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Full text of "Bibliothèque orientale, ou dictionnaire universel, contenant généralement tout ce qui regarde la connoissance des peuples de l'Orient"

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THE    MALAN    LIBEART 

PRESENTED 

BY  THE  REV.  S.  C.  MALAN,  D.D., 

VICAR  OF  BROADWINDSORy 
January,  1886. 


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BIBLIOTHEQUE 

ORÏENT4lLE. 

TOMS    Çti}QtlïSM&. 


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BIBLIOTHEQUE 

O  Rï  E  NTAL  E, 

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DICTIONNAIRE 

U  NIVER  SE  L, 

CoNTENAN  T  tout  cc  qui  fait  connoître 
les  peuples  de  V Orient;  leurs  Hijloires  & 
Traditionsy  tant  fabuleufes  que  véritables;  Uurs 
Religions  &  leurs  Secles;  leurs  Gouvernemensy 
Loix:,  Politique ,  Mœurs ,  Coutumes  ;  &  les 
'Révolutions  de  leurs  Empires  ^  &c. 

Par  m.  D'Herbelot. 

NouvelU Edition ,  réduite  &  nugmentée^par M,  D.,, ,' 
Membre  de  plujîeur^  Académies, 


Xt  -^         .     ,  Jl  » 


TOME    CINQUIEME. 
,     A     PARIS, 

Chez  Moutard  ,  Imprimeur-Libraire  dô  la  ReiKE  , 

de  Madame,  &  de  Madame  Comteffe  d'Artois, 

rue  des  Mathuriris,  Hôtel  de  Cluni. 

M.    DCC.    LX  XXIII. 

Avec  Approbatioa  &  Privilège  du  Roi. 


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BIBLIOTHEQUE 
ORIENTALE, 


G»  ta»- 


R. 


lABBAN  &RABBANI.  Ce  mot ,  qui  cft 
Hébreu  &  qui  fignifie  notre  Maître^  eft  auffi  en 
«fage  parmi  les  Arabes  Mufulmans ,  qui  donnent 
ce  titre  à  Ebn  Abbas  qu'ils  appellent  le  grand 
Rabban. 

Faêl  Iflbuf ,  ancien  Doifteur ,  Philofopha  8c 
Médecin  ,  qui  vivoit  avant  le  Mahometifme  ,  eft 
suffi  qualifié  Rabban. 

Les  Murulmahs  appellent  auffi  Rabbanioun  & 
HahbaniaR  ceux  qui  parmi  leurs  Dodeurs  paf-' 
fëntpour  les  plus  fpirituets  &  les  plus  dévots. 

RACAH.  Villede  l'Iraque  Babylonienne  oh 
Chaldée,  que  quelques-uns  mettent  en  Méfo- 
potamie ,  fituée  à  7}  degrés  1 5  minutes  de  Mogi- 
tude,  &  à  3(1  degrés  de  latitude  leptentrionale. 
C'eft  la  même  qui  a  été  appelée  AraSa ,  6!q\ 
ctoit  natif  AI  Baihani ,  c»leore  Agronome  ,  qui 

Tomt  V.  A 


à       .       BiBLIOT  HEQUé 

cft  ordinairement  noipimé  par  les  Latins  Alhd^ 
tegnius  Araélenjis. 

Le  Khalife  Al  Mamon  ne  paflbit  Jamais  par 
cette  ville  ,  parce  qu*on  lui  avoit  pre'dit  qu'il  tle- 
Voit  mourir,  fuivant  fon  horofcope  ,  à  Racah. 
Mais  il  arriva  que  ce  Khalife  étant  campé^ur  les 
bords  d'une  fontaine  ,  qui  eft  la  fource  de'  la  ri- 
vière de  Bedidoun ,  près  de  la  ville  de  Tharfe  ea 
Cilicie  ,  il  demanda  à  un  Grec  qui  étoit  prifonw 
nier  de  guerre  dans  fon  armée ,  quel  ëtoit  le  nonai 
de  cette  fontaine.  Le  Grec  lui  ayant  dit  que  le* 

Î;ens  du  pays  Tappeloient  Racah  _,  la  fièvre  ,  qui 
ui  étoit  venue  un  peu  auparavant ,  poul*  avoir 
mangé  des  .dattes  fraîches  &  h\x  trop  d  eau  de 
cette  fontaine ,  redoubla  auflî-tôt.  Ce  Khalife , 
qui  étoit  grand  Aftrologue  ,  confidér?|nt  que  le 
lieu  &  Je  temps  s'accordoient  parfaitement  avec 
la  prédiction  qui  lui  avoit  été  faite  ,  crut  que 
rheure  de  fa  mort  étoit  fort  proche  ;  ce  qui  fe 
vérifia  par  TefFet^  Tan  218  de  THégire^  félon  le 
rapport  du  Tarikh  Al  Abbas,  qui  eft  THiftoire 
des  Abbaffides. 

RADHI BILLA  BEN  MOCTADER.  C'eflr 

le  nom  du  dixième  Khalife  de  la  race  des  Abbaf^ 
fides  ;  il  étoit  fils  du  Khalife  Mocîlader ,  &  fut 
tiré  de  la  prifon  où  fon  oncle ,  le  Khalife  Caher, 
Tavoit  fait  mettre  ,  pour  être  placé  fur  le  trône 
après  la  dépofirion  du  même  Caher ,  qui  arriva . 
l\an  3'22  de  THégire.  ^ 

Ce  Khalife  aimoît  à  rendre  là  juftice  &  à 
faire  du  bien.  Mais  \\  fut  entièrement  gou- 
verné par  ceux  qui  pofledoient  alors  la  charge 
d*Emir  Al  Omara  ,  qui  avoit  alors  beaucoup  de 


'Orientale:  j, 

apport  à  celle  de  nos  Maires  du  Palais  en  France. 
Carte  charge  de  Commandant  des  Comman- 
dans  ,  car  c  eft  ce  que  fignifie  le  titre  à'Emîr  Al 
Omara ,  do^noit  à  celui  qui  la  pofledoit,  l'admi- 
niftration  des  affaires  de  la  Milice  &  le  ma- 
niement des  finances,  de  forte  que  les  Vifirs' 
n  avoient  alors  prefque  aucune  autorité. 

Radhi  ne  laifla  pas  cependant  de  donner  cette 
charge  de  Vifir  àEbn  Moclah  ,  perfonnage  qui. 
s  eft  rendu  fi  célèbre  par  l'invention  des  nou- 
veaux caractères  Arabes  dont  l'on  ufe  encore 
aujourd'hui.  Mais  comme  il  avoit  l'efprit  fort 
brouillon  ,  le  Khalife  fut  obligé  de  la  Itri  ôter}  il 
la  lui  rendit  néanmoins  quelque  temps  après  ^  à 
caufe  de  fon  habileté. 

Raïk ,  qui  poffédoit  alors  la  charge  d'Emir  Al 
Omara  ,  &  qui  gouvernoit  par  conféquent. l'Etat, 
s'accommoda.  Tan  315  delHegire,  avec  Abou 
Thalier ,  Prince  des  Carmathes ,  peuples  qui  mo'* 
lefloient  depuis  long-temps  les  Etats  du  Khalife , 
&  particulièrement  l'Arabie  ,  a  un  tel  point  que 
le  pèlerinage  de  la  Mecque  en  avoit  été  inter- 
rompu. Raïk  s'accordant  avec  Abou  Thaher, 
engagea  le  Khalife  à  payer  tous  les  ans  cinquante 
mille  dinars  d'or  aux  Carmathes  ;  moyennant 
cette  fomme  ,  les  caravanes  'Ats  Pèlerins  de  là 
Mecque  pourroient  marcher  en  toute  fureté. 

L'an  3  26  de  THégire  ,'Ebn  Moclah ,  qui  âvoit 
e'té  rétabli,  comme  nous  avons  vu ,  dans  la  charge 
de  Vifir  ,  ne  voulant  plus  vivre  dans  la  dépen- 
dance de  Raïk,  entreprit  de  le  dëpofTéder  de  fa 
charge  ,  &  de  là  faire  donner  par  le  Khalife  à 
lahkem  le  Turc,  autrefois  efclave  de  Mardavige , 

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4;         Bibliothèque 

Boi  de'Dilem ,  qu'il  avoîc  tué  de  fa  propre  maifl  i 
pour  envahir  fes  Etats. 

Le  Vifir  e'crivit  pour  cet  efFet ,  de  la  part  da 
Khalife  Radhi ,  une  lettre  à  Iakhem  ,  pour  lui 
faire  favoir  qu'il  écoit  temps  qu'il  s'approchât  de 
Bagdet  y  pour  délivrer  le  Khalifat  de  la  tyrannie 
de  Raïk ,  &  pour  occuper  fa  place.  Mais  cette 
lettre  ayant  été  interceptée ,  Raïk  fit  favoir  au 
Khalife  la  trahifon  du  Yifir  ,  oui  avoit  écrit  ï  fon 
infçu  &  contre  fes  ordres  à  Iakhem.  Le  Vifir  nia 
d*abord  le  fait  s  mais  il  fut  convaincu  par  fa  pro- 
pre lettre ,  &  Radhi  l'ayant  fait  mettre  en  pri- 
fon  &  fait  faire  fon  procès  ,  Ebn  Moclah  fut 
condamné  par  fes  Juges  à  avoir  la  main  droite 
coupée ,  pour  avoir  commis  une  fi  grande  fauf-- 
fêté.  Ebn  Moclah  fe  récria  fort ,  lorfqu  on  lui 
prononça  fa  fentence ,  fur  ce  que  l'on  coupoit  la 
main  à  un  homme  qui  étoit  l'inventeur  des  plus 
beaux  caractères  qui  euffent  jamais  été  vus  juf-. 
u  alors,  &  qui  avoit  copié  plufieurs  exemplaires 
e  l'Alcoran  qui  paflbient  pour  des  chef-d'œu- 
vres  de  l'Art  d'écrire.  Mais  comme  il  ne  fe  con- 
tentoit  pas  de  fe  plaindre ,  &  qu'il  s'emporta  en 
paroles  injurieufes  contre  fes  Juges ,  contre  Raïk 
'&  contre  le  Khalife  même ,  on  ne  lui  coupa  pas 
feulement  la  main  droite ,  mais  encore  la  langue. 
Iakhem  cependant  ne  perdit  point  l'occafion 
^ui  lui  avoil  été  offerte  par  la  trahifon  du  Vifir  : 
il  s'avança  vers  la  ville  de  Bagdet ,  &  s'en  rendit 
maître  en  peu  de  tepips.  Raïk  fut  ainfî  obligé 
de  prendre  la  fuite ,  &  d'abandonner  la  charge 
d'Emir  Al  Omara  entre  les  mains  d'Iakhem. 
j^adhi  ne  gagna  rien  à  ce  changement  i|  &  vécue 


3 


• 


Orientale.  y 

dans  la  dépendance  &  fans  aucune  autorité,  juf- 
qu'en  Tan  3  2^  de  l'Hégire ,  qu'il  mourut  d  ny- 
dropifie. 

Ben  Schohnah  remarque ,  en  Tannée  325  de 
l'Hégire  ,  que  la  charge  de  Vifirfuc  entièrement 
aboJk  dans  le  Mufulmanifme ,  fous  le  Khalifat 
de  Radhi,'  &  que  le  pouvoir  des  Khalifes  , 
«tnfi  que  leur  Etat ,  fut  reflerré  dans  la  ville  de 
Bagdec  &  dans  fes  dépendances,  les  Emirs  Al 
Omara  s'étant  emparés  de  toute  l'autorité,  juf- 
qu'à  créer  &  dépofer  les  Khalifes  comme  bon 
leur  fembloic. 

Les  provinces  du  Khalifat  étoient  tellement 
partagées  entre  divers  Princes ,  que  le  Khalife  ne 
pofledoîc  plus  qu'une  efpece  de  prééminence  en 
dignité,  qui  regardoit  plus  la  Religion  que  le 
Gouvernement  politique. 

Les  villes  de  Baflbrah  &  de  Coufah ,  avec  le 
refte  de  1  Irak  Arabique,  étoient  entre  les  mains 
de  Raîk. 

*  La  Perfe ,  proprement  dite ,  étoît  pofledée  par 
Amadaldoulat,  Prince  &  Chef  de  la  dynaftie  des 
Bouides,  qui  tenoit  foh  (iége  royal  dans  la  ville 
de  Schiraz . 

L'Irak  Perfîenne,  appelée  autrement  Geèal, 

3ruieftla  partie  montueufe  de  la  Perfe,  &Ie  pays 
es  anciens  Parthes  ,  reconnoijfToit  pour  Maître 
Roknaldoulat,  frère  d' Amadaldoulat ,  qui  faifoic 
fa  réiîdence  à  Ifpahan. 

MoniTai  avec  loutj^  la  Méfopotamie  avoit  pour 
Princes  les  Hamadanites ,  c'eft-à-dire  les^  Sultans 
de  la  race  de  Hamadan. 

L'Egypte  &  la  Syrie  n'obéiflbient  plus  aux 
Khalifes ,  mais  feulement  à  Mohammed;,  ûh  de 

A  iii 


6  BrBLIOTHEQUE 

Tagafch  ,  furnommé  Akfchid  ,  que  les  mêmes 
Khalifes  en  avoient  fait  autrefois  fimplement 
Gouverneur. 

L'Afrique  avoit  été  fubjuguée  par  les  Farhî- 
mîtes  ,  qui  en  avoient  chaflé  les  Aglabites ,  Gou- 
^verneurs  de  ce  pays  pour  les  Khalife;^.  Caifem  , 
fils  d  Obtïdallah  Al  Mahadi ,  en  éioit  pour  lors 
le  maître ,  &  (qs  fuccefl^urs  fondèrent  un  nou- 
veau Khalifat  en  Egypte. 

L'Efpagne  avoit  pour  lors  Nafler  de  la  race 
des  Ommiades ,  qui  portoit  le  titre  à*Emir  AL^ 
moumenin  ou  de  Khalife, 

Les  provinces  de  Khorafan  ,  &  cejle  de  Maoua- 
rannahar  ^  qui  eft  la  Trahfoxane,  étoient  fous  la 
domination  de  Nafler,  fils  d*Amed  ,  de  ladynaf- 
tie  des  Samanides. 

Les  provinces  de  Thabareftan  ,  de  Giorgian , 
,  de  Mazanderan  ,  avoient  des  Rois  ae  là  première 
dynaftie  des  Dilemites. 

Et  enfin  les  provinces  de  Babreïn  ,  &  d'Iéma^ 
jnah  dans  T Arabie,  étoient  pofledées  par  déi 
Carmathes.  /  r.  ^  \ 

Voilà  rëtat  dans  lequel  fe  trouvoit  le  grand  Em- 
pire des  Mufulmans  ou  des  Arabes ,  fous  le  Kha*» 
îifat  de  Radhi.  Il  eft  vrai  que  dans  tous  ces  grands 
Etats  ,  oa  y  a  révéré  d  abord  le  nom  du  Khalife, 
qui  étoit  publié  dans,  toutes  les  mofquées,  & 
gravé  fur  les  monnoies.  Mais  il  arriva  peu  à  peu 
que  lès  Princes  particuliers  de  ces  provinces  ne 
regardèrent  plus  le  Khalîfô  que  comme  le  grand 
Iman,. ou  Souverain  Pontife  de  la  Religion  des 
Mufulmans ,  qui  ne  s'in^éroit  plus  qu'à  (faire  la 
prière  publique,  &  à  décider  quelque  point  de 
4rQit ,  &  qui  ne  jûuîjfToit  que  d'uA  é(at  fçrt  tiorxié. 


Orientale.     -  7 

Il  eft  vrai  auffi  que  ces  mêmes  Khalifes ,  dans  la 
fuite  des  temps,  fecouerent  le  joug  de  ces  Emirs; 
mais  leur  Etat  demeura  toujours  depuis  ce  temps- 
là  très  -  médiocre ,  jufqua  la  venue  des  Mogôls 
ou  Tartares  ;  qui  abolirent  entièrement  le  Kha- 
lifat. 

Radhi  eut  pour  fucceffeur  au  Khalifat ,  Ibra- 
him Abou  Ishak  ,  dit  MoàafiBillah^  fon  frère  , 
qu'Iahkem  le  Turc  fit  placer  fur  le  trône ,  Tan 
319  de  l'He'gire,  qui  eft  de  J.  C.  940. 

RADHIATÀLDIN   ou   RADHIATED- 

DIN.  C  eft  le  nom  d'une  Princefle ,  fille  d'Ilet- 
mifch  ,  laquelle  fut  élevée  fur  le  trône  de  Dehli 
«ux  Indes ,  après  que  fon  frère,  nommé  Firom^^ 
Schah ,  en  eut  été  dépoffédé  i  caufe  de  fes  dé- 
bauches. 

Cette  Sultane ,  ou  Reine,  gouverna  avec  tant 
de  prudence  fes  Etats,  qu'elle  fe  fit  également 
aimer  de  fes  fujets  &  craindre  par  fes  voifîns ,  & 
qu'elle  furpafla  en  gloire  &  en  réputation  tous 
ks  autres  Princes  de  fa  famille.  Elle  portait  or- 
dinairement le  Tag  ou  la  couronne  fur  la  tête  ; 
elle  avoit  le  vifage  voilé  ,  comme  les  autres 
femmes  du  pays,  &  ne  le  découvroit  que  lorf- 
quelle  moritoit  fur  fon  trône,  pour  y  donner  k^^ 
audiences  publiques,  &  pour  y  rendre  la  juftice  à 
{qs  fujets. 

Lan  (337  de  THégîre  ,  cette  Princefle  ayant 
entrepris  de  faire  la  guerre  à  un  Roi  des  Indes , 
fon  voifin ,  que  Ion  noramoit  Malek  Al  louiiia  , 
&  s'étant  déjà  mifè  en  campagne  ,  les  principaux 
Chefs  de  fes  troupes ,  qui  étoient  de  nation  Tur- 
que ,  fe  révoltèrent  contre  elle  ,  &  s  étant  faifii 

Air 


8  BtBLIOTHEQUE 

de  fa  perfonne  ,  renfermèrent  dans  un  château 
nommé  Harmend. 

Le  Roi  des  Indes ,  à  qui  Radhîat  eddin  avoit 
déclaré  la  guerre  ,  ayant  appris  cette  aventure  y 
&  fâchant  que  Baharamfchah  ,  frère  de  laPrin- 
cefle  ,  auteur  de  cette  conjuration  ,  avoit  pris  ik 
place ,  voulue ,  d'ennemi  qu'il  étoit ,  devenir  foa 
proteâeur. 

Pour  cet  effet ,  il  fit  d'ahord  invertir  le  châ- 
teau de  Harmend  où  elle  étoit  prifonniere ,  & 
après  Tavoir  force  ,  il  délivra  la  Princeflè  & 
1  epoufa  folennellement ,  après  quoi  il  la  conduiiît 
\  la  tête  de  fon  armée,  droit  à  Dehlii,  à  deflein 
de  la  rétablir  fur  fon  trône. 

Baharamfchah  voulant  d'un  autre  côté  fe  main» 
tenir ,  à  quel  prix  que  ce  fût  ,  dans  la  pofleflîont 
de  la  couronne  quil  avoir  ufurpée,  leva  une  puiC- 
fante  armée ,  laquelle  ,  après  plusieurs  combats 
opiniâtres  de  part  &  d'autre,  demeura  enfin  vie- 
torieufe.  Le  Roi  6ç  la  Sultane  furent  donc  obli- 
gés de  prendre  la  fuite ,  &  de  fe  réfugier  dans 
des  Etats  bien  éloignés  de  la  ville  de  Dehli  ;  & 
ce  fut  dans  cette  retraite  que  quelques  Indiens 
Idolâtre!; ,  qui  couroient  la  campagne ,  les  ayant 
rencontrés  fans  \ts  connoître  ,  les  maflacrereot 
tous  deux. 

Mirkhond  dit  que  cette  Sultane  avoit  changé 
fon  nom  féminin  deRadhiat  eddin  j  en  celui  de 
Gaiaîh  eddin  ,  qui  eft  mafculin ,  pour  acquérir 
plus  d  autorité  fur  fes  peuples. 

R AFHEDI ,  ou  ,  comme  on  le  prononce  vul- 
gairement ,  RAFAZI.  Ce  mot  fignifie  la  même 
chofe  que  Schîi  ou  Schiâi^  c'eft-à-dire  un  Héré- 


Orientale.  9 

tlqae  de  la  Seéle  de  ceux  qu,i  ne  reconnoiiîènt 
point  Aboubekr,  Omar  ni  Othman  pour  lëgi* 
times  Khalifes  ou  Vicaires  de  Mahomet ,  mais 
qui  foutiennent  au  contraire  qu  Ali  &  Tes  defcen* 
dans  en  lirae  direde  ,  font  fes  véritables  héri*- 
tiers  &  légitimes  fuccefleurs. 

RAHAM.  C'eft  le  nom  propre  de  celui  que 
les  Arabes  ont  furnommé  Bakhtalnajfar ,  &  les 
Hébreux  Nebucadnetfar ,  que  les  Septante  ont 
exprime  par  le  mot  de  Nabuchodono^or. 

Les  Hiftoriens  de  Perfe  font  ce  perfonnage 
Lieutenant-Général  des  armées  de  Lohorasb , 
Roi  de  la  féconde  dynaftie  de  Perfe,  &  écrivent 
que  ce  fut  par  le  commandement  &  fous  les  or- 
dres de  ce  Prince  qu'il  fit  la  guerre  aux  JMÎfs , 
&  qu'il  prit  la  ville  de  Jérufalem. 

RAHOUM.  Mar  Rahoum.  Les  Arabes  ap^i 

yelient  ainfî  celui  que  nous  nommons  S.  Jean 
'Aumônier  ,   Patriarche   d'Alexandrie.    On   le 
trouve  auffi  fouvent  nommé  par  les  Orientaux  ^ 

lohanna  Al  Rahoum. 

9 

RAHOUN.  Nom  d'une  montngne  très-haute 
qui  eft  dans  Tifle  de  Serendib  ou  Ceïlan;  elle  eft 
éloignée  de  deux  ou  trois  journées  de  la  mer.  Les 
Arabes  appellent  ain(i  la  montagne  que  les  Por- 
tugais ,  lans  leur  Navigation  aux  Indes  Orien- 
tales ,  reconnoiâent  de  fort  loin  en  mer ,  &  à 
laquelle  ils  ont  donné  le  nom  de  Pico  de  Adam^ 
la  Montagne  d'Adam ,  k  caufe  de  la  Tradition 
générale  des  Orientaux ,  qui  veulent  qu'Adam  ait 


10         Bibliothèque 

été  cnfeveli  fur  cette  montagne,  où  il  fut  relè- 
gue, après  avoir  ctë  chaffë  du  Paradis  terreftre. 

Les  mêmes  Orientaux  croient  que  le  Paradis 
terreftre  ëtoit  dans  la  même  ifle  de  Serendib. 
Cependant  les  Mufulmans  veulent  que  ce  Para- 
dis ne  fut  pas  terreftre ,  mais  élevé  dans  un  des 
fept  cieux  ,  &  que  ce  fut  de  ce  ciel. qu'Adam  fut 
précipité  dans  cette  ifle ,'  où  il  mourut  après 
avoir  f^it  ua  pèlerinage  en  Arabie  y  où  il  vifica  les 
lieu  deftiné  pour  la  conftruéiioa  du  temple  de  la 
Mecque. 

RAI.  C'eftainfî  oue  Ton  appelle  aux  Indes  un 
Roi  ou  un  Prince  Idolâtre  de  cette  nation.  Les 
Perfans  les  appellent  au  plurier  Raïan  ,  &  nos 
Voyageurs  les  appellent  communément  Raïas 
&  Ragias. 

Raïpour  ou  Raïapour  fignifie ,  en  Indien ,  la 
ville  royale  &  capitale  où  quelque  Prince  In- 
dien fait  fa  réfîdence. 

RAMAC  ouRAMAK.  Nom  d'une  ifle  de  k 
mer  d'Oman,  ceft-k-dire  de  l'Océan Erhiopique 
ou  Oriental  ;  dont  les  habitans  font  nommés  par 
les  Perfans,  Sermahi,  Tête  de  poijfon^  à  caufe 
qu'ils  ont,  félon  quelques-uns ,  la  tête  femblable 
à  celle  des  poiflpns  ;  mais,  félon  les  autres,  à 
cau(e  qu'ils  n'ont  point  d'autre  nourriture  que 
celle  qu'ils  tirent  des  poiflons.  Ce  font  apparem- 
ment ceux  que  les  Anciens  ont  appelés?  7cÂ/Aj/t>- 
phages\  peuples  extrêmement  farouches ,  &  qui 
Il  ope  aucun  commerce  avec  les  autres  hommes, 
qu'il>  prennent  auflî  pour  des  poiflons,  puifquils 
l^s  mangent  quand  ils  (ombent  entre  leurs  maias., 


Vi 


Orientale.  h 

Ce  fut  dans  cette  iile  que  le  Roman  intitula 
Houjchenk  Nameh\  dit  qu'aborda  Khofroufchir , 
Général  des  ar;nées  de  Houfchenk  ,  fécond  Roi 
de  Perfe  ,  de  la  première  race  ou  dynaftie  nom- 
mée des  Pifchdadiens ,  &  qu'il  exécuta  les  grands 
exploits  fabuleux  qui  y  font  racontés  fort  au 
long.  • 

RAMADHAN.  Nom  du  neuvième  mois  de 
Vannée  Arabique.  Ce  mot  fîgnifie  proprement 
en  Arabe  ,  une  chaleur  qui  confuny ,  ce  qui  fait 
croire  que  ce  mois  tomboit  autrefois  toujours  en 
été ,  &  qu'il  ne  rouloit  point  par  toutes  les  fai*- 
fons  de  1  année,  comme  il  fait  aujourd'hui  ;  que 
Tannée  des  Arabes  &  de  tous  les  Mabométans 
«ft  purement  lunaire. 

Ceft  ce  mois ,  dans  lequel  Mahomet  a  com^ 
mandé  l'obicrvance  d'un  jeûne  très-rigoureux , 
qui  confifte  à  s  abftenir  de  fcoire  ,  de  manger  & 
ce  coucher  avec  fa  femme  chaque; jour,  depuis^  le 
lever  du  foleil  jufqn'à  ce  que  les  étoiles  paroif- 
fent  ;  &  ce  jeûne  eft  d'une  fi  étroite  obligation  , 
que  nul  ouvrier  ou  artifan  n'en  eft  exempt.,  & 
que  les  malades  même  qui  ne  le  peuvent  pas 
obferver  ,  doivent  jeûner  un  autre  mois  entier, 
après  qu'ils  ont  recouvré  leur  fanté  ,  ainfi  que  les 
voyageurs  &  les  foldats  qui  font,  en  campagne. 
Ce  mois  de  Ramadhan  eft  beaucoup  révéré  par 
les  Mufulmans  ,  non  feulement  à  caufe  de  ce 
jeûne  folennel ,  mais  encore  parce  que  la  Leïlat 
alcadr ,  la  Nuit  de  la  puifTa/ice  ,  tombe  dans  c^e 
inême  mois. 

ÏIAMIN»  C  eft  k  nom  d'mx  Roi  qui  régnoif 


XÈ         Bibliothèque 

en  Khorafan  ,  du  temps  de  Narfi  Ben  Gudars^^ 
ancien  Roi  de  Perfe. 

RAMLAH.  Ville  du  pays  que  les  Arabes  ap- 
pellent Falajlin  ,  qui  eu  la  Paleftine ,  fîtuée  à 
une  petite  journée  de  Jérufalem.  Les  Muful- 
ifians  révèrent,  aflez  près  de  ce  lieu ,  le  tombeau 
de  Locman ,  furnommé  Al  Hakim  le  Sage ,  auffi 
bien  que  les  fépulcres  de  foixante  dix  Prophètes 
qu'ils  croient  y  être  enterrés,  C'eft  cette  même 
ville  q^e  no% Voyageurs  appellent  Rama^  par  où 
pafTent  les  pèlerins  qui  débarquent  à  Jafa  pour 
aller  à  Jérufalem. 

R ASCHED  BEN  MOSTARSCHED.  Ceft 

Rafched  Billah  ,  trentième  Khalife  de  la  Maifon 
iles  Abbailîdes  ,  qui  fuccéda  à  fon  père  Moftarf- 
ched.  Tan  519  de  THégire. 

L'an  5JO  de  la  même  Hégire,  Maffôud,  Sul- 
tan de  la  première  dynaflie  des  Selgiucidës,  ayant 
envoyé  demander  à  Rafched  la  fomme  d'argent 
que  Moftarfched  avoit  promis  de  lui  faire  payer 
tous  les  ans ,  ce  Khalife  fut  fi  fort  irrité  de  cette 
demande  ,  que  fe  voyant  foutenn  par  les  habi^ 
tans  de  Ba^et  ^  il  réifolut  de  chafler  hors  de  lai 
ville  tous  les  parens  &  4omeiliques  de  Maffôud 
qui  s'y  trouvoient. 

Il  arriva  hcureufement  pour  ce  Khalife  ,  que 
Daoud  Ben  Mahmoud  ,  qui  étoit  auffi  de  la 
même  race ,  mais  d'une  autre  branche  ennemie 
de  celle  de  MafTôud ,  lui  amena  des  troupes. 
Le  Khalife  fe  trouvant  fortifié  par  ce  fccours , 
fe  crut  obligé,  par  reconnoiflance ^  de  donner  à 
Daoud  le  tit^'e  de  Sultan^  &  de  faire  publier  foa 


Oriental  E.  ij 

nom  dans  les  xnofquëes  en  la  place  de  celui  de 
Maffôud. 

Maâoud  n'eut  pas  plus  tôt  appris  la  nouvelle  de 
ce  changement ,  qu'il  s'approcha  de  la  ville  de 
Bagdet  avec  des  forces  confîdërables  ,  &  la  tint 
aifiégée  pendant  cinq  jours.  Le  Khalife ,  qui  fe. 
vit  prefle  dans  fa  capitale  ,  fongea  à  fe  fauver  d^ 
bonne  heure ,  &  il  trouva  le  chemin  ouvert  du 
côté  de  Naharvan ,  où  le  Sultan  avoit  fait  feinte 
d'aller  pour  ouvrir  ce  paflage. 

>Rafched  fe  re'fugia  dans  la  ville  de  Mouflâl; 
mais  comme  il  ne  s'y  tenoit  pas  en  fureté  y  il 
prit  la  réfolution  d'en  fortir,  &  pendant  qu'il 
cfaerchoit  ailleurs  un  afile ,  il  fut  tué  par  des  af- 
faifins  ^  après  un  peu  plus  d'un  an  de  règne.  11 
eut  pour  fucceifeur  fon  oncle  Al  Moélafi  Leem-» 
riilah  9  fils  de  Mofledhaher. 

RASCHID  BEN  EDRIS-  C'eft  le  nom  du 
dixième  Prince  de  là  dynaftie  des  Al  Mohades. 

RASCHID  THABIB.  Surnom  de  FadhlaÛ 
lah  Ben  Omadeddin  Abil  Khaïr ,  Ben  Ali.  Ce 
perfonnaee  ,  qui  étoit  Médecin  de  profeifion  , 
devint  Vifir  d'Algiaptou  ou  Olgiaptou,  Empe- 
reur des  Mogols  ou  Tartares  de  la  race  de  Gin-« 
ehizkhan,  &  lui  dédia  fon  Ouvrage,  intitulé 
Mag'màu  Al  Rafchid'iah ,  qui  eft  dans  la  Biblio«i 
theque  du  Roi,  n^.  i.  Ce  même  Auteur  a  com^ 
^fé  aufli  une  Hiftoire  générale. fous  le  titre 
de  Giamê  altaouarihh, 

Rafchid  Thabib  porte  aufîî  le  nom  de  Khoua- 
eh  Rafchid ,  ôc  fut ,  après  la  mort  d'Algiaptou  , 
ifir  d' Aboufaïd  fon  fuccefieur  ^  qui  le  in  mourir. 


^ 


'^4  B  I  B  t  I  O  r  H  E  Q  U  E 

RASSAb.  Lieu  d  obfervation.  Obfervatoîre. 
L* Auteur  du  Lebtarikh  écrit ,  que  Caïcaous  II  ^ 
Roi  de  la  féconde  dynaftie  de  Perfe ,  fit  conf- 
truire  deux  obfervatoires ,  l'un  à  Babel  ou  Baby- 
lone  fur  TEuphrate ,  &  lautre  fur  le  Tigré  dans 
le  lieu  où  la  ville  de  Bagdet  a  été  depuis  bâtie* 

Csïcaous  fut  depuis  imite  par  Noufchirvan  , 
Roi  de  la  quatrième  dynaftie  ,  qui  eft  celle  des 
Khofroës  de  Perfe,  &  plufieurs  autres  Princes  de 
rOrient  en  ont  bâti  en  divers  endroits  de  l'Afie  , 
avant  le  Mahométifme. 

Les  Khalifes  AbbaiHdes  Al  Manfor  &  Al  Ma- 
mon,  qui  ont  cultive  particulièrement  la  Science 
des  Aftres ,  en  ont  fait  conftruire  dans  l'Iraque 
&  dans  le  Khorafan.  Et  les  Selgiwcides  ,  qui  fe 
rendirent  enfuite  les.  maîtres  de  prefque  toute 
l'Afie  ,  en  élevèrent  auffi  dans  les  villes  de  Ha- 
madan  &  de  Reï  ,  où  Malek  Schah  ,  furnommé 
Gelnleddin ,  fit  obferver  diligemment  le  point 
des  ëquinoxes ,  &  réforma  lancien  Calendrier  des 
Perfans ,  nommé  Je^digirdique  ,  &  en  inftitua 
un  nouveau  ,  que  l'on  appela  de  fon  nom  le 
Gelaléen, 

Enfin  les  Tartares  mêmes  de  la  dynaftie  des 
Gingbizkhamens ,  fous  Holagou ,  en  firent  bâtir 
un  à  Maragab ,  où  les  Tables  Ilekbaniennes  de 
Nafiireddin  Al  Thouflî  furent  dreflees  ;  &  Ulug 
Beg ,  petit-fils  de  Tamerlan  ,  fut  le  fondateur 
de  rObfervatoîre  de  Samarcande ,  où  ce  Prince 
fit  examiner  les  Tables  de  Naffireddin ,  &  publia 
les  fiennes  particulières. 

RASSOUL  &  RESSOUL.  Ce  mot ,  qui  fipni^ 
fie  proprement  en  Arabe  un  Meffàgeiy&  un  Ea- 


Ô  R  t  t  !f  T  A  t  E;  if 

toyé,  eft  appliqué ,  particuliéremenc  par  les  Mu- 
fulmans ,  à  Mahomet ,  qu'ils  nomment  Rajfoul 
Allah  ^  V Envoyé  de  Dieu  ^  &  abfolument  Al 
Rajfoul  y  V Envoyé  y  pour  le  diftinguer  des  autres 
Prophètes  ou  Envoyés  de  Dieu ,  qu'ils  appellent 
Morfel  aufîngulier,  Mor/eloun  au  nominatif  plu<» 
rier ,  &  Mor/elin  dans  les  cas  obliques. 
•  L'on  trouve  ,  entre  ïes  titres  de  Mahomet , 
ceux  de  Reïs  alkauneïn  &  de  Seïd  Al  Morfelin , 
c'eft  à-dire  de  Chef  des  créatures  Sl  de  Seigneur 
des  Envoyés. 

Bani  Raflbul ,  les  fils  de  l'Envoyé  ou  la  pofté- 
rité  de  Mahomet.  Il  y  a  eu  des  Princes  ou  Sul- 
tans dans  riémen  ,  qui  ont  porté  ce  titre. 

RAVENDIAH.  G'eft  le  nom  d  une  Seiftc 
d'Impies  ou  Hérétiques,  quiadmettoientla tena- 
foukhiah  ou  métempfycofe,  &  qui  croyoient  oa 
faifoîent  femblant  de  croire  que  refprit  ou 
l'ame  de  Mahomet,  ou  de  quelque  ancien  Pro-r 
phete  ,  avoir  paiTé  dans  la  perfonne  d'Abou 
Giâfar  AI  Manlor,  fécond  Khalife  de  la  race  des 
Abbaffides,  &  lui  vouloient ,  pour  cette  raifon  , 
rendre  des  honneurs  divins ,  en  faifanx  des  pro- 
cédons autour  de  fon  palais ,  femblables  a  celles' 
qui  fe  pratiquent  autour  du  temple  de  la  Mec- 
que ,  &  que  les  Mufulmans  appellent  Athouafi 

Cette  feéle  dégénéra  enfin  en  une  faélion  fédi- 
tieufe  &  dangereufe ,  que  ce  même  Khalife  fut 
obligé  d'exterminer. 

RAZECAH.  Nom  d'une  Idole  des  Adites  ; 
ancienne  tribu  des  Arabes,  qui  eft  du  nombre  de 
celles  qu'ils  appellent  perdues.  Ces  Idolâtres  Tin^ 


%6  BtBLIOTH  E  Q  U  K 

voquoîent  pour  obtenir  les  chofes  néceflaires  S 
lentreiien  de  la  vie. 

RAZI.  Ce  mot,  qui  eft  TappcIIatif d^  Rcï, 
£gnijBe  celui  qui  eft  natif  ou  originaire  dune  ville 
de  riraque  Perfienne  nommée  Reï. 

L'Iman  Farkhreddin  Mohammed  Ben  Omar 
Ben  Kaiib  Beï  Al  Temimi  Al  Bekri  fut  auiS 
fumothmé  Al  Ra^iy  parce  ^qu'il  prit  naiflànce 
dans  cette  ville ,  quoiqu'il  fût  originaire  du  Tha- 
bareftan ,  ce  qui  lui  fait  auifi  donner  par  quel- 
ques-uns le  furnom  de  Thabavejîani, 

Ebn  Athir  dit  qu'il-naquit  l'an  543  de  THe'- 
[ire ,  &  qu'il  devint  un  des  plus  grands  Douleurs 
le  la  Seâe  Schafeïenne  \  car  il  avoit  ajoute  la 
connoiifance  des  fciences  étrangères  à  celles  du 
Mahométifme  ;  &  prêchoit  fort  ëloquemment  en 
Arabe  &  en  Perfien. 

Ces  grandes  qualités  lui  acquirent  la  faveur  de 
plufieurs  Princes  ,  &  particulièrement  celle  de 
Gaiatheddin^,  Sultan  de  la  dynaftie  des  Gaurides^ 
qui  fonda  un  collège  particulier  pour  lui  dans  la 
ville  de  Herat  en  Khorafan ,  où  ayant  établi  un 
jour  une  difpute  folennelle  entre  lui  &  le  Cadhi 
Abdalmegid ,  la  ville  de  Herat  &  tout  le  pays  fu- 
rent furie  point  de  fe  foulever  à  cette  occafîon. 

La  caufe  du  trouble  qui  arriva ,  fut  qu'Abdal-^ 
megid ,  qui  ëtoit  de  la  Seâe  des  Këramiens , 

fens  attachés  fuperftitieufement  \  la  leure  de 
Alcoran,  &  qui  admettent  en  Dieu  h^  attrir 
buts  de  Tagiaffoûm  &  de  Tafchbiah ,  c  eff-à- 
dire  5  de  corporéité  &  de  reflèmblance,  ayant  été 
confondu  dans  la  difpute  par  Fakhreddin  Razi, 
ce  Cadhi ,  qui  étoit  fupporté  par  Dhiaeddin , 

coufin 


:     <>R  I  e  NT  A  L  E.  ^  if 

tsaùn  du  Sultan,  prit  occâfion  de  le  calomnier 
au  fujet  de  :1a  religion,  &  de  le  faire  pafTer 
auprès  du  Sqjfan  pour  un  Philofoplie,  ceft-à- 
dire ,  félon  k  langage  des  Alcoraniftes ,  pour  un 
imijie. 

Le  Sultianne  laiilà  pas  néanmoins  de  lai  con- 
tinuer fa  pro^c^ipn  :  mais  Abdalmegid  ,  gui 
s  etoit  déclare'  ouvertement  (on  ennemi ,  prê^^ 
chartt  un  jour  au  peuple  ,  dit  avec  véhé- 
mence, qu'il  falloit  bien  fe  garder  de  croire  ni 
de  dire  autre  cliofe  que.  çè  qui  avoit  été  révélé 
parDieu  au  Prophète,  &  tranfmis  par  tradition  du 
Prophète  jufqu  aux  premiers  Doéleurs  du  Mu- 
fulmanifme  ;  que  la  Philofophie  d'Ariftote  , 
d'Avicenne  ,  '&  d'Al  Farabius  écpienc  des  pièges 
dans  la  Religion  Mufulraàne  qu'il  falloir  foigneu- 
fement  éviter,  &  enfin  que  c'étoit  pour  en  avoir 
voulu  renverfer  les  principes,  qu'il  s'étoit  attiré 
Ja  colère  &  les  injures  de  Razi.,  ;  ' 

Abdalmegid,  après  avoir  appuyé  fortement 
tout  ce  qu'il  difoit ,  finit  fon  f<^rnton,par  d^ê 
larmes  qu'il  répandit  en  abondance  ,  &qwi  exci- 
tèrent tous  fes  auditeurs  k  pleurer; de  forte  qu'ani- 
més du  zèle  que  ce  Doéleur  leur  avpk'infpiré , 
ils  allèrent,  en  grand  tumulte ,  au  palais  de  Ga^- 
theddin ,  &  obiigerent  ce  Prince  à  chafler  Rmi 
de  leur  ville. 

Le  SulcaÀ  fâtisfit  pour  un  temps  la  pafffion  de 
ce  peujile  ,  &  rappela  cependant  l)ientôf^a;près 
Razi,  qui  mourut  dans  Hérat  Tan  606  de  J'Hé^ 

gire; 

Les  principaux  Ouvrages  de  l'ImanTakhreddia 

font  :  •      .1    r 

Erfchaâ .  alnadhar  ela.  lathaïf  alafrar',\  J^tro^ 

Tome  F.  B 


x%        Bibliothèque 

duSioH  dans  les  Myjieres  Us  plus  fubiils  pour 
les  gens  d'efvrit ,  où  ce  Docteur  recherche  de« 
xaifons  philoiophiques  pour  preuver  &  pour  ex- 
pliquer les  Principes  du  Mufulmanifnie. 

Mohajfel  alfakar  eft  un  Livre  de  Métaphy- 
^que  &  de  Théologie  fcholaftiaue,  qui  a  été  com- 
menté par  plufieurs  Auteurs.  Il  eft  dans  la  Bi« 
biotheque  du  Roi ,  n",  93 1. 

OJfoul  eddin ,  les  Principes  de  la  Foi^  eft  auflî 
lin  oe  fes  Livres,  divifé  en  cinquante  queftions 
qui  regardent  également  la  Philofophie  &  la 
Théologie.  La  première  eft  contre  réternité  du 
Monde,  par  où  il  paroit  que  cet  Auteur  n-étoit 

J)as  fî  Ariftotélicien  que  fes  ennemis  le  vooloient 
aire  croire  pour  le  decréditer.  Ce  Livre  eft  dans 
la  Bibliothèque  du  Roi,  n^.  620. 

Il  y  a  un  Livre  intitulé  Ekthiarat  al  nagiow' 
miahj  des  Eleélions  Afironomiques  ;  &  un  autre 
qui  porte  le  titre  HiArbaïn  fi  Offoul  eddin ,  qui 
font  attribués  âuffi  à  ce  même  Dodeur,  comm« 
un  autre  Ouvrage  intitulé  Aiahfoul. 

REDEFR^ANS  ou  REDEFRIS.  De  quelîe 
manière  que  ce  mot  s- écrive  ou  fe  prononce ,  les 
Arabes  s  CH  fervent  pour  exprimer  le  Roi  de 
France ,  &  principalement  Saint  Louis ,  qui  ûi 
la  guerre  en  Egypte. 

Ce  Prince  attaqua  la  ville  de  Damiette  Tan 
de  THégire  647  ,  de  J.  C.  1 349.  Al  Malek  Al 
Saleh ,  fils  de  Malek  Al  Kamel ,  de  la  Race  des 
Jobites  ,*c  eft- à-dire  des  fuccefleurs  de  Saladin., 
qui  étoit  Roi  d'Egypte ,  affiégeoit  pour  lors  la 
ville  de  Hems  ou  Emeflê  en  Syrie.  Auffi-tôt  que 
ce  Sultan  eut  appris  le  débarquement  de  Saine 


Ô  R  I  E  N  T  À  L  ÉV  iÇ 

êJbms ,  il  courut  au  fecours  de  Damiette  :  maîii 
itcant  tombé  malade  en  chemin ,  il  reçut  la  nou* 
Yelle  de  fa  prife ,  &,  fit  peiidre  cinquante  des  prin- 
cipaux Officiers  de  la  gârnifon ,  qui  àvoient  aban- 
donné la  ville  &  lui  apportoient  la  nouvelle  de 
ik  perte. 

Al  Malek  AI  Saléh.  mourut  le  lendemain  de 
l'exécution  de  ces  Officiel^,  &  Al  Malék  AI 
'Moâddham  lui  a^ant  fuccédé ,  Saint  Louis  quitta 
Damiette  ^  &  paflà  avec  fon  armée  un  bras-  du 
aW  qui  fépare  dette  ville  davec  telle  de  Màn^ 
ibunrh. 

Le  Suttan  Al  Moâddha«i ,  qui  fut  le  dernier 
Roi  d'Ëgjpte  de  là  racé  des  Aïoubites  ou  Jo- 
iites ,  vint  au  devant  des  François,  dont  l'armée 
fouâProit  beaucoup  par  lia  difene  des  vivres.  Là 
bataille  fut  engagée  ,  &  le  combat  fut  fort  opi- 
niâtre de  pan  &  d  autre  :  mais  enfin  lès  Fran^ 
çois  furent  défaits ,  &  le  Roi  avec  fes  frères  , 
&  plnfiears  grands  Seigneurs  de  fa  Cour,  de^ 
sneurerent  prifonniers  entre  les  maitos  des  £gyp^ 
tiens. 

Dans  ces  entrefaites,  les  Màmèlucs  ou  Ef- 
claves  affranchis ,  qui  avoknt  toutes  les  forces 
d'Egypte  entre  leurs  mains,  fe  défirent  de  leur 
Sulun  ^  &.  élevèrent  fur  le  trône  Azzeddin  Ibek^^ 
premier  Sultan  des  Mam^lùcs  en  Egypte  y  &  ce 
tut  avec  ce  Prince  que  Saint  Louis  négocia  fa 
liberté  &  celle  de  fes  frères ,  qu'il  obtint  enfin 
moyehnam  la  reftitution  de  Damiette  &  le  paye« 
ment  d'un  million  de  dinars  ou  écus  d  or. 

Saint  Louis ,  après  avoir  obtenu  fa  liberté  , 
quitta  la  ville  de  Uamiette,  &  vint ,  avec  le  dé- 
kis  d€  fon  arméç  >  çn  la  ville  de  Ptolemaïde  ; 

Bij 


âO  B  I  B  L  î  O  T  H  E  Q  U  B 

appelle  autrefois  Acco  &  Acca ,  &  maîntè^ 
nant  Saint  Jean  d'Acre;  &  ce  fut  pendant  le 
féjour  qu'il  fit  en  cette  ville  ,  qu'il  pourvut  à  la 
confervation  des  places  qui  reftoient  aux  Chré- 
tiens dans  la  Syrie,  &  qu'il  fit  rebâtir  la  ville  do 
Cëfarée ,  où  il  mit  de  nouveaux  habitans. 

Ben  Schohnah  écrit  que  Saint  Louis  fut  mis 
prifonnier  à  la  garde  de  Fakhreddin  Ren  Loc- 
xnan ,  premier  Secrétaire  d'Etat  du  Sultan  Moâd- 
dham ,  qui  lui  fit  rendre  tous  les  honneurs  dus. 
a  la  majefte  d'un  fi  grand  Roi,  &  qu'il  f«t  délivré 
l'an  648  de  THégire,  un  an  après  fa  defcente  en 
Egypte. 

On  ne  put  pas  cependant  empèciier  <fue  les 
Arabes  ne  fifTent  des  vers  en  dérifion^de  la  nar- 
tion  Françoife,  qui  avoir  fi  mal  réuifi  xlansfon 
«ntreprife  ;  &  le  megié  Auteur  récite  teux  que 
compofa  Gemaleddin  Ben.  Mathrouh,  dans.lefr- 
quels  i  s'adrefl^nt  aux  François,  il  leur  dix  :At ira 
JMeJran  tabla ghi  rncilhha ,  tahfeb  enn  .al^omt 
belthubl  riah  ;  s>  li:)rfque  vous  êtes  veinis  en  ce 
pays-ci ,  vous  croyiez  le  prendre  avec  la  flûte  & 
le  tambourin.  L'on  peut  remarquer  en  cet  en- 
droit que  l'ufage  deJa  flût^  &  du. tambourin 

dont  les  Provençaux  fe  fervent  encore  aujour- 
'hui,  le  même  homme  jouant  de  l'un  &  de 
l'autre  en  même  temps  )étQit  en  vogue  dès  ce 
temps-là. 

Les  Mufulmans  difent  dans  leurs  Hiftoires ,  que 
les.  François  eurent  trente  mille  hommes  de  tués 
dans  la  bataille  de  Mànfourah;  mais  un  de  leurs* 
Poètes  écri;  que  Khamfoun  al  fan  la  tara  man-- 
hem ,  gaïr  katil  an  ejfir  giarïh ,  »  de  cinquante 
mille  hommes ,  vpqs  ii'ea  voyez  aucun  qui  jie 


i 


Orientale;  sî 

fût  tue  ou  prifonnîer  blefle  <ç.  II  n'en  reffa  toute- 
fois que  très-peu  dans  lefclavage;  car  les  Egyp* 
tiens  fe  firent  un  honneur  de  les  bien  traiter. 

L'on  peutauffi  obferver  en  cet  endroit,  que  la 
Langue  que  Ion  nomme  aujourd'hui  fur  la  mer 
Me'diterranée  &  dans  la  Turquie  le  petit  Franc ^ 
&  qui  eft  compofe'e  d'Italien  ,  d'EfpagnoI  &  de 
Provençal,  étoit  déjà  en  ufage  dans  le  Levant; 
car  dans  les  vers  que  nous  avons  cités ,  les  Fran- 
çois ne  .font  pas^-nommés. -Fr^/zAj  ou  Francs  ; 
mais  Franjîs  ,  ce  qui  vient  du  mot  Italien  Fran- 
cefe\  &  Redefrans  eft  pris  de  Re  di  Francia 
dans  la  même  langue. 

REGEB.  C  eft  le  nom  du  troifîeme  mois  de 
Tannée  Arabique,  qui  étoit  réputé  facré  par  les  . 
anciens  Arabes  du  Gentilifme ,  6c  dans  lequel  il 
étoit  défendu  de  faire  la  guerre.  Ebn  Tholon  a 
compofé  un  Livrie  intitule  AJfouerataldkeheb  fi 
ma  ravafi  Regeb^  les  Bracelets  d'or  fur  tout 
ce  qui  a  été  rapporté  dans  VHijloire  touchant  le 
mois  de  Régeb. 

Ce  mot,  qui  fignifie  rèfpeâé  ^  honoré^  eft 
auffi  le  nom  de  pluneurs  perfonnages.  Ebn  Regeb 
eft  le  furnom  de  Zeïneddin  Abdalrahman  Ben 
Ahmed,  qui  mourut  Tan  795  de  THégire.  C'eft 
l'Auteur  d'un  Livre  intitulé  EJîegna  belcoran  y 
dans  lequel  il  prétend  prouver  que  le  feul  Alcoran 
fuffit  pour  toute  leélure  à  un  bon  Mufulman.  Il 
y  a  auffi  un  autre  Ouvrage  de  cet  Auteur,  qui 
n'eft  proprement  qu'un  Scharh  ou  Commentaire 
fur  le  Livre  intitulé  Arbaïn  mokhtarat  fil  hag\ 
les  quarante  Traditions  choifies  touchant  le  pé^ 
lerincge  de  la  Mecque-,       .-     —  • 

B  iij 


r 


Ji*         Bibliothèque 

REIS  &  RAIS.  Ce  mot -Arabe ,  qui  fîgnîfie 

Çropremenc  un  Chef^  k  prend  ordinairement  en 
i'urquie  po^r  un  Commandant  de  nier  ;  car  c'efl? 
wS,  que  1  on  qualiiie  un  Capitaine  de  vaifleati 
ou  de  galère.  Capoudan  Reïs  cft  le  titre  que  le* 
Turcs  donnent  au  Pilote  royal  de  la  flotte,  qui 
porte  auffi  le  titre  de  Heï^  Bafchi  &.  dcPap. 
cha  ki!(i. 

Reïs  Al  Kottah ,  que  l'on  appelle  ordînaîre-i 
ment  à  Çonftanrinople  Reïs  kitab ,  le  Chef  des: 
Ecrivains ,  eft  proprement  le  Secrétaire  d*Etat , 
qui  reçoit  Ça  ipxi  figne  les  dépâches.  On  l'appelle 
auffi  fouvent  Reïs  Efendi. 

RESCHIDI.  Nom  que  porte  ordinairement 
Befchideddin  A'bdalgelil,  Poëtè  Perfien,  natif  de 
Balkhe ,  Tune  des  quatre  villes  capitales  de  la 
grande  provi^ice  du  Khorafan.  11  defcendoit  en 
ligne  dircéle  d'Omar,  troifienie  Khalife  des  Mur 
fvilmans  ;  ce  qui  lui  faifoit  au^  porter  le  furnom 
pu  titre  d'Omari. 

Ce  Poëte  vivoit  fous  le  règne  d'Aifiz  ,  fils  de 
Cothbeddin  Mohammed  Khouarezni  Schah ,  qui 
tient  le  rang  de  fécond  ou  troifieme  Sultan  des 
Khouarezmiens.  Il  a  mérité  les  épithetes  de  Sage 
&  de  Difcrèt  parmi  tous  les  autres  de  fa  profef- 
fîon ,  à  caufe  que  fa  Poéfie  étoit  chafte  &  pieufe, 
contre  la  coutume  des  Poètes  de  fon  fiecle,  qui 
inêloient  toujours  dans  leurs  Poéiies  quelques 
traits  cpntre  la  Religion  &  contre  les.  bonnes 
mœurs. 

Anvari ,  Poëte  de  grande  autorité  parn^i  leiî 
Perfans ,  a  fait  1  éloge  de  Relchidi ,  dans  lequel 
i!L  fç  vante  d'être  I«  |>reffiier  qui  ait  châtiç  11 


Orientale;  %f 

ie  Perfienne,  &  que  Refchidi  l'a  parfaite- 
ment imite  en  cela  ;  &  il  le  compare  ï  un  peigne 
d'ivoire ,  qui  démêle  les  touffes  de  cheveux  les 
dIus  mêlées ,  ^  die  qu'il  a  attaché  la  corde  des 
bonnes  mœurs  à  fon  arc^  &  qu'il  a  fu  par-là 
adreâèr  toujours  fes  fleclfes  au  out  qu'il  s'étoit 
propofé  ^  &  il  conclut  fon  éloge  par  un  fouhait 
qu'il  fait ,  que  la  mémoire  de  ce  Poëte  vive  tant 
que  le  monde  fera  compofé  des  quatre  élémens 
Sx.  des  fept  cieux. 

L'Auteur  de  fa  vie  raconte  que  ce  Poëte  ayant 
iété  furpris  un  jour  avec  une  des  femmes  du  férail 
d'Atfiz  y  Roi  de  Khouarezm,  &  qu'ayant  été  con-« 
duits  fun  &  l'autre  devant  ce  Prince,,  il  fut  û  troublé 
de  cet  accident ,  qu'il  en  perdit  entièrement  Vcù 
prit  :  mais  ce  trouble  s'étant  diffipé  quelque  tempf 
après ,  il  fit  des  vers  qui  appaiferent  la  colère  au; 
Prince,  lequel  ayant  appris  d'ailleurs  que  cette 
femme,  nommée  Mâandariy  étoit  également 
ëprife  de  fon  côté  ,  la  lui  donna  en  mariage  ,  & 
les  rendit  tous  deux  heureux. 

Un  autre  jour  que  Refchidi  difputoit  avec  Ufi 
autre  Poëte  en  préfence  du  Sultan,  qui  zffem^ 
bloit  fouvent  une  Académie  de  gens  d'efprit  pour 

L tenir  des  conférences  de  Doctrine  &  de  Belles- 
ettres ,  il  fe  rencontra  qu'il  y  avoit  une,  ceri- 
toîre  mife  entre  ces  deux  diiputans  ;  ce  qui  ût 
«fue  le  Sultan,  voulant  railler  Refchidi  qui  étoit 
fort  petit ,  commanda  que  Ton  ôtât  cette  écri- 
toire,  afin  qu'il  pût  voir  celui  q^i  étoit  derrière- 
Refchidi ,  piqué  de  ce«e  raillerie  »  fe  leva  auffi* 
tèt ,  &  dit  ce  mot  des  Arabes^  i  Almarro  marrom 
beafgarihi ,  calbihi  v  lejfanihi  ;  »  L'homme  n  eft 
àornoie  qw  mr  les  deux  plus  petites  parties  de 

BÎY 


* 


14         Bibliothèque 

fon  corps ,  qui  font  fon  cœur  &  fa  langue.  C&', 
fut  cependant  depuis  cette  rencontre  que  ReC- 
chidi  porta  le  furnom  de  Vathouath  ou  àHiron-n 
de  Ile ,  que  le  Sultan  lui  donna  a  cauf<s  de  fa  pe.ti-> 
teflè  &  de  fon  babil.  ♦ 

Ce  Poète  mourut  fort  âgé  ;  car*  il  furvécut  à 
Atfîz  y  &  compofa  même  une  .Ele'gie  fur  fa 
mort  :  il  étoit  encore  vivant  fur  la  fin  du  règne 
de  Sultanfchah,  fils  ^11  Arflan-&  petit -fils 
d'Atfiz.  Son  corps  fut  enterré  dans  la  ville  de 
Giorgianiah.  Il  a  laiifé  plus  de  douze  mille  de 
ies  vers  en  langue  Perfienne ,  &  en  a  compofé 

Îluiîeurs  en  Arabe.  On  a  auffi  de  lui  un  Art 
Wtique  y  intitulé  Hadaïk  aljilir ,  les  Jardins  en^ 
chantés  y  &  une  Tradudion  en  vers  Perfiens  des 
cent  Apophtegmes  dAli,  qui  font  nommés  Sad 
Kelemeh. 

Il  s'en  fallut  peu  qu'il  n'arrivât  à  ce  Poëte  une 
très-fâcheufe  aventure  :  car,  s  étant  trouvé  en- 
ftrmé  avec  Atfiz  fon  maîfre  dans  le  cbàteatt 
nommé  He^aresby  que  le  Sultan  Sangiar  le  Sel- 
glucide  affiégeoit ,  Anvari ,  autre  Poète  Perfîen 
duquel  on  a  déjà  parlé ,  qui  étoit  dans  le  camp 
de  Sangiar,  fit  un  quatrain  contre  Atfiz  qui 
paflbît  alors  pour  rebelle  ,  &  Tattacha  à  une 
flèche  qu'il  fit  tirer  dans  le  château.  Refchidi, 
qui  le  lut,  y  répondit  auffi- tôt  par  un  Diftique 
fort  iiijurieux  au  Sultan  Sangiar ,  &  le  fit  pafler 
par  la  même  voie  dans  fon  camp. 
.  Sangiar  fut  tellement  irrité  de  la  hardiefle  du 
Poëte ,  qu'il  protefta  que  s'il  tomboit  vif  entre 
fc&  mains ,  il  le  feroit  tailler  en  fept  pièces ,  & 
il  arriva  qix ^tûz  ayant  été  contraint,  après  un 
long  fiége  ,    d!abatidonner  ce  château  &  de 


Orientale.  mj 

prendre  la  fuite,  Refchidi  demeura  derrière,  & 
tomba  entre  les  mains  des  foldats  de  Sangiar. 
Quoique  Refchidi  eût  pîufieurs  amis  à  la  Cour 
de  Sangiar,  il  eût  e'të  traita  fuivant  la  menace 
du  Sultan ,  nul  d'etitr'eux  n'ofant  parler  en  fa 
faveur,  à  la  réferve  d'un  feul  qui  eut  la  har- 
die/îè  de  lui  dire  quune  hirondelle,  c'eft  ainfi 
qu'on  appeloit  Refchidi ,  étoit  un  fi  petit  oifeau , 
qu'il  feroit  fort  difficile  de  la  divifer  en  fept 
parts,  &  qu'il  lui  ferabloit  fuffifant  de  la  mettre 
en  deux.  Ce  tour  agréable  du  difcours  de  l'ami 
de  Refchidi  plut  tellement  au  Sultan  qui  eioit 
pour  lors  à  table  &  en  belle  humeur,  outre  que 
ce  Prince  ëtoit  bon  de  fon  naturel  ôc  aimoic 
k  plaifanterie ,  qu'il  accorda  auïïi-tôt  la  vie  à 
Refchidi,  qui  fut  depuis  ce  temps^là  de  fes  meil- 
leurs amis. 

.  REZK ALLAH.  Ce  mot,  qui  fignifie  en 
Arabe  les  biens  &  la  fubfiftance  journalière  que 
Ja  Providence  divine  a  deftinës  &  affignés  à 
chaque  homme  en  particulier,  eft  auffi  le  nom 
d'un  Aftrologue  d'Egypte ,  furnommé  Al  Nakhas , 
qui  vivoit  vers  l'an  5  lo  de  l'Hëgire,  fous  le  Kha- 
lifat  de  Moftadher  f^tn  Moktadhi  TAbbaffidie. 

Cet  Aftrologue  palfoit  alors  pour  Je  plus  ha- 
bile &  le  maître  de  tous  ceux  de  fa  profeffion  ; 
&  1  on  raconte  de  lui ,  qu'ayant  été  confulté  par 
une  Dame  de  qualité  fur  fon  horofcope  ,  il  s'ap- 
pliqua fort  férieufement  à  y  travailler,  &  que 
la  Dame  ne  lui  ayant  donné  pour  toute  réconi- 
penfe  qu'une  fort  petite  pièce  de  monnoie  , 
î'Aftrologue  lui  dit  qu'il  voyoit  dans  fon  horof- 
cope quelque  difette  d'argent  j  à  quoi  la, Damé 


«6  B  I  B  -L  'I  O  T   H  E   Q  U  E 

lui  ayant  reparti  qu'il  a  voit  fort  bien  rencontre  J 
&  VÂftrologue'lui  demandant  de  fon  côté  quell^. 
fomme  elle  avoit  perdue,  elle  lui  donna  pour 
fon  dernier  payement  cette  réponfe  :  »,  Je  n'aî 
fait  autre  perle  que  celle  de  la  pièce  que  je  vous 
|i  donnée  «. 

RIAN  BEN  VALID.  Ceft  le  nom  du  Pha-* 
raon  qui  reçut  le  Patriarche  Jacob  avec  fa  famille 
çn  Egypte.  Les  Mufulmans  difent  qu  il  fut  con- 
verti à  la  Foi  Mufulmane  par  le  Patriarches 
Jofeph,  ,      ^ 

ROC  AIL  BEN  ADAM.  Voici  un  fïs 
d'Adam  que  l'Ecriture  Sainte  ne  reconnoxt  point. 

Rocaïl ,  f(çlon  la  Tradition  fabuleufe  des  Mu- 
fulmans ,  étoit  le  frère  puîné  du  Patriarche  Seth, 
&  pofTédoit  les  Sciences  les  plu«s  élevées  &  les 
plus  cachées.  11  étoit  doué  d*un  efprit  fi  vif  &  fî 
pénétran.t,  qu'il  paroiflbit  tenir  plus  de  lange  que 
de  l'homme^ 

Surkhrage  ,  qui  était  un  puiffant  Dive  ott 
Géant,  vivoit  en  ce  temps-là,  &  commandoît 
abfoluxnent  dans  toute  l'étendue  du  mont  Caf , 
que  les  Mufulmans  croient  être  une  chaîne  oii 
ceinture  de  montagnes  qui  entourent  toute  la 
terre.  ' 

Ce  Géant  pria  Seth  de  lui  envoyer  Rocaïl  foii 
frère  pour  l'aider  à  gouverner  fes  Etats,  &  pour 
tenir  en  bride  fes  fujets.  Seth  lui  accorda  fa  de- 
mande, &  Rocaïl  devint  ainfi  U  Vifir.ou  pre-» 
jnier  Miniftre  de  Surkhrage  dans  la  montagne 
de  Caf ,  où,  après  avoir  gouverné  pendant  plu-* 
iieurs  années  ou  fiecles,  &  conttoiuàjat>  ou  paf 


O  R  I  E  N  T  A  L  i;  $f 

révélation  divine,  ou  par  les  principes  des  Sciences 
feeretes  qu'il  poflëaoit  ,  que  le  temps  de  fa 
mort  approchoit,  il  p^rU  à  Surkhrage  en  ces 
termes  2 

»  Je  fuis  fur  le  point  de  pafTer  en  l'autre  vie  : 
mais  avant  de  vous  quitter^  je  veux  vous  laiiTer 
quelque  ouvrage  infigne  de  mes  mains,  dont  la 
mémoire  fe  eonferve  &  me  faffe  vivre  long- 
temps après  ma  mort  «. 

L'effet  fuivit  ces  paroles  :  car  Rocaïl  fit  bâtir 
on  palais  &  un  fépulcre  d'une  AriiéXurt  û  ma- 
gnifique ,  &  avec  tant  d'artifice,  que  l'on  y  voyoit 
un  très -r  grand  nombre  de  ftatues  de  différens 
métaux  faites  par  Art  talifmanique  ,  lefquelles 
opéroient,  par  des  reflbrts  fecrets,  ce  que  tout 
le  monde  auroit  cru  fe  faire  par  des  hommes 
vivans. 

ROCNEDDIN  BEN  SCHAMSEDDIN. 

C'eft  le  nom  du  fécond  Prince  de  la  dynaftie 
des  Molouk  Kurt ,  que  quelques-uns  appellent 
auffi  S chamfeddin  fécond  du  nom.  Ce  Prince  ob- 
tint d'Abkakhan,  Empereur  des  Mogois ,  le  gou- 
vernement de  la  ville  de  Hcrat ,  qu'il  remit  ^ 
après  la  mort  de  ce  Prince,  k  Alaeddin,  &  fe 
retira  dans  le  château  nommé  Khaffar  j  où  il 
vécut  paifiblement,  fans  pouvoir  en  être  dépof- 
fédé  par  Argounkhan ,  fuccefféur  d'Abkakhan  , 
)ufqu'à  la  vingt-^quatrieme  année  de  fon  règne  y 
qu'il  mourut. 

Rocnedin  mourut  l'an  679  de  THégire ,  &  eut 
pour  fucceilêur  Fakhreddin  fan  frère. 

RQCÎ^EPDIN  KURSCHAH.  C  cft  le  hui- 


^8         Bibliothèque 

lieme  &  le  dernier  Prince  de  la  dynaftie  def 
Kmaéliens  de  l'Iran  oit  de  la  Perfe.  Il  étoit  fils 
d*Alaeddin  Mohammed ,  auquel  il  fuccéda  :  mais 
fon  règne  fut  de  peu  de  durée;  carà  peine  avoit-^ 
il  re'gné  un  an  que  Holagoukhah  ,  Général  des 
Mogols ,  llactaqua/l'an  de  l'Hcgire  654,  dans  fon 
château  de  Maïmoun.  ' 

^  Rocnedàin  ne  fe  fentant  pas  aflez  fort  pour 
réfifter  à  la  puifTance  des  Mogols  ou  <Tartares  , 
remit  fa  place  6c  fa  perfonne  entre  les  mains 
de  Holagou  :  mais  ce  Capitaine  l'envoya  à  Man-» 
goukhan ,  Empereur  des  Mogols ,  qui  étoit  pour 
lors  dans  le  Khathaï;  &  à  peine  fut-il  arrivé  dans 
la  province  Tranfoxanc ,  qu'il  fut  mis  à  mort  par 
ordre  de  Mangoukhan. 

Les  Hiftoriens  Orientaux  remarquent  que  ce 
fut  dans  cette  même  année  que  le  fameux  châ- 
teau d*Almout ,  qui  étoit  le  fiége  principal  des 
Ifmaéliens  de  Perfe ,  &  qui  avoir  été  bâti  ïan 
246  de  l'Hégire  par  Haflan  fils  de  Zeïd,  de  la' 
race  de  HoufTaïn  fils  d*Ali ,  fut  pris ,  &  que  la 
dynaftie  de  ces  impies  &  hérétiques ,  nommés 
JjmaélUns y  fut  abolie,  ne  reftant  plus  entre  les 
mains  de  ces  gens-Ik  que  les  deux  châteaux ,  nom- 
més Kudkueh  &  lemfer y  qui  furent  auffi  forcés 
dans  la  fuite  par  les  Mogols. 

ROCNEDDOULAT  ou  ROKNALDOU- 

LAT.  C  eft  le  nom  ou  plutôt  le  furnom  du 
fécond  fils  de  Buiah.  II  devoit  fa  fortune  à  fon 
frère  aîné  Amadaldoulat ,  qui  letablit  Roi  ou  Sul* 
tan  dans  Tlraque  Perfienne,  dont  la  ville  d'if- 
pahan  étoit  pour  lors  la  capitale. 
Ce  Prince  eut  trois  enfans ,  dont  laîné ,  nommé 


•    Orienta  le.    '         19^ 

'Adkadaldoulat j  fut  déclaré  héritier  &  fuccef-; 
fcur  par  Amadaldau'ht  fon  oncle,  qui  étoit  mort 
fans  enfans. 

*  Cette  fucceffion,  qUi  regardoit  principalement 
la  province  de  P^fe^ proprement  dire,  fut  caufe 
qae  Rocneddoulat  n  eut  pas  plus  tôt  appris  la 
mort  de  fon  frère  ,  qu  il  fe  tranfporta  à  Sehiraz-, 
Çtii'-en  étoit  la  capitale,  pour  pretidi*e  pofleffiqn 
dé  cet  Etat  au  nom  de" fon  fils. 
'  Rocneddoulat  eut  d  abord  pi ufîeiirs' guerres  k 
foutenir  contre  les-Safeins  SaraanidësYiqui  poffé-^ 
doient  alors  le  Khorafan  &  plufîeûfà  autjes  pro- 
vinces voifiiies  :  mais  la  paix  s'élarft' -enfin  con- 
cîiie  avec  eux',*  Rdcnèddoulat  demeura  pâifible 
poffefleur  dîé  fef^  jprù|>f^s  Etâts'^&  de  ceuxd*Ad-- 
hadaldoulat  fon'hh.  .  •  -   ^ 

Ces  guerres  ét/ah^ëires jetant  ïihîèsV  ce  Sultan 
cut^dcs  affairés  4omelftiqaes  qui  loî^ii^nt  beau- 
toup  plus  fâcbéufes  i'  car  Adbàdaldoulat ,  fon  fils 
aîné,  ayant  dépouillé  fon  coufiri-géfitlàîn,  nommé 
A^<ildôulat  y  fils  de  'Moêzzalddulat ,  troiïieme 
fils  de  Buiah,  il  en  témoigna  fôn- mécontente- 
ment ,  &  fit  marcher  fes  troupe'^  contre  fon 
propre  fils.  Le  fils,  de  fon  côté /vint- au  devant 
du  père  avec  une  armée  plus  fprte  que  la  fîenne, 
&  l'obligea  ainfi  de  retourner  à  Ifpabap. 

Adhadaldoulat,  qui*  n'en  vouldit^â^-à  fori  père 
ni  à  fes  Etats  j  virit  auffi-tôt  Ic'trduver  &  lui 
fit  des  excufes  fur  ce  qui  s'étoit  paffé',"iqui  con* 
lentererït  fi  fort  le  bonhomÎBe  Rocnèdâoulat,  qui 
avoit  déjà  atteint  1  agç  de  quatre-^ing'^s^àns^  qu'il 
confenrit  de  le  retenir- auprès' de  fti^pérfbnrfe  jufc 
^ua  (a  njort.'  *    •     .        -       .-    *  v ..^ 

La  mort  de  Rocneddoulat  n'arriva  cef^dabk 


JQ  BlîiLtOTHEQUÊ 

que  dix  ans  après^  Tan  de  l'Hégire  366,  qui  fbt 
le  quarante-quacrieme  de  Ton  regnè^  &le  quaué** 
vingt- dixième  de  foii  âgek 

Ce  Sultan  eut  la  répucatiôh  d'avoir  été ,  étn-» 
dant  tout  fon  règne,  humain,  jufte  &.  libéral.  Si 
il  lai/Ta  trois  enfans  entre  lefquels  il  partagea 
tous  fes  Etats.  ... 

Il  donna  à  fon  aine  Adnadaldoulat  les  pfo-» 
vinces  de  Fars  ou  Perfe  proprement  dite^  de 
Khouziftan  ou  Suiîane,  d'Âhuaz^  qui  fait  partie 
de  la  Chaldée  ^  &  de  Kerman ,  qui  eft  la  Gara-* 
manie  Perfienne. 

Le  fecend ,' nommé  Fakhraldoulat^  eut  pouf 
fon  partage  le  Gehal  ou  Ifdque  Perfienne,  pajs 
des  anciens  Parthes  ^  avec  les .  provinces  de  Ha- 
madan  &  de  Reï,  qui  font  partie  de  TAflyrie  ^ 
îivcc  le  Thabareft^n ,  qui  eft  i  Hyrcanie. 

Pour  le  tf^ifieme^  xiomvçké  Mouïadaldoulat  ^ 
il  n*eut  de  ion  père  que  la  ville  royale  dlfpahah 
avec  fes  dépenoances ,  &  Biocnaldoulat  ordonna 
dans  (on  tefiament,  que  les  deux  puînés  recon- 
noîtroient  toujours  leur  aîné  pour  Chef  &  pour 
Souverain  en  quelque  manière  de  toute  la  Mai^ 
fon  des  Bouïdes. 

RÔCÔUÔ  ALCAOUSAG',  la  Cavalcade  du 
vieillard  fans  barbe.  C'eft  le  nom  d'une  fête  que 
les  anciens  Perfans  célébroient  à  la  fin  de  rhiver^ 
dans  laquelle  un  vieillard  chauve  &  fans  poil  ^ 
monté  fur  un  âne ,  &  tenant  en  Tune  de  fes 
mains  un  corbeau ,  couroit  par  la  ville  &  par  les 
places  ,  en  frappant  d'une  baguette  tous  ceux 
qu*il  rencontroifk  Cette  mafcarade  repréfentoit 
IHivcr, 


Orientai  E.  31 

ItODOS.  Ceft  nie  &  la  ville  de  Rhodes. 
Cette  île  fut  prife  par  Khofroès  Parviz  Ben 
Hormouz ,  qui  eft  le  grand  Khofroès ,  .fils  de 
Hormizdas  ,  affez  connu  dans  nos  Hiffoires  par 
la  conquête  quil  fit  de  la  Terre.  Sainte  dans  la 
quinzième  année  de  rèmpire  dHëracHus.  Cette 
même  île  a  été  affiégée  plufieurs  fois  par  lei 
Arabes.  Amédée ,  furnommé  le  Verd  ,  Comte 
de  Savoie  ,  la  défendit  itnè  fois  contre  ces  Infi- 
dèles ^  &  en  remporta  la  Croix  blanche  en 
champ  rouge ,  que  les  Chevaliers  lui  donnèrent  ^ 
&  que  les  Ducs  de  Savoie  partent  encore  au-i 
jourd^hui  dans^. leurs  armes  ^  avec  le  mot' do 
FERT.  _ 

L'an  885  de  l'Hégire,  Mahomet  II,  Sultan 
des  Turcs,  fit  affiéger  la  ville  de  Rhodes ,  Ôc  y 
perdit  trente  mille  hommes  pendant  lefiége  quil 
fut  obligé  de  Jevèr;  mais  enfin  Soliman,  Sultan 
de  la  même  dynafliç  ,  l'emporta  Tan  929  de 
THégire ,  qui  eft  de  J.  C.  152a. 

ROHBAN.  Ceft  le  plurier  de  Raheb ,  qui 
fe  prend  fouvént  z\\  fingulier  pour  fignifier  un 
homme  qui  craint  Dieu ,  &  en  particulier  pour 
un  Moine  ou  .Religieux  Chrétien,  engage  par 
des  vœux  au  fervice  de  Dieu  :  car  quoique  les 
Mufulmans  aient  pljjfieurs  Sofis  ou  Derviches , 
qui  font  des  des  efpéces  de  Religieux  parmi  eux^ 
néanmoins  ils  n'en  ont  point  qui  fdient  attachés 
à  aucun  Ordre  ou  profefîion  par  des  vœux.  Ils 
ont  même  une  Tradition  qui  porte  que  la  roh-^ 
banidê  fil  eflam  ,  >}  il  tiy  a  point  de  profeflîon 
monaftique  dans  le  Mufulmanifme  «. 

he^  Mufttlmanv  donaent  ordinairement  le  nom 


ji  B  I.  B  .1  I  o  T  lï  ï:  Q  V  E 

de  Rohban  à  tous  ces  faints  Perfonnages  qui 
yivoient  retirés  dans  les  provinces  qu'ils  fubju- 
guoient  au  commencement  du  Miifulmanîfme", 
parce  qu'ils  les  confidéroierrt  avec  -rai fon  comme 
ides  Religieux'oorAnjichorete^  Chrétiens.  •  '- 

'    Akhbdr  Al  •  Rohban  belaitnam.    Ce  font  lèi 

yfies  des  anciens  Pères,  :>  -^  î 

'     -  .   ....     :     .    .  —. 

-  ROKH.  Ce  mot  %nifie  dans  la  langue  des 
anciens  Perfans  un  vaillant  homme  qui  cherché 
ides  aventures  de  guerre  ^  un  Héfos  ,  &  ce  qu'ori 
appeloit  .auttefdis  dans  nos  Romans  un  Pnu± 
&  un  Chevalier  errant,  C'^ft  d'oii~  vient  le  nbni 
de  Roch  dans  les  échecs ,  dont  le  jeu  eft  venu 
de  Perfe  parmi  nous.  Les  Efpagnols  l'appel- 
lent El  Rocc'o ,  &  les  Italiens  Rocca  ;  &  parce 
que  ce  mot  Italien  fignifieauflî  une  roche  &  une 
fortereffe ,  nous  avons  donné  le  nom  de  Tcuir 
dans  notre  jeu  des  échecs  à  cette  pièce. 

Genk  doua^deh  Rokh,  La  Guerre  des  douze 
Rokhs  ou  Héros.  C'eft  le  nom  qui  a  été  donné 
i  un  fameux  combat  qui  fe  fit  entre*  douze  Ira- 
niens ou  Perlans,  &  autant  de  Touranièns  où 
Turcs.,  qui  kivoienît'été  çhoîfis  erttre  le$  plus  bta* 
ves  des  deux  armées  de  Caïkhofrbu  Roi  de  Perfê^ 
&  d'Afrafiab*  Roi  du  Turqueftàn ,  pour  décider 
du  fort  de. ces  deux  nations;  &  ce  fut  dans  cô 
combat  que  U  vâleujr  inyihcîbje  de  Rdftam  em^ 
porta  toute  Lt  gloire  &  tout  lavîantage  du'côtë 
des  Perfans.    '    -  .  :     •/      *^, .  ^      •    •     .; 


1.    r»        .    r«      ^  f  »\ 


-    ROSCHD.    Abaul  Vàîjd  Moliamme*  BeÀ 

Ahmed,  appela ■cOrn'mufi'érncnt  Ehn  Rcfclïâ.ifeA 
celui  que  nous  appelons  &tAimTktttiè\\x'Av&rci^s^ 


Orienta -L  "t.  j  f 

a  caufe  que  lés  Juifs  l'ont  nunnmé  dans*  Teurf 
Livres  &  dans  leurs  Traductions  Aben^  ou  Aver^ 
Rofched.  ..*.., 

Ce  Perfonnage,  qui  a  pafle  poiir  iin  des  plus 
habiles  Docteurs  en  Philofophie  &  en  Médecine 
que  les  Arabes  aient  eus,  étoit  natif  de  Cordoue 
en  Espagne,  &  il  mourut  l'art  de  IHcgire  595, 
qui  eft  de  J..C.'i  198. 

Averroès  eft  le  premier  qui  ait  traduit  Ariftote 
de  Grec  en  Arabe,  avant  que  les  Juifs  en  euf- 
fent  fait  leur  veifion,  &  nous  n'avons  en  lonp-'  ^ 
temps  d'autre  texte  d'Ariftote  que  celui  de.  \v 
verfion  latine,  qui  fut  faite  fur  la  verfion  Ara- 
bique de  ce  grand  Philqfophe ,  qui  y  a  ajouté 
enfuira  de  fort  amples  Commentaires,  dont' 
Saint  Thomas  &  les  autres  Scholaftiques  fe  fontr* 
fervis  avant  que  les  originaux  Grecs  d'Ariftote  ^ 
&de  fes  Commentateurs  nous  euffent  été  connus. 

ROSTAM  ou  RUSTEM ,  que  les  Perfans 
appel/ent  auflî  Rojiam  Dajlan ^  c'eft  à-dire  le 
Rojtam  deS'HiJlolres  fabuleufes  ^  &  RoJlam^Za^ 
beli  y  parce  qu'il  étoit  originaire  &  Gouverneur 
du  pays  de  Zableftan. 

Ce  Perfonnage  eft  le  plus  grand  &  le  plus 
fameux  des  Héros  de  la  Perfe.  Il  étoit  fils  de 
Zal  ou  Zalzer ,  &  petit-fils  de  Sam  fils  de  Ne-^ 
riman..  Les  Perfans ,  pour  lui  donner  une  ori'. 
gine  encore  plu^  noble ,  difenr  qu'il  defcendoit 
de  Mamoun  fils  de  Benjamin  fils  du  Patriarche 
Jacob. 

•  Ses  plus  grands  faits  d'armes  font  la  délivrance 
de  Caï  Caous  II,  Roi  de  la  dynaftie  des  Caïa- 
nîdes,  qu'il  tira  des  prifons  de  Zoukaga^ar  Koi 

Tome  V.  If* 


;4        Bibliothèque 

d'Arabie, '&  celle  de  Siavéfch  fon  fils,  qu'il  gn.^ 
rantit  des  embûches  que  lui  avoir  dreflees  Sau- 
dabah  fa  belle-mere. 

Il  vengea  enfuite  la  mort  de  Siavéfch  ,  qui 
4voit  été  tue  dans  le  Turqueftan ,  en  pillant  & 
ravageant  mille  parafanges ,  ou  deux  mille  lieues 
de  ce  pays^là ,  &  en  faifant  mourir  Saudabah ,  qui 
avoic  accufë  fàuifement  Siavéfch  d'avoir  attenté 
à  fa  pudicité. 

Le  même  Roftam  défit  enfuite  à  plate  cou«- 
ture  Afrafiab  Rbi  du  Turqueftan ,  quoiqu'il  eût 
pint  à  fes  Turcs  les  troupes  innombrables  da 
naï  ou  Roi  des  Indes ,  &  celles  du  Khakan  ou 
Roi  du  Khathaï ,  qu'il  fit  £bn  prifonnicr,  &  con- 
traignit Afrafiab  d  accepter  la  paix  aux  cbndi^ 
lions  qu'il  lui  offrit. 

Cependant  Caïcaous  n'ëtant  pas  content  de  cet 
accord ,  Roftam  tomba  dans  fa  difgrace  ,  &  fut 
obligé  de  fe  retirer  dans  le  'Segeftan  &  dans  le 
Zableftan,  où,  s'étant  cantonné,  il  refufa  d'embraf- 
fer  la  Religion  de  Zoroaftre  ou  le  Magifme ,  que 
le  Roi  Caïcaous  lui  avoit  fait  propofer. 

Caïcaous  ayant  appris  la  réfiftance  que  Roftam 
faifoit  à  fes  ordres,  lui  envoya  fon  fils  Asfendiar 
pour  le  porter  à  l'obéifiànce.  Asfendiar  eut  plu^ 
iieurs  conférences  fur  ce  fujet  avec  Roftam,  dans 
lefquelles  ne  pouvant  rien  obtenir  de  lui  par  fes 
difcours  ,  il  fallut  terminer  cette  atfi&ire  par  un 
combat  fingulier.  Ce  fameux  duel  d' Asfendiar  & 
de  Roftam  dura  deux  jours ,  &  les  Romans  de 
FOrient  font  pleins  des  faits  d'armes  extraordi- 
naires de  ces  deux  Héros.  Mais  Asfendiar 
y  fuccomba  enfin  ,  ayant  reçu  un  coup  de 
raieau  de  la  main  de  Roftam ,  qui  s'était  ap« 


O  k  1  t  N  T  A  LE»  j^ 

perçu  qu'Asfendiar  avoit  un  charme  contre  lei 
flèches. 

La  valeur  &  là  bravoure  de  Roflam  fit  d*Às* 
fendiar  font  encore  aujourd'hui ,  parmi  les  Orien- 
taux, l'exemple  &  le  modèle  de  la  vertu  milî- 
t^re  :  les  plus  grands  Rois  de  TOriedt  ne  de* 
dafg^nent  pas  d'être  compares  à  ces  deux  Hëroâ> 
de  même  que ,  parmi  nous ,  les  noms  iAlexan-^ 
dre  &  de  Céfar  font  employés  quand  il  s'agit  de 
louer  les  vertus  militaires  de  nos  rrinces. 

Ces  Hifloires  fabuleufes  d'Asfendiar  &  de  Roi[l 
tam  ont  été  rejetées  &  réprouvées  par  Maho- 
met ,  à  caufe  de  la  comparaifon  que  les  Arabes  en 
faifoient  avec  celles  qu'il  leur  racontoit  ;  car  fei 
Auditeurs  lui  difoient  fouvent ,  eue  les  Hiiloires 
que  Nafler  leur  avoit  apportées  ae  Perfe  étoient 
beaucoup  plus  belles. 

Le  furnom  de  Htmten ,  c'eft-îl-dîre  un  autre 
Joi-même  ^  fut  donné  à  Roflam  pa/1Caïcaou$ , 
avant  qu'il  fût  tombé  dans  fa  difgracé.  Il  y  a  ce- 
pendant des  Auteurs  qui  lifent  Tchoumten  ,  qui 
ngnifie ,  difent-ils ,  en  Peifîen  ,  corps  de  bronze* 
Mais  il  y  a  apparence  que  le  premier  mot  eft  plut 
correél  que  lé  fécond. 

La  mort  de  Roftam  arriva  par  les  -embûches 
que  lui  dreffa  Bahaman  £ls  d'Asfendiai:* 

ROSTAM  BEG  ou  ROSTAM  MIRZA, 

C*eft  le  nom  d'un  iîls  de  Macfoud  fils  de  Haf- 
fan  B^ ,  dit  HafTaa  Al  Thaouil  ou  Uzun  Hai*-^ 
fan ,  que  nous  appelons  ordinairement  U^unt 
Caffan. 

Ce  Prince  efl  le  cinquième  Sultan  de  la  dy« 

naflie  des  Turcomans  du  Mguton  Blanc  .  qui 

C..     •    • 


1^  B  1  B   L  ï  O   T  H  E  Q  ir  E 

s'ëtoît  faifi  de  la  ville  de  Tauris ,  dès  le  règne  it 
{on  prédécefleur  coufin-germain  Baïfangor ,  fils 
;de  Jacob ,  &  petit-fils  de  HafTan  Beg ,  .&  y  déli- 
vra les  deux  enfans  de  Scheikh  Haïdar,  qui  J 
ëtoient  prifonniers. 

Ces  deux  enfans  de  Haïdar  étoient  AU  Mirzâ , 
que  Ton  nommoit  auflî  Ali  Pacha  ,  &  fon  frerô 
Ifmaël,  qui  fut  nommé  depuis  Schah  Ifmaël  & 
Ifmaël  Sofi.  Roftam  Beg  prit  Ali  ,  qui  étoit 
l'aîné  ,  avec  lui ,  pour  faire  la  guerre  à  Baifangor  , 
qui  s'étoit  retiré ,  après  la  prife  de  Tauris ,  dans 
Berdâa.  Ce  fut. dans  la  plaine  de  cette  ville  qu'il 
fe  donna  un  très-rude  combat  entre  ces  deux 
Princes.  Baïfangor  y  fur  tué  ,  &  Ali  Mifza  ,  qui 
avoit  'eu  grande- part  à  la  vifloire,  obtint  aifé- 
Xnent  de  Roftam  la  permiffion  de  retourner  à  Ar- 
debil ,  fon  pays  natal  &  celui  de  toute  fa  fa- 
mille ,  d'où  il  avoit  été  tiré  avec  fon  frère. 

Roftam^eg  n'eut  pas  plus  tôt  accordé  ce  con^é 
à  Ali  Mirzâ  ,  qu'il  s'^n  repentit ,  &  qu'il  marcha 
à  la  têie  de  fon  armée  v«s  la  ville  d'Ardebïl  , 

Sour  fe  rendre  maître  ie  la  perfonne  d'Ali  & 
e  celie  d'Ifmaël  fon  frère.  Ces  deux  frere« 
donnèrent  bataille  à  Roftam  Beg.  Ils  furent  ce- 
pendant tous  deux  vaincus.  Ali  Mirza ,  l'aîné ,  y 
fut  tué  ;  mais  Ifmaël ,  le  plus  jeune  ,  fut  afïez 
heureux  pour  fe  fauver  dans  la  province  de  Ghi- 
lati ,  où  ceux  qui  y  gouvernoient  pouriors  lui 
donnèrent  une  fijpuiflanîe  protection  ,  qu'il  ne 
fut  pas  poffible  à  Roftam  Beg  de  le  tirer  de  leurs 
mains.  C'eft  ce  même  Ifmaël  qui  fut  depuis 
le  Fondateur  de  la  dynaftie  des  Haïdarieos  ou 
Sofis ,  qui  régnent  encore  aujourd'hui  en  Perfe. 
L  ajft  902  de  l'Hégire  ,  Ahmed  Beg  ,  i^g 


I 

i 


V 


O  R  ï  1  N  T  A   L  î.  J-y 

d'Ogourlu ,  autre  petit-fils  d'Uzuni  Caflan  ,  yint 
à  Tauris  pour  attaquer  fpn  cojufîn-pèrmain  Rof- 
tam  5  qui  avoit  autrefois  chaiTé  auffi  Baïfangor , 
qui  étoit  aufli  (on  coufin-geripain.  Roftam  vint 
au  devaat  d'Ahmed ,  &  lui  livra  bataille  :  mais 
ayant  été  défait,  il  fut  contraint  de  fuir  dans  le 
Gurgiftan  ou  Géorgie  ,  où  il  fut  tué  ,  après  avoir 
régné  cinq  ans  &  nx  mois  ,  félon  Khondemir. 
Ce  fut  Ahmed  Beg  Ben  Ogourlu  ;  fort  vain-, 
queur  ,  qui  lui  fuccéda  dans  les  Etats  que  les 
Princes  de  la  famille  du  Mouton  Blanc  pofle-^ 
doicnt ,  Tan  904  de  THégire,  félon  Giannabi. 

ROSTAMFEROXHZ AD.  Nom  du  Générât 
de  l'armée  des  Perfans ,  qui  perdit  la  bataille  de» 
Cadefie  ,  Tan  1 5  de  THégire ,  fous  le  règne  d'Iez- 
'  degird*  dernier  Roi  des  dynafties  de,  rerfe  qui 
ont  précédé  le  Mahométifme^  &  fous  le  Khali*-, 
fat  d-Omar,  premier  d\k  nom» 

ROSTAMJAH  &  BANOU  ROSTAM.  La» 

dynaftie  des  Roftamites.  C  eft  le  nom  d'une  fa-^ 
mille  qui  régna  en  Afrique  environ  cent  trente 
ans,  &  qui  finit  avec  celle  des  Aglabites  fous. 
Obeïdallah ,  dit  Al  Mahadi ,  qui  fe  rendit  maître 
ajbfolu  de  ce  pays-là. 

Ces  deux  ramilles  des  Roftamites  &  des  Agla- 
bites tiroient  leur  origine  de  deux  Gouverneurs , 
que  les  Khalifes  Abbàilides  avoient  envoyés  pour 
commander  dans  cette  province. 

ROUH ALLAH.    L'Efprît   de  Dieu.   Ceft 
Tcpithete   que   les  Mufulmans  donnent    à  Jé-^ 
ii)s  -  Cbrift .  fuivant  ce  que-  Mahomet  dit  luî^ 

Cuj 


j8        BiBtioTirrQUÉ 

xnéme  dans  fon  Alcoran ,  où  il  ne  fe  contente 
pas  de  dire  ,  en  parlant  de  J.  C.  &  de  fa  Naif^ 
fance ,  que  Dieu  ,  Alcâho  be  Miriam  y  Immijît 
illum  in  Mariam  ^  »  le  tranfmic  &  Tincorpora 
dans  Marie  «.  Mais  il  ajoute  encore  que  Jefus- 
Chrift  cft  lui-même  lEfprit  de  Dieu;  Vahou 
Rouh  allah  •  termes  dont  les  anciens  Pères  Grecs 
&  Saint  Chryfoftome ,  entre  les  autres ,  s  eft  fervî 
pour  exprimer  le  Verbe  de  Dieu. 

Rouhallah  eft  auflî  le  furnom  d* Ahmed ,  dit 
Ben  Rouhallat ,  fils  de  Rouhallah ,  qui  mdtiruc 
Tan  1 099  de  THégire ,  &  qui  a  ëcrit  un  Com- 
mentaire fur  les .  Anouar  Al  Beïdhaoui ,  qui  eft 
une  Expofition  de  TAlcoran  ,  faite  par  le  Doc* 
teur  Beïdaoui« 

ROUI  ZEMIN.Cemot^quifignifie  enPerfîen 
le  vifage  contre  terre ,  eft  la  formule-  dobt  on 
fe  fert  en  Pcrfe ,  dans  les  lettres  que  Ton  écrit 
au  Roi ,  pour  exprimer  le  refpeél  qu'on  lui  doit, 
&  ce  que  l'on  pratiqueroit ,  ielon  la  coutume ,  ii 
Ton  étoit  admis  à  fon  audience. 

Cette  même  ce'rémonie  s'appelle  auffi,  dans  la 
même  langue ,  Pabous  ,  le  baifer  des  pieds ,  pa- 
roles que  les  Turcs  ont  empruntées ,  &  qu'ils 
appellent  auffi  Khahi  paï\  qui  Signifient  dans  la 
même  langue  Perfienne,  la  pouffiere  des  pieds. 

ROUM.  C'eft  le  nom  que  les  Arabes  &  autres 
Orientaux  ont  donné  aux  pays  &  aux  peuples 
que  les  Romains ,  &  enfuite  les  Grecs  &  les 
Turcs  ont  fournis  à  leur  obéi/Tance. 

Il  faut  pourtant  diflinguer.les  deux  fignifica* 
tiens  que  ce  mot  peut  avoir  j  car,  outre  celle- 


Pi 


O  R   t  E  N  T  A   L  E.  J^ 

générale,  de  laqueUe  on  vient  de  parler  ,  Ëbn 
Al  Ouardî,  dans  fa  Géographie  intitulée  Kheri- 
•  dat  Alâ^iaib^  en  donne  une  particulière  :  if 
dit  que  le  ^ays  de  Roum  commence  à  î'Océàrt 
Atlantique  ou  Occidental  ,  &  comprend  le 
pays  de  Gialaleca  ,  la  Galice  ;  Andalous ,  l'Efpa- 
gnc  ;  Afranffiah  ,  la  France  ;  Roumîah  ,  TltaHe  ; 
Nemfiah  ,  i  Xllemagne  j  Leh  &  Tcheh ,  la  Po- 
logne &  la  Bohême  \  Inkitar,  TAiigleterre  ;  Ma- 
[iar ,  la  Hongrie  ,  jufqu  a  Conftantinople  &  au 
^ont  Euxin ,  par  où  il  joint  le  pays  de  Secalebah 
ou  flaves  &  Efclavons,  qui  confinent  avec  les 
Ruffes  ou  Mofcovitcs  ;  &  enfin,  le  pays  dit  en- 
core plus  proprement  Roum,  Romaniah  &  Rou- 
ïuîlian ,  qiii  eft  la  Thrace  &  la  Grèce  d'au- 
jourd'hui. 

Ce  même  Auteur,  qui  écrivoit  Tan  3S5  de 
rHégite,  qui  eft  de  J:  C.  995,  dèt  que  l'Empire 
des  Romains ,  dont  Conftantinople  étoît  la  capi-^ 
taie ,  comprenoit  dans  fon  étendue  plufîeufâ  na- 
tions de  différentes  langues ,  qui  ne  reconnoif- 
foient  ga'un  feulChef  &  Empereur,  par  oti  il 
paroîc  qu'il  entend  parler  feulement  ae  TEuropé^ 
&  des  Chrétiefts. 

LAuteur  du  Matfahat  alardh,  TEtendue  de  la: 
terre,  écrit  dans  le  fécond  Traité  de  fa  Géo- 
graphie, que  le  pays  de  Roum,  dans  lequel  iî 
comprend  feulement  une  partie  de  TAfie  Mi- 
neure ,  a  à  fon  occident  Knalig  Al  Conftantini  ^ 
le  canal  de  la  hier  Noire  ;  \  fon  niidi  BeUd 
Scham  &  Bèlad  Gezirah ,  qui  font  la  Syrie' ,  là 
Méfopotamie  ,  Arminiah  ou  TArméniè  ;  au  le- 
vant &  au  feptentrion ,  Belad  Kurg ,  qui  eft  11 
Géorgie^  &  feahr  Bontos,.le  Pôrrt  Euxiff  ;  & 

C  iv 


^40  BlBLlOTftEQVlf 

qu'au  milieu  de  ce  pays  de  Roum  eft  Oebal. 
Carmen  ,  la  montagne  de  Caranianie  ,  c'eft-k- 
dire  Iç  mont  Taurus ,  qù  habitent  plufieurs  fa- 
milles Turques  &  Turcomanes,  dont  la  chaîne 
3  étend  depuis  Tharfou» ,  qui  eft  Tharfe  en  Cili- 
cie,  jufqu'à  rHellefpont.  Et  c'eft  dans  ce  pays 
4e  Roum  très  proprement  dit  que  régnoient  les 
Sultans  de  la  dynafiie  des  Selgiucides,  appelés par> 
les  Arabes  Selagekah  Roum  ^  les  Selgiucides  de 
Boum  ,  &  d'où  Tes  Turcs  Ottomans,  qui  régnent 
aujourd  hui  à  Conftantinople  ,  ont  pris  leur  ori- 
gine ,  ce  qui  fait  que  Jes  Perfans  &  les  M^ols 
aux  Indes  appellent  les  Turcs  encore  aujour^ai 
Houmi  ^ 

Les  Auteurs  Mufulmans  difent  que  Roum  , 
qui  a  donné  le  nom  à  ce  pays-là  étoit  un  des 
çnfans  d  Aïs ,  qui  eft  Ef;^ii  ou  Edom  ;  ce  qui  fait 
dii'e  à  Hamdi  Tchelcbi  dans  fon  Hiftoire  de  Jo- 
ieph  ^  de  ZuTikha,  e'crire  en  Turc,  que  Dieu 
donna  plufieurs  enfans  à  Efau,  &  qu'il  y  en  eut 
un  d'entre  eux,  nommé  Roum,  qui  a  douné^fon 
nom  à  tous  les  Roumilar ,  c'eft-à-dire  à  tous  les 
Grecs  &.  Romains,  &  que  les  Princes^ fouve- 
rains  de  ces  nations  ont  porté  le  (itre  de  CaiaJ^ 
y^fr^/f  >  c'eft-à-dire  ,  de  Céfars, 

Cette  dçfcerdince  ou  généalogie  tirée"  d!Efaiîy 
jn*t;ft  p. s  dç  l'invention  des  Mufulmans  ;  ce  font 
les  Juifs  les  p»emiers  qui  l'ont  fabricjuée  en  ' 
hainç  (îe  Chréritns;  carjls  leur. ont  donné  le 
nom  à'ifavites  ow.  à^fldomites\  &  ont  porté 
Itur*;  biofphêmes  |uTqu'à  di^re  que  lame  d'Efaii 
ou  'c:THom  éioit  pafîee  en  la  p^rfonne  de 
Jefij^-Oi.'ift. 

JLes  Arabes  appelle;it  ordinairemenç  les  Greci 


Orientale.  41 

&  les  Romains  Bani  Asfar^  les,  Enfans  ou  la 
Pojiérité  du  Blond ^  mot  qui  eft  tiré  de  la  fîgni* 
Êcatioh  Hébraïque  d'Edom. 

On  peut  ajouter  ici  que  les  Orientaux,  &  par- 
ticulièrement les  plus  favans,  diftinguent  entre 
les  anciens  Grecs  qui  avoient. leurs  ijois  ou  leur 
gouvernement  panicuîier,  &  ceux  qui  ont  été 
joints  &  fournis  à  TEmpirè  Romain  :  car  ils 
appellent  le-  premiers  lounan ,  loues  ,  de  Javan , 
&  i\%  donnent  à  ceux-ci  le  nom  de  Rcum. 

R  OU  MI  AH.  Ceft  ainfî  que  les  Arabes 
appellent  la  ville  de  Rome,  qu'ils  di.fent  avoir 
été  bàiie  par  Roumioùs,  qui  eft  Romulus,  fuc- 
ceifeur  de  Latinous ,  un  des  defcendans  d'Edom 
ou  d  Efaii. 

Les  Orientaux  croieht  ^  en  fuivant  la  Tradi- 
tion des  Juifs ,  que  les  d:fcendans  d  Efaii  ou  les 
Edomites  &  Idume'ens  pafTerent  en  Grèce,  & 
de  là  en  Italie  du  temps  d'Abdon ,  Juge  des 
J/raçlites. 

Quelques-uns  d'entre  eux  veulent  que  Vefpa- 
fien  y  &  par  conféquent  Titus  fon  fils ,  était  de 
la  race  de  Zepho  fils  d'Eliphaz  fils  d'Efalu 
Mais  c'eft  une  rêverie  des  Rabbins,  qui^veulent 
appliquer  toutes  les  prophéties  qui  parlent  de 
la  deftrucîîion  d'Edo^  ou  des  Iduméens  ,  à  la 
ruine  totale  de  la  ville  de  Rome.  C'eft  ce  qui  fait 
oue  les  inémes  Juifs  appellent  l'Empire  Romain 
oc  tous  les  Etats  qui  en  ont  été  depuis  démem- 
brés, Malcbut  Edonij  le  Règne  ou  le  Royaume. 
des  Iduméens  ;  &  qu'ils  nomment  auflî  l'état 
malheureux  dans  lequel  ils  fe  trouvent  aujour-^ 
4huiparmi  les  Chrétiens  ^  la  Captivité  d* EdovK 


42        Bibliothèque 

Les  Chrétiens  Orientaux  marquent  la  fonda- 
tion de  Rome  fous  le  règne  d'Ezéchias  Roi  des 
Juifs, ^ quoique  ,  félon  h  plus  véritable  chrono- 
logie ,  elle  tombe  fous  le  règne  de  Jotbafn ,  la 
première  année  de  la  feptieme  Olympiade ,  plu$ 
de  trente  ans  avant  le  règne  d'Ezéchias. 

Il  y  a  encore  un  autre  Roumiah,  qui  eft  la 
nouvelle  ville  d'Antioche ,  que  Khofroës  ,  dit 
Noufchirvan  ^Roi  de  Perfe,  fit  bâtir  auprès  ^e  la 
ville  deMadaïn>  &  qu'il  peupla  des.  habitans  de 
lancienne  ville  d'Antioche  ,  qu il  avoit  prifç  & 
dëfolée. 

ROUS.  Nom  du  huitième  fils  de  Japhet,  fils 
de  Noé ,  duquel  la  Ruflîe,  que  nous  appelons 
aujourd'hui  Mojcovie ,  a  pris  fon  nom. 

Mirkhond  écrit ,  tîans  la  Généalogie  qu'il  nous 
a  donnée  des  Mogols ,  ancêtres  de  Ginghizkban  , 
que  Rous  étoit  d'une  humeur  bien^  oppofée  à 
celle  de  fon  frère  Khozar  :  car  celui-ci ,  qui  avoit 
en  partage  la  grande  campagne  de  Kipchak,  qui 
s*étend  au  deflus  de  Ta  mer  Cafpienne ,  au  delà 
du  fleuve  Etel  ou  Volga ,  étoit  d'une  humeur 
fort  paifible ,  au  lieu  que  Rous  étoit  d'un  natu- 
rel fort  inquiet  &  turbulent.  En  effet ,  celui-ci  ^ 
ui  pofîedoit  les  terres  d'en  deçà  de  l'EteF,  fai- 
ble fouvent  des  courfes  au  delà  de  te  fleuve  ,  fur 
celles  des  Khozariens  ;  en  forte  que  Khozar  fut 
obligé,  pour  vivre  en  paix  avec  fon  frere\  de  lui' 
céder  toutes  les  ifles  de  ce  grand  fleuve  qui  fe 
décharge  dans  h  mer  de  Khozar  y  que  nous  ap- 
pelons  Cafpienne. 

Rous  fit  femer  dans  toutes  ces  ifles  le  bled 
que  nons  appelons  de  Turquie ,  &  que  les  Turci 


?< 


Orientale.  43 

appellent  encore  aujourd'hui  en  leur  langue  du 
nom  de  Rous  &  Boulgar ,  ôc  fit  publier  dans  fes 
Etats  des  loix  fort  iniques ,  auxquelles  il  obligea 
tous  fes  fujets  de  fe  foumcttre  ;  &  une,  entre  les 
autres,  qui  ôtoit  aux  enfans  mâles  la  fucceilîon 
aux  biens  de  leurs  pères ,  laquelle  il  tranfmit  aux 
filles ,  &  il  introduifit  la  coutume  de  mettre  une 
epée  à  la  main  des  garçons ,  auffi-tôt  qu'ils  étoient 
en  âge  de  la  porter,  &  de  leur  dire  ces  paroles  ; 
*  Voici  votre  héritage  «. 

PI  ufieurs  confondent  les  peuples,  appelés  Rous 
avec  les  Bulgares.  Mais  Ebn  Al  Vardi  écrit 
que  ce  font  deux  nations  différentes,  &  que  les 
Bous  chaflerent  les  Bulgares,  s'établirent  dans  la 
Mœfie  ,  que  Ton  appelle  encore  aujourd'hui 
Bulgarie  ^  dont  la  capitale  eft  la  ville  de  Sofiah, 
qui  eft  préfentement ,  avec  tout  le  pays  de  Bul- 
gares, fujette  aux  Turcs. 

Les  Rous  oiu  Ru/Tes  avoient  dès  auparavant, 
favoir,  Tan  329  de  1  Hégire ,  attaqué  Conflan* 
tinople  ,  fous  le  Khalifat  de  Moàlafi  ,  &  fous 
TEmpire  de  FJomanus.  Nos  Hiftoriens  les  appel- 
lent ordinairement  Bulgares,  Mais  ils  furent  vi- 
vement repoufles,  &  enfuire  défaits.  Enfin,  ces 
mêmes  Rufles  ou  Bulgares  furent  contraints  par 
l'Empereur  Bafile ,  Tan  379  de  l'Hégire ,  qui  eft 
de  J.  C.  989  ,  de  faire  la  paix  avec  les  Grecs ,  & 
cet  Empereur  donna  fa  propre  fœur,  en  mariage 
à  leur  Roi^  qui  emhrafTa ,  lui  Se  toute  fa  nation , 
.  la  Religion  Chrétienne. 

Ebn  Al  Vardi  dit  que  Jes  RuiTes  font  un^t 
nation,  ençathàat  men  AI  Turc^  qui  eft  féparée 
de  celle  des  Turcs  Orientaux  ,  &  qui  habitent 
entre  les  pays  de  Roum  &  de  Khozar ,  confinant 


+4  BlBtlOTIIEQUE 

avec  les  Boulgars  &  le  Secaleba ,  qui  font  les 
Bulgares  &  les  Efclavons  »  qui  habitoient  autre- 
fois le  loii^  des  rivages  de  l'Erel  ou  du  Vulja. 
Et  ce  même  Auteur  ajoute ,  que  c'eft  cette  même 
nation  qui  porie  le  nom  de  Benageca,  d'où  les 
Tjriircs'du  JJudziak  ont  peut-être  auffi  prit, 
leur  nom. 


Orientale. 


^  A^-^eJéé  €^ 


45 


s  A  AD  AL  MOLK  AL  AOUGI.    Ceft  le  . 

xiom  d'un  Vifir  de  Mohammed  Ben  Malek 
Schah  ,  Sultan  de  la  race  des  Selgiueides ,  lequel 
fut  mis  à  mort  pour  avoir  voulu  faire  empoilon- 
ner  fon  jmaître. 

• 

SAAD  BEN  MOZAFFER  ou  MODHAF- 
FEKEDDIN,  &  SAAD BEN  ZENGHI.  Ceft   - 

Je  nom  d'un  Prince  de  la  dynaftie  des  Atabekhs  ^ 
de  riran  où  de  la  Perfe,  auquel  Sâdi  Al  Schî- 
razi  a  dédié  fon  Guliftan.  Ce  Prince  a  voit  e'të 
Aiabek  ou  Gouverneur  du  Sultan  Sangiarje  Sel- 
giDcide ,  &  devim  enfuite  Roi  de  Schiraz  &  de 
la  province  de  Perfe  proprement  dite. 

SAADEDDIN   BEN  HASSAN.    Ceft  le 

nom  du  plus  célèbre  &  du  plus  éloquent  de$ 
Hiftoriens  Turcs;  il  fut  Précepteur  du  Sultan 
'  Morad  Ben  Selim  ou  Amurat  troifieme  du  nom, 
&.  parvint  depuis  à  la' charge  de  Moufti.  On  Rap- 
pelle ordinairement -ST/zi^z/jg^A  ou  Khogîa  Efendl^ 
&  il  a  compoféen  langue  lurquefque  ,  d'un  ftyle 
nès-élée^ant ,  le  Livre  intitulé  Tag'al  Taouarihh 
ou  al  Tevarihh ,  comme  le  prononcent  les  Turcs , 
qui  eft  une  Hiftoire  des  Sultans  Orbmanides  , 
depuis  la  fondation  de  leur  ^dynaftie  jufqu'à  Soli- 
man premier  du  nom. 

SAADEDDIN.   Surnom   de  Maffôad  Beii 
Ali  Al  Abeheri.  Ce  perfonnage  écoit  en  grande 


46        Bibliothèque 

cftime  auprès    de  Tagafch  ou  Togufch  khan, 
Suîran  de  la  dynaftiedes  Khouarezmiens. 

Ce  Sultan  le  donna  pour  Vifir  à  Cothbeddîir 
Mohammed,  (on  fils  ,  qu'il  envoyoit  gouverner 
la  province  de  Khorafan  fous  fes  ordres ,  &  lui 
donna  enfuice  la  même  charge  auprès  d'AIifchalt, 
vui  àç  fes  autres  enfans,  auquel  il  avoit  confié  le 
Gouvernement  du  Gebal  ou  Iraque  P«irfienne- 

Ce  Vifir  ,  à  caufe  de  fes  grandes  qualités^ 
mérita  de  porter  le  titre  de  ce  fameux  Vifir  de 
Malekfchah ,  qui  eft  ordinairement  qualifié  du 
nom  de  Nadham  Al  Molk  ^  ou  Ne^am  El  Mulk , 
quifignifie  le  plus  grand  ornement  de  TEtat.  Il 
fe  déclara  ennemi  capital  des  Ifmaéliens ,  c  efî-à- 
direde  ces  Impies  qui  occupoient  plufieurs  châ- 
teaux très-forts  dans  l'Iraque  Perfienne  ,  &  il 
porta  le  Sultan  Tagafch  à.  employer  toute  fa 
puiiîance  pour  les  exterminer. 

Ces  Ifmaéliens  ,   qui   croient   tous    dévoués 
à   leur  Chef  pour  entreprendre   les  aélions  les 
plus  hardies ,  ayant  été  inforqiés  de  la  mauvaife 
volonté  du  Vifir  à  leur  égard  ,  ne  manquèrent 
pas  de  chercher  Toccafion  de  fe  défaire  de  lui. 
Ils  envoyèrent ,  pour  cet  effet  ,  un  de  ceux  que 
les  Perfans  appellent  Fidaïan,  que  nous  nomme- 
rions AJfaJffins ,  qui  vint  fe  loger  auprès  du  palais 
du  Vifir  Sâadeddin ,  pour  y  attendre  quelque  con- 
joncture favorable  i  fon  pernicieux  deffein. 
)    Il  arriva  ,  peu  de  temps  après  ,  que   le  Vifir 
ayant  deux  ennemis  à  la  Cour  qui  lui  rendoient 
.de   très-mauvais  offices  auprès  du  Sultan  ,  eut 
affez  de  crédit  pour  les  perdre  dans  l'efprit  du 
prince ,  &  obtint  de  lui  le  pouvoir  d'informer 
contre  eux  &'  de  \t%  juger  lui-même.    II  ne  lui 


Orientale.  47 

fut  pas  diiîicile  de  trouver  ie  quoi  les  condam-- 
ner^  &  il  en  faifoit  faire  rexëcution  lui-même, 
lorfque  cet  Aifaffin caché,  qui  épioit  depuis  long- 
temps cette  occafion ,  fe  jeta  tout  dtrn  coup  fur 
lui,  &  le  fie  tortiber  mort  aux  pieds  de  ceux  qu'il 
avoit  deftinés  au  fupplice. 

Kfaondemir  fit  le  Nighiariftan,  qui  rapportent 
cette  hiftoire  ,  difent  que  dans  cette  rencontre  , 
ce  mot  des  Arabes  fut  vérifié  :  Sirro  men  catli 
cation ,  »  le  meurtre  eft  toujours  caché  dans  le 
meurtre  même«. 

SAADI  &  SADI.  C'eft  le  nom  du  plus  cé- 
lèbre Auteur  des  Perfans.  Il  eft  ordinairement 
nommé  Scheïkh  Mojlehedin  Sâadi  Al  Schiraii^ 
&  il  porte  le  furnom  de  Schira^i ,  parce  qu'il 
naquit  dans  la  ville  de  Schitaz  ,  capitale  de  la 

frovince  de  Perfe  proprement  dite,  lan  571  de 
Hégire. 

Ce  Perfonnage ,  qui  menoît  une  vie  4^  Dervi- 
che &  de  Solitaire,  en  païïà  la  plus  grande  partie 
en  voyages.  '  Il  fut  fait  efclave  par  les  Francs 
dans  la  Terre- Sajnie,  &  travailla  en  cette  qua- 
lité aux  fortifications  de  Tripoli.  Un  Marchand 
d'Alep  le  racheta  de  cette  captivité  pour  le  prix 
de  dix  écus  dox,  &  lui  en  donna  cent  autres 
pour  la  dot  de  fa  fi^llê  qu  il  lui  fit  époufer.  Maii 
cette  femme  lui  donna  tant  de  peines ,  qu  il  n*a 

Su  s'empêcher  d'en  faire  connoitre  fon  chagrin 
ans  fes  Ouvrages,  &  particulièrement  dans  foa 
Guliftan. 

Sadi  compofa 5  partie  en  profe  &  partie  en  vers, 
ion  Livre  irkûwxïé'GuttJian.^  Tan  656  d«  rHégire , 


4*  BifiLIOTHEOUf 

année  fatale  au  Khalifat ,  &  quelque  temps  aprèf 
il  publia  fon  Buftan  ,  qui  eft  tout  en  vers,  aufiî 
bien  qu'un  autre  de  fe«î  Ouvrages ,  qui  porte  le 
titre  de  Molamâat.  On  remarquera  ici  feule-» 
ment ,  que  le  mot  de  Guliftan  ngnifie  propre- 
ment en  langue  Perfienne  un  Jardin  ou  Par- 
terre de  fleurs ,  &  que  celui  de  Boftan  fe  prend 
pour  un  Jardin  de  fruits,  &  pour  celui  de  Mo- 
lamâat ;  il  fignifie  en  Arabe,  des  étincelles ,  des 
rayons  &  des  échantillons. 

Lamâi ,  dans  fon  Defter  Lathaïf ,  rapporte  une' 
aventure  qui  arriva^  à  Sadi  pendant  qu'il  voya- 
geoit  dans  fa  jeunefîè  en  habit  de  Derviche.  Il  fe 
trouva  un' jour  fortuitement  dans  le  bain  avec  un 
des  plus  célèbres  Poètes  de  fon  temps,  nommé 
Hemam  Al  Tabriii ,  fans  fe  connuîue  lun  l'au- 
tre. Hemam  ayant  appris  de  Sàdi  qu'il  étoit  na-r 
tif  de  Schiraz  ,  &  lui  ayant  au/îi  déclaré  fon 
propre  pays  natal,  qui  étoit  la  ville  de  Tabriz  oii 
Tauris ,  voulut  le  railler  fur  ce  qu  il  avoit  la  tête 
chauve,  défaut  que  Ton  impute  ordinairement 
aux  gens  de  Schiraz;  &  lui  préfenta  une  tafîe* 
renverfée  ,  en  lui  difant  ces  paroles  :  »  D'où 
vient  que  les  Schiraziens  ont  la  tête  faite  comme 
cette  tafle  »  ?  Sâdi  lui  montra  auffi-tôt  l'ouver- 
ture de  celle  qu*il  tenoit  en  main  ,  &  lui  de- 
manda paf  dérifion  ,  pourquoi  lés  Taurides  ref- 
fembloient  à  ce  qu'il  lui  montroit. 

Sâdi  vécut  jufqu  à  l'âge  de  cent  vingt  ans.,  & 
mourut  l'an  ^91  de  l'Hégire.  Il  fe  ^ante  ,  dans 
•fon  Guliffian  ,  d'avoir  eu  pour  maître  Schehabed^ 
din  dans  la  ville  de  Bagdet. 

.  S-àBA  ou  S^BL  Les  Sabiens  difent  que  Saba 

ou 


Oriental  E.  49 

MiSabi  y  duquel  ils  prétendent  tirer  leur  origine , 
ëtoit  petit-fils  d'Enoch.  .Mais  les  MufulmAns 
difent,  plus  conformément  à  la  Tradiiion  Hé- 
braïque ,  que  Saba  ou  Seba  étoit  fils  de  Cahtaa 
Ou  loi^an  ,  &  petit-fils  du  Patriarche  Heber , 
qu'ils  appellent  communément  Houd  ,  &  ils 
ajoutent  qu'il  fut  Roi  de  Tlémen. 

Les  mêmes  Mufulmans  ou  Arabes  écrivent 
que  Cabtan  ou  lQ<51:an  paiTa  de  la  Chaldée  en 
Arabie  avec  fes  enfans  Hadharmout  y  appelés  par 
les  Hébreux  Ha!(ermavet  ^  Sebar^  Ophir  &  Kha- 
vïlah  ,  &  qu'il  fut  le  premier  père  ou  Patriarche 
de  la  nation  des  Arabes ,  qui  peuplèrent  non 
feulement  les  provinces  comprifes  fous  le  noin 
&  Arabie ,  mais  encore  celles  de  TEthiopie  lit- 
torale ou  maritime, 

Cahtan  ou  Io(3:an  eut  cependant  pn  fils  aîné, 
nommé  lârab  ou  làrob ,  qui  donna  fon  nom  à 
toute  l'Arabie  en  général ,  au  lieu  que  Saba  & 
Hadharmout  ne  laiflerent  le  leur  qu*à  cette^par- 
tie  de  l'Arabie,  que  les  Arabes  appellent  lémen, 
&  que  nous  nommons  V Arabie  Heureufe ,  qui 
furpafle  en  grandeur^  toutes  les  autres  provinces 
Arabiques  ,  telles  que  font  celles  de  Hegiaz , 
Hagiar  ,  Midian ,  Negef ,  &c. 

Il  eft  bon  de  remarquer  ici  que  TEcriture- 
Sainte  ,  en  parlant  des  enfans  de  lodan  ou  Jec- 
tan ,  dans  le  chapitre  10  de  la  Genefe,  fait  bien 
mention  d'un  laré  &  d'un  lobab  ,  ainfi  que 
d*Ophîr ,  de  Hadharmout ,  aue  la  Vulgate  ap- 
pelle Haiarmot ,  &  de  Heviia  ,  qui  eft  le  Kha- 
vila  des  Arabes  ;  mais  elle  ne  parle  point  d'Iàrab 
ou  lârob,  qui  a  été  inventé  par  les  Arabes  ^  & 

Tom^V.  D 


50  BiBLlOTHÏQUE 

peut-être  forme  des  deux  noms  àlarakh ,  qui 
eft  laré  ,  &  de  lobab. 

Saba  a  dotin^  fon  nom  aux  Sabéens ,  peuple 
de  l'Arabie  ,  aflèz  connu  des  Grecs  &  des  Latins. 
C'ëtoit  chez  eux  qu'on  recueilloit  le  meilleur 
encens  de  tout  ce  pâys-là ,  comme  Ton  fait  en- 
xort  aujourd'hui  ^  &  principalement  dans  le  ter- 
roir de  la  ville  de  Mareb ,  que  Ton  prétesd  être 
la  même  que  Saba  avoit  fonde'e.  En  effet ,  le» 
Ge'ographes  Orientaux  difent  tous  unanifhement 
que  la  ville  de  Mareb  s  appeloit  autrefois  Saba  ^ 
&  qu'elle  étoit  dans  les  anciens  temps  la  capi* 
taie  de  tout  le  pays  dlëmen,  de  même  que  celle 
de  Sanâa  ,  où  les  Tobâïs  ou  Rois  de  l'Arabie 
Heureufe  faifoient  leur  rëfidence  ordinaire  , 
l'ëtoit  au  commencement  du  Mufulmanifme. 

Ceft de  cette  ville  de  Saba  que  Balkis ,  que 
TEcriture-Sainte  appelle  la  Reine  de  Saba^îot' 
tit  pour  venir  voir  Salonjon.  Mais  elle  eft  pr#- 
fentement  tellement  détruite ,  que  la  mémoire 
de  fon  nom  s'eft  à  peine  confervee  dans  l' Aralwe.' 

Edriffî  écrit  que  la  ville  de  Mareb  a  porté 
non  feulement  le  nom  de  Saba,  mais  encore 
celui  de  Hadkermoîit ,  &  qu'elle  étoit  bâtie  à 
trois  journées  de  la  ville  de  Sanâa,  à  l'orient  de 
la  ville  d'Aden. 

SABAS.  Les  Arabes  ^  tant  Chrétiens  que  Mu- 
fulmans,  appellent  Anba  Saba^  celui  que  nous 
appelons  orclinairement  Saint  Sabas  ,  Moine  & 
Abbé  de  la  Paleftiné  ,  qui  vivoit  du  temps  des 
Einpereurs  Anaftale,  Juftin  &  Juftinien. 

Ce  faim  homme  fut  envoyé  par  EHe,  Patriar- 
'ché  de  Jérufalem ,  à  l'Empereur  Anaïîafe  >  qui 


O  R  ï  E  K  T  A  L  E*  51 

etort  Eutychien ,  pour  le  ramener  à  la  Foi  Ca^ 
fJiolique.  Le  Patriarche  EUe  le  qualifie  ^  dans  les 
Lettres  de  créance.  qu*il  lui  donna  pour  l'Empe- 
reur ^  V e^vc-elhm  Homme  Sabas  ,  qui  a  converti 
ut»  déferts  en  villes ,  &  qui  eft  l'être  le  plus  lumir 
Aïeux  de  la  Palefline. 

L  Empereur  reçut  fort  mal  d*abord  Saint 
Sabas ,  auquel  on  avoit  déjà  même  refufë  len* 
trée  du  palais  y  à  caufe  de  Ton  méchant  habit. 
Maïs  ce  rrince  Tayant  enfuite  écouté  ^  (t  rendit 
à  fes.  remontrances ,  retourna  à  la  Foi  ortho* 
doxf  ^  &  traita  ù  bien  Saint  Sabas ,  qu*il  voulut 
f avoir  auprès  de  luiper>dant  une  année  entière^ 
après  quoi  il  le  congédia ,  &  lui  ût  donner  de 
groflès  fommes ,  poUr  bâtir  des  monafteres  dans 
la  Faleftine. 

Saint  Sabas  avoit  acquis  une  fi  haute  réputa-»- 
tion  dans  tout  TEmpire ,  que  1  Empereur  Jufti» 
tiien  ,  x^i  fuccéda  ,  après  Jufîia^  à  I  Empereur 
Anaftafe,  remit,  à  fa  prière ,  le  tribut  de  ia  Palef* 
tine ,  dont  les  peuples  avoient  foutfiirl  beaucoup 
des  ravagei  que  les  Juifs  Samaritains  avoienc 
faits  dans  tout  le  pays.  Il  obtint  encore  du  même 
Empereur  des  lommes  Confidérables  pour  rér 
tablir  les  églifes  qui  avoient  été  démoJies ,  & 
pour  achever  la  confirudion  de  celles  qui  avoienC 
été  commencées. 

L'on  donne  ordinairement  à  Saine  Sabas  le 
titre  èi  Abbé  du  Monafiere  nommé  Saïk  alg^did^ 
le  nouveau  Saïk:  c*eà  le  lieu  où  ce  faim  homme 
mourut  âgé  de  quatre-vingt-quatorze  ans,  fous  le 
règne  du  même  Empereur  Juilinien» 

Le  Duché  de  Saint  SfdMi^^  ou  la  Mont^gnt 
Noire ,  qui  eft  proprement  la  Boffine  fupérieure  , 

Dij 


5^  B   I   B   L  I  O  T   H  E  Q  U  K 

eft  appelé  aujourd'hui  par  Jes  Turcs  iiitft 
4jue  par  les  Efclavons,  Hergegovina  &  Her^e^ 
govina.  Cette  province  fut  cônquife  par  Maho* 
met  II ,  Sultan  des  Turcs;  &  un  des  enfans  du 
dernier  Duc  de  Saint  Sabas  s'ëtant  fait  Turc  > 
ëpoufa  une  jBUe  de  Bajazet  II.  C'eft  celui  que 
les  Annales  Turquefques  appellent  Ahmed  Her* 
gek  Ogli ,  qui  fut  tué  dans  une  bataille  que 
Selim,  premier  du  nom,  donna  au  Sultan  des 
Mamelucs  d'Egypte. 

SABELLIOUS  ou  SABALIOUS.  Ceft  le 
nom  d'un  Héréfiarque  que  quelques  Hiftoriens 
Orientaux  difent  avoir  été  Evêque  de  Libye ,  & 
quelques  autres  un  fimple  Prêtre  de  Conftanti- 
nople.  Cet  Hérétique  nioit  la  Trinité,  &  foute- 
noit  que  les  trois  Perfonnes  reconnues  &  ado- 
rées par  les  Catholiques ,  n'étoient  autre  chofe  que 
TExiftencé,  la  Sageflè  &  la  Vie  ,  attributs  pure- 
ment relatifs,  qui  ne  confiituoient  pas  des  per- 
fonnes différentes. 

Cette  héréfie  de  Sabellius  a  été  embraflee  par 
plufieurs  Mahométans  ^  qui  foutiennent  qu'il  n  y 
a  point  d'attributs  diftingqés,  ni  virtuellement , 
ni  formellement  dans  la  Divinité  ,  &  que  0ieii 
ne  fubfifte  point  par  fon  Exiftence  ,  ne  vit  point 
par  fa  Vie ,  &  n'eft  point  fage  par  fa  Sagelïe  ; 
mais  qu'il  fubfîfte ,  qu'il  eft  fage ,  &  qu'il  vit  par 
fa  propre  eflènce. 

La  perfonne  &  l'opinion  de  cet  Héréfîarque , 
qui  vivpit  fous  les  Empereurs  Gallus  &  Yolu- 
fianus,  furent  condamnées  dans  le  fécond  Concile 
de  Conftantinople,  tenafous  Théodofe  le  Grande 


Orientale.  5j*> 

SABI ,  dont  le  plurîer  «ft  Sabiah  &  Sabioun  y 
&  Sabah  en  Arabe ,  &  Sabian  en  Perfien.  C  eft 
le  nom  que  Ton  donne,  non  pas  à  une  nation^ 
telle  qu'eft  celle  des  Sabe'eifs  en  Arabie,  mais  à 
une  neligion  particulière  à  ceux  qui  en  fotit 
profeffion. 

Il  n'eft  pas  bien  certain  en  quai  confifte  prin- 
cipalement la  Religion  des  Sabiens  ;  car  les  fen« 
timens  des  Orientaux  font  fort  diffêrens  fur  ce 
fujet ,  &  nous  .verrons  dans  la  fuite  de  ce  titre 
ce  que  Ben  Schohnah  en  a  recueilli  de  plus  par- 
ticulier. Mais  il  eft  très- confiant  que  cette  Reli- 
gion eft  une  des  trois  auxquelles  Mahomet  a 
donné  des  fauf-conduits ,  &  ^  pour  aipfi  dire ,  fa  , 
proteélion  dansrl^Alcoran.  — 

Ces  trois  Religions  font  le  Judaïfme ,  le  Chrif- 
tianifme  &  le   Sabiifme   :    Mahomet  les  ref- 
peélew,   parce  que   ceux   qui  en  font  profcflîon 
prétendent  avoir  des  Livres  attribués  à.  dea  Pa- 
triarches &  à  des  Prophètes   que  Mahomet  & 
les  Mufulmans  xecoitnoiflent.   Il  faut,  néceiTai- 
rement  diftinguer  ces  Sabiens  d  avet  les  Mages  y 
quoique  plufieurs  les  confondent  ;  car  Mahomet 
û  a  point  laifle  la  liberté  d^  çonfcicnce  à  ceux-qi^ 
a  c^ufe  du  faux  culte  qu'il^  xendoient  an  Ij'eu^ 
non  piûs  qu'aux  autres  IdtoUtres. 

Houffaïn  Vâez  dit  dans  fa  .  paraphrafe  Per^ 
fienne  ,  fur  ces  mots  du  chapitre  2  de  TAlcpran.: 
V  alladin  hadou  v  Al  NaJ/ara  ,  v  Al  Sahiîn\ 
i  &  pour  ce  qui  regarde  les,  Juifs ,.  les  Chré- 
tiens ficles  Sabiens,  otc.  «? ,  que  les  Sabiens  font 
ceux  qui  ont  une  Religion  mêlée  de  diverfes  ob- 
fervances  tirées  du  Judaïfme  ,  du  Chrfftianifme 
oa  du  Mahométifme^  quils  honorent  &  adorent 


/ 


5V  B  I  B  i  f  è   T  H  E   Q  tf  E  , 

pour  amfî  dir^  ,  les  Ariges  j  qu'ils  Hfent  le  Livre 
des  Pfeaumes  de  David,  cjue  les  M.Mfulmans  ap- 
pellent ^eft<?wry;-&  qu'ils  le  tournent  ^çh  priant,, 
tanrô^t  du  côté  du  midi ,  &  tantôt  dç  celui  du 
feptentrion^  C«  même  Auteur  ajouté ,  que  plu- 
fîeurs  "eftiment.  qu'ils  font  Sadduce'ens,  ceft-à- 
dire  ,  qu'ils  ne  croient  point  qu'il  y  ait  une  autre 
vie  après  celle-ci  y  &  qu'ils  rendent  même  un 
culte  particulier  aux  Aftres. 

Il  eft  vrai  que  ces  Sabiens  ont  tiré  plufîeurs 
èbfervances  de  la  Religion  Chrétienne  ;  car  ils 
ont  une  efpece  de  baptême  ,  &  ont  beaucoup  de 
vénération  pour  Saint  Jean  Baptifte^  duquel  ils 
fe  difent  Difciples  ;  &,  en  effet,  ils  fe  qualifient 
du  titre  de  Menddi  lahia  >  qui  fîgnifie  en  leur 
Tangue  y  qui  eft  prefque  toute  Chaldaïque  ou 
Syrienne»  les  Difciples  de  faint  Jean  Baptifte^ 
Le^  Chrétiens  du  Levant ,  ainfî  que  les  Voya- 
geurs, ne  font  point  difficulté  de  les  appeler  le* 
-Ckrétiens  de  Saint  Jeaji^  quoiqu'ils  ne  foieht  rien 
lîToiTïs  y  &  que  leur  baptême  foit  tout  à  fait  illu- 
îoire. 

Ces  Sabiens  ne  lîfent  pa^  feulement  le  21ehour^ 
'«0U  les  Pfeaumes  de  David,  majs  ils  ont  encore 
'«n  hivre  quils  actribuet^r  à  Adam  y  &  qu'ils  re- 
gardent comme  leirr  Bible  ,  dont  les  caraéleres 
font  tout  à  fait  particuliers ,  maif>  dont  la  langue 
eft.pVefque  entièrement  Chaldaïcfue. 

Voyons  maintenant  ce  que  feen  Schohuah  a 
en  de  ph-.s  pfécis  touchant  cette  Stré^e  des  Sa- 
'  Èjens,.  quil  appelle  Sirian  ,.  c'eft  à-dire  Chal- 
déen5  ou  Syriens^  Jî  dit  d^ïbord'  que  ces 
gens  la  font  les  d^'fcendans  de  la  plus  ancienne 
iia.Uo.n  du  monde,  &  qu'ils  parlent  encore  auî* 


Orientale.  55 

jourd'hui ,  au  moins  dans  leurs  Livres ,  h  langue 
jl^'Adam  &  (es  enfans  ont  pariée  i  qu'ils  tien- 
nent leur  Religion  &  leur  Loi  de  ochçïth  & 
id'Edris ,  qui  font  les  Patriarchîes  Seth  &  Enoch, 
dont  ils  prétendent  avoir  encore  aujourd  hui  les 
Livres,  qui  font  pleins  d'inftrudions  morales  pour 
fuir  le  vice  &  pratiquer  la  vertu. 

Les  Sabiens ,  dit  le  même  Auteur ,  prient  Dieu 
fept  fois  par  jour  :  car ,  entre  les  cinq  prières 
qu'ils  font  aux  mêmes  heures  que  les  Muf^Imans 
obferveht  ^  ils  en  font  une  au  point  du  jour ,  &  une 
Septième  après  la  fixieme  heure  de  la  nuit ,  6c 
ils  font ,  dit-il ,  ces  priereç  avec  une  application 
fi  férieufe  &  fi  fervente,  qu'ils  n'y  mêlent  au- 
cune autre  aélion. 

Ils  jeûnent  pendant  le  cours  entier  d  unç  lune^ 
depuis  le  lever  jufçu  au  coucher  du  foleil ,  fans 
manger  ni  boire  chofe  quelconque  ,  Ôc  termi- 
zuînt  toujours  leur  jeune  à  Tentréc  que  fait  le 
foleil  dans  le  figne  du  Bclier ,  qui  çfl  jufiement 
l'équinoxe  du  printepips.    . 

Ils  honoreiît  le  temple  de  la  Mecque,  &  ils 
ont  Jbeaucoup  de  reiped  pour  les  pyramides 
d  Egypte  ,  parce  qu'ils  croient  que  Sahi  y  fils 
d'Edris  ou  d'Enoch  ,  eft  enterré  dans  la  troi- 
fieme.  Mais  leur  principal  pèlerinage  fe  fait  à  un 
lieu  proche  de  la  ville  de  Harran ,  qui  eft  l'an- 
cienne Carrce  y  en  Méfopotamie ,  que  quelques- 
uns  croient  erre  celui  de  la  naiflance  d  Abraham  , 
ou  au  moins  le  lieu  d'où  il  partit  pour  pafleravec 
toute  fa  famille  dans  la  Paleftine.  Quelques-uns 
veulent  auflî  que  les  Sabiens  refpe6lent  particu- 
Jiérement  ce  liculà ,  à  caufe  de  Sabi  Ben  Mari , 
qui  vivoit  du  temps  d'Abraham ,  duquel  ils  tireni: 

D  ir 


t 


56  B  I  B  I  I  O  T  H  E  Q  tr  B 

lus  probablement  leur  nom ,  &  peut-être  lenf 

eligion  y  que  de  Sabi  Ben  Edris ,  c*eft- à-dire  fils 
d'Ehoch,  qui  vivoit  avant  le  Déluge, 

Ben  H.tzem  dit  que  la  Religion  des  Sabiens 
a  e'té  non  feulement  la  première  &  la  plus  an- 
cienne ,  mais  encore  la  feule  Religion  ivt 
monde  ,  jufqu*au  temps  d'Abraham  ,  duquel 
toutes  les  autres  Religions  font  defcenduef« 
Schehereftani  écrit  que  la  différence  qu'il  y  a 
entre  les  Sabiens  &  les  Mufulmans ,  eft ,  que  les 
premiers  donnent ,  entre  les  créatures ,  la  préfé» 
rence  aux  Efprits ,  fa  voir,  aux  Anges  &  aux  In- 
telligences motrices  de  TUnivers  ^  &  que  les 
derniers  la  donnent' au  corps  &  à  la  matière^ 
c'eft-à-dire  aux  hommes,  tels  que  font  les  Patriar- 
ches &  les  Prophètes. 

Ebn  Khalecan  écrit  dans  la  Vie  d'Ibrahim  AI 
Sabi ,  que  les  Sabiens  ne  font  pas  les  Difciples 
de  Zoroaftre ,  que  Ton  appelle  communément 
les  Mages' ou  les  Adorateurs  du  Feu,  mais  qu'its 
font  auflî  anciens  qu'eux,  &  que  les  uns  &  les 
autres  prétendent  tirer  leur  origine  d'Ibrahim  y 
furnommé  Zerda/cht^  qu'ils  confondent  avec  le 
Patriarche  Abraham.  Mais  le  même  Auteur 
ajoute  que  le  mot  de  Sabi  ^klon  la  véritable 
notion  de  la  langue  Arabique ,  fîgnifie  celui  qui 
a  abandonné  la  Religion  de  fes  p<;res,  &  qui  s  en 
eft  fait  une  toute  particulière.  C'eft  pourquoi  les 
Coraïfchitesappeloient  par  dérifîon Mahomet  leur 
concitoyen,  Sabi  ou  Sabien,  parce  qu'il  avoit 
abandonné  leur  Religion,  ôc  qu'ilenvouloit  éta- 
blir une  nouvelle* 

La  fignification  de  ce  mot  de  Sabi  eft  fî  fort 
en  ufage  parmi  les  Arabes^  qu'ils  difent  dans 


-X 


,t)  R  I  £  N  T  A  L  E.  57 

tonte  leurHiftoire,  que  les  anciens  Perfes,  Chal- 
déens  ou  Aflyriens  ,  Grecs ,  Egyptiens  &  In- 
diens ,  étôient  tous  Sabiens  avant  qu'ils  euflent 
embraffé  le  Judaïfme ,  le  Chriftiànifme  ou  le  Ma- 
Kométifme;  &.  les  Chrétiens  "Orientaux  ne  font 
point  difficulté  de  dire  que  le  grand  Conf- 
tantin  quitta  la  Religion  des  Sabiens  pour  prendre 
celle  des  Chrétiens. 

Il  y  a  eu  plufieurs  Auteurs  Arabes,  parmi  les 
Mahométans ,  qui  ont  porté  le  furnom  de  Sahi^ 
comme  Aboul'  Ola ,  Sinan ,  Thabet  Ben  Corrah , 
&  plufieurs  autres. 

SABI.  C'eft  le  furnom  d*un  perfonnage  illuftre 
qui  fut  Secrétaire  des  dépêcnes  fous  les  Kha-  ' 
lifes  Abbaffides  Moéîafi  &  Mothî,  au  temps  que 
Moézzaldoulat ,  Sultan  de  la  dynaftie  des  Boui- 
des ,  adminiftroit  les  affaires  du  Khalifat.  Son 
nom  entier  eft  Ibrahim  Ben  Helal  Ben  Zaha^ 
roun  Ben  Habboun  Al  Harrani  Al  Sabi, 

Il  étoit  natif  de  la  ville  de  Harran  en  Méfo- 
potamie ,  d'où  la  plupart  des  Dodeurs  Sabiens 
font  fortis,  &  fut  fi  confiant  dans  fa  Religion, 
qu'il  refufa  toujours  les  grands  préfens  qu'Azzal- 
doulat,  Sultan  de  la  même  dynaftie  des  Bouides, 
lui  offrit  pour  l'attirer  /au  Mufulmanifme.  Il  ne 
laiflbit  pas  cependant  de  jeûner  avec  les  Muful- 
mans  pendant  le  mois  de  Ramadhan,  &  il  avoic 
appris  par  cœur  TAlcoran  tout  entier,  dont  il 
cite  fouvent  des  paflàges  dans  les  Livres  qu'il  a 
compofés. 

Nous  avons  de  lui  un  gros  recueil  de  fes  Ou- 
vrages auquel  il  donna  le  titre  de  Divan  ,  &  qu'il 
publia  Tan  349  de  rHégirci 


5  8  B  I  B  L  I  O   T   H   E  Q  'U  B 

Il  compofa  auffi,  Tan  J71  de  IHégire',  une 
Hiftoire  aflez  ample  de  la  Maifon  des  Bpuides^, 
qui  porte  le  titre  de  Al  Tagi,  &  mourut  dajis  la^ 
ville  de  Bagdet ,  âgé  de  foixante  &  onze  ans,  Tan 
de  la  même  Hégire  3  84. 

Le  Scherif  Radhi  l'ayant  loué  publiquement 
après  fa  mort  dans  un  Poëme  intitulé  Daliah^ 
piufieurs  trouvèrent  mauvais  qu'un  Scherif,  c'eft- 
à-dire,  un  homme  de  la  race  de  Mahomet,  qui 
devoit  être  par  conféquent  plus  attaché. à  fa  Loii 
eût  cependant  donné  de  fi  grands  éloges  à  un 
infidèle  :  mais  ce  Scherif  répondit  à  ceux  qui  lé 
])lâmoient  )  quil  n'avoit  loué  que  la  vertu  &  la 
doélnne ,  &  non  pa,s  la  Religion  de  ce  Per- 
fonnage. 

Quelques-uns  nomment  cet  k\xtenr  Ishak  Ben 
Ibrahim  ^  &  donnent  à  fon  Hiftoire  des  Bouides 
le  titre  de  Tag  almillah  &  Tag'  Al  Dileirûah. 

L*on  a  encore  une  Hiftoire  des  Vifirs  de  ce 
même  Auteur  :  elle  eft  intitulée  Akbar  Al 
Oua^ara. 

SADIAIL  SADIEL.  Ceft  le  nom  d'un 
Ange  qui  gouverne  le  troifieme  ciel ,  &  ceft  Iq 
même  qui  affermit  la  terre ,  laquelle  feroit  daiîs 
un  mouvement  continuel,  s'il  ne  metcoit  le  pied 
deCus  ^  félon  la  rêverie  des  Mufulmans. 

SADR  &  SEDR.  Ceft  le  nom  d'un  arbre  qui 
crpîi  dans  le  Paradis  terreftrc,  fur  lequel  les 
tables  de  la  Loi  de  Moïfe  étoient  ^écrites,  ÏQ\vn 
la  Tradition  des  Mufulmans,  qui  difoient  que 
ceft  une  efpece  de  Lot ,  que  le?  Arabes  appel- 
lent auffi  Sadrah  ou  Sedrak^ 


O  R  I  E  N   T  A  t  r.  59 

SAED  IeN  TOUMA.  C'eft  le  nom  d'un 
Médecin  Chrétien  qui  fut  favori  &  coniSdent  du 
Khalife  NafTer  TAbbaffide ,  qui  lui  donnoit  fon 
argent  à  garder,  li  fut  tué  par  la  jaloufie  d'une 
femme  &  d'un  eunuque  qui  abufoient  de  la  Signa- 
ture du  Khalife,  Tan  620  de  l'Hégire. 

SAFFAH*  Ce  mot  fignifie  proprement  en 
Arabe  celui  qui  répand  le  ïang. 

C  eft  le  furnom  d'Abdallah  Mohammed ,  que 
l'on  appelle  ordinairement  Aboul'  Abbas  Saffah^ 
premier  Khalife  de  la  race  des  Abbafîides,  qui 
commença  à  régner  Tan  132,  &. qui  mourut 
Tan  1 36  de  PH^gii'e,  âgé  feulement  à^e  rrente- 
deux  ans,  dontil  jer?  régna  quatre  &  neuf  mois, 
fclon  la  Chronique  4e  Thabari. 

Khondemir  lui  en  d^nne  quarante-deux  ,  & 
Ben  Schohnah  trente-trois  :  mais  tous  convîen- 
lient  qu'il  mourut  4&  H  petite  vérole,  6c  que  fon 
règne  ne  dura  pas  cinq  ans. 

Ce  Prince  a  eu  pour  fuccefleurs  trente-fept 
Khâjifes  de  fa  famille  qi^i  qnt  régné  pendant 
l'efpace  dç  5x4  ans,  depuis  qu'il  fu|  falué  & 
proclamé  dans  la  ville  impériale  de  Çoufah ,  qui 
avoif  toujours  confervé  la  prééminence  de  ce 
litre  y  quoique  les  Khalifes  Ommiades  fiifent  leur 
demeure  en  Syrie. 

•  Ce  ^  Khalife  parut  dans  la  mofquéé  wêtu  de 
noir ,  où  d'abord  on  prononça  le  Khotbah ,  qui 
eft  une  efpece  de  prône  ou  de  fèrmon,  en  fa  pré- 
fcncej  &  après  que  la  prière  fut  finie,  il  fit, 
foutenu  qu'il  étoit  fur  le  trône,  par  fes  oncles  & 
par  fes  frères ,  une  harangue  fort  éloquente ,  que  fe 


6o        Bibliothèque 

jeuneflè  &  fâ  bonne  mine  firent  ap^au£r  p<t 
tous  ceux  qni  réeouterent. .  • 

Auffi-tôt  qu  Abour  Abbas  Saffah  eut  pris  le 
'  gouvernement  de  l'Empire,  il  difpoia  avec  une 
autorité  fouveraine  de  toutes  les  charges  &  de  tous  • 
les  emplois  ^  &  les  partagea  dans  fa  famille  qui 
étoit  fort  nombreufe,  &  envoya  un  de  fesonclèss^ 
nommé  comme  lui  Abdallah,  contre  Marvan  ^ 
dernier  Khalife  des  Ommiades. 

Abdallah  défît  dans  la  Syrie  à  plate  couture 
le  Khalife  Marvan ,  &  prit  enfuite  par  force  la 
ville  de  Damas,  qui  étoit  pour  lors  le  fiëge  Avt 
Khalifatj  il  obligea,  par  cette  prife,  Marvan 
d'abandonner  la  Syrie  &  de  le  réfugier  en 
Egypte  ;  mais  Saleh  ,  qui  étoit  aufîî  oncle  d'A— 
boul*  Abbas,  le  pourfuivit  fr  chaudement,  qu'il 
ne  lui  laifTa  pas  le  temps  de  s'y  fortifier,  & 
lui  livra  enfin  un  fecona  combat,  ou  il  perdic 
la  vie. 

L'Hifloire  Perfienne,  intitulée  Binakiti^  la 
Struélure  ou  la  Conjiruâtion  du  monde  y  porte 
qu*AbdalIah  Aboul*  Alii|bas  fut  furnommé  Saffah  ^ 
à  caufe  qu'il  n'obtint  la  pofTeffion  paifiblé  da 
Khalifat  qu'après  une  très -grande  efFufion  de 
(ang  ;  car  on  fit  en  effet  un  mafîàcre  épouvan- 
table des  Ommiades.  &  de  leurs  adhérens  &  dé'^ 
pendans  dans  toote  l'étendue  de  l'Empire  des 
Khaîifes,  fans  compter  ceux  qui  furent  tués  dan« 
Tes  batailles  données  fur  TEuphrate ,  près  de  Da- 
jiias,  &  en  Egypte. 

L'Auteur  du  Livre  intitulé  Tecat  raouat^lts 
Relations  les  plus  fidèles  &  les  plus  cenaines^y 
rapporte  que  ce  premier  Khalife  de  la  Maifon 
des  Abbaffides  fe  confidérant  un .  jour  dans^  un 


O  R   r  E  N  T  AL  E.  6l 

^miroir ,  &  fe  voyant  dans  la  fleur  de  Ton  âge , 
dît  à  Dieu  ces  paroles  :  »  Seigneur ,  je  ne  vous 
dirai  pas  ce  que  Soliman  ,  fils  d'Abda^malek , 
Khalife  de  la  Maifon  des  Ommiades ,  avoit  cou- 
<tcime  de  dire  :  Arm  Al  Malek  alfchab^  Je  fuis 
le  Roi  &  le  Prince  de  la  JeuneiTe  ;  mais  je  vous 
prierai  feulement  de  me  conferver  là  vie  pour 
vous  fervir^  &  de  ne  me  faire  part  d'aucun  autre 
bien  que  celui  de  la  fan  té. 

Il  n'eut  pas  plus  tôt  fini  ces  paroles,  qu'il  en-« 
tendit  un  des  efclaves  de  fon  antichambre  qui 
difoit  à  fon  camarade  :  »  Â  ce  que  je  vois ,  la 
différence  qu'il  y  a  entre  ton  âge  &  le  miea 
n'eft  que  de  cii?q  jours  ^.  Le  Khalife,  qui 
entendit  ces  paroles,  en  fut  auffi  vivement  tou-' 
ché  que  s'il  éjât  entendu  le  Décret  de  Dieu 
qui  fixât  le  terme  de  fa  vie  ;  Se  il  arriva  en 
«fet  qu'ayant  été  attaqué  peu  de  temps  après  de 
la  petite  vérole,,  cette  maladie  l'emporta  deux 
mois  &  cinq  jours  après  avoir  entendu  les  paroles 
de  cet  efclave. 

* 

SAFI.  Ceraot,  qui  fîgnifie  en  Arabe  Choiji^ 
&  duquel  le  nom  de  Mojlaf  defcend ,  eft  de- 
venu le  titre  ou  furnom  que  les  Mufulmans 
donnent  à  Adam,  qui  fut  choifi  de  Dieu  pour  être 
le  chef  &  le  premier  père  de  tous  les  hommes  ;  & 
le  nom  de  Mojlaf  a  j  qui  en  defcend ,  eft  auflî  lé 
titre  que  les  mêmes  donnent  à  Mahomet ,  qu'ils 
jregardent  comme  le  fécond  Adam  &  le  reftai^-» 
rateuf  du  genre  humain. 

SAFI  ou  SEFL  Scheïk  Safi  ou  Sefi.  C'eft  le 
Aom  d'im  Perfpnnage  qui  s'eft  rendu  célèbre 


Bibliothèque 

par  fa  poftérité.  Il  prétendoit  defcendre  d'Alî 
gendre  de  Mahomet ,  S;  demeurait  dans  la  ville 
a*Ardebil,en  la  province  d'Adherbigian,  en  répu- 
tation de  faintetë ,  au  temps  que  lamerlan  défie 
Bajazid  Ildirim,  qui  efi  Bajazet  premier  du  nom. 
Sultan  des  Turcs. 

Tamerlan  avoit  une  fi  grande  vénération  pour 
ce  Scheïkh,  qu'il  délivra  en  faconfidération  tous  les 
prifonniers  qu'il  avoit  faits  dans  1  Afie  Mineure ,  & 
quil  Avoitréfolude  faire  mourir  dans  une  occafion 
remarquable  pour  laquelle  il  les  réferroit.  Tous 
ces  gens ,  qui  dévoient  leur  vie  &-  leur  liberté 
au  Scheïkh ,  conferverent  pour  lui  une  très- 
grande  reconnoilîlmce  ,  8c  cultivèrent  fon  amitié 
par  de  grands  préfens  qu'ils  lui  envoyoient ,  &, 
par  de  fréquentes  vifites  qu'ils  lui  rendoient;  en 
forte  que  ion  crédit  augmentant  tous  les  jours<, 
il  laiffa  des  enfans  qui  devinrent  fort  puiffans; 
&  Giuneïd  ,  fon  arrière-petit- fils,  qui  vivoit  fous 
Gehan  Schah,  fils  de  Gara  Jofef  le  Turcoman^ 
commença  déjà  à  donner  de  la  jaloqfie  auxPrinces 
fes  voifins. 

C  eft  de  ce  Scheïkh  Sefi  que  defcendent  en 
ligne  direde  les  Rois  qui  régnent  aujourd'hui  en 
Perfe. 

.  ,  ^  • 

SAFI.  Schah  Safi  ou  Sefi.  Ceft  le  nonti  du 
huitième  Roi  de  Perfe  ,  lequdl  fuccéda  à  Schah 
^bbas  fon  aïeul ,  Tan  10^9  de  l'Hégire  ,  qui  eft 
At  J.  C.  161,9.  Ce.  Prince  >  qui  fe  nommoir, 
avant  que  de  régner,  Schahin  Miri^a ,  prit  à 
fon  couronnement  le    nom    de  Sefi  ^  que  fon 

rere,  qui  rte  régna  pas,  avoit  pof*te.  il  mourut 
an  10^2  de  l'Hégire^  qui  «â  de  J.  C  .16411;^ 


O  ïl  T  i:   N  T  A  L  t.  tfj 

&  etie  pour  fucceifeur  Ton  fîls  Schah  Abbas  fé- 
cond du  nom. 

SAFIOUN.  C'éft  le  nom  que  lés  Mufulmans 
donnent  au  grand- père  du  Prophète  Schoâib^ 
qui  eft  Jethro ,  beau-pere  de  Moïfe. 

SAFOURA.  Les  Mufulmans  appellei^it  ainfi 
Sepborah  ,  femme  de  Moïfe,  qu'ils  difent  avoir 
ëte  Zingienne  de  nation ,  &  dont  ils  font  ainfi  h 
généalogie. 

'  Safourah ,  fille  de  Scboâïb  ou  Jetbro  ,  (îont  le 
père  étoit  Haguel  le  Madianite ,  que  quelques- 
uns  ont  nommé  aufli  Safioùn.  Raguel  étoit  fils 
de  Dadan ,  &  celui-ci  de  Iakfchân ,  fils  d'Abraham 
&  de  Kenturah ,  qui  eft  la  Cechurah  des  Hé- 
breux ,  que  les  Arabes  difent  avoir  été  d'origine 
Turquefque. 

SAHEB.  Ce  mot,  qui  fignîfie  en  Arabe  and 
&  compagnon  ,  ducjuel  celui  de  Mojffaheb ,  qui 
^gnifie  ami  ^favori  &  confident^  eft  dérivé,  fut 
érigé  en  titre  de  charge  par  Fakhraldoulat ,  Sul- 
tan de  la  dynaftie  des  Bouides ,  en  faveur  d'Aboui 
CafTem  Ben  Ebad  fon  Vifîr,  &  ce  titre  paflk 
enfuite  aux  autres  qui  lui  fuccéderent  dans  cette 
charge. 

Il  faut  remarquer  auffi  que  le. mot  de  Saheli 
ne  fignifie  pas  feulement  un  flmz\  mais  qu*îl  a 
encore  la  fignification  de  maître^  ii  auteur ^  &  de 
fojfejfeur  de  quelque  chofe. 

SAHEB  BEN  EÊAD.  C'eft  le  nom  fous 
lequel  Aboul  Caflem  Ifmaëï  Cafi  eft  le  plus 


\ 


44        Bibliothèque 

connu*  Ce  Perfonnage ,  qui  ëroit  natif,  feloir 
quelques-uns,  de  la  ville  de  Reï;  mais,  félon  le' 
lëntiment  le  plus  commun ,  de  celle  dlfpahan  » 
fut  Vifir  &  premier  Miniftre  de  Mouiadaldoulat 
Sultan  de  la  dynadie  des  Bouides. 
'  Ce  Prince  étant  mort  fans  enfans ,  Ifmael  Cafi 
appela  à  fa  fucceifion  Fakhraldôulat ,  frère  du 
défunt ,  qui  étoit  pour  lors  réfugié  dans  la  pro- 
vince de  Khorafan  ,  qui  fut  d  abord  publié  & 
reconnu  pour  Sultan  dans  tous  les  États  que 
Mouïad  avoit  pofledés. 

Fakhraldôulat ,  pour  reconnoître  le  grand  fer- 
vice  qu  Ifmael  Cafi  Bén  Ebad  lui  avoit  rendu  , 
ne  le  confirma  pas  feulement  dans  la  charge  de 
Vifîr,  il  lui  confia  encore  le  gouvernement  entier 
de  fes  Etats ,  &  l'honora  du  titre  de  Saheb , 

S[ue  Ton  a  déjà  dit  fignifier  compagnon  &  ami',  de 
orte  que  ce  Vifir  fut  toujours  appelé  depuis  ce 
temps-là  Saheb  Ben  Ebad^  &  que  ceux  qui  lui 
fnccéderent  dans  fa  charge  continuèrent  à  porter 
la  même  qualité. 

Ce  Vifir  étoit  très-fage  &  très-favant;  ou 
dit  que  fa  bibliothèque  étoit  fi  nombreufe,  qu'il 
cmployoit  quatre  cents  chameaux  pour  la  porter 
dans  les  voyages  qu'il  faifoit.  Il  compofa  même 
quelques  Livres ,  particulièrement  un  fur  l'Arc 
Poétique ,  intitulé  Ecjidà  fil  Oroudh. 

II  mourut  l'an  de  THégire  385  ,  après  avoir 
gouverné  dix-huit  anS;  &  donné  en  mourant 
des  confeils  très-falutaires  à  fon  Prince  ,  comme 
Ton  peut  voir  dans  le  titre  du  Sultan  Fakhral- 
dôulat ;  &  tous  les  peuples  de  la  Perfe  eureat 
une  fi  grande  vénération  pour  lui  après  fa  morc^ 
que  lorfqu'on  le  tranfpoita  hors  de  ik  maifon  y 

'  les 


Orientale.  65 

lès  plus  grands  de  l*Etat  fe  profternoient  devant 
fon  cercueil ,  &  qu'on  le  tint  en  dépôt  fufpendu 
dans  la  grande  mofquee  de  la  ville  de  Reî  juf- 
qu'à  ce  qu'il  fut  porté  à  celle  dlfpahan ,  où  il 
avoir  choifi  fa  fépulture. 

Saheb  Ben  Ebad  a  toujours  paflë  dans  la  Perfe 
pour  avoir  été  le  Vifir  fans  pareil ,  &  pour  uft 
Miniftre  incomparable  ,  à  câufe  de  toutes  les 
grandes  qualités  quil  po/Tédoit.  Ceft  le  témoin 
gna^^e  qu'en  rendent  les  Hiftoriens  Mirkhon4 
&  Khondemir ,  &  TAuteur  du  Tarikh  Khozideh. 
Le  Nighiariftan  rapporte  un  quatrain  Perfîen  qui 
fut  fait  pour  lui  fervir  d'épitaphe,  lequel  porte 
que  ce  Miniftre  étoit  net  de  toute  corruption  ; 
qu'il  s  e'toit  rendu  l'ami  &  le  proteéleur  de  tous 
les  gens  de  bien  ;  &  enfin  que  fon  nom  feroit  le 
plus  grand  ornement  de  l'Hiftoire  des  hommes 
îlluftres. 

Ben  Sclîolinaîi  ;  qui  convient  avec  tous  les 
autres  Hiftoriens  des  éloges  qui  furent  donnés  à 
ce  Miniftre  ,  dit  qu'il  puflédoit  trois  grandes  qua- 
lités; favoir,  la  fagefle  ,  la  fcience  ,  &  une  gran- 
deur d'ame  qui  le  portoit  à  entreprendre  tou- 
jours les  plus  belles  adions;  &  il  écrit  que  le 
nom  de  oaheb  Iwi  fut  donné  particulièrement  à 
caufe  de  l'àmitié  très -étroite  qu'il  avoit  con- 
traiîlée  avec  Ebn  Amid,  Il  marque  auiîî  l'année 
de fk  nailîànce  dvns  l'an  336  de  l'Hégire,  &  celle 
de  fa  ttaort  en  383",  &  lui  ôte  ainfî  deux  années 
de  vie,  que  les  autres  Hiftoriens  lui  donnent; 

Caheri  Al  Sebti  a  comppfé  un  Livre  fur  ceux 
qui  ont  porté  le  furnom  de  Saheb  ,  &  il  a  donné 
h  fon  Ouvrage  le  titre  XMah  almedhaheb  fi 
man  iothlac  dlaihi  efm  Al  Saheb. 

Tomt  V.  E 


j6Ç         Bibliotheq  u  e 

SAHEB  ASSA  ou  SAHEB  AL  ASSÀ ,  le 
'  Maître  de  la  verge.  C'eft  le  titre  que  les 
Mufulmans  donnent  ordinairement  à  Moïfe  y 
comme  ils  donnent  à  Jonas  celui  de  Saheb  Al 
.Noun  ,  c  eft-à-dire  le  Maître  ou  Y  Homme  dwL 
poiffon. 

SAHEB  KERAN  ou  SAHEB  KERANAT , 

ie  Maître  des  grandes  conjonctions  des  planè- 
tes, ou  le  Maître  &  le  PoÉTefTeur  des  Cornes  ou 
Parties  principales  du  Monde.  Ceft  le  titre  qtie 
Jes  Orientaux,  Arabes,  Perfiens  6c  Turcs  odt 
donné  à  Timurlenk  ,  gue  nous  appelons  Tanier^ 
lan ,  ce  grand  Conquérant ,  qui  a  tant  fait  parler 
de  lui  fur  la  fin  du  huitième  fîecle  de  THégire  , 
qui  eftle  quatorzième  de  Jéfus-Chrift. 

L'origine  de  ce  titre  peut  fe  tirer,  ou   des 
grandes  conj.onélions  4es  principales  planètes , 
dans  lefquelles  les  Agronomes  prétendent  quç  îp.s 
fondations  des  plus  grands  Empires  ont  été'  hU^Sy 
ou  bien  dans  une  autre  i^gnification  du  mût  4e 
Kern ,  des  quatre  principales  Parties  du  Monde  j 
lavoir,  rOrient,  l'Occident,  le  Septentrion  & 
le  Midi ,  où  les  grands  Conquérans  ont  porte 
leurs  armes  vî<3:oriei4fes  :  car  c*eft  ainfi  que  les 
,Orie;itaux  ont  furnommé  Alexandre  le  Gx^nd  , 
Dhoul  ou  Zoul  karneïn^  U  Maître  des  deua: 
Cornes  du  Monde  ,  qui  font  le  Levant  $(,  ïp 
Couchant. 

SAHERAH  ou  SAHERAT ,  &SAHOUR. 

Ceft  aiq6  quç  les  Arabes  Mufulmani  ajppellenc 
tme  des  croûtes  ou  furfaces  du  globe  de  la  terre. 


% 

O  R  I  E   N   T   A  i,  C.  ,6j 

qui  eft  au  deflbus  de  celle  qui«ft  foulée  &  battne 
par  les  hommes  &  par  les  animaux ,  &  c'eft 
cette  furface  intérieure  que  Dieu  a  deftinée  pour 

?  f*"*i-  ^«  J"? «™«nt  dernier  à  la  fin  du  monde . 
lelon  la  Tradjtipû  des  Mufulmans. 

> 

SAID.  Aboji  lahia  Ben  Sâïd  Ben  Caïs  Ben 
Ainrçu,  furnpmmé  41  Anfari  6c  Al  Medeni 
»  caufe  qu'il  te  natif  de  Alfdine,  &  du  nom- 
i>re  ou  de  1|  fawjjle  de  ceux  qui  reçurent  ou  pro- 
'  tegerent  Mahomet ,  Jorfque ,  cha^e  de  la  Mec- 
que ,  il  le  réff^  pn  cette  ville.- 

Ce  Perfonnage  fut  difcipje  d^.  Docaeur  Ben 
MaleU.  &  imître  de  l'ln>an  Malek  Ben  An»  , 
^het  d  une  de?  qjiaîre  Seéies  r«çues  dans  Je  Md- 
lulmaniJro^.,  &  courut  1!^  de  l'Hégire  14 j.  : 

r^^^Mf  ^^^è^^^^i  furnommé^/ 
Cadha.  Ç.  eft  Ig  vpp  table  nom,  d'Obeïdallah  ,  qui 

fcfit  9uali%^e.Mahadi  oukeiiedieo  Afrique, 
&  qui  fuj  le  premier  Fondateur  de  la  dynaffie 
ilesKhahfe^  F^thinjitps  en  Afrique.   ■  ., 

Ce  furent  les  Abbafli4pj ,  4*  «nn^mis ,.  qui 
dete/rçrent  fon  venwblf  nom  .  pour  prou^r 
qu  il  n  rftoit  pcnflt  dp  k  Bçe  d'AJi ,  dyquej  ii  fe 
glonfioit  de  defcendre. 

SAID  ÇEIf^ATOg.  .Ç'eft  Je  i,pm  de  celui 
que  les  Chrçtjgm  Oripofau^  o/jt  jippejé  Evtl- 
,hous  ,  QU  £//:W,  p^E/Mçus  ,  a,  :t,a- 

Seureux!"         ■  '  ^^  "^        '  ^  ^"*  ^^"^* 

Ce  Perfonnage  étoit  natjf  .d«  Fufthath  ou  da 
M«  ,  oc  Médecin  de  profeiSon ,  &  fut  fait  Pa- 


/ 


68  ,       Bibliothèque 

vtfiafche  d'Alexandrie  ,  la  pfemiefe'^annéeNïu 
K4îaJifat  de  Caher  TAbbaffide ,  l'an  ^^ii^  ^e  rtft- 
gire ,  qui  tombe  fur  la  649  de'Dijàtlétien  ,  '  6c 
de  Jéfus-Chrift  951:  .     :: 

Comme  ce  Patriarche  ^toît^Meïcbite  »  cVit- 
k-dire  Catholique.,  il  ^«c. beaucoup  iç  ^én^élés 
avec  fes  Dioce'ftins  V  qui  etoieht  'là  pîupâVt  4^-. 

.  cobites  :  mais  Akhfchid,  qui  gouvernoit  pour  lors 
l'Egypte  en  Souverain ,  exiçea  d*ëuk  de  fi  gfoflf^s 
fommes  d'argent,  &  leur  fat'foufTrrr^xant  d ava- 
nies y  4\\ïil  les  mit- d'accord  avec  leur  Patriarche  , 
&  les  fit  aflemWer  dans  là  ménie  églife. 

Nousàvonè  de  ce  Psjtriarche  une  Hiftoire  gé- 

,  nérale  depuis  là  Cre'ation  du  Monde  '  jufqu'^n 
l'an  325  de  l'He'gire,,  fous  le  Kh.alifat  dé  Radhi 
TAbbaffide.  Elle  eft  intitulée  NadhmaMdudRîr, 
Fil  ou  Filé  de  perles.  Sçldenus  8c  Pocokiiis  iious 

:ont  donné  cette  Hiftoire  avec  une* V^rfion  La- 
tine ,  fous  le  titre  des  Annales  4'Eàtychius,     \ 
Ebn  Oflaïbeâ  écrit ,  dans  fonHiftoire  des  Me- 

j&cins ,  que  Sâïd  Ebn  Batrikh  ëtoît  excellent 
dans  la  Médecine  j  taiît  théorique  que  praticjue, 
&  qu'ilacompôfé  un  Ouvrage  dé  ^ette  Science^ 

•intitulé  Ketab'fil  Thebby  &.  un  autre,  intitule 
JCâtabJïl  gadel  heïn  iilmokhahfv'Ài'Nafranîy 
qui  eft  une  Difpute  entre  uri  Chrétien  &  uîi 
Mécréant.  ,  -^  r     .» 

. .  H  dit  âuffi  qu'Ébn-  BatHkh  fut  fait  Patriarche 
J'an  '321  de  l'Hégire,  étant  èg^^de  foixante  ans  , 
qu'il  tint  le  fiége  /ept  àn«  fie,  dèriit^î:  &  hidiirut 
1  an  ,3  â  t'y  ce  ^ui  -  eff  confilrrnré  jpar  Giéorge  Ebn 
Amid,  dans  fon  Tarikh  AlMoflemin,,  dansi'ànr 
aiée'jiS  de  THégirie.  ■ 


SAID.MalekAlSaiJ,  le  Roi  heureux.  Ceft 


la  tîtfiB  d*E$keird«r,  pcïc;3e  Matek  AI  Sateb 
Schehab^din  ,  &  fr^e  d'Ifla  ;  furnommé  Ma^ 
lek.Al  Dhakery.qm.ont  étexbas  trois  Sultans  de 
Mardis  dâtia  la  .Méfopotàmie. 


SAID.  AboudSaid.   G'eft  le  nom  de  deux 
grands  Princes  Mogols.  fit».  Tartarres  ;  l'un  de  la  . 
race  de  Ginghizhhan  ,    &  laucre  de  celle  dé 
Tamerlan.         *.   . 

Abou  Sâïd  ^iL  aufH  lenomdxm  Prim:e  des^^ 
Cannât  hes«  .   ^  . 

SAIEG.  Ebn  AlSaïeg  ,.  le  Fils  de  rOrfé- 
vre.  C  eft  le  furnom  que  Ton  donne  ordinaire- 
ment il  Aboubekr  Mohammed  Ben  Bagiah  .  le 
plus  fubtil  de  tous  les  Philofophes  Arabes.-  lia' 
beaucoup  travaille  fur  Ariftote  ;  car  il  ëtoit  de  la  - 
Sede  Péripatéticienne  ;  &  fes  Ouvrages ,  qui  ont 
été  traduits  en  Latin,  ont  été  fort  connus  par 
S.  Thomas  &  par  d  autres  anciens  Théologiens 
Scholaftiques* 

Son  nom  dtJE'i»  Bagiah  a  été  premièrement 
corrompu  par  les  Juifs  aEfpagne  en  celui  à!Abeit 
&  Aven  Bageh-^  fie  par  fucceffion  de  temps  ,  en 
celui  diAven  Paeé.;  ôc  ç'eft  fous  ce  nom  qu'il 
eil  cité  dans  les  (Sluvres  de  Saine  Thofnas. 

Cette  corruption  s  eft  faite  de  la  même  façon 
dans  les  noms  à' Ebn  Rochd  âc  à! Ebn  Sina ,  qui 
ont  ^té  appelés  d*abord  en  Efpagne  Aben  fit^ 
Aven  Hochd  fie  Sina ,    fie  enfuite  Averroès  fie 
Avicenna* 

..Ebn  AI  Saïeg  ou  Ebn  Bagiah  mourut  à*\xn 
ppifon  qui  lui,  fut  donné  Tan  525  ou  5J}  de^ 
i'Hégire  ^  filon  Ebn  Khaîecan,  lequrl  rapporte 

E  iij 


^  I 


70        Bibliothèque 

le  tëmbignagé  que  ce  Philofophe  rendit  ixx  Livre  i 
intitulé  Eknouan  alfafa  ^  en  difant  qne  c  étoic  i 
rOuvrage  de  gens  quinayoîeni  point  de  principes^. 

Novaïri  dit  qu*£bn  Saïeg  étoit  Vtfir  ou  pre-     l 
mier  Miniftre  de  Ziadath  alkh ,  dernier  Prince     '\ 
de  la  dynaftie  des  Agiabices ,  qUi  fut  extermine 
par  le  Mahadi  en  Afriqiie. 

S AIF.  Ce  mot ,  qui  iTgnifie  en  général  urfe 
épée,  a  tant  de  fynonymes  dans^la  langue  Ars«- 
bique ,  qu'il  y  a  un  Auteur  ,  nommé  Moham-^ 
med  Ben  Ali  Al  Httaouï  ,  qui  a  compofé  un 
Ouvrage  particulier,  qu'il  a  intitulé  Èfma  Al 
$aïf^  des  Noms  de  VEptt. 

Ces  Arabes  ont  un  proverbe  fort  uiïté  entre     ^ 
eux.,  &  qu'ils  mettent  foùVent  eh  prarique  :  Al 
Saïf  V  aljenan  ïafàlàn   malâ  ïafàl    alhorhan. 
"$>  L'épée  &  la  lance,  c'eft-à-dire ,  le^  armes  font 
plus  décisives  que  les  raifons  4C. 

Entre  les  épées  les  plus  fameofes  de  TOrîent , 
celle  d'Ali  ,  nommée  Dhoulfaccdr  ^  fait  le  plut 
de  bruit  parmi  les  Mufulmans.  £lle  lui  avoit 
été  donnée  par  Mahomet  :  mais  il  faut  voir  fur 
ce  fujet  THifloire  de  Dhoulfaccar ,  que  les  Turcs 
appellent  ordinairement  Zulficat, 

Celle  de  Mâdi  Carb  s'eft  rendue  auffi  fort  té- 
lebre  chez  les  anciens  Arabes. 

Samfatnah  cft  auifi  le  nom  à'vir\t  épée  d'ex- 
cellente trempe,  avec  laquelle  le  Khalife  Haioun 
Al  Rafchid  railla  &  coupa  les  tances  les  plus 
fines  dont  l'Empereur  Grec  lui  avoit  fait  p'rttfenr. 

L'on  peut  voir  adflî  dans  le  titré  de  Mota- 
vakkel  j  une  épée  qui  fut  achetée  itx  niille  dinars 
ou  fequins  d'or  par  ;ce  Khalife  ^  qui  \é  mit  entre 


O  K  lE  n  r  M  t  M^  jï 

fes  mains  ée  Bagher  le  Turc  ,  &  de  laquelle  ce* 
Khalife  fut  lai-méme  tué. 

SAIF*  Ben  Dbîizen.  Cefl  le  nom  d'un  Roi' 
de  riéme»  ou  Arabie  Meureufe  >.  dç  la  dyfiaftie 
des  Himiarires«* 

Le  Roi  Ton  pere^  nommé  Dh(n^  Iz^n^  qnv 
ëtoir  Chrétien ,  fut  dépouillé  de  fes  États  par 
Abrahah,  Roi  d'Ethiopie  ;  qui  voulbit  lui  ravir 
fa  femme ,  P^nceflé  o  une  rare  beauté ,  &  fe 
réfiigia  auprès  de  FEmperéur  Çrec.  Mais  ce 
Prince  refufant  de  le  fecourir,  il  fe  crut  obligé^ 
de  ]e  quitter ,  &  d*aller  chercher  dn  fecours  dans 
la  Cour  du  Roi  de  Perfe. 

Noufchirvan ,  qui  régnoîc  pour  lors ,  étoit  oc- 
ctipé  dans  (Fautres  guerres ,:  qui  ne  hii  permirent 
pas  d'entreprendre  le  rétablifTement  de  Dhoir 
izen  ^  qui  demeura  cependant  en  Perfe  ^  où  il 
n^ourut,  &  hi^aun  fils  nôixané  Saïf,  duquel  il 
efl  ici  quefHon, 

Saïf  ^  fils  de  Dhou  Izen ,  fût  enfin  rétabli  par 
les  Perfans ,  défit  Mafrouk  ,  fils  d'Abrahah  noi 
d'Ethiopie,  &  chafià  entièrement  les  Abiilîns 
de  toute  TArabie.  Ceci  arriva  un  peu  avant  la 
naiflànce  de  Mâhemei,  félon  le  rapport  de  Berv 
Khouand  Schah  ,  &  de  Khondemir  dans  la  Vie* 
de  Mahonoer. 

Abdalmôal  écrit ,  dans  fk  Géographie ,  en  par<i 
hiimjie  la  i411e  de  Gimien  Ethiopie ,  queles^Roir 
des  AbiiSns  qui  rigntÀeht  de  fon  temps  eit 
Ethiopie  y  tifment  leur  origine  de  Saïr  Bem 
Dhi  Izen. 

Le  nom  de  Dhou  lien  cft  le  même  que  Dhf: 
J^en.  C'eil  la  dtffiîrence  des  cas  qui  rend  ctik^ 

E  in 


I 


7i  '       Bibliothèque 

deux  noms  difiëxnblaUes  ;  car  le  premier  èft  aa  ' 
nominatif;  &  le  fécond  au  génitif. 

S AIFALDIN  ou  SEIFEDDIN  B^N  ALA- 

EDOIN.  Le  mot  de  Saïfaldin  ,jquiiignifie  l'Epee 
de  la  Foi  &  de  Ja  Religion  ,  eft  le  nom  ou  fur- 
nOm  du  fécond  Sultan:  de  la  race- des  Gaorides. 
Ilfuccëda  àfon  père  Alaeddin ,  étant  encore  fort 
jeune;  &  Khondemir  dit  qu'il  étoit  très-bien 
fait  de  corps  &  d*efprit ,  de  forte  qu'il  fit  régner 
avec  lui  la  Religion  &  la  Juftice^  &  ne  lui  donne 
qu'une  année  de  règne. 

Le  même  Auteur  écrit,  qu'il  eut  à  foutenîr 
une  guerre  fâcheufe  dans  le  cœur  de  fes  Etats  , 
contre  un  dçs  plus  puiiTans  Seigneurs  de  fon, 
royaume  ,  nommé  AboulAbbas  Gauri^  qui  étoit 
dé  fa  famille  :  car  ce  Seigneur  s'étant  mis  è  la 
tête  d'un  grand  nombre  de  féditieux ,  lui  livra 
plufieurs  combats ,  &  le  tua  enfin  de  fa  propre 
main. 

Ce  Sultan  cependant  avoit  déclaré  ayant  la 
mort ,  pour  fucceflèur ,  Gaïatheddin  ,  fon  coufin— 
germain  ,  qui  étoit  fils  de  Sam>  frère  d' Alaeddin 
Gehanfouz. 

L*Auteur  du  Lebtarikh  donne  à  ce  Prince  le 
nom  &  furnom  de  Mohammed  Saifaldoulat , 
Ben  Alaeddin  HaJ/an  ,  Ben  Houjfain  ,  Ben  . 
Snm ,  &  le  fait  régner  fept  années,  à  la  fin  def- 
qaelles  il  mourut ,  après  avoir  retiré  U  ville  de. , 
Éalkhe  ,  capitale  du  Xhorafan ,  des-  mains  du 
Sultan  Sangiar  le  Selgiucide  ,  VdiXi  ^Q  THé- 
gire  558, 

SAIFALDOULAT  ou  SEIFALDOUL AT,  • 


O  R  I  E  N  T  A  i-  E.  7} 

Ceft  le  furnom  d'Aboul  HaiTan  Ali  Ben  Abdal- 
Fah,  Ben  Hamadan  ,  Prince  d'Alep,  &  enfùite 
de  Damas,  &  d'une  grande  partie  de  la  Sycie , 
&  d'Arme'nie,  &  de  la  Cilicie. 

11  n  y  a  jamais  eu  aucun  Prince  dans  le  Mu- 
fulmanifme  y  û  vous  en  exceptez  les  Khalifes  , 
qui  ait  eu  un  plus  grand  concours  de  Gens  de 
Lettres  a. fa  Cour  :  car  il  les  protégea  fi  haute- 
ment, &  les  combla  de  tant  de  grâces ,  que  les 
plus  habiles  gens  de  fon  fiecle  fe  firent  honneur 
oetre  a  les  gagesi^ 

Les  plus  illuflres  d*entre  ces  Savans  furent  les 
excellens  Poètes  Aboul  Thaïeb ,  dit  Al  Mota- 
nabbiy  Aboul  Farag' Al  Khaledî ,  &  Aboul  Fârag\ 
furnommé  Riga ,  6c  le  grand  Philofophe  Abou 
Nafr  Al  Farabi  ,  qui  fut  fon  maître  dans  la 
Mufique. 

Ce  Prince  fut  lui-même  Savant  &  très-bon 
Poète  ,  &  n  etoit  pas  moins  vaillant ,  jufte  & 
libéral;  car  il  fit  long  temps  la  guerre  aux  Grecs, 
qu'il  défit  en  plufienrs  occafions ,  &  les  chaflà  de 
plufieurs  provinces  qu'il  joignit  à  fes  Etats. 

L'on  dit  que  ce  Sultan  fit  ramafTer  foigneufe- 
ment  la  pouflîere  qui  s'étoit  attachée  à  fes  habits 
dans  les  expéditions  qu'il  fit  pour  étendre  le  Mu- 
fulmanifme  ;  croyant  que  ces  guerres  étoienç 
toutes  faintes  à  fon  égard  ,  il  fit  former  de  toute 
cette  pouflîere  une  maifc  en  forme  de  brique,  & 
il  ordonna  qu'elle  fût  mife  fous  fa  téçe ,  lorfqu  il 
feroit  couché  dans  fon  tombeau. 

Cette  action  fuperftitieufe  ,  que  Snïfildoulat 
pratiqua ,  a  depuis  été  imitée  par  plufieurs  autres 
princes ,  qui  fe  font  fait  un  grand  mérite  des 
guerres  qu'ils   faifoient  aux  Infidèles ,  comme 


74  BïBLIOtHÈQUE 

d  une  chofe  qui  leur  étoit  recommandée  precî^ 
iement  dans  TAlcoran. 

Saïf  aldoulat  mourut  à  Tâge  it  cihqnante-troîs^ 
ou  cinquante-cinq  ans ,  félon  quelques-uns  ^  Tan 
3  56  de  l'Hégire  ,  fous  le  Khalifat  de  Mothî  Lil- 
lah  rAbbaiSde,  &  fut  enterré  dans  la  ville  de 
Miafarekin.  Son  fils,  nommé  Al  Emir  Scherif^, 
lui  fuccéda ,  &  reçut  du  Khalife  le  furnom  de 
Sàad  aldoulat,  qui  fignifie  le  bonheur  de  l'Etat^ 
de  même  que  fon  perè  avoit  reçu  le  fien ,  qui 
fignifie  1  epée  &  la  défenfe  du  même  Etat. 

SAIFALLAH ,  TEpée  de  Dieu.  C'eft  le  fur- 
nom  ou  plutôt  le  titré  qu'Aboubekr  &Omar^ 
premiers  Khalifes  des  Mufulmans ,  donnèrent  à 
iChâled  Bèn  Valid,  qui  avoit  gagné  tant  de  ba-: 
tailles  &  pris  tant  de  villes  en  Arabie  &  en  Sjrrie». 
tant  fur  les  Arabes  que  fur  les  Grecs. 

SAIN.  Ceft  le  nom  d'un  Perfonn^ge  qui  fut 
d'abord  Lieutenant  de  l'Emir  Gioubàn  ou  Tcho- 
ban  ,  &  enfuite  Vifîr  d'un  Empereur  des  Mo- 
gôls  de  la  race  de  Ginghizkhan ,  nommé  Abow 
ôaid  Ben  Al  Giaptou.  Ce  Safri  ayant  piayé  d'in- 
gratitude Tchoban  ,  fon  premier  Maître  ,  fat 
puni  de  mortr 

SAKHRAT  ,  nom  de  la  mofquée  que  les 
Mahomctans  bâtirent  après  la  prife  dé  Jérufa- 
lem,  fur  les  anciens  fondemens  du  Temple  de 
Salomon ,  &  fur  la  pierre ,  où  Ton  difoit  que 
Jfacob  avoit  parlé  à  Dieu,  &.que  les  Mahomé- 
tans  croient  êtc^e  celle  que  ce  Patriarche  nomma 
la  Porte  dû  Ciel  y  après  la  vidon  qu'ily  âvoûeue- 


Orientale.  75 

Les  Chrëriens ,  après  aVoir  repris  Jérufalem 
fur  les  Mahomëtans ,  plantèrent  une  croix  dorée 
fur  le  faite  de  ce  temple  :  mais  Saladin  ,  qui  re- 
prit cette  ville  fur  eux ,  la  ût  ôter. 

SALAH  AL  NABI ,  Saleh  le  Prophète.  C'eft 
ainfi  que  les  Arabes  appellent  le  Patriarche  Sa- 
leh ,  fils  d'Arphaxad ,  &  père  de  Heber. 

Les  Muiulnians  difent  que  le  Prophète  Saleh 
fut  envoyé  de  Diçu  au  Peuple  de  la  Tribu  de 
Themud ,  qui  habitoit  dans  la  partie  de  TArabie 
nommée  Hagr^  qui  eft  Y  Arabie  Pierreufe-^  mais 
qu'il  y  fut  fort  mal  reçu  ,  comme  l'on  verra  dans 
la  fuite. 

Les  Themudites  JMcendoient  de  Themoud  ^ 
fils  d'Amer  fils  d*Aram  ,  &  frère  d'Arphaxad  ^ 
&  ont  donné  le  nom  aux  habitans  de  l'Arabie 
Pierreufe ,  que  Ton  appelle  auflî  Caoum  Salah  , 
le  Peuple  de  Saleh  ;  &  c*eft  cette  mêm*  pro- 
vince qui  s  étend  entre  celles  de  Hegiaz  en  Ara- 
bie &  la  Syrie,  où  la  ville  dé  HagV ,  mot  qui 
fignifie  pierre ,  &  que  nos  Géographes  ont  ap- 
pelée Petra  deferti  j  étoit  fituée. 

Si  nous  voulons  fuivre  la  généalogie  que  le 
Tarikh  Mbntekheb  nous  donne  de  Saleh  ,  ce 
Patri.irche  étoit  fils  d'Afaph  fils  de  Caflekh  fils 
de  Haver  fils' de  Khaber  ou  Heber  fils  de  The- 
mud fils  d*Aram  fils  de  Sarti  qui  eft  Sem  fils  de 
Nouh  qr.i  eft  Noé  ,  Ce  qui  ne  s'accorde  pas  avec 
ceux  qui  fuîvent  le  Texte  Hébreu ,  félon 
leçîiel  Saleh  étoit  fils  d'Arphaxad  &  pérè  de 
Hf:ber. 

Cependant  le  femîrhe'flt  du  Tarikh  Mome- 
l;heb  nous  fait  cdnnoittè'  ^ôe  ce  Saleh,  àonf  les 


76  BiBLIOTHE  Q,U  E 

Mwfulmans  parlent  ^  &*  duquel  il  eft.içi  gu^flionr, 
eft  beaucoup  plus  i:e'cent  que  le  Patriarche  Salch  y, 
qui  ëtpit  véritableiTient  fils  d'Arphaxad  61s  de 
Sem  fils  de  Noé. 

Saleh  ,  félon  lé  mênae  Auteur,  prouva  fa  mif- 
fion  &  vérifia  fa  prophétie  par  le  inirtclc  cçl&- 
tant  qu'il  fit,  lorfqu'à  fa  feuie  parole  une^xoche 
s'entr  ouvrit ,  &  fit  fortir  par  fon  ouverture  la 
femelle  d  un  chameau  ^  qui  fe  délivra  auffi-tôt 
de  fon  petit.  Mais  les  Themudites  demeuranc 
opiniâtres  dans  leur  infidélité ,  au  lieu  de  fe  ren- 
dre aux  paroles  &  au  miracle  de  leur  Prophète  ^ 
firent  mourir  la'  chamelle  ,  qui  leur  reprochoic 
par  fa  préfence  leur  dureté.  Ce  fut  ce  qui  attira 
fur  eux  la  vengeance  divine  ucar  Gabriel  fut  en- 
vpyé  expreffément  de  Dîçu  pour  punir  leur 
chme  ,  &  cet  Ange  fie  parut  pas  plus  tôt  parnù 
eux ,  qu'il  les  frappa  tous  d'une  plaie  mprtelle , 
à  la  réferve  d'un  petit  nombre  qui  avoit  re* 
connu  le  Prophète,  &  qui  le  fuivit  dans  la  re- 
traite qu'il  fit  au  territoire  de  la  Mecque  ,  eu  il 
finit  fes  jours» 

Quelques-uns  v^eulent^  dit  le  même  Auteur^ 
que  le  Prophète  Saleh  paffa  de  la  Mecque  en 
Paleflinc  ,  &  qu'il  y  foit  enterré, 

HouiTaïn  Vâez ,  Interprète  de  l'Alcoran  ,.  pa- 
ràphrafant  le  chapitre  intitulé  A*raf^  dans  lequel 
Mahomet  décrit  l'Hiftoire  de  Saleh  &  desThç- 
mudites ,  dit  les  paroles  fuivantes. 

Le  Prophète  Saleh  ayant  reçu  Tordre  de. Dieu 
d  annoncer  fa  parole  aux  Themudites ,  fe  tranf- 
porta  au  milieu  de  cette  Tribu  des  Arabes,  pour 
y  accomplir  fa  miffion.  Ces  peuples  Idolâtres  ne 
i  eurent  pas  pks  tôt  oUi  parler  de  lunité  de  Dieuj^ 


Orientale.  ^y 

qu'ils  lui  démanderent/un  miraGle  qui  autoridt 
fes  paroleS;^  '&,  lui  dirent  ehfin^dans  un  certain 
jour  :  »  C'éft"  demain  iine  dé  nos  grandes  Fctes  ; 
dans  laquelle  nous  parel^ons  nos  Idoles  pour  les 
porter  en'carhpagae  :  trouvez  vous  parmi  nous; 
car,  après  les  avoir  invoquées^ fi  nous  obtenons 
d  elles  nos  demandes  ,  nous  les  reconnpîtrpns 
lowjouTs  pbur  nos  Dieux  :  mais  s'il  arrive  le  con- 
traire ,  &  que  Vouis ,  en  invoquant  ce  Dieu  feul 
&  unique  que  vous  noiïs  prêchez,  vous  pouVc^z 
opérer  par  fà*  puiflance  quelque  chofe  de  ^tzxA 
'&  d'e^ttraordinaîre  que  nos  Dieux  ne  puiflént 
pas  feire  ,  nous  ci'oirons  en  lui  &  a  vos  pa- 
roles  «. 

Le  Prt)pnete  s'étant  trouvé  parmi  Içs  The- 
mudites  à  cette  fête  ,  fut  téntoiri  ou  peut-être 
la  caufederimpuiflànce  de  leur3  Dieux,, lèfquels 
furent  fourds  à  toutes  leurs' demandes  :,  8ç.ce,ftit 
aîôrs  que.Giondaâ  Ben  'A  mroù  ,  un  de  leujrs 
Princes ,.  dit  à  Sa|eh  :  ^  Si  vous  voule:?  qv|e,,noys 
croyons  enceDieii  que  vous nou$  prêchiez;,  f^iif  s 
fortir  de  cette  roche  qui  èft  devant  nous  ,*  urje 
chamelle  d'une  telle  taille  &^d!un  tel  poil,  gpî 
foit  pleine  &  ^rêtc  a  mettre  bas  fon  pQ.yUii;^: 
car  fi  Yous  nous  (faites*  vpir  cç  njiira^lç;,  jj^jY^o^s 
jure  ,  au  nom  de  tput  mon  peuple ,  que  nous 
embrafferons  tous  la  Religion  que  vous  profeiTeci, 
&  abandonnerons  entièrement  le  culte  de  nos 
Idoles  <c.  '.„!..     ;;  :    , 

Le  Prophète  Saleh  n'ciit  pas  plustpt  entendra 
les  paroles  de  Giondaâ  ,  qu*il  fit  fes  prières  ^  fes 
athouafs  ou  ifadons  autour  de.la,roch^.,qui  conî- 
mença  \  frémir  &  fit  entexidreun  W  ffW%- 
ble  à  celui  dés  chameaux,  après  quof  elle  "s^en- 


yS         Bibliothèque 

tr  ouvtit  ^  &  jeta  hors  de  fon  fein  une  chamelle 
celle  que  Ton  lui  avoic  demandée. 

Giondaà ,  touche  de  la  vue  d'un  fi  grand  mira- 
cle )  fie  auili-  tôt  fa  profeifion  de  foi  entre  les 
mains  du  Prophète  ;  mais  il  ne  fut  pas  fuivi  des 
fîens,  comme  ^lavoir  cru.  Le  Prophète  cepén- 

'  danc  ne  fe  rebuta  point  de  I  opiniâtreté  de  ce 
peuple ,  &  efpéroit  toujours  de  les  gagner  :  c'eft 
pourquoi  il  leur  commanda  de  la  part  de  Dieu  , 
de  laiffer  paitre  librement  dans  leurs  pâturages 
cette  chamelle  mir^culeufe  avec  fpp  ppulain  )  & 
de  lui  fournir  de i  eau  de  leirrsçîuits  pour  Tabreu- 
ver,  &  enfin  les  menaça  que  s'ils  n'en  avoient 

'  foin  )  &L  que  fi  elle  mouroic  par  leur  na^^ligence 
ou  pat  l,|eur  artifice ,  ils  at  tirproient  fur  eux  la  ^na* 
lédiétion  de  iDieu,  qui  feroit  caufe  die  leur  ruine 
totale. 

»  Dieu  voiiloif ,  dît  ce  même  Paraphrafte, 

Sue  CES  animaux  refiaflènt  parmi  les 'jThemu- 
ites  pour  un  témoignage  éclatant  de  fa  puiflance, 
&  pour  un  reproche  continuel  de  J "infidélité  de 

•  ce  peuple  :  car  Iç  Prophète  Saleh  continuoijt  tou- 
jours  les  prédications ,  &  leur  repréfentoîç  la  pu- 

^ nitiph  dés  Adites  leurs  vpifïps,  lefquels  avQÎent 
été  e?:terininés  entièrement  pour  uçe  rébellion 
femblbUe  à  la  leur  ^c. 

M^is  toutes  ces  remqntrances^^  menaces  du 
Prophète  n'ainollireiit  point  leur  dureté ,  .&  ne 
les  détournèrent  point  de  leur  mauvais  deflein  ; 
car  ils  cpntinuerent  à  perfécuter  tous  ceux  oui 
donnoient  créance  aux  paroles  de  Saleh  ,  &  fe 
platgnoient  hautement  que  la  chamelle  &  Ton 
petit  éppuvantojent  leurs  animaux  lorfqu  ils  paif- 
ipienc^  6c  tariffoient  leurs  puits  en  buvant.  I^c 


O  Jl   î  E   N   T   A   L  E.     ^  79 

enfin ,  pour  comble  de  leur  impiété  »  ils  coupe- 
renc  les  jarrets  à  ces  anim4.ux  ,  &  les  firent 
mourir.  ' 

Les  Themudites,  non  côntens  d*avoif  com- 
mis un  fi  grand  attentat ,  infulterent  encore  le 
Prophète ,  en  lui  difant  :  »  Eh  bien  »  Prophète  ! 
où  font  tes  menaces ,  &  que  nous  eft-il  arrive 
de  mal  pour  t avoir  àéfohéil  II  nous  paroit  juC- 
qulci ,  que  tu  n'es  quVn  impofteur  &  un  fau^f: 
Prophète  4X  :  &  ce  fut  ce  dernier  outrage  fait  k 
Saieh ,  qui  irrita  tellement  C)ieu ,  qu'il  fufcita  un 
tremblement  de  terre  £1  violent ,  que  touf  lef 
Themudites  Idolâtres  furent  riénverfés  mort»  1% 
face  contre  terre  dans  leurs  prQpre^  maifons^ 
fuivant  ces  paroles  du  Texte  Arabique  de  l'Ai- 
coran ,  dans  le  chapitre  Araf  :  Faakhathom  al^ 
ragiafah  faasbahou  fi  darefiem  gidthemin. 

S  AL  AH  .&SALEH.  Ifmaël  Ben  Noureddin^ 
furnommé  Al  Malek  Aï  SaUH ,  après  la  mort 
de  fon  père  Noureddin  ^  auquel  ilTucceda  à  1  âge 
d  onze  ans ,  dans  les  Rt)yaumes  de  Syrie  ,  de 
Méfopotamie  &  d'Egypte.  Saladin  ,  qui  ëtoit 
créature  de  fon  père,  te  reconnut  pour  quelque 
temps  ;  mais  il  le  dépouilla  bientôt  après  de 
Us  Etats. 

SALAH    SCHEHABï:DDIN    AH3V4ÈD; 

C'eft  U  nom  âiî'  'û\i  d'Al  M^le^  Al  Sard  Es- 
kender,  &  petït-ûU  d'Al  MaJ^^.Al  Saleh  Al 
Scbehid. 

Ce  Prince  fuf  fait  Gouverneur  de  la  ville  & 
château  àè  j^ardin  en  Méfopotamie ,  par  IfTa  Al 


I 


%o        Bibliothèque 

Malek  Al  Dhaher ,  fon  oncle ,  lorfqu'il  fut  atta- 
qué par  Tamerlan. 

SALAH  ou  SALEH.  Al  Malek  Al  Saieh 
Aioub.  C'eft  le  nom  du  fils  de  Malek  Al  Kiamel  ^ 

3m  fut  le  pe'nultieme  Roi  d'Egypte  de  la  race 
es  Aïoubites  &  de  la  poftérité  de  Saladin. 
*  Ce  Prince  acheta  des  Tartares  ou  Môgolsplu- 
fieurs  jeunes  Efclaves  de  la  province  du  Tur- 
queftan ,  &  en  conipofa  une  nouvelle  milice ,  qui 
s  eft  rendue  fameufe  dans  la  fuite  fous  le  nom  de 
Mamelucs^  &  qui  fut  caufc  de  la  ruine  entière 
de  là  maifon  &  de  la  famille  de  ce  Sultan  ;  car 
ce  Priiice  n'ayant  laifle ,  après  fa  mort,  qu'un  fils 
ftommé'  Bornan  Schàh ,  qui  régna  fous  le  titre 
êi  Al  Malek  Al  Mdââinam^  ces  mêmes  Marne- 
lues  fe  malTacrerent ,  après  qu'il  eut  régne'  feule- 
ment deux  mois ,  &  s'emparèrent  de  la  cou- 
ronne d'Egypte,      >  •  ' 

.  Ben  Schohnali  dit  qu'Ai  Malek  Al  Saleh  bâtiç 
une  ville ,  qu'il  nomma  de.  fon  nom  Salehiak , 
dans  un  endroit  de  l'Egypte,  propr,e  à  la  chafTe  ^ 
qu'il  aimoit  beaucoup  ;  &  une  maifon  de  plai- 
fance ,  qu'il  nomma  Kebafch ,  entre  le  vieux  & 
Je  nouveau  Caire.  .  .      • 

Le  même  Auteur  rapporte  que  ce  Prince  ne 
parloit  en  cpmpagnie  que  pour  répondre  à  ceux 
qQiluiparloieot ,.  $c  jamais  en  interrogeant. 

Ce  fut  ce  même  Prince  qui  perdit  la  ville  de, 
Damiette  ,  lorfqu'elle  fut  prife  par  Saîot  Louis , 
l'an  647  de  l'Hégire  ,  &  qui  mourût  peu  de  . 
temps  après  d'une  gangrené  qui  lui  furvint.  La 
ville  de  Damiette  étoit  demeurée,  jufqu'à  ce  que 
Saint  Louis  lâ  reprit ,  entre  les  mains  des  Ma-^   , 

melucf 


r 


\ 


O  R  I  E  R  T  A  L  E,  Ri 

nielucs  ,  depuis  Tan  6i8  de  THëgire,  dans  la* 
quelle  Al  Maick  AI  Kiamel^  père  de  ce  Prince- 
ci  ,  lavoit  ôteVaux  Francs. 

< 

S  AL  AH  BEN  ABDALLAH  ;  nom  d'un 
Prince  d^"  la  race  des  Alides ,  qui  régnoitTan  510 
de  THegire ,  dans  le  pays  des  Nègres,  &  qui  re- 
connoiifoit  cependant  les  Khalifes  Abbaifides/ 
Ce  fut  un  des  defcendans  de  ceSalah,  qui  bâtit 
un  château  dans  la  ville  de  Ganah  ,  au  delà  de 
la  ligne  ëquinoxiale. 

SALAHEDDIN  lOSEPH  BEN  AIOUB 
BÈN  SCHADI.  Ceft  le  nom  du  grand  Saladin, 
qui  étoit  Curde  d'origine ,  &  qui  vint  avec  fon 
oncle  Schirgoueh  au  fervice  de  Noureddin  Zen* 
ghi ,  Prince  d'Halep ,  de  Damas ,  &  de  plufieurs 
autres  pays  &  villes  de  la  Syrie  &  de  la  Méfo- 
potamie  ;  les  Hiftoriens  des  guerres  queles  Francs 
ont  faites  dans  la  Terre -Sainte,  appellent  c# 
Prince  Norandin. 

Saladin  &  fon  oncle  Schirgoueh  acquirent  une 

frande  réputation  dans  les  armes  ,  &  Adhad , 
Lhalife  des  Fathimites  en  Egypte ,  ayant  de- 
mandé à  Noureddin  du  fecours  contre  les  Francs  > 
ce  Prince  crut  ne  pouvoir  pas  mettre  à  la  tête  de 
l'armée  qu'il  envoyoit  en  Egypte  ,  de  meilleurs 
Chefs  que  ces  deux  Capitaines  Curdes.  Mais  les 
troupes  de  Noureddin  ne  furent. pas  plus  tôt  en 
marche  ,  que  le  Khalife  fe  repentît  d  avoir  attiré 
chez  lui  des  forces  plus  puiiTantes  que  lesfîennes, 
&  aima  mieux  s'accommoder  avec  les  Francs , 
que  de  perdre  toute  fon  autorité,  que  Noured- 
din &  Saladia  vou}oi€nt  ufurper. 

Tome  V.  F   /      . 


tl  BlËLtOTBEQ^tTE 

Le  Khalife  fut  cependant  enfin  obligé  de  ioth^ 
ner  à  Saladin  la  charge  de  Vifir  &.  de  Général 
ile  fes  armées  «  avec  le  titre  de  Malek  Al  Najfer  « 
^qui  figniôe  le  Prince  Viélorieux  :  mais  Saladin 
reconnut  fort  mal  Thonneur  &  la  grâce  que  le 
Khalife  lui  faifoit  ;  car  il  dépofléda  ,  dès  l'an  56^ 
tle  l'Hégire,  qui  eft  de  J.  C.  1170^  tous  les 
juges  &   Gouverneurs  dE^ypte  qui  faifoient 

Îirofeifion  de  la  te&t  d'A4î,  dont  le  Khalife  étoit 
e  Chef. 

L'an  567  de  l'Hégire ,  Saladin  fit  fupprimér , 
yar  ordre  de  Noureadin  ,  qu'il  reconnoi^oit  en* 
core  pour  fon  Maître ^le  nom  du  Khalife  Adhad^ 
dans  toutes  les  mofquées  de  TEgypte ,  &  fit  pu- 
blier en  fa  place  celui  de  Moftadni,  trente-troi* 
{îeme  Khalife  de  la  race  des  Abbailidés,  qui 
iîégeoit  à  Bagdet.  Ce  grand  changement  £e  fit  fi 
pVomptement  &  avec  fi  peu*de  bruit,  dit  Bea 
Schohnah ,  que  le  Khalife  Adhad  n'en  fut  pa» 
^<nême  la  nouvelle;  car  il  étoit  pour  lors  attaqué 
d^une  mâladie'qui  l'emporta  bientôt  après,  dans 
la  niême  année  5^57  de  l'Hégire. 

Le  Khalife  ne  fut  pas  plus  tôt  expiré ,  que  S^^ 
ladin  s'empara  aufli-tôt  du  palais  impérial  ^  & 
des  jtréfors  que  les  Khalifes  y  avoient  amafiei 
pendant  le  cours  de  plufieurs  années  que  le  com*- 
merce  des  Indes  s'étoit  toujours  fait  uniquement 
dans  TEgypte,  Ebn  Athir  dit  j  qu  entre  les  fom»- 
mes  immenfes  &  les  joyaux  d'un  prix  ineftima-* 
ble  que  Ton  trouva  dans  ces  tréfors ,  il  y  avoit 
un  rubis  qui  pefoit  dix-fept  drachmes  Arabiques, 
c'eft-à-dire  près  d'une  once  &  demie  ;  car  l'once 
eft  de  douze  drachmes  Arabiques  ^  &  non  pas 
de  huit  drachmes  Attiquesj  comme  partni  lea 
Grecs  &  les  Latins. 


t)  &  iJÉ  N  T  À  L  fe:  î) 

Saia^tt  fe  trouvanc  alors  mattre  abfdlu  dans 
l'Egypte»  crut  n'avoir  plus  befoin  de  la  protec-^ 
tion  dé  Noureddin  ^  &  qu'il  pouv<iJ^C  régner  fou*^ 
verainement  &  indépendamment  de  quelque  autre 
Prince  que  ce  fûc.  Il  voulut  ^  pour  cet  eâfet ,  ga^ 
gner  entièrement  les  efprits  &  les  cqéurs  des 
Egyptiens;  ce  qu'il  ne  pouvoit  faire  ^  tant  qu'ils 
conferveroient  de  l'afFeétion  pour  Ali  >  pour  fa 
famille  &  pour  fa  doélrine  :  c  èft  pourquoi  il  éta^ 
blit  d'abord  |>lu{îeur$  collèges  &  pld^eurs  fëmi«^ 
naires ,  dans  lefquels  on  devoit  enfeigneir  une 
dodrine  tout  à  fait  oppofée  à  celle  des  Alides  , 
&  il  fit  bâtir,  l'an  ^6^  de  l'Hégire^  dans  la  ville 
du  Caire  ^  un  collège  magnifique  ,  homme  Al 
Madraffah  Al  Sc/mftah ,  dans  lequel  on  dévoie 
enfeigner  la  Théologie  &  la  Jurifprudence  Mu-^ 
fulmane ,  fuivant  les  principes  &  les  conclufionj 
de  riman  Schafêi ,  qui  eft  le  Chef  d'une  des  qua^ 
tre  Seûes  eftimées  les  plus  Orthodoxes  parmi 
les  Mufulmans. 

Les  Eji^yptiens ,  ijui  ne  }>ouvoient  pis  fe  dé^ 
|)ouiller  il  aifément  des  fentimens  dont  ils  étoient 
imbus  depuis  deux  ou  trois  iiecles  ^  entreprirent 
de  relever  le  Khalifat  des  Fathiihites,  ât  de  fup^ 
primer  eniiérement   l'autorité  des  Abbaffides^ 

£ouf  ce  qui  concernoit  la  Religion  eh  Egypte. 
s  élevèrent ,  pour  cet  effets  iur  le  trône  dés 
Khalifes  AihaifaK  Ben  Ali  Al  leméni ,  natif  de 
riémen  ou  Arabie  Heureufe ,  qui  étoit  très-bon 
Poéce.  Mais  les  affaires  de  ce  nouveau  Khalife 
n'eurent  point  de  fuccès  ;  car  il  fut  peu  fuivi ,  â& 
obligé  enfin  de  s'abdiquer  lui-même.  ' 

Le  Sultan  Noureddin  Mahmoud  iBen  Zenghi, 
auquel  Saladin  devoit  toute  fa  fortune  ^  étanc 


«4        6  r  B  L  ï  b  f  tt  te  Q  fe  E 

mort  dans  la  même  année  ^69  ,  &  foh  firs  Al 
Malek  Al  Saleli  Ifmaël  lui  ayant  fuccéde  à  l*âgé 
d'onze  ans ,  Saladin  fit  d'abord  publier  le  nom 
de  ce  Prince^  dans  les  mofquées  :  mais  la  foiblefle 
de  fon  âge  Texpofant  aux  infultes  de  fes  voifins , 
Saladin  s'empnra  ,  Tan  570,  des  villes  de  Damas 
&  de  Hems ,  &vint  Taffiëger,  Tan  571 ,  dans 
la  <riHe  d'Alep  ,  de  laquelle  il  fut  cependant 
obligé  de  fe  retirer  par  la  vigoureufe  défenfe  de 
fes  habita qp» 

L'an  579  , Saladin  vînt,  pour  la  féconde  fois , 
aflî<*ger  Alep,  &  s'en  rendit  le  maître  au  mois 
de  Sefer^  Omadeddin  Zenghî,  fils  de  Nout*ed- 
din  ,  qui  en  étoît  le  Souverain,  ayant  capitule, 
&  s'éta  u  retiré  dans  les  autres  terres  qu'il  pof- 
fédoit  en  Méfopotamie,  dont  Nifibe  ëtoit  alors 
la  capitale. 

Mohieddin  ,  Cadhi  de  Damas ,  qui  fit  alors  un 
Poëme  à  la  louange  de  Saladin  fur  la  prifc  d'A- 
Icp ,  dit ,  par  un  enthoufiafme  poe'tique ,  que  Yon 
trut  dès  lors  être  une  prophétie:  FatahiomHa'' 
laban  helfaif  fi  fefer  f  Mobafcheran  be  fotquh 
al  Cbds  fi  Regel  ;  c'eft  un  Diftique  Arabe  ,  qui 
ïîgnifie  :  »  Vous  avez  pris  Alep  dans  le  mois 
de  Sefer  ,  &  je  vous  annonce  la  conquête  de 
Jérufalem  dans  lé  mois  de  Regeb  <c.  En  effet ,  il 
arriva  que  Saladin  prit;^  fur  les  Chrétiens  la  ville 
de  Jérufalem  dans  ce  mêrhe  mois  de  Regeb;  mais 
ce  ne  fut*  que  quatre  ans  après ,  dans  l'an  583 
de  THégire.  -  \  .      x 

L*an  581  Saladin  aflîégea  Moful,.OLi  l'Ata- 

bek  Azzeddin  coinmandoit  :  mais  ayant  voulu 

'détourner  le  fl^ve  du  Tigre  de  là  villç ,  par  un  au- 

'tre  canal  qu'il  faifoit  ouvrir  du  côté  de  Ninive ,  & 


/ 


Oriental*.  9f 

yojznt  que  ce  fiëge  trainoit  en  longueur  par  la 
vigoureufc  defenfe  des  affiëgés ,  il  alla  cependanc 
fe  faifir  de  la  ville  de  Miafarekin  où  Schah  Air- 
nxen  commandoic  ,  &  retourna  auâi-côc  aprèsi 
devant  Moful ,  où  ,  quoiqu'il  ne  pût  pas  entrer  > 
il  obligea  cependant  TAtabek  Azzeddin  de  faire 
proclamer  fon  nom  dans  les  mofquees  de  Moful 
6c  de  toutes  fes  dépendances ,  &4'y  faire  baftr^ 
la  monnoie  à  fon  coin» 

Saladin  retourna,  aprè«  cette  expçditloo,  dans  la, 
ville  de  Damas ,  dans  le  deîTein  d'y  préparer  toutes. 
les  chofes  néçeflaires  pour  faire  le  fiëge  de  Jéru- 
falem,  qu'il  mëditoic  depuis  longf-temps  :  mais 
une  maladie  fore  dangereufe  l'ayant  faifî  en  che« 
min ,  le  réduire  en  peu  de  temps  aux  dernières 
Qzcrëmiiës.  Dans  cette  con jonélure ,  Mohanv» 
m^ed  ,  fils  de  Schirgoueh  fon  coufin ,  commença 
à  faire  agir  fes  partifans  dans  la  ville  de  Damas,* 
pour  être  en  état  de  monter  fiir  le  trâ/ie  aufH^tôc 
après  la  more  de  Saladin^  Celui-ci  fut  averti ,  pen<«. 
dant  fa  maladie ,  des  meoëçs  d,e  fon  coufin  ,  Se 
il  ne  fut  pas  plus,  tôt  en  cpnvalefcence ,  qi^ 
rori  trouva  Mohammed  mort  dans  fa  maifon  ^  ' 
fans  que  Ton  pût  favoir  la  caufe  de  cet  accident  :, 
Qiais  le  bruit  fe  répandit  auiE-tdt  y  qu'il  avoit  été 
empoifonné  par  les  gens  du  Sultan. 

Khondemir  &  Ben.  Sqhohnah,  defquels  on 
tire  la  plupart  des  chofe^  que,  l'on  trouvera  ici 
fur  Saladin  ,  ne  s'accordent  pas  avec  AbouU 
farage  fur  les  ctrconftances  du  fiëge  de  Mpful 
&  de  plufieurs  autres  adions  de  ce  Conque^ 
rant.  C'eft  ce  qu'il  eft  eflentiel  de  remarquer, 
afin  que  cett,e  différence  ne  c{;ioque  pas  le  Lçc^ 


ié  B  î  B  L  I  0  T  H  ï  ^  U  E 

L'an  58}  de  THëgire  ,  Saladin  mit  fur  pteJ 
une  puifuinte  armée  contre  les  Francs  ou  Chré- 
tiens ,  &  vint  d'abord  attaquer  la  ville  de  Tibé-« 
riade  ,  oui  commandoit  un  Comte  de  la  nation 
des  Francs.  Les  Princes  Chrétiens  de  la  Syrie  ^ 
entre  lefquels  étoient  le  Roi  de  Jërufalem ,  le 
Grand-Maître  des  Templiers  &  le  Grand-Maî- 
tre des  Hofpitaliers ,  fe  mirent  en  devoir  de  fe-^ 
courir  cette  place;  Saladin  leur  livra  bataille  ^  & 
l'emporta  fur  eux  une  viéloire  fignalée ,  dans  la-. 

Juelle  il  fit  un  très-grand  nombre  de  prifonniers 
e  marque,  Guy  de  Lufignan  ,  Roi  de  Jërufar 
Iem,.&  le  Grand-Maître  des  Templiers  furenç 
de  ce  n'ombre ,  &  il  fut  aifé ,  après  cette  défaite  ^ 
au  Sultan  Saladin  de  s'emparer  de  la  plus  grande 
partie  des  villes  &  châteaux  que  les  Chrétiens 
po^doîent ,  tant  fur  la  mer  que  dans  le^  mon-^ 
tagnes, 

Saladin  reçut  le  Roi  de  Jérufàlem ,  fon  pri^ 
'  fonnier,  fous  une  tente  magnifique  qu'il  fit  dref<^ 
fer  éxpriçs  pour  cette  cérémonie  ,  6c  le  fit  af- 
feoir  à  fon  côté.  Le  Roi ,  qui  avoit  auprès  dç 
lui  Bornos ,  Seigneur  de  la  ville  de  Crac ,  capi-^ 
taie  de  l'Arabie  rétréç ,  demandai  boire  :  on  lui 
apporta  de  leau  fraîche ,  qu'il  but  ;  mais  Borncrs 
voulant  bx>ire  après  le  Roi,  Saladin  s^y  oppofa» 
6c  dit  au  Roi  :  »  Je  ne  permettrai  point  que  ce 
méchant  homme  boive  ^n  ma  préfence  ;  car  je  ne 
veux  point  lui  faire  de  quartier  ;  &  s'approchanç 
du  même  Bornos  :  »  Tu  fais  fort  bien  /lui  dit- 
ild'un  ton  de  colère,  que  tu  n'as  jamais  ufé 
4aucune  forte  d'honnêteté  envers  les  Muful-r 
inans  :  tu  as  fait  même  une  entreprife  facrilége 

fw:  U^  villeç  ftçre'w  d«  h  Meç(jue  ^  de  Uér 


O  R  T  1  .N  T  A  t  E.  i^ 

l  enfin  tu  as  toujours  ufë  envers  moi  d'une 
maniera  toute  contraire  k  celle  que  j'ai  pratiquée 
jofquici  envers  toi  c(.  Et  il  n'eut  pas  plus  tôt 
achevé  ces  paroles ,  que ,  tirant  le  fabre  qu'il  por-* 
toit  ^il  lui  coupa  la  tête  de  fa  propre  main.  Cette 
aâion  étonna  beaucoup  le  Roi ,  &  lui  donna 
même  quelque  crainte;  mais  Saladin  le  raifura, 
en  hii  donnant  fa  parole  royale  qu'il  ne  couroic 
aucun  danger.  En  effet ,  ce  Sultan  le  traita  tou- 
jours fort  honnêtement  jufqu  a  ce  qu'il  eut  re« 
couvre  fa  liberté. 

Le  fruit  de  la  viéloire  que  Saladin  remporta^ 
ne  fut  pas  feulement  la  ville  &  le  château  de 
Tibériade;  car  ce  Sultan  paiTant  de  la  Galilée 
dans  la  Samarie ,  fe  rendit  maître  de  Naploi^e 
&  de  Sebafte ,  qui  font  Sichem  &  Samarie ,  villes 
bâties  Tune  fort  proche  de  l'autre  ;  &  gagnant 
de  là  la  côte  maritime ,  il  pénétra  jufque  dans 
la  Judée  ou  Paleftine  y  &  prit  par  force  on  par 
compoficion  les  villes  d'Acca  ou  Saint -Jeatt 
d'Acre  ,  qui  eft  l'ancienne  Ptolemaïde  ,*  de 
Seïde  )  de  Barut ,  d' Afcaione  j  de  Gazah  &  de 
Ramlah. 

Ce  fut  dans  Ramlah ,  qui  n'eft  éloignée  de 
Jérufalem  que  d'une  très-petite  journée  de  che* 
min ,  qu'il  difpofa  toutes  chofes  pour  le  fiége  de 
cette  importante  place ,  qui  étoit  la  ville  royale 
&  capitale  de  tous  les  Etats  que  les  Chrétiens 

rofledoient  en  Syrie.  Ce  Sultan  commença  de 
attaquer  dans  la  même  année  583  de  l'Hégire ^ 
&  y  fit  donner  plufieurs  aiTauts  avec  tant  de  vi- 
gueur ;  qu^il  obligea  en  peu  de  temps  les  affiégés 
de  demander  à  capituler, 

La  défenfe  vigoureufe  que   les  Chrétieiis 

Fiv: 


8t  BlBLfOT,9EQUE 

Avoiént  faîte,  en  foutenant  &  repouflatit  vail-r 
lammént  les  fréquens  ailaurs  des  Mufuirnahs  -» 
leur  faifoit  efpérer  une  bonne  compofition  :  mais 
Saladin  répondit  aux  Députés  qu'ils  lui  avoiéat 
envoyés ,  qu'il  vouloir  prendre  leur  ville  par  force, 
de  même  qu'ils  Tavoient  prife  autrefois  fur  les 
Mufulmans.  Cette  réponfe  dû  Sultan  fit  que  les 
Chrétiens  fe  voyant  réduits  à  cette  extrémité, 
réfolurent  de  vendre  bien  cher  à  Saladin  leur  vie 
&  leur  liberté. 

Cette  réfolution  des  affiégés ,  qui  fut  fuîvie 
par  des  adions  de  la  plus  granoe  valeur  »  fit 
connoitre  au  Sultan  qu'il  nauroit  pas  û  bon 
marché  d'eux  qu'il  avoit  cru  au  commencement 
4#  fiége  ,  &  l'obligea  enfin  dç  confentir  à  leur 
donner  des  articles  fur  lefquels  ils  pouvoienc 
traiter. 

Le  principal  de  tous  fut,  que  die  tous  lés  ha- 
bitans  de  Jérufalem  ,  chaque  homme  payeroic 
dix  écus  d'or  pour  fon  rachat ,  chaque  femme 
en  payeroit  cinq,  que  l'on  en  donneroit  deux 
pour  chaque  enfant ,  &  que  tous  ceux  qui  ne 
pourroient  pas  payer  cettes  fomnie ,  detrieurfr- 
j^oient  efclaves  du  vainqueur.  Le  traité  ayant  été 
figné  de  part  &  d'autre  ,  Saladin  entra  trionir 
pnant  dans  la  Sainte  &  Noble  Ville  y  car  c'eft 
ainfi  que  les  Mufulmans  qualifient  Jérufalem,  en 
l'appelant  en  leur  langue  Cods  Sckerifs  ;  Sl  cette 
entrée  fe  fit  le  Ven'dredi  dix-feptierpe  du  mois 
,de  Regeb,  Tan  58}  de  l'Hégire,  qui  fut  le  fé- 
cond dOdobre  de  l'an  Il^7  de  J.  C. ,  après 
quatorze  jours  de  fiége  ,  &  les  Chrétiens  en  foç- 
tirent,  après  l'avoir  pofledée  pendant  Tefpace  die 
au^tre-vingt-huit  s^a^^ 


Orientale.  89 

Ben  Schohnah  remarque  qu'il  s  excita  un  très- 
grand  tumulte  dans  la  ville ,  lorfque  les  Muful- 
jnans  enlevèrent  Ja  croix  dorée  ,  qui  étoit  plantée 
au  haut  du  temple  appelé  «SrtÀÂrar,^  que  les  Mu- 
fulmans  avoient  fait  autrefois  bâtir;  mais  que 
SaJadin  Tappaifa  par  fa  prudence ,  &  fit  que  les 
Mufulmàns  vécurent  fort  paifiblement  avec  les 
•Qîrétiens  jufqu'à  ce  qu'ils  eurent  abandonné*  la 
ville. 

Lan  585  de  THégire,  les  Chrétiens  fortis  de 
Jérufalem ,  qui  s'étoient  retirés  dans  la  ville  de 
Tyr,  reçurent  un  grand  fécours  des  Princes  de 
l'Europe,  &  mirent  fur  pied  une  très-groflë 
armée  toute  compofée  de  gens  qui  portôient  ^  à 
ce  que  dit  Ben  Schohnah,  Sourat  Al  Maffih, 
Ja  figure  du  Meffie ,  par  ou  il  entend  l'image 
de  la  Croix.  Ils  vinrent  d'abord  mettre  le  fiége 
devant  la  ville  de  Saint-Jean  d*Acre ,  où  Saladin 
vint  auflî-tôt  les  aifiéger  dans  leur  camp. 

Ce  Sultan  ne  put  pas  cependant  fecourîr  la 
place ,  &  eut  le  déplaifir  de  la  voir  prendre  à 
la  vue  :  mais  ce  qui  le  toucha  beaucoup  davan^ 
tage,  fut  que  les  Chrétiens,  qui  avoient  reçu  les 
Mufulmahs  affiégés  à  Compofition ,  ne  laifferent 
pas  de  tuer,  ou  de  faire  prifonniers  tous  ceux 
qu'ils  trouvèrent  dans  la  ville. 

Cette  viéîoire,  qui  arriva  Tan  587  de  THe- 
gire ,  enfla  le  cœut  des  Chrétiens ,  &  leur  fit 
entreprendre  dans  la  même  année  les  fiéges  de 
jCéfarée  &  de  Jafa  ,  qu'ils  emportèrent  ,  no- 
nobftant  tous  les  grands  efforts  que  fit  Saladin 
pour  fecourir  ce^  deux  villes.  Ainfi  ce  Sul- 
tan ,  voyant  qu'il  ne  pouvoit  pas  refifter  aux 
forces  des  Chrétiens^  prit  le  parti  de  fai:(e  dé- 


çô        Bibliothèque 

molir  lui-même  les  villes  d'Afcalone  &  de  Ratn« 
lah ,  &  6t  fortifier  autant  qu'il  put  la  ville  de 
Jérufalem. 

Dans  la  même  année  587,  les  Mufulmans 
traitement  <f  accord  avec  tes  Chrétiens ,  &  il  fut 
propofé,  entre  les  articles  du  traité,  que  Malek 
Al  Adel  5  frère  de  Saladin ,  épouferoit  la  fœur 
du  Roi  d'Angleterre  >  qui  étoit  Richard,  que  Ben  ' 
Schohnah  appelle  Malek  Al  Anketar  ;  qu'en 
faveur  de  ce  mariage,  Saladin  donneroic  à  fon 
frère  le  royaume  de  Jérufalem ,  &  que  la  Reine 
fa  femme  auroit  pour  dot  la  ville  de  Ptole-* 
maïde  ou  Saint-Jean  d'Acre  :  mais  les  Evéques 
Chrétiens  ne  voulurent  confentir  à  ce  mariage, 
qu'à  condition  que  le  frère  de  Saladin  renonceroit 
au  Mufulmanifme  &  fe  ferpit  baptifer. 

Les  Mufulmans  refufant  d'acquiefcer  auffî  de 
leur  côté  à  cette  condition ,  le  traité  traîna  en 
longueur  j  pendant  tout  ce  temps-là,  lès  Chré« 
tiens  &  les  Mufulmans  firent  entre  eux  beaucoup 
de  jeux  &  de  combats  de  barrière  &  de  têtes , 
qui  furent  fuivis  de  feftins  &  de  rcjouîlîknces , 
lefquelles  lièrent  une  û  grande  amitié  entre  les 
lins  &  les  autres,  que,  quoique  le  traité  du  ma- 
riage n'eut  pas  fou  effet  >  on  y  conclut  cepen- 
dant une  trêve  de  trois  ans  &  trois  mois  entre 
les  deux  partis.  ^ 

Dans  c^  traité  de  trêve  ^  qui  fut  conclu  Tan 
58S  de  l'Hégire,  Ben  Schohnah  remarque  que 
ni  le  Roi  d* Angleterre ,  ni  Saladin  ne  jurèrent 
point ,  &  donnèrent  feulement  leur  main  :  maisi 
tous  les  autres  Princes  Chrétiens,  dun  côté,  & 
de  l'autre ,  tous  les  frères  &  enfans  dé  Saladin. 
jurèrent  dç  robfervei:  inviolablcmeut.  Ce  traite 


Orientale,  91 

Îortoît  que  les  villes  de  'Saint-Jean  d'Acre ,  dç 
afFa ,  de  Céfarée  ,  d'Arfof  &  d'Anka  demeu-i 
reroîent  avec  toutes  leurs  dépendances  entre 
les  mains  des  Francs  ;  que  la  ville  de  Jérufa-- 
lem,  avec  fon  territoire,  appartiendroit  à  Sa- 
ladin  &  aux  fîens ,  &  que  les  villes  d*Afcaione 
^  de  Ramiah  demeureroient  démolies  comnie 
elles  étoient. 

L'an  5  ^9 ,  Saladin  mourut  d'une  maladie  aiguë 
ôxi  de  phthifîe  dans  le  ^château  de  la  viile  de 
Damas  oî|  il  fut  inhume ,  âgé  de  cinquante^ 
fept  ans  ;  car  il  étoit  né  Tan  532,  dans  la  ville 
de  Takrit  en  Méfopotamie.  Il  avoit  régné  en- 
viron vingt- quatre  ans  en  Egypte,  &  environ 
dix-neuf  en  Syrie, 

Ce  Sultan  fut  tellement  regretté  des  fîens  ^ 
q'U  y  eut  un  deuil  public  à  fa  mort  dans  tous 
es  Etats.  Malek  Al  Afdhal ,  fon  fils  aîné ,  qui 
lui  fuccéda  en  Syrie,  reçut  pendant  trois  jours 
les  complimens  de  condoléance ,  &  donna  avis 
fl?  fon  aécès  à  fes  frères ,  Malek  Al  Aziz ,  qui 
gouvernoit  TEgypte ,  à  Malek  Al  Dhaher ,  dit 
auiîî  Al  Cr^fz  5  qui  commandoit  dans  Alep  ,  &  à 
■fon  oncle  Malek  Al  Adel ,  qui  faifoit  fa  réfidence 
dans  la  ville  de  Crac  en  Arabie. 

Tous  ces  Princes  aiSfterent  aux  funérailles  de 
Sabdin,  pendant  lefquelles  la  fœur  de  ce  Sultan, 
nommée  Sittah  Alfçham ,  diftribua  aux  pauvVes 
de  très-grandes  fommes  de  fes  propres  deniers: 
car  SaladiQ  n'avoit  laiifê  dans  fan  tréfor  que  qua- 
rante-fept  drachmes  d*argent  de  tous  les  revenus 
qu'ir  recueillait  de  fesEcats,  &  Ton  ne  trouva 
pas  d^ns  tous  (es  coffres  une  feule  pièce  d'or,  ni 
KUCUQ  tûçuble  précieux. 


?. 


9»         Bibliothèque 

Le  Secrétaire  de  xe  Sultan,  nommé  Omaét 
Al  Kateb  ,  qui  a  écrit  fa  vie ,  enchérit  beaucoup 
fur  ce  que  Ben  Schohnah  &  les  autres  Hifto- 
rieniî  ont  dit  de  ce  grand  Prince  :  car  en  parlant 
de  fa  libéralité ,  il  dit  que  dans  le  temps  qu'il 
eampoit  autour  de  Tarméc  des  Chrétiens  qui 
affiegeoient  la  vilie  de  Ptolemaïde,  il  donna  jus- 
qu'à douze  mille  chevaux  de  prix  de  fes  écuries 
à  fes  Officiers  &  à  fes  amis ,  fans  conîpter  cçux 
'  qui   ne    mériroient    pas  d'être  couchés  fur   lés 

rôles  de  fa  niaifon ,  $l  qu'il  ne  s'en  réfervoit  ja-p 
mais  qu'un  ,  duquel  il  fe  fervoit  ordinairement  : 
car  la  coutume  de  ce  Prince  étoit  de  ne  garder 
jamais  rien  pour  le  lendemain,  &  de  donner 
tout  ce  qu'il  étoit  en  fon  pouvoir  de  donner. 

Ce  même  Auteur  ajoute,  en  parlant  de  fk 
piété,  qu'il  étoit  fi  religieux  qu'il  n'avoit  jamais 
différé  le  temps  que  les  Mufulmans.  deftinent  à 
la  prière  ,  &  qu'il  la  faifoit  toujours  dans^  l'aiTem- 
blée  publique  ,  même  dans  la  mofquée ,  s'il  s'en 
trouvoit  une  dans  le  lieu  où  il  étoit  ;  que  f^s 
mœcirs  étoient  fans  reproche  ;  qu'il  diffimuloic 
&  pardonnoit  aiférfient  les  fautes  de  fçs  amis  &; 
de  fes  doraeftiques ,  &  gardoit  une  trçs-grandcr 
honnêteté  &  civilité  dans  la  converfation. 

Omad  Al  Kateb  déplore  la  mort  de  ce  Prince 
dans  une  Elégie  Arabique ,  dont  voici  le  fens  : 
^  Il  eft  mort  enfin ,  ce  Roi  des  hommes  les  plus 
braves  &  les  plus  généreux  ;  &  il  eft  mort  de 
même  que  ceux  qui  ont  été  les  plus  illuftres  & 
les  plus  glorieux  entre  les  Princes.  Les^graces 
&  les  bienfaits  ont  ceffé  avec  lui ,  fie  les  injuf-^ 
tices  fe  font  multipliées  après  lui.  Le  Monde  a 
fait  la  plus  grande  perte  quil  pouvotc  faifCn 


O  R  I  K  N  T  A  L  £•  9J 

^dHqu^îl  a  été  prive  ,  par  la  mort  de  ce  Mo- 
narque^ de  fon  plus  bel  ornement,  &  la  Reli-- 
gion  Mufulraane  s  eft  obfcurcie  depuis  que  cette 
'  grande  lumière  a  été  éclipfée;  &  enfin  TEtat  ne 
hiic  plus  que  chanceler  depuis  qu'il  manque  de 
cet  appui  «. 

"Ebn   Al    Athîr  rapporte   que  Saladin  ayant 
Bi%rîé ,  un  peu  avant  fa  mort,  une  de  fe$  nièces 
à  Caïflàr  Schab  ,  Prince  de  la  Maifon  des  Selgiu- 
cidès,  mit  pied  à  terre  en  prenant  congé  de  ce 
nouvel  époux  j  &  que  lorfqu'il  remonta  à  che- 
val, ce    Prince  lui  tint  rétrier,  &  qu'Aladin  > 
Prince  de  la  Maifon  des  Zenghis,  lui  accom- 
moda fes  habits  après  qu  il  fut  monté.  -  Un  de 
ceux  qui  étoient  préfens  à  cette  cérémonie,  dit, 
félon  le  rapport  du  même  Auteur,  comme  par 
m  efprit  prophéfique  :  »  Tu  ne  vivras,  pas  long- 
temps ,  ô  fils  de  Job  !  c*eft  ainfi  qu'il  nommoit 
Saladin  s  &  tu  dois  bientôt  finir  tes  jours ,  puif- 
quun  des  Princes  Selgiucides,  ïorkebhajie  met 
à  cheval,  &au*un  autre  de^la  Maifon  des  Zen- 
ghis ,  lojlah  thiaheha ,  accommode  tes  habits  <c. 
Ce  pronoftic  fut  accompli ,  Se  dans  la  perfonne 
de  Saladin,  &  dans  fa  famille  :  car  ce  Sultan  mou- 
rut peu  de  temps  après ,  &  fa  famille  fut  fort 
jnaltraitée  par  les  Selgiucides  de  la  Natolie ,  & 
■rétabHe  par  les  Atabeks  de  la  famille  de  Zenghi , 
ce  que  Its  deux  mots  Arabes  Rakab  &  Salah 
enferment  dans  leur  fignification. 

Ben  Schohnah  remarqué ,  entre  les  aélions  de 
piété  de  ce  Sultan ,  la  vifite  religieufe  qu'il  fit 
en  retournant  d'Alép  à  Damas  ,  du  fépulcre 
d'Omar  Ben  Abdalaziz  ,  Khalife  de  la  Maifon 
.lies  Ommiades ,  qui  étoit  mort  en  réputation  de 


?. 


^4  fiiftLtOtâËQ  V  t 

iainteté,  &  duquel  les  Abba^ides ,  qui  firéiit 
déterrer  fi  inhumainement  tous  les  Princes  Om-* 
miades,  avoient  refpeâé  le  tombeau  ^  &  fait  auM 
mention  d'un  pèlerinage  que  le  mêitie  Prince  f],c 
au  fépulcre  d*Abou  Zakaria  Al  Magrebi ,  qui 
paiTe  dans  la  Syrie,  parmi  les  Mufulmans,  pour 
un  Saint  à  miracles*  Le  même  Auteur  dit  ^ 
u'après  qu'il  eut  (atisfait  à  toutes  ces  dévotions , 
es  principaux  Courtifans  lui  confeillerent  de  li-» 
cencier  Tes  troupes ,  pour  leur  donh^r  du  repos  ^ 
après  tant  de  fatigues  militaires  qu'il  leur  avoit 
fait  fupporter  pour  exécuter  (es  grandes  &  glo-" 
rieufes  entreprifes }  mais  il  leur  répondit  ces  mots  i 
Alûmr  cajjir  v  alagel  gaïf  mamoun  ;  »  La  vie  cfl 
courte ,  &  fon  terme  efl  incertain  ^  y  par  lef-- 
quelled  paroles  il  leur  vouloit  faire  entendre  qu'il 
falloir  toujours  travailler  pendant  le  peu  de  temps 
qui  lui  reftoit  à  vivre. 

Le  même  Auteur  que  l'on  vient  de  citer  ^ 
traite  aflez  au  long  des  defcendans  de  Saladin  ^ 
&  démêle  la  fucceffion  des  Princes  de  la  Maifoil 
des  Jobites  en  la  manière  fuivarite. 

.  Saladiti  laifla  dix-fept  enfans  mâlé's  j  &  une 
feule  fille ,  qui  fut  mariée  a  Malek  Al  Kiamcl  ^ 
fils  de  Malek  Al  Adel,  frère  de  Saladin,  éc  qui 
étoit  par  conféquent  fon  coufin-germain. 

Malek  Al  Ardai ,  de  qui  le  nom  propre  ëtoit 
Noureddin  Ali ,  étoit  l'aîné  de  tous  fes  frères  ^ 
&  eut  pour  fon  partage  les  royaumes  de  Da- 
nias  ,  ae  Jérufalenl ,  &  de  la  Baâè-^'Syrie  oU 
Cœlé-Syrie. 

Malek  Al  Azîz  Othmah ,  quoique  puînç,  fut 
le  mieui  partagé  ;  car  il  eut  l'Egypte  entière. 
Malek  Al  Dhaher  Gaïathedoin ,  qui  ^otit 


.Orientale*  95 

tiifi  le  titre  de  Ga^i  ou  de  Conquérant ,  régna 
dans  Alep  &  dans  toute  la  Haute -Syrie  qui 
dépendoit  de  cette  capitale. 

Nous  ne  trouvons ,  dit  ce  même  Auteur ,  que 
ces  trois  enfans  de  Saladin  qui  aient  partagé  fa 
fucceffion;  car  fes  autres  Etats  demeurèrent  entre 
les  mains  de  fes  frères ,  de  fes  neveux ,  &  de  fes 
coufins,  qui  les  poiTédoient  déjà,  &  relevoient 
cependant  de  ces  trois  Princes  fes  enfans ,  qui 
établirent  trois  Dynafties  ou  Principautés  fépa-«> 
rées  en  Egypte  >  dans  la  BaiTe-Syrie  &  Palefline 
dont  Damas  étoit  la  capitale ,  &  la  Haute*Syrie 
qui  dépendoit  d*AIep. 

Saladin  avoit  eu  plufieurs  frères  :  Schirgoueh, 
duquel  il  faut  voir  le  titre ,  mourut  avant  lui  ^ 
&  Malek  Al  Adel  Aboubekr  lui  furvécut,  & 
demeura  en  poflèffion  de  la  fortereâ*e  de  Crac  ^ 
que  fon  frère  lui  avoit  confiée.  Mais  ayant  com- 
ploté, Tan  59X  de  THégire,  avec  Aziz  qui  ré- 
gnoit  en  Egypte ,  contre  Afdbal  qui  commandoit 
a  Damas,  ce  Prince-ci,  qui  étoit  Tainé  de  Sa-« 
ladin ,  fut  dépouillé  de  fes  Etats  par  fon  oncle 
&  par  fon  frère  puiné ,  &  fut  obligé  de  fe  re^ 
tirer  à  Sarkhod ,  après  quoi  le  même  Malek  Al 
Adel  demeura  par  la  cêfîîon  d'Aziz'  fon  neveu , 
maître  de  Damas  &  de  Jérufalem ,  &  prit,  Tan 

!;93  de  THégire,  la  ville  dloppé  ou  de  Jafa  fur 
es  Chrétiens. 

Malek  Al  Afdhal  fe  voyant  ainfi  dépouillé 
par  fon  frère  &  par  fon  oncle ,  écrivit  en  vers 
(car  il  étoit  bon  Ppête)  au  Khalife  Nafler  l'Ab- 
bailîde  une  lettre  dont  le  fens  étoit  :  »  Mon 
Seigneur ,  vous  favez  qu* Aboubekr  &  Othman 
âterent  par  violence  à  AU  le  Khalifat  qui  lui 


/ 


^6        Bibliothèque 

apparcènoit  après  la  mort  de  Mahomet  fon  béta« 
père  ;  voyez  donc  h  fatalité  du  nom  d*Ali ,  puif- 
qu'à  moi  qui  porte  ce  nom ,  Othman  mon  frère  ^ 
&  Aboubekr  mon  oncle,  m'ont  fait  la  même 
injuftice  <c.  Le  Khalife  Naffer  ayant  reçu  cette 
lettre,  répondit  auffi  en  vers  à  ce  Prince  :  »  Ali 
fut  privé  injuftemeht  de  fon  droit ,  parce  qu  il 
ne  trouva  point  alors  dans  Médine  de  Nafil-r  , 
c'eft-à-dire  de  Protecteur.  Mais  ayez  bgn  cou- 
rage; car  ils  rendront  bientôt  leur  compte  ,  & 
vous  trouverez  en  ma  perfonne ,  moi  qui  fuis 
Nafler ,  toute  forte  de  fecours  &  de  protec- 
tion «.  ** 

En  effet ,  l'an  595  ,  Malek  AI  Aziz  mourut 
en  Egypte  ,  &  les  Egyptiens  appelèrent  Malek 
Al  Afdhal  ,  fon  frère  aîné ,  pour  lui  fuccéder  ; 
mais  Tan  596/,  Malek  Al  Adel  vint  affiéger 
Afdhal  dans  la  ville  du  Caire  ,  ^  il  ne  Ht  la 
paix  avec  fon  neveu ,  qu*a  condition  qu*il  lui  ce- 
deroit  l'Egypte ,  &  qu'il  fe  contenteroit  de  quel-, 
oues  villes  de  la  Syrie  qu  on  lui  donneroit  en 
échange. 

Lan  597, Malek  Al  Afdhal  fe  joignit  a  Malek 
Al  Dhaher,  fon  autre  frère ,  &  ils  vinrent  èn- 
femble  affiéger  la  ville  de  Damas,  que  Malek  Al 
Adèl,  leur  oncle,  pofledoit.  Mais  ce  fiége  ne 
leur  ayant  pas  réuffi ,  les  neveux  firent  leur  paix 
avec  leur  oncle ,  &  retournèrent  chacun  cbez  eux, 
Afdhal  à  Schumifchat  ou  Samofate,  Dhaher  en 
Alep  ;  &  la  ville  de  Damas  demeura  à  Malek 
Al  Adel. 

L'an  599,  Malek  Al  Adel  entra  avec  fon  fils 
Malek  Al  Afchraf  MouiTa  dans  I4  Méfopota- 
mie,  $c  affiégea,  mais  en  vain.,  la  forte  place  de 

Mardin  j 


Orientale.  97 

lAàràin;  mais  il  prie,  en  Tan  606 ,  la  ville  de  NU 
iibe.  Ce  fut  en  ce  temps-ci  que  les  Mogols  com- 
mencèrent à  dorlner  Tépouvante  fur  le  Tigre  & 
fur  TEuphrare. 

L'an  613,  Malek  Al  Dhaher ,  troifîeme  fils 
deSala^din  ,  mourut,  &  laiffk  pour  fucceifeuf  dans 
Âlep ,  Malek  Al  Aziz  Mohammed ,  à  1  âge  de 
trois  ans. 

L'an  6 1 5  >  Malek  Al  Adel  Aboubckr ,  frère 
de  Saladin ,  a  qui  ce  Sultan  n'avoir  laiiTé  que  les 
villes  de  Crac  &  de  Schoubek,  mourut  en  pof- 
ieffion  de  TEgypte  &  d'une  grande  partie  de  la 
Syrie  &•  de  la  Mefopotamie  ,  après  un  règne  de 
dix -huit  ans  ,  8c  laiffa  plufîeurs  enfans  entre  une 
partie  defqueU  il  partagea  fes  Etats. 

Malek  Al  Kiamel,  laine  de  tous,  eut  l'Egypte; 
Malek  Al  Moâddham  eut  Damas,  Jérusalem, 
&  fes  dépendances. 

Malek  Al  Afchraf  r^gna  en  Mefopotamie,  & 
eut  Roha  ou  Edefle  pour  la  ville  capitale  de  fon 
Etat. 

Malek  Al  Modhaffci;,  Schchabeddin  rëgna  k 
Miafarekin. 

Malek  AI  Aouhad  Nag'meddin  Aïoub  ou  Job^ 
k  Akhlath. 

Malek  Al  Afad,  à'  Giabar. 

Malek  Al  Aziz,  à  Banias  ou  Paneas. 

Malek  AI  Salah  où  Al  Saieh  Ifmâêl,  à  Bofra« 

Malek  Al  Adel  laiffa  encore  plufieurs  autres 
de  fes  enfans  qui  demeurèrent  fans  Etats.  Il  y 
en  a  quatre  que  les  Hiftoriens  nomment;  favoir., 
Malek  Al  Faïedh,  Malek  Al  Amgiad,  Màiek 
Al  Afdhal ,  &  Malek  Al  Caher. 

L'an  6ii  ie  THégire,  Malek  Al  Kiamel;fil$ 

To7m  V.  G       .  * 


rx 


5?         Bibliothèque 

de  Malck  Al  Adel  Roi  d'Egypte,  reprit  la  ville 
de  Damiette  fur  les  Francs ,  qui  lavoient  poiTédëé 
près  de  deux  ans. 

L'an  6n  ,  Malek  Al  Afdhal  Ali,  fils  aîné  de 
baladin,  qui  fut  chafle  fucjefîîvement  dés  royau- 
mes de  Damas  &  (iEgypte ,  mourut  dans  Sa- 
«lofate,  feule  ville  qui  lui  reftoit  de  fes  Etats* 

L'an  (î^4,  Malek  Al  Moâddham  Ifla ,  fils  de 
Malek  Al  Adel ,  mourut  dans  fès  Etats  de  Damas 
&  de  Jerufalera,  &.  laiflâ  pour  fuccefleur  Malek 
-Al  Naffer  SalahedJîn  Daoud  fon  fils. 

L'an  6i5,  Malek  Al  Kiamel  ,*quî  e'toit  entré 
en  jouiflance  d  une  partie  des  Etats  dte  Mal^  Al 
Moàddham  après  la  mort  de  ce  Prince  ,  ce'da  là 
ville  de  Jérufalem ,  qui  lui  étoit  échue  ,  aux 
Chrétiens. 

L'an  627,  Gelaleddin  Mankberni,  Sultan  dès 
Khouarezmiens ,   ayant  affiégé    &  pris  la  ville 
d'A^hlah  ,  où  deux  frères  de  Malek  AI  Afchràf , 
iils  de  Maîek^Al  Adel,  &  frères  de  Malek  Al 
Kiamel ,  etoient   enfermés  avec  Ibek  affranchi 
d'Afchraf,  ce    Sultan   vint   avec  une  pûiiîànte 
^rmçe  au  deyant  de  Gelaleddin  qui   sâvançoit 
vers  la  Syrie ,  lui  donna  conîbat ,  &  remporta 
une  vicîloire  qui  le  remit  auffi- tôt  en  pofTéîSbri 
de  la  ville  d'Akhlat  &  des  autres  terres  que  les 
Khouarezmiens  avoient  envahies.  C'éft  ce  inême 
Malek  Al  Afchraf  qui  fe  vantoit  à  Gelaleddin 
d'avoir  dans  fon  armée  deux  mille  Cavaliers  qui 
.écoieiît  tous  fes  frères,  fés  enfahs  ou  (es  paréns . 
:£aiit.  la  famille  des  Aioubites  ou  Jobites  s'étôit 
multipliée. 

.    IJm  634,  Malek  AI  Aziz,  fils  de  Malek  Al 
Dhaher  Al  Gazi,  fils  de  Saladin^  Sukan  d*AIep , 


O  R  L  E   N   T   A   L  Ç.  99 

finit  Tes  jours ,  &  eut  pour  fucce^eur  Malek  AI 
Nafiêr  Salaheddin  fon  Âls,  le  dernier  des  Sultans 
de  la  Maifon  des  Aïoubites,  qui  fut  tué  l'an  ^58 
de  THégire ,  par  Holagou ,  deux  ans  après  la  prife 
de  Bagdet. 

L'an  6}5  ,  Malek  Al  AfcKraf  &  Malek  Al 
Kiamel ,  tous  deux  fils  de  Maîek  Al  Adel ,  mou- 
rurent y  le  premier  à  Damas ,  &  le  fécond  en 
Egypte. 

Lan  647 ,  Malek  Al  Saleh  ,  qui  avoit  fuccédé 
à  fon  perè  dahs  le  Royaume  d'Egypte,  aiîîégea 
la  ville  de  Hems  ou  Emefle  en  Syrie;  mais  il 

S[uitta  bientôt  fon  entreprife ,  lorfqu'il  apprit  que 
es  Francs  étoient  devant  Damiette.  Il  retourna 
en  Egypte  dans  le  temps  même  qye  Saine 
Louis  s'ëtoit  rendu  maître  de  cette  place ,  & 
mourut  dans  la  même  année.  Malek  Al  Moâd* 
dham  fon  fils  lui  fuccéda  ;  mais  il  fut  entière- 
ment gouverné  par  Schagr  Al  Dorr  fa  mère, 
1&.  dans  la  dépendance  d  Âzzeddin  Ibek  le  Tur- 
coman. 

L'an  648  ,  Saint  Louis ,  après  la  prife  de  Da« 
miette  ,  battit  les  Egyptiens  ,-&  fut  enfuite  en- 
tièrement défait  auprès  de  la  ville  de  Manfourab , 
fur  un  des  bras  du  Nil,  où  il  fut  enfermé.  Malek 
Ai  Moâddham  f.qui  le  fit  prifonnier  ,  ayant  fait 
quelque  temps  après  la  paix  avec  lui^  contre  Favis 
des  Mamelucs,  ceux-ci  fe  révoltèrent  contre 
lui ,  &  l'obligèrent  de  s  enfuir  dans  une  tour  de 
bpis  qui  étoit  bâtie  fur  le  bord  du  Nil  Ceux  qui 
le  pourfuivoient  mirent  le  feu  à  la  tour  ,  âc 
contraignirent  ainfi  ce  Sultan  de  fe  jeter  dans 
Teau  ,  où  il  fut  tué  à  coups  de  flèches. 

Azzeddin  Ibek  le  Turcoman  fut  élevé  alors 

Gij 


ïoo       Bibliothèque 

fur  le  trône  par  les  Mamelqcs ,  &  ratifia  le  traité 
que  Moâddnam  avoit  fait  avec  Saint  Louis ,  qui 
recouvra  ainfî  fa  liberté  ;  &  Schagr'  Al  Dorr  , 
mère  de  Moâddham ,  qui  vouloit  toujours  gou- 
verner, ayant  e'të  menacée  par  Ibek,  le  prévint,  &^ 
le  fit  mourir.  Mais  elle  fut  bientôt  punie  de  ce 
meurtre  par  les  Mamelucs ,  lefquels ,  après  l'avoir 
fait  mourir,  élevèrent  à  la  place  d'ibek,  fur  le  trône 
d'Egypte,  un  de  leur  corps,  nommé  Cothcu^.^ 
auquel  ils  donnèrent  le  nom  &  lé  titre  de  Malek 
AlModhaffer. 

Pendant  ces  tumultes  d'Egypte  ,  Malek  AI 
NalTer ,  fils  de  Malek  Al  Aziz  ,  qui  régnoit  tou- 
.  jours  dans  Alep ,  s'approcha  de  Damas ,  dont 
on  lui  ouvrit  les  portes  ;  il  fut  même  appelé 
pour  régner  en  Egypte  ;  mais  les  Mamelucs ,  qui 
étoient  les  plus  forts ,  l'obligèrent  à  s'en  re- 
tourner. 

L'an  658  ,  Holagou  leXârtare|s'étant  rendu 
maître  de  la  Syrie,  Al  Maîek  Al  Nafîer  abandonna 
Alep,  &  s'enfuyoit  avec  toute  fa  famille  dans  le 
défert  de  Crac  en  Arabie  ;  maisJCetboga  ,  un  des 
Chefs.de  l'armée  des  Tartarcs ,  l'ayant  enlevé  &. 
envoyé  à  Holagou ,  ce  Tartare  le  reçut  fort  bien  ; 
cependant  il  le  fit  mourir  lui  &  fon  frère  Malek  Al 
Dhaher ,  après  qu'il  eut  appris  que  Ketboga  avoit 
été  défait  par  Cuthouz  Sultan  d'Egypte, 

Ce  fuMans  la  même  année  que  la  ville  d'Alep 
fut  prîfe  par  Holagou,  &  au  même  temps  que 
Malek  Al  Afchraf  fut  aflîégé ,  pris  &  tué  dans 
la  ville  de  Miafàrekin  par  les  Tartares, 

On  a  cru  ne  pouvoir  mie^x  placer  tous  ces 
defcendarrs  de  la  pôftérité  de  Saladin  ,  que  dans 
Je  titre  même  de  ce  Prince  ;  &  l'on  a  jugé  à  pro- 


/ 
/ 


Oriental  e.  ioi 

pos  d'en  parler  an  peu  plus  au  long,  &  (Ten  dé- 
mêler plus  exâdlement  les  noms  &  les  états ,  â 
canfe  du  grand  rapport  que  ces  Princes  ont  eu 
avec  les  Chrétiens ,  qui  faifoient  alors ,  dans  le 
temps  des  Croifades ,  la  guerre  en  Orient. 

Il  rêfte  cependant  encore  a  dire  quelque  chofe 
de  Saladin  ;  car  plufieurs  Auteurs  ont  fait  des 
remarques  particulières  fur  la  fortune  &  fur  les 
mœurs  de  ce  isfrand  Conquérant. 

Ebn  Athir  écrit  que  Saladin  ,  après  avoir  con- 
quis fur  les  Francs  le  fort  château  de  Panias ,  dans 
la  Haute  Galilée ,,  &  l'avoir  pourvu  de  vivres ,  de 
munitions  ,  &  d'une  bonne  garnifon ,  quitta  ce- 
pays ,  &  fe  tranfporta  de  ]à  à  Damas ,  qui  étoit 
pour  lors  la  capitale  de  toute  la  Syrie.  Jl  porta 
dans  fon  voyage  ,  à  fon  doigt,  ce  rubis  d'un  ^  grand 
prix,  qu'il  avoit  trouvé  dansées  tréfors  du  Knalife 
Adbadh.  Ce  rubis  lui  tomba  du  doigt  dans  un  che- 
min couvert  de  brouflailles  &de  halliers  fbrtépaisv 
&ilnes*apperçut  de  cette  perte  qu^étant  déjà  bien 
éloigné  du  lieu  où  il  croyoit  l'avoir  perdu.  Il  en* 
voya  quelques-uns  de  fes  domeftiques  au  lieu  qu'i^ 
leur  marqua  ,  Se  ils  l'y  trouvèrent  à  point  nommé  ^ 
contre  l'attente  de  tous  fes  Courtifans,  qui  tire-^ 
rent  de  cette  heureufe  rencontre  vn  pronoftic 
afluré  de  la  fortune  inféparable  de  toutes  les  en*- 
trepriles  de  ce  Sultan. 

Entre  les  aéîions  de  juftîce  &  de  piété  de  Sa-^ 
ladin  ,  Khondemir  remarque  la  punition  du.Doc- 
teur  Schehabeddin  Af  Schaharouardi ,  lequel  ^. 
donnant  tfop  de  liberté  à  fon  efprit ,  étoit  tombé 
dans  de  grandes  extravagances  aufujet  de  la  Re-^- 
ligio». 

Giii 


toj       Bibliothèque 

Le  même  Auteur  dit  que  Saladin  ctoit  mont^ 
au  degré  de  puiifance  auquel  il  étoit  arrivé ,  par 
tous  les  degreV  des  vertus  &  des  charges  militai^ 
tes  ;  car  il  étoit  déjà  maître  abfolu  de  TEgyptc  ^ 
lorfque  Malck  AlNafler  Noureddin  Bert  Zenghi^ 
Sultan  d'Alep ,  lui  ëcrivoît  encore  comme  à  fim, 
fujet  ;  &  la  modeftie  de  Saladin  étoit  fi  grande  y 
jqu*il  fe  qualifîoit  encore  le  Sipahfalar,  le  Com^ 
mandant  des  armées  de  ce  Sultan ,  &  qu'après  Ùt 
mort ,  il  reconnut  encore  pour  fon  hnaitre^  Ma- 
lek  Ai  Saieh  Ifmaël ,  fils  de  Noureddin  ,  quoi- 
que beaucoup  déchu  de  la  puiâance  de  foa 
père. 

Les  Hifloriens  Mufulmans  s'attachent  beau- 
coup plus  à  louer  la  ji^ice  ,  la  libéralité  ,  la  dou« 
ceur ,  l'humilité  &  la  patience  de  Saladin  ,  que 
fes  vertus  militaires,  aui  ont  d'ailleurs  a^Tez  éclaté 
dans  toute  la  durée  de  fon  règne  ;  en  forte  que 
Noureddin  &  lui  tiennent  auilî  bien  parmi  les 
Mufulmans  *  le  rang  de  Saints ,  que  celui  des 
plus  grands  Monarques  &des  plus  vaillans  Guer-> 
riers.  Auifî  il  fe  trouve  des  Auteurs  qui  ont  écrit 
conjointement  la  vie  de  ces  deux  grands  Princes. 
Abou  Abdallah  Mohammed,  furnommé  Omad 
Al  Kateb  Al  Esfdhani ,  natif  d'ispahan  »  qui 
avoit  été  Secrétaire  des  Commandemens  de  ce 
Prince,  a  compofé  en  fept  volumes  une  Hifloire 
intitulée  Al  bark  Al  Schartii^  la  Splendeur  & 
V Ornement  de  la  Syrie ,  où  il  décrit  fort  ample- 
ment toutes  les  grandes  aérions  de  ces  deux 
Princes.  Cet  Auteur  mourut  Tan  597  de  THé- 
gire. 

Joufouf  ou  Jofef  Ben  Tangri  Vîrdi ,  que  les 
Arabes  nomment  Tangribardi ,  a  écrit ,  aans  le 


Orientale.  lOf 

iroiiieme  volume  Je  fon  Hîftôire ,  la  vie  de  ces 
deux  Princes ,  &  a  donné  à  fon  Ouvrage  le  titre 
de  Nogioum  alraherahfi  molonk  Mejr  v  Al  Cà^ 
herah ,  Us  Etoiles  bridantes  de  VEgyfte  &  dw 
Caire, 

Le  DÎA^an  de  Gallânî,  qui  eft  dans- la  Bibliothè- 
que du  Roi ,  num.  1071 ,  a  été  fait  tout  entier  h 
la  louange  de  Saladin. 

Scbahabeddin  Abdalrahman  Ben  Ifmaël ,  conni» 
fous  le  t>oin  à'Abou  Schamak  Al  Deme/chki ,  qui 
moaruc  l'an  6<^5  de  l'Hégire,  avoit  déjà  fait>. 
avant  Tangri  Virdi ,  une  Hiiîoire  particulière  de 
Noureddin  &  de  Salaheddin  ,  fous  le  titre  de 
Arhar  alraoudkateïnfi  ahJibaral  daQulatein yles 
Fleurs  des  deux  Jardins  ou  Parurres^fur  iHiJ^ 
taire  dts  deua:  reines. 

SALAHEDDIN  BEN  AZIZ  BEN  DHA^ 

HER.  C'eft  baladin  ,  fécond  du  nom ,  arrîere- 
pettt-fiU  du  grand  Saladin ,  qui  fut  Sultan  d'Alep  ^ 
mais  dépouillé ,  &,  quelque  temps  après ,  tué  j^Iai* 
658  de  l'Hégire,  par  Holagou.  Ce  Sultan  a  été 
le  dernier  de  là  poflérké  de  Saladin. 

SAL AMESCH:  Nom  du  fixieme  Sultan  de  U 
dynaftie  des  Màmeïucs ,  furnommés  B<iharites^ 
ou  Turcorrtans  en  E^pte  ,  qui  fut  furnommé 
AI  Malek  Al  Adel  Badreddin.  H  fuccéda ,  3 
l'âge  de  fept  ans  &  quelques  mois ,  à  fon  frère- 
Al  Malek  Al  Sâïd  Mohammed  Barkah  ou  Bara- 
kah  khan ,  &  ne  régna  que  quatre  ou  cinq  mois^ 
car  il.  fut  dépoifédé  l'an  678  de  l'Hégire,  félon. 
Macrizi,    ,  .  ' 

G  iv 


10+       Bibliothèque 

6ALB  &  SALIB.  Ce  mot  Arabe  ,  qui  figtii- 
.fie  la  Croix ,  fignifie  indifFe'remment  toutes  for- 
tes dinfirumens  patibulaires.  Les  Chrétiens  s'en 
fervent  feulement  pour  exprimer  la  Croix  de 
Notre-Seigneur  Jéfus-Chrift.  Us  appellent  jiïd 
Al  Salïb  ,  la  Fête  de  TExaltaiion  de,  la  Croix  , 
&i'Saliout ,  le  Vendredi -Saint ,  auquel  N.  S.  a 
étémiis  en  Croix.  Les  Mahométans  appellent  or- 
dinairement les  Chrétiens  croifës  ,  qui  leur  fai- 
foient  la  guerre ,  Ashab  Al  Salit ,  les  Gens  de 
la  Croix ,  de  même  qu'ils  donnent  le  nom  d'^i- 
hab  alfil ,  les  gens  de  TEléphant ,  aux  Abyffins 

3ui  amenèrent  la  Mecque  ,  fous  la  conduite 
'Abrahah  leur  Prince,  avant  le  Mahométifme. 
Les  mêmes  Mahométans ,  en  parlant  dés  con- 
quêtes que  leurs  Princes  ont  faites  fur  les  Chré^ 
tiens,  difentfouvent ,  dans  leurs  Hiftoires,  qu'ils 
ont  exterminé  de  leur  pays  Nacous  v  Salib  ,  les 
Cloches  8c  les  Croix. 

Après  que  Saladin  eut  pris  Jérufalem  Air  les 
Chrétiens ,  il  s'éleva  un  grand  tumulte  dans  cette 
ville ,  au  fujet  de  la  Croix  dorée  que  les  Muful- 
mans  enlevèrent  du  faîte  du  Temple  nommé 
Sakhra  y  bâti  autrefois  par  les  Mufulmans ,  que 
les  Chrétiens  y  avôient  planté  :  car  ceux-ci ,  quoi- 
que vaincus,  ne  voulurent  jamais  permettre  que 
cette  Croix  demeurât  entre  les  mains  des  Muful- 
mans ,  de  peur  qu'ils  ne  la  profanafTent ,  &  Sa- 
ladin confentit  enfin  qu'elle  leur  fût  rendue. 

SALEMAH.  Nom  d'une  idole  que  les  Adî- 
tes,  p€iuple  d'une  ancienne  Tribu  des  Arabes^ 
qui  fut  exterminée ,  invoquoient  pqur  obtenir  la 
confervation  de  leu/fanté. 


\ 


Orientale.  105 

SALGAR.  C'eft  celui  qui  a  donné  (oh  nom  à 
la  première  branche  de  la  dynaftie  des  Atabeks 
de  Perfe.  On  l'appelle  ordinairement  Moi'haf-' 
fereddin  Salgar  ben  Maoudoud ,  qui  commença 
de  régner  en  Perfe  fous  TEmpire  du  Sultan  Maf- 
fôùd  le  Selgiucide. 

SALGARSCHAH.  Surnom  de  ModhafFered- 
din  Aboubekr ,  feptieme  Prince  des  Atabeks  de 
Perfe ,  de  la  brancne  des  Salgariens.  Il  ëtoic  fils 
de  Cotlou  khan  Ben  Sâad  Ben  Zenghi.  11  fut  le 
plus  eftimé  Prince  de  fon  temps,  tant  pour  la. 
juftice  qu'il  rendoit  exactement  à  its  fujets ,  que 
pour  fa  fcience  &  fon  efprit.  Comme  il  protégea 
&favorîfa  extrêmement  les  Gens  de  Lettres,  coqs 
les  plus  favans  hommes  de  fon  temps^  vinrent  à 
fa  Cour  ,  &  ce  fut  à  lui  que  le  fameux  Sâadi  dé- 
dia fon  Guliftan.  Ce  Prince  mourut  Tan  de  l'Hé- 
gire ^58,  dans  la  ville  de  Schiraz,  fa  capitale  ,  & 
eut  pour  fucce^eur  Mohammed  Schah  fon  fils  , 

Îrui  tint  une  conduite  toute  oppofée  à  celle  de 
on  père  ,  &  ne  régna  que  huit  mois. 

SALM.  Nom  du  fils  de  Feridoun  ,  Roi  de 
Perfe  de  la  première  dynaftie  nommée  des  ' 
Pifchdadiens.  Ce  Prince  reçut  de  fon  père,  en 
partage,  la  partie  de  fes  Etats  qui  s*étendoit  de- 
puis 1  Euphrare  jufque  dans  l'Occident.  Quelques- 
uns  l'appellent  Salim. 

SALMANASSAR.  Les  Hiftoriens  Arabes  ap- 
pellent ainfi  un  Roi  de  MouiTal  ou  Moful  &  de 
Méfopotamie, que  nous  appelons  ordinairement  * 
Salmanafar  Roi  d'Aflyrie  ,  &  ils  écrivent  qu'il 


\ 


ïo(5       Bibliothèque 

affiégea  la  ville  de  Samarie  pendant  trois  2ms ,  aa 
bout  defquels  il  s'en  rendit  le  maître  ,  fit  prifon- 
nier  le  Roi  Ofée  ,  qqi  avoit  re'gnë  (êpt  ans  ^  &r 
^tranfporta  les  dix  Tribus  du  Royaume  dlfraël  a 
Mouflal ,  Amida  &  Babylone. 

Ces  Hîftoriens ,  comme  Ebn  Batrik  &  autres^ 
ne  s'accordent  pas  avec  l'Ecriture  Sainte,  oîi  nous 
trouvons  dans  le  dix-feptieme  chapitre  du  qua- 
trième Livre  des  Rois ,  qu*Ofee  avoit  régné  neuf 
ans ,  &  que  les  dix  Tribus  d'Ifraël ,  après  avoir 
été  conduites  en  Aflyrie ,  furent  transportées  dans^ 
le  pays  des  Medes. 

SALSABIL  ou  SALSEBIL.  Nom  d'un  fleuve 
du  Paradis  des  Mufulmans. 

SALSAIL.  Nom  d'un  Ange  qui  gouverne  le 
quatrième  Ciel,  félon  l'Auteur  du  Mircat  allogat, 

SALUA  ou  SALVA.  Nous  lifons  dans  le  fé- 
cond chapitre  de  l'Alcoran  ,  intitulé  Bakrah ,  ces- 
paroles  ^u  Mahomet  fait  dire  à  Dieu  ,  en  parlant 
aux  Juifs  :  V  an^alna  âlaïkom  almann  v  Al  Sa^ 
lua  :  »  Nous  vous  avons  envoyéJa  Manne  &  le 
Salva  «.Houflaïn  Vâez  dit  fur  ce  texte,  que  le  raof 
Arabe  Salva  répond  à  l'Hébreu  Selav ,  que  la 
plupart  des  Interprètes  ont  traduit  des  Cailles^ 
&  qu'il  fîgnifie  auffi  du  miel. 

L'Airteur  du  Taffir  almonir ,  qui  eft  un  corn- 
fnentaire  des  plus  eftimés  fur  l'Alcoran  ,  dit  que 
la  plupart  des  Interprètes  expliquent  ce  mot  de 
Salua  y  par  celui  de  Sumani  ^  qui  eft  plus  ufîté_ 
par  les  Arabes ,  pour  jfîgnifier  une  Caille^  que  les 
Perfans  appellent  auffi  Samanah  :  cependant  c'efl 


OUIEfVTALE.  ÎO7 

on  otfeaa  particulier  de  riémen  ou  Arabie  Heu- 
reufe^,  plus  gros  qu'un  moineau  ,  &  plus  petit 
qu'un  pieeon ,  qui  n'a  ni  nerfs  >  ni  os ,  ni  veines , 
&  dont  le  chant  eft  fort  agréable. 

Le  aième  Auteur  ajoute  enfuite  ,  que  la  Pro- 
vidence divine  ât  fouffler  un  venta  impétueux, 
qu'il  rompit  les  ailes  de  cette  efpece  doifeaux, 
qui  fondoient  comme  une  nuée  fort  épaifie  dans 
le  camp  des  Ifraélites,  qui  les  prenoient  aifémenc 
&  les  riiangeoient  avec  la  manne. 

SAM  BEN  NOUH.  Sem  fils  de  Noé.  Le 
Tarikh  Montekheb  dit  que  l'on  appelle  ordinai- 
rement le  Patriarche  Sem  Aboul'  Arab ,  le  Père 
des  Arabes  ^  à  caufe.que  les  Arabes  font  de  fa 
lignée ,  &  que  tous  les  Prophètes ,  Arab  v  Agent  ^ 
tatit  Arabes  que  Barbares  ;  defcendent  de  lui. 

Les  Arabes  ont  coutume  de  nommer  ^g-em^^ 
tous  ceux  qui  ne  font  pas  de  leur  nation  ,  de 
même  que  les  Grecs  &  les  Latins  ont  appelé  les 
Nations  qui  leur  étoient  étrangères ,  les  Bar-* 
tares. 

Ceux  qui  ont  écrit  l'Hiftoire  des  anciens  Rois 
de  Perfe  ,  font  partagés  fur-  la  généalogie  de 
Caiumarrath  ;  car  les  uns  le  font  régner  avant 
le  Déluge,  &  le  font  contemporain  de  Seth. 
Les  autres  difent  que  s'il  n*eft  pas  le  premier 
Adam  ,  il  eft  au  moins  le  fécond ,  titre  que  les 
Arabes  donnent  ordinairement  à  Noé.  Mais  ceux 

J[ui  font  les  plus  raifonnables  y  &  qui  ont  été 
uivis  par  Mirkhond  &  par  Khondemir ,  fe 
contentent  de  dire  qu'il  étoit  desenfins  de  Sem  , 
&  qu'il  a  régné  le  premier  après  ]e  Déluge ,  fans 
préjudicier  néanmoins  à  Nemrod ,  que  les  bons 


\ 


io8       Bibliothèque 

Mufulmans ,  qui  fe  conforment  aux  Tracfmoiril 
Juives ,  reconnoiflent  pour  le  premier  Fondateur 
de  la  dynaftie  des  Chaldéens  &  Aflyriens. 

SAM  &  SÀM  SOUVAR.  Le  Caherman  Na- 
meh  dit  que  Sam  étoît  fils  de  Caherman  ,  fur- 
nommé  Catel  le  Conquérant  ^  &  ajoute  quon  lui 
donna  même  le  titre  de  Caherman  thani ,  le  fé- 
cond Caherman  ,  à  caufe  de  fa  grande  valeur. 

Bourage  ,  furnommë  Al  Hahim ,  ceft-à-dire, 
le  Sage  ou  le  Philofophe  ^  qui  fit  Thorofcope  de 
Sam ,  lui  donna  le  furnom  de  Div^  mot  qui  figni- 
fie  en  Langue  Perfienne  un  Géant. 

Le  Thamurath  Nameh  dit  que  Sam  porta  auflî 
le  furnom  de  Neriman ,  qui  fignifie  le  Preùàr , 
&  celui  de  Souvar ,  qui  fignifie  un  Cavalier  ou 
Dompteur  de  chevaux  ;  cette  dernière  épithete  lui 
eft  demeure'e  ,  comme  inféparable  de  fon  nom, 
à  caufe  que  ce  He'ros  étant  entre'  urt  jour^rmé 
dans  Tifle  de  Darem , que  Ion  tenoit  inaccefliblè, 
à  caufe  des  animaux  &  des  monftres  terribles  qui 
s  y  trouvoient  ;  il  en  dompta  la  plus  grande  par- 
tie ,  &  fur-tout  celui  que  Ton  eftimoit  être  le  plus 
farouche  ,  nommé  Soham, 

Ce  furieux  animal  fut  nommé  Soham ,  à  caufe 
qu'il  éroit  de  la  couleur  &  de  la  nature  du  fer  : 
malgré  cela ,  Sam  fut  fi  bien  le  dompter  &  Tap- 
privoifer  ,  qu'il  s'en  fervit  enfin  de  monture  ,  & 
en  fit ,  pour  ainfi  dire,  félon  cette  htftoire  fabu- 
leufe ,  fon  cheval  de  bataille  ,  dans  toutes  les 
puerres  qu*il  entreprît  contre  les  Dives  ou  Géans. 
Et  parce  qie  fes  ennemis ,  auxquels  il  avpit  im- 
primé une  grande  terreur  de  fon  nom ,  avoîent 
accoutumé  de  <iire  lorfqu'ils  le  voyolent  àppro- 


Orientale.  109 

cher  d'eux  :  Inek  Sàm  Soham  Souvar  :  »  Voici 
Sam  monté  fur  fon  Soham  <(  ;  le  nom  de  Souvar 
lui  demeura.  « 

Sam  Nerinam  fut  General  des  armées  de  Feri- 
doun  Roi  de  la  première  dynaftie  de  Perfe  ;  &. 
ce  fuc  fous  les  ordres  de  ce  Prince  qu'il  fit  la 
guerre  à  Cous ,  furnommé  Fil  Dendan ,  Dent 
d'Eléphant ,  &  le  fournit  enfin  à  recevoir  fa  loi. 

L'Auteur  du  Leb  Tarikh  écrit  que  Manouge- 
her  y  fucceiîèur  de  Feridoun  ,  &  huitième  Koi. 
de  la  dynaftie  des  Pifchdadiens;  déclara  Sam  foa* 
Lîeutenant-^Général  dans  toute  l'étendue  de  fes 
Etats  ,  &  qu'il  lui  donna  le  titre  de  Pehlovani. 
dou  Gehan ,  Héros  des  deux  Mondes  ,  &  qui 
mourut  fous  le  r^gne  d'Afrafiab ,  neuvième  Roi 
de  la  même  dynaftie. 

C  eft  ce  même  Sam  Neriman ,  fil$  de  Caherman 
Catel  5  qui  fuc  père  de  Zalzer  &  aïeul  de  Roftam; 

Les  Hiftoriens  de  Perfe  difeni  que  Sam  fit  ex-- 
pofer  (on  fils  Zalzer ,  qui  ëtoit  venu  au  monde 
tout  couvert  de  poil  blond  &  doré,  auilî-tôt  après* 
ià  naiiTance;  mais  qu'ayant  été  tooché-de  pitié,, 
il  le  fit  chercher  &  élever  auprès  de  lui. 

SAM  BEN  SOURI.  Khondenfir  rapporte , 
dans  ia  dynaftie  des  Gaurides ,  que  Feridoun ,  Roi. 
de  Perfe  ,  de  la  dynaftie  des  Pifchdadiens ,  après 
avoir  défait  le  Tyran  Zhohak  ,  qui  avoit  ufurpé 
la  couronne  de  Perfe  ,  laifla  vivre  fes  enfans  & 
defcendans ,  &  que  ceux-^ci  fe  retirèrent  dans  les 
montagnes  de  Gour ,  où  ils  établirent  une  Prin- 
cipauté qui  demeura  dans  leur  famille  jufques* 
au  temps  de  Mahmoud  Ben  Sebekt^ghin  ',  Fon^ 
dateur  de  la  dynaftie  des  Gazaevides« 


tïo       Bibliothèque 

La  poftërité  de  Zhohak  eue  plufieiirs  Princes 
qui  fuccéderent  les  uns  aux  autres  ,  jufqu'à  Mo- 
hammed Ben  Souri ,  lequel  fut  défait  par  Mah- 
moud &  mourut  prifonnier  de  ce  Sultan  ,  Tan 
401  de  l'Hégire. 

Le  petit-fils  de  Mohammed  Ben  Souri  fe  fauva 
des  mains  de  Mahmoud ^  &  fe  réfugia  aux  Indes, 
«'attacha  au  fervice  d'un  Pagode  pour  pouvoir 
fubfifter ,  &  eut  un  61s  nommé  Sam  Ben  Souri  ^ 
lequel  continua  l'exercice  de  fon  père ,  &  amaflk 
quelques  biens,  avec  lefquels  il  réfolut  de  retour^ 
ner  en  fon  pays  natal ,  car  il  avoit  toujours  con« 
fervé  dans  fon  cœur  la  foi  Mufulmane ,  nonohf- 
tant  le  culte  extérieur  qu'il  rendoit  &  qu'il  faifoit 
Dendre  aux  Idoles  des  Indiens.  Les  Arabes  dtfenc 
au  fujet  d'une  pareille  réfolution  à  celle  de  Sam  : 
Hobb  alvathah  men  aliman  ,  )^  que  l'amour-  de 
la  Patrie  fe  conferve  ordinairement,  &  fe  réveille 
par  l'attache  que  l'on  a  pour  fa  Religion  <(. 

Sam  employa  donc  l'argent  qu'il  avoit  amafle^ 
en  marchandifes ,  pour  aller  négocier  en  fon  pays  » 
Çl  s'embarqua  ^  pour  cet  effet ,  avec  toute  fa  fa- 
mille ,  dans  un  port  des  Indes  j  mais  fa  navigation 
lie  fut  pas  heureufe  ;  car  une  rude  tempête  ayant 
f;ait  brif^r  fon  vaiffeau  contre  les  rochers,  il  rut , 
lui  &  les  fiens ,  avec  tout  ce  qu'il  pofledoit ,  à  la 
réferve  d'un  feul  de  fes  enfans ,  englouti  dans  les 
eaux. 

Ce  fils ,  qui  échappa  du  naufrage  ,  portoit  le 
nom  de  Houffaïn  Ben  Sam ,  &  eut  une  aventure* 
bien  extraordinaire  ;  car,  ayant  atteint  heureu- 
ièment  le  bout  d'une  planche  qui  flotfoit  en  mer , 
il  fut  bien  furpris  quand  il  vit  qu'il  avoit  pour 
compagnon  un  ugre  qu^  s'étoic  jeté  du  vaiâeau 


Orientale.  m 

dans  la  mer ,  &  qui  foutenoit  l'autre  bout  de  fa 
planche.  Houilaïn  demeura  trois  jours  en  mer  avec 
ce  tigre  ,  avant  de  pouvoir  gagner  terre  ,  &  ils 
n  y  furent  pas  plus  tôt  abordés  ,  que  le  tigre  , 
dont  il  craignoit  la  cruauté  &  la  faim  ,  fauta  fur 
la  rivé  ,  &  gagna  ,  avec  une  vîtefle  incroyable  , 
la  forêt  qui  n'en  étoit  pas  éloignée. 

SAMABED.  Nom  du  quatrième  volume  entre 
les  quatre  que  les  Indiens  regardent  comme  facrés , 
&  dans  lelquels  leur  Théologie  &  leur  Philofo- 
phiela  plus  fubtile  font  renfermées.  Ces  quatre 
volumes,  qui  portent  chacun  le  nom  Je  ffed  ou 
Beth  ,  compofent  TAnbcrkend  ou  Anberkent. 

SAMAN.  Nom  de  celui  duquel  la  famille  &  la 
dynafiie  des  Samanides  tirent  leur.origine.  On  ne 
fait  point  le  nom  du  père  de  ce  perfonnage.  Les 
Hiftoriens  difent  feulement  qu  il  defcendoit  de 
Baharam  Tehoubin.ou  Gioubin  ,'Roi  de  la  qua- 
trième dynaftie  de  Perfe ,  dite  des  Sajfanides. 
Mais  il  y.  a  apparence  que  cette  généalogie  a  été 
faite  après  lelévaiion  de  fcs  enfans. 

On  convient  cependant  que  le  père  de  Saman 
éroit  conducteur  de  chameaux  de  fa  profeffion  , 
&  que  fon  fils  exerça  auflî  quelque  temps  le  «lêmé 
métier  ;  mais  que  fon  courage  le  porta  enfin  à  le 

Suitter  &  à  prendre  l'exercice  des  armes ,  dont 
fît  le  premier  apprentiiTage  parmi  des  Voleurs, 
&  devint  en  fort  peu  de  temps  leur  Chef. 

Afl?d  >  fils  de  oaman ,  quitta  la  vie  infâme  de 
(on  père  ,  &  éleva  honnêtement  fes  en£ans  \  en 
Cbrte  qu'il  les  rendit ,  par  la  bonne  éducatioi;^ 
qu'il  leur  donna ,  dignes  des  premiers  emplois 


m       Bibliothèque 

militaires  de  TEtat  des  Khalifes.  Le  Khalife  Al 
Mamon ,  fepiieme  des  Abbaffides,  fut  le  premier 

aui  les  avança  ,  &  Motâmed  ,  le  quinzième  , 
onna  a  Nafler ,  fils  d'Ahmed  &  petit-fils  dAflad 
Ben  Saman  ,  en  Tan  i6i  de  l'Hégire  ,  Je  Gou- 
vernement de  la  grande  Province  de  Mauaral-, 
nahar  ou  Tranfoxane. 

Enfin ,  Tan  279  ,  Ifmaêl ,  frère  de  Nafler ,  au- 
torifé  de  ce  Gouvernement,  s'en  rendit  le  maître 
abfolu ,  auffi  bien  que  de  plufieurs  autres  Pro-   , 
vinces,  &  fonda  ainfi  un  puiffant  Etat  ou  Dynaf- 
tie ,  qui  a  potté  le  nom  de  Samanïdes. 

SAMANIAH.  Daoulat  Al  Samanïah.  L'Ëtat, 
la  principauté ,  la  dynaftie  &  famille  régnante 
des  Samanides.  Il  faut  voir  d'abord  ce  que  l'on  a 
déjà  dit  de  Saman. 

Khondemir  a  dit  qu'Aflad,  fils  de  Saman  ,  vînt 
s'établir  dans  la  ville  de  Merou  en  Khorafan  avec 
fes  quatre  enfans  ,  nommés  Nouh  ^  Ahmed  , 
lahia  &  Elle ,  fous  le  règne  du  Khalife  Aima- 
mon.  Ce  même  Khalife  ayant  donnée  le  Gouver- 
nement de  la  province  de  Khorafan  à  Gaflan^ 
lui  recommanda  les  ehfans  d'Aflad  ,  comme  gens 
de  mérite ,  &  cette  recommandation  fit  que  ce 
Gouverneur  leur  donna  de  l'emploi ,  &  qu'il  en- 
voya Nouh ,  l'aîné  des  quatre  rreres ,  à  Samar- 
cande,  Ahmed  à  Farganah ,  &  lahia  à  Schafch 
& Ouroufchnah ,  toutes  villes  delà  Tranfoxane, 
pour  y  commander  :  car  pour  E!ie ,  le  dernier 
jAts  quatre  frères,  îl  le  retint  auprès  de  fa  per-  • 
fonne ,  6l  lui  confia  le  Gouvernement  particu- 
lier de  Ja  ville  de  Herat,  une  des  quatre  capitales 
du  Khorafan. 

Ces 


^ 


Orientale.  iij 

Ces  quatre  frtres ,  enfans  d*  Affâd  fils  de  Saman , 
Técurent  pendant  quelque  temps  en  aïïez  bonne 
intelligence  entre  eux^  Mais  chacun  d'eux  en  par* 
ticulier  étant  devenu  fort  puiilknt ,  la  jaloufie  les 
défunit  &  donna  lieu  à  une  guerre /Duverce  entre 
eux  y  jufqu'à  ce  qulfmaël ,  fils  d'Ahmed ,  dont 
la  valeur  &  l'ambition  écoient  extraordinaires , 
fe  rendit  maître  de  toute  fa  famille ,  &  s  éleva 
enfin  jufqu'à  la  fouveraineté. 

L'Auteur  du  Lebtarikh  e'crit  que  la  dynaftie 
des  Samanides  commença  après  l'extindion  de 
celle  des  Soffarides,  c'eft- à-dire  que  la  maifon 
de  Saman  fuccéda  à  tous  les  Etats  que  polTédoic  \ 

celle  de  Leïth  ,  &  qu'elle  jouit  de  la  fouverai- 
neté pendant  cent  dix  ans ,  fous  neuf  Princes , 
compris  dans  un  diftiqqe  ;  favoir ,  un  Ifmaël  , 
un  Ahmed  &  un  Nafler ,  deux  Nouh ,  deux  Ab-> 
dalmalek  &  deux  Manfors  ;  il  faut  remarquer 
cependant  que  les  noms  des  Princes  de  cette  dy- 
naftie ne  font  pas  mis  dans .  ce  dildique  dans 
l'ordre  qu'ils  ont  régné. 

Le  Tarikh  Ai  Saman ,  qui  eft  THiftoire  de  la 
maifon  de  Saman  ^  nous  donne  le  catalogue  des 
Princes  de  cette  dynaftie  dans  Tordre  qui  fuit: 

Ifoiaël ,  furnommé  Samani^  régna  fept  ans  & 
deux  mois. 

Le  fécond ,  Ahmed ,  fils  dlfmaêl ,  régna  cinq 
ans  &  quatre  mois. 

Le  troifieme ,  Nafler ,  fils  d'Ahmed  ,  régna 
trente  ans  &  trois  mois. 

Le  quatrième,  Nouh  ou  Noé,  fils  de  NaiTcr 
premier  du  nom ,  régna  douze  ans. 

Tome  V.  H^. 


ti4       Bibliothèque 

Le  cinquième,  Abdalmalek ,  fils  de  Nou|^^ 
régna  fept  ans  &.fix  mois, 

Le  (îxieme  ,  Manfor ,  fils  d*AbdaImalek  pre- 
ïnier  du  nom  >  régna  onze  ans. 

Le  feptienie  ,  Nouh,  fils  de  Manfôr  II  du 
ïiom  ,  régna  vingt-deux  ans.  "  : 

Le  huitième  ,  Manfor  II  du  ùoiï),  y  fils  de 
JNouh  y  régna  un  an  &  fept  mois. 

Le  neuvième,  Abrdalmalek.II  du  nom,  fils  de 
^ouh  fécond  du  nom  &  frère  de  Manfor  II  ^ 
régna  huit  mois  &  dix-fept  jours. 

La  durée  de  xcs  règnes  ne  s'accorde  pas  aveçr 
les  cent  deux  ans.ôc  fix  mois  que  ce  même  Au- 
teur donne  à  cette  dyhaftie ,  &  moins  encore 
avec  le  Lebtarikh  ,  qui  lui  en  donne  cent  dix  : 
mais  cette  différence  vient  de  ce  que  l'on  ne 
compte  le  règne  dlfmaël  que  depuis  qu'il  fut 
reconnu  par  le  Khalife  ,  quoique  fa  puiffance  & 
fon  autorité  abfolue  euflent  cominencé  long- 
temps auparavant. 

Ben  Schohnah  fixe  la  fin  de  la  dynafîié  des 
Samanides  dans  Tan  3  R8  de  THégîre  ,  &  die 
«qa'Ifmaël  Samani  ayant  commencé  à  régner  Tan 
2(9i  ,  la  durée  de  cette  dynaitîe  a  été  die  cent 
vingt-huit  ans  :  il  ajoute  que  ces.  Princes  ^  qui 
ont  ^ré  la  plupart  vaillans  ,  magnanimes ,  lîbe^ 
raux ,  grands  amateurs  4e  la  juftice  &  des  Gens 
de  Lettres ,  pofledoient ,  outre  la  Ti^anfoxane.^ 
prefqtie  tous  les  pays  qui  font  aujourd'hui  çom* 
pris  tous  l'Empire  des  Perfes ,  &  enfin ,  que  ce 
fut  Mahmoud,  fils  de  Sebekteghin,  qui  sem-- 
para  de  leurs  Etats,  defquels,  en  y  joignant  le 
degefi^m  &  une  partie  des  Indes ,  il  compofa  c^ 


Orientale.  nj 

grand  corps  de  TEmpire  des  Gaznevides  ,  qu'il 
l^ouyerna  long-temps  fous  le  fîmple  titre  d'Emiç 
Âdoulac,  avant  qu'il  prie  celui  de  Sultan. 

L'Auteur  du  Tarikh  Al  Saman ,  qui  tire  rori- 
gine  d'Ifmaël  Samani  de  Bahratn  Tchoubin  | 
ancien  Roi  de  Perfe  ,  décrit  ainfi  la  généalogie 
de  ce  Prince.  Ifmaël  •  fîls  d'Ahmed  nls  d' Auad 
fils  de  Saman  fil5  de  Haddas  fils  de  Haman  fils  de 
Thaliari  fils  de  Bahram  :  mais  cette  eénëalo^i» 
êft  fort  incertaine,  comme  on  l'a  déjà  dit  ci^ 
déflhs.. 

SAMARI  &  SAMERI;  nom  d'un  de5  prin-; 
Ctpaux  Chefs  des  Ifraëlites  dans  le  défert»  auquel 
Ton  attribue  la  fabrique  du  Veau  d'or^  Les  Ara- 
bes le  furnomment  Al  Kharaïthi^  le  Tourneur. 

SAMERAH.  Al  Samerah  &  Ahel  Samerali. 
C*ef1:  ainfi  que  les  Arabes  appellent  les  Samari- 
tains  ,  quoiqu'ils  nomment  ordinairement  la  vilic: 
de  Samari  Schemrin  Se  Schemroun ,  noms  plus 
conformes  à  l'Hébreu. 

La  Chronique  Samaritaine  ,  intitulée  Tarikh 
Samari  y  porte  que  les  Samaritains  fe  féparerenr 
des  autres  Juifs  après  la  mort  de  Samfon  ,  font 
la  Judicature  du  Pontife  Eli ,  parce  que  ,  difent* 
ils  ,  ce  fut  alors  que  la  préfenee  &  la  grâce  du 
Seigneur,  qu'ils  appellent  Rïdhat  &  Redhouan^' 
fc  retira  d'eux  ,  &  que  les  ténèbres  prirent 
la  place  de  la  lumière ,  &  couvrirent  tous  ceux 
qui  étoienc  dans  la  Terre-Sainte,  excepté  de 
ceux  qui  fe  retirèrent  pour  lors  au  mont  de  G^** 
rîzim ,  où  ils  eurent  toujours  depuis  ce  tempslà 
des  Prêtres ,  &  dans  la  fuite  des  temps ,  dçs  Roif 


3: 


ïl6  B  I  B   L  I  O  T   H  p  Q  V  « 

particuliers  auî  les  gouvernèrent.  Ces  mêmes  Sa- 
maritains dilcnt  que  Samuel  ëtoit  Magicien ,  8c 

e   tous  (es  fucceâèurs  ont  été  des  ApoÂatr 
u  Judaîfme.  ' 

Ebii  Batrikh  dit  qu'Amri  bâtit  une  ville  de 
fon  nom  fur  le  mont  Samer  ^  &  la  nomma  Sa-- 
marie  y  où  il  régna  fis  ans ,  aprèç  en  avoir  déjà! 
régné  fix  autres  dans  la  ville  de  Thirfa. 

:  L'Hiftoire  de  la  captivité  de  cette  nation  eft 
ficonnue  par  les  Livres  Saints ,  que  Tonfe  coDrr, 
tentera  de  dire  ici  que  les  Samaritains  ne  recon^. 
noiflent  que  les  cinq  Livres  de  la  Loi  de  Moîfe  , 
parce  que  le  Prêtre  Ozias ,  appelé  >par  quelques-* 
uns  houn ,  que  Salmanafar  avoit  envoyé  pour  les 
înftruire ,  ne  leur  enfcigna  autre  chofe  que  ce. 
qui  étoit  contenu  dans  ces  cinq  Livres,  lis  font 
cependant  devenus  fi  groiïîers ,  qu'ils  admettent 
aujourdhui  la  corporéité  en  Dieu,  commie  les 
Malîométans  le  leur  reprocbent,  -^ 

Hircan ,  Roi  &  Pontife  des  Juifs  ,  ruina  en-^, 
tîérenient  Samarie  ,  fous  le  règne  de  Ptoîpmee, 
dit  Evergétes  ;  maïs  elle  fut  rebâtie  par  Herodj&, 

Îui  lui  donna  le  nom  de  Néapolis  &  de  Sébajfe. 
Tcft  celle  que  les  Arabes  appellent  aujourd'hui 
Naèolos ,  &  que  nous  nommons  ordinairement 
Naploùje. 

Les  Samaritains  fe  firent  autrefois  un  Roi  dans 
la  ville  de  Naploufe^  &  tuèrent  un  grand  nom-' 
bre  de  Chrétiens ,  fous  TEmpire  de  Zenon  :  mais 
ce  Prince  les  châtia  févérement  ,  &  fit  mourir 
leur  Roi.  Les  mêmes  fe  fouleverent  encore  fous 
l'Empire  de  Juftinièn  ,  brûlèrent  les  églifes  de 
h  Terre-Sainte ,  maflàcrerent  un  grand  ncMnbre 
de  Chrétiens ,  &  entre  autres  TEvêque  de  Na- 


O  R  I  £  K  t  A  L  I.  ji;t 

pToafe',  &  leur  fureur  alla  fi  loin  ,  que  l'Empe^ 
neur  Juftinien  y  envoya  des  troupes  réglées  , 
qui  exterminèrent  la  plus  grande  partie  de  ce» 
rebelles. 

SAMGIOUR  ;  nom  dune  ffimille  qui  a 
comniandé  ou  régné  long-temps  daas  le  Knora- 
£an ,  &  qui  a  été  beaucoup  louée  par  le  Poëte 
Aboul  Farah.  Ce  fut  le  Sultan  Mahmoud  6e» 
Sebekteghin  qui  défit  le  dernier  Prince  de  cette 
famille. 

SAMHAIL;  nom  dun  Ange  qui  gouverne 
le  fixieme  ciel-,  félon  les  rêverie)  des  Muful-* 
mans. 

SAMSAKHAN  ;  nom  d'un  pays  peu  connu  ^ 
où  régnoit  un  Prince  qui  avoit  une  fille  ^  que 
Roflam  ,  qui  la  vit  ^  la  chafie ,  foubaita  d'avoir  » 
&  époufa.  Il  eut  d'elle  un  fils  nommé  Sohrab  , 
félon  le  rapport  du  Lebtarikh  dans  la  Vie  de 
Caicaous  ,  Roi  de  la  féconde  dynaflie  de  Perfe* 

SAMSAM&SAMSAMAH.  Ccraotfignifie 
en  Arabe  en  général  une  épée  fort  tranchante  &. 
qui  ne  plie  point ,  &  c'efl  en  particulier  le  nom 
de  celle  d'un  Arabe  nommé  Àmrou  Ben  Mâad^ 

3ui  vint  par  fucceffion  de  temps  entre  les  mains 
u  Khalife  Haroun  AI  Rafchid ,  &  qui  eft  peut- 
être  la  même  que  le  Khalife  Motavakkel  acheta 
fi  cher. 

SAMSAMALDOULAT.  Le,Samfam  ou 
l'Epée  de  l'Etat.  C'eft  le  titre  qu«  P^''^^  le  fe- 

H  u> 


Il8  B  î  B  L  IprkEQUE 

cond  ^Is  d'Adhadalctoulat ,  Sultan  de  la  dpaâie 
des  Bouides. 

Ce  Prince  avoît  deux  frères ,  dont  l'aîné  por- 
toit  le  nom  de  Scharfaldùulat  ^  &  le  cadet  celui 
AtBéhaaldoulat.  Il  fuccéda  cependant  àfon  père 
dans  la  diraité  d'Emir  Al  Omara  ou  Lieutenants- 
Général  des  Khalifes  dans  Bagdet;  mais  il  en  fut 
dépouillé,  après  quatre  ans  &  demi  9  P^r  fon 
frère  aine  y  qui  le  fit  en  même  temps  fon  pri-* 
fonnier. 

Cet  aine  ,  nommé ,  comme  nous  avons  déjà 
Ait r  Scharfaldoulat ,  étant  mort  peu  de  temps 
après ,  Bahaaldoulat ,  le  cadet  des  trois  frères  , 
prit  la  place  de  fon  aine  :  mais  Samfamaldoulat, 
qui  s*étoit  fauve  de  fa  prifon  ,  ayant  mis  fur  pied 
une  armée,  vint  {^attaquer  ,  &  lui  livra  plufieurs 
tombais ,  qui  lobligerent  à  la  fin  d'entendre  k 
la  paix  qui  fe  fit  entre  eux  avec  les  conditions 
fuivantes: 

La  Province  de  Fars ,  qui  eft  la  Perfe  propre- 
ment dite  ,  avec  celle  q  Aragian ,  demeura  ea^ 
propre  à  Samfamaldoulat  ;  &,  celle  du  Khouzif- 
tan  ,  qui  eft  la  Sufiane ,  avec  Tlraque  Arabique 
ou  Cnaldee  ^  de  laquelle  Bagdet  étoit  la  capi- 
tale ,  refterent  avec  la  charge  &  dignité  d'Emir 
AI  Omara  à  Bahaaldoulat. 

Toutes  ces  chofes  s'étpient  paflees  depuis  l'an 
jya  de  THégire  ,  auquel  Adhadhaldoulat  étoit 
mort,  jufqu  en  Tan  385  que  les  fix  enfans  d*Az^ 
zaldoulat  Bakhthiar ,  qui  avoient  été  enfermés , 
après  la  mort  de  leur  père  ,  par  Adhadhaldoulat  , 
fe  fauverent  de  leur  prifon  ,  &  fe  mirent  en  cam- 
pagne contre  Samfamaldoulat  ,  qu'ils  préten- 
doient  avoir  ufurpé  des  Etats  qui  leur  apparte- 


O  R  I  E   N  T  A  L  K.  llj 

jioîent.  Mais  ces  ûx  Princes  ne  furent  pas  heureux 
dans  leur  entreprife;  car  Abou  AK,  fils  d*Oftail 
Hormouz,  Général  de  !$amramaldouIat ,  les  àéûlt 
dans  une  rencomre  qu  il  eue  avec  evx ,  &  les  fie 
tous  ûx  prifonniers. 

Ce  Sultan  ayant  entre  fes  i&ains//les  ûx  pri* 
fonniers  que  fon  Général  lui  avoit  envoyés ,  en 
.fit  mourir  deux ,  &  envoya  lès  quatre  autres  dan» 
un  château ,  où  il  les  fît  garder  très-étroicement  : 
xnais  cette  exécution  caufa  la  rupture  de  la  paix 

Î[ui  avoit  été  conclue  entre  les  deux  frères  ;  de 
orte  qu'Abou  Ali ,  Général  de  Samfamaldoulat 
l'aîné ,  marcha  avec  une  puiiTante  armée  contre 
jBahaaldoulat  le  cadet,  &  il  remporta  de  fi  grande 
avantages  fur  lui ,  qu'il  lui  laiflà  peu  d*efpérance 
de  conferver  fes  ITtats  ,  lorfque  l'on  apprit  la;^ 
nouvelle  que  Samfamaldoulat  avoit  été  tué  par 
un  de  {e9  quatre  frères  prifonniers ,  qui  avoit  ^té^ 
tiré  de  priibn  par  la  milice ,  mutinée  faute  d& 
paye. 

Ce  fils  d'AzzaldouIat  Bakhtiar  portoit  le  non 
A* Abou  Najfer ,  &  fit  fon  coup  à  une  lieue  de 
la  ville  de  Scbiraz ,  Tan  j88  de  iHégire  ,  aprè» 
que  Samfamaldoulat  eut  régné  neuf  ans  ât  huit 
mois  en  Perfe. 

SANAÂ  ,  ville  capitale  de  l'Iémeh  ou  Arabie 
Heureuff  ,  dont  les  Rois  portent  le  nom  de 
Taia  ou  Tçbâï  ^  {nuée  dans  le  premier  climat  y, 
au  77^  degré  de  longitude,  &  au  14* degré  30  mi- 
nutes de  laikude  feptentrionale,  félon  lesTaJides^ 
Arabiques  de  Naflîr  eddin  &  d'Ulug  Beg. 

Cette  ville  eft  d'une  fort  grande  étendue ,  & 
t  une  place  ou  marché  dan»  lequel  il  fe  fait  o» 

Hiv 


i20         BiB    LIOTHEQUE 

très-gfrand  nëgoce.  San  terroir  eft  arrofc  de  plu- 
fieurs  rui/Teaux ,  &  couvert  d'arbres  de  plufieurs 
efpeces.  L  air  y  éft  fort  tempéré ,  &  les  jours  & 
les  nuits  y  font  à  peu  près  d  une  même  longueur. 

II  s'eleve  au  milieu  de  la  ville  une  colline  que 
l'on  nomme  Gamihan^  qui  s'eft  rendue  fameufe 
à  caufe  du  palais  des  Tobâïs  du  des  Rois  du 
pays ,  &  d  un  temple  qui  y  fut  bâti  par  émula- 
tion &  par  oppofition  à  celui  de  la  Mecque.   , 

La  ville  de  Sanâa  a  été  long-temps  fujette  aux 
Rois  d'Ethiopie ,  ainfî  que  la  plus  grande  partie 
de  r Arabie  ,  &  il  y  a  apparence  que  ce  temple, 
oppofé  à  celui  de  la  Mecque,  étoit  une  églife  d^ 
Cmrétiens  ,  dont  l'Arabie  étoit  alors  remplie. 
Abrahah  ,  furnommé  Al  Afchram ,  qui  affiégea 
la  Mecque  avec  fes  éléphans  un  peu  avant  la 
naiifance  de  Mahomet  \  commandoit  dans  Sanâa 
de  la  part  du  Negiafchi  ;  car  c'cft  ainfi  que  les 
Arabes  appellent  le  Roi  dXthiopie  ,  que  ceux 
du  pays  nomment  en  leur  langue  Negoufcho\  & 
îl  eut ,  après  fa  mort  défafti;eufe ,  pour  fuccef- 
feuf ,  fon  fils  Mafrouk ,  qui  fut  défait  par  Sakï 
Dbou  Izen  ,  foutenu  des  troupes  du  Koi  de 
Perfe,  qui  remonta  ainfi  fur  le  trône  de  fes  an-. 
cétres,  dont  il  avoit  été  chaiTc, 

La  ville  de  Sanâa,  félon  le  Géographe  Perfien  , 
eft  très-ancienne,  très-riche  &  très-peuplée,  & 
r/eft  éluignée  de  la  ville  de  Zebid  ou  Zibit  que 
de  I  j2  milles,  &  104  de  celle  d'Aden.  Le  même 
Auteur  dit  que  fes  hâbitans  font  un  plus  grand 
négoce  d'argent  que  de  marchandifes  ,  &  qu'ils 
font  ufiiriçrs. 

SANAHEGIAH  ;  nom  d'une  dynaftie  d'Ara- 


Orientale,  tu 

l>es  ,qui  régnèrent  en  Efpagne  ,  dans  la  province 
de  Grenade,  &  gui  prit  fin  Tan  482  de  THegire. 

SANARI AH  ;  nom  d'un  pays  que  nous  ap* 
pelons  aujourd'hui  Severie  ou  Zuerie  ,  qui  eft 
vtr%  les  embouchures  du  Danube.  L'Empereur 
Heraclius  obtint  des  fecours  du  Roi  ou  Prince  de 
ce  pays-là  ,  contre  Khofroès  Parviz.  Roi  de 
Perfe ,  &  les  Zueriens  le  fervirent  fi  bien ,  qu'il 
accorda  à  leur  Prince  le  privilège  de  s'aiieoir  dans 
les  affemblëes  de  la  Cour  Impériale.  Ce  privi- 
lège a  fait  appeler  le  Prince  de  ce  pays-là  Malek 
Al  Korji^  le  Prince  du  Trône  ou  du  Siég^^  au 
rapport  d'Ebn  fiatrik. 

SANCOURTEGHIN  s  nom  d'un  des  enfant 
de  Soliman  Schah ,  lequel  s'en  retourna  en  Perfe 
avec  fon  frère  Ghiundogli ,  après  que  leur  père 
fefut  noyé  dans  l'Eu phrate. 

SANGIAKBEG,  Seigneur  de  Bannière.  C'eft 
chez  les  Turcs  ce  que  nous  appelions  ancienne- 
ment en  France  un  Chevalier  Èanneret^  qui  por-* 
toit  I  étendard ,  fous  lequel  tous  les  Gentilshoni>» 
mes  qui  relevoient  de  fon  fief,  ëtoient  obligés  de 
fe  ranger  pour  aller  à  la  guerre. 

Tout  l'Empire  des  Ottomans  eft  divifé  en 
Sangiaks  ou  Bannières^  fous  lefquels  tous  ceux 
qui  poilêdent  des  timars  font  obligés  de  fe  ren- 
dre quand  il  faut  marcher  pour  quelque  expédi- 
tion ;  &  tous  ces  Sangiaks ,  que  Ton  appelle  auffi 
Begs  &  Sangiak  Begs  ,  font  commandés  par  un 
Beglerbeg ,  mot  qui  i^gnifie  le  Seigneur  des  Sei^ 


114       Bibliothèque 

gnears ,  on  le  Commandant^  de  tous  les  San- 
eiaks  otr  Bannières  )  &  c'efl  ce  Beglerbeg  que 
Ion  appelle  ordinairement  le  Bâcha  ou  Gouver^ 
neur  de  la  Province» 

Les  Sultans  Ottomans  donnoient  autrefois  h 
leurs  enfans,  de  ces  Sangiaks  ou  petits  Gouver- 
neurs fubalternes  dans  la  Natolie. 

SANGIAR.  Môezzeddin  Aboul  Hareth  San- 
riar.  Sixième  Sultan  de  la  première  branche  des 
delgiucides.  Il  étoit  fils  de  Malekfchah ,  £c  gou- 
verna pendant  vingt  années  la  grande  province 
de  Kborafan  ,  fous  les  règnes  de  Barkiarok  & 
de  Mohammed^  fes  frères,  qui  fuccéderent  l'un^ 
à  l'autre. 

Après  la  mort  de  Mohammed ,  Tan  501  de 
l'Héjfire  )  Sangiar  s'empara  de  tous  les  Etats  de 
fbn  frert ,  &  marcha  avec  une  puiifante  armée 
vers  la  province  de  i'Iraque  Perfienne,  où  fon 
neveu  ,  nommé  Mahmoud ,  fils  de  Mohammed  , 
avoir  pris  le  titre  de  *$*z//r^rn  ,  comme  prétendant 
fuccéder  k  fon  père.  Il  fe  donna  unç  très-grande 
bataille  entre  l'oncle  &  le  neveu ,  dans  laquelle 
ce  dernier  fut  défait  &  contraint  de  fe  retirer 
dans  le  château  de  Saveh ,  place  très*forte  & 
très  importante. 

Mahmoud  voyant  fes  affaires  entièrement  rui-* 
nées ,  fut  obligé  de  demander  ia  paix  à  fon  oncle , 
&  envoya  pour  cet  effet  fon  Vifir,  nommé 
Kemaleddin  Ali ,  homme  fort  éloquent ,  au  Sul* 
tan  Sangiar,  pour  traiter  d accommodement;  & 
ce  Vifîr  mania  cette  affaire  avec  tant  d'adreffe^ 
qo*il  en  remporta  le  fuccès  que  fon  Maître  fe 
promettoit. 


ORIÏlIfTALl^  laj 

Le  Traité  de  paix  écant  conclu  entre  ces  deux 
Princes,  Mahmoud  vint  trouver  Sangiar,  fon  on- 
cle ,  6c  en  fut  fi  bien  reçu  ,  qu'il  obtint  de  lui 
rinveftiture  de  la  province  dlraque  ,  avec  les 
conditions  fuivantes  ;  favoir ,  que  dans  les  prières 
pabliques  de  la  mofquée,  le  nom  de  Sangiar 
prëcéderoit  toujours  celui  de  Mahmoud;  que  ce 
Prince  ri'auroit  point  de  quatrième  voile  ou  por- 
tière dans  fes  appartemens;  que  Ton  ne  fonne- 
roit  point  la  trompette  lorfqu'il  arriveroit  dans 
fon  palais  ,  ni  lorfqu'il  en  fortiroit  ;  &  enfin ,  qu'il 
maintiendroit  dans  fes  Etats  les  Officiers  que 
Sangiar ,  fon  oncle  ,.y  avoir  établis. 

Mahmoud  ,  obligé  de  recevoir  avec  recon-' 
sof^nce  toutes  ces  conditions  que  Sangiar  lui 
avoir  impofées  ,  réfolut  de  paffer  fon  temps 
a  la  chafîe,  fans  fe  mêler  d aucunes  affaires; 
&  Ton  rapporte  de  lui  ,  que  fon  équipage  de 
chaffeétoit  fi  magnifique,  quil  entreienoit  qua- 
tre cents  limiers  &  lévriers ,  qui  pcrrtoient  cha- 
cun un  collier  6c  une  couverture  brodée  4'or  & 
de  perles. 

L'an  de  THégire  52.4  le  Sultan  Sangiar  paffa 
le  Gihon  ,  &  entra  armé  dans  le  Mauaralnahar 
ou  Province  Tranfoxane  ,  pour  réduire  à  fon 
obéi/Tance  Ahmed ,  fils  de  Soliman  ,  Gouverneur 
de  Samarcande ,  qui  vouloir  trancher  du  Souve- 
rain ,  &  refufoit  de  lui  paver  le  tribut  ordinaire. 
II  affiégea  ce  Gouverneui#ans  fa  ville ,  &  l'obli- 
gea ,  par  la  force  de  fés  armes,  de  fe  rendre  9 
compofition.  Sangiar  lui  donna  la  vie  ,  &  fe  con- 
tenta de  lui  ôter  fon  gouvernement,  qu'il  donna 
à  un  de  fes  Efclaves  :  mais  ce  Gouverneur  ayant 
trouvé  le  moyen  de  rentrer  dans  les  bonnes  grâces 


Ï24       Bibliothèque 

du  Sultan,  il  fut  rétabli  peu  de  temps  après 
en  avoir  été  dépouillé. 

L'an  530 ,  Baharam  Schali  ,  Sultan  de  la  dy- 
naftie  des  Gaznevidcs ,  duquel  le  royaume  s'éten- 
doit  bien  avant  dans  les  Indes  >  &  qui  ne  régno^C 

?ue  par  la  faveur  &  fous  la  proteaion  que  les 
elgiucides  lui  donnoient ,  ayant  voulu  fecouer 
le  joug  ;  attira  fur  fes  Etats  les  forces  du  Sultan. 
Mais  comme  il  fe  fentit  tro^  foible  pour  réfif- 
ter  à  fa  puiflance ,  il  envoya  auffi-tôt  des  Am- 
baiTadéurs  au  Sultan  ,  qui  lui  portèrent  le  tribut 
ordinaire  ,  &  qui  lui  rendirent  la  foi  &  hom- 
mage qui  lui  étoient  dus  de  h  part  de  leur 
Maître. 

L'an  535  ,  la  ville  de  Samarcande  s'étant  ré- 
voltée contre  Sangiar ,  pendant  que  le  Gouver- 
neur ,  qui  Y  commandoit  de  fa  part ,  étoit  alité 
dune  paralyfie  &  hors  d'état  d'agir, .ce  Sultan 
vint  mettre  le  fiege  devant  cette  importante  ville, 
qui  le  foutint  pendant  ûx  mois  entiers ,  au  bouc 
defquels  elle  fut  enfin  obligée  de  fe  rendre  à 
compofltion.  Le  Sultan  ufa  de  fa  clémence  or- 
dinaire envers  fes  habitans,  &  6ta  le  gou- 
vernement à  celui  qui  ne  pouvoit  pas  faire 
les  fonctions  de  fa  charge ,  pour  le  donner  à 
fon  fils. 

Pendant  le  féjour  que  le  Sultan  Sangiar  fit  i 
Samarcande  ,  il  fut  ^llicité  par  quelques  Sei- 
gneurs de  fa  Cour ,  oe  porter  fes  armes  contre 
Gurgiasb,  Roi  du  pays  nommé  Cara  Cathdi  j 
c'eft-à-dire  le  Caihaî  Noir  ,  province  aind  dite  , 
à  caufe  de  l'épaiflear  de  fes  forêts  &  de  la  pro- 
fondeur de  fes  vallées,  qui  la  rendent  fombre  & 
obfcure.  Il  fe  rendit  aux  inftances  de  (ts  cour- 


Or  I  k  n  t  al  e;.  itj 

tifàns  ,  qiii  loi  faifoient  énviTager  une  grande 
gloire  dans  la  conquête  d'un  pays  qui  paroifibit 
comme  inacçeffible ,  &  fit  marcher  fon  armée 
de  ce  cotë'-là  :  mais  Gurgiasb  vint  au  devant  de 
lui  avec  la  fienne  ,  &  tailla  en  pièces  trente 
mille  hommes  des  troupes  du  Sultan  ^enleva  tous 
fes  équipages ,  &  fe  rendit  maître  de  tout  /on 
haram  ou  ferrail ,  dans  lequel  étoit  la  Reine  Tar^ 
khan  Khatoun ,  la  première  de  fes  femmes  ;  qui 
demeura  prifonniere  des  Cai-a  Cathaïeiis/.    ;;\. 

Le  Sultan  Sangiar  ne  put  prendre  d  autre 
parti  dans  cette  déroute  >qq^  de  choifîi:  trois  cents 
des  plus  braves  de  fon  armée  »  &  de  paifer  au 
milieu  de  fes  ennemis»  pour  gagner  la  viile  de 
Termed,  où  il  arriva  fêujemient  avec  doute  ou 
quinze  de  fes  gens  qui  lui  refîerent.  Les  fuyards 
s  étant'  raiT^inblés  dans  cette  même  ville,  il  re- 
cueillit les  débris  de  fon  armée,  traverfa  le  Gîhon^ 
fie  revint- en  Khorafan  ,  tout  confus  d'avoir  en-^ 
trepris  une  affaire  qui  lui  av^it  û  mal  rm&n.  Ett 
effets  cette  déroute  lui  fit  perdre  dans  J^efprit  des 
peuples  Topinion  qu'Us  avoient  que  fes  arme& 
étoient  invincibles ,  &  do;îna  fujet  au  Poëte  Ee- 
rid  eddin  ,  fumommé  Al.Kiateb ,  de  compofer 
des  vers  pour  le  confoler^une  fi  grande  perte. 
Ce  Poe^e  lui  dit  :  »  Grànjd  Roi ,  votre  lance  a 
jufqu'ici  redrefie  un  monde  entier,  &  votre  épee 
vbus  a  vençé  pendant  quarante  ans  de  tous  jvos 
ennemis  :  è  vous  avez  maintenant  éprouvé  queU 

Îue  revers ,  confidérez  qu'il  vient  de  la  part  di» 
liel ,  &  confolez-^vous  en  faifant  réfiexion  qu'il 
n  y  a  que  Dieu  feul  qui  fubfifte  toujours  dans  le 
même  état. 
Cependant  la  réputation  de  ce  grand  Monar^ 


126         BXBLIOTHEQOE 

que  fe  rétablit  bien  tôt  après  ,  par  ta  vi&oire 
fignal^e  qu'il  remporta  Tan  de  i  Hégire  544  , 
fur  HouiTaïn  Gehanfôuz  ,  Sultan  de  la  dynaftie 
des  Gaurides ,  qui  ëtoit  entré  à  matn  armée  dans 
la  provin;:e  de  Khorafan ,  k  deflein  de  s'en  ren- 
dre maître  ;  car  ayant  fait  marcher  fes  troupes 
de  ce  côté-^  ,  il  défit  k  plate  couture  Hou^în 
avec  fon  Général ,  nommé  Ali  Tchèteri^  &  les 
fit  tous  deu)c  prifonniers. 

Ali  Tcheteri ,  qui  étoit  né  fujet  dé  Sangiar , 
&  qui  avoit  été  autrefois  comblé  de  fes  bienfaits, 
fut  puni  de  mort  à  caufe  de  fon  infidélité  &  de 
fon  ingmtitude  j  mais  Houifaïn  fut  renvoyé  peu 
de  temps  après  dans  le  pays  de  Gàur ,  pour  le 
gouverner  fous  Taucorité  de  Sangiar.  ' 

L'an  548  de  l'Hégire,  Sangiar  fe  porta  aflèai 
inalheureofement ,  contre  fa  propre  inclination  , 
à  vouloir  châtier  les  Tutcomans,  qui  refufoient 
de  payer  le  tribut  ordinaire  de  moutons  >  auquel 
lis  etoient  obligés  :  car  il  fut  défait  avec  toute 
fon  armée ,  &  tait  priforinier  par  cette  canaille, 
au  grand  déshonneur  de  toute  la  maifon  de  Sel- 
gionk ,  qui  étoit  fi  fort  révérée  parmi  toiles  les 
nations  Turquefques. 

.  Ces  Turcomans  ne  fâchant  que  faire  de  la 
Berfonne  d'un  fi  grand  Prince  ,  le  plaçoîent  pen- 
dant le  jour  fur  un  trône  y  ôc  Tenfermoîent  la 
Buit  dans  une  cage  de  fer.  Ce  Prince  paifa  ainfi 
quatre  années  dans  cette  captivité  ;  iavoîf  jnf- 
<^'en  Tan  5  51  ,  auquel  la  Sultane  Tarkhan  Kha- 
loun  ,  qui  gouvernoit  fes  Etats, -vint  à  mourir: 
car  ce  fut  alors  qu'il  penfa  tout  de  bon  à  fe  ti- 
rer des  rnains  des  Turcomans,  &  confia  fori  fe^ 
œt  à  un  dç  U^  confidens ,  nommé  Emir  Eiias , 


Orientale.  117 

oui  en  conduifîc  lentreprife  avec  beaucoup 
d'adrefle. 

Emir  Elias  }ia  une  intelligence  avec  le  Gou- 
▼cfticur  de  Termed ,  ville  Stuëe  fur  le  fleuve 
.Gihon  ,  qui  fit  tenir  des  bateaux  tout  prêts  fur 
cette  rivière ,  dans  le  temps  que  Sangiar  dévoie 
arriver,  en  chaiTant,  jufque  fur  fes  bords.  Le 
Gouverneur  de  Termed  ,  nommé  Emir  Ahmed 
Comag' ,  reçut  &  régala  magnifiquement  le  Sul- 
tan  auifî-tôt  qu'il  fut  arrivé  à  ion  château,  & 
aflembla  le  plus  qu'il  put  de  troupes ,  pour  lef- 
corter  jufqu  à  ia  ville  de  Merou  ,  ville  capitale 
du  Khorafan  ,  où  il  faifoit  ordinairement  fon 
féjoar. 

Le  Sultan  Sangiar  trouva  la  ville  de  Merou , 
.  &  tout  le  refte  du  pays  par  où  il  pailâ,  en  fi  mau- 
vais état ,  à  caufe  des  courfes  que  les  Turcomans 
y  avoient  faites  pendant  fon  abfence ,  qu'il  tomba 
dans  une  profonde  mélancolie^  &  enfuite  dans 
une  maladie  dont  il  mourut  l'an  de  l'Hégire  551. 

L'Auteur  du  Nighiariflan  rapporte  un  difti* 
que  fait  fur  la  mort  de  ce  Sultan ,  qu'il  dit  être 
arrivée  par  une  colique  compliquée  avec  un  dé- 
voiement)  dans  lequel  Tannée  de  fa  mort  eft 
marquée  par  des  lettres  numériques ,  qui  font 
allufion  de  Merou  à  Merev  :  car  les  mots  de 
Schah  Merev  font  juftement  le  nombre  de  55^  > 
dans  laquelle  année  le  Sultan  Sangiar  mourut 
dans  la  ville  de  Merou*  , 

Tous  les  Hiftoriens  Orientaux  louent  la  vt- 
leur ,  la  juftice  &  la  magnanimité  &  bonté  du 
Sultan  Sangiar  ;  & ,  pour  en  donner  des  témoi- 
gnages confians  &  certains ,  ils  écrivent  que  ce 
Prince  fut  tellement  aimé  6c  refpei^é  de  (es  fu« 


liS       Bibliothèque 

'^et;s,  que  Von  continua,  une  année  entière  ^près 
la  mort,  de  publier  fon  nom  dans  les  mofquees^ 
comme  s*il  eût  été  encore  vivant  &  régnant.  Qn 
le  furnomma  auflî  Eskender  thani ,  U  Jkcond, 
Alexandre .,  &  font  nom  même  de  Sangiar  a 
pafTé  pour  celui  ^Alexandre  dans  fa  poftérité. 

Le  Poëte  Perfien  ,  nommé  Selman ,  a  fait  en. 
pïufieurs  de  fes  Ouvrages ,  Télojge  du  Sultan, 
Sangiar  ,  &  quelques  Hiftorienç  remarquent, 
que  ce  fut  Sangiar  qui  établit  Sâad  Ben  Zenghi , 
qui  avoit  été  fon  Gouverneur ,  Lieutenant-Gé- 
néral de  tous  fes  Etats,  fous  le  nom  SAtabek , 
qui  devint  enfuîte  celui  d'une  dignité  &  d'une 
dynaftié  nommée  des  Atabeks. 

.Le  Sultan  Sangiar  vivoit  avec  une  telle  aiajgni-* 
ficence ,  que  Cothbeddin  ,  fondateur  de  la  dy-^ 
naftie  des  Khouarezmieris  ,  venoit  faire  auprès 
de  lui  fa  chargé  de  Thafchtdar  ou  de  Grand 
Echanfon  pendant  une  année,  &  fe  faifoit  rele- 
ver Tannée  fuîvante  par  Atfiz  fon  fils ,  &  que  la 
grande  province  de  Khouarezm  étoit  afHgnée  à 
ces  Seigneurs ,  pour  les  gages  &  penilions  de  leur 
charge, 

Magaiatheddin  Aboul  Caflem  Mahmoud ,  fils 
de  Mohammed  fils  de  Melek  Schah ,  fuccéda  à 
fon  oncle  dans  la  même  année  que  Sangiar  mou- 
rut ,  félon  le  Leb  Tarikh.  Cependant  Khonde- 
mir  dit  que  Mahmoud ,  fils  de  la  fœur  de  Sangiar, 
régna  cinq  ans  dans  le  Khorafan  après  fa  mort. 

"SANGIAR  MIRZA  ;  nom  du  fils  de  Mirza 
Ahmed ,  fils  de  Mirza  Baiera  fils  de  Mirza  Omar 
Scheïkh  fils  de  Tamerlan.  Ce  Prince  avoit  été 
i^l  gouverneur  de  la  province  de  Fars  par  le 

Sultan 


r 

I  Orientale.  fz9 

I     Sultan  Babor  ou  Baber  ,  d'où  ayant  été  cliaCé 

Îar  Gehanfchah  le  Turcotnan,  il  obtint  du  même 
Eabor  le  gouvernement  des  villes  dé  Makhan  & 
de  Merou  :  mais  ce  Sultan  étant  mort ,  le  SnU 
tan  Abou  Sâïd ,  qui  lui  fuccéda ,  après  avoir  dé- 
fait plufieurs  de  fes  parens  &  compétiteurs ,  at« 
taquaauiE  Sangiar,qui  périt  dans  la  bataille  qu'il 
donna ,  accompagné  des  Sultans  Alaaldoulat  & 
d'Ibrahim  fon  fils,  Tan  863  de  l'Hégire. 

SAOUDABAH  &  SAOUDAVAH  ;  nom 

de  la  fille  de  Dhoul  Zogar ,  Roi  d'Arabie ,  qui 
fut  la  féconde  femme  de  Caïcaous  ,  Roi  de  Perfe 
de  la  féconde  dynâftie  dire  des  Caïanides.  Cette 
Princefle  étant  ainfi  devenue  la  marâtre  ou  belle- 
mere  de  Siavefch ,  fils  du  premier  lie  de  Caïcaous , 
accufa  fauffement  auprès  du  Roi  fon  mari,  ce 
Prince  d'avoir  attenté  fur  fa  pudicité ,  parce  qu'il 
avoît  refufc  de  confentir  à  (ts  mauvais  deflîîins. 
Cette  calomnie  fut  caufe  que  Caïcaous  exila 
fon  fils  :  mais  le  crime  de  la  belle-mere  ayant  été 
enfin  découvert ,  Roftam  vengea  l'innocence  du 
fils  par  la  mort  qu'il  fit  fouffrir  a  cette  marâtre. 

SAOUIROS  y  nom  d'un  Patriarche  d'Antio- 
che,  qui  fuccéda  par  la  violence  de  l'Empereur 
Anailafe  au  Patriarche  Flavien  qui  avoit  été 
relégué.  Ce .  Sévère  ,  qui  pafle  pour  un  grand 
Héréfiarque  parmi  les  Catholiques,  anathéma* 
tifa  le  Coiicile  de  Chalcédoine ,  &  foutint  hau- 
tement l'Héréfie  d'Eutyche  &  de  Diofcore ,  & 
Sublia  qu'il  n'y  avoit  dans  la  facrée  perfonne  de 
éfuS'Chrift  qu'une  nature,  une  perionne  &une 
irolonté ,  qui  réfultoit  des  deux  natures  divine  & 


f. 


Tonu  Y,  I 


ijo        Bibliothèque 

liumaine  ,  fans  mélange  ,  ni  confufîon  ,  ni  cor? 
ruption  ,  de  même  que  la  nature  de  Thonime 
réfulte  des  deux  fubflances  de  i  ame  &  du  corps , 
fans  que  la  matière  fe  change  en  forme  ,  ni  la 
forme  en  matière. 

Sëvere  fut  le  maître  de  ce  Jacques ,  qui  prêcha 
rEutychiânifme  dans  la  Syrie  &  dans  la  Méfo- 
potamie  >  où  fes  fe<5laceurs  ont  pris  le  nom  de 
Jacobites  ,  c'eft-à-dire  de  Difciples  de  Jacques^ 

SAR  ;  titre  que  portoient  autrefois  les  Prin- 
ces de  Giorgian.  C'eft  un  diminutif  de  Caïflar. 
Ce  mot ,  quand  il  eft  Perficn  ^  entre  en  compo- 
fition  de  plufîeurs  autres,  à  la  fin  defquels  il  fe 
joint ,  &  fîgnifie ,  pour  l'ordinaire ,  le  prix  &  la 
reflemblance  de  quelque  chofe ,  comme  Ambar^ 
Jar y  femblable  à  lambre  &  auffi  précieux  que 
l'ambre  gris. 

SARA  ;  nom  de  la  fille  du  Patriarche  Tha- 
reh  &  de  Tahouiah  ou  Tohaouit  qui  n'étoit 
que  fa  féconde  femme  ;  car  fa  première  sappe- 
loit  lounah ,  &  fut  mère  d'Abraham  félon  Ebn 
Batrik. 

Sara ,  femme  d'Abraham  ,  étoit  fille  de  Na- 
khor  &  petite-fille  de  Thareh ,  &  par  confé- 
quent  nièce  de  ce  Patriarche.' 

SARBEDAR  &  SARBEDARIOUN  ;  nom 

d'une  dynaftie  de  douze  Princes ,  qui  ont  régné 
dans  la  ville  de  Sebzvar  en  Khoraian ,  &  dans 
plufîeurs  autres  qu'ils  conquirent,  pendant  l'ef* 
pace  feulement  de  treoce-çinq  années. 


O   R   I   E  NT   ALI.  131 

L'origine  de  ce  nom  ,  qui  eft  PeVfien ,  vient 
de  ce  que  le  premier  de  cette  famille  ou  dynaflic 
f voit  ramafle  plufieurs  gens  fans  aveu ,  qui  exci- 
tèrent une  grande  fe'diiion  contre  le  Gouverneur 
de  cette  province ,  &.  attachèrent ,  pour  iignal  de 
leur  révolte  ,  plufieurs  bonnets  ou  turbans  aux 
fourches  publiques,  ce  qui  eft  exprime  par  le 
mot  Perfien  compofc  Serbcdar^  quifignifie  djBS 
têtes  fur  la  potence. 

Le  premier  qui  s'empara  du  commandement 

Parmi  ces  feditieux  ,  &  qui  prit  la  qualité  de 
rince  ou  d'Emir ,  fe  nommoit  Abdalrazzak  Ben 
Fadhlallah  Al  Bafcht^ni ,  natif  dç  Sebzvar ,  lequel 
commença  à  faire  du  bruit  Tan  de  THe'gire  7^7  , 
auffi-tôt  après  la  mort  d*Abou  Sâid  Ben  Algiap-- 
tou,  Sultan  ou  Empereur  des  Mogols  &  Tar- 
tares  ;.car  ce  fut  juftemei^f  après  le  décès  de  ce 
Prince  ,  que  le  grand  Empire  ou  dynaftie  des 
Cinghizkbaniens  c^ommença  à  tomber  par  la  divi- 
fion  des  Princes  de  cette  maifon  ,  Abou  Sâïd 
n'ayant  point  laifTé  d  enfans  pour  y  fuccéder. ,  ' 

Abdalrazzak  ne  régna  que  fept  mois ,  fous  le 
fimple  titre  ai  Emir.  \ 

Le  fécond  Prince  des  Sarbedariensfut  Khoua- 
geh  ou  Cogiah  Vagiheddin  MaiTôud  ,  qui  régna 
fis  ans  quatre  mois. 

Le  troifieme ,  Agah  Mohammed  Timur  ,  qui 
n'étoit  point.de  la  racç  d* Abdalrazzak  Al  Bai- 
chtini ,  régna  deux  ans  &  deux  mois. 

Le  quatrième  ^  Ghelou  Asfendiar,  un  an  & 
nn  mois.  •        . 

Le  cinquième ,,  Khogiah  Schamseddin  Afdhal , 
fils  de  Fadhlallah  Al  Biafchtini ,  premier  Prince 
de  cette  dynaftie,  &  fr«re  de  \agiheddin,  qui 

lij 


1J2       Bibliothèque 

~€n  fut  le  fécond ,  régna  fept  mois  ,  &  laiila  le 
t:ommandeinent  à  fon  neveu. 

Le  fîxieme  ,  Khoungeh  Ali  Schams  eddin  , 
régna  quatre  ans  &  neuf  mois. 

Le  feptieme ,  Emir  Khogiah  lahia  Ben  Haï- 
dar  AI  Iverabi^  quatre  ans  &  huit  mois. 

Le  huitième,  Khogiah  Zeineddin Thaher Ben 
fiaidar  Al  Kerabi ,  régna  un  an. 

Le  neuvième  ,  Pahalavan  Haïdar  Caflab ,  le 
Soucher,  un  an  &  un  mois. 

Le  dixième,  Khogiah  Lutfallah  Ben  Vagih- 
eddin  MafTôud,  régna  un  an  &  trois  mois. 

L onzième,  Pahalavan  Haifan  Al  Damagani, 
«quatre  ans  &  quatre  mois. 

Le  douzième ,  Khogiah  Abi  Mouïad.  Ce  der- 
nier Prince  des  Sarbedariens  s'attacha  \  Tamer- 
îan  ,  Tan  781  de  THeigire  ,  lorfquece  Conquérant 
entra  vidlorieux  dans  la  province  de  Khorafan , 
&  il  demeura  toujours  auprès  de  fa  perfonne  juf-" 
-qu'en  l'an  788  qu'il  mourut. 

Ce  Khogiah  Ali  Mouiad  fut  fort  eftimé  pen- 
tiantfa  vie,  &  acquit  beaucoup  de  crédit  auprès 
de  Tamerlan  ,  qui  fe  fervoit  fouvent  de  fes  con- 
feils.  Il  portoit  grand  refpeâ  ayx  Do($leurs  de 
fa  Loi  ,  &panit:uliérement  à  ceux  qui  étoient  de 
la  race  de  Mahomet  &  d'Ali ,  en  quoi  il  écoit  fi 
fuperAitieux  ,  que  l'on  dit  qu'il  tenoic  tous  les 
foirs  &  tous  les  matins  un  cheval  tout  prêt  à 
monter  ,  pour  aller  au  devant  du  Mahadi ,  le 
douzième  Iman  de  cette  race. 

Le  calcul  que  l'on  a  fait  ici  des  années  &  des 
règnes  des  Sarbedariens,  eft  félon  Khondemir 
&  félon  l'Auteur  du  Nighiariftan  ;  car  l'Auteur 
du  Lebtarikh  doime  quatorze  ans  (le  plus  à  la 


O  II   ï  E  N  T  A  L  E.  ijî 

àarée  de  cette  dynaftie ,  &  diffère  même  ea 
quelque  chofe  fur  leur  fucceflîon. 

SARCUTNA  BEGHI  >  nom  de  la  nièce  oa 

petite-fîlle  d'Avenkkhan  ,  que  Ion  nomme  auiS 

Ong  khan  j   qui  eft   le  ve'ritable   Précre  Jea» 

dont  Marc  Paul  a  parié.*  Elle  étoit  Chre'tienne  , 

ainfî  que  fon  oncle  ou  fon  aïeul ,  &  fut  mariée 

à  Tuli ,  fils  aîné  de  Ginghirichan  ,  &  gouverna 

les  Etats  de  fon  mari  ,  gui  mourut  pendant  la 

vie  de  Ginghizkhan  fon  père.   Cette  Princefle 

ëroit   très-attachée  à  fa  Religion  ,  &  honoroit 

beaucoup  les  Evêques,  félonie  rapport  d'Âhoul 

Farage,  dans  la  dynaftie  des  MogoFs. 

Ce  mot  de  Beghi ,  qui  fe  donnoit  cBez  les 
Mogols  &  Tartares  aux  Reines  ,  a  été  changé  en 
celui  de  Begum^  que  les  Perfiens  donnent  aU'- 
jourd'hui  à  leurs  Reines^,  Scfignifie  proprement 
Madame^ 

tSARDINIAH  r  îa  SardaiVne.  Cette  ifle  fut 

conquife  par  les  Arabes  ,   fous  le  commande-* 
ment  de  Moiiffa   Ben  Naffir  ,  Gouverneur  de 
l'Afrique  ,  Tan  92  de  THégire,  qui  fut  la  même 
année  que  Ben  Tharek  fit  fa  defcente  en  Efpa-^ 
gne ,  ou  il  avoit  été  envoyé  par  le  même  Mouffa.. 
Novaïri  rapporte   que  les  Arabes  firent    un 
très-grand  butin  dans  cette  ifle  ;  car  un  de  leurs 
Nageurs  pu  Plongeons  trouva  une  grande  fomme 
d'argent^  qui  avait  été  jetée  dans  la  mer,&  uit 
de  leurs  foldats  tirant  fa  flèche  fur  un  pigeon  qui 
ctoit  dans  le  lambris  de  la  grande  églife  >  décou- 
vrit un  fort  grand  tréfor   qui  y  etoit  caclié^& 
le  même  Auteur  ajoute  que  les  Mudilmans ,  re?- 


/ 


ÎJ4       Bibliothèque 

tournant  chargés  de  tant   de  richefles  en  leur 

Fays ,  périrent  tous  en  mer ,  &  que  ce  verfet  de 
Afcdran  ,  Alla  garacahomfaïàrefou  akkerhom  , 
»  Dieu  les  noya ,  &  leur  fit  trouver  la  tnort  dans 
les  eaux«,  fut  vérifié  en  cette  ocçafïon  ,  auffi 
bien  qu'en  la  perfonne  de  Pharaon  &  des  Egyp- 
tiens ,  qui  jpourfuivoient  les  Ifraélites  au  travers 
de  la  mer  Rougé. 

Cette  conquête  de  la  Sardaigne  fut  faite  fous 
le  Khalifat  de  Valid  ,  le  fixieme  des  Om- 
miades. 

S AROUIN  ou  S ARVIN  ;  nom  d  un  des  en- 

fans  d*Orthogrul,  qui  fut  par  conféquent  frère 
d'Othman ,  Fondateur  de  la  dynaftîe  des  Sultans 
Othrnanides;  les  Turcs  le  nomment  au^SaougL 
Ce  fut  lui  qui  fut  envoyé  par  fort  père  au  Sukan 
Alâeddin  le  Selgiucide,  pour  obtenir  de  lui  quel- 
que lieu  dans  fes  Etats,  où  il  pût  s'établir. 

Le  Tarikh  Al  Othman  dit  qu'Orthogrul  ne 
demandoit  à  Alaeddin  que  Bir  Jergighaz  ,  un 
très-perit  lieu ,  &  nous  voyons  aujourd'hui  que 
ce  petit  lieu  a  eu,  dans  la  fuite  des  temps ,  une 
grande  étendue. 


g 


SASSAN  ;  nom  du  père  d'Ardeschir  Babe- 
an ,  premier  Roi  de  la  quatrième  dynaftie  de 
erfe ,  furnommée  Saffantan  ou  des  Saffanides. 
Ce  Saflan,  quoiqu'il  tirât  fon  origine  d'un  au- 
tre Saflan,  fils  de  Bahaman  Asfenaiar,  fîxieme 
Roi  de  la  féconde  dynafîie  de  Perfe  /  nommée 
Cafatilan  ou  des  Caïanldes. ,  étoit  réduit  néan- 
moins à  une  condicion  bafTe  &  fervile  :  car  il  étoit 
devenu  le  Pâtre  des  troupeaux  de  Babek, homme 


Orientale.  ^35 

ricltt  &  pmâant  è^ns  la  Perfe.  II  fut  cependant 
aflez  heureux  dans  fa  condition  ;  car  il  gagna  fi 
Jbien  les  bonnes  grâces  de  fon  Maître  ,  qu'il 
époufa  fa  propre  fîlle ,  &  en  eut  un  fils  nomme 
Arieschir  j  qui  prit  le  furnom  de  fon  aïeul  ma- 
ternel Babek ,  &  fut  appelé  Babegan. 

Le  Lebtarikh  néanmoins  diffère  de  Khonde- 
mir,  -en  ce  qu'il  fait  defcendre  §aflan,  non  de 
Bahaman  Asfendiar ,  mais  de  Baharam  ,  un  des 
Rois  dé  la  troisième  dynaftie  de  Perfe,  qui  poir- 
tent  le  nom  de  Molouf  ^Thaouaif. 

SASSANIAN,  les  Saffaniens  ou  Saflanides^ 
C*eft  ainfi  que  les  Perfans  nomment  les  Rois  de 
leur  quatrième  dynaftie,  auxquels  ils  ont  donné 
auffi  le  furnom  ou  le  titre  de  Khofrévian  ^  parce 
qulls  prenoient  le  litre  de  Khofrev  ou  Khqfrou;. 
&  ce  font  les  mêmes  que  les  Arabes  appellent^ 
Akajferah  y  du  nom  fingulier  de  Kifra  ,  qu'iU 
ont  employé  au.  lieu  du  mot  Perfien  Khofrev. 
Nous-pourrions  les  appeler  les  Khofroès^  quoi- 
que pour  l'ordinaire  nous  ne  donnions  ce  no'm- 
là  qu'à  celui  de  cette  race  qui  a  eu  le  plus  d'af- 
faires avec  l'Empereur  Héraclius. 

Le  Lebtarikh  comrpte  trente  Se  un.  Rois  de 
cette  dynaftie,  quoiqu'il  n'en  nomme  que  trente  ^ 
&  lui  donne  cinq  cents  ans  de  durée  :  mais  le 
Tarikh  Kbozideh  &  Khondemir  ne  donnent  à 
cette  dynaftie  qiie  quatre  cent  trente  &  un  an» 
de  durée ,  dans  Tordre  qui  fuit. 

Le  premier  Roi  &  le  Fondateur  de  cette  dy- 
naftie eft  ArdefcKir  ,  dit  Ben  Bahek  ou  Babe^ 
gcin ,  comme  l'on  a  vu  ci-deflus  ,  quoiqu'il  fût 
véritablement  fils  de  SaiTan ,  qui  régna  quatorze 

liv 


Ijff         BiBLIOtHEQ  ^t 

ans  depuis  qu'il  Te  fat  défait  d'Ardevan ,  dernier 
Roi  de  la  troifîeme  dynailie. 

Le  fécond ,  Schabour  Ben  Ardefchir ,  qui  r^gna 
trente  &  un  ans. 

Le  troifîeme  ;  Hormouz  Ben  Schabour,  r^^a 
auflî  trente  &  un  ans. 

Le  quatrième ,  Baharam  Ben  Hormouz  ^  régna 
trois  ans  &  trpis  mois.* 

Le  cinquième,  Baharam  Ben  Baharam ,  rëgna 
foizante  &  dix  ans. 

Le  iîxieme ,  Baharam  Ben  Baharam  Ben  Ba- 
haram ,  régna  treize  ans  &  quatre  mois. 

Le  feptieme ,  Narfî  Ben  Baharam ,  Nariis  fils 
de  Baharam ,  fécond  du  nom  ^  régna  neuf  ans. 

Le  huitième ,  Hormouz  Ben  Nariis ,  régna  fepc 
ans  &  cinq  mois. 

Le  neuvième ,  Schabour  Dhoulaktaf ,  régna 
foixante  &  douze  ans. 

Le  dixième ,  Ardefchir ,  oncle  maternel  de 
Schabour  )  félon  le  Tharikh  khozideh,  ou  petit* 
fils  de  Hormouz  Ben  Narfi ,  félon  le  Tharikh 
Thabari ,  régna  quatre  ans. 

L'onzième^  Schabour  Ben  Schabour  Dhou«- 
Iakthaf ,  régna  près  de  cinq  ans. 

Le  douzième ,  Baharam  Ben  Schabour ,  dit 
Kerman  Schah ,  régna  treize  ans. 

Le  treizième,  Jezdegcrd  Al  Athim,  le  Mé- 
chant ,  Ben  Baharam ,  régna  vingt  &  un  ans. 

Le  quatorzième ,  Baharam  Gour  Ben  Jezde- 
gcrd, régna  vingt-trois  ans. 

Le  quinzième,  JezdegerdBen  Baharam  Gour, 
réçna  dix-huit  an^. 

Le  feizieme,  Hormouz  Ben  JtzdegerJ  ,  régna 
un  an. 


Orientale;  t)7 

Le  dix-feptieme ,  Firouz ,  frère  de  Horniouz , 
régna  vingt-huit  ou  trente  ans. 

Le  dix-* huitième,  Baiafch  Ben  Firouz,  régna 
un  peu  moins  de  quatorze  ans. 

Le  dix-neuvieme ,  Cobad  Ben  Firouz,  régna 
quarante-trois  ans. 

Le  vingtième ,  Anoufchimn  ou  Noufchirvan 
Ben  Cobad,  le  plus  ^rand  Prince  de  toute  cette 
dynaflie ,  régna  quarante-huit  ans. 

Le  vingt  &  unième ,  Hormouz  Ben  Nooi^ 
chirvan ,  régna  douze  ans. 

Le  vingt-deuxième ,  Khofrou  Parviz  Ben  Hor» 
mouz ,  régna  trente-huit  ans. 

Le  vîngi-troifîeme ,  Schirouieh  Ben  Khofroa 
Parviz  régna  fix  ou  huit  mois.  La  tradition  des 
Orientaux  eft  que  lek  Princes  parricides,  tels 
qu'étoit  ce  Schirouieh  ou  Siroés ,  ne  furvivent 
que  fix  mois  à  leurs  pères. 

Le  vingt-quatrième,  Ardefchîr  Ben  Schirouieh, 
régna  un  an  &  ûx  mois. 

Le  vingt-cinquième,  Scheheriar,  qui  n'étoic 
pas  de  la  race  royale ,  régna  deux  ans  &  vingt 
jours. 

Le  vingt-fixieme ,  Touran  Dokt  Benat  Khof- 
rou Parviz  ,  fille  de  Khofroès  fiirnommé  Parvi^^ 
ne  régna  au  plus  que  deux  mois. 

Le  vinÊ;t-feptieme ,  Azurmi  Dokt,  fœur  de 
Touran  Dokt ,  régna  un  an  &  quatre  mois. 

Le  vihgt-huitieme  ,  Farakhzad  Ben  Khofi*ou , 
ne  régna  qu'un  mois.  Quelques-uns  le  font  régner 
avant  fa  fœur  Azurmi  DoKt. 

Le  vingt-neuvième,  Jezdegerd  Ben  Scheheriar 
•Ben  Khofi-ou  Parviz ,  dernier  Roi  de  cette  dy- 
naftie ,  qui  pafla  depuis  en  celle  des  Arabes  & 


V 

ijS       Bibliothèque 

Mufulmans ,  régna  vingt  ans ,  félon  le  Tariklt 
ou  Hiftoire  de  Hamzah  Ben  Houifaïn  Esfahani , 
dont  il  en  paita  quatre  étant  fugitif! 

Cette  lifte  des  Saflanides  eft  prife  de  Khon- 
demir ,  qui  ne  fait  mention  que  de  vingt-neuf 
Rois  de  cette  dynaftie,  parce  qu'il  omet  Baharatn 
Tchoubin ,  qui  n  e^jt  qu  un  rebelle  &  un  ufur- 
jpateur  de  la  Couronne  de  Perfe^  Le  Lebtarikh 
cependant  le  place  au. rang  des  Rois  entre  Hçr- 
mouz  Ben  Noufchirvan  &  Khofrou  Parviz ,  fils 
de  Hormouz. 

'  'Quelques  Hiftoriens  comptent  cette  dynaftie 
des  Sa/Tanides  pour  la  cinquième  de  Perfe ,  parce 
iju'ils  divifent  la  troisième  ,  qui  èft  celle  des  Mo- 
îoukThaouaif  ouRoisdes  nations,  en  deux  bran- 
ches,  fa  voir  ,  celle  des  Afcaniens  &  celle  des 
Afchganiens. 

.  Aboulfarage  écrit  que  cette  quatrième  dynaftie 
des  anciens  Rois  de  Perfe  commença  la  troifieme  ^ 
année  de  Tempire .  d'Alexandre  ,  fils  de  Mamée, 
la  541^  des  années. 4* Alexandre  le  Grand,  félon 
le  calcul  des  Syriens ,  &  qu'elle  a  duré  418  ans, 
jufqu*au  Mahométifme.  Nos  Hiftoriens ,  cbmme 
Dion  &  autres ,  marquent  qu'Artaxerxe  ,  qui  èft 
TArdeichir  Fondateur  de  cette  dynaftie,  défit  & 
tua  Artaban,  qui  eft  TArdevan  des  Perfans,  Tan 
d'Alexandre  ou  des  Séleucides  541  ,  qui  corref-^ 
pond  à  Tan  229  de  J.  C,  &  au  981*  de  la  fon- 
dation de  Rome,  qui  eft  juftement  le  temps  au- 
quel Dion  finit  fon  Hiftoire. 

SATI  BEGHI  ou  BEGUM  ;  nom  de  I» 
fœur  d'Abou  Saïd  Ben  Aigiaprou»  Empereur  des 


f 


Mogols  ,  mariée  à  TEmir  Groban,  qui  tvn  de 
cette  Prînceiîe  un  fils  nommé  Gialair, 

SAZ.  Les  Turcs  appellent  asnfi  les  Saxons , 
&  particuliérenient  ceux  qui  habitent  dans  les 
(epc  villes  de  laTranfilva«ie  où  Charlcmagne  les 
envoya  &  en  fit  des  colpnies. 

Ce  font  ces  fept  villes  Saxones  qui  ont  donné 
\t  la  Tranfilvanie  le  nom  Allemand  de  Sieben^ 
Burgeriy  &  le  nom  Latin  de  Septem  Caflrefijis. 
Resio, 

Ces  Saz  ou  Saxons  fe  mêlèrent  avec  les  Se- 
cirlès ,  qtie  plufleurs  appellent  Sicules  ^  naciofi 
ori^nairedu  pays,  &  ont.form^  le  peuple t[uè 
nous  appelons  aujourd'hui  les  Trànjîlvdins. 

SCHAB;  nom  dune  bfa'nche  ou  famille  de 
la  Tribu  dé  Hamadan^  de. laquelle  Amer  Al 
Coufi ,  furnomraié  Al  Schabi-^  étoit  iflii. 

SCHij^BATH  ;  no*i  d'un  mois  du  Calendrier 
des  Syro-Macëdoniens,  qui  corrçfpond  à  notre 
moi*  de  Févricjr.-'^'Les;  Arabc$  appellent  ce  Ca- 
lendrier TarikkRoumijle  Calendrier  des  Grecs, 
Dans  ce  Calendrier,  le  fécond. jour  de  ce  mois 
y  cft  marqué  pour  celui  de  la  fête  que  les 
Arabes  appellent  Aïd  Schéma  :  c'eft  la  Chande- 
leur. Le  feptieme  jour  du  mréme  mois  y  eft  ap- 
pelé Soconth  gioumrat  aoUel*^  la  première  extinc^ 
don  du  tijon.  Le  quatorzième  eft  la  féconde 
extin<5lion  du  tifon  ,  &  la  troifieme  tombe  dans 
le  vingt-unième  du  même  mois ,  &  pafTe  pour  la 
fin  de  rhiver. 

Le  vingt- fixieme  du  même  mois  de  Schabath 


t4d         BiBLrOVHEQVE 

commence  le  premier  jour  des  fept  que  ks 
appellent  Aiam  âgiomi^  les  jours  de  la  Vieille  , 

3ui  s'ëcendent  dans  les  premiers  jours  du  mois 
'Adhar ,  qui  eft  notre  mois  de  Mars. 

SCHABOUR  j  nom  commun  ^  plufieurs  Rois 
de  Perfe,  que  les  Grecs  (l  les  Latins  ont  appelé 
Sapçres.  Ce  mot  iîgniiie  en  langue  Perfienne 
Fils  de  Roi  ;  car  c  eâ  le  même  que  Schahpouf 
&  Schahpor. 

SCHABOUR  BEN  ASCHEK  BEN  DARA, 

Sapor  premier  du  nom,  âls  d'Afchek.fils  de 
Darius.  C'eft  le  troifieme  Roi  de  Perfe  de  la 
dynaftie  des  Afclikamenss  qui  fuccéda  à  fon  frère 
Afchek  fécond  du  nom.  Il  fut  furnommé  Padi/- 
chahi  Buiurk  ,  le  Grand  Roi,  a  caufe  des  fré- 
quentes viAoires  qu'il  remporta  fur  les  Grecs, 
c'eft-à-dire  fur  les  Macédoniens,  fucceflèurs 
d'Alexandre  en  Afîe,  que  nous  appelons  les  J/- 
leucides ,  &  reporta  en  rerfe  les  trëfors  qu'Alexan- 
dre le  Grand  en  avoir  autrefois  enlevés.  , 

Ce  Prince  régna  quinze  ans,  &  lailSâ  poitr 
fucceCeur  Baharam ,  que  le  Lebtarikh  appelle 
fils  de  Balas  fils  de  Sapor  fils  d' Afchek. 

SCABOUR  BEN  ARDESCHIR  BABE- 

GAN,  Sapor  fécond  du  nom,  fils  d'Ardefchir 
Babegan  ;  nom  du  fécond  Roi  de  Perfe  de  la 
quatrième  dynaftie,  nommée  des  Sajfaniens  ou 
des  Khofiroes  ,  qui  fut  élevé  à  Tinfçu  de  fon 
père,  &  reconnu  de  Ilû  dans  le  jeu  du  mail  à 
cheval. 

Aboulfarage  met  la  première  année  du  règne 


Orientale.  141 

de  ce  Prince  dans  la  première  de  Tempire  de 
Philippe  :  mais  Agathias  la  place  fous  1  empire 
de  Gordien  ,  l'an  de  J.  C.  242.  £bn  fiatrik  met 
la  mort  de  Sapor ,  qui  régna  trente  ans  après  fon 
père ,  fous  1  empire  de  Maximin  y  &  lie  l'année 
dix-feptieme  de  Ton  règne  avec  l'année  de  la  mort 
d'Héliogabale  >  &  le  commencement  d'Alexandre 
Sévère. 

Le  Lebtarikb  donne  trente  &  un  ans  &  quel- 
ques mois  de  règne  à  Schabour ,  &  dit  qu'il  réta- 
blit la  ville  de  Nifchabour  en  Khorafan  ,  qui 
avoit  été  bâtie  par  Thamurath  &  ruinée  par 
Alexandre  le  Grand ,  &  il  fit  conilruire  dans 
toute  refendue  de  fes  Etats  plufîeurs  autres  villes 
&  bourgades ,  auxquelles  il  donna  fon  nom,  dont 
l'une  des  principales  eft  celle  de  Giondi  Scha- 
bour dans  le  Knouziftan  ;  qui  eft  la  Sufiane  des 
Anciens. 

Le  même  Auteur  ajoute  que  l'on  voyoit  autre- 
fois dans  une  grotte ,  proche  de  la  ville  de  Nif- 
chabour,  une  ftatue  de  pierre  qui  repréfentoit  ce 
Prince ,  &  que  cette  ftatue  s  elevoit  au  milieu 
de  plufîeurs  autres  de  la  même  matière,  en  forme 
de  colonne. 

Le  Géographe  Perfîen  écrit  que  dans  la  ville 
-de  Schoufter  ou  Tofter,  capitale  de  la  Sufiane , 
il  y  a  une  digue  ou  levée  fort  haute  &  fort 
épaifiè ,  que  l'on  dit  avoir  été  faite  par  Tordre 
de  Sapor  pour  foutenir  les  eaux  de  la  rivière  qui 
y  paile. 

C'eft  ce  même  Sapor  qui  a  beaucoup  affoibli 
l'Empire  Romain  ;  car  il  faccagea  &  ruina  preC- 
gue  entièrement  les  provinces  de  Méfopoiamie^ 
de  Syrie  &  de  Cilicie ,  &  vainquit,  enfin  VEjjor 


142       Bibliothèque 

pereur  Valericn ,  qa  il  fit  foh  prifonniér  &  auquel 
il  ne  vouloil  jamais  rendre  la  liberté,  Nas  Hifto- 
riens  difenc  mèni«  jqti'il  le  ût  mourir  cruellement; 
mais  les  Orientaux  les  plus  anciens  n'en  font 
aucune  mention. 

Ce  Sapor  autoit  pouffé  encore  bien  plus  loin 
fes  vi^oires  contre  les' Romains,  fi  Odenat»  Roi 
des  Palmyreniens ,  qui  fe  fie  proclamer  dans  la 
fuite  Empereur  Romain  ,  n*eut  arrêté  fes  con- 
quêtes ,  &  ne  Teût  obligé  de  faircj  fa  paix  avec 
l'Empereur  Aui'elien.  Il  mourut  enfin  l'an  272 
de  J.  C. ,  laifîânt  pour  fuccefTeur  fon  fils  Hor- 
môuz ,  que  les  Grecs  &  les  Latins  ont  appelé 
Hormiidas. 

-  Abôulfarage  écrit ,  on  ne  fait  fous  la  foi  de  quel 
Auteur,  qu'Aurelien  donna  fa  propre  fille  en  ma- 
riage à  Sapor ,  &  qu  il  fit  bâtir  la  ville  de  Giondi 
Schabour  en  fa  faveur.  - 

SCHABOUR  BEN  HORMOUZ  BEN 
NARSI  BEN  BAHAR AM  ,  Saoor ,  troifieme 
du  nom,  fils  de  Hormouz  fils  de  Narfes,  fils  de 
Varanes ,  qui  fut  furnommé  Dhouladaf,  neu- 
vième Roi  de  Perfe  de  la  quatrième  dynaflie  -, . 
dite  des  Saffantdes  ou  des  Khofroès. 

Ce  Prince  fut  Roi  avant  que  de  naître  ;  car 
fon  père  Hormouz  ayant  laifTé  la  Reine  fa  femme 
grofîe  ,  les  Seigneurs  de  Perfe  réfoiurent  entre 
eux  de  reconnoître  pour  Roi  ce  qu'elle  dévoie 
•nfanter. 

La  Reine  accoucha  quatre  jours  après  la  mort 

de  Hormouz,  &  fon  fils ,  auquel  on  donna  le 

nom  de  Sapôr ,  fut  porté  aufîî-tôt  fur  le  trône  ^ 

jau  haut  duquel  on  fufpeadit  la  couronne  royale  ^ 


\ 


r 


Orientale.  14) 

que   Tenfant    ne    pouvoit   pas    encore   porter. 

Avant  que  ce  petit  Prince  fût  forti  de  1  en- 
fance j  Thaïr ,  Roi  des  Arabes  y  entrajivec  une 
puifTante  armée  dans  la  Perfe  ,  prit  &  faccagea 
la  ville  royale  &  capitale  ,  &  fit  prifonnier  la 
foeur  de  Hormouz,  tante  de  Sapor. 

Les  Arabes  eurent  bon  marché  des  Perfans 

Îendant  la  minorité  du  jeune  Sapor.  Mais  ce 
Wnce  n'eut  pas  plus  tôt  atteint  les  premières 
années  de  fon  adolefcence ,  qu'il  entreprit  dé  fe 
venger  des  Arabes ,  qui  s  etoient  fi  cruellement 
prévalus  de  fa  faibleiTe.  Il  alla  attaquer  d'abord 
jThaïr  dans  une  de  fes  plus  fortes  places ,  &  il 
eut  le  bonheur  de  Vy  furprendre ,  par  la  trahifon 
de  Malekah  ^  fœur  de  Tnaïr  ,  qui  lui  en  ouvrit 
fecrétement  la  porte. 

Sapor  s'étant  rendu  maître  de  la  perfonne  de 
Thaïr  &  des  principaux  Chefs  de  fon  armée , 
les  fit  tous  paffer  au  fil  de  l'épée  ;  &  non  con- 
tent de  cette  exécution ,  il  exerça  fa  vengeance  fur 
tout  le  plat-pays  de  l'Iémen  ,  où  il  fit  mourir  un 
nombre  infini  d'Arabes  ,  &  caifer  l'épaule  à  tous 
ceux  qu'il  laiifa  en  vie ,  &  qu'il  jugeoit  capables 
de  lui  pouvoir  faire  la  guerre. 

La  plupart  des  Hiftoriehs  Orientaux  écrivent 
que  ce  fut  au  fujet  de  cette  dernière  adion  que 
l'on  donna  à  Sapor  le  furnoni  de  Dhoulaéiaf  : 
cependant  TAuteur  du  Lebtarikh  dit  que,  ce 
Prince  fut  furnommé  ,  non  pas  Dhoulaéiaf,  qui 
fignifie  aux  Epaules ,  mais  Dhouldcnaj  ^  mpt 
qui  fignifie  aux  Ailes ,  à  caufe  de  la  proteélion 
qu'il  donna  aux  Arabes  après  qu'il  leur  eut  ao 
cordé  la  paix  ;  &  il  raconte  k  ce  fujet  l'hiftoire 
ûiivante  : 


144       Bibliothèque 

Malek  Ben  Nàffer ,  un  des  Ancêtres  de  Ma- 
homet ,  étant  venu  en  qualité  d'Ambafladeur  de 
fà  Nation  à  la  Cour  de  Sapor ,  pour  tâcher 
d'appaifer  la  colère  de  ce  Prince  ,  qui  faifoic 
faire  une  fi  grande  boucherie  des  Arabes  ,  & 
lui  demandant  pourquoi  il  ufoit  de  tant  de  cruauté 
à  leur  égard ,  il  lui  répondit  qu'il  avoit  appris 
de  fes  Aftrologues  f  qu'il  devoit  naître  parmi 
leur  Nation  un  Perfonnage  qui  devoit  un  jour 
renverfer  la  Monarchie  des  Perfes ,  &  qu'il  pre- 
nait d'avance  toute  la  vengeance  qu'il  pou- 
voit.     /  ''        '  > 

M^lek  Ben  Nafler  dît  a  Sapor ,  qu'il  ne  fal- 
loit  pas  croire  comme  des  oracles ,  les  prédic- 
tions des  Aftrologues ,  qui  font  fi  accoutumés 
à  mentir  ;  mais  que  ,  quand  bien  même  ils 
auroient  dit  la  vérité  ,  il  lui  fembloit  qu'il  érbit 
de  la  prudence  des  Perfes  d'en  agir  avec  plus 
de  douceur  envers  des  gens  qu'il  croyoit  devoir 
être  un  jour  leurs  maîtres.  Sapor  fuivit  le  con- 
(eil  de  Maiek  ,  &  empêcha  que  Ton  ne  pafsât 
outre  à  l'exécution  qu'il  avoit  commandée  fut 
toute  la  Nation  des  Arabe».  Il  arriva  même , 
depuis  ce  temps-là ,  que  Sapor  les  prit  fous  fa 
proteélion  particulière  ,  &  les  favorifa  toujours;; 
&  c'eft  de  là  que  les  Arabes ,  en  reconnoiiîànce 
de  la  douceur  avec  laquelle  il  les  trairoit ,  le  pro- 
clamèrent Dhoulàcnaf ,  c'eft-à-dire  ,  leur  Pro- 
teéleur. 

Sapor  ayant  voulu  un  jour  s'informer  par  lui- 
même  de  l'état  de  TEmpire  Romain  ,  fe  hafarda 
d'aller  à  Conftantinople ,  &  de  s  y  cacher  foos 
la  forme  d'un  AmbaÀàdeur  :  mais  il  y  fut  bien- 
tôt reconnu  &  fait  prifonnier.  Cet  accident  fut 

très-fûnefte 


Orientale.  t'^$ 

tiès-funefte  à  la  Perte  ;  car  l^s  Grec»  ou  Ro« 
mains  s'emparèrent ,  pendant  fa  captivité ,  d'une 
grande  partie  des  provinces  de  (tè  Etats. 

Il  eue  cependant  le  J>onheur  de  gagner ,  pen* 
dant  fa  prifon  ,  les  bonnes  grâces. d  une  des  Mai«^ 
trèfles  de  TEmpereur,  qui  parvint  ^  par  fes  ani« 
£ces ,  ï  lui  procurer  (a  liberté ,  en  lui  enfei-* 
gnant  le  moyen  de  s'échapper ,  &  en  lui -promec* 
tant  de  lui  lervir  de  guide>  En  effet ,  Sapor  fe 
fauva  avec  cette  ûlle  ,  &  il  ne  s  arrêta  poin.t  > 
)ufqu*à  ce  quHI  fût  arrivé  en  un  lieu  proche  de 
la  ville  de  Cazvin  ou  Cazbin  en  Médie  ,  qui 
n  etoic  pas  encore  bâtie  ,  où  il  y  avoit  un  Ora- 
toire ,  nommé  en  ce  temps-»U  Soumâak  leidan 
Perêjiij  qui  fervoitaux  Mages  ou  aux  Chrétiens  ^ 
&  que  l'on  appelle  aujourd'hui  Sckabouran ,  à 
caufe  €fu'il  s'y  arrêta» 

Ce  Prince  ayant  appris  )  du  Gardien  de  cet  Ora- 
toire» rétat  dans  leauel  la  Perfe  fe  tcouvoit  alors  / 
prit  il  bien  fes  meiures  ,  qu'amailànt  peu  après 
des  troupes  de  plufîeurs  endroits ,  il  attaqua  il- 
k  propos  l'Empereur  des  Romains  ,  qu'ii  déûc. 
entiér^ement  fon  armée  auprès  de  Babylone  ,  fit 
on  grand  nombre  de  prifonniers ,  &  recouvra 
tous  fes  Etats  en  fort  peu  de  temps. 

La  ville  de  Cazvin  doit  fon  origine  à  Sapor  ; 
car  ce  Prince ,  après  avoir  chafle  les  Ronjiains. 
de  la  Perfe ,  &  fe  reflbuvenant  que  c'étoit  à 
Schabouran  quil  avoit  fait  le  premier  projet  du 
recouvrement  de  la  Perfe  ,  réfoluc  d'y  bâtir  une 
ville  9  qui  porta  le  nom  de  Caivin  ;  &  ce  fuc 
pendant  la  conftruâion  de  cette  ville ,  que  lea 
Di^emites  fes  voidns  vouloieiic  empêcher  qu'il 

Tome  V^  K 


14$         Ib  I  A  L  t  O  t  R  Ë  Q  O  S 

fe  déterminât  à  fair^  la  guerre  à  ces  peopleâ.^ 

&  les  fournit  entièrement  à  fon  obéi/Tance. . 

Le  même  Prince  rebâtit  aaffi  l'ancienne  :viIlQ 
llç  Sous  ou  Schoufchter  dans  le  Kbou;tiftan  |  &  lâ 
nomma  de  Ton  nom  Kfiauat  Schubour,  Cette  ville 
a  porté  auffi  le  nom  de  Cvrkh.  .      - 

'  Sapor  Dboulaâaf  vécut  &  régna  foixante  & 
douze  ans  ;  car  les  années  de  fon  règne  s  accor-n 
Sent  parfaitement  avec  celles  de  fa  vie  ;  il  laiiia 
pour  fucceilênr  Sapor  foii  fils  ,  crui  fut  pendant 
quelque  temps  Xpus  la  tutelle  a  un  Ardefchir  , 
que  plufieurs  comptent  pour  le.  dixième  Roi  de 
cette  dynaf^e;  "^^ 

Nos  Hiftoriens  marquent  le  coi^mencement. 
du  règne  de  ce  Sapor  Tan  16  d^  .Dioclétien  ou 
de  TEre  des  Màrcyrs ,  dans  les  commencemens 
du  règne  du  grand  Conftantin ,  Tan  3O5)  de  J.  C, 
&  fa  fin  fous  TEmpereur  Théedoii; y  lan  4!AIe<« 
Sandre  6<}X  ^  qui  eft  de  J.  C.  )8<>.  Le  gr^nd 
Conftantin  mourut  à  Nicomédie ,  krfqu  il  fe 
préparoit  Ik  hii  faire  la  guerre ,  Tan  de  J.  G.  535, 
après  que  Sapor  eut  en  vain  aâiégé  la  ville  de 
Mifibe  &  facdagé  la  Méfopotamie« 

Cependant  Sapor  attaqua  derecUef  Nifibe,  fo^j^i 
TEmpereur  .Confiance ,  f^ns  aucun  fuccès  \  mais^ 
il  défit  l'Empereur  Julien  TApoilat,  Tan  de  J.  C. 
175  ,  fit  la  paix  enfuite  avec  iovien  ^  duquel  il 
reçut  la  ville  dé  Nifibe,  d  où  les  Chrétiens  furent 
tranfportés  à  Amida  du  Caraëmit.  Il  défit  encore 
1  Empereur  Valens)  &  moufui:  feus  rEmpire  de. 
Graiien. 

SCHABOyH'BEN  SCHABÔUR.  Sapor  ^ 


tJ  Ji  t  fe  îff  t  À  L  fe.  ÏJf^. 

^^trièmè  du  nom  ^  fils  de  Sapor  aax  Epaulies  ^ 
onzième  Roi  de  Perife  de  la  dynaftie  des  daifani^ 
des  y  qui  ne  fuccéda  jpa^  immëdiacenient  à  fon 
piere  ;  car  Ardéfchif /fon  oncle  ^  qae  les  Hifto-^ 
riens  difent  aToir  été  freré  utérin  de  Schaboué 
Dhoalaâaf ,  gouverna  pendant  lefpace  de  douze 
ans  ;  de  forte  que  r«n  ne  donne  k  ce  dernier 
Sapbr  que  cinq  années  &  quatre  mois  de  iregne:  ^ 

Nos  Miftoriens  difent  que  ce  Sapor  epvoyl 
dès  Âmbaiiadeliri  demander  là  paijic  bu  grand 
Théodofe,  qui  la  lut  accorda  ^^  &  1  entretint  pent 
dant  foti  règne. 

Ge  Prirtce  eut  pour  fuccéfleur  Baharant ,  que 
hos  Hiftôriéns  appellent  Vardnes  &  Vararanesi 

/ 

SCHABOUR.  Il  y  â  eu  un  Roi  d- Arménie  qui 
S  porté  ce  nom  ,  &  qui  régnoit  fous  le  Khalitac 
de  Moavîe  ^  prettiîer  Khalife  dé  la  race  de* 
Oiifimtade^  >  &  de  TËmpereur  Gonflantih  jfils 
dHcraclius. 

iSCHABdURÀBAI) ,  ville  dé  Sapon  Qâel^ 
qués-uns  appellent  ce  lieu  Sàïràbai  ^'qui  eft 
proche  de  jérufàlenl ,  &  dans  lequel  Efdràs  mou^ 
i-ut  &  rèâafcka  5  fiitVanc  la  tiradicioA  Mahomé- 
tane;  (. 

SCHÀPUKIAM  ,  îé  Plaifir  &  lé  Défir.  Cti 

hiot  Periien ,  qui  eft  coihpofé  dé  deut  autrer, 
ëft  lé  nom  4i*iifrte  province  fabuteufe  du  paya  de 
Giniîiftah  ,  que  ')ei'  Romans  Orientaux  difent 
éfrfe  peuplée  de  Dives  i8c  de  Péris..  Céft  un  pays 
non  moins  fabuleux  que  la  province,  de  Schad-v 
team.  Nous  poumon^  l'appeler  U  R^aumt  dki 

Kij 


i^S       Bibliothèque 

Féts  y  comme  X Empire  des  Génies  ,  ou  encore 
mieux ,  en  fuivanc  fa  ptopre  fignification ,  VtPayt 
de  Cocagne. 

La  ville  capitale  de  ce  pays  imaginaire  porte 
le  nom  de  Ghevher  abad  en  langue  Perjfienn^, 
nom  qui  figtafie  la  Ville  des  Joyaux  <^q\x  Mehe^ 
Un  &  Manan  ,  qui  étoient  de  îefpece  des  Péris 
ou  bons  Génies ,  r^n'oient  au  temps  de  Caher- 
man. 

Ces  deux  Bois  Péris  ou  Fées  »  qui  étoient  tho*- 
kftés  par  les  Dives  ou  Démon»)  qui  leur  faifoienp- 
continuellement  une  cruelle  guerre ,  ayan^t  appris 
que  ce  Héros  étoit  à  la  Cour  de  Schelan  Roi 
d'une  autre  province  du  Ginniftan  ,  implorèrent 
fon  fecours  contre  de  fî  fâcheux  voiiins ,  &  Ca- 
iierman  ayant  acquiefcé  à  leur  prière ,  exécuta 
tians  cette,  occafton  les  grands  exploits  qui  (bnt 
décrits  amplement  dans  Te  Gaherman  Namefa. 

SCHAFE*  ;  nom  d'un  des  aïeuls  du  fameux 
Doéleur  Schafci ,  qui  defcendoit  en  ligne  direde 
d'Abdalmothleb^  aïeul  de  Mahomet.  Vcye^  le 
jfitre  qui  fuit. 

-  SCHAFEl.  Sofnom  d'Aboa  Abdallah  ;Mo- 
hammed  Ben  Edris ,  ainfi  furnommé  de  SchafS, 
un  de  fes  Ancêtres  ^  qui  defcendoit  d'Abdalmo^ 
rtfaleb,  aïeul  de  Mahomet.   Ceft  cette  origine 

3ui  fait  que  Ton  donne  à  ce  Doâeur  le  titre 
*Iman  AL  Mothltbi  j  auiS  'l>ie:«  jjwe.  celui  de 
:  A'ref  Billah  ^  Savant  en  Dieu.  . 

Schafèi  naquit  à  Gazah,  ville  de Paleftine ,  vers 
Tan  1 50  de  l'Hégire  ;  il  vitit/à  3agdet  Tan  1 95^ 
&  iit  le  pélermage  de  k  Mçc^Me  «  d'où  étant  de 


O  m  î  E  *  T  À.L  JE;  1^9 

xetoar  Tan  198  ,  il  en  forât  pour  pafTer  ctt 
Egypte ,  où  il  entendit  Malék  Ben  Ans ,  céleJ>re 
Iman  &  Doâeur ,  &.  mourut  dans  le  même 
pays  Tan  104.  ,  âgé  de  cinquante-quatre  ans. 

•  Ce  Doâéur  cft  le  premier,  qjii  ait  écrit  de  la 
Janfprudence  parmi  les  Mahomëtans  ^  &  qui 
compofa  un  Livre  iur  les  Oiioal  ou  Fondemens 
da  Mufulmanifnie ,  dans  lequel  tout  le  Droit  ^ 
tant  civil  que^  canonique  des  MahomécaqSy  eft 
compris..  .  ,  '  - 

On  a  de  lui  encore. un  Livre  intitulé  Sonan^ 
ficuti  autre  qui  porte  le  titre  de  M&fnad  y  ijui 
traite  de  la  même  matière  ;  fa  doélrine  eft 
tellement  at^torifée  parmi  Ijes  Mufulmans  Ortho^ 
doxe$)  que  Saladia  fonda  an  collège  dans  la 
ville  du  Caire  ,  dans  lequel ^il.étoîc  défendu  d'en 
cnfeimer  utue  aiitre.  Il  y  a  eu  cependant  quelques- 
uns^  (k  fe»  envieux  qui  lui  ont  préféré  le  Doâeuf 
Abou  Hamed  Ahmed. 

La  .  mofquée  magnifique  ,  accompagnée  d'uii 
collège^  qui  fut  bâtie  4ans  la  ville  de  Herat;ea 
KhoraiTan  , jpiir  Gditàth  eddfn  ,  Sultan  desGauri-^ 
des  ^  fut  aftsSée  aux!  DoxSeurs  de  la  Sede  dé 
Schafêi  ;  &  l'Auteur  du  Lebab  écrit  que  tous  les 
D^eurs  de  la  vi)le  de  Farab  ou  Fariab  >  daha 
la  Tranfoxane  y'  étoient  toos/Sçhafeïens  de 
Sdéïie.  ;      . 

Il  y  a  une  Hiftoire  de  ces  Doél^urs ,  Seâa-» 
teurs  de  Schafêi ,  qui  porte  le  titre  de  Thabacat 
Al .  Sckafèïdi  ^  où  «  ils  foiit  rangés  en  '  diverfes 
claies. 
.    Quant  aux  TradjtJons  Mufulmiines ,  Ton  dît 

Î[jie  Schafêi  le$ reçut  de  Malek  Be>î  Ans,  &  (ju'il 
es  tranfmit  à  Zohari  :  car  il  eft  important  parmi 

K  iij 


i^         B  I  "33  IL  1  O  7  H  E  'Q  II  E 

ks  Mahomëtiœ.  de  ravoir  le  canal  par  lequel  lei 
Trtdicions  qui  ûrent  leur  fource  de  leur  Prop^et^^ 
ibnjr  yenuies  jufqu'à  eux. 

SCHAGIA'  &  SCHEGIA.  Schah  Schegîa , 
le  Roi  courareux.  Ceft  le  titre  de-Gelateddin  | 

Îuatrieme  Sultan  de  la  dynaftiedesModhaffériens^ 
1  étoit  fils  de  Mobarezeddin  Mohammed  Mod* 
h^ff^ï,  &  il  $'accor4Ja  avec  Tes  deiix  frères,  Scfaafh 
Mahmoud  &  Schah  Solchan ,  pour  emprifcmnev 
](sur  père ,  dont  ils  craignoient  la  colère. 
'  Sçnah  Schegiâ  fut  cependant  '  i|n  *  très-grand 
Prince ,  &  h  eut  point  de  part  k  koutr^ge-  que 
jSchah  Solthan  ât  à  fon  père  en  ie  privant  de  la 
vue.  Il  vëcut  cinquante  •  trbii^aiis,  en- ft^gnii 
vingt-fix,  &itulttrut  l'an  S/^^j'Hègire. 

Ce  Prince  etoit  fort  (ayant ,  &  avoit  la  mé-i 
moire  a  heureufe  v  qu'il  récitait  (m  le  4:hamp^  juf-^ 
qu'à  huit  diftigues  Arabiques $c  Fer6en5,qii*il  «âfvttft 
entendus  une  f^^is ,  &  l'on  dit  nfémt  qu*îl-a  tomr 
pofé  quelques  Poéiîes  qui  ont)  été  >eftim;ëes^  I{ 
eut  pour  fuc^eCeu'r  Schah  Mâhm0udÇothbe4<iin, 
fon  frère,  qui  s'éioit  révokétomFeilui&  avoit 
itë  obligé  de  s  enfuir  auprès  du  Sdtan  Avis ,  qui 
lui  donna  fa  fille  en  mariai^e/le  renvoya  à  tÇpa* 
hkn  ,  &  le-remit'en  pofiei&on  de  Scfairaz. 

Ce  Sultan  eft  appelé  plus  fpuvcnt  Schah  Schih 
gra  ^  Schah  Sçhugiâ  {  qa^  Schah  Schagit,  ' 

SCHAGR  ALDORR  ou  ^SCHAGI AR AT , 
&  SCHEQERET  ALDORR ,  femine  oa  cpiit 

çubine  d'Al  Malèk  Al  Saieh  ,  pénultième  Sultaii 
^e  la  dynaftie  dç<  A^oubit^  u:u'Rqîs  dç  la  faimilç 
de  Saladxn,  .  \r   'T. 


O  RI  E  TT  T  A  l  e:  ^51 

Celte  Princ^iTe,  qui  étoiz  Turçue  pu  Grecque 
âe  nation  ^  et  oit  douée  d'une  rare  beauté  &  d'un 
grand  courage.  Elle  eut  un  fils ,  furnommé  Al 
JMnlek  Al  Mcàdiham  y  qui  fut  le  dernier  des 
Sultans  Aioabites,  &  époufa  Azzeddm  Ibek  le 
Xurcoman  ,  avec  lequel  elle  gouvernoit  entière- 
ment l'Etat  de  ion  fiis.  Mais  ce  fils  étant  mort^ 
&  Azzeddin  ayant  été  proclamé  Sultan  par  les 
Mamelucs»  SchagValdofr ,  qui  vooloit  toujours 
régner,  entreprit  fur  la  vie  de  ion  nouveau  marf, 
diiquel  elle  fe  jelfiâoît,  6c  te  £t  mourir ,  après  fiit 
^u  fept  ans  de  regfie; 

Les  Mameluc^ ,  qui  avoient  exécuté  le  mau-^ 
vais  defiein  de  Schag'raldorr ,  ne  pouvant  plus-, 
-àleurtaur^fouffiiir le  gouvernement  d'une  femme 
qui  commandoit  fous  le  nom  d'un  fils  qu'elle 
'•♦oit  eu  d'Azzedâin  Ibek ,  qui  n  etoit  encpre 
qu'un  enfant^  fe  défirent  aufH  d'elle,  dépoferent 
eec  enfant ,  &  élurent  pour  Sultan  un  de  leur 
nàcion  ,  nommé  Cothoui ,  qui  prit  le  titre  di^ 
Mahk  AI  Modhaffir^  Vm  de  IHégire  ^57. 
^  •• 

SÇHAH.  Ce^not  fe  prend  auffî  fouvent  poUr 
le  Roi  du  jeu  des  échecs ,  qui  nous  eft  venu  de 
J^erfe ,  8ç  des  Indes  dans  la  Pcrfe. 

Les  Arabes ,  qui  ont  pris  ce  nom  des  Perfans, 
^pfeur  fisfnîfier  qu'il  ne  faut  jamais  méprifer  la  foi- 
bleiïe  cte  fon  ennemfi^  difent ,  en  forme  de  pro- 
verbe :  Farohba  ma  camarat  au  eofnàrat  beUei'^ 
dah  alfchah.  ït\Jn  toîon  embârrafle  &  emporta 
.  fottvent  le  Roi  des  échecs  «c. 

Les  mêmes  Arabes  difent ,  aînfi  que  les  Fer- 
ians  :  Schah  mat ,  pour  exprimer  ce  que  les 
Italiens  appelliçnt  ôcc^cço  v\atto  »  &  nous  autres  ^ 

Kir 


15a  B\  R  L  I  O.T  H  E.O  V  E 

Echec  &  mat ,  façons  de  parler  prtfes  des  langues 
Orientales. 

SCHAH  COULI 5  ncfm  d'un  perfonnage  qife 
lesTurcs  appeleor  ordinairement  «yc/k^/>/lan  CpfiU^ 
Ce  premier  mot  fignifie  YEfclave  du  Schtih  où 
Roi  de  Perfe  >  &  le  fécond  fignifie  YE/çlave  on 
Serviteur  du  Diable. 

Cet  homoie  étoic  un  Sofi,  du  nomlnre  des 
Difciples  &  Seélateurs  de  Scheikh  Haïdar,  père 
de  Scnah  Ifmaët ,  Roi  de  Perfe  y  qui  fe  tint  cach^ 
fept  ans  entiers  dans  une  grotte ,  où  il  fe  faifcôc 
Yoir  à  peu  de.gens^  éc'parut  enfuite  tout  d'un  coup 
en  public  ^  conviant  les  Peuples  à  emhrafTer  fci 
Seâé  Haïdarii^nne  ou  Soôenoe  >  &  les  excitant  à 
la  re'volie^ 

Scliah  Couli:  ayant  fn  ft  faire  fuivre^  par  im 
grand  nombre  de  gens  f^ns  aveu  ,  groâit  in/^n. 
iiblement  {qs  trompes ,  &  fe  faifit  cCAxtaliah  ou 
Satalie  dans  la  Pan^philie^  province  de  TA^ie 
Mineure,  ville  qui  eft  à  la  tête  du  gojfe  qui 
porte  fon  nom.  II  fe  fortifia  de  plus  en  plus  dans 
cette  ville  ,  &  ofa  faire  tète  aux  forces  que  le 
Bâcha  de  Natolie  envoya  contre  lui. 

Quelque  temps  après  »  Caraghuz  ^Beglerbeg  i/s 
Natolie,  marcha  avec  une  armeede  troupes  réglées 
contre  ce  rebelle^  qui  devenoit  tous  les  jours  pWs 
pttiffant;  mais  il  eut  le  malheur  detre  battu  &  faic 
prifonnier  par  Sçhah  Couli,  qui  le  fit  empaler 
îan  5^15  de  ^'H4gire,  pendant  que. Bajazet  fecoad 
ëtoit  occupe  à  faire  rebâtir  Conftantinople ,  qu'.uA 
tremblement  de^  terre  avoit  preique  renverfée. 

Schab  Couli  continuant  toujours  fes.progF^ 

contre  k%  Tnxç^  %  r^dloiç.  d^  grand?  fetïWfis,  4 


O  R  I.E  W  TîA^LiE.  '.  IJ} 

Schnh  Ifmaël  Roi  de  Perfrv  mais  ,^  comme  il 
donnait  une  tr(^  grande  licence  à  fes  foidats  ^ 
&  qu'il  faccagea  une  -  riche  caravane  ,  donc  il 
malTacra  cou^  les  Marchands  ,&  que  Schah  If- 
maël fe  trouva  intérefle  dans  cette  affaire ,  cer 
Prince  lui  ôta  le  cominandement  de  fes  croupes, 
&  le  fit  purtir  de  mort.auiHrtôt  quHl  put  lavoir 
entre  'fes  mains ,  &  rë^aifiC  e;n  efçlavage  la  plai 
grande  paiitiè  des  foldat^  qui  lavoient  fuivi,   . 

SCHAHÀNSCHAH  ,  Rm  des  Roi?. JCfft  Ù 
titre  ou  furnomde  Babaram ,  &k  de  BaWram  fila 
de  Scbabour,,Roi  de  Perfe,  qui  ne  réjprria  que 
quatre  mois,  &  qui  eut  pour  fucceflèur  Narfi', 
ion  frère  y  qui  régna  neuf  ans,^ 

Les  noms  de  Schahenfchah  &  de  Schahinf- 
cliah  fo^t  dérivés  de  celui+civ&c  je  ne. fais  pas 
|>ourquoi  Khondemir.  dit ,  dajns  la  Vie  dé  ce  ijà* 
iiaram  fécond ,  que  ce  nîi)t;.4eî  S chahenfchak 
fignifie  Nikoukiar ,  c'cft-à-dire  ,  Bienfaifaïu. 

SCHAHENSCHAH  &SCHAHINSCHAH. 
Ebn  Amid  écrit  qu'Adhàd  aldoulac,  fils  de  Rok- 
naldoulat ,  Sultan  de  la  Maifpn  des  fiouides  »  fut 
déclare  le  premier  Schahenfchah  Aâdham.  Malek 
AI  Molcuk .,  le  graâd  IJU>i..des  Rois ,  par  Thâi 
Lillah ,  Khalife  de  la  Maifon  des  Abbailides ,  l'an 
}(j8  da  THégire. 

Le  méniQ  Auteur  dît.aufli  que  le  Khalife 
Caiem  Beemrjllah^  KMif<B<les  Abbaffî4es ,  ajoutai 
le  titre  de  Schahenfchah,  à  ceux  que  -pôrtoit  Ge- 
lalaldoulat  )  Sultan.  4<  la  même  dynailie  da 
Souid^K 


IJ^f         B  I  B   L  I  O  'T  H  E  Q  »  E 

SCHA*teEHAN  ,  le  R^vàu  Monde.  Ce4 
le  titre  ou  furnom  du  Sultan  iCothbeddîft  ,  fils 
dçGelaleddin  Soïourgatmifèh,  qui  éft  le  huitième 
&  lé  dernier  de  la  dy/iaftie  des  Carakfcathaïens  ^ 
cjui  orrt  régne  dans  le  Kerman  en  Perfe.  Ce 
TPrihce  fut  chaiTé  de  fes  Etats  par  Qazatifchan  ^ 
Empereur  des  Mo^gols  ôcTartares  de  ta  race  de 
Ginghizkhan;  &  vécut  en  l^ommé  privé  Sans  la 
ville  dè'Sthiraz  pérfd'ant  tjueiqûe  tèmp5f.  CôAmé 
il  étoit  fort  riche  ,  il  obunt  aifement  dans  la 
fuite  le  gouvernehiâii;  HWvfe*  tille ,  I(fc  e^t'une 
^Ue^nommée^MakhdôumSéhah^  qui» fut  femnte 
de  Mobareacddin  ,  Sultan  de  la  dynàflîe  '  des 
.ModhafFëriens,  &  mcre  des  Sultans  Schah  Sche-i 
eiâ  &  Schah  Mahmoud  ;  Sultans  •  de.  la  même 
qynauie.    -      *  ,    '        •    •  '  >?<..=  . 

G?  Sdtahgehâiv  atoit  commencé  à  Tégner  Tau 
70}  de  l  Hégire  i  &  ne  régna  que  jj^efidanrdeuX 
ians  &  quelques  mbiff;  * 

SCHAHGEHAN,  furnoni  du  Sultan  Çoroun 
<)tt  Corëuin  ,  qui  en  peut-être  le  fnêirfé  ^neGa-. 
inofan  ,  filé  de  Sr:hah  Selira  ,  furnom méGeéd/i*- 
ghir ,  ifik  d*  Akbar ,  Empereur  i4^  Moçôh  dam 
les  Iridès  11  eft  le  ilkiemè  depuis  Tamerlan  ;  & 
•defcend  de  la  branche  de  Miranfiôliahv  traificme 
4ili  de^ce*  Canquér^ht  ^  ^  laîné  des  d'eux  qui  lui 
furvécurent,  car  Schahrokhne  fut  que  fôn  cadet ^ 

Miranfchah  eut  Wodr  fils  Mirzà  Mohammed 
Sultan  )  |>ere  du  SuPtart  Aboufàid.  Aboufâid  eut 
pour  iîls  Omar  Schéikh  ;  c«ltti-ci  Babor ,  père 
de  Humaioun  pem  d'^AÎ^fear*  . 

^çhahgehan  commença  à  régner  daps  les  Ini^i 


.Fan  'de  l'Hï^gire  ^037 ,  qui  eft  d^  J,  C.  i^iy  , 
^linnée  de  la  (non  de  Gehangbir ,  fcm  père  ;  car 
4on    neVeu  iip  pçrca  la  CQUfpnne  ^ue  pendiint 

.'  .  *  I  ■ 

SCHAHIN  MIRZAi  nom  du  fils  de  Schah 
.Abbas ,  premier  du  nom  ,  qUi  fut  nommé  énfuice 
iSchah  Séfi  y  lorfquHl  régira  en  Perfe  0|>;è5  jta 
mon  de  fon  pcre  ,  Tan  de  l'HégiiPe  10 j^  ,  x[û\ 
.:çft  Tan  téaj  dé  J.  C. 

Le  règne  de  ce  Prince  fut  de  douze  ans  ^  c^î" 
-il  mourut  en  1642  ,  &  latflà  .pojur  fuççeflèurfini 
,^\s  Schah  AJ}i)a$ ,  iecond  du  fiom,  > 


•  •  I 


SCHAHKEVHERAN  ,  SCHAHGUHB- 
RAN  &  SÇàAHGEVflEîlAN ,  le  Roi  des 

*  /oyaux,  ou  ia  Remç  des  Pierres  ptëcieufes.  C'éft 
atnfi  que-  les  Perfaris  appellent  une  piètre  pré-r 
cieufé  ,  dont  ils  difent  que  le*  TCirtus  font  (i  ex- 
traordinaires ,  quVlïes  parôîflent  fabuleufès. 

'  'L'Auteur  du  Kaouam  almulk  dit  que  cette 
pierre  a  une  vertu  mAgn.eciqiTe  ,  pat  laquelle 
"elle  attire  les  autres  pie.rre5  précieufes,  de  même 
'çuel.âîîiianti*çtir^le  fer;  &il  raconte  que  KKof- 
roès  Pârviz^  Roi  de  Perfe'  de  la  quatrième  dy- 
iiartie  dite  'dei\Sàj[faTuSey' y  ayant  perdu  une 
))agu€  de  très-g^rànd  prix  .,'  qui  éioit  tombée  darïs 
la  riVieïe  ^ù  Tigré  ,  plrè3  du  lieu  oîi  la  vflîe 
^é  Bagdet  a  été  depuis  fcâtie%  îHa  recoiivrâ  par 
le  moyeti  de  cette  pierre  ,  qùil  fit  attacher  au 
1[)out  d[*unè  corde  ^  &  j)i9nger  dans  l'eau  de  îa 
même  rivierç.  *    •'    • 

}1  fem]ble  qaç  le  Mabizer,  poifîon  d  or,  foit  cette 


Ï56  B  I  B  L  I  O  T  ME  QV  t 

même  pierre  que  Ton  dit  fe  trouver  fur  hs  bords 
de  la  mer  d'Oman  ,  qui  eft  TOcëan  Arabiqui»  & 
Indique,  &  de  laquelle  les  gens  (du  paysfe  fervent 
pour  pêcher  d'autres  pierres  précieufes  qui  £e  trou* 
yenc  en  abondance  dans  cette  mer. 

SCHAHMANSOR  BEN  MODHAFFER. 

Ce  Prince ,  qui  étoii  neveu  de  Schah  Schefi:iâ 
Roi  de  Perfe,  eft  le  cinquième  Sultan  de  la  dy- 
liaftie  des  Modhaffëriens,  Il  fit  h  guerre  à  Ali 
Zeinalabedin  ,  qui  avoit  fuccédé  à  fon  père  Schah 
Schegià ,  &  le  fit  fon  prifonnier.  Celui-ci  cepeiH 
dant  ayant  été  tiré  de  prifon  par  fes  anniis  ,  donna 
un  fécond  combat  à  Scnah  Manfor ,  &  fut  encore 
-vaincu. 

Schah  Manfor  fit  priver  de  la  voe  ZeînaU- 
bedin ,  &  fe  rendit  maître  de  la  ville  de  Schi- 
raz  ,  l'an  790  de  l'He'gire.  Mais,  lan  795  , 
Tamerlan  ,  qui  s  etoit  déjà  rendu  maître  d'ifpa- 
han  y  vint  ïy  attaquer.  Ce  Sultan  fut  aflez  brave 
pour  lui.livrer  bataille ^&.  il  le  ble/Ta  même  dans 
e  combat.  Mais  enfin  il  fut  accablé  par  le 
grand  nombre  des  Turcs  &  Tartares  de  1  armée 
de  Tacqerlan  ,  &  fut  obligé  ,  après  avoir  reçu 
plufieurs  bleflures,  de  fe  retirer  vers  Schiraz. 
,Ce  fut  dans  cette  retraite  qu'un  des  Offciers 
de  Mirza  Schahrokh,  fils  de  Tamçr^an.,  qui  îe 
.  pourfuivoit ,  le  reayerfa  par  terre  &  lui  aonoa 
le  coup  de  la  mort.  La  dynaftie  ^es  Modhaffë- 
riens s'éteignit  avec  lui  ;  car  Omadeddjn  Alwned 
&  Schah  lahia ,  que  Ton  met  au  nombre  des 
Çuîtans  ModhaÔëriens ,  périrent  à  peu  près  dans 
la  même  année. 


i 


r 


O  R   I  E  N  T   A   L  E.  IJjr 

SCHAHMODAFFER  ;  nom  du  fils  aînë  de 
Schah  Mohammed  Ben  Modhaffer ,  Fondateur 
de  la  dynafiie  des  Modhaflfériens.  Ce  Prince 
mourut  avant  fon  père  ;  mais  il  laiiTa  un  iils^ 
nommé  Schah  Manfor  ,  qui  fut  le  cinquième 
Sultan  de  cette  dynafiie. 

SCHAHMOHAMMED  BEN  MODHAF- 

FER.  C'eft  le  premier  Suhan  de  la  dynaftie  dès 
Modhafférieçs.  Il  a  porté  auilî  le  furnom  de. 
Mobare^eddin  ^  &  fut  fait;  d abord  Gouverneur 
de  la  ville  dlezd  en  Khprafan  par  Aboufaîd , 
Sultan  des  Mogols  ou  Tartares  ,  lap  718  de 
THégire. 

L'an  7:29^  ce  Prince,  après  avoir  défait  eirr 
plufieurs  combats  les  Nikoudariens ,  monta  à  un 
fort  haut  degré  de  puiiTance ,  &  époufa  la  fiile 
4u  Sultan  des  Carakhatbaiiens^  nommé  Cothbed^ 
din  ^  fils  de  Soïourgatmirçb  ,  furnomitié  Schah^ 
gehan.  Il  fe  fit  enfin  Souverain  après  la  morc 
ÀVL  Sultan  Aboufaîd ,  l'an  741 ,  &  régna  oy  gou* 
verna  quarante-deux  ans  y  vingt-deux  à  lezd  ^ 
ireîfse  dans  le  Kermaci ,  &  fept  en  Perfe* 

SCHAHMUHUREH ,  la  Pierre  Royale  ^ 
nom  d'une  pierre  que  Ion  trouve  dans  la  tête 
de  rOuren  Bad ,  efpece  de  griffon  ,  ou  plutâ^t 
d'aigle  royale ,  qui  ne  fe  voit  q^ie  dans  les  mon- 
tagnes Hyperboréennes  y  que  les  Orientaux  ap^* 
pellent  la  Montagne  de  Càf. 

lut  Roman  Turc  &  Perfieu  ,  intitulé  Tkdmu* 
rat  h  Nameh ,  dit  que  cette  .pierre  a  plufieurs  ex- 
cellentes qualités  &  propriétés  ;  car  fi  quelqu'un 
la  porte  far  foi  y  il  n'y  a,au.cj(in.aj(iinial  venimeux 


i5*        Ô  i  B  L  t  d  t  rf  i  $  1/  fe 

qui  oft  tn  appirochier  ;  &  que  fi  quelqu'un  ivôH 
été  empoifonrté  du  plus  mortel  pdîfôn  qui  foit 
fur  la  lerrc  ,  le- poids  d'une  drachme'de  cette 
pierre  ,  mife  en  «poudre  &  avalée  ^  le  guétiroic- 
en  un  inftant. 

SCHâHROkM  ËEMàDIR  &  SCHAH^ 
hOKH  MIRZA.  Oft  le  rrom  do  quatHeme, 
fils  deTàmerlan  ^  quî  lui  donna  le  nom  de  Sckah^ 
rokh  y  à  caufe  qu*it  reçut  la  nouvelle  \ie  la  naif- 
fance  de  te  Pririce  dans  le  tethps  qu'il  jouoit 
aux  échecs  ,  &  qli'il  avdït  fait  le  coup  que  !é?s* 
Perfàns  appellent  Schahrokh  ,  qui  eft  teriqùe  lé 
Roc  ,  que  nous  appelons  la  Tour ,  &  que  quel- 
ques-uns veulent  être  le  Chevaliei* ,  a  dohtié  échec 
àù  Roi; 

Ge  fut  aum  pOùr  cette  i'âîfori  qu'il  doiiha  le 
jfroth  de  Schnhrakhiak  à  1^  ville  que  Mohattirtiéd 
Ben  Gehanghii-j  fon  petit-fils  ,  faifolt  bâtir  par 
Ibn  ordre  fur  la  rivière  de  Khogehd ,  que  les 
Arabes  appellent  Sihoriy  &  que  les  Anciens  ont 
tiommée  laxànés,:     '  *       - 

Schalirokh  fuccpda  àfoh  pert  Tanlerlan  T^it 
iBo7  de  THégirç  ^  &.  fit  la  guerre  prefque  P^rt- 
darrt  toute  fa  vie  à'Càrà  Jaufouf ,  Prinfce  Tura 
comart  de  |a  dynaflie  dû  Mouton  Noir  j  &  à 
fes  deux  enfans  ^  &  mdurut  l\n  850  de  la  même 
Hégire  ,  après  un  régné  dé  quafenre-trois  ans  ^ 
à  rage  de  folxante-onze  ans  ôU  environ  ^  dani 
}a  ville  d?  Reï.  '    • 

Ge  Printeiiè'  $  erf  pas  tetidii  moins  célébré 
par  fa  jufticè^  o^r  fa  -piété  /  &  par  fa  libéralité^ 
que  par  fon  courage  &  fes  autres  vertus  mili^ 
uïtés  :  car ,  après  âtoir  défait  Qrftrois^  éom^ats 


Or  1  è  »  *  A  i  t.    i      t5§» 

dîfSérens  Gara»  Joufouf ,  il  cémbactit  &  ydiriquic 
encore  Gehanfchah  &  Ëskender  ,  fes  ,enfafîs  , 
après  la  mon  de  leur  père.  II  rendit  cependant 
quelque  temps  après  la  province  d'Âdherbigiaii 
à  Gehanfchah ,  qu'il  fit  (on  tributaire  y  &  iaiflft 
Eskender.  fugitif  &  eri-ant  de  province  en  pro<* 
vince.   -      '     _  ^    - 

II. rétablit  y  Tan  8i8  de  TM^gire  ,  la  fameufet 
forteréflè  ou  château  .de  h  ville  de  Herat,  que 
Ton  nomme  Ishtiareâdin  ,  que  fon  père  avoir 
autrefois  détriiite  ,  &  employa  fept  mille  hom-^ 
mes,  qtt*il  paya  de  fes  deniers,  pour  enperfec* 
tionner  les  Ouvrages.  Il  fit  rebâtir  auiS  ^  noa 
feulement  les  murailles  de  la  ville  de  Herat  ^ 
mais  encore  celles  de  la  ville  de  Meroa  ,.  qui 
n  avoient  point  été  relevées  depuis  la  ruine  qu  etl« 
avoir  foufferte  dans  Tirruption  de  GinghfZ« 
khan« 

Les  enfa^  de  Schahrokh  font  Ulug  Beg ,  fonr 
aine,  qui  eut  le  Mauaralnahar  ou  province  Tran-*. 
ibxane  avec  le  Turqueftan  à  gouverner. 

Le  fécond ,  Aboul  Feth  Ibrahim  ^  qui  gouverna 
la  Pcrfe,  du  vivant  de  fon  père  ,  pendam  Tef- 
pace  de  vingt  ans,  &  moutut  Tan  8j^8  ,  douze, 
ans  avant  la  mort  de  fon  pfre.  Ce  Prince  laîffa 
dans  la  vilIe-de  Schiraz  plusieurs  Ouvrages  qut 
ont  confervë  fa  mémoire  ,  &  entre  autres  ,  un. 
fameuxi'Madrafââh  ou  Collège ,  qui  porta  le  nom» 
de  Dar  alfafa^  Maifon  de  joie  fit  de  plaifir.  On 
a  de  ce  Prince  plufieufs  petits  Poëraes  &  Inf- 
crxptians  de^fa  façon  >  &  ce  fat  \  lui  que  Schar-»' 
feddin  Ali  lezdi,  qui  palTe  pour  le  plus  éloquent 
des  Hlftoriens  de  Perfe,  dédia  le  LiVrc  intitulé 
Dafêro^  \LafiiT  Nanieh  ,  Livre  des  Viéloires.,/ 


I^         B  I  B  L  I  O  T  ir  £  Q  tf  £ 
l'Uifloire  de  Tamerkn,  qui)  aroit  compofé«  par 
fon  ordte,  Tan  8a8  ie  ïHégne* 

Le  croifieme  dès  enfans  de  Scbahrokh  fut 
nommé  Mir^a  Bàifaniar  ou  Baïfangor  ^  qui 
mourut  auffi  du  vivant  dô  fon  père  ^  Tan  837  de 
l'Hégire,  un  an  avant  la  mort  de  ftm  frere/Ibra- 
him.  Ce  Prince  laifTa  trois  enfans ,  Mirza  Ala-* 
âldoulat,  Sultan  Mohammed  Mirza  ,  peredla* 
dighiaf ,  &  Mirza  Babor  Aboul  Ca^em  ,  qu'il 
ne  faut  pas  confondre  avec  un  autre  Babor,  £is 
d*Omar  fchekh ,  &  petit^^fils  d'Aboufaïd,  Toua 
ces  Princes  ont  régné  féparé^ment  qu  conjoin- 
tement ,  &  fe  font  fait  les  uns  aux  autres  de 
cruelles  guerres. 

Le  quacrieme  fils  de  Schahrokh  fur  Soïourgat- 
mifcb ,  qui  commandoit  de  la  part  de  fon  père 
dans  le  Fays  de  Gaznah  &  aux  Indes. <Ce  Prince 
mourut  l'an  de  l'Hégire  830,  avant  la  more  de 
fes  deux  autres  frères,  pendant  la  vie  &  le  règne  de 
Scbahrokb  fon  père. 

Le  cinquième  &  dernier  fils  de  Schahrokh  \ 
dont  les  Hiftoriens  faflènt  mention  ,  '^^^  Mirza 
Mohatnhied  Giouki  ^  qui  mourut  Tan  84^  de 
l'Hégire  ,  deux  ans  avant  la  mort  de  fon  pete. 

L'on  peut  remarquer  ici,  que  Mirza  Kbalil 
Sultan,  fils  de  Miranfchah,  troifiemefils  de  Ta- 
merlan  ,  qui  avoit  fuivi  fon  aïeul  dans  fon  expé« 
dition  du  Khataï  ,  &  qui  fe  trouva  préfent  à  fa 
mort ,  arrivée  Fan  807  de  THégîre  ,  dans  la  ville 
d*Otrar ,  s'empara  aufîî-tôc  des  Provinces  Tran- 
foxanes  &  du  Turqueftan ,  &  que  Schahrokh  , 
fon  oncle  ,  le  confirma' dans  cette-  poâèffion.  Il 
arriva  cependant  qu'un  des  Seigneurs  de  fa  Cour, 
nommé  -  Houjfaïn  Khoudaïdad ,  s*étan.t  révolté 

quatre 


r 


Or  I  e  k  t  a  l  e.  '         161 

qiutre  ans  après ,  fe  faiiît  de  fa  perfonne  &  le 
tint  prifonnier ,  &  appela  le  Roi  des  Mogpis , 
nemmé  Schamâ  gehan  ,  pour  prendre  pofleffioit 
de  fes  Ekats  ;  mais  ce  Prince  punie  le  traicre  d< 
fa  dëfeiîtion ,  &  envoya  fa  rête  au  Sultan  Schah- 
jrokh. 

Schahrokh  arriva  auifi-  tôt  après,  cette  exécu- 
tion dans  le  Mauaf aljaahar .,  &  reçut  les  hom- 
mages de  Khalil,.qui  avoir  ^recouvré  fa  liberté. 
Il  le  traita  fort  honnêtement ,  âc  lui  donna  les 
Provinces  de  llraque  periienne  &  de  l'Adher- 
bigian  ,  en  échange  des  Provinces  Tranfoxanes^ 
defqueiles  il  inveftit  Ulug  Beg  ^  fon  âls  aiué. 

L'Hiftoire  de  Schahrokh  eft  û  pleine  de  belles 
aâions  &  de  grands  événemens ,  qu'il  faut  avoir 
recours  au  Livrp  intitulé  Mathlà MfadeïH ,  com«« 
pofë  par  Abdalrazsak  Ben  Gelaleddin  Ishalc  Al 
Samarkand!,  mort  l'an  8&0  de  THégire ,  qui  eft 
une  Hiftoire  complète  de  la  Vie  de  ce  Prince  & 
4e  fes  enfans ,'  fufqu  en  Tan  $75  ,  qui  eft  le  com- 
mencement du  règne  du  SuItM.Houâàïn  Mitza^ 
$is.de  Mirza  Manfour  fils'  de  Mirza  Baïkra  filf 
de  Mirza  Omar  Scheïkh  fils  de  Tamerlan* 

Le  titre  de  cette  H^ftc^^efignifie^à  la  lettre 
YA/ctndant  bu  YHorqfcope  des  deua:  heureufcs 
PlaneteSy/avoir  Jupiter  Sl  Vénus^ï  Auteur  faifanc 
allufion  au  furnom  iiAbouSaïdy  Heureux^  qui 

S f  toit  Schahrokh ,  &  au  titre  tle  Saheb  Keran  ^ 
aître  &  Dominateur  des  Conjonûions  j  qui 
était  hérédiuire  dans  la  famille  de  Schahrokh»  .  ' 


\* 


SCH  AHSCHEGIA  &  SCH  AH  SCHUGIA  ï 

furnom  d' Aboul  Faouaris   Gejaleddin  fécond , 
fils  de  Mohamnlfd  Ben.Modhaffer  Mobamzed.^* 
Tome  F.      '  '       L 


w 

i6ii       Bibliothèque 

din ,  Fondateur  dé  la  djnaflie  des  MadhafféneUi* 
Ge  Prince  ,  qui  fuccéda  à  fan  père  >  devint 
Sultan  &  maître  abfolu  ,  non  feulement  de  la 
province  de  Perfe ,  mais  encore  de  llraque  Vef-^ 
tienne,  &  acquit  une  grande  réputation  de  jjaf* 
tice  &  de  valeur»   Il   protégeoit  les  Gens  de 
Lettres,  avec  lefquels  il  àvoit  de  fréquentes  con- 
férences ,  comme  étaftt  lui-même  tres-favant  & 
fort  bon'  Poëte.    Selman  Saouaei  ,  un  des  plus 
filuftres  Poètes  de  ce  tempé-là ,  devint  un  de  fes 
meilleurs  amis.  L'on  dit  qu'il  étoit  attaqué  d'une 
maladie  que  les  Arabes  appellent  Giou  bakar , 
Faim  de  hauf^  de  même  que  les  Grecs  Tappel* 
lent  Boulimia ,  &  que  nous  nommons  Faim 
canine, 

"  Schah  fchecîà  régna  vingt-iîx  ans  ;  tl  mourut 
Tan  j%6  de  FHégire  j  &  laifia  pour  fùccefieur 
Ali  Zein  alâbedin  ,  fon  âls.  ' 

SCHAHUZBEK ,  le  Roi  des  U^teks.  Cet 
le  même  que  Schaïbek ,  qui  prétèndoit  defcen^ 
dre  de  la  race  de  Ginghizkhan^  &  qui  fie  h 
guerre  à  Abou  Sâid ,  ûh  d*Algiaplo«.  Ce  Prince 
régnoit  pour  lors  dans  la  campagne  ou  défert 
nommé  Uefcht  kepckdh ,  &  pénétra  fofque  dans 
le  Khoraian  &  autres  provinces*  de  Perfe. 

SCHAHVELI  ;  nom  d'un  Prince  qui  con^r 
mahdoit  dans  le  Mazanderan  du  temps  de  Ta^ 
meilan,  &  qui- fut  défait  &'hié'  par  ce  Con^ 


♦  *  »  »  » 


schaïbek  KHANî  nom  d'bn  Piittce  de  îâ 
race  de  Gioi%i'ou  Tôuicht ,  û\%  aîné  de  Gin- 


O  R  t  1  N  T  A  t  1.    '  I^) 

gfallskham  II  ëtoit  £ls  de  Boudak,  SuUan  qui 
rëgnoit  dans  le  pay^desUzbeks,  ceft- à-dire  dans 
)a  grande  campagne  no'mmée  D^cht  kapchak 
oa  kipchak  ^  au  dejfTus  de  la  mer  Cafpienne ,  en 
tirant  vers  le  fepcentrion  &  le  couchant» 

Schaîl}ek  pafla  avec  une  puifTante  armée  dan^ 
les  Provinces  Tranfoxancs  5  l'an  900  de  THégire  » 
&  de  ïk  dans  le  Khorafan  ,  &  £e  rendit  en  qua-»- 
tre  ans  entièrement  maître  de  ces  grands  Pays,, 
où  il  ré£;na  l'efpace  de  douze  ans,  depuis  l'an 
904  juiquen  91^,  tant  en  l'un  qu  en  l'autre. 

L'an  913,  il  entra  dans  le  Khorafan ,  où  il 
battit  Badi  alzaman ,  âls  aine  du  Sultan  Houf- 
iaïn  )  fils  de  Manfour  fils  de  Baïkra  ,  qui  étoic 
mort  dès  Tan  911 ,  6c  .le  pourfuivic  jufque  dans 
riraque  Perfienne. 

Ce  Prince  eut  recours  a  Schah  Ifmaël  Sofi  ^ 
^ui  le  reçut  fort  bien ,  &  marcha  lui-même  avec 
toute»  fes  forces  contre  Schaïbek.  Ifmaël  le 
trouva  campé  auprès  de  la  ville  de  Merou  ,  lui 
Jonna  bataille  ,  &  le  fit  périr  Tan  916  de 
mégire. 

Schaïbek  Khan  eut  pour  fucceiTeur  Coufchangi 
Khan  ,  qui  étoit  le  plus  noble  &  le  plus  puiiTanc 
Seigneur  des  Princes  Uzb^ks^  &  régna  vingt- 
huit  ans.  Ce  fut  fous  le  règne  de  ce  Prince  que 
Mir Babor  &  Ahmed  Esfanani  vinrent,  Tan  5^j  8 , 
fur  le  fleuve  Gihon  ou  Oxus ,  &  le  paflerenc^ 
Mirza  Babor ,  qui  régnoit  fur  les  confins  de  l'In- 
doftan ,  ayant  joint  fes  troupes  avec  les  leurs , 
cette  entreprife  leur  réuiSt  fort  bien  d'abord ,  ca?: 
ils  pillèrent  tout  le  pays  de  Carfchi ,  &  ils  fé 
feroient  rendus  maîtres  de  la  Tranfoxane  ,  û  le 
Sultan  des  Uzbeks  ne  fe  fût  pas  avancé  contre 

Lij 


1^4        Bibliothèque 

eux',  &  ne  les  eût  obikés  de  retourner  dans  le 
Khorafan,  Tan  93^  de  1  Hégire,  auquel  mourut 
le  même  Sultan  Coufchangi. 

Abou  Saïd ,  fils  de  Coufchangi ,  régna  parmi 
les  Uzbeks  quatre  ans  ,  après  la  mort  de  fon 
père. 

'  Abid  <)u  Obeïd  Khan ,  fils  de  Mahmoud ,  cou- 
'fin  de  Schaïbek  Khan  ,  régna  dans  la  Tran- 
foxane,  après  la  mort  d'Abou  Saïd,  environ  huit 
ans ,  &  mourut  Tan  946  dans  la  ville  de  Bokhara , 
après  avoir  fait  pluneurs  irruptions  dans  le  Kho- 
rafan ,  &  fatigué  beaucoup  les  Gouverneurs  '& 
les  Généraux  d'armée  de  ochah  Ifmaël  Sofi. 

Abdallah  Khan  ,  fils  d'Eskander  fils  de  Gia- 
bek ,  ne  régna  dans  la  Tranfoxane  que  fîx  mois 
ou  environ ,  après  la  mort  d'Obeïd  Khan ,  & 
mourut  Tan  947. 

Abdallathif  Khan ,  fils  de  Coufchangi ,  fuccéda 
à  Abdallah  ,  Tan  948  de  THégire  ,  &  règne 
encore  à  préfent,  dit  l'Auteur  du  Lebtarikh  , 
fous  le  règne  de  Schah  Thamâsb ,  fils  d'ifmaël 
Sofi. 

L'on  a  trouvé  à  propos  de  mettre  ici  ces  fuc- 
ceifeurs  de  Schaïbek ,  dont  l'Hiftoire  doniie  beau- 
coup d'éclairciflemeht  à  celle  des  derniers  enfans 
de  Tamerlan  ,  &  aux  premiers  Rois  de  la  dynaf- 
tie  qui  règne  aujourd'hui  en  Perfe.  L'on  trouve 
idans  quelques Hiftoriens,  que  Schah  Ifmaël  ayant 
défait  &  tué  Schaïbek ,  fils  d'Uzbek  Khan ,  qui  eft 
peut-être  le  même  que  Boudak  Khan,  fit  faire  du 
crâne  de  ce  Prince  une  tafle ,  qu'il  enrichit  d'or  & 
de  pierreries ,  dans  laquelle  il  avoit  coiitume  de 
boire;  C'eft  ce  même  Ifmaël  qui ,  quatre  ou  cinq 
ans  après,  l'an  910  de  l'Hégire,  fut  vaincu  &  dé- 


r 


y   O  .R  I  K  N   T  A  L  E.  I  % 

&tt  11  plate  couture  par  Çelim  premier  du  nom  y 
Sultan  des.  Ochmsnides.  ,         , 

•  SCHALM;  L* Auteur  du  Mîrcat  dit  que  la  ville 
de  Jérufàlem  s'appelle  ainfi  en  Hébfeu.  Cet  Aur- 
leur  confond  ce  nom  avec  celui  de  *y^/em,  qui 
e&  lancien  nom  de  la  ville  de  Jérufàlem  ,  du 
Ton  prétend  que  régnoit ,  peu  de  temps  après  le 
Déluge ,  Mélchifedek ,  que  plnfieurs  ont  cru"  être 
le  même  jque.Sém  ou  un  de  fes  enfans,  qui  efb 
appelé  dans  rEcriture  Roi  de  Salem.  [ 

/-8CHAM.  Sclihm  Ben  Nouh.  C'eft  ainfi  que 
les  Syriens  appellent  Sem ,  fils  de  Noé  ,  quils 
difent  avoir  donné  fon  nom  à  la  Syrie  ;  mais  foa 
nom  le  plus  ordinaire,  en  Arabe ,  eft  Sam.         ' 

< 

SCHAM  &  SCHAMAH.  .C  eft  le  nom  que 
les  Arabes ,  &  après  eux  les  Perfaris  &  les  Turcs  ^ 
donnent  aux  pays  que  nous  appelons  la  Syrie 
la  oone. 

Les  Géographj^s  Orientaux  donnent  diverfes 
étymologiès  a  ^ce  nom  ;  car.,  les  uns  dtfe.nt  que 
h$  Arabes  lappellent  ainfi ,  à  caufe  quelle. eft  à 
leur  gauche  vers  le,  fcptentrion ,  de  même  que 
riémen  eft  ï  leur  droite  :  oar  ces  deux  mots , 
lémen  fit,  Schâm^  figniiîcint  en  Arabe  la  dhiu 
&  la  gauche  y  &  ils  difçnt  ordinairement  Scha- 
matan  v.IoniQà^an  ^  ppur  dire  à  droite  &  à 
gauche. 

Les  autres  veulent  que  le.mot  de  Scham  foit  le 
planer  de  Schdfnah ,. qui  fignifie  en  Arabe  ja  même[ 
chofe  que  Khal  %  un  poireau  bUnc .,  rouge  ou  noir , 

L  11) 


7S6         BiBLtâTHfeQUZ 

qui  s  eleve  fur  k  peau ,  &  que  l'on  appelle  tinfi  fs 
Syrie  ,  à  caufe  qu  elle  eft  couverte  ëe^plufieurs 
collines  qui  ont  ces  différentes  couleurs. 

Les  mêmes  Géographes  divifent  la  Sytie  en 
cinq  quartiers  principaux  »  dont  Kennaflerin  eft 
le  premier  ;  le  fécond  eft  celui  de  Hems  eu 
Emeilè  ^  le  troifieme  celui  de  Damas;  le  qua-« 
trieme  eft  Arden ,  le  pays  du  Jourdain  ou  la  Ga- 
lilée ;  &  le  cinquième  eft  Falaflhin  ou  la  Pales- 
tine. Ces  cinq  quartiers  s'étendent ,  félon  leur 
rang ,  du  feptentHon  au  midi^  &  font  bornés  à 
Torient  par  TEuphrate ,  &  au  couchant  par  la 
mer  Méditerranée.  *       ^ 

La  longueur  de  toute  la  Syrie  ,  félon  l'Auteur 
du  Meflahat  alardh ,  qui  eft  le  Géographe  Per-t 
fien  ,  eft  de  vingt-cinq  journées  ;  mais  la  largeur 
eft  fort  inégale  ;  car  où  elle  eft  la  plus  large ,  elle 
n'en  a  que  dix.  .     .   -  •- 

La  ville  capitale' de  toute  la  Syrie  eft  Damas, 
que  l'on  appelle  Scham^  du  nom  général  de  fa 
province  ,  auffi  ibien  que  Demejckk ,  qui  eft  foa 
nom  particulier. 

Les  Arabes  appellent  Bahr  Al  Scham  ou 
Bahr  Al  Schami  la  mer  de  Syrie  ôû  de  Damas ^^ 
ce  que  nous  appelons  la  nier' Méditerranée ,  qu'ils 
difent  commencer  à  l'Océan  Atlantique ,  qu'ils 
appellent  Bahr  Al  Modhallam  ,  la  mer  téné^ 
Irreufe  ou  inconnue  ^tn  un  détroit  qu'ils  nomment 
Bahr  Al  Zohakj  &  à  une  ifle  qu'ils  nomment 
Genrat  altarik  ,  c  eft-à-dire  au  Détroit  d^  Gi-i 
braLtar^  &  lui  donnent  onze  cent  trente-fix  pa- 
rafanges  de  longueur  jufqu'à  fa  partie  la  plus 
orientale  ,  qu'ils  fixent  à  Souidiah ,  qui  eft  appa.-* 

yçmment  la  viiJe  de  Saïde  oa  Sidon.  Cette  m^  . 


0^  Il  r  s  N  T  A  I^  C.  l6f 

îtm^  ffai  neft  pat  peuxréire  calculée  exadle- 
2iienc  ^  -eft  tirée  au  Scherif  Al  Edriilî. 

Ce  inéme  Auteur  dit  que  la  mer  de  Syrie  ou  h 
Méditerranée  a  à  fa  droite  la  partie  la  plus  fep- 
tentrionale'  de  T  Afrique  ,  qu'il  appelle  Magreh 
Al  Acfa ;  lextrémite  du  Couchant ,  qui  eft  la 
Mauritanie 9  tSc  enfuite  le  pays  de  Berber ,  la  Bar« , 
barie ,  puis  le  Magreb  Al  AouiTath^  le  Couchant 
qu  FArrique  du. milieu  ;  puis  le  pays  nommé 
Afrikiah  ,  qui  eft  Y  Afrique  proprement  dire. 
Après  ce  pays  fuit,  toujours  à  la  droite ^  celui 
qu'il  appelle  Vadi  Al  Remel  y  la  Vallée  ou  la 
Campagne  des  Sablons ,  qui  eft  la  Tripolitaine 
&  le  pays  des  Syrtes  ,  &  après  celui  de  Ëarca  & 
de  Loubiah ,  qui  eft  le  pays  de  Barca  »  &  la  Pen-^ 
tapole  jufqu  en  Alexandrie ,  d  où  cette  mer ,  après 
avoir  reçu  toutes  les  eaux  du  Nil  ,  touche  les 
extrémités  du  Tiah  ^  qui  eft  le  défert  que  les 
Ifiraélites  ont  traverfé ,  &  s'étend  enfuite  jufqu'à 
la  côte  de  Syrie.  C'eft  là  que  comnience  le  côté 
gauche ,  ou  ^  pour  mieux  dire,  feptentrional  de  la 
mer  Méditerranée  ,  qui  fuit  les  côtes  de  la  Na- 
lolie  jufqn'à  l'Archipel,  &  de  là  par  l'HelIef-^ 
pont.,  ^ue  les  Arabes  appellent  X/ra//^  Al  Cqf- 
thantkinij  qui  eft  le.  oofphore  de  la  Thrace^ 
par  ovk  elle  fe  joint  aCi  Bontos  ou  Bahrbontos  ^ 
qui  eft  le  Pont-Euxin  ^  &  retournant ,  pour  ainfî 
dire  ,  par  les  côtes  de  Grèce ^^fe  prolonge  dans 
le  Khalig^Al  Benadaki^qui  eft  la.  mer  Adria- 
tique ou  Golfe  de  Yenife ,  &  de  là  s'étend  en 
Sicile  5  en  Italie  ^  &  fur  les  côtes  de  France  juf-» 
qu'au  Gebel  Al  Bornât ,  qui  font  les  monts  Pyré« 
nées  •  &  re^CHurne  par  les  côtes  de  l'Andalous 
oa  Éfpa^)  aux  deux  ifles  de  Tarik  &  de 

Liv 


l6S  BlBLIOTHEQtTE 

Hadhrali  y-  où  elle  a  pris  fon  'comtMnoemenr. 
Le  Géographe  Perfieii  dit  que  la  ville  la  plus 
renommée  de  toute  la  Syrie  eft  celle  de  Beïth  AI 
Mokaddes ,  la  Ville  Sainte ,  c*eft-à-dire  Jérafe- 
lem,  fi  tuée  dans  un  pays  mont  «eux,  dans  la*. 
quelle  il  y  a  un  temple  nommé  Mafgei  Al  Acfày 

3ui  efl  le  plus  grand  qui  fe  voie  dan&  toute  réten** 
ue  du  Mufulmanifme. 
Le  temple  de  Saint  Jean-Baptiile  de  Damas , 
que  les  Arabes  appellent  Ma/ged  lahia  ,  eft  le 
plus  confidérable  de  toute  la  Syrie  ,  après  celui* 
de  Jérufalem.  Valid  ,  fils  d* Abdalïnalek ,  Kha-» 
life  de  la  race  des  Ommiades  ,  y  fit  élever  un 
ddme  magnifique  ,  qui  donne  fon  nom  à  ce  tem-* 
pie  ;  car  on  l'appelle  ordinairement  C(?Wûr  allât  ^ 
&  il  raccompagna  de  plufieurs  autres  plus  pe-*- 
tits ,  qui  portent  le  nom ,  Tun  de  Cobbat  MérAg.^\ 
le  Dôme  de  l'AJcenJîon^ceû'-ï^'àire  de  la  motwée* 
de  Mahomet  au  Çiel;  un  ^xxtrtàe  Cobbat,  Ma^ 
hajcher\  Dôme  de  la  Réfurreâton  des  Morts  ^  & 
un  troifieme  qu'il  nomma  Cobbat  Miran.  ,.•  le 
Dôme  ou  la  Chamelle  de  la  Balance^  c  eu-à-dire. 
du  Jucrement  final.  .-;..: 

Les  Orientaux  comptent,  entre  les  lieux:  les. 
plus  délicieux  du  monde  ,  quïls  appellent  les 
quatre  Paradis  de  V  A{i&^  G  août  hat  ôckam  ^  la. 
Vallée  ou  la  Plaine  de  Damas ,  quoique  le  JGéo*- 
graphePerfien  dife  que  lair  de  la  Syrie  n'y  eft  pas 
lain ,  &  qu'il  caufe  des  maladies;  &  les  fables  des 
Mahométans  mettent  le  Paradis  &  le  Jardin  déli- 
cieux d'Aram  ou  dlrem  dans  Ja  Syrie  ,  oui  ils 
prétendent  quj*  ScKedad  la  bâti. 

Les  Chrétiens -Orientaux  ont  auffi  parmi  eux  , 
nnt  Tradition ,  qu'Adam  a  été  créé  dans-la  Syrie 


O  R   I  E  If  T  A  L  E.  169 

&  proche  de  Damas ,  ^  forme  d'une  terre  rouge 
qui  s'y  trouve  ,  laquelle  ils  ont  peut-être  cru 
avoir,  été  plus  propre  à  fairç  4e  la  chair  :  il  y  en 
a  même  phafieurs  qui  ne  font  point  de  difficulté 
d'affurer  que  le  Paradis  terreftre  y  avoit  été 
planté  ,  ce  Qu'ils  ont  peut- être. tiré  de  la  Tradi- 
tion fabule  u(e  du  Jardin  de  Schedad. 

Vakedi  a  fait  un  Livre  fur  la  conquête  que  les 
Mofulmans  firent  de  la  Syrie  fur  les  Grecs  >  & 
lai  a  donné  le  titre  àefâth  Ai  Scham.  Ebn  Sad- 
dad  a  compofé  une  Hiftoire  complète  du  roém^ 
pays  ,  &  Scharfeddin  Naffir  allah  Ben  Mblta# 
kem  Al  Tanoukki  Al  Hâlabi  en  a  auffi  caihpofé 
un  fur  :  les  excellencek  du  même  pays^  fous,  le 
titre  icadh  alvafuan  ^fhihilat  Al  S  chant.  Cet 
Oavrtigfe  eft  eti  trois,  volumes ,  &  a  été  fait  en- 
viron fan  670  de  l'Hégire.  -    - .  "j 

•  Il  n'y  a  prefque  aucune  ville  de  la  Syrie.,  .qui 
n'airf^on  Hiftoire  pamcûHere^ 


<j  « 


SÇHAMALG,4.NI  ;  fu^-nora  d'un  fameux  Im^ 

Eofteur  nommé  Môfinmmed'^tjùi  étoit  natif  d'une 
ourgade  nommée  Schamalgan  ,  fituée  entre  les 
villes  de  Goufah  &  de  BaiTorah. 

Cet  homn>e  fut  Auteurd'une  Se<3é  qui' rôu- 
lolt  entièrement  fur  la  métempfycofe ,  quer  les 
Arabes  appellent  Al\  TannqfoukkiaB  i  mais,  il 
n'enfeignoit  pas  feulemefit^la  trânfmigratiicui  de( 
âmes  ;  car  il  admettait  auffi  une  communication  j 
&  ,  pour  ainfi  dire  ,  tr&ns^fiôn  des  mêmes  âmes 
les  unes  aux  autres. 

Il  çomtnehça.pi^r  abolir  toute  forte  de  culte 
Jivin  ,  foie  légitime ,  foie  fuperfU.tieux ,  &  ap« 


t 


,5>      ^ 


170         B  I  B  L'I  0  T  R  E  Q^  Û  E 

prouvoit  toutes  les  conjonélioiis  charnelles^  & 
snême  les  plus  abominables ,  ce  que  les  Arabe» 
appellent  Ahahat  ûlforoug'  men  dkoui  alarhdmi, 
& ,  pour  comble  d'im{Hété  ,  il  foiuenotc  que 
t'étoit  par  ces  moyens  exëctaUês  t}ue  les  plu» 
avanc^'s  en  connoi^ïknces  comtnumquoient  leur» 
lumières  aux  moih»  parfaits  ;  de  forte  çiii  aCu*^ 
TfÂt  que  tous'  ceux  qui  ne  vouloient  pas  fouiFrir 
cette  communication  de  lumière ,  revîenâroiest  ^ 
après  leur  mort ,  itïie  autre  fois  au  monde  ,  pour 
expier  leurs  fautes  dans  une  féconde  révolutiO]^ 
àe  fîecles. 

Ebn  Mocla,  Vifîr  de  Ràdhi,  vingtième  Kha- 
life de  la  race  des  Abbaffides ,  £t  faire  le:ptocè$  k 
ce  fëduéleur  ;  qui  fut  Condamné  par  Iti  Do6leur$ 
de  la  Loi  k  être  ))endu  &  brûle ,  ce  qui  fut  exé» 
çuté  Tande  THégire  jaz. 

Ben  Schohnah  ,  en  parlant  de  cet  împofteur^ 
dit  que  la  Se£ié  des  Illanûnés  a  pris  fon  ariginir 
de  lui  parmi  les  Mufulmans ,  &  que  le  principe 
ott'fondament  principal  de  leurs  erreurs  eioic 
EUi/i  âimofadhel  ia^kab.  almafdhoul  kïoulag'  fibi 
alnour, 

^  SCHAMMiLKI  ou  MULKI ,  la  poflêffion 
de  la  Tilie  de  Damas  &  de  fes  dépendances.  Le 
Tarikh  Montckheb  &  Je  Leb  Tarikh  difeni  qge 
Eîrefch  -y  c*eft-à*dire  Cjrrus  ,  premier  Roi  de 
Perfe  ^  donna  au  Prophète  Daniel  la  pofleffîon  de 
la  ville  de  Damas  &  de  fes  dépendances. 

SCHAMOUIL:  C'eft  le  nom  Afibe  du  Vtor 

pheteSamuek  •     .  .  *  ^ 


Orientale.  171 

SCHAMPADISCHAHI  ,  le  ilôi  de  Syrie. 
Les  Hiflioriens  Mahométans  donnent  ce  titre-auiç 
Empereurs  de  Conftantinople  ,  qui  étoient  mai-* 
ti-es  de  la  Syrie  avant  qu'ils  en  euflent  été  dé- 
pouillés par  les  Mufulinans ,  de  forte  que  Schant, 
Padifchani  eft  ordinairement  expliqué  chez  eux. 
par  celui  de  Caîflar ,  qui  eft  Célar. 

SCHAMSEDDIN^  furnom  dlîetmifch,  ûh 
de  Fakre'ddin  :  il  avoir  été' autrefois  efclave  de 
Schehabeddin  ,  Sultan  de  la  première  branche  de 
la  dynaftie  desCJaurides ,  &  il  devint  Sultan  dans 
la  féconde  branche  de  la  même  dynaftie  des  pro- 
vinces de  Bamiah  Tokhareft.an)  Badkhfchan  & 
de  Schaganian, 

SCHAMSEDDIN  BEN  ABOUBEKR 

CURT»  C'eft  le  petit-fils  de  Rocneddin  Curt  ^ 
qui  defcehdoit  de  TEmir  Azzcddih  Omar  AI 
Marghinani ,  &  qui  b'rétehdoit  tirer  fon  origine 
de  Gaiatheddii^i  Mohammed,  Sultan  des  (xau- 
rides.  C'cft  le  premier  Prince  de  la  dynaftie  qui 
porte  le  nom,  de  Molouk  Çurt. 

Quelques  Àuteui:s ,  comme  le  Scheïkh  FadheL 
Sadr  Scherif  At  Bokhari  ,  homme  très-fayant  ^ 
qui  mourut  Tan  745  de  rHégiré  ^  a  beaucoup 
loué  rEmir  Azzeddin  Al  Gauri  dans  fes  vers ,  &. 
dit  que  le  Sultâri  Gaiatliéddin  lui  domia  le  gou-^ 
vemement  de  là  ville  de  Herat  &  de  fe^  dépen- 
dances, &  que  celui-^ci  donna  là  forterefTe  &  une 

girtie  de  la  province  de  Gaur  à  Schamfeddin 
..  .  <    •  • 
urt,  * 

Schamfeddin  ûjcceda  ,k  fon  aïeul  Rocneddin 
^n$  le  goûvértiement  du  ' ^Horafan ,  Tan  G\i 


i/i       Bibliothèque 

de  TH^gire ,  &  fat  confirmé  dans  fon  emplo£ 
par  Ginghizkhan.  11  augmenta  beaucoup  fa 
puifTance  &  fon  autorité  fous  les  Empereurs  Mo- 
gols'Holagou  ,  Abka  &  Barak  ,  dcfquels  il^toic 
vaifal ,  &  mourut  enfin  à  leur  (Jour  dans  la  ville 
de  Tauris  Tan  6^6  ;  car  Abka  Khan  /  ou  plutôt 
fon  Vifir  Khôgiab  Schamfeddin  ,  qui  commen- 
çoit  à  fe  défief  de  lui ,  ly  retint.  Il  eut  cepen- 
dant pour  fucceffeurRocneddin,  fon  iîls,.qui  prit 
Ï2i  ville  de  Candahar ,  &  mourut  fous  rÊmpire 
d'Argounkhan  Tan  de  l!Hégîre  <>79.. 

Pakhreddin ,  autre  fils  de  Schamfeddin  ,  eft 
compté  pour  le  troifieme  des  Princes  de  cette 
dynaftie  ,  quoiqii'il  foît  mort  avaiit  fon  frère 
Rocneddin  ,  &  tju'il  n'ait  furvécu  k  ;fon  père 
qu'environ  deux  ans  ;  car  il  mourut  l'ah  677. 
Gaîa theddin^l  le  dernier  des  «afans  de  Schamfed* 
din  qui  eft  le  quatrième  Prince  de  cette  dynaftie, 
ftit  Confirmé  par  Al  Giaptou  Khan  ,  Empe- 
reur des  Mogols ,  dans  le  commandement  qu'il 
avoit^  des.  pays,  dç  Gaur  ^  jufqaaux  confins  des 
pfOTïnces  qui  font  fur  le  fleuve  Sindou  Indu«. 
Ce  Prince  mourut  Tan  719  de  rHégirej  àlai'^ 
quatre  enfans  ^  fàvoîr,  Schàmfeadin  qui4,ui 
niccéda  &  fut  le  cinquienie  Prince  de  cette  dy- 
i!^ie ,  Hafedh ,  Hounaïn ,  &  Baker.  Ce  Scham- 
feddin, que  Ton  peut  appeler  fécond  du  nom. 
dans  cette  dynaftie ,  étoit  lavant  &  vaillant  ;  mais 
n  aima  le  vin  avec  tant  d'excès  ^  qu'il  abrégea 
Beaucoup  fa  vie  ,  &  iie  régna  que  dix  mois  ^ 
prefque  toujours  ivre  ,  après  fon  père  Gaïa- 
theddin.  Sa  mbrt  tofiibe  dans  Tannée  730  de 
l'HeVire.  , 

-  Malek  Hafedh  flécond  fils  de  Gaïatheddin  ^ , 


O  r'  I  E  NT'  a'  t  Ê.  I7J 

fut  le  Cxieme  Prince  de  cette  dynaftîe ,  &  fuc- 
cëda  à  fon  frère  dans  le  royaume  de  Herat  & 
de  Gaur.  Ce  Prince ,' qui  étoit  très-bien  fart  de 
fa  perfonne  ,  &'  qui  favoit  écrire  en  perfe<îlion ,  ^ 
n  ayant  pas  l'art  de  bien  gouverner ,  fut  tue  par 
'quelques  Gauriens ,  fes  pareils  &  fes  fujets,  au 
fortir  du  château  de  Herat ,  nommé  Ekhtiared" 
dîn,  Van  731  dé  THégire.  .| 

Moêzzeddin  Houlïaïn ,  troifieme  fils  de  Gaïa- 
tlieddin ,  eft  le  feptieme  Sultan  de  cette  dynaftie  : 
il  fuccéda  à  fon  trere  Hafedh ,  &  pofleda  toutes 
les  qualités  d'un  grand  Prince.  Sâadeddin  Tak- 
tazani  ,  homme  le  plus  doc^e  de  fon  fiecle ,  lui 
dédia  un  de  fes  Ouvrages^  dans  lequel  il  fait 
fon  éloge. 

Abou  Saïd ,  Empereur  des  Mogols ,  n'ayant 
laiifé  après  lui  dans  la  Perfe  aucun  rrince  qui  fe 
fît  craindre,  Moêzeddin  fe  rendit  beaucoup  plus 
confîdérable  qu'il  n'étoît  ;  car  il  trancha  alors 
plus  ouvertement  du  Souverain ,  &  fit  publier 
ion  nom  dans  les  mofquées  :\il  fit  û  bien  par  fa 

frudence  &  par  fa  valeur  ,  que  la  plupart  des 
'rinces ,  fes  voifins ,  lui  rendirent  hommage  & 
fe  déclarèrent  fes  vadaux. 

L'an740.  de  l'Hégire,  TEmir  Vaegih  eddiii 
Maflôud,  de  là  race  &  dynaftie  desSârbedariens, 
ayant  joint  fes  forces  à  celles  de  Haifan  Giouri, 
attaquèrent  Moêzeddin  avec  trente  mille  hom- 
mes ;  mais  ce  Sultan  les  défit  entièrement ,  & 
ôta  la  vie  au  Scheïkh  Haflan  Giouri.  \ 

L'an  752  ,  l'Emir  Cazg^ft  ,  qui  pofledoit  le$  ' 

Provinces  Tranfoxanes  ,  vint  aifiéger  Moêzzed- 
din dans  la  ville  de  Herat  ^  &  l'obligea  enfin  , 
apfès  plufieurs  combats  ^  à  lui  demander  la  paix , 


174         StELtO-TltEQUI 

&  i  lui  promettre  de  fe  rendre  dans  un  ^n  k  £i 
Coqr  pour  lui  rendre  hommage  :  depuis  ce  temps- 
là  ,  U's  affaires  de  ce  Sultan  allerçnc  de  mal  en 
1ns ,  car  les  Gaurides  élevèrent  fur  le  trône  Ma- 
ek  Baker ,  fon  fere  cadet  ^  &  Tobligerent  de  fe 
renfernier  dans  une  place  jufqu'en  Fan  75  j  qu*il 
fut  oblige  d'aller  trouver  TEmir  Cazgan. 

LEmir  Cazgan  reçut  Moêzzeddin  avec  beau** 
tonp  de  civilité,  lui  fit  beaucoup  d'honneurs ,  & 
lui  dit  en  Tabordant  :  »  Bons  ennemis  &  bons 
amis  <<.  Cependant  quelques  Seigneurs  de  la  Cour 
4é  Cazgan  ayant  comploté  de  fe  défaire  de  Moéz-* 
zeddin,  TEmir  Cazgan  lui  garda  inviolablemenC 
fa  parole ,  &c ,  pour  le  garantir  entièrement  des 
embûches  de  fes  ennemis ,  le  renvoya  bien  ac-* 
compagne  dans  le  Khorafad ,  où  il  ne  fut  pa» 
plus  tôt  arrivé ,  qu'il  fe  rendit  maître  de  la  per- 
ibnne  de  Baker  fon  frère ,  &  le  tint  prîfonnier. 

Ce  Sultan  rentra  ainfi  en  poCef&on  de  fa  ville 
capitale  de  Herat  &  de  tous  fes  Etats ,  &  régna 
derechef  jufqu'en.  l'an  771  de  l'Hégire. 

Malek  Gaïatheddin  ,  fils  de  Moêzzeddin  »  hui- 
tième &  dernier  Prince  de  cette  dynaftie ,  fuc- 
céda  à  fon  père  :  il  réprit  k  ville  de  Nifchabour , 
que  les  Sarbedarie«sr  lui  avoient  enlevée  :  mais 
Tamerlan ,  qui  avoir  fuccédé  à  l'Emir  Cazgan 
depuis  douze  ans  dans  la  poCeifion  de  toutes  les 
Provinces  Tranfoxanes ,  ayant  enyoyé  l'ordre  à 
ce  Prince  de  le  venir  trouver  ^  &  ôaïathéddin 
ayant  refufé  de  lui  obéiir ,  ce  Conquérant  entra , 
l'an  785  de  l'Hégire ,  dans  le  Khorafan ,  prit  par 
force  la  ville  de  Herat,  &  fit  prifonhier  Gaïa- 
theddin avec  fon  fils  Mohammed,  qui  furent  mis 
à  mon  par  fes  ordj^es.  Ainfi  finit  la  famille  & 

J  ..  ^       *  9  M  à  « 


H  î  «  R  T  Al  1.  ir$ 

là  ^jrnaftie  des  Rois  Cnrts ,  qui  a?oit  dure  environ 
cent  trente  années. 

SCHAMSEDDÎN,  Khogîali  Schamfeddu^ 
Afdhal ,  fils  de  Fadhlallab  &,  frère  de  deux  de 
iês  prédéceflèurs ,  faroir,  Abdalrazzak  &  Vagih-* 
eddin.  C'eft  le  cinquième  Prince  de  la  djnaftie 
des  Sarbedariens  ,  lequel  ne  commanda  que  fix 
mois ,  &  abandonna  fes  Etats ,  à  condition  qu'il 
rece?/oit  du  tréfor  royal  >  à  certains  temps,  qua-* 
tre  charges  de  foie ,  &  en  remit  la  ponei&on  à 
«m  autre  Schamfeddin  Khogiah  Ali  ,  Tan  de 
THc'gire  749. 

SCHAMSEDDIN  KHOGIAH  ALI.  C'effc 

le  fixieme  Prince  de  la'dynaftie  des  Sarbeda- 
riens. Ce  Prince  pofféda  tous  les  Etats  de  Vagi- 
beddin  Maifôud,  &  régla  û  bien  toutes  chofes 
dans  la  ville  de  Sebzvar  ,  que  la  juftice  y  fut 
ezadement  obfervëe ,  le  négoce  rétabli ,  &  la 
manufaélnre  des  foies  conduite  à  fa  perfection. 

L'on  remarque  que  fous  fon  règne  aucun  de 
fes  fujets  n'ofoit  prononcer  feulement  le  non^ 
du  vin ,  on  d  aucune  autre  boiiTon  qui  pût  eni« 
ner^  fit  qu'il  fit  jeter  vives  cinq  cents  femmes 
publiques  dans  des  puits.  Sa  févéritë  dans  l'exer- 
cice de  la  ^uftice  ëtoit  fi  grande  ,  que  tous  ceux 
qu'il  appeloit  it  fa  Cour  mfoient  leur  teftament 
avant  que  de  fe  préfenter  devant  Inî  :  car  il  fa- 
voit  reconnoitre  un  homme  coupable  entré  mille 
autres. 

Il  fe  rendit  enfin  fi  odieux  aux  plus  Grands 
ic  fa  Cour,  qu'un  nommé  Haïdar^  Boucher  de 
fa  profeâion,  fut  fuborné  &^  tua  dans  foA 


176  BlSX.ÎOTHËQUE 

château  de  Sebzvar,  après  cinq  ans  ou  enviros 

de  règne,  l'an  35}  de  l'Hégire. 

Ce  même  Boucher,  qui  tua  Schamfeddin ,  régna 
depuis  dans  la  même  dynaftie  des  Sarbedariens  , 
fous  le  nom  de  Pahalavan  Haïdar  Cajfab  ^  & 
en  fut  le  neuvième  Prince. 

SCHAMSEDDIN  ;  nom  du  Chef  ou  Préfi- 
dent  du  Divan  d'Ahmed ,  Sultan  des  Mogols  dt 
la  race  de  Ginghizkhan.  Cette  qualité  de  Chef 
du  Divan  étoit  fupérieure  a  celle  de  Vifir.  C^écoic 
un  homme  fage  &  vénérable ,  qui  avoir  gouverné 
long-temps  avec  approbation  l'Etat,  des  Mogols: 
cependant  Argoim  Khan  ne  laiila  pas  de  le  faire 
mourir  Tan  68  3  de  l'Hégire ,  après  avoir  tiré  de  lui 
de  très'fifrandes  fommes ,  fur  le  foupçon  qu'i^euc 
que  ce  Miniflre  avoit  empoifonné  Abka  Khan 
fon  père. 

SCHAMSEDDIN  AL  FAKHOURI  ;  nom 

dun  vénérable  Scheïkh  qui  demeuroit  dans  Ja 
ville  de  Cafch  au  delà  du  Gihon ,  lequel  fut  con- 
ûilté  par  Tameïlan  fur  le  fuccès  de  fes  entre- 
prifes ,  &  qui  lui  promit  le  fecours  de  fes  prières 
&  de  celles  des  fîens,  pour  lui  procurer  tous  les 
avantages  qu'il  fouhaitoit  d'obtenir. 

SCHAMSEDDIN  KHOSROU  SCHAH  s 

nom  d'un  grand  Philofophe  qui  vivoit  à  Damas. 
L  on  dit  que  le  Sultan  Al  Makk  .Al  NaiTer 
Daoud ,  Roi  de  Syrie  ,  de  la  race  des  Aïou- 
bites  /  alloit  chez  ce  iDoéteur  à  pied  pour  fe 
faire  expliquer  le  Livre  d'Eba  Sina  ,  intitulé 
Oioun  alhèkmat-,  les  Sources  de  la  Sxigejfe  ou 

dt' 


\ 


Orientale.  tff 

de  la  PhilofophUy  &  que  ce  Prince  portoic  lui» 
inéme  ce  Livre  fous  fon  bras*,  comme  font  ki 
écoliers»  :  .'     \ 

SCHi^NKAL  &  SCHANGAL  ,  ancien  Rdi 
du  Turqueftan,  qui  joignit  (es  troupes. à. celljâi 
d'Afrafiab  contre  Caïknofrou  Roi  de  Perfe  de 
la  féconde  dynaftie  nomtnrëe  dés  Cdïanides:  ' 

SCHAR  &  SCHAH  SCHAR  ;  c*eft  le  titi» 
des  anciens  Rois  du  Gurgiftan  ou  Géorgie  ^  qui 
femble  être  une  allufion  à  celui  de  Cefc^r ,  è^ 
même  que  le  Czar  des  Mofcovites,  ^ui.fe  )jj:sh 
nonce  Cfchar. 

« 

SCHARAB;  ce  motfignifie.généraUmentéli 
Arabe  toutes  fortes  de  breuvages ,  &  éa  p'arur 
culier  le  vin,  qui  cft  le  meilleur  .de,.;tous  les 
bremrages.  Cependant  les  mêmes  Arabes  >,  vou- 
lant exprimer  plus  précifémem  cette  liqiueur, 
lappellerit  Scharab  almofukher ,  la  Pettion  quf 
enivre^  nom  quils  donnent  également  .^,t pu cei 
les  autres  liqueurs  qui  ca^fent  de letourdiiTemeilf 
&  dé  l'ivrefïè  ;  c  eft  ainfi  queb  mot  «SzVera^dâf^ 
FEcriture ,  doic  s entebdre.  -,    j  ;;[ 

Les  Mufulnlians  donnent  aaiii  pltiiiei}rs  Mtjifs 
métapbo^iqoes  au  vifi,  &  il  y  en' a  qui  for^c  ^(f^ 
fupe'fftrtiedx  pçm  ne- vouloir  pas  le  nomilier  par 
fon  véritable  nom,  qui  eft  Khamr  &  Nebidh.i 
&  il  ^  a  eu  des  Princes  pai^mi  eux  qui  ont  même 
défendu ,  pav  des  Loix  expi-eâès  ,  de.  k  proc 
noncer. 

Les  deux  principaux- noms  allégoriques  du.viii^ 
chesi-  les  Mufulm»ns ,  font  Omm  algtnahet ,  \fk 

TomeV.  .  M 


i7S       Bibliothèque 

Mère  de  corruption  ;  ÀJ)^  Abou ,  &  0mm  alkha^ 
rabat  ;  leau  ,  le  Père  &  la  Mère  de  dejlruâion 
0  de  ruines. 

Les  mots  de  Syrop  &  de  Sorbet  ou  Schorbet^ 
donc  nous  nous  (ervons ,  font  tires  du  mot  Arabe 
Scharab. 

SCHARAKIA;  nom  du  père  d'Ozaïr  Al 
Nabi,  c'eft-à-dire  du  Prophète  Efdras ,  félon  le 
Tarikh  Montckheb.  Le  quatrième  Livre  apo* 
cryphe  d'Efdras  fait  ce  Prophète  fils  de  Sareh  : 
mais  c*eft  le  Sarahia  des  Hébreux ,  d'où  le  nom 
Arabe  de  Scharakhia  a  été  formé. 

SCHARFALDOULAT  ;  nom  du  fils  aJne' 
d*Adhadaldoulat,  petit-fils  de  Buiah.  Ce  Sultan, 
de  la  dynaftie  des  Bouides ,  avoic  pour  nom 
propre  celui  de  Schir  &  de  Schir^adj  qui  fîgni* 
fient  en  Perfien  Lion  &  engendré  d'un  Liqn^ 

Scbarfaidoulat  avoir  deux  autres  frères,  nom- 
més Samfamaldoulat  &  Bakaaldoulat,  qui  ont 
aufiî  tous  deux  régné.  Auffitôt  qu'il  eut  appris 
dans  la  province  de  Kerman,  où  il  commandoit, 
la  mort  de  fon  père  Adhadaldoulat ,  qui  arrum 
Tan  372  de  l'Hégire,  il  courut  à  la  ville  de 
Schiraz,  &  y  prit  pofTeiiîon  du  royaume  de  Perfe. 
Mais  cet  Etat  ne  fatisfaifant  pas  a/Ièz  fon  ambi-- 
tion ,  il  penfa  auffi-tôt  à  fe  préparer  pour  en- 
vahir ceux  de  fes  frères. 

L*an  377  ,  Scharfaldoulat  commença  la  guerre 
contre  fon  frère  Samfamaldoulat,  qui  avoit  eu 
de  fon  père  pour  partage  la  province  dite 
Ahvaz  &  riraque  Arabique ,  &  1  e  rendit  maî- 
tre >  dans  la  même  année,  de  l'importante  ville 


r 


Orientale.  179 

ie  Bafiora ,  qui  étoic  la  capitale  de  tout  ce 
pays-lk. 

L'an  378^  après  avoir  réduit  ces  provinces  à 
ion  obëi^ance  »  il  tourna  du  côte  de  Bagdet,  où 
Samfamaldoulat  poifédoit  la  charge  d'Emir  Al 
Ornera  ou  de  Lieutenant-Général  du  Khalife. 
Celui-ci  ne  fe  trouvant  pas  aflez  fort  pour  réfîf^ 
ter  à  la  puiâànce  de  fon  frère  aine  y  prit  le  parti 
de  l'aller  trouver,  &  d'implorer  fa  clémence. 

Scharfaldoulat  en  ufa  avec  beaucoup  de  du^ 
reté  envers  fofi  frère  ;  car  il  l'envoya  prifonniér 
en  Perfe.,  &  entra  enfuite  triomphant  dans  la 
ville  de  Bagdet ,  où  il  prit  poffeiîîon  de  la  charge 
de  fon  frère  ^  &  s'empara  dé  toute  l'autorité  des 
Khalifes ,  qui  n'avoient  pour  lors  que  le  nom  de 
Princes^  &  auxquels  les  Sultans  n'avoient  laiâe 
qu'un  peu  d*honneur  extérieur  ,  que  l'on  rendoit 
encore  à  leur  dignité,  plutôt  par. devoir  de  Re- 
ligion ,  que  par  refpeél  ou  par  crainte  de  leur 
puiflance. 

Ce  Prince  ne  jouit  pas  cependant  long-temps 
de  fon  ufurpation  ;  car  il  mourut  dès  Tan  de 
THéffire  J79  i  un  an  t après  fon  entrée  dans 
Bagdet. 

^CHARTHONI AH  ;  mot  corrompu  du  Grec 
fcuf4Tû9U^  c'efl-à-dire»  l'impofition  des  mains 

Îui  fe  fait  dans  TOrdinaiion  des  Evéques,  des 
^rêtres  &  autres  Miniftres  de  l'Eglife. 
Cette  impoiition  des  mains  ayant  été  mife  en 
commerce  ,  &  étant  devenue  ,  pour  ainfi  dire , 
vénale  parmi  les  Orientaux,  le  mot  de  Schartho- 
niah  a  pris  la  lignification  de  l'argent  que  l'on 
donnoit  auxXvêques  ou  aux  Patriarches  pour  la 

Mij 


iSd       Bibliothèque 

recevoir  d  eux.  C  eft ,  en  un  mot ,  ce  que  nous 
appelons  la  Simonie» 

Ebn  Amid  dit  que  Pbilopofius  ,  Patriarche 
d* Alexandrie ,  qui  fiégeoit  l'an  )7i  deTHëgire, 
fous  le  Khalifat  d'Aziz  le  Fathimite ,  aimoit  l'ar- 

fent ,  &  qu'il  exigeoit  la  Scharthoniah  ,  que  fon 
Wdeceffeur  avoit  abolie.  Ce  Préd^cciTeur  étoît 
Efraem  ,  qui  diflribuoit  tout  fon  bien  aux  pau- 
vres. 

SCHASBAN  ^  nom  d  une  bourgade  de  la 
Province  de  Mazanderan ,  de  laquelle  ëtoit  natif 
Aboubekr  Al  Schasbani  ^  vaillant  homme  ,  qui 
.  fut  Tun  des  trois  qui  donnèrent  le  plus  de  peine 
à  Tamerlan ,  &  qui  fatiguèrent  fes  troupes  da- 
vantage ,  lorfqu'il  fie  fon  irruption  en  Perfe. 

SCHEBIB  BEN  ZEID;  c'eft  le  nom  d'un 
des  plus  vaillans  hommes  que  les  Arabes  aient 
eus  louB  le  règne  des  Ommiades.  Ce^rfonnage 
fe  mit  à  la  tête  des  Révoltes  fous  le  Khalitac 
d'Abdal  Malek ,  fils  de  Marvan,  &  livra  plufieurs 
combats  à  Hegiage  ,  autre  grand  Capitaine ,  Goit- 
verneur  de  la  province  d'Iraque. 

L'on  dit  que  Schebib  combattoit  toujours  fes 
ennemis  avec  un  nombre  inégal  de  troupes  ,  & 
qu'il  ne  craignoit  point  dVtaquer  di»  nrille  che- 
vaux, lorfqu'il  n'en  avoit  que  n^ille  ;  &  cepen- 
dant fon  Hiftoire  porte  ;  qu'il  ne  fut  jamais  battu 
qu'en  une  feule  rencontre ,  qui  fut  celle  dans  la-* 
.  f  uelle  il  perdis  la  vie. 

Cette  dernière  rencontre  fut  auprès  du  fleure 
Sarfar ,  dans  la  Syrie ,  où  Schebib  ayant  voulu  le 
paâèr  dans  un    efquif  lorfqu'jl   ëtoit*  enfié  & 


Orientale.  i8i 

iébotàé  extraordinairement ,  il  y  tomba  tout 
arme ,  &  ne  put  jamais  être  fauv^  ,  quoiqu'il 
rtviitt  pSLt  trois  fois  au  deifus  de  l'eau  ;  &  ion 
rapporte  que  chaque  fois  qu'il  revenoit ,  on  lui 
entendoit  parler  de  Dieu  ;  &  qu'à  la  dernière  , 
il  prononça  ces  paroles  :  »  Tel  eft  le  Décret  du 
Tout-Puiflant  «. 

Le  corps  de  Schebib  ayant  été  repêché  ,  il  fut 
ouvert ,  &  on  lui  trouva  le  cœur  auffi  folide  & 
auffi  dur  qu'une  pierre  :  la  nouvelle  de  fa 
mort  ayant  été  portée  à  fa  mère  ,  elle  ne  vou- 
lut jamais  la  croire  ,  jufqu'à  ce  qu'on^lui  eut  dit 
qu'il  étoit  péri  dans  Teau  ;  car  alors  elle  com- 
mença à  pleurer ,  &  dit ,  que  lorfqu'elle  avoît 
accouché  de  lui ,  elle  avoit  vu  en  fonge  foriir  une 
grande  flamme  de  fes  entrailles ,  &  qu'elle  con- 
noiflbit  pour  lors  qu'il  n'y  avoit  que  l'eau  qui 
pût  éteindre  un  û  grand  feu. 

Khondemir  &  TAuteur  du  Nigfciariftan  rap- 
portent tous  deux  rfaiftoire  de  ce  (onge  ,  &  écri- 
vent que  la  mort  de  Schebib  arriva  l'an  de  l'Hé- 
gire 77. 

SCHEDAD  BEN  AD  BEN  AMLAK  BEN 

HAM.  Schedad  fils  d'Ad  fiîs  d'Amalek  fils  de 
Chatn  fils  deNoé.  Ce  Perfo:i:inge  fabuleux  vivoit 
&  régnoit  en  Arabie  ,  félon  les  anciennes  Hif- 
toires  de  l'Orient  ,*  du  temps  de  Giamfchid  Roi 
de  Perfe  de  la  première  dynaftie,  dite  des  P'ifch'* 
èadiens  ;  &  l'Auteur  du  Tartkh  Khozideh  écrit  , 
«e  ce  fut  lui  qui  envoya  Zhohak  pour  le  défaire 
e  Giamfchid  qui  lui  faifoit  la  guerrt;. 
Les  mêmes  rliftoirês  lui  donnent  deux  cent 

Miii 


1 


ï8a  BïB|LÎOTHEQUE 

f oixante  ans  de  règne ,  &  trois  cents  k  un  frère 
qu'il  avoir ,  nommé  Schedid. 

Le  Tarikh  Montekheb  veut  que  Schedad  & 
Schedid  aient  vécu  du  temps  du  Prophète  Houd , 
qui  eft  le  Patriarche  Heber  des  Hébreux ,  & 
qu'ils  aient  été  enveloppés  dans  la  ruine  des 
Adites ,  qui  arriva  fous  ce  Patriarche ,  comme 
on  le  peut  voir  dans  Ton  titre  &  dans  celui  d*Ad. 

Il  ajoute  que  Schedad  bâtit  dans  la  Syrie  une 
ville  qu'il  nomma  Gennet ,  Paradis^  laquelle 
difparut  aui&-tôt  après  que  fon  Fondateur  eut  été 
exterminé  avec  touis  fes  fujets.  C'eft  cette  même 
ville  qui  paroît  quelquefois ,  félon  la  Mytholo- 
gie des  Mufulmans,  qui  lappellent  Haram  & 
Hirem, 

SCHEGIA  KAHENAH;  nom  d  un  Pro^ 
phete  ou  Grand  -  Prêtre  fameux  ,  qui  vivoit 
en  Syrie  du  temps  d'Abdalmoihleb  père  de 
Mahomet.  Ce  Prophète  fut  confulté  par  Abdal- 
mochlefa  y  fur  le  vœu  qu'il  a  voit  fait  de  facrifier 
fon  fils. 

SCHEHABEDDIN  BEN  SAM;   notn  du 

Îruatrieme  Sultan  de  la  dynaftie  des  Gaurides^ 
tere  de  Gaîatheddin  fon  prédécelTeur ,  qui  laf • 
focia  à  l'Empire  ,  &  auquel  il  fuccéda  ;  il  régna 
feul ,  après  fa  mort ,  pendant  l'efpace  de  quatre 
ans. 

L'an  571  de  l'Hégire  ,  Schehabeddin  conquit^ 
du  vivant  de  fon  frère,  les  Royaumes  de  Multan 
&  de  Deheli ,  que  nous  appelons  aujourd'hui 
JDelli  aux  Indes  ;  &  ce  fut  dans  ce  dernier  qu'il 
établit  Cotheddin  Ibek ,  qui  avoit  été  autrefois 


r 


O  11  I  1  W   T  A  L  F.  ;i8) 

fon  efclave ,  &  qui  écoit  monté  par  dçgrës  aux 
plus  grandes  charges  de  fa'  Cour.  é 

Dans  le  temps  que  Gaïatlieddin  étoit  à  l'ex-r 
trëmité  de  fa  vie ,  Schehabeddin  ,  fon  frère  ,  fe 
trouvoit  entre  les  villes  de  Thous  &  de  Sarakhs 
en  Khorafan  )  oh  il  gagnoit  toujours  de  gros 
avantages  fur  les  Selgiucides  qui  sVtoient  ein«- 
parés  de  la  plus  grande  partie  de  cette  Provincei 
Mais  il  n'eut  pas  plus  lôi  apnris  des  nouvelles 
certaines  de  la  mort  de  fon  frère  ,  qu'il  tourna 
bride  vers  la  ville  de  Badghis ,  &  marcha  de  li 
à  grandes  journées  jufqu'à  Caznah,  ville  capitale 
de  l'Empire  des  Gaurides. 

Il  ne  rut  pas  plus  tôt  arrivé  en  cette  ville ,  qu'il 
apprit  que  Mohammed  Khouarezm  Schah  ,  ^onC 
'  la  puiilance  croifïbit  de  jour  en  jour  ,  muguetoit 
fes  Etats.  Il  crut  donc  être  obligé  de  s'oppofer 
aux  deifeins  ambitieux  de  ce  Prince ,  &.  marcha  ^ 
pour  cet  effet ,  à  la  tâte  d'une  puiifâfite  armée , 
-  vers  le  pays  de  Khouar6zm.  Cette  entreprife 
cependant  ne  lui  réuilit  pas  ;  car  fon  armée  fut 
défaite  par  celle  de  Mohatnmed  ;  &  il  ie  trouva 
contraint  de  faire  fa  retraite  en  fon  pays  de  Za- 
bleftan  ,  &  d'y  demeurer  paifîble  pendant  queU 

Îue  temps  y  pour  réparer  les  pertes  qu'il  avoi{ 
aites. 
Schehabeddin  ne  négligea  cependant  rien  de 
ce  qui  étoit  néceifaire  pour  mettre  fur  pied  une 
nouvelle  armée  qui  devoit  être  plus  forte  que 
la  première  ,  pour  arrêter  les  progrès  des  armes 
des  Khouarezmiens  ;  &  il  étoit  prêt  à  fe  mettre 
en  marche  pour  les  aller  trouver  ,  lorfqu'une  ré- 
volte ,  furvcnue  dans  le  pays  de  Gioud ,  l'arrêta 
tout  court.   Ce  pays  de  Gioud  eft  une  longue 

M  ir 


\ 


(hftîaè  tle  montapfne^'  qui  fe  pfoI<|ngent  le  long 
dss  provinces  de  Gaur  &  de  Zableilan  j  dont  les 
avenues  font  fore  difEciles. 
c.    C«  Sultan  crut  donc  être  oblige  de  pacifier 
Je  dedans  de  fes  Ecats  y  avant  que  dentrer  ^ani 
une  guerre  écraogere.  Il  vola ,  poMr  ain/î  dire  ^ 
4»»mre .  ces  révoltés ,  qu'il  furprit  dan^  les  prer 
ipieis  mouvemens  de  leur  fëdition  ;  Çl  ,  avant 
^!ii$  fe;fufltnt  préparés  à  foucenir  U  choc  df 
iîaa  armes  ^  il  leur  fît  fentir  la  pefanteur  de  foA 
Juras ,  tant  par  la  punition  de  leurs  Chefs  ,  que 
fîar  un  .grand  niaââcr<^  qu'il  fie  faire  des  plus  mur 
tins  de  ce  pays-Ih;  &.  iîretournoit  vainqueur  & 
fcontçnt  de  îo^  -expedicion  dans  fa  ville  royale 
3de»C^znah  ,  lorfqu  étant  arrivé  à  Dehiek ,  il  fut 
aâaffîaé  par  un  Indien  Idolâtre ,  qui  s  ecoit  àé^ 
voué  pour  faire  ce  coup  >  Tan  6oa  dç  l'Hégire, 
^gé  da.foixante-cle^jjt  ani>. 
,  -  L/Autenr  du  Lebtarikh  dit  que  ce   Prince 
porta  le.ftirnom  dAhu  Modhaffer^  cefl-à-dire, 
idè  Conqiùérani  y  & -qu'il  fut  tué  dans  le  temps 
qu  il  fûii^i!c  fa.  prière.  Ce  n\ême  Auteur  lui  donne 
«pour  fuccefleur  MahniQud ,  fils  de  Gaïatheddin 
Mohammed,  qui  étoit  par  conféqjpeç.t  fon  ne-» 
yeu,  leqVfcl  régna  fepx  ans  après  lui,  &  fut  1^ 
cinquième  &  dernier  des  Sultans  Gaurides.. 
'    L'Auneur  du  Livre  intitulé   Thabacdt  ,   qui 
yivoit  fous  le  règne  de  ce  Sultan ,  écrit  qu'il 
mvoit/paffe  la  plus  grande  partie  de  fa  vie  a  faire 
Ja  guerre  aux  Indes ,  d'où  il  avoit  tiré  d^  û  grands^ 
$pefors ,  que  fa  fille  unique ,  demandant  un  JQui; 
à  Khogiah  Ifmaël  qvû  avoit  la  garde  4<3s  pierre? 
ries,  dé  fon  père  ,  à  q:uoi  pouvoit  iiionter  leur 
nombre  &  leur  valeur  ,  cet  Ifrnaël  lui  dit  ;  H  y 


V 


ï 


Orientale.  185 

I  dans  le  trefor  du  Si{lt«n  votre  père  trois 
mille  livres  pefant  de  diamans  ;  jugez  par-là  du 
rcfte. 

.  Ce  Sultan  n'ayant  pas  laiifë  dautres  enfans 
|u*une  feule  filLp,  donna  fujet  à  un  Foëte  Perfien 
le  dire,  qu'il  ne  falloit  pas  s'ëconner  qu'iln'eut 
point  d'enfans  mâles  ,  parce  que  le  ciel  ,  qui 
K>ule  depuis  long- temps  fur  nos  têtes  ^  n'avoit 
ramais  pu  rien  produire  de  femblable  à  lui. 
Comme  il  fentoit  beaucoup  lui-même  ce  défaut 
d  enfans  mâles ,  il  s'appliqua  à  faire  élever  un 
grand  nombre  defclaves  Turcs,  defquels  il  pré- 
voit un  foin  extraordinaire  ,  les  regardant  comme 
fes  propres  enfans  ;  &  il  difoic  à  ce  fujet ,  que 
les  autres'  Princes  fe  glorifioient  d'en  avoir  beaa*- 
coup  ,  quoique  le  nombre  néanmoins  n'en  fût 
•  jamais  fort  grand  ;  mais  que  pour  lui ,  il  fe  pou- 
voit  vanter  d'en  avoir  plufieurs  milliers  ,  entre 
lefquels  il  trouveroit  dç$  fuccefleurs  oui  régne- 
roient  après  lui  en  différentes  province  y  &  per-« 
pétueroient  la  mémoire  de  fon  nom,.    ^ 

En  effet ,  Tag  Ildiz ,  NalFer  eddin ,.  Kothbed- 
dîn  Ibek  ,  qui  régnèrent,  le  premier  dans  Gaz- 
nah,  le  fécond  dans  le  Multan,  &  le  troifieme 
«'dans  Delli ,  étoient  de  ce  nombre  ,  auffi  bien  que 
plufieurs  autres  qui  occupèrent  quelques-unes 
des  différentes  provinces  de  1  Empire  des  Gauri- 
des ,  tels  qu'ont  été  Aramfchah ,  Cobah  ,  Ilet<i- 
mifch  ,  &c. 

SCHEHER  ALSABR  ou  SCHAHAR  AL^ 
SABR  ,  le  Mois  de  la  Patience.  C  eft  ainfi  que 
les  Mufulmans  jippeUent  le  mois  ou  la  lune  dç 


l86  BiBtIOTHEQUE* 

Ramadhan  ,  pendant  laquelle  ils  obfervent    un. 
jeûne  folennel. 

Schahar^  en  arabe,  fignifie  proprement  la  Lune  y 
(l  leur  année ,  qui  eft  purement  lunaire  ,  con-i 
tient  dotize  lunes  ,  que  nous  appelons  ordinaire-* 
ment  mois  ,  &  n'eft  par  conféquent  que  de  5  5  4 
jours. 

Afchhur  ou  Schohouralhiâloumat  ;  les  quatre 
Lunes  connues.  Ce  font  celles  41e  Moharram  y 
de  Regeb ,  de  Dhoulkadah  ,  &  Dhoulhegiah  ; 
&  on  les  appelle  connues  ou  célèbres  ,  a  caufe 
qu'il  étoit  défendu  aux  anciens  Arabes  ,  avant  le 
Mufulmanifme  ,   de  fe  faire  la  guerre  les  unt 

aux  autres  pendant  ces  quatre  lunes  ou  mois  de 

1»       t 
année. 

il  faut  remarquer  ici  que  les  Arabes  pronon- 
cent ordinairemens  Schahar ,  quand  ce*  mot  figni- 
fie un  mois ,  &  que  les  Perfans  &  les  Turcs  le 
prononcent  Scheher.  Cependant  le  mot  de  Sche^ 
hery  duquel  on  a  parlé ,  fignifie,  en  Perfan  &  en 
Turc,  uue  Ville, 

SCHEHERIAR;  nom  du  dix -huitième  fiîs 
die  Khofrou  Parviz  ,  qui  fe  fauva  de  la  cruauté 
de  Siroés  qui  fit  maflacrer  dix-fept  autres  de  fes 
frères.  Ce  Prince  ne  régna  point  ;  mais  il  fut 
père  d'Iezdegerd  ,  dernier  Roi  de  Perfe  de  11 
dynaftie  des  Chofroès  ou  Safiânides. 

SGHEHERIAR  ;  nom  d'un  Général  des  ar- 
mées de  Perfe  contre  les  Grecs.  Ce  Seigneur 
ayant  trouvé  mauvais  qne  Ton  eût  mis  fur  le 
trône  Ardefchir ,  fils  de  Siroés  >  qui  n'ctoit  en- 


f 


Orientale.  tty 

core  qu*un  enfant  de  fept  ans,  fans  fa  participa- 
non  ',  marcha  avec  fon  armée  veVs  la  ville  de 
Madaïn  ,  dont  il  fe  rendit  le  maître ,  aufG  bien- 
que  de  la  perfonne  du  petit  Ardefchir ,  qu'il  fit 
mourir. 

Après  cet  attentat ,  Scheriar  ufurpa  la  Cou- 
ronne de  Perfe  ;  mais  il  n'en  put  jouir  que  deux 
ans  ;  car ,  comme  il  n'ëtoit  pas  de  la  Famille 
Royale  ,  les  Grands  du  Royaume  fe  défirent  de 
lui ,  à  la  follicitation  de  TourandokHt ,  fiille  de 
Khofrou  Parviz  &  fœur  de  Schironieb, 

SCHEHERVERDI  ou  SCHAHARVAR- 

Dl  ;  c  eft  le  furnom  de  Schehabeddin  lahia  Ben 
Geïfch  ou  Habefch ,  lequel  eft  aufH  connu  fous 
le  titre  de  Scheïkh  Maàoul ,  le  Doâieur  tué ,  k 
caufe  qu'il  fut  puni  de  mort ,  par  le  comman- 
dement de  Saladin  ,  pour  avoir  été  plus  attaché 
à  la  Philofophie  qu'à  la  Religion. 

L'Auteur  du  Nighiariftan  rapporte  que  Sche- 
herverdi  n'étoit  pas  feulement  attaché  à  la  Phi- 
lofophie ,  mais  qu'il  avoit  auili  appris  la^  théorie 
&  la  pratique  de  la  Magie  naturelle  &  peut-être 
auifi  fuperftitieufe  ,  que  les  Arabes  appellent 
Schâbeaat  Çc  Simla  \  &  il  raconte  que  ce  Doc- 
teur ,  voyageant  avec  fes  amis ,  rencontra  un 
Turcoman  qui  conduifoit  un  troupeau  de  mou- 
tons ,  &  qu'ayant  voulu  en  acheter  un  ,  pour 
lequel  il  offrit  dix  drachmes  d'argent ,  le  Tur- 
coman refufa  de  le  lui  vendre  à  fi  bon  marché. 

Schehervçrdi  dit  alors  à  fes  camarades  :  Em- 
portons le  mouton ,  &  marchons  toujours  ;  car 
je  faurai  bien  contenter  ce  Turcoman.  11  com- 
mença donc  à  l'entretenÂr  )de  plufieurs  cbofes , 


iSf.         B  If   I.  I  O  T   H   E   Q   V  £ 

&  puis  touc-k-coup  il  le  quitta ,  &  fe  mit  à  cou- 
rir avec  fon  mouton.  Cependant  le  Turcoman  , 
qui  ne  voulait  pas  le  perdre  ,  fe  mit  à  courir 
après  le  Do<5teur ,  l'arrêta  par  le  bras  ,  en  lui 
difant  qu  il  ne  le  lâcheroit  point  qu'il  n'eût  été 
payé. 

Le  Doéleur  ayant  enfuite  fait  quelque  réûC^ 
tance  contre  le  Turcoman  qui  le  tenoit  arrêté , 
celui-ci  lui  tirant  le  bras  avec  effort ,  fut  furpris  de 
voir  ce  bras  détaché  lui  demeurer  dans  la  main. 
Ce  pauvre  homme  fut  fi  effrayé  de  cet  accident,que 
croyant  avoir  tué  ou  au  moins  eAropié  un  homme  , 
il  commença  à  fuir  de  toute  fa  force ,  &  ne  parla 
plus  de  lui  faire  payer  fon  mouton. 

Scheherverdi  ne  laifla  pas  cependant  de  re- 
joindre fa  compagnie  avec  fon  bras  fàin  &  en- 
tier y  &  contenta  le  Turcoman  de  la  manière 
qu'il  lui  plut. 

* 

.  SCHEIDAH  ;  nom  d'un  fils  d' Afrafiab  ,  qui 
fut  défait  &  tué  par  Caïkhofrou  III  ,  Roi  de 
Perfe  ,  des  Caïanides  ,  dans  la  province  *  de 
JLhouarezm. 

SCHEIKH  ;  ce  mot  ne  fignifie  pasrfeulement 
en  Arabe  un  Vieillard  ,  mais  encore  un  Prince , 
&  un  DûSeur  célèbre ,  &  Chef  de  quelque 
collège  ou  communauté  religieufe. 

SCHEIKHALESLAM  ;  le  Vieillard  ou  le 
Chef  de  la  Loi.  C'efi  le  titre  que  Ton  donne  or- 
dinairement'à  un  grand  Iman  ou  à  unMouphti^ 
qui  eft  proprement  le  Pontife  de  la  Loi  &  de 
la  Religion  Mufulmane.  Toutes  les  grandes  villes 


Orientale.  1J9 

ou  métropoles  an  Mufulmanifme  avoient  autre- 
fois des  Imans  qui  portorent  ce  titre  ,  ainfî 
que  celui  de  Mouphti ,  quoiqu'aujourd'hui  il  n  y 
ait  chez  les  Turcs  que  celui  de  Conftantinople 
qui  porte  par  préférence  ce  titre. 

SCHEIKH  ALGEBAL  ;  le  Vieillard  de  la 
Montagne  ou  le  Prince  des  Afiaifins  ,  comme 
Aos  Hiftoriens  des  guerres  faintes  Tappellent. 
C'efl  le  Prince  ou  Sultan  des  Ifmaéliens  de  llraque 
Perfienne ,  que  les  Mufulmans  appellent  Mola-- 
hedah  ,  impies  &,  fchifmatiques ,  dont  les  fujets 
fe  dévouoient  pour  aflàffiner  ceux  que  leurPrindc 
tenoit  pour  fes  ennemis. 

SCHEIKH  ALMAHMOUDI  AL  DHA- 
HERI  y  c  eft  le  nom  du  même  Prince  ,  que 
l'on  appeloit  autrement  Àl  Malek  Al  Mouiai 
Abou  NaJJer  ^  quatrième  Sultan  àt%  Mamelucs 
dç  la  féconde  dynaftie  ,  nommée  des  CircaJJiejis 
en  Egypte.  Il  eft  ainfi  nommé  ,  à  caufe  qu'il 
avoit  été  efclave  d'un  homme  particulier,  nomnié 
Mahmoud,  &  qu'il  le  fut  enfuice  du  Sultan 
Malek  Al  Dhaner  Barkok.  Ce.  Prince  régna 
huit  ans  &  cinq  mois ,  &  mourut  l'an  82-4  de 
l'Hégire. 

SCHEIKH  ALMORSELIN  ;  îe^  Vieillard 
ou  le  Chef  &  le  Prince  de  tous  ceux  qui  ont 
été  envoyés  de  Dieu  pour  prêcher  la  Foi  &  h 
pénitence  à  divers  Peuples.  Ceft  Tépithete  ique 
hs  Mufulmans  donnent  à  Noé  qui  prêcha  à' tout 
le  Monde  entier.  •  • 


zpo       Bibliothèque 

SCHEIKH  ALOSSOULI;  le  Maître  ^e 
ceux  qui  ont  enfeigné  les  principes  &  les  fon-^ 
démens  de  la  Loi ,  que  les  Mufulmans  appel* 
lent  OJfoul.  C'eft  le  titre  que  Ton  donne  ordi- 
nairement à  Abotil  Haifan  Adib. 

» 

SCHEIKH  AVIS  ou  VEIS  ;  nom  d  un  Prince 
ou  Sultan  de  la  dynaflie  ou  famille  des  Ilkhaniens, 
qui  tiroit  fon  origine  de  Ginghizkhan  par  Hola« 
gou ,  furnommé  Jlkhan. 

SCHEIKHEIN  ;  les  deux  Vieillards  ou  les 
deux  Princes.  Titre  que  l'on  donne  aux  deux  pre* 
miers  Khalifes ,  Abou  Bekr  &  Omar. 

SCHEIT.  Les  Arabes  donnent  ce  nom  à 
celui  que  nous  appelons  le  Patriarche  Setky 
£ls  d'Adam  ,  duquel  font  defcendus  ceux  qui 
.font  nommés  dans  la  Genefe  les  Enfans  de 
Dieu. 

Les  Miifulmans  tiennent ,  par  une  Tradition 
fabuleufe ,  que  ces  Enfans  de  Dieu ,  qui  font 
appelés  dans  le  Texte  facré  Bené  Elohim  , 
étoient  des  créatures  d'une  efpece  particulière 
entre  les  hommes  &  les  Anges.  Quelques-uns 
les  appellent  Bani  algiann ,  &  difent  qu'ils  fai^ 
foient  profeilîon  de  la  Religion  de  Seth  ,  &  fai« 
foient  uue  guerre  continuelle  aux  Dives  ou 
Géans ,  enfans  de  Cabil ,  que  nous  appelons 
Caïnites  ou  Dejcendans  de  Caïn. 

La  Loi  du  Patriarche  Seth  ,  que  les  MufuU 
mans  mettent  au  nombre  des  Enbia  ou  Prophè- 
tes ,  étoit  comprife  dans  uu  Livre  qui  portoit 


( 


Orientale.  i^r 

fon  nom ,  &  aue  Ton  appelle  Sefer  Scheïth  , 
Livre  à  peu  près  auiS  authentique  que  ceux  que 
Ton  attribue  à  Adam ,  à  Enoch  ,  &  à  Abraham. 
Mais  il  faut  que  Seth  ait  eu  un  Livre  \  car  fans 
cela  les  Mufulmans  ne  le  reconnoîtroient  pas  pour 
Prophète.  Il  faut  cependant  remarquer  que  les  plus 
habiles  entre  les  Mufulmans  entendent  par  ces, 
Livres  des  anciens  Patriarches,  les  révélations 
quils  ont  reçues  de  Dieu  pour  autorifer  leur 
miffion. 

Nous  trouYons,  dans  les  Hiftoires  fabuleufes 
de  Caîoumarrath  »  de  Thamurath  ,  de  Houf- 
chenk^  &  de  Caherman  ,  que  les  Ginn  &  Péri , 

3ui  font  ces  Bani  algian  ou  Enfans  de  Giann  , 
efcendans  de  Seth  ,  defquels  on  a  parlé  ci-def- 
fus ,  font  ordinairement  ce  jurement  :  Scheïth 
nabi  Scherthak  itcban ,  »  P<ur  la  Loi  véritable  du 
Prophète  Seth  «.  Et  nous  lifons  dans  le  Caïou-- 
marrath  Nameh ,  ou  Hiftoire  de  Caîoumarrath , 
qu'un  vénérable  vieillard  lui  parle  en  ces  termes: 
^  Nous  fommes  à  préfent  dans  le  fîecle  de  Scheïth; 
allez  trouver  ce  Prophète,  &  embraifez  la  Loi 
qu'il  vous  enfeiffçera  «. 

CaïoumarratQ  demanda  \  ce  vieillard  en  quelle 
partie  du  Monde  demçtiroit  ce  Prophète ,  &  la 
réponfe  fut,  qu'il  faifoit  fa  réfidence  au  milieu 
de  la  terre  habitable  qù  la  maifon  de  Dieu  fe 
trouvoit ,  &  où  fon  temple  devoit  être  bâti.  L'00 
doit  remarquer  ici  que.  cette  maifon  de  Dieu 
eft  le  Beïth  allah ,  que  les  j^lufulmans  difenc 
être  defcejidue  du  Ciel  lorfque  Dieu  reçut  Adam 
à  pénitence  &  qu'il  fe  réconcilia  avec  lui ,  &i 
Q\x\i  c'eft  à  l'inftar  de  cette  maifon  ,  qui  étoiç 
auoe  ôruélurfî  &  d'une  matière  miraculeufe» 


/  . 


/ 


l^$         BiBtiOfHÈQUB 

qu'Abraham  &  Ifinaël  en  bâtirent  une  de  pierre 
dans  la  Mecque ,  qui  porte  le  même  nom  dé 
Beït  allah. 

Pour  ce  qui  cft  du  temple  qui  devoit  être  bâti 
^àns  ce  milieu  de  la  terre  habitable ,  c'eft  ce 
que  les  Mufulmans  mêmes  appellent  Beît  al- 
mocaddes  ^  c*éft-à-dire  le  Temple  de  J érujahm  ; 
&  cette  tradition,  que  ce  temple  feroit  bâti  au 
milieu  de  la  terre ,  n'eft  point  particulière  aux 
Mufulmans  :  car  les  anciens  Chrétiens,  &  encore 
aujourd'hui  tous  les  Orientaux  »  l'ont  reçue  & 
approuvée ,  fondés  fur  ces  paroles  du  Prophète  » 
^  que  Dieu  a  opéré  le  falut  des  hommes  au  mi* 
Keu  de  la  terre  «. 

Nous  trouvons  dans  la  même  Hiftoire  de  Caïôu* 
marrath ,  que  le  Patriarche  Seth ,  après  avoir  vi- 
fîté  le  fépulcre  d'Adam  &  cette  maifon  de  Diça 
dont  on  a  parlé ,  paiTa  dans  la  province  d'Iénieft 
ou  Arabie  Heureufe ,  &  y  Bâtit  la  ville  que  Von 
appelle  encore  aujourd'hui  de  fon  nom  Médinai 
Al  Scheïth ,  la  ville  de  Seth ,  &  Medînat  Al 
lemen  j  la  ville  capitale  de  l'Iemen. 

Le  Caherman  Nameh  dit  qpe  le  Dive  od 
Géant ,  nommé  Doudafch ,  s'aTiacha  au  fervicc 
3u  Patriarche  Seth ,  &  fit  la  guerre  avec  lui  aux 
cnfans  de  Cabil ,  qui  font  les  Caïnites,  &  que 
ce  même  Patriarche  envoya  fon  frère,  nommé 
Roulihaïlj  pour  gouverner  fes  peuples  qui  habi- 
toient  fiir  la  montagne  de  Caf.  , 

SCHEITHAN.  Ce  mot  Arabe ,  qui  eft  pris 
de  l'Hébreu  Schathan  ,  fignîfie  non  feulement  le 
diable  ;  mais  encore  un  ferpent ,  un  homnie  fiet 
&  fupérbe.    Les   Mufulmany,  -pour  eipfînïeè 

plus 


r 

I  U  R  i  fe  N  t  À  L  fe.  i9) 

'  Jwus  particulièrement  celui  d'entre  les  Diabiei 
^ae  nous  appelons  Lucifer ,  outre  fon  nom  par^ 
ticulier  à*Eblisy  l'appellent  encore  Scheïthan  al^  \ 
ragim^y  le  Démon  lapidé ^  ou  phuôt  chcijfé  à  ^ 
coups  ae  pierres ^  &  lui  donnent  ce  titrie  de  /?a- 
gim  ^  pour  faire  entendre  qu'il  faut  repouiïer  avec 
violence  les  tentations  qu'il  nous  fuggere. 

Les  Mufulmans  ne  Jjrortoncent  jamais  le  mot 
de  Scheïthan^  quils  n'ajoutent  auffi-tôt  Nâoudh 
billah^  ^Dieu  nous  en  préferve  «;  &  nonobstant 
cela,  il  y  a  eu  des  Perfonnages  nârmi  eux  qui  - 
ont  porté  ce  noni)  qui  leur  eft  aemeurë  quoi- 
qu'il leur  eût  été  donné  par  ihjure  ou  par  fobri-» 
quet,  comme  il  a  été'  donné  dans  <e  derniei* 
temps  à  Un  Ibrâhitn,  que  Ton  appeloit  Scheïthan 
Pacha. 

a  doélrine  des  Mùlulman«,  plu- 
fieurs  fortes  ou  efpeces  de  Démons  *  les  uns  font 
appelés  Ginn  bi  Péri ,  qui  font  ceux  que  nous 
appelons  les  Efprits  follets  &  les  rùs-,  les  au-* 
très  Tecouiriy  qui  font  les  Parques  des  Païens, 
^ui  prëfîdent  au  deftin  des  hommes.  Il  y  a  de  . 
plus  les  Dives ,.  que  quelques  -  mis  confondent 
avec  les  Géans ,  quoiqu'ils  ne  foient  pas  de  Tef- 
pecc  des  liommes»  Il  y  a  encore  les  Gbul  & 
Afriet,qui  font  les  Medufes,  les  Empufes,  les 
Furies  éc  les  Spe^res  des'My  thologifles  ;  &  enfin 
les  pires  àe  tous  font  Scheïthan  &.  les  Schàïathin^ 
Satan  &.  les  Sâtatis ,  qui  font  Lucifer  &  toute 
la  troupe  infernale. 

SCHENKNAK.  GVft  un  des  noms  que  Jes 
Arabes  donnent  au  Prince  des  Démons. 

Tome  K  N 


194       Bibliothèque 

SCHERA  ;  Ahel  Al  Schera ,  un  Membre  dftt 
Confeil.  C'eft  ainfî  que  les  premiers  MufulmanS 
appélerenc  un  des  fix  Perfonnages  que  le  Khalife 
Omsr  nomma  avant  fa  mort ,  dans  le  nombre 
dcfquels  on  devoir  élire  fon  fuccefTeur.  Ces  ûx 
Perfonnages  e'toient  Ali,  Ochman,  Sâïd,  Abdal- 
raliman ,  Thalha  &  Zobeïr. 

SCHERIF.  Ce  mot  Arabe,  qui  fîgnîfîe  en  gé- 
néral noble  ou  élevé  en  naiflance  ou  en  dignité, 
eft  une  épithete  ou  titre  particulier  que  portent 
ceux  qui  defcendent  de  Mahomet  par  Ali  foa 
-gendre,  &  par  Fathime  fa  fille.  Ces  gens-là  pren- 
nent ai/f5  le  titre  dEmir  &  de  Seïd  ^  ,qui  figni" 
"fient  Prince  &  Seigneur  ^  &  ils  portent  par-tout 
le  turban  vert,  pour  fe  diflinguer  des  autres  Mu- 
fulmans ,  qui  le  portent  blanc. 

Plufîeurs  de  ces  Scherifs  ont  régné  &  établi 
des  dynafties  particulières  en  Afrique.  Les  Edrif- 
^fites  étoient  Scherifs ,  &  la  race  qui  règne  au- 
jourd'hui à  Fez  &  à  Maroc  porte  auffi  le  nom 
de  Scherif. 

11  y  a  eu  auflî  autrefois  des  Scherifs  à  la 
Mecque  &  à  Médine ,  qui  fé  font  même  quel- 
quefois fait  la  guerre  les  uns  aux  autres  ;  &  le 
Sultan  des  Turcs,  qui  eft  maître  de  toute  l'Ara- 
bie, leur  laiffe  quelque  efpece  de  fouveraineté , 
fe' contentant  feulement  du  titre  de  H  ami  Al 
Harameïn ,  Proteéleur  des  deux'  villes  facréts , 
ç'eft-à-dire  de  Médine  &  de  la  Mecque. 

SCHERIF  AL  EDRISSI.  C'eft  le  furnom 
de  Mohammed  Ben  Mohammed ,  Prince  de  la 


r 


Orientale.  i^^ 

dynaftie  des  Edriilices,  lequel  ayant  été  chaâë 
avec  toute  fa  famille  par  Mahadi  le  Fathîmite  ^ 
qui  fe  rendit  maître  de  toute  TAfrique  Litto- 
rale, qui  eft  en  deçà  du  fleuve  Niger,  fut 
obligé  de  fe  réfugier  auprès  de  Roger  Roi  de 
Sicile. 

Ce  Sclierif,  qui  ëtoit  fort  gavant,  fabriqua  un 
gltibe  tcrreftre  d  argent  pour  ce  Prince ,  fur  le- 
quel il-avoit  fait  graver  en  Arabe  tout  ce  qu'il 
avoit  pu  favoir  des  pays  qui  pour  lors  etoient 
connus  ;  il  compofa  enfuite  une  Géographie 
fort  ample  )  intitulée  Na^ehat  ou  No^enat  al^ 
mofchrak. 

Hagi  Khalfa  donne  à  ce  Scberîf ,  dans  ia  Bî-^ 
bliotneique  intitulée  Ktfchf  aldhonoun  j  le  fur- 
nom  ^Askili  &  de  Sakefiy  le  Sicilien^  à  caufe 
qxi'il  compofa  fon  Livre  pour  Raggiâr  Al  Afraiigi 
Saheb  Askiliah ,  c'eft-à-dire,  pour  Roger,  le 
Franc,  Maître  ou  Roi  de  la  Sicile,  &  il  remar- 
que que  le  feul  défaut  de  cette  Géographie  efl 
que  ni  Jes  longitudes  ni  les  latitudes  n'y  font  pas 
inarquées;  il  ajoute  que  cet  Ouvrage  a  été  abrégé 
par  quelques  Auteurs. 

SCHIAH  &  SCHI AT.  Ce  mot  Arabe  fignifie 
en  général  une  troupe ,  un  jparti  &  une  faâioa 
de  gens  confédérés ,  &  qui  font  une  fede  parti- 
culière en  matière  de  Religion. 

Les  Mufulmans  orthodoxes,  qui  donnent  le 
hom  de  Sunniah  à  leur  Religion ,  donnent  celui 
de  Schiàh  à  la  Seâe  de  ceux  qui  fe  difeht  par- 
tifans  d'Ali ,  &  qui  ont  quelques  obfervances  , 
cérémonies  &  croyances  particulières. 

Schiâhi  &  Schîi  eft  celui  qui  eft  oppofé  aâ 

Nij 


i 


If  6  BiBLIOTUKQVE 

Sunni  ;  &  la  différence  qu'il  y  a  encre  ce^  àeuX 
fortes  de  perfonnes  confiée  eiTentielkment  en 
ce  que  les  premiers  croient  &  profeilènt  que  le 
ibuverain  Imamat ,  dignité  qui  comprend  toute 
Tautorité  fpirttucUe  &  temporelle  fur  les  Muful- 
ùians,  appartient  de  droit  divin  à  Ali  &  à  feft 
defcendans.  .    " 

Les  Perfans  font  Scliîites ,  &  les  Turcs  font 
Sunnites  :  mais  cette  différence  de  partis  qui  eft 
aujourd'hui  entre  ces  deux  nations ^  a  commencé 
âès  Tannée  36}  de  rHégire,  fous  le  Khalifat  de 
MotKî  Lillah  l'Abbaffide  :  car  ce  fut  pour  lors 
que  les  Schiites  fe  rangèrent  du  parti  des  SuU 
tans  de  la  race  des  fiouides ,  &  les  Sunnites  pri- 
rent celui  des  Turcs ,  qui  étoienc  alors  très-puif* 
fans  dans  la  Cour  des  Khalifes^  &  ce  furent 
enfin  les  divifions  &,  les  diffentions  de  ces  deux 
partis  qui  furent  la  caufe  de  la  ruine  de  Bagdet 
(8c  du  Klialifat  des  Mufulmans ,  comme  Ton  peut 
voir  dans  le  titre  de  Moflâdhem ,  dernier  Kha* 
Jife  des  Abbaffides, 

'Les  Schiites  ou  Secîlâtèars  d'Ali  n'appelkn^ 
pas  leur'Secîle  Al  Schïât^  nom  qu'ils  croient  leur 
être  injurieux  ;  mais  ils  Iiii  donnent  le  titre  ma- 
nifîque  d*^/aJe//ar  ,  c'efl-à-dire  la  Seûc  des 

tjfes. 

Ces  Schiites  font  encore  divifés  entre  eux  en 
cinq  Se^es  différentes.  Les  Keifabiens ,  qui  en 
font  une,  ont  des  fentimens  fort  extravâgans.  Ils 
croient  qu'Ali  étoit  plus  qu  homme  >  &  que  le 
Maîiadi  vit  encore.  Ils  comptent  auffî  la  defcen* 
dance  des  doi^ze  ïmans  de  la  poftérité  d'Ali 
d'une  manière  différente  :  car  les  uns  s'attachent 
ï  la  branche  de  Haifan ,  fils  aîné  d'Ali ,  &  les 


pni 
lu 


O  H   î   E  N   T    À  l  E.  Tff 

tutres  i  celle  de  Hôuflaïn,  qui  éioit  fon  caflet^ 
Il  y  en  a  même  qui  onc  iuivi  le  parti  de  Mo* 
hammed  Ben  Hanifiah,  qui  étoit  aufli  fils  d'Ali  ^ 
mais  d'une  autre  lemme  cjue  Faihiniah  fiHe  de 
Malit>met.  Les  uns  ont  pris  le  parti  du  Màhadî 
rAfricam,  Fondateur  de  la  dynaftîedès  Khalifes 
Fathimiies  d'Egypte ,  qut  font  Ifes  Ifmaélieiifc 
d'Aftiqu*  ^  &  ks  autres  ont  pris  celui  des  Ifmaë- 
liens  ae  Hraque  Perfîènne ,  dont  Ist  dynaUie  di 
^rîs  fon  origine  de  HafTan  Satah.. 

Les  Perlaus  d'aujourd'hui  font  dé  fa  Se<3e' 
Hailiarienne ,  parce  qu'Ifmaël  Sofi ,  Fondateur 
de  k  dynaftîe  qui  regîije  aujourd'hui  en-  Perfe  j 
€toit  fits  de  Scheïkh  Haïdar,  arriere-petit-fils 
de  Scheilth  Sofi  ,  qui  préiendoit  defceadrc  aufli 
d'Ali. 

Piufieurs  Schiîtes  croient  ta  Tenafoukhîalt  ^ 
qui  eft  la  Métcmpfycofe,  Se  la  Huloubiat ,  qui  eft 
«ne  communication  de  l  efprit  de  fainteté  qui  fe 
tranfhiet  de  Tun  >  l'autre;  &  enfin  ces'  cinq 
principales  Seules  des  Scbiites  font  comme  cinq 
arbres  qui  fo  diyifent  en  foixante  &  dix  bran- 
ches. Cependant  iîs  conviennent  tous  en-  ce 
£  oint  5  qui.coi^fiAek  regarder  les  Khalifes  Abou» 
ekr,  Omar  &  Othman,  que  les  Sannires  oi» 
Orthodoxes  révèrent  beaucou-p,  comme  des  ufur« 
pateurs  du  Khalifat  &  de  l'autorité  fuprème  dans^ 
le  Mufolmanifme,  qui  devoir,  félon  eux,  paiTef 
knmëdi^tement  dé  Mahomet  k  AH ,  qui  ne  fut 
cependant  que  le  quatrième  Khalife. 

C'cft  par  Fa  même  raifon  qu'ils  déteftent  là: 
mémoire  dés  Khalifes  Ommiades ,  qui  ftrenr 
mourir  Houffaîn  fils  d'Ali,  duquel  ils  déplorent: 
encore  tous  ks  ans  l^^mort ,  &  rejettent  aufli  le& 

TWT      • • • 

Nui 


i^S       Bibliothèque 

Khalifes  Abbailides^  quoique  parens  de  Mahom^ 
comme  Hafchemites ,  parce  qu'ils  ne  defcendoient 
pas  d*Ali. 

SCHIAR.  C'eil  le  nom  que  les  anciens 
Arabes  idolâtres  donnoiet^t  au  jour  du  Sabbat  : 
mais  Schiâr ,  ëcric  avec  un  aïn,  eft  le  nom  de  la 
marque  que  les  Chrétiens  &  les  Juifs  furent 
obligés  de  porter  pour  être  diftingués  des  Mufui^ 
mans. 

SCHID  y  furnom  de  Gem  ou  Giam ,  Roi  de 
Perfe  de  la  première  dynaftie,  que  l'on  nomme 
ainfi  d*un  nom  compofé  Giamjchid.  Ce  furnom , 
qui  fignifie  le  Soleil  dans  lancienne  langue  des 
Jperfans ,  fut  donné  à  ce  Prince  à  caufe  de  f^ 
beauté.  Les  Perfans  modernes  appellent  le  Soleil 
Khourjchid, 

'  Schidvefch ,  Semblable  au  Soleil ,  eft ,  dans  la 
même  langue ,  le  nom  du  fils  de  Gudarz^  ancien 
Héros  de  .la  Perfe. 

SCHIMAOUN  SIDDIK ,  Simeon ,  que  Ion 
furnomme  ordinairement  le  Jujie  ^  comme  s'il 
étoit  furnomme  Sadik.  Mais  les  Arabes  lui  don- 
nent le  titre  de  Siddik ,  qui  fignifie  celui  qui 
vérifie  £c  qui  confirme  la  vérité  de  quelque 
fait. 

Le  Tarikh  Montekheb ,  qui  fait  mention  de 
ce  Pierfonnage ,  en  ajoutant  à  fon  nom  la  bénér 
diélion  ordinaire  qui  fe  donne  aux  Prophètes ,  & 
ui  eft  comprife  dans  ces  mots  âhhi  aljalatn  y 
it  qu'il  étoit  de  la  race  d'Aaron  &  de  la  branche 
du  Prophète  Jérémie,  &   que   les  Fidèles  ou 


3 


O  R   I   E   N    T  A    L   E;  ^  I  yj 

MufulmaAs  de  ion  temps  le  reconnoiffaient  pour 
leur  Chef. 

11  n  y  a  point  de  dpute  que  cet  Auteur  n*en- 
tende  ici  le  faint  Perfonnage  Siinéon  ,  qui  reçut 
Jcfus-Chrift  entre  fcs  bras  ,  lorfque  la  Sainte 
Vierge  fa  mère  le  préfenra  au  temple  ;"  &  les 
Mufulmans  lui  donnent  le  titre  de  Siddik ,  parce 
qu'il  porta  témoignage  de  la  venue  du  véricable 
Mefîîe,  dans  la  perfonne  de  Jcfus,  fils  de  Marie  ^ 
que  tous  les  Mufulmans  font  obligés  de  recevoir 
pour  tel. 

Deïr  Schimàoun ,  le  Monaftere  de  Saint  Si-* 
méon.  Il  ^  a  un  fameux  monaflere  qui  porte  ce 
nom  auprès  de  la  ville  de  Moàrrâh,  dans  le  ter- 
roir de  la  ville  de  Hems  ou»  Emefle  en  Syrie , 
&  ce  fut  en  ce  lieu  qu*Omar  Ben  Abdalâziz^ 
Khalife  de  la  race  des  Ommiades  y  fut  enterré. 

SCHIRANSCHAH;  nom  du  frère  de  Khond 
Rocneddin  Khonrfcbah  ,  dernier  Prince  de  la 
féconde  branche  des  Ifmaéliens  dans  le  Khouef* 
can  ou-  Gebal ,  qui  eft  l'Iraque  Perfienne.  Il  fut 
envoyé  par  fon  frère  avec  trois  cents  chevaux 

Îiour  amufer  Holagou  :  mais  fon  ilratagême  ne 
ui  réudit  pas;  car  Rocneddin  fut  obligé  de  fe 
rendre^  avec  toutes  fes  places ^  entre  les  mainte 
de  Holagou. 

SCHIR  AZ  ;  nom  d'une  grande  villp ,  capîtaîe 
de  la  province  que  ks  Orientaux  appellent  Fars^ 
qui  eft  la  Perfe  proprement  dite,  ou  la  véritable 
Pcrfe,  de  laquelle  les  Perfans  &  peul-être  les 
Parthes  ont  pris  leur  nom. 

Cette  ville  eft  fituée  fous  la  longitude  de  j^y 

N  iv 


$oo       Bibliothèque 

degrés  35  minutes,  &  fous  les  29  dégrés    jéi 
minutes  de  latitude  feptentrionale ,  félon  la  plu-» 
part  des  Géographes ,  &  cependant  les  Tables 
de  Naflîreddin  &  d'Ulug  Beg  lui  donner^t  8» 
degrés  de  longitude  5  ce  qui  vient  de  la  pofiiion 
du  premier  Méridien,  que  ces  deux  Auteurs  re- 
culent plus  avant  vers  Torient,    Elle  n  eft  pas 
ancienne  ;  car  elle  n  a  été  bâtie  qu  au  temps  du 
Mufu'manifme ,  par   Mohammed  Ben  Caflem 
Ben  Ocaïl ,  caufin-germain  de  Hëgiage;  en  forte 
que  le  temps  de  fa  fondation  nç  toixibe  que  fous 
la  dynaftie  des  Ommiades. 

Schiraz ,  félon  tous  les  Géographes  Orienlau», 
eft  abondante  en  eaux  vives  qui  arrofent  fes  jar-* 
dins,  &  a  un^  rivière  nommée  Bendemir^  qui 
fut  rendue  navigable  &  mifc  en  canal  par  Adha^ 
dalddulat ,  Sultan  de  la  dynaflie  des  Bouides , 
&  qui  peut-être  eft  le  Choafpes  des  Anciens  ^ 
ou  au  moins  qui  mêle  fes  eaux  avec  celui-ci  ^ 
avant  que  de  fe  décharger  dans  le  golfe  Perfique. 

Plusieurs  cortfondent  cette  ville  avec  Iftekhar, 
qui  eft  l'ancienne  Perfépolis  ,  qui  n  en  eft  pas 
éloignée  ;  mais  il  y  a  plus  d  apparence  que  la 
ville  de  Schiraz  foit  Fancienne  Cyropolis  >  pays 
natal  du  grand  Cyrus,  &  qu'elle  ^  été  depuis  ré- 
parée des  ruines  de  P^erfépolis. 

Le  mot  de  Schiraz^cn  Arabe,  dont  le  pfuri^ 
eft  Schirazfz ,  fig^ifie  proprement  du  lait  épaiflî 
&  preffé  >  duquel  on  a  tiré'fe  Sérum  ou  petit- 
Jait  \  &  c'eft  de  là  peut-être  que  le  nom  de  h 
ville  de  Schiraz  a  été  pris ,  à  eaufe  q^t  {on  ter- 
ToiF  eft  prefque  tout  couvert  de  pâturages ,  & 
abondant  par  conféquent  en  toutes  fortes  d€  laî- 

ta|«s^  Cej^nd^nt  les  Perfeu»  a^odtra^^  veuiçat 


\ 


Orientale.  201 

que  le  nom  de  Schira^  lui  air  été  donné  à  caufe 
que  Hemtchcu  Schirhemeh  Scheï  kih  deran  mia-^ 
verend  mi  Khoured ,  ^  cette  ville  confume  &  dé- 
vore comme  un  lion ,  qui  s'appelle  Schir  en  Per- 
fien,  tout  ce  que  Von  y  apporte^  ce  qu'ili  difcnt 
pour  faire  entendre  la  multitude,  &  peut-être 
encore  le  bon  appétit  de  fes  habitans. 

11  y  a  dans  cette  ville  plufieurs  mofquées  .aflcz 
belles,  &  quelques  palais  ou  niaifons  affcz  bien 
bâties ,  ce  qui  n'eft  pas  ordinaire  en  Perfe  ,  où 
les  maifons  ne  font  prefque  toutes  faites  que  de 
torchis,  les  Perfans  préférant  k  propreté  &  les 
ornemens  à  la  folidité  &  à-  la  durée  de  leurs  bâ- 
rimens.  Mais  dans  Schiraz  la  plupart  des  maifons 
font  faites  de  brigues  cuites  au  foleii ,  &  par 
conféquent  plus  folides. 

L*air  de  cette  ville,  &  fes  eauK  qui  la  ren* 
dent  recommandable  ,  font  que  fes  habitans  font 
blancs  &  bien  faits ,  deués  de  beaucoup  d'efprit , 
&  naturellement  éloquens. 

Les  chiens  de  Schiraz  font  fort  eflimés;  &  la 
plante  ou  racine  aromate. nommée  ordinairernent 
Cojlus  Arabicus ,  qui  eft  amere ,  &  qui  approche 
fort  du  gingembre ,  croît  en  abondance  dans  fon 
terroir. 

Les  Sultans  Bouides ,  qui  commandoient  en 
Perfe  au  temps  des  Khalifes  Abbaffidçs  de  Bag- 
à^i^  ont  fait  de  cette  vîîle  Se  de  celle  d'ifpahan, 
en  divers  temps,  la  capitale  de  leurs  Etats.  Les 
Atabeks  lont  auffi  lonç-twiips  pofledée  en  titre 
de  Gouvernement ,  &  en  quelque  forte  de  Souve* 
raineté  fous  les  Sultans  Selgiucides ,  &  fous  les 
Khouarezmiens. 

Lé$  MoçoU  ou  Tartarea  de  Genghizkhao  s'en 


{ 


lot       Bibliothèque 

rendirent  les  maîtres,  &  l'ont  tenue  jufqu'aa 
Sultan  Âbou  Saïd,  après  la  mort  duquel  les  Mo* 
dhafFëriens,qui  n*en  étoient  que  les  Gouyemeurs^ 
en  devinrent  les  maîtres  abfolus. 

Les  Princes  de  cette  dynaftie,  nommés  i/^7- 
hare^eidin  Al  Modhaffer  ^  fes  ehfans,  S  chah 
Manfour  &  Schah  Schegià  ,  &  fon  petit-fils 
Zinalabtdin,  l'ont  pofledée  jufqu'au  temps  de 
Tamerlan,  qui  s'en  rendit  enfin  le  maître,  & 
extermina. entièrement  la  famille  ou  dynaftie  des 
ModhaiFériens, 

Les  Princes  oM  Sultans  Turcomans  de  la  fa- 
mille du  Mouton  noir  chaiTerent  de  Schiraz  & 
de  toute  la  Perfe  les  enfans  de  Tamerlan  ;  & 
Uzun  HaiTan,  Chef  de  la^  famille  ou  dynaflie 
des  Turcomans  du  Mouton  blanc  ,  en  dépouilla 
la  poilérité  de  Cara  loufouf ,  &  s'en  rendit  le 

maître. 

Scbiraz  eft  aujourd'hui  fujette  au  Roi  de  Perfe* 
Elle  pafTe  pour  la  féconde  ville  de  fon  Empire, 
&  le  Khan  ou  Gouverneur  qui  y  commande,  eft 
ordinairement  le  plus  puifTant  de  fa  Cour,  & 
fe  vante  de  pouvoir  mettre  fur  pied  cinquante 
mille  chevaux. 

Les  Perfans  citent  ordinairement  ce  difiique 
à  la  louange  de  leur  ville  :  Tchih  Mefr  v  tchih 
Scham  V  tchih  Berr  Bahr,  Hemeh  rujiaïend  v 
Schirà^i  fchehr.  y>  Qu'eft-^ce  que  le  Caire  ,  & 
qu'eft-ce  que  Damas,  &  qu'eft-ce  que  les  autres 
villes,  foit  de  terre  ou  de  mer?  Elles  ne  font 
toutes  que  des  villages,  &  Schiraz  feule  mérite 
de  porter  le  nom  de  ville  «. 

Les  murailles  de  Schiraz  que  Vpn  voit  aujour* 
d'hui ,  &  qui  ne  font  pas  achevées  par-tout  >  ont 


r 


Orientale.  ao} 

été  bâties  par  Hafî'an  Al  Thaouil,  que  les  Turcs 
nommant  Uiun  HaJJan  ,  &  nos  Hiftoriens 
U^um  CaJ/ariy  Chef  ou  Sultan  des  Turconians 
de  la  dyxiaftie  du  Mouton  blanc  :  car  ce  Prince 
étant  pafle  Tan  874  de  THëgire ,  vint  à  Schiraz, 
où  Abou  Jofcf  Mirza  ,  fils  de  Gehanfchah  ^ 
Prince  Turcôman  de  la  race  du  Mouton  noir, 
faifoit  fa  réfîdence,  &  l'ayant  prife  par  force, 
il  en  donna  le  gouvernernent  à  fon  fécond  fils 
Sultan  Khalil ,  comme  il  avoit  donné  celui  dlf- 
pahan  k  fon  aîné  Mohammed  Ogou ri u. 

Le  tour  de  ces  murailles,  bâties  par  Uziim 
Caflan  ,  peut  être   environ  de  neuf  milles  :  car 
cette  vilJe  a  trois  milles  de  longueur  du  fud-efV 
au  nord-oueft ,  &  n'en  a  pas  moins  de  largeur. 

SCHIRGOUEH  ou  SCHIRKOUEH.  Ce 

mot ,  qui  fignifie  .en  Perfien  le  lion  de  la  mon- 
tagne ,  de  même  qu'AfTad  algebal  en  Arabe ,  eiT: 
le  nom  du  frère  d'Aïoub  &  de  loncle  de  Sa-- 
ladin. 

Schirgoueh  &  Aïoub  étoîent  tous  deux  en- 
fans  de  Schadhi,  &  étoient  Curdes  d'origine» 
&  d'une  race  nommée  paripi  eux  Al  Raouadiah 
&  Ravendiah^  félon  le  rapport  d'Ebn  Al  Athir. 

Ces  deux  enfans  de  Schadhi  étant  venus  dans 
la  province  de  Tlraque  Babylonienne  ,  fe  mi-p 
rent  au  fervice  de  Baharouz ,  Lieutenant  ou  Gou<- 
verneur  de  la  ville  de  Bagdet  pour  les  Sultans 
SeJgiucides.  Baharouz  ayant  reconnu  beaucoup 
de  valeur  &  d'habileté  dans  ces  deux  frères,  les 
envoya  dans  le  château  de  Takric  pour  le  garder. 
Mais  Schirgoueh  ayant  tué  un  homme  dans  Q.Qiie 
place,  les  deuxfrere^en  furent cbadés,  &  obligés 


â04  BlBLIOTKEQUi: 

de  quitter  le  pays  pour  chercher  ailleurs  leur 
fortune. 

Ils  vinrent  trouver  d'abord  TAtabek  Oma- 
deddin  Zlenghi ,  qui  commandoit  dans  MoufTal , 
le  fervirent  pendant  quelque  temps ,  &  paf- 
ferent  de  là  à  la  Cour  de  Noureddin  Zenghi  ^ 
Sultan  de  Damas ,  d'Alep,  &  d  une  grande  partie 
de  la  Syrie. 

Ce  Sultan  leur  donna  de  l'emploi ,  &  mît  Schir- 
goueh  à  la  tcte  d'une  armée  qui  devoit  pafler  en 
Egypte  à  la  foliicitacion  d'Adhcd ,  onzième  Kha* 
lire  des  Fatbimites,  qui  ne  pouvok  fouffrir  da** 
vantage  la  grande  autorité  que  Schnvcr ,  fon  Vifir^ 
avoir  prife  dans  fes  Etats. 

Schirgoueh  exécuta  parfaitement  les  ordres  de 
Noureddin  fon  maître  ;  car  il  défit  &  tua  dç  fa 
propre  main  Schaver  >  en  forte  que  le  Khalife  ^ 
pour  reconnottre  le  fervice  -que  ce  grand  Capt- 
taine  lui  avoit  rendu  ,  ki  donna  le  furnonx 
HAJJad  eddirt ,  le  Lion  êe  la  Foi  ou  de  la  Reli^ 
gion^  le  titre  de  Malek  Al  Manfour  ^  Roi  vic- 
torieux ,  &  la  charge  à! Emir  atgioujch  ou  Ge- 
néralijjîme  de  fes  armées  ;  &  Schirgoueh  ufa  R 
bien  de  fon  pouvoir,  quêtant  mort  peu  après ^ 
Tan  564  de  THégire,  le  Khalife  Adhed  pria 
Noureddin  de  lui  donner  Jofef,  fils  d'Aîfoub,  qui 
étoit  auprès  de  lui ,  pour  remplir  h  place  de  foir 


oncle. 


Ce  Jofef ,  furnomn^  Salahediîn,  ayant  été 
élevé  par  le  Khalife  au  commandement  général 
de  toute  l'Egypte ,  &  orné  du  titre  de  Malefc 
Al  Nafler,  écrivit  d'abord  à  Noûreddfn^qu'avec 
toutes  les  dignités  &  les  charges  dont  le  Khakfe 
lavoit  gratifié^  il  ne  fe  regardok  que  coiamtt 


O  R  I  E  N  T  A  L  I»  20$ 

■fon  Lieutenant  en  Egypte ,  &  le  pria  de  lui 
envoyer  fon  père  Aïoub  ou  Job ,  avec  toute  fa 
famille.  C'eft  ce  Perfonnage  que  nous  connoiffons 
fous  le  nom  du  grand  Saladin  ,  qui  fe  rendit 
non  feulement  Souverain  dans  l'Egypte ,  maî$ 
qui  dépouilla  encore  les  enfans  de?]oureddin  dei 
Etats  qu'ils  poflëdoient  en  Syrie  &  en  Méfo-t 
potamie. 

SCHIRIN.  Ce  mot,  qui  fignifie  en  langue 
Perfienne  doux  &  agréable,  eft  le  nom  d'une 
Dame  fort  connue  dans  TOricni  par  les  Romans 
de  Khofrou  &  de  Schirin  ,  &  de  Schirin  &  de 
Ferhad ,  où  leurs  amours  &.  leurs  aventures  font 
de'crites% 

Il  y  en  a  plufieurs  qui  croient  que  Schirin  a 
été  la  femme  de  Khofrou  Parvîz  Roi  de  Perfe , 
qui  étoit  Chrétienne  &  fille  de  l'Empereur 
Grec  Maurice  ,  que  quelques-uns  nomment 
Marie,  &  d'autres  Irène ,  dont  le  nom ,  ainfi  que 
celui  de  S-erena ,  fe  rapportent  affez  à  celui  de 
Schirin^  car  les  Orientaux  ont  coutume  d'ac- 
commoder les  noms  étrangers  des  perfonnes  & 
4es  lieux  avec  d'autres  noms  qui  fignifient  queU 
que  cbofe  qui  leur  eft  plus  connu  en  leur 
lîMigue. 

L'Hifloire  de  Jofeph  &  de  Zoulikhah ,  qui  eft 
vn  autre  Roman  non  moins  fameux  que  celui 
de  Khofrou  &  de  Schirin ,  eft  d'une  composition 
beaucoup  plus  moderne ,  quoique  THiftoire  en 
foit  beaucoup  plus  ancienne  :  car  l'Auteur  de 
ce  dernier  Ouvrage  dit ,  en  faifant  l'éloge  de 
l'Amour ,  que  c'eft  lui  qui  Lebi  Schirin  befche- 
kerri^  biku/ihad^  DU  $1  Perviii  berd  v  gian  li 


2o6       Bibliothèque 

Ferhad;  »  en  ouvrant  les  lèvres,  la  bouche  dt 
Schirin  a  ravi  le  cœur  8c  emporté  Tefprit  de 
Khofrou  &  de  Ferhad  «. 

SCHIRIN;  nom  de  la  fœur  de  Marié  la 
Cophte  ou  l'Egyptienne  ,  une  des  femmes  de 
Mahomet ,  qui  fut  renvoyée ,  après  k  mort  de 
Mahomet ,  avec  fa  fœur  en  Alexandrie.  11  y  a 
grande  apparence  que  ces  deux  femmes  étoienc 
Chrétiennes. 

SCHIROUIEH  ;  nom  d  uii  Roi  de  Perfe  de 
la  quatrième  dynaftie,  nommée  des  Sajfanides , 
que  nos  Hiftoriens  appellent  Siroès. 
.  Son  nom  propre  étoit  Cobad^  &  il  étoit  fils 
de  Khofrou  Parviz ,  auquel  il  fuccéda  après  que 
les  Grands  du  royaume  Teurenr  dépofledé  & 
emprifonné.  Il  commença  fon  règne  par  une 
a6lion  exécrable,  ceft-à-dire  par  un  parricide^ 
qu'il  commit  à  la  follicitation  des  perfonnes  qui 
avoient  ôté  la  liberté  à  fon  père  ,  &  qui  en  ap-> 
préhendoient  le  rétour  fur  fon  trône. 

Pour  exécuter  cette  méchante  aélion,  Schi- 
rouieh  poufîa  Mihir  Hormouz ,  fils  de  Mardan 
Schah  ,  duquel  Parviz  avoit  fait  mourir  le  père, 
à  tirer  vengeance  de  cette  mort.  Mihir  Hor- 
mouz ,  autorifé  par  ce  Prince ,  ne  manqua  pas 
de  fe  tranfporter  auffi-tôt  dans  la  prifon  où  Parviz 
ctoit  enfermé  ;  &  ce  Prince  ne  l'eut  pas  plus  tôt 
apperçu ,  qu'il  lui  dit  fièrement  :  »  J'ai  fait  au- 
trefois mourir  votre  père ,  &  je  ne  tiens  pas  pour 
légitime  le  fils  qui  ne  tue  pas  le  meurtrier' de 
fon  père ,  quand  il  eft  en  pouvoir  de  le  faire  «  ; 
£c  il  n  eut  pas  plus  tôt  achevé  ces  paroles  ^  que 


Orientale.  207 

Mîhir  Horxnouz  mit  le  fabre  à  la  main  &  lui 
6tk  la  vie. 

Mihir  Hormouz ,  après  avoir  fait  cette  exë-> 
cution ,  vint  en  rendre  compte  à  Schirouieh  ,  & 
lui  rapporta  les  mêmes  paroles  que  Ton  père  lui 
avoic  dites  avant  qu'il  le  tuât;  &  Schirouieh  le$ 
ayant  entendues  «  ne  lui  dit  fur  l'heure  autre 
chofe  :  mais  après  avoir  fait  faire  de  fomptueufes 
funérailles  k  fon  père,  il  6t  mourir  auilî-tâc 
Mihir  Horjnouz,  en  lui  repérant  les  mêmes  pa- 
roles que  Parviz  avoit  prononcées  avant  fa  mort, 
&  qu'il  lui  avoit  rapportées  trop  fidèlement. 

Schirouieh  ajouta  à  fon  parricide  le  maifacre 
de  dix-fept  de  (ts  frères  s  car  de  dix-huit  qu'ils 
étoient  ,  il  n  y  en  eut  qu'un  feul  qui  fe  fauva. 
Celle  cruelle  aélîon  lui  attira  des  reproches  fan- 
glans  de  la  part  de  fes  fœurs ,  lefquels ,  joints  aux 
remords  dune  confcience bourrelée ,  lui cauferent 
une  maladie  1  dojot  la  malignité  l'emporta  en  peu 
de  temps  ^  après  un  règne  fort  court  ;  car  les 
Hiftoriens  ne  le  font  aller  tout  au  plus  que  juf- 
qu  a  huit  mois  ;  il  y  en  a  même  quelques-uns  qui 
ne  lui  en  donnent  que  fix. 

La  mort  de  Khofrou  Parviz  eft  rapportée , 
avec  d'autres  circonftances ,  dans  le  Rapudhac 
almenadir  de  Ben  Schohnah  ;  car  cet  Auteur 
écrit  que  Schirouieh  ayant  fait  venir  fon  père  en 
fa  préfence ,  lui  dit  ces  paroles  :  »  Ne  vous  éton- 
nez pas  fi  je  vous  ôte  la  vie ,  je  ne  fais  que  vous 
imiter  dans  cette  acftion ,  puifque  vous  l'avez  ôtée 
autrefois  i  votre  pere«^  &  qu'il  n'eut  pas  plus 
tôt  fini  ce  difcours ,  qu'il  commanda  à  un  de  (es 
Officiers,  de  le  tuer. 

Aboulfarage  &  £bn  Amid  écrivent  tous  deux 


1 


Èot       Bibliothèque 

dans  la  Vie  de  M oncafTer  ,  que  ce  Khalife ,  ^ûl 
eft  Tonzieme  de  la  race  des  Abbaffides  ,  ayant 
fait  tuer  Motavakkel ,  fonpere,  par  des  Turcs  ^ 
tous  fes  fujets  difoient  unanimement  que  fon 
règne  ne  dureroit  pas  plus  que  celui  de  Siruès 
qui  avoit  tué  le  fien.  Peu  après  qu  il  eut  commis, 
ce  parricide ,  ayant  fait  déployer  devant  lui  fes 
tapifTefies,  on  en  tendit  une  qui  repréfentoit  un 
Prince  à  cheval  avec  la  couronne  en  tête ,  autour 
duquel  il  y  avoir  un  grand  cercle  avec  une  inf- 
cription  en  caraéleres  Perfiens. 

Le  Khalife  ayant  fait  venir  un  Interprète 
Perfien  pour  lui  expliquer  cette  infcription  ,  cet 
homme  ne  l'eut  pas  plus  tôt  lue»  qu'il  changea  de 
couleur  &  lui  dit  que  ce  netoit  qu'une  clianfon 
Perfienne  :  le  Khalife  cependant  roulant  en  fa*- 
voir  le  fens ,  llnterprete  lui  répondit  qu'il  n'y  en 
avoit  aucun  :  mais  tnûn  fe  trouvant  preiTé  &. 
menacé  par  le  Khalife  y  il  lui  expliqua  les  paroles 
Perfiennes,  dont  le  fens  étoit  tel\*  »  Je  fuis 
Schirouieh  ,  fils  de  Chofroès  ,  qui  ai  fait  tuer 
mon  père  ^  &  qui  n*ai  joui  de  fa  couronne  que 
pendant  fix  mois  «. 

Ce  dix-huitieme  frère  de  Siroès ,  qui  échappa 
à  fa  cruauté ,  portoit  le  nom  de  Scheheriar^  le- 

Îuel  demeura  caché  dans  la  ville  d'iftekhar  ou 
^erfépolis,  &  ne  parvint  point  à  la  couronne  de 
Perfe  :  mais  fon  fils ,  nommé  leide^ird  ,  fut  le 
dernier  Roi  de  cette  dynaftie  des  SafTanides  ou 
Chofroès,  qui  finit  Tan  i6  de  l'Hégire ,  &  paffa 
des  Perfans  aux  Arabes  fous  le  Khalifat  d  Omar. 
Siroès  laifla  un  fils  âgé  de  fept  ans ,  nommé 
Ardefchir  ou  Artaxerxe  ,  qui  fut  dépouillé  par 
Scheheriar ,  Général  des  armées  de  Perfe. 

Eba 


O  R  î  l:  N  T  A  L  t.  I09 

Ebn  Bâtrîk  raconte  dans  le  fecend  Tome  de 
fon  Hiftoire,  intitulée  Nadlim  algiauhar  ^  que 
Khofrou  Parviz  ayant  été  détrôné  pourfesmau-* 
vaifes  mœurs ,  après  trente-huit  années  de  règne , 
dont  les  dernières  furent  maiheureufes  ,  ochl- 
rouieh  ,  fon  fils  aine ,  iflu  de  Marie  ,  fille  de 
l'Empereur  Maurice ,  ût  mourir  dix-huit  de  fes 
frères  qui  lui  étoient  contraires  ,  &  que  la  caufe 
de  cptte  divifion  venoit  particulièrement  au  fujet 
de  la  Religion  ,  &  parce  que  Khofrou  Parviz 
avoit  attiré  ï  la  Perfe  tous  les  malheurs  qu'elle 
fonffroit,  en  voulant  venger  la  mort  de  TEmpe* 
renr  Maurice  ,  fon  beau-pere,  que  Phocas  avoit 
fait  mourir. 

Le  même  Auteur  écrit  que  Schirouieh  fut  un 
Prince  fort  jufté ,  &  qu  il  mourut  de  la  pefte  , 
après  huit  mois  de  règne  avec  fon  père  Khofrou 
Parviz ,  qui  avoit  été  dépofé ,  &  il  ne.  fait  aucune 
mention  du  parricide  dont  les  autres  Hiftoriens 
accufent  ce  Prince. 

SCHIRZAD.  Zaïrac  Ben  Schirzad;nom  d*un 
Turc  de  nation ,  qui  fuccéda  à  la  charge  qu  avoit 
Tozun  auprès  du  Khalife  Moftacfi.  Ce  Turc 
gouverna  &  administra  le  Khalifat  û  tyrannique- 
ment ,  qu'il  n'en  put  jouir  que  peu  de  mois^  & 

Ïue  les  Bouides  fe  rendirent  maîtres  de  la  ville  de 
tagdet. 

SCHQAIB  ;  nom  de  celui  qui  eft  appelé  dans 
TEcriture-^Sainte  Jethro  &  Haguel. 

Les  Mufulmam  mettent  Schôaïb  ou  Jethro 
au  nombre  des  Prophètes ,  &  difent  qu'il  fut  en* 
voyé  de  Dieu  au  peuple  de  Midian  ,  c'eft-h-dire 

Tome  V.  O 


Aïo       Bibliothèque 

aux  Madianites  fes  compatriotes ,  pour  les  reti- 
rer de  Tidolâtrie ,  &  pour  leur  prêcher  l'unicë 
de  Dieu. 

Le  Tarikh  Moncekheb  le  fait  fils  de  Mikil  on 
Michaël  qui  étoir  fils  deTaskhir ,  &  ajoute  que 
celui-ci  ëtoit  fils  de  Midian  »  qui  a  donné  (on 
nom  à  cette  nation  des  Arabes  que  nous  appe- 
lons Madianites. 

Il  eft  parlé  de  ce  Prophète  dans  un  chapitre 
4e  TAlcoran  ,  intitulé  Araf^  dans  lequel  il  eft 
ait  qu'il  fit  des  miracles  pour  prouver  fa  mifiion  ^ 
fansquil  foit  parlé  daucun  en  particulier  :. mais 
l'Auteur  du  Livre  intitulé  Aiât  Baherat  ,  les 
Signes  manifejles  ou  les  Miracles  éclat  ans ,  eti 
rapporte  néanmoins  un;  favoir,  que,  Jorfquece 
Prophète  vouloit  monter  fur  le  haut  dune  mon- 
taene  pour  y  faire  fa  prière ,  cette  montagne 
s'aoaiiToit  pour  lui  en  rendre  la  montée  plus 
facile. 

Houlîâïn  Vaêz ,  oui  a  paraphrafé  &  commenté 
le  chapitre  Araf ,  dit  que  ce  Prophète  ne  tra- 
vailla pas  feulement  k  enfeigner  la  Foi  Muful- 
mane  aux  Madianites ,  en  quoi  il  fit  quelques 
progrès ,  mais  qu'il  s'appliqua  auffi  à  leur  faire 
perare  l'habitude  des  vices  qui  régn oient  le  plitt 
parmi  eux.  Us  étoient  tous  la  plupart  grands 
voleurs ,  car  ils  avoient  deux  fortes  de  poids  & 
de  mefures ,  ayant  accoutumé  d'acheter  avec  U 
grande  &  de  vendre  avec  la  petite  :  c'eft  pour- 
quoi il  leur  difoit  fouvent  ;  de  la  part  de  Dieu , 
ce  qui  eft  couché  dans  le  chapitre  qui  a  été  cité 
&  qui  fert  maintenant  de  Loi  aux  Mufulmans  : 
Faaoufou  alkil  v  almi^an  via  tahkhajfou  alnass 

afchiahom  :  »  Ayez  des  mefures  &  MsbalaQoci 


Orientale.  jm 

I    joftes  ^  &  ne  fraudez  perfonne  de  ce  qui  lui 

!    appartient  <(.  T        ' 

Outre  rinjuftîce  que  commettoît  ce  peuple 
^xi&  le  négoce  &  dans  le  commerce ,  il  y  avoit 
parmi  eux  un  grand  nombre  de  Bandouliers  qui 
voloient  fur  les  grands  chemins ,  &  ôtoient  aux 
gens  la  liberté  d  aller  &  venir  pour  vaquer  à  leurs 
affaires ,  &  particulièrement  à  ceux  qui  fréquen-^ 
toient  la  maifon  du  Prophète  pour  être  innruit$ 
de  la  véritable  Religion  ,  &  ils  pouffèrent  fi  avant 
leur  infolence ,  qu'ils  menacèrent  Schôaïb  de  le 
cliâi7<sr  lui  &  fes  difciples  hors  de  leur  pays,  s'ili 
ne  rentroient  tous  dans  la  Loi  ^  ou ,  pour  mieu3C 
dire ,  dans  Timpietë  de  leurs  pères. 

Cette  infolence  outrée  des  Madianîtes  obli-p 

Îea  enfin  la  Jufiice  divine  de  faire  un  exemple 
e  ces  impies ,  &  dentbyer  expreflement  Ga*» 
briel ,  lequel ,  avec  une  voix  tonnante  &  par  un 
cri  effroyable  ,  excita  un  tremblement  de  terre 
ui  les  fit  tous  périr ,  à  la  réferve  de  Schôaïb  fift 
!e  ceux  qui  faifoient  profeffîon  du  Mululma- 
nifme. 

Ce  fut  après  cette  punition  que  Schôaïb  quitta 
le  pays  &  alla  trouver  Moïfe  fon  gendre ,  comme 
il  cft  rapporté  dans  la  Genefe  ,  qui  ne  fait  pas 
cependant  mention  du  châtiment  des  Madianites, 
L'Auteur  du  Lcblarikh  dit  que  ce  fut  fous  le 
règne  de  Manougeher,  Roi  de  Perfe  de  la  pre- 
mière dynaftie ,  que  ce  Prophète,  qui  étoit  de 
la  race  d,'lfmaël ,  rut  envoyé  de  Oi(^u  au  peuple 
de  Midian,  propre  fils  du  même  Ifmâël  ,,&  que 
ce  fut  lui  qui  donna  à  Moïfe  ^  fon  gendre,  la  verge 
avec  laquelle  ilexploita  de  fi  grands  miracles  ;  âc 
rnân ,  que  c«  Schpaïb  ^  qui  porte  le  titre  de  iC/uu 

Oij 


i 


^11  B  I  B  L  I  O  T  H  £*Q  V  E 

€hib  altnhia ,  eft  fe  feul  Prophète  avec  Maho- 
met 5  &  que  les  Arabes  aient  eus ,  qui  ne  ipnc 
point  de  la  race  de' Jacob.  ,  . 

Les  Mufulmans  donnent  le  titre  de  Khqthib 
nlenbia^  qui  fîgnifie  le  Prédicateur  dfis  Pro- 
phètes ,  à  Jethro ,  k  caufe  des  inftruélions  qu^il 
donna  à  Moïfe  &  à  Aaron ,  &  cela  eft  fondé  fur 
ce  que  TEcriture-Sainte  dit  que  Jethro.  donna 
à  Moïfe  des  aviijjour  bien  gouverner  les  Uraé* 
Jites ,  &  que  ce  Prophète  les  fuivit. 

SCHOADA;  les  Martyrs.  Ceft  le  pluriel 
Arabe  de  Schehïd. 

Les  Mahométans  donnent  le  nom  de  Schehiâ 
pu  Martyr  ^  non  feulement  à  ceux  qui  ont  perdu 
ia  vie  pour  la  défenfe  des  vérités  prétendues  que 
le  Mufulmanifme  enfeigne ,  mais  encore  à  ceux 
qui.  ont  été  tués  ,  ou  qui  font  morts  dans  les 
£uerres  que  les.  Mufulmans  (ont  obligés  de  faire 
a  tous  ceux  qu  ils  appellent  Infidèles. 

Tarikh  Al  Schohada  ;  TEre  ou  TEpoque  des 
Martyrs.  C'eft  ainfi  que  les  Chrétiens  Orien- 
taux »  &  particulièrement  lés  Cophtes ,  appellent 
d^ans  leur  Calendrier  ce  que  les  Latins  ont  nommé 
XEre  de  Dioclétien ,  à  caufe  qu  elle  commence 
la  dix-neuf  ou  vingtième  année  de  Dioclétien , 
dans  laquelle  cet  Empereur  fit  mourir,  dans  la 
feule  Egypte ,  quarante-quatre  mille  Chrétiens , 
&  en  contraignit  un  nombre  infini  de  fuir  &  de 
fe  retirer  dans  les  déferts  de  TAfie  &  de  l'Afrique. 

Les  plus  exads  Chronologiftes  néanmoins 
fixent  le  commencement  de  TEre  des  Martyrs 
dans  la  première  année  du  règne  de  Dioclétien  > 
qui  eft  la  ^S^  de  J.  C.  ,  dans  laquelle  TEmpe- 


f 
I 


Orientale.  sij 

îtur  Carus  mourut,  &  Numerien  ,  fon  fils  ^ 
fot  tuë. 

SCHOOUBIAH  ;  nom  d'une  SecSe  qui  s'eft 
élevée  dans  le  Mufulmanifme.  La  créance  que 
ceux  de  cette  Secfte  profeiTent ,  eft  que  Ton  ne 
doit  point  préférer  les  Sunnites  aux  Schiites  ou 
Rafadhites  ;  c  eft-à-dire  les  Orthodoxes  aux  Hé- 
térodoxes ,  &  ils  regardent  les  uns  &  les  autres  éga- 
lementpourdesbonsMufulmans.  Cependant  ils  ne 
font  confîdérés  par  les  Schiites,  que  pour  des  Gen* 
tils  ou  Païens,  iuivant  lafignifieation  de  leur  nom. 

Il  y  a  plufieurs  Mufulmans  qui  font  ptofeAion 
de  cette  Seéle ,  mais  fecrétement. 

SEBEKTEGHIN;  nom  turc  d'un  Perfon- 
nage  qui  portoit  encore  le  nom  Mufulman  de 
Naffêreddin  :  il  étoit  Turc  de  nation  ,  ou  du 
nombre  des  EfcUves  d'Alpteghin,  Général  dei 
années  du  Sultan  Nouh  le  Samanide ,  &  Gou- 
verneur pour  lui  dans  la  province  de  Gaznali. 
•  Alpreghin  trouva  tant  de  belles  qualités  iians 
Sebekteghin  fon  efclave ,  qu*après  Tavoir  affran- 
chi ,  il  l'avança  dans  les  premières  charges  de  la 
miliee,  &  découvrant  en^fa  perfoime  de  jour  en 
jour  de  plus  grands  talent  ,  &  n'ayant  point  den-' 
fans  ,  il  le  fit  héritier  de  tous  fes  grands  biens. 

Sebekteghin  ,  après  la  mort  de  fon  Mnîtr€> 
qui  arriva  Tan  de  l'Hégire  365  ,  n  entra  pas  feu- 
ment  en  poffê/îîon  de  fes  grands  biens,  mais  s'em- 
para encore  de  fa  charge,  que  le  Sultan  Nf)uh  lui 
confirma  ,  &  tous  .les  Grands  de  la  province  de 
Gaznah  le  reconnurent  pour  leur  Chef,  &  poug 
le  très-digne  fucceffeur  d'Alpteghin. 


?, 


it4         fiiBLlÔTHCQtJt 

Il  s'acquitta  /i  bien  de  cette  charge ,  en  faisant 
pratiquer  une  difcipline  très-exaéle  à  fes  troupes  ^ 
ue    les  peuples  demeurèrent   très-contens   de 
on  gouvernement;  &  il  gagna  tellement  le  cœuir 
des  Officiers  par  fa  libéralité)  qu'il  fe  rendit  en 
peu  de  temps  abfolu  dans  tous  les  £tats  du  Su!-* 
tan.  Il  força  même  par  fa  valeur  plusieurs  places 
qui  refufoient  de  le  reconnoitre ,  &  ayant  ainfi 
pacifié  les  provinces ,  il  porta  fes  armes  dans  l'In- 
doftan,  Tan  367  de  l'Hcgire,  &  fît  la  guerre  k 
plufieurs  Raïas  ou  Prindes  des  Indes,  qu*il  con- 
traignit d  embraifer  le  Mufulmanifme  ,  &   de 
changer  leurs  temples  en  mofqùées ,  après  quoi 
il  retourna  triompnant  dans  la  ville  de  Gaznab« 
Ces  viéïoires,  qu'il  remporta  dans  les  Indes, 
lui  acquirent  un  û  grand  nom  ,  que  le  Sultan 
Npuh ,  fils  de  Manfor ,  le  laiïToit  agir  par-tout 
en  Souverain ,  &  l'appela  enfin  à  fon  ùcours , 

{plutôt  comme  Allié  que  comme  fujet ,  contre 
e  Roi  de  Turqrueflan ,  qui  menaçoit  les  provinces 
£  tuées  au  delà  du  Gihon ,  qui  étoient  du  domaine 
des  Samanides ,  &  faifoit  même  des  courfes  ju£« 
que  dans  le  Khorafari. 

Sebekteghin  rendit  de  fort  bonne  grâce  ce  kr-* 
tlce  au  Sultan  ;  car  il  employa  toutes  fes  forces 
contre  les  Turcs ,  qu'il  rompit  en  plusieurs  ren^ 
contres ,  &  les  obligea , après  plufieurs  combats^ 
de  fe  retirer  avec  beaucoup  de  honte  &  de  perte 
dans  leur  propre  pays  :  &  ce  fut  après  cette 
grande  expédition  ,  que  Sebekteghin  étant  venu 
dans  la  ville  de  6alkhe  pour  fe  dëlailèr  de  fes 
grands  travaux  &  prendre  quelque  repos  |  y 
trouva  la  fin  de  fa  vie ,  l'an  j  87  de  l'Hégire. 
L'Auceur  du  Giaiâé  alhekaïàt  rapporte  que 


O  IL  ï  Ê  N  T  A  t  «.  iJf 

ll^mir  Naflereddin  Sebekteghin  dormant  pen-* 
dant  le  jour  fur  foa  eftrade  ,  vit  en  fonge ,  dès 
Tan  361  de  THégire,  un  arbre  qui  fortoit  de  fort 
foyer  -^  qui ,  félon  la  coutume  du  pays  ',  était  au 
xnilieu  de  la  chambre  :  cet  arbre  croiiTânt  & 
s'ëievant  infenfîblement ,  étendit  fes  branches  par 
toute  la  chambre  )  &  les  pouffant  au  travers  des 
fenêtres ,  en  couvrit  enfin  entièrement  toute  la 
maifon^ 

Sebekteghin  étant  réveillé ,  rcpaflbit  dans  foif 
efprit  ce  fonge  qui  rinquiétoit ,  lorfqu  on  lui  ap<- 
porta  la  nouvelle  de  la  nai^ance  d'un  âls;  &  cette 
nouvelle  lui  donna  tant  de  joie ,  qu'il  s'écria  s 
Mahmoud  alibdda  Majfoud  alintiha,  »  Glo- 
rieux commencement  qui  fera  couronné  d'une 
heureufe  fin  «. 

Ces  deux  mots  ,  Mahmoud  &  Majfoud  ,  qui 
Signifient  en  Arabe  Louable  &  Fortuné ^  GJo'^ 
rieux  &  Heureux^  furent  les  noms  que  fes  en- 
.  fans  portèrent. 

Un  Poëte  Perfien  dit  fur  la  mort  de  Sebekte- 
ghin y  faifant  réflexton  fur  le  fuccefTeur  qu'il  laif- 
loit  après  lui  :  'P  Lorfque  vous  êtes  arrivé  au  bouc 
du  portique  )  &.  que  vous  penfez  y  prendre  quel^ 
que  repos  ,  vous  trouvez  un  arc  de  triomphe 

3ui  vous  dit  :  Levez*-vous ,  &  venez  me  confr-» 
érer  <(.  Le  Poète  entend  par  ce  portique  au 
galerie  ,  la  vie  &  les  grandes  actions  de  Sebek'* 
teghin  \  fie  par  l'arc  de  triomphe ,  les  guerres  & 
les  viâoires  de  Mahmoud  fon  fils. 

Les  paroles  que  Sebekteghin  prononça ,  firent 
que  l'on  donna  k  l'enfant  qui  venoit  de  naître  le 
nom  de  Mahmoud ,  &  que  le  fils  du  même  Mah- 
moud fut  dans  la  fuite  nommé  Majfoud. 

Oiv 


^l6  BlBLIi^THEQUE 

Mahmoud  fut  ce  grand  Prince  qui  fonda  là, 
dynxiftie  ou  1  Empire  des  Gaznevides ,  &  Ion 
peut  dire  de  lui  &  de  Maifôud  fon  fils  qui  lui 
luccéda ,  que  ces  deux  Sultans  ,  félon  la  fignifi- 
cation  du  fonge  de  leur  père ,  couvrirent  de  l'om- 
bre de  leur  puiflànce  &.  rnirent  fous  leur  protec- 
tion la  plus  grande  partie  des  peuples  de  TAfie. 

Le  Poète  Fcrdoufli  y  parlant  du  grand  Monar- 
que Mahmoud  fils  de  Sebekteghin ,  dit  que  la 
juftice  de  ce  Prince  a  fait  en  forte  que  le  loup  & 
'  l'agneau  venoient  s  abreuver  enfemble  dans  fes 
Etats ,  &  que  Ton  y  voyoit  avec  admiration  que 
les  enfans  qui  ëtoient  ericore  à  la  mamelle 
n'avoient  pas  plus  tôt  fucé  le  lait  de  leur  mère  , 
qu'ils  oavroient  la  bouche  pour  prononcer  le 
nom  de  Mahmoud, 

11  faut  remarquer  dans  ces  vers ,  que  ce  que  le 
Poète  dit*  du  loup  &  de  Tagneau  eft  pris  de  ce 
que  les  Prophètes  ont  prédit  du  temps  &  du 
règne  du  Meflîe ,  &  que  le  nom  de  Mahmoud 
que  Ig%  enfans  prononçoient  ,  fignifie  auffi  en 
Arabe,  qu'ils  étoient  fatisfaits  &  contens  après 
avoir  pris  le  lait  de  leur  mère, 

SEBGAH ,  Teinture  ;  Sebgatallah  ,  la  Tein- 
ture de  Dieu.  C'eft  ainfi  que  Mahomet  appelle 
le  baptême  des  Chrétiens  dans  fon  Alcoran,  & 
cela ,  parce  qiie  de  fon  temps  les  Chrétiens  bap-^ 
tifoient  leurs  enfans  par  intinéîion ,  &  non  par 
afperfion  ,  comme  on  le  pratique  aujourd'hui  ^ 
c'eft-â-dire  en  les  plongeant  dans  l'eau  jufque 
par-de/Tus  la  tête ,  co  qui  a  du  rapport  à  la  ma-* 
»iere  dont  on  fe  fert  pour  teindre  les  ëtoiFes. 

Le  même  Mahomet  ne  pouvant  fouffrir  le 


Orientale.  ai/ 

reprocîie  que  les  Chrétiens  lui  faifoienc  fur  ce 
qu'il  avoir  abrogé  le  baptême  ,  quoiqu'il  portât 
dailieurs  un  grand  refpecfl  en  apparence  à  tout 
ce  que  les  anciens  Chrétiens  pratiquoienc ,  fe  fait 
faire  lui-même  cette  objeélion  parles  Chrétiens , 
&.  leur  répond  que  la  véritable  teinture  de  Dieu, 
ccft-à-dire  le  véritable  baptême,  n'eft  autre  que 
la  grâce  qu'il  fait  aux  Mufulmans  ou  à  fes  Fi- 
dèles en  leur  donnant  la  Foi. 

Il  faut  remarquer  cependant  que  les  Arabes 
appellent  en  leur  langue  le  Baptême  des  Chré* 
tiens  Al  Mâmoudian  ,  &  que  les  Turcs  &  les 
Perfans  le  nomment  Mavtous  &  Vaftis ,  mots 
corrompus  du  Grec,         • 

SEBTH.  Ce  mot  Arabe,  qui  eft  tiré  de  l'Hé- 
breu Schebdth ,  iîgnifie  proprement  une  Tribu  du 
Peuple  Juif ,  de  même  que  Cabilah  fignifie  une 
Tribu  des  Arabes  :  car  ceux-ci  prétendent  que 
les  enfans  d'Ifmaël  furent  les  Patriarches  &  Au- 
teurs de  leurs  Tribus ,  4e  même  que  les  enfans 
de  Jacob  l'ont  été  de  celles  des  Juifs. 
.  Aboulasbath  ;  le  Père  des  Tribus.  C'eft  le  titre 
ou  furnoin  que  les  Mufulmans  donnent  au  Pa- 
triarche Jacob  ;  &  lorfqu'ils  parlent  du  Peuple 
Juif,  captif  dans  l'Egypte  ou  errant  dans  Je  dé- 
fère ,  ils  l'appellent  ordinairement  du  nom  èiAs^ 
bath ,  qui  eft  le  pluriel  de  Stbth. 

SEBTI  ;  furnom  d'un  Jofeph  Ben  lahia  Bea 
Ishak  A^  Mogrebi  Al  Sebti ,  Médecin  Juif,  na- 
tif de  la  ville  de  Sebtah  ou  Ceuta  ,  qui  mourut 
Tan  (J13  de  l'Hérire.  Ce  toit  un  très- grand  Phi- 
lofophe  y  lequel  val  obligé  de  quitter  TEfpagne^ 


1 


il8  BllLIOttiEQUE 

à  caufe  de  la  violence  que  Ton  faifoit  alors  k  cevoÉ 
Ae^  fa  Religion ,  pour  leur  faire  embrafler  le  Mu-f 
fulmanifme.  Il  vint  en  Egypte  &  pafia  de  là 
en  Âlep  ,  où  il  fut  Médecin  du  Sultan  Al 
Dhaher. 

L'on  rapporte  de  lui ,  qu'ayant  promis  à  un 
Cadhi ,  nomme  Ahram ,  qui  e'toit  de  fes  plus  in- 
times amis ,  de  le  venir  vifiter  après  fa  mort ,  & 
ayant  tiré  de  fon  ami  une  promefife  réciproque 
de  fa  part ,  il  fut  deux  ans ,  après  fa  mort,  fans  le 
vifiter  ;  mais  au  bout  de  ce  temps-là  te  Cadhi  le  vit 
en  fonge  pendant  la  nuit ,  &  lui  reprocha  d'avoir 
manqué  à  fa  parole  ;  fur  quoi  le  Juif  le  prit  par 
la  main  &  là  lui  preffa  ,  en  difant  :  »  Ce  qui 
étoit  univerfel  s'eft  réuni  à  l'univerfel ,  &  ce  qui 
croit  particulier  cft  demeure  avec  le  particulier  «  : 
façon  de  parler  philofoghique  ,  par  laquelle  il 
vouloit  lui  marquer  letat  des  âmes  après  la  mort 7 
mais  il  y  a  grande  apparence  que  ce  fonge  n'étoic 
qu'une  expreffion  ou  imagination  fondée  fur  \ç 
feniiment  &  l'opinion  particulière  de  ce  Cadhi. 

.  SECLAB  ;  nom  du  fécond  fils  de  Japhet  y 
lequel  s'appliqua,  plus  que  fes  ijiutres  frères,  à 
bâtjr  des  maifons  &  àe$  villes ,  à  caufe  du  grand 
nombre  de  fes  enfans. 

Les  defcendans  de  Seclab  s'étant  beaucoup  muU 
tipliés,  demandèrent  aux  enfans  de  Rous,  qui  font 
lesRufles  ou  Ruffiens,  des  terres  poury  habiter;  & 
ceux-ci  les  leur  ayant  refufées ,  ils  s'adreiTerent  à 
ceux  de  Khozar  &  de  Gomarî^  qui  leur  firent  le 
même  refus  ,  de  forte  qu'ils  furent  obligés  d'jr 
entrer  par  force  i  mais  enfin  tous  leurs  voifîns 
l'étant  bandés  &  ligués  contre  eux,  &  fe  voyant 


f 


O  R  I  £  N  t  A  L  E.  ii9 

cba/n^s  de  tous  côtés,  i)s  furent  contraints  daller 
habiter  dans  un  pays  fort  froid ,  au  delà  du  fep- 
tieme  climat. 

Mirkhond ,  qui  parle  de  ces  peuples  dans  la 
Généalogie  de  Ginghizkhan  ,  dit  que  les  Secla- 
bes  habitent  encore  aujourd'hui  dans  les  pays 
Hyper  borée  ns,  où  ils  font  obligés  de  fe  retirer 
fous  terre  pendant  la  rigueur  de  1  hiver.  Ces 
peuples  font  apparemment  ceux  que  nous  appe* 
Ions  aujourd'hui  les  Samojedes  &  les  Lapons. 

Le  même  Auteur  dit  que  Seclab  eut  un  fils, 
dont  la  mère  mourut  en  accouchant  de  lui  ;  en 
forte  que  Ton  fut  obligé  de  le  nourrir  du  lait 
â*une  levrette ,  &  que  cette  nourriture  fit  que 
cet  enfant  étant  parvenu  à  un  âge  plus  avancé, 
fautoit  &  couroit  avec  une  légèreté  &  une  vîteiTe 
merveilleufes ,  qualités  qui  demeurèrent  particu- 
lières à  toute  fa  lignée. 

SECLABI.  Les  Hiftoriens  Orientaux  nom- 
ment ainfi  un  Efclavon  qui  a  pris  naiffance  ,  non 
pas  dans  ces  pays  du  Nord  dont  Ton  vient  de 
parler  dans  le  titre  précédent ,  mais  dan.s  celui 
que  nous  appelons  aujourd'hui  VEfclavonie  &  la 
Bulgarie  ,  qui  font  la  Méfie  des  Anciens,  &  ils 
étendent  même  ce  nom  jufqu'à  la  Thraçe  &  aux 
pays  les  plusfeptentrionaux  de  la  Grèce.  Ceftce 
qui  fait  qu'ils  appellent  dans  leurs  Hiftoires  l'Empe- 
reur Bafile  le  Macédonien ,  Bafilious  Al  SeclabL 

Les  Turcs  appellent  aujourd'hui  les  Efclavons 
qui  ont  envahi  des  terres  de  la  Pannonie  entre 
les  fleuves  du  Drave  &  de  la  Save ,  Bofchnak , 
à  caufe  de  la  Boffine  ou  Bofnie  qui  y  eft  corn- 
j>rife}  £i  quelquefois  siuûArnaut,  qui  eil  néan* 


220       Bibliothèque 

moins  le   nom    particulier  qu'ils   donnent  aux 
Albanois. 

On  appelle  aujourd'hui  en  Hongrie  Rafciens , 
les  Peuples  de  rÉfclavonie  &  de  la  Servie  ;  naais 

Îour  cette  dernière  province ,  les  Turcs  l'appel- 
ent  en  particulier  Sirf  Vilaïeti. 

SEDD  ALARAB  ;  la  Levée  des  Arabes. 
Cette  levée  étoit  dans  le  pays  de  Hadharmouth  ^ 
.  c'eft-k-dire  dans  TAdramyttene ,  petite  province 
de  riémen  ou  Arabie  Heureufe  :  eHe  fut  faite 
anciennement  par  les  Arabes  avant  leur  difper- 
fion  ,  entre  la  ville  de  Hadarmout  &  celle  de 
Saba  ,  pour  féparer  ce  canton ,  qui  eft  le  plus 
beau  de  l'Arabie ,  d'avec  fes  voifins  qui  y  fai- 
foient  fouvent  des  courfes.  Il  en  eft  fait  fouveni 
mention  dans  THiftoire  des  guerres  d^s  Arabes 
avant  le  Mahométifme» 

Il  y  a  une  autre  ligne  en  Arabie  ,  que  Maho- 
met fit  faire  pour  feparer  le  terroir  de  Médine 
de  celui  de  la  Mecque ,  incontinent  après  fa  fuirez 
mais  cette  ligne  de  féppration  n*eft  pas  ordinaire* 
ment  appelée  du  nom  de  Sedd  ^  mais  de  celui  de 
Khandak  ,  qui  ûgniûç  Jbjfé  ou  tranchée  ,  &  ce 
fut  là  que  fe  donna  un  grand  combat  entre 
Mahomet  &  les  Médinois  d'un  côté,  &  les  Co- 
raïfchites  &  les  Juifs  de  l'autre ,  dans  la  cinquième 
année  de  THégire, 

^SEDD  lAGIOUG^  V  MAGÏOUG';  la  le- 
vée ,  le  rempart  ou  le  mur  de  Goç  &  de  Ma- 
gog.  C'eft  cet  ouvrage  tant  vanté  dans  les  Hif- 
loires  de  TOnent  ,  dont  la  coniciuétion  eft 
Attribuée  à  £ska.nder  ou  Ale^a^dre ,  noa  pas  ï     ^ 


r 


O  R  I  £  N  T  A  L  i;  JJt 

Alexandre ,  fils  de  Philippe  ,  que  nous  appelons 
îe  Grand ,  mais  à  un  autre  que  les  Orientaux 
furnomment  Dhoul  Carneïn^  qui  eft  beaucoup 
plus  ancien  que  le  Macédonien  ,  &  que  les  Per- 
fans  croient  avoir  été  le  même  que  .Giamfchid , 
quatrième  Roi  de  la  première  dynaftic. 

Ce  mur  de  Gog  oc  Magog  fut  bâti  par  qc 
Prince,  que  les  mêmes  Perlans  cf oient  avoir  été 
Monarque  de  toute  la  terre  habitable  ,  pour  ref- 
ferrcr  les  nations  Hyperboréennes  au  delà  du 
Caucafe ,  cntrt  le  Pont-Euxin  &  la  mer  Caf-  ' 
pienne  ,  &  pour  les  ^empêcher  de  faire  des  in- 
cursions dans  le  milieu  de  TAfie. 

L'on  dit  auffi  que  Noufchirvan  fit  continuer 
ou  rép^irer  ce  grand  ouvrage ,  comme  l'on  peut 
voir  dans  fon  titre  particulier. 

Quelques  Hiftoriens  de  l'Orient  reculent  cette 
muraille  de  Gog  &  de  Magog  au  delà  de  la  mer 
Cafpienne  en  tirant  vers  Torient ,  de  forte  que 
Ton  pourroir  croire  que  c'eft  la  même  qui  fépare 
la  Chine  d'avec  les  Mogols  &  Tartares.  ,    ^ 

SEDOUM  &  SEDOUMAH.  C  eft  aî'nîS 
que  les  Arabes  appellent  la  ville  de  Sodçme  ea 
Judée,  dont  le  peuple  eft  ordinairement  nommé 
par  les  Mufulmans  Caoum  Louth ,  h  Peuple  dç 
Loth  ,  parce  que  ce  Prophète  ,  fuivant  eux  , 
leur  fut  envoyé  de  la  part  de  Dieu  ,  pour  les 
convertir  à  la  Foi  &  les  détourner  du  crime , 
que  les  mêmes  Mufulmans  appellent  Fâai  Cabihj 
la  vilaine  aéiion. 

Cette  ville  &les  quatre  autres  qui  étoient  dans 
fon  voifinage ,  font  appelées  par  les  Mufulmans 
Al  Motaficdt  ^  les  Villes  renver/eej  ,  à  câufe 


111  B  I  BLIOTHEQUE 

2ue  l'Ange  Gabriel ,  envoyé  exprefTëment  de 
)ieu  pour  punir  leur  crime ,  les  renverfa  avec 
tous  leurs  habicans  fens  deiTus  defTous  ,  &.  les  ût 
ainû  périr  tous. 

SEFAT  ALLAH  ;  les  Attributs  de  Dieu.  II 
y  a  parmi  les  Mufulmans  plusieurs  Seules  qui 
ont  aes  fentîmens  bien  différens  fur  les  attributs 
de  Dieu  ^  &  il  y  en  a  une  particulière  qui  porte 
le  nom  à* Al  Stfatioun  ,  comme  qui  diroit  les 
Attributaires  ^  qui  diftinguenries  attributs  d'avec 
l'eflence  divine  ,  .&  parmi  ceux-ci  il  y  en  a 
même  qui  lui  donnent  un  corps  ;  &  ce  font 
ceux-là  que  les  mêmes  Mufulmans  appellent 
Magiajfemioun. 

Ceux  qui  paflent  pour  s'éloigner  davantage  du 
fentiment  des  Chrétiens ,  rejettent  toute  forte 
d'attributs,  tant  les  Nationaux ,  qui  font  les  Per- 
,  fonnes  divines ,  que  les  effenliels ,  &  qui  foutien* 
Ment  que  Dieu  neft  point  jufte  par  fa  juftice, 
ni  favant  par  fa  fcience ,  mais  par  fa  pure  &  fim- 
ple  eflence  ,  contre  le  fentiment  de  plwfieurs 
autres  qui  diflinguent  formellement  ,  comme 
font  les  Scotiltes  parmi  nous ,  les  mêmes  attri- 
buts entre  eux  ,  &  qui  difent  que  Dieu  eft  jufte 
Î>arfa  juftice,  favant  par  fa  fcience,  vivaru  par 
a  vie ,  &  non  pas  par  fon  eflence. 

Toute  la  Théologie  Scholaftique  des  MufuU 
xnans ,  que  Ton  appelle  parmi  eux  Elm  alkelam , 
eft  pleine  de  ces  difputes  ;  Ton  en  peut  voir  des 
échantillons  en  cet  Ouvrage  dans  les  titres  des 
Afcha riens,  des  Kéramiens ,  des  Nodhamiens  & 
dei  Motazales. 


£ 


Orientale.  22} 

SEGELMESSAH  ;  ville  du  pays  que  les  Arabes 
appellent  Ma^reb  Al  Akf a  ^V extrémité  de  VAfrU 

?me  ou  àe  L'Occident.  C'cft  ce  que  nous  appelons 
a  Mauritanie  :  elle  eft  fitue'e  dans  le  lecond 
climat,  fous  le  37^  degré  de  longitude,  &  31  de- 
grés 30  minutes  de  latitude  feptentrionale. 

Cette  ville  fepare  lepays<desMagrebins,c'eft- 
kr*dire  des  Arabes  d'Afrique  d'avec  celui  des  Ne- 
«es ,  que  les  mêmes  Arabes  appellent  Al  Mou^ 
dan  :  elle  a  une  fort  grande  rivière  qui  pafle  le 
long  de  fes  murailles ,  &  qui  prend  fa  fource  dans 
les  montagnes  qui  la  couvrent  du  côté  du  le- 
vant &  du  midi  ;  &  plu(ieur$  ruiifeaux  ,  fur  le 
bord  defquels  il  y  a  plufîeurs  jardins ,  que  l'on 
•  trouve  en  fortant  de  les  portes. 

Le  Géographe  Perfien  écrit  que  la  ville  de 
Segelmeffe  a  huit  portes ,  au  fortir  defquelles  il 
y  a  des  promenades  très-agréables  &  un  terroir 
abondant  en  toutes  fortes  fie  fruits ,  ce  qui  eft 
fort  Tirt  dans  tout  le  refte  du  pays ,  qui  eft  fur 
les  confins  du  défert  que  les  Arabes  appellent 
Mabdra  ^  &  que  c'eft  de  cette  ville  que  les  Nègres 
tirent  les  feuls  fruits  qu'ils  aient. 

L'on  compte  ,  depuis  Segelmeflè  jufqu'aux 
villes  de  Tekrodr  fit  de  Selah  ,"  fituées  fur  le 
fleuve  Niger ,  quarante  journées  de  chemin  ^  & 
autant  juiqu'à  l'ifle  nommée  Ulil^  qui  eft  proche 
de  l'embouchure  du  même  fleuve ,  &  Ton  ne 
peut  faire  ce  trajet  qu  en  portant  fa  provifion 
d'eau  ;  car  l'on  n'en  trouve  point  dans  tout  le 
Sahara. 

Ce  fut  la  ville  de  SegelmeiTe  que  les  Mara«^ 
bouts  ou  Al  Moravides  eurent  pour  le  premier 
ûége  de  leur  Dynaftie  ou  Empire  l  qu'ils  éten- 


1 


a24         B^IBLIOTHEQOE 

dirent  depuis  ce  lieu-la  jufque  fur  lea  bords  cfe 
Jamer  Atlantique,  &  enfuite  du  côte  de  laMé- 
diterrarie'e  ,  &  bien  avant  dans  rEfpagrïe. 

Là  puiflance  des  Faihimites ,  qui  régnèrent 
dans  toute  TAfrique  Occidentale  ,  &  qui  fondè- 
rent le  Khalifat  d'Egypte  ,  prit  (es  commence- 
mens  dans  la  même  ville  y  car  ce  fut  dans  Se- 
gelmefle  qu'Obeïdallah  fut  premièrement  reconnu 
pour  Je  Mahadi  ou  Mehedi ,  c'eft-à-dire  le  Cbef 
fouverain  &  le  Direéleur  général  de  tous  les 
Mufulmans. 

SEGESTAN  &  SIGISTAN  ;  nom  d'un  pays 
qui  a  la  province  de  Khorafan  à  fon  occident ,  le 
Makran  à  fon  orient  ,  le  défert  de  Fars  à  fon 
midi ,  &  les  Indes  au  feptentrion  :  fon  terroir  eft 
fort  uni ,  &  porte  beaucoup  de  palmiers  ;  maïs 
il  eft  fi  expofé  aux  vents ,  que  les  fables  couvrent 
des  maifons  &  des  villages. 

Les  mines  d  or  du  pays  de  Segeftan  font  fi 
abondantes,  que,  fi  Ton  en  veut  croire  ce  que 
les  Hiftoriens  difent  dans  la  vie  de  Mahmoud 
fils  de  Sebekteghin ,  Tor  y  fort  de  terre  &  pou£e 
des  branches ,  comme  s'il  étoit  végétal. 

Les  principales  villes  de  ce  pays  font  Boft, 
Corfiat  &  Zereng*,  qui  ont  porté  de  grands 
Hommes  dans. la  Littérature  ;  car  le  Poëte  fiofh 
y  étoit  né  ;  &  plufieurs  perfonaages  ,  qui  font 
furnommés  Seg\i  &  Segejiani ,  en  font  fortis. 

Le  pays  de  Segeftan  ,  que  Ton.  appelle  auffi 
Sijian  &  Nimrou!(  ,  c eft -à -dire  le  pays  du 
Midi^  a  été  autrefois  habité  par  plufieurs  Rois  de 
Perfe  de  la  première  dynaftie  des  "Pifchdadiens , 
comme  de  Giamfchid ,  avant  qu'il  eut  bâti  la  villt 

d'Eftekhar  ^ 


O  E   I  E  N  T  A  li  E*  U2$ 

d'Eftekhar  ,  de  Manugeher  &  de  Naudhen 
Le  Géographe  Perfien  place  le  pays  de  Segef- 
tan  entre  le  Thokhareftan  ;  le  Khorafan  &  le 
Sind ,  qui  eft  la  partie  des  Indes  au  deçà  du  fleuve 
Indus ,  &  lui  donne  encore  à  fon  orient  le  pays 
de  Gour,  &  au  delà  de  Gour  celui  de  Raver. 

C'eft  aufÏÏ  dans  le  même  pays  que  Roftam , 
ce  grand  Héros  de  k  Perfe  ,  faifoic  fon  féjour 
ordinaire  j  car  il  le  t^oic  en  apanage  des  Rois 
dç  Perfe ,  &  il  n'en  fortoit  que  pour  marcher  à 
la  tête  des  armées  contre  Afrafiab  &  les  Turcs , 
leurs  ennemis. 

HoufTaïn  Schah  fut  dépouillé  de  cet  Etat» 
dont  il  s'étoit  emparé,  par  Khalil  Hindougheh> 
Général  des  armées  de  Mirza  Aboul  Caifem  Ba- 
bor  ;  car  Tamerlan ,  fon  aïeul ,  s  ecoic  ret>^u  mai^ 
trc  de  cet  Etat,  &  en  avoir  entiérenient^ruiné 
.la  ville  capitale ,  à  laquelle  Ahmed  Arabfchah 
doi^ne  aufïî  le  même  nom  Ad^SegeJian. 

SEGIADAH  eu  SEGIADEH.  Ce  mot  Ara- 
be, qui  fignifie  la  même  chofe  ique  Sogioud^ 
c  eft-à-dire  l'adoration  que  Ton  doit  à  Dieu  , , 
figniâe  auflî  ~en  particulier  un  petit  tapis  ou  riatte 
de  joncs,  que  les  Mufulmans  portent  toujours 
avec  eux ,  pour's'en  fervir  en  fojfme  d'agenouiU 
loir  pour  faire  les  cinq  prières,  auxquelles  ils  font 
obligés  de  fatisfaire  chaque  jour  ,  fçlon  leur  Loi. 

Sâdi  dit ,  dans  la  préface  de  fon  Boflan ,  que 
Dieu  a  étendu  la  terre  fur  les  eaux ,  comme  un 
tapis ,  pour  fervir  aux  gens  de  bien  de  Segiadeh , 
pouf  y  faire  leurs  adorations,  c'eft-à-dire,  que 
toute  la  terre  ,  que  les  MufuIUfians  croient  être  , 
fufpendue  fur  les  eaux  ^  auffi  bien  que  le  trône  de 

Tom  Y.  P 


xt6       Bibliothèque 

Dieu ,  doit  fervir  aux  gens  (|e  bien ,  d*objet ,  de 
fujet  &  de  lieu  propre  puur  ladorer  &  pour  le 
prier,  ~ 

SEHELAN  ;  nom  d'un  Monarque  du  Gin-- 
niftan ,  qui  eft  le  pays  fabuleux  des  Ginns  ,  des 
Dives  &  des  Péris ,  auprès  duquel  Caherman , 
furnommé  Catel^  c'eft-à-^re  le  Conquérant  ^àe* 
xneura  long  -  temps  &  4fonna  une  infinité  de 

{)reuves  de  fa  valeur ,  comme  il  eft  décrit  fort  au 
ong  d^ns  le  Caherynan  Nameh. 

L'on  dit  en  Orient ,  être  tranfporté  en  Gi»- 
nîftan  ,  pour  exprimer  ce  que.  nous  dirions  en 
François  être  porté  en  Féerie  ,  comme  par- 
lent nos  anciensilomans;  car  toutes  les  fiéiions 
&  rêveries  qui  -le  trouvent  dans  ces  Ouvrages , 
font  prifes.,  comme  on  Ta  déjà  remarqué,  des 
*^omans  &  Hiftoires  fabuleufes  des  Orientaux. 


SEHELAN  ou  SEHILAN;  Ebn  Sehilan. 
C'eft  le  nom  d*un  Vifîr  de  Solthan  aldoulai , 
Prince  de  la  famille  ou  dynaftie  des  Bouides ,  qui 
jeta  les  femences  d'une  grande  divifion  entre  lui 
&  fon  frère  Mofchrefaldoulat. 

SEHR  ou  SIHR.  Ce  mot  fignifie  en  Arabe 

la  Magie.  Il  y  a  parmi  les  Orientaux  plufieurs 

Livres  qui  traitent  de  cet  Art  pernicieux  &  dé.- 

fendu ,  tels  que  font  Idhah  albefathin ,  Boghiat 

'  alfaffed  v  mathlab  alcajfed  âla  tharik  Ibram ,  & 

•plufieurs  autres,  dont  le  plus  dangereux  eft  celuiqui 

.  porte  le  titre  à  Ejiigdab  aluns  alarouah  alginn 

V  alfcheiathin^  l'Art  de  faire  fervir  les  Hommes^ 

les  Efprits  oit  Anges  )  les  Follets  &  les  Dé- 


Oriental  K.  <        22J 

mons  à  ce  que  Von  veut.  Il  y  a  auilî  la  Magie  des 
Nabarhëens  &  des  Indiens ,  &c. 

SEID.  Ce  mat  Arabe  ,  qui'  fîgnifîe  propre- 
ment Seigneur,  eft  devenu  le  titre  des  Chefs  de 
famille  de  la  poftërité  d'Ali. 

SEID  AL  HAIV^ADANl  j  titre  que  çor- 
toit  Alaaldoulat,  Prince  de  la  famille  de  ria- 
madan. 

SEID  ALTHAIFAT  ;  le  Seigneur  ou  le 
Prince  de  la  Nation»  C'eft  le  titre  qui  a  été  donne 
à  Gioneïd ,  qui  paffe  pour  le  plus  grand  Contem- 
platif des  Mufulmans. 

SEIDANI  ;  les  deux  Seigneurs,  C  eft  ainfî 
que  les  Mufulmans ,  &  principalement  les  AJides 
ou  Schiites,  appellent,  par  honneur,  les  deux 
âls  d*Ali ,  Hanan  ou  HaiTain. 

SEIDRAH  ;  nom  d'une  tribu ,  ou  ^  comme 
les  Portugais  les  appellent ,  d  une  claiTe  particu- 
lière des  Indiens. 

SELGItJK  ;  Perfonnage  qui  a  donné  fon  nom 
aux  Selgiucides ,  duquel  nous  verrons  plus  bas 
lorigine. 

SELGIUKI  i  un  homme  de  la  famille  de 
Sclgiuk.  Le  pluriel  de  çfi  mot  Arabe  eft  Selgiu- 
kioun  &  Selagecah  ,  &  en  Ferfien  Selgiiukian  , 
les  Selgiucides.  ^ 

Selgiak,  félon  TAuteur  du  Lebtarikh^  tiroic 

P  ï) 


128       Bibliothèque 

fon  origine  en  ligne  dire  Ae  &  mafculine ,  d*Afra- 
fiab ,  Hoi  de  Touran  ou  du  Turqueflan  y  qui  fit 
une  fi  longue  guerre  aux  Rois  de  Perfe  de  la  pre- 
mière dynaftie  ;  &  ceux  qui  ont  fait  la  Généa- 
logie de  la  Maifon  des  Selgiucides ,  cotnptent 
expreflement  Selgiuk  pour  le  trente-quatrième 
des  defcendans  de  ce  Prince. 

Le  même  Auteur  dit  que  Selgiuk  eut  quatre 
enfans  mâles ,  nommés  Micaïl\  Ifraêl ,  AïouJ/a 
&  Jounos ,  qui  devinrent  tous  quatre  très-puif- 
fans  en  amis ,  &  très-riches  en  terres  &  en  trou- 
peaux ,  &  qu'ils  vinrent  du  Tturqueftan  dans  la 
Tranfoxane  ;  pour  y  chercher  des  pâturages  plus 
abondansque  les  leurs,  Tan  375  de  l'Hégire. 

Ils  s'arrêtèrent  d'abord  fur  les  confins  de  Bo- 
khara  &  de  Samarcande  ,  villes  principales  de 
cette  province  ■  mais  ils  demandèrent  bientôt 
après  à  Mahmoud,  premier  Sultan  de  la  dynaftie 
des  Gaznevides ,  la  permiffion  de  pafler  le  fleuve 
Amou  ou  Gihon ,  qui  eft  TOxus ,  oc  d'entrer  ainfi 
dans  la  province  de  Khorafan  ,  dont  ce  Sultan 
étoit  le  maître. 

Arflan  Giazeb  ,  Gouverneur  de  la  ville  de 
Thous  en  Khorafan  pour  le  Sultan  Mahmoud , 
ëtoit  d'avis  que  l'on  leur  refufât  le  pafTage  ,  de 
crainte  que  ces  quatre  familles  des  cnrans  de 
Selgiuk ,  qui  étoient  déjà  afl'ez  nombreuses ,  n  en 
atciraifent  encore  d'autres  :  mais  le  Sultan ,  qui 
préfumoit  trop  de  fa  puiflance,  rejeta  ce  confeil, 
&  accorda  aux  Selgiucides  le  palîàge' qu'ils  lui 
demandoient,  &  leur  permit  de  s'établir  aux  en- 
virons des  villes  de  Neflà  &  de  Bavurd. 

.  Micaïl  ou  Michel ,  Taîné  des  quatre  frères , 
ayoit  deux  fils  mâles  ;  favoir ,  Thogrul  Beg  & 


Orientale.  2-29 

Giaitr  Beg.  Ces  deux  enfans  fe  firent  les  Chefs 
de  cette  Colonie  >  &  la  groilîrent  fi  fort  en  peu 
de  temps  par  le  paffage  continuel  des  Turcs  qui 
fe  joignoient  à  eux,  que  les  peuples  du  Khorafan 
commencèrent  à  craindre  pour  leur  fureté  ,  & 
fongerent  à  fe  défaire  de  ces  nouveaux  hôtes, 
qu'ils  regardoient  comme  de  dangereux  voifîns. 

Le  Sultan  Mahmoud  étant  mort ,  fon  fils 
Maffôud,  qui  lui  fuccéda,  ayant  reçu  plufieurs 
plaintes  de  la  part  de  fes  fujets  contre  les  Sel- 
giucides ,  fe  mit  en  devoir  de  les  éloigner  de  fes 
£tats  ;  mais ,  comme  il  ne  le  fit  pas  d'abord  avec 
vigueur  ,'  il  trouva  des  gens  qui  ne  fe  congé- 
dioient  pas  û  aifément  ,  &  qui  oppoferent  une 
armée  à  la  fiienne,  quand  il  voulut  les  chafTer 
par  force. 

Ce  Sultan ,  qui  faifoit  pour  lors  la  guerre  dans 
les  Indes,  fut  bien  plus  iurpris,  quand  il  apprit 
que  le  Général  de  l'armée  qu'il  avoit  envoyée 
contre  eux ,  avoit  été  battu  ;  il  fe  crut  obligé  de 
venir  en  perfonne  pour  les  cha/fer  entièrement 
du  Khorafan  ;  mais  cette  féconde  expédition  ne 
lui  ayant  pas  mieux  réuiH  que  la  première ,  la 
vi(3oire  que  les  Selgiucides  remportèrent  leur 
acquit  une  fi  haute  réputation  dans  YAfie ,  5c 
une  fi  grande  puiifance  dans  le  Khorafan  ,  que 
Thogrul  Beg ,  fils  de  Michel ,  fe  fit  couronner 
en  qualité  de  Sultan  dans  la  ville  de  Nifchabour,, 
qui  étoit  pour  lors  la  capitale  de  cette  pro-- 
vin  ce. 

Khondemîr  rapporte  beaucoup  plus  dîftinéle- 
ment  que  l'Auteur  du  Lebtarikh  ,  Torigine  des 
Selgiucides^  &  voici  ce  qu'il  en  dit: 

Selgiuk  étoit  fils  de  Decak,  Officier  principal 

P  iij 


jjo       Bibliothèque 

de  Bigou ,  Prince  ou  Sultan  de  cette  race  Xur- 
quefque  qui  habitoit  dans  la  campagne  de  Kho- 
zar  ou  de  Kepchak,  au  deflus  de  la  merCafpienne. 
Ces  Turcs  font  les  Khozariens  ,  que  les  Hifto- 
riens  Grecs  &  Latins ,  qui  parlent  des  guerres  de 
TEmpereur  Héraclius  &  de  Khofroès ,  appellent 
jir  ariens. 

Decak,  entre  ceux  de  fa  nation  ,  ëtoit  un  Per- 
fonnage  fort  renommé  pour  fa  fagefle  &  pour  fa 
bravoure  extraordinaire,  en  forte  qu*on  lui  a  voit 
donné  même  le  furnom  de  Ta^ialig^  mot  qui 
fignifie  dans  la  langue  de  ces  peuples  un  arc 
fort  Se  dur  à  manier.  Il  laifla  après  fa  mort  un 
fi!s  en  bas  âge  ,  nommé  Selgiuk^  que  le 
Sultan  Bigou  prit  foin  de  faire  élever ,  ne  dou- 
tant point  qu'il  né  devînt  avec  le  temps  un  fort 
brave  homme  ,  puifqu'il  étoit  forti  d'un  tel  père, 
&  lui  donna  dès-lors  le  titre  ou  furnom  de  Baf' 
fafchi  ,  qui  fignifie  Chefoxx  Capitaine, 

Selgiuk  s'avança  en  âge  ,  &  fut  comblé  de 
grâces  &  de  faveurs  de  la  part  du  Sultan  :  il  s'ou- 
blia cependant  de  telle  forte  ,  qu'il  perdit  le  ref- 
fedl  qu'il  lui  devoit  ;  car  il  entra  un  jour  dans 
appartement  fecret  de  fon  palais ,  qui  lui  devoit 
être  inviolable,  &  voulut  voir  fés  femmes  &  fes 
cnfans, 

Bigou  ayant  appris  cette  aéïion  infolente ,  mé- 
ditoit  d'en  prendre  une  vengeance  fignalée  ;  mais 
Selgiuk  s'étant  apperçu  du  mauvais  deffein  qu'il 
avoit  contre  lui ,  fongea  de  bonne  heure  à  éviter 
fa.  colère  ;  il  plia  promptement  bagage  avec  tout 
ce  qu'il  put  ramafTer  d'amis  &  de  gens  attachés 
t  fa  Maifon ,  &  tira  du  côté  de  Samarcande. 
Ih  on  tiçnt  que  cç  fut  aux  çnvirgns  de  cette  ville 


Orientale.  ijr 

qu*il  s'établit,  &  que  lui  &  les  iiens  embrafTe-' 
xent  la  Religion  Mufulmaiie. 

Les  premiers  fondemens  que  Selgiuk  jeta  de 
fa  grandeur ,  après  qu'il  eut  augnfientë  le  nombre 
de  fes  troupes ,  furent^des  efcarmojuches  conti- 
nuelles qu'il  iit  avec  Belilkhan  ,  Gouverneur  de 
la  ville  de  Samarcande ,  qui  vouloit  l'éloigner  de 
fon  voifinage ,  &  un  avantage  confidërabie  qu'il 
remporta  enfin  fur  lui ,  par  une  embufcade  qu'il 
lai  dreffa  :  l'entreprife  en  fut  fi  bien  conduite  & 
le  fuccèsfi  heufeuX;  qu'il  acquft  une  très-grande 
réputation  dans  toutle  pays ,  &  eut  enfin  la  bar- 
diefle  de  fe  prcfenter  devant  la  ville  de  Bokhara, 
où  il  fut  très-bien  reçu. 

Selgiuk  eut  quatre  enfans  mâles ,  comme  l'on 
a  déjà  vu  :  mais  Khondemir  appelle  le  dernier 
BigOH ,  &  non  pas  lounos  ,  &  dit  que  Micaïl 
mourut  fort  jeune  ;  &  laiifa  deux  fils  nommés 
Mohammed  &  Daoui  j  qui  font  les  mêmes  que 
Thogrul  Beg  &  Giafef  Beg.  Selgiuk  prit  grand 
foin  de  l'éducation  de  fes  deux  petits-fils  ,  &  les 
déclara  par  fon  teftament  les  feuls  héritiers  de 
tous  fes  biens ,  &  de  fon  Etat  qui  étoit  encore 
naifiant. 

Ces  deux  jeunes  Princes  ayant  atteint  l'âge  de 
porter  les  armes ,  joignirent  tant  d'adrefle  &  de 
conduite  à  leur  vvaleur  ,  qu'ils  étendii^ent  beau- 
coup en  fort  peu  de  temps  ce  petit  Etat ,  par  la 
défaite  de  plufieurs  Princes  de  la  Tranfoxane 
qui  fe  foumirent  à  leur  obéifiance  :  &  le  bruit 
de  leurs  armes  &  de  leurs  vidoires  fignalécs  étant 
venu  jufqu'aux  oreilles  de  ce  grand  Conquérant  » 
Mahmoud  fils  de  Sebekteghin ,  ce  Sultan  leur 
dépêcha  un  Exprès ,  pour  les  conviçr  d'envoyer 

Piv 


jja       Bibliothèque 

quelque  hoipme   dé  confiance  auprès  de  lui  ; 
avec  qui  il  put  traiter  d'une  affaire  importante. 

Ifraël  >  oncle  des  deux  jeunes  Princes ,  s'ofifnt 
d*aller  trouver  le  Sultan  ,  pour  négocier  avec  lui, 
&  il  fut  reçu  de  ce  Prince  avec  tant  de  civilité 
&  d'honneurs  ,  qu'il  eut  fujet  d'abord  d'être  très- 
content  de  Ton  Ambailade.  Mais  le  Sultan  ayant 
demandé  un  jour  combien  il  lui  pourroit  fournir 
de  troupes  ,  en  cas  qu'il  en  eût  befoin  ,  IfraéLlui 
fit  une  réponfe  qui  Talarma  fi  fort ,  qu'il  crut  de- 
voir fe  faifir  de  fa  perfonne  &  le  retenir  pri- 
fonnier. 

.  Ifraël  tenoit  un  arc  &  deux  flèches  entre  fes 
inains,  lorfque  le  Sultan  lui  fit  cette  demande; 
&  il  lui  répondit  fur  le  champ  :  »  Si  vous  en- 
voyiez ,  Seigneur ,  une  des  flèches  que  je  tiens 
dans  ma  main  dans  notre  camp,  l'on  feroit  partir 
incontinent  cinquante  mille  chevaux  pour  votre 
fervice;  âc  le  Sultan  lui  ayant  demandé  encore 
combien  de  gens  il  pourroit  tirer  de  leur  nation , 
s'il  en  avoit  befoin  d'un  plus  grand  nombre, 
Ifraël  lui  répartit  que  ,  s'il  envoyoit  Tautre  flè- 
che qu'il  portoit  en  main ,  à  TOrdou  de  Bilkhan, 
il  pouvoit  s'aflurer  fur  cinquante  mille  autres. 
Alors  Mahmoud  voulant  poufler  la  chofe  jufqu'où 
elle  pouvoit  aller ,  infifla  encore  :  il  lui  demanda 
enfin  de  combien  de  fes  gths  il  pourroit  faire 
état ,  s'il  fe  trouvoit  preffé  par  la  néceffité  de  fes 
affaires.  Ifraël  lui  préfenta  fon  arc,  &  lui  dit 
d'un  ton  ferme  :  »  Si  vous  envoyez  cet  arc  en 
Tuiqueftan  ,  vous  en  aurez  jufqu'à  deux  ceni: 
mille  qui  viendront  à  votre  fecours  «. 

Ce  difcours  épouvanta  fi  fort  te  Sultan  ,  que 
de  crainte  qu'Xfraël  n'envoyât  che^  lui  quelqu'une 


O  R  I  X  N  T  A  L  E.  13J 

de  fes  flèches ,  &  ne  fît  inonder  fes  Etats  par  une 
armée  de  Turcs ,  iJ  prit  la  réfolution  de  le  faire 
conduire  prifonnier  dans  un  château ,  où  il  finit 
ùk  -vie. 

Quelques  Hiftoriens  ont  écrit  que'  le  Sultan 
IVf  ahmoud  fit  paiTer  les  Selgiucides  au  deçà  du 
Gihon  ,  pour  fe  faifir  des  grandes  riche/Tes  qu'ils 
avoient  amafiees  par  ^le  pillage  des  meilleures 
villes  de  la  Tranfoxane  :  mais  Mirkhond  ^flure 
que  les  Selgiucides  ne  payèrent  le  Gihon  ,  pour 
entrer  dans  Khorafan  ,  que  fous  le  règne  du  Sul- 
tan MafTôud  fils  de  Maknioud,  &  que  Moham- 
med ,  dit  Thogrul  Beg ,  &  Daoud ,  nommé  au- 
trement Giafer  Beg ,  furent  les  Chefs  de  cette 
expédition. 

Ce  mêmeHiftorien  dit  de  plus,  que  ces  deux 
Capitaines ,  après  avoir  pafle  ce  fleuve  ,  s'arrê- 
tèrent dans'  le  terroir  desr  villes  de  Nefla  6c  de 
Baourd  ,  d'où  ils  envoyèrent  un  Exprès  au  Sul- 
tan Mailoud  y  pour  lui  demander  des  quartiers , 
&  lui  jurer  obëiflance  &  fidélité  de  leur  part; 
mais  que  MaiTôud  reçut  fort  mal  cet  AmbaiTa- 
deur  ^  &  lui  dit ,  entre  plufieurs  autres  paroles 
défobligeantes ,  que  cette  race  ou  famille  de  Sel- 
giuk  n'étoit  pas  fur  fes,  Me'moires ,  quoiqu'il  fût 
lui-même  de  race  Turque,  étant  petit-fils  de  Se- 
bekteghin ,  &  devant  ainfi  être  bien  informé  de 
toutes  les  Familles  &  Maifons  illuftres  de  cette 
Nation. 

Auffi-tôt  que  les  Selgiucides  eurent  appris  de 
leur  Ambafladcur  le  mauvais  accueil  que  le  Sultan 
lui  avoir  fait ,  &  le  mépris  qu  il  avoit  témoigné 
de  leur  famille ,  ils  ne  manquèrent  pas  de  fe  pré- 
parer à  la  guerre,  qu  ils  roy oient  bien  que  Mat* 


1J4       Bibliothèque 

fôud  leur  vouloit  faire,  &  ils  la  foatinrent  fî  bien, 
qu'après  avoir  remporté  plufîeurs  victoires  fur  Je$ 
armées  des  Gaznevides ,  ils  fe  trouvèrent  enfin 
en  paifible  pofleflîon  de  toute  la  grande  province 
de  Khorafan  ,  qu'ils  joignirent  dès- lors  à  la  Tran- 
foxane ,  &  fondèrent  ainfi  cette  grande  Monar- 
chie qui  s  étendit  peu  à  peu  dans  toute  l'Afie. 

Ben  Schohnah  ,  qui  rapporte  en  abrégé  lori- 
gine  de  la  Maifon  des  Selgiucides ,  fait  mention 
de  quelques  cîrconft^nces  particulières,  qu'il  ne 
fera  pas  inutile  de  rapporter  ici.  Il  dit  que  Sel- 
giuk  étoit  fils  de  Dokak  ou  Dokmak ,  ipot  qui 
fîe;nific  en  Langue  Turque  un  marteau,  que  les 
Turcs  prononcent  aujourd'hui  Tokmak,  Ce  Sel- 
giuk  fe  trouvant  chef  d'une  des  principales  fa- 
milles du  Turqueftan  ,  &  ayant  toujours  une 
grande  fuite  de  parens  &  de  gens  attachés  à  fon 
lervice ,  le  Roi  du  Turqueftan  prit  jaloufie  de  la 
trop  grande  autorité  qu'il  s'etoit  acquife  ,  & 
l'obligea  de  fortir  de  fes  Etats  &  de  fe  retirer 
dans  Je  pays  des  Mufulmans  ,  où  il  prit  leur 
Religion. 

Selgiuk  s'établît  d'abord  en  un  lieu  nommé 
Gioud  ^  qui  étoit  des  dépendances  de  la  ville  de 
Bokhara  dans  la  Tranfôxane ,  d'où  il  faifoit  avec 
fes  gens  des  courfes  continuelles  fur  les  Infi- 
dèles ,  c'eft-à-dire  fur  les  Turcs  qui  n'étoient 
{)as  Mahométans ,  &  il  les  fatigua  pendant  tout 
e  cours  de  fa  vie  ,  qui  fut  très-longue  ;  car  il  vé- 
cut jufqu'à  l'âge  de  cent  fept  ans. 

Le  même  Auteur  ne  donne  que  trpis  enfansk 
Selgiuk  ,  quoique  les  Hiftorien$  Perfiens ,  tous 
unanimement ,  lui  en  donnent  quatre.  Ces  trois 
cnfans ,  félon  Ben  Schohnah ,  font  Alp-Arflani 


Orientale.  ij5 

Micaël  &  Moufla.  Micaël  mourut  en  Tran- 
fôxane  ,  dans  la  guerre  qu'il  faifoit  aux  Infidèles; 
c'eft  pourquoi  il  efl  qualifié ,  dans  la  Généalogie 
des  Selgiucides ,  du  titre  de  Schehidy  c  eft-k-dire 
de  Martyr ,  &  laiiîa  auffi  trois  enfans  ;  fa  voir  , 
lebegoUjThogrul  Beg,  &  Daoud.  Ce  dernier eft 
le  même  que  Giafer  Beg  :  &  Thogrul  Beg  fut 
le  premier  de  cett«  famille  qui  fut  falué  &  cou- 
ronné Sultan  dans  la  ville  de  Nifchabour,  capi- 
tale du  Khorafan,  l'an  419  de  l'Hégire. 

L'Auteur  du  Nighiariftan  écrit  que  la  race  Tur- 
quefque ,  dite  des  Selgiucides ,  defcend  des  anciens 
1  urcemans  ,  &  nomme  le  lieu  où  Ifraél  difoit 
que  Ton  pouvoit  envoyer  une  de  fes  flèches ,  Bel^ 
gian  5  que  les  autres  Auteurs  appellent  Bilkhan , 
&  ajoute  que  le  même  Ifraël  fut  conduit  prifon- 
nier  dans  le  château  .de  Calengiar ,  où  il  depieura 
enfermé  pendant  fept  ans  avant  fa  mort. 

Ebn  Amid  raconte  auilî  l'origine  des  Selgiu- 
cides ,  9vec  quelques  circonftances  particulières , 
dans  fon  Tarikh  Al  Moflemin  :  mais,  comme 
cet  Ouvrage  eft  imprimé  &  traduit  fous  le  nom 
de  VHijloire  Saracénique ,  on  fe  contentera  d'y 
renvoyer  le  Leéleur. 

Mais  l'orx  ne  peut  pas  fe  difpenfer  de  remar- 
quer que  Mirkhond  dit ,  dans  la  Généalogie  de 
Ginghizkban,  que  les  Selgiucides  étoiei>tde  racé 
Mogolienne ,  &  defcendoient  de  Bouskin  Salegi, 
fils  d'Alankavahj  né  d'une  façon  miraculeufe. 

Il  dit  de  plus  que  les  Selgiucides ,  après  avoir 
conquis  la  Tranfoxane  &  le  Khouarezm  ,  palTe- 
rent  dans  le  Khorafan  fous  MaiTôud  fils  ae  Se- 
bçkteghin ,  l'an  424  de  THégire, 


y^ 


Ij6  B  I  B  L  I  O  T  H  E  Q  r  E 

L'Empire  de  ces  Princes  s'étendoic  ,  fous  le 
règne  du  Sultan  Malekfcbah ,  depuis  Antakiab 
luiqu'à  Urkend ,  c'eft-à-dire  depuis  la  ville  d*An- 
tioche  en  Syrie  jufqu  a  Urkend  en  Turqueftan  ; 
ce  qui  doit  s'entendre  cependant  de  la  feule  dy- 
naftie  des  Selgiucides  de  l'Iran  :  car  celle  dés  Sel- 
giucides  de  Roum  porta  les  limites  de  fon  Em- 
pire depuis  Alep  jufqu'ailez  près  de  Conftanti-* 
i)opIe;&  ceux  qui  ont  été  nommés  les  Selgiucides 
de  Kerman  y  ont  pofîedé  les  provinces  de  la  Perfé 
qui  s  entendent  jufqu  aux  rivages  du  fleuve  Sind, 
qui  eft  rindus. 

SELGIUKIAN  en  Perfien ,  &  Selgiukioun 
ouSelagekah  en  Arabe.  Ce  font  les  Selgiucides, 
comme  Ton  a  déjk  remarqué,  que  tous  les  Orien- 
taux partagent  en  trois  dynafties  contemporaines 
&  non  fucceffives,  qui  ont  régné  plus  ou  moins 
dans  TAfie;  fa  voir,  ceux  dlran  ,  ceux  de  Kerman 
&  ceux  de  Roum. 

SELGIUKIAN  IRAN  ;  les  Selgiucides  de 
llran  ou  de  la  Perfe. 

L'Auteur  du  Nigliiarîftan  donne  à  cette  dy- 
naftie  quatorze  Princes ,  &  fixe  fon  commence- 
ment en  Tan  429  de  l'Hégire  ,  &  termine  fa 
durée ,  qu'il  dit  avoir  été  de  i^i  ans,  dans  la  59}* 
année  de  la  même  Hégire  ,  ce  qui  efl  conforme 
a  Khondemir  &  au  Lebtarikh  :  il  eft  vrai  que 
celui-ci  met  la  fin  du  règne  de  Thogrul  ,  fils 
d'Arflan  ,  dernier  Sultan  de  cette  dynaflie  ,  l'an 
590  de  l'Hégire;  mais.Katib  ou  Kiatib  ZadeF, 
dit  Hagi  Khalfah  y  dans   fon  Ouvrage  intitule 


O  R  r  E  N  T  A  L  E.  257 

Takouim  Al  Tavarikh ,  dit  que  cette  dynaftie  a 
ea  quinze  Sultans ,  qui  ont  commencé  à  régner 
Tan  43  2  ,  &  fini  en  590  de  l'Hégire ,  &  ne  lui 
donne  que  158  ans  de  durée.  L'on  fuivra  ici, 
dans  la  luccemon  de  ces  Princes  ,  ce  que  Khon- 
demir  &  le  Nigfaiariftan.en  ont  écrit. 

Le  premier  Prince  de  cette  dynaftie  eft  Roc^ 
neddin  ^  Abou  Thaleb  Mohammed ,  dit  Thogr ul 
Beg ,  fils  de  Michel  fils  de  Selgiouk ,  qui  a  régné 
vingt-fix  ans. 

Le  fécond  ,  Abou  Schegiâ  Mohammed  ,  dit 
Alp-Arflan ,  fils  de  Giafer  Beg  &  neveu  de  Tho* 
grul  Beg ,  a  régné  neuf  ans  &  fix  mois. 

Le  troifieme ,  Moêzeddin  Aboul  Fath  ,  dit 

Malekfchah  fils  d' Alp-Arflan  ,  a  régné  vingt  ans. 

Le  quatrième  ,  Rocneddin  Aboul  ModhaâFer 

Caflèm ,  dit  Barkiarok ,  fils  de  Malekfchah  ^  a 

régné  douze  ans. 

Le  cinquième  ,  Gaïatheddin  Abou  Schegii 
Mohammed  ,  fils  de  Malekfchah  &  frère  de 
Barkiarok  ^  a  régné  treize  ans  &  fix  mois. 

Le  fixieme ,  Moêzeddin  Borhan ,  dit  Sangiar , 
fils  de  Malekfchah  &  frère  des  Sultans  précé- 
àens ,  Bakiarok  &  Mohammed ,  a  régné  quarante 
ans  &  quatre  mois. 

Le  feptieme  ,  Mogaïetheddin  Mahmoud  Ben 
Mohammed ,  petit-fils  de  Malekfchah ,  a  régné 
treize  ans  &  deux  mois. 

Le  huitième ,  Rocneddin  Thogrul  Ben  Mo- 
hammed ,  petit-fils  de  Malekfchah  &  frère  de 
Mahmoud  fon  prédécefleur ,  a  régné  trois  ans  & 
•  deux  mois. 

Le  neuvième  ,  Gaïatheddin  MaiTôud  Ben  Mo* 
hammed ,  petit-fils  de  Malekfchah  &  frère  de 


a}i       Bibliothèque 

ThogruI  fon  predëceflèur,  a  régné  dix-huit  ans 
&  ûx  mois. 

Le  dixième  ,  Mogaïetheddin  Malekfchah  Ben 
Mohammed  &  petit-^fiU  de  Malekfchah  premier 
du  nom ,  car  celui-ci  eft  le  fécond  ,  a  régné  au 
plus  quatre  mois.  Quelques-uns  le  font  fils  de 
Mahmoud  &  non  pas  de  Mohammed ,  ce  qui  eil 
plus  juAe;car  il  fucçeda^  félon  Khondemir,  à 
fon  oncle  paternel  Maifôud  Ben  Mohammed* 

L  onzième  ,  Gaïatheddin  Mohammed  Ben 
Mahmoud,  a  régné  fept  ans. 

Le -douzième  ,  Moêzeddin  Caflem  Ben  Mo- 
hammed Ben  Malekfchah ,  dit  Soliman  fchah , 
a  régné  environ  fix  mois. 

Le  treizième  ,   Aboul  ModhafFer  Zeïneddin , 
dit  Arflan  ,  fils  de  ThogruI  fils  de  Mohammed  fils 
de  M&lekfchah,  a  régné  quinze  ans  ou  environ 
dit  Khondemir ,  &  félon  le  Nighiariftan  ,  quinze 
ans  huit  mois  &  quatre  jours. 

Le  quatorzième,  Rocneddin  Caflem,  dit  Tho- 
gruI Ben  Arflan  ,  fuccéda  à  fon  père  »  &  régna 
dix-huit  ans  dix  mois  &  demi. 

L'Auteur  du  Lebtarikh  lui  donne  environ 
ving- neuf  ans,  &  dit  qu'il  mourut  l'an  590  de 
l'Hégirç  ,  &  quil  fut  défait  &  tué  par  Tacafch 
oii  Tekefch ,  Sultan  des  Khouarezmiens  ,  qui 
termina  ainfl  cette  dyhaflie  des  Selgiucides  de 
riran ,  &  s'empara  de  leurs  Etats. 

SELGIUKIAN  KERMAN  ;  les  Selgiucides 
du  Kerman ,  qui  efl  la  Caramanie  Periîenne. 

^  Tous  les  Hifloriens  conviennent  que  cette  dy- 
naflie  commença  Tan  433  ,  &  finit  Tan  583  de 
l'Hégire  ,  6c  qu'elle  a  eu  onze  Princes ,  qui  00c 


r 


Orientale.  i}^ 

régné  pendant  refpace  de  cent  cinquante  ans. 

Le  premier  Sultan  de  cette  dynaftie  eft  Caderd 
ou.Cadherd,  qui  e'toit  fils  de  Giafer  Beg  ,  frère 
cadet  deThogrul ,  &  par  conféquer\t  fils,  comme 
lui,  de  Michel,  &  pecit-fils  de  Selgiuk:  il  a  régné 
trente-deux  ans. 

Le  fécond  eft  Solthan  fchah ,  fils  de  Caderd  , 
qui  a  régné  douze  ans.  v 

Le  troifieme ,  Touran  fchah ,  fils  de  Caderd , 
qui  a  régné  treize  ans  &  fix  mois. 

Le  quatrième ,  Iran  fchah ,  fils  de  Touran 
fcbah ,  a  régné  cinq  ans.. 

Le  cinquième ,  Aruan  fchah ,  fils  de  Kerman 
fchah  ,  qui  n'a  pas  régné ,  &  qui  étoit  néanmoins 
fils  de  Caderd ,  a  régné  quarante-deux  ans. 

Le  {ixieme ,  Mogaïetheddin  Mohammed ,  fila 
d'ArHan  fchah,  a  régné  quatorze  ans.  Quelques* 
uns  lui  donnent  le  nom  de  Touran  fchah.    . 

Le  feptieme ,  Mohieddin  Thogrul  fchah ,  fils 
de  Mohammed.  Ce  Prince  ayant  eu  plufieurs 
guerres  avec  Beheram  fchah ,  Arflan  fchah  & 
Touran  fchah  pendant  Tefpace  de  vingt  ans ,  il 
eft  difficile  de  fixer  1^  durée  de  fon  règne  :  le 
Nighiariftan  lui  donne  cependant  douze  ans. 

Le  huitième,  le  neuvième,  le  dixième  &  lon^ 
zieme  font  Arflan  fchah  Ben  Thogrul  fchah, 
Beheram  fchah  fils  de  Thogrul  fchah ,  Touran 
fchah  Ben  Thogrul  fchah ,  &  Mohammed  fchah 
Ben  Beheram  fchah  Ben  Thogrul  fchah  ,  tous 
enfans  ou  neveux  de  Thogrul  fchah  ,  &  ont  des 
règnes  fi  confus  les  uns  avec  les  autres  ,  qu'il  n'y 
a  que  Touran  fchah  auquel  on  puiiTe  ailigner  huit 
années  :  c'eft  pourquoi  T Auteur  du  Takouim  ^ 
Tavarikfa  ne  compte  que  nçuf  Sultans  dans  ceice 


1 


«40  BlBLIÔttlEQÛET 

djHiaftie.  Aînfi  Malek  Dinar ,  qui  étoit  de  lâ  rzcè 
d'Ali ,  s  étant  rendu  maitre  du  Kerman  l'an  5^3 
de  l'Hëgire ,  félon  le  Tarikh  Khozideh  &  félon 
Khondemir  ,  la  dynaftie  des  Selgiucides  de  Ker- 
man ,  que  l'on  nomme  auffi  des  Caderdiens , 
prit  fin. 

SELGIUKIAN  ROUM ,  les  Selgiucides  de 
Roum.  C'eft  le  nom  de  la  troifieme  dynaftie  qui 
a  régné  dans  le  pays  de  Roum ,  c'eft-à-dire  des 
Romains ,  ou  plutôt  des  Grecs ,  dont  les  Empe*- 
reurs  prenoient  la  qualité  d  Empereurs  des  Rch- 
mains  ;  &  c  eft  rette  partie  de  TAfie  que  nous 
appelons  aujourd'hui  YAJte  Mineure  ou  la  iVa- 
tolie. 

Cette  dynaftie  commença  l'an  480  ^  &  finit 
Tan  700  de  THégire  ;  de  forte  qu'elle  a  duré  220 
ans  fous  quinze  Sultans^  &  cela  félon  le  fenti^ 
ment  commun  des  Hiftoriens  Orientaux.  Cepen- 
dant r Auteur  du  Takhouim  Al  Tavarikh  met 
fon  commencement  en  477  ,  &  lui  donne  par 
conféquenM2  5  ans  de  durée. 

I^e  premier  Sultan  de  cette  dynaftie  fut  Soli- 
man ,  fils  de  Coutoulmifch  fils  d'Ifraël  fils  de 
Selgiouk  ,  qui  commença  fon  règne  l'an  480 ,  & 
mourut  l'an  500  de  THégire  ,  après  avoir  régné 
vingt  ans. 

Le  fécond  ^  Daoud ,  dit  Kilig'  Arjlan  Ben 
Soliman ,  a  régné ,  félon  Khondemir  ,  dix-huit 
ans  ;  &  félon  le  Nighiariftan  ,  quatre  ans  feu- 
lement. 

Le  troifieme ,  MalTôud ,  fils  de  Kîlig'  Arflan , 
a  régné  dix-neuf  ans. 

Le  quatrième  ,  Kilig'  Arilan  Ben  Maflâud  ^  a 

^      régné , 


O  R   i  E  N    T   A   L   E.  1+î 

r^gne  ^  félon  Khondemir  ,  èàx  ans ,  &  felôn  le 
Nighiariftan ,  vingt. 

Le  cinquième,  Rocneddin  Soliman  Ben  Kilig' 
Arflan^  a  régné  vingt-quatre  ans  ,  &  fut  long- 
temps en  divifîon  •  avec  fon  frère  Gaïatheddin 
CaÎKhofrou ,  qui  fe  fournit  enfin  à  lui» 

Le  fixieme ,  Azzeddin  Kilig  Arflan  ^  fils  de 
SoKman,  qui,  n'étant  encore  qu'enfant ,  fut  in* 
continent  dépouillé  par  fon  oncle  Gaïatheddin 
Çaîkhofrou. 

Le  feptieme ,  Gaïatheddin  Cailchofrou  régna 
pendant  ûx  ans ,  après  avoir  dépouillé  fon  neveu , 
&  fut  défait  par  ce  même  neven ,  qui  avoit  été 
délivré  de  prilon. 

Le  huitième  ,  Azzeddin  Caicaous  ,  fils  de 
Gaïatheddin  Caïkhofrou ,  régna  un  an  feulement 
après  fon  père. 

Le  neuvième  y  Alaeddin  Caïcobad)  fils  de  Cai-* 
khofrou  &  frère  dé  Caîcaous  >  a  régné  vingt- 
ûx  ans. 

Le  dixième  ,  Gaïatheddin  Caïkhofrou  Ben 
Caïcobad ,  qui  eft  le  fécond  de  ce  nom  ,  a  régné 
l\pit  ans. 

L  onzième  ^  Rocneddin  Soliman  Ben  Can 
khofrou ,  qui  eft  le  fecotid  du  nom  ,  a  régné 
vingt  ans. 

Le  douzième  y  'Caïkhofrou  Ben  Soliman ,  qui 
fuccéda  à  fon  père  étant  encore  enfant ,  a  régné 
dt^'^huit  ans. 

<  Le  oreizieme ,  Gaïatheddin  MafTàud  Ben  Cai- 
caous Ben  Caïkhofrou.  Celui-ci  étant  mort  Tan 
€S^  ,  fon  neveu  Caïcobad  lui  fuccéda.  Le  Ni- 
ghiariflan  compte  ce  Prince  pour  le  quatorzième , 

TomiV.  Q 


ia4â  B   I  fi   L  I  O  t   H   E  Q  tf  E 

J&.  marque  Caïcobad  pçur  le  quinzième  &  le 
dernier  de  cette  dynaftie. 

Le  quatorzième  ou  le  quinzième,  félon  le 
^ighiariftan ,  cft  Caïcobad  Ben  Fèramorg'  Ben 
Caïcaous .,  qui  fur  mis  fur  le  trône  des  Selgiacidet 
par  Gazan  khan  Empereur  des  Mogols  :  mais 
Vêtant  révolté  quelque  temps  après ,  Gazan  non 
feulemenx  le  ât  tuer ,  mais^xtermina  encore  tout 
jce  qui  reftoit  de  la  race  des  Selgiucides  ;  &  ce 
fut  de  cette  manière  que  finit  la  dynaftie  des 
JSelgiucides  de  Roum ,  lan  700  de  THégire. 

Il  y  a  au  fujet  de  cette  dynaftie  une  grande 
:difréreni:e  pour  les  noms  &  pour  la  fuite  entre 
Khondemir  &  ie  Nighiariftan« 

L'on, remarquera  ici  feulement  en  général, 
touchant  Içs  Selgiucides  de  llran  ,  que  fous  le 
règne  de  Thogrul  Ben  Arflan ,  avant  qu'il  eqt  étt 
défait'  par  Tacafch ,  Ton  ne  croyoit  pas  qu'il  p4t 
^élever  une  puiiTance  pareille  à  la  leur  dans  toute 
rAfîe  :  cependant  cette  grande  puiiTânce  tomba 
<outd'tin  coup  parles  intrigues  de  4'Atabek  Ki* 
lig'  Ebnaig  ^  qui  furent  caufe  de  la  dilgrace  de 
xiiogrul  :  ôc  à  1  égard  de  ceux  de  Roum ,  Alae^« 
4iin  Caïcobad  fut  celui  qui  porta  leur  grandeur 
lau  plus  haut  point  où  elle  pût  arriver  ;  &  an  au- 
<re  Caïcobad,  qui  s'étoit  attiré  mal  à  propos 
lindigfiation  des  Empereurs  Mogols  ou  Tartares, 
fut  cavdfe  de  leur  dernière  ruine. 

L'on  ajoutera  auffi ,  que  Moftafa  Hagi  Khal- 
ikh ,  farnommé  Kiatib  ^adéh  j  fait  mention 
d'une  quatrieme'dynafiie  des  Selgiucides,  qui  ont 
jrégné  dans  la  ville  d'Alep  6c  autres  lieux  de 
laSyrie«  Il  dit  qu'elle  fut  fondée  l'an  471  de 


O  R  I  X,  JN   T   A   L  £.  1^: 

l'Hégire,  par  Takafch  Al  Selgiouki,  &  qu'elle 
finie  au  bout  de  quarante  ans  ,  l'an  511  de  la 
même  Hégire ,  par  la  mort  du  Sultan  Moham- 
med Al  Selgiouki. 

SELIM  ,  Schah  Selim.  C*eft  le  nom  du  fils 
d'Akbar,fils  d'Humaioun  ,  Roi  des  Indes ^  que 
nous  appelons  le  Mogol  :  il  fuccéda  à  fon  perç  p 
&  prit  le  furnom  de  Gehanghir  ^  Tan  de  THégire 
984.,  de  J.  C,  1576.  Ce  Gehanghir  fut  père  de 
Schahgehan  ^  autrement  nommé  Sultan  Kko" 
roum  ^  &  celui«ci  père  d'Avrenkzcïd ,  que  qcifelr 
ques  Voyageurs  appellent ,  par  corruption  ,  Oran* 
^sb  &  Orangéb. 

SELIM  KHAN  BEN  BAIAZID  KHAN. 

X^éû  Selim  premier  du  nom,  neuvième  Sultan 
âe  la  dynaftie  des  Ottomans ,  que  quelques-uns 
comptent  lonzieme  ,  en  mettant  Soliman  & 
Moiifia,  enfans  de  Bajazet  premier  du  nom,  au 
nombre  des  Sultans.  * 

Il  étoit  fils  de  Bajazet  fécond  du  nom,  & 
naquit  Tan  877  de  l'Hégire,  de  J.  C.  1471,  dans 
la  ville  d'Amafie  en  Natolie.  Il  commença  fon 
règne  âgé  de  plus  de  quarante  ans  „  Tan  91S  de 
l'Hégire,  après  avoir,  par  la  faveur  des  Janif- 
faîres,  contraint  fon  père  de  defcendre  du  trône 
pour  l'y  faire  monter.  Le  prétexte  de  fa  rébel- 
lion contre  fon  père,  fut  la  crainte  qu'il  eut  qu'il 
ne  Jui  préférât  Ahmed  fon  frère. 

Ce  Prince  vint  k  ConAantinopIe  par  la  mer 
Noire ,  Sl  donna  bataille  à  fon  père  dans  la  cam- 
pagne de  Zorli  ou  Tchourlou ,  dans  la  Thracc 


144      Bibliothèque 

ou  Romelie ,  dans  laquelle  il  fut  défait ,  &  eut 
même  beaucoup  de  peine  k  fe  fauver  par  là 
fuite  juiqu'à  Cafa  da£s  la  Crirnëe*  Nonobftant 
cette  déroute ,  il .  fut  û  bien  cabaler  &  gagner 
l'amitié  des  Janiifaires ,  que  Bajazet  fon  père 
fut  obligé  de  quitter  Conftantinople  /  &  de  fe 
retirer  à  Dimotiche,  qui  étoit  lé  lieu  de  fa  naif^ 
fance  :  mais  il  ne  put  pas  y  arriver;  car  il  mourut 
eiî  chemin ,  du  poifon  que  Selim  fon  fils  lui  fit 
donner ,  félon  la  créance  commune. 

Les  Mufulmans  n  écrivent  rien  de  cette  aéHon 
déteftable.  11  n'y  a  que  les  Hiftoriens  Chrétiens 
qui  écrivent  que  Selim  fit  donner  de  la  poudre 
de  diamant  à  fon  père  par  un  Médecin  Juif,  au- 
quel il  fit  couper  auffi-tôt  la  tête. 

Selim  fongea ,  dès  le  commencement  de  fon 
règne  ,  à  fe, défaire  d'Ahmed  &  de  Corcut ,  fes 
deux  frères,  qui  lui  avoient  paru  être  fes  compé* 
titeurs  à  TEmpire.  Il  ne  put  néanmoins  avoir 
entre  fes  mains  Ahmed  que  l'an  910,  en  l'atti*» 
rant  hoh  des  lieux  forts  de  la  Caramanie  ôti  il. 
fe  tenoit  cache,  par  de  faulTes  lettres  dans  lef- 

Îuelles  on  lui  promettoit  l'Empire;  car  pour 
^orcut ,  qui  n'etoit  point  armé ,  il  lui  fut  fort 
aifé  de  s'en  délivrer. 

Selim ,  après  ^voir  pacifié  le  dedans  de  fes 
Etats,  pen(a  férieufement  à  faire  la  guerre  au 
dehors ,  &  à  faire  éclorre  les  grands  defleins  qu'il 
avoit  formés  depuis  long  «temps,  de  renverfer 
la  nuisance  des  Rois  de  Perfe  &  des  Sultans 
^'Egypte.' 

Schah  Ifmaël  Sofi,  Fondateur  de  la  dynaffie 
des  Rois  qui  régnent  aujourd'hui  en  Perfe,  avoit 
fait  de  fi  grands  progrès  d'ans  TAfie,  qu'il  n'y 


Or  I  e  n  t  a  L  E.  ^45 

IToit  que  la  puiflance  des  Ottomans  qui  pût  bois 
ntt  fes  conquêtes.  Sçhah  Hmaël  ëtoit  déjà  dans 
rArméfiie  :  Selim  vint  au  devant  de  lui ,  le 
;trouva  dans  la  plaine  de  Gialderan ,  &  lui  livra 
cette  fameufe  Bataille  ou  Selitn  remporta  une 
vicftoire  fignalée ,  qui  obligea  Ifmaél  de  fe  fauver 
dans  la  ville  de  Tauris ,  &  de  là  jufqu'à  Sul- 
tanie,  laiflànt  pluiieurs  provinces  de  les  Etats 
en  proie  au  vainqueur. 

Selim ,  après  cette  viéloire ,  fe  fit  ouvrir  les 
portes  de  la  ville  de  Tauris ,  d  où  il  enleva  tous 
les  Artifans  ,  qu'il  fit  paffer  à  Conftantinople  ; 
&  il  avoit  deiTein  d'hiverner  avçc  Ton  armée  à 
Carabag,  ville  des  dépendances  de  Tauris ,  pour 
achever  fa  conquête  &  chaflêr  entièrement  If- 
maél de  la  Perfe,  û  les  JaniiTaires ,  qui  fe  muti^ 
nerent ,  ne  leuifent  obligé  de  retourner  en  Na- 
tolie,  &  de  s'arrêter  dâiTs  la  ville  d'Amafie,    > 

Ce  fut  dans  cette  ville  que  Selim  irrité  fit 
mourir  plqfieurs  Bacl^as  qu'il  cmt  avoir  été  les 
auteurs  de  cette  rébellion  »  après  quoi  il  retourna  ^ 
l'an  921  de  THégire,  dans  la  ville  de  Conftan* 
tinople ,  pour  fe  préparer  à  une  féconde  expé-* 
dition  qu'il  difoit  vouloir  entreprendre  contre 
Schah  Ifmaël  :||piais  le  véritable  deifein  de  ce 
Prince  étoit  d'attaquer  le  Sultan  d'Egypte  &  de 
Syrie  ^  qu'il  fa  voit  avoir  fait  une  ligue  étroite  avec 
le  Perfan. 

En  eflPet ,  Selim  pafla  la  mer  dès  l'année  fui- 
vante,  qui  fut  l'an  922  de  l'Hégire  >  traverfa  la 
Natolie,  &  tourna  tout  à  coup  lur  les  terres  de 
ce  Sultan.  Ce  Prince ||^ui  portoit  le  nom  de 
Canfou  Gauri^  que  mk  Hiftoriens  appellent 
Camp/on  y  vint  en  perfonne  au  devant  aeSdim 

Qiij 


1 


l 


146         B  I  B  L  I  O  T  M  C  <7  IT  e 

&  lui  donna  bataille  :  mais  l'ayant  perdae  y  & 
fe  retirant  néanmoins  encore  avec  des  troupes 
confidérables  ^  il  eut  le  malheur  d*ètre  ëcrafé 
fous  les  chevaux  des  fuyards ,  &  donna  4iinfi  Ik 
fon  vainaueur  lentrëe  dans  la  Syrie,  qu'il  n'eue 
pas  grande  peine  de  conquérir  après  cette  àé^ 
route. 
Selim  attaqua  &  prit  auiS-tôc  la  ville  d'Alep,  & 
eu  de  temps  après  celle  de  Damas ,  d*OLi  il  vifita 
es  Lieux  faint^  de  Jérufalem ,  &  difpofa  enfuite 
toutes  cbofes  pour  fe  mettre  en  état  de  pafièr  en 
Egypte  &  de  combattre  Thomam  Baï,  qui  avoic 
été  élu  Sultan  par  les  Mamelucs  après  la  mort  de 
Canfou. 

L'an  913  de  l'Hégire ,  Selim  fe  rendit  maître 
du  Caire  en  Egypre,  &  défit  par  deux  fois  l'ar* 
tnée  de  Thomam  Baï ,  qui  ne  put  échapper  par 
fa  fuite,  ni  éviter  la  colère  du  Sultan,  duquel  il 
avoit  fait  tuer  par  deux  fois  les  Ambaffadeurs  : 
car  Sclim  l'ayant  ^ntrc  fes  mains,  le  fit  pendre 
a  une  des  portes  du  Caire ,  en  punition  de  fa 
perfidie. 

Selim,  après  cette  grande  conquête,  dans  la- 
quelle il  fut  fécondé  &  fervi  très-utilement  par 
îe  fameux  Sinan  Bâcha,  divi||^rEgypte  &  la 
Syrie  en  plusieurs  Sangiaks  ou  Bannières  >  ièlon 
la  coutume  des  Turcs ,  &  retourna  glorieux  & 
triomphant  à  Conftantinople  avec  le  dernier  Kha- 
life de  la  féconde  dynaftie  des  Abbaffides,  qai 
tenoient  leur  fiége  en  Egypte ,  auquel  il  affign-a 
une  penfîon  journalière  pour  fa  dépenfe. 

Selim  Khan  pofledd|  de  très-belles  qualités; 
car,  outre  la  valeur  ^Ril  poCédoit  a  un  û  haut 
.poi«t  &  qu'il  a   fait  paroitre  dans  toutes   les 


Oriental  t;  tif' 

entrepri{ès  militaires,  il  pofledoic  aufH  toutes  les' 
Sciences  eftimées  par  lés  Mufulnrans.  II  étoit 
très-favant  en  Arabe ,  en  Pcrflen  &  en  Turc  y 
&  Ton  a  de-  très-beaur  vers  de  fa  conrpofition.- 
II  tomba  malade  fur  le  chemin  dé  Conftariti-^ 
noplc  ï  Andrinople,  &  mourut  jwftement  dans 
le  Heu  où  il  avoit  donné  bataille  à  fon  père  Ba- 
jazet,  Tan  926^ de  rHégire,de~J.  C.  ^5 19,  après^^ 
un  i^egne  de  huit  ans  &  huit  mois,  8^  hiffa,  pour* 
fucceueur  fon  fils  3oliman«  dont  le  nom  n*efV 
pas  moins  célèbre  parmi  les  Turcs  que  celui  de 
fon  père.  ^ 

Lon  peut  mettre  encore  entre  les  conquêtes 
de  Selim,  celle  qu'il  fit  de  riëmen  ou  Arabie 
Heureùfe ,  fous  la  conduite  de  Sînan  Pacha,  quî^ 
a  été  décrite  par  Cbthbeddin  Al  Mekki  dans  le: 
Livre  intitulé  Bark  Al  Icmani 

SELIM  KHAN  BEN  SOLIMAN  KHAN. 
Ceft  Selim  II ,  fils  de  Soliman  ,.  onzième  ou^ 
treizième  Sultan,  qui  fuccéda  à  fon  père  à  Tâge 
de  quarante-deur  ans ,  Tan  974  de  lîHégire.  Il 
continua  pendant  quefque  temps  la  |;tierre  que 
fon  père  faifoit  en  Hongrie  lorfqu  if  mourut' : 
mais  enfin  il  fit  la  mïx  avec  TEImperear  Màzi-> 
milien ,  l'an  975^  de  THégire^  aux  conditions  que 
chacun  retiendroic  de  fon  c6té  ce^  qu'il  avoit  oc^ 
cupé; 

L'an  977,  il  fit  aifiéger  la  ville  de  Nicofie, 
capitale  de  TUe  de  Chypre,  &  s'en  rendit  le^ 
maître ,  &  celle  de  Famagoufte  en  979  ;  &  ce 
fût  par  cette  conquête  que  toute  l'île  de  Chypre 
tmnba*  fous  fon  obéifTance. 

Cependant  ce  fotdans  cette  même  année  5^7?^ 

Qi^ 


^4^  BijpLIOTKEiQtlE 

que  Selim  perdit  la  fameufe  bataille  de  Lepante  : 
mais  Tan  9S1  /il  reprit  en  Afrique  la  Goulette, 
dont  les  Efpagnols  s*étoient  emparés ,  &  les 
cliafTa  d'Afrique  y  oh  ils  bâtiflbient  une  nouvelle 
jtfortereife  entre  Tunis  &  la  Goulette. 

Ce  Prince  mourut  de  débaucbe  Tan  98a  de 
l'Hegire,  qui  eft  de  J.  C.  1574,  &  laiffa  pour 
fucceiTeur  Morad  Khan  fon  fils ,  qui  eft  Amurac 
troifieme  du  nom. 

SELMAN  ;  Abou  Abdallah  Selman  Al  Farfi  ^ 
appelé  auili  Selman  Al  Kkaïr.  C*efi  le  nom 
dun  Affranchi  de  Mahomet,  qui  étoit  Perfien 
de  nation.  L'on  dit  qu'il  étoit  Chrétien, qu'il  avoir 
lu  les  Livres  Saints  oc  qu'il  ayoit  beaucoup  voyagé  : . 
cependant  il  fut  des  premiers  &  des  plus  con-, 
fioerables  entre  les  Mufnlmans  ;  en  forte  que 
quelques-uns  difent  de  lui  que  bana  alejlam  ^ 
c'eft-k-dire  que^'eft  lui  qui  a  bâti  le  Mufulma- 
nifme. 

Il  y  a  dansyla  Vie  de  Mahomet ,  que  dans  la 
journée  du  Khandak ,  c'eft-à-dire  du  Foffe  ou  de, 
la  Tranchée,  Mahomet  ayant  affigne  quarante 
braffes  de  terrain  à  creufer  pour  chaque  dixaine. 
d*hommes ,  chacun  vouloit  avoir  Selman  de  fon, 
côté ,  k  caufe  de  fa  vigueur,  &  les  ^gicif^  de  la, 
Mecque  d'un. coté,  &  les  auxiliaires  de  Médine 
de  Tautre  ,  étant  divifés  fur  fon   fujct  ,   Ma- 
homet prononça  ces  paroles  :  Selman  menna 
nhel  q^lbeït ,  »  Selman  eft  k  nous'fic  de  notre 
Maifon  «,  &  il  ajouta  même  :  V  hou  ahed  aU 
ladhin  efchtacat  alaïhem  al^innaz^  »  &  il  eft  un 
de  ceux  que  le  Paradis  àivxt  <c ,  c*cft-à-dire  du 
nombre  des  Prédçftinés. 


r 


Orientale.  549 

L'Auteur  dïi  Raondhat  alakliiar  rapporte  que 
Selman  mourut  dans  la  ville  de  Madaïn,  capi- 
tale de  la  Perfe ,  de  laquelle  Omar  lavoît  fait 
Gouverneur  Tan  j  5  de  THe'gire ,  à  l'âge  de  deux 
cent  cinquante  ans. 

Le  même  Auteur  ajoute  qu'il  vivoît  du  tra- 
vail de  fes  mains ,  &  qu'il  donnoit  le  furplus 
de  ce  qu'il  gagnoit  aux  pauvres.  Abou  Horaïrah 
&  Ans  Ben  Malek,  deux  Perfonnages  de  grande 
autorité  fur  les  Traditions ,  avqient  reçu  les 
'^  leurs  de  Selman ,  &  Selman  immédiatement  de 
Mahomet. 

SEMAK;  nom  d'une  corifiellation  que  les 
Arabes  appellent  encore  avec  une  ëpithete  par- 
ticulière^ Al  Semak  Al  Rame  h ,  c*eft-à-dire  le 
Semak  qui  porte  une  lance.  Ç'eft  ce  que  les  Grecs 
&  les  Latins  appellent  Aréiurus.  Il  y  a  auâi 
un  autre  Semak  auquel  on  donne  Tëpithete  de 
Aâ^al ,  c'eft-à-dire  Dé/armé',  &  c'eft  ce  que  nous 
appelons  Spica  Virginis^  &  auffi  en  Arabe  Sun^ 
bulah. 

Il  y  a  une  Tradition  que  Mabomet  a  dite 
de  lui  :  Vacada  valudto  fil  Semak  ;  »  Je  fuis  né 
fous  le  Semak  <( ,  c'eft-à-dire  fous  l'épi  de  la 
Vierge  ;  car  les  Mufulmans  difent  que  les  fignes 
de  la  Vierge  &  de  la  Balance ,  qu'ils  appellent 
Sunbulah  &  Mi^an ,  font  l'horofcope  des  Pro-^ 
phetes. 

Ces  deux  Semak  font  appelés  par  les  Aftro*-. 
nomes  Arabes  Al  Samacani ,  &  plusieurs  dei 
nôtres  leur  donnent  le  nom  de  Pied  du  lion. 

SEMENDOUN  ;  nom  d'un  Dive  ou  Géant 


M^o      Bibliothèque 

défait  par  Caïoumarrath ,  premier  Roi  de  Pèrfk^ 
Ceft  le  Briarée  des  Grecs  j  car  les  Romans 
Orientaux  difént  qail  ëtoit  armé  de  plufieur»^ 
bras,  &  ils  lui  en  donnent  jufqa  à  cenç  &  un. 

• 
SEMIREM  &  SEMREM^c'eff  Sëmframis^ 
dont  le  nom  n  eâ  point  înconmi  aux  Hiiloriens 
Orientaux. 

SENAN  BEN  AHMED  BEN  THOLON; 

nom  d'un  Prince  de  la  dynaflie  des  Tholonides-» 
qui  régnèrent  en  Egypte  fous  le  Kbalifat  des 
Abbaâîdes.  II  avoit  accédé  à  fes  nereux  ;  mais^ 
.  il  fut  le  dernier  de  f&  race. 

•  SENAN  BEN  ULVAN;  nom  du  Pharaon 
ou  Roi  d'Egypte  qui  régnoit  du  temps  que  le 
Patriarche  Abraham  vint  avec  Sarah  en  ce  pays- 
là  ,  félon  le  Tarikh  Montekhcb. 

SENAN  ou  SINAN  AL  NISCHABOURI; 
nom  d'un  Impofleur  qui  fe  fit  fuivre  dans  la  pro- 
vince de  Khorafan,  &  ramaffa  une  troupe  de 
vagabonds  &  gens  fans  aveu  qui  fe  révoltèrent 
contre  le  Khalife  Abou  Giafar  AI  Manfpr,  Cet 
homme ,  qui  étoit  Mage  de  Religion ,  eut  la  har- 
diefle  de  fe  préfenter  en  bataille  rangée  contre 
Giamhour ,  Général  d'Al  Manfor  :  mais  il  fut 
défait  lui  &  les  ûens  ;  &  fa  Se£ie  y  qui  étoit  le 
Magifme ,  entièrement  abolie  dans  tout  le  Kho** 
rafan. 

^    SEN  ASCHERIVA  y  nom  Arabe  dé  celui  que 


1 
I 
1 


r  o 

[  O  H  1  É  N  T  A  L  r;  151 

les  Juifs  appellent  Sennacherib ,  Roi  des  Afly* 
riens  ,  qui  leur  fit  la  guerre. 

Les  Hiftoriens  Arabes  le^ nomment  auflî  Siaf^ 

ferneva  ^    &  TAuteur  du  Raoudhat  alkobab  die 

qu'il  étoit  des  defcendans  d'Efaii ,  &  qu'il  avoit 

foufFert  pendant  fa  vie  de  très-grandes  calamité'^. 

Khondemir  rapporte  que  l'an  18  de  1  Hégire, 
ibus  le  Kbalifât  d'Omar,  pendant  la  conquête 
que  les  Mufulmans  faifoient  de  la  Syrie,  & 
dans  un  temps  que  la  pefte  y  rëgnoit ,  Ton  trouva 
dans  un  fépulcre  fouterrain  le  corps  de  Senna- 
kerib  affis  fur  une  chaire  dor,  avec  une  infcrip- 
tion  en  caracfleres  Syriens  ou  Chaldaïques ,  dont 
le  fens  étoit  v  »  Le  plus  grand  mal  qui  arrive 
aux  hommes ,  eft  l'oubli  de  la  mort ,  &  celui  du 
compte  qu'ils  doivent  rendre  à  Dieu  de  leurs 
allions,  quoique  les  fépulcres  de  leurs  parens  & 
amis  qui  \ts  environnent  les  avertirent  de  ce» 
deux  chofes  ^. 

SENHARIB ,  Sennacherib,  que  les  Orientaux 
appellent  Roi  de  Moujfal  ;  c'eft  le  même  que 
îe  Roi  d'Aflyrie ,  de  qui  Tarmée  fut  défaite  par 
TAnge  Exterminateur  fous  le  Roi  Eréchias,  & 
qui  tue  tué  par  fes  deux  enfâns  dans  la  ville  de 
rlinive. 

Ces  deux  enfâns  font  nommés  par  Ebn  Batrik 

An^armelakh ,  ou  plutôt  An^arMaleh^  &  Straf- 

fera.   Le  nom  de  ce  dernier  approche  fort  de 

celui  de  Sïajjerneva ,  nom  que  Xoïi  donne  k  fon 

père. 

L'on  trouve  un  Roi  d'Arménie  dô  ce  même 
nom  qui  attira  dans  fes  Etats  Coftha  Ben  Lou-* 
cah  5  Philofoplie  Chrétien  ,  natif  de  la  ville  de 


M^t       Bibliothèque 

Bâlbek^  qui  vivoit  fous  le  Khalifat  de  Môtanie<t 
Baïah  rAbbaâidc. 

SENNAMAR  ;  nom  d  un  célèbre  ArcJiite<île 
qm  bâtit  deux  palais  ou  châteaux  qui  ont  paifé 
chez  les  Arabes  pour  être  du  norï\bre  de  ces  ou- 
Tragcs  que  Ton  appelle  les  Miracles  du  Monde^ 

Les  noms  de  ces  deux  châteaux  font  Sedir  & 
Kkaouarnaky  qui  furent  bâtis  pour  Nôman  Al 
Aôuar,  dixième  Roi  des  Arabes  de  la  dynaftie 
de  ceux  qui  rëgnoient  à  Hirah;  &  Ton  rap- 
porte que  l'artifice  de  ces  bâtimens  étoit  û 
grand,  qu'une  feule  pierre  en  lieit  tome  la  firuc- 
f ure  ,  &  que  la  couleur  des  pierres  de  leurs 
murailles  changeoit  plufieurs  fois  dans  le  même 
four. 

Les  Hiftoriens  Arabes  difent  que  Nôman  fit 
de  très-riches  preTens  ï  cet  Archite<5le ,  ppur  le 
réeompenfer  de  fon  travail  j  mais  qu'après  avoir 
coniidéré  que  cet  homme  en  pouvoit  bâtir  de 
Semblables  à  fes  ennemis,  &  craignant  même, 
qu'il  ne  leut  découvrît  la  pierre  qui  ëtoit  la  clef 
de  tout  le  bâtiment,  il  le  fit  précipiter  du  haut 
du  donjon  dans  le  fofle. 

Khondemir  *écrft  dans  la  Vie  de  Baharam 
Gour  Roi  de  Perfe,  pour  l'éducation  duquel 
Kôman  avoit.fait  bâtir  un  de  fes  châteaux,  que 
Sennamar  ^  après  avoir  reçu  de  û  riches  préfens 
de  Nôman ,  s  avifa  de  dire  que  s*il  avoit  cru  tirer, 
de  ce  Prince  une  auffi  grande  récompenfe  de  fon 
ouvrage ,  il  lui  auroit  fait  encore  quelque  chofe 
de  plus  beau ,  &  que  cette  fotte  vanité  de  l'Ar- 
chitedle  fut  caufe  de  fon  malheur. 


r 


Orientale;  i^l 

SER  APERDEH  ;  le  Voile  ou  la  Courtine  du 
Palais  on  du  Sérail  ;  c  eft  ce  que  nous  appelons 
ordinairement  une  Portière ,  c  eft-à-dire  la  pièce 
d'ëtofFç  que 'l'on  met  au  devant  des  portes  des 
appartemens  des  Grands.  ^ 

L'ufaçe  de  ces  portières  a  pafle  de  l'Orient  en 
Italie  ,  &  de  Tltalie  jufqu  a  nous.  L'Auteur  du 
Lebtarikh  écrit  que  Lohorasb ,  quatrième  Roi  de 
Perfe  de  la  féconde  dynaftie  nommée  des  Caza-' 
nidesy  ayant  accordé  aux  grands  Officiers  de  £a 
Mai(bn  &  de  fes  armées  le  privilège  de  donner 
leurs  audiences  aifis  fur  des  trônes  ou  fîéges  d'or  , 
s'étoit  réfervé  à  lui  feul  le  droit  du  Seraperdeh  ^ 
c'eft-à-dire ,  d'avoir  devant  fon  trône  un  rideau 
ou  portière  qui  le  couvroit  aux  yeux  de  fes 
fujets ,  pour  les  tenir  dans  un  plus  grand  refpeél 
&  vénération  de  Ta  perfonne. 

4 

SERF  &  SIRF  ;  nom  d'une  nation  que  le» 
Latins  ont  appelée  Servi,  Serbie  Sorçibi  &  Zirfiz 
nous  l'appelons  Serviens  &  Rqfciens.  Ces  peu- 
ples habitent  mainteâant  dans  la  Moeiie  fupé- 
rieure  ,  dans  le  pays  des  anciens  Triballes  ;  mais 
ils  font  venus  des  Palus  Méotides  y  &  ont  eu  peii* 
dant  un  long  temps  des  Princes  qui  portoient  le 
litre  de  Dejpotes ,  mot  Grec  qui  fîgnifie  Ample- 
ment Seigneurs.  Ils  ont  pénétré  autrefois  jufaue 
dans  la  Luface  &  dans  la  Mifnie  ;  provinces  des' 
Saxons  en  Allemagne ,  &  firent  des  entreprifes 
jufque  dans  la  Thrace ,  où  ils  tentèrent  de  re- 
prendre Andrinople ,  fous  Morad  Gazi ,  qui  eft 
Amurat  premier,  Sultan  des  Turcs,  Tan  y 6"^  de. 
THégire  :  mais  ils  furent  défaits ,  &  le  lieu  de 
leur  défaite  conferve  encore  jufqu'aujourd'hui  le 


9^4  BlfilIOTMEQT^e 

Bom  de  Sirf  Singouniy  nom  qui  fîgnifie  dans  k 

Lanque  Turquefque  la  déroute  des  Strvitns. 

SERGIOUS ,  Sergîus.  Les  Arabes  ^  les  Pcr* 
fans  &  les  Turcs  nomment  le  plus  fouvenc  eir 
leur  langue  Sarkis  ou  Sarghis ,  celui  que  nous 
nommons  "Sergius ,  &  il  n*y  a  guère  que  les  Chré- 
tiens Orientaux  qui  appellent  ainfi  le  Saint  Mar« 
tyr  de  ce  nom ,  comme  auiS  ceux  qui  l'ont  porté 
après  lu^  ;  car  ils  nomment  ainii  Sergius  ,  Pa-» 
triarche  de  Conftantinople ,  Auteur  de  la  Seâe 
des  Monothelites  ,  fous  l'Empereur  Juftinien  ; 
£c  Sergius ,  natif  de  Ras  Alain ,  Jacobite  ci|e  pro« 
feflîon  ,  qui  a  traduit  en  Langue  Syriaque  plu- 
fieurs  Livres  Grecs ,  fuivant  le  témoignage  a  A-^ 
boulfarage ,  &  compofé  un  Livre  de  Logique  ea 
Langue  Syriaque  ,  lelon  Ebéd  lefu. 

SERIR  ALDEHEB ,  le  Trône  d  or  ;  nom 
6*un  pays  ou  province  qui  s'étend  entre  le  Pont 
Euxin  &.  la  mer  Cafpienne ,  où  eft  fituée  la  ville 
de  Derbend  ,  que  les  Ti|fcs  appellent  Démit 
Cnpif  la  Porte  de  fer. 

La  raifon  qui  a  fait  donner  k  nom  de  Trène 
d'or  à  cette,  province ,  vient  de  ce  que  Noufchir- 
van  Kefra,  Roi  de  Perfe  de  la  quatrième  dynaf- 
tie  ,  nommée  des  S ajfaniens  ou  des  Khofroès , 
^yant  fait  achever  la  grande  muraille,  commen- 
cée par  Alexandre  le  &and ,  qui  féparoit  les  peu* 
pies  Septentrionaux  de  Khozar  &  de  Kip-Chak» 
qui  font  les  Scythes  Hyperboréens,  d'avec  les  pro- 
vinces du  refte  de  l'Afie ,  y  établit  un  Marz^- 
ban  ,  c'eft*à-dire  un  Gouverneur  de  la  Marche 
on  Frontière ,  auquel  il  accorda  le  pririlége  d& 


5 


Orientale.        ,   255 

^arfleoir  fur  un  trône  d'of ,  en  çonfidération  de 
i*ini  porta  nce  du  pofie  qu'il  gardoit. 

Cette  muraille  ,  dbnt  il  eft  ici  parlé  ,  eft  la 
même  que.  celle  qui  eft  nommée  Sedd  lagioug' 
V  Jdagiouff' ,  dont  Ton  peut  voir  le  titre  un  peu 
Jus  mut  :  elle  fut  bâtie  dans  les  ouvertures  & 
étroits  du  mont  Caucafe ,  lieux  que  les  Per- 
£ans  ont  accoutumé  d'appeler  Derbend^des  Bar^ 
rieres ,  &  les  Turcs  ,  Demir  Capi  y  des  Portes 
de  fen. 

Ebn  Scholmali  dit  que  Marvan ,  furnomm^ 
Hemar  j  conquit  ce  pays-là ,  Tan  î  1 1  de  THé- 
gire ,  fous  le  Khalifat  de  Hefçham ,  dixième  Kha-^ 
ïïfe  dé  la  race  des  Ommiâdes ,  &  s'avança  bien 
avant  dans  le  pays  de  Khozar  :  Khondemir  écrie 
aufîî  la  même  chofe.  Cette  province  fait  au-^^ 
loui-d'hûi  partie  du  Schirvan  ou  Médie ,  &  ap* 
partient  au  Roi  de  Perfe. 

SERMENR AI.  On  appelle  ainfî  vulgaire, 
ment  une  ville  de  llraque  Arabique ,  qui  eft 
l'Aflyrie  &  la  Chaldée ,  que  Ton  devroit  nom- 
mer Sermenraa  où  Serramenraa ,  mot  colïipofé 
de  trois ,  quifignifie  celui  qui  la  voit  fe  réjouir. 

Cette  ville  eft  fituée  fur  la  rive  orientale  du 
Tigre,  &  a  de  longitude  72  degrés  30  minutes 
&  34  degrés  de  latitude  feptentrionale ,  dans  le 
quatrième  climat  ^  félon  les  Tables  Arabiques» 
JUes  uns  difenÇ  qu'elle  s^appeloit  autrefois  Semi^ 
r^Â,  ville  bâtie  parSchabour  Dhoulaktaf;  mats 
Khondemir  n'eft  pas  de  ce  fentiment  ;  car  il  dit 
dans  la  Vie  de  MotaiTem ,  huitième  Khalife  de  la 
race  des  Abbaffides ,  que  ce  Prince  ayant  une 
forte  inclitvition  pottc  les  jeunes  Efelaves  Turçii 


â$6         BlBITOtHEQUE 

en  fit  acheter  un  très-grand  nombre,  qui  rempli- 
rent en  peu  de  temps  toute  la  ville  de  Bagdet. 

Les  habitans  de  Bagdet  fe  plaignirent  au  Kha- 
life de  rififolence  de  cette  nouvelle  milice ,  & 
déclarèrent  aiTez ,  par  leurs  fréquentes  émotions , 
qu'ils  ne  la  pouvoient  plus  foufFrir.  Ceci  fut 
caufe  que  Motaflem^  qui  afFe(îïionnoit  fort  (a 
nouvelle  milice ,  prit  la  rëfolurion  de  bâtir  une 
nouvelle  ville  ,  dans  laquelle  il  feroit  fa  réfidence 
ordinaire ,  &  y  vivroit  en  repos  avec  fes  Turcs, 
à  Tabri  des  féditions  dont  il  étoit  fatigué  dans 
Bagdet. 

Il  choifît  pour  cet  effet  un  lieu  ,  nomm^  Ctf- 
ihoul ,  éloigné  environ  de  diji:  ou  douze  lieues  de 
Bagdet ,  &  y  fit  bâtir ,  Tan  1 20  de  THégire ,  une 
ville  qu'il  nommd,  S atrtar a  j  que  Von  appela 
auffi  Asker ,  à  caufe  du  camp  de  la  milice  Tur- 
quefque  qu'il  y  établit.  C  eft  de  cette  nomina- 
tion que  les  derniers  Imans  de  la  race  d'Ali  font 
furnommés  Askeri ,  à  caufe ,  ou  de  la  naiflance 
qu'ils  y  prirent ,  ou  de  leurs  fepulcres  qui  y  font; 
c'eft  mm  cette  même  ville  d' Asker  ou  de  Ser- 
inenrai  que  le  Mahadi  eft  caché,  &  d'où  il  doit 
fortir  à  la  fin  des  temps ,  félon  le  fentiment  des 
Schiites  ou  Sénateurs  d'Ali. 

Le  Khalife  Motavakkel  quitta  la  ville  de  Ser- 
menrai ,  &  transporta  le  fîége  du  Khalifat  en  la 
ville  de  Giafarian ,  qu'il  a  voit  fait  bâtir  :  mais 
MontaiTer  fon  fils ,  ^ui  lui  fuccéd^,  retourna  à 
Sermenrai. 

SILENCAI  &  SILOUK  ;  nom  de  la  pre- 
miere  vill«  ou  habitation  du  Turqueftan ,  ou  liak, 

fils 

\ 


Orientale.  15^ 

fils  de  Turc  fils  de  Japhet ,  faifoir  fa  demeure 
avec  fon  perC;  félon  Emir  Khouand  fchah. 

STMEAN  AL  SADIK,  Simëon  le  Jufte.  Le 
Tarikh  Montekheb  fait  ce  perfonnage  fuccef- 
feur  d'Ozaïr  ou  Efdras ,  dans  la  prédication  de  la 
Loi  de  Dieu. 

Ebn  Batrik  dit  que  Siméon  le  Jufte,  qui  reçut 
Jéfus-Chrift  entre  fes  bras  ,  étoit  Tun  des  fep- 
tante  Interprètes  de  la  Loi ,  &  que  Dieu  lui  avoic 
prolongé  la  vie ,  parce  qu  il  avoit  peine  à  acquief- 
cer  aux  prophéties  qui  regardoient  le  Meffie, 

SIMEAN  AL  HABIS,  Siméon  le  Reclus. 
C'cft  Saint  Siméon ,  que  tous  les  Arabes  ont  fur- 
nommé  Saleh  alôntoud^  &  les  Grecs  le  Stylite^ 
parce  qu'il  demeuroit  dans  une  cabane  décou- 
verte ,  faite  en  forme  de  chaire  à  prêcher ,  pofée 
fur  une  colonne  :  cette  colonne  étoit  pofée  dans 
le  territoire  d'Antioche  ,  dans  un  lieu  élevé  ,  qui 
l>orne  la  plaine  d'Antioche  du  côté  de  l'Orient^ 
&  que  l'on  appelle  Al  Gehal  Al  Moâgeb.  Il 
Tivoic  fous  l'Empire  de  Marcien. 

« 

SIMIA  ;  c*eft  le  nom  que  les  Arabes  donnent 
à  une  partie  de  la  Chimie ,  prife  dans  fa  plus 
ample  fignification  ;  car  Chimie  ,  ou  Kimia  » 
comme  l'appellent  les  Arabes  ,  vient  du  mot 
Grec  ;k;«'/«« ,  &  celui-ci  de  z^f^^^  qui  fignifieyic , 
&  fait  affez  voir  que  la  Chimie  proprement  dite, 
ne  s'exerce  que  fur  les  fucs  &.  fur  les  effences 
des  plantes  ,  &  que  c'eft  par  extenfion  qu'elle 
comprend  la  préparation  4e8  minéraux  &  des' 

Tome  V.         '  R 


15S       Bibliothèque 

métaux,  que  les  Arabes  appellent  d'un  nom  par-» 
ticulier ,  Simia. 

L'oririne  du  mot  Simia  fe  prend  des  mots 
Arabes  oam  &»Samar,  qui  fignifient  les  veines 
d'or  &  d'argent  qui  fe  trouvent  dans  les  mines; 
&  les  Orientaux  ,  auffi  bien  que  les  Grecs ,  eji 
attribuent  l'invention  à  Ammontus ,  que  les  Ara* 
bes  appellent  Ammonious  ,  de  même  que  la  Chi- 
mie proprement  dite  ,  à  Chiron  le  Centaure 
Précepteur  &  Gouverneur  d'Achille.  ' 

Lorfque  les  Arabes  &  autres  Orientaux  parlent 
^e  la  Chimie  en  général  ,  &  des  merveilleux 
effets  qu  elle  produit ,  ils  joignent  toujours  ces 
deux  mots  de  Kimia  &  de  Simia  ,  pour  corn- 
,  prendre  toutes  les  opérations  que  Ton  fait  par  le 
moyen  du  feu ,  tant  fur  les  animaux  &  fur  les 
plantes ,  que  furies  métaux, &  les  minéraux. 

Il  y  a  cependant  parmi  les  Arabes  un  autre 
Art,  qu'ils  nomment  auffi  Simia  ,  qui  ne  s'exerce 
pas  fur  les  minéraux,  mais  qui  a  pour  fujçt  les 
noms  &  les  nombres ,  defquels  on  tire  une  efpece 
de  divination ,  de  la  même  manière  que  Ton  en 
tire  une  autre  des  points  &  des  lignes ,  par  te 
moyen  de  la  Géomancie;  &  cette  efpece  de  Si- 
mia tire  ion  origine  &  fa  dénomination  du  mot 
Arabe  Sim  &il/m^  qui  figniâe  un  Nom. 

Cette  fcience  des  Noms  en  général  va  bien 
plus  avant,  parce  qu'elle  enferme  auâî  celle  des 
Noms  des  Efprits ,  iSc  de  leur  invocation;  &  dans 
le  Livre  intitulé  Ketab  alanouar^  le  Livre  des 
Lumières ,  Ton  trouve  vingt-huit  alphabets  de  la 
Simie  ,  qui  fervent  à  faire  des  talifmans ,  pour 
attirer  les  Efprits  &  leurs  vertus,  &  en  faire  divers 
.  ttfages  fuperâiûtux  ;  de  forte  que  l'on  déânit 


Orientale. 


*S9 


cette  fcience  ;  Elm  alaroudh  aUlcuiah  v  eflenraL 
caouahaleemefaâhha}  »  L'Art  de  connoîrre  les 
tipnts  fuperieurs ,  &  de  faire  defcendre  jufqu'à 
nous  leurs  vertus ,  pour  en  tirer  ce  que  nous  dé- 

Sr""V  ^"l  ,/"'^*^  ^"  '»■<>'«  P""es ,  qui  font. 
Tarçî ,  Thelfem  ,  &  Salliamous.  ^ 

^L'on  trouve  dans  la  Bibliothèque  du  Roi 
j"  lV^}  ""L'/re. intitulé  Scheraftn  Al  Hen- 
diahfi  elm  Al  Simia  ;  &  au  n*'.  1004,  le  cint 
quieme  Traité  du  Livre  intitulé  Cabs  aîanouar 
vgiamê  alafmr.Ce  font  proprement  deux  Livres 
de  Theurgie  ,  ou  d'invocation  des  Efprits. 

SIMORG.  Ce  mot  Perfien  fignifie  propre- 
ment cet  oifeau  fabuleux  que  nous  appelons  Grif- 
fon, &  qui  nous  eft  vertu  de  l'Orient  ;  car  les 
Juifs  font  mention  dans  le  Thalmud ,  d'un  oifeau 
aïonftrueux  ,  qu'ils  nomment  lukhneh  &  Ben 
lukhneh,  duquel  les  Rabins  racontent-mille  ex- 
travagances ,  &  les  Mahométans  difent  que  le 
Siraorg  fe  trouve  dans  la  montagne  de  Càf. 

Sâdi,  Auteur férieux qui  a compofé  le  Boftan 

dit  cependant,  en  voulant  louer  la  providence  &  la 
hberalité magnifique  de  Dieu  envers  fes  créatures, 
•  dans  la  préface  de  cet  Ouvrage, que  Dieu  a  dreflë 
une  table  d  une  fi  grande  étendue  pour  la  nour- 
riture &  pour  la  confervatict"  de  toutes  (ts  créa- 
turcs  ,  que  le  Simorg  trouve  dans  le  mont  de  Caf 
de  quoi  fe  repaître  fuffifamment ,  quoiqu'il  fpit 
d'une  monftrueufe  &  épouvantable  grandeur. 

_  SIMORG  ANKA-,  c'eft  le  même  oifeau  que 
Simorg.  Les  Orientaux  difent  dans  leurs  Ro- 
quas ,  que  cet  oileau  merveilleux  eft  raifonnable , 

R  i) 


^6o       Bibliothèque 

car  il  parle  à  ceux  qui  Tinterrogent  ;  &  dali9 
le  CaTiêrman  Namch  ou  Hiftoire  de  Caherman  > 
nous  lifons  le  difcours  qu'il  tint  à  ce  Héros  , 
dans  lequel  il  dît  qu  il  a  vécu  dans  plufieurs  révo- 
lutions de  fîecles  &  de  créatures ,  qui  font  paf- 
fées  avant  le  fiecle  d'Adam«  > 

SIN.  Les  Arabes  appellent  ainfi  ce  que  nous 
appelons  la  Chine ,  &  c  eft  de  là  que  les  Latins 
appellent  les  Chinois  Since  &,  Sinarum  Regio  , 
le  J^ays  de  la  Chine  :  mais  les  Perfans,  &  autres 
Orientaux  Tappellcnt  Tchin,  &  difent  que  ce 
pays  a  tiré  fon  nom  d*un  des  fils  de  Japhet. 

Tchin  ou  Sin  étoit  le  fils  aine  de  JapheC 
£ls  de  Noé ,  &  fut  le  plus  habile  de  tous  fes . 
frères ,  auflî  eut-il  le  meilleur  partage  ;  car  fon 
père  lui  donna  pour  héritage  le  grand  pays  qui  a 
tiré  fon  nom  de  lui ,  &  que  nous  appelons  au-^ 
j^urd'hui  la  Chine. 

Ce  fut  lui  qui  cnfeigna  à  fes  enfans  la  Pein- 
ture &  la  Sculpture  ,  &  TArt  de  jpréparer  la  foie 
pour  en  faire  plufieurs  fortes  detofFes  ,^  en  un 
inot.,  Ton  pret^end  que  la  plus  grande  partie  des 
ouvrages  qui  font  encore  aujourdhui  en  vogue 
dans  la  Chine, &.  dont  tous  les  Etrangers  font  fi 
grand  état ,  font  de  fon  invention. 

Tchin  eut  pourfils  aine  Matchin,  dont  on  a  déjà 
pftrlé,  &il  fufSra  de  direici  que  les  Orientaux,  en 
parlant  de  la  Chine  en  général ,  Tappellent  Tchin 
&.Matchin^  de  même  que,  pour  exprimer  la  Tar- 
tarie  entière ,  ils  fe  fervent  des  termes  d'/n^/oi/^' 
&  Magioug'  ,  qui  font  le  Gog  &  Magog  dé 
|*£critiire  Sainte.  Il  y  a  pourtant  des  Geogra* 


O  R  r  1  N  T  A  i:  ir,  m6% 

jpîies  mii  prétendent  quil  faut  entendre  par  le 
mot  Tchin  ,  la  Chine  feptentrionale  ,  que  pla- 
ceurs croient  être  la  même  que  le  Khatha  ou  Kha- 
thaï  ;  &  par  celui  de  Matchin ,  la  Chine  méri- 
3îonale ,  en  y  comprenant  la  Çochinchine ,  le 
Tunquin  &  le  Rojaunie  d'Anan  avec  ceux  de 
Siam  &  de  Pegu. 

La  Chine  feptentrîohale  efl:  encore  appelée 
par  les  Orientaux  le  Khotan  ,  8c  la  Tartarie  plus 
fcptentrîonale^  lé  Car  a  Khotan ,  le  Khotan  Nolr^ 
à  caufe  dé  TépailTear  de  fes  forêts ,  &  de  l'air  né- 
buleux &  chargé  de  frimas  qui  la  couvrent. 

'Les  anciennes  Hiftoires  de  Perfe  difent  que 
Feridoun ,  Roi  de  la  première  dynaftîe  nom  mée 
xîes  Pifchdaiiens ,  donna  en  partage  à  fon  fils 
(  Tour)  la  Chine  &  le  Turqueftan ,  &  le  qualifia 
dt|  titre  de  Fagfour^  qui  eft  demeuré  hérédi- 
taire aux  Rois  de  ce  pays-lk  ,  comme  celui  de 
Pharaon  k  ceux  d'Egypte. 

'     Ebn  Al  Ouardi  écrit  dans  (on  Livre  intitulé 

Kheridat  alâgiaïb  y  que  félon  le  rapport  d'Abou 

Ishak  Ibrahim ,  furnommé  Al  Hageb  ,  la  largeur 

«du  pays  de  la  Chine ,  à  la  prendre  depuis  Ten^ 

.  trée  du  Golfe  de  Bengale  jufqa  aux  pays  des  Mu- 

fulmans  dans  le  Mavaralnahar  ^  a  trois  m^ois  de 

chemin  d'étendue,  &  que  fa  longueur  doit  fê 

prendre  depuis  l'Océan  oriental  julqu'en  deçà  du 

'Thobut  ou  Thehet ,  ce  qui  fait  quatre  mois  entiers 

de  chemin.  Cet  Abou  Ishak,  qu'on  nomme  en^ 

core  Ebn  Al  Mefkin  Al  Farji ,  &  qui  étoic  un 

"des  premiers  O/ficiers  d'un  Roi  de  la  Chine  fous 

la  dynaftie  des  Princes  de  la  Maifon  de  Gln- 

ghizkhan ,   rapporta  à   fon   Maître  ,  que   dans 

tout  le  pays  de  la  Chine,  non  plus  qu'aux  Indes 

Ku) 


^6t         BiBLIOTHEQUB 

par  où  il  revint ,  il  n  aroit  trouvé  ni  figues  ,  ni 
raifins,  ni  olives. 

Le  même  Auteur ,  auffi  bien  que  le  Gcogra- 
plie  Perfien  ,  dit  que  la  ville  de  Khancou  eft  la 
capitale  du  pays ,  &,  que  c'eft  là  que  le  Fagfoar 
fait  fa  refidcnce  :  il  nomme  pourtant  encore  une 
autre  ville  confidérable  dans  ce  pays-là  ,  appelée 
St'ihangiou  &  Zitoun^  que  d'autres  Auteurs  veu- 
lent être  la  ville  royale  ;  &  le  Scherif  Al  Edrifi 
^::rit  que  Khancou  6c  Giancou  font  les  princi— 
jpales  villes  de  la  Chine,  auflî  bien  que  celle  qnïl 
appelle  Loukin.  Mais  Aboulfeda  dit  qu'il  y  a  vé- 
ritablement plufieurs  grandes  villes  dans  ce  pays- 
là  ;  mais  que  leurs  noms  n'ëtoient  pas  encore 
venus  à  fa  connoiflance  ,  non  plus  qu'à  celle  des 
Géographes  Arabes  qui  l'avoient  précédé. 

Lon  trouve  cependant  dans  les  Tables  Géo- 
graphiques de  Naifireddin  &  d  Ulug  Beg  la  ville 
de  Pangiou ,  comme  le  fitfge  royal  des  Rois  de  la 
Chine,  fous  la  longitude  de  130  degrés,  &  24 
degrés  15  minutes  de  latitude  leptentrionale;  & 
le  même  Aboulfeda  ,  que  Ton  vient  de  citer, 
met  Khanbaieg  dans  le  pays  de  Khatha  ,  qui  efî 
la  Chine  feptentrionale  ,  fous  les  144  ou  145  de- 
grés de  longitude,  &  fous  les  }5  ou  36  degrés 
de  latitude  feptentrionale. 

L'Emir  Khouand  fchah  dit  ,  dans  la  Généa- 
logie de  Ginghizkhan,  qu'il  y  avoit  un  Roi  de  la 
race  deTatar,  qui  régnoit  dans  la  Chine  au  temps 
d'Ogouzkhan  ,  &  que  le  Khakan  ,  Roi  du  Kka* 
tha  ou  Chine  feptentrionale  ,  joignit  î^s  troupes 
à  celles  d'ATrafijb  ,  contre  Caïkhofrou  Roi  de 
Perfe.  Les  mêmes  Chinois  fecoururent  auffi  Gaï- 
doukhan  contre  les  peuples  nommés  Gialaïr. 


Orïektali.  26f 

Ce  grand  pays  fut  envahi  par  les  Mogols  ou 
Tartarcs  de  Ginghizkhan  ,  lous  Coblaï  Câan. 
Ginghizkhan  &  fes  fuccefleurs  Coblaï  Càan  , 
Arik  Bouga ,  fon  frère  Barakkhan  &  autres ,  le 
poflederent  jufqu environ  Tan  700  de  l'Hégire, 
qui  cft  de  J.  C.  ijoo. 

Les  Arabes  appellent  en  leur  langue  Sauani , 
les  vafesde  porcelaine ,  mot  qui  eft  dérivé  de  Sin  : 
mais  les  Turcs  ,  outre  le  i>om  de  Tchini  ,  qu'ils 
leur  donnent,  les  appellent  encore  Fagfouri^ 
mot  tiré  de  celui  de  Fagfour  j  qui  eft  le  titre 
des  Rois  de  la  Chine.  ^ 

A  cet  article  trop  court  fur  une  matière  auflt 
importante,  nous  avons  cru  devoir  réunir  la  re- 
lation qui  fuit.  Les  détails  qu'elle  contient  feront 
certainement  plaifir  aux  Leéleurs. 

Description  de  la  Chine. 

Quand  on  confidere  (  dit  un  Voyageur  )  k 
multitude  innombrable  deshabitans  de  la  Chine» 
fes  richefles  immenfes  ,  fon  abondante  fer- 
tilité, &  fur -tout  la  fagéfle  de  fon  Gouver- 
nement, c'eft  à  ju (le  titre  qu'on  lui  donne  un  des 
premiers  rangs  entre  les  Empires  de  l'Univers^ 

L'Hifloire  populaire  de  cette  vafte  Monarchie 
cfi  hors  de  toute  vraifemblance  ,  pour  ne  pas  dire 
mariifeftement  faufle  ,  puifqu'elle  compte  plus 
de  quarante  mille  ans  depuis  fa  Tondation  .  Il  eft 
vrai  qu'il  ny  a  point  de  peuple  plus  ancien,  ni 
peut-être  fi  ancien  dans  le  Monde;  car  le  temps^ 
ie  plus  reculé  ,  marqué  dans  la  Vulgate  ,  fufîît? 
st  peine  pour  fixer  la  chronologie  des  Chinoisi  fifci 

Riy 


iS^  B  I  B  L,I  O   T   H  E  Q  U  E 

ce  que  leurs  Savans  en  difent  eft  foutenu  par  den 
circonftances  fi  apparentes ,  &  confirme  par  une 
Tradition  fi  généralement  reçue  parmi  eux,  qu'on 
y  pafleroit  pour  ridicule  &  pour  un  incrédule 
obftiné  j  fi  l'on  vouloit  feulement  le  révoquer  en 
doute.  Cependant  ,  malgré  la  prétendue  certi- 
tude de  ces  Savans ,  ils  ne  s'accordent  pas  tout-à- 
fait  fur  l'antiquité  de  leur  nation  ,  les  uns  lui 
donnant  quatre  mille  quatre-vingt-huit  ans ,  &  les 
autres  quatre  mille  fix  cent  quatre-vingt;  plu- 
fieurs  enfin,  par  des  raifons  anez  probables,  la 
font  remonter  encore  fix  cents  ans  plus  haut. 

Quoique  ces  différences  paroiflent  fenfibles , 
•  l'on  ne  doit  point  s'en  étonner  ,  ni  s'y  arrê- 
ter ,  îorfqu'on  fait  attention  au  peu  de  con- 
formité qui  fe  trouve  auflî  entre,  nos  Auteurs 
Européens  qui  ont  traité  de  la  Chronologie.  On 
fait  qu'il  y  a  plus  de  foixante-quinzc  opinions 
touchant  le  calcul  des  années  depuis  la  création 
du  Monde  jufqu'à  la  venue  de  Jéfus-Chrift,  8c 
que  routes  ces  opinions  renferment  une  diffé- 
rence de  plus  de  trois  mille  ans;  puifque  la  pre- 
mière ,  qui  eft  du  Kabi  Nahaflbn  ,  en  compte 
3740 /&  la  dernière,  d'Alphonfe  le;  Sage  ,  Roi 
de  Caftille  ;  6984. 

Pour  donner  une  vraie  époque ,  ou  du  moins 
une  époque  vraifemblable ,  à  rétabliffement  de 
l'Empire  de  la  Chine  ;  un  homme  de  probité  & 
d'érudition,  qui  y  a  fait  un  féjour  déplus  de  qua- 
rante ans,  &qupa  débrouillé  ce  chaos  autant  qu'il 
lui  a  été  poflîble  ,  a  affuré  en  avoir  fait  une  Difler- 
tation  en  latin  ,  dans  laquelle  il  prouve  la  véri- 
table origine  de  cet  Empire  ,  fon  gouverne- 
ment y  ôcc.  Comme  il  a  donné  les  Mémoires  , 


O  R  I  E  N  T  il  L  E.  265 

£vtr  lefquels  il  a  travaille  >  on  va  tâcher  d*en  faire 
le  précis ,  en  commençant  par  la  généalogie  da 
Roi  Je<ftan.  Elle  eft  tirée  exaélement  des  An- 
nales Chînoifes,  &  conforme  à  l'Ecriture  Sainte 
jufqu'à  Heber ,  père  de  ce  Je6lan. 

C*eft  donc  par  une  étude  recherchée  des  HiC- 
toriens  Chinois,  &  de  leurs  anciennes  Chroniques, 
qu'on  a  pu  apprendre  que  le  Roi  Jeélan ,  appelé 
dans  leur  langue  Yao  ou  Yao-tang^  a  été  le  Fon- 
dateur de  ce  grand  Empire.  Ils  difent  que  ce 
Prince  partit  Tan  171  après  le  Déluge,  du  camp 
de  Sennahar  ,  où  avoit  été  la  tour  de  Babel ,  & 
qu'il  habita  pendant  cinquante  ans  depuis  Cang- 
kiu  jufqu'au  mont  Hoa ,  lieux  qui  paroiflenc  ré- 
pondre au  Mefla  &  à  la  montagne  orientale 
Séphar  ,  &  qui ,  fuivant  l'Ecriture  Sainte,  furent 
la  première  habitation  de  ce  fécond  fils  d'Heber  : 
enfin  il  quitta  ce  pofte  &  arriva  à  la  Chine  onze 
.ans  après,  avec  fa  nombreufe  colonie,  ayant  pris 
.  fa  route  par  la  province  feptentrionale  de  Changfi^ 
où  il  trouva ,  aufli  bien  que  dans  un  pays  plat , 
tirant  plus  fur  le  midi,  une  vafte  étendue  d'eau , 

3ue  leur  Hiftoire  nomme  Hong-choui  ,  c*eft-à- 
ire  eaux  du  Déluge,  &  que  ce  Prince  fit  écou- 
.  1er  dans  la  mer  par  plufieurs  canaux ,  auxquels 
on  travailla  pendant  rêfpace  de  treize  ans. 

•  Sur  les  montagnes  qui  environnoiént  ce  pays, 
on  ne  voyoit  que  des  ferpens  &.des  bètes. féroces 
qui  dévorèrent  plufieurs  de  ces  nouveaux  hôtes. 
Tout  autre  que  Jeélan  fe  feroit  rebuté  à  la.  vue 
de  ces  affreux  objets  ;  mais,  plein  d'un  courage 
héroïque ,  il  ranima  les  plus  timides",  &  mettant 
lui-même  la  main  à  Tœuvre ,  pendant  que  d'un 


^&6       Bibliothèque 

autre  côté  Ton  cvacuoit  les  eaux ,  il  mît  le  feo 
par  toutes  ces  montagnes  ,  pour  en  exterminer 
ces  animaux  fauvages;  il  fit  défricher  les  terres, 
(8c  les  fit  enfemencer  :  enfin  ,  à  force  de  travail  ^ 
on  fit  paroiire  au  bout  de  quelques  années  des 
xnaifons  &  des  villes  dans  toute  cette  longue 
étendue  de  pays. 

Pour  ne  pas  être  accablé  du  fardeau  ifnmpnfe 
des  affaires  de  ce  naiffànt  Empire,  il  s'aflbcia, 
pour  le  gouverner  ,  un  perfonnage  d'un  rare  mé- 
rite ,  nommé  Yu ,  &  enfuite  Chun.  Aidé  de  ce 
grand  homme  ,  il  mit  tout  en  bon  ordre ,  créa 
des  charges ,  fixa  fa  Couf  ,  choisît  fes  Officiers  ^ 
&  partagea  ce  vafte  domaine  en  neuf  diftriéls^ 
où  il  établit  autant  de  Gouverneurs,  fe  réfervant 
un  tribut  annuel  proportionnée  la  bonté  de  cha- 
que territoire.  Enfin  toutes  chofe«  furent  fi  bien 
ordonnées,  que  fes  Réglemens  &  fes  Loix,  qui 
fubfiftent  encore  ,  ont  fait  jufqu'aujourd'hui  le 
bonheur  &  la  tranquillité  de  ces  peuples  ,  &  Tad- 
miration  des  Etrangers. 

Le  règne  d*Yao-je(3an ,  depuis  fon  départ  de 
Senna'ar  jufqu'à  fa  mort ,  a  duré  cent  &  un  ans  , 
foixante-un  hors  de  la  Chine,  &  quarante  de-  * 
puis  fon  arrivée  dans  le  royaume.  Chun  régna 
après  lui  cinquante  &  un  ans ,  ce  qui  fait  q  i  pour 
Je  règne  alternïtif  de  ces  deux  Princes,  Yao  fut 
fi  content  des  belles  qualités  de  Chun  ,  que  de 
fon  premier  Miniftre,  il  en  fit  fon  gendre  &fon 
collègue,  en  rélevant  hii-même  au  trône  de  fon 
vivant  ,  &  le  préférant  à  tous  fes  fils  ;  parce  qu*il 
ne  reconnut  en  aucun  iVeux  aflez  de  vertu  ,  ni 
aflez  de  capacité,  pour  pouvoir  continuer  &  faire 
fubfifter  fes  admirables  établiflemens.   Iv  événe- 


Orientale.  267 

ment  confirma  ce  jufte  choix ,  &  Chun  gouverna 
avec  tant  de  bonté ,  de  fermeté  &.  de  l'agefTe ,  ^ 
qu'il  pafîe  encore  dans  la  nation  pour  le  plus 
•grand  Empereur  &  le  plus  parfait  qu'il  y  ait  en 
après  Yao.  Une  des  cîiofes  qui  lui  attira  le  plus 
d  eftime ,  c  eft  que ,  fuivant  l'exemple  de  fon  prç- 
déceflêur ,  il  eut  plus  d*égard  à  la  félicité  de  fe$ 
fujet^  qu'à  la  proximité  de  fon  fang.  H  préféra 
donc  à  fon  fils  aîné  Chang-kiun ,  pour  lui  fuccë- 
der  à  la  couronne  ,  le  grand  Yu,  non  n>oins  cé- 
lèbre par  fes  vertus  éminentes  >  que  pour  avoir 
{►réfidé  à  l'évacuation  des  eaux,  &en  avoir  achevé 
e  grand  &  pénible  ouvrage,  C'eft  lui  qui  fut.  le 
Chef  delà  première  Famille  Royale  nommée  iîiV. 
Il  auroit  bien  voulu  imiter  fes  deux  illuftres  pré- 
décç fleurs  ,  en  remettant  au  plus  digftc  les  rêne^ 
de  f  Empire  ;  mais  le  fentiment  des  Grands  & 
du  Peuple  prévalut ,  en  le  rendant  héréditaire , 
par  U  crainte  qu'ils  eurent  qu'une  éledion  qui 
auroit  toujours  été  arbitraire  ^  ne  vînt  enfin  à 
caufer  des  miirmures  &  des  troubles  capables 
d'ébranler  ou  de  bouleverfer  même  ce  qui  étoit 
iS  bien  affermi.  , 

L'on  ne  peut  pas  dire  au  jufte.  le  nombre  des 
Princes  que  cette  première  famille  ou  dynaffie  \ 
comme  notre  Auteur  l'appelle  ^.  a  mis  confécuti-r 
vement  fur  le  trône,  l'ordre  de  la  fucçeflîon  en 
ayant  été  plufieurs  fois  interrompu  par  quelques 
rebelles  :  mais  il  eft  certain  quelle  n'a  fub* 
(îfté  que  259  ans,  au.  lieu  de  439  ,que  le  com- 
put  vulgaire  lui  attribue,  par  une  addition  qui 
paroît  faite  à  deffei.n  d'une  triple  révolution  de 
Ion  cycle  fexagénaire  ,  ç'eft- à-dire  <le  i%o  ans. 
Les  preuves  qu'en  donnent  d«  favans  Auteurs 


!  / 


Mêi       Bibliothèque 

Cbinois,  font  très-plaufibles^  par  rapport  k  de  cer--» 
^/  taîns  ëvénemens ,  dont  les  circonftances  font  par- 

faitement conformes  avec  celles  que  nous  liions 
dans  la  Vulgate.  Cette  erreur  de  calcul  a  telle- 
ment dérange'  la  chronologie  Chinoife ,  que  les 
Miffionnaires  Européens  n'ont  pu  jufqu'ici  rc- 
connoicre  la  véritable  origine  de  l'Empire ,  de 
crainte  qa'en  avouant  le  Roi  Yao  pour  fon  Fon- 
dateur ,  comme  il  Teft  en  effet ,  ils  ne  fuflent 
obligés  de  le  faire  noyer  dans  les  eaux  du  Dé- 
luge dix  ans  avant  fon  élection  ou  fon  départ 
your  la  Chine  :  c'eft  pourquoi  ils  ont  dû  aban- 
donner la  Vulgate ,  &  avoir  recours  aux  Sep- 
tante ,  pour  trouver ,  à  la  faveur  de  leur  comput 
âlongé,  quelque  Prince  plus  ancien ,  qu'ils  ont 
fait  le  prétendu  Fondateur  de  cette  nation  s  & 
cela  faeite  d*un  examen  fuffifant ,  s  étant  cpnten- 
•*és  de  chercher  ce  Prince  entre  ceux  dont  les 
-Annales  Chinoifes  parlent  confufément  depuis  le 
premier  homme, 

'  La  féconde  dynaftie  qui  a  fuîvî  immédiate- 
ment celle  des  Hia ,  s'eft  nommée  Chang ,  &  a 
"duré  644  ans  fous  vingt-huit  Princes  conlecatifs. 
L'Empereur  Tchin-tang  ,  furnommé  X Homme 
fârfait  y  en  fut  le  Chef,  &  parvint  à  l'Empiré 
Ja  tnême  année  que  le  Patriarche  Jacob  entra  en 
Egypte,  qui  étok  là  féconde  de  la  famine  uni^ 
verfelle  de  fept  ans.  L'Hiftoire  Chinoife  en  fait 
intention  j  de  même  que  l'Ecriture  Sainte  ,  &  la 
place  auffi  dans  ie  même  temps,  favoir ,  jSz  ans 
•après  le  Déluge. 

La  troifieme  dynaftie^  appelée  Tckeou  y  pen- 
dant 876  ans  quelle  a  duré  ,  a  eu  trente-fept 
Rois  j  dont  Vou-vang  fut  le  premier,  ayant  defaii 


F 


Orientale.  169 

le  cru«l  &  débordé  Tchepu ,  dernier  Prince  de 
la  dynaflie  précédente.  Depuis  ce  temps^là  juf- 
quà  la  naiflance  de  Jéfus-Chrift ,  il  s'eft  écoulé 
146  ans  ,  le  fixjeme  du  rçgne  de  TEmpereur 
Han-geai-ii  :  &  epfin  depuis  cçtte  fainte  &  heu- 
reufe  époque,  nous  en  comptons  1728:  d où  il 
refaite  que  TEmpire  de  la  Chine  ayant  com- 
mencé 230  ans  apr^s  le  "Déluge  ,  le  1886  da 
Monde  félon  la  Vulgate,  a  jufquà  préfent  trois 
mille  huit  cent  quarante-'cinq  années  d'antiquité, 
comme  on  le  voit  par  cette  fupputation. 

Le  règne  des  deux  premiers  Rois/  Ans. 

Yao  &  Chun  a  été  de     .    ..  '  .  91 

La  première  dynaftie  a  duré  .    '.     .  259 

La  féconde  .....*'•..  6^44 

La  troifieme     . 876 

Depuis  ce  temps  à  J.  C.  il  s  eft  pafle  246 

JEt  depuis  Jféfus-Chrift     .     .     •     .  1728 


3845 


Pendant;  cette Jpngue fuite  dannées  ,on  a  tou- 
jours vu  la  même  forme  de  gouvernement  dans 
la  Chine  ,  &  rien  ne  s  y  eft  changé  que  les  habil- 
lemens ,  quoique  les  Tartares  Occidentaux  & 
Orientaux  y  aient  fait  deux  invafions  3  la  pre-- 
miere  Tan  iz8o,  qui  a  duré  jufqu'en  137}  ;  la 
féconde  en  Tan  1643  ^  &  quicpntinue  encore. 

On  a  aiTez  bien  débattu  Terreur  pppulaire  tou-^. 
chant  l'antiquité  de  la  Chine  \  on  va  maintenant 
fixer  fa  (i^uation  &  fon  étendue. 

Les  Géographes  parlent  diverfement.de  Tune 
&  de  l'autre  :  mais  fans  s'arrêter  à  rapporter  leurs 
dijîerens  fentimens ,  ce  qui  feroit  fort  inutile ,  gn 


\ 


^7o       Bibliothèque 

peut  aiTurer ,  après  les  obfervations  elaéles  faites 
en  dernier  lieu ,  qu'elle  eft  fituée  depuis  le  vingt- 
deuxième  degré  de  laùtude  ieptentrionale ,  )u(^ 
qu*au  quarante-unième ,  &  depuis  le  cent  vingt- 
cinquième    degré    de   longitude  jufqu'au    cent 
cinquai^tieme  ,  c'eft  à^dire  quelle  a  380  lieues 
marines  ou  d'une  lîeure  de  chemin ,  du  midi  au 
feptentrion  j  &  500  lieues  de  l'orient  ï  Tocci*' 
dent ,  en  comptant  vingt  lieues  pour  un  degré. 
On  y  joint  la  Tartarie  Orientale,  qui  fait  auffi 
partie  de TEmpire  Tartare-Chinois , depuis  lex- 
trémité  de  la  fameufe  muraille  jufqu'au  quarante-* 
neuvième  degré  de  latitude  ;  ce  font  encore  neuf 
^  dix  degrés  :  de  forte  que  tout  ce  terrein  repré- 
fente  à\peu  près  un  carré  long  de  deux  mille  cent 
foixante  lieues  de  circuit;  encore  ny  a-t-on  pas 
compris  les  ifles  de  Formofe  ,  Hainam  ,  Tfang- 
quoe  )  Theoucham  ,  &  quelque5' autres  moins 
confidérables  ,  qui  toutes  enfemblc  feroient  un 
fort  grand  royaume  j  non  plus  que  la  grande  pro- 
vince de  Leaotong,  quieft  au  delà  de  la  longue 
muraille  ,  &.  non  'en  deçà ,  comme  les  Géogra- 
phes l'ont  ci-devant  placée.  Pour  ce  qui  eu  de 
Tunquin  ,    de  Siam  ,  &  de  la  prefqu'ifle  de 
Corée ,  quoique  ces  Etats  foient  tributaires  de 
l'Empereur ,  ils  ont  cependant  chacun  leur  gou- 
vernement particulier ,  &:  font  tres-différens  de 
la  Chine ,  foit  qu  on  regarde  la  fertilité  des  terres  ^ 
la  beauté  &  la  grahaeur  des  villes  ;  /oit  qu'on 
fafle  attention  à  1  efprit  y  à  la  religion  &  aux 
mœurs  des  habitans  ;  auffi  ibrit-ils  fort  méprifés 
par  les  Chinois,  qui  les  tmtent  de  barbaies ,  & 
ne  veulent  point  s  allier  avec  eux',   non  plus 
^'avec  les  autres  Indiens ,  de  peur  ^ue  ce  xaé^ 


Orientale.  lyi 

lange  ne  les  faife   dégénérer  de  leur,  ancienne 
nobleife- 

L'Empire  de  la  Chine  eft  divifé  en  quinze 
provinces  ,  qu'on  pourroic  appeler  autant  de 
royaumes.  Les  ûx  premières ,  vers  le  fep- 
tcntrion.,  que  les  Tartarés  connoiflent  fous  le 
nom  de  Catay  ,  font  Pekeli ,  Changfi  ;  Chengfi  , 
Xantung  ,  Honan  ,  &  Sout-Chouen.  Mangy 
étoit  autrefois  le  nom  de  la  partie  méridionale 
de  la  Chine.  Elle  eft  divifée  aujourd'hui  en  neuf 
provinces,  favoir,  Houquam  ,  Nanking  ,  Che- 
xiam  ,  Kiamfi ,  Fokien ,  Quangtong  ,  Quamfi  , 
Yunnan ,  &  Kouei-tcheou. 

Ces  quinze  provinces  contiennent  cent  cin- 
quante cinq  villes  principales ,  treize  cent  douze 
cités  ou  villes  du  fécond  ordre,  &  deux  mille 
trois  cent  cinquante-fept  bourgs  militaires  ou 
places  d*armes.  Il  n  y  a  pas  beaucoup  de  diffé- 
rence entre  les  villes  &  les  cités  ,  eu  égard  à  leur 
grandeur  ,  puifqu'il  fc  trouve  des  cités  auflî  gran- 
des que  des  villes ,  &  même  plus  :  c'eft  la  jûrif- 
diélion  des  Gouverneurs  qui  les  diftingue.  Ceux 
des  villes  font  fubordonnés  aux  Vice-Rois  des . 
provinces ,  &  les  cités  leur  font  foumifes.  Les 
bourgs  ne  différent  des  villes  &  des  cités  que 
*  parce  qu'ils  ne  font  point  ferries  de  murailles , 
&  qu'ils  ont  une  garnifon  qui  demeure  avec  les 
bpurgeois.  Les  villes,  en  Langue  Chinoife,  fe 
nomment  Foîi ,  les  cités  Tcheou  ,  &  les  bourgs 
HUn.  II  y  en  a  d'une  auffi  grande  étendue  que 
des  cités. 

Il  n'cft  pas  croyable  combien  tout  ce  pays  eft 
peuplé  :  quand  on  eft  fur  les  grands  chemins ,  on 
diroû  que  ce  font  des  armées  ambulantes  :  c'eft 


J7^       Bibliothèque 

comme  fi  Ton  voyoit  continuellement  de  nos 
foires  ou  de  nos  procciîîons.  Les  Portugais   en 
étoienc  fi  étonnés  ,  lorfqu  ils  entrèrent  la  pre- 
mière fois  dans  la  Chine ,  qu'ils  demaVidoient  û 
les  femmes  y  faifoient .  des  douzaines  d'enfans  à 
la  fois.    On  compte  plus  de  dix  millions  cenc 
vingt-huit  mille   lept  cent   quatre-vingt-dix  fa- 
milles ,  fans  comprendre  les   Princes  du   fang  y 
les  Miniftres  de  l'Empire  ,  les  Seigneurs  ,  les 
O/Sciers  tant  de  police  que  militaires  y  les  Bonzes 
ou  Sacrificateurs  ,  les  Eunuques ,  les  femmes  & 
les  enfans.  Le  nombre  des  hommes  du  commun 
peuple  ,  au  defTus  de  Tâge  de  vingt  ans ,  le  monte 
a  cinquante-huit  millions  neuf  cent  feize  mille 
huit  cents ,  outre  une  prodigicufe  quantité  de  gens 

Îrui  virent  dans  les  vaifTeaux  &  les  barques,  de 
açon  que  Teau  y  paroît  auiîi  peuplée  que  la  terre. 
L'on  ne  doit  donc  pas  tant  fe  récrier ,  quand  on 
aflure  qu'il  y  a  plus  de  deux  cent  millions  d'ames 
à  la  Chine;  ce  qui  eft  fort  aifé  à  fuppdter  par  la 
taille  &  la  capitation  ,  outre  que  chaque  père  de 
famille  eft  obligé  ,  fuivant  les  Loix  ,  de  mettre 
unécriteau  fur  la  porte  de  fa  maifon  ,  qui  dénote 
le  nombre  &  la  qualité  de  ceux  qui  demeurent 
chez  lui.  Il  y  a  même  des  Tifangs  ou  dixai-  • 
niers ,  commis  pour  tenir  chacun  le  rôle  de  dix 
familles.  ' 

Ce  qui  contribue  beaucoup  à  cette  multitude 
d'habitans ,  c*eft  que  tout  le  monde  veut  fe  ma- 
rier, à  la  réferve  de  quelques  Bonzes ,  &  de  ceux 
que  la  mifere  réduit. à  garder  le  célibat  malgré 
eux  :  d'ailleurs,  comme  ni  la  guerre  ni  la  pefle  ne 
défolent  pointées  contrées,  oc  que  les  hommes^ 
outre  leur  femme  légitiiae ,  ont  autant  de  conçu- 

biens 


I 

O  11  î   t  N  t  A  L  «*  i7J 

l^nes  tju'ils veulent f  on  y  peuple  dune iî  étrange 
manière,  qu'on  ne  voit  plus  aucun  lieu,  fût'-il 
encre  des  rochers  &  des  montagnes ,  qui  ne  foit 
habite  &  cultiva» 

L'on  ne  peut  difconvenir  que  la  Chine  ne  foi* 
digne  d*adaiiration  à  plufieurs  égards  ^  mais  on 
penfe  que  fa  politique  &  la  forme  de  fon  goa-« 
vernement  la  fendent  encore  plus  recomman-* 
dable.  Oh  a  déjà  dit  qu'on. eh  avoit  lobligatioa 
à  Jeéîan  &  à  Chun ,  fes  deux  premiers  Rois« 
Voici  comme  ils  s'y  prirent. 

Après  avoir  partagé  en  neuf  ordres  les  Offi-» 
ciers  de  robe  ou  Mandarins  lettrés ,  ainii  qu'on 
les  nomme  ^  ii&  jugèrent  à  propos  de  diftinguef 
leurs  rangs  &  leurs  qualités  par  différens  habits 
&  par  diverfes  figures  fymboliques ,  chaque  ordrtt 
ayant  pour  fon  fymbole  un  oifeau ,  comme  la 
cigogne ,  l'aigle  5  le  paon  ^  Sud  Enfuite  ils  fixe-* 
rent  fîx  ordres  d'Officiers  d  epée  ou  Mandarins 
d'armes^  à  qui  ils  donnèrent  pour  marques  dâ 
diflinc^ion  ,  des  figures  de  bétes  fa nvages  ,  telles 
que  le  lion ,  le  tigre  ^  le  léopard ,  &c*  Ce.s  ré- 
glemens  furent  religieufement  obfervés  jiifqu'à 
Tinvafîon  des  Tartares ,  qui  en  furent  û  cnarmés 

Îu'ils  les  adoptèrent  avec  plaifir  ;  &  tous  ces 
)fficier$  portent  encore ,  aux  jours  de  cérémo- 
nie ,  fur  la  poitrine  &  fur  le  dos^  en  deux  car-- 
touches  carrés  brodes  d'or  6l  de  foie  >  les  figures» 
de  ces  oifeaux  &  de  ces  quadrupèdes.  Ils  obH<^. 
gèrent  feulement  leurs  nouveaux  fujets  de  fé 
couper  les  cheveux  &  de  porter  l'habit  Tar- 
tare  :  mais  ils  eurent  plus  d'égard  pour  les  fem- 
mes Chinoifes  que  pour  les  hommes ,  en  leuf 
lai^ant  leurs  habits  &  leurs  parures»  q^ui  différent 


*7f  BiBLîOTHE  q  \J  E 

kaiRoap  des  hsbitlemens  des  femmes  Tartarfê» 
Cependant,  comme  elles  gardent  toutes  entre 
«llesia    même   fubordination  que  leurs,  maris 

fardent  entre  eux,  elles  ont  aufiî  fur  leurs  habits 
ss  mêmes  fymboks  de  leur  différente  qualité. 
Ootre  celte  marque  en  broderie  dont  on  vient 
de  parler,  tous  ks  Mandarins  portent  à    leur 
bonnet  &  à  leur  ceinture  des  pierres  précieufes 

3111  dëfignent  auffi  les  difFérens  ordres  par  ieut 
iverfité  :  mais  Its  Mandarins  lettrés  des  trois 
premiers  ordres ,  &  les  Mandarins  d*arm'es  des 
f|uatre  premiers ,  fe  diftinguent  encore  par  des 
robes  enrichies  de  figures  de  dragons  à  trois  oii 
quatre  ongles  ;  ce  qui  eft  une  marque  très-ho* 
Aorable ,  parce  que  TEmpereur  a  auifi  le  dragon 
peur  fon  figue  fymbplique ,  avec  cette  difFëreneé 
qu'ii  le  porte  à  cinq  ongles;  &  cette  diilin^ott 
tfk  fi  iacrëe ,  que'  perfonne  dans  fes  Etats  n  ofe- 
foii;  s'en  fervir  ^  ni  même  le  faire  peindfe  ou  feu*^ 
lement  crayonner^  fans  un  ordre  ou  permifEon 
çxprefle  de  ce  Monarqire. 

Il  y  a  de  plus  une  autre  fubordination  entré 
tous  ces  Mandarins  de  lettrts  &  d'armes,  chacuri 
^tant  encore  diftingué  en  deux  degrés  :  de  forte 
q»eil  parlant  j  par  exemple ,  d'un  Mandarin  du 

Suatrieme  ordre ,,  an  die  :  »  IJti  tel  eft  Mandarin 
tt  premier  ou  du  fécond  degré  dta  quatrième 
ûpApc  ^.  Tous  ces  ordres  &  ces  degrés  differens 
né  font  pas  attachés  aux  charges ,  mais  aux  per* 
fonnes  qui  le»  jpMedent ,  parce  qu'on  n'a  égard 
en  cela  q»au  leul  mérite  &  aux  fervices  ren- 
dus à  ÏEtstt.  H  eft  Vrai  que  l'on  proportionne 
«rdinaireH}en4f  Tordre'  &  le  degré  k  la  dignité 
4es  «harge^  ;  mais  l'Empereur  élevé  fouvent  au 


O   fe   I  E  N   T   A   L   E.  27J 

Mandarinat  du  premier  ou  fécond  oi-dre  un 
Officier  qui  me'riie  récompenfe,  &  dont  l'em- 
ploi eft  peu  confidératle.  C  eft  par  cette  exade 
&  merveilleufe  fubordination ,  &  par  l'autorité 
abfolue  du  Souverain  y  que  fe  conferve  cette  heu- 
reufe  tranquillité  dans  la  Chine. 

Pour  eW  donner  une  connoiffance  encore  plus 
précîfe  y  il  convient  d'entrer  dans  un  plus  grana 
détail. 

L*on  compte  dans  PeKng  i  capitale  de  ce 
vafte  Empire ,  jufqu'à  douze  Cours  fouveraines 
qui  s'étendent  fur  toutes  les  provinces;  favoir^ 
fix  de  Mandarins  lettrés ,  que  l'on  appelle  Leoh 
pou ,  c'eft-à-dire  les  fix  Cours ,  &  cinq  de  Man- 
darixis  d'armes,  nommées  Oufou^  qui  {îgnifie7ex 
cinq  Clajfes, 

La  douzième  ,  ou  pour  mieux  dire  la  pre- 
mière, qui  a  la  fupériorité  fur  toutes  les  autres^ 
forme  les  deux  Confeils  de  l'Empereur,  donc 
l'un  eft  extraordinaire,  compofé  des  Princes  du 
fang^  l'autre  ordinaire,  dans  lequel  entrent  les 
Miniftres  d'Etat,  qu'on  nomme  Calaos  ictH 
comme  une  efpece  de  Parlement  qui  juge  de 
toutes  les  caufes  d  appel ,  qui  examine  toutes  les 
grandes  affaires,  qui  en  fait  rdpport  à  l'Empereur, 
&  qui  en  reçoit  les  dernières' réfolutions.  Ce 
Tribunal  qu'on  ay'pelle  Nui-yuen ,  la  Cour  du 
dedans^  parce  quM  fe  tient  au  dedans  du  palais ,^ 
comprend  trois  claffei  de  Mandarins.  La  pre- 
mière eft  celle  des  Colaos ,  (rni  font  tous  Manda* 
rins  du  premier  ordre  ;  le  nombre  n'en  eft  point 
limité  ;  il  y  en  a  ordinairement  cinq  ou  ftx  ,  l'un 
defquels  a  le  titre  de  Préfîdent,  que  Ion  nomme 

Ciam-ciu}  c'eft  comme  le  premier  Miniftre  de 

S»  •    ' 


2^6  BlBLIOTHEQ^UE 

rEmpîre,  Dans  la  féconde  clafle,  font  les  Matt% 
darihs  du  premier  &  du  fécond  ordre  ,  en  qua- 
lité d'Âïïeileurs  des  Colaos  ;  on  les  nomme  Ta-- 
hio'Jfee  ou  Magiflrats  d'une  capacité  reconnue. 
La  troifieme  clafle  ,  appelée  Tchong-chu^co , 
Ecole  des  Mandarins ,  eft  celle  des  Secrétaires 
de  l'Empereur,  qui  font  ordinairemen#des  Man- 
darins du  quatrième^  du  cinquième  &  du  fixieme 
ordre.  Voici  les  noms  &  les  fondions  de  ceux 
qui  compofent  les  ûx  Cours  de  Mandarins  let- 
trés; 

I .  Le  Lii-pou  a  rinfpecHion  fur  tous  les  Man- 
darins de  TEmpire ,  pourvoit  ï  leurs  charges ,  en 
les  donnant  ou  les  ôtant  félon  qu'il  le  trouve 
i  propos. 

1.  Le  Hou-pou  a  la  furincendance  des  finances 
&  des  tributs  qui  fe  lèvent  dans  tout  l'Empire. 

} .  Le  Lu-pou  conferve  les  anciennes  coutumes, 
les  rites  &  cérémonies  de  l'Etat ,  &  dirige  tout 
ce  qui  a  rapport  à  la  Religion,  les  Sciences, 
les  Arts  &  les  affaires  étrangères. 

4.  Le  Ping-pou  étend  fa  jurifdidion  fouveraine 
fur  les  troupes  &  les  Officiers  qui  les  comman- 
dent, &  a  foin  des  armes. 

5.  Le  Hing-pou  juge  fouverainement  Us  cri- 
minels. 

6.  Le  Cong-pou  a  la  furintendance  générale 
des  bâtimens  royaux  &  autres  ouvrages  publics , 
&  de  la  Marine. 

Ces  fix  Cours  ont  chacune  un  Préfîdent  '& 
deux  Affefleurs.  Le  Préfîdent  eft  un  Mandarin 
du  premier  degré  du  fécond  ordre  ,  &  les  Atref- 
feurs  font  du  piremier  degré  du  troifieme  ordre. 
Chaque  Tribunal  renferme  encore  fTufieurs  autres 


O  R  r  E  N  T  A  L  E.  z^f 

Chambres,  compofées  d'un  Prëfîdent  &  de  douze 
à  quinze  Confeillers  ,  félon  la  multitude  des 
affaires,  dont  les  plus  importantes  font  toujours 
renvoyées  en  dernier  reflbrt  à  la  première  Cham- 
bre. On  compte  jufqu'à  quarante-quatre  de  cesr 
Tribunaux  fubaltemes.  Le  Tribunal  des  finances^ 
&  celui  des  caufes  criminelles  ont  chacun  vingt-* 
quatre  ConfeiUers.     '^ 

Pour  empêcher  que  des  Cours  auffi  puiiîantes^ 
que  celles-Ê  ne  donnent  atteinte  à  Tautoritë  dtf 
Prince,  ou  ne  trament  quelque  ehoft  contre  fes 
intérêts ,  il  éfl:  ftatué  que  îes  matières  de  leurs 
jurifdiétions  foient  tellement  partage'es  qu'ils 
aient  tous  befoin  les  uns  des  autres  :  de.  façon 
qu'il  n  y  a  point  d'affaire  de  confëquence  dans 
*J'Etat,  qui  ne  foit  relative  h  plufieurs  de  ces 
Mandarins  ,  &  quelquefois  à  tous  enfemble. 
Outre  cela ,  l'on  a  encore  établi  dans  chaque 
Cour  un  fefpeéleur,  qu'on  nemme  C^/i ,  qui 
examine  tout  ce  qui  s'y  paflè  ,  pour  en  avertir 
fecréiement  l'Empereur  ,  ou  même  publique- 
ment, b>rfqu*un  ou  plufieurs  Membres  ont  com- 
mis quelque  faute  ou  quelque  injuftice.  Ces  fortes 
d''Offiders  obligent  auffi  les  Princes  à  fe  tenir 
fur  leurs  gardes ,  &  l'Empereur  v[\km^ ,  s'il  en- 
treprend quelque  chofe  contre  les  Loix  fonda- 
mentales de  l'Etat,  parce  qu'alors  les  Colaosonc 
Ift  liberté  de  le  fupplier,  par  des  remontrances 
refpe<ftueufes ,  d^  ne  point  fortir  de  fon  devoir, 
ni  de  fe  rendre  indigne  par-là  du  rang  fuprâme 
auquel  il  efl  élevé. 

Voilà  quel  étoit  le  nombre  des  Mand'arins 
Chinois;  mais  depuis  que  les  Tartares  fe  font 
Tendus  inFaitres  de  la  Cbine ,  ob  las  a  doublés^ 

r\    •  •  « 


XfrS       Bibliothèque 

eAiTjettant  dans'. chaque  Tribunal  autant  de  Tar- 
tarçs  gue  de  Chinois  •  ainfî ,  au  lieu  d'un  Prëiî- 
dent  &  de  deux  Aflefleurs  quil  y  avoit  dans  cha- 
cune des  fix  Copies,,  il,  y  a  aujourd'hui  deux  Pre- 
iÇdens  &  quatre  A^ff^tSeurs  mirpartis  des  deux 
i^ations,  &  de  même  dans  tous  les  Tribunaux  fubal- 
ternes.  Ç'eft  un  trait  de  politique  du  Conqué- 
rant Tartare  ,  pour  accoutumer  fes  premiers 
iîyets  aux  manières  4e.  U  Chine ,  fans  donner  dit 
^content^menrt  aux:  féconds  ;  ce  quiferoit  arrivé 
s'il  les  eût  exclus  des  -emplois. 

Lps  ,,çinq  Cours  fouyeraines  des^  Mandarins 
d'arnaes  font  ; 

La;  première  ^i^'Heou-'fçu^  de  Y Arrrerfng^rde. 
^rlLfi  feqonde,  TJa-Jhu^.de  YAiUrgfuche. . 
:  la^  xroiûemep  Yeau'jfhu  y  ài^  V Aile  dtoi te.        • 

La  quatrième^  ÏVi^«j':/^î' 1  du  Corps  de  ka^ 
taille.  ,    •.    ' 

La  cinquième^.  TJmn-fçuyà^  V Afk^nt-^garde.  . 

Dans  ces  Cours  pp  Mandarins,  rqjlw^ires,  il  j 
a ,  comme  dans  cejlets  des  Lettre's  ^  un  Prefident 
&  deux  Affefleurs ,  qui  font  tous  da  premier 
&  du  fécond  degré  du  premier  ordre  ;  ce  font 
pour  la  plupart  des  gt^nds  Seigneurs ,  qui  com* 
mandent  aux  Officiers  de  h  Cour  &  aux  Soldats, 

Ce  font  ces  cinq  clafTes  qui  forment  le  Tri- 
bunal fuprême'appelë  Yong-tching-fou  ^  do|it  le 
Chef  eft  un  des  plus  puiffans  Seigneurs  de  l'Em- 
pire 5  parce  que  fon  autorité  s  e'tend  générale- 
ment fur  tous  les  Officiers  &.  fur  tous  les  Soldats, 
tant  de  la  Cour  que  des  provinces. 

Outr^  ces  douze  Cours  fouveraines  qpi  fe 
tiennent  à  Peking,  les  quinze  provinces  de  r£m-- 
pire  ont  au£  cbaçi^pe  la  leur  >  qqî  a  |a  iwm^ 


:     O  Si   I  E  K'T  A  LtEl   .  %ff 

tendance  ftir  les  Tribuoaux  fttl>a)renic9.  En'  par- 
lant  avec  certitude  du  détail  du  gouvernemetit 
de  QuaRg->con ,  on  pourra  ju^er  de  celisS  des  aticréi 
provinces  >  parce'  qu'il  eft  parrtout  w^iiforme*:  H 
ik'y  a  que  la  quantité  :d'0&:iczs:^ui.efl  plus' ou 
irtoins  grande ,  félon  rétendue  de  leurs  départe- 
mens.. Commençons  par  k  lifte  général  des  Man* 
darins  lettrés,  &l  k  fon<^ion  d*ufi  ctiacùn»      :    . 
Le  premier  s'appelle  Tfongtow,  c'eft  le  Gé^ 
nëral-Commahdant  de  la  part  de  l'En^ereur  da:n^ 
les  deux  provinces  ^e  Quangrton  &.  Quang^âi 
II  eft   2L\x&  le  Receveur-* Général  des  denierf 
royaux  qui  s  y  perçoivent  fur  le  fel  >  &  dont  il 
rend  compté  au  Houpou  à  Peking^;  il  a  'pourra 
garde  &  à  fa  difpofition  cinq  mille  hommei  de 
troupes  avec  un  Brigadier ,  quatre.  Colonels  ^ 
cinq  Lieutenant-Colonels ,  dix  Capitaines  &  vingt 
Licutenans.  S^rëAdenceordinaire'eft'Ia  ville. ot 
Tchao-quibç,  diftante  de  vingt  lieia^-ule  celle 
de  Quang-tott^  où  *û  fe  rend  lorfque-destifiFairBS 
importantes  Ty  appellent.  r  .  "' 

Le  fécond,  Fou-yuen,  ou  Vice-Roi  de  la  proî- 
vince,  eft  en  même  temps  le  Liencenant^Gé^ 
néral  de  Police  &  ReceveuniGénéra!  des  Douxw 
nés  ^  tant  de  mer  que  de  terre  :  il: ^ff  paréiHe^ 
menf  comptable  au  Houpoli..  Sa  ^ardé  eft  de 
trois  mille  hommes ,  avec  un  Ëkîgadîer ,  deux 
Colonels  y  trois  Lieutenans-Coloneis^  ûx  Capi» 
taines,  &  dou^e  Lieutenans.  Sa  réfîdence  eu  à 
Quang-ton. 

Le  troifieme  eft  Ta-tchu-cao  ^  le  Grand-Pré* 
/îdent  de  Texanien  qui  fe  fait  tous  les  trois  ans 
à  Quang'tong  pour  les  Bacheliers  de  la  Province 
qui  afpkent  au  degré  de  Licencié  Kiûqîn^  Ceux 

Siv 


-ri 


$9q  B   I  B   L  I  O  T  H  E  Q  U  E 

qui  Tobtiennent  vont  enfuire  à  Peking ,  pouir 
être  admis  au  Doctorat  Tfinfe.  Ce 'grand  Mar»^ 
darin  eft  choifi  &  envoyé  par  l'Empereur  même 
entre  les  preniiers  Do(3eurs   du  collège  impé- 
rial ,   &  I  examen  fini ,  iL  s'en  retourne   à  la. 
Cour. 

Le  quatrième ,  Hio-yuen  ,  Prefident  abfolu  k 
Texamen  qui  fe  tient  deux  fois  eh  trois  ans  k 
Quangton  &  dans  chaque  ville  du  premier  ordre 
de  la  province  ;  une  fois  pour  les  compoiîtions 
des  Bacheliers ,  fie  deux  fois  pour  celles  de6  Af- 
pirans  au  Baccalauréat ,  que  ce  même  Prefident 
accorde  aux  plus'  dignes ,  &  dont  le  nombre  eft 
limité  pour  chaque  ville.  Ce  grand  Mandarin , 
moindre  que  le  précédent,  eft  auffi  envoyé  de  la 
Cour ,  &  choifi  parmi  les  Douleurs  du  collé] 
impérial  par  l'Empereur,  &  s'en  retourne 
même  après  les  trois  ans  achevés. 
^..'Hieanefl'plus  important  ni  plus  étroitement 
obfervé  que  ces  examens  :  c'eô  par  les  compo^ 
fitions  qu'on  juge  de  la  capacité  des  fujets ,  qui 
font  enfermés  dans  des  cellules ,  &.  ne  peuvent 
«voir ,  pendant  ce  temps-là ,  aucune  communica- 
tion au  dehors ,  étant  foigneufement  gardés  par 
des  furveillans fidèles ,  que  Ton  empêche,  autant 
qu'il  eft  poflîble  ,  de  fe  laifler  corrompre?  Les 

Sortes,  font  mêmes  fcellées  du  fceau  du  Vice- 
loi.  Il  ne  leur  4^ft  pas  permis  d'avoir  aucun  Livre 
ni  d'autres  papiers  que  celui  dont  ils  ont  befoin 
pour  leurs  compofitiops.  L'on  a  foin  de  leur  four** 
4iir  tout  ce  qui  leur  eft  néceffaire  ,  alimens ,  bou^ 
gîe  ,  &c.  aux  dépens  de  l'Empereur. 

Comme  il  y  a  deux  fortes  de  dignités ,  dont 
ïvin^  &'9cquiert  par  la  Scieneç  des  Lettres  (  Vên^ 


Orientale.  zit 

guàn)  j  &  l'autre  par  celle  des  armes  (Oz/-* 
quàn  ),  il  y  a  de  même  deux  fortes  d'examens  à 
uibir  par  ceux  qui  afpirent  à  Tune  ou  à  l'autre  ; 
&  les  deux  grands  Mandarins  Examinateurs  y 
donnent  toute  leur  attention  avec  la  dernière  ri- 
gueur, fans  acception  des  perfonnes,  &  n'ont 
égard  qu'au  mérite  des  Candidats  :  il  leur  eft 
défendu  ï  eux-mêmes  de  parler  k  qui  que  ce* 
foit,  auffi  long-temps  qu'ils  font  dans  cette  fonc- 
tion. Cependant,  quoiqn'ils  doivent  s'attendre  à 
une  mort  certaine  s'ils  font  convaincus  de  pré- 
Tarication  ,  il  s'en  trouve  quelquefois  d'aflez  mal- 
heureux pour  fe  laifler  gagner  par  argent  avant 
Su'ils  foient  arrivés  dans  la  province.  On  leur 
onne  certains  fijçnes  ou  marques  pour  recon* 
noitre  les  comportions  de  ceux  que  l'on  eft  con- 
venu de  favorifer.  Mais  il  eft  toujours  vrai  de 
dire  que  la  tranfgreffion  des  Loix  ne  diminue 
rien  de  leur  beauté. 

Après  avoir  examiné  &  nommé,  tant  les  Ba- 
cheliers .  que  les  Licenciés  pour  les  Lettres  , 
comme  la  partie  la  plus  eftimée  &  la  plus  ho- 
norable ,  on  procède  enfuite  à  l'examen  des 
armes.  Il  confifte  premièrement  à  voir  fi  les 
Candidats  favent  bien  monter  à  cheval,  courir  à 
toute  bride  fans  tomber ,  l'exercice  du  manège , 
tirer  de  Tare  à  pied  ferme  &  au  galop  ,  &,  at-  ^ 
teindre  ainfi  droit  au  but.  En  fécond  lieu  ,  on 
examine  s'ils  peuvent  faire  fans  faute  un  difcours 
fimple,  mais  bien  Vaifonné,  fur  telle  matière 
qu'on  leur  propofe  qui  ait  quelque  rapport  à  TArt 
militaire. 

Avec  tout  cela ,  ils  n'en   font  dîvs   meilleurs 
foldats,   On  a  remarqué  que  dans  tes,  occafions , 


ziz       Bibliothèque 

qui  â  la  vérité  ne  font  pas  fréquentes  j  ils  fan^ 
4enc  avec  impétuoficé  fur  l'ennemi,  &  fans  au- 
cun ordre  y  .&  qu'après  cette  première  fougue  > 
ils  courent  tous  à  la  débandade ,  fans  que  toute 
riiabileté  des  Généraux  puîâe  les  retenir  &  les 
ramener  au  combat»  On  conte  que  les  Tartates 
occidentaux  ^  pour  fe  moquer  des  Chinois ,  difent 
XÊiun  cheval  de  Tartarie  qui  hennit,  eft  capable 
oe  mettre  en  fuite  toute  la  cavalerie  Chinoife. 
Cette  raillerie ,  avant  la  conquête  de  1 643 ,  étoit 
fondée  non  feulement  fur  la  mollefiè  &  la  pol-* 
tronnerie  des  Chinois  ;  mais  encore  fur  le  na- 
turel de  leur^  chevaux,  qui  ne  pouvoient  fouffrir 
alors  la  vue  ni  le  feul  benniiTement  des  chevaux 
Tartare». 

Les  difcours  ou  compoiitions  pour  Texaineii 
4es  armes,  font  toujours  fimples,.  comme  on 
Tient  de  dire  :  mais  ceux  des  Lettrés  doivent 
être  plus  figurés  &»  plus  fleuris.  Le  bon  gouver- 
Rément  &  la  morale  en  font  la  matière ,  qui  fe 
tire  d  ordinaire  de  quelque  beau  paiîàge,  mais 
difficile,  de  leurs  anciens  Livres  claffiques.  L'exa- 
men achevé  ,  les  nouveaux  Licenciés,  vont ,  la 
Î^Iupart  la  même  année ,  à  Peking  pour  fe  pré- 
enter  au  Doéîorat  ;  &  fi  quelques-uns  ne  font 
pas  en  état  de  fupporter  les  frais  du  voyage  » 
Ton  ne  manque  jamais  d  y  pourvoir ,  afin  que  la 
pauvreté  ne  foit  point  un  obftacle  au  mérite, 
&  que  l'Etat  ne  foit  pas  privé  de  bons  Offi- 
tiers.  Dès  quils  font  D6(3eurs,  on  les  pré* 
fente  au  Souverain  ,  qui ,  donnant  aux  trois  pre- 
miers ,  ou  des  couronnes  ,  ou  d^autres  préfens 
honorables,  les  diftingûe  par-là  fur  tous  les  au- 
tres 2  &  les  élevé  tous  hieiUoc  après  à  diâci-encts 


Orientale.  aSj 

dignités ,  chacun  félon  fes  vertus  &  fes  talens. 
Il  en  chpifît  que!ques-un3  des  plus  capables  entre 
les  Lettrés  feulement,  pour  leur  faire  fubir  un 
nouvel  examen  dont  il  fe  charge  quelquefois  lui- 
même  ,  &  les  agréger  au  collège  impérial  en 
qualité  de  Hanlin-yuen ,  pour  lemploi  des  exa- 
mens triennaux,  &  remplir  les  premières  charges 
de  l'Empire.  Ceux  des  Licencies  qui  fe  de'ficnt 
d'eux-mêmes,  ou  qui  nont  pas  aflèz  d'ambition 
povr  afpirer  au  grîde  de  Dodeur^  fe  retirent 
chez  eux  pour  y  vivre  honorablement ,  ou  par- 
viennent  à  des  emplois  par  quelque  puifTante 
prptedtion  ,     dont    ils     n'auroient .  pas  befoin 
s'ils    éipient   DçcSeurs.      Mais   dès  qu'ils  font 
en  charge ,  foit  Docteurs  ou  Licenciés ,  ils  ne 
peuvent  plus  fe  relâcher  de  Tétude ,  étant  obli- 
ges-, dans  le  temps  qu'ils  y  fongent  le  moins,  de 
comparoître  encore  aux  examens.  Ils  font  même 
févérement  punis  s'ils  ont  oublié  quelque  chofe, 
6c  fontauffi  très-bien  récompenfés,  s'ils  ont  fait 
de  nouveaux  progrès. 

On  retire  plus  d'un  avantage  d'une  zniR  fage 
politique,  i®.  Lajeuneffe»  occupée  fans  relâche 
dès  l'âge  de  fix  ans,  n'a  guère  le  temps  de  fe 
corrompre  par  la  débauche.  2®.  Un  efprit  cul- 
tivé par  Tétude  d[es  Sciences ,  fe  forme  &  fe  polit» 
3^.  Les  charges  étant  remplies  par  d'habiles 
gens ,  on  prévient  les  maux  &  les  inconvéniens 
fâcheux  qui  naifleht  de  l'ignorance  &  du  déré* 
g]ement«  4^.  Puifque  les  charges  ne  fe  donnent 
qu'au  mérite  ,  l'Empereur  peut  les  ôter ,  dès 
qu'on  fe  rend  indigne  par  des-  bévues  ou  des 
abus  groffiers  ;  &  perfcnne  n'eft  en  droit  de  s'en 
plaindre ,  comme  on   pre^^^jj^jj  l'être  fi  ces 


184       Bibliothèque 

charges  étoient  vénales.  N  a-c-on  pas  vu  qae  cette 
vénalité)  jointe  à  une  trop  grande  indulgence 
pour  ceux  dont  largcnt  fait  tout  le  mérite  per- 
lonnel ,  a  toujours  été  fatale  au  bonheur  du 
peuple  &  au  fervîce  du  Maître  î  Le  cinquième 
avantage  d'une  continuelle  application  à  1  étude, 
n'eft  pas  moins  confidérable  que  les  précédens  ; 
car,  comme  on  ne  connoit  point  à  la  Chitie  de 
noble/Te  héréditaire  ,  qu'il  n'y  a  que  ceux  qui 
poâedent  actuellement  les  charges  qui  foient  ré« 
putes  pour  nobles ,  &  que  les  enfans  d'un  iire- 
mier  Miniftre  ^  d'un  Vice -Roi  ou  d'un  Gou- 
verneur de  province,  ont  leur  fortune  à  faire  de 
même  que  les  moindres  roturiers,  il  faut  nécef- 
fairement  qu'ils  foient  héritiers  de  la  vertu  &  de 
la  capacité  de  leurs  pères ,  s'ils  veulent  hériter 
auffi  de  leurs  dignité,s,  &  du  rang  qu'ils  ont 
tenu) 

Le  cinquième  Mandarin  de  Lettres  réfide  à 
Quang-ton,  &  fe  nomme  Pout^hing-fe,  Ceft 
l'Intendant  de  la  province  &  le  Grand  Tréforier 
Gu  Receveur-Général  des  impots  qui  î!y  lèvent 
fur  les  terres,  tous  les  ans,  pour  l'Empereur. 
Chaque  Gouverneur  de  ville  eft  oblige ,  fous 
peine  d'être  cafle,  de  ^  lui  faire  tenir  régulière- 
ment ceux  de  fon  diftricîl  ;  &  fe  Tréforier  les 
ayant  raflemblés,  envoie  le  tout  au  Hou-pou  à 
Peking,  après  en  avoir  retenu  ce  qu'il  faut  pour 
payer  les  charges  de  la  province.  La  levée  de 
ces  deniers  fe  fait  dans  un  très^bon-  ordre ,  auiS 
bien  que  ceux  des  douanes ,  de  la  taille ,  de  la 
gabelle ,  &c.  On  ne  voit  point  là ,  comme 
ailleurs,  cette  cohorte  de  Partifans,  de  Sous^ 
Fermiers,  ^  de  Commis  brutaux  »  qui  foulent 


O  R  t  E  K  t  A  L  È;  iSj 

le  peuple^par  des  exactions  injuftes  &  odieufes. 

On  fait  la  mefure  de  toutes  les  terres ,  &  ce 
qu'elles  rapportent  j  on  fait  le  nombre  des  fa- 
milles &  les  facultés  de  chacune  ,  &  tout  ce  que 
l'Empereur  doit  retirer  de  la  capitation.  Chaque 
particulier  eft  obligé  de  porter  fa  contribution 
aux  Officiers  commis  à  cet  effet  :  fi  quelqu'un  y 
manque.,  on  ne  veut  point  le  ruiner  par  des 
amendes  ;  mais  on  le  met  en  prifon ,  &  on  lui 
donne  de  temps  en  temps  la  baflonnade  jufqu  a 
ce  qu'il  ait  fatisfait. 

Le  fixieme  Mandarin  réfîde  auffi  à  Quang-ton: 
c'eft  le  Gan-teha-fe  j  Grand  Juge  criminel  pour 
les  caufes  capitales  ou  dignes  de  mort.  Il  envoie 
le  jugement  qu'il  a  rendu  k  la  cinquième  Cour 
fouveraine  à  Peking,  laquelle,  après  l'avoir  exa- 
miné, en  fait  le  rapport  klEmpereurjôc  ce  Prince 
ratifie  la  Sentence,  la  commue,  ou  fait  grâce  au 
criminel. 

Il  eft  très-rare  d'y  voir  des  Juges  dont  on  cor-^ 
rompe  l'intégrité ,  parce  que  leur  conduite  & 
les  plaintes  du  peuple  y  font  examinées  avec 
l'attention  la  plus  fcrupuieufe  &  la  plus  rigide  ; 
&  fi  quelque  Mandarin  eft  convaincu  d'injumce^ 
il  eft  condamné  à  perdre  la  vie ,  ou  fa  charge 
tout  au  moins,  &  déclaré  inhabile  à  en  pofieder 
jamais  aucune.  Tous  les  procès  s'y  jugent  gratis; 
les  Juges  civils  &.  autres,  ayant  ,des  appointe- 
mens  fuffifans,  n'ofent  rien  exiger  des  Par- 
ties. L'on  n'y  connoît  par  conféquent  ni  les 
épices,  ni  les  honoraires,  ni  les  falaires  :  les 
pauvres  peuvent  y  pourfuivre  leurs  droits  fans 
crainte  d'être  opprimés  par  des  adverfaires  trop 


iS6       Bibliothèque 

puiâins. .  Mais  ce  qu'on   ne  peut    approuver  9 
c'eft  qu'une  infinité  de  gens  à  gages  fe  préfen- 
tent  pour  fubir  le  châtiment  d'un  coupable  qui 
n'a  pas  mérité  la  mort ,  &  dont  ils  elcamotent 
l'individu  en  prenant  fubtilement  fa  place.  On 
M  fe  fcroit  jamais  imaginé  qu'il  y  eût  dans  le 
inonde  des  hommes  aflez  malheureux  pour  ne 
vivre  que  de  coups  de  bâton.  La  chofe  eft  d'au- 
tant plus   furprenante,  que    la  baftonnade  des 
Chinois  étant  extrêmement  rude ,  un  fêul  coup 
peut  aflbmmer  fon  homme.  Elle  fe  fait  en  frap- 
pant à  toute  force  fur  les  fefîes  avec  de  groffes 
cannes  de  bois  de  bamboucq.  Ce  fut  un  Empe- 
reur nommé   Venins  qui  fubftitua  ce  genre  de 
fUpplicé  à  un  autre  beaucoup  plus  cruel ,  qui 
éloit  de  couper  les  criminels  par  morceaux. 

Le  feptieme  Mandarin  fe  nomme  Yen-tao  ; 
c'eft  rintendant-Général  de  la  Gabelle  du  fcl  » 
dont  il  eft  comptable  au  Tfc^ng-tou ,  de  même 
que  du  nombre  de  chevaux  qu'il  entretient  dans 
divers  endfdits  murés ,  pour  la  remonte  de  la 
cavalerie.  II  a  pareillement  l'Intendance  géné- 
rale, fur  les  barques  &  fur  les  gtains  que  la  pro- 
vince doit  fournir  chaque  année  à  l'Empereur^ 
tant  pour  k  fùbfiftânée  de  fes  troupes  &  de  i^s 
tribunaux ,  que  pour  remplir  les   magafins  aux-* 
queU  on  a  recours  en  temps  de  difette  &  de 
cherté  :  il  en  rend  compte  au  Pou-ching-fe ,  & 
celui*-€i  au  Fou-yuen.   Ces  troik  charge?  ,  réu- 
nies en  lui  feul  à  Quang-ton ,  font  partagi^es  dans 
\tt  autres  provinces  à  trois  Mandarins. 

Le  huitième  eft  le  Taoyé  ^  autrement  Tuen- 
Siun-tao  ,  qui  a  l'autorité  ,  l'intendance  &  l'inf- 
l^eéiion  générale ,  mais  fubalterne ,  en  ce  qui 


j-»-  -  *.^^>^j. . 


N 


Orientale.  2» 

fe^râe  la  police  fur  deux  villes  du  premier  ordre; 
favoîr  ,  fur  celle  où  il  rcfide ,  à  Quang-ton  ,  8c 
for  celle  qui  en  eft  la  plus  voifîne. 

Le  neuvième  éft  un  Colonel-Major,  nomme 
Tching'cheou.  II  prëfide  à  la  garde  des  portes  & 
des  remparts  de  la  ville ,  &  y  fait  fa  réfidence  ^ 
ayant  fous  lui  un  Lieutenant-Colonel ,  deux  Ca- 
pitaines ,  &  quatre  Lieutenans, 

Le  dixième  eft  lé  Gouverneur  General  de 
Police  dans  Quang-ton,  &  autres  moindres  villes 
de  fa  dépendance  :  on  le  nomme  Tchi-fou, 

Le  onzième  eft  le  Gouverneur  General  en 
fécond  de  cette  capitale  &  des  villes  qui  en  de- 
pendent  :  il  s'appelle  Eut-fou  ou  TongchL 

Le  douzième  Sa-fou  ou  Tong-pouou  ,  c'eft 
le  troifieme  Gouverneur.  Ces  deux  derniers  font 
proprement  les  Afleffeurs  du  Tchi-fou ,  avec  qui 
ils  partagent  le  foin  des  affeires  du  Gouverne- 
ment, &  lui  en  rendent  compte. 

Le  treizième,  nommé  Tchi-hien ,  çftle  Gouver- 
neur particulier  de  la  ville.  Il  y  en  a  deux  dans  cette 
capitale  ;  &  chacun  a  fes  Officiers  fubalternes  : 
fon  pouvoir,  fubordonnéà  celui  du  Gouverneur- 
Génëral ,  ne  s'e'tend  que  dans  la  ville  &  fa  ban- 
lieue. Il  en  eft  de  même  des  Gouverneurs  des 
autres  petites  villes.  Safonclion  principale,  outre 
la  décifîon  des  caufes,  eft  de  recueillir  les  de- 
aiers  royaux  de  fon  diéïriél. 

Le  quatorzième  eft  lallefleur  du  précèdent 
pour  les  caufes  qu'il  lui  donne  à  examiner.  Son 
nom  eft  Eulyâ  ou  Hlen-tching. 

Le  quinzième,  S  an  y  a  ou  Tckupo^  eft  fpé- 
cîalement  commis  pour  le  mefurage  <k.  la  recette 
4u  riz  que  le  territoire ,  de  la  ville  doit  fournir  à 


lâS       B  I  ft  i  t  d  t  H  Ë  Q  tr  e 

l'Empereur ,  &  doit  le  tenir  prêt  pour  la  vîfite 
que  le  fécond  Gouverneur-^Gcnéral  fait  dans  Ici 
villes  de  fa  dépendance* 

Le  feizieme  ,  qu'on  nomme  Sé-yà  ou  Tien-fe^ 
cft  le  Lieutenant  de  Police  pour  le  mexiu  peu- 
ple. Tous  les  petits  différends,  querelles  &  bat- 
teries  font  de  fon  reffort.  Ces  trois  dernier^ 
Officiers  dépendent  immédiatement  du  Gouver- 
neur particulier  ,  &  ont  chacun  leur  tribunal 
fubordonné  au  fien. 

Outre  ces  feize  Officiers  ou  Mandarins  de 
Police ,  il  y  en  a  encore  j)lufîeurs  autres  dans  cette 
(Capitale  &  les  autres  villes  du  premier  ordre. 
Les  principaux ,  qui  vont  prefque  de  pair  avec  le 
Tchi'hyen ,  font  Mandarins  de  Lettres.  Il  y  en 
a  quatre  à  Quang-ton ,  deux  généraux  &  dèiKt 
particuliers  :  ceux-là  s'appellent  Fou-hio  ,  & 
ttnX'tx  Hien-hio  ,  dii  nom  propre  de  leur  palais 
collégial  :  l'un ,  fupérievir  &  général  ;  &  l'autre, 
inférieur  &  particulier.  L'autorité  des  deux  pre- 
miers s'étend  généralement  fur  tous  les  Bache- 
liers &  Etudians  de  cette  ville  r  mais  celle  des 
deux  féconds  n'efl:  que  fur  les  feuls  Etudians  & 
Bacheliers  de  chaque  territoire  des  deux  villes  on 
bien.  Ce  font  eux  qui  ont  la  charge  &  le  foin 
û'inftruire  &  de  châtier  même  les  Bacheliers  ;  & 
de  préparer  &  conduire  les  Etudians  aux  exa- 
mens que  font ,  pour  le  Baccalauréat ,  les  deux 
Gouverneurs,  général  &  particulier  de  la  ville , 
&  enfuite  le  Doéleur  Examinateur  envoyé  de 
la  Cour. 

Le  Gauverneur-Général  de  Quang-ton  &  de 
foute  autre  ville  du  premier  ordre,  a  encore  k 
fon  fervice  deux  autres  petits  Mandarins ,  dont 

le 


O  R  I  E  N  T  A  L  ï.  289 

le  premier  s'appelle  Tchaomo  ^  Examinateur 
fpécial  des  caules  &  affaires  qu'on  lui  apporte  de 
dehors  pour  être  jugées  par  le  Gouverneur:  le 
fécond ,  King-lié-fé ^  eft  Ion  rapporteur  particu- 
lier fur  l'état  &  la  nature  de  chacune  de  ces 
affaires. 

LeTi-tang ,  qui  eft  le  maître  du  Bureau  des 
poftes  ^  vient  enfuiie  fur  les  rangs.  Il  eft  ordinai- 
rement Lieutenant-Colonel ,  ou  du  moins  Capi- 
taine par  brevet.  Les  poftes  font  réglées  à 
peu  près  comme  en  Europe.  A  chaque  pierre  ou 
borne ,  qui  contient  dix  ftades  Çhinoifes  ou  une 
lieue  de  France ,  il  y  a  des  Courriers  qui  font 
une*  diligence  incroyable  :  &  à  chaque  huitième 
pierre,  il  y  a  des  maifons  royales  &  publiques, 
nommées  Cungqùon  &  Yeli ,  où  logent  les  Offi- 
ciers de  diftinélion ,  qui  y  font  reçus  aux  dépens  dé 
l'Empereur  :  ils  y  trouvent  des  voitures  prêtes  fie 
toutes  fortes'  de  commodités  ;  ils  doivent  avoir 
pour  cela  des  lettres  de  pofte  ,  que  les  anciens 
Komains  appeloient  Diplomdta  ou  Eveâiones. 
Ces  poftes  n'ont  été  établies  que  pour  les  affaires 
publiques  &  le  fervice  du  Souverain  j  c'eft  pour- 
quoi il  en  fait  fcul  tout.e  la  dépènfe  ,  &  entre- 
tient un  grand  nombre  de  chevaux  :  mais  les 
particuliers  ne  laifTent  pas  d'en  profiter  auffi,  en 
donnant  une  très-petite  rétribution  au  Ti-tang  ^ 
&  leurs  dépêches  font  très -exactement  rendues* 

Après  cet  Officier  ,  l'on  en  compte  cinq  au- 
tres de  moindre  dignité  ,  qui  font  : 

Choui-eo-fe,  Receveur  des  droits  fur  certaines 
denrées  particulières ,  fur  les  boutiques  des  Mar- 
chands ,  fur  les  terres  &  les  endroits  de  la  ville 

Tome  K.  T 


1 


aço       Bibliothèque 

qui  relèvent  de  quelque  droit  feigneurial  ap^af- 
tenant  à  l'Empereur. 

Ho  po-fo,  Lieutenant  du  Port,  lequel  a  înt 
peélion  &  autorité  fur  les  barques. 

Se-yo-fe  ,  Grand-Geolier  ou  Garde  général 
des  prifons. 

Siun-kien ,  Lieutenant  de  Police  &  Jug^e  dans 
un  gros  bourg  ,  &  dans  tout  autre  grand  abord, 
pour  les  caufes  qui  regardent  le  commerce  par 
eau ,  comme  à  Fauchan  >  au  voifinage  de  Quang- 
ton  ,  &c. 

Ye-tchin  ,  Lieutenant  d'un  bourg  ou  d'une 
cité ,  où  font  les  écuries  des  chevaux  qu'on  y 
entretient  pour  }a  cavalerie  &  pour  les  pofte^. 

Tous  ces  Mandarins  ont  encore  dans  la  ville 
&  dans  les  villages  plusieurs  Maîtres  de  Quar- 
tier ,  conftitués  de  leur  part  pour  veiller  à  tout 
ce  qui  fe  paile  ,  afin  que ,  fur  leur  rapport ,  ils 
puiiTent  avec  plus  de  facilité  &  d'exaélitude  j 

Î>ourvoir  par  eux-mêmes ,  &  maintenir  par- tout 
e  bon  ordre  &  la  tranquillité  ;  ce  qui  fait  l'objet 
principal  du  Gouvernement  de  la  Chine  :  c'eft 
auifi  ce  qu'on  a  tâché  ,  par  ce  détail  ^  de  faire 
connoître.  On  ne  fait ,  après  cela ,  comment  on 
peut  avancer  que  la  Jurilprudence ,  la  Police  & 
toutes  les  Loix  de  la  Chine  ont  quelque  chofe 
de  groffier  &  de  barbare ,  qui  demanclcroît  une 
bonne  réformation.  C'eft  pourtant  ce  que  Ion 
fait  dire  à  un  Voyageur ,  &  pour  plus  de  fînga- 
larité ,  à  un  Voyageur  Mofcovite. 

Après  le  dénombrement  des  Officiers  de  Po- 
lice dans  la  province  Quang-ton  ,  qui  eft  le 
même ,  comme  on  a  dit  «  dans  toutes  les  autres^ 


Orientale.  i^t 

vient  celui  des  Officiers  Militaires  Tartares  & 
Chinois. 

Le  premier  Officier  Tartare,  qui  eft  le  Géné- 
ral ,  s'appelle  TJiang-hiun  :  il  commande  cinq 
^  mille  hommes ,  deux  mille  Tartares  &  crois  mille 
Chinois  ,  annexés  à  leurs  bannières ,  dont  les 
tjuatre  premières  portent  chacune  la  fîmple  coup- 
leur jaune ,  bleue  ,  rouge  &  blanche  ;  les  quatre 
autres  font  bordées  oiverfement  d'une  de  ces 
quatre  couleurs. 

Le  fécond  T(?tt-ron^,  fan  Lîeutenartt- Général. 
II  y  en  a  deux  dans  cette  ville  ,  Tun  de  la  gauche , 
&  l'autre  de  la  droite.  La  gauche  eft  le  côté  le 
plus  honorable  chez  les  Tartaces.  Chacun  d'eux 
commande  mille  hommes  effeélifs.  Dans  la  plu- 
part des  autres  provinces,  le  TJiang'-kiun  a  quatre 
Lieutenans-Généraux  :  le  premier  pour  l'avant- 
garde ,  le  fécond  pour  l'aile  gauche ,  le  troiiîeme 
pour  la  droite ,  &  le  quatrième  pour  l'arriére- 
garde ,  avec  une  augmentation  proportionnée  de 
troupes. 

Le  trôifieme  Officier  s'appelle  Cou^chan ,  Me& 
tre  de  camp /ou  Colonel  :  il  y  en  a  huit;  quatre 
de  la  gauche ,  &  autant  de  la  droite. 

Le  quatrième  eft  le  Tfang-ling ,  Lieutenant* 
Colonel  de  cavalerie  :  il  y  en  a  pareillement  huit 
pour  la  gauche  &  la  droite^ 

Le  cinquième*  eft  Capitaine  d'une  compagnie 
ie  cavalerie  ,  compofée  de  50  maîtres  :  on  le 
nomme  Fanv-yu  :  il  y  en  a  vingt  de  la  droite  ^ 
&  vingt  de  la  gauche  ;  chacun  en  conduit  cinq  : 
ce  font  deux  mille  hommes  en  tout ,  non  com- 
pris les  Officiers. 


1^1       Bibliothèque 

Le  fixieme,  nomme  Hiào-hi-hlào  y  eft  Lieu- 
tenant de  cavalerie  :  il  y  en  a  autant  que  de  Ca- 
pitaines ,  &  ranges  de  la  même  manière. 

Ces  Officiers  ou  Mandarins  d'armes  portent 
tous  la  marque  fpéciale  de  leur  dignité  :  il  y  a 
encore  par  compagnie  cinq  Dëcurions  ou  Cor- 
netes ,  nommés  Pe-che^coUy  qui  font  à  la  tête  de 
chaque  ligne ,  compofée  de  dix  maîtres.  Ils  por- 
^tenrfur  le  dos  un  petit  étendard,  &  tirent  la 
double  paye  d'un  Cavalier. 

Le  Lieutenant-Gcnéral  Ghinoîë  ,  incorporé 
aux  Tartares  ,  fe  tient  toujours  au  corps  de  ba- 
taille ,  &  s'appelle  le  Tchong-ldûn.  II  a  trois 
mille  hommes  ibas  fon.  commandement,  prefque 
toute  infanterie,  tant  Archers  que  Mouf^^etaires, 
partagés  en  trois  régimens ,  dont  les  Colonels  fe 
nomment  Yeou-kié ,  &  ont  chacun  trois  Lieu- 
tenans-Colonels ,  CAgc>z^-p(7ei ,  ceux-ci  deux  Car 

Îitaines ,  TJieri'tJong ,  &  chaque  Capitaine  deux 
^â-tfong ,  c  eft-à-dire  deux  Lieutenans. 
Le  premier  Officier   de   la  Milice  Chinoife 
s'appeHe  Ti-tou  j  ceft  le  Commandant-Général 
des  troujpes  '  dans   chaque   province.    Celui   de 
Quang-ton  ne  réfide  point  dans  la  métropole  oîï' 
fe  tient  le  Général  Tartare  ;  mais  a  Hoei-tchou , 
ville  dû  premier  ordre  ,  plus  voifine>de  la  mer  & 
de  la  province  de  Pokiéri.  11  a  fous  fes  ordres 
cinq  mille  hommes  de  troupes*;  mille  de  cava- 
lerie &  quatre  mille  d'infanterie  ;  cinq  Ciç^lgnels , 
dont  celui  du  milieu  eft  Brigadier  par  brevet; 
tinq  Lieutenans<-Colonels  ,   dix  Capitaines   & 
virtgt  Lieutenans. 

£e  fécond  eft  le  Ttong^ping^  Lieutenant-Gé- 


Orientale.  49J 

nëral  :  il  commande  trois  mille  hommes ,  diftri- 
bués  fous  trois  Colonels  ,  qui  ont ,  comme  ci- 
deifus  ,  leurs  Officiers  fubalternes.  Il  s'en  trouve 
fix  dans  cette  province. 

Le  troifieme  eft  Maréchal  de  Camp ,  qu*on 
nomme  Foû-r/tang  :  il  y  en  a  douze. 

Le  quatrième ,  dont  il  y  en  a  auffi  douze ,  eft 
le  TJaTtg-tJïang ,  ou  Brigadier. 

Le  cinquième  ,  qui  eft  Colonel ,  fe  nomme 
Yeoû'kie  :  fon  régiment  .eft  compofé  de  mille 
hommes ,  deux  cents  cavaliers ,  &  huit  cents 
fantaftîns.  * 

Le  fixiemç  eft  le  Cheou-poei  5  Lieutenant- 
Colonel  :  il  fuit  immédiatement  fon  Colonel  à  la 
tête  de  ces  mille  hommes ,  qu'il  commande  auiîî 
dans  le  lieu  de  fa  réfidence ,  foit  que  le  Colonel 
s'y  trouve  ou  non. 

Le  feptieme  eft  le  TJing-rfong  ,  Capitaine 
d'une  compagnie  de  cinq  cents  hommes ,  dont  la 
cinquième  partie  font  cavaliers^  &  les  quatre  au- 
tres piétons  :  chaque  Capitaine  a  fous  lui  deux 
Lieurenans. 

Le  huitième ,  Pa-rjong ,  Lieutenant  d'une  com- 
pagnie ,  qui  a  auffi  un^certain  nombre  d'hommes 
fous  fes  ordres. 

Les  Chinois  n'ont  point  d'Enfeignes;  ce  font 
de  fîmples  foldats ,  choifî^  entre  les  plus  tobuftes^ 
qui  portent  les  drapeaux. 

Il  y  a  encore  dans  la*  Milice  Chinoife  des  Bas- 
Officiers  nommés  Pe-tfong ,  Centeniers  qui  font 
à,la  tête  de  cent  foldats  ,  &  qui  ont  double  paye. 
Il  fe  trouveroic  dans  cette   province  trenie-fu 


294       Bibliothèque 

mille  hommes  de  troupes ,  s'ils  ëtoieHC  corn-* 
plets. 

Pour  le  Tfong-tou ,  Commandant-Général  .  .     5000 
Pour  le  Tfîang-kiun,  Général  Tartarc  ....     5000 

Pour  le  Ti-tou,  Général  Chinois 5000 

Pour  les  fixTfong-ping»  ouLieuten.  Généraux  18000 
Pour  le  Foû*yûen,  le  Vice-Roi 3000 

»  m 

I^OOO 

Mais  on  y  tolère  quantité  de  Paifevolans ,  juf- 

2ul  deux  cents  ou  environ  fur  mille ,  dont  les 
)fiîciers  Chinois  s'approprient  la  paye ,  &  la  par- 
tagent entre  eux  félon  leur  rang ,  ce  qui  fait  que 
le  nombre  ne  païïe  guère  les  3  0000. 

Le  Général  Tartare  feul  tient  fes  troupes  dans 
le  lieu  de  fa  rëddence ,  qui  efl  comme  une  ville 
féparëe  &  environnée  de  murailles  dans  Ten- 
ceinte  même  de  la  plupart  des  villes  capitales.' 
Les  Généraux  Chinois  divifent  les  leurs  dans 
toutes  les  villes  &  places  de  la  province.  Celle 
de'  Quang-ton  contient  dix  villes  du  premier 
ordre,  neuf  du  fécond,  &  foixante-quatorze  du 
troifieme  :  cependant ,  comme  il  y  en  a  de  ce 
troifîeme  ordre  qui  font  compliquées  dans  celles 
du  premier  &  du  fécond  ,  on  n'y  compte  en  tout 
que  foixante-quatorze  villes  murées,  qui^fuivanc 
l'importance  de  chacune ,  ont  toutes  une  garni-> 
fon  fufHfante  pour  contenir  le  peuple  dans  le 
devoir. 

Le  nombre  des  familles  de  cette  province, 
félon  la  fupputation  la  plus  récente  ,  eft  de 
483  }(>o«  Celui  des  hommes ,  fans  y  comprendre 


f 


DltlENTALE,  «çy 

les  femmes ,  ni  les  cnfans  au  deflbus  de  vingt 
ans  ,  eft  de  1978000  &  au  delà  ;  &  c  eft  une  des 
moindres  des  quinze  provinces  ;  auifi  les  tailles  y 
font-elles  proportionnées  ,  ne  portant  que  cinq 
cent  quatre  mille  taëls  en  argent  ;  le  taél  peut 
valoir  un  ducaton  de  Flandres  ou  deux  florins  & 
demi  d'Allemagne^  C'eft  peu  de  chofe  en  corn- 
paraifon  des  autres  provinces,  dont  il  y  a  telle 
ville  ,  par  exemple  Sout-cheou,  dans  celle  de 
Nanking^qui  paye,  pour  la  taille  annuelle,  deux 
millions  cinq  cent  deux  mille  neuf  cents  taëls. 
Une  différence  fi  confidérable  ne  provient  pas 
feulement  de  la  petite  étendue  de  Quang-ton  ; 
mais  c'eft  qu'il  y  a  beaucoup  plus  d'eau  &.  de 
montagnes  que  dans  plufieurs  autres  provinces  y 
&  que  fon  terroir  ,  trop  voifin  de  la  mer  &  des 
côtes  ,  n*en  eft  pas,  à  beaucoup  près ,  fi  bon  ni  fi 
fertile. 

La  taille  fur  le  riz  monte  par  année  à  un  mil- 
lion dîx-fept  mille  feptcent  foixante-douze  muids 
ou  boiâeaux  :  c  eft  de  cette  taille  &  de  celle  en 
argent  qu'on  fournit  à  la  nourriture  &  aux  ap- 
pointemens  de  TEtat  civil  &  militaire.  Les  droits 
far  le  fel  rapportent  91 120  taëls  par  an ,  &  ceux 
de  la  douane  de  mer  &  de  terre  43000. 

Tels  font  les  revenus  fixés  dans  cette  •  pro- 
vince pour  l'Empereur  :  le  furplus ,  fi  ce  Prince 
ne  l'exige  ,  refte  ordinairement  dans  les  mains 
des  Receveurs ,  qui  s'en  enrichiffent  fouvent  aux 
dépens  du  peuple,  car  on  eft  homme  par-tout; 
&  l'intérêt  domineroit  à  la  Chine  encore  plus 
qu'ailleurs,  fi  les  Colis  ou  Infpecflcûrs ,  dont  on  a 
parlé ,  ne  tenoient  tous  ces  Mandarins  dans  k 

Tiv 


2g6  B   I   B  -L   î   O   T   H  E   Q   U  K 

crainte ,  &  ne  mettoient  un  (rein  à  leur  infa- 
tiable  cupidité. 

Par  le  produit  de  la  feule  province  de  Quang- 
ton,  Ton  ne  peut  guère  fe  former  une  idée  com- 
plette  des  richeffès  de  toute  la  Monarchie ,  ni 
des  revenus  de  l'Empereur  :  on  en  jugera  du 
rnoins  par  la  petite  déduction  qu'on  va  en 
donner ,  &  fur  laquelle  on  peut  véritableAieiit 
compter. 

Si  la  richefle  d'un  royaume  confiée  dans 
Tabondance  des  chofes  nécefTaires  à  la  vie ,  & 
de  celles  qui  contribuent  à  la  rendre  commode 
&  brillante  i  fi  elle  confiftedans  la  grande  éten- 
due du  commerce ,  &  dans  les  trélors  que  l'on 
tire  de  la  terre;  la  Chine  l'emporte  certaine- 
ment fur  tous  les  pays  du  Monde  :  tous  ces 
avantages  s  y  trouvent  dans  un  degré  éminent. 
Des  grains  de  toutes  les  efpeces ,  de  fort  bons 
légumes  en  quantité;  des  fruits  excellens,  t'outes 
fortes  de  bétail,  la  volaille  &  le  gibier  à  foifon  ; 
le  fel ,  le  fucre ,  les  épice}  ;  différentes  fortes  de 
vins  d«  riz  très -délicats,  plus  nourriiîàns,  & 
moins  nuifibles  que  ceux  de  la  vigne,  quand  on 
en  ufe  plus  que  modérément  ;  enfin  la  boi/To.n 
commune  du  thé  qui  eft  très-falûbre  :  voilà  ce 
que  Ig  Chine  produit  pour  la  nourriture. 

Pour  les  habillemens ,  elle  fournit  toutes  fortes 
de  toiles  de  chanvre  &  de  coton ,  toutes  fortes 
d'étoffes  de  foie  &  de  laine,  &  différentes  peaux 
qui  fervent  de  fourrures ,  fuivant  la  diverfité  des 
lieux  &  des  faifons.  Les  gens  aifés  y  font  logés 
très-commodément  &  très-proprement  :  le  ver- 
nis ,  la  peinture  &  la  dorure  y  brillent  par-tout , 


/ 


Orientale.  297 

non  feulement  dans  les  meubles ,  mais  jufque^ 
dans  les  moindres  uftenfiles  de  ménage.  Lon 
ne  voit  pas,  à  la  vërité,  tant  d'éclat  parmi  le 
commun  peuple;  mais  il  y  a  peu  de  particuliers 
qui,  outre  leur  appartement  intérieur,  n aient 
une  falle  féparée  &  bien  ornée,  pour  y  recevoir 
&  traiter  leurs  ^mis;  car  ce  feroit  une  grande 
impoliceife  parmi  eux  de  les  introduire  dans  leurs 
chambres  à  coucher,  ou  dans  les  appartemens 
des  femmes. 

-  Quant  au  commerce  de  la  Chine ,  il  n'eft  pas 
feulement  d'un  avantage  infini ,  il  y  eft  même 
abfolument  neceifaire,  &  s'il  venoit  à  manquer, 
tout  périroit  :  auiîî  y  eft-il  univerfel ,  chacun 
s'en  mêle ,  &  prefque  tous  les  Mandarins  don- 
nent leur  argent  à  des  Négocians  pour  le  mettre 
a  profit,  fur>tout  à  ceux  qui  vont  à  Siam,  à 
Batavia,  aux  Manilles,  à  Formofe,  &  autres 
endroit^  de  leur  voifinage.  Ils  y  portent  la  por- 
celaine ,  les  ouvrages  vernifles ,  les  drogues ,  le 
fucre ,  le  riz,  &c.  d'où  ils  ne  rapportent  que;,  de 
largent,  fi  l'on  en  excepte  ceux  de  Batavia,  qui 
ont  foin  de  le  garder  pojsr  être  envoyé  en  Eu- 
rope, &^qui  ne  trafiquent  qu'en  échange  contre 
d'autres  marchandiies. 

Le  commerce  le  plus  confidérable  des  Chi- 
nois eft  leur  commerce  interne.  Toutes  les  ri- 
vières, tous  les  canaux,  font  toujours  chargés  de 
banques  qui  tranfportent  continuellement  d'une 
province  à  l'autre  les  marchandifes  qui  leur  con- 
viennent réciproquement,  &  fe  communiquent 
ainfi  chacune  leurs  richefles.  Celle  de  Quang- 
toa  a  le  fucre  en  partage  ;  ceik  de  Chekiam  la 


298       Bibliothèque 

foie;  Nanquing ,  les  plus  beaux  ouvrages  en  ver^ 
nis  ,  porcelaine  ,  foie  ,  &  d  autres  matières  ; 
Chang-fi  &  Ching-fi  fourniflent  les  chevaux,  les 
chameaux.,  les  mulets ,  &.  les  fourrures;  ces  deux 
dernières  provinces  font  encore  abondantes  en 
fer  :  celles  de  Leaotong  &  de  Junnan  donnenC 
de  l'or  en  quantité.  Il  y  a  auflî  plufîeurs  mines 
d'argent  dans  divers  endroits,  d'où  l'on  tire  tou- 
jours quelque  chofe,  malgré  la  défenfe  de  les 
ouvrir.  Fokien  produit  le  thé,  Houquam  le  riz^ 
&  ainfî  des  autres. 

La  monnoie  qui  a  cours  à  la  Chine  n'eft  que 
de  cuivre  mélangé ,  de  la  couleur  &  de  la  gran- 
deur de  nos  fous  à  peu  près.  Ils  ont  au  milieu 
un  petit  trou  carré;  on  les  enfile  par  milliefs 
dans  une  ficelle ,  à  laquelle  on  fait  un  nœud  à 
chaque  centaine.  Mille  de  ces  pièces  font  éva- 
luées à  une  demi-pifiole  dEfpagne.  Jamais  l'on 
n'a  permis  de  battre  de  la  monnoie  d  or  ou  d'ar* 
gent ,  afin  de  prévenir  les  tromperies  ordinaires 
de  la  nation ,  qui  eft  extrêmement  avide  du  gain. 
L'or  y  pafle  pour  marchandife  ;  on  en  acheté 
avec  de  l'argent,  fur  lequel  il  y  a  ordinairement 
trente  à  quarante  pour  cent  de  profit.  JL'un  & 
l'autre  fe  reçoivent  au  poids ,  &  les  Marchands 
ont  tous  de  petites  balances  de  poche  &  des  ci- 
feaux  faits  exprès  pour  couper  l'argent. 

Les  Chinois  connoiiTent  parfaitement  la  pu- 
reté de  ces  deux  métaux.  Ils  divifent  l'argent  en 
cent  parties,  &  ne  le  reçoivent  point  dans  le 
commerce  à  plus  bas  titre  que  (quatre-vingt  ;  on 

funit  même  ceux  qui  s'en  fervent.  Les  ëcus  de 
rance  &  les  ducatons  de  Flandres  y  font  far  le 


Orientale.  299 

pied  de  quatre-vingt-treize  ,  c'eft-à-dire  que  fur 
cent  onces  il  n  y'  a  que  pour  quatre-vingt-treize 
d*argent  fin. 

Quoique   chacun   foit   maître  de   Ton  bien  y 
l'Empereur  peut  y  mettre  de  nouveaux  impôts , 
s'il  le  trouve  convenir  pour  les  befoins  de  l'Etat; 
mais  cela  n'arrive  que  fort  rarement.   Souvent 
même  Ton  exempte  de  la  taille  une  ou  deux 
provinces,  fur-tout  quand  il  furvient  une  ftérilité 
air  de  grandes  maladies  parmi  le  peuple.  Le  fe- 
cours  que  les  pauvres  reçoivent  alors  eft  très- 
ci»n£dérable  ;   on   leur  diftribue  la  quantité  de 
grains  qu'ils  ont  befôin  pour  fubfifter  &  pour 
eûfemencer  les  terres.  L'Empereur  en  fait  rem- 
plir des  magafins  tous  lés  trois  ou  quatre  ans , 
&  pendant  la  difette ,  il  le  fait  vendre  à  un 
prix  ii  bas ,  qa  on  en  a  quatre  mefures  pour  la 
même  valeur  que  les  particuliers  en  vendent  une 
feule. 

C  eft  pour  ces  occasions  *&  pour  le  foulage- 
ment  continuel  des  pauvres ,  qu'il  y  a  toujours 
plufieurs  millions  fur  l'état  ordinaire  de  la  mai- 
îbn  de  l'Empereur.  11  eft  vrai  que  les  revenus  de 
ce  Prince  font  tels,  que  toutes  ces  libéralités,  qui 
n'ont  que  la  politique  pour  objet,  n'y  font  pas 
une  diminution  fort  fenfîble. 

La  taille  annuelle  fur  les  terres  eft  d'environ 
cent  cinquante  millions  de  taëls,  ou  cinq  cent 
vingt -cinq  millions  de  florins,  monnoie  cou- 
rante de  Flandres.  Les  douanes,  la  gabelle  fur  le 
fel ,  le  loyer  des  maifons  appartenantes  à  l'Em- 
pereur ,  &  la  coupe  des  bois ,  montent  auffi  ex- 
trêmement haut;  le  tout  enfemble  peut  aller  \ 


joo       Bibliothèque 

fept  cent  millions  de  florins.  Qu'on  ajoute  à 
cette  fomme  prodigieufe  d'argent  ce  que  Ton 
paye  encore  en  différentes  denrées.  La  taille  feule 
fur  le  riz  fournit  par  an  plus  de  4500000  facs  , 
contenant  chacun  cent  vingt-cinq  livres,  que  l'on 
tranfporte  des  provinces  méridionales  à  Peking, 
par  un  fameux  canal,  fur  plus  de  9000  vaifleaux 
chargés  au  jufte  de  500  facs  chacun.  Voici  le 
dérail  de  ces  denrées.    • 

Quarante-trois  millions  trois  cent  vingt-huit 
mille  huit  cent  trente-quatre  facs  de  riz,  de  fro- 
ment &  de  mijlet,  ces  derniers  pefant  chacun 
cerit  vingt  livres. 

Un  million  trois  cent  quinze  mille  neuf  cent 
trente-fept  pains  de  fel'de  cinquante  livres. 

Deux  cent  dix  mille  quatre  cent  foixante  & 
dix  facs  de  fèves  de  cent  vingt  livres. 

Vingt-deux  millions  cinq  cent  quatre-vingt- 
dix-huit  mille  cinq  cent  quatre-vingt-trois  bottes 
de  paille  de  riz  pour*les  chevaux. 

Un  million  fix  cent-cinquante-cinq  mille  qua- 
tre cent  trente-deux  pièces  de  damas. 

Quatre  cent  foixante -fîx  mille  deux  cent 
foixante  &  dix  pièces  d'étoffe  de  foie  plus  lé- 
gère, comme  taffetas,  &c. 

Trois  cent  quatre-vingt-treize  mille  quatre 
cent  quatre-vingt  pièces  de  toile  de  coton. 

Cinq  cent  foixante  mille  deux  cent  quatre- 
vingt  pièces  de  toile  de  chanvre. 

Deux  cent  foixante  &  douze  mille  quatre- 
vingt-treize  livres  pefant  de  foie  crue. 

Quatre  cent  foixante  mille  deux  cent  dix-fept 
iie  coton  cru. 


O  R  I  E  N  T  A  l  i:  Jôl 

Quatre-vingt-quatorze  ^mille  fept  cent  trente- 
fept  livres  docre. 

£t  deux  cent  cinquante* huit  livres  de  ver- 
millon pur. 

Toutes  ces  denrées ,  jointes  à  plufîeurs  autres 
de  moindre  coniidération  &  évaluées  au  plus 
vU  prit,  produifent  encore  au  moins  quarante 
millions  de  taëls]  de,  forte  que  ce  neÛ  point 
exagérer  fi  l'on  dit  que  les  revenus  de  1  Empe- 
reur pailènt  les  deux  millions  quatre  cent  mille 
florins  par  jour.  Non  ,  ce  n  eft  point  exagérer  : 
que  feroit-ce  ,  fi  dans  ce  jufte  dénombrement 
des  parties  ,  1  on  n  avoit  pas  oublié  la  capi- 
tatton? 

Marco  Polo  de  Venife ,  le  plus  ancien  Voya- 
geur de  l'Europe  à  la  Chine ,  &  le  premier  qui 
en  ait  écrit  avec  connoifTance,  ne  parle  auifi  de 
ces  revenus  que  par  centaines  de  millions.  Il  eft 
vrai  que  fon  Hiftoire  étoit  autrefois  fort  fuf- 
pe<5le  pour  les  chofes  merveilleufes  &  incroya- 
bles quelle  contenoit,  &  qu'on  l'a  furnommé 
MeJJer  Marco  Millioni  ;  mais  on  lui  a  rendu 
juftice  dans  la  fuite ,  &  un  femblable  fobriquet 
n'eft  plus  à  craindre  après  les  témoignages  des 
Pères  Trigault ,  Martini ,  Navarette  ,  &  de  plu- 
fieurs  autres,  qui  conviennent  tous  du  tréfor  pro- 
digieux de  l'Empereur  de  la  Chine. 
*  Malgré  tout  ce  qu'on  dit  a  la  louange  des  Chi- 
nois touchant  leur  politique  &  leur  gouverne- 
ment ,  malgré  leur  extrême  application  à  étudier 
toute  leur  vie ,  malgré  les  examens  rigoureux 
auxquels  ils  font  aflujettis  pour  fe  mettre  &  fe 
midatemr  en  place  ,  hoiis  ne  voyons  point  qu'ils 


J62  B  r  B   t  I  O  T  H  E  Q  U  6 

aient  eu  de  grands  Miniftres  d*Etat,  ni  de  granJs 
Clercs  dans  les  Sciences,  qui  font  pirvenues  à  un 
auffi  haut  deg^ré  de  perfe<?l:ion  que  dans  l'Europe. 
Et  comment  pourroient-ils  s'y  rendre  habiles  ? 
Leur  langue  eft  fi  difficile  &  fi  défecîlueufe  , 
qu'ils  doivent  en  faire  leur  principale  étude.  Ils 
n'ont  point  de  fimples  lettres,  comme  les  Hé- 
breux ,  les  Grecs  &  les  Latins  :  ils  ont  autant 
de  figures  que  de  mots ,  qui  font  prefque  tous 
monofyllabes.  On  en  fixe  le  nombre  à  (eize 
cents  ;  mais  un  feul  mot  peut  fignificr  plus  de 
vingt  chofes  différentes ,  félon  la  diverfité  des 
fons  qu'on  leur  donne ,  c'eft-à-dire  que  leur  lan- 
gage eft  une  efpece  de  Mufiqug  beaucoup  plus 
diveffifiée  que  les  récitatifs  des  Opéra  Italiens; 
encore  n'y  a-t-il  que  les  concitoyens  qui  puiflènc 
s'entendre  entre  eux  ,  car  chaque  province  & 
même  chaque  ville  a  fon  idiome,  ou,  pour  mieux 
dire ,  fes  tons  particuliers.  Il  n'eft  point  de  lan- 
gue plus  remplie  d'équivoques  que  la  Chinoife  ; 
de  forte  qu'on  ne^  peut  écrire  ce  qu'un  autre 
prononce,  ni  comprendre  la  lecture  d'un  Livre, 
a  moins  qu'on  n'ait  auffi  le  même  Livre  devant 
les  yçux.  Un  homme  aura  beau  parler  avec 
toute  la  précifion  &  toute  l'exaditude  poffibles , 
il  eft  quelquefois  obligé  de  répéter  ce  qu'il  a  dit  ^ 
&  même  de  l'écrire  ,  pour  fe  faire  bien  en- 
tendre. Outre  ces  feize  cents  mots ,  qui  peuvent 
avoir  plus  de  trente-deux  mille  fignifications  ,  ils 
ont  encore  une  infinité  d'autres  caraélerés  ou 
figures  qui  correfpondent  aux  différentes  for- 
mules ou  dicSlions  dont  on  fe  fert  pour  s'expri- 
mer. La  plus  longue  vie  d'un  homme  ae  fuifit 


Orientale;  joj 

point  pour  apprendre  diflinélement  tous  ces  ca* 
raéleres  :  aufn  perfonne  n  eft-il  mis  au  nombre 
fies  Savans  ^  ^uil  n'en  fâche  pour  le  moins 
foixante  &  dix  ou  quatre-vingt  mille.  On  peut 
donc  leur  appliquer  férieufement  ce  qu'on  dit 
en  raillant  dans  une  Comédie  :  C'eJlunDoâeur 
qui  fait  lire  &  écrire.  S'en  trouve-t-il  qui  con- 
noid^nt  plus  qu'un  autre  les  rites ,  les  coutumes 
£c  les  maximes  politiques  ?  ce  font  alors  leurs 
Coryphées  &  leurs  Héros. 

Pour  ce  qui  eft  des  Sciences ,  quelques  Per- 
fonnages  de  confidëration  difent  qu'il  ne  faut 
pas  s^\n  rapporter  aux  éloges  qu'on  a  prodigués 
trop   inconfîdérément   aux  Chinois.   Rien  n'eft 

£lus  pitoyable ,  difent-ils  ;  que  leur  Philofophie.  ' 
£s  fables  mêmes  fur  lefquelles  ils  ont  formé 
leurs  faux  principes,  ne  font  point  de  leur  in- 
vention, &  il  eft  aiTez  apparent  qu'elles  font 
paâees  jufqu'à  eux  par  le  commerce  des  Perfans 
&  des  Indiens. 

Toute  leur  capacité  dans  la  Médecine  fe  ré- 
duit à  favoir  tâter  le  pouls  dans  plusieurs  en- 
droits ,  &  à  connoître  certains  fimples  avec  lef«« 
quels  on  prétend  qu  ils  font  des  cures  admirables; 
xnais  les  plus  fauvages  Américains  en  favent  plus 
qu'eux  là-deflus. 

On  fait  pofitivement  aujourd'hui  qiA^lIe  étoit 
lem:  ignorance  dans  rAftronomie ,  la  Géogra-« 
phie ,  &  les  autres  parties  des  Mathématiques. 
Ce  n'eft  que  depuis  environ  cent  ans  qu'on  avoit 
commencé  de  les  vanter  extraordinairement  fur 
ces  Sciences,  la  modeftie  de  quelques  Miifion* 
naires  leur  ayant  cédé  chrétiennement  ce  qui 


304  B  I  B  L  I  O  T  H  E  Q  U  E 

n'ëtoit  dû  qu'à  leur  propre  travail  &  à  leur  (avoir 
particulier. 

L'on  attribue  encore  aux  Chinois  plu/îeurs 
belles  inventions,  comme  la  Boulîblc,  FArt  de 
naviguer ,  l'Imprimerie  ,  la  poudre  à  canon  , 
r Artillerie  )  &  autres  :  mais  tout  cela  eft  fort  fu- 
jet  à  conteftation.  Il  ne  fcroit  pas  même  diffi- 
cile de  détruire  ce  faux  préjugé,  en  fàifant  voir 
qu'ils  ont  appris  ces  chofes  des  Etrangers,  & 
plufîeurs  autres  qu'ik  ignoroient  auparavant, 
^u  oh  leur  donne  les  louanges  qu'ils  méritent^ 
pour  ce  qu'ils  ont  cfFedivement  inventé  &  cul- 
tivé ,  comme  leur  encre ,  le  vernis ,  &  la  por- 
celaine; mais  qu'on  s'en  tiienne  là ,  &  qu'au  pré- 
{"udice  des  autres  peuples,  on  ne  leur  fafTe  pas 
lonneur  des  inventions  qui  ne  leur  appartien* 
Tient  point.  Sans  entrer  dans  les  vues  de  ces 
Pariégyriftes  outrés  ,  il  eft  certain  que  l'air  de 
confiance  avec  lequel  ils  parlent  de  l'ancienne 
origine  ôc  de  la  fcience  univerfelle  des  Chinois , 
lie  peut  fervir  qu'à  répandre  de  rbbfcurité  dans 
i'Hiftoiré  profane,  à  faire  douter  de  l'autorité  de 
l'Ecriture  Sainte,  &  à  rendre  encore  plus  fiere 
la  plus  orgueilleufe  de  toutes  les  nations. 
'  On  nous  faura  gré  fans  doute  de  joindre  à  la 
Relation  ^uenpus  venons  de  crvfçrire,  lelVlonu- 
înent  fuivanh  * 


MONUMENT 


O  K  t  Ë  ft  TA  L  1*  30J 


g  I   I  il 


M  O  N  U  ME  N  T 

bE  LA  Religion  Chrétienne^ 

Trouvé  par  hq/ard  dans  la  ville  de  Si-ngnan^ 
fu^   méttopolè  de  la  Province  de  OLenfi  en 
Chine  ^  par   M.    CLAUDE   VliDELOU  ^ 
Evéque  de  Claudiopolis  (i.)» 

■^— — »—  II'  *      I  I  II  II  I .  I  1^    I  I   t  ai       II       I  w^i— ^— — iO 

(t)  ÙÀciARATioir  pjE  lAvtàur^ 

.    li  y  à  long-temps  que  j'ai  fait  laTraduâîon  de  ce  Monu,<* 
«tient,  &  que  je  l'ai  fait  pafTer  en  Europe  5  j'euvoyai  pout 
lors  roriginal  ihcme^  ians  en  gardée  copie.  Il  n'eft  pa< 
besoin  d'avcràr  ici  que  l'dn  doit  s>n  tenir  à  cette  préfcnce 
Vcrfiom»  fi  en  quelque  endroit  elle  île  s*accorde  pas  avec 
l'autre.  Au  refte,  j'ai  cru  qu'il  étoit  inutile  de  faire  obferver 
ce  qui  dans  ce  Monument  regatde  la  Religion  Chrétienne» 
parce  qu'on  l'y  voit  clairement ,  &  que  chacun  peut  Tob-» 
lerver  par  fbi-mémc,  que  les  myfteres  de  la  Trinité  &  de 
l'Incarnation  faucent  aux  yeux,  mixiho  &  Ëloka  montrent 
ouvertement  le  Me0ie  &  le  vrai  Dieu«  On  y  voit  tuffi  les 
coutumes  &  les  traditions  de  l'Eglife  Orieatale.  Il  paroic 
qu'ils  n'oâtent  le  facriâce  qu'une  feule  fois  la  fcmaine  ;  ils 
cnreigncnt  plus  d'une  fois  que  les  fufFtagfcs  des  vivant 
font  utiles  aux  morts  5  ils  font  vcùir  de  la  Perfe  les  Rpi^ 
Ma^es.  Si  quelques  termes  Chinois  of&nfcnt  les  oreilles 
dés  Européens,  il  fa.ut  le  pardonner  à  l'Auteur,  qui  fans 
doute  étoit  Chinois >  car,  conime  il  recherchpit  moins  (dans 
fon  ftylc)  l'éloquence  des  Philofophés  que  les  eïpreffions 
pompeufes  des  Bonzes,  il  eût  été  côntramt  d'employer  dc5 
métaphores  très-^dureS  &  des  termes  moins  propres»  J'ai 
traduit  nôt  à  mot,  à  l'exception  de  très- peu  de  termes,  qui 
ne  pouvoient  être  rendus  que  par  une  longue  circonlocu* 
non ,  au  lieu  defquels  j'ai  employé  des  ietmes  qui  appro- 
thoient  le  plus  dn  fens. 

"  Nota.  Cldi/Lde  Vifieiott  a  achevé  cetu  Verfion  (platine) 
mn'commencemeitt'dc  tannéi  l'^i^^ 

tonu  K,  V 


306  B  I  B  L  I  O  T  M  E.  Q  V  K 


EL  O   G  E, 

*  * 

JL/c  Ift  Religion  admirable  qui  coule  &  qui 
marche  dan^  le  Royaume  du  milieu,  compofe 
par  Khim-fim,  Bonze  du  cempte  de  Taçin^  & 
|;rayé  fur  une  pierre. 

Certes  vriaiment  celui  qui,  perpétuelle- 
ment  vrai ,  folitaire ,  premier  du  premier ,  & 
fans  origine ,  profondément  intetligej;it ,  vuide  , 
-dernier  du  dernier,  &  exiftant  par  excellence , 
tient  Taxe  myftique^  &  en  opèrent ,  convertie 
(le  néant  en  êfre)  &  par  fa  dignité  primitivt 
confère  l'excellence  à  tou&  les  Saints ,  n'eft-ce 
as  le  corps  excellent  de  notre  feule  Unité-trine^ 
e  véritable  Seigneur  fans  origine  Oioho  \ 


i 


Il  a  formé  une  croix  potir  déterminer  I«i 
quatre  parties  (du  Monde)  :  il  a  fondu  le  rent 
primogene ,  &  4  engendré  deux  matières.  Le 
vutde  ténébreux  a  été  changé  ,  &  le  Gel  &  h 
Terre  ont  paru  à  découvert.  Le  foleil  ât  U 
lune  ont  fait  leurs  révolutions  >  &  le  jour  &  la 
iiuit  ont  été  faits.  Par  fon  travail ,  il  a  achevé 
dix  mille  cbofes  ;  mais  en  formant  les  premiers 
hommes ,  il  les  gratifia  d'une  concorde  intiiM 
intérieure.  Il  leur  ordonna  de  veiller  à  la  fàretd 
d'une  mer  de  converfions.  (Leur)  parfaite  fit 
primogene  nature  étoit  vuide  &  non  pleine» 
(  Leur  )  cœur  fimple  &  pur  étoit  originelles^ 
ment  fans  défirs  &  fans  appétitti  Maû  ayrèi 


■  iJi.fl     y-ffi         „      i'  ■■■■■»>.■■  y         «■     >■■!■■   ■^■M*1<»iit«fc<W»M^| 

PARAPHRASÉ  DE  rÈLÔGE. 

JL^Ë  la  Religion  Chtétieûfie  qui  fleurit  âanâ 
l'Empire  de  ta  Chine  ^  compofé  par  Kim-^im^ 
Mon^  du  temple  de  Taçin^  &graviijur  ttfu  tabli 

Cm  TtE  jukfiançt >  qui  éft  pifpùtelUmn^ 
^itaitr  6  Jmh  ,  qui  dt  touii  (têrnité  e<x:iji4  pat 
9iU*-mime  ^  ^^^  pcitt^  de  commewep^ent  j^.qul 
tfl  in^o^ipréhenfîkUm^fkt  intelligente  &  exempté 
4e  t0ute  erreur  Sf  de  tçut  vice  ;  quifubfifte  éter^^ 
pçUemfihf  p^r  txiceilenfif,  i  qni  pat/^  pidjfmct 
i'^^ffhh  ^  cré4  ^Jàit  de  rien  toutes  ^hqfes  ;  qui 
for  Z«  io/m^i^Hicmcfi  de  fa  gloire  printfigene , 
t^wf&Pt  Veo^^lUrKe  à  tous  Us  Saints,  i  n  efl-eé 
P^  lnJ^l>fiA^^^  excellerue  de  notre  utiiqi^e  Tri-* 
nité  ^  le  véritable  Seigneur  Élohat 

jP«r  quatre  bandis  ,,  en  forme  4f  ctoioçiy  il  4 
i0krmi  k^  quatre  parties  du  M^rvle^  fypar^tà 
4$  Monde  entier.  JJe  la,  tpatiere  premete  ^  comi^Jj/t 
Jeté^  ^f Ointe ,  il  a  forgé  les,  deu^  n^aiieres  ;.  les 
efpaces  videos  du  Monde  çhangeam  d'^-f  tj^m^ 
devenus  pleins  ^  &  le  Ciel  &  la  Terre  ont  ét^jor'* 
mis.  Ir^efoleil  &  la  lune  ont  fait  leurs  révolu^ 
tions  ;  (/  la  nuit  ù  le  jour  ont  été  faits.  Comme 
un  ouvrier,  il  a  fait  toutes  chofes  :  mais  quand 
il  forma  les  premiers  hommes  ,  il  leur,  donna  la 
jujiiee  originelle ,  fy  l^  Ç^^'^jf  à  l^ga,tde.  d'une 
m€¥  4f  conv^rjion^  ^  q  dk-à-^iïte  ^  i  tov^nfirleut 
poflérité  à  toute  foj^fe,  }e  vextu^.  l^.  nature  par^ 
faite  Ç(  grinwgêf^  ((^i.  premiers  hommes  émt 

Vij 


/ 


jo8         B  I  B  L  r  a  T  H  E  Q  U  E 

que  Sothan  eut  rëpandu  les  menfonges ,  en  tp* 
pliquant  fon  fard ,  il  fouilla  le  pur  &  le  net. 


Il  inféra  YégaMté  ie  grandeur  dans  le  miliev 
de  ce  vrai-ci,  &  mit  en  pièces  Tidentité  obf^ 
cure  dans  l'intérieur  de  ce  faux-la.  C  eft  pour* 
quoi  trois  cent  foizante-cinq  Seâes,  fe  prêtant 
1  épaule  (  les  unes  aux  autres  )  y  formèrent  une 
chaîne  ;  elles  tifTurent  à  Fenvi  des  filets  de  loix. 
Les  unes  indiquèrent  les  créatures  pour  dépo-^ 
fer  le  Vénérable  :  les  autres  évacuèrent  1  être 

Îiour  fubmerger  les  deux.  D'autres ,  en  priant , 
acrî6erent  pour  extorquer  la  félicité.  D'autres 
firent  parade  du  bien  pour  tromper  les  hommes. 
X'examen  &  la  follicitude  en  travaillant  tra^ 
vaillerent.  L'afFei6lion  pour  le  bienfait  étant  éii 
efclavage  fut  captive.  Toujours  fiottans ,  ils 
B'ohrinrent  rien;  le  bouilli  tourna  en  rôti.  Ils 
augmentèrent  les  ténèbres  j  ils  perdirent  la  voie; 
long  -  temps  égarés  ,  ils  ne  yevenoient  point. 
Alors  notre  Unité-trine  fit  part  de  fon  corps  i 
l'admiràblement  honorable  Mixi*ho, 


Se  recueillant,  il  cacha  la  véritable  Majeflé; 
il  fe  préfenta  aux  homiries  femblable  à  l'homme. 
Le  Ciel ,  joyeux  de  fa  naiffance ,  publia  la  fé- 
licitation.  Une  femme  (  vierge  )  enfanta  le  Saint 


O  R  T  C   N  T  JL  L  E.  '  309 

ride  de  toute  erreur  &  de  tout  vice  ,  &  non  pleine 
de  Joi-même ,  ni  enflé  d'orgueil.  Leur  cœur^fim^ 
fie  &  net ,  étoit  origineuerhent  exempt  de  toute 
jcupidité.  Mais  après  que  Sathan  eut  feméf^i 
erreurs  ^^  il Jçuilla  de  fon  fond  leur  s  moeurs  pures 
fy  fans  mélange. 

.  Il  introduifit ,  comme  véritable  ^  V opinion  qui 
'identifie  tmfes.  chofes  &  qui  les  rappelle  toute» 
n  une  feule.  Il  voulut  qu  on -tînt  pour  faxiffe  la 
sreffemhlance  cachée  :  de  la  un  grand  nonihre  de 
'S^âes  s' épaulant  &  s' enchaînant  tes  unes  les 
iautres  ^^commencèrent  à  fe  répandre.  Toutes  à 
l'envi  tiffurent  des  filets  de  religions  pourfuf-* 
prendre  les  hommes.  Les  unes  mirent  les  créa^ 
fures  à  Ja  place  du  fouverain  Dieu;  les  autres 
nièrent  qu'il  y  eût  quelque  chofe  d'exiftant  ,  & 
xtnéantirtni  mètne  Les  deux  matières.  D'autres 
inftituerent  toute  forte  defacrifiçes  pour  évoquer 
la  félicité,  ji  d'autres  firent  paroître  une  vaine 
é/ientat:ii>n  de,  vertu ,  pour  tourner  les  hommes  à 
ia  partie  Qppofée ,  qui  eji  l'orgueil.  Ils  tourment 
terent  l'ejjprit  de  foins  &  d'inquiétudes  ;  ils  tin^ 
rent  toujours  captive^  les  affeâions  qui  fe  tour^ 
\npient  aux  premiers  biens  :  allant  à  tâtons  p 
comme  des  aveugles  ^  ils  n  atteignirent  rien  :  le 
mal  alla  en^  empirant.  Parmi  tant  de  ténèbres 
ijs  perdirent  la  wie  :  s' étant  égarés  long-- temps , 
ils  ne  pouvoient.  plus  revenir  :  alors  notre  Trinité 
communiqua  fa.fubflance  à  l'admirable  &  hono^ 
fable  MeJRe. 

-    Qr  le  mèJJ^e  cacha  profondémentfa  véritable^ 

Hfajeflé^  &fe  montra  en  forme  humaine  parmt 

.  Ies0ommes'.  -D^sjinges  célefies  publièrent  à  fa 

^aiJTance  (  des.  concerts  )  de  congratulation.  Unù 

VU) 


<|tO         B  I  B  L  f  o  r  H  X  Q'  U  E 

4ftnt  Taçin  ;  one  coirftellatkm  téminible  iflN 
nonça  ^le  Foriuné. 

Pofii  contempla  ik  ikinileve  pour  apporter  te 
tribut*  ill  a  mitoirdi  ^s  Lok  'andreitnes.  Âe^  ^^ 
tsours  ^is  ipar  ^gMjuBVve  'Samt»  ;  îl  a  i^gl^^i 

Ïiar  de  grands  avis,  les  familles  Se  'îe^  «utMiinei, 
1  a  iimitiiie^  >Siiî^n^  Vefpric  ^r  de  liJAité;* 
«rine,  ^one  noun^Ie  ilcligk^fi  qui  ^ife  fe  Vépâftil 
(>omt  en  irasoles.  Il  %  ^nné  il^èti^è  dû  bto  mùi^ 
}>ar  la  vérîtabie  Foi*  Il  t  deeeiwiné  les  mefnw 
tes  -àtt  huic  limites  ;  H  a  :Cofrv<rd  ^ta  pdûSéfe 
Cnite  «nvérîtafble  (fc  fradiche).  il  a  owvm  ht 
j^opte  ^e$  trois  vordmaifes  ;  il  ^^oifve^t  la  i4èi& 
it^int  la  imort.  li  Ji  foCpenda  }e  ^oliil  adfdi^ 
r^ble  j^  pour  J^rJEer  tla  mvitbii  ^i  téflebie^,  Aloït 
lesmertfo&gai  des  Oembffô  furent  entiéi^efti^nt 
détraits.  Il  m  cnnduit  i  la  taoA  ia  karc^aid  wi^ 
féricordieme  y  ^oçr  molnt«r  au  palais  de  h  ïfi^ 
miei^e.  Mon  «ies  êtitet  ^onrenant  riiildli|èni:^ 
f^reiH  pkinêment  fnin(f»srtés,  Oento  fiw»&  af^ 
faire  étam  achevée ,  il  imymt  eft  JDflein  mW  daM 
le  yrsA.  Yittgt  de  fept  3LiiYes  dés  Eoi'kàrds  ont 
été  laijfëd,  U  a  ët^AïSfi  hi  conveffidn  prâwc^éft^i 

{)our  lâcher  le  report  ^e  rivff^rlhgttnoe,  Da  loi 
ave  avec  leau  &^ie  verit;.eHejewlev^  kilteurt 
flottantes:,  &  netrcrô  te  vttîde  blmcbi  Le  fcM 
eft  me  crcdkçai  &ft4  les  .quait^re  illûftrés ,  foM 
les  unir  iàm  eihpécfceineDr,  Ffappavrt  fâf  M 
bois  ^  elle  fait  retentir  âne  voîx^.de.é))ïlritë  &^ 
bonté.  Adorant  (vers)  TOrient  «5^  ^^^  ^* 
chemin  de  la  vfc  &  de  fa  çîoife.  tllfe  C0i^ve 
des  cliewux^  par  oh  rfle  (nooire  qù\llë  sVA^ 
ploie  aax  chotes  ^xiémxar».  Elit  tOîHd  le  lift^ 
imt,  par  aà#9m^«it4-6«^>U«  a'I  i^lërk^Hl^i^itl 


r 


on  t  ï  »  t  kit.  jii 

Vierge  enfknta  le  Saint  dans  Tà^in.  Une  étoile 
admirable  injlruifit  de  cette  heureufe ^Nativité. 
La  Perfe  j  contemplant  fa  fplendeur  ,   vint 
'pttfer  le  tribut.  Le  MeJJie  a  entièrement  accom^ 
pu  les  Loix  anciennes  des  24  Livres  du  vieux 
Tejlament  y  écrits  phr  les  Saints  :  il  a  donné  des 
préceptes  illujires  pour  la  Conduite  des  familles 
€f  le  gouvernement  des  royaumes  :  il  a  injiitné 
Mine  nouvelle  Religion  conformément  aux  mœurs 
pures  de  la  Trinité,  &  fans  aucun  appareil  dé 
dijcours  :  il  a  réglé  V exercice  de  toutes  fortes  dé 
l^ertus  fur  le  prototype  de  la  véritable  Foi  :  il  a 
donné  à  tout  le  monde  les  règles  qu*il  doitfuivre  : 
il  a  affiné  (par  Art  Chimique  )  le  monde  cor-- 
rompu  j  &  l  a  purgé  de  lôkte  écume  :  //  a  ouvert 
la  porte  des  trois  principaux  devoirs ,  '&  de  tentes 
les  devoirs  dé  la  vie  humaine  ^  pour  en  laijjer 
V entrée  aux  hc^mes  :  il  a  ouvert  ie  chemin  de 
la  vie  ^O  il  a  éteint  la  mort  :  il  a  élevé  le  foleit 
admirable  de  l'intelligence  ,  pour  brifer  le  palais 
de  ténèbres.  Alors  certes  les  menfonges  des  Dé" 
mons  furent  entièrement  abolis  :   il  a  mené  j  à 
force  de  rame ,  la  barque  de  miféricorde ,  pour 
monter  aux  palais  lumineux.  Alors  feulement 
le  genre  humain  y  fut  tranfporté.  Après  avoir 
achevé  une  fi  pénible  affaire ,  il  monta  au  ciel  en 
plein  midi  il  nous  a  été  laxffé  vingt  fept  Livres 
d'écritures  de  V  Evangile  :  il  a  développé  la  force 
fouveraine  de  la  Grâce  dans  les  converfions ,  afin 
d'encourager  les  hommes.  Cette  Religion  ufe  du 
Baptême  de  Veau  &  de  l'efprit ,  par  lequel  toute 
vanité  efi  effacée^  les  cœurs  font  purifiés  &  de- 
viennent nets  de  tout  vice  &  blanchis  de  vertu. 
Pour  étendard  elle  tient  la  croix ,  afin  de  lier 

V  if 


}ij         B  I.  JB  *.J[  <)  T  H  €  Q3r  Ê 

aucune  affcflion  (  maûvaife  ).  Elle  fi'entretiéftf 
point  d'efclaves  r  elle  s'égale  &  en  honneurs  & 
•n  baiTeilê  aux  hommes  ;  elle  n'accumule  ni 
biens  ni  richefles  ;  apurement  elle  nous  les  aban- 
donne. Le  jeûne  eft  parfait  alors  qu'il  foumet 
lefprit,  ou  oien  fa  folidûé  confifte.dans  la  tran- 
quillité &  l'attention.  Adorant  fept  fois  ,  ils 
louent;  &  font  d'un  grand  fecours  auxvivans  Çc 
aux  morts.  Le  feptienve  jour  ils  offrent  une  fois^ 

furifient  le  cœur.,  .&  retournent  k  la  fimplicit^» 
^a  véritable  &  perpétuelle  fagefle.  eft  excel- 
lente &  difficile  à  nommer.  Son  mérite  &  foa 
vfage  éclatans  brillent  vivement^  On  la  nomme 
par  force  Religion  admirable  ;  mais  la  dodrine 
lans  le  Saint  ne  s'étend  point;  la  Saint  fans  la 
doârine  ne  devient  pas  grand.  La  doctrine  8ç 
le  Saint ^tant  d'accord  (comme  un  roulea^u), 
toutf  la  terre  devient  ornée  &  brillante. 


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tnfemhle  tous ^  les  hommes  de  la  terre  ^  &  les 

unir  entre  euxjans  aucun  empêchement.  Frap-* 

fantjiir  un  bois  {pour  appeler  à  l'églije) ,  elle 

fait  au  peuple  des  Jermons  pleins  de  charité  6r 

de  bonté.  Elle  adore  Dieu  j  la  face  tournée  vers 

V Orient ,  pour  énvifager  le  chemin  de  Ja  vie  & 

de  la  gloire.   (Ses  Prêtres  )  confervent  des  che-^ 

veua:  autour  de  la  tête  j  pour  donner  à  connoitre 

qu'ils  Je  dejiinent  aux  devoirs  externes  ;  mais 

ils  en  rafent  le  fommet  ,  pour  connoitre  eux-' 

mêmes   qu'ils  doivent  retrancher  de  leur  cœur 

toute  mçiuvaife^  affeàion  :  ils  n'ont  point  d'ef 

claves ^   pour  montrer  qu'ils  veulent  être  égaux 

a  tous  les  hommes^  ù  n'être  fupérieurs  à  per^- 

fonne.:  ils  n  acquièrent  ni  biens  ni  richejfes  , 

pour  faire  vçir  qu'ils  les  cèdent  volontairement 

aux  autres.  Ils  penfent  que  le  jeûne^  n'eji  par* 

fait  que-  quand  ilfoumet  l'efpnt  ,  ou  du  moins 

ils  croient^que  fa  principale  vertu  confijle  en  ce 

qu'il  apporte  le ^r§pi^^  ù  la  vigilance  :  ils  ado* 

rent  fept  fois  par  jour  ^  &  récitent  dévotement 

des  prières  ,  par  léfquelles  ils  foulagent  les  W- 

vans  &  les  morts.  Chaque  feptieme  jour  ils  offrent 

une  feule  fois  (  le  Sacrifice)  ,  &s'étantainjipuri'-' 

fié  le  caiir ,  Us  retournent  à'iafitnplicité  au  pu- 

reté première.    On  nç  peut  donner  de,  nom  à  la 

véritable  &  éternelle  Sagejfe  ,  à  caufe  de  fort 

excellence  :  cependant  y  eu  égard  à  f on  mérite  & 

à  fon    ufage  merv^iUeufement  éclatant  ,  on  la 

nomme ,  par  force  ^  /aReligion  adiairable.  Certes 

la  véritable  fageffe  •  m  s' étend  pas  bien  loin  fans 

lefecours  du  oaint .;  &  le  Saint  jfans  la  véri^ 

table  fageffe ,  n'ejl  pas  grand.  Mais  quand  la 

véritable,  doérine    Q   le    Saint  s'uniu'ent  mu-' 


^14         B  I  %  L  t  0  T  H  t  Q  V  E 


L'Elmperèin:  Thairçom  a  illiïfir^  k 
il  a  ouvert  ia  hévoiucion ,  &  a  gouverna  très* 
faintemertt  les  homnief».  Un  homme  d'une  vêrto 
éclatante,  nommé  Olopen ^  fat  originaire  du 
royaume  de  Taçin.  llobferva  les  nilees  bleues , 
&  porta  les  véritables  Ecritures  ;  if  fit  attenticm 
aux  règles  des  vents ,  pour  ci^verfer  le  tlifficile 
&  ie  périlleux.  L'an  neuviéhie  de  Chim-icuaRs 
ii  arrira  à  C%am-n|an.  L'Empereur  ordonna  à 
Fam-hiven-Hra ,  Miniftre  de  l'Empii^)  d'aller 
â  la  tête  d*un  grand  cortège  diM  ie  fauxbout^ 
occidental,  -&  rencontrant  leflouveau  venu,  de 
l'amener  au  palais.  Il  tradmfit  i^s  Ecritures  dans 
la  falle  des  tîVfes.  La  porte  où  il  i  eft  pas  per- 
mis d'entrer  écoota  la  doArine ,  &  comprit  à 
fond  la  droite  ànitë  i  il  ordonna  f^^ialement 
de  la  publier  &  livrer.  L'an  éoutieme  de  Chim- 
kuan ,  au  feptieme  mois»  en  automne,  il  âc  ua 
Edit  en  ces  termes  : 


»  La  doélrine  n*a  point  de  nom  détermina, 
le  Saint  n-a  point  dé  (ubftani>ê  de'terminée;  il 
înftitue  les  Religtons  feloii  îes  pays,  &  paft 
en  foule  tùus  les  hommes  dam  là  barque.  Olo»- 
pen ,  du  royaume  de  Taçîn  ^  &  d'une  grande 
vertu  ,  prenant  les  écritiires  &  les  images ,  eft 
venu  les  offrir  dans  la  Cour  {uprême.  JEn  cxa- 
ïnînant  refprit  de  cette  Religion ,  elle  eft  myf- 
térieùfe  ,  excellente ,  paiiible.  En  contemplant 
fon  primogene  vénérable^  â  produit  le  parf^H 


O  R  T  E  W  T  A  L  e;  jïj 

tneUêment^  rouu  hterre  ériîitd'un  très^and 

De  cette  manière-^   Tàl^um-ven-ftoant-ti  a 

^ndé  une  nouvelh  'dynaflié  ;  il  n  goMerné  les 

hommes  fagtfnent  (^fi^hntefnent.  Soû'sfon  rèpiËy 

vint  de  Taçin  un  homme  d'une  grande  venu  ^ 

Jfiontmé  Olopett*  Contemplant  le  <iel  pour  diri*- 

Ïerjk  route  ^  il  apporta  avec  bii  les  véritable^ 
"écritures.  Ayant  égard  aux  faifons  des  vents  ^ 
il  traverja  d'une  ccurfe  rapide  un  chemin  diffi,^ 
cile  &  périlleux,  La  neuvième  année  de  Chirn^ 
kuan  (6^^  de  J,  C) ,  il  arriva  à  Cham-ngan  ^ 
ville  impériale  aujourd'hui  nommée  Si-ngan-fu* 
L'Empereur  envoya  a  fa  rencontre^  aufauxbonrg 
occidental ,  Fam-hiven-lim ,  MinUlre  de  l'Em^ 
pire  ,  avec  grand  appareil.  Il  {Jit  )  traduire  en 
Chinois  lesjaintes  Ecritures  dans  la  Biblicthe-^ 
que  Impériale.  La  Cour  de  l'Empereur  le  quef- 
tionna  beaucoup  fur  la  Religion ,  &  comprit  à 
fond  qu'elle  ^toit  véritahle  ù  botme.  L'Èmpe^ 
retir  ordonna  fpécialement  qu'elle  fût  publiée  & 
divulguée.  L'an  dow^itme  de  Chim-kuan  (658 
de  J.  C  )  >  lafèptiefne  lune ^  en  automne^  l'Em^ 
pereur  fit  cet  Edit  :  * 

3>  La  S^gejfe  n'a  ancvn  nom  détermina ,  les 
Saints  n'ont  aucun  étmfixï ,  nuli^  forme  cer^ 
(aine  ;  ils  injS:i tuent  les  fUligions  félon  l^  génie 
des  pays  &  dxs  peupiis  ,  pout  fecourir  générales 
ment  tous  les  hommes,  ifn  homme  d'une  grandi 
vertu  j  nommé  Olopen  ,  originaire  de  Tacin ,  a 
apporté  de  loin  des  écritures  &^'des  images  ,  Ù 
efl  venu  les  offrir  dans  mafuprême  Cour,  Si  l'on 
examine  avec  foin  l'efprit  &  le  but  de  cette  Re^ 
iîghni  on  U  tr&uHm  rern^lie  di^m^fieres  ex^ln 


}t6       Bibliothèque 

&  établit  le  néc^^aire.  Ce  <lifcours  eft  exempt 
d'un  importun  verbiage.  La  raifon  met  en  oubli 
la  naiTe;  elle  amené  les  chofes  à  bon  porc  :  elle 
eft  utile  aux  hommes  ;  elle  doit  être  publiée  par 
toute  la  terre.  Que  ceux  qui  font  en  charge 
conftruifent  fans  délai  dans  le  canton  nommé 
Y-nien ,  de  la  ville  impériale  y  un  temple  dn 
royaume  de  Taçin ,  &  y  faflent  paifer  vingt-ua 
^nzes  «. 


La  vertu  du  vénérable  Chea  s'étant  étcJrite^ 
le  chariot  bleu  paiîa  dans  TOccidént.  La  fageâe 
du  grand  Tbam  étant  venue  à  briller  ,  le  vent 
admirable  .a  fottiBé  dans  TOrient.  Il  ordonna  i 
ceux  qui  étoient  en  charge  de  prendre  un  por? 
trait  fidèle  dé  TEmpereur ,.  pour  en  faire  peindre 
un  femblable  fur  la  muraille  du  temple.  La 
l>eauté  célefte  répandant  lecl^t  des  couleurs , 
(.rendit  )  ladmirable  porte  brillante  &  fleurie. 
Les  faints  veftiges  (firent)  monter  le  bonheur ^ 
&.  donnerèiit  perpétuellement  de  l'éclat  aux 
mondes  réguliers.. 


i  > 


\. Suivant  les  Cartes  &  les  Annotationi  de  h 


7 

Orientale/'        ^ty^ 

ïens  9  &  adonnée  à  ia  paix  &  àla  tranquillité. 
Si  Von  ccnjidere  attentivement  le  premier  Sou*  • 
vtrain  quelle  propoje  d^  adorer  &  révérer  ,  cejl 
l'Auteur  de  tout  bien  .&  VInJiituteur  de  tout  et 

Îui  eji  nécejfaire  pour  obtenir  la  félicité.    Cette 
Religion  bannit  entièrement  de/es  difcours  tout 
,  ennuyeux  verbiage  &  toute  affeâiation  de  grands 
mots.    Sa  Doârine  admet  toute  imperjeélion  ^ 
jfour  la  conduire  à  la  perfeclion  ;  mais  la  perfec'* 
lion  étant  acquife  ^  Vimperfeâion  ejl  oubliée^ 
comme  un  pécheur  oublie  fa  naJJe  ,  après  avoir 
pris  le  poijfon.  Elle  ejl  profitable  aux  affaires  ^ 
&  utile  aux  hommes.  Il  efi  expédient  qu'elle 
fieuriffe  dans  tout  le  monde.   Que  les  Omciers^ 
que  ceci  regarde  ^  confiruifent  ^  fans  différer^  un 
temple  à  la  Religion  du  royaume  de  Taçin^  dans 
le  quartier  de  la  ville  nommé  Y-nim-fam ,  c'e/?- 
à-'dire  Jufticc  tranquille  ;  &  qu'ils  j^  commettent 
vingt -un  Bonnes  pour  profejffer  cet  injiitut  ^. 

Après  que  la  vertu  de  La  vénérable  dynaftie 
Cheu  eut  péri ,  Laokium  vaffa  dans  l'Occident^ 
.Après  que  la  fageffe  de  la  grande  dynafiie  des 
Tham  a  brillé j  les  mœurs  admirables  de  la  Rô^. 
ligion   Chrétienne  font  venues   dans   VOrierit^ 
L'Empereur  ordonnd  aujji  aux  Officiers ,  à  qui 
tela  regardoit ,  défaire  peindre  f on  portrait  jitr 
la  muraille  du  temple  '^  conforme  à  l'original. 
La  beauté  du  vifage  célejle  répandit  fon  éclat 
de  toutes  parts ,  &  donna  du  lujire  à  la  porte 
admirable  ,  c' efi- à-- dire  à  la  Religion   Chré-" 
tienne.   Ce  monument  du  faint  Empereur  fut  fa^ 
vorable  &  fortuné,  &  rempUt  le  monde  d  une 
fplendeur  perpétuelle. 

Suivant  Us  Cartes  &  les  Defcriptions  géo^ 


)t9         B  I  B  LtÛ¥REQV£ 

Viépon  ocdAukubt ,  &  les  Hiftoires  &  CoflM 
oiencaîres  è9%  dynafties  Han  &  Vei ,  le  royaiH 
me  de  Taçin-embniflè^  du  edté  du  Midi,  la  mtf 
de  Corail.  Au  Scptentrioa ,  il  eft  ttfmitië  par  tes 
montagnes  de»  chofes  précîeufes.  Du  côté  de 
rOccident ,  il  regarde  le  pays  des  immoriels  & 
h  for^  des  âeurs.  Vers  lÛrieDC,  ii  reçoîc  le 
leent  petpë^uel  &  Teau  foible.  Son  terrein  pro* 
duic  de  la  toile  quon  lave  au  feu ,  du  v&rfum 
qui  rappelle  l'ame  y  des  pierres  dç  lune  mllaii- 
tes ,  des  pierres  qui  brillent  la  nuk.  Il  tie  s  f 
commet,  par  coutume  ;^ni  aCaffinat  ni  vols.  Lei 
hommes  j  vivent  en  joie  &  en  paht.  Il  n'y  a 
point  d'antre  loi  que  là  loi  admirable.  On  ne 
crée  Roi  qi»t  celui  qui  en  a  lei  vertus.  Les  li- 
mites du  pays  font  amples  &  valles.  Les  cho- 
ies qui  regardent  l'ornement ,  y  abondent  »  j 
éclatent. 


Kao-f  um ,  grand  Empereur ,  a  pu  refpe^iueiH 
fement  fuivre  fes  aïeux.  En  bume<ftanc  ^  il  co* 
lora  le  vrai  vénérable  ,  &  établit  des  temples 
admirables  dans  toutes  les  provinces.  Exaltant 
de  nouveau  Olopen ,  il  le  fit  fouverain  Krardiea 
du, royaume  de  la  grande  Loi.  La  Loi  fe  répan- 
dit  dans  les  dix  voies.  Le  royaunae  fut  enrickt 
d*un  grand  bonheur.  Les  temples  remplirent  cent 
villes  ;  les  familles  furent  enrichies  de  TadiiiiraUe 
•féUcité. 


O  R  I  E  N  Ta  L  %  3lf 

graphiques  d$§,  pays  occidental  y  comme  aujji 

fuivcuit  les  Livres  hijioriq^ues  des  dynafties  des 

Han  &  des  Ve'i  j,  le  royaume  de  T(tçin  domine  du 

coté  du  Midi  à  la  mer  de  C^fCiil  :  il  eji  term^iné 

au  Septentrion  par  les  montagnes  de,  toutes  chofesi 

précieufes*  Il  regarde  du  cçté  de  l'Qccident  U 

Jejour  des  hommes  immortels  &  la  fo^ét  des 

fleurs  :  il  reçoit  y  du  ç$té  de  V Orient  ^  le  vem 

p€rpétuel  &  Veaufoible,  La  terre  du  royaume 

de  Taçin  produit  de  VAsbefie  ;  du  baume ,  de  l^ 

toile  qu'on  nettoie  en  la  jetant  tkufeu ,  des  pierre f 

précieufes  ,  brillantes  comme  la  Lune  y  des  pierres 

qui  brillent  la  nuit.  La  Nation  ne  connaît  ni  le 

larcin  ,  ni  le  brigandage.  Les  peuples  jouiffent 

d'une  paix  &  d  une  tianquillité  parfaites.  Au-- 

€une  autre  Religion  n'y  eji  àdmije  que  la  Reli^^ 

gion  Chrétienne.  Le  royaume  n'eji  déféré  quik 

celui  qui  en  eft  digne  :  les  limites  de  l'Empire 

font  très-étendues.  Tout  ce  qui  peut  contribuer  à 

quelque  efpece  d'ornement  que  ce  puijfe  être  j  s  y 

trouve  en  abondance» 

Kao-^um ,  grand  Empereur  ,  imita  refptc-- 
tueufemjent  fes  aïeux  :  il  illujlra  ^  par  une  nou^ 
velle  augmentation  de  lumière  ,  la  Religion  du» 
vénérable  0  vrai  Dieu ,  Ofit  4lev4r  j  dans  toutes 
les  provinces ,  des  temples  admirables  eu  chré^ 
tiens.  De  plus ,  à  l'exemple  defofi  père  j  il  éleva 
Olopen  en  dignité ,  Ù  l  honora  du  titre  de  Voior 
tife  de  lâ  Reugion  gardienne  du  Royaume,  Z>4 
Religion  fe  répandit  dans  les  dix  provinces  ^ 
cejl-à'dire  toutes  lesprovinces  de  l'Empire.  La, 
prqfpérité  de  l'Etat  fleurit  m^rv'^illeufement.  Les 
temples  remplirent  toutes  les  villes  ;  fy  les  fa^ 
milles  furent  c^mkléei  d'uMfiUwé  admirable 
eu  chrétienne. 


1 


'J2Ô  B  I  B  L  I  O  T  ME  Q  U  £ 

-  Aux  ans  de  Xim-lii  (^98  oU  699  ),  les  en- 
fans  de  Xe  employèrent  la  force ,  &  (  firent  ). 
rejaillir  leur  bouche  dans  1  orientale  Cheu.  Sous 
ia  fin  de  Sien-thien  (Tan  711),  des  Lettres 
inférieurs  raillèrent ,  diffamèrent  ,  mépriferent 
&  calomnièrent  étrangement  dans  Toccidencale 
Hao.  Il  y  eut  Lo-han  ,  Chef  des  Bonzes  ,  Kii- 
lie,  d'une  grande  vertu,  &  Kuei-fiu  de  Kin*fam> 
Bonzes  extraordinairement  illoftres  ;  ils  relevè- 
rent enfemble  le  cable  myflique  ^  &  relièrent 
unanimement  le  nœud  rompu. 


Hiuen-çum ,  Empereur  d'une  haute  ù^effe  1 
ordonna  k  Nim-kue,  &  aux  autres  quatre  Kois^ 
é*aller  en  perfonne  au  toit  de  la  félicité  ^  & 
d'élever  fermement  l'autel  du  temple.  La  pou- 
tre de  la  Loi,  courbée  pendant  quelque  temps, 
fut  élevée  de  nouveau.  La  pierre  de  la  t)oc-- 
trine,  penchée  pendant  un  temps,  fut  redrcflee 
&^remife  à  plomb.  Au  commencement  de  Thien- 
pao ,  il  ordonna  à  Kao-lii-fu ,  grand  Général 
ies  armées ,  de  porter  les  portraits  des  cinq 
Saints ,  &,  les  dépofant,  de  les  placer  dans  le 
temple«  Il  donna  cent  pièces  de  foie ,  &  o£frir, 
prenant  part  à  la  joie,  les  portraits  éclatans.  Il 

Sous 


O  R  I  £   N  T  A  L  s.  jit 

Sous  l'Impératrice  Vu-^heu  ,  régnant  fous  lé 
tare  de  Xim-lii  (  Van  698  ou  699  de  J.  C.  ) , 

les  Seélateurs'  de  Fo  ou  de    la  Religion   des 

Bombes -hocham  ,  ùniffant  leurs  forces  ,  lâchèrent 

la  bride  à  leur  langue  dans  la  ville  impériale  * 

nommée  Loyam  (  aujourd'hui  Honan-fu  ,  ville 

de  la  province  Honan).  Sous  la  fin  du  règne 

d*Hiven-çum  ,  fous  le  titne  de  Sien-thien  (  Van 

y  11  de  J.  C.) ,  des  lettres  du  bas  .ordre  diffa^ 

nièrent    extrêmement   la  Religion    Chrétienne, 

Dans  l'occidentale  Hao  ,  ville  de  la  province 

de  Xenfi  j  autrefois  le  fiége  de  V Empereur  Uu- 

nam  fjituée  à  l  occident  de  Singdnfu  )j  il  y  eut 

quelques  perfonnes  ,  favoir  ,  Lohan  ,  Chef  des 

Bonnes  ^(^Kii-lie  j  doué  d'une  grande  venu  ^ 

&  avec  eux  Kin-fam  (^peut-être  originaire  du 

quartier  de  la  ville  impériale  ,  nommé  Kin^fam^ 

à  caufe  de  l'or)^  Kuei-Jiu^  Bonnes  extrêmement 

illujires  ,  qui  joignant  leurs  forces  en/emblcj  re- 

levèrent  la  Religion  abattue  ^  &  renouèrent  (  la 

Religion  )  déchirée. .  ,  '        * 

Hiuen-çum  ,  Empereur  d'une  grande fagefe^ 
ordonna  à  Nim-kue  &  à  quatre  autres  Rois.^ 
d'aller  en  perfonne  vifiter  l'églife  des  Chrétiens  ,* 
&  d'.avoirfoin  qu'on  y  fît  lefervice  divin.  Alors 
la  Religion  ,  qui.  avoit  été  opprimée  pendant 
quelque  temps ,  commença  de  nouveau  àfe  rele^ 
ver  ;  &  cette  même  Religion  j  qui  pendant  ce 
temps 'là  avoit  été  courbée  ,  fut  redfejfée  comme 
auparavant.  Le  même  Empereur  Hiuen-çum , 
commençant  à  régner  fous  le  titre  de  Thien^pap, 
ordonna  aji  GénéraliJJîme  des  armées  j  nommé 
Kao-lii-fu  [fameux  Eunuque  de  ce  temps-là  ) , 
de  placer  dans  l'églife  les  portraits  des  cinq^ 

Tome  V.  X 


jiJ[  BfBLIOTHEQUl 

fut  permis  de  faifir  les  mouftaches  du  dragon; 

Îuoiqu'ëloignëes ,  &  l'arc  &  répéc.  Les  cornes 
u  foleil  répandirent  la  lumière  'fur  les  c^'lefles 
vifages  dt  huit  dixièmes  de  pied. 


La  troifieme  année  (  744)9  il  J  eut  un  Bonse 
Kii-ho  du  royaume  de  Taçin,  (qui)  obfêrvant 
les  étoiles,  tendit  à  la  converfion,  {&)  regardant 
le  foleil ,  (  vint  )  faluer  l'Honorable.  . 


L'Honorable  ordonna  au  Bonze  Lo-ban,  aa 
Bonze  Pu-Iun  &  aux  autres,  en  tout  fept,  de 
travailler  avec  Kii-ho ,  d'une  grande  vertu ,  au 
mérite  &  à  la  vertu  dans  le  palais  de  Him-khim. 
Alors  le  Ciel  écrivit  fur  la  tablette  du  temple. 
Le  front  porta  l'écriture  du  dragon.  Les  orne- 
ments précieux  brillèrent  vivement.  Les  nuées 
de  cinabre  refplendirent  avec  éclat.  La  tablette 
clairvoyante  dilata  Te  vnide  :  montant  &  oppri* 
mant ,  elle  toucha  le  foleil.  Les  dons  gracieux 
font  comparés  à  la  hauteur  extrême  du  mont 
méridional  ;  les  bienfaits  înondans  égalent  la 
profondeur  de  la  mer  Orientale.  La  fageffe 
prouve  tout.;  ce  qu'elle  prouve  peut  être  nom- 
mé. Le  Saint  fait  tout  ;  ce  qu'il  fait  peut  itxt 
f  ufclié. 


O  R  I  ï  N  T  A  L  !•  fX$' 

Saints  (  Empereurs  Jès  prédecejfeurs  ) ,  0  à' offrit 
en  même  temps  un  préfent  de  cent  pièces  de  Joie. 
Kao-lii-Ju  apporta  rejpeébieujement  les  portj^aits 
des  fages  Empereurs  \  &  quoiqt^e  ces*  Empe* 
reurs  eujfent  déjà  été  enlevés  au  ctelpar  des  Urof^ 
gens ,  il  fut  pourtant  permis  de  regarder  &  de 
toucher  l'es  monumens  de  leur  fàuvenir.  Leur  bel 
air  brilla  vivement  dans  leurs  portraits  ,  Ù  il 
fut  accordé  de  contempler  depuis  leurs  v^ages 
célefies. 

La  troifieme  année  de  Cfiim-kuan  (744  dé^. 
J,  C.  ) ,  ity  eut  un  Bortre  du  royaume  de  Taçin^ 
nommé  Kii-ho^  quijfur  Vobfervation  des  étoiles  ^^ 
dreffa  fa  route  vers  la  Chine  ^  ou  Vattiroit  la 
force  &  l'efficace  de  la  vertu  de  rEmpzreur^pour 
la  converjîon  des  étrangers  ,  &j  fur  Vafpeél  du  • 
foleil  y  vint '{à  la  Chine  )faluer  V  Empereur, 

L'Empereur  ordonna  au  Bpn^  Lo-han  j  au 
Bon^e  Pu'lun ,  &  à  cinq  autres  Bonnes  j  d'offrir 
enfemhle  avec  Kii-ho  les  facrifices  Chrétiens 
dans  le  palais  de  Him-khim  (  c'efi-à-dirè  de  Va 
Félicitation  exaltée  ).  Alors  le  célejle  Empe-* 
reiir  fit  fufpendre  une  infcription  ,  écrite  de  fa 
^ain  j  à  la  porte  de  Véglife.  L^  front  de  la 
tablette  fufpendue  porta  tes  caraâeres  tracés  de  ' 
la  main  du  Dragon  j  c'ejl-a-dirè  de  l'Empereur. 
Les  ornémens  de  la  tablette  précieufe  j  où  l'in/^ 
.crîption  et  oit  gravée  y  brillèrent  d'un  é^tai  mer^* 
vetlleux.  La  lumière  qu'ils  élançoient  de  toutes , 
parts  J  obfcureiffoit  les  nuées  rouges  ù  élevées 
au  haut  des  airs.  La  tablette  ^  écrite  parle  'clair-» 


314       Bibliothèque 


• 


V 


L'Empereur  Su-çum  ,  orne  ,  illuftrc ,  élen 
pavement  des  temples  admirables  dans  Lim^ou 
&  dans  d'autres  villes ,  cinq  en  tout.  Le  bien 
primogene  eut  du  renfort;  &  llieureux  fortuné 
fut  ouvert.  Une  grande  félicitation  parut  ^  & 
Taugufie  établifTement  fut  affermi. 


L'Empereur  Taî-çum  ,  civil  &  guerrier  y  en 
déployant,  étendit  la  fainte  révolution.  En  fer^ 
viteur^  il  fervit  la  tranquillité.  Toujçurs  à  la 
defcente  de  l'heure  de  la  nativité  ,  0  donnoit 
libéralement  du  patfum  célefte ,  pour  faire  foV 

.  veriir  du  mérite  parfait.  Il  diftribuoit  des  viandes 
impériales ,  pour  illuftrer  la  multitude  admirable. 
Certes  le  Ciel  mit  en  ufage  une  belle  utilité: 
c'eft  pourquoi  il  peut  produire  amplement.  Le. 
Saint  fe  fert  du  primogene  confubftancié  s  cefl 

*  jpourquoi  il  peut  régler  &  éleven 


Orientale.  525 

€onferés par  V Empereur  Hiuençum  à  la  Keligion 
Chrétienne  ^  font  comparables  en  hauteur  aux 
montagnes  méridionales  (  ainji  nommées  j  parce 
çtc^ elles Jontjîtuées  au  midi  de  la  ville  impériale  de 
Sî^Hgan-fu  ).  Les  bienfaits  qu'il  a  répandus  fur 
elle  fans  bornes  j  égalent  la  profondeur  de  la  mer 
Orientale,  Lafageffe  approuve  tout;  ce  qu'elle 
approuve  peut  être  nommé.  Les  Saints  font  tout  j 
ce  qu'ils  font  peut  être  laiffe  à  la  pofiérité, 

L'Empereur  Su-fum  j  orné  de  toutes  fortes- 
de  vertu  &  defagejje  j  bâtit  à  grands  frais  des 
é^lifes  Chrétiennes  dans  la  ville  de  Lim-ou  & 
aans  quatre  autres  villes  (^jituées  toutes  aux 
limites  feptentrionales  de  la  province  de  Xenji)  ; 
il  y  fut  entraîné  par  le  bien  primo  gène,  La  voie 
(  qui  mené  )  à  la  félicité  ^  fut  amplement  ou-' 
verte.  Une  grande  profpérité  furvint  ^  &  l'Em^ 
pire  fut  de  nouveau  rétabli, 

Tai-çum-hoam-ti  j  c'ejl-à-dire  l'Empereur 
Tai-çum  y  doué  de  toutes  les  vertus  civiles  6? 
ntilit aires  j  agrandit  confidérablement  l'Empire 
rétabli.  Il  s'adonna  uniquement  au  repos  (j  ci  Iw 
tranquillité.  Tous  les  ans  ^  an.  jour  de,  la  Nati- 
vité de  J.  C.  J  il  donnoit  àVEglife  des  parfum^ 
célefles  y  pour  faire  fouvenir  qu'il  avoit  bien  géré 
les  affaires  &  les  avait  conduites  à  la  fin  déjirée,: 
il  dijiribuoit  à  la  multitude  Chrétienne. j' des 
viandes  impériales  pour  la^  rendre  remarquable 
(  &  célébrer}.  Certes  le  ciel  efi.  tout  entièrement 
occupé  à  conférer  une  belle  utilité  :  c' eji  pourquoi 
il  peut  par-tout  produire^  Çf  conferver  les  chpfes. 
'  Les  Saints,  fe  rendent  propre  &  comme  ejfen- 
tielle  cette  vertu  primogene  qu'a,  le  ciel  pour 
produire  les  chofes  ;  ce^  pourquoi  ils  peuvent 

*     *     X  il} 


\ 


y 


fi6        B  I  i  i  î  O  T  H  É  Q  U  E 


2  _ 

Nôtre  Ehipereur  (  Te-çum  )  ëtablfflànt  h 
ihediocrîte  ,  lain't ,  divin ,  civil  &  guerrier  ,  a 
déploya  uhe  forme  oéluplç  de  gouvernement , 

Î"  our  éloigner  les  oWcurs  &  âvaÂcer  les  clairs. 
1  applanic  neiif  genres ,  afiil  certes  de  fenou- 
veller.lc  commandement  admirable.  Par  la  con* 
verfion,  il  pénètre  la  railbn  myftérieufe.  En 
priant,  il^na  pas  un  cœur  rougiflânt.  Quand  on 
parvient  au  carré  ,  an  grand  &  au  vuidè  ,  il  eft 
attentif  à  vaquer  uniquement .  au  repos ,  &  à 
avoir  de  l'indulgence  ;  a  étendre  fa  bonté  y  à  fou- 
lager  toutes  les  miferes ,  &  à  couvrir  par  un 
bon  prêt  tous  les  hommes;  c*eft  par  notre  grand 
*defîein  de  travailler,  de  reparer;  çeft  par  le- 
chelle  de  notre  conduite  &  notre  progrès  k  pui- 
fer  :  mais  de  faire  que  les  vents  &  les  pluies 
arrivent  à  propos;  que  ce  qui  ell  fous  le  Ciel 
foit'  paifible  ;  que  les  hommes  puîflent  être  ran- 
-gés,  &  les  chofes  être  propres;  que  fes  vivans 
puiïïènt  être  dans  l'abondance ,  &  les  morts 
être  dans  la  jo^e;  que  le  fon  réponde  à  la  pen- 
fée  naiïïante ,  •&  qu'uhe  âffeâidri  auffi-tôt  pro- 
duite foit  parfaite  par  elle-même  ;  cela  appar- 
tient au  mérite  '&  a  l'ufage  du  puiflant  emploi 
de  nos  forces  kdmirarbîes.  Le  fioîftzè  Y-fu ,  grand 
biènfâîtèùr ,  vfetu  d*unë  Belle  roire  bleuâtre , 
^Vktrd  i  :briTfa*nte  ^aye  ,  &  tout  ^  la  fois  Lieute- 
nrant  du  Ct)itim'îrWàaht  général  de  5t)-'fôm ,  cepen- 
dant infpecSèiîr  de  la  CoUr  au  dedà'rfs  3u  pz\^h, 
&  gratiné  d'u)rb  robe  ^de  Bdniiie  'bleue ,  eft  pai- 
fible &  bierffa^nt.  11  .  pratique  lià^fémerh  la 

itiidlrine  éc6trt<?è,  11  'é&  vefaw  à  'Omm-hh  f « 


Orientale.  .  5.^7 

gouverner  &  élever  les  peuples  j  leur  cammuni" 
quer  tout  bien  ^  &  détourner  d'eux  tout  mal. 

JL^Ernpereur  Te-çum  ^  aujourd'hui  régnant  ^ 

affermwant  la  jujle  médiocrité^  f^^^^^  divin  & 

doué  des  vertus  civiles  &  militaires j  a  répandu 

de  toutes  parts  toutes  les  maximes  d*un  excel-r  " 

lent  Gouvernement,  y  par  le/quelles  lès  bons  font 

appelés  aux  charges  de  la  République,  &  les  m/- 

chans  en  font  privés.  Il  a^  cultivé  ouvertement  les 

neuf  vertus  ,  c'efi-à^-dire  toutes  les  vertus  impé- 

finies  ,  afin  certes  de  renouveller  cet  ordre  admi-^ 

rable  du  Ciel  ,  par  lequel  l'es   Empires  font 

conférés  ^  &  pour  offurer  une  durée  perpétuelle  a 

•    V  Empire ,  -depuis  peu  rétabli.  La  force  qui  eji 

en  lui  pour  convertir  les  peuples ,  participe  à  in 

raifon   incompréhenfible ^  &  lui  eft  entièrement 

conforme.  Lorfquil  adrejfe  fes,  vœux  (  a  Dieu  ) , 

il  ne  trouve  rien  dans  fon  cœur  dont  il  puijjefe 

repentir.   Or  ^  que  l'on  parvienne  jufque  là  ;  que 

par  une  incroyable  fermeté  &  grandeur  d'ame  , 

le  cœur  f oit  exempt  de  toute  contagion  de  vices 

&  d'erreurs  ;  que  ,  quoiqu'on  vaque  uniquement 

au  repos ^  on  cultive  pourtant  avec  foin  la  charité 

envers  les  autres  (  ne  les  regardant  pas  autre-- 

ment  quefoi-méme);  que  par  une  bonté  mater-^ 

nelle  onfubvienne  aux  miferes  des  peuples  ;  que 

tous  les  hommes  foient  à  couvert  fous  l'étendue 

d'une  clémence  qui  pardonne  hs  'injures  &  les 

offenfes  :  tout  cela  certes  doit  être  imputé  a  notre 

grande  prudence  ,  par  laquelle  nous  nous  parons 

nous-mêmes  de  toutes  fortes  de  vertus ,  &  dé 

notre  diligence  non  interrompue  ,  par  laquelle 

nous  montons  comme  par  les  degrés  d'une. échelle^ 

dtnous  nouf  .Ûevons  peuÀ£M  .ejiMnut^  çpmnô 

X  iv  ~" 


fiS       Bibliothèque 

fort  loin ,  à  favoir ,  de  la  ville  de  Vam-clie- 
chim.  II  furpaâbit  en  induftrie  les  trois  dynaf* 
fies.  Il  eft  dix  fois  intègre  dans  la  tradition  des 
Arts.  Au  commencement ,  il  s'acquitta  de  (on 
devoir  dans  la  Cour  dé^  Cinabre.  En  effet ,  il 
glorifia  fon  nom  dans  le  pavillon  du  Roi. 


/ 


Kao-çu-y ,  Préfîdent  de  la  Cour  Miniftëriale , 
Roi  de  la  ville  de  Fen^yam,  fut  au  commence^ 


Orientale.  'jif 

-par  la  corde  dont  lefceau  ejl  tiré  du  puits  (  EJl-ce 
que  l'Auteur  étoit  dans  l'erreur  de  Pelage  )  /  • 
Mais  défaire  que  les  vents  &  les  pluies  viennent 
au  temps  qu'il  faut  j  que  toute  la  terre  jouijje 
du  repos ,  que  les  hommes  perjifient  çonjlammènt 
chacun  dam  fon  grade  ù  J a  fonction  3   &  les         l 
thofes  dans  leur  état  Ù  condition  propre;  que  les 
vivahs  puijfent  être  fiorijfans  &  les  morts  être 
contens  ;  que  j  dès  qu'on  a  conçu  un  dejfein  j.  le  '       ! 
fuccès  y  réponde  ciufji  promptement  que  le  fon         \ 
répond ,  à  la  percujjion  ;  que  les  affeSions  nées         * 
Jubitement  y  foient  tout  aujjî-tot  &  comme  natu-* 
Tellement  pures   elles-mêmes  :  tout  cela  efl  le 
mérite  &  l'effet  des  forces  &  de  V  efficacité  puif- 
fante  de  notre  Religion  Chrétienne.  Yfu ,  grand 
bienfaiteur  de  la   Religion  &    tout   à  la  fois 
Grand  de  la  Cour ^  Ajjeffiur  du  Vice-Rot  de 
Sofam  (grande  contrée  aufeptentrionde  lapro-- 
vinae  de  Xenji  )j  &  InfpeSeur  du  palais  j  à  qui 
l'Empereur  a  fait  préfent  d'une  robe  de  Reli^ 
gieua:^  de  couleur  bleue-clair  ,  ejl  un  hommt^de 
mœurs  douces  &  d'un  efprit  porté  à  faire  toute 
forte  de  bmns,  Auffi-tôt  qu'il  eut  reçu  da^s  fon 
cœur  la  véritable  doSrine ,  //  la  mit  fans  cejje 
en  ifage.  Il  ejl  venu  h  la  Chine  d'un  pays  loin-- 
tain  j  f avoir  y  de  la  ville  de  Vam-xe-chim  ;  il 
furpaffé  en  indujlrie  tous  ceux  qui  ont  fleuri  fous 
les  trois  premières  dynafties  :  lia  une  très-parr 
faite  intelligence  des  Arts  &  des  ^Sciences,  Au 
commencement ,  lorf qu'il  travailloit  à  la  Cour  j 
il  rendit  d'exeèlUns  fervices  à  l'Etat,  :&  s'ac- 
quit une  très'haute  ejlime  auprès  de  l'Empereur. 
Kao'çu-y  ^  premier  Préfident  de  la  Cour  Mi- 
nijiériale  (  c'était  alors  la  premier^  charge  d$  la 


« 

^jo  *     Bibliothèque 

ment  Genëraliffi.ne  des  armées  à  So-fani.  Su*^ 
çum  voulut  qu'il  raccompagnât  bien  loin;  quoi- 

3u*il  fût  reçu  familièrement  dans  la  chambre 
u  lit,  il  n'étoit  pas  plus  différent  que  s'il  n'eût 
été  qu'un  fimple  folaat.  U  ëtoit  les  ongles  & . 
les  dents  de  la  République  »  &  les  oreilles  &  les 
yeux  des  armées.^  Il  eut  la  force  de  diftribuer  fa 
lolde ,  fes  préfens  ^  &  n'accamula  point  dahs  (a 
maifon. 


II  offrit  des  verres  Lin-ngen  ;  îl  étendit  des 
tapis  d'or  Çu-kii.  Quelquefois  il*  laifToit  les  vieux 
temples  comme  ils  étoient  auparavant  ;  quel* 
queroi«  il  agrandit  de  neuf  les  palais  de  la  Loi. 
II  rehauifa  les  portiques,  &  orna  les  toits  en 
manière  d'un  faifan  qui  vole.  Outre  cela ,  il 
•rendoit  fervice  ï  la  porté  a<dfliirable<  Il  s'appuyoit 
fur  la  vcharité  ;  il  diftribuoit  Tutilitàl  Tous  les 
«ns  il  afiembloit  les  Bonzes  &  les  Difciples  de^ 
quatre  temples.  II  fervoit  avec  ardeur  ;  il  four- 
niflbit,  proprement  &  apprêtoit  pendant  cinq 
dixaines  de  jours.  Ceux  qui  avoient  faim  venoient» 
i8c  il  les  nourriflbit  ;  eeux  qui  avoient  froid 
venoient  >&  il  les  vêtoit.  Il  foignoit  les  jndades 
-&  les  ranimoit.  Il  enterroit  les  morts ,  ^  les 
'  mettoit  en  paix.  Jamais  il  ne  s  eft  ouï  tant  de 
belles  cbofes  parmi  les  Ta-.fo  du  pur  devoir. 
Les  Lettrés  admirables,  vêtus  de  blanc,  vxuent 
ï  ptéfent  ces  ^hommes^là  ;  Àh  t'^mpr^^m  iê 


ORÎÉNt*Alt/.  jVir 

Chine  ^j  &  Roi  dé  la  ville  de  Fen-yam  ^  étùit 

au  commencement  Généralijfjime  des  troupes  dans 

So'fam, ,  c' efi-à- dire  dans  la  contrée  0  là  région 

JeptentrionaLe,  L'Empereur  Su-çumje  Vàyocia 

pour  compagnon  d'une  longue  marche  ;  mais  ^^ 

quoique  par  une  faveur  Jinguliere  H  fut^  admis 

yhmiUérement  dans  la  chambre  de  V Empereur , 

il  ne  fe  comportoit  pourtant  pas  autrement  que 

s* il  eût  toujours  refié  au  pavillon  du  camp.  Il 

tenoit  Ueii  à  l'Empereur  ôu-çum  de protedeiir  & 

de  défenfeur  ^  Cf  aux  troupes  d'Infpeàeur  6r 

d'Interprète.  Il  r^ahdit  libéralement  les  pen^ 

Jions  &  les  largejjes  dont  l'Empereur  le  com^^ 

blcït  amplement  ^  &  n'accumulott  rien  dans  fa 

Tnafon,  / 

//  offroit  des  vafes  de  verre  Ltn-ngen  ^  c'e/?-^- 
âire  du  bienfait  prêt  afe  répandre  ^  &  des  tapis 
dorés  Cu-kii  j  c'eji-à-dirt  j  rejetant  le  repos.   Ou 
il  ccnfervoit  les  vieilles  égliifes  dans  leur  ancien 
état  J  ou  bien  il  augmentoit  leur  bâtiment.  Il  éle^ 
voit  à  une  plus  grande  hauteur  leur  toit  &  leurs 
portiques  ^  &  les  emiellijjhit  j  de  façon  que  ces 
édifices  étoient  femblables  à  des  faifans  qui  dé-* 
ploient  leurs  ailes  pour  voler.  Outre  cela^  il  mon- 
tra par  toute  forte  de  bons  offices  fon  refpeà  pour 
.    la  Religion  Chrétienne  :  il  étoit  ajfîdu  aux  exer^ 
cices  de  charité  j  &  prodigue  dans  lu  difiribn- 
iion  des  aumônes  :  il  rajfefnbloit  tous  des  ans  les 
'Bonnes  &  les  Chrétiens  dès  quatre  -Eglifes  "^  S 
léurfervoit  avec  drdtur  -&  d^  ^opos'Mltbéfé^'^ 
^ntets'  nets  &  propres  ,  '&  il  cdriiinîtàit  ^etVe  'feftS- 
ralité  pendant  cinquante  jours ' de  fuift  :  ildcffr- 
noit  à  manger  à  ceux  qui^avoi^rft^fffi  ;  ihrevétàk 
ceux  qui  étoient  nus  ;  il  fournijft^k^es  YàH^i 


JJt-         BlBLI*DTHEQUE* 

graver  un  grand  MonuQient;  pour  donner  vent  * 
leur.heureufe  fplendeur.  Le  difcours  dit  ce  qui 
fuit  :  • 


Le  véritable  Seigneur  eft  fans  principe;  il 
eft  ëterneliemenc  pur  &  folitaire  ;  il  a  été  le^ 

{premier  Auteur.  Il  a  fabriqué  &  converti,  fondé 
a  terre  &  établi  le  ciel.  Divifant  fon  corps  ^ 
il'  eft  venu  au  blonde.  Secourant,  il  a,  fans  ré- 
ferve,  (tout)  pafle  dans  la  barque.  En  montant  de 
|our,  les  ténèbres  ont  été  éteintes.  II  a  déclaré 
tout  ce  qui  eft  vrai  &  myftérieux. 


-  L'illuftre  &  civil  Empereur  a  furpaffé  en  fa- 
gefle  les  Empereurs  paifés.  Au  temps  favorable» 
il  rangea  ce  qui  éioit  troublé.  Le  ciel  fut  am- 
plifié ,  &  la  terre  étendue»  La  célèbre  Religion 
admirable  dit  de  retourner  à  notre  Tham.  11 
traduifit  les  Ecritures ,  bâtit  des  temples ,-  &  paflà 
dans  la  barque  les  vivans  &  les  morts.  Cent  fé- 
licités s^eleverent  à  la  fois.  Dix  mille  royaumes 
furent  pacifiés. 


■    Orientale:  3  j  j 

ûua:  malades,  &  leur  procuroit  la  famé:  il  pre- 
nait foin  d'enjevelir  les  morts  j  &  de  leur  accor^ 
der  le  repos.  On  n'a  pas  ouï  dire  jufqu  à préfent 
qu'une  vertu  Ji  éclatante  ait   brillé  dans    les 
Tha-Jo  même^  ces  hommes    qui  s'adonnent  Ji 
religieïijement'à  rendre  de  bons  offices.  Les  Prê- 
tres Chrétiens ,  vêtus  de  blanc  j  voient  à.  préfent 
de  leurs  propres  yeux  tant  deji  grands  hommes.; 
Auffî  ils  gravent  une  Infcription  fur  cette  grande 
pierre  ,  pour  faire  connoître  leur  excellente  gloire 
à  la  Pojîérité.  Or  voici  ce  que  dit  V Infcription  : 
Le  véritable  Seigneur  de  toutes  chofès  n'a 
point  de  principe  ;  il  jouit  perpétuellement  de  fa 
propre  ejfence  pure ,  Ùfefuffifant  a  elle-même  : 
il  a  donné  commencement  ^à  toutes  chofes ,  &  il 
a  fabriqué  le  Monde',  par  une  converjion  admi- 
rable du  néant  (  à  l'être).  Il  a  fondé  la  terre  & 
établi  le  ciel.    Par  la  communication   de  fon  * 
Ej/ence  &  la  dijlinûion  des  perfonnes ,  //  a  paru 
homme  parmi  les  hommes  :  il  les  a  fauves ,  &  , 
traverfant  les  fleuves  des  miferes ,  il  les  a  tous 
menés ,  fans  réfirve  ^  au  rivage  de  la  félicité.  Le 
Soleil  de  J,uftice  montant  en  haut ,  a  chaffé  les 
ténèbres.  Il  a  révélé  &  démontré  tous  les  vérita- 
blés  myfieres. 

,  L'Empereur  Thai-çum ,  tout  brillant  de  ma- 
jejié ,  a  étéfupérieur  en  fagejje  aux  Empereurs 
fes  devanciers  (  comme  le  chapeau  Veft  à  V égard 
de  la  tête).  Profitant  de  l'occajîon  qui  s'offrit , 
il  appaifa  les  troubles  de  l'Empire.  Ilfembla 
qu'il  avoit  amplifié  le  ciel  ntême  y  la  terre  même, 
&  ainfi  le  Monde  entier.  Sous  fon  règne ,  la  très^ 
illuftre  Religion  des  Chrétiens  pénétra  dans  notre 
Empire  de  la  CUm,  qui  pour  lors  étoitfow  U 


5j4         B  r  B  L  I  O  T  H  E  Q  V  B 


•  • 


Kao^um  continua  Tes  aïeux  ;  de  nouveaux 
éâifices  des  toits  purs  ;  les  paUis  de  la  concorde 
furent  amplifiés  fpIendideiBènt  ;  ils  femptirei^c 
de  tous  côtés  le  pays  du  n^ilieu.  La  véritable 
dodrine  fin  publiée  clairement.  Les  Souve- 
rains de  la  Loi  furent  créés  dans  les  formes* 
Les  hpmmes  poiTéd^rent  la  joie  &  la  tranquil'* 
lité.  Les  chofes  furent  exemptes  de  calamités  & 

de  miteres. 

» 

Hiuen-çuni  ouvrit  la  faintetc  ;  il  ^'employa  à 
parer  le  yér^table  endrpir.  L^  tablette  impériale 
répandit  fa  fpleiideur,  i  Ja  célefte  infcription 
)>p\h  merve)lLsufement.  ly'augufte  tablette  ref* 
plendit  av^c  écjat;  touje  la  terre  révéra  haute- 
ment ;  toutes  i^s  afiaji^eç  furenjt  en  paix  y  \w 
hommes  s'appuyèrent  fur  la  félicitation. 


Su-çuoa  ^  en  venant ,  fut  de  retour  ;  la  céleâe 
Majefté  avôit  mené*  loin  le  c^iariot;  le.  faint  fo- 
Jeil  déploya  fa  vive  lumier^.  Le  vent  fortuné 
J^aJfyg  la  nuit;  Ig. /^'lij^é  jj^nt  /dans  l^-augujÇe 


O  R  I  E  N  T  A  L  !•  J)5 

domination  de  la  dynajiie  des  Tham,  Les  Livres 
Canoniques  (de  cette  Religion)  Jurent  traduits 
en  Chinois,  On  lui  éleva  des  temples  ;  cejl  ainfi 
que  par  Ja  charité,  comme  par  un  navire  ^  elle 
mena  au  ciel  les  vivans  &  tes  morts.  Avec  elle 
vint  en  abondance  toute  forte  de  félicité,;  &  toute 
la  terre. jouit  après  d'une  paix  &  d'une  tran-* 
quillité  parfaites. 

L^ Empereur  Kao-^çum  marcha  exaélementfur 
les  traces  de  fes  aïeux  ;  il  bâtit  de  nouvelles 
é^lifes.  Pdf  fes  foins  j  les  temples  conf acres  à 
JDieu  brillèrent  merveilleufement  &  remplirent 
tout  V Empire  de  la  Chine.  Sous  fort  règne  ,  la 
fageffe  fut  publiée  par-tout ,  &  de  côté&  a  autre j 
&  de  plus  ,  il  créa  dans  les  formes  des  Pontifes 
de  la  Religion  :  après  cela^  les  hommes  eurenc 
l'efprit  joyeux  & 'content^  &  les  chofes  furent 
exemptes  de  calamités  &'  de  miferes. 

L* Empereur  Hiuen-çum  s'ouvrit  une  voie  à  la 
fainteté ,  &  cultiva  férieufement  la  véritable  & 
droite  fagejfe.  L' Itifcriptton impériale  {qu'il  eut 
foin  dejaire  appendre  au  front  ijpice  de  réglife  ) 
jeta  de  l'éclat  de  tous  cotés.   Les  cara3eres  , 
tracés  de  fa  main  célejle ,  brillerez  merveilleu-^ 
fement,   &  l'augufte  tablette  brilla  d'un   rif 
éclat  ;  c'ejl  pourquoi  toute  la  terre  eut  un  très^ 
^and  rejpeâ  pour  la  Religion.   Toutes  les  af- 
faires firent  parfaitement  bien  gérées  &  admi^ 
nijlrées  ;  &  la  félicité  provenant  de  la  Religion 
fut  profitable  au  genre  humain. 

Su-çum  ayant  recouvré  l'Empire  j  retourna 
dans  ia  ville  impériale.  Sa  célefle  majejlé  avoit 
conduit  au  loinfon  chariot  ;  mais  il  darda  de 
tous  côtés  les  rayons  de  fa  fainteté^  femblablesà 


jj6       Bibliothèque 

maifon.  La  vapeur  monftrueufe  dit  adieu  poW 
toujours.  II  arrêta  le  bouillminement ,  fit  ceiier 
la  pouffiere ,  &  rendit  grand  notre  pays. 


Taî-çum  fut  pieux  &  jufte  ;  il  étoît  feiïiblable 
en  vertu  au  ciel  &  à  la  ^erre.  Il  ouvrit  &  ac- 
commoda ;  il  produifit  &  perfe(3ionffa.  Les  cho-^ 
fes  tirèrent  une  I^elle  utilité.  Il  brûloit  du  parfum 
pour  annoncer  le  mérite.  (Il  profitoit  )  de  la 
charité  pour  faire  des  largefles.  La  vallée -'de 
l'Orient  vint  (faluer)  la  Majefté.  Le  trou  de  la^ 
lune  fut  entièrement  réuni. 


'V 


Kien-chum  a  affermi  la  médiocrité ,  &  mai^ 
trifé  les  extrémite's;  &  certainement  il  a  orné 
la  brillante  vertu.  Par  la  guerre ,  il  a  fait  trem- 
bler les  quatre  obfcurs.  Par  Tornement,  il  a  net- 
toyé dix  mille  contrées.  (Comme)  un  flambeau, 
il  a  porté  {fa  lumière)  fur  les  (mijeres  )  cachées 
des  hommes.  (  Comme  )  un  miroir ,  il  a  con- 
templé les  couleurs;  des  chofes.  Mundum  illu- 
minavitj  reffîifcitavitque.  Centum  Barbçtris  dédit 
leges.  La  lextuple  union  a  clairement  repris  li- 
gueur. Cent  Barbares  ont  tiré  un  exemplaire. 
A  la  raifon  certainement  ample  Hui  l  La  ré- 
ponfe  certeîs  prefTée  étant  nommée ,  eu  par  force 
appelée  Hui  1  &  interprétée  Unité-trine.  Le 

ceu^ 


/ 


-    P  K   I  £  W  T  À.L.E.  }J7 

innrx  d^J^léL  Jl  balaja .  comme  un  v^nt  for^ 
tUfié ,  la  mît,  i(£>  la,  rébellion  :  il  rétabftt,  dans 
Joft  augufie  mdifoH  Vheurtuf/^  paj^ej^^ondi  HEm* 


Jùulevoit  par^tout  la  pouffiere  :  enfin  iijbnda  de 
no&peau  notre  Empire  Chinois. 

L'Empereur  Tai-'çumfut  pienx  &  jufte;  Ja 

v^rtu  égaloit  celle  du  ciel  &  de  la  terre  :  il 

avança  ce  qU*it  a¥(ni  camm^nçéy  df  acheva  ce 

qu'il  avpit  avancé,  Enfi^  .touja^es  choses  re^ureM 

de  lui  de  grands  avantqûes^/,  II,  offrit  d^s\  par- 

^ms  %  vour4^ertir  j^udj  avait  bien  géré  h$,jy^ 

Jfkirts.  il{y)jai^noit  lackariU^  pour  rimmu 

jfes  lièéraUtés.   t^MS  Us  Barbares  de  l orient', 

Jtûfipis  ieJa,ma}eAé^  vinrent  le  trouver  ;  toute^ 

les  Nations  de  i  Occident  Je  rendirent  ^upr^ 

de  lui. 


L' Empereur Te-fum  ^  auftyurd'hui  rég^Amfùu$ 
tiere  d^  Kiin^chum  ^  u  cuhivd  la  v^rtUifia*- 
furjelleme^finfi^  en  Wifans  mélar^e  d'pftcfm 
rice ,  ni  d'aucune  erreur  j  &  H^^'ifi  do^i' ué, 
nouvel  éclat  ^ar  Us  vertus  ù  Us  Jcwces  qu  il 
s*^Jl  acquifes.  Par  fa  vertu  militaire  il  a  porté 
n  la  crainte  &  au  rejfpeÛ  tout  ce  qui  ejt  contenu 
nu  dedans  des  quatre  mers.  Par  fa  vertu  paci'* 
fique  il  a  rendu  toute  tu  r/if^  nette ,  comme  une 
£att  pure  or  tranquille^  Il  découvre  par  la  lu'* 
mîerejitfon  efprit  Us  mferes  cachées  des  peit'» 
pl€s  j  fir  les  foulage.  V«lut  in  fpeculo  deieéta 
cernebat  omnia  ;  totum  reiTufcitavic  orbem. 
Cunéli  Barbari  tegulam  vivendi  )sicc^perunr.  La 

Tome  y.  Y  / 


/ 


3)t         B  t  B,L  î  t)  t  M  K  Q  itJ  E 

Souverain  peut  faire  Hui  !  Lé  fbjet  peut  puHîef  j 
il  dreâe  cette  magnifique  pierre ,  nui  !  pour  cé- 
lébrer le  primogene  fortuné» 


Cette  pierre  a  ^té  établie  &  âoeifêé  lâ  fé- 
conde année  de  Kien-<:hum ,  de  \/l  grande  dy« 
tiaftie  des  Tham  »  Jupiter  étant'  dans  ço-ngo ,  Je 
feptieme  jour  de  la  lune  dite  Tar-^au ,  jour  dei 
grands  luminaires  brillans  eh  bon  ordres  En  ce 
temps-là,  le  Bonze  Nim-^zu,  Seigneur  de  la 
Loi  ;  gouvernoit  la  multitude  ^Aiirable  de  h. 
contrée  Orientales  .   ^ 

Liù-fîeu-yen ,  Confeiller  du  Palais ,  auparavant 
du  Confeil  de  Guerre  du  grand  Prévôt  de  la 
Yille  de  Tai-cheu ,  a  écrit^^ 


4.  .»■ 


F   I   N. 


J 


3  IJ  R  î  «  N  «  A  LE;     i         *Jî^ 

SagkJ^  ou  i^  Religion  Chrétienne  ejt  certaine^ 

jfnent  grande:  iù  elle  op^e  au^Jî-tot  des  mer^ 

^teilles  dans'  le  cwur  humam;^  Comme  elle  ne  peut 

'être  nommée  >  on  jejt  forcé  dé  lui  donner ,  pat 

r interprétation  j  le  nom  de  la  Trinité.  Cêji  eer* 

vainement  aux  Rois  à  bien  faire  ;  &  ceji  aux 

Jujets  a  publier  à  la  poftérite  le  bien  quils*^  oui 

yiiit.   C  eji  pourquoi  nous  élevons  cette  illûflrè 

pierre^  pour  célébrer  l'état  heureux  &Jl6ri^ant 

Ou  les  affaires  font  à  pré/ènt.  » 

La  féconde  année  de  V Empereur  Te-çurti  y  de 
la  grande  dynafiie  des  Tham^  régnant  fous  le 
titre  de  Kien'<num  (  Van  781  deJ.C.)j  Jupiter 
étant  dans  ço^ngo  y  ç'e/i-^à-dire  dans  le.figne 
.  Yen  f  car  le  caraâlere  ae  cette  année  étoit  ^oin^-^ 
y  eu  dans  le  ftyle  fexagénaire  j  le  feptieme  joî^r 
de  la  lune  dite  Tai-çeu  (  c'ejl  la  première 
lune  )  ;  auquel  temps  le  Bon^ej  nommé  Nim-xu*, 
Pontife  de  la  Religion  Chrétienne  dans  la  corC^ 
trie  Orientale. 

Liu-fieU'^en ,  Cônfeiller  du  Palais  ^  aupara^ 
vont  membre  du  Confeil  de  Guerre  du  grand 
Prévôt  de  la  ville  de  Tai-cheu  (  &  ainfi  Manda-^ 
rin  du  feptieme  ordre  ) ,  a  ajouté  cette  In/crip^ 
tion  à  la  pierre.  ^ 

FIN, 


yij 


.|4t        B  I.  »  (.I97XCQVS 

ify  a  te  long  d  un  bord  de  h  pierre  ,  &  au 
Bas  de  la  même  pierre  «  des  caraderes  Syriac^es'^ 
dont  on  (reuc  voir  1  mterpréranon  dans  le  fixieme 
chapitre  de  la  première  Partie  Je  la  Chine  illuf* 
tré€  du  P.  Kirchen  .   ^      . 

Les  Peifonntges  nommes  dans  TOuvrage  Ibnt 

SJi^fieùrs  MiConnaires  Syriens  ;  ^  rinfcriptîon. 
u  bu  contient  la  date  du  moirament  «  le  nom. 
&  le  titre  de  ceux  qui  Tont  fait  élever  ,  avec 

auelques  autres  noms  de  Miffionnaires  &  leurs 
ignitéi. 

0  B  $  Ë  R  VA  TJONS. 

L* Auteur  de  l'Infcription  vîvoît  du  temps  de. 
la  dynafiie  de«  Tham ,  &  il  dëclare  avoir  tiré 
des  Hiftoîrès  des  djn^fties  des  Han  &  des  Vei  fa 
Defcription  du  royaume  de  Taçin  ;  c'eft  pouri- 
quoi  il  eft  néceiTaire  d^  repréfenter  i^i  ce  quife 
trouve  contenu  dans  les  Ucrcriptions  géogra- 
phiques de  ces  crois-dynafties. 

lExtraît  du  Chapitre  ^S ,  feuille  neuvième  des 
Traditions  des  derniers  -Han  du  Royaume  de 
^  Ta^m. 

Le  royaume  de  Taçin  eft  auffi  nommé  Likien 
(ou  peut-^être  Vighien  ) j  &  comme  il  eft  fitué  ï 
loccidert  de  la  mer  y  on  le  homme  auffi  ï Occi- 
dent de  la  mer.  Les  limites  de  ce  royaume  sHîten- 
dent  de  tous  côtés  à  plufîeurs  centaines  de  lieues. 
On  y  compte  plus  de  400  villes  :  quelquei 
dixaines  de  petits  royaumes  lui  font  fournis.  Les 
villes  font  ceintes  de  murs  de  pierre.  ^On  trouve 


T-  ©ru  1 1  *  T  là  ite;  f4f 

de  toas  côtes  des  tnaifons  établies  poar les' Coûiv' 

mrs  :  tops  ces  ëdiâces  font  enduits  de  blane/ 

La  terre  produit  des  pins ,  est  cyprès  ,  &  toutes 

forces  d  arbres  &  de  plaAi^i.  Les  ptîrples  s^âd'ôn*; 

nent  Beaùcoilp  à  TAgriculture }' ils  font  vic^kns^ 

à  planter  &  à*  fepie^r  )  ils  âcVent  des  rers  à  fbie^ 

&  des  mûriiers.  r.tous  anc  k  t&ce  rafée.  Leurs ' 

habits  font  piàgnifiques  &'  rteievës  en  braderie; ^^ 

Leurs  voitures  font  des  calèches,  des  chariots  &^ 

de   petits  chars    couverts*  d'un   parafol    manc.^ 

Quand  ils  fartent  éd  leurs  liiatfons ,  oa  qu'As  y 

rentrent,^onbat  lest^mbouh  &ton  port^  quitte' 

fortes  de ten dards. 

La  ville' royale >i  plus  dé  dit^lieu^«  de  tour J 
Dans  cette  ville  le  Roi  a  cinq  palais  y  diftans  Turi' 
de  l'autre  d'une  lieue.^ Les qobnnes  de  toutes  les* 
matfons  font  de  cfiftal  :  toas  les  Vafés  dans  )e&^ 
quels  on  ferc  à  minger^  font  delà  même  ma* 
tiere.  Le  Roirchknge  tous  les  jours  de  palais, -& 
ne  retourne  que  le  ^ctnquiera^e  jour  à  celui* qu'-il^ 
vient  de  q^itccr^  (Qaand  il  (bit)^l,  un  de'  fes 
O/fiâers  a  toujùujrs  ordre  de  porter  a^  fac  âc  def> 
fttivre  fon  char.:  ceux  qui  pour  lors  om  affaire^ 
au  Roi ,  jettent  leur  requête  dans  Je  fac.  Le  Roi ,  * 
de  retour  à  fon  palais  ^  prend,  contiolâànce  de 
leur  caufe  &  rend  juftice  aux  Sopplians.  Chac^tf 
genre  d'afFairea  fan  tribunal ,  &  toutes  les  |»ro-^' 
cédures  fefont  par  écrit.  Le  Rûi  &  trente  Gé^ 
néraux  s'aflemÛenfarU  Gonfeil  toutes  lé«s  fois 
qu'il  s*agit  des  affaires  de  la  République.  Le  Roi 
ti'eft  pas  perpétuel.  On^éiit  Roi  celui  d'entre 
eux  qui  dk  le  plus  ëminent  en  ûgeiTe  :  que  û 
l'Empire,  fe   trouve  affligé  par  îles    calamités 
&  des  prpdigei  v  oi^  û  les  vent»  &  les  ptuilM^ 

Yiij 


ky^         B  til  tL4  t)  T  H  EiÇCd  E 

viennent  hors  de .  fàifon  ,  on  râé^ïÀ^Iedè  celui-Hi 
&  on  lui  en  fubftkue  un  autre  :  celui  qui  eft  dé- 
poiiedë  obëic  yobfliâejrs. ,  &  !ne  fornore  jamais 
micune  plainte.*  Les  .genar  du-^pa^r)  fimb  tous'de- 
Iviute  flâture.  &;d*im'  naturel  li ni '(^e  niveau  )  &: 
àfoif  {  à  plonib  ):^  V^S-à^lire;  squHs  fônt  bons  , 
faiiilef,  pteio)  diirdroiitare  &  de  .probité,  &  en 
cela  non  difFerens  des  Chinois  :  c'^ft  pourquoi  ils 
om  acquis  coAnmtinément  le  >  nom  de  Taçinj 
cleft^-idire  de  grande  Chin€.'  .  •  ■'  j  ' 
vL^  tèttt  produit; de  For,  dé  Fargem^.&  grand 
Dpiin^é  4e  woCe^  adnnîrables  &  prëcieufes.  11  s'y 
trouve  des  pierres  qui  brillent  la  tauit ,  des  pierres: 
brillantes  comiinebi  libie/desctnrnes  de  certains 
Rhiàocéro«  i^ommc^f  iEffrayeurJ  des  poules  ,  da« 
cp.ilail  j  de  Vaoibre<'^uné ,  du  verre '^  du  corail 
nôi#  y .  dû  cinabre .  (<  ou  verrtiillon  ) ,'  rdès  pierres 
bieufs  &  vert 'de!  mer\  des  toiles  tiSuès  d'or  & 
])i;odées  de  couleur^  des  tapisfdé  mêihe  façon  , 
4es  .étoffes  d'on  ;  tiâb  ferré  ,  de  1  or  réduit  en 
x^alfle  douce  Si  jnolte  pqur  la^omre ,  de  la  toile 
q\Aon  lave  .au  feuc'Oiitre  cela  y  il,y^a  une  autife 
forte  de  toile  d'un  tiiîii  très-délié:/ que  quelques- 
u;is  apurent- être,  rdffue  de  la  laine  la  plus  fine* 
orjl  brebis  aquatiques ,  pt^  4e  la  ibie  des  vers  à 
fciie  (àuvîiges.  (  A  1  égard  des  !  parfums  )  ,  aprèl 
avoir  mêle  enfemhle  toutes  foj^ces  d'aromates  , 
ils  e.li  tirent  au  feti  un'  fuc  que*  les  '  Chinois  ^p^- 
pellent  Suho,  En  général ,  tout  ce  qui  fe  trouve 
de  .précieuxi&.  d'admirable  dans  les  royaumes 
étrangers  fe  tiriai. jde  oe  royaume.  On  y  bat  de  la 
monnoie  d'or  &  d'argent:  dixjécns  d'argent  va-« 
lent  un  écu  dor/ .  Ils  commercent  par  mer  avec 
h$  royaumes  de  N|;ân-ûi  (  l'A^T^e^}  ^  $t  d& 


^  .C  Jl  I  I  «  T  AI.!.  '.  iï| 

!riiîen"îqhp;(  ll^^^e  Orientale }  :  ils  gagnei^t  às^m 

ce  cdminefce  dix  pour  up.    t-es  gcn$  à,\x  pay« 

^nr  Ilmples  &  droits;  ih  n*oxit  pas  deux  piif 

dbms  le  icaainiercje.  Les  grains.,  fe  vendent  *toti- 

|ours  chez  eux  ï  vil  prix ,  &  il  y  a  abondamment 

.^€S  fonds^pour  l'utilité  publique. 

-     Lqrfque  les.  Ambaffaaeur^  des  royaumes  voî^ 

lins  arrivant,  aux  limites  .de  l'Empire  ^  on  leur 

fournit  desc  voitures  pour  fe  rendre  à  la  ville 

royale  :  y  étant  arrivés ,  w  l?«r  donne  un  qer* 

-cain  nombre  deciis  d'çr.A^®^^  P*^"*^  jeur.dc* 

penfe.  Les  Rois  de  Taçin  ont,  touiaurs  eu  deffeia 

<Ie  communiqnf  r  avec  ies  Chinois- par  A^mbafla^ 

deurs.;  naais  les  Àiïyrie^is ,.  qui  faifoient  lecom^ 

inerce  .dela/oi^  avec  Les.  Chinois  ,  fernierenî: 

loigneufement  je  chemin  d^  la  Chine  a.içt  gen* 

de  Taçin.,  afin  ^'ils  n'y  puflent  pjénétrer.  iEn% 

la  neuvième  a^née*de  Han-huanti,  régnant  ioiff 

le  titre  de.  Y^u^hU  ( .c eft4-dire  J'^aa  de  gîr^içç 

a  66  )  ^  fe  ^fn  .de  Taçin ,.;  nommé  Ngar^-iffiun^ 

envoya  des vi4^nl)aâàdeurs  qui ,  ayan(  travec/eîa 

faer  au.  delà  du  «rpyauqie  Je-nah>(  Çamboye  )^ 

offrirent  (i^rÊmpexeur  d^  ht  ^Çhine  )  des  dents 

d'élépli^t^  4®$  cornas, j^e  Rhinocéros  ^^  &  d^$ 

écailles  de  tqrtue  ;  6c  ce  fut  fop^  la  première  foîf 

^ueii  ces  pépies  oommûniqueji^eAt  avec  les  Çhi^ 

Khois,  Dan^ie  Mémoire  où  fe,,tribuc  étoit  enre«« 

giflré ,  jSi^ 4^n?  le  tribut  m%n,e.^:il  n'y  avoit  rien 

ii^  f^jéçief^^  fSfi,  à  admirable  ;,  ce^  qui  fit  douiçer  Àp^ 

leur  rapport   (  ou  ,  comme  dauti^ft  le  4jfenc^ 

on  crut  qu'ils  avoient  dérobé  le  plus  beau  du  tri-« 

bujr)*  (j^aeharae«-uns  difont  quà  l'occident  du 

royaume  de  Taçin ,  il  fe  trouve  auprès  de  la  ré-. 

^ipq  ,q/u  :SÇfid«'*j[  U  Déefle  ).;Si-^vani.mu ,  &;di4 

'  *    Yiv   '   " 


fcât^       B  fn  Lit)  4-  H  *  '<i[h  e 

lietr  iix  Te  foleil  fe  couche,  IVau  fdîbfe  &  les 
Tikbieï  tq  niants  ,  ce  qui  eft  dîfFërent  de  ce*  que 
ïroiis'écrivoni  ici.  ...:*:: 

^  f)iht  lès  tenip'sfprécédehs^  tous  îes"  Ambafla- 
•Bciirs^  envoyés  par  fa  xlynalHe'  Hâii',^  ri 'a  lioiexit 
pas  au  de}k  du  royaume  Ukho  (*  ou'^U^'Ichô  yî- 
"iafn)  >  doà'^îls.retxxurnoienc.a  la'  CWhe  :  ceft 
pptir^oî  ils  neparvénoietupas  fulqu-au  royaume 
9e  Thiao-ehi;  Voici  encore' ce  q'ii  oh  raconte  : 
Ofrpiiis  le  royatime/dç  Ngàn-fii^^h  mer -eft  en- 
W(>n|iée  de  la  terre.  Eii  toiimaTrr!a*:mcr  du  cote 
€lt  feptçntrioTii  V  oti'ah-ire  à  i'occident  de- la  mer^ 
■&"dci  Ilf  au  rôyauiiie  dé'Taçin.  €e  royaume  eft 
très  peupîé  ;  oh  y  ttoirve  des  maifons' de  lieue  eA 
'lîeué  V  lès  pofjles  font  ^tabîi^s  d^  trois  lieues  en 
troft  îietïes.  OÀ  îîy  ti'àînt'a  la  vérité  ni  larrons 
W' vo'leùrs  ;  miis'iPy  alhêauqotrp  de  tigres  &  de 
fibiis^qi^i  guettent  fes'.' v.oyageul^  pour  leurdon- 
ïr*t'^  tiib(t  ;'ce  qui  fait  qije ,  s'ils  ne  voyagent  ?a 
odombredè  cent  &  plus  ^  munis  chaton  de  toutes 
<Ofbés  d'armes ,' iJs'cîévîènnent  îâ*  proîè  dés  bétes 
tferôpes/  Quclquiès-itns  *difent' qit^îl.  y  a  ûh  pont 
^QÎartif  de  quelqi^es;  djiàines  dé  I^ùès  de  large, 
ïîi'  moyen'  duquel  on  ^ut  trà^erfet-  H'^er  ytti 
içj  Septentrion:  Au  ipeue,  toutes  les  relions  totf- 
chartt  les  chofçs  mervçilJeufes  &"e>fffak>rdinaire5\ 
iiis  pierres  précfêttfês  &  les  autres  ënèfts  de  cette 
i\atare  qui  naiffent  dâtis  îes^rôy^tinici  étrangers, 
font- la  plupah  faùfies  ;  ceft  pôurqifot  noui  lei 
ftkfibns  tous  filenc^.    ,  '  -  ^     ^    - 


'  ^  «  • 


.  ÏNT£RPRÉT4tI0N. 

'    L'Abrégé  hiâorique   de  la  dynaflieVci  dit 


•  Or  t  fe  t»  t  a  l'eI   ^       j4J 

ce  tful  fuit  ;  »  Le  royaume  de-Tàçin  cft  rempli 
de  Bateleurs  &  Enchanteurs  qtii-  jettent  des 
flammes  par  la  bouche,  fe  lient  et  fé' délient,  Si 
font'  d'un  faut  douze  pas  ;  cettai^émént  léù^ 
àdfl^dSe  n'eft pas  ordinaire  «.    -^'^   '/ 

'Ejctrait  du  'Chvpitré  neuvième  ^  fiuûle  i6  des 
Traditions  des  derniers  VU* 

-  Le  royaume  de  Taçin  eft  auffî' nommé  Likieii. 
La  ^Ule  royale-  s'appelle  Ngan-Jtii  elle  eft  à 
looo  iieues  dédiftancèôt  a  roccidènt  du  royaume 
de  T,hîao-chi  (  c'eft  peut-être  l'Egypte)yun  goifè 
de  la  mer  entre  deux.  Elle  eft^*èloignéé  de  j9^o 
lieues  de  Tai  (ville  Chinoife).  Ce  golfe  de  mer 
s'étend  au  c^e  de  Tâçin  de  là  inéme  h^tniere 
que  le  golfe  deî  mw^  qui  eft  entre*  la  Chii\y&  la 
Corée  ,  &  trej'deux  gotfes'  font  i  ràppofive  Tiift 
de4^aiKré ,  T^iA  tô'itrhé  vers  IWiént .  Vautre  vers 
i  ûccidenr;  ce  qui  forts  douté*  eft  tin^  effet  rat* 
^nn<î  deia  NatuîFé.  Le royaumede Tâçin a  606 
itetiès  en  touc^^èns^;  il  eft  (îtué  eiitre  deux  mcrsf. 
IvéS>  liatûr^^i  dit  ^àyéfotit  umé  &^dr(ût4;  leuri 
iiiaii9f»  foat'dH^ôf<^s  eomthe^  (Wh  eiel  plein) 
d'élëifes  (  clcft-i-dire  iV^e  lé'peuple  y  éft  notn- 
l>re««,  &  qcie  les  Villes  &  lès  bourgs  font  fré^ 

3uens  ),  La  ville  Mykie  éft'  diviféê  tt\  clrfq  villes  ; 
ôntichacune  a  une  dèfài-^Iieue  èh  tout  fèns;  ainfi 
la  ville  entière*  a  ûx  lieues  de  tour.  Dans  la  ville 
(iu  milieti  tA^fyèéè  le^palais  royal:  Dana  chacun^ 
des  autres  quatre  vitles  iréfident  huit  Grands  Oifi- 
ciers  ^  qbi  de  lï  préfiflènt  aux  quatre  parties  du 
royaume  ;  &  dàhslii  ville  du  milieu ,  il  y  a  auili 
hiuk  tutre s  <ïrands   qui  préfidenr  aux  quatre 


Îille^»  4eiiX;farjph9çune.  .Lpf rqufiU'agît  de  4eUi 
^  %^  n^ .ce:  ^regarde  I^^  ^M^  dft 

gu.'ïtre.  xjylej^i^^j^^einblent  diey^nj  le  Roi,  pouf 

réfôuaré  ce  qii  on  à,  ^  /aire^^  Jk-fftir?:  ei^« 
exécuter.  Le  Roi  vifite  le  royaume'  tous  les  trois 
f^s  vpouc,$'ep(n]erir  des  ii>o^r5*4p  ^upl^*.  Si 
quelqu'un  â^^^çftndapîfi^  ^'^P^tpar  un  Juge, il 
s  adreilè  au  Koi  ;  )e  Roi  remet  la  connoiuance 
de  la  çauÇç  (w.§ran#,(ïHi^éftli«ft#  ae^«  Jar- 
îi<î  du  royauroç,  Srle  Jugi^.a  péclp^é  Jégéreliieml 
ïl  en  eft  (eu\^gRt  regrî^ 
Ja  faute  eftjg^içvfi  iljefii.phflie  d^  i<m  emploii 
^  Je  %)1  qr4y^^)^uffi':jjoi^9s^}^^ 
4ih  aupre,'^B^ek3fa(pl^çs,,i  :  -y;,,  ^  \    ] 

celle.  de$  Chfijpi^^  c'eft  ,p«j»qw»i\e#  n^xi^m 
ctcaijgeresrjjjeijri,  Qflt  dojwà  lBpnWi.4«-;ïVifil 

çn  toutes  foçtô$,d0iiFa^r)5:>  ^p;iî>A*S»^i«n 
.vre.  Le  peHpJg  leiî.imjiiftr^ip^  ^,  yigUAOt,  dani 

î^  ci^tprft  4^^ff«r^E:4ftfc4^»S3«-foû^<VRiBr 
jrouTÇ  ^bof]da9Kn€[nt;^n&  ^f^^^JP^  des  ûii$r«^ 
X  précieufes)  d^h^îfcgfï^^'tl^^'^  àfiçco^âil  ji^ 
des  tprtues '^^41^^09  V  de$4?))^«au;(ji^r%ncs  \qsim 
îioirs ,  des  pk/r^ft^^lataçc^Sa  4^i^r5^es;qu^ 
lent  la  nuirdu^j^é  qui  rpg^r^  ftèW»J«  ini^i  & 
i  orient  (lefpd-eft)^  Jls.opç:aiMQ|tt)fçce  ai&eçtlii 

*rumkin^  ^If  PôîÇi^e^rp^nf  ^ulg^^S^fij^i?^  4e  w 
(ceft-à-dii:e;parje  fleuvôHCpii-î^aîptiÎB  )e  Peg»), 
arec  Yi-çheju. ^ . yB«n-<^l»nii>;lfri{^%.Chi«i^^'df 
la  provioçe  Yunf^am.  lU }(  ^Lji^mH^^MfVVéàà 


fifùafittté  ie  éioki  extraoràiÊiiiYt^.AYocciAent 
mVa  mer  qui  eû'otdi^titilé  pài*- rapport  à  Taçin , 
il  y  a  un  fleuve  Hjtrf^oule  vers^fe  fud-otreft.   A*' 
l^cçident  dé  ce  fleuve  il  y  a  des'tttofntag^nes ,  les? 
Unes  bor^alei/'Jej^àlufres  iuftraïes  4  à  1  occident? 
rfefquelfes  fe  «oâte  feau  rouge.  4  1  ocddent  i& 
V^ù&  rouge-  #  y^  a  nn  mont,  appelé  ' Mont  àes^ 
Pierres   précieufes  r   à  roccidenfd'é  ce   mon€ 
s^eleve  un  autre'  ment  habite  par   Si-Vam-mu 
(  cVft-à^ire  lîf  rhere  du  Roi' Occidental  ).  Son- 
palais  eft  de:  pierres  précieufes.  ï  *- 
'  En  partant  des  li4»ires  ocG^éYftales'de  Ngan-i^ 
iii  {  que  je  Jf rois  être  k  Syrie  ;ott  TAiîyrie  ) ,  & 
x^oyant  Je  riVage^^e  la  rnèr^'^dn^péut' parvenir* 
àt  Taçin  ,  ap^ès  avôlf  fait  quatre  milte  lieues^  &* 
jî^liis  de  chemin.  Là,'  le  foleil,  Jaf  iia^e,  lés  étoiles^ 
îfes  conftellâtions  pàroîffent  eh  même  ordre  & 
ficuation  qu'à  Ja  Chine,   Àinfi  lèi'Hiftoires  pre^* 
céderftes  (  c'éft-à-dirô  celles  des  Wàn  )  fe  lont; 
bien  éloignées» dé  la  vérité,  lorfqu  elles  ont  mar^ 
qfué  que  le  lieu  o&  j6;fQleil  fe  dôticlie  étoit  éloi-»-' 
gné  de  dix  Ueués  (  co*tige':è  dW  a  06  journées/); 

de  chemia  ûu  rbyaunie'de  Tbiao*chi ,  vers  Yot'^ 
cidënt.    ■      -'■*•■  •;.'.■,■.■■..•'.. 

Eàe'frait  du  Chapitre  14Ç,  page  i  6  dés  Tfaditiotïî- 
réglées  de  VHiftoire  de  ïaDynajiiëTluim.'  ^ 

•  Le  royaume  de  Fu-Kn  eft  celui-là' mèmfe  tpé 
1  on  nommpît  ândennement  Tai^n.  Il  eft  fitué 
au  bord  de  la  mer  occidentale  ;  e  eft  pourquoi  on 
r<û]>peIoit  aufll  Hâï-Ji  (  c  eft-à-dire  XOccidenf  - 
de  la  mer  )  :  il  eft  à  1  occident  du  royaume  Xen» 
li  a  ve(s  l'aquilon  (  n0rd-nord*tft  )  le  peuple  T«^ 


J4*  B  I  «ni.  J  O  T  «  J£  :C  ^  £ 
kive  (  Trtrcy) ,  oomoië  Khojaa  (  <m  KhhaJJaa  )  ; 
la  mer  le  ^aignç. à loccident ,  (Uôs  une  diftance 
Àrale  de  Idriistifi &  4e  roccident ,  à  lendroic  où 
cftiicuëe  la.:viÛe  dç  Chi-fan*  11  eft  limitrophe 
de  la  Pofu  (  la  Perfe  ).  Lf  .pay^.a.  jooa  lieues  à 
chacun  de  fes quatre  côtés  :  on  yrcqmpte  400 
▼illes  â;  i\n  çtiiliiop^defoldats.  De  mille  en  milJe 

5|a$  il  y  a  une  i^aifqn  ^  âç;dç  trois  en  trois  mai* 
ons  ceil  la  po^lé.  Quelques  dixaioes  de  petirs 

ipyaumcs:iu.tA>rt£?ft>wi|i*s  ;  -ceujic  qui  font  venus 
à  noire  tonnoiflance  s'appellent  Ç^t-fan  &  L^» 
Jm.  Le  roy^tmle^'de  Cee-fan  eft  précifëment  à 
1  aquilon  de-  l^uï^Xe  r0yale>  t^ous  ignorons  de 
combiea  il. en  eft.diftant.  Après, dett;iç  cen^s  lieues 
de  chçminVc^'S:! orient,  00  parvient  au  royaume 
de  Lurfen:  L'enceinte  de  la'  ville  royale  eft  bâde 
àt  pierres  s  ^lle  a  huit  lieues  de  tour.  La  pgrte 
orientale  a;  iq  toifes  (  Deçemp^da  )  de  hauteur  ; 
(put  le  tôur;4e  la  porte  efl. couvert  don  Dans 
la  viiJe  il  y.  a  trois  palais ,  dpnt  t(>/ites  les  portes 
imerieure6/c>fî{t  g^nëes  de  pierres  précieufes  d'une 
pande  bçauië.  hvt  centra. des  portes. du  milieu 
dX  rufpervdue  uqç.  grande  balance  d*or  ,  fur  \t 
fléau  de  laquelle  il  y  a  une  ftatue  humaine  d*or| 
portant  fur  fa  rête  douze  petits  globes  du  même 
i/fétsX ,  qui  tQifibent  d'eux-mêmes  tour  a  tour^ 
d  une  heuVek  l'autre.  Les  colonnes  d^  ces  palais 
font  de  turquolfe  ;  les  lambris ,  de  criftal  de  roche 
&  de  verneii'leà  poutres,  4©  bbis-^odoriférant  ;  le 
liancher  04  parquet ,  d'or ,  &  les  portes ,  d'ivoire. 
Douze  pi'if^Gipaux  Miniftres  font,  chargés,  du 
gouvernement  de  l'Etat.  Le  Roi ,  qpand  il  fort, 
e^^  accompagné  :d!un  OjfEcier  qui  porte  un  fac 
djns  lequel  il  jefse  Içs  requêtes  que  Ton  pré* 


Q  R'  I   1  K  T  A  t  É.  -  }49 

iéfite  ta  Roi.  Le  Roi ,  de  rétour  à  fon  palais  ^ 
prend  lui-même  connoiiTance  de$  caufe5.  Quand 
il  furvient  de  erandes  calamités  ou  des  prodiges , 
on  dépofe  aum-tôc  le  Roi ,  &  Von  met  le  plus 
fage  à  fa  plaxre.  Le  bonnet  du  Roi  reHèmble  aux 
ailes  d'un  oifeau ,  &  il  eft  tout  couvert  de  pierres 

λrëcieufes  :  l'habit  royal  eft  ou  d*un  tilTu  d'or 
iir  foie  ,  ou  relevé  en  broderie  de  couleur.  Les 
pans  du  devant  de  l'habit  tombent  chacun  de  foti 
cote ,  &  l'un  ne  croife  pas  fur  l'autre.  Le  Rot 
eft  aifis  fur  un  lit  de  fleurs  :  il  aâ  fon  c6cé  mt 
oifeau  vert ,  femblable  à  une  oie.  Si  les  viandes 
que  Ton  préfente  au  Roi  font  empoifonnées  ^ 
Ipifeau  jette  auilî-tât  un  cri.  Ils  n'ont  aucune 
maifon  couverte  de  tuiles  cuites  ;  mais,  au  lieu  de. 
tuiles ,  ils  fe  fervent  d*Éne  certaine  pierre  blanche» 
extrêmement  dure  &  polie  ,  comme  une  pierre 

iirécieufe.  Pendant  les  chaleurs,  ils  conduifènt 
esearux,  par  des  tuyaux  cachés ,  jufque  furie  plus 
haïut  étage  des  maifons ,  &  ils  fe  procurent  da 
vent  par  artifice.  Les  hommes  ont  la  tête  rafée, 
&  portent  des  habits  ou  robes  brodées  en  coih 
leur,  de  manière  pourtant  que  l'épaule  droite  fe 
trouve  découverte.  C  eft  pourquoi  ils  fe  couvrent 
les  épaules  d'un  petit  manteau.  Leurs  voitures 
font  des  calèches,  des  chariots  fit  de  petits  chars 
coaverts  d'un  parafol  blanc  :  quand  ils  fortent  de 
leHrs  maifons ,  ou  qu'ils  y  rentrent,  on  éleye  les 
drapeaux  &  étendards  ,  &  on  bat  les  tambours. 
Les  femmes  portent  des  coiffures  d'un  tifTu  d  or 
fur  foie.  Les  fujets  dont  les  biens  montent  à 
plufieurs  fois  tocx)0  écus,  c'efl-^à-^dire  les  Séna-> 
leurs ,  font  Magiftrats  du  premier  ordre. 

lues  gea»  de  ce  royaume  aiment  le  viif^  ils  ft 


1 

I 


I 


plaifent  ï  mander  du  pain  cuû  )ufqufà  ât|e  àfffi^ 
çhé.  Il  j^g  gr^nd  nombre  de  Bateleiirs  qui.  p^tH 
vent  jeter  du  feu  de  leur  vifage,  faire  couler  doi 
fleuves  &  des  lacs  de  leurs  mainl ,  faire  fortit 
des  étendards  &  des  javelots  de  leur  bouche ,  & 
fecouer  dea  perles  &  des  pierres  précieufes  <Ie 
leurs  pieds  élevés.  Il  y  a  auilî  de  très-habilea 
Médecins  qui  peuvent  guérir  les  taies  des  yeû% 
en  tirant  des  vers  du  cerveau  qu*ils  découvrent* 
Le  pays  fournit  abondamment  de  l'or ,  de  l'ar^» 
;ent  y  des  difques  qui  brillent  la  nuit ,  des  pierres 
grillantes  comme  la  lune  ,■  de  gr^nde^  coquilles ^ 
des  conques  d'albâtre  »  de  T^^athe ,  du  Munan  5 
àes  plumes  bleues  de  pan  &  de  martinets  (  Çyp^' 
Jelorum)^  &L  de  l'ambre  jaune.  Ils  font,  avec 
|a  iaine  de  brebis  aquatiqiiçs  ,  de  la  toile  que 
nous  nommons  Hai'ji--pu ^  c eft-Ȉ-^ire  toile  Ji 
la  mer  d^ Occident.  Il  fe  trouve  dans  la  mer  Tifle 
de  Corail.  Les  pêcheurs  jettent  de  leurs. grands 
navires  des  filets  de  fer  juiqu au  fond.de  la  mer, 
pour  enlever  le  corail  ;  au  commencement  le 
.  corail  nait  fur  de  grandes  roches  y  il  eft  alors 
blanc  comme  un  champignon  ;  au  bout  d'un  an 
il  devient  rouffatre;  au  bout  de  trois  ans  il  de* 
vient  rouge  :  fes  rameaut  âcfes  nœuds  font  em« 
brouillés  &  croifés  ;  il  croit  à  la  hauteur  de  trois 
ou  quatre  pieds  :  on  Tarrache  radicalement  avec 
Je  fil  de  fer,  &  quand  on  l'a  enlevé  dans  le  nar 
vire,  on  le.rctire  du  filet.  S'il  nef(  pas  cueilli  en 
fon  temps ,  il  fe  pourrit  auiîi-tôt.  Dans  la  met 
Occidentale  il  y  a  un  marché  où  les  vendeurs  & 
les  acheteur^  ne  fe  voient  pas  les  uns  les  autres. 
On  dépofe  le   prix^^  cOté   de  ce  qu'on   veut 
acheteit  Ce  iUaroié  s  appeUe  U  Marché  des  J^i- 


\ 


Ont:'!  m  w  T  À.'L-ïJ  ^i       J51 

fnbns  ou  J^i  Génits.  Au  royaume  ^eTaçin  ii  y 
a  un  animal  nommé  Çati^  il  eft  de  U  grandeur 
d'un  chien ,  mais  furieux  ,  dangei^eûx  &  fort» 
Dans  la  partie  fepcentrionale  du  royaume  il  fe 
croave  un  agneau  qui.naic  de  la  terre  ;  il  eft  atta- 
dné  k  la  terre  par  re  ndmbril  :  fi<on  lui  coupé  le' 
fiombril;  l'agneau  meurt  in\manqiiablement.  Le» 
naturels  du  pays ,  moatés  fur  des  thevaux ,  armés 
de  toutes  pièces ,- courent  çà  &'là  en' battant  desf 
tambours  pour  l*épouv(anter.    L*âgneau  etfrayé 
rompt  lui-même  fon  nombrit^  &  fur  le  champ 
il  cherche  les  pâturages  &  les  eaux,  fans  pour-' 
tant  s'attrouper  a^vec  les  autres^    L'an    17   dé 
Chim^kua  (  643  de  J.  C.  )^  le  Roi  de  Taçin  ^ 
nommé  Poto-^lii ,  envoya  (  à  la  Chine  )des  Am- 
bafladeurs  qui  apportèrent  du  verre  rouge  & 
des  pierres  lazuli  vertes   (peut-être-  des  éme-* 
raudes  ).  L'Empereur  ordonna  qu'on  leur  fit  des 
préfens.  •      '  •  . .  .  -   -/  1 

Les  peuples  Taxe  (les  Arabes  )  étoient  deve- 
nus puiilans.  Le  Roi  (  des  Arabes  )  envoya  le 
Génëraliffinfie  de  fes.  troupes  )  nommé  Moyi ,  por« 
ter  h  guerre  au  royaume  de  Taçtn«  Le  Roi  de 
Fulin  fit  la.  paix  ,  &  fe  déclara  auA-tôt  vaâal 
des  Arabes.  Depuîs^l'année  Kien-fam  (  666  de 
J.  C.  )  jafqu'àU'ahnée  Taço(^rot  ) ,  il  vint  à  la 
Chiné  deux  Ambaflades  avec'  des  préfens.  La 
feptieme  année  de  Khai-yven  (  718-  de  J.  C.  )  , 
des  AmbafTadeurs  de  Taçin  vinrent  arvec  le  Gé^ 
néralif&me  du  royaume  de  Tuhôlo  (royaume  du 
ILhotafan  ) ,  8k  omirent  à  l'Empereur  des  lions 
^des  chèvres  intelligentes.  Du  royaume  de 
Fulin,  en  traverfant  les  fables,-  on  parvient , 
après  deux  çeocs  lieues  de  chemin  ,  au  royaume 


1 


95^         B  I  J  X'i  O  T  M  SQ  t  E 
4e  Molin  &•  à  celui  de  Laopeffii.  Les  pevplirs 
de  ces  deux  royaumes  foot  noirs  &  féroces  ;  la 
terre  exhale  des  vapeurs  malignes  ;  elle  ne  pro-* 
diHt  ni  plantes  y  ni  arbres ,  ni  grains  ^  les  chevaut 
(e  nourrirent  de  poisons  ,  &  les  hommes  de 
humam  :  or  Les  numams  font  des  jujubes    de 
Perfe  (  ou  des  dattes  ).  Ces.  neuples  n'ont  pcbii 
honte  de  l'incefte ,  en  auoi  ils  font  les  plus  im« 
pudens  de  tous  les  Barbares.  Ils  pregnnent  euxr 
mêmes  le  titre  de  Çin.  Le  Roi  oc  les  fujeis  fè-i 
tent  chaque  feptieme  jour,  &  ne  font  ce  jour^ià 
ni  contrat  ni  commerce;  ils  pailènt  la  nuit  cn^ 
tiere  à  boire  enfemble.   Jufquici  c*eft  ce  que 
difent  les  Hiftoires  Chinolfes. 
.  J'ajoute  ici  quelques  fables  que  TAuteur  de 
THidoire  des  derniers  Han  a  rejetëes  avec  rai^ 
fon  :  je  les  tire  de  la  Relation  des  royaumes 
étrangers ,  publiée  autrefois,  par  Kham-xi.  Dans 
la  grande  Çin ,  les  murs  des  villes  font  de  criftal 
de  couleur  de  pourpré,  &  les  maifons  font  bâ- 
ties de  çrîAaux  de  toutes   fortes   de  couleurs 
(  cela  déiigne  les  marbres  ).  Les  j^ens  du  pays 
font  induftrieux  &  ingénieux;  ils  iavent^im  de 
tranfmuer  les  métaux  ;  la  monnoie  eft  par-tout 
en  ufage.  Les  maifpns  des  Grands  (  félon  le  té- 
moignage de  Chinnan  dans  fa  Chorographie  ) 
font,  de  criftal ,  les  murailles  de  verre ,  if.  let 
planchers  de  criftal  auffi.  Dàm  la  mer  nommée 
Sie  3  il  y  a  une  île  appelée  Siâiao.  Dans  cette 
Ile  il  croit  uil  arbre  dont  Técorce  senleve  Thiver, 
De  cette  écorce  on  fait  du-  fil ,  de  ce  fil  on  fait 
de  la  toile,  &  de  cette  toile,  d'tm  tiiTu  très^£ii| 
on  fait  des  ferviettes.  Cette  toile  difere  fenle- 
tnent  par  fa  couleur  de  k  notre  ^i^  qui  eft  iddée 


O  11  I  Ë  N  T  A  L  Èi  J  51 

£&. faite  avec  de  lortie  non  piquante;  car  elle 
a  moins  de  blancheur ,  &  fa  couleur  tire  un  peu 
fur  la  cendre.  Lorfque  les  ferviettes  font  fales  ^ 
on  ne  les  nettoie  pas  dans  l'eau  ^  mais  dans  le 
feu,  d*où  on  les  retire  faines,  blanches  & 
nettes.  C'eft  de  là  que  les  Chinois  lès  ont  nom- 
mées Seu-ho-huan ,  c*efl-à-dire  toile  qui.  Je  lavé 
au  feu. 

La  Ge'ographie  univerfelle  dit  ce  qui  fuit  i 
»  Le  royaume  des  Pigméçs  eft  fîtué  au  fud  de  . 
la  grande  Çin.  Dès  que  ces  peuples  font  par*» 
venus  à  la  hauteur  de.  trois  pieds ,  ils  s'appliquent 
au  labourage)  &  pendant  qu'ils  y  font  occupes^ 
ils  font  dans  une  crainte  extrême  d'être  enlevés 
6c  dévorés  par  les  grues^  Les  habitans  de  la 
grande  Çin  leur  foUrniffent  du  fecours.  Les  Piga 
mées  font  troglodytes,  c'eft-à-dire  qu'ils  habitenC 
des  cavernes'^. 

La  Relation  des  royaumes  étrangers  dit  *  *  Il 
y  a  trois  royaumes  dans  le  Monde  qui  abondent 
en  trois  chofes ,  chacun  la  fienne.  Le  royaume 
de  la  Chine  abonde  en  hommes,  le  royaume  dé 
Taçin  en  chofes  précieufes ,  &  le  royaume  de 
Tayvechi,  c'eft-a-dire  le  grand  Yve-chi,  c  eft  le 
Khorafan  &  l'Ushek ,  en  chevaujc.  Je  ferois  trott 
long  û  je  voulois  trarifcrire  tout.  Ceci  doit  fuf- 
fîre  pour  que  Ton  puiflè ,  à  travers  toutes  cel 
fables ,  reconnoître  la  magnificence  Romaine. 
Je  ne  puis  m'empècher  d'admirer  ici  comment 
des  nations  auiîî  éloignées  entre  elles  que  le  font 
les  Européens  &  les  Chinois,  &  encore  plus 
éloignées  lune  &  l'autre  du  vrai ^  aient  pu  sac* 
corder  entièrement  dans  le  fabuleuse.  Les  ChifldU  • 
ont  leurs  Pigmées  Qu'ils  placent  ^  comme  aOd<  § 

Tome  Vi  % 


J54       Bibliothèque 

en  difierens  lieux.  J'ai  lu  des  HijRoires  Chinoifes 
qui,  autant  que  Ton  peut  conjeélurer  par  l'iti- 
néraire ,  les  placent  dans  la  Laponie.  Ils  ont 
leurs  Amazones ,  qu'ils  afTurent  être  placées  au 
fleuve  Thermodoon  (  car  ils  les  font  voifines  de 
l'Empire  de  Conftantinople  &  de  TAflyrie),  & 
même  ils  prétendent  que  le  fleuve  qui  coule 
dans  leur  pays,  eft  cette  eau  débile  dont  ils  font 
tant  de  contes  fabule\ix ,  quoique  les  uns  la  pla- 
cent d'un  côté  ,  les  autres  d'un  autre ,  félon  la 
variété  des  opinions.  Enfin  les  Chinois  ont  leurs 
Cynocéphales  dans  la  Tartarie  orientale,  &  beau- 
-  coup  d'autres  chofes  de  ce  genre  femblables  àax 
nôtres  «• 

SINA  &  SINAI}  nom  de  la  montagne  que 
les  Arabes  appellent  Thour  &i  Thour  Sina;  c'eô 
le  JTiont  Sinaï.  Les  mêmes  Arabes  l'appellent 
auffi  quelquefois  Sinein ,  qui  eft  le  duel  de  Sina, 
ce  qui  veut  dire  les  deux  Sinaï,  à  caufe  que 
cette,  montagne  a  deux  croupes  féparées,  fa  voir, 
celle  de  Horeb  &  celle  de  Sina. 

Cette  montagne ,  qui  eft  fîtuée  entre  l'Arabie 
&  la  Syrie  ,  a  Ion  pied  fur  les  bords  de  la  mer 
Rouge ,  où  il  y  a  encore  aujourd'hui  une  bour- 

fade  ,  nommée  Thour ,  que  nous  appelons  le 
"hor y  du  nom  de  la  montagne,  &  qui  commu- 
nique fon  nom  au  golfe  Arabique ,  qui  eft  fou- 
vent  nommé  par  les  Orientaux  la  mer  de  Thor^ 
auffi  bien  que  la  mer  de  Sués,  à  caufe  d'une  autre 
petite  ville  qui  n'en  eft  pas  éloignée,  &  qui  eft 
aujourd'hui  plus  confidérée  que  celle  de  Thor, 
a  caufe  de  fon  port. 

Le  mont  Sinaï  eft  célébré  par  les  Mufulmans 


Orientale;  j55 

comme  la  plus  noble  de  toutes  les  montagnes^ 
fit  ils  ont  pour  elle  un  refpedl  particulier ,  à 
caufe  de  la  Loi  de  Dieu  qui  y  fut  promulguée. 

Il  y  a  fur  cette  montagne  un  monaftere  ha- 
bité par  des  Moines  Grecs ,  qui  n'avoient  autre- 
fois qu'une  tour  bâtie  auprès  du  buifTon  ardent 
de  Moïfc.  Ces  Moines  (e  trouvant  expofés  aux 
courfes  des  Arabes ,  qui  mangoient  chez  eux  tout 
ce  qu'ils  trouvoient  ae  provifions,  &  même  jus- 
qu'au pain  confacré  de  l'Euchariftie  ,  prièrent 
l'Empereur  Juftinien  de  leur  faire  bâtir  un  mo- 
naftere-bien  fermé,  qui  les  mît  à  l'abri  des  in- 
fultes  des  Arabes.  L'Empereur  leur  accorda  leur 
demande  ;  mais  Ton  dit  qu'il  fit  mourir  TArchi- 
teéle  qui  avoit  choifi  ce  lieu  pour  le  monaftere , 
à  caufe  de  la  proximité  du  buiflbn  ardent,  &  pour 
la  commodité  de  l'eau. 

L'on  a  donné  a  ce  monaftere  &  à  la  mon- 
tagne même,  le  norh  de  Sainte  Catherine j  à 
caufe  d'une  Tradition  reçue  dans  le  pays,  que 
le  corps  de  cette  Sainte  y  avoit  été  tranfporté 
par  les  Anges. 

SINA.  Abou  Ali  Houffaïn  Ben  Abdallah  Ben 
Sina  Al  Scheïkh  Al  Reïs;  c'eft  le  nom  d'un 
grand  Philofliphé  &  Médecin  que  les  Muful- 
mans  appellent  ordinairement  Ebn  Sina  j  les 
Juifs  Arabifans  Aben  Sina  j  &  nous  autres  Avi-- 
cenne,  Iknaquit  dansla  ville  de  Bokhara ,  en  la 
province  Tranfoxane  ,  l'an  de  l'Hégire  J/o,  & 
mourut  dans  la  ville  de  Hamadan ,  Tan  428,  à 
l'âge  de  cinquante-huit  ans. 

Ben  Schohnah  écrit  qu'Avicenne  avoit  étudié 
dès  Vâçe  de  dix  ans  les  Elémens  d'Euclide  & 


L 


jjtf       Bibliothèque 

rAlmagefie  de  Ptolémée,  &  qu'il  n*en  employa 
que  huit  à  apprendre  la  Médecine,  à  lire  tous 
les  Auteurs  qutavoient  écrit  avant  lui  fur  cet 
Art.  Mais ,  entre  tous  les  Doéleurs  dont  il  avoit 
lu  les  Ouvrages ,  il  ne  regardoit  qu'Ai  Farabi 
pour  (on  Maître.  C'eft  pourquoi  Al  Gazali ,  dans 
Ion  Livre  intitulé  Monkhed  men  aldhelal^  c'eft- 
à-dire  le  Préfervatif  de  l'erreur^  accufe  égale* 
ment  AI  Farabi  &  £bn  Sina  d'être  tombés  dam 
Timpiété ,  pour  s'être  plus  attachés  à  fuivre  les 
opinions  des  Philofophes  que  les  principes  &  les 
maximes  de  TAIcoran.  Le  même  Ben  Schohnah 
cependant  dit  que  plusieurs  Dodeurs  Mufulmans 
ont  foutenu  qu  Avicenne  étoit  rentré  fur  la  fin 
de  fa  vie  dans  le  bon  chemin. 

L'Auteur  du  Nighiariftan  rapporte  que  HAzh* 
moud ,  fils  de  Sebekteehin  y  premier  Sultan  de 
la  dynaftie  des  Gaznevides ,  ayant  appris  qu'il  y 
avoit  à  la  Cour  de  Mamon  )  Roi  de  Khouarezm, 
plufieurs  perfonnes  de  mérite  qui  étoient  diftin- 
guées  en  diverfes  fortes  de  Sciences ,  parmi  lef- 

Ïuelles  Abou  Ali  Ebn  Sina  fe  trouvoit  ,  ce 
Vince  eut  la  curiofité  de  les  voir ,  &  dépêcha 
Î^our  cet  effet  plufieurs  Courriers  à  Mamon  pour 
e  prier  de  les  faire  paiTer  en  Khorafan  auprès 
de  lui.  ji 

Plufieurs  de  ces  Doéleurs  acquiefcerent  aux 
volontés  du  Sultan  :  mais  Avicenne  refufa  tou- 
jours conftamment  d'aller  le  trouver.  Il  fallut 
cependant  qu'il  quittât  la  Cour  de  Mamon ,  & 
qu'il  partît  avec  les  autrçs  :  mais  au  lieu  de 
prendre  la  route  du  Khorafan  ,  fl  prit  celle  du 
Giorgian. 

Le  Sultan  Mahmoud  ne  voyant  point  paroltre 


Orienta  le.  557 

a  fa  Cour  Avicenne  avec  les  autres,  &  étant  Fort 
irrité  de  fon  refus ,  envoya  des  portraits  crayon-^ 
nés  de  ce  Philofopheen  divers  endroits,  pour  le 
faire  arrêter  fur  les  chemins ,  en  cas  qu'il  fût  re- 
connu :  mais  ce  fut  en  vain  ;  car  il  étoit  déjà  ar-- 
rivé  dans  le  caravanfera  ou  hôtellerie  publique 
de  la  ville  de  Giorgian ,  où  il  faifoit  des  cures 
admirables. 

Cabous,  qui  régnoît  pour  lors  dans  le  pays  de 
Giorgian  ,  ayant  appris  des  nouvelles  d'un  in- 
connu (jui  exerçoit  la  Médecine  avec  tant  de 
fucccs,  le  fit  appeler  pour  vifiter  itn  de  fes  ne- 
veux qu'il  aimoit  extrêmement,  &  qui  étoît  poUr 
lors    attaqué   d'une  maladie   qu'aucun  Médecin 
du  pays  n  avoit  pu  connoître.  Avicenne  n'eut  pas 
plus  tôt  touché  le  pouls  du  malade,  &  confi- 
déré  fon  urine  ,  qu'il  jugea  que  fa  maladie  étoit 
caufée  par  un  amour  exceffif  qu'il  cachoit  dans 
fon  cœur  ,  &  qu'il  n'ofoit  déclarer  au  Roi  foa 
oncle.   Pour:  s'en  éclaircir  davantage  ^  pendant 
qu'il  étudioit  ie  pouls  de  f©n .  naalàde  ^ il  fit  ap- 
peler le  Concierge  du  pakts/^'&  ie  pria  de  lui 
nommer  tobsr  les  quartiers  &  tous  les  apparte- 
mens  de  cette  belle  maifort,  &  il  s'apperçuc, 
lorfqu'il  en  nomma  un  certain  en  partîcuHer  ^ 
d'une. plus  grande  émotion  dahs  fon  malade  ,  & 
!$'étant  fait  enfuite  nomjner  toutes  les  pèrfonnes 
du  même  appartement  y  le  pouls  du  malade,. qui 
entendit  le  nom  d'une  de  ces  pèrfonnes ,  fit  un 
battement  û  extraordinaire  ,   qu* Avicenne    ne 
douta  plus  que  ce  ne  fût  l'amour  de  cette  per- 
sonne qui  avoit  réduit  le  malade  k  Vextréxnité  oi^ 

il  fe  tcQUYoit ,  &  dit  que  Timiiivie  cemtidepQur 

Z«  •  • 
U] 


j5*       Bibliothèque 

le  guérir,  ëtoit  de  lui  donner  la  perfonne  quil 
aimoit. 

Câbous  ëtant  averti  de  cette  découverte ,  eut 
Ja  curiofité  de  voir  le  Médecin  de  ion  neveu; 
&  comme  il  avoit  reçu  un  de  ces  portraits  que  ' 
le  Sultan  Mahmoud  avoit  envoyés  de  tous  cô- 
tés, il  le  reconnut  auflî-tôt  pouf  ce  qu'il  étoit, 
&  lui  fit  beaucoup  de  careffes  &  de  préfens, 
/ans.  lobliger  d'aller  trouver  le  Sultan  Mah- 
moud. 

Le  même  Auteur  du  Nighiariftan  dit  auffi  que 
ce  Philofophe  ayatit  publié  fon  Livre  intitulé 
Ketab  almanthek  ^  Ouvrage  de  Métaphyfique  & 
de  Logique ,  les  Savans  de  la  ville  de  Schiraz ,  qni 
le- lurent  avec  beaucoup  d'application,  firent  un 
ReQiieil  des  difficultés  ou  objeélions  qu'on  pou- 
vait propofer  contre  la  doélrine  d'Avicenne, 
.  &.le  lui  envoyèrent  à  Ifpahan,  où  il  faifoit  pour 
lors  fa  réfidcnce. 

^  Aboul  Caflèm  Kermani,  qui  s'étoit  chargé  de 
le  porter,  n'étant  arrivé  dans  la  ville  que  uir  le 
foir,  entra  en  coirverfacion  avec  .  Avicenne ,  & 
demeura  avec  lui  affez  avant  dans  la  nuit.  Avi- 
cenne s'étant  rétiré  enfuite,  prie  la  TeTolution  de 
répondre  aux  objeélions  des  Schiraziens  avant 

.  que  de  prendre  fon  repos ,  &  travailla  tout  le 

*  refte  de  la  nuit  avec  tant  d'application  à  cette 
réponfe ,  qu'il  la  mit  entre  les  mains  d'Aboal 

*  Caflèm  dès  le  lendemain  de  grand  matin  ,  &  lui 
dit  agréablement,  :  »  Je  me"  fuis  liâié  die  faire 
réponfe,  pour  ne  pas  faire  attendre  Je  Courriers. 
Les  Doéieurs  de  Schiraz  furent  fî  fatisfaits  des 
réponfes  d*Ayicenhè à  leurs  objections,  &  telle- 


Orientale.  55^; 

ment  furpris  de  la  diligence  a^ec  laquelle  il  lèf 
a  voit  faîtes ,  qu'ils  augmentèrent  la  bonne  opi- 
nion &  la  haute  eftime  qu'ils  avoient  de  fa  ca- 
pactte. 

On  ne  trouve  point  ceîtç.  réponfê  dans  la. 
compilation  qui.ia  été  faite  des  (Euvres  d'Avis 
cenne,  imprimée»  à  Rome  dans  l'Imprimerie  d« 
Médicis.  Le  Traité  de  Logique  c^mv  eft  compris^ 
paroît  n'être  qu'un  abrégé  de'.rOuvrage  entier 
qu'Avicenne  avoit  compofe  fiir  èejte , matière.  ' 

Avicenne  a  écrit  lui-même  fa  vie;  mais  le 
Doéleur  Giorgiani  nous  l'a  donnée  beaucoup 
plus  ample.  Il  dit  qu'Ebn  Sina  fut  fait  premier 
Médecin,  &  enfuite  Vifif.de  Mng'daldoulat;^ 
Sultan  de  la  race  des  Bouides  ;  mais  qu'il  fut  dé- 
pouillé de  la  même  charge,  parce  qu'il  étoit  fort 
adonné  au  vin  &  aux  femmes.  II  fut^  fur  la  fia 
de  fes  jours ,  fort  maltraité  dé  la  fortune ,  & 
obligé  de  changer  fouvent  de  lieu  ôc  de  demeure 
pour  fe  mettre  en  fureté.  Il  eut  auffi  plufîeurs 
maladies ,  &  particulièrement  la  colique  ;  en 
forte  qu'un  Poëce  qui  fit  fon  épitaphe ,  a  dit 
que  fes  Livres  de  Sagefle  ou  de  Philofophie  ne 
lui  avoient  pas  enfeigné  les  bonnes  moeurs ,  ni 
fes  Livres  de  Médecine  l'art  de  conferver  fa 
fanté. 

Le  grand  Ouvrage  d'Avicefine  cft  le  Livre  qui 
porte  le  nom  de  Canoun  ^  fur  lequel  prefque 
tous  les  Médecins  qui  l'ont  fuivi  ont  travaillé* 

» 

SINAN  AL  MAGIOUSCHI,  Sinan  le  Mage;. 
nom  d'un  Perfonnage  qui  fe  fit  Chef  de  parti  dans 
la  province  deKhorafaR,  auffi- tôt  qu'il  eut  appris 

Ziiv 


3t)0       Bibliothèque 

que  Iç  Khalife  Abou  Giafar  Al   Manfor  avoir 
fait  tuer  Abou  Moflem  fon  ami. 

"irfe  trouva  en  fort  peu  de  temps  k  la  tête  de 
cent  mille  hommes  ^  qui  faifoient  prefque  tous 
profciîîon  du  Magifme,  ancienne  Religion  des 
Perfes ,  ou  de  la  TenafToukhiah ,  SecSe  d'Aboii 
Moflem ,  qui  eft  proprement  la  Me'tempfycofe 
Il  battit  avec  fes  troupes  toutes  les  forces  que  les 
Gouverneurs  &  Officiers  du  Khalife  lui  oppofe^ 
refit  dans  le  Khorafan ,  Si,  fe  rendit  maître  de  la 
Ville  de  Hérat, 

'  Mais  cet  homme  ayant  eu  la  témérité  de  fe 
préfentèr  en  bataille,  avec  fes  troupes  râmaflees , 
devant  Tarmée  aguerrie  &  difciplinée  que  le 
Khalife  Al  Manfor  avoit  donnée  à  Giamhour 
lîenMorad  pour  réduire  ce  rebelle  à  la  raifon,  il 
fut  entièrement  défait,  &  perdit  les  grands  tréfors 
qu'Abou  Moflem  avoit  laifles  après  fa  mort ,  & 
dont  il  s'étoit  emparé. 

Après  cette  déroute,  Sinan  fut  contraint  de 
fuir  dans  le  Thabareftan ,  &  d'implorer  la  pro- 
tection d'Azbeïd,  Prince  de  ce  pays-là  :  mais  il 
jr  trouva  fa  mort;  car  Azbeïd  lui  fit  couper  la 
tête ,  &  l'envoya  auflî-tôt  au  Khalife.  Khonde^ 
mir  met  ccttç  aélion  en  Tan  157  de  l'Hégire. 

SINAN  PASCHA,  Sinan  BalTa;  nom  d'un 
Général  d'armée  de  Selim  fécond  du  nom ,  Sul- 
tan des  Turcs,  qui  gagn^  une  grande  bataille 
contre  les  Mamelucs  a  Egypte ,  auprès  de  la  ville 
de  Gazah  en  Syrie,  &  qui  fut  tué  dans  celle 
que  Selim  donn^  çn  perfonne  \  ^  ga^na  contre 

Tbemaw  Baï,  / 


r 


Orientale,  361 

SINAN  PÀSCHA,  Sinan  BaiTa;  nom  d'un 
grand  Vifir  d'Amurat  rroifieme  du  nom,  Sultan 
des  Turcs,  qui  reprit  Tunis  &  la  Goulette  fuir 
les  Efpagnols.  Il  étoit  Renégat  &  Florentin  de 
nation ,  ou  ,  félon  quelques-uns ,  Milanois,  de  la 
Maifon  des  Vifconti.  Il  fut  dépofledé  de  fft 
charge  de  grand  Vifir,  pour  avoir  mal  réuiîî  dans  • 
la  guerre  qu'il  fit  contre  Mohammed  Khoda- 
h/endeh,  Roi  de  Perfe ,  &  pour  avoir  repféfenté 
au  Sultan  fon  Mairre,  qu'il  falloit  oppofer  un 
Sultan  à  un  autre  Sultan ,  c'eft-à-dire  qu'il  devoit 
marcher  lui-même  en  perfonne  à  la  tête  de  (ts 
armées, 

SINOUD  &  SINOD.  Les  Turcs  fe  fervent 
de  ce  mot  ^  qu'ils  ont  pris  des  Grecs,  pour  figni- 
fier  un  Concile  ou  Synode  des  Chrétiens. 

SOCRATH  &  SOCRATHIS ,  Socrate.  Les 
Arabes  font  ce .  Philofophe  le  Chef  de  la  Sede 
de  ceux  qu'ils  appellent  Elahioun  ou  Divins  j 
à  caufe  qu'il  fut  le  Maître  de  Platon  ,  &  celui-ci 
d'Ariftote ,  qui  pafTent  chez  eux  pour  être  les 
premiers  qui  ont  reconnu  un  premier  Moteur, 
&L  une  feule  Divinité  qui  gouverne  toutes  chofes. 
Mohammed  Al  Gazali ,  dans,  fon  Livre  intitulé 
Monhed  aldhalal ,  a  cru  que  ces  Philofophes  , 
auffi  bien  que  les  Docteurs  Mufulmàns  qui  les 
ont  fuivis ,  comme  Al  Fariabi  Ebn  Bagiah ,  Ebn 
Rofchd,  Ebn  Sina ,  que  nous  appelons  ordinai- 
rement Al  Farabius  Av^n  Pace^  Averroes  & 
Avicenne  j  ont  eu  des  principes  fort  contraires  à 
ceux  du  Mufulmanifme. 

Khondemir  ^  rAttteur  du  Xebùrikh  écrivent  , 


j6i  BiBLIOTHEQUX 

?ue  Socrate  étoit  contemporain  de  Giamasb  Al 
Iakim  ^.Giamasb  le  Sage  6u  le  Phîlofophe ,  frère 
de  Lohorasb ,  quatrième  Roi  de  Perfe  de  la  fé- 
conde dynaftie,  dite  des  Caïanïdes  :  mais  Aboul- 
farage  dit  q^  il  vivoit  fous  Arfes ,  fils  d'Ocl^us , 
qui  eft  Ardefchir  ou  Artaxerxc  troifieme  du  nom, 

Roi  de  la  même  dynaftie. 
« 

•  SOFFAR  &  SUFFAR.  Ce  mot,  qui  fignific 
en  Arabe ,  un  Ouvrier  en  cuivre  ou  un  Chau- 
dronnier, eft  devenu  le  furnom  d'Aboul  Caffem 
Al  Hanefi,  Docteur  de  la  Sefle  Hanifiennci 
Auteur  d'un  Livre  intitulé  OJfoul  altauhid.  des 
Points  capitaux'  qui  établijfent  l'unité  de  Dieu, 

C'eft  auffi  le  iurnom  d'Abou  Giâfar ,  dit  AI 
SofFar,  Perfonnage  réputé  Saint  par  les  Muful- 
mans. 

Mais  le  plus  illuftre  de  ceux  qui  ont  porté  le 
furnom  àeSqffary  a  été  Laïthou  Leïcs ,  qui  avoit 
été  Chaudronnier  de  fa  profeflion ,  &  qui  fut 
père  d*Iacoub  &  d*Amrou ,  &  Fondateur  d'une 
dynaftie  qui  a  porté  le  nom  de  Soffariens-  ou 
Sqffarides.' 

Cette  dynaftie  commença ,  félon  Khondemir 
&  r Auteur  du  Lebtarikh,  Tan  259  de  l'Hégire, 
&  n'a  duré  que  trente -quatre  ans,  félon  les 
mêmes  Auteurs,  qui  la  font  finir  par  Temprî- 
fonnementdeThaher,  troifieme  Prince  de  cette 
dynaftie,  l'an'  293  de  la  même  Hégire. 

Mais  Kiatibzadeh;  dit  Hagi  Khalfah,  met  le 
commencement  de  cette  dynaftie  Tan  "148,  &ft 
fin  l'an  305  de  l'Hégire;  &  lui  donne  ainfî  cin- 
quante-fept  ans  de  durée. 

Ce  qui  eft  certain ,  c'eft  qu'elle  commençi 


O  R  I  E  N  T  A  L  i:.  J6^J 

par  rextînflion  de  celle  des  Thaëhriens  ou  Tha- 
hërides ,  &  qu'elle  a  eu  trois  Princes  qui  fe 
font  fucceffivement  fignalés  dans  TAfie  ,  ayant 
conquis  &  pofledé  les  provinces  de  Kliorafan  , 
de  Thabareuan  &  dé  Segeftan  ,  &  tenu  le  fiége 
de  leur  Etat  dans  les  villes  de  Merou  &  de  Nif- 
chabour.     n 

Il  cft  auifi  confiant  que  cette  dynaftie  fut  dé- 
truite par  celle  des  Samanides,  qui  s'empara  de 
fes  Etats,  &  qui  devint  encore  beaucoup  plus  ' 
puiidante  dans  la  fuite  des  temps  :  car  Ifmaël 
Al  Samani  défit  Thaher,  troifieme  &  dernier 
Prince  des  SofFarides',  le  fit  prifçnnier,  &  l'en- 
voya au  Khalife  Modafi  Biliah,  dix-feptieme  dc5 
Abbaffides. 

Ces  Sôffarîdes  font  auflî  fouvent  appelés  par 
les  Hiftoriens  Orientaux  Banou  Ldithy  les  £n- 
fans  de  Laïth» 

SOFI.  Ce  mot  fignifie  proprement  en  Arabe 
un  homme  vêtu  de  laine ,  &  qui  ne  porte  point 
de  foie  fur  lui ,  félon  lorigine  que  quelques-àns 
lui  donnent  de  fof  o\x  fouf^  qui  fignifie  de  la 
laine  :  mais  il  y  a  plus  d'apparence  que  ce  mot 
vient  du  Grec  Sd^t^;  car  il  fe  prend  chez  les 
Mufulmans  pour  un  Sage  ou  un  rhilofophe  qui 
vit  féparé  &  retiré  des  chofes  du  monde  ,  par 
une  e(pece  de  profeffion  religieufe. 

Le  mot  de  Sofi  fe  prend  en  Perfc  pour  un 
Religieux  Mufulman ,  qui  porte  auflî  le  nom.  de 
Derviche ,  c  eft-à-dire  de  Pauvre ,  ainfi  qu'en 
Turquie  &  en  Perfe  :  les  Arabes  fe  fervent 
du  mot  Fakir ,  dans  la  même  fignification  ;  • 


}64       Bibliothèque 

c'eft  le  furnom  que  les  Sofis  ou  Derviches  portent 
dans  les  Indes. 

Cependant  lès  Sofis  femblent  marquer  un 
Ordre  particdlier  de  ces  Religieux  Mufulmans  y 
qui  font  profeffion  d'une  vie  plus  régulière  & 
plus  contemolative  que  le  confunun  des  Derviches. 
En  effet  y  il  fe  trouve  beaucoup  de  ces  gens-là  qui 
ont  écrit  des  Livres  de  fpiritualîté,  de  dévotion 
&  de  contemplation,  lefquels  portent  en  général 
le  titre  de  TeJJaouf,  c  eft-à-dire  de  la  Vie /pi- 
rituelle. 

Les  ancêtres  de  la  race  qui  règne  aujourd'hui 
•en  Perfe ,  tels  que  font  Scheïkh  Sefi  &  Scheîkh 
Haïdar,  ont  porté  le  furnom  de  Sofi;  &  Schah 
Ifmacl ,  fils  de  ce  dernier  ,  qui  eft  fortî  de  la 
vie  privée,  &  qui  a  le  premier  jeté  les  fonde- 
•mexis  d^  cette  Djnaftie  ou  Monarchie  ,  retint 
ce  furnom  ,  &  le  faifoit  appeler  Ifmaïl  Soft. 
C*eft  de  là  que  plufieurs  de  nos  Hiftoriens  &  de 
nos  Voyageurs  donnent  le  nom  de  Sophi  &  de 
Grand  Sophi  aux  Rois  de  Perfe. 

SOGD  )  la  Sôgde  ou  la  Sogdiane  ;  c*eft  le 
nom  que  porte  la  plaine  ou  vallée  au  milieu  de 
laquelle  la  ville  de  Samarcande,  capitale  de  la 
Tranfoxàne  ,  eft  fituée  ;  &  il  n  y  a  point  de 
doute  que  ce  ne  foie  la  Sogdiane  des  Anciens. 

Les  Orientaux  difent  que  cette  plaine  ou  vallée 
eft  un  des  quatre  paradis ,  ou  lieux  les  plus  déli- 
cieux du  Monde ,  auftî  bien  que  la  plaine  &.la 
vallée  de  Damas  en  Syrie  ,  qui  porte  le  nom 
de  Gauihah ,  &  ils  lui  donnent  huit  journées 
d'étendue  ,  favoir  ,  depuis  les  confins  de  Bq- 
khara  jufqii'aux  confins  ide  Bôtam  ou  Botom, 


O  R  I  E  K  T  A  L  E,  }^5 

villes  principales  de  la  même  province  Tran^^ 
foxané.  Ce  qui  rend  cette  plaine  fi  agréable  ^ 
c  eft  qu  elle  eft  de  tous  les  côtés  couverte ,  ou 
de  jardins  pleins  de  fruits  d  une  variété  &  d  une 
beauté  admirables ,  ou  de  terres  labourées  &  de 
pâturages  toujours  verts,  parce  que  fon  terroir 
cft  par- tout  arrofé  d'eaux  vives  &  courantes  ^ 

Î[ui  viennent  toutes  d'une  rivière  principale  & 
ort  gro^Te,  nommée  Caï  j  qui  coule  au  milieu 
de  cette  plaine.  Ajoutez  à  ceci  un  nombre  in-- 
fini  de  petites  villes  &  de  bourgades  qui  font 
toutes  très-peuplées ,  &  dont  les  habitans  font 
très  -  indufirieux ,  &  foigneux  de  cultiver  leur 
terroir. 

Toutes  ces  eaux  du  terroir  de  Samarcande,  & 
celles  du  terroir  de  Bokhara  prennent  leur  fource 
dans  la  montagne  de  Botom,  félon  Ebn  Hau- 
kal ,  &  le  même  Auteur  dit  que  les  villes  de 
Debouffiah ,  de  Cofchaniah  &  d'Afchtican  font 
fituées  dans  la  Sogde ,  &  qu  il  y  a  auffi  une  fort 
groflè  bourgade  &  très-peuplée,  nommée  Khof- 
choufagan^  que  Ton  appelle  en  Arabe  Ras' al- 
cantharahy  la  Tête  du  Pont. 

SOHAM  ;  nom  d*un  animal  terrible  que  Sam 
Neriman ,  fils  de  Caherman  Catel ,  dompta ,  & 
duquel  il  fe  fervit  comme  d'un  cheval  de  bataille 
dans  toutes  les  guerres  quil  fit  aux  Géans.  Cet 
anim^,  qui  avoit  la  tête  femblable  \  celle  d  un 
cheval ,  &  tout  fon  corps  pareil  à  celui  d'un  dra* 
on ,  dont  la  couleur  paroiffoit  être  celle  d'un  fer 
uifant,  avoit  huit  pieds  de  longueur,  &  quatre 
yeux  à  la  tête. 

Cet  animal  fabuleux  ,  dont  il  eft  beaucoup 


f. 


}66         BlBlTOTHEQVE 

parlé  dans  le  Thamurath  Nameh ,  fat  trouvé  par 
Sam  dans  File  de  Darem  qu'il  avoit  rendue  inac- 
ceffible ,  &  donna  lieu  de  donner  le  furnom  & 
le  titre  de  Sam  Soham  Souvar  à  ce  Héros. 

C'eft  de  ces  fortes  de  montures  des  anciens 
Héros  de  l'Orient ,  que  nos  Romans  ont  pris  leurs 
Hippogrifes  &  leurs  Andriagues  ,  fur  lefquels 
leurs  Chevaliers  ont  exécuté  &  mis  à  fin  des 
entreprifes  fi  merveilleufes ,  telles  qu'ils  nous  les 
repréfentent.  Et  le  mot  di  Andriagues  pourroit 
bien  être  dérivé  des  Eg'deha  des  Orientaux,  qai 
fienifient  en  leurs  langues  des  Dragons  ,  des 
Chimères  &  des  Pégajes. 

SOHR AB  ;  nom  du  fils  de  Roftam  ou  Ruf- 
tem ,  qui  naquit  de  la  fille  du  Roi  de  Samfegan , 
que  ce  Héros  époufa.  Roftam  fon  père  le  mena 
avec  lui  à  la  guerre  contre  Afrafiab,  Roi  du  Tur- 
queftan  ,  &  le  tua  malbeureufenlent  fans  y 
penfer.  .  •  _ 

SOIOURGATMISCH;  nôtn  d'un  Prince  de 
la  race  de  Ginghizkhan  ,  que  Tamerlan  établit 
pour  Sultan  dans  les  provinces  de  Khorafan  & 
de  Mavaralnahar,  en  la  place  du  Sultan  Houflàïn, 
iffu  de  la  même  race ,  qu'il  avoit  fait  mourir  l'an 
7*71  de  l'Hégire. 

La  poftérité  de  Ginghizkhan  avoit  confervé 
jufqu'alors,  elle  feule,  le  privilège  de  porter  le 
litre  de  Khan  &  de  Sultan ,  de  forte  que  Ta- 
merlan n  ofa  pas  prendre  ce  titre,  tant  qu'il  y 
eut  quelqu'un  de  cette  race  en  vie ,  &  il  ne  te 
qualifioit  que  Vijir  ou  Lieutenant-Général  de 
ces  Princes^^  quoiqu'il  fût' maître  abfolu  dans  les 


O  R  I  ir  H  T  À  L  e;  J67 

tats  dont  ils  portoient  feulement  le  titre,  &  ce 
ne  fut  qu'après  Yextinéïion  de  cette  race  Gîn- 
gliizkhanienne,  que  Tamerlan  prit  la  qualité  de 
Alaître  &  de  Souverain  dans  les  provinces  Tran- 
fbxanes ,  &  autres  qui  dépendoient  de  ces  Sul- 
tans imaginaires.  Cela  arriva,  par  la  mort  de 
Soïourgatmifch ,  qui  demeura  fort  peu  de  temps 
fur  le  trône. 

SOIOURGATMISCH  BEN  COTHBED- 

DIN  j  nom  du  cinquième  Prince  des  Carakha- 
taïens ,  qui  port  oit  le  titre  de  Sultan  Gelaleddin, 

auoiqu'iî  dépendît  d'Argoun  Khan ,  Empereur 
es  Mogols.  Il  régna  affez  paifiblement  environ 
neuf  ans  dans  le  Kerman  ;,car  il  avoir  époufé  la 
filie  de  Mangou  Tebar ,  fils  de  Holagou.  Mais 
«nfîn  Khangiatou  le  dépouilla,  &  l'obligea  de 
mener  une  vie  privée  Tan  6^2  de  THégire. 

SOLIMAN  BEN  DAOUD  ;  Salomon  ,  fils 
de  David.  Le  Tarikh  Montekheb  &  la  plupart 
des,  autres  Hiftoriens  Orientaux  écrivent  que  ce 
Prince  monta  fur  le  trône  après  la  mort  de  fon 
père ,  lorfqu'il  n'avoit  encore  atteint  que  Tâge  de 
douze  ans ,  &  que  Dieu  foumit  à  fon  Empire 
non  feulement  les  hommes ,  mais  encore  les  ef- 
prits  bons  &  mauvais,  les  oifeaux  &  les  vents  , 
&  qu'il  employa  fept  années"^  entières  à  bâtir  le 
temple  de  Jérufalem-  Le  même  Auteur  le  fait 
contemporain  de  Caïcaous  ,  fécond  Roi  de  Perfe, 
de  la  dynaftie  appelée  des  Caïaniens  ou  Caïanides. 

Les  mêmes  Hiftoriens  racontent  mille  chofes 
fabuleufes  de  Tanneau  de  Salomon ,  par  le  moyen 
duquel  ce  Prince  prenant  le  bain  ,  &  ayant  quitte 


f6S         B  I  B  L  t  O  t  H  E  Q  tj  £ 

cet  anneau  ,  il  lui  fut  dérobé  par  une  Furie  m* 
femalé ,  qui  le  jeta  dans  la  men 

Salomon  demeurant  ainfi  privé  de  cet  anneau , 
s'abftint  pendant  quarante  jours  de  nc^onter  fur 
fon  trône,  comme  Te  trouvant  dépourvu  des  lu- 
mières qui  lui  étoient  néceflaires  pour  bien  gou- 
verner ;  mais  enfin  il  le  recouvra  par  le  moyen 
d^un  poiflbn  que  Ton  fervit  fur  fa  table. 

Il  feroit  ennuyeux  de  rapporter  tout  <le  que 
ces  Hiftoriens  difcnt  de  la  magnificence  du  trône 
de  Salomon  ,  fur  lequel  les  oifeaux  voltigeoient 
inceffamment,  pendant  qu'il  y  écoitaffis,pour  lui 

Irrocurer  de  l'ombre  &  lui  fervir  de  dais  ou  de  pavil- 
on  )  &  autour  duquel  il  y  avoit  à  la  droite  douze 
mille  fiéges  d'or  pour  les  Patriarches  &  pour  les 
Prophètes;  &  à  la  gauche,  douze  mille  autres  d'ar- 
gent ,  pour  les  Sages  &  pour  les  Doéleurs  qui 
affiftoient  k  fes  jugemens.  L'on  fe  contentera  de 
rapporter  ici  feulement  quelques  circonftances 
de  fa  vie  &  de  fon  règne,  tirées  de  l'Alcoran  & 
de  fes  Interprètes* 

L'on  trouve  dans  le  chapitre  de  l'Alcoran, 
intitulé  Anam  ,  les  paroles  luivantes  :  Vatbàou 
ma  tatlou  al  Schiathin  àla  Maiek  Soliman  : 
y^  Les  Juifs  ont  fuivi  ce  que  les  Démons  ou  les 
Magiciens,  leurs  fuppôts,  ont  lu  &  enfeigné  au 
temps  &  fous  le  règne  de  Salomon  «. 

Houffaïn  Vaéz  paraphrafe  âc  explique  ce  testte 
en  la  manière  fuivante  t  »  Les  Démons  ennemis 
de  Salomon  publièrent  des  Livres  pleins  de  fu- 
perftitions  mêlées  avec  les  cérémonies  facrées  de 
la  Religion  &  du  facerdoce  des  Juifs ,  &  ils  firent 
entendre  aux  ignorans ,  que  Salomon  fe  fervoit 
de  ces  Livres  pouf  y  puifet  les  connoifiances 

qu'il 


Oriental  £•  ^éf^ 

t^ail  avoît  j  &  pour  gouverner  fes  peuples.  Salo* 
mon  s'étant  fait  apporter  tous  ces  Livres ,  dont 
il  avoit  fait  faire  une  exaéle  recherche,  les  en- 
ferma fous  la  clef,  dans  un  coffre  qu'il  fit  enter^ 
rer  fous  fon,  trône  même ,  afin  qu  aucun  ne  3*ea 
pût  fervir. 

H  arriva  cependant,  après  la  mort  de  ce  Prince^ 
que  les  Démons  ou  lès  Magiciens  tirèrent  ces 
mêmes  Livres  du  lieu  où  ils  étoient ,  &  les  ré-« 
pandirent  parmi  les  Juifs ,  comme  étant  les  vé- 
ritables Livres  que  Salomon  avoit  compofés,  ce 
qui  a  fait  croire  à  plufieurs ,  que  ce  fage  Roi  en 
étoit  TAuteur,  &  qu'il  avoit  été  grand  Magi-i 
cien  :  mais  l'Alcoran  le  juftific  de  cette  calomnie^ 
en  ajoutant  ces  paroles  :  V  ma  cafar  Soliman  v 
laken  Al  Schiathin  cafar  ou  ïoâllemou  alnof 
alfehr  :  »  Salomon  n'eu  point  tombé  dans  Tîm-» 
piété  i  maisg^e  font  les' Démons  &  les  Magi- 
ciens infidèles  &  impies ,  qui  ont  epfeigné  au3S 
hommes  là  magie  &  les  fortiléges  ^. 

Nous  voyons  clairement  par  les  Commentaire^ 
Ae  l'Alcoran ,  que  la  Clavicule  de  Salomon ,  de 
laquelle  Agrippa  &  quelques  autres  Auteurs  des 
Sciences  occultes  parlent ,  n'eft  pas  une  inven- 
tion de  nos  temps ,  &  que  l'empire  que  Salomon 
a  eu  fur  le$  Démons ,  félon  la  tradition  di^s  Ha- 
bins  )  a  donné  lieu  aux  gens  fuperftitieux  de 
cous  les  fîecles  fuivans ,  de  lui  attribuer  ces  fortes 
de  Livres  qui  enfeignenc  mille  fauiletés ,  qu'ils 
prétendent  pouvoir  fervir  à  ceux  qui  veulénç 
avoir  commerce  avec  les  puiffancçs  tépébrçufei 
de  l'Enfer. 

Moufla  Ben  Abi  Ifmaël  Ben  Haffan  ,  fur^ 
jiommé  Al  Mpujpdi  ^  440$  fçA  JJ.vre  inil(q]4 

JquuV,  Ai 


^yo       Bibliothèque 

Omm  aîmoncathàîn  j  rapporte  une  tradition  , 
qui  eft  la  douzième ,  en  ces  termes  :  Ma  taraka 
abdjcheïan  men  aldonia  illa  ataho  Allah  khaï-^ 
ran  menho  v  afihal  :  y  L*homme  ne  quitte  ja- 
mais aucune  chofe  de  ce  mondé  en  vuç  de  Dieu , 
que  le  Seigneur  ne  lui  en  rende  une  beaucoup 
meilleure  «  :  &  il  raconte  fur  ce  fujet  ,  que 
Salomon  exerçant  un  jour  fes  chevaux  à  la  cam^ 
pagne ,  &  Theure  de  la  prière  du  foir  étant  ve- 
nue ,  il  defcendit  auiE-tôt  de  fon  cheval ,  &  ne 
voulut  pas  permettre  que  Ton  employât  ce 
temps-là  à  le  mener  à  l'ëcurie ,  non  plus  que  tous 
les  autres  \  en  forte  qu'il  les  abandonna ,  comme 
n'ayant  plus  de  Maîtres ,  &  étant  deftinés  pour 
le  fervice  de  Dieu  :  c'eft  ce  que  les  Arabes  ap^ 
pellent  Rebathfifehil  Allah. 

Ce  fut  alors  que  Dieu ,  pour  récompenfer  ce 
Prince  de  fa  fidélité  &  de  fon  obé^/Tance  ^  lui 
envoya  un  vent  doux  &  agréable ,  mais  fort ,  qui 
le  porta  depuis  ce  temps-là  par-tout  ou  il  vouloit 
aller ,  fans  qu'il  eût  befoin  de  cheval. 

Salomon  paiTe  chez  tous  les  Orientaux  pour 
avoir  été  je  Monarque  univerfel  de  toute  la 
Terre  >  de  telle  forte  que  ceux  qui  admettent  des 
différentes  générations  &  révolutions  de  fiecles , 
dans  lefquels  le  Monde  a  été  peuplé  &  gouverné 
par  d'^autres  créatures  que  les  hommes  avant  la 
création  d*Adam ,  donnent  le  titre  &  le  nom  de 
Soliman  aux  Monarques,  qui  lés  ont  commandés. 
On  parlera  un  peu  plus  bas  de  ces  Solimans. 

On  donne  à  Salomon  pour  Vifir,  comme  par- 
lent les  Orientaux ,  c'eft-à-dire  pour  fon  premier    • 
Miniftre  d'Etat,  Aflaf ,  duquel  il  eft  parlé  dans 
les  Livres  Saints  ;  &  auquel  David  a  adreifé  plu-    . 


Orientale,  371 

fieurs  de  fcs  Pfeauines ,  comme  il  paroît  dan$ 
leurs  titres;  &  Emadi,  Poëte  Perfîeni  dit  que 
fon  anneau  tant  vanté  ,  par  le  moyen  duquel  il 
gouvernoit  fon  Empire ,  n'étoit  autre  chôfe  que 
la  fagefle  que  Dieu  lui  avoit  donnée,  dont  cet 
anneau  étoit  le  fymbolé.  Il  y  a  cependant  plu- 
fieurs  Rabins  qui  foutiennent  que  Salomon  voyoit 
dans  la  pierre  enchafleé  dans  cette  bague,  toutes  - 
les  choies  qu'il  défiroit  favoir  ;  de  même  que  le 
gr^nd  Pontife  voyoit  dans  TUrim  fit  le  Thum- 
mim  de  ion  peéloral  ,  qui  et  oit  auffi  de  deux 
pierres  précieufcs,  ce  qu'il  défiroit  apprendre  dç 
la  part  de  Dieu. 

il  y  a  chez  les  Orientaux  un  Livre  fàmedx  , 
qui  contient  l'Hiftoire  de  Salomon  en  vers ,  com« 
pofée  par  l'illuftre  Poëte  Perfien  nommé  F^r- 
doujji.  Cette  Hiftoire  porte  le  nom  de  Soliman 
Nameh  ,  &  T  Auteur  du  Caherman  &  du  Tha- 
murath  Nameh  la  cite  en  plufieurs  endroits  de  ; 
fes  Ecrits  fabuleux ,  qui  font  plutôt  des  Romans 
que  des  Hiftoires  véritables.  Les  Perfans  &  les 
Turcs  ont  plufieurs  Hiftoires  de  Salomon  ça  , 
profe  &  en  vers.  Il  y  a  un  Soliman  Nameh  écrit 
en  Turc,  par  Ishak  Btn  Ibrahim  Al  Ufcoubi  :  un 
autre  de  Saèdeddin  Ben  HaiTan ,  Précepteur  de 
Sultan  Morad ,  troifiçme  du  nom.  Ces  deux  Ou- 
vrages font  en  profe  :  il  y  en  a  deux  autres  en 
vers ,  l'un  compofé  par  Ahmed  Al  Kermani  >  qui 
mourut  l'an  845  de  l'Hégire  ,  6t  l'autre  par' 
Schamfeddin  Ahmed  Al  Sivaill  :  il  y  en  a  auâi 
plufieurs  en  Perfien,  &  entre  autres  un  qui 
contient  mille  cinq  cent  foixante  &  onze  dif« 
tiques. 

Tout  ce  que  nous  trouvons  écrit  dans  les  Ljivres 

A  a  i j 


17^  BlBLÏOTHlQUÏ 
Orientaux ,  touchant  les  aidions  merveilleufes  & 
Teinpire  univerfei  de  Salomon  fur  les  hommes 
&  fur  les  démons ,  a  pour  fondement  ce  que 
TEcriture  dit  de  la  fa^eiTe  admirable  ,  du  trône 
&  des  richeflès  de  ce  Monarque. 

Je  ne  fais  fur  quel  fondement  Aboulfaragc, 
Auteur  Chrétien ,  dit  que  Salomon  écoic  de  la 
Se(51e  d'Émpedocle ,  qui  eft  celle  que  les  Arabes 
appellent  Deherit ,  &  allègue  fon  Ecclëfiaftique 
pour  te'moignagc  de  ce  qu'il  avance  :  car  c'eft  Tac* 
cufer  en  quelaue  façon  d'impiété  &  d*|jchéifme^ 
ce  qui  vient  de  ce  que  cet  Auteur  n'a  pas  bien 
compris  le  fens  des  paroles  de  Salomon ,  que  no» 
Interprètes  ont  fort  bien  développé. 

Cette  grande  puiffance  &  cette  fagefle  admi- 
rable de  Salomon  ont  donné  fujet  aux  Orientaur 
de  donner  fon  nom  à  tous  les  grands  Princes 
qu'ils  ont  cru  avoir  pofledé  l'Empire  univerfei  àp 
toute  la  Terre  j  &  nous  voyons  dans  le  Thah- 
murath  Nameh,  que  le  Div  ou  Géant,  nommé 
jirgenk ,  fe  plaint  du  Démon ,  qui  lui  avoit  pro- 
mis de  le  faire  le  Solimaii  de  fon  fiecle ,  &  qui 
cependant  ne  lui  avoit  pu  procurer  la  victoire 
contre  Thahmurath  :  &  le  même  Argenk  dit , 
entre  autres  reproches  qu'il  lui  fait ,  qu'il  lui 
avoit  manqué  de  pâirole ,  &  qu'il  ne  lui  avoit  pas 
ttris  entre  les  mains  l'anneau  au  Patriarche  Jared^ 
fils  de  Mahalcl ,  cin<}uieme  Soliman  ou  Monar- 
que univerfei  de  la  Terre  depuis  Adam. 

Mais  les  rêveries  de*  Orientaux  vont  bien  plus 
loin;  car  leurs  Mythologues  aflurent  qu'il  y  a  eu 
quarante  Solimans  ou  Monarques  univerfels  de  la 
Terre ,  qui  ont  régné  fuccfeilîvemènt  pendant  Je 
MHrs  d'un  j^raiid  nombre  de  fiecles  avant  la  créa- 


v« 


O  R  T  K  H  T  A  t  «.  37l 

tîon  d^Adam  :  &  Simorganka  y  ce  Dit ,  quiavoit 
la  figure  d'un  oifeau ,  dit  à  Thahmurath  qu'il  avoit 
fervi  un  pareil  nombre  de  ces  Solimans ,  que 
quelques  Auteurs  font  monter  jufqu  au  nombre 
de  foixante-douze.  \ 

Tous  ces  Monarques  Pr^ada mites  comman- 
doient  chacun  à  des  créatures  de  ion  efpece  ^ 
qui  étoient  différentes  de  celles  de  lapouérité 
d'Adam,  quoiqu'elles  fuffent  raifonnables  comme 
les  hommes ,  félon  le  rapport  que  Simorganka  fit  ^ 
à  Thahmurath  ;  &  ce  Div  ajAita  qu'il  en  de- 
■voit  naître  encore  un  autre  de  la  lignée  d'Adam  ^ 
qui  les  furpafleroit  tous  en  majefté  &  en  puif- 
fance ,  apxès  lequel  il  n'en  paroîtroit  plus  aucun 
autre  fur  la  Terre.  L'on  peut  entrevoir  dans  là 
fond  de  cette  fable  ,  quelques  rayons  de  la  vé-* 
rite  des  prophéties  qui  ont  marqué  la  venue  du 
Meffie. 

L'on  voyoit  dam  la  galerie  d'Argenk  ,  qui 
régnoit  dans  les  montagnes  de  Caf  au  temps  de 
Thahmurath ,  les  ftatues  de  ces  foixante-aouze 
Solimans  I  &  des  tableaux  des  créaçur^es  qui  leur 
ëcoient  foumifes,  &  on  y  remarquok  par-tout 
des  figures  fort  diffemblables  de  celles  des  hom- 
mes 'j  car  Tes  uns  avoient  plufieurs  têtes  y  les  au« 
très  plufieurs  bras ,  &  quelques-uns  paroiflbient 
compofés  de  plufieurs  corps  :  les  tètes  étoient 
auffi  fort  extraordinaires  ;  ciar  les  unes  reflem- 
bloient  à  celles  des  éléphans  y  des  bufles  &  de$ 
fangliers ,  &  les  autres  avoient  encore  quelque 
chofe  de  plus  monftrueux« 

Entre  tous  ces  Soliman»  ou  Monarques  uni-» 
terfels  du  Monde  ^r-  l^s  plus  renommés  font  Soli-»^ 

A  a  iiî 


374  BiSLIOTHEQUE 

man  Hiàc ,  Soliman  Raad ,  Soliman  Daki  ^  SoH« 
man  Imlak  ,  Soliman  Schadi ,  Soliman  Virani , 
Soliman  Bottaki ,  Soliman  Tchaghi ,  &  enfin  le 
Soliman  dit  Gian  Ben  Gian^  qui  rëgaa  dans 
le  Monde  immédiatement  avant  la  création 
d'Adam. 

Le  Caïumarratn  Nameh  dit  que  tous  ces  Soli- 
mans  poiTédoient  de  père  en  fils  un  bouclier , 
dont  ils  fe  fervoient  dans  les  guerres  qu'ils  fai- 
foient  continuellement  aux  Démons^  ïeurs  enne- 
mis capitaux.  Solimaii  TchagW  le  laîfla  à  Gian 
Ben  Gian ,  qu^ui  fucce'da ,  &  celui-ci  le  tranf- 
mit  à  Adam ,  qui  mourut  dans  Tifle  de  Serandib 
aux  Indes  ;  &  Caïumarrath  y  premier  Roi  de 
rOrient ,  voyageant  en  ces  pays-là ,  &.  Tayant 
ieureufement  trouvé ,  s'en  fervit ,  &  lé  laifla  de- 
puis à  fon  fil«  Houfchenk,  qui  lui  fuccéda. 

C  eft  ce  même  bouclier,  dont  ThahmuratB, 
qui  en  avoit  hérité,  fe  fervit  pour  combattre  non 
feulement  les  Démons ,  mais  encore  les  Dives 
qui  étoient  rcftés  des  générations  précédentes, 
&  qui  faifoient  leur  retraite  dans  les  fameufes 
montagnes  de  Caf ,  &  qui  lui  fit  remporter  le 
titre  glorieux  de  Div  bend^  qui  fignifie  le  Vain" 
queur  &  le  Dompteur  des  Géans  &  des  Démons. 

La  ville  de  Canoun  ou  Fanoun  étoit  la  capi- 
tale de  ces  gratids  Monarques  ,  où  le  Géant 
HufTam  dit  à  Caïumarrath  ,  qu*il  avoit  fervi  pen- 
dant fa  vie  ,  qui  étoit  pour  lors  de  trois  mille 
ans ,  fous  trois  Solimans  difFérens. 

On  lit  dans  le  Caherman  Nameh ,  que  Caker- 
man  Catel ,  en  cherchant  des  aventures  dans  le 
pays  de  Schadookiam ,  trouva  une  colonne  de 
mzxhr^  d'une  grandeur  &  d  une  groâeur  extraor- 


Orientale.  575 

clinaîre,  pofée  fur  une  bafe  qui  portoît  une  inf- 
cription  gravée  en  caractères  Bialbaniques  ,  qui 
nous  font  prëfentement  inconnus,  mais  que  l'oil 
dëchifFroit  au  temps  de  Gahentian  :  le  fens  en 
ëtoit  :  »  Je  fuis  Soliman  Hakkî ,  le  Monarque 
de  mon  fiecle  ,  qtii  ai  fait  la  guerre  arec  le  puif-^ 
fant  Dive  ou  Géant  nommé  Anthaloûs. 

L'Hiftoire  de  Soliman  Hakki  porte  que  ce 
Monarque  ayant  défait  en  pîufîeurs  rencontres 
ce  Géant ,  qui  s  eîoit  fouvcnt  révolté  contre  lui , 
&  layant  entre  fes  mains ,  voulut  le  faire  mou- 
rir ;  irais  qu'il  ne  put  jamais  en  venir  à  bout. 
Il  confulta  là-deflus  les  Tacouin ,  qui  font  les 
Parques  ou  les  Fées  qui  règlent  le  deftin  des 
hommes ,  &  elles  lui  repondirent  que  la  victoire 
entière  de  ce  Géant  étoit  réfervée  à  un  autre 
Soliman  de  la  poftérité  d*Adam  y  lequel  devoit  le 
ïoumettre  à  fon  obéifTance,  &  le  punir  de  mort^ 
en  cas  quil  refusât  de  lui  rendre  hommage. 

Il  eft  parlé  de  Soliman  Tchaghi  dans  le  litre 
de  Surkrajf'  ;  &  de  Soliman  Ben  Gian  dans  celui 
de  Gian.  On  ajoutera  feulemem  ici,  que  cts^  SoU- 
mans  avoient  encore ,  outre  le  bouclier  dont  on 
a  parlé,  le  Tig  atefch,  Tépée  foudroyante  ,  & 
le  Gebeh  ,  ou  cuiraiTe,  qui  les  rendoient  vî<3o.- 
rieux  dans  tous  les  combats  qu'ils  livraient  aux 
JDémons.  • 

SOLIMAN  BEN  ABDALMALEK ,  nom 

du  feptieme  Khalife  de  la  Race  des  Ommiades. 
Il  fut  le  fécond  des  quatre  enfans  d'Abdalmakk, 
qui  régnèrent  après  leur  père.  Il  fuccéda  à  fou 
frère  aîné  Valid,  Tan  9^  de  l'Hégire,  &  régna 

A  a  iv 


)70        B  I  B  t  1  0  T  K  i  ^  V JT 

feulement  deux  ans  &  huit  mois  ;  car  il  mottraf 
en  l'an  99  de  la  même  Hégire. 

Ben  Schohnah  écrit  que  Soliman  étoit  dans  la 
ville  de  Ramtah,  ou  Ramah,  lorfqu'i]  apprit  la 
mort  de  Valid  fon  frère ,  &  qu'il  vint  âum-tôt  à 
Damas  prendre  poflef&on  du  Khalifat.  II  4it  peu 
de  féjour  en  cette  ville  ;  car  y  ayant  pour  lors 
une  greffe  guerre  ouverte  entre  les  Knalîfcs  & 
les  Grecs  ^  il  fit  marcher  incontinent  fon  armée  à 
Mag'  Dabek ,  &  envoya  de  là  fon  frcre ,  nommé 
JMcJlemah^  attaquer  la  ville  de  Conilantinople, 
qui  demeura  aiCégée  jufqu'à  fa  mort. 

Ebn  Aroid  écrit,  dans  fon  Hiftoire,  qne  l'Em- 
pereur Philippe  ,  il  veut  dire  Phiîippique.,  qui  ^ 
ctoit  Maronite  ,  c'eft-à-dire  Monornelite  ,  ré- 
gnoit  du  temps  de  ce  Khalife ,  &  ainfî  Gonftanti^ 
nople  auroit  été  affiégée  fous  fon  règne.  Cepen- 
dant ce  ne  fut  que  fous  TEmpire  d'Artemius  que 
Moflemah  fit  ce  fiége. 

Khondemir  dit  que  ce  Khalife  charma  tout  le 
îrionde  par  fon  éloquence ,  dans  la  première  ha- 
rangue qu'il  fit  après  fon  élévation  au  Khalifat^ 
&  qu*it  mit  dans  toutes  les  provinces  de  bons 
Gouverneurs  à  la  place  de  ceux  que  Valid  foa 
frère  avoit  établis,  qui  ne  refpiroient  tous  que 
le  fang  &  Toppreffion  des  peuples.  Ce  fut  auffi 
fous  Je  Khalifat  de  ce  Prince ,  qu'Iezid  fils  de 
Mahaleb  ,  un  des  plus  grands  Capitaines  du  Mu- 
fulmanifme,  conquit  les  provinces  de  Giore;ian 
&  de  Thabareftan  ,  qui  font  proprement  rtiyf-» 
canie  des  Anciens. 

Soliman  porta  quelque  temps  le  furnom 
i^Abou  Aïoub^  parce  qu'il  étoit  père  dun  fils 
quiportoit  le  nom  diAioub  ou  deJ^^.  Mais  ce  ôU 


0  R  î  ï  w  T  A  i  :«;  57f 

^tantmort  avant  lui^  on  lui  donna  quelqae  temp» 
après  ,  à  la  place  de  ce  furnom  ,  le  glorieux  titre 
de  Meftah  alkhaïr^  qui  fignifie  la  clef  du  bien 
ou  de  la  bonté  ,  à  caufe  quii  avoit  ouvert, 
pendant  fon  règne  ,  les  portes  des  prifons  à 
tous  les  mifërables ,  &  fait  du  bien  à  tous  Tes 
fujets. 

Maïs  une  des  plus  belles  acSlions  &  des  plus 
utiles  à  TEtat  que  fit  Soliman  avant  fa  mort,  fut 
de  déclarer  pour  fon  fuccefîeur  Omar  Ben  Ab- 
dalâziz ,  le  meilleur  Prince  &  le  plus  faint  dVntri 
tous  les  Khalifes.  Cette  déclaration  fe  fit  en  la 
manière  fuivante. 

Soliman  étant  au  Ut  de  la  mort  y  fit  appeler 
Ragia  fon  Vifir ,  &  lui  fit  écrire ,  que  fa  dernière 
volonté  étoit  qu'Omar  Ben  Abdalâziz  ,  qui 
n*étoit  que  fon  coufin-germain ,  lui  fuccédât ,  à 
condition  néanmoins  qu'il  appelleroit  à  fa  fuc- 
ceâîon  lèzid  fils  d'Abdalmalek  ,  fon  propre  frère. 
Après  que  cet  écrit  fut  dreffé  &  cacheté ,  Soli- 
man commanda  à  fon  Vifir  d*aiTèmbler  les  plus 
grands  Seigneurs  de  la  Cour,  &  de  leur  taire 
jurer  qu'ils  reconnoîtroient , après  fa  mort,  celui 
qui  étoit  marqué  dans  fon  teftament. 

Cet  ordre  du  Khalife  fut  ponfluellement  exé- 
cuté; car  tous  ces  Seigneurs  vinrent  en  perfonne 
au  chevet  de  fon  lit  ,  &  lui  confirmèrent  ce 
qu'ils  ivoient  Juré  &  attefté  par  écrit.  Omar, 
fils  d'Abdalaziz ,  qui  étoit  du  nombre  de  ces  Sei- 
gneurs, ayant  rencontré,  peu  de  temps  après, 
Kagia,  lui  dit  avec  beaucoup  de  naïveté  :  »  Si 
.  vous  favcz  quel  eft  celui  que  le  Khalife  a  défigné 
pour  fon  fucceffèur ,  vous  pouvez  me  le  dire  ^ 
car  je  fais  que  la  fucceâton  ne  me  regarde  pas , 


}  fr*  «  1 


^7*       Bibliothèque 

&  je  ferois  fort  aife  de  me  conjouîr  avec  cehi  ^ 
fur  qui  elle  doit  tomber. 

Ragia ,  homme  prudent ,  s'excufa  de  lui  révé« 
1er  ce  fecret ,  &  auffi-tot  que  le  Khalife  fut  dé- 
cédé ,  il  fit  une  nouvelle  aiTemblée  des  mêmes 
Seigneurs ,  &  leur  fit  réitérer  le  jurement  qu'ils 
avoient  fait^  de  reéonnoître  pour  Khalife  celui 
que  Soliman  avoit  nommé  dans  fon  papier  ;  & 
cette  cérémonie  s'étant  paffée  fans  aucune  con- 
tradi(3ion  ou  difpute  ,  il  ouvrit  auffi-tôt  le  pa- 
pier ,  &  proclama  Omar  Ben  Abdalaziz  pour 
Khalife. 

Ce  fut  fous  ce  Khalife  que  commença  la  for-- 
tune  de  la  -Maifon  des  Barmecides  ;  car  Giaftf 
Al  Barmeki  fut  de  fes  principaux  Confeillers ,  & 
celui  qui  lui  confeilla  de  faire  battre  fa  monnoie 
de  meilleur  alloi ,  &  à  plus  haut  titre  que  celle 
qui  avoit  été  battue  fous  le  règne  d'Abdalmalek 
fon  père  3  de  forte  que  le  meilleur  or  &  le  meil- 
leur argent  monnoyé  qui  ait  eu  cours  depuis  ce 
temps-là,  fut  appelé  Giaf arien. 

Ce  même  Giafar  ayant  paru  un  jour  devant  le 
Khalife  Soliman  ,  ce  Prince  s  apperçut  >  par  le 
battement  de  deux  pierres  qu'il  porcoit  en  guifc 
de  bracelets  ,  qu'il  avoit  du  poifon  fur  lui ,  &  li 
en  avoit  en  effet  dans  le  pommeau  de  fon  épée; 
&  fur  cette  aventure ,  Habib  Al  Saïr  Gelali  ra- 
conte que  Soliman  ayant  fait  voir  à  Giafar  le 
Barmecide  ce  bracelet  dont  les  pierres  avoient 
fine  vertu  fi  meryeilleufé  ,  lui  demanda  s'il  avoit 
jamais  rien  vu  ou  entendu  de  femblable.  Giafar 
lui  répondit  que,  fe  trouvant  à  la  Cour  du  Prince 
de  la  ville  de  Nekhfcheb  fur  le  fleuve  Gihoni 
il  avoit  vu  une  pierre  dont  la  vertu  lui  paroiâbit 


.Orientale,  j79 

encore  plus  admirable  ;  car  ce  Prince  ayant  laiiTé 
tomber  de  fon  doigt,  dans  le  fleuve,  une  bague 
où  il  y  avoit  un  rubis  de  très-grand  prix ,  il  n  en 
témoigna  aucun  chagrin ,  &  dit  k  ceux  qui  étoient 
autour  de  lui,  qu'ils  ne  s'en  mifTent  point  en 
peine  ,  parce  qu'ils  la  verroient  bientôt  à  fon  doigt 
comme  auparavant:  alors  ce  Prince  feât  apporter 
une  caâette ,  où  il  confervoitce  qu'il  avoit  dé  plus 
précieux,  &  en  tira  un  joyau  ,  fait  en  forme  a  un 
poiflbn  d  or  ,  qu'il  fit  jeter  dans  le  même  fleuve , 
&  un  moment  après  on  vit  reparôître  fur  l'eau 
ce  même  poiflbn  avec  la  bague  que  l'on  croyoit 
perdue. 

Ce  récit  donna  k  Soliman  une  fi  grande  curio** 
fité  de  voir  ce  joyau  ,  qu'il  dépêcha  en  même 
temps  un  Exprès  au  Prince  de  Nekhfcheb ,  afin 
qu'il  lui  envoyât  ce  poiflbn  d'or ,  pour  en  faire 
Texpérience. 

Le  Géographe  Perfien  écrit  que  Soliman ,  fils 
d'Abdalmalek  ,  bâtit  la  ville  de  Ramlah  ,  ou 
Bama  en  Paleffîne  :  mais  il  ne  la  fit  que  fortifier 
contre  les  Arabes  de  l'Iraque  ,  qui  faifoient  dès 
ce  temps-là  de  fréquentes  courfes  dans  la  Terre^ 
Sainte. 

Voyez  ta  demande  que  ce  Khalife  fit  à  Abou 
Hazem ,  &  la  réponfc  de  ce  Scheïkh ,  dans  le 
titre  d'Abou  Hazem  :  voyez  auflî  dans  celui 
d'Omar  Ben  Abdalaziz ,  ce  qu'il  lui  die  dans  un 
pèlerinage  de  la  Mecque ,  qu'ih  firent  de  com- 
pagnie. • 

Ce  Khalife  mourut  à  Marg*  Dabek,  auprès  de 
la  ville  de  Kennaflerin  en  Syrie ,  d'un  mal  de  côté , 
félon  quelques-uns  ;  &  félon  les  autres ,  d'une 
indigeftion  ;  car  il  étoit  très-grand  mangevi  juf- 


1 


ito         BlBLÎOTHEQtTK 

que-U  que  l'on  dit  qu'après  avoir  mangé  le  ma^  , 
tin  en  fon  particulier  trois  agneaux  rôtis ,  il  ne 
laiflbit  pas  de  diner  en  public  &  de  tenir  table  : 
il  ]r  en  a  même  qui  difent  qu'il  mangeoit  jufqu'k 
cent  livres  de  viandes  en  un  jour. 

II  eut  pour  fuccefleur  Omar  Bén  Abdalazîx 
fon  coufîn  germain ,  qui  commença  fon  règne 
Van  99  de  THégire. 

SOLIMAN  BEN  AL  HAKEM  ;  c'eft  le 
nom  du  neveu  de  Hefcham  II  du  nom ,  qui  fe 
révolta  contre  fon  oncle ,  l'an  40o*de  l'Hégire, 
fe  fit  proclamer  Khalife  à  Cordoue  en  Efpagne , 
&  fe  ht  furnommer  Mofiâïn  BiLlah.  II  fit  long- 
temps la  guerre  à  fon  oncle ,  &  enfin  le  dépof* 
féda ,  &  fut  l'onzième  Khalife  des  Omtniades 
en  Efpagne  ;  mais  il  fut  tué  enfin  par  Ali  Ebn 
Hamid ,  qui  lui  fuccéda. 

Ben  Schohnah  appelle  celui-ci  Ebn  Hamoui 
^^  Ebn  Hamoudakj  &  dit,  que  ce  Perfonnage 
prétendoit  dcfcendre  en  ligne  droite  d'Ali ,  m 
côté  de  Haifan  fon  fils  aîné ,  &  qu'il  fit  mourir 
Soliman  &  extermina  1^  plus  grande  partie  de 
fa  famille,  Tan  407  de  l'Hégire.  Ainfi  finit  pour 
lors,  fous  'ce  Khalife  ,  la  dynaflie  des  Ommiades 
qui  régnoient  en  Efpagne ,  &  les  Alides  prirent 
leur  place,  jufqu'en  Tan  411 ,  auquel  temps  les 
Ommiades  remontèrent  fur  le  tràne. 

SOLIMAN  BEN  COTOULMISCH,  so» 

du  Fondateur  de  la  troifieme  dynaftie  des  Sel- 
gîucîdes  ,  que  Ton  appelle  les  Selgiucides  de 
Koum,  Ce  Soliman  écoit  fils  dé  Gotoulmifchi 
éls'  dlfjcael  fils  de  Selgiouk* 


O  R  I  E   N   TA   L  1.  3*1 

..  Hamdallah  Al  Meftoufi  ,  Auteur  du  Tarikh 
Khozideh ,  dit  que  Malek  Schah  >  troifieme  Sultan 
de  la  première  branche  des  Selgiucides ,  ayant 
appris  la  mort  de  l'Empereur  des  Grecs ,  envoya 
Soliman  ,  fils  de  Cotoulmifch  ^  faire  la  guerre  aux 
Grecs  dans  la  Natolie. 

Ce  Prince  y  fit  des  conquêtes  ,  &  s  y  ëiablic 
entièrement  Tan  480  de  l'Hégire  ,  &  y  mourut 
dans  Tan  500  ,  après  y  avoir  régné  vingt  ans, 
JI  laiifapour  fuccefleur  Daoud  fon  fils,  qui  ea 
régna  dix-huit. 

SOLIMAN  BEN  KILIG'ARSLAN;  c'eô 

Soliman  fécond  du  nom ,  cinquième  Sultan  de 
la  dynaftie  des  Selgiucides  de  Roum  ou  de  Na- 
telie.  Ce  Prince  eut  de  grands  démêlés  avec 
Gaïatheddin  Caïkhofrou ,  fon  frère  :  mais  enfin  la 
pâix  s'étai^t  conclue  entre  ces  deux  Princes,  Soli-^ 
man  régna  paifîblement  Tefpace  de  vingt-quatre 
ans ,  &  mourut  Tan  6oi  de  l'Hégire,  Ce  Sultan 
porte  auffi  le  furnom  de  Rocneddln  :  il  eut  pour 
fucceflèur  fon  fils ,  nommé  Kilig*  Arjlan  ,  & 
furnommé  Aneddin ,  qui  n'étuit  encore  qu'ug^ 
citfant.  . 

S9LIMAN  BEN  CAIKHOSROU  ,;nom 
du  dixième  Sultan  des  Selgiucides  de  la  troifieme 
dynaftie ,  appelée  de  Roum.  Il  porcoic  le  furnom 
dé  Rokneddin ,  &  avoit  un  frère  nommé  Alaed^ 
dm  Caïcobad. 

Soliman  envoya  fon  itcrt  auprès  du  Caan  des 
Mogoh  y  &  il  fut  négocier  avec  tant  d^adreffe 
les  affaires  des  Selgiucides  en  cette  Cour  ,  qu'il 
ac^it  les  bonnes  grâces  de  ce  Prloce/ôc  retourna 


j8j       Bibliothèque 

auprès  de  Soliman  fon  frère  avec  des  pouvoirs  fi 
amples  ,  qu'il  lui  donna  beaucoup  de  jaloufiè. 
Enfin ,  Soliman  fe  voyant  prefque  dépouille  de 
toute  fon  autorité  par  Alaeddin  'Caïcobad ,  prit 
la  rcfolution  de  fe  défaire  de  lui  »  &fubordonna 
un  des  fiens  qui  1  empoifonna. 

Abaka  Khan ,  ou  Caan ,  Sultan  des  Mogols 
bu  Tartares ,  ayant  appris  le  mauvais  tour  que 
Soliman  avoit  joué  à  fon  frère ,  le  fit  traiter  de 
la  même  manière  ,  après  qu'il  eut  régné  vingt 
ans.  Sa  mort  arriva  Tan  6^64  de  l'Hégire  ,  &  il 
lailTa  pour  fucceifeur  Caïkhofrou  fon  fils ,  qui  fut 
confitmé  dans  la  fucceâion  par  le  même  Abaka 
Khan. 

SOLIMAN  ,  Soliman  Schah  ;  c'eft  le  nom  du 
premier  Chef  &  Fondateur  de  la  Maifon  des 
Ottomans ,  qui  eft  fort  connu  par  les  Hifto- 
riens  Turcs. 

Tous  ces  Auteurs. difênt  que  ce  Perfonnage, 

Îuils  prétendent  être  defcendu  de  la  famille 
)guzienne ,  qui  étoit  fort  illuftre  parmi  les  Mo- 
gols  ,  partit  de  Mahan ,  ville  du  Khorafan ,  où  il 
«ommandoit ,  pour  éviter  la  première  fureur  des 
armes  de  Ginchizkhan ,  Tan  611  dt  THégire ,  & 
vint  jufque  mr  rjEuphrate  ,  pour  pailer  dans 
TAfie-Mineure. 

Ces  mêmes  Auteurs  conviennent  tous  du  mal- 
heur qui  arriva  à  ce  Seigneur  en  traverfant  Œu- 
phrare ,  car  il  s'y  noya.  11  avoit  trois  enfans , 
jjommés  Sancou  ^enghi ,  Ghun  dogdi ,  &  Or- 
zhogrul:  Les  deux  premiers  retournèrent  en  Perfc 
après  la  mort  de  leur  père  ,  &  Orthogrul  de- 
meura en  deçà  de  l'fluphrate  avec  fes  enfans'^ 


O  It   I  E   If  T  A  L  1.  58} 

dôtit  Othman  ëtoit  laîoë.  C'eft  celui-ci  qui  eft 
proprement  le  Fondateur  de  la  dynaftie  des  Oth- 
manides  ou  Ottomans ,  qui  ont  tiré  leur  nonx 
de    lui. 

Soliman  Schah  ,  félon  Saêdeddin  ,  Auteur  du 
Ta  g'  Al  Taouarikh  ,  defcendoit  de  Caïkhan ,  qui 
paffa  de  Mahan  à  Akhlath ,  du  temps  de  Gin- 

fhizkhan.    Cet  Auteur  dit  qu'il  fe  noya  dans  , 
Euphrate  vis-k-vis  du  château  de  Khaïbar  ou 
Giaïbar ,  auprès  duquel  il  fut  enterré  ,  en  un  lieu 
qui  porte  encore  aujourd'hui  le  nom  de  Maiar 
dhi   Turk. 

Le  Tarikh  Othmani  dît  que  Soliman  Schah 
s'arrêta  quelque  temps  dans  la  ville  d'Arzengian 
ou  Erzengian  en  Arménie ,  avant  que  d'entrer 
en  Natolie;  &  que  voulant  paifer  TEuphratè  à 
cheval  en  un  lieu  où  il  jcroyoit  qu'il  y  eût  un 
gu.é,  il  le  pouffa  fi  vigoureufement ,  qu'après  plu- 
fïeurs  efforts  qu'il  fît ,  il  fut  enfin  fubmergé. 

Il  y  a  un  autre  Soliman  Schah ,  qu'Ahmed  Btn 
Arablchah  dit  avoir  été  un  des  plu^  braves  &  dé- 
terminés Officiers  de  l'armée  de  Tamerlan» 

SOLIMAN  BEN  ORKHAN  GAZI ,  nom 

de  Soliman  fils  d'Orkhan  ,  dit  le  Conquérant  , 
fécond  Sultan  de  la  dynaftie  des  Othmanides, 
Ce  Perfonnage  efl  le  premier  des  Turcs  Otto- 
mans qui  ait  paffé  fur  des  radeaux  d'Afie  en 
Europe. 

Son  premier  trajet  fe  fit  de  nuit  avec  foixânte- 
dix  ou  quatre-vingts  des  plus  braves  qu'il  avoit 
choifis  dans  fes  troup^es,  avec  lefquels  il  furpric 
la  ville  de  Gc menik.  Après  cette  expédition,  il 
en  ât  paffer  deux  cents  autres  ;  qui  furent  fuivis 


5*4       Bibliothèque 

4 un  plu3  grand  nombre,  &  prit  la  ville  de  GaI-« 
Hpoli  Tan  758  de  l'He'eire  ,  &  e'tablit  aûifi  les 
premiers  Turcs  dans  la  Grèce. 

Ce  Prince  ne  jouit  pas  long-temps  ni  de  fa 
conquête ,  ni  même  de  la  vie  ;  car  Tannée  fui- 
vante,  qui  étoit  759  de  la  même  Hégire  ,  il 
tomba  de  cheval  en  chaiTant  un  lièvre,  &c  fe  tua 
deux  mois  avant  la  mort  d  Otkhan  fon  père. 

Les  Annales  Turquefques  donnent  à  ce  Prince 
la  qualité  de  Pafcha  ,  à  caufe  qu'Orkhan  ,  fon 
père  ,  lui  avoit  donné  le  gouvernement  ou  Paf- 
chalik  ,  comme  les  Turcs  l'appellent ,  de  la  ville 
dlfoik  ou  Nicéc  en  Bithynie  ,  de  même  que 
celui  de  Pruffe  ou  de  Brouflah  à  Amurat,  fon 
cadet.  Soliman  Pafcha  étoi^  deftiné  pour  fuccé-^ 
dcr  à  fon'pere  ;  mais  ne  lui  ayant  pas  furvécu, 
Morad  Khan  Gazi ,  qui  eft  Amurat  premier  da 
nom ,  fon  frère  puîné ,  devint  le  troifieme  Sultan 
de  la  Race  Ottomane. 

SOLIMAN  BEN  BAIAZID ,  Soliman,  fils 
de  Bajazet ,  dit  Ildirim  Khan  ;  c'eft  Soliman 
premier  du  nom  ,  que  quelques  Hiftoriens  Turcs 
ne  mettent  pas  au  nombre  des  Sultans ,  quoiqu'il 
fût  l'ainé  des  cinq  enfans  que  laiffa  Bajazet  pre- 
mier du  nom  ,  &  qu'il  fût  reconnu  par  fes  frères. 

Il  fut  falué  Enipereur  à  Andrznople,  &  régna 
l'efpace  de  fept  années ,  jufqu'à  ce  que  fes  débau- 
ches furent  caufe  que  fes  troupes  l'abandonnè- 
rent ,  &  que  fes  frères  Mourfa  &  Mohammed 
prirent  chacun  le  titre  de  Sultan.  Il  fut  tué  en 
fuyant  par  des  payfans  ,  que  MouiTa  fit  brûler 
#vec  leur  village  entier,  Tan  8i  j  dôTHégire. 

Ce  fut  hx  qui  commença  le  bâtiment  de  la 

grandi 


:•     0:r-I  E  N   T-AlL^B.  J^S^ 

^ande  mbfqoée  d- Andrmopte ,  &.1I  eut  pour  fuo- 
ce^Teur-ibtt  frt;*e  Mouffa  ,  queMdKamroed,  fon 
frère,  qui  depieuroit  à  Amafifr dans  h  Nawlie-, 
ne  laiifla  pas^  jk>ng'>t«tnps.en  rej^os.  ' 

Ce  Soliman  eft  ie .  cinquième  Sultan  des  Oth- 
manidés,  ôtMoaiTa,  fon  frère :;  qui  ne  .régna 
que  trois  an»  &  demi ,  le  fixiem».  Le  Satan 
Mohammed ,  qui  eft  le  feptieme ,  ayant  de'faft 
fon  frère  MonCah,  teâk  ïéul  le  njahre ,  &rë- 

Quejaupérunscooiptenfce  Sulwn  Mahamwaï, 

aui  eft  Je  premier  du.nbni,  jponr  le  cinquienM» 
etEmpweuris  Ottomfançy&.ne  c«mptent.point 
lès  regoes.nj  de  Saliman; premier ,  ni  de  Mçuflà. 
Cependant.  Baîazet /lew  p^e.»  étant  mort  "l'an 
S05  de  l'Hëgire ,  &  ne  faifant  commencer  le 
règne  de  Mohammed  qu'en  8 1 6 .  l'on  voit  claf- 
.rement  que  les  onze  ans  d'interrègne  qu'il  y  a 
entre  ces  deux  époques ,  doivent  être  affignés 
aux  fept  ans  &  quelques  mois  du  règne  de'SoH- 
man,  & -aux  trois  &  demide  cejuide  Moxtffii. 

SOLIMAN  BEN  ARTAK;  noni  d'un  Prîrtàî 
de  la  Mvfon  d'Artak  ou  d*Qrtok,  qui  fcrévolta 
convtt  fon  perë,'(S:  qui  fut  puni  de  fa  rebeHipîj  r 
car  fon  père  lui  fit  arracîber  les  yeux  &  couder 
la  lançue,  l'anode  l'Hégire  515  :  quelques-uns 
J  appellent  Bïti  Jhga^i  Ben  -AnaL^  ;  * 


,  *  I  •  > 


SPLI|*AN  BEN  KHALED ,  nom  dun 

Vifir  d  •Abi>u  Giafar  A]  Manfof ,  fecond  Khalife 
de  la  Race  des  Abbaffîde$^  a 

SOLIMAN  BEN  HESCHAMj  ceft  le  non! 
ïwiw  V,  B  b 


586       Bibliothèque 

d'un  fils  da  Kllalife  Hefckam ,  fils  d' Abdalinft- 
lek,  de  la  Maifim  des  Ommiades.  Il  fe  révolu 
contre  Manran  Ben  Mohammed ,  dernier  Kha- 
life de  cette  dynaftie  ,  &  alla  trouver  l'Iman 

•Ibrahim ,  dé  la  famille  d'Abbas  ^  &  lui  préfenta 
Abou  Moflem ,  qui  fut  le  premier  &  le  pins 

.'grand  promoteur  du  Khalifat  des  Abbaffides. 

SOLIMAN  BEN  CX)THAIR,  nom  dun 

Perfonnage  qui  fut  un  des  premiers  à  reconnottrç 
î*Iman  Ibranim,  fils  de  Slphainmed ,  petit-fils 
d'Abbas,  pour  le  .feul  ,  véritable  &  légitime 
Iman  du  Mufulmanifme ,  &  qui  lui  fournit ,  con'* 
jointement  avec  quelques-uns  de  fes  :amis  ,  de 
'grandes  fommes  <te  deniers ,  &  àts  meubles 
précieux. 


-    SOLIMAN  BEN  GIAN,  nom  àuh  Monar- 
que Préadamite.  - 

•  '  SOLIMAN  BOUAKI,  nom  d'un  Monarque 
Pr^ad^inice. 


»  <     « 


SOLIMAN  DAKI ,  nom  d'un  Monarque 
Préadamite. 

SOLIMAN  KHAN  BEN  SELIM  KHANj 

c'eft  le  grand  Soliman ,  qui  eft  le  premier  ou  le 
fécond  du  nom,  Telbn  les  divers  leritimens  des 
Hiftôriens ,  dont  on  a  parlé  dans  le  titre   de 
'  Soliman  Ben  Baiazid» 

Ce  Prince  naquit  Tan  900  de  l'Hégire ,  qui  eft 
Je  commencement  dti  dixième  âecle  de   TEre 


Or  I  e  n  t  a  l  e.       •    3  87 

Mahomëtane  ,  &  les  Nlufulmaiis  remarquent 
fuT  le  fujet  de  fa  naiflânce ,  qu'il  y  a  un  Hadich 
ou  Tradition  de  leur  Prophète  ,  qui  porte  que 
Dieu  envoie  >  au  commencement  de  chaque  ue- 
cle  ^  quelque  Perfonnage  qui  remet  en  vigueur 
la  Loi  Mutulmane  :  Man  ioJfahhUh  adih  alom* 
mat  dinha* 

Il  fucceda  à  Sultan  Selim  Khan  ,  fils  de  Baja- 
zet  fon  père,  &  commença  à  régner  l'an. 5^26 
de  THégire,  âgé  de  vingt-fept  ans  j  &  dès  l'année 
fuivante  il  marcha  en  Hongrie  y  où  il  prit  les 
Tildes  de  Sabas  &  de  Belgrade  dans  la  même 
année  fur  Louis  II ,  Roi  de  Hongrie. 
.  L'an  02 S-,  il  fe. prépara  aufiégede  Rhodes» 
dont  il  te  rendit  maître  Tannée  fuivante  929  >& 
cette  expédition  ne  fut  pas  fi-tôt  finie ,  qu*il  re- 
tourna k  Conflantinople  pour  fe  préparer  à  la 
Î[uerre  de  Hongrie,  qu'une  fédition  des  Janif-w 
aires  l'obligea  à  faire  plus  tôt  qu'il  ne  penfoit. . 

L'an  93 ^, Soliman  défit  en  bataille  rangée 
Louis  II  du  nom ,  Roi  de  Hongrie ,  dans  la  plaine 
de  Mohatz ,  où  ce  jeune  Roi ,  qui  n'avoit  pas. 
encore  atteint  l'âge  de  vingtruti  ans,  étant  tombé 
armé  ,  comip,e  il  étoit ,  de  ion  cheval  dans  un 
marais,  j  fut  étouffé;  &  Soliman  ayant  marché 
après  fa  fiâoirevers  Bude,  capitale  de  cette  pro^- 
vince ,  cette  ville  lui  ouvrit  fes  portes  dans  la 
même  aimée. 

L'an  935,  Soliman  étant  venu  derechef  en^ 
Hongrie^,  confirma  Jean  de  Zapoglia  ,  Comte  de 
Cepufe ,  Prince  de  Tranfilvanie  dans  le  royaume 
de  Hongrie.  C'efl  celui  que  les  Turcs  appellent 
Erdel  Biuii ,  c*efl-àrdire  le  Ban  ou  Vaivode  de. 
TranJitvanU y  qut  les  Hongrois. avoient  élu  pouf 

B  b  i j 


))S    'Bibliothèque 

Roi ,  contre  les  prétentions  de  l'Empereur  Fçr« 
^nand ,  £ls  4e  Mazimilien  &  frère  de  Charles- 
Qainc. 

Ce  nouveau  Roi ,  qui  fe  fournit  entièrement 
aux  volontés  de  Soliman ,  fut  caufe  que  ce  Su{« 
tant  s'engagea  tëmërairemeht  l  entreprendre , 
^n  la  même  ahnée ,  dans  une  faifbn  trop  avan- 
cée ,  le  ^ége  de  Vienne  «n  Autriche ,  que  les 
Turcs  appellent  Betch  ou  Fetch  ■:  Soliman  Fat- 
taqua  vigoufeufement  pendant  vingt  jours  ;  mais 
la  rigueur  du  froid  1  obUeea  enfin  d*en  lever  le 
^ége  ^  le  14  Oéïobre  de  fan  de  J.  C.  1529,  qui 
irëpond  au  935  de  rHé|ire. 

L  an  940  9  Soliman  nt  venir  \  Gonifantinople 
Khaïi^ddin ,  feitieux  Pirate  ,  qui  nous  eft  plus 
connu  fous  le  nom  de  Borherouffe ,  lequel  s  etoit 
peu  auparavant  emparé  d'Alger  &  de  Tunis ,  & 
le  fit  fon  Capoudan  Pafcha,'ceft-à-diré  l'Amiral 
Je  fa  flotte.  Cet  Amiral  reprit ,  dès  la  même 
-année  ,  toutes  les  places  dont  les  'Chrétiens^ 
Vétoient  emparés  dans  la  Morée^  pendant  que 
^oEman  faifoit  la  guerre  en  Hongrie. 

L'an  941 ,  Soltinafl£;t  la  guerre  ^Schah  Tha-* 
masb ,  Roi  de  PeflfeVpt-it  le^  villes  de  Tauris  & 
4e  Bagdet  fur  lui,  &  1  dbligea  de  fiiir  bien  avant 
dans  ion  pays ,  après  quoi  il  revint  fe  déla&r  à 
Conftantinoplé  Tàii  94Ï,&  la  même  année  il  fit 
mourir  Ibrahim  Pacha  «  fon  grand  VSir  &  ion 

Lan 943  ,quieft l'an  1537  de  J.  C. , Charles- 
Qttint  prit  Tunis ,  après  afoir  défait  l'armée  na* 
vtle  4e  Soliinah  y  conkmantîée  par  Khafrecldtn 
Barberoufle.  Mais  le  même  Capitaine  défit ,  I  an 
945 1  ^^  ^^'^^  âlEipaf  ne ,  commandée  par  An-^ 


O  Jl  I  E  !r  T  A  L  E.  ji^ 

été  Ooria.  L'an  94^ ,  il  prit  fur  les  EfpagnoU 
Caftelnovo,  dans  la  Dalmatîe. 

L*an  94.8,  Soliman  étant  retotirné  en  Hongrie  , 
fecotirt  Bude ,  que  rEmpereor  Ferdinand  affié»^ 
geoit,  &  défait  larmëe  impériale  ;  &  l'an  950^. 
il  prit  Gran  ou  Strigonie ,  &  Albe  Royale. 

L'an  95^9  Soliman  perdit  la  ville  de  Mahadie 
en  Afrique)  &  Dorgouth,  que  nous  appôlons. 
Drasut ,  qui  avoit  fuccédé  à  Kfaaïreddin  Barbe* 
roune ,  mort  Tan  955,  fut  Battu  |»af  André  Do* 
ria  ;  &  l'an  957 ,  ayant  tenté  inutilement  avee 
fa  flotte ,  commandée  par  Snan  Pafcha ,  de  pref> 
dre  la.  ville  de  Malte ,  il  la  fit  paCei?  en  Afri-- 
que ,  &  fe  fendit  maître  de  Tripoli. 

L  an  ^6 2  y  Soliman  fit  aifiiéger  Zigbet  par  AK  Paf- 
cha j  qtû  fut  contraint  d'en  abandonner  le  fiége». 

L'an  971,  ce  Sultan  fit  attaquer  une  autre  rois 
rifle  de  Malte  par  Pîr  Ali  l^afcha ,  Général  de- 
là mer,  que^lon  appeloit  autrement  Ulii£  Ali^ 
parce  qu'il  étoit  Renégat  Calabrois.  Ce  Général 
prit  le  château  de  Saint-Hermès  ,.  appelé  vulgai^ 
rement  Saint-Elme  ;  mais  ayant  demeuré  inuti-^ 
lement  quatre  mois  devant  la  ville  y,  &  voyant 
approcher  l'hiver  ,  il  fe  retira  honteufement  avec 
perte  de  vingt-trois  mille  hommes  des  Ciens  y  *&. 
ne  ptit  faire  autre  chofe  que  de  s'emparer  de  ïiile 
de  Cbio  dais  fon  retour  à  Conftantinople. 

L'an  97;  de  l'Hégire,^ Soliman  repafla  en  Hon*- 
frie,  &  fit  lui-même  en  per£bnne  le  fiége  dç 
rîghet  ,  où  commandoit  Nicolas ,  Comte  de 
.Serin.  Il  prit  cette  ville ,  quoique  vaillammenc 
défendue  par  fon  Gouverneur  :  mais  il  y  mou- 
rut dans  fon  camp.  Tan  974,  âgé  de  foiàcante-qua- 
torze  ans  ^  &  la  quarante-huitie^ne  ou  quarante^ 

Bhiij 


j^a       Bibliothèque 

neuvième  année  de  fon  règne ,  félon  les  Auteurs 
Turcs  :  mais ,  félon  nos  Hiftoriens ,  il  mourut 
l'an  156e»  de  Notre-Seigneur,  le  4  du  mois  de 
Septembre ,  âgé  de  foixanterfeize  ans ,  dont  il  en 
^voit  régné  quarante  &.  fix  mois.  Sa  mort  fut 
cachée  aflèz  long-temps  ;  en  force  que  Selim , 
fon  fils ,  eut  le  temps  a  en  être  averti ,  &.  de  ve- 
nir de  Magniifah  ou  de  Magnefie  j  dont  il  étoit 
Sangiak ,  à  Conftantinople. 

Soliman  paCe  parmi  les  Turcs  pour  le  plus 
grand  I^rince  dé  la  Race  Ottomane  qu'ils  aient 
eu  jufqu  a  préfent  ;  car  ,  outre  les  vertus  mili^ 
tàires  qu'il  pofledoit  en  un  haut  degré ,  il  ëtoit 
encore  très-favant  en  Arabe ,  en  Perfien  &  en 
Turc  :  on  dit  même  qu'il  favoit  aufiî  le  Grec , 
&  qu'il  avoit  fait  traduire  plusieurs  de  nos  Livres' 
en  langue  Turquefque ,  &  entre  autres  les  Com- 
mentaires de  Céfar,  L'Auteur  de  la  Verfion  Tur^ 
quefque  du  Livre  intitulé  Anouar  Sehaïli  y  qui 
lui  eft  dédié  ,  dit ,  pour  faire  l'éloge  de  ce  Sûl-p 
tan  :  Mokhareb  memalek  Angarous  j  Mqfakker 
Ge^irat  Rodons ,  Calé  calaàt  Beligrad^  Fâteh 
Medinat  Bagdad  ^  Caher  Caherman  Bogdan  y 
Cathê  thogdt  Afrang'  v  Alaman  :  »  C  eft  lui 
qui  a  faccagé  &  ruine  la  Hongrie  ,  qui  a  pris  par 
force  l'ifle  de  Rhodes ,  qui  a  renverfé  la  fortercfie 
de  Belgrade ,  emporté  la  ville  de  fttgdad ,  qui  a 
vaincu  le  Valaque  &  le  Moldave ,  &  taillé  en 
pièces  les  Rois  Francs  &  Allemands  «. 

SOLIMAN  KHAN  BEN  IBKAHIM  KHAN;. 

c'eft  Soliman  II  pu  III  du  nom ,  fils  d'Ibrahim  , 
qMi  fut  élevé  fur  le  trpne  après  la  dépofitiçn  de 
fpn  frej-e  aîné ,  jVIabpmçî  qu-atrieRje,  Il  a  peu 


Orientale.  391 

tëcu ,  &  eut  pour  fucceifeur  Ton  autre  frère , 
nommé  Ahmed ,  fécond  du  nom ,  lequel  auffi  y 
après  un  règne  fort  court ,  eut  pour  fuccefleur  le 
Sultan  Muftapka  II  du  nom ,  fils  de  Maho^ 
met  IV ,  qui  eft  monté  fur  le  trône  dans  la  pré- 
fiante  année,  qui  eft  l'an  1107  de  rHégire,  & 
1695  de  J,C. 

r 

SOLIMAN  IMLAK,  riom  dun  Monarque; 
Préadamite. 

SOLIMAN  HIAT,  nom  dun  des  Monar- 
ques Préadaraites. 

SOLIMAN  RAAD  ,  nom  d'un  Monarc(ue 
Pféadamite. 

SOLIMAN  SCHADI ,  nom  d'un  Monarque 
IVéadaûiitç. 

SOLIMAN  SCHAH  BEN  MOHAMMED; 

nom  d  un  Sultan  de  la  dynaftie  des  Selgiucides 
dé  riran  ,  qui  porta  le  furriom  de  Moêneddin , 
&  commença  à  régner  Tan  5  5  5  de  THiégire , 
après  la  mort  de  Mohammed ,  fils  de  Mahmoud 
fils  de  Malek  Schah  fon  neveu.  II  ne  régna  pas 
un  an  entier  ;  car  Khondemir  ilé  lui  donne  tout 
au  plus  que  fix  mois  de  règne ,'  &  il  écrit  qu'il 
mourut  en  556  :  îl  eut  pour  fucceflcur  Arflan,  / 
Ben  Thogrul ,  fumommé  Aboul  Modhaffcr. 

SOLIMAN  TCHAÇHI ,  nom  d'yn  Moiwir^ 
que  Pré^^damite» 


V 


l^j       Bibliothèque 

SOLIMAN  TCHELEBI  ;  c  eft  le  nom  que 
portoic  Soliman  ,  £1$  aine  de  Baïazid  Ildirim  9 
pendant  la  vie  de  foo  .père ,  âvan4^  qu'il  régnât 
feus  le  nont  de  Soliman  ^  premier  4.\i  nom. 

SOLIMAN  VIRANI,  nom  dim  Monarque 

^Prëadamite. 

SOLOUN ,  nom  de  Solon  ^  un  des  fepc  Sages 
de  la  Grèce.  Les  Arabes  parlent  de  lui  comme 
d'un  grand  Philofophe  moral  ,  qui  a  compofé 
plujfieurs  Ouvrages  remplis  de  maximes  &  de 
lentences  qui  fervent  à  la  conduite  de  la  vie^  & 
qui  inftruifent  dans  la  pratique  de  la  vertu.  Us 
lui  attribuent  auiH  des  vers,  par  lefquels  il  excita 
le  courage  de  Tes  Citoyens  pour  combattre  vail- 
lamment contre  leurs  ennemis. 

Les  mêrties  Auteurs  le  font  aïeul  maternel  de 
Platon ,  &  ajoutent  qu'il  avoit  fait  le  voyage 
d'Egypte ,  &  qu'étant  retourné  à  Athènes  fon 
pays,  il  fut  obligé  de  le  quitter,  à  cauiè  de  la 
perfécution  que  lui  fit  un  des  Tyrans  de  cette 
ville  ;  en  forte  qu'il  mourut  en  exil  âgé  de  quatre- 
vingt-fept  ans. 

» 

SOLTHAN.  Ce  mot /qui  eft  communia  la 
langue  Chaldaïque  &  à  l'Arabique ,  &  qui  fîgnifîe 
Seigneur  j  Roi  8c  Maître,  eft  devenu  le  titre 
de  plufîeurs  Princes  dans  l'Afie  &  en  Afrique, 
&  le  nom  propre  auffi  de  quelques  particuliers. 
Son  plurier  Arabe  eft  Salathin  ;  ainfi  l'on  dit 
Salathin  Selgiouk ,  pojir  exprimer  le?  Selgîucides. 

On  dit  que  Khalaf,  fils  d'Ahmed,  Ambaffk- 
dear  du  Khalife  auprès  de  Mahmoud  Ben  Sebek« 


.    O  Rîï  E  N  T  A.;L  li  ;.  fj) 

teghin  >  fut  le  firemier  qui  donna  à  t;e  Prince  le 
titre.de  Sclthan,  qiii  lui  plut  fi  fort,  qu'il  le 
porta  toujours  depuis.  En  eâfet,.  on  trouve  tou- 
jours ce  Prince  qualifié  &  appelé  par  les  Hiftor 
riens  Solthan  Mahmoud.  .     . ,  . 

C'eft  aui&  de  /ce  mot  qu'eft  venu  par  corrup*- 
tien  celui.de  Soldant  Ae  Soudan youe  nos  His- 
toriens donnent  aux  Princes  Mameluqs  qui  oiit 
régné  en  Egypte;  &. nous. appelons  encore  au- 
jourd'hui rÈmpereur  des  Turcs,  qui  règne  à 
Conftantinople,  Z^  Sultan ^  de  même  que  l'on 
donne  le  titre  de  Schak  au  Roi  de  Perfe ,  &  de 
Khan  ou  Khakàn  aux  Princes  Tartares. 

Ce  font  donc  les  Princes  de  la  dynafiie  des 
Gaznevides,  fucceâeurs  de  Mahmoud,  qui  ont 

Ïorté  les  prentiers  le  titre  de  Sultan  :  car  les 
^rinces  des  dynafties  précédente^,  comme  lés 
Thahériens,  les  SofFafiens  &  les  Samanides,  ne 
portoient  que  le  titre  à' Emir,  qui  fignifie  Com^- 
mandant;  &  les  Princes  des  dynafties  qui  ont 
fuccédé  à  celle  des  Gaznevides,  tels  que  font  les 
-Selgiucides ,  les  Khomrezmiens  ;  &c.  :ont  tous 
pris  la  qualité  de  Sultan. 

Les  Bouides,  qui  ne  portoienc  au- commence** 
ment  que  le  titre  i*Emir,  prirent  peu  à  peu  auifi 
celui  de  Sultan  j  qaoîqu'alors  ils  ne  le  portafiênt 
pas  fimulemenc  &  absolument,  mais  avec  quel- 

Î[iie .  addition  ,  comme  Solthan  aldoulat  ^  qui 
ignifie  le  Sultan  de  l'Etat. 

SOLTHAN  \  ALDOULAT  ;  titre  ou  fur- 
nom  du  fils  ain^  de  Baha  Aldoulat ,  Prince  de  la 
^ynafiiè  des  Bouidès ,  qui  étoit  âls  d'Adhad  Al- 

4oaUt. 


SoIthan.Alâookt  avoit  deux  frères  ,  dont  Tini 

portoit  le'  no mt  de  Gelai  Aldoalat ,  &  tous  ces 

trois  Princret  tiennent  rang  dam  la  dynaftte  des 

Bouides.  Il  ëjcoit  dans  la  ville  d'Aragîan  lorfque 

fon  père  Bah^  Âldoulat  mourut  dans  la  Feiîe^ 

ou  il  fégnoit  >  &  vint ,  aufii-tôt  après  qti'il  eut 

-reçu  la  nouvelle  de  fa  mort ,  en  la  Yxiie  de 

:Schiraz  ,  ^ont  prendre    pofTeiBon   de  la   eba<r 

roone  de  rerfe;  ^  pour  contenter  fes  deux  fre^ 

res  )  il  envoya  ^elal  Aldoalat  commander  de  ià 

part  dans  la  ville  de  Bafrab^ou  Baâbrah ,  &  dans 

toute  riraque  Babylonienne  ou  Arabique,  qui 

eft  la  Chaldée  ^  &  donna  auifi  le  gouvernement 

de  la  province  de  Kermanà  Mafcnraf  Aldoulat , 

fon  autre  frère. 

Mais.oe  cadet  ne  demeura  pas  long- temps 
dans  Tobeiflance,  en  forte  que  Solthan  Aldoalat, 
fon  frère ,  fut  obligé  de  le  réduire  par  la  force 
de  fes  arnâes  à  la  raifon.  La  paix  fe  6t  enén 
entre  ces  deux^ frères  Tan  409  de  THëgire,  à 
condition  néanmoins  que  Mafchraf  Aldoulat  re- 
tiendroit  une  partie,  du  Kerman  en  pleine  fou-»- 
veraineté,  &  qu*il  feroit  hommage  &  prêteront 
le  ferment  de  fidélité  pour,  les  .autres  Etats  qu'il 
tenoit  de  lui. 

Cette  paix  ne  dura  cependant  que  )ufqu  en 
l'an  41 1  de  l'Hégire  :  car  la  guerre  fe  ralluma 
dans  cette  même  anfiée  entre  les  deux  frères , 
&  la  paix  ne  put  fe  faire  entre  eux  qu  a  con» 
dition  que  Mafchraf  Aldoulat  feroit  déclaré  Lieu- 
tenant-Général de  fon  frefô  Solthan  Aldoulat  dans 
riraque  Arabique,  fans  qu'il  put  fe  mêler  en 
aucune  manière  des  affaires  de  3a  Perfe  ni  de  l'A- 
huaz ,  &  que  ni  l'uii  ni  l'autre  de  ces  deux  Sut 


•    O  R  t  E  »  T  A  t  E.  Î95 

tans  ne  pourrait  prendre  pour  Vifîr  Ben  Sahe^ 
lan  ,  qui  ëtoit  l'auteur  de  leur  divifion ,  &  qui 
a  voit  fomenté  la  guerre  entre  eux. 

Cette  paix  ne  dura  pas  plus  lon^-temps  en 
fon  entier  q^e  la  précédente  :  "car  Solthan  Al- 
doulat  ne  fut  pas  plus  tôt  entré'  dans  la  pro«« 
vince  d^Ahua:^  &  dans  la  ville  de  Tofter  »  capî-> 
tàle  du  Kbouzifian ,  qui  eft  l'ancienne  Sufîane  ^ 
qu'il  déclara  Ebn  Sanelan  ,  qui  étoit  le  prin* 
cipal  fujet  de  leurs  différends ,  pour  fon  Vifir  ; 
&  Mafchraf ,  irrité  de  cette  infradlion  du  traité 
qu'il  avoit  fait  avec  fon  frère ,  prit  auffî-tôt  Ic^ 
armes,  &  lui  fît  la  guerre  jufqu  en  Tan  41 3* 

Cette  giierre  fut  fort  avantageufeà  Maichraf; 
car  enfin ,  par  le  trgité  qui  la  finit ,  il  demeura 
feul  maître  abfolu  de  llraque  Arabique,  &  Soir 
than  Aldoulat  fut  obligé  de  fe  contenter  de  la 
province  de  Fàrs  &  de  celle  de  ,Kcrman  ,  où  il 
vécut  paifiblement  jufqu'en  Tan  41  j  de  THégirej^ 
qu'il  finit  fes  jours  dans  la  ville  de  Schiraz^  après 
un  règne  de  douze,  ans  &  quatre  mois. 

L'Auteur  du  LebtariHb  écrit,  que.  ce  Princa 
mourut  Tan  de  l'Hégire  41 6 ,  ou ,  felôn  un  autre 
exemplaire  ,  Tan  414^  auflî  bien  que  fon  frère , 
que  cet  Auteur  nomme  $cbarf  Aldoulat.  Mais 
la  Chronique  de  cet  Auteur  y  eft  fort  embrouil- 
lée ,  p4rticuliérement  dans  cette  dynaftie  des 
èouides  ;  ce  qui  pçut  être  arrivé  par  la  diverïité 
des  exemplaires, 

Solthan  Aldpulat  eut  pour  fucce^Teur  Gelai 
Aldoulat,  fon  autre^frere ,  qui  régna  jufqu'en  Taa 
^e  IHégire  43 5 >  ^y^Pt  fucçédé  ^u^  à  fon frçrç 
Mafchraf  ÂWbuljt, 


19^      Bibliothèque 

SOLTHAN  SCHAH  BEN  CADERD  ç 

c'eft  le  fécond  Sultan  de  k  féconde  djrnaftie  de» 
Selgiucides  nommée  du  Kerman  j  qui  régna 
dans  la  Caramanie  Perfiertne ,  fous  lautorité  de 
Mdlek  Schab , .  fon  .coufin-germain  ,  troisième 
Sultan  de  la  première  dynaftie  des  mêmes  Sel* 
glucides. 

Le  reçne  de  ce  Prince ,  félon  Khondemîr,  ne 
fut  que  de  deux  années,  étant  mort  Tan  467,  & 
Caderd  fon  père  en  465. 

Mais  le  Tarikh  Khozideh ,  cité  par  le  même 
Khondemir,  lui  donne  douze  ans  ae  règne ,  qui 
finit  Tfin  477* 


\ 


\  SOLTHAN  SCHAH  BEN  IL  ARSLAN; 

,c*eft  le  quatrième  Sultan  des  Khouarezmiens ,  qui 
fuccéda  à  fon  père  II  Arflan  Tan  de  THégire 
f  67,  Il  étôit  en  fort  bas  âge  ;  de  forte  que  Me- 
ikah  Tarkhan  fa  mère ,  qui  en  avoit  la  'tutele  ^ 
gouvernoit  abfolument  fes  Etats  \  &  l'on  die  que 
cette  PrinceiTe  lavoit  fait  régner  au  préjudice 
de  fon  frère  aîné  Tagafch  ou  Tekefch ,  pour  pou- 
voir régner  elle  feule  fous  le  nom  d  un  jeune 
enfant. 

'  Tagafch,  foii. frère  aîné,  qui  demeuroit  dans 
la  province  de  Khofafan  ,  dont  il  étoit  Gouver- 
neur, ayant  appris  que  fon  cadet  étoit  monté  fur 
le  trône  par  les  intrigues  de  fa  mère ,  au  préju- 
dice de  fes  propres  droits,  écrivit  à  fon  fi-ere 
une  lettre  qu'il  lui  envoya  par  un  Exprès  ^  par 
laquelle  il  lui  demandoit  part  dans  la  fucceffion 
dll  Arflan  îeur  père.  Mais  Soltban  Schah,  qui 
âvoit  les  principale»  forces  de  TEtat  entre  fe^ 
mains ,  lui  fit  réponfe  en  vers  Perfiens  fort  f⻫ 


O  RIE  N  T  A  L  E.  59^ 

farons  ,  dans  leicfuels  il  loi  difoit ,  '  entre  autres 

chofes,  que  l'affaire  qu'ils  avoiem  entre  eux  ne 

Revoit  pas  fè  vider  par  des  leores  ni  par  des 

€ouîTiers,  mais  qu&  le  fart  dé^rai'mesladeroit 

Seulement  décidtr  :  -In^iâbé  rtjifl  v  ttÀmeh  iét^. 

neàied  kiter  t  Slcfmnjchir  âouroukk  kiàr  ïekrouUk 

koned.  Ce  dftfnie'r  *ers  fignifie  à  la  lettre*,  que 

iepée  à  deux  faces  bu  i  deux  tranchans,  don^ 

lieroit  à  leur  affaire  là  feule  face  qti'elle  devoît 
avoir,  -    .  ^  .;-•.*    .  ,:^ 

Tagafch  ayant  teçu  cette  dépêche  de  la  part 
de  fon  frerë  ;  rComm^nda  à  '  un  ide  fes  enfana 
noinmié  Melik  Schak  ^  qui  âToit  beailcoup  d'e£^ 
prit ,  de  re'pondre  aufH  en  vers  à  fon  oncle ,  di 
il  le  fit  en  termes  dont  le  fens  eft  ;  »  Vous  pof» 
fédez  de  grands^  tréfors,  &  taai  je  n'ai  qu  une 
bonne  épéé.  Vous 'logez  dans'ttn  luperbe  palais^) 
&  vous  campez  fous  aes  t^tes  ng^âgnifiques  ;  pour 
moi,  jenaîquun  cheval  6cle champ  de  bataille: 
mais  û  vous  ymilëz  que  notre'  di^rénd  fe  ter* 
mine  fans  gueit^e^  contràtez^voUis^dU' Kho^arezm^ 
&  laiflêz-moi  le  Khcrrafan  f .  '  ^ 

Solthan  Schah  répliqua  à  fon  riêveu  d'une  ma*^ 
niere  qui  ôta  toute  éfpérance  à  Tagâfch  de  poi*i 
voir  terminer  amiftblement  leiflr  différend,  Ceffi 
poul-qtioi  celuî^ci-fe  prépara  à  la  guerre ,  quoiqii* 
le  plus  foible ,  &  a]>pela  k  fon  tecouirs  le  Khanl; 
eu  Caracathaï,  c'efl^à-dire  le  Khàndes  gràndt 
Tartàrès,  &  lui  promît ,  eft  cas  qu'il  devînt  maître' 
da  KboUarezm ,  ^u*il  lui  payeroit  tous  les  ans  ijlli^ 
gros  tribut.'  »  "'     ?    *  .  ■  »*..::  m 

Le  Tartare  envoya  une  puîfTante  armée  ai? 
fecours  de  Tagafch,  fous  la  conduite  de  fon 
propre  gfenlre  ^  nommé  Caramatà.  Cette  arm^. 


\ 


J9$  B  I  B   L  I  O  T  HîE  QUE 

jointe  aux  trpupes  que  Tagafch  put  ramafi*er  ; 
encra  dans  le  Khouarezm  fans  reuftance  Fan  de 
rHégiré  ,^iSi^  &  contraignit  Solthan  Schah  d'à* 
bandonner  fon  pays  &  de  fe  <  réfugier^  à  Nifcha^ 
bour,  de  forte  qoe  Tagafch  fe  trouva  d'abord  en 
^ofleilîon  de  la  couronne  de  (es  peices.  Soltban 
dchab  cependant. ne  laiffa  pa5^  avec  le  fecours 
de  fes.voiiins,  4e.  continuer  affez  long-temps  la 

Suerre  contre  (on  frère.  Mais  il  ne.  put  jamais-^ 
epuis  ce  temps -là,  rentrer  dans  le  Khou&T 
rezm ,  &  il  fut  obligé  de  fe  contenter  de  régner 
(^n  Kborafàn  jufquen  Tan  589^  quil  mourut, 
laiiTant  Tagauh  fon  frère  en,  poâeiSon  de  tous 
fes  £tatt.    . 

SOiMEIRAH.;  c^eft  ]e  nom  d*une  montagne 
que  les  anciens  lodiens  ont  ih^giné  être  au  ron 
Ueu  de  la  terre,  derrière  laquelle  ils  croyoient 
que  le  foleil  fe  cachoit  lorfqu'il  fe  couchoit. 
.  Les  Mufulmans  groffiers ,  6t..parrticuliërement 
ceux  qui  f)e  fanteat  de. la  Géographie  que  ce  qui 
regarde  feulement  leur  pays ,  ont  imaginé  aufB 
une  autre,  mi^ntagtne ,  à  laquelle  ils  donnent  le 
nom  de  Çqf.  Mais  au  lieu  de  la  placer  au.mi^ 
Keu  de  la  terre,  comme  le^  Indie.ns ,  ils  en  font 
çpmm^  une^ ^  ceinture  de  toiit . . Ift  globe  ter- 
seftre,  &  ib.diCént  fouvent, 'principalement  dans 
Jjeurs^Hiftoisesjfabuleufes  &  rojnanefques ,  que 
Ie-fpl^il:rltar4j|jtijiu  travers  des  ouvertures  du  mont 
4e  Caf  V  4^  q^il  fe  cacha  derrière  la  même 
montagne  ;  pour  exprimer  fon  lever  &  fon  cou* 
cher. 


t  kO^ 


30NNAH  w ,  SUNNAH.  |Ce  mot  Ar^he 


Hgnifie  proprement  ce  que  les  Hëhiein;  app^H) 
lent  Mifchnah^  la  feconoe  Loi  oir:ia:i*ài  .otate  J) 
qui  n'a  point  été  écrite  par  le  Lëgiflateur ,  &  qui 
eft  feulement  t!rëe  de  ée  qu'il  a^dit  ba  fait^  '& 
eonfervée  par  tradition  de  maki:  en  inaiii  par  dieS 
peirfonnes  autoriféeSi.  ,^'ri 

Xe  plurfer  de  ce  noifn  eft  S&Aak-^'Suniti;^ 
plulieurs  Docteurs  Mufàlmans  oAt  donhé  et  tiifiS* 
k  des  Ouvrages  dans  lefquels  ils- ont  ramafTé^toui 
ce.  qui  efl;  obligatoire  &  de  précepte  dans  la  Loi 
Mululmane ,  quoiqu'il  ne  ioit  pas  expreflemënc 
commandé  dans  l'Alcoran.      -  •  *  •    p  •  'l 

Cependant  il  lîe  faiit  point  confondre  cette 
Sonnah  &  ces  Sonan .  avec  ce  que  les  •MuTùf*^' 
mans  appellent  Haiîth  &  Haundiiîf-:  car  les 
Madith  ouHaiiadîtli  ne  fofit  qde  dès  récits  hifto- 
riques  dont  la  tradition  n  eft  pi^s  fi  aiithentiqde/ 
Mais,  la  Surinali  eft.de  précepte  ^'cèjm^e'  oh  Yi 
Aé]ï  dît,  8c  fert'de  règle  &*  de'difci^Uhe  aux 
*Mufulmans.  Néanmoins  ces ^  de UÏ''<iH6ïes  fonÊ 
fouvent  confondues .  dans  les  Oiivra"*^'^  des  Mk-^ 
Iiométans  ;  caf  îî  y  en  a  plufienr^  qui  portènï 
le  titre  de  Sonen^  ocqui  ne  contiennent  qùeidè? 
Hadilk  '    -  ■  i'        ^    ^-^î 


i« 


1  .  • 

\  /^SpRAï|;*  nbm^ue  les  Mufulmans  donnenV 
à  un  temple  bu  maifon  carré  y  côaftruit  paf 
Adam  au  'liw..m.éaie,  où  Abi;aham  bâtit  depùîî 
le  .temple  dé  li  Mecque, 


mSOUAA} 'iioa  d^une^ Idole  qoe.les  MufùIiL 
Hi^ti$  difent  ^^y^t  ét^  adorée  dè^  .^  ^?<^ps  ^^ 
Patriarche;  N{>é  av^t  Je  déluge  /  fy,  ^^  la  fui^ 


■">  1 


400         BtBXtOTBEQUE 

des  temps  -mr  les  Arabes  de  It  Tribu  nommée 
des  Hûdeaiur. 

*  SOUAR;  'Ce  mot  Arabe  eft  k  plurier  de 
Soiirat ,  qui  fignifie  Imagt  &  Figure.  Les  dure* 
tiens  Orientaux  appellent  en  Arabe  le  cuké  de9 
Imac^es  qui  a  fait  tant  de  bruit  autrefois  en  Orient, 
SjQgioui  alfouar^  &  THéréfie  des  Iconochrftes 
Enkiar  al  Souar..  • 


^    ~* 


.  SOUMENAT;  nom  d'une  ville  des  Indes 
fituée  au  delà  du^  fleuve  Indus ,  fous  les  io6  de- 
grés de  longitude,  &  17  de  latitude  fepten* 
trionale. 

•  Cette  pofition  rdjpoiid  juftemeijit  à  celle  de  la 
ville  de Vifapeur,  capitale  du  royatime^e  Decan  : 
car  le  106  degré  oe  NaiEreddin  &  d'Ulug  Beg 
cft  le*  1 1 6^  des  Géographes,  mpderfies. 

La  ville  de  Soumenat  a  donné  le  nom  k  ur^ 

frande  province, qui  fut^conquife  Tan  410  de« 
Hégire ,  par  Mahmoud ,  ^Is  de  Sebektegbin  , 
premier  Sultan  des^  Gazpçvides  ;  ^  &  parce  .que 
ce  pays  étoit. rempli  de  cbofes  jrai:es  &,  curieu* 
fes,  ce  Conquérant  y  voulut' féjburner  jpen4ant 
une  année  entière ,  &  l'on  dit  même  qu'il  eût 
deflèin  d'y.  tranfporter  le  fiége  de  fon  Ennpife, 

2ui    étoit  établi   dans  la  ville'  de  '  (jâznm^  ou 
raznan.      . 

Pendant  le  temps  que  Mahmoud  demeura 
dans  cette  ville ,  on  voulut  lui  faire  voir  ce  qu'il . 
y.  avait  de  ^plus  confîdérable ,  &  pour  cet  effet 
On  le  cohdujfir  S-^kà.  danè  titi  temple  des  In- 
diens,  au  milieu  duquel  on  voyoit  une  Idole 
fufpenduè  éil  l'âir  j  &  cèttaiHe  il  la  regardoit 

avec 


O   r'  ï  E  ISf   TA   L  ï.  401 

avec  admiration ,  les  plus  habiles  de  ceux  qui 
écoient  auprès  de  lui ,  lui  firent  entendre  que 
cette  Idole  étoit  de  fer^  &  que  les  marailles  de 
ce  temple  étant  couvertes  d  aimant ,  il  étoit  fort 
naturel  que  la  Aatue ,  attirée  également  de  tous 
côtés  par  la  vertu  magnétique  de  ces  murailles, 
demeurât  ainfi  fufpendue  en  lair.  Il  arriva  en 
eflfet  que  le  Sultan  Mahmoud  ayant  ordonné  la 
démolition  de  ce  temjple,  un  dé  fes  côrés  ne  fut 
pas  plus  tôt  abattu )  que  1  Idole  fut  brifée  parle 
commandement  du  même  Sultan. 

Cette  Idole  étoit  différente  de  celle  qui  por- 
toit  le  nom  de  Sanam  Soumenar,  ï Idole  de 
Soumenat  ^  qui  étoit  l'objet  de  l'adoration  &  du 
culte  de  tous  les  Indiens ,  qui  y  fai(oient  de  fré- 
quens  pèlerinages  ;  car  celle:^.ci  étoit  de  pierre 
&  d'unie  énorme  hauteur^  quoiqu'elle  eut  la 
moitié  du  corps  fous  terre  ;  &  c  eft  du  nom  de 
cette  Idole  que  la  ville  &  la  province  avoient 
tiré  le  leur ,  félon  le  rapport  de  Khondemir  & 
du  Nighiariftan. 

L'Auteur  du  Giam^alhakaïat  dit  que  Ion  fit 
voir  dans  ce  même  pays  au  Sultan  Mahmoud 
une  mine  d'or^fi  abondante ,.  que  ce  métal  pouf- 
Toit  hors  de  terre ,  &  se'tendoît  ep  diverfes  bran- 
ches j  comme  s'il  eût  été  végétal.  Dans  ce  même 
lieu ,  ce  Sultan  apprit  que  ^  Ja  mi  des  rubis 
iiauts  en  couleur ,  appelés  vulgairement  efcarbou^ 
des  y  qu'il  cherchoit,  ne  fe  trovivoiç.  point  dans 
le  continent  des  Indes;  mais,  quelle  étoit  dans 
l'ifle  de  Serandib ,  que  nous  appelons  aujourd'hui 
Ztïlan. 

•        •  ■  ■ 

Tome  V.  C  <? 


Bibliothèque 

SOUR.  Les  Arabes  appellent  ainfi.  la  ville  «le 
Xyr,  que  les  Hébreux  prononcent  Tfour.  C'eft 
une  ville  maritime  du  pays  de  Scham  ou  de  Sy- 
rie ,  que  les  Tables  Arabiques  placent  fous  le  68* 
degré  30  minutes  de  longitude,  &  fous  le  ji* 
degré  40  minutes  de  latitude  feptentrionale ,  dans 
le  troifieme  climat. 

Cette  ville  fut  prife  par  les  Francs  Tan  581 
de  VHégire ,  &  ce  fut  en  vain  que  Saladin  s'ef- 
força de  la  reprendre  fur  eux  Tan  ^83.  Mais  le 
Sultan  des  Mamelucs  d'Egypte  1  ayant  depuis 
reprife ,  elle  fut  entièrement  démolie ,  &  elle 
ne  s*eft  point  relevée  de  fes  ruines  depuis  ce 
temps-là, 

SOUR  ASRAFIL.  Les  Arabes  appellent  ainfi 
la  trompette  de  l'Ange  nommé  par  eux  AJrafilj 
au  fon  de  laquelle  tous  les  morts  doivent  refluf- 
citer  pour  paroitre  au  dernier  Jugement. 

SOURI ,  furnom  de  Sam ,  fils  de  Houflâïn , 
Fondateur  de  la  dynaftie  des  Gaurides.  Ils  font 
tous  deux  furnommés  Ben  Souri. 

SOUZENI,  furnom  d'un  Poëte  Perfien, 
noitimé  Schamfeddin  Mohammed ,  natif  de  la 
ville  de  Samarcande  ,  &  qui  tiroit  fon  origine  de 
Selman  F?rfi ,  un  des  premiers  compagnons  & 
'aflbciés  de  Mahomet..  Il  y  a  néanmoins  des  Au- 
teurs qui  le  font  natif  de  la  ville  de  Nekhfcheb, 
:&  qui  difent  qu'après  avoir  fait  fes  études  dans 
la  ville  de  Bokhara ,  il  en  étoit  parti  pour  s'éta- 
J)lir  daas  celle  de  Samarcande  ,  où  il  mourut  ^ 


O  K  î  E  K  T  À  1  ï.  4Ô); 

âe  quatre-vingts  ans  ^  Tan  569  de  FH^gîre.    Ce 
Poëie  eft  fouvent  appelé  Hakim  Sou^eni, 

Ce  Poëtc  avoit  1  efprit  très--vif ,  oc  étoit  pajf 
conféquenc  très-agréable ,  &  très-bien  reçu  danà 
les  compagnies  ^  &.  particulièrement  dans  celles 
de  divertiuèmens  &  de  débauchés  ;  car  c  étoit  là 
principalement  qu'il  faifoit  paroîcre  Ton  bel  ef^ 
prît ,  auilî  bien  que  dans  les  difpuces  fréquentes 
qu'il  avoit  avec  ceux  de  fa  profemon,  qui  donnée 
rent  lieu  aux  reparties  ingénie ufes  qu'il  faifoit  eli 
vers  fur  le  champ. 

On  dit  que  ce  Poëte  porta  le  furnom  de  SoUr 
^eni ,  qui  ngnifîe  en  Perfîen  Faijeur  d'aiguilles , 
à  caiife  qu'il  apprit  ce  métier  pour  avoir  plus 
d'accès  auprès  d'une  fille  qu'il  aimoit^  en  faifant 
le  débit  de  fa  marchandife  :  mais  enfin  il  quitta 
tous  ces  amufemens  &  fes  débauches  ^  pour  fe 
.  donner  entièrement  a  la  piété  ,  fous  la  conduite 
de  Thenaï  ou  Tfenaï  &  dlhagi ,  Dodeurs  célè- 
bres de  ce  témps-là. 

Il  commença  cette  nouvelle  vie  par  le  pèle- 
rinage de  la  Mecque ,  qu'il  ût ,  félon  le  rapport 
de  fon  Hifterien ,  avec  une  fort  grandç  dévotion , 
&  continua  à  faire  pénitence  de  tous  fes  excès, 
dont  il  a  voulu  dçnner  un  témoignage  authen- 
tique par  un  Divan  ^  qui  contient  près  de  huit 
mille  vers  ,  où  il  emploie  tout  ce  qu'il  y  a  de 
plus  pathétique  &  de  plus  touchant  à  pleuret 
les  péchés. 

Uon  rapporte  même  qu*il  apparut  après  fa 
inort  à  un  de  fes  amis ,  &  qu'il  lui  dit  que  Dieu 
les  lui  avoit  pardonnes ,  en  vue  d*un  diilique  qu'il 
avoit  compofé  dans  la  plus  grande  ferveur  de  fa 
dévotion.  Il  dit  à  Dieu  dans  ce  diftique  :  »  Jd 

'  Ccij 


404         B  I  B  'L  I   Ô   t  M  'E\  t  E 

Vous  préfente  ,  Seieneur,  quatre  chofes  qui  né 
fe  trouvent  point  dans  vos  tréfors ,  le  néant , 
l'indigence,  fe  péch^,  &  le  regret  «.  Tchar  tchi^ 
àveraeh  em  ïa  Rabb  ,  Kih  aer  Ken^'tou  nijl  u 
Nifti ,  vehaget ,  veû:(r ,  ugunah  vèrdenem. 

Rouhi ,  Difciplé  de  ce  Poëte ,  fit  un  quatrain 
pour  pleurer  la  mort  de  fon  Maître  ,  dans  lequel 
il  fait  allufion  k  fon  furnoni  de  Sou^eni  y  &  dit  : 
»  Que  chaque  poil  de  hs  paupières  eft  devena 
une  aiguille  dans  fes  yeux ,  depuis  qu'il  ne  le  voit 
plus  ,  &  chaque  poil  de  tout  fon  corps  une 
pointe  dans  fa  chair ,  depuis  qu'il  l'a  perdu  ;  & 
qu'enfin  depuis  qu'il  ne  le  poflede  plus  ,  le  Ciel 
n'a  pour  lui  que  des  traits  de  colère  &  de  ven- 
geance. 

Entre  les  reparties  ingénieufes  de  Souzeni ,  le 
Defter  lathaïf  rapporte  celle-ci  :  Un  Poëte*, 
homme  Hakim  Lamâï ,  buvant  une  certaine 
boiflbn  fort  chaude  avec  lui ,  lui  dit  en  plaifan- 
tant  :  9  Ces.  eaux  foufrées  &  brûlantes  (  les 
Mufulmans  les  appellent  Hâmim  &  Gujac) 
qu'on  te  fera  boire  bientôt  dans  TEnfer  ,  feront 
*  encore  beaucoup  plus  chaudes  «.  Souzeni  repar- 
tit aufli-tôt  :  )9^  Je  n'aurai  aldrs  qu'à  lire  un  de 
tes  vers  ,  &  elles  devietidront  aum  froides  que  la 
glace  «. 

Le  Poëte  Faclhlî ,  qui  ëtoït  fort  laid  de  vîfage, 
entrant  un  jour  dans  une  aifemblée  de  Poètes , 
trouva  Souizeni ,  qui  avoit  alors  le  vifage  fort  en- 
flammé ,  au  fujet  d'une  difpute  qu'il  avoit  eue 
avec  un  de  Jfes  Collègues  ,  oc  lui  demanda  avec 
ctonnement,  d'où  venôit  que  fon  vifage  étôitfi 
fort  changé  f  '  Souzeni ,  ému  d  une  demande  fi 
brusque  >  lui  répondit  :  »  C'eft  qu  auffi-tôc  que 


1 


,     O  R  I  E  N  T  A  L  I.;  ifOJ 

fe  TOUS  ai  apperçu  ^  le  fouvenir  de  mes  péchés 
ma  caufé  une  extrême  confufion ,  &  ma  fait 
toagir;  &  Fadhii  lui  demandant  pourquoi  le^ 
fouvenir  de  fes  péchés  lui  étoit  venu  en  le  voyant? 
y  J  ai  craint ,  répliqua  Souzeni ,  que  Dieu ,  pour 
me  punir  y  ne  me  fit  auifi  laid  que  vous  <i. 

Gelali ,  autre  Poëte  Perfien^  qui  avoit  le  iiez 
fort  long  ,  fe  plaignit  un  jour  à  Souzeni  de  ce 
qu'il  lui  avoit  donné  dans  un  de  fes  Ouvrages  le 
iobriquet  de  Kker  ferkhom  Khaneh  ^  VAne  d& 
la  Cave ,  c*eft-à-dire  l'inftrument  qui  fert  à  faire 
^cfcendre  les  pièces  de  vin  à  la  cave  ,  que 
nous  appelons ,  par  ane  autre  métaphore  y  un 
Poulain ,  &  ajouta  à  fa  plainte  y  que  pour  lui 
il  n'ëtoit  point  vindicatif ,  &  qu'il  favoic  fuppor- 
tcr  les  injures  fans  reflèntiment.  Souzeni  lui  re- 
partit agréablement,  que  cette  difpoiîtion  de  fon 
eiprit  paroiflbit  aflezraux  yeux  de  tout  le  monde  » 
puifqu'il  pprtoit  patiemment  depuis  quarante  ans 
un  nez  aufll  long  &  auffî  incotnmode  que  1^ 
fîen  )  &  fit  quelque  temps  après  un  quatrain  fur 
ce  fujet  :  )^  Votre  nez,  d*une  longueur  déme- 
furce ,  eft  à  charge  à  un  chacun ,  parce  que  vous 
voulez  le  mettre  p^-tout  fans  difcrétion  y  &  je 
fais  de  bonne  part,  que,  quan^  vous  vous  prof- 
ternez ,  c  eft  moins  pour  fatisfaire  au?'  devoir  de 
la  Religion  y  que  pour  vous  décharger  du  poid^ 
de  ce  nez  y  qui  vous  efl  devenu  infupportable  ^ 
auifi  biçn  qu  aux  autres  <^ 

SURKHRAG*^,  nom  d'un  Dîve  ou  Géant  ^ 

Î[ui  n*étoit  point  de  la  race  des  j^omn^es ,  ni  de 
a  poftérité  d'Adam  :  car  ,  félon  le  Thamuraib 
Nameh  ^  il  commandoit  les  années  de  Solima» 

Ce  )i^ 


4o6       Bibliothèque 

Tchaghi  )  qui  régnoit  dans  le  Monde  avant  le 
temps  de  Gian  Ben  Gian  ,  qui  lui  fuccéda ,  & 

Îui  régna  fept  mille  ans ,  pendant  que  toute  li 
^rreétoit  entre  les  mains  des  Dives  ou  des  Ginn. 

Ces  Dives  ou  Ginn  n'étoien^  point  de  purs 
Efprits  ;  car  ils  avoient  des  corps  ,  &  ëtoient  fu- 
jets  à  la  mort  comme  les  hommes  ;  &  ce  fat 
après  la  mort  de  Gian  Ben  Gian,  auquel  on 
attribue  la  conftruélion  des  pjus  anciennes  pyra- 
mides d  Egypte  ,  que  Dieu  ,  irrité  contre  ces 
Dives  ,  à  caufe  de  leurs  fréquentes  rebellions, 
réfolut  de  donner  le  Monde  à  gouverner  à  une 
autre  efpece  de  créatures.  Il  créa  pour  cet  tStt 
Adam ,  &  commanda  à  ce  qui  refioit  de  ces 
Dives  ou  Ginn  dans  le  Monde ,  de  fe  foumet* 
tre  à  lui. 

Eblis  j  le  Chef  des  Ginn ,  &  celui  que  nous 
appelons  Lucifer ,  refufa  de  fe  foumettre  à  Adam, 
comme  l'on  petit  voir  dans  fon  titre  particulier. 
Mais  Surkhrag' ,  duquel  nous  parlons ,  obéit  à 
Dieu ,  &  rendit  (on  hommage  à  ce  premier  père 
des  hommes  ]  il  embraffa  même  fa  Religion  & 
fa  Loi,  &  le  défendit  toujours  contre  les  infultes 
de  ces  Ginn ,  qui  étoient  par  leur  défobéiCance 
devenus  Diables ,  auffi  bien  qiiEblis  leur  Chef. 

Après  la  mort  d'Adam ,  5épth  fon  fils  étant 
devenu  le  Monarque  des  hommes  &  le  fouve- 
rain  Pontife  de  la  Loi  de  Dieu ,  Surkhrag' ,  imbu 
des  inftrudions  qu'il  avoit  reçues  d'Adam ,  n'eut 
pas  de  peine  à  fe  ranger  à  fon  fervice ,  &.  à  faire 
profeffion  de  fa  Religion  ;  &  ce  fut  au  tempsde 
ce  Patriarche ,  ^ue  Caïumarrath ,  premier  Roi  de 
rOrient ,  commença  à  régner  dans  l'Iran. 

Sarkhrag  ,  qui  régnoit  alors  dans  la  montagne 


Orientale.  '40f 

de  Caf,  entretint  toujours  bonne  correfpondance 
avec  Caïumarrath  ,  auiK  bien  qu'avec  Seth ,  & 
empêcha  que  fos  Aijets  les  Dives ,  qui  l'avoienc 
fuivi  ,  Se.  qui  a'étoient  pas  devenus  Diables 
comme  ceux  du  parti  d'Eblh ,  &  qui  cependant 
ne  valoient  guère  mieux,  ne  Us  moleftaflent ,  ni 
eux ,  ni  leuri  fujets.  Il  fit  pTus  ;  car  il  pria  Seth 
de  lui  donner  Rokhaïl ,  furnommé  Ben  Aiam  > 
fils  d'Adam ,  homme  grand  &  verfé  dans  toutes 
fortes  de  Sciences ,  pour  gouverner  fous  lui  fes 
Etats ,  &  faire  la  fonoion  de  fon  premier  Minîftre. 


CciT 


4oS       Bibliothèque 


T 


^ 


ABICOUN ,  mot  Arabe  corrompu  du  mot 
Grec  Typiccn.  Ceft  ainfi  que  les  Chrétiens 
Orientaux ,  tels  qu'Ebn  Batrik  &  autres ,  ap- 
pellent la  Règle  que  Mar  Saba ,  ou  Saint  Sabas  » 
donna  à  fes  Moines. 

TABIR  &  TABIR  ALROUI AH  ;  l'Expli- 
cation des  fonges.  Les  Mufulmàns  font  fort  fu- 
Ferflitieux  fur  le  fujet  des  fonges;  ceft  pourquoi 
on  trouve  parmi  eux  un  grand  nombre  de  Livres 
qui  traitent  de  leur  explication. 

Ils  attribuent  plufieurs  de  ces  Traites  aux  an* 
ciens  Philofophes ,  comme  à  Platon ,  k  AriAote , 
à  Euclide  &  à  Galien ,  &  il  y  en  a  même  un  qui 
porte  le  titre  à'OJfoul  Danialj  comme  fi  le  Pro- 
phète Daniel  en  étoit  TAuteur. 

TABOUT.  Ce  mot  Arabe  fignifie  propre- 
ment un  cofTre  de  bois ,  &  fe  prend  dans  fon 
ufage  le  plus  ordinaire,  pour  la  bière  d'un  mort. 
Cependant  les  Mufulmàns  donnent  auffi  ce  nom 
k  l'arche  d'alliance  des  IfraëHtes ,  fabriquée  par 
Moïfe ,  à  laquelle  ils  donnent  encore  un  nom 
plus  relevé,  en  l'appelant  fouvent  Cobbat  ali^a- 
man ,  ï Arche  du  temps  ,  nom  par  lequel  ils  ont 
voulu  traduire  le  mot  He'breux  Aron  haêdat , 
qui  fignifie  Y  Arche  du  témoignage  ^  à  caufe  que 
le  mot  Edah  peut  fignifier  également  le  temps 
&  le  te'moîgnage. 

Lt^  Mufulmàns  difent  que  cette  arche  fut  en- 


Orientale.  409 

voyee  toute  faite  de  la  part  de  Dieu  à  Adam  ,  &. 
qu  elle  avoit  été  tranfmife  de  main  en  main  & 
de  Patriarches  en  Patriarches  jufqa*à  Moïfe»  Ils 
difent  auflî  que  les  portraits  de  tous  les  Pro- 
plietes  qui  dévoient  paroitre  dans  la  fuite  des 
temps ,  y  étoient  çoniervés. 

TABRIZ  ^  nom  d'une  ville  que  nous  appe- 
lons vulgairement  Tauris  j  capitale  de  la  pro- 
vince d'Adherbigian  ,  qui  fait  partie  de  Tancienne 
Médie.  Les  Tables  Arabiques  de  Naffireddin  & 
d'UUig  Beg  lui  donnent  %i  degrés  de  longitude 
&  38  degrés  de  latitude  feptentrionale. 

L'on  attribue  la  fondation  de  cette  ville  à  Ze- 
bcidah ,  femme  de  Haroun  Al  Rafchid  ,  cin- 
quième Khalife  de  la  Race  des  Abbailides ,  qui  la 
fit  bâtir  Tan  de  l'Hégire  175. 

L'an  244  de  la  même  Hégire  ,  fous  le  Khali- 
fat  de  Motavakkel^  le  dixième  des  Abbaffides^ 
un  tremblement  de  terre  ^  qui  fut  général  dans 
toute  TAfie ,  la  ruina  prefque  entièrement  :  mais 
elle  fut  rétablie  fous  le  règne  du  même  Khalife. 

Sous  le  règne  de  Caïm ,  vingt-fixieme  .Kha- 
life de  la  Race  des  Abbaffides ,  Ahoyi  Thaher , 
célèbre  Aftronome  de  Schiraz ,  fe  trouvant  dans 
la  ville  de  Tauris,  en  dreflk  l'horofcope,  &  prédit 
que  le  Vendredi,  quatrième  jour  du  mois  nommé 
S qfar ou  Sefer  par  les  Arabes ,  Tan  4i }  de  THé- 
gire ,  entre  l'heure  de  vêpres  &  celle  du  coucher^ 
un  autre  tremblement  de  terre  la  devoir  ruinci: 
entièrement. 

Ce  funefte  accident  arriva  à  point  nommé  ^ 

fuivant  la  prédiélion  d'Abou  Thaher,  &  fes  habi- 

ans  furent  enfevelis  dans  fes  ruines  au  nombre 


/ 


4IO       Bibliothèque 

de  plus  de  quarante  mille  ;  car  il  n*y  eut  que 
ceux  qui  ea  étoient  fortis  fur  la  foi  de  TAflro- 
logue ,  qui  échappèrent  à  ce  grand  malheur. 

Le  même  Abou  Thaher  a  laiiTé  par  écrit  j 
dans  fon  Sefer  Nameh  ou  Itinéraire ,  qu'ayant 
choifi,  l'an  435  de  l'Hégire,  un  temps  propre 
pour  rebâtir  cette  ville ,  &  pris  lafcendant  da 
Icorpien  pour  en  jeter  les  premiers  fondemens , 
il  dit  aux  habitans  :  »  Je  vous  réponds  préfen* 
tement  du  tremblement  de  terre  ,  mais  non  pas 
de  l'inondation  ^.  En  efFet  l'Auteur  du  Nighia-^ 
rifian ,  qui  a  édrit  après  l'an  810  de  THégire  » 
remarque  que  la  ville  de  Tauris  n'avoit  fouffert 
jufqu'à  fon  temps  aucun  tremblement  de  terré 
considérable  depuis  fon  rétabliflèment  de  Tan 
4J4  0U  455. 

L'an  795  de  l'Hégire,  Tamerlan  prit  8t  fac- 
cagea  la  ville  de  Tauris  fur  le  Sultan  Ahmed 
Ben  Scheïkh  Avis ,  de  la  race  &  dynaftie  nom- 
mée Ilekhanienne  ,  qui  l'avqit  abandonnée ,  fur 
la  nouvelle  qu'il  avoit  eue  que  Tamerlan  s'eit 
approchôit. 

Cette  même  ville  fut  auffi  prife  par  Soliman  y 
l'an  955  de  THégire,  furSchah  Thamasb,  Roî 
de  Perfc,  qui  en  avoit  fait  jufque-là  fa  ville  ca- 
pitale, &  qui  fut  obligé  par  cette  prife  de  tran& 
férer  fon  fiége  royal  dans  la  ville  de  Cazbin. 

L'aa  991 ,  Morad  Ben  Selim ,  qui  eft  Amurac 
troificme ,  Sultan  des  Turcs ,  reprit  la  même 
ville  que  Soliman  avoit  abandonnée ,  Se  le  Oéné-* 
rai  de  fon  armée  ,  '  nommé  Ùfman  Pafcha ,  y  fit 
fortifier  le  château  avec  une  fî  grande  diligence  y 
ue  Mohammed  Khodabendeh ,  TAveugle  ,  Roi 
c  Perfe ,  après  avoir  battu  les  Turcs  ,  ne  pNt 


3: 


Orientale.  4x1 

jamais  néanmoins  s'en  rendre  le  maître  ,  &  fat 
obligé  de  la  laiiTer entre  leurs  mains:  mais  les 
Perlans  s'en  étant  rendus  depuis  les  maîtres ,  y 
font  demeurés  paifibles  ,  en  vertu  des  traités 
qu  ils  ont  faits  avec  les  Turcs.  Nos  Voyageurs 
modernes  parlent  fi  amplement  de  la  ville  de  / 
Tauris  dans  leurs  Itinéraires ,  qu'il  n'eft  pas  be« 
foin  d  en  dire  ici  davantage. 

TACALHAIM ANOUT  ,  mot  Ethiopien  ; 

?ui  (ignifie  ,  félon  l'Interprétation  des  Arabes 
chrétiens ,  Ferdous  Althalouth ,  le  Paradis  de  la 
Trinité.  Ce  mot  eft  devenu  le  nom  propre  d  un 
faint  Ferfonnage  ,  Père  ou  Abbé  aes  Moines 
Abiffins. 

Il  étoit  Juif  d'origine ,  &  defcendoît ,  félon  la 
Tradition  des  Abimns  ,  de  Sadok ,  le  grand  Prê- 
tre ,  qui  vivoit  du  temps  de  David  &  de  Salo- 
mon ,  &  il  fe  joignit  avec  Salamah  ,  Evêque  ^ 
envoyé  par  Saine  Athanafe  en  Ethiopie,  pour 
enfeigner  à  ces  peuples  la  néceilité  du  baptême; 
car  jufqu'à  ce  temps-là  ,  les  Ethiopiens  n'avoient 
pratiqué  que  la  circoncifion. 

La  Vie  de  ce  Saint  fut  envoyée  à  Gabriel, 
quatre-vingt-quinzième  Patriarche  d'Alexandrie, 
par  Claudious  Roi  des  Abiflins ,  &  elle  fe  trouve 
dans  la  Bibliothèque  du  Roi ,  n^.  y  ^6 ,  fous  le 
titre  de  Saïrat  Al  Ab  Al  Thaoubani  Tacalhaï- 
manout. 

On  fait  la  fête  de  ce  Saint  dans  TEgHfe  des*' 
Cophtes  en  Egypte ,  le  24  du  mois  de  Mefri , 

Îui  correfpond  au  mois  d'Août  du  Calendrier 
ulien. 


411  ,    Bibliothèque 

TACASCH,  TEKESCH  &  TOCUSCH 
KHAN  ;  c  eft  le  nom  ou  furnom  d*Alaeddin  Ben 
Il  Arflan  ,  frère  aîné  de  Soithan  Schah. 

Ce  Prince  eft  le  cinquième  Sultan  de  la  dj« 
naftie  des  Khouarezmiens ,  &  celui  dont  la  va- 
leur, la  juftice  ^  la  libéralité  méritèrent  les  éloges 
que  tons  les  Poètes  lui  donnèrent*  Refchidi,  entre 
autres ,  lui  adreiTa  ce  quatrain ,  qui  efl  plutôt  une 
inftruÂion  qu'une  louange  ;  car  il  Ini  dit  que 
fon  aïeul  ayant ,  par  fa  Sévérité ,  exterminé  de 
feâ  Etats  l'in juftice  ,  &  fon  nere  ayant  réparé, 

Ear  fon  équité  &  par  fa  modération ,  routes  les 
rechès  &  refermé  toutes  les  plaies  que  le  règne 
S  recèdent  avoit  ouvertes,  il  falloit  qu'il  confia 
érât  quelle  vertu  il  vouleit  faire  éclater  pen- 
dant le  fîen ,  qui  fût  digne  de  la  grande  puif- 
fance  que  Dieu  lui  avoit  donnée. 

L'an  3  8^  de  l'Hégire  ,  Tacafch ,  qui  fouÔroit 
impatiemment  qne  fon  cadet  occupât  le  trône 
des  Khouarezmiens  ,  fur  lequel  il  avoit  de  juftes 
prétentions ,  comme  étant  l'aîné ,  entreprit  la 
conquête  du  Khorafan.  Soithan  Schah  ,  au  lieu 
de  s'oppofer  à  l'armée  de  fon  frère ,  crut  qu'il  lai 
ét.oit  plus  avantageux  d^entrer  d'un  autre  côté 
dans  la  même  province  ,  &  que  cette  diver£on 
l'obligeroît  à  quitter  fon  entreprife. 

Le  même  Soithan  Schah  repaya  enfuite  da 
Khorafan  en  Khouarezm ,  &  vint  mettre  le  fiége 
devant  la  capitale  de  cette  province ,  qui  s'étoic 
*vdéclarée  en  faveur  de  fon  frère  :  mais  les  habitans 
We  cette  ville,  qui  étoît  très-peuplée  ,  s'étonnè- 
rent û  peu  de  le  voir  fous  leurs  murailles ,  qu'ils 
tinrent  toujours  leurs  portes  ouvertes  en  fa  pré- 
fence  ;  de  forte  qu'ayant  reçu  aufti  l'avÀ  que 


Oriental  e.  41  j 

Tacafch ,  fon  frère ,  ravageoiit  fous  tes  dehors  de 

la  ville  de  Merou ,  qui  ëcoic  pour  lors  la  capitale. 

du  Khorafaft,  &  qu'il  fe  prëparoit  à  en  faire  le 

ûége  ,  il  quitta  celui  de  Kbouarezm ,  qu'il  aroic 

commencé  ;  &  prenant  feulement  avec  lui  cinq 

cents  cavaliers  choifis  encre  les  plus  braves  de 

fon  armée  ,  il  vint  en  Kkorafan  ,  &  paiTant,  à  la 

faveur  de  la  nuit ,  au  milieu  dé  Y^ritiée  de  fott 

frère ,  entra  hetir eufement  dans  Merou  :  il  releva 

ainfî  le  courage  des  habitans,  qui  ëtoient  dëjà 

fore  confiâmes  *paf  les  attaques  de  Tacafch  & 

par  fon  abfence. 

Tacafch  ayant  appris  que  fon  frère  ëtoît  entré 
dans  Merou ,  leva  auffi-tôt  le  piquet  j  &  tourna 
bride  du  côte  de  Schadbag ,  qu'il  aâiëgea  dans  les 
formes.  Sangiar  Schah  ,  qui  commandoit  dans 
<:ette  place  ,  fe  défendit  vaillamment  pendant 
^eux  mois  entiers  ;  mais  enfin  il  fut  obligé  de 
fe  racheter  lui  &  fa  place  ,  pat  une  grofle  fomme 
d'argent  qu'il  promit  â  Tacafch ,  lequel  fe  retira 
en  'même  temps  dans  le  Khouarezm,  &  remit 
fon  entreprife  fur  le  Khorafan  à  un  temps  plus 
favorable. 

Ce  Prince  ne  fut  pas  plus  tôt  arifivédâns  fea 
Etats ,  qu'il  envoya  quelques-uns  defes  principaux 
Officiers  à  Schadbag,  pour  traiter  de  la  paix  avec 
fon  frère ,  &  pour  recevoir  du  Gouverneur  la  fom- 
me qui  lui  avoit  été  pronlife  :  iifiais Sangiar  lui  man- 
qua de  parole  ,  &  retint  prifonniers  les  Ambaifa- 
deurs ,  qui  ne  recouvrèrent  leur  liberté  qu'ftprès 
que  la  paix  fut  conclue  entre  les  deux  frètes* 

Cette  paix  fut  de  peu  de  durée  ;  car  dès  l'an 

583,  Tacafch  Khan  ne  pouvant  tirer  raifon  ^  ni 

'  4e  fon  frère ,  ni  de  Sangiar ^hah  qui  étoitfoa 


414       Bibliothèque 

b«au-frere ,  vint  aifiéger  de  nouveau  la  ville  &  le 
château  de  Schadbag  ,  où  Menkeli  Beg ,  le  pins 
riche  Seigneur  du  pays  j  fe  trouvoit  enfermé 
avec  Sangiar  Schah.  Tacafch  mena  ce  âëge  fore 
vivement  ^  de  forte  que  ces  deux  Seigneurs  fe 
trouvant  fort  prefles ,  furent  obligés  davoir  re- 
cours à  la  médiation  des  Imans  de  la  Se<5le  d'Ali, 
qui  avoient  pour  lors  une  grande  autorité  dans 
le  pays ,  pour  obtenir  une  bonne  compofition. 
Les  articles  de  la  capitulation  que  Tacafch 
leur  accorda ,  portoient,  entre  autres  chofes ,  que 
la  place  demeureroit  en  fon  entier  fous  fon  obéif- 
fance  ,  &  les  habitans  confervés  dans  la  poflèf- 
fion  de  tous  leurs  biens  &  franchifes.  Sangiar 
Schah  devoit  recevoir  de  Tacafch,  fon  beau-frere^ 
toutes  fortes  de  bons  traitemens.  Mais  pour  Men- 
keli Beg  ,  qui  avoit  confeillé  à  Sangiar  Schah 
dl'ufer  envers  Tacafch  de  mauvaife  f^i ,  &  qui 
d'ailleurs  n'avoit  amaifé  fes  grands  biens  que  par 
les  grandes  extorfions  qu'il  avoit  faites  fur  les 
peuples  du  Khorafan,  il  devoit  être  obligé  da 
rendre  compte  du  maniement  des  finances  qu'il 
avoit  eu. 

Cette  capitulation  ayant  été  fîgnée  de  part  & 
d'autre  )  on  mit  auffi-tôt  Menkeli  Beg  entre  les 
mains  d'une  Chambre  de  Juftice  ,  qui  fut  com- 
posée des  /principaux  Officiers  du  pays ,  &  ces 
.  Commiflaires,  après  l'avoir  examiné,  queftionné 
.  &  condamné  à  de  grofles  amendes  ,  le  renvoyè- 
rent au  jugement  du  fouverain  Iman  Fakhreddin 
Ben  Abdalàziz ,  qui  le  condamna  à  mort ,  en  ré- 
-  paration  du  meurtre  qu'il  avoit  autrefois  commis 
,en  la  perfonne  de  l'iman  Abou  Sâid ,  fon  fils. 
Après  la  prife  de  la  ville  de  Schadbag ,  Tacafch 


Or  t  en  T  Al  1;  4T5 

conquît  tout  le  pays  jufqu'à  la  ville  de  Nifcha- 
bour ,  dont  il  fe  fendit  auflî  le  maître.  Il  y  éta- 
blit pour  Gouverneur  Malek  Scbah  ,  fon  fils  ,  & 
ayant  pacifié  toutes  chofes  dans  le  Khorafan  ,  il 
reprit  la  route  du  Khouarezm. 

.  L'an  588  de  l'Hégire,  Tacafch  fut  obligé  de 
marcher  à  la  tête  de  ion  armée  vers  Tlraque  Per- 
fienne ,  en  faveur  de  TAtabekKezd  Kizil  Arflan  ^ 
fils  d'Ildighiz ,  qui  s'étoit  brouillé  avec  Thogruï , 
Sultan  des  Selgiucides  :  mais  il  ne  fut  pas  plus 
tôt  arrivé  dans  ilraquç,  qu'il  trouva  la  paix  faite 
entre  ces  deux  Princes.  Cette  nouvelle  le  furpric 
fort,  car  il  prétendoit  tirer  quelque  avantage  de 
'la  divifion  furvènue  entre  eux  :  c'eft  ce  qui  le 
porta ,  afin  que  fon  voyage  ne  lui  fût  pas  entiè- 
rement inutile  ,  à,  fe  faifîr ,  en  paflant ,  de  la  ville 
de.Reï  &  du  château  de  Tabrek  ,  &  dy  laifler 
des  troupes  fous  1^  commandement  de  Tamgag% 
un  des  principaux  Officiers  de  fon  arinée ,  avant 
que  de  retourner  en  Khoiiarezm. 

L'année  fuivante ,  Tacafch  marcha  derechef  vers 
Je  Khorafan,  pour  terminer  de  noijiveaux  dif- 
férends qu'il  avoit  avec  Soltan  Schah  ,  fon  freré  ^ 
au  fujet  des  limites  de  leurs  Etats ,  &  il  ne  fut 
pas  plus  tôt  arrivé  dans  le  territoire  de  la  vill« 
d'Abiurd ,  que  le  Gouverneur  de  cette  place 
&  de  toute  la  province  de  Sarakhs ,  qui  faifoît 
partie  des  Etats  de  Solthan  fchah  ,  vint  au  devant 
de  lui,  lui  prêta  ferment  de  fidélité,  &  le  porta 
à  faire  diligence ,  pour  furprendre  fon  frère  avant 
[u'il  pût  fe  mettre  en  défenfe.  Mais  k  nouvelle 
le  fa  mort  étant  arrivée  dans  cette  conjoncture  , 
Tacafch  fe  rendit ,  fans  coup  férir,  maître  abfolu 
de  toute  la  grande  province  du  Khorafan. 


a; 


4ï6  B  I   B   L   I   O   TU   FT  Q  tl   E 

Tacafch  fe  trouvant  ainfi  en  pleine  {K>flè£oji 
de  tous  les  Etats  que  fes  pères  avoient  pofledés , 
fous  le  nom  &  le  titre  des  Sultans  Khouarez* 
miens ,  voulut  donner  le  gouvernement  des  pro- 
vinces de  Sarakhs  &  de  Merou  à  Mohammed 
Cothbeddin ,  fon  fils  :  mais  Malekfchah ,  frère 
de  Mohammed ,  qui  avoit  reçu  de  fon  père  celui 
de  Nilchâbôur,  le  lui  demanda,  &  1  obtint  en 
remettant  le  fîen  à  fon  frère  Mohammed  :  nniis, 
quelque  temps  après ,  Mohammed  vQuIdat  s'at- 
tacher à  là  perfonne  de  fon  père ,  abandonna  fon 
gouvernement  à  Malek  Schah,  qui  devint  par 
cette  démiflîon  Gouverneur  de  tout  le  Khorafan, 
fous  les  ordres  de  Tacafch. 

L'an  590  le  Sultan  Tacafch  ayant  appris  la 
mort  de  Tamgag  ,  quil  avoit  laiffé  pour  Com- 
mandant dam  la  ville  de  Reï  &  dans  le  fort  châ- 
'  teau  de  Tabrek  ,  &  que  .  Thogrul ,  le  Selgiu- 
cide,  avoit ,  après  fa  mort,  rompu  le  traité  qu'ils 
avoient  fait  enfemble,  entra  dans  Tlraquc  Per- 
lîenne  avec  une  puiflànte  armée,  défit  le  Sultan 
Thogrul  en  bataille  rangée ,  &  joignit  à  fes  Etats 
tout  ce  que  ce  Sultan  poifédoît  er\  Afie.  Ce  fut 
aînfi  que  finît  la  dynaftie  des  Selgiucides  de 
riran ,  par  la  défaite  &  par  la  mort  de  Thogrul 
Ben  Arflan,  qui  en  fut  le  dernier  Sultan. 

Tacafch',  après  avoir  fait  cette  grande  con- 
quête ,  donâa  le  gouvernement  dlfpahan  k  Ki- 
ligh,  dit  Inang  ou  Enbaneg' ,  fils  de  l'Atabek 
Ildighiz ,  avec  lequel  il  avôit  toujours  entretenu 
Une  étroite  intelligence  contre  les  Sultans  SeU 
glucides  de  l'Iran  r  mais  il  donna  le  gouverne- 
ment de  toutes  les  autres  villes  diè  Ilraque,  dont 
Rej[  étoit  pour  lors  la  câpit<ile ,  à  fon  troifîeme 

fils. 


O  R  I  E  I^  T  A  t  1.  417 

fils ,  nommé  lounoskhan  j  &  alla  paiTer  l'hi- 
ver dans  le  Khouarezm ,  qu'il  regardoîc  toujours 
comme  le  fiege  royal  de  fon  Empire. 

Mais  aufn^tôt  que  le  printemps  fut  venu ,  quel* 
ques  mouvemens  que  le  Khan  de  Saganak  avoic 
£iics  dans  la  Tranfoxane ,  l'obligèrent  de  fe  met- 
tre en  campagne.  Ce  Khan  nVut  pas  plus  tôt. 
tfppris  la  marche  de  Tacafch ,  qu'il  vint  en  per- 
fonne  au  devant  de  lui  pour  obtenir  la  paix  :  le 
Sultan  la  lui  accorda  à  la  prière  des  principaux 
Seigneurs  de  fa  Cour ,  &  rfevint  auflî-tôc  fur  fes , 
pas  dans  fa  capitale. 

Dan^Jemême  temps  ^  MalekSchah  étant. vcmi. 
à  la  Cour  de  fon  père  ;  &  ay^nt  laiifé  Arilah 
Schah ,  fon  âls,  pour  commander  dans  le  Kho- 
rafan  pendant  fon  abfence ,  Sangiar  Schah^  beau-* 
frère  du  Sultan  ,  duquel  il  a  déjà  été  parlé  ,  fol- 
lidté  par  quelques  efprits  brouillons  fy,  féditieux, 
de  profiter  de  cette  occafion,  &  d'occuper  une 
place  qui  fembloit  être  vacante  par  l'abfence  d« 
MalekSchah  ,  entra  malheure ufe ment  dans  une 
cabale ,  qui  tramoit  une  conjuration  dangereufe 
contre  le  Sultan.  Mais ,  à  peine  avoit-il  donné 
fon  confentement  à  ces  fadtieux ,  que  Tacafch  , 
qui  en  avoit  été  averti,  lui; manda  de  le  venir 
trouver  en  diligence. 

Sangiar  Schah ,  qui  n'avoit  encore  rien  entrer 
pris ,  &  qui  par  conféquexit  n'appréhpndoit  rien , 
obéit  ponéluellement  aux  ordres  qu'il  avoit  reçus 
de  la  part- du  Sultan  :  mais  il  ne  fut  pas  plus  tôt 
arrivé  à  fa  Cour,  qu  on  lui  fit  perdre  la  vueA  la 
liberté  y  &.  l'on  fit  avorter  :par  ce  moyen  tous  fes 
deiîeins.  Ileftvrai  queTacafoh  lui  rendit,  quelque 
temps  après ,  fa  liberté;^.à  la  pnere  de  fa  foeauu: ,. 

TcmcK.  Dd 


3 


4t8         BlBLIOTREQI^K 

que  Sangiar  Schah  avoit  époufée  ;  mais  il  fut 
obligé  de  fe  contenter  des  groiTes  penfîons  que 
le  Sultan  lui  faifoit  payer ,  pour  le  confoler  dans 
fa  difgrace. 

Il  arriva  auifi  prefoue  dans  le  même  temps , 
a  lounos  Khan  ,  fils  de  Tacafch ,  qui  comman- 
oit  pour  lui  dans  Tlraque,  tomba  malade,  & 
ne  pouvant  trouver  aucun  fouWement  à  fon  mal 
dans  la  ville  de  Reï ,  où  il  faiioit  fa  réfidence  , 
il  prit  la  rëfolution  de  changer  d*air  ,  &  paâk 

f^our  cet  effet  d^ns  la  province  de  Khorafan. 
1  lailia ,  en  partant  ^  pour  fon  Lieutenant  dans 
cette  province ,  Miagen  ,  fur  lequel  il  fe  confioit 
beaucoup,  mais  qui  étoit  ennemi  fecret  dlnang' 
r Atabek ,  Gouverneui*  dlfpahan  &  confident  du 
Sultan  Tacafch. 

lounos  Khan  ne  fut  pas  plus  tôt  hors  de  fon 
gouvernement  de  Tlraque ,  que  le  Khalife  Naf- 
1er ,  qui  fouffroit  avec  peine  que  les  Khooarez- 
miens  s'approchafiènt  fi  fort  de  fes  Etats,' envoya 
fes  ordres  à  Ben  CaiTab  ,  fon  Vifir ,  d  entrer  avec 
une  forte  armée  fur  les  terres  dlounos  khan. 
L' Atabek  Kiligh  Inang' ,  qui  ëtoit  des  meilleors 
amis  &  des  plus  fidèles  ferviteurs  de  Tacafch  y 
n'eut  pas  plus  tôt  iippris  le  mouvement  de  l'ar* 
mée  du  Khalife  ,  qu'il  marcha  en  perfonne ,  & 
joignit  fes  troupes  à  celles  de  Miagen ,  pour  dë« 
fendre  Tlraque  contre  Tinvafion  de  Ben  Cafilib. 
Mais  l'armée  de  l'Atabek  ne  fut  pas  plus  tôt 
jointe  à  celle  des  Khouarezmiens ,  que  Miagen , 
piqué  de  jaloufie ,  fe  faifit  de  fa  perfonne  &  lui 
fit  couper  la  tête ,  qu'il  envoya  auffi-tôt  à  Ta- 
cafch, en  lui  faifant  favoir  qu'il  avoit  été  obligé 
dei  faire  faire  cette  exécution  ^  parce  qu'il  avoic 


ÔitÉNtAtï.  4t^ 

découvert  qu'il  ti'ahiffbit  fon  parti ,  &  qu*il  étoit 
d'intelligence  avec  le  Khalife. 

.  Tacafch  reconnut  bientôt  l'artifice  de  Miagen , 
&  commença  à  craindre  que  ce  General  ne  le 
trahit  lui-même  :  cependant  il  ne  fit  rien  paroi-* 
tre  pour  lors  qui  pût  faire  croire  à  Miagen  qu'il 
le  tenoit  pour  fufpedl  :  mais  il  partit  en  grande 
diligence  pour  venir  combattre  Ben  CaiTab ,  le- 
quel mourut  jugement  dans  le  temps  que  la 
bataille  fe  devoit  donner  entre  Tarmëe  du  Kha^. 
life  &  celle  des  Khouarezmienâ* 

La  mort.de  Ben  CafTab  n'empêcha  pas  qu'elle 
ne  fût  donnée  ;  car  Ton  tint  fa  mort  fi  fecrete 
dans  l'armée  du  Khalife  »  que  Tacafch  même 
nen  eut  aucun  aviS;  &  qu'il  ne  l'apprit  qu'après 
lavoir  défait  ;  &  cette  vidoîre,  que  Tacafch. 
remporta ,  obligea  le  Khalife  NafTer  d'entrer  en 
compoiicion  avec  lui  ^  &  de  le  laifTer  paifible 
potfefleur  d^  l'Iraque.  Mais  avant  que  de  retirer  . 
les  troupe»  du  pays  ^  il  voulut  avoir  h  tête  de 
Ben  CaiTab ,  qu'il  envoya  ert  Khouarezm  pouc 
trophée  de  fa  yiétoire  ^  &.  il  dépoiféda  enfuité 
Miagen  de  fon  gouvernement^  pour  avoir  fait 
niourir  fans  fujet  TAtabek  fon  ami  Ce  même 
Miaget;  ayant  voulu  quelque  temps  après  remiuer  . 
dans  llraque  ,  on  fe  faifit  de  fa  perfonne  &  on 
liii  âr  paifer  le  refte  de  fa  vie  en  prifon^ 

L'an  de  VHégire  59.3  >  Malek  Schaii ,  fiU  de 
Ticafcli ,  Gouverneur  en  chef  de  tout  le  Khora^ 
fan  ^  étant  mort  ^  Tacafch  pourvut  fon  autre  iils 
Mohammed  Cothbeddin  de  ce  gouvernement , 
'  fit  lui  donna  pour  fbn- Vifîr  Saéz  eddin  Mafibùd , 
qui  fut  furnommé  Naiharti  Al  Molk  >  auât  bien . 

Ddij 


^20  BlBLIOTHEQ.UE 

que  le  fameux  Vifir  dç  Malek  Schah   le  Sel- 
giuctde. 

La  viéloîre  que  Tacafch  avoit  remportée  fur 
Tarmée  du  Khalife ,  lui  donna  occafion  de  purger 
la  province  d'Adherbigian  d'une  partie  ae  ces 
Ifmaélîens  ou  Aflaflîns,  qui  y  occupoient  plu- 
fieurs  châteaux  &  places  fortes  :  il  les  chaflk 
d'abord  du  château  nommé  Arjlan  kufchaï ,   & 
les  contraignit  de  fe  réfugier  dans  celui  de  Calâac 
Almour ,  qui  iion  leur  principale  forterefle  ^  qu'il 
né  trouva  pas  à  propos  d'attaquer  j  &  donna , 
avant  que  de  partir, le  gouvernement  dé  Tlraque 
Perfïenne  à  un  troifieme  de  fe$  enfahs ,  nommé 
Tageddin  Ali  Schah.  "^     ^    *  •' 

'  Ce  Sultan  ayant  appris  depuis,  que  le  Vifir 
Nadham  Almolk ,  qu'il  avoit  donné  àfon  fils  pour 
Chef  de  fes  confeils ,  avoit  été  tué  par  ces  mêmes 
Ifmaéliens  ou  Aflaffins  qui  faifoiem  leur  retraite 
dans  le  château  de  Tarfchiz ,  il  envoya  fes  ordres 
à  Cothbeddin  Mohammed,  fon  fils,  Gouver- 
neur du  Khorafan ,  d'en  faire  le  fiége  *&  d'exter- 
nliner  entièrement  la  race  de  ces  hrigands  ;  & 
Mohammed  alloit  k  cette  expédition  y  lorfqu'il 
arriva  que  le  vafc  d'eau ,  duquel  il  fe  fervbit  pou^ 
faire  fes  ablutions  j  s'étant  caffé^de  lui-même  ,  il 
en  tira  un  fi  mauvais  augure ,  qu'il  fut  perfuadé 
que  quelque  grand  malheur  lui  devoit  arriver. 
En  effet,  ce  Prince  apprit  pre(que  en  même  temps  * 
la  mort  de  Tacafch ,  fon  père,  qui  étoit  mon 
d'une  efquinancie  dans  le   Khouarezm  ,   après^ 
avoir  régné  l'efpace  de  vingt-huit  ans  ,    félon 
Khondemir. 

L'Auteur  du  Lebtarikh  lui  donne  :fix  mois  de 
plus  de  règne  ;  mais  l'Auteur  du  Nigbiuriftan  ne 


Orientale.  421 

lui    donne   que    dix  -  huit  an$   en   tout ,  parce 

3u'il  ne  compte  les  années  de  fon  règne  que 
epuis  la  mort  de  Soltan  Schah ,  fon  fr^re , 
avec  lequel  il  difputa  pendant  ûx  années  entières 
la  fouveraineté  ,  jufquen  Tan  589  de  THegire  , 
dans  lequel  ce  Prince  mourut ,  &  laifTa  ainfi  Ta- 
cafch  Monarque  abfolu  de  TEtat  des  Khoua- 
rezmiens* 

Le  même  Auteur  du  Nighiariftan  rapporte 
que  Tacafch  étant  un  jour  en  converfation  avec 
Kemaleddin  Ifmaël ,  un  des  plus  grands  Dodïeurs 
&  Poètes  de  ce  temps-là ,  &  ami  intime  du  Sul- 
tan Thogrul,  qu'il  avoit  vaincu  ,  il  lui  dit  qu'il 
s'étonnoit  beaucoup  comment  ce  Sultan ,  qui  avoit 
acquis  une  û  grande  réputation  de  bravoure  ', 
n'avoit  pas  pu  foutenir  le  premier  choc  de  fes 
armes  ?  Kemaleddin  lui  répondit  fur  le  champ 

5ar  ce  diftique  tiré  du  Schah  Nameh  de  Fer- 
ouffi  :   Zipijen  fo'{oun  boud  haman  btrour  : 
Huner  àïb  kerded  tchon  berghefcht  hour  :  »  Piaman 
fut  vaincu  par  Pigen ,  quoiqu'il  le  furpaflat  en. 
forces ,  parce  que  la  vertu  devient  toujours  foi- 
'  ble ,  quand  la  fortune  l'abandonne  «. 

Le  même  Kemaleddin  a  fait  un  Poëme  en^ 
tîer  à  la  louange  de  Tacafch ,  &  il  fut  fuivi  Se 
imité  par  un  autre  Poëte  non  moins  célèbre  , 
nommé  Khacani.,  Ces  deux  Poètes ,  après  avoir 
dit  que  ce  grand  Roi  avoit  eu  en  même  temps  la 
fortune  de  Feridoun  &  les  vertus  d'Alexandre 
le  Grand  ,  s'adreiTent  au  ciel  &  lui^  demandent  : 
»  Quelle  efpérance  pouvoit-il  y  avoir  de  trouver 
un  Monarque  qui  pût  élever  une  auifi  grande 
puiffance  que  celle  des  Selgiucides  y  que  Tacafcb 
avoit  renverfée  par  la  défaite  de  Thogrul  «  l  Et 

DdiU 


3 


422       Bibliothèque 

ils  difent  que  le  Ciel  leur  répondit  :  »  Ne  foyct 
plus  en  peine,  car  voici  celui  que  vous  cherchez, 
c'eft  Tacafch  lui-même  qui  portera  la  gloire  de  la 
Religion  &  de  l'Etat  des  Mufulmans  au  plus 
haut  point  d'élévation  qu  elle  puifle  arriver.  Ré- 
jouiifez-vous  de  la  bonne  nouvelle  que  je  vous 
donne ,  le  Kouarezmien  a  conquis  les  deux  Ira- 

?fues  &  le  Khorafan^.  Le  croiflant ,  qui  eft  arboré 
ur  le  haut  de  fes  pavillons ,  a  déjà  reçu  Thom- 
inage  des  plus  grands  Princes  de  la  Terre  ;  &  le 
tranchant  de  fon  épée  a  plus  fournis  de  peuples 
ue  Salumon ,  ce  monarque  univerfel ,  n*avqit 
e  fujets. 

Il  faut  voir^  le  titre  de  Thogrul  Ben  Arflan , 
dernier  Sultan  des  Selgiucides  de  Tlran. 

Le  Sultan  Tacafch ,  que  l'on  appelle  encore 
Tacafch  Khan  y  mourut  Tan  597  de  l'Hégire, 
dans  un  lieu  nommé  Tchah  Arab  ,  le  Puits  ^des 
Arabes ,  fur  les  confins  du  Khouarezm  ,  &  laifia 
pour  fucceiffeur  Cothbeddin  Mohammed,  fon  fils, 

?ue  Ginghizkhan  rendit  un  des  plus  malheureux 
'rinces  de  l'Aifie  ;  car  ce  fut  fous  lui  que  la  mo- 
narchie des  Khouarezmiens  tomba  ^  de  même 
^ue  celle  des  Selgiucides  étoit  tombée  fous  les 
armes  de  Tacafch  ,  fon  père. 

TACASCHTEGHIN  ,  nom  d'un  Prince  de 
la  dynaftie  des  Atabeks  de  Pcrfe  ,  qui  donna 
refuge  &  protedion  à  Barkiarok ,  Sultan  de  la 
race  des  Selgiucides ,  contre  fa  belIe-merc  Tar- 
khan  Katoufli. 

TACOUIN  &  TECVIN.  Ce  mot  Arabe 
figpifie  profjrement  faire  être  ^  ou  faire  arriver , 


O  R  I  1  N  T  A  L  E/  41  J 

&  les  mêmes  Arabes  emploient  ce  mot  pour  ex- 

5 rimer  ce  que  les  Mytnologiftes  appellent  les 
^arques  y  les  FéeSj  les  Sibylles  &  les  Pythonif-- 
Jts  ;  &  quoique  les  Mahomëtans  ne  reconnoif- 
ient  point  les  divinités  fabuleufes ,  ni  les  oracles 
des  Païens,  ils  ne  laiiTent  pas  de  s'accommoder 
de  certaines  fables  fort  anciennes,  qui  établiifent 
ces  Tacouin  ,  comme  des  créatures  qui  ren- 
doient  autrefois  des  oracles ,  &  qui  fecouroient 
les  hommes  contre  les  Démons. 

Le  Caherman  Nameh  ,  Livre  qui  contient 
prefque  toute  la  Mythologie  des  Orientaux ,  porte 
que  ces  Tacouin ,  qui  ont  la  forme  &  la  figure 
humaine,  font  douées  d'une  grande  beauté  &  ont: 
des  ailes  ,  de  forte  qu'elles  font  à  peu  près  telles 
que  nous  repréfentons  les  Anges.  Il  fait  mention 
d'une ,  entre  les  autres ,  dont  le  nom  étoit  Scha^ 
ma? ,  laquelle  ,  avec  fix  autres  de  fes  compagnes , 
avoit  la  garde  de  Sagfagan  ^  ce  fameux  Géant  à' 
quatre  têtes ,  que  Caherman  vainquit  par  le  fe- 
cours  qu'elles  lui  donnèrent. 

L'on  trouve  auffi  dans  le  même  Livre  ,  que 
Soliman  Hakki ,  un  de  ces  Monarques  univerfels 
de  toute  la  Terre  &  Préadamites ,  dont  il  eft 
parlé  dans  le  titre  de  Soliman ,  confultoit  fou- 
vent  ces  Tacouin ,  lorfqu'il  fe  trouvoit  dans  quel- 
que perplexité^,  &  qu'il  tiroit  toujours  par  les 
oracles  qu  elles  lui  rendoient ,  des  avis  très-falu-^ 
taires  pour  fa  conduite. 

T AFSÏR.  Ce  mot  Arabe,  qui  fignifie  propre- 
snent  explication  &  éclairciflement  ,  fe  prend 
ordinair-emeat  par  les  Mufulmans^  pour  un  Corn-» 
menuire^^fpl^Alcoran*  Ils  oni  une  infinité  de 

Ddix 


4^4         B  ï  «  L  I  O  T  H  E  <?  ir  E 

ces  Ouvrages ,  qui  fc  nomment  au  plurier  Taf^ 
Jirat ,  &  leurs  Auteurs  Mafferourij  &  en  conf* 
trucSlion  Mofftrin. 

Le  Moulla  Aboul  Khaïr  a  fait  un  fort  gros 
Ouvrage,  dans  lequel  il  a  rangé  en  diverfes  ciaifes 
tous  ces  Commentateurs ,  &.  la  intitule  Tabacat 
Al  Mofferin. 

Les  principaux  Auteurs  de  ces  Commentaires 
font  premièrement  les  premiers  Compagnons  de 
Mahomet,  qui  font  nommés  Sahaba,  favoir,  les 
quatre  premiers  Khalifes ,  £bn  Maifoûd ,  £bn 
Abbas ,  Ebn  Kâab,  Zeïd  Ben  Thabetv,  Abou 
MouiTa  Al  Afchari ,  Abdallah  Ben  Giobaïr,  Uns 
ou  Ans  Ben  Malek ,  Abou  Horaïrah ,  Giaber , 
Abdallah  Ben  Omar  ,  &  Amroû  Ben  Al  As. 

Ceux  qui  ont  fuivi  ces  Sahaba  ou  Compagnons 
de  Mahomet ,  font  nommés  par  les  Mufulmans 
Tabdïn  ^  les  Suivans  ;  &  les  premiers  d'entre 
ceux-ci  font  les  Compagnons  d'Ebn  Abbas ,  ^ 
enfuite  les  Dodleucs  de  la  Mecque  ,  dont  le 
nombre  eft  trop  grand  pQur  être  ici  rapporté* 

Ce$  Commentateurs  ont  été  fuivis  par  un  très- 
grand  nombre  d'autres  :  mais  comme  leurs  Ou- 
vrages ont  été  publiés  fous  des  titres  particuliers , 
il  faut  voir  les  principaux  ,  chacun  en  fon  lieu 
dans  cet  Ouvrage. 

TAG\  Ce  mot  Perfien  fignifie  en  général 
un  bonnet ,  &  en  particulier  une  couronne. 
Schah  Ifmaël ,  qui  inventa  une  forte  de  coiffure 
particulière  pour  fa  milice,  qùfrfut  af^eUeKe^el 
bafch ,  les  Têtes  rouges ,  &  qui  la  porta  lui- 
même  en  l'honneur  des  douze  Imans  ,  qu'il  pré- 
tendait être  ies  ancêtres ,  eft  l'Auteur  du  Tag  oa 


O  R  I  E  N  T  A  L  l.  4^5 

Âe  la  couronne  que  les  Rois  de  Perfe  portent 
encore  aujourd'hui. 

TAG'  MEHAL ,  la  Couronne  du  palais;  nom 
de  la  Reine  ,  femme  de  Schahgehan  ,  Sultan  des 
Indes ,  que  nous  appelons  le  Mogol.  Cette  Dame  , 
qui  ëtoit  douée  a  une  grande  beauté,  fut  aimée 
jufqu'à  la  folie  de  fon  mari ,  qu  elle  gouvernoit 
entièrement.  Ce  Prince  lui  a  fait  bâtir  un  mau« 
folée  magnifique  auprès  de  la  ville  d'Agra. 

TAC  HAIDARIAH  &  AL  SOFIAH,  le 

bonnet  de  Haïdar  &  des  Sofis.  Quelques  Auteurs 
Perfiens ,  comme  Ebn  louflbuf  &  Al  Gianabi , 
veulent  que  Haïdar  ,  père  de  Schah  Ifmaël ,  ait 
été  l'Auteur  du  Tag  ou  du  Bonnet  rouge ,  fait 
de  douze  pièces  ou  bandes ,  k  l'honneur  des  douze 
Imans.  Mais  Khondemir  en  attribue  la  première 
infiitution  \  Schah  Ifmaël  :  cependant  le  Tag'  a 
toujours  été  donné  par  anticipation  aux  plus  an- 
ciens Rois  de  Perfe ,  &  Ion  peut  voir  que  dans 
les  titres  de  Caïcaous  &  de  Roftam ,  les  feuls 
Rois  en  Perfe  pouvoient  porter  le  Tag  d  or ,  & 
que  ce  fut  par  un  grand  privilège  que  le  Roi  Caï- 
caous l'accorda  à  Roftam  :  mais  cela  vient  de  ce 
que  le  mot  de  Tag*  fignifie  généralement  en 
langue  Perfientre  ,  une  couronne  ou  un  diadème. 
Le  Tarikh  Khofideh  porte ,  que  Caïumarrath 
fut  le  premier  qui  conquit  des  provinces ,  qui 
rendit  fon  nom  célèbre  par  fes  vicîloires  ,  qui 
monta  fur  un  trône ,  &  qui  porta  le  Tag'  ;  il 
ajouté  auffi  ,  qii'il  ne  manqua  pas  auflî-tôt  d'im- 
pofer.des  tributs  fur  les  peuples;  &  il  cite  le$ 
vers  du  Scha'h  Naméh  ^  où  il  eft  dit  de  ce  pre-* 


%i6       B  vu  liotheqUe 

mier  Roî  de  Perfe  ou  de  l'Orient  ;  Tchou  hénif- 
chifcht  ber  takht  nihad  tag  :  Biendakht  e^mard 
diJican  Kharag.  Emir  Khoand  Schah  dit  que  le 
Tag  eft  Igiadi  Caïiimarrath ,  c'eft-à-dire,  del'in- 
vencion  de  Caïumarrath. 

TAG' ALMOLK ,  nom  ou  furnom  d'un  Vifir, 

Srui  écoic  auflî  furnommë  Al  CamL  Malek 
chah  ,  troifieme  Sultan  des  Selgiucides  de  l'Iran 
ou  de  Perfe ,  le  donna  pour  fucceflèur  à  Nadham 
Almolk ,  qu'il  avoit  dépofé.  C  ecoit  un  grand 
Perfonnage ,  digne  de  la  place  qu'il  tenoit ,  s'il 
n'eût  pas  fait  aiTailîner  fon  prédéceflèur ,  homme 
de  très-grand  mérite, 

TAGEK ,  la  petite  Couronne.  Les  Perfans 
appellent  ainfi  une  efpece  de  Lot  &  de  Jujubier 
blanc  )  auquel  ils  donnent  encore  le  titre  à*j4i^ad- 
dirakth  ,  d'ofl  nous  avons  forme  le,  nom  cor- 
rompu i'Aredarac.  Le  fruit  de  cet  arbre  étant 
propre  à  faire  des  grains  de  chapelet ,  eft  appelé 
ar  les  Italiens  Alhero  de  Paternojlriy  &  il  fem- 
le  que  les  Perfans  ,  qui  fe  fervent  »  auffi  bien 
que  les  autres  Mufulmans ,  d'une  efpece  de  cha- 
pelet ,  aient  donné  à  cet  arbre  le  nom  de  Tagek 
a  ce  fujet. 

On  peut  dire  ici  en  pailànt  y  que  les  Maho* 
métans  appellent  en  Arabe  cette  efpece  de  cha- 
pelet ,  dont  ils  fe  fervent ,  Tasbih  ,  mot  qui 
iignifie  louange ,  à  caufe  qu'à  chaque  grain  de  ce 
chapelet  qu'ils  touchent ,  ils  louent  Dieu  en  pro« 
nonçant  quelqu'un  de  fes  attributs  :  c'eft  ce  qui 
fait  que  les  Turcs  donnent  aufli  à  l'Azad-dirakht 
le  nom  de.  TesbiA  Agagi ,  X Arbre  du  Chapelet. 


i 


O  R  .1   »  N  T   A  L  ï.  417 

,  TAGIALLÀ.  Les  Chrétiens  Orientaux  ap? 
peïlent  ainfi  en  Arabe  la  Manifeftation  ou  Trans- 
figuration ,  comme  nous  Tappelens  ,^de  N.  S, 
Jéfus-Chrift.  Elle,  êft  marque'e  le  fîxieme  du 
mois  Ah^ns  le  Calendrier  des  Syriens ,  ou  plu- 
tôt Syrd-Màcédonien  ,  ce  qui  correfpond  parfai- 
tement au  fîxieme  jour  de  notre  mois  d^Août^ 
auquel  nous  célébrons  cette  fête.  Les  Egyp- 
tiens la  célèbrent ,  dans  TEglifé  d'Alexandrie  ,  le 
treizième  du  mois  de  Mefri  .auquel  fut  prononcé 
le  Difcours  de  Saint  Epnrem  ,  dont  on  va 
parler. 

TAGIASSOUD.  Ce  mot ,  qui  fignifie  pro- 
prement en  Arabe  Incorporation  &  Corporéité , 
eft  différemment  appliqué  par  les  Mufulmans  & 
par  les  Chrétiens  :  car  les  Mufulmans  entendent 
par  ce  mot  la  Corporéité  que  plufîeurs  d'entre 
eux ,  &  particulièrement  les  Motazales ,  attri- 
i>uent  à  Dieu  ,  &  qui  efl  réfutée  par  les  plus 
doé^es  &  orthodoxes. 

Mais  les  Chrétiens  appliquent  ce  mot  au  divin 
Myfiere  de  llncarnation  du  Verbe ,  &  il  y  a  un 
Livre  dans  la  Bibliothèque  du  Roi  ,  n°.  79  i  » 
compofé  par  Al  Ab  alcadis  Anba  Daoud ,  c  efl- 
à-dire, par  le  Saint  Père  Patriarche  David, qui  efl 
intitulé  Giaouab  àla  Al  Tagiajfoud  Al  MaJJîh. 

Ce  Livre  efl  une  Réponfe  faite  à  quelques 
Doreurs  Mufulmans  y  qui  impugnoient  Tlncar* 
nation  de  N.  S. ,  &  Ton  peut  dire  avec  vérité , 
que  ce  Myfiere  n  a  pas  paru  fî  incroyable  à  dIu- 
iîeurs  Mululmans;  car,  parmi  ceux  qui  ont  admis 
la  corporéité  en  Dieu  ,  plufîeurs  ont  cru  que 
Dieu  fe  pouvoit  manifeiler  en  corps  &  en  chair  ^ 


^ 


4l*  BiBLÏ    OTh  E  Q   Û  E 

&  il  y  à  eu  même  des  .Schiites  ou  Seélateurs 
d'Ali  qui  ont  avancé  que  Dieu  s'ëtoit  uni  au 
corps  &  à  la  perfonne  d'Ali/ 

TAMIM  ou  TAM AM  AL  DARI  ;  nom 

d'un  des  Sahaba  ou  Compagnons  de  Mahomet, 
Çui  fut  tranfporté  miraculeuiement  dans  une  des 
ifles  de  TOcéan ,  où  il  vit  des  ckofes  merveil- 
leufes.  II  y  a  une  Hîftoire  fabuleufe  de  tout  ce 

2«e  ce  Perfonnage  vit  dans  cette  ifle ,  dans  la  Bi- 
liotheque  du  noi ,  fans  n*^  ,  fous  le  titre  de 
Kejfat  Tamim  Al  Dar  ou  Al  Dari. 

Dans  le  Livre  intitulé  Raoudhat  alakhiar,  il 
eft  rapporté  que  ce  Tamim  Al  Dari  étoit  fils 
d'Aous  fils  de  Kharegiak,  &  furoommé  Abon 
Rakiahj  parce  qu'il  n'avoit  qu'une  fille  nom- 
mée Rakiah.  Cet  homme,  fe  fit  Mqfulman  entre 
les  mains  de  Mahomet.,  &  établit  fa  demeuri? 
à  Médine ,  où  il  refta  jufqu  après,  là  mort  d*Oth<* 
man  ,  troifieme  Khalife  :  car  alors  il  >pafla  de 
Médine  à  Damas,  &  y  mourut  Tan  40  de  THé- 

Tamim  eft  celui  qui  a  rapporté  l'Hiftoire  de 
l'Ante-chrift ,  telle  qu'il  l'avoit  entendue  de  la 
bouche  de  Mahomet  :  Ton  dit  aulfi  qu'il  eft  le 
premier  qui  ait  allumé  des  lampes  dans  la  mof- 
quée  i  &  il  étoit  fi  dévot ,  qu'il  avoit  récité  l'Al- 
coran  tout  entier  profterné  en  terre  fans  fe  re- 
lever, en  quoi  il  a  été  imité  par  Sâïd  Ben  Gebir 
Othman ,  Ben  Ofan  &  Abou  Hanifah.  On  dit 
auiH  de  lui ,  qu'en  récitant  T Alcoran  ,  il  pafibit 
quelquefois  une  nuit  entière  à  répéter  un  feui 
Tcrfct, 


Orientale;  4J9 

TAMIM,  Ben  Tamim,  Abou  Tamim;  fur* 
nom  de  Moêzz  Ledinillah  ,  premier  KhaKfe 
d*Egypte  de  la  race  des  Fathiilnkes.  Ce  Tamim , 
61s  de  Moêzz ,  ou  un  autre  de  mé^e  nom  ,  de-* 
meura  Seigneur  de  Caïroan  en  Afrique,  après 
que  Moèzz  en  fui  parti  pour  aller  prendre  pof- 
leffion  de  l'Egypte. 

TAMIMI  ,   fornom  d'Al>ou  Afma  Ibrahim  • 
Ben  lezid  Al  Coufi-,  dit  Tabai^  parce  qu'il  étoit 
du  nombre  des  Doéteurs  qui  ont  fuivi  immédia-* 
tement  les  Sahaba,  c  eft-à-dire  les  Compagnons' 
ou  les  Contemporains  de  Mahomet. 

Ce  Perlbnnagef  et  oit  favant ,  &  d'une  vie  tfes- 
auftere  ;  car  Aâmafch  rapporte  de  lui,  que  pen- 
ibnt  les  trente  nuits  du  Ramadhan,  il  n'avoit 
mange  qu'un  grain  de  raifin  chaque  nuit,  &  que 
lorfqu'il  pribit ,  il  demeuroit  tellement  immo- 
bile ,  que  les  oifeaux*  s  arrêtoient  fur  lui ,  comme 
fur  une  pièce  de  bois.  Il  mourut  dans  les  pri- 
fons  de  Hegiage,  Gouverneur  de  llràque  ,  l'an 
92  de  rHégire.  \ 

T  A  N  G  R I.  Les  Turcs ,  •  tant  Orientaux 
qu'Occidentaux ,  appellent  ainfi  Dieu ,  en  ajoû^ 
tant  les  bénédiâions  &  louanges  ordinaires  que* 
les  Arabes  ijoutient  à  ceux  èi  Allah  &'de  Hakk; 
car  ils  difent  Tangri  taàla^  auffi  hitn  qCkAllak' 
taàla  &  Hakk  taàla  ^  le  Dieu  haut  &  la  Sou-^ 
veraine  Vérité.  C  eflr-  de  là  qu€  fe  forme  le  nom 
à&-Tangrivirii^ 

TANGRI.  Ceft  âinfi  que  tes  Hiftoritùi* 
Oiienanx  appelleetTancrede, -Prince  d'Antiochs 


'4}Q         B  I  B  XXOTITEQUE 

qui  prit  les  villes  dé  Thàrfe ,  d'Adena  &  de  He{^ 
naJakrad ,  le  château  des  Curàes,  Tan  503  de 
l'Hégire.  11  eft  aiTez.connu:  dans  nos  Hiftoriens 
des  guerres  faintes. 

TANGRIVIRDI  ;  mot  quiiîgnifie  propre- 
ment en  Turc  Dieu  a  donné  ou  •  Dieur-donné, 
Les  Arabes  ont  auflîce  nom  propre,  favoîr,  celui 
de  Hebatallah  &  Athiatallah  ^  &  les  Perfatis, 
Khodaïdad  dans  la  même  iignificaiion  y  &  .de« 
vient  un  nom  propre  auili  bien  que  chez  les  La- 
tins ,  Deufdedit.  &  Adeodatus.. 

TAOURAT ,  TAOURl ATs  les  Turcs  pro- 
noncent Tevrat  &  Tevriet,.' Qe- mol  eft  pris  de 
THëbreu  Torat  j  qui  fîgni6e  feulement  les  cinq 
Livres  de  la  Loi.  Les  .  Mufulmans  difent  que 
ç*eft  le  Livre  que  Dieu  envoya  oâla  alkelim 
MouJJa  ,  c  eft-à-dire  l'Ancien  Teftament  que 
Dieu  ré  vélanàMoïfe,. écrit  en  langue  Hébraïque, 
Livre  qui  a  été  altéré  &  corrompu  par  les  Juifs  | 
particulièrement  en  ce  qui  regarde  les  voyelles 
qui  fervent  à  la  prononciation  des  mots.  C'efl* 
là  le  fentiment  des  Mufulmàns  ^  qui  a  été  re- 
cueilli de  plufieurs  Auteurs  Arabes  par  Hagt 
Khalfah, 

Le  même  Auteur  dit  qu'il  .y. a, trois  exem- 
plaires 4e  l'Ancien  Teftament.  Le  premier  eft 
celui  qp'il  appelle,  Tacurat  al/abâïn  ;  ^eft  la 
yerfion,  des  Septante,  &.c!eft.i:ex.0xetnplaifc 
qui  a  été  depuis  traduit  en  Syriaque  &;ea 
Arabe. 

..Le  fécond  cft  celui  qu il  appelle  iftTGjArAac \^Z 
lahaud,  l'Exemplaire  des  Juîf9 ^  qiii 5a  commun/ 


O  R  I  l   N  T   A  L  I.  4Jt 

aux  Caraïtes  '&  aux  Rabbàniftes ,  c  eft-k-dire  à 
ceux  qui  reçoivent  les  vingt-deux  Livres  entiers 
qui  fe  trouvent  aujourd'hui  dans  le  Canon  des 
ïiëbreux. 

Le  troifieme  eft  le  Noskhat  al  Samerat  ^ 
l'Exemplaire  des  Samaritains,  qui  ne  contient 
que  le  Pentateuque  ou  les  cinq  Livres  de  la  Loi, 

11  dit  enfuite  que  l'Exemplaire  des  Septante 
contient  trente-fîx  Livres,  &  qu'il  a  ëte\traduit 
de  l'Hébreu  en  Grec  par  feptante  ai  deux  Doc- 
teurs qu'u|^  Roi  d'Egypte  demanda  au  Pontife 
des  Juifs ,  &  qu'il  fit  enfermer  féparément  dans 
des  cellules ,  pour  travailler  à  cette  Verfion ,  lef- 

?uels  ëtant  d'accord ,  compoferent  cet  Ouvrage. 
Teft  une  fable  qu  il  a  tirée  d'Abdias. 
Il  ajoute  que  l'on  ne  trouve  point  dans  ce  Livrç . 
autre  chofe ,  fînoa  l'unité  de  Dieu  ,  &  qu'il  n'y 
a  pas  un  précepte  qui  oblige  les  Juifs  ni  à  la 
prière ,  ni  au  jeûne ,  ni  à  la  diilribution  d'une 
partie  de  leurs  biens  aux  pauvres ,  ni  au  péleri- 
nage  de  Jérufalem  ,.ce  qui  eft  très-faux;  &  que 
Ton  n'y  trouve  pas  aucun  endroit  où  il  foit  parlé 
de  l'autre  vie ,  ni  de  la  réfurrecîlion ,  ni  du  Para- 
dis, ni  de  l'Enfer;  que  cela  vient  peut  être  de 
ce  que  les  Juifs  ont  corrompu  leurs  Exem- 
plaires; ce  qui  a  donné  lieu  à  quelques,  Muful- 
xnans  modernes  de  compofer  des  Livres  fous  le 
titre  de  AJf  allàffil  fi  tahrim  alnacl  men  at^ 
Taouratv  al  Engilj  pour  prouver  qu'il  eft  défendu 
aux  Mufulmans  de  traduire  ou  de  citer  aucune 
chofe  du  Taourat  &  de  lEngil ,  c'eft-à-dire  de 
l'Ancien  &  du  Nouveau  Teftament  ^  tels  qu'ils 
font  aujourd'hui  entre. les  mains  des  Juifs  &  des. 
Chrétiens, 


4)^       Bibliothèque 

Il  rapporte  ï  ce  fujet  une  Tradition  reçue  de 
Mahomet,  qui  porte  :  »  Qu^nd ceux  qui  ont  des 
Livres  vous  les  prëfentent,  n'y  ajoutez  point  foi, 
&  ne  les  rejettez  pas  auffi  ;  mais  dites  feule- 
ment :  Nous  croyons  en  Dieu,  en  fes  Livres ,  & 
en  fes  Envoyés  ^,  Fala  tajjadelacoukom  v  takei" 
hebouhoTTi  v  coulou ,  amanna  billa.  v  Cozobihi , 
V  roffolihi. 

UAuteur  du  Livre  intitule  Erfchad  alcdffed 
écrit  que  les  Juifs  font  divifés  en  plufieurs  Sec- 
tes; mais  qu'il  y  en  a  trois  principales  entre 
toutefs  les  autres ,  qui  font  les  jRabbanioun  ^  les 
Caraoun  iSt  les  Samerioun^  .c'efl>à-dire  les  Rab- 
baniftes ,  les  Caraïtes  &  les  Samaritains ,  &  que 
toutes  trois  conviennent  en  ce  qu'ils  reçoivent 
tous  égalenient  les  Prophéties  de  Moïfe:,d'Aaron 
&  de  Jofué ,  &  lés  Loix  que  ces  Prophètes  ont 

Subliées  ;  &  quoique  leursf  $3templaires  foient 
rfférens  ,  qu'ils  en  tirent  cependant  fix 'cent* 
treize  préceptes  d obligation,  dont  il  y  en  a  deux 
cent  quarante -huit  amrmatifs-,  par  rapport  au 
iDeme  nombre  de  membres  qui  compofent  \é 
corps  humain,  &  trois  cent  <bixante--cinqnéga»-- 
tifs ,  autant  qu'jl  y  a  de  jours  dans  Tannée  fo- 
laire. 

Les  Juifs  rendent  la  raifôrv  pour  laquelle  \q^ 
négatifs  excédent  en  nombre  les  affirmatifs,  &  ils 
difent  que  les  Mufulmans  ont  tiré  d'eux  légalité 
bat  alhaoua  àla  althebiât  alhafchariah^  à  caufe, 
dîfent-ils,  quéla  concupifcence  l'emporte  au  de/Tus 
de  Tinclination  naturelle. 

Les  Caraïtes  &  les  Samaritains:  différent  des 
Rabbaniftes  ,  en' ce  qu'ils  ne  reçoivent' des  vingt- 
deux  Livres  de  TAncien  Teftament  que  les  cinq. 

Livres 


O  R  î  t  N  Tf  A  I  E»  4j  j 

Livres  de  Moïfe ,  &  qu'ils  ne  reconnoiflent  que 
trois  Prophètes,  fa  voir ,  Moïfe ,  Aaron  &  Jofue'* 
Ces  Samaritains  ont  compofë  plufieurs  Ouvrages 
fur  la  Loi  Mofaïque. 

Mohadhebeddin  louffouf  Ben  Abi  Sâïd  Al  Sa- 
merij  qui  mourut  l'an  624  de  l'Hëgire,  nous  en 
a  donné  un.  Cet  Auteur  étoit  Médecin  de  Da* 
mas,  &  devint  Vifîr  du  Sultan  Al  Malek  Al 
Amgiadj  de  la  dynaftie  ou  race  des  Aioubites» 
L'Auteur  du  Livre  intitulé  Oioun  alenba  j  fait 
mention  de  cet  Ouvrage. 

Il  y  a  encore  un  autre  Commentaire  fur  le 
Taourat,  compofé  par  le  Scheïkh  Sadacah  ou 
Sedecias  Ben  Mangiah  AI  Sameri,  qui  mourut 
dans  la  ville  de  Harran  en  Méfopotaraie,  environ 
l'an  6%o  de  l'Hégire. 

TAOURAT^  AL  GINGHIZKHANIAT , 

la  Loi  de  Ginghizkhan.  C  eft  ce  que  les  Mogols 
&  Tartares  appellent  en  leur  langue  lajfa.  Cette 
Loi  contient  plufieurs  préceptes  généraux  en 
forme  d'06lalogue  ou  de  Décalogue ,  félon  lef- 
quels  les  Mogols  &  Tartares  furent  obliges  de 
vivre  au  temps  de  Ginghizkhan.  Mais  fes  fuccef- 
feurs  y  en  ont  ajouté  beaucoup,  d'autres  pour  la 
police  &  le  gouvernement  de  leurs  Etats  ;  car 
ceux  de  Ginghizkhan  ,  hors  quelques-uns  qui  re- 
gardoient  la  difcipline  militaire  ^  ne'toient  pro- 
prement que  des  maximes  générales  conformes 
E  la  Loi-  naturelle  ,  qui  établiiToient  Tunité  de 
Dieu,  &  banniffoient  entièrement  toute  forte 
d'idolâtrie.  •  ' 

Il  faut  cependant  rémarquer  ici  que  la  Reli- 
gion Chrétienne  étoit  beiaucoup  répandue  dans 

Tomt  V.  E  e 


4j4      Bibliothèque 

la  Tarcarie  du  temps  de  Ginghizkhan  ;  car 
Avenk  Khan ,  que  Marc  Paul  Vénitien  appelle 
Ong  Khan  ^  Souverain  dans  la  Tribu  de  Keril, 
tjui  occupoit  une  grande  partie  de  la  Tartarie 
Orientale,  étoit  Chre'tien,  auffi  bien  que  fa  fille 
^ue  Ginghizkhan  époufa;  &  qu'il  eft  fouvent 
parlé  de  Princes ,  de  Princefles ,  &  d'Evêques 
Chrétiens ,  dans  les  expéditions  militaires  que  fic 
ce  grand  Conquérant ,  auffi  bien  que  fes  fuccef- 
feurs ,  qui  n  embraflerent  que  fort  tard  le  Maho- 
snétifme. 

T  A  R  I  K  H.  Ce  mot  Arabe  fîgnîfie  pro- 
prement   la     date    de     l'année    d^ns    laquelle 
q'uelque   aélion    s'efl  paflëe.   Il  fe  prend  auffi 
pour  une  façon  particulière  de  compter  \ts  aa- 
nées  ;  de  forte  que  ,  par  exemple ,  le  Tarikh 
Farfi ,  le  Tarikh  Khatnaï ,  le  Tarikh  Arabi  ou 
Heg  ri ,  &c.  font  la  manière  dont  les  Perfans , 
les  Khataïens ,  les  Arabes ,  &c.  ont  accoutumé 
4e  marquer  leurs  années  ;  c'eft  ce  que  nous  ap- 
pelons Ertj  du  Latin  Aëra.  Ainfi  nous  difons 
Y  Ere  des  Perfans  ,  Y  Ere  des  Khataïens  y  YEr^ 
des  Arabes  j  &c.  &  la  première  de  toutes  ces 
années  d'où  Y  on  commence  à  compter ,  félon  le 
ilyle   de   ces  nations  différentes,  qui  s'appelle 
parmi  nous  £pogrwe ,  porte  auffi  parmi  les  Arabes 
le  nom  de  Tarikh -,  &  les  Annales,  les  Hiftoires 
&  les  Tables  Chronologiques  n'ont  point  chez 
eux  d'autre  nom  ;  à  moins  que  les  Auteurs  ne 
leur  en  donnent  quelque  particulier. 

Ben  Schohnah  die,  dans  la  première  année 
de  l'Hégire ,  que  le  mot  de  Tarikh  eft  nouveau 
dans  la  langue  Arabique ,  &  qu'il  a  .été  corrompu 


RIENTÀLE.  4^5 

du  mot  Perfien  Mahrou^j  qui  fignifie  Un  Ca-^ 
lendrier  j  &  il  ajoute  que  Maïmon ,  fils  de  Ma- 
harati)  dit  qu'Omar,  fécond  Khalife,  ayant  à 
iî^er  une  expédition,  fit  a/Iembler  les  plus  cons- 
idérables d'entre  les  Compagnons  de  Mahomet, 
&  les  confuka  fur  la  date  qu'il  y  devoit  mettre  , 
&  que  Harmozan ,  un  des  plus  nobles  &  des 
plus  favans  d  entre  les  Perfes ,  qui  avoit   em- 
bralTé  le  Mufulmanifme ,  fe  trouva  dans  cette 
aâèmblée ,  &  fut  d'avis  que  Ton  dreflat  un  Mah* 
rou!^  ou  Calendrier  ^  dont  le  commencement  fe- 
roit  fixé  dans  Tannée  «de  k  fuite  de  Mahomet 
de  la  Mecque ,  &  de  fon  arrivée  à  Médine  ;  & 
c'eft  ce  qui  fut  appelé  depuis  Tarikh  Al  He'grij 
que  nous  nommons  ïEre  ou  les  années  de  rHé-- 
gire. 

.  Ahmed  Ben  Ali,  dit  Al  Monagem  TA^ro- 
nome,  a  fait  un  Livre  dont  le  titre  eft  Albeian 
an  Tarikh  Jeni  al^èman  alâlem  âlafebil  alko-*  ' 
giat  V  alborhan  :  Ea:plication  de  la  Chronolagit 
Jelon  laquelle  les  Eres  &  les  Jppoques  princi^ 
pales  du  Monde  Jhnt  démontrées. 

TARIKH  ARABI  &  AL  HEG  RI ,  1  Ere 

Arabique  &  les  années  de  THégire»  Cette  Ere 
ou  Epoque  dont  tous  les  Mufulmans,  dé  quelque 
nation  qu'ils  foient^fe  font  fervis  &  fe  fervent 
encore  aujourd'hui ,  commence  ,  félon  eux ,  le 
premier  jour  de  la  lune  de  Moharrem  ;  la  cin* 
quieme  Férié ,  ou^  félon  nos  Ghronologiftes,  la 
fixieme ,  qui  correfpond  au  quinzième  de  Juillet, 
prenant  le  coromencement.de  cette  lune  depuis 
le  foleil  couché  du  même  jour  de  l'an  6ii  de 
Jéfus-Chirift. 


4^6       BxBLrotHEQOE 

TARIKH  FARSI,  rEre  Perfierme  ;  c'eft 
celle  que  nous  appelons  ordinairement  le^digir-' 
dique.  Nos  meilleurs  Chronologiftes  marquent 
le  commencement  de  cette  Ere  au  feîzieme  de 
Juin  5  troifieme  Férié  de  Tan  6^2  de  Jéfus-Chrift, 
&  Tan  I  379  de  Nabonaflar  :  mais  les  Arabes  ne 
la  commencent  que  la  trente-deuxième  de  THé- 
gire ,  qui  eft  l'an  651  de  Notre-Seigneur,  1400 
de  Nabonaflar.  Hagi  Khalfah  eft  de  ce  fentiment  ; 
car  il  met  dans  Tan  31  de  la  même  Hégire» 
Encaradh  Deviez  Sajfanian  bemnâouli  le^de- 
gird  j  la  fin  de  la  dynaiKe  des  SaiTanides ,  qui 
font  la  quatrième  des  Rois  de  Perfe  &  des  Khof- 
roès,  par  la  mort  violente  d'Iezdegird  ;  &  dans 
Tannée  fuivante,  qui  eft  la  trente-deuxième,  il 
marque  Ibtidaï  tarikhfurs  cadïm  ,  le  commen- 
cement de  l'ancienne  Ere  de  Perfe. 

TARIKH  KHATHA  V IGOUR ,  l'Ere  des 
Khathaïens  &  Iguriens.  Ulug  Beg  nous  a  donne 
une  connoiflance  aflèz  exaéle  de  cette  Ere  ;  & 
comme  ce  qu'il  en  a  dit  a  été  publié  fie  tra- 
duit en  Latin  par  Gravius ,  Ton  n  en  dira  rien  ici 
de  plus  particulier. 

L'on  remarquera  feulement  que  comme  les 
Mogols  &  les  Tartares ,  qui  font  les  mêmes  que  les 
Khathaïens  &  les  Iguriens  dXJlug  Beg,  ont  des 
C}xles  duodenaires  d années,  auxquels  ils  don- 
nent le  nom  de  difFérèns  animaux ,  comme  du 
porc  y  de  la  poule ,  du  ferpent ,  &c.  il  y  a  eu 
quelques  Auteurs  qui  ont  cru  que  Tannée  de 
1  éléphant ,  dans  laquelle  Mahomet  naquit ,  eft 
une  année  pareille  à  celle  des  Mogols  ;  &  cepen- 
dant cette  afinée  de  réléphant  n'eft  autre  que 


O  R  I  E  N  T  À  L  C:  45f 

celle  clans  laquelle  Abrahah ,  Roi  d'Ethiopie  » 
vint  affiéger  la  Mecque  avec  un  grand  nombre 
d*éiéphans,  qui  navoient  pas  été  vus  jufqu  alors 
en  Arabie. 

TARIKH  GEL  ALI  &  TARIKH  M  ALEKI, 

l'Ere  Gélaléenne  ou  l'Ere  Royale.   Cette  Ere 

5 rend  Ton  nom  de  Gélaleddin  Malek  Schah  ,.âls 
'Alp  Arflan,  troifieme  Sultan  de  la  première 
dynaflie  des  Selgiucides ,  &  commence  la  pre- 
xniere  Férié  du  cinquième  de  la  lune  de  Schaban  y 
l'an  4^8  de  THégire.  11  y  a  pourtant  des  Auteurs 
Arabes  qui  Bxent  fon  commencement  dans  la 
cinquième  Férié ,  dixième  jour  de  la  lune  de 
Ramadhan,  Tan  471  de  la  même  Hégire. 

Nos  Chronologiftes  fuivent  cette  dernière 
date ,  &  marquent  fon  commencement  à  Téqui- 
noxe  du  printemps ,  qui  arriva  le  quatorzième 
Mars  de  Tan  1 079  de  Jéfus-Chrift ,  dans  laquelle 
année  finlfloit  le  troifieme  Juillet ,  cinquienie 
Férié,  Tan  476  de  THégire  ;  car  Tan  472  com- 
mença le  4  Juillet ,  cinquième  Férié  de  la  même 
année. 

TARIKH  ROUMI ,  l'Ere  Grecque  ;  c'eft 
ainfi  que  les  Arabes  appellent  TEre  des  années 
d'Alexandre.  Elle  commence ,  félon  eux  auiîi 
lien  que  félon  nous ,  douze  ans  après  la  mort 
d'Alexandre  le  Grand.  C'éft  cette  même  Ere 
que  noos  appelons  Y  Ere  des  "Seleucides^  à  caufe 
qu'elle  commence  dans  la'  première  année  du 
règne  de  Seleucus  Nicator ,  Roi  de  Syrie ,  de 
Chaldée ,  de  Méfopotamie ,  &  de  Perfe.  Les 
Arabes ,  auffi  bien  que  nos  Aftronomes  &  tons  \t^ 

Eeu) 


%)i         B  I   B   L  I  O  T  H  E  Q  U  li 

plus  anciens  Auteurs ,  fixent  le  commencement 
de  cette  Ere  le  fixieme  Septembre ,  cinquième 
Férié ,  Tan  3  i  o  avant  Jéfus-iL^hrift. 

TARIKH  ALCHOADA ,  TEre  des  Mar^ 
tyrs  ;  G  eft  ainfi  que  les  Chrétiens  d*Egypte  ont 
appelé  celle  que  nous  appelons  de  Dioclétien  t 
elle  commence  Tan  284  de  Jéfus-Chrift,  à  la 
mort  de  Numérianus  &  à  la  première  année  de 
Dioclétien.  Il  eft  vrai  cependant  que  la  grande 
perfécution  que  Dioclétien  fit  aux  Chrétiens ,  & 
qui  fut  fi  fanglante  en  Egypte  ,  ne  fut  publiée 
que  dans  la  vingtième  année  du  règne  de  cet 
Empereur  II  n*y  a  que  les  Chrétiens  d'Egypte, 
que  Ton  appelle  aujourd'hui  Cophtes  _,  qui  fe  fer- 
vent de  cette  Ere.  Mais  les  Chrétiens  Occiden- 
taux fe  font  toujours  fervis  de  celle  de  Dioclé- 
tien ,  qui  commence  la  première  année  de  fon 
règne  jufqu  à  Denis  le  Petit ,  Abbé  Romain  qui 
introduifit  le  premier  la  mariere  de  compter  nos 
aiipées  depuis  la  naiifaace  de  Jéfus-Chrift,  ce 
qu'il  fit  en  Tan  526. 

TARIKH  TURKT ,  VEre  des  Turcs.  Il  faut 
fous-entendre  Orientaux,  &  fou§  ce  mot  font 
compris  les  Khathaïens  &  les  Iguriens,  dont  il  a 
déjà  été  parlé. 

Après  avoir  parlé  de  Tarikh  dans  la  fignifi- 
câtîon  d'Ere  ,  d'Epoque  &  de  Chronologie»,  il 
refte  à  voir  une  partie  des  Livres  qui  traitent 
d'Annales  &  d  Hiftoires  fous  ce  même  titre  ;  car 
il  faudra  chercher  les  mêmes  Annales  &  Hif- 
toires qui  portent  un  autre  nom  que  celui  de 
Tarikh  chacun  dans  It^t  titre  particulier,  tels 


r 


Orientale.  4?^ 

^e  font,  par  exemple,  Akhbar,  Athar,  Kiflat, 
Seïrat,  Soïar,  &c. 

TASHIF  V  TAHARIF  :  de  k  Correaion 

&  de  la  Corruption  des  Livres ,  &  particulière^ 

ment  de  ceux  qui  paflent  pour  facrés.:  c'eft  un 

Ouvrage  d*Aboul  Fath  Otliman  Ben  IfTa  AI  Ba- 

^  lathi ,  mort  1  an  600  de  THégire. 

Les  M ufulmans  n'ont  rien  tant  à  reprocher  , 
mais  fans  raifon ,  aux  Juifs  &  aux  Chrétiens ,  que 
la  corruption  de  leurs  Livres  ;  c'eft  ce  qu'ils  ap- 
pellent Taharif^  à  caufe  que  Mahomet  dit  en 
plusieurs  endroits  de  TAlcoran  ,  en  parlant  fur- 
tout  des  Juifs ,  ïohrafoun  alhetab.  Mais  ce  faux 
Prophète  avance  cette  impoflure  fans  aucun  fon- 
dement, puifque  les  Juifs  ont  toujours  eu  juf- 
qu'ici  les  mêmes  Exemplaires  ;  &  les  plus  habiles 
Mufulmans  confefTent  que ,  s'il  y  a  eu  quelque 
altération  dans  ces  Livres ,  c'a  été  au  fujet  des 
vojelles  que  l'on  a  quelquefois  marquées  &  pro- 
noncées diâ^emment.  Cependant  c'eft  prefque 
fur  ce  fondement  mal  établi  que  le  Mahomé- 
tifme  eft  pofé  :  car  Mahomet ,  qui  a  entièrement 
altère  &  corrompu  prefque  toutes  les  chofes  de 
l'Ancien  Teftament  dans  fon  Alcoran ,  a  fu  per- 
suader à  fes  Seélateurs  ,  qu'il  n'y  a  rien  d'au*- 
thentique  dans  l'Ancien  ni  dans  le  Nouveau 
Teftament,  que  ce  qu^il  en  a  inféré  dans  fon 
Livre. 

tASSARRUF  BELESM  ALAADHAM , 

l'emploi  &  l'ufage  du  nom  de  Dieu.  Les  Mu^ 
fulmans  difent  que  c'eft  une  fcience  qui  fait  une 
partie  daTafikic'eft-à^ire,  des  Commentaires- 

Eeiv 


.\ 


440       Bibliothèque 

de  TAlcoran ,  &  qu'il  n'y  a^ proprement  que  les 
Patriarches ,  les.  Prophètes  &  les  Saines  ,  capa- 
bles de  cette  fcience; 

TATAR  &  TATARKHAN  ,  nom  dun  fiJs 
dllingeh  Khan ,  cinquième  Roi  du  Turqueflan , 
de  la  poftéritë  de  Turk  fils  de  Japhet  :  il  vint 
au  monde  avec  fon  jumeau ,  nomme  Mogul  ou 
Mogol  f  &  ces  deux  frères  fondèrent  deux  grands 
Empires  ,  fameux  dans  TOrient,  lefquels  par  la 
fuite  des  temps  fe  réunirent  en  un  feul.  C  eft 
donc  de  ces  deux  frères  que  les  noms  de  Tartarts 
&  de  Mogols  ont  pris  leur  origine.  L'on  a  parlé 
ailleurs  des  Mogols  ;  &  pour  ce  qui  regarde  les 
Tartares  ,  Ton  rapportera  ici  leur  dynaftie  en^ 
tiere ,  telle' que  Mirkhond  nous  Ta  donnée. 

Le  premier  eft  TartarKhan,  fils  d*llingehKhan; 
le  fécond  Boukah  Khan,  fils  de  Tatar  Khan;  le 
troifieme  ,  Bilingeh  Khan  ;  le  quatrième ,  Iflali 
Khan  ;  le  cinquième ,  Akfur  Khan  ;  le  fixieme  » 
Ordou  Khan  ;  lé  feptieme ,  Sounig'  ofi  Sidig*  Khan. 
Ces  fept  Princes  Tartares  avec  Ilingeh  Khan  ,  le 
Chef  de  leur  origine,  font  une  dynaftie  de  huit 
grands  Rois,  dont  on  a<:onfervé  feulement  la  mé- 
moire dans  le  Turqueftan  ;  car  après  la  mort  de 
Sounig ,  les  guerres  civiles  &  étrangères  qui  fur- 
vinrent ,  diviferent  tellement  cette  nation  de  Tar- 
tares ,  que  leur  grand  Empire  fut  entièrement 
aboli  ;^  quoique  les  Familles  Tartares  fubfîfta^nt 
toujours  féparées  des  autres  nations  Turqueiques 
de  rOrient. 

Il  faut  remarquer  ici ,  que  les  peuples  que  nous 
appelons  Mogols  &  Tartares,  font  tous  com* 
pris  par   les  Auteurs  Orientaux  fous  le  nom 


O.R  T  E  N  T  A  l  É.  441e 

iJAtrak ,  c  eft-à-dire  de  Tuf  es  ;  car  le  mot  Atrak 
eft  le  plurier  Arabe  du  mot  Turk.  Voyez  le  titre 
Turk  ;  nous  y  avons  rapporté  tout  ce  qui  regarde 
les  Tartares, 

Aujourd'hui  Ton  donne  chez  les  Turcs  le  nom 
de  Tatar  Kkan  au  Sultan  ,  qui  commande  les 
petits  Tartares  de  la  Crimée  ,  &  Yon  appelle 
leur  dynaftie  ou  principauté  Tatar  Khaniah  , 
dans  laquelle  la  famille  de  Gheraï,  que  nous  ap- 
pelons ordinairement  Gerey^  eft  auffi  célèbre  que 
celle  d'Othman  parmi  les  Turcs. 

* 

TATARGIOU  &  TATARGIUK  KHAN, 

nom  dun  Prince  des  petits  Tartares ,  c'eft-à- 
dire  de  ceux  qui  font  au  deffus  de  la  mer  Noire , 
&  en  tirant  vers  la  mer  Cafpienne ,  qui  fit  la 
guerre  à  Aladin ,  Sultan  des  Selgiucides.  Ce  fut 
cette  guerre  qui  obligea  Aladin  de  donner  a 
Orthogrul  ,  père  d'Othman  ,  Fondateur  de  la 
Monarchie  Ottomane  ,  la  garde  des  provinces  de 
la  Natolie^  les  plus  expofées  aux  courfes  de  ce 
Tartares 

TATHLITH  :  les  Mufulmans  appellent  ainfî 
la  Trinité  des  Chrétiens ,  qu'ils  n  entendent  pas; 
car  ils  croient  que  nous  admettons  trois  fubf- 
tances  différentes  dans  la  Divinité. 

TEBET,  TOB  AT,  TOBUT  &  TONBUT  : 

nom  d'un  pays  qui  a  la  Chine  à  fon  orient ,  les 
Indes  à  fon  midi ,  &  du  côté  de  l'occident  &  du 
feptenf  rion  ,  les  pays  Turcs ,  appelés  Ke^elgeh , 
&  Tagaiga^  ou  Tamgai. 

Ce  pays  de  Tebet,  au  rapport  d'Ebn  Al  Ouardi, 


^ 


^'i^       BibliotheqT^e 

a  un  Roi  particulier ,  que  Ton  dit  être  de  la  î*aC6 
des  anciens  Rois  de  i'Ié^en  ou  Arabie  Heu- 
reufe ,  qui  portoient  le  titre  de  Tobâi  ;  &  le 
même  Auteur  dit  que  c'eft  de  Tebet  que  l'on 
apporte  le  plus  excellent  mufc  de  FOrient ,  que 
Ton  appelle  en  Arabe,  en  Perfien  &  en  Turc, 
Mifk  Tobat ,  félon  TAuteur  du  Mircat. 

TENCU.  Les  Arabes  écrivent  que  c  eft  le 
nom  que  les  Chinois  donnent  à  leur  Monarque. 
II  eft  vrai  que  les  mêmes  Chinois  rappellehc 
aujourd'hui  Tiencu ,  c'eft-à-dire  le  Fils  du  Cielj 
&  Hoan^i^  mot  qui  fignifie  jaune  ou  terreftre, 
pour  le  diftinguer  de  Xang-ti',  qui  fignifie  l'Em- 
pereur du  Ciel  ou  le  Ciel  même  :  car  les  Chinois 
n'ont  point  d*autre  nom ,  pour  exprimer  le  nom 
de  Dieu ,  que  celui  du  Ciel. 

TERIAK ,  la  Thériaque.  Les  Arabes  ont  pris 
ce  mot  des  Grecs  ;  &  leurs  Hiftoriens ,  aufS  bien 
que  ceux  de  la  Perfe ,  difent  que  la  compofltion 
de  la  Thériaque  eft  de  l'invention  de  Feridoun , 
ancien  Roi  de  Perfe  de  la  première  dynaftie, 
nommée  des  Pifchdadiens.  • 

Les  mêmes  Arabes  difent  que  la  plus  excel- 
lente Thériaque  de  l'Orient  eft  celle  de  la  pro- 
vince dlraque  ou  de  Bagdet ,  qui  en  eft  la  capi- 
tale s  &  Ton  raconte  que  le  Khalife  Motaouak- 
kel  en  avoit  de  fi  exquife ,  qu'il  faifoit  mordre 
exprès  des  gens  par  des  vipères ,  pour  les  guérir 
fur  le  champ  ;  6c  cette  Thériaque  de  Baedec  eft 
réputée  fi  fouveraine  contre  les  morfures  de  toates 
fortes  de  bêtes  venimeufes ,  qu'il  y  a  un  proverbe 
pn  Perfe  pour  fignifier  qu'un  remède  ou  un  fe« 


Orientale;  4431^ 

cours  vient  trop  tard ,  qui  porte  ;  >r  C'eft  faire 
venir  de  la  Thériaque  de  Tlraque  <ç. 

Comme  ce  mot  de  Teriak  ne  fignifie  pas  fen- 
lement  chez  les  Orientaux  cette  compofition 
particulière  à  laquelle  nous  donnons  ce  nom, 
mais  encore  un  antidote  en  général ,  il  y  a  quel- 
ques Livres  qui  portent  ce  titre. 

TERIAK  ALMOHEBBIN,  l'Antidote  des 
Amans  ;  titre  d'un  Livre  compofé  par  Hafedh  Al 
OuaiTethi  ,  natif  '  de  la  ville  de  Vaflethe  fur 
le  Tigre. 

; 

TERIAK  LEAHEL  ALESTEHKAK ,  An- 
tidote pour  ceux  qui  recherchent  la  vérité  :  c'eft 
le  titre  d'un  Livre  Perfien  compofé  par  Giami , 
dans  lequel  il  y  a  quarante  Hadits  ou  Récits,  au 
bout  de  chacun  defquels  ce  Poète  a  ajouté  une 
Stance  en  langue  Perfienne. 

TESSEFIN  ou  TASSEFIN  :  ce  nom  de  Tef^ 

Jefin  ou  Tajfefin  tft  tellement  corrompu  dans  les 

Exemplaires^Orientaux ,  qu'on  le  trouve  fouvent 

écrit  dans  les  mêmes  Exemplaires ,  en  difFérens 

endroits ,  Bafchkekin^  Ta/chkekin&i  Nafchkehin. 

Teffefin  Ben  Ali  Ben  louffouf  Ben  TefTefîn 
iuccéda  à  fon  père  dans  le  grand  Empire  des 
Al  Moravides,  que  les  Arabes  appellent  Mola-* 
themiah  &  Morabethah ,  tant  au  deçà  qu'au  delà 
de  la  mer ,  c'eft-à-dire  en  Efpagne  &  en  Afrique. 
Mais  comme  il  étoit  Prince  de  peu  de  valeur, 
il  fut  dépouillé  de  la  plus  grande  partie  de  fes 
Etats  par  Abdalmoumen ,  Cfhcfôc  Fondateur  de 
la  dynaftie  des  Almohides ,  Tan  5  39  de  l'Hégire, 


444       Bibliothèque 

THABARESTAN ,  nom  d'un  pays  qui  con- 
fine du  côté  du  couchant  aux  provinces  de  Oilem 
&  de  Ghilan ,  qui  s^étendenc  Tune  &  l'autre  le 
long  de  la  mer  Cafpienne ,  à  laquelle  elles  ont 
communiqué  leur  nom  y  de  même  que  le  Tha- 
bareftan  j  car  on  appelle  cette  mer  en  Perfien 
indifféremment  Mer  de  Dilerrij  Mer  de  Ghilan^ 
&  Mer  de  Thahareftan. 

Du  côté  do^  levant ,  le  Thabareftan  a  le  Gior- 
gian  ;  au  feptentrion  ,  la  mer  Cafpienne  ;  &  au 
midi ,  une  partie  du  Khorafan  &  une  partie  de 
riraque  Perfienne  ou  de  la  Haute-Perfe. 

On  dit  que. ce  pays  a  pris  fon  nom  du  mot  de 
Teber  ou  Thabar,  qui  fignifie  en  Perfien  une 
cognée ,  à  caufe  que  ceux  qui  y  voyagent  y  doi- 
vent toujours  avoir  une  cognée  à  la  main ,  pour 
fe  faire  chemin  dans  les  bois ,  dont  il  eft  prefque 
tout  couvert. 

On  n  y  feme  que  du  riz ,  qui  y  vient  fort  bien , 
à  caufe  des  eaux  qui  font  abondantes  au  milieu 
de  fes  fqrêts  :  mais ,  d'un  autre  cpté  ,  ces  eaux 
rendent  le  pays  maUfain^  ce  qui  n'empêche  pour- 
tant pas  qu'il  ne  foit  fort  habité  y  à  caufe  de  la 
jurande  quantité  de  foies  dont  on  y  fait  la  récolte. 
Les  maifons  n'y  font  pas  magnifiques  ,  car  la 
plupart  font  bâties  Amplement  de  bois  ou  de 
cannes. 

Les  Hiftoriens  Perfans  écrivent  que  Thaha-r 
murath ,  troifieme  Roi  de  Perfe  de  la  première 
race.,  eft  le  premier  qui  a  fait  cultiver  le  Thaba- 
reftan ,  dont  la  pofttion  convient  fort  biea  k 
l'Hyrcanie  des  Anciens. 

THABARL  Abou  Giâfar  Mohammed  Bes 


Orientale.  44J 

Gîarîr  ou  Gioraïr  Ben  lezîd  Ben  Khaled  Al 
Thabari ,  nom  du  plus  fameux  de  tous  les  Per- 
fonnages  qui  ont  pris  naifTance  dans  le  Thaba- 
reftan ,  par  THiftoire  ge'nérale  ,  depuis  la  créa- 
tion du  Monde  jufquau  temps  auquel  il  vivoit, 
qu'il  mit  au  jour. 

Il  naquit  à  Amol ,  ville  du  Thabarcftan  ,  Tan 
114  de  rHégire;  &  après  avoir  vécu  environ 
quatre-vingt-nx  ans ,  il  mourut  à  Bagdet ,  Tan 
}  ïo  de  la  même  Hégire  ,  dans  une  fi  grande  ré- 
putation, quil  fut  enterré  dans  fa  propre  mai- 
lon ,  qui  devint  par-là  comme  confacree ,  parce 
qu'outre  que  les  Maliométans  regardent  les  cime^ 
tieres  comme  des  lieux  inviolables,  ils  ont  en- 
core une  vénération  particulière  pour  les  fépul- 
cres  de  leurs  Doélears  qui  font  morts  en  odeur 
de  fainteté,  &  ils,  y  vont  en  pèlerinage  faire  leurs 
prières,  pour  demander  à  Dieu  leurs  befoins  par 
leur  interceffion.  Quelques  Auteurs  ont  écrit 
qu'il  étoit  mort  en  Egypte^  mais  fans  en  apporter 
aucune  bonne  preuve. 

Thabari ,  car  il  eft  cité  très-fouvent  fous  ce 
feul  nom ,  a  été  dans  le  Mufulmanifme  un  Doc-* 
teur  qui  a  également  excellé  d^ns  l'explication 
de  l'AIcoran ,  dans  les  Traditions ,  dans  le  Droit 
&  dans  THiftoire ,  &  il  a  écrit  des  Ouvrages  en 
toutes  ces  matières;  de  forte  qu'Abou  Ishak  Al 
Schirazi,  dans  fon  Livre  des  Clafles  des  Jurif-r 
confultes  ,  le  met  au  rang  des  plus  célèbres  dans 
cette  profeffion. 

Le  plus  eftimé  de  fes  Ouvrages  eft  fa  Chro- 
nique ou  Hiftoire.  Ce  font  particulièrement  les 
Perflens  qui  la  citent  fous  ce  dernier  titre.   Il 


44^       Bibliothèque 

l'a  commencée  à  la  création  du  Monde  >  &  Ta 
continuée  jufqu  en  l'an  joo  ou  301  de  THcgire, 
huit  ans  avant  qu'il  mourût. 

On  remarquera  ici  que  ce  Vifir  n  a  pas  feule- 
ment traduit  le  texte  de  Thabari  ;  mais  qu'il  y 
a  encore  ajouté  tout  ce  qu'il  a  cru  pouvoir  l'en- 
richir ;  &  ce  font  pour  la  plupart  des  remarques 
&  des  faits  qu'il  a  tirés ,  comme  il  le  dit  lui- 
même  dans  fa  Préface ,  des  Livres  des  Aftrono*  | 
mes  &  des  HiAoriens  des  Ghebres  ou  anciens 
Perfans  Adorateurs  du  Feu,  des  Juifs  &  des 
Mufulriians;  de  forte  que  cette  tradudion  eft 
beaucoup  plus  curieufe  que  le  texte  Arabique. 

Des  deux  parties  qui  compofent  l'Hiftoire  d« 
Thabari,  dont  la  première  contient  l'Hiftoire 
ancienne  avant  la  venue  de  Mahomet,  &  la  fé- 
conde, ce  qui  s'eft  paifé  jufqu'au  temps  auquel 
TAuieur  vivoit ,  on  n'a  connoiflance  que  de  celle- 
ci  ,  par  l'extrait  qu'en  a  fait  Ebn  Al  Amid  qu  Er- 
►enius  a  traduit  en  latin ,  fous  le  titre  d'Hiftoire 
iaracénique,  &  Ebn  Al  Amid  l'acontinuée  jufqu  a 
fon  fiecle ,  fans  abandonner  fa  méthode  d'écrire 
en  abrégé. 

Ebn  Khaleca^  ,  en  parlant  de  Thabari,  écrie 
qu  il  eft  fidèle  &  exa«îx  dans  ce  qu'il  rapporte , 
éc  que  fon  Hiftoire  eft  la  plus  fincere  entre  toutes 
les  autres. 

Ben  Schohnah  remarque  qu'on  impute  à  cet 
Hiftoriographe  d'avoir  été  Rafadbi  ou  Hétéro- 
doxe ,  parce  que  dans  un  de  ces  Ouvrages  où  il 
parle  aes  fentimens  différens  des  Doâeurs ,  il 
ne  fait  point  mention  d'Ahmed,  fils  de  Hanbal, 
qui  eft  cependant  un  des  quatre  principaux  Doc« 


O  R  I  E  N  T  A  L  «:  44j^ 

teurs  des  Mahomëtans  réputés  Orthodoxes;  & 
il  prétend  que  la  raifon  du  filence  de  Thabari 
eft  que  Hanbal  n'ctoit  pas  fcriptural,  ceft-à-dire 
attache  à  la  lettre  dé  TAlcoran^  mais  feulement 
traditionnaire. 

Saouli  )  dans  la  Préface  du  Lirre  intitule  Divan 
Abdallah  j  qui  fe  trouve  dans  la  Bibliothèque  du 
Roi ,  n^.  1 1 62 ,  &  qui  eft  l'Ouvrage  du  Khalife 
Môtaz  Billah;  qui  s'appeloit  Abdallah  avant  que 
de  parvenir  à  cette  dignité ,  remarque  que  Tha- 
bari avoit  prédit  que  ce  Khalife  nen  jouiroît  pas 
long-temps;  en  effet,  il  n'en  jouit  que  pendant 
quelques  heures. 


s. 


THABATHEBA,  Bani  Thabatheba;  nom 
d'une  dynaftie  de  Princes  defcendans  d'Ali  >  qui 
ont  régné  à  Coufah  &  dans  l'Iémen  du  temps 

2ue  les  Fathimites  étoient  maitres  de  l'Egypte, 
oïouthi  en  fait  mention  k  la  fin  du  Tarikh  Al 
Kholafa ,  qui  eft  l'Hiftoire  des  Khalifes. 

THÀBET;  nom  d*un  des  fils  dlfmaël ,  lequel 
fuccéda  k  la  fouveraineté  de  la  Mecque  &  de 
fon  Temple ,  appelé  Kâbah  y  après  la  mort  de 
ion  père, 

THABET  BEN  CORRAH  BEN  HA- 
ROUN  AL  SABl  AL  HARRANI  ;  nom  d'un 
grand  Médecin ,  d'un  excellent  Mathématicien  , 
&  d  un  Philofophe  très-célebre.  C  eft  celui  que 
les  Européens  appellent  Thebit  :  il  étoit  Sabiende 
Religion ,  de  laquelle  il  eft  parlé  dans  le  titre 
fie  Sabi.  Son  pays  étoit  Harran  ,  ville  de  Méfo-* 
potamiè»  qui  ift  Tanciepiie  Carm^^QÙ  Abra<* 


44^       Bibliothèque 

ham  partit  pour  venir  en  Paleftine  :  il  y  étoïC 
né  Tan  121  de  i'Hëgire  ,  '&  il  y  mourut  Tan  2ÎS, 
Il  a  été  chéri  particulièrement  par  le  Khalife 
Motâdhed  ,  qui  Tavoit  mis  au  nombre  de  fes  AU 
trologues  ,  pour  lavoir  auprès  de  lui  :  mais 
comme- il  favoit  encore  toute  autre  chofe  que 
TAftrologie,  comme  les  autres  parties  des  Ma- 
thématiques ,  la  Philofophie  &  la  Médecine ,  ce 
Khalife  étoit  p!us  fouvenc  avec  lui  qu'avec  fon 
Miniflre  ,  s'entretenant  &  riant  enfemble  fami- 
lièrement. 11  a  écrit  fur  les  Sphériques  de  Théo- 
dofe,  &fait  une  nouvelle  Traduélion  d'EucIide; 
il  a  auf&  écrit  en  langue  Syriaque  touchant  la 
Religion  des  Sabiens  ,  dont  il  faifoit  profeffîon  , 
&  y  a  traité  de  leurs  Conflitutions ,  des  Précep- 
tes qu'ils  doivent  obferver,  de  leurs  Coutumes  ^ 
de  leur  manière  d*enfevclir  &  dcnterrer  les 
morts ,  de  ce  qui  eft  pur  &  de  ce  qui  ne  l'efl 
point ,  des  animaux  qui  font  propres  à  leurs  faeri- 
£ces,  &  de  ceux  qui  ne  le  font  pas ,  des  temps 

3ui  font  deftinés  à  la  prière ,  &  des  lectures  qu'ils 
oivent  faire  en  priant. 

THABET  BEN  SENAN  BEN  THABET  ; 
nom  du  petit-fils  de  Thabet  Ben  Corrah ,  men*- 
tionné  dans  l'article  précédent ,  lequel  a  été  auifi 
habile  que  fon  grand-pere  dans  les  mêmes  Scien- 
ces. Il  a  été  Médecin  de  l'Hôpital  de  la  ville  de 
Bagdet,  &  il  a  écrit  une  Hiftoire  de  fon  temps, 
depuis  environ  Tan  190  de  l'Hégire  jufqu'en  l'an 
3  60  qu'il  mourut.  Aboulfarage  en  parle  comme 
d'un  Ouvrage  très-excellent,  dans  lequel  cet  Au- 
«^teur  fait  mention  d'un  grand  nombre  de  faits  re« 
marquables  ^  quine  fe  trouvent  point  ailleurs. 

TABREK  ; 


Orientale.  44^ 

TABREK  ;  nom  d'un  fort  château  de  Tlraque 
t^erfique ,  que  Tacafch ,  Roi  de  Khouarezm ,  prit 
£ur  Thogrui  fils  d'Arflan  ,  dernier  Roi  Selgiu- 
dde  de  la  dynaftie  de  Perfe. 

,  THAG;  nom  d*une  place  forte  du  Segeftan^ 
qui  fut  prife  par  Mahmoud  Sebekteghin ,  Fon- 
dateur de  la  jlynaftie  des  Gaznevides  dans  le 
Khorafan  &  dans  les  Indes. 

THAC  ;  mot  qui  fignirie  la  même  chofe  que 
Otac,  tente  ou  pavillon  royal  des  Mogols.  Les 
Turcs  fe  fervent  encore  aujourd'hui  du  mot  Orak^ 
pour  û^niûcjt  le  pavillon  de  leur  Sultan^ 

THAFAG'  ;  nom  d'un  GouverneutMes  con- 
quêtes que  Tacafch ,  Roi  de  Khouarezm  ,  avoic 
faites  dans  Tlraqué  Perfiquc  fur  Thogrui ,  fiU^ 
d'Arflan ,  qui  le  fit  prifonnier  ^  le  punit. 

THAGRI-BERDI  ;  c  eft  la  même  chofe  que 
Tangri-virdi  en  Turc,  Dieu  Ta  donné  ,  Deus 
dédit  :  nom  d'un  Gouverneur  d'Alep  &  de  fes 
dépendances,  établi  Tan  797  de  l'Hégire,  parle 
Sukan  Barkok,  &  qui  fut  Général 'd  armée  en 
Egypte  ,  l'an  799  de  la  même  Hégire. 

THAGRI-TH  AG  ou  TH  AGRI-DAG ,  poui» 

Tangri-dag  en  Turc ,  montagne  de  Dieu;  nom 
de  lâ  montagne  fur  laquelle  on  tient  que  l'arche 
de  Noé  s'arrêta  après  le  Déluge. 

THAHAMASB  ou  THAMMASB  j  nom  au 
père  de  Zou  oU  Zab,  dixième  Roi  de  Perfe,  de 
Tome  V.  F  f 


450       Bibliothèque 

la  première  race  nommée  des  Pifchdadiens,   II 
étoit  fils  de  Manougeher.       ' 

THAHAMASB  ou  SCHAH  THAMASB; 

nom  d'un  Roi  de  Perfe  de  la  race  Haïdarienne , 
qui  y  règne  encore  aujourd'hui.  Il  étoit  fils  dlf* 
maël  Sofi  :  c'eft^  celui  que  Ton. nomme  vul- 
gairement S  chah  Thamas.  Il  commença  a  régner 
1  an  930  de  l'Hégire ,  &  mourut  Tan  98}  ,  après 
un  règne  de  cinquante-trois  ans.  Il  laifla  deux 
fils  ,  qui  régnèrent  fous  deux  •  Scliah  Ifmaël ,  & 
Mohammed  Kliodabendeh,  TAveugle, 

Schah  Thamasb  eut  plufîeurs  guerres  dans  le 
Khorafan  contre  lesUzbeks  ;  mais  celle  qu'il  eut 
contre  Soliman  Empereur  des  Turcs  ^  rut  plus 
confidérable.  Soliman  étant  allé  Tattaquer  Tan 
9<|.i  )  pendant  qu'une  autre  guerre  Toccupoit 
dans  le  Khorafan ,  il  fut  obligé  de  venir  à  lui  ; 
mais  il  évita  d'en  venir  aux  mains  >  à  caufe  de  la 
grofle  artillerie  dont  Soliman  éroit  muni.  Mais 
ayant  fu  qu'après,  avçir  pris  la  ville  de  Taurîs, 
^  il  s'étoit  retiré  ,  &  qu'il  étoit  k  Cara-Emit ,  il 
attaqua  fon  Dundar,  c  eft-àdire  Ton  arriere-garde, 
qui  étoit  de  dix-fept  mille  hommes ,  qu'il  avoic 
laiffée  derrière  ,  fuivant  la  coutume  des  Turcs , 
pour  n'être  pas  furpris  ;  il  la  défit ,  &  reprit  la 
ville  de  Tauris.  Mais  Soliman  étant  retourné , 
il  fuit  devant  lui ,  &  ruina  fon  pro{>re  pays  ,  afin 
de  n'être  pas  pourfuîvi, 

Schach  Thamasb  fut  empoifonné  par  uoe  de 
fes  femmes ,  mère  du  Prince  Haïdar  ,  qu'elle 
avoit  eu  de  lui ,  &  qu'elle  vouloit  mettre  fur  le 
trône  •aprè>  fa  mort.  Mais  Haïdar  étant  entré 
dans  les  tréfors  de  ' iba  père  ^  ùl  fœur  Yj  fit  tuer 


P  k  t  Je  N  t  A  L  E*  451 

Î>àr  ^es  gens  qu'elle  avoit  fubornés  pour  lui  ôiet 
a  vie. 

THAHAMt'RATH;  nom  du  troifieme  Mo- 
inarque  dePerfe  ,de  la  dynaftie  des  Pifchdadiens* 
Selon  quelques  Hiftoriens  ,  il  etoic  fils  d  Anu- 
gihan  fils  de  Martakend  fils  de  Houfchenk ,  & 
jfelon  d'autres,  fils  de  Leïlan  Schah  fils  d'un  autre 
Thahamurath  qui  ne  régna  point ,  fit  qui  éioit 
fils  de  Siamek  fils  de  Caî'umarrath.  11  y  a  aufH 
des  Auteurs  qui  le  font  fik  de  Houfchenk  fou 
prédëcciîêur. 

.  Thahamurath  eut  deux  furnoms  j  le  premier 
cft  Beniavend ,  c*eft-à-dire  ^  en  Perfien ,  arme  de 
toutes  pièces,  à  caufe  qu'il  fut  l'inventeur  des 
armes  complètes:  fie  le  fécond,  Div-bend^  le 
vainqueur  ou  dompteur  des  Dives  ou  Géans  , 
efpeccs  de  créatures  entre  Thomme  fie  le  démon  ^ 
félon  la  Mythologie  des  Perfans ,  que  ce  Prince , 
qui  avoit  accoutumé  .de  les  combattre  ,  renfer- 
moit  dans  des  grottqs  fouterraines ,  lorfqu'il  les 
avoit  vaincus.  Il  a  été'  aulîi  appelé  Pelielevan 
JZartian  ^  It  Héros  defonjieclej  fie  Sahab^kerarij 
le  Maure  de  Uheureuje  Conjonction  des  Pla^ 
neies ,  titre  qui  a  été  renouvelé  depuis  dans  la 
perfonne  de  Tamerlan. 

On  attribue  à  Thahamurath  la. fondation  de 
ieptprincipalcs  villes  des  deux  provinces  qui por-» 
.tent  le  nom  Alraque  ^  de  Y  Arabique  ôc  de  U 
f^erftque.  Babylone  ôc  Ninive  font  les  plus  con* 
fiderables  de  la  première  ,  ôc  Ifpahan  de  la  fe-j 
ponde.  H  laifla  à  fes  fu jets  upe  hberté  entière  de 
C9n/ciencç  ^  de  forte  que  fous  fon  regj^ie',  que 

Ffij 


45^       Bibliothèque 

quelques  Hiftoriens  marquent  du  temps  des  Pa- 
triarches Seth  &  Enoc ,  avant  le  Déluge  ,  Ylda^ 
latrie  s'étendit  &  fe  multiplia  dans  tout  l'Orient. 

Cette  époque  de  Tldolâtrie  eft  aflez  conforme 
à  celle  que  les  Juifs  &  plufîeurs  Chrétiens  lui 
donnent ,  fondés  fur  ce  pafl'age  de  la  Genefe  , 
où  il  eft  dit ,  félon  le  Texte  Hébreu  ,  du  temps 
du  Patriarche  Enoc  :  Tune  ihcœptum  ejl  invocare 
in  nomine  Domini. 

Cependant  Thahamurath  aimoit  tellement  fes 
peuples ,  qu'une  grande  famine  étant  furvenue 
en  Perfe ,  il  ordonna  que  les  riches  fe  conten- 
taflent  d'un  feul  repas  par  jour ,  &  qu'ils  diftri- 
bua/Tent  aux  pauvres ,  pour  leur  fubfiftance ,  celui 
qu'ils  fe  retranchoient.  Il  leur  en  donna  lui- 
même  l'exemple  ,  &  il  reçut  de  grandes  louanges 
d'avoir  trouve  un  moyen  qui  conferva  la  vie  aux 
uns ,  &  qui  entretint  la  vie  aux  autres.  On  ne 
doute  point ,  difent  les  Hiftoriens  de  Perfe ,  que 
le  jeûne  qui  a  depuis  été  inftitué  dans  plnfieurs 
Religions  ,  n'ait  pris  de  là  Ton  origine. 

Outre  les  villes  que  ce  Prince  fit  bâtir  dans 
riraque  ,  celle  dç  Mcrou ,  Tune  des  quatre  que 
la  province  de  Khorafan  rcconnoît  pour  avoir  été 
fes  capitales  &  les  fiéges  de  fes  anciens  Rois, 
prétend  que  Thahamurath  eft  fon  Fondateur,  & 
même  qu'il  y  a  fait  un  aflez  long  féjour.  Celle 
d'Amida  en  Méfopotamie ,  que  l'on  appelle  au- 
jourd'hui Diarbekr  &  Cara^emit ,  font  auâi  re- 
monter leur  antiquité  jufqu'à  ce  Prince  :  mais 
ces  origines  ne  parôiflent  pas  moins  fabuleufes 
que  les  expéditions  militaires  du  même  Prince , 
dont  il  y  a  un  volume  entier,  qui  porte  le  titre 


O  11  I  E  If  T  A  L  E..  45) 

de    Thahamurath  Nameh  ,  Hijloire  de    Tha^ 
hamurath. 

On  pourroic  fort  bien  pafler  fous  filence  toutes 
ces  prouefles ,  fi  Ton  n  avoit  en  vue  que  la  vérité 
de  IHiftoire.  Mais  comme  la  Mythologie  des 
Perfans  a  été  jufquà  préfent  afiez  peu  connue  ^ 
pendant  que  celle  des  Grecs  a  rempli  tous  nos 
Livres,  on  en  donnera  ici  quelque  échantillon. 

Dans  le  temps  que  Thahamurath  régnoit,  il 
y  avoit  une  efpece  de  créatures  qui  avoient  gou- 
verné le  Monàe  avant  le  fiecle  d'Adam ,  mais  qui 
ëtoient  pour  lors  confinées  dans  la  montagne  de 
Caf.  Les  Arabes  appellent  ces  créatures,  du  nom 
de  Ginn ,  &  les  Perfiens  de  celui  de  Dives ,  6c 
ce  font  les  mêmes  que  les  Grecs  ont  appelée 
Démons  :  cependant  elles  ne  laiflent  pas  d'être 
confondues  avec  les  Géans ,  defguels  l'Ecriture 

Î^arle  dans  le  premier  âge  du  Monde ,  &  dont 
es  Mythologues  Grecs  ont  fait  prefque  une  Hif- 
toire  luivie. 

Le  pays  que  ces  créatures  habitoient  du  temps 
de  Thahamurath ,  s'appelle  Ginnijlan ,  c'eft-à- 
dire  le  Royaume  des  Ginn ,  lequel  a  la  même 
étendue  que  la  montagne  de  Caf,  qui  fait  une 
ceinture  autour  de  la  terre ,  &  qui  embrafTe  éga- 
lement l'orient  -,  l'occident ,  le  feptentrion  & 
le  midi.  - 

Thahamurath  fut  tranfporté  dans  ces  régions 
imaginaires ,  ce  que  nos  anciens  Romans  diroient 
en  Féerie  ,  pour  dire  dans  le  pays  des  Fées ,  par 
un  oifeau  admirable ,  que  les  Arabes  appellent 
par  excellence  le  grand  Oifeau ,  &  les  Perfans  y 
Simorg  y  Anka ,  «.  Simorg  Anka ,  comme  q[ui 

F  f  iij 


454        Bibliothèque 

diroic  le  Griffon  merveilleux .  En  effet ,  fuîvant 
les  Orientaux  ,  c'eft  un  oifeau  fort  extraordi- 
naire ;  car  il  eft  raifenttabte ,. il  parle  toutes  forfes 
de  langues,  &  il  eft  capablede  Religion , comme 
nous  le  verrons  bientôt.  En  \m  mot ,  c'eft^  une 
Fe'e  qui  a  la  figure  d'un  oifeaii. 

Le  Caherman  Namch  rapporté  que  Simorg 
Anka  e'tant  interrogé  fur  fon  âge  ,  répondit  : 
f>  Ce  monde  eft  fort  ancien  ,  car  il  s  eft  déjà 
trouva  fept  fois  rempli  de  créatures  ,  &  fept  fois 
entièrement  vide  de  toutes  fortes  d'animaux.  Le 
iiecle  d'Adam ,  dans  lequel  nous  fommes ,  doit 
durer  fept  mille  ans  y  qui  font  un  grand  cycle 
d'années,  &  j'ai  déjà  vu  douze  de  ces  révolu- 
tions ,  fans  que  je  fâche  combien  il  m'en  refte 
à  voir. 

Le  même  Livre  nous  apprend  que  Simorg 
Anka  étoit  grand  ami  de  la  race  d*Adam ,  &  en- 
nemi capital  des  Dives  ou  Démons.  Il  avoit 
connu  ce  premier  père  des  hommes ,  lui  avoit 
juré  fidélité,  &  faifoit  profeffion  du  même  culte 
[u'il  rendoit  à  Thâ\x  :  il  prédit  à  Thahamurath 
à  Caherman  tout  ce  qui  devoit  leur  arriver  » 
&  en  leur  promettant  de  les  fervir  dans  toutes 
leurs  entreprifes  ,  il  arracha  de  fon  fein. quelques 
plumes,  dont  il  leur  fit  préfent.  Thahamurath 
mit  ces  plumes  à  foncafque,  &,  à  fon  exemple, 
les  plus  grands  Guerriers  qui  font  fuivi ,  fe  ibnt 
toujours  fervi  de  cette  forte  de  parure  pour  leurs 
armes. 

Pour  dire  encore  quelque  chofe  de  plus  par- 
ticulier touchant  Simorg  Anka  ,  il  fut  toujours 
inviolable  daas  ks  combats  qu'il  livra  lui  feul  aux 


Orientale.  455 

Démons,  &  tous  les  Héros  qu'il  favorifa  rem-* 
portèrent  aufli  par  fon  mbjen  de  grands  avan- 
tages fur  eux  :  on  lient  même  qu'avec  fes  propres 
forces  il  pouvoit  exterminer  cette  race  ,  mais 
que  quelque  ordre  fecret  de  Dieu  len  empê- 
choit. 

Thahamurath  ayant  donc  e'té  tranfporté  à  U 
montagne  de  Caf ,  fecourut  les  Péris  contre  les 
Dives ,  c'eft-à-dire  les  bons  Démons  contre  les 
mauvais  y  car  il  y  avoit  une  guerre  perpétuelle 
entre  ces  deux  nations. 

Argenk,  fameux  Géant,  voyant  que  les  Péris 
avoient  de  grands  avantages  fur  lui  &  fur  fes 
gens  par  le  lecours  de  Thahamurath,  envoya  k 
jfhahàmurath  une  ambafTade  (oiennelle  pour  lui 
demander  la  paix.  Le  Chef  de  l'ambaffade  était 
Imlan ,  qui  abandonna  le  parti  des  Dives  pour 
fe  donner  à  Thahamurath  &  fuivre  fa  fortune  ; 
fie  par  la  venu  de  fon  art  talifmanifque  fit 
magique ,  il  fit  de  fi  grandes  chofes ,  que  Tha- 
hamurath fe  rendit  maître  de  la  montagne  enr 
tîere  de  Caf ,  en  domptant  non  feulement  Ar- 
genk ,  mais  encore  un  Géant  plus  terrible  que 
lui ,  nommé  Demrufch. 

Demrufch,  comme  le  Cacus  des  Latins,  avoit 
fa  retraite  dans  une  caverne  au  milieu  d'un  tréfor 
immenfe,  qu'il  avoit  amaifé  du  butin  de  la  Perfc 
fi&  des  Indes,  où  il  faifoit  des  courfe^  très-frér 
.  quentes.  Il  avoit  même  enlevé  Mergian  Péri , 
Mergiane  la  Fée ,  qu'il  tenoit  prifonniere  dans 
fon  antre  :  c'étoit  un  exploit  digne  de  la  valeur 
de  Thahamurath  ,  que  d'entreprendre  la  défaite 
de  ce  monftre,  qui  défoloit  fes  provinces.  II  l'at* 
taqua  donc  avec  toutes  fes  forces ,  le  détit,  6;  £( 

Ff  ir 


45^       Bibliothèque 

rendit  maître  de  fes  fort?.  Ainfî ,  ayant  mis  Mer-» 
gîane  en  liberté ,  cette  Fée  l'engagea  k  une  nou- 
velle guerre  contre  Houdkonz,  autre  Géant,  fon 
ennemi.  Ce  fut  dans  cette  querelle  que  le  ^rand 
Thahamuratb  trouva  la  fin  de  fes  viÂoires  &  de 
fa  vie  ,  en  laiïïant  à  fes  fucceffèurs  le  modèle  d'ua 
Monarque  incomparable. 

Il  y  a  une  tradition  félon  laquelle  on  tient  que 
te  Prince  fut  le  premier  qui  fit  cultiver  le  riz  , 
&  nourrir  des  vers  à  foie  d^ns  la  province  de 
Tlîâbareftan. 

THAHER  BEN  HOSSAIN  BEN  MAS- 

SAB,  Thaher,  fils  de  HofTaïn  fils  de  Maffâbj 
nom  du  Général  des  troupes  d'A!  Mamon  , 
avant  qu'il  fût  Khalife,  lorfqu'il  faifoit  fon  fëjour 
dans  le  Khorafan  ,  où  il  avoit  une  autorité  ab- 
folue  &  indépendante,  fuivant  le  teftament  de 
Haroun  Al  Rafchid  fon  père.  Mais  Amin  ,  fon 
frère  ,  qui  avoit  fuccédé  au  Khalifat ,  ayant  pris 
quelque  ombrage  de  fes  démarches  &  de  fa  con- 
duite ,  lui  déclara  la  guerre ,  ce  qui  l'obligea  de 
fe  mettre  auifi-tôt  en  campagne ,  &  de  donner 
le  commandement  de  fon  armée  à  Thaher. 

Thaher  gagna  une  grande  bataille  contre  les 
Généraux  d'Amin  ,  &  par  cette  vidoire  il  acquit 
le  titre  de  Khalife  à  Al  Mamon  ,  fon  Maître, 
dans,  toute  1  étendue  d«  fes  Etats  &:  de  fon  Gou* 
vernement.  En  pourfuivant  toujours  les  enne-» 
mis,  il  s'approcha  de Bagdet ,  &  y  affiégea  Amin , 
[u'il  fit  tuer  quelque  temps  après  par  fes  g-ens  ; 
e  forte  que  Mamon  fuccéda  à  fon  frère  &  jouit 
leinement  du  Khalifat.  Mais  comme  ce  Kha-* 
itf(^  ^^yçit  pri$  Içs  s^içix\es  contre  fan  frère  qqe 


O  R   I  E  N   T  A  L  EV  4^7 

pour  reponflêr  la  force  par  la  force  ,  &  nulle- 
ment 'aans  Tintention  de  le  détrôner  ni  de  Ini 
ôter  la  vie ,  il  ne  voyoit  jamais  Thaher  depuis 
ce  temps-là ,  qu'il  ne  verfât  des  larmes  en  le 
regardant  comme  l'auteur  de  fa  mort. 

Thaher  étant  un  jour  entré  dans  la  chambre 
du  Khalife,  &  s  étant  apperçu  de  fes  larmes  ,  il 
en  demanda  la  caufe  à  un  de  fes  amis ,  qui  ne  la 
lui  cacha  point.  Sur  ce  récit,  croyant  qu'il  n'y 
avoit  point  de  fureté  pour  lui  à  la  Cour ,  il  de- 
roanda  à  s*en  retirer,  &  afin  de  le  faire  hono-* 
rablement ,  il  fit  inÂance  pour  obtenir  le  gou- 
vernement de  la  province  de  Khorafan  ,  qu'Ai 
Mamon  lui  accorda  d'autant  plus  volontiers ,  que 
fa  préfence  ne  lui  donneroit  plus  occafion  de 
renouveler  fa  douleur.  Il  la  lui  donna  même 
avec  une  autorité  fi  grande  ,  que  ce  fut  plutôt  â 
titre  de  principauté  que  de  gouvernement,  afin 
êe  lui  mieux  marquer  fa  reconnoiflance  du  feir-» 
vice  qu'il  avoit  reçu  de  lui. 

Thaher  étant  arrivé  dans  le  Khorafan,  &  ayant 
pris  pofi'effion  du  gouvernement*,  s'y  comporta 
d  une  manière  qui  fit  bientôt  paroitre  que  le 
foupçon  qu'il  avoit  conçu  de  l'intention  du  Kha- 
life contre  lui,  prévaloir  dans  fon  efprit  aux  obli* 
gâtions  de  fon  devoir.  Enfin  il  leva  le  mafque 
entièrement ,  &  fe  déclara  Maitre  âc  Prince  ab«- 
folu  de  ce  pays-là ,  qu'il  érigea  en  principauté  » 
au  milieu  des  Etats  du  Khalife ,  pour  lui  &  pour 
fes  héritiers ,  qui  formèrent  la  dynailie  des  Tha« 
hériens  ou  Thahérites ,  ainfi  appelés  de  fon  nom. 

Il  étoit  ce  que  les  Latins  ont  appelé  Ambi- 
^exter ,  c'eft-à-dire  qu*il  faifoit  de  la  main  gau- 
che les  mêmes  fonélions  que  de  la  main  droite  ; 


45*       Bibliothèque 

£c  cela  donna  lieu  à  ce  diftique  ,  qui  fut  fait  fur 
lui  :  la  dha  alïemintin  airt  uahedho  :  Nokfan 
ain  V  iemin  ^adhp ,.  qui  fignifie  qu'il  avoit  une 
main  de  plus  &  un  œil  de  moins.  C'eft  pour 
cela  qu'il  fut  furnommé  en  Arabe  Dhoul-iemi-' 
neïn^j  Ambidexter  ^  ou  ayant  deua:  mains 
droites.   • 

L'Auteur  du  Lebtarikh  parle  d*une  autre  ma- 
nière du  fujec  pour  lequel  il-  fut  appelé  de  ce 
furnom.  11  dit  qu*Al  Mamon  leluiavoit  donne, à 
caufe  qu'il  lui  avoit  proeuré  le  Khalifai  par  la  mort 
d'Amin ,  ou,  fuivant  le  fentiment  d'autres  Au- 
teurs ,  fur  ce  qu*en  faifant  reconnoître  Tlman 
Ali  Ridha  pour  Khalife  ,  par  ordre  d'Al  Mamon, 
&  en  lui  prêtant  ferment  en  cette  qualité ,  il  lui 
dit  :  >>  Ma  main  droite  a  mis  Mamon  fur  le 
trône ,  &  ma  gauche  fait  la  même  chofe  pour  un 
Imarv  tel  que  vous  l'êtes  ;  à  quoi  Ali  Ridha  ré- 
pliqua :  )>  \Jnt  main  gauche ,  qui  élevé  un  Iman 
lur  le  trône ,  peut  s'appeler  la  main  droite  <c. 

Le  même  Auteur  remarque  encore  que,  lorf- 
que  le  Khalife  Al  Mamon  abandonna  volontaire- 
ment le  Khorafan  à  Thaher ,  avec  la  grande  au* 
torité  qui  a  été  marquée  ^  Fadhel  Ben  Saiah ,  Vifir 
du  Khalife ,  très-fa  van  t  dans  T  Aflrologie ,  fit  Tho- 
rofcope  de  Thaher  dans  le  même  moment  ;  & 
après  avoir  bien  confidéré  le  thème  de  fa  naif- 
fance  avec  celui  de  fon  élévatioa  ,  il  lui  dit: 
ï^evài  tou  bethalai  beflehem  kih  ta  carih  fchaji 
Jal  ora  kejfi  netuPaned  kefchoud  :  i>  J*ai  joint  en- 
femble  votre  étendard  avec  votre  afcendant,  & 
je  vois  que  jufqu'au  terme  d'environ  foixante  ans, 
perfonne  ne  pourra  l'abattre  «c.  En  effet  il  arriva 
que  cette  principauté  ^  défignée  par  l'étendard , 


"ORIENTALE.  45^ 

demeura  dans  la  famille  de  Thaher  ,   tout  le 
temps  qui  avoir  été  marqué  par  le  Vifir. 

AToccafion  de  1  étendard  dont  il  eft  ici  parlé, 
il-eft  bon  de  remarquer  en  paiTant,  que  le  mot 
A*lem  fignifie  généralement  en  Arabe  une  cn- 
fèigne  ,  &  plus  particulièrement  un  drapeaa 
d'infanterie ,  qui  eft  plus  grand  que  celui  de  la 
cavalerie,  qui  s'appelle  Leva  :  ainfi  Mir  Leva,- 
en  Perfien  &  en  Turc ,  fignifie  le  Guidon  ou  la- 
Cornette  blanche  de  la  cavalerie  ;  car  parmi  eux 
il  n'y  a  point  de  diftinélion  entre  la  gendar- 
merie &  la  cavalerie  légère.  Mir  Leva  iignifie 
même  cliez.eux  un  Gouverneur,  à  caufe  qu'il 
commande  toute  la  cavalerie  de  fa  province^  qui 
eft  obligée  de  fe  rendre  fous  Tétendard  qui  lui  a 
été  donné,  comme  la  lïiarque  de  fa  dignité, 
lorfqu  elle  eft  appelée. 

C  eft  de  là  auffi  que,  parmi  le^  Orientaux  ,  le 
Guidon  ou  la  Cornette  eft  la  marque  du  com- 
iTiiindemént ,  &  les  Khalifes  avoient  coutume 
de  renvoyer  aux  Princes ,.  qui  avoient  une  auto- 
rité abfolue  dans  les  provinces  du  Rhalifat,  pat 
leur  aveu  .  &  fous  leur  efpece  de  fouverai- 
necé  :  car  c*étoit  un  hommage  lige  que  ces 
Princes  rendoient  aux  Khalifes ,  lorfqu'ils  recer 
voient  de  leur  part  Tétendard  accompaOTe  de 
leurs  Lettres-Patentes  .  confirmatives  de  leur 
dignité  ,  &  Ton  en  trouve  un  très-grand  nombre 
d'exemples  dans  leurs  Hiftoires ,  où  l'on  remar- 
que qu'ils  leur  envoyoient  auffi  quelquefois  une 
vefte,  un  fabre,  &  d'autres  marques  d'honneur. 
.Aujourd'hui  l'Empereur  des  Turcs  envoie  ordi- 
nairement une  vefte  &  un  fabre  aux  Princes  fes 
fcudatdrês. 


'46o         ÊIBLIOTHEQITE 

Ainfi ,  comme  il  paroic  dans  l'endroit  du  Leb* 
tarikh  rapporté 'ci- deâiis ,  le  mot  de  Leva  (e 
prend  fouvent  pour  le  commandement  abfolu. 

Pour  revenir  à  Thaher  ,  il  fut  le  premier 
qui  ofa  faire  fupprimer  le  nom  du  Khalife  dans 
le  Khothbah  ou  Prâne  du  Vendredi  dans  les 
mofquées  ;  mais  les  Auteurs  ont  remarqué ,  qu  il 
n'eut  pas  plus  tôt  fait  cette  aiflion,  qu'une  fièvre 
violente  le  faifit ,  dont  il  mourut  l'an  256  de 
l'Hégire  ,  de  J.  C,  870  ,  après  avoir  régné  un  an 
&  demi ,  en  laiâânt  Thalelih  y  fon  fils ,  pour  fuc- 
ceiTeur. 

On  ne  dit  rien  ici  de  la  bravoure  ni  de  la 
magnanimité  de  Thaher,  qui  fut  le  plus  grand 
Capitaine  de  fon  temps ,  parce  que  l'on  en  a 
parlé  fu^amment  ailleurs. 

THAHER  BEN  ABDALLAH,  Thaher fiîs 
d'Abdallah  ;  nom  du  quatrième  Prince,  jk  fécond 
du  nom  de  la  dynaftie  des  Thahérites  ou  fuc- 
cefleurs  de  Thaher  fils  de  Hoflaïn ,  qui  en  fut 
le  Fondateur ,  comme  il  a  été  marqué  dans  l'ar- 
ticle précédent.  Il  fuccéda  à  fon  père  A'bdallah^ 
&  reçut  du  Khalife  Vathek  la  Patente  &  l'Eten- 
dard ,  pour  lui  marquer  qu'il  étoit  fon  vaflkl. 
Il  régna  en  boit  Prince ,  &  gouverna  fes  peuples 
avec  beaucoup  de  fageCe  1  efpace  de  dix -huit 
ans ,  &  mourut  l'an  278  de  l'Hégire. 

THAHER  BEN  MOHAMMED ,  Thaher 
fils  de  Mohammed;  nom  du  troifieme  &  dernier 
prince  de  la  dynaftie  des  Soffarides  ou  de  la  fa- 
mille &  poftéricé  de  Leïth.  Il  étoit  petit-fils 


Orientale.  461 

«d*  Amrou  Leïth ,  qui  fut  vaincu  &  fait  prifonnier 
par  Ifmaël  le  Samanide. 

Après  la  déroute  de  fon  grand-pere  ,  Thaher 
fe  retira  dans  la  province  de  Segeftan  ;  où ,  du 
confentement  générai  ,  il  fut  reconnu  Roi  & 
TucceiTeur  légitime  du  même  Amrou.  Mais  Ifmaël 
le  Samanide  ne  le  laiilàpas  jouir  long-temps  de  fa 
dignité ,  car  il  alla  l'attaquer  dans  cette  province  ; 
&  non  feulement  il  battit  fes  troupes ,  mais  il 
le  fit  auffi  prifonnier  &  l'envoya  au  Khalife. 

Il  régna  une  année  feulement ,  &  la  àynaûie 
prit  an  en  fa  perfonne  l'an  290  ou  293  de  THé* 
gire ,  fous  le  Khalifat  de  Moktafi  :  néanmoins 
fa  poftérité  dura  encore  quelque  temps;  mais 
aucun  de  fes  defcendans  n'a  régné. 

THAHERIOUN,les  Thahériens  ou  lesTha- 
hérites  ;  nom  d'une  famille  ou  dynaftie  de  Prin- 
ces qui  ont  régné  dans  le  Khorafan ,  laquelle  a 
tiré  fon  nom  &  fon  origine  de  Thaher,  fils  de 
Hoiîàïn"  fils  de  Maflab  ,  furnommé  ^l  Khou!(âî 
&  Dhoul'iemineïn  ,  V Ambidextre, 

Cette  dynaftie  eft  la  première  qui  s'eft  élevée 
dans  le  Mqfulmanifme ,  fous  l'Empire  des  Kha- 
lifes. Elle  prit  fon  commencement  l'an  ^55  de 
l'Hégire,  fous  le  règne  du  Khalife  Al  Mamon  , 
&,  elle  a  duré  cinquante-flx  ans ,  fous  cinq  Rois 
ou  Princes ,  compris  dans  ce  quatrain  ,  en  vers" 
Perfien  :  Der  Khorajfan  ^edl  Maffâb  /chah  : 
Thaher  V  Thalehah  boud  Abdallah  :  Ba^  Tha-- 
her^  dighier  Mohammed  dan  :  Khi  0  be  làkoub 
Aad  tahht  kulah  :  )^  Les  Rois  de  la  Maifon  de 
Mafiab ,  qui  ont  régné  dans  le  Khorafan ,  font 
Thaher  Thalehah ,  Abdallah  »  Thaher  fécond  du 


46t     >BrBLroTilÈQtJÈ 

nom  ,  &  Mohammed ,  qui  cédafon  trône  &  fit 
couronne  à  Iakoub  ,  fi!s  de  Leïth,  Fondateur  de 
la  dynaftie  des  SofFarides  «. 

« 

thaï  ,  nom  d'une  Tribu  parmi  les  Arabes , 
de  laquelle  deux  grands  hommes  font  fortis; 
Hatem  Thaï  &  Abou  Temam. 

THAIBILLAH  ABDALKERIM BEN 

MOTHl .  BILLAH  ;  nom  du  vingt-quairieme 
Khalife  de  la  Maifon  des  Abbaftdes  y  lequel  fuc- 
céda  au  Khalifat  par  Tabdication  de  fon  père 
Môihi  en  fa  faveur,  Tan  36}  de  THégire ,  de 
J.  C.  973. 

La  première  année  de  fon  règne,  la  Miiice 
Turquefque  de  Bagdet  eut  des  oifferends  avec 
Ezzaldoulat ,  Prince  de  la  race  des  Bouides ,  qui 
avoir  toute  1  autorité  du  Khalife  en  main.  Ces 
cens  s  étant  mutinés  contre^lui ,  il  fut  contraint 
de  fortir  de  la  ville  &  de  fe  retirer  à  Vaffeth ,  d'oii 
il  envoya  demander  du  fecours  à  Adhad  Aldou- 
lat,  fon  coufin  ,  qui  régnoit  en  Perle. 

Cependant  les  Turcs,  avec  le  Khalife  à  leur 
tête ,  le  pourfuivirent  &.  lui  livrèrent  plufiears 
-combats ,  dont  ils  remportèrent  toujours  lavaii- 
rage  ;  de  forte  qu^Ezzaldouiat  fut  obligé  de  paf- 
fer'dans  Tlraque  Perfienne,  pour  joindre  le  fe- 
cours que  ion  coufin  lui  amenoiten  perfonne. 

Après  la  jon<5lion  des  deux  armées.  Tan  3(>4, 
les  Turcs ,  qui  ne  crurent  pas  pouvoir  paroitre 
en  campagne ,  fe  retirèrent  à  Bagdet  ;  mais  voyant 
^ue  les  deux  Princes  s'en  approchoient  clans  la 
-réfolution  d^affiéger  la  ville  ,  *&  ne  jugeant  pas 
y*  être  en  fureté  ,    ils    ^abandonnèrent  ,  de 


Orientale.'         465 

même  que  le  Khalife  ,  qui  ne  laiifa  pas  de  tenir 
ferme  après  leur  retraite.  Néanmoins,  parce  qu'il 
n'avoit  pas  aflez  de  forces  pour  leur  réfifter,iJ 
fut  obligé  de  leur  ouvrir  les  portes  après  quelque 
réfift^ynce.  Les  Princes  Bouides  lui  rendirent 
toutes  fortes  d'honneurs ,  &.  il  leur  en  fit  récipro- 
quement; &  Adhad  Aldoulat,  après  avoir  rétabli 
fon  coufindans  l'autorité  de  Lieutenant-Général 
du  Khalifat,  retourna  en  fon  royaume  de  Perfe. 

L'an  ■}66  ,  Adhad.  Aldoulat  &  E'zz-Aldoulac 
s'étant  brouillés  enfemble ,  fe  mirent  en  cam- 
pagne &  donnèrent  plufieurs  combats,  qui  furent 
û  défavantageux  à  E'zz-Aldoulat ,  qu'à  la  fin  il 
fuccomba ,  &  qu'il  fut  obligé  ,  l'an  367 ,  de  quit- 
ter Bagdet  &  de  fe  retirer  en  Syrie.  11  y  amaila 
de  nouvelles  troupes ,  &  reprit  le  chemin  de  Bag- 
det. Adhad  Aldoulat,,  qui  étoit  attentif  à  toutes 
fes  démarches,  étant  parti  de  Bagdet  dès  la  pre- 
mière nouvelle  qu'il  eut  de  fa  marche  ,  alla  au 
devant  de  lui  jufqu'à  Tekrit ,  où  les  deux  armées 
combattirent  ;  mais  la  fortune  fut  encore  û  con- 
traire à  E'zz-Aldoulat  ,  qu'il  fut  pris  &  tué. 
Adhad  Aldoulat  demeura  ainfi  le*  maître  dans 
Bagdet,  &il  mourut  Tan  372  ,  lai^ant  Samfam 
Aldoulat,  fon  fils ,  pour  fuccefleur. 

Mais  Samfam  Aldoulat  ne  jouit  pa^  long-temp$ 
du  commandement  ;  car  Scherf  Aldoulat ,  fon 
frère,  lui  ôtala  liberté,  &  le  tint  dans  une  étroite 

λrifon  ,  après  l'avoir  dépouillé  de  tous  fes  bieng. 
1  obtint  enfuite  du  Khalife  Thaï  coii$  les  hon- 
neurs qu'il  défiroit,  &  gouverna  ie^khalifat  juf-^ 
qu'en  l'année  379  qu'il  mourut. 

Baha  Aldoulat ,  rrere  de  Scherf  Aldoulat,  qui 
fut  appelé  «à  la  même  dignité  &  aux  mêmes 


464  BlbLrDTHEQÙE 

honneurs  ^  n'en  ufa  pas  û  bien  avec  le  Khalife 
que  fes^ frères  en  avoient  ufé;  car  Tan  j8i ,  pouflë 
par  une  grande  avidité  de  fe  mettre  en  pofîcffion 
de  fes  biens ,  fans  en  avoir  demandé  permiifion, 
comme  lui  &  fes  prédéceâeurs  avoient  coutume 
de  le  faire,  il  entra  dans  fa  chambre  accompa- 
gné de  quelques  Dilemites ,  gens  de  fa  nation. 
Le  Khalife  ,  qui  crut  qu'ils  venoient  le  faiuer  j  fit 
aiTeoir  Baha  Aldoulat ,  &  tendit  fa  main  pour  la 
donner  à  baifer  aux  autres  r  mais  ceux-ci  l'ayant 
pris  par  les  bras  &  par  les  pieds ,  le  tranfporte- 
rent  dans  un  autre  appartement ,  où  il  fut  retenu 
prifonnier. 

En  même  temps ,  Baha  Aldoulat  fe  faifit  de 
tous  les  tréfors  qui  lui  avoient  fervi  de  motif  pour 
faire  ce  coup ,  &  dépêcha  un  Exprès  à  Ahmed, 
fils  d'Ishak  petit-fils  du  Khalife  Modader  y  pour 
le  faire  venir  prendre  la  place  de  Thaï.  Ce  Prince 
vint ,  &  Baha  Aldoulat  l'ayant  mis  fur  le  trône 
du  Khalifat,  il  prit  le  nom  de  Cader  y  &  régna 
i  la  place  de  Thaï,  qui  fut  réduit  à  la  vie  privée. 
Le  Tarikh  Khozideh  remarque  même  qu'il  vécut 
encore  long-temps  après  avoir  été  dépofé ,  & 
qu'il  converfoit  ordinairement  avec  Cader  :  il 
mourut  à  l'âge  de  foixante-neuf  ans  ,  après  en 
avoir  régné  dix-fept  &  neuf  mois. 

THAIR ,  nom  d'un  Roi  des  Arabes  ,  contre 
lequel  Sapor ,  Roi  de  Perfe ,  furnommé  Dhcu^ 
laktafy  nt  la  guerre ,  &  qail  fit  mourir  par  la 
trahifon  de  Melakah  ,  fa  propre  fœur  ou  plutôt 
fa  propre  fille  ,  fuivant  un  Exemplaire  du  Leb- 
tarikh  fort  côrreél. 

THALEBI. 


O  H  I  E  K  T  À  L  t.  465 

THALEBI,  ïflâ  Ben  Aboa  Thaleb;  furnom 
de  Mohammed  Ben  Ibrahim  Thabatheba,  qui 
fe  fouleva  pendant  le  règne  du  Khalife  Al  Ma- 
mon ,  Tan  199  de  THégire  ;  &  ceux  qui  fuivirenc 
fon  partie  prirent  de  lui  le  nom  de  Thaltbites* 
Pour  lui,  il  s'appela  TAû/eôi  ^  d'Abou  Thaleb^ 
père  d' AU ,  duquel  il  defcendoit 

THALECAN  ;  nom  d  une  ville  voifîne  de 
celle  de  Balkh  dans  le  Khorafan ,  laquelle  fut 
prife  par  Ginghizkhân ,  l'an  61 8  de  l'Hégire ,  & 
fes  habitans  furent  alors  toiis  tués  pu  faits  efclaves. 
Ginghizkhan  partit  enfuitc  de  cet  endroit  pout 
aller  par  la  province  de  Caboul  >  attaquer  Saaded> 
din  qui  étoit  campé  fur  le  fleuve  Indus* 

THALEHAH  BEN  THAHER  ;  nom  du 
fécond  Prince  de  la  dynaftie  des  Thàherites  ,  qui 
fuccéda  à  fon  père  Thaher  Al  Khouzâi ,  à  la  fuc- 
cei&onâu  royaume  de  Khorafan,  qu'il  vehoit  de 
fonder,  ave^  d'autant  plus  de  droit,  qu'il  y. fut 
confirmé  par  le  Khalife  Al  Mamon* 

Il  y  eut  à  réduire  un,  rebelle  nommé  Hamiàh , 
qui  prit  les  armes  contre  lui  dans  la  province  de 
Siftan  à  la  tête  d'un  aâez  grand  nombre  de  gens 
qui  le  fuivirent  ;  mais  il  l'eut  bientôt  défaif. 
Il  n'éùt  pas  le  même  bonheur  contre  les  >ré- 
voltés  de  la  ville  deNifchabour;  car  il  fut  tué 
dans  la  guerre  qu'il  leur  fit,  Tan  zij  de  l'Hégire, 
après  avoir  régné  fix  ans  &  quelques  mois. 

L'Auteur  du  Lebtarikh  lui  donne  pour  fûccef- 
feur  un  autre  Thalehah,  qui  étoit  fon  fils;  mais 
Khondemir  ni   les   autres.  Hiftoriens    ne    fon^ 

TomeV.  G  g 


/ 


f^%         B  I  B  L  I  OT  M  Eî(?  U  E 

point  mention  de  ce  Prince  ^  &  lui  donnent  pour 
lucceâeur  Abdallah  ^  fen  frere^uinë> 

TH ALES  ;  nom  du  premier  des  Philofoplies 
Grecs ,  lequel  ;  (èlon  Aboulfarage  ,  ayok  appris 
Ja  Philofophie  des  Egyptiens ,  qui  lavoient  tirée 
des  Chaldéens.  Il  vivoit  du  temps  d'Achaz  ,  fils 
de  Joatham  Roi  de  Jûda  y  félon  Èufebe  y  cité  par 
le  même  Aboulfarage. 

Le  même  Auteur  ajoute  ,  que  la  première 
preuve  que  Thaïes  donna  de  la  fcience,  après 
fon  retour  d'Egypte  à  Milet ,  fut  la  prédic- 
•tion  d'une  ëclipfe  ,  qui  arriva  au  jour  8c  à 
l'heure  qu'il  avoit  marqué;  ce  qui  lui  acquît  une 
grande  réputation  ,  &  lui  attira  beaucoup  de  Dif- 
ciples  dans  la  Philofophie  ;  car  avant  lui  les 
Grecs  étoient  comme  les  Arabes  ;  ils  ne  s'étoient 
attachés  qu'à  cultiver  leur  langue  par  la  Poéfie 
St  par  l'Eloquence ,  &  pari  étude  de  la  Gram- 
maire, &  toute  leur  Philofophie  fe  bornoit  à 
jfcduire  la  morale  en  proverbes. 

Thaïes  eft  auffi  le  premier  qui  a  foutena 
rAi;ro/<«T«»  )C*eft-à-dire  ,  qu'ily  a  quelque  chofe 
qui  exifte ,  fans  avoir  eu  befoîn  ,  pour  exifter , 
du  miniftere  d'aucune  caufe  ;  dogme  qui  fut  fuivi 
par  les  Indiens^ 

:  THALOUT  BEN  KISSAI,  Thalout ,  fils  de 
Kîflaï;  nom  ou  furnôm  que  Mahomet,  dans  (on 
Alcoran,  &  généralement  tous  les  MufuImanS| 
donnent  à  Saiil,  premier  Roi  des  Ifraélites,  qu'ils 
appellent  auifî  Schaoul^  mais  moins  ordinaire- 
ment. Le  mot  de  Thalout  tire  fon  origine  du 
verbe  Thdlj  qui  lignifie  ,  entre  autres  iîgnifica- 


,0  R  I  È  N  t  A  L  Éé  4^7 

tîons  ,  erre  plus  grand  qu'un  autre  ,  à  caufe  que 
Saiil  furpaflbic  tous  les  autres  Ifràélites  en  gran- 
deur ,  &  que  ce  fut  particulièrement  pour  cette 
raîfon  qu'il  fut  choifî  pour  être  leur  Roi* 

Ceft  dans  le  chapitre  de  TAlcoran  intitulé 
Bacrat ,  où  il  eft  parlé  de  Saiil  en  ces  termes  î 
V  cal  lahom  nahihom  3  Enna  Allah  cad  baâth 
lakom  Thalout  :  »  Et  leur  Prophète  leur  dit  ; 
Dieu  vous  a  envoyé  Thalout  pour  régner  parmi 
vous  <(.  Les  Mufulmans  commentent  ce  pacage 
de  la  manière  qui  fuiL 

Afchmouil ,  c'eft-à-dire  Samuel  ^  ayant  de-* 
mandé  à  Dieu ,  de  la  part  des  Ifraélites ,  un  Roi 
pour  les  gouverner,  Dieu  lui  envoya  un  vafe  pleiii 
d'huile ,  Cûrnu  olei ,  comme  il  eft  porté  dans  le. 
premier  Livre  des  Rois ,  &  une  verge  ou  bâton  ^ 
&  lui  révéla  que  de  tous  ceux  qui  viendroient 
chez  lui ,  celui  en  la  préfence  duquel  l'huile 
bbuilliroit  dani Ton  vafe ,  &  dont  la  ftature  feroit 
égale  à  fon  bâton  ^  avoit  été  deftiné  par  lui  -pour 
être  leur  Roi*  ■         / 

Samuel  ayant  fait  favoît  aux  Ifraélites  ce  que 
Dieu  avoit  deftiné  touchant  ce  qu'ils  fouhai- 
toient ,  les  plus  grands  Seigneurs  d'entre  eux  ne 
manquèrent  pas  de  venir  en  foule  chez  lui  j  mai» 
le  miracle  de  l'huile  ne  s  opéroit  point,  &  la  rrte-* 
fure  du  bâton  ne  s'accordoit  point  avec  la  ftature 
d'aucun  d'eux.  Saul ,  qui  n'étoit  qu'un  porteur 
d'eau  ou  qu'un  fimple  Corroyeur  de  fon  métier  ^ 
&  que  Ton  furnommoit  Thalout  ^  comme  on  â 
înârqué  ci-deffus  \  à  caufe  de  la  grandeur  de  fa 
taille^  étant  arrivé  dans  la  maifon  du  Prophète 
après  les  autres  ,  la  fainte  huile  commença  à 

Ggij 


468  ^    Bibliothèque 

bouillonner;  &  lalona^ueur  du  bâton  fe  tfoun 
parfaitement  jufte  à  fa  nauteur. 

A  ces  marques  les  principaux  Ifraëlires,  qui 

Î^rétendoieht  à  la  royauté  ,  dirent  :  Anna  ïekoun 
aho  almolk  âla'ina  v  nahna  àhàk  belmolk  menho 
y  lam  ïoutafaat  men  aimai  t  »  Comment  cet 
homme  fera-t-il  notre  Roi ,  lui  qui  n'a  point  de 
bien  ï  Nous  Tommes  plus  propres  que  lui  i  être 
élevés  à  cette  dignité  «. 

Les  Interprètes  de  TAlcoran  écrivent  que  les 
Ifraélites  qui  proférèrent  ces  paroles,  étoient  de 
la  Tribu  de  Juda,  6c  qu'ils  ajoutèrent  :  »  Nous 
fommes  de  la  Tribu  à  laquelle  la  dignité  rpyale 
&  le  don  de  Prophétie  ont  été  promis ,  &  Saiil 
eft  de  la  Tribu  de  Benjamin  ,  qui  n  a  point  de 
part  ni  à  l'un  ni  à  Vautre  de  ces  privilèges  :  de 
plus  il  gagne  fa  vie  dans  l'exercice  d'un  métier 
fort  vil ,  &  il  n'a  pas  de  bien  ;  comment  pourra-* 
t-il  fontenir  la  dépenfe  d'une  maifon  royale  ,  & 
fournir  aux  firais  de  la  ^erre  que  nous  allons 
entréprendre  contre  les  Philiftins  ? 

Mais  Samuel  leur  répliqUa ,  delà  part  de  Dieu  : 
Enna  allah  ajtafaïaho  alaïkom  v  ^adako  baj^ 
zhatan  alêlm  v  algzJJtTti  y  v  allah  iouti  molko 
man  ïefcha  :  »  C'eft  le  Seigneur  qui  Ta  choiii 
pour  votre  Roi ,  &  qui  par  cohféquent  l'a  pourvu 
de  toutes  les  qualités  de  l'efprit  &  du  corps  » 
nëceiTaires  pour  bien  gouverner.  Elnfin  c'eft  Diea 
qui  difpofe  des  royaumes  en  faveur  de  qui  il  lui 
plaît  «. 

Les  Interprètes  difent  auifi  que  Saiil  étoit  un 
très^bel  homme  ,  &  qu'il  paiToit  les  autres  Iftaé* 
)ires  de  toute  la  tête;  &  qu'enfin  ,  fuivant  ce 
diftique  d'^un  Poète  Perfan  :  Mulk-deh  v  mulk^ 


O  R  I  EN  T  A  L  B.  4^9^ 

Jitcn  ofifpis  i  R$k  gi^  behukmefch  neierd  hih> 
^hkes  ;  >►  Dieu  donne  &  ôte  les  royaumes 
comme  il  lui  plaît  ^  &  perfonne  ne  peut  pr^ten- 
4re  au  commandement  fur  les  peuples  ^  tans  fon: 
ojrdre  exprès.  ^ 

Samuel  établit  donc  SaUl  Roi  àes  Ifraélltes  y 
iuivant  la  volonté  de  Dieu  ,^  mais  ce  peuple  ^  qui 
faifoit  toujours  difficulté  de  le  fçconnoître,  de- 
manda à  San^el  un  figne  ou  un  miracle ,  par 
lequel  Dieu  leur  manifeftàt  fa  volonté  expreile  ^ 
fans  quoi  ik  nl^  lui  obéiroient  pas.  Samuel  leur 
jrépx>ndit  i  £nna  aïat  molkilii  m  iatikom  alta- 
bout  fihi  fakina'ê  m&nrabbekom  v  baktat  me^nmçk 
tarak  alTruôi^a  v  alharoun  ytahmeloka  almalai" 
kat  :  »  Voici  le  iigne  de  fa  royauté  :.  L'arcfe^  da 
Sdgneqr  »fiir  laqi^elle  Éa  Majefté  repofe  >  &  àAi\^ 
Jaqiielte  (bût  renfermées  Je3  chofes.  que  Moife  4c. 
Aaron  y  o:^t  laiâees ,  viendra  à  vous  portée  par  l<^s. 
Anges*    ^ 

Les  Interpreies  ,  ^x^  Alcftv^t  cette  arche,  v 

«irapporteni  cpie.c*étou  un  ço^Fre^ ,  autour  duquel 

Jcs  portraits  de  toi^  le^  Patriarches  étoientgrj- 
vës ,  &  fur  laquÉ^Ue  la  Sakioàt  >^quefes  Hél^rt^iix. 
^pelleat  Schekimih  du  mênie  nonky  ç*eft-.à'dire, 
la  Mafefté  A^  Diieu,  r^pofqit. 

Cependant  les  Mufulmana  difet^t:  que  le  mot 
As  Sehinah  fignifile  Taskin  Khater,  ce  qui  met 

. lefpric;  en  repos;  ce  qui  arrivoit  aux  Ifraélites 
toutes  le:S  fois  qu'ils  penfoient  q,ue  Dieu  habi^ 
toit  parmi  eujf.  Ils  difent  encore  que  la  Sakinah 
étoit  plus  particulièrement  un  Chérubin  ;  de  qui 
les  yeux,  femblables  à  deux  lampes,  étoient  fi 
éclatans  ,  que  perfonne  ne  pou  voit  fixer  la  vue 

(or  eux^   11$  QAi:  a.uiS  une  tradition  prife  à^%. 

^^    •  •  • 

Gg  1») 


\fO  B  I  B  L  I  O  T  H  E  Q   »  E 

Hébreux ,  qui  porte  que  la  tête  de  ce  Chérubin 
éioit  femblablé  a  celle  d'un  homme ,  qu'il  avoît 
deux  ailes ,  &  qu'au  temps  de  guerre  il  fortok 
de  l'arche  fous  la  forme  d'un  veut  très-impé^ 
tueux  qui  fondoit  fur  les  ennemis  des  Ifraëlites  , 
&  qui  les  défaifoit  entièrement;  &c*eft pour  cela 
qu  ils  faifoient  toujours  marcher  l'arelie' d'alliance 
'\  la  tête  de  leur  armée. 

On  gardéicd^ns' cette  arche  la  verge  de  Moïfe, 

»Ia  tiare  pontificale  d'Aaron  ,  un  vâfe  plein  de 

'la  manne  qui  ét'oit  tbmbee  dans  le"  défert,  &  un 

morceau  du  bois  ,   nommé  Atouah  ,  qui  avoic 

*}iSouci  les  eaux  fâlées  de  Mara. 

•  L'arche  ayant  été  prife  par  les  Philiftins  ,  & 
'leur  caufant  beaucoup  de  maux,  ils  réfolurent  de 
l'enfevelir  fous  un  fumier  :  mais  Dieu  envoya 
fes  Anges ,  qui  l'enlevèrent  de  ce  Heu-là  &  k 
rapportèrent  dans  lé  camp  des  Ifràélites ,  pour 
maj-que  de  la  volonté^  de  Dieu  fur  le  choix  de 
^la  perfonrie'dé  Saill  pour  régnéK 

HoufTaïn  Vaèz  remarque ,  fur  le  dernier  paf- 

fage  de  l'Alcoran  ,  cité  ci-déflus^,  que  le  mot  de 

^Al  ne  flgnifié  pas  j' en-cet  endroi t.,  maifon  ou  fa- 

rtille  ;  mais-qu'il  dt^figne  la  perfonne  même;  ce 

qu'il  prouve   par  un  endroit  de  rAlcoran  ,  bu 

''Al  Ibrahim  fighifie  Abraham  niême,  &  dans  la 

■^Tradition on  dit  :  Mézamir  AlDaofid,pour  figni- 

fier  les  Pfeaumes  db  David  même;  &  non  pas 

'  ceux  de  fa  famille.  11  eft  pourtant cettain  ,qu'en tre 

les  Pfeaumes  de  David  il  y  en- à  pïufieUrs  qui 

ont  été  compofés  par  les  fiens. 

-  * 

THAMANIN;  nom  d'une,  bourgade  fituée 
«u  |>ied  des.  monts  de  Giouda  ou  Qordiens  ^  quQ 


Orientale.  471 

I^oé  fiab'ta.  après  le  Déinge,  à  laquelle  ce  nom 
a  été  donné ,  à  caufe  des  huit  perfonnes  qtii  for^^ 
tirent  de  larche.   Elle  porte  auffi.  le  npm  dé 

'    >  .     .  » 

THAMESTIOUS ,  Themiftius ,  de  qui  loA 

a  dès  Ouvrages  en  grec.  Aboulfara^e  parle  de 
hii  en  ces  termes  :  »  Themiftius ,  Secrétaire^  de 
Julien  r-Apoftat,  étok  un  Philofophe  célèbre  de 
fbn  temps  :  ila  commenter plufieurs  Livrer  d'AdC 
tote  ,  &  compofé  pour  l'Empereur  Julien  un 
Livre  du  gouvernement  de  TEtat;  il  lui  a  auffi 
àdreCé  une  lettre  ,  par  laquelle  il  le  difluade  de 
iriecuter  lés  Chrétiens  ,  en  Itii  marquant  que 
4et^  a  pour  agréaWe  dêtre  adoré  en  diverfes 
îmanieres ,  &  qu'il  y  a  trois  cents  Sedjes.  diffé-p» 
Tentes  de  Philofophes  ;  &  cela  fit  qu'il  cefladei 
les  persécuter  comme  auparavant. 
"•-'-  -i       ^  •'.  .«. 

THAMCrAC^  &  TAMG AG'  ;  nom  d'une 
Tribu  &  d'un  pays  des  Turcs  Orientaux  ou  Tar- 
tares.  Aboulfeda  écrit  que  ce  pays  eft  celui  de 
Khatha  ou  Khatftaï,  &  que  ceux  qui  y  ont  voyagé 
"idifent  que  ?e  grand  mur  qui  enferme  leur  pays 
&  leurs  villes ,  dont  il  met  Thamgag'  pour  la  ca- 
pitale y  a  vingt-trois  journées  de  longueur  de 
Torient  à  l'occident  :  il  fait  mention  de  ce  mur , 
en  parlant  dé  la  ville  de  Khanbàlik  ou  Khanba- 
lek,  qjue  nous  appelons  Cambabi, 

Maïs  tous  les  Hiftbrîens  &  tous  îes  Géogra* 
phes  Orientaux  aiTurent  que  Thamgag'  eft  un 
pays  &  un  peuple  de  la  race  de  ceux  qu'ils  ap,- 
pelkivt  ^rraA ,  qui.  font  les  Turcs  qui  habitent 

Gg^iv 


47*       Bibliothèque 

au  delà  du  fleuve  Sihon  ou  laxarces,  tant  k  l'orient 
qu'au  feptentrion, 

THAMOUD  ;  nom  du  Chçf  d'une  des  an*» 
ciennes  Tribus  des  Arabes ,  du  nombre  de  celles 
qui  fontpéries  ,  rùivanc  le  témoignage  d'AbouU 
faragc.  Ceux  de  cette  Tribu  qui  vinrent  après 
lui ,  furent  appelés  Caufn  Tkamoud ,  h  PeupU 
de  Thamoua;  &  depuis  Caurn  Salth  ,  le  Peuple 
dâ  Saleh ,  à  caufe  que ,  félon  l'Alcoran ,  le  Pro- 
phète Saieh  leur  fut  envoyé  de  la  part  de  Dieu , 
pour  leur  prêcher  le  cuked'un  feul  £)ieu.  Saleh, 
pouf  fatislaire  à  la  demande  qu'ils  lui  firent  d*un9 
marque  par  laquelle  iU  puÂent  être  aCurés  do 
fâ  miifion  ,  fit  fortir  d  un  rochèf  unç  chao^elle 
vivante  ,  à  laquelle  ils  cpuper^nt  l.es  quâa0 
jambes.        ,  ,  .  . 

Le  peuple  ^  Tlmiim^d  ^ccupoit  le  pays  df 
Hagiar ,  qui  eft  TArabie  Pétrée  ,  fituée  entre  Iç 
pays  de  Higiaz  &  la  Syrie. 

THANOUIATj  ceux  qui  foutiennent  les 
deux  principes ,  le  bien  &  le  mal  ;  les  Arabes 
appellent  <te  ce  nom  les  Mages  ^  Us  Ma^ 

nichéeus. 

THAOUAIF,  Molouk  Thaouaïf,  Rois  de 
plufieurs  nations  ou  de  races  différentes.  Les  Per-. 
lans  appellent  de  ce  nom  les  Succefleurs  d* Ale- 
xandre le  Grand  ^  lequel ,  félon  eux  ,  diftribua 
avant  fa  mort  les  Etats  qu'il  poffédoit  en  Afie , 
aux  principaux  Capitaines  qui  i'avoient  fervi  dans 
fes  conquêtes. 

Les  Hifioriem  de   Perfe  écrivent  que  les 


Oriental  «•  47) 

!Prince6  qni  partagèrent  fe$  Etats  ,  montoient  au 
nombre  ie  foixante-^douze  ,  &  iU  veulent  que 
celui  qui  commanda  dans  la  Perfe  après  Alexan* 
dre ,  ait  été  nommé  Abjlhahafch  •,  mais  il  faut 
peut-être  lire  Antakhafch ,  &  ce  pourroit  être 
Antiochus  ;  car  il  eft  certain  que  ce  nom-là  eft 
corrompu,  de  quelque  mot  Grec* 

L'Auteur  du  Lebtarikh  établit  trois  dynafties 
de  ces  Rois ,  qui  régnèrent  en  Perfe  après  la  mort 
d'Alexandre.  La  première  eft  celle  qui  prit  fon 
origine  d'Antakhafch  ,  qui  ne  régna  que  quatre 
ans;  mais  il  ne  fait  pas  mention  de  Tes  fuccef- 
feurs,  parce  qu'ils  éfiCMient  Grecs.  Les  deux  autres 
dynafties  comprennent  les  Rois  naturels  du  payS| 
iefquels  régnèrent  dans  les  parties  lés  plus  orien- 
tales &  les  plus  feptentrionales  de  la  Perfe .»  du 
temps  des  Séleucides  ,  que  les  Latinjs  ont  continsr 
ibu«  les  noms  de  Pertkes  6c  à*Arfaçides, 

La  première  de  ces  dynafties  porte  le  nom 
d'AJchÀanian  ou  Jfchhuiiens  y  àcaufed'Afchk 
ou  Afchek  qui  en  a  e'té  le  Fondateur,  &  qui. a 
eu  fept  autres  Rois  pour  fuccefleurs  ;  favoir , 
Afcbek  fécond  du  nom ,  fon  fîls ,  Schabour  ou 
Sapor ,  Beheram ,  Bêlas ,  Firouz ,  Ardevan .  qui 
eu  Artaban ,  &  Kfaofrou  ou  Khofroèsi 

La  féconde  eft  celle  des  Afchganian  ou  Afch- 
ganiens,  qui  prend  fon  origine  d'Afchag,  qui  eut 
pour  fucceffèurs  Khofrou  ,  Qudarz  ,  Narii  ou 
^Narfes,  Narfes  fécond  du  nom,  fils  du  premier, 
Ardevan  preniisr  &  Ardevan  fécond  du  nom. 

L'Auteur  du  Tarikh  Montekheb  ne  fau  qu'une 
dynaftie  de  ces  dei|x  /  dont  il  namme  le  Fonda- 
teur A/chkan.  En  effet ,  il  eft  aflez  probable  que 
les  Afchkaniens.  &^  les  Afcbganien»  font  les 


4^4         BrBLIOTHEQUE 
mêmes  ;  car ,  quoiqu'il  y  ait  une  différence  d*écr!^ 
ture ,  qui  cependant  eft  fort  légère ,  néanmoins 

-il  eft  certain  que  ces  deux  noms  fe  peuvent  pro- 
noncer en  Perfien  de  la^  même  manière.  Quoi 
qu'il  en  foit,  ces  Princes  ont  régné  refpace  de 
crois  cent  dix^huit  ans  ,  jufqu'à  Ardefchir  ou  Ar- 
taxerxes,  premier  Roi  de  la  quatrième  dynaftie> 

'  appelée  des  Sajfanides  ou  des  Khcfroès, 

.  TH AOURI ,  Abou  Abdallah  Sofian  Ben  Saïd 
Ben  Mafrouk  Ben  Habib  Al  Thaouri  Al  Koufi; 
nom  d'un  des  fix  Chefs  de  Seéles  reconnues  Or- 

'  thodoxes  par  les  Mufulmans.  Ces  (ix  Chefs  font 
Abou  Hanifah ,  Schafêï,  Hanbal ,  Malek ,  Soâan 
Al  Thaouri,  &  Daoud  Al  Esfahani.  Quelques- 
uns  font  auffî  Dhah^r  Chef  d'une  autre  Seâe 
Orthodoxe.. 

Al  Thaouri  eft  mort  Tan  ï6i  de  l'Hégire, & 
les  Auteurs  Mufulmans  {apportent  plufieurs  de 
fes  parole^  remarquables  &  de  fes>  (ientences 

'  morales. 

* 

THARABQLOS  SCHAM,  TripoK  de  Syrie. 
Les  Arabes  ont  ainfl  corrompu  en  leur  langue 
le  nom  de  cette  ville ,  du  Grec  T^l^^xts.  Aboul- 
farag6,qui  en  parle  fous  ce  inême  nom,  remarque 
qu'elle  fut  prifé  par  les  Francs ,  c'eft^à-dire  par 
ïes  Croifés ,  l'an  505.  de  THegire,  qui  eft  de  Jéius-^ 
Chrift  1109. 

Selon  Aboulfeda ,  elle  fut  reprife  fur  les^mêmies 

'  Francs  ,  par  Kelaoun  ,  feptieme  Roi  d'Egypte 

de  la  dynaftie  des  Baharites ,  l'an  6B8  de  la  même 

Hégire,  qui  eft.de  J.  C.  1289;  &  Saladin  ,  ni 

aucuA  autre  avant  lui ,  a  avait  ofé  l'attaquer.  IL  h 


Orientale;  47J 

démolît ,  &  il  en  bâtit  une  autre  un  peu  éloi- 
gnée de  la  mer,  &  c'eft  la  ville  de  Tripoli,  qui 
lubfîfte  aujourd'hui  au  pied  du  mont  Liban. 

.  THARABOLOS  GARB,  Tripoli  du  Cou- 
cîiant  :  ceû  Tripoli  de  Barbarie ,  que  les  Che^ 
valiers  de  Malte  poffe'doient  lorfquelle  fut 
prife  fur  eux  par  Sinan  Pafcha  avec  Dragut^ 
après  avoir  manqué  de  prendre  Malte  ,  qu'il 
^ïvoit  aiiiégée  par  ordre  du  grand  Soliman.  Cette 
prife  de  Tripoli  arriva  Tan  957  de  l'Hégire,  & 
de  J.  C.  Tan  1550,  &  le  Sangiak  ou  le  Gouver-r 
nement  en  fut  donné  ï  Dragut. 

THAREK  BEN  ZIAD  ;  nom  du  Général 
d'armée  qui  conquit  l'Efpagne  fous  le  Khalifac 
de  Valid  ,  fils  d'A'bdalmalek ,  fixieme  Khalife  de 
la  Maifon  des  Omraiades,  Tan  ^^2  de  l'Hégire/, 
dans  le  même  temps  que  Mou^a ,  fils  de  Naffir ^, 
conquit  la  Sardai^^ne. 

C  eft  de  ce  T^harek  que  la  ville  &  le  détroit 
dé  Gibraltar  ont  tiré  leur  nom  :  car  les  Arabe$ 
appellent  cette  ville. G^ieZ  ou  Gebal  altharek^ 
éi^Ge^irat  altharek ,  IJIe  x)u  prefquljle  de  Tha^ 
rek  ,  où  commence  Tembouchurti  du  Détroit 
que  les  Arabes  a^ppellent  communément  Bab 
al^okak^  la  .Porte  du  chemin. 

•  THASME  ;  nom  d'un  fils  de  Lud  &  petit-fiU 
•de  Sem ,  qui  a  été  le  Chef  d'une  des  ancieniies 
Tribus  des  Arabej:,:  qui  furent; éteintes  longr- 
'temps' avant  1^  venue  de  Mahomet.  Quand  les 
^rsbfis  veulent  parkr  de  chofes  fort  anciennes 
^  dont  on  p'a  prefque  point  de  mémoire  ,  ils  fe 


47^         BlBJLÎOT»|S^T»E 

fervent  de  ce  proverbe  :  Ahadith  Tkajht  v  ak^ 
lamha  :  »  Ce  Tant  des  complet  Si,  4^1^  rêveries  dit 
lexnps  de  Tha£ine  <i*  .  . 

THEODOROUS  on  THAODOROUS  ; 

nom  d  un  gr4!nd  Phiiofophe:,  Mathématicien  & 
Médecin  ,  natif  de  la  ville  d'Antioche»  Cbrétieii 
Jacobite  de  religion  ,  lequel ,  outre  la  langue 
Arabique ,  poiTédoic  encore  les  langues  Syriaque 
&  Latine.  Il  alla  d^abord  à  la  Cour  d'Alaeddin^ 
Sultan  des  Selgiucides  dans  la  Natolie^  pour  tâ*« 
cher  dedevêffir  Ton  Médecin  ;  mats  ce  Sultan  lu^ 
l'ayant  pas  reçu  avec  le  bon  accueil  qml  atten^ 
doit ,  il  pafla  en  Arménie ,  à  celle  de  Conftan- 
tin  y  père  du  Aoi  Haïtem.  Il  n*y  trouva  pas  en- 
core tout  l'agrément  quil  avoit  efpéré,  ce  qui 
l'obligea    d'ailer  trouver  l'Empereur  Latin   db 
jConftantinople  ,  k   la  fuite  d'un  AnaJui&deur^ 
L'Empereur  ne  le  reçut  pas  feulement  avec  touie 
la  fatisfa(flion  qu'il  pduvoit  fouhaiterj,  il  le  com-v 
bU  encore  de  bienfaits ,  &  lui  donnA  même  le 
revenu  d'un»  petite  ville  nommée  Camahiah  ^ 
&  de  Tes  dépendances.    Quoiqu'il  fik  fort  aife» 
néanmoins  le  défir  de  revoir  fa  patrie  6c  Tes  amis 
lui  fit  prendre  la  réfohiiion  d'y  retourner  :,il  prit 
fon~  temps  pour  s'embarquer  pendant  que  l'Em- 
pereur étoit  allé  à  une  expédition  y  mais  ayant 
fait  voile  ,  il  fut  accueilli  d  un  vent  contraire , 
qui  le  contraignit  d'aller  prendre  port  à  ane  ville 
où  l'Empereur  fe  trouvait  :  alors  labpnte  v  plu- 
tôt que  la  crainte  de  paroîcre  devant  lui ,  après 
s'être  éloigné  fans  en  avoir  demandé  la  permif« 
iion ,  fit  qu'il  prit  du  poifon  ,  dont  il  mourut., 


O  II  î  It  H  T  A  L  «.  47^ 

THEOtJDOUSIOUS  ou  THAOtlDOU- 

SIOUS  ;  nom  que  les  Auteurs  Arabes  donnent 
BU  grand  Théadafe  ^  âc  entré  autres  Ebn  Batrik 
dans  Tes  Annales. 

THIB  Dû  TflAIËB ,  Ahmed  Ben  Mokm- 
med  Ben  Marvah  Ben  Al  Thib  ou  Al  Thaïeb  Al 
Sarakhjfi  ;  nom  d'un  fameux  Pbilofophe  Muful- 
man  ,  très-doéle  dans  les  Sciences  des  Arabes  ^ 
lequel  a  compofé  plufienrs  beaux  Ouvrages  fur 
différentes  fortes  de  Sciences.  Comme  il  avoit 
de  grandes  coinnoi^ahte^  &  qu'il  étoit  très-élo- 
quent dans  fes  difcours  ^  il  fuc  d'abord  Pré- 
cepteur du  Khalife  Motâded  ,  &  enfuite  il  devin^ 
fî  familier  avec  lui ,  que  le  Khalife  non  feule** 
ment  le  faifort  boire  &  manger  à  fa  table ,  mais 
encore  qu'il  lui  cOnfioic  fes  ficrets.  Ebn  Al  Thib 
^yant  eu  l'imprudence  de  révéler  un  de  fes  fcr 
crets ,  ce  Khalife  le  fit  mourir. 

THIB  oû  THAIEB ,  Aboulfarag  Abdallah 
Ebn  Al  Thib  dti  Tfeaiieb  Al  Eraki;  nom  àun 
grand  Philofophfe  Métaphyficien  &  Médeci». 
<Juelques-uns  l'ont  ftccufé  d'avoir  été  trop  long 
-dans  fes  expli^cûtidns  ,  &  particulièrement  un 
Juif  qui  n'avoir  pfts  un  grand  génie ,  &  qui 
Te  contentoit  dfe  lire  Avicenne.  Maià  Gema« 
leddin  Al  Kofti  a  fait  fon  apologie  en  difant^ 
qu'il  avoit  rétabli  bô'aûcoup  de  dhofe*  dans  le^ 
"ociences  qui  avoient  été  abandonnées ,  &  qu'il 
^voît  rendu  intelligible  ce  qui  ne  l'ëtoit  pas.  Il  a 
cnfeigné  la  Métaphyfique  pendant  vingt  ans^ 
■'avec  tant  d'application  &  de  fatigue ,  qâ  ilen  con* 
traéla  wne  maladie  dont  ii  m^wna  l'^n  +35  dt 


47*       Bibliothèque 

l'Hégire.  Il  a  eu  beaucoup  de  Difciples ,  qu!  ont 
été  de  grands  perfonnages  après  lui ,  &  entre  au* 
très  AT  Mokhtar  Ebn  AI  H^Can ,  £bn  Abdoun  » 
furnom'mé  Ebn  Botlan. 

* 

THOGR  AI  ;  mot  Arabe  forrtié  de  celiiî  de 
Thogra,  &  celui-ci  fignihant  le  parafe  ^  qui  ren- 
ferme le  nom  &  les  titres  des  Princes  Mahomé->- 
tans  ,  que  Ton  met  ordinairement  au  haut  de 
leurs  Patentes;  Thograïfignifie  celui  qui  fait bieil 
former  un  tel  parafe ,  ou  même  celui  qui  a  la 
charge  de  Tappofer  au  haut  de  ces  Patentes.  En 
Tun  ou  en  lautre  fens ,  il  fert  de  furnom  aux 
Perfonnages  defquels  il  eft  parlé  dans  les  titres 
iuivans* 

THOGR  AI ,  Mouîad  Eddîn  Abouîfmaïl  Ben 
A!li  Ben  Mohammed  Ben  A'bdalfamad  Rafchid 
Eddiil ,  Al  Esfahani ,  Al  Thograï;  nom  d'un  per- 
fonnage  très-iliuflre  de  fon  temps ,  tant  par  its 
^Ouvrages  en  vers  &  en  profè  ^  que  par  Tamitié 
des  Selgiucides ,  dont  il  a  été  honoré ,  &  par  les 
.charges  qu'il  a  exercées  dans  leurs  Etats^ 
'  Ben  Schohnah,  en  parlant  de  lui,  écrit  qu'il 
eut  dabord  de  4 emploi  à  la  Cour  de  Malek 
.Schah,  fils  d'Alp  Arflan,  de  la  race  des  Selgiu- 
cides, 6c  que  le  Sultan  MaiTôud  ,  de  la  même 
Maifpn ,  le  fit  fon  Vifir  ;  mais  que  ce  Prince 
ayant  été  défait  dans  un  combat  par  fon  {r^rt 
Mahmoud,  Thograï,  car  c'eft  ainfi  qu'on  lap- 
peloit  communément ,  fut  fait  prifonnier  & 
pierdit  ainii  la  tête.  En  le  faifant  mourir,  le  Sul,- 
tftn  Mahmoud  allégua  pour  caufe,  qu'il  avoit 
reconnu  que  c  etoit  un  infidèle  âc  up  impie. 


O  R  1  E  N   T  A  t  E.      ""        47^ 

Il  y  a  un  Divan  ou  Recueil  de  fe$  Poéfies ,  6& 
on  Poème  célèbre  ^  intitulé  Lamiat  alâgem ,  à 
caufe  que  la  dernière  confonne  de  chaque  rime 
eft  un  lam  ou  une  L.  Pocokius  Ta  traduit  en  La- 
tin :  il  eft  auffi  Auteur  d  un  Livre  écrit  en  profe, 
dont  le  titre  eft  Erfchad  alnoulad ,  quilemble 
être  un  Traité  de  TEducation  dés  enfaus. 

Thograï  fut  mis  à  mort  Tan  5 1 3  de  THégîre  , 
ce  qui  lui  a  fait  -donner  les  tijtres  à^Iman  Al 
Schehid^  c*eft*-k-dire ,  Ylman  Martyr-,  car  ceux 
que  les  Princes  Mufulmans  font  mourir  ,  font 
appelés  Martyrs, 

L'Auteur  du  Rabi  alabrar  lui  donne  les  titres 
de  Kethïr  alfadhlj  abondant  ou  riche  en  Vertus. 
&  en  belles  qualités ,  qui  eft  ce  que  les  Italiens 
appellent  virtuofo  ;  lathif  althebà  ^  naturelle- 
ment agréable  &  faifant  bon  accueil  à  tout  le 
monde  ;  Faiek  ahel  àfrho  fil  nadhm  v  alnathr^ 
le  plus  excellent  Ecrivain  de  fon  fiecle  en  vers 
&  en  profe. 

THOGRUL  BEN  ARSLAN  ;  nom  du  der- 
nier  Sultan  des  Selgiucides  qui  ait  régné  danir 
riraque  Perfique ,  &  qui  ait  réfidé  en  la  ville 
royale  de  Hamadan  :  il  fuccéda  à  fon  père  Arflan , 
&  gouverna  affez  heurcufement  fes  Etats ,  fous 
la  direélion  de  fon  oncle  maternel,  le  vaillant 
Mohammed ,  fils  d' Atabek  Ildighiz. 
'  Au  commencement  de  fon  règne,  Badangiar 
attaqua  la  province  d'Adherbigian  ,  &  Moham- 
med,  fils  de  Thogrul  fils  du  Sultan  Mohammed^ 
attaqua  VIraque  :  mais  cette  guerre  ne  dura  pas 
long-temps  ;  car  Mohammed  ,  fils  d'Ildighiz^ 
avec'  fon  frerç  Kizil'  Arflan ,  vinrent  tous  deux  à 


4Sd         BlSLIOflflQtTE 

la  tète  À'une  puiiTante  armée ,  &  rangèrent  hiëtu» 
tôt  fes  ennemis  à  laraifon,  qu'ils  obligèrent  de 
demander  ta  paix. 

En  la  dixième  annëe  de  Ton  fegne ,  qui  fut 
l'an  581  de  THégire  ^  il  y  eut  un^  de  ces  grandes 
conjonélions  des  ièpt  planètes ,  qui  arrivent  très« 
rarement ,  laquelle  fe  £t  au  troi/îeme  degré  de 
la  Balance ,  qui  «ft  un  figne  aémn ,  fuivant  la 
doârine  de  rÂftroIogie  juaiciaire. 

Tous  les  Aftrologues  de  ce  temps-là,  &  entre 
autres  Anuari ,  furnomméHaA/m«  le  Philq/bpkcj 
jugèrent  que  des  vents  fi  violens  dévoient  (ouf- 
fier  cetre  annëe-lk,  &  qu'il  devoit  y  avoir  des 
ouragans  fi  terribles ,  que  la  plupart  des  maifons 
en  feroient  reiiverfëes  &  les  montagnes  fecouées. 
Ces  pronoftics  firent  même  que  plufieurs  pré- 
parèrent des  lieux  fouterrains  pour  leur  retraite, 
&  potir  fe  garantir  de  fi  horribles  tempêtes.  Ce-* 
pendant)  dans  tout  le  temps  marqué,  il  ne  fouffla 
aucun  vent  qui  ait  empêché  les  payfans  de  battre 
&  de  vanner  leur  grain  en  pleine  campagne. 
'   La  faiHëté  de  Cette  prédiâion  donna  occafion 
lunPoëte  Perfien  de  fiire  ce  quatrain  fur  Anuari  s 
Kuft  Anuari  kife^Jebei  baahaifakht  :   Virart 
Jcheved  émaret  y  kuhfar  v  berteri  :  Der  rou^ 
hoktn  V  n€ve!(idejl  hiich  bad  :  la  Mor/el  alriak 
tou  dani  neh  Anuttri  ;  c*eft*-à-dîre,  )^  Anuari  a  dit 
que  la  violence  des  vents  devoit  renverfer  les 
maifons  &  les  montagnes  :   mais  il  ne  fouffla 
^as  le  moindi^  vent  le  jour  qu'il  avoit  marqué. 
Seigneur  ;  qui  commandez  aux  yents^  &  qui  les 
mvoyez  cotn«ne  lion  vous  femble^  c'eft  vous  qui 
favez  cescho&s,  &  non  pas  Anuari  <(, 

Mais,  quoiqu'alors  les  Aflrologues  aient  été 

convaincus 


Orientale.  4J1 

convaincus  de  menfonge  à  1  égard  des  vents, 
néanmoins;,  du  confentemenc  unanime  de  cous 
les  Hiftoriens ,  il  eft  certain  que  ce  fut  eti  cette 
xnéme  année  qu'une  tempête  bien  plus  terrible 
&  bien  plus  effroyable  qu'aucune  que  les  vents 
les  plus  impétueux  aient  jamais  excitée ,  s  éleva 
dans  les  climats  du  Nord.  Ce  fut  l'irruption  de 
Cringhizkhan  &  de  {qs  Mogols  ou  Tartares,  dans 
les  provinces  d'Iran,  Ce  grand  orage  vint  fohdre 
d*abord  fur  le  Khouarezm ,  &  après  il  s'étendit 
fur  toute  YAûe ,  comme  on  peut  le  voir  dans  le 
titre  de  Ginghizkhan. 

En  cette  même  annë^,  mourut  TAtabek  Mo- 
4iammed,  fils  dlldighiz,  ce  qui  caufa  de  la  divi* 
iion  entre  le  Sultan  &  le  père  du  mort,  nommé 
Ki^il  Arjlan  Atabek.  Ce  Seigneur  ambitieux 
voulant  dîfpofer  de  toutes  chofes  fans  recevoir 
lés  ordres  du  Sultan^  lui  donna  beaucoup  d'om- 
brage ainfi  qu'à  toute  la  Cour;  en  forte  que 
s'appercevant  lui-même  que  le  Sultan  n  étoit 
pas  content  de  lui ,  il  voulut  lé  prévenir ,  de 
s'avança  tout  d'un  coup  avec  une  grande  armée 
yers  Hamadan.  Thogrul ,  qui  n'avoit  pas  alors 
auprès  de  lui  de^  forces  capables  de  réfifter  à 
ce  rebelle ,  prit  le  parti  de  fe  fauver  le  mieux 
qu'il  put. 

.    Kizil  Arflan  entra  dans  Hamadan  ,  où  per- 
fonne  ne  lui  fit  réfiftance;  &  après  y  avoir  de- 
meuré quelques  jours,  content  d'avoi^  fait  cette^ 
infutte  au  Sultan ,  il  fe  retira  chez  lui  dans  TAd- 
herbîgian. 

Après  le  départ  de  l'Atabek ,  Thogrul  rentra 
dans  fa  capitale.  Mais  voici  un  autre  piége  que 
JLizil  Arflan  lui  tendit  :  il  fufcita  plusieurs  Sei- 

Tomi  y.  H  h 


4^1        Bibliothèque   . 

gneurs  de  Tlraqué  qui  n  etoient  pas  contens  dft 
lui,  &  les  attira  à  fon  parti.  II  leur  pierfuada 
enfuiie  d'envoyer  a  la  Gour  du  Sultan  des  gens 
qui  lui  fiifenc  favoir  de  leur  part  le  dëplaifiir 
qu'ils  avoient  de  tout  ce  4ui  s'étoit  paffé  ,  avec 
ardre  de  lui  témoigner  qu'ils  étoient  près  de 
lui  en  demander  pardon  4  s'il  avoit  a/Tez  de  bonté 
pour  le  leur  accorder.  Thogrul  reçut  cette  foa- 
mii&on  fore  agréablement,  &  leur  donna  pout 
k^  recevoir  un  jour  qu'il  devoir  jouer  au  maii 
à  cbeVal  dans;  la  grande  place  de  la  ville.  Le^ 
Seigneurs  ne  manquèrent  pas  de  fe  préfent« 
detaht  lui  :  Màiis  au  lîeu  de  lui  demander  pardon, 
comme  ils  étoieftt  les  plus  forts ,  ils  fe  fai-* 
firent  de  fa  perfonne ,  &  i  emprifonnerent  danè 
fe  chât^u  fori  nommé  Calàat  alnagiou ,  Je  Chùr 
tenu  du  Refuge. 

Auffi-tôt  que  cette  entreprife  fut  exécutée  ^ 
Kizil  Arflan  partie  de  TAdherbigian  &,  vint  à 
Hamadan.  Son  deflèin  étoit  de  mettre  fur  It 
tTÔne  y  à  la  place  die  Thogrul  ^  le  Prince  San- 
giar;  fik  du  feu  Soliman  Scbab  :  mais  il  lui  vint 
nouvelle  de  Bagdet  ^  quje  le  M^àlife  ayant  appris 
ce  qui  s  etoit  peffé  au  fujct  de  Thogrul ,  avoit 
dit  :  »  L'Atabek  a.  un  beau .  prétexte  de  fe  faire 
Sultan  lui-même  «.  Ces  paroles  du  Khalife  le  dé- 
terminèrent abfoluthent  k  prendre  <:êtte  qualité, 
&  il  fit  graver  fon  nom  fur  la  mônnode  d'or  àt 
d'argent. 

Cfette  entrleprife  fit  hien  changer  de  face  à 
fes  affaires  ;  car  Fakhreddin  Coutlouk ,  f&n  ne- 
veu^ &  plufietirs  autres  gi'atids  Seigneurs  de  l'Etat, 
ne  purent  fouflvir  cette  ufufpHtion  fans  jaloufie, 
chacun  d'eux  9'eftiniant  po«t  le  mofau  m&  di^no 


Or  I  e  n  t  a  l  e.  48J  ^ 

jde  ce  rang  que  lui  :  c  eft  ce-  qui  les  fit  conjurer 
tous  unanimement  contre  fa  perfonne  ;  ôc  après 
l'avoir  fait  tuer ,  ils  partagèrent  entre  eux  les 
Etats  de  ThogruL 

Dans  ce  même  temps ,  le  Sultan  Thogrul  fe 
faùva  de  fa  prifon  par  les  intrigues  de  HoiTam 
Eddin ,  Général  de  fes  troupes ,  lequel  ayanc 
l^eaucoup  de  gens  dévoués  encore  au  Sultan  ,  lui 
en  avoit  facilité  les  moyens.  Auili-tôt  qu'il  fut 
^n  Iil>erté ,  il  fit  battre  la  caiife ,  &  mit  fur  pied , 
«n  très-peu  de  temps  ^  une  armée  avec  laquelle 
û  défit  les  rebelle^  &  les  punit  de  leuc  révolte 
comme  ils  le  méritoient.  Cette  vidoire  rétablit 
entièrement  fes  ajSFaires ,  &  le  remit  en  un  état 
auffi  fioriiTant  quHl  eût  jamais  été. 

.L'an  588  de  l'Hégire,  Firnab,  mère  de  Kut- 
luk  ou  K^outlouk  Ebnaïg*  ^  &  femme  du  défunf 
Atabek  Mohammed  Ben  Ildighi:^ ,  follicitéc  par 
fon  fils,  entreprit  dempoifonner  le  Sultan,  EUç 
€n  avoit  toute  la  commodité  ,  parce  qu  elle  de- 
meuroit  dans  le  Harem  ou  Sérail  fecret  de  {t$ 
femmes  :  mais  Thogrul  en  fut  averti ,  &  il  I9 
prévint  ;  car  il  lui  fit  prendre  à  elle  -  même  Iç 
poifon  quelle  avoit  préparé  pour  lui ,  dont  ellf 
mourut  au/&-tôt.  Il  fit  enfuite  arrêter  Koutlouk, 
&  il  auroit  par  ce  moyen  mis  fa  vie  en  aflii- 
^ance,  s  il  n'eût  pas  ufé  de  trop  de  clémence  en- 
vers fon  prifonnier  ;  car  la  jiberté  qu'il  lui  donna 
fut  cauiie  de  tous  les  mau^  qui  lui  arrivèrent 
depuis. 

En  eflfet ,  auffi-tôt  que  cet  ingrat  f^t  forti  de 
Ja  prifon  ^  il  ne  fe  fervit  de  fa  liberté  que  pour 
^avtr]a  vie  &  la  couronne  au  Sultari*  Il  entretint 
Âts  intelligences  fecretes  avec  Takafch  ^oi  de 

Hhij 


4^4  B  I  1  L  I  O  TH  E   Q  U  E 

Khouarezm ,  &  le  porta  à  la  conquête  de  l'Iràgne  • 
Perfiqiie.  Takafch  vint  efFeéîivenFient,  &  joignit 
fes  troupes,  aux  fiennes.  Us  a/ïîégerent  enfemble 
le  château  de  Thabrek,  &  le  prirent.  Mais  Ta-* 
kafchf  après  avoir  demeuré  quelque  temps  aux 
environs  de  Rcï,  ne  voulut  pas  attendre  la  venue- 
du  Sultan,  &  il  fe  retira  après  avoir  laiiTë  Thà-- 
fag'  pour  gouverner  &  confervér  fes  nouvelles 
conquêtes. 

•  L*an  589  de  THe'gîre,  Thogrul  reprit  le  châ-' 
teau  de  Thabrek  &  tout  ce  aue  Takafch  avoir 
tnvahi  fur  lui.  U  fit  aujiî  Thanig'  prifonnier,  & 
le  fit  punir. 

L'aw  590,  Koutlouk  agiflânt  de  concert  avec 
Tâkafch,  leva  une  puiflante  armée,  &  vint  cam- 
per dans  riraque.  Thogrul  alla  incontinent  à  lui^ 
oc  après  la  défaite  de  les  troupes  &  favoir.  mis 
en  déroute ,  il  l'obligea  de  fe  retirer  en  Khoua- 
rezm  aia'près  de  Takafch. 

Alors  le  Sultan^  Thogrul  croyant  être  délivré 
de  tous  fes  ennemis ,  s'abandonna,  avec  tous  les 
iexcès  itnagînables ,  aux  plaifîrs  des  femmes  &  ï 
la  débauche  du  vin.  Cependant  on  lui  vint  dire 
que  Takafch  lèvoît  de  nouveau  une  groffe  armée 
^ui  pburroit  bien  venir  fondre  fur  l'iraque  :  mais 
enivré  de  la  profperité  de  fes  armes ,  &  endormi 
au  milieu  des  délices ,  il  ne  profita  point  de  cet 
avis,  &  il  continua  fes  débauches  à  un  tel 
point,  que  les  Grands  de  fa  Cour,  irrités  de 
voir  de  fa  part  une  négligence  û  grande  des 
aâkires  de  fes  Etats,  écrivirent  k  Takafch,  & 
lui  mandèrent  de  fe  hâter,  en  Taflurant  qu'il  fur^ 

Srehdroit  aifenient  Thogrul  au  milieu  de  fes 
éfordres.  • 


^  Orientale.  485 

.'  "  Takafclî  ne  méprifa  point  cet  avis ,  Se  il  fit 
une  diligence  Ci  grande  ,  qu'il  arriva  aux  portes 
^e  Reï  pendant  que  le  Sultan  étoît  encore  noyé 
dans  le  vin.  Le  Sultan  fe  reveillant  en  cet  état, 
ne  laifla  pas  de  marcher  à  la  tête  de  fes  troupes, 
en  pouflànt  vers  les  ennemis  &  en  prononçant 
ces  vers  tirés  du  Schah  Nameh  :  Tchou  ^an 
lefchkerkefch  berk  hajlkerd  :  Rokh  namdaran 
,nia  vahejcht  deri  :  Men  e^kor^  iek  ^okbom 
herdafchtem  :  Srpahra  hemçin  giaii  beku^nfch-^ 
jtem  :  Khoroufchi  Khoroufchidem  e^  pufcht  pn  : 
Kih  tchon  ajjïa  fchud  perijchan  ^emim  :  c'eft-* 
à-dire ,  »  Auffi-tôt  que  de  loin  on  vit  la  pouf-r 
iîere  excitée  par  cette  armée  qui  avançoit ,  la 
Joie  parut  fur  le  vifage  de  mes  foldats  &  de  mes 
Capitaines.  D'un  feul  coup  de  ma  mafle  d'armes  , 
j'ouvris  le  chemin  à  mes  troupes  au  milieu  d^ 
mes  ennemis,  &  les'efïbrts  de  mon  bras  furerit 
fi  vîolens,  que  fans  quitter  les  arçons  de  ma 
felle,  je  fis  tourner  la  terre  comme  une  meule 
'de  moulin  ^. 

'  En  prononçant  ces  paroless  animées  par  la 
chaleur  du  vin,  &  en  maniant  fa  mafle  d'armes, 
comme  s'il  eût  voulu  frapper,  il  en  déchargea 
un  fi  grand  coup  fur  une  des  jambes  de  devant 
de  fon  cheval,  qu'il  s'abattit  fous  lui,  &  qu'il 
fut  renverfé  lui-même  par  cette  chute.  Koutlouk 
le  voyant  par  terre,  courut  aufli-tôt  à  lui,  lui 
ôta  la  vie  avec  fon  cimeterre,  &  termina  par  le 
même  coup  la  durée  de  la  puiflànce  des  Selgiu- 
cides,  laquelle  prit  fin  dans  l'Iraque  par  la  mort 
de  Thogrul,  comme  elle  avoit  fini  dans  le  Kho- 
*raf<3n  par  celle  de  Sangiar. 

Un  Poëte  Perfien  s'adreflant  à  ce  Prince  mort 

Hfeiij 


4^6       Bibliothèque 

par  cet   accident,  dit  :  Jmrou^   Sakaka  mulk 

fehan  diltenghijl  :  Firou^eh  tcherkk  her  leman 
er  renghili  :  Di  e^  J}r  tou  rahéfelek  tek  ke^ 
boud  :  '  Imrou^  ^efer  tabch  tenet  fi^fcnghifi  : 
'i^Grahd  Roi,  le  Monde  a  aujourdhui  le  cœur 
Terfé,  &  l'azur  des  cifeux  change  même  à  tout 
fnomenr  de  couleur.  Hier  il  y  avoît  peu  de  dif- 
t^Tîce  entre  votre  tête  &  h  voûte  du  ciel ,  & 
âi/jourd'hui  il  y  en  a  une  fort  grande  entre  votro 
tétè  &  votre  corps  <c. 

Ce  Prince  avoit  beaucoup  d'efprît  fit  dô 
grandes  qualite's;  car  il  n  eioit  pas  feulement  re- 
cyitimandable  par  fon  courage  qui  le  faifoit 
Comparer  à  Roftam  fie  à  Asfendiar,  'mais  encore 
pour  fon  efprit  fie  pour  fa  fciencc,  fie  ilexceJloit 
fi  fort  à  faire  des  vers  eîi  langue  Perfienne,  qu'il 
y  a  d^s  Auteurs  qui  comparent  fa  Poéfie  à  celle 
i'Anuari  fie  de  Dh^ihir.  Voici  un  quatrain  de 
fa  façon  :  Dirou^  tchunan  vajfal  gîan  ferquA  i 
Vilniroui  ^<^hunin  ferak  àiemfou^i  :  Ajfsous  klh 
ber  defter  umrem  eiam  :  Anra  rou^i  nouijfed 
inra  rcu^i  :  »  La  pofleffion  du  bien  que  j*aimois 
refidoir  hier  mon  ame  comble'e  de  joie ,  8c  au-' 
joiwi  hui  une  féparation  cruelle  me  défoie  fit 
me  c(?nfume.  Tel  tft  1  état  déplorable  de  ma  vie. 
Li  î-crtuné^  efface  aujourdhui  ce  qu'hier  elle 
avoii  écrit  de  favorable  pour  moi  <(. 

Lie  Poë'^e  Nazami ,  qui  admiroit  plus  îa  doc- 
trine de  Thogru!  que  fa  puiflance,  dit  de  lui: 
Serir.  nfrci'^  aklim  màdni  :  VelaUtghir  mulk 
^ende^liiar:  :  »  Qu'il  dbnnoit  de  l'éclat  au  trône 
du  royaumr!  de  Tcfprit  ^  6c  qu'il  avoit  conquis 
toute  1  étendue  du  pays  de  l'immortalité  «s. 


Orientale.  4S7 

THOGRUL  BEN  MOHAMMED;  nom 

âii  fécond  Sultan  d  une  branche  de  la  Maifon 
des  Selgiucides,  qui  régna  dans  les  deux  Iraques^ 
Perfique  &  Arabique.  11  fuccéda  à  fon  frère  Mah- 
moud qui  avoic  été  reconnu  Roi  ;  mais  il  eut 
toujours  des  conteftations  avec  MafToud  ,  fon 
autre  frère ,  qui  lui  difputoit  la  couronne.  Plu- 
fieurs  combats  fe  donnèrent  entre  eux ,  &  enfin 
après  avoir  régné  trois  ou  quatre  aiis ,  il  mou-^ 
rut  Tan  539  de  THégire.  Cétoii  un  Prince 
fuAe ,  vaillant  &  libéral.  Màfîôud  fon  frère  lui 
fuccéda. 

THOGRUL  BEG   BEN  MICAIL  BEN 

SELGlOUK;  nom  du  premier  Prince  ou  Sultan 
de  la  dynaftie  des  Selgiucides.  Son  nom  de  Mu- 
fulman  étoit  Abou  Thaleb  Mohammed^  &  fon 
furnom  ,  qui  eft  le  titre  que  le  Khalife  lui  donna^ 
Rokneddin  j  la  Colpnne  de  la  Foi  &  de  la  Re^ 
ligiort*  C'eft  celui  que  Cedrenus  &  les  autres 
Hiftoriens  Grecs  modernes  appellent  Tangroli-^ 
pixj  par  une  corruption  du  nom  deThogrul  Beg^ 
fort  extraordinaire,  &  cependant  très-commune 
aux  Grecs,  qui  ont  de  tout  temps  rendu  prefque 
méconnoifTables  les  mots  qu'ils  ont  empruntés 
des  autres  langues. 

Auflî-iôt  que  TJiogrul  Beg  fut  reconnu  pour 
Roi  dans  la  ville  de  Nifchabour,  il  envoya  fort 
frère  Giafer  Beg  à  la  conquête  de  la  ville  &  du 
pTays  de  Herat ,  dans  la  même  province  de  Kho- 
rafan,  &  Giafer  Beg  exécuta  fi  bien  fes  ordres, 
qu'il  réduifit  l'une  &  Tautre  à  fon  obéiflance  en 
peu  de  temps;  &,  Thogrûl  Beg  y  mit  un  de 
fes  oncles  pour  la  gouverner.  Mais  pendant  qtke 

Hhiv 


4*8        Bibliothèque 

fon  frère  fit  cette, expédition  , -il  allaen-per-i 
fonne  à  Merou/dont  il  fe  rendit  le  maître,  St 
y  ayant  établi  le  fiége  royal ,  il  donna  de  nou- 
velles Loix  à  tout  le  pays  de  Khorafan ,  par  leC- 
quelles  tous  les  défordres  &  toutes  les  injuf-^ 
tices  qui  y  régnoient  depuis  long-temps  furent 
bannies. 

Cette  même  année,  qui  étoit  la  429  de  YHér 
gir'e^  le  Sultan  MaiTôud^  fils  de  Mahmoud ,  ièr 
cond  Roi  de  la  dynaftie  des  Gaznevides ,  ailembla 
toutes  fes  forces  pour  chafTer  les  Selgiucides  de 
fes  Etats;  mais  les  deux  frères  ayant  auffi  ra« 
maifé  toutes  leurs  troupes ,  lui  livrèrent  la  ba- 
taille ,  qui  fut  extrêmement  fanglante  ,  &  dans 
laquelle  la  vi(5loire  leur  denfieura  fi  complette, 
que  le  Sultan  MaiTôud  s'apperçut  bien  qu'il  ny 
avoit  plus  rien  à  faire  pour  lui  dans  le  Khorafan, 
En  effet,  étant  mort  peu  de  temps  après  ,  il 
laifla  les  Selgiucides  fi  bien  établis  dans  cette  pro* 
vince, qu'après  fa  mort  il  leur  fut  aifë  d'y  joindre 
la  ville  &  la  province  de  Baikh  ,  avec  tout  le 
pays  de  Khouarezm. 

Les  deux  dernières  conquêtes  furent  fuivies 
de  celle  du  Giorgian  que  Thogrul  Beg  entre- 
prit ,  &  de  là  étant  paffé  à  celle  de  Reï ,  elle  ne  lui 
fut  pa^  moins  heureufe.  Après  cela ,  la  rédudion 
de  toute  l'Iraque  Perfique  ne  lui  fut  pas 'diffi- 
cile; &  lorfqu'eJIe  fut  achevée,  il  la  choifit  pour 
fa  demeure  &  pour  fon  partage,  &  laiffa  le  Kho- 
rafan à  fon  frère. 

L*an  447  de  I  Hégire ,  Thogrul  Beg  fit  lex* 
pédition  de  Baudet.  Le  Khalife  ,  qui  étoit  pour 
lors  Caïm  Beenirillah  ,  le  reçut  avec  joie  ;  car 
il  fe  voyoit  entre  les  ixiains  des  Princes  Bouides 


Orientale;  4S9 

491]  Diîemites  V  qui  ne  lui  avoienc  laiiTé  aucune 
autorité;  &  ce  fut  alors  qu'il  donna  à  Thogrul 
Beg  le  titre  de  Rokneddin ,  qu'il  fît  publier  Ton 
nom  dans  les  mofquëes,  &  battre  la  rfionnoie  à 
fpn  coin.  Ainii  le  Sultanat  de  Bagdet,  ou  la 
charge  d'Emir  Alomra  des  Khalifes ,  paiTa  de  la 
Maifon  des  JÇouides  dans  celle  des  Selgiucides  : 
car  Thogrul  Beg  fît  prifonnier  Melik  Rahim  » 
dernier  des  Princes  Bouides  qui  la  pofTëda. 

L'an  45  3  ,  Giâfer  Beg ,  frère  de  Thogrul  , 

mourut  dans  le  Khorafan,  &  laifTa  pour  fuccef- 

feur  fon  fîls  Alp  Arflan  ,  qui  fut  auflî  dans  la 

fuite  rhéritier  de  fon  oncle  Thogrul,  qui  mourut 

Yans.enfans. 

L'année  fuivantc,  Ibrahim,  oncle  maternel  de 
Thogrul,  fe  révolta  contre  lui,  &  vint  avec  une 
puifîante  armée  de  Tlraque.  Arabique  où  il  étoit 
Gouverneur  ,  jufqu'aux  environs  de  la  ville  de 
Hamadan ,  dans  laquelle  Thogrul  faifoit  fa  réfî- 
dence;  n'attendant  rien  moins  que  d'être  attaqué 
par  fon  parent  :\mais  Alp  Arflan ,  fon  neveu ,  vint 
li  promptement  à  fon  fecours  avec  les  troupes 
du  Khorafan,  qu'il  vainquit  aifément  Ibrahim, 
lequel  étant  tombé  prifonnier  entre  fes  mains, 
paya  aufH-tôt  par  fa  morx  le  châtiment  dû  à  fa 
rébellion. 

Après  cette  viéloire  fignalée,  Thogrul  ren- 
voya Alp  Arflan  au  Khorafan  ,  &  il  fit  enfuite 
un  fécond  voyage  k  Bagdet ,  dans  lequel  il  dé- 
livra le  Khalife  de  la  perfection  de  BefTafri , 
&  le  remit  pour  une  féconde  fois  fur  le  trône* 
Caïm  fut  obligé  fi  fenfîblement  par  cettç  action, 
qu'il  crut  ne  pouvoir  donner  une  plus  grande 
récompenfe  à  Thogrul ,  qu'en  lui  accoroant  fa 


40O         BllbLTOTHEQUE 

fille  en  mariage.  En  effet ,  c'étoic  un  honnetif 
bien  grand  à  un  Turc  que  de  mêler  fon  fang 
avec  celui  des  AbbaAîdes.  Il  fe  tranfporta  donc 
de  Bagdec  k  Reï,  pour  y  recevoir  fan  époufe 
avec  toute  la  magnificence  poffible,  Tan  45^  de  • 
THe'gire  :  mais  il  y  fut  à  peine  arrivé ,  qu  une 
he'morragîe  lemporta  en  fort  peu  de  temps;  de 
forte  que  fon  époufe,  en  arrivant,  le  trouva  mort, 
&  le  jour  des  noces  de  Thogrul  fut  changé  en 
celui  de  fes  funérailles. 

Ce  Prince  avoit  vécu  foixante  &  dix  ans  ,  &  e^ 
avoit  régné  vingt-fix.  11  ne  laiffa  point  d'enfans; 
âe  forte  qu'Alp-Arflan  ^  {on  neveu,  devint  foa 
héritier ,  &  par  conféquent  un  très-grand  Mo- 
lîarque. 

Aboul  KafTtîm  Kermani  &  Amid  Almolk  Kon- 
deri  furent  fucceffivement  Miaiftres  ou  Vifirs  de 
ThogruL 

Au  fujet  de  la  grande  bataille  que  les  Selgiu- 
cides  donnèrent  au  Sultan  Maildud,  &  qu'ils  ga- 
gnèrent ,  l'Auteur  du  Lebtarikh  ajoute  qu'elle  fc 
paffa  dans  la  plaine  de  Zendekan ,  auprès  de  la 
ville  de  Merou;  Tan  43 z  de  THégire,  &  qu'a- 

frès  cette  vicîloîre  ,  le  Khalife  Caïm  envoya  la 
atente  de  Sultan  aux  deux  Princes  ,  Thogrul 
Beg  Sç  Giàfer  Beg,  par  les  mains  du  Cadhi  Aboul 
Caflem  Baourdi,  un  des  plus  favans  hommes  de 
te  fiecle-là. 

Le  même  Auteur  écrit  que  Thogrul  mourut 
dans  la  ville  de  Reï  Tan  454  de  l'Hégire;  que 
cecoic  un  Prince  vaillant,  julle,  prudent,  &  de 
bonnes  moeurs.  Jamais  il  ne  manquoit  aux  cinq 
temps  de  la  prière  journalière  des  Miifulmans; 
ij  jeûauit  tous  les  premiers  &  féconds  JQurs  de 


O   R    I  E   N   T   A   L  K.  49! 

la  fémaîne  ;  il  ne  faffbit  bâtir  aucun-  palais  pour 
lui,  qu'il  ne  fît   auflî  conflruire  une  morquée  , 
voulant  toujours  qu'elle  fût  achevée  avant  que  Ton 
'jetât  les  fondemens  du  palais. 

L*Autenr  dii  Nigbiariftan  rapporte  THiftaire 
de  fon  mariage  avec  Seïdat ,  fille  du  Khalife 
Beemrillali ,  d  une  manière  bien  différente  de 
celle  que  Khondeihir  a  décrite.  Il  en  parle  <lan^ 
les  termes  fuivahs  : 

Après  avoir  été  falué  &  couronné  Sultan , 
Thogrul  Beg  Forma  le  deffein  d'ëpoufer  cette 
Prince/Te,  &  la  demanda  en  mariage  au  Khalife 
fon  père ,  qui  ne  put  y  confentir  d'abord  :  mais 
comme  il  fe  rendit  peu  après  maître  de  la  per^ 
fonne  &  de  l^Etat  du  Khalife,  pour  venir  à  boat 
de  fon  deflein ,  Amid  Almolk 'fon  Vifir,  lui  con- 
feilla  de  retrancher  peu  à  peu  les  revenus  du 
Khalife,  afin  que  fe  voyant  réduit  à  l'étroit ,  il 
confentît  enfin  au  mariage  de  fa  fille  ;  unique 
moyen  qui  lui  fut  fuggérè  pour  rentrer  dans  le$ 
bonnes  grâces*  du  Sultan  ,  &  en  même  temps 
dan^  la  jouiifancc  de  tous  fes  biens. 

Ce  fut  le  Vifir  qui  conduifit  cette  affaire  avec 
beaucoup  d'adreffe. ,  &  lorfqu*il  eut  obtenu  la 
fille  du  Khalife  pour  fon  paître ,  il  la  lui  amena, 
à  Tauris  où  il  étoit;  &  ce  fut  en  cette  ville. 
que  le  mariage  fut  conclu  &  le  contrat  figne'. 
Mais  la  folenniré  des  noces  &  la  confommation 
du  maringe  ne  fe  dévoient  faire  qu'à  Reï,  pour 
lors  capitale  de  Tlraquc  Perfique  ,  &  fîége  royal 
de  Thogrul.  Ce  Prince  s  y  trànfporta,  pour  pré- 
parer toutes  chofes  avec  pompe  &  magnificence; 
mais  comme  les  chaleurs  fe  trouvèrent  excef- 
£ves  dans  cette  faifon  y  il  forcit  de  la  ville  pour 


49*       Bibliothèque 

aller  prendre  quelque  rafrakhiflement  >  daifs  té 
lieu  délicieux  de  Roudbar,  où  il  araic  un  très^- 
beau  palais ,  &  ce  fut  en  ce  lieu-là  qii'il  fu€ 
attaqué  d'une  hémorragie  au  perte  de  fang  dont 
il  mourut  en  fort  peu  de  jours,  l'an  455  de 
l'Hégire. 

Kemal  Ifmaël,  Peete  Perfan  ,  fît  ces  deux 
.vers  en  fa  langue»  fur  le  lieu  de  la  mort  de  ce  • 
Prince  :  Khak  Reï  pes  garib  dujchmen  boud  : 
Vernth  ora  tchih  vakt  rejtenboud.  En  voici  l'ex- 
plication :  »  Le  pays  de  fleïeft  ennemi  des  étraif- 
gers^  &  fi  fon  air  ne  lui  a  pas  caufé  la  mort, 
wn  heure  de  partir  étoit  venue  «. 

Cet  accident  imprévu  fit  que  laPrincefle  Seîdat 
jetourna  auprès  du  Khalife  fon  père  au  même 
état  qu  elle  étoit  partie.  * 

Ebn  Amid  remarque  que  ThogruI  Beg ,  en 
rétablifTant  Caïm  Beemrillah  fur  le  trône  de 
Bagdet,  l'an  451  de  l'Hégire,  Taccompagna  lorf- 
qu'il  fil  fon  entrée  publique  dans  la  ville  de 
Bagdet ,  &  tint  la  bride  de  fa  mule» 

THOGRUL  SCHAH  BEN  MOHAMMED; 

noni  du  feptieme  Sultan  de  la  branche  des  Sel- 
giucides  qui  ont  régné  dans  le  Kerman.  Il  fuc- 
céda  à  fon  père,  &  mourut  après  un  règne  de 
douze  ans.  Les  trois  enfans  qu'il  laifTa,  Itfquels 
font  Beheram  Schah ,  Arflan  Schah  &  TourAii 
Schah  5  fe  firent  la  guerre  les  uns  aux  autres  Tef- 
pace  de  vingt  ans  avec  des  avantages  recipro^ 
ques  ;  de  forte  que  celui  qui  avoit  le  deflus  apiès 
une  victoire ,  étoit  reconnu  Sultan  jufqu  a  ce  qu'il 
fût  chaâe  par  un  de  fes  deux  frères. 


Orientale.  49^^ 

THOLOUN,  Ahmed  Ben  Tholoun,  Atnedh 
fils  de  Tholoun  ;  nom  du  Fondateur  de  la  puif- 
(ance  &  de  la  dynaftie,  des  Tholounides  en 
Egypte.  Motaz ,  treizième  Khalife  de  la  Maifon  * 
des  Abbaffides ,  Tayant  envoyé  Gouverneur  ea 
Egypte ,  il  y  devint  fi  puifTant  fous  les  Khalifes 
Mohtadi  &  Motâmed  ,  qu'il  fe  rendit  maître 
abfolu  non  feulement  de  cette  province ,  mais 
encore  de  la  Syrie,  n'y  confervant  d  autre  marque 
de  leur  autorité  que  celles  de  la  prière  folen-' 
nelk  en  leur  nom,  &  de  faire  battre  la  mon- 
noie  à  leur  coin. 

MouafFek,  frère  du  Khalife  Mot âmed,  qui  fe* 
repofoit  fur  lui  du  gouvernement  du  Khalifat, 
oonnoiflant  que  le  refte  de  TEtat  étoit  trop  foible 
pour  entreprendre  de  réduire  Ahmed  par  la 
fbrce,  le  m  excommunier  publiquement  dans 
toutes  hs  mofquées  de  Bagdet  comme  un  re- 
l^elle.  Ahmed  en  ât  autant  de  fon  côté  envers 
Mouaffek,  &  le  déclara  indigne  du  commande- 
ment qu'il  ufurpoit  fur  le  Khalife  fon  frère.  Tout 
ce  que  Ton  fit  d  ailleurs  pour  s'oppofer  à  fon 
agrandiifement,  ne  diminua  en  rien  fon  pouvoir; 
car  il  laugmenta  toujours ,  &  l'affermit  jufqu'à 
fa  mort ,  qui  arriva  Tan  -270  de  THégire ,  &  il 
le  laiilà  héréditaire  à  fes  fucceffeurs ,  que  Ton 
appelle  les  Tholounides  f  à^nt  le  premier  fut 
Hamarouiah  fon  fils  aîné. 

Gei(ch;  fils  de  Hamarouiah,  fuccéda  à  fon 
père  Tan  282;  mais  parce  quil  étoit  en  bas  âge, 
il  fut  tué  &  dépoffédé  l'an  2^3 ,  par  Thagag'; 
Gouverneur  de  Damas. 

Haï'oun ,  frère  de  Geifch,  fut  mis  à  fa  place  i 
mais  il  fut  auffî  tué  l'an  ^92. 


494       Bibliothèque 

Senan  ou  Sinan  fon  oncle ,  fils  d'Ahmed  Ben 
Tholoun ,  lui  fuccéda  :  mais  en  cette  même 
année  191,  le  Khalife  Moktafi  reconquit  TEgypie 
&  la  Syrie ,  &  fit  mourir  dix  enfans  de  la  Mai- 
Ion  de  Tholoun ,  &  Sinan  fut  de  ce  nombre  : 
de  forte  que  la  Maifon  &  la  puiffance  des  Tho- 
lounides  demeurèrent  éteintes. 

Ahmed\  pendant  fa  vie,  a  voit  fait  bâtir  une 
fuperbe  moîquée  entre  le  vieux  &.  le  nouveau 
Caire ,  que  Ton  appelle  encore  aujourd'hui  la 
JA<ifQuée  de  Ben  Tnclcun. 

EbnBatrik  rapporte  que  lorfqu* Ahmed,  tomba 
malade,  il  fit  monter  par  bandes  féparées  les 
Chrétiens,  les  Juifs  &  les  Mufulmans,  à  la  mon« 
tagne  Jiommée  Mocattham ,  afin  qu'ils  y  priaflênt 
Dieu  pour  fa  fanté. 

.  On  dit  qu'il  laiâa  trente-trois  enfans  mâles, 
dont  lain^,  nommé  Hamarouiah^  fut  fon  fuc- 
ceiTeur ,  &  dix  rnillions  de  dinars  dans  fon  tréfor^ 
outre  un  très-grand  nombre  d'efclaves,  de  che* 
vaux,  de  n^ulets  &  de  chameaux.  11  avoit  fait 
iponter ,  de  fon  temps ,  le  tribut  ou  le  revenu  de 
l'Egypte  à  trois  cent  millions. 

THOUFÏL  ou  TOUFiL  BEN  TOUMA 

AL  RÔHAOUI,  Théophile  fils  de  Thomas; 
nom  d'un- Chrétîei^  Maronite  ,  natif  de  la  ville 
de  Roha  pu  d'Edeffe  ,  lequel  fut  Aftrologue  <|« 
Khalife  Mahadi.  jl  cft  Auteur  d'une  Hiftoire  fort 
^fliâiée;  Sf.  d'une  tradu<t)ion  de. la  Langue  Grec* 
que  eh  Syriaque  ^  de  Tlli^de  d  Homère. 

Ce  Théophile  a  prédit  lui-mêrtic  fa  mort  & 
^elle  du  Khalife  fon  Maiue  ,  conune  on  ^euile 
voir  par  le  récit  qui  àiifc.  .  


Orientale.  495. 

Mahadi  ayant  réfolu  (ïe  faire  un  voyage  , 
commanda  à  Hnïïane,  fa  concubine,  de  fe  pré- 
parer pour  partir  avec  lui.  Hâfîane ,  qui  auroit 
Lie*)  voulu  ne  pas  faire  ce  voyage,  croyant  que 
Théophile  avoit  perfuadé  au  Khalife  de  l'entre- 

f prendre,  lui  envoya  par  une  efclave  un  billet  pour 
ui  en  marquer  fon  indignation  ,  &  le  billet  por- 
toit  :  »  Vous  avez  confeillë  au  Commandant 
OH  à  TEmpereùr  des  Fidèles  de  faire  ce  voyage 
auquel  je  ne  m  atrendois  pas ,  &  vous  êtes  câUfe 
que  je  fuis  obligée  de  le  faire  contre  mon  inteft-? 
tion.  Dieu  hâte  votre  mort,  &  nous  délivre  dci 
vous  «  !  . 

Théophile  ayant  lu  ce  billet ,  renvoya  lef* 
clave ,  &  la  chargea  de  dire  à  fa  Maîtrefle  qu'il 
n'avoitpas  confeillé  au  Khalife  de  faire  le  voyagf^ 
dont  il  s'agifToit ,  comme  elle  le  prétendoit.  A 
1/égard  de  fon  imprécation  ,  par  laquelle  elle 
fouhaitoit  fa  mort ,  que  Dieu  l'avoit  refotue  ,  ^ 
qu'il  mourroit  bientôt  ;  mais  qu'elle  ne  devoîc 
pas  préfuroer  que  ce  fût  parce  que  fa.  priera 
éioit  exaucée.  Pour  elle  ,  qu'il  lui  donnoit  àvîs; 
de  faire  un  grand  amas  de  poufliere ,  parce  qu  elle 
en  auroit  befoin  pour  en.  couvrir  (a  propre  tête 
quand  elle  feroit  morte.  Il  mourut  en  effet  éit 
peu  de  temps ,  &  vituçt  jc^urs  après  ,  fa  mort 
fut  tuîvie  de  celle  du  fChaJife  >  qu'il  avoit  pré- 
dite en  donnant  avis  à  Haffane  d'amaffer  de  là: 
pouffiere  pour  mettre  fur  fa  tête  ,  &  en  lui 
inarquânt  par4à  Ja  douleur  qu  eUe  en  auroîtl 

THOUMAN  BAI  ;  nom  du  vingt-uniemè 

-  Roi  d'Egypte ,  de  la  rate  des  Circailiens ,  qa^i 

nos  Auteurs  appoHent  Toman  Bej.  Il  fut  |tté^ 


49^       Bibliothèque 

miërement  proclamé  à  Damas ,  &  enfuite  en 
Egypte  y  l'an  906  de  THégire.  Au  bout  de  cent 
jours  de  règne  ,  les  foldats  s  étant  foulcvés  con- 
tre lui ,  il  échappa  à  leur  fureur ,  &  fe  cacha  ; 
mais  ayant  été  découvert  &  faiii  quarante  jours 
après ,  il  fut  tué.  Il  fut  furnommé  Caïetbaî , 
parce  qu'il  a  voit  été  efclave  de  Caîtcbaï  Roi 
. d'Egypte. 

THOUMAN  BAI  ,  nom  du  fefcond  Roi 
dEgypte  de  ce  nom  ,  neveu  de  Canfou  Gauri  » 
k  la  place  duquel  il  fut  mis  fur  le  trône.  Il  fat 
le  derpier  Roi  dEgypte  de  la  race  des  Circaf- 
iîens ,  &  il  ne  régna  que  trois  ans  &  demi  ,  qui 
fut  le  tempe  que  Selim  I ,  Sultan  des  Turcs  ,  de- 
meura en  oyrie  après  la  défaite  de  Canfou  Gauri: 
car)  au  bout  de  ce  temps -là,  Selim  Tattaqua 
&  le  défit  l'an  9^3  de  THégire.  Il  prit  la  fuite; 
xriais  il  fut  arrêté  par  un  Prince  des  Arabes  ,  & 
fréfenté  à  Selim  ,  qui  Tinterrogea  fur  les  af&ires 
de  TEgypte  pendant  dix  jours  ;  après  quoi  il  le 
£t  pendre  à  une  des  portes'  du  Caire. 

THOUR  &  THOR.  Ce  mot ,  qui  fîgnific 
généralement  en  Arabe  une  montagne  ^  fignifié 
en  particulier  le  mont  Sinaï.  L'on  trouve  auffi 
fort  fouvenc  dans  les  Auteurs ,  Thour  Sina  ,  pour 
lignifier  la  même  chofe ,  de  la  même  manière 
que  nous  difons  le  mont  Sinaï. 

Il  eft  parlé  de  cette  montagne  dans  le  chapitre 
de  r Alcoran,  intitulé  Sourat  Tin ,  le  Chapitre  de  la 
Figue;  qui  commence  par  ce  ferment  deMahomet: 
Vnltin  val^eïtoun  ^  v  al  Thour  Sineïn  v  kadha 
êtlbilad  alamin^:  »  Je  jure  par  la  Figue  &  par 


■    CTR  TE  N  T'A  É  E.  ^97 

•rOKrèi  par  le  mont  Sinaï,  &  par  cette  ville 
sûre  &  fidêJle. .  ..    *^.  * 

Il  paroît  que  Mahomet ,  par  ces  mots  Al 
ThourMi.Siniin  &  haiha.'albelad ,  a  entendu 
parler.de  deux  lieux  particuliers;  fa  voir ,  du 
mont  Sioaï  &  de  la  Mecque,  qu'il  nomihe  ville 
de  sûreté. 

Les  Interprètes  de  ce  paffage  difent  que  ,  par 
Ja  Figue  &  par  l'Olive  ^  Û  faut  entendre  ^1« 
4eux  mwtagnes  de  la  TertCTSaiote ,  dont  l'une 
qui  eftaflez  connue  dans  l'Evangile,  s'appelle 
(TÂousr  Z«Va-,  la  mon tagrie  des  Olives  & 
l'autre,  Thour  Tina,  la  montagne  desFiguesi  Ifs 
ajoutent  que  ces  deux  montagnes  ont  fêrvi 
d'oratoires  &  de  lieux  de  dévotion  aux  plus 
grands  Prophètes.  Quelques-uns  entendent  par 
ces  deux  fruits,  deux  temples  célèbres,  tous  deux 
ténus  en  gf&nde  vénération  par  les  iMufuImans 
■&  que  ces  temples  font  ceux  de  Jérusalem  &  de 
-IDamasL      . 

'  Le  moiit  Sinaï  eft  en  grande  vénétmon  parmi 
les  Mafulmaiîs ,  à  xaufe  que  c  eft  là  que  Ja  Loi 
fut  donnée  aux  Ifraélites ,  comme  îl  paroît  par  ces 
^eux  vehsaçatçS  ,:  fapportés:par  Sâdi  dans  (on  Gu- 
lîft^ah  :  AhallMbal  atardh  Thour  Sina;  V annahè 
landhant-^cadran  y  menielan  :  >>  Le  mont  Sinai 
eft.  la  plus  ^petite  d^s  montagnes  ;  mais  elle  eft 
en  très^grande  Gônfidération  auprès  de  Dieu  par 
fa  dignité,,,&  par  le  rang  quelle  tient  par-deflus 
les  autres  m<^t,9gne$. 


5> 


THOUR  ;  nom  d'une  montagne  voifine  de 
la  Mecque  du;  côté  du  midi ,  à  une  heure  d« 
Tome  K  li    ' 


^ 


^49^         B  I  B  L  I  O  -T  H  É-Q  W  C 

chemin  ,  fur  laquelle  il  y  a  une  grotte  oà  Malio-a 
met  s  eft  caché  dans  le  temps  de  fa  faite. 

THOUS    BEN    NÂUDAR  ;    nom  dan 

Prince  fils  de  N^udar ,  Tan  des  anciens  Rois  de 
Perfe  appelés  Pifchdaiiens.  On  dit  qu'il  étok 
frère  ,  & ,  félon  quelques  Auteurs  ,  oncle  de  Caî 
JCaous  V  Roi  de  la  race  des  Caïaniens.  Il  s  oppofà 
à  Caï  Khofrou ,  qui  étoit  aufli  fon  neveu  ,  en 
faveur  de  Feriberz ,  fils  de  Caïkaous  ,  qu'il  vo»* 
ioit  pour  Roi  préférablement  à  lui ,  quoiqu'il 
fut  fon  neveu.  Mais  il  fut  tué  par  le  même  Caî 
Khofrou,  en  l'attaquant  dans  la  ville  d'Ardebil. 

Avant  fa  rébellion ,  Caï  Khofrou  l'avoir  en^* 
Toyé  contre  Afrafiab  à  la  tête  de  trente  mille 
hommes. 

THOUS  ;  nom  d'une  ville  coniidérable  du 
Khorafan  ,  qui  reconnoit  pour  Fondateur ,  fiii^ 
vant  l'Auteur  du  Leb  Tarikh  ,  Gîamfchîd^le 
cinquième  de  la  première  dynaftie  des  anciens 
Rois  de  Perfe ,  appelée  àes  Pifchdaiiens^ 

TIMOUR  :  c*eft  le  nom  du  fameux  Tamer^ 
lan  ,  que  nous  avons  ainfî  nommé ,  en  ajoutaiic 
\  fon  nom  l'épi thete  de  Ltnk ,  qui  fignifie  ea 
langue  Perfierine  ,  Boittux  ;  de  forte  que , 
quand  nous  difons  Tamerlan ,  c'eft  le  même  que 
fi  nous  difions  Timour  le  BoitçuxJ  Ce  mot  de 
TimouTy  comme  les  Arabes  le  prononcent,  eft 
le  même  que  Timtir ,  qui  fignifie ,  auffi  bien 

3ue  Demur  fie  D.emir  en  langue  Turquefque, 
ujir.  Quelques-uns  lé  prononcent  auffî  Ternir^ 


.^.Orientale.         49f 

de  même  que  Ternir  Capi^  au  lieu  de  Demir  Capi, 
Porte  de  fer  ou  Détroit  appelé  les  Portes  Cqfpien* 
nés.  Voici  ia  généalogie  de  ce  grand  Monarque  ^ 
teile  que  Mirkhond  nous  ia  donne ,  avec  les 
titres  qu'il  portoit/ 

Soithan  Kiamran  Emir  Cothbeddin  Tîmour 
Kurkhan  Saheb  Keran»  Il  étoit  fils  de  Targaî 
Nouian  fîls  de  Barcal  Nouian  fils  de  lEmit 
Ilenkiar  Nouian  fils  d'Abgal  Nouiati  fils  de  Ca- 
ragiar  hls  de  Caragan  fils  d'Iardimgi  JNouiaa 
fils  de  Cagioulaï  Nouian  fils  de  Tomnaï  Khan 
fils  de  Baifangar  Khan  fils  de  Caïdou  Khan  fils 
de  Doutomnan  fils  deBouca  Kban  fils  de  Bou« 
^angir  Khan..  C'eft  dans  celui  ci  que  ia  généalo* 

fie  de  Tamerlan  fe  joint  à  celle  de  Ginj^hizkan^ 
ont  Ton  peut  voir  les  ancêtres  dans  la  propre 
Sénéalogie,  en  remontanDjufqu'à  Turc  ,  fils  de 
aphet  fils  de  Noé. 

île  même  Mirkhond  remarque  que  le  cimjuîeme 
aïeul  de  Tamerlan  ,  nommé  Caragiar^  avçit  été 
Vifir  de  Giagataï ,  fécond  fils  deGinghizkhan,  qui 
régna  dans  les  provinces  Tranfèxanes,  &  que  lui-» 
même  poiTéda  aufH  la  même  charge  de  Vifir 
auprès  ae  Soïourgatmifch ,  Sultan  de  la  même 
lignée  de  Giagataï  ,  &  que  ce  fut  de  ce  Prince 
u'il  recueillit  la  fucceilîon  dans  la  Principauté 
e  Samarcande  ,  &  d'une  grande  partie  du  pays 
de  Mavaralnahar ,  qui  comprend  les  provinces 
fituées  au  delà  du  Gihon  ou  de  lOxus. 

C*eft-là  le  commencement  de  la  grandeur  & 
(de  la  puiffance  de  Tamerlan ,  que  tous  les  Hi£- 
toriens  fixent  eirl'an  77 1  de  THégire  ;.en  forte 
que  ce  Prince  étant  mort  en  Tan  807  ,  il  fe 
trouve  qu  U  a  régné  iudemeot  trente  fix  ans« 

liij   ^ 


ï 


\ 


f06  B  I  i  L  10  T  H  E  Q  U  E 

/  Avant  que  de  parler- des  acîliorts  de  Tamerlan^ 
il  eft  bon  d  expliquer  quelques-uns  des  titrée  qu% 
Ion  lui  donne. 

*  Tamerlan  ne  prit  qu'affez  tard  celui  de  SoU 
tan  ou  de  Sultan  ,  parce  que  ce  titre  étoic  ré-* 
Tervé  à  la  race  Ginghîzkhanienne  ,  qui  régnoit 
de  fon  temps  dans  la  Tranfoxane.  Il  ne  portoic 
'd«nc  d^àboi'd  que  celui  d'Emir  ,  c'éft-à-dire  j 
de  Commandant  ou  de  Prince.  Il  y  ajouta  néan-^ 
moins  celui  de  Kurkan  ,  qui  iîgnifie  gendre  & 
allié  des  Rois   &  des  Princes  Souverains  i  ce 

S*  ui  faifoit  aflez  connoître  ,  dit  Ahmed  Ben  Arab 
chah ,  qu'il  n'étoit  pas  d  une  fi  haute  naiCance  , 
puifqu'il  fe  faifoit  tant  d'honneur  que  de  fe  qua- 
lifier parent  &  allié  du  Sang  Royal. 

Quant  à  celui  de  Kiamran  ,  il  lui  a  été  donné 
par  les  autres  ;  &  ce  mot  ne  fignifie  autre  chofe 
en  langue  Perfienne ,  que  celui  qui  pouflè  fes  dé- 
ûirs  là  où  il  lui  plaît ,  &  qui  vient  aifément  à 
bout  de  tout  ce  qu'il  entreprend. 
'  Celui  de  Sahebkeran  ,  qui  demeura  hérédi- 
taire dans  fa  famille ,  fignifie  proprement  le  Maî- 
ifë  des  grandes  conjoncîlions  ;  &  pour  entendre 
fe'force  de  cette  fignificaiion  ,  il  faut  fiippofer 
ue  les  Orientaux  croient ,  fuivant  le  fentiment 
e  plufiéurs  Aftronomes ,  que  dans  toutes  les 
grandes  conjonélîons  qui  arrivent  des  planètes, 
il  fé  fait  de  grandes  révolutions  dans  le  Monde , 
tant  à  regard  des  Etats,  que  de  la  Religion 
même.  Ainfi ,  fuivant  la  doélrine  de  ces  Aftro- 
y^ùines  de  l'Orient ,  Abraham  ,  Moïfe  ,  ou  ,  fe- 
'  îon  quelques  -  uns ,  avant  lui  Zoroaftre ,  &  le 
Meffie  après  eux ,  qui  a  été  fuivi  du  faux  Pro- 
phète Mahomet ,  font  venus  au  monde ,  û  nous 


3 


1 


/ 


,   -  O  ^  f  E  N  7  A  L  i:  \^\ 

les  en  croyons ,  dans  cesj|randes  conjonélions  y 
&  5  fuivant  les  mêmes  Traditions  .Orientales  > 
Caïoumarrath ,  premier  Roi  de  Perfe ,  &  le  pluS 
^iKien  de  toias  les  Rois  du  Monde  ,  Salomon  > 
Alexandre  le  Grande  Ginghizhan  &  Tamerlan 
ont  été,  chacun  en  leur  temps,  les  Sahebkeranil 
ou   Maîtres  des  conjon(5lions    &  de   tous,   les 

Erands    ëvénemens  qui    font    arrives    dans    le 
londe  fous  leur  règne. 

L'Auteur  du  '  Tamurath  Nameh  dit  ique 
Leïlan  Schah  ,  perc  de  Tamurath  ,  ëtoit  le 
Sahebkeran  au  temps  du  Khalife  Jared ,  qui  efl 
le  cinquième  Patriarche  après  Adam ,  &  pcre 
d*Edris  ou  d'Enoch.  Dans  le  Caherman  Nameh  , 
les  Géans^,  en  louant  ce  Hero$ ,  lui  difent , 
pour  le  flatter  ,  que  tous  les  Sahebkerans  qu^ 
itoivenG  fe  fignaler  dans*  le  Monde  ,  doivent 
defcendre  de  lui. 

.  Ce  titre  de  Sahebkeran  eft  tellement  z^^€ià 
à  Tamerlan  &  à  fa  poftéritë ,  que  le  plus  fa-i- 
meux  Ouvrage  qui  ait  été  fait  fur  fon  Hiftoire  ^ 
porte  aux  Indes  &  en  Perfe  le  titre  de  Saheb^ 
kerani  ;  &  c*eft  cette  Hiftoire  ,  compofee  par 
Scharfeddin  Ali  Iczdi ,  que  Ton  nomme  encore 
Dhafer  ou  Zhafcr  Nameh ,  le  Livre  des  Victoires.. 
,  L'on  peut  fixer  >  félon  les  Hiftoriens  les  plu» 
authentiques  ^  la  naiilance  de  Tamerlan  aa 
vinf;t  cinquième  jour  du  mois  de  Schaban,  lan 
736  3e  THégire  ,  qui  repondoit  ^  Tannée  des 
Mogols  ,  nommée  dans  leur  Cycle  duodé^ 
naire /chishan  ^  c'eft-à-dire  Formée  de  la  Souris<^ 
çe&  Tan  de  J.  C.  1335  >  &  tous  ceux  qui  ont 
.tiré  (ov,  horofvope  ,  lui  donnent,  le  figne  du  Gedf 
ou  Ciprkorne  pour  afcendant  ^  qui  eft  le  xneme 

I  i  ii) 


\ 


501         BiBLtOTRCQUE 

que  celui  de  lEmpereur  Augufte.  Il  naquit  dafir 
le  vorfinage  de  Caich  ,  ville  de  la  province  Tran- 
foxane  ,  où  ré|^noit  pour  lors  l'émir  C^zgan  y  & 
il   n  eut   pas  p  uâ  tôt  atteint  lage  d'onze:  ans  , 

Îu'il  commença  a  faire  paroitre  des  marques 
une  vivacité  extraordinaire  ;  &  à  peine  com- 
sncnça-t«il  à  porter  les  armes  ,  qu'il  dé6t  l'Emir 
Cazgan  ,  &  mit  en  fa  place  un  autre  Prince  qui 
ëtoit  de  La  race  de  Giagataï ,  fils  de  Gingizkhan. 

A  rage  de  vingt  cinq  ans ,  il  époufa  la  Aile  de 
TEmir  Maflah  ,  fils  de  l'Emir  Cazgan ,  &  il  fe 
fit  connoitre  a  Tugatimour,  autre  Prince  de  la 
famille  de  Giagata'l ,  qui  régnoit  au  deiTus  de  la 
mer  Cafpienne  dans  le  pays  des  Getes,  &  qui, 
à  peu  près  dans  ce  temp$>là ,  avoit  fait  une  grande 
irruption  dans  la  Trânfoxane. 

Togatimour ,  gagné  par  les  grandes  qualités 
qu'il  découvrit  dans  Tamerlan  ,  ot  pour  récom- 
penfer  les  fervices  qu'il  lui  avoit  déjà  rendus  ,  lui 
donna  le  gouvernement  de  la  ville  de  Cafch  ^ 
fon  pays  natal  ^  avec  toutes  fes  dépendances  y  qui 
avoienc  autrefois  appartenu  en  propre  à  fes  an- 
cêtres. 

Le  même  Togatimour ,  après  avoir  réglé  les 
affaires  de  la  Trânfoxane  ,  &  établi  Tamerlan 
fous  l'autorité  de  TEmir  ou  du  Sultan  Houffaïn, 
fils  de  l'Emir  Maflah  ,  fon  beau  -frère,  s*en  re- 
tourna dans  fon  royaume  des  Getes. 

Le  Sultan  Houflaïn  &  Timour  vécurent  aflêz 
long -temps  enfemble  fort  paifiblement  î  mais 
enfin  la  diviiion  s  étant  gli/fée  entre  eux  ,  par 
l'infligation  de  quelques  Fadieux  de  TEtat  , 
Timour  fut  obligé  de  prendre  les  armes.  La 
guerre  s'échauffa ,  &  enfin  Houffaïn  fut  affîégé 


O  k  I  E  N  T  A  L  I.  fOf 

fiar  Tamerlan  dans  la  ville  de  Balkh,  &  il  n'en 
ibrtic  qu'avec  la  perce  de  fa  liberté  ,  &  peu  de^ 
temps  après ,  de  fa  vie.  Et  c'eft  depuis  la  mort 
de  cet  Houflaïn ,  qui  arriva  Tan  771  ae  l'Hëgîre  y 
que  l'on  peut  marquer  1  époque  du  conunence- 
znenc  de  l'empire  de  Tamerlan. 

Timour  vint  auffi-tôt  après  la  mort  de  Houf^. 
faïn  ,  prendre  poflèffion  du  trône  des  Gingizkha- 
niens  &  Giagataïens ,  dans  la  ville  de  Samar- 
cande  ,  6c  pafla  de  là  dans  le  Kbouarezm  >  du- 
quel  il  fe  rendit  maître  en  fort  peu  de  temps. 

L'an  770 ,  Tamerlan  perdit  fon  fils  aîné  Gî- 
hanghir ,  qui  laiflà ,  par  fa  mort  y  fon  frère  Schah- 
rokh  héritier  préfomptif  des  Etats  de  fon  père. 

'  L'an  781 ,  Tamerlan  pafla  la  fameufe  rivière 
du  Gihon  ou  de  TOxus ,  &  entra  dans  la  pro- 
vince de  Khorafan  ^  &  vint  camper  d'abord  à 
Foufcbèng  ,  château  très-fort ,  qui  fut  cepen- 
dant pris  par  fes.  troupes  en  trois  jours.  Il  s'avança 
de  là  jufqu'à  la  ville  de  Herat^  capitale  de  la 
même  province  ;  &  Tannée  fuivante  ,.  ySj  , 
(jaiatheddin  Pir  Ali ,  qui  y  régnoit  alors ,  voyant 
bien  qu*il  ne  pouvoir  pas  mefurer  fes  forces  avec 
celles  de  Tamerlan  ,  vint  au  devant  de  lui ,  & 
lui  prêta  hommage  ,  nonobftant  quoi  Tamerlan 
ne  laiiTa  pas  de  faire  démanteler  fa  ville  &  fon 
château. 

Ce  Prince  avoit  campé  à  Bagzagan  ,  palais  âe 
château  des  plus  cpnfidérables  de  tout  le  pays  » 
&  en  partit  auffi-tôt  après  la  démolition  de  He^ 
rat ,  &  fit  un  autre  campement  aux  environs  de 
Kedeftan  ,  place  forte ,  où  il  trouva  les  tréfors 
que  les  Princes  de  la  dynafiie  appelée  MoUuk 

I  i  iv 


5P4^       B  I,»^.l  O  T  H  E  Q  ir  Ê 

Curt ,  dont  Ç^ïacheddin  Pir  Ali  fut  le  dernier, 
y  avoient  amaiTés,  ^ 

Timour  pafTa  dans  la  naême  année  du  Kho-?  ^ 
rafan  dans  le  Giorgian  ,  6c  trouva  dans  fa  routé 
Khoe:iab  Ali    Mouiad  ,  Prince   de    la  dynaftle  , 
des    Sarbedariens  ,  régnant  dans  Niichabourg  ,. 
qui  fe  fournit  entièrement   k  lui,  £c  lui  âc  de 
fort  grands  préfens  ;  &  avant  que  de  paffer  plus-. 
avant ,  il  dépêcha   un  Envoyé  à  Va-i ,    Prince 
du  Mcizandcran,  qui  ne  manqua  pas  auflî-tôt  de. 
lui    promettre  toute   forre    dobéiflance,    Cette. 
foumiilioh  fît  que  Tamerlan  ne  pafla  pas   plus 
avant;  &  qu'il  le  laiflapaifible  dans  fes  Etats  , 
&  renvoya»  même  le  Prince  Curt  fit  le  Sarbe- 
darien  dans  leur$  provinces. 

L'an  784  ,  Tamerlan  fut  obligé  de  retotrrner 
en  Khorafan  ,  pour  réprimer  la  révolte  de  quel^  ' 
q\ies  Seigneurs   du  -  pays  ,  qiii   occupoienc  des 
places  fortes.  H  vint  d'abord  aflîég'errle  châceaa 
ce  Tarfchiz  &  celui  dé  Kjîelatb ,  fie  s  en  rendit  ' 
maître,  après  quelques  combats  néanmoins  qu'il' 
fallut  donner  en,  campagne  ;   ai^rès   quoi  il   ré- 
prima âuffi  Gaïatheddîn  Pir  Ali ,  qùfi  entreprc- 
noif  des  chofes  coiitr-e  fon  autoriré. 

-  L'ai^  7;^^,  le  Gôutèrneur  que  Tamerlan  avoic 
lîTiffe  èa«5  Herat  étant  mort ,  les  Gaurides  qui 
étoienc  dans  la  vilte-  s  étant  foufevés  »  fie  ayant 
tué  même  plufîeurs  Mogols  ôc  Tartares  ,  Ta- 
merlan envoya  fon  filsMican  Scbah  ,  qui  fe 
trouvoit  pour  lors  fur  la  rivière  nômoiée  Mor* 
gab ,  pour  les  châtier*  Ce  Prince^  après-  ^voir 
fait  mourir  plufieurs  des  plus  coupables  ^  eisvoya 
la  jplupart  des  Priaces  Cartes  fie  SacbedarLeBS 
prilonoiers  à  Samarcande»  :     . 


,  1 


J 

Orientale.  505 

Dans  la  même  année  ,  Miran  Schah  ayant 
pacifié  les  troubles  du  Khorafan  ,  entra  à  main 
armée  dans  les  provinces  de  Siftan  ,  de  Canda-» 
har  &  de  Zableftan.  Il  fubjuçua  tous  ces  peu-, 
pies  ,  &  envoya  auffi  Schah  Cothbeddin  ,  Com- 
mandant du  Segeftan ,  prifonnier  dans  la  même, 
ville  de  Samarcande  \  £c  après  avoir  hiverné  dans 
le  Candahar ,  il  pafTa  au  printemps  à  la  Cour  de 
fon  père. 

Lan  j^fï  ^  Tamerlan  n'étoit  pas  content  de. 
TEmir  Vali ,  qu  il  avoit  laiiTé  dans  le  Mazande- 
ran  ,  pafla  derechef  le  fleuve  Gihon ,  &  vint 
camper  auprès  de  la  ville  d'Aftarabad.  L'Emir 
Vali  fut  aflez  téméraire  pour  vouloir  s'oppofer 
aux  armés  d  un  fi  puiffant  ennemi,  &  en  effet |^ 
il  fe  foutint  pendant  Tefpace  de  près  d'un  mois; 
mais  enfin  il  fut  obligé  de  prendre  la  fuite  ver» 
Bel,  &  de  Reï  à  Roftamdar  ,  &  d'abandonner 
ainfi  entièrement  fes  Etats  au  vainqueur. 

Tamerlan  en  ayant  pris  poffeilîon  ,  donna  ce; 
ifouvernement  à  Locman  Padiichah  ,  iils  de 
Togatimour  Khan  ,.  Sultan  des  Getes  ,  duquel 
on  a  déjà  parlé.  Il  s'avança  cependant  toujours 
avec  fon  armée  vers  les  villes  de  Reï  &  de 
Solthaniah  ,  &  fe  rendit  maître  de  ces  deuïQ 
villes  royales  ,  dont  il  donna  le  gouvernement 
à  Adel  Aka  &  à  Klohammed  Solthan  Schah  ; 
&  reprenant  la  route  du  Mazanderan ,  il  retourna 
et)  fa  ville  de  Samarcand^. 

.  L'an  788  ,  Tamerlan  entreprit  la  conquête 
des  provinces  de  Fars  ou  Perfe  proprement  dite  , 
de  riraque  Perfienne  &  de  TAdherbigian  ,  & 
il   l'acheva   en  deux   ans.    Ce   fut   pendant  ce^ 

um^ft^là  que  TEmir  Scheïkh  Ibrahim  ;  Prince 


5o6         BiBLIOTHEQUC 

du  Scliirvan  ,  vint  implorer  la  clémence  êe 
Timour ,  &  fe  préfenta  à  lui  chargé  d  une  in- 
finité de  préfens.  Les  Rois  &  Princes  de  Ghî- 
lan  firent  la  même  chofe  ;  &  ces  Seigneurs  fe 
trouvèrent  fi  bien  de  cette  foumiffion  qu'ils  tiû 
avoient  rendue ,  quils  devinrent  beaucoup  plus 
puiiTans  dans  leurs  propres  Etats  qu'ils  n'écoient 
auparavant. 

Dans  Tan  790  ,  Tamerlan  étant  dans  la  ville 
de  Scbiraz  ^  reçut  un  Courrier  de  Samarcande  y 
par  lequel  il  apprit  que  Toktamifch  Khan  avoit 
fait  une  irruption  dans  la  Tranfoxane.  Ce  Tokta- 
Skiifch  prét^ndoit  defcendre  en  ligne  direéle  de 
Giougi  Khan  ,  fils  de  Gingbizkhan  ,  &  avoit  im- 
ploré autrefois  le  fecours  de  Timour  contre  un 
autre  Prince  nommé  Odorous  Khan ,  &  J  avoit 
obtenu  fi  effeâif ,  qu'il  avoit ,  par  ce  moyen ,  défait 
fon  ennemi ,  &  régnoit  pour  lors  paifiblement 
dans  toutes  ces  vafies  campagnes  qui  s'étendeht 
au  nord  de  la  mer  Cafpienne ,  &  jufque  vers  I  Oc- 
cident. Il  étoit ,.  en  un  mot ,  maître  de  tout  ce 
grand  pays  que  les  Perfans  appellent  Defcht 
Capchah, 

Tamerlan  ,  '  fur  cette  nouvelle  ,  quitta  auffi- 
tôt  la  Perfe ,  &  retourna  dans  fa  capitale.  Avant 
que  d'y  arriver  ,  il  apprit  qu'Omar  Scheïkh, 
un  de  fes  enfans ,  accompagné  de  Soliman  Scbah 
Ben  Daoùd  &  de  l'Emir  Abbas  Perlas  ,  qu'il 
avoir  laiifé  pour  commander  en  fon  abfence  à 
Samarcande,  avoit  pafle  le  fleuve  Sîhon,  &  avoit 
joint  Toktamifcb  en  un  lieu  appelé  Ginglek. 

Il  fe  donna  en  ce  lieu-là  même  un  fort  grandi 
combat ,  dans  lequel  Omar  Scheïkh  donna  de 
grandes  preuves  de  fa  vaicoir*  Maisi  quelques-uns 


;0  R  I  E  »  T  A  L  £.  507 

ie  fes  Officiers  -  Généraux  ayant  plié  ,  il  fut 
obligé  de  céder  le  champ  de  bataille  à  Tokta- 
tnifch  ,  &  de  fe  retirer  dans  les  places  fortes 
du  Turqueftan  ,  pendant  que  TEniir  Soliman 
Schah  &  l'Emir  Abbas  fe  renfermèrent  dans  la 
ville  de  Samarcande  pour  la  défendre. 

Après  la  déroute  de  l'armée  d'Omar  Scheïkh , 
Xokiamifch ,  qui  avoit  paffé  le  Sihon  ,  entra 
dans  la  Tranfoxane  ,  &  y  fit  de  fort  grands 
ravages  ;  &  Tamerlan  en  reçut  la  nouvelle 
pendant  qu'il  étoit  encore  en  Perfe.  Il  laiiTa 
donc  le  gouvernement  de  cette  province  & 
de  celle  dlraque  aux  Princes  de  la  famille  de 
ModhafFer  ;  celui  de  Com ,  de  Cafchan ,  de  Caz- 
bin  j  de  Saveh  ,  &  de  Reï  k  Mir  Houflaïn 
Tchoukiar  ;  k  TEtnir  Giamfchir  Carin  celui  de 
JDamegan.  Il  mit  auffi  entre  les  mains  de  Pefer 
Padifchah  ,  petit  -  fils  de  Togatimour  ,  celui 
d'Afterabad  ;  &  nprès  avoir  ainfî  aiTuré  fes  nou- 
velles conquêtes  ,  il  prit  la  route  de  Samar- 
cande. 

Il  n*y  fut  pas  plus  tât  arrivé  ,  qu*il  apprit  que 
Toktamifch ,  fur  le  bruit  fenl  de  fa  venue ,  avoit 
abandonné  entièrement  la  Tranfoxane ,  &  s  etoit 
retiré  même  avec  une  très- grande  précipitation. 
Il  prit  d'abord  connoiiTance  de  tout  ce  qui 
f'éioit  paiTé  dans  la  bataille  qui  s'étoit  donnée 
à  Ginglek  entre  fon  fils  Omar  Scheïkh  &  Tok- 
tamifch ,  punit  ceux  qui  n*y  avoient  pas  faic 
leur  devoir ,  &  récompenfa  largement  tous  ceux 
ui  avoient  foutenu  la  valeur  &  la  bravoure  de 
on  fils. 

Ce  fut  dans  cette,  même  année  que  Tamer« 
JUn  reçut  à  Samarcande  la  nouvelle  de  la  more 


î 


50S         B  I  B  L  ^  O  T  H  E  Q  V  1? 

de  Soïourgaxmifch  Khan  ^  Sultan  des  Khathaiens ^ 
Prince  qui  defcendoic  aui&  en  ligne  direéle  de 
Ginghizkhan;  &  ce  fut  par  cette  mort  qu'il 
entra  en  pleine  jouiifance  du  titre  de  Sultan , 
qu'il  avoit  commencé  à  prendre  depuis  celle  de 
HouiTaïn,  comme  Yon  a  déjà  vu  un  peu.  plus 
haut.  Il  ne  laiâa  pas  cependant  de  donner  ce 
même  titre  à  Mahmpud ,  fils  du  défunt  ;  en  vue 
du  refpe(^  qu'il  portoit  à  fa  famille. 

L'an  79.1  de  l'Hégire  ,  Toktamifcb  pafîa  une 
féconde  fois  le  fleuve  de  Khofl:end  ou  le  Sihoun. 
Mais  Tamerlan  ne  feignit  pohit  de  l'aller  atta* 
quer  au  plus  fort  de  1  hiver  ^  &  le  fit  retirer  fur 
fes  pas  avec  la  même  promptitude  qu'il  étoic 
venu  :  mais  il  n'en  fut  pas  quitte  pour  une  iim- 
pie  retraite  ;  car  il  le  fit  fuivre  par  fes  troupes  , 
qui  le  pouflerent  bien  avant  dans  fon  propre 
pays, 

'Dans  la  même  ann^e ,  Tamerlan  ayant  appris 
que  le  Gouverneur  de  la  ville  de  Thou$  en  Kho* 
rafan  avoit  méprifé  fes  ordres  &  s'étoit  révolté, 
ouvertement  contre  lui ,  envoya  Miran  Scliah , 
fon  fils  y  lequel  joignant  fes  troupes  avec  celles 
du  Gouverr^eur  de  Herat ,  réduifît  en  peu  de 
temps  ce  Gouverneur  à  la  raifon  ;  &  le  même 
Miran  Schah  ,  après  avoir  pafle  environ  Vefpace 
d'un  mois  à  fe  réjouir  dans  la  Ville  de  Herat^ 
vint  fe  rendre  à  la  Cour  de  fon  père  dans  Sa- 
marcande. 

L'an  79a  ,  Tamerlan  voulut  enfin  terminer  la 
guerre  de  la  Deficbt ,  &  y  fit  pafTer  une  puisante 
armée ,  pour  dter  à  Toktamifch  toutes  les  occa*t 
fions  que  le  voifinage  lui  donnoit  d'inquiéter  *les 
provinces  Tranfoxanes^  C'étoit  cependant  imâ 


Orientale.  56? 

grande  entreprifej  car  le  pays  de  DefcHt  eft  d'un,e 
très-vafle  e'tewdiie  &  a  qes  défères  fort  fte'riles, 
dans  lefquels  les  troupes  de  Tamerlan  avoien,t 
beaucoup  à  foufFrir.  Ce  Conquérant  employa 
.cinq  mois  entiers,  fans  voir,  poûrainfî  dire,  fon 
ennemi  j  qui  fe  battoit  toujours  en  retraite ,  ôc 
qui  fit  p^rir  upe  grande  partie  de  fes  troupes. 
11  fallut  le  pourfuivre  jufque  dans  des  pays  fi  fort 
avancés  dans  le  Nord ,  que  la  foleil  y  demeiîroit 
jufqu'à  quarante  jours  fans  fe  coucher;  en  forte 

Î[ue  les-  Doiiileurs  Mufulmans  qui  çtoient  dans 
_  on  armée  ,  décidèrent  juridiquement  que  la 
prière  du  foir  n^étoit  pas  d'obligation  pendant 
.^ue  Ton  camperoit  en  ce  lieurlà.,  . 

Les  troupes  de  Tamerlan  ,^  après  avoir  campé 
4déjà  près  de  fix  n^ois  fans  voir  lennçmi ,  coin<- 
mençoient  à  fe  rebuter ,  lorfque  ce  Conouérant 
rit  la  réfolption  de  détacher  Omar  Scheïkh  Be^ 
adir ,  fon  fils ,  avec  vingt  mille  chevaux ,  pour 
^ller  à  gratides  journées  chercher  Toktamifch 
Khan.  Ce  Prince  valeureux  fit  fa  marche  avec 
tant  de  diligence  ^  qu'enfin  les  gardes  avancée^ 
[des  deux  armées  fe  rencontrèrent.    .,  .   .  ^ 

L'an  79}  ,  Tamerlan  quifoivoit  d*aflez  pr^ 
fon  fili  Oma/,, ayant  appris  que  les  armées  éxoiçnjt 
en  préfence  ,.réfolut  de  camper  en  bataille  &  d^ 
faire  repaître  toute  fon  armée,  à  la  vue  de  l'enr 
nemi.  Cette  hardieffe  étonna  fcort  Toktamifch.^ 
&  le  fit  repentir  de  s  être  fi  fort  engagé  ;  mafe 
enfin  il  fallut  que  les  armes  décidaient  de  £bn 
fort.  La  bataille  fut  donnée  ^  &.  la  victoire  quj» 
Tamerlan  remporta  fut  fi  complette ,  que  Toliq- 
tamifch  fut  contraint  d'abandonner  entièrement 
fes  Etats  au  vainqueur ,  &  de  fe  réfugier  entÀ 


i 


\ 


5IO         B  I  B  L  I  O  T  HE  QUE 

les  montagnes  du  monc  Caucafe  ^ans  le  pays  de 
Gurgiftan ,  qui  eft  la  Géorgie.  Ainfl  l'héritage 
&  la  fucceffîon  de  Giougï,  nls  de  Ginghizkhan, 
tomba  toute  entière  entre  les  mains  de  Tamer- 
]an  ;  &  ce  Prince  ,  après  en  avoir  pris  poiTeilion , 
tint  fa  Cour  pléniere  avec  les  Princes  fes  enfans 
&  tous  les  plus  grands  Seigneurs  de  fes  Etats  » 
pendant  vingt  (îx  jours  entiers,  qui  fe  paiîèrent 
en  joie  ,  en  feftins  &  autres  divertiflèmens  ^  & 
retourna ,  fur  la  fin  de  la  même  année  ,  dans  fa 
yil)e  royale  deSamarcande. 

L'an  794  Tamerlan  envoya  Mîran  Schah ,  fon 
fils ,  en  Khorafan  ,  &  fon  petit-fils  Pir  Moham- 
med, fils  de  Gehanghir ,  dans  les  provinces  de 
Kiabul  &  de  Gaznah  aux  Indes ,  pour  les  gou*- 
verner  en  fon  nom  ;  &  pendant  qu  il  faifoit  fon 
féjour  en  cette  ville ,  ayant  appris  que  plufîeurs 
Seigneurs  de  la  Perfe  prenoient  Toccafion  de  fon 
'abfehce  &  de  fon  éloignement  pour  entrepren- 
dre plufieurs  chofes  contre  fon  autorité,  il  prit 
la  réfolution  de  paiTer  une  féconde  fois  en  ce 
'pays-là.  Il  prit ,  pour  cet  effet ,  le  chemin  d*Af- 
terabad  &  q  Amul,  &  força  plufieurs  châteaux 
qui  fervoient  de  retraite  aux  mutins  :  il  paiTa  Thi^ 
Ver  de  cette  année  à  Schamfan,  &  partit  au  prin- 
temps pour  aller  dans  la  province  de  Fars ,  qui 
'^ft  la  Perfe  •proprement  dite  :  il  fit  quelque  fé* 
•jour  dans  la  ville  de  Schiraz  ,  &  ce  fut  là  que  les 
J^'rinces  Modhrféricns  ,  à  la  tête  defquels  étoîc 
Sçhah  Manfour,  vinrent  lui  faire  leur  cour  :  mais 
-comme  il  n  etott  pas  fatisfait  de  la  manière  dont 
îl&  s'étoient  comportés  pendant  fon  abfence ,  il 
ie  faifit  peu  après  de  leur;  perfonr^ies  ,  &  les  fit 
pimir. 


Orientale.  jn 

Lian  795  il  tourna  vers  Bagdet,  oii  le  Sultan 
Ahmed  Ben  .Avis. Hekhani,  Prince  de  1^  pofté- 
rite  de  Ginghizkhan ,  par  Holagou ,  rëgnoit  pour 
lors  :  mais:  ce  Sulcan  ne  l'atcefidit  pas  dans  fa 
ville  ,  il  pafla  promptement  le  fleuve  du  Tigre , 
&  (è  réfugia  en  Syrie.  Les  troupes  de  Tamerlan 
ne  laiffercnt  pas  de  Vy  fuivre,  &  latteignirent , 
avant  qu  il  y  fût  arrive  ,  dans  la  plaine  de  Kerr 
bêla ,  fameufe  par  la  mort  de  Houifaïn  fils  d Ah\ 
Ahmed  fe  voyant  povrfuivi  vivement  par  les 
Tartares,  ne  crut  pas  pouvoir  leur  réfifteràforce 
ouverte ,  &  fe  fervit  n  à  propos  des  rufes  mili- 
taires ,  qu'il  s'échappa  heureufement  de  Ieur$ 
mains;  Tamerlan,  après  être  entré  dans  Bag- 
det ,  en  fottit  auiE-tôt  pour  former  le  fiëge  de 
Tacrit ,  ville  munie  d*un  très-bon  château  ,  & 
iîtuée  fur  les  bords  du  Tigre. 

Ce  fut  au  commencement  de  Tan  y^6  de 
l'Hégire,  que  Tamerlan  mit  le  fiége  devant  cette 
place ,  qui  lui  coûta  beaucoup  :  il  la  prit  cepen- 
dant par  force ,  &  fit  mourir  TEmir  Hounaïn  , 
^  qui  en  étoit  Gouverneur  >  avec  les  principaux 
Officiers  des  troupes  qui  l'avoient  de'fendue. 

Dans  la  même  année  Tamerlan  continua  fe$ 
conquêtes  dans  la  Méfopotamie  ,  &  fe  rendit 
maître  des  villes  d Amid  &  de  Mardin  ;  &  ce 
fut  dans  cette  expédition  qu'Omar  Scheïkh ,  fou 
fils  ,  qu'il  avoit  fait  venir  de  Perfe  dans  fon 
camp  ,  fut  tué  d'un  coup  dç  flèche  j  &  Tamer- 
Jan  aonna auflî-tôt  à  Pir  Mohammed,  fils  d'Omar 
Scheïkh ,  le  gotivernement  de  Perfe  ,  que  foti 
père  polledoit.  Ce  fut  auffi  pendant  le  iiége  de 
Mardin  que  Tamerlan  reçut  la  nouvelle  que 
Sçbdhrokn  fon  fiU  avoit  augmenté  fa  famille | 


yit       Bibliothèque 

&  rempli  la  place  qu'Omar  Scbcïkh  avoit  laîffee 
vide  par  fa  mort  :  cela  arriva  par  la  naifTânce 
de  Mohammed  Targaï  /qui  fut  iurnommé  Uiug* 
Beg,  fils  aîné  de  Schahrokh  ,  duquel  il  eft  parlé 
dans  foh  titre  particulier. 

Ce  Conquérant  continua  enfuite  fes  progrès 
dans  la  Mélopotamie  ,  &  envoya  de  là  un  gros 
détachement  de  fes  troupes  dans  le  Gurgiftan  , 
où  Toktamifch  ,  qui  s*y  étoit  réfugié ,  comme 
tious  avons  vu  plus  haut  ,  s'efForçoit  de  faire 
quelque  entreprife  contre  Tamcrlan;  &  à  point 
nommé  un  autre  Courrier  lui  apporta  la  nou- 
telle  de  la  naifTânce  d'un  autre  fils  de  Schahrokh, 
qui  fut  nommé  Ibrahim.  Cet  Ibrahim  eft  celui 
i  qui  la  Vie  de  Tamerlan  ,  intitulée  Dhafer 
Nameh  j  fut  dédiée  par  Aii  lezdi ,  fon  Auteur. 
Le^  troupes  quv;  ce  Prince  avoit  détachées  contre 
les  Géorgiens,  retournèrent  dans  fon  camp  ,  & 
lui  amenèrent  beaucoup  de  prifonniers ,  qu'il  fit 
tous  pafTer  au  fil  de  I  épée  ;  &  il  envoya  ,  da 
même  lieu  où  il  étoit  campé ,  fon  fils  Schahrokh 
à  Samarcande  pour  y  commander. 

L  an  797,  Tanierlan  ayant  pafîe  l'hiver  en  Mé- 
ibportamie  ,  apprit  que  Toktamifch  avoit  paiTé 
par  la  ville  de  Derbend  fur  la  mer  Cafpienne  ,& 
avoit  fait  une  nouvelle  irruption  dans^e  Schir- 
van.  Sur  cette  nouvelle,  il  prit  là  réfolution  de 
rentrer  une  adtre  fois  dans  la  Defctit  Capchak 
par  lé  côté  de  rOccfdent  :  il  exécuta  fonr  defleîn, 
«lit  en  fuite  fpn  ennemi  ,  &  pilla  une  féconde 
fois  Théritaçe  &  la  poiTefîîoh  de  Giouçi  Khan 
'&  de  fa  poftéfîté. 

*    Lan  798  Tamerlan  vînt  camper  à  Âknani , 
&  détacha  de  ce  lieu-ià  Miran  Schah^  fon  fils, 

& 


Orientale.  51J 

&  l'envoya  commander  dans  la  province  d'Adher- 
bigian.  L'étendue  de  ce  gouvernement  étolt  de- 
puis Derbend  &  Bacouieh  jufqu'à  Bagdet  dans 
Ùl  longueur ,  &  depuis  la  ville  de  Hamadan  juf- 
qu'aux  confins  de  la  Natolie  dans  fa  largeur, 
Tamerlan  quitta  enfuite  fon  camp  d'Aknam ,  & 
vint  à  la  ville  de  Sultanie  ,  &  de  celle-ci  à  celle 
de  Hamadan.  Ce  fut  en  ce  lieu-là  quil\:onge'dia 
fon  armée  ,  renvoya  fes  troupes  pour  prendre 
quelque  repos  dans  leurs  provinces ,  &  prit  lui- 
même  la  rjoute  de  Samarcande. 
-  L'an  799,  Tamerlan  donna  le  gouvernement 
4e  la  grande  province  de  Khorafan  &  de  celle 
de  Segeftan  &  de  Mazanderan ,  jufqu*aux  confins^ 
de  Reï ,  à  (on  quatrième  fils  Mirza  Schahrokh  , 
&  le  fit  accompagner  par  les  Emirs  Soliman 
Schàh ,  Madhrab ,  Giakou  Perlas,  Seïd  Khogia  Ben 
Scheikh  Ali  Tarkhan  &  HalTan  Sofi  Tarkhan, 
«nfansde  Gaïatheddin  Tarkhan.  Auflî-tôtque  ce 
Prince  fut  pourvu  de  cegouvernement ,  qu'il  te- 
îioitprefque  en  fouveraineté,  il  choifît  la  ville  royale 
de  Hérat  pour  fa  réfidencc  ordinaire. 

Schahrokh  ne  demeura  pas  oifif  dans  fon  gou- 
vernement ;  car,  fous  prétexte  de  faire  un  voyage 
de  divertiiTement  &  dune  partie  de  chafle  ,  il 
-  traverfa  le  fleuve  Amouou  Gihon,  quieft  TOxus, 
vint  camper  k  Ghedeftan  ,  &  conquit  tout  le 
pays  d  alentour.  Ce  fut  dans  cette  même  année 
qu'il  eut  un  troifiieme  fils  nommé  Baifanhôr^  au 
lujet  de  laquelle  naiffance  Tamerlan ,  fon  père, 
lui  fit  de  fort  grands  préfens. 

L'an  800 ,  Tamerlan  entreprît  le  voyage  des 
Indes  :  il  trouva  fur  fa  route  plufieurs  châteaux 
occupés  par  des  rebelles  ou  par  des  brigands  j  il 
'     Tome  r.  Kk 


/ 


514         BlILIOTHEQIIE 
fe  faific  de  toutes  ces  places,  purgea  le  pftys  dtf 
tous  ces  petits  Tyrans ,  &  n'épai^a  pas  non  plus 
un  grand  nombrt  deGhebres  ou  Idolâthes  Ado- 
rateifrs  du  feu ,  qui  s  etoient  réfugiés  de  la  Perfe 
fur  les  confins  de  rindcftcin  :  il  commença  fa 
conquête  des  Indes  parla  prife.des  villes  de  Catb<- 
mir ,  &  s'attacha  au  fiéee  de  ia  forte  place  nonn 
niée  Uidugin ,  qui  panoit  alors  pour  une  forte- 
reffe  imprenable  ;  &  pendant   qu'il  faifoit  tt 
fi Jge ,  il  envoya  piufîeurs  détachemens  bieli^  avant 
dans  les  pays  le$  plus  méridionaux ,  &   vers  la 
ville  &  royaume  de  I>ehli  ou  Delli ,  où  rëgnoit 
le  Sultan  Mahmoud ,  petit-fils  de  Sultan  Fîrotds 
Schah. 

L*an  Soi  ^Tamerlan  ^avança  avec  (on  corps 
d'armée,  &  livra  bataille  à  Mahmoud,  qui  avoi« 
joinrà  la  fienne  les  meilleures  troupes  ^  fie  les 
plus  braves  Chefs  &  Officiers  des  Rois  &  Princes 
des  Indes ,  (es  voifins.  Mahmoud  &  les  autres 
Princes  fes  alliés  furent  défaits  en  tiQtatlle  ran-» 
gce ,  &  contraints  de  fuir  dans  les  lieux  les  pies 
reculés  au  delà  du  Gange  ;  &  Tamerian  ,  après 
s  être  emparé  de  fa  capitale,  diftribna  les  gouverne* 
mfens  de  toutes  les  provinces  qui  en  dépeâdoienc, 
auffi  bien  que  tout  le  butin  quil  y  avoît  feit, 
aux  principaux  Chefs  de  fon  armée,  &  reprit  la 
route  de  fa  ville  royale  de  Samarcande* 

L'an  802 ,  Tamerian  apprit  que  le  Sciltan  AIn 
med  Ben  Avis  Gialaïr,  qu'il  avoit  antrefoij  chafi 
de  Bagdet,  étoit  retourné  dans  fes  Etats  à  la 
faveur  du  fecours  que  le  Roi  d'Egypte  lui  avok 
donné  ,  &  qu'il  s'étoit  avancé  jufqu'à  Tauris. 
Miran  Schah ,  à  qui  Tamerfan  avoir  donne  k 
gouvernement  de  Tlraque  &  de  l' Adherbigttn , 


O  il  î  I  N  T   A  L  ï.      ■  515' 

^Oppofa  «rcc  toutes  fes  forces  au  progrès  des 
armes  ée  ce  Prince  :  maïs  comme  il  ne  fe  trou- 
Toit  pas  aflez  puifïànt  pour  Jui  réfifter,  il  eut 
bcfoin  du  bras  ae  fon  père  pour  arrêter  le  couri 
des  vitftoires  de  fon  ennemi,  il  eft  vrai  que  Miraii 
Scfaah ,  qui  s'étoit  appuyé  fur  les  forces  de  fon 
père  ,  avoit  trop  négligé  fes  affiiires ,  &  s'étoic 
abandonné  plus  que  dfe  raifon  aux  plaifirs  &  aux 
divertîflêmens  que  fon  âge  &  fon  état  lui  per- 
ftiettoient  de  prendre ,  pendant  qu'Ahmed  de  fon 
côté  fe  fortiôok  de  troupes  &  d'alliances. 

Tamerlan  ayant  appris  ces  nçuvelles ,  montu 
afuffi-tct  à  cbeval  malgré  fon  âge  ,  &  vint  à 
grandes  journées  dans  TAdherbigian  ,  où  il  ne  fut 
pas  plus  tôt  arrivé  ^  qu'après  avoir  fait  une  rude 
réprimande  à  Miran  Scliah  fon  fils  ^  il  vint  cam- 
per à  Carabag  ,  &  tint  en  refpeél  Iç  Sultan 
Afemed ,  lequel ,  bien  loin  de  penfer  à  augmen- 
ter fes  conquêtes,  ne  fongea  plus  qu'à  fe  retirer 
dans  Bagdet ,  où  il  ne  fe  croyoit  pas  même  trop 
urete. 

Ahmed ,  pour  s'aflurcr  davantage  la  pofleffioiji 
de  la  viHe  de  Bagdet ,  fit  punir  de  mort  pkifieurs 
perfonnes  de  cette  ville  quil  tenoit  pour  fuf- 
peéles  d'intelligence  avec  Tamerlan  :  mais  cette 
exécution  ne  fervit  qu'à  avancer  plus  tôt  fa  ruine* 
En  effet,  les  habitans  de  cette  grande  ville  s'étant 
foulevés  contre  lui ,  il  fut  obligé  de  traverfer  en 
pleine  nuit  le  fleuve  dti  Tigre  ,  accompagné  feu- 
lement de  fept  perfonnes ,  &  de  fe  réfugier  au- 
près de  Cara  îofef  le  Turcomarî ,  qui  comman* 
doit  dans feMtHbpotamie.  Mais  cette  précautiojDi 
d'Ahmed  ne  fervit  qu'à  engager  Cara  lofeph  dans 
ik  propre  diigrace  :  cir  enfin  ces  deux  Princes 

K  k  ij 


51^       Bibliothèque 

furent  obligés  tous  deux ,  à  l'approche  de  Ta- 
merlan ,  de  vider  entièrement  la  Méfopotamie  fie 
la  Chaldée  ,  fie  de  fe  retirer  dans  le  pays  de 
Koum  ,  qui  eft  la  Natolie  ,  où  régnoit  pour  lors 
Bajazet  premier  du  nom ,  furnommé  Jldirim, 
le  Foudre  j  Sultan  des  Turcs ,  qui  les  reçut  fort 
bien. 

L'an  803  de  l'He'gire ,  Tamerlan  ^  après 
avoir  rétabli  Miranfchah  ;  fon  61s ,  dans  la  pleine 
pôflèifion  de  fon  gouvernement ,  envoya  ,  une 
partie  de  fes  troupes  dans  le  Gurgiftan  ,  ou  les 
Klîozariens  fit  les  Géorgiens  remuoient  toujours 
de  temps  en  ternes,  à  la  faveur  de  leurs  mon- 
tagnes impénétrables  fie  prefque  inacceâîbles.  Il 
marcha  lui-même  en  perfonne  vers  la  Natolie , 
allégea  fie  prit  la  ville  de  Sîvas ,  qui  efl  Sebafle 
en  Cilicie^,  fie  fit  pafler  au  fil  de  Tépée  quatre 
mille  hommes  des  troupes  de  Bajazet, qui éroient 
en  garnifon  dans  cette  place.  Il  prit  enfuite  la 
ville  de  Malatie^  fie  n'avança  pas  pour  lors  da- 
vantage vers  l'occident. 

Il  le  jeta  enfuite  ,  la  même  année  ,  dans  la 
Syrie ,  qui  étoit  pour  lors  pofledée  par  Al  Malek 
Al  Nalïer  Farag' ,  fils  de  Barkok,  fécond  Sulr^^n 
des  Mamelucs  de  la  dynaftie  des  Circaffiens  :  il  fe 
faifit  des  villes  d'Alep  ,  d'EmelTe ,  de  Hamah  &. 
de  Balbek  ,  fie  alla  enfuite  mettre  le  fiége  devant 
la  ville  de  Damas  ^  fie  campa  dans  cette  belle 
vallée  qui  eft  à  l'orient  de  cette  ville ,  que  les 
Arabes  appellent  Gauthah ,  fie  qui  pafïè  pour 
être  un  ces  quatre  lieux  les  plus  délicieux  de 
toute  l'Afie.  Cette  ville  fe  trouva  abandonnée  par 
Farag',  qui  fe  retira  avec  la  plus  grande  partie 
des  fiensen  Egypte;  ce  qui  fit  réfoudre  (es  hzbi- 


Oriental  e*  517 

tam  de  députer  les  principaux  Dodleurs  &  Chefs 
de  la  Loi ,  pour  demander  quartier  à  Tamer- 
lan  ,  lui  préiVnter  les  clefs  de  leur  ville ,  &  lui 
en  livrer  enfuite  les  portes.  Tamerlan  y  entra 
avec  fon  arme'e ,  la  pilla,  prit  fon  château  par 
farce  ,  &  en  fit  brûler  une  partie ,  à  caufe  des 
mauvais  traicemens  que  fes  habitans  avoient 
faits  à  fes  troupes  dans  le  temps  qu'il  s'en  ëtoic 
approche. 

Après  la  prife  de  Damas, Tamerlan  tourna  vers 
Bagaet,  Ferrakh  ,  Gouverneur  de  cette  ville 
pour  le  Sultan  Ahmed,  s'y  fortifia  Je  mieux  quïl 
|>ut ,  &  en  foutint  le  fiége,  pendant  quarante 
)ours  :  mais  au-bout  de  ce  temps-là ,  les  Tartares 
l'ayant  prife  d'affaut ,  Tamerlan  fit  pafTer  au  M 
de  lepée  tous  fes  habitans,  n'épargnant  ni  âge, 
ni  fexe,  ni  condition  ,  &  fifrafer  rez-pied  rez- 
terre  tUus  fes  principaux  bârimens ,  après  quoi  il 
retourna  en  la  ville  de  Tauris  ,  où  il  prit  fon 
quartier  de  rafraîchiffement. 

L'an  804  de  THe'gire  ,  Tamerlan  affiégea  & 
prit  Nakhfchivan ,  ville  fituëe  fur  les  confias  de 
l'Arménie  ;  &  s'ëtant  rendu  maître  de  tous  les 
pays  circonvoifins ,  il  vint  pafler  l'hiver  dans  le 
lieu  délicieux  de  Carabag. 

Dans  la  même  année  /Tamerlan  tourna  fes 
armes  vers  la  Natolie ,  où  le  Sultan  Bajazer,  à  U 
foUicitation  de  CaralofephleTurcoman  ,  inquié- 
toit  fort  les  fujers  des  villes  qui  ëtoient  fuiettes 
à  Tamerlan ,  auffi  bien  que  le  pays  de  piufieurs 
petits  Princes  de  Cara manie  ,  qui  étoient  fes 
alliés,  &  qui  vivoient  fous  fa  protedlîon.  Il  prit 
d'abord  la  ville  de  Samofate,qui  porte  le  titre 
de  Calât  Roum ,  le  Château  des  Grecs  ou  des 

Kkiij 


$îS  B  I  B  L  I  O  T  H  E  Q  V  C 

JRomains  :  il  força  auffi  fur  Ton  paflàgê  hi  eki* 
teaux  de  Camakh  &  de  Haroukh  ,  &  s'avançt 
jufque  fur  le  terroir  des  villes  de  Céfarée  & 
d*Ancyre,  que  les  Arabes  appellent  Caijfariah 
&.  Ancouriah  j  ou  il  trouva  Bajazet  qui  I  y  attenr 
doit.  Là  fe  donna  cette  grande  bataille  ^  dam 
laquelle ,  après  un  très-^long  combat ,  la  viéïoif« 
fe  déclara  pour  Tajmerian  ;  &  Bajazex ,  qui  coin*- 
battit  long-temps  comme  un  lion  ,  fut  «oblige 
^nfin  de  prendre  la  fuica.  Le  Sultan  Mahnioud 
Khari ,  qui  étoit  à  la  tête  de  fes  Tartares ,  ^ 
habitoient  au  defTus  du  Pont  Euxin  &  de  )»  mer 
Cafpienne  ,  avoit  joint  fes  troupes  avec  celles  de 
Bajazer  ;  msis  il  fut  gagné  par  les  Tartares  de 
Tamerlan  ,  (es  compatriotes ,  &  abandonna  le 
parti  de  ce  Sultan  au  plus  foft  de  la  mêlée  :  il  fit 
plus  ;  car  ,  pour  mettre  le  cornble  à  fa  trahiibn  y 
il  pourfuivic  Bajazet  dans  fa  déroute  ,  le  fie  prî- 
fonnier ,  &  l'emmena  au  camp  de  Tamerlan. 

Bajazet  fut  fort  bien  reçu  par  TanlerKm  j  car 
te  Prince  généreux  lui  fit  dreffer  une  fuperbe 
tente,  le  fit  manger  avec  lui,  &  Tentretinr  fort 
humainement  :  il  le  mit  feulement  à  la  garde  de 
HaiTan  Perlas,  qui ^cherchoit  cependant  tous  les 
moyens  de  le  confoler  dans  fa  difgrace.  Celte 
viéloire,  remportée  par  Tamerîan  fur  Bajazet^ 
fut  au/fî-tôt  publiée  dans  toutes  les  provinces,  & 
.on  la  fit  favoir  en  particulier  à  tous  les  Princes 
fes  enfans ,  qui  vinrent  pour  la  plupart  fe  ré- 
jouir avec  leur  père;  il  y  eut  même  des  feOiiîs 
publics ,  dans  lefqueJs  Bajazet  ,  que  les  HlAo- 
-  riens  Perfiens  appellent  Caïjfar  j  c'eft-à  dire  Ci^ 
far  ou  Empereur  des  Romahis  ^  étoit  toujours 
convié^  afin  qu'il  pût  recevoir  tourçs  les  coiiio- 


O  R  t  E  N   T   A  I,  i;.  519 

laitons  &  adoucifTemens  que  fon  état  pouvoir 
iouffrir.  Mais  au  milieu  de  ces  joies  ^  la  mort 
du  Sultan  Mahmoud  donna  quelque  chagrin  à 
Tamerlan.  Il  fit  cependant  encore  quelque  féjour 
en  Natolie ,  &  n'en  partit  quç  Tannée  fuivante. 

Je  ne  puis  pas  m*empêcher  de  remarquer  ici 
que  ce  qui  cft  rapporté  par  plufieurs  Hiftorierrs 
de  laçage  de  fer,  dans  laquelle  Tamerlan  fit  en- 
fermer Bajazet ,  ne  fe  trouve  point  dans  les  Hif- 
toîres  les  plus  authentiques  de  la  vie  de  ce 
Conquérant,  ni  même  dans  celles  qui  ont  été 
écrites  par  fes  .ennemis  ,  tel  qu'eft  l'Ouvrage 
d'Ahmed  Btn  Arabfchah  :  il  y  a  cependant  une 
.Chronique  Ottomane  fort  moderne ,  traduite  par 
JLeunclavius ,  dans  laquelle  il  eh  eR  fait  mention. 

L*an  805,  Tamerlan  força  encore  plufieurs 
châteaux  dans  le  même  pays  ,  &  apprit  peu  de 
temps  après  que  Bajazec  étoit  mort'a  une  efqui- 
nancie  dans  la  ville  d'Ak  Scheher,  où  il  Tavoit 
envoyé  faire  fa  refidence.  Quelques-uns  cepen- 
dant attribuèrent  fa  mort  à  une  grande  triflefle  qui 
lui  faifit  le  cœur ,  &  les  autres  à  une  efpece  de 
défefpoir.  Tamerlan  le  regretta  fort ,  &  ténioi- 
gna  que  fon  deifein  étoit  de  le  remettre  fur  foii 
trône,  auffi-tôt  qu*il  auroit  achevé  de  terminer 
Jes  affaires  de  la  Natolie ,  où  il  voùloit  rétablir 
les  Princes  que  Bajazet  avoit  autrefois  dépouil- 
lés :  mais  Tamerlan  apprit  peu  après  une  autre 
nouvelle  ,  jqui  lui  caufa  une  afîlidiion  bien  plu^ 
feniîble  :  ce  fut  Textrémité  de  la  maladie  du 
Prince  Mohammed  ,  fils  de  Gehanghir  ion  aîné, 
qu'il  aiipoit  plus  qu'aucun  autre  de  (es  enfans ,  & 
qu'il deftinoit ,  àcaufe  de  fesbeiles  qualités,,  pour 
ion  fucceiTeur.  Cette  nouvelle  le  fit  partir  endili- 

Kkiv  ^ 


5^0  B  I   BLÏOTHEQUE 

gence  de  fon  camp  ,  pour  fe  tfanfporter  à  celui 
de  ce  Prince  ,  &  pour  le  vificer  ;  mais  il  te  troaira 
fort  affoibli  par  fa  maladie  :  il  voulut  cependant 
le  faire  tranfporter  en  litière  jufqu  à  la  ville  de 
Cara  Hiflkr  ;  mais  le  malade  n'eut  pas  fait  une 
journée  de  chemin  ,  qu'il  rendit  lame  ,  au  grand 
regret  de  fon  père  &  de  toute  la  Cour ,  qui  en 
fit  un  deuil  public.  Tamerlan  ordonna  que  fon 
corps  fût  porté  en  la  ville  de  Sultanie,  comme 
en  dépôt,  pour  être,  à  la  première  occafion  ,  tranf- 
porré  en  celle  de  Samarcande  ,  &  enterre  au  liett 
^u*il  deiiinoit  pour  fa  propre  fépulture. 

Dans  ce  même  temps-là,  Malek  AlNaiïèrFa- 
rag' ,  Roi  d'Egypte,  appréhendant  que  Tamer- 
lan ne  tourn-dt  fes armes  vers  lEgypte,  fit  publier 
fon  nom  dans  toutes  les  moL]uées  de  la  Syrie 
&  de  1  Egypte  5  &  lui  envoya  une  Anibaffade 
folennelle,  pour  lui  rendre  toutes  fortes  de  fou- 
miffions  &  lui  -demander  fon  amitié.  Tamerlaa 
la  lui  accorda  ,  &  après  avoir  réçlé  les  affaires 
de  la  Natofie,  il  envoya  MbdhafFereddin  Abou- 
bekr,  fils  de  Miranfchah  fon  propre  fils,  pour 
rétablir  les  ruines  de  Bagdet  ,  remettre  en  état 
les  provinces  de  Chaldée  &  de  Méfppotamie,  & 
en  chaflèr  Cara  lofef  le  Turcoman  ,  qui  s'en  étoit 
emparé  pendant  qu'il  faifoit  la  guerre  en  Na- 
tolie  5  &  Aboubekr  s'acquitta  fort  bien  de  la 
comniiffion  que  fon  père  lui  avoit  donnée. 

L*an  8o6de  VHéghe  ,  Tamerlan  envoya  dere- 
chef des  '  troupes  dans  le  Gureiftan  ,  &  dompta 
enûn  ces  peuples  rebelles ,  obligeant  leur  Prince 
à  lui  payer  tribut  ;  il  vint  aufE  pafîerun  autre 
hiver  à  Carabag  5  pendant  lequel  temps  TEmir 
Seïd  Barkhad  ,  grand  ami  &  confident  de  ce 


Or  I  e  n  t  al  e.  521 

Prince,  étant  mort,  il  voulut  qu'on  lùî  rendît 
tous  les  honneurs  funèbres ,  félon  la  Loi  Mu- 
fulmane.  Ce  fut  dans  ce  même  lieu  de  Carabag 
qu'il  donna  le  gouvernement  de  Hamadan  &  de 
Wihavend  à  Eskender ,  fils  d'Omar  Scheikh  fou 
propre  fils ,  &  il  y  joignit  auffi  peu  après  celui 
de  Koudgerd  &  de  Lar,  ou  Lor  Kutcliuk  dans 
le  Gurdiilan ,  après  quoi  il  fe  mit  en  chemin 
pour  retourner  en  fa  ville  royale  de  Samarcande, 
Il  pa/Tà  pour  cet  effet  le  fleuve  nommé  Aras , 
qui  eft  YAraxe ^  &  établit  Mirza  Omar,  fils  de 
Mirahïchâh,  pour  Commandant  dans  la  province 
d'Adherbigian  &  fes  confins  ,  tant  du  côté  de 
celui  de  Roum  que  de  celui  de  Scham ,  c'eft-à- 
dire ,  tant  de  la  Natolie  que  de  Ta  Syrie,  avec 
ordre  aux  Gouverneurs  des  provinces  de  Fars  & 
des  deux  Iraques,  d'obéir  à  fes  commandemens; 
«n  quoi  Tamerlan  donna  un  témoignage  de  TeC- 
îime  qu*il  faifoit  de  ce  Prince,  puifqu'il  foumet- 
toit  à  fes  ordres  fon  père  même  &  fes  frères 
aînés  :  il  voulut  néanmoins  qu*il  eût  pour  con-^ 
feil  l'Emir  Gihan  Schah,  fils  de  Giak  ou  Per- 
las, un  des  Perfonnages  les  plus  diflingués  de  fon 
temps. 

Mirza  Omar  ayant  été  aînfi  honoré  &  gratifié 
de  fon  aïeul ,  vinc  lui  baifer  les  mains  dans  la 
ville  de  Cazbin  ,  &  lui  demanda  en  même  temps 
que  fon  père  Miran  Schah  ,  qui  étoit  avec  fon 
autre  fils  Aboubekr  dans  Baçdet,  pût  auflî  obte- 
nir la  faveur  de  le  faluer.  Tamerlan  accorda  à 
fon  petit-fils  la  grâce*  qu'il  lui  demnndoit,  &  en- 
voya même  à  Miran  Schah  la  fomme  de  quatre 
cent  mille  dinars  d'or,  &  cent  chevaux  de  main  , 
avec  la  permiifion  de  le  venir  voir.  Miran  Schah 


$11       Bibliothèque 

«'acquitta  de  ce  devoir  avec  grande  foie,  &  apr^ 
avoir  remercié  fonpere  du  prëfencquil  lui  avoic 
fait ,  il  retourna  en  fon  gouvernement  de  Bag* 
det  ;  Tamerlan ,  de  fon  côté.,  continua  en  dili- 

fence  fon  voyage  vers  Samarcande,  où  il  arriva 
an  807  de  THëi^ire. 

L'an  807  de  l'Hégire,  Tamerlan  ayant  deflèin 
d'entreprendre  une  grande  guerre  du  côté  de 
rOrient  contre  les  Infidèles ,  &  voulant  péné- 
trer bien  avant  dans  le  Khachaï ,  c'efl-à-dire  dans  U 
Chine  feptentrionale ,  voulut ,  avant  que  de  partir, 
marier  quelques-uns  de  fes  enfans ,  qui  n'étoient 
pas  encore  pourvus  :  il  convoqua  pour  cet  eStt 
une  grande  aifemblée  de  tous  fes  enfans  ^  parens 
&  alliés ,  &  tint,  pour  ainfi  dire,  une  Cour  plé- 
niere  dans  le  Heu  nommé  KhanghiuL  II  fe  fie 
en  ce  lieu  une  très-grande  fête ,  dans  laquelle 
tous  les  Artifan?  &  Ouvriers  les  plus  experts  paf- 
ferent  en  revue  en  bon  équipage  avec  Jes,  outils 
&  les  ouvrages  de  leurs  métiers.  Tous  ces  Arti- 
fans  furent  fuivis  des  Imans,  des  Doéleurs,  & 
de  tous  les  Officiers  de  Juftice  ,  après  ]efque!s  les 
Princes  Ulug  Beg,  Mirza  Ibrahim  Sultan ,  Mirza 
Ahmed  ,  Mirza  Baiera  ,  aocom pagnes  des  Prin- 
ceiles  leurs  fœurs ,  &  entourés  de  tous  les  plus 
grands  Seigneurs  de  l'Etat,  fe  préfenrerent  de- 
vant leur  aïeul,  &  furent  mariés  folennellement. 
Tamerlan  éxdit  affis  fur  un  trône  fort  élevé ,  & 
avoit  à  (qs  côtés  les  Ambalfadeurs  d*Egvpte  ,  de 
Syrie,  des  Francs,  &  d'autres  nations  diftérenies, 
&  il  fit  fervir  un  banquet  royal  ,  dans  lequel 
tous  ceux  qui  avoient  afîifté  à  cette  cérémonie, 
furent  traités  magnifiquement. 

Cette  féte  dura  trois  jours ,  &  elle  fut  acpom* 


P  R  I  £  N  TALE*  J^J 

^gnée  de  tous  les  feux  &  divertiflêmens  que  la 
pompe  &  h  richeife ,  jointes  avec  l'abondance 
dt  toutes  chofes ,  pouvoient  fournir  dans  un  auifi 
grand  &  auifi  âoriflknc  Etat  qu'étoit  celui  de 
X  amerlan ,  &  elle  fut  terminée  par  la  publica- 
tion de  pluiieurs  loix  &  ftatuts  concernant  la 
Juftice  &  la  Police  des  provinces  ,  &  par  la 
déclaration  de  la  guerre  qu'il  alloit  faire. 

Ce  Monarque  envoya  auâî-tôc  l'Emir  Bon* 
dok ,  fils  de  Giban  Schah  ,  pour  a^embler  les 
troupcfs  du  Mavaralnahar  ,  du  Turqueftan  ,  du 
Khouarezm ,  de  Balkh  &  de  Badakfchan  ^  jointes 
à  celles  du  Khorafan  &  du  Mazanderan^  qui  fat- 
ibient  deux  iient  mille  fantaiHns  ,  &  un  plus 
grand  nombre  encore  de  chevaux  ;  &  il  com- 
manda à  Mirza  Khalil  Sulran  fils  de  Miran- 
fchah ,  à  Mirza  Ahmed  fils  d'Qmar  Scheïkh , 
fe§  petits-fils ,  de  marcher  avec  les  Ge'néraux  de 
fés  troupes  ,  nommés  Khodaïdad  Hojfaïni  & 
Schamfeddin  J.bas ,  &  d  aller  en  quartier  d'hiver 
à  Tafchk^nd  &  à  Scliarokhiah ,  villes  fituées  fur 
le  Sihoun ,  autrement  dit  laxarteS  ;  &  d'un 
autre  coté^  il  fit  paifer  Mir^  Sultan  Hoflaïn  avec 
une  autre  aile  de  fon  armée,  à  la  droite  de  cç 
fleuve  ,  &  laiiTa  1  Emir  Argoun  Schah  pour  com- 
mander en  fon  abfence  dans  Samarcande. 

Tamerlan  partit  lui-même  avec  le  corps  de  fon;. 
armée ,  le  vingt-troifieme  jourdu  mois  deGiomadi 
Alaouual ,  dans  la  même  année  807  de  l'Hégire,  âc 
prit  la  route  d*Akfoulat  au  plus  fort  de  l'hiver: 
mais  le  foleil  du  capricorne,  dit  l'Hiflorien,  fie 
ferrer  fi  fort  la  glace  pendant  fa  route ,  qu'il  fut 
obligé  de  s'arrêter  pendant  quelques  journées ,  & 
.de  tp^urner  bride  en  arrière^  pour  venir  cam;pir 


5^4  B'I  BLIOTMEQ    UE 

à  Otrar.  En  arrivant  à  ce  camp  ,  le  feu  prît  aa 
toit  du  logis  qui  lui  ëtoit  deftinë  y  &  Ton  prit 
dès  lors  cet  accident  pour  un  mauvais  pronoftic 
de  ce  qui  devoit  arriver* 

Dans  le  temps  que  Tamerlan  campoct  à  Otrar, 
il  reçut  un  Ambaflàdeur  de  Toktamifch  Khan, 
lequel  lui  apporta  les  témoignages  du  repentir 
de  fon  Maître ,  &  des  affurances  de  fa  part  de 
vouloir  vivre  déformais  dans  un  entier  dévoue- 
ment aux  ordres  d'un  fi  grand  Monarque.  Cet 
Ambaflàdeur,  qui  fe  nommoit  Cara  Khogiak^ 
reçut  un  très-bon  accueil  de  Tamerlan  ;  car  ce 
Prince  lui  promit  non  feulement  d  oublier  toutes 
les  mauvaifes  démarches  de  Toktamifch  à  fon 
égard ,  mais  il  voulut  bien  Taflurer  auffi  de  fa 
"proteiflion  contre  tous  ceux  qui  pourroient  l'in- 
quiéter dans  la  poiTeilioa  des  Eta-ts  de  la  fuc- 
ceflion  de  Giougikhan  ;  après  quoi  l'AmbaiTadeur 
fut  rénvojé  chargé  de  préfens  ,  tant  pour  fon 
Maître  que  pour  lui. 

L'hiver  s'étant  écoulé ,  Tamerlan  commençoità 
faire  plier  fes  pavillons ,  &  \  faire  arborer  fes  éten- 
dards ;  mais  le  camp  d'Otrar  lui  éioit  fatal  ,  &  il 
n'en  devoit  partir  que  pour  faire  un  voyage  beau- 
coup plus  lo;ig  que  celui  de  la  Chine.  En  effet, 
un  Mercredi  lO  du  mois  de  Schaban  ,  dans  la 
même  année  807  de  l'Hégire  ,  fa  fanté  com- 
mença de  s'affoiblir,  &  la  maladie  étant  furve- 
-nue  &  augmentant  de  jour  en  jour  &  d'heure 
en  heure,  ce  grand  Monarque  s'apperçevant  qu'il 
lui  falloit  partir  pour  l'autre  monde,  implora 
"de  tout  fon  cœur  la  miféricorde  de  Dieu ,  après 
quoi  il  fit  venir  auprès  de  lui  fes  principaux  Mi- 
-liiftres  ,  auxcjuels.  il  fit  favoir  fes  dernières  ro- 


Orientale.  515 

lontés  touchant  le  gouvernement  de  fes  Etats 
après  fa  mort,  &  il  leur  déclara  qu'il  ififtituoit 
mirza  Pir, Mohammed,  fils  de  Gihanghir  fon  fils 
aîné ,  pour  fon  feul  &,  unique  héritier ,  duquel 
tous  fes  autres  enfans  dévoient  dépendre. 

Cette  déclaration  ne  fut  pas  plus  tôt  faite , 
que  la  maladie  crpifTant  de  moment  en  moment , 
Xamerlan  commanda  que  de  tous  les  Gens  de 
Loi  qui  prioient  Dieu  pour  lui  dans  fes  anti-^ 
chambres  ,  on  fît  entrer  feulement  auprès  de  lui 
1«  Doéleur  Heïbat  Allah  ,  que  fon  nom ,  qui 
£gnifie  la  crainte  de  Dieu,  rendoit  propre  à  faire 
la  fondion  pour  laquelle  il  étoit  appelé.  En  effet  ^ 
ce  fut  celui-ci  qui  lentretinc  de  Tunité  ,  de  la 
grandeur  ,&  de  la  majefté  de  Dieu ,  jufqu'à  ce 
qu'il  rendit  l'ame  en  invoquant  fa  miléricorde^ 
&  en  faifant  profeâîon  de  fon  unité  ,  le  17^  jour 
du  même  mois  de  Schaban. 

Ce  grand  Prince  mourut  âgé  de  foixante- 
onze  ans,  après  avoir  régné  en  che/  abfolu 
pendant  lefpace  de  trente-/ix  ans.  Les  Reines 
les  femmes  &  les  principaux  Seigneurs  de  fa  Cour 
s'étant  aâemblés  incontinent  après  fa  mort , 
réfolurent  de  dépêcher  des  Exprès  à  tous  les 
Princes  fes  enfans,  qui  étoient  répandus  dans 
toutes  les  provinces  de  TAfie,  pour  leur  donner 
part  de  fa  mort ,  &  commirent  deux  des  plus 
grands  Seigneurs  d'entre  eux  pour  accompagner 
fon  cercueil ,  qui  devoit  être  tranfporté  à  Samaf- 
cande  ,  où  il  fut  enterré  fous  un  dôme  fort  élevé, 
qui  avoit  été  préparé  pour  fa  fépulture. 

Mirza  I^ahim ,  qui  commandoit  l'avant^garde 
de  l'armée  de  Tamerlan ,  n'eut  pas  plus  tôt  appris 
ia  mort ,  qu'il  débanda  fes  troupes ,  &  vint ,  ac« 


5i6       Bibliothèque 

compagne  feulement  de  mtile  chevaux,  à  SamMy 
cande,  pour  prendre  pofTefîîon  du  tr&ne  de  fou 
'aïeul;  Mais  ayant  trouvé  le  corps  de  l'armée 
qui  s*avançoit  vers  la  même  ville  ,  il  n'y  put  pas 
entrer,  &  fut  oUigé  de  tourner  bride  d*un  autre 
côté  ;  &  les  principaux  Commandans  de  cette 
armée  dépêchèrent  un  Exprès  à  Mirza  Khaiîl 
Sultan,  poar l'appeler  à  la  poifdffion  &  â  la  jouif- 
fance  de  la  couronne. 

Cependant  les  Emirs  Schahmelck  &  Noared* 
diii  firent  favoir  à  Khalil  Sukan  ,  qu^il  falloit 
exécuter  le  teftament  de  Tamerlan ,  dans  lequel  ' 
Pir  Mohammed,  fils  de  Gihançhtr,  étoit inftitué 
fon  unique  héritier  :  mats  Yapfoûtwn  de  ces 
deux  Seigneurs  we  fervit  de  rien  ;  car  Khbdatdatl 
HoiTain  &  les  autres  Emirs  maintinrent  le  Sultan 
Khalil  fur  le  trône  de  Tamerlan. 

Dans  ces  entrefaites,  Mirza  Ulu|^Bcg  &  Mirza 
ïbralnm  Suhan  s'étant  joints  aux  deux  Emirs 
Schâh  Melek  &  Noureddin  ,  &  avec  les  princi- 

rtles  Rein^  &  Princeflès  de  la  Cour,  arrivèrent 
un  Keu  nomme  Caraglak ,  où  favorifés  qu'ils 
éroitmt  des  peuples  de  ce  pays-Ii  j  ih  s  approchè- 
rent de  la  -ville  de  Samrarcande  ,  où  ils  croyoient 
devoir  être  bien  reçus.  Mais  Argoun  Schah,  qui 
y  commandoit  &  qui  favorifoh:  le  parti  de  KiiaHl, 
leur  en  refufa  lentrée  ,  -quoique  Schaîinïelek, 
qui  Vétoit  approché  de  la  porte  nomtoée  Tchikeut 
naiehj  eut  fait  tous  fes  efforts  auprès  d'Argoun 
Schah  ;  avec  lequel  il  entra  en  conférence ,  pour 
en  avoir  l'entrée.  Ani  <?o«tra!re ,  toutes  fes  ittf* 
tances  les  plus  prenantes  ne  fervirent  qu'à  faire 
renouveler  par  tous  les  habitans  de  Samarcande 
le  ferment  i^c  éiéliti  au  Sttitan  Khalâ  ^  en  forte 


/ . 


Orientale.  527 

qtte  les  deux  Emirs  firent  obliges  de  retourner 
au  camp  des  deux  Princes  &  des  SuJtanes ,  &  de 
prendre  ie  chemin  de  la  ville  de  Bokliara ,  où  ils 
nirent  fore  bien  reçus. 

Tamerlan  eut  quatre  enfam  ,  favoir ,  Gsïa- 
tlieddin  Gihanje;bir ,  Moèzzeddin  Omar  Scheïkh 
Bebadir,  Gelaleddin  Miran  Schah,  &.  Mirza 
Schahrokh. 

Le  premier,  Gaïatheddin  Gifaanghir,  mourut 
avant  fan  père ,  &  laifTa  feulement  deux  enfans, 
donc  le  premier  fut  Mohammed  ,  qui  mourut 
auffi  deux  ans  avant  fon  aïeul.  C  eft  ce  M oham^ 
m^'d  que  Tamerlan  dëfignoit  pour  fon  fuccef« 
ieur.    Il  laifla  trois  enfans. 

Le  fécond  fah  de  Gihanghir  fut  nommé  Pir 
Mohammed  ,  &  c  eft  celui  qui  avoir  été  déclaré 
par  teftament  fuccefièur  de  fon  aïeul  y  malgré 
cela,  Khalil  Sultan  pritfa  place,  comme  on  a 
4éfk  vu.  Ce  Pir  Mohammed  eut  fept  enfâns,  def- 
quels  il  n'eft  pas  befoin  de  parler  ici ,  non  plus 
que  de  ceux  de  fon  frère  aîné. 

Le  fecoAd  iîis  de  Tamerlan ,  nommé  Mêi^ 
^eddin  Omar  Scheïkhj  fut  tué  du  vivant  de  fon 
père ,  &  laiffa  cinq  en  fans  ,  favoir  Pir  Mohaiii^ 
med,  Roftam^  Esicander,  Ahmed,  &Baïcra.'Ce 
Pir  Mohammed  eut  un  fils  nommé  comme  fon 
aïeul ,  Omar  Sckeïkk;ài  Bakraeutun  fils  nomm^ 
Manfour ,  qui  fut  père  de  Hoflaïn  •  Mirza  ,  fit 
celui-ci  père  de  Ba^  Alzaman  &  de  Modbaf&r« 
On  parle  de  ces  derniers-ci ,  parce  qu'ils  ont  été 
tous  trois  Sultans. 

Le  croifieme  fils  de  Tamerlan ,  nommé  Miran 
Schah  )  furvécut  à  fon  peve,  &  e»t  cinq  enfans; 
KhwAéix^  OttaT)  KfaaU>  ^  furent  tOMs  crois 


5*8  BiBLIOtHEQUE 

Sultans  ,  Algil ,  auftemcnt  Mohammed  ou  Mah- 
moud,  &  Soïourgatmifch.  Ce  Mohammed  ou 
Mahmoud  »  qui  ne  fut  point  Sultan ,  eut  un  fils 
nommé  Abou  Saïd  Mir^a  ^  qui  régna  &  eut 
onzeenfans,  dont  le  premier,  nommé  Ahmed  y 
fut  Sultan,  &  le  fîxieme,  nommé  Omar  Sçheïhhj 
ne  régna  point  ;  mais  il  eut  un  fiJs  nommé  Ba-^ 
bor  ^  qui  régna  &  fut  chaffé^  de  fes  Etats  de  la 
Tranfoxane  par  Schaïbek  Khan;  Il  scnfuit  aux 
Indes  &  y  régna.  Homaioun  Ion  fils  lui  fuc- 
céda,  &  celui-ci  eut  pef^r  fils  Gelaleddin  Âkbar, 
le  premier  de  tous  les  Princes  que  nous  ayons 
connus  fous  le  nom  de  Grand  Mogo).  Akbar 
fut  père  du  Sultan  Selim ,  furnommé  Gîhanghir^ 
&  celui-ci  de  Sultan  Coroum  ,  furnommé  Schùh* 
gihany  père  dAvrenkzeb,  mort  depuis  peu  de 
temps ,  &  que  Ton  dit  avoir  eu  pour  fuccefTeur 
Schah  Alem. 

.  Le  quatrième  fils  de  Tamerlan  eft  Mîrza 
Scharokh,  qui  furvécut  &  régna  fort  loner-tempi 
après  fon  père.  Il  laifTa  fept  enfans ,  dont  l'aîné 
fut  Ulug  Beg ,  qui  régna  auffi  bien  que  fes  deux 
enfans  Abdallathif  &  Abdalaziz.  Le  fécond  fut 
Ibrahim  ,  qui  régna  auifi  bien  qu'Abdallah  fon 
fils;. le  troifieme  eft  Baïfankor,  qui  régn.i  âuifi 
bien  que  fes  enfans ,  nommés  Âln  Aldculat 
Mohammed^  Babor.^  Ibrahim^  ladighiar  &  Mah- 
moud ^  qui  ont  tous  porté  le  titre  eftVcflif  de  Sul- 
tan* Les  quatre  autres  enfans  de  Schakrokh,  qui 
font  Soïourgatmifch,,  Mohammed  Giouki ,  Kha- 
noglan,  &  lazdi,  font  peu  connus  ^  ou  parce  qu'ils 
font  morts  du  vivant  de  leur  père  ,  ou  parce  qu'ils 
n  ont  pa9  eu  de  fucceifîon. 
.    Ce  que  nous  avons  dit  jufqu'ici  de  Tamerfan 

eft 


Orientale.  51^ 

eft  tiré  année  par  année  de  Khondemir^  qui  a 
abrégé  ce  que  Ton  père  Emir  Khoand  Schah  j 
que  nous  appelons  vulgairement  Mirkhondj  a 
écrit  beaucoup  plus  amplement.  On  ajoutera 
encore  plufîeùrs  chofes  tirées  de  différens  Au- 
teurs qui  regardant  la  Vie  &  THifloire  de  ce 
Prince. 

L'Auteur  du  Lebtarikh  dit  que  Timour ,  fur- 
nommé  Lenky  a  été  un  Prince  qui  a  égalé  par 
la  grandeur  de  Tes  aâions  Eskancier  Dhoul  Car- 
sein,  qui  eil  Alexandre  le  Grand,  &  que  Sa- 
turne fe  trouvant  au  fighe  du  Capricorne  dans 
fon  horofcope ,  c'étoit  un  pronoftic  de  la  gran- 
deur y  de  la  fermeté  &  de  la  durée  de  fa  puif- 
fance,  parce  que,  félon  les  plus  habiles  Aftrono^ 
mes ,  cette  confleliation  du  Capricorne  a  rapport 
dans  les  élémens  à  celui  de  la  terre ,  qui  déugne 
la  fermeté  &  la  durée  des  chofes. 

Selon  le  même  Auteur,  Tamerlan  n'étoît  ni 
pâtre,  ni  voleur  de  profeffibn;  comme  fes  enne- 
mis l'ont  écrit.  Mais ,  comme  dit  fort  bien  aufii 
Scheref  Ali  lezdi,  Peder  ber  peder  ta  beadam 
reved  :  Hemeh  paï  ber  takht  Schahi  neked^ 
:^  tous  fes  ancêtres ,  de  père  en  61s,  en  remontant 
)ufqu'à  Adam ,  ont  tous  pofé  le  pied  fur  le  trône 
du  commandement  ou  de  la  royauté  «.  Et  il  prit 
fa  naiiTance  le  vin-gt-cinquieme  du  mois  de  Scha- 
ban,  Tan  de  THégire  736,  qui  correfpond  à  la 
première  année  du  cycle  des  Mogols  ,  nommé 
Sitchkan,  {o\xs  le  règne  de  Khazan  Khan,  qui 
commandoit  alors  dans  Samarcande  &  dans  tout 
le  pays  d'au  ^elà  le  Gihon  ou  Oxus ,  que  nous 
appelons  aujourd'hui  \t  Zagataï.  Il  ne  prit  ja- 
mais le  ti^re  de  Sultan  ,  mais  feulement  celui 

Tome  V.  L  1 


f  )0  BllLIOTHEQUC 

de  Timoùr  Al  Emir  Al  Kebir,  le  Prince  Timo9r 
ou  le  Grand  Timour^  &  cela  à  caufe  du  refpeâ 
qu*il  porcoit  à  la  race  Ginehizkhanienne ,  à  la- 
quelle le  titre  de  Khan  &  de  Sultan  étoit  parti* 
culiërement  afFe<^é. 

Ben  Schohnah  nous  donne  aufE  quelques  par- 
ticularités de  la  Vie  de  Tamerlan ,  qui  font  aflez 
considérables.  Il  écrit  qu'en  l'an  795  de  l'Hé-* 
giré ,  Ahmed  Ben  Avis  Gialaïr ,  Sultan  de  Bag*« 
cet,  qui  s'enfuyoit  aux  approches  de  fes  armées  » 
arriva  en  Egypte,  &  que  le  Sultan  Al  Malek 
Al  Dhaher  Barkok ,  qui  y  régnoit ,  le  reçut 
très-bien ,  &  lui  fit  rendre  de  très-grands  hon- 
neur^  par  tous  les  Seigneurs  de  fa  Cour,  &  que 
Tamerlan  n'eut  pas  plus  tôt  appris  l'arrivée 
d'Ahmed  Ben  Avis  en  Egypte  ,  qu'il  envoya 
des  Ambafladeurs  au  Sultan  Barkok ,  pour  lui 
demander  qu'il  eût  à  le  lui  mettre  entre  les 
mains. 

Le  Sultan  Barkok  n'eut  pas  plus  tât  avis  de 
cette  Ambaflade  ,  qu'il  donna  ordre  au  Goa^ 
verneur  de  la  ville  &  château  de  Rahabah  en 
Syrie ,  de  faire  arrêter  les  Ambafladeurs  &  de 
les  faire  mourir.  Tamerlan  ne  manqua  pBs  » 
aufli-tôt  qu'il  eut  appris  ce  violement  du  droit 
des  gens ,  de  tourner  fes  armes  vers  la  Syrie  , 
éc  de  marcher  d'abord  vers  Roha  ou  Edeflê , 
ville  très-forte  de  la  Méfopotamie.  Il  emporta 
d'abord  cette  place  d'aifaut ,  la  pilla  ,  &  réduifit 
tous  fes  habitans  en  efclavage. 

Auffi-tôt  que  le  Sultan  Barkok  eut  appris  la 
atiarche  de  'Tamerlan  vers  la  Syrie  ,  il  le  jeta 
dans  la  ville  d'Alep  pour  la  défendre ,  &  prit 
avec  foi  le  Sultan  Ahmed  Ben  Ans  ^  qu'il  mena 


O  R  I  E  N  T  A  L  E4  Jji 

etifuite  k  Damas ,  où  Tayant  traite  en  Hoi ,  il 
lui  donna  des  troapes  pour  rentrer  dans  la  ville 
de  Bagdet ,  dont  il  avoit  été  dépouillée  Ahmed 
s*en  fie  ouvrir  les  portes ,  &  il  n'en  fut  pas 
p!us  tdt  le  maître  ,  qu*il  y  £t  battre  de  la 
jnonnoie  au  nom  du  Sultan  Malek  Al  Dhahet 
Barkok. 

Après  que  le  Sultan  Al  Malek  Al  DhaKef 
CHt  achevé  heoreufement  fon  entreprife  j  & 
fait  un  affront  6  fignalé  à  Tamerlan  /il  retourna 
triomphant  en  Egypte ,  l'an  797  de  THégire  i 
&  ce  fut  là  que  ,  pour  comble  de  fa  gloire  ^  il 
reçut  des  Ambaifàdeurs  de  Bajazet ,  Sultan  de^ 
Turcs ,  pour  lier  une  alliance  étroite  avec  lui 
contre  Tamerlan  ,  &  pour  obtenir  en  même 
temps  du  Khalife  Abbamde  ,  que  Barkok  tenoit 
auprès  de  lui  ^  les  Patentes  de  Sultan  de  Roum  ; 
c*eft-à-dire ,  d'Empereur  des  Romains ,  puifqu*il 
pofledoit  les  Etats  de  ceux  qui  avoient  pprté  ce 
titre.  Il  faut  remarquer  cependant  que  Barkok 
n'étoit  demeuré  que  quarante  jours  dans  Alep  ^ 
parce  qu'aufR-tdt  qu'il  eut  appris  que  Tamerlan 
venoit  à  lui  ^  il  en  partit  avec  VEmir  Gialaban 
qui  en  étoit  Gouverneur  ,  &  fubftitua  à  fâ 
place  VEmîr  Tangri  Virdi. 

Ce  fut  Tannée  luivante  708  que  mourut  Bo-» 
irhan  Eddin  ,  Seigneur  de  la  ville  de  Sivas  oa 
Sebafte  en  Cappadoce.  Cette  mort  donna  occa* 
fion  ï  Bajazet  de  fe  faiâr  de  cette  Place  ^  & 
enfuite  de  toute  la  Caramanie  ;  ce  qui  fut  le 
fujet  de  la  guerre  que  Tamerlan  lui  fit  peu  de 
temps  après* 

L  an  801  de  l'Hégire  ,  le  Sultan  Al  Malek 
Al  Dhaher  Abou  Saïd  Barkok  étant  mort ,  ôc 

LU) 


V, 


5^IJ         B  I  B  L  I  O  T  H  E  Q  U  t 

l'on  fils  AI  Malek  Al  Naflèr  Farag  hi  ayant 
fuccédé  ,  en  vertu  de  fon  teftament ,  le  Gou- 
verneur de  Syrie ,  nommé  Tenem  j  s*étant  ré- 
volté ,  &  ayant  attiré  à  fon  parti  Ak  Boga  ^ 
Gouverneur  d'Alep  j^  avec  la  plupart  des  autres 
Commandans  de  la  Syrie,  Bajazet  prit  encore 
loccafion  des  nouveaux  troubles  de  ce  pays-là 
pour  étendre  .les  limites  de  (on  Empire  de  ce 
côté-lk.  Il  vint  ailiéger  la  ville  de  Malathie  ou 
Melytene ,  &  la  prit. 

L  an  801 ,  le  5ultan  Al  Malek  Al  Naflêr 
Farag' partit  d'Egypte  avec  une  puiiTante  armée, 
pour  réduire  les  rebelles  de  Syrie.  Tenem  , 
Chef  de  ces  rebelles ,  vint ,  avec  des  troupes 
con/fidérables ,  pour  s  oppofer  au  paflàge  du  Sul- 
tan dans  les  détroits  de  la  Paleftine  ;  mais  il  fut 
entièrement  défait  avec  les  fiens ,  pris  prifon- 
nier ,  &  enfuite  puni  de  mort  avec  les  princi- 
paux Chefs  de  fa  faôlion  ;  Se  le  Sultan  ,  apte» 
avoir  remporté  cette  vidoire  fignalée ,  &  doiuié 
le  gouvernement  de  la  Syrie  a  Seïdi  Saudoii , 
&  celui  d'Alep  à  Timurtafch  ,  retourna  ea 
Egypte. 

L  an  ioj  ,  Tamerlan  étant  de  retour  de  fon 
voyage  &  de  fa  conquête  des  Indes  ,  comme 
on  l'a  vu  plus  haut,  apprit  en  même  temps 
trois  nouvelles.  La  première,  celle  de  la  more 
du  Sultan  Barkok  :  la  féconde  étoit  le  retour 
du  Sultan  Ahixied  Ben  Avis  dans  Bâgdet  ;  &  la 
troîfieme  fut  la  prife  de  Sivas  &  de  Malatbie 
par  Bajazet.  Ces  trois  nouvelles  furent  le  fujec 
de  trois  grandes  guerres  qu'il  eut  à  faire  ,  pour 
firer  vengeance  des  trois  Sultans  ;  de  Farag* , 
§is  &  fuccefîèur  de  Barkok;  d'Àbmed  Ben  Arû, 


■  / 


Orientale.  53  j 

&  ie  Bajazet.  Il  commença  par  faire  le  fie'ge  de 
la  ville  de  Siras  ,  qu'il  prit  d'aflaut ,  où  il  fit 
•nterrer  vifs  plus  de  trois  mille  Mufulmans ,  & 
y  fit  mettre  enfuite  le  feu.  Il  prit  enfuite  Ma- 
lathie ,  qu'il  détruifit  aufli  entièrement.  Il  fit  la 
même  chôfe  à  Arzeroum  &  à  Samofate  ,  & 
envoya  de  tous  ces  lieux-là  une  infinité  de  tètes 
qu'il  avoit  fait  couper  eri  la  ville  d'Alep  ,  fans 
compter  un  grand  nombre  de  ceux  qu'il  avoit 
fait  précipiter  dans  l'Euphrate. 

Tamerian  envoya  peu  de  temps  après  un  Exprès 
à  FaragV'avec  mie  lettre  menaçante  ^en  cas  qu'il 
ne  lui  fît  pas  fes  fbumiinohs.  Mais  Farag*  refuf» 
de  la  recevoir,  &  fit  emprifçnner  fon  Courrier^ 
Ben  Schphnah  rapporte  enfuite  la  relation  de 
Hafedh  Al  Khouarezmi  ,  dans  laquelle  il  y  ^ 
un' fort  i  grand  décail  de  tout  cequi  fe  paiTa  dans 
les*  fiéges:des  villes 'd'Atep  &  de  Damas ,  que  fit 
Tamerlân.i  '     r      ' 

Lorfque    Tamneriân   ^'approcha  de    la    ville 
d*Alep  ,^lar  plupart^  des    Gouverneurs  de  Syrie 
ëtorent  accourus  avec  les  troupes  de  leurs  Gou- 
Yernemeifs.iî'  pbifr'^feooofir  cette  place  impor- 
taMr«R.lU;fireftt';afrez  bonne 'coAtenance  pendant 
quelque,  tdmpsî,  &  fe  défendirent  affez  vigôu- 
reufement  dcidpflus  leurs  miiratlles.    Ils  voulu- 
"  rent4eïîfiri«  izamgfcr  hbr^  de  la-  ville  ;  mais  ils 
laéoaideireiit.fittnâ^ entre  c«»*,  que  Timurtafch  , 
qoi  en  étoit-Gouverneifr  ,  rebuté  de  leurs  divi- 
fions  &  des» ^fréquentes   émotions  du  peuple  , 
ycfdutd'abandanner  k  villc^,  &  defe  retirer  avec 
les  porincipaux  defes^  Oftciers  dans  lé  château, 
La  ville' fut 'prife  Vépée  à  la  main  par  les  Tar- 
tares  ^qûi  y  /firent  un  carnage  épouvantable  ;  & 

Lliii 


JJ4  B  I  B  L  I  O  T  H  E  Q  U  E 

le  château  ^  dans  lequel  toutes  les  richeflès  de 
la  ville  ëtoient  enfermëes>  fe  rendit  peu  de 
temps  après  à  compofîtion. 

xamerlan  y  entra  .^  &  y  fit  aflembler  les 
principaux  Doéleurs  de  la  Loi,  qu'il  fit  entrer 
en  conférence  avec  ceux  de  Samjircande ,  &  il 
leur  dit  qu'il  vouloic  leur  faire  une  queflion  fur 
laquelle  les  Docteurs  de  la  ville  de  Herat  ne 
l'avoient  point  fatisfaic.  Cette  queiUon  fut  de 
favoir  qui  Ton  devoit  qualifier  du  titre  de  Sche- 
hid  ou  de  Martyr  ^  de  ceux  qui  étoient  tués  dans 
fon  parti ,  ou  dans  celui  de  fes  ennemis  ?  Mon 
Schehid  catilnà  j  am  catilcom  l  Cette  demande 
rendit  muets  la  plupart  de  ces  Doéleurs.  Mais  Fe 
Cadhi  ScKarafeddin  MouiTa  Al  Anfari ,  qui  fai- 
foit  profeffion  de  la  Seéle  Schaféïenne ,  lui 
répondit  hardiment  :  )^  Seigneur  ^  je^  n'ai  point 
d'autre  réponfe  à  vous  faire  fur.  cette  quefliou , 
que  celle  que  fit  autrefois  Mahomet  notre  Pro^ 
phete  fur  la  même  demande  qui  lui  ^t  faite  i 
&  je  ne  ferai  que  le  fimpl^  interprète  de  fés 
paroles  ^.  Alors  Àbdalgebbar,  Doâ^ur  de  Samar- 
cande,  lui  demanda  qi^jle  fut  la  4^^^nde  ou 
la  queftion  qui  fut  faire  à  Mahomet,  Schârafèd- 
din  lui  dit)  »  qu'un  Arabe  du  défert  dit  un  jpurk 
Mahomet  :  O  F]:ophete  \  <:elui  qui  combat  pour 
fa  propre  défenfe  ,  celui  qui  combat  «pour 
faire  paroitre  fon  courage ,,&  cefurqui  coœbaf 
pour  fa  ffloire  &  pour  ék>n  élévaigt>n';  tons  ces 

fens-là  \onxA\s  fi  fohil  Allnh  ^  dans  la  yoie  de 
>ieu  ^  ?  Mahomet  répondit  à  r Arabe €!n  ces  ter» 
mes  :  Man  çatal  htakoun  h^lejrmt  Allah  ht 
alâliah  fohou  fi  fehil  Allah  :  v:Celui  qui  com- 
bat pour  confirmer  &  vérifier  la  pait>Ie  d&Dien  « 


Orientale*  535 

eu  celui  qui  arrive  au  plus  haut  degré  de  verrn  » 
&  qui  fe  trouve  dans  la  voie  de  Dieu  «.  Or  ^ 
Seigneur  ,  pourfuivic  Scharafeddin  »  celui  des 
TÔcres  ^  ou  celui  des  nôtres  qui  combat  pour 
exalter  la  parole  de  Dieu ,  s'il  meurt  dans  le 
combat ,  eft  fans  doute  Martyr. 

Abdalgebbar  loua  fort  cette  réponfe,  &  Ta* 
merlan  en  demeura  û  content  y  qu'il  entra  eu 
converfation  familière  avec  Scharafeddin  ,  & 
lui  dit  :  »  Doéleur ,  vous  me  voyez  tel  que  je 
fuis;  je  ne  fuis  proprement  qu'un  demi-homme , 
&  cependant  j*ai  conquis  tant  de  provinces  & 
tant  de  villes  dans  Tlraque,  dans  les  Indes  & 
dans  le  Turqueftan.  Je  dois  tout  cela  à  la  graco 
du  Seigneur,  .&  il  n*a  pas  tenu  à  moi  que  je 
n'epargnaile  le  fang  des  Mufulman^.  Oui ,  je 
vous  jure  &  protefte  devant  Dieu  »  que  je  n*ai  ja-<- 
mais  entrepris  aucune  guerre  de  propos  délibéré 
contre  vous  autres  j  que  vous  avez  vous-mêmes 
attiré  mes  armes  fur  vous  ^  &  que  vous  êtes  caufe 
vous-mêmes  de  vôtre  propre  ruine  «. 

Tamerlan  voulut  encore  continuer  la  conver- 
fation avec  ces  Doéleurs.  Il  leur  demanda  quel 
étoit  leur  fentiment  fur  le  fujet  d'Ali  ^  de  Moa- 
yie  &  d'ielsid  ?  Les  Doéleurs  y  qui  favoiejit  que 
le  Cadhi  Scharafeddin  étoit  Schiite  à^  profef- 
fion ,  c'eft-à-dire  »  Seélateur  d'Ali ,  prévinrent 
fa  réponfe ,  &  l'un  d'eux  ,  nommé  Cadhi  AU- 
medain  Al  Maleki  ^  répondit  au  nom  de  tous  ^ 
qu'Ali  ,  Moavie  &  lezid  étoient  tous  bons. 
Cette ^éponfe  mit  Tamerlan  fort  en  colère,  & 
il  leur  dit  :  Ali  àlhakk  v  Maouiah  dhalem  y  y 
leiidfaffei  :  »  Ali  a  été  un  véritahle  &  légi- 
time KhaliL^ ,  Moavie  un  Ufurpateur ,  &  lesid 

Llir 


5jtf       Bibliothèque 

un  Tyran  j  &  je  m'étonne  que  vous ,  qui  êtes 
d'Alcp  ,  vous  fuiviez  le  fentiment  de  ceux  de 
Damas ,  qui  ont  cunfenti  à  la  mort  de  Houf- 
faïn»  Sur  cela  Scharafeddin  dit ,  pour  appaifer 
Tamerlan  ^  que  Maleki  avoit  fondé  fa  réponfe 
fur  le  paffage  d'un  Livre  dont  il  n'entendoit  pas 
le  fens.  Là-de/Tus  A1}dalgebbar  demanda  au 
Cadhi  Scharafeddin  quel  étoit  fon  fentiment  ;* 
&  ce  Doéleur  lui  ayant  répondu  plus  à  pro- 
pos, il  dit  que  Maleki  étoic  un  bon  Do<fèeur; 
mais  que  Scharafeddin  étoit  plus  clair  &.  plus 
éloquent.  Tamerlan ,  pour  en  continuer  la  con-- 
verfation  avec  encore  plus  de  familiarité  ,  leur 
demanda  ï  tous  deux  leur  âge  ;  &  lui  ayant 
répondu  qu'ils  avoient  environ  cinquante  ans  , 
il  leur  dit  :  ^Yous  êtes  dans  Tâge  qu*auroient 
mes  premiers  enfans  ;  car  pour  moi  je  fuis  dans 
ma  foixante-quinzieme  «. 

Pendant  que  cette  converfation  duroît,  Vheure 
de  la  prière  du  A)ir  étant  arrivée ,  Abdalgebbar 
la  commença  ,  &  Tamerlan  la  fit  avec  les  Hâ- 
tions, proflernemens  &  adorations  accoutumési 
après  quoi  il  congédia  Taffemblée» 

Le  jourfuivant,  Tamerlan  manqua  de  paro^ 
au  Traité  qu'il  avoit  fait  avec  ceux  du  château  : 
car ,  après  y  avoir  fait  le  plus  riche  butin  qu'il 
eût  encore  trouvé  dans  aucune  des  places  qu'il 
avoit  prifes ,  il  fit  tuer ,  tourmenter  ou  empri-* 
fonner  la  plupart  de  ceux  qui  y  étoient ,  &  en 
fortit  pour  venir  demeurer  dans  la  ville  dans  la 
maifon  du  Gouverneur. X^e  fut  Jà  qu'il  donna 
fes  ordres  pour  ruiner  &  brûler  toutes  les  mof- 
quées ,  les  collèges  &  les  principales  maifons  de 
«ette  ville  opulente ,  après  quoi  il  fit  «n  grand 


Orientale.  537 

hanqùet  à  tons  feê  Mogols  &  Tartarcs  ,  dont^ 
]a  joie  étoit  exceffive  ,  pendant  que  les  Muful- 
mans  ëtoient  dans  les  fers  &  dans  les  tourmens. 

11  fit  venir  derechef*  après  ce  banquet  les 
mêmes  Doéïeurs  qui  l'avoient  entretenu  le  jour 
précëdent ,  &  les  remit  fur  la  gueftion  d'Ali  & 
de  Moàvie.  Le  Cadhi  Scharafeddin  dit  claire- 
ment à  ce  Prince  ,  qu'il  n  y  avoir  aucun  doute 
que  le  bon  droit  ne  fût  du  côté  d'Ali ,  que 
1  on  ne  pouvoit  point  mettre  Moavie  au  nombre 
des  Khalifes ,  &  que  cette  opinion  ëtoit  fonde'e 
fur  une  tradition  authentique  ,  qui  porte  que 
Mahomet  avoit  dit  autrefois  ;  Alkelafat  badi 
thalathoun  fenat  :  »  Le  Khalifat  ne  durera  que 
trente  ans  après  moi  «  ;  ce  qui  e'toit  arrive'  du 
temps  d'Ali ,  dont  le  règne  avoit  expiré  jufte- 
ment  dans  ce  terme.  Alors  Tamerlan  lui  dit  : 
Dites  donc  :  Ali  alhakk  v  Moàouiah  dhalem  , 
y>  Ali  cft  le  vrai  Khalife ,  &  Moavie  eft  un 
Tyran  «,  &  Scharafeddin  lui  obéit,  çn  difant 
que  l'Auteur  du  Livré  intitulé  Hedaïah  avoit 
avancé  cette  maxime  :  Giaoua^  taclid  alcadha 
Tnan  valait  algiauri  »  Le  deftin  des  Tyrans  l'em- 
porte fouveni  fur  le  bon  droit  «  ,  parce  qu'il  étoit 
certain  que  pluiieurs  d'entre  les  coinpagnons 
de  Mahomet  &  de  ceux  qui  les  ont  fuivis  im* 
rnédiatement ,  gens  qui  font  qualifiés  Sahaba 
&  Tabêoun  ,  avoient  droit  au  Khalifat ,  &  que 
cependant  le  Deftin,  c*cft-à-dire,  le  Décret 
divin  s'eft  déclaré  en  faveur  de  Moavie. 

Cette  converfation  étant  finie  ,  Tamerlan  re-* 
commanda  Scharafeddin  avec  fon  compagnon 
Hafedh  Al  Khouarezmi ,  duquel  cette  relation 
efl  tirée ,  k  ks  Officiers  >  avec  ordre  de  leur 


5}8  ^       BiB&IOTHEQUE 

fournir  à  eux  »  à  leurs  enfans ,  leurs  parens , 
alliés  y  amis  &  dépendans  ,  qui  montoîent  îuf- 
«u*au  nombre  de  deux  mille ,  tout  ce  qui  leur 
ecoic  néceiTaire  ,  &  de  les  maintenir  en  toute 
sûreté  &  liberté ,  comme  gens  qu'il  prenoic  fous 
fa  protection  &  fauve-garde. 

Cet  ordre  fut  fi  bien  exécuté  ,  que  Tamerlan 
retournant  du  fiége  de  la  ville  de  Damas ,  qu'il 
traita  encore  plus  mal  que  celle  d'Alep ,  &  vou- 
lant faire  démolir  le  château  de  celle  -  ci ,  fit 
conduire  tous  ces  gens-^Ià  jufque  dans  Tlraque , 
an  tombeau  de  HouiTaïn  ,  fils  d*Ali  ^  pour  le- 
quel ils  avoient  une  grande  vénération  ^  &  en 
vue  duquel  ils  avoient  été  fi  bien  traités  par  Tar 
merlan. 

L'on  ne  s'étendra  pas  ici  beaucoup  fur  le 
fiége  de  Damas  ,  que  Ben  Schohnah  rap- 
porte ,  parce  qu'il  en  eft  parlé  ailleurs.  On 
remarquera  feulement  que  Tamerlan  fit  corn* 
mander  à  ces  Cadhis  & .  Dbâeurs  d'Alep  dé 
donner  un  Décret  contre  le  Gouverneur  de 
Damas  qui  avoir  autrefois  fait  tuer  fes  Ambaf* 
fadeurs ,  par  ordre  du  Sultah  Barkok.  Cette 
formalité  furprit  fort  les  Cadhis  ,  qui  favoient 
combien  de  Mufulmans  Tamerlan  avoit  fuit 
paâèr  au  fil  de  l'épée  ,  fans  aucune  procédure 
de  Juflice.  Cependant  ils  furent  obligés  d'obéir; 
£c  il  paroit  que  ce  Monarque  exigea  d'eux  cette 

Srocédure  ,  pour  vérifier  ce  qu  il  leur  avoit  déjà 
it  de  bouche  ,  que  ce  n'étoit  pas  lui  qui  exier- 
xninoit  les  Mufulmans,  mais  que  c'étoient  eux- 
mêmes  qui  fç  perdoient  par  leur  propre  faute , 
éi  pour  couvrir  ra<îlion  de  ce  Gouverneur  d'une 
plus  grande  infamie. 


Orientale.  jj9 

L'an  804  de  la  même  Hégire,  le  même  Ben 
Schohnah  rapporte  que  Tamerlan  ,  qui  avoic 
paifé  (on  quartier  dbiver  à  Carabag ,  ayant  ap« 
pris  que  Bajazet  étoit  venu  à  Arzengian  &  s'en 
étoit  rendu  le  maître  ,  marcha  avec  fon  armëe 
du  côté  de  la  Natolie  ,  &  que  les  Tartares  & 
les  Turcs  s'etant  rencontrés  dans  la  plaine  d'An- 
goury  ou  d'Ancyre  ,  il  s  y  donna  entre  eux  cette 

frande  bataille  dont  on  a  parlé  plus  haut ,  & 
ans  laquelle  Bajazet  demeura  prifonnier  de 
Tamerlan ,  &  finit  fes  jours  dans  ia  captivité. 

Tamerlan ,  après  avoir  difpofé  à  fon  gré  de 
tout  le  pays  qu'il  avoit  conquis  fur  Bajazet  , 
envoya  des  AmbaCadeurs  au  Roi  d'Egypte  pour 
lui  demander  un  de  fes  Emirs ,  nommé  Athlandi^ 
qui  avoit  été  fait  prifonnier  deux  ans  aupara- 
vant par  Cara  Jofer  le  Turcoman  ,  &  envoyé  en 
Egypte  fous  le  règne  de  Barkok  ,  père  deFarag'. 

L'année  fuivantc ,  qui  fut  Tan  805  de  l'Hé- 
gire ,  les  Ambaflkdeurs  de  Tamerlan  retournè- 
rent d'Egypte  auprès  de  Ytut  Maître  avec  l'Emir 
Athlandi ,  que  Farag* ,  Roi  d'Egypte  ^  avoit  mis 
en  liberté  &  chargé  de  riches  ipréfens  pour  Ta- 
merlan. Cette  honnêteté  de  Farag^  fut  iî  a^freable 
à  ce  Prince ,  qu'il  voulut  y  répondre  par  d  autres 
préfens  non  moins  confîdérables ,  «ntre  lefquels 
il  y  avoit  un  éléphant. 

L'an  806  ^  le  Sultan  Ahmed  Ben  Avis  entra 
cette  année-là.  en  habit  de  pauvre  dans  'la  ville 
d'Alep ,  fuyant 'devant  Cara  Jofef  le  Turcoman , 

?'ui  s'étoit  faifi  de  Ja  ville  de  Bagdet  âc  le  pour^ 
uivbit  à  outrance.  Tamerlan  envoya  alots  Miran 
Schah ,  fon  fils ,  avec  une  partie  de  fes  troupes , 
pour  combattre  le  Turcoman'    Co  Prince  It 


54Ô       Bibliothèque 

trouva  dans  la  Méfopotamie,  &  Tattaqua  fi  vigon* 
reufement ,  que  non  feulement  il  le  dëât  ,  mais 
qu'il  reprit  encore  fur  lui  la  ville  de  Bagdet,  & 
1  obligea  de  fe  réfugier  en  Syrie. 

Dans  cette  même  année ,  les  Âmbailadeurs 
de  Tamerlan  ,  qui  avoient  porté  fes  pr^ens  en 
Egypte  ,  retournèrent  accompagnés  d'une  autre 
ambaiTade*  folennelle  que  Farag'  lui  envoyait , 
pour  fe  réjouir  avec  lui  de  l'heureux  (uccès  de 
les  armes,  &  pour  lui  rendre  des  foumiâîons 
femblables  ï  celles  quun  vaifal  rend  a  fon 
Seigneur  ;  &  encre  les  préfens  qu'il  lui  fit ,  il  y 
avbit  une  girafe,  animal  fort  extraordinaire,  & 
qui  ne  fe  trouve  qu'en  Ethiopie ,  en  échange  de 
l'éléphant  qu'il  avoit  reçu  de  lui. 

Le  même  Ben  Schohnah  ,  qui  finît  ici  fon 
Hiftoire ,  prend  occafion  des  grands  tremble- 
mens  de  terre  qui  arrivèrent  cette  année  en  Syrie 
&  en  Méfopotamie,  pour  parler  de  la  fin  du 
Monde ,  dont  il  prétend  que  ce*  prodiges  font  les 
avant-coureurs  ,  &  emploie  la  dernière  partie 
de  fon  Ouvrage  ,  qu'il  appelle  Khathemat ,  c'eft- 
à-dirc  le  Sceau  &  la  Conclufion  ,  à  rapporter 
toutes  les  Traditions  Mufulmanes  fur  ce  (^]ci\ 
entre  Idquelles  la  plus  confidéi*able  eu  que  les 
figues  qui  doivent  précéder  ce  grand  jour,  font 
la  venue  du  Degial ,  qui^eft  TAntechrift;  de 
Dabat  j  qui  eft  la  Bête  de  rApocalypfe  ;  le  lever 
du  foleil  du  côté  de  (on  couchant, >&  du  NozduI 
Iffa  Ben  Miriam ,  c'eft-âi^dire ,  de  la^  Defceate 
de  Jéfus-Chrift  du  Ciel  en  Terrée        : 

L'Auteur  du  Nighiariftan  fait  le  dénombre- 
ment &  la  fucceifion  des  Timurides  «a  la.  ma-* 
niere  qui. fuit.     .      ........ 


O  R  I  E  N  T   A.L  E.  541 

Tîmour  ou  Tamerlan  régna  trente- iîx  3^,^ 

Schahrokh  ,  fiU  de  Tamerlan  ,  qu^^'^^te-troît 
ans. 

Ulug  Beg ,  ûh  de  Schahrokh ,  fut  Lieutenant 
de  fon  père  dans  la  Tranfoxane  lerpace  de 
trente-huit  ansr,  &  y  régna  feul  &  abfolu ,  auffi 
bien  que  dans  le  Khorafan  y  deux  ans  &  nei^ 
mois. 

Abdallathif ,  £Is  dXJIug  Beg,  qui  fit  la  guerre 
k  fon  père  &  qui  fut  caufe  de  fa  mort  >  ne  régna 
après  lui  que  nx  mois. 

Abdallah  ,  fils  dlbrahim  Sultan  &  petit-fils 
de  Schahrokh ,  régna  &  fut  contemporain  de  plu- 
fieurs  Mirzas  ou  Princes  fes  parens,,  du  règne 
^defquels  on  ne  peut  pas  marquer  juftement  la 
durée  :  c'eft  pourquoi  1  on  ne  rapportera  que  leurs 
noms. 

Mirza  Alaaldoulat ,  fils  de  Baïfankor  fils  de 
Schahrokh. 

Mirza  Ibrahim ,  fils  d' Alaaldoulat. 

Mirza  Sultan  Mohammed ,  fils  de  Baïfankor 
£ls  de  Schahrokh. 

Mirza  ladighiar  Mohammed ,  fils  de  Moham* 
^ed  fils  de  Baïfankor. 

Mirza  Babor,  fils  de  Baïfankor. 

Mirza  Mahmoud ,  fils  de  Babor. 

Mirza  Houifaïn,  fils  de  Manfour  fils  de  Baiera 
fils  d'Omar  Schfîkh  fils  de  Timour,  qui  eft  Ta- 
merlan y  régna  quarante  ans  &  en  vécut  plus  de 
cent. 

Mirza  Badî  A^zaman,  fils  de  Houflain  fils  de 
Manfour  fils  de  Baïcra,  &c. 

Mirza  ^odhafFer ,  fécond  fils  de  Houflaïn  fils 
de  Manfour,  &c. 


54^  B  I  1  L  I  O  T  H  £  Q  U  £ 

Mirza  Khalil,  fils  de  Miranfchah  fils  de  /H-* 
xnour.  Celui-ci  fuccéda  immédiatement  a  Ta- 
merlan ,  fon  aïeul ,  dans  Samarcande  :  mais  ce 
ne  fut  pas  paifîblement,  parce  que  tous  les  autres 
Princes  fes  coufins  disputèrent  la  couronne,  &  il 
ne  régna  que  fort  peu  de  temps. 

Mirza  Aboabekr,  fils  de  Miranfchah  fils  de 
Timour. 

Mirza  Omar,  fils  de  Miranfchah  fils  de  Ti« 
itloun 

Abou  Saïd ,  fils  de  Mahmoud  fils  de  Miran« 
fchah  fils  de  Timour. 

Mirza  Ahmed ,  fils  d*Abou  Saïd. 

Mirza  fiabor,  fils  d*un  Ornait  Scheïkh  fili 
d*Abou  Saïd. 

Mirza  Homaïoun  Mohammed ,  fils  de  Babon 

Gelaleddin  Akbar ,  fils  de  Mirza  Homaïoun , 
Grand  Mogol  aux  Indes.  > 

Schah  Selim  Gihanghir ,  fils  de  Gelaleddin 
Akbar.     ' 

Sultan  Coroum  Schah  Gihan,  fils  de  Schah 
Selim  Gihanghir. 

Avrenkzeb ,  fils  de  Sultan  Coroum. 

Schah  Alem^  fucceiièur  d'Avrenkzeb,  qui  eu 
aujourd'hui  fur  le  trône  dans  les  Indes. 

Ces  derniers  Sultans  depuis  Akbar  ne  font  pas 
dans  le  Catalogue  du  Nigniariftàn  :  mais  ils  ont 
été  ajoutes  pour  comprendre  la  poftér^é  entière 
de  Tamerlan  qui  no.iis  eil  connue. 

Il  eft  bon  de  remarquer  ici  que  Pir  Moham* 
l»ed,  fils  dé  Gihanghir  fils  de  Timour,  que  Ta- 
merlan avoit  déclaré  fon  fuccefleuf ,  neift  point 
Compris  dans  ce  Catalogue  duvNighiariftan  ,  non 
plus  que  dans  ceux  de  Khondemir  &  du  Lebtarikfa. 


Orientale.  541 

Il  y  a  même  encore  plufieurs  autres  Mîrzas  ^ 
comme  Eskaoder ,  Roftam ,  lefquels  n  y  font  pas 
compris  à  caufe  qu'ils  ne  régnoient  pas  abfolu- 
ment)  mais  feulement  par  dépendance  de  Schah- 
rokh  &  des  autres. 

Le  Tarikh  Monteklieb  porte  que  Tamerlan 
defcendoit  de  Ginghizkhan  par  les  femmes ,  & 
Ahmed  Ben  Arabfchah,  qui  1  a  fi  fort  décrie,  n*en 
difconvient  pas. 

Ce  fut  Schaïbeg^  Sultan  des  Uzbeks,  îiTu  de 
TouK  Khan ,  fils  de  Ginghizkhan ,  qui  chaiTa  les 
Timurides  de  la  Tranfoxane  &  du  IChorafan ,  & 
qui  fut  caufe  qu'ils  établirent  un  grand  Empire 
dans  les  Indes> 

Le  même  Ben  Arabfchah  dit  que  Tamerlan 
fuivoit  la  Loi  de  Ginghizkhan ,  &  que  fa  Reli- 
gion approchoit  plus  ae  la  Chrétienne  que  de  la 
Mahométane  ;  &.  il  veut  que  ce  Prince  ait  cpoufé 
la  fille  du  Roi  des  Mogols ,  parce  quelle  étoit  de 
fa  même  Religion  :  cependant  il  eft  certain  par 
tout  ce  que  nous  avons  vu ,  qu'il  profeiToit ,  au 
moins  en  apparence ,  le  Mahométifme ,  &  qu'il 
en  étoit  très-inflruit. 

Selon  Ebn  louiTouf ,  Tamerlan  mourut  âgé 
de  quatre-vingts  ans,  &  de  quatre-vingt-dix-neuf 
félon  Giamnabi.  Cependant  ces  deux  Auteurs 
conviennent  avec  les  autres  qu'il  naquit  l'an  y ^6 
de^l'Hégire,  &  il  n'y  a  rien  de  plus  certain,  du 
confentement  général  de  tous  les  Hiftoriens , 
qu'il  mourut  l'an  807  de  la  même  Hégire. 

L'on  dit  que  Tamerlan  portoit  la  figure  de 
trois  cercles  pour  le  corps  de  fa  devife ,  dont 
l'ame  étoient  ces  deux  paroles  Perfiennes,  Rajtiff 
Jftujlij'qui  fignifient  la  Vérité^  le  Salut.  Un 


544  BlBLIOTHEQITC 
Foêce  Perfien ,  parlant  des  gens  de  bien  ^  dît 
que  leur  conduite  ëcant  la  droiture  &  la  vérité^ 
Seiaï  rajlekiari  rujhkiarijl^  leur  récompenfe  eft 
le  falut.  Et  nous  trouvons  dans  les  Pfeaumes  de 
David  ces  paroles  :  Veritas  liberabit  te  ^  la  vérité 
vous  délivrera  :  de  forte  que  Ton  ne  peut  pas 
douter  que  la  penfée  de  Tamerlan  n'ait  é\,é  con«  . 
forme  a  fes  fentimens  ;  &  il  paroit  qu'il  a  tou- 
jours fait  pompe  de  fa  droiture  &  de  fa  fincé- 
rite ,  &  qu'il  n'a  point  voialu  fe  vanter  par  cette 
devife  de  la  conquête  des  trois  parties  du  Monde , 
comme  quelques-uns  Tont  mal  interprété. 

L'on  fait  dire  à  Tamerlan ,  que  le  Prince  qui 
veut  maintenir  foa  Etat  en  paix ,  doit  tenir  tou- 
jours lepée  en  mouvement.  Mulkra  egher  carar 
khouahi  kerd  :  Ti^a  bicarar  baïed  kerd.  L'on 
rapporte  auffi  qu  il  difoit  fouvent  :  5>  Qu'un 
Monarque  n'étoit  jamais  en  repos  fur  fon  trône , 
quil  n'y  eut  beaucoup  de  fang  répandu  autour 
de  lui  «  ,  apophthegme  digne,  d'un  Tartare. 

Cependant  ce  grand  Conquérant  n'étoit  pas  û 
farouche  que  pluueurs  Tont  voulu  faire  paroître; 
car,  outre  la  converfation  qu'il  eut  avec  les  Doc- 
teurs d'Alep,  comme  nous  avons  vu,  &  la  viûte 
qu'il  fit  à  Abdal  Atha  ,  l'on  rapportera  ici  ce 
qu' Ahmedi  Kermani ,  Poëte  Perfien ,  Auteur  du 
Timour  Nameh,  Hiftoire  de  Tamerlan  en  vers , 
dit  lui  être  arrivé  avec  Tamerlan.  même ,  à  la 
Cour  duquel  il  vivoit.  / 

Il  raconte  qu'étant  un  jour  dans  le  bain  avec 
ce  Prince  &  plufîeurs  grands  Seigneurs  de  fa 
C6ur  y  il  lui  propofa  de  faire  ou  de  dire  quelque 
chofe  qui  pût  les  réjouir.  Ahmedi  avoic  Tefprit 
fort  vit  £c  les  reparties  fort  agréables ,  &  vivoH 

avec 


O  RI   E  N   T  A  L  ï.  545 

avec  Taraerlan  dans  une  grande  familiarité.  Il  të- 
moigna  d  abord  par   relpeél  y   que  c  etoit  aux 
Princes  à  propofer  un  jeu  qui  pût  le  divertir  ,  & 
Tamerlau  lui  dit  fur  le  champ  :  »  Faifons  ici  un 
marché,  &  mettons  le  prix  fur  la  tête  de  chacun 
de  nous ,  pour  favoir  ce  que  nous  valons  «.  Ahraedi 
donna  le  prix  à  chacun  des  Seigneurs  qui  ëtoienc 
prëfens ,  avec  beaucoup  defpric  &  de  bon  fcns , 
&  Tâmerlan  fe  trouvant  en  belle  humeur,  &  fe 
tournant  vers  le  Poëte ,  lui  dit  :  »  Et  moi ,  fi 
j'étois  à  vendre ,  combien  meftimeriez-vous  ^? 
Abmedi  lui' repartit  aiiffi-tôt  ;   »  Je  vous  eftime- 
rois  bien  trente-cinq  afpres.  Comment ,  dit  Ta- 
merlan  ,  la  ferviette  que  j'ai  autour  de  moi  en 
vaut  bien  autant.  C'eft  auffi,  lui  répliqua  Ahmedi, 
à  caufe  de  la  ferviette  que  vous  portez ,  que  je 
vous  ai  mis  à  ce  prix  ;  car  ,  fans  cela ,  vous  ne 
vaudriez  pas  deux  oboles  <(.  Tamerlan  fut  fi  con- 
tent de  cette  plaifanterie  d'Ahmedi ,  qu'il  lui  fie 
un  préfent  confidérable. 

Lamâï,  qui  rapporte  ce  trait  4igréable  dans 
fon  Livre  intitulé  Lathaïf^  Tattribue  à  Ahmedi 
Kermani,  &  quelques  aut»es  à  Baba  Sevdaï. 

TIMOUR ,  Aka  ou  Aga  Mohammed  Timour ; 
nom,  du  troifieme  Prince  ou  Sultan  de  la  dynafîie 
des  Sarbedariens.  Il  n'étoit  pas  cependant  de  la 
race  ou  famille  de  Khogiah  Abdalrazzak,  Fon- 
dateur de  cette  dynaftie.  11  ne  laifTa  pas  néan- 
moins de  fuccéder  à  Vagih  Eddin  Maffôud,  frère 
d'Abdalrazzak  ,  &  il  régna  deux  ans  &  deux 
mois  à  Sebzvar  &  ailleurs ,  au  bout  duquel  temps 
il  fut  tué  par  Khogiah  Schamfeddin  SarbedW) 

•       ToTM  V.  *    '        Mm 


\ 


546       Bibliothèque 

Tan  740, de  THégirc.    Il  eut  pour  fucceilear 
Ghelou  Asfendiar. 

TIMOURTASCH  ;  nom  du  fils  de  l'Emir 
Tchobaii ,  auquel  Abou  Sâïd  Ben  Al  Giaptou, 
Sultan  des  Mogols  de  là  race  de  Ginghizkhan , 
confia  le  gouvernement  du  pays  de  Roum.  Ce 
Gouverneur  s  étant  révolté  quelque  temps  après 
contre  Abou  Saïd ,  TEmir ,  fon  père ,  alla  lui- 
même  le  ranger  ï  fon  devoir  ,  &  le  fit  rétablir 
quelque  temps  après  dans  fon  gouvernement. 

TIMOURTASCH  ;  nom  d'un  Turc  ou  Cir- 
cailîen  de  la  Cour  de  Barkok  &  de  Farag' ,  Sul- 
tans d'Egypte  de  la  féconde  dynaftie  des  Mame- 
lucs.  Ce  Seigneur  eut  fucccffivement  le  gouver- 
nement de  plufieurs  places  de  Syrie  ,  &  entre 
autres  de  celle  d*  Aleo ,  dans  le  temps  que  Tamer- 
lan  vint  l'affiéger.  Ce  nom ,  qui  fignifie  en  Turc 
fer  &  pierre  ,  eft  corrompu  par  les  Arabes  en 
celui  de  Dêmurdafch  ^  de  même  que  celui  de 
Tangrivirdi ,  qui  fignifie'  en  Turc  Dieu^donné  ^ 
eft  corrompu  par  les^êmes  Arabes  en  celui  de 
Tagribardi.  Ce  même'  Perfonriage  étoit  auffi 
Gouverneur  de  Syrie,  dans  le  temps  de  Tamerlan. 

TINA  ,  la  Montagne  des  Figuiers.  C*eft  ainfi 
q«e  les  Arabes  Mufulmans  appellent  une  mon- 
tagne de  la  Terre-Sainte ,  qu'ils  ont  inventée  pour 
correfpondre  au  nom  de  celle  qu'ils  nomment 
Sina ,  qui  eft  le  mont  Sinaï. 

Mahomet  jura  dans  fon  Alcoran  parles  moiH 
tagnes  de  Tina  &  de  Sina  ;  C2(r  ces  mots ,  ik 
même  cadence^  lui  plaifeat  extrêmement  ,&  l'on 


O  R  I  E  N  T  A  î-  E.  547 

ponrroïc  croire  que  cette  montagne  des  Figuiers 
neû  autre  que  celle  des  Oliviers ,  dont  parlent 
les  Evangéliftes ,  &  dont  Mahomet  avoit  con- 
noiflânce  par  le  moyen  des  Chrétiens. 

TIRSEMIN  :  c  eft  un  des  noms  ou  titres  que 
les  Mufulmans  donnent  à  Edris ,  qui  eft  Enoch 
le  Patriarche  ,  qu'ils  confondent  ordinairement 
avec  rOrus  ou  Hermès  des  Egyptiens ,  lequel  ils 
prétendent  avoir  e'té  Roi ,  Sacrificateur  &  Doc- 
teur ,  &  avoir  ainfi  méHté  le  furnom  que  les 
Grecs  lui  ont  donné  de  Trijmegijîe ,  dont  celui 
de  Tzr/em/n  eft  corrompu. 

Ils  l'appellent  auffi  Oraïoxx  Oraia^  mol  Chal- 
daïque  qui  fignifie  Doéleur^  &  lui  donnent  le 

Ï premier  rang  \  car  ils  donnent  ce  titre  par  excel- 
ence  à  trois  difFérens  Perfonnages,  favoir,  à 
Edris  ,  à  Orus  &  à  Hermès ,  qu'ils  confondent 
fouvent  en  un  feul 

TOBBA'  &  TOBBAI,  titre^'ont  porté  les 
anciens  Rois  de  l'Iémen  ,  tels  qu'ont  été  ceux  de 
Hadhramout,  de  Hemiar,  &c.  Ce  titre  leur  eft 
HtufH  particulier  que  celui  de  Khofroès  aux  Saffa- 
nid^s  de  Perfe  ,  celui  de  Khan  &  de  Khakan  aux 
Turcs ,  de  Fagfour  à  ceux  de  la  Chine ,  de  Céfar 
à  ceux  des  Romans  &  des  Grecs ,  &  de  Faraons 
&  de  Bathalmious  à  ceux  d'Egypte.  Novaïri 
a  écrit  leur  Hiftoire  en  particulier.  Leurs  capi- 
tales étoient  les  villes  de  Sanaâ  &  de  Saba ,  &  les 
Hiftorienli  Arabes  ont  tellement  étendu  la  domi- 
nation ,  ou  au  moins  l'autorité  de  ces  Princes , 
q^u'ils  le&  font  Fondateurs  de  la  ville  de  Saniar- 
cande  ,  &  allèguent  pour  témoignage  de  cette 

.     Mmij  ' 


54^       Bibliothèque 

fondation ,  une  infcription  qui  fe  trouvôit  furnnt 
des  portes  de  cette  ville ,  .écrite  en  caraéleres 
Heniiaritiqucs.  On  appelle,  ces  Rois  au  plurier 
Arabe ,  Tàbabeah  &  Tabbâïah. 

TOBIT  :  c  eft  le  nom  que  les  Chrétiens 
Orientaux  donnent  k  Tobie  ,  qui  vivoit  en  capti- 
vité chez  les  Aflyriens  &  dans  Ninive  ,  aa 
temps  qu  Ezéchias  rëgnoic  en  Judée ,  félon  leur 
Tradition. 

Le  Livre  de  Tobie^  qui  fe  trouve  entre  nos 
Livres  facrés ,  a  été  trad!uit  en  langue  Pèrfic/ine 
&  en  caraéleres  Hébreux.  Xen  ai  le  manufcrit 
.entre  les  mains. 

TOCTAMISCH  ;  nom  d'un  Roi  ou  Sukan 
du  pays  appelé  Defcht  Capçhak ,  au  deïïus  de  la 
mer  Cafpienne.  Ce  Sultan  étoit  de  la  race  de 
Ginghizkhan  ,  &  fut  mis  en  poâeilîon  de  fes 
Etau  V  qui  étoient  TAIous  de  Giougikhan  ,  c'eft* 
à*dire  rhémagje  de  Giougi  fils  de  Giiighizkhan, 
par  Tamerlan  \  nonobftant  quoi  il  fe  révolta 
contre  fon  bienfaiteur,. &  fitplufieurs  irruptions 
dans  leTurqiaeftan  &  dans  la  Tranfox^e,  comme 
Ton  peut  voir  dans  le  titre  de  Timo'ur. 

Toéïamifch  fut  défait  plgfieurs  fois  par  le 
même  Timour  ,  &  enfin  cnafle  de  fes  Etats ,  & 
contraint  de  fe  réfugier  en^  Géorgie  ,  d'où  il  ne 
laiiTa  pas  cependant  de  fatiguer  encore  les  troupes 
de  ce  grand  Conquérant,  qui  a  voit  pénétré  [ufque 
dans  le  Schirvan  &  dans  le  mont  Caucafe  :  mais 
ayant  enfin  connu  que  tous  fes  efforts  étoient 
inutiles  contre  une  fi  grande  puiilànce  >  il  fe 
j'éconcilia  de  bonne  foi  avec  lui,  &  fe  foiunxC 
ratiérejnenc  à  font  ohéiâoncct 


Orientale.  549 

TOFFAH  ALGINN,la  Pomme'du  Démon. 
C'eft  un  des  noms  que  les  Arabes  donnent  à  la 
Mandragore  ;  les  Orientaux  font  auffi  fuperftî* 
tieux  au  fujec  de  cette  plante  que  les  Euro-* 
pëens. 

TOULI  KHAN  &  TULIKHAN;  nom  da 

quatrième  fils  de  Ginghizkhan.  Ce  Prince  mou- 
rut du  vivant  de  fon  père  y  après  la  conquête  d» 
Khathaï  :  c'efl  pourquoi  on  ne  le  trouve  point 
dans  le  rang  des  Empereurs  Mogols  ou  Tartare$ 
qui  ont  rëgné  après  ce  grand  Conquérant  :  mais 
il  laîfla  de  fa  feriime ,  nommée  Sareutna ,  nièce 
d'Avenk  Khan  3  quatre  enfans ,  dont  trois  ont 
régné  ;  favoir ,  Monkaka^  ordinairenient  appelé 
JMangoukhan ,  Coublaï  &  Hol'agou.  Le  qua- 
trième fut  Ariboga ,  qui  ne  tient  point  de  rang 
parmi  les  fuccefleurs  de  Ginghizkhan. 

Ginghizkhan  ,  qui  aimoit  beaucoup  ce  dernier 
fils ,  lui  avoit  donné  pour  apanage  des  terres  aiir 
milieu  de  fes  Etats ,  nommées  Ànmil  &  Cutak  j 
&  la  garde  de  fes  tréfors ,  &  il  demtfora  prefque 
toujours  a'uprës  de  la  perfonne  de  fon  père. 

Le  Lebtarikh  remarque  que  le  mot  de  Tault 
ou  Tuli  fîgnifie  un  Miroir ,  dans  !a  langue  des 
Mogols .  &  ce  nom  fut  apparemment  donné  à 
ce  Prince ,  à  caufe  delà  grande  refièmblance  qu'il 
avoit  avec  Ginghizkhan  fon  père  ,  qui  fe  regar.» 
doit  dans  le  vifage  de  ce  fils  comme  dans  un 
miroir. 

TOUMA.  Les  Syriens  &  les  Arabes  appel* 
lent  ainfi  celui  que  nous  nommons  Thomas, 
Mar  Touma ,  Saint  Thomas ,  dont  les  Syriens 

M  m  ii) 


550       Bibliothèque 

font  la  fête*  le  3  du  mots  qu'ils  appellent  Tha-* 
mou7^  &  qui  répond  à  notre  mais  de  Juillet, 
Fluneurs  croient  que  Mar  Tourna  eft  aufli  le 
nom  d'un^autre  Saint,  diftingué  de  TApôtre,  que 
les  Nefloriens  &  autres  Syriens  ont  eu  en  grande 
vénération,  &  que  c^efl  le  corps  de  celui-ci,  & 
non  pas  celui  de  TApôtre ,  qui  eft  révéré  dans  la 
ville  de  Meliapour ,  fur  la  côte  de  Coromandel  ^ 
que  les  Portugais  ont  nommée  Sarr  Tkomé. 

Ebn  Touma  eft  auffi  le  furnom  d^Aboukerim 
Sâed ,  Médecin  Chrétien  de  Bagdet ,  auquel  le 
Khalife  Nafler  donna  le  titre  à^Amirt  Aldoulat  y 
\  caufe  qu'il  lui  avoit  confié  la  garde  de  fes  tré- 
fors.  Ce  Perfonnage,  qui  avoit  tcAit  crédit  au- 
près du  Khalife^  fe .perdit  par  fon  imprudence; 
car  il  déclara  au  Vifir  la  foible/Te  de  fon  Maître, 
qui  fe  laiiToit.  gouverner  entièrement  par  une 
femme  &  par  un  Eunuque ,  conime  ayant  prefque 

ferdu  entièrement  la  vue,  ce  qui  fut  caufe  que 
Eunuque  &  la  femme  le  firent  àflàffiner. 
Il.y^a  encore  un  Ebn  Touma,  Chrétien  de 
Religion  j  qui.a  été  employé  à  la  Traduflion  des 
Livres  Syriens  en  langue  Arabique.     • 

TOUMENAH  KHAN;  nom  d'un  Prince^ 
fils  de  Baïfancor,  qui  fuccéda  à  fon  père  dans  le 
royaume  des  Mogols  ou  Tartares  Orientaux.  Il 
eiît  deux  femmes ,  de  la  première  defquelles  na- 
quirent fept  enfans,  qui  n'eurent  point  de  part  2 
fa  fucceflion;  &de  la  féconde  vinrent  au  monde 
deux  jumeaux,  dont  l'un  porta  le  nom  de  Kil^ 
kkc{n ,  &  le  fécond  celui  de  FagioulL 

Toumenah   Khan   reconquit   une  partie    da 
Turqueftan  »  qui  s  etoit  fouftraite  de  l'ohéi^nce 


Orientale.  551 

âes  Mogols ,  &  devint  paifîiile  poflèfTeur  de  Thé- 
sitage  de  fcs  pères. 

Un  jour ,  Fagiouli  fongea  qu'il  voyoît  fortîr  du 
fein  de  fon  frère.  Kilkhan  ,  trois  étoiles  qui  fe 
levèrent  l'utte  après  l'autre ,  après  lefquelies  il 
s'en  leva  une  quatrième  beaucoup  plus  lumineufe 
que  les  précédentes,  dont ,  les  rayons  éclairoienc 
toute  la  furface  de  la  terre.  De  cet  aftre  forti- 
rent  plufieurs  autres  étoiles ,  qui  avoient  toutes^ 
auffi  une  lumière  fort  éclatante  y  mais  beaucoup 
inférieure  à  la  première. 

Ce  premier  aftre  s'étant  couché  de  même  qtie 
les  trois  autres  ,  laifla  la  place  à  ces  moindres 
étoiles  y  qui  jetôient  leurs  rayons  fur  divers  en- 
droits particuliers  de  la  terre. 

Fagiouli,  qui  avoit  eu  ce  fonge  fi  myflérieuXy 

s'étant  réveillé ,  &  le  repaflâm  dans  fon  efprit» 

fut  derechef  accablé  du  fommeil ,  &  fit  un  fécond 

fonge  ,  dans  lequel  il  lui  fembla  voir  fept  étoiles 

qui  .fortoientde  fon  propre  fein  ,  lefquelies  s'en* 

trefuivoient ,  faifant  chacune  leur  tour  particu* 

lier  dans  le  ciel:  Ces  fept  étoiles  furent  fuivies 

d'une  huitième ,  dont  la  grandeur  &  la  lumière 

excédoientde  beaucoup  celles  des  autres.  En  efFet, 

elle  éclairoit  toutes  les  parties  du  Monde ,  & 

produifit  un  grand  nombre  d'autres  étoiles ,  qui 

firent   chacune  leur  f;our  après  que  la  grande 

eut  fini  le  fien^ 

Auffi-tdt  que  Fagiouli  fut  entièrement  éveillé, 
il  alla  trouver  fon  père  Toumenah  Khan ,  &  lui 
raconta,  fes  deux  fonges.  Le  père ,  qui  étoit  fort 
verfé  dans  l'Art  d'expliquer  les  fonges ,  que  le$ 
Arabes  appellent  Tâhir ,  &  les  Grecs  Oneirocrî'^ 
tiqui, ,  fit  appeler  fon  autre  fils  Kilkhan ,  &  leur 

Mmir 


55^       Bibliothèque 

expliqua  k  tous  deux  le  premier  fonge  en  cette 
manière. 

y>  Il  doit  fortir  de  la  ligne  de  Kilkhan  trois 
Princes  l'un  après  l'autre ,  qui  poflederont  l'Em- 
]^ire  entier  des  Mogols,  &  le  tranfmectront  à  un 
quatrième  ^  qui  fubjuguera  une  grande  partie  de 
la  terre  habitable,  &  la  partagera  entre  fes  en- 
fans.  Ces  trois  Princes  furent  Goblaïlchan ,  Bor- 
un  Bebadir  &  lefukaï  Behadir ,  &  le  quatrième 
Ginghizkhan ,  qui  partagea  fon  Empire  à  fes  / 
cnfans  /qui  lui  fuccéderent. 

Pour  ce  qui  regarde  le  fécond  fonge ,  Toiime- 
nah  Khan  Texpliqua  en  cette  manière  :  »  Les 
étoiles  forties  du  iein  de  Fagiouli  fignifient  que 
fept  Princes  de  fa  lignée  ponederont  le  côinnian** 
dément  abfolu  des  armes  fous  Tautorité  des  £lm« 
pereurs  Mogols  qui  re'gneront  pour  lors ,  après 
fefquels  il  en  viendra  un  huitième  en  ligne  di* 
reéle  &  mafculine  ,  lequel  fera  le  plus  grand 
Conquérant  que  là  terre  ait  encore  porte  ,  & 
laiifera  une  pofiéritë  très-nombreufe  ,  dont  les 
Princes  régneront  jufqu'à  la  fin  des  fiecles. 

Ces  fept  Perfonnages  de  la  lignée  de  Fagiouli 
ont  été  les  Chefs  &  Capitaines  Généraux  des 
armées  des  Empereurs  Mogols  fortis  de  la  branche 
de  Kijkhan  ,  &  le  huitième  a  été  Timour  ou 
Tamerlan ,  ce  grand  Conquérant  dont  les  def- 
cendans  régnent  encore  aujourdhui  dans  les 
Indes  ,  fous  le  nom  de  Grands  Mogols. 

Après  que  Toumenah  Khan  eut  donné  cette 
explication  ,  les  deux  frères  convinrent  eofemble 
que  TEmpire  demeurerait  en  propre  &  folidai- 
rement  à  la  poftérité  de  Kilkhan ,  qui  étoit  l'aîné  ^ 
6î  que  le  commandement  des  armées  ferok  tou-^ 


Orientale.  553 

jwn  entre  les  mains  de  celle  de  FagiouH ,  qui 
ëtoit  le  cadet  \  &  cette  convention  des  deux 
frères  fut  fi  exaâement  obfervée  par  leurs  fuc- 
cefleurs  jufqu  au  temps  de  Tamerlân  ,  que  ce 
Prince  même,  tout  puiflant  qu'il  ^'tôit,  refufa 
toujours,  ou  au  moins  pendant  im  long  temps ,  • 
le  titre  de  Khan  ou  de  Siultan ,  &  prit  feulement* 
celui  à'Ejnir  ou  Commandant. 

TOUNES  &  TOUNOS  ,  Tunis,  ville  dela^ 

Srovince  d'Afrique  proprement^ dite  ,   que  le^P 
réographes  Orientaux  difent  être  très-ancienne , 
peut-être  à  caufe  du  voifinage  de  Carthage ,  des 
ruines  de  laquelle  elle  a  été  apparemment  bâtie 
par  les  Mufulmans. 

Le  Scherif  Al  Edriiîî ,  qui  étoit  d'une  famille 
qui  avoit  régné  en  ces  quartiers ,  dit  dans  (a  Géo- 
graphie, intitulée  No^hat  almofchtak,  que  cette 
ville  eft  l'ancienne  Tharfis  d'Afrique  ,  laquelle 
ayant  été  prife  par  les  Mufulmans  ,  ils  l'augmen- 
tèrent de  nouveaux  bâtimens ,  &  lui  dojineient 
le  nom  de  Tonnes,  Elle  eft  bâtie  z£k%  près  d'une 
petite  mer  ou  lac,  lequel  a  une  entrée  fort  étroite, 
qui  le  fépare  de  la  grande  mer.  On  le  nomme 
en    Arabe  Fom  alcuad  ou  Haie    alouad ,  la 
Bouche  ou  la  Gorge  du  Lac ,  &  il  y  a  un  châ- 
teau nommé  par  les  Francs  la  Goulette^,  à  caufe 
de   la  fituation  fur  cette  gorge  ou  entrée  du  lac. 
Nouairi  écrit  que  cette  ville  a  été  bâtie  par  les 
Aglabites ,   qui  commencèrent  à  régner  en  ce 
pays-là  ,  Tan   i8o  de  THégire,  &  quEbn  Ishak 
Ibrahim  j  Prince  de  cette  dynaftie  ,  y  faifoit  fa 
dejneure  l'an  281  de  la  même  Hégire.  Ce  Prince 
fuc^chafle,  &  toute  fa  famille  exterminée,  Tan 


i 


554       Bibliothèque 

196 ,  par  Mahadi  Obeïdallah ,  Chef  de  la  dynafiie 
des  Fachimites. 

La  dynaftie  appelée  Béni  Hafs  commença  à 
y  régner  Tan  5  5 1  de  IHégire  ,  oc  n'a  fini  qu'en 
lan  982.  La  famille  de  ces  Princes  eft  appelée 
«    communément  Apji  &  Habjî.  Moulei  Haâan , 
que  BarberouiTe  avoit  chaile  de  Tunis ,  fut  réta- 
bli par  Charles  Quint  Tan  945  de  l'Hégire,  &  y 
régna  jufqu'en  950.  Amid  lui  fuccéda,  &  à  ce- 
^lui-ci  Mohammed  fon  frère  ,  lequel  fut  envoyé 
^1^  Conftantinople  par  Sinan  BaiTa,  l'an  981. 

La  ville  de  Tunis  &  la  Goulette  furent  donc 
reprifes  par  Sinan  Pafcha  furies  Efpagnols,  qui 
en  étoient  les  maîtres ,  fous  le  règne  de  Selim  II, 
Sultan  des  Turcs.  L'Hiftolre  de  cette  conquête 
fe  trouve  à  la  fin  du  Livre  intitulé  Bar  M 
lemani  fi  Jetk  Al  Othmani, 

Le  Géographe  Perfien  donne  au  Uc  ou  étang 
de  la  Goulette ,  dans  lequel  il  y  a  beaucoup  d'eau 
douce  jointe  à  celle  de  la  mer ,  vingt-quatre  milles 
de  tour. 

TOURAN  ;  c  eft  l'ancien  nom  du  pays  de 
Turgueftan  ,  qui  tire  (on  origine  de  Tour  y  ûh  de 
Feriaoun ,  Roi  de  Perfe  de  la  première  dynaflie  , 
nommée  des  Pifchdadiens. 

Tour  avoit  un  Utrt  aîné ,  nommé  Irag ,  lequel 
.  eut  de  fon  père  la  Perfe  pour  partage  ;  de  forte 

Sue  Tourfon  cadet  fut    contraint  de  paâer  le 
rihon  ou  rOxus  ,   &  d'aller   régner  dans    les 
.  provinces  Tranfoxanes. 

Les  fijccefleurs  de  Tour ,  dont  le  plus  célèbre; 

eft  Afrafiab ,  ont  toujours  donné  beaucoup  d'af* 

.  faires  aux  Rois  de  Perfe  ^  fur  quoi  il  faut  y ok  ie& 


j 


Orientale.  555 

titres  SAferidoun  ou  Feridoun ,  &  à^Afrafiab. 

On  fe  contentera  feulement  de  remarquer  ici , 
que  depuis  ce  temps-Ià  les  provinces  qui  corn- 
pofent  aujourd'hui  le  royaume  de  Perfe  ,  ont 
porté  le  nom  à* Iran  j  que  '  Ton  prétend  avoir  été 
tiré  de  celui  à*Irag*  fils  de  Feridoun,  &  quç 
toutes  celles  qui  font  au  delà  du  Gihon  ou  Oxus^ 
ont  pris  de  Tour,  autre  fils  de  Feridoun,  celui 
de  Touran  ^  &  que  dans  les  Traités  de  paix  qui 
fe  faifpient  autrefois  entre  les  Perfans  &  les 
Turcs  Orientaux /Ion  mettoit  toujours  le  Gihon 
ou  rOxus  pour  ligne  de  féparation  entre  ces 
deux  grands  Etats ,  que  Ton  nommoit  ïlran  6c 
le  Touran. 

L'Auteur  de  VHiftoire  intitulée  Mqfc  ht  are  f:  ^ 
écrit  que  les  limites  du  pays  de  Touran  font  du 
côté  du  couchant,  la  province  de  Khouarezm  ; 
&.  du  côté. du  midi,  le  fleuve  Gihon.,  depuis  1^ 
pays  de  Badakhfchan ,  qui  eft^l'priçnt,  jufqu^ 
celui  de  ^houarezm,  &  que  fes  bornes  font  ii> 
connues  tant  des  côtés  de  î  prient  que  du  ft pien-r 
trion.  Le  même  Auteur  ajoute,«que  la  Nation 
appelée  Haïathelah  ,  qui  a  fait  de  fi  grandes 
irruptions  dans  la  Perfe ,  fous  Cobad  &  Nouf^ 
chirvan  fon  fils ,  Rois  de  Perfe  ,  étoit  fortie  du 
pays  de  Touran. 

.Ahmed  Ben  Arabfchah  écrit  auffi ,  dans  fon 
Akhbar  Timour ,  que  tous  les  pays  qui  s'étendent 
an  deU  dafieuve  Gihon,  portent  le  nom  de 
Touran ,  d  où  les  Arabes  prétendent  que  celui  de 
Turkejlan  foit  dérivé.  Mais  nous  verrons  bientôt 
dans  le  titre  de  Turk,  la  fauffeté  de  cette  origine^ 
Le  même  Auteur  ajoute  que  le  partage  de  l'Iran 
&  du  Touran  fut.  fait  entr$  „Qij(ca,ous  Roi  > de 


( 
556       BibLïothï:  q^u  e 

Pçrfe  ,  &  Afrafiab  Roi  des  Tares ,  eonfonné-» 
ment  k  ce  qu'en  écrivent  les  Hiftoriens  de  Perfe* 
Mirkhond  écrit ,  qu'il  j  a  une,  ville  du  Marva- 
ralnahar  ,  firuée  fur  la  rive  orientale  du  Bahr 
Khozar ,  qui  eft  la  mer  Cafpienne ,  qui  fut  bâtie 
par  Tour ,  fils  de  Feridoun  ,  duquel  on  a  déjà 
parle  ;  &  que  c'eft  du  nom  de  cette  ville  que 
toiit  le  pays  >  qui  eft  au  delà  du  fleuve  Gihon  ou 
Oxus ,  a  tiré  celui  de  Touran. 

TOURANDOKHT  ;  nom  d'une  Reine  qui 
régnoit  enPerfe  du  temps  du  Khalife  Oraar. 
Elle  étoit  fille  de  Khofrou  Parviz ,  Roi  de  Perfe  ^ 
&  elle  régna  après  la  mort  de  fon  neveu  Ardef- 
chir,  fils  de  Schirôuieh  &  de  Scheheriar  IXJfur- 
pateur  ,  quatorze  iwiois  feulement. 

Elle  avoit  pour  Général  de  fes  armées  un 
Capitaine  nommé   Ferokh^ad ,    lequel  gouver- 
lîoit  auffi  entièrement  le  royaurtie  fous  fon  nom, 
Ferokfizad  ayant  appris  qu'Abou*Oberdah  ,  <jé- 
nérat  des  Arabes,  avoit,  par  l'ordre  du  Khalife. 
Omar ,  jeté  un  pont  lur  l'Euphrate ,   &  qu'il 
J  avoit   paffé   pour  aller    attaquer   l'armée    des 
Perfes    qui    campoient    dans  i'Iraque    Baby/o-* 
uienne,  fe  faifit  d'abord  de  ce  pont  pour  couper 
les  vivres  à  fes  ennemis ,  &  leur  fermer  entière- 
ment le  pafTage  qu'ils  gardoient  pour  faire  leur 
retraite. 

.  Ce  premier  exploit  réuffit  fi  bien  k  Ferokhzatl^ 
que  leur  ayant  donne  enfuite  la  bataille  ,  &  mis 
leur  armée  en  déroute ,  il  ne  ie  làuva  que  très-- 
jjeu  de  gen^  d'entre  eux,  &  Abou  Obeidah  même 
fut  tué  dans  le  combat  y  Tan  14  d^  l'Hégire. 
'    Cette  vi<Sloir€  eût  fauve  la  Perfe  des  mains  des 


O  R  1  E  N  T   A  I  1.  55^ 

Arabes  ,  fi  la  Reine  Tourandokht  ne  fût  pas 
morte  dans  le  même  temps:  carGihan  Schedah , 
Prince  foible  ,  lui  fuccéda ,  &  n'ayant  régné  que 
pendant  un  mois,  tout  le  royaume  des  Perfesfut 
divifé  en  fa<îlions  ,  &  tomba  derechef  en  que- 
nouille, Azurmidokht  ,  fœur  de  Tourandokht, 
ayant  été  éleve'e  fur  le  trône. 

TOURANDOKHT  s  c'eft  le  nom  de  la  fille 
de  HafTan  Ben  Sahal ,  le  plus  riche  Seigjneur  de 
fon  temps ,  qui  fut  mariée  au  Khalife  Al  Mamon. 

Cecte  Princeflè  é'toit  fort  favante  ,  &  douée 
de  beaucoup  d  efprit.  L'Auteur  du  Nighiariftait 
rapporte  que  le  Khalife  étant  entré  un  jour  dans 
fa  chambre,  &  voulant  avec  précipitation  s'ac- 
quitter avec  elle  du  devoir  de  mari,  cette  Dame^ 
qui  avoit  pour  lors  quelque  en^pêchement  légi- 
time ,  lui  dit  ces  paroles  de  T Alcoran  ;  Fi  eni'* 
rallah  fala  tajlagelouho  :  »  Ne  .faites  point 
l'œuvre,  ou  le  commandement  de  Dieu  avec  pré- 
cipitation «:  car  c'eftairtfî  que  les  Mufulmans  ont 
honoré,Je  mariage  &  fes  foncflions  du  nom  relevé 
àiEmrallak^  quifignifie  fqrdre  de  Dieu,  II  arriva 
que  ce  paiTage ,  cité  à  propos  ,  réprima  la  con- 
voitife  trop  ardente  de  Ion  mari. 

Le  père  de  cette  Princeffc étant  mort,  le  Kha- 
life  défendit  qu'on  lui  en  donnât  la  nouvelle  ; 
mais  étant  entré  un  jour. dans  Tappartement  du 
Khalife,  &  s'jippercevant  que  le  Khalife  ne  s'étoit 
point  levé  pour  la  recevoir ,  elle  s'écria  auffi  tôt: 
)>  Ah  !  mon  père  «  !  Al  Mamon  lui  demanda  fur 
ce  cri ,  d'où  elle  avoit  appris  la  nouvelle  de  fa 
mort  ;  elle  lui  répondit  :  »  Je  m'en  fuis  bien 
doutée ,  fur  la  manière  dont  vous  m'avez  reçue  €« 


558       Bibliothèque 

TOURANSCHAH  :  ce  mot,  qui  figtiifie  pro- 
prement ,  en  langue  Perfienne  ,  Roi  de  Touran, 
eft  devenu  le  nom  propre  de  plufieursPerfonnages. 

TOURANSCHAH  BEN  C ADHERD  :  c  eft 

le  nom  du  troifieme  Prince  des  Selgiucides ,  de 
la  féconde  branche  de  cette  race  ,  qui  a  régné 
dans  le  Kerman.  Il  fuccéda  à  fon  trere  Sultan 
Sçhah ,  fous  lautorité  de  Malek  Schah  ,  Sultan 
de  là  première  branche  de  cette  même  race  :  il 
régna  avec  la  réputation  d'un  Prince  très-jufte  & 
très-fage  ,  &  il  s'appliqua  uniquement  a  rétablir 
&  à  réparer  toutes  les  ruines  que  les  défaftres 
des  guerres  paffées  avoient  caufées  dans  fon  Etat. 
Il  mourut  Tan  489  de  l'Hégire,  après  avoir  régné 
treize  ans ,  &  laiifa  pour  lucceiTeur  Iran  Schah , 
fon  fils. 

TOURANSCHAH;  nom  propre  de  Malek 
Al  Moâddham ,  fils  de  Malek  Al  oaleh  Aïoub , 
dernier  Sultan  de  la  race  des  Aïoubites  ou  pofté- 
rité  de  Saladin ,  qui  aient  régné  en  Egypte  avant 
les  Mamelucs. 

Al  Malek  Al  Salek  Nag'meddin  Aïoub ,  père 
de  ce  Prince ,  auquel  on  a  donné  le  titre  A'Ofiad 
Al  Turk  ,  à  caufe  qu  il  aToic  élevé  le  premier  des 
Efclaves  Turcs  ou  Turcomans ,  pour  en  compo- 
fer  une  nouvelle  milice ,  réuffic  fi  niai  dans  ion 
deflein  9  que  Tes  Efclaves ,  appelés  Mamelucs  ^ 
étant  devenus  trop'  puiiTans  ,  s'emparèrent  du 
gouvernement  de  l'Etat,  &  maifacrerent  enfin 
ion  fils  Touran  Schah,  duquel  nous  parlons,  & 
après  avoir  laifTé  pendant  quelque  temps  toute 
l'autorité  à  Schag  raldorr  fa  mère ,  élevèrent 
«nfin  Ezzeddin  Ibek ,  qu  elle  avoit  époufé  ,  for 
le  trône. 


Orientale.  $59 

Ce  Prince  pafle  pour  le  dénier  des  Aïoubîtcs , 

Suoique  Ton  fils  ,    nommé  Malek  Al  Afchraf 
ioujfa  ,  enfant  âgé  feulement  de  fix  ans ,  ait  été 
aflocié  à  l'Empire  pendant  quelques  mois  par  le 
même    Ibek  ,    premier    Sultan  des  Mamelucs 
d'Egypte. 

.  TOUR  AT  &  fORAT  ;  c'eft  la  Loi  des 
Juifs ,  que  nous  appelons  ordinairement  le  Pen^ 
tattuque, 

L'Auteur  du  Lebtarikh  écrit  ,  dans  la  Vie 
d'Alexandre  le  Grand,  qu'Argous  fit  publier  de 
fon  temps  le  Torat.  Cet  Auteur  confond  Argous, 
qui  eft  Ptolémée  fils  de  Lagus ,  avec  Ptolémée 
Fhiladelphe ,  qui  fit  traduire  en  grec  la  Loi  des 
Juifs. 

TOUSCHI  KHAN  ou  TUSCHIKHAN, 

nom  du  fils  aîné  de  Ginghizkhan.  Les  Hiftoriens 
font  partagés  fur  le  nom  de  ce  Prince  ;  car  il  y 
en  a  plufieurs  qui  l'appellent  Glougl^&i  il  femble 
même  que  fon  véritable  nom  foit  celui-ci ,  à 
moins  qu'il  n'en  ait  eu  deux. 

Les  mêmes  Hiftoriens  ne  font  pas  d'accord  fur 
le  temps  de  la  mort  de  ce  Prince  ;  car  quelques- 
uns  ne  niettent  fa  mort  que  fous  le  règne  d 'Oktaï 
Caan  fon  frère  ,  &  la  plupart  des  autres  veulent 
qu'il  foit  mort  fix  mois  avant  Ginghizkhan  fon 

fiere  :  mais  tous  conviennent  qu'il  gouvernoit  de 
a  part  de  fon  père  les  pays  de  Drefcht  Capchak, 
de  Bulgar ,  d'Alan  &  de  Rous. 

Selon  le  Lebtarikh ,  fa  mort  tombe  en  61a 
de  l'Hégire ,  &  félon  les  autres,  en  614,  qui  eft 
l'année  de  la  mort  dé  Ginghizkhan  ^  qui  corref"« 
pond  à  Tan  de  J.  C.  X226  01^227. 


1 


( 

560     B  î  B  L  I  O  T  H   E   Q  II  f  ,&C. 

Aboulfarag' ,  qui  fait  mouri»  Tdufcfiikhan.(bus 
le  règne  d*Okcaïkhan  fon  frère,  dit  qu'il  laifli^ 
fept  enfahs  ^  du  nombre  defquels  étoit  Bacon  ;> 
qui  lui  fuccéda   dans  lesi .  pTovinces  feptenirio- 
«ales ,  dont  il  eft  parlé  ci-deâiis ,  §c  qui  de  là 

fouifa  fes  conquêtes  û avant  ,  qui!  alarma  toute 
Europe  ;  car  il  vint  avec  fes  Tartares  jofqu'en 
Silëfie ,  d  où  il  vouloit  aller  jufqu  à  Conftariti- 
nople  ;  mais  il  mourut  en  chemin. 

TOZOUN  ;  pom  d'un  Perfonnage  Turc  de 
nation ,  c  eft-à-4ïre  natif  du  Turqueftan,  Il  fut 
mené  efclave  à  la  Cour  des  Sultans  Samanides , 
où  il  fut  élevé  dans  tous  les  exercices  de  la  Mi* 
lice  ,  &  il  y  réuâit  û  bien  /qu'il  fit  fortune  dans 
cette  Cour ,  &  monta  de  degré  en  degré,  jufqu  a 
la  charge  de  Général  des  troupes  de  Nouli ,  ûh 
de  Manfour ,  feptieme  Sultan  de  cette  race. 

Tozoun  acquit  tant  de  réputation  dans  les 
armes ,  qu'il  obtint  enfin  de  fon  Maître  le  gou- 
vernement de  la  province  de  Khorafan  :  mais  la 
fortune  lui  devenartt  contraire ,  &  ayant  été  chaïïe 
de  fon  gouvernement  par  les  troupes  de  Mah- 
moud fils  de  Sebekteghin ,  il  fut  contraint  de  fe 
retirer  à  la  ville  de  Bokhara,  auprès  du  Sultan 
Manfour ,  fécond  du  aorn,  qui  avoit  fuccédé  à  fon 
pcre  Nouh ,  fils  de  Manfour  premier. 

Ce  Turc  ingrat,  qui  devoit  toute  fa  fortune  aux 
Samanides,  ne  lai/Ta  jas  de  fe  joindre  à  Faïk,  qui 
s'étoit  révolté  contre  Manfour;  ces  deux  ^er- 
*  ,  fides  s  étant  faifis  df  fa  perfonne,  le  dépouiZ- 
lérent  non  feulement  de  les  Etats, ils  lui  firent 
encore  perdre  les  yeux  &  la  liberté,  l'an  389  de 
THégire ,  félon  Khondemir  &  le  Lebtarikh, 

Fin  du  Tome  cinquieçie.