loin on vit la pouf-r
iîere excitée par cette armée qui avançoit , la
Joie parut fur le vifage de mes foldats & de mes
Capitaines. D'un feul coup de ma mafle d'armes ,
j'ouvris le chemin à mes troupes au milieu d^
mes ennemis, & les'efïbrts de mon bras furerit
fi vîolens, que fans quitter les arçons de ma
felle, je fis tourner la terre comme une meule
'de moulin ^.
' En prononçant ces paroless animées par la
chaleur du vin, & en maniant fa mafle d'armes,
comme s'il eût voulu frapper, il en déchargea
un fi grand coup fur une des jambes de devant
de fon cheval, qu'il s'abattit fous lui, & qu'il
fut renverfé lui-même par cette chute. Koutlouk
le voyant par terre, courut aufli-tôt à lui, lui
ôta la vie avec fon cimeterre, & termina par le
même coup la durée de la puiflànce des Selgiu-
cides, laquelle prit fin dans l'Iraque par la mort
de Thogrul, comme elle avoit fini dans le Kho-
*raf<3n par celle de Sangiar.
Un Poëte Perfien s'adreflant à ce Prince mort
Hfeiij
4^6 Bibliothèque
par cet accident, dit : Jmrou^ Sakaka mulk
fehan diltenghijl : Firou^eh tcherkk her leman
er renghili : Di e^ J}r tou rahéfelek tek ke^
boud : ' Imrou^ ^efer tabch tenet fi^fcnghifi :
'i^Grahd Roi, le Monde a aujourdhui le cœur
Terfé, & l'azur des cifeux change même à tout
fnomenr de couleur. Hier il y avoît peu de dif-
t^Tîce entre votre tête & h voûte du ciel , &
âi/jourd'hui il y en a une fort grande entre votro
tétè & votre corps <c.
Ce Prince avoit beaucoup d'efprît fit dô
grandes qualite's; car il n eioit pas feulement re-
cyitimandable par fon courage qui le faifoit
Comparer à Roftam fie à Asfendiar, 'mais encore
pour fon efprit fie pour fa fciencc, fie ilexceJloit
fi fort à faire des vers eîi langue Perfienne, qu'il
y a d^s Auteurs qui comparent fa Poéfie à celle
i'Anuari fie de Dh^ihir. Voici un quatrain de
fa façon : Dirou^ tchunan vajfal gîan ferquA i
Vilniroui ^<^hunin ferak àiemfou^i : Ajfsous klh
ber defter umrem eiam : Anra rou^i nouijfed
inra rcu^i : » La pofleffion du bien que j*aimois
refidoir hier mon ame comble'e de joie , 8c au-'
joiwi hui une féparation cruelle me défoie fit
me c(?nfume. Tel tft 1 état déplorable de ma vie.
Li î-crtuné^ efface aujourdhui ce qu'hier elle
avoii écrit de favorable pour moi <(.
Lie Poë'^e Nazami , qui admiroit plus îa doc-
trine de Thogru! que fa puiflance, dit de lui:
Serir. nfrci'^ aklim màdni : VelaUtghir mulk
^ende^liiar: : » Qu'il dbnnoit de l'éclat au trône
du royaumr! de Tcfprit ^ 6c qu'il avoit conquis
toute 1 étendue du pays de l'immortalité «s.
Orientale. 4S7
THOGRUL BEN MOHAMMED; nom
âii fécond Sultan d une branche de la Maifon
des Selgiucides, qui régna dans les deux Iraques^
Perfique & Arabique. 11 fuccéda à fon frère Mah-
moud qui avoic été reconnu Roi ; mais il eut
toujours des conteftations avec MafToud , fon
autre frère , qui lui difputoit la couronne. Plu-
fieurs combats fe donnèrent entre eux , & enfin
après avoir régné trois ou quatre aiis , il mou-^
rut Tan 539 de THégire. Cétoii un Prince
fuAe , vaillant & libéral. Màfîôud fon frère lui
fuccéda.
THOGRUL BEG BEN MICAIL BEN
SELGlOUK; nom du premier Prince ou Sultan
de la dynaftie des Selgiucides. Son nom de Mu-
fulman étoit Abou Thaleb Mohammed^ & fon
furnom , qui eft le titre que le Khalife lui donna^
Rokneddin j la Colpnne de la Foi & de la Re^
ligiort* C'eft celui que Cedrenus & les autres
Hiftoriens Grecs modernes appellent Tangroli-^
pixj par une corruption du nom deThogrul Beg^
fort extraordinaire, & cependant très-commune
aux Grecs, qui ont de tout temps rendu prefque
méconnoifTables les mots qu'ils ont empruntés
des autres langues.
Auflî-iôt que TJiogrul Beg fut reconnu pour
Roi dans la ville de Nifchabour, il envoya fort
frère Giafer Beg à la conquête de la ville & du
pTays de Herat , dans la même province de Kho-
rafan, & Giafer Beg exécuta fi bien fes ordres,
qu'il réduifit l'une & Tautre à fon obéiflance en
peu de temps; &, Thogrûl Beg y mit un de
fes oncles pour la gouverner. Mais pendant qtke
Hhiv
4*8 Bibliothèque
fon frère fit cette, expédition , -il allaen-per-i
fonne à Merou/dont il fe rendit le maître, St
y ayant établi le fiége royal , il donna de nou-
velles Loix à tout le pays de Khorafan , par leC-
quelles tous les défordres & toutes les injuf-^
tices qui y régnoient depuis long-temps furent
bannies.
Cette même année, qui étoit la 429 de YHér
gir'e^ le Sultan MaiTôud^ fils de Mahmoud , ièr
cond Roi de la dynaftie des Gaznevides , ailembla
toutes fes forces pour chafTer les Selgiucides de
fes Etats; mais les deux frères ayant auffi ra«
maifé toutes leurs troupes , lui livrèrent la ba-
taille , qui fut extrêmement fanglante , & dans
laquelle la vi(5loire leur denfieura fi complette,
que le Sultan MaiTôud s'apperçut bien qu'il ny
avoit plus rien à faire pour lui dans le Khorafan,
En effet, étant mort peu de temps après , il
laifla les Selgiucides fi bien établis dans cette pro*
vince, qu'après fa mort il leur fut aifë d'y joindre
la ville & la province de Baikh , avec tout le
pays de Khouarezm.
Les deux dernières conquêtes furent fuivies
de celle du Giorgian que Thogrul Beg entre-
prit , & de là étant paffé à celle de Reï , elle ne lui
fut pa^ moins heureufe. Après cela , la rédudion
de toute l'Iraque Perfique ne lui fut pas 'diffi-
cile; & lorfqu'eJIe fut achevée, il la choifit pour
fa demeure & pour fon partage, & laiffa le Kho-
rafan à fon frère.
L*an 447 de I Hégire , Thogrul Beg fit lex*
pédition de Baudet. Le Khalife , qui étoit pour
lors Caïm Beenirillah , le reçut avec joie ; car
il fe voyoit entre les ixiains des Princes Bouides
Orientale; 4S9
491] Diîemites V qui ne lui avoienc laiiTé aucune
autorité; & ce fut alors qu'il donna à Thogrul
Beg le titre de Rokneddin , qu'il fît publier Ton
nom dans les mofquëes, & battre la rfionnoie à
fpn coin. Ainii le Sultanat de Bagdet, ou la
charge d'Emir Alomra des Khalifes , paiTa de la
Maifon des JÇouides dans celle des Selgiucides :
car Thogrul Beg fît prifonnier Melik Rahim »
dernier des Princes Bouides qui la pofTëda.
L'an 45 3 , Giâfer Beg , frère de Thogrul ,
mourut dans le Khorafan, & laifTa pour fuccef-
feur fon fîls Alp Arflan , qui fut auflî dans la
fuite rhéritier de fon oncle Thogrul, qui mourut
Yans.enfans.
L'année fuivantc, Ibrahim, oncle maternel de
Thogrul, fe révolta contre lui, & vint avec une
puifîante armée de Tlraque. Arabique où il étoit
Gouverneur , jufqu'aux environs de la ville de
Hamadan , dans laquelle Thogrul faifoit fa réfî-
dence; n'attendant rien moins que d'être attaqué
par fon parent :\mais Alp Arflan , fon neveu , vint
li promptement à fon fecours avec les troupes
du Khorafan, qu'il vainquit aifément Ibrahim,
lequel étant tombé prifonnier entre fes mains,
paya aufH-tôt par fa morx le châtiment dû à fa
rébellion.
Après cette viéloire fignalée, Thogrul ren-
voya Alp Arflan au Khorafan , & il fit enfuite
un fécond voyage k Bagdet , dans lequel il dé-
livra le Khalife de la perfection de BefTafri ,
& le remit pour une féconde fois fur le trône*
Caïm fut obligé fi fenfîblement par cettç action,
qu'il crut ne pouvoir donner une plus grande
récompenfe à Thogrul , qu'en lui accoroant fa
40O BllbLTOTHEQUE
fille en mariage. En effet , c'étoic un honnetif
bien grand à un Turc que de mêler fon fang
avec celui des AbbaAîdes. Il fe tranfporta donc
de Bagdec k Reï, pour y recevoir fan époufe
avec toute la magnificence poffible, Tan 45^ de •
THe'gire : mais il y fut à peine arrivé , qu une
he'morragîe lemporta en fort peu de temps; de
forte que fon époufe, en arrivant, le trouva mort,
& le jour des noces de Thogrul fut changé en
celui de fes funérailles.
Ce Prince avoit vécu foixante & dix ans , & e^
avoit régné vingt-fix. 11 ne laiffa point d'enfans;
âe forte qu'Alp-Arflan ^ {on neveu, devint foa
héritier , & par conféquent un très-grand Mo-
lîarque.
Aboul KafTtîm Kermani & Amid Almolk Kon-
deri furent fucceffivement Miaiftres ou Vifirs de
ThogruL
Au fujet de la grande bataille que les Selgiu-
cides donnèrent au Sultan Maildud, & qu'ils ga-
gnèrent , l'Auteur du Lebtarikh ajoute qu'elle fc
paffa dans la plaine de Zendekan , auprès de la
ville de Merou; Tan 43 z de THégire, & qu'a-
frès cette vicîloîre , le Khalife Caïm envoya la
atente de Sultan aux deux Princes , Thogrul
Beg Sç Giàfer Beg, par les mains du Cadhi Aboul
Caflem Baourdi, un des plus favans hommes de
te fiecle-là.
Le même Auteur écrit que Thogrul mourut
dans la ville de Reï Tan 454 de l'Hégire; que
cecoic un Prince vaillant, julle, prudent, & de
bonnes moeurs. Jamais il ne manquoit aux cinq
temps de la prière journalière des Miifulmans;
ij jeûauit tous les premiers & féconds JQurs de
O R I E N T A L K. 49!
la fémaîne ; il ne faffbit bâtir aucun- palais pour
lui, qu'il ne fît auflî conflruire une morquée ,
voulant toujours qu'elle fût achevée avant que Ton
'jetât les fondemens du palais.
L*Autenr dii Nigbiariftan rapporte THiftaire
de fon mariage avec Seïdat , fille du Khalife
Beemrillali , d une manière bien différente de
celle que Khondeihir a décrite. Il en parle <lan^
les termes fuivahs :
Après avoir été falué & couronné Sultan ,
Thogrul Beg Forma le deffein d'ëpoufer cette
Prince/Te, & la demanda en mariage au Khalife
fon père , qui ne put y confentir d'abord : mais
comme il fe rendit peu après maître de la per^
fonne & de l^Etat du Khalife, pour venir à boat
de fon deflein , Amid Almolk 'fon Vifir, lui con-
feilla de retrancher peu à peu les revenus du
Khalife, afin que fe voyant réduit à l'étroit , il
confentît enfin au mariage de fa fille ; unique
moyen qui lui fut fuggérè pour rentrer dans le$
bonnes grâces* du Sultan , & en même temps
dan^ la jouiifancc de tous fes biens.
Ce fut le Vifir qui conduifit cette affaire avec
beaucoup d'adreffe. , & lorfqu*il eut obtenu la
fille du Khalife pour fon paître , il la lui amena,
à Tauris où il étoit; & ce fut en cette ville.
que le mariage fut conclu & le contrat figne'.
Mais la folenniré des noces & la confommation
du maringe ne fe dévoient faire qu'à Reï, pour
lors capitale de Tlraquc Perfique , & fîége royal
de Thogrul. Ce Prince s y trànfporta, pour pré-
parer toutes chofes avec pompe & magnificence;
mais comme les chaleurs fe trouvèrent excef-
£ves dans cette faifon y il forcit de la ville pour
49* Bibliothèque
aller prendre quelque rafrakhiflement > daifs té
lieu délicieux de Roudbar, où il araic un très^-
beau palais , & ce fut en ce lieu-là qii'il fu€
attaqué d'une hémorragie au perte de fang dont
il mourut en fort peu de jours, l'an 455 de
l'Hégire.
Kemal Ifmaël, Peete Perfan , fît ces deux
.vers en fa langue» fur le lieu de la mort de ce •
Prince : Khak Reï pes garib dujchmen boud :
Vernth ora tchih vakt rejtenboud. En voici l'ex-
plication : » Le pays de fleïeft ennemi des étraif-
gers^ & fi fon air ne lui a pas caufé la mort,
wn heure de partir étoit venue «.
Cet accident imprévu fit que laPrincefle Seîdat
jetourna auprès du Khalife fon père au même
état qu elle étoit partie. *
Ebn Amid remarque que ThogruI Beg , en
rétablifTant Caïm Beemrillah fur le trône de
Bagdet, l'an 451 de l'Hégire, Taccompagna lorf-
qu'il fil fon entrée publique dans la ville de
Bagdet , & tint la bride de fa mule»
THOGRUL SCHAH BEN MOHAMMED;
noni du feptieme Sultan de la branche des Sel-
giucides qui ont régné dans le Kerman. Il fuc-
céda à fon père, & mourut après un règne de
douze ans. Les trois enfans qu'il laifTa, Itfquels
font Beheram Schah , Arflan Schah & TourAii
Schah 5 fe firent la guerre les uns aux autres Tef-
pace de vingt ans avec des avantages recipro^
ques ; de forte que celui qui avoit le deflus apiès
une victoire , étoit reconnu Sultan jufqu a ce qu'il
fût chaâe par un de fes deux frères.
Orientale. 49^^
THOLOUN, Ahmed Ben Tholoun, Atnedh
fils de Tholoun ; nom du Fondateur de la puif-
(ance & de la dynaftie, des Tholounides en
Egypte. Motaz , treizième Khalife de la Maifon *
des Abbaffides , Tayant envoyé Gouverneur ea
Egypte , il y devint fi puifTant fous les Khalifes
Mohtadi & Motâmed , qu'il fe rendit maître
abfolu non feulement de cette province , mais
encore de la Syrie, n'y confervant d autre marque
de leur autorité que celles de la prière folen-'
nelk en leur nom, & de faire battre la mon-
noie à leur coin.
MouafFek, frère du Khalife Mot âmed, qui fe*
repofoit fur lui du gouvernement du Khalifat,
oonnoiflant que le refte de TEtat étoit trop foible
pour entreprendre de réduire Ahmed par la
fbrce, le m excommunier publiquement dans
toutes hs mofquées de Bagdet comme un re-
l^elle. Ahmed en ât autant de fon côté envers
Mouaffek, & le déclara indigne du commande-
ment qu'il ufurpoit fur le Khalife fon frère. Tout
ce que Ton fit d ailleurs pour s'oppofer à fon
agrandiifement, ne diminua en rien fon pouvoir;
car il laugmenta toujours , & l'affermit jufqu'à
fa mort , qui arriva Tan -270 de THégire , & il
le laiilà héréditaire à fes fucceffeurs , que Ton
appelle les Tholounides f à^nt le premier fut
Hamarouiah fon fils aîné.
Gei(ch; fils de Hamarouiah, fuccéda à fon
père Tan 282; mais parce quil étoit en bas âge,
il fut tué & dépoffédé l'an 2^3 , par Thagag';
Gouverneur de Damas.
Haï'oun , frère de Geifch, fut mis à fa place i
mais il fut auffî tué l'an ^92.
494 Bibliothèque
Senan ou Sinan fon oncle , fils d'Ahmed Ben
Tholoun , lui fuccéda : mais en cette même
année 191, le Khalife Moktafi reconquit TEgypie
& la Syrie , & fit mourir dix enfans de la Mai-
Ion de Tholoun , & Sinan fut de ce nombre :
de forte que la Maifon & la puiffance des Tho-
lounides demeurèrent éteintes.
Ahmed\ pendant fa vie, a voit fait bâtir une
fuperbe moîquée entre le vieux &. le nouveau
Caire , que Ton appelle encore aujourd'hui la
JA<ifQuée de Ben Tnclcun.
EbnBatrik rapporte que lorfqu* Ahmed, tomba
malade, il fit monter par bandes féparées les
Chrétiens, les Juifs & les Mufulmans, à la mon«
tagne Jiommée Mocattham , afin qu'ils y priaflênt
Dieu pour fa fanté.
. On dit qu'il laiâa trente-trois enfans mâles,
dont lain^, nommé Hamarouiah^ fut fon fuc-
ceiTeur , & dix rnillions de dinars dans fon tréfor^
outre un très-grand nombre d'efclaves, de che*
vaux, de n^ulets & de chameaux. 11 avoit fait
iponter , de fon temps , le tribut ou le revenu de
l'Egypte à trois cent millions.
THOUFÏL ou TOUFiL BEN TOUMA
AL RÔHAOUI, Théophile fils de Thomas;
nom d'un- Chrétîei^ Maronite , natif de la ville
de Roha pu d'Edeffe , lequel fut Aftrologue <|«
Khalife Mahadi. jl cft Auteur d'une Hiftoire fort
^fliâiée; Sf. d'une tradu<t)ion de. la Langue Grec*
que eh Syriaque ^ de Tlli^de d Homère.
Ce Théophile a prédit lui-mêrtic fa mort &
^elle du Khalife fon Maiue , conune on ^euile
voir par le récit qui àiifc. .
Orientale. 495.
Mahadi ayant réfolu (ïe faire un voyage ,
commanda à Hnïïane, fa concubine, de fe pré-
parer pour partir avec lui. Hâfîane , qui auroit
Lie*) voulu ne pas faire ce voyage, croyant que
Théophile avoit perfuadé au Khalife de l'entre-
f prendre, lui envoya par une efclave un billet pour
ui en marquer fon indignation , & le billet por-
toit : » Vous avez confeillë au Commandant
OH à TEmpereùr des Fidèles de faire ce voyage
auquel je ne m atrendois pas , & vous êtes câUfe
que je fuis obligée de le faire contre mon inteft-?
tion. Dieu hâte votre mort, & nous délivre dci
vous « ! .
Théophile ayant lu ce billet , renvoya lef*
clave , & la chargea de dire à fa Maîtrefle qu'il
n'avoitpas confeillé au Khalife de faire le voyagf^
dont il s'agifToit , comme elle le prétendoit. A
1/égard de fon imprécation , par laquelle elle
fouhaitoit fa mort , que Dieu l'avoit refotue , ^
qu'il mourroit bientôt ; mais qu'elle ne devoîc
pas préfuroer que ce fût parce que fa. priera
éioit exaucée. Pour elle , qu'il lui donnoit àvîs;
de faire un grand amas de poufliere , parce qu elle
en auroit befoin pour en. couvrir (a propre tête
quand elle feroit morte. Il mourut en effet éit
peu de temps , & vituçt jc^urs après , fa mort
fut tuîvie de celle du fChaJife > qu'il avoit pré-
dite en donnant avis à Haffane d'amaffer de là:
pouffiere pour mettre fur fa tête , & en lui
inarquânt par4à Ja douleur qu eUe en auroîtl
THOUMAN BAI ; nom du vingt-uniemè
- Roi d'Egypte , de la rate des Circailiens , qa^i
nos Auteurs appoHent Toman Bej. Il fut |tté^
49^ Bibliothèque
miërement proclamé à Damas , & enfuite en
Egypte y l'an 906 de THégire. Au bout de cent
jours de règne , les foldats s étant foulcvés con-
tre lui , il échappa à leur fureur , & fe cacha ;
mais ayant été découvert & faiii quarante jours
après , il fut tué. Il fut furnommé Caïetbaî ,
parce qu'il a voit été efclave de Caîtcbaï Roi
. d'Egypte.
THOUMAN BAI , nom du fefcond Roi
dEgypte de ce nom , neveu de Canfou Gauri »
k la place duquel il fut mis fur le trône. Il fat
le derpier Roi dEgypte de la race des Circaf-
iîens , & il ne régna que trois ans & demi , qui
fut le tempe que Selim I , Sultan des Turcs , de-
meura en oyrie après la défaite de Canfou Gauri:
car) au bout de ce temps -là, Selim Tattaqua
& le défit l'an 9^3 de THégire. Il prit la fuite;
xriais il fut arrêté par un Prince des Arabes , &
fréfenté à Selim , qui Tinterrogea fur les af&ires
de TEgypte pendant dix jours ; après quoi il le
£t pendre à une des portes' du Caire.
THOUR & THOR. Ce mot , qui fîgnific
généralement en Arabe une montagne ^ fignifié
en particulier le mont Sinaï. L'on trouve auffi
fort fouvenc dans les Auteurs , Thour Sina , pour
lignifier la même chofe , de la même manière
que nous difons le mont Sinaï.
Il eft parlé de cette montagne dans le chapitre
de r Alcoran, intitulé Sourat Tin , le Chapitre de la
Figue; qui commence par ce ferment deMahomet:
Vnltin val^eïtoun ^ v al Thour Sineïn v kadha
êtlbilad alamin^: » Je jure par la Figue & par
■ CTR TE N T'A É E. ^97
•rOKrèi par le mont Sinaï, & par cette ville
sûre & fidêJle. . .. *^. *
Il paroît que Mahomet , par ces mots Al
ThourMi.Siniin & haiha.'albelad , a entendu
parler.de deux lieux particuliers; fa voir , du
mont Sioaï & de la Mecque, qu'il nomihe ville
de sûreté.
Les Interprètes de ce paffage difent que , par
Ja Figue & par l'Olive ^ Û faut entendre ^1«
4eux mwtagnes de la TertCTSaiote , dont l'une
qui eftaflez connue dans l'Evangile, s'appelle
(TÂousr Z«Va-, la mon tagrie des Olives &
l'autre, Thour Tina, la montagne desFiguesi Ifs
ajoutent que ces deux montagnes ont fêrvi
d'oratoires & de lieux de dévotion aux plus
grands Prophètes. Quelques-uns entendent par
ces deux fruits, deux temples célèbres, tous deux
ténus en gf&nde vénération par les iMufuImans
■& que ces temples font ceux de Jérusalem & de
-IDamasL .
' Le moiit Sinaï eft en grande vénétmon parmi
les Mafulmaiîs , à xaufe que c eft là que Ja Loi
fut donnée aux Ifraélites , comme îl paroît par ces
^eux vehsaçatçS ,: fapportés:par Sâdi dans (on Gu-
lîft^ah : AhallMbal atardh Thour Sina; V annahè
landhant-^cadran y menielan : >> Le mont Sinai
eft. la plus ^petite d^s montagnes ; mais elle eft
en très^grande Gônfidération auprès de Dieu par
fa dignité,,,& par le rang quelle tient par-deflus
les autres m<^t,9gne$.
5>
THOUR ; nom d'une montagne voifine de
la Mecque du; côté du midi , à une heure d«
Tome K li '
^
^49^ B I B L I O -T H É-Q W C
chemin , fur laquelle il y a une grotte oà Malio-a
met s eft caché dans le temps de fa faite.
THOUS BEN NÂUDAR ; nom dan
Prince fils de N^udar , Tan des anciens Rois de
Perfe appelés Pifchdaiiens. On dit qu'il étok
frère , & , félon quelques Auteurs , oncle de Caî
JCaous V Roi de la race des Caïaniens. Il s oppofà
à Caï Khofrou , qui étoit aufli fon neveu , en
faveur de Feriberz , fils de Caïkaous , qu'il vo»*
ioit pour Roi préférablement à lui , quoiqu'il
fut fon neveu. Mais il fut tué par le même Caî
Khofrou, en l'attaquant dans la ville d'Ardebil.
Avant fa rébellion , Caï Khofrou l'avoir en^*
Toyé contre Afrafiab à la tête de trente mille
hommes.
THOUS ; nom d'une ville coniidérable du
Khorafan , qui reconnoit pour Fondateur , fiii^
vant l'Auteur du Leb Tarikh , Gîamfchîd^le
cinquième de la première dynaftie des anciens
Rois de Perfe , appelée àes Pifchdaiiens^
TIMOUR : c*eft le nom du fameux Tamer^
lan , que nous avons ainfî nommé , en ajoutaiic
\ fon nom l'épi thete de Ltnk , qui fignifie ea
langue Perfierine , Boittux ; de forte que ,
quand nous difons Tamerlan , c'eft le même que
fi nous difions Timour le BoitçuxJ Ce mot de
TimouTy comme les Arabes le prononcent, eft
le même que Timtir , qui fignifie , auffi bien
3ue Demur fie D.emir en langue Turquefque,
ujir. Quelques-uns lé prononcent auffî Ternir^
.^.Orientale. 49f
de même que Ternir Capi^ au lieu de Demir Capi,
Porte de fer ou Détroit appelé les Portes Cqfpien*
nés. Voici ia généalogie de ce grand Monarque ^
teile que Mirkhond nous ia donne , avec les
titres qu'il portoit/
Soithan Kiamran Emir Cothbeddin Tîmour
Kurkhan Saheb Keran» Il étoit fils de Targaî
Nouian fîls de Barcal Nouian fils de lEmit
Ilenkiar Nouian fils d'Abgal Nouiati fils de Ca-
ragiar hls de Caragan fils d'Iardimgi JNouiaa
fils de Cagioulaï Nouian fils de Tomnaï Khan
fils de Baifangar Khan fils de Caïdou Khan fils
de Doutomnan fils deBouca Kban fils de Bou«
^angir Khan.. C'eft dans celui ci que ia généalo*
fie de Tamerlan fe joint à celle de Ginj^hizkan^
ont Ton peut voir les ancêtres dans la propre
Sénéalogie, en remontanDjufqu'à Turc , fils de
aphet fils de Noé.
île même Mirkhond remarque que le cimjuîeme
aïeul de Tamerlan , nommé Caragiar^ avçit été
Vifir de Giagataï , fécond fils deGinghizkhan, qui
régna dans les provinces Tranfèxanes, & que lui-»
même poiTéda aufH la même charge de Vifir
auprès ae Soïourgatmifch , Sultan de la même
lignée de Giagataï , & que ce fut de ce Prince
u'il recueillit la fucceilîon dans la Principauté
e Samarcande , & d'une grande partie du pays
de Mavaralnahar , qui comprend les provinces
fituées au delà du Gihon ou de lOxus.
C*eft-là le commencement de la grandeur &
(de la puiffance de Tamerlan , que tous les Hi£-
toriens fixent eirl'an 77 1 de THégire ;.en forte
que ce Prince étant mort en Tan 807 , il fe
trouve qu U a régné iudemeot trente fix ans«
liij ^
ï
\
f06 B I i L 10 T H E Q U E
/ Avant que de parler- des acîliorts de Tamerlan^
il eft bon d expliquer quelques-uns des titrée qu%
Ion lui donne.
* Tamerlan ne prit qu'affez tard celui de SoU
tan ou de Sultan , parce que ce titre étoic ré-*
Tervé à la race Ginghîzkhanienne , qui régnoit
de fon temps dans la Tranfoxane. Il ne portoic
'd«nc d^àboi'd que celui d'Emir , c'éft-à-dire j
de Commandant ou de Prince. Il y ajouta néan-^
moins celui de Kurkan , qui iîgnifie gendre &
allié des Rois & des Princes Souverains i ce
S* ui faifoit aflez connoître , dit Ahmed Ben Arab
chah , qu'il n'étoit pas d une fi haute naiCance ,
puifqu'il fe faifoit tant d'honneur que de fe qua-
lifier parent & allié du Sang Royal.
Quant à celui de Kiamran , il lui a été donné
par les autres ; & ce mot ne fignifie autre chofe
en langue Perfienne , que celui qui pouflè fes dé-
ûirs là où il lui plaît , & qui vient aifément à
bout de tout ce qu'il entreprend.
' Celui de Sahebkeran , qui demeura hérédi-
taire dans fa famille , fignifie proprement le Maî-
ifë des grandes conjoncîlions ; & pour entendre
fe'force de cette fignificaiion , il faut fiippofer
ue les Orientaux croient , fuivant le fentiment
e plufiéurs Aftronomes , que dans toutes les
grandes conjonélîons qui arrivent des planètes,
il fé fait de grandes révolutions dans le Monde ,
tant à regard des Etats, que de la Religion
même. Ainfi , fuivant la doélrine de ces Aftro-
y^ùines de l'Orient , Abraham , Moïfe , ou , fe-
' îon quelques - uns , avant lui Zoroaftre , & le
Meffie après eux , qui a été fuivi du faux Pro-
phète Mahomet , font venus au monde , û nous
3
1
/
, - O ^ f E N 7 A L i: \^\
les en croyons , dans cesj|randes conjonélions y
& 5 fuivant les mêmes Traditions .Orientales >
Caïoumarrath , premier Roi de Perfe , & le pluS
^iKien de toias les Rois du Monde , Salomon >
Alexandre le Grande Ginghizhan & Tamerlan
ont été, chacun en leur temps, les Sahebkeranil
ou Maîtres des conjon(5lions & de tous, les
Erands ëvénemens qui font arrives dans le
londe fous leur règne.
L'Auteur du ' Tamurath Nameh dit ique
Leïlan Schah , perc de Tamurath , ëtoit le
Sahebkeran au temps du Khalife Jared , qui efl
le cinquième Patriarche après Adam , & pcre
d*Edris ou d'Enoch. Dans le Caherman Nameh ,
les Géans^, en louant ce Hero$ , lui difent ,
pour le flatter , que tous les Sahebkerans qu^
itoivenG fe fignaler dans* le Monde , doivent
defcendre de lui.
. Ce titre de Sahebkeran eft tellement z^^€ià
à Tamerlan & à fa poftéritë , que le plus fa-i-
meux Ouvrage qui ait été fait fur fon Hiftoire ^
porte aux Indes & en Perfe le titre de Saheb^
kerani ; & c*eft cette Hiftoire , compofee par
Scharfeddin Ali Iczdi , que Ton nomme encore
Dhafer ou Zhafcr Nameh , le Livre des Victoires..
, L'on peut fixer > félon les Hiftoriens les plu»
authentiques ^ la naiilance de Tamerlan aa
vinf;t cinquième jour du mois de Schaban, lan
736 3e THégire , qui repondoit ^ Tannée des
Mogols , nommée dans leur Cycle duodé^
naire /chishan ^ c'eft-à-dire Formée de la Souris<^
çe& Tan de J. C. 1335 > & tous ceux qui ont
.tiré (ov, horofvope , lui donnent, le figne du Gedf
ou Ciprkorne pour afcendant ^ qui eft le xneme
I i ii)
\
501 BiBLtOTRCQUE
que celui de lEmpereur Augufte. Il naquit dafir
le vorfinage de Caich , ville de la province Tran-
foxane , où ré|^noit pour lors l'émir C^zgan y &
il n eut pas p uâ tôt atteint lage d'onze: ans ,
Îu'il commença a faire paroitre des marques
une vivacité extraordinaire ; & à peine com-
sncnça-t«il à porter les armes , qu'il dé6t l'Emir
Cazgan , & mit en fa place un autre Prince qui
ëtoit de La race de Giagataï , fils de Gingizkhan.
A rage de vingt cinq ans , il époufa la Aile de
TEmir Maflah , fils de l'Emir Cazgan , & il fe
fit connoitre a Tugatimour, autre Prince de la
famille de Giagata'l , qui régnoit au deiTus de la
mer Cafpienne dans le pays des Getes, & qui,
à peu près dans ce temp$>là , avoit fait une grande
irruption dans la Trânfoxane.
Togatimour , gagné par les grandes qualités
qu'il découvrit dans Tamerlan , ot pour récom-
penfer les fervices qu'il lui avoit déjà rendus , lui
donna le gouvernement de la ville de Cafch ^
fon pays natal ^ avec toutes fes dépendances y qui
avoienc autrefois appartenu en propre à fes an-
cêtres.
Le même Togatimour , après avoir réglé les
affaires de la Trânfoxane , & établi Tamerlan
fous l'autorité de TEmir ou du Sultan Houffaïn,
fils de l'Emir Maflah , fon beau -frère, s*en re-
tourna dans fon royaume des Getes.
Le Sultan Houflaïn & Timour vécurent aflêz
long -temps enfemble fort paifiblement î mais
enfin la diviiion s étant gli/fée entre eux , par
l'infligation de quelques Fadieux de TEtat ,
Timour fut obligé de prendre les armes. La
guerre s'échauffa , & enfin Houffaïn fut affîégé
O k I E N T A L I. fOf
fiar Tamerlan dans la ville de Balkh, & il n'en
ibrtic qu'avec la perce de fa liberté , & peu de^
temps après , de fa vie. Et c'eft depuis la mort
de cet Houflaïn , qui arriva Tan 771 ae l'Hëgîre y
que l'on peut marquer 1 époque du conunence-
znenc de l'empire de Tamerlan.
Timour vint auffi-tôt après la mort de Houf^.
faïn , prendre poflèffion du trône des Gingizkha-
niens & Giagataïens , dans la ville de Samar-
cande , 6c pafla de là dans le Kbouarezm > du-
quel il fe rendit maître en fort peu de temps.
L'an 770 , Tamerlan perdit fon fils aîné Gî-
hanghir , qui laiflà , par fa mort y fon frère Schah-
rokh héritier préfomptif des Etats de fon père.
' L'an 781 , Tamerlan pafla la fameufe rivière
du Gihon ou de TOxus , & entra dans la pro-
vince de Khorafan ^ & vint camper d'abord à
Foufcbèng , château très-fort , qui fut cepen-
dant pris par fes. troupes en trois jours. Il s'avança
de là jufqu'à la ville de Herat^ capitale de la
même province ; & Tannée fuivante ,. ySj ,
(jaiatheddin Pir Ali , qui y régnoit alors , voyant
bien qu*il ne pouvoir pas mefurer fes forces avec
celles de Tamerlan , vint au devant de lui , &
lui prêta hommage , nonobftant quoi Tamerlan
ne laiiTa pas de faire démanteler fa ville & fon
château.
Ce Prince avoit campé à Bagzagan , palais âe
château des plus cpnfidérables de tout le pays »
& en partit auffi-tôt après la démolition de He^
rat , & fit un autre campement aux environs de
Kedeftan , place forte , où il trouva les tréfors
que les Princes de la dynafiie appelée MoUuk
I i iv
5P4^ B I,»^.l O T H E Q ir Ê
Curt , dont Ç^ïacheddin Pir Ali fut le dernier,
y avoient amaiTés, ^
Timour pafTa dans la naême année du Kho-? ^
rafan dans le Giorgian , 6c trouva dans fa routé
Khoe:iab Ali Mouiad , Prince de la dynaftle ,
des Sarbedariens , régnant dans Niichabourg ,.
qui fe fournit entièrement k lui, £c lui âc de
fort grands préfens ; & avant que de paffer plus-.
avant , il dépêcha un Envoyé à Va-i , Prince
du Mcizandcran, qui ne manqua pas auflî-tôt de.
lui promettre toute forre dobéiflance, Cette.
foumiilioh fît que Tamerlan ne pafla pas plus
avant; & qu'il le laiflapaifible dans fes Etats ,
& renvoya» même le Prince Curt fit le Sarbe-
darien dans leur$ provinces.
L'an 784 , Tamerlan fut obligé de retotrrner
en Khorafan , pour réprimer la révolte de quel^ '
q\ies Seigneurs du - pays , qiii occupoienc des
places fortes. H vint d'abord aflîég'errle châceaa
ce Tarfchiz & celui dé Kjîelatb , fie s en rendit '
maître, après quelques combats néanmoins qu'il'
fallut donner en, campagne ; ai^rès quoi il ré-
prima âuffi Gaïatheddîn Pir Ali , qùfi entreprc-
noif des chofes coiitr-e fon autoriré.
- L'ai^ 7;^^, le Gôutèrneur que Tamerlan avoic
lîTiffe èa«5 Herat étant mort , les Gaurides qui
étoienc dans la vilte- s étant foufevés » fie ayant
tué même plufîeurs Mogols ôc Tartares , Ta-
merlan envoya fon filsMican Scbah , qui fe
trouvoit pour lors fur la rivière nômoiée Mor*
gab , pour les châtier* Ce Prince^ après- ^voir
fait mourir plufieurs des plus coupables ^ eisvoya
la jplupart des Priaces Cartes fie SacbedarLeBS
prilonoiers à Samarcande» : .
, 1
J
Orientale. 505
Dans la même année , Miran Schah ayant
pacifié les troubles du Khorafan , entra à main
armée dans les provinces de Siftan , de Canda-»
har & de Zableftan. Il fubjuçua tous ces peu-,
pies , & envoya auffi Schah Cothbeddin , Com-
mandant du Segeftan , prifonnier dans la même,
ville de Samarcande \ £c après avoir hiverné dans
le Candahar , il pafTa au printemps à la Cour de
fon père.
Lan j^fï ^ Tamerlan n'étoit pas content de.
TEmir Vali , qu il avoit laiiTé dans le Mazande-
ran , pafla derechef le fleuve Gihon , & vint
camper auprès de la ville d'Aftarabad. L'Emir
Vali fut aflez téméraire pour vouloir s'oppofer
aux armés d un fi puiffant ennemi, & en effet |^
il fe foutint pendant Tefpace de près d'un mois;
mais enfin il fut obligé de prendre la fuite ver»
Bel, & de Reï à Roftamdar , & d'abandonner
ainfi entièrement fes Etats au vainqueur.
Tamerlan en ayant pris poffeilîon , donna ce;
ifouvernement à Locman Padiichah , iils de
Togatimour Khan ,. Sultan des Getes , duquel
on a déjà parlé. Il s'avança cependant toujours
avec fon armée vers les villes de Reï & de
Solthaniah , & fe rendit maître de ces deuïQ
villes royales , dont il donna le gouvernement
à Adel Aka & à Klohammed Solthan Schah ;
& reprenant la route du Mazanderan , il retourna
et) fa ville de Samarcand^.
. L'an 788 , Tamerlan entreprit la conquête
des provinces de Fars ou Perfe proprement dite ,
de riraque Perfienne & de TAdherbigian , &
il l'acheva en deux ans. Ce fut pendant ce^
um^ft^là que TEmir Scheïkh Ibrahim ; Prince
5o6 BiBLIOTHEQUC
du Scliirvan , vint implorer la clémence êe
Timour , & fe préfenta à lui chargé d une in-
finité de préfens. Les Rois & Princes de Ghî-
lan firent la même chofe ; & ces Seigneurs fe
trouvèrent fi bien de cette foumiffion qu'ils tiû
avoient rendue , quils devinrent beaucoup plus
puiiTans dans leurs propres Etats qu'ils n'écoient
auparavant.
Dans Tan 790 , Tamerlan étant dans la ville
de Scbiraz ^ reçut un Courrier de Samarcande y
par lequel il apprit que Toktamifch Khan avoit
fait une irruption dans la Tranfoxane. Ce Tokta-
Skiifch prét^ndoit defcendre en ligne direéle de
Giougi Khan , fils de Gingbizkhan , & avoit im-
ploré autrefois le fecours de Timour contre un
autre Prince nommé Odorous Khan , & J avoit
obtenu fi effeâif , qu'il avoit , par ce moyen , défait
fon ennemi , & régnoit pour lors paifiblement
dans toutes ces vafies campagnes qui s'étendeht
au nord de la mer Cafpienne , & jufque vers I Oc-
cident. Il étoit ,. en un mot , maître de tout ce
grand pays que les Perfans appellent Defcht
Capchah,
Tamerlan , ' fur cette nouvelle , quitta auffi-
tôt la Perfe , & retourna dans fa capitale. Avant
que d'y arriver , il apprit qu'Omar Scheïkh,
un de fes enfans , accompagné de Soliman Scbah
Ben Daoùd & de l'Emir Abbas Perlas , qu'il
avoir laiifé pour commander en fon abfence à
Samarcande, avoit pafle le fleuve Sîhon, & avoit
joint Toktamifcb en un lieu appelé Ginglek.
Il fe donna en ce lieu-là même un fort grandi
combat , dans lequel Omar Scheïkh donna de
grandes preuves de fa vaicoir* Maisi quelques-uns
;0 R I E » T A L £. 507
ie fes Officiers - Généraux ayant plié , il fut
obligé de céder le champ de bataille à Tokta-
tnifch , & de fe retirer dans les places fortes
du Turqueftan , pendant que TEniir Soliman
Schah & l'Emir Abbas fe renfermèrent dans la
ville de Samarcande pour la défendre.
Après la déroute de l'armée d'Omar Scheïkh ,
Xokiamifch , qui avoit paffé le Sihon , entra
dans la Tranfoxane , & y fit de fort grands
ravages ; & Tamerlan en reçut la nouvelle
pendant qu'il étoit encore en Perfe. Il laiiTa
donc le gouvernement de cette province &
de celle dlraque aux Princes de la famille de
ModhafFer ; celui de Com , de Cafchan , de Caz-
bin j de Saveh , & de Reï k Mir Houflaïn
Tchoukiar ; k TEtnir Giamfchir Carin celui de
JDamegan. Il mit auffi entre les mains de Pefer
Padifchah , petit - fils de Togatimour , celui
d'Afterabad ; & nprès avoir ainfî aiTuré fes nou-
velles conquêtes , il prit la route de Samar-
cande.
Il n*y fut pas plus tât arrivé , qu*il apprit que
Toktamifch , fur le bruit fenl de fa venue , avoit
abandonné entièrement la Tranfoxane , & s etoit
retiré même avec une très- grande précipitation.
Il prit d'abord connoiiTance de tout ce qui
f'éioit paiTé dans la bataille qui s'étoit donnée
à Ginglek entre fon fils Omar Scheïkh & Tok-
tamifch , punit ceux qui n*y avoient pas faic
leur devoir , & récompenfa largement tous ceux
ui avoient foutenu la valeur & la bravoure de
on fils.
Ce fut dans cette, même année que Tamer«
JUn reçut à Samarcande la nouvelle de la more
î
50S B I B L ^ O T H E Q V 1?
de Soïourgaxmifch Khan ^ Sultan des Khathaiens ^
Prince qui defcendoic aui& en ligne direéle de
Ginghizkhan; & ce fut par cette mort qu'il
entra en pleine jouiifance du titre de Sultan ,
qu'il avoit commencé à prendre depuis celle de
HouiTaïn, comme Yon a déjà vu un peu. plus
haut. Il ne laiâa pas cependant de donner ce
même titre à Mahmpud , fils du défunt ; en vue
du refpe(^ qu'il portoit à fa famille.
L'an 79.1 de l'Hégire , Toktamifcb pafîa une
féconde fois le fleuve de Khofl:end ou le Sihoun.
Mais Tamerlan ne feignit pohit de l'aller atta*
quer au plus fort de 1 hiver ^ & le fit retirer fur
fes pas avec la même promptitude qu'il étoic
venu : mais il n'en fut pas quitte pour une iim-
pie retraite ; car il le fit fuivre par fes troupes ,
qui le pouflerent bien avant dans fon propre
pays,
'Dans la même ann^e , Tamerlan ayant appris
que le Gouverneur de la ville de Thou$ en Kho*
rafan avoit méprifé fes ordres & s'étoit révolté,
ouvertement contre lui , envoya Miran Scliah ,
fon fils y lequel joignant fes troupes avec celles
du Gouverr^eur de Herat , réduifît en peu de
temps ce Gouverneur à la raifon ; & le même
Miran Schah , après avoir pafle environ Vefpace
d'un mois à fe réjouir dans la Ville de Herat^
vint fe rendre à la Cour de fon père dans Sa-
marcande.
L'an 79a , Tamerlan voulut enfin terminer la
guerre de la Deficbt , & y fit pafTer une puisante
armée , pour dter à Toktamifch toutes les occa*t
fions que le voifinage lui donnoit d'inquiéter *les
provinces Tranfoxanes^ C'étoit cependant imâ
Orientale. 56?
grande entreprifej car le pays de DefcHt eft d'un,e
très-vafle e'tewdiie & a qes défères fort fte'riles,
dans lefquels les troupes de Tamerlan avoien,t
beaucoup à foufFrir. Ce Conquérant employa
.cinq mois entiers, fans voir, poûrainfî dire, fon
ennemi j qui fe battoit toujours en retraite , ôc
qui fit p^rir upe grande partie de fes troupes.
11 fallut le pourfuivre jufque dans des pays fi fort
avancés dans le Nord , que la foleil y demeiîroit
jufqu'à quarante jours fans fe coucher; en forte
Î[ue les- Doiiileurs Mufulmans qui çtoient dans
_ on armée , décidèrent juridiquement que la
prière du foir n^étoit pas d'obligation pendant
.^ue Ton camperoit en ce lieurlà., .
Les troupes de Tamerlan ,^ après avoir campé
4déjà près de fix n^ois fans voir lennçmi , coin<-
mençoient à fe rebuter , lorfque ce Conouérant
rit la réfolption de détacher Omar Scheïkh Be^
adir , fon fils , avec vingt mille chevaux , pour
^ller à gratides journées chercher Toktamifch
Khan. Ce Prince valeureux fit fa marche avec
tant de diligence ^ qu'enfin les gardes avancée^
[des deux armées fe rencontrèrent. ., . . ^
L'an 79} , Tamerlan quifoivoit d*aflez pr^
fon fili Oma/,, ayant appris que les armées éxoiçnjt
en préfence ,.réfolut de camper en bataille & d^
faire repaître toute fon armée, à la vue de l'enr
nemi. Cette hardieffe étonna fcort Toktamifch.^
& le fit repentir de s être fi fort engagé ; mafe
enfin il fallut que les armes décidaient de £bn
fort. La bataille fut donnée ^ &. la victoire quj»
Tamerlan remporta fut fi complette , que Toliq-
tamifch fut contraint d'abandonner entièrement
fes Etats au vainqueur , & de fe réfugier entÀ
i
\
5IO B I B L I O T HE QUE
les montagnes du monc Caucafe ^ans le pays de
Gurgiftan , qui eft la Géorgie. Ainfl l'héritage
& la fucceffîon de Giougï, nls de Ginghizkhan,
tomba toute entière entre les mains de Tamer-
]an ; & ce Prince , après en avoir pris poiTeilion ,
tint fa Cour pléniere avec les Princes fes enfans
& tous les plus grands Seigneurs de fes Etats »
pendant vingt (îx jours entiers, qui fe paiîèrent
en joie , en feftins & autres divertiflèmens ^ &
retourna , fur la fin de la même année , dans fa
yil)e royale deSamarcande.
L'an 794 Tamerlan envoya Mîran Schah , fon
fils , en Khorafan , & fon petit-fils Pir Moham-
med, fils de Gehanghir , dans les provinces de
Kiabul & de Gaznah aux Indes , pour les gou*-
verner en fon nom ; & pendant qu il faifoit fon
féjour en cette ville , ayant appris que plufîeurs
Seigneurs de la Perfe prenoient Toccafion de fon
'abfehce & de fon éloignement pour entrepren-
dre plufieurs chofes contre fon autorité, il prit
la réfolution de paiTer une féconde fois en ce
'pays-là. Il prit , pour cet effet , le chemin d*Af-
terabad & q Amul, & força plufieurs châteaux
qui fervoient de retraite aux mutins : il paiTa Thi^
Ver de cette année à Schamfan, & partit au prin-
temps pour aller dans la province de Fars , qui
'^ft la Perfe •proprement dite : il fit quelque fé*
•jour dans la ville de Schiraz , & ce fut là que les
J^'rinces Modhrféricns , à la tête defquels étoîc
Sçhah Manfour, vinrent lui faire leur cour : mais
-comme il n etott pas fatisfait de la manière dont
îl& s'étoient comportés pendant fon abfence , il
ie faifit peu après de leur; perfonr^ies , & les fit
pimir.
Orientale. jn
Lian 795 il tourna vers Bagdet, oii le Sultan
Ahmed Ben .Avis. Hekhani, Prince de 1^ pofté-
rite de Ginghizkhan , par Holagou , rëgnoit pour
lors : mais: ce Sulcan ne l'atcefidit pas dans fa
ville , il pafla promptement le fleuve du Tigre ,
& (è réfugia en Syrie. Les troupes de Tamerlan
ne laiffercnt pas de Vy fuivre, & latteignirent ,
avant qu il y fût arrive , dans la plaine de Kerr
bêla , fameufe par la mort de Houifaïn fils d Ah\
Ahmed fe voyant povrfuivi vivement par les
Tartares, ne crut pas pouvoir leur réfifteràforce
ouverte , & fe fervit n à propos des rufes mili-
taires , qu'il s'échappa heureufement de Ieur$
mains; Tamerlan, après être entré dans Bag-
det , en fottit auiE-tôt pour former le fiëge de
Tacrit , ville munie d*un très-bon château , &
iîtuée fur les bords du Tigre.
Ce fut au commencement de Tan y^6 de
l'Hégire, que Tamerlan mit le fiége devant cette
place , qui lui coûta beaucoup : il la prit cepen-
dant par force , & fit mourir TEmir Hounaïn ,
^ qui en étoit Gouverneur > avec les principaux
Officiers des troupes qui l'avoient de'fendue.
Dans la même année Tamerlan continua fe$
conquêtes dans la Méfopotamie , & fe rendit
maître des villes d Amid & de Mardin ; & ce
fut dans cette expédition qu'Omar Scheïkh , fou
fils , qu'il avoit fait venir de Perfe dans fon
camp , fut tué d'un coup dç flèche j & Tamer-
Jan aonna auflî-tôt à Pir Mohammed, fils d'Omar
Scheïkh , le gotivernement de Perfe , que foti
père polledoit. Ce fut auffi pendant le iiége de
Mardin que Tamerlan reçut la nouvelle que
Sçbdhrokn fon fiU avoit augmenté fa famille |
yit Bibliothèque
& rempli la place qu'Omar Scbcïkh avoit laîffee
vide par fa mort : cela arriva par la naifTânce
de Mohammed Targaï /qui fut iurnommé Uiug*
Beg, fils aîné de Schahrokh , duquel il eft parlé
dans foh titre particulier.
Ce Conquérant continua enfuite fes progrès
dans la Mélopotamie , & envoya de là un gros
détachement de fes troupes dans le Gurgiftan ,
où Toktamifch , qui s*y étoit réfugié , comme
tious avons vu plus haut , s'efForçoit de faire
quelque entreprife contre Tamcrlan; & à point
nommé un autre Courrier lui apporta la nou-
telle de la naifTânce d'un autre fils de Schahrokh,
qui fut nommé Ibrahim. Cet Ibrahim eft celui
i qui la Vie de Tamerlan , intitulée Dhafer
Nameh j fut dédiée par Aii lezdi , fon Auteur.
Le^ troupes quv; ce Prince avoit détachées contre
les Géorgiens, retournèrent dans fon camp , &
lui amenèrent beaucoup de prifonniers , qu'il fit
tous pafTer au fil de I épée ; & il envoya , da
même lieu où il étoit campé , fon fils Schahrokh
à Samarcande pour y commander.
L an 797, Tanierlan ayant pafîe l'hiver en Mé-
ibportamie , apprit que Toktamifch avoit paiTé
par la ville de Derbend fur la mer Cafpienne ,&
avoit fait une nouvelle irruption dans^e Schir-
van. Sur cette nouvelle, il prit là réfolution de
rentrer une adtre fois dans la Defctit Capchak
par lé côté de rOccfdent : il exécuta fonr defleîn,
«lit en fuite fpn ennemi , & pilla une féconde
fois Théritaçe & la poiTefîîoh de Giouçi Khan
'& de fa poftéfîté.
* Lan 798 Tamerlan vînt camper à Âknani ,
& détacha de ce lieu-ià Miran Schah^ fon fils,
&
Orientale. 51J
& l'envoya commander dans la province d'Adher-
bigian. L'étendue de ce gouvernement étolt de-
puis Derbend & Bacouieh jufqu'à Bagdet dans
Ùl longueur , & depuis la ville de Hamadan juf-
qu'aux confins de la Natolie dans fa largeur,
Tamerlan quitta enfuite fon camp d'Aknam , &
vint à la ville de Sultanie , & de celle-ci à celle
de Hamadan. Ce fut en ce lieu-là quil\:onge'dia
fon armée , renvoya fes troupes pour prendre
quelque repos dans leurs provinces , & prit lui-
même la rjoute de Samarcande.
- L'an 799, Tamerlan donna le gouvernement
4e la grande province de Khorafan & de celle
de Segeftan & de Mazanderan , jufqu*aux confins^
de Reï , à (on quatrième fils Mirza Schahrokh ,
& le fit accompagner par les Emirs Soliman
Schàh , Madhrab , Giakou Perlas, Seïd Khogia Ben
Scheikh Ali Tarkhan & HalTan Sofi Tarkhan,
«nfansde Gaïatheddin Tarkhan. Auflî-tôtque ce
Prince fut pourvu de cegouvernement , qu'il te-
îioitprefque en fouveraineté, il choifît la ville royale
de Hérat pour fa réfidencc ordinaire.
Schahrokh ne demeura pas oifif dans fon gou-
vernement ; car, fous prétexte de faire un voyage
de divertiiTement & dune partie de chafle , il
- traverfa le fleuve Amouou Gihon, quieft TOxus,
vint camper k Ghedeftan , & conquit tout le
pays d alentour. Ce fut dans cette même année
qu'il eut un troifiieme fils nommé Baifanhôr^ au
lujet de laquelle naiffance Tamerlan , fon père,
lui fit de fort grands préfens.
L'an 800 , Tamerlan entreprît le voyage des
Indes : il trouva fur fa route plufieurs châteaux
occupés par des rebelles ou par des brigands j il
' Tome r. Kk
/
514 BlILIOTHEQIIE
fe faific de toutes ces places, purgea le pftys dtf
tous ces petits Tyrans , & n'épai^a pas non plus
un grand nombrt deGhebres ou Idolâthes Ado-
rateifrs du feu , qui s etoient réfugiés de la Perfe
fur les confins de rindcftcin : il commença fa
conquête des Indes parla prife.des villes de Catb<-
mir , & s'attacha au fiéee de ia forte place nonn
niée Uidugin , qui panoit alors pour une forte-
reffe imprenable ; & pendant qu'il faifoit tt
fi Jge , il envoya piufîeurs détachemens bieli^ avant
dans les pays le$ plus méridionaux , & vers la
ville & royaume de I>ehli ou Delli , où rëgnoit
le Sultan Mahmoud , petit-fils de Sultan Fîrotds
Schah.
L*an Soi ^Tamerlan ^avança avec (on corps
d'armée, & livra bataille à Mahmoud, qui avoi«
joinrà la fienne les meilleures troupes ^ fie les
plus braves Chefs & Officiers des Rois & Princes
des Indes , (es voifins. Mahmoud & les autres
Princes fes alliés furent défaits en tiQtatlle ran-»
gce , & contraints de fuir dans les lieux les pies
reculés au delà du Gange ; & Tamerian , après
s être emparé de fa capitale, diftribna les gouverne*
mfens de toutes les provinces qui en dépeâdoienc,
auffi bien que tout le butin quil y avoît feit,
aux principaux Chefs de fon armée, & reprit la
route de fa ville royale de Samarcande*
L'an 802 , Tamerian apprit que le Sciltan AIn
med Ben Avis Gialaïr, qu'il avoit antrefoij chafi
de Bagdet, étoit retourné dans fes Etats à la
faveur du fecours que le Roi d'Egypte lui avok
donné , & qu'il s'étoit avancé jufqu'à Tauris.
Miran Schah , à qui Tamerfan avoir donne k
gouvernement de Tlraque & de l' Adherbigttn ,
O il î I N T A L ï. ■ 515'
^Oppofa «rcc toutes fes forces au progrès des
armes ée ce Prince : maïs comme il ne fe trou-
Toit pas aflez puifïànt pour Jui réfifter, il eut
bcfoin du bras ae fon père pour arrêter le couri
des vitftoires de fon ennemi, il eft vrai que Miraii
Scfaah , qui s'étoit appuyé fur les forces de fon
père , avoit trop négligé fes affiiires , & s'étoic
abandonné plus que dfe raifon aux plaifirs & aux
divertîflêmens que fon âge & fon état lui per-
ftiettoient de prendre , pendant qu'Ahmed de fon
côté fe fortiôok de troupes & d'alliances.
Tamerlan ayant appris ces nçuvelles , montu
afuffi-tct à cbeval malgré fon âge , & vint à
grandes journées dans TAdherbigian , où il ne fut
pas plus tôt arrivé ^ qu'après avoir fait une rude
réprimande à Miran Scliah fon fils ^ il vint cam-
per à Carabag , & tint en refpeél Iç Sultan
Afemed , lequel , bien loin de penfer à augmen-
ter fes conquêtes, ne fongea plus qu'à fe retirer
dans Bagdet , où il ne fe croyoit pas même trop
urete.
Ahmed , pour s'aflurcr davantage la pofleffioiji
de la viHe de Bagdet , fit punir de mort pkifieurs
perfonnes de cette ville quil tenoit pour fuf-
peéles d'intelligence avec Tamerlan : mais cette
exécution ne fervit qu'à avancer plus tôt fa ruine*
En effet, les habitans de cette grande ville s'étant
foulevés contre lui , il fut obligé de traverfer en
pleine nuit le fleuve dti Tigre , accompagné feu-
lement de fept perfonnes , & de fe réfugier au-
près de Cara îofef le Turcomarî , qui comman*
doit dans feMtHbpotamie. Mais cette précautiojDi
d'Ahmed ne fervit qu'à engager Cara lofeph dans
ik propre diigrace : cir enfin ces deux Princes
K k ij
51^ Bibliothèque
furent obligés tous deux , à l'approche de Ta-
merlan , de vider entièrement la Méfopotamie fie
la Chaldée , fie de fe retirer dans le pays de
Koum , qui eft la Natolie , où régnoit pour lors
Bajazet premier du nom , furnommé Jldirim,
le Foudre j Sultan des Turcs , qui les reçut fort
bien.
L'an 803 de l'He'gire , Tamerlan ^ après
avoir rétabli Miranfchah ; fon 61s , dans la pleine
pôflèifion de fon gouvernement , envoya , une
partie de fes troupes dans le Gurgiftan , ou les
Klîozariens fit les Géorgiens remuoient toujours
de temps en ternes, à la faveur de leurs mon-
tagnes impénétrables fie prefque inacceâîbles. Il
marcha lui-même en perfonne vers la Natolie ,
allégea fie prit la ville de Sîvas , qui efl Sebafle
en Cilicie^, fie fit pafler au fil de Tépée quatre
mille hommes des troupes de Bajazet, qui éroient
en garnifon dans cette place. Il prit enfuite la
ville de Malatie^ fie n'avança pas pour lors da-
vantage vers l'occident.
Il le jeta enfuite , la même année , dans la
Syrie , qui étoit pour lors pofledée par Al Malek
Al Nalïer Farag' , fils de Barkok, fécond Sulr^^n
des Mamelucs de la dynaftie des Circaffiens : il fe
faifit des villes d'Alep , d'EmelTe , de Hamah &.
de Balbek , fie alla enfuite mettre le fiége devant
la ville de Damas ^ fie campa dans cette belle
vallée qui eft à l'orient de cette ville , que les
Arabes appellent Gauthah , fie qui pafïè pour
être un ces quatre lieux les plus délicieux de
toute l'Afie. Cette ville fe trouva abandonnée par
Farag', qui fe retira avec la plus grande partie
des fiensen Egypte; ce qui fit réfoudre (es hzbi-
Oriental e* 517
tam de députer les principaux Dodleurs & Chefs
de la Loi , pour demander quartier à Tamer-
lan , lui préiVnter les clefs de leur ville , & lui
en livrer enfuite les portes. Tamerlan y entra
avec fon arme'e , la pilla, prit fon château par
farce , & en fit brûler une partie , à caufe des
mauvais traicemens que fes habitans avoient
faits à fes troupes dans le temps qu'il s'en ëtoic
approche.
Après la prife de Damas, Tamerlan tourna vers
Bagaet, Ferrakh , Gouverneur de cette ville
pour le Sultan Ahmed, s'y fortifia Je mieux quïl
|>ut , & en foutint le fiége, pendant quarante
)ours : mais au-bout de ce temps-là , les Tartares
l'ayant prife d'affaut , Tamerlan fit pafTer au M
de lepée tous fes habitans, n'épargnant ni âge,
ni fexe, ni condition , & fifrafer rez-pied rez-
terre tUus fes principaux bârimens , après quoi il
retourna en la ville de Tauris , où il prit fon
quartier de rafraîchiffement.
L'an 804 de THe'gire , Tamerlan affiégea &
prit Nakhfchivan , ville fituëe fur les confias de
l'Arménie ; & s'ëtant rendu maître de tous les
pays circonvoifins , il vint pafler l'hiver dans le
lieu délicieux de Carabag.
Dans la même année /Tamerlan tourna fes
armes vers la Natolie , où le Sultan Bajazer, à U
foUicitation de CaralofephleTurcoman , inquié-
toit fort les fujers des villes qui ëtoient fuiettes
à Tamerlan , auffi bien que le pays de piufieurs
petits Princes de Cara manie , qui étoient fes
alliés, & qui vivoient fous fa protedlîon. Il prit
d'abord la ville de Samofate,qui porte le titre
de Calât Roum , le Château des Grecs ou des
Kkiij
$îS B I B L I O T H E Q V C
JRomains : il força auffi fur Ton paflàgê hi eki*
teaux de Camakh & de Haroukh , & s'avançt
jufque fur le terroir des villes de Céfarée &
d*Ancyre, que les Arabes appellent Caijfariah
&. Ancouriah j ou il trouva Bajazet qui I y attenr
doit. Là fe donna cette grande bataille ^ dam
laquelle , après un très-^long combat , la viéïoif«
fe déclara pour Tajmerian ; & Bajazex , qui coin*-
battit long-temps comme un lion , fut «oblige
^nfin de prendre la fuica. Le Sultan Mahnioud
Khari , qui étoit à la tête de fes Tartares , ^
habitoient au defTus du Pont Euxin & de )» mer
Cafpienne , avoit joint fes troupes avec celles de
Bajazer ; msis il fut gagné par les Tartares de
Tamerlan , (es compatriotes , & abandonna le
parti de ce Sultan au plus foft de la mêlée : il fit
plus ; car , pour mettre le cornble à fa trahiibn y
il pourfuivic Bajazet dans fa déroute , le fie prî-
fonnier , & l'emmena au camp de Tamerlan.
Bajazet fut fort bien reçu par TanlerKm j car
te Prince généreux lui fit dreffer une fuperbe
tente, le fit manger avec lui, & Tentretinr fort
humainement : il le mit feulement à la garde de
HaiTan Perlas, qui ^cherchoit cependant tous les
moyens de le confoler dans fa difgrace. Celte
viéloire, remportée par Tamerîan fur Bajazet^
fut au/fî-tôt publiée dans toutes les provinces, &
.on la fit favoir en particulier à tous les Princes
fes enfans , qui vinrent pour la plupart fe ré-
jouir avec leur père; il y eut même des feOiiîs
publics , dans lefqueJs Bajazet , que les HlAo-
- riens Perfiens appellent Caïjfar j c'eft-à dire Ci^
far ou Empereur des Romahis ^ étoit toujours
convié^ afin qu'il pût recevoir tourçs les coiiio-
O R t E N T A I, i;. 519
laitons & adoucifTemens que fon état pouvoir
iouffrir. Mais au milieu de ces joies ^ la mort
du Sultan Mahmoud donna quelque chagrin à
Tamerlan. Il fit cependant encore quelque féjour
en Natolie , & n'en partit quç Tannée fuivante.
Je ne puis pas m*empêcher de remarquer ici
que ce qui cft rapporté par plufieurs Hiftorierrs
de laçage de fer, dans laquelle Tamerlan fit en-
fermer Bajazet , ne fe trouve point dans les Hif-
toîres les plus authentiques de la vie de ce
Conquérant, ni même dans celles qui ont été
écrites par fes .ennemis , tel qu'eft l'Ouvrage
d'Ahmed Btn Arabfchah : il y a cependant une
.Chronique Ottomane fort moderne , traduite par
JLeunclavius , dans laquelle il eh eR fait mention.
L*an 805, Tamerlan força encore plufieurs
châteaux dans le même pays , & apprit peu de
temps après que Bajazec étoit mort'a une efqui-
nancie dans la ville d'Ak Scheher, où il Tavoit
envoyé faire fa refidence. Quelques-uns cepen-
dant attribuèrent fa mort à une grande triflefle qui
lui faifit le cœur , & les autres à une efpece de
défefpoir. Tamerlan le regretta fort , & ténioi-
gna que fon deifein étoit de le remettre fur foii
trône, auffi-tôt qu*il auroit achevé de terminer
Jes affaires de la Natolie , où il voùloit rétablir
les Princes que Bajazet avoit autrefois dépouil-
lés : mais Tamerlan apprit peu après une autre
nouvelle , jqui lui caufa une afîlidiion bien plu^
feniîble : ce fut Textrémité de la maladie du
Prince Mohammed , fils de Gehanghir ion aîné,
qu'il aiipoit plus qu'aucun autre de (es enfans , &
qu'il deftinoit , àcaufe de fesbeiles qualités,, pour
ion fucceiTeur. Cette nouvelle le fit partir endili-
Kkiv ^
5^0 B I BLÏOTHEQUE
gence de fon camp , pour fe tfanfporter à celui
de ce Prince , & pour le vificer ; mais il te troaira
fort affoibli par fa maladie : il voulut cependant
le faire tranfporter en litière jufqu à la ville de
Cara Hiflkr ; mais le malade n'eut pas fait une
journée de chemin , qu'il rendit lame , au grand
regret de fon père & de toute la Cour , qui en
fit un deuil public. Tamerlan ordonna que fon
corps fût porté en la ville de Sultanie, comme
en dépôt, pour être, à la première occafion , tranf-
porré en celle de Samarcande , & enterre au liett
^u*il deiiinoit pour fa propre fépulture.
Dans ce même temps-là, Malek AlNaiïèrFa-
rag' , Roi d'Egypte, appréhendant que Tamer-
lan ne tourn-dt fes armes vers lEgypte, fit publier
fon nom dans toutes les moL]uées de la Syrie
& de 1 Egypte 5 & lui envoya une Anibaffade
folennelle, pour lui rendre toutes fortes de fou-
miffions & lui -demander fon amitié. Tamerlaa
la lui accorda , & après avoir réçlé les affaires
de la Natofie, il envoya MbdhafFereddin Abou-
bekr, fils de Miranfchah fon propre fils, pour
rétablir les ruines de Bagdet , remettre en état
les provinces de Chaldée & de Méfppotamie, &
en chaflèr Cara lofef le Turcoman , qui s'en étoit
emparé pendant qu'il faifoit la guerre en Na-
tolie 5 & Aboubekr s'acquitta fort bien de la
comniiffion que fon père lui avoit donnée.
L*an 8o6de VHéghe , Tamerlan envoya dere-
chef des ' troupes dans le Gureiftan , & dompta
enûn ces peuples rebelles , obligeant leur Prince
à lui payer tribut ; il vint aufE pafîerun autre
hiver à Carabag 5 pendant lequel temps TEmir
Seïd Barkhad , grand ami & confident de ce
Or I e n t al e. 521
Prince, étant mort, il voulut qu'on lùî rendît
tous les honneurs funèbres , félon la Loi Mu-
fulmane. Ce fut dans ce même lieu de Carabag
qu'il donna le gouvernement de Hamadan & de
Wihavend à Eskender , fils d'Omar Scheikh fou
propre fils , & il y joignit auffi peu après celui
de Koudgerd & de Lar, ou Lor Kutcliuk dans
le Gurdiilan , après quoi il fe mit en chemin
pour retourner en fa ville royale de Samarcande,
Il pa/Tà pour cet effet le fleuve nommé Aras ,
qui eft YAraxe ^ & établit Mirza Omar, fils de
Mirahïchâh, pour Commandant dans la province
d'Adherbigian & fes confins , tant du côté de
celui de Roum que de celui de Scham , c'eft-à-
dire , tant de la Natolie que de Ta Syrie, avec
ordre aux Gouverneurs des provinces de Fars &
des deux Iraques, d'obéir à fes commandemens;
«n quoi Tamerlan donna un témoignage de TeC-
îime qu*il faifoit de ce Prince, puifqu'il foumet-
toit à fes ordres fon père même & fes frères
aînés : il voulut néanmoins qu*il eût pour con-^
feil l'Emir Gihan Schah, fils de Giak ou Per-
las, un des Perfonnages les plus diflingués de fon
temps.
Mirza Omar ayant été aînfi honoré & gratifié
de fon aïeul , vinc lui baifer les mains dans la
ville de Cazbin , & lui demanda en même temps
que fon père Miran Schah , qui étoit avec fon
autre fils Aboubekr dans Baçdet, pût auflî obte-
nir la faveur de le faluer. Tamerlan accorda à
fon petit-fils la grâce* qu'il lui demnndoit, & en-
voya même à Miran Schah la fomme de quatre
cent mille dinars d'or, & cent chevaux de main ,
avec la permiifion de le venir voir. Miran Schah
$11 Bibliothèque
«'acquitta de ce devoir avec grande foie, & apr^
avoir remercié fonpere du prëfencquil lui avoic
fait , il retourna en fon gouvernement de Bag*
det ; Tamerlan , de fon côté., continua en dili-
fence fon voyage vers Samarcande, où il arriva
an 807 de THëi^ire.
L'an 807 de l'Hégire, Tamerlan ayant deflèin
d'entreprendre une grande guerre du côté de
rOrient contre les Infidèles , & voulant péné-
trer bien avant dans le Khachaï , c'efl-à-dire dans U
Chine feptentrionale , voulut , avant que de partir,
marier quelques-uns de fes enfans , qui n'étoient
pas encore pourvus : il convoqua pour cet eStt
une grande aifemblée de tous fes enfans ^ parens
& alliés , & tint, pour ainfi dire, une Cour plé-
niere dans le Heu nommé KhanghiuL II fe fie
en ce lieu une très-grande fête , dans laquelle
tous les Artifan? & Ouvriers les plus experts paf-
ferent en revue en bon équipage avec Jes, outils
& les ouvrages de leurs métiers. Tous ces Arti-
fans furent fuivis des Imans, des Doéleurs, &
de tous les Officiers de Juftice , après ]efque!s les
Princes Ulug Beg, Mirza Ibrahim Sultan , Mirza
Ahmed , Mirza Baiera , aocom pagnes des Prin-
ceiles leurs fœurs , & entourés de tous les plus
grands Seigneurs de l'Etat, fe préfenrerent de-
vant leur aïeul, & furent mariés folennellement.
Tamerlan éxdit affis fur un trône fort élevé , &
avoit à (qs côtés les Ambalfadeurs d*Egvpte , de
Syrie, des Francs, & d'autres nations diftérenies,
& il fit fervir un banquet royal , dans lequel
tous ceux qui avoient afîifté à cette cérémonie,
furent traités magnifiquement.
Cette féte dura trois jours , & elle fut acpom*
P R I £ N TALE* J^J
^gnée de tous les feux & divertiflêmens que la
pompe & h richeife , jointes avec l'abondance
dt toutes chofes , pouvoient fournir dans un auifi
grand & auifi âoriflknc Etat qu'étoit celui de
X amerlan , & elle fut terminée par la publica-
tion de pluiieurs loix & ftatuts concernant la
Juftice & la Police des provinces , & par la
déclaration de la guerre qu'il alloit faire.
Ce Monarque envoya auâî-tôc l'Emir Bon*
dok , fils de Giban Schah , pour a^embler les
troupcfs du Mavaralnahar , du Turqueftan , du
Khouarezm , de Balkh & de Badakfchan ^ jointes
à celles du Khorafan & du Mazanderan^ qui fat-
ibient deux iient mille fantaiHns , & un plus
grand nombre encore de chevaux ; & il com-
manda à Mirza Khalil Sulran fils de Miran-
fchah , à Mirza Ahmed fils d'Qmar Scheïkh ,
fe§ petits-fils , de marcher avec les Ge'néraux de
fés troupes , nommés Khodaïdad Hojfaïni &
Schamfeddin J.bas , & d aller en quartier d'hiver
à Tafchk^nd & à Scliarokhiah , villes fituées fur
le Sihoun , autrement dit laxarteS ; & d'un
autre coté^ il fit paifer Mir^ Sultan Hoflaïn avec
une autre aile de fon armée, à la droite de cç
fleuve , & laiiTa 1 Emir Argoun Schah pour com-
mander en fon abfence dans Samarcande.
Tamerlan partit lui-même avec le corps de fon;.
armée , le vingt-troifieme jourdu mois deGiomadi
Alaouual , dans la même année 807 de l'Hégire, âc
prit la route d*Akfoulat au plus fort de l'hiver:
mais le foleil du capricorne, dit l'Hiflorien, fie
ferrer fi fort la glace pendant fa route , qu'il fut
obligé de s'arrêter pendant quelques journées , &
.de tp^urner bride en arrière^ pour venir cam;pir
5^4 B'I BLIOTMEQ UE
à Otrar. En arrivant à ce camp , le feu prît aa
toit du logis qui lui ëtoit deftinë y & Ton prit
dès lors cet accident pour un mauvais pronoftic
de ce qui devoit arriver*
Dans le temps que Tamerlan campoct à Otrar,
il reçut un Ambaflàdeur de Toktamifch Khan,
lequel lui apporta les témoignages du repentir
de fon Maître , & des affurances de fa part de
vouloir vivre déformais dans un entier dévoue-
ment aux ordres d'un fi grand Monarque. Cet
Ambaflàdeur, qui fe nommoit Cara Khogiak^
reçut un très-bon accueil de Tamerlan ; car ce
Prince lui promit non feulement d oublier toutes
les mauvaifes démarches de Toktamifch à fon
égard , mais il voulut bien Taflurer auffi de fa
"proteiflion contre tous ceux qui pourroient l'in-
quiéter dans la poiTeilioa des Eta-ts de la fuc-
ceflion de Giougikhan ; après quoi l'AmbaiTadeur
fut rénvojé chargé de préfens , tant pour fon
Maître que pour lui.
L'hiver s'étant écoulé , Tamerlan commençoità
faire plier fes pavillons , & \ faire arborer fes éten-
dards ; mais le camp d'Otrar lui éioit fatal , & il
n'en devoit partir que pour faire un voyage beau-
coup plus lo;ig que celui de la Chine. En effet,
un Mercredi lO du mois de Schaban , dans la
même année 807 de l'Hégire , fa fanté com-
mença de s'affoiblir, & la maladie étant furve-
-nue & augmentant de jour en jour & d'heure
en heure, ce grand Monarque s'apperçevant qu'il
lui falloit partir pour l'autre monde, implora
"de tout fon cœur la miféricorde de Dieu , après
quoi il fit venir auprès de lui fes principaux Mi-
-liiftres , auxcjuels. il fit favoir fes dernières ro-
Orientale. 515
lontés touchant le gouvernement de fes Etats
après fa mort, & il leur déclara qu'il ififtituoit
mirza Pir, Mohammed, fils de Gihanghir fon fils
aîné , pour fon feul &, unique héritier , duquel
tous fes autres enfans dévoient dépendre.
Cette déclaration ne fut pas plus tôt faite ,
que la maladie crpifTant de moment en moment ,
Xamerlan commanda que de tous les Gens de
Loi qui prioient Dieu pour lui dans fes anti-^
chambres , on fît entrer feulement auprès de lui
1« Doéleur Heïbat Allah , que fon nom , qui
£gnifie la crainte de Dieu, rendoit propre à faire
la fondion pour laquelle il étoit appelé. En effet ^
ce fut celui-ci qui lentretinc de Tunité , de la
grandeur ,& de la majefté de Dieu , jufqu'à ce
qu'il rendit l'ame en invoquant fa miléricorde^
& en faifant profeâîon de fon unité , le 17^ jour
du même mois de Schaban.
Ce grand Prince mourut âgé de foixante-
onze ans, après avoir régné en che/ abfolu
pendant lefpace de trente-/ix ans. Les Reines
les femmes & les principaux Seigneurs de fa Cour
s'étant aâemblés incontinent après fa mort ,
réfolurent de dépêcher des Exprès à tous les
Princes fes enfans, qui étoient répandus dans
toutes les provinces de TAfie, pour leur donner
part de fa mort , & commirent deux des plus
grands Seigneurs d'entre eux pour accompagner
fon cercueil , qui devoit être tranfporté à Samaf-
cande , où il fut enterré fous un dôme fort élevé,
qui avoit été préparé pour fa fépulture.
Mirza I^ahim , qui commandoit l'avant^garde
de l'armée de Tamerlan , n'eut pas plus tôt appris
ia mort , qu'il débanda fes troupes , & vint , ac«
5i6 Bibliothèque
compagne feulement de mtile chevaux, à SamMy
cande, pour prendre pofTefîîon du tr&ne de fou
'aïeul; Mais ayant trouvé le corps de l'armée
qui s*avançoit vers la même ville , il n'y put pas
entrer, & fut oUigé de tourner bride d*un autre
côté ; & les principaux Commandans de cette
armée dépêchèrent un Exprès à Mirza Khaiîl
Sultan, poar l'appeler à la poifdffion & â la jouif-
fance de la couronne.
Cependant les Emirs Schahmelck & Noared*
diii firent favoir à Khalil Sukan , qu^il falloit
exécuter le teftament de Tamerlan , dans lequel '
Pir Mohammed, fils de Gihançhtr, étoit inftitué
fon unique héritier : mats Yapfoûtwn de ces
deux Seigneurs we fervit de rien ; car Khbdatdatl
HoiTain & les autres Emirs maintinrent le Sultan
Khalil fur le trône de Tamerlan.
Dans ces entrefaites, Mirza Ulu|^Bcg & Mirza
ïbralnm Suhan s'étant joints aux deux Emirs
Schâh Melek & Noureddin , & avec les princi-
rtles Rein^ & Princeflès de la Cour, arrivèrent
un Keu nomme Caraglak , où favorifés qu'ils
éroitmt des peuples de ce pays-Ii j ih s approchè-
rent de la -ville de Samrarcande , où ils croyoient
devoir être bien reçus. Mais Argoun Schah, qui
y commandoit & qui favorifoh: le parti de KiiaHl,
leur en refufa lentrée , -quoique Schaîinïelek,
qui Vétoit approché de la porte nomtoée Tchikeut
naiehj eut fait tous fes efforts auprès d'Argoun
Schah ; avec lequel il entra en conférence , pour
en avoir l'entrée. Ani <?o«tra!re , toutes fes ittf*
tances les plus prenantes ne fervirent qu'à faire
renouveler par tous les habitans de Samarcande
le ferment i^c éiéliti au Sttitan Khalâ ^ en forte
/ .
Orientale. 527
qtte les deux Emirs firent obliges de retourner
au camp des deux Princes & des SuJtanes , & de
prendre ie chemin de la ville de Bokliara , où ils
nirent fore bien reçus.
Tamerlan eut quatre enfam , favoir , Gsïa-
tlieddin Gihanje;bir , Moèzzeddin Omar Scheïkh
Bebadir, Gelaleddin Miran Schah, &. Mirza
Schahrokh.
Le premier, Gaïatheddin Gifaanghir, mourut
avant fan père , & laifTa feulement deux enfans,
donc le premier fut Mohammed , qui mourut
auffi deux ans avant fon aïeul. C eft ce M oham^
m^'d que Tamerlan dëfignoit pour fon fuccef«
ieur. Il laifla trois enfans.
Le fécond fah de Gihanghir fut nommé Pir
Mohammed , & c eft celui qui avoir été déclaré
par teftament fuccefièur de fon aïeul y malgré
cela, Khalil Sultan pritfa place, comme on a
4éfk vu. Ce Pir Mohammed eut fept enfâns, def-
quels il n'eft pas befoin de parler ici , non plus
que de ceux de fon frère aîné.
Le fecoAd iîis de Tamerlan , nommé Mêi^
^eddin Omar Scheïkhj fut tué du vivant de fon
père , & laiffa cinq en fans , favoir Pir Mohaiii^
med, Roftam^ Esicander, Ahmed, &Baïcra.'Ce
Pir Mohammed eut un fils nommé comme fon
aïeul , Omar Sckeïkk;ài Bakraeutun fils nomm^
Manfour , qui fut père de Hoflaïn • Mirza , fit
celui-ci père de Ba^ Alzaman & de Modbaf&r«
On parle de ces derniers-ci , parce qu'ils ont été
tous trois Sultans.
Le croifieme fils de Tamerlan , nommé Miran
Schah ) furvécut à fon peve, & e»t cinq enfans;
KhwAéix^ OttaT) KfaaU> ^ furent tOMs crois
5*8 BiBLIOtHEQUE
Sultans , Algil , auftemcnt Mohammed ou Mah-
moud, & Soïourgatmifch. Ce Mohammed ou
Mahmoud » qui ne fut point Sultan , eut un fils
nommé Abou Saïd Mir^a ^ qui régna & eut
onzeenfans, dont le premier, nommé Ahmed y
fut Sultan, & le fîxieme, nommé Omar Sçheïhhj
ne régna point ; mais il eut un fiJs nommé Ba-^
bor ^ qui régna & fut chaffé^ de fes Etats de la
Tranfoxane par Schaïbek Khan; Il scnfuit aux
Indes & y régna. Homaioun Ion fils lui fuc-
céda, & celui-ci eut pef^r fils Gelaleddin Âkbar,
le premier de tous les Princes que nous ayons
connus fous le nom de Grand Mogo). Akbar
fut père du Sultan Selim , furnommé Gîhanghir^
& celui-ci de Sultan Coroum , furnommé Schùh*
gihany père dAvrenkzeb, mort depuis peu de
temps , & que Ton dit avoir eu pour fuccefTeur
Schah Alem.
. Le quatrième fils de Tamerlan eft Mîrza
Scharokh, qui furvécut & régna fort loner-tempi
après fon père. Il laifTa fept enfans , dont l'aîné
fut Ulug Beg , qui régna auffi bien que fes deux
enfans Abdallathif & Abdalaziz. Le fécond fut
Ibrahim , qui régna auifi bien qu'Abdallah fon
fils;. le troifieme eft Baïfankor, qui régn.i âuifi
bien que fes enfans , nommés Âln Aldculat
Mohammed^ Babor.^ Ibrahim^ ladighiar & Mah-
moud ^ qui ont tous porté le titre eftVcflif de Sul-
tan* Les quatre autres enfans de Schakrokh, qui
font Soïourgatmifch,, Mohammed Giouki , Kha-
noglan, & lazdi, font peu connus ^ ou parce qu'ils
font morts du vivant de leur père , ou parce qu'ils
n ont pa9 eu de fucceifîon.
. Ce que nous avons dit jufqu'ici de Tamerfan
eft
Orientale. 51^
eft tiré année par année de Khondemir^ qui a
abrégé ce que Ton père Emir Khoand Schah j
que nous appelons vulgairement Mirkhondj a
écrit beaucoup plus amplement. On ajoutera
encore plufîeùrs chofes tirées de différens Au-
teurs qui regardant la Vie & THifloire de ce
Prince.
L'Auteur du Lebtarikh dit que Timour , fur-
nommé Lenky a été un Prince qui a égalé par
la grandeur de Tes aâions Eskancier Dhoul Car-
sein, qui eil Alexandre le Grand, & que Sa-
turne fe trouvant au fighe du Capricorne dans
fon horofcope , c'étoit un pronoftic de la gran-
deur y de la fermeté & de la durée de fa puif-
fance, parce que, félon les plus habiles Aftrono^
mes , cette confleliation du Capricorne a rapport
dans les élémens à celui de la terre , qui déugne
la fermeté & la durée des chofes.
Selon le même Auteur, Tamerlan n'étoît ni
pâtre, ni voleur de profeffibn; comme fes enne-
mis l'ont écrit. Mais , comme dit fort bien aufii
Scheref Ali lezdi, Peder ber peder ta beadam
reved : Hemeh paï ber takht Schahi neked^
:^ tous fes ancêtres , de père en 61s, en remontant
)ufqu'à Adam , ont tous pofé le pied fur le trône
du commandement ou de la royauté «. Et il prit
fa naiiTance le vin-gt-cinquieme du mois de Scha-
ban, Tan de THégire 736, qui correfpond à la
première année du cycle des Mogols , nommé
Sitchkan, {o\xs le règne de Khazan Khan, qui
commandoit alors dans Samarcande & dans tout
le pays d'au ^elà le Gihon ou Oxus , que nous
appelons aujourd'hui \t Zagataï. Il ne prit ja-
mais le ti^re de Sultan , mais feulement celui
Tome V. L 1
f )0 BllLIOTHEQUC
de Timoùr Al Emir Al Kebir, le Prince Timo9r
ou le Grand Timour^ & cela à caufe du refpeâ
qu*il porcoit à la race Ginehizkhanienne , à la-
quelle le titre de Khan & de Sultan étoit parti*
culiërement afFe<^é.
Ben Schohnah nous donne aufE quelques par-
ticularités de la Vie de Tamerlan , qui font aflez
considérables. Il écrit qu'en l'an 795 de l'Hé-*
giré , Ahmed Ben Avis Gialaïr , Sultan de Bag*«
cet, qui s'enfuyoit aux approches de fes armées »
arriva en Egypte, & que le Sultan Al Malek
Al Dhaher Barkok , qui y régnoit , le reçut
très-bien , & lui fit rendre de très-grands hon-
neur^ par tous les Seigneurs de fa Cour, & que
Tamerlan n'eut pas plus tôt appris l'arrivée
d'Ahmed Ben Avis en Egypte , qu'il envoya
des Ambafladeurs au Sultan Barkok , pour lui
demander qu'il eût à le lui mettre entre les
mains.
Le Sultan Barkok n'eut pas plus tât avis de
cette Ambaflade , qu'il donna ordre au Goa^
verneur de la ville & château de Rahabah en
Syrie , de faire arrêter les Ambafladeurs & de
les faire mourir. Tamerlan ne manqua pBs »
aufli-tôt qu'il eut appris ce violement du droit
des gens , de tourner fes armes vers la Syrie ,
éc de marcher d'abord vers Roha ou Edeflê ,
ville très-forte de la Méfopotamie. Il emporta
d'abord cette place d'aifaut , la pilla , & réduifit
tous fes habitans en efclavage.
Auffi-tôt que le Sultan Barkok eut appris la
atiarche de 'Tamerlan vers la Syrie , il le jeta
dans la ville d'Alep pour la défendre , & prit
avec foi le Sultan Ahmed Ben Ans ^ qu'il mena
O R I E N T A L E4 Jji
etifuite k Damas , où Tayant traite en Hoi , il
lui donna des troapes pour rentrer dans la ville
de Bagdet , dont il avoit été dépouillée Ahmed
s*en fie ouvrir les portes , & il n'en fut pas
p!us tdt le maître , qu*il y £t battre de la
jnonnoie au nom du Sultan Malek Al Dhahet
Barkok.
Après que le Sultan Al Malek Al DhaKef
CHt achevé heoreufement fon entreprife j &
fait un affront 6 fignalé à Tamerlan /il retourna
triomphant en Egypte , l'an 797 de THégire i
& ce fut là que , pour comble de fa gloire ^ il
reçut des Ambaifàdeurs de Bajazet , Sultan de^
Turcs , pour lier une alliance étroite avec lui
contre Tamerlan , & pour obtenir en même
temps du Khalife Abbamde , que Barkok tenoit
auprès de lui ^ les Patentes de Sultan de Roum ;
c*eft-à-dire , d'Empereur des Romains , puifqu*il
pofledoit les Etats de ceux qui avoient pprté ce
titre. Il faut remarquer cependant que Barkok
n'étoit demeuré que quarante jours dans Alep ^
parce qu'aufR-tdt qu'il eut appris que Tamerlan
venoit à lui ^ il en partit avec VEmir Gialaban
qui en étoit Gouverneur , & fubftitua à fâ
place VEmîr Tangri Virdi.
Ce fut Tannée luivante 708 que mourut Bo-»
irhan Eddin , Seigneur de la ville de Sivas oa
Sebafte en Cappadoce. Cette mort donna occa*
fion ï Bajazet de fe faiâr de cette Place ^ &
enfuite de toute la Caramanie ; ce qui fut le
fujet de la guerre que Tamerlan lui fit peu de
temps après*
L an 801 de l'Hégire , le Sultan Al Malek
Al Dhaher Abou Saïd Barkok étant mort , ôc
LU)
V,
5^IJ B I B L I O T H E Q U t
l'on fils AI Malek Al Naflèr Farag hi ayant
fuccédé , en vertu de fon teftament , le Gou-
verneur de Syrie , nommé Tenem j s*étant ré-
volté , & ayant attiré à fon parti Ak Boga ^
Gouverneur d'Alep j^ avec la plupart des autres
Commandans de la Syrie, Bajazet prit encore
loccafion des nouveaux troubles de ce pays-là
pour étendre .les limites de (on Empire de ce
côté-lk. Il vint ailiéger la ville de Malathie ou
Melytene , & la prit.
L an 801 , le 5ultan Al Malek Al Naflêr
Farag' partit d'Egypte avec une puiiTante armée,
pour réduire les rebelles de Syrie. Tenem ,
Chef de ces rebelles , vint , avec des troupes
con/fidérables , pour s oppofer au paflàge du Sul-
tan dans les détroits de la Paleftine ; mais il fut
entièrement défait avec les fiens , pris prifon-
nier , & enfuite puni de mort avec les princi-
paux Chefs de fa faôlion ; Se le Sultan , apte»
avoir remporté cette vidoire fignalée , & doiuié
le gouvernement de la Syrie a Seïdi Saudoii ,
& celui d'Alep à Timurtafch , retourna ea
Egypte.
L an ioj , Tamerlan étant de retour de fon
voyage & de fa conquête des Indes , comme
on l'a vu plus haut, apprit en même temps
trois nouvelles. La première, celle de la more
du Sultan Barkok : la féconde étoit le retour
du Sultan Ahixied Ben Avis dans Bâgdet ; & la
troîfieme fut la prife de Sivas & de Malatbie
par Bajazet. Ces trois nouvelles furent le fujec
de trois grandes guerres qu'il eut à faire , pour
firer vengeance des trois Sultans ; de Farag* ,
§is & fuccefîèur de Barkok; d'Àbmed Ben Arû,
■ /
Orientale. 53 j
& ie Bajazet. Il commença par faire le fie'ge de
la ville de Siras , qu'il prit d'aflaut , où il fit
•nterrer vifs plus de trois mille Mufulmans , &
y fit mettre enfuite le feu. Il prit enfuite Ma-
lathie , qu'il détruifit aufli entièrement. Il fit la
même chôfe à Arzeroum & à Samofate , &
envoya de tous ces lieux-là une infinité de tètes
qu'il avoit fait couper eri la ville d'Alep , fans
compter un grand nombre de ceux qu'il avoit
fait précipiter dans l'Euphrate.
Tamerian envoya peu de temps après un Exprès
à FaragV'avec mie lettre menaçante ^en cas qu'il
ne lui fît pas fes fbumiinohs. Mais Farag* refuf»
de la recevoir, & fit emprifçnner fon Courrier^
Ben Schphnah rapporte enfuite la relation de
Hafedh Al Khouarezmi , dans laquelle il y ^
un' fort i grand décail de tout cequi fe paiTa dans
les* fiéges:des villes 'd'Atep & de Damas , que fit
Tamerlân.i ' r '
Lorfque Tamneriân ^'approcha de la ville
d*Alep ,^lar plupart^ des Gouverneurs de Syrie
ëtorent accourus avec les troupes de leurs Gou-
Yernemeifs.iî' pbifr'^feooofir cette place impor-
taMr«R.lU;fireftt';afrez bonne 'coAtenance pendant
quelque, tdmpsî, & fe défendirent affez vigôu-
reufement dcidpflus leurs miiratlles. Ils voulu-
" rent4eïîfiri« izamgfcr hbr^ de la- ville ; mais ils
laéoaideireiit.fittnâ^ entre c«»*, que Timurtafch ,
qoi en étoit-Gouverneifr , rebuté de leurs divi-
fions & des» ^fréquentes émotions du peuple ,
ycfdutd'abandanner k villc^, & defe retirer avec
les porincipaux defes^ Oftciers dans lé château,
La ville' fut 'prife Vépée à la main par les Tar-
tares ^qûi y /firent un carnage épouvantable ; &
Lliii
JJ4 B I B L I O T H E Q U E
le château ^ dans lequel toutes les richeflès de
la ville ëtoient enfermëes> fe rendit peu de
temps après à compofîtion.
xamerlan y entra .^ & y fit aflembler les
principaux Doéleurs de la Loi, qu'il fit entrer
en conférence avec ceux de Samjircande , & il
leur dit qu'il vouloic leur faire une queflion fur
laquelle les Docteurs de la ville de Herat ne
l'avoient point fatisfaic. Cette queiUon fut de
favoir qui Ton devoit qualifier du titre de Sche-
hid ou de Martyr ^ de ceux qui étoient tués dans
fon parti , ou dans celui de fes ennemis ? Mon
Schehid catilnà j am catilcom l Cette demande
rendit muets la plupart de ces Doéleurs. Mais Fe
Cadhi ScKarafeddin MouiTa Al Anfari , qui fai-
foit profeffion de la Seéle Schaféïenne , lui
répondit hardiment : )^ Seigneur ^ je^ n'ai point
d'autre réponfe à vous faire fur. cette quefliou ,
que celle que fit autrefois Mahomet notre Pro^
phete fur la même demande qui lui ^t faite i
& je ne ferai que le fimpl^ interprète de fés
paroles ^. Alors Àbdalgebbar, Doâ^ur de Samar-
cande, lui demanda qi^jle fut la 4^^^nde ou
la queftion qui fut faire à Mahomet, Schârafèd-
din lui dit) » qu'un Arabe du défert dit un jpurk
Mahomet : O F]:ophete \ <:elui qui combat pour
fa propre défenfe , celui qui combat «pour
faire paroitre fon courage ,,& cefurqui coœbaf
pour fa ffloire & pour ék>n élévaigt>n'; tons ces
fens-là \onxA\s fi fohil Allnh ^ dans la yoie de
>ieu ^ ? Mahomet répondit à r Arabe €!n ces ter»
mes : Man çatal htakoun h^lejrmt Allah ht
alâliah fohou fi fehil Allah : v:Celui qui com-
bat pour confirmer & vérifier la pait>Ie d&Dien «
Orientale* 535
eu celui qui arrive au plus haut degré de verrn »
& qui fe trouve dans la voie de Dieu «. Or ^
Seigneur , pourfuivic Scharafeddin » celui des
TÔcres ^ ou celui des nôtres qui combat pour
exalter la parole de Dieu , s'il meurt dans le
combat , eft fans doute Martyr.
Abdalgebbar loua fort cette réponfe, & Ta*
merlan en demeura û content y qu'il entra eu
converfation familière avec Scharafeddin , &
lui dit : » Doéleur , vous me voyez tel que je
fuis; je ne fuis proprement qu'un demi-homme ,
& cependant j*ai conquis tant de provinces &
tant de villes dans Tlraque, dans les Indes &
dans le Turqueftan. Je dois tout cela à la graco
du Seigneur, .& il n*a pas tenu à moi que je
n'epargnaile le fang des Mufulman^. Oui , je
vous jure & protefte devant Dieu » que je n*ai ja-<-
mais entrepris aucune guerre de propos délibéré
contre vous autres j que vous avez vous-mêmes
attiré mes armes fur vous ^ & que vous êtes caufe
vous-mêmes de vôtre propre ruine «.
Tamerlan voulut encore continuer la conver-
fation avec ces Doéleurs. Il leur demanda quel
étoit leur fentiment fur le fujet d'Ali ^ de Moa-
yie & d'ielsid ? Les Doéleurs y qui favoiejit que
le Cadhi Scharafeddin étoit Schiite à^ profef-
fion , c'eft-à-dire » Seélateur d'Ali , prévinrent
fa réponfe , & l'un d'eux , nommé Cadhi AU-
medain Al Maleki ^ répondit au nom de tous ^
qu'Ali , Moavie & lezid étoient tous bons.
Cette ^éponfe mit Tamerlan fort en colère, &
il leur dit : Ali àlhakk v Maouiah dhalem y y
leiidfaffei : » Ali a été un véritahle & légi-
time KhaliL^ , Moavie un Ufurpateur , & lesid
Llir
5jtf Bibliothèque
un Tyran j & je m'étonne que vous , qui êtes
d'Alcp , vous fuiviez le fentiment de ceux de
Damas , qui ont cunfenti à la mort de Houf-
faïn» Sur cela Scharafeddin dit , pour appaifer
Tamerlan ^ que Maleki avoit fondé fa réponfe
fur le paffage d'un Livre dont il n'entendoit pas
le fens. Là-de/Tus A1}dalgebbar demanda au
Cadhi Scharafeddin quel étoit fon fentiment ;*
& ce Doéleur lui ayant répondu plus à pro-
pos, il dit que Maleki étoic un bon Do<fèeur;
mais que Scharafeddin étoit plus clair &. plus
éloquent. Tamerlan , pour en continuer la con--
verfation avec encore plus de familiarité , leur
demanda ï tous deux leur âge ; & lui ayant
répondu qu'ils avoient environ cinquante ans ,
il leur dit : ^Yous êtes dans Tâge qu*auroient
mes premiers enfans ; car pour moi je fuis dans
ma foixante-quinzieme «.
Pendant que cette converfation duroît, Vheure
de la prière du A)ir étant arrivée , Abdalgebbar
la commença , & Tamerlan la fit avec les Hâ-
tions, proflernemens & adorations accoutumési
après quoi il congédia Taffemblée»
Le jourfuivant, Tamerlan manqua de paro^
au Traité qu'il avoit fait avec ceux du château :
car , après y avoir fait le plus riche butin qu'il
eût encore trouvé dans aucune des places qu'il
avoit prifes , il fit tuer , tourmenter ou empri-*
fonner la plupart de ceux qui y étoient , & en
fortit pour venir demeurer dans la ville dans la
maifon du Gouverneur. X^e fut Jà qu'il donna
fes ordres pour ruiner & brûler toutes les mof-
quées , les collèges & les principales maifons de
«ette ville opulente , après quoi il fit «n grand
Orientale. 537
hanqùet à tons feê Mogols & Tartarcs , dont^
]a joie étoit exceffive , pendant que les Muful-
mans ëtoient dans les fers & dans les tourmens.
11 fit venir derechef* après ce banquet les
mêmes Doéïeurs qui l'avoient entretenu le jour
précëdent , & les remit fur la gueftion d'Ali &
de Moàvie. Le Cadhi Scharafeddin dit claire-
ment à ce Prince , qu'il n y avoir aucun doute
que le bon droit ne fût du côté d'Ali , que
1 on ne pouvoit point mettre Moavie au nombre
des Khalifes , & que cette opinion ëtoit fonde'e
fur une tradition authentique , qui porte que
Mahomet avoit dit autrefois ; Alkelafat badi
thalathoun fenat : » Le Khalifat ne durera que
trente ans après moi « ; ce qui e'toit arrive' du
temps d'Ali , dont le règne avoit expiré jufte-
ment dans ce terme. Alors Tamerlan lui dit :
Dites donc : Ali alhakk v Moàouiah dhalem ,
y> Ali cft le vrai Khalife , & Moavie eft un
Tyran «, & Scharafeddin lui obéit, çn difant
que l'Auteur du Livré intitulé Hedaïah avoit
avancé cette maxime : Giaoua^ taclid alcadha
Tnan valait algiauri » Le deftin des Tyrans l'em-
porte fouveni fur le bon droit « , parce qu'il étoit
certain que pluiieurs d'entre les coinpagnons
de Mahomet & de ceux qui les ont fuivis im*
rnédiatement , gens qui font qualifiés Sahaba
& Tabêoun , avoient droit au Khalifat , & que
cependant le Deftin, c*cft-à-dire, le Décret
divin s'eft déclaré en faveur de Moavie.
Cette converfation étant finie , Tamerlan re-*
commanda Scharafeddin avec fon compagnon
Hafedh Al Khouarezmi , duquel cette relation
efl tirée , k ks Officiers > avec ordre de leur
5}8 ^ BiB&IOTHEQUE
fournir à eux » à leurs enfans , leurs parens ,
alliés y amis & dépendans , qui montoîent îuf-
«u*au nombre de deux mille , tout ce qui leur
ecoic néceiTaire , & de les maintenir en toute
sûreté & liberté , comme gens qu'il prenoic fous
fa protection & fauve-garde.
Cet ordre fut fi bien exécuté , que Tamerlan
retournant du fiége de la ville de Damas , qu'il
traita encore plus mal que celle d'Alep , & vou-
lant faire démolir le château de celle - ci , fit
conduire tous ces gens-^Ià jufque dans Tlraque ,
an tombeau de HouiTaïn , fils d*Ali ^ pour le-
quel ils avoient une grande vénération ^ & en
vue duquel ils avoient été fi bien traités par Tar
merlan.
L'on ne s'étendra pas ici beaucoup fur le
fiége de Damas , que Ben Schohnah rap-
porte , parce qu'il en eft parlé ailleurs. On
remarquera feulement que Tamerlan fit corn*
mander à ces Cadhis & . Dbâeurs d'Alep dé
donner un Décret contre le Gouverneur de
Damas qui avoir autrefois fait tuer fes Ambaf*
fadeurs , par ordre du Sultah Barkok. Cette
formalité furprit fort les Cadhis , qui favoient
combien de Mufulmans Tamerlan avoit fuit
paâèr au fil de l'épée , fans aucune procédure
de Juflice. Cependant ils furent obligés d'obéir;
£c il paroit que ce Monarque exigea d'eux cette
Srocédure , pour vérifier ce qu il leur avoit déjà
it de bouche , que ce n'étoit pas lui qui exier-
xninoit les Mufulmans, mais que c'étoient eux-
mêmes qui fç perdoient par leur propre faute ,
éi pour couvrir ra<îlion de ce Gouverneur d'une
plus grande infamie.
Orientale. jj9
L'an 804 de la même Hégire, le même Ben
Schohnah rapporte que Tamerlan , qui avoic
paifé (on quartier dbiver à Carabag , ayant ap«
pris que Bajazet étoit venu à Arzengian & s'en
étoit rendu le maître , marcha avec fon armëe
du côté de la Natolie , & que les Tartares &
les Turcs s'etant rencontrés dans la plaine d'An-
goury ou d'Ancyre , il s y donna entre eux cette
frande bataille dont on a parlé plus haut , &
ans laquelle Bajazet demeura prifonnier de
Tamerlan , & finit fes jours dans ia captivité.
Tamerlan , après avoir difpofé à fon gré de
tout le pays qu'il avoit conquis fur Bajazet ,
envoya des AmbaCadeurs au Roi d'Egypte pour
lui demander un de fes Emirs , nommé Athlandi^
qui avoit été fait prifonnier deux ans aupara-
vant par Cara Jofer le Turcoman , & envoyé en
Egypte fous le règne de Barkok , père deFarag'.
L'année fuivantc , qui fut Tan 805 de l'Hé-
gire , les Ambaflkdeurs de Tamerlan retournè-
rent d'Egypte auprès de Ytut Maître avec l'Emir
Athlandi , que Farag* , Roi d'Egypte ^ avoit mis
en liberté & chargé de riches ipréfens pour Ta-
merlan. Cette honnêteté de Farag^ fut iî a^freable
à ce Prince , qu'il voulut y répondre par d autres
préfens non moins confîdérables , «ntre lefquels
il y avoit un éléphant.
L'an 806 ^ le Sultan Ahmed Ben Avis entra
cette année-là. en habit de pauvre dans 'la ville
d'Alep , fuyant 'devant Cara Jofef le Turcoman ,
?'ui s'étoit faifi de Ja ville de Bagdet âc le pour^
uivbit à outrance. Tamerlan envoya alots Miran
Schah , fon fils , avec une partie de fes troupes ,
pour combattre le Turcoman' Co Prince It
54Ô Bibliothèque
trouva dans la Méfopotamie, & Tattaqua fi vigon*
reufement , que non feulement il le dëât , mais
qu'il reprit encore fur lui la ville de Bagdet, &
1 obligea de fe réfugier en Syrie.
Dans cette même année , les Âmbailadeurs
de Tamerlan , qui avoient porté fes pr^ens en
Egypte , retournèrent accompagnés d'une autre
ambaiTade* folennelle que Farag' lui envoyait ,
pour fe réjouir avec lui de l'heureux (uccès de
les armes, & pour lui rendre des foumiâîons
femblables ï celles quun vaifal rend a fon
Seigneur ; & encre les préfens qu'il lui fit , il y
avbit une girafe, animal fort extraordinaire, &
qui ne fe trouve qu'en Ethiopie , en échange de
l'éléphant qu'il avoit reçu de lui.
Le même Ben Schohnah , qui finît ici fon
Hiftoire , prend occafion des grands tremble-
mens de terre qui arrivèrent cette année en Syrie
& en Méfopotamie, pour parler de la fin du
Monde , dont il prétend que ce* prodiges font les
avant-coureurs , & emploie la dernière partie
de fon Ouvrage , qu'il appelle Khathemat , c'eft-
à-dirc le Sceau & la Conclufion , à rapporter
toutes les Traditions Mufulmanes fur ce (^]ci\
entre Idquelles la plus confidéi*able eu que les
figues qui doivent précéder ce grand jour, font
la venue du Degial , qui^eft TAntechrift; de
Dabat j qui eft la Bête de rApocalypfe ; le lever
du foleil du côté de (on couchant, >& du NozduI
Iffa Ben Miriam , c'eft-âi^dire , de la^ Defceate
de Jéfus-Chrift du Ciel en Terrée :
L'Auteur du Nighiariftan fait le dénombre-
ment & la fucceifion des Timurides «a la. ma-*
niere qui. fuit. . ........
O R I E N T A.L E. 541
Tîmour ou Tamerlan régna trente- iîx 3^,^
Schahrokh , fiU de Tamerlan , qu^^'^^te-troît
ans.
Ulug Beg , ûh de Schahrokh , fut Lieutenant
de fon père dans la Tranfoxane lerpace de
trente-huit ansr, & y régna feul & abfolu , auffi
bien que dans le Khorafan y deux ans & nei^
mois.
Abdallathif , £Is dXJIug Beg, qui fit la guerre
k fon père & qui fut caufe de fa mort > ne régna
après lui que nx mois.
Abdallah , fils dlbrahim Sultan & petit-fils
de Schahrokh , régna & fut contemporain de plu-
fieurs Mirzas ou Princes fes parens,, du règne
^defquels on ne peut pas marquer juftement la
durée : c'eft pourquoi 1 on ne rapportera que leurs
noms.
Mirza Alaaldoulat , fils de Baïfankor fils de
Schahrokh.
Mirza Ibrahim , fils d' Alaaldoulat.
Mirza Sultan Mohammed , fils de Baïfankor
£ls de Schahrokh.
Mirza ladighiar Mohammed , fils de Moham*
^ed fils de Baïfankor.
Mirza Babor, fils de Baïfankor.
Mirza Mahmoud , fils de Babor.
Mirza Houifaïn, fils de Manfour fils de Baiera
fils d'Omar Schfîkh fils de Timour, qui eft Ta-
merlan y régna quarante ans & en vécut plus de
cent.
Mirza Badî A^zaman, fils de Houflain fils de
Manfour fils de Baïcra, &c.
Mirza ^odhafFer , fécond fils de Houflaïn fils
de Manfour, &c.
54^ B I 1 L I O T H £ Q U £
Mirza Khalil, fils de Miranfchah fils de /H-*
xnour. Celui-ci fuccéda immédiatement a Ta-
merlan , fon aïeul , dans Samarcande : mais ce
ne fut pas paifîblement, parce que tous les autres
Princes fes coufins disputèrent la couronne, & il
ne régna que fort peu de temps.
Mirza Aboabekr, fils de Miranfchah fils de
Timour.
Mirza Omar, fils de Miranfchah fils de Ti«
itloun
Abou Saïd , fils de Mahmoud fils de Miran«
fchah fils de Timour.
Mirza Ahmed , fils d*Abou Saïd.
Mirza fiabor, fils d*un Ornait Scheïkh fili
d*Abou Saïd.
Mirza Homaïoun Mohammed , fils de Babon
Gelaleddin Akbar , fils de Mirza Homaïoun ,
Grand Mogol aux Indes. >
Schah Selim Gihanghir , fils de Gelaleddin
Akbar. '
Sultan Coroum Schah Gihan, fils de Schah
Selim Gihanghir.
Avrenkzeb , fils de Sultan Coroum.
Schah Alem^ fucceiièur d'Avrenkzeb, qui eu
aujourd'hui fur le trône dans les Indes.
Ces derniers Sultans depuis Akbar ne font pas
dans le Catalogue du Nigniariftàn : mais ils ont
été ajoutes pour comprendre la poftér^é entière
de Tamerlan qui no.iis eil connue.
Il eft bon de remarquer ici que Pir Moham*
l»ed, fils dé Gihanghir fils de Timour, que Ta-
merlan avoit déclaré fon fuccefleuf , neift point
Compris dans ce Catalogue duvNighiariftan , non
plus que dans ceux de Khondemir & du Lebtarikfa.
Orientale. 541
Il y a même encore plufieurs autres Mîrzas ^
comme Eskaoder , Roftam , lefquels n y font pas
compris à caufe qu'ils ne régnoient pas abfolu-
ment) mais feulement par dépendance de Schah-
rokh & des autres.
Le Tarikh Monteklieb porte que Tamerlan
defcendoit de Ginghizkhan par les femmes , &
Ahmed Ben Arabfchah, qui 1 a fi fort décrie, n*en
difconvient pas.
Ce fut Schaïbeg^ Sultan des Uzbeks, îiTu de
TouK Khan , fils de Ginghizkhan , qui chaiTa les
Timurides de la Tranfoxane & du IChorafan , &
qui fut caufe qu'ils établirent un grand Empire
dans les Indes>
Le même Ben Arabfchah dit que Tamerlan
fuivoit la Loi de Ginghizkhan , & que fa Reli-
gion approchoit plus ae la Chrétienne que de la
Mahométane ; &. il veut que ce Prince ait cpoufé
la fille du Roi des Mogols , parce quelle étoit de
fa même Religion : cependant il eft certain par
tout ce que nous avons vu , qu'il profeiToit , au
moins en apparence , le Mahométifme , & qu'il
en étoit très-inflruit.
Selon Ebn louiTouf , Tamerlan mourut âgé
de quatre-vingts ans, & de quatre-vingt-dix-neuf
félon Giamnabi. Cependant ces deux Auteurs
conviennent avec les autres qu'il naquit l'an y ^6
de^l'Hégire, & il n'y a rien de plus certain, du
confentement général de tous les Hiftoriens ,
qu'il mourut l'an 807 de la même Hégire.
L'on dit que Tamerlan portoit la figure de
trois cercles pour le corps de fa devife , dont
l'ame étoient ces deux paroles Perfiennes, Rajtiff
Jftujlij'qui fignifient la Vérité^ le Salut. Un
544 BlBLIOTHEQITC
Foêce Perfien , parlant des gens de bien ^ dît
que leur conduite ëcant la droiture & la vérité^
Seiaï rajlekiari rujhkiarijl^ leur récompenfe eft
le falut. Et nous trouvons dans les Pfeaumes de
David ces paroles : Veritas liberabit te ^ la vérité
vous délivrera : de forte que Ton ne peut pas
douter que la penfée de Tamerlan n'ait é\,é con« .
forme a fes fentimens ; & il paroit qu'il a tou-
jours fait pompe de fa droiture & de fa fincé-
rite , & qu'il n'a point voialu fe vanter par cette
devife de la conquête des trois parties du Monde ,
comme quelques-uns Tont mal interprété.
L'on fait dire à Tamerlan , que le Prince qui
veut maintenir foa Etat en paix , doit tenir tou-
jours lepée en mouvement. Mulkra egher carar
khouahi kerd : Ti^a bicarar baïed kerd. L'on
rapporte auffi qu il difoit fouvent : 5> Qu'un
Monarque n'étoit jamais en repos fur fon trône ,
quil n'y eut beaucoup de fang répandu autour
de lui « , apophthegme digne, d'un Tartare.
Cependant ce grand Conquérant n'étoit pas û
farouche que pluueurs Tont voulu faire paroître;
car, outre la converfation qu'il eut avec les Doc-
teurs d'Alep, comme nous avons vu, & la viûte
qu'il fit à Abdal Atha , l'on rapportera ici ce
qu' Ahmedi Kermani , Poëte Perfien , Auteur du
Timour Nameh, Hiftoire de Tamerlan en vers ,
dit lui être arrivé avec Tamerlan. même , à la
Cour duquel il vivoit. /
Il raconte qu'étant un jour dans le bain avec
ce Prince & plufîeurs grands Seigneurs de fa
C6ur y il lui propofa de faire ou de dire quelque
chofe qui pût les réjouir. Ahmedi avoic Tefprit
fort vit £c les reparties fort agréables , & vivoH
avec
O RI E N T A L ï. 545
avec Taraerlan dans une grande familiarité. Il të-
moigna d abord par relpeél y que c etoit aux
Princes à propofer un jeu qui pût le divertir , &
Tamerlau lui dit fur le champ : » Faifons ici un
marché, & mettons le prix fur la tête de chacun
de nous , pour favoir ce que nous valons «. Ahraedi
donna le prix à chacun des Seigneurs qui ëtoienc
prëfens , avec beaucoup defpric & de bon fcns ,
& Tâmerlan fe trouvant en belle humeur, & fe
tournant vers le Poëte , lui dit : » Et moi , fi
j'étois à vendre , combien meftimeriez-vous ^?
Abmedi lui' repartit aiiffi-tôt ; » Je vous eftime-
rois bien trente-cinq afpres. Comment , dit Ta-
merlan , la ferviette que j'ai autour de moi en
vaut bien autant. C'eft auffi, lui répliqua Ahmedi,
à caufe de la ferviette que vous portez , que je
vous ai mis à ce prix ; car , fans cela , vous ne
vaudriez pas deux oboles <(. Tamerlan fut fi con-
tent de cette plaifanterie d'Ahmedi , qu'il lui fie
un préfent confidérable.
Lamâï, qui rapporte ce trait 4igréable dans
fon Livre intitulé Lathaïf^ Tattribue à Ahmedi
Kermani, & quelques aut»es à Baba Sevdaï.
TIMOUR , Aka ou Aga Mohammed Timour ;
nom, du troifieme Prince ou Sultan de la dynafîie
des Sarbedariens. Il n'étoit pas cependant de la
race ou famille de Khogiah Abdalrazzak, Fon-
dateur de cette dynaftie. 11 ne laifTa pas néan-
moins de fuccéder à Vagih Eddin Maffôud, frère
d'Abdalrazzak , & il régna deux ans & deux
mois à Sebzvar & ailleurs , au bout duquel temps
il fut tué par Khogiah Schamfeddin SarbedW)
• ToTM V. * ' Mm
\
546 Bibliothèque
Tan 740, de THégirc. Il eut pour fucceilear
Ghelou Asfendiar.
TIMOURTASCH ; nom du fils de l'Emir
Tchobaii , auquel Abou Sâïd Ben Al Giaptou,
Sultan des Mogols de là race de Ginghizkhan ,
confia le gouvernement du pays de Roum. Ce
Gouverneur s étant révolté quelque temps après
contre Abou Saïd , TEmir , fon père , alla lui-
même le ranger ï fon devoir , & le fit rétablir
quelque temps après dans fon gouvernement.
TIMOURTASCH ; nom d'un Turc ou Cir-
cailîen de la Cour de Barkok & de Farag' , Sul-
tans d'Egypte de la féconde dynaftie des Mame-
lucs. Ce Seigneur eut fucccffivement le gouver-
nement de plufieurs places de Syrie , & entre
autres de celle d* Aleo , dans le temps que Tamer-
lan vint l'affiéger. Ce nom , qui fignifie en Turc
fer & pierre , eft corrompu par les Arabes en
celui de Dêmurdafch ^ de même que celui de
Tangrivirdi , qui fignifie' en Turc Dieu^donné ^
eft corrompu par les^êmes Arabes en celui de
Tagribardi. Ce même' Perfonriage étoit auffi
Gouverneur de Syrie, dans le temps de Tamerlan.
TINA , la Montagne des Figuiers. C*eft ainfi
q«e les Arabes Mufulmans appellent une mon-
tagne de la Terre-Sainte , qu'ils ont inventée pour
correfpondre au nom de celle qu'ils nomment
Sina , qui eft le mont Sinaï.
Mahomet jura dans fon Alcoran parles moiH
tagnes de Tina & de Sina ; C2(r ces mots , ik
même cadence^ lui plaifeat extrêmement ,& l'on
O R I E N T A î- E. 547
ponrroïc croire que cette montagne des Figuiers
neû autre que celle des Oliviers , dont parlent
les Evangéliftes , & dont Mahomet avoit con-
noiflânce par le moyen des Chrétiens.
TIRSEMIN : c eft un des noms ou titres que
les Mufulmans donnent à Edris , qui eft Enoch
le Patriarche , qu'ils confondent ordinairement
avec rOrus ou Hermès des Egyptiens , lequel ils
prétendent avoir e'té Roi , Sacrificateur & Doc-
teur , & avoir ainfi méHté le furnom que les
Grecs lui ont donné de Trijmegijîe , dont celui
de Tzr/em/n eft corrompu.
Ils l'appellent auffi Oraïoxx Oraia^ mol Chal-
daïque qui fignifie Doéleur^ & lui donnent le
Ï premier rang \ car ils donnent ce titre par excel-
ence à trois difFérens Perfonnages, favoir, à
Edris , à Orus & à Hermès , qu'ils confondent
fouvent en un feul
TOBBA' & TOBBAI, titre^'ont porté les
anciens Rois de l'Iémen , tels qu'ont été ceux de
Hadhramout, de Hemiar, &c. Ce titre leur eft
HtufH particulier que celui de Khofroès aux Saffa-
nid^s de Perfe , celui de Khan & de Khakan aux
Turcs , de Fagfour à ceux de la Chine , de Céfar
à ceux des Romans & des Grecs , & de Faraons
& de Bathalmious à ceux d'Egypte. Novaïri
a écrit leur Hiftoire en particulier. Leurs capi-
tales étoient les villes de Sanaâ & de Saba , & les
Hiftorienli Arabes ont tellement étendu la domi-
nation , ou au moins l'autorité de ces Princes ,
q^u'ils le& font Fondateurs de la ville de Saniar-
cande , & allèguent pour témoignage de cette
. Mmij '
54^ Bibliothèque
fondation , une infcription qui fe trouvôit furnnt
des portes de cette ville , .écrite en caraéleres
Heniiaritiqucs. On appelle, ces Rois au plurier
Arabe , Tàbabeah & Tabbâïah.
TOBIT : c eft le nom que les Chrétiens
Orientaux donnent k Tobie , qui vivoit en capti-
vité chez les Aflyriens & dans Ninive , aa
temps qu Ezéchias rëgnoic en Judée , félon leur
Tradition.
Le Livre de Tobie^ qui fe trouve entre nos
Livres facrés , a été trad!uit en langue Pèrfic/ine
& en caraéleres Hébreux. Xen ai le manufcrit
.entre les mains.
TOCTAMISCH ; nom d'un Roi ou Sukan
du pays appelé Defcht Capçhak , au deïïus de la
mer Cafpienne. Ce Sultan étoit de la race de
Ginghizkhan , & fut mis en poâeilîon de fes
Etau V qui étoient TAIous de Giougikhan , c'eft*
à*dire rhémagje de Giougi fils de Giiighizkhan,
par Tamerlan \ nonobftant quoi il fe révolta
contre fon bienfaiteur,. & fitplufieurs irruptions
dans leTurqiaeftan & dans la Tranfox^e, comme
Ton peut voir dans le titre de Timo'ur.
Toéïamifch fut défait plgfieurs fois par le
même Timour , & enfin cnafle de fes Etats , &
contraint de fe réfugier en^ Géorgie , d'où il ne
laiiTa pas cependant de fatiguer encore les troupes
de ce grand Conquérant, qui a voit pénétré [ufque
dans le Schirvan & dans le mont Caucafe : mais
ayant enfin connu que tous fes efforts étoient
inutiles contre une fi grande puiilànce > il fe
j'éconcilia de bonne foi avec lui, & fe foiunxC
ratiérejnenc à font ohéiâoncct
Orientale. 549
TOFFAH ALGINN,la Pomme'du Démon.
C'eft un des noms que les Arabes donnent à la
Mandragore ; les Orientaux font auffi fuperftî*
tieux au fujec de cette plante que les Euro-*
pëens.
TOULI KHAN & TULIKHAN; nom da
quatrième fils de Ginghizkhan. Ce Prince mou-
rut du vivant de fon père y après la conquête d»
Khathaï : c'efl pourquoi on ne le trouve point
dans le rang des Empereurs Mogols ou Tartare$
qui ont rëgné après ce grand Conquérant : mais
il laîfla de fa feriime , nommée Sareutna , nièce
d'Avenk Khan 3 quatre enfans , dont trois ont
régné ; favoir , Monkaka^ ordinairenient appelé
JMangoukhan , Coublaï & Hol'agou. Le qua-
trième fut Ariboga , qui ne tient point de rang
parmi les fuccefleurs de Ginghizkhan.
Ginghizkhan , qui aimoit beaucoup ce dernier
fils , lui avoit donné pour apanage des terres aiir
milieu de fes Etats , nommées Ànmil & Cutak j
& la garde de fes tréfors , & il demtfora prefque
toujours a'uprës de la perfonne de fon père.
Le Lebtarikh remarque que le mot de Tault
ou Tuli fîgnifie un Miroir , dans !a langue des
Mogols . & ce nom fut apparemment donné à
ce Prince , à caufe delà grande refièmblance qu'il
avoit avec Ginghizkhan fon père , qui fe regar.»
doit dans le vifage de ce fils comme dans un
miroir.
TOUMA. Les Syriens & les Arabes appel*
lent ainfi celui que nous nommons Thomas,
Mar Touma , Saint Thomas , dont les Syriens
M m ii)
550 Bibliothèque
font la fête* le 3 du mots qu'ils appellent Tha-*
mou7^ & qui répond à notre mais de Juillet,
Fluneurs croient que Mar Tourna eft aufli le
nom d'un^autre Saint, diftingué de TApôtre, que
les Nefloriens & autres Syriens ont eu en grande
vénération, & que c^efl le corps de celui-ci, &
non pas celui de TApôtre , qui eft révéré dans la
ville de Meliapour , fur la côte de Coromandel ^
que les Portugais ont nommée Sarr Tkomé.
Ebn Touma eft auffi le furnom d^Aboukerim
Sâed , Médecin Chrétien de Bagdet , auquel le
Khalife Nafler donna le titre à^Amirt Aldoulat y
\ caufe qu'il lui avoit confié la garde de fes tré-
fors. Ce Perfonnage, qui avoit tcAit crédit au-
près du Khalife^ fe .perdit par fon imprudence;
car il déclara au Vifir la foible/Te de fon Maître,
qui fe laiiToit. gouverner entièrement par une
femme & par un Eunuque , conime ayant prefque
ferdu entièrement la vue, ce qui fut caufe que
Eunuque & la femme le firent àflàffiner.
Il.y^a encore un Ebn Touma, Chrétien de
Religion j qui.a été employé à la Traduflion des
Livres Syriens en langue Arabique. •
TOUMENAH KHAN; nom d'un Prince^
fils de Baïfancor, qui fuccéda à fon père dans le
royaume des Mogols ou Tartares Orientaux. Il
eiît deux femmes , de la première defquelles na-
quirent fept enfans, qui n'eurent point de part 2
fa fucceflion; &de la féconde vinrent au monde
deux jumeaux, dont l'un porta le nom de Kil^
kkc{n , & le fécond celui de FagioulL
Toumenah Khan reconquit une partie da
Turqueftan » qui s etoit fouftraite de l'ohéi^nce
Orientale. 551
âes Mogols , & devint paifîiile poflèfTeur de Thé-
sitage de fcs pères.
Un jour , Fagiouli fongea qu'il voyoît fortîr du
fein de fon frère. Kilkhan , trois étoiles qui fe
levèrent l'utte après l'autre , après lefquelies il
s'en leva une quatrième beaucoup plus lumineufe
que les précédentes, dont , les rayons éclairoienc
toute la furface de la terre. De cet aftre forti-
rent plufieurs autres étoiles , qui avoient toutes^
auffi une lumière fort éclatante y mais beaucoup
inférieure à la première.
Ce premier aftre s'étant couché de même qtie
les trois autres , laifla la place à ces moindres
étoiles y qui jetôient leurs rayons fur divers en-
droits particuliers de la terre.
Fagiouli, qui avoit eu ce fonge fi myflérieuXy
s'étant réveillé , & le repaflâm dans fon efprit»
fut derechef accablé du fommeil , & fit un fécond
fonge , dans lequel il lui fembla voir fept étoiles
qui .fortoientde fon propre fein , lefquelies s'en*
trefuivoient , faifant chacune leur tour particu*
lier dans le ciel: Ces fept étoiles furent fuivies
d'une huitième , dont la grandeur & la lumière
excédoientde beaucoup celles des autres. En efFet,
elle éclairoit toutes les parties du Monde , &
produifit un grand nombre d'autres étoiles , qui
firent chacune leur f;our après que la grande
eut fini le fien^
Auffi-tdt que Fagiouli fut entièrement éveillé,
il alla trouver fon père Toumenah Khan , & lui
raconta, fes deux fonges. Le père , qui étoit fort
verfé dans l'Art d'expliquer les fonges , que le$
Arabes appellent Tâhir , & les Grecs Oneirocrî'^
tiqui, , fit appeler fon autre fils Kilkhan , & leur
Mmir
55^ Bibliothèque
expliqua k tous deux le premier fonge en cette
manière.
y> Il doit fortir de la ligne de Kilkhan trois
Princes l'un après l'autre , qui poflederont l'Em-
]^ire entier des Mogols, & le tranfmectront à un
quatrième ^ qui fubjuguera une grande partie de
la terre habitable, & la partagera entre fes en-
fans. Ces trois Princes furent Goblaïlchan , Bor-
un Bebadir & lefukaï Behadir , & le quatrième
Ginghizkhan , qui partagea fon Empire à fes /
cnfans /qui lui fuccéderent.
Pour ce qui regarde le fécond fonge , Toiime-
nah Khan Texpliqua en cette manière : » Les
étoiles forties du iein de Fagiouli fignifient que
fept Princes de fa lignée ponederont le côinnian**
dément abfolu des armes fous Tautorité des £lm«
pereurs Mogols qui re'gneront pour lors , après
fefquels il en viendra un huitième en ligne di*
reéle & mafculine , lequel fera le plus grand
Conquérant que là terre ait encore porte , &
laiifera une pofiéritë très-nombreufe , dont les
Princes régneront jufqu'à la fin des fiecles.
Ces fept Perfonnages de la lignée de Fagiouli
ont été les Chefs & Capitaines Généraux des
armées des Empereurs Mogols fortis de la branche
de Kijkhan , & le huitième a été Timour ou
Tamerlan , ce grand Conquérant dont les def-
cendans régnent encore aujourdhui dans les
Indes , fous le nom de Grands Mogols.
Après que Toumenah Khan eut donné cette
explication , les deux frères convinrent eofemble
que TEmpire demeurerait en propre & folidai-
rement à la poftérité de Kilkhan , qui étoit l'aîné ^
6î que le commandement des armées ferok tou-^
Orientale. 553
jwn entre les mains de celle de FagiouH , qui
ëtoit le cadet \ & cette convention des deux
frères fut fi exaâement obfervée par leurs fuc-
cefleurs jufqu au temps de Tamerlân , que ce
Prince même, tout puiflant qu'il ^'tôit, refufa
toujours, ou au moins pendant im long temps , •
le titre de Khan ou de Siultan , & prit feulement*
celui à'Ejnir ou Commandant.
TOUNES & TOUNOS , Tunis, ville dela^
Srovince d'Afrique proprement^ dite , que le^P
réographes Orientaux difent être très-ancienne ,
peut-être à caufe du voifinage de Carthage , des
ruines de laquelle elle a été apparemment bâtie
par les Mufulmans.
Le Scherif Al Edriiîî , qui étoit d'une famille
qui avoit régné en ces quartiers , dit dans (a Géo-
graphie, intitulée No^hat almofchtak, que cette
ville eft l'ancienne Tharfis d'Afrique , laquelle
ayant été prife par les Mufulmans , ils l'augmen-
tèrent de nouveaux bâtimens , & lui dojineient
le nom de Tonnes, Elle eft bâtie z£k% près d'une
petite mer ou lac, lequel a une entrée fort étroite,
qui le fépare de la grande mer. On le nomme
en Arabe Fom alcuad ou Haie alouad , la
Bouche ou la Gorge du Lac , & il y a un châ-
teau nommé par les Francs la Goulette^, à caufe
de la fituation fur cette gorge ou entrée du lac.
Nouairi écrit que cette ville a été bâtie par les
Aglabites , qui commencèrent à régner en ce
pays-là , Tan i8o de THégire, & quEbn Ishak
Ibrahim j Prince de cette dynaftie , y faifoit fa
dejneure l'an 281 de la même Hégire. Ce Prince
fuc^chafle, & toute fa famille exterminée, Tan
i
554 Bibliothèque
196 , par Mahadi Obeïdallah , Chef de la dynafiie
des Fachimites.
La dynaftie appelée Béni Hafs commença à
y régner Tan 5 5 1 de IHégire , oc n'a fini qu'en
lan 982. La famille de ces Princes eft appelée
« communément Apji & Habjî. Moulei Haâan ,
que BarberouiTe avoit chaile de Tunis , fut réta-
bli par Charles Quint Tan 945 de l'Hégire, & y
régna jufqu'en 950. Amid lui fuccéda, & à ce-
^lui-ci Mohammed fon frère , lequel fut envoyé
^1^ Conftantinople par Sinan BaiTa, l'an 981.
La ville de Tunis & la Goulette furent donc
reprifes par Sinan Pafcha furies Efpagnols, qui
en étoient les maîtres , fous le règne de Selim II,
Sultan des Turcs. L'Hiftolre de cette conquête
fe trouve à la fin du Livre intitulé Bar M
lemani fi Jetk Al Othmani,
Le Géographe Perfien donne au Uc ou étang
de la Goulette , dans lequel il y a beaucoup d'eau
douce jointe à celle de la mer , vingt-quatre milles
de tour.
TOURAN ; c eft l'ancien nom du pays de
Turgueftan , qui tire (on origine de Tour y ûh de
Feriaoun , Roi de Perfe de la première dynaflie ,
nommée des Pifchdadiens.
Tour avoit un Utrt aîné , nommé Irag , lequel
. eut de fon père la Perfe pour partage ; de forte
Sue Tourfon cadet fut contraint de paâer le
rihon ou rOxus , & d'aller régner dans les
. provinces Tranfoxanes.
Les fijccefleurs de Tour , dont le plus célèbre;
eft Afrafiab , ont toujours donné beaucoup d'af*
. faires aux Rois de Perfe ^ fur quoi il faut y ok ie&
j
Orientale. 555
titres SAferidoun ou Feridoun , & à^Afrafiab.
On fe contentera feulement de remarquer ici ,
que depuis ce temps-Ià les provinces qui corn-
pofent aujourd'hui le royaume de Perfe , ont
porté le nom à* Iran j que ' Ton prétend avoir été
tiré de celui à*Irag* fils de Feridoun, & quç
toutes celles qui font au delà du Gihon ou Oxus^
ont pris de Tour, autre fils de Feridoun, celui
de Touran ^ & que dans les Traités de paix qui
fe faifpient autrefois entre les Perfans & les
Turcs Orientaux /Ion mettoit toujours le Gihon
ou rOxus pour ligne de féparation entre ces
deux grands Etats , que Ton nommoit ïlran 6c
le Touran.
L'Auteur de VHiftoire intitulée Mqfc ht are f: ^
écrit que les limites du pays de Touran font du
côté du couchant, la province de Khouarezm ;
&. du côté. du midi, le fleuve Gihon., depuis 1^
pays de Badakhfchan , qui eft^l'priçnt, jufqu^
celui de ^houarezm, & que fes bornes font ii>
connues tant des côtés de î prient que du ft pien-r
trion. Le même Auteur ajoute,«que la Nation
appelée Haïathelah , qui a fait de fi grandes
irruptions dans la Perfe , fous Cobad & Nouf^
chirvan fon fils , Rois de Perfe , étoit fortie du
pays de Touran.
.Ahmed Ben Arabfchah écrit auffi , dans fon
Akhbar Timour , que tous les pays qui s'étendent
an deU dafieuve Gihon, portent le nom de
Touran , d où les Arabes prétendent que celui de
Turkejlan foit dérivé. Mais nous verrons bientôt
dans le titre de Turk, la fauffeté de cette origine^
Le même Auteur ajoute que le partage de l'Iran
& du Touran fut. fait entr$ „Qij(ca,ous Roi > de
(
556 BibLïothï: q^u e
Pçrfe , & Afrafiab Roi des Tares , eonfonné-»
ment k ce qu'en écrivent les Hiftoriens de Perfe*
Mirkhond écrit , qu'il j a une, ville du Marva-
ralnahar , firuée fur la rive orientale du Bahr
Khozar , qui eft la mer Cafpienne , qui fut bâtie
par Tour , fils de Feridoun , duquel on a déjà
parle ; & que c'eft du nom de cette ville que
toiit le pays > qui eft au delà du fleuve Gihon ou
Oxus , a tiré celui de Touran.
TOURANDOKHT ; nom d'une Reine qui
régnoit enPerfe du temps du Khalife Oraar.
Elle étoit fille de Khofrou Parviz , Roi de Perfe ^
& elle régna après la mort de fon neveu Ardef-
chir, fils de Schirôuieh & de Scheheriar IXJfur-
pateur , quatorze iwiois feulement.
Elle avoit pour Général de fes armées un
Capitaine nommé Ferokh^ad , lequel gouver-
lîoit auffi entièrement le royaurtie fous fon nom,
Ferokfizad ayant appris qu'Abou*Oberdah , <jé-
nérat des Arabes, avoit, par l'ordre du Khalife.
Omar , jeté un pont lur l'Euphrate , & qu'il
J avoit paffé pour aller attaquer l'armée des
Perfes qui campoient dans i'Iraque Baby/o-*
uienne, fe faifit d'abord de ce pont pour couper
les vivres à fes ennemis , & leur fermer entière-
ment le pafTage qu'ils gardoient pour faire leur
retraite.
. Ce premier exploit réuffit fi bien k Ferokhzatl^
que leur ayant donne enfuite la bataille , & mis
leur armée en déroute , il ne ie làuva que très--
jjeu de gen^ d'entre eux, & Abou Obeidah même
fut tué dans le combat y Tan 14 d^ l'Hégire.
' Cette vi<Sloir€ eût fauve la Perfe des mains des
O R 1 E N T A I 1. 55^
Arabes , fi la Reine Tourandokht ne fût pas
morte dans le même temps: carGihan Schedah ,
Prince foible , lui fuccéda , & n'ayant régné que
pendant un mois, tout le royaume des Perfesfut
divifé en fa<îlions , & tomba derechef en que-
nouille, Azurmidokht , fœur de Tourandokht,
ayant été éleve'e fur le trône.
TOURANDOKHT s c'eft le nom de la fille
de HafTan Ben Sahal , le plus riche Seigjneur de
fon temps , qui fut mariée au Khalife Al Mamon.
Cecte Princeflè é'toit fort favante , & douée
de beaucoup d efprit. L'Auteur du Nighiariftait
rapporte que le Khalife étant entré un jour dans
fa chambre, & voulant avec précipitation s'ac-
quitter avec elle du devoir de mari, cette Dame^
qui avoit pour lors quelque en^pêchement légi-
time , lui dit ces paroles de T Alcoran ; Fi eni'*
rallah fala tajlagelouho : » Ne .faites point
l'œuvre, ou le commandement de Dieu avec pré-
cipitation «: car c'eftairtfî que les Mufulmans ont
honoré,Je mariage & fes foncflions du nom relevé
àiEmrallak^ quifignifie fqrdre de Dieu, II arriva
que ce paiTage , cité à propos , réprima la con-
voitife trop ardente de Ion mari.
Le père de cette Princeffc étant mort, le Kha-
life défendit qu'on lui en donnât la nouvelle ;
mais étant entré un jour. dans Tappartement du
Khalife, & s'jippercevant que le Khalife ne s'étoit
point levé pour la recevoir , elle s'écria auffi tôt:
)> Ah ! mon père « ! Al Mamon lui demanda fur
ce cri , d'où elle avoit appris la nouvelle de fa
mort ; elle lui répondit : » Je m'en fuis bien
doutée , fur la manière dont vous m'avez reçue €«
558 Bibliothèque
TOURANSCHAH : ce mot, qui figtiifie pro-
prement , en langue Perfienne , Roi de Touran,
eft devenu le nom propre de plufieursPerfonnages.
TOURANSCHAH BEN C ADHERD : c eft
le nom du troifieme Prince des Selgiucides , de
la féconde branche de cette race , qui a régné
dans le Kerman. Il fuccéda à fon trere Sultan
Sçhah , fous lautorité de Malek Schah , Sultan
de là première branche de cette même race : il
régna avec la réputation d'un Prince très-jufte &
très-fage , & il s'appliqua uniquement a rétablir
& à réparer toutes les ruines que les défaftres
des guerres paffées avoient caufées dans fon Etat.
Il mourut Tan 489 de l'Hégire, après avoir régné
treize ans , & laiifa pour lucceiTeur Iran Schah ,
fon fils.
TOURANSCHAH; nom propre de Malek
Al Moâddham , fils de Malek Al oaleh Aïoub ,
dernier Sultan de la race des Aïoubites ou pofté-
rité de Saladin , qui aient régné en Egypte avant
les Mamelucs.
Al Malek Al Salek Nag'meddin Aïoub , père
de ce Prince , auquel on a donné le titre A'Ofiad
Al Turk , à caufe qu il aToic élevé le premier des
Efclaves Turcs ou Turcomans , pour en compo-
fer une nouvelle milice , réuffic fi niai dans ion
deflein 9 que Tes Efclaves , appelés Mamelucs ^
étant devenus trop' puiiTans , s'emparèrent du
gouvernement de l'Etat, & maifacrerent enfin
ion fils Touran Schah, duquel nous parlons, &
après avoir laifTé pendant quelque temps toute
l'autorité à Schag raldorr fa mère , élevèrent
«nfin Ezzeddin Ibek , qu elle avoit époufé , for
le trône.
Orientale. $59
Ce Prince pafle pour le dénier des Aïoubîtcs ,
Suoique Ton fils , nommé Malek Al Afchraf
ioujfa , enfant âgé feulement de fix ans , ait été
aflocié à l'Empire pendant quelques mois par le
même Ibek , premier Sultan des Mamelucs
d'Egypte.
. TOUR AT & fORAT ; c'eft la Loi des
Juifs , que nous appelons ordinairement le Pen^
tattuque,
L'Auteur du Lebtarikh écrit , dans la Vie
d'Alexandre le Grand, qu'Argous fit publier de
fon temps le Torat. Cet Auteur confond Argous,
qui eft Ptolémée fils de Lagus , avec Ptolémée
Fhiladelphe , qui fit traduire en grec la Loi des
Juifs.
TOUSCHI KHAN ou TUSCHIKHAN,
nom du fils aîné de Ginghizkhan. Les Hiftoriens
font partagés fur le nom de ce Prince ; car il y
en a plufieurs qui l'appellent Glougl^&i il femble
même que fon véritable nom foit celui-ci , à
moins qu'il n'en ait eu deux.
Les mêmes Hiftoriens ne font pas d'accord fur
le temps de la mort de ce Prince ; car quelques-
uns ne niettent fa mort que fous le règne d 'Oktaï
Caan fon frère , & la plupart des autres veulent
qu'il foit mort fix mois avant Ginghizkhan fon
fiere : mais tous conviennent qu'il gouvernoit de
a part de fon père les pays de Drefcht Capchak,
de Bulgar , d'Alan & de Rous.
Selon le Lebtarikh , fa mort tombe en 61a
de l'Hégire , & félon les autres, en 614, qui eft
l'année de la mort dé Ginghizkhan ^ qui corref"«
pond à Tan de J. C. X226 01^227.
1
(
560 B î B L I O T H E Q II f ,&C.
Aboulfarag' , qui fait mouri» Tdufcfiikhan.(bus
le règne d*Okcaïkhan fon frère, dit qu'il laifli^
fept enfahs ^ du nombre defquels étoit Bacon ;>
qui lui fuccéda dans lesi . pTovinces feptenirio-
«ales , dont il eft parlé ci-deâiis , §c qui de là
fouifa fes conquêtes û avant , qui! alarma toute
Europe ; car il vint avec fes Tartares jofqu'en
Silëfie , d où il vouloit aller jufqu à Conftariti-
nople ; mais il mourut en chemin.
TOZOUN ; pom d'un Perfonnage Turc de
nation , c eft-à-4ïre natif du Turqueftan, Il fut
mené efclave à la Cour des Sultans Samanides ,
où il fut élevé dans tous les exercices de la Mi*
lice , & il y réuâit û bien /qu'il fit fortune dans
cette Cour , & monta de degré en degré, jufqu a
la charge de Général des troupes de Nouli , ûh
de Manfour , feptieme Sultan de cette race.
Tozoun acquit tant de réputation dans les
armes , qu'il obtint enfin de fon Maître le gou-
vernement de la province de Khorafan : mais la
fortune lui devenartt contraire , & ayant été chaïïe
de fon gouvernement par les troupes de Mah-
moud fils de Sebekteghin , il fut contraint de fe
retirer à la ville de Bokhara, auprès du Sultan
Manfour , fécond du aorn, qui avoit fuccédé à fon
pcre Nouh , fils de Manfour premier.
Ce Turc ingrat, qui devoit toute fa fortune aux
Samanides, ne lai/Ta jas de fe joindre à Faïk, qui
s'étoit révolté contre Manfour; ces deux ^er-
* , fides s étant faifis df fa perfonne, le dépouiZ-
lérent non feulement de les Etats, ils lui firent
encore perdre les yeux & la liberté, l'an 389 de
THégire , félon Khondemir & le Lebtarikh,
Fin du Tome cinquieçie.